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ANNALES DES ALPES

RECUEIL PÉRIODIQUE

ARCHIVES DES HAUTES-ALPES

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ANNALES DES ALPES

RECUEIL PÉRIODiaUE

DES ARCHIVES

DES

HAUTES-ALPES

trop souvent, sa perdent miséra- ble ment, au srand détriment de notre histoire locale el de l'his- toire géaérala tel eit la but de ce Recueil :

Àmor patrim dat t

ANN ÉE '^ 897

O A P

189?

D.g.tzedbyGoOt^lC

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ANNALES DES ALPES

'■■/J' MÉMOIRES

sur le passage de NAPOLÉON à Gap, en mars '1815.

Par Jean FAURE, de Chabottes.

Nous devons ces Mémoires à feu M. Gaillaud, aucien curé-archiprêtre de Serres, de Briançon et de Gap'), l'auteur bien connu des Éphèmérides pour servir â Vhistotre des Hautes-Alpes, le parent, l'airii et l'héritier des travaux littéraires du poëte Jean Faure, dont il a donné naguère au public les Œuvres choisies*].

Peu de temps avant sa mort, M. l'abbé Gaillaud voulut bien nous remettre, pour les archives des Hautes-Alpes, le manuscrit original de ces curieux Mémoires, encore inédits. Nous sommes heureux de les publier, pour la première fois, et, d'avoir ainsi une occasion nouvelle de rappeler le souvenir du vénéré curé-archiprètre de Gap, à gui notre histoire locale a de si grandes obligations.

Jean Faure, l'auteur des Mémoires sur le passage de Napoléon à Gap, est aujourd'hui plus connu comme poëte gue comme historien. Ses poèmes le Banc des Officiers, ta Tallardiade, les Vogues du Champsaur, l'Orciéréide,

>}Ni A S(-BaDDetle 5 avrU 1S19, mort curé-aichiprétra de Qap la n janr. 18%.

*) Oap, J.-C. Ricbaad, 1891, m-10 do (iv}-3TS ptgus.

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6 ANNALES DES ALPES.

VIbériade, et d'autres encore, l'ont rendu célèbre. Rap- pelons seulement que Jean Faure naquit à Ghabottes, canton de Si-Bonnet-en-Chaœpsaur, le 24 mars i776, et qu'il y mourut, à l'âge de 87 ans, le 17 mars 1863.

En 1815, il était, à Gap, chef de bureau de l'administra- tion généralede la Préfecture') et, comme tel, il fut mêlé de très près aux événements remarquables qui s'y accompli- rent, en quelques jours. 11 nous fait le récit de ces événe- ments avec une grande impartialité et un grand cbarme. Double motifpouraccueillirses précieux jlféîwoïres*) dans notre Recueil.

P. Guillaume.

Oap, 1" juillet 1897.

') Harmand d'Abancourt avait èié nommé préfet des Hauloa-Alpes le 13 janv. 1814, ÎQStalld ta A février ; le 16 avril suivant, il reconnut le gouverncmant de Louis XVIII.

>] Ainsi qu'on va ie voit', ila élaiont prâcâdfs et suivis d'autres JSémoira qui n'ont pas Û[â retrouvés jusqu'ici.

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MEMOIRES

Sur le Passage de EOHAFAUTE à Gap

EN MARS 1815*)

Ce fut dans la matiaée d'ua samedi, 4 mars 1815, que parrint à Oap la nouvelle du débarquement de Bitona- parte*]. M. La Naute, chef d'escadronde gendarmerie à Dra- guignan, transmit lui-même cette nouvelle. Sa lettre est remarquable par la vérité des détails. Il annonçait que Buonaparte, débarqué près de Cannes, était à la tète d'environ douze cents hommes, se dirigeant par Grasse, Digne, Gap et Grenoble, et marchant sur Paris. II invitait en même temps à prendre des mesures.

M.le Préfet desHautes-Alpes prit cet avis comme il le

■) Cs titr* est tiÛTî d«s liga«s cî-uprès, qui sont rajdas ; < lÀore Mtoond. Oa trouis dans Horace aa pas&age qui peut éXte traduit ainii : Je marche sur des fsui qui couveat sous la ceudre ». Horace était bien heureux. Pourmc», je marche aur un brasier ardent. Les choses dont j'ai à parler sont toutes rdCBDtes, elles hommes sodI vivants. Leurs passioos SQTlont gODt pas mortes, et je sens ce qu'il ; a dfl pénible dans mon eatreprise. Je vais réduirecctte poinei ses moiodres termes, en adoptant la règle suivante : Lorsque je raconterai des faits, les auteurs, s'ils sont simples particuliers, ds seront pas nommés; mais, ï l'égard desfonctîou- naires, je dirai nettement leurs noms el qualités, toutes les fois que leur tour Tieadra, parce que la vie d'un fonctioanairs est dil domaiae public.

< Cela posé, abordons franctiemcat ce temps de l'iuterrègne , placé an milieu du régne de Louis, comme un orage affreux au milieu d'an beau jour, ou plutôt pareil à un rocher désastreux qui, du haut des monts, s'écroule tout à coup dans la pi aine et tombe avec fracas dans le courant d'un limpide i-uisseau qu'il interrompt d'abord. Bientôt après, le ruisseau reprend son cours par la seule force des choses, mais ses eaui sont trou- blées pcndaut longtemps, à cause des débris qui l'encombrent encore >.

*iSxB.— Chacun sait que Napoléon débarqua au goUe Juan, entre Cannes et Antibes, le !•' mars 1815.

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8 AinULES I)KS ALPSB,

devait, c'est-à-dire qu'il y crut entièrement; et, tout de suite, il envisagea la grandeur du péril et l'étendue de ses obligations, bien pénétré de l'une et de l'autre. Il rédigea lui-même cette belle proclamation son âme est pelote à grands traits et que je reproduis ici comme un monument qui mérite d'être connu. J'eus la gloire de la contresigner moi-même, sur les registres de la préfecture, au défaut de M. Famaud, secrétaire général'), qui commençait à pren- dre ses précautions.

« PROCLAMATION*). « Le Préfet au département des ffatites- Alpes a A ses Administrés. « Bons habitants des Alpes , « D'après un avis qui vient de me parvenir, Buona- parte, à la tête d'une poignée de soldats attachés à son sort, serait débarqué, le premier de ce mois, dans les envi- rons dePréjus.

c Ainsi un ennemi funeste à votre repos, l'homme qui a coûté à la France et à l'Europe tant de sang et de larmes, après s'être targué, lors de son abdication, d'une généro- sité mensongère, viendrait essayer de vous remettre sous le joug de fer, et nous rendre les fruits amers de son gouvernement : la conscription et la guerre perpétuelle. R Quand les destinées de l'Europe sont heureusement fixées, que notre patrie commence à goûter, sous le meil- leur des rois, le repos et le bonheur dont elle était depuis si longtemps privée, un aventurier, à qui la France a trop longtemps sacrifié ses générations et ses trésors, voudrait,

I) Pierre- Antoine Paruaud, à Gap la 10 mai 1766, mort dans cette ville le H aoû(lB42, fut sacrdtaii'e gônéral das Hautes-Alpes pendant près do iO ans lt793-183i), sauf quelque temps, après 1815. Il est l'autaur ai àiYira Annuairet dt3 HtEi -Alpes {iCiXll, XIII, 1306, 1807 et 1808), de nombreux articles publiés dans les Mélanges litlérairei de la Société d'Émulation (1807} et surtout dans le Journal d'Agriculture des Hautes-Alpes [l801-i8U, 10 vol. in-8°], et do volumineux Mémoires encore inédits (cf. GauUer, Précis de l'hist. Gap, i&U, p. ItiO).

'] Cette pUce, écrite snr un feuillet séparé, aoncié au Ms-, paraît être do la main du futur historien de Oap, Théodore Oautier,

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PASSAGE DE NAPOLÉON A GAP EN i815. 0

par des calculs affreux d'ambition et d'intérêt personnel, essayer de nous armer pour sa propre querelle.

« Trop faible pour attaquer la France, il s'est flatté peut-être de la diviser. Il ne sait pas par combien de liens d'amour et de recomiaissance nous sommes attachés au souverain légitime qui a déjà réparé tant de maux. Il ne sait pas de quel bon esprit ta France entière est animée, et que cette contrée ne compte que des sujets fidèles et dévoués à Louis le Désiré.

< C'est h vous, Bons Alpéens, à le désabuser, s'il était assez téméraire pour se présenter sur votre territoire. Vos places fortes armées et défendues par deux braves régimens seraient l'écueil devant lequel viendraient se briser ces ennemis de votre bonheur.

a Repoussez donc avec mépris toute suggestion insi- ' dieuse. Signalez aux autorités les hommes qui par leurs discours chercheraient à altérer votre fidélité. Surveillez avec soin les étrangers et les hommes dangereux. Arrêtez et livrez aux magistrats tous ceux qui tendraient à répan- dre des écrits ou des proclamations le nom et l'autorité des Bourbons seraient méconnus.

< Montrez-vous ce que vous avez toujours été, sages et fidèles. Justifiez l'honorable réputation que vous avez acquise au département des Hautes-Alpes. Armons-nous pour concourir (s'il le fallait) avec nos braves régimens à la défense de nos forteresses. Gardes nationales et simples citoyens, que tous rivalisent de zèle et de dévouement. Que l'ennemi de la France reconnaisse en nous les senti- nelles avancées de la monarchie et les fidelles serviteurs de Louis XVin.

f Vive le Roi! Vivent les Bourbons! « Donné à Gap, en l'hôtel de la Préfecture, le quatre mars mil huit cent quinze').

« Signé : HARMAND. Par le Préfet, Pour le Secrétaire Général,

Le Chtf du burtav Sadminittration genéraU,

Ici le aoean da la « Signé : FAURE «.

Préfecture Hautes-A Ipes aai anses dos Bourbons.

*> La copie pocto id : > mil huit OMt dwsept », dat« probable de

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10 ANNALES DES ALPES.

Celte proclamation fut sur le champ livrée à l'impression, publiée et affichée dans la ville de Gap. Quelques esprits faibles et irrésolus, qui, par devoir, ne pouvaient sedispen- ser, à cause de leurs places, de suivre au moins de loin à loin, furent allarmés de la manière franche et vigoureuse doDtlePréfetse plaçait le premier sur la brèche. C'est une remarque que je fis d'abord, avec peine; mais d'autres contrariétés ne tardèrent pas à s'élever, sans que je puisse dire si elles procédaient fortuitement de l'état des choses ou si une main perûde et cachée influait déjà sur les déterminations de ce jour.

On ne tarda pas à jeter dos doutes sur la vérité de la nouvelle; et en la supposant vraie, 'douze cents hommes, disait-on, ne pouvaient aller loin. Surtout il était évident qu'ils ne chercheraient pas à pénétrer dans l'intérieur de la France, et qu'ils pourraient toutauplustenterd'arriver en Italie Buonaparte était attendu et vivement désiré. Cette dernière conjoncture s'accrédita rapidement et devint le régulateur des principales dispositions. Le maré- chal de camp, commandant le département'!, partit tout de suite pour se rendre auprès des régimens en garnison dans les places fortes, afin d'être en mesure d'arrêter la marche de l'ennemi, qui pouvait déboucher par la vallée de Barce- lonnette. La gendarmerie se disposa aussi à marcher sur ce point. Par là, il arriva que les forces militaires furent éloignées de Oap, et on regarda comme moins important de faire des préparatifs sérieux dans cette ville. Enfin la

l'époqua elle a Àtà priso sur U procUmation originale ou sur ua des nombreui oiamplaires publiés eu 1815 ; Cetlo proctamalion, dît Gautier [La Période rècalutionnaire, 1895, p. 176), fui imprimée et eu vojéo dans toutes les commuiios >•.

<) Gaude Rostollan, a Névacba (Htes-Alpes) le 23 mai 176!, capitaine ca 179£, adjudant général en 1793, chef d'ëUt major du général Briioe CD 1799, commandant d'un corps d'armée en 1801, avait été chargé, le 4 juiu 18U, du commandement du dépai'tBmcot des Hautes- Alpes. Rallié W rtCmpire en idiâ, il fut, après les Cent jours, mis i la retraite (4 sept. litlSj. 11 est mort à i'ass; pris Paris, le 11 janv. 1846, à UQ Age tr6s avancé. Il était commandeur de Légion d'honneur depuis lelijuin 1304.

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PASSAGE DE NAPOLÉON A QAP EN 1815. 11

journée se passa en Taiaes conférences. Le péril n'étant pas tenu pour certain, on parla beaucoup et on ne décida rien.

Le Préfet, néanmoins, avait donné des ordres pour mettre la garde nationale sur pied. Mais lorsque, le soir, il demanda au maire de Gap des reuseiguemens à ce sujet, il lui fut répondu qu'il ne faliail pas compter sur l'esprit de la majeure partie. Je me souyiensqae cette réponse lui causa une peine extrême ; et ce fut le cas, en ce moment plus que jamais, de désirer que l'ennemi passât par un autre chemin').

Dans la même soirée du samedi, la police rendit compte qu'un voyageur, venant de Grasse, courant la poste, en payant les chevaux, à tout prix, venait d'arriver à Gap, d'où il se proposait de partir sans retard pour se rendre à Grenoble, lieu de sa naissance.

C'était le s'' Émory, précurseur de Bonaparte {sic), reve- nant avec lui de l'tle d'Elbe.

I<e Préfet, trop occupé dans ce moment, pour interroger lui-même ce voyageur, crut atteindre également son but, en envoyant auprès de lui le secrétaire général de la Pré- fecture. Celui-ci se rendit immédiatement dans l'auberge indiquée, et trouva, en effet, le s' Émery, porteur d'un passeport délivré à Grasse, qui coutenaitmême une erreur de date. Un instant après le départ du secrétaire général, le Préfet, réfléchissant de nouveau sur tout ce que la police avait rapporté concernant cet étranger, conçut de justes soupçons, et fit partir encore son secrétaire particulier pour aller recommander au secrétaire général de donner toute son attention a cette affaire.

Mais ce dernier entendit paisiblement le conte que lui fit le S' Émery. Il trouva l'homme et la chose passablement

') Le passage suïvaut est rajé :

' L'excès de sa pi'ùsomptiou a diiiiDë lieu à une ùpigramme qui serait très piquante si elle élait moins emphatiqiio. On a dit : Si riaviucible destin n'aTait pas lui-mémi!, desaiiiaiii du rer.cnchaiaâ l'antique pouvoir des métamorphoses, il u'est pas douteux que de nos jours ce bienboureui Narciisc n'eût msaqué de davenir une belle fleur.

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12 ANNALES DES ALPES.

en règle, et laissa passer, pour le malheur de la France, celui qui a peut-être le plus contribué à la trahison du général Mouton du Vernet '), et à la défection de Grenoble.'

Je l'ai entendu ensuite se glorifier, plusieurs fois, du bon esprit qu'il avait eu de ne pas faire arrêter ce Greno- blois. C'en était donc un mauvais, que celui qui portait le Préfet à se donner tant de peine et de souci. II avouait encore que l'arrivée du secrétaire particulier avait pensé lui foire manquer cette bonne œuvre.

Ce n'est pas que je veuille dire que, dans ce moment, le secrétaire général était initié dans la conspiration. Je ne doute même pas du contraire. Mais c'est une faute qu'il commit par faiblesse, incertitude, ou je ne sais comment ; et lorsque, plus tard, il a tenu le langage que je viens de rappeler, il obéissait à sa passion dominante : un amour propre extrême, qui lui inspire une rare complaisance pour tous ses faits et gestes, et qui l'empècbe beaucoup de croire les autres capables de faire bien comme lui.

L'interrogatoire du s' Émery confirma la nouvelle in. débarquement de l'ennemi et sa marche sur Digne. Il eut soin d'exagérer ses forces, qu'il porta à huit mille bommes ; et de raconter aussi qirïl allait vraisemblable- ment en Italie, en passant parla route du mont Genèvre.

Le lendemain, dimanche, on continua d'être dans une grande perplexité. Toutefois le Préfet voulait, dès le matin, ne pas perdre, disait-il, cette journée comme celle du samedi, qu'il regrettait déjà. Il voulait absolument agir. Mais, malheureusement, il n'y avait parmi les fonctionnai- res qui l'entouraient aucun homme qui pût utilement l'appuyer dans ces circonstances, il était surtout essen- tiel de brusqueries affaires. Or, cette manière est précisé- ment la plus éloignée du caractère des gens de Gap, la suprême vertu consiste à temporiser et à louvoyer.

■] Il commandait la division do Valonco. M. de St-Geniis, maire d'Upaix, avait été chargé par le gdndral Bertrand, tandis que Napoléon suivait la route de Rourebeau au Vivas, de faire parrenir au géoécal HoutOD du Verael < la aouvelle do l'arrivée de l'Empereur..,! (I,adoa- cette, Bitt. du Haules-Alpti, IStS, p. S'HI-1).

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PASSAGE DE NAPOLÉÛN A QAP EN 1815. 13

Un seul homme e&t été capable d'entrer vivement dans tes vues du Préfet, mais cet homme était absent. Par une fatalité déplorable, M. Serres, alors sous-préfet de Oap'), était en tournée à l'une des extrémités de son arrondisse- ment, et ne put être averti que pour arriver le dimanche, peu avant la nuit.

Tandis que le Préfet se tourmentait au sein d'un pareil dénuement, il reçoit un courrier qui lui annonce que le général Mouton du Vernet, commandant la division de Valence, arriverait à Oap à onze heures du matin au plus tard. Ce général lui mandait qu'il venait avec des forces et qu'en arrivant des mesures suffisantes seraient prises pour arrêter l'ennemi. Cette nouvelle, qui causa tant de joie au Préfet et à tous les bons citoyens, fut la cause de notre perle. Le temps se passa à attendre le général et son renfort. Mais à midi, ni deux heures après, personne n'était venu. Un second courrier annonça encore que le général allait arriver. Nouvel espoir et vaine attente 1 La nuit survint et le général ne vint pas. Rencontré sur sa route par le s' Émery, il se laissa séduire et prit le parti de rétrograder.

Ainsi s'écoula ce triste jour qui va être suivi d'une nuit plus triste encore. Ungendarme, envoyé du côté de Siste- ron, revient, à nuit fermante, pour annoncer que l'avant- garde ennemie était à cent pas de la ville et que Buona- parte arriverait peu de temps après.

Ce gendarme fut introduit devant M. le Préfet, au milieu d'une nombreuse assemblée réunie chez lui, et il déclara hautement avoir vu ce qu'il rapportait. En conséquence plus de doute : Buonaparte arrive. Tout le monde engage donc le Préfet à s'occuper de sa sûreté personnelle,

■) Jean-Joseph Serres, à La Roche-des-Arnsuds le 13 dâc. 1762, Qt les campâmes de l'Inde avec le bailli da SuBreD, devint capitaine du !• bataillon des Voionlaires des Hautes- Alpes en 1790, fut «lu, en 17S2, député !t la Convention et, en ITÎQ, au Conseil àes duq c^nls; puis coaseiller de préfecture des Hautes-Alpee en 1801 ; sous-préfet de l'arrondissement de Oap en lSi3, et sous-pidfet d'Embrun en 1816. C'est dans celte situation qu'il est mort en 1^0.

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14 ANNALES DES ALPES.

en s'éloignant promptement de Gap, surtout à cause de sa proclamation. Ed effet, il cède à ces instances et part pour joindre son épouse et son enTant, sortis de Gap quelques heures auparavant. Mais, pour leur malheur, ils prirent. la route de Grenoble, tant on était persuadé que Buonaparte se dirigeait en Italie !

Ces détails seraient sans doute regardés comme longs et minutieux, si je n'avertissais qu'ils sont nécessaires pour répondre à certains hommes qui sont venus après, accusant M. Harmand de faiblesse, et parlant avec forfan- terie de ce qu'ils auraient fait eux-mêmes. Ces beaux diseurs ne m'ont pas fait regretter leur absence. Qu'on sache que la garde nationale de Gap ne pouvait pas fournir au-delà de 3 à 400 hommes ; que le maire ') avait inspiré au Préfet des craintes, peut-être bien fondées, sur l'esprit de cette troupe ; qu'il fallait se porter en avant, et qu'en tout état de cause, la garde nationale est peu propre à s'éloigner de ses foyers ; qu'au moment oft l'on aurait partir de Gap, on disait l'armée ennemie forte de huit mille hommes.

Qu'on se rappelle surtout que le Préfet n'avait auprès de lui aucun chef militaire pour diriger les opérations. Joignez à cela les divers moyens par lesquels il fut abusé jusqu'au moment tout fut perdu ; et rendons à cet excellent serviteur du Roi la justice de dire qu'il lit tout ce qui dépendait de lui. Ceux qui, après l'événement, ont voulu se mettre à sa place, et lui tracer ud autre plan de conduite, en ont parlé trop à leur aise.

Tout ce que je viens de raconter, je l'ai vu et entendu moi-même. Depuis le samedi au matin, les bureaux de la préfecture ayant été fermés, je ne saisis pas cette occa- sion de me rendre libre ; mais j'allai.de mon propre mouve-

'I Charles-Louis d'Abon, U 0ad«t, colonel du génie, à Oip le !S doc. 1766, mort à Orenoble an 1817 ; il était maire de Oap, le IC avril l&li {Période révalut, p. 172). Ne pas le Confondre avec son frère François -Louis, Valné, dit le marquis d'Abon, chef de la cohort» urbaine de Oap en avril ISU. conseiller de préfecture le 2 mai 1615 iflp. cit., p. 173 et ITT).

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PASSAGE DE NAPOLÉON A GAP EN 1815. 15

mect, me placer non loin du Préfet, dans le secrétariat, particalier, place que je n'ai plus quittée tant que l'auto- rité du Roi a été défendue à Gap, que j'ai reprise immédiatement après l'interrègne, et que j'ai gardée tant que je suis resté dans la préfecture des Hautes- Alpes '}.

Mais reprenons le fil des événemens. Le Préfet est parti de Gap, le dimaoche 5 mars, à la Su du jour. Buonaparte y entre quelques heures après, précédé et suivi d'une petite troupe. Tout la ville avait l'apparence de la cons- ternation. Le plus grand nombre des habitans étaient, en effet, consternés ; et quelques ambitieux ou malveillans, qui déjà, sans doute, attachaient des espérances à celte catastrophe, étaient encore immobiles et muets, dans l'incertitude de ce qui allait arriver.

Le sous-préfet de Gap, M. Serres, nouvellement arrivé, harassé de fatigue et qui, d'abord, n'avait pas cru, fut frappé de stupeur quand il vit ; et ne pouvant revenir de sa surprise, ni se livrer à des réflexions suivies, il rentra chez lui, se coucha et dormit comme un autre Alexandre, à la veille des combats.

M. d'Abon, maire de la ville, avait réuni le Conseil municipal, pour veiller avec lui et délibérer sur les demandes qui pourraient leur être faites. Buonaparte le fit , demander ; et, à la troisième sommation seulement, on se décida à paraître en sa présence. Là, ternaire, à la tète de ses conseillers municipaux, répondit avec noblesse et convenance aux questions qui lui furent faites par l'usur- pateur, et se tira de ce pas difficile, sans manquer à rien de ce qu'il devait à sa place.

C'est la seule visite, à Gap, qui ait été faite en corps

<] L'auteur & ravd : "... Comme durant et après mes foDclioas de s^rélairo général, et qu'enSa je c'ai pas abandonné sans quelque regret en août 1817. Le bureau près duquel je m'était assis aui jours du malheur, était deveau ma chaire carule, & laquelle ja teuaîs rorle- ment, par un seoUment plus naturel que raisoDUé, A peu près comms nu pauvre mnnlagnard lient au rocher qui l'a vu naître. Je dirai, quand il ea sera temps, tout ce qu'il a fallu pour m'en détacher ■.

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16 ANir&LES DES ALPES.

d'autorité à Buonaparte ; et, certes il n'eut pas lieu de s'en féliciter. Mais alors il rongeait son frein sans se plaindre ; et les visites particulières vinrent sucessive- tnent calmer son dépit et lui apporter un meilleuraugure. Mais tirons le rideau sur les honteux mouvemens de l'ambition et de l'intrigue, pendant cette fatale nuit. Je rends grâce au plan de mon sujet qui ne m'oblige pas d'en parler avec détail.

Le lendemain, je me réunis à M. Serres, mon ami, dont l'opinion ne pouvait manquer d'être confonne à ta mienne. Plongés, l'un et l'autre, dans un abattement profond, nous passâmes la journée à errer, comme deux somnam- bules, dans les rues ou sur la route, au milieu de la foule qui attendait, pour voir Buonaparte en plein jour, au moment de son départ. Nous n'étions pas de ceux qui avaient pu le voir dans son logement.

Il partit de Gap vers les trois heures après midi, et nous le vîmes en effet. Il passa devant nous*); et son salut et son sourire ne nous rassura pas. A ce moment, le pressentiment de nos maux futurs nous serra le cœur de ta manière la plus douloureuse. Un honnête homme de Gap, revenant ensuite, comme nous, avec la foule, répon- dit à quelqu'un qui lui demandait s'il l'avait vu : « Oui ! je viens de voir la bète montant de la mer, portant écrit sur son front : la guerre, la peste et la famine «.

La grande masse des habitants de la ville éprouva la même sensation de crainte et de douleur. Aussi les accla- mations furent-elles rares et de bas aloi. Seulement le s' Séchier, de Vitrolies, ex-prètre'), et quelques jeunes gens,

') Void l6 portrait qoe fait de Napoléon M. de St-Geniôs, maire d'Upaii : Je reconnus, dit-il, le grand capitaine, monté sur un petit cheval arabe blanc, vêtu de la capote grise, rocouvrapt un uaiforme de colonel do chasseurs ; le petil chapeau ornait son front, et l'étoile des bravos brillait A cûtd do l'orgueillcui crecbal. Son ceil scrutateur

inspirait l'a ffabiiitd [Ladoucette, op. cit., p. 669).

>) Le D' Jean-François Séchier, premier vicaire de Gap en 1790-91, puis juge de paix de Vitrolies, nommé par décret impérial, du 11 juin

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PASSAGE DS NAPOliON A QAP BN 1815. '. 17

qui comptaient âtre faits officiers en débutant, suivirent Buonaparte sur la route de Grenoble. Parmi eux, se trou- ' Tait le nommé Grtmaud, surnuméraire dans l'administra- tion des droits réunis'), natif du Ghampsaur, comme moi, doat je connais la famille, et gue j'indique ici, parce que j'aurai bientôt à parler d'une afffdre entre lui et moi.

L'usurpateur fut plus heureux en passant sous les mura deSt-Bonnet, chef-lieu de la vallée populeuse du Champ- saur. C'était le jour du marché hebdomadaire de ce bourg. Va grand nombre de maires et habitants de toutes les communes environnantes s'y trouvaient réunis. L'arrivée de Buonaparte fut annoncée quelques heures d'avance par des personnes venant de Gap, soit fortuitement, soit envoyées à dessein. Elles parlèrent avec enthousiasme du bonheur quinous rendait ce grand homme, des bienfoits qu'il avait déjà répandus à Gap, de tout le bien qu'il promettait de faire en remontant sur le trône. . . Et observons que ce langage était tenu à une population, hélas I trop disposée à l'entendre, de sorte qu'au moment la troupe ennemie fut aperçue de loin sur la route, hommes, femmes et eiifans, teus sortirent de St-Bonnet, et accoururent avec transport pour voir à son passage, non la bête montant de la mer, mais le désiré des nations ').

1815, sons-préfet de l'arrondissenieiit de Qap, k U place do JoHph Serres (cf. PdrioiU récolut., p. 1T7-8).

<) Albert Houlémout se fait gloire d'avoir procuré à l'EmperenF noe ctlâcbo que possédait ud de tes amis, M. de Boissieui, iospecteur dei droits réuois, qui, dit-il, U céda avec empressement (cf. Ladoacette, op. SIC, p.GT 5).

>) Voici ua épisode qui peut servir k expliquée %at enthouBiasmo. Suivant M. de Saiat-Gcniès, < un des plus beaux grenadiers du balaiUoQ sacré avait disparu depuis le débarquement [1" raarsj. On avait vainement cherché une cause & son absence... Ce probUma s'expliqua peu d'heures après le départ de Oap... La colonne défilait lentement au milieu des populations réunies sur la ronle tortuenie qui longe les eaux rapides du Drac. . - Tout a coup la foule s'onvre et laias» parvenir jusqu'aux pieds de l'Empereur l'estimable déserteur, portant dans ses bras un vieillard de 8& ans: c'était le père du grenadier, qui avait voulu voir Napoléon avant de mounr. Getto scène toocllaiite devait

Annales des Alpes, 1897. S

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18 ANNALES DES ALPES.

Le s' Achard, maire de St-Bonnet'), fut le seul qui ne suivit pas cet aveugle mouvement. Resté seul daBs sa mairie, il fut d'abord invité honnêtement par un ofBcier de Buonaparte à se rendre auprès de l'Empereur. Il le fut encore par deux autres émissaires, et, en dernier lieu, il était en- quelque sorte mandé. Mais il résista à tout, et répondit, qu'en sa qualité de maire, il siégeait à la maison commune et que devaient se rendre ceux qui avaient affaire à lui. Réponse juste et noble qui, digne d'être retenue par l'histoire, doit l'être du moins par sa famille comme un titre de gloire. 11 m'appartient donc de la consi- gner dans cet écrit '].

Peu d'instants après le départ de l'ennemi, le bruit commença à courir dans Gap que M. Harmand était des- titué, par un décret impérial, et M. Parnaud, nommé

âtie !e sujet d'un tableau que rEmperear avait commandé pour être placé ducs 9011 apparlemoDl t (cf. Ledoacett«, op. cit., p. 672}.

<) Je K n- Joseph Achird, procureur au bailliage du Champsaur avant 1790.

)) On a ra;ô : « Et pour ne pas revenir sur ce qui concerne le s' Acbard, mon beau-père ; puis bfttonaé ce qui suit, mais en écrivant ces mots en marge : i Cette anecdote mérite d'être conservée *.

J'ajouterai qu'après l'inteiTègne, il a été dénonce au Hiolstre de l'Intérieur par des personnes que nous coDuaissoas bien et dont le défaut n'est pas d'être réputées rojalitles. Voici la lettre que le Ministre écrivit au Préfet des Hautes-Alpes, ea suite de cette dénonciation, sous la dite du 18 décembre 1815 : < Monsieur te Préfet, on accuse le maire de St-Boonet d'avoir joué

UD rAle peu honorable dans la Révolution, et d'avoir, dans ces derniers « temps, excité, sous main, la population de cette commune à aller

au-devant de l'usurpateur, lorsqu'il traversa les Alpes, Je vous invite ( à prendre des inrormations sur les griefs imputés i ce maire et à me a proposer eosuite k soo égard les mesuras que vous jugerez convona- X blés :

Remarquée doue que le maire de St-Bonnet a été dénoncé comme révolutionnaire et Buonapartiste au temps de cette lettre, et que les mêmes hommes aujourd'hui le dénoncent comme ultra- royaliste, sans poarttnt qu'il ait cessé d'être le même. Tant il est vrai que rien ne coûte A la méchanceté, et que, daus le siècle nous sommes, elle n'a aucun besoin ni d'être conséquente ni d'àlre vraisemblable pour oser attaquer l'homme dt bien ! béias t et trop louvent, ce n'est pas sans

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PASSAGE DE NAPOLÉON A QAP EN 1815. Id

pour le remplacer '). On parla de l'entrevue de ce dernier avec Buonaparte. Ce bruit se soutint, et chacun faisait sa glose.

Le lendemain, de bon matin, M. de Beaujeu, conseiller de préfecture*), qui n'avait pas fait sa cour à l'Empereur, s'enquit, avec un grand soin, de ce qui concernait ce chan- gement d'autorité, et découvrit chez les imprimeurs delà ville, parmi les proclamations qui s'imprimaient au nomade Buonaparte'), une note indiquant qu'elles seraient remi- ses à M. Farnaud, préfet provisoire des Hautes-Alpes, pour être publiées dans toutes les communes du départe- ment.

A l'instant, il en porta la nouvelle dans tous les quar- tiers de la ville ; et rien n'égale l'effort des figures qu'il employait pour exprimer toute l'indignation que devait inspirer la conduite du secrétaire général. La suite nous a autorisés à penser qu'il regrettait peut-être déjà lui- même de n'être pas allé briguer ta préférence, etque, dans ses déclamations, il y avait plus de jalousie que de senti- mens généreux.

Quoiqu'il en soit, la chose ne devait pas rester long- temps secrette. Vers les neuf heures du matin, le secré- taire général, qui craignait à la fois de se montrer sur la scène et de ne pas s'y montrer, imagina comme un moyen d'applanir les principaux obstacles, de réunir à l'Hôtel de

*) Dès le lundi, 6 mars, TEmpereur nomma M. Farnaud pour remplir les fonctions de préfet », dit H, de St-Oeniès (Ladoucette, p. 671). La veille, 5 mara, avant de quitter Gap, le préfet Harmand avait confié par lettre à Faniaud la garde des Archives et du mobilier de l'hAtel de la préfccbire. (Lettre du préfet ii Farnaud.)

<l Louis-Joseph- Antoine Jaubei^ do Beaujeu avait été nomme conseil- ler de préfecture le A avril 1800. 11 devint Conseiller monicipal de Oap le 1" sept. 1804; fut chargé de l'admi ois (ration dn députeraent en 1807> peodant l'absence du préfet Ladoucette; se ralli, le 16 avril 1S14, an gouverment de Louis XVIII ; devint sous-préfet de l' arrondissement de Osp par intérim le 18 avtil 1815, et préfet, également par intérim, le 17 juillet suivant ; il fat suspendu de ses foncUans le 29 juillet 1815.

'} Ont peut lire un passage de l'une d'entre elles dans VHitttnre do Ladoucette, p. 675-6.

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20 . ANNÂLE& DES ALPES.

Ville le sous-préfet de Gap. les conseillers de Préfecture, le maire et les autres personnages les plus marquans, afin de prendre leur avis, dans cette conjoncture, et de s'étayer de leur suffrage, pour aller de l'avant avec moins de péril.

Cette assemblée se forme en effet. M. Serres y vint comme les autres. Bientôt le secrétaire général prenant la parole, pour le plus grand bien du département, veut exposer le sujet de la conférence, à laquelle il a pris la liberté de faire inviter les honorables fonctionnaires qui l'écoutent. Mais il est interrompu soudainement par le sous-préfet, qui touchait à son réveil de lion, et qui lui dit avec énergie : « Monsieur, je sais vous voulez en « venir. Il s'agit de votre autorité nouvelle. Comme sous- if préfet de-Gap, je déclare refuser de la reconnaître. Je « m'opposerai de toutes mes forces à ce que vous exer- « ciez aucun acte d'administration. Si vos proclamations a me parviennent, je les livrerai aux flammes. Au reste, a sachez que je pars de ce pas pour aller chercher M. le « Préfet, et que, sous peu, il sera de retour avec moi «.

A ces mots, le sous-préfet sortit brusquement, et le préfet postiche vit bientût l'assemblée se dissoudre. Lui et les autres restèrent stupéfaits, et la matière ne fut même pas remise en délibération.

Ce n'est pas en vain que M. Serres venait de déclarer qu'il partirait sur-le-champ pour aller retrouver M. Har- mand. Après m'avoir fait part de ce généreux dessein, il m'embrassa et se mit en route. Plus heureux dans son entreprise qu'il ne pouvait s'y attendre, il prend le che- min du Dévoluy, à travers les montagnes, pour percer aussi avant qu'il le faudrait, afin d'avoir des nouvelles du Préfet des Hautes-Alpes, en longeant la route de Grenoble, qu'il ne pouvait pas suivre à cause de l'occupatioa enne- mie.

De son côté, le Préfet, qui avait couru sur cette route jnsqa'au-delà de Corps, dans le département de l'Isère, fut obligé de rebrousser chemin, d'après les renseîgne- mens qu'il reçut de l'état des choses qui se passaient déjà

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PAgSASE DE NAPOLÉON A OAP EN 1815. Si

k La Mure et tout le long de la route jusqu'à Grenoble. Surpris par l'avant-garde de Buonaparte, dans une mau- vaise aulierge du village, il fait cacher sa voiture dans la paille et le fumier, et lui-même, retiré avec sa famille dans une petite chambre, passe une nuit entière à enten- dre les menaces des grenadiers de l'Ile d'Elbe contre le préfet des Hautes-Alpes, J) cause de sa proclamation. Ils ne désespéraient pas, disaient-ils, de l'atteindre bien- tôt.

Quelle nuit, quelle position, surtout pour Madame Harmand, jeune et timide femme, tendre épouse et tendre mère ! Le s' Martin, alors maire de la commujie de Quet<), - est au nombre des hommes vertueux qui voulurent bien leur prêter assistance dans cette cruelle extrémité. Hom- mage lui en soit rendu ! Je saisis avec empressement cette occasion' de lui exprimer ma part de la reconnaissance publique qu'il a méritée.

Forcé d'abandonner la grande route, M. Harmand laisse sa voiture, et vint passer le Drac au-dessous de Corps, il fut rencontré, de temps en temps, par des paysans qui le couvraient d'injures, et de il entreprit de pénétrer dans son département par le canton montueux du Dévoluy,

Le chemin de Corps en Dévoluy est fameux par les précipices et les difQcultés qui l'entourent dans toutes les saisons. Mais, au mois de mars, il est surtout affreux par les neiges et les avalanches qui l'encombrent. Les habitans du pays n'y passent alors qu'en tremblant et jamais sans une nécessité extrême.

Représentez-vous donc M. Harmand, sa femme, son enfant et un seul domestique, tous étrangers à nos monta- gnes, obligés de marcher à pied, et de se hisser à travers les glaciers et les rochers, portant tour à tour, dans leurs bras, les effets qu'ils n'ont pas laisser à l'abandon, et leur enfant de deux ans ; tantôt enfoncés dans la neige et incertains de la direction qu'il faut suivre, tantôt suspen-

<) Qvet^en-BeBamoDt, canton de Corps (Isire), 281 hibiluits.

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22 ANNALES DBS ALPES.

dus au-des8us des plus horribles prâcipicas ; luttant contre l'aspérité du plus rude des climats et contre l'aapect acca- blant du pays le plus sauvage des Alpes. Malheur au cœur d'airain que ce tableau ne saurait toucher I . . . Mais la Providence veillait sur le Juste.. . Ils vinrent à bout de iWinchir tous les obstacles. Ils échappèrent à tous les périls ; et, le mardi au soir, ils étaient à table chez le respectable curé de St-Didier-en-Dévoluy '], parent et ami de M. Serres, lorsque celui-ci, guidé par la même Provi- dence, frappe à la porte du presbytère et se présente à leurs embrassemens, comme un ange de salut et de conso- lation.

C'est en ce moment, sans doute, que fut scellée entre le préfet des Hautes-Alpes et le sous-préfet de Qap une union assortie de touts les points, qui durera autant que leur vie. Ces deux hommes, qui ne s'étaient pas suffisam- ment appréciés jusqu'alors, furent charmés de se trouver dignes l'un de l'autre, et le Ciel leur dispensa largement ce don sacré, si justement appelé le plaisir des belles Ames*).

Ils employèrent la journée du mercredi à se tirer des montagnes et des neiges du Dévoluy. Mais, alors, les secours leur étaient prodigués. Toute la population du canton se serait levée au besoin. M. Harmand vint cou- cher avec sa famille à Veynes, pour arriver le lendemain matin à Gap. M. Serres arriva lui-même en cette ville et vint frapper un coup de sa façon, pour retremper les esprits et intimider la malveillance.

En arrivant, il crie à tout le monde : « Bonne nouvelle, mes amis ! bonne nouvelle » ; et il convoque de suite les fonctionnaires civils et militaires dans l'hàtel de la Pré- fecture. Puis, avec l'accent de la persuasion et d'une

■) Louis Lubros, de Vejnes, le 31 mai 1761, curé de St-Dldisi bd Dévolu?, du 21 1803 su l" octobre 1S28, époque il sa relira du •eryice.

*) Su marge, on lit: «Le lundi, le Préfet a couché à Quel, chei H. HartiD, msice. Le mardi, accompagné du Sis Martin, il ett venu coucher à St-Disdier >.

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PASSAOE DE NAPOLÉON A OAP EN 1815. 33

^aode joie, il annonce que Buonaparte a été repoussé sous les mura de Orenoble, qu'il a pris la fuite avec sa ' faible troupe, à travers les montagnes, pour s'évader il pourra j que l'on est à sa poursuite et que tous les passages sont gardés... Vive le Roi I Vive le Roi 1 Toute l'Assemblée se lève spontanément,et répète: Vive le Roi ! Vivent les Bourbons !

Cette nouvelle et celle du retour de Nf. Harmand circu- lent rapidement dans la ville et au sein de toutes les familles. L'attente du sous-préfet ne fut pas trompée. Tous les cœurs s'animèrent d'une généreuse ardeur pour la cause du Boi, et, le lendemain, tous les bommes valides se présentèrent d'eux-mêmes, demandant des armes et l'ordre de marcher contre Buonaparte.

Pendant la nuit, M. Farnaud, occupé de soins particu- liers, se rendit à Veynes, à la rencontre du Préfet, pour justifier la tentation passagère od il avait eu le malheur de tomber, et le Préfet ne manqua pas de l'admettre à résipiscense. Mais, pour réparer le scandale donné, il fut convenu qu'à leur retour à Qap il serait procédé à la cérémonie publique dont nous parlerons bientôt.

Attendu avec une vive impatience, à laquelle je puis surtout me glorifier d'avoir pris ma part, M. Harmand arriva à Oap, dans la matinée du jeudi, 9 mars, et trouva rangée en bataille, devant l'hâtel de la Préfecture*], une nombreuse garde nationale qui faisait fiotter le drapeau blanc et qui brûlait du désir de montrer sa bonne volonté.

Le Préfet dut confirmer la nouvelle donnée la veille par M. Serres, parce que, dans l'incertitude de ce qui se passait réellement à Grenoble ou ailleurs, il était essen- tiel de se tenir prêts à marcher avec les troupes qui arri- vaient de la Provence, sous les ordres du lieutenant-

') L'tDciei) palais épiscopal de Oap devint le siige de l'administration centrale du départameat des Hautes-Alpes, ea janv. 1796; servit entnite (1800) d'hAtel de la Préfactare jusqu'au 14 sept. 1837, époque oti il fut rendu à sa destination prenûtre.

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S4 AHNALBS DES AUPH!.

gtoéral coHtle Miollis*]. L'arrivée de ces troopes ATaft surtout électrisé les habitans de Gap. Le dévouemeirt général allait donc Jusqu'à l'eutliousiasiiie, et l'on atten- dait impatiemment le signal du départ.

H. Harmand attendait lui-même des nouvelles de La Huro et de Grenoble. Cependant, selon son accord avec secrétaire général, il réunit chez lui toutes les autorités civiles et militaires, le clergé de Gap, le lieutenant géné- ral Miollis et les autres officiers étrangers. Bientôt M. Famaud, arrivant à son tour, s'avance au lieu qui lui était réservé, prononce un discours en forme de rétracta- tion, dans lequel, après avoir confessé son erreur du moment, il renouvelle pour la vie son serment de fidélité au Roi ; en témoignage de quoi, il remet au Préfet le décret de sa nomination, les lettres et proclamations de l'usurpateur, et du tout, il (ut fait, sous les yeux de l'as- semblée, un auto-da-fé solennel.

Cette réparation fut humble et entière'). M. Harmand, qui l'avait exigée, pensait avoir rétabli son secrétaire général dans la ligne du devoir, sans lui laisser aucune possibilité d'en sortir jamais. Il se trompait.

Peu après, on fut informé de l'entrée de Buonaparte à Grenoble.

Le général Miollis ne tarda pas à quitter Oap pour retourner en Provence. Il eut l'air de craindre d'être même allé trop loin. Un général envoyé par l'usurpateur') se fait bientôt annoncer commevenant prendre le commandement des Hautes-Alpes. Il n'était pas encore arrivé, mais on

1) ^itins-Alexandre-Ptançois de Hiollis, le 18 sept. 1759, k Âiit il eit mort le 18 juin 18S8. Lore du retour de Die d'Elbe, il commm- dlit diviâou de HarïeUle. On sait que son Irère, Charles-François- Uelchior-Bienvenu de Hiallis, a été évèqac de Digne do 1805 à 1838- En cette qDalité, il administra le département des Hautes-Alpes, qui ne formait avec celui des Basses-Alpes qu'un seul diocèse, de 1805 à 18£3. Son souTonir est encore vivant et presque Ugeudsire dans les Aipcs.

>] Uots lajés : Reste à savoir si elle fut sincère >.

<) Le Kdndrftl Glubert (Ttiéodoio), k Villefranche ea 1T56, mort

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PASSAOB NAFOliON A OAP EN 1815. fi

n'avait aucune foroe à opposer aux forces dont on !• disait accompagné. I^es hatiitans avaient passé subitement d'un excès d'énergie à un excès d'abattement. Enfin M. Harmand, A'appé de proscription par un décret rendu à Gr^ioble '), avait besoin de mettre sa famille en sûreté, hors du département, et de se concerter avec les autorités du midi, pour coordonner ses opérations avec les leurs.

En conséquence, il fit un premier voyage dans la Pro vence') et en partant, il délégua te sous-préfet de Gap poni administrer le département en son absence '). Toutle per- soDoel de l'administration fut alors réduit à deux indivi- dus : M. Serres, préfet par intérim, et moi, secrétairs permanent, dont il voulut bien faire son second. Le secré- taire général, quoique bien amendé, cessa de paraître, «t tous les autres employés de la Préfecture s'étaient disper- sés comme les brebis de l'Écriture, après le malbeur du bwger... (Zacb., ch. 13, v. 7).

Nous n'eûmes pas de peine à résister au général de Buonaparte, qui, d'abord, n'osa venir qu'à une certaine distance de Gap. Bientôt, l'excellente cohorte urbaine de de Marseille y arriva. Alors on attendait des nouvelles de Lyon, l'ennemi pouvait encore être combattu et arrêté. De notre «Ité, nous prenions à Gap des mesures pour déjouer les manœuvres des émissaires et des matveillans. Les Marseillais nous secondaient de tous leurs efforts et répandaient une crainte salutaire •).

f*)Le sieurGrimaud, surnuméraire de la régie des impo- sitions indirectes, qui avait suivi Buonaparte, comme je l'ai

•) La décret impérial est daté du 9 mars 1815 (La période réoolm.. 18», p. 176).

^ Ce membra de phrase a remplacé celui-ci : t II consenlll k se retirer mementaaéoieDt à SisteFon >.

*) L'arrêté préfectoral qui délègue M. Serres, écrit tout entier de la naia de M. Harmand, - est du 13 mars 181& (Piriode révolut., p. 176).

') Comparer ce récit avec celui de U. de St-Onoiès (daas Ladoucette, p.^TSet SDÎv.).

^ Su marge : Celle digresiioa a été bïtonoeQ mal A propos : elle mMle d'itce ooaierTée ■,

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36 ANNALB8 DES ALPES.

dit plus haut, trouva à propos de revenir sur ses pas ; et étant tombé dans l'un des postes établis pour ^rder la route de Grenoble, il nous fut amené pour être interrogé et subir son sort. Les Marseillais ne voulaient rien moins que le traduire à Manosque, s'il était trouvé coupable, et le jeune homme n'était pas sans frayeur.

Conduit devant M. Serres, il se réclama de moi. Je me présentai sur le champ , pour donner des renseigne- mens; et, quoique je fusse loin d'approuver la démarche du prévenu, je voulais pourtant lui procurer sa liberté; mais il fallait aussi ne pas se mettre en opposition avec la brave garde marseillaise. En conséquence, je dis à M. Ser- res, en présence du jeune homme, de l'officier et des sqldats qui le conduisaient : a Oui, Messieurs, je connais cet homme ; il est des environs de St-Bonnet, d'une honnête famille; il demeure à Gap, comme employé des droits réunis, et il a fait une grave sottise. Il est au nombre des jeunes gens qui sont partis à la suite de Bnonaparte. Or, vous savez la décision prise à leur égard par M. le Préfet. II a ordonné, avant son départ, que ceux d'entre eus qui remettraient les pieds dans le département, seraient placés par arrêté spécial , sous la surveillance la plus stricte du maire de leur domicile. Celui-ci doit donc être renvoyé sous celle du maire de Gap ».

Ma tournure réussit pleinement. Les Marseillais lâchè- rent prise. M. Serres prononça la mise en surveillance, et Grimaud fut renvoyé libre, et bien averti que le maire recevrait incessamment l'acte qui devait régulariser sa peine. Je feignis même de prendre la plume pour l'écrire sur le champ.

Quelque temps après, il me ût faire des remerctments pour le service que je lui avais rendu. Son père vint lui- même m'en témoigner de la reconnaissance. £b bien ! qui le croira? Dans le fort de l'interrègne, quand j'étais obligé de fuir, la malveillance s'empara de l'esprit de ce pauvre garçon ; on dénatura le fait à ses propres yeux, et on vint à bout de lui persuader que, par la déclaration que j'avais faite devant les Marseillais, bien certainement j'avais voulu

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PASSAGE DE NAPOLÉON A SAP EN 1815. 27

le perdre. Ainsi, deveau furieux, après avoir été recon- naissant, il promit d"en tirer vengeance. Triste et nouvelle preuve de la méchanceté et de la faiblesse de l'homme !

DauE la même journée, M. Serres délivra encore, par un tempérament à peu près semblable, un cafetier de Gre- noble, émissaire surpris sur la route d'Embrun, venant de porter des proclamations pour corrompre les régimeas qui étaient en garnison à Embrun et Mont-Dauphin. Néanmoins M. Serres, comme moi, a été qualifié de dénoDCiateur. Pitoyable calomnie, qui accuse ses auteurs, moins encore que les temps et les lieux qui leur laissaient la liberté de parier')].

Sur ces entrefaites, M. Harmand revint*) à Gap. Mais la troupe marseillaise s'étant retirée subitement, d'après les bruits, répandus avec art, concernant la marche d'un ren- fort, avec lequel le général ennemi allait fondre sur la ville, le Préfet repartit en même temps, et il alla à Aix offrir à Son Altesse Royale le duc d'Angoulème le tribut de son zèle et de son dévouement ; en sort6 que M. Serres fut de nouveau chargé de l'administration '] ; et, quoique laissé sans force militaii'e, il ne continua pas moins à maintenir l'autorité du Roi- Nous avions compris que le général dont on nous menaçait depuis plusieurs jours*) avait sa portion de crainte et qu'il ne brusquerait rien.

Je rapporterai ici un trait qui caractérise à la fois M. Serres et les hommes du parti opposé. Dans la nuit du départ des Marseillais, les malveillans imaginèrent un mensonge atroce pour- soulever le peuple contre nous et pour se rendre intéressans à ses yeux. On débita que rien n'était plus heureux que le départ inopiné des Mar- seillais, puisqu'ils devaient, le lendemain, enlever vingt ou trente citoyens des plus recommandables de la ville, portés sur une liste de proscription qui leur avait été

<) Toatcâ qui est entra crochets est bàtonoé. ') Ce mot remplacé ceui-ci : < flt qdu apparilinn t. •) L'arrêté préfectoral qui le délègue est daté du 13 mars 1815 (cf. La Période Reeolationnaire. etc., 18», p. 176). *) Le général Chabert i {op, oit. et ci-après).

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SB ANNALES DBR ALPES.

rmiise par M. Serres et moi. On nommait aussi une partie de ces illustres Tlctimes de notre fureur, et nous, nous étions des monstres.

Cette fable fut racontée avec une astucieuse discrétion; et à l'heure j'entrais à la préfecture, M. Beaujeu vint, lui-même, d'un air profondément inquiet, me faire part de ce bruit, déjà trop répandu, et surtout m'informer que le» proscrits désignés étaient dans une eflVayante eiaspért- tion ; qu'il y avait tout à craindre pour nous. J'écoutai s^n récit, et, sans m'occuper de cette exaspération, je m'ejci- tais à une juste indignation contre les auteurs de cftte nouvelle calomnie, lorsque M. Serres se présenta. ïJotH- cieui'rapporteui' lui redît incontinent tout ce que j'avais déjà entendu] moi-même. Pendant ce temps, je tenais les yeux flxés sur M. Serres, impatient de voir l'impression qu'il allaiten ressentir. Je m'attendais à une violente déto- nation de colère... Point du tout. Il ât bien mieux : ii le regarda en pitié et lui répondit par un éclat de rire.

Ce fut pour nloi une leçon. C'en fut une aussi pour M. Beaujeu, qui se trouva tout à fait déconcerté, et se retira sans autre commentaire,

Le 18 mars, quelques partisans de l'usurpateur, ouver- tement déclarés, se lassant des tâtonnemens du général qu'ils attendaient, voulurent lui aplanir les voies, en ren- versant eux-mêmes le reste d'autorité que défendait encore M. Serres et en installant à sa place M. Famaud, malgré son abdication publique. Cette entreprise amena une dou- zaine d'hommes armés aux portes de la préfecture, plus M. Pamaud, qui les suivait de loin, en disant à tout te monde qu'il faisait le sacriflce de son repos poier le plus grand bien de son pays. M. Serres parut, et l'attroupe- ment se dispersa sans bruit et même avec un peu de honte. Des plaisans appelèrent cette affaire- la journée du dix- huit. Ce bon mot eut le mérite de faire rire et rappela le caractère français.

Les affaires restèrent dans le même état jusqu'au 23. Nous eûmes la douleur, dans cet intervalle, de voir défiler dçux régimens qui avaient tenu garnison dans nos places

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PASSAGE DB NAPOLÉON A GAP EN 1815. 20

fortes'}. Ils allaient grossir les rangs de l'usurpateur. H. Serres St des déœarcbes actives auprès des colonels. Mais ce fut en vain. L'un d'eux se répandit bd invectives grossières et foula publiquement sous ses pieds la leitfe de bon conseil que lui écrivait l'homaie du Roi.

Rien sans doute n'était plus faible et plus précaire que le reste de pouvoir que nous défendions. Le terrain était ndné jusques sous nos pieds. La garde nationale avait cessé toute espèce de service; la gendarmerie nous était plus que suspecte ; les autres sous-préfets*) etquetqiies maires ne marchaient plus avec nous. Cependantilimpor- tait de ne pas céder, afin de tenir le département plus accessible au généreux mouvement qui se préparait alors dans la Provence, sous les auspices d'un petit-Ûls de Henri IV. En pareil cas, de petites causes peuvent produire de grands effets. Et qui peut bien s'assurer du degré d'in- fluence qu'eut peut-être sur le sort de la Franc© entière l'invasion du général ennemi et la première inauguration du régime impérial dans notre paysf événement dont il me reste à parler.

Le 23 mars, jour auquel M. Serres était allé à Sisteron ^or se concerter avec M. Harmand, le général Cha- bert, mettant fin à ses hésitations, entra triomphant dans la ville de Gap, et s'empara sans coup férir d'une place qui «'était défendue par personne. Le lendemain, le drapeau tricolore tut planté sur les édiSces publics, et M. Famaud, faisant revivre ses titres brûlés, fut installé avec pompe dans les fonctions de préfet des Hautes-Alpes pour l'Em- pereur, prêtant encore dans cette occasion un serment inviolable, suivant la forme accoutumée.

Vingt-quatre heures après, par un coup de maître assez bien entendu, Buonaparte, instruit des longs tâtotmemens et des tergiversatidns de son préfet, le remplaça par un

1) Probablement lea 58* cl 89* régiments de ligne (cf. Lftdoacelte, p,6TJ).

1} Viguler-CMtilloa, sous-préiet d'Embrun, du SI avril 1612 au 31 jail. iSlS ; Barthélem)' Chaiz, sous-préfot Brianfou, de 1800 an 31 jnll. 1815.

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30 AKNALES DES ALPES.

autre'), à la satisfactioa de tout le monde ; et M' Farnaud, redevenu secrétaire général, après avoir été tour à tour, dans le même mois, adepte et transfuge des deux partis, ne reconquit pas même la confiance de celui qu'il servait encore *).

Alors on vit paraître sur la scène M. Beaujeu, conseiller de préfecture, désigné par le même décret impérial pour remplir l'intérim jusqu'à l'arrivée du nouveau préfet- Peu âdelle à sa première doctrine, il consentit, en avril, à s'enrôler sous la bannière qu'il avait tant exécrée au mois de mars. Il est vrai que, depuis le départ du Roi, la question pouvait être envisagée sous un autre rapport. Heureux s'il a pu s'appliquer ces mots de Tacite sur le ' caractère changeant des Germains : Ei salva tetriusque lemporis ratio est.

Le général ennemi ne fit pas un long séjour à Oap. L'aile droite de l'armée royale du midi, dont le point de départ était à Sisteron, s'ébranla à la fin de mars et, dès le 29 au matin, Gap fut occupé par les troupes placées sous le commandement du général Gardanne').

M. Harmand vint, après midi, sans escorte, et se montra au milieu de ses administrés, comme un père qui retrouve sesenfans.il se rendit directement à la mairie, et, toujours seul, il traversa plusieurs fois la ville, pour dissiper les préventions qui s'étaient élevées contre lui. Il eut beau faire. Ce n'était plus cette population demandant à grands cris, lors de son premier retour, d'être conduite à l'ennemi. Peu de gens lui surent gré de sou affabilité; moins encore

<J En réalité, le baron P^liet, nnminé psr décret impérial daté des Tuileries le 6 avril 1815, ne fui installé que le 17 avril suivant (Période rivolul., p. 1T7).

■) Famaud fut suspendu de ses Tonctiona do sociétaire général le 31 jnil. 1815. Dans la suite, le \) oct. 1817, il fui rappelé dans les bureaax de la préfecture, « sous le titre d'archiviste », par le préfet de Nugent (cf. Période révolut., p, 179).

>) Claude-Mathieu de Oardanue, à Uarseille le 11 juil. 1766, mort au ChAteau de Lincel (Basses- Alpes) le -30 janv. 1818. It ne faut pas la confondre avec Antoine Q-ardenne, autre général provental, mort à Breslanle 1* août 1807.

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PASSAGE DE NAPOLÉON A GAP EN 1815. 31

osèrent l'aller voir chez lui ; tandis que plusieurs n'avaient pas de hoQte de le signaler comme l'eimemi du départe- ment et tentaient ainsi d'ameuter la populace. Dirai-je qu'on a vu, dans ces temps malbeureux, des femmes qui aujourd'hui prétendent encore à quelque honneur...? Mais non. Je ne dirai rien.

M. Serres et moi.dispersés depuis six jours, accourûmes promptement à notre poste, auprès de notre excellent Préfet ; et cette démarche nous fut en même temps impu- tée à crime. Nous n'étions pas moins décidés à faire notre devoir. Mais le général Qardanne, par la plus honteuse des défections, ayant rouvert le département des Hautes- Alpes aux troupes de l'usurpateur, nous fûmes obligés de nous isoler de nouveau et de courber la tète sous le poids de l'interrègne.

M'Harmand se réfugia à Aix enProvence.où il a gardé, l'incognito jusqu'à la fin de juin.

M Serres, arrêté dans les premiers jours d'avril, mis en prison et renvoyé libre peu après, fut encore pour- suivi sur la fin de juin, arrêté et détenu dans les prisons de Mont-Dauphin, il a passé les dix- huit premiers jours de juillet.

Pour moi, qui, étant sans place, me trouvais moins eu évidence, j'eus moins à soufil'ir. Retiré dans le Champ- saur, je fus pourtant en butte à de continuelles dénon- ciations. Mandé, deux fois, pour comparaître devant M. Petiet, préfet de l'interrègne'}; chaque fois, je m'en retournai satisfait de la justice et même de la bonté de ce magistrat, auquel il n'a manqué qu'une meilleure cause à servir et de meilleurs conseillers à écouter. Enfin, durant les derniers jours de juin, je fus prévenu qu'on l'avait décidé à délivrer un mandat d'arrêt contre moi, et alors je disparus momentanément, en me réfugiant dans le can-

) Il avait été Dommd préfet des Haotes-Alpes par décret impérial, daté des Tuileries le 6 avril 1815. Il fut iasUllé le 17 avril et prit, le mime jour, ou arrêté par lequel it chargeait le sieur Quejrel, géomàtre à Gap, de procéder t la séquestration des biens de M. de Tïtrollas, ordonnée par décret du 2i mars pFécédent.

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32 ANNALES DBS ALPB3.

ton d'Orcières, je trouvais toujours paix et amitié auprès des habitants.

En résumé, les vexations que nous éprouvions alors étaient tout jt fait dans l'ordre des choses. Certainement nous n'étions pas des hommes bien dangereux, mais le gouTeraernent impérial n'avait pas tort de nous tenir pour suspects et d'étendre sa surveillance sur nous. Rien de plus conséquent. Aussi n'avons-nous eu garde de nous en plaindre. L'interrègne tini, c'est nous les premiers «qui avons oublié ces temps de désordre, et nous sommes allés de bien bon cœur au-devant de ceux qui s'étaient constitués nos ennemis. Cet oubli du passé et pardon des injures est le premier devoir de l'honnête homme et du bon citoyen. Après la tempête, c'est le premier pas à faire pour atteindre le calme, et la régie la plus sûre pour le rmdre durable.

Je bornerai à ce peu de mots ma narration concernant le temps de l'interrègne. .Je me dispense aussi de parler de cette lutte pénible des habitans de Gap contre les troupes royales du midi, qui a duré quelque temps encore après la défection du général Gtardanne ; affaires fâcheu- ses dont la malveillance s'était si bien emparée que tout le monde croyait que ces troupes marchaient avec l'inten- tion de piller et brûler la ville. Tous les habitans réunis par leur commun intérêt, se firent donc une loi de se lever contre elles, ce qui explique aujourd'hui comment les plus honnêtes citoyens, les hommes les plus dévoués au Roi et à sa cause, se trouvèrent engagés dans les combats de La Saulce'}et ailleurs').

Fin').

*) Au si^et de ce combat, Toir Ladoacettc, p. G7t-5,

*) Le paragraphe suivant est Mlonué. < ImpatienI d'écarter e«i sou- vanjrs douloureux, j'ai resserré les détails qui s'y rapportent, quaad jb n'ai pu les passer eati^remenl sous sileucs, et Je mo porte le plus vite que JB puis, bien résolu de ne plus regarder en arrière, k la cbute de l'asurpateur et au eecotid retour de Louis le Désiré t.

■) La seconde partie de co mémoire do s'est pas retrouvée parmi les Us, que nous a remis feu M. Gaillaud.

t.Google

TESTAMENT

du chanoine JEAN de RICOU

en faveur du Séminaire de Gap.

(29 avril ryi j).

Le testament de Jean de Ricou, chanoine de Gap (dès 1685), sacriste ou sacristaio de l'église cathédrale de cette ville (12 mai 1714), mort le 15 septembre 1721, est un document peu connu et précieux pour l'histoire de l'ins- truction et, en particulier, l'histoire du séminaire de Oap. Nous l'avons rencontré dans les arcliives de l'hospice de Gap (B. 62).

Le Séminaire do Gap, projeté dès l'année 1579, par l'évèque Pierre Paparin de Gliaumout (cf. G. 794, P735) ; puis, en 1605, par l'évèque Charles-Salomon du Serre, ne fut tonde, réellement, qu'en 1673, grâce aux. libéralités de Marguerite Baud, dame de La Vlllelte, et du prêtre Charles Ferroul.

Il fut, d'abord, installé à N.-D. de Sauvoterre (G. 864), entre Gorréo (com' de La Roche-des-Amauds) et La Garde (corn* de Gap), puis, en 1675, transféré a Gap, sur l'empla- cement de l'évèché actuel, et, dix ans après (en 1686}, au lieu même il existe présentement, rue de Provence, alors rue Droite. Dès le 5 Juin 1675, la direction en avai^ été cooËée, par l'évèque Pierre de Marion, aux Pères de la Doctrine chrétienne d'Avignon, qui l'ont conservée jusqu'à la Révolution (1792).

Au début, les ressources du séminaire de Gap étaient bieB modestes. Elles le furent davantage encore après ImTasion (en 1602) des Piémontais, qui incendièrent à peu près complètement la ville de Gap et en entier le séminaire.

Animé de sentiments généreux, le chanoine de Ricou,

Annales des Alpes, 1897. 3

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34 ANNALES DES ALPES.

par son lestament olographe dm 29 avril 1713, disposa de tous ses biens en faveur du Sémiuaire de Gap. Il en affecta spécialement les revenus à Tentretien de deux profes- seurs, l'un de théologie dogmatique, l'autre de murale, et de six pauvres séminaristes de la ville de Gap, ou, à leur défaut, u du reste du diocèse >.

Ce testament ne fut ouvert que le '.iS octobre 1721, quelques jours après le décès du testateur [arrivé le 15 septembre), à la requête d'Anne Le Camus, belle-sœur du défunt, usufruitière de ses biens, et qui eu jouit plusieurs années (au moius jusqu'en 1741). Cette circonstance explique pourquoi le Séminaire deOap n'eut pari qu'assez tard aux libéralités du ctianoine de Ricou. Mais ses inten- tions généreuses n'en méritent, pas moins, d'être signa- lées etconoues.

Voici en entier le testament du chanoine Jean de Ricou, remarquable d'ailleurs, comme la plupart des anciens documents de ce geure, par une foule de particularités curieuses et souvent très caractéristiques.

TESTAMENT solennel du chanoine 3 eavi de Ricou, par lequel il fonde, auséminaire de Gap, deux chaires de théologie et six bourses pour autant de pauvres ecclésiastiques.

Au nom de Dieu, et pour sa très plus giande gloire ; je, Jean de Ricou, prêtre et chanoine de l'église cathédrale de Gap, conseiller du Roy, lieutenant en l'élection dud, Gap, fils de défunt noble Jean de Ricou, vivant conseiller du Roy et son procureur en la dite élection, et de DUe Marie Paviot, désirant de faire mon testament, à cause de mort, muny du signe de la Ste Croix : Au nom du Père, du Fils, etduSt Esprit; étant très convaincu, mon Dieu! qu'il n'y a rien de plus certain que la mort, et de plus incertain que de l'heure et du moment qu'il plaira à votre divine Providence de me faire subir cette loy.

Agréés la très liumble prière que vous fait le plus petit

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TESTAMENT DE JEAN DB RICOU. 35

de VOS serviteurs, de vouloir recevoir l'oflï'aDde qu'il vous fait de sa mort, lorsqu'il vous plaira i>ëparer son âme de son corps, laquelle j'accepte en mémoire de celle que votre cher et adorable Fils a voulu subir sur la croix, pour l'ezpiatioQ des péchés de tout le monde. Afin que cette précieuse mort ne soit pas inutile, je vous demande, par ses mérites, ses souffrances et par tout le sang qu'il a versé sur cette adorable croix, sur lesquels je fonde uniquement mes espérances, le pardon de tous mes péchés et 1^ grâce finale, sans laquelle nul ne peut être sauvé, et de mourir de la mort des justes. Je vous demande encore, mon Dieu, cette même grâce par les mérites de la très Ste Vierge, avocate , des pécheurs, et de tous les saints ou saintes du paradis, tous lesquels je prie et invoque parti- culièrement à ce sujet, afin que je puisse avoir le bonheur, au moment de mon trépas, de participer avec eux à la gloire et félicité éternelle en recevant mon âme entre vos mains. In manus tuas coimnendo spivilum, memn.

Voulant disposer des biens qu'il a pieu à la divine Provi- dence de me départir, afin qu'ils soient employés, après ma mort, suivant te pieux usage qu'il a pieu à Dieu de m'inspirer : je veux que mon corps, après mon dexcès, soit inhumé et ensevely dans la tombe oii sont enterrés mes père, mère, frères et autres parents, qui est dans ladite église cathédrale, qui est la plus prèsdu pilier oùsontatta- chées les armoiries de la famille'). Je yeux être employé de mes biens la somme de 30O livres pour mes obsèques, neufvaines ou bout de l'an, au soin de dame Anne de Ricou, ma belle-sœur ') ou héritiers bas nommés, pour faire

<) Ces armoiries, d'après une pièce du dossier, du 28 oct. 1721, élaieut t d argent ait chef de gulet charge Vécu Sun croissant ifoit il sort ■une espèce d'arbre, a7-mé d un casgue et de ses brodequins (sic). Hospice ds aBp,6.G2.

') Anne Le Camus, veaïe do Mathieu île Ricou, aiour dos Hugues, procureur du Roi en l'éleclion de Oap {1705). Elle opouan, en secoades noces, PraucoiS'Ballhasar de Silvestrc, s' du la Fenno at de Marignane, choialier de St-Louis, lieuteoaat du Boi on la ville et citadelle de

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36 ANNALES DES ALPBS.

dire iDcessament 200 messes basses, un annuel pour le repos de mon âme; le surplus, pour mes obsèques et pour les pauvres honteux et cacbés.

Je lègue à la confrérie du Très St-Sacrement 6 livres, et 3 à celle de St-Joseph, lesquelles seront payées par mes dits héritiers, d'abort qu'ils auront recueilly mon héritage. Je lègue et donne à l'hôpital de Ste-Glaire de cette ville et aus pauvres dud. hôpital la somme de 360 I. que Jacques Reynaud.dit Sambain, me doit sous ta pension annuelle de 18 I. et entends que led. hôpital en jouisse d'abort après mon dexcès. Je lègue à Messieurs du Chapitre et Univer- sité de ladite église cathédrale de Gap la somme de 100 t. pour être mises eu constitution de rente par ladite univer- sité en lieu assuré et an retirer les fruits au denier vingt, laquelle somme sera payée par mesdits héritiers d'abort qu'ils auront recueilly mon héritage, à charge qu'ils célé- breront une messe basse, tous les mois de l'année k perpétuité, à pareil jour de mon dexcès ; voulant que la rétribution do chaque messe soit de huit sols ; lesquelles douze messes seront célébrées à perpétuité pour la rémis- sion et satisfaction de mes péchés, le repos de mon âme, de celles de mes père, mère, l'rères, sœurs et autres de mes parents ; voulant que lesdites messes soient célébrées avec celles qui ont été fondées par feu mon père et par feu noble Pierre de Ricou, mon frère, par leurs testaments, k l'autel que j'ai fait bàtlr, et que j'ay orné d'un tableau de St Pierre et de St Jean, et tout ce qui est nécessaire pour y célébrer la sainte messe, suivant leurs intentions, dans ladite église cathédrale, et dans la chapelle qu'étoit, avant l'incendie de ladite église'], la chapelle de laSte-Yierge.et du consentement et agrément de Mgr l'Évèque, conjointe- ment avec M" du Chapitre, ensuite de la délibération capi- tulaire à ce sujet tenue.

Siskroa (déjà morl en 90pt. J720) ; puis elle se rsmai'is, paur la Iroi- ûëme fois [avaal le 3 mars IT^l), avec AatoiDC de Miallet de l'Estrade, aociau capitaiuo de ^i-rniadit^rs au régimeat de Limousin, lequsl vivait encore le 5 duc. 1763, époque il fit son testament. ') Lo 12 sept. liJOi, par racinéc du duc do Savoie.

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TE8TAMIOTT DE JEAN DB RICOU. 87

Je lègue et donne à tous et un chacun de mes proches parents et prétendant droits à mou héritage la somme de 31., dont Ils seront payés par mes héritiers un an après mon dexcès, au moj'en de quoy ils ne pourront rien pré- tendre ny demander sur mes biens et héritage.

Je donne et lègue à dame Anne Le Camus deRicou, ma belle-sœur, l'Usufruit et jouissance pendant sa vie de tous mes biens et héritage, en quoy que tout consiste ou puisse consister; dans lequel usufruit, je veux et entends être compris tout ce qui pourra m'être deu d'arrérages de rwite, pension et fruits, lors de mon dexcès ; et, quant à mes meubles, je veux qu'elle en aye l'usage entier, sans qu'elle soit tenue d'auoun domage, ny dépérissement, mais seulement de les laisser ou rendre en l'état qu'ils se trou- veront lors de son dexcès. Je veux qu'il en soit fait inven- taire, de même que de mes immeubles, sans formalité de justice, qui sera signé par ladite dame de Rîcou et mes héritiers bas nommés; et quant aux debtes et autres choses que je puis devoir, je me réserve d'en faire un mémoire ou état particulier que je signeray,et que je veux et entends valoir tout de même que tout le contenu en iceluy étoit écrit et inséré au présent testament ; voulant que mes héritiers bas nommés payent et satisfassent à tout son contenu.

Et quand au résidu de mes biens, dont Je n'ay cy-dessus disposé, je nomme et institue pour mes héritiers univer- sels la maison des RR. Pères delà Doctrine chrétienne, établie en cette ville pour la conduite du séminaire, pour être le fonds démon héritage employé par lesdits Pères, et non autres, à l'entretien de deux professeurs de théolo- gie à perpétuité, et outre ceux qu'ils sont obligés d'entre- tenir pourled. séminaire; laquelle théologie sera publique; n'enseigneront lesd. deux professeurs que la pure doctrine de St Thomas, et non autre, tant pour la scholastique que pour la morale, ainsi qu'elle est enseignée en Sorbonne et dans les écoles des R. P. Jacobins, déclarant telle être ma volonté, pour empêcher que le diocèse ne soit inondé de maximes relâchées et corrompues, et procurer que les

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38 ANNALES DBS ALPBS.

ecclésiastiques soient imbus d'une saine et eaiote doc- triiie'),et les peuples nourris delà morale de l'Évangile. Ma volonté étant qu'il y aye toujours deux proresseurs, l'un qui enseignera le matin et l'autre le soir, sans qu'un seul puisse faire lesd. deux classes à la fois, et le même jour, sous quelque cause que ce puisse être.

En second lieu, je veux et entends que lesd. Pères de la Doctrine chrétienne reçoivent et nourrissent, dans leur dît séminaire, six pauvres ecclésiastiques, à perpétuité, de . mêmes que ceux qui payent leur pension, gratis, et sans pouvoir leur demander ni exiger d'eux quoy que ce soit pour leur nourriture et entretien, pas même, pour la lumière et chandèle pour leurs chambres, qu'ils leur four- niront gratis . lesquels six ecclésiastiques seront choisis et à la nomination du seigneur Ovèque de Gap, et ses succes- seurs, et, à leur absence, leurs vicaires généraux dud. diocèse ; pour lesd. ecclésiastiques demeurer et étudier deux années consécutives, sauf le temps des féeries théo- logiques, sous lesd. professeurs, et vaquer, en même temps, aux autres exercices dud. sémtnaireet être en état, au bout desd. deux années, de servir utilement le diocèse ; lesquels pauvres ecclésiastiques, non autres, seront de la présente ville et, à défaut d'îceux, du reste du diocèse. Priantinstammentlesd. seigneurs évèques, et leurs grands vicaires, à leur absence, de n'en nommer jamais aucun, qui ne soit pauvre et en état de ne pouvoir payer sa pen- sion and. séminaire; leur déclarant que, contrevenant à ma bonne et très charitable volonté et intention, qu'ils en seront coupables et responsables au tribunal de la justice divine. Comme aussy de tenir la main à ce que lesd. six places soient toujours remplies par les plus pieux, vertueux et sçavants ecclésiastiques, et que lesd. pères de la Doctrine chrétienne dud. séminaire, et non autres, ayent pour eux les mêmes égards, bontés et charités qu'ils ont pour les

>) Allusions *ui doctrines janséuistes, dont le dîocËse de Gap, grâce k Mgr François Bcrgor de Ualissoles (lîUG-ilSS), fut heuiouse- mBDt prégervé.

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TESTAMENT DB JEAN DE RICOD. 39

autres qui leur payent leur peusion, sans aucune accepta- tion de personnes; voulant et entendant que lad" théologie ne puisse être tenue et enseignée queparlesd. Pères delà Doctrine chrétienne, et non autres, ny que le fonds de mon héritage passe en d'autres mains que les leurs, et ce, sous quelque cause et prétexte que ce soit, sauf que lesd. Pères ne voulussent accepter led. héritage avec les susd. condi- . tions.

Auquel cas, je révoque, dès à présent, comme pour lors, la susd* institution et nomination héréditaire et universelle, et je nomme, dès à présent, comme pour lors, pour mes héritiers universels les pauvres orphelins de la Charité de cette ville, fondée et établie par le feu s' des Orres '), pour être mes dits biens et héritage employés à l'entrelien^ édu- cation et à l'augmentation du nombre d'iceux à la forme du testament dudit s'' des Orres, h la charge de faire dire une messe basse à perpétuité, toutes les Testes et dimanches de l'année et de St Cajatan, dans la chapelle ou église de lad. Charité, pour le repos de mon âme, comme sus est dit; voulant que les susd. classes de théologie et fondation d'ecclésiastiques aud. séminaire commancent et soient établies dans l'année après que lesd. Pères auront recuellly mon héritage.

Cecy est mon dernier et valable testament solennel, que je veux et entends valoir comme disposition de dernière volonté, codicile, donnation à cause de mort ou autrement, en la meilleure manière que pourra et devra valoir. Je casse et révoque tous autres testaments et dispositions que jepourrois avoir fait cy-devant, le présent demeurant seul valable, l'ayant fait, écrit et signé de ma main, en deux

<) Jean de Oérard, siaur des Orres, Ois de Jacques et d'Anne Davia, épousa d'abord (30 mars 1685) Jeanne d'Agout et. ensuite (sTanl 1698), Marianne d'Audirrod, de Maaosrjue. N'a^sal pas d'enfsnls de ces deux mariages, il affucla toute sa fortune à la focdaliou de la Charilo de Qap en favcnr des pauvres oi-phalias > [1709] ut mourut peu après, en 1710, dam colto iiilontion (Voir Q. 1363). La maison de la Charité de Gap, située place Oronetle, a subsisté jusqu'ft la Révolution. Elle est actuel- lement occupée par la prison de Oap et la salle des assises.

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40 ANNALES DES ALPBB.

fanàllets, le préaant ooœpm, signé aussy du même seing etparapbéea toutes les pages, la présente étant la sixième,- Étant, par la grâce de Dieu, eu sauté, saio de mes seus, mémoire et enteiulemeat. A Gap ee vingt-neuf avril, mil sept cent treize.

De Ricou.

S'ensuit ta souscription de la carte dvd. testament sotemtei.

Ce jourd'hui, SOJour du mois d'avril 1713, avant midy, par-devant moy, notaire royal à Gap, soussigné, présents les témoins bas nommés, establi en sa personne messire Jeande Ricou, prêtre, chanoine prébende en l'église cathé- drale de cette ville, lequel, étant en parfaite santé de corps et d'esprit, m'a exhibé la présente carte cachetée en neuf divers endroits, fermée avec une esquelette (ruban) blue; lequel cachet est celuy dudit messire de Ricou, dans laquelle carte il a dit avoir écrit et signé de sa propre main, à la fin et au bas de chaque page, son testament solennel et disposition de dernière volonté, qu'il vent être auivy et exécuté après son dexcès, da point en point, selon sa forme et teneur. Cassant, révoquant et annulant led. messire de Ricou tous autres testaments, codiciles, dona- tions à cause de mort qu'il peut avoir cy-devaut faits. Au contraire veut et ordonne que le présent soit son dernier et valable testament, et qu'il vaille par la voyede testament, codicile, donnation à cause de mort, et par tout autre voye de finale et dernière volonté que mieux pourra valoir de droit.

A ces fins a prié et requis les témoins cy présents, mandés venir, qu'il a bien connus, d'eu être mémoratifs, et moy dit notaire d'en faire acte, quo j'ay, à sou requis, fait et publié aud. Oap, dans la maison dudit messire de Ricou, aux présences de messire Joseph-François- Auguste Bon- dilh, curé dud. Gap, messire Jacques Phillibert et Antoine Bonnet, prêtres, bénéflciers eu lad. église cathédrale dud, Gap, sieur Jean- André Bondilh.pèredud. messire Bondilh, bourgeois, résidant en cette ville; m*FirminSarrazin, pro-

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TESTAMENT DE JEAN DE RICOU. 41

cureur aux cours dud. Gap ; Joseph Bonnet, fils de s' Pierre, dud. Qap, et Jean Valentin, feu Pierre, de lad. ville, témoins requis et soussignés avec led. messiro de Ricou. [Signés] k Toriginal : de Ricou ; Bondilh, curé ; Philibert, présent, Bonnet, prêtre; Bondilh ; Sarrasin ; Bonnet; Valentin ; Vallon, notaire.

Paraphé par nous juge de Gap, ensuite de notre procé- dure de ce jour, 28 octobre 1721.

TouBNU.juge').

Contrôlé h Veyne, le mars 1722; vol. deuxième. Reeeu pour le droit, attanda qu'il n'y a point d'estimation, 601iTres. Insinué, enregistré led. jour et an, vol. !•', en 3 colonnes, receu 70 1. 16 s., le tout des deniers de dame Aune Le Camus.

Borel.

(ArchîTfls des Hantes-Alpes. Hospice de Gap. B. 62).

<) JeaD'Matlûea Tourna, svoett, juge de Oap dès 1708, au moini, encore viraot le 8 juil. 1748. 11 avait épousé Elisabeth Paul, de qui il eiili entre autres enfanti, Joseph, clerc (18 sept. 1738), et Mariaaoo, épouse du docteur Jean Macchon, père ds Jasepb- Augustin Marchon, plua tard a maire perpétuel de Gap,qui joua un rdlo très considdiable an début la RivolutioD.

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MÉLANGES

Honvnage de l'évêque de Gap à Robert, comte de Provence, en i329.

Hommage par Dragonet de Montauban, évéque de Gap (1388-49), à Robert, comte de Provence et de Forcalquier {1309-43), pour SBS possessions dans le * comté de Forcal- quier », à savoir : Gap, Lazer, Cfiâteauvieuœ-sur-Tal- lard, Lettret, Rambaud, La Bâtie- Vieille, La Bâtie- Neuve, Toumefort, MorUreviol, La Fore, Poligny, Le Noyer, Le Glaizil, MarUeyer, MotUmaur, Bnmsel, Reynier et Sigoyer-Malpoil, sauf la seigneurie de Bedor- tiers.

Sisteron, le 24 Juillet 1329.

In Dei oomine. Amen. Anno millesimo CCC° XXVIIP, die xxiiii" julii, xii* indicione, régnante serenissimo prin- cipe et domino nostro, domino Roberto, Dei gratia Jérusa- lem et Sicilie rege illustri, ducatus Apulie et principatus Capue, Provincie et Forcalquerii ac Pedlmontis comiti, regnorum suorum anno XXI°, féliciter. Amen, Constitutus coram viro magnifjco, domino Johanne de Aquabianca, militi, comitatuum Provincie et Forcalquerii senescallo, reverendus in Xrislo pater dominas Dragonetus, Vapin- censis episcopus, asaerens, sciens et recognoscens légi- time predictum serenissimum principem, dominum nostrum regem illustrem fore primogenitum oaturalem et legitl- mum, ac verum heredem et legitimum successorem in regnis ipsis etcomitatibus Provincie et Forcalquerii incliti principia Garoli secundi, dictorum regnorum regâ et dic- dorum comitatuum comitis, eidem domino senescallo

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AtÉLANOBS. 43

presenti et recipienti nomine ©t pro presens î dicti domini noslri régis et ut comitis Porcalquerii et herediim ejus, natorum Jam et ia aathea nasciturorum, qui succèdent Tel successuri sunt eidem in dicto comitatu Porcalquerii, recognovit se tenere et teaere debere et tenere velle sub domiolo et segaoria ejusdem dotniui Régis et Comitis et heredum suorum, taaquani pro majori dominio, civita- tem Vapiocensem, et castrum de Lazaro, etcastrum vete- ris {sic) Tallardi, villam Strictis, castra Raytnbaudi, Bas- tide veteris, et Bastide nove, et castra seu loca, seu villas de Tornafortis, ot montis Roverii, et de Para, et de Poligneto, et de Noerio, et de Olaysilio, et domiuia castro- rum de Moteerio (sic), et de Monte Mauro, et Briuncelli, cumeorumterritoriîsetpertiDenciis.etdominiacastrorum de Raynerio et Cigoerio mali pili ; et geueraliter quicquid specialiter tenet et possidet, vel qui, nomine dicte Ecclesie, in dicto comitatu Forcalcherii, excepte domiuio castri de Redorterio, sub pactis, tamen et convencionibus liabitis interCuriamRegiam, ex una parte, et boue memorie domi- niim Goffridum-, Vapincensem episcopum, ex altéra. Et pro predictis eidem domino seuescallo, recipienti nomine et vice quitus supra, fldelitatis prestitit ad sancta Dei evan- gelia juramentum et juravit sacrosanctis Dei evangeliis corporaliter manu tactis. Et promisit omnia et singula que in predictis conveucionibus coutinentur atteudere et servare et contra non venire. De quibus omnibus, dicti domini senescallus et episcopus pecierunt fiorî duo puplica consimiiia instrumenta per me notarium iufra scrlptum : unum tradendum videlicet eidem domino episcopo, et alterum in arcliivo régie Aquensis ad cauthelam Curie couservandum. Actum Sistarici , in episcopali palacio civitatis ipsius Sistarici, ubi dictus dominus senescallus hospitatur, anno, mense, die, loco et indictione predictis ; in presencia nobilis et circumpecti viri domini Jacobi Bermundi, militis, dictorum Comitatuum majoris et secun- darum appellationum judicis; domini Guillelmi Artaldi, militis; domini Guillelmi de ^t ^osonrt, jurisperiti; domini Lantelmi de Sparrono , prioris Mooasterii Alamonis, et

D.g.tzedbyGoOt^lc

44 ANNALES DES ALPES.

maglrtri Johannfa Ray. de Aquis, regii thèsaurarîl Id Coaîtatlbas antedictla. Et ego, Nicholaus de BontotO, puplicus auctoritate in dictis Comitatibua Provincie et Porcalquerii ac curie jpsius domini senesealli notarius, prescriptia omnibus una cum predictis testlbus presena interrui, eague omnia et slngula fldeliler scripal et puplî- cayi rogatos et requisitus, ac mec solito signe signavi.

la

(Ni'CO-la-tis).

Arek. dti B.-du-R., rouleau parcheraio, foimaot la baiicB. ITS. C«t acte eil Is n' & du ronlean.

Communication de M. Henry Villard.

Procès-verbal d'apposition de Véiendard du Roi sur la tour de tévêché de Gap'). Gap, 25 avril 1430.

In nomlne Domini Jhesu Xristi. Âmen. Anno a oativi- tateejusdemDominimtllesimo qi]a(lringe[nte]sinioxx:x'', et die Ticesima quinta mensis aprilis, régnante serenissimo et illustrissirao principe et domino nostro, domino Ludo- vico tercio, Dei gracia rege Jherusalem et Sicilie, ducatus Apulie duce, Andegavie comitatuum Provincie et Porcal- querii, Genomanie ac Pedemontis comité féliciter existente. Amen. Noverit modemorum presencia et pôsteritas futu- rorum non ignoret quod nobills et egregius vir Micbael Gastinelli, regius et reginalis secretarius, bajulus, et capi- taneus Curie régie civitatis Sistarici, intendens, volons et

*) Le plus andCD document conoD juiqu'iû au Bujet de l'aj^sitioii de l'élendard rojal sur la tour de l'dvéchâ de Qap, 4lsit du 6 oclobre ilU (cf. Albaaii, Gailia chrUt. nooitt. laltr. de Oap, a" l»ix]. Cotait s'était produit déjt 34 ans auparavant, ce que nous ignorioos jusqu'ici ;

c'est co que nous apprend le document que nous devons k M. H u or; Villard.

Digilzedt.GoOgle

MÊLANQBS. &

capiens mandatum et preoeptum sibi per spectalritoa et potentem militem, dominum Petrom àe Bellavalle, domî' pum dicti loci, el in dictis comitatibus Provinàe et Forcal- querii locumienentem ^neralem et gaberDatorem, foctum, exacutioiù mandare prout deoel supra aota iaftasoripto, suos ^e&sus dirions apud civitatem Vapiaceoaem, ia eadem civitate, die prescripta, uaa cum oobilibus et sapieu- tibus viris, domiao Petro Audemaris, in legibus baccala* rio, judice dicte Curie ; Nicolao Alberti ; Johaaoe de Quia* sono, sindicis; magistro Guillelmo RodulpM, clavtrio Curie prelibate; Dominico Burgundie; Olivailo de Rivo; Guil- lelmo de Agramonte, alias P^an^aDïn/uis; Grispiao Cm- piui, civibus ciTitatisâistaricensis, aplicuit;quo, in predicta civitate VapiDceosi, cum preDominatis nobilibus aplicato, ezpletum hujusmodi perGcere Intendeos, ad domum ^a- copatem se personaliter cum eisdem dominis supranomi- natis trauatulit, sciens revereedum patrem la Xristo et dotoioum, domiDum {ie nom est en blanc dans le doew- ment), I>ei apostolice Sedis gratia episcopum Vapincen- seai'), Ôdelemet vassalum regium ibidem ezistere cum totaejusdemfamilia. Quiquidemdominusepi'iicopus, sciens p&r presens adveatum dicti domifli bajuli et capilanei, de domo et caméra aita ipsiits domus episcopaiis ad portam descfindit, et, inter duos portas sistenies, t*na videtieet versus ipsum domum juxta cttninterium itve est. prima porta inlroyttis domtu, et extra diclam portam infra cijninterium, cum societate oobîlium copiosa ; ibidemqae ipee domtiHis bajulus et capitaaeus arma seu vexillum dicti domini nostri régis dispticavit et in quadam lances, ut est moris,,apposuit. Quo vexillo sic in lancea apposito, exieos e^etra portam uUimam que est, ut prenerratur, jitxta ciminterium, lanceam ipsam cum vexillo îd altum erexit, et Inde incontinenti portam eand^n iutravit oubi lanoea et vexillo eidem domiao episcopo precttaBdo. Et eo tune eidem dominus epîscopus tasquara verua

1 n BMgit de fluilliunw Forestier, érèqoe de Gap, tommé le il février 14», mort en Ui2.

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46 ANNALES DES AI.PES.

et âdelis vasallus {sic) regitis, genu flezo, capite dis- coperto, cum ambabus maolbus dictum vexilliim et lan- ceam recepi et inde in altum eresit, ut est fieri consue- tum. Postquam hoc facto, ipse dominus episcopus, voleiis de boDo iQ melius actus hujusmodi ad ipsum pertinente comptera, vexillum ipsum cum dicta laucea tradidit, et comendavit nobili viro Johanni Rocheti,diocesis Parisien- sis, scutifero suc, perquem jussit eandeoi portari super turrim et decenter poni in eadem, in loco ubi alias est consuetum apponi. Qui quidetn dominus episcopus, cum predictis nominatis et ejus societate, hiis peractis, ad domum superiorem ascenderunt, ipseque Jobannes Ro- cheti in dicta turri posuit dictaœbanderiam.proutsupra a dicte domino episcopo habuit in mandatis, et ita retulit eidem domino episcopo fecisse. Et ibidem, dictus dominus bajulus et capitaneus fuit solemniter protestalus quod s! actus hujusmodi noji fuerint ita decenter facti, ut convenit, non intendit propterea in futurum nec ad primus 1 juridic- tioni régie derogari. De quibus magisler Ouilleimus Ro- dulphi,viceclavariu8, peciit instrumentum , inplaleainfra dieas portas sisterUes, presentibus io omnibus infranomi- natis. Et pari modo, idem domimis episcopus, pro sui parte, fuit protestatus quod non intendit per aliqua que faciat suo juri prejudicariin presentiactu nec consequentis esse in futurum. De quibus utraque pars, videlicet dictus magister Guillelmus Hodulphi, clavarius, et prelibatus dominus episcopus peciit instrumentum. Actum Vapiuci, in locis predesignatis, presentibus supra et infrascriptia testibus.

Post^am, die crastina, hora quinta post meridlem, idem dominus capitaneus ad dlctam domum episcopalem se transtulit, et dum fuit in turello superiori, prope came- ram dicti domini episcopi et capellam, présente dicto domino episcopo, interrogari fecit infrascriptos si dicta bandiera fuit nec stetit per tempus debitum et consuetum in ipsa turri. Qui omnes infrascrîpti, eorum mediis jura- mentis, dixerunt quod sic ; et hora quinta post meridiem fuit amota presentis diei qua simili hora diei herine posita

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UÉLANQES. 47

fuerat. Nomina ipsorum sunl ; nobilis Gabriel de Brenesio, domîQus Michael Gac/ierii. stephanus de Pocheto, domi- nus Bertraudus Sthandroni. De quibus omaibus universis supra diclusdomiaus clararius peciit, nomiae Curie Régie, sibi fleri publicum iastrumeatum. Actum Vapinci, tam in porta ciminterii, sujn-a designatti, quam aliis iocis prescripUs, preseotibus ibidem prenoraioalis domino Pe- tro Audemaris, Nicolao Alberti, Johamie de Quinsouo, DomiDÎco Burgundie, Olivario de Hivo, Crispino Crispini, Guillelmo Arpilhe, et aliis prenomiaatis tesUbua ad pre- missa requisitis et rogatis.

Et me, Johanne Kctavini, ubique apostolica et dicte Curie régie Sistarici régla auctoritatibus, notarius consli- tuto qui in premissis omnibus \pîs) uuiversis et singulis dum sic, ut promittitur, agerentur et fièrent, una cum pre- nominatis nobilibus, preseus fui, eaque sic fieii vidi et audivi, et io nolam sumpsi et publicavi, ex qua hoc instni- menlum publicum extrasi. Tamen aliis occupatus negociis dicte Curie, per aliud fidelem grossari Ceci, et factam coUa- tionem diligenti (sic) cum original! hic me manu propria subsignata et signo meo solito signavi.

{Signum mannale du notaire Jean Poitevin, surmonté de deux clés en sautoir.)

Parchemin origiDsl, aux Areh. dea B.-du-R., liasse B. 648.

Communication de M. Henry Villard.

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ANHALBS DES ILPBS.

Lettres dimissoriales pour la tonsure en faveur de Lesdi^uiéres').

0«p, £8 dâeembro IGSi, i Noël (c'ett-A-dire 1B53).

Pro nobili Francisco de Bona dimissorie.

Jaeobas Tybaudi, Vapincensls ecclesie canonicus, rlca- rius geoeralis YapiDceosis, dilecto nobis ÎD Xpisto nobili Francisco de Bona, domino de Digueriia *), filio nobilis quondam Joannis de fiona, Sancti Boneti, Vapinceosis diocasis, de legiitimo matrimonio procreato, salutem in Domino sempiternam.

Ut ad clericatus sive prime tonsure ordinem seu carac- teram promoveri, et clérical! militie, per quemcumque Reverendnm AJitistitem, seu alium ad hoc canonicam potestatem et sacram communionem habentem, quem super hoc duxeris eligendum, aggregari et clericali carac- tère, Juxta Ecclesie formam, insigniri possis et valeae, oidem Reverendo Antistiti et tihi respective Ucentiam impartimur, tenore presentium, pariter et facultatem.

Datum Vapinci, sub sigilio episcopali, die vicesima octava mensis decembrls, anno Dominice nativitatis mille- simo quingentesimo quinquagesimo quarto '].

Sic concessum-, Mutonis').

Arch. des Hautes- Alpes, G. 833, f 11 v".

<) Ce détail de la vie du CoanëUblâ étût complètcmoDt igaoré jas- qu'ici (cf. Ch. DuFATAKD, Le ConnétabU de Lesdiguiiret, Paria, Hachette, 189!, iD-6°, p. 5 et saiv.)

■) Ces trois mots sont en renvoi.

■) Daas nos pa^s, l'année commençait alors à Noël. D'âpre notre maniiTe actuelle de compter, le iS décembre 15&4 correspond au 28 déc. 1553. LesdiguiÈTos, à St-Bonuot-en-CIiaiDpsaur le I" arril 1513 (mort ft ValsQce le SI sept. i626), aesil donc, en 1553, prâs de onie ans.

*]En marge, le mat: Ltvate, c'est-à-dire que ces lettres dimissoriales ont été expédiées ea Terme anlhealique.

Digilzedt.GoOgle

NÉCROLOGIE

Le 26 juillet 1897, est décédé à Gap M. Zéphyrin Blan- chard, chanoine titulaire de la Cathédrale, à l'âge avancé de 85 ans.

M. Blanchard, en Briançonnais, k Chantemerle, le 26 aoûH812, ordonné prêtre le 19 juin 1836, fut successl- Yement curé de Molines-en-Queyras, vicaire de Briançon, missionnaire et supérieur de N.-D. du Laus, supérieur du grand séminaire de Gap, vicaire général du diocèse, cha- noine titulaire de la cathédrale de Gap, président de la Société cC Études des Hautes- Alpes, etc.

On peat dire que la vie tout entière de M. Blanchard a été consacrée à propager la gloire du pèlerinage de N.-D. du Laus, à accroître la prospérité du séminaire de Gap, à favoriser l'amour des études sérieuses.

Comme fruit de ses travaux, nous citerons surtout sa Visite aux Lieux-Saints en 1887, qui a eu les honneurs d'une double édition, et sa Vie de Mgr Arbaud, évégue de Gap de 18S3 à iS3G, publiée en 1896, quelques mois â peine avant sa mort, vie qui a été très remarquée et signalée naguère à Paris, dans le Bulletin Critique du 26 octobre 1896, comme un modèle.

M. Blanchard laisse, en outre, de nombreux manus- crits et des notes sur l'histoire locale et en particulier sur l'histoire religieuse, qui, espéroas-le, seront bientôt publiés.

La sépulture de M. Z. Blanchard a eu lieu à N.-D. du Laos, et ses restes mortels, selon son désir, ont été wseveiis devant la porte de l'église.

Avec M. Blanchard, disparait une des ligures les plus remarquables et les plus originales de l'ancien clergé du diocèse de Gap.

A^^AL,Es DES Alpes. 1897. 4

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CHRONIQUE

LES ORIGINES DES TERRAIL.

DaDS l'Anntmire du Conseil héraldique de France liO« amiée. Paris, 45, rue des Acacias, 1897, in-i2 de xx- 530 p.], M, le vicomte Oscar de Poli vient de publier une intéressante et curieuse étude siir l'orij^ine de la famille de « Pierre Terj^ail. seigneur de Bayard, surnommé le bon Chevalier sans peur et sans reproche ».

La conclusion de cette étude ne saurait nous laisser indifférents, car, d'après M. de Poli, Bayard tirerait son origine d'une famille Gapençaise. Voici les paroles mêmes du savant généalogiste : « La noblesse des Terrail, si ma <i tbèse n'estpas vaine, avait une antique origine militaire, « digue commencement d'une race féconde en preux et « qui devait, avec Bayard, par le chemin de l'héroïsme et « de l'honneur, atteindre au sommet de la gloire ! La t Bâtie-Montsaléon, Ventavon, tout le Gapençais étant du « ressort de la puissance delphinale, les Tirail ou Terrail « étaient d'origine purement dauphinoise ».

A l'appui de sa thèse, l'auteur cite de nombreux documents, parmi lesquels les suivants :

« Le 8 des calendes d'octobre 1201, Arnauld Flotte, « m* du nom, seigneur de La Roche[-des-Arnauds,3 « accorda des lettres de noblesse et d'a.d^anchissement, à « Pierre Tirail, du lieu de Montsaléon, et à ses fils Lam- « hert et Galvaing, en considération des services qu'il « avoit rendus au seigneur de La Roche [Archives du « château de La Bastie). Garcende Tirail, de La Bastle- n Montsaléon, s'étant mariée avec Jacques Marcellin, « celul-cy fut anobli par Hélène de Tholon, veuvede Jean « Flotte et mère de Sochon, seigneur de La Roche, et abrégé à toutes les prérogatives et franchises dont

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CHBONIQUE, 51

<c joulssoît la famille de Tirait, et en considération de ce

* que Marcellio avait servi loagtenips Jean Flotte, père u lie Sochon. C'est ce qu'on apprend d'une reconnoissance « donnée à ce dernier par Jacques Marcellin, le 28 mars

* 1438, vieux style ».

Telle est l'analyse ancienne de Pièces originales (t. 2808, doss. 64 4«7. Terrail, p. 16). « C'est là, dit M. de Poli, le tronc du Chevalier sans peur et sans reproche, et le fondement de la noblesse de sa race ■■

Ajoutons que, dans les Chartes de N.-D. de Berfaud*), sont mentionnés ; le 29 sept. U88, Bemardus Marce lUni ; les 20-21 déc. 1285, Lanberlus Tirailus ; le 9 mars et le 7 déc. 1298, Jacobus Marcellini ; que la famille Tirail est encore représentne, dans les Alpes, à Mootjai, par exem- ple') ; qu'il existe, à Ventavon, un quartier, appelé le Terrail, situé à l'ouest du bourg, mentionné, le 14 févr, 1387, ad Terralhu'ûi (et. Chartes de N.-D. de Berlaud, n" 242) ; enfin, que Lambert et Galvaing [Tirail], fils de Pierre, anoblis en 1201 par Arnaud Flotte, sont présents à Ventavon, le 8 oct. 1228, comme témoins d'un acte important : Testes sunt :... Galvanz en {sic dans le texte original, lire e() Lambertus, frater ejus {iMd. n" 12), etc.

En terminant son étude, M. de Poli fait appel aux éru- dits en faveur d'un livre qu'il prépare. Les Compagno^is de Bayard. Il recevra avec gratitude tous les renseigne- ments qu'on voudra lui fournir, en particulier sur Charles Blanc ou Le Blanc, arclier de la compagnie de Bayard de 1512 à 1520, probablement originaire de Gap ou des environs de Gap.

') Diocèse do Gap, l!8S ù U49 [Q" 1 à 272j. Gap. 18S8, ia 8", LV1-B88 p.

') Eq 1784, Pierre Tirail, épouse, avec dispense épiscopalc, Marguo- ritePous, de Mon^jai (Arch. des H.-A., G. 10(J4, Inventaire, t. II, p.

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S2 AXNALES DES ALPES.

LES FÉLIBRES A MONTMAUR

Les grandes fêtes félibréennes qui vout av^ir lieu dans le Midi el en parlîculier à Orange.en présence du Président de la République, M. Félix Faure, l6 2aoi1t 1897 et jours suivants, se continueront à Sisteron, le 7 et le 8 aoiit, à l'occasion de l'inauguration d\i monument élevé en l'hon- neur de Paul Arène. Les plus brillants poëtes, surtout de la Provence etdu Dauptiiné, se feront entendre à Sisteron : Mistral, Benjamin Constant. Paul Mariéton, Félix Gras, Armand Silvestre, et bien d'autres.

Le leodemâio, 9 ao4t, les fêtes se termineront en -Oapençais: «Une grande amie des Félibres, descendante du chevalier Bayard et chantée par Aubanel, Madame la comtesse du Terrail a offert, aux voyageurs, pour une dernière journée, l'hospitalité de son château de Mont- maur, dans les Hautes-Alpes ».

Ainsi non loin du berceau de la famille du «bon che- Talier sans peur et sans reproche n, sur cette terre des Alpes possédée jadis par les poissants seigneurs de Flotte, barons de Montmaur, s'achèvera le voyage littéraire d^s - Félibres. Nul doute que ces souvenirs ne les inspirent heureusement.

LE DAUPHINÉ ET LES DAUPHINOIS

dans la Charge et la Caricature.

par Paul Guillemin, inspecteur général de la navigation de la Seise, officier de l'Instruction publique, chevalier de la Légion d'honneur. Grand in-4°, avec de nombreuses illustrations dans le texte et hors texte, en particulier par Emile Guiques, d'Embrun. L'ouvrage, tiré à 400 exemplaires, aura environ 15 livraisons. 6 livraisons sont en vente, au prix de 3 francs chacune, chez l'auteur, à Billancourt (Seine), 30, rue Théodore.

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LETTRES DE JACQ.UES GUERIN

prêtre, émigré en Italie, à ses parents de Ceitlac (Hautes-Alpes), en 1796.

Nous devons la communication des trois lettres qui suivent, à M. l'abbé Jean-Joseph Fournier, missionnaire deN.-D. du Laus').

Elles émanent de Jacques OUÉRIN, fils de Claude, de Ceillac*], canton de Guillestrâj arrondissement d'Embrun, et datent de 1796.

Jacques Ouérin, à Geillac, le 28 mars 1760, fut vicaire de Montmorin, canton de Rosans, au diocèse de Gap, du 23 oct. 1787 au 18 sept. 1792, époque il cessa ses fonc- tions, pour refus du serment constitutionnel. Il avait pour curé, à Montmorin, Henri Ramhaud, que nous trouvons installé dès le 26 août 1783. Ce dernier, le 14 févr. 1790, jouissait d'un traitement de 742 livres. Quelques jours après (le 19 févr.), il fit à la Nation un don patriotique de 100 livres, « avec le seul regret, dit-il, de ne pouvoir donner d'avantage » (Arcli. desH.-A., 1.472"). Gomme son vicaire, il relXisa de prêter le serment à la constitution civile du Clergé, et, en 1792, il émigra en Italie, il mourut le 11. juin 1796, ainsi que nous l'apprend, dans une de ses lettres, son ancien vicaire.

■] M. l'abbé Pouraier, originaire da Ceillac, est le petit-fils du ligen- dûre < maire de CeiUac », Jeaa-ADloïDe Fournier (1769-1856), dont H. Qorde a rscouté naguère, d'après les contemporains et la récit M. de LafoDt , la vie ai originale. {Un maire Bailraordinairt , pat D.-C. Gorde. Digne, Chsspoul, 1894, In-S-.)

!] La famille Guei-in est oncora aujourd'hui représentée hoooralilenieDt h Ceillac : M, Josepb-Msthiuu Guérin, petit neveu de Jacques, eEtmaîie de Ceillac, et son frèii;, le D' Jacques Ouérin est médecin à L'Argon- tière.

Ahnales des Alpes, 1897. 5

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54 ANNALES DES ALPES.

Après de nombreuses pérégrinatioçs dans la Haute- Italie, Jacques Guérin se réfugia dans les États pontificaux. Il y trouva plusieurs autres prêtres, émigrés comme lui, originaires des Hautes-Alpes : Jean-Pierre Esmieu, de Geillac (1745-1830) ; Barthélémy Bourcier-Peyras (vers 1730-1796) et GbaflVey Bourcier-Peyras (1749-18Hi). oncle et neveu, d'Abriès. en Queyras ; Jean Brun, de Bistolas (1738-1811); Antoine «esso»,- d'Embrun (1740- 1803), et d'antres encore, mentionnés plus loin.

Le première lettre de JacQues Guérin est adrassée d'Acquaviva (États pontificaux) à M. Poncet-Faure, de Pont, près de Cbâteau-Dauphin (Piémont), le 7 juil. 1796, atÎQ de le prier de faire parvenir en France la lettre qui suit.

Cette deuxième missive, de même date que la précé- dente, est adressée à « Claude Guérin, citoyen de Ceillac, département des Hautes-Alpes ». Elle fournit quelques détails précis sur le sort du prêtre exilé, qui soupirait après le moment il pourrait rentrer en France, et sur plusieurs de ses compagnons d'infortune, i

Mais la plus importante et la plus curieuse de ces lettres est, sans contredit, la troisième, du 31 décembre (1796), écrite en langue vulgaire ou, si l'on veut, en patois de Ceillac ; circonstance qui en double pour nous, aujour- d'hui, la valeur, tant les documents en langue vulgaire sont rares, surtout au XVIII» siècle').

Dans cette longue et précieuse lettre, Jacques Guérin nous fournit des renseignements très circonstanciés sur l'époque et l'occasion de sa fuite en Italie ; l'accueil que lui fit « un capucin piémontés » ; son existence et celle de ses compagnons d'exil à Offida et à Acquavtva ; les sentiments et les principes qui animaient les prêtres émi- grés, surtout vis-à-vis des « jureurs » ; l'état de désola- tion lamentable se trouvait alors la Haute-Italie, par suite des guerres de l'époque... La comparaison entre les années 17ifâ et 1790 est des plus instructives.

'I Voie L. Moutier, Bibliographie des diaUctei Daiipbinoit. Vateuca, 1885, p. 12-14.

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LETTRES DE JACQUES QUÉRIN. ^

J'ignore à quelle date précise Jacques Guérin rentra en France.

Il se trouvait à Ceillac le 23 novembre 1802, époque où, expliquant au préfet Ladoucette sa conduite passée, il rappelait qu'il avait cessé ses fonctions de vicaire de Montmorin, « pour refus de serment », le 18 septembre 1792, et ajoutait, non sans quelque malice, qu'il n'avait « contracté aucun mariage »...

Après le Concordat, il fut nommé (33 avril 1803), curé de La Faune, canton d'Aspres-sur-Buëch, il se trou- vait encore en 1823; il y fut alors remplacé par Jean- Baptiste Maurel, curé de Val-des-Prés.

Jacques Guérin devint curé-arcMprêtre de Vitrolles, le 1" oct. 1823, et, peu après {22 nov.], chanoine de Gap. Il est mort le 6 sept. 1833, à l'âge de 73 ans.

P. Guillaume.

Lettre adressée « A Monsieur, Monsieur Poncet-Faure, de Pont, Château-Dauphin, en Piémont, à Pont », par Jacqttes Guérin, de Ceillac, prêtre français.

Monsieur,

Vous aurez sans doute été surpris en ouvrant cette lettre et commençant à lire. C'est la troisième fols que j'employe ce moyen, n'en trouvant aucun de sûr, pour donner de mes nouvelles à CCattde Guérin, Claude, mon frère ; excusez, je vous prie, la liberté que je me prends.

Je doute fort que mes autres lettres ne vous soient point parvenues, n'en ayant reçu aucune réponse. Celle- cy aura, je l'espère, un meilleur sort, moyennant la paix faite entre le Piémont et la France'). Elle n'est que pour lui apprendre l'état de ma santé et le lieu de ma résidence

*) Le traité da 15 mai ITtrT, signd à Paris, entre la France et la roi de SardaigDC, après les victoirr^s dii Donupai'te b MoDleouUe, Millraimo, Moudovi, Lodi, etc. Ce traité cédait à la France la Savoie et Nice.

Digilzedt.GoOgle

66 ANNALES DBS ALPES-

Si, beureusemeut pour moi, vous la recevez, je suis sûr que vous ne négligerez rien pour la faire passer à sa destination. Vous la séparerez de cel!e-cy et vous la cacUéterez. Voua aurez vu que je recommande de vous rembourser exactement les frais de poste. Je suis per- suadé qu'on le faira. Mon adresse ost dans celle de mon frère. Faites-moi la grâce de me répondre et de me dire le succès qu'elle a eu, et vous m'obligerez infiniment.

J'ai l'honneur d'être, avec bien de reconnaissance. Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur, J. GUÉRIN, prêtre. Acqnavivi, le 7 juillet 1196.

II.

Lettre à « Monsieur, Monsieur Claude Guêrin, citoyen de Ceitlac, département, des Hautes-Alpes, àCeiUac », par Jacques Guérin, son frère.

Acquaïiïs, ce Tjuillot 1796.

Mon très cher frébe,

En vain, jusqu'à présent, j'ai tenté plusieurs voyes pour vous donner de mes nouvelles. Je crains que vous igno- riez encore mon sort, comme j'ignore le vôtre. Sans doute que les troubles de guerre n'auront point permis que mes lettres vous soient parvenues. Maintenant que la paix est faite entre la France et le Piémont, espérant un meilleur sort, j'hazarde encore celle-cy, incluse dans une autre adressée à M. Poncet-Faure, de Pont, m'étant servi deux autres fois de la même voye. Si elle vous parvient, je tous recommande de lui rembourser touts les frais que je lui ai occasionnés.

Je me trouve chez les RR. PP. Augustins déchaussés à Acquaviva, du diocèse de Hipatransone^), marche d'An- cône, près Notre-Dame de Lorette. Je jouis de la santé et, grâce à Dieu, je ne manque do rien.

•) Le peljt diocèse de RjpalraDsooe [ttipa tram Asottem) a été cr*4 le !•• août 1571. 1] subsisto eacoro aujourd'hui.

Digilzedt.GoOgle

LETTRES DE JACQUES GUBRIN. 57

Avec cela suis-je content ? Non. Je ne le serai (|ue lors- que je saurai que notre patrie est tranquille, que l'ordre et la pais y seront rétablis, et que je pourrai embrasser mes chers parents. Puisse bientôt venir ce moment si désiré, après lequel je soupire tant !

En attendant cet heureux jour, priez et faites prier vos enfants pour son arrivée ; instruisez-les ; apprenez-leur surtout les actes de contrition, foy» espérance et charité ; inspirez leur l'horreur du péché, et une, sainte conHance en la miséricorde de Dieu.

J'ai eu le malheur, le onze juin de cette année, de per- dre, après un mois de maladie, M. Rambaud, mon dig^ne curé'). A présent, je me trouve, ici, seul prêtre français. M. Esmieu'l doit le remplacer. Je l'attends de jour en jour : il y a peu de temps que nous passâmes quelques jours ensemble; il se porte bien; vous en assurerez M. son frère, lui ajoutant qu'il les embrasse de tout son cœur.

A trois lieues d'ici, nous avons les ^eux M" Boursier ')

') Henri Rambaud, curé de MoDlmorin du £6 août 17H3 au mois sept. 1792 (Voir plus haut, p. 53;.

*) jQsn-Pi.^re Esmiru, & Lit Clapîâre, hameau de Ceillac, le 1** mai n^S , au de Jsan et de Jeaiiue Marcbis-Bibîot. En IUlie, pendanl l'énugration, il faisait l'horloger. 11 était à Ceillac le 4 mai 18(3, et, ce jour même, il fut nommé curé de St-Clémeat (caotoa de Quillealre). 11 devint curé d'Ejgliers eu 1807, et, le l<'janv. 1823, curé de Uonl-Dau- pfain, oh il est mort le £8 janv. 1825.

■) BarthéUm]/ Bourcier-Peyras, recteur de ta chapelle St-Blaise et Ste-CatherineàAbriès, ds patronat laïque, dont ie revenu, eu 1791, élût de 3351. 2 s. (L. 47i). 11 était professeur do latia et forma, avant la vi>- lutioD, la plupart des prêtres et religieux originaires du Quejras. II mourut eu 1796 à Offida, dans les Romagnes. Son neveu Ckaffrey Boureier-Peyras, âls de feu Mathieu et de Marie Richard-Cal ve, à Abriês le 7 août 1749, est mort le M août ISIS, recteur de St-Véran. A peine ordonné prêtre, il devint aumênier du lorl Quejras [déc. 1771), et, dès lors, ne cessa de prêcher des avants et des carêmes, à Briancon, Em- brOD, Oap, Digne, etc. 11 refusa de prêter le serment constitutionnel. En 1791, il se relira à Boussou (Piémont), il fut rejoint par Barthélémy Boursier, t,t, tous deui, se rendirent dans les Rtats ponlifieaux. 11 ne revint en France qu'en ISIO, et, sur les instances de Mgr MioUis, il St le service de St-Véran, il le dévoua, en lBll-12, lors d'une épidémie de fifevre typhoïde, qui At plus de 80 victimes. 11 y est mort en 1816.

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58 ANNALES DES ALPES.

et BruD, d'Abriès •), jouissant touts trois, d'une bonne santé ; vous en informerez quelqu'un de leurs parents.

Saluez mes tendres sœurs, belle-sœur et beaux-frères, etc. Embrassez, pour moi, mes chers neveux et nièce. Je prie pour vous touts. Journalièrement je vous recom- mande à Dieu, dans le saint sacrifice de la messe ; unissez- y votre intention, priez aussi pour moi. Vous comprenez combien je désire, après un si long temps, d'avoir de vos Bouv^les. DoBiwz-m'en donc an plutôt possible.

Je vous embrasse touts avec la tendresse de mon cœur et me proteste, cher frère.

Votre très affectionné frère,

J. GUÉRIN, prêtre.

P.-S. Mon adresse : à Monsieur Monsieur Ouérin, prêtre français, à Acquaviva, marche d'Ancône, St-Lau- rens, Acquaviva.

Lettre à Claude Ouérin, de Ceillac, par Jacques Gwérin, son frère.

[Pont, près Cbateau-Deuphin (Piémool), 31 décembre 1796].

Diou vous lou doune bouon, Mousu Ouérin .' Vous escri- vou aquestons quatre mouchs, pervous Tar saupre que, Dioumarci, siou encaren vite, et vous dire que souetou que vouspourtiaoussiben que iou. Vous parlouCeliaquin, perqué siou esta tant testo dure que n'ai jamai pougii apprendre à parla? en pau frances. Ouré en pau de peno dou legir, perqué escrivou en pau menu, e sabou pa trop l'ourtougrafo, mes toutun ou deschiffraré prou.

■} Brun (Jeta) naquit, non à Abriâs, mais à Ristolas, le 11 mars 1738, de Louis Brun et de Calherlne Blanc. Ordonné prêtre le 8 oct. 1763, il devint vicaire de St-ChafTrey en 1763, d'Abriès en 1767, do Ouillostre en 1769, de Savioes en 1777; puis aumônier des Visilundines d'Embrun (17S0- 9i). II sortit de la Franco, pour refus de serment, le 2 juiu 1792. Aprèa l'émigration, il fut nommé curé de Bistolas, son payt natal (4 mai 1803), et y moorut le & oct. 1811.

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LETTRES DE JACQUES OUBRIS. 59

Vous Touoloa racouDtar coumo siou manqua de la Franco. Vevouici. Erou ana, ou coummensament d'otobre de l'an 1792, à Chastaraus '). Me creïou de lei passar un boiioD mes, perqué dins aquel temps, coumo sabé, lei se vendenio : mes de belavaus fazerou lou pas. Plat à Diou que me fouzessou toujourt tengu à Geliac ! Ero prou un marri an, mes en seguentben las meizous, en Viero ou à la Clapiero*), ouriou prou euca trouba, sero e matin, 7 ou 8 esculas de soupo, atnai de bouous touquechs de pan. Eocar' en pau, ma gouro me coustavo la vito. Veici coumo.

Atîou tan d'hourrour e de repunianso per lous prelres qu'avion jura, que, ben que siei paure, per toutes las richesses don mounde, sariou pas ana à lours messes. Depi que noustes preires de Geliac avion jura, n'aviou plus ges entendu, eceta quan mousu Ësmiou fouzec arriba, qu'albouro la mancavo pa gaire. Sabou pa sllou mounde s'en eron apperçus ou non, mes degun n'avioren dichs.

Fouzec pa coum' aquo à Chastaraus : vouguerou coun- tinuar à far coumo à Geliac : quan venio la dismencho ou quauquo festo, me retiravou, tout sourel, en quauque caîre ; unissiou moun intension à n aquelo dous preires cathouliques ; preniou moun chemin dou ciel e legissiou l'entretien de la messo, ou recitavou moun chapelet. Aqueous bandis goudarchs, Diou me pardoune, s'en apperceveron, e, un dismencho, quatre gardes naziou- naus, senso que li pensessou, vengueron m'arrestar, e me counduizeron ou couers de gardo, en criant, coumo d'en- rajas,qu'erou un fouchu aristoucrato. (Enverila que vous jurou, Mousu Quària, ou siou jamai esta, ni ou saral jamai; mes aviou paur, en anant à n aqueles messes, de me damnar, e me troumpavou pa ; vous direi quauquaren, après, que vous ou faré prou coumprendre.)

I) CUteauFOni, coin, du cbdI. d'Embrun | H tea- Alpes), actuelle ment divisée en deux paroisses : St-Maircllia, sur Is rive gauche du Robioui, et St-Irénée, suf la rive droite do co torrent, au hameau dm Auiergtriu.

*) La Vière ou TUU et La Clapiére, doui hameaux de Ccillac.

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60 ANNALES DES ALPES.

Dou couers de gardo me counduizeron à la gleizo ; de la gleizo, uno secoodo fes, ou couers de gardo, e dou couers de gardo, à la poutensio. Toutes las fes que li peusou, mous peers se levon drectis ; semblavo que lou diable leur avîo chanta suou suc. Vous dire! pas qui dizec la messo, siMousu Foumier') ou Mousu Carie*): li fazerou tan d'attension qu'où sabou pa ; tou ce que sabou, es que me durée mai que l'ouffice de la semano sauto. Vous par- lareipa, non plus, de las injuries et autres marris trata- ments que me fazeroun en aqueles diverses statlous ; tous ou pouié prou esmaginar... Ai plus souffert, eu'guel jourl qu'en touto ma vilo : n'aviou pa figure d'home.

Quan m'agueron counduch ou de la poutensio, se metteron à disputar entr'eous, per veire qui ourio l'hou- Qour e la glorio de me paroundear; e, dins aquel tems, n'i aguec un (creïou que fouzesso lou coumandant, e qu'où fazesso per empachar quauque marur entre eous), que me dizec que si lour proumettiou d'anar à la messo, un autre dismencho, me farion grasio. (De belavans ou iutenderou ; plet à Diou que fouzessou esta sourt; que mouriou martir e sarioueiro dins lou ciel.) lou, qu'erou mai mouort que

') Élleane Ponrnier, Als d'Antome al de Marïo Cbabraod, à CoUlao leiJaDï. 1716, passa à peu près louta sa vin à Cbàtoauroui, il rdsidait, en 1Î98, < depuis prit do 30 ans >. Il déclare alors qu'il a prêté tou* les serments et qu'il n'en a rétracte aucun. Le 4 boùI 1803, il devint curé de la succursale de « Cbàteauroui, rive gauche du torrent » (paroiïse de Sl-Marccllin), ot y mourat eojaiiv. IRli. Et. Fourniar était le neveu de Sébastien Fournier, curé de La Bréolo, aulcup de divers travaui his- loriques, que l'abbé Albert a mis à contribution dans son Histoire du diaaèin d'Embrun (cf. t. I, 1783, p. 152-3). Quant su jésuite Maroellia (Fornier (1591-1650), il n'élait pas originaire do Goillac, mais de Toumon Voir Hht. génér. des Alpes, 1. 1, 1870, Introduction, p. vi).

■) Honoré Carie, flU de Sébastien, consul de Coillac, et de Marie Haynaud, le 5 férc. 1753, curé de Cbàleauroui un 1790, devint direc- teur du séminaire des Haates-Alpos et vicaire à Embrun, oti il préla le serment constitutionnel, le 22 mai 1791, Lo 21 nov. 1792, il fui élu coré de Ghancella par 49 voiï sur 50 votants. 11 y demeura jusqu'en 1798, au moins. Le 4 mai 1803, réconcilié atec TÉgliae, il fut nommé curé de Ville- Vallouise ; en 180ti, curé de La Roche-de-Rame, et, en 1807. Curo de BriancoD. C'est qu'il est mort lo i" juil. 1814 {alias 1815).

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LETTRES DE JACQUES OUÉRIN. . 61

tIou, lour proumetterou. senso saupre ce que faziou. Quaot aguerou proumés, me fazeron touto sorto de menv ces, si teniou pa ma paraulo, e pi me leisseron anar.

Escapa que fouzerou de lours maas, me metterou à pensar, e, quant aguerou uq pau réfléchi, me trouberou plus embarrassa que jamai. Restar à Ghaslaraus, n'ero plus poussible, perqué veiguerou ben que pouiou pa lour tenir paraulo, e me l'aurion pa pardouna uno segoundo fes. Tournar à Geliacn'eroplus lou cas. Es vrai que lou mounde lei eron pa meissauchs ; mes Mousu Esmiou n'en ero parti, e aquel peïs ero, alhouro, per lou la mémo causoquesi lei avi; pa ges agu de pi^eire. La conscienso me touimentavo per aver faclis aquetio proumesso, e se troubavo plus ges de preire catliolique per pouire me confessar. Coumo far ? Eu verita, sabiou plus ente dounar de la testo. Si moun bouon auge gardien m'aguesso pas ajuà, m'en liravou Jamai ; mes m'abandounec pa, ben que me fou^essoii rendu indinie de soun assistanso : m'ins- pirec de fuir de la Frauso ; e, senso hezitar, seguerou aqueto bouoQO inspirasion.

Un bouon jourt, de nueclis, que fazio luno sourdo, prenguerou tout dousament lou chemin lou plus court, e m'en venguerou en Piemount. Arriba que fouzerou, n'aguerou ren de plus pressa que de me counfessar, cbar- cherou un counfessur, e n'en trouberou un que passo pa per estre dous plus dificiles. Ero un capucin piemountes, que parlavo loti languedoucien, coumosi fousso esta dou Languedù, home rond coumo l'or, viou coumo la poudro 0 bouon coumo lou pan. Coumencerou ma counfessiouu coumo un aze, m'eupliquerou mar, li dizerou tou d'un cop qu'ariou entendu la messo d'un juroor. E mounde ! qu'a- guerou dichs ! Se mettec à criar coumo unpardu. Sem- blavo que me voulio manjar. Per bounur l'iaviopa degun dins la gteîzo, autrament l'i reslavou de counfusioun : si l'i aguessou dich qu'aviou tua moun païre, m'ouriù pa tant esbramaja. Lou priavou prou, de toutes mas fouerses', de m'escoutar encar en pau ; mes, dins aquel moument, ero tan mounta sur soun chaval que me voulio plus enten-

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62 ANNALES DES AIJES,

dre. A la fin pi, quan fouzec rauc, à fouorso de criar, e que n'en pouiô plus, me dizec d'untounsevere: « Vegiam, de que me dires par vous excusar ? » Alouro, iou li coun- terou coumo tout s'ero passa, e, quant at^ueroii Soi : « Ah ! moun enfant, me dizec, aro vous ai entendu, I perqué me disias pas ensi, d'abor ; Iou cas n'es plus Iou même, s'en fau de ben ; ti a de difTârenso coumo de la nue ou jour. Quant à la messo, sias innoucen, coumo lous sans dou paradis : des que leî sias esta par fouorso e coatro vouosto volontà, n'avez pas peccà ; plazesso à Diou que n'aguesslas pas d'autro cas à vous reprochar, que sarias un sen. Quant à la proumesso que faguerias, vous dizou pas ensi ; faguerias mau, moun ami; ce que povous excusar, es Iou defau de couneissenso e de reflexion ; dévias mourir plutôt ; ero aquelo uno belo ouccasion de dounar à vouste Diou de proves que l'aimavias plus que vouate cors : voustei peccas se trouvavon en un moumen lavas dins vauste sang ; voust'amo devenio plus blancho que la nejo ; voustei pênes eroun finides ; plus de perga- toure per vous ; plus d'enfer à crenier ; recevias sur Iou cham la palma dou martire e entravia en poussessioun d'un bounur », etc.

CouDtiuuec à parlarlontems, eme fazec aqui dessus la plus belo instrusion qu'aie jamai entendu. Vourriou ben vous la mandar touto entiero ; mes ai trop d'autres causes à vous dire. Finisserou ma confession e, me donnée l'ab- soulusion ; mes, si fouzessou à n aquello messo de iou même, finissio pa coumo aquo; i'i ourio ben agu d'autres cliauses à far per la pouire aver. Instruisô-vous, Mousu Guérin, dins Iou récit que venou de vous far ; pensa-Ii ben ; n'es pas à iou à vous far la leisson ; mes vous ou dizou per vouste ben : garda-vous ben, vous e tou lous vouestres, d'aoar à n aqueles messes. Quequé vous dizen, aqueous marelrouzes preires son schismatiques 9 excou- munias ; e la Gleizo vous ourdonno de lous fuir, si voulé pas estre excoumunia vous-même. Si n'en pouié pas entendre d'autro, prené quauque bouon libre, legissé-lou ; fazé quauquo bouono méditation, e pria Diou dins vousto

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LETTRES DE JACQUES GUÉRIN. 63

melzouD, oube vousto familîo ; unisse en tout voust'inten- sion à n aquelo dou vicari de Jesu-Crit, e de sous autres véritables ministres. Fuie lou pacha ; fazé souvent d'actes de coBtrision, de fé, d'esperanso ede charità. N'ané pas, per l'amour de Diou, à n aqueles messes, vous ou repetou, autrament vous damna.

Depi que sioii fouoro de la Fransn, ai hen pati. Quauquo fes, segou tout uu village, senso troiibar per me desdeju- nar, e, oube tout aquo, siou countent coumo un ré. Vous direi perqué : parce que vivou dins lou sen de la Gleizo. Tacbou, autan que la feblesso bumano permet, de vioure selon lous coumandamenclis de Diou e de la Gleizo, eme resto l'esperanso de me souvar. Dins touto ma patiretà, ctiambiarou pa moun sort oub'aqiiel de voustes députas à Paris, ni de voustes generaus d'armelo, ni dous avesques constitusionels, ni de tous lous autres de la mémo cliquo, parce que ourîou poor, à tou moument, que lou diable me pencbenesse.

Âquest an, siou esta dins lous etacbs de nouste St-Père lou Papo, toujourten demaadanmouQpan; e, en virou- nant d'un calre et d'autre, toumberou dins un pals appella Offlda. Trouberou aquî 4 preîres fransezes : un certain Mousu Besson*), d'Ambrun, et lous autres tres,dou Quey- ras ; un s'appelo Mousu Brun et lous autres dous M" Sour- ciers, d'Abries .

D'aqueous dous darniers, n'en coiineissiou un, parce qu'avîo preclià quauqua fes à Celîac. Se pouorton touchs ben. Fazé-me lou plazer dou far saupre à lour mounde, parce que, si Diou voulio que tournessou, un jourt, en passant à naquel peïs, aquo pourrio belflou me proucurar quauquaren. Me parleroun de Mousu vouste fraire, e de Mousu Esmiou ; me dizeron qu'istavon à très lègues d'aqui,

<) Anlome Baaon, k Embrun le 13 mors 1740, et prêtre depuis 2t> uns, en 1790, roeteur de la chapelle de St-André en Is calliédrala d'Embi'un, sscrhtaia ot chanoine honoraire, avec un roTonu total de de 1.025 1. 14 a,, éUit porté, le 8 ocl. 1799, sur la liste des émigrés. Kn 1S02, oe pauvre malheureux [prèlrcj rentré •, était infirme et dans le besoin. Il rôsidait alont à Embrun, il mourut le 2i frimaire an 13 (It déc. 1S03).

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64 ANNALES DES ALPES.

à un paîs que s'appelo Acquaviva. Jujà si m'en sariou eatouina senso lous veire, quau lei aariou ana à quatre pés.

Lou proumier que trouberou, fouzec Mouau vouste fraire; tardée en pau de me recouneisser, parce qu'erou mar hahilia, è la piémounteso ; mes, toutun, en li parlant, me recouneissec ben vite. Aquel jourt fouzec, per iou, un jour de festo ; e beoure e manjar, ren me manquec dins lou convent. Li counterou coumo eperquéerou escapà de la Franso, e coumo erou arribà tan luen. Quant aguerou fiai, li demanderou de nouveles de vous autres, e me res- poodec que, dins quatre ancbs, avio reçu uno lettre de vous, uno de vouste beau-fralre Jousé Mourel, et uu autro per Mousu Esmiou (li avio pa gaire que l'avio agu, parce que iou li arrlberou lou 21 de novenbre, e l'avio reçu lou 6 d'aquel mes). Me raregrerou tout, quand me dizec que vous pourtava tous ben ; me fazec en pau de peno, e n'în faeio pereou k n el, quan m'announzec la mouert de Mariano, la fllio de vouosto sonore Gezereo ; mes, toutun, aquo l'afflijavo pa trop, parce que me dizec : - Aquelo es din lou ciel, e, si aguesso vescu, riscavo ben de lou per- dre. . . La Révoulutiou, cuuntîauec à dire, a fa ben de mar à moun fraire ; mes aquo me surpren pa : l'i a pa quaize degun que l'i aie gania ; ce que Us arribà, liou aviou predichs, avan que sourtessou de la Franso ; erou coumo assura qu'aquo pouio pas anar autrament ; e n'en saré la même cause dous mandachs ; mes tout aquo es pau de causo, basto que Diou leur counserve la santà, que tout aquo, oube lou tems, s'accoumoudaré : pertn de ben n'es pa mouert d'bome. Ce que me fai plus de peno es lour salut. Qui sap coumo lei vivon! ».

Quant aguec dicbs aquo, ti demanderou si Mousu Pascal lei ero encaro*], me respoundec de non : « S'en es ana k soun peïs, e lei es vicari ». Gountinuec à dire :

') Ce psrgoaiuge, dont l'ignorB U patrie et la prénom, était cura de C«ill>c depuis 1775. Il prêta le serment coastitatâonnel le 27 fô*c. 1791 (L. 8S!). mail il le rétracta peu après. D'après la tradition, U émigra en Italie, et, t son retoitr, mourut dans le Oiponçaia.

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LETTRES DE JACQUES QUÉRIN. 65

« Mouso Coulombet*) es à sa plasso à Celiac, et lou gar- çon de l'ouncle Glaudon Ctendre, gu'era doutriuari, lei es Ticari »>), lou me crieou qu'aqueous dous n'avîon pa jura e li dizerou : « Ah, Mousu l'abbé, si lei an aqueous dous, 80D pa de planier ; lei pouea far lour dever « Ah 1 ah ! n anavo ea masteaDt vouste fraire. Coumprenguerou qu'aquo lou counteutavo pa. Coumencerou à doutar ea pau d'aqueoud dous ; fouzerou curious de saupre si aTion preou jura, e li ou demanderou : « Ah I me respoundec, sabou ren de Mousu Marcbis ; mes Mousu Coulombet n'avio que trop jura. Greiou bea qu'ouré retratà soun serment, mes aquo faï pa'scar lou tout. Si Mousu Goulom- bet, veneot à Celiac, avio agul'attension d'engajar Mousu Pascal') à lou noumar proucura, et de demandar souu

>) Joseph Colombel, &* de Jeaa-Baptiete et da Marie Foumier. k CeUlac le 17 oct. 1751, fut nommé curé d'Oze le 18 ariU 1783, et ; prila le serment constitutioDael le 6 tévr. 1791. Retiré i Ceillau le 20 cet. 1793 il y reçut un certificat de civisme de la part de la mauicipalité d'Oze le 6 Jaov. 1794, et ; prila les serments de saamissioa aux lais (5 juiu HMi) et de haioe à la rojaulé [2 ocl. 1797). Après le cuncordat, s'ëtant mis en règle avec L'ËgUre, il devint u succursal de Ouillestre », ou mieux vicaire de cette paroisse, dont Mare Allègre était alors curé (1803J. 11 remplissait encore les fonctions de vicaire de Gnilleslcc en 1810. J'ignore le lieu et l'époque de sa mort.

*) 11 s'agit ici de Claude Marakîs, fils de Claude et de Jeanne Maurel, k Coitlac le 2 août 1758, pritre de la Doctrine cbi'étieane, professeur do phjsique au collège de Draguiguau, o(i il pi'éta le serment constitu- tionnel, le 23 janv. 1791, et celui de liberté-iigalité, le 13 sept. 1792. Retiré k Celllac en 1795. il j fit les serments do soumission aux lois (10 déc.) et de baine à la rojaulé (i oct. 1797). Il y était oocoro le Si sept. 1796. Le 4 mai 18C8. il devint curé de RéoUer, puis de GeiUac. On l'y trouva encore en 1807. La dato de sa mort m'est inconnue.

^ Jean-Joseph Pascatii la Chaup, ancien chanoine d'Embrun (1770-91), prébende à Guillestre, incarcéré >, commo ariitoeratc, on 1791, mit en liberté, en décembre de celle année, par le Comité révolutionnaire da Oap. Il était tout dévoué au 6-devaat archevêque d'Embrun ■, Mgr de Lejtiin. En 1795, il recevait le tîb'e de < grand-vicaire d'Aleria en Corse J>, et le ministre de la police Cochon le signalait à Bontoux, com- missaire du pouvoir eiécutif à Gap, comme c oa des membres du Conseil soi diaant eccUiteutigue t, ayant reçu des pouvoirs de l'ancien évéque de Gap>, Mgr de La Broue de Vareîlles (cf. Lemas, Ignace de Casentuve. Paris, 18P0, p. Ï8-29).

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66 ANNALES DES^ ALPES.

approbasion à Mgr de Leyssin*), ou à quauquun de sous reprasentanchs, alhouvo pourrio lei far de ben ; mes creniou que n'aie d'autre titre per servir la paroisse que ta uouminasion dou district nu de la coumuno, e l'approu- basionde Mousu Gazanovo') ou de sous vicariscatedraus; e. si, per marur, aquo es coumo vous dizou, lai se fai de marrio besounio. Moosu Coulombet n'es plus un ministre de Jesu-Crit e de son espoiizo, jnes un ministre de Satan ; es un intrus. Vé, es coumo si un loup avio l'habilita de s'habiliar en pastre, e qu'anesso gardar lou troupel ; es toutpardu, sedamoo, e damne touchs aqueous que lou seguon. Sas founctions son per el eitan de sacrilèges, e sas absoulusions, inutiles à n aqueous que la recebon, quan même lour en dounario cinquante, ecetà que sîei à l'article de la mouort. E n'en es la mémo causo de Mousu Marchis, si ten sous pouvers de la mémo sourso. Farion menchs de mar, l'un et l'autre, si se tenion dins lours meizons, coumo Mousu Puis*}, senso ren far ».

Li demanderou de nouvelles de touchs lous autres preires de Celiac, mes inutilament. Aviobeuoutan d'enveo que iou de n'en saupre quauquareu ; mes me dizec que n'en parlavà pa dins voustes lettres.

Sabou pa si vous ouré escrlchs ou non, dépique lou veiguerou ; mes m'avià ben recoumanda, si tournavou à Celiac, avant el, de vous far ben sous coumplimenclis à touchs, fraîre, seuere, belle souere, beous fraires, nebous, ouncles, landes, cousins e cousines, etc. N'a\i6 pas eisu- hlia degun. Agueran ben lou tems de parlar ; isteran quaize tout un jourtensembs.Languissioupasoub'el; mes

>J Sur Mgr Pierre-Louis de Lejisin, dernier arcbe'véqne d'Embrun (5 juil. 1767, t 6 Nuremberg le 26 août 1801, A 77 ans), voir Former, Hittoit-c gèniralr. des Alpa, tome III, p. 137-1G9 et 510-549.

<) Ignace de Cueneavo, élu ocTéqaa desKautOB-Alpcsp le 8 mars 1791. démissioaoaii'e Je i^' juil. 1798, mort à Vaccus, près Gsp, le 10 mai 1806, (Voir Lemas, op. cit., et aussi V Inventaire sommaire des Archiva du Hauta-Alpa, tome 3 do la série O, Introduction, p. xxvii]. '

*| Jean Puis, dout je ne connais pas l'origine et In vie, habitait Ceillac le 15 fi-imairo an 4 (6 déc. 1793), el y . était soumis auï lois . {L. 161).

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LETTRES DS JACQUES OUÉRIN. 67

se Taziôtard, ecliarrio qu'anesso ou cliœur. Me dounec quauques soous ; se dizeran adiou e se leisseran coumo aqiio.

Lou lendeman, anerou veire Mousu Esmiou. Son près : 11 a, d'un couvent à l'autre, coumo de la Clapiero à Santo Cezereo. Lou trouverou qu'accoumoudavo «no mouostro d'argent. Si veîa sa chambro, n'en es tapissa tout entourt. Li manquo pas obro. Parleran en pau ensemps, et sur bçn d'articles. Me dizec à pau près la mémo chauso que vouste Traire ; me chargée pereou de far ben de coumpli- menchs à soun mouiide ; ubrec un gran gardarobo ; pren- guec un pareil de braies de pe) de cliamous, e me las dounec. (Diou lour ou rende à tous dous.) Se dizerau adiousia, e se separeran coumo aquo. Me dizeron, l'un amai l'autre, qu'erou ben ; que, Diou marci, n'avion pas beson de ren, qu'avion même encar prou d'argent per s'entournar, si Diou lour en fazi6 la grazio. Bouta, tiré-pa peno per eous ; se tiron d'embarras. Son mîei que vous autres, amai que luus autres preires qu'an jura, pei- coun- servar lours plasses. Diou doune lonjo vito à nouste sen Père'), que loua a plassas coumo sous etfancbs, e à n' aqueoas bouons religiouses, que tous aimon coumo leurs uelcbs.

Aquel pe!s es ben luen, vé; ealou boutdou mounde. Deilà n'es qu'un gran laus, que s'en vei pas la fin*}; l'i apa de coumparazouQ oub' aquel de sani'Ano^), mes aquo fai parren. Basto que las chauses s'ajusteu ; que, quan pour- reu tournar, saren prou leou à meizon. La louutananso es lou mendre embarras. lou n'en parterou lou 22 de Douvembre, e encui, que sian lou damier de l'an '), me

■) Pie VI (1TT5-W), qui, en i^^V, rcsU, pendaatdeui mois (30 avrîl-2T juin), pcisonaler itu Directoire à Briaocon, et qui, epuisti do souETraoces, mourut fa Valence le 29 aoAt suivanl.

>) La mer Adriatique.

1 Ste-Anne, petit lac. des monLagncs de Ceillac, près duquel s'tflèva une motlesta chapelle, qui, chaque auuée, la % juillet, est lu but d'un pèleriuRge pittoresque, auquel preuDEat part les paroisses de Ceillac (Haulea-Alpos) et do Msurin (Basses- Alpes).

*) Ce passage Qie la date précise do cotte lettre.

Digilzedt.GoOgle

68 ANNALES DES ALPES.

trobou près de vous autres, à Pouent de Chastel Doufin'). Veié bon que, dins uqo cranteuo de jours, un home fai ben de cbemiu.

Mousu Esmiou m'aviô dichs que leî avia fachs une recolto passable, e, à vous dire vrai, aviou quaize eoveo d'aaar huvemar oubé vous autres, Mes, en'questo sazon, ai agu poor de restar sur lou couel de Cristilian^] ; e pi, moun plus gros embarras, es la religion. De PiemouDteses que sonista à la flero deSanLuc'), m'an dichs que li îazib pas encaro tro bouou, e m'an conselia de restar eici. Segou lours counseils. A nous reveire, un autre viage, Mousu Guérin. Passou eiicar, aquest an, moun buvert coumopoarrelpareici,epi veiren; si las cbauses s'accou- modon, à la primo, vous vau veire. Sabou qu'avé beson d'ajues, e vous dounarei un co de mao. Es vrai que siou pas trop accoustuma ou trabail, mes per vous m'esfour- sarei en pan. Plet à Diou qu'aquo pouguesso réussir, bouta, sarià countent. Fariou pa mentir lou prouverbi de nouste peïs, qui Irabalto pas poulin, Iràbalio rottssin, ve, 11 anariou de toutes mas fouerses, parce que siou las de far aquel mestier. Antres fes n'ero pas marri, mes encui vau plus ren.

Diou ou pardouoe à n aquelo assembleio de Paris, que n'en es istà la causo. Nous a touchs amieras, nous prou- mettio mai de loumo que de pan, e piei nous a leissà ni pan ni toumo. Semblavo qu'anavo lar lou bounur, non soulament de la Franso, mes de touto la terro ; e encui se

') Trfts probablement auprès de Poncot-Fauie, k qui est adressée la première lettre, du 7 juil. 1796.

*) On comprendra facilement cette crainte si l'on songe que le co) Longet, qui fait conmuniquei' Chfitc bu- Dauphin et La Chenal (Chianole) avec la vallée do la haute Uhaje {Maurio, Sl-Paul), est à 2.612 mètres d'altitude; que le col de Ccistillsu, voisin de celui du Loagct at qui, de la haute Cbaje, conduit dans la vallée ds Geillac, est à 3.075 mètres d'altitude.,. Ces deux cols sont presque toute raonec couverts de neige, el lu franchissables eu liiver, surtout en décembre et janvier.

>) Cette toire, dite de Si-Imc, se lient A Ouilleslre, chaque année et, depuis une époque très ancit'nne, le IroisîAme lundi d'octobre, c'esl-ft-<lira le lundi qui suit la fête de St-Luc (18 octobre).

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LETTRES DE JACQUES GUÉRIS. U9

Tci, clar coumo lou jourt, qu'a rouinà tou lou mounde ; ou sap la Franso ; ou sabés, vous autres à Celiac, ou sap Boulounio, Ferrare, Moudeno, lou Milanes, Parmo, lou Piemount, e tan d'autres peîses ente lous Fransezes an mes lou ; ou sabou, iou même ; en anant, quan passe- rou dins aqueous peîses, se troubavo de tout ; e. en m'entournaut, se lei muer de fam, perqué lous Fransezes lei son intras. Se veique de misérables, descouquilias de tout ; siou arribà en Piemount oubé lou ventre à l'espa- gnole, e eici en Piémont, ben que la pas aie! facbo, sei siou pa gaire miei ; mes pourtant sel restou, parce qu'amou mai patir que d'anar m'expousar à me damnar. E pi, creiou qu'en Franso lei faré pa meliour qu'eici. Encar uu vlage, Diou ou pardouoe à n aquelo assembleio. Periou, li pardouno de bouon couor.

N'ai pasescrichs à degun autre qu'à vous. Faze-me lou plazer de far per iou las coumissions que ra'avion dounà Mousu vouste fraire, e Mousu Esmiou. Vouste fraire m'avi6 ben recoumandà de far sous coumplimenchs à Jean-Baptisto Esmiou, encar un pauc ou eisubliavou. Quan 11 parlaré, manqué pas de lou saluar heu de sa part.

Vous souetou bouou nouvel an à vous, amai à vousto familio. Saré bouon per vous e per touchs, si tacban de lou passar dins la grasio de Diou. Escrivé ou plus vite à Mousu vouste fraire, dizé-li qu'ai fa sas coumissions dou miel qu'ai pougu. Lou moulen lou plus court per 11 far passar vousto lettro, es de l'affranchir jusqu'à la frontiero e la far passar per Briançon.

Vous dizou p'aure, parce que siou las d'escrioure, e pi, per escrioure aquesto lettro, l'appétit mes vengu ; las denchs coummençon à me gratillar, e, si vaupa far en pau de tourt, eiro, l'houro passo. e sariô pa ben gracious per iou d'estre oublijà d'anar jne couijar senso ren manjar.

Counserva-vous. Adiousia.

ÂNN.'tLES DES AI.PES,

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L'INVASION DU HAUT-DAUPHINÉ

en 100:3

d'après les cadastres ou « parcellaires » de Fars de 1700 et 1716.

Dans les archives commit aaleis de Vars, canton de Guillestre, arrondissement d'Embrun (Hautes-Alpes), il existe deux volumes io-fotio, de 3^ et viibSSl feuillets, dont l'introduction fournit quelques détails intéressants sur l'invasion du Haut-Daupliiné, en 1692, par l'armée du duc de Savoie, et les opérations de guerre, sur la frontière, pondant les années suivantes, en particulier en 1710 <).

En 1699, les habitants de Vars exposent à l'intendant Bouchu') que les ennemis de l'État, en 1692, * ont entière- ment brûlé les bastiments de lad* communauté; dans laquelle incendie elle a perdu le cadastre ou parcellaire et généralement tous ses papiers ».

Ils ajoutent que e tous les tiabitans ont été contrains d'abandonner led. lieu (de Vars), comme étant pays de frontière, et que, d'ailleurs, après l'évacuation desd. enne- mis, les trouppes de S. M. qui y séjournoient alloient et revenoient, pendant la durée de la guerre, y consumoient tous les fourrages, en telle sorte que personne n'ypouvoit habiter... Il n'y a pas présentement (1399) le tiers des habitans, desquelz même il y en a une partie des estran-

■) La rODle de Vars est cdlètre dans lea Ttistcs mllitsires; c'est par lo eol de Vacs que François 1" est outre en Italie, en août 1515, et l'infant d'Espagne, don Philippe, en 1T4S, elc.

I) Jeau-Étienne Bouchu, iiiteodaat du Dauphioé de 1686 à 1Î(K, était 6 Dijan, le £3 sept, i&:â ; il mourut, non à Paraj, comme le dit Saint-Simon (ùdit. Châruel, IV, 439), mais à Tournus le 27 ocl. 1715 et fut inhumé à Loisj \CS. Invent. som. des Arch. de Taui-niu, 1S96, GO, ST) ; G. Rej. Vn htteiidani. Orenohlf, 1S96, in-S", ptusiml

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L'im'ASION DU HAUT-DAUPHINÉ. 71

gers*), qui sont Tenu habiter et k qui lad* communauté a esté contrainte de bailler quelques fonds pour cultiver, en payant la taille, en telle sorte qu'il y a encor à présent une grande partie de terre inculte ".

Le nouveau cadastre de Vars, rédigé, ensuite de l'auto- risation donnée par l'intendant Bouchu, était terminé le 30 novembre 1700.

Mais, bientôt, ce cadastre devint lui-même inutile, à cause de « grosses erreurs » qu'il renfermait.

« Ce qui eu fut la cause, litou dans l'introduction du Parcellaire de 1716, c'est qu'en l'année 1092, celte communauté fut pillée, saccagée et entièrement briilée par les ennemis de l'Estat, qui firent invasion dans ce péis, au mois de juillet, aoust et septembre ; cette communauté se trouvant tout à fait joignant la vallée de Barcelonette, pour lors appartenant à S. A. R...*). Ils furent tellement surpris que tous les liabltans abandonnèrent tout à l'ins- tant, sans pouvoir sauver la moindre chose à eux ; ce qui les réduisità une si grande extrémité... Ils ontesté obligez de passer deux ou trois ans sans y pouvoir habiter, n'y estant resté aucune bâtisse que le cœur de l'esglise qui se trouva voûté'), et une méchante chaumine au dernier du Serre du Preil, le reste ayant esté entièrement brùlé et détruit ; qui a esté la cause que plus de la moytié des habilans ne s'y sont plus rétablis et ont abandonné entiè- rement le péls, principalement ceux du quartier de Ste-

*) La popnU^oa de V^rs, en 1897, eil de 715 pèrsouDeB.

)) Elle avait appartenu au duc de Savoie, ssuf de rares eiceptioDS, depuis le 10 mai 1388 jusqu'au traité d'Uli-echt eu 1713 (Cf. Fornîer, BUt. gMr. dei Alpet, t. 11, p. 262, n.- 2, etc.)

■) Celte portica de l'ancienne église de Vers oiiste encore au hameau cbeF-lieD, ou de Satnt-Marcellin. Le chœur, pcntagoual, ost d'uu icèi beau stylo gothique ; il parait iluîer de la fin du XV" sièrle on, plus prohablemeni, du commonccmeat du XVI*. La porte d'entrée, b pleiu cintre, de la même époque, est remarquable par ses oolonncKes eu relralle et un élégant monugramme : JHESVS. Klle est précédi'e de deuE lions, en marbre roïe, qui supportaient les colonnes d'un porche semblable à cnui des églises de GuillssLrc et d'Embrun. Ce porche, abattu en 1692, pourrait être asseï facilemcnl restauré.

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72 ANNALES DES ALPES.

MarieH.que d'euvirou 50 habitants qu'il y avoil avant celte invasion, présentement ne s'en trouve que 5 ou 9 des descondans de ceux qui y liabitoient alors, le reste n'estant plus revenu, soit pour fait de religion ou autrement, les autres quartiers ayant esté repnplés par leurs habitans, qui, la plus granile partie, se retirèrent, quelques années après lad* iavusiou, pour s'y rétablir. Mais, comme dans ce quartier de Ste-Marie il y avoit la plus grande partie des terres incultes et grépies. ce qui lit ouvrir les ysux à quelques estrangers du cottèd'.n^owe;'], qui vinrent s'es- tablir aud. lieu, les uns au moyen de leurs amis et les autres au moyen de leur industrie, la communauté estant ainsy repuplée en l'année 1699, résolurent de faire procé- der à un parcelaire, par deux raisons : la 1", qu'il R'[y] avoit aucun ordre dans les impositions de leurs charges, ne sçacbant pas même comme s'y prendre ; la 2", parce qu'ils estoient obligés de donner la contenance de leurs fonds taillables, l'estimation d'iceux, suivant leur vallue, faculté et produit, à NN. SS. les commissaires députés pour la révision des feux de cette province, ce qui fut exécuté... Mais, comme il manquoit environ la moitié des propriétaires des fonds et héritages, la plus grande partie estant encore inculte et grépy et l'autre partie possédée par des estrangers aud. lieu de Ste-Maiie, ce qui causa qu'aud. ouvrage se commit quantité d'erreurs, les uns «'appropriant ce qui apparlenoit aux autres, et les con- frouts presque tous confondus, faute d'une juste indication; ... voyant que toutes ces erreurs ne produisoieat que des querelles et injustices parmi les habitants..., il fut concUtd et délibéré de faire corriger les erreurs (24 nov. 1705)... Mais, comme la guerre se raluma, et principalement dans ce quartier, qui estoit pour lors frontière, il y avoit, toutes les campagnes, des troupes campées, et notamment

*) Cl! quartior, dès lo Xiil* siècle, lormail unu paroisao diatinete. L'égliso un Tut éKalemenl ruinée ea 1692 ; elle datait de l'i39 ; le chœur quadi'aiifîulaire, voùlé sur croisée d'ogivoa, subsiste oncure, ainsi qui> la base do la tour du cltfclior, qui était carré avec, prohablemenl, uue SAcbu uclut^onaie.

'; Allai, cber-lieu de caudm de l'an ' de Barouloauetla (BasMS-Alpea).

Digilzedt.GoOgle

l'invasion du haut-dauphin li. 73

ea i7iO, que les années y passèrent presque toute la campagne, les troupes de S. M. estant campées et retran- chées au lieu appelle Le C/(à/enH'),jusques sur le sommet de la montagne et à la croix qui est au-dessus de La For- lune^}, et celles de S. A. R. et alliez, du cotté de Bartines et autres endroits de la montagne, ce qui leur. i fait dilléyer d'entreprendre de faire cet ouvrage jusques à la paix»), ... Ils prirent résolution d'y faire travailler par acte d'as- semblée du 25 mai 1714 ». Claude Villan, notaire royal de St-Gtément, le 23 nov. 171o, fut chargé de faire le nouveau cadastre , ayant pour experts Jean Bermont, Honoré Barou et Louis David. Ce travail fut mis au net, en suite la délibération du 22 avril 1716. Il fut liomohtgué à Grenoble le 7 mai suivant.

D'après ce cadastre, o la sestérée est de 900 toises, chaque toise de 6 pieds .'î pouces, et divisée en 8 pans de canne, de dpouces 4 lignesl/:^ de long; l'éminée, de 450 toises ; la quarterée, de 225 toises, etc. « ').

>) Voir les lattres adressées eu 1710, du camp du cliAtoau de Vara *, par Berwick au lieu Le naut- col ou cl La Motle Je La Poïrouse et autres (dans lea BvUetint de la SùcièU ditude», 1883, 119-li3, 109-207, clc.^

') C'est le nom vulgaire du hameau actuel de Sainte-Catherine.

■) Ensuite du traité conclu k Utrccht le 11 avril 1713 (Cf. Jnvent- Mm. de.1 Arch. de» Btm-Alpes, série A, 1!),

*) Acluellemont à Vars, 25 (oisos carrées équivalent à un are.

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LE BOTANISTE VILLAR

DU NOYER et Jean-François Vdlar, son frère.

Le botaniste Dominique Viilars ou mieux Villar, suivant les actes authentiques qui le concernent '), naquit, au Noyer, non loin de St-Boanet-en-Cliampsaur, la 14 nov. 1745. 11 est mort le 27 juin 1814, âgé de 69 ans, après avoir été longtemps doyen de la faculté de médecine de Strasbourg.

Dominique Villar venait d'être reçu docteur en méde- cine à l'université de Valence (1777) et nommé « médecin du Roy à l'iiopîtal Militaire » de Grenoble (1782), lorsqu'il donna, parmi tant d'autres, la marque suivante de son cœur bon et généreux.

Son frère cadet Jean- François Villar, le 27 sept. 1759, .simple clerc tonsuré du diocèse de Gap, était sur le point de s'engager dans les ordres sacrés. Mais aupara- vant, suivant les règles ecclésiastiques en usage à cette époque, il devait justifier de ses moyens d'existence.

Pour les lui assurer, le D^ Villar lui constitua, par- devant notaires â Grenoble, une pension ou < titre clérical » de iOO livres (envii'on 500 francs de notre monnaie actuelle), « sur tous ses biens présents et à venir. »

Voici trois documents qui se rapportent à cette affaire. Nous les croyons de 'nature à intéresser, d'autant plus qu'ils font connaître exactement les noms et prénoms du père et de la mère de notre célèbre compatriote.

<) Ci. Bull. ioc. détud.det Htet-Alpa, 1881, p. 291 et suiv. et 466-68.

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LE BOTAHISTE VILLAH. 75

i

Acte de baptême de Jean-François yiUar.

La Noyer, 28 septembre 1750,

L'aa 1759 et l6 28 septembre, a été baptisé, par nous curé du Noyer soussigné, Jean François Villar, le jour d'hier, fils à s' Kerre, secrétaire-greffier de cette commu- nauté, et à Margueritte DastrevigHe, mariés, du Villar, hameau du Noyer. Son parrein a été François Olpbaad- CollQ, et sa marreiue, Marie Dastrevigoe, sa tante maternelle. Le père, le parein et Pierre Amar, tous de cette paroisse, ont signé, non la marreine, pour ne le savoir, de ce enquise et requise.

Signé : P. Olpband. Amar. Vilîar. Arnaud, curé du Noyer.

Nous évéque'), compte de Gap.etc, certifions que le s' Arnaud, qui a signé l'extrait ci-dessus, est véritable- ment curé du Noyer, de notre diocèse, et que foi doit être ajoutée k son seing et à ses écritures partout besoin sera.

Donné à Gap, sous le seing de notre vicaire général, le 20 févr. 1779.

Gautier, vie. gén. *).

Par mandemeni.

Bbutisel, chanoine, secrétaire').

<) Jcan-BapUste da Uaillé de La Tour-Landry [1778-il{).

■) PoiDpouB Oautier, Dommii chapelain de Ste-Aano, k Gap, leSOjanv. 1757, el de St-Antoine de Lisieui, aussi à Qap, Is 17 déc. 17(>S, avait été désigné vicaire général par l'évéquo François de Narbonue. le U fin. 176S, et couarmé par Frangois de JoulTroi de Oousaus (1774-77) et par Jean-Baptiste de Maillé de La Tour-Landrj (177S-84). Il était encore vivant et chanoine do Gap en 1785 (Q, 991).

") Joseph Bmtinel, chanoine de Gap au moins dis le 2S janr. 1776 iB. 273, U), était titulaire de aombreuses chapelleoics : St-Jacquesi

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76 AMTïALES DES ALPES.

II

Titre clérical, constitué par Dominique Villar, en faveur de Jean-François Fillar, son frère.

Grouublo, 1" septembre 1783.

Par-devant les conseillers du Kny notaires à Grenoble soussignés, a été présent sieur Dominiiiue Villar, médecin du Roy à riiàpital militaire de ville, lequel, pour secon- der le pieux, dessein de sieur Jean-François Villar, son frère, clerc tonsuré du diocèse de tJap, qui désire se lier aux ordres sacrée et parvenir à la prêtrise, a, ledit sieur médecin Villar, pour former le titre clérical de sou frère, absent, nous notaires pour luy stipulant et acceptant, créé et constitué sur tous ses biens, présents et à venir, en faveur de son frère, une pention annuelle et viagère de cent livres, qui commencera à courir du jour que son dit frère sera lié aux ordres sacrés, pour lui être payée, chaque année, sans aucune retenue de tributs royaux; ladite pension imputable sur les droits successifs dudit sieur Villar,

Ce fust ainsi fait, leu et passé à Grenoble, ez études, l'an mil-sept-cent-quatre-vingt-trois, et le premier jourdu mois de septembre, après midi.

Et a signé, à la minute du présent, restée au pouvoir de Toscan, l'un de nous.

Controllé et mise au bureau de Grenoble par le s' Bre- mond, qui a reçu 22 livres 1 sol.

Truchb.— Toscan.

et St-Sébastien, b Slgoyor-sur-Tallaril ; Sbe-Aane et N.-D. des Agre- uicrs, H Upaii ; SuJeaa do Scitlei, à La Fauric; St-Michel, k La Baume- dea-Aroauds ; N.-D. dus Ejrauds., à Oap, etc. ; de plus, prieur de ClameDsaao et du prieur» rural do Barras | Basses- AI pc:'). Il avait, la 2 mars 1190, un rovouu total de 1910 livres. Le 10 mars 1791, le Direc- toire du doparlemont des Hautes .Upts fixa suu trailomcut à liî7 livres Itî soU (L, 82ti),

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I.E BOTANISTE ViLLAH, 77

m

Certificat du curé du Noyer attestant que la publica- tion de la future ordination de Jean-François ViUar et de la constitution de son titre clérical a eu lieu, sans opposition.

Le Nsyer, 8 septcmbro 1783.

Nous, curé du Noyer soussiyDé, certifions avoir publié bier, à notre messe de paroisse, comme Mgr l'Evèque ') avoit dessein d'ordonner sous-diacre M' Jean-Frauçois Villar, tils de Teu Pierre et de Marguerite Dastrevigne, ses père et mère, de ce lieu du Noyer, et averti le peuple de la dispeose des deux autres publications, que ledit M" Villar, aspirant, se propose d'obtenir de l'Ordinaire ; sans qu'il soit venu à notre connoissance que ledit Villar ait contracté aucun engagement quelconque, ny [soit] tâché d'aucune imperfection contraire â la pureté et à rbonnèteté requises à l'état ecclésiastique. De plus, ayant fait lecture du titre clérical que M. son frère, médecin du Roy à l'hôpital militaire de la ville de Orenoble. luy a fait, sans qu'il soit chargé de dettes, qui puisseempêcher que la pension annuelle et viagère, qu'il luy a constitué sur ces biens, ne soit exactement payée.

En foy de quoy, nous avons donné le présent, pour servir et valoir a ce, que de raison.

Au Noyer,'le huit septembre 1783.

Arnaud, curé du Noyer*).

Arcb. des Hautss-AlpeB, O, prov. 2S16.

') Jean-Baptiste de Maillô do La Tour-Landry, saGrà êvéque (to Gap le 3 mai 1T38, transféré A Tëvéché de Sl-Papoul [Audol la 21 février 1784, le teul p«ut Âtrn des dvéques Iranfais qui ne quitta point la France pendant la Bùvolulioo et qui, pendaut los Jours Xts plu< sombres d.: la Terreur, faisait A Paris des ordinalions et administrait la conArmation. Il est mort à Paris, le 25 novembre 180i (Vicomte de Broc, Un évéque de rancien régime mtu la Rècoiuiion, Af. de MailU de La Toui-- Landri/. Paris, l&H, in 3", viii-331 pages, pasiîini.

'1 Quant à Jean-François Villar, il fut nommé curé de La Bâtie- Vieille, !d 6 ocl. 1786 {Inveni. lom. Série G, I. II. p. lOA), y traversa toute la période révolutionnaire et l'Empire, et ; mourut, sous la BfS' lauralion, le 13 avril 1819, k 73 ans.

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LE CIT. JACQ.UES THOLOZAN,

hef de brigade à l'armée des Alpes et des Pyrénées. Baratier, S3 janvier 17E^

« DéclaralioD que donne, en conformité de la loi du 29 frimaire dernier [19 décembre 1794], à la Commission du mouvement et de l'organisation des armées de terre, Jacques Tholozan, clief de brigade, si-devant employé à l'armée des Pirennés, [de ses] états [de service], habitant à Baratier, district d'Embrun, dép' des Htes-Alpes.

[a Je fus nom]mé commandant en chef du bataillon des Hautes-Alpes, n»l, le 15 décembre 1791 (vieux stile). Le i" juillet 1792, je fus envoyé avec ce bataillon dans ta vallée du Queyras, frontière de Piémont, ayant en outre à mes ordres toutes les troupes y cantonnées, ainsi que les deux bataillons de gardes nationales des deux cantons de cette vallée ' ], avec ordre exprès d'user de tous mes moyens pour en empêcher l'entrée aux ennemis de la République, qui auroient pu s'emparer des places de Briançon et Montlion*), coup férié '), parce qu'elles n'étoient poiat apro visionnées, et que le ministre de Turin étoit particulièrement informé de celte négligence. Je fis déter- rer l'artillerie de Châteaux- Quéras, de dessous les décom- bres et l'ordure. Je Os mettre cette place en état de deffeiice, malgré les entraves de l'aristocratie, etjeflis puissamment aidé par les municipalités et les officiers de la garde nationale de ces deux cantons.

<i Lors de l'entrée de Montesq[u]îou ') en Savoie, je

■) Le canton actnel d'Aîgidllcs formiit, alors (ITUO-IBOO), lea deui cantons d'AbrUs et de VilIe-VieiUu.

)) C'est-à-dire Mont- Dauphin.

'] C'eat-i-diro après un l^gei' cDgafjBinent, an coup de main.

'I Le général Aane-Pierre de Montetqaiou-Fétentae (1730, ■{■ 30 déc. 1798), avait renn le commandement de l'armée dn Midi la 21 avril 1798. Le !S mai suivant, il demandait aux administrateurs du département des Hantet-Alpes des caries de la région et les plans des lillea et des forteresses de Brîaaçon, Embrun, Monl-Daaphin, Tournoni et Chiteau- Queyras (L. 140). Il conquit la Savoie et le comté de Nice en sept. 1792.

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LE CIT. JACQUES THOLOZAX 79

reçus 7.300 hommes de troupes sardes, à îm Peyroitse et aux Guîffttes'), dans le val St-Martin, qui n'ausèreot atta- quer le camp de Prérondaut, que j'oceupois ; et la fron- tière resta intacte.

« Les géDérauzMonte3[quioul, d'Anselme'), et l'adjn- dant-général Saint-Martin, avant leur entrée dans lecomté de Nice et en Savoie, ont régulièrement été informés par mes soins et âmes dépens, des mouvemens et des forces des troupes ennemies.

« Depuis cette époque, après plus [de] 300 lieux de route, j'arrivois au camp du Mas-Ctos, armées des Piren- nées Orientales, avec le halaillon que j'avois l'honneur de commander, le 20 juin 1793.

« Je fus nommé chef de bataillon delà 1'* division de l'armée, le 10 juillet suivant ; chçf de brigade, par arrêté des représentants Fabre et Bonnet, le 20 aoust suivant, avec ordre exprès d'aller prendre, le même jour, le com- mandement en chef dn camp de Montalba').

c l^e 2 septembre suivant, je fus nommé ad[judant du] général Resnier. commandant en chef de!"» Pyrénées- Orientales et de la] citadelle de Perpignan, dans Iemo[ment que cette dernière] place était sernée par l'ennemi.

« Le camp Espagnol retranche â Purestortes fut enlevé, dans la nuit du 17 au 18 du même mois, par l'armée de la République. J'ai resté à mon poste jusqu'au 4 décembre suivant. Je fus obligé de le quitter, à cette époque, pour cause de maladie. J'avois alors les fièvres d'accès, depuis près de deux mois, ainsi qu'il conste par les certificats joints aux pièces dont je suis porteur. Depuis cette époque jusqu'au 20 floréal [9 mai 1794], j'ai diè retenu chez moi, mais par la même maladie, ainsi que je le prouve par d'autres certificats.

'] Au conflaaat ds la Gtrmanaïqite et du Chitone, au noiMl-ousst do Pigoerol.

*) Jacques- Berna id -Modeste d'Anselme, no à Apt en 1710, mort eu 1812.

'1 Pji-énécs-OrieoUlos, arr. do Porpih'nau.conl, de La Tour-de-Fraitos.

Digilzedt.GoOglc

80 ANNALES DES ALPEâ.

« Dans cet intervalle, j'appris, par une lettre du général Dugomier'), qu'on m'avoit remplacé dans le commande- ment de Perpignan. Je partis pour Paris, le 20 floréal [9 mai 1794], pour demander ma réintégration.

« J'y arrivois le 8 messidor [26 juin]. Je présentois de suite ma pétition et mes piècesjustiflcatives au Comité de Salut public, que j'avois déjà envoyé, depuis plus de deux. mois, à la Commission du mouvement des armées de terre. Le 3 fructidor suivant [20 août], j'obtiens de la Commission des secours publics un brevet relativement à mes services de 27 années effectives, trois campagnes, et à ma conduite dans l'armée, prouvée par des certificats, m'accorda[nt] le droit de porter le médaillon de deux épées en sauttoir. Le rapport de mes pièces et certificats fut présenté par Pille, commissaire de Torganisation des armées déterre*), au Comité de Salut public, qui, par &on arrêté du 18 du même mois [4 septembre 1794], rejetta formellement ma demande, et Je fus privé de l'honneur dn continuer de servir ma patrie.

K Je déclare, en outre, de n'avoir jamais été destitué, ni suspandu de mes fonctions avant l'époque de l'arrêté du 18 fructidor [4 septembre], m'ettant toujours acquitté des fdiverjses expéditions qui m'ont été confiées de manière mériter la] confiance et l'estime de mes supé- rieurs.

« Je reviens [de Paris, pour vi]vre dans ma commune, J'ai toujours résidé, et je continue de faire ma rési- dance.

c A Baratier, le 4 pluviôse l'an 3"* de la République françoise une et indivisible [23 janvier 1795].

« Jacques THOLOZAN ».

<) Jean-François DugommUr, à La Ouaddaupe eu 1736, reprit Taa- loasui'leiADglBi9lc19déc. 1193, l'éarginisa l'armée des Pyrénées, chaasa lut KspagDOls de toutes leurs posUioas ot fut tué t la bataille de Siera- N'ogra, en Catalogue, le 18 nov. 1794, qui tt termina par la défaite des

< ) Le général Louis-Anloina Pillt. le 14 juil. 1749, à SnissoDS, il mourut, le 7 oct. 1828.

D.g.tzedbyGoOt^lc

LE CIT. JACQUES THÛLOZAN. 81

Ea tète et en marge de" ce document, on lit, d'autre écri- ture :

« Embrun, le 23 pluviôse l'an 3""' de la Républ. françoise une et indivisible [12 févr. 1795].

0 Donné reçu de la déclaration faite par le citoyen Jacques Tlioluzau, chef de brigade retiré'), en couronuité de la loi du 2& frimaire l'an 3'» de la Rép» frauçoise une etind' ■> [iOdéc. 17i)4,.

Arch. des Htes-A]|i03. série L. HS4, 11° S, t<- 35 v:

J.-J,-B. COLAUD DE LA SALCETTE,

chef de balaillon à l'armée du Nord et d Italie.

ReaoltoD, 81 jsnviBi- 11%.

<i Déclaration du cit. Jean-Jacques-Bemardin Golaud- Lasalcette'), officier militaire retiré du service et non pentionné, conformément à la loi du 29 frimaire l'an 3* de la République française une et indivisible [19 déc. 1794].

« Je soussigné déclare m'être relire du service militaire le 16 septembre 17S3 (vieux stile). par démission, acceptée par les représentants du peuple près l'armée d'Italie, et sur un arèté de leur part, signé Barras, Robespierre

') Ce periounagc remarquable est aujourd'hui fort peu coomi. Je ue le trouve menlioniié uulle pnrt dans 1rs ôcrlti ds nna histoneo» locatii. 11 était encore, In l.t oc[. 17%, tté A Baraticr.

I) U était Hls d'Antoinc-Praeçois Colaud, dit de La Salcelte, le 9 février 1727, avocat \MVl), conseiller mattre à la Cour des Comptes {Hôl), avocat général au parlement (175*), premier avocat gpuéral (1183) jusqu'A sa mort (1706). Il ne fut point, do 1739 a 1745, vibailli du Brianïonnaia, ainsi que je l'ai répété moi-même {Invenl. dis Arch. du Htet'Alpa, Inirod. du t. 1, 1887, p. Vlii). * C'ost une erreur qui a eu cours et qui ne doit pas se reproduire. On n'es! pas vi-bailly a 11 ans •, dit iort judicieusemeal M. Aristide Albert {Bio.-bibt, dif Brian^annait- Canton de Biiançon, 18?5. p. 12ti-.

Digilzedt.GoOgle

82 J.-J.-B. COLAUD DB LA SALCETTE.

jeune et Ricord. Ledit arèté ftit pris à Nice, et se trouve en mes maîDs. Il autliorisoit le général en chef de la dite armée à me donner un passe-port. A cette époque, je me retirai dans ma famille et je fais, depuis, ma résidence habituelle dans les communes des Grottes et d'Embrun, district d'Embrun, dép' des Hautes-Alpes.

( Je déclare, en outre, être entré au service le 15 décembre 1775, en qualité de sous-lieutenant dans le 3Qiat régiment d'infanterie (ci-devant l'isle de France). J'y ai successivement été fait lieutenant et capitaine. J'en fus retiré par brevet d'aide de camp, le 16 février 17Ô2, pour servir dans l'armée du Nord. En mars 1793, je fus nommé adjudant-général chef de batailloo, et employé dans l'armée d'Italie.

« J'ai, de plus, fait une 1" campa^e, en 1791, aux. colonies Américaines, comme capitaine dans le second bataillon du 39"' régiment d'infanterie.'

« Fait à RemoUon, district d'Embrun, le 2 pluviôse de l'an 3* de la République française une et indivisible [21 janvier 1795J.

« JEAM- Jacques-Bernardin COLAUD-LASALCETTE » *).

<)o Jean-Jacques Bcmardia [Colaud de la SaIccUe] parvint an ^ade de géDéral de dirision, se distiogua par des aclions d'éclat, fui gouver- neur du Hanovre et baron de l'Kmpire. 1,'ua de 503 petits-fils, M. -le Uoutluisant, est mort récemment géuéral de division d'artillerie ■. (Arist. Albert, Op. cit., p. lifSj.

D.g.tzedbyGoOt^lc

NOMS ET VALEUR

DIVERS OBJETS USUELS.

EXTRAIT de l\ Inventaire général des biens, meubles, inmeubles, or, argent, de feu Guilkeaume BRUN, en son vivant marchand, et st-devani consul du Monnestier de Briançon », dressé, " bien fidel- lement et b/aUement, » par Jean Bouchard, marchand, « curateur général », Jean Baille, feu Bertrand, Jacques Faure-Cervièrr, feu Raymond, k marchands, » e/ Jean Faure, «notaire royal héréditaire » dudit MonStier-de-Briançon.

Le MontHer-de-Briançon, W inofi 164S.

Z t. quintaulz, 92 livres de cuir, tant en taisse que cuir

Doir, extimé » 97 livres 10 sois.

25 livres « cuir d'Auvergne » 12 » 10 »

2 autres pièces < de cuir dudit

Auvergne, pezant » 23 livres,. . . 11 » 10 »

Sawe/Mïwbianc » (peau de veau),.'. ô » 16 »

50 livres « d'eau de vie i-, 7 » 10 »

50 livres « delà pois ou pègue »... . 2 » 10 »

2fô livres de rix » 25 » 10 ■»

90 livres de « graice de pourceau »,. 18 »

121 livres «bure*, 16 »

2 « hoïres propres à pourter viu », . 1 " » 12.000 taches (clous), appelés

tache de Ivante V 7:i » 8 a

D.g.tzedbyGoOt^lC

S4 ANNALES DES ALPES.

4.000 a taches de quarante >, 2S livres -

5.000 « taches de ving iO » I

1.000 « taches de quatorze », 50

a soulz », soit 2 H i

2.000 B taches de dix, » 4 » -

4.000 H taches de galloclies » 3 »

7.500 « taches de soullier teste ,

ronde » i7 »

300 «taches de souliiers de seize >,. 12 »

4.300 te taches de Irante », 22 »

3.000 t de clous de manneschal

pour farrer chevaulx » 10 »

2.200 < cloues ausy de manneschal

ferrant, de la Mure-Noire »,..., 5 » 2 H douzaines cadatnes (chaînes)

de fer, petites ■> 4 »

2 * douzaines cadaines moyennes»,. 4 » -

7 «cadaunes de mulet, des grandes»,. 4 »

5 « autres petites codéines. » 40

8 soubs a soit 2 »

28 « sarreures de coflres », 10 » 1

2 « douzaines de tnrffis ou nen'eles

d'armère ou coffre » 2 »

2 « douzaines et demî-hridons, de

fer », 1 y>

3 " marteaux ferrans » »

14 « pâlies I pelles) l'er « ."> »

12 « tretis » (Iridents) 3 »

t quintal 90 livres e fer, tant en

sappiiV! que barres » : 22 » li

18 « livres cordes de chaussons » . . 3 »

3 « bas (bats) de hourrisque 2 «

4 « vellius ou peaus de vaulx «, 40

soubz », soit 2 »

6 e livres sire rouge •> 3 » i

53 « datlles (faulx) propres h coup-

perfoind», 27 m -

6 livres cordes », 1 » -

D.g.tzedbyGoOt^lC

NOMS ET VALEUR DE DR-ERS OBJETS. 85

3 « livres de chaudelles de sire

blanche « 2 livres 17 sols.

27 < couteaux, petits » 1 :> 7 »

13 « autres couteaux d'autres mar-

.ques, petis » ■■ i3 •>

14 f pères (paires) d'escarles » (alê- nes î }, 30 soulz 1 i, 10 »

40 a pères de sizeaulx, de peut de yatleur 2 » »

26 « pères de simelles de boix,

appelez galtoches « 2 j> l:i »

5 a rimes (ramesl et demi de

papier » 7 » 10 »

30 « chapelles bois de peut de val- leur » 1 » »

2 a livres riste » (chanvre) » 10 »

8 « vellios ou peaux de vaux »,.... 1 » 7 »

5 < carteyrons, 5 livres sel », 24 » »

16 « livres poudre », 8 » iH »

« Comï/ftms ou petitz morceatis de

cuir », 1 » 10 »

430 f livres huille de nois » 43 » 10 »

27 «pères de souUiers sans simel- les » 33 » 9 »

43 < pères de solliers plus petits »,, 30 » 3 i 42 « pères de solUers petis ausy. sanscarllures», » 18 »

15 o pères de souIUers de Provence,

carllés», 13 » 10 »

11 « pères de soulliers pettis, cart-

iés .., 7 » Il .

10 « pères de soulliers pettis, sans

carllures «, 4 » -- w

6 « pères de soulliers, carllés, 10 » 10 »

16 « pères de soulliers pelis, carl- lés »'} 20 . «

') A parlir de ca point, rinvjntaiye ni ôcril par une: iiouvellu maiu.

Amnales des Alpes, 1897. 7

D.g.tzedbyGoOt^lC

86 ANNALES DES ALPES.

4 8 pères de soulliers , appelles

galloches », 3 livres s

36 c pères d'aultres souUiers sans

carlheure », ■. 13 » iO

16 « paires de grands soulliers

cariés », 38 « 8

36 « pères de soulliers cariés petitz

ou médiocres, 36 15

« Uuesballences avec son marc»,.. 1 »

5 a cuiers, sçavoir 4 de vaches et

uDg de muUet >, 23 »

30 « pères de soulliers cariés, petits», 14 »

12 « quintaulx 41 livre charbe (chan- vre) », 152 * 10

13 «sesiié, une cartière advoyneB,. 29 » 3

22 a livres sçavoû «, , 5 » 10

4 c vaches : 3 rouges et 1 poil

bourret, estimées, avec leurs ata-

ches ou chennes à fer » 96 »

1 f iïionge ou manse (génisse) poil

rouge estimée avec son atache

fer », 13 >

1 « autre vache poil rouge » 24 »

6 a carterous huit livres graisse de

de brebis en rame non fondue », . 28 » 1 « veilhin ou peau de veau » »

9 « thtynmes et quatre seras, du

poids de 50 livres » 3 »

1 « cyvaier buis, propre pour pezer

sel et un serasier bus s » 10

1 « habit gris dudit feu Ouilhen

Brun, savoir : un prépoint, un

auls de chausses > 10 » i

10 « quintautx, 27 livres fVomai-

ges », 45 escus, taisant 135 » :

5 « carterons seras en dis pieches » (pièces) 12 » 1

D.g.tzedbyGoOt^lc

NOMS ET VALEUR DE DIVERS OBJETS. 87

« 17 «luîntaulx, S6 livres lïomaiges,...

à 16 livres 10 soûls le quiotat, font

92 escus 45 soûls », soit 278 livres sols.

Parmi les meubles du délunt on trouve encore, mais sans aucune évaluation monétaire : un k perrol d'aram (chaudron de cuivre] pesant, avec son ansière, » 15 livres ; un « perrollet », de 8 1. 1/2 ; une ouUe (marmite) cuivre » de 23 1. ; une « oulle cuivre * de 24 1. ; une petite oulle fer » de 5 1. ; un grand perrol aram » de 29 1. ; 16 « draps de lit » ; « dix couvertes de peau,' appelles eouvertours » ; « onze sacz de peau, appelles maniées » ; 4 h linceuls n ; 3 « serviettes » et « une nappe » ; 40 livres « graisse sallée de brebis et vache enprelles » ; < une cuilhère de fer « ; « un foureau de pistoUet fort uzé » ; « un eschalpre fer, quatre esperrons pour piquer cbevaulz > ; « une corde pour arpenter, appelle garaui » ; « une espée sans foureau » ; « un prépoint fort uzé, unes baulx de cbauses touttes nepves, et un aultre vieux prepoint » ; une grosse acbe > ; « un gros escandoul, contenant deux quintaulz trois livres » ; « un autre petit escandoul contenant dymi-quintal dix livres » ; « une bandollière de cuir propre à porter balles pour aller alla chasse ; un coffre tout neuf avec sa aareure » ; « un escluxlpre et vunes sizeaulx appelles tarières » ; un cible » ; «une palle, une grappe, un arraire» (charrue), etc.

[Archives des HuMu-Alpes, B. 103, n" 2).

D.g.tzedbyGoOt^lC

LA PESTE A GAP EN 1868.

La peste se manifesta à Gap vers la Tm de 1564. Dès qu'elle fut constatée, la plupart des habitants abandon- nèrent la ville et se réfugièrent aux environs [Arch. des Hles-Alpes, G. 1589). Dès le 6 avril 15fô, ou sortait de Gap en foule. La peur de « la peste et contagion » était telle que les malheureux fugitifs u'osaieot communiquer entre eux, même pour les affaires les plus urgentes. C'est ce que constate un acte officiel du 17 oct. 1565, et ce que confirment d'autres documents des 28 et 31 octobre, de la même année.

Dans ces tristes circonstances, Benoit de Flandria , docteur en médecine, eut le courage d'accepter le rôle de consul de Gap et de a se retirer dans la ville, [pour] penser les mallades » . De son c6té, « maistre Piarre Garcin, médecin, de Vars, diocèse d'Ambrun, habitant à Cogni », qui avait été « mandé » dès le mois de juillet, prodiguait ses soins aux pestiférés de Remette et de Gap. Mais, la peste ayant diminué d'intensité, Gaspar Buys- sou, premier consul de Oap, le 31 oct. 1565, remit à Pierre Garcin 30 écus, pour ses peines, et décida de ne « le retenir plus ».

Voici, d'abord, l'acte du 17 oct. Au terrouer de Ghas- teauvieux, en vune terre des hoirs de fou Jean Clary, qu'est au pied de leur vignète aud, terrouer située ». Présents ; k Benoît de Flandria, docteur médecin, Mar- chon Armand, prebtre, chan. de Gap, Loys Hugues, escuyer, Jean de Gaseneufve, aussi escuyer, Lantelme Gril, habitué prebtre de l'église dud. Gap, Jaq. Galhard, filz de feu Anth., dit le capp» Galhard, M*' Reymond Joyne, Honorad Armand, congrefSers, et Nycolas Gar- naud, procureur dud. Gap,résidan3dan3ta ville, à présant par la permission de N. S. affligée de la contagion de la peste ; lesquelz ayantz à présent la superiatendance et

D.g.tzedbyGoOglc

LA PESTE A OAP EN 15^. 89

adniinistration de lad* ville et communauté do Gap,... entre aultres choses concernant la poUitique de lad° ville de Gap, estant nécessaire y estre ponrveu, pour l'indemp- nitô de la république de lad* ville de Qap, ont dit... à M" Benoit Ollier, docteur es droictz, conseillier du Roy et juge royal présidial des montaignes au siège et bail- liage de Gap, etEynard Gaultier, aussi docteur es droictz, juge ordinaire dud. Gap pour Mgr l'évesque et seigneur temporel dud. Gap, !A présens et estans séparés des dessus nommés, à raison de la suspeçon de lad* contagion de peste, et retirés hors lad' ville de Gap, avesques les- quelz, et en leur compagnie, estoyent aussi M"' Claude Armand, procureur du Roy au siège de Gap, et Esperit Girard, docteur, procureur d'ofSce de mond. sgr de Gap, M* Jean Girard, procureur de Gap, et Guilh. Arnaud- Callier : comme en lad« ville seroit de besojng, requis et nécessaire que lesd. s" vibailly et juge, magistrats dans icelle, prouveussent de lieutenans en leurs lieux et places, idoynes et soufSsans pour contenir les mallîns larrons et aultres gens rebelles ; lesquelz, estant de présant lad* ville destituée desd. magiatratz ou bien de lieutenans ydoynes et qui soyent crains et redoubtés, ilz creignent et se doub- lent qu'ilz ne voilent les maisons, commettent désor- dres*. Baudon Rostaing, qui a été pourvu lieutenant du juge ordinaire, est vieux et ne peut s'occuper de ses fonctions, mesme il le faut nourrir et entretenir dans sa maison ». Ce dernier est remplacé par Honoré Armand, notaire et congreffier, avec les plus amples pouvoirs. Tém. Jacq. Brutinel, religieux de Remette, et Elzéar Lagier, consul de Tallard. Led. jour (17 oct.), sont nommés procureurs de la communauté de Gap, Jean Gérard, Guil. Gatlier et Pierre Queyrel, « expressément aux fins de poursuyvre la saysie de bled, pour secourir la commune, pressée de peste, le recepvoir, en faire acquitz, le faire charrier et vendre, paier le charroy, le remettre aux mains de ceulx qui seront commis et d'eu retirer d'eulx descharge ». De plus, « ont fait consul M' de Flan- dria,... pour... se retirer dans la ville, penser les mallades

D.g.tzedbyGoOt^lC

on ANNALES DES ALPEg.

de toutes malladies ; luy ont ordonné 30 e3cu3 pour moys pour son en troténe tuent. M. le vibailly l'a faict son lieu- tonent, liiy donant tout pouvoir, et de se fère, vocato uno vei duobns in jure peritos, maxime tn negocîis arduis', et de poix. ».

Autre document , du 31 octobre 15fô : « A La Bas- tie-Neuirve, dans le cbasteau et la garde robe tenant à la salle peinte ». Quittance de 30 écus donnée à Oaspar Buysson, docteur, avocat, n premier consul de la ville de Gap », suivant délibération prise, la veille, par les dispu- tés de la ville, réunis a hors et lez le présent lieu de La Basile », par « M" Piarre Garcin, médecin , de Vars, diocèse d'Ambrun, habitant à Cogni. mandé et qui seroit venu pour secourir sur la contagion de la peste, estant, comme dict est, à présent par le vouloir et permission de N- S. aud. Gap, et qui auroit demeuré vingt ou vingt- cinq jours à Romète, atendant d'estre retenu, et cepen- dant, auroit preste son œuvre et médiquementz à quelques ungz qu'il dict avoir pour roolle, et n'estant d'acord, ne opignion lesd. de Oap le retenir plus, ains le congédier pour maintenant... Et, néantmoins, led. W Garcin, si à l'advenir lad» ville et communaulté de Gap avoit besoing de son ayde et œuvre pour lad* peste, {que Dieu par sa miséricorde veuibo apaiser et fore cesser,) qu'il s'offre, en luy satisfaisant, de leur donner et prester lad« ayde et œuvre de son pouvoir et en tout ce que Dieu luy aura donné le sçavoir ». Tém. Claude du Masel, not. de Tallard, et sire Jacq. Marcelhe, marchand de Serres.

(Archive» des Ilautti-Alpes, G. 1590).

PARFUMSdits « estouffé » et « de santé », pour

les meubles, maisons et personnes infectées, et manière

de les administrer. (Vers 1630).

Comme complément aux détails qui précèdent et à titre de curio^iit/', nous transcrivons ci-dossous deux recettes que nous avons rencontrées dans les Archives de l'hôpital

D.g.tzedbyGoOt^lC

PARFUMS DE 1630 ENVIRON.

91

de Gap (E, prov. 118). Elles sont sans date et sans nom d'auteur ; mais, d'après l'écriture et les documents aux- quels elles sont jointes, nous pensons qu'elles datent de 1630 environ, époque célèbre dana l'histoire de notre région par la peste qui la désola.

Ordre du Parfum, dit Estouffé,

pour les meubles et maisons infectés.

Dose, 100.

Premièremant, du son, , Résine

Graine de genèvre. . Ellébore

Mirrhe

Iris de Florence

Ladanum d'Espagne

Cinabre

Orpigment

Antimoyne creu

Giperus rond 4

Aristolochia 4

Cumin 3

Zimzimbre 3

Poivre 2

Calamus aromaticus 3

Origan 4

Farine 6

Riagal 3

Sublimé 2

Arsenic 2

Ordre du Parfum,- dit de Santé,

pour les personnes infectées.

Dose poub 100.

Du son 25

Résine 18

Soulfre 18

Graine de genèvre 15

Ellébore blanc , 6

Mirrhe

Iris de Florance

Ladaunum de barbe .

Beiyoin

Farine

Storax

Aoix

Giperus rond 4

Aristolochia ronde 3

Zùnzimbre 4

Poyvre 3

Calamus aromaticus 3

Scavisson 3

Fleur de lavande 2

Fleur de sauge 2

Stecas arable 2

Giroffle 6

Canelle, .

D.g.tzedbyGoOt^lC

02 ANNALEB DKS ALPES.

Forme d'administrer les parfums susdits. Premièremant, faut pulvériser les drogues et en com- pozer le parfum, par un meslange proportionné.

Apprès, cellon la grandeur des chambres, dresser un ou deux rolleaiix, de foin, de la hauteur de quatre doigtz. semer au-dessus une poignée du parfum, couvrir le tout de rechef aveq un peu de foin, asperger le dessus aveq du vinaigre ou bon vin, et, ensuitte, haussant ce rolleau, aveq un bastou, y mettre le feu de tout cottes ; avoir au préalable soigneusement fermé les portes et fenestres ; ouvert les coffres et armoires, et dressé sur des perches les meubles infects, voyre les mattellas et les coytres, sans les rompre ou laver, prouveu que le mailade ne les ayt sallis. Et suffit que la fumée fasse son effect, du soir au matin, ou du matin au soir, car, après cella, on peut fréquenter en assurance la maison auparavant infecte.

S'il est question de parfumer les personnes, suspectz ou convalescentes : neuf jours après la playe consolidée, il faut dresser un roulleau de foin, comme dessus, dans un lieu bien fermé, et se servir, à ceste ocazion, du parfum de santé, souffrant la fumée au moiugs une hure, sans autre forme de quarantaine.

Parfums très suaves et quy ne gastent rien , proveu qu'ilz soyent Jidellement administrés.

Faut prendre garde de sortir du lieu le parfum estouffé sera administr*^, eu mesme temps que le feu y aura este mis, à cauze des poysons quy entrent en la composition, la fumée desquels seroit mortelle.

(Arch. de Thôpital da Gap, E. pro'. H8).

CORRESPONDANCE.

M. de Saint-Genis, directeur des Annales de VEnre- gistrement , nous adresse la lettre suivante. Nous l'accueillons avec empressement et gratitude, non seule- ment parce qu'elle corrige une erreur de fait , mais

D.g.tzedbyGoOt^lc

CORRESPONDANCE. 93

sartout parce qu'elle nous annoDce la prochaine publica- tion des Mémoires origioauz de M. de Saint-Genis, ancien maire d'Upaix, sur le passage de Napoléon à Gap en 1815 et nous apporte de précieux détails sur la famille gapen- çaise Flour de Saint-Genis. G. P.

Ch&teau do La Rochelle, par Samur (Côtc-d'Or], le 19 aoûl 1897.

Monsieur le Rédacteur en chef des Annales des

Alpes.

Permettez-moi de vous signaler une erreur qui s'est glissée dans l'un des articles de la l" livraison [juillet- août 1897} des Annales des Alpes, publication digne d'ailleurs de nos plus vives et plus persistantes sympa- thies, en Dauphiné et ailleurs.

A la page 7, vous publiez un extrait des Mémoires de Jean Faure sur le Passaoe de Napoléon à Gap en 1815. Dans les notes 1 de la page 12, 1 de la page 16, 2 de la page 17, 1 de la page 19 et 4 de la page â5, 11 est fait allu- sion au récit d'un témoin oculaire, acteur lui-mome dans ces événements, récit que rapporte partiellement M. de Ladoucette dans son Histoire des Haiites- Alpes.

Le nom de ce témoin est orthographié chaque fois SalrU-Gentés, tandis qu'il s'agit de M. de Saint-Genis, ancien officier de cavalerie à l'armée d'Italie sous la République, et maire d'Upaix, pendant douze ans, sous l'Empire.

La faute d'impression commise par l'imprimeur de M. de Ladoucette et reproduite par votre nouvelle publi- cation sans observation recti^cative est d'autant plus regrettable qu'elle ne peut être soupçonnée par la majeure partie des lecteurs. Elle parait invraisemblable, M. de Saint-Genis ayant été personnellement connu pendant qu'il était maire de son préfet, M. de Ladoucette, et de M. Faure lui-même, auteur des Mémoires, qui put le voir, chez le préfet Harmand, dans la matinée du dimanche 5 mars 1815.

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94 ANNALES DES ALPES.

Cette erreur de nom, si elle continuait à se transmettre et à s'accréditer par la publicité de votre Revue et l'auto- rité de vos annotations personnelles, dépayserait nos compatriotes, aussi hien que les historiens d'aujourd'hui, fort attachés, et à bon droit, à la parfaite exactitude des plus petits détails. Il est donc nécessaire de la rectifier.

Cette rectification vous paraîtra sans doute d'autant plus urgente, dans l'intérêt de la vérité historique dont vous êtes l'un des plus éminents champions, que Je vais publier dans la Revue politique et parlementaire du 1"' novem- bre 1897, le manuscrit original et encore inédit, malgré quelques emprunts trop arrangés, de mon oncle, M. Fiour de Saînt-Genis, pour la partie qui raconte les différents épisodes de la journée du dimanche 5 mars 1815. C'est la seule journée que les historiens du retour de l'ite d'Elbe aient ignorée, faute de détails précis, y compris M. Henry Iloussaye, le plus récent, le mieux documenté et le plus impartial de tous.

Détail à noter, tandis que M. de Saint-Oenis, maire d'Upaix, conduisait les paysans de sa commune au devant de l'Empereur aux cris de: Vivelanationl son plus jeune frère, lieutenant à Grenoble et of^cier d'ordonnance du général Marchand, et très royaliste d'après M. Houssaye, défendait les remparts et cherchait, sans succès, à répri- mer l'enthousiasme de ses artilleurs.

Il n'y avait que des Saint-Genis, et je réclame, au nom de ma familie.dont, l'autre jour, je représentais offi- ciellement à Grenoble le souvenir, comme seul descendant de Flour de Saint Genis*), député du Gapençais aux États de Vizflle en 1788.

Je vous prie d'agréer. Monsieur le Rédacteur en chef, l'expression de mes meilleurs et plus distingués senti- ments.

DE St-OENIS.

<] St-Qenis le dégoula est une commane du cbdIoq de Serres, arron- dJESemeat de Oap, qui disparaît par la dépopulation, me dil-OD, en t«Dt qu'unité muDicipale. 11 us Taut paa la. conrondre avec le Sainl-Geniet dépend ADt du canton de Sisteroo.

Digilzedt.GoOgle

CHRONIQ.UE ET VARIÉTÉS

Don d'une inscription par M, J. Romieu.

M. Jules RouiBU, propriétaire à La Bâtie-Moatsaléon, le 4 sept. 1897, a fait don au Miisf^e archéologique dépar- temental, installé à la Préfecture, d'un fragment d'ins- cription, ainsi conçue : ECTOSAG.

Ces quelques lettres se lisent sur la trancbe d'une dalle en calcaire bleu, provenant des carrières du Pont- la-Barque (entre La Bâtie-MonLsaléon et Sigottier), brisée à gauche et dont les dimensions sont les suivantes : long., 0.28 c.;larg., 0,29 c; haut-, 0,11 c.

Ce curieux fragment doit, probablement, être lu ainsi : ÏECTOSAOMS (cf. S«H. Soc. d' Étud.,i^2, ç. 1T7, eti883, p. 20). Il fait songer aux Volciv Tectosages , peuplade d'origine beige , qui, au IV siècle avant J.-C, se fixa près de la Méditerranée, sur la rive droite du Rhône, surtout aux environs de Narbonne.

Sauvegarde du dauphin Guioues en fa^ub de Draqonet

DE MONTAUBAN, ÉVÈQUE DE GAP {1328-1349).

« Lettres et mandement du sei^ prince daufin, en faveur du seig'' évesque de Gap, contre le châtelain de Sainct-Bonnet, de ne le troubler en la jurisdiction spirituelle ».

Prieuré de Romette, 34 février 1328/9.

Guigo, dalphinus Viennensis, Albonis cornes, dominus- que de Turre, dilectisnostris.. Baylivo et.. Judici nostris in Vapincesio, ac castellano Sancti Boniti et ceteris offî- cialibus nostris, lam presentibus quam futuris, sahitem et gratiam cum bona voluntate. Ex sinceritatis affectu quem

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96 ANNALES DES ALPES.

ad personam nostratn revereodus in Xpisto pater dom» Dragonetus, Dei gratia Vapincensîs epîscopus, consiliarius etfidelisnoster, facit etopereiocessanter habere ostendit, merito înducîmurut ipse, quem ampliori et spécial! dilec- tionis et gratie prerogativa prosequimur, ex iade Dostris beneficiis attoUatur. Hinc est quod, cum nobis gratum ezsistat dictuin dom" episcopum, ejusque Vapinceasem ecclesiam secure liberalitatis sic obtinere gratiam, ut DuUum in personis aut rebus sibi et dicte sue ecclesieiu- mineat nocumeutura, Tobis et vestronim cuilibet, sob obtentu nostre henivolentie, districteprecipimus et manda- musquatenus dictum dom" episcopum, ejusque ecclesiam favoris et gratie speciali privilégie prosequentes, a quibus- cunque gravaminibus in personis seu rebus, sibi sueqne ecclesie quolibet inferendis per vos et Yobis subditos curetis effectualiter abstinere. Et si expédions fuerit, contra eum, ejusque ecclesiam gravamina facientibus, totis viribus resistatis, conventiones habitas et initas inter nos et predecessores nostros, dalpliinos Viennenses, et Vapincensem ecclesiam inviulabiliter observantes. Vobis insuper districtius injungeates, ut quoscumque ad forum ecclesiasticum in causis spiritualibus et ad ipsum forum spectantibus volentes recurere, ipsos libère et absque contradictione aliqua recurere permitatis , non obs- tantibus quihuscumque preconizationibus per vestram curiam in conlrarium editis sive factis. Nos enim présentes IJtteras in testimonium premissorum concediinuB, sigîHi nostri pendentls munimine roboratas. Datum in prioratu de Rometa, die xxiiij mensis febroarii, anno Domini M" CGC" XX" octavo.

Orig., parch-, de 15 lig. 1/4. Au bas, sur double queoe, fragment de scoBu roDd, en cire rouge:,.. VIEN... Au dos : Factum exemplum (\iv' s']. Pro juriidictione îpii-iluali (xiv" a»). Non proiucatur (iv* s"). Golé, D9 X, 18. (Arch. dos Utes-Alpca, Q. tSOE).

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CHRONIQUE ET VAHIOTES. 97

repûmte de deux cloches de Tallard, en J460.

Promesse, par Henri des Champs et Guillaume Faure, syndics de TaUard, à Henri Veyret, maître fondeur de cloches de Gap, de 7 florins, 8 gros, sur les 27 florins ij2, qu'il avait gagnés pour refondre deux cloches de Tallard.

In nomme Domini uostri Jesu Ghristi, amen. Anno incarnatiouis ejusdem Domini miltesimo quaterceatesimo sezagesimo, et die prima mensis aprilis, tenore liujus veri presentis publicî instrumenti, noverint universi et singuli, présentes et futuri, quod, cum hoQorabiles yiri Henricus de Campis et Ouillelmus Fabri, sindici et procuratores unirersitatis Tallardi, una cum consilio et deliberatione nobiLum et bonorabilium yirorum domiiii Ciegorii Maynerli, jurisperiti, Alzearii Campisauri, Francisci Platelll, Renati Benaonis, Anthonii Fabri, Guillelmi Lom- bardi, consiliariorum dicte imiverBitatis ; ad reâclendum, faciendum et extruendum d[ua3] campanas, que erant fracte in campanali ecclesie dicti loci ; m[agistro] Henrico Veyreti, babitatori Vapiense (sic), et pro labore dicti magistri Henrici, dicti sindici, videlicet, darepromiserunt, pro ejus sallario et labore, viginti septem florenos, cum dymidio ; cum pactis in inatrumento super boc facto conteutis, sumpto per me notarium subscriptum. Quas campanas dictus magister Henricus Veyreti refecit et costruxit, et illas dictis sindicis p[resen]tavit. Hinc est et fuit, quod dicti honoraiiles viri Henricus de Campis et Guillelmus Fabri, sindici et procuratores unirersitatis Tallardi supra nominati, gratis et sponte, nomine sindica- rio et procuratorio ipsius universitatis Tallardi, confessi fuerunt debere et solvere teneri... Henrico Veyrelipre- dicto, stipulanti solempniter et recipienti, pro se et suis, causa reste dlctomm viginti septem âorenorumcumdymi-

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98 ANNALES DES ALPES.

dio, septem âorenos et octo grossos. Quos septem âorenos et octo grosses, ex causa pretnissa debitos, et Henricus de Campis et Ouillelmus Fabri, sindici et procuratores predicti, dare et soïvere promiseruut... Actum Talardi, in aula doniQs mey notarii subscripti, preseatibus Anthonio Margariti, Johanne Borelli, Polas Bertrando, de Briseriis, AntbonioVacbeetJacobo Lagerii, testibus... EtmeOIaudio Suavis, publico notario de Talardo, auctorîtate regia in comitatibus Provincie et Forcalquerii constituto...

Orig. (Arch. des Htes-Alpes, O. parcb. 174].

Les digues contre le Bcech et le comtk de Ruffo,

EN 1777.

Je soussigné déclare avoir pris lecture et communica- tion des plans et devis, et détails estimatifs qui ont été dressés par M. Jobard, sous-ingénieur des Ponts et Chaussées, le 18 décembre 1776, des ouvrages à faire contre le Buëch, pour la conservation des moulins d'Oze et du territoire de La Rie ') ; lesquels plans, devis et détail ont été faits ensuite de l'ordonnance de M. l'Inten- dant du 14 septembre 1775, rendue sur la requette par moy présentée pour obtenir lesdits ouvrages, consentant que l'adjudication en soit passée, aux formes ordinaires, à celui qui fera la condition meilleure, pour être exécutés ainsi et suivant qu'ils sont portés au devis, et me sou- mettant à payer la moitié du prix auquel ils seront adjugés , sur les ordonnances qui seront délivrées par M. l'Intendant, à fur et mesure de l'avancement des ouvrages, à condition que l'autre moitié sera palée de même, en vertu des ordonnances de M. l'Intendant, sur les fonds de l'imposition faite sur la province pour venir

1) On Lario, aujourd'hui Chabestan, corn* da cautoa de Vajnes (Htes- Alpes).

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CHSOKIQUE ET VARIETES. 99

au secours des communautés et particuliers qui font exécuter de ces sortes d'ouvrages. A Paris, ce 19 avril i777.

RuFFO, DES Comtes de la Ric').

Origtaal, papier (^rcA. des Hautes-Alpei, sârie C. U).

Lettre de recommandation en faveur du prieur de

MoNTJAi, PAR Georges d'Armagnac, cardinal.

Archevêque d Avignon, à Pierre Paparm de Chaumont,

évêque de Gap [1572-1600).

Avignon, 19 octobre 1581,

Monsieur, Monsieur l'évesque de Gap. Monsieur, Geste-cy sera pour vous prier bien affectueu- sement vouloir avoir en vostre protection et recomman- dation le prieur de Montjay*],pourraisondesonbénerQce, qui est en vostre diocèse, et autres ses occureoces il aura besoiug de vostre auctorité et faveur, dont il vous plaira le faire ressentir, aultant que le debvoir le pourra permettre, ne fust qu'en contemplation de ma prière, que je vous fais de tant plus voluntiers que led. prieur est de mes bien affectionnez serviteurs. Et j'en prendrayma

■) Aleiaadre Louis-Gabriel Ru/fo oa de Rvffo, comte do Laric, baron d'Oze et Sl-Auban, colontl en secood du régiment provincial Corse le IS mars 1T79. Il s'était retirii du service avec le grade do colonel d'infanterie, et, en 1786, ail cullirait ses terres >. Le 30 oct. 1791, des menaces furent proférées contre lui par sept habitants de St- Auban-d'Ozo, qui lui réclamaient le prix des chèvres saisies depuis 85 aas i^inodt révol., 1395, p. 14). Le 15 nov. 1793, il habitait, a Gap, la u cj-dcvant maison du Qouveroemeat », et fut arrêté, par ordre du représentant Beauchamp, comme noble, o'ajant douud aucune preuve de civisme, oi d'attachement à la Révolutiou t [L. 936). Grice aux certiQcats de la muuicipalilâ de Chabostau, attestant les dons qu'il avait faits, et après un an d^ détention, le IS nov. 1794, il fut mis « provi- soirement 1 en liberté par le représentant Gaulbîcr. Quelques jours après (le 33 déc. 1794), il demandait un Hitrait du «verbal de rémission de son argenterie (Le 934<, 38).

*) Probablement Honoré Kiannèi, chanoine de Villeneuve-Us- Avignon [et. Inventaire, série G. 1. 11, p. 473).

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100

ANNALES DES ALPES.

revanche es eadroictz voua me Touidrez employer, d'aussi bon cueur que je m'en viens vous recommander moy-mesme à vostre bonne grâce et prier Dieu vous donner. Monsieur, en bonne santé, heureuse et lon^e vie. D'Avignon le xix d'octobre 1581.

Vostre bon frère et parfaict amy, G. Cabd. d'Armaignac.

Orig., papier, Z feuillets in-P>. Au dos : csrdiDBl Georges d'Armagnac, arche v^ue (Arch. E.'A., 0, lOîl).

cachet plaqué sni armes du r Avignon, 1577, + 25 jnil. 1585

Manuscrits de m. Victor Advielle.

M. Victor Advielle vient de Taire don à la bibliotlièque d'Arras de sa collection de manuscrits eu toutes langues, composée d'environ neuf cents volumes. Nous savons que dans ce don ne sont point compris les manuscrits et documents sur le Dauphiné, qu'il destine peut-être à un un autre dép6t.

Don aux ARanvEs des Hautes-Alpes. Le 11 mai 1897, M. Gabriel, conseiller d'arrondissement à Salérans, a transmis, aux Archives départementales, une caisse de vieilles minutes, qui, au classement, ont produit lt> articles, de 1520 à 1793 ; en voici le détail : Dupuy, Jean-Baptiste, notaire de

Barret-Ie-Bas 1651-1053 1 article

Charras, Jean-Baptiste, notaire

d'Éourres 1725-1750 4

Gabriel, Dominique, notaire de

Salérans 1787-1792 I

Actes divers, en liasses 1520-1793 11

Total 16 articles

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FORMATION ET ORGANISATION

DU

DÉPARTEMENT DES HAUTES - ALPES, 7 maTs-2 aoat 1790.

L'Assemblée Constituante décréta, le 11 aov. 1789, la division de la France en Départements. Son décret fut sanctionné par Louis XVI, le 15 janv. 1790. Les commis- saires nommés par le Roi, à Paris, le 7 mars suivant, pour « ta formation et l'établissement dît département des Haules-Alpes et des districts quiendéperident ». liireut:

Pour le Gapeïiçais, M. de Labastie ;

Pour le Briançonnais, le chevalier de Mépîeu ;

Pour VEmbrunais, le mariiuis de Savines.

Un mot, d'abord, sur cliacun des commissaires.

Jean-Jacques de Labastie, avocat du Roi au bailliage de Gap, y était leS8 févr. 1754 de Jacques, également avocat du Roi (f le 25 août 1793, à 78 ans), et de Susaone Laffrey. Il s'occupa très activement de l'organisation du département des Hautes-Alpes et de rétablissement des nouvelles municipalités ; prit une pari considérable à l'assemblée électorale de Chorges (du 4 au 12 juil. 1790) ; devint, peu après, président du tribunal criminel des Hautes-Alpes ; fut élu, le 29 août 1791, député k l'Assem- blée législative, avec Claude-Simon Amat, de Rihiers, Joseph Dongois, d'Embrun, Guillaume Ferrus, de Brian- (;<m, et Pierre-François Faure-Lacombe , de Tallard. Le 8 nov. 1795, il devint commissaire près le Directoire du département; le 7 sept. 1798, professeur d'histoire à rftcole centrale; le 1" Juin 1800. juge au Tribunal d'appel de Grenoble ; le 14 Juin 1804. membre de la Légion d'hon- neur, et, en 1811, couseiller ;i la Cour impériale de Gro- AsNALEs nEs Alpes, 1897 8

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102 ANNALES DES ALPKS.

noble. C'est dans cette ville que la mort le surprit le 24 févr. 1821.

Jean-Bapliste-Claude-Louis-Flocard oe Méi'ieu, origi- naire du diocèse de Belley, ancien capitaine aux grena- diers royaux, avait épousé Marianne Laugier, de Briançon. Il était cbevalier de l'ordre de St-Louis, depuis le 20 oct. 1752, et lieutenant-colonel en retraite, fixé à Briançon, quand, en 1700, il fut nommé commandant de la garde nationale de Briançon. Les événements qui suivirent l'obligèrent à remettre sa croix de chevalier de St-Louis, le 4 sept. 1793.

Victor-Amédée de La Font, marquis de Savînes, fils de Charles, colonel de dragons, et de PoIiTtène de Castel- lane, était le 18 mai 1739. Il devint, comme son père, colonel de dragons, puis maréchal de camp et gouverneur d'Embrun, litre qu'il avait encore en 1790. Nommé « com- missaire du Roi pour la formation et l'établissement du département des Hautes-Alpes » le 7 mars 1790, il était à Neucbâtel, en Suisse, le 10 avril, et à Grenoble, le 2 mai, époque il donna sa démission de commissaire. Le 20 déc. 1792, il fut porté sur la liste dfis émigrés des Hautes- Alpes [Almanach de 1793, p. 121). Rentré en Francevers 1801, il est mort sous la restauration, vers 1823. sans laisser d'héritier mâle de son nom.

Il avait été, en 1790, remplacé comme « commissaire du Roi 1, pour la formation du département, par Jean-Louis- Françoia Cressy, vibaiili d'Embrun (1779-90), seigneur de Pralong (1780-91), qui, en 1792, acheta la terre seigneu- riale des Crottes. Il vivait encore en 1798, ainsi que sa femme Marie-Madeleine-Hélène-Éléonore Colaud de La Satcette, allé d'Antoine-François et de Marie-Bonnet de Lâchai. Ils avaient, alors, un lils, ./osep/i, et deux filles, Margvierite- Emilie, qui épousa, le 29 sept. 1798, Gaspar- Aloîs-Edouard Tournu de Ventavon, et Marguerite, qui était mariée avec Jean-François Qautier.

Nous allons suivre les commissaires du Roi dans les diverses phases de leurs opérations, et énumérer, d'après leur correspondance et les documents de l'époque, les

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FORMATION DES HAUTES-ALPES, 103

incidents diver-i qui marquèrent ces opérations. Nous utiliserons aussi les nombreuses notes qu'avait recueillies, sur ce sujet, leu M. Jules Ghérias, avocat, uncien magis- trat, connu par divers travaux estimables sur l'iiistoire locale (t à Gap, le 18 avril 1880. à 75 ans} et dont la famille nous a gracieu^ment confié les manuscrits. Autant que .posssible nous citerons textuellement les documents, en les classant chronologiquement.

Parlons d'abord de la formaiion du département ; nous traiterons, «nsuite, de son organisation.

l. Formation du département des Hautes-Alpes.

La Commission du Roi, du 7 mars 1790, au clievalier de Mépieu, à M. de Labastie et au marquis de Savines, leur prescrivait de < faire convoquer les assemblr^es pour les élections, faire remplir toutes les conditions et formalités prescrites par les décrets de l'Assemblée nationale » des 15 janv., ly Qt26 févr. 1790, pour diviser « la France en 83 départements « , Elle les investissait, en outre, du pou- voir de « décider provisoirement toutes les difficultés qui vous seront déférées relativement à l'organisation et éta- blissement des nouvelles municipalités » (Embrun, l'imprim. de Pierre-François Moyse, imprimeur du Rïri,- ' 1790).

Le 14 mars 1790, de nouvelles instructions furent adressées par le Roi aux " Commissaires, nommés pour la formation des Assemblées primaires et des Assemblées administratives >.

Le 25 mars 1790, le cheV de Mépieu écrit, de Briançon, à son collègue Labastie, « avocat du Roi à Gap », qu'il se rendra, « le 19 d'avril prochain à Embrun, pour la fédé- ration du Département > ; puis, il ajoute : « Il est possible que cette époque fut on peu reculée pour notre opération, dont l'exécution paroit très instante pour le rétablissement de l'ordre dans toutes les parties de l'administration... J'ay, dans le voisinage, plusieurs commuuautf''s qui ne

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104 ANNALES uns ALPES.

sont point d'accord pour lears municipalités. J'auray recours à vos lumières pour les ramener dans la voye de l'uniOD ». Une parmi ces communautés a formé trois municipalités, et deux en ont formé deux chacune.

Le 7 avril 1790, M. de Mépieu voulait s'aboucher avec Lahastie pour s'entendre sur la manière de convoquer les « assemblées primaires et, ensuite, les assemblées d'admi- nistration pour les département et districts , . . . tout ensemble ou, du moins, de la même manière dans nos districts respectifs ».

Le 28 mars 1790, Savoye de Rotlin*], commissaire, à Grenoble, pour l'organisation du département de l'Isère, fait part à Labastie des difficultés qu'il éprouve, de son côté, pour la formation des districts, des cantons, etc. H II parait, dit-il, que notre travail le plus considérable et le plus pénible, sera la formation des cantons... Dans un moment l'esprit de parti divise toutes les classes et brise entre les hommes jusqu'aux, liens du sang, il me sera agréable de rencontrer un ancien ami, qui a suivi la même route que j'ai prise, Noos ne sommes pas encore lieureux, sans doute, mais nous sommes libres, et la liberté a tou- jours produit le bonheur ».

Le 30 mars 1790, Fatitin dés Odoards*) annonce. d'Em- brun, à Labastie que « les habitans des communautés de Quilleslre, Vars, Seillac, Risout, St-Clément, Mont-Dau-

') Jacques Fortunat Savoye^Rollin, h [Grenoble le 18 déc. ITM, mort k Paris, lo 31 juil. 1S£3, avocat géucral ou parlemeat sa 1780, plut tard dépubo, prétet, baron de l'Enipire, Ole. iRoclias, Biogr. du Dat^hini, t. Il, 397-S).

>) Étienac-Plorimond Faatin des Odoards, i Embrun, en 1745, mort en 1808, éUil fils do Jacques, do Briaoçoo, < offioior, garda d'ar- tillerie à Maut-Dauphia, pois subdÉlégué do l'inteadaDce à Poot-dc- BeauToisia et ea doroior lieu subdcUguék Embrun... Il succéda k son pire comme subdélégué de l'ioteodance à Embrun •. Il fut nommé, lo 2 eoAt 1790, administrateur du directoire des Hautes-Alpes ; on mars 179t, juge du tribunal de CBSEatiou, et, lo 13 avril 1798, membre du corps liigislolir dos Cinq-Cents. [Cf. A i-isl. Albert, lUo.-btbl. du Bria.i- çonnah. canton d'AtguUlas, 1S89, p. 22; Période RivoL, 1S95, p. i, 9,

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FORMATION DES HAUTES -ALPES. 105

piiin, St-Grépin, Réolier el Cliaucela, isiluées dans le haut Embrunois, ont déjà tenu leurs assemblées jirimaires et nommé leurs députés-électeurs ». Il lui adresse une copie du procès-verbal de l'assemblée tenue à Guillestre, les délibérations prises à Mont-Daupbin et à St-Grépin, étant rédigées dans la même forme. Ges communautés se sont décidées à se former en cantons, sans attendre des ordres ultérieurs. La Roche[-de-Rame] et L'Argenlière croient qu'elles feront partie du district de Briançon; Freissiniére en désire autant. Je n'écris pas à M. de Savine ; j'ignore son séjour actuel ».

Get arrangement fut rejeté, à Chorges, le 8 mai i790, « comme étant contraire à la répartitiou des cantons faite par MM. les Députés du Dauphiné à l'Assemblée natio- nale ». Le 34 mai, la municipalité d'Embrun demandait aussi au Ministre le rejet de cet arrangement, parce que, disait- elle, tout a été fait par les « inirigttes de M . Farilin ». Le 30 mai, l'assemblée de St-Glément désapprouva égale- ment l'assemblée de Guillestre, mais approuva la forma- tion des nouveaux cantons.

Le 7 avril 1790, le chev. de Mépieu écrit à Labasiie, alors à Ghorges, et lui répète, à peu de choses près, ce qu'il lui avait le 35 mars ; il lui donne rendez-vous à Embrun, chez le Doyen du Ghapitre'), pour le 19 avril.

Le 13 avril 1790, de Briançon, le chev. de Mépieu accuse réception à Labastie de la lettre par laquelle il lui annonçait qu'il avait reçu du Ministre une caisse « conte- nant la Carie et le Procès-verbal de démarcation des limites du département des ITautes-Alpes ». Parmi les

<) Aodré-Joscph Bertrand du Serre, le IS ocl. ITtî, cbaaoïne d'Embmn pondant près de 80 aos (1731-91), sacristsin la métropole (n&l-Bll, fut nomme doyen du chapitre i la mort d'André do Plan de Beaumelle(19 fdvr. 17g9). Le 4 mars 1791, il avait 76 ans et était acca- blé d'iafirmités, inséparables d'un âgo aussi avancé a. Il avait alors k peine de quoi vivre. Le 21 jan». 1794, il reçut à Erobrua un corliflcat ils cirisme. Il s'y trouvait encore le 8 germ. an 6 (28 mars 1798), et jouis- sait alors d'une pension de 1.000 1. Il Tut le dernier doven du chapitre métropoIitaiD d'Embrun.

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10() ANNALES DES Al.PES.

cimmunautés étrangères au Rriançonnais, * il n'y a que celles du V illard -d'Arène, La Grave, L'Argentière et La Rocbe, qui ont envie, ainsi que Freissinière, d'entrer dans ce district » (ne Briançon). U ignore est M. de Savines (le 10 avril il était à Neuchâtel, et engageait, lui aussi, Labaslie à commencer les opérations). Il lui donne, de nouveau, rendez-vous, pour le 19 avril, à Embrun, cliez < M. Bertrand, doyen du cbapitre de la métropolle >.

Le 20 avril 1790, La Tour du Pin') écrit, de Paris, que l'absence de M. de Savines ne devait pas empêcher le chev. de Mépieu et M. de Labastie de s'occuper de leur mission.

De son côté, « le Comité ecclésiastique de l'Assemblée nationale », le 30 avril suivant, demandait aux deux commissaires susdits de lui faire connaître les noms des députés du département, à peine élus.

La Carte du département des Hautes- Alpes, envoyée en avril 1790, se conserve en original aux archives dépar- tementales, à Gap, mais gravement détériorée. Elle mesure l^SO de hauteur sur 3'°23 de largeur.

Dans un angle, elle contient ces mots : * Nous commis- saires soussignés certifions que ta présente carte est l'une de celles déposées au comiiié de constitutions, déposée... par tes [députés pour la formation et l'établts- sement] du département des Hautes-Alpes, conformé- Dientau décret du [11 novembre] 1789.

(Signés :) Bureaux du Picoy, commissaire. ~ Gossin , commissaire. De Tirion , commissaire. Albert ? du

BOCHET.

Vu et approuvé au Conseil d'État de Sa Majesté (ces trois mots sont rayés), et signé par son ordre. La Tour du Pin.

') Jcan-Frédcrlc La Toui'-du-Pîn Gouvernrt, comte de Paulin, minislre de la su^rre (4 at.ût ITSU-IR nov. 1790), à Grenoblo lu K murs 17^, cuiulainDii à mort pnr lo Irihunal révolulionnaire él «iécul« !,■ mémo jour (28 avril ITSUi, H l'sm, nvec snii frire Philippe- An) oine, le coiuto d'Eflaiu^' et le duc da Villcrov (.\d. Rochas, op. cit., !I, 35-6),

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FOKMATION DES HAUTES-ALPES 107

Plus haut, quelques autres signatures, la plupart à peine lisibles ; l'abbé de S. Alban. Langon. Colaud DE La Salcbttb. Barnave. Arnaud de Montfoht. Revol. Blancabd. De Delley d'Agier. Grand- Champroi;bt, et deux autres indéchifli"ables (peut-être Chbynet et De Lacour).

Voici quelques notes biographiques sur ces derniers personnages, tous députés du Dauphiné aux États géné- raux.

L'abbé de S(-Alùan était doyen de l'église de Vienne en 1789.

Le marquis de Langon (Nicolas-François), ancien maré- chal de camp, était à Grenoble le 5 mars 1742 ; il mou- rut durant l'émigration.

Jacques-Bernardin Colaiid de La Salcette appartenait à une famille Briançonnaise. Il était le 23 déc. 1733 et mourut d'apoplexie en 1796. Il fut d'abord chanoine de Die, puis député aux États généraux {5 janv. 1789), à la Convention (9 sept. 1792) et aux Cinq-Cents, pour lei Hautes-Alpes {23 vend, an 4).

Antoine-Pierre-Joseph-Marie Bammx, à Grenoble le 22 oct, 1761, mort sur l'échafaud à Paris le 29 nov. 1793, occupa une grande place à l'Assemblée constituante ; d'abord patriote ardent, il se fit le défenseur de la famille royale après le retour de Varennes (22 juin 1791), ce qui causa sa perte

Louis-Antoine-François Bertrand de Montfort, le 3 déc. 1739, au Buis, il mourut le 8 mars 1821, fut succes- sivement vibailli des Baronnies (1770), député (1789), juge au tribunal de Valence et anobli, le 6 sept. 1814, par Louis XVIIL

Pierre Revol, à L'AIbenc (Isère), le 10 avril 1748, mort à Grenoble le 22 sept. 1811, avocat, puis député et enfln juge à la Cour d'appel de Grenoble- Gui Blancard, propriétaire à Loriol (Drôme), vers 1740, mort le 18 juin 1816.

Claude- Pierre de Delay d'Agîer, à Romans le 25 déc. 1750, mort à Bourg-de-Péage le 4 août 1827, était maire

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103 ANNALES DKS ALPES. ,

do Romans en 17S8 ; il devint député eo 1790, fut membre des Cinq-Cents et du Sénat conservateur (1800), comte de l'Empire et pair de France (1814).

Enfin, Raymond Grand de Champrouet était à Briançon le 20 nov. 1740. Il fut maire de Briançon en 1786, assista à l'assemblée de Vizille (1788), fut nommé député suppléant aus États généraux, il remplaça (SOdéc. 1789) Monnier df^missionnaire, devint président du tribunal civil et criminel des Hautes-Alpes, juge du même tribunal (1800). La date desa mort m'est inconnue'). Suivant le procès-verbal de la Députation du Dauphiné, le département de Y Est- Dauphiné (Hautes-Alpesj, fut partagé en 4 districts : Briançon, Embrun, Gap et Serres, et en 39 cantons :

Le district -de Briançon, avait 9 cantons et 25 municipa- lités ; Lo district d'fînj^Tun, 10 cantons et 40 municipalités ; Le district de Gap 13 cantons et 62 municipalités ; Le district de Serï-es, 7 cantons et 57 municipalités. Les 0 cantons du district de Briançon étaient ; La Grave, Lo Monétier, Val-des-Prés^), Briançon, Villar~St-Pan- crace, Vallouise, L'Argentière, Abriès, Ville-Vieille.

Les 10 cantons du district d'Kmbrun : Mont-Dauphin, Guillestre, St'Clément, Embrun, Baratier, Savines, Chorges, Orcières, St-ÉHenne-d'Avançon, Remollon.

Les 13 cantons du district de Gap : Veynes, St-Étienne- en-DévoIuy, La Roche, Gap, Tallard, La Saulce, La Bâtie- Neuve, St-Jullen-en-Champsaur, Chabottes, St-Bonnet, St-Kusèbe, St-FirmÏB, Monètier-tT Ambel.

Les 7 cantons du district de Serres ; Serres, Aspres-les- Veynes, Laragne, Ribiers, Orpierre, Sl-André-de-Rosans, Montmorîn.

M Vo;. Ad. Rochas, Biographie du Dauphiné, 1856-60, 2 vol., paiiim,' Arial. Albert, Rio.-bibliogr. du /JWonfonnaû, 1885, otc.

3] Nous faisons inipriini'i- eu ïtaliquf, les noms des cantons qui, lors de U Douvollo oi'Kaaisation des départmueats, en l'an B (1800), ont été supprimés. Le cauLon de Ban^onnnlta n ôt'<^ ajouté au déiiarlemeat

Digilzedt.GoOgle

FORMATION DES HAUTES-ALPES. 109

Le 17 juil. 1790, on écrit, de Paris, ^ue quelques com- munes ont été comprises « par mégarde, sans doute, dans l'Isère •>. Il s'agissait, évidemment, du canton du Monêder-d'Ambel, rattaché d'abord aux Hautes-Alpes, mais, qui, de fait, est resté au département de l'Isère.

D'après la Carte susdite et le procès-verbal de la Dépu- talion de Dauphlné, le département de VEst-Dauphiné {Hautes -Alpes) était ainsi divisé ; il renfermait le nombre toial de 22.384 citoyens actifs et de 233 électeurs :

DISTRICTS

GANTONS

)itiiidp»li>is

CITOyEKS

ÉLECIEUBS

Briançon

Embrun. .

9 10 12

7

25 40 62

57

5.539 5.786 7.145 4.414

56 50 73

45

Serres.

Totaux, 4...

38

184 1 22.884

233

Le 29 avril 1790, le Ministre envoie aux « Commissai- res du Roi au département des ffatUes-Alpes» iiï\ers documents très importants :

1" Lettres patentes du Roi sur les décrets de l'Assemblée nationale des 11 et 20 avril 1790 :

a. qui confient aux Administrateurs du Département et des Districts l'administration des biens déclarés à la dis- position de la Nation ;

b. qui portent qu'à compter du l" janvier dernier le traitement des ecclésiastiques sera payée en argent ;

c. qui règlent la suppression des dimes à compter du 1" janvier prochain et le mode de leur perception jusqu'à celte époque ;

d. qui déclarent que, dans l'état des dépenses publiques de chaque année, il sera porté une somme suffisante pour fournir aux frais du culte de la Religion catholique ;

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110 ANNALES DES ALPES.

e. qui prescrivent ua InvetUnire du mobilier et des titres dépendants des bénéfices, dans le cas il n'aurait pas était fait en vertu des décrets antérieurs.

2" Des exemplaires des lettres patentes du Roi sur les décrets du 17 avril 1790, concernant :

a. la dette du Clergé ;

b. la circulation des assignats et, en attendant leur fabrication, des billets de.la Caisse d'escompte ;

c. ie versement, dans la Caisse de l'Extraordinaire, dn revenu des Domaines nationaux.

Le 2 mai 1790, La Tour-du-Pin demande, de Paris, « des exemplaires et copies des procès -verbaux de division du département des Hautes-Alpes en districts et en can- tons ».

Le 2 mai 1790, le marquis de Savines annonce à Labas- tîe qu'il est «incommodé» à Grenoble, et qu'il a été aobUgé de donner sa démission » de Commissaire. Il l'engage encore à a commencer » ses opérations avec M.|de Mépieu.

Le 3 mai 1700, M. de Mépieu se plaint de « l'indolence ou désobéissance •> des muoicipalilés du Briançonnais à envoyer les ■< listes des citoyens ». II ira prêter serment à Cliorges. le jeudi 6 ou vendredi 7 mai, avec M. de Labastie, espérant y trouver aussi M. de Savine.

Le 7 mai 1790, M. de Mépieu envoie, de Cliorges, un exprès à Gap, pour prier M. de Labastie de se rendre, ce jour même, à Cliorges : « Nous prêterons, demain matin, notre serment, et nous conviendrons de l'époque pour nos Assemblées primaires, peut-être aussi pour celle du Département, ai vous le jugiés à propos. L'on m'a dit en passant le bac, à Savinne, que M. le M'' de Savine était attendu ce soir ou demain ».

Le 8 mai 1790, samedi, à Chorges, prestation par MM. de Mépieu et Labastie du « serment civique, devant la municipalité de Gborges ». Leur Commission, sur parchemin, et le serment par eux' prêté sont enregistrés au Registres des délibérations de Clioiges. Il est convenu que M. de Mépieu l'era imprimer, à 210 exemplaires, à Embrun, chez P.-F. Moyse, la circulaire aux municipalités,

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FORMATION DES HAUTES- A yES. 111

afin d'avoir, à double, la liste des « citoyens actifs de chaque municipalité ». M. de Labaatie, de son côté, fera imprimer à Grenoble, chez Cuchet, 200 exemplaires du piacard < dont il est question dans une lettre de M. de Lambert et relative aux lettres patentes du Roi qui leur ont été envoyées le 29 avril 1790 », reproduites ci-dessus à cette date.

Pour accélérer leur besogne, les deux commissaires se divisent le travail : M. de Mépieu se charge du Brian- çoonais et des 6 premiers cantons de l'Embrunais ; M. de Labastie, du reste du département.

Le iO mai 1790, M. de Mépieu anuonce à son collègue que les 210 circulaires seront imprimées par Moyse, d'Embrun. « Il comiaissoit combien Moyse avoit besoio d'estre aiguillooné pour l'exactitude, et surveillé pour corriger les épreuves ». Il a laissé à M. Pantin, « subdé- légué », le soin de veiller à cette impression.

Le même jour (10 mai 1790), la municipalité d'Embrun fait part à Labastie du mécompte des Embruuais, k l'an- nonce de la démission de M. de Savines, dont « nous connaissons, dit-elle, l'honnêteté des principes... et sa probité ». Il aura été suborné par « quelques intrigants que nous connaissons ». (Signés :) Dioque, maire, Izoabd, officier municipal '), Dongois.

Le 13 mai 1790, les Embrunais prient Labastie d'ap- puyer, à Paris, leur demande, pour que « M. Levésie, avocat de cette ville et dernier maire, soit nommé com- missaire du Roy >, en remplacement de M. de Savine.

') Jean-François- Auguste Izaard, le 2 dov. 1765 à Embrun, il eit mort lo 13 jull, 1840. Le 31 août 1791, il «st dit « homme d-^ loi, citoyen d'Embrun t, et obtient, à Gap, 59 voii, contre 170, donnëas h Pierre- François Faure-Lacoinbe, qui ist élu diiputâ à la Législative. Il devint, peu «près, procure ur-sjodic du district d'EinbruQ, et, le 4 sept. 1792, il fut élu, au 2' tour, député à la Gouvonlion. Lo 18 janv. 1703, il volu puur lu dètentiou du Roi, et c'ait surtout à lui et à son ami Serre que les autres députas des Hautcs-AIpcs doivent la gloire de pas avoir voté la mort Uo Louis XVI. Réélu en ocl. 17», il tit partie du Couseil des Cinq-Cents. Sous i'Ëmpire. il devint payeur do l'armée â Chambéry, ote. (Cf. Ad. Uuclius, 1, 4.1T-8J.

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112 ANNALES DES ALPES.

Le 14 mai 1790, uouvelle lettre de la municipalité d'Em- brun à Labastie. Elle est méconteDte de ce que le sf Fantiu < se mêle... de ce qui a trait à la formation des départe- mens >.

Le IG mai 1790, de Gap, les commissaires de Mépieu et Labastie réclament, eu conformité de l'art. 80 de la section 1" des lettres patentes de janv. 1790, en double exem- plaire, « la liste des citoyens actifs de chaque municipa- lité ».

I,e 17 mai 1790, M. de Mépieu invite Labastie à se ren- dre à Briançon, * attendu, dit-il, que le dernier voyage m'a occasionné une écorcliure... Je voudrais luy donner le temps de se consolider, avant de remonter à cheval ». Il explique, ensuite, l'origine du mécontentement de la municipalité d'Embrun : lorsqu'il passa dans cette ville, il n'y trouva pas M. Izoard, qui était à Ghauvet, et il accepta les offres de M. Fantin.

Le même jour, le chevalier de Mépieu approuve les démarches de son collègue auprès des commissaires de l'Isère, au sujet du 13» canton du district deGap (LeMonè- tier-d'Ambel!.

Le 21 mai 1790, nouvelle lettre de M. de Mépieu à Labastie, au sujet du a 13*' (juanton » et de l'organisation de ceux du Haut-Embrunais : « Mme de Mépieu vous attend avec empressement, pour vous offrir un lit et vous dire combien elle sera tlatléo de vous voir ».

Le 22 mai 1790, Izoard fils, écrit d'Embrun, que la « seule raison qui ait empêché M. de Savine de se rendre dans les Hautes-Alpes, est un accùlenl qui l'empôclie de marcher et lui donne des douleurs violentes... Il a ri, comme vous, du ton intendanttel que d'autres commissai- res ont pria ».

Le 23 mai 1790, de Paris, La Tour du Pin annonce que le Roi a accepté la démission de M. de Savine et lui a subs- titué « M. Cressy, vibailli d'Embrun ».

Le31 mai 1790, de Briançon. M. de Mépieu fait part à son collègue de quelques diflicultés relatives aux réunions primaires du Briançonnais.

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FORMATION DES HAimES-ALPES. 113

Le 4 juin 1790, il écrit que les réunions primaires, dans le Briançonnais, auront lieu le dimanche 6 juin.

Le 6 juin 1790, a fédération tenue sous Mont-Dauphin ».

Le 14 juin 1790, M. Cressy dit que, dans l'Embrunais, le taux des journées est fixé à 20 sols, et il croit que « ce sera dans tout le département la même chose ».

Lemême jour (14 juin 1790), Labastie, /î?s, adresse, de Gap, une circulaire, ■> en exécution du décret de l'Assem- blée nationale du 22 déc. 17S9 >> ; il dit : a Nous avons fixé au 27 du présent mois de juin les assemblées primai- res, qui doivent être formées dans chaque canton des Hautes-Alpes, pour y nommer les électeurs qui s'occupe- ront, ensuite, à Chorges, de la nomination des membres des corps adininistratifs. Nous avons également fixé au 4 du mois de juillet suivant l'assemblée des électeurs nommés par les assemblées primaires. Elle se tiendra à Chopges ». L'assemblée primaire devra être présidée par t le doyen d'âge ». Ne pourront être électeurs que ceux qui au moins payent 10 journées de travail en contribu- tion directe (soit 10 livres).

Le 18 juin') 1790, M. de Mépieu écrit, de Briançon, à Labastie : f Vous me permettrés bien de vous rappeler, qu'avant votre départ de Briançon, il fut question de tâcher d'avoir notre établissement au château de Cham- poléon pendant l'Assemblée de Charges^], et que ce séjour nous conviendrait mieux qne la maison de M. Sou- chon, qui vouloit nous l'offrir,. ..pour notre petit ménage... Mme de Mépieu est toujours dans l'intention d'être de la partie, et se propose d'y mener son domestique.

«Mais ce ne sera pas le tout: nous aurions besoin, pour y avoir une soupe et un morceau à manger, un peu supor- table, d'une cuisinière ou d'un cuisinier pour l'apprêter. Je crois bien que les vivres n'y manqueront pas et que du

') La copia que nous avons aoua lea yeux porte, poi- oi'reur, la date du 18 Juillet.

)] Le chAtcaii di Ctiampoléun, b Chorges, alors propriétù du M. de Dii'uueuk, éitiigi-''^ fut \h\\<\ \e 4 .'l k 5 avril V.Va ^l. p,ru api'èa, iuceu- iUb et démoli (cf. Période >-ècolui. Gap, 181tô, p. 2i).

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Ii4 ANNALES DES ALPES.

voisïDa^ l'on apportera beaucoup de comestibles, sans compter les ressources de la ville de Gap, qtii sera très à portée. Pourriés-voua donc, Monsieur, ou M. Cressy, nous procurer cette cuisinière ? Votre ville n'est pas sans pou- voir y trouver quelqu'un qui puisse se charger de notre ordinaire. Mme de Mépieu y doimera volontiers un coup d'œil et veillera particulièrement sur notre dépense ; elle s'en fera même un plaisir et une occupation agréable. J'ose croire qu'elle y donnera des soins œconomes... Vous connaisses notre envie de nous réunir pour vivre

Le 23 juin 1790, Cressy adresse, d'IDmbrun, à Labastie, à Gap. une lettre au sujet de la délibération prise, « il y a quelques Jours i, à Mont-Dauphin, sous le coup de l'inti- midation, et qui a été rétractée par les signataires. 11 demande qu'on réunisse, de nouveau, l'assemblée à " Egleyès » (Eygiiers).

Le 27 juin 1700, M. « de Prunière »•), écrit, de Mont- Dauphin, à Labastie une longue lettre, dans laquelle il rappelle divers faits antérieurs. Deux, communautés du Haut-Embrunais (L'Argentière et La Roche) se sont unies au district de Briançon. Les autres se sont formées en assemblées primaires, en différentes fois, et ont fait rédi- ger un mémoire à l'Assemblée nationale par M. Fantin, à

'} HeorUBalthasflP d'EsUeauo de St-Je»n de Prunièrcs, fils de Joseph et de Louise de Booivard-Mazot, seigneur de T'runiëres, La Baume-de»- Ai'iands et <lu Valgaudemai-, capilaine au ré);imi;iit de Uédoc en 175S, lieutenant-ooloael au méniB régiment en 1783, maréchal de canip, gou- verneur de Monl-Dauptiin (1765-90), avait épousé Madeleine -Victoire- Baneu do La Tour-du-Pin Montaubaa. U Tut arpélé, avec toute sa famillo, to 15 nov. 1793, comme ci-devant noblo, ayant im libre éaà- gré, qui (Slait-ci-devaut éiéque du Oràce [François, év^ue de OrssM, 1753, t en 18011, o' autres parenrs [sic), et pour n'avoir pas donné dei prouves do civisme ■. Tous furent rendus k la liberté, le 18 nov, 1794, par le représentaot Oauthier. Le S mare 1800, M. de Prunières, impli- qné, mBlgré lui, dan« la conspiratioa royaliste de l'abbé Rougier, et nommé par ce dernier ( liautenanl du Roi de la place de Uoot-Dau- ptiin I, fat de uouveau arrêté et transféré a Moot-Daupbin, comme priionnior d'Etat. Bientôt on rccnnnut qu'il n'était poui' riea dans toute cette a3airc, et il fui rais ta liberté > [Période révol., p, 15^.

t.Google

FORMATION DES HAUTGS-ALPES. 115

qui elles ost payé 13 louis. Led. Pantin n trouva moyen de se faire nommer colonel de ta Milice nationale du Haut- Ëmbrimais par les maires, non prévenus et non députés, ni commis,... et M. Joubert, lieutenant-colonel ». Quel- ques communautés, qui sont « le plus grand nombre dit canton de Mont-Dauphin (Freyssinières, Chancella, Mont- Dauphin...), refusèrent de reconnaître le colonel et M. Joubert, lieutflnant-colouel, nommé en même temps ; ce qui fut soutenu par les dîtes communautés à la fédéra- tion des Crottes, et qui a. en partie, occasionné, à Embrun, l'émeute du mars [1790], l'on dressa une potence».

Ces communautés ont tenu bon, là-dessus, et n'ont point assisté à la fédération du 6 de juin [1790] tenue sous Mont-Dauphin, et Eiglie['s[qui est une communauté avec la ville de Mont-Dauphin] a assisté à cette fédération du 6 juin, mais a refusé de reconnoitre MM. Fantin et Jou- bert. La communauté de St Crépin, qui est une des quatre du canton, avoit reconnu MM. Fantin et Joubert.C'est cette communauté qui refuse de venir à l'assemblée primaire de Mont-Dauphin... Je vous ai parlé de trois assemblées générales du Haut-Embruuais tenus ici à (Mont -Dauphin),, . . ensuite une quatrième, au sujet des armes », il n'a pas paru. M. de Prunières réclame justice en faveur de Mont- Danphin, et, a comme citoyen de (rap », s'adresse à Labastie.

Le 27 juin 1790, ont lieu les assemblées primaires, pour nommer les députés qui se réuniront à Chorges le 4 juillet suivant.

Le 28 juin 1790, le chanoine Ignace de Gazeneuve, < président s, adresse, de Gap, à Labastie le billet sui- vant : « Une difficulté vient de s'élever dans notre district et qui est portée à votre décision. Un individu qui sçait écrire, peut-il copier la liste qu'il a fait chôs lui? ».

Le 30 juin 1790, Bravet écrit, de Serres, à Labastie que l'assemblée primaire de Serres a duré 24 heures et a pris fin, la veille, à 8 heures du soir, sans trouble, mais avec rigueur. Il adresse la " liste des électeurs nommés ».

Le même jour (30juiu), Gressy informe son collègue

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116 ANNALES DES ALPES.

que les divisions continuent dans le canton de Mont- Daupliin et M. de Mépieu, dit-il, a la maladresse de les enTenîmor encore : c Assez malhonètement, [il] a donné un avis la communauté de Mont-Dauphin,} qui contrarie la décision que j'ai porté, d'après votre avis... Vous en avés quelques éclaboussures, puisque vous avés été d'avis de métré à Égliers cette assemblée... M. Bucelle vous en porte la preuve convainquente... Un officier municipal de cette ville (Mont-Dauphin), s'étant rendu à Embrun pour la confédération à Paris, je lui dis que les communautés du premier canton métoient la plus grande résistance pour aller délibérer à Mont-Dauphin... Cette ville, qui n'est composée que d'un très petit nombre d'individus, conserve, avec son ancien régime, ses anciens préjugés. M. Bucelle vous en instruira >.

Le l" juil. 1790, Cressy annule les élections qui ont eu lieu à Mont-Dauphin et à EygJiers. et convoque une nou- velle assemblée primaire à Eygliers, pour le 4 juillet, afin de nommer un député à l'assemblée de Chorges. Il se ren- dra, à cet effet, à Eygliers, < dimanche au matin, 4 du présent mois », pour surveiller les opérations.

II. Organisation du déparlement des Haules-Alpes.

« L'assemblée électorale du département des Hautes- Alpes •», se tint, enfin, te 4 juil. 1790, à Chorges, « dans l'église paroissiale », sous la présidence de « M. Joseph RousTAN, maire de Vars », doyen d'âge. Elle se compo- sait de 230 membres environ. « Nicolas Allemand, pro- cureur de la commune de Chorges >, fut chargé de « remplir provisoirement les fonctions de secrétaire».

Dès le début, l'assemblée désigna a M. Blanc, d'Embrun, Cazeneuve, chanoine de Gap, St-Genis, de Serres, et Chappin, prieur d'Ahriès en QuejTas », pour informer de sa constitution les Commissaires du Roi et pour corres- pondre avec eux. Aussitôt après, « Antoine Garcier, maire de Puissanières, Etienne Alberge, de Molines en Quoyras, et Joseph Bertrand, curé de St-Laurenl-du-Cros,

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FORMATION DBS HAUTES-ALPES. 117

eu Ctiampsaur », doyens d'âge après le présideut, furent désignés pour remplir provisoirement les fonctions de scrutateurs.

Le bureau étant ainsi formé, on nomma 16 commis- saires pour la « vérification des pouvoirs des électeurs » ; savoir : Moynier du Bourg (François -Antoine], procureur à Gap : Faure-Lacombe (Pierre-François), chirurgien à Tallard; Lachau (Jean), notaire à Veynes; Thomé (Pierre), procureur à St-Bonnet; Blanc (Jeaui, avocat à Embrun; Mottet (Etienne), maire de Châteauroux ; Levézie (Jean), avocat à Embrun; Tliolozan (Jean-Joseph), bourgeois des Orres ; Bonnot (Jean), avocat à Briançon; Bore! (Marcel- lin), bourgeois au Bez de La Salle ; Pantin (Antoine- Joseph), notaire à Arvieux; Rey (Jean-Baptiste), notaire à St- Chaffrey; Nicolas (Antoine-Pierre), notaire et procureur à Serres ; Paure (Pierre), notaire à Orpierre ; Provensal (Oaspar), négociant à Laragne, et Amat (Claude-Simon), notaire à Ribiers.

Les Iti commissaires se divisèrent en 4 bureaux .

Le 5 juii. 1790, l'assemblée nomma définitivement Joseph-Augustin Mahchon, maire de Gap , pour son président.

Ce même jour, Labastie écrit, de Chorges, à La Tour du Pin que « l'assemblée électorale de Chorges est formée, depuis hier », et (jne conformément au décret du 11 juin, It se flatte de finir, « en moins de dix jours », le travail de N l'établissement des assemblées de Département ».

Malgré le défaut de forme, les députés ou électeurs nommés i) Mont-Dauphin furent admis à l'assemblée de Chorges, ceux qui avaient été élus à Eygliers s'étant retirés voloatairement. Us avaient demandé, disaient-ils, B de s'assembler à Eygliers, parce qu'ils ne croyolent pas de trouver à Mont-Dauphin toute la liberté dont doit jouir un corps délibérant ».

Il y eut aussi, au début, quelques difficultés au sujet du n 13» canton du district de Gap ■>, qui " espérait se main- tenir dans le déiiartenient de l'Isère » (ce qui se réalisa), et qui se trouvait être compris dans le 16< canton du district de Grenoble.

Annales des Alpes, 1897. 9

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us ANNALES DES ALPES.

Le 0 juil. 1790, après la nomination de Nicolas Paure, notaire de Briaaçon, pour secrétaire, et l'admission des 5 électeurs du canton de Chorges, lous les membres de l'assemblée prêtent serment en ces termes : a Nous jurons d'être fidèles à la Nation, à la Loi, au Roi, et de maintenir, de tout notre pouvoir, la Constitution du Royaume ».

Quelques instants après, les commissaires du Roi adres- sent au président Marclion, avec une lettre, « le procès- verbal, en original, de la division de ce département, accompagné d'une Carte du département des Hautes- Alpes] ; de tout quoi, ajoute le procès- verbal, M. le Pré- sident, de l'avis unanime de l'assemblée, a accusé la réception, par sa lettre de ce jour, à MM. les commis- saires du Roi ; lequel procès-verbal a été remis sur le bureau, et la carte exposée, provisoirement dans le sanctuaire ^e cette église [de Chorges], pour être vue par tous les membres de l'assemblée ».

Ce même jour {6 juillet), à deux heures du soir, < Baréty, notaire royal à Peyre [La Piarre] ; Garnier, notaire royal à Savines, et Faure-Lacombe, chirurgien à Tallard », sont élus scrutateurs. « Philibert, vibailli [de Gap] ; Rochas, avocat à Gap; Fantin des Odoards; Dongois, avocat à Embrun ; Albert, avocat du Roi ; Froment, rece- veur des domaines du Roi à Briançon ; Bravet, avocat k Ser- re, et Amat. notaire, à Ribiers », sont chargés de rédiger une « adresse à l'Assemblée nationale, pour la remercier des soins qu'elle prend pour la régénération de la France, pour adhérer à tous ses décrets, et pour improuver, de la manière la plus formelle, la protestation de la mino- rité des membres de celte assemblée ».

11 est décidé que les « villes de Gap, Embrun, Briançon et Serre auroient alternativement, et pendant une année, la chacune, les assemblées du département, dans l'ordre elles ont été nommées ».

Le 7 juil. 1790, i après une mftre discussion sur cette matière, l'Assemblée électorale à unanimement délibéré que le Directoire du département sera fixé à Oap,

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FORMATION DES HA UT ES -ALPES . 119

comme le lieu le plus central et le plus à portée des difTérents cantons ».

EUe détermina, ensuite, de la façon suivante, le traitement des divers membres du t corps administratif» : aux membres de l'Assemblée électorale et du Départe- ment, pendant la duri^e des sessions, 3 1. par jour aux domiciliés dans la commune se tiennent les assem- blées, et 6 1. pour ceux qui n'y sont pas domiciliés ; aux membres du Directoire du Département, 500 1. par an, pour ceux de la ville il est fixé, et i. 0001. pour les autres; au Procureur général-syndic, 1.000 1. s'il est domicilié dans lad* ville, et 1.500 1. en cas .contraire ; au Secrétaire du département 800, ou 1200 1., suivant les cas susdits, etc.

La séance du 7 juil. 1790, à 2 heures du soir, et celles des jours suivants, jusqu'au 12 Juillet, furent surtout employées à élire les « membres du Corps administratif du Département ».

Voici le nom des élus, dans l'ordre donné par le procès- verbal :

Faure-Lacombe (Pierre-François), chirurgien de Tallard- Akglès de Ste-Guitie (Jean-Ant.), avocat de Veynes. MoYNiER DU Bourg (Franç.-Ant.), procureur de Gap. Marchon (Joseph-Augustin), maire de Oap. Gressy (Jean-Louis-François), vibailli d'Embrun. Famtih des Odoards (Ét.-Florimond), avocat d'Embrun* MARTiîfON(Pierrel, notaire du Mouêtier-da-Briançon. GuiLLE (Sébastien), notaire à St-Martin-de-Queyrières.

Amat (Claude-Simon), notaire à Ribiers.

Faure (Pierre), notaire à Orpierre.

Allemand (Nicolas), procureur delà com' de Chorges.

Fantin (Antoine-Joseph), notaire à Arvieux.

HiLAiRE (François), notaire au Val-des-Prés.

Lacuau (Guil.), procureur de la com" d'Aspres-sur-Buëch.

l'ROVENSAL (Gaspar), négociant à Laragne.

Gabriel (Antoine), avocat à Salerans.

Richard (Biaise), bourgeois d'Abriès.

Bertrand (Alexandre), négociant à La Faurie.

D.g.tzedbyGoOt^lC

latJ AXNALES DES ALPES.

Bret (Joseph)-, maire du Villar-d' Arènes.

Roox (Pierre), fils, bourgeois à Vallouise.

Nicolas (Pierre-Antoine), notaire à Serres.

Marchand (Alexandre), négociant à Ofcières.

Nicolas (Barthélémy), notaire au Villar-St-Pancrace.

Chauvet (Antoine), notaire à Montjai.

MoRQAN (Jean-Ët.-Alex.), tils, avocat à Serres.

Brunbt (Jean), avocat à Briançon.

Gautier (François-Ant.), notaire à La Saulce.

Oarmier (Jacques), notaire à Savines.

Aroence (Guillaume), laboureur d'Eygliers,

Blanchard (Joseph), de Remollon.

Chaix (Joseph-François), notaire à La Roche-des-Arnauds.

Roux (Pierre), de St-CIément.

Serre (Joseph), chirurgien à La Roche-des-Arnauds.

Thoué (Pierre), procureur à St-Rounet,

PBOVBN8AL(Honoré-Pierre-Prançois), aîné, d'Ancelles.

Faure ( ), maire de St-André d'Embrun,

Rochas ( ), avocat à Gap.

Sans Insister ici sur la n députation des écoliers du collège d'Embrun », reçue dans la séance du 8 Juillet, ni sur celle des « officiers de la garde nationale de la ville d'Embrun », conduite par Izoard, fils, aide-major de lad' garde nationale, et reçue le 11 juillet, sur la lettre des « séminaristes d'Embrun », lue le même jour, et sur « la 'députation des écoliers du collège de Gap », reçue le 12" Juillet, disons que Moynier du Bourg, le 11 juil. 1790, fut élu Procureur gêné rai- syndic du Département. Puis, l'assemblée électorale de Chorges se sépara, après avoir admis de nombreuses pétitions et différents vœux '}.

Dès le 10 Juil. 1790, Lambert*) avait demandé aux com- missaires du Roi les noms des membres qui composaient

■) On pourra les lire ea entier daoa le Proeis-vtrbeU de rautmbUe ileatorale du dipartaneni des Hautet-Alpes, tenve à Charges ta 4 juillet 1790. Grenoble, 3. M. Cachet, imprimeur dn départament des Hautes-Alpes •, 1790, iD~4<> de 48 pages, pp. 41-48.

*) Charles-OuiL Lambert, contrOleor général des Finances (1787-17M, 4 déc.)

D.g.tzedbyGoOt^lc

FORMATION BBS HAUTES- ALPES. 121

< l'assemblée du département » et celui du < nouveau procureur général-syndic ». Dans la journée du 12 juil., le président Marcbon pouvait lui annoncer que « les opé- rations de l'Assemblée générale paroissent toucher à leur fin i, et permettre aux t électeurs de se retirer, ce soir, à Gap »,

Quelques jours après, ensuite des diverses décisions pnses à Chorges, Moynier du Bourg, procureur général- syndic adressait, aux officiers municipaux de Gap, la lettre suivante relativementà la Tormationdu Directoire du dépar- tement. Elle mérite d'être reproduite en entier, à cause de son importance.

< Oap, il juUlet 1790.

« .l'ay eu l'honneur. Messieurs, de vous prévenir ver- ballement que l'assemblée de département pour la Torma- tion du Directoire, sera convoquée au deux aoust, et de vous prier de faire préparer, d'icy alors, les appartements, convenables pour cet établissement'} et celui du District qui suivra immédiatement.

«t Comm'il m'a été rapporté que vous désirés avoir une réquisition par écrit, pour en faire part au Conseil de la commune, je viens par la présente vous réitérer ma demande, en vous observant qu'il a été arretté à l'Assem- blée électorale tenue à Chorges, a la séance du 6 juillet au soir, que les villes entre lesquelles le Département alternera et celle sera fixé le Directoire, seront tenues de fournir et entretenir, à leurs frais, les baptiments et meubles nécessaires à cet établissement, et qu'il en sera usé de même pour les districts.

« Agréés, Messieurs, l'assurance de mon désir sincère à concourrir à tout co qui pourra vous être agréable et utile à la commune, et du parfait attachement avec lequel j'ay l'honneur d'être, Messieurs, votre très humble et très obéissant serviteur.

Le Procureur giniral-sindie du Déparument.

(Signé:) Moynier dc Bouro*),

■) Le Directoin fat iostalM danE uoe partie du couvent des Domîni- caimi, occupée acloeUement par le Tribunal civil. Il j siégea juï^'en 1796, époque oii l'admiaiitiatioD centrale dd Dâpactement fut traaafdrée dans lo « cj-devant éviché de Gap ».

^ OrigiDsl, iii-4>, ! pages (Arch. com. de Oap, prov. 8t).

Digilzedt.GoOgle

123 ANNALES DBS ALPES.

Le 2 août 1790, « les membres du corps administatlf du départemeut des Hautes-Alpes » étaient réunis à Gap. Ils élurent, à leur tour, membres du Directoire du Dépar- tement :

Marchon (Joseph -Augustin), de Gap, président ; Gressy [Jean- Louis -François), d'Embrun, vice-présidont. FAURE-LAcnMBE [Pierro-Fraiiçois), de Tallard ; Martimon (Pierre), du Monètier-de-Briançon ; Amat (Claude-Simon), de Ribiers. Angles de Ste-Guhte (Jean-Antoine), de Veynes; Pantin {Antoine-Joseph), d'Arvieux. Nicolas (Pierre-Antoine), de Serres.

MoYNiER DU BocRO (Françoîs-Antoine), de Gap, con- serva les fonctions de procureur général-syndic.

Blanc (Etienne) fut nommé secrétaire.

Telle fut, dès lors, l'administration du Département jus- qu'au mois de novembre 1792.

Les membres du Directoire du Département furent ins- tallés le 4 août 1790 et siégèrent régulièrement, ainsi que le prouvent leurs délibérations*).

Terminons par queli^ues détails complémentaires.

Le 5 déc. 1790, le contrôleur Delessart demande, de Paris, aux « Commissaires du Roi pour l'organisation du dép^ de Hautes-Alpes » la note des frais qu'ils ont faits durant leurs opérations, et dont ils ont du faire les avan- ces. « Peut être a-t-il été pourvu à votre remboursement par les précédents administrateurs de l'ancienne pro- vince. Mais, si vous n'étiez pas rempli de ces avances, veuillez bien m'en faire parvenir l'état détaillé, et je m'empresserai de donner au Directoire du département les instructions nécessaires pour qu'il ait à pourvoir sur le champ à votre remboursement ».

Le 24 févr. 1791, Delessart accuse réception auxd. commissaires, à Gap, de l'état demandé, « Je viens de faire passer ce mémoire à MM. du Directoire et Procureur

<) Voir La Ptfiode révolutiottuaii'e dam les Hautei-Alpes, Gap,

Digilzedt.GoOgle

FORMATION DES HAUTES-ALPES. 123

général-syndic de ce département, et je les autorise, en mê- me temps, à déliTTôr sur les fonds étant à leur disposition le mandat nécessaire pour le remboursement de ces frais ».

Le 24 aoftt 1791, !e ministre des contributions publiques» Tarbé, adresse aux commissaires susd. copie de la lettre qu'il avait envoyée, le 13, au Directoire < pour lui faire connaître la nécessité de pourvoir au remboursement de ces avances 1. Par cette lettre, il prescrivait de faire en faveur des commissaires, pour payer leurs imprimeurs et fournisseurs, un mandat de 1.413 1. 9 s. a sur le commis à la Recette générale de Grenoble b.

Tel est le dernier écho des opérations relatives à l'Organisation du département des Hautes- Alpes (7 mars- 3 août 1790).

P. Guillaume.

ARTICLES CONSTimiONNELS

COUVENT DES DOMINICAINS DE GAP

L'autorisation de construire à Gap un couvent de Frères Prêcheurs ou Dominicains ') fut donnée à Taras- con, le 31 mars 1437 *), par Léger ou mieux Laugier

<) On IcE appelait rulguremeal, à Gap, les Jaoopint >, en souvenir da leur couvent lis ï Paris pr^a de la porte St-J«cqaes.

•) Et non poiûl « an commencement du XIV' siècle », comme l'afBi- mont la plusparl des historiens da Oap (Voy. Théod. Gautier, VI- Ittire i\tr tkinoire de la ville de Gap, 1837, p. 210).

D.g.tzedbyGOQt^lC

12\ ANNALES DES ALPBH.

Sapor, seigneur d'Ejo-ague et de Château-Renard, évêque et seigneur de Oap (1311-1429), à la demande d'Amoux Balp (Batbi), licencié en droit, et Etienne Isnard, syndics de la ville de Gap, et de Bertrand Quinque Stepkani, prêtre, bénéficier, délégué de l'église et du chapitre dudit Qap.

Ces trois personnages s'étaient rendus tout exprès à Tarascon, auprès de l'évèque de Oap, qui, W la suite des guerres de l'époque, était retenu prisonnier, au château de Tarascon, par Louis III, roi de Naples, comte de Provence (1417-1434'). Ils lui exposèrent que plusieurs habitiiuts de Oap, désireux de promouvoir la gloire de Dieu et animés d'une proronde dévotion envers St Domini- que et son ordre, avaient formé le projet de construire à Gap, à leurs frais {de eorum propriis subslantils), une église et un couvent de Dominicains. Ils avaient même déjà déposé entre les mains des banquiers [in nianibus mercatorum) l'argent nécessaire à celle construction. Le père Pons ou Poncet de La Motte {de Moto), professeur de théologie, s'était offert à seconder (servieiulum) l'œuvre désirée. Des statuts avaient été rédigés dans ce but, et les trois députés de Gap en demandaient l'appro- bation à l'évéque et, par son intermédiaire, ils sollicitaient l'assentiment du Pape, sans lequel on ne pouvait rien entreprendre. Le prélat accorda volontiers l'autorisation demandée, mais sous la réserve expresse que, si le Pape ne donnait pas son approbation, l'autorisation accordée par lui serait considérée comme nulle et non avenue ; on ne ferait aucune construction avant la réponse du Pape.

L'acte solennel et authentique de l'approbation épisco- pale ne noue est pas connu ; mais les archives notariales d'Avignon nous ont conservé la substance même de l'acte. L'acte fut donué dans ri''glise du palais royal de Taras- con, en présence de noble Guillaume Crépin, capitaine du château, de noble Monsieur {mosse) Crépin, du prêtre Gilles, tous habitants de Tarascon, et de Jean Fogasse

') C(. Minais, dailia ehrisl.noriss.,J, TilO ; ^l Yliireitlair^ do In ïérie Q. 1. 111, iutroduction, p. xni.

Digilzedt.GoOgle

CONSTITL'TION DES DOMINICAINS DE GAP. 125

[Fogassa), « drapier », de la ville de Oap. Il fut reçu par M" Chapati, notaire de Tarascon. C'est dans les notes brèves de ce notaire que ce précieux document se trouve encore aujoard'hui. Ces notes brèves sont déposées actuellement dans les archives de M. Jules Perbot, no- taire à Tarascon, et c'est à M. Charles Mourret, avocat, archiviste de cette ville, que nous en devons la com- munication. M. Mourret a bien voulu , récemment, en faire la transcription fidèle et diplomatique pour les ^nnafes. Nous le prions d'agréer, ici, nos vifs remerciements.

Ce qui donne à ce document une valeur considérable, c'est qu'il nous a conservé en entier les articles constitu- tifs du couvent des Dominicains de Gap. De plus, ces articles, outre l'intérêt spécial qu'ils renferment, sont en quelque sorte le tableau de la vie Gapençaise au début du XV« siècle, tableau pris sur le vif, qu'on chercherait long- temps et inutilement ailleurs, même dans les aschives de la ville de Oap, qui. cependant, sont si riches en rensei- gnements de toute sorte ').

Les articles constitutionnels du couvent des Domini- cains de Gap sout au nombre de 28 '). En voici un rapide résumé ; il pourra aider à mieux saisir le sens du texte original, absolument inédit et inconnu jusqu'ici. Les lecteurs à qui le latin est peu familier nous sauront peut- être aussi quelque gré de cette analyse, quoique très imparfaite.

Résumé des articles.

1. L'emplacement choisi, d'un commun accord, par les

1) Les archiv«g commuDtles de Oap, dool il a èii questioo de Taire le classemeut et riavoatalrc à mainte) reprîees, avant et après ]a Révoluiion (Voj. IVnuenioiVe do la sério 0. 1509, et le BwH. Soe. ir£(u<(Bc, 1SS5, 66-15), à la suite d'une dêlibéradoQ toute récente (9 nov. 1897., vont èli-e, enâa, mises ea ardre, au grandjavantage da l'adminis- tra tiua et du public. Les lecteurs des Annales apprendront sans doute cette nouvelle avec plsisic; ils auront plusieurs fois, â l'avenii', te plaisirde constater la richeKso et la variété ds ce précieux dépôt.

')Leï numéros d'ordre n'existent pas dans le document; nous les avons lyonlés, alla de Cadiiter les recherches.

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126 ANNALES DBS ALPBS.

officiers de l'évèque de Gap, le doyen du chapitre') est tes syndics de la vUle, pour la construction du couvent des DomlDicaîns, est situé dans l'intérieur de Gap, et précisé- ment entre la rue des Tisserands '), celle de VhôpitalSte- Claire^) et la rue Care*). Cet emplacement est absolument libre, et la construction projetée contribuera à l'embellisse- ment de la cité ; aucun autre, dans la ville, ne serait ni plus convenable ni aussi étendu. 2. Le couvent projeté englobera les maisons de Philippe Reynaud et de Jacquet Troncliet, sises entre les dîtes rues des Tisserands , Gare et de l'hûpital Ste-CIaire ; mais la porte de l'église devra s'ouvrir sur la rue de l'Hôpital, et non du côté de la rue des Tisserands, sauf autorisation spéciale de l'évèque. 3. Les Dominicains ne pourront pas changer l'emplace- ment susdit, ni s'étendre au-delà des Umites sus-énoncées. sans la permission de l'évèque, des syndics de la ville et du clergé de la cathédrale, vu que la fondation du couvent est faite à l'avantage de la ville. 4. Tous les biens, meubles et immeubles, donnés, légués, ou tout antram^t acquis par les Dominicains, devront être vendus par eux, dans l'année, pour servir à l'usage du couvent, à l'excep-

>} Mathurin OifTard, dcr du diocèse d'Ange», parcat de Pierce d'Acignd, sénéchal de Provence, uommé doyen de Gap le 13 déc, 1413, mort en un (AlbanAs, Gallia christ. novUs., I, 5i8).

*) Cette rue qui part de la place Orenette et va aboutir & la rue actuelJc de l'Hâpital. l'appola aussi, au XV* siâcle, et plus lard rue du Consolât : < Rue des Tiicerandi, que l'on appelle du Comolat, pets le couvent des Prédicateurs >, 1453 {Inventaire, séi-ie G. 1137, !• 37); I Tue du Comolat, le long de l'église dea Dominicains ■, 9 lept. 1614 (areb. corn, de Qap, tSô, t" 99 v>), etc.

■| Le nom et la direclion de cette rue n'ont pas changé. La rve de l'Hôpital, qui de la Grande rua va à la rue du Collège, passe toujours devant l'ancien hdpital de Sain te -Cl aire, aujourd'hui caserne de gendarmerie.

') Nous peQsous qoe celte rue n'est autre que la ruelle actuelle dite très improprement, rue de Trèbaudon. La cour ou placelte do Trébau- don se trouvait <.-t se trouve encore, plus au sud, du c&té d<; la rue du Mazel, près du puits du Tanc. La rue Cara, Ctiara, Chare ou Carre, longeait l'eDcloE du couvent des Dominicains : * en la rue Carre allant aux Jacopins ", 31 juil. 1542 {Inventaire, Q. 1553. 1. iv, p. 25).

iby Google

CONSTITUTION DES DOMINICAINS DB OAP. 127

tioQ d'une vigue de 50 poueurs {puiatorum) et d'un pré de 4 faucheurs [sechoyraiat-um). 5. De même les biens provenant, au couvent, des religieux ou de leurs familles, seront vendus dans l'année. 6. Au cas il n'en serait pas fait ainsi, tous ces biens seront affectés à la fabrique de la cathédrale de Gap.

7. Les Dominicains ne pourront assister processionnel- lement à la cathédrale qu'avec l'autorisalion de l'évêque et ^ur son invitation. 8. Ils n'enseveliront dans leur cimetière le corps d'aucune personne, sans l'autorisation expresse des curés •). de l'un d'eux ou de leurs vicaires (locatenentium), et, en cas contraire, si le corps du défunt est réclamé, ils seront tenus de le restituer. Les curés, pour donner l'autorisation de la sépulture susdite, ne recevront que l'offrande accordée à cbacun des religieux. 9. Ceux-ci devront se contenter d'avoir, dans leur clocher '), une seule cloche. 10. Ils ne feront pas, sans permission, des processions hors de leur couvent, ne convoqueront point le peuple aux offices des Ténèbres (ienebras cla- mare), et ne béniront pas les rameaux le dimanche des Rameaux.

11. Au cas ou la ville serait mise en interdit, les Domi- nicains seront tanns de l'observer, et, pendant la célébra- tion des divins offices, d'expulser de leur église les excommuniés. Dans leurs sermons, ils devront exhorter les fidèles à assister, le dimanche, à la messe paroissiale de la grande église cathédrale, ainsi que le droit le prescrit. 13. Ils devront, s'ils sont invités à le faire, prêcher à

I) C'ast là, A ma connaissance, la pin» ancienne trace de l'existence ncs doui cures ou cocurés en l'église calhédrale de Oap. Presque lou« les titulaires cq sont coddus depuis le milieu du XV° alAclu Jusqu'à la Révolution. Nous en publierons peul élre prochainement la liste.

*) Le clocher de l'église des Dominicains, bMi avec grand soin, avait a SB base ta forme d'une tour cari-co do 6 m. de côtii. Celte tour, que l'ou démulit acluellenunt ctque l'on eut bleu fait de conserver, couimu un des plus anci<:ns monumeuls de Oap, marquait sans doute le che'Ot de rDiicicnac église dos Dominicains, ruiaée par les protestants, en 1567 (O. U99) et dont la porto d'entrée, ainsi qu'on va lo voir, s'ouvrait sur la ruo de l'Hôpilal,

D.g.tzedbyGoOt^lc

iSb ANNAI.es des AI.PE3.

la cathédrale, les dimanches et fêtes de rit double, le matin, alteroatiyement avec les Frères Mineurs ou Cor- deliers <), et s'ils s'en dispansent sans raisons légitimes, ils sont privés de droit de quêter. 13. Au moment ou le sermon a lieu à la cathédrale, ils ne pourront pas en faire un autre dans leur église, sauf les jours de fêtes de St Dominique, de St Thomas d'Aquin et de St Pierre, mar- tyr, si ces jours sont un dimanche.

14. Le quart de tous les dons et legs faits aux Doniini- sains sera affecté à la fabrique de la cathédrale. 1&. Seuls, les ornements sacerdotaux et les livres qui leur auront été donnés ou légués leur appartiendront en tota- lité ; et pour qu'il n'y ait pas en cela de fraude, les religieux jureront d'exécuter la volonté des donateurs ou testateurs, sans essayer de convertir en livres ou en ornements, au préjudice de la cathédrale, l'argent qui leur aurait été attribué. Dans ce dernier cas, ne sont pas comprises la croix de procession, la cloche et les clochet- tes. — 13. Le quart de la cire provenant des sépultures faites dans leur couvent appartiendra au sacrisLe de la cathédrale, et en cas de contestation, l'évêque avisera. 17. Eu égard à la variété des opinions des docteurs au sujet du quart susdit, on s'en référera à l'évêque et à son conseil. 18. Les dons faits pour l'usage des religieux ne seront pas détournés de leur affectation ; en cas contraire, ils seront attribués à la fabrique de la cathé- drale.

19. Sous prétexte d'induit ou privilège pontiflcal, déjà obtenu ou à obtenir, les Dominicains ne pourront, en aucun cas, tirer hors des juridictions de Oap aucun individu, clerc ou laïque. 20. Ils auront toujours un prieur pour leur administrer k eux-mêmes la justice, autrement l'official de l'évêque y pourvoira. 21. L'évè-

*) Les Cordatisrg âtaient âtablia A Gap van le milieu du XIII* si6clG. Leur couvent est aujourd'hui occupé par les religieuses du St-CoBUi* ds U«rie,et leur chapelle surt aciuellement d'é);liEe k la paroisse de St-André, qui, de cette circouatance, s'appelle Tulgalremeat tiglUe dei CordalUrs.

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CONSTITUTION DES UOMIMICAINiJ DE OAP. i29

que ou son officiai pourra toujours les obliger à l'obser- vatloD des articles qui précèdent. 23. Les articles de droit, non écrits ci-dessus, seront tous au profit de l'église de Gap.

23. Les Dominicains ne feront, dans le diocèse, aucune fonction appartenant aux curés : administration des sacre- ments, relevailles de couches, bénédiction de mariages, sépultures. 24. Ils pourront seulement, et avec la permission de réréque, entendre les confessions. S5. Dans leurs sermons, ils engageront les fidèles à remplir leurs obligations, à payer les aimes et les prémisses ; ils exhorteront les excommuniés à se faire absoudre, du dimanche de Passion à la Toussaint, et, s'ils ne le font pas, on pourra les priver du droit de quêter. 26. Ils ne pourront, dans leur église, ni bénir les mariages, ni relever de couches. 87. La moitié des biens qui leur seraient accordés sur les legs pies, par le Pape, ses légats ou les évèques de Gap, reviendra à la fabrique de la cathédrale. 28. Enfin, une personne, bien vue l'évo- que et de la ville, sera envoyée à Rome pour faire approuver par le Pape tous les articles énumérés ci- dessus.

L'historien Oapençais François Vallon-Cobse (1715- 1791) nous a conservé le nom du personnage qui fut expédié à Rome pour solliciter l'approbation pontificale. C'était Jean DE Mayhonnes ou Meyhonnes, chevalier de Malte, commandeur de Gap (1395-1428 •). Dés le 7 avril 1427, le général des Dominicains informait le père de La Motte qu'il consentait à a l'étabUssement d'un couvent de leur ordre dans Gap ». Le juillet suivant, les bulles du pape MartinV (1417-31), permettant l'étabUssement susdit, étaient lues au Conseil de la ville de Gap. La construction du couvent et de son église fut rapidement conduite, puis- que, dès le 24 oct. 1427, le conseil ordonnait de faire au couvent « une cheminée », et que le 31 mars 1428, « on y conclut aussi de placer au clocher de ce couvent les

*) i. DelaïUlfl Le Aonix, La eommande>-ie de 6ap. Extrait de la Biblioih. de VÈcoU des Charut, t. xlui, 18Si, p. G.

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130 ANNALES UKS ALl'ES.

cloches qui lui étoient destinées ». La ville donna aux Dominicains « 400 florins pour parvenir à cet établis- sement » ')■

D'ailleurs, la ville avait député, dès le 4 juin 1427, « au chapitre général des Dominicains, assemblé alors à Barcel- lonne, Lantelme de La Font et Jean Fogasse, deux de ses concitoyens, pour représenter à ces pères le d^sir qu'elle avoit d'avoir un couvent de leur ordre, que l'évéque et le chapitre y consentoient... Ils furent de retour le 22 du même mois, et avec eux, trois docteurs de l'ordre de St-Dominique, dont l'un prècba le même jour à la grand' messe et le second, à vespres ». Par sa lettre du 27 avril précédent, le général de l'ordre autorise le P. de La Motte k faire venir à Oap six autres pères, fraires, « ou plus, s'il le trouve à propos, sur lesquels il l'établit son vicaire général ;. . . il pourra y attirer jusques à douze pères et y recevoir des novices », etc. ').

Le couvent des Dominicains à subsisté à Gap jusqu'à la Révolution. Il était naguère en grande partie ') la pro- priété de M. Bontoux, directeur de l' Union générale ; il en a fait don, le 14 oct. 1895, à l'hôpital de Oap pour y établir une hospice de vieillards. Les Dominicains qui l'habitèrent de 1427 à 1791, furent chargés, pendant longtemps, de la direction du collège de Gap '). Mais ce n'est pas le lieu de faire leur histoire.

Nous avons vu, plus haut, que le père Poncet de La MoTTB fut leur premier prieur. Ajoutons que le père Alexis Gerva en a été le dernier. Il était « originaire

<) FragmeaU de l'Histoire de* icigu«ê de 8ap, par Valba-Corse, dans Bull. Soc. dÉtudu dea Hles-Alpti, 1833, p. 437-439.

1) Vallon-Corse, loe. cit.

3) Une autre partie, celte qui longe la ne Orenette, «st occupée par le tribunal civil da l'arroadissemeiil de Oap. En 1790, le directoire da Département s'; ioBlalla pour quelques années,

') On pourra lire, dans le 1*' BuUflin de la Société d^Èiudes |i882 p. 54-55), une curieuse leatence rendue par le vibailli de Oap, ( ordon- ntint aui PP. Dominicains de ne plus lunir le Collège vis-ii-vis de sou prétoire, attendu que le bruit de* ocoliars est incommodé aux voisins > Oap, 23 et. lâtS.

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CONSTITUTION DES UOMrNtCAINS DU GAP. 131

d'Orange et affilUé au couvent de St-Flour, en Auvergne, âgé d'environ 48. ans », le 4 mai 1790. II vivait alors dans ie couvent de Gap, avec « le père Pierre Roubaud, âgé de 63 ans, afQllié dans le couvent de Gap », et a le frère Jean- Baptiste GiRAUD, religieux professe (sic), domicillié de ce couvent, âgé d'environ 85 ans » '). Les mêmes religieux liabitaient encore le couvent de Qap le 4 janv. 1791. Ils en sortirent peu après. Leur mobilier fut vendu nationale- mentlese juil. et jours suivants; il produisit la somme de 3.451 livres 4 deniers ^.

Les cloches du couvent furent descendues du clocher ie 24 déc, 1791 ; elles étaient au nombre de quatre, et elles pesaient ensemble 809 livres, avec 137 livres de t fer- mente B et 13 .livres de cordes ').

Le clocher lui-même est abattu, ces-jours ci (oct.-nov, 1897), sous DOS yeux, non sans peine et sans travail... Voilà plus de quinze jours qu'une escouade de 7 ou 8 maçons s'efforce de démolir pierre à pierre la tour du XV« siècle, qui servait de base à l'ancien clocîioi' dos Dominicains. Cette tour qui était empâtée dans des con- structions plus récentes était bâtie en fort beaux matériaux ; tous les angles et les ouvertures étaient en pierres de taille. Celles qui formaient l'angle du nord- ouest seront probablement conservés et pourront permet- tre de juger de la beauté et de l'élévation relative du dernier vestige du clocher des Dominicains de Gap ').

■; Ud autre religicui du couvant de Qap, Pierra-Bamard Nas di

RoMAHS, Agd d'GDviroo 31 ans, dtait alors de nrésidince dans le couvent des DomiDicains de Toulon, en Proveucs (V. ^^). Il vivait encore le M dée. 18S0(V. 32). ') Arch. des Htes-Alpos. sirifi Q. 96. ') Voy. ci-après le procèa-verbal ofBwel de cette descente, 'I Cette leur carrée, dont la hauteur était eacoru (1 j oct. Iti9^ de 16 m. 50. tiuF 6 m. de cùté, formait à rintùricui- un vide de 3 m. de cûlé, doat les premiers élagoa étaient soigneusement roulés. L'épaisseur des murailles était au suininct de In tour de < ro. 50 i.'t a la base de t m. 60. Noua devons ces reuseignemcnls précis i M. Mariua Lioouia, mailre- macon, entrepreneur de la démolition du claclicr et des malsoni loi- iines (8 oov. 18Sn;.

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133 ANNALES Dt:S ALPES.

L'église') et le cimetière de» Dominicains recueillirent, pendant près de 400 ans, les débris mortels de * la race gapençaise >. C'est qu'étaient « déposés les restes de la classe pauvre et de la classe moyenne des manants et habitants de Gap, c'est-à-dire des classes les plus nom- breuses de la (âté » '). Les habitants de la ville de Oap ne l'oubUeront pas à l'avenir, et les veillards qui, bientôt, iront occuper l'emplacement de l'ancien couvent des Dominicains, se souviendront qu'ils habitent une maison sanctiRée par de nombreuses générations de pieux et doctes religieux, et que le sol qu'ils foulent aux pieds est une terre sacrée, P. G.

Licencia construendi conventum fratrum Predicaîo- rum novum pro dominis sindtcis civtlalis Vapincensts et magistro in sancta Teulogia, ordinis sancli Benedicti [sic) Predicatorum.

TariKDD, 31 mars 1427.

Anno et indictione quibus supra et die lune ultima mensis marcii. Noverint univers! etc. quod adeuntes por- sonaliter presenciam Rev. in Xpo patris et domini d. Leodegarii, Bel gracia Vapincensis cpiscopi, nobiles et honorabiles viri ac circumspectus dominus Arnulphus Balbi, in legibus licencialus, et Stephanus Isnardi, sindici et sindicario nomine universitalis hominum civitatis Vapincensis, per houorabile consilium ejusdem. universi- talis, et d. Bertrandus Quinquestephani , presbiter et

<] L'sglise des Damiaicsins, démolie par 1ns protestants ea 15ST, reblitie au xvii* liicle. était < vaste et belle .. Elle ne fut paa iacendiéo, en (692, par les Piëmontais, mais elle s'écroula presque entièrement lers la Sa du xiii* ûècle. n Le chœur et le clocher resièreut seuls debout >. Le clnchor vient de disparaître ; le chœur est b peu près tout ce qui resta de II vieille cnnstniclinn (Cf. Oaulier, loe. oit.}.

*} O«utior,op. cit.,i..81l-

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CONSTITL'TIuN DES DOMINICAINS DE <i.U'. l'3'i

beuelliciatus in ecclesia catrcdralt Sancti At'inilplit iiroiate civitatis, nomino ipsiiis ecclesio atque capîliili ejusdem, per iddem hoiiorabile capitulum ad infrascripla jieragenda, ut asser[u]erunt, deputati, etc., exposuemiit quod cum, certi temporis lapsi cii-culo cilra, iionnulle persone ejiis- dem univei'sitatis auimaadver'teiijtes quod inter cetera liumaaa beaefficia (piibus atquii'itur eterne projjiciacio Magestalis, est illud (juando oJI'crtur salutaris eleiuosina pro pecatis; eya ergo, tauqtiam vere catolico effectivâ ducte devocione eiga sanctum Domiiiicum seu Predicato- res, disposueruat coDstrui l'acere de iiovo îii eado.m civi- tate eL loco decenti, cum beneplacito ejiisdem d. episcopî, qiiamdam eclesiani el conveiitum rratriim, Predicatorum, de eoriim propriis substanciis etc. ; cum jam posuerunt in mauibiis mercato[vumi dicte civilatis certas pecuoias. ad opus illud faciendum.elc. ; et eciam ijuia Rev.magistcr Poucius de Mola, magister ia sancta teiilogia ordiais Predicatorum, se obluUt serviendum, etc.; cumque liée fleri non possinl nisi de conceusu d. nostri summi Pontif- ficis et dicti d. episcopi ; reqiiisiveruut ipsum ut liceaciam eis liaberet imparctiri ; et, ad hoc fiendum, optuierunl et realiter tradiderunt eidem d. episcopo certa capitula, qnam [que] pecierunt in presenti iustrumento inseri.

Et dictus d. episcopus, auditis premissis etc. ; visis (lictis capitulis, molioralis ot dd'alcatis, etc. ; suam aucto- ritatem eis contulit, etc. : cum liae protestacione quod. casu quo d. nostro summo Pontiflici noa placeret, dictam liceaciam liabet pi'o noucoacessam.elc; etlnlaliter vescr- vavit beneplacitum dicti d. aostri summi Poatifficis, etc.; alias ail iaterim fiai in dicto edit'licio, douce oblin[uJeriat licenciam ab eudem d. uoslro, etc.

Ténor dicto/um capilulorum sequilur cl est talis.

1. Imprimljs, quod in loc" seu plalea avisala et ius- pecta per dominos otliciados domiiii nostri Vapiuceasis episcopi, vocalis doniinis decinio et siudicis civitatis Vapincensis , pm nova dedicncinne conventus ordiais

As,\.*LES DES Alpes, 181)7. 10

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134 ANNALES DF.R ALPES.

ft-atrum Predicatorum fienda, que est ipfra civitatem VapiDceasem, loco dicto inter careriam nuncupatam Texiofum abuna parte et careriam hospUalis Sancte Clare et aliam careriam que vocatur careria Cara, dictus ordo fîat et Doa alibi; quia, in illo loco ipsum coQstruendo, civitas predicta decoratur, cum sit domubus vacuis [vacuus] et non sit alius locus infra eandem ad premissa ita aptus, neque sulTicîens.

'Z. Item, quod dictus ordo fieri et construî debeat in prediclo loco infra domos Phllipi Raynaudi et Jaquetî TroQcbeti inclusive, et iul^a carerias publicas quarum una vocatur careria Texlorum et alia vocatur aareria Cara et alia vocatur careria hospUalis Sancte Clare ; ita quod janue ecciesie flant a parte carerle superioris que vocatur careria hospitalis Sancte Clare, et nullomodo fleri possinl a parte carerie Textorum sine licencia d. nofdri Vapincensis episcopî.

3. Item, quod fratres Predicatores, qui pro tempore fuerlnt in dicto conrentu, nou possint predictum locum seu plateam supra designatam mutarenec ampleareseu augmentare, aut extra limites aliquid adquirere vel sibi ipsis aproprîare, absque d. nostri Vapincensis episcopi licencia ezpressa et acensu, vocatis eciam sindicis ville et aliquibiis ex canonicis dicte eclesie et universitatis predicte civitatis, cum in premissis dicte civitatis in comodum presencialiter utatur.

4. Item, quod ipsius ordinis fratres atquirere et possi- dere census, redditus et servicia aut alia bona inmobilia quecumque non possiat nec valeant, ut sibi retiueant ; sed si que sint nuQC vel in futurum donata inter vivos vel causa mortis , aut alia legata vel relicta , ad causam cappellaniarum fundandarum per quoscumque, vel ani- versariorum quorumcumque, vel aliàs qualitercumque per ipsos adquisita vel aliàs eis obvenia,*infra annum ea vendantur, et precium in eorum uaibus convertatur ; excepta et reservata imavinea quinquaginta putatorum vel cîrca, et uno prato quatuar sechoyratarum, quos teuei'e possint et valeant.

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CONSTITUTION UE3 DOMINICAINS UE GAP. 135

5. Item, quod contiageret aliquem effici de couveiitu illo, frater aut donatus sive conversus, qui haberet, tempore sui ingressus, aliqua bona inmoMIia, census vel servicia intra dictam civitatem, diatrictum vel juridiction- Déni ipsîus , vel ei obveaient post sui ingressum per parentes seu alios de sui affinitate ex. testamento vel ab iûtestato aut alias ; talia booa possideri non possint per talem fratrem vel donatum vel (H>Dversum, nec eciam per conventum ; sed teueautur illa vendere tnfra annum et diem, ut precedenti capitulo contioetur.

6. Item, si predicta iumobilia, census vel servicia eis donata vel relicta vel qualitercumque per ipsos atquisita vel quocumque obventa infra dictum annum et diem non aliénassent, quod ipso facto apliceiitur fabrice majoris ecclesie Vapioci et per fabricatorem vel subfabricatorem capi propria auctoritate possint, qui infra annum et diem subséquentes eadem alienare tenealur et precium eorum in fabrica dicte ecclesie catredalis converlere. .

7. Item, quod ipsi fratres non veuiant ad eclesiam Vapînci processionaliter, nisi invitati et de licencia d. episcopi seu sui vicarii vel ofdcialis.

S. Item, quodpredicti fratres corpora deflunctorum. qui in eorum cimie[n]terio dum vivebant cepeliri eligerunt, non audeanl seu présumant recipere, nisi de licencia expressa curatorum seu alterius eorum ecclesie Vapinci catredalis seu eorum localenencium. Quod si secus fleret, tam ad restitucionem cepuUorum corporum, si petantur, quam eciam omnium que occasiooe cepullure illorum pervenerint quomodolibet ad eosdem, integraliter facien- dam ecclesie Vapinci teneantiir. Et ad id possint astringi et compelii per ofBciarios d, nostri Vapincensis episcopi ; et quod curati pro dicta licencia danda nil ezhigere audeant, sed solum sint contenti porcione que dabitur uni os fratPibus- intere-isentibus in cepultura predictorum.

9. Item, quod non possint liabere plures campanas in campanali seu campanili ipsius conventiis, sed una sola sinl contenti.

10. Itein, quod estraconvenlumipsonimpredicti fratres

:yG00t^lC

130 ANNALES DKS ALI-ES.

nnii faciaiit ppocessîones absipio licencia (i. nostri Vapin- censis episcopi, seu siii vicarii vel officialis, nec audeant tenebras clauiare, aiit pro illis signiim atiquod facere extra eonini occlesiam et convenlum, iicc eciam signare lamos in die Ramis Palmaium.

11. Item, (juod si in viila esset apositum interdictum par d. episcopos seu eonim offlciarios , quod et ipsi servare tetteaiitur ; uecnon ipsos excomunicatos de quibus eis constabit extra eorum eclesiam poaere. dunieelebra- biintur divina ; et omnes in eorum sermonibns interes- sentes exortari elmonere qund diebus dominicis sint lu missa parrochialî in maj^na eclesia, ut tonentiir de Jure,

12. Item, quod teneantur sermodnarl in eclesia Vapinci de mane in festin duplicibus eL diebus doininicis, diim requirentup, sorvato ordino ordinando per edomadas inter Fratres Minores et prefalos l'redica tores super sermo- nibus predictis (tendis ; et ad id possint compelli et astringi ; et si non servent, possit eis questa iulerdici, nisi superesset excusacio légitima.

13. Item, quod illa hora qua fiet sermo iliis die bus supra expressatis in ecclesia Vapinci , ipsi fratres in eorum conventu debeaat astinere sermonibus, eiceplis festivi- talibus beatorum Dominici ^etl Tome de Aquino, confesso- rum, et saucti Pétri, martiris ; in quorum iestivîtatilus, eciam si eveniant iu die dominico, flet sermo iu domo ipsorum fratrum.

14. Item, quod de quibuscumque hcrodîs institutione legatis eis factis seu lîendis et donacionibus causa niortis, quarta pars de donatis aut iuler vivos octara pars debeat

■esse fabrice majoris ecclesie jandicte et per ipsos subfa- bricaiori libère tradi, et si contrarium (leret quod possint conpelli per olficiarios d, episcopi. quibuscumque privile- giis et excepctooibus concessis vel concodendis non obs- tantihus, quibus ex nunc renunciant per expressum.

15. Item, quod si libri dentur seu legentur dictls fratri- bus vol eciam iudumeuta sacei-dotalia seu alla ornameota ad usum ecclesie pcrtiuencia, que Tacta et composita iu suo osse donentitr et non in |i<>cunia. talia integratiter

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CONSTITUTION DES DOMINICAINS DE GAP. 137

pertineant ad ipsos Predicatores , et dicta fabrica oil in

eisrtem habeat ; ot na l'raus comitatur, jurare teneantiir dicli fratres presbiteri spccialitei" iion procurare mutari voltiatatem legaocium seii donancium ; ita quod, si aliquis disponat iii pecuunia dare, non procurent miitare in libns seii vestimenlis sacerdotalibus aut aliis ornanientis in prejudicium fabrice dicte majoris occlesie. lît in hoc non intendunt compreliendere campaiiam lier campanellas, nec crucem unam, quam liabere poterunt pro eorum pro- cessiouibiis Qendîs, de {juibus fabrica nichil habeat.

16. Item, quod quarts pars cere que veniet in die , obitus iilor,iini qui cepeltentur in eorum conventu, perti-

neatad sacrislani majoris ecclesie (jui est vel fuerit }iro tempore ; et si in futunini aliqua questio orirotur iuler dictum sacristain et Pre<iicatores pro quarta parte supra relonta pro fabrica ecclesie majoris, quod d. episcopus et ecclesia major coujuuclira et divisim teueanlur eos deffendere et catisam predictam îq se assumere.

17. Item, quia propter doctorum oppiniones varias diverse super premissis reperiuntur summe ; ideo s[ super dicta quarta parte aliqua questio moveri contiugat, quod tam dicta ecclesia catredalis quam et dictus ordo super premissis stare debeant et teneantur ordînacioni et cognicioni d, nostri Vapiuceosis episcopi vel ejus coDsilii vel orficialis.

18. Item, quod ipsi fratres nec per se nec per alios directe vel indirecte vel alias quovismodo procurent seu faciaut quod ab liiis vel aliis a quibus canonica porcio hujusmodî debetur ad ipsorum fralrum utilitatem et comodum singuiariter vel in comuni hujus ["ususj fuerit relicta aiit eis totaliter data vel donata, procédant seu quod in morte vel ab inflrmitate hujus donandi l^donari fratribus exisleret in eonim dancium vel donancium tate sibi douati [douari] vel largiri ; quod si facerent, apli centur talia sic quesita fabrice predicte,

19. Item, quod pretextu alicujus indulti seu privilegii apostolici predictî concessi vel concedendi, fratres non possiut nec valeant aliquem canonicum, clericum aut alium

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133 AHNALE8 DIB AlfBS.

taycam, et cuJQScnmque condicioais Tel sexus existant, extra civitatem Vapinci ex aliqua occasione vel causa, civili vel criminali, tratiere vel cltare aut alias conveulre; quod si S6CU3 flat, processus et omnia Inde sequta ipsi [ipso] facto sintcassi.milli et irriti, ac cassa, oulla et irrita et nullius existent roboris.

20. Item, quod ipsi habere conlinie [continue^ hic debeanl UDura priorem, qui de ipsis et ipsorum quolibet justiciam faciat et ministret, ecîam alioqufu de ipsis offlcialis uostri Vapincensis eptscopi justiciam ministrare possit et valeat.

31. Item, quod de omnibus capitulis superius expressatis tociens quociens contingeret per predictos fralres conve- nire autfacere, nullo sulfragante eisdem privilegiis [pri- vilegio] obtento vel obtineado ; possit cogQoscere [et] ad ipsum observandum compellere d, noster episcopus aut ejuscurie ofScjalis.

32. Item, quod in certis capitulis de quibus jura scripta dispoDu[n]t et ordinant et de quibus superius Dulla mencto Ijabetur, ipsi ecclesîe Vapinci saiva maneant et nuUum prejudicium generetur.

23. Item, quod ipsi fratres infra diocesim predictam Vapincensem sacramenta eclesiastica , que ad curnt[os] pertinent dumtaxat, prestare non présumant, nec mulie- ribus, dum ipsas levari contingeret de puerperio, missas célèbrent nec nubciales missas, et corpora dare in eorum ecclesia.

24. Item, quod ipsi fratres nullomodo aliquem actum facere présumant qui de Jure vel de consuetudine ad cui'at[os] ecclosiarum catredalis prcdicte vel aliarum par- rochialium pertinent et spectaat, nisi coofessiones audire, et hoc de licencia episcopi.

25. Item, quod ipsi fratres in eorum sermonibus tenean- tur monere et ortaripopulum ad persolveadum décimas, premissiasot aliaad quedejure solvere sont astrictî, et eciam excomimicatos ad obtineudum benefllcium absolu- cionis et ad uaionem sancte Ecciesie Dei reddire a domi- niez de Passione usque ad feslum Omnium Sauctorum . Qund si facere rcniierint, eis questa possit et valeat interdici.

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CONSTITUTION DBS DOMINICAINS DE QAP. 139

26> Item, quod in ecclesia dictomm fratrum non possiat fieri sponsalicia sive misse nubciales dici, nec eciam pro mulieribus que assurgunt de puerperio ; sed veniant ad eclesiam parrochialem, et si contrarium facerent, possint pimiri per offlciarios episcopi, excepcion[e] non obstaat[e].

27. Item, quod si ipsis fratribus in particularivel ia comuni detur alîquid per d. nostnim summum FontifBcem, qui nunc est vel fuerit in futurum, seu eorum legatos aut per episcopos Vapincenses pro ecclesia et conTentu eorum, seu alias super causis piis dicte diocesis ; quod de omnibus que per eosdem seu eorum nomine querentur et recuperabuntur medi[e]tas pertineat ad fahrîcam ecclesie Vapinceosis et alia medielas ad conveotum ipsorum fra- trum, expBûsis tameu que fient in recuperacione ipsorum pecuniarum super cumule de comuni detractis.

28. Item, qtiod pro premissis mitatur aliquis gralus d. episcopD et civitati Home ad Dominum Nostrum, qui obsliuere habeat licenciam cODstruendi dictum conven- tum etpremissa capitula aprobandi ; et quod ante conces- sionem Domiai \ostri nil actenptetur seu innovetur ; sina cujus licencia et auctoritate ipse episcopus nonintendit alîquid agere nec egisse in hac, proul supra dictum est, materia, sed omnla disposicioni sue Sanctitatis remitit, cujus est talia aprobare vel infirmare. Et cum premissis et illis mediantibus paratus est idem d. Episcopus codsod- tire et consentit edifficaciODi ipsius conveotus, tanquam episcopus et dominus in solidum dicte universitatls, in quantum in eo est et in quantum ipsum et suam ecclesiam acsuos in postenim successores tangit.

De quibus omnibus dictns d. episcopus nomine suo et dicti sindici nomine universitatls Vapincensis et d. Ber- trandus, nomine dicti capituli, et magister Poncettus de Mota, et quilibet ipsorum, publicum fieri pecierunt in- strumentum, etc.

Ad dictamen, etc.

Âcta fuerunt bec Tharascone, in Palacio regio et iii ecclesia ejusdem, preseatibus nobili viro Ouillermo Cris- pini, capitaneo dicti castri, nobili masse Gri^pini, domino

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MO ANNALES DES ALPliS.

Egidii, presbilero, habita toribus Tharasconis, et Jolianne Fogasan, draperio, civitatis Vapinci, testibus ad hec vocafis.

Et me AntUonio Cliapati, iiotario regio, (jui predicla scripsi, etc.

Elirait lies arohivos da M. Juloi l'orioL, iiolaii'O fl Tarascon ; Not.'s brèves de Cliapali. vol. VI, f" 11 i 16.

Charles MOURREÏ, avocat. Descente des cloches des Dominicains de Gap.

Gap, 2i aécembi-o 1791.

Nous, Aiuiré-Joseph Lacombe et François Blanc, ofïi- ciers municipaux de la villo de Gap, commissaires nommi'^s par la municipalité rie la môme ville, ensuite de la lettre à elle (écrite le jour d'iiyer par MM. les administrateurs du directoire du district de Oap, certiffions et rapportons que nous nous sommes rendus, sur les deux heures de relevée de ce jour, dans le clocher de la maisoTi des cy-dovant Dominicains do cette ville, nous avons assistés à la descente de quatre cloches, qui ont été dépouilli'-es, en notre présance, de leurs cordes, battans et armatures, tout quoy a été remis k notre charge, sans qu'il ait été apporté aucun dommage aux charpentes, beffrois, couver- ture et clocher.

Nous avons ensuite t'ait appeler le peseur ordinaire de la ville, qui a pezé en notre présance les susdites cloches et leurs fermeute. En conséquance. la première cloche est du poids de :ij2 [livresl; la seconde, du poids de 216; la troisième, du jwids de iS4, et la quatrième, du poids de 157 : fesant ensarable 809 livres.

Nous avons, de même, fait pezer, toujours en notre |irrsancc, la Termeute du dépouillement desd«* ciothes, iiiiisy (]U(! les battans, tout quoy s'est trouvé du poids de l'M livres, le tout poids de marc.

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COSSTITL'TION DES DOMINICAINS DE GAP. iH

Enfin, uousi avoiis fait i>ezev deux cordes en mauvais état, qui servoieut poui- la sounerie, qui ont pezé ensambia 13 livres.

D6 tout quoy nous avons dressé le prf^'sant procès- verbal, pour servir et valoir ce que de raison.

A Gap, le 24 décembre 1701.

Lacombe, off. mun. Blanc, off. mun.

Original, papier (Arch. des Hlas-Alpos. Q, OG).

BIBLIOGRAPHIE ALPINE.

lavenlaire sommaire des Archives déparie- menlales anlérieiires à 1700, rédigé par l'abbé Pal'l GUILLAUME, archiviste. Hautes-Alpes. Tonie I : Archives clciles, série A. B. C. Gap, impr. .Touglard, 1887, in-4°. Tom. Il : Archives ecclésias- tiques, .série G. Archi'Uocèse d'Emhrtm. Gap, impr. Jouglard, 1891, in-4'' de xxxiv-502 p. Tom. III et fV: .■(érie O (suite), Évèché de Gap, 1895-1897, 2 vol. 10-4° de x.x-489 et L-4ti5p.').

La création des Archives départementales remonte en principe aux. premiers .jours de la Révolution. Après la couliscation des biens ecclésiastiques, décrétée le 2 novembre 1789, l'Assemblée Constituante, intéressée à rechercher et à conserver les nouvelles propriétés nationa-

') L'articlo qu'on va liro fuit connaîtra l'oripne dos archives di^partc- niuutalus, en (féuéral, ol, ea particulier, l'ortjauisatioD acluelto dus archivas aocieiiiics du dopartumeul lius Hautes- .Upus. A ce titra, lu compta reuilii que Dom Guillovcau, bênodiutiii de Solesmes, a. bîcu voulu consacrer aui quali-e volumes de l'Inventaire lominaire du doparlcuiont imprimés A Jour, doit Irouvcr place tlails eu recueil. Let IcctouFS di:s .inntlca, nous en sommes sur, le parcourroul avec iutér^t e\ prolil. On fruuvi^ra \'Inci;ilaii-e sommaire dans les mairies des chefs-Iieui do cunlou ot des principales c HauU's-Alpes cl aui Archives de tous les départements.

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142 ANNALES DES ALPES.

les, enjoignit aux monastères et chapitres détenteurs de bibliothèques el d'archives d'avoir h «déposer aux greffes des juges royaux ou des muaicîpalités les plus voisines, les états et catalogues de livres qui se trouvaient dans lesdites bibliothèques et archives ; d'y désigner particu- lièrement les manuscrits,... de se constituer les gardiens des livres et manuscrits compris aux dits états i>. On sait combien de temps dura cette marque de confiance, Insuf- fîsante à masquer la spoliation. Un peu plus tard, les États provinciaux, assemblées provinciales, commissions inter- médiaires, intendants et subdélégués, furent invités à remettre à l'administration de chaque département les papiers et titre» de leur ressort. Puis à ce noyau primitif vinrent s'adjoindre successivement les registres, terriers, chartes et tous autres titres quelconques des bénéUciers, corps, maisons et communautés, dont le temporel était passé aux maints du district, les anciens registres d'état civil tenus dans les églises paroissiales et dans les pres- bytères, les titres et papiers d'émigrés. Dans les dépôts d'archives furent versés enfin les registres et dossiers provenant des parlements provinciaux, des chambres des comptes et des aides, des maitrisses des eaux et forêts, des présidiaux, sénéchaussées et bailliages, ainsi que les actes des justices seigneuriales ').

On devine sans peine quelle mine précieuse de docu- ments variés renferme chaque dépôt ainsi constitué. C'est l'histoire complète de l'ancien régime envisagé sous tous ses aspects, qui g!t pour ainsi dire par fragments dans ces cartons et ces liasses de modeste apparence. Aussi com- bien de pages de nos annales provinciales, combien de monographies de communes, d'églises, de monastères ; combien d'études sur l'administration civile ou judiciaire d'autrefois n'ont-elles pas puisé leurs meilleurs et plus amples renseignements à cette source ! La publication des

<) I.s publicalioD doal uous nous occupoas, ajant Irait oiclusive- meiit à la catégorio dus Ai-chires d^pai-lemenUiles antérifures à 1790, il nous a semblé hors de propos Uo mentionner Icx aUribulioas plus moUtTucR comprises ar-luellemeol dans co serïico d'administration.

Digilzedt.GoOgle

BIBLIOGRAPHIE ALPINE. 1*3

InverUalres sommaires, inaut-urée eu 1862 et poussée depuis lors avec une remarquable activité, a'a pas peu contribué, il est juste de le reconnaître, à orienter l'acti- Tite et la curiosité des érudits du côté de ces richesses inexplorées jusque-là ou simplement exploitées par une poignée d'initiés, I,a méthode de ces inventaires ayant été Imposée à MM. les Archivistes par la circulaire du 24 avril 1811, l'un des avantaees de cette publication est de présenter un caraolcre à peu prés uniforme, et de ce tait, les recherches documentaires, toujours laborieuses, se trouvent singulièrement facilitées.

Les fonds ont été répartis en vinst-qualre séries cor- respondant aux lettres de l'alphabet (la lettre I exceptée). Neuf séries sont nlfeolées aux archives antérieures a 1790, savoir :

six aux archives civiles ;

A. Actes du pouvoir souverain et domaine public.

B. Cours et juridictions.

G. Administrations provinciales.

D. Instructions publique, sciences et arts.

E. Féodalité, communes, hourgooisie et familles.

F. Fonds divers se rattachant aux archives civiles. Trois aux archives ecclésiastiques :

G. Clergé séculier ; archevêchés, évècliés, chapitres, oflicialités, séminaires, collégiales, églises paroissiales, fabriques, bénéfices.

H. Ordres religieux d'hommes et de femmes ; ordres militaires ; hospices et maladreries.

J. Fonds divers se rattachant aux archives ecclésiasti- ques.

Les quinze séries suivantes (K à Z) comprennent les archives postérieures ii 1700 ; mais nous n'avons point à nous occuper de cette fraction.

Moyennant ces quelques données générales.nos lecteurs envisageront mieux et l'éleudue de l'œuvre de M. l'abbé Guillaume et l'intérêt que présente son paUent labeur.

Le tome I" de VlmKntaire sommaire lies Archives les Hautes-Alpeu renferme les séries A, R et G (la série D

t.Google

144 A.NN.VLES DES ALl'KS.

n'étant représentée par aucun document) : ce qui nous fournit un total de 785 articles. La série A est formée de deux groupes bien distincts : i" Un recueil en 27 volu- mes imprimés, des édlts et déclarations du roy... ordon- nances fie Sa Maieslé , arrôts et règlements de ses Conseils et du Parlement de Grenoble. Oti trouve tout ce qui concerne la législation appliquée au Dauphiné, surtout aux xvi", xvi« et xviip siècles.— 2' Une Collec- tion d'édits, ordonnances, etc., allant de 1556 à 1791, et dont bon nombre se rapportent h la province.

Les articles de la série B ont trait aux bailliages de Gap, de BHançoa, d'Embrun, aux juridictions en pariage avec le roi et à diverses juridictions seigneuriales. Celte série renferme entre autres le Registre du bailliage de Oapen- r.ols, document t d'importance capitale pour l'histoire des guerres civiles et religieuses dans le Haut- Dauphiné. pendant la seconde moitié du xvi" siècle •>. On y rencontre encore une multitude de « renseignements sur la manière de vivre, d'agir, de parler dos Bdançoniiais aux deux derniers siècles, divers détails peu connus sur la révoca- tion de l'édil de Niiutes dans les Atpes >>, et enfin des don- nées très abondantes permettant de reconstituer l'orgaui- .salion judiciaire du pays et d'eu faire l'historique. Les généalogistes, eux aussi, trouveront dans la série B une ample moisson de noms appartenant aux familles nobles qui exerçaient juridiction soit dans l'Embrunois et le Gapençois, soit dans les autres circonscriptions territo- riales du Haut-Dauphiné. La publication de M. l'abbé Guillaume ne saurait venir plus à point, alors que de tous cotés on se préoccupe, non sans raison, de reviser et de compléter les recueils généalogiques précédemment éla- borés.

La série C, provenant surtout de pièces émanées des anciennes administrations provinciales (Intendance de Daupiiiné , Élections de Gap, Bureau des liuances de Dauphiné), fournit d'utiles renseignements sur la statis- tique, l'agriculture, les foires et marchés ; les fabriques et manufactures ; les édifices et travaux communaux, les

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BIBLIOORAPHIE ALPINE.

U5

octrois. C'est tout un cott' <Ie la vie municipale de jadis que l'oD pourrait évoquer de là.

Le département actuel des Hautes-Alpes renferme dans ses limites la majeure partie des deux anciens diocèses d'EmbruQ et de Gap. Les fonds inventoriés de ces deux terriloires eccli^'siastiques. actuellemeut conservés aux archives départomenlales, ne comptent pas moins de deux mille trois cent trente-tÈ'ois articles, que M. l'abbé Guil- laume a répartis dans les trois volumes de son Inven- taire classés .sous la lettre G. On se figurera sans peine quelle somme de travail et de patiente analyse représente un pareil chiffre.

L'ancien chapitre d'Embrun possédait avant 1793 «ne collection de registres et de titres réunis par ordre dans des sacs . dont la connaissance serait inappréciable aujourd'hui pour l'histoire des Alpes françaises. Par mal- heur, toutes ces richesses ont pOri en un jour de déplora- ble égarement : elles furent brûlées sur la place publique d'Embrun, en vertu de la loi du i7 juillet 1793, et l'inven- taire sommaire, qui en fut dressé sur place pur les administrateurs du district, n'est point fait pour consoler de leur perte. Cette destruction à jamais regrettable explique en partie le nombre relativement peu considé- rable des articles afférents à l'arcliidiocèse d'Embrun (en tout 750), répartis sous les cinq rubriques suivantes : Archevêché ; Bureau ecclésiastique diocésain ; Chapitre métropolitain ; Officialité de Seyne ; Collégiale de Brîan- çon ; Chapelle de Notre-Dame du Laus.

Une excursion dans les fonds du chapitre métropolitain serait certainement fructueuse à beaucoup de points de vue. Le chercheur y ferait connaissance avec quantité de chanoines et de dignitaires d'antan ; il serait initié à beaucoup de détails de leur vie pratique, pourrait cons- tater leur caractère processif, et saurait à quoi s'en tenir sur les fondations pieuses, si en honneur dans les âges de foi.

Les documents qui intéressent le diocèse de Gap ont été classés dans l'ordre suivant ; Visites épiscopales ; Secré-

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146 ANNALES UKS Al.PliS.

tai-iat de l'évêché ; Insinuations ecclt^siasliques ; Patri- moines ecclésiastiques ; Ordinations ; Administration géné- rale ; Correspondance ; Protestants et nouveaux conver- tis ; Dispenses de mariage ; Documents statistiques. M. l'abbé Guillaume a fait remaniuer que, par suite des guerres civiles du xvi' siècle, il n'y avait pas dans ces divers fonds de pièces très anciennes ; mais ici la quantité, et hâtons-nous d'ajouter l'intérêt, compensent heureuse- ment l'ancienneté .

Les Visites épiscopales faîtes à travers le diocèse en 1590, en 1602-1618, en 1641-1650, en 1685-1698, en 1710- 1741, en 1749-1772. enfin en 1705-1788, par divers évèques de Oap, renseignent d'une façon très précise et pour ainsi dire continue, depuis les débuts du xvii' siècle, sur la situation religieuse du pays, sur la condition des desser- vants, l'état matériel des édifices affectés au culte et les objets d'art qu'ils renfermaient; sur les confréries qui y étaient érigées. Dans les 24 registres, cahiers ou liasses qui contiennent ces procès-verbaux, les érudits de toutes branches pourront puiser tout à l'aise sans crainte de se causer préjudice.

Ou peut dire la même chose des Registres du secré- tariat (1573-1788) et surtout des Insinuations ecclésiasti- ques (1527-1771), qui ( au multiple point de vue de l'his- toire des bénéfices, des titulaires de ces béiu'fices et des familles de tout le sud-est, sont une mine aussi riche que peu exploitée jusqu'à ce Jour >. On ne peut que souscrii-e à cette déclaration. Les Dispenses (le mariage seront également consultées avec grand fruit par les généalo- gistes.

Quant aux Documents administratifs, ils ont trait aux objets les plus variés ; ordonnances synodales, confréries du diocèse, retraites et conférences ecclé.sîaa tiques, hôpi- taux et maladreries, séminaires et petites écoles, jansé- nisme et quiétisme, etc.

Dans la Correspondance reviennent lesnoms de Servien, du P. La Chaise, du duc de Lesdiguières, de l'intendant liebret, du cardinal de Bouillon, du ministre de Croissy,

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BIBLIOGRAPHIE ALI'INK, 147

de Le Pelletier, de Ponteliartrain et (l'une Ibule de person- nalités ecclésiastiques de premier rang.

EiiÛB iea Affaires temporelles de l'évêclié de Gap : titres de propriété, cathédrale, palais épiscopal, procès et procédures, comptes et comptabilités, maîtrise, économats et bénélices vacants remplissent, avec la volumineuse analyse des papiers de l'iiistorien Vallon-Corse, le tome III" et dernier la série G. encore de nombreuses et agréables surprises altendent les ciiercheurs sérieux.

Et maintenant, après ce raccourci tracé vaille que vaille, que faut-il penser de la méthode de M. l'abbé Guillaume? On remarquera tout d'abord que le premier tome de l'Inventaire analytique des Hautes-Alpes est daté de 1887 seulement, et que l'ensemble des articles parus dans les quatre volumes présente une rédaction uniforme. C'est qu'en effet M. Guillaume a su tirer profil, non point de l'expérience, mais des tâtonnements de ses devanciers. Il est reconnu aujourd'hui que la méthode première usitée dans la rédaction des analyses de pièces ou de reL-i^tres manque absolument de précision et présente de nombreu- ses défectuosités. Dans bien des cas même, l'énoncé par trop laconique du résumé laisse à peine soupçonner le contenu de la pièce. Par bonheur, une nouvelle généra- tion d'archistes - et M. l'abbé Guillaume est de ceux-là prend à cœur de mieux présenter tes documents. Toutes les fois qu'ils s'agit d'articles offrant un certain intérêt, les passages les plus saillants sont cités eulrc crochets, les noms de lieu et de personnes reproduits in extenso : souvent même, lorsque la pièce le mérite, l'édi- teur n'hésite pas à la transcrire intégralement. De celte façon l'Inventaire sommaire pourra souvent tenir lieu des archives elles-mêmes. C'est h\ un procédé excellent, qui dans la pluralité des cas économisera aux habitués d'ar- chives un temps toujours limité. De plus, M. l'abbé Guil- laume ne ménage point les notes géographiques et biogra- phiques dans ses Inventaires, et c'est une innovation dont il faut lui savoir gré, ainsi que des préfaces très substantielles, qui sorveut d'introduction !i chacun de ses

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148 AXXAI-KS DKK ALl'ES.

tomes. Aussi la commissiou départemoiitale des Hautes- Alpes peut-elle se féliciter vraimeut d'avoir confié ses archives à un érudit aussi conscioocieux dt aussi dévoué à leur conversation.

D. L. GUILLOREAU.

(Le Mois bibUoffraphique.,,. piibliii «luns la ilircclion d'^ Bduédicluig da U Congrégation de France, 1" supt. 1S9T, l^ai'îs, H. Oudin, pp. 3*6-351).

Albert de ROCHAS. Recueil de documents rela- tir» ù la lévitation du corps humain. Paris, Leymarie, 1897, in-S", 112 pages. L'idée inspiratrice de cette savante et très oiiginale publication est de William Tliomson : <■ La science est lenue, par l'éleruelle loi de riionneur, à regarder en face et sans crainte tout pro- blème qui peut franchement se présenter k elle >.

Jean SARRAZIN. Pointe d'azur. Lyon, 1897, in-12, 77 pages, avec portrait de lauteur et une vue de Prapic. son village natal. Ce nouveau vnhimf, le IC>' do la coilection, est digne de ses prédécesseurs. La plupart des sonnets qu'il renferme ont été o consacrés au soulage- ment de diverses infortunes ». C'est dire l'esprit, le senti- ment (jui les anime. Honneur an cher poêle alpin.

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ÉTUDES FRANCISCAINES

SUR LA RÉVOLUTION

DANS LE DÉPARTEMENT DES HAUTES-ALPES.

Une des ëi'i^ûrs les plus accréditées dans le monde qui ne chercbe pas à élayer ses opinions sur des preuves, c'est la croyance au relâchemeot du clergé et des ordres religieux au moment la persécution révolutionnaire , est venue les supprimer. On] a peine à comprendre que l'esprit humain soit assez faible pour se laisser gagner par un outrage aussi manifeste infligé à la vérité. Quoi de plus simple et de-pius juste que cette pensée : Si les ordres et les prêtres n'avaient pas été de solides soutiens de la religioQ et de la moralité publique, s'ils avaient en réalité travaillé à leur abaissement, l'impiété n'aurait pas mis autant de hâte et de rage à supprimer les cloîtres, leurs habitants et le clergé; elle les aurait laissés s'acquitter de cette œuvre de mort d'une façon quelque peu plus lente, mais souverainement plus efficace.

Et ce qu'il y a de plus douloureux pour des cœurs chrétiens, en présence de la difl'usion de cette erreur, c'est qu'elle est admise par quantité d'hommes hien pensants et d'ailleurs dévoués à la religion et à sou honneur.

Ce spectacle nous a porté, depuis longues années, à rechercher le souvenir de tous les membres de notre famille religieuse, celle de S. François d'Assise, qui ont eu à subir la lamentable épreuve de la persécution révolu- tionnaire. Jusqu'au moment présent, noire étude a pu s'étendre sur viD^,'t-deux départements français. Plusieurs sociétés savantes ont daigné insérer nos travaux dans Itis Bulletins d'IiisTftire locale qui leur servent d'organe.Aujour- d'hui, ce sont les Hautes-Alpes qui nous fout cet honneur.

Annales des Alpes 1897-98. 11

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150 ANNALES DES ALPES.

Là, comme partout ailleurs, la masse des religieux s'est montrée fidèle à ses devoirs et digne de sa vocation. C'est l'argument de fait, l'argument vivant, que nous opposons à la fausse opinion semée dans trop d'esprits par tes ennemis du catholicisme.

Pour apprécier avec justesse les hommes, les actes et les choses de la persécution révolutionnaire, quelques notions préalables suot nécessaires, surtout au sujet des serments :

Un premier serment fut exigé de tous les prêtres et religieux, surtout de ces derniers, auxquels la loi qui les avait chassés de leurs cloîtres attribuait une pension alimentaire. C'était le serment civique de fidélité à la Gonstitulion, sans mention spéciale des dispositions rela- tives à la religion. Il n'y avait pas de faute à le prêter.

Le second serment fut celui de la Constitution civile du clergé. 11 élait schismatique, et imposé comme condi- tion essentielle k toute fonction du culte salariée et publi- que. Sa prestation ne pouvait être qu'une sorte d'aposta- sie : le Pape et les évêques le condamnèrent.

Le troisième serment fut celui de liberté-égalité imposé, en aoiH 1792, à tous les rétribués et k tous les pen- sionnaires de l'État. De grandes controverses eurent lieu au sujet de sa licéité. Plusieurs évoques le condamnèrent; le Pape s'y refusa. Peu d'années après, le législateur déclara que les cultes étaient libres ; que le serment de la Constitution civile du clergé u'avait plus de raison d'existence ; qu'il n'y avait plus lieu de Caire distinction des prêtres qui l'avaient prêté et de ceux qui l'avaient refusé. Mais alors on attribua au serment de liberté- égalité l'importance la plus haute, au point de l'appeler, par excellence, le serment. Tout pensionnaire devait prouver qu'il l'avait prêté en temps voulu et ne l'avait point rétracté, et cette non-rétractation devait être ins- crite sur les rûles administratifs.

Mais, en mettant i) néant le serment schismatique et en permettant le culte, le législateur obligea tout prêtre qui voudrait l'exercer, à faire au préalable, devant l'adminis-

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âniDES FltAHCISCAINBB.

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tration municipale, la déclaration qu'il entendait être soumis aux lois. Peu après, on y ât ajouter la reconnais- sance de l'universalilé des citoyens comme unique souve- rain de la France. Ce n'était pas un serment, mais une simple déclaration.

Au coup d'État du 18 fructidor, la persécution reprit de plus belle. Un nouveau serment, celui de haine à la royauté, fut exigé de tout les pensionnaires. H y eut, à son sujet, des hésitations et des coutroverses. L'évêque de Grasse'}, moins hâtif que beaucoup de ses collègues à le condamner, fit consulter le Souverain Pontife. Pie VI, déjà prisonnier, ne put qu'exprimer de vive voir une réprobation tardive, alors que déjà beaucoup de braves gens avaient prêté ce serment en pleine sérénité de leur conscience.

Enfin, succédant à tous les malheureux qui piétinaient la t'rance de la plus horrible façon depuis dix ans, le gou- vernement consulaire demanda simplement aux prêtres et aux pensionnaires une déclaration de soumission aux lois, puis d'acceptation de sa nouvelle Constitutiou, et, plus tard, d'adhésion au Concordat et de communion avec

Sauf le serment schismatique, qui fut un crime, il faut bien se persuader que tous les autres serments et décla- rations ne doivent pas être regardés comme des fautes; il est injuste d'y voir une flétrissure à la mémoire de ceux qui les ont prêtés. Ce n'est pas ici le lieu d'ouvrir, à ce sujet, une discussion thêolugique, et de prendre à partie les erreurs de vieux enseignements au-dessus desquels peu de prélats et de supérieurs ecclésiastiques ont su s'élever. Il suffit de dire que des milliers de prêtres et de religieux vénérables pour leur haute vertu autant que recommandables par leur science, ont prêté ces serments et fait ces déclarations, que condamnaient des esprits

<j FraafoU d'Estienne de St-Jeia-de-Prunières, frère da Henri- Balthszar [vojei Annalei dta Alpei, nov.-déc. 1897, p. 11*, [n>le', congscré évâque de Grasao le 20 mai 1753, mort i Marseille le 12 inar 1799. Son corijs a éle transféré à Grasse le 10 juillet 18Î3.

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1S2 àswAim im Atipas.

étroits, poiotilleux, mal instruits. L'exemple de H. Émery et de cent autres de marne valeur justifiera toujours les premiers.

Une autre exigence des persécuteurs a donné lieu à autant d'appréciations erronées qu'ont pu le faire les serment» et déclarations. C'est l'optioa Imposée aux relif^ieux entre la vie commune et la vie privée. Nous avouons que le choix de la vie commune entraine une présomption de ferveur et de fidélité, et que le choix de la vie privée semble exprimer quelque lassitude de la vie religieuse. Mais, en fait, il n'y a pas eu moins de confes- seurs de la foi, pas moins de martyrs, hélas ! aussi pas moins de défections dans l'une que dans l'autre de ces deux catégories d'oi^&ts. Nos religieux des Hautes- Alpes en vont fournir une preuve déplus.

EuQb, le défaut absolu de renseignements sur certains religieux pendant le cours de la Révolution, est presque toigours une preuve négative très puissante de leur fidélité, car ils n'ont pu disparaître que par l'émigration et par le refus des pensions de l'État.

Pour édifier les notices qui composent cet opuscule, il nous a été possible de coasuiter plusieurs dépôts d'archi- ves et d'assez nombreux ouvrages. Toutefois, ce n'est pas à notre propre labeur que sont dues les découvertes faites aux Archives des Hautes-Alpes. Une première recherche y a été £aite par notre confrère le R. P. Albéric d'Orai- son ; il a bien voulu nous en communiquer le résultat. Le bienveillant et très savant chanoine Guillaume, archiviste des Hautes-Alpes, a poussé les mêmes recherches beau- coup plus loin, et nous en a fait profiter. 11 est, au même Mtre et avec la même largeur que nous, auteur de ce travail.

Nous divisons celui-ci en deux parties. L'une concerne les religieux composant, en 1790, les communautés situées dans le département. L'autre concerne les religieux originaires des Hautes-Alpes, que nous avons rencontrés

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ÉTUDES FEtAMGIBCAINBS 153

ailleors. Nous avons cru devoir ajouter eette secoode partie pour ne pas refuser au département rhonnenr de montrer combien a été abondaste sa fécondité religieuse. Nous n'avons fait rien de semblable dans aucun de dos opuscules similaires.

PREMIERE PARTIE.

COMMUNAUTES FRANCISCAINES

DES

HAUTES-ALPES, EN 1790.

Cordeliers d'Embrun.

L'inventaire du personnel et du matériel de la maison des Cordeliers d'Embrun fut dressé les 29 et 30 avril 1790. Il n'y avait pas beaucoup de luxe, puisque la vente du mobilier, faite le 18 août 1791, produisit la simple somme de 495 livres 2 sols Le recolement dudit inventaire eut lieu le 22 janvier 1791 ; les religieux firent alors les déclarations que nous allons reproduire en parlant de cbacun d'eux (Arch, des H. -A,, Q, 99) :

1. CLAPIER, Etienne, était gardien de ce couvent. Il déclara être « dans l'intention de sortir, sous la condition que la pension et traitement qui lui sont accordés seront assurés sur une caisse fixe et déterminée, qu'il en sera payé d'avance, avant sa sortie, n'ayant pas d'autre ressource pour son existence ». C'était bien ; mais, à supposer que les autorités n'eussent pas ouvertement refusé ces condi- tions, la persécution ne manquait pas de moyens d'en imposer d'autres que le Père ne put pas accepter. Il

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154 ANNALES DBS ALPES.

émigra, fut mani par rintemonce pontifical de Turin, le 12 octobre 1702, d'un passeport sous la protection duquel It parvint à Ferrare, sur la fin du jour [aile ore 24), le 22 du même mois, en compagnie de ses confrères, le P. Arnaud, ci-après, le P. Jouve, conventuel de la maison de Montpellier, et les PP. Récollets Bressy, Roustan, Mourier, Jany, Meiffre et Girard {Carttas S. S. xl et' zxxi). Il fut d'abord placé chez les Conventuels de Forli il arriva le 27 (Ibid-, xl, et liste présentée à Pie VI par Mgr Caleppi, le l** août 1793). Il y était encore en 1794. Entre temps, les patriotes d'Embrun avaient pourvu à son inscription et à celle du P. Arnaud, par un arrêté du 10 septembre 1793, sur le premier supplément de la liste des émigrés. On le voit toujours à Forli d'après une liste oracielle dressée par l'évèque, le 24 janvier 1796 [Caritas, tome xx). Cinq ou six listes relatives à son entrée dans les Etats-Pontificaux et à son premier placement sont unanimes h lui attribuer l'âge de 32 ans. La liste des émi- grés mentionne que son dernier domicile a été à Saint- Clément, près Embrun.

2. ARNAUD, Jean-Pierre, à Bisoul, avait pour frère Jean-François, offîcler de santé à l'hèpital d'Embrun. Il rétracta la déclaration faite par lui lors de l'inventaire, parce qu'il la trouvait, maintenant, préjudiciable à sa conscience, et il ajouta : ne pouvoir faire choix Jusqu'à ce qu'il connaisse les maisons qui lui seront indiquées pour vivre en commun et les fonds sur lesquels sa pension sera affectée ; que, lorsqu'il connaîtra les objets ci-dessus, et qu'il aura la certitnde que le Pape autorise la Constitu- tion civile du clergé, il fera un choix et une déclaration qui ne soient pas opposés à sa conscience; que jusqu'alors il veut vivre et mourir dans sa maison d'affiliation et dans l'état qu'il a librement et volontairement embrassé, à moins qu'il ne soit contraint et forcé d'en sortir ». C'est ce qui arriva, et il se résolut à l'émigration. Il avait quel- ques meubles, qu'il laissa, le 2 avril 1792, sous la garde de l'avoué Contier, d'Embrun, son ami. Celui-ci émigra pareillement, et les meubles furent vendus le 23 ventôse

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ÉTUDES FRANCISCAINES. 155

an m (Arch., L, 884), au profil de la République ; leur prix ne l'empêcha pas de faire banqueroute, I^ P. Arnaud élait définiteiir de la province de son ordre, dite de Saint- Louis, et, au dire des diverses pièces du Caritas S. Sedis qui le nomment, âg6 de 52 ans en 1792. La liste des émigrés lui donne comme dernier domicile la 'ville d'Em- brun. Nous venons de rapporter son voyage en compa- gnie du précédent. Il fut, comme lui, d'abord placé au couvent de Forli ; nous trouvons mentionné qu'il y prêta le serment demandé à tous les prêtres émigrés: si nous en croyons une communication d'un archiviste du Vati- can, ce serment était un acte de réprobation des articles de 1682. Le P. Arnaud fut transporté de la maison des Conventuels de Forli à une autre située daus le « vicariat de La Piève del Ponte », au diocèse de Faenza, il arriva le 1" mars 1703 {Caritas S. S., xl). L'Almanach général du Dauphiné, de 1790, a le tort de l'appeler Farnaud; il le dit supérieur des Gordeliers de Gap. Le P. Farnaud était un autre personnage.

3. DAtJRELLE, Jean, sur lequel nous avons, pour tout renseignement, sa déclaration du 22 janvier 1791, disant : « qu'il est dans l'intention de sortir du couvent, à condi- tion que soQ traitement sera assigné sur une caisse fixe et solide >. Peut-être est-il le même qu'un Daurelle Jean, que l'on voit se fixer à Roche-Forte, sur la commune de Saint-Martin-de-Queyriéres, le 2 prairial an III [Arch. des H.-A.,L. 886, P'28).

4, MARTEL, Nicolas, le 12 juillet 1761, déclare que « son intention est'de vivre en commun, eu tant que le couvent d'Embrun sera conservé ; sinon, il entend jouir du traitement qui lui sera accordé, et avoir la liberté de se retirer il trouvera bon n. Le 26 août 1793, il alla prendre retraite à Sisteron (Arch., L, 883). Le 7 nivôse an VII, on le voit habiter Embrun. La chancellerie de l'évêché de Grenoble nous le montre, avec les prénoms Joseph-Michel, nommé curé de Diernoz, le 1" mars 1808, puis de Saint-Alban, le i" avril 1819.

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15@ ANNALBS DSS ALPES.

5. GARETTË, Louis, lai, dit être « dans l'iatention de sortir du couvent », à coadition que sa pension, ou traite- ment, sera assuré.

6. MORAND, Joaopli, lai. Tait une déclaration identique.

Cordeliers conventuels de Gap.

Nous extrayons de l'inventaire de cette maison, les renseignements que voici :

Le 4 mai 1790, à 8 heures du matin, le corps municipal s'est transporté dans le couvent des PP. Mineurs Conven- tuels de cette ville « pour y viser et arrêter les comptes, ... en exécution des décrets des 20 février, 19 et 80 mars dernier, comme aussi pour dresser l'état des religieux profès du couvent, des personnes qui y sont afGliées, recevoir les déclarations de ceux qui voudront y rester, ou qui désireraient en sortir,... toujours en présence desdits religieux, ainsi qu'il suit :

( Et d'abord étant entrés dans ladite maison, les reli- gieux ont été appelés. . . au nombre de trois prêtres et un frère laiq [sic), tous profès et affiliés dans ledit couvent. Et le R. P. Favier. gardien et économe, nous a d'abord présenté le registre de recette et dépense (recettes arrê- tées à 3.882 livres 14 sols et 2 deniers ; dépenses, à 3.7921., 17 s...).

« Le couvent peut loger quatre prêtres et un frère com- modément . . .

« Le R. P. Esprit Favier, docteur en sainte théologie, déâniteur perpétuel, gardien et sindic du couvent de cette ville, âgé de 62 ans et 2 mois, affilié à ladite maison par acte du 27 décembre 1772, qui nous a été exhibé.

« Le R. P. Jean Farnaud, âgé de 56 ans 7 mois, affilié à ladite maison par acte du 2 octobre 1756, qui nous a été pareillement exhibé.

a Le R. P. Balthasar-François Charbonnel, âgé de 38 ans et 5 mois, affilié dans la maison par acte du 1 4 janvier 1773, qui nous a été également exhibé.

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te Eitfm, ADioiae Pbilippoa, frère laiq, prorès, âgé de 49 aDs et 4 mois, affilié daas ce couveat par acte du 9 décembre i774.

« Et à l'instant, . . . nous oDt unaDimement déclaré qu'ils comptaient vivre et mourir dans l'état qu'ils ont librement et Tolontairemeat embrassé, et dans la maison ils se trouvent affiliés, sans qu'on put y mettre d'autres reli- gieux que de leur aveu et consentement, ainsi qu'il est porté par leur Constilution, et que dans le cas contraire ils optent alors pour la pension qui leur a été adjugée, qu'ils pourront maoger bon leur semblera, se réser- vant leurs droits, actions, etc. •>

Signé : Fr. Favier, gardien et économe ; Fr. Farnaud ; Fr. Gharbonnel ; Fr. Philippon ; Marchon, maire ; Gré- goire, ofi. muD.; ËSCALLIEB, ofT. mun. ; Paul, secrétaire.

(Arch. des Hautcs-Alpea Q, 96).

Le. recolemeut de cet inventaire eut lieu le 3 jan- vier 1731, par le ministère de Joseph-Imaocant EscaUier, vice-président du Directoire du district, et de Claode Céas, procureur syndic, en présence des mêmes religieux.

11 fiit reconnu que la maison était encore pourvue de tous les objets inventoriés. La vente de ceux-ci commença le

12 Janvier suivant. La communauté était donc dissoute. Voici ce qu'il nous a été possible de savoir sur chacun des religieux, après cette dissolution ;

1. FAVIER, Esprit, le 6, baptisé le 7 mars 1728, habita Chàteauvieux-sur-Taliard, et y perçut sa pension jusqu'au mois de vendémiaire an VII et de prairial an IX; elle était de 800 livres {L, 178', 829 »).

2. FARNAUD, Jean, à Gap, le 20 oct. 1733, de Benoit et de Madeleine Astier (V. 54) . habila sa ville natale en l'an III et en l'an IV, y jouissant de sa pension de 800 livres (L. 178 '). Le 17 thermidor an VII, il se plaignit de n'en avoir rien reçu depuis l'an VI. On la lui voit ren- due, le 23 prairial an IX. Il mourut à Gap, le 23 nivôse an XI [3 janvier 1803), (V. 48).

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ISS ANNALES DBS ALPBB.

3. CHARBONNEL, Bathasar-Fraoçois, le 7 décem- bre 1751, se retira à Briançon, il prêta le serment de liberté-épalité le 18 septembre 1792 (D' Ghabrand. Révol. p. 30), et demeura jusqu'en l'an XII, on le voit proposé pour administrateur d'un des hospices (non spécifié) qui sont établis sur les montagnes, par exemple Mont-Oeoè- yre, le Lautaret, le col Agnel, le col Lacroix, etc. (V. 60), pour recevoir les voyageurs. Nous ne le suivons pas au-delà.

4. PHILIPPON. Antoine, frère lai. le 23 février 1741. est aperçu en résidence i) Cbâteauvieux-sur-TalIard, eu l'an II et en l'an VII (L. 178 •), avec 100 livres de pension, chiffre qui parait peu explicable, en ce qu'il est inférieur k celui qui a été Qxé par les lois. Il existe un document qui étend une ombre fâcheuse sur la mémoire de ce religieux. En exécution d'une loi du 21 germinal an III, qui ordon- nait le désarmement t de ceux qui ont participé aux horreurs commises sous la tyrannie qui a précédé le 9 thermidor », le district de Gap donna, le 29 germinal (18 avril 1795), l'ordre de désarmer les terroristes « Guion cadet, Philippon, ci-devant frère cordelier, etc. «, pour avoir assisté à l'assemblée du « comité de prairial » (Ana- lyse des délibérations du district de Oap, dans le Bulletin de la société d'Études des Hautes-Alpes, 1891, p. 445). « Ex-terroriste » , dit Gautier (Dislr. de Gap , 18 avril 1795, p. 445). Nous aimerions pourtant entendre des faits plus précis .

Cofdeliers de Briançon.

liQ personnel de la communauté des Gordetiers de Briançon est indiqué par le procès-verbal d'apposition des scellés, est constatée la présence des religieux nommés ci-après (Arch. des H. -A., Q, 104).

1. IZOARD, Jacques, gardien, était à Ëygliers, le 16 janvier 1764, de Marcellin et d'Honorade Eymar. Il prêta le serment schismatique à Briançon quelque peu tard, c'est-à-dire le 19 septembre 1791 (Arch. L. 253), et celui de

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ÉTUDES FRANCISCAINEa. 159

liberté-égalité juste un an après ; mais ses aventures constitutionnelles ne nous sont pas connues. Il y a lieu de supposer qu'elles le satisfirent peu, car il se retira au pays natal le 18 octobre 1764.11 y mourut dans la force de l'âge, le 21 novembre 1803 (V, 54).

2. GIRAUD, François, à Briançon le 9, ou 10 février 1735, docteur en théologie, est dit également gardien de ce couvent; son âge rend l'affirmation plus vraisemblable. On constate sa résidence à Vallouise (dite Vallibre dans le jargon républicain) à des dates successives depuis nivôse au III jusqu'à vendémiaire au VII, et il y touchait sa pension de 800 livres (Arch. L, 178). Il mourut à Briançon le 1" germinal au XI, alias avant le 13 pluviôse au Xli (Ib., V, 48).

3. AUDOUL. François, est probablement le Cordelier qui figure sur une liste de pensionnaires du district de Beaucaire (Gard), en l'an 1794, comme devant toucher seulement demi pension, à cause du cumul des honoraires de la cure constitutionnelle de Domazan. M. Rouvière {Hist. de la Révol. dans le Gard) mentionne, en elTet, son élection à ce poste le 20 mai 1791. Il y mourut le 19 septembre suivant, et fut remplacé par le P. Fazy, récollet.

Aumôneries des Forts de la Frontière.

Il y avait autrefois à Briançon un couvent de Récollets dépendant de la province de Lyon. Une partie de ses religieux étaient employés à la desserte des hospices disséminés sur les hauteurs des Alpes, pour recueillir et secourir les voyageurs qui avaient à traverser ces dan- gereux passages. Mais, par suite de ce service, la commu- nauté restait désemparée. Lors des délibérations qui eurent lieu dans la Commission des Réguliers en 1770, l'archevêque d'Embrun, d'une part, et d'autre part le chapitre de l'ordre convinrent du peu d'utilité de cette maison, et conclurent à sa suppression, qui fut exécutée- Toutefois, des Récollets furent placés isolément dans

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190 ANNAIAS VBB ALPES.

quelques forteresses pour y servir d'aumôniers. Troie d'eatre eux, doot deux vieillards décrépits, subsistaient eacore en 1790 :

1. FRÉZET, André, le 1" décembre 1715, était aumônier du fort Randouillet. Il prêta en cette qualité le serment constitutionnel le 30 janvier 1791, en même temps que son confrère ci-après {At-ch. d. H.-Alp..L, 178). Uais les maîtres que la France était en train de se donner se devaiemt pas longtemps permettre qu'il y eût des aumô- series, par même constitutionnelles. On voit donc le P. Frézet habiter Briançon et y toucher sa pension de 1000 livres en l'an m et en l'an tv. 11 y fait même sa déclara- tioB de soumission aux lois à l'effet d'exercer le ministère (Arch., L, 161).

2. MORBL, Antoine, le 13 février 1710, prêta le serment constitutionnel, comme nous venons de dire- étant aumôuier du fort des Tètes. Il y joignit celui de Uberté-égalité, toujours à Briançon, le Id septembre 1793, et parait avoir résidé dans cette ville depuis nivôse an m jusqu'à sa mort, qui eut lieu le 37 septembre 1802.

3. OLLAGNIER, Antoine, à Briançon. te 11 août 1747, de Jean, maitre boulanger, et Je Marie Voyroa, est dit ex-religieux, ex-aumônier (sans spécifier il l'a été), ex- capucin, et ex-récollet. Il prêta le serment de liberté- égalité à Briançon le 19 septembre 1793, et il y habita de de nivôse an III à brumaire an V, pensionné à 800 livres. Le 9 thermidor an VI, il résida aux Guibertes, et prêta au Monètier le serment de haine. Il mourut le 25 prairial an Vni [14 juin 1800).

4. DIDIER, Laurent, récollet. Le registre d'état civil de Sisteron (B.-Alpes), sous la date du 2 fructidor an VII [19 août 1799), mentionne le décès de Laurent Didier, âgé de 79 ans, ci-devant frère recollât à Briançon, mort à l'hos- pice desjmalades de Sisteron').

I) Noie due à l'obUgoaDca de H. de BerlDC-Pdrtusis.

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ffTDSBS FRANOSCAimtS. 101

Capucins de Gap.

i. BÉRAUD, Jean, eu religion P. HILAIRE de Névache, au Gros, hameau dudit Nérat^e, le 11 DOTembne 17£8, de Joseph et de Marguerite Baile, profès au couvent d'Aiz le 12 octobre 1747, étaîtgardien du couvent de Gap. Ilopta pour la vie commune, et se rendit à. celui de Romans dans le but de la suivre. Sa déclaration d'électios de domicile en cette maison i>it admise par le département de la Drôme le «^ mai 1791 ; il y spécifia que sa volonté était de vivre et de mourir sous l'habit religieux. Il prêta même dans cette ville le serment de lîberté-ég&lité, et j coQtiuua sa résidence, après la suppressioB définitive du couvent, jusqu'au 24 septembre 1793, 11 déclara au district que désormais il ferait sa résidence dans criul de Gap (Arcb. de la Drôme). Il s'y trouva, en efi'et, dès le 30 du même mois (Arch. des H.-Alp., V, 47). Il n'y ftit pas longtemps en paix... « Le messidor an II, Bérard (sic), capucin à Gap, dS ans, 8 mois, garçon [est arrètt^ sur l'or- drej du Comité de surveillance révotiUionnaire régénéré de Gap. Motifs ; Suspecté de fanatisme, n'ayant jamais donné des marques d'attachement à la Révolution. Jouis- sait du traitement de la nation ; fréquentent (sic) per< sonne d'un esprit faible, des gens de son état. » (Arcb. des H.-A. L, 936). Il fut, en effet, mis en arrestation avecdeux autres capucins, Vincent Ferrier et Etienne Duc, et enfermé au ci-devant séminaire de Gap [L. 313). Il est mort à Gap le 15 nlvose au XI (5 janvierl803) (Arch.V, 48).

2. DUC, Jean-Étienne, en religion P. AUGUSTIN de La Rocbe[-sur-Rame], le 14 août 1724, profès le 16 août 1744, était vicaire du couvent de Gap. Il suivit son gardien pas à pas, se rendit à Romans avec lui, fit au département de la Drôme une déclaration identique, prêta le même jour son serment de liberté-égalité, et revint en sa com- pagnie à Gap. Le 23 messidor au II, il déclara au district vouloir se retirer dans le Briançonnais ; mais, ti>ois jours après, il fut arrêté, toujours avec son gardien, comme

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162 ANNALE8 DES ALPES.

suspect. Il fut relâché le 13 bnimaire an III (L, 834), et alla se fixer à La Roche, où. sa pensioD de septua^naire parait lui avoir été servie {L, 178), Il revint à Gap le 15 frimaire an XI, et y mourut le 16 fructidor suivant (3 septembre 1803), à l'âge de 80 ans.

3. SALVA, Guillaume, en religion P. JOSEPH de Ghâ- teauroui ; le 11 mai 1710, 3)rofès le 7 novembre 1728, était donc octogénaire lorsque la persécution s'abattît sur son ordre et sur sa personne. 11 suivit exactement tous les pas, prit part à tous les actes des deux précédents, et revint avec eux à Gap. Ces qijelques lignes, écrites k son sujet, closent le Livre de raison des Capucins de Gap, déposé aujourd'hui aux Archives départementales : «Le R, P. Joseph de Châteauroux, appelé dans le monde Salva, est entré dans notre saint ordre avec le germe de toutes les vertus et talents qui ont éclaté en lui jusqu'à la fin de sa longue carrière. Il s'est rendu utile au salut des âmes, soit dans les missions, soit dans les avents, soit dans les carêmes, qu'il a prêches jusqu'à l'âge de soixante-et- quinze ans. Il a passé dans tous les emplois de l'ordre, et il s'y est toujours distingué par sa sagesse et sa prudence. Toujours soumis aux ordres de la Providence, il a vu et senti la suppression de son ordre en vrai chrétien et en parfait religieux. Dans le courant de l'année 1791 , quit- tant avec regret son couvent de Gap, mais espérant y mourir, il s'est rendu à Romans, quoique d'un âge avancé, accompagné du P. Hilaire de Névache, et du P. Augustin de La Koçhe-d'Embrun, pour continuer à vivre selon son état et y mener la vie commune. Tranquilles pendant quelque temps, bientôt ils ont été forcés de sortir du couvent de Romans pour chercher un asile ils pour- raient. Résolus de se retirer dans leurs familles, ils en sont partis dans le courant du mois de septembre de l'année 1793. Le R. P. Joseph, âgé, infirme et même malade, encore accompagné du P. Hilaire et du P. Augus- tin, après avoir reçu en route toute sorte d'avanies et de mauvaises manières, presque dans tous les endroits il a été obligé de s'arrêter, est enûn arrivé à Gap le 4 octo-

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ârODES PttAMCISCAINES . 468

bre 1793. On l'a placé à l'hôpital, et il y est toort, selon ses désirs, dans la nuit du 4 au 5 octobre 1793, chargé de mérites devant Dieu, après avoir reçu lesacrementderez.- trème-onction. Sa mémoire sera toujours en bénédiction dans ce diocèse. Tous ses confrères et toute la ville l'ont regretté. Il était âgé de 86 ans. 11 a été enterré au cime- tière de la commune. Le grand concours des citoyens et citoyennes qui l'ont accompagné à la sépulture, publie assez ses vertus, et fait son éloge le plus parfait. Requiescat in pace. Amen ».

4. ROUY, Jean, en religion P. ETIENNE des Orres, le 13 avril 1722. de Jean et de Susanne-Rose Allard, pro- fès le 10 novembre 1759, demeura au couvent de Gap jusqu'à évacution forcée. En mai 1793, il alla se fixer dans l'Ëmbi'unais. Son nom ne se rencontre plus ensuite : signe d'émigration ou de retraite bien profonde.

5. GÉVAUDAN, allas Jordan, Jourdan, etc., André, en religion P. PANCRACE du Villard, le 15 mars 1761, bien que fort jeune encore avait enseiyii.) la tbéologie dans l'ordre. En face de la persécution, il se relira d'abord pendant un an à Briançou. 11 revint à Gap le 11 avril 1792 dans le but d'y suivre la vie commune, puis fut obligé de retourner à Briançon le 2 mai 1792 (Arcli. V., 47, loi. 13 et 20). Peu après il passa la frontière el alla chercher un asile dans les États Pontiflcaux. 11 y fut placé successivement dans les cou- vents de son ordre ii Faenza, à Argenta, et enOn à Bagna- cavallo, il mourut dans la Heur de l'âge, le 17 décem- bre 1795, de cette mort dans l'exil qui confère l'auréole du martyre.

6. CÉAS, Jean-François, en religion P. ARNOUXde Gap, né, le 17 décembre 1749, d'André, tailleur d'habits, et de Thérèse Aslréoud, proies le 17 septembre 1768. Il séjourna au couvent de Gap pendant une partie de l'année 1792, puis continua de résider dans cette ville, comme en lémoigue cette pièce (Arch. des Hautes-Alpes, série Q, n" 833, 2* liasse) :

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tn ANKAl^S DES AlPE».

« Liberté, Égalité.

«Citoyen, mes nom et prénoms sontJean-FrançoisCéas.. Le Jour de ma naissance fut le 16 décembre 1749. Ma qualité éteinte est Capucin-prètre. Mon domicile actuel est à Gap. Mon traitement est de 700 livres ; il n'a point Tarie; je n'ai recueilli aucune hérédité; enGn, je n'ai point exercé de fonction publique ; par conséquent je n'ai essuyé aucune réduction sur ma pension. Voilà, citoyen, tous lee renseignements qu'exige la loi et que tu me demandes . J'y joins un extrait de mon acte de nais- sance. Salut et fraternité. Gap, 11 brumaire an A" de l'ère républicaine, J. -François CËAS. >

L'acte de naissance porte le 17 décembre, et non le 16 comme la déclaration ci-dessus.

Le P. Arnoux avait prêté le serment de liberté-égalité le 2d septembre 1792. En l'an VI, le fisc constata qu'il ne l'avait pas retracté : cette constatation était nécessaire pour le paiement (A.rch., V, 65). Il habitait alors Brian, çon, où, le 17 thermidor, 11 se plaignit que depuis deux ans sa pension ne lui était pas payée (V, 54). Le 15 pluviôse aa VIII, il fit sa promesse de fidélité à (a constitution (L, 829'). Il habita Gap de nouveau le 29 prairial an IX. On le voit curé de Saint-Marcellin-les-Veynes de 1805 à 1810. Le 19 octobre 1807, il sollicite une augmentation de pen. sion(V,47}.

7. ALLARD, Celse, en religion P. BONAVENTURE de La Roche, le 13 ou le 16 octobre 1758, profès le 26 décembre 1779, demeura au couvent de Gap jusqu'à extinction, exerça le saint ministère dans le Briançonnais pendant la Terreur, au dire des Annales de Noire-Danie du Laits (15 février 1879, p. 31). En face de cette affirma- tion, les Archives départementales opposent deux mystè- res. L'un est que, le 1«' janvier 1794, sa pension lui est payée à Gap, à raison de 800 livres (L, 178'). Il y a lieu de se demander si cette somme comprend des arrérages

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ÊTDDBS EttANCISCAINBB. 166

accumulés, ou si elle contient l'honoraire d'une fonction publique. Le second est que, le 5 février de la même année, le curé de Saint-Genis (près Serres) autorisa le P. Allard a desservir « la montagne de Laup-Jubéo (L, 829^». Cette desserte comportait-elle, ou non, quel- que adhésion au schisme? Il importerait de le savoir. Ceci dit, le P. Allard disparaît à nos yeux jusqu'au i5 décembre 1802, on le voit habiter Ventavon [V, 54). Il est nommé curé de Réotier, le f octobre 1818 ; de La Roche-de-Rame, le 24 avril J824 ; de Romette, le 1" octo- bre de la même année ; cbanoine titulaire de la cathédrale de Gap, le 29 septembre 18^. Peu après, il sut que quel- ques Capucins s'étaient réunis en Provence, et il voulut se retirer auprès d'eux. Son grand âge semblait lui rendre impossible le retour aux austérités de son ordre, et ses amis s'évertuèrent à le Ini faire observer. Mais il persista dans sa résolution, et son évèque, espérant qu'il la recon- naîtrait inexécutable, lui promit de laisser sa stalle vide pendant une année entière'). Le P. Bonaventure vint au couvent d'Aix, il reprit toute la sévérité des observan- ces de l'ordre. Ce vénérable vieillard donna ainsi, pen- dant plusieurs années, à ses confrères, tous beaucoup plus jeunes que lai, le spectacle de vertus véritablement héroï- ques, et d'une exactitude parfaite à tous les exercices de la religion, de jour et de nuit. En s'y rendant, il faisait souvent de périlleuses chutes dans les escalliers, alors étroits et tortueux, du monastère ; mais ceci n'arrêta point l'élan de sa ferveur. En même temps, il entendait de nombreuses confessions, et, par sa prudence, sa dou- ceur et sa bonté, il produisait de grands fruits dans les âmes. 11 moarut, regretté de tous, au couvent des Capu- cins d'Aix, le 23 décembre 1845.

8. OIRAUD, Pierre, en religion Frère PASCAL du Rif- Cros [hameau des Vignaux), le 14 mars 1737, profès, en qualité de laïque, le 10 juillet 1761, prolongea

<> U «ii«to d«Hi acte: u ddiausioii, l'un da 23 janvlr ]83i, l'auire da !0 novembre 1^7 (nrcb. des H.-A., V. 31, 3!, elc).

Annalbs des Alpes 1897-98, 12

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166 . AHNALES DBS ALPES.

son séjour dans le couvent de Qap aussi longtemps que ce fut possible. Il habita ensuite Manteyer, en l'an III, toucha sa pension à Briaoçon en l'aa IV, et habita Oap en l'an XII, où, par l'eifet de son âge septuagénaire, elle fut élevée à 500 livres.

9. FÂBRE, Jean-Ange, en religion Frère SÉBASTIEN de Revel, le 13 novembre 1758, profës le 10 novem- bre 1780, laïque, était sacristain du couvent de Oap eu 1790. Sa présence y est encore constatée le 21 septem- bre 1792 (Arch. des H.-A., V, 47). Il émigra dans les États Pontificaux, et fut placé dans le couvent des Capucins d'Aquapendente, puis dans celui d'AscoIi. Les traditions de l'ordre rapportent que, dans ses pérégrinations, il rencontra uu jour l'évèque de Digne, ai bien déguisé qu'il ne reconnut point en lui un prélat, et se mit à lui faire le catécbisme : le bon évêque l'écouta fort patiemment. On dit aussi qu'en Italie, il eut des rapports suivis avec un certain nombre de personnages éminents : cela peut provenir de l'éclat de ses vertus, qui n'était point ordi- naire, mais aussi de son rare talent pour l'art du dentiste. Lorsque, bien plus tard, il eut connaissance du rétablisse- ment des Capucins en Provence, il alla se joindre à eux, et vécut pieusement au couvent de Marseille, il rendit son âme à Dieu, en juillet 1836, après une maladie sup- portée avec calme et résignation.

10. PALLUËL, Jean-Jacques, en religion Frère ANDRÉ de Saint-Crépin, laïque, le 25 juillet 1760, profès le 12 novembre 1781, était encore au couvent de Gap le 12 mai 1792. Le 1*' floréal an III, on le voit sous-lieutenant dans le 6' bataillon des Côtes de l'Ouest. Il est vivant et pensionnaire le 14 messidor an X.

11. TRAVAIL, Jean-Baptiste, en religion Frère LAU- RENT du Villar, le 2 juillet 1768, profès le 12 avril 1789, était clerc minoré lorsque la persécution Qt enten- dre ses premières menaces. Il fut alors, dans l'intérêt de ses études, transféré du couvent de Gap à celui de Vienne, désigné de meilleure heure pour la vie commune. II y

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ÉTUDES fltANCTSCAlNSS. 167

demeura pendant un temps qu'il ne nous est pas possible d'appréeier, et à la suite nous le perdons de vue.

12. BONNAFFÉ, Josepli, frère donné aux Capucins de Gap, par acte du 14 septembre 1788, aux Bonnaflés, hameau de La Roche-de Rame, le 17 ou 18 novembre 1757, fut pensionné à 300 livres, et, après la fermeture du cou- vent, continua de demeurer dans la ville de Gap, jusqu'en l'an VII, ayant prêté, en leur temps, les serments de liberté-égalité et de haine.

Capucins d'Embrun.

L'inventaire de cette maison fut fait en avril 1790, et son recolement eut lieu le 28 Janvier 1791. Ce fui alors que les religieux durent formuler d'une façon aéfîQitive leurs projets d'avenir, ainsi qu'on va le voir :

1. BLANC, Pierre, en religion P. GUILLAUME d'Em- brun, né dans cette ville le 27 ou le 29 mai 1737, était gardien. II déclara que, « ayant contracté des obligations par sa profession en religion, dont il ne croit pas pouvoir être dispensé, il persiste dans sa première déclaration du mois d'avril dernier, de se retirer dans le couvent qu'il plaira au département de lui désigner. Et, en qualité de gardien du couvent, 11 demande qu'il lui soit laissé, ainsi qu'à ceux qui continueront leur habitation dans la maison, des meubles pour leur nécessaire, et des ornements pour le service de l'église, et a signé : P. Ouilla.uue, capucin, gardien». Le 14 juin suivant, il demanda à se retirer au couvent de Gap {Arch., V, 48). U l'habita jusqu'à extinc- tion, puis continua de résider dans ta même ville. On l'y voit jusqu'en messidor an II, touchant sa pension de 800 livres [L, 178 '). De Gap, il se transporta à Embrun, le 10 du mois susdit ; il fut nommé vicaire de cette paroisse le 5 août 1803. Vers 1810, la cure du Sauze lui fut confiée ; il mourut dans ce poste vers 1813.

2. AGNEL, Thomas, en reUgion P. ANSELME de Ghâ- teauroux, le 7 mars 1732, deJeaaet de Catherine Ithier

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168 ASmiXR 1>B8 ALPB9.

(Arch., V, 48), déclara que, a ayant pris devant Dieu et devant les hommes, les engagements les plus solennels de religion, il persiste dans le même sentiment; qu'en consé- quence il est décidé à se retirer dans tel couvent que la Providence lui destinera, pour y vivre et mourir dans l'accomplissement de ses vœux. Signé : F. Anselme, capu- cin, prêtre >. Il se rendit au couvent de Oap en 1791, afin d'y suivre la vie commune, et, comme il était définiteur de sa province, il y exerça les fonctions de supérieur au lieu et place du P. Gardien, qui était allé prendre la vie commune à Romans. Cet intérim de tranquilité prit (io ; le P. Anselme alla se fixer à Châteauroux, hameau de Font- Molines, le 17 février 1793, et il y demeura jusqu'à sa mort, qui eut lieu le 12 floréal an XII (2 mai 1804), (Arch. des H.-A., L, 883 ; V, 54 et 48).

3. RAYNE, Laurent, en religion P. FIDÈLE d'Eygliers, le !•' octobre 1729, profès le 20 mars 1751, déclara préférer la vie privée, pour de très légitimes raisons, à la vie commune, avec la dispense du Souverain Pontife ou la permission des supérieurs de l'ordre, et a signé : F. Fidèle, capucin, prêtre, ou Laurent Ravhb, d'E^- glier.s *. Il séjourna dans Embrun pendant une année, après laquelle on le perd entièrement de vue : signe d'émigration.

4. SIROUHD, Jacques-Sébastien, en religion P. 3ËVE- RIN d'Embrun, le 18 aoflt 1748, de Sébastien, procu- reur au baillage de cette ville, et d'Anne Royer, profès le 10 mars 1766, dit : < L'assemblée nationale a cru devoir supprimer les vœux solennels et perpétuels, et déclarer par un décret constitutionnel qu'il n'en serait jamais < émis de semblables ... En lui donnant la liberté, elle n'a pas prétendu le délier de ses vœux. Elle avertit, au contraire, qu'elle laisse à la conscience d'un chacun la liberté de se pourvoir par-devant qui de droit pour obtenir les dispenses nécessaires. Il espère que le Père commun des 0dèlea, touché du sort des religieux, écoutera favorablement ses justes réclamationa. Le

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Tcsu 4as religieax est un véritable cootrat, revêtu d'une qualité essentieUe, l'égalité. Dès qu'une partie contractante ae peut tenir ses engagements, ses pro- messes, l'autre doit réentrer dans ses droits. C'était sous la lionne foi d'un tel contrat qu'il s'était domié à la province de Saint-Louis. Seize couvents, tous situés dans les villes, lui offraient, dans toutes les circonstances de la vie, un asile assurent fixe. Il avait des supérieurs légitimes, à qui il pouvait toujours recourir. Aujourd'hui, il n'en a plus; il ne lui reste qu'une maison de retraite, asile incertain et momentané, et bien critique par le mélange prochain de tous tes ordres : considération qui, mûrement pesée et vue sous tous les rapports, loin d'in- culper, doit au contraire justifier une démarche autorisée par les circonstances et les changements. Il déclare donc préférer la vie privée, et toujours sous la condition et réserve de solliciter auprès du Souverain Pontife la dispense nécessaire pour tranquilliser sa conscience. Il déclare, en outre, qu'il entend rester dans le couvent jusques à ce que l'Église ait prononcé sur son sort. Et a signé : J.-Séhastîen Sibourd, P. Sêverin ». H règne ensuite quelques mystère sur ce religieux. On le voit très sûrement habiter Embrun et y toucher sa pension de 700 livres, depuis vendémiaire an IV jusqu'au même mois de l'an Vil. Mais il y a lieu de craindre très fort qu'il ait abdiqué, le 14 germinal an II, En 1808, Mgr de Miollis donna une mission dans la ville d'Embrun; Mgr Ricard, auteur de la Vie de cet illustre prélat, dit (p. 184, note 3) que * l'ancien capucin, aumônier de l'hôpital de Crécy, plus tard curé de Gap, lui vint en aide » dans ce saint labeur. Cet historien eût été sage en spécifiant mieux et en citant ses autorités. En tout cas, il est sûr que le P. Séverin ne fut jamais curé de Gap; mais, en 1810, à l'âge de64 aas, il fut nommé curé du village de Freissi- nières, il mourut vers 1813.

5. MORAND, Claude-Antoine, en religion P. DONAT de Vallouise, le 3 janvier 1758, profès le 10 novem- bre 1789, dit « persister dans sa première déclaration,

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170 ANNALBS DBS ALPES.

qui est de choisir la vie privée. Il se réserve le droit de rester dans le couvent Jusqu'à ce qu'il se soit pourvu auprès du Souverain Pontife, pour obtenir les dispenses à ce nécessaires pour tranquilliser sa conscience. Et a signé : Claude-Antoine Morand, P. Donat, prêtre ». On le voit ensuite vicaire, sans doute constitutionnel, à Châ- teauroux, le 34 septembre 1793, d'où il se retire bientôt dans le Briançonnais ; il y est résident et pensionné h 700 livres, en nivôse an III et en vendémiaire an IV. II est nommé curé de Besse (Isère), le il janvier 1804 (Chancel- lerie de l'évèché de Grenoble).

6. ROUX, Jacques, en religion P. MICHELANGE de Cbantemerle, le 21 juin 1750, profès le 8 décembre 1767, était vicaire de ce couventen 1700. Il déclara » pré- férer la vie privée à la vie commune, ainsi qu'il l'a euten' du dans sa première déclaration, pour raison qu'il expo- sera à qui il appartiendra d'en connaître, et vouloir néanmoins rester dans la maison qui lui sera assignée par le département, jusqu'à ce qu'il ait obtenu du Souverain Pontife les dispenses nécessaires pour tranquilliser sa conscience. Et a signé ; Jacques ROUX. P. MICHEL- ANGE. » II accepta le titre de vicaire de Savines et prêta dans ce lieu le serment constitutionnel ; mais il ne tarda pas à le retracter (Arch. des H.-Alp., L, 161), et se retira de Savines à Saint-Chaifrey le 7 août 1793. On l'y voit toucher sa pension de 700 livres en l'an III et le 13 vendémiaire an IV. Mais il mérita bientôt d'être recher- ché par les suppôts de la persécution, et, le 24 germinal an VI, il fut arrêté par les gendarmes, à Cbantemerle, chez le citoyen Joordan, en compagnie du P. Payan- précédemment gardien des Gordeliers d'Istres (Boucbes- du-Rbône). La détention ne fut probablement pas longue, car, dès le lendemain, la municipalité du Monétier certifia qu'il ne lui était « jamais parvenu de plainte » contre iesdits Roux et Payan. Le 19 messidor an X, une pièce (V, 51) le qualide capucin de Gap. Il y a lieu de supposer qu'il était curé d'Upaix le 4 mai 1804 (V, 50, n" 117). Enfin, il est dit mort à Briançon le janvier 1806 (V, 54]. Celte

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ETUDES FaAHCISCAINBS. 171

dernière infonuatioD ne peut être ipi'iUtisolre, ou bien il y a lieu de rechercber si elle ne doit pas s'appliquer k un autre Jacques Roux, capucin, éf^alement dit Micbelange de Ghantemerle, En effet, d'abord les Annales des ffaittes- Atpes d\i i9 jma ISS6, page 398, disent que ce religieux reTint de l'exil pour exercer le saint ministère en cachette : il est évident que l'auteur de cette affirmation n'a pas dA l'avancer sans avoir par devers lui la preuve de sa vérité. En second lieu, notre Frère Romuald de MontéUmar, qui fit son année de probation au couvent de Cbambéry en l'an 18S0, nous a souvent raconté de vire voix, et a mis par écrit, dans les notes historiques qu'il nous a laissées, que le P. Michelange de Gbantemerle avait été, en 1818, en compagnie du P. Eugène de Rumilly, un des restaurateurs de ce couvent, puis de celui de Grest en 1821, ledit Frère l'a encore connu . Rien n'est plus ferme, nous semble-t-il , qu'une connaissance acquise par un homme sérieux et grave pendant deux années de cotiabitatioD. La tolérance du gouvernement français, en l'an 1831, avait en effet permis la réouverture de notre couvent de Crest (Brome) à titre de séminaire pour les missions du Levant. Plusieurs des religieux français qui s'étaient joints à Ghambéry au P. Eugène de Rumilly, pouvant après trois ans se séparer de lui sans le laisser «ans l'abandon, vinrent mettre les mains à cette restaura- tion. Après trente ans d'exil hors des couvents, ils étaient devenus des vieillards. Avant qu'ils eussent eu le loisir de former des élèves, le ministère des AâMres étrangères et ''Ambassade française près la Porte Ottomane leur deman- dèrent des missionnaires. L'évêque de Valence, servant d'intermédiaire à cette demande, sentait douloureusement l'épreuve que ç'allait être pour ces pauvres religieux. En la leur transmettant, il leur dit qu'il fallait de toute nécessité envoyer quelqu'un, et que c'était pour leur restauration une question de vie ou de mort. Le P. Michel- ange, moins avancé en âge que les autres, insista auprès d'eux pour qu'ils consentissent à son départ. Il quitta donc la France à l'âge de 71 ans, pour aller prendre les

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173 ANNALES DBS AlfBB.

fonctioas de préfet de notre mission de Constantinople et d'aum6nier de l'Ambassade. Il les exerça d'une manière très satisfïiisante pour ses confrères et pour le personnel diplomatique, jusqu'à sa mort, qui eut lieu le 18 juillet 1836. Il fût enseveli dans le sanctuaire de la chapelle de l'A

7. FERRUS, Jean, en religion P. ANDRE du Puy-Saint- André, le 27 février 1761, dit t qu'il préfère la vie privée à la vie commune, se réservant néanmoins la faculté de rester dans le couvent jusqu'à ce qu'il ait obtenu de son supérieur ecclésiastique des dispenses capables de tranquilliser sa conscience. Et a signé : P. André, cap. » Il se retira dans son pays natal le 27 mai 1791. On l'aperçoit plus tard au Puy-Brutinel en nivôse an III et le 13 vendémiaire an rv, avec 700 livres de pension. Il est nommé curé de Saint-Pierre de Mésage le 9 février 1804, et de Brié le i" octobre 1821 (Chancellerie de l'évêcbé de Grenoble).

8. GIRA0D, Antoine, en religion Frère PIERRE de Vallouise, laïque, le 17 avril 1730, profès le 29 septem- bre 1752, déclare que « son Intention est de demeurer dans l'ordre tant que la force ne s'y opposera pas. Et signe : Frère Pierre de Vallouise ». Le 23 mars 1791, il se rendit à Montélimar, plusieurs capucins se réunis- saient, sans doute dans le désir de mener la vie commune; mais elle n'y dura pas longtemps, et, le 15 juillet, il fit savoir à ce district qu'il se retirait à Gap, en effet on l'aperçoit dès le 21. Cette réunion dut une plus longue durée à la tolérance des autorités locales. Le 6 mars 1793, il se retira en Briançonnais, dans son pays natal, on le voit toucher sa pension de 400 livres en nivôse an III, vendémiaire an IV et vendémiaire an VII.

9. OLIVET, Luc, en religion Frère EDOUARD d'Abriès, -laïque, le 15Janvier 1743, d'Antoine et de Catherine Richard-Cal ve, profès le 16 octobre 1763, déclare t persis- ter dans sa première déclaration, qu'il a faite à Qap devant la municipalité, de vouloir se retirer en son par-

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ÈTUDBS PRANCI8CMNES. }73

ticnlier pour y mener la vie privée, en tant, néamnoins, que le Souverain Pontife, approuvera la Constitution civile du clergé, et qu'il pourra se retirer sans blesser sa con- science. A défaut de quoi il entend rester dans un des couvents qui lui seront indiqués, soit dans le départe- ment ou dans toutautre qu'il choisira. Et a signé : Frère EDOUARD, religieux capucin. » Il se rend, le 23 avril 1791, à Saint-Geniés-d'Authon (Basses-Alpes), puis,le l" novem- bre 1793,à Saiignac (Basses-Alpes), en qualité de régent d'école, et il prête en cette dernière localité le serment de liberté-égalité (Archives des H. -A-, L,252). Le6praîrial an VI, il est à Guillestre, «instituteur de la jeunesse de ladite commune. » En la même qualité et au même lieu, il fait le serment de haine le 15 thermidor de la même année. On l'y voit encore en vendémiaire an VII. Le 27 messidor suivant, il parait à Embrun, attestant qu'il a bien été payé du dernier trimestre de sa, pension de l'an rv (Arch., L. 829<). Il semble que, dans les premières années de ce siècle, il fut directeur de l'hospice de Gap.

10. AUDIFFRED, Pierre-Jacques, en religion Frère MALAGHIE de -Tausiers , laïque, le 26 janvier, alias février 1738, profès le 22 août 1765, déclara que « son intention était de vivre et de mourir capucin, s'il le pou- vait. Signé : Pierre-Jacques audipfbed. F. Malachie, capucin ». Il se laissa tenter par l'espoir de la vie com- mune à Montélimar, et, le 23 mars 1791 , déclara au district d'Embrun qu'il s'y retirait. Après la séparation des reli- gieux, nous le voyons demeurer dans cette ville et y tou- cher sa pension jusqu'au 30 ft'uctidor an III (Arch. de la Drôme).

11. BLANC, Jean-Joseph, en religion Frère ROMAIN de Caléyères (hameau d'Embrun), laïque, le 17 août 1743, de Victor et de Jeanne Fâche, déclare que * son intention est de rester dans l'ordre. Kt signe : Jean-Joseph Blanc, Frère Romain, d'Embrun, capucin laîs (sic) ». Le 14 juin 1791, il dit vouloir vivre au couvent de Gap (Arch., V, 48). On l'y voit le 12 mai 1792. Sa pension est alors de 300 livres. Elle est portée à 400 livres en l'an IV. B paraît

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174 ANNALES DBS ALPES.

6tre resté dans la même ville après l'évacuation du eou- vent; sa présence y est constatée le 9 messidor an X, le 15 frimaire an £1 et le 3 vendémiaire an xn.

12. FABKE, Jean-Joseph, en religion Frère FÉLIX de Revel, laïque, le 11 mai 1756,profè9 le 9 décembre 1784, déclare que « son intention est de sortir de l'ordre et de mener la vie privée, sous la réserve néanmoins de rester Jnsques à ce qu'il en ait obtenu la dispense du supérieur ecclésiastique, de manière à tranquilliser sa conscience. Et a signé : Prëre FÉux de Revel »■ Le 23 avril 1791, qui parait avoir été le jour de l'évacuation définitive du cou- vent, il alla prendre asile à Revel, près Barcelonnette, puis à Oap, oil on le voit toucher 75 livres de pension, aux échéances de nivôse et de messidor an II (Arch. des H.-Alpe8, V, 47, fol. 24 v»; L, 178).

13. yiÂL, Pierre, d'Abriès, le 4, ou le 14 mars ou mai, 1756, donné et affilié au couvent par acte du 27 sep- tembre 1783, entre les mains du P. Clément de L'Isle, provincial, dit que « son intention est de rester dans la maison tant que le couvent subsistera, et déclare ne savoir cigner, de ce requis, nous ayant représenté de suite le consentement qu'il en a obtenu du provincial, le 27 novembre 1783, auquel il entend se conformer entière- ment. Dont acte ». Obligé de quitter le couvent d'Embrun, il se rendit dans celui de Oap, il demeura jusqu'au 18 mai 17d2 ; après quoi il revint à Embrun, et, de là, de nouveau à Gap, puis encore à Embrun, pour la der- nière fois on l'aperçoit en l'an IV (Arch., L, 886. etc.).

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DEUXIÈME PAKTŒ.

ÉTAT GÉNÉRAL

DES

RELIGIEUX FRANCISCAINS

Contemporains de la Révolution Française

ORIGINAIRES DC DÉPARTEMENT DES HAUTES-ALPES.

AGNEL, Irénée, gardien du couvent des Récolleta d'Ar- les, était âgé de 61 ans en 1790. Après révacuation de sa maison, il liabita le village de Châteauroux, probablement son pays natal, on le voit le 16 août 1762 (Arch. des H.-AIpes, L.886).

AGNEL, Thomas, P. Anselme de Châteauroux, capucin à Embrun, ci-devaut, p. 167.

ALBRAND, Josepb, capucin, en religion P. HYACIN- THE de Rochebnine, était audit lieu [dans le canton de Chorges), le 5 novembre 1766'). de Barthélémy et de Catherine, l'un et l'autre Albrand. Il prit l'habit religieux, et le nom de Frère Malachie au couvent des Capucins de Cahors, le 5 novembre 1786, et y prononça ses voeux à la même date de l'année suivante (Registre du noviciat des Capucins de Cahors, conservé aux Archives du Lot). Mais il parait que ce nom de Malachie fut changé peu après en celui d'Hyacinthe, que l'on rencontre exclusivement dans les documents postérieurs. Comme on verra, 11 ne cessa de se dire capucin du couvent de Cahors ; toutefois,

.6 juio née.

') Celte dake coutl le pins grand risqua de n'être pas exacte, car le P. Hyacinthe doun* plus lard à la Justice rjvotutionnaiia celle du

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176 ANNALKS DES ALPKS.

il ne Sgure pas sur rinveataire de cette maison, dressé en 17Ô0 avec un soin minutieui.que l'on rencontre rare- ment eu pareil écrit. Il n'appartenait non plus à aucun des couvents de Capucins du département du Lot. Il y a lieu de supposer qu'au moment des inventaires, le P. Hya- cinthe suivait le cours des études ordinaires dans le cou- vent d'Âgen. IL dut de revenir à Cahors, où, le 24 fé- vrier 1791, le département lui accorda un secours de 60 livres. Le 28 avril suivant, le district d'Aii-en-Pro- vence écrivait à celui deCaliors: k AIbrand,Joseph,capiicîa à Cahors, Père Hyacinthe, s'est présenté à notre dis- trict pour être admis dans la maison des Capucins d'Aix (Arch. des B.-du-Rbône) ■». Cette maison, en effet, avait été affectée à la vie commune; mais elle y fut traversée de tant de tracasseries, que les religieux durent se séparer au bout de peu de mois. Le registre du district d'Aix relatif aux pensionnaires de l'État, mentionne, à la date du 26 août 17dl, qu' « Albrand, ci-devant capucin, déclare vouloir aller se fixer à La Roche, canton et dis- trict de Briançon. Il est Agé de 26 ans >.

n ne parait pas avoir été troublé â La Roche avant une Imprudence qu'il commit le 20 pluviôse an "VI (8 février 1798). A cette date, il mit en chemin une lettre adressée au « Dottore Marcantonio Marco More, alla Misericordia, h Vérone >. Le nom de ce destinataire pouvait être juste- ment regardé comme le pseudonyme d'un émigré. Natu- rellement, la police saisit cette lettre, et en prit connais- sance. La France y était représentée comme a un lieu de trouble et de persécution », et l'auteur signait « Albrand, Joseph, curi^ des Vigneaux ». II parut aux autorités révo- lutionnaires qu'il devait être puni de la déportation; en attendant, il fut appréhendé. Ayant k rendre compte de sa personne devant la justice, ie 28 floréal (17 mai), il dit f s'appeler Albrand, Joseph ;être capucin sous le nom de P. Hyacinthe, le 16 juin 1766, ordonné diacre le 18 septembre 1790, par Mgr d'Albaret, évêque de Sarlat ; habiter La Roche-de-Rame; croire qu'il a prêté le ser- ment de liberté-égalité â Gahora, « il était capucin »,

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ÉTUDES TRAITCISCAnnS . iTT

oa peut-être à La Roclie'); n'avoir exercé les fonctions curiales ni aux Vigoaux ni ailleurs, mais avoir eu « la bêtise de prendre le quali&catir de curé des Vignaux pour aediatinguer des nombreux Albrand dupaysn.Uétait encore détenu à Oap le 18 messidor an Vi [6 juillet i79S). Mais sa lettre et son cas avaient été déCérés à Paris, d'où l'ordre fat donné, le 11 rendéndaire an VII (2 octobre 1798), de le mettre en liberté sous surveillance (Archives des H.-Alpes, L, 161. 260).

Le 8 veodémiaire an IX (30 septembre 1800), tandis Qu'il fait fonctions de curé à Molines, il écrit au citoyen Far- oaud, secrétaire général de la préfecture des Haotes- Alpea, pour réclamer sa pension; il appuyé cette d^nande par l'offre d'une provision de fromage, d'angélique, d'im- périale et autres herbes dont il connaît les vertus, a Sur avis, vous serez ad nuium servi » (Arch., V, 54). Il devait donc avoir la preuve que les mœurs des fonctionnaires étaient devenues plus douces. Au rétablissement da oulte, le 27 avril 1803, il fut chargé de desservir la succursale d'Aspres-lès-Corps (Arch., V, 50). Le 1" juillet 1816, il exprima le désir de se retirer ; touteiJois, on l'y voit encore en 1822, année il dut mourir, avant le 15 novembre, jour son successeur prit possession.

ALLARD, Celse, en religion P. BONAVENTURE de La Rocbe, capucin du couvent de Qap, ci-devant p. 104.

ALLAR, Joseph, en religion Frère LOUIS de La Roche, laïque capucin du couvent d'Alais. Voir nos Études sur la Réwiution dans le Oard, auxquelles il faut ajouter ceci : Ce bon Frère,qui avait d'abord opté pour la vie commune, rétracta expressément cette option par devant le Direc- toire du district d'Alais, le â7mar3l7dl, déclarant qu'il se retirait dans le district d'Embrun, pour y vivre en son particulier. Peu après, le mai, i) déclara au district d'Embrun qu'il se rendait au couvent de Gap, pour y reprendre la vie commune (Arch. des H. -Alpes, V, 41).

^ 11 tiftH qnilU Cahoti 16 mois avant la loi qai impou m fermant.

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178 ANIfALES DES ALPES.

Noas avons dit comment, au sortir de cette dernière mai- son, il habita Ventavon, puis Marseille.

ALLIEY, Claude, en religion P. DENIS de Vallouiae, câpucia du couvent de Romans, le 20 février 1764, profès le 25 août 1788, fut envoyé dans le cours de 1791 au couvent de Vienne, avec plusieurs autres jeunes reli- gieux, afin d'y poursuivre leurs études préparatoires au sacerdoce. Lorsque cette maison dut être abandonnés, il prit le chemin de l'exil, et parvint à Bologne le vendredi 2 novembre 1792 [CaritasS.Sedis, t. xxxi). Nous n'avons aucun renseignement sur son séjour dans les États Ponti- ficaux ; il dut s'y prolonger jusqu'à ce que la cour romai- ne, adoptant une conduite opposée à celle qu'elle avait cru sage de tenir pendant le cours de la Révolution, envoya plusieurs de nos émigrés français combler les lacunes survenues pendant tant d'années dans le person- nel de notre mission de Gonstantinople. Le P.Denis fut un d'entre eux. Il mourut à Saint-Louis de Péra, le 26 août 1823.

ARMAND, François, en religion Frère FÉLIX de La Chapelle-en-Valgodemar, laïque, capucin du couvent de

Crest (nos Études sur la Révolution dans la Drôme,

p. 45). ARNAUD, François, en religion P. CLÉMENT, corde-

11er du couvent de Marseille, émigré dans les États- Pontificaux (nos Étiides sur la Révolution dans les B.-

du-Rhône, p. 31). ARNAUD, Jean-Pierre, cordelier du couvent d'Embrun,

ci-devant, p. 154. ARTHEMALE, Jean-Jacques, en religion Frère JEROME

de Qap, laïque, capucin du couvent d'Orange (nos Études

sur la Révolution datis Vaucluse, p. 45). AUBERT, Ambroise, donné aux capucins de Marseille

(nos Études sur ta Révolution dans tes B.-du-Rliûne,

p. 98). AUDIER, Antoine, Frère ROGH d'Abriès, laïque, capu-

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ÉTTOKS FRANCISCAINES. IT*

cin du couTent de Lunel, émigré dans les États-Pontifi- caux (notre Eist. des Capucins de Touloitse, lu, 103). Les Archives des H. -Alpes (V, 54] mentionnent un ser- ment prêté par lui le 2 brumaire an II, ce qui est impossi- ble, TU l'abondance des documents qui affirment sa pré- sence dans les États Romains depuis le 21 novembre 1793 jusque dans le courant de l'année 1796. Il doit y avoir confusion avec un religieux du même nom patronymique. Le Fr. Rocb était à Abhès le octobre 1806.

ÀUDIER, N., en religion P. MARCELLIN d'Abriès, capucin de la province de Toulouse, précédemment maître des novices, émigré dans les États Pontificaux {noire Hist. des Capucins de TouKmse, m, 103).

AUDIFPRET, Pierre-Jacques, en religion Frère MALA- CHIE de Jauziers, laïque, capucin du couvent d'Embrun, ci-devant, p. 173.

AUDOUL, François, cordelier du couvent de Briançon, ci-devant, p. 159.

BARMOND, alias Bamaud, Laurent, dit ex-frère capu- cin, de provenance conventuelle Jusqu'ici inconnue, est dit le 7 avril 1729, et habitant le Puy-Brutinet en nivôse an ni (Arch. des H.-A.).

BARMOND, alias Bamaud, laïque capucin, de prove- nance également inconnue, le 6 décembre 1722, figure dans une liste de pensionnaires des Hautes-Alpes non spécifiée.

BARTHELEMY, Nicolas, en religion P. AUGUSTIN du Vîilar, capucin du couvent d'Orange, septuagénaire (noa Études sur la Révolution dans Vauclttse, p. 41).

BAUDRAND, Barthélémy, en religion P. CÉSAIRE de Névache, capucin du couvent de Romans {nos Études sur la Rêvol. dans la ûrôme, p. 36).

BÉRAUD, Jean, en reUgion P. HILAIRË de Névache, capucm du couvent de Oap, ci-devant, p. 161.

BERQE, Laurent, en religion P. AMÉDÉE de RistoUs, capucin du couvent de La Mure. V. nos Études sxer la

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180 ANNALES DES ALPKS.

Rév. dans VIsère, p. 59, auxquelles il faut ajouter que, le 5 mai 1791, il déclara vouloir se fixer dans le couveut de Gap. (Arch. des H.-A., Y, 48).

BESSEY, Claude, en religion P. HYACINTHE d'Airiès, capucin du couvent de Vienne. A. ce que nous avons dit à son sujet dans nos Études sur la RévoltUiondans l'Isère, [p. 51), il faut ajouter que sa nomination à la cure de Pommiers eut lieu le IS janvier 1804, et qu'il se démit le le 30 juin 1821 {Chancellerie de l'évêché de Grenoble).

BLANC, Antoine, cordelier,dont la provenance conven- tuelle nous est inconnue, à Briançon, le 5 novem- bre 1764, de Jean et de Françoise Colaud, prêta le ser- ment constitutionnel à Briançon, le 30 janvier 1791, en qualité de vicaire de Saint-Biaise (Arch., L, 17S). U habitait le Pont-de-Cervières en 1795,et y toucha une pen- sion de 800 livres. Au rétablissement du culte, il fut curé des Costes en Champsaur, le 27 avril 1803 {Arch. V, 50). Vers 1809, on le voit faire le service de Pont-de-Cervières, 11 est curé de Saint-Chafflrey le 1" août 1832. Sa mort eu lieu le 13 février 183S.

BLANC, Jean-Antoine, cordelier de résidence conven- tuelle ignorée, à Briançon, le 14 janvier 1762, de Jean- Baptiste et de Marie Francou. Ou le voit vicaire de Bou- chier (commune de Saint - Martin de Queyrières) le 30 septembre 1792, jour il prête audit Saint-Martin un serment non spécifié, très probablement celui de liberté égalité, ordonné par la loi du 26 août précédent. H le renouvelle à Briançon le 17 novembre suivant (p' Cba- brand, Révoi. 30). De l'an III à l'an VU, sa pension est toujours de 700 livres. Le 6 vendémiaire an VI, il fait le serment de haine. Le 18 thermidor an VI, il habite Saint- Mai-tin (Arch., L, 829<). Au rétablissement du culte, il est nommé, le 21 juin 1803, desservant ou vicaire du Lauzet et Casset (commune du Monètier-de-Briançon). Transféré au Gbazelet (commune de La Grave), en 1811. Aumônier et curé du Mont-Genèvre, le 1" octobre 1818. Curé du Puy- Saint-Plerre, le 1" janvier 1825. De nouveau aumônier et

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ÉTUDES FRAKCiSCàINBS. 181

curé du Mcot-OeDèvre, de 1830 à 1840, il y fait beaucoup d'améliorations. Il est mort à GhamaDdrin. près Briançon, le 23 noTembre 1853, à l'âge de 91 ans.

BlANG, Jean-Joseph, en religion Frère ROMAIN de Caleyères, laïque, capucin du coureot d'Embrun, ci- devant p. 173.

BLANG, Pierre, en religion P. GUILLAUME d'Embrun, capucin du couvent d'Embrun, ci-devant p. 167.

BLANG, Pierre, nom religieux iacotmu, qualifié « an- cien capucin à Qap », bien qu'il ne soit pas mentionné parmi le personnel de ce couvent en 1790, était à Buyssard, le 23 mars 1764, de Pierre et de Marie Mazet. n prit retraite à Embrun, le 2 messidor an II (20 juin 1794) (Arch. V, 47^. Il habitait Saint-Julien en Champsaur en vendémiaire an Vil. Il fut chargé de desservir la suc- cursale d'Aupa, hameau de Sigoyer-sur-Tallard, le 4 mai 1813 (Arch. V,50}, curé de Pouillouse vers 1820, du Monètier-Allemont 'le 1<' janvier 1824. Il fut admis à la retraite le 1'' Janvier 1834.

BLANCHARD, Jacques, en religion P. POLYCARPE, récollet du couvent de Salnt-Marcellin, à qui nous avons consacré quelques lignes, page 19 de nos Éludes sur la Révolution dans l'Isère. Des renseignements survenus depuis nous autorisent et nous obligent à parler ici de lui plus longuement.

Ce digne religieux était à Chantemerle, commune de Saint-Chaôïey, le 31 janvier 1738. Il fut déflniteur de sa province, et pendant longtemps il fut confesseur attitré des religieuses de la Visitation de Saint-Uarcellin. Le 24 juin 17Ô2, il fut traduit dans la maison d'arrêt de Gre- noble, et dès lors ne reçut plus de pension, a-t il raconté dans une lettre du 9 vendémiaire en XI. Cette détention ne fut pas longue, et, se voyant dans la nécessité de fuir, il se trouva, dès le 30 août 1792,à Annecy, Mgr d'Aviau, archevêque de Vienne, le munit de sa recommandation. Les dates fournies par son celebret le montrent à Aoste le 28 septembre, à Ivrée le 3 octobre, à Verceil du 8 au

Annales des Alpes, 1897-98. i'i

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18S ANNALES DES ALPES.

16. Le 28, l'archevêque de Ferrare signale au cardinal secrétaire d'État son arrivée dans cette ville, sous la protection d'un passeport délivré le 18, par le comte Ziucci, internonca à Turin (Carilas S. Sedis, t. xxxi). Le P. Polycarpe demeura dans Ferrare, et n'y fut pas abso- lument heureux, comme vont le prouver les pièces sui- vantes, que nous traduisons de l'italien :

Le cardinal Mattei, archevêqtee de Ferrare au cardi- nal Secrétaire d'État.

« Presque tous les réfjuliers émigrés sont inté- grés daus les communautés de leur ordre respectif; ils en ont revêtu l'habit, et se prêtent à l'observance de leurs lois et coutumes.

a Les prêtres ci-après sont encore hors des cloitres de leurs ordres, savoir : Don François Galas, chanoine régu- gulier de ta congrégation de Sainte-Geneviève; le P. Polycarpe Blanchard, de l'ordre de Saint-François et de la Réforme des Récollets de France, aujourd'hui âgé de 54 ans, logé pour le moment au monastère de Saint-Geor- ges, hors les murs de cette ville, de la congrégation de Monl-OIivet, avec un sien frère et un neveu, prêtres ; François Farlet, augustin.

« Ces trois religieux. Galas, Blanchard et Farlet, dési- reraient obtenir du Saint-Père la permission de rester vêtus en prêtres séculiers jusqu'à leur retour en France, d'autant plus qu'il n'y a dans cette ville aucun couvent de leurs ordres. En ce qui concerne le religieux Blanchard, attendu ses inârmités, ce serait chose extrêmement grave pour lui d'entrer dans l'ordre des Mineurs Observants d'ici, de se conformer à eux, et de ne plus faire usage de chemise et de bas ; car, eu France, un induit apostolique avait permis de porter ces objets. De plus, il serait très fâcheux, pour le P. Blanchard, d'être privé de la compa- gnie de son frère et de son neveu, desquels il reçoit aide, assistance, soulagement et confort dans les maux qui rafOigent et qui sont attestés par le certilîcat ci-Joiat, .

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ÉTUDES FRANCISCAINES. 183

donné arec serment par le médecin. Je tous le présente avec respect. . . « Perrare, 13 mars 1793.

« A. Cardinal Maitei ».

« A. Ferrare, le 9 mars 1793. Moi médecin expert pour la véritérècherchéeenjusticeet hors de justice, j'atteste et fais foi, même avec mon serment, que, étaat un des médecins assistants pour les maladies qui surviennent aux Révérends moines Olivétains du monastère de Saint- Georges hors les murs de cette ville, j'ai eu occasion de visiter dans ledit monastère le Révérend Monsieur Don Polycarpe Blancbard, commensal dans ledit monastère, religieux français de la Réforme de S. Français établie en France, et autorisé par leur dernière constitution à porter bas et chemise, âgé de 54 ans, accompagné d'un sien frère de 64 ans et d'un neveu, tous prêtres séculiers. Et, attendu les soins médicaux que j'ai donnés au susdit Monsieur Don Polycarpe Blancbard ; attendu encore les examens oculaires qui m'ont fourni la preuve des douleurs violentes rhumatismales auxquelles il est sujet depuis plusieurs années, j'ai observé et vu, en beaucoup de parties de son corps, les traces et cicatrices des vési- catoires qui lui ont été plusieurs fois appliqués. J'ai tu aussi un cautère qu'il est dans la nécessité de maintenir ouvert pour éviter les accès les plus périlleux des maux susdits, et pour lequel lui est nécessaire la journalière assistance de son neveu, non moins que de son frère, infirme lui aussi. En raison de toutes ces causes, je juge que le susdit Monsieur Don Polycarpe Blancbard est dans l'impossibilité de se conformer à la Règle et aux coutumes de religieux qui sont différentes des siennes, et qu'il ne pourrait pas, sans Imminent péril de récidive en sem- blables incommodités, changez la manière de vie qu'il tient à présent.

Signé : a Gillioli, médecin physicien •). »

<) Les deux pièces conneies subsUtenl dans la (ome II du CaritasS. Sedit. Nous les avons traduites 1 1 Itérai amen t, ce qui, poai> la seconde n'a pas pa être sans quelque offeust! de notre langue française.

Digilzedt.GoOgle

184 ANNALES DBS ALPE3.

Le 23 mars, Mgr Caleppi Ul au cardinal Mattei cette réponse quelque peu dure : « Mais je rois beaucoup de Récollets français, même vieux et mal portants, qui sont rentrés dans les couvents de leur institut sans qu'aucun d'eux ait fait les difRcultés que l'on expose au sujet de Blanchard » iCarilasS. S. t. XXV).

Quelles furent les suites de ces démarches pendant le séjour du P. Polycarpe dans les États Pontidcaux, nous l'ignorons. Mais les Annales des Hautes-Alpes du 19 juin 1885, page398, affirment cpi'it revint au pays bien avant la fin des persécutions, et qu'il y exerça clandestinement le saint ministère. Cette assertion nous parait d'autant plus digne de foi, que son neveu, le vénérable chanoine Blanchard, morl à l'âge de 84 ans le 36 juillet dernier (1897) n'a pas y être étranger. Toujours est-il que. le 5 vendémiaire an XI |27 septembre 1802), le P. Polycarpe était à Saint-Chaffrey (Arch-, V, 54) ; qu'il desservit probablement Réallon du 4 mai 1803 à 1805, et le Bez de 1805 à 1806, sans traitement. Il mourut à Ghantemerle en 1881.

BLANCHARD, Jean-Pierre, en religion P. SAUVEUR de Chantemerle, capucin du couvent d'Orange(nos Éhtdes sur la Révol. dans Vawcluse, p. 42).

BONNAFFÉ, Joseph, donné des Capucins de O-ap, ci- devant p. 167.

BOREL, André, en religion P. ANGE de Briançon, capucin du couvent de Vienne. Aux lignes que nous lui avons consacrées dans nos Eludes sur la Révolution dans l'Isère, p. "40, il y a simplement lieu d'ajouter deux faits relevés des Archives de l'évèché de Orenoble. L'un est qu'il avait été retenu pour la prédication du carême de l'an 1791 dans la cathédrale de cette ville. Sa résistance au schisme nous autorise à penser qu'il ne donna pas cette station. L'autre fait est qu'en 1802 il était encore à Vienne et y faisait acte d'adhésion au Concordat.

BOUCHARD, Pierre- Joseph, en religion P. NICOLAS du du Monestier, capucin du couvent d'Orange. Nos Étu-

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ÉTUDES FRANCISCAINES. 185

des sur la Révol. dans Vauciuse, p, 43, ont dit sa retraite dans sa patrie. Il y résidait eanivose an in et vendémiaire an IV (Arch., L. 178).

BOURSIKR , Joseph , en religion P . JEAN-LOUIS d'Abrîès, capucin du couvent de Vienne, resté célèbre par son intrépidité au milieu des périls de la persécution (nos Études sur la Révolution dans l'Isère, p. 42 et suiv,).

BRESSON, Ferréoi, récollet du couvent d'Arles. Nos Études sur la Révol. dans les B.-d.-Rkône, p. 71, auquel- lesil faut ajouter mention de deux paiments faits k Arles entre ses mains par le fisc au 1*' et au 12 janvier 1791.

BRESSON, Jean-Pierre, en religion CHARLES d'Embrun, capucin de résidence conventuelle inconnue, ou domicilié aux Vans (Ardèche) à un titre non spécifié, le 27 novembre 1722, profès le 19 septembre 1742. Il déclara devant la municipalité des Vans, le 13 décembre 1790, opter pour la vie privée (Arch. du Gard), On l'aper- çoit à Orange le 23 février 1791 {Arch. de Vauciuse}. M. Vemet, vicaire général et administrateur du diocèse de Viviers, dans des notes secrètes postérieures, le dit habitant Joyeuse, sans date ni détail (Chancellerie de l'é- vèché de Vivers).

BRESSON, Pierre, à Embrun, récollet du couvent de Montpellier, parut devant l'inexorable commission révo- lutionnaire d'Orange le 6 thermidor an II (24 juillet 1794), en compagnie de son confrère le P. Combatte, du couvent d'AvigDOD, et du chanoine de Silvestre. L'acte d'accusa- tion, commun à ces trois prêtres, leur reprochait d'avoir « commis des délits contre-révolutionnaires, en prêchant publiquement des maximes d'intolérance et de supersti- tion, en propageant le plus dangereux fanatisme, en voulant exciter l'anarchie et allumer la guerre civile, en refusant de prêter le serment qui est prescrit par la loi à tous les prêtres, en se rétractant après l'avoir prêté '},

•) Celait le cas da P. Combetto, qui avait fait, dès le 9 avril ITOl, nue NtracUlion écrite, da la plus touchanta édiScstioD.

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186 ANNALES DES ALPES.

en conservant chez eux, dans l'espoir d'une contre-révo- lution qu'ils attendaient et qu'ils désiraient avec ardeur, les bochets dangereux du fanatisme ; ils ont conspiré contre l'uiiité et l'indivisibilité de ia République o. La peine capitale fut prononcée, et l'exécution des onze cou- damnés de ce jour-là eut lieu à 6 heures du soir {Abbé Bonnet. Les 333 victimes de la Commission populaire d'OranÉre, II, 231-2).

BRUN, Antoine, en religion P. THOMAS d'Eygliers, capucin, gardien du couvent de Semur [Côte-d'Or] depuis plusieurs années , donna d'abord dans le schisme et accepta des fonctions dans l'Église constitutionnelle. (Nos Études sur la Révolution dans la Côte-d'Or]; mais il s'en lassa, et se retira dans son pays natal, on l'aperçoit le 23 vendémiaire an III (14 octobre 1764), pensionné à 800 livres (Arch. des H.-AIpes, L. 886).

BUREL. Jean-Prancois, en religion P. PROSPBR de...., capucin du couvent du Puy-en-Velay, custode général des capucins de la province de Lyon. Nos Études sur la Révol. dans iWsère, p. 30, l'incorporent par erreur au couventde Grenoble. Nous estimons qu'il y vint par espoir de trouver la vie commune, pour laquelle en effet les religieux de cette maison prenaient des dispositions que le Directoire du département rendit inutiles. Toujours est-il que le P. Prosper toucha au district de Grenoble un terme de sa pension le 4 avril 1791 (Registre I des pen- sions, Arch. de l'Isère). Le P. Prosper avait alors 57 ans. Le 8, quatre jours après, il déclarait vouloir aller suivre la vie commune dans le couvent de Gap, il lui parais- sait certain qu'elle ne serait point troublée (Arch. des H,- A., V, 48). Il y était encore dans le courant de l'année 1792 ; mais pu ne le suit pas au delà.

GÉAS, Jean-François, en religion P. ARNOUX de Gap, capucin du couvent de Gap, ci-devant p. 163.

CHARBONNEL, Balthasar-François, cordelier du cou- vent de Oap, ci-devant p. 158. , CHASTAN, Jean-Pierre, récollet du couvent d'Hyères.

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ETUDES FRANCISCAINES. t87

à Embrun le 4 janvier 1760 de Pierre et de Suzanne Ghampsaur, reçut du district d'Hyères, le25 janv. 1793, son exeat pour celui d'Embrun (Arch. des H.-A.., L, 886). On le suit à Embrun le 13 mai 1793, en vendémiaire an rv et germinal an VI, pensionué à 700 livres. Il devint recteur de Saint-Apollinaire, puis desservant de Cbaudun du 1" juin 1817 au 1" juillet 18Î7, il fui transféré à Ghabestan. Il mourut eu ce dernier lieu le 7 octobre 1841.

CHEVALIER, Mathieu, cordelier de résidence conven- tuelle inconnue, est dit au diocèse d'Embrun dans une lettre du 10 février 1796, par laquelle le cardinal Matlei, archevêçue de Ferrare, donne au cardinal secrétaire d'État avis oHlciel que ce religieux est hospitalisé chez les Conventuels de sa ville épiscopale (Caritas S. S., t. XX).

CIVAT, Claude, en religion Frère BARTHELEMY de Briançon, laïque capucin, du couvent de Montélimar (Nos Études sur la Révol. dans la Drôme, p. 51).

CLAPIERS, Etienne, cordelier du couvent d'Embrun, ci-devaut p. 153.

COLOMBAN, Barthélémy, en religion LAURENT du Grand-Villar, capucin du couvent de Grenoble. A nos Études sur la Réb. dans l'Isère, p. 34, il faut ajouter à son sujet qu'il est né, au Villar-Saint-Pancrace, de Jean- Baptiste et de Catherine Clément. Le 6 octobre 1792, il est vicaire au Serre-Barben, corn* du Monêtier-de-Briançon, dans laquelle il prôte le serment de liberté-égalité. Il habite ensuite le Gran-Villar, ou Viilar-Saint-Pancrace, on l'aperçoit, d'intervalle en intervalle, depuis l'an III jusqu'en vendémiaire an VII. Le 89 nivôse an IX, on apprend qu'il est dangereusement malade à Beaurepaire (Arch H.-„ V, 471. Il y est encore le 22 germinal suivant. De là, il va à Grenoble, d'où il réclame sa pension ie Q nivôse an X.

COLOMBAN, Jean- Baptiste, en religion P. THÉOPHILE, récollet du couvent de Saint-Marcellin (nos Éludes sur la Rév. dans l'Isère, p. 18), était au Viilar-Saint-Pan- crace, le 37 juillet 1726, de Jean et d'Anne Travail. II i

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188 ANNALBS DES ALPES.

prêta le serment de liberté-égalité au Villar, le même Jour que le précédent, 6 octobre 1792. Sa pension de 800 livres lui est payée au même lieu en l'an lU et en l'an IV. Il y fait le serment de baine le 7 vendémiaire an VII. Il y réside encore eu l'ao IX, et y meurt le 20 floréal an X [10 mai 1802). La précision de toutes les dates ci-dessus donne lieu de trouver étrange l'inscription de ce religieux , avec tous ses noms et son domicile de Saint-Marcellin, sur le 5" supplément de la liste des émigrés, avec la men- tion < déporté », le tout en vertu d'un arrêté départemen- tal du 10 tbermidor an III.

COLOMBAN, Laurent, en religion P. BERNARDIN de Villar-Saint-Pancrace, capucin du couvent de Crest, mort le 38 avril 1792 (nos Études suv la Rév. dans la Drôme, p. 43).

COURT, capucin, sans autre renseignement, réside à GuUlestre en l'an II, et y reçoit sa pension, qui est de 700 livres. Ce nom patronymique, Court, ne se rencontre dans auoun des couvents de Capucins de tout le midi de la France. Nous ne l'avons aperçu que dans un état dressé par les Capucins de Savoie, pour le service inté- rieur de leur province. Il y appartient à un jeune reli- gieux clerc qui a prononcé ses vœux le 7 septembre 1789 sous le nom monastique d'HippoIyte de Montaimont. Cette qualité de clerc lui donnait droit à la pension de 700 livres ; nous [cuvons donc supposer que c'est lui qui s'est remisé à Guiltestre en l'an II.

DAURELLË, Jean, cordelier du couvent d'Embrun, ci- devant p. 1%. DIDIER, récollet, ci-devant p. 160. DUC, François, en religion P. ANTOINE de La Roche, capucin du couvent d'Orange. Notre article sur lui, page 43 de nos Études sur la Rév. dans Vaucluse, doit être modiflé et augmenté comme il suit : Le P. Antoine est au Serre, hameau de La Roche-de- ^ Rame, le 13 juillet 1750, d'Antoine et de Marguerite Mau-

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ÉTUDES FRANaSCAINBS. 189

rel. n fit profession le 19 septembre 1772. Une pièce des Archives des Hautes-Alpes (V. 48) du 18 juin 1761, dit qu'il appartenait au couvent de Montétimar, d'où il expri- mait la volonté de se rendre à celui de Gap pour y suivre la vie commune. C'est-à-dire, expulsé du couvent d'Orange, il était, comme plusieurs autres, venu chercher la vie commune à Montélimar, elle ne fut pas possible. II se trouva donc à Qap le 4 juillet suivant. Lorsque ensuite il fallut quitter ce dernier asile religieux, il se rendit à La Roche. 11 fît le serment de libsrté-égalitéle 2Saoûtl7d3.0n l'y voit en nivôse an II. Le 5 floréal de cette même année (24 avril 1794), le « Comité de surveillance régénéré » de Gap lança contre lui un mandat d'arrêt ; mais il ne put pas être appréhendé, « quoique reconnu fanatique et fanatisant, desservant la succursale de Chaudun en 179S vieux style),.., caractère hypocrite » (Arch. des H.-A.,} L, 935). Le 16 prairial suivant {4 juin), nouveau mandat d'arrêt lancé d'Embrun; la P. Antoine fut arrêté. Le 25 brumaire an III {15 novembre 1794), il réclama son élargissement, la restitution de ses effets, et fut remis en liberté, soi-disant en vertu des lois du 21 messidor et du 29 thermidor an II. Kn suite de cette libération, il quitta Gap pour le pays natal le 28 nivôse an III (17 Janvier 1795), et sa pension de 700 livres continua de lui être payée. Le 10 vendémiaire an VI (I" octobre 1797), il y fit le serment de haine. Un an plus tard, en vendémiaire an Vif, on le voit habiter L'Argentière, et, le 12 frimaire an XI (3 dé- cembre 1802), Orciôres. Après le rét^J^ssement du culte, il fut nommé, le 4 mai 1803, desservant du Poët, dans le canton de Laragne. Il devint curé de Ventavon en 1809 ou 1810. On l'y voit remplacé en 1814, sans apercevoir de quelle façon a eu lieu sa retraite.

DUC, Jean-Étienne, en religion P. AUGUSTIN de La Roche, capucin du couvent de Gap, ci-devant p. 101.

ETIENNE, Sébastien, en religion P. AUGUSTIN de Val- louise, capucin du couvent d'Orange. Nous n'avons pu, dans nos Ktmies Rur ta Rév. dans Vaucluse, que signaler % ,

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190 ANNALES DES ALPES.

les dates de sa naissance (8 mars 1705), de sa profession [23 juillet 1726), et son option de la vie commuDe. Les Archives des Haules-Âlpes nous ont révélé quelque chose de plus. Comme le P. Antoine àa La Roche ci-dessns, il alla d'abord chercher la \ie commune à Montélimar. Elle n'y subsista point, et, le 5 juin, de cette ville, il fit savoir à Gap qu'il désirait s'y rendre. En effet, il y était neuf jours après, le 14 (Arch., V. 48). Après l'évacuation de ce dernier couvent, on le voit à Valtouise le 22 avril 1793 (Ibid., 47, fol. 36). H revient ensuite dans la ville de fiap, sa pension, de 350 livres par trimestre, lui est payée en nivôse et en messidor an II (Ib., L. 178). Il avait alors 90 ans, et nous avons le regret d'ignorer la date de sa mort.

EYMARD, Pancrace, en religion URBAIN du Grand- Villar, capucin du couvent de Crémieu (nos Éludes sur la Révolution dans l'Isère, p. 58),

FABRE, Jean-Ange, en religion Fr. SÉBASTIEN de Revel, laïque, capucin du couvent de Qap, émigré, ci* devant p. 166.

FABRE, Jean-Joseph, en religion Pr. FÉLIX de Revel, laïque, capucin du couvent d'Embrun, ci-devant p. 174.

FARNAUD, Jean, cordelier du couvent de Gap, ci- devant p. 157,

FAURE, Jean-Baptiste, en religion SYMPHORIEN du Villar-Saint Pancrace , capucin du couvent de Crémieu (nos Études sur la Rév. dans l'Isère, p. 57), En 1802, il habitait Saint-Sorlin et faisait acte d'adhésion au Concor- dat (Chancellerie de l'évêché de Grenoble).

FAVIER, Esprit, cordelier, du couvent de Gap, ci- devant p. 157.

FAZY, Jean, récollet du couvent de Villeneuve-les- Avignon {nos Éludes sur la Rév. dans le Gard, p. 31 ; leur supplément, p. Ul). Il était à Saint-Véran, le 20 octobre 1754, de Jean et de Marguerite Berge. 11 entra des premiers dans le ctegé schismatiquo du Gard ; mais U •parait n'y avoir pas longtemps persévéré, puisque sa

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prestation de serment de liberté-égalité est mentionnée dans les Hautes-Alpes (L, 82Ô <). En nivôse an III, 11 babite Btancbe-Froide (Saint- Véran). Le 13 vendémiaire an IV, il y reçoit le premier semestre de sa pension, celle-ci était portée à 800 livres annuelles. Le 11 frimaire an IV, il babite Fougillarde, et fait à Molines la déclaration de soumission aux lois, à l'effet d'exercer le culte. Le 36 bru- maire an VI. il y prête le serment de haine. Le 2 ventôse an VIII, c'est de Ville-Vieille, qu'il réclame sa pension. Le 9 juillet 1803, il devient curé de Laye, près Gap, il est encore en iSlO.

FERRIER, Jean, en religion VINCENT de Chantemerle, capucin du couvent d'Uzès. A ce que nous avons dit de lui dans nos Étitdes sur la Rév. dans le Gard, p. 75, et dans le SupplémerU desdites, p. 27, il faut ajouter les rensei- gnements suivants, fournis par les Arcbives des Hautes- Alpes:

Le 24 septembre 1792, à Gap, il déclara être parti du monastère bénédictin de Villeneuve-lès-Avignon (dernier asile de la vie commune dans le Oard) il vivait, et être âgé de 57 ans (V, 47). Sa pension était donc de 800 livres ; il la reçut à Gap jusqu'au ^ messidor an II, il se retira dans le Briançonnais. En l'an VI, il fut mis en arrestation à Gap par ordre du Comité de Surveillance régénéré de cette ville, qui le décrivit « Capucin à Gap, 61 ans, garçon, » et motiva comme suit cette mesure : Suspecté de fanatisme, et n'ayant jamais donné des marques d'attachement à la Révolution. Il était l'agent et rame dannée (sic) du ci-devant évoque Maillé, fréquentant les personnes suspectes ; haut et souple ; pensant et agis- sant d'après les gens de son état. On a trouvé dans ses effets tous les ornements propres à dire la messe, avec deux boites de grandes et de petites hosties s (L, 936) .

PERRUS, Jean, en religion P. ANDRÉ de PuySaint- André, capucin du couvent d'Embrun, ci-devant p. 172.

FRÉZET, André, récollet, ci-devant p. 160.

GARNIER, N., en religion P. ZACHÉE, récollet du

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couvent de Bollène, natif de Ghâteau-Queyras, émigré (nos Études sur la Rév. dans Vattctiise, p. 29),

GARRETTE, Louis, cordelier du couvent d'Embrnn, ci-devaiil p. 156.

GÉRARD, Claude, lai, capucin, sans autre information, aperçu k L'Argentière en l'an 11.

GÉVAUDAN, André, en religion PANCRACE du Villar. capucin du couvent de Gap, ci-devant p. 163.

GILLY, Pierre, en religion BENOIT de La Roche, capucin du couvent d'Orange. Son article, p. 42 de nos Études sur la Rév. dans Vauciuse, doit être corrigé en ce qu'il était encore à Gap le 19 frimaire an III, et que peu après, le 4 pluviôse de la même année [23 jan~ vier 1795], il est mort à La Roche, âgé de 81 ans et 3 jours.

GIRAUD, Antoine, en rel. Fr. PIERRE de Vallouise, laïque capucin du couvent d'Embrun, ci-devant p. 172.

GIRAUD, François, cordelier du couvent de Rriançon, ci-devant p. 159.

GIRAUD, Pierre, en religion Fr. PASCAL de Riff, laïque capucin du couvent de Gap, ci-devant p. 165.

GUIOUES, Louis, prêtre récollet de résidence conven- tuelle inconnue, habite Chorges à partir du 1'^ janvier 1792 (Arch.,L, 886).

IZE, Victor, en religion PAULIN de Névache, capucin du couvent de Romans [dos Études sur la Rév. dans la Drame, p. 40).

IZOARD, Jacques, cordelier dn couvent de Briançon, ci-devant p. 158.

LAGIER, Jean -Pierre -Aubin, cordelier du couvent d'Aix-en-Provence. Nos Études sur la Rév. dans les B.- du-Rhône, p. 15, ne le suivent pas au-delà du 23 Juillet 1792. Les Archives des Hautes-Alpes nous apprennent de plus qu'il était à Embrun, de Jean-Baptiste et de Marie Guigues, ensuite que, le 15 floréal an II, il se retira d'Aiz dans sa ville natale. Un an plus tard, il y demanda

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ETUDES FRANCISCAINES. 1^

sa simple pension d'ex-cordelier (L, 886). li y réside encore ea vendémiaire an lY. Le 10 ventôse an V, il fait la déclaration de soumission aux: lois. Le 8 germinal an VI, il est inscrit pour la pension de 800 livres, avec le titre d'ex-curé. Il devient curé d'Arvieux, le 4 mai 1803, de Baratier de 1810 à 1821. Il se retire du ministère le 1" janvier 1826.

MARROU, Dominique, en religion Fr. JEAN-FRANÇOIS, donné des Capucines de Marseille, à Serres (nos Étu- des sur la Rév. dans les B.-du-Rhône, p. 132).

MARTEL, Nicolas, cordelier du couvent d'Embrun, ci-devant p. 155.

MARTIN, Claude, en religion Fr. JOSEPH de Gap, laïque capucin dn couvent d'Orange (nos Éludes sur la Révol. dans Vaucluse, p. 44).

MARTIN, Pierre, en religion P. HILARION de Montbar- don, capucin du couvent devienne. Nos Études sur la Révol. dans l'Isère, p. 52 et suiv., ont insinuer qu'il était tombé dans une faute, à l'ouverture de la pi^rsécu- tion, en rappelant la note de Mgr d'Aviau : «. réhabilité, bon». Eu effet, le P. Hilarion fut vicaire constitutionnel de GuiUestre. Il résigna cette fonction le 18 ventôse an II, déclarant vouloii' vivre dorénavant au moyen de sa seule , pension (Arcb. des H.-A., L,886). Il fit, le 3 frimaire an IV, au même lieu, la déclaration de soumission aux lois préa- lable à l'exercice du culte (L. 161). II habitait encore Guil- lestre le i" vendémiaire an V (V, 48). Nous avons dit quelle édification répandit ensuite sa sainte vie.

MARTIN, Simon, en religion PHILIPPE d'Abriès, capu- cin du couvent Vienne. .\ ce qui est dit de lui dans nos Étïidessur la Rév. dans l'Isère, p. 51, il y a lieu d'ajou- ter qu'en 1802 il résidait encore à Vienne, et faisait acte d'adhésion au Concordat. Le 18 janvier 1804, il était nommé curé de Moydieu, Il parait aussi avoir habité Saint-Pierre-de-Bressieux, mais on ne voit pas à quelle époque (Chancellerie de l'évèché de Grenoble).

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194 ANNALES DBS ALPES.

MARTINET, François, en religion VALENTIN de Fort- Queyras [al. Château-Queyras), capucin du couvent de La Mure Le peu de lignes que nous lui avons consacrées dans nos Études sur la Révol. dans l'Isère, p. 59, por- tent que son nom a figuré sur les états de pensionnaires du district de Grenoble pendant les années 1791 et 1793 ; en effet, nous l'y avons vu nous- même. Mais ceci est un exemple de plus de la légèreté et de l'irrégularité avec lesquelles se faisaient les écritures révolutionnaires. Nous avons donc à dire que le P. Vaieutin était au hameau de Meyriès, commune de Château-Queyras, à la date et des parents déjà dits. Il accepta la vicairie constitution- nelle d'Aiguilles, et par suite y prêta le serment scMsma- tîque, le 25 septembre 1791, et celui de liberté-égalité le 7 octobre 1792. Il ne persista pas dans sa l'onction consti- tutionnelle, car on le voit simple pensionnaire à Fort- Queyras, en nivôse an III, puis à Ville- Vieille, le 13 vendé- miaire an IV. Peu de jours avant, le 5, il y a fait la décla- ration de soumission aux lois, à l'effet d'exercer le culte. Le [24 brumaire an IV, il y joint le serment de haine. Il réside encor-e à Ville-Vieille le 23 prairial an IX- Le 10 juil- let 1803, il est nommé curé de Ghâtillon-le-Désert, et en même temps chargé de la desserte de Ghâteauneuf-d'Oze ; curé de Molines-en-Queyras en 1804, de Château-Queyras en 1806, d'Arvieui en mai 1812, de Château-Queyras, à nouveau en 1821. Devenu plus que septuagénaire, il prend sa retraite le 1" juillet 1827.

MATHIEU, Laurent, en religion Fr. GUILLAUME..., laïque capucin du couvent de La Mure (nos Éludes sur la liévol. dans VIsère, p. 59).

MEFFHE, Léon, récollet du couvent d'Arles, à Ghâ- teauroux, près Embrun, émigré (nos Études sur la Rév. dans les B.-du-Rhàne, p. 71 et suiv.).

MERLE, Claude -Antoine, en religion Fr. DANIEL d'Abriès, laïque capucin du couvent de Barjac (nos Études sur la Révol. dans le Gard, p. 83).

MERLE, François, fen religion FLORENTIN , . . , capucin

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ÉTUDES FRANCISCAINES. 195

du couvent de Vienne (nos É/iuies sur la Rév. dans V Isère, p. 52).

MERLE, Antoine, en religion BENOIt d'Abriès, capucin du couvent de Vienne, ancien gardien du couvent de Grenoble, ancien maitre des novices (nos Études sur la Rév. dans l'Isère, p. 39).

MICHEL, Joseph, en religion Fr. JOSEPH de Réalon, laïque capucin du couvent de Marseille (nos Études sur la Rév. dans les B.-du-Rhône, p. 95).

MORAND, Claude-Antoine, en religion DONAT de Val- louise, capucin du couvent d'Embrun, ci-devant p. 160.

MORAND, Joseph, laïque cordelier du couvent d'Em- brun, ci-devant p. 156. MOREL, Antoine, récollet, aumônier, ci-devant p. 160. NICOLAS, Jean-Charles, docteur en théologie et con- fesseur des Mineurs Observants (Récollets) de la province de Languedoc, au diocèse d'Embrun, âgé de 39 ans, du couvent de Notre-Dame à Béziers, résidant au couvent des Mineurs Observants de Géséne en 1794 (sic, dan^ deux listes du tome xl du Càritas S. S., l'on a fait, du mot Charges, qui désigne sa patrie, son nom patronymique, et du mot Nicolas, qui est son vrai nom patronymique , un troisième prénom,) *.

OLLAGNIER, Antoine, religieux, ei-aumônier, ci- devant p. 160.

OLIVET, Luc, en religion Fr. EDOUARD d'Abriès, laïque capucin du couvent d'Embrun, ci-devant p. 172.

PALLUEL, Jean-Jacques, en religion Fr. ANDRÉ de Saint-Crépin , laïque capucin du couvent de Gap, ci- devant p. 166.

PAYAN, Joseph, cordelier du- couvent d'Istres, noté par nos Éludes sur la Rév. dans tes B.-du-Rhùne, p. 30, auxquelles il faut sgouter qu'il devait être encore dans son couvent en juin 1701, puisque, le 18 de ce mois-là, il toucha à Salon, chef-lieu du district, te quartier échéant

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196 ANNALES DES ALPES.

de sa pension, liquidée à 700 livres. 11 prêta le sennent de liberté -égalité, probablement au pays natal, mais se bâta de le rétracter : cela le priva du bénéfice de la pensioa, et il dut émigrer. Toutefois, il e^l constaté qu'il se trou- vait à Chantemerle, le is''jaavierl795. Là,]el4 aTriH796, il fut découvert par les sbires de la persécution, tandis qu'il était cacbé dans un tas de paille avec le capucin Jacques Roux, ci-devant du courent d'Embrun (Arch. des H.-A., L, 16i).0nles arrêta. Les suites decettemésaveature ne sont pas connues. Le 19 septembre 1802, il habitait encore Chantemerle, et faisait constater sa non-émigra- tion. Le 1" octobre suivant, il adhérait au Concordat. Il fut ensuite curé de Barret-ie-Haut, 27 avril 1803; de Val- des-Prés en 1807 ; du Mout-Genèvre en 1808 ; des Guiber- tes le 1" juillet 181Ô ; du Roux, en octobre 1818 ou 1819 ; du Lauzet le !"■ juillet 1822. 11 est mort le 28 janvier 1826 [Chancellerie de l'évêché de Gap).

PERRON, François, alias Jean, laïque récollet du cou- vent d'Hyères, y demeura jusqu'en 1762, comme l'atteste une réclamation à ce district, à l'efifet d'être payé de sa pension (Arch. du Var. . . ). On le voit habiter Briançon de oivose an 111 au 29 thermidor an VIII, touchant sa pen- sion de 500 livres, car il était le 19 juillet 1722 (Arch. des H. -.A., L. 178 ; V, 54).

PEYRAS-BOURCIER, Rlaise, en religion CONSTANTIN d'Abriès, capucin du couvent de Romans (nos Études sur ta Rév .dans la Drame, p- 38).

PEYRAS-BOURCIER, Jean, en religion CYRILLE d'A- briès, capucin du couvent de Romans. Il faut ajouter à nos Études sur la Révolution dans la Lrùme, p. 40, que, suivant certificats émanés du maire de Romans, aux dates des 19 octobre 1809 et 31 janvier 4810, il avait bien fait partie de ce couvent. Dans quel intérêt ces certificats avaient-ils été demandés ? Dieu le sait. Il était à Oncino, discèse de Saluées, de Chafifrey et de Catherine, proba- blement tous les deux Peyraa-Bourcier , venus en ce pays-là du hameau du Roux, commune d'Abriès. Après le refus de serment (sans doute de haine), il réussit, eo

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ÉTUDES FRANCISCAINES. 197

l'an XI, à se faire réintéfirrer au nombre des pensionnai- res de t'État. Le 4 mai 1803, il l'ut nommé curé des Orres, puis d'Arvieui le 10 octobre 1803, ou «iiielque peu avant. La date de sa mort tra^nqiie est le 15 juillet IStt.

PEYRAS-BOUKCIEK, Pierre, en religion P, CALIXTE d'Abriês, capucin du couvent de Vi!leneuve-de-Berg (Ardè- che), ni^ le 17 février 1768, profès du noviciat de Grenoble le !■' septembre 1731, se rendit au couvent do Romans pour y suivre la vie commune. Il y prêta, comme la plu- part de ses confrères, le serment de liberté- égalité. Cette démarche n'empêcha pas la perséculion de les disperser peu après, et le P. Calixte se retira au pays natal, il demeura jusque dans le cburant de l'an IV, comme l'affir- meot les certificats de civisme dont le munit l'autorité locale (Arcli. de la DrAme, V, 188). Il descendit de ses Alpes pour venir exercer clandestinement le ministère danslaDrôme. Il fut arrêté à Oriolen-Royans, le «no- vembre 1797, et non pas à Lodol, comme l'ont dit plu- sieurs historiens (Arch. de la Drôme, ibid). On saisit sur lui les saintes huiles, les hosties, un ciboire en plomb, un registre il inscrivait les baptêmes qu'il administrait et les tnariages qu'il bénissait, etc. Son cas le soumettait à la loi de la déportation. Il y fut envoyé, alla de brigade en brigade jusqu'à Rochefort, embarqué sur la Bayon- naise le 1" août 1798, descendu à Cayenne le 39 septem- bre, rélégué à Kononama. Il y mourut le 15 décembre de cette même année 1798 : on voit que ce martyre avait été préparé par une agonie de treize mois dans les prisons, les voyages et les douleurs dont la Révolution était prodi- gue pour les pauvres prêtres.

PHILIP, Jean-Joseph, en religion P. MATHIEU de ViUevieille, capucin du couvent de Vienne (nos Études sur la Rév. dans l'Isère, p, 50)

PHILIPPON, Antoine, lai cordelier du couvent de Gap, ci-devant p. 158.

PHILIPPON, Jean, en religion GUILLAUME d'Abriês,

Annales des ai,pes, 1807-98. 14

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idS ANNALES DES ALPES.

capucin du couvent de Montpellier, émigré (notre Hist. des Capucins de Toulouse, III, 120).

PHILIPPON, N., en religion JEAN-FRANÇOIS d'Abriès, capucin d'un couvent de l'Hérault, émiffré {notre Hist. des Capucins de Toulouse, III, 121).

POULLILIAN. Joseph, en religion F. LAURENT de La Roclie, laïque capucin du couvent d'Orange. Nus Études sur la Rév. dans Vaucluse, p. 45, auxquelles il faut ajouter que le Fr. Laurent prêta le serment de liberté- ligalité à Ventavon le 19 octobre 1792; qu'il habitait Beaujeu.dans le district de Serres, le 19 août 1793, et que de il se retira au district de Briançon le 11 pluviôse an II (Arch. des H.-A.. L, 829', 886).

PUY, Pierre, en religion ANGÉLIQUE de Ghâteau- Queyras, capucin du couvent de Crest. qui fut dune lâcheté remarquable en face de la persécution (nos Études sur la Rév. dans la Drame, p. 43).

QUEYRAS, Jean Baptiste, en religion P. BALTHASAR, récollet du couvent de Marseille, émigré (nos Études sur la Rév. dans les B.-du-Rhône, p. 57).

QUEYRAS, Jean-Joseph, en religion P. NORBERT, récollet du couvent de Marseille, émigré (nos Éludes sur la Rév. dans les B.-du-Rhône, p. 55).

QUEYRAS, Jean-Pierre, en religion P. THOMAS de La Roche, capucin du couvent d'Orange. Nos Études sur ta Rév. dans Vaucluse, p. 44, auxquelles il faut simplement ajouter que, le 5 floréal an XI (25 avril 1803), le P. Tho- mas habitait La Roche.

REBOUL, Pierre, en religion P. MARCELLIN, de Châ- touroux, près Embrun, récollet du couvent d'Apt, émigré (nos Études sur la Rév. dans Vaucluse, p. 25).

REYNE, Laurent, en religion P. FIDÈLE d'Eygliers, capucin du couvent d'Embrun, ci-devant p. 168.

RICHARD, Pierre, en religion P. SÉVERIN d'Abriès, capucin du couvent de Vienne. Nos Études sur la Rév. dans l'Isère, p. 41 , auxquelles 11 faut ajouter que le P.

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ÉTUDES FRANCISCAINES, 199

Séverio fut chef de mission dans le diocèse de Vienne, pendant les persécutions, avec pouvoirs semblables pour un rayon de trois lieues dans la partie limitropbe du diocèse de Lyon (Archives de l'archevêché de Lyon).

ROBERT, Jean-Antoine, en religion P. SILVESTRE de La Roche, capucin du couvent de Nimes, émigré (nos Études sur la Sév. dans le Gard, p. 53).

ROBERT, Jean-Pierre, en religion P. MARTIN de La Roche, capucin du couvent de Nîmes. A nos Études sur la Rév. dans le Gard. p. 54, il faut ajouter à son sujet que, de Ntmes, le 27 mai 1701, 11 sollicita son admission au couvent de Gap pour la vie commune, et qu'il y était rendu le 17 juin suivant (Arch. des H.-A., V, 48). Le 17 avril 1792, le curé des Grottes le désignait pour le service de la chapelle de Saint-Jean des Crottes. Le 5 jan- vier 1793, il déclarait se fixer à Briançon, et réclamait un trimestre de son traitement. Le 16 septembre suivant, il alla se fixer à Oap, il était encore en nivôse an II, jouissant de sa pension. Puis, ses nouvelles font défaut jusqu'au 10 pluviôse an X (30 janvier 1802), il habita La Roche. Le 27 avril 1803, il devient curé de Cbâteau- neuf-d'Oze. Le capucin Martinel l'y remplace avant le 10 juillet de la même année. II est curé de Saint-André de Rosans vers 1810, avec un honoraire de 233 francs que personne ne pourra trouver exagéré.

ROUX, Etienne, récollet de résidence conventuelle inconnue, à Mont-Dauphin, le 30 juillet 1727, de Louis et d'Anne Girard, fit le serment de liberté-égalité à Per- nes, district de l'Ouvèze, le 16 septembre 1792. Le 3 jan- vier 1773, il obtint des autorités de Beaucaire un certificat (î). Le 25 du même mois, il se fixa à Mont-Dauphin, devenu républicainement Mont-Lion, ou le voit pen- sionnaire jusqu'en l'an VII (Arch. des H.-A.).

ROUX, Jacques, en religion MICHELANGE de Chante- merle, capucin du couvent d'Embrun, ci-devant p. 170.

RODY, Jean, en religion ETIENNE des Orres, capuciu du couvent de Gap. ci-devant p. 163.

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SOO AKNALE3 DES ALPES.

SALVA, auillautne, en religion P. JOSEPH de Château- roux, capucin du couvent de Gap, ci-devant p. 162.

SAORELY, Joseph, en religion Fr. JEAN-FRANÇOIS, d'Embrun, donné auz capucines de Marseille (nos Études sur la Rév. dans les B.-du-Rhâne, p. 134).

SIBOURD, Jacques- Sébastien, en religion P. SÉVERIN d'Embrun, capucin du couvent d'Embrun, ci-devant p. Ifï8.

SILVESTRE, Jacques, en religion P. JÉRÔME de Brîan- çon, capucin du couvent de Crest. A nos Biudes sur ta Rév. dans la Drôme, p. 4â, il faut ajouter que le lieu précis de la naissance du P. Silvestre était Pont-de- Cervières ; que la déclaration de vouloir se fixer au cou- vent de Gap, exprimée le 7 juin 1791, ne ftit pas suivie d'exécution, puisque son départ pour Romans eut lieu le 5 juillet, et son séjour s'y prolongea très sûrement jus- qu'au 13 septembre 1792. Après l'asile pris chez son neveu, à Romans, il se fixa définitivement au Pont-de- Cervières, on le voit toucher sa pension de 1. 000 livres en l'an III et l'an IV. 11 Ût aussi à Briançon une déclara- tion de soumission aux lois, à l'efTet d'exercer le culte.

SILVESTRE, Louis-Bruno, alias Laurent- Bruno, en reli- gion IRÉNËE de Briançon, capucin du couvent de Greno- ble (nos Éludes sur la Rév. dans l'Isère, p. 29), est dit capucin du couvent de Montétimar à propos de la décla- ration qu'il fit, le 13 août 1791, de vouloir vivre en com- mun dans te couvent de Gap ; mais nous avons vu cette résidence à Montélimar attribuée k quantité d'autres de nos Alpins qui sûrement n'appartenaient pas à la commu- nauté de cette maison. La chose reste donc douteuse pour le P. Irénée. Il est cependant allé à Gap, probablement vers la fin de l'année 1791, et, après l'évacuation du cou- vent, il demeura dans la ville, touchant sa pension de 800 livres, jusqu'en messidor an II. En nivôse an III, il est retiré à Pont-de-Cerviëres, qui est le lieu de sa nais- sance, et il y demeura probablement Jusqu'à sa mort, qui arriva le 2 prairial an XI (22 mai 1803).

TOYR, André, en religion JOSEPH d'Abriès, capucin du

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ÉTUDES FRANCISCAINES. 201

conveot de Montpellier, émigré [notre Bisi. des capucins de Toulouse. UI. 125).

TOYE, Ghaffrey, en religion VINCENT d'Abriès, capu- cin d'un couvent de l'Hérault, émigré. A sa notice (notre ffisi. des Capucins de Toulouse, III, 128) il faut ajouter qu'il était le 8 février 1743, if Antoine et d'Élisabetli Mathieu. On Faperçoiti ^ AMès le 5 pluviôse an XI (25 janvier 1803), au Roui d'Abriès le 24 bruiaaire an XII (le novembre 1803) ; mais il ne touche pas de pen- sion. En 1817, il est recteur du Roux ; il y meurt en mars 1818.

TOYE, Vincent, en religion CHAFFRÉ d'Abriès, capu- cin d'un des couvents de l'Hérault, émigré (notre Eist. des Capucins de Toulouse, lU, 124}.

- TRAVAIL. Jean-Baptiste, en religion Fr. LAURENT du Villar, jeune clerc capucin du couvent de Qap, ci-devant, p. 166

TROUGHE, Joseph, cordelier, qui parait être ft^re laïque et seul religieux du couvent de Dagnols (Gard), lors des inventaires (nos Études sur la Rév. dans le Gard, p. 17), opta pour la vie privée et résida àBar- jac, puis dans le canton d'Alaîs jusqu'en l'an IV, II habi- tait Les Crottes, et se plaignait, le 35 germinal an XI (lô avril 1S03), de n'avoir rien reçu de sa pension pendant toute la durée de l'an X (Arch. des H.-A., V, 54).

VÉRITIER, Jean-Laurent, en religion P. JEAN-JÉROME d'Abriès, capucin du couvent de Montélimar, dont il était gardien en 1790, au dire de VAmanach général du Dau- phiné, se trouvait encore dans cette maison le 3 août 1791 . Dix jours après, il était dans le couvent de Gap pour y suivre la vie commune (Arch. des H. -A,, V, 48). kprès la dispersion, il prit retraite à Abriès, il mourut le 9 ven- tôse an III (27 février 1795), à l'âge de 71 ans,

VIAL, N., cordelier du couvent de l'Isle-eo-Venise, sur lequel tout autre renseignement que celui de son âge nous a fait défaut lorsque nous avons écrit nos Études

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202 ANNALES DES ALPE8 .

sur la Rév. dans Vaitcluse (p. 16), était à L'Argen- gentiére le 15 septembre 1730, fils (jumeau avec Barbe) de Joseph et de Barbe Bous. Le 30 octobre 1792, il y fit le serment de liberté et d'égalité. On voit sa résidence en ce lieu, de date en date jusqu'à prairial an IX (mai-Juin 1801), époque il avait atteint l'âge septuagénaire.

VIAL, Pierre, donné anx Capucins d'Embrun, ci- devant p. 174.

Fr. Apollinaire.

NÉCROLOGIE.

M. LE DOCTEUR CHABRAND.

M. le docteur Chabrakd (Jean -Armand), oéàMoIines- en-Queyras, le 21 sept. 1812, s'est éteint doucement à Grenoble, le 17 janv. 1898, â l'âge de 86 ans. Ce vénérable et savant ami, on peut le dire, a consacré sa vie entière à ses compatriotes, soit comme médecin, soit comme liistorien du Briançonnais. Il nous reste de lui une pré- cieuse collection de travaux scientifiques et historiques, dont M. Aristide Albert a donné naguère la liste blblio- grapbique ').

Il y a quelques mois à peine, M. Ghabrand applaudissait h l'idée de la création des Annales des Alpes, puis il ajoutait mélancoliquement ; « Je ne sors presque plus, a mes forces baissent tous les jours, ainsi que ma vue. Il < y a plus d'un an que je n'assiste plus aux séances de a l'Académie delpbinale... » *).

Voici l'allocution émue que M. Henri Pebrand, prési- dent do l'Académie delpbinale. a prononcée sur la tombe de notre éminent compatriote :

') Bio.-bibliog. du BrianQonnaU. Canton iAiguilits. Oap, 1889, p. 11-13.

*) LetU'8 du 22 juillot 1897.

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s Avant que la terre se referme sur la dépouille d'un homme de bien, il est bon, il est sain qu'une voix s'élève pour tirer de cette vie qui vient de s'éteindre de précieux

« à Molines en-Queyras. issu de cette forte race, de cette réserve de sang généreux que les Alpes iofusent k la France, M. le docteur Chabraud a plus qu'bomme dn monde, obéi à la loi de travail qui nous est imposée à tous. Médecin de l'hôpital civil de Briançon, médecin- inspecteur des eaux thermales du Monèlier, il a large- ment dispensé à ses compatriotes les trésors de sa science et de son activité. Ennemi de tout bruit, de tout tapage, il a fourni courageusement sa modeste carrière, alors que sa science médicale, son expérience, ses talents d'obser- vation auraient pu le faire briller sur une scène plus vaste et plus enviée. Homme du devoir avant tout, tant qu'il se sentit utile et fort, le docteur Chabrand ne voulut point quitter ses chères montagnes.

« Mais quand l'âge fut venu ralentir sa vigueur, le docteur Chabrand vînt se fixer à Grenoble l'appelait l'afTectioa de sa ûUe, sou fils voyait s'ouvrir devant lui une brillante carrière, il allait retrouver la vie de famille qui avait toujours fait sa joie et son délassement. L'heure du repos n'avait pas sonné pour lui. Si l'exercice actif et souvent pénible de la médecine ne lui était plus possible, le lettré, l'historien, le travailleur qui était en lui allait prendre sa revanche. Et si précédemment il n'avait pu qu'à de rares intervalles se livrer aux recher- ches historiques vers lesquelles il se sentait attiré, il ne trouva dans sa retraite qu'une raison de s'y donner plus entier.

C'est à ce titre surtout qu'il m'appartenait, au nom de l'Académie Delphinale dans laquelle il fut bien vite appelé, et qu'il illustra par ses travaux, de prendre la parole pour retracer la carrière si bien remplie du docteur Chabrand.

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204 ANNALES DBS Al.PES.

« Ses éludes sur le Briaaçoimais, sur le Queyras, sur les Yaudois et les protestants des Alpes, l'oot placé au premier rang de cette phalange d'obscurs et conscien- cieux ouvriers qui préparent avec soin la connaissance exacte des faits du passé, et dont s'enorgueillit la pro- vince.

« L'estime universelle qui fut le loyer de cette belle vie et dont témoigne votre aftlueiice autour de ce cercueil, la certitude de la récompense qu'à déjà reçue son âme immortelle adouciront le deuil de sa famille. Maintenant il se repose. Heureux ceux qui comme le docteur Cha- brand, peuvent, après la journée remplie, s'endormir tranquilles et confiants dans le sein du Seigneur ».

BIBLIOGRAPHIE ALPINE.

i. Mémoires ])our servir à l'histoire des comtés de Valentinois cf. île Diois, par le chanoine Jules Cheva- lier, professeur d'histoire au grand séminaire de Romans. Tome i«' (Paris, Picard, 1897, in-8* de [iv-]477 pages).

Ce volume présente un très grand intérêt pour notre région, et nous le signalons tout spécialement aux lec- teurs des Annales. La première section, en particulier, consacrée aux anciens comtes de Die, est une mine de renseignements nouveaux et précis sur les rapports entre le Diois et le Gapençais, du XI" au XV» siècle, d'abord sous les comtes Izoard I" et Izoard II, dont les descendants se sont signalés par des libéralités multiples en faveur des chartreux de Durbon, puis sous Guillaume Artaud, petit fils d'Izoard 11. Guillaume Artaud asssista, en 1178, à Arles, au couronnement de l'empereur Frédéric Barbe- rousse, fut pris pour arbitre par les religieux de Durbon eutiiOet en 1205, et s'unit à Haymonde d'Aix (non loin de Die), de qui il eut deux fils : 1" l/oard d'Aix, chef de la branche des seigneurs de Chàtillon. bienfaiteur de Durbon

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BIBLIOORAPHIB ALPINE. 205

(1239), et époux de Bragooette de Montaaban, dont le tlls Raymond, prit part à la croisade de S. Louis en 1270, et la fille, Malberjone, épousa Raymond des Baux, prince d'Orange ; 2" Pierre-Izoard, chef de la branche des sei- gneurs d'Aix. créé chevalier par le Dauphin en 1247, et époux de Saure de Mévouillon, de qui il eut huit enfants, parmi lesquels Guillaume Artaud II (i26a-99). Ce der- nier, de son mariage avec Flotte de Sassenage, laissa deux fils : Pierre-Izoard II, seigneur d'Aix, de La Roche- sur-Buis, de Pommerol et de La Charce, qui testa le . 4 oct. 1334 et mourut sans postérité, et Hugues d'Aix, chevalier en 1201, époux d'Alix de Châteauueuf, de qui sont issus Catherine d'Aix, épouse d'Agout des Baux, sel - gneur de Branles, et le célèhre Guillaume-Artaud III (1320-74), qui prit part à la bataille de Varey en 1326, accompagna le dauphin Humbert II à Paris, en 1337, et à la croisade en 1345, etc. Guillaume Artaud TII, comme son bisaïeul Pierre-Izoard I, eut huit enfants, parmi les- quels Jacques Artaud de Montauban, chanoine de Die, évéque de St-Paul-Trois-Ghâteaux (1364-66) et évêque de Gap (1366, t 1399); Hugues, seigneur de La Motte, qui testa le 8 févr, 1422, et Guigues, l'aîné (1376-1413), qui fut père de Guillaume Artaud IV ; de Louis, bailli des Baron- nies (il teste en 1438) ; d'Izabeau, épouse d'Izoard de Montauban; de Béatrix, épouse de Georges Auger (5 mars 1389), etc. Guillaume Artaud IV épousa, d'abord (5 juin 1405), Izoarde de Montauban, en qui finit la maison des seigneurs de Montmaur, et de qui il eut Jean Artaud de Montauban, et, en secondes noces, Jeanne de Laudun, mère d'un autre Jean, qui fut le chef de la branche des seigneurs de La Roche-sur- Bruis. Jean Artaud de Montauban (1451-74), de son mariage avec Marguerite Louvat, eut au moins six enfants; 1" Gaspar, seigneur d'Ail, de Montmaur, etc. (1467-97), qui, de Louise de St-Priest (diocèse de Lyon), ne laissa qu'une fille, Cathe- rine, épouse de Louis de Clermont, s' de Virieu, d'où Antoinette de Clermont, que nous allons retrouver ; Balthasar, baron d'Aix et de Montmaur, qui eut, de sa

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206 ANNALES DES ALPES.

femme Antoinette, Aynard-G aspar Artaud de Montoor- ban, baron d'Aix et de Montmaur (1512-1550). Celui-ci, de son mariage avec sa cousine Antoinette de Glermont, eut deux fllles : Marguerite, qui épousa Pierre-Marie de Case- neuve, dont elle n'eut point d'enfant, et Antoinette, qui épousa Jean Flotte, baron de La Roche-dea-Amauds, d'où Jean-Georges Flotte de Montaubao, dont la descendance et l'histoire se mêlent désormais intimement à celle du Gapençais.

Les quelques faits que nous venons de résumer sont appuyés sur de nombreux documents, presque tous inédits et puisés aux meilleures sources. Ce que nous disons de la famille Artaud de Montauban s'applique k la maison de Poitiers, sur laquelle M. Jules Chevalier a réuni les ren- seignements variés, très curieux et très abondants.

Les événements narrés dans ce 1" volume s'arrêtent à 1410. Dans le 2* volume, le docte historien complétera son récit et le conduira jusqu'à la Révolution de 1789.

Par ce qui précède on peut se faire une idée de l'impor- tance de l'ouvrage de M.Jules Chevalier. C'est la contri- bution la plus considérable à l'histoire du Dauphiné qui ait paru cette année. Elle complète l'Essai historique sur l'église et la ville de Die du même auteur, dont deux volu- mes ont vu le jour naguère (en 1888 et en 1896), et dont le 3* et dernier volume est attendu avec une légitime impatience. >

2. BoRDiER (Le H' A,), directeur. La médecine à Greno- ble. Notes pour servir à l'histoire de l'Kcole de Médecine et de Pharmacie (Grenoble, Rigaudin, 1896,tn-8»dexx- 205 pages).

a Je souhaite, dit M. Bordier, que cette étude du passé de notre École, qui n'a pas été sans éclat, puisse encoura- ger mes collègues et leur rappeler que leurs efforts et leur dévouement à la science ne sont pas des actes isolés dans l'histoire de Grenoble, que notre ville a toujours été un foyer médical ardent, qu'ils font partie d'une série évolutrice, à marche lente d'abord, s'accélérant avec le temps, qui commence au Collège des médecins, se continue

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BIBUOGBAPHIE ALPINE. 207

par l'École des Pères de la Charité et les cours de l'Hôpi- tal, et se termine actuellemeat à notre École réorgani- sée » (p. XX).

Parmi les illustrations de l'École médicale de Grenoble, il nous été particulièrement agréable de voir la grande place qu'occupe notre compatriote le botaniste Tillar, du Noyer, tour à tour * médecin, philanthrope, philosophe, décentraliseur, novateur en questions sociales » (p. 134 et suiv,;. La bonté proverbiale du D' Villar se montre avec éclat dans une lettre qu'il adressait, le 2 nov. 1790, aux ofSciers municipaux de Grenoble : < Comme chefs de la commune, dit-il, je prends la liberté de vous demander. Messieurs, si une invitation à la paix et au retour des émjgrans vers leur patrie, raoyénant qu'ils y trouveront sûreté, protection et tranquilité, ne serait pas une action digne de votre loyauté et même de la bonne politique ? Il faut savoir pardonner, Messieurs, et il en coûte peu pour une aussi bonne cause « (p. loi). D'autres noms méritent notre attention, le !>' Nicolas, Villars fils, le D' Berger, etc. C'est dire le grand intérêt qui s'attache au travail du D' Bordier,

VARIÉTÉS. '

VANCIEN CLOCHER DE LA CATHÉDRALE DE GAP.

Le clocher de l'église cathédrale de Gap construit au commencement du XIV siècle, sous l'évêque Geofroi de Lincel (1289-13151, fut renversé, le 3 janvier 1577, par les soldats de Lesdiguières. C'était, dit un chroniqueur, « une (les belles pièces de France » (G. 1499). 11 ne fut relevé que 70 après, sans l'évêque Arthur de Lyonne (1639-62). Le prix-fait en fut donné, le 23 (évr. 1616, à Antoine Esquinabo et à Jean-Antoine Cardelin, de la val d'Aoste, à condition de suivre le « dessain qu'en a esté dressé par le R. P., Lioutaud » (G. 1182).

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20S ANNALES DES ALPES

Ce i dessain >, ainsi nous l'apprend le document suivant, avait été dressé, en i643, par le P. Vincent LÉOTAUD, des Prés, enVallouisé, célèbrejésuite du collège d'Enil)run (néenl595, mortàEmbrun enl673).Le P. Léotaud avait été prié par les consuls de Gap de se rendre, à cet effet, en cette ville et s'y trouvait le 5 mars 1643, jour un premier projet d'adjudication des travaux fut conclu avec Claude et Jean /«ifte«, oncle et neveu, de St -Maurice en Valgaudemar, et avec François Arnaud, de Oap, maîtres maçons, au prix de 9,3IX) I. Mais ce projet, intéressant, d'ailleurs, par nombre d'autres détails, ne fut pas, pour lors, exécuté. Commencé en 1646 seulement, le clocher n'était pas terminé le 13 mai 1655 (Oap, 604). 11 s'élevait à gauctie du chœur, du coté de l'évangile, à l'extrémité de la petite nef latérale, dite de Ste-Caiherine. U a été démoli en 1866, lors de l'inauguration des travaux de la cathédrale actuelle.

En ce moment même, s'élève, peu à peu, le clocher moderne de la cathédrale de Gap et précisément au-des- sus de la porte principale de l'édifice *).0n lira sans doute avec plaisir le projet dressé en 1613 au sujet du clocher de l'ancienne cathédrale. Il estbon de rattacher le présent au passé, adfuluramret memoriam.

ASSEMBLÉE au subject de la fabriccation du clocher

de Vesgli^e cathédrale Notre-Dame de Gap.

Oap, 9 mars 1643.

Du jeudy, 5* jour du moys de mars, l'an 1643, après

midy, dans la maison et logis de l'habitation de Mgr

roessire Artus de Lyonne, par la grâce de Dieu, évesque,

comte') et seigneur de Gap, par-devant iceluy, se sont

assemblés MM. Jean Barban et Charles Spié, consulz

modernes dud. Gap, vénérables messires Jean Arnaud,

' 1 Le 28 déc. 1897, l'ontrepreneur M. Joseph Caatelli Tait placer U SS' assise de la tour des cloches, au-dessus des combles de la cathédrale.

*) It est corienx de voir ce titre donné oftciellemeat i l'évéqua par l'assembléo du conseil particulioc de Gap, titre contra lequel fulmiosnt les historiens gapançnis (Voj. Gnulîcr, Précis, 1841, p. 95-96).

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VARIÉTÉS. 209

prévost et chanoyne en l'églize cathédrale de N.-D. de lad* ville, Honnoré Buysson, sacrestain et chanoyne, Benoict de Vitallis, chanoyne, Pierre Bonnet, chanoyne et théologal, M. M' ëtienne Rolland, juge de lad» ville, MM. Raymond Juvenis, Jaci^ues Baud, Jean Arnand, Bal- thezard de Périssol, Anthoine de Buysson et Gabriel- André Robert, advocatz, M. Anthoine Rochas, conseiller do Roy, esleu en l'eslection de ceste ville, le R. P. Léau- tand, de la compaignie de Jésus du collège d'Embrun, s' Oaspard Comhassive, M" Jean Queyre! et Anthoine Rochas, procureurs, M' Jean-Luc Eyraud, M' Claude Nal et Balthezard Gillibert, dud. Gap, convoqués en assem- blée, aux fins de traicter et dellibérer sur ce qui est de la fabriccation du clocher de lad« égliie, avec Claude Jul- lien, à feu Jacques, maistre masson, du lieu de Sainct- Maurice en Valgaudeuiar. Jean Jullien, â feu Marc, nepveu dud. Claude, aussi masson, dud. lieu, et avec François Arnaud, masson, habitant à Gap, cy présantz.

A laquelle présante assamblée, led. R. P. Léauthaud s'est particullièreroent expliqué de ce quy est du dessain et formes soubz lesquelles il estime led. clocher dbbvoir estre entreprins, fabriqué et faict, la flgure et planche duquel a esté tirée sur une feuille de papier et mis en une aultre feuille par escript ; ce qui est desd. formes, dimentions, proportions et mesures soubz lesquelles lad* bastisse et fabrique dud. clocher doibt estre faiete. Ce qu'ayant esté entendu par lesd. maistres massons, et déclairé par eulx qu'ilz en prendront le pris-faict au pris que sers convenu présentement, il leur a esté demandé des assurances, pour respondre de l'événement, tant, du pris que de... besoigne qu'ilz feront.

9.ur quoy lesd. Julliens ont représanté n'en pouvoir bailler aulcune, et qu'ilz estiment avoir assés de quoy res- pondre en leur particuliîer, led. Claude ayant déclairé qu'il possède une maison aud. St-Maurice, au cartier de l'Hubac, une scye à coupper et faire aiz ')r deux mollins k mouldre bledz et faire farines, un pressoir d'huile et douze

';0u planclii^s.

Digilzedt.GoOgle

310 ANNALES DES ALPES.

cesteyrées de domaynea, et qu'il s'obligera deueument et fera obliger Jean Jullien, l'un de ses enfaiis. Et led. Jean Jullien, nepreu dud. Claude, a déctairé que luy et Etienne Jullien, son frère, possédant par moytié, aud. lieu de Ht- Maurice, une maison, un mollin à bled, un paroir de draps et douze ou quinze cesteyrées de terre, et que Hz s'obli> geront sollidairement.

Et d'aultre part, ont déclairé que, pour meilleur assu- rance dud. pris qu'on leur deslivrera, ilz consantent que il soit remis par advance, qni doibt estre faicte, la somme de mille livres, riesre un marcbant ou telle aultre per- sonne solvable que sera advisé, lequel les deslivrera ausd. pris-facteurs en travaillant aud. pris-faict ; et sem- blable somme de mille livres, après qu'ilz auront faict k deux mille livres de besoigne, et ainsy k proportion, jusques à parachèvement d'icelle, et entier payement du pris quy sera convenu. Et par ce moyen ilz estiment qu'il n'y aura aulcun péril pour les bailleurs dud. pris-faict; duquel pris il est maintenant question de convenir.

Et led, François Arnaud a dict que, pour ce quy le concernera, il fera obliger avec luy des frères massons qu'il ha, et observera ce qui a esté cy-dessus déclairé par lesd. jutliens.

Et là-dessus, après avoir esté longuement conféré par les sieurs susnommés, assistans en la présente assemblée, avec lesd. maistres pris-facteurs, il a esté, en fin, résollu et convenu dn pris à la somme de 9.300 livres, sçavoir : 2.0661. 13solz par mond sgr de Gap; 1.0-13 I. 7 s. par inesd. MM. du vénérable chappitre de lad' églize, et les 6.200 1. restans, par lad» ville ; et soubz les aultres paches et conditions aussi convenues et quy seront particullière- ment mises par escript. Ausquelles fins et pour icelles dresser mond. sgr de Gap a prié led. s' Rolland, juge, de prendre la peyne d'y vaquer et assister pour son inté- restz ; et sont esté nommés, priés et commis lesd. sieurs Barban, premier consul, Arnaud, prévost, sacrestain, Bny»ison, Bonnet, théologal, .Tnvenis, Band et Arnaud,

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VARIÉTÉS. 21 i

adYOcatz, et led. s' Rochas, esleu, J'y vouUoir trayailier en dilligeance ; ayant du tout esté faictz les présantz actes, sif^nés par lesd. sieurs consulz ot aulcungz des sus- nommés assistans, à la manière accostumée.

Barbam, consul, ëspié, consul. De ViTALLis, Allix, not. et secrétère.

Arch. com. do Gap, 938, f*' 347 ï'-34tf i->.

LETTRE DU PERE ROSSIGNOL <),

AU PRÉFET LADOUCETTE.

Turia, 37 joillet 1805.

A Monsieur, Monsieur Ladoucetle, préfet des Haules- Alpes, à Oap, par Brlançon.

Monsieur,

11 y a peu, très peu que j'ai été informé de l'accueil qui avoit été fait aux sept volumes de la collection de mes Œuvres^, dont J'ai fait présent à la ville de Gap. M. Rossignol vient de m'assurer qu'il me l'a écrit dans le temps. Il y a eu, jusqu'ici.une sorte de fatalité sur les relations que j'ai cherché à établir vers les bords de la Durance ; mes lettres et les réponses, mes paquets se sont égarés, perdus... Quant aux lettres, j'ai averti de ne plus se fier aux commissionnaires, de les mettrea tout uniment à la poste, en mettant au bas : chez M. Droume, négociant.

Pour les paquets de livres, j'en suis encore aux expé- diens. Cependant je souhaiterois faire venir à Gap les sept volumes suivans de mon Recueil.

Il m'est aisé d'envoyer à Suse les paquets. J'ai demandé Inutilement qu'on m'assignât, dans cette ville, quelque personne de conSance, je puisse les faire déposer et d'où il seroit aisé de les retirer, pour les transporter à Briauçon. M. Ghancel, maire, à qui j'ai écrit pour cet

<) Jean-Joseph Rossignol, k La Piase (aujourd'hui Pelvoiix), en Vallouiee, le S juil. 17E6, mort à Turin en 1817. La letti-e qui suit est d'un graad intérêt bibliographiqui;.

1} Imprimées à Tui-in, chez Sof/leti, ea vol. în-8*.

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212 ANNALES DES Al.PRS.

objet, il y a deux mois, ne. m'a pas répondu. Vous seul avez assez d'autorité pour me procurer une correspon- dance sûre et expéditive de Suse à Briançoit.

Dans une Ue mes lettres, je vous avois proposé le projet d'encaisser la Durance, de l'Abessée à St-Clément. Il n'exigeroit aucune dépense et produiroit un avantage inappréciable '). Ma lettre ou votre réponse s'est égarée.

Je suis occupé à l'édition générale de mes œuvres. Dès la fln d'octobre, mes traités ou mémoires imprimés étoient au nombre de quatre-vingt-dix-neuf. Depuis lors, j'ai continué à occuper deux imprimeurs. J'ai tenté vaine- ment à me procurer une copie de deux mémoires que j'ai publiés à Embrun : Entrelien familier d'un vicaire*) [et] Oros Jean qui remonlre à son curé '). Vous seul pourriez réussir à en découvrir quelqu'une à Oap, k Sisteron, à Barcelonnette, A Embrun, à Briançon, etc. Que no feroU-on pas sur vus instances? et combien je vous serois obligé! ... Auger, d'Embrun, mon ancien hôte, est un scélérat. Vous pourriez ordonner une visite cbez lui, pour retrouver quelqu'un de mes manuscrits.

Vous voyez avec quelle confiance je m'ouvre à vous.

11 ne vous sera pas aussi aisé déjuger de l'étendue des sentiments d'estime et de respect avec lesquels, je suis, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur. Rossignol, prêtre , chez M. Droume, négociant.

A Turin, le 27 juillet 1805.

Onginal, avec ud patit cachet plaqué, ovale, partant, uns Me antique tournée à droite, et le timbre de It poste de 2*uii'n, 104.

f) On voit que ce projet si utile, et toujours d'actualité, ne date pas d'aajODrd'hui.

■) S. 1. □. d. la-B' de 20 pages. [Cf. Ad. Rochas, Biogr. du DcMphiné, 1860, t. Il, p, Xi2, n- LiK).

*) S. 1. D. il. [Embrun, Mojse,] in-8° de 16 pages. Réimpiimé & Turin, dans le t. ZV des Œunre», 1B07, iQ-8> de 2k pp. (ifrid., lxix.)

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LES JUIFS DE PROVENCE

BARCILON DE MAUVANS.

Les pages qui suivent aoat tirées de l'ouvrage bien connu de Simon-Joseph Barcilon, sieur de Maurans, inti- tulé : Critique du nobiliaire de Provence ').

Cet ouvrage, croyons-nous, n'a jamais été imprimé ; mais il en existe, dans les bibliothèques publiques et les collections particulières, diverses copies. Nous mention- nerons, en particulier, trois exemplaires manuscrits qui se conservent à la Bibliothèque Méjanes d'Aix, et qui ont été décrits naguère par M. le chanoine Albanès *).

Signalons ici, peut-être pour la première fois, une autre copie de l'ouvrage de Barcilon de Mauvans, conservée aux archives départementales des Hautes-Alpes (série I, prov. 84-85), Elle a été acquise, en 1880, Sors de la vente de la bibliothèque de feu M. Mas, de Laragne. et grâce aux bons offices de M. Provansal, conseiller général du canton de Laragne et président du tribunal civil d'Embrun.

La Critique du nobiliaire de Provence des archives des Hautes-Alpes se compose de deux volumes in-folio, dére- liés, de iv-3i6 et 332 feuillets. Les notices nobiliaires y sont classées par ordre alphabétique des familles. Le tome I", outre une longue préface (folios iv-52], contient les notices critiques des (smilles Agout-Oalirel ; le tome it, cettes àes (annilles Oaliien-Voiand.

<) Publia, en 1693, par Dominique Robsrt de Brionsoa, sou» ce titre : L'État et U Nobiliaire de ta Provence, Paris, 16^. 3 vol. in-i2.

•) Voy, Catalogue girUral des Uanuacriu des Bibliothèque! publi- que! de Pranee. Dipartemenl!, t. XVI, Aix (Pari'J , 189*), p. 5gj et

Annales des Alpes, 1897-98. 15

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214 ANNALES DES ALPES.

Cette copie n'est pas datée ; mais, à en juger par l'écri- ture et différents détails particuliers : papier, notes, etc., elle doit remonter au milieu du XVIII^ siècle. Elle est certainement antérieure à la Révolution.

Malheureusement la copie des archives des Hautes- Alpes a été faite par plusieurs personnes, plus ou moins compétentes; aussi l'orthographe laisse-t-elle fréquem- ment à désirer ; souvent les noms de lieux et de person- nes sont altérés et même défigurés, au point de ne pas pouvoir les reconnaître et les identifier.

De plus, cette copie est incomplète. Elle devait, à l'origine, se terminer par un H' volume, contenant vrai- semblablement le : « Catalogue des familles éteintes,' des familles nobles de sang et d'origine, de nom et d'armes, des familles. .. anoblies, des familles qui ne sont pas nobles, des familles juives », etc. C'est là, du moins, d'après M. Albanès, ce que contient le S' volu- me d'un des manuscrits de la bibliothèque d'Aix ') et aussi ce qu'annonce, à diverses reprises, la Préface ou intro- duction du l" volume des archives des Hautes-Alpes. Malgré ces défectuosités, notre exemplaire offre encore un très réel intérêt.

Aussi avons-nous pensé qu'il était utile d'appeler tout spécialement l'attention des chercheurs et des curieux sur cette copie de l'ouvrage de Barcilou de Mauvaus *). Et, afin de la faire mieux apprécier et connaître, nous avons déta- ché de la Préface la partie relative à l'histoire des Juifs de Provence.

Cet abrégé historique ne sera pas déplacé dans les Annales des Alpes. On sait que le Gapeuçais et 'l'Embru- nais ont fait longtemps partie de la Provence et, en parti- culier, du comté de Forcalquier ').

D'ailleurs, an moyen-âge, les Juifs étaient répandus un peu partout dans les Hautes-Alpes. A Qap, une rue voisi-

>) Op. cit., Q* 1141, p. 526.

>) Elle sembla contenir des Yariantes et des détails qui ne saut pas signalés par M. Atbanèa. ■/ Cf. Bull, soc d'étud. det Hta-il-pn, 1883, 264 et s.

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LES JUIFS DE PROVENCE. 215

sine du palais épiscopal s'appelait et s'appela Jusqu'en 1692, /a rue /ttioe *). On peut voir encore à Serres une inscription en lettres hébraïques, du XIIP ou XIV* siècle, relative à RaWi Joseph Bar (fils de] Nathan '}. r<e père Marcellin Former signale la présence des Juifs à Embrun, en 1432'); et, au témoignage des Statuts Delphinaux et de Gui Pape, les Juifs se multiplièrent, vers cette époque, en Dauphiaé et en Savoie, aussi bien qu'en Provence ').

Le résumé de Barcilon de Mauvans, quoique datant déjà de plus d'un siècle, rappelle de nombreux faits anté- rieurs ; il n'est peut être pas inutile de les connaître, surtout au moment la question juive passionne les esprits, en France et ailleurs.

Oap, SI mars 1898. P. 0.

U est de l'intérêt du public et d'importance pour la noblesse, que les Juifs soit connus. Ils conservent le caractère de leur nation cruelle, envieuse. Leur soubri- quet est envieux, perfide, traître, avantageux. On ne traite jamais avec eux qu'on ne soit trompé. ..

La Provence a ressenti plus des maux des Juifs qu'au- cun pays du monde. Elle a été l'asile des Juifs, tant bons que mauvais.

L'an 34 depuis la naissance de J.-C, les Scribes, les Pharisiens de la ville de Jérusalem, après la mort du Sauveur, n'ayant pas osé faire mourir la Magdeleine, ni Marthe.sa sœur, ni Lazare, à causedeleur qualité relevée, les exposèrent en mer, dans un navire qui manquoit de tout ce qui était nécessaire pour un voyage, croyant par ce moyen de les faire périr. S, Mazimin, Sidoine, cet

*) /meent. lom. des arcb. des HUs-Alpet, Q. 1599, 1633, etc.

^ D'après le déchiffrement da M. Victor Lïeutaud, Annala dei Baaiet-A Ipea, Digue, ISSl (séaDce du 4 oct. 1830), p, 51.

'] Eiit. giTÙr. dei Alpes Marit. et Cot., t. ii (1891;, p. ïtl.

*) Si Judaeus faaiat aliguid in contemptum fidà chrittianac. Di'cUitinum qiineRl. 39-'i. Cf. quu.-sl. C3 ; Fuit eo.-am me, elc.

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216 ANNALES DES ALPES.

areugte-aé, étant derveou diciple des apôtres,aTec quel- ques autres, et Marcelle, servante de Marthe, s'embarquè- reat dans le même navire. Ils prirent port à Marseille, par miracle de Dieu, dont ils se dispersèrent dans la Provence, qu'ils garantirent des maux qu'elle avait souffert des Juifs, par un inflnîté de miracles, pendant tant de siècles qu'ils l'ont opprimée.

Tibère a été le premier empereur qui chassa les Juifs de Roma, sous prétexte de leur donner des nouvelles terres dans la Sardaigne. II prétendoit s'en défaire en les envoyant dans un air empesté. La pluspart des Juifs vin- rent s'établir en Provence, surtout à Marseille, le peuple, avare et cupide du commerce, les reçut pour trafiquer avec eux dans le Levant. La première trahison qu'ils firent est lorsque Glovis, ayant passé le Rhône et ravagé la Provence, assiégea Arles. Pendant, le siège, un Juif, étant une sentinelle, écrivit aux François que l'endroit de la ville le plus foihie étoit la Juiveiie, ces gens, étant en défense, leur donneroient l'entrée ; et ârent bien pis, en supposant que S. Lazare, archevêque de leur ville, avoM pratiqué cette trahison, dont ce prélat s'étant justifié, tous les Juifs en furent punis ■),

Le même historien hébreux ne dément pas le caractère de sa nation ; les traite et les donne en spectacle à toute la terre, par son Histoire, sur leur trahisons, leur cru- auté, leurs avarices, et par tous les autres maux qu'ils ont f^it, et rapporte, que l'an 611, le roi Chilpéric les chassa de France, sur les accusations qu'on lui fit, qu'ils crucifioient des Jeunes hommes en dérision de nos mys- tères. Ces Juifs chassés se retirèrent en Provence, surtout aux grandes villes, Àix, Marseille et Arles, pour l'occa- sion prochaine d'un plus grand profit. Faber (?) rapporte aussi qu'ils devinrent si insolens qu'ils usoient de toutes sortes de cruautés envers leurs esclaves chrétiens ; ce qui obligea nos comtes de Provence de donner des ordres

') •■■ bel, iD Hittoria htbralca.

Digilzedt.GoOgle

LES JUIFS DE PROVENCE. 2(7

portant déËsnaes aux Juifs d,e. tenir des serviteur^ cbré- tians.

Le mêma historien dit que,, l'an llSl, les* Juifs furent chassés de l'Ile d.e la Corse, et que quelques familles de la tribu de Benjamin et de Lévi vinrent en Provence, le comte Béranger leur permit d'hahîter à Toulon, et s'étant rendus odieux par leurs usures, par leur envie, et par leur perfidie, ils furent tous égorgés, hors une seule famille qui n'étoit pas souillée des vioes de sa nation,

Méserey rapporte que Sédécias, d'extraction jydaîque, médecin de l'empereur Charles le Chauve, Ait si traitre que d'entrer dans la conjuration qui se fit contre son maître et son bienfaiteur : il l'empoisona avec une poudre morti- fère, en venant de Rome, de recevoir )a couronne impé- riale, dans Brios, méchant village de Piedmont, il ne pouvoit avoir aucun secours d'autre œédeciia.

Le même historien de France impute au Juifs l'impAt de la Oabelle, qu'ils ont introduit en France, ainsi que signifie le mot hébreu gabelle, sous le règne de Philipe de Valois qui introduisit les impôts et les maltotes, dont les Juifs furent les plus frtquens instrumens et les auteurs. Le roi Philipe, pourse décharger sur eux de la haine publique de ces maltotes, fit un édit portant extermination de tous les Juifs en France, ou le feignit ainsi, pour donner satisfac- tion à ses peuples, comme contre les auteurs de la gabelle et des autres impôts. Les Juifs se rachetèrent par des grandes sommes d'argent, et c'est ce que le roi souhaitoit. Pour moi, je trouve que les Juifs n'ont pas été les premiers auteurs de l'impôt du sel. Marius Livius, ce grand capi- taine Romain, qui, ayant été si souvent victorieux des Cartaginois, dans la 2*" guerre punique, le peuple Ait si ingrat à son égard que les tribuns le condamnèrent à une amende et à un exil, sur ce qu'il avoit été accusé d'avoir retenu quelque dépouilles des ennemis. Marius Livius s'en étant justifié dans la suite, étant rétabli, fut fait censeur. Pour se venger du peuple, il établit dans Rome et dans toute l'Italie, six deniers pour chaque mesure de sel, d'où il fut appeler Salinator.

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218 ANNALES DES ALPES.

L'an 1363, il vint encore un ^and nombre des Juifs en Provence. Sur ce que tous ceux qui étoient en la cour du comte de Poitou moururent empoisonnez des eaux des puits et des fontaines, infectées des ordures des lépreux, le roi Philipe le Long les chassa de France, et notre comte de Provence les reçut, pour le grand revenu qu'il en tiroit.' Les archevêques même les protégèrent, pour leur intérêt particulier.

Pierre IV") archevêque d'Aix, en l'an 1111, donna per- mission aux Juifs de la même ville d'ériger une synagogue et d'avoir un cimetière, moyenant la censé de|2 livres de ton poivre, payable tous les ans, le jour de Pâques. La sinagogue des Juifs à Aix étoîtà la me commençant aux 4 coins de la Juifverie et montant vers l'église des Pères de l'Oratoire. On Voit encore, dans cette rue, le puis qu'on appelle lou pous caud, dont tous les Juifs se servoîent pour faire leurs purifications.

Rostang de Navers*}, autre archevêque d'Aix, confirma ce privilège aux Juifs d'avoir une sinagogue et un cime- tière dans la ville : Judei de Aquis, dit la charte des archives du chapitre de l'église St-Sauveur d'Aix, de l'an 1143, pro oratorio, cum rolulo.lampadeet semeterio, in feslo sancte Pasche, solvent duas libras ptperis subtilis ; Judei de Istro solvent duas libras piperis grossi, in festo sanctî Lucct; Judei de Sancto Maximino, duas libras piperis grossi ; Juâei de Lambisquo, de TrictiSjde Manosca, dePertusio, mediam librampiperis grossi. On peut inférer de ces impositions que le poivre étoit une danrée fort rare en ce siècle ; que la pluspart des Juifs étoient épiciers ; qu'ils introduisirent l'usage des épiceries par les relations qu'autres qu'eux n'avoient au Levant. Je trouve que le roi Louis 2 d'Anjou, comte de

■) Ou mieux Pierre ][I, archcT^qai: d'Aii, de 1101 à 1112 (Albanit, GalHa ehrUt. novU.. I, col.5a-55|.

») Il faut lira Pons de Lubièrea. II fut arch'-véqua d'Aiï do 1132 ï 11&7, et donna, CD elTut, en 1143. aux Juifs la charte indiquée (Vo;. PiltOD, Annala de l'églUe d'A ùc, p. 122 ; Albanès, op. eil., col. 51).

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LES JUIFS DE PROVENCE. 219

Provence, leur avoit imposé de lai payer annuellement 60 livres de poivre.

Nos comtes de Provence, outre le poivre et les épiceries qu'ils retireroient des Juifs, (ils) en retiroient de grandes sommes d'argent. Charles 1" d'Anjou, lors de son voyage en la Terre-Sainte, dans la croisade de S. Louis, son iïère, les chargea de grands impôts. Pour en faciliter la levée, il les obligea tous de porter une marque de drap jaune aparente sur leurs habits. Le roi Louis II, comte de Provence, St une levée des grandes sommes sur les sinagogues et sur le sel, pour avoir de l'argent pour chasser de Provence Raymond de Turenne. La commu- nauté des Juifs payoit une pension annuelle au roi René, de 3.160 florins. Isabeau de Lorraine, son épouse, pendant la prison du Roi. ût des ordonnances, à la requête des sindics de la ville d'Aix, pour régler les habits des Juifs et Juifves, qui alloieut de pair avec les chrétiens ; elle les obligea de porter aussi du drap Jaune sur la poitrine, d'où l'on a dit que le jaune étoit la couleur des Juifs.

Les revenus considérables que nos comtes de Provence retiroient de la communauté des Juifs, les avoient obligés de les recevoir et de les protéger. Ils avoient créé des of^ces de protecteurs des Juifs, qui servoient de récom- pense aux plus grands du pays, par le revenu qu'ils en retiroient. Palamèdes de Fourbin étant faitgouvemeurde Provence, avec un pouvoir de vice-roi, établit Jacques de Fourbin, son frère, seigneur de La Barben, protecteur des Juifs de Provence.

Cette protection attiroit les Juifs de toutes les parties du monde en Provence ; les rendoit insolents, et les bar- dissoit à donner toute l'étendue à leur iniquité naturelle. Ces mêmes archevêques qui leur avoient donné permis- sion d'avoir une siuagogue dans Aix, s'y étant assemblés avec les autres prélats de Provence'), en nombre de 17, pour rendre hommage au roi Robert, ils tinrent comme

<) Il s'agit sans doulu ici du l'impoi-taiite roumoii des archevêques d'AU, d'Arles et d'Embrun, et de leurs sufirtgants, le & mai IS80, époque eut lieu reiaKaliou dos rolîquss de Slo Hadetaine [Albanil. op. oit., col. 74).

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220 ANNALES DES ALPES.

un conciie pour régler ces désordres de leurs diocèses, la principale proposition fut de demander au Roi de chasser los Juifs de Provence.

L'an 1337, Armand, archevêque d'Aix., avec les évoques d'Arles, d'Ambrun et leur sufragants, tinrent un sinode national, défenses furent faites aux chrétiens de con- tracter mariage avec les filles des Juifs, ni de leur donner les leurs, et de ne se servir de médecins, chirurgiens et apoticaires juifs '). En haine de cette résolution, les Juifs de Provence furent prendre la peste aux Indes, qui causa une si grande mortalité en Provence, suivant ce qu'en dit Génébrard, archevêque d'Aix [1591-96], que les villages entiers furent dépeuplez. Pétrarque dit qu'elle exerça sa fureur pendant 3 ans et qu'elle emporta presque tous les habitants de la Provence. On trouve, daus les archives d'Alx de ce temps, que son territoire, celai d'Arles et de Marseille demeurèrent en friche.

L'an 1355, plusieurs villes et lieux de Provence s'assem- blèrent en armes pour les grandes usures des Juifs, les pillèrent et les saccagèrent. Leurs usures étoient si acca- blantes qu'en peu d'années les intérêts flotoient par-dessus le sort principal. Un auteur de ce siècle se récrie ; qutd non mortalla peclora cogis auri sacra famés'. Je trouve, dans les Annales de Provence, des émeutes et des plaintes continuelles contres les rapines et les malversations, et les crimes énormes des Juifs.

De tous nos comtes de Provence, je n'en trouve aucun qui les ait plus protégé que notre bon roi René, qui, ayant auprès de lui des médecins juifs, en qui il avoit confiance, fit un édit, à leur sollicitation, portant que les Juifs pour- roient exercer la médecine dans tous ses états, trafiquer, étrepéagers, notaires et procureurs fiscaux des terres qu'ils habitoient ; exercer toutes sortes d'arts et métiers ; user de leur libériez et cérémonies accoutumées ; tenir sinagogues, faire les funérailles et avoir leurs sépulcres,

1) Ci^s diicisions fiiront prisoR ou socood toncilû de St-Ruf, oU étaient préseiiU 27 arcbovéques uu évéqucs (Albauës, col. 85).

Digilzedt.GoOgle

LES JUIFS DB PROVBNCE. 2St

saas empêchement de personne, à peine de punition cor- porelle ; qu'ils ne pourroient être forcez d'aller aux ofS- ces et prédications des ctiréliens, et qu'il ne seroit permis d'user de force contre eux', aïns seulement de douceur.

Les Juifs achetèrent seulement cet édit par l'argent nécessaire aux besoins de l'état du roi René : 11 confirma même, par les édits, l'ordonnance de la reine Isabeau, de la reine son épouse, portant que les Juifs auroient sur leurs habits la pièce de drap jaune, pour les diOérencier des chrétiens.

En l'an 1435, un juif ayant mal parlé de la Vierge, dont ayant été puni trop légèrement par lesofQciersduRoi, par complaisance des grands tributs qu'il en retiroit, le peuple d'Aix se souleva, pour en faire réparation eux-mêmes. Ils coururent contre les Juifs jusqu'à Pertuis, leur sinago- gue étoit puissante, à cause du commerce, qui leur don- noit occasion de faire l'usure. Les sindics d'Âlx apaisèrent ce tumulte, mais les Juifs, qui ne pardonnent jamais, firent tant, par Habraham, médecin du roi René, qui avoit son oreille, que le prince priva Aix de tous ses tribunaux de justice et les transféra. à Marseille; mais ce ne fut que pour 3 ans, car ils furent rétablis dans' Aix l'an 1438.

Les Juifs, qui, sous les comtes, étoient protégés, le furent aussi sous le roi Louis XI, qui unit la Provence à la cou- ronne de France, comme héritier de Charles d'Anjou, dernier comte Le roi Charles VIII, fils du roi Louis XI, confirma la protection des Juifs de Provence, par édit de l'an 1493, moyenant une grande somme d'argent qu'il en reçut.

Mais l'empereur Maximilien ayant éteint la domination des Sarrasins en Espagne, il en chassa aussi les Juifs, qui, par leurs trahisons ordinaires, lorsque les Sarrasins furent entrés en Espagne, ils leur ouvrirent les portes de Tolède, d'où ils se rendirent maîtres de tout le royaume de cet empereur ; par son édit de 1492, il fit commande- ment à 124.000 familles des.Iuifs de sortir d'Espagne dans 3 mois, sans emporter or, ni pierreries précieuses, leur permettant peulement de changer leurs biens pour des

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222 ANNALES DES ALPES.

marchandises, vins, grains et autres semlilables danrées, moyeanant 2 dncats qu'ils lui payeroient ctiacun. lia mer fut couverte de vaisseaux, barques, l\istes et plancbes de ces Juifs, qui la pluspart vinrent aborder en Provence.

La protection que le roi Charles VIII leur donna, les attira. La Provence eo étoit toute remplie. Ils augmentè- rent leurs rapines et leurs usures, et les rendirent si pro- digieuses que ce même roi fut obligé de faire une déclara- tion, le 2 novembre 1495, qu'aparoissant aux ofSciers des rapines des Juifs et leurs énormes usures, ils eussent à canceller età croître les obligations des débiteurs.

Mais, endn, les Juifs continuant toujours leurs usures et leurs malversations, le roi Charles VIII, fatigué, tous les jours, des plaintes qu'où faisoit, Ht un érlit, portant qu'ils se laveroient de l'eau du baptême, ou qu'ils eussent à vuider le Royaume. A la publication de cet édit, toutes les sinagogues de Provence furent détruites dans un jour, et tous les Juifs se cachèrent. Plusieurs, pour ne pas quitter leurs biens, furent contraints de recevoir le baptême : ils suivirent le conseil des Juifs de Constanti- nople, que les Juifs d'Espagne leur communiquèrent ; ils se ravisèrent sur l'infortune de ceux-ci ; ils suivi- rent exactement les préceptes qui se trouvent dans la lettre écrite par les Rabinsde Constantinople, en réponse de celle écrite par les Juifs d'Espagne, dont ils ne surent pas profiter. En voici la teneur, qui nous montre au naturel qui est le caractère de l'esprit judaïque.

Lettre des Juifs tf Espagne avec ceux de Constantinople

t Honorez Juifs, salut et grâce I Vous saurez que le roi 'd'Espagne, par un édit, nous veut obliger de nous faire chrétiens ; et, pour ce sujet, on veut nous ôter nos biens et nos vies ; on détruit nos sinagogues, et on nous fait des vexations qui nous tiennent dans la confusion, et dans l'incertitude de ce que nous devtjns faire. Sur ce sujet.

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LES JCIFS DB PROVENCE. 223

nous TOUS suplions, par la loi de Moïse, de nous aider en cette reocontre.

Signé : « J. Lharnaru, prince des Juifs s*.

ftéponse des Juifs de ConstantinopU.

« Frères aimez en Moïse, bous avons reçu votre lettre, en laquelle vous nous faites savoir les malbeiirs que vous souin*ez. De quoi nous avons autant de douleur que vous- mêmes. L'avis des grands Satrapes et Rabins est le suivant : en ce que vous dites que le roi veut vous obliger de vous faire chrétiens, vous le devez faire, puisque vous ne pouvez faire autrement ; en ce que vous dites qu'on vous enlève vos biens, faites vos enfans marchands, afin que, peu à peu, ils enlèvent les leurs ; en ce que vous dites qu'on veut vous ôter la vie, faites vos enfans médecins et apoticaires, afin qu'ils leur ôtent la leur ; en ce que vous dites qu'on détruit vos sinagogues. faîtes vos enfans clercs et théologiens, afin qu'ils détruisent leurs temples et leurs églises ; et en ce que vous dites qu'on vous fait des vexations, faites en sorte que vos enfans soient avocats, procureurs, notaires, juges, et qu'ils se mêlent toujours des affaires de la République, afin que. les abais- sant, vous vous raétiez toujours au-dessus d'eux. Ne vous tirez pas de l'ordre que nous vous donnons ; vous verrez, par expériaoce, que, d'abaissez que vous êtes, vous serez élevez-

Signé ; «. ViTAS, prince des Juifs de Constantinople » •).

Les Néophites de Provence, suivant ces ordres, se foisoient de toute sorte de métier : la pluspart s'attachè- xent au Palais, et, depuis la vénalité des ofBces ouverte ;par le roi François I", facilitée par les troubles de Pro-

') Suivant M. Albanès, celle lellre est de 1489 {Uanuicriu de la Bibl. aAix, p. 526).

*] D'après le même aiut«ur, cetjl^ .lettre sciait égalemeut de 1489 (ibii.).

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2S4 ANNALES DBB ALPB8.

veoce, caus^ par les guerres de la Ligue, souslesrois Charles IX et Heori III, les NéopMtes s'établireot eo si gi;and nombre au parlement d'Aix qu'ils se rendirent les plus forts. Ils aquirent le greffe civil du parlement ; un NéopMte étoit greffier en chef; il remplissoit les charges des audianciers et des commis des gens de sa nation. Les arrêts, les décrets, les ordonnances, les sacs et les pièces étoient en son pouvoir.

Ils étaient maîtres du parquet. De 4 gens du roi, 3 étoient de race judaïque ; de conseillers et de président, le père et 3 frères eo remplissoient les charges. Étant maîtres dans le Parlement, ils étoient maîtres de la Pro- vence. Ils s'étoient aussi établis dans la Qoav des Comtes, pour être les maitres des archives du Roi, d'où, ils ont tiré toutes les chartes, les lettres patientes et les ^ctes qui n'étoient pas avantageux à leur nation.

Enfin, il advint tant de désordre, tant de tiramûe, d'opression et de violence, du grand crédit et de l'antorité des Néopbites, que l'avocat général de Manier fit cette belle remonstrance au roi Henri IV, contre les Néophites du Parlement, il représenta, si au long, leurs perni- cieux desseins et leurs méchantes pratiques, qu'il faudroit ua volume entier pour la faire voir ici au long. EUle étoit . dans les registres du Parlement par ordre du roi Henri IV, mais elle en a été tirée par le crédit des Néophites. Je l'ai vue dans les cabinets des curieux ; j'en ai vu extrait, ou on y voit au naturel le portrait des gens issus de race judaïque ; leur envie, leur avarice, leur perfidie, leur usure, leur rapine et leur tirannie, décrites avec nne merveilleuse éloquence pour ce tems. Sou but étoit de persuader au Roi l'extirpation entière de cette nation en France, depuis longtemps résolue par ses prédécesseurs rois ; ou, du moins, de défendre l'entrée du Parlement et des autres corps et comtes aux Néophites, les déclarer indignes d'y être reçus. Il se réduisit et conclud à ce qu'il plût, du moins, au Roi ne leur pas donner la dispense de la parenté.

La Provence, comme je l'ai déjà dit, a reçu plus des

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LES JUIFS DE PHOVENCE, 225

maax dea JuifS qu'aucone autre province du Royaume, Thomas Flud, médecin anglais, résidant à Avignon, dans 9a Philosophie mosaïqtte, ditqneL'Hermite, dans le temps de la peste d'Aix, l'an 1580, après l'avoir guérie, la redonna, en frottant le martaud des portes des maisons d'une drogue empestée, dont il avoit eu le secret d'un Juif, gui, ayant rencontré un anglois au poil rouge, le conduisit à -sa maison par belles paroles, dont s' étant rendu le plus f«H, il l'attacha en croix, au fort du soleil de la canicule, loi nit une pièce (te bois dans la bouche, aHn qu'il l'a tint OKvarte. Il le Éaisait piquer au dos par de's vipères, dont ce pauvre chrétiea expirant à tout moment, le Juif recevoit la bave de ce moribond, dont il composait son onguent à donner la peste. Le même auteur rapporte que d'autres Juifs se servoient, pour le même fait, d'une femme au poil r«t2ge, qu'ils eaterroient vive jusqu'aux mamelles, qu'ils faisoieat piquer par des vipères ; ils recevoient la bave que sa rage falsoit découler de sa bouche, dont ils com- posoient le même onguent. Tant de cruautez, de barbarie et de désolations souffertes en Provence, par la nation JuilVe. nous ont laissé une horreur pour les Juifs et pour ceux qui en sont issus, qui passe de père en fils, et qui ne s'éfecera jamais de nos esprits. Nous nous en ressentons même encore, tons les jours, dans les alliances, dans les traités, et dans le commerce que nous avons avec eux; que ce soit nobles, que ce soit juges, que ce soit marchands ou artisants, nous trouvons en eux cet esprit et ce carac- tère de la nation judaïque, d'envie, de trahison, de perd- die, d'avarice, de cruauté. On n'y prend presque pas garde dans leresle du Royaume; ils enontété chassez ou si accablez d'impôts qu'ils ont été obligez de quitter le pays; il se réfugioient en Provence, ils ont été reçus et pro- tégez, Ce n'est que depuis la réunion de la comté de Provence àlaCouronne, qu'ils en ont été chassez, ou obligez à se laver par les sacrées eaux du baptême. Depuis, ils n'ont point judalsé et célébré le jour du sabat qu'en secret et le jour du dimanche en public. Il est si vrai que ces familles judaïques judai^ent toujours, qu'il m'a été

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236 ANNALES DES ALPES.

raportè par une personne de distinction et d'une probité connue, qu'étant d'une débauche avec des jeunes ^ns comme lui au cabaret, il y avoit, parmi eux, deux jeunes hommes de famille hébraïque, chrétiens eu public depuis cinq générations ;... ils étoient circoncis I A cette vue, il se leva une huée, que ces faux Néophites ne purent pas soutenir.

Si les Néophites pratiquent toujours leurs mistères secrètement, ils conservent aussi toujours, à l'égard des chrétiens, leur esprit d'envie, de perfidie, d'avarice et de cruauté. Ils sont toujours nos ennemis irréconciliables; d'autant plus dangereux qu'ils sont secrets et cachez, sous )e nom d'amis et d'alUez.

Pour les éviter, j'ai fait, dans cette préface, un abrégé de l'histoire des Juifs de Provence, et le dénombrement, à la fin de ce livre, de toutes les familles des nouveaux chrétiens de race judaïque'), qui, comme tels, furent dénomez pour être taxez conformément à la déclaration du roi Louis, l'au 1512, dont Gervais de Beaumout, i" président au parlement d'Aix, fut chargé de l'exécution, .l'ai l'extrait collationné des archives, signé Tisaty. J'ai trouvé encore les verbaux des baptêmes des familles de race judaïque, baptisés depuis cette cotisation jusque aujourd'hui, dans divers notaires^ dont ils ont soustrait la plus grande partie des originaux ; mais j'ai vu les anciens extraits dans les cabinets des curieux, qui valent les originaux.

1] <^tte lUIe manque dans .e nianuscnt des archives des Htes Alpeii.

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DEUX LETTRES

DE M"" Al_l_ARD

de La Rocbe-de-Rame Ifôi et 1861.

Mgr Allabd, vicaire apostolique de Natal, évoque de Samarie,' archevêque de Taron, consulleur de la Propa- gande à Rome,— est une des gloires modernes do diocèse de Gap et du département des Hautes-Alpes. Tout ce qui touche à son souvenir mérite d'être conservé avec un religieux respect.

Jean-François Allard, à La Roche-de-Rame (canton de L'Argentiëre, arr. de Briançon) le 27 nov. 1806, est mort à Rome, le 29 sept. 1889, à l'âge de 83 ans. U fit ses premières études de latinité sous la direction de l'abbé Jean Martin, de Molines-en-Queyras , alors curé de Romette [1820-24), ensuite principal du collège de Gap <}. L'abbé Martin donnait, en même temps, ses soins à d'aulres enfants de Romette, parmi lesquels François Borel, Joseph Jouglar et Jean Aubert, et c'est alors que le jeune Âllard se lia d'élroite amitié avec ses camarades. En 1823, il entra au grand séminaire de Gap, qui renais- sait alors de ses cendres, grâce à Mgr Arbaud, le premier évéque du nouveau diocèse (1823-36). Il fut admis aux ordres mineurs le 31 mars 1825, ordonné sous-diacre le 19 déc. 1829, diacre le 1" avril 1830 et prêtre le 5 Juin suivant. U devint, peu après (l"juil. 1830], curé de La Rochette, petite paroisse du canton de La Bâtie-Neuve,

1) L'ibbé Jean tforCin, ï MoUD«3-ei)-Qae;raB la £3 aobt 179t, ordOQDd prMre le IS férrier 1B15, fut snccessivemeot coré da VUie- Vi«Ule (181&-16), de St-Vérao 11816-17), de Romette (18£0-S4), principal du collège de Osp (1884-261, curé-arcMprêlre de Vejnqs (I826-*9), et chanoiDa titulaire de U cathédrale de Oap (1849, f 2 'uillet 1S67). Sa ■Dcore CD vcnét'ation dans le diocèse.

Digilzedt.GoOgle

228 LEETTBES DE Mg, ALLARD.

voisine de celle de Roœette, près Gap. A La Rochette, il ressers encore les cordiales relations d'amitié qu'il avait formées antérieurement avec ses anciens condisciples de Romette, relations qui durèrent autant que sa vie, comme on va le voir.

Le 15 nov. 1831, l'abbé Allard Tut nommé k la succur- sale de Fouillouse, petite commune dn canton deTalIard. Il conserva ce titre, purement nominal, jusqu'au 27 janv. 1833, car, dans l'intervalle, il St sa résidence ordinaire avec les missionnaires de N.-D. du Lans. dont le supé- rieur, à cette époque, était le R. P. Guibert, des Oblats de Marie '), plus tard évoque de Viviers (1847-57), arche- vêque de Tours (1857-71), mort naguère cardinal-archevê- que de Paris (Sjuil. 1888).

Pendant les années suivantes, l'abbé Allard fut pro- fesseur de philosophie et de mathématiques au petit séminaire d'Embrun. En 1838, il sortit du diocèse de Gap pour entrer chez les Oblats de Marie à Marseille. De là, il fut envoyé en Amérique, il resta huit ans. En 1851, il fut nommé vicaire apostolique de Natal, sur les côtes orientales de l'Afrique méridionale, avec le titre d'évé- que de Saraarie, titre qu'il garda jusqu'en 1874, époque il fut appelé à Rome en qualité de consulteur de la Congrégation de la Propagande et fut promu archevêque deTaron, nouveau titre qu'il conserva jusqu'à sa mort, en 1889.

Ni en Amérique n! en Afrique, au milieu des sauvages de la Cafrérie, jamais Mgr Allard ne perdit le souvenir de ses amis des Alpes. Les lettres qu'il adressa, de Marseille, le 15 oct. 1851, et de PietermarUzburç (Pays de Natal), le 4 mai 1861, à ses amis de Romette et de La Rochette suffisent pour le démontrer. Nous avons eu, du reste, en 1885, dans une circonstance mémorable, à Gap

') Le R. P. Joséph-Hlppoljtc Guibtrt anit.étà nommé ^ desserrant de N.-D. du Laos le 1" octobre 18£9, et il en eierca les foactioDa JuiqtCau i4 doc. 1832, époque il fut remplacé par le R. P. Jean- Baptùte-Vinoent Mille, le dermei- nipérieui' des Oblatu A N.-D- du Lnuï.

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LETTRES DE W ALLARD. 228

mAme, dans les salons de l'évëché, l'occasion de constater combien Mgr Ailard aimait à revenir dans les Alpes et avec quelle effusion impartait de ses premières années de vie sacerdotale <).

Les deux lettres qui suivent nous ferons connaître Mgr AUard et ses travaux apostoliques mienx que tout ce que nous pourrions en dire. Elles nous ont été gracieuse^ ment communiquées par M. Hilaîre Borel, de Romette, le fils de celui à qui elles furent adressées en 1851 et en 1861. P. G.

/. Lettre de Mgr Jean- François Ailard, évêque de Samarie et mcaîre apostolique de Natal, à François Borel, Joseph Jouglar et Jean Auberl, de Romette^ près Gap.

Marseille 16 octobre 1851 . (Sceau armorié.) A btessteufs François Borel, Joseph Jouglar, Etienne (ou Jean) Aubert. Saint et bénédiction en notre Seigneur J.-G.

Mes Biens Gkebs Amis, Lorsque J'étais en Amérique, j'ai passé huit ans, votre aimable souvenir venait souvent réjouir mon cœur, et je n'ai jamais cessé de prier pour vous ; mieux eût été sans doute de nous écrire, au moins de loin en loin ; cette correspondance eût beaucoup servi à notre mutuelle édification ; mais nous n'avons pas cherché à l'établir, à cause de la distance qui nous séparait. Revenu main- tenant à Marseille, pour y passer quelques mois, mon cœur à éprouvé comme un besoin de vour donner de mes nouvelles. H m'a semblé aussi deviner la pensée de votre cœur et vous entendre dire combien quelques lignes de ma pHrt tous seraient agréables. D'ailleurs l'amitié que Dieu avait formée entre nous doit être éternelle, car elle

Voj. AAnaUf du Hautti-Alptu, 7 août 1885, p. 000-3.

Annales des Alpes, 1897-98.

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230 ANNALES DES ALfES.

a pris sa source dans la piété, qui ne doit jamais s'élein- dre en nous.

Vous aurez sans doute entendu dire es que Dieu a voulu faire de moi, en permettant que je fusse élevé à l'épiscopat, pour aller ensuite évaugéliser les in&dëlcs. Lorsque l'on m'annonça la promotion à une si baute dignité, sentant combien j'étais indigne d'un si haut rang, j'écrivis une lettre pour éloigner de moi cet honneur si au-dessus de mon mérite personnel ; mais on m'a obligé d'accepter. li m'est doux de reconnaître la volonté de Dieu dans celte promotion, mais la responsabilité qui pèse sur moi n'est pas moins effrayante ; j'ai voulu vous communiquer ces détails, aûn que vous m'aidassiez par vos prières à suporter le fardeau qui pèse sur mol.

Au reste vous n'avez peut être Jamais vu d'évéque missionnaire ; mais il n'y a rien dans leur entourage qui se ressente de la grandeur humaine . Placés à la tête d'un corps de missionnaires, il faut qu'ils en partagent toutes les fatigues. Il faut même qu'ils soient les premiers au travail et à la peine, et qu'ils endurent les mêmes priva- tions. Ils n'ont pas à redouter le luxe d'un palais ou d'un équipage. Leurs revenus sontbientâl comptés; ils doivent vivre d'aumônes, comme les apôtres.

Maintenant, je puis vous parler du pays Je suis envoyé et [vous dire] quels sont les peuples que je vais évangéliser. Je viens de l'Amérique, et l'on m'envoie en Afrique ; non pas à Alger, qui est si près de la France, mais à l'extrémité oppo3.ée, c'est-à-dire à trois mille lieues, et dans un pays qu'on appelle la Caffrérie, à une terre qu'on appelle Natal, mot qui veut dire Noël, parce que ce fut le jour de Noël qu'on le découvrit, il y a près de quatre cents ans'); et nous pensons pourvoiryarriver an mois de janvier 1858. Ce sera alors l'été pour ce pays ; pour la première fois de ma vie, je n'aurai pas vu d'hiver dans UD an. Les saisons de ce pays ne coïncident pas avec les nôtres ; notre été correspond à leur hiver et notre prin-

•) Les Portugais la découvrirent en effet lo 25 décembre 1478.

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LEITRBS DE UP ALLABD. 231

temps à lear automne ; toutes les saisons sont ainsi en sens inverse ; c'est presque le monde renversé.

On dit que le climat y est doux et salubre ; la terre n'y vaudra peut être pas les excellents Jardins potagers de Romette, mais on la dit très productive. La largeur du diocèse edt de 350 lieues sur une longueur indéterminée'). Au reste ce pays n'est pas désert, quoique très vaste : los géographes font monter à j ou 5 millions les habi- tants. Il y a 6 mille Européens, un grand nombre de Portugais, et enfin un certain peuple encore iufidèle qu'on appelle les Cafl^es. Ceux-ci, qui sont au nombre de plusieurs millions, n'ont jamais été évangélisés, on du moins, s'ils l'ont été, çà a être à des époques très éloi- gnées, et ils n'ont jamais reçu le baptême. Aussi ne trouve-t-on chez eux aucune trace de christianisme. Ils adorent le démon, parce qu'ils le redoutent, mais, pour Dieu, disent-ils, nous n'avons pas besoin de le prier, il ne nous fait que du bien. Quelle monstrueuse ingratitude I. . Tels sont ceux que j'ai adoptés pour mes enfants, quelque soit l'état déplorable ils se trouvent. Aussi je vous recommande spécialement l'œuvre de leur conversion, qui présentera sans doute beaucoup d'obstacles. La même grâce que Je vous demande, je la sollicite également de toute votre famille et de tous vos enfans. Il y a sans doute comme par te passé d'âmes ferventes à Romette ; intéressez aussi bien leur chanté pour ma mission.

Et que font les bons habitans de La Rochette, mon ancienne paroisse î Si vous en rencontrez, dites-leur que je les ai toujours aimés ; que je prie toujours pour eux. Je n'ai pas l'avantagée de connaître votre curé actuel de Romette, ni celui de La Rochette*). Soyez assez bon pour leur présenter mes saints respectueux.

*) Ls cAte de Natal, qua Mgr Allard allait éraagâliser, ïilurie an aud- ouasl de Uadag&scar, s'élcnd entre le 28°t5' et le 32>t5' de laUtude sud, soit sur une longueur de plus de S-O^K) kilomètres. Elle avait été colonisée en 1S21, par les Boeri, hollandais d'origine, et appartenait, depuis 1S41, k l'ADgletecra, qui l'a anneids an Cap.

^ Bd 18&1, le curd de Romette éUiit Pieri'e-Fraatots Roux, t. St-Clément, la (7 avril 1796, nommé le 12 mai 1837, transféré, le 18

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23:; ANNALES DRS AT.PES.

Je vous ai adressé à tous Iô^ trois celle lettre. Elle vous est commune . Si vous voulez m'écrire, vous m'adresserez votre lettre comme il suit : à Mgr l'ètéque de Samarie demeurant au Calvaire, Marseille. Mais vous avez besoin de vous hâter, parcequele navire qui doit [me} con- duire en Afrique, partira peut-être le vingt-cinq de ce mois. Mais que votre lettre soit bien longue.

Je vous donne la bénédiction de tout mon cœur, et Je la donne aussi à toute votre famille et à tous vos cbers parents, et serai toujours

Votre sincère ami et très ttumble serviteur, t M. J. François ALLARD, Èvéqae de Samarie et uicaii*£ apottolique de Natal.

Au commencsmept et & la Qd la lettre, sceau ovale en eucre bl«ue, aui airmes de l'évjque : d'azur (?) d la croix latine ior (T), oon- tonnée de ta lance et de Ciponge, avec cea 3 lettres au-desscma 0. H. I, Légende, sur uoc banderole : PAUPSiss bïanskuzantub.

Sur l'enveloppe qui accompsgae cette lettre, les mâmes armoiries sur UD cachet ovale, bd cire rouge (30 sur £5 roillim.) avec cette adresse : Uontieur Monaieur François Borel, ou, à eon défaut, à M. Joitph Joaglar, demeia-ani à Romette, prii Gap [S.-A tpet), et eetto date (au dos) : le U octobre Ifôl. AlliIrd, miss. Timbra de la poste de c Uarseille, 17 oct. 51 >, et de la poste de Gap, 18 oct. n

2. Lettre de Mgr Jean-François A llard, évêque catho- lique de Natal, à François Borel, de Romette.

Pietermarîtzburg(Natitl), 4 mai 1861.

VicabIat ApoaTOLiQOB Mission de l'Im, ConcepUou,

de Piefermaritzburg, le 4 mai 1881.

NATAL

Mon bien Cher Ahi. Voilâ déjà neuf ans que je suis arrivé au pays de Natal,

juio 1S53, ï Lettre», il est moH le Zl Juin 1863; et le curd de La Rochelle, Joseph Qroasan, a& à Cetllac le 17 janv. J805, nommé le I" juillet 1SA7. transféré à Sl-Jean-des-Crottas le 1" juillet 1853, mort en retFaile i Ceillac le 33 mai (880.

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LETTRES DE MP ALLARD. 333

aa milieu d'uo peuple vers leqael Dieu m'a envoyé comme pasteur et comme père, sans qu'il y ait eu, pen- dant cette période, aucun rapport de lettre entre nous, malgré notre vieille amitié. J'ai souvent eu la pensée de TOUS écrire, mais j'étais toujours pressé par les nombreu- ses occupations qui sont dévolues aux missionnaires.

Pendant ce long silence, je n'en doute pas, voue avez souvent pensé à votre ancien ami, qui est si loin de vous ; vous en avez parlé en famille. Vous aurez même plus fait, TOUS aurez priez {sic) pour lui et pour le succès de sa mission. Vous le dlrai-Je aussi? Malgré mes occupations incessantes et quoique Dieu m'ait donné beaucoup d'au- tres enfants, dont chacun à nue place dan^on cœur, je n'ai pas encore pu vous oublier. Souvent un doux et précieux souvenir me porte vers vous. J'aimais à me rappeler ce que nous faisions ensemble, les sentimens - que vous me communiquiez de votre cœur plein de foi et de piété. Je puis le dire, ce souvenir a toujours répandu dans mon cœur un charme ineffable. Il est le (Vuit d'une amitié formée dans le. cœur de Jésus-Christ, fruit pré- cieux qui ne se tlétrit jamais et qui doit durer éternelle- ment,comme Celui qui en est la source. Et si je paraissais encore dans votre chère paroisse de Romette, paroisse qui m'est chère aussi k moi-même, et qu'il me fut donné de TOUS embrasser, mon cœur retrouverait toute la fraî- cheur de sa Jeunesse. Nous n'aurions pas besoin d'un lohg préambule, vous et moi, pour nous communiquer libre- ment nos sentimens et pour nous dire encore : Qu'il est doux d'aimer et servir Dieu.

Je vous écris en ce moment pour satisfaire un besoin de mon cœur, car l'amitié a ses droits, qu'on ne doit pas violer. Mais dans quel état celte lettre vous trouvera- t-elle ? Sans doute U y aura eu de changemens dans votre famille. Avez-vous quelqu'un de vos fils prêtre '), quelque

*] La coiretpoadaDt de Hgr Allard pouTsit répondra srBrmaliTemenl; il avait, en effet, ua Olspritre, si pcélre dUUagué : le pire Auguste Borel, le 17 déc. 1833, ordonai le iO dee. 1^6, looi^iiips missioa- uairo de N.-D, du Laus, puis (févr. 18K), curé de St-Laui-ent-du-Cro»,

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234 ANNALES DES ALPES.

fille religieuse *], et les aatres marchent-ils tous dans la crainte de Dieu ^ ? Voilà sans doute ce qu'il y a de plus intéressant, pour vous, et ce que j'apprendrai aussi avec beaucoup de plaisir. Votre evcollente mère est-elle eucoro la consolation de la famille, ou bien est-elle pas- séeà une meilleure vie?'} Tous les détails que vous pour- rez me donner sur votre famille, sur votre sœur, sur Romette me feront plaisir.

Que vous diraije du pays que nous habitons? U est très saluhre. C'est un printemps continuel ; la campagne est une prairie sans fin, depuis le bord de la mer Jusqu'au sommet des montagnes. Tout cela est agréable k la vue, seulement (que) les saisons ici sont en sens inverse des saisons en Europe : notre printemps est en septembre et notre hiver en juin, mais le missionnaire se fait à tout.

En arrivant à Natal, nous avons trouvé environ 400 catholiques ; nous leur avons bâti des églises, des chapelles ; tâché de ranimer leur foi (car ils étaient sans prêtre), appelé les pécheurs à la pénitence. Nous avons la consolation de voir des familles entières, des gentils- hommes, des capitaines môme de l'armée Anglaise'), qui

namnid, le IB dov. ISSS, irchipritro de l* Bfltie-NeaTe, il est mort, Tictime de son dévonenient et do loa iè\e, le Î3 mats 1891. Le pire Bore), de Bomelte (Le Rob <rEttemor), est l'auteDr de divers traïaui litl^nires, entre autres de La Ligotaada, poème ea langue vulgaire, avec traducliau on Ters fraocais, publié eu 1892 (Oap, Jean, libraire, in -8-, 207 pages).

<) Deux filles de Françoit Borel son! devenues rcligieuies au mooas- lAre de Ste-Claire de Lyon, ot sont actuellemont vivautas : Marïe, l'aînée, d'abord directrice d'un pensionnat au Pottt-St-Esprit, eut nipé- rieure dc« Clarisses k N.-D. de Lourdes, sous la nom de losur dm Angei ; Uargueiite, U cadette, est é(ialomant Clarisse à Lourdes.

*) Encors sur ce point, la réponse dut être afflrmatire. If. Hllaïre Boral (né le 14 janvier 18.36) conserve a ujoui'd'hui honorablement les traditions familiales et ses enfants suivent ses traces.

') Hadeloine Cerisier, m6ro de François Borol. était morte en IB<tt.

«; Ou sait que los Anglais se sont étublis uu Nutal vers 184t. Mgr AUard, dil-oii, eut surtout avec l'un d'em, le céltbre explorateur L'vingftone, des relations cordiales (lB5ï-6i).

Digilzedt.GoOgle

LETTRES DE MI' ALLARD. 235

seraient des modèles en France ; noua avons reçu l'abju- ration d'un certain nombre de protestants. Mais la grande fomille vers laquelle nous avons tourner notre atten- tion est celle qui compose les nombreuses tribus des Caftres. En ce moment je suis à la ville, mais habituelle- ment je réside au milieu de ces sauvages. Quelquefois, je voyage à travers le pays qu'ils habitent ; je loge chez eux. Mais ce n'est pas un petit travail que de toucher leur cœur*). A.u reste nous ne faisons pour ainsi dire que débuter dans ce genre de mission : nous manquions d'ouvriers. Nous espérons qu'il nous sera donné de former parmi eux une véritable famille des enfants de Dieu, qui l'adoreront en esprit et en vérité. Je me recommande à vos prières et à celles de toute votre famille.

t M. J. François ALLARD, Évégtêe eath, de Natal.

Mon adresse, en français : Monseigneur Allard, évé- gue catholique de Natal, Ptelermaritjsburff (sud de l'Afrique). La lettre doit être affranchie.

Bd tAte, cachet armorié, ea encre bleue, et, an bas de Is X" page : FrançoU Borel, oommane de Rometle » (nri^al, 4 pages petit in-8° jams).

UNE IMPRIMERIE A GAP

en 1720-Î722.

Jusqu'ici, on ne connaissait l'existence certaine d'aucune imprimerie à Gap avant 1790, époque Joseph Allier, imprimeur de Grenoble,- vint se fixer à Oap, et organiser

*] Les effort! des miiisioDaaires n'ont pas été infruclueui, ainsi qu'on peut le coustater daus les Annalei de la Propagalion lU la Foi. Une grande part du résultat en rcTianl A Mgr Allard, qui, duraul plus de viugt an( (1S92-14), a travaillé «ans relàcbo A la converaioa des Cafres.

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236 ANNALES DES ALPES.

l'imprimerie, dirigée, après lui, par Joseph Allier, son Sis, maire de Qap (1831-34} ; puis, par Al(ï-ed Allier, également maire de Oap (1848-49 et 1805-69;, par MM. Delaplace, père et lil3, et, actuellement, par U. J.-C. Ricbaud, quia célébré naguère le centenaire de la fondation de son imprimerie.

On peut, il est vrai, admettre, jusqu'à preuve du contraire, que le rarissime Bréviaire de Gap, de 1499, a été imprimé à Gap même, sous l'évèque Oabriel de Scia- fanalls (1484-1533), par tes soins de Bertrand Champsaur (_Campissaitri), de Guillaume Agvlhenqui et de Gilbert Oarrelli, tous trois qualiBés de a vénérables personnes », venerabîles vtri, et que ce bréviaire est sorti des presses de quelque imprimeur ambulant, dont le nom est inconnu ; de même que le non moins rare Bréviaire <f Embrun, de l'an 1489, avait été imprimé antérieurement, à Embrun, par un autre imprimeur ambulant, bien connu, le fameux Jacques de Rubets ou Le Rouge*). La preuve do ce fait existe à la fin même du Bréviaire d'Embrun. Mais, il n'y a rien de semblable pour celui de Gap. On y lit seulement qu'il fut achevé d'imprimer le 15 avril 1499, sans qu'il apparaisse, nulle part, si cette impression se iit à Qap ou ailleurs*).

Nous avons maintenant la preuve authentique que, pendant le premier quart du XVIII» siècle, et précisé- ment de 1720 à 1722, il y eut à Gap une petite impre- merie, dont on connaît quelques produits.

Cette imprimerie fut, d'abord, dirigée par trois mem- bres de la famille Verdier: Joseph, Ennemond et Fran- çois Verdier (1720-22) ; puis, par un nommé André (déc. 1722).

Pour le moment, nous ne possédons que fort peu de renseignements biographiques sur ces quatre imprimeurs, dont cependant la présence à Gap est certaine. Les noms, et même les signatures autographes des quatre typogru-

<) Cf. Le Bibliographe moderne, juiL-aoùt 1897, p. 244-5. *] Biblioth. aatioualo, Velina, a* 1605. Cf. Bull. Soe. d'^tudej da Uantei'ilpet, 1884, p. 45-46, aoLe i.

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UNE niPRIMBBlE A GAP. -237

phes, existent sur une série d'actes ou reçus, appartenant aux archives muuicipaîes de la ville de Gap'). Ces reçus sont relatifs à des mandats de payement délivrés aux imprimeurs susdits par les consuls de Oap, Et. Tourrcs la Valette, Jean Blanc et Jean Guigues , du 11 août 1720 au 18 décembre 1722, et pour différents travaux d'imprimerie, faits pour le compte de la ville de Gap, au sujet des précautions que le « Conseil de santé » prenait, précisément à cette époque, pour protéger Gap et ses habi- tants contre la peste qui sévissait à Marseille et en Pro- vence.

Pendant au moins trois ans, les imprimeurs Verdier et André livrent à la ville de Gap: 1" grand nombre de for- mules de certiScats ou « billettes s de santé, sans les- quelles on ne pouvait sortir de Oap ou rentrer dans la ville, après en être sorti ; 2* des exemplaires du Règle- ment que le t Conseil de santé > rédigea à l'occasion de la peste; —3" des circulaires d'envoi de ce règlement aux communautés circonvoisines. Il est plus que probable que des spécimens de ces divers imprimés existent encore dans les archives communales de Gap et autres localités des Hautes-Alpes, on les rencontrera au fur et à mesure de l'avancement de la rédaction de l'Inventaire sommaire de ces archives.

L'un des imprimeurs Verdier, probablement Joseph ou Ennemood, fut impliqué, en 1721, dans une affaire de contrebande de t tabac en poudre et en corde ». Le 30 mai 1721, par ordre du « Conseil de santé de Gap », qui redoutait l'introduction du < mal contagieux » dans Gap par des moyens détournés et frauduleux, Jacques Roux, dit Oardanne, d'Aspremont (canton d'Aspres-sur-Buëch), âgé de trente ans, et sa femme, « la nommée Fouchei'is », furent arrêtés sous l'inculpation d'avoir fait entrer sub- repticement dans Gap deux « balles » ou ballots de tabac, pesant 4 quintaux (200 kilogrammes); et, sur l'avis que les membres du conseil de santé « ont eu que le nommé

'} Registro du contrais des miiDilitE délivras pour les sfiaîros de la ville do Oap, a' provisoire lOô.

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238 ANNALES DES ALPES.

Verdier, imprimeur de cette ville, étoit du complot pour l'introduction desdites balles dans cette ville », ils font <> de même... mettre en prizon » le susdit imprimeur Verdier<}.

Au début de l'année 1722, parait à Gap François Verdt&r. Il semble avoir été remplacé, avant la fin de cette même année, par le « sieur André, imprimeur ».

dernier, ainsi que les Verdier, dut cesser tout tra- vail d'imprimerie dès cette époque. Du moins, à dater de décembre 1722, ou ne rencontre plus aucune trace de leurs impressions à Gap.

Outre l'aiTaire susdite de la contrebande du tabac, une ordonaance rendue, à Grenoble le 5 août 1722, par le marquis de Belrieu, « mareschal de camp des armées du Roy, commandant dans cette province » de Dauphiné, ordonnance publiée à Gap le IS août suivant, explique suffisamment la disparition de l'imprimerie des Verdier et André. Par cette ordonnance le marquis de Belrieu « def- fandoit à tous imprimeurs de faire aucuns certificats de santé, à l'exception du sieur Faure, imprimeur à Greno- ble >. C'était la ruine de l'imprimerie de Gap.

Tout ce qui précède résulte des extraits suivants, tirés du registre des mandats contrôlés par Claude Girard, secrétaire de la ville de Gap, et retirés par les intéressés, dont les signatures autographes, mises eu marge de l'indi- cation de la délivrance des mandats, pour décharge au secrétaire de la ville, nous sont un garant absolu de vérité et d'authenticité. P. G.

Attestations des mandats délivrés aux imprimeurs Joseph, Ennemond et François Verdier, et au sieur André.

1. Du ll'aoust 1720. Le sieur Verdier, Imprimeur établi en cette ville, a reçu mandat sur le s' Blanc, eia- teur, de la somme de trois livres 10 sols, pour avoir fait 200 étampes de cerlifficat de santé. Girard, secrétaire.

I) Arch. com. de Gap, proi. n. 9.

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UNE lUPRIHERIE A QAP. 239

[En marge:) < lied. Yerdier a retiré led. mandat led. j4ur n. (SigDé : ) J. Yerdier.

2. Du 30» septembre 1720. Le s' Verdier, impri- meur, a reçu mandat sur le 6' Blanc, exateur, de la somme de 21 livres 10 sols, pour ueuf cens estampes de certificat de santé qu'il a fait pour la ville. Girard, secrétaire.

(En marge;) « J'ay retiré led. mandat led. jour. J. Verdier ».

3. Du 13* novembre 1720. Le a' Verdier, impri- meur, a receu mandat sur le s^ Blanc, de la somme de 19 1. 17 s-, savoir : 8 1. pour 60 estampes du Règlement que le Conseil de santé a fait pour ta conservation de la ville ; 21. 10 s. pour 40 lettres circulaires, qui ont esté envoyées aux communautés circonvoisines, au sujet de la foire de St-Martin, et 9 I. pour 400 certiQcats de santé.

QntARD, secrétaire. (En marge: ) « J'ay retiré led. mandat led. Jour : S. Verdier >.

4. Du 22» novembre 1720. Ennemond Verdier, imprimeur, a receu mandat [sur] le s' Blanc, exateur, de la somme de 8 livres pour 400 estampes de certiilicats de santé qu'il a fait pour la ville. Girard, secrétaire.

[En marge : ) J'ay retiré led. mandat led. jour.

(Signé: ) Verdier.

5- Du 5" mars 1721. Ennemond Verdier, impri- meur, a receu mandat, sur le s' Blanc, consul et exacteur, de la somme de 12 I. pour 1.200 estampes de billets qu'il a fait pour la ville, pour avertir les o^ciers qui montent la garde de santé, etc. Girard, secrétaire.

6. Du 17" janvier 1722. Obmis de mettre en son rang que, du 17 janv. 1722, François Verdier, imprimeur, a reçu mandat sur le s' Blanc, de la somme de 12 I. pour la quantité de 1.200 estampes de billets pour la garde de la conservation de la santé. Gibabd, secrétaire.

(En marge : ) J'ay retiré led. mandat led. jour. [Signé : ) François Verdier.

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240 ANNALES DES ALPES.

7. Du 18» décembre 1722. Le s' André, impri- meur^], a reçu mandat sur le s^ Eyraud, commis à la recepte de la taille de cette ville, de la somme de 9 livres, pour 900 estampes de billets qu'il a fait pour les officiers qui montent la garde pour la conservation de la santé.

OiRABD, secrétaire. (En marge : ) J'ay retiré led. mandat led. jour.

(Signé) : André.

8. ~ Du 24' déc. 1722. J'ay receu mandat sur le s' Eyraud, commis à la recepte de la taille de la ville de Qap, de la somme de 10 I. pour 500 estampes, de certini- cats de santé, qu'il avoit payé au s' André, de cette ville, lesquels sont restés iautitles, attandu que M. te marqviis de Belrieu, mareschal de camp des armées du Roy, com- mandant dans cette province, avoit rendu une ordon- nance publiée en cette ville le 16« aoust dernier, dattée du 5* dud. [mois,] qui deffandoit à tous imprimeurs de faire aucuns certîf&cats de santé, à l'exception du s' Faure, imprimeur à Grenoble. Girard, secrétaire.

BIBLIOGRAPHIE ALPINE.

3. Arnaud (F.), notaire à Barcellonnette. Les trtinUa- tions d'un notaire de Barcelonnette sous ta Terreur (Barcelonnette. A. Astoin, 1897, in-16, 14 p.). Récit très instructif sur les événements de l'époque révolu- tionnaire à Barcelonnette, événements qui déterminèrent le notaire Beuolt Tiran (f 22 avril 1801) à faire changer son nom de famille en celui de Riant. A noter le passage suivant, extrait des Archives des Basses-Alpes fL. 2) : «Le 13 juillet ^7dl, [l'arcbevèque d'Embrun] de Leissin, sous prétexte de tournée pastorale, vint à Seillac, accom'

(} Ce mot est rayé, el il semble que cela & été fait après coup, d'uDe

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BIBLIOOHAPHIB ALPINE. 241

pagDé de cinq de ses fidèles et dans la nuit, passant le col TroQchet, arriva à Mauria. La garde nationale de St-Pa«l allait l'arrêter, lorsque MM. Colomby, curé de St-Paul, et Imberty, bénéficiaires (stc), qui avaient rétracté lear serment civique, accoururent pour le prévenir. Entre minuit et une heure du matin, l'archevêque et sa suite s'enfuirent par le col de Mary ».

4. Gauvière (Jules), ancien magistrat, professeur à l'Institut catholique de Paris . Dn Normalien dans rÉglise: Cabbé Bamave (Paris, A. Fontémoing, 1897, in-8», 11 p. ExtraitduBM«e«nde;a Soc. générale eC Education). L'abbé Barnave, à Saillans (Drôrae) en 1829, mort récemment à Marseille (1887), était le petit neveu du célèbre Constituant. La notice que lui consacre M. Cau- vière est très attachante et bien édifiante. Et cependant, à part un discours « prononcé au lycée de Marseille, un vibrant éloge d'Osanam, qui fut le modèle de sa jeunesse, nous ne connaissons de lui aucun écrit. Son œuvre est ailleurs. Elle est dans cette génération d'élèves, quelques uns éminents par la science et par a foi, qu'il a formés ».

5. Commission Météorologique des Hautes-Alpes : 1" Observations météorologiques faites à Gap en 1896. Z" Relevé des observations pluviométriques mensuelles dans les stations des Sautes- Alpes. ^' Résumé des quantités de pluie tombées de 1877 à i89G. —4° Note de M. Garnieh. proviseur du Lycée de Gap, sur les observations phénologiques dans les Hautes-Alpes en 1896: u Les diverses phases de la végétation, feuillaison, floraison, maturité ; l'apparition des insectes, des oiseaux migrateurs; le premier chant de certains animaux», voilà cequ'onappelle observations phénologiques, et ce que M. Oamier fait rapidement, mais exactement connaitre, pour un certain nombre de localités des Hautes-Alpes : Qap, Serres, St-Julien, St-Bonnet, Chorges, Montgenèvre, Le Lautaret, etc. (Gap, Jean et Peyrot, 1897, in 8", 12 p.).

6. Court D'ArauEBBiJ,B (Maria). Accords plaintifs. Beeueil de poésies. Préface d'Auguste Angles (Nice,

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242 ANNALES DES ALPES.

1896, in 8", iv-33 p.) Anémones et Violettes. Recueil de poésies. Lettre de F. Mistral servant de préface (Nice, 21, rue d'Angleterre, 18fl7, in-16, 64 p.)— Voici soubait ému que l'auteur adresse à ses vers :

Humbles fieura qae j'ai moisioniléH La loDg dei champs et dant mon coiDr, PniBsieE-vouB u'ètrs point fanées Par U soulle d'un Tent moqueur.

La plupart d'entre tous loul D^es A l'ombre austère du malheur. Et n'ont, pauvres inTortunées, Que le parfum do ma douleur.

Toui h tour ds larmes monill^as Ou d'amour pur BusoleiUéeS, Aurei-vous le don do charmer 1

AuëmoDee et violstles.

Je vous dMie, 0 mes fleurettes.

Aux âmes qui savent aimer,..

Nous recommandons tout spécialement aux lecteurs des Annales ces deux ravissants bouquets de e fleurs Alpes- tres ■». Après en avoir savouré le parfum une première lois, il en orneront leur salon ou leur bibliothèque ; et, de nouveau , ils admireront encore ces belles fleurs des Alpes.

7. OtLLET, secrétaire général de la préfecture des Hau- tes-Alpes. Projet de révision des Statuts de la caisse départementale de retraites. Observations du personnel tributaire, të^^ [Qap, A. Vollaire, 1898, in-8% 46 p.}.— On trouve, dans ces quelques pages, résumés avec beaucoup de soin : l'historique de l'établissement 'de la caisse [ordonnance royale du 1'^ avril 1830J ; 2" la situation actuelle des statuts qui la régissent et leur comparaison avec ceux des autres caisses départementales ; les résultats du fouctionnement de la caisse depuis son origine, et de la formation de sa dotation. La caisse départementale possède actnrilement une rente de 16.500 fr. La ntuatlon est satisfaisante. Pour garantir à la caisse

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RAPHIE ALPTNB. 343

uD foDCtionnemeot plus assuré encore, M. Gillet propose quelques améliorations qui ne compromettraient en rien les finances départementales. Elles se recommandent à l'attention du Conseil général.

8. Lr Gratin. Petite Gazette Dauphinoise, avec illus- trations ravissantes : lettres ornées; armoiries; portraits de Mgr Henri-Siméon Colomh, évêque d'Evreux, de Maurice Champavier, et du u trésorier en exercice » (1*^ fasc. 1888, ia-4'', 4 p. Paris, 14, rue Léonie).

9. GuiLUUiN (Paul). La Trilm des Pteds-en-sueur (Lyon, [oct. 1896], in-8û, 4 p. Tiré à 30 exempl.). L'origine de la Tribu remonte à 1849; elle disparut en 1870. Les quelques membres survivants de l'ordre ont constitué, plus tard, le premier noyau du Club Alpin de Lyon. Voyage de Viltars à la Grande Chartreuse, le 8 messi- a»J^// [27 juin 1804]. iBriançon, Chautard, 1897, in-8", 19 p. Extrait de L'Ann. du Club Alpin franc. Tiré à 25 exempl.). Le récit que publie M. Ouillemin, d'après le Ms. original et inédit de Dominique Villars, appartenant à feu M. Chaper, renferme une multitude de détails importants pour la biographie de notre compatriote. Ainsi Villars (ou peut être mieux Villar, comme portent tous les actes relatifs à sa famille), nous dit, en 1804, que « depuis 25 ans » qu'il babitait Grenoble, il avait fait à la Orande- Cbartreuse plus de dix voyages, « avec divers savants de diverses nations •. A retenir cette observation finale du bon Docteur, membre correspondant de l'Institut : « Ce n'est qu'après un grand nombre d'essais, de tattonnemeus et d'erreurs.que nous apprenons à observer, comme nous avons appris à marcher, à tâter le pouls, à jouer d'un instrument quelconque « .

10. Itier (P.-J.), avocat à la cour d'appel de Montpellier. Du tauw de ^enregistrement en matière de ventes de biens appartenant à des établissements publics (Paris, A. FoEtémoing, 1897, in-8°, 35 p. Extrait de la Revue gêner, du droit). Ce mémoire juridique a été publié à propos d'un legs considérable fait à l'Institut de France

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244 ANNALES DES ALPES.

par M. Eslrade-Delcros, mort à Perpignan en 1892. Il a eu pour conséquence de faire restituer aux acquéreurs des biens vendus par l'institut une somme de près de 55.000 fr. que la Régie avait perçue iuduemeut. Ce succès Tait le plus plus honneur à la science juridique de l'ancien conseiller général des Hautes-Alpes.

11. LÉDO (Georges et Raoul da). Alpes Fleuries. Sonnets inédits illustrés. Préface-Autographe de Jules Clavette, de l'Académie Française, i" janv. 1898 (Gap, iH-S", 13 dessins en couleur sur papier du Japon, dans une reliure peau de soie et or). Faire connaître les Alpes et les faire aimer, voilà le noble but des deux frères : l'uo poète, l'autre artiste ; tous deux tourisl«s infatigables. Nous ne pouvons ici qu'énumérer le titre des sonnets si délicatement illustrés : La reine des Alpes et Route du col de Larche, avec vue delà batteriede Viraysse {2740 ""l; L'anémone de Ilaller et le mont Viso (3336°") ; Le Cyclamen et la Mer de glace du Mont-Blanc ; La Gen- tiane pritanière et le plateau du col Bayard, près Gap; avec vue de la chaîne de Ghaillol (3120 ") ; le Rhododen- dron ferrugineuiv et le mont Inaccessible (2097 " ) ; VEdelweis el le massif du Pelvoui ; Le Bleuet de Céû-ie et Céilse, près Gap (2019 '°) ; ta Rose des Alpes sans épines et le pic de Burre ou mont Aurouze {2712 ■); Fleurs d'hiver, et le col Bayard (1360 ") le 1" janvier 181)8. Après cette énuméralion, on comprend l'admiration de Claretie : « Maison fraternelle. Livre unique et char- mant. Je n'en connais pas de plus original, et je salue celte collaboration rare qui nous vaut une œuvre de choix ».

12. Mantbyer (de) Georges, ancien élève de l'École des Chartes, membre de l'École française de Rome. L'Origine des douze pairs de France (Paris, 14 nov. 1896, in-8". Extrait des Éludes d'histoire du Moyen âge dédiées à Gabriel Monod, p. 187-200] . La Marche de Provence itisqu'aux partages, et révécM d'AvignonJusqu'àlacom- mune (Noyon, Gopillet, 1897, in-S", 18 p. Extr. des Posi-

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BIBLIOGRAPHIE ALPINE. 245

fions des thèses de l'École des Cliaites, promolioû de 1897) .

[AS manuscrits de la r-etne Christine aux archives (lu Vatican, Rome, impr. de la Paix, 1897, iE-8", 42 p. Rxlr. des Mélariges d'archéol. et d'histoire publiés par r xole française de Rome, t. XVIlj. Les légendes saintes de Provence et le Martyrologe d'Arles-Toulon, vers 1120 [IMd,, 1877, 27 p. id.)- Siœ mandements de Callxte II renouvelant la légation de Girard, évoque d'Angouîème, 21 nov. 1123 (Ibid., 1898, t. XVIII, 24 p ;.

Les publications qui précèdent mériteraient une analyse spéciale. Chacune, en effet, contient des rensei- gnements nouveaux, inédits, d'un véritables intérêt. Il noHs est, du moins, très agréable de constater ici que M. de Manteyer inaugure brillamment la série de ses savants travaux. L'éclat en rejaillira sur le département des Hautes-Alpes, dont M. de Manteyer est, désormais, l'un des représeutants scientiflques les plus autorisés. Nous nous permettons de lui adresser nos bien cordiales félici- tations, («t avec l'espoir de revenir plus longuement sur ses travaux.

13. Mazelière (Marquis de La). Moines et ascètes indiens. Essai sur les caves d'Afanià et les couvents Boudhistes des Indes. Ouvrage accompagné de 16 gravu- res d'après des photographies (Paris, Pion, 1898, in-lO, 308 p.). M. de La Mazelière a voyagé en Asie pendant trois ans. R a parcouru surtout rindo-Chiae, la Chine et le Japon, et il nous représente, en une série de tableaux, très animés, « la vie de l'Inde, ses croyances et ses mœurs aux époques les plus Intéressantes de son histoire religieuse... Depuis longtemps, les savants s'efforcent de rattacher l'histoire religieuse et philosophique de l'Asie à celle de l'Europe... Cependant le génie de ces écrivains n'a pas réussi à changer l'esprit de l'Europe... Impuis- sant à convertir l'Occident, corrompu en Asie et destiné à bientôt disparaître, le Boudiiisme n'en mérite pas moins l'attention... S'il connaît l'espérance, c'est l'espérance dans le néant. S'il enseigne la pitié, c'est une pitié découragée ». Après la lecture attentive du livre si sub- Annales des Alpes, 1897-98. i7

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246 ANNALES DES ALPES.

stanliel de M. de La Mazelière, une conclusioD en découle : le Clirislianisin© seul est capable de relever l'humaDiW dans l'Inde, et los événements qui se déroulent en extrême Orient précipitent ce résultat, préparé depuis longtemps par les missionnaires, surtout français, et, parmi eux, le P. de Ventavon, Mgr Albrand, Mgr Cordier et tant d'au- tres originaires du diocèse de Gap.

14. NicoLLET (F,-N.), agrégé de l'Université, professeur au lycée de Grenoble. Éludes sur les patois du midi de la ^raïîce (Gap, Jean et Peyrot, 1897,m-8'',83p.): Origine des noms géographiques de notre région (p. 1-21). Reclierches étymologiques (p. 32-60). Ëtymologie des nomsde lieux tirés de la racine Bord (p. 61-69). Note additionnelle à l'origine des noms géographiques (p. 70-73). Table alphabétique des noms, lieux, et sources citées (p. 75-83). Cette éaumé- tion sommaire fera juger de l'intérêt et de l'importance des questions traitées par M. Nicollet.

15. Paillon (Maurice). La Meije et ses ascensionnisies (Lyon, Mougin-Rusand, 1807, in-8>, 11 p. Extrait de la Revue Alpine). « La Meije est devenue célèbre auprès du grand public, comme le Gervin l'était il y a vingt ans. C'est qu'elle est et qu'elle reste la Grande Difficile. Elle a déjoué, de 1870 à 1877, dix-huit tentatives faites par les meilleurs grimpeurs ». Depuis cette dernière époque, elle a été gravie 107 fois différentes, et par 165 touristes, de toutes nationalités (parmi lesquels 8 femmes), dontM. Pail- lon donne les noms. En tète on voit figurer MM, de Castel- nau. Coolidge, Salvador de Quatrefages et Paul Ouillemtn. Les guides le plus souvent cités sont les Gaspard, père et ills, de La Grave. Cette ascension, dit avec beaucoup de sens M. Paillon, exige des < touristes très exercés et très entraînés », et aussi beaucoup de prudence. Trois acci- dents mortels, de E. Zsigmondy (6 août 1SS5) et de MM, Tliorant et Payerne {19/20 aoflt 1896), en sont la preuve,

16. Rey, agrégé d'histoire, inspecteur d'académie à Grenoble [ancien inspecteur d'Académie à Gap] : Éludes de Vhlstoire dauphinoise- Un intendant de province à la

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filBLIOORAPHIE ALPINE. .. 247

fin du XVII* siècle. Essai xur t administration de Bouchii, intendant de Justice, police et finances en Dau~ phiné, et des armées de Sa Majesté en Italie, 1680-1705 (Grenoble, F. Allier, 1896, in-8», 125 p. Extrait du Bull. de l'Acad. Delphinale). Le nom rie l'intendant Bouchii se rencontre, aujourd'hui encore, dans les archives de presques toutes nos communes des Alpes. Son œuvre, en efîet, fut considérable, et M. Rey nous la fait bien connaî- tre, dans une série de huit chapitres, vrai a tableau de la vie politique et sociale de nos ancêtres à la tin du XVII* siècle, de leur activité commerciale et industrielle, de leurs sacrifices et de leurs misères, de leurs luttes contre l'étran- ger, de leur courage, delçur fidélité chevaleresque, de leur patriotisme à la hauteur de tous les sacrifices ». Rien n'échappe à la sollicitude de Bouchu ; il se rend person- nellement compte des besoins ; il paye de sa personne et aussi de sa bourse. Bouchu, dit M. Rey (p. 124), < marqua honorablement sa place dans la liste des intendants de province sous le règne de Louis XIV. Il est de toute vraisemblance qu'en quittant nos Alpes, il avait fait beaucoup de bien, il n'emportait ni les regrets des nobles et du clergé, dont il avait atteint les privilèges par l'en- quête cadastrale sur leurs biens, ni les sjnupathies du Parlement, dont il avait énergiquement combattu l'ingé- rence dans l'administration ; mais il s'en allait dans sa retraite de Tournus avec l'affection des humbles et des malheureux, avec l'estime de la petite bourgeoisie et des paysans, de ces deux classes sociales qui sont la force et le cœur du pays ».

17, [Rey (de) G.] Almanach des saints de Provence pour l'armée 1898, contenant le Calendrier romain et le Calendrier provençal. 11* année. (Marseille, rue Sainte, 39, 1898, in-16, 64 p.) Parmi les notices nouvelles que nous devons à M. G. de Rey, citons les suivantes : S. Éthère, évèque de Tarantaise, t du clergé d'Embrun », qui, en 514, au IV* concile d'Arles, repré- senta Gallican, évèque d'Embrun ; S. Mari, fondateur du monastère de Val-Benoit [Bodonense), au diocèse de

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348 ANNALEB DES ALPES.

SisteroD {VI« siècle}, le patron de la concathèdrale de For- caiquier; —5. Qttenîn, évflqae de Vaisoii(B73, f 15févr. 578 ou 579), doot ua petit prieuré de Baratier, près Embrun, garda longtemps le nom et le souvenir ; S. Fera», évêque de Cavaillon (58B. f i9 oct. fit5î), dont uoecommunedela vallée du Queyras porte le nom et dont la vie est encore si populaire dans les Alpes.

18. Sarr-uîin (Jean). Hewreux Lyon. Tel est le titre du nouveau sonnet illustré du chantre de la bienfaisance, de la charité, a que beaucoup de personnes croient lyonnais * et qui est Dedans les Hautes-Alpes, à Prapic, ainsi qu'il aime à la redire lui-même. Récemment, dans le Mondain- étudiant, Serban, r<4isant le récit d'une visite matinale, à Sarrazin, le constatait encore : « Quel accueil cordial et simple ! J'en suis encore ému. Devant un petit verre de liqueur que sert dame Marguerite (une vraie perle I), nous causons d'art et de littérature ; et, pendant que le Poëte parle, je regarde le salon . . . C'est une petite pièce, encombrée de livres et de papiers ; sur les murs autant de tableaux qu'il y a de pierres ; les portraits du Poëte dominent ; il y en a de toutes grandeurs et de toutes formes, signés par nos maîtres lyonnais. Sur la cheminée est une sculpture, représentant Sarrazfn, appuyé sur un lion ; au-dessus un grand médaillon en bronze que le Poëte me montre en disant, non sans fierté : «Il y en a le même, là-bas, à la mairie de mon pays, à Prapic »... Serban termine ainsi son récit : c Hier soir J'ai revu Sarrazin, passant dans la rue. Droit, dans son étemelle redingote; à la main son petit baquet d'olives; sous le bras aa serviette pleine de sonnets ; il allait insouciant, rêveur paimi la foule. . Je me suis incliné devant le poëte probe et hounête, qui passait sans me voir... Et j'ai cherché, sans comprendre, pourquoi si souvent le talent reste inconnu ... ».

l&. Vidal {F.), conservateur honoraire de la Bibliothè- que Méjanes d'Atx. La Cadiero e lou Teatre en paralèle per lou mantenemen e l'ensegnamen de la lengo. Cou. municacien facho au coungrjis d'Avignoun, 23 de septèm-

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BIBLIOORAPHIB ALPIHE. 246

brel896(A z-Aia, A. Hakaire, lâOO, iD-16, l&p.) Les fêtes d'Avps. Sont Br-anchi, 15, 16, 18 de mai 1897 {Aix, J. Barthélwny, 1897, ia-S», 8p.\ Le soovènir que M. Vidal consacre aux mystères des Alpes : S. Pierre et S. Paul, S. Antoine, S. Eustache, S. André et S. Pons, joués dans notre région à la fia du moyen âge, ne saurait nous iaisaaer indifférent. C'est une preuTO nonvelle que la publication de ces divers drames religieux d été appré- ciée à Aix et à Avignon, comme elle l'avait été précédem- ment h Paris, à Toulouse, en Italie et jusqu'en Allemagne et en Angleterre La représentation des mystères, en effet, ainsi que le fait observer M. Vidal, était alors une œuvre tout à fait populaire ; o&ro 7nat-que-mat poupulafi, et aoasi très moralisatrice.

VARIÉTÉS.

Bail à ferme des revenus de la cure de St-Crépm, par Hugues de Si-Marcel S AvansoR, à Claude Court, consul; pour 3 ans, moyennant 300 florins.

Gap, 3 octobre 1561.

Arrenienieni pour M. le prévost d'Avanson '), curé de St-Crépin*).

L'an 1561, et le jour du moys d'octobre. Soit notoyre qua. . . MoDS^ Mess* Hugues de St-Marsel d'Avanson, curé

') Huguas de Sl-M*rccl d'AvausoD, ctuDoias de Oap dès le 15 avril 1535, époqua od il fût nommé aura de St-Martiu d'ADcdle (0, 831, fr ZÏ6 V-), chanoine et prévôt d'Embrun le 1" nov. 1518 (0, 10. cf. 808), devint, le ISfévr. 1^7, sacristaio du chapitre de Oap. Il niait dêjb cari de St-Cré[ùa le 33 août 1559 (0, 1586), et U paratt avoir conservé la plapai-t de sa» prébendes jusqu'à sa mort, arrivée le 10 ocl. 1572 (Arch. dit ohapitre de Gap, 0. prov, 4).

*) St-Crépin, caul. de Guillestre, arr. d'Embrun.

Digilzedt.GoOgle

250 ANNALES DES ALPES.

de St-OespiD, .. a aireoté... à Claude Court, filz de Pierre, codsuI du mandemeDt dud. St-Crespin,... en l'assistance et consentement de M" SObastien de Gargaui- que, dit Le Franc, notère dud. St-Gi espia '), aussy comis par la comime dud. St-Grespin à ces fins, assavoyr : tous et un chascuns les terres, doumaine, lodz, ventes, décimes et un chascuns les auitres droitz, devoyrs et revenus de lad* église ou cure de St-Grespin, et appartenances de lad» cure ; et ce, pour le temps et terme do troys années et de troys prinses, accomenceans à la fln du dernier arrenta- ment faict par M" Jacques Soleilh*), procureur dud. Mons' de St-Marset, aux lors consulz dud. St-Crespin, receu par Barthélémy de RafTourt, notère dud. St-Crespin, ... et ce, soubz le pris et reute, vune chescune aunée,... de troys cens florins, . . . payables. . . la moytié aux foyres de Brianson et l'aultre moytié aux festes de Noël après immédiatement suj'vantes,... et soubz les paches et condicUons . . . s'ensuyvant ; Premièrement, que lesd. consul et rentier sera tenu de fère déservir aux choses divines à lad° église et parrochiens d'icelle, durant led. terme, par home idoyne et souftfzant, et qui soict autorisé et receu par M' le vicaire de Mgr d'Ambrun, et ce, en tout temps, ettam peste, que Dieu advertiss© ; et ce, aux propres coustz et despens dud. consul... Item,... une pension de 12 florins que mond. s' de Sl-Marsel faict, tous les ans au curé de St-Anthoine de Bouchot '), en déduction du pris et rente du présent accord . . Led. rentier sera

') La tainillo de Oftcganique {de Garganioo) se rencoQtre à St-Crdpio dès la commoacomeol du XIV' siècle. CJn membre de cctta famille était nomire & St-Cropin en 1503 (H. suppl. 251, p.216 de l'/nomt,). Sébastian de Oarganique exergait encore ses ronctions do notaire eu 158E Ifbfd. lîO, p. 96 dud. Invenl.).

3) Prjtrc habitua de la cathédrale de Gap dès avant 15i2 (O. 1563), puis chBDoine de celte église, au moins do 1564 à 1566 (O. 1590].

■) Aujourd'hui EygUei's [in AygUriU, 11 nov. 1£95. Cf. Fornier, Eût. génér. dea Alpes, t. m, p. 28S), paroisse su moins dès 1516 {ibid. p. 140, n* 445), G'ust sur Is roc de Boucket quv Vaubaa a fait contti-uire, en 1693, le fort do Mont-Dauphin. éJOTn du vsng do ville en 17:i3 (Voj. Ar. Albert, liont-Daujikin, Oronoblu, 18T!, iii-8').

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VARIÉTÉS. 251

teau avanser les décime», sypoiot en y a, durant ted. terme, . .

Faict à Gap, ea ma botique descriptive ; présenta à ce : M™ Barthélémy Peyse, prêtre, concaré, Jacques Restai, tixerant, Estienne Saurin, iiiz de Jean, travaillieur, de Gap, et Jultien-Honorat Motte, clerc^Je St-Jul!ien, habitant à Qap, tesmoings.

Arch. des Hautas-Alpes, G. iS89 (Uut. 9j, t' 386.

Proclamation de police, en langue vulgaire, faite de la part de lévêque de Gap, à La Bâlie-Neuve.

(Vere 1530.)

Ordonnance de police pour LaBâtie-Neuve'): «.MAN- IEMENT es de par le R.P. an Diou^, corne de sonjuge et de son chaslellen: [1"] que deguna persona,de queyna condicîon, que sia, ny queyna que non, non ause, ny presumisca Jurar le nom de Dtou ny de la Verge Maria, ny des sans de paradis, coma es lo cors, lo ven- tre, lo sanc, ny aulrament, et aquo sus la pena, par la primtera fes, de des II.; la segumta, de xxv, et ta tersa ' de stngua[n\ta, et de aver pertttsa la lengiia. Secunda- ment, es enehey a tota persona que non ayhan a exur- par la jurtditton dot dich segnor, et aquo, stts la pena et per cftascuna fes, de L IL [3] ITEM mays, que dengu- na persona non ause ny presumisse portar armes offen- sables, de nueh ny de Jort, cube'rls ny descuherts, et aqo sus la pena, de jort, de des, et de nueh, de xxv It. et de guonffiscacion des armes. [4] ITEM mays, que den- guna persona non ause ny presumisa cxurpar la jwi- dltîon dal ditz segnor, et aquo sus ta pena et per chas- cune fes, sinquanta II. [5] ITEM mays, que denguna

<) NoDs reproduisons en entier ce curieux document, en langue vul- gaire, du XVI* siËcle; les documuuts de ce genre, surtout de cotte épo- que, eonE «itrémemaal rares en Gapencais.

^ Très jii'obablement Gabriel de Qermout, évéque do Gap (1527-68).

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2o2 ANNALES DES ALPES.

pcrsona non ause ny presumysa mesuraren mesures, iam de bla que de vi, non sian segnas dal signal dal dits segnor et nlmles per mesurs les xendiges, coma es acosluma, et aquo sus la pe[n\a de des II. el de confîsca- clon de las mesuras. [6J ITEM mays, es enebey à (ola pcrsona que non ausan ny presemysan far congréga- tion ilictto ny lenyr dengun rampoli, el aco sus la pena et par chascuna fes de vint et sine II. [7] ITEM niays, es enebi àtoiapersona que non ause ny prcsumita come- ire anlmalevt, ny tenir concubina, et gui l'aria, l'aya a leysar, et aco stis la pena de xxv U. [8] ITEM mays, que denguna persona non auze ny presumysa far dams el abus per possessions d'aulrui, et aquo sus la pena de X il-, ny estcrpati ny venda, el l'es fatz sus la propria pena. \i\ ITEM mays, que denguna persona non ause ny presumyse tener a dengun juog. ni de nueh ny de jort, de sort, coma son das, quartas, et Juar argent eysini, et aquo sus la pena, de jort, de des II., de nusA, de vint et sine, et de conftscasion de l'argent ; et que dengun non ayfia a recuylhir l'or des mors,-ius la diefia pena. [9] ITEM mays, que denguna'persona non ause ny presumysa c/iassar es bouix del dit segnor ambe fures ny suras, ny chiens, albarestas, ny autres engenis, ny en sas garenas boni que sian, wy hont que non, et aquo stw la pena de xxv II et confiscacion de arnes. [10] ITEM mays, es enebey a Iota persona que non awie ny presumysa boyseyrar es boys del segnor, el aquo sus la pena et per chascuna fes, de x U. et de sayslr lo ditz bosc- [11] ITEM mays, es enebey a Iota persona, dat comandament del desobre ditz et à la requesle de me- surs les sindiges de la dicha Baslia Nova, que denguna persona estranga non auze ny presumysa mètre dengun bestiari estran à pasqueyrar en aqucUa,atoyny al man- dament d'aquel, sensa licencia des ditz mesurs lessen- digues,el aquo sus la pena de.c liauras aplicas al fisc de mosignor et de confiscation dal bestiari. (jf sansio lo demagie. [12\ ITEM mays, es enebeij a iota persona esh-aya dat mandamenl de -vus diiz qui non ausan, ny

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VARIÉTÉS. S53

presumyscan chasm- [en] la terra ny manàament dcU dila luoc fl& La Bastia Nova, conils, lebres, perdis, ny aulra chassax contra lo voler et conception des, dis 7<tesurs les stnàiçes, et aquo sus la pena de x IL et- de confiscation des arnes et de contrat as enterés. [t3] ITEM, que denguna persona non auze ny presumysa comprar ny vendre en la dîcha leva et mandamenl, que n'ay paya la leyda degua al ditz segnor, et aquo sus la pena et per chascuna fes de des II. et confiscation de las marchandias. {D'aiUre main :] ITEM, de festls colendîs que sunt de preceptOt suit pena x II. > (sans date).

Arch. das Haute s- Alpes, Q. 1006. /ne., p. 1.67.

Acte de société pour Vexploilation des mines de plomb La Baume, La Haute-Baume et Si-Pierre- {TArgenson.

La Baume, 26 août 1647. Comme soit aiitsin que, dans les terroirs de La Baulme, GUasteau-Ia-Bftulme et St-Pierre-d'Argençon, noble Eymar d'Agoult, seigneur et cosgr desdits lieux, ayt treuvé diverses mines à plomb, et s'est faict mettre en posses- sion,aux formes ordinéree.et faict maiateDant contignuer d'en fore la^ recheii^he par le moïen du s' Ant. Esturin, de la ville de Marceillie, mineur et archimineur, se disant prouveu de S. M.; que, d'aultre part, noble Pompée de La Vitlette, s' de Furmeyer et cosgr de Veynes, aye ac<^is delacommunaultédud. Furmeyer l'usage de la moytié des bois leur appartenant, et qu'entre eux ils désirent l'ère sossietté pour fère des fourneaulx, aiUn de: les fère couller de lad^ mine à plomb: Cejourd'liuy, compté le 26' du mois d'aoust, avant midi, 1647, personoellemeut establi led. noble Eymar d'Agoult, cosgr de La Baulme, et led. noble Pompée de La Villette, autborisé dud. sgr de La Villette, son père '], et avec eux led. s' Ant. Esturin,

*i Aubert de La Villette, sgr de Fuvmnjcr, époui do Mario de Pe;ro

sept. IfttS).

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254 ANNALES DES ALPES.

miaeur et archimineur, lesquels de leurs grés, pour eux et les leurs, ont faict entre eux la sossietté suivante ; sçavoir : que touttes les mines qui sont esté treuvées ausd. lieux et terroir de La Baulme, Cbasteau-Ia-Baulme et St-Pierre, et aultres qui le pourront estre à l'advenir, de quelle espèce et nature qu'elles soyent, sans aucune réserve que celle qui sera ci-apprès déclairée, sont et demeurent comunes et en sossietté, et tout le revenu bien partagé par quatre, sçavoir : trois portions ausd. sieurs de La Baulme et Esturin, et l'aultre quatr"* aud. s' de La Villette ; au molen de ce, que led. s' de La Villette four- nira, du bois par luy acquis, le cbarbon pour faire coul- 1er les foumeaulx qui se fond dans les moUins de Fur- meyer, et led. s'' Esturin agira perpectuellement pour conduire et ordonner lesd. foumeaulx, sans prettandre aucun entretien, ni sailaire, que lesdittes portions, et sous les aultres conditions si-apprès déclairées, qui sont : que led. b' de La Villette sera desdoumagé du battoir qu'il a faict abattre ausd. mollins de Funneyer, pour y cons- truire les foumeaulx, suyvant la liquidation qu'ils en feront entre eux, sinon par amis ; que, sur le plomb pro- venant de lad* mine, sera levé tous les fraicts qui se feront, tant pourfère led. charbon et le charroir d'îcel- luy, que pour tirer et charrier lad' mine, et généralement tous les ftaîcts qui seront faits pour et à cause de lad* sossietté ; et. lesd. fraicts levés, te surplus sera partagé par quatriesmes, en la forme que dessus ; que les fourni- tures seront supportées égallement par quatriesmes, et, qu'à ces fins, chascun tiendra bon et fidelle contrerolle de ses fomitures et despance ; que lad* sossietté durera tout aultant qu'ils trouveront de mine ou que led. s' de La Villette voudra fournir de bois. Et, led. s' Esturin cesseroit d'agir à la conduitte desd. foumeaulx bien et (Idellement, il sera hors de la sossietté, sinon que ce soit par le consantement dud. s' de La Baulme et dud. s' de La Villette. Les maistres ouvriers qui tireront lad» mine et feront couller lesd. foumeaulx seront payés par lad' comunion au prix qui sera convenu entre eux. Se réserve

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VARIÉTÉS. 255

led. s' de La Baulme de pouvoir fère autant de foumeaulK et praadre autant de mine que ceux, que led. s' de La Villette en pourront consumer, à commanser d'en prandre dès Ihora qu'il en aura faicl construire, ou que ceux qu'il a mis ou pourra mettre en sossietté les auront estabUs, sans, pour cette réserve, prettandre de pouvoir prandre aucun bois dud. sf de La Villelte. Tout le plomb qui prou- veodra desd. fouraeaulx sera fidellemeut conservé par celluyqai sera nommé par lesd. assossiés, et la débitte faicte par un ung mutuel cunsantement, ou partagé entre eulx ausdittes portions ; le tout à peyne de tous despans, doumage et intérêts, soubs et avec les deubes promesses, obligations, submissîops, jurements, renonciatioDs et clauses à ce requises nécessères.

Paict et publié dans le chasteau dud. La Baulme, aux présances de Claude Barnier, de Yorèpe, demeurant aud. La Baulme, et Jean Mathieu, à feu David, de Montmaur, tesmoios requis, ne sçachant escripre. Les parties ont signé :

La Villette, La Baime d'Aooult, La Villette, A. Estourin. Et moy, Jean Isnard, notaire requis. J. Ibkard, do".

MiaulM de Jeta Isnard, Dalaire de VajQM (Artb. das Hiulei-Alpsi E. 633, & 71 V.73 V). - Vial.

ORDONNANCE de Louis Xî^aa sujet des préséan- ces aux feux de joie, aux processions et autres solennités de ta ville de Briançon.

PontiîneblflaD, 14 octobra 1714.

De par le Roy Dauphin.

Sa Majesté ayant été informée qu'il est survenu quelques différents entre les Glaciers de l'État Major, les OfGciers du Bailliage et les Consuls de la ville de Briançon, au sujet de leur marche aux de feux de joie et dans la procession qui se fait pour le vœu du feu roy Louis treize, d'heu-

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256 ANNALES DE ALPBS.

reose mémoire, père da Sa Majesté, et voulant terminer lesdltes oontestations en manière qu'il ne puisse à l'avenir survenir aucune difficulté ;

Sa Majesté k ordonné et ordonne, veut et entend, qu'à la procession du quinze août, les consuls et autres offi- ciers de la maison de vUle de Briançon, accompagnés de six bourgeois, continueront dans l'usage ils sont de marcher immédiatement après le Clergé, comme repré- sentant la l'arroisse, et qu'ensuite celuy qui commeodera les armes par commission de Sa Majesté marchera à la teste des officiers du Bailliage, ayant à sa gauche et sur la même lignelevice-hailly ou autre officier premier dusiège; que dans la marche pour les feux de joye, les officiers (te la maison de la ville suivront immédiatement le clergé et que le Commandant des armes par commission de Sa Majesté, marchera ensuite, ayant à sa gauche le premier officier du siège qui doit alumer le feu, après led* com- mandant et avant les consuls, sans que les autres officiu's du siège puissent y prétendre aucun rang ; et que, lors- que ledit commandant des armes ne pourra pas y assis- ter, l'officier du si^e qui doit alumer le feu marchera seul après les ofDciers de la.Ville.

Veut, en outre. Sa Majesté que les consuls en chaperon, oi'CompagQés des officiers de laville, se rendent à la maison du commandant des armes à l'heure qu'il conviendra d'aller à l'Eglise pour tes Te Bewn, et pour la procession du quinze août, et qu'ils accompagneront jusqu'à l'église led* commandant entre les deux premiers consuls, et qu'après la cérémonie, il soit reconduit dans le même ordre.

Enjoint Sa Majesté au gouverneur et sous-lieutenant général du Dauphiné et l'intendant en la dite province de tenir la main h l'exécution de la présente ordonnance, laquelle sera enregistrée dans les registres de la maison de ville, pour y avoir recours en cas de hesoin.

Fait à Fontainebleau, le 14 octobre 1714.

Signé : LOUIS, et, plus bas : Votsin,

A la copie, l'original étant entre nos mains.

D'Anobryilliers.

{Oommuiûcation de Jf. Th. Carlhian, de Briançon).

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Lettres d'agrégation à la bourgeoisie de Briançon.

Brîanïon, 24 juillet 17?I.

Nous Louis-Bonaveoture de Pons, écuyer. premier consul, et Jean-Autoine Blanchard, notaire royal, second consal, lieutenants généraux , Juges de police de la vilio ot communauté de Briançon, et autres conseillers de lail* Tille, soussignés, savoir faisons que Victor Chabebt, originaire de la communauté d'Abriës, résidant en cette Tille depuis plusieurs années, nous ayant supplié de le recevoir bourgeois de cette ville, duement informés de ses bonnes vie et mœurs et origine, par bonne considé- ration de sa capacité, avons icelui reçu et admis, recevons et.admettons au nombre des bourgeois île lad" ville, pour cy-après jouir des privilèges et libertés et ïranchises. droits et prérogatives d'icelle, en Taisant et supportant les charges, comme ont fait les autres bour geois de sa condition, sous les promesses qu'il nous a faites, par le serment qu'il en a prêté entre nos mains sur le Saint Évangile, de vivre sous l'obéissance de notre sainte mère l'église catholique, apostolique et romaine, et d'être bon, loyal et fidèle à Sa Majesté très chrétienne, notre souverain prince, et à lad* ville; chercher ses biens, profits, honneurs et seureté ; éviter les dommages et inconvénients d'icelle; révéler tout ce qu'il saura lui être utile et domageable ; d'obéir aux commandements et ordonnances de nous, nos successeurs et députés, ainsi qu'un bon et loyal bourgeois doit et est tenu de faire. Les présentes lettres données aud. Chabert en exécution de la délibération de cette ville et commu- nauté du 22 de ce mois de juillet et de la proposition faite le 13 mai dernier, et en conformité d'icelle, en payant entre les mains du syndio- receveur-collecteur la somme de deux cents livres, pour les droits revenant à la communauté, d'un côté, et celle de cinquante livres entre les mains du trésorier de l'hôpital général des pâtures, swvant l'usage.

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258 ANNALES DES ALPES.

Donné A Briançon, au Conseil, sons le sei ordinaire de lad* ville, le 24» jour du mois de juillet 1787.

(Sign^ : ) DB Pons, premier consul.

Quittance de 200 l. par le receveur de ta ville.

Je soussigné, collecteur de la ville et communauté de Briançon, reconnois avoir reçu du sieur Victor Chabert la somme de 200 1. pour son droit d'agrét^ation à la bour- geoisie de lad* ville, suivant les lettres à lui expédiées ci-contre ; de laquelle somme de 200 1. je quitte.

A Briançon, le 1" juillet *) 1787,

Frezbt, collecteur.

Quittance de 50 l. par le trésorier de Chdpital.

Je soussigné, trésorier de l'hôpital général des pauvres de cette ville, reconnois avoir reçu de Victor Chabert la somme de 50 1. pour son droit de bourgeoisie, revenant aud, hôpital, suivant l'usage et lettres ci-contre; de- laquelle somme de 50 I. Je quitte.

A Briançon, le 1" juillet') 1787.

ËSCALONNE, trésorier de l'hôpital.

Origineil, parchcmia marqué an timbre [de la] généralité (dej Graaoble. j> [Communication de ii. Th. Carlhian, de Brianfon).

Lettre à François Berger de Malissoles, évêque de Gap (1706-1738), par Charles Gontin , curé de Méreuil (1681-1732), sur ses infirmités et les besoins de sa paroisse.

« f . Mérueil, ce 10* novembre 1727. Monseigneur, Accablé d'aage et d'inSnnité, j'ay eu peine de dire

•) Trtl probablemcnl, on s écrit, par erreur, juillet au lieu d'aoUt.

Digilzedt.GoOgle

VARIÉTÉS 259

la sainte messe, les dîmaDcbes et fetles, la plus grande partie de l'etté passé ; et craignant de ne pouvoir pas la dire, ny faire mes autres fonctions pendant eest biver, par une foiblesse extraordinaire de jambes, qui ont peine à me soutenir à l'autel, et qui auront peine de me porter de la maison curiale à la nouvelle église, qu'on a bâti tout à fait au bout du village, exposé à toutes les injures du temps ; accablé, d'ailleurs, d'une pesanteur de cerveau qui m'incom ode beaucoup, el ayant consumé annuellement ma petite portion congrue à ma subsistance et k l'entre- tien d'un domestique, dont je n'ai peu me passer, sans avoir d'autre revenu, et me trouvant dans l'ettat présent saus aucun épargne : toutes ces raisons. Monseigneur, m'obligent de recourir à votre charité pastorale, dont votre Grandeur m'a donné si souvent marques, pour la supplier de permettre à Mons' le prieur de Trescléoux, mon achîprétre et mon bon amy'), de prier mes plus proches voisins de me donner la messe les dimanches et fettes, alternativement, par biscanland, quand je ne pourray pas la dire, afin que mes paroissiens ne soufrent pas pour le spirituel, Mons' le prieur de Trescléoux. me promettant de leur administrer tes autres sacremens dans le besoing.

Mais comme un aage de plus de quatre-vingts ans ne me permet pas d'espérer de recouvrer la santé, ny les forces nécessaires pour faire mes fonctions, et que mon bénéfice ne me donne pas un revenu suffisant pour m'entretenir, avec un pro-vicaire, n'y ayant que la portion congrue, sans presque aucun casuel : J'ay proposé à Mons' le prieur de Trescléoux d'agréer que je remis ma cure entre les mains de votre Grandeur, en faveur de son neveu, qui est en aage d'être fait prêtre à Pâques, que je crois digne

') Jeiui A..gléi, Sis d' Ad toi ne, notaii'eet procureur àVeynes (1710-28), et dn Madoleine du Pu;, nommé prieur de Trescléoux le 18 ao&l 1107 [Inventaire àt la série Q., I. il. p. S!0), résigna son prieuré en faveur d'sulre Jean Angles, le £3 mai 1731 (ib-, P- 23Jj. Il âlait. en même tamps, cucA de Fui;mejer, oii il aïoit élé nomniâ le il août 1712, ;v . Ï24) , Il mourut en octobre 1734 (p. !36;.

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260 annai.es des ai,pes-

et capable, par son sçavoir, piété et bonnes mœurs, de gouverner cette petite paroisse, si votre Oraudeur le trouves propos. Et comme il seroit assés près de Mons' son oncle, ponr être k portée de servir ma cure et vivre chez luy, sans prendre beaucoup sur ma portion congrue, dont j'ai absolument besoing dans l'ettat présent d'infir- mité : Votre Grandeur peut, par ce moyen, pourvoir au spirituel de la paroisse, et au temporel du pauvre curé qui l'a desservie près de cinquante ans ).

J'espère, Monseigneur, que Voire Grandeur voudra bien m'acorder ce que je luy demande, et je redoubleray mes vœux et mes pierres è Dieu pour la conservation et santé de votre Grandeur.

Je vous prie encore. Monseigneur, de me petmettre de distribuer aux pauvres de ma paroisse (ri^duits à une extrême misère et mandicité, par la grêle, qui ne leur a laissé aucune récolte) une petite somme d'argent que j'ay entre les mains et que j'avois destiné à quelque décoration pour l'église à laquelle le besoing des pauvres est prefférable. J'espère que votre Grandeur approuvera cette dernîèrd destiuation.

J'ay riionneurd'être, avec un très profond fespect et une humble confiance en votre bonté. Monseigneur, votre très humble et très obéissant serviteur et curé,

OoNTiN, curé.

Original (Arch. dea Hta-Alpet, G. f340).

<) Charles SonUtnt de Qontin, flls de Henri, de Ribïera, vers 1617, avait été nommé curd de Méninil le £3 avril i6Bt, ensoits de la lésignalion de Joseph Oontin en sa faveur [Inuentairt, série O, t. Il, p. tS>f. Il a mourir au commencement de ITîtS, avant le I mai, ^poqao «h Jean-Jaequea Maarel Ini succéda comme curé de MéFenil (ik . p. 90).

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Copie authentique de la PREMIERE IMAGE DU SACRE-CŒUR VÉNÉRER PAR LA BIENHEUREUSE MARGUERITE-MARIE. EN 168;. au Monastère lit Para^^le-Moniat

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VICTOR PUISEUX

Et la Première Ascension du Mont-Pelvoux

s août 1S48. (Par P. GUILLEMIN.)

A l'époque de la rondation du Club Alpin Français, je me suis attaché à rechercher les documents inédits concer- nant les premières ascensions dans les grandes montagues du Haut-Daupliiné. J'ai alors rassemblé, avec l'idée d'eu faire un volume, une série de matériaux manuscrits qui depuis, et c'est grand dommage, dorment dans mes archives. J'en exhume un précieux chapitre pour les Annales des Alpes grâce auxquelles il échappera aux chances de des- truction ou de disparition qui pèsent toujours sur les pièces volantes d'une collection privée.

Les récits-fabuleux qui, dans ma jeunesse, me furent faits par les vieux chasseurs de la ValJouise, sur la conquête d'un nébuleux capitaine Durand, m'impression- nèrent vivement. Je priai alors le colonel Pierre, secrétaire général du Club Alpin, d'effectuer des recherches au Minis- tère de la Guerre : « Durand, répondit l'archiviste. J'en ai dio) mille ! 1 Et j'en restai là.'

Vingt ans après, le colonel Arvers, créateur des batail- lons alpins, qui déjà songeait à éditer les Principes de la. Guerre des Montagnes, du général Bourcet, et les Guerres des Alpes, fut appelé au Ministère en qualité de sous- directeur de l'infanterie; aussitôt je réclamai son inter- vention : « Durand, J'en ai onze mille! » Mais cette fois, l'archiviste fut obligé de s'exécuter et notre Durand revit la lumière. M. Arvers retrouva ses états de services, ses travaux, et même les récits de ses expéditions au Orand- Bérard, au Qrand-Rubren et au Pelvoux.

Annales deb Alpes, 189S. 8

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262 P. OUILLEUIN

C'est le 6 août 1830 que Durand (Adrien- Armand), alors capitaine au corps des Ingénieurs-géographes, gravit le deuxième sommet du Palvoui ; il y séjourna le 7 et le 8, en essuyant une tempête de neige, et redescendit le 9, après avoir élevé un signal à 3.Q3T°,&Q. Je conserve comme une relique la tète, encore munie de sa flcelle, d'une gourde lui ayant appartenu ; elle fut retrouvée en 1875, sur la coupole de glace du sommet, non loin du signal.

Le travail de M. Arvers, inséré dans l'^nnt^tre du Cltti? alpin pour 1887% donne la biograpMe de Durand et ses rapports ; je n'ai à ajouter que le lieu et la date du décès : Charenton, 7 janvier 1835. J'ai cependant encore été mis sur la trace d'un portrait qui se trouve au château de Buzareingues ; Durand fut peint, par sa cousine Made- moiselle Qirou, en uniforme de capitaine du Génie. La reproduction m'en avait été annoncée par M. Charles Oirou de Buzareingues, lequel mourut sans avoir pu réaliser sa promesse.

L'intrépide capitaine Durand n'alla pas jusqu'au plus haut sommet du Pelvoux (Pointe I^uiseux, 3.954 m.), il aurait été difficile d'établir une tente et d'asseoir un signal de triangulation. Mais ce détail n'enlève rien à sa gloire, le passage d'une cime à l'autre étant facile et court.

C'est donc à M. Victor Puiseux'), membre de l'Institut, savant mathématicien et astronome, que revient l'honneur d'avoir, le premier, foulé le point culminant du Pelvoux.

Les détails de son ascension n'ont jamais été publiés.

M. Puiseuz était d'une modestie rare, comme presque tous les hommes adonnés'i) l'étude des sciences naturelles, et je dus insister, invoquer les intérêts de l'histoire alpine, pour le décider à rechercher ses notes et à rassembler ses souvenirs. Il le ât enfin, dans la lettre dont je donne la reproduction Intégrale, en raison de son importance.

■) Le Capitaine Durand et U Pelmux. Paris, Cbamerot, 1888, tirage à part ia-B> do 10 pp.

*) M. Victor PuiEEDi est i Argeutouil le 16 avril 1830 et mort t Froatonsy (Jura) le 9 septembre 1883. Ds 1S45 Â 1349 il fut praressaui à )a Faculté des Sciences de BesaDïon, en même temps que Charles Lorj, son ami et son compaguou de courses alpestres.

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VICTOR PUISBUX 363

Od voudra bien rapprocher ces notes de la charmante relation donnée par un de ses compagnons d'aventures, M. Grenier, dans un livre qui est un document de premier ordre').

En lisant la lettre de M. Fuiseux, on verra que le savant était doublé d'un alpiniste émérite. Son fils Kerre est aiyourd'hui, à ce double titre, l'héritier de sa gloire.

Paris le 18 janvier 1877.

< Monsieur. Je ne sais comment m'excuser de répondre seulement aujourd'hui à votre lettre gui a déjà plus de deux mois de date ; Je pourrais alléguer des occupations urgentes qui m'ont laissé bien peu de loisirs; mais j'aime mieux solliciter tout simplement votre indulgence.

Je voudrais, pour mieux la mériter, vous envoyer quelque récit intéressant de mes anciennes excursions dans vos montagnes; mais à l'époque de ces premiers voyages en Dauphiné (1847 et 1848), je m'occupais beaucoup de botanique et c'était particulièrement la récolte des plantes rares qui me préoccupait; aussi les ascensions proprement dites n'ont-elles été que des exceptions dans mes courses.

D'ailleurs on n'imaginait guère, en ce temps-là, que le public put s'intéresser à l'escalade d'un pic ou à la traversée d'un glacier et je n'ai gardé presque aucune note de ces détails qui font la matière des récits de nos modernes

*) Fragment de Yoyage botanique dan» let Alpa du Dauphiné, S ooât 1849. Besaugoa, 1849, imprimerie de Saiote' Agathe, tirage à pari ia-8* de 76 pp. Grenier parle, apris Elie de Beaumont, du capitaine Durand et des dix-huit ouTrien qn'il employa pour ie transport des Tivrei, dot instrumants de géodésie et du mslériel de campement. Daos son magistral volnine: Le Pays Briançonnais, 1SS8, H. Aristide Albert a dound, le premier, quelijues roo saignements précis sur l'aicension de Durand, Il j aurait eu une premiâre tontative avec les chasseurs Jacquos- BtieoDe Uatbéoud et Alexis Liotard; Durand, ar-compagné cette fois de Liotard et de Pierre Barnéoud. recommBo^a quelques jours après et réussit. Plnsienra officiers l'accompagnaientt <Ut U. Albert i la mémoire dn colonel Blondal ne confirme pas cette derni&re indication.

Orenier (Charles-Uarie) est et mort à Besançon, IS0&-1S75. 11 était professenr à la Faculté des Sciences de cette ville, et ea devint la dojen

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264 VICTOR PUI8EUX

alpinistes. Réduit à des souvenirs déjà anciens et un peu elfacés, je ne pourrai répondre que bien imparfaitement aux questions que vous m'adressez.

Parti à pied de Pont-de-Beauvoisin le 18 juillet, j'allai couchera la Qrande-Chartreitse. De je gravis le Orand- Som et redescendis à Orettoble dont y explorais les environs pendant quelques jours. Le 23 j'allai à pied de Bourg- d'Oisans à Villard d'Arènes, d'où je fis diverses excur- sions au col du Qalibier, au glacier du Bec, etc. 1*26, j'étais à Briançon, et le 27, je me rendais à Âbrtès parle col de Malrif. Le 28, j'atteignais le col de Traverseite ; puis, revenant sur mes pas, je couchais à la bergerie du Vallon ; le 29, je gagnais le col de Valante et après m'ètre élevé assez haut sur les flancs du Viso, je revenais à la bergerie ; fVanchissant ensuite le col de Ruines, je visitais le vallon de Roche-Taillante, après quoi me rendis à Fonlgillarde parle coIFzcMiT.Le 30, je gagnai S/- Ft^rnn, puis Guillestre par le col [des Estifmguesf] et la vallée de Ceillac. Le 3i juillet et les 1 et 2 août furent employés à des excursions autour de Gap. Le 3 août, j'allais de Gap à Ji?nbj~un, en voilure; mais la perte d'un passeport, sans lequel je ne pouvais pénétrer en Piémont et faute duquel j'avais été arrêté par les gendarmes, m'obligea à retourner à Gap, d'où je revins une seconde fois à Embrun. Le 5, je passai d'Embrun à Saint Paul par la vallée de Crévoulœ et le col du Crachet; de Saint-Paul j'allai coucher à Maljasset. Le 6, je franchis le col de Marie pour me rendre à San Damiano ; le lendemain soir, j'étais à Turin. De là,- p&T ie co\ de Saint- Théodule, que je passai sans guide, je gagnais Zermatt je retrouvais M. Ordinaire, professeur à l'École de médecine de Besançon.

C'est alors, qu'accompagnés de quatre guides, nous essayâmes l'ascension du Mont-Rose qui n'avait pas encore été tentée du cûté de !a Suisse. Nous réussîmes seulement A atteindre le Sattel, 138 mètres au-dessous du sommet. Je passai ensuite avec deux guides le col d'Hérens, pour

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p. 6UILLEHIN 267

me rendre à Emléna, etQe là, je descendis à Sion se termina la partie pédestre de mon voyage.

En 1848, parti de Bourg-d' Oisons, le 2 août, j'arrivai le soir à la Bêrarde ; le 3, j'explorai le glacier de Bonne- Pierre, au pied des Écrins. Le 4, je passai à Villard a Arènes, par le col du Clàt des Cavales, en compagnie de deux botanistes') et sous la conduite de Rodier le père- Nous eûmes un temps afin-eux et, ayant prêté mon bâton à un de mes compagnons qui n'en avait pas voulu prendre, je Ss sur la pente nord du col une glissade involontaire d'une centaine de mètres, laquelle n'eut d'ailleurs aucun résultat fâcbeux'). Le 5 et le 6 furent employés à des courses botaniques autour du Villard d'Arènes. Le 7, je passai le col de fJEchauda et fis, en passant, l'ascension du OrandrCticumelle, d'où l'on a une vue magnifique sur la chaîne du Pelvoux.

Arrivé à Ville- Vallouise, j'appris qu'un capitaine du Oénle, nommé Durand, du Vivarais, était monté en 18S8 sur le Pelvotix. avec plusieurs habitants du pays, et y •avait fait construire une pyramide ; il y était encore monté l'année suivante'), mais l'ascension n'avait pas été renou- velée depuis.

Je parvins à me faire indiquer un des bommes qui avaient gravi la montagne ; i) se nommait Pierre-Antoine Baméoud et avait été le chef de l'expédition du capitaine Durand. Père de trois garçons et de cinq filles, il parais-

*) Orenier et probobldineat H. Ordinure.

*) Dans la brochure citée plus haut Oreoiei relate loagnemeal cet iDddent

^ Ainsi, après dii-hoïl ans ï peine, les souvenirs soat déjà d'une incroyable confusion. Si nue escalade du Pelvoui & réellement été efiectuée en 18S8, le nom de l'auteur n'est pas parrean jusqu'à nous. Dans tous les cas, c'est encore Durand qoi peut être mis en scène, car ea 1898, 1839 et 1830, il Qt lu quadrUstére compris entre Lyon, BelUy. Aurant cl le Buis ; en 1828 et 1829 il avait comme adjoint le IJeulenaiit Leclerc; en 1830, il opéra lealdaos le haut Daupbiné, d'aprbs le colonel Blondel.

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268 .VICTOR PUlSBint

sait encore vigoureux, malgré ^es 64 aos. J'allai le voir au village du Ctôt, il habitait, et nous convinmes qu'il viendrait me prendre le lendemain avant midi. Nous partîmes, en effet, le 8, de Vitle-Vallouise et après avoir atteint les granges à-'Ailefroide nous entrâmes dans le vallon de Sapinière. A trois heures, nous arrivions au rocher éboula') qui servait de cabane au berger de Pro- vence et qui devait nous abriter ia nuit. Vers le soir, je pus assister, pendant une demi-heure, aux ébats d'une vingtaine de chamois, sur une pente de neige située à peu de distance. Réconfortés par la soupe à l'huile du berger, nous nous endormîmes paisiblement, sans trop nous inquiéter de quelques gouttes de pluie.

Le lendemain matin 9 août, nous partîmes à quatre heures, malgré d'épais nuages. Montant d'abord dans des éboulements, nous atteignîmes une paroi de rochers presque verticale dans laquelle il fallut nons élever en profitant de toutes les aspérités et en nous servant des mains autant que des pieds. Le temps s'était éclairci ; un soleil splendide faisait fondre la neige du plateau supérieur, et souvent nous étions arrosés par de petites cascades. Nous étant arrêtés pendant cette escalade pour manger un morceau, nous éprouvâmes une émotion assez vive par suite de la chute d'un bloc de pierre qui vint bondir entre nous deux, en nous lançant quelques éclats, heureusement

Cette muraille*) nous demanda trois ou quatre heures d'efforts. Il faut dire que la fatigue forçait Pierre Barnéoud à se reposer fréquemment ; s'il eût été moins affaibli par l'âge, nous aurions peut-être gagné deux heures sur la durée totale de l'ascension. Nous arrivâmes enfin à une

*) Cet abri nsturel, qui eiisto encore, porto le nom do Puisenx. Jusqu'à l'époque de la coDsti'uctian d'un refuge placé plus baul, la Club Alpin j a BU ua dopât de ouTcrlurea cl quelques usteatiles de cuisiao.

*J II semble que Victoi- Puiseui n'a pas franchi le glacier du Clàt de VHommt dont la scabreuse traversée eul llié son attoalion. Il serait alors le premier à avoir cmpruatc la 'variante Ksi (Tuckolt, 9 juillet 18631. Durand décrit longijemonl le passage de ce glacier.

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pente relativement modérée, et couverte d'une neige d'une consistance convenable. J'engageai le guide à s'arrêter et à m'y attendre, ce à quoi il consentit, non sans peine').

Prenant alors un pas plus accéléré, j'atteignis sans diflï- cultés la Pyramide que le temps n'avait pas trop endom- magée. Il était un psu plus de midi. La température étant Tort agréable, je passai une demî-lieure à contempler le magnifique panorama qui s'étendait autour de moi. L'objet le plus frappant était peut-être le pic isolé du Viso; le Mont-Bianc était un peu voilé par les nuages.

La pyramide a été construite sur ce sommet parce que, sur un petit espace, le rocher y est à découvert; mais à peu de distance se trouve un autre sommet qui est recou- vert de neige et qui, étant un peu plus élevé, doit être regardé comme la véritable cime du Pelvoux. Je m'y rendis en vingt minutes environ, autant que je puis m'en souvenir, et sans rencontrer aucune des difficultés que M. Wiiymper a éprouvées depuis pour faire le même trajet ; on sait combien l'état de la neige est sujet à varier dans ces hautes régions.

Arrivé là, je vis clairement qu'il y avait à quelques kilomètres au Nord-Ouest une pointe plus élevée encore ; c'est celle que les habitants de la Bérarde appelaient alors le Pelvoux et qui est bien connue aujourd'hui sous le nom de Barre des Écrins. Mon guide me dit que le capitaine Durand regrettait de n'en avoir pas tenté l'ascension; mais indépendamment de la distance et de l'heure avancée, les abimes qui m'en séparaient ne me permettaient pas de songer à la gravir, du point je me trouvais.

Je vins donc rejoindre mon guide. Il jugea prudent de suivre, à la descente, une direction un peu différente de celle du matin, afin d'éviter les chutes de pierres et les ruisseaux rendus plus abondants par la fusion de la neige. Dans un assez mauvais passage, il dut m'attacher une corde autour du corps et me laisser filer jusqu'à un replat

<) H e?t à ri^marquur quo M. Puîscui a acheva l'asconstou, étant seui et que la corde no fut employée qu'à la doaconle, pendaut quelques iaslanU.

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270 VICTOR PDISEDX

situé h trois ou quatre mètres plus bas. Arrivé là, je lui fis, avec UD bâton, une sorte de marchepied à l'aide duquel il descendit à son tour.

Nous étions à six heures à la cabane du berger et à huit heures au Clôt, je prenais congé de mon guide ; il m'avait demandé vingt francs pour cette course et parut enchanté du léger pourboire que j'ajoutai au prix convenu. Avant neuf heures, j'étais de retour à Ville- Vallouise.

Le 10 août, je me rendis à Brlançon par la vallée, et delà anMonèiier; le 11, je gravis une montagne') située au-dessus du col des Arsines et d'où je revis admirable- ment le massif du Pelvoux. Redescendu k Villard d'Arènes, je me rendis le 12 à la Grave, à'oii une voiture me trans- porta à Bourg d'Oisans ; l'ascension du Prégentil qui domine la ville fut la dernière course à pied de ce voyage.

Voilà ce qu'après bientôt trente ans je me rappelle de mes premières excursions dans le Dauphiné, Je voudrais pouvoir reproduire les impressions que m'ont laissées tant de scènes grandioses au milieu desquelles j'ai passé de trop courts moments ; mais vous suppléerez, Monsieur, à ce que je ne saurais exprimer, vous qui avez aussi visité de près ces belles montagnes qu'on ne se lasse jamais de revoir ».

Victor PoiSEUX.

<} Probablemeit la Tiie de Pratlieu.

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LA PESTE DE 1630-1631 A RIBIERS

d'après les

DÉLIBÉRATIONS DE LA COMMUNAUTÉ

Les délibérations communales de Ribiers nous ont conservé le récit émouvant de l'apparition, du progrés et des ravages du «mal contagieux», depuis le mois de décembre 1630 jusqu'à la fin de mars 1631. La peste répandit la consternation à Ribiers, ainsi que dans la plu- part des localités de la Provence et du Dauphiné, particu- lièrement à Gap.

Dans ces douloureuses circonstances, la conduite des consuls et des membres du a Bureau de santé » de Ribiers fut admirable. Tous rivalisèrent de zèle et de dévouement. Ils prirent, d'abord, de nombreuses mesures de précau- tion, firent appel au concours des médecins, chirurgiens et apothicaires des environs, et, « pour subvenir > aux besoins des habitants, appelèrent à Ribiers les Capucins de Sisteron. Plus tard, lorsque le « mal contagieux > eut commencé à faire des victimes, ils isolèrent les malades, les pourvurent de vivres et de médicaments, empruntè- rent de l'argent pour payer les dépenses : construction de cabanes, rétribution des médecins et des gardes, achat de vivres, de médicaments et de « parfums >, etc. .

Grâce à toutes ces précautions, la peste, qui aurait pu causer à Ribiers de grands ravages, ne fit en réalité qu'un nombre relativement restreint de victimes, à en juger, du moin'ij d'après les délibérations de la commu- nauté. '

Dès le 17 déc. 1330, a M. Charognier, médecin, et Joha- nis, chirurgien, avec le s' Urban, de la ville de Sisteron », étaient à Ribiers, et ils s'y rendirent encore dans la suite, comme le constate l'assemblée du 23 mars 1631, époque l'oD s'occupe de régler leurs honoraires. Les consuls

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272 ANNALES DBS ALPBS.

tentèrent d'ailleurs, à plusieurs reprises, de s'assurer le concours permanent de divers chirurgiens, apothicaires ou parfumeurs. Une première démarche fut faite, sur l'initiative de Pierre-André Chervas, auprès d'un « homme de bien et intelligent, qui avoit servi la communauté de Vollonne et autres circonvoisines aud.mal » (12 et 23 janv. 1631} ; mais sans succès. Ils ne furent pas plus heureux avec un « nomé M. Edouard, appoticaire, faisant la fonc- tion de chirurgien et parfumeur, . . . habitant à Séderon » (Drômej. Le 22 janv. 1631, ils s'abouchèrent avec lui, <• à la barrière entre le terroyr d'ff^aures (Èourres) et celuy » de Etlbiers ; lui promirent 100 et 120 livres de salaire par mois ; mais ils se séparèrent sans avoir « peu estre d'accord ».Méme insuccès aoprèsd'un chirurgien qui avait soigné les pestiférés de Gap, et d'autres encore.

Les consuls de Ribiers purent, enQn, s'entendre, le 27 févr. suivant, avec Antoine Oautier.dit La Rose, moyen- nant 12 écus par mois, et aussi avec M* Passant, autre chirurgien, mentionné It la date du 12 mars.

De leur côté, les Capucins de Sisteron, appelés dès le premier moment, ne crurent pas pouvoir « ce dispenser de venir au présent lieu > de Ribiers, et, dès qu'ils en eurent obtenu l'autorisation de leur père Provincial, deux d'entre eux, dont nous ignorons malheureusement les noms, se rendirent à Ribiers, ne « demandant pour tout gages que leur norriiure et chambre pour habi- ter ». Ils arrivèrent à Ribiers le 31 janvier 1031, s'instal- lèrent au centre même du bourg, dans la maison du « s' Jehan-Honnoré Qontin, . . . pour subvenir les habitans, à cause du soubçon du mal de contagion ». Ils ne quittèrent leur poste de dévouement que le 23 mars, quand tout dan- ger eut disparu.

La peste fit surtout des ravages au quartier ou plan de St'Maïbert ou St-Ai4bert et, en particulier. * au gran- geaige des Vgous ». Parmi les victimes, mentionnons le galopin ou homme de peine, commissionnaire de Ribiers ; il était spécialement chargé de parfumer les maisons et de faire brûler les effets contaminés, « suivant l'advis des

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LA. FKSTE A TUBIESS. 273

pères Capucins » {5 et 10 févr. 1631). Dès le 27 février, il était atleiat du mal, ainsi que « son uiesnage ». Tous ensemble, ils furent conduits à la grange des Vgous, le pauvre galopin ne tarda pas à mourir.

Notre pensée n'est pas de relever ici, par le menu, tous les détails intéressants ou caractéristiques fournis par les délibérations de Ribîers. Les lecteurs voudront les con_ naître d'après le texte même, original et authentique, de ces délibérations.

Ces dernières nous avaient été communiquées gracieu- sement, il y a plusieurs années, par M. Mourrb, percep- teur à Ribîers, qui les avait rencontrées aux archives communales. Après en avoir pris connaissance et fait une analyse détaillée, nous les lui rendîmes peu après, et nous avons tout lieu de croire, connaissant les sentiments déli- cats de notre ami, qu'il les aura réintégrées aux archives de Ribiers avant sa mort ').

Autant que possible, nous avons reproduit, dans noire - analyse, les délibérations les plus importantes, en suppri- mant les formules inutiles. Quelques passages, particuliè- rement difficiles k déchiffrer, seront signalés. Diverses notes, ajoutées au bas des pages, aideront peut être à identifier les lieux et les principaux personnages mention- nés dans le texte, et à faire ressortir l'importance et l'inté- rêt de ce précieux document. P. G.

Extraits des Registres des Délibérations communales de Ribiers.

163D<163I.

1630, 4 nov. Les consuls « Charles Rippert et Jaume

<} M. Hourra (Joseph- AntoDÎD) eil mort ï Ribiers, te £9 mars 1896, Il l'Age de 68 tas. Oa a de lui, entre autres publicalioas, ud Essai histo- rique sur Ribiers, paru d'abord dans le Bulletin de la Société Sétudes des Hautes-Alpes [ISSS 89), puis tiré à pari (Qap, Jouglard, 1889, ia-8* de 100 pages;. Ce travail est le tésulUt de Dombreuaes recherches Irès <

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S74 ANNALES DES ALPES.

JeRaat'Idisent aque noble Piare-André de Chervas *) leura faict veoir une lettre de Mgr le marquis de Bressieûx •) et une de M. de La Motte^), et icelles remises entre les mains de mond. chaslelain [Jean-Louis Pellegrin], pour en fère la lecture à la présante assemblée : portant que, estant mond. sgr le marquis à La Motte'}, les consulz et depput- tés du lieudeSt-Crespin') seroient venus veoir M. de La Motte, pour leur despartir de ses faveurs envers M. le comte Chombert*], pour estre exemptz du passaige du retour de l'armée du Roy estant en Itlallye ; ont, par leur comodité, mond. sgr atiroit escript aud. sgr de Chombert pour nostre communaulté, et qu'il estoît nécessaire d'en- voyer homme exprès, de la part de ceste com^* , pour l'aller treuver à Grenoble, et retirer les décretz que sur ce mond. sgr en pourroit avoyr obtenu, et illec prendre son advis et conseilh ». Un exprès sera envoyé aud.

>) lis furent rempUcda, le 5 mat 1631, par Pierre Hapigt et Aotûiae LaboFj, uotairo (toit ci-aprèsV

■} Sumommi le Capitaine Marguit, «rdoDt calholiqae, qui joua ua rôle remarquable darant les guerres de religion. 11 appartaoBit à une honorable famille de Sisterou qui a dooné plnûeDrs personnages ft l'Église ; Michel Chervas, sacriste de SUteron, au moiosde 1553 à 1568 (G. 1576, 1600); Joachûn, proloootaire apostolique, le 18 mai 1582 (O. 1694]; Bernard, prieur de Vilhoscet chanoina de Sisteron, le lEi f^v. 161! (O. ISfi), etc.

*) Almar de QroUe-MdvoDÎIlon, marquis de Brcssieui, baron de Ribiets, Éourres, Pomet, etc. (1598-1635). La baronnie de Bressieui (Isère, arr. de St-Marcellia, cant. du St-Ë(ieQnB.âc-St-Geoirs] avait été érigée en marquùat en août 1612. Celle de RihLers fut érigée es eomti, h 12 mai 1638, an profit de Louis de OroMe-MévoDillon (Hourre, Eiiai' p. 25-26}.

*) Autoins d'Urre, sgr de Vcnterol, qui avait épousé Louise de Marges, laquelle lui porta eu dot la terre de La Motte i Avtillam, et et dont la sceur, Marguerite de Morges, s'allia avec Louis de Orolée- Mévotiillau, marquis de Bressieux, fils el héritier d'Aîmar.

*) La Moite ^Aveillans (Isère, arr. de Oreooble, cant. de La Mure).

^) St-Crépiîi, Htes-Alpes, arr. d'Emhrun, canton de Guillestre.

') Henri, comte de Nanleuil et de Schomberg, (Ils de Oaspar, fc Paris le 14 août 1575, mort à Bordeaux le 17 nov. 1634. 11 fat aecMiié maréchal de France en 1625, battit les Anglais k 111c de en 1627. Se distingua au siège de La Rochelle en lËK, et en Italie en 1629 et 1030. Il devint, en 1632, gouveroenr du Languedoc.

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LA PESTE A SIBIERS. 275

« sgr le marquis », et il lui « portera troys ou quatre pères de perdris ».

13 déc. c au lieu de Ribiers, h la place du Serre <),. , . a esté remonstré par lesd, cousulz que, ce jourd'huy, de matin, par délibération du Bureau de la santé , nouad. châtelain, avec lesd. coosulz et M" Aothoine Labory, nous serions allés aux granges de St-Malbert*), appelle des HugoKS, ont ilz avoyent beu nottice que la femme de Blaire Moynier estoit morte, pour sçayoyr la véritté de son aubit dexcès, pour apprès délibérer à son enterre- ment; ont estant, le beau-Slz dud. Moynier et de lad* deffunte, leur a rapporté la véritté de son mal, quy a esté cause qu'ilz l'ont faicte enterrer au pré dud. Blaize Moynier par sond.beau-filz ; lequel leur a dict et déclaré sond-beau- père estre fort mal, ensemble une sienne filbe et ung petit enfant, et que s'ilz ne sont secoureuz de Tivres pour les norir, qu'ilz sont dangereuz de mourrir plustost de néces- sitté et pour n'avoir de quoy vivre que du mal qu'ilz ont, ayant requis lesd. consulz et nousd. chastelain de les faire adcister h la comt^ , et qu'ilz la garderont de perte ». Il est « arresté que lesd. consulz prendront des rantes de la comi* , soyt bled ou argent, pour secourir et fornir aud. Moynier, et aux. aultres particulliers dud. lieu nécessiteus quy pourroient tumber en malladie, soubz bon conteroUe qu'ilz tiendront de lad' fourniture, et que lesd. consulz deppuleront ung homme pour garder led. Moynier et aul- tres de sa maison de n'en sortir, et les aultres graugiers dud. St-Aulbert, de les venir IVéquenter, pour ne se com- municquer les ungz avec les aultres ».

15déc.,ib. t Lethrézorier des deniers royaulx')... leur a faict faire un segound commandement de porter la part et cotte concernant ceste corn'* au lieu de PelloUer *), ont

<) La grande place acluellD de Ribien, orofc de beaux arbres et d'una fautaine aux eaui trâs abondantes.

*) Aujoiud'hnî Si-Aubert, au N.-O. de Ribiers, sur la rive droite du Buecb, pretqus en face dsMison,

>) André Amat, sieur île Coste-Oicaud {voir ci-aptès, 1" févr. 1631), lieutenant d'Upaii en 1633-11, scrgsnt-niajor de Gap en 1631-47.

'•) PtUeautier, Ules-Alpes, arr. el canl. de Oap.

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376 ANNAUS DES ALPES

led. thrézorier se treuve reffugié, causant la malladie de Gap')o. Il est décidé < d'envoyer ung homme exprès à Grenoble. . . présenter requeste pour avoyr dillay, attaodu Qostre pouvretté, de payer lesd. deniers ».

19 déc, ib. Assemblée générale de plus des 2/3 des habitants, « i'ung après l'aultre, sans communication aul- cuoe, ains en observant l'ordre en tel cas requis el néces- saire, à cause du souhçon de malladie auquel led. lieu est subsonné >. Les consuls disent « que par la dernière asssemblée que feust tenue verballement, au-devant la porte de l'églize, et laquelle ne feust rédigée par escript, à cause des acidentz quy arrivarent, sur les propositions que furent alhors faictes, feust conclud et arresté, sur le descès de quelques personnes quy estoient mortes, tant aud. lieu que smï granges àBSt-Mautbert, qu'on mandast à Sisteron ou aultres lieux, pour avoyr de sieurs méde- cin et chirurgien, pour vizitter lesd. mortz avant que les enterrer, et que led. enterrement seroit sursis jusques à leur arrivée ; ayant, en suite de ce, mandé aud. Sisteron et mesme à Misou^), pour faire venir lesd. s" médecin et chirurgien : ce qu'ilz ne peuvent obtenir de ce jour, quy estoit le 15* du présant. Et apprès qu'on eust attendu tout l'endemain, 10*, de fère led. enterrement, et, en attendant leur arrivée, à cause de la grande putrefFaction desd. corps, furent d'advis de les fère ensepvellir à ung homme de Rourebeau '}, quy se trouva pour l'hors en ce lieu, auquel feust promis, pour ses gaiges d'ung moy^, 30 livres, de l'advis d'une bonne partie de la présente assemblée. Et, du lendemain, 17° dud. moys, seroient arrivés en ce lieu M. Charognier, médecin, et Johanis, chirurgien, avec le s^ Urban, de la ville de Sisteron ; lesquelz feu-

<| La peste fut reconnue dans Gap le 3 juil.1630 (Qaillaud, Éphémêr.t 1ST4, p. 3Ul-:i}. Elle ; sévit avec inlansilc, o( emporta les deux llers de la population. Cinq consuls moururent do la maladie contagieuse à (juclquas semnioes li'ialervollo (Arch. com. de Gap), Le fléau cessa ses ravages un peu avant la No«l [2ô déc. 1C30|.

') Basses-Alpes, nrr. et caut. de Sisteron.

3) Hameau d'L'pais, canl. de Laragoc (lltes-Alpcsi.

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LA PESTE A RIBIERS. S77

rent menés par lesd. consulz et aultres notables de ced. lieu, aud. cartier de St-Maulber, au grangeaige des Ugous, ont Blaize Moynier et soa fllz estoient pour Ibors mallades ; sa femme et deux ou troys aultres de sa mai- son estoient mortz. Lesquelz ilz vizitarent, et d'illec ilz s'acheminareiit eu ced. lieu, ont ilz ont veu et vizitté la filbeet ung Û!s de François Durand, quy estoient malla- des ; ensemble Magdeleine Martiue, vefve de Anthoine Pellegrin, quy estoîl ung des corps morlz quy avoyent donné subject d'envoyer quérir lesd. s" médecin et chi- rurgien. Lesquelz, du mesme jour, se voulhirent retirer aud. Sisteron, sans voulloir entrer dans led. lieu pour fër e leur rapport, quelles réquisitions qu'ilz luy firent, et après toatesfoys leur bavoir fait présanter qu'ilz volloyent estre payés de leur vaccation, les payer et retirer leur rapport, pour puys après nous l'envoyer. . . Par lad* assemblé ver- balle feust résolleu de fère des intendantz pour la santé de ced. lieu; ont furent alliors nommés le s' Bozonier, nousd. chastellain, s' Joseph Gontin et M' Jehan-Anthoine Arnaud, et avec heulx, pour leur adcister en tout et partout, comme depputtés dud. bureau, lesd. s" consulz, s' Pierre Oalle, rantier, M' Anthoine Arnaud, notaire et greffier, s"" Jehan-Honnoré Gontard de Contiu, et May Grégoire et Melchior Latil, lesquelz feurent alhors priés de voulloir accepter le chascung lad* charge, laquelle ilz acceptarent favorablement... Pour prévenir aux nécessités auxquelles les habitantz dud. lieu pour- royent tumber, sy Dieu nous vouUoyt affliger du mal, . . . ils donnent pouvoyr ausd. consulz et à leurs conseilhers d'emprunter... jusques à 200 charges de bled, 600 1. d'argent; du sel, d'huille d'ollive, et du vin, ce qu'ilz recognoistront estre besoing. . . Sera distribué à ceulrà quy lesd. consulz ordonneront, par Jehan Gaultier et May (^■égoire », et tous exerceront leur charge, « tant que leur commodité et vollonté de le fère le leur permettra. . . A cause du mal arrivé à Blaize Mojiiier et à ceulx de sa ' maison, il a esté de besoing d'y mettre deux gardes pour les garder, de nuit et de jour ; ensemble en ont mis une,

Annales des Alpes, 1898. 19

. D.g.tzedbyGoOt^lc

278 ANNALES DES ALPES.

pour se prandre garde de Praoçois Durand et des fenmes de la maison de feu Anthoine PeDegrin, et forny des vivres tant aud. Moynier que à la femme de Gabriel Gar- cin, aussi mallade aux granges du Vergier, ensemble ausd. François Durandi et fenmes dud. Pellegrin s.

27 déc. , c à la place du Serre, . . , causant le soubson de la maladie n. Il est a nécessaire de fère purifHer les mai- sons de Blaize Moynier, de François Durand et d'Anthoine Pellegrin, quy sont soubsonnêes de y estre arrivé du mal, ensemble les personnes que y sont dedans, et encores tous les habitantz de ced. lieu, affln de communicquer plus librement les ungz avec les aultres, à rtiimilalion de la ville de Gap, Sisteron, SallignacetVollonne')dt aultres lieux quy sont estes affligés et soubsonnés du mal. Pour à quoy parvenir, ilz (les consulz) ont faict veoir une lettre que le s' de Pi erre- And ré') leur a escript, portant que, sy la com** de ce lieu avoyt besoing de l'homme quy a traicté les mallades desd. lieux de Sallignac et Vollonne, et par- fumé lesd. lieux, qu'il tàcheroit de le faire venir; et, d'aultre part, que M* Claude Latil, quy est à Gap, leur a faict aussy entandre, par aultre lettre, que sy la com" de ce lieu volloit se servir de l'hoppérateur quy a pensé les mallades de la ville de Gap et parfumé les maisons et les personnes de lad" ville, et que par son intermise et de ses amis, il le fairoit venir eu ce lieu, en le dégravant de ses peynes. . . On mandera ung homme à Antlionnaves ') aud. Claude Latil, . . . pour le prier de s'acheminer à tad° ville de Gap, en compagnie de l'homme qu'on luy mandera, . . . avec pouvoyr qu'ilz leur donnent de traicter avec led. parfumeur de ce qu'il voudra de son voiaige dud. Gap en ce lieu, et que, estant ycy, l'on traictera avec luy de ce que ce sera besoing de faire pour la conservation de la santé, soit pour les maisons, personnes et biens des habi- tants D.

163i,l«f janv., « au lieu de RiJbiers, dans la maison

') Salignaa, com. du canL de Volona, arr. de Sisteron (Basses- Alpes).

*) Pierre-Aodrë CherDos, montiacaé ci-dessus <4 nov.).

•) Anumaves, com* du caoton du Ribiurs, au N.-O, de cette localité.

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LA PESTE À RIBTEBS. 279

commune ». Présenta : Jean-Louis Pellegrin, châtelain, Charles Rippert et Jacques Jelian, consuls, Suffren Meis- sonier, Jean-Antoine Arnaud, Etienne Michel, notaire, Jean Gautier, Pierre Arnaud et May Grégoire, adminis- trateurs. L'un de ces derniers, Paul Pontis, n'a pu être trouvé, et « M' Pierre Pellegrin, à feu Jaume », est « à son grangeage de St-Maulbert, ont il est fermé, à cause du soubson de la malladie t.

5. janv.,ib. Led. Paul Pontis, sa femme et leurs enfants se sont réfugiés à Sisteron. « Le s' du Virailh, scindic des forains de Sisteron, tailhables en ce lieu > (de Ribiers), â été mandé « par exploit ». Les administrateurs nomment : premier consul, Gaspar Pellegrin, fils de feu Vincent, et second consul, Jean Brianson. Mais plusieurs protestent. Le même jour, le « conseilh général », est réuni <<. au milieu de la place (du Serre), séparés les ungs des aultres, lie la distance en tel cas requise, â cause du soupson de la malladie en laquelle led. lieu est soubsonné 1. Sont alors nommés consuls : Perrin Maguet et M' Antoine Labory, notaire, ainsi que les administrateurs de la com'* .

12 janv., « au devant de l'églize parrochialle ». Les consuls exposent que leurs devanciers ont « faict recher- che de pouvoyr avoyr ung chirurgien et personne capa- ble,. , . d'aultant que ne s'en treuve aulcung qui habite sur le lieu ; que mesmes M. de Pierre-André Chervas leur a escript qu'il avoyt sceu qu'il y en avoyt ung capable, homme de bien et intelligent, qui avoyt servi la corn'' de Vollonne et aultres circonvoisines aud. mal, en sorte qu'ilz en estolnt bien satisfaictz et comptantz^; qu'il pran- droit peyne, par l'affection qu'il porte à lad° com" et habi- tantz, de le nous faire avoyr, sy le trouvions bon » ; ce qui a été fait. « Et, tant à sa persuasion que du s' Jeoffrçy, procureur du Roy de Sisteron, que sieurs pères Capucins, il leur a promis de venir servir le présent lieu et habi- tantz, soyt aud. mal arrivant (de quoy Dieu nous veuilhe préserver) que aultres, tant à une infirmerie, s'il convient

I) Le nom de co chirorgloa ne nous asl pas conou.

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280 ANNALES DES ALPES.

la fëre, que aux grangeages et dans led. lieu, amsîn que du traicté, duquel il leur a envoyé minullâ, , . . coutenant, entre auUres condîtious, que au moyen de 400 1. payables à une seulle fois et après l'entrée libre, entre les mains d'icelluy, en ce lieu, aux -villes d'Aix et Sisteron, led. s' chirurgien viendra servir led. Heu, . . , jusques à ce que led. lieu, manantz et habitantz ayent axés et libre entrée, comme guéris et non soubçonnés ni atteîntz dud. mal ; et avec ce, en lui payant sa norriture, durant led. temps, tant de lui que de son vallet, et tenant une chambre pour son u^ge et habitation, et ung cheval, pour le porter allant aux grangeages ». Afin que « les pouvres puissent estre allimentés et secoureus.et,eutre aultres, ceux qui n'ont que le crédit de lad" com"* ,.. . grâces à Dieu, aul- cungz des babitantz, mesmes le s' l'ierre Galle, rantier, Charles Pellegrin, Anthoine Jourdan, Gaspard Meigret, Jacques Jean, précédent consul, et le s*- Pierre Maguet, ung desd. consulz modernes, et aultres leur ont offert en prester, et aucungz d'eulx, sommes de deniers, entre aultres led. M. Jourdan, 150 1., sans intérest jusques à la récolte, et 50 charges bled, à sa comune plus vallue... Le trézorier de l'année passée [Olivier Michel] leur a faict sçavoir avoyr encores entre ses mains environ la quantité de 12 charges bled froment et environ 6 ch. espeaute. des grains de la com** ... A cause du mal que est arryvé aux grangeages de St-Aubert, téroir du présent lieu, et aux maisons de feuz Anthoine Pellegrin et François Durand, leurs devantiers et 6ulx,soubz l'advis d'aulcungz, ... ont depputté Honnoré Arnaud et Hoonoré Estallon, pour garder, l'un, dud. colté de Sl-Aubert, et l'aultre, au village, aux gages avec eulx accordés de 6 solz pour chas- curfg jour. . . Au cas que Dieu nous volleust affliger de la malladie susd«, il est requis d'avoyr ung lieu pour infer- merie. . . Cellui' qui a esté prïns et esleu pour gallopin'), sera entretenu et payé >. 83 janv., « à la place publique,. . . distantz et séparez

<) Probablement Hoaoré Pliuche. meatlODoû ci-apris, lo fâvr. 163t [rS. 5 févr.).

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LA PESTE A R1BIBR8. 281

]es uDgz des aullres, à cause du mal de contagioD, dont le présent lieu se treuve aoubsouné et voyre fermé... Le chirurgien, que le s' de Pierre-André avoyt escript. . . n'a TOlleu, despuis, exécuter ni venir servir le présent lien, quoyque de ce persuadé, ainsiu que des missives dud. s' de Pierre-André, qu'ilz ont faict cy-devant voyr, moingz les sieurs pères Capucins n'ont peu ce dispenser de veniraud. préseutlieu, commeou avoyt fait entandre à lad» com'* qu'ilz feroient, que par ung préallable ilz n'ayent dispense de leur gardien général, auquel Hz dirent à la dernière con- férance à l'avance qu'ilz avoyeot mandé messagier ex- près, de l'advis dud. s' de Pierre-André, s' Passard, médecin'), Figuière') et aultres; que de ce en ayant advertî plusieurs de ceste assemblée et la pluspart des babitantz dud. lieu, ilz ont estes chargés d'en procurer et faire recherche d'un aultre chirurgien. Ce qu'ilz ont faict, sur l'advis qu'ilz ont heu du s^ François Qontin, lieutenant du S'' juge du présent lieu, de la personne d'an nomô M'' Edouard, appoticaire, faisant la fontiou de chirurgien et parfumeur, ayant ung desd. s" consulz esté au lieu d'Héaures') à ce subject,mesines lejourd'hier,oùiltreuva led. M. Edouard ; et, après avoyr longuement parlé et marchandé avec lui, soubz l'adcistance de M. Charles Pel- legrin,... ilz sont thumhés d'accord... que led. M. Edouard viendroit et s'expozeroit à servir lad* com** et habilantz, despuis le jour qu'il entrera, qu'il a promis estre samedy prochain, 25« du présent, jusques à ce que le présent lieu ayt libre entrée,. . . aux gages, sçavoir : estant en estât libre et non fermé, quand à sa personne, dans l'inferme- rie, s'il convient la fère, de 100 1., oultre et par-dessus sa norriture ; et en cas que lad° malladie contagieuse print led. lieu et qu'il s' Edouard feusl fermé dans icelle înfer- merie et traictât les mallades dud. mal et peste, et feust par ce moyen séquestré de la ft-équentation des sains,

^ La lecture de cg mot n'est pas certaine. Phi» loin, Patsarl est dit t chirurgien n. *) Plus loin (I" févr.), il est ") Èourra, cavar du coût. J

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283 ANNALES DES ALPES.

qu'en ce cas, lad* comi* lui donnera de gages, ot par chascimg moys, dès l'hors, la somme de 120 1, et encores sa norriture, comme dessus, et uag homme ou vailet, que la com'* sera tenu lui tenir avec lui ; et que, pour entrée, il demande 100 1. pour le premier mois ». Le tout est. accepté. Les consuls désirent encore savoir k à quy ilz doibvent baîlher la conduite de l'horloge, ... qui se treuve à présent, et depuis le despart du d'escolle dud. présent lieu, faicte par Blaze Bontoux, auquel la clef feust bailhée par led. M* d'escolle ». On la laissera aud. Bontouz.

26 janv., « dans le cimentière qui est devant l'église parrochialle dud. lieu, par-devant cappitaine André Éves- que, baile ». Les consuls « se sont acheminés à la bar- rière entre le terroyr d'Héaures et celuy du présent lieu, pour effectuer la convention et passer le contract requis entre la com"^ et le s' Edouard, appoticaire, habitant à Séderon, estant avec eulx le s' Pierre Galle, rantier des droitz seigneuriaulx dud, Ribiers;. . . et ayant parlé avec led. s' Edouard, que y seroyt après venu, en compagnie d'aulcungz d'Héaures et aultres lieux,... ilz n'ont peu estre d'accord, . . . qu'a esté cause qu'ilz se sont retirés sans rien fère... Gomme aussi avoyr heu responce, ce mesme jour, du révérand père Provincial des Capucins, portant qu'il accorde au présent lieu la requeste qu'il;! lui faisoint de deux pères de leur convanl de Sisteron, pour l'aide et consollation des consianccs des habitanls du présent lieu en l'administration des saintz sacremeutz, ainsin que de la lettre qu'ilz ont faict voyr et leue », On écrira « au père gardien du couvant desd, pères Capucins j\ Sisteron de voulloir permettre, suivant icelle, devenir en ce lieu, et que lesd. s" consulz prouvoycnt h leur nor- riture et entretien. Et pour lejMCiVft'),. . . jusques à ce que lesd pères Capucins soient en ce lieu, pour ce qu'il

<) Ou ivraie [!at. ehriaea), ploato doiil Ws graines, mêlées arec blo, endorment, dit-on, et l'uivri'iit li;» piiuIiM.qui en sont triundcs. Si oi les fail briller, elles vc'psudcDt un parfum sumblablo a celui de rencci

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LA PESTE A. RIBIERS. 233

sera nécessÈro pour les parfums des maisons supposées infaictes, d'aultant qu'on a dit qu'il est requis ausd. par- fums de farine de ^ue^^A, et cella estant, qu'ilz (les habi- tants) fassent moldre îcellui et l'employent ausd. par- fums s.

1er févr., « dans la maison commune >. Les consuls disent « qu'en suite de ce qui avoyt esté cy-devantairest*', à la précédente assemblée, verballement et non rédige par escript, les sieurs pères Capucins sont arryvés eu ceste ville, tant pour leur fonction ecclésiastique que pour l'ordre des parfums qu'il convient fère en ce lieu, son terroir et maisons suppozées à présent ou quipour- roint estre infaictes, et ce, despuis le dernier de janvier passé, n'ayant ni demandant, pour tout gages, que leur norriture et chambre pour habiter, ayant faict marché, à c'est elfaict, au s' Jeau-Honnoré Gontin de la maison qu'il a à la Place et cours du milhieu d'icelle, et uzage du jardin, avec uug licl, à ung escu par chascuug moys ; ayant faict venir de Sisteron, suivant l'ordre donné par lesd. sieurs Pères, 25 livres souffre et 15 livres paresine, et pour les parfums qu'il convient fère avec la graine de genèbre que lesd. Pères ont apporté i et leur convient prandre une eymine métadier, qui faudra achepter ou emprunter, pour n'en avoyr la com'* aulcun, aussi néces- sère pour lesd. parfums que le jueilh sus[d.] et soubztan (restant) du bled de la com>^ qu'ilz ont encores n'est bon à ce subject, ainsy que lesd. sieurs Pères ont dit, s'il trouveront bon. et le vaudre. Ayant aussi faict venir dud. Sisteron, pour la table desd. sieurs Pères, cinq hvres flgues, forni avec led. souffre et paresine par le s"" Marquis, appoticaire, par le commandement du s^ de Pierre-André, s' Figuier et s' Buisson ; qu'ilz ont aussi heu lettre dud. s' Figuier, qui a forni la some de2escus C solz au messager qui alla porter lettre au père Pro- vincial du convant desd. sieurs pères Capucins, aux Ans d'avoyr leur dispanse .. . Voyr aussi ce qu'ilz doibvenl 1ère, atlandu le mal et mort arryvce à Sauvaire Ailhaud, et s'ilzy doibvent establiraulcune garde; comme aussy

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284 ANNALES DBS ALPES.'

faut sçavoir qu'ilz ont tien une coppie de comandement, à la part des esietis, de payer les tailiies royale» de l'année passée, entre les mains de M. Amat, s' de Coste-Oiraud, au lieu d'Upaiez »'). Il est conclu « quelesd. sieurs pères Capucins seront norris et entretenus par lad' com" , et, attandu qu'ilz veuUent eux-mesmes s'apprester leurs viandes *), que led, Marc Saisse prandra la peyne et soin de sçavoir, fornir ou recepvoir ce qui sera nécessêre pour la norriture et entretien desd. sieurs pères Capu- cins, sellon le roolle que par eulx lui en sera bailhé ce qu'il promet... Lad" eymine sègle sera achepté ou empruntée par lesd. consulz... Lq Jueilh sus et soubz- tan [restant) soyt par eulx vandu ot débité à la meil- he[ure] condition et pris qu'ilz pourront le fère ; apreu- vant aussi l'achept qui a esté faict dud. souffre et pare- sine, pance et ligues, forni par led. s'' Marquis, appo- ticaire... Puisque ta com*^ n'a fondz à présent, mesmes que le présent lieu est fermé,... le payement deseslus pour raison des tailhes... soyt dillayé ; et que Honnoré Planche, serviteur de la corn"*, se rendra sogueux et surveillant pour empèctier le trafflc entien et négosse des liabitans du grangeage de St-Aubert avec ceulx du village, et qu'il portera les vivres et autres choses qu'il leur conviendra fornir et bailher, jusques au forestage de s' Buisson ou de Pierre Pellegrin, et illec le bailher, néanmoingz de loin, à Guilhen G[u]igues, garde, cy-devant depputé pour le distribuer et bailher à ceulx qui sera envoyé... Gomme aussi trouvent bon que tesd. consulz donnent à ChauUet, garde de la barr[ièr]e de Sisteron, deux sezains, pour sa peyne », ou « d'avantage, sellon que lesd, consulz trouvent l)on »,

5 févr. « à ta place publique », par-devant Jean-Louis Pellegrin, cliàtelain. Présents les consuls, les « adminis- trateurs delà maison comune», les < dopputtés du bureau de santé » et autres, « séparés les ungz des aultres, à

I) Upaix, eom' du catil, do Laraguo, Htes-Alpes. ») Vivres, mets. Ci. l'itnlien civanda.

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cause du mal de contagion, dont le présent lieu est soubz- çonné et voyre fermé... 11 est requis fère parfumer la maison François Durand, dict Chichelle, sa femme et familhe sont mortz. Messieurs les pères Capucins ayant préparé ce qui est requis par (pour) les parfums », ils « seront apliquez par le gallopin du village » qui est aux gages de la com"* . Tout ce qui est et treurera dans la maison dud. Durand, corne linges, layne, draps de layne, foiu, sera brusié ou entéré, suivant l'advis des pères Capucins... Il sera faict garde au forestage du Prieuré, par les només au rôlle ad ces lins dressé, chas- cung d'iceux en persone, et par jour, aux gages de 5 solz par chascung jour. Et sur ce que M. Arnaud adé- clairé que le cbirargien qui, autres fois, c'est présanté à la barre, pour le service de la com"* doibt passer dans troys ou quatre jours, ... les s" consulz, en estant ad- vertis, tâcheront de lui parler et, s'il faict honneste condition, de l'arresler, attendu qu'il est requis d'en avoir uDg dans le lieu, pour le service des habitantz et grangiers ».

« Le IO»dud. moys et an, ensnitte de ta susd' dellibéra- tion, les linge, laîsnes et foin de la maison de François Durant, a esté, le tout, bnistô par le gallopin de ce lieu ; ainsi le certiffié je secrétaire soubzsigné : Évesque, secré- taire ».

11 févr. B De ce jour, est arryvé le deccès de Sauvaire Ailhaud... La plus grand'partie des habitantz du lieu requièrent qu'il soyt doppulté une garde pour empêcher la fr(^quentation aux grangeages do St-Aubert, comme Car- tier soupçonné infaict. . . Hz treuvent bon d'establlr une garde pour lesd. grangeages... Ayant Ji cesteffaict, mandé venir cappitaine André Évesque, baile dud. lieu, à raison de 7 solz 6 deniers par jour, acomansant dès demain ».

16 févr. Les consuls n'ont poiut vu « lo chirurgien, parant de M" Arnaud ... A esté conclud de passienler. . . Le s' Maguot, consul, et autres de préseot conseilh, qu'il requiera. iront voyr lesd. sieurs pères Capucins, et prouvoyront à leur entretien, sellou la voUonté d'iceulx ».

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386 ArrNALES des aij>bs.

20 fi5vr., « ail lieu de Ribiers etau cimetière qui est au- devant l'église parrochielie «. Les consuls ont reçu du s' Bozonîer, procureur de lad» com'*», une lettre o portant avoyr receu 18 I. » et les papiers de l'affaire de Bartliasar Boyer.

26 févr. « Conseil général » de la com"* . « Le gallopin qu'ilz ont au présent lieu, logé par leurs devautiers aux porcilz des bastimentz dit de Chaslillon, se trouve mallade despuis le jourd'liier... Suivant l'advîs verbal que sur ce ilz ont des sieurs pères Gapucius estantz en ce lieu, ilz treuvent bon de l'hoster du lieu il est et le loger k l'escart du village, mesmes aux grangeages de St-Aubert et à ceulx qui sont inraictz... La femnie de Sauvaire Ailhaud est décédée ». It est arrêté « que led. gallopiu du village, avec ses enfaus, et Qlle de feu François Durand estant avec lui, seront liostés desd. porcik et lieu ilz sont, et portés, mesnés et conduitz ausd. grangeages de St-Aubert, infaictz, et logés dans la maison de Henry Roman, dit Boyonu, jougnant celles de Blaze Monier-rrafiai/Zion, perlifféré ; led. Boynny, hosté d'icelle, est remis à une aultre liabitatioa desd. grangeages... Il sera encores mis une garde à iceulx grangeages et mallades, pour empèclier leur fréquentation avec les autres habitantz des granges dud. cartier, qui sont sains, toutesfois suspeclz et suspendus de l'entrée du lieu par précédentes deslibérations. . . Pour la femme dud. feu Sauvaire Ailhaud, décidé, elle sera faicte enlércraud. cartier de St-Aubert, par Estienne te Lyoïioi^, estant avec el aux gages dud. Blaze Moynier, dit Trabai- îhon, et pour raison de telle peyne, il en sera payé par les s" consulz, et des aultres peynes et travaulx qu'il a faictz. tant aux enterrementz des précédentz deffunctz que parfums par lui apliqués ausd. grangeages, au pris. ,, convenu >i. Les consuls sont autorisés à emprunter de" 7 à 800 écus H que ce monte ce que lad» com'* doibt ou peult debvoir, tant pour tailles royalles, récompanses d'estapes ou logement de gens de guerres ».

27 févr. « .\osté couclud d'establir une autre garde au

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LA, PESTE A RIBIERS. 287

Cartier du plan St-Auhert et aux grangeages. dit des Vgous, comme iofaitz et ausquelz le galiopia et son mesnage ont esté... menOs, pour ce treuver mallade et Jnfaict, . . Hz ont faict recherche de lad" garde et n'en trouvent point. Et d'autaat qu'ilz croyenl estre nécessère d'en treuver uiie, tant pour garder les infaictz de sortir des limictes et terroyr que leur sera donné, que pour empêcher qu'ilz ne fréqiianlent avec les aultres habîtantz dos grangeages plus voisins, quoyquo suspectz, et aus- quelz l'entrée du présent lieu est suspendue, ... a esté, . . mandé appeller Estienne Ghauvet, pour lad' garde... et lui a esté faict marché, à raison de7solz 0 deniers pour chascung jour, dès demain ».

28 févr. « A. cause de la suitte que le mal de contagion faict au cartier St-Aubert, et autrement, par le soubçon et allarme a laquelle les liabitantz du présent lieu sont la plus grand partie u, les consuls ont été «requisse souventes fois chargés de fore recherche d'un chirurgien, obligé, tant pour servir le lieu aux maliades ordiners et autres services de chirurgie, que, en cas de besoing, soyt obligé à s'exposer a toucher et médicameuter les maliades quy pouvoieut arryver.aud. lieu et infermerie {de quoy pryent Dieu les voulloir conserver) ... Hz ont faict plusieurs recherches et porsuittos nottoires... Du jour d'hier, le .s^ La Roze, chirurgien, cogneu de toutz les susnomés et pour avoyr cy-devant servy le présent lieu de sond. estât de chirurgie, se présenta au bord de la rivière du Buéch, et,., offrit led. service, sçavoir ; au pris de 12 escus pour chascung moys, et tout auUant qu'il demeurera au service des malladies ordinaires ; et, au cas qu'il s'expose, souhz et après rad"vis néan- moingK du bureau et conseil ordinôro du présent lieu, à toucher et médicamenler lesd. maliades pestifférés, au pris de 30 escus pour chascung moys, dès led. Jour qu'il pourra estre séparé et au service desd. maliades ;: une infermerie,. . . sur iesquelz [irendra sa oorriture ». Led. Etienne Chauvct n'ayant pas accepté d'être garde, « a esté mandé quérir Jean Durand, dit Paullon, avec lequel

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388 ANNALES DZS ALPES.

a esté faîcl marclié, à 8 solz pour cbascuDg jour, . . . dès

7 mars. « Il sera faict plaincte sur ce qu'il est venu à leur nottice que Blaze Moynier, dit Trabailhon, séparé de la fréquentation du lieu et babitaolz, à cause du mal de peste et contagion, duquel est attaiut, sa femme et famillie estant décédés, fréquante et vient, la nuict, dans led. présent lieu, et qu'il lai sera sur ce formé son procès, avec l'adjointement du procureur d'ofiice, et contre touz aultres qu'il appartiendra ; . . . comme aussi qu'il Trabai- Ifion sera mis en cabane, avec Estienne, sa garde, et la femme d'icellui, au lieu qu'il sera establi,. . . pour esviter telle fréquentation et plus grand mal ; et les gardes qui sont establies veilberont, pour iceulx. empècber de sortir du lieu qui leur sera establi et donné. Et sur la liberté et axés libre, requis tant par l'ierro Pellegrin, sa famîlhe, François Gliarognier, que aultres grangiers du costé du plan St-Aubert, a esté ordonné qu'il y sera proveu, après avoyr exécuté l'ordre cy-dessus envers led. Moynier et sa garde.

9 mars. Pouvoir est donné aux consuls d'acheter du blé, fi à raison de 7 escus par cbascune cUarge », et d'emprunter 2 ou 300 t. «pour subvenir tant aux néces- sité» des pouvres et mesnagîers qui ne treuvent aulcung crédit pour s'entretenir et norrir, que cellui de lad' com"* et au payement tant des gardes establies, . . . que au payement des gages de M. La Roze, chirurgien prins par iad» com**, que norriture des sieurs pères Capucins», Il est « arresté que tant Blaze Moynier, Estienne, sa garde, et la femme d'icollui, que les enfans de feu le gallopin de ce lieu, la fillie de feu François Durand, que de feu Sauvaire Ailhaud, seront remis en cabannes, qui, ad ces fins, seront dressées aux despans de la com*" , . . . les plus sulfizantes qu'il se pourra, pour leur habitation, pour illec fère par les susnomés leur quarantaine. Pour la norriture de toutz lesquelz susnomés, ... la farine quy est au forestage dud. Blaze Moynier, à lui apartenant, sera convertie, par lui ou aultre soubçonné, ... en pain,

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LA. PESTE A RIBIERS. 289

pour estre icellui pain employé à la norriture de lui, dit Moynier, sa garde, sa femme, que des aultres sus- noinés, sauf aud, Moynier d'escompter avec lad" com'* , . . M" JeaE-Antoine Arnaud et Melchior Latil... sont pryés et requis d'acapter lad* charge (de faire exécuter ce que dessus), le plus dilligement que ce pourra ; . . . comme aussi a esté ordonné que les graogeages dnd. St-Aubei-t, suspectz et souhçonnés, avec le bestailh, avérage et beufz, seront nettoyés, puriffiés et deubment parfumés, au veu, présence et dilligence des susnomés depputlés et d'un desd. consulz, qui les adcîsteroat. . . Il sera esta- bly les gardes pour lesd. cabanues. >

il mars, n Ribiers, et dans la maison du sf Jeban- Honnoré Oontin, dans laquelle les sieurs pères Capucins babitent, estant en ce lieu pour subvenir les liabitantz, à cause du soubçon du mal de contagion : en leur présance, de nous Jean-Louis Pellegrln, cbastelain, s' Pierre Ma- guet et Anthoine Labory, notaire royal, consulz », et divers membres du Bureau de santé. Les consuls exposent que < M* Anthoine Arnaud, notaire et grefiîer de ce lieu, reffugîéà cause du soubçon du mal contagieux, s'éstant retiré au grangeage du s^ deRosset, à ce jour s'en est revenu dans le présent lieu,... toutesfois mal disposé et mallade, sans aucun advertissemenl préalla- ble ; et, pour estre toutes malladies en ce temps aoiib- çonneuses, a esté ordonné que led. M" Arnaud sera veu et ïisitté par M. Anthoine Gautier, dit La Rose, chirur- gien, et M. Passard, aussi chirurgien dud. lieu, s'il se treuve, en l'adsistance desd, sieurs pères Capucins et sieurs consulz, pour, leur rapport ouy, estre proveu ainsin qu'il escherra. Laquelle visitte, sans divertir, a esté faicte ; et, par les susnomés, rapporté led. M. Arnaud n'estre attainct que de la goutte et mal de déflection, sur l'infirmité de la chutte qu'il avoytbeu, sans aulcun danger, ni mal comuuicable, ne flefTre ».

« Le 22« mars 1631, lesd. sieurs pères Capucins sont

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290 ANNALES DES ALPES

partis de ce lieu, pour s'en aller ; ainsia j'é notisse. Je suis soubzsigQé : Évesqi;k, secrétaire'),

23 mars, « à la maison coraune dud. Kibiers ». Pré- seuts : !e châtelain, les consuls, les admiulslrateurs de lad* maison commune, a Hz ont heu advertissement qu'il y a ung régiment et aultres gens de guerre eu la ville de Maoosque, qui doibt venir, se soir, coucher à Peyruis et villages circonvoisins, et d'illec a vune routte en ce lieu, et après à Orpierre*),.. . et que ad ces Ans, ung cappitaine estoit parti, ce jour d'iiuy, dud. Sisteron, pour aller quérir l'attache de M. le Premier Présidant de ceste province'), en absaDco de Mgr le Gouverneur') ; est qu'il treuveroint bon de fère partir en haste un mes- sager à Mgr le Marquis, pour en estre, par sa faveur et de Mgr de La Motte, examptés, s'il se peult, et de la suitte que tel logement pourroyt tirer, des autres gens de guerre qui sont encores en Prouvance. . . Leur a esté signifflé commandement, à la part et requeste du s' de Beauregard, lieutenant au fort de Barrai^), do lui payer, comme cessionère du s' Tomay, recepveur des Esleus'), la some de 278 1. 15 s. pour la part consernant au présent lieu de la tailhe de 54 I. 7 s. pour feu, pour raison de quoy la com" peult souffrir de grandz frais. . . Il est deub son sallaire au s'' La Roze, chirurgien, à raison de 13 escus par moys, de son service dud. estât, suivant les convantions ... Hz ont faict fère six cabannes des atx (planches) pour le logement des gens, au tans des soub-

*) Celle Dolc so trouve en tète de la d£Ubéralloii du 5 Uyt: 1631.

'j Chef-liou de canton do l'arr. de Gap.

') Claude Frère, flU do Glraod, do Valencn, premier président du parlcmuDl de Oi^noblu dËs 1615, mort en 1641 (cf. Rochas, Biogr. du Dauph. 1, iOl-3].

*j Louis de Bourbon, comte do Svissons, fils unique de Cbarles, nommé, jeune eocore, gouverneur du Dauphino (1612), ot ù la place duquel Franeois do Bouau Ac Ci'équi ailmiDistrail la province. Sa mort arriva en 1612 (cf. Le Quien do La Nouriilic, Hiit. des Davphins, 1761), t. Il, p. 300].

■) Bairaui, Isère, arr. de Orenoblo, canl. dn Touvet.

^ Claude Tornay était receveur eotiimis de l'électiou de Oap.

Digilzedt.GoOgle

LA PBSTE A BIBIBRS. 391

çonnés infaicts de peste et contagion, du costé St-Aubert et leur garde, ayant acliepté les aîa; à raison de six sols le pan, pris comuo du lieu ... Ils croyent estre de besoing establir eucores des gardes pour iceulx... Ils ont em- prunté, tant pour la norriture des sieurs pères Capucins, qui ont esté eu ce lieu, durant la fièvre, à cause de lad* malladie, ensemble pour payer les vaccaLions des sieurs Ciiarognier, médecin, Sigoia, adjoint, s"" Urban et M' Joanis, chirurgien, pour la visilte qu'ilz firent, l'Iiors de l'entrée et soubçon de lad' malladie, et, après, pour le recomencement de l'entrée... Lad" corn'* fault que main lève, tant pourlanouriture desd. pestiférés, aulcungz d'eux, que pour leurs gardes et gages. Sur quoy, a esté conclud... qu'il sera envoyé à Grenoble, à Mgr le Mar- quis, pour tâcher, par son crédit et faveur, et de Mgr de La Motte, d'éviter led. logement, ayantàcest eflfaict depputé le s' Marc Saisse, aux gages de :{0 solz pour chascung jour, soubz la promesse qu'il a faict d'aller en haste, nuit et jour, pour devanser led, cappitaine qui va demander l'atache, . . S'il se peult, lesd. s" consulz feront rechercher de treuver de grains quelque quantité, ponr subvenir ausd, nécessités et affaires de lad* com'« ,... ' et, ceppendant, s'ilz treuvenl, emprunter ;.., et, pour raison de ce que lesd. cabanes peuvent monter, soyt pour le pris des ais, voiture d'icelles, exlruyture, que paille et vaccations, il en sera fatct compte par lesd.

COQSUlZ >.

24 mars- t Suivant l'advis donné par le s' Faure, consul de la ville de Grenoble », à la suite des lettres adressées, portées par Marc Saisse à Mgr le marquis de Bressieux, Mgr de La Motte que au lires », il est envoyé aud. consul Faure * 4 pislolles d'Espagne, qu'il dit avoyr payés, pour avoir l'ordre de deslogement, et routte que les soldatz qui passotent en ce lieu, et y estoient, debvoient tenir »,

Âpres cette date, il n'est plus question du mal conta- gieux dans les délibérations communales de Ribiers, P. Guillaume.

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MÉLANGES

LES FAMILLES FAREL, OLPHE-OALLIARD ET MUTONIS

ET LE DIOCÈSE DE QAP EN 1572, d'après QUELQUES ACTBS DE NOTAIRES

{XVt* SIÈCl^).

Les documents divers analysés ci-dessous se rappor- tent surtout à trois familles Gapençaises, qui ont joué un rôle considérable, au XVP siècle, dans notre région et ailleurs: la famille Fare/, à laquelle appartienne réfor- mateur Guillaume Farel (né à Gap vers 1490, mort k Neu- châtel, en t5^) ; la famille Olphe-Oalliard, dont un des membres les plus distingués, M. Léon Olpbe-Galliard, a légué naguère au département des Hautes-Alpes sa biblio- thèque scientifique et sa collection ornitliologique ; la famille Mulonis, Moton ou Mouton, qui, de pore en fils, durant plus d'un siècle, a donné des notaires à la ville de Oap, et dont les minutes, déposées récemment aux archi- ves départementales des Hautes-Alpes (1885-88) , par MM. Léon Bertrand, Jean-Dominique Laty et Ferdinand Bertrand, notaires, sont actuellement inventoriées.

Ces documents ne comprennent pas moins de 115 volu- mes, registres ou liasses, d'un véritable intérêt historique et généalogique. Leur analyse a fourni, à l'impres- sion, 248 pages in-4°, sur deux colonnes. Les extraits qui suivent donneront une idée, bien faible il est vrai, mais exacte, de ce que l'on peut trouver dans les minutes des notaires Mutonis, et aussi de la manière dont ces docu- ments sont inventoriés.

Nous faisons suivre le tout des extraits d'un mémoire envoyé à la Cour par le clergé du diocèse de Gap, en 1572, et d'autres mémoires de la même date. Ils font connaître

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l'état du pays au lendemain des événements déplorables dont il fut letlit'iltre en JÂ362 et en 1567, événements qui devaient, peu après, en 1577, se renouveler avec plus de violence encore').

P. a.

V Documents divers concernant la famille Farel.

(1513-t5S8]

Reconnaissances, à la requête de Jean-Galiriel Farel, effregii viri domf Johannis Qàbriellis FarelU, decrelo- rum baccallarium (sic) in aima universUale Avinio- nensi actu sludeniis, inclictique aposlolici coUcgli de Rivière jam dicle civitatis Avinion. collegiati, civila- tis Vapinci oriundi, modernique reclorls cappellanie in ecclesla calhedrali prelibate civitatis Vapinci per con- dam bo. me. R. P. D. Dragonelum de Monte Albano, episcopum, sub tiluilo SS. Oeraldi et Paulî, episcopo- rum, fundale, erecte et dcseroiri ordinale, presentis. Jean Féri^oud [Fereaudî\, prélre de Gap, tuteur de Claudie, sa nièce, reconnaît un jardin, sis en Camargues (in Camargiis), dojà reconnu, le 15 juil, 1488, entre les mains de feu François Farel, notaire de Gap, aïeul du susd, Jean-Gabriel (m maniliiis /ton. condam viri maglsiri Franciscl Farelii, noiarii Vapinci, avi palerni dicti dom' rectoris), sous la censé de C gros. Gap, in apotheca scribanie lion, viri magistri Anlhoni Farelii, notarii. Tcm. led. Ant. Farel et Jean Columbi, dit Jouanasson : Ant. Filholli. clerc de La Vallette (de Val- ;f?ffa), mandement de St-André-en-Bochaine, not. substi- tua dud. Ant. Farel, secrétaire du chapitre, supradicti hon. viri magislrt Anthonii Farelii, ven' capiluU ecclesie cathedrûlis Vapinci notarii et secretarii, vice-scriba et substiluto, avril 1513 ; Jacques Fabri, de Gap, un jardin, au mfime lieu, reconnu, le 23 janv. 1487, entre les

'] Inventaire lies Archiecs des Ilaute>-Alpes, série G, 1628, 1039 IGIO ol 1G*2 ; t. IV (en cours d'impression].

Annales des alpes, 1897-98. 20

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294 ANNALES DES ALPES.

mains dud. François Farel. Tém. Jacq. Tibaud, cha- noine, et Isnard de Chapan {de Chapanis), de Gap, id.; Jean Fabrl, marchand, un jardin déjà reconnu par lui, le 24 janv. 1487 (François Faret, not.), confr. lejarJin dud. Jean Fareeudi, prêtre. Tém. Daniien Bovaii, mar- chaad, et Ant. Bottait, not,, oncle et neveu, et Ant. Robert, 12 avril 1513; Jean Varcie, cordonnier de Gap, un jardin, reconnu le 19 juil. 1488 (Franc. Farel, not.). confr. du midi jardin de Catherine, veuve de Barlhci). Combassîvo, dit Nycolcla. Téra. Ant. Bemoin, not, et Pierre du Pré {de Prato), id.; Honoré Davin- Chambon, jardin, ib(d. Tém. Gaspar du Villar (de Villa- rto) et Laurent Ghave, id.; Laurent Ghavn ; Pierre Ouilmaud ; Claudie, veuve de Jean Guimet, alias de La Pluma; Guîl. à' Astreiigne (de Ai^slra Vigna), do Gap, id., 12 avril 1513 ; Jeanne, fille de feu Pierre Golli, id.,

19 avril ; Michel Chabrand, jardin juxla iurrtm Camargîarum apede, juxla lier publicum sioe reaile a solis oriUy juxta (1er vlcinalle a capi/e el juxta ortum Eynm^di Spie ah occasu. Tém. Jean Corbière, Franc. Laydet, de Sisteron, et Gaspar du Villar, clerc de Veyûes,

20 avril ; Nicolas Bumat. id. Tém. Louis de Chappanis, de Gap, 22 avril ; Pierre Manenc, do Savine, résidant à Gap {Petrus Manengut, Savine, cioitatis Vapinci], id., 23 avril 1513, Transaction entre Jean-Jacques Faret, chan. créé de Gap (ven. d. Johannem Jacohi (sic) Farelli, canonicum crealum), recteur de la chapelle des SS. Giraud et Paul, d'une part, et Ant. Majoris, pâtissier, d'autre, au sujet d'un appel devant la cour métropoli- taine d'Aix, à propos d'un jardin sis k Camarguos : Ant. Majoris payera aud. Farel la moitié des lods et des arrérages dus ; Franc. Armand, not. Gap, 24 févr. 1531 Noël). Investiture dud. jardin donnée à Ant. Majo- ris, par led. Joltannes Jacobi Farelli, ul recior predicte cappellanie. Tém, Georges Calhie el André Flourff /oK.î), de Gap; Franc. Armand, not. Aclum Vappinct, in appo- tfieca domus doclallt.t honnorabiUum vi}'orum magis- trorum Gauchcri cl Claudi Farelli, frairum ipsius

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domînt /ofiannis Jacobi Farelli, 24 févr. 1531 . Recon- naissance duil. jnrdin par Ant. Majo>'is à Jean-Jacques Farel {dom" Jo/ianni Jacobo FarelU), sous la censé d'un 11. et de 2 radlces alhiorum, conrormémentà la recon- naissance faite à Gabriel Farel (d'> Gabrietli Farelli), alors recteur de lad* chapelle, par Michel Cbabrand, le 20 avril 1512 (Gap, 24 févr. 1531). Suit la reguôte au juge de Gap, par Nicolas Pons, prôtre, recteur de 4 chapelles, pour obtenir divers extraits des minutes de François Armand. Accordé, H déc. 159&. Requête au Parlement par Jacques et Pierre Roy, Jean Blanc, Pierre et Cathe- rine Flour, et autres, afin d'obtenir la liquidation des frais faits au procès intenté en 1535 a contre Denis Vanaret, Jacques, Barth. et Jean Pons, Barth. Barsoullet, n. Gaspard de Varey, m' Jacq. Parât, Arnoulx Charles, le sindic et chanoines de L'esglise N.-D. de. . . Gap, nobles Jean Abond, Gaucher et Claude Farel, Arnoulx et Ant. Petict, Gérosme Vachier, noble Bernardin Poncet et Ant. Queirel », ou leurs héritiers, possesseurs de leurs biens, suivant arrêt du 30 juin 153ô(2âoct. 1588), etc.

2' Famille Olphe-GalUard.

(1545-1587)

Prix-fait, par «m" Anth.Olphi-Gaîlhard, procureur patri- monial de MgrM''deOap »<), assisté de m" Âynard Gautier, juge de Gap ; « Règne d'EscolHers, escujer, s' do Laboul- ley, maistre d'hostel dud. s^ de Gap » ; Gaspar Finète, chan. de Gap : de cuire « le pain de l'aulmosne accoustu- mée d faire par mond. s' de Gap », le dimanche et le jeudi, du présent jour à la fin juin, à condition que led. boulanger rendra 280 livres de bon pain, bien cuit, pour chaque charge de méteil, mesure de Gap, sans autre salaire. Gap, 4 cet. 1545. Quittance de 15 écus d'or à Gabriel Olphi-Oalhard, de Gap, par Jean Fleur, de

1] Gabriel do Clei'moat, évéçpic de Gap de 1527 à 1568.

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296 ' .asnalesJdes alpes.

Poligny, au nom de Jean Boyer, son gendre, du Noyer, pour prix d'une jument et d une mule ; Gilles Charles, not. de Gap, 20 nov, 1515. Quittance réciproque et générale donnée à « aire Gabriel Gailhard, au passé consul et, après, procureur de la communauté de Gap u, par « Bonaventure Davin, Jacques Burle et Dominique Mane, cousulz », Jacques Vernilles, chan. créé, Jean Michel, Benoit Gellin, Pierre Baysson-Cappellan, Ant. QallabruD, Pierre Philibert, Jean Bosse et Guil. Trignon, députés de lad* communauté. Tém, Sébastien Cugnet, congreffîer épiscopal ; Chérubin Bambaud, not-, 28 cet. 15&2. Bequôte au parlement de Grenoble par « Gabriel Olphi-Gailhard », de Gap, en faveur de « Jacques Olphi, son filz », au sujet de certains excès commis par « Pierre Olphi-Gailhard, dud. Gap, contre led. Jacques «et que, interîn, luy et sa famille et domestiques feussent mis en la saalvegarde du Roy et lad* court, afiin que ses parties adverses ne les doumagasseat on leurs personnes et biens » ; ce qui lui est accordé. Le 8 juil. 1554, défenses sont donc faites « à Pierre Olphi-Gailhard, sa partie, m* Anthoine Olphi, son père, m" Gaspard, Jacques et Anth. Olphi, ses aultrcs fils, de ne molester led. Jacques Olphi, son père, et domesticques, en leurs personnes cl biens, sur peyne de cent livres. En raespris d'icelles, . . . et pour monstrer toujours leur maulvais volloir,.., du mccredl 11 juil., en plaine audience et icello tenant m* Gaspard Buisson, juge ordinère de la cité,... sans qu'il heust rien à faire avec led. m* Anth. OlpM-Gailliard, qui illec estoit avec ses quatre filz,. . . led. ra« Ant. OlpM- Oailhard.avec collôre et on grande fureur,.., se seroit mis à crier et proffércr à haulte voix plusieurs parotles inju- rieuses contre led. Gabriel ... et, entre aultrcs, luy dire : B va grand fol baboyen, tu n'es qu'un fol et ton filz, aussi grand pendart », et aultres parolles difîamatoyres ; , . . et auroit fait telle crlerie, en lad» audience, que led. m^ Buisson, juge, auroit esté contrainct faire commande- ment aud. Ant. Olphi do sortir... Encores led. Ant. Olphi, mula mnti.v acunuiUanUo, quant le suppliant s'en

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MÉIANaES. 397

sortoit, se seroit mis à oultraiger et menasser. . . icelluy Gabriel », dont il demande réparation. Grenoble, 31 juil. , 1554. Autre requête au Parlement par « Gabriel Gal- bard, tant à son nom que de M* Jacques, son û\z, curé de l'église perrochiello de Gleysil », contre Gaspar Bovat, not. de Gap, qui, le 10 nov. 1559, en la rue publique et au-devant leur mayson, à la rue appellée la rue Droicte dud. Gap,... avec grand collôre et furenr,. . .leur disant : B Meschantz héréticques larrons, à loy parle mon beau- père (parlant aud. Gabriel Gailhard. . .). Il mo coustera cent escutz et tout mon bien et après ma vie, ou je te désolerey toy et les tiens ». El, despuys, s'adressant aud. m." Jacques Gailhard, . . . luy disant par telz propos : « Te veulx-tu aller tuiir avec moy hors de la ville » ; luy pré-*" sentant par tel moien le combat, jaçoyt qu'il soyt desfen- du par esdit royal. Et, en oultre, par la haine concene par led. Bovati contre lesd. suppliantz, que a' en mariage une Qlhe dud. suppliant, auroit dict;... «Le père de ma femme m'a voilé et faict perdre une cure, mais sa filhe [parlant de sad° femme) le achepteroyt hien cher, et luy donneroyt ung congé de Gascon, .. -a; tellement que icelluy Bovat a si bien procédé, et maltracté et batu sad^ femme, qu'elle s'en est affoUée d'ung enfant, à son très grand préjudice, au moien de quoy, elle a esté en matla- die, en dangier d'en mourir. .. Et si auroyt dict icelluy Bovati que, si sad» femme faisoit cent enfans, qu'il ne permectroyct que ung en fust porté à l'église pour estre baptisé, au très grand escandalle à tous ceulx qui ont pen ouyr tenir telz propos hérétiques et contre les sainctz commandemantz de l'Église : de quoy en est le comnng bfuict par la ville dud. Gap, disant que ce n'est que ung abus de faire pourter les enfans à l'église pour les faire bapliser ». L'avocat général Borel, sous prétexte que a la matière n'est privilégiée, pour venir recla séans », ren- voie le plaignant devant le juge ordinaire. Grenoble, 12 déc. 1550. Pièces d'un procès, devant le juge de Gap, pour « Jacques Gallard, régent de Gap, fllz à feu Antbo>iiQ », contre « Jacques Gallard, fils à feu

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298 ANNALES DBS ALPES.

Gabriel », de Ciap, accusé d'avoir séduit, en mai ou avril 1563, à Corps, Hélène Varcie, de Voiron, femme de Jean Faure, de Valbonnais, alors qu'il était prisonnier, atid. * Corps, du « cap' La Tour, qui demeuroit en garnison aud. Corp », lequel l'avait « fait prisonier en Terre d'église ». Déposition conforme de lad* Varcie, qui dit avoir envoyé l'enfant, appelée Jeanne, à son père naturel, à Gap, auprès de la Bocherie » ; Jean-Benoit Moton, notaire, substitut de Jean Moton, son père. Lazer, 13 mai 1564. Mandat d'arrêt contre Jacques Gaillard, Qls de Gabriel, par le procureur d'office P. Girard, 18 mai 1564. Enquêtes, à ce sujet, faites h Lazer, le 2 juin, et à Corps, par ordre d'Ant. Roux, « escuyer et sgr des Praux, châte- lain du mandement de Corp » (30 oct. 1564). Lettre écrite par Jean Maréchal, écuyer, de Corps, à son cousin, cap» Jacq. Gailhard, fils d'Antoine, lui disant qu'il n'a jamais babité en sa maison, « et quant au cousin Jacques Oalhard, vostro cousin, je ne say s'il y a part, no si elle le luy a donné. . . Elle devret en charger son mari, car elle a esté à Vaulbonni^s par deux foys durant le temps »■ Corps, 14 mai 1564. Ordre à Jacques Gailhard, fils de Gabriel, de Gap, de se constituer prisonnier a dans la maison épiscopale > : il proteste qu'il n'est pas justiciable de l'évéque de Gap, étant « vi-châtelain de Montalquier pour le Roy i, 23 nov. 1564. Verbal d'après lequel led. J. Gailhard, Qls de Gabriel, < treuvé en personne à Gap,.. . par la résistance et rébellion », n'a pu être arrêté, 19 mai 1565. Requête par J. Gailhard, fils d'Antoine, c régeant et couder » de l'évoque de Gup, au « ballif de robe courte ou son lieutenant », pour avoir a ayde et main forte de vous archiers », contre les rebelles et les criminels (8 avril 1565). Ordre, de la part de Simon Davin, juge d'appel de Gap, de citer J. Gailhard, fils de feu Antoine, pour se justifier des accusations portées contre J. Gailhard, fils de Gabriel, appellant, 22 nov. 1564. Protcslalions par J. Olphi-Galhard, fils de Gabriel, contre la prise de corps exécutée contre lui, sans mandat régulier, par « Estienne d'Avenes », qui prétend avoir

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HiLANQBS. 389

perdu le mandat d'arrêt (30 août 1566). Partie d'une procédure faite à Oap au sujet d'une rixe entre Jacques Gailbard, fils de Gabriel , et Pierre Vîllar, de Gap, dans laquelle ce dernier fut blessé à la tête, et ce, « pour raison de certain glas (glace) que led. Jacques poussait en la rue », le 12 févr. 1567. Sont entendus : Hugues Lan- telme, médecin, 52 ans; Arnoux do La Maison, fils de Jacques, cordonnier, 30; Bonaventure Cathelan, fils de feu Jean, 23; Catherine Clément, femme d'Honoré Bar- ban, 18 ; Madeleine Angles, veuve de Jean Cathelan, 50 ; n. Amoux d'Orsière, « dict capp» Orsière », 60; « Antho- none Plate, femme à m* Est. Barban, net. de Gap », 22 ; Catherine Souchon, femme d'Ant. Buysson, 22; Cathe- rine Dalmas, femme de Louis Davin, 25; « Claude Boni- varde, femme à Arnoux de La Maison, dict Carquel, cordonier de Gap » , 20 ans. Gap, 13 févr. 1567. Mémoire sur les i droictz que pourriont advenir à Gabriel Gailhard, sur les biens et héritage de Jehan Piard, filz de Jacques > : Gabriel Gailhard fut l'héritier de Madeleine Artaud, « grand'mère dud. Jehan Piard » et mère de Jacques Piard ; Gaucher. Piard est le grand-père dud. Piard ; Catherine Martine!, mère dud. Jean Piard. Or, Madeleine Artaud a emprunté 132 fi. à Gabriel Gaillard, etc. (sans date). Mémoire contre Jean-Benoit Moton pour a Phelise Christofle », femme do feu Gabriel Gail- hard,parent dud. Moton, au sujet d'une dette (29 oct. 1587), etc.

J* Succession du notaire Jean Mutonis. (iwi).

Mémoire pour t Jean-Benoit Moton » contre Jeanne Carlot, an sujet de l'întérinement « des lettres royaux » par lui obtenues. 11 se déclare de la religion qu'on dit Refi'ormée », et demande, en vertu de l'art. 33 de l'édit de Paix, d'être relevé des délais et prescriptions « qui auroient peu corir contre luy durant les troubles et

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300 ANNALES DES ALPES.

puys le comiuancement d'îceux, qui fut au moysd'octobre 1567». Il n'a accepté l'héritage de son père «qu'avec béné&ce d'inventaire s, suivant acte du 26 nov. 1567, adans dix jours après la mort de feu m" Joan Moton », son père, qui dÉcùda le 17 novembre. Il « soubstient que, puys la St-Michel (2)* sept.) 15ij7 jusques au moys de sept. 1568, ceux de lad« Religion auroient tenu, à main armée, la vile de Oap, dans laquelle et lieux circonvoisins auroient commandé durant led. temps ; durant lequel, tout comerce auroit cessé en la ville de Gap, les cours et audiences serointesté fermées, et les magistrats (mesmes voua, MonsMejuge ordinère,) se seroint absentés, â tous le moings ceux qui auroint peu sortir d ; par suite, il n'avait pas pu « fère les cries et proclamations requises pour la confection de tel inventaire», d'autant que les créanciers deson père auraient « peu direqu'ilz n'estoient tenus comparoyr en la vile do Gap, pour ne y avoyr seur accès pour les occasions que dessus. Dict aussy que, du moys de sept. 1568, ayant lesd. delà Religion abandonné la vile de Oap », il fut contrainct, non seullement s'abs- center de sa maison et vile de Gap, mais encores des terres du Boy. Il auroit demeuré absent jusques au mois d'octobre dernier passé, que l'éédit de paix fut publié en ce païs ». Il ajoute : « Si M. le vibailly estoit en la vile de Gap, il estoit comme esclave et prisonnier, ayant esté blessé, et, par ce, n'estoit disposé pour bailler conseil, joinct qu'il estoit et est conseil de lad« Cariote ». Chaque jour, H les gens de guerre, d'ung costé et d'aultre », fai- saient des courses dans les environs (17 mars 1571). Mémoire par Jeanne Carlot contre Jean-Benott et Fran- çoise Moton, frère et sœur. Led. Jean-Benoit Moton, en 1567-68, se retira, dit-on, à Ventavon : il était alors, et depuis plus de dix ans, greffier et procureur aux cours du bailliage de Gap (3 oct. 1571). Nouveau mémoire pour J.-B. Moton. Quand son père mourut (17 nov. 1567), il n'habitait pas avec lui, « ains tenoit maison h part, avec sa femme et enfans ». Alors, «ceux delà Religion qu'on dit Kefformée tenoint à main armée la vite de Gap,

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MÉLANGES. 301

au moyeii des troubles lors survenus *. 11 fut obligé d'aban- donner lad* ville, « d'aultant qu'on l'auroit battu et blessé dans Icelle jusques à effusion de sang, et menasse luy fère pis, comme l'on beusso fait, s'il ne se fût abscenté a. En sept, 1568, quand les Réformés sortirent « do Gap et pais de Daulphiné », lui-même «auroit abandonné led. païs do Baulpbiné, d'autant qu'il estoit et est de lad« Religion; et que, puis led. despart jusques aprôs la publication de l'éédit de paix, ceux de lad* Religion n'avoint seur accès on ce paîs du Daulpbiné, et moingz dans lad* ville de Gap... Mesrae que, lors, les catboliques n'avoint seur accès dans lad' vilo ». Le 27 oct. 1570, il a passé un compromis avec lad' Carlot » (11 oct. 1571).

État du diocèse de Gap en i572.

Assemblée du clergé diocésain au sujet des < patentes de S. M. tendant à la levée de quinze cens et tant de livres s, soit 1.581 L, avant le 15 oct-, lesd. patentes * données au chasteau de Bollognies le 18« jour du moys de juins 1572 », et suivant lesquelles le « diocèse de Gap se trouve exlraordinôremant cottizé, voire plus de la moitié qu'il ne devroyt, car le diocèse de Grenoble est en décimes à 8.244 1. 10 s. 5 d., et, aud. oultre-plus, n'est que à la somme de 897 1. 17 s. Et, toutesfoys, led. [diocèse de] Gap, que n'est en décimes que à 7.640 1. 18 s. 10 d. et sic, moingz que led. diocèse de Grenoble et, aud, outre- plus, sa" cotte estant à lad« somme de 1.581 1. 12 1. 9 d., qu'est beaucoup plus et presque de la moytié que lad* diocèse do Grenoble ». Lo « dioctse d'Ambrun est en décime à 4.031 1. 15 s. 11 d. et aud. oultre-plus à 679 1,4 s. 2 d. La dioci''se de Dye est en décime à 4.3841. 8 s. obolle, et aud. oultre-plus à 0231. 10 s, 4 d. Celle de St-Pol est en décime à 901 1. 7 s. 5d. pite, et aud. oultre-plus, à 78 I. 8-, dont résulte ung évidant équivoque aud. diocèse de Gap et qu'il a esté par trop tauxé », etc. Présents : Et. Perret, vicaire général, Guil. Baile de La Tour, prévôt et chanoine, Benoît lîurgaud, Baudon Garcia, chanoines,

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302 ANNALES DES ALPES.

Guil. Simeaud, prêtre de VitroUes, commis du clergé, etc. Gap, maison de Guil. Putod, « se tient n. et vén. M. Guilh. Baille de La Tour », 27 août 1572. « Mémoy- res à M"^ Françoys Roy, commandeur de St-Laurens, ordre de St-Anthoine en Viennoys », en suite de l'assem- blée du clergé du diocèse de Gap, du 18 déc. 1572, à pro- pos des très closes de S. M. envoyées au s^évesque en datte du 11» nov. aud. an, pour avoyr de luy et dud. clergé une procure portant consentement et approbation de ce que sera adressé par Msgcs ill""" cardinaux de Bor- bon et de Guise, et autres prélats estant près de sa per- sonne » à Paris : « Dez l'an 1562, led. diocèse de Gap fut des premiers envahi'), prins et occupé par forme d'hostil- lité par ceux de la P. R. P., lesquelz par ce moyen jouy- renl des biens des ecclésiastiques dud. diocèse, et iceux vollarent et saccagèrent en ce qui leur vint à rencontre, par l'espace de deux ans, et ainsy prindrent et se saisi- rent de tous et chascuns les joyeaux, ornemens et cloches de leurs églises, ensemble de leurs livres, papiers, docu- mens, instrumens et recognoissances concernant les droictz, devoirs et revenus à eux deuhs, si bien que, depuis led. temps, au moyen de lad<' perte et saccage- ment, ils sont en arrière de leursd. droits et revenus, et n'en peuvent avoyr aucune raison, non pas seullement des dismes à eux deubs, moings tirer leurs débiteurs en justice, par la faulte desd. documens et recognoissances. consistoit le principal bien des bénefBciers dud. clergé de Gap. Despuys, aux secondz troubles, qui survindrent en l'an 1567, lesd. de la R., continuant leur première desfance par le moyen que dessus, achevèrent de rompre et démolir toutes les églises dud. diocèse, et notament l'église cathédralle dud. Gap, avec les maisons dud. cha- pitre et aultres appartenans au corps uny de lad" église furent ruynés de fundz en cumble, et reduitz piteusement à un monceau do pierres, comme de mesmo a esté faict aux conveus do Sainct-Dominique, Sainct-François, Saint- Anthoyne, Sainct-André, Saint-Avey et la conmanderio

') Voir G. IIGO cl liW. Cf. V Introduction du vol., p. xv.

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rie Saint-Jean de RoJgs'). De sorte que lesd. clianoynes et auUres ecclésiastiques, tant réguliers que séculiers desd. cathédralle et aultres églises conventuelles de lad" vile, ensemble les bénefflces des aultres églises du diocèse, à lad° occasion, sont contrainctz de fère l'office et service divin en de maisons profanes et lieux particuliers de lad" vile et perroisses dud. diocèse, n'ayant moyen ne 'pou- voyr de réédiffier aucune desd. églises, et moingz d'avoyr ornemens et cloches pour led, service, causant l'extrême povreté à laquelle lesd. bénofficiers dud. clergé de Gap sont constituées aux occasions susd. et pour faulte d'estre poyés de leursd. droictz, dismes, devoyrs et revenus, ainsy qu'est dit ; joinct une infinité de surcharges, gran- des et immenses dépenses que lesd. du clergé ont porté et soubstenu, portent et soubstiennent encores, tous les jours, despuys led. temps et douze années en çà, tant pour les impôs faictz par S. M. que auUres talles particulières falotes parle pais, auxquelles led. clergé do Gap et son diocèse sont contribuables et contraintz; oultre lesd. grandes ruynes qu'ilz ont enduré pour l'injure des guer- res, si bien qu'il ne leur en demeure aucune chose pour avoyr moyen de vivre. Tellement que lesd. du clergé, causant leur extrême povretlé à eux pour ces cas adve- nue, en use grande partye. sont contrainctz abandonner et quitter leurs bénéfices, pour n'avoir moyen de vivre, servant iceux. Et si ont, oultre ce que dit est, ù remontrer comme, despuys le temps que l'oultre-plus des décimes dud. clergé a esté accordé à S. M., ils se treuvent avoyr esté cottisés en icelluy et contraintz au payement par plus la moytié qu'ilz ne doivent, heu esgard aux diocèses circonvoysins dud. Gap et à l'équipoUent de ce qu'elles payent, tant en décimes que aud. oultro-plus, et faicle allusion ou comparaison de ce; dont résulte ung évident et doumageable équivoque pour led. clergé de Gap ... A. ceste cause et par aultres raisons que led. m" Françoys Roy pourra excogiter ot résouldre, avec les aultres comis

*) a. G. 149y. ut Bull. Soc. d'étud. des Iltei-Atpa, 1886, p. 59, n" 6.

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304 A«NALES DES ALPES.

des clergés de ce pais et de ceux qui auront pareille négotiation, sera son bon plaisir porsuyvre, par-devers S. M, et aultres qu'il appartiendra, les provisions néces- sères aud. clergé de Gap pour le poyement et recouvro- menl de leursd. droictz, décimes, devoyrs et revenus ; et, par mesmo moyen, obtenir déclarations de S. M, sur ce, comme les provisions qu'il luy avoit pieu accorder ausd. du clergé pour le restablissement de ce que dessus, com- me l'on dit, n'ont sorty aucung effect, ains leur sont demeurés infructueuses, pour n'en avoyr jamés veu aucune chose. Et quant aud. équivoque, verra de le fore réparer pour l'advenir, et avoyr provision pour le recou- vrement de ce que par ce moyen seroil esté excésivement poyé, suyvant losd, mémoyres ». Signé ; « P., évosque de Qap, Guilhaume de La Tour, Burgaud, M. Armand » (i572).

L'INTENDANT D'ANGERVILLIERS

ET MURAT, MAIRE DE GAP.

Parmi les lettres formant le tome III de la Correspondan- ce (les Contrôleurs-généraux des finances avec les Inten- dants des provinces, qui vient de paraître, il s'en trouve une de M. d'Angervilliers, intendant en Dauphiné, qui a quelque intérêt pour l'iii-stoire de la ville de Gap, et c'est pour cela que nous croyons devoir la donner ici :

5 rdrrïer 1713. « Le sieur Murât, pourvu de l'ofSce de maire alternatif a de la ville de Gap, est accusé de plusieurs mauvaises (I manœuvres dans le logement des gens de guerre et les t revues qui concernent la fourniture des étapes. Cet « liomme qui est originaire d'un village du Languedoc « a été vu, sur cette frontière, vivandier, à la suite d'un « régiment. 11 a depuis tenu un cabaret à Gap, ot, ayant amastié 3 à 4O0O livres, il a acheté la charge dont il est « revêtu. Il arrive qu'aucun avocat ou habitant un peu

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l'intendant d'anqervilliers. 3(©

« considérable ne veut entrer dans les charges munici- a pales de la ville, par Vindisnité connue du sujet qui est M à la tète, et les intérêts de celte communauté, aussi « bien que ceux du Roi dans ce lieu de passage, qui est s très considérable, sont à la discrétion de ce personnage, « lequel, d'ailleurs, n'a pas la moindre teinture des affai- c res. Ces considérations m'ont porté à entrer dans les « propositions qui mont été faites, pour rembourser le s' (c Murât, Je joins ici un projet d'arrêt pour cet etfet, par « lequel vous verrez que la ville à un fonds tout prêt pour < y parvenir ». En note : < Bon «.

Communie ntion de J. H. Brun-Durand, memlire du Comitâ des tra- vaux historiques, à Crcst.

NECROLOGIE.

H, TAHIZET DE LARROQUE (Jacques -Philippe)

Correspondant de CInstUut,

Membre du Comllé des travaux historiques

et de nombre de Sociétés savarUes.

Apprenant par les journaux la mort, fort inattendue.de M. Tamizey do Larroque, je me fais d'autant plus uu devoir de consacrer ici quelques lignes à cet infatigable travailleur, qui était un homme excellent en nême temps qu'une des personnalités les plus considérables du monde de l'érudition, que, s'il appartenait plus particu- lièrement au Sud-Ouest par sa famille et par aa vie, qui s'écoula toute entière dans la petite ville de Qontaud en Agenâis, par l'ensemble de ses œuvres il appartenait au grand Midi, allant des Alpes à la mer de Qascogne, ou, pour mieux dire, était une gloire des pays de langue d'Oc, dont fait parlie le Dauphiné.

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306 ANK\LEâ DES ALPES.

Non content d'exhumer pieusement de la iioussière de l'oubli jusqu'aux moindres restes du passé de sa province natale, ce bénédictin laïque a poussé, en effet, le cliamp de ses travaux bien au-delà des limites de cette province. Car, il n'y a qu'à jeter un coup-d'œil sur la très longue liste do ses savantes publications, pour voir qu'il s'est occupé tour à tour, de VauleunleVIintiation de Jéstis- Chvlst et des poètes Agenais, de Mascaron et de l'auteur de L'Astrée. de la marquise de Flamarens et des Mazari- nades.du pèlerin gascon Philippe de Voisins, qui traversa les Hautes-Alpes enl490,etdujurisconsulte italien Pacius, qui mourut à Valence en 1035; enfin, décent personna- ges ou sujets différents, attendu qu'il n'en est guère sur lesquels il ne put dire quelque cliose de neuf, et qu'il l'a tantôt tant fait, qu'un de ces nombreux admirateurs a fait, il y a quelques années, une brochui'e intitulée Biblio- thèque Tamizéenne, rien qu'avec la liste do ses écrits. Or, combien cette intéressante liste s'esl-elle allongée depuis? et cela, non seulement de plaquettes ou de bro- chures comme, par exemple. Le 'maréchal de liiron et le siège de Goniaud en IHSO, mais encore de très gros volumes, comme la publication des Lettres de Jean Chape- lain, cette mine de renseignemeuts pour rhistoire litté- raire du XVII" siècle, dont les savantes et substantielles notes formeraient, à elles seules, un livre des plus curieux et des plus instructifs. Ce qui n empêche pas que l'œuvre capitale de M. Tamizey de I^arroque, est encore, et sans contredit, ce que je ne craindrai pas d'appeler l'invention de Peiresc, le mot invention étant pris ici dans le sens de remise en honneur, comme on le fait lorsqu'il s'agit de reliques. Car, s'il n'est pas douteux que lo conseiller au parlement d'Aix, qui s'appella Nicolas-Claude Fabri de Peiresc, fut un des hommes les plus remarquables de son temps Il580-t(i37), par l'étendue et ia multiplicité de ses connaissances, il ne l'est pas moins, qu'en dépit de la biographie écrite au lendemain de sa mort, par son ami et compatriote Pierre Gassendi, Peiresc était un homme oublié quand M. Tamizey de Larroque, qui avait alors déjà

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TAMIZEY DE LARROQUE. 307

recueilli quantité de niaténau:^ pour cela, reçut du Gomité des travaux historiques mission de publier sa correspoE- dance.

Or, on peut se faire une idi^e de l'importance de la lâche par ce fait, que la correspondance de celui que réminent adminisirateur-génôral de la Bibliothèque natio- nale dit être « un des plus nobles caractères qui aient illustré l'ancienne magistrature et l'un des esprits les plus cultivés, les pliis pénétrants et les plus avides de connais- sances >, comprend des milliers de lettres adressées aux. correspondants les phis divers ou reçues d'eux, et dans lesquelles il est question tantôt d'astronomie, tantôt d'his- toire naturelle, tantôt de géographie, tantôt d'antiquités, tantôt de littérature ou de beaux-arts, tantôt de droit ou de toute autre chose. Qu'il a fallu d'abord copier ces lettres, soit à la Bibliothèque nationale, soit à l'inguîm- bertine de Carpentras, soit à la Méjanes d'Aix, soit à Montpellier, soit ailleurs ; puis, les classer et grouper suivant leurs destinataires ou leurs auteurs, ensuite les annoter, et que le tout, appendices compris, doit former onze gros volumes in-quarto, de la Collection des docu- ments historiques inédits sur l'Itistoire de France; pins, vingt et quelques iascicules in-octavo formant une collection à part sous le titre de Correspandanls de Peiresc.

Entreprendre semblable publication à un âge relative- ment avancé, pouvait donc sembler téméraire de la part de M, Tamizey de Larroque, et cependant, tels étaient son enthousiasme pour Peiresc et sa puissance de travail, que, bien que frappé avant l'heure, à moins de 70 ans, il a déjà paru six des onze volumes in-quarto, dont le septième est sous presse, et dix-sept ou dix -huit fascicules in-octavo. Non compris que ses continuateurs n'auront problablement qu'à mettre en œuvre ses manuscrits, pour mener à honDes fins cette grande entreprise ; et qu'il est, par suite, permis d'espérer que la disparition du puissant érudit donc le nom est désormais inséparable de celui de Peiresc, n'empêchera pas l'achèvement du «plus beau

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308 ANNALES DES ALPES-

monumont qu'on put élever à la mémoire d'un amateur de génie, qui a largement contribué au progrés des counai-^- sances humaines et (jui a poussé jusqu'aux dernières limites la modestie, le désir d'obliger, la curiosité, le goftt du beau, la passion de la lecture et l'amour désintéressé de la science ».

En un mol, bien que M. Tamizey de Larroque n'ait pas réalisé le plus ardent de ses désirs, qui était de publier lui-même toute la correspondance de Peiresc, avant d'aller se reposer sous la pierre, qui doit porter pour épitapbe, suivant sont vœu : « Ci -gît un travailleur», cette publication ne peut cire maintenant compromise d'une manière sérieuse, à cause de son degré d'avance- ment ; et c'est une grande consolation pour ceux qui ne s'iniéressaient qu'à l'œuvre. Mais ceux qui s'intéressaient k l'ouvrier, regretteront toujours et bien vivement cet homme de baute intelligence et de grand savoir, avec cela modeste, d'un cœur excellent et d'une bienveillance rare, qui se peignait, sans s'en douter, le plus bel éloge qu'on puisse faire de lui-même, lorsqu'il disait d'un autre éni- dit : « Il est très bon parce qu'il est très fort », Quant à moi, je ne saurais oublier les témoignages non équivoques d'affoctueuso sympalbieetdecordi.Tleestime que j'ai reçus de M. Tamizey de Larroque pendant un quart de siècle; cela d'autant moins qu'on ne fait, hélas ! plus d'amis à mon âge, et ce qui me peine surtout, en présence de cette mort, c'est de savoir qu'un homme qui semblait pour être heureux, tant il était d'une philosophie sereine, estimant toujours qu'en tout il faut se fier à 0ieu, comme l'hiron- delle se fie au vont, a vu ses dernières années attristées par ce qui pouvait lui arriver de plus douloureux. Au mois de juillet 1805, alors que retiré dans une maison de campa, gne appelée, par lui, le pavillon Peiresc, il s'y reposait de ses campagnes « peirescionnos », le mot est de lui, en attendant les fêtes qui s'organisaient à Aix, eu l'hon- neur de son héros, un abominable incendie détruisit, en quelques heures, tout ce qu'il avait amassé do livres, de manuscrits, de gravures cl d'autres choses pareilles

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TAUIZEY DE LABBOQUE. 309

dans 93 maison de âontaud : « J'ai cm mourir de déses- poir», disait-il, enme faisant part de cette irrépable perte et, l'an d'après, i! m'écrivait encore : « Demandez à Dieu, pour moi, courage et consolation. Les travailleurs comme nous ont pour leurs livres une affection dont les profanes ne peuvent soupçonner l'étendue et la vivacité. Les livres sont pour nous des êtres vivants, qui sont les plus utiles des serviteurs, les plus précieux des amis. Vous avez dépeint d'uD mot, ce iju'a été, pour moi, la perte de ma bibliothè- que, en disant que c'était perdre une partie de moi-même ». Il ya quelque chose de plus touchant encore que le cri de désespoir du lendemain du désastre, car c'est la plainte résignée de celui qui s'en va, mourant de son chagrin, et cette plainte explique tout à la fois la vie et la mort d'un homme que j'ai beaucoup admiré et beaucoup aimé.

Plaise à Dieu qu'il se soit rencontré là-haut avec Peiresc, parce qu'il n'y a évidemment que cela qui puisse le consoler de la perte de ses livres.

J. Brun-Durand.

BIBLIOGRAPHIE ALPINE.

20. Blanc (Ahbé M.), d'OlUoales (Var). La vie et le culte de saint Clair, abbé de Saint-Maurice de Vienne (en Dauphiné). Toulon, 1898, t. I, in-S" de xviii-354 p., illustré de gravures dans le texte et de VI planches hors texte. Prix : 4 fr., chez l'auteur, curé de Néoules (Var}.— Le culte de S. Clair était très populaire avant 1790, et il est encore fort répandu en Dauphiné, Provence, Savoie et ailleurs. Pour nous en tenir à notre région seulement, S. Clair était, à Embrun, le patron de la corporation des maîtres tailleurs {p. 253). On connaît, en Champsaur, paroisse de La Pare, la source de St-Clair, qui coule près de la chapelle de N.-D. de Beauvert, ou mieux Beau- voir, Nosira Domina de Sello Videri, ainsi que s'exprime

Annales des âlpes, 1897-08. 21

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310 ANNALES DES ALPBS.

un document du 21 juil. 1609 [0. 1604} et que le rappelle justement M. l'abbé Blanc (p. 310 et 345). Ajoutons que, dans l'ancien diocèse de Oap, diocèse actuel de Digne, la paroisse de Melve était sous le vocable de N.-D. de Beauvoir {de Bello Videri] ou'de S. Clair, le 22 juin 1585 (G. 1317), et qu'on y conserve encore une relique authen- tique de ce saint (Blanc, p. 247). L'ouvrage que nous signalons, fruit de rectierches multiples et très étendues, peut être donné comme un modèle.

21. Caillet (Abbé), missionnaire apostolique, Rosans (Hautes-Alpes). La Aftne Évangêlique , ou trois cents plans oratoires suivis, puisés dans l'Évangile, avec indication des textes. Ouvrage approuvé et hautement recommandé par S. (1. Mgr Berthet, évéque de Gap. Lyon, Emm. Vitte. 1897, in-16 de 284 p. L'Évangile « est tou- jours la source la meilleure et la plus féconde de la prédi- ' cation n. M. l'abbé Caillet, bien convaincu de cette vérité, après en avoir fait lui-môme l'expérience, pendant le cours, déjà long, de son ministère apostolique, nous pré- sente, en quelques pages, la « synthèse complète de la doctrine évangêlique à l'aide du texte sacré ». Il groupe, sous un petit nombre de titres, a l'ensemble des ensei- gnements que renferme l'Évangile ». Quelques lecteurs regretteront peut-être que les textes cités ne soient pas reproduits. Mais il sera facile de les retrouver, grâce aux indications très précises qui accompagnent chaque article. D'ailleurs une table alphabétiiiue, bien comprise, rendra la recherche des sujets à traiter prompte et facile.

22. Chapuis (Abbé), curé de Tréminis, par Mens (Isèrel. Vie des saints du Dauphiné, 22 janvier, saint Bamard, arc/tevèque de Vienne (778-842), 1" biographie. Greno- ble, Vallier, 1898, in de 2G p. Si cette publicatiou se continue, comme nous le croyons, elle deviendra d'un réel intérêt. Que le docte auteur rite, sommairement au moins, ses sources, et le travail sera parfait.

23. CoMBA jEmilio). La sloria inediia dei Valdesi, na)Tata da Scipione Lentolo. Torre Pellice, typ. Besson, [1898,] in-S" de 17 p. L'auteur de l'Histoire inédite

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BIBLIOGRAPHIE ALPINE. SU

des Vaicdois éiait Napolitain, et, durant sept ans(155d-6ti], prêcha la Réforme dans la vallée d'Angrogne, Son Ms. [gr. iii-12 de 363 ff.) est à la Bibliothèque de Berne (u" 716). Il comprend surtout le récit des événements qui ont eu lieu dans les vallées vaudoises de 15B5 à 1561, et se divise eu 7 livres. Ce qui rend ce Ms. intéressant pour nous, c'est qu'il est précédé de plusieurs lettres originales, adres- sées par Jean Perrin, l'auteur d'une Histoire des Vau- dois (Genève, Ghouet, 1619, in-S"). ancien pasteur de Nyons (1606-22} et alors pasteur de Serres (1622-26), d'abord à Fenot, pasteur de Lulry {Serres, 4 janv. 1626), et à Chesler, pasteur de Gap (id.i, puis auD' Paul Len- ^oIo,médecinàBerne, tils du susdit Scipiou (Serres, 5 janv. 1626], toutes dans le but d'obtenir en comiuunication le Ms, du Napolitain LerUolo. Il ne semble pas que Perrin ait jamais réussi dans ses démarches. Crespin et Gilles, autres historiens vaudois, non plus, n'ont pas consulté directe- ment le Ms. de Lentolo. M. Comba se propose de le publier, d'autant qu'il contient peut-être l'histoire des Vaudois la plus ancienne : t forse la più antica », sinon la plus parfaite : elle est écrite en italien peu correct et mêlé de nombreux gallicismes. Elle pourra, toutefois, être utile à plus d'un titre.

24. Guide du Touriste dans le Briançonnaîs. Édité par la section de Briançon du Club Alpin Français, 1898 (Sens, impr. C. Goret, in-ie, 176-12 p.) avec 50 dessins, dont 20 hors texte, et une grande carte du Briançonnais, dressée par M. Turcan, agent-voyer d'arrondissement. Parmi les dessins, en couleurs variées, à signaler : Brian- çon et Ste-Catberine (avec des vues de la porte d'Embrun, la Grande Rue et la Gargouille, te pont d'Asfeld) ; l'obélis- que du Montgenèvre ; la muraille des Vaudois, les casca- des de la Blaysse, le village de Queyrières, le pré de Mme Carie, le glacier Blanc, Chasseurs alpins en recon- naissance, le refuge Lemercier, Ghâteau-Queyras, l'hos- pice du Lautaret, La Meije, La Grave, une crevasse sur le glacier du Mont-de-Lans, le plateau d'Emparis. Après une note importante, des avis indispensables et une pré-

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312 ANNALES DES AtPEB.

face ravissante, vient une notice historique, très précise, sur le Briançonnais, due aux recherches de M. Vollaîre, secrétaire de la mairie de Briançon ; un coup d'œil d'ensem- ble sur Briançon; l'énumération détaillée de 176 promena- des et excursions en Briançonnais; une série d'exemples d'itinéraires d'excursions de 1 à 8 jours; un précieux aperçu botanique par M. Vieux, professeur au collège de Briançon ; quelques mots sur la faune et un savajit aperçu géologique par MM. Pons et Kilian. Enfin des tables variées. En vente, à Briançon, chez M. Vollaire, libraire. Prix, 3 fr. 40.

25. GuiLLBuiN (Paul). Monsieur de La Boissière à la Grande- Chartreuse en juillet il 82. [Paris, mai 1898], in^" de 4 p. Tiré à 20 exempl. seulement. Détails fort curieux sur le célèbre monastère, l'ascension du Grand Som, les Chats des Chartreux « au poil gris bleuâtre », et l'expédition de 1763, t pour l'enlèvement d'un trésor à la Grande-Chartreuse >, par quatre coQjurés, armés de t 2 paires de pistolets, 5 ou 6 armes blanches, dont il y a encore trois sabres chez le Fourbisseur... » Il s'agissait < d'emporter plusieurs millions dans les poches ».

26. Meïer (Paul), membre de l'Institut. Les archives coiïimunales d'utie ville du Midi. Paris, H. Champion, 1897, 10-8° de 8 p. (Extr. de la Correspondance histor. et archéol.). La ville que vise M. Meyer n'est pas nommée. <( C'est une ancienne cité, colonie romaine, déjà mention- née par Pline, et qui est maintenant le siège d'une sous- préfecture » et qui, jadis, fut le siège d'un évèché. L'état des archives que signale M. Meyêr est lamentable, malgré les efTorls combinés des inspecteurs généraux des archi- ves et de l'archiviste départemental. On se heurte « à une force d'inertie contre laquelle les lettres administratives sont impuissantes », et M, Meyer se demande si « l'appli- cation aux archives de la disposition inscrite dans l'ariicle premier du décret sur les Bibliothèques » ne serait pas urgente. Il est « inadmissible qu'il soit permis à une administration municipale insouciante de laisser se per- dre une masse considérable de documents précieux, dont

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BIBLIOOBAPHIE ALPINE. 313

chacun est, par sa nature, unique, et qui n'ont jamais été utilisés en vue d'un travail historique. Et la perte scienti- fique serait d'autant plus grande que, pour aucune -ville de la région à laquelle appartient ce dép6t d'archives, nous n'avons d'histoire municipale bien faite, mettant en lumière tout ce que les documenta recèlent de renseigne- ments sur la constitution des communautés {selon le terme ancien), sur le fonctionnement des divers rouages do leur administration... » Incidemment M. Meyer parle de l'état et de l'importance des archives communales du Monètier- de-Briançon et d'Embrun, qui, hélas ! comme tant d'autres, et souvent faute d'un local convenable, sont mai instal- lées, non classées, non inventoriées... Puisse l'exemple de la ville de Qap, dont les riches archives sont actuelle- ment mises en ordre, avoir partout dans les Hautes-Alpes une influence salutaire, produire un résultat efficace.

27. MiRiBEL (M. le comte de). La Misiralie de Vai- ron. Discours de réception l'Académie Delpbinale] et Réponse de M. Rby, président de, l'Académie. Grenoble, Allier, 1838, in-S" de 44 p. La mistralie était « une subdivision de la châtellenie dans l'ordre financier, et l'origine même de la fonction de mistral » paraît remon- ter au XI1I« ou au XIV* siècle. L'étude de M. de Mirihel, résultat de recherches considérables, parmi nombre d'au- tres conclusions, se termine par la suivante : < Sous le soleil qui éclaire la cime de nos Alpes, il n'y a rien de nouveau que l'accroissement du nombre des représentants de l'autorité ».

28. Ret (Jules). Bibliographie Dauphinoise et Alpine, corUenarU Ouvrages, Brochures, Cartes et Publica- tions d'auteurs Dauphinois ou relatif s au Dauphiné et aux Alpes ; Ouvrages sur des sujets divers imprimés dans noire région ou d'auteurs résidant en Dauphiné, notamment des Professeurs de l' Université de Grenoble. Grenoble, Alex. Gratier et C*e, éditeurs [1898], in-S». no* 1 et 2, de 88 et 32 pages). Exemplaire interfolié et richement cartonné, bleu et blanc, avec titre or, « pour te Dauphiné et les Dauphinois ». Nombreuses vues, gravu-

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314 ANNALES DES ALPES.

res, portraits, etc. dans le texte ; le tout dans un étui très soigné. La Bibliographie Dauphinoise et Alpine est appelée à devenir le supplément indispensable de la Bio- graphie du Daupkiné, par Adol. Rocltas (2 vol. in-8°, 1856 et 1860). Grâce aux feuillets blancs qui sont intercalés entre chaque page, il sera facile de tenir au courant la Bibliographie Dauphinoise et Alpine. Aussi l'accueil fait à cette utile publication est-il empressé et cordial.

29. Waoener (Félix) . Les A Ipes du JDauphiné au point de vue des richesses du sous-sol. Gap, A. Vollairé, 1898, in-8' de 16 p. « Le département des Hautes-Alpes est certainement le département le plus riche de la France au point de vue minier, et une des contrées de l'Europe les plus favorisées en richesses minérales de tout genre... Et tout cela est improductif •>. Avis aux grandes administra- tions, aux ingénieurs et aux capitalistes. P. G.

INSCRIPTION DE LA ROCHE-DES-ARNAUDS 2 juin 1402.

L'inscription suivante, en lettres gothiques, se lit, non sans quelque difficulté, au-dessus de la petite porte laté- rale de l'église paroissiale de La Boche-des-Arnauds (cant. de Gap) :

t : ANNO : DomiNI : : CGGC» : IJ" : ET : DIE : IJ» MEmS^ : JUNII : FUIT ; InCEPTA ; EGCLesIA : BeoTI : PETRI :/ APOSTOLl ; PER : MAGISTRUM : JOHANNEM : BARONIS : LAPICIDA [m] : ROGATE : D[EUM] Pro ED.

L'an du Seigneur i402, et le 2 du mois de juin, fut commencée l'église de Saint Pierre, aimtre, par mailre Jean Baron, tailleur de pierre. Priez Dieu pour lui.

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ANNALES DES ALPES.

État des ejels du capitaine Henri Bochardi, de Pignerol, laissés en dépôt à Gap.

Oap, 18 mai 1563.

Ardes, armes et autres meubles du capitaine Henric Bochardi, de la ville de Pignerol, lieutenant de la com- pagnie du capitaine Àdrian, detleissés aux mains de M. Gaspard Finëte, chanoine de Gapi), à la maison duquel led. capitaine Hanric estoit lougé, baillés aud. s,' chanoine Finète par M. Jausep Petili et Jean Roze, dit Fiuëte, et en présence de messore Bernardin Bochardi, cousin germain dud. s^ capitaine Hanric » : 4 « pistoilés avec l'estuict »; 4 chemises, < l'une ouvrée de fil de soie rouge l'autre fil noir ; . . . ung corps de curasse avec le dernier de la gotlète ; ung corsellet grave, tout garni, tant de gollëte, brassards, cuissaux et ganteliés ; ung aultre dorscllet noir, aussy garni de gollète, brassaux, cuissaux et ganteliés; vune borguiniote et ung morrion, . . . ung porlabonnet avec vune escobèto et vune coifle ; vune cappe drap de Ploranse, avec les franges d'alentour et doublée sus le davant de tafatas noir ; les cuissaux et chambea de fer pour deux chambes ; vune père de borja- quins, sive botanes blancz; vune gollète de toille tré- pointe » ; des écritures du « sgr Ludovicou de Birago ; vune flasque d'arcabonse, doublée de vellous noyr avec le petit Gasque»; un «arresL d'home d'armes, fer susdauré; ung grand livre appelle VUaCrisli en françois, couvert de postz ; vune espée à deux raains, sans forreau ; deux cornues sfBfi comportes ferrées, et fermant à serrure et clef, dans l'une desquelles l'y a certaine quantité de pou- dre d'arcabouse, dans un sac de toille ». Signés : lo Bemardino Bochiardo. da Pinerolio, sono stato présen- te... lo JosephoPeltilo. de Pineroloy>.QAp,i8ma.i 1563. (En marge :) Reçu desd. objets par Henri Bochard, 20 mai 1563. Invunt. des Arch. de* Haulti-Alftt, 0. 1619.

<) Oaspai Pin^u ou Finette, Ms de Sebastien, apoUùcidre da Gap, tonsuré par Oabriel de Selafanatis, évéquo de Oap (14gl-15S6}, le 22 mai 1499 ,0.833); chanoine crée ou honorairB lo 6 oct. 1527 (O. 831); aommé organiste de la Cathédrale le 9 oov. 1531 [ibU.), a vice-vicaire général », 1 sept. 153* (id.); vicaire général le 6 nov, 1560 (Mut. 42); chacoioe prébende, le 4 sept. 1561, aprèi! le décès d'Etienne Fogaue ou Foat»4(fi. 83B], encore vicaire général en 1570 {Q. 843j.

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TABLE CHRONOLOGIQUE.

I" siècle ap. J.-C. Inscription de La Bfttie-

Montsaléon 95

1329, 24 févr., Romette. Sauvegarde du dauphin Guigues en faveur de l'éTêque de Gap 95-96

1329, 24 juil., Sisteron. Hommage de i'évéque de Gap à Robert, comte de Pro- vence el de Forcalquier 42-44

1402, 2 juin. Inscription de La Roche 314

1427, 31 mars, Tarascon. Articles constilu- tionnels du couvent des Dominicains de Gap (Charles Moobrbt) 123-140

1430, 25 avril, Gap. Procès-verbal d'apposi- tion de l'étendard du Roi sur la tour de l'évéché de Gap 44-47

1460, l»' avril, Taliard. Refontedecloches. 97-98

Vers 1530, La Bâtie-Neuve. Proclamation de police, en langue vulgaire, de la part de l'évèque de Gap 251-253

1553, 28 déc, Gap. Lettres dimissoriales

pour la tonsure.en faveur de Lesdigui^res. 48

1561, 3 oct., Gap, Bail à ferme des revenus de la core de St-Grépin, par Hugues de St-Marcel-d' Avanson 249-251

1563. 18 mai, Gap. Effets du cap' Bochardl,

de Pifcuerol, eu dépôt à Gap 315

1564-1565, Gap. La peste à Gap 88-90

1581, 19 oct., Avignon. Lettre de recomman- dation en faveur du prieur de Montjai, par le cardinal Georges d'Armagnac 99-100

1571. Succession du notaire Jean Mutonis. . 299-301

1572. État du diocèse de Gap. 301-304

1545-1587. Documents relatifs à la famille

Olphe-Galliard 295-299

1513-1588. Documents divers concernant la

famille Farel 293-295

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TABLE CHRONOLCWIQUE 317

P»gei

Vers 1630. Parfums dits estouffè et de santé. 90-03 1630-1631, Ribiers. La peste à Ribiers,

d'après les délibérations de la communauté. 271-290 1643, 5 mars, Gap. L'ancien clocher de la

cathédrale de Gap 207-211

1645, 29 mars, Monôtier-de-BriançoD. —Noms

et valeur de divers objets usuels 83-87

1647, 26ao&t, La Baume-des>Arnauds. Acte

de société pour l'exploitation des mines >

de plomb de La Baume, La Haute-Baume

et St-Pierre-d'Argenson 253-^5

168à, Vars. L'invasion du Haut-Dauphiné,

d'après les cadastres de Vars 70-73

XVIH* siècle. Les Juifs de Provence, par

BiRCiLON de Mauvans 213-226

1713, 3 févr. L'intendant d'Angervilliers et

Murât, maire de Gap 304-305

1713, 29 avril. Testament du chanoine Jean deRicou, en Taveurdu séminaire de Gap. 33-41

1714, 14 oct., Fontainebleau. Ordonnance de Louis XIV au sujet des préséances à Briançon (Th. Garlhian) 255-256

1720-1722. Une imprimerie à Gap 235-240

1727, 10 nov., Méreuil. Lettre à Mgr de Malissoles, par Gontin, curé de Méreuil, octogénaire 258-260

1759, 28 sept.. Le Noyer. Acte debaptôme de

Jean-François Villar 75

1777, 19 avril, Paris. Les digues contre le

Buëch et le comte de Ruffo 98-99

1783. Le botaniste Villar, du Noyer, et Jean- François Villar, son frère ' 74-77

1787, 24 juil., Briançon.— Lettres d'agrégation

à la bourgeoisie de Briançon (Th. Garlhian] 257-258

1790, mars-août. Formation et organisation

du dépari .des Haulos-Alpes (P. Guillaume) 101-123

1791, 24 déc.,Gap. Descente des cloches des Dominicains de Gap 140-141

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318 ANNALES DBS ALPB8.

1795, 21 janv-, Remollon. Jean-Jacques- Bernardin Colaud de La Salcette, chef de bataillon k l'armée du Nord et d'Italie. . . 81-83

1795, 33 janv.,Baratier. Le cit. Jacques Tho- lozan, chef de brigade à l'armée des Alpes

et des Pyrénées 78-81

1796, Acquaviva et Pont. Lettres de Jacques Guérin, prêtre émigré en Italie, à ses parents de Ceillac 53-69

1790-1801. Études franciscaines sur la Révo- lution dans le département des Hautes- Alpes,parleR.P. Apollinaire de Valence. 140-202

1805, 27 juil., Turin. Lettre du P. Rossignol

au préfet Ladoucelte 211-212

1815, mars. Mémoires sur le passage de

Napoléon à Qap, par J.FAURE.deChabottea. 5-32

1851 et 1861. —Deux lettres de Mgr Allard, de

La Roche-de-Rame, vicaire apost.de Natal. 227-235

1877, 28 janv., Paris. Victor Puiseux et la première ascension du Mont - Pelvoux, 8 août 1848 (par P. GuilleminI 261-270

1887-1897. Inventaire sommaire des Archi- ves départementales antérieures à 1760. Hautes-Alpes, t. I à IV. (Compte-rendu par Pora Guilloreau, 0. S. B.) 141-148

1897, 11 et 22 mai. Don aux Archives des Hautes-Alpes de vieilles minutes de no- taires, par MM. Gabriel et Pabre 100

1897, 2fijuil., Gap. Décès de M. Zéphyrln

Blanchard 49

1897, 0 août. Les Félibres à Montmaur. 52

1897, 19 août, La Rochette. Lettre de M. de St-Genis, à propos des Mémoires sur te passage de Napoléon à Gap, en 1815 92-94

1898, 17 janv., Grenoble. Décf^s du D' Cha-

brand (J.-Armand), deMolines-en-Queyras. 202-204 1898, mai, Gontaud. Mort de M. Tamizey de

Larroque (J. Brus-Durand). 305-309

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TABLE GENERALE

i"" ANNÉE, 1897-1898.

AioB [d') Charles-Louis, i4. Achard (Joa.), maire de St-

Bonnet. 18. Advielle (Victor), ses mss.,

100.

-Tho-

Agnei (Irénée), 175 mas, 167.

Agout (d*) Almar, 253.

Albanès (abbél. 124, 213-4.

Albéric d'OraisoE (le P.), 152.

Albert (Aristide). 81-2, 263.

AlbraDd (Jos.), 175.

Allard {Ceice}, 164 ; ~ Jean- Franc, évèque de Natal, 228-35;— Joseph. 1T7.

Allègre (Marc), curé de Guil- lestre, 65.

Allemand (Nicolas), 116.

Alliey (Claude), 178.

Allos (B.-A.). 72.

Amat (André), 275; —Clau- de-Simon, 101.

André, imprimeur, 236-40.

Angervilliers,intendant,304-5

Angles (fam.), 259.

Anselme, général, 79.

Arbaud iMgr), 49.

Archives com. de Gap, 125; départ, des Htes-Alpes, 141-8.

Armagnac (d'), Oeorges, car- dinal, 99-100.

Armand (François), 178.

Arnaud (Franc), cordelier, 178 ; notaire, 240 ; Jean-Pierre, 154.

Artaud (fam ), 204-G.

Artliemale (Jn-Jacq,). 178.

Assemblées prûnaires de 1790, 115.

Aubert (fam.), 178, 227-0.

Audier (Ant.), 178. Audiflfred (Pierre-Jacq.) 173. Audoul (Fianç.), 159.

B. Baile (fam.), 83. Baratier, 78-87. Barcellonnette (vallée de), 71 . Barcilon de Mauvans. 212-27. Baniiond (Laurent). 179. Barnave, député, 107. Barnéoud (Pierre-Ant.), 267. Barthélémy (Nicolas), 179. BàUe-Montsaléon [La\ 50-51. Bâtie-Neuve (La), règlement,

251-3. Baudrand (BarthéL). 179. Bayard (iechev^), 50-51. Beaumelie (abbé de), 105. Beauchamp, représentant, 99. Belrieu (marq. de), maréchal

de camp, 238. Beraud (Jean), 161. Berge (Laurent), 179. Bertrand du Serre ,

d'Embrun 105. Berwick à Vars, 73. Bessey (Claude). 180. Besson (Ant.) 63. Bibliographie alpine. 141-8,

203-7, 2-40-9. 309-14 Blanc (abbé), d'Ollioules. 809. Blanc (Ant.), 180 ; Franc.

140-1; Jn-Ant., 180 ;

.In-Jos..— Pierre, 167. 181. Blanc (Le), Charles, 51. Blancard, député, 10*. Blanchard (Jacq.), 181-4 ;

Jn-Ant,257;— Zépliyrin, 49. Bocbardi (cap'), 315. Bonnaffé (Jos.). 167. Bontoux (Don de M.), 130. Borel(fam.), deRomette,227.

doyen

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320

ANhilLES DES ALPES.

Borel (André). 184 ; Au- guste, 233-4.

Bouchu. intendant, 70, 247.

Bourcier-Peyras, prêtres, 57.

Boursier (Jos.), 185.

Bresson (Ferréol), 185 ; Pierre, ib.

BruD(Ant.), 186; Guil. 83; Jean, 58.

Bréviaires d'Embrun et de Gap, 234.

BriançoQ {Religieux de) 158- 207.

Briançonnais, 311.

Broc (vie. de), 77.

BrutineHJos.), clian., 75.

Buecl) (digues du), 08.

Burel (JQ Franc.), 186.

Buysson (Gaspar), consul de Gap, 88.

C-

Cailiet(abbé),miss. apost.310

Camus (Le), Anne. 35.

Capitctns de Sisteron, 272- 91 ; des Htes-Alpes pen- dant la Révolution, 167-207.

Cardelin (Jn-Ant,), m* maçon, 207.

Caricature (Charge et). 52.

Carie Honoré), prêtre, 60.

Castellane (de), fam., 102.

Castelli (Jos.), 208.

Gauvière (Jules), 241.

Gazeneuve (de), Ignace, évé- que constitutionnel, 66.

Céas (Jn-Franç.). 163.

CLabert (Tbéod.), général, 24 ; - Victor, 257-8.

Cliabestan (La Rie ou), 98.

Cbiibrand (l)' Ju-Armand) , 202-4.

Chaix (BarthéL), s.-préf, 29.

Cliampoléon (ebâteau de), à Chorges, 113.

Chancel, maire de Briancon, 211.

Chapuis (abbé), 310.

Charbonnel (Barth . -Franc.), 156, 158.

Gbarognier , médecin , 270,

276. Chastan (Jn-Pierre], 188-7. Château (Le), bam. de Vars,

73. Chateauroux, 59. Chérias 'Jules), 103. Chevallier (Jules), 204-6 ;

Mathieu, 187. Ciiervas (fam.), 272, 274. Chorges en 1790, 110-22. Chronique, 50, 95. Givat (Claude), 187. Clapier (Et.), 153. Clocher de la cathédrale de

Gap, 207-tl ; des Domi- nicains, id-, 131-2. Cocurésde Gap, 117. CoUaud de La Salcette (£am.),

81-2, 102, 107. CoIomhaD(Barthél.), 187 ;

J.-B., 187 ;— Laurent, 188. Colombet (Jos.), prêtre, 65. Comba (Emîlio), 310. Coustantinople (Juifs de), 223. Cordeliers de Gap, 128 ;

des Htes-Alpes pendant la

Révolution, 153-207. Correspondance 92-94. CourL capucin. 188. Court d'Aiguelle (Maria), 241. Cressy, vibailli d'Embrun,

102. Gristillan, col, 68.

Daurelle (Jean), 155.

Delaville Le Rouis (J.). 129.

Delay d'Agier (de), député, 107.

Oépartemeni des Hautes-Al- pes (Formation du), 101-23.

Didier (Laurent), 160.

Dominicains de Oap (Arti- cles constitutionnels des), 123-41.

Dongois{Jos,), député, 101.

Droume, négociant à Turin, 211.

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TABLE GENERALE.

381

Duc (Franc.), 188; Jn-Et.,

161. DuCayard(Ch.), 48. Dugommier, général, 80. Dorand (Le cap'l, 262.

Embrun (Relig. d'), 153-207. EsmieulJn -Pierre), émig ,57. Espagne [Juifs d'),222. Esquinabo(ADt,).ni^ maç.jSOT. EsUenne de St-Jean dePru-

nièresifam.), 114, 151. Estournia (Ânt.), m* mineur,

253-5. Etienne (Sébastien), 180. Bygliers, 250. Eymard (Pancrace), 190.

Fabre (Jn-Ange), 166 ; Jn-

Jos., 174. Fantin des Odoards (fam.),

104. Farel (fam.), 293-5. Parnaud (Jn),— 15f}-7; secret.

gén. 8. 19, 30. Faure (Jean), de Chabottes,

5-33; Jn, not.,83;

J.-B., capucin, 190. Faure-Cervière (Jacq.), 83. Faure- Lacombe.dép., 101, 111. Fa vier' (Esprit, 156-7. Fazy [Jean), récollet, 190. Félibres (Les) à Montmaur,

52. Ferrand (Henri), 202. Ferrier [Jean), 191. Ferrus (GuU.^, député, lOi ; Jn, 172.

Flandria [de), Benoit, méde- cin, 88. FlourdeSt-Gems(faDi.), 9.^-4. Forestier [Guil.), évêque de

Gap, 45. , Fournier (Et.), prêtre, 60 ;

Jn-Ant. , maire de Geillac,

François t" à Vars, 70. Pogasse (Jean), de Gap, 124. Font (de La), marquis de Sa-

vine, 102-11. Frézet (André), aumônier, 160. Furmeyer (bois de). 254-5.

G-

Gabriel,conseilier d'arr», iOO.

Gaillaud Q'abbé), 5.

Galopin (le) de Ribiers, 273, 280-90.

Gap : ia Charité, 39 ; con- fréries, 36; —diocèse, 301- 4 ; imprimerie, 235-40 ;

Séminaire, 31 ; palais épiscopal, 23 ; peste. 88- 90; —religieux, 156-207;

rues. 136.

Oarcin (Pierre), de Vars,

médecin, 88-90. Oardanne, général, 30. Garette (Louis), cordelier,

156. Garganique (de), fam., 250. Garnier, proviseur à Gap,

241. Gauthier , représentant du

peuple, 99. Gautier (Ant.), dit La Rose,

272-89 ; Pompone, vie.

g. 75. Gérard (de), Jean, s'desOr-

res, 39. Gerva (Alexis), prieur des

DoMinicaina de Gap, 130. Gôvaudan (André). 163. Gillet, secret, général, 242. Gilly (Pierre), 192. Girard [Claude), de Gap, 238. Ûiraud (Ant.), 172; Pranç.,

159 ; Jn-Bapt,, 131 ;

Pierre, 165. GonUn(Ch.), curé de Méreuil,

258-60. Grand de Champrouet, dépu- té, 108. Gratin (Le), 2-13. Grenier (Ch.-Marie), 263. Grimaud (fam.j, 17-27.

D.g.tzedbyGoOt^lC

ANNALES DBS ALPES.

Groléo Mévoiiillon (fam . ) ,

274. Grossan, cnré de La Roehet-

te,232. Ouérin (Jacq.). émigré, 53-69. Guibert, cardinal. 228. GuiguBS (ie dauphin), 95. Guignes (Emile), 52; Louis,

192. Guillaume (Paul), 141-8. Guillemin (Paul), 52, 243,312. Guilleslre (foire de). 68. Guilloreau (Dom), 141-8.

H. Harmand d'Abancourt, pré- fet. 6-31. Hôpital Ste-Claire, a Gap, 126. Hospice de Vieillards, 130.

1. Jmîn-imerie à Gap, 235-40" Inscription de La Bâtie-

Mont-Saléon, 95; de la

Roche, 314. Inventaire des Archives,

141-8. Ttier IP.-J.), 243. Ize (Victor), 192. Izoard (Jacq.), 158-9; Jii-

Franç.-Aug., dt^puté, 111.

JaubertdeBeaiijeu(Louis\19. jolianis, chirurgien, 271 , 276. Jouglai'(fam.), 227-35. Juifs de Provence, 213-27.

Labastie (de), Jn-Jacq., dépu- té, 101.

Lacombe (André- Jos.), 140-1.

Ladoucette.préfet, 12-25,211.

Lagier(JE-Pierre-Aubin),192.

Laugon (del, député, 107.

Laugier (Mariannei, 102,

Laus (N-D. du), 228.

Ledo (Georg. et Raoul du), 244.

Lemas. auc. secret, géu., 05.

Léolaud (Vinc,). jés., 208-9.

Lesbros (Louis), curé, 22.

Lesdi (filières, tonsuré, 48.

Leyssin(de).arcbevéQ. d'Em- brun, 66.

Lieutaud (Victor). 215.

Lionne (de), Arthur, évèque de Gap, 208.

Longet, col, 68.

Lubières (de) Pons, archev. d'Aix, 218.

M.

Maillé de La Tour-Laudry

(Mgr), 75, 77. Malissoles (de). Franc., 38. Manteyer (de), Georges, 244-5 Marchis [Claude), doctrinaire,

65. Marchon [Jos.-Auguslin. 41. Marron (Dominique), 193, Martel (Nicolasi, 155. Martin, maire de Quel, 22 ;

Claude, 193; Jean, chan., 227; Pierre, 193;

Simon, 163. Martinet (Franc.), 194. Mathieu (Laurent), 194. Mazelière marq. ne La), 245. Meffre (Léon), 194. Mépieu (chev. de), 102-23. Méronii (curé de). 258-60. Meyer (Paul). 312-3.

Merle (fam), 194. Meyronne.^ (de), Jean, 129. Mialet de L'Estrade (de), Ant.,

36. Michel (Jos.). 184. Mille (J.-B.-Vincent), 228. Mines de plmnb, 253-5. Miollis (de), fam., 24. Miribel (comte de), 313. Monêtier-de-Briançon, 83-7. Mont-Dauphin. 250. Montémont (Albert), 17. Montesquiou, général, 78-9. Montfort (de), député, 107. Monljai (prieuré de), 99. Morand (OL-Ant.), 169;

Jos-, 156.

D.g.tzedbyGoOt^lc

TABLE OÉNÉRALE.

Motte (de), Pons, 124-41. Mourre (Joa.-Antonin), 273. Mourret (Ch.), archiviste, 125-

41. Mouton du Vemet, général,

12. Moyse, imprimeur à Embrun,

212, Murat, maire de Gap, 304-5. Mutonis (fam ), 295-301. Mystères alpins, 249.

N. Napoléon à Gap, 5-33. Nas de Romane (le P.l, 131. Natal {Pays de). 227-35.

Naute (La) , chef d 'escadron ,7. Nécrotogie. 49, 202-4. 305-9. Nicolas fJn-Gliarles), 195. - Nicolel (F.-N.), 246.

O-

01ivet{Luc), 172. Ollagnier (Ant.), 160. OIphe-Gaillard (fam.), 295-7.

p.

Paillon (Maurice), 246. Palluel (Jn-Jacq.), 166. Parfums contre la peste, 90-3. Pascal, curé de Ceillac, tt4. Pascalis la Cliaup, vie- g., 05. Payan (Jos.), 195. Pelvoux. monl, 261-70. Perron (Franc.), 195. Perrot (Jules), notaire, 125. Peste a Gap, 88-90; k

Ribiers, 271-91. Pétiet, préfet, 30-31. Peyras-Bourcier (fam.), 190-7. Philip (.In-Jos.), 197. Philippe (Don), à Vars, 70. Philippon (Ant.), 157-8;

Jean, 197. Pîémonlais (Invasion des),

70-4. Pi!le(LouisAnt.), général, 80. Pie VI h Briançon, 67. Poli (de), Oscar, 50-1. Pons (de), Louis-Bonav., 257.

Pouliiian (Jos.), 158. Puis (Jean), prêtre, 66. Puiseux (Victor). 261-70. Puy (Pierre), 198.

Queyras (fam.), 198. Queyrel, géomètre, 31.

Rambaud (Henri), curé, 57,

Rayne (Laurent); 168.

Reboul (Pierre), 198.

Religieuœ franciscains, 149- 202.

Remolion, Si -2.

Revol. député, 107.

Rey (de), G., 247.

Rey (Jules), 313; R., 246,

Ribiers (Peste à), 271-91.

Rie (La) ou Chabestan, 98.

Ricliard (Pierre), 198.

Ricou (de), fam., 31-5.

Robert (fam.), 199.

Rochas (de], A., 148.

Rocbe-des-Arnauds (La),3I4.

Romette, œ, 227-35.

Komieu (Jules), 95.

Rossignol (le P.). 211-2.

Rostau (Jos.), maire de Vars, 116.

Rostotlan (CI.), général, 10.

Roubaud (Pierre), 131.

Roux, curé de Romette, 231 ; htienne, 199; Jac- ques, 170.

Rouy (Jean). 16;i.

Rues de Gap, 126.

Ruffo(de), colonel, 88-9.

St-Alban [abbé de), 107. Ste-Anne, lac de Ceillac, 67. St-Crépin (cure de), 249. St-Genis (de), fam., 92-4. St-Marcel d'Avanson (fam.),

249. St-Marcellin, ham. de Vars,

lbyG00*^lC

ANNALES DES ALPES.

Ste-Marie, ham. de Vara, 72.

Salva iGuil.), 162.

Sapor (Laugier), évèque de

Gap. i23-4. Sarrazin (.fean), poète, 148.

248. Saurely (Jos.), 200. Savoye-Rollin, député, 104. Schomberp (de), Henri, 274. Séchier (abbé), juge, 16. Serments de la Révolution,

150-2. Serres, s.-préfet d'Embrun.

13. Sibourd(Jacq.-Sébastien),168. Silvestre (de), s' de La Penne.

^. Silvestre (Jacq. et Louis), SOO.

Tabac {Contrebande de), 237-

8. Tallard (Cloches de), 97-8. Tamizey de Larroque, 305-9. Tarascon, 132-40. Terrail ou Tirail (fam.). 50-1. Tholozan (Jacq.), chef de bri- " "8-81.

Tiran (Benoît), 240.

Tour-du-Pin-aouTernet[fam).

106. Tournu (fam ), 41, 102. Toye(fam.), 201. Travail (Jn-Bapt), 106. Trescléoux (prieuré de), 258. Tribunal civil de Gap, 130. ïrouche (Jos.), 201.

Vallon-Corse (Franc.), histo- rien. 129-30.

Vars (Cadastres de), 70-73.

Verdier. fam. d'imprimeurs, 236-40.

Vérilier (Jn Laurent), 201.

Veyrel (Henri), fondeur de cloches. 97.

Vial(fam.), 174. 201.

Vidal (F.), 248.

Viguier-Châtillon, s.-préfet,

ViTlan (Claude), not., 73. Viilar (Dominique), 74-7,207;

Jn-Franç., 74-7. Villette (de La), Aubert, 253. Wagener (Félix), 314.

FLni d'iroprimar le 18 jui

D.g.tzedbyGoOt^lc

ANNALES DES ALPES

RECUEIL PÉRIODIQUE

ARCHIVES DES HAUTES-ALPES

Digilzedt.GoOgle

Digilzedt.GoOgle

ANNALES DES ALPES

RECUEIL PÉRIODIQUE

DES ARCHIVES

DES

HAUTES-ALPES

trop souvcnl, se pordeol mïiéra- blement. au grand détriment de noire hisloive locale et de l'his- toire générale tel est le but

ANNÉE -1898

G A

1888

D.g.tzedbyGoOt^lC

Digilzedt.GoOgle

MEMOIRES GAPENÇAIS

DE LA FAMILLE CHABOT

VEYNES LETTRBT—TALLARD ST-BONNET— GAP (1566-1665).

Divers membres de la famille protestante des Chabot, fixés d'abord à Veyoes, puis à Lettret, à Tallai'd et à St- Bonnet, et priacipalement à Gap, ont consigné, de père en fils, durant un siècle {1566-1665), dans un journal ou Livre de raison, le récit d'une multitude de faits contemporains, plus ou moins curieux et remarquables.

Ces faits sont le plus souvent relatifs à la vie intime de la famille : naissances, mariages, décès ; éducation des enfants ; vente de denrées, achat d'effets d'habillement et d'animaux domestiques ; salaire des journaliers, des ouvriers, des serviteurs ; travaux agricoles et concer- nant la culture de la vigne ; procès multiples, quelque- fois peu édifiants; voyages à Grenoble, Lyon, Genève, Paris : tel est le fond du Livre de raison. Ces mille détails de l'existence d'une famille bourgeoise protestante ne manquent pas de charme : ils nous initient a des habitu- des, à des usages qui sont bien loin de nous.

D'autre part, ces Mémoires fourmillent d'observations météorologiques et autres, en particulier sur les varia- tions des saisons, les tempêtes et les orages, les durées extraordinaires de pluie ou de sécheresse, l'influence de la lune, vieille ou nouvelle: les tremblements de terre, tels que celui de 1644, « qui a esté veu de plusieurs i [108] ; la formation d'un a habime en Cbarance» [59]; l'ap- parition d'une < grande cornette » à Tallard [63] ; les nuages de feu et Içs pluies de sang a auprès de Barsilon- ne » [71]- Ils renferment, en outre, de nombreux détails sur les pestes qui affligent le pays en 1587 et 1631 [5 à 8,

D.g.tzedbyGoOt^lC

6 A.NNALE5 DES ALPES.

I8j ; les incendies qui le désolent [23, 27, 57] ; le logement des R soidaltz » fSO, 79, 88, 07] ; la confection des « MUiet- tes » I8!)j ; le passage d'un ambassadeur [40] ; les assassi- nats commis en 1659 à Freyssinières [1^5] ; l'abbaye de Malgouveri [114] ; les crimes d'un ancien vibailii [17, 51] ; les procès de la ville [521 ; l'importance de son cadastre [156]; les extorsions des exacteurs des tailles [2G]-, les « novelles d'Espaignie » [tiS] ; le mariage do Louis XIV avec l'infante Marie-Thérèse; les feux de joie et les réjouissances qui eurent lieu à cette occasion à Gap et Grenoble [140, 14^, 145], et cent autres événements con- cernant, soit des localités du Gapençais : Lettret, Veynes, Tâtlard, ïtomette, La Rochette, Laye, St-fionnet ;.- soit de nombreuses familles des Alpes : Accarier, Allard, Amat, Armand, Baud, do Beauregard, Blanc, Bontoux, Céas, Créqui, Escallier, Eyraud, Faune, Gautier, de Gril. d'Ise, Latelle, Marchant, Masse, Ollier de Mon^eu, Pelle- grin, Ponat, Reynaud, Rochas, Sarrazin, du Serre, de St-Michel, Valion, Vellin , Villary, et autres. Ou peut, par là, concevoir l'intérêt réel que ces Mémoires oRï^at encore aujourd'hui.

La famille CirABOT, à laquelle nous devons ces Afé»wî- 1-es, avons nous dit, était protestante ^115]. Elle était représentée à Veynes par/ertîi Chabot, droguiste et apo- thicaire (1582-05), et par Noél Chabot, d'abord fermier du s,' de Creyers, à Veynes et aux environs [8, 7], ensuite marchand à Lettret (né vers 1536, mort probablement de la peste en 1630).

De son mariage avec Claire Pliiliberl, Noël Chabot eut au moins trois (ils :

1" PIERRE, (Ixé à Veynes en IGOO et déjà mort en 1640. Il fut père A' Antoine, dont le sort n'est pas connu, et de David, consul de Veynes en 1631, mort en ICUS. Celui-ci épousa Susanne Rostaing, catholique (7 févr. 1640), et Lucrèce Eyraud, fille d'Esprit et de Jeanne de Vellin (16 déc. 1646), de qui il eut ; Ksprlt, procureur au bail- liage de St-Iîonnet-eu-Ghampsaur (KSiiS), et deux filles, Marie et Jeanne.

D.g.tzedbyGoOt^lc

HÉUOIRES OAPENÇAIS. 7

2" PAUL, le 29 janv, 1568, ainsi qu'il nous l'apprend lui-même [2], mort très probablement de la peste en 1631. 11 avait épousé Claire Velliii, de laquelle il eut le i petit SaUomûnChahotetlaJanne-», portés à Genève lel8oct. 1593, et, de plus, Jean Chabot, marchand « cordier » et c chandelier » à Gap, le 6 oct. 1603 jl2], encore vivant en 1651. Celui-ci épousa Marie Sarrasin, filie de Jean et de Marie Avond, d'où : Guillaume [114], bour- geois de Gap (1701), qui, à son tour, se maria avec Mar- guerite Masseron, tille de Jean, < maire perpétuel i de Gap (1695-1710), et de Jeanne Brutiael ; François, capi- taine au régiment de Guienne (17OO-1704) ; Jean, qui parait avoir continué la famille, etc.

3" JEAN, notaire et procureur au bailliage de Gap, le principal auteur des J/^moires [12, 100, 111, 115]. Nous le rencontrerons, tour à tour, à Grenoble, en 1593, et à Gap, de 1603 à 1625. De 1633 à 1647, il prit une part considérable à l'administration de la ville de Gap; il fut souvent désigné, dans les assemblées générales ou parti- culières, pour traiter des affaires les pius épineuses. Il mourut le 22 août 1649 et fut enseveli au cimetière des Réformés de Tallard [115]. Il avait épousé, le 31 déc. 1606, Jeanne Boval, fille de Guillaume et de Glaudie Philibert, qui lui donna au moins quatre enfants, et avec laquelle il eut de nombreux démêlés. Pendant son veuvage, Jeanne Bovat ne vécut pas, non plus, en bonne harmonie avec ses enfants, qu'elle accuse, dans son testament, de nom- breux roéfaits.à son égard (16 janv. 1656). Elle déshérite, même, les trois premiers, savoir :

a. Joseph, procureur à Gap, l'auteur de la dernière portion des Mémoires [100-155]. Pius loin, nous pourrons le suivre durant le cours de ses études à Grenoble [35, 4S] ; assister aux agressions dont 11 fut victime de la part des jeunes gens de Gap, parmi lesquels le s'deSt-Ange [74] ; constater, maintes fois, son goût pour les procès et les procédures [137-1531. Il mourut vers 1665, et, iiprès lui, personne ne prit la peine de continuer le Livre de raison de la famille.

D.g.tzedbyGoOt^lC

8 ANNALES DES ALPES.

b. 3fOîse[ilO, 134. 148], accusé, quelque part, d'avoir battu sa mère, et qui fui, comme son frère, déshérité par elle.

c. Marie, également déshérit(5e. Elle avait épousé, le 3 juil. 1928, Daniel Gliausson, souvent mentionné dans les Mémoires [24, 44, 59, etc.]. De ce mariage naquit Jacob Chausson, qui, eu 1659, fut conduit à Paris, avec sa cou- sine, la « petite Madallon », fille de Joseph [132].

d. Anne, hépilièie unique de Jeanne Bovat, sa mère. Elle avait épousé Paul Seymat [134], dont nous n'avons pas à suivre ici le sort. Disons seulement que le testament de Jeanne Bovat en faveur de sa fille Anne fut cassé et déclaré nul à Grenoble, en 1650, et que Joseph Chabot demeura, « à cet effecl, à Grenoble, esprès, plus de' 6 mois » [ib.].

Le rcMe considérable que remplirent à Gap Jean Chabot et son fils Joseph ; les nombreux voyages qu'ils firent, pour la ville, à Grenoble, à Valence, à Lyon et à * la Cour » ; la multitude de procès qu'ils eurent avec un grand nombre de personnages de Gap ou des environs; les comptes qu'ils durent régler, de ce chef, avec les administrateurs de Gap, peuvent expliquer la présence du Livre de raison de la famille Chabot dans les archives municipales de Gap, nous l'avons rencontré (n" 58). Il forme un manuscrit in-folio, de 250 feuillets en papier, relié en parchemin et jadis fermé avec une courroie dont la grosse boucle existe encore. Comme la plupart des documents de ce genre, ce livre de raison est écrit au jour le jour, sans grand soin de Tordre, de l'orthographe et (le lia calligraphie.

U commence par une note de Nicolas Armand, rappe- lant son mariage avec Marguerite Philibert, le 31 juin 1573. Une sœur de cette dernière, croyons-nous, Claire Philibert, épousa Noël Cliabot, de Veynes. Celte circons- tance peut expliquer pourquoi les Mémoires commencés par Nicolas Armand, furent continués par les membres de la famille Chabot.

Les faits que nous publions ci-après sont éparpillés dans

D.g.tzedbyGoOt^lc-

MEMOIRES GAPENÇAIS. 9

le manuscrit^ souvent an milieu de détails tout-à-fait insigniSaiits, ou parmi des transcriptions de recettes médicales, qu'il n'est pas toujours facile de déchiffrer-

Autant que possible, nous avons classé les faits paj ordre chronologique, et essayé d'identifier en note la plupart des noms de lieux ou de personnes mentionnés. Afin de faciliter les recherches, nous avons ajouté des numéros d'ordre et fait suivre le tout d'une table alpha- bétique des matières.

Les Livres de raisitn dans notre région sont assez rares. Notre savant et regretté ami feu M. Tamizey de Larroque n'en mentionne qu'un bien petit nombre pro 'e- nant des Alpes i). C'est un de plus à ajouter à la liste que nous lui devons.

Ces pages, d'ailleurs, sont, en quelque sorte, le complé- ment où la suite des Mémoyres pour Vadvenir par un Gapençais anonyme, neveu du capitaine Esprit-Michel de Beauregard (J562-1604), que nous avons publiés na- guère*). Gomme data, elles précèdent le Liore deraisonde la famille Souchon des Praux (XVII'-XVllP siècles), que nous avons essayé aussi de faire connaître'). L'en- semble de ces trois documents présente un réel intérêt, pour Ihistoire générale des Alpes, depuis 1562 jusqu'en 1790.

P. Guillaume.

MÉMOYRES.

1. Mémoyres. hM nom de Dieu,,soit-il. Premièremant, moy Nicoltas Armand me coulloquis en mariage avec Margarite Philibert, en l'année 1573, et le 24 jung. En l'année 1574, et le 20 mars nous e[s]t hune fllhe nomé Clare, batizé le 27 mars, année susdicte, laquelle nous a fectbatizer m' Anthoinè Davin,et ses mérioes sont Clare

'; Tkitx livres de raiioit de i'Agenais, auieis... d'une tU(e ricapiiii- latiw da linra de raUon publies ou inédîls. Auch, 1S93, gr, ia-S'. ') Bull, de la Soc. d:Étud. des Hies-Alyes, i" janv. 188fi, p. 52-8Î. ') Ibid., 1804, p. £03-217.

D.g.tzedbyGoOt^lC

10 ANNALES DBS ALPES.

Ollière, famine à mons'de Beu-Chasteau<), A.nne Huges, famine à sirre Arnous Qaugalhie, bourgeois de Gap. N. Armand.

2. Je Pol Gliabot suys en l'année 1536, et le 20* jaa- vyer,'atde la lune joiae, mardy, devant jour*).

3. Le vJDgliesme jour du mois de mars, avons mis les filhes ha l'escole. pour apprandre de lire, sus donne Doumange. Ce viogtlesme mars 1582. Chabot^).

4. Ce 7^ apvril 1582, suys allé quérir uog fromage alla - fromagerie, que Tony a la cleuf, et n'ey laysé de reste vingl-UD fromaige.

5. Le 12* may 1587,. , . nous sommes sourlys de Vey- nés pour alleran cliabaues ^jan Ouf^es'). Fayct par moy soubzsigné : P. Chabot').

fl. Led. jour que desuz, je Noë Chabot ay remys à Jeban Pellegrin, facteur et négasouteur et procoureur des affaires de M. de Crier'), le bien que je teiiés en rante dud. de Crier, en souriant de la mayson de Veyne, dud.

<) Sébastien de Vitalîs, sieur de Beavckàttau (petit flef de Gap), CDCOfe vivant le 3 mai 1613 (E. 235). Il avait épousé Clairs OUer df. Monrjeu, eWe àc Benoit, vibailli de Gap (1551, f «vanl 1604). e( d'Anne de Uarrei (veuvo le 23 oct. 1604). Qûre OUer était la sœur du chanoine Benoit Olier de Montjeu (f le 25 juil. 1613), qu'il faut bien se garder de confondre avec son pite le vibailli (cf. O. 794 et 1663).

I) Il était Sis de No«il Chabot, âgé de 25 ans U 21 nov. 1561 (G. 15871, qualifié de marchand, de Lultret, le 8 Juin 1581 (E. 287), el de Claire Philibert, encore vivante lo 31 doc. 1606 (E. 2il), probablement sœur de Marguerite Philibert, mentionnée nu n* précédent.

>) Jeau Cbabot, apothicaire do Veines, de I5B2 à 1590 pour te moins. Ce passBge est intéressaut à noter à cause do la mention d'une école de liilos, ^irohahle nient à Veynes.

') A cause do la peste qui sévissait à Veines el aux envii'ons.

B, Ouïtes ou Ouïe, montagiiii entre VDjnaa et Saint- Auban-d'Oze.

f) Pierre Chabot, Mre de Jeao, apothicaire. Il fut le père de David Chabot, consul de Veynes le 31 mai 1631 (E. 340), qui épousa Susanne Rostaing (E. 343).

') Jean d^; La Villotle, seigneur de Creyers en DLois [canlon de Châ- tillon, Drùme), coseigneur de V«yocî, où, on 1572, il avail établi la Héformo (Inoenl. B 1, p. 5). Il vivait encore en 1589.

D.g.tzedbyGoOt^lc?

MÉMOIRES OAPENÇAIS. 11

Crier, en présance de Jelian MelUasso et Pierre Reynaud, dict de Vàudrome, et Jehan Anselme, apert de l'acte et ausi des comys de la santé de Veyne, cant me menyont en cabane par force.

7. 18« juillet 1587, que Jehan Pellegrin, procureur du s' de Crier, et Sabastian, et moy Noë Chabot soumes venus auprès de vilage de 3t-Marcellin*], et avons prié à Jaume Barlhrant et Nicoulas Uvert, de St-Marcellin, commis de la santé , de layser entrer et retrer ung parel de beufz de Noë Chabot, qu'il avoict dans le prioré de Véras en Ouze*), pour fère le lavorage du s' de Crier; les- quelz hont respondu que ne voulet poinct retirer per- sonne, ne beufz ne beste, dans lur village. Et voyant cella, en cette Mero, je liay remys à Jelian Pellegrin le lavo- rage et le bien dud. s' de Crier, en présance des suznou- més et de s'^Anthoine du Cros, de Veyne, et de Antlioine Rour, de St-Marcellin, et de Francès Bonnect, d'Ouso, procur[eur] du s' d'Ouzo.

8. Le 1-i' Juillet 1588, que les consoulz et commis de la santé pour la ville de Veyne, à savoyr : Eynard de Corpt et Jehan-Jacques Reynaud et Piarre Soustre, majurz de Veyue, Loys Reynaud, et Jehan Pellegrin, négosouteur de S' [àtà] Crier, sont venu, et plus[ieurs] autres de Veyne, sont venu ronpre la porte de la maison que je liens du s' de Crier, dans Veyne, et me hont pris 29 émynes blé fromant et nefz quintalz farine, à 7 florins 6 sols l'énayne, comme se vant dans Veyne, monte [380 florins ?]. Et aussy me hont pris clavelz et autre ferataliîe, et cur, sel, houly,

■) Hamasu de Vofoos, qui, avant la Ravolution, était le siège d'une paroisse, de la dépendsocc des .\iiloaiDs. Piorrv Bonai-del en était curé ea 1453 (G. 1120) et Fraarois Cholel le fui de 1781 à 1193. Jean-François Céas, ancien capucin do Uap, y faisait encore le service rellgieui en 18C6-10.

Le prieuré de St-l>iorre de Véras (com- d'Oie, cant. de VejDCs), d'abord de ta dépendance de la Nuvalniso, puis de Brenia en Italie, de St-Viclor de Marseille cl, eiifio, de Romette. est aujourd'hui la propriété de M. Paul-Jules [lier, avocat prés la cour il'appel de Monipeilisr, ancien coDMiller général des Hautes-Alpes.

D.g.tzedbyGoOf^lC

Ig ANNALES DES ALPES.

chanebe, cordes et autre marchaadise ; et tout meyoage de maison, ce que lur a plu, et m* Jehas Anselme, notère de Veyne, [a] aresté le roulle et pris l'acte de ce que lur a plu comffécer aud. m' Aoselme.

9. Conte fet avec le sire Chaboul le vincte-hutt de autobre [1588]. Je Lapierre de Canaple, quirurgien à Veyne, confesse de devuar au sire Jeban Cbabout, apoti- quère, la soume de cis fran, pour medicamen que je prïn de lui. El an foie me suis sine : De Canaple.

(En marge ) : l'ayé ce 3i janvier 1589.

10. Le 18» jour du mois de octobre 1593, j'ey balhié aus sieurs Authoine Dunan et Jacques Vialli, le petit Sallo- mon Chabot et la Janne, pour les pourter à Genève, et t'y ay anvoyé mon frère Jehan, pour les conduyre avecque ung mullet, et l'y ont demuré au dyct voulage dix-sept jours*].

11. CeS'janvyer 1602, j'ey resçu 'j de M. Vellin, mon beau-père, la some de 50 escus pour le doct de Clare Vellin'), sans prt^judyse do l'oubligation de 200 escus qu'il a ancore ryère soy ; laquelle quytance a esté resçue par m' Jehan Roustain Belle-Ourelhle. Plus, j'avoys resçu de quy desus, te jour de nous nopses, la some de çant escus, et ung père de cofféas avant, et n'a quyctance.

12. Au nom de Dyeu, soit-il. Amen. Le lundy, 6' jour du mois d'octobre 1303, doues heures devant jour, et de la lune joyne, est mon fliz Jehan ^). Son parin, mon frère Jehan Chabot, procureur au baliage de Gap, et sa marine,

■) Cette note semble devoir élre Eltlribuée à Picr,-e Chnbot, frère de Jaaa. apothicaire de Vejces.

I) C'est Paul Cbabot qui lient la plume.

') Fille do Jacques VtfUin, avocat et procureur de Oap, de 1665 il 1606 (cf. G. 1600, 16K.).

') Jean Chabot, iiJs de Paul et de Claire Vcliin. plus lard marchand ( cordicr 0 et « ohandellier » h Gap (1631-50), navau de Jean, procureur A Oap, lequel, do son mariage avec Maris Sarrazin, fllle de Jean et d'Anne Avond (celle-ci testa le 21 juin 1674), eut Guiilaumf. Chabot, bourgeois de Oap, eacore vivant ta 1704, qui se maria arec Marguerite Massnron, fille de Josoph, maire de Gap.

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MÉMOIRES QAPBNQAIS. 13

Olympe Magalon, famé au syre Antlioyne P^routon, mar- chand de seste vylle.

13. Le vandredy, entre 6 et 7 heures du soyr, et de la lune jeune, et du moys de septanbre 6<, 1Ô05, est née ma Blie Janne. Son parain, le sire André Dousan, marchant de seste vylle, et sa marine, Jane Crésye, famé au sire Jehan Latelle, orfèvre de seste vylle*).

14. Le de may 1630, je suis ailé au Conseil estant à Lion, avec m* Sarazin, pour la porsuitte de la prefférance des antiens procureurs countre les jusnes, qui avoient achepté leur droit... (Signé :) Chabot.

15. Il est à notter que l'année précédante [1630,] la tampeste feust sy grande au lieu de Lestraict') qu'elle euportta tout le vignoble de Lestraict, et ne laissa pas une l'uelhiepuis led. lieu jusque» au Béai de la Croix, et je n'eus que cinq ou six charges de vin, aigre, qui cousta dix fois plus à cuUir qui ne valloit.

16. Ladicte année, 1631, les ouvriers ont estes si chairs, universellemant, qu'ilz ont gaignié 22 solz le jour pour homme; la terre ayant esté sy dure et les hommes sy lâches, qu'au lieu d'un, il en a fallu mettre deux : par ainsi tenu deux centz hommes, que reviennent,à lad* cotte de 22 solz, 8001.

17. Au mois de juillet [1931], dans Gap, s'est publié un moniloîre de l'authoritté de la Cour, à la requeste de M. le Procureur général, contre le sieur de Charance et son frère'), l'ung à cauzè^u crisme de .sodomye, l'aultre

>) n était tll3 de SieoUat Lalcllu. onèvre de Uap (1575) et consul de cntle ville en \i>&)-U (0. VJii). Il fut' lui-même couiul de (Jap en ItM» rt en 1621, cl l'un des piolestaats les plus iiiDueLts de la ville. 11 vivait «ncore le 3 mai 1627 (K. IS3}. Il mourut probablement de la poste eu 1630. Un autre orfèvca de cette famUlo, aon flia labs doule, Faul Latelle, le 1^ révr. 16£9, Tut chargé de < faire trojs clerz d'argent pour préaauler au Roj [Louis XIII] â son arrivée à Oap » le 24 février suivant (Arcli. com. de Gap, tS9).

*)Lettiet {-etUa de Sti-ielit) com* du cant. de Tatlard.

') Alexandre de Hliilibert, seigneur de Charance, vibailli de Gap (1611-H), puis ju^e de celte villu (1630-32:, el Daniel, sieur de Ste- Hargurriie et de Chàlfauiicui, qui devint egalemcut vibailli de Gap,

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14 ANNALES DES ALPBS.

de luzure, M. le conseiller Roux, ayant faict les informa- tions, et le prebtre Gaultier et Pellegrin resceu la révellation des tesmoingz.

18. Au moys de julhiet, de l'année 1831, la contagion a comeusé à se descouvrir dans Grenoble et à prendre son entrée.

19 Le dimanche 3* dud. [moisd'aoust 1(331,] il a faict un grand orage, le plus fort et extraordinaire quy se puisse figurer, et a duré presque tout te jour.

20 Le 5* aoust 1631, j'ay ballié à m* Allemand, en callité de substitue de Eyraud, le procès que j'ay contre Jehan Chabot, cordier, filz de Pol. . . Mais il est à notter que, led. jour, led. Allemand se truaut sopçoné de mal contagieux, comme estant arivé à une sièae servante, a esté sortti de la ville, comme aussi divers autres, et prin- cipallemeot Vialli, de Rambaud, et Blanchon.

21. Le dimanche 10 aoust 1631, la contagion a comancé à paroistre dans Gap *), et le puple a comancé à prandre l'alarme et sortir de la ville.

23. Lad* année 1331, il a faict une grande sécheresse durant tout l'esté, et n'a pieu [dejpuis le 24 juin jusques au moys de octobre, la pluye ayant contignué extraordi- naire . . . durant toute la foire St-Martin.

2;i, Le jour de la Toussaint 1631, est bnillé le cartier de partie Colombe, à 3 heures après minuit.

24, Le 14 novembre 1631, j'ay achepté un porceau pour le pris de 18 1., et n'a heu que 8 livres de graisse, ballié à Daniel*), au pris de4solz 6 deniers la livre, que sont 36 .s.

psp démission do son frère en sa faveur (31 licc. ICIi), Ils étaient fils du fameut François Philibert, dit Cadet de Chai-ance. capitaine des gardes de Loidiguières, soigneup de Monlalquiep (1545-1631). La pre- mier fut brùié eu efllgie à Gap ie joar do la St-Luc [ISoot.j 1634 (n»5t). Le second testa lo ii mars 1655 et mourut on 16ÔG.

*) L'année précédente, la peato avait fait ^ Gap son apparition : « Sur la commiiQcemeut de juillet 1U3Û, la matailiu contagieuse foust descou- ïortes L Gap (Arch. com. 23). Mais elle fit surtout des ravagea en 1831, époque la mortalité devint elTrajanle fcf. AnnaUs, 1, p. 276, noie).

*) Daniel Chausson, qui avait épousé Marie Chabot, flUe de Jean el 6«nr de Joseph (n" %,.

t.Google

uéHOIBES OAPENCAIS. 15

25. Pendant led. temps ont passé les troupes venantz de Piedmont, qui ont faict de grandz ravages partout oùilz ont passé.

26. Le 23 décembre iô31, Amat, re[C6jpveiir à l'eslec- tioR de Gap'), m'a faict saisir une jument et, le lundi suivant, combien feust dans les festes de Noël, l'a fait des- livrer par un seul inquant suUemant, contre la disposition des ordonnances; de quoy il fault recorir à la Cour et remonstrer quïl est coustumier d'uzer de telles exécu- tions violantes et tortionères : sur quoy l'instance est pendante à la Cour.

27. Le 1" mars 1632, feu c'est mis à Tallard.

28. Le 20 mars 1032, jour de samedy, j'ay achepté une charge bled, au pris de 37 solz l'eymine, que revient à 171.2 s.

29. Par le conseil général de la ville de Gap.du 21 mars 1632, les sieurs Beilon, Davin, Doussan et moy avons esté comis pour ordoner le lougement des gens de guère, ouïr lesplainctes des habitans, dresser verbaulx des extortiona qu'ilz pratiquoieut, les envoyer à M. le MarescbaM), et cottizer un emprunt pour subvenir au paiement, atendre de dresser l'estape, et avons vaqué 22 jours.

30. Presque ordinèrement tout le moys de juin, eu la présante année, la pluye a duré ; temps morne, venteux et mal plésant.

31. Le 29 sept. 1632, j'ay faict covrir à Lestraict, et teneii liuict paires de beufz, el leur ay donné à raison de 19 solz le jour, et norl le tout, jour et nuyt.

32. Le 15 oct. 1632, avons comancé à vandanger k Les- traict, et teneu, durant 4 jours, S famés et 3 hommes ; leur ay doné, aux homes 3 solz et aux famés 2.

') Benoit Amat, successivement rcccreur en rdiectioa do Oap, trâsonsF eitraordinaire des guerres en DauptiinA (1618). seigneur da Sigojer et do Chabestau (1645), elc, encore vivant on 1S73. De son maringe avec Virginie Dumas-Vigaon, il ont Jacques d'Amat, écujer, sgrde Sigoyer, Chabestan et autres lieux, encore vivant en 1712.

*) Cbarles de CréquI, genjre de Lesdiguiërcs (1595), maréchal, gou- verneur de Dauphiné (lf)30), commandant en IOUj l'armée d'Italie, oii il mourut lo mars 1638.

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16 ANNALES DES ALPES.

33. Le 10 jauvier 1633,.. . pour l'acomodage de mon ■chapeau et de celluy de Joseph), au cliapellier, 17 solz,

34. Le lundy Ifimay 1633, au matin, est party Joseph pour aller à Grenoble demurer avec M. Blauc, et luy ay ballié une pistolle pour l'estreyne de la mestrisse, avec 3 escus sezains, et sa mère luy a ballié une bague.

35. J'ay baillié à m^ Bastian, pour l'habit de Joseph. 24 sols.

36. Le9 aoust 1C33, est arryvdde Grenoble Joseph.

37. Le 10 octobre 1633 a comancé à vendanger à Les- trect. Les famés ont gagné 4 s. le Jour, et les homes 7; lesbestes, 30 s. le jour. La vendange a esté grandement pouiTye, à cauze de l'abondance de la pluye, quy a duré environ deux nioys, sans auculne intervalle.

38. Le 12 nov. 1033, j'ey acliepté ung porceau, 15 1. ^ 39, Nolla que la pluye lia esté sy grande, en l'année

1633, qu'elle a duré jusques aux festes de Noël.

40. Notta qu'en décembre, il a passé à Qap l'ambassa- deur des Grissons, s'en allant en France.

41. Par l'assemblée généralle du 28 décembre 1633, je suis estes comys, avec le sieur de St-MicheM), pour aller à la Cour pour les afaires de la ville.

42. Achepté une paire débottés, à 7 1. 10 s.

43. J'ay demuré 4 divers jours à Tallard. pour tâcher d'avoir la jumanl de Gloteyraud ^).

44. Vûiage à Grenoble avec M. le chastelain Bellon '). —Je suis allé avec mon cousin à Grenoble pour les afaires de la ville, et avons emprunté 11 escus de Daniel Chaus- son!, l'^d. voiage a esté advoô par l'assemblée du judi 28 déc. 1633, resceu par m' Escaliier, notère ^).

<| Joseph Chabol, Tils de Jeau, notaire et procureur à Oip, et <le Jeanne Bovat.

*) Jacques de Oril, seigneur de St-Michel-de-Cbaillol, preuier coDSul de Qap eu 1633-34.

1} Louis de Cloteyraud, chàteUiu de St-Firmin (]633-39), Sis de François et de Susanne Disdier.

>j Paul Bi^llun, capiUioa ehfit<:laia de Moatalquier (aujourd'hui Ste- Uar^iiei'ile, La Tourronile et St-Jeau-do-Cbassagncs, quartiers d* Oap), au moins det>uiï lOCJ jusqu'en 10.%.

>] n-.an Escaliier, notaire à Oap de 1 J à 1666.

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HÉMOIRES QAPENÇAIS. 17

45. Du mois de janv, 1634, , . par assemblée de tous ' les plus notables de la ville, assemblés dans la maison

comùne, M. de St-Michel et moy avons estes comys pour aller à la Cour, pour obtenir du Roy le béneftico de payer les debtes de lad» ville en fondz. En suitte de quoy, luy et moy, sommes allés veoir le sieur de Laye').

46. [Janv. 1034.] En suitte de diverses conclusions, prinzes dans la maisson de la ville, resceues par m' Kscal- lier.notère, j'ay faict, cinq divers volages à Grenoble, à la requeste des manantii et habitans de la ville de Gap, pour la porsuitte du général, comme résulte du certifficat du sieur Abert, procureur constitué en ceste part, et des antres assemblées, pour lesquelles m'est deub environ deux centz livres, oullre la forniture.

47. M'en allant, avec le s' de St-Micliel, avons truivjé M. de Laye à Pierre-Ctiastel *), et nous en sommes retour- nés, led. s' de Laye et moy, pour treuver d'argent pour satisfaire aux fraitz du voiape, et par ainsi m'est deub

4 jours, qui sont 5 escus.

48. Despar/ de Joseph narenohle.~Le2i.\ul\neti634, au malin, Joseph est allé à Grenoble pour contignuer avec M. Abert, estant allé à la compagnie de M. Bonet et Paure la Ribière. Luy ay balliié pour sa despance 6 L A esté de retour le 24 déc. 1634, que sont cinq moys.

49. Tout le mois d'aoust et jusques au 10 septembre, la challeur a esté extraordinaire, et a contignué tout le moya sans pluye.

50. Métnoire du vandanger pour l'année 1034. Gommancé le 12 octobre,... durant 5 jours... Durant lesd,

5 jours, il â faict beau temps, clair et serain, sans qu'il soict tumbé aulcune geliée.

') Balthazap de Poiirat, sfigneur de Laya, fili do Jacques (1571-95) et l'.e Marguorito de Flotte, [l s'occupn laiigtemp; des intérêts de la tjlte Oap, et mourut vers 1663. Il avait épousé, vers i&T,, Auds du Faure, veuve de Jacques du Rouï na l&Ti. oocore vivaQtu en 1662, mais déjà morte en 1C66 (cf. ci-après, le n- 153).

'] Fier re-Chîi tel, caol. de la Mun', arr. do Grenoble (Isère].

Annales des Alpes, IL 2

D.g.tzedbyGoOt^lC

iS ANNALES DES ALPES.

51. Le jour de St-Luc [18 oct. 1634], Alexandre de Pliiliberl, sieur de Charance, cy-devant vibaillydu Gapen- çois, juge de Gap, a esté bruslé en effigie, en suitte de l'arresl de la cour de Parilement, condempoé en Irenle- Iroys mil livres d'amende, el aux despans et fraictz de justice, és^cuté à Grenoble et à la place St-Estienne de Gap, convayncu du crisme eséclable de sodomye et d'usure 'j.

b2. Le lendemain, c'est mys le feu à ma maison à Gap. c'est bruslé divers procès et liasses d'importance, avoit plusieurs de mes procès et, entre aultres, celluy que j'avois contre le baillage de Gap.

53. A la St-Martin fil nov.J de lad* Hnnée 1634, j'ay actiepté un pourceau, 9 I.

01, L'autlione a esté fort belle, sèche et fort cliaude, jusques au 20 uov. 1034, quy a commencé à glasseret tumber grande abondance de nège, quy a comancé h fon- dre exécifvement jusques au 7' Janvier 1635.

55. Le 2^ et 2<î leiivrier i&^b, il a faict des grandz lonè- res, fort extraordinèi-es, avec une grande pluye.

.56. Le 6' mars 10:1.1, j'eyvandu à Daniel Chausson un cheval noir, de S ans. au pris de 26 escus.

57, Du 14 mars 1635, M. Aymé*} s'en allant à Valence, pour trover M. Talion^), je luy ay ballié tous les règle- manlz de la ville, les actes d'assemblées tenues par-devant M. Arna[u d") et le s' de Montjeu'}, présipuement lerègle-

•J On Irouvera dÎTcrs Jélaili *u sujet df ces fails dans les Archives de l'hApital de Oap (H. suppl. 284).

-j Nicolas Afini'. prucureur lui cours de l>ap, qui cpousa, le '26 avril l(il5, Hélène Barba», «l qui, un juil. ltM2, était veuf d'Aat;élique de liurras. Il vjvail oncoi-c lu 1 1 avril 1640.

") u M. de Talion, commisaère deppulté par le Roy pour l'eréculion da l'arrest du cadastre général en Dauphiné m, par ordonnance, datée de Valence le 27 sept. 1634, avait enjoint à tous les habitants de Gap de faire au secrétaire de la ville la déclaraUoD de leurs immeubles. (Arch. com. de Gap, BB. 21.)

'■) Jean .Vrnauil. avocat, nommé premier consul de Oap, le 18 mai It)35.

:) CUnd>t 01i<-r d.- Monijnu, liU du ûbuilli Benoît (l5ôM6tll} el d'Aune d'- Marrel, lui-même vibailli de Oap (1601-lt), mortenjuin

Digilzedt.GoOgle

MÉMOIRES GAPENÇAtB. 19

méat de '15]C0, ensemble deux requestes présentées h la Cour, au nom des habitaus de Oap, contenant ia permis- sion de s'asemhler pour deslibérer de leurs afaires, et comission à M, Faucon, pour fère procéder à la révission des comptes ;.. . deuz requestes, l'une pour la création des consulz') el l'autre pour avojT des inhibitions contre tous les créanciers.

58. Coupper des vignies de l'année îtiS.ï.— Au moys de mars, et de lune novelle, j'ay faict couper les vignies de Lestraict, tenant 25 hommes, savoir : i2 à L'Ouche et trézer au Gros, à 7 solz le jour. I* temps a esté fort beau, clair, cbaud et serain. Pour cullir les sermaniz. j'ey teueu 5 fame.i, i\ 4 s. la chacune, et oultre ce, Ouigoune, ia servante, a demuré 7 jours.

59. Habime en Charance. Nolta que, au mois de mars, a coramancé en Cliarance. à la tour [terre?] de M. Faure, à se fourmer un grand précipisse. qui a en- portté et enlbndré [ilus de quatre-vingtz charges de semance, les arbres estans enfoncés dans la terre Jusques aux branches.

60. Prel, de Lesfraicl. La velhie de Pasques, vandu audict Prel un cestier vin, au pris de S4 s , qu'il viendra gagnier avec son beau-fraire.

61. Tout Le moys d'avril n'avons heu autcune pluye, et a esté led. moys extrêmement chaud.

62. Du il may 1635, le judy, a comancé à doner de la pluye, et a suivy tout le vandredy jusques à midy... Le 14,... la pluye a comancé à midy, et a duré lotit le reste du jour, à grande abondance . . De tout led. mois de may, il n'y a heu que la susd" pluye. Les vents et orages ont esté si grandz qu'ilz ont abattu tous les fniich^ des arbres, et tumbé de grandes gellées, qui ont endomagé les vignes en plusieurs lieux.

1633. De son marlago avoc Marguerite d'Abon, il nVut qu'un dU, appeld aussi Claude [IGlU-rx)) et ilcux HUes, Claudle et Anne (cf. H.supjiL 277). <) Elle avait oi'<liiiBti-..'meiit lieu A tiap le 1" diniauchc de mai de

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20 ANNALES DES ALPES.

63. Notta. A Tallard. Sur la fin dud. mois de may, il arriva à Tallard une grande comette, qui entourna la ville eu une grande dame de feu, et se jeta à la place dud. lieu, et, puis, disparut, en remontant au ciel.

64. Sur la fin de may, novelles que l'Espagaiol avoict saisi les isles d'Yères.

65. Bu 3 juin, sur la nuit, il a faict une pluye fort doulse qui a duré toutte la nuit.

66. Du 22 juin 16^, a esté leu, dans la maison de ville, l'ordre du Roy, adressant à M. le vibatlli'), par lequel il luy est enjoint de dresser Testât de tous ceux qui sont capables de porter les armes , pour se tenir pretz pour recepvclr le comandemant de marcher, lorsqu'il sera le temps.

67. Au dict jour est arrivé Joseph de Grenoble.

68. Novelle d'Espaignie. Le sieur de Chastilbon, mareschal de France, a rompu le cardinal- Infant, talliié ses gentz en pièces, prius les canons et ctiariotz*}.

09. Ai'ivée de snUlutz. ~ Sont estes de retour les sol- datz^), le. . . Juin, sur le soir ; leur avons doné à goûter, souper, chasque jour,

70. Le 12 Juin, le cardinal lul^nt d'Espagne a esté des- faict par le prince d'Orange.

71. Au mois dejuin 1635, il est arivé, auprest de Barsci- lonne*], de grandz nuages en flame de feu, qui se sont lon- guement combatus ensemble, et, apprès cella, tumbéde la nftge, et, à la suilte, pleut grande cantitté de sanq : ce qui signifie de funestes évènemenlz.

72. BarlaUais. —Le l"julhiet 1635, arranté l'hièrede fiartallays à Louis, beau-père de Tbomè, au pris de 8 florins et la moylié de la pouscière, en présence de

1) Dauiel de PhUiberl, S' de Ste-Mai-guerite (et. G. 1306 et ISlâ],

*) Le 20 mai ll335, k Aveia, dans le pa;s de Liège (Belgique).

■) Ils opparU'iiaiont un riigimeot do Rîchemont, dont sii compagnies Turenl logi-i's b. i^'ay k- £5 juin l(i.T> ; six autres compagai^i étaient b. Yejnes (artb. com. de Oop, BB. ii).

*) Bai-celon Dette, cbeMieu d'arr. (Bassus-.ilptaj.

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VÏUOiRES CAFENÇAIS. 21

ffi'Sarazin el Jacques Bellon et led. Tbomé, qui a faict faire le marché, sur le lieu.

73. Soldaltz. Le julhiet 1635, après l'hure de midy, sont partis de Gap les soldaltz louges cliès moy, arivés le 5* julhiet au matiu, que sont troys couchées.

74. Agression faite à Joseph. Notta que, dujudi au soir il julhiet 1635, sur le tard, lors de VAve Maria, Josep se trurant au-devant la portte de l'esglize, feust agrédé par le jusne filz de Charance, nomé Si-Ange '), acompagné du filz aysné du corier Davin ; lequel Cha- rance, (i'aborl, le chargea d'un coup de baston sur l'esto- mac et, â mesme instant, mist la main à l'espée, jurant et blasphémant le saint de Dieu, qu'il le tueroit; et le porstii- vant jtisques au dedans lad* esglize. Tesmoing, Roman, le fllz de Garcing. sa famé, et vefve de Jean Clémans. et plusieurs aultres, et, à l'ure quant il te vinst chercher, Claude, famé de Buffe, et Guigone de Garing.

75. Lad' agression ha escores esté coQlignuée en ceste ville de Gap, l'une proche la maison de sieur Juvenis*), présentz le sieur Robert Chamoys, ia fille de Grisarde, la noire de m< Quarley, la famé de Beynet, le pellissier, beau-père de Parnaud ,- [l'aultre] à La Blache, présentz le fils de M. du Serre^), le filz de M. Barbau'), et aultres.

76. Orages arrivés à Lestralct. La velhie de St Laurentz [9 août], à unze heures du soir, est arryvé une telle tempeste et orage, qu'il a rompu tous les covertz,

*) Henri de Philiberl, s' dn Si-Ange, Qls d'Alexandre, s' de Cha- roMcc, et Mvt de Français, s' de St-Romain. 11 avait été émancipé le ITJuil. 1632 (cf. ti. supp. 282, p. 249 de Vlntenlaire).

*] Raymond Javenis. Ris <to Laurent et de Marguerïte Bamhaud' procnrcur du Roi, oncle d'autre Raymond, historien gapenfiis, aussi procureur du Roi, subdéisguë de riatendaat, etc. (t628-17<fi). Ils habi- Uient à Oap la u rue du Fralssâ s (G. 1326).

') Probablomeut CAaWci du Serve, sieur du Thèze (1634-80), ou bien son rràre Honoré, eieur d'Orcièves [1633-39), ou encore Xoui's, plus Urd prévAt de Gap (I635-S7), tous lits de Daniel (frâre de Ctiarlcs- Salomon du Serre, évéque àa Oap, 1600-37) et d'Anne de Poligny (cf. O. 1512).

*) Jean Barbau, avi>cat, sieur de Pragastaud (1&9U-1(U2), consul de Gap ou 1641-42, père de Jacques, premier consul de Gap en 1615-16.

Digilzedt.GoOgle

22 ANXA1.es des ALPES.

abatu tous les fruitz, brisé et rompu tous les arbres et araché à pied, en sortie qu'il ne se vist jamais une telle tempeste.

77. Le dimanche, il aousl 1035, a commensé d'avoir de la pluye.

78. Le 13 aoust, il est arrivé un orage si grand que le ouvert de la maison de Lestiaict a esté abalu et l'a faUi reprandre à pied.

79. Du 16 aoust 1(335, Joseph est aiiû à Lestraict, pour l'aire fouller le bifid.

80. Du mardy, 21 aoust lO'l-^, [arrivée de] la compagnie de M. le maresdial de Créquy. .l'ay heu un gendarme, avec deux laquais et deux chevaux. Sont venus au matin: ont demui'^ troys jours. Pain blanc, 3 solz ; pâtes, 10 s.; vin, deux potz, 4 s.; chair, 0 s.

81 . Le lundy, 3* de septembre, la pluye, a comencé le malin, et a duré le jour en grande abondance.

S2. Du 17 septembre, suis allé à St-Bonet ; achepté 12 Ihomes^ 28 s.

83. Du 27 septembre 1635, comencé à vendanger k Leslrait... Estant à noter qu'il a faict une grande pulhie.quy a grandement endomagé les raisins, en sorte qu'il a pouri lamoytié.

84. La challeur a esté si grande qu'il n'est arivé la semblable de mémoire d'home vivant, ayant duré jusques au i'i dud., extrèmemenl violant, et cnntigniié jusques au 20 novembre. Pour vendanger, j'ay teneu 32 famés, k 1 s. (i d. pour jour, et S homes, à 2 s. pour Jour. Ont mengi' 4 oymines bled, une beste et la moytié d'une 12* du fromage.

85. Le 18 octobre, faict entonner le vin. Teneu pour aider à l'aire presser le vin 'fhomé Monrès, Michel Accarier, et le Barlandier, un jour.

<i (l'oma^es bUnc; de St-Boacet et dn

Champ^Bur ne date pas if aujourd'hui, [.e; fromageries célèbres de

BruUnel, de SI Laurent liuCios , do Chatnpol.'on , dOrcières et aillrcs coutiuuuul loï IraditioQS a

Digilzedt.GoOglc

MÉMOIRES 6APENÇAIS. 23

86. Le 20 octobre 1Ô35, acUepté 17 tomes à 1 s. 6 d. la pièce, monte 35 s. (3 d .

87. Au moys d'octobre 1635, balhié au s' Ténory*) deuï charges de vin ... De mesmes balhié à moo uepveu .Teau Chabot trois charges, oultre les cinq qu'il priot l'année passée.

88. Soldallz. - Du 28 décembre 1636, j'ay hen un gendarme ; gardé trois jours et demi ; changé cliès M* Mi lion.

89. BiUeltas. Dul" et 2* janvier 1030, eu suitte du conseil général tenu du l^^duri., j'ay fait les billettes, du logement et le 2^ des malades.

90 Du 13 janvier, avons doné à M. Marltuel uu veau gras, (juy a cousté 'A 1. 7 s. 5 d. dont M' Villary. ayiié, et moy.chacuiig a fourni 22 s. 6 d. A esté pourté par le ser- viteur de -M. Aymé.

91. Du vandredy, 13 febvrier 1637, lune vieillie, ay fait couper la vigne du Afo/m et de L'Ouche, excepté la iuyne planta. Tenu 15 hommes, à 5 s. le Jour.— Notia que le temps a esté lorl clair, cerain, et le matin, durant deux jours, froit, violant, et, sur l'hault du jour, fort modéré. Le vandredy, sur la nuyt, toumbé de nège, qui a dur^' jusques à midy.

92. Le 17 mai 1638, au matin, a commencé ii plevoir en abondance.

93. Du 26« de may, au matin, de l'année 1636, j'ay passé acte de recognoissance en faveur de Jeane Boval, ma famé, par laquelle jey confessé d'avoir reseu d'elle, ollre son doct, 600 I. des libérallités de ses père et mère*). Xéaulmoingz il est véritable que, devant ni après lad' confession, je n'ey rien resceu, n'ayant fait telle coiifes-

<) François Bonloui- Ténory, procurear à Oap (1635-d8;, 111$ de Glande, de St- Bonnet.

«) Jean Chsbat avait épousé, le 31 décembre 1606, Jeanne Bovol, filla de Oatllaume, apothicaire de Gap, cl de Claudie Philibert. Pni' son leslamentdu 16 jsnv. 1656, Jeanne Boval, alors veuïe, dcshmto ses enfants Joseph, Motse et Uarie. au profit de sa lllle Anne, épouse de Paul Se;mat: mais, comme ou va le voir (n' 134), ce tesUmcnt fat déclaré nul.

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24 ANNALES DES ALPES.

sion que pour me mettre au covert contre ceux qui me poroient trobler. Partant je déclaire que lad' confession est éronnée et qu'éle ne puisse nuire aux miens pour l'advenir, et qu'elle demure sans effaict. En fyy de qnoy, j'ey sigué avant la publication que m' Ëscallîer a resceu. IM. Couper tics vignics pour l'année 1639. La vlguiede L'Ouchc a esté coupée de la lune vielhie, au mois de febvrier. Le Cros, au susdit, aussi couppé de parelhie lune, au moys de mars, temps sombre et pluvieux, pui'sbtiau temps,

95. Pendant l'esté de l'année 1630, il n'a neo pieu jus- ques aulcudemaia de la St-Grégoire [3 sept.], qu'il a pieu tout un jour et presque la nuit, qui a graudemant servi aux semailiiies, comme aussy aux vignes.

INi. En l'anuée 1(Î40, et le 22 jeuUiet. j'ey arranté nottre grange et estable, au dernier de nottre maison, au sieur François Faure, et finira à pareil jour en l'année 1641, au pris de 15 livres, païées réallemaut: à une pistoDe d'Itallie, vaMant 0 1. 12 s., et un escu sol, vallant 5 I. 4 s.; le tout revenant à 15 1. Pour quoy Je i'ay acquitté, avec promesse de faire acoumoder le toict.

97. Du 4* julhiot 1640, il a passé en BaHallals deux régimans venaus de Veyne, ausquelz a esté donné carlier par les conseulz'),

9^. Le lendemain de la Toussaintz [2 uov.j, balJié aud. iDanielj Oliausou, mon beau-lîlz, dix charges de vin. emporté par Jean et Pierre Disdiers, frères, et le varlet du Ralyrolel Chalroyson, serviteur. Ma jument luy en a emporté une.

9Ï». Du 21 mars l«4l, j'ey arranté la moitié du jardin de porteCoullombe, Gap,] à Jacques Astréud, pour le pris de 4 dourins et demy, paï[a]hles à la St-Martin [11 nov.j. Dud. jour, j'ay arrautéà la famme de Jean Davin l'aultre moitié du jardin de porte Coullombe, au pris de 4 (loui'itts et 3 soubz.

t alors : Aatoinu du Buisson, avor, ta

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MÉMOIRES OAPENÇAIS. 25

iOO. En l'année 1641, Jean Cliabot, mon père, a baitiîé à sire Micliel Peliegrin 22 charges vin rouge, en dédution de ia talhie qu'il ha en recepte ; plus, au sire Daniel Chaussou, mon [beau-Jfrère, S charges, lesquelles il a envoie quérir par le vallet de Laurans Rousiniol.

101. En l'année 1641, el le 22* jeuUiet, mMean Chabot, mon père, a contuguié la rante de nottre grange à sieur François Fauro, pour deux années, qui Commancent à courir depuis le 22 du présanl et finissent à pareil jour de l'année 1643, et a réallemant receu 30 1. pour lesd. deux

102. En l'année 1642, et le lO' de mars, j'ey commancé à faire couper nous vignies, de la lune jove, au premier quarlier la vignie (lu MoM/ihî et de L'Ocke.el donné aux hommes 6 s. J'ey balhié à culhir nous sermaos à la Brolandière à pris-faicl, au pris de 8 1. Plus, j'ey balhié à Pierre Davin, nottre vallet, ung de mes habis vieux, sçavoir : le propoinl. ^6 soulz, et les haus de cbauses, 20 soubs,. . 56 s. Nous l'avons prins pour une année : son entrée a esté le 12 de mars, et finira samblable jour en l'année 1043. J'ey balhié à Pierre Dadvin, nottre vallet, deux soubs, pour acoumoder les haus de chauses que je luyey balhié, du 20 du mars.

103. En la mesme année, j'ey fait couper la plantée de la vignie du Cros le dernier quartier de la lune, et les faut couper, de l'année qui vient, à la june. J'ey parachevé le 28 de mars aud. an. Chabot.

104. Du 15 febvrier 1643, j'ey prins pour notre vallet Gaspard Brangttacy, pour une année, et lui ey promis six escus et demy pour ses gages, et, oultre ce, un cha- peau, une chetnize, un père de bas, et luy fournir de soulliers durant l'année.

105 En l'année 1643, j'ey faict couper les vignies à la leune jeune, et les hommes ont ganié 6 s. J'ey faict fouser nos vignies, et comancé le 1" de may et finy le 22 du présent et n'ey tenu 120 1,, sçavoir: 100 1, au pris de 10 s. pour Itomme, et les 20 [l.j restaus, à 12 s. J. Chabot.

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26 ANNALES DES ALPES.

106 . Du 20 aov. 1S43, acliepté 34 pans sarge blue, pour Anne'), à 6 s. et 2 d. pan, 3 escus 33 s.

107. LDejpuis le 24janv. de lad* année 1644, il a faict un hiver ci violant el extraordinaire, qui a duré Jusques à Pasques, avec taut de nèges et froidure extraordinaire à mal vivant, de [que] pareil ne c'est veu, la comerce tout a faict n'ayant peu avoir cours, les chemins tout à faict fermés par l'abondance des nèges.

108. Traiitble/nant de la terre, —Au moys de febvrier 1644, il est arrivé en Gapençols un grand tramblemant général de terre, sur les huict hures de matin, qui a esté veu de plusieurs. Et la pareille arriva, faict 26 ans, lorsqu'on faisoict procéder à la publication d'un monitoire pour la ville de Gap contre le sieur évesque tl'icelle, d'où il devint paraliitique de son corps, duquel il morut*).

109. QuUation de Bartallnis. Le 22 mars 1544, acte d'accord resceu par m" Guigues, avec le sieur de Laye el sa famé, héretaire du sieur Faure, sou père, par lequel elle a reprins lad* pièce, a quitté de touttes tallies jusques aud. Jour, ayant consenty à la rescizion du contractde vante, moyenant 300 1. que led. sieur Faure avoict receu et 90 1.. qu'il a resceu réallemant, soubz les domages et intérestz que J'ey réservés contre la ville, à moy adjugés par tes arrest de la Cour.

110. En l'année 1646 en entounazons, Mouize Chabot, mon ftrjère, vandit dix charges de vin rouge à Guilhen Galliaud, de Les Coustes en Chanpsaur, et à Esperit Pasqual, de La Mote, et François Oaigniaire, de La Motte, au mesme mandement, pour le pris de vingt I?) soubs et demy la charge.

') Aqdc Chabol, sœur do Joseph, épouse da Paul Sejintt, héritiÈra uaivei-sello do Joanne Bocsf, sa raèro (16 janv. 1656), encore vivaote le 3S Juia 1660.

S) 11 BBiT'* ici do Charies-Salomon du Secr,:, pourvu àe Yèvèché dj Gap le 30 août 1600 (G. 1360), mort à Gap Le 16 mai 1637. Ces détaUs relatifs h la cause de sa longue maladie et de la mort ne sont, k ma itiounës nulle autre part (cf. Ylntroduction du 1. III e G, p. iï,.-xï.iLi.

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MÉMOIRES GAPENÇAfS. 27

m . Arantemanf de la maison rie Gap. Du 10 avril 1647, aranté la maison de Gap à Jeao [Caron], rantier du Cheval Blanc, pour 4 années, qui commencent à courir le i5 du prochain mois de may, pareil Jour finissant, au pris de 15 escus;... consistant aux i chambres, la grand* escui- rie. la cave, avec les loneaux qui sont dans icelle, le grand sellier et la salie au-dessus; à la réserve des boutiques, rière- boutiques, le petit establon, cabinet au-dessus, et chambre sur la crotte de Daniel Chausson, mon beau-tilz : acte resceu par M= Jaques Rochas, nolire à Gap.

112. Le 0" avril 1648, j'ey achepté une rame papier, pour le pris d'une livre et un sol.

113. Le 14 déc. 1(348, j'ey achepté un civaier de sel, quimecouste 1 1. 10 s.;. .. 5 livres huiUe de noix, que me couste 1 1. 10 s.

114. Du 23 octobre 1648, environ les 10 heures du malin l'on ha sourti la grand' cloche de la boutique de la maison ville, laquelle ha esté pourté à la grand" esglize Saint-Arnoux par lajunesse de ceste ville, lesquels abus sontestéconduitzpar le sieur Legay'), habé de l'abaîe de Malgovert, la pluye les ha destourné de la mètre, et ranvoié au landemain.

115. Du 22" auost 1649, jour de dimanche. Dieu a retiré de ce monde mon père*), et a été encevelli au cimantire de ceux de la Relligion de Tallard.

116. Du 23 auost 1649, mon beau-frère Daniel Chaus- son a fourny les fraitzs des remèdes de mon père, qui montent 13 I.

117. Du 24 auost, ma seur fMarie, femme de] Jean Chausson a fornie pour pourter le deul de mon père deux

') Probiiblement Jacques Leguy , dit Clamonne, fils d'autre Jacques, docteur es droita. avocat (!) août 1630). vibailli du Chauipsaui- (1653-GO;, qui testa In 14 Juil. 1680. Celui-ci, de son mariagu avec Uaria de Perrus, Rlle de Lauruot at d'Isahcau du Serre, sœur de l'évéque du Qap Cbarles-Salomon du Serre (av. 1634;, avait eu, outre l'abbo de l'abbaje de Malgouvert, le chanoine Jean Legay, saciisle de Oap (ZT jauv, 1667), qui tlt son testnmanl le 8 oct. 1708.

*) C'est-à-dire Jean Chabot, père de Jo,=epb, qui, désormais, devient le seul rédacteur de

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28 ANNALES DES ALPES.

habis, sçavoir: l'uo pour ma mère et un pour ma seur Anne, qui ce monte 3»\. 1 s. 0 d. en tout ; le s^ Beilon, le marchand.

118 Nouta que le '.Î4 octobre 1650, ma mère se truve à Lestraict, et a demuré cbès mou beu-fraire Cbaussoun jusques au 8* de novembre suivant ; et que. le 15""* du mois, ma mère luy a passé cession de 30 1. sur ses droitz pour sa iiourtuire qu'il luy ha fait, pour lediol temps.

119, En l'aniu'iie iOril, après Noui:'!, j'ey balliié au sire Jean Chabot, mon cousin, 4 cbarges et une omine de vin du creu de Lestraict. lequel vin luy a esté dellivré par le filz de Laurans Espagnie et Michel Lheutard, qui luy l'a messuré, présant Guilhaume Chabot, son fllz, qui l'a apourlé.

120, Du ti" novembre 1652. j'ey passé acte de vante de noltre maison de Sant-Arey à Gaspard Meyère, pour le pris de 18 escus et <) paires esgahès [escabeaux] de 9 I., en païant l'intérêt, le premier comançant à la St-Martin de l'année 1653, et ainsi contugniant Jusques au parfait paiement, comme apert du contrat receu par m< Jacques [Rouchas.l notaire.

121. Dud. jour 17 no^vembrej 1652, j'ey retiré les acquis de Jean Caron, notre rantier, de la ferme que feu mon père luy avoicL passé, que revient à la rante pourté par icelluy.

122. Eu l'annéie 165'^, balhié... trois charges du vin de Lestrait à m" Jean Mazet, exateur des laUiies dud, lieu*), à 6 1. la charge ; lequel a esté retiré par Claude Mayme- Basseton, présents Jacques Givodan et Sébastian Pelle- grin.

12;î. Le 6 dexçambre 1652, j'ey envoie quérir à Gre- noble uu quintal de chamvre. qui me coutte 16 I, 12.; au mula lier qui l'a pourté, 1 I. 8 s. A ceux qui l'ont pignié je leur ey baihié pour nourante sept livres. 9 deniers la livre, 2 1. 13 s. Pour 21 aune de servij^èltes

<; Jsan Uazet, lits de Charles, procureur at notaire, coosul de Gap en iâllôglea \Wi, lui-même notaire cl praticien en 165t-56.

D.g.tzedbyGoOt^lc

MEMOIRKS 0APESÇAI8. 29

à la grande Venize, que j'ey faict venir de Grenoble, 16 1. Plus l'estoffe d'un habit, que J'ey acheté chès le sire Gaspard Eyraud, iôl, 12 s.

124. Du lundi 7 avril 1353, 1e sire Daniel Chausson, mou beu-fraire, nous a balttié cent nourante livres de reviure [regaiu].

125. Du30 auost 1653, j'eyacheptédix émines de bled fromant du rantier de M. de Iteveine'), de Roumette, au pris de 1 1. 10 soubs l'émine, que ce moule 18 I. 10 s. Dud. jour,... Miche! Lheutard et Margerite Clémance m'ont balhié une piesse [de terre] au terroir de Lestraict, appelle « La Oenestier, pour le prix de 270 1., comme apert du contract receu par m" Olliver, notère; qui confronte: du levant la terre de Jean Briche^), que m'ont ballhié en paiement pour mes travaux, patrocines et pour tuteurs que je avois faictz, tant par-devant le juge de Lestrait que eu l'article d'appel jusques accords deffinitifs, au mouien duquel je les quitte d'iceux.

i-iû. Du 15 sept. 1053, j'ey achepté un père de soulliers. qui me coustent 2 I. 15 s.

127. Du 10 sept. 1653, j'ey envoie à Grenoble un deœy- louis, pour l'aire venir des lettres royaux pouracepter riiérilage de feu mon p^re, avec bémifice de droict et inventaire, 5 I, 15 s,

128. Du 0 juin 1656, j'ey arranté à M. George Armand, receveur au grenier il sel, uolaire^). l'escuirie que nous avons dans l'enclos de cesle ville, au pris de 15 1., qu'il

•) La leciuro de co mot n'iist pas cortaine. Peul-élro il s'agit ici do Rûginalil ou Rnvnaud de Revillasc, prieur et seigneur de Romette, tils de Françoia, pourvu, sur résignation d'autre Rëginald de Revillasc, le 12 juillet ll'iSS, et qui, à soo tour, résigna son prieuré en laveur do son frère Quillauine do R«villasc do Combefèrc, le 31 janv. 1(j87,

ï) Jean Bejnaud, dit Briuhe, de Oap.

■) Georges Armand on d'Armand élait raceveur du grenier à sel de Oap au moins dès k 6 mai 1653. Il devint peu après seigneur de Chitcauïieut (vers 1660), el uvail encora eu 166i. De son mariag.' avec llarie de Chevallier, it eut ua AU André, mentionné dans les acles da 166U i ni6.

D.g.tzedbyGoOt^lC

30 ANNALES DES ALPES

m'abalhiée réallemaat, à condition que je fer'a'^y acoii- . moder le loit et le planclier.

12!>. Du 4 fevbriei' 1657, j'ey arranté la moitié de nostre jardaiude porte Goulloumbe à honeste Isabeau Vallon, vefve de feu François Robert, pour la présante annéie 1657, au pries de trois livres, payable à la St-Jeaa pi'ou- chain [21 juinj, du coûté de TouHousone. Présentz, Jean Astiéel Doumai[n]ge Astier. fraires. du Ctiasteauvieus.

130. Du 1" mars 1658, noble Jacques d'Ize, seigneur de SalléoQ, a esté receu vibally, et a preste le sermant par- devant le sieur Jean Marchant, lieutenant particulier') Le s' Grimaud, advocat, l'a présenté.

131. Au mois de Julliet 1658, M. de Beauregard^) a retiré de Joubert, comme procureur de M. de Laye, 30 1. qu'il me debvoit.

132. Du 1" mai 1^9. damoiselle Marie GUassegay'] m'a l'ossé [l'orcé] de partir de ceste ville, avec ma petite MadalloQ et moa neveu Jacob Chausson, et les aller conduire jusques à l'aris. Us sont partis environ midy. 11 m'a esté impousible de les aller acoumpagner, à cause que RouUaud me voulloit Caire emprisoner, à cause du procès que j'ey avec luy.

133. youta (jue le filz de maistra Guilhen Gari, thallieurd'liabis de ceste ville, m'a fait un propoient de drouget, avec liaus de chausses, du 7 juin 1650, et luy doibz deux livres, tant pour la fasson que pour les fourni- tures, qu'il m'a faictes, que je luy compancerey sur les travaux du procès que Guilhen Gari, sou père, ha contre Anthoine Girard, du lien de La Bastie-Neufve, et Daniel Gaultier, de Sisteron.

•] Il tut subdélégué de l'intcndaDt cd ItieviiT, et vivait encore le 33 mai 1673,

*) SiiM de Michel, s' de Beaura^^ard, fils de Charles et d'Aane de Bris, qui, le 3 août t&tS, avait épousé Isabeau do MoutaubaD-Rambaud, et, le 14 Juil. 1G73, Tut iuvesti par le duc de Créqui des ti domaiDes de St-Léger et St-Jullien » en Champsaur (cf. Bull. Sot. dÉl. 1BS6, p. 75-Bl).

') Marie de Chaasegay, fille de Oédéon (ii' 149), épouse de Joseph, Chabot, rauve le 4 janv, 16ât (S. 140).

D.g.tzedbyGoOt^lc

MÉMOIRES OAPRNÇAIS 31

134. Du 4 d'ost 1858, j'ey faict randre airest entre ma sœur et moi, famme de Pol Seymat, par lequel le testa- ment que feu Joane Bouvat, ma mère, avait faict en sa faveur a esté déclaré ueul, et sa sussessioa a esté réglée à intestat. J'ey faict tous les fraies, à mou particuUier, et ey demeuré, à cet etiect, à Grenoble, esprés, plus de 6 mois, A la poursuitte. M. Allard ha plaidé pour moy et ha encores mespiesses. et M. Reynaud, poui* le sieur Moyse Chabot, mon fraire, et le fils de Lovât, pour Anne Chabot.

13j. Ce 8 octobre tG59. Nouta que M. le conseilher de St-Disdier et son fraire'] ont esté tués eu Freysinières, avec son paire^j, par Barthellemy Reymond, dud. lieu, acoumpanié de 5 et lui faisoit sey ; <\h l'on leur a donné 100 coups de dagues après leur mort.

iSt} ]>u 15 octobre 1059, j'ey baillié 21 charge de vin à M. de Serreluc'), pour résondes aré[r]ages que je luy doibs de la vigne du Gros, pour résou déquelles i! m'avoit fait faire la récolte, et en fait députer séquestre Fière Coustans, lequel a paie 27 1. pour la taUiie de lad° viguie et 3 I, 5 s. pour la cave qu'il a luué, et les vandageui-s. Lequel vin a esté retiré par le vallet de M. Roucbas et Jacques Oivodan, et le lilz aiué de Jean Roux-Lhéoufl're.

i'JH. I>u 29 janv. 1060, j'ey obtenu arrest au proffit des delfaus à faute de présenter contre les consulz de La Rou- chette, au raport de M. de Soutareu ').

138. Du 30 janv. 1600, j'ey encores obtenu arrest au

') Oroncc et Ant. Lu Bout, conseillers au parlenisnl, dis dj Melchior, receveur général du UJUoa un Oaupbiuu. Ce dernier, acquéreur de ta Eeigaeurie de t'reyssiuièreg le 18 oct. 1G34, avait fait condamuer (30 mai 1637) les habitants de FrRjsitinièi-es i lui payer la (aille coiutalu {H suppl. 123 et suiv). De 1& une hsini' sourtte, dont ses fils et lui-même furent les victimes malhi^ureusc^i.

*) La lecture de ce mot n'est pas certaine.

>j Jean-Baptiste de Masse, sieur de Serrelac, de Vajues, 17 août 1347. P.. 13Ï. Cf., ci-aprfs, le n- 146'.

'] Abel de Saulereau, sgr do Chasse, conieillBi' au parlement de Grenoble dès 1l35£, honoraire en 1672, etc., ncv.'u d'Abel de Sautereau. abbé de Boscodou [t6Ut-34); frère do François, également abbé de Boscodon (lfi34-84), et père de Miehel, autre abbé de ce monastère 1684-171!!.

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32 ANNALES DES ALPES.

proffit des deifaus contre les enfans et hoirs de feu Jean Roussiii- Bouchard .

lltô, i\'OM;« que j'ey encores faict remètre le procès contre Siston Carllot; cellui de Jean Jouselme; cncores contre George Neyret; cellui de Jean Gertoux.

140. A'o!((a que, le 16 febvriér 1660, Ton ha publié la pais genni^raUe à Grenoble, tous Messieurs du Parle- ment ont siégé â la Première Chambre en robe rouge, il n'y heut pas assés de place pour les recevoir tous, la chambre n'esloil pas assés grande pour les louger tous. La ciiambre estoit toute ramplie de puple. Et, à l'après- dinée, M. le secrétaire Baudest monta à cheval et la publia par toute la ville avec tous les lieussiers du Parle- mant, tout le monde estoit sur les armes, l'on fict grand réjouirssan]ce.

141. Du 20 febvr. 1660, j'ey faict randre arrest contre Madamoiselle Marguerite Baud<) pour le faict de la garan- tie que je lui demandés contre Mathieu Pouchon; je l'ey lieu avec despans, au raport de M. de Beauregard.

142. Du 21 febvr. 1660, j'ey heu an arrest contre Mada- moiselle Baud pour le subject de la garantie contre le sieur de Serreluc, avec despans, au raport de M. de La Baume-Pluviuel.

143. Du 21 de febvrier 1660, oft le jour ce passa sans Lruict, à Grenoble l'on lict eucores grand réjouissence sur la pais, la graud'partie des habitaus mootharenl à clieval, avec grand fanfare, il y avoit plus de 2,000 mille {sfc) chevaux, avec deux chariocts tirés par un dromadère, avec grand mussique, l'on fict un feu artif- flciel à la place Saint-André, il feust très beau . La place

•] Marguerite Baud, fille do Btnoît, consul de Gap en 1586. et bérilièie Jacques, son fière, avocat distingué et procuruui- à Gap .1614, 1 16591. BVflit épousé Auliort du La Villelte, -igr de Purmevur et cosgt do Vïjaes (13 oct, ICW). Elle élait déjà veuvb bii 1661, et. 1b l" juin 1611, elle Ht son lesUment en faveur du séminaire de Gap ont elle devint aiusi l'insigne bienfaitrice. Sa mort arriva le SS ocl., dl6TE.

D.g.tzedbyGoOt^lc

MEMOIRES GAPENÇAIS. 33

estoit toute ramplie du monde, jusques sur les tois, jws- ques à dix heures du soir').

144. Nouta que, du 0 juillet 1660, il a tumbé de nège tout au proche de Gap, et que, tout le jour, a esl6 soumbre et covert, et aussy fresc que au plain de l'iver.

145. Du 25 julMect 1660, l'on ha faîct le feu de la réjoui'îsaiice de Tlnfaote d'Espagnîe, venue en France pour régner, ou tesmouniage de la réjouiçance de la paix que uous avons heu pour sa bienvenue^).

146. Du 9 octobre 1660, j'ey halhié à M. deSerreluc 14 charges et demy de vin à Lestraict, au sieur Jean- Baptiste Masse, sieur de Serreluc, en déduction et compte delà pancion que je luy dois de la vi|g]ne du Gros; qui sont esté retirés par son vallet, par son ordre, par Jean Rambaud, valletde la vefve de iSan-fli^ière. et sire Gas- pard Bontoux, marchand de Gap, et son filz. Et en l'année 16ô9, je luy en ey eucores balhié vingt-une pour les arré- rages de cinq ans.

147. Le 1" janv. 1662, je soubscrit fey] contignié la rante de notre grand boulique et riôre-boulique à An- thoine Céas, pour une année, pour le pris et somme de 12 1. de l'édict, desquelles il m'en ha balhié réalemant 6 I. et 6 I. restant dans six mois, après quoy que je luy ei balhié quittance du tout.

148. Du 30 may 1662, par acte receu par Jacques ^owrfirtcf, notaire, j'ey transigé avec Moïse Chabot, mon fraire, de touts les affaires que je avés avec lui, au mouien de la boutique et rière-boulique que je luy ey balhié, du cousté des hoirs de feu Jean Brun ; et c'est chargé de païer sa pari d'argent et valeur du pris que j'en doibs encore.

149. Du 5 juin 1663, j'ey passé acte d'arantemant de ma

') A Gap, le feu de joie pour

la pai.

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maia selon * les forces duQ

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') poudre brfileo à oetle

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< un quinlal 30 li

au prix de 22 sols la In-re > (1.

c).

A.NNALES DES Al.PES, II.

DigitizèdbyGoOt^lC

34 ANXALES DES ALPES.

YÎgnîe du Gros, en faveur tie noble Jédt'on de Chassegay, mon beu-père, aie receu par m^ Vallon, nolère, pour me favorizer et mettre mes fruictz à covert.

150. Du 3 ost 1062, j'ey donné à mon beu-père 91. 16 s. de l'argent que j'ey retiré des coqsuIz de La Rouchette.

151. Pu 14 may 1C62. j'ey donné à Anlhoine Chabot 6 1. pour acoumancer à fousser la vi^uie du Gros.

152. Du jiidî 18 may itHi'i, j'ey donné ancores à An- thoine Chabot 0 1. pour contugnier à fousser et paracha- ver la vigaie du Gros.

153. Nouta que le procès que j'ey par-devant la Cour contre noble Bailhezard Poncet, seigneur de Laye. et damoyselle Anne du Faure, mariés, comme cessionnère et aïant droict de sieur David CItaba, du lieu de Veyne, j'ey ceddé lad* partie à dame Catherine de Baudteac , famme de noble Enemond Baudet-Beu regard, conseiller du Roy au parlement de Daupliiué. 11 a paie le principal, de magnière qu'il reste les inthérès et despans ; lesquelles led. sgr les a reversés par sa quittance, tellemant que nous sommes assignés en audiance sur ce subject, m* Charles Uicliier e^s]t mon procureur et cellny de lad' dame, Joubert.

154. Notta que la somme grosse du cadastre de la ville de Gap monte 10:.t.381 florin'), sans y comprandre les sences apartenantz k la ville, aquises de Messieurs de l'Université, montent l.a© florins,

lijj. Reci'te poui- yu^rir le mal de la yvnvète. Prenés junes boutons do milriers, lorsqu'ilz sout en sai- son, au printemps, et les faites sécher sur linge blanc, en lieu que le soleil ne louche point. Et apprès qu'il sera bien séché, metlés-le en poudre, bien desliée, pour en prandre un culier dans le vin blanc, en juin ou le soir avant coucher. Et vous verés le sable dans le uerée.

'] C'esl sur retto sotnm^ qii? l'on calculait, chaque année, le» itiposiliuDS c\ \i'% taill'-s quo ta ville de Gap derait payer au Roi au i

Digilzedt.GoOgle

TABLE DES NOMS ET DES MATIÈRES

DES

MÉMOIRES GAPENÇAIS

A hert, procureur i Gît noble, 46, iH. Ablmi de Charanca. tit. Accariar (Michel], Hii. Agrasioru A Oap. 74-5. Allard. avocat â lïrenoblu, llii. AUaœaïKl, subsUlut, S). Amat (Benoit), 26. Amba-ttadeur Suisse a Oap. «). Auselme (Jn), uot. dn Vojdbb, 6, 8. Armsiid (Geoiae^), receveur au gre- nier il sel, 128 Nicolas, 1. Arnaud (Jean), 57. Assaninau à Freyssinièros, 135. AnembUet à Oap, 29, 11, 44-6, 51,

le ChÂteauvii

[,129.

Barban de Pragnstaud, 75. Barcelounelte (B.-A.), 71. Barlandier, 8ô. Barlalals, à Oap, 72. 97, IC.).

^arli, 140. Bnudst-Beauregard (Efnn"), lô:!. Bsulëac (del, Calhoriue, 153. Beaure^ard (de), lam., 131, 141. Belloa (fam.j. 44. 72, 116. Bertrand (Jacq,). 7.

!l (far

mlUUei.i-- Blache (La), l. d. de Oau, 75. Blanc (fam.), .t4. Blancbou (fam,). 20. Blé (prix du), 28, 125. BcBuft (louagedel, 31. BoDoel (fam.). 7, '48. BddIoux (Oaspar), 146. Bontoui-TéHory (Franc), 87, Bovat (Jeanne), 93. 131. Boiles iprii d'une paire def, 4Î. Branquac^ ((ïaspar), 104. Briche (Jn), 125. Brun{Jn), 148. Buffe(rani.).74.

CadaHre de Gap. Iô4. Caoaple (Lapierre de). 9. Carlot (Sij;le), 139.

Caron{Jn), fermier, 111, 121.

Céas (AqI.), 147.

Chabot (Anne), lOG, 117, 134 Ant., 151-2 David, 153 GuH., 119 Jean, apothicaire, 9

id.. lîls de Paul. 12, 20, 119 id., procureur, 12, 87, 100, 111, llô - Jeanne, 13 Joseph, 34-6, 48, 67, 74, 79, 100. 134, 137-B, 141-2, 153 Madelon, 13S ^ Marie, 118— Moïse, 110, 134, 148

Noël, 6, 7 Paul, 2, 12, 20, 119 Salomon, lU.

Ckateurn. 22, 49, 54, 01, 84. Chalrojson, aerviteur. 98. Charaoj's (Robertj, 75. Chanere (prix du), 123. Cbarance (s' dul, 17, 5t. Chassegay (de), Oéddon, 149

100, 111, 117, 118, 124 - Jacol

132. Chenal (prix d'un), ÔG. CAecaf-fiionc(te), ftOap 111, Cléniance (Marguerite), 125. Clément (Jn), 74. Cloche de la Cathédrale, 114. Cloleyraud (st de), 43. Colombe (porte), à Gap, 9», 129. Co.nite à Tnltard, 63. r^nstan,! (Pierre), 136. Consuh [élection des). 67, 97. Contagieux; (mal), 18. 20-1 . Corpt! (de) Avnard, 8. (Postes en Chàmpsaur (Les), 110. Créanciers Je Gap, 57. Créqui (dej Charles 29, 80. Cru3s>B (Jeanne), 13. Creyers Is' de), 6-7, l>oii(Beal de La;. 15. Cro.' (du\ Ant., doVejues. 7.

Dettes de Gap, 45. Disdier (fam.), 98. Dousaan (Aodrél. de Oap, 13 Dromadaire, à GrenobX-, 1 Uuuau(Aot.), 10

D.g.tzedbyGoOt^lc

ANNALES UES ALPES.

ItO.

Kspngnois, 04, 68. Éeiqu^de Gap, 108. Ejrïuil{fam.),a), IÏ3.

Farnaud (fani.), 75.

Kaucon (fBra.),57.

Fsureaam.), 5», 96.101.

KaurcidDMsm., 10i>, itS.

Fmice la Ribière, *8.

Péus : Noël, 39. 119; Pâques, 10.; S. Grégoire, te; S. Je««- l^i S. Lac, 51 ; S. MarliD, u3, S», lïO; Toussoiiil, 22. 98,

Feux de joie, 140, 143, 145.

Flammes {nuages du], 11.

PrBjssiQiires fassas^inals à], 13j.

Froids, 107,146.

Qatgnaire (Franc;. 1, 110 Oaillaud (Ouil.), des O Gaugaille (Arnoui), 1. 08p, 29, 40, 73, 111, 1J4, eli-, Uapentais, lUtS. Unri (Ouil.), taillaur, 133. GaFCÎDg ifam.), 74. G«riP6(de) Ouigono, 74. Gautier 'fam.l, 17, 1*1. Geléu, 02.

OeDOîtier (Le), a Lcltrel, 12j. Oertouï (Jean), 139. Girard (Aot.), 133. Givodau (Jacq.), 1S2. 136. GraoeUe [recette contre ta), Ij5. Grenoble, 44, 46, 48, \1-i. 127. 143.

Inc(nJ<« à Gap, 23, m ; i Talianl

27. Infnnl (c»rd.), battu, 08, lO. lafaote ri"Espagne, 115. JiofJacq. d-),vibsilli, 130.

Jail«olmo (Jn), 139. Joubert, procureur, 131. Juvenis (Raymand), 75.

Lalelle [Jnl, orfèvro, 13. Uye (s- de), 45, 47, 109,131. LeRBï.abbé de Malgoueeit, 114. Lottrit. 15. 31,58,60,118. ISa.elc. Leeée de grna de guei-ie, m. Lhaulord (Michel). 1».

LunejvJne.'î, 12. 'l3. 5S, 103, 105;

- vieille, 91, 94, 103. Lyon, 14.

Magalon (Oljnipe), 12. Maime-Ba3Klou(Ci.;, Mi. Wnjsn-i affermie, 111. ilalgomert l.abhaye de), 111. Marcbsat (Jn^. licut. pari., 130. Marlinel (fum'.). 90. Mavse rJa<Bapt.), 140. Maiel (Jn|. 122. NklIJassD iJiil. 0. Meyère (Oaspar). 120. Millontram.). 88.

Moutjcu (s' de), 1. 57. Monnaie». 96 128. etc. Motte en Champsaur iLal, 110. Mourès (Thomé), 85.

N«ij«.54,71. 91. 1o7. 114. Nejret (Goorpas), 13',i. \'uages de feu. 71 .

Olierdo Mooljcu (Claliv), 1.

Olliïiar, not. 125.

Orages, 19, 6Î. 7e,_7». 79. 83, 118.

Oranae (prince dV 1".

Or/ïorM. 13.

OuViVrj (salaire d'I, 10.

Oze. 7.

Pain (prix du), 80.

Paix Ifèles pour la), 140, 143.

Papier (prix du), 112.

Paris, Ifô.

Parouton (Ant.). 12

Pasqual (Esprit), 110.

Pauchon (Malhicu). 141.

l'ellogriD llam.), 7. S, 17, 100. iii.

l'ente à Gap, 18; a Veyne*. 5, ti, 8.

Philiberl (de). Alei., bnilé en cflU gie,51.

Philibert (Marguerite), 1.

Piorre-Ghâlel (Isère), 47,

Pluies. 30. 37, :», 55, 61, 651, i, TU, 81.83. 92,95.

Poncnt (fam.l, 35, IW.

Porcs (anji des), 24, 38. 53.

Prel [(am.), do Lottret, 60.

Prix: blé, 28. 125; bottes, 42; chanvre. 123; cheval. 56; huilo do noiv, 113; pain, 80; papier, 112 ; porcs, 24, 38, iii; sel, 113; sou- liers. 120; vêtcmpol», 102. 104. 106. 12;i, 133; vin, 60, 80, 12Z, 136.

Qu8rlcy(ram.),75.

Rambaud (Jii), 146. Ralyrol ^le), 98. lUglemtnts da Gap, 57. Reymond (Bartbël.) assasûn, ReynBud(fain.),b, H. 131. Revitire (regain), 135. Ricbier[Cl.), procureur, 153,

D.g.tzedbyGoOt^lc

TABLE DES MATIERES.

Robert (Franc), 1». RcKhas lJ«cq.). uo'-. 'H. »20- Rochflltc (Lïl. 137. 150. RollSDdltaro.], 13*- Romettc, ISâ.

Rn»taiQ BelU-OrcilU {lai. 11. RoadUci (Jacq.), oot., 14S. Rour (Ant.), 7. Bousioiol I Laurent), 100. RoussId- Bouchard (Jnl, i;!8. Roux, CDD sbL lier, 1. Roui-Lhéoffro (Jq), 136.

Sl-Aoge (b' da), 74.

St^Arey, quart, de Osp, 120.

St'BoDael-eTi-Champiaur, S9.

St-Disdier (consaiUara de), assassi- D^s à Frejasiniàres, 13o.

St-Marcallin, ham. deVeynes.T.

St-Uichet {»' de), il, 45, 47.

Soinef, S6.

Salaire d'un valet, 101 ; dos ven- dangeurs, 32, 37, M ; des viguc- roQs, 58. 91, 105.

Saléon (r dej, 130.

SarralUère (veuve), 146.

Sarraiin (fam.), 14, 7ï.

SautarBau(faœ.), 137.

SAchemia, 22. C( Chaleurs.

Sil (pi-irdu), tl3.

Serre Ifam. du), 73.

Serreluc (s' de), 136, 14Ï, 146.

Sereietlei iU Vmiie, 123.

Sisteron, 133.

Saymst (Paul>. 134. I Sodomie, 17, 51. I SoldaU,60.^3,9S.9^■ I Soutien {prix de), 1S6. I Soustr« (Piei-ro), da Vevues, i

' Tallard, 43 ; cimetière Ac% réfi ' 115; comète, C3. I Talion, président, 57. I Tempéia, 15. 76, 78. [ Ténory. V. Bontoui.

Tomes de St-Bonne1, M, 86.

Tonnerez, ^. , Tremblements de terre, 108. 1 Trovyes, 15, 29.

Valleneo, 57. Vallon (fam.), 129, U'J. Vellin(fani.l, 11.^ Vendanges, 32, 37, Vérss (prieuré de), 1, 8.

83.

Vilenunls (prii des), 102, 104, 106, 123. 133.

Veyna>,5, 6, 97-

Vialli (lam.j. 10. 20.

VibaiUis, 66, 130. ^^ „. „,

Vignt (Iravaui do la), 58, 01, 94,

m. 105, 151. ViUary (fam.), 90. Vin (prii du), 60, 80, 122, 136

LES HOPITAUX D'EMBRUN ET DE GAP

d'après divers documents officiels

(1679-1749).

Les documente analysés ci-après donnent, sur les hôpitaux d'Embruo et de Oap, des renseignements peu connus et fort intéressants.

Le premier d'entre eux, imprimé à Grenoble en 1742, est aujourd'hui d'une estrème rareté. 11 fait connaître l'origine reculée de l'hôpital d'Embrun, et l'importance de ses biens et de ses revenus ; il rappelle les libéralités des archevêques Guillaume d'Hugues (1612-48); Charles Brdlart de Genlis {1668-1714), et Bernardin-François

D.g.tzedbyGoOt^lC

38 ANNALES DES ALPES.

PouQUET (1741-67) envers cet liôpital ; les noms des anciens hôpitaux, Maison de l'Aumône, Hôpital du St-Esprit, Hôpital St-Jacques, dont il avait recueilli l'héritage; les améliorations que tes administrateurs et directeurs se proposaient d'entreprendre en 1717 et en 1742, etc.

Les documents suivants, tous manuscrits, sont relatifs à l'hôpital général de Gap (1670-1749). Cet établissement, alors situé dans l'intérieur de Gap et précisément dans le local occupé maintenant par la caserne de gendar- merie à cheval, a laissé son nom à la rue actuelle de l'Hôpital (autrefois rue de l'hôpital S/c-Claire). Il ne faut pas confondre VhApital Ste-Claire avec ceux de St-Martin, de St-Lazare ou la Malad£rie, et de Jean Rouvier ou de St-Cristophe, tous sis à Gap ou aux envi- rons de Gap, et dont les biens furent unis, du moins en partie et à des époques variées, à ceux de l'hôpital Sle- Claire.

D'après un mémoire rédigé en 1671), sous l'évéque Guillaume DE Mrsghatin i.a Fave (1677-70), et que son successeur, Victor- Augustin de Meliand (1680-84), se proposait de présenter à Louis XIV, nous pouvons nous rendre compte de l'importance de l'bôpital de Gap en 1679 ; de la valeur de ses revenus el de la lourdeur de ses charges ; des services multiples qu'il rendait alors, non seulement aux pauvres et aux malheureux, mais aux troupes de passage. Parmi les renseignements variés que renferment les autres documents, il convient de signaler ici ceux qui sont relatifs: à la Charité de Gap, à la compagnie des Dames de la Miséricorde et aux religieuses de St-Joseph, chargées spécialement du soin des malades ; aux moyens proposés pour augmenter les ressources de l'hôpital ; aux soldais malades qui y furent soignés de 1744 à 1747, etc.

Ces documents, au reste, ne sont qu'une bien faible portion de ceux qui existent encore. On les trouvera ana- lysés, plus ou moins longuement, suivant leur importance, lianfi l'Iiivcnfairc des Archives des Hati/cs- Alpes [série

D.g.tzedbyGoOt^lC

HOPITAUX DEMBRUN ET DE GAP. 39

H supplément f/fos/)/ccs rfe Brimiçon, d'Embmn et de Gap), acluellemenl en cours d'impression. Sauf imprévu, (X nouveau voiume de l'Inventaire le de la collec- tion départementale, sera publié à la fin de l'année 1898 ou au commencement de 1899,

HOPITAL GÉNÉRAL D'EMBRUN (1717-1742)

H Règlements et statuts de t'hôpilal général du Sl- Espril de îa ville d'Embi-un » (Grenoble, André Faure, « imprimeur de Mgr l'IU™* et R^^ archevêque prince d'Embrun, et du clergé de son diocèze », 1742, 36 p.).

« Depuis les premiers siècles de l'Église, les habitansde la ville d'Embrun travaillèrent efficacement à donner du soulagement à ceux qui parmi eux ëtoient dans l'indi- gence. . . La ville d'Embrun, quoyqu'une des moins aisées du Dauphiné, établit plusieurs maisons dans son enceinte et dans son territoire, pour servir de refuge à ses citoyens que la pauvreté, les maladies et la misère faisoient souf- frir. . . L'hôpital général de cette ville. . . parmi ceux du Royaume est un des plus anciens... Plusieurs citoyens d'Embrun, suivant les traces de leurs pères, luyont fait des dottations considérables. Le sgr de Genlis, archevê- que d'Embrun, ayant vu, pendant près de 40 ans qu'il occupa l'archevêché d'Embrun'), avec quelle exactitude les directeurs de cet hôpital se conduisoient dans leur administration, et combien la misère publique étoit soula- gée par les biens de cet hôpital, il les augmenta considé- rablement par le- don qu'il lui Qt de la moitié de tous ses biens. Par lettres patentes de déc, 1717, le Roi a ordonné B que cet hôpital seroit régi à l'advenir de la même façon que l'étoient les autres hôpitaux généraux du Royaume ». .Les largesses de l'archevêque Bernardin-

'j Charles Brulart de Oealis fut archevêque d'Embruu de 1668 à sa mort (3iiov, 1714).

D.g.tzedbyGoOt^lC

40 ANNALES DES ALPES.

François Fouquet ') k font disparoitre la calamité d'une année des plus stériles qui aye paru... Aussi M" les directeurs, de concert avec toutes ses ouailles,.., luy disent avec sincérité, comme faisoient les anciens Ro- mains aux entrées de leurs empereurs :

De nosfris annis libi Jupiter augeat annos.

c Extrait des registres des délibérations du bureau de l'hûpital général d'Embrun » ; 1741, 24 déc. Présents : l'archevêque B.-F. Fouquet , Louis-Émerit du Bailleut, vicaire général et ofTicial, Louis Pascalis, chanoine, Jean Doultre, curé de St-Vincent, Franc. -Ignace Antoine, Jacq. Vial, Ant. Roux, Jean-Jacq. Salvn, Franc. Cressy, Jacq. Vallier.Jacq.Savine, docteur en médecine, Louis Dufaur, chirurgien, Louis Faure, marchand, et Pierre Reymond, procureur au bailliage, administrateurs. Sont nommés l'abbé du Bailleul, Pascalis, Chabot, curé de St-Donal; Salva et Allard, avocats, pour « dresser des statuls con- cernant la réception des pauvres b, et trouver le moyen fl d'établir des métiers dans lad. maison pour Tabriquer des étoffes et des toiles ». 1742, !) févr. Lecture et approbations des statuts proposés. Sont nommés, Pasca- lis. Meffre, curé do Ste-Cécile, Dîoque, Lambert, tréso- rier des troupes, afin de « dresser d'autres statuts pour l'administration des biens et de l'intérieur o de l'hàpitaj, 1742, 16 mars. Approbation des derniers statuts. -— « Règlements pour l'entrée et la sortie des pauvres », en 12 art. L'avocat Salva, directeur, est chargé de tenir les registres d'entrée et de sortie dos pauvres (p. 11). « Règlements pour l'administration de l'intérieur de la maison de l'hôpital général de la ville d'Embrun, et pour celle de ses biens et de ses revenus », en 13 art. (14 mars 1742) : Meffre, curé de Ste-Cécile, et l'avocat Salva auront le soin du domaine du Pelit-Puy ; Isoard, procureur du Roi, Pons et Allard, avocats, du domaine de Chalvet,

ire le AI avril ITiiT. mort « dfs Alpfi, 1. 11[, MK.

', flonsacra le 8

anv. 17J1,

l'avis le 21) avril

naô (cr. /;;

p. 128-137).

Digilzedt.GoOgle

HOPITAL D'EHBBUN. 41

Vallier, avocat, et Chabot, curé de St-Donat, du domaine de Jautell^; le chan. Pascalis et Lambert, trt^sorier des troupes, du domaine de Ste-Martlie et des terres qui ne dépendent point des susd. domaines; led. Lambert et l'avocat Salva, de la terre et seigneurie de St-Étienne en Dévoluy; Colomb, avocat, et Roymond, procureur, de la terre et seigneurie de Freyssinières. L'avocat Salva est nommé procureur-syndic, afin de faire payer les arréra- ges; le chan, Pasçalis est nommé « trésorier de l'hoirie de Mgr de Genlis, commune entre M" les chanoines de la métropolle et l'hôpital général a ; l'avocat « Boux de La Mazili6re », trésorier de l'hôpital ou maison de TAumone. Le chanoine Pascalîs et Doultre, curé de St- Vincent, sont désignés pour veiller à l'approvisionnement du vin ; M. de La Madelëne, avocat du Roi, et Cressy, avocat, pour l'achat des blés et farines ; Lambert, trésorier des trou- pes, Colomb, avocat, Chabot, curé do St-Donat, et Audi- bert, aumônier de l'hôpital, pour s'occuper des vêtements des pauvres, des linges do l'hôpital, des lits, etc. ; le juge Roux et l'avocat Salva, pour surveiller les ouvrages en toile; l'avocat Pons et Louis Faure, marchand, les ouvra- ges en laine et autres; l'avocat Dioque, le s"" d'Albert, Jacquet, bourgeois, et Audibert, aumônier, de la nourriture des pauvres. Syndics de l'hôpital, Antoine ot AUard, avo- cats ; secrétaire du bureau direction, l'avocat Colomb ; aumônier, Audibcrt; médecin, Bougard, médecin de l'hôpi- tal militaire. « Lettres patentes portant confirmation de l'établissement de l'hôpital général do St-Esprit de ia ville d'Embrun s (p. 25). Cet hôpital, dont on ne « sçait pas l'origine », fut l'héritier universel de Guillaume Vilan (25 juil. 1455) ; il fut t réparé et remeublé, en 1643, par les soins et aux frais du s' Guil. d'Hugues, archevêque dud. Embrun » ; Louis XIV, par arrêts des 29 aoiit 1693 et 22 juin 1604, lui a attribué le quart des biens des con- sistoires supprimés en Dauphiné; l'archevêque Charles Brulart de Genlis, se conformant à la déclaration du 21 août 1662, constitua, te 5 janv. 1608, le bureau de direc- - tion de cet hôpital, qu'il a institué son héritier conjointe-

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42 ANNALES DES ALPES.

ment avec la fabriiiue de l'église métropolitaine d'Ëm- bran. Suivant les décisions prises dans l'assemblée des habitants d'Embrun du 38 déc. 1716, Louis XV confirme « rétablissement dud. hôpital » et en approuve les sta- tuts, en 33 art. i< Au lieu des différentes dénominations de maison de l'Aumône, d'hôpital du St-Esprit et d'hôpital St-Jacques », il s'appellera, à l'avenir, Hôpital général, R sans détruire la dédicace qui est faite au St-Esprit h. Il sera administré par un bureau, un conseil de direction, présidé par l'archevêque ou son grand-vicaire. Le tréso- rier sera nommé tous les trois ans. Les directeurs nom- meront un secrétaire. Ils pourront « établir toutes sortes de manufactures ». Ils seront exempts de « tutelle, cura- telles, logemens de gens de guerre et charges publiques pendant leur administration seulement ». il sera " fait incessamment un inventaire raisonné des titres, papiers et documens dud. hôpital », etc. Paris, sept. 1717. «Signé, Louis, et plus bas, par le Roy-DaupMn,LE duc d'Orléans, régent, présent. Phei-vpeaiix. Visa, Daguesseau, et scellé du grand sceau de cire verte, en lacs de soye rouge et verte ». Homologation au parlement de Grenoble, le 15 nov. 1717.

[Iwmtaire. H suppl. 269. p. 230 ol suiv.)

n. HOPITAL GÉNÉRAL DE GAP (1679-1749)

Raisons de Veslablissemenlde l'hôpital » de Gap. Les consuls de Gap a estiment cet établissement très difficîlle, si la charité du Roy ne concourt puissamment à ce des- sein, soit à cause du petit revenu de l'hospital establL dans ceste ville... et de la grande charge que led. hospital seroit obligé de supporter, s'il falloit renfermer toutz les invalides et mendiantz. Il n'y a qu'un bospital dans lad" ville , dont on n'a sceu trouver les lettres d'establis-

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HOPITAL DE GAP. 43

semeot'),... estant vraysomblable que ces titres se sont perdus pendant tes troubles des guerres de la Religion, qui furent très grandz en ces quartiers. Il est gouverné, soubz l'autoritû d'un bureau, composé du sgr évesqiio de la Tille.des consulz, officiers et principaux hsbitans d'icelle, detouz les ordres. Les consulz, sortantz de la charije de consul, entrent en celle de recteurs de cet hospital ; et, avec eux, il y a un procureur des pauvres, qui a le soin et le maniement des revenus, et qui en rend compte aud bureau, quand il en est requis ou qu'il sort de charge. Avant la venue de l'évêqueM.Marion, on don- noit lo couvert dans led. hospital, à autant de pauvres qn'il en pouvoit contenir. Il est vray qu'on ne donnoit rien à ceulx qui n'estoient malades et qui pouvoicnt marcher, lesquelz subsistoient des aitsmosnes et cbaritez qu'ilz alioient chercher par la ville. Et aux malades, infirmes et alictcz, led. hospital rournissoit une somme modique, toutz les jours, pour leur nourriture, et les faisoit visiter, médicamenter et penser par les mtidecin, apoticaire et chirurgien de i'hospital. Mais, du temps dud. .sgr èvesquft Marion, cewt ordre a esté changé, et les pauvres qui sont receus aud. hospital sont renfermés, ne vaguent et ne questent plus, sont servis et soignez par deux religieuses professes d'une congrégation do St- ■losoph*). Et comme les revenus de I'hospital sont très

'1 Dès le XIV' siéclu, il y avait à Gop au moins trois hôpitaux: M'hô- pilal ilD Ste-Claii-e, dout, le i jaiiv. 1390/1400, Arnoui FlaaisuU et BaudoQ Uof/eiU ûtaienl recteurs et patrous [H. 374), ot, It: l'J avril 1440, Jean Clauel, lu vicui, fursin de Gap, patron (H. 271) ; 2- l'bûpitnl do Juan RouKiére ou If ouBÎcr, 3 (é\r. 1418/19 (ib.). lequel, ponsons-nous, est le mâme que l'h^piUl de St-Chrittophe (10 janv. 160!, H. 273), déjà uni à ctlui de Sto-Claire au XVi* siècle (cf. H. 214); ~3" Ihôpilal de Sl^Lmare ou La ilaludt^rie, uiislaul un l;liR (G. fuads du chapitre de Uap. Cr, H. '>T4J, cl qui fut rèuui a Ste-Cluii-e par arrêt du Cuusuil du 31 août IffJG (H. 270). - Antririouremoat, et ûis In Hii du XI' siècle, il y avait encore, hors de Gap, en face du cimetièca actuel, rhûpital de S{-Mai-lia [Cf. La Commandent de St-Marlinde Gap, l'aris, Picard, 1881), meollonué, dans les CharU, de Bertaud. le 22 jauv, ir.j V 73) et le 18 janviBt )352,:l fn" 2011, elo.

!) Elles avaient .^té nppde.y, du VieuHi- eu Daupiiiu^ â Gap, en 10^1,

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44 ANNALES DES ALPES,

modiques, ôté l'entretien desd. religieuses, d'une servante, le salaire des médecin, apoticaîre et chirurgien, il ne reste pas de fondz pour fournir à l'entretien et subsis- tance de plus de six pauvres ou environ. Revenu dud. hospital et la dirflcullé de l'augmenter. Les rentes... consistent : à celle de quelques fondz, de peu de considé- ration, qui ne peuvent produire que deux charges de bled de rente ; à quelques pensions establies sur les biens de divers particuliers, qui périssent souvent par l'insolvabilité des d(^,biteurs, qui arrive tant par le grand nombre de leurs autres debtes et hypothèques que par la coUisation des gros debtes de la coni'*, qui, estantz très grandz, emportent bien souvent une partie des fondz des maisons, au préjudice des autres créanciers. La principale partie du bien dud. hospital est deube par la Ville, et c'est celle dont il y a plus de peine à jouyr, à cause des grandes foules et surcharges que lad» ville souffre par le passage et logement des gens de guerre')... Il est extrêmement difficile que les revenus dud. hospital puissent ostre notablement augmentez, par les aumosnes et cbaritez des babitans... La ville est petite,.. . située dans les montagnes, et, par consé- quent, fort subjette aux gresios et gelées; sans rivière, sans passages, sans commerce qui puisse l'enrichir. Ses babitans, à la réserve d'un chapitre, composé de

par lavégae Pierre UarioD, el avec l'ai^romoal de l'archeTéque de VieDiic, Las coDvcntioas passées, à Gap, par les coDSuU et les direc- teurs de l'bâpital, arec sa-.fir Joanao Burdier, supérieure, cl Marguerite Pansonnal, religieuse de St-Joscph do Vienae, sont du 17 sept. 1S71 Arch. com. de Gap, a" proï. 131, f" 33). Sœur CalheciDO Coitial fui la première supérieure des lœurs de St-Joseph de Gap ; elle mourut k Gap en sept. 1690 (ibid., f- ilO]. Outre la direclion intérieure do l'hôpital et le Eoiu des malades, l'instructiaji dus pauvres o ol leur éducation aui bi'aaes mœurj > élaicnl les principales obligaliaas des sceurs de St-Joseph (Cf., H. 270, in fint],

'l On ne saurait se rendre eiaclement compte aujourd'hui des souflran- ces causées à la populalioo de Gap par le passage coQtiuuel des gens de Ruerre, surtout aui XVI', XVII* et XVIII' siècles. Pour s'en taire une idée UD peu eiacte, il faut parcourir les Journaliers dos Archives de la ville de Gap [CG] el les Itcgiali-ts d-!.' crdi-fs militaires (EE).

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HOPITAL DE GAI'. 4l>

12 chanoines, des officiers tlu bailliage et de l'eslection, ne sont que bourgeois, marchands, petitz artisans et laboureurs, dons les facultés sont très petites ; par conséquent ne peuvent faire de grandz dons aud. hos- pital ; les légatz des plus riches n'exc^^dent guères la somme de 30 I. Et ce qui restraint leur libéralîtez envers led. hospital, outre leur pauvreté, c'est qu'ilz sont chargés de l'entretien d'une famille de PP. Capucins') et d'un très grand nombre de pauvres qui versent dans lad' ville des villages circonvoîsins ». 2" Charges à consiâérer et despenses à faire, si l'on establil l'hôpital général : c Ln maison est fort petite, mal bastie et meublée; et, pour l'achept des maisons nécessaires pour l'agrandir, le bastiment ou l'ameublement, il faudroit du moings 12.000 1. Il est difficile de fixer le nombre des pauvres de la ville qui seroiont à renfermer ; car, outre ceux qui sont ordinairement entretenus, dont le nombre a esté ci-dessus remarqué, il y a une compagnie de dames de Charité >), qui visitent, et secourent les pnuvres malades de la ville des questes et aumosnes qu'elles font, et qui leur sont faittes, jusqu'à 20 ou 35 par jour, un temps portant l'autre. Et, outre les malades, il y a d'ordinaire plus de 200 pauvres à l'ausmosne : car, principalement en hyver, la pluspart des artisans, maneuvres et laboureurs envoyent leurs femmes et enfans à l'aumosne. Cette charge est accidentèlement augmentée dans les années diséteuses de fruilz et les petites récoltes, comme dans l'année présente, 1679,

*) Dès le 2C fdvr'iar 1G14, on construisait k Qap ung convent île Capuchint hors et tout aupris de la ville >. (Délïb. com. de Qap, BB|. Les Capucins j sont rcslés jusqu'en 1793 (Cf. Annalei do Atpet, janv.- fùvr. 1S9S, p. 161-107). C'est dans ce même courent, augmenU et un peu modifié, que sont aujourd'hui installés les hospices de Gap.

^) La < Compagnie des dames <lo Chai-ilé a ou do la iliséricoiuU ■listo encore ù Oap. Le règlement, eu lU articles, que lui donna, vers 1709, r^ïèque François do Malisïolcs, est inscrit en télé du Livre de la Misiriconie de Gap, manuscrit du plus grand intérêt pour l'histoire de la d Llompagnie > depuis le 21 mai IûSli jusqu'au 27 avril 1791 (Io-4°, de 135 feuillets, carlonué. Arch. coin, de Qap, GO. prov. 8).

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40 ANNALES DES ALPES.

OÙ, dans l'aumosne qu'on a fait du bled provenant de la 24* des pauvres, on a distribué dans la ville ou son terroir a plus de 800 1., sans y comprendre aulcung pauvre estranger. Encore, quand les liyvers nous don- nent extra ordinairement de la neige, comme en l'année présente, celaôtant le moyen aux manœuvres et labou- reurs de travailler et pouvoir gaigner leur vie, les réduit aussi à l'aumosne. Outre les pauvres de la ville, il font considérer comme une grand' charge A l'hospilal le passage continuel des pèlerins, allants et revenantz d'I- talie, par terre, et des pauvres qui ne font que passer. Mais, bien plus grande est celle des soldatz qui vont et viennent d'Italie, quand le Roy y fait la guerre, ou quand on relôve les garnisons de Briançon, Exilles, La Pey- rouse, Pignerol et autres places, que le Roy fait garder aux frontières de cette province : car toutes ces troupes iiyantz à passer les plus grandes et les plus difficiles montagnes des Alpes, et bien souvent dans les plus fâcheuses saisons de rannée,-elles laissent ordinairement un grand nombre de soldatz malades aud. bospital, dont la dépense ne consume pas seullement ses revenus, mais bien souvent de ses capitaux, comme il arriva durant la guerre qui fut terminée par la paix do 1059». Moyeiis pow faire cea dépences et supporter ces charges. « On conviera les habitans de continuer et augmenter leurs aumosnes et cbaritez, par le moyen des curez, des prédi- cateurs et des notaires, en recevant les testamentz. On suppliera Mgr révosque de continuer fi l'hospital les petites sommes qui proviennent des dispenses des bans de mariage, et de manger des œufs et autres viandes défendues en caresme, et de ne donner des permissions de quester que pour l'hospital. On pourroit appliquer les légatz que M" de la R. P. R. ont fait et font d'ordi- naires aux pauvres de leur religion en faveur dud. hospital, attendu qu'on reçoit en icelluy toutz les pauvres do l'une et l'autre religion. Si l'on pouvoit assembler quelques fondz de considération, on pourroit achepter des laines pour establir quelque manufacture dans led.

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HOPITAL DE GAI'. Al

hospital et faire travniller les pauvres valides'). Mais comme toutz ces secours sont petitz, en comparaison des charges et des despences, ou supplie S. M. de faire appliquer aad. hospital des deniers qu'il prend pour Dieu sur ses fermes ou autres, destinées pour ses charitez, et de faire appliquer par Mgr l'Intendant et les autres commissaires qui procèdent au département des tailles, de partie des 30.000 I. que S. M. donne annuellement aux communautés impuissantes de la Province, sur les- quelz on prend les soulagementz qu'on accorde aux communautez et particuliers qui ont souETert des grandes pertes Et comme la réception des soldatz malades est une des plus grandes charges dud. hospital, et cela ne regarde pas moiags le service du Roy que sa charité, S. M. est très humblement suppliée de vouloir ordonner que, par le parfournisseur des estapes, il sera fourni et délivré la mesme ration de pain, vin et viande ausd. soldatz passanlz et séjournantz malades, qu'on leur four- nit dans le service ; ce qui sera d'un très grand secours, et néantmoins ne sera pas à charge du Hoy, attandu que la Province supporte et fait la despense de l'estappe » (1679). Copie d'une lettre de l'évêque de Gap*), « l'ori- ginal estant demuré au pouvoir de M. Rizout » '), en lui envoyant un « modelle de placet ou requête que je pro- pose de présenter au Roy, dans l'occasion favorable et avant qu'il s'en allie en cnmpagne *. Il le prie de " le communiquer tt ces M^' qui ont Roing, avec vous, de cet hostel Dieu, et de m'adjouster, sur le papier séparé, ce que vous croies que j'y doihve mettre pour expliquer la nature dud. hostel Dieu, et fortifier et aug-

•] Ce projfit fut 011 partie réalisé au début du siècle suivûQl.

>> Victor- Ali (^st in de Méliaud, préconise ôcëque de Oap le 37 iOSO, aomméi l'évèclié d'Alot lo31 cniii 1(Î84 (Cf. Ylnventain, série Q, t. 111, p, xa.«.,

') André Rizoul-Barret, curé de St-AndrÀ liu (Jap, uilicial substilué le 7 juillet ltJ73 (H. 277). qui, le 9 m«M l(ii«, deïiut vicaire général «t officiai (lu diocèse (0. 870). Il remplissail i'ûcol'c ces fondions en mai 1705 (G. 882).

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48 ANNALES DBS ALPES.

menter nos demandes, comme le franc-salé el slmtlia. Ne craignes point d'en dire ou d'en mettre trop, car je sçaurai hien le retrancher; mais mettos-y de bonnes raisons, et justes et fortes, et renvoiôs-moi le tout en diligance, après en avoir retenu copie. Que cela ne soit cogneu et sceu que de ceux ausquels vous croies utile et nécessère de le fère cognoistre ". Signé : Victor, év. c. de Gap. Paris, 3 avril 1683, etc. « Observations pour l'hôpital de charité Ste-Claire de Gap'). La ville de Gap n'ayant été soumise à l'obéissauce des rois de France que depuis environ deux sièclesetdemy'),et l'établissement de l'hôpital dans lad" ville étant antérieur à cette époque , ainsy qu'il est justiffié par quelques actes plus anciens'), il n'a été trouvé aucunes lettres patentes du Roy qui ayent autborisé led. établissement; mais cet hôpital paroitavoir été suffisament reconnu et authorisé par différents ar- rests du Conseil rendus en sa faveur. Cet hôpital est des- tiné à exercer toutes les œuvres de charité dont une pareille maison peut être susceptible. L'on y reçoit les pauvres malades et les infirmes de la ville et de son ter- roir, ainsy que les vieillards les plus nécessiteux, dont le nombre n'est point limité, quoyque les revenus soient très modiques, ayant souvent été consommé des capitaux pour survenir à exercer la charité envers les pauvres. Les enfans trouvés et les pauvres orphelins y sont égale- ment reçus, et le nombre en est assès considérable, eu égard à l'étendue de la ville et son terroir. Les pèlerins et les autres voyageurs étrangers y sont aussy reçus, logés et nourris pendant une nuit, quand ils sont en santé, et, eu maladie, ils y restent jusqu'à leur convalescence.

1) Il ne faut pus confondre l'iiâpllal du cliarito Ste-Glairo avec la Maison de la Cliariti de Gap. Celle-ci ««ait été fondée en 1709, ea faveur do « pauvres orphelins», par Jean de Gérard, sieur da; Ocres, mort en 1710. La maison de la Cbarité, sise i Qap, place Qrenetle, et consti-uitc, do 1720 à 173j, parles soius de M, de MalUsules (O. 1363, 1372-73], sori actuellemeDt de prison, et c'est U que ae les assises des Hautes^ Alpes (Cf. Annattt des Alpes, 1697, |>. )

3; En 151!, par édit daté du Blois le 11 févr. (G. I!)06).

') Voir H. 27i elsuiv.

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Et, enfin, l'on reçoit dRriïi led. Iiôpital tons les soldats malades des troupes de S. M., atisquels l'hôpital fournit les alimens nécessaires, ainsy que les fournitures de lits et autres ustanciles, sotis la rétribution de 10 sols pour chaque journée en tems de paix, ce qui cause une perte considérable à l'hôpital ". A la suite des remontrances au Hoi par l'évoque de Gap et l'intendant, sur la destina- tion des biens et revenus ayant apartenus aux consistoi- res de la Province, il fut rendu un arrest du Conseil, du 29^ aoust ltit)3, par lequel S. M. fit don desd. biens et revenus aux hôpitaux de Grenoble, Gap et Embrun, savoir : la moitié ù l'hôpital de Grenoble, 1/4 à celluy de Gap et le quart restant à celluy d'Embrun; au partage desquels biens il fut procédé en l'année 1694, lors duquel il fut, entr'autres, assigné à l'hôpital de Gap les biens du consistoiio de la ville de Dye, portés dans le partage à 10.269 l. 18 s. Mais led. hôpital n'a rien peu retirer de lad» somme, à cause des contestations élevées par les débi- teurs dud. consistoire, contre lesquels 11 a été intenté différents procès pour conserver les actions, sans que l'hôpital aye pu les faire décider, parle manque de facul- tés, n'ayant retiré que peu de choses des biens des autres consistoires, par tes mfmes raisons. Par autre arrest du Conseil du 31 aoust 1696, le Roy fit don et réunion, au proffit de l'hôpital, de In maison de la Maladeric ou hôpi- tal de St-Lazare et des biens de l'hôpital de Mansalle, au terroir de St-Jullien •), ainsy que ceux de l'hôpital de St- Laurent-du-Cros en Ghampsaur^), à laquelle maison de la Maladerie l'hôpital avoit, dans la suitte, réuni quelques fonds et composé un petit domaine qui était ordinaire- ment affermé 15 charges de bleds valant 180 1,, à raison de 15 1. ];i charge, qui est le prix commun du blé. . . Ce même domaine fut vendu à différents particuliers par acte du mois de sept. 1746. . . au prix de 10.550 1., qui fut laissé entre les mains des acquéreurs, sous la pension

I) St-Julien-an-Cti«mpsflur, cant. da Sl-Bonnel.

*) Déjà mentionna dans lo Libe<- toludi ou cadastre àe St-Laurenl-du- Cros, do 1526 (iD-4o d^ 226 (ol.l.

Annales des Alpes, II. 4

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50 ANNALES DES ALPES.

annuelle de v32 I. 10 s. payable sotidairement ; ce qui a augmenté le revenu de l'hâpital dans cette partie d'envi- ron 400 1. Pour ce qui est des biens de l'hôpital de Man- saie et de SC-Laurent-du-Cros, l'hôpital n'en a jamais connu aucuns ». Les revenus de l'hôpital de Gap « arri- vent à la somme de 3.420 I . . . Le nombre des pauvres qui sont dans l'hôpital consiste, quant à présent, à 7 ou 8 vieillards ou infirmes de la ville.les plus nécessiteux ; à 10 ou 12 enfans orphelins ou naturels, qui sont retirés des nourrissages et que l'on place chez des maîtres, soit pour servir ou pour apprendre des mestiers, lorsque leur âge lo permet. Il y a ordinairement chez les nourrices 15 à '■iO autres enfans trouvés, qui y sont laissés jusqu'à l'âge de 5 ans et dont la pluspart sont à l'entière charge de l'hôpital, ils sont ordinairement exposés ; et, si l'on présente quelqu'uns desd. enfans aus administrateurs de l'hôpital pour les y faire recevoir, l'hôpital se contente il'uae somme de 150 I., au moyen de quoy il les fait nour- rir et entretenir jusqu'à ce qu'ils soient en état de gagner leur vie. Le nombre des pauvres que l'hôpital est suscep- lible d'avoir, peut arriver de 40 à 50, tant de la ville que de son terroir. Il n'y a aucune aumône fondée en faveur de l'hôpital, auquel néantmoins on fait par intervalle quel- ques charités secrettes, par le moyen des directeurs de conscience ». Les gages " se réduisent aux vêtures de quatre sœurs de la congrégation de St-Joseph'),aui soins desquelles est conSé te soin de l'hôpital, pour l'inférieur de la maison seulement, et aux gages des deux servantes, ainsy qu'aux appointements des médecins et chirurgiens de l'hôpital ... ». Depuis les dernières guerres, l'on a été obligé, « à différentes fois, d'évacuer la maison, pour la rendre libre aux entrepreneurs des hôpitaux militaires établis dans la ville*)... Les personnes qui l'habitoient ont

') Le la décembre 170i3, tandis que l'hôpital ôtait rompli de soldats malade», il n'y avait qua Irois religieuses pour les faîpi: soigner. Fran- çoise Allemand fui alors admise comine novice.

') Ainsi, lo 7 février 1745, les religieuses furent lo^iïcs dans la maisoD de Mme do Villaidon «.

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HOPITAL DE OAP. 51

été entièrement occupées auprès des soldats malades que les hôpitaux militaires avolent laissés ou gue les troupes de passage procuroient ... recouvrement des revenus de l'hôpital est fait par un directeur, qui paye les dépen- ses de la maison sur les mandats qui luy sont faits par un autre directeur, et le premier directeur chargé de la dé- pense rend compte de sa gestion aux auditeurs nommés par le bureau. . . Le bureau d'administration de l'hôpital est composé do Mgr l'évéque, qui en est toujours le pré- sident, do M" les consuls, des curés, des principaux offi- ciers de justice et d'autres personnes pieuses et entan- dues de la ville, au nombre de 10 à 13; lesquelles s'assemblent ordinairement une fois chaque mois, et plus souvent lorsqu'il y a des affaires pressantes ou extraor- dinaires. . . L'hôpital de Gap est exposé, par sa proximité des frontières d'avoir presque continuellement des sol- dats malades, tant des troupes qui sont en garnison dans la ville que de celles qui y passent, des cinq différentes routes qui y conduisent, telles que celle de Grenoble par St-Laiirent-du-Gros, celle d'Embrun par Ghorges, celle de la Haute-Provence par La Brioule, celle de Sisteron par Upaix, et celle du Bas-Dauphiné par Veynes ; y ayant eu, aud. hôpital, jusqu'à 500 soldats malades en 1744 et 1745, et de 70 jusqu'à 80 en 1746 et 1747 ; ce qui a beaucoup coûté aud. hôpital, attendu queles denrées étoient extrê- mement chères et que le prix des journées était fort modique, ayant été employé des capitaux considérables pour survenir à fournir les aliments et médicaments nécessaires auxd. soldats malades, ainsy que les fourni- tures et demy-fournilures, et tout ce qui étoit utile pour le bien du service ». Certifié véritable par les directeurs de l'hôpital SIe-Glaire de Gap, le 15 nov. 1749.

(Inventaire, H supplômont, 2(57 et 268, p. 276 el soiv.j.

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UN MARIAGE CHAMPSAURIN

EN 1^04

Les vieilles minutes des notaires, les délîb(>ra lions communales, les cadasties et autres registres conservt'-s diins les archives locales, et môme certains livres impri- mi'S, sont souvent couverts de pièces ou fragments de pièces en parcliemtn, d'un réel intérêt liislorique.

Comme exemple, nous citerons un contrat de mariage de l'an 1104, malheureusement incomplet, qui recouvre le livre journalier du secrétaire de la ville de Gap de 1702 à 1700.

Rien de plus gracieux que les souvenirs qu'éveille la lecture de ce document diMabré. li renferme des traits de mœurs vraiment charmants. Il nous fait connaître des usages déjà lointains, dignes d'admiration, qui ont .lisparude nos pays.

['n jour d'automne, le 5 octobre 1404, à Brutine!, parois- se de Laye, dans le verger, chargé de fruits, de Jeau Vallon, le notaire Jean Lagier. en présence des six témoins reijuis, écrit, de sa plus belle plume. une écriture serai-gothique rondelette, très élégante et très lisible, malgré ses multiples abréviations, le contrat de mariage d'i'ltienne Jauserand (JauseraivU), llls de Pierre, de Poligny (de PoUyniaco), avec Antoinette (Anthonia) Martin, fille de Baudon et de Jeannette. Les parents et les amis, en grand nombre, font cercle autour des époux. Baudon et Jeannette Martin donnent pour dot à leur fille ■10 florins d'or de cours (mercandos), environ 400 fr, lie notre monnaie, plus un lit et quelques brebis. Tour à tour, Guillaume Brutinel, dit Jacquet, Jean Vallon, Pierre André, Rodulphe ou Raoul Colomb, Antoine Villar et Ktienne Villar, dit Colhart. de Brutinel ou des environs, font donation aux jeunes épons ; qui d'une brebis, qui d'un agneau . qui d'un petit veau ( cficirum) : Klienue

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MARIAGE CHAMPSACniN. j3

Brochier, forain de Gap (foresterius Vapinci). .leau Hostalog, aussi de Gap, Jacques Brocltier et Pierre Martin, de Cliaudun (de Ckouduno). Marin Robert et Martin Richard, de Laye (de Aya), Pierre et Jean Valioii, de Villar-Goiistans (de Villario Conslantio), François Applaguat, du même lieu, en font autant ; Jean de Laye. Hls de noble Antoine de Laye, lui, fait don de six gros... Voilà de quoi commencer ménage!... Le tout devra être livré aux époux avant l'bivei', avant la St-Martin (11 nov. 1404).

Voici les passages tes plus saillants et les moins altér^-s de ce curieux contrat de mariage. Presque tous les noms de famille qu'il renferme se rencontrent encore en Champ- saur, à Brutinel, à Laye, à Poligny, à St-Bonnet, à Gap ; mais non a Chaudun. pauvre petite commune des Alpes, qui, après celle de Clausonne, vient mallieurousemeut de disparaître du nombre des communes françaises, et réduire à 187 les 189 communes du département des Hautes-Alpes.

Contrat de mariage d'Etienne Jauserand, 4e Poligny. avec Antoinette Martin, de Brutinei, paroisse de Laye.

Bratiael , 5 octobre UOt.

Anno Domini millesimo quatriceiitesimo quai'to, die quinta mensis octobris. Notumsit...|^quod,cum tractaretur de ma'trimonio contrahendo, per verba de presenti. inter Petrum Jauseraniti.de Poligniaco, nomine Stepbani Jauserandi. ejus filij..., |^et Boudonum Martini,de Brluti- nello.perrochie de Aya, nomine Autbonie,ejus fille... ; dicte Anthouie,..- cum... matrimonium contraliet in facie sauclL* matris ecclesie [assignaveruut] quatraginta âorenosauri mercandos, unum lectum de duobus paunis,... et oves... : a feito sancti Martini proxlmo venturo,... promiseruiit solvere bona flde... Item, Guillelmus Brutinelli, alias Jacquet, de Brutinello, unam ovem ; Johaaaes Vallonîs.

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dicti loci, unam ovem cum suo agno ; Petrus Andrée, dictî ioci, uniimvacîvum...; RodiilphiisColumbi, dicti loci, unum vacivum ; Aotlionius Vilaris, uQum vacivum ; Stepbanus Vilaris, alias Colhari, unum vacivum; nobîlis Johaones de Aya, filius aobitis Anthonii de Aya, ses grossos Stephanus Brocherii, foresterius Vapiuci, unam ovem Johannes Rostagni, de dictis forestis, unum vacivum Jacobus Brocherii, de. Choudunn, unum vacivum ; Petrus Martini , dicti loci, uoam ovem , Marinus Roberti , de Aya, unum agnum ; Martinus Richardi, de Aya, unum vacivum ; Petrus Valloni (sic), alias de AJtiulp/u) , de Vilario Gonstantio, unum vacivum; Johannes Vallonis . ejus frater, unum vacivum ; Pranciscus Appiagnati, dicti loci, unam ovem... Fromiserunt solvere boiia fide, sua obligando , hinc ad festum sancti Martini proximum venturum... Actum in manso de Brutinello, in viridario Johannis Vallonis, preseatibus... Antonio Saunerii, fiijo Johannis Saunerii, de Noerio ; Hugone Blanchardi, de Saneto Boneto ; Fe[ti'o..., dicjti loci ; Antlionio PellegriDÎ, de Poligniaco ; Petro Gay, dicti loci ; Johanne Micholay, aMas de Baiula, dicti loci, et me Jôhanne Lageriî, nota- rio pu[blico.., imjperiali constitul», qui... signo assueto signavi, in testimonium veritatis.

BIBLIOGRAPHIE ALPINE

30. Alpinus i m. Faige-Blanc, ancien maire diî Voiron. Quelques pages .fur Léon Rotiics. Grenoble, Allier, 1898. Grand in-l:i, de !viu-]252 p., sur trôs beau papier encadré de (ilets rouges, avec L'cusons armoriés, por- traits de Hoches, d'Abd-el-Rader et du maréchal Bugeaud. Rien de plus attachant t|ue ce récit. Nous l'avons lu d'un seul trait, et, il nous a rempli d'admiration pour Léon Roches, l'ami du maréchal, Bugeaud et d'Abd-èl- Kader, l'auteur de Trente-dettic ans à travers l'Islam.

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BIBLIOGRAPHIE ALPINE. 55

Sa vie a quelque chose du roman, et, pourtant, tout y est exactement vrai : son eii! à Tlemcen, le siège d'Ain-Madhi, les succès merveilleux de Roches en qualité d'interprète de première clas$e ; son voyage à la Mecque ; son rôle magnifique à la bataille d'isly ; la grande part qu'il a prise à la conquête et à la pacification de l'Algérie ; sou ambassade auprès de Louis-Philippe et de Guizot; sa préparation de l'union de Tunis & la France. Ces « quel- ques pages M sont des plus belles qu'on puisse lire sur « l'épopée guerrière africaine ». La lettre du maréchal Bugeaud à Léon Roches du 4 mai 1848, qui nous est donnée en fac-similé, n'est pas pour diminuer la valeur de cette affirmation. Remercions Alpinus de nous avoir si bien fait connaître le beau rôle du Dauphinois Léon Roches, et aussi de nous avoir révélé, en passant {p. 151), l'un des hauts faits de « son ami » et notre compatriote Fro/ncn/-Cosfe,commandantdu bataillon du duc d'Orléans à Isly (14 août 1844).

31. [Arnaud [Franc.)]. Guide de l'Alpiniste dans in vallée de l'Uàaye, suivi de la Région du Chambeyron par W.-A.-B. Coolidgb, ôdité par la fcection de Barcelon- nette, à l'occasion du Congrès du C, A. F. en 1898, et illustré d'un grand nombre de vues. In-16 de 120 p. Parmi les illustrations, mentionnons: un beau médaillon de Jacq.-Ant. Manuel, député de la Vendée, originaire de Barcelonnette (1775-1827); des vues remarquables, d'après les photographies de M. Rava, de Briançon : Barcelon- nette, la forêt de Maurin, Biou-Bourdoux, le col d'AUos, les Agoeliers, Méolans, le lac du Lauzet, La Tono, St Paul, la Reissole, la gorge de Fours, le Lauzanier, le lac de la Madeleine, le Brec du Chambeyron, le Castelet ou Châtelet, près Sereune, Maurin et le grand Rubren, le lac Paroir, le col Longet et le Viso, Le volume comprend surtout : une notice historique par M. Fr. Arnaud, prési- dent de la section, notaire à Barcelonnette; une notice géologique, par MM. Haug et Kilian ; un mot sur lo Glaciaire, par M. Arnaud : des notices sur la flore de la vallée, par M. Plahault, directeur de l'Institut botanique

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(i« Moatpellier, et sur la faune, par M. Berlie, directeur ilu mus^e Chabrand, de Barcelonuette. Suivent 43 itiné- raires ou projets de courses et d'excursions autour de Barcelonuette. du Lauzet, deJausiers, de La Gond aminé et de St-Paul. Parmi les derniers, signalons tout spéciale- ment : la route du Col de Vars (2115") et de Guillestre, « d'où l'on a la plus belle vue connue sur la bâfre des Écrins et le Pelvoitû- », et la foute de Serenne à Mau- rin, avec a le stupéfiant pont du Chùtelel (Sy" de hauteur) sur rubaye ». Mais tout le monde voudra lire la « i-égion du Cbambeyron » (3388") par M. Coolidge ;p. SC-IIO). Le i^rand Alpiniste anglais décrit parfaitement la région, encore si peu explorée, de la haute Ubaye. et les passages qui font communiquer cette vallée avec celle du Qui!, par Vars, Escreius, Ceillac, St-Véran, De précieuses notes bibliographiques et une bonne table alphabétique termi- nent ce guide remarquable.

32. Bei.let (Charles- Félix). Les origines 'ies églises de France et les Fastes épiscoiiauœ. Nouvelle édilion, entiè- rement refondue, suivie d'une étude sur le Cursus et In Critique. Paris, Picard, 1898, in-8» de xxvii-421 p. « La question si ardue de l'origine des églises de France " est examinée ici, de nouveau, scientifiquement, avec beau- i coup de soin, et avec le calme, la sérénité qui convient ii ime étude de cette importance. Contrairement à l'opi- niondecritiques éminents, quiprétendent que <■ de toutes les églises de la Gaule, une seule, celle de Lyou, remonte au milieu du II" siècle; toutes les autres la Narbon- iiaise mise à part seraient postérieures, à divers intervalles » à l'année 250 : Mgr Bellet démontre, très solidement, qu'il y avait, vers la 9i\\ du II' siècle, outre l'église de Lyon, plusieurs églises aveu leurs évoques, dans la Gaule eu général, dans ia Lyonnaise en parlicu- lier et dans les deux Germauies du Uliin. et que ces sièges épiscopaux devaient être établis dans plusieurs des prin- cipales civitates >». Outre le texte célèbre d'Eusèbe de Césarée de l'an 177, qui prouve qu'il yavait alors à Vienne une église constituée avec un évèque, Mgr Bellet fait

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BIBLIOGRAPHIE ALPINE. 57

valoir, pour la première fois, uu iU'gument d'une graude force, basé sur les divergences qui se produisirent en 195, au sujet du Jeûne pascal, divergences qui * suppo- sent l'eiistence en Gaule de plusieurs églises épiscopales et de plusieurs évèqués dès le premier quart du second siècle ». Les textesde S. Iréuée (de iSOenv.), de S. Cyprien (vers 2541 et autres conduisent rigoureusement à la même conclusion. Les arguments tirés des catalogues épiscopaux qu'on oppose à cette conclusion reposent sur " une base précaire et contestable ». Les témoignages de Sulpice-Sévère, de Grégoire de Tours et de S. Adoii sont, en réalité, favorables à la thèse de Mgr Bellet ; ainsi que la vie de S. Martial, qui, grâce à une argumentation nouvelle et très originale, fondée sui' l'emploi du Cursus ou de la prose rythmée, est désormais d'un grand poids dans la question, puisqu'elle date du VP siècle. Dans le cours de cette magistrale discussion, Mgr Bellet fait justice, en passant, de plusieurs objections, anciennes ou récentes. En outre, il nous annonce, pour paraître prochainement: 1" une édition critique du Martyrologe . de S- Adon, éveque de Vienne (860-8751, en collabora- tion avec dom Alex. Orospellier, chanoine régulier de St-Antoine (Isère) ; 5" une publication spéciale sur les traditions de la Provence.

33. Ghapuis (abbé), curé de Tréminis. par Meus (Isère). Vie des saints du Dauphiné. 5 février. Saint AvH, archevcQtte de Vienne [iOS-SlSj. 3^ Biogr. Paris, 1898, in-8 de 21 p. 5 octobre. Saint Apollinaire, évêque, principal patron de tout le diocèse de Valence {-lôS-ôSO). 4" Biogr. Id. 19 p. StAvit, archevêque de Vienne, et St Apollinaire, évoque de Valence, tous deux fils de St-Isice ou Isichius I, évoque de Vienne [f le l(i mars 490 environ), occupent une grande place dans l'iiistoir^ des Gaules et en particulier dans celle du pays qui fut plus tard le Dauphiné. Ils comptaient, dit-on, au nombre de leurs aïeux l'empereur /luiius (455-6). Ils eurent une grande part à la conversion des Francs et des Burgondes. L'épiscopatde St Avit, en pditicuiier, « fut merveilleuse-

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ment fécond : son r6!e, au triple point de vue religieux, politique et littéraire, un des plus beaux dont l'histoire de cette époque fasse mention. Avil est le plus illustre des évèques de Vienne ». Les Œucres de St Avit, fondateur de la fête des Rogations, ont été publiées par Sirmond, en 1643, et, récemment (1890), avec grand soin, par M. le clian, Ulysse Chevalier (^Œuvres complc/es de St Avit, Lyon, Vitte, in-8°, i,xsix aei p.). Une bonne nouvelle pour terminer: M. l'abbé Cliapuis va faire imprimer les vies de St Marcellin, archevêque d'Embrun (354, f 20 avril 370 environ}, et de St Arey, évoque de Gap (571), f l*' mai 610).

34. Chevalier ;le chan. Ulysse), correspondant de l'Institut. Actes anciens et documents concernant le bienh. Urbain V, pape, sa famille, sa personne, son pontiBcat, ses miracles et son culte, recueillis par feu M. le clian. J.-H. Albanès (Paris. Hcard, 1897, in-8' de -188 p.). Jiibliothéqite liturgique, t. VJ*; Ordinaire fie l'éylise cathédrale de Ijxon (XIl" et XIII' siècles) suivis de deu.i: Mystères liturgiques {[bid. 1897, in-8 de XLiii-440 p., avec deux planches en phototypie). /*n renaissance des l'tudes liturgiques. Fribourg, 1898, in-S" de 23 p. (Kxtr. du compte rendu du IV Congrès scienti- fique international des Catholiques tenu à Fribourg (Suisse) du 16 au 20 août 1897*. Les nominations épi- scopales du Xfll' nu XV siècle. Lyon, Emm. Vitte. 1898, in-80 de 7 p. (Kxtr. de l'Université catholique). Publications importantes et que le nom seul de M. le chan. Ulysse Chevalier suffit pour recommander à l'attention de tous. La dernière surtout intéresse directement notre région, et plus spécialement les anciens diocèses de Gap, de Sisteron et de Die.

35. GniLLAtuiE (Le Docteur), maire de Guillestre, prési- dent du Conseil d'arrondissement, officier d'académie. Rapport relatif à l'hygiène publique du bourg de Guil- lestre (Htes-Alpes), adressé à la Direction du service de santé du XIV Corps d'armée. Gap, A. Vollaire,» 1898. 10-8° de 19 p. Ce rapport, très remarquable, se divise

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en trois parties. Il fait connaître : l'état daus lequel se trouvait Guillestre avant 1896; les nombreux travaux d'assainissement accomplis au point de vue de l'bygiène générale sous l'administration de M. le D' Guillaume depuis le mois de mai 1890 ; l'état des travaux divers en cours. Nous ne pouvons énumérer ici les multiples amé- liorations que Ouillestre doit à son excellent maire! Grâce au concours de ses administrés ; à l'empressement de M. Baret, commandant du 14° bataillon de cliasseurs alpins, et à une subvention du Ministre de l'Agriculture, eD moins de deux ans, fontaines, égouts, abattoir, hôpital, éclairage, etc., ont reçu des perfectionnements considé- rables ; des tilleuls et des maronniers ont été plantés ; les places et diverses rues ont pris un aspect plus propre et plus coquet, et tout cela, sans grever la population de nouvelles charges. M. le D' Guillaume vient d'être élu, à l'unanimité, conseiller général de Guillestre. Nul doute que de nouvelles et importantes améliorations ne soient bientôt résultat de ce choix, aussi intelligent que ijatteur.

3B. GuiLLEMiN (Paul). Puiseuj: et la première ascen- sion du MorU-Pelvoit-r (avec un portrait et une gravure' . Gap, L. Jean et Peyrot, 1898, in-S" de 14 p.- (Extr. des Annales des Al})es- Tiré à 20 exempl.). Ce qui fait surtout le mérite de cette rarissime plaquette, c'est le beau portrait de V. Puisseux (1820-1883), par P. Avril.

37. Manteyer (de) Georges. L'inscription de « Lanu- vlum » à Rume, Rome. Ph. Cuggiaui. 1898, 12 p. et 1 planche. Cette inscription datée du 9 juin 13B, donne l'organisation du Collège de Diane et Antinoiis existant à Lanuvîum. Elle a été plusieurs fois publiée, mais peu exactement. M. de Manteyer relève de mutiples erreurs et •( inadvertances », et propose plusieurs restitutions très heureuses.

38. Manicel pour l'inauguration à Notre-Dame du Laus de la Croix de Jérusalem, le 3 Juillet iSOS.'Gap, Richaud , 1898 , in-32 de 12 p. L'événement qui a

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donné lieu à la publication de ce pelit Manuel est I'uq des plus marquants de riiistoire de N.-D. du Laus en 1888.. La solennité a été honorée de la présence de Mgr Hazera. évèquede Digne, et de MgrBertliel. évèque de Gap. Près de S.ÛOO personnes étaient réunies autour des deux prélats, à N.-D. du Laus, le 3 juillet.

39. Meyer (Paul), membre de l'institut. C et G suivis d'A en Provençal. Elude île géograiihie linguistique- Pans. iSyô, in-S" (Extr. de la fiomania, t. XXIV), pp. 529-575, et une « carte montrant les modifications du CA latin ". Cette étude est pour nous un gracieux sou- venir du passage de M. Paul Meyer à Gap, !e 25 juillet 1898. Elle a le mérite de fixer exactement < la limite ({Ui sépare, en France, en et ya de c7ia et ja », à partir des Alpes-Maritimes jusqu'aux Charentes. sur les bords de l'Océan. Le département des Hautes-Alpes h appartient en entier au domaine de cha » : Champcelia, Chorges, Chabestan, Clianousse, Ctiâteauneul-de-Chabre, Château- vieux, etc.

40. Pau-los (Mary). Autour de trois nouveaux cen- tres d'excursions. Papes de la vie alpine. Lyon, Mou- gin-Rusand. 1898, in-H" de viii-40 p., avec illustrations nombreuses par Katharine Richardson (Extr. de la Revue Alpine de Lyon, aoùt-sept. 1898. « Tirage spécial fait pour la section de Gap du Club Alpin Français).— Signalons, tout d'abord, les illustrations : refuge Xavier Blanc, inauguré par la section de Gap du G. A. F-, le 11 août 1898: le pic d'Olaa; la Chapelle en Vaijouffrey; panorama pris du col do Vaure {l'Olan, le Sirac, etc.) ; une maison au Rifdu Sap ; le col du Sellar; une rue à Val- louise; le Sirac vu du Clôt en Valgaudemar ; les gorges d'Ailefroide ; ciiâlet-hôtel d'Ailefroide; la pierre du Pel- voux ; le Polvoux et les Écrins vus du Massif de Sigurel. Par cette éuumération ou peut juger de l'attrait, de l'intérêt que présentent ces ravissantes « pages de la vie alpine » ; pages consacrées a rappeler le souvenir d'excur- sions variées, fécondes en incidents curieux, épisodes extraordinaires, et accomplies par trois touristes (dont

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deux dames), ailmiraleuis convaincus des Iieaiilés des grandes Alpes, et qu'il nous a été bien agréable de rencontrer, le 10 aoilt 1898, à Gap. au moment de leur départ pour riiiaiiguratiun du refuge Xavier Blanc, du Clôt en Valfcaudemar.

41. RôLx (Emile;. Lf'.g£mle du Désert. Poème. Gre- noliltî. H. Faique el Félix Perrin. 1898. in-lO. de 14 p. (prix, 1 tV.). M. Knux nous révèle ainsi le secret de ses gracieuses légeniles :

[K. d'un plus

daus l«s bois, ils oui du parndis

e pieux n ïnvant de jai as l«s bois, ils oui du pi Reçn l'elao divin, ut. dan» laur poés

L'Esprit Alpin, avec /lortmits et j/rorwes, Gap, L. Jean et Peyrot, in-l(î, de 42 p. (prix, 0 fr. 75). L'Esprit Àipin a Tait l'objet d'une coul'érence, ou, comme le dit aimablement l'auteur, d'une t causerie ». le 26 mars 1898, à la société amicale et philanthropique des Hauts- Alpins de Grenoble. M. Roux dédie à ses k amis des Hautes-Alpes » son étude, vraiment remarquable. Dans une première partie, il examine quels sont les fondements de l'Esprit Alpin: « la fierté de noire histoire locale; l'admiration des beautés du pays ; le culte de son souve- nt!' ». Dans la deuxième partie, il nous présente quelques figures alpines, et, parmi tes vivants. Aristide Albert, Paul Guii.i,BMix el Jenn Safrazin. Avec les portraits de ces trois compatriotes éminents, M. Emile Roux a eu la bonne pensée de nous donner le sien. Le présent n'est pas banal, car la (igure de M. Roux est bien « alpine » et, avec ses traits, on retrouve, dans son livre, « l'érudition d'un Albert, l'esprit d'un Ouillemin et la verve inspirée de Jean Sarrazin ».

-12. Sarrazin (Jean). Souvenir de la première cmn- munion de Mlle Alice liertraml, à Chalon-sur-Saône, le 9 Juin 1898. Lyon, Sezanne, in-S" de deux p. Basi- lique de Fourrière, avec vue extérieure et intérieure de la basilique :

En toi tout fist paix Pi mvïtère. Monument providentiel, Trait d^ouion liatit la tocre

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62 ANNALES DES AI.PES.

43. Tezieb (E.'. Nos Alpins. i^Album illustré.] Texte de Henri Second, Grenoble, H. Falque et F, Perrin, Paris, Groux, 1898, (impr Allier, frères, de Grenoble). Grand in-4°, de 104 planches, avec couverture en chromo. ~ Publication de grand luxe, due à la collaboration de « deux Dauphinois, un artiste de beaucoup de talent, E. Tezier, qui a pris sur le vif les scènes les plus intéressantes, les plus drôles, les plus palpitantes de nos braves alpins, et Henri Second, qui a écrit pour cet album des légende.-* pleines d'humour » {Les Alpes illustrées, 14 juillet 1898, p. 142). Elle se termine par la Marche en m/mtagne d'Emile Chizat, extrait des Scènes dauphinoises, chantée par M. BeïI-e. de l'Opéra :

MELANGES.

Lettre du cit. Chaix, sous-préfet de Briançon, au préfet Ladoucelte, au sujet de l'instruction publique en Briançonnais.

Le sous-préfet de l'arrondissement de Briançon au Préfet du département des Hautes-Alpes.

Citoyen Préfet,

Je réponds à votre lettre du dix-sept du courant [7 avril 1803) relative à l'instruction publique.

L'article cinq de la loi du 11^ floréal au dix [1" mai 1802J dispose : « Les sous-préfets seront spécialement chargés de l'organisation des écoles primaires, et ils H rendront compte de leur état une fois par mois aux préfets ». J'ai fait, d'après ces dispositions, toutes les démarches possibles pour l'organisation des écoles primaires. Je n'ai pu y parvenir. Mille obstacles s'op- posent à cet établissement dans le pays. Les motifs qui ont empêché les communes de s'y conformer Jusqu'à

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présent subsisteront toujours. Eq rendant cette loi, le législateur a voulu soumettre tous les habitans des grandes communes, pères de famille, à envoyer leurs enfants à l'école et à contribuer proportionèlement au salaire de l'instîtiiteur ; il a voulu que ceux des petites se joignissent pour uue seule école, afin de ne pas les surcharger pour les fraits de l'iustmction. Les vues du législateur son sages ; mais elles sont impraticables dans le Briançonnais.

Si le besoin de l'instruction est apperçu dans une partie du département, c'est saus doute dans mon arrondisse- ment, et, cependant, je ne vois pas la possibité d'y établir des écoles primaires.

Cette imposibilibité ne tient pas à la dépense ; il n'est pas de sacrifice que les pères ne soient prêts k faire pour l'instruction de leurs enfants ; ils sentent que, si elle est nécessaire à chaque homme, elle l'est encore plus aux Briançonnais, dont l'existence tient au commerce et à l'industrie. *

Quoi donc pourrait empêcher l'exécution d'une loi dont les effets seraient si utiles i L'impossibilité des commu- nications pendant l'hiver, temps unique que les gens le peine donnent à l'instruction.

En effet, citoyen Préfet, il est de la connaissance de tout homme qui a parcouru cet arrondissement qu'il est des semaines entières la communation d'un village à l'autreestinterceptée. Si les habitans ouvrent le chemin, il est souvent comblé un instant après par les neiges que les vents agitent. Ou ne pourrait, sans exposer les enfans, les contraindre à se rendre au lieu de l'école.

Faudra-t-il donc renoncer à une partie qui influe si efficacement sur le bonheur de la société ? Non certai- nement. Mais, dans cette situation, il faut laisser aux différons hameaux le soin de pourvoir à l'instruction de leurs enfans. Et l'on peut être rassuré, à cet égard, dans le pays Briançonnais, il n'existe pas un village qui ne solde un maître d'école. Dans la commune de Briançon, il y a dou^e instituteurs ; dans celle du Monètier, ou en trouve au moins huit; la plus petite commune en a plusieurs.

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Ô4 ANNALES HES ALPES.

Les écoles s'ouvrent eu brumaire : octobre-novembre] ; elles sont fermées en germinal 'mars-avrilj. On y ensei- gne à lire, à écrire, et on donne les principes de l'arithmé- tiqne,— Quelques maîtres connaissent le ctlcul décimal et l'enseignent.

Les pères de famille ont besoin, eu été, de leurs enfans pour la culture des torrps ou pour la garde des bestiaux dans les montagnes,

Si deux ou trois liabitans fortunés, dans chaque commune, veulent continuer l'inslruction de leurs enfans. ils les envoyant chez les curés ou le>î desservants, qui leur donnent les principes de la langue latine.

D'après ces motifs, je pense qu'il convient de laisser subsister les écoles comme elles sont organisés.

Si l'on porsistoit à vouloir établir une école primaire dans chaque commune, ou qu'on réunit plusieurs commu- nes pour former une école, les liabitans des hameaux ^dont les enfants ne pourraient pas se rendre au chef-lieu, ne voudraient pas contribuer au payement de l'instituteur. Ce qu'on dit dés hameaux s'applique, à plus forte raison, aux communes qui seraient réunies.

Ce qu'il fist instant d'obtenir et d'organiser, c'est une école secondaire ^i Briançon.

Lorsque les pères de famille un peu aisés et qui, dans ce pays, sont très jaloux de procurer ries moyens d'ins- truction à leurs enfans, les ont envoj'és deux, trois ou quatre ans chez l'iustitutfiur du village ou chez le desser- vant, ils ne savent plus qu'en faire. Us n'ont pas les moyens de les nourrir et entretenir dans une pension, à Grenoble ou ailleurs, et ils sont forcés de les garder chez eux. avec une instruction très commune.

Si, au contraire, il y avait à Briançon une école, ils se gêneraient ; ils y apporteraient à leurs enfants de quoi vivre, et ils auraient la satisfaction de voir leurs enf^DS s'instruire presque sous leurs yeux.

I! serait très importantd'obtenir la maison des cy-devant religieuses. L'arrondissement fairait les fraix d'établis- sement et pourvoirait au payement des professeurs.

Salut et respect. Signé : GHAIX.

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MÉMOIRES

JEAN FAURE, DE CHABOTTES

1776-1863

Nous avons eu, récemment, la bonne fortune de ren- contrer, parmi les papiers donnés aux archives des Hautes-Alpes par feu M, l'abbé Gaillaud, curé-archiprètre de Oap (mort le 22 janv. i893), le manuscrit original de la Première partie des Mémoires du poète Jean Faure, dont' nous avons publié naguère la Seconde pariie*]. Nous nous empressons de donner aux lecteurs des Annales des Alpes ces intéressantes pages, intitulées : Ma vie politiqtte, et composées vers 1818,

Jean Faure, le 24 mars 1776, au village des Michauds, commune de Chabottes, en Cliampsaur*), mort le 17 mars 1863, dans son « lierraitage > du Serre- Rabincl, commune de Sl-Michel-de-Cliaillol, fut successi- vement notaire (1801-fI), chef de bureau de la préfecture des HauLes-AIpes (1811-14), secrétaire général de ce département (1815-17^), simple clerc d'avoué (1818-22), sous-préfet de Slsteron (1822-30); et enfin. au Serre- Rabinet, « tour à tour laboureur, berger, jurisconsulte, poète, écrivain, administrateur même, car... il était devenu maire de Chaillol, sa commune » ').

1) Vuii> Ipi Aanala des Alpet, 1897, p. r>-33.

*J II était fils do Pierro Faure et d'Anne Faui-c-Baud (Actes do cutho- cîté de Chabottes).

*j Buii nombre de documcuts Imprimes dans le Itecueil des Aclet de la Prèfccutre du déparuinent des Uautet-A Ipiis commencé en juillet 18IÔ la Gap, chei J.-B. Oonouï, imprimeur de la Préfecture) pendant les aunoes 1315-17, portant la sigaaturs île Fal'rb.

*) On IrouTora da nombreuï déialU dans la Notice historique quo M. ïahhi GailUud a consacrée ù Jean Faure, cd tête de ses Œuvres choisies (Oop. Richauii, 1392, p. l-i0).

Annales des Alpes, II. 5

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66 ANNALES DES ALPES.

Bans Ma vie politique, Jean Paure rappelle les pre- mières aonées de sa vie, ses études au collège de Gap •' les sentimeuts enthousiastes dont il était animé au début de la Révolution ; les motifs qui modifièrent peu à peu ses dées ; ses occupations diverses sous l'Empire. Il peint en traits rapides cette grande époque de notre histoire ; fait un saisissant et sombre tableau des « levées conscription- nalres m de iSi2 ; décrit les événements, très peu connus, qui suivirent à Gap la chute de Napoléon et la restaura- tion des Bourbons, sous l'administration de M. Harmand d'Abancourt, préfet des Hautes-Alpes (1814-15), et de M. d'Abon, maire de Gap (1813-15) ; les fêtes qui eurent lieu, dans celte ville, en 1814, et qui précédèrent, de quel- ques mois seulement, le passage de Napoléon à travers les Hautes-Alpes, au retour de l'ile d'Elbe, en mars 1815. Telle est la matière de la Première partie des Mémoi- res de Jean Faure').

Nous faisons des vœux ardents pour que, quelque jour, on puisse retrouver la fin de ces curieux Mémoires *), e( aussi les autres écrits de Paure, en pai'ticulier, son poème La Guerre d'Alger, composé en 1830, dont M. l'abbé Gaillaud n'a pas rencontré <t trace dans ses manuscrits, et que sa seule correspondance signale » ^}. La publication de ce poème serait, actuellement, d'un grand intérêt ut servirait à bien mettre en relief la gloire de nos soldats sur la terre africaine en 1830, « sous le commandement du général do Bourmont w, au temps du dauphinois Léon Roches, l'ami du méréchalBugeaud et d'Abd-el-Kader*).

P. Guillaume. '

•) Ms. original, pctîl in-f", du 8 feuillets, papier, d'une belle écrilu (Arch. des llautcs-Alpcs, série I).

1) Leur i^ontinualiou est atteslde positiretnent par Faure lui-m^n Annalti d€ii Atpa, 1807, p. 32, note 8).

') VojCï Œuirei cftowiei, p. 37.

') Cf. Outlgves pages sur Léon Raeka, Grenoble, Allier, 1808, c viii>S52 pages, poiiim, el, ci^dessus, p. 54-55,

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UÉHOIRBS JEAN FA.URE. 67

MA VIE POLITIQUE

PREMIÈRE PARTIE,

Je me propose d'écrire l'histoire de ma vie politiipie, non pour en faire une œuvre digne du public, mais pour qu'elle reste entre les mains de mes enfants, comme un monument de famille, qui ne sera Jamais sans intérêt pour eux, et qui pourra peut-être quelquefois leur servir de leçon. Voilà le motif de mon projet ; en voici l'exé- cution.

Je venais de finir mes classes au collège de Gap, a l'âge de treize ans, lorsque les premiers mouvomens de la Révolution se firent sentir. Tout plein des idées de liberté, d'égalité et d'Iiéroisme républicain que l'on puise abondamment dans les auteurs latins, et contre lesquelles on ne prenait aucun soin de nous prémunir, ma tète, jeune et ardente, saisit avidement les brillantes espé- rances qui accompagnèreot l'aurore de celte grande époque de nos annales.

Je ne fus donc pas médiocrement surpris en rentrant dans le sein de ma famille, après avoir quitté Gap, d'y trouver une manière de voir toute opposée a la mienne. Mon père, qui fut fait procureur de la commune, recevait, dans notre village, les lois et les divers actes du Gouver- nement, et me les signalait tous comme autant d'innova- tions dangereuses ; mais il nn me persuadait pas. Je rappelle ce souvenir, pour demander à se» mânes chéris le pardon des contrariétés que j'eus le tort de lui faire éprouver, tant de fois, sur ce point, qui était entre nous un véritable point de controverse. Quoiqu'il n'eût pas toujours raison à l'égard de plusieurs réformes qui étaient réellement devenues indispensables , un fils , enfant, n'a jamais le droit de contredire son pore.

Après quelques années que nous passâmes ensemble, dans cet état d'opposition politique, ma frivole présomp- tion de jeune homme ne fut que trop confondue. La déplorable Journée du 10 août 1793 fut la première qui

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os ANNALES DFS ALPES.

me fll faire de sérieuses réflexioits'). Les autres évéDe- mens séditieux qui avaient déjà éclaté auprès du trône, ou n'étaient pas parvenus à ma connaissance, ou n'avaient fait sur moi aucune impression dont je me souvienne. Mais le décret horrible qui prononça la déchéance du Roi, et la mise en otage de ce bon prince et de sou auguste famille m'apprit que mon père défendait la bonne cause. Je me rangeai de son parti ; bientôt après, je pleurai avec lui la honte et le malheur de la France au 21 janvier*), et, lorsque, au bout de 22 ans, les Français ont pu, pour la première fois, consacrer par un deuil public l'anniver- saire de ce jour malheureux, je me suis rappelé l'ancien deuil de ma famille ; et ce double souvenir fera, chaque année, couler mes larmes en abondance.

Depuis 1793, malgré la légèreté et les distractions de la première jeunesse, sensible à tant de maux qui déso- laient la France, je fus toujours, pendant la tourmente révolutionnaire, au nombre de ceux qui ne voyaient le terme de nos calamités que dans le rétablissement du souverain légitime. Les petites vexations que ma famille n'a pas cessé d'éprouver, durant ce temps, ne contri- buaient pas peu à me donner cet esprit, car il faut bien dire qu'il s'éleva alors, dans nos campagnes, au nom de l'égalité républicaine, une sorte de tyrans communaux <ju'il serait passablement curieux de nommer, ne fftt-ce que pour faire remarquer que ce sont les mômes hommes qui maiiflenant préconisent la modération et les senti- mens libéraux, dont ils n'ont, pourtant, jamais donné l'exemple.

Enfin, fî»ùnfli)flr/e') revint d'Egypte et renversant, sans coup férir, un gouvernement odieux, chargé du mépris de tous les partis, il se mit à sa place') et s'appliqua habile-

<) Un décret do rAsaembléo tmlionale, eo àalo de ce jour, suspendit Louis XVI de ses functions «t couvoqua uae CoDVcntioD nationale.

*) 1793, jour do la mort de Louis XVI, snr l'échafaud, h Paris,

>) Sic. Faure «cril toujours ainsi le nom de Napoléon.

') On sait que Napoléon arriva à Paris le IC oct. 1799 et 6t peu aprè le lameux Coup d'Étal du 18 brumaire (10 noT. 1799). Cf. Période ritolut. dant les Htts-Alpts, 1895, p. 123-125.

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MBU0IBE8 DE JEAN FAUKE. 69

ment à reconstituer la FraDce. Je partageai peu l'espotr des gens qui lui supposaient l'intention de jouer le r6Ie des JtfWiS'), bien qu'à cette époque je demeurasse à Lyon, dans une société qui fit longtemps son bonheur de cette illusion.

Peu de temps après, je voulus moi-même fixer mon sort. Je pris l'état de notaire dans mon pays natal, et je m'at- tachai au nouvel ordre de choses, de bonne foi et sans arrière-pensée. La restauration des Bourbons ne me semblait plus une chose possible. Je me rangeai donc parmi les meilleurs citoyens <)e la France nouvelle, et, avec eux, j'applaudis aux succès de nos armes et surtout aux actes de l'administration intérieure. L'extinction ou du moins l'assoupissement des partis, l'entière pacifica- tion de la Vendée, le rappel successif des émigrés et les secours accordés à plusieurs d'entre eux, le rétablisse- ment du culte de nos pères, aboli par les gouvernements antérieurs, l'organisation simple et forte de l'ordre admi- nistratif et de l'ordre judiciaire, enfin la promulgation de plusieurs lois essentielles, notamment celles qui compo- sent notre Code civil, ouvrage si nécessaire, annoncé depuis longtemps, attendu avec impatience, et l'on a tant trouvé à louer et si peu à reprendre, toutes ces circonslancea imposantes, et le serment que j'avais prêté, en entrant dans le notariat, m'avaient lié au gouverne- ment impérial. Je ne veux pas m'en dédire, parce que je fais prolession d'être vrai ; et quand je fis sur la nais- sance du roi de Rome^) une ode que mes antagonistes ont voulu me reproclier souvent, depuis la Restauration, j'écrivais d'après l'inspiration de mon âme.

Au temps de cette ode. par suite d'une fatalité malheu-

<) George Mock, célèbre général anglais (1608-701, qui, après la raoei de Cromwell (1658), ât dissoudra le Loag-Pai'lement et proclamer Char- lei II roi d'Angleterre (1660-85).

*) On sait que Fraaçoi s- Joseph, Dis do Napoléon 1" et de Marie- Louise d'Autriche, à Paris le 2(1 mars 1811, morl duc de Rsichslad, b ScbceabrOon, près de Vieune (Autriche), le 22 juil. 1832, reçut ea i( le titre de roi da Rome.

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70 ANNALES DES ALPBS.

reuse, qui ne parait pas encore s'être lassée de me pour- suivre, j'occupais une place de chef de bureau à la préfec- ture des Hautes-Alpes, j'avais été appelle, depuis l'année 1811, par M. le baron Défeiraon. préfet '). bomme sage et bon, l'idole de ses administrés et surtout des maires de la campagne, qu'il avait la délicate attention d'accueillir toujours avec bonté et prévenance. Aucun pré- fet, mieux que lui, n'a senti les égards qui sont dus, par- ticulièrement, à cette classe de fonctionnaires, et nul aussi n'a plus approclié de la solution du problème par le- quel on demande quels sont les moyens de soutenir le zèle des maires et de les attacher à leurs fonctions gratuites.

En mon particulier, j'ai un tribut de reconnaissance à acquitter envers cet ancien magistrat, moins pour la place qu'il m'accorda dans ses bureaux, que pour les témoignages d'estime et de confiance qu'il m'a donnés en plus d'une occasion. Je n'en citerai qu'une. Pendant la disette de 1812 et en l'absence du secrétaire général'), qui se trouvait à Paris, il m'associa spécialement à ses peines et i* ses travaux pour l'approvisionnement des marchés et le maintient de la police, et J'eus le bonheur de satis- faire à son attente. Il m'en donna des preuves, qui sont gravées au fond de mon cœur.

Qu'on me pardonne cette digression, un peu étrangère à mon sujet : il est si doux de parler de ses bienfaiteurs, que j'en manquerai rarement l'occasion.

Maintenant je reviens à ma vie politique, et Je déclare qu'à partir de la fin de 1812, effrayé des levées conscrip- tionnaires, qui allaient en se multipliant, qui portaient, chaque jour, le trouble et le désespoir dans les familles, et conduisaient à une mort certaine tous les jeunes gens au sortir de l'enfance ; effrayé, dis-je, révolté,

<i II avsil été nommé par décret impérîsl du 13 avril 1809 et inglallê lo 19 juÎD suivant. Il fut remplacé, le 12 mars 1S13, par le baron Cbaial, pcéfKl des Hautes- Pyrénées {Période révolution, dans tes Htea-Alpa, 1895, p. 170).

»] Pierre. Antûioe Faraaud (1766-181». Cf. Annale* dtt Alpei, I. 1897, p. 8, note 1.

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HÉMOIRES DE JEAN FAURE. 71

déchiré sans cesse par ces scènes de malheur et de déso- lation, dont j'étais le témoin assidu, et, on quelque sorte, l'instrument, puisque je tenais souvent la plume sous l'autorité qui a^aait, mon cœur conçut, par degrés, de l'horreur et de l'indignation contre l'auteur d'un système sffreuz de guerre sans fln et sans raison.

L'ordre établi dans le service de nos bureaux 0t que je ■devins, plusieurs fois, le collaborateur de M. Serres, alors conseiller de préfecture '), chargé de faire procéder an tirage des conscrits, dans les cantons de l'arrondissement chef-lieu; et il arriva que ce fonctionnaire, que je ne con- naissais par avant ce temps, fut dans la même disposition -d'esprit.

Quand nous fi'imes entendus sur ce point, nous mettions à profit les intervalles qui nous restaient libres, après nos pénibles et douloureuses opérations, pour gémir sur les maux de la patrie et sur ceux de tant de familles, dont les larmes venaient de couler autour de nous^.

Hommes à révolutions, hommes des Cent jours , vous qui avez demandé.avec tant d'amertume et d'ironie, par ■quel travers d'esprit j'ai voulu être royaliste , voilà ma réponse ; voilà l'école ou j'ai appris à être, de bonne heure, ce que tout Français devrait être aujourd'hui; et je vous laisse le soin de comprendre, qu'à l'aide des souvenirs de ma jeunesse, mes pcogrès n'ont pu manquer d'être rapides et sûrs.

Le reste s'explique tout aussi facilement, et lorsqu'au printemps de 1814, Buonaparle abdiqua la couronne et que le Sénat, par un acte solennel, délia les Français du

'f Sur Joseph Serres, de La Rocbe-des-Arnauds (1762-1830), voiv la note de la p. 1^ des Annales (1S97) et rintéreasuatc notice qua lui a consacrée M. l'abbé Gaillaud, dans ses Ephémérida (1874. \>. 519-Ki3).

*l'DiiD9 son rapport au Conseil général des H auto s -Alpes, le 26 oct, 1814, le Préfet exposait les craintes que l'on éprouTaJt, & la fin do 1813, pour la reprise des travaux do l'agricultura dans le département, A causa des tt plaies profondes gui devaient résulter pour elle de l'enterrement fU la plutport des hommes valides >, et les efforts faits par leurs •* familles si eruelieaient décimées o par la guerre [Registre des Jirrfteïdo l'rofet, 1813-15, n> !85, Mâïv).

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72 AIWALE8 IHB ALFES.

serment da fidélité, je n'eus pas besoin de devenir un Itoaune nouveau pour me tourner vers le roi de France et pour bénir la Providence, qui venait d'opérer la mer- veille de la restauration, pour le salut et le bonheur de la patrie.

D'un autre côté, l'amour du Roi s'allie si naturellement avec les idées de Justice, de morale, d'ordre etdebi^i public ; j'ai assez bonne opinion de moi, pour croire que, même sans le secours des circonstances que j'ai indiquées, je ne me serais pas trouvé des del'niers à partager invariablement ce sentiment sacré, signe caractéristique de l'honnête homme, non moins que du bon citoyen.

A l'époque des grands événements de 1814, le départe- ment des Hautes-Alpes avait pour préfet M. Harmand'), devenu depuis préfet du Puy-de-Dôme et, actuellement, de la Corrèze*). C'est un homme d'un mérite non commun, ayant, tout à la fois, l'âme forte, le cœur franc et géné- reux ; l'esprit droit, actif et éclairé. Jeune encore, lors- qu'il arriva parmi nous, son début dans la carrière admi- nistrative nous montra une capacité étonnante, égale- ment habile à concevoir et, ce qui est plus rare en général, constant à exécuter. Tous ses coups d'essai étaient des coups de maître, et l'administration ne tarda pas de pren- dre entre ses mains un face nouvelle. C'est de lui qu'un connaisseur me disait un jour, avec tant de raison : « Les arrêtés, les lettres, le moindre billet, tout ce qui sort de sa plume porte l'empreinte d'un caractère particulier, qui est toujours celui du talent a ^).

Moins de deux mois aprf^s son installation dans la pré- fecture des Hautes- Alpes, placé inopinément entre le gou-

*) Harmand d'Abaocourt, sons-préfot de Savensf , DOmnié préfet des Hautes-Alpes le 13 janv. 181i, iustallë le 15 févr, suivant, deslilud le «mars i8t5, elc, (Pérù,de rèwlut., p. 171-176).

*) M. Harioand d'Abaneourt fut préfet de la Corréie du 5 avril 1817 au 10 févrlei- 13)9. Cotte ladicatloa est d'autant plus précieuse qu'ello permet de flier la date approximative de la rédaction des Mémoires dtt Jean Paure.

^) Paroles M. Moite, de St-Boanet, avocat, distingué k In cour de Grenoble (uoU de Fauro).

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HBHOIBES DE JE&N FAURE. 73

vernement de Buonaparte, auquel il devait tout, et la restauration des BourbooK, doux et unique espoir de la France, sa conduite dans cette conjecture critique fut ce qu'elle devait être ■}. Ceux qui ont voulu en parler autre- ment manquent certainement de bonne foi et aont peu capables de bien apprécier les temps, les choses et les convenances.

Pour moi, dans ma modeste place de chef de bureau, je n'eus alors à jouer aucun rôle public. Je me bornai à me féliciter avec mes amis de l'heureuse révolution qui venait de s'opérer, sans avoir moi-même d'autre objet que le bonheur public, n'attendant rien qui eût rapport à ma situation personnelle. J'en rendis à la diviuité de ferven- tes actions de grâces ; et je ne me rappellerai jamais, sans émotiou,le Te Deuin chanté à Oap*},immédiatement après la rentrée à Paris de Son Altesse Royale, Monsieur, frère du Roi 3).

L'église était remplie d'une foule immense, accourue de toutes paris, aux cris de : Vive le Roi ! et au son des cloches et des tambours, qui avaient donné au loin le signal d'allégresse. Le cortège des autorités étail arrivé en grande tenue et avait pris place dans le chosur. La garde nationale, au milieu de la nef, bordait la haie, ayant la cocarde blanche au chapeau. Plusieurs drapeaux blancs flottaient au-dessus de leurs têtes, et la fleur de lys brillait sur tous les habils, suspendue à des rubans blancs qu'on avait pris soin d'étaler avec grâce. La séré- nité était peinte sur les fronts. Ce touchant appareil avait déjà remué les cœurs. Bientôt les ministres sacrés s'avan- cent vers l'autel, en présence de l'assemblée, se proster-

<) Voir, dans Ptriode Révolutionnaire [f. 171-173), le récit rai «tif i l'adhésioD des admloistraliODs départe meotalc s des Hautes-Alpes au a rétablissement de la maisOD des Bourbons sur lo trûnu de Fi'aace » (IfiavrU 1814).

*} Le 18 avril 181* (Cf. Pinode RivoL, p. 173).

3) Charles-Philippe, second frère de Louis XVI, le 9 oct. 1757, plus conçu sous le aom de Comu iTArlois, qui, après la mort de Louis XVIIl (16 sept. 1824), parvint au trùne soua le nom de Charles X (im-30), et mourut du choléra â GoriU eu Autriche, le 5 nov. 1836.

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74 ANNALES DBS ALPES.

Beat devant Le Très-Haut, puis relevant leurs fronts, chargés d'onctioD et de rieitlesse, ces augustes prédica- teurs de la bonne noureUe entonnent l'hymne joyeux. Aussitôt mille voix, leur répondent. La bouche même de ceux qui n'avaient jamais chanté s'ouvrit cette fois; leur langue se délia, comme celle de Zacharie. et l'orgue St entendre, à son tour, des sons nouveaux pour la lète Douvelle. Alors, ravi en extase, je crus voir la terre monter vers les cieux, et les cieux s'abaisser vers la terre, et les habitants des deux mondes, à portée de s'en- tendre, célébrant ensemble par des chants mutuels le retour de nos rois et la régénération de la France. Des larmes délicieuses vinrent remplir mes yeux, et nouveau Siméou, je répétai plusieurs fois, dans le fond de mon cœur, le cantique de bénédiction.

L'autorité du Roi fut donc établie dans les Hautes-Alpes par les soins de M. le Préfet, avec tout l'ordre et la promptitude désirable. Elle n'éprouva pas la moindre contrariété; certains esprits inquiets et turbulens ne s'étaient pas encore entendus pour corrompre l'opinion. Tout se passa à souhait, et le peuple supporta avec une louable résignation les derniers sacrifices qui lui furent imposés pour l'entretien des troupes françaises revenant de l'étranger. L'armée d'Italie, belle encore par le nom- bre, belle surtout de sa vieille gloire, dont elle n'avait rien perdu, arriva par le col du Mont-Genèvre '), et resta stationnée, pendant plusieurs semaines, dans le départe- ment. Tous les services manquant alors, les habitants furent appelés à pourvoir à tous les besoins, et cet appel fut entendu *).

<| 16 mai 1814, < le PiÉfet avait avis du passage, par BriançoD et les Hautes-Alpes, de 36.000 hommes et 6.000 cheïaui, augmentés de 6.000 hommes cl 1 .300 chevaQi des dépQta de la Zl' division militaire ». (Pr-riode Révol., p. 11*).

*) Les hApitaui, en particulier, placés depuis quelques années dans l'embarras d'ua arriéré cousidérable a, sa trouvèronl « inopinément chargés de pourvoir aui besoins de tant de militaires malades, évacués par les armées à leur rentrée sn France », que lePréfet, le !6 oct. IBti, s'étonnait que l'on eQt pu 1 réunir les moyens de soutenir un service si peu proportionné aui ressources du Paja (Reg. des arrêtés, C 153 t*).

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HBUOIRBS DE JSÀH FAURB. 75

Cette dernière charge levée, l'administration ne s'oc- cupa plus qu'à cicatriser les plaies des temps antérieurs, k répandre la doctrine des bons principes et à porter partout le bienfait de notre régénération politique. Nous étions déjà huureux dans le présent, et un avenir meilleur encore ne me paraissait pas incei-tain. C'était le cas de dire, avec Tacite : « JV^ec spem modo ac votum secu- ritas pttbtica,sed ipsius voti fiâttciam ac robur assump- serat » •).

Je dirai, puisque c'est mon histoire gue j'ai entrepris d'écrire, je dirai que telle était l'opinion que je m'effor- çais d'accréditer dans ma petite sphère, et surtout parmi les habitants du canton d'Orciêres, auxquels je dois un intérêt particulier, et qui, voyant toujours eu moi leur aucien notaire, n'ont jamais cessé de m'accorder beau- coup de confiance et d'écouter mes avis; heureux, moi- même, de pouvoir dire que, plus tard, j'en ai recueilli les fruits. Au temps du bouleversement de l'interrègne, ce canton sera le seul pays je trouverai un endroit sec pour y mettre le pied.

Mais n'anticipons pas sur les temps ; craignons plutôt de voir s'écouler trop vite les beaux jours de 1814, qui nous firent goûter, peut-être trop abondamment, les prémices d'un régne de paix et de bonheur, pour lequel tous les Français n'étaient pas assez préparés.

Le 25 aoftt arriva, et la St-Louis fut célébrée avec un enthousiasme digne de son objet et de sa nouveauté. La ville voulut, le matin, donner une fête au Préfet, et le Préfet en donner une, le soir, au Département. Les invita- tions furent nombreuses, et tout le monde se rendit. Alors on ne parlait pas de fusion : ce déplorable souci de toutes les fêtes qui ont été données depuis, n'existait pas encore ; mais on était réellement uni. On était bien aise de se trou- yer ensemble, et c'est en cela que consiste la condition ta

<) La sécurité publique a'élait pas seulemenl une vaioe esp^ciQce, DU vxu : elle avait pris toute la coD&iace do ce vdBu lui-mime b facile. Vit iAgricota, chap, III, trad. de Charles Louaudca, Paria^ CharpenKer, 1853, t. II, p. 367).

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76 ANHALES DES ALPES.

plus nécessaire pour qu'il y ait plaisir dans une grande, comme dans une petite réunion. M. Harmand, dont la supériorité n'était pas contestée ailleurs, se montra éga- lement supérieur dans l'ordonnance d'une fête. Il excella dans l'art d'animer les plaisirs de cette heureuse journée. Sa manière d'être au milieu de l'assemblée et avec chaque personne en particulier frappa tous les esprits et cbarma tous les cœurs . La gaité la plus franche ne cessa pas d'y régner et chacun se retira content des autres et de soi, emportant du Préfet et de la fête un profond sentiment de reconnaissance et de satisfaction.

Peu de temps après le voyage de Monsieur, comte d'Artois, qui partait pour visiter les départements de l'Est, fut annoncé. M. Harmand communiqua cette nou- velle aux autorités locales, et partit pour se trouver à Lyon, au passage de Son Altesse Hoyale, et la supplia d'honorer le département des Hautes-Alpes de son auguste visite.

Pendant ce temps, on faisait à Gap et sur la roule, les préparatifs convenables. Le plus vif empressement prési- dait à tout. Mais, au bout de quelques jours, le Préfet manda de Lyon que l'Itinéraire du Prince ne lui permet- tait pas de venir dans les Hautes-Alpes. M. le Préfet devait être de retour le lendemain, avec Madame son épouse, qui l'avait accompagné.

En effet, le dimanche, vers les quatre heures du soir, ou découvre de loin sa voiture descendant de la monta- gne. La garde nationale et les fonctionnaires publics étaient encore dans le mouvement qu'ils avaient pris pour se disposer à recevoir le prince. Les babitans des deux sexes et de tout âge avaient mis, ce jour-là, leurs plus beaux habits de fête. C'était le moment l'on allait sortir pour la promenade. Ou annonce l'arrivée de M. le Préfet. Voilà que, soudain, le tambour bat, la garde nationale se met sous les armes ; le maire'), ses adjoints^],

)) Charles- Louis d'Abon. dit le cadet, colonel du gdaie, et non pai, comme un l'a écrit, François- Louis d'Aboa, l'aine, dit le marqui* d'Abon (et. Annales, I, p. {A. nota).

-) Joseph Allier, 1>' adjuiut, et Jean-Joseph Amat, Z' adjoint (cf. Période révol., p. 173}.

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MEMOIRES DE JEAN FAURE. 77'

ies membres du Conseil municipal arrivent, leur côté, se fonnent en cortège ; et l'on part pour aller au-devant du chef de l'administration départementale.

En un instant, la route fut couverte de monde. On eût dit que le Préfet, retournant après avoir vu lui-même le Prince, rapportait une partie du bonheur dont nous nous étions d'abord félicités. Je fus au nombre de ceux qui pri- rent le devant, pour voir M. Harmaud, avant qu'il arrivât au lieu oii le cortège l'attendait. Je me trouvai ainsi à portée d'observer et d'entendre tout k mon aise.

Ce magistrat avait mis pied à terre, pour nous embras- ser, et marcha avec nous vers le cortège. Là, M. d'Abon, maire, le reçut avec un grand apparat, auquel personne ne s'était attendu. Il prononce un très beau compliment, étudié, préparé avec soio. M. Harmand, écartant prompte- ment une légère impression de surprise qu'il laissa d'abord apercevoir, l'écoute avec attention et lui répond ensuite avec autant d'esprit que de dignité : il répond, et l'embrasse. Tous les autres fonclionnaires et les officiers de la garde natiouale s'avancent à leur tour, et, tous, reçoivent de leur Préfet la même marque d'amitié.

A cette vue, le peuple tout entier crut être embrassé en la personne des chefs de la ville. Un mouvement élec- trique de sensibilité et de reconnaissance passe dans tous les rangs et ravit tous les cœurs. Les iiommes lèvent leurs chapeaux en l'air ; les femmes agilent leurs mou- choirs blancs, et, tous, s'écrient avec un rare enthou- siasme : Vive le Roi ! Vive notre Préfet !

Au même instant, le tambour et la musique se font entendre, et la colonne s'ébranle jiour rentrer dans la ville. Mais l'enthousiasme allait croissant; les signes de la plus douce allégresse se multipliaient sans cesse, sous les yeux du Préfet, à mesure qu'il s'avauçait devant les rangs qui bordaient le chemin. H ne cessait lui-même de saluer à droite et à gauche, en forme de remerciement, et, chaque fois, on lui répondait par des acclamations réitérées.

Il traversa ainsi la ville, entraînant toujours avec lui

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78 ANNALES DBS ALPES.

un grand nombre d'hahitans, tandis que les autres cou- rent se placer au fenêtres, et, du haut des maisons, accueillent avec un nouveau transport, les cris de joie qui s'élevaient du fond des rues et du milieu des places ; c'était un enchantement.

J'ai oublié de dire que Madame Harmand, autre orne- ment du tableau, marchait elle-même à côté du cortège, au milieu du peuple dont elle faisait l'admiration. C'était la déesse de la jeunesse, des grâces et de la beauté, ajou- tant le charme de tous ces dons heureux au bonheur de cette belle soirée.

J'ai lieu de croire qu'on me saura gré d'avoir retracé ces événemens qui honorent le caractère des habitans de Gap et qui mf'Titent d'être remarqués, comme une preuve du bon esprit qui régnait alors.

Monsieur, frère du Roi, ayant parcouru les départe- mens du Midi, vint à Grenoble '), il reçut une nombreuse députation des Hautes-Alpes, à la tête de laquelle se trou- vait le Préfet*). Son Altesse Royale accorda cinq croix d'honneur qui furent distribués d'après les renseigne- ments particuliers fourois par ce magistrat. Dans la pré- cipitation qu'il fut obligé d'y mettre, le choix qu'il fit de cinq candidats parmi ses administrés ne fut pas approuvé en entier par l'opinion publique. C'est la seule opératlos, que je sache, en laquelle on lui ait reproché d'avoir manqué de tact.

Précisément à l'époque du voyage à Grenoble, le Conseil général devait tenir sa session de 1814. Le prési-

•) Il y St une entrce trioni)iha1c le 17 oct. I8U (A. l'i'iidhomnie' Hisl.de Gi-enobtt, 1S8K, p. 665).

*) FaisaiODt partie de celte dépulaUon : Pinkt, aîné (Jeaii-Josepli- Aodré), président du Conseil goaéral des Hautes-Alpes (mort le 20 août 1834); et d'ABos, le cadet (Jean-Charlefi-Louis) , colonel du génie, maire ila Gap et cousaîUer général (mort à Grenoble, en 1817) , qui, tous deux, furent rlécorés à GrcDoblo. Partis de Gap le oct. IS15, ils furent de reloui- le 25, jour s'ouvrit lo Conseil général. Les uulres membres do cette Assemblée, au nombre de 12, étaient ; Allemand, de Bardoncsche, Bertrand, Charbonnel-Salle, Louis Deville, Lachau, Maiffre, Martet, Joseph Prllegciu et Bichard [Série N, Ij.

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HBUOIBES DE JEAN FAUBE. 79

dent fut membre de la députation <) ; et l'on convint que l'assemblée n'aurait lieu qu'à son retour. M. Harmand, dans cette occasion, me donna une preuve de conflancd que je vais rapporter en peu de mots.

La veille de son départ, il me prit en particulier et me proposa de préparer, pendant son absence, son discours d'ouverlure, afin qu'à son arrivée, la réunion du Conseil n'éprouvât aucun retard. Cette proposition inattendue m'embarrassa sérieusement, et je ne lui dissimulai point ma crainte de ne pas réussir dans un travail important et tout à fait nouveau pour moi. Mais il me répondit avec bonté : « Je n'en suis point en peine. Monsieur; connais- sez mieux vos forces : votre travail sera bon ». Ce mot prononcé avec la démonstration d'une estime sincère, me donna de l'énergie, et je promis.

Dès le lendemain, je mis donc la main à l'œuvre, et pendant quelques soirées, prises hors les heures du travail courant des bureaux, je réunis les matériaux nécessaires et je parvins à les ordonner suivant le plan que je pus me former. Je choisissai-s ce temps pour que le secrétaire général ni les autres employés ne s'aperçussent pas de mou occupation. J'ignorais si le Préfet voulait ou non que ce filt un secret entre lui et moi.

A son retour, je lui présentai le fruit de ma bonne volonté, mais avec une dijfiance extrême. Je savais trop bien que ce n'était pas une médiocre lâche que celle de m'élever jusqu'à lui et de composer le langage qu'il devait tenir devant le Conseil général. Quelle ne filt donc ma jouissance, lorsque je vi.s qu'il avait la bonté d'adopter mou travail tout entier, de le louer et de m'en faire des remerciemens. J'avouerai, si l'on veut, que c'est jouir à la manière des enfans, mais sommes-nous souvent autre chose que des enfans, même dans un âge déjà avancé?

Je continuai toujours à garder le secret à cet égard. Cependant le Prétel n'avait pas songé à m'en faire une obligation. Après avoir prononcé son discours, il laissa

•) Voir la note préceJenle.

Digilzedt.GoOgle

80 ANNALES DE3 ALPES.

mon manuscrit entre les mains du Conseil, et en cela rien ne doit étonner. Riche de son propre fonds, il ne pouvait rien envier aux autres, et la pnérilité d'un vain déguise- ment était trop au-dessous de son âme. Il ordonna que ce même discours fdt transcrit dans le registre des aiTêtés du Préfet'); ce qui n'ayant Jamais été fait jusqu'alors me (ut une nouvelle preuve qu'il en était content*).

Kn piitcounint le.'i deiuiers mois de 1814 et les deux premiers de 1815, je ne trouve plus rien qui soit digne d'être rappelé. La France avait son Roi et le département un excellent préfet. Nous étions heureux et contents. Ce mot renferme l'hisloire de cette dernière période de temps. Seulement on peut -se souvenir que, dés lors, quelques bruits vapiies commencèrent à circuler, sourde- ment, dans les campagnes. Un petit nombre de mécontens, disséminés sur divers points, apprenaient déjà à agir comme de concert, pour semer des Inquiétudes. On rapportait des faits ou des propos injurieux à la famille royale ; ou réveillait le souvenir des anciens privilèges de la féodalité, celui de l:i dime, des prétentions du clergé, etc. : Hinc spargeve voces-.- in vitlgum ambiguas^).

A cette époque, je fus bien surpris, durant un voyage que je ils dans nos montagne», d'avoir fi i"épon(ire à plusieurs questions que do bons et trop crédules liabitans me faisaient, avec douleur, sur ces bruits, aussi absurdes que pervers.

'i Iteghti-e rfei Ai-i-itès du Pi-rfet du àrpan. des llaulfs-Alpts, 81.3-181:) lin-r». ir. i:«-lô6vi. L-oi-ilominuci! prescrivant la li-nnscrip- lioii du ci: rapport est du Ç> nov. \HH el siiriiép par lo ROCri;l»iro gânérol

F*RNAUD.

3) Co rapport, remnrguablcmpnt Ijîeii ppiisé et bioa «crït, est un tableau tvés vivani du la situation du départ cm eut des Hautas-Alpai vers ia Un du IKU. Il a surtout pour objet: l'Olat île l'agi'iculturc el du ROiiitncri-e, les secours publics cl k's prisous, ks poots el chaussées, Vinïtruclion ]iubliquc, et se teniiiuL' par ijet observation! générales mlr^memont inléri'ïsnnlps. Ce rapport, croyons-nouf, n'a jamais été ]>ublté; il mùrito du IVtrv, et nous usporoiis pouvoir le faire imprimer prouLainemcut.

S] Virsilo, lincid-; I. II.

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uâHOntES DE JBAN FAyRS. 81

, Enfin, un ouvrage de Carnot, que je n'ai jamais lu, parut dans le même temps. I! avait pour objet de justi- fier toute la Révolution, même son plus grand crime. Or, Je me souviens que certaines gens le préconisaient d'affec- tion. C'était l'esprit de révolte qui déjà tendait ses fils insidieux ; mais tout cela était compté pour rien, parce que, du moins, parmi nous, personne n'était à portée d'apercevoir le nœud de la trame. A.u lieu de soupçonner la possibilité d'une vaste conspiration, l'autorité locale et les gens de bien plongés, comme le poète latin représente la ville de Troie, dans les douceurs du premier sommeil, ont la commune bonhomie de n'y voir qu'un reste de fièvre, qu'il fallait plaindre et que le temps seul ne tarde- rait pas de dissiper entièrement. Aussi tout dort, et, cependant, les Grecs ont quitté l'ile de Ténédos. Ils arri- vent aux portes, et plus d'un Sinon va leur ouvrir la barrière.

Tel est le spectacle que le mois de mars va présenter à nos yeux. Mais j'ai besoin de reprendre haleine et de recueillir des forces nouvelles, pour conter les événemens de cette époque fatale.

FIN DE LA PREMIÈRE PARTIE').

Proclamation de ta Constitution de 1791, à Cap.

H T)u 24 octobre 1791 . Mandat à Antoine Brunache, valet do ville, delà somme de 31 livres, sçavoir: 14 livres, pour le feu de joie qui a été brûlé le jour de la proclamation de la Constitution ; 3 livres, pour remettre au nommé Léau- tier, qui a joué du violon, au bail [sic) qui a été donoé à la maison commune, en réjo,uissaDce de l'aclièvement de la ditle constitution ; 4 livres, pour aclieter de la toîUe pour regarnir un falot, et dix livres, pour deux paires de souliers que la ville lui donne annuellement : sur M. Paul, secrétaire ».

[Arch. com. do Gap, 127. Contrôle des mandais de 1788 ù 17M3).

') Voir la suito dans Us Annales des Alpes, 1, 1897, p. 7 et Buir. ÂJSNALËS DE3 ALPES, II. 6

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i

SS J^ALEa DES ALPES.

TESTAMENT DE JEAN DE GÉRARI>

SIEUR DES ORBES (9 mars 1698)

ET

MAISON DE CHARITÉ DE GAP

1710-1790

La maison de Charité était située à Gap, place Grenette. Elle sert aujourd'hui de prison et de tribunal criminel- Cet établissement, dit Gautier, était * destiné jadis aux orphelins pauvres. . . Les soupirs, les gémissements et parfois d'horribles imprécations font résonner, aujour- d'iiui. les voûtes de ses cachots; et la grande salle de la COUP d'assises retentit, cbaque trimestre, de la brillante faconde de nos orateurs.. , »'},

Voici une analyse, assez détaillée, de l'acte constitutif de la maison de Charité de Gap, dont Gautier et autres historiens n'ont pas connu l'origine exacte. Il appartient aux archives de l'hôpital de Gap*).

P. G.

Testameutde « Jean de Gérard, s' des Orres». Sépulture à Gap, dans la tombe de ses ancêtres^). 11 lègue: à Jacq.de

<) Gautier, Lettres sur ihist, de la Ville de Gap, VsJencc, tS3S-39, C" lettre, p. 2Î3.

') Aroh. dép. des Hles-Alpes, série H SQppl. 283.

') Parmi ses ancêtres, il complaît : Honoré de Gérard, sgr de Réotiei' e( dss Orras (1^3-87), procureur gàuéral en U chambre des comptes do GrcDoblo (1557 et 1580); 2* Melchior, nls du précédenl, établi à Embnio (15G0-9(); - ;l' Jacquet, flls de Melchior, s' des Orres dti svanl 1334, qui testa le 22 mai l6G(j ; il avait épouso Aune Davin, Hlle de Glaudo, sgi' do Beoujeu, vtuve de Glaude de Chevallier (18 nov. 1<Î36), laquelle teste le 3() janv. 1671 ; d'où ; Jacques, s' des Orcea, docteur en théologie, curé de Jarjajes |1GG6), Iiurilier de mère (1S74), mort vers 1700 ; Esprit (10o6-S3)i Lucréco, qui épousa Barlhél. Ëscal^

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TESTUIBNT DE JSAN DE GBRABD. 83

Gérard, prêtre, son frère atné, une pension viagère de 300 1. qui, après lui, appartiendra à la maison de Charité de Gap, qu'il veut que l'on fonde, avec le reste ses biens, < pour y ellever de pouvres enfants orphelins, de l'un et l'autre sexe, tant du terroir de la ville de Gap, [que de] Jarjayes, Remette et Chàteauvieux, despuis l'âge de sept ans jusques à quinze ». Il veut que sa a maison paternelle de cette ville, avecq le jardin,... et le gre- nier à foin quy y Jounienl, serve... â cet uzage; dans laquelle je veux estre construit une chapelle, soubz le tîltre de St-Jean-Baptiste, à l'endroit le plus propre de cette maison, et que cette chapelle soit déservie par vun prettre de bonne doctrine et de bonnes mœurs, lequel aura, outre sa vye médiocre et frugale, 50 1. de revenu annuel, aveq une chambre pour .son logement; que ce pretlre sera tenu d'instruire lesd. enfantz et les former à la doctrine et à la pietté cresti^ne; et cellébrera dans lad= chapello, aux temps non empêchés, 3 messes chaque semaine, pour le salut de mon âme et de mes père et mère et autres mes parents, à perpétuité ; que, surtout, il prandra soin que lesd. enfants ndsistent à la prière qu'il fera, soir et mattin, dans lad* chapelle, â la fin de laquelle on dira toutz ensamble ung dejjro/'oKdis, pour mon âme ; qu'ilz se confessent et, quand ilz seront en âge, comunient une fois chasque mois ; qu'ilz soi[en]t nouris dans la dernière frugalité, sans superflu et de la magnière que les paouvres doibvent l'être, vôlus de bure ou de cor-

licr, marchand de Gap (9 juin 1673), ïeuvo le il avril 1Î03 ; Franroisu qui testa le IS aTrill6K5; Cathcrice, qui tesra ^gali-ment le 18 avril 1635, et euBa \ed.Jean, s' des Orres, de Le Besséo (22 a.oùl 1666] et de L'ArgeQlièro ;7 mai 1663], fiie à Maonsqua le 1" déc. 1698, quitesla le U mai 1690, le 9 mars 1C98 et le 24 dec. 1709, morl oc 1710. 11 avait épousé, d'abord (30 mars 1685), Jcsuoe d'Agout ; puis, MariacDS d'Au- difred, de Manosque, qui survécut' A sou msri et se remaria avec André-François d'Altard de La Batelière. Elle habitait St-Maiîmia 12 déc. 1712, et lesta le 12 mai 1710 et lo 28 (évr. 17*2. De ce double mariage Jcaa de Gérard ne laissa pas d'enranls. Le Père Foruier oi'oit qae Jean Girard ou Gérard, archevêque d'Embrun (1432-57) appartenait à cette famille ;ct. iJist. généi: des Alpeu, II, 308-53).

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84 ANNALES DES ALPES.

délia, sans aucune différance de condition ; vonlant qu'in- difTéramant les plus paouvres y soient reseux.et princi- pallement seux qui, étant de bonne ramille, n'ont pas de quoy se nourir et gaigner leur vye ; n'entaijdant pourtant y estre' admis ny les enfants expozés, ny les vieillards.

Je veux encor que les enfants orphelins quy y seront reseux soient instruitz à des arts et mestiers, savoir : les niasles, par un maître, et les fllies par des maîtresses qui seront choisis par le bureau, qui sera composé de M. le doyen de l'éylise, des deux curés de cette permis- se, ung gentilhomme, ung advocat, ung procureur et uag marchant, soubz l'authorité de Mgr l'évesque.quyen sera le chef et le prézident, et son grand vicaire, en son absance ; led. testateur suppliant les personnes qui com- poseront led. bureau de s'y randre, quand Hz y seront appelles, et de se contanter de. la récompanse que Dieu donnera à leur charité, sans rien exiger pour leur tra- vail; que lesd. maîtres et mettressos seront nouris et sallariés modiquement, à moings qu'il s'en trouvât qui voulussent le faire charitablement pour l'amour de Dieu.

Je veux aussy et entand que les raasies soint sepparés des tilîes en appartenants, vivres et raesmes dans lad' cha- pelle,sans qu'ilz puissent avoir de pratique, de commerce ny aucune familiarité entre heux; qu'il soit dressé ung règlement suivant la ptirtée desd, enfants, 'pour leur conduite, direction et magnière de vivre, sur le pied des autres maisons de pietlé ». Aprfis son décès, tous ses hipns serdnt inventoriés et vendus au profit de l'élahlisse- meiit susd. Les biens et revenus seront administrés par un (économe nommi; par le bureau. S'il faut obtenir des lettres patentes de la Cour, son hérédité en suporteva les frais. On ne pourra unir cette institution à une autre, et. en cas de contravention, il donne ses biens aux pauvres orphelins de la ville d'Kmbrun. Il recommande cette CBuvre à l'évêque de Gap et à l'archevêque d'Embrun. Gap, 9mars 1098'). Le susd. testament déposé, le môme

*) La maison do la Charité fondée è Gap, grico aui libéralités de Jeaa de Qdrard (lîlO) etdaM|[r do ItIalissotes,évéquede Oap (G. 1373]

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TESTAMENT DE JEAM DE OÉRAUD. 85

jour, chez le notaire Parnauil. Présents : Jacq. Paviot, théologal, Charles Ferroul, Jn-Pierre Reynaud, prêtres, Ant. Bonnet, bônéflcier, Charles Slornel, prêtre de La Motte-du-Caire, et Michel Deiglun, prêtre de Sahgnac^ (Traces de 4 cachets en cire rouge, dont 2 conservés).

FRERE AUBIN

ET

L'HERMITAGE DE N.-D. DES ALABRES

1708-1761

La chapelle ou hermitagede Notre-Dame desAlabres^) est située sur la commune de La Bàtie-Vieille, au point culminant du chemin qui de Oap conduit à N.-D. du Laus par la routa de Rambaud.

Cet hermitage, en 1708, était desservi par frère Pierre Abonnbl^. Il rut confié, peu après, à < humble et dévêt François Aubin », qui a joué un rôle considérable au début 9u pèlerinage du Laus et dont le nom est encore aujour- d'hui si populaire').

a prospéi'é jusqu'à lu Bévolutîop. Uu étabUssemenl tout i fait sembla- b\«, Vorp\ie\ioat Marguerite-Albert, a èié créé oaguère {H sept. 1894), non loin de Oap, k CtiBraDco, pour les petits garçons, par feu M.<Buf , ancien vica-présideat du Conseil de préfecture, en souvenir' de ses deui enfants, Marguerite et Albert, qui l'avaient précédé dans la tombe. L'orptie) mat de la Providence, pour les pelitas filles, fondé pai- les dames da fa Miséri- corde, date du 26 août IS52. Le premier comprend actuellemeut [2t>sept. 1898) 22 oE^helins et te second, 58 orpbelinas.

<) Ou bien N.-D. dei Érables.

>) U, 1106, 191, p. i75de V Inventaire imprimé (1895).

') Le fcére Aubin tut, avec le cbroniquaur Rajmond Juvenii (1628- 1705), l'avocat François Grimaud, i^ign de la baronnie d'Avanfon (1664- 67), et Pierre Gaillard, chanoine et archidiacre de Gap (1668-1715), l'un des premiers historiographes de N.-D. dn Laus. Le 16 juillet 1722, il fut volé et pillé dans la chambre > qu'il avait au Laus (O. 1379)' Ainsi qu'on va le voir, il vivait encore on 1730 (H. 2ifô). (Cf. BUt. gémr. de» Alpa, t. III, 1892. p. 30, 41, 49; JV.-J). dv Lau» et la vénérable sotur BenoUe, Gap, 1895, p, xv|i.

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86 ANNALES DES ALPES.

A ce titre, les documents qui suivent intéresseront plus A'mu leclear des Annales des Alpes. Non seulement ils font connaître divers membres do la famille de frère Aubin <], mais ils nous renseignent sur le domaine de VHermitage des Alaln'es, la succession des divers pro- priétaires de ce domaine jusqu'au jour il fut définitive- ment acquis à riiÔBital de Gap (1753), l'état des bâtiments en 1751, les desservants de la chapelle des Alabres, après la mort de frère Aubin jusqu'en 1761, etc.

Nous faisons suivre l'analyse de ces documents de la transcription d'une importante donation, faite par frère Aubin, en 1723 : de 3.000 livres, à la maison de la Charité de Gap; de 1.737 I. en faveur de la chapelle de l'hermitage des Alabres, et d'autres sommes, afin de cons- truire une cure à La Bâtie-Vieille, le tout par l'intermé- diaire de Mgr Bbroer de Malissoles, évêque de Gap (1706-38), et en présence de l'abbé de Pina, doyen du chapitre (1693-1753], et de Jean Auprlnce, chanoine (1692} et sacriste delà cathédrale de Gap (1724-42).

/. n Fonds situés procke de la chapelle de Les Alabres.».

nii-nei

Extraits authentiques de diverses ventes faites â « humble etdévut François Aubin, hermitede la chapelle de N.-D.de lez Alahre, terroir de Rambaud *), cy présent» : par Pierre Rougny, fils de feu Marc, des Guérins, ha- meau de La Bâlie-Vieille, d'un pré etd'une terre, sis à La

'J Suivaat les bistoriens du Laos, frèrn Aubin naquit à Sl-ÊIieDue- d'Ai-BnçoD a vecs lu mémo totnps que la soeur BnnriHe », et se lîii à N.-D. des Alabres uu Érables dés 1675; il voulut, peu après (16S0), abandouner ce séjour pour aller ii vivre dans un couvent cloitré n, mais il en fut dêlouruë par Benoîte. En 169B, un homme fort dévot BU Laua fut atlaqué > par deui loups n, en allant à l'hermitage vou- frère Aubin. Lis manuscctls du Laus, d'après une note qne nous avons sous les jeux. » ne renferment absolument aucun détail sur l'intérieur de la chapelle de l'Érable ni sur ce qu'elle était «. Cf. les Has. intitolis : Det ruda tentations... que Ut démont font touffrir à Benoîte, n" 11, £8, 31-8, 55, 3E> ; Eclipies du Liai, n" U-15, c(e.

*) Ou plutat de La BItie-Vieills.

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FRÈRB aUBIM. 87

■« Bastie- Vieille, Heu dit Z,'ffermï(ai7e, près de iad» cha- pelle, de la contenance d'environ 5 éminez », confr. les terres d'Ant. Robert du levant, de lad* chapelle Aa midi, et le chemin allant à Oap au pied, ru prix île 901. Tém. Jean Pellissier, fils de Jean, de St-Bonnel, et Dominique Disdier, flls de Dominique, de La Bâtie- Vieille ; Pierre Matheron, not. et greffier des conventions de la ville et bailliage d'Embrun. « Fait et publié au- ^ievant de lad» chapelle », 31 août 1711 ; par Jean Ou-^rin, l'alné, des Guérins, d'une terre et d'un bois, ais auxd, Guérins, quartier de Jûuret, de 8 charges de semence, confr. les terres d'Ét. Rougny et de Jean Oallabrun du midi, de Pellissier et d'Ant. Robert du couchant, de Dominique Disdier et d'Ant. Robert de bise, au prix de 710 I, données par « personne pieuse et dévote >»,A «ondition de faire prier pour son âme, avec subrogation à l'hôpital de Gap. Tém. Dominique Gonsolin, m' pâtis- sier, et Jacq. Girard, fils de Pierre, de La Bâtie-Vieille ; Grimaud, not, Gap, palais épiscopal, 1" juil. 1722.

Testament de « frère François Aubin, hermite de N.-D. de les Alabre,... détenu dans son lit de maladie. Sépul- ture, « dans la chapelle dud. lieu de N.-D. de lez Alabre ». Il charj^e « Jean Bernard, curé de La Bastie-Veille ■>'), de faire dire 200messes de mort pour son âme. Il donne à Jean Aubin, son frère, 12 1.; à Madeleine et Marie Aubin, ses sœurs, à chacune 5 sols. Héritier, led. Jean Bernard, pour distribuer son « héritage en œuvres pies, qu'il liiy a déclaré, sans que led. M" Bernard s'en puisse servir à aulre usage ». Tém. Henri Jullien, sous-diacre de Mévouil- lon, domicilié à La Bâtie-Vieille, Ant. et Pierre Robert, père el fils, des Guérins, Joseph Guérin, fils de Pierre, des Guérins, Paul Comte, Dominique Livons et Jean Allemand, de Rambaud, «t Jean Allemand, de Combe- Vinouse*) ; Vallon, not, « Publié aud. lieu de N.-D. de lez

1] 11 fut nommé, peu après (19 técr. 172(3), curË archiprétre deV«]tnes (O, 812), il mourut très figé en 1761.

•) Hameau de la corn* do La Bàtie-Neuïc (Buli. Soc. d'Hud. det Btet-Alpes, 1891, p. 122).

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88 ANNALES DBS ALPES.

Alabre. dans l'hermitage et chambre dud. testateur t, 28 sept. 1728. Révocation par led, frère François Aubin, de la subrogation faite en faveur de l'hôpital de Gap le 1" juil. 1722 ; led. Aubin déclare « que l'église que (oà) led. frère prêtant faire nne fondation est plus proche de son hermitage, et que la personne pieuse dont 11 est parlé dans led. acte de subrogation, y a été inhumé ». Tém. Mathieu Bertrand, frère da not., Thomas Astier, fila de Frédéric, de La Bâtie-Neuve ; Bertrand, not. La Bâtie-Neuve, 30 oct. 1730. Suit l'accord entre François Berlhe, prêtre et supérieur du Laus, et Jean Comte, fils de feu Noël, de La Bâtie-Vieille, par lequel celui-ci reçoit une autre terre que celle acquise par frère Aubin de feu Jean Ouérin, a attendu l'opposition formée par le s' promoteur de Gap ». Le Laus, 29 mai 1732.

Acte de cession, par-devant Jean-Jacques Nas-Vinière, not. de Valserres, par c François Berlhie, prêtre, supé- rieur des prêtres missionnaires de Ste-Garde, desservant la chapelle N.-D. du Laux, et M'* Antoine Rolland, prieur et curé de St-Étienne - d'Avançon , économme de \a maison et chapelle du Laux >, & Jacq. Oddoul, prêtre, chapellain de St«-Margueritte et de N,-Û. de « Lex Ala- bres », de tous les droits que n lad*' chapelle et maison N. ditte D. du Laux avoit et pouvoit prétendre à la succession de feu frère François Aubin, cy-devant her- mitte aud. Alabre, consistant en immeubles qui avoient été à charge à Ind° chapelle et maison du Laux, à cause qu'iceux immeubles éteint en friche et le baptiment presque ruiné », et moyennant 99 1. 10 s. « payés par led. m'» Oddoul auxd. m'" Berlhie et Rolland n. Tém. Joseph de Bergue, prêtre et curé de La Garde-Freinet, diocèse de Fréjus, et Ant. Vieux, chirurgien de Remollon. Au Laus, maison desd. missionnaires, 15 juil. 1740.

Cession aux pauvres de l'hôpital Ste-Claire de Gap, par «Bernard, curé de Veines,... héritier testamentaire de frère François Aubin, hermitte de N.-D. de les Arable, par testament reçu m* Vallon, notaire, le 28 sept. 1722», de tous les droit qu'il a sur cet héritage, « pour seconder

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FRÈRE AUBIN. 89

les intentions dud. frère Aubin, qui m'en avoit ainsy chargé avant son décès, déclarant au surplus que -lesd. droits cëddés sont au-dessous de la somme de 180 1. ». Veynes, 21 mars 1753. Accord entre Jean Reinoard, procureur de Jean Bernard, archiprètre, curé de Veynes (Si mars 1753), héritier de frère Aubin, et Madeleine Silvestre, veuve d'Ét. Oddoul, procureur à Gap, repré- sentant Jacq. Oddoul, son beau-frère, cbapelain de N.-D. des Alabres.au sujet des fruits de la terre sise à N.-D. des Alabres, que led. Jacq. Oddoul avait acquise des missionnaires de K.-D. du Laus, le 15 juil. 1740. Lad» veuve Silvestre cède cette terre nu curé Bernard, au prix de 99 1. 18 s. Veynes, 21 mars 1755. « Albergement du domaine de les Alabre, par l'hôpital Ste-Claire, à Jean Clément », âls de feu Jean, de Rambaud, sous In pension de 50 1., payable, chaque année, le 20 août. Présents: Jean Reinoard, procureur de l'hdpital, Jean Léautier, substitut au greffe de la justice, et Jacq. Eynaud, fils de Jacques, « d'Eymeyère » ; Goudet, nol. 20 août 1758. Renonciation pure et simple aud. albergement par Jean Clément,* attendu l'impossibilité il est d'en exécuter les clauses. Gap, 12 avril 1761.

Consultation, signée Toumu, au sujet de la vente passée « par frère François Aubin » à Jean Comte, de quelques fonds, avec « subrogation du prix, après son décès, en faveur de l'église et maison de N.-D. du Lawi » (30 oct. 1730, Bertrand, not.]. Cette vente est régulière. Gap, 2févr. 1731. Copie de la donation faite par led. frère Aubin à l'bôpital de Gap, desd. fonds, sous certaines con- ditions (1" juil. 1722), et de la délibération du bureau de l'hôpital, qui charge Jean Reinoard de s'informer de la nature et valeur des « fonds qui dépendent de la chapelle de N.-D. lez Arable ». Présents ; l'évèque de Gap t), l'abbé dePina, doyen du chapi^tre et vicaire général, Rouband, lieutenant au bailliage, Artaud et de iafont, consuls, Thomé et Pausin, curés, Gautier et Reinoard, directeurs.

*) Jacques-Marie de Cantal de Gondorcet, ]741-5i.

Digilzedt.GoOgle

00 ANNALES DXS ALPB3.

Gap, palais épîscopal (2 mai 1751). Mémoire, suivant lequel, le 4 ocl- 1745, François Froment, prâtre, chape- lain de N.-D. des Alabres, se reconnut débiteur, envers l'hôpital de Qap, de 154 1. 3 s. « payés au s' Mairevilïe, receveur du domaine du Roy, pour droits d'amortissement, dus par les Tonds de lad* chapelle lez Arable... Les' Froment ayant été nommé curé à Piégu^ ), il se démit de la chapelle de Lez Arable, laquelle fut conférée à M. Isnard, curé de La Bastie-Vieille, lequel... a joui des fonds de lad* chapelle depuis 1747 jusques à son décès, arrivé en 1751 . . . Comme M. Isnard avoit résigné sa cure, sous pension, à M. Espié et qu'il avoitquitté le lieu de La Bastie-Vieille, le sindic de l'hôpital fit arrester entre tes mains de M. Espié, par exploit du 1" mars 1751, les arrérages de pention et autres sommes dues par M. Espié >, le tout s'élevant à la somme de 36 t. 14 s.

État des bâtiments de M.-D. des Alabres. « Le bâtiment de lad* chapelle et de l'appartement de l'hermitte est cons- truits à deux pentes, couvert d'ardoise, en fort mauvais élat, estant rompu en divers endroits, ainsy que les planchers dud. appartement, et les gipes ou buis de sépa- ration des différents cabinets ou petites chambres dont il est composé, auxquelles 11 manque plusieurs portes ; les murs d'eucointe du cotté du levant estant tombés â près d'une toise d'hauteur vers le couvert, ainsy que la vontte et la muraille du four, qui est du même cotté ; et n'y ayant à la chapelle aucun plancher sol, n'y aucune ser- rure, n'y clef à la porte d'entrée. . . Les prêtres du Laux prétendent avoir acquis du frère Aubin, hermite, les susd. fonds et bâtiment... Le bois pin qui est au midy dud. fonds a été considérablement dégradé par le nommé Pierre Bertrand, fermier de M. Isnard, dernier chapel- lain, pendant la jouissance duquel les bâtimens ont été entièrement négligés », etc. juin 1751). Copie d'une lettre écrite (au nom de l'hôpital de Gap 7) à

1) François Fi-omaot avait été nommé curé de Piégu. eoauita de la résigaation de Pivrre Reverdin, le 31 oct. 1749(0. 871, Jncentaire, t. Itl, p. M7).

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FBÂHB AII81H. 9t

« M. Sllvestre, ancien procoreur à Embrun : . . . Après déeeds du frère Aubin, c'eat-à-dire du mois de juil. 1740, les prêtres du Laux, prétendants avoir des droits sur l'hoirie du frère Aubin, se départirent du môme droit en faveur de M. l'abbé Odou, au moyen de la somme de 90 1.

10 s... Après lequel feu M. Oddou, son frère vendit le môme fonds pour 200 1 Les prêtres du Laux ne justi- fient d'aucuns droits n'y prétentions dans l'hoirie du frère Aubin . . . Les ayant prié moy-méme de me dire en quoy coDSJstoient lesd. prétentions, ils ont dit qu'ils n'en avoient que des verballes, sous le prétexte des quettes que le frère Aubin avoit fait au Laux, ce qui ne sçauroit leur donner aucun droit >. On demande son avis, « afin d'en pouvoir instruire M. Bernard », 14 avril 1753.

Copie d'une autre lettre au « sindic de N.-D. du Laux. . .

11 y a quelques temps que j'eus l'honneur de me rendre au Laux, comme chargé de procuration de M. Bernard, héritier du frère Aubin, hermilte de N.-D. de Lexarabte, pour vous prier de me dire si votre maison avoit en quel- ques prétentions sur l'hoirie de cet hermitte, pour cedder, comme elle avoit fait, par un acte de l'année 1740, à M. l'abbé Odou ta jouissance d'un baptiment et fonds situés à Lexarable. Sur quoy vous me fittea l'honneur de me dire que vous ne connoissiés aucun droit par écrit sur la succession du Frère, mais que votre maison pouvoit en avoir de verbaux qui l'eussent authorisé à faire cette cession. Sur quoy j'eus l'honneur de vous observer, qu'en matière d'action vcrballe, on ne pouvoit rien exercer contre les héritiers d'un défunt ; et j'avois été chargé, du depuis, de faire assigner Mlle Odou en délaissement du fonds et du baptiment ; ce qui luy avoit donnée lieu d'exercer garantie contre votre maison, pour le rembour- cement des lOO 1. qu'elle a retiré. C'est pourquoy je n'ay rien voulu faire, surtout ayant apris que M. Silvestre, d'Embrun, père de Mlle Odou, vous avoit parlé sur cette affaire... Si vous avés des prétentions, l'héritier du frère Aubin remboursera â Mlle Odou les 100 I. que vous avés reçu. Mais si, au contraire, vous ne Justiffiésd'au-

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92 ANNALES DBS ALPES.

cun droit, vous ne sçauriéa éviter de reœbourcer cette somme à Mlle Odau, qui offre, moyennant ce, de délaisser les immeubles. Ainsy je vous prie de vouloir vous déter- miner... au moins de 8 jours avant celluy de l'assem- blée, pour que Mlle Odou puisse en instruire M. son père>, etc., 4déc. 1753. Alhergement des fonds de N.-D. des Àlabres, par Jean Reinoard, procureur, direc- teur de l'hApltal Ste-Claire de Oap, & Ant. et Claude Charnier ^wrron, père et fils, de Romette, résidants à Rambaud, moyennant 3 charges de blâ par an ; lesd. fonds a possédés par frère François Aubin, hermitte, y compris ceux dépendants de lad' chapelle, môme celay que led. m* Reinoard à aqais de Dlle Madelaine Silvestre, par acte du 33 mai 1755, reçu par nous,... se trouvant actuellement sans aucunes semances ny cultures, décla- rant les parties que lesd. immeubles relèvent de la directe de Mgr l'évèque de Oap ». Tém. Jean-Loois Richaud, procureur, et Jean Clément, fils de feu Jean, de Rambaud ; Goudet, nnt. Gap, 12 aVril 1761, etc.

Arch. des Hautes-Alpes, H. suppl. £ei et SS5.

//. Donations faites par frère Aubin à la Charité de Gap, à l'hermitage des Alabres, et à la paroisse de La Bâtie- Vieille.

Qap, 12 septembre 17!3.

Pour la plus grande gloire de Dieu et à l'honneur de sa très sainte Mère, je prie Monseigneur l'Ëvéque'), et même le conjure d'employer incessament, comme s'en suit, l'argent que je luy ay remis en dépost, sçavoir trois mille livres, pour faire continuer le bastiment de la maison de Charité de cette ville (Gap), à condition qu'elle

') François Berger de Malissoles, nommé évoque de Oap le 4 avril ITOG, préconisé k Rome le 15 oov. suivtmt, sacré à Vienne le 2 jaav. 1701 mort à Gap le 31 lept. 1738. A la Cour, oU il ne parut que rarement, on l'avait suFaommé ( le Saint des Alpes i (Cf. VIncentaire de la série O, t. III, Introd., p. ixi-xiii).

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FBÈBE ACBIN. Ô3'

sera dédiée à la Présentation de la Très-Sainte Vierge et que tous ceux et celles quy y seront receu diront, tous les samedys, le soir, le Salve Regina, les Litanies de la Sainte-Vierge, et prieront Dieu pour le repos de mon âme; et les 1.737 livres 8 sols restantes, une petite chapelle à l'Hermitage, sous le vocable de l'Annonciation de la Sainte-Vierge : et le restant (suposé qu'il y en 3yt)> pour faire construire une maison curialle à la paroisse de La Bastie-Vieille, (juy dira {sic) , tous les samedyâ, une messe dans la chapelle dud. HermitsK^.

Fait en présance de M. le Doyen de cette ville') et de M. Auprince, ctianoine et sacristain de la Gathédralle^}.

Fait à Oap le 12 septambre 1723.

Signé à l'original : F. Aubin, hermite ; l'abbé de Pina, ' doyen; Al'Prince. sacristain, chanoine.

{Et, au-dessous, de la main de Mgr de Malissoles) : J'ay retiré l'original.

t François, Év. de Gap.

Registre des ssiemblèes de la Charité ds Oap, 1710-24, 65 (dans le fODds de l'Hôpital de Oap, ouï Areh. des Htos-Alpes, u" prov. 98J.

W"- DE LA BROUE DE VAREILLES

ÉVÈQUE DE GAP (I784-180I)

Locataire du palais épiscopal en 179i-1792.

Le palais épiscopal de Gap, confisqué, à la Révolution, « comme bien national » et vendu ensuite à la municipa- lité de Gap, fut régulièrement affermé, le 8 nov, 1791, par

•) Claude de Pina, nommé doyen de Gap le 21 mars 1593 {Itn-ent II, p. 2111, mort A Gsp le 10 janv. 1753, à 85 ans. l'un des hommes les plus éminenl« di? son époque tt auquel la ville de Oap est grandcnient redevable.

') Jean Auprince, clerc du diocèse do Bourges, appelé à Oap par Mgr Hervé, sacrisle do la calhédralo momoQlanémBol, ou août IflK (Iment. H, p. 209). pnis définitivement en 172i, mort en 1748 (Cf G. U71).

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94 ANNALB8 DBS ALPES-

le maire Pierre-Josepb Dhêraide, assisté de François BoYEB, ofScler municipal, à l'évèque François-Henri de La Broub de Vabeilles, pour Ô ans, au prix de 900 livres par an, à moins, loutefois, qu'avant la fln du bail, « des circonstances imprévues obligent M. de Vareilles à quitter la ville...» Cette clause se vérifia le 11 juîl. 1792, jour M. de Vareilles partit de Oap, pour ne plus y revenir').

Mais autérieuremeDl au 8 nov. 1791, M. de Vareilles avait passé, peut-être verbalement, des conventions avec la ville de Gap, suivant lesquelles, même après la confis- cation, il avait pu continuer à habiter, en qualité de loca- taire, le palais épiscopal. C'est ce que prouvent les documents suivants, des premiers mois de 1791.

Ils confirment aussi, indirectement, ce que dit M. de Vareilles, daus ses Mé?}ioires *), au sujet de la sagesse des «. administrateurs... de la nouvelle organisation des pouvoirs ï et en particulier de ceux qui, alors, « dans sa ville épiscopale » étaient à la tète du Département, du District et de la Municipalité, et dont plusieurs sont men- tionnés dans ces documents.

Le docteur Dhéralde, chef de légion de la Garde natio- nale en 1790, a?ait été député à la fédération de Paris, du 14 juillet 1791 3). Il devint peu après maire de Gap, puis membre et président du directoire des Hautes-Alpes. Le 12 sept. 1792, il fut délégué à Avignon pour se concerter avec les députés des autres départements du Midi, x pour la défense de la Patrie », contre « les tyrans coalisés » '). Le il août 1793, 11 fut chargé de recevoir la pierre sur laquelle étaient inscrits les « droits de l'homme», envoyée

') Mémoire de Henri-Franc, de la Braue de Vareilles. Oap, 189î, p. 15.

*) Ibidem, p. 6.

') Ua jour, à Psris, îl fut « fort étonui da recevoir lus hcooeors mili- taires delà partda... l'un des soldais ciloyeos », un ancien évéquc de Oap, Starie Maillé de La Tour-Lsodry, alors simple garde DalloDsl (Cf. Vie. de Broc, Un êdgue de l'ancien régime. Paris, 1894).

t) Période r^r>al. dans hs llaales-Alpts, 180S, pp. 19-20.

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HQR DE LA BROUE DE TARBILLBS. 95

da Paris par le patriote Palloy. Moins d'un an après (le 15 mal 1794), un mandat d'arrêt était lancé contre lui par le Comité de surveillance de Gap, et il a gémit plus de trois mois sous le coup de ce mandat » . Mis en liberté par ordre du représentant Gauthier, il devint k la ûa de cette année (21 déc. 1794] , de nouveau administrateur du département, puis (1799) commissaire administratif de la commune et du canton de Gap, maire de Gap pour la seconde fois (4 avril 1800), conseiller de préfecture (2 mai 1815), etc.

Le vice-président du directoire du district de Gap, eu 1791, était Joseph-Innocent Escallier, qui, plus tard (1795), fut l'un des administrateurs du département et conseiller municipal de Gap 11800-1803). Il avait épousé Elisabeth Richaud deServouies.

Les documents qui suivent fournissent, d'ailleurs, plu- ' sieurs renseignements intéressants sur Gap, au début de la Révolution, les hommes en vue de cette époque, le prix des matériaux de construction et les journées des ou- vriers, etc. P. G.

I.

Tramux à exécuter «.à ta maison du cy-devant évêque »

de Gap (février-mars 179i).

Nous, commissaires de la commune de la ville de Gap soussignés, certiffions nous être transportés, à la réquisi- tion de M" les officiers municipaux d'icelle, à la maison du cy-devaut évèque, située en cette ville, pour y voir, vériffier et extimer les réparations qu'il y a à faire aux couverts, en ardoise et en thuilles d'icelle, et faire et dresser raport; étant, nous avons veu et vérifflé, qu'au toit en thuilles de l'angar ou bousquatiére, il y a trois pièces traversières, de la longueur de 13 pieds sur 7 pou- ces d'épaisseur, qui sont cassées, de même qu'un bras de force ; nous ayant été raporlé que c'ettoint les neiges tombées pendant cet hiver qui l'avoint occasioné ; esti- mant que, pour les remplacer, il en coûtera, les ct'odies

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96 ANNALES DES ALPES.,

à ce nécessaires fournies, arrangements dea guairs, thuilles, et la main de l'ouvrier, la somme de 25 livres.

Comm'aussy nous avons veu que les toits en ardoise méritent d'être ragotoyés; que, pourcella faire, il y fau- dra employer de ô à 7 canues d'ardoise ; ce qui couttera, compris les doux, et la main d'œuvre, la somme de 8 1. Osols... [Total.] a'il. 6 s.

Fait à Cîap, le 22 lévrier 1791.

LÉAUTiER. Bonnet,

Nous, commissaires susdits certifSons nous être trans- portés, la réquisition de mes dits sieurs les officiers municipaux, arcompap^nlés d'Estienae Herlel, maître maçon et charpentier, à la susd° maison du cy-devaot évèque, poury voir etvérifâer si les ouvrages, dont en notre rapport cy-dessus, ont été faits par led. Herlel. conformément à icelluy. Ce que ayant été par nous vérif- fié, et trouvé que deux des pièces traversières y énoncées n'ont pRs tout à fait l'épaisseur que nous avions dit par nostre susdit raport. nous avons réduit l'estimation por- tée par icelluy à la somme de 3i 1., observant que le sur- plus des ouvrages ont été fait.

A Gap, le 18 mars 1791.

Bonnet, Léautier.

Nous, officiers municipaux soussignés estimons que les ouvrages menflonnés au raport et certificat cy-dessus doivent être payés à Herlel, ayant été jiigés nécessaires, conformément au certificat des commissaires de la com- mune.

Fail. à la maison commune, à Gap, le 1" inai 1791.

DiiERALDB, maire.— GL^niENT, officier municipal.

II

Mifinoire des journées el fournitures qu'Eslienne Hertcl a fait à l'Èviché [avril-mai i791):

8 charges cliau, à 2 I. 10 s, la charge, com- pris le port 20 1. Os.

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MOR DE LA BROUE DE TAREILLES. 97

14 tumbereauz sable, à 1 1. 2 3 15 1. 8 s.

Plus, 4 caoaes ardoize, à 18 s 3 » 12 »

Plus, un cent ctouz d'ardoise et demi-cent

des 0 » 15 »

Plus, pour ceindre et planches pour l'aque- duc 4 » 14 »

Une journée, pour le couvert, de maître et

une de mannœuvre 2 » 14 »

Plus, 6 journéesdemaitre, pour l'aqueduc. 10 » 16 »

Plus, 3 Journées de mannœuvre, à 1 1 3 « 0 »

Plus, 17 journées pour les travailleurs de

terre, à 11. 23 18 » 14 »

Total ^ 79 1. 13 s.

[Suit la déclaration ci-après, de la main de l'évêque François-Henri de La Broue de Vareilles:)

Si Messieurs les administrateurs du district ou Mes- sieurs te Maire et officiers municipaux veulent m'auto- riser à payer ce mémoire, à cmnpte de mon loyer, je l'aquitteray sur le champ. A Gap, le 17 avril 1791.

F. H. Év. deGap.

Les ouvriers ont fourni, disent-ils, un mémoire précé- dant. Je l'acquitteray de même, si on veut. F, H.

Nous commissaires de la commune, soussignés, certif- iions que les travaux et (ourniture énoncés en l'état cy- dernier, ont élè fait, pour y avoir été présants la plus grande partie du tems ; lequel état nous avons réduit à la somme de soixante-seise livres dix-aept sols.

A Gap, le25avriH791.

Bonnet, commissaire. Léautier.

Nous, maire et officiers municipaux, soussignés, esti- mons que les réparations portées dans l'état de l'autre part étoieat nécessaires, et que les ouvriers doivent être

Annales des Alpes, II. 7

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98 ANNALES DES ALPBB.

payés, confonnémeat aucertificat des commissaires de la commune.

AQap, le 4 mai 1791.

DuÉRALDE, maire. Joubert, ofBcier muoicipal. Clément, officier municipal.

Vu les conventions du loyer passées par les ofScier» municipaux de la ville de Gap à M. de Vareille, cy-devant évèque de lad* ville i les états de réparations faites ; le» procès-verbaux des commissaires de la commune ; rofiThe que fait au bas dud. état led. s' de Vareilles de payer le» ouvriers, sur le prix de son loyer, et l'avis de la muni- cipalité de Gap ;

Le Procureur sindic ouï ;

Les Administrateurs du directoire du district autorisent les maire et officiers municipaux à tirer im mandat à Etienne Artel, de la somme de cent-sept livres, dix-sept sols, sur M. Devareilles, cy-devant évèque de Gap, à 'V)mpte du prix de son loyer ; lequel mandat sera passé au compte du produit et loyer deseffets nationaux affer- més par la municipalité.

Fait à Gap, en Directoire, le 2 mai 1791.

EsCALLiEB, vice-président. Gombassive. Céas^ sindic.

Ocigb»! (Areb. com. de Gap, Ii7)).

BIBLIOGRAPHIE ALPINE

44. Apollinaire de Valence (Le P.), capucin. Etudes Franciscai?ies sur la Révolution dans le département des Bouches-du- Rhône. Nimes, Gervais-Bedot, 1898, in- 8°, 308 p. Le nouveau travail du R. P. Apollinaire se rapporte surtoutà 200 religieux, dont ;Ï3 seulement pré-

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8IBLI0OBAPH1E ALPINE. 99

tèrent le serment schismatique imposé par la loi au 27 nov. 1790. Parmi le nombre, une dizaine sont originaires des Hautes- Alpes, et leurconduite fut généralement digne d'éloges. Ce sont : Lagier (Jeau-Pierre-Aubin), cordelier d'Aix.néà Embrun le 1" mars 1751 (p. loet274);— Payan (Joseph), cordelier d'Istres, à Chaotemerle le 17 oct. 1749 Ip. 30, cf. p. 274-5) ; Arnaud (François), dit P. Clément, cordelier de Marseille, à Embrun Ie7 juil. 1742, émigré (p. 31) ; Queyras {Jean- Joseph), dit P. Norbert, récollet de Marseille, à St-André-d'Embrun le 39 mai 1732, émigré, dont la conduite est admirable (p. 55 et IK) ; Queyras (Jean- Baptiste), dit P. Balthasar, idem, aud. lieu de St-André le 25 mai 1764, émigré à Rome (p. 57) ; Meffre. |Léon), récollet d'Arles, à Chàteauroux le 13 mai 1704, véritable martyr de la foi, émigré [p. 71} ; Michel (Joseph) , frère capucin de Marseille, à Réallon leS mars 1743 (p. 95) ; Albrand (Joseph), dit P. Hyacinthe de La Roche, qui est à Aix en 1791 ip. 101) ; Marron (Dominique), frère donné des capucines de Marseille, dans le Serrois le 30 Janv, 1724 (p. 133) ; Cuniier (Prançnisj, recoilet, à Salé- rans le 18 juil. 1730 (p. 280), etc. - On voit par combien il y a à prendre dans les Ètxtdes du R. P. Apol- linaire.

45. CoMBA (Em), Histoire des Vaudois. Nouvelle édi- tion complète, avec cartes géographiques et gravures. Introduction. Paris, Fischbacher ; Florence, rne Serragli, 51, 1898, in- 16, xvi.208 p., 24 gravures et une carte géographique des Vallées des Alpes Cottiennes. 3 f. 50. t C'est un fait remarquable et qu'on n'a point encore étudié avec toule attention qu'il mérite, dit fort à propos M. le chan. Jules Chevalier [Mém,; historique sur les Hérésies en Dauphiné avant le, XVI* siècle. Valence J. Géas, 1890, p. 1), que les peubles de la région des Alpes et de la vallée du Rhône ont été associés plus intimement que les autres à toutes les grandes révolutions religieuses de l'Occident ». Inspiré par le noble désir et « le grand souci >i d'écrire, enfin, un ouvrage h vrai» sur les Vaudois,

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100 ANNALES DES ALPES.

M. Gomba, daus cette Introditction, divisée en trois chapitres, fait, d'abord, connaître le théâtre de son his- toire, Alpes Coltiennes, comprises entre le MontCeniset le Vise, le Pelvoux et Pignerol. il en décrit l'aspect géné- ral, la 0ore, la faune et les habitants, puis chacune des vallées : celles du versant français, la Vallouise, L'Ar- gentière, Freyssinières et le Queyras. et celles du versant italien, les vallées du Pô, du Pélis, d'Angrogne, du Cluson, de la Oermanasque et la Doire. Le tableau est précis, clair, suffisamment détaillé et très intéressant. Dans le 2* chap., M. Comba fait bonne justice des légendes relatives aux prétendues origines des Vaudois, que l'on voudrait faire remonter au temps des Apôtres, de « l'évé- que Sylvestre » [314-336], de Claude, évoque de Turin, aux Cathares ou Albigeois. Le chap. 3* intitulé: L'histoire de nos oHgines, a pour objet : les origines des diocèses d'Embrun et de Turin ; le voisinage des barbares héré- tiques (surtout Ariens} ; la protestation catholique ; la protestation cathare ou albigeoise ; Pierre de Bruis, ses ■origines, sa lutte et son martyre {vers 1140) ; Henri de Cluny (f 1149) et la réforme pétrobrusienne. M. Comba admet, avec nous, comme un fait probable, sinon certain, que Pierre de Bruis « est au canton de Rosans et qu'il a porté le nom de son lieu d'origine » (p. 160), et il le considère « comme précurseur [de Vaîdol, non comme fondateur > des Vaudois (p. 192). C'était là, du reste, l'opinion du père Marcellin Pornier, originaire, non de Geillac, comme le dit M. Comba (p. 5E). mais de Tournon (Ardèche), qui, dès 1043, considérait, avec raison, Pierre •de Bruis comme « l'avant-coureur des Vaudois », mais, à tort, comme « un des chefs des Albigeois... Malgré les analogies, des attaches même, qui ont été constatées, dit M. Comba (p. 2(fô), la secte pétrobrusienne ne saurait être confondue avec celle des Cathares ou Albigeois ». La grande figure de Pierre Bruis, ainsi qu'en a justement fait la remarque le père Labbe, est « au-dessus de celle des sectes d'alors... Il est des premiers pionniers des réformes dans les Hautes Alpes. C'est à son influence

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BIBLIOQBAPHIE ALPINE. 101

surtout que les Vaudois sont redevables de la préparation du milieu qui va servir de refuge, soit aux disciples de Valdo, soit au réchappes de la croisade contre les Albi- geois ». Telleest la conclusion de Vlntroduciion à l'hts- toiredes Vaudois. Signalons, en terminant, les belles gravures qui ornent ce volume, surtout d'après les admi- rables photographies du Cher. Sanllni, de Pignerol : le Viso, le Pelvouz, Briauçon, la Vallouise, la muraille dite des Vaudois, la cascade de Dormiliouse, St-Véran, Bobi, La Tour, la roche de la Fileuse, Ruà rie Pragela, Pérouse, Prali, le panorama des Alpes Cottiennes, la basilique de St-Ollles, etc. N'oublions pas la Carte géographique des Vallées Cottiennes, si nette, avec indication des voies ferrées, routes, lieux illustres ou importants, et l'itinéraire de la glorieuse rentrée.

46. OuiLLAUHB (Paul), Rapport sur les Archives des ffatUes-Alpes en 1897-98, présenté à M. le Préfet le 12 juil. 1898 [Extr. des Procès-verbaux du Conseil général), p. 96-106. A signaler, les dons faits aux archives du Déparlemeat par M. Hipp. Voltaire, M. Fabre. notaire à Guillestrs, M. le clianoine Davin, et le versement de 078 articles, relatifs surtout à la période révolutionnaire, par l'administration de l'Enregistrement et des Domaines. La Bibliothèque des archives s'est enrichie du Catalogue général des Mamiscrits des Bibliothèqiies pubUqties de France (44 vol. in-S") et de nombreuses publications locales. Les et 6" volumes de X'Invenlaire sommaire des archives départementales sont plus qu'à moitié impri- més ; l'un est consacré aux Archives des hospices de Briançon. Etnbrun et Oap ; l'autre aux Minutes des notaires, dont la collection formée, depuis 1880, au dépùt départemental, atteint aujourd'hui le chiffre respectable 2063 volumes, liasses ou articles. Si les fonds dont on dispose le permettent, ces deux nouveaux volumes de V Inventaire pourront figurer, avec les quatre déjà publiés, k l'Exposition universelle de 1000. Actuellemeat se prépare activement Ylnventaire des archives communales de la ville de Oap, pour l'impression duquel la municipalité a

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102 ANKALES DBS ALPES.

récemment volé uae somme de 2.000 fr. Enfin. 27 com- munes ont transmis leurs vieux papiers atix archives du Département, ils sont classés et en partie inventorias en vue de l'impression de l'inventaire.

47. ftuiixEMiN (Paul). La Meije dans l'Image. Paris, Chamerot, 189S , in-S", 23 p. (Extr. de Y Annuaire du C. A. F 24« voi. 1897). L'introduction à l'iconographie de la Meije a été publiée par M. Ouillemin, avec illustrations d'Ém. Guignes, dans les n" 2 et 3 de la iïevue du Dau- phtHé; la partie bibliographique a paru dans \' Annuaire du C. A. F. de 1894. Aujourd'hui, M. Ouillemin nous dunne l'iconographie de 1885 à 1898 (n"' 217-358), avec plusieurs illustrations qui constituent des documents d'une haute valeur : Le LaïUaret et la Meije. dessin d'après nature par L. Sabatier, vers 1848 ; Louis Faure sur les arêtes de la Meije, aquarelle sur enveloppe, par M. Tézier (1897) ; Nos alpins, par le même (1898). Une bonne nouvelle poui' finir : M. Guillemin prépare l'icono- graphie du Mont Aiguille, des Aiguilles d'Arves et du Viso, qui aura un attrait tout particulier, en raison de la variété et de l'ancienneté des documeuts déjà rassemblés, et pour laquelle le savant éditeur sollicite la collaboration des amateurs.

48. Maionen (Edmond}, Conservateur de la bibliothèque de Orenoble. Faits et gestes de Guillaume de Meuillon, publiés d'a/irés le manuscrit original- Grenoble, G. Dupont, 1897, in-8'', 25 p. Le personnage dont M. Mâignen publie la chronique a est presque un incoanu: à peine les historiens du Dauphiné lui consacrent-ils quel' ques lignes •<. Et, cependant, il occupa.de son temps (1350' 1428], une belle place daus le monde. Guillaume de Meuillon, chevalier, baron d'Arzeliers, seigneur de Ribiers, conseiller et chambellan ordinaire du Roi, sénéchal de Beaucaire et de Nimes (tel est son nom et tels étaient ses titres), était fils de Pierre de Calme de Meuillon et appar- tenait à une très ancienne famille noble, la famille de Calme on de la Ckaup, qui avait été substituée, vers 1290, au nom et aux fiefs d'une branche delà famille de Mévonil-

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BIBUOOBAPHIE AlflNE. 103

loDoaUeutlIoD. Il naqnîtenDaoplimé au milieu du XIV" xifiele et écrivit, probablement vers 1426, ses Faits et Gestes, qui aous promènent, non saas profit, partout les hasarda de sa vie d'aventures l'ont conduil lui-même. B'abord écuyer du duc d'Anjou, il fit ses premières armes «Q Italie (1382). En sept. 1394, il figure au milieu des troupes levées contre Savone et Gènes, par Enguerrand de Coucy, lieutenant du duc d'Orléans. De 1385 à 1396, il fait partie de nombreuses missions et erpéditious, entre autres des expéditions ordonnées par le roi de France sous la conduite des connétables de Sancerre (1399) et de Boucicaut fl406-1415), et toujours il sert son maître avec fidélité, bravoure et dévouement. Nous le voyons aussi guerroyer en Normandie contre les Anglais [1417] et, plus tard, assister au siège de Salins, à la prise de Soissons {1418| et à celle de Pontoi.se [1419]. Nommé sénéchal de Beaucaire et de Nimes, il prend une large part aux guerres de Provence. Il est au siège du Pont-St-Esprit, 1420, d'Aigiies -Mortes, de Béziers et de Sommières, 1421. En 1425, il va recevoir le serment du comte de Poix qui avait résolu de rompre ses engagements avec le roi d'Angle- terre et de faire alliance avec le roi Charles VII. A partir de cette époque, il disparait, se retire dans ses terres et vient mourir sans doute à Sisteron, vers 1428 ». Son tes- tament est du 5 avril 1428. Il voulu être enseveli dans l'église des Dominicains de La Baume-lès-Sisteron. Guil- laume de Meuillon, de son double mariage, avec Louise de Grimaldi (1379), puis avec Marguerite Aymar, eut six enfants : Aynard, chevalier, mort à Azincourt (25 oct. 1415) ; Charles, tué à la bataille de Verneuil (17 août 1424) ; Pierre, seigneur de Ribiers, bailli de Sisteron et de Digne, premier écuyer du roi René (1448), gouverneur de Marseille (1451), amiral de l'armée envoyée à Naples en 1460, année de sa mort ; de son mariage avec Jeanne d'Agout et. ensuite, avec Marguerite de Clermont, il n'eut pas d'enfants ; Quillaume, seigneur de Vaucluse, mort aussi sans postérité, maigre untriple mariage avec Marie de Noyers, Marguerite Aynard et Marguerite d'Oraison ;

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104 ANNALES DES ALPES.

Jeanne, Téiigieuse kSiai&rou,BtBéaerix. Cette dernière épousa Jean Alleman, sgr de Séchilienne, de qui elle eut 8 enfants : Guillaume, Antoine, Louis, Jeanne, Alix, Antoinette, Marguerite et Louise ; Jean de Grolée- Monrevel, d'où Aymar de Qrolée de Méulion, qui épousa Philipiae-Hélène de Sassenage, et qui, le 12 Janv. 1470, fut institué l'héritier universel de sa mère, et dont la postérité prit le surnom' de Meuillon. D'après ces quelques notes tirées de la nouvelle publication de M. Maignien, on peut juger de l'intérêt et de l'importante qu'elle présente pour l'histoire des Hautes-Alpes, surtout aux XIV« et XV» et XVI« siècles.

49, Meyer (Paul), Membre de l'Institut, Documents linguistiques des Basses-Alpes. Paris, 1898 {Extr. delà Romania, t. XXVII), pp. 337-441. Depuis 40 ans, M. Meyer recueille et classe, a selon un ordre à la fois géo- graphique et chODologique, des textes de langue pro- vençale ", pouvant < servir à déterminer les variétés locales du langage pendant la période à laquelle ils appar- tiennent ». La publication de ces textes présente un réel intérêt, non seulëtflent au point de vue de la linguistique romane, mais au multiple point de vue de l'histoire locale, des institutions, des sciences économiques, de, la géogra- pliie Historique, etc. M. Meyer a adopté le classement par départements. Aujourd'hui, à titre de spécimen, il nous olTre un recueil de documents appartenant audépartemeot voisin des Sasses-Alpes, et extraits des archives commu- nales de La Bréole (arr. de Barcelonnette), Seyne, Digne, St-Julien-d'Asse (arr, de Digne), Forcalquier et Castellane. M, Meyer suit l'ordre géographique, < en allant du nord au sud*. Les documents publiés ne sont pas antérieurs du XV* siècle. « Presque tous sont tirés de registres de délibérations et de pièces ou registres de comptabilités. Ils sont acccompagnés de nombreuses notes, qui aident grandement à en saisir le sens et l'importance. L'un d'eux, provenant de Seyne, à cause de son intérêt tout particulier au point de vue lexicograpbique, est suivi d'un court vocabulaire, servant d'index. Parmi les mots

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BIBUOQBAFHIE ALPINE. 105.

énutnérés, il est plusieurs dont le seos exact D'est pas facile à déterminer : chapa, par exemple (n"* 113 et 116). Ce mot, croyons-QOUs, est encore usuel en Embninais; il désigne le coDtre-poids d'une cloche. Il est à souhaiter que M. Meyer puisse publier bientôt le vaste recueil de textes qu'il a réunis et qui n'embrasse pas moins de 35 départements. Le dossier des Hautes-Alpes, quoique l'un des moins riches peut-être, aurait pour nous une grande yaieur, surtout publié avec le soin, la précision et la variété d'observations, linguistiques, géographiques, his- toriques et autres, dont M. Meyer sait enrichir les docu- ments en apparence les plus arides.

50. Michel (J.). Ma Tartane, poésie. Gap, L. Jean et Peyrol, 1898, in-8', 8 p.

51. Rby (R.), Inspecteur d'Académie à Grenoble. Le cardinal Georges d'Armagnac, colégat à Avignon (1566- 1583), d'après sa correspondanee inédite. Toulouse, E. Privât, 1898, in-8% 63 p. [Extr. des Annales du Midi, 1898). Nous nous empressons de signaler à l'attention des lecteurs qui s'occupent plus spécialement des guerres du XVI» siècle, la contribution importante que M.Rey apporte à leurs études. S'appiiyant sur un grand nombre de documents inédits, M.Rey met en pleine lumière le beau rôle du cardinal d'Armagnac, qui, pendant 20 ans, s'efforce, à Avignon et en Dauphiné, de « rétablir l'har- monie et la concorde entre les populations voisines du Comtat, de la principauté d'Orange et du Languedoc >, et qui, en même temps, défend, avec une grande habileté, les * intérêts du Saint-Siège et de la Royauté contre le parti huguenot ». Une série de 21 pièces justificatives appuie la thèse de M. Rey.

52. Savio (Fidèle). Gli antichi vescovî d'iialia dalle origini al 1300, descritti per regioni. Il Piemonte. Torino, fratelli Bocca, 1899 {sic). In-8°, de xxiv-626 une carte des anciens diocèses du Piémont et plusieurs fac- similés. Le titre de ce volume en indique exactement le sujet et le but. Depuis la publication de Yltalia sacra de

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106 ANNALES DBS ALPES.

Fard. Ughelli (Rome, 1Ô44-48, 9 vol.), rééditée par Nicolas Coleti (Venise, 1717-33, 10 vol.], de nombreux traïauxont fait conuattre les imperfections de ce grand et utile ouvrage, surtout pour les temps anciens. M. Savio s'oc- cupe, d'abord, de l'origine et de l'organisation des évêchés ea Piémont. Il fait dater celui de Verceil de l'an 340 environ, ceux de Turin. Novare, Ivrée, Aoste, Alba, Asti' de 397 ou 308, époque la Gaule NarboDnais, d'abord divisée en 5 province (374), fut partagée en 7 provinces parmi lesquelles la seconde Narbonftaise (381) et les Alpes Maritimes, en partie détachées des Alpes Cottiennes et dont Embrun était la métropole (396). Quant aux autres diocèses Piemontais, auxquels se rattache celui de St- Jean de Maurfénne (570), ils sont de date relativement récente : Bobbio est du XI" siècle ; Alexandrie du XW ; Mondovi de 1388"; Casai de 1474 ; Saluées de 1511 ; Vige- vano de 1530 ; Possano de 1502 ; Pignerol de 1740 ; Suse et Biella de 1773, et Coiiide 1817. M. Savio établit, ensuite, d'après un grand nombre de documents et d'ouvrages spéciaux (énumérés pp. xiv-xxiv), la série chronologique des évèques d'Acqui (38), Atba (27), Alexandrie (3), Aoste (33), Asti (34). Bobbio (21), Ivrée (31), Maurienne (36), Novare («2), Turin (41), Tortone (34) et Verceil (76). S. Eusèbe, premier évoque de Verceil (340-370). nous intéresse particulièrement^ car il fut, avec S, Ëmilien, évèque de Valence, l'évèque consécrateur de S. Mar- cellia, premier évèquo (ou archevêque) d'Embrun, M, Savio pense que cet événement, que l'on rapporte ordi- nairement à l'an 354, n'eut lieu qu'après 363, postérieu- rement au retour de S. Eusèbe de son exil en Palestine, et peu de temps avant 370, date de sa mort (p 284-6 et 418), A la p. 284, M, Savio est d'avis que le voyage, à Briançon. d'Ennodius, plus tard évéque de Pavie (514-521). doatl'/Hne- rarium Brîgantionis casleUi nous a conservé le sou- venir (Jacq. Sirmondi, Opéra varia, Venise, I, 1728. col. 1019), doit se rapporter à l'an 494, époque Ennodius aurait été envoyé en Oaule, afin de ramener en Italie les prisonniers faits par Oondebaud, roi des Bourguignons.

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BtBLIOQBAPHIE ALPINE. 107

Ailleurs (p. 236), le docte auteur s'occupe d'Aimar de Bemin, d'abord abbé de St-Pierre de Vienne, puis évèque de Maunenne(iS21) etenfin archevêque d'Embrun (1235 ou 36). Quant à Walchin, inscrit au nombre des évéques deMaurienne: « Neçli anni 736 et 739 è ricordalo in dite carte (tel patrlsto Abbone, fondatore det monaslero délia Kùvalesa « (p. 238), bous pensons qu'il faut plutôt l'attribuer à l'église d'Embrun, comme le dit expressé- ment le Chroniqueur de la Novalaise (cf. nos Reclierckes histor. sur les HaïUes-Alpes. Gap, 1881, p.22-29), et que, s'il a été évéquft de Maurienne. c'a être à une époque antérieure à 726. Quoiqu'il en soit, on peut juger par ces quelques détails de la grande importance de l'ouvrage de M. Fidèle Savio.

VARIÉTÉS

Inventaire du mobilier d'un cardear de Gap.

Gap, 9 décembre 1555.

Procédure faîte par « M* Eynard Gautier, docteur ez droitz, juge ordinaire de Gap », au sujet des biens de feu Franc. Giraud, cardeur dud. Gap (15^). Ce dernier, par testament, avait institué pour ses héritiers ; « Tlielme •Giraud », son neveu, Quil. Garle et Tbomé Moret, ses gendres. A leur requête, « Baudon Hostaing, licencié aux droictz, lipulenent de M. le juge ordinaire de Gap », pro- cède, le 24 avril 1555, à l'inventairo des biens du défunt. Dans « la chambre cubiculaire. . . appelée la foganie, . . . vune arche sapin, estant au-devant du lict dud. feu M* François >, contenant des livres et papiers : procès contre Georges Sauret; acte d'achat d'un f chassai... de Giiil. Sauret et de ses frères, de l'Aulagnier, paroii^se de St- Bonet », sis à Gap, « près la court des Prêcheurs » {1526.

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108 ANNALES DBS ALPES.

Ant. Bovat, not.) ; « quittance donnée par Anthoine Farel. appoticâire » (Id déc. 1539), etc.; 15 «escuies ostaing à aureilhes, pesant 15 livres et demye; grande casse arem; olle ou pot cuyvre; chaudron tout areyn; cumascle ayant troys jambes et six fuvelles ou anneaulx, fer ; aste ou broche à rostir chair ; gros poix avec son marrou, se peult peser deux quintaulx ; deux platz fuste et unzer tranchoirs aussi boiz et ung tranchoir de poille aussi boix ; sept escuelles hoys et ung mortier aussi boys ; deux grales, aussi fuste ou boys : ung mortier de piarre ; ung hroq et un cornu; une gerle pour le laict et ung collaier ; deux cognées ou dealraux; vune piche et vune eyssa, ung eyson d'ort; vune espée avec son forreau ; ung emynai bled, loyal et signé ; ung trébuchet Limoiges, avec ses ballances et marqs, pqur peser escus et monoie; deux vans et vuue seye pour tamiser farine ; vunes tenailles, ung marteau de fustier et ung eschaupre, et ung marteau pour redreysser les potz estaing encloutés ; vune laulle boys blanc pour faire le pain, et ung taulon carré et ung auitre taulon rond; vune tarnauoyre om TaaHX ; aultre taullon crosetier ; trois calhels (lampes) feulhe d'Allemai- gne; ung grand couteau pour couper pain »; 4 nappes, 6 serviettes ; « deux retour de cortines avec leurs franges, totlle de maison », 16 linceuls ; « vune tende toille devant l'esculiier; quatre sacz pourtenirbled appelés feerî-oye»"^ ; six flassas; vunes cbauses blanches oeufves; ung saye drap gris sans manches ; une chemisoUe drap blanc, ung manteau drap tannet de cardayre; ungs solliers, bons; vunes petites cortines pour l'imaige de Nostre-Dame ; deux pièces de fourreure blanche, tirant douzer canes cbascune pièce ; ung eschappollon drap gris penchina de deux pans ; deux parielz de penchis et deux pères escar- nasses, vunes neufves et les aullres raisonables; vuQes cordes bonnes, et vunes bisadoyres vielhes ; ungs mes- tiers de grans draps ; troys navètes, deux grandes et vune petite; ung espoullier, ungs ordisaeurs ; vune roue fornie pour âler la trame ; deux agneaulx, l'un masie et l'aultre fumeau. Au plane des gerles, vune tine de vin

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VARIÂTES. 109

contenant 60 charges et pins, liée de troys plëches ; ung tinel pour faire buas, tenant environ vune charge de draps ; deux petites selles rondes ponr s'asoyr en car- dant, etc. Immeables : maison à Oap < en la rue de Albo ifu/fo s ; pré à la Blache, confr. la Luye au pied ; vigne en Montalqnier, de 5 pours, confr. « la vigne de la com- menderiede St-Anthoine ■, du midi. Tém. Jean Gautier, de NeflTes, et Barth. Rostaing, de Larra, cardeur, voisins dud. défunt ; Mutonis, not, Procèa-verbal de vente aux enchères de meubles, le 23 dov. 1555: «une pièce de fourrure blanche tirant 12 canes s, à Benoit Bnysson, cha- pelain, 9 fl.; une pièce de drap gris, de 25 cannes 1/2 et

5 pans, à 26 s. 1/2 la canne, à Jean Gautier, marchand, i3fl.7s.; * escamasses quasi neuves», à Pierre Rou- baud, 16 s.; « unes ^wcAes de cardayre >, 22 s.; un petit lit appelé charruot, 9s.; les « mestiers de carderie, avec 5 pignes», à Guil. Charle, 19 â.; une vache, 13 fl.; deux brebis et deux n annouyes », 6 â. 4 s.; un quintal d'huile d'olive, 8 fl.; 2 cannes 1/2 de drap blanchet, à 29 s. la canne, 6 fl. 6 s.; 32 livres de laine, appelée pellote, à 10 liards, 6 fl. 8 s.; 3 carteyrons formaagies », 18 s., 4 fl.

6 s., etc. Total, 309 fl. 4 s. (9 déc. 1^5). État des meubles non vendus, etc. (1564).

Archives des Haules-Alpss, 0. 1620.

EXTRAIT de « l'estat des meubles... de noble Gaspard de Permet, seigneur et marquis d'A rselliers », trouvés au château de Laragne, par Jean Cambas- sive, préposé à la régie des biens des « religionnaires ou nouveaux catholiques, qui ont déserté le Royaume ».

19 décembre 1686.

Il ... 1 tableau, sur bois, de Ki-ançois i"; plus, cellui

de la dame de Beaufaïn ; les tableaux de M. de Ravel,

conseiller, de M. d'Aupède, 1" président en Prouvance,

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110 ANNALES DBS ALPES.

de Jaques C^jas, du chancellier de Sillery. du chancel- lier de CalignoQ, du président du Cros, de l'évesque d'Albersaq, du grand maistre de Sully, de M. du Mui, de Mme de Lesdiguiëres, du comte de Gramond, d'AuDe de MoQtroorancy, de Ousta vu s- Adolphe, roy de Suède, du mareschal d'Ancre, de M. de Guise tué devant Orléans, de ta connétable des Diguiëres, de Louis onse, de M. de Lovel, de M. de Vins, de Charles de Bourbon, de l'arche- vesque de Bourges, de M. d'Arbot, du chancetlier de Ghiveroy, de M. de Gorde, de M. de Grillon, de Ghanassée, 1" président, du comte Pointes, gouverneur de Milan, perse, de M, Lins, président, de Gaston de Fois, de M. de La Grange, du duqde Marinue, du président Rison, du roy René, de M. de Brissaq. gouverneur du Roy en Piedmont, de M. de Châteauvieux. lieutenant de l'artil- lerie en Piedmont. du duq de Lesdiguiëres, connétable de France, un petit tableau du roy Louis 1", roy clirestien, de M. de Mouvilliers, évesque d'Orléans, garde de seaux, de Mme de St-Cosme, de Mme de Lautrec, du marquis d'Arselliers, le père, de Mme de Montclar, delà marquise d'Arselliers, mère de M, du Perse, du frère Bonnaventure Oalatagiron, général des Cordelliers, de M. Soubise, de Boskat, chef des Mutins d'Hongrie, de M. de Montclar, de M. de Routières, de haradin Barbarousse, de fed Courtois, ducoronnel Galantin, du duq de Guise, cardi- nal, du fer Magellan, de Hélisabet, reyne d"Angletère, de Montgomery et de Lorge ; plus, le tableau d'un enfant; sept tableaux sans nom ; . . . autre tableau de M. le con- nétable de Lesdiguiëres, de sa hauteur ; plus, un portrait d'homme ayant le chapeau à la main ') ; plus, un portrait d'un roy assis sur une chaire : tous lesquelz tableaux sont sans cadre.

« Encore autres tableaux, aveq cadre: de Madame deGréquy, de Madame des Diguières, do la Marachela {sic} d'Ancre, de Charles de Valois, roy de France, de Simon Gautard, de M. de Bragard. du cardinal de Medi- cia, de M. d'Allons, do Pépin le Bref, de M. de Vilieroy,

'J En marge : « D'un prince de la rnsUon ilu Sftvo;e, do sa hauteur <i.

Digilzedt.GoOgle

VARIÉTÉS. ill

de Mme de Lauaay, de chancetlier d'Ollivier, de Reynaud de Montaubâti, pair de France, de Triâtain Hermite, de Roland, pair de France, du maréchal des Diguières, de Jacques, roy d'Angleterre, de Jeanne de Oueidre, reyne, dn cardinal de La Vallëte, d'Henry trois, roy, du maré- chal de Gréquy, du prince d'Orange, du comte de Qubois, de Marie de Medicis, reyne de France, du vieux comte de La Tour, de Charlemagnie. d'Hugues Capet, du grand cap* Oonsaime, du comte de Tilly, de la reyne d'Ecosse. de Mlle de St-Cosme, de Gaudefroy de Bouillon, de sou hauteur ; du maréchal de Biron, du connétahie de Lesdi- guières, de son hauteur; de Charles-Quint, aveq cadre sur bois; de Jean, bâtard d'Orléans, comte du Dunois, sur bois, sans cadre ; du comte de Saut, de bois, en cadre; quattre tableaux en bois, sans cadre ;.. . quattre autres tableaux sur bois, aveq leurs cadres;... encore le tableau d'Anne, mère de l'empereur de Constantinople, sur tuille, aveq son cadre ; trois tableaux sur toille , aveq leurs cadres ; celluy de Titus, empereur romain, aveq cadre, sur totlle ; celiui de Darisidia, femme de Titus, sur toille, aveq son cadre ; celluy de Cornelia, femme de Jules Csesar ; celluy dud. Csesar, de Galba, empereur romain, de Vitellius, empereur romain, d'Octaviain, empereur; de Caligula, de Domilien ; celluy de Tibère, deFlavia, femme de Vespasian, de Cesonnia, femme de Caligula. de Petronia, femme de Viteltius, de Néron, de Livia, femme d'Octaviain, de Livia, femme d'Olhon ; celluy dud. Othon: tous lesd. tableau aveq leur cadre: celluy de Glaudius ; de Poppée, femme de N<?ron ; de Plausia, femme de Glaudius ; Lepida, femme de Galb;i, d'Agripine. femme de Tibère : les cinq derniers sans cadre ; celluy de président du Bersaq, sur toille. avec cadre; plus, deux petits tableaux en mininture, l'un de Saint Hiérosme et [l'nuire,] d'un ancien père du dt^sert; quatre cadres de tableaux ;... le bois d'une lanco teint en vert ; 5 vieux mousquets, tous rouilles, les bois hors de servir ; 3 autres canons de mousquet ; un pot en teste, avec 3 autres pièces de cotle d'armes ;. . . 4 livres mèche

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112 ANNALES DBS ALPES.

pour mousquet ;... 1 broq de cuivre, garni, aveq les ances, pesant 23 livres;,,. 1 coquemar cuivre, sans couvercle, pesant 10 livres ; ... 1 longue table bois noyer snr ses pieds, en nombre de 7;... tonneaux;,.. 14 brasats pour jouer au balon ;... 4 cnves de chêne, cerclés de courbes, tenant environ 220 charges, avec leurs échelles ; 1 pressoir avec tons ces outils et engins, fort bon ;... 1 baridelaire bois blanc, fort usée ;... 2 grands chenés fer, aveq leurs estoilles et anneaux, pesant 2 quintaux ;.. . 1 petit moulin à poivre ;.,. 12 assistes et 4platse5tain commun, pesant les 12 assiëtes 12 livres et les 4 plats 8 livres ; . . . 3 pièces de tapisserrie ou tapis de Turquie, représentés par Louis Lombard », etc.

Arcb. des HKUtes-Alpes, série H suppl. 307,

Les bergers de Provence aux Orres.

Embrun, 3 sept. 1667.

De la part de Messieurs du vénérable chappittre d'Ambrun : Est mandé a sieur Anthoiae Danel, procureur de la

fabrique, de payer à maistres Laurens Rispaud, notaire et nostre secrétaire, et Chaffré Chabassol, baille de la maison de Chanonge, la somme de quatre livres, que le chappitre leur donne pour la vaccation par eux faite aus. Orres, pour faire l'acte de caution pour la retraicte des deux bourrisques que les consuls des Orres avoient prins aux bergers de la montagne de V Eissallete, que le chap- pitre avoit arrantii auxd. bergers... Faict le troisiesme septembre 1667.

{Signé : ) Salva ; Lambeht ; J. LevÉsie ; De Mbffre ; De LA^GE; J.-P. Dohadieu; Donadieu. Rendu en signe de payement, le 10 septembre 1667.

{Signé : ) Rispaud ; Chabassol.

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TABLEAU DES FONDS

DES

ARCHIVES DÉPARTEMENTALES DES HAUTES-ALPES

ANTÉRIEURES A I79O.

En 1S48, le Ministère de l'Intérieur, qui avait alors dans ses attributions le service des archives, a fait paraître «n Tableau numérique par fonds des archives départe- Tïientales antérieures à 1790. Cette publication, bien que très imparfaite et fort incomplète, « a rendu les plus grands services à l'administration et au public >.

Mais, depuis 1848, « les fonds anciens des archives départementales se sont successivement augmentés, et les travaux des archivistes en ont changé la physio- nomie. Le tableau publié en 1848 est devenu insuffisant ».

Le Ministre de l'Instruction publique et des Beaux- Arts, de qui dépendent aujourd'hui les archives des dépar- tements, a f pensé que l'Exposition universelle de i900 oflrait une occasion favorable de présenter au public » un Nouveau tableau des fonds des archives déparlemen- tales de la France entière, « plus conforme à l'état actuel des collections ».

Voici, en ce qui concerne les Hautes-Alpes, le Tableau numérique des fonds des archives départementales antérieures à i 790. Ce tableau est rédigé en conformité de la circulaire ministérielle du 8 juillet i898.

Pour rénumération des divers fonds qui composent chaque série, on a suivi l'ordre général établi par la cir- culaire du 24 avril 1841.

Chaque fouds donne lieu à une très courte description,

comprenant : 1" le titre du fonds ; ses dates extrêmes ;

3" le nombre de ses articles (registres, cartons, liasses,

etc.); 4* ses principales divisions et ses particularités

Annales des Alpes, II. 8

..Goot^lc

114 ANNALES DES ALPES.

les plus notables ; 5" l'état du classement ou de l'inven- taire.

Le tableau des fonds anciens (séries A à Ij a été com- plété par l'indication des liasses, registres ou articles de la période révolutionnaire (séries L el Q), mais sans entrer dans aucun détail.

En 1848, les archives anciennes conservées au dépôt du département des Hautes-Alpes formaient un total de 1.452 articles ; elles s'élèvent actuellement au nombre de 11.169 articles. On voit combien l'accroissement des fonds a été considérable de 1848 à 1898. Il sera, d'ailleurs, facile, * par l'exposé qui suit, de se rendre compte de l'importance et de l'intérêt des archives anciennes du dépôt du dépar- tement des Hautes-Alpes, et des ressources, de toute nature, qu'il présente, tant pour l'histoire régionale que pour l'histoire générale.

Ajoutons que l'Mventaii'e so7nmaire de ces archives forme actuellement 4 volumes imprimés '} e'' que 2 volu- mes sont en cours d'impression. P. G.

TABLEAU DES FONDS

ARCHIVES DÉPARTEMENTALES DES HAIITKS-ALI'ES ANTÉRIEURES A 17QU.

I. - ARCHIVES CIVILES

SÉRIE A.

Actes du pouvoir souverain ei domaine public.

RBCUBlt tfôâlts et ne déclarations au Roi. ~

1540-1790. 43 art.

Ëdlcts, déclarations, lettres patentes, arrêts et

<; Cf. Annalm des Mpea, uov.-iiùc. 18'JT, p. Ul-HS;. /,< MoU !-il>!io- graphique, 1" fepl. 1897, p. 316-301.

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ARCHIVES ANCIENNES. 115

règlements du Conseil et du parlemeiil de (ireno- ble. etc.

Inv. impr. :A 1-«).

SÉRIE B. Cours et )uridiclio>is.

Bamtage ûe Gap. - 1554-1790. - 133 art. BatlUagBdB Briançon. i648-n90. 205 art. BatUiagB d'Embrun. I76i-i790. - 58 art.

Enregistrement. Insinuations. Procès et procédu- res. Sentences, elc.

Iqv. impr. (B 1-391. 511-515).

Juridictions royale etarctiléptscopalB d'Emùrun

et dB Charges. ~ 175-M790. lO art. inv. iii>i>i'. ;B aitjioii.

Juridictions seigneur Idies. nui- 1790.

109 ji»-t.

Juridictions de L'Argenlière, de la baronnie d'Avaiiçon. du bailliage ducal du Cliampsiiur, des châteaux archiépiscopaux de l'Embrunais. des clià- leaux épiscopaux du Gapençais, de la baronnie de Montmaur, du chapitre de Gap i\ Haboti et à St- Laurent-du-Cros, du marquisat de Savines. des sei- gneurs majeurs de Veynes, etc.

luv. iinpi-. (B W&-5i3)

Supplément, provenant surtout du bailliage de G*p. lÛ49-n90. 236 art. Procès et procédures. Seotuiceâ, elc. Classé.

SÉRIE C. Administrations provinciales.

intendance de ûaupniné. 1639-1790. 47 art.

statistique. Agriculture. Foires et marchés. Fabriques et manufactures. Kdiûces et travaux communaux. Dettes et emprunts. Octrois.

luT. impr. (C i-iTi.

D.g.tzedbyGoOt^lC

116 ANNALES SES ALPES.

Élection de Gap. 1551-1790. 105 art.

Taille royale, dixièmes et vingtièmes. Forêts. Ponts et chaussées. Digues et torrents, Instruc- tion secondaire. Hôpitaux, Inv. impr. (C të-VùZ).

Bureau de i'eiectlon de Gap. i668-n90.

60 art.

Frais de justice. Présentations. Aflinnations de voyage. Défauts et congés. Plumitifs d'audience. Insinuations, etc.

Inv. iinpr. (C iJ3-2li].

Bureau des finances de Daupninè. 1590-1789.

Ir) art.

Reconuaissances : Gap, Embruu, Cborges, mande- ment de Savines, Réotier, Les Crottes, etc. Bureau d'Embrun.

Iqv. impr. fC 213-227).

SÉRIE D,

Instructimt îmblique, sciences et arts. (Néant).

SÉRIE E.

Féodalité, communes, bourgeoisie et familles. Féodalité: - 1318-1790. 155 art.

Baronnie d'Avançon. Seigneurie de Manteyer.

Marquisat de Savines, etc.

Familles. 1270-1790. 56 art.

Principaux Tonds : familles d'Agoût, d'Arnaud, de Casteilane, de Flotte, de Gruel, d'Hugues, de Lafont, du Lauzon, de Ravel, Richier, de Rousset.

Classé.

communes et municipalités. 1295-1790,

1156 art.

Principaux fonds : communes de Barcillonuette, La Bùtie-Vieille , Cervières , Ghâteauvieux , Chorges , Ouillestre.Larague, Manteyer, Montgardin, Névacbe,

D.g.tzedbyGoOt^lC

ARCHIVES ANCIENNES. 117

Puy-St-Aodré, Rosans, St -Bonnet- en- Cliampsaur, Veynes, Vitrolles, etc. '.}

Classé ea psrtis.

Itotalres et taùetllons. ~- 1341-1790. - 2038 art.

Principaux fonds : minutes des notaires de Barcil- lonnette (don de M. Pascal. 62 art.) ; Embrun (Im- BERT, 102) ; Gap ILaty, 102 ; Léon Bertrand et Gai- ONAiRE, 317); Guillestre (Fabre, 202}; Montmorin (MoRiN-PoNS. de Lyon, 63) ; Rosans (Joubebt, 322) ; St-Étienne-en-Dévoluy (Marin - Tabouret . 99) ; St- Julien-en-Champsaur (Serres, 107); Salerans (Oa- BRiEL. 16) ; Savines (Massot, 20) ; Serres (Ferdinand Bertrand, 143]; Tallard (Burle, 223); Vars (Tholo- ZAS, 15) ; Veynes (Bernard, 102.) etc. •).

Cla»sé; 890 an. iavontoriës.

SÉRIE F.

Fonds divers se rattachant aux Archives civiles.

Fonas inaréoiy. - xvi'-xix- s. - 388 art.

Titres de la famille de Rivière. Papiers concer- nant Bruis, La Gliarce, Montmorin, etc. (Don.)

Classe.

Fonas ae Baiiagartie. - xvi'-xix' s. - isoart.

Documents concernant : les familles de Colombet, La Motte-La peyrou se; le régiment de la Couronne ; les seigneuries de Chàteauvieux, Sigoyer-sur- Tallard. Les Pilles, etc. (Achat.)

Classé.

FOnÛS Chérlas. ~ XV"-XIX' s. 52 art.

Titres concernant : les familles de Colombet, La

<j Les mysléres ea langue vulgaire de SI Antoine, SS. Pierre «t Paul, St Hons et St Bustache (XV' s.-1504\ provenaol des archives ilv Névache, Puj-St-Andrë et Puy-St-Pierro, ont été publiés oaguàre (1884-91) par M. l'abbë P. Ouillaumo, archiviste dus Hautes-Alpes.

'} Les fonds provenant des communes, des notaires et des hApilaui (éaDmérés ci-après, H duppl.) sont simplâiauDt déposa aux archivée du département et restent la propriété exclusive des déposanis.

Digilzedt.GoOgle

li» A-NNALES DES ALPES.

Motte-Lapeyrouse ; les communes de Barcillon- uelte, La Bâtie-Neiive, Cliâteauvieux, etc. (Don.)

Fonas DiSÙ/Br. - XVII'-XIX* s. - 170 nrt.

Titres de la famille de Labastie. Procès «t pro- cédures. — Factums. jouFBaus. Mss. philoso- phiques, juridiqufls et tliéoloiifiques. (Don.)

Fonàs Gautier. - xvili- xix- s. -6 an

Copie de Vllistoire des Alpes Marllbnes et Cot- ticnnes du P. Marcellin Fornier |1(>42). Mss. histo- riques et Mémoires. (Achat.)

Classé.

Fonds Janson. xvui'-xix- s. - 6 art.

Antiquités des Hautes-Alpes : notes, plans et des- sins. — (Achat.) Gl«!;s.;.

Fonûs Marc/ion. ~ xvii'-xix- s. 77 art.

Procès el procédures. Factums. Journaux.

(Don.)

Font/S Mas. - XVIP-XIX' s. - 28 art.

Notes historiques. Brocliures et opuscules. Cartes. —(Achat.)

Class.1.

Fonds PBiiBsrin. - XVIII'-XIX« s. - 35 art.

Poésies. Leitres, Rapports. Brochures. (Don), ciiisst'.

Fonds dloerS. XVI'-X!X° s. 39 art.

Contrats de mariage. Proci's. Comptes. Lettres de provision Testaments, etc. (Dons, achats.)

D.g.tzedbyGoOt^lc

ARCHIVES ANCIENNES. 119

n. - ARCHIVES HCClÉSIASTigUES

SÉRIE G.

Clergé séculier.

Archeoôcnà ct'Emùrun. 1?49-I790. 43 art.

Titres (le propriété. Procès. Correspondance. Dimissoires.

Iiiv. imin-. (0 |.3S, Tjiî^Ki}.

Bureau BcclésiasUque du Hiocèse d'Etnùrun.

l.V,5-1790. 153 art.

Décimes et autres impositions. Délibérations. llôles de répartition, Comptes et pièces justificati- ves. — Procès.

[iiv. impr. (O 39-183, ÎM-TOS),

Chapitre mètropQUtain. 1-272-1789. 567 art.

Titres de propriété (1272-i744). Revenus et pen- sions (lûôO-1786). Procès et procédures {1450- 1774). Correspondance (1596-1770). Assemblées capitulaires (1750-1779). Comptes et pièces de comptabilité (1440-1789).

Iiiv. impr. (G 131-736, 70i-777).

omelatlté ù8 Seyna. - JG96-1711. 3art.

Insinuations.

lui. impi'. (li 137-738).

CoUégiolB de Briançon. i548-nso. 2 art.

Mémoires et requêtes. Inv. impr. (fi 739-7*0).

Chapelle de Notre-Dame du Laus. 1719-1790.

10 art. Titres de propriété. Procès et procédures.

Inv. inipi'. (Il 741-750).

ÉDôché de Gdp. - 1 184-1790. 779 art.

Visites épiscopales ilù82-1788). Secrétariat de Vévècbé (1573-1789). Insinuations (1527-1771). Patrimoines ecclésiastiques (1007-1700). Ordiua-

D.g.tzedbyGoOt^lc

120 ANNALES DES ALPES.

lions (1551-1790). Administration (1251-17S0). Correspondance {1577-17891- Protestants et nou- veaux convertis (1573-1771}. Dispenses de mariage ;i663-1790). StaUstique (1694-1790). - Titres de propriété (1184-1790). Cathédrale et palais épisco- pal (15;J1-1779). —Procès et procédures (1257-1790). Comptes et pièces de comptabilité (1549-1790). Maîtrise (1711-1790). Économats et bénéfices vacants [175ii-1786). Mss. de François Vallon- Corse 11750-1790}. Inventaire général (1669-1708). Inv. iinpr. {G 778-1556).

Papiers das notaires Mutonls, père et fils, secrétaires Ue l'eoôgue et du c/iapltre de Sap.

XV'-XVH's. 116 art- Mémorial, notes brèves, minutes : de Jean Mutonis (1538-1567); de Jean-Benoit Mutonis (1574-1612). Papiers divers, procès, comptes, poésies, etc.

Inv. impr. {G i557.l67ï).

Chapitre de Gap. xu^-xyiii" s. - 697 art

statuts (1476-1770). Assemblées capitulaires [129S- 1653). Titres de propriété (1195-1789). - Procès (1321-1790). Correspondance (15^-1780). Com- ptes et pièces de comptabilité (XV« S.-1790).

Iqv. en cours compression (G. J673 et s.)

Uttloersltô de l'église catnédrale de Gap.

XIII'-XVIU- s. - 64 art.

Titres de propriété(1279-1790). —Terriers et recon- naissances (XV-XYII' s.). Trésor (1566). Com- ptes et pièces de comptabilité (XVIl-XVIII* s.}.

CIlESé.

Bureau ecclésiastique du diocèse de Sap. ~

XVP-XVIII's. 28lart.

l)élibérations (1566-17S0). Rôles de décimes. Comptes. Procès. Correspondance. Slatistique.

D.g.tzedbyGoOt^lc

ARCHIVES ANCIENNES. 121

omclallté tt8 l'éDôclié de Gap. xv-xvHl' s.

10 art.

Classé,

Séminaire ae Gap - xvip-xviii's. 2 art.

Classa.

Prieuré û'Antonaoes. 1282-1790. 12 art. Prieuré a' Upaix. - xvi-xviiPs. - 6 art.

ClM<é.

SÉRIE H.

Clergé régulier.

ORDRES ET COMMUNAUTÉS d'hOMMES.

Abbaye tfs BOSCOdon {Chef d'Ordre}. XIII'- XVIIl's. /jf. art.

Glas<«>.

Chartreux ae Durbon. 11 i6-n90. 209 art.

Classé I).

CorttBllers d'Embrun. 1504-1790. 6 art.

COrasllerS de Gap. 1473-1790. 35 art.

Dominicains ae Gap. - XV'XVIU' s. —62 art. Capucins de Gap. - xvil'XViii' s. 3 art.

Classé.

Jésuites û' Embrun. - xvii'-xviii' s. - 2 art.

Classe. ORDRES ET COMMUNAUTÉS DE FEMMES.

Chartreuslnes de Bertaud. 1 189-1605. 28 art.

Classé t).

'j Voif Chariéi de Durban, quati'iim* monaitrrtde l'nrdre drt Char- treux, diocèse de Gap (1116-145?). publiées par l'abîmé P. Duiliauine. Uontreuil-sui'-Mnr, imi. iii-S" Ua ixx-904 pages et une vue.

') Voir Charut iteN.-D. de Bertaud, second monaslère de femmes d* Cordre des Chartreux, diocèse de Gap (I1SS-U4!)], publiées par l'abbé P. Ouillaumc. Oap, IriÇS, io-S' de LVi-36J pages.

D.g.tzedbyGoOt^lC

i'>2 ANXALES l)B8 ALPES.

OrsaUnesde Gap. - XVII'-XVIII- s. - 8 art. Yisitanùines ttEmbrun. - xvii'-xviii" ?.

('.Iaâ<ë.

SÉRiK H Supplément. Hôpitaux.

Hôpitat de Brfançon. i5G!-i790. 50 art.

Actes de roiiilaliou. ~ Titres de propriété (1561- ITitO}. l'roci's et j'i'owdures. Dt-libéraliniis. iiomiites.

Hôpital général a'Embrun - XiV-rm s.

aUi art.

Tilres de propiiétii (13;J0-i790) ; siiccessious : de )a 'lame de Lincel (1730). du curé Chainpsaur (1784), de l'abbé de Beaiimelle(178'J), de l'archevèqtie de (îenlis Iscijîiieiii-ie de Freyssinières). Consistoires suppri" mé.s (Hriîiuçoii, Coriis. Embrun, Freyssiuières. (îuilles" tre,Vacsi. Reconnaissances (1350-1(187) : lerriorsot Cfulaslre-s (172^t-17K3). Revenus. Haux. Procès (1491-1700). Délibérations (ltîi3-17ir)). - Comptes (là7(j 1791] —Religieuses lios^italiére-s (17j(i 1700). Manufacture de bas [17H 1784). Cliarilt' (1741- 1785). ~ Ht'iiiilal militaire (1743-1791), Grenier d'aiïondaiice (IT0"}-17!I:;>. Hôpital de Oniltestre (1742-I70S1. ~ Lcvtiomi'iire el Missel do Boscodoa iXII« s I.

luv. iiiiiiv. ;H sup;,I. r>!-2C(i),

Hôpital gônôrai ûb Gap. - xiV"-xvin' s.

:t80;i't.

Actes de Ibmialion (1072-1007). - Titres de pro- liriété(141» 1701). —Consistoires supprimés ,Aucelle, Die- 'iap, Orpierre, Rosans, Sl-ISonuet. Serres, Très- cléoux, Veyaesl, —Procès (1088-1790). Revenus (1719-1791). Délibérations (1500-1703). Comptes

D.g.tzedbyGoOt^lC

ARCHIVES ancies:ïes, 123

et pièces île complaliililé (1663-171)0). Charité de Gap (1710-1723), elc.

Inv. on cours d'improssiun (H suppl. 2fî7 et s.)

SÉRIE r.

FonOi- divers se rattachant aux Archives ecclésiastiques-

Fonds Gaiiiaua. xvu'Xix- r.- 45 art.

Notes historiques. Seimous Mémoires du poète Faure. de Glialjoltes

m. - PÉRIODE EÉVOLUTIOmfAIRE

SÉRIE L.

Déparicment , districts.

I. Département. 867 ari.

II. Districts : Briançoii. S" arl.

Embrun. 38 arl.

Gap. 134 art.

Serres. 51 art.

Cinssu.

.SKRIR Q.

liomaines.

I. Àiraires générales. -Il art.

II. Hentesd'lmmsuilesetaemeuùles.—li .nt. m. Séquestre. Ti art.

IV. Indemnité aes émigrés. 7 an.

V. Aimlnlstratlon et Contentieux. ai art.

VI. Biens communaux oendus en 1813. ;iart.

Digilzedt.GoOglc

i24 ANNALES DES ALPES.

VII. Supplément. - XVIII'-XIX- s. 678 art.

Documents des Domaiues versés en vertu de la circulaire miDistérielle du 33 juin 1897,

A c ta SSCI-.

Résumé:

ARCHIVES CIVILES

A. Actes ilu pouvoir souvci'tiiu et doiitsiuti public 43

B. Cours ot jiii'iilictions 751

C. AJminiiili'a lions pinviiicialc^ !27

D. Instrucliou publique, sciences et h<'(s U

E. Féodalilo, communci, boui-gooisie et familUR 3. 31:15

F. Fonds itivers se ratlDchaiit aux Arcliives civiles . . . 9i9

Total de* art. des .Irehica civilei r.,36r>

ARCHIVES BCCLÉSIASTIQtTES

G. Cierge séculier a.lii

H. Clers" régulier il*

H auppl. Hôpitaux 646

/. Foods divers se raUacbaut au:i Archives ecclésias- tique» 45

ToTAi, dfi art. des Arckites eccUsiaitigues. . 3.849

PÉRIODE RÉVOLUTIONNAIRE

L. Département, districU 1.127

Q. Domaines 828

Tu PAL des art. dt la Période i-êvolutionnaire. 1 .9K

TuTAi. OK.vÈKAL des articIcs 11.168

Gap. 12scpl'<mbre 1S98.

D.g.tzedbyGoOt^lC

Silnation du Département des Hautes-Alpes

En Octobre 1814

d'après le rapport rédigé par JEAN KAURE,

DE CHABOTTES,

AU NOM DU PRÉFET HABMAND D'aBANCOL'RT.

ET PRÉSENTÉ AU CONSEIL GÉNÉRAL AVANT LES CENT-JOURS.

Ainsi qu'on l'a vu ci-dessus {p.79 et suiv.), le poète Jean Paure, de Chabottes, alors ctief de bureau de la préfec- ture, fut chargé de rédiger le discours prononcé par Haruand d'Abancourt, préfet des Hautes- Alpes (1814-15), à l'ouverture do la session du Conseil général du dépar- tement, le 26 octobre 1814.

Ce discours est un tableau remarquable de la situation du département des Hautes-Alpes et des besoins da pays», à la (in du 1" empire. C'est une page d'histoire locale d'un réel intérêt, au multiple point de vue de l'agri- cullure et du commerce, de l'assistance publique, de la répression, de la viabilité, de l'instruction publique, des poids et mesures, des biens communaux, des finances, de l'industrie, etc.

Le Rapiinrt fati (m Conseil {/énéral des Hautes- Alpes dans sa sessi07t de 1814 est un des premiers de ce genre qui soient parvenus jusqu'à nous. Il n'a jamais été imprimé. Nous avons iiensé qu'il était utile, pour bien se rendre compte de l'état du département a cette époque mémorable, de le publier en entier. Il fait également honneur et aux .sentiments élevés de Jean Faure et aux vues généreuses du pnWet Harmand d'Abancourt.

P. G.

D.g.tzedbyGoOt^lC

126 ANNAl^S DES AI,HKS.

RAPPORT

FAIT

AU CONSEIL GÉNÉRAL DES HAUTES-ALPES Dans sa session de 1814 *).

MESSIRIJR»!,

L'intervalle (lui s'est écoulé, depuis votre dernière ses- sion, va former l'époque fa plus mémorable des annales de la France ; la postérité la plus recnlée remontera encore à ce concours <révéuemeus inespérés qui ont eu pour résultat la restauration de nos légitimes souverains. Nos arrière-neveux s'associeront par la pensée aux trans- ports si unanimes et si touclians par lesquels nous avons célébré riieureuse révolution qui a rendu au peuple fran- çais le trône des lys et les Bourbons ; et sans doute ils porteront aussi leurs regards sur les grandes calamités qui ont marqué la li» de l'ancien ordre de choses .

Mais cette époque dont l'hi-sloire s'est emparée pour représenter i\ l'univers entier la pénible situation la France s'est trouvée, et l'aurore de paix et de bonheur qui s'est levée sur elle, après tant de Jours malheureux ; celte époque, dis-je, n'a pas été et ne pouvait pas être le tems des améliorations dans les parties dont se compose l'admiuislratiun publique.

Aucun de vous n'ignore les embarras qui ont pesé, dans les teius derniers, sur en départemeutrCU'a^nriiiistration n'esi souvent félicitée, dcpus kirs, d'avoir pu satisfaire â tant de htaiAm et pourvoir à tant de services, sans rcsTflrser entièrement tout ce qui existait. Elle a eu des grâces à rendre au zèle des divers fonctionnaires publics etàl a bonne volonté des liabitans des Hautes-Alpes, lis se sont constamment trouvés les uns et les autres au-dessus des circonstances les plus difficiles.

') ni-gistro U«s ai'rflès (Ui Piérot, I8i:!-iri, 11- 28j, r- 152 V el ïuir.

D.g.tzedbyGoOt^lC

LES HAUTBS-Al.l-ES KN 1811. ISÎ

J'ai eu souvent moi-même l'occasion de devoir bleu de la reconnaissance à quelques hommes infiniment précieux, que la Providence semble avoir placés à dessein sur certains points du département, comme pour seconder l'autorité et répandre sans cease^ autour d'eux le secours des lumières et l'exemple du dévouement ; et ces hommes, je les retouve pour la plupart au milieu de vous').

Cette considération me rend plus doux encore les rap- ports qui vont s'établir entre le Conseil général et moi, durant celte session, et, en vous rendant compte des prin- cipales parties de l'administration du département confié à mes soins, si quelques chose a été bien fait, c'est sou- vent votre propre ouvrage. Messieurs, ijue je reproduirai h vos yeux.

Agriculture et Commerce.

Au grand étonnement de tous les observateurs, i'aBri- culture n continué à résister, eu 1813, aux plaies profon- des qui devaient résulter pour elle de l'enlèvement ^) de la pluspart des hommes valides. Sans doute il en a coûté de biens grands efforts aux familles si cruellement décimées; mais enfin, dés l'automne dernière, on n'eut des crainles que pour la reprise des travaux à l'ouverture de ta campagne de 1814, Alors on ne prévoyait point encore les grandes circonstances qui ont eu pour résultat le licen- ciement des gardes nationales et la rentrée d'un grand nombre des conscrits.

Cette année, les travaux ordiuaires ont été faits avec facilité et d'une manière complette ; le prix de la journée des ouvriers, et les gages des domestiques sont redes- cendus à uu taux modéré ; mais le moment D'est pa.s encore venu le propriétaire pourra s'occiiperd'améliora-

<) ELappeldog. b ce propos, qtii; lo Cnnsoîl général, i ceUe opaque, so composa il de Uil. Piiiet. président, d'AboD.AIli^manJ, de Bardonoschc, Rertrand, CharboaDel-Sallc, Louis DevJlIa, Lachau, Msigre, ïlarlvl, Richard, et Joseph fellegrjn, secrétaire,

*) Kt non pus enttrremtnt, ainsi qu'il a été dit par erreur, ci-dessus tp, 71, note 2).

D.g.tzedbyGoOt^lC

128 ANNALES DES ALPES.

tions. Il est encore trop voisin des pénibles sollicitudes aux- quelles il a été condamaé ; des privations, des sacrifices lui ont été trop longtems imposés, et, d'ailleurs, le prix des denrées trop avili le retient encore aujourd'hui dans un état de grande gène.

Ainsi donc je fais des vœux pour que l'exportation, autorisée par ordonnance du roi du 26 juillet dernier, produise dans ce département une hausse devenue néces- saire sur le prix des grains.

Les circonstances ont fait qu'une partie du haras de la véoerie a éti5 conduite dans ce département. J'ai cni devoir, dans l'intérêt de ce pays, solliciter auprès de M. le conseiller d'état, directeur général de l'agriculture et du commerce, la faveur de conserver cet établissement, qui pourrait servir en môme tems à quelques portions des départemens de la DrAme et ries Basses-Alpes. Si le Conseil général enlre dans les mêmes vues, s'il croit que l'industrie des liahitans soit susceptible de se diriger de ce côté et que les localités s'y prêtent, je désire qu'il veuille bien cousigner cette demande dans le prncf's- verbal de ses délibérations.

L'une des principales branches du commerce de ce département, qui est celle des laines, a éprouvé cette année une atteinte considéralile ; les pris ont baissé : c'était la suite inévitable de la cessation de la guerre. Les bestiaux mêmes n'ont pas eu dans ces environs le débit accoutumé, et l'ont ne peut se dissimuler que les mesures prises contre l'épizootie qui a menacé nos campagnes, de si près, n'aient apporté des entraves et causé un grand préjudice au cours ordinaire des foires. Mais ces mesures étaient éminemment nécessaires ; elles nous ont sauvé d'un fléau tellement imminent que nous en avons, dans le Cbampsaur. ressenti quelques atteintes, et je ne cesse de m'applaudir du succès qui jusqu'ici a couronné les soins de l'administration.

Le nombre des jeunes mulets nourris sur nos monta- gnes va se trouver aussi bieji au dessous des proportions ordinaires, parce que dans le tems nos marchands

D.g.tzedbyGoOt^lc

LES HAUTES-ALPES EN 1814. 12»

doivent se rendre dans le Poitou pour . les acheter, la France était eavàhie par les troupes alliées. EafiD.sije prenais en particulier chaque branche d'industrie, peut- être n'aurais-Je i^ue des déficits à vous présenter ; et il n'y pas lieu de s'en étonner, après les grandes crises dont Dous avons été témoins. Des tems aussi e^itraordinaires ne pouvaient pas s'écouler sans causer quelques maux ; et il appartient principalement au tems d'ordre et de paix, qui vient de renaître, pour le bonheur du monde, de itédommager bientôt le commerce de ces pertes momenta- nées ; nous avons toutefois a nous féliciter de n'en avoir ressenti que los elFels secondaires.

Secours puùUcs et Prisons.

Mes prédécesseurs ont fait des efforts pour l'orga- nisation des bureaux de bienfaisance dans tous les cantons du département, pour réédiUer dans plusieurs communes les monts-de-piété dont elles étaient anciennement en possession et pour en créer de nouveaux. Mais j'ai remar- qué avec peine, dès mon arrivée dans les Hautes-Alpes, que les espérances que l'administration avait conçues à cet égard n'étaient pas près de se réaliser.

La formation du ces bureaux n'a été en général qu'une stérile formalité ; la plupart des membres qui les compo- sent ne se connaissent pas même entr'eux, et, dans les dispositions de dernière volonté, loin de doter ces élablis- semens, pour former un patrimoine à l'indigence et à l'humanilé souffrante, on a vu plus d'une fois les mou- rans occupés à soustraire à la connaissance des bureaux les dons de.leur charité. Quand les choses sont arrivées à ce point, il reste peu à espérer, et il ne fallait peut-être rien moins que les grands cliaugemens qui viennent de s'opérer dans l'État pour faire cesser la principale cause de celte funeste rôlicenCe, qui a paru résider dans l'espèce de défiance qu'inspiraient les opérations a uxquellesl'an cien gouvernement devait prendre quelque part. La* foi publique avait cessé d'exister, et les œuvres de bienfai- sance, dont elle doit réponlre, avaient cessj avec elle.

Annales des Alpes, II.

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130 ANNALES DES ALPES.

C'est ainsi que, par la raison contraire, nous devons^ compter sur les résultats les plus lieureux, «lepuis que le souverain légitime de la France, remontant au trône de ses ancêtres, a si heureusement rétabli, dès les premiers Jours de son règne, le lien de la confiance si nécessaire au bien de toute espèce d'administration.

Le moment sans doute n'est pas éloigné l'on pourra s'occuper avec succès des mesures propres à donner aux établissemens de bienfaisance une nouvelle vie et à leur assurer une suffîsante consistance, dans ce pays éminem- ment pauvre et de récoltes si variables ; j'y donnerai tous mes soins.

Quant aux hospices, aucun de vous n'ignore comment, placés depuis guelquesannéesdnns l'embarras d'un arriéré considérable, ils se sont trouvés inopinément chargés de poui-voir aux besoins de tant de militaires malades, évacués par les armées à leur rentrée en France ; et l'on s'étonne encore qu'il ait été possible de réunir les moyens de sou- tenir un service si peu proportionné aux ressources du pays.

Orâces au zèle et au dévouement des membres qui com- posent les commissions administratives et aux généreux concours d'une population bienfaisante, ce pas diflicile a été rranchi, et l'administration a pu se borner, dans cette occasion, à quelques réquisitions d'une faible importance et dont il uous est même permis d'attendre le rembourse- ment, d'après la circulaire de Son Excellence le Ministre de l'Intérieur du 23 juillet dernier.

L'un de mes prédécesseurs vous a fait connaître, dans voire session de 1813, l'intention du gouvernement alors existant, concernant les prisons. Elles devaient subir d'im- portantes modifications, réclamées à la fois par la sQreté publique, par l'humanité, la décence et la morale. Les circonstances n'ont pas permis de donner suite aux projets déjà formés à ce sujet dans les Hautes-Alpes ; tout y est encore dans l'état ancien ; mais ces idées libérales s'ac- cordent avec les grandes vues d'ordre public qui règlent- toutes les déterminations de Sa Majesté, et nous pou-

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LES HAUTES-ALPES EN 1814. 131

TODS penser que la reprise n'en sera pas indéQniment ajournée. Nous avons à cet égard la mesure des bienveil- lantes intentions du roi, dans l'ordonnance du 9 du mois dernier, qui institue pour les jeunes gens une prison d'essai, placée sous la direction de l'homme de France le plus honorablement signalé par sa philanthropie.

La maison centrale de détention') a été mise cette année à la plus mde des épreuves. Sans compter que l'entrepre- neur était, depuis plusieurs exercices, en avance d'une somme très importante, tous les paiemens se sont trouvés suspendus à la Tois ; une partie des départemens de la circonscription étaient envahis , et quelques - uns ne devaient plus faire partie de la France.

Cependant la dette de ces départemens déjà très consi- dérable s'accroissait tous le^ jours, et. pour soutenir les embarras du présent, nou» avons passé plusieurs mois, sans avoir même les consolation» de l'avenir.

Heureusement cette situation, la plus pénible qui puisse se présenter, a eu son terme avaut la ruine de l'établisse- ment. L'heureuse influence du nouvel ordre de closes a fait cesser nos craintes de bonne heure ; mais, à l'exemple de mes prédécesseurs, J'ai à donner toute ma pensée à cette maison, dont, à mon avis, l'organisation laisse beau- coup à désirer.

Son régime actuel me parait surtout manquer de fixité; l'impulsion d'après laquelle tout mnrche, ne pro- cède pas de règles assez si'^res, et ce défaut est celui qui peut le moius compatir avec une administration de ce genre.

Mon intention est d'éiudier avec soin ce qui penl être ajouté à ce qui existe déjà, etdecorro[l)o"Irer col établisse- ment par tous les moyens qui seront à mon pouvoir. C'est une des créations les plus uliles qui aient pu avoir lieu dans le déparlement ; et je trouve dans cette idée la mesure des soins que je dois y consacrer.

<) Elle acait été établie A i:mlii'un. on 1S04, v lu prumièru cii l-'rnnuo a. parles soins du préfet LnJoucctte, dniis l'ancien cullèg

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Ponts et chaussées, naofgation.

Les routes des Hautes-Alpes, aussi biea eatreteaues . qu'il est possible diîpuis plusieurs exereicee, sont restées en un passable état de viabilité, malj^ré la suspeDsion des travaux: pendant «ne partie de la campagne.

Le budget de l!it4 n'est parvenu que depuis peu de tems; il assigne à ce département sur les fonds accordés pour le service des roules une somme de 172.500 francs. Ce crédit doit être consommé pendant la campagne qui commence le 1" avril 1814 et qui se termine au 1*' avril i815. M. ringénieuren chef'J veillera, avec sa sollicitude ordinaire. A ce que les travaux auxquels les fonds sont destinés soient exécutés avec tout le soin possible.

La répartition vient d'en être f;tile; et les entrepre- neurs ont reçu l'ordre de mettre tout de suite la main à l'œuvre, et d'apporter dnns les travaux la plus grande activité, attendu l'avancemeut de la saison.

Nous sommes à la veille de passer l'adjudication du pont de la Clapière .sur la Hiirance *J. Il sera composé de trois travées on cliarpente. de deux piles et deux culées en pierre de taille. La dépense totale de ce pont a été évaluée à 00 000 francs; dê.s cette année, 10.000 francs vont y être employés, et M. l'Ingénieur en chef compte de voir terminer cet imporlanl ouvrage dans le courant de 181Ô.

J'ai moi-même demandé à M. le Directeur général l'au- torisation d'employer une somme de 3.000 francs sur la route de Valence à Sisteron, entre Serres et Laragne, pour la conservation des matériaux anciennement appa- reillés et des ouvrages restés imparfaits sur cette partie de route. Cette mesure m'a paru essentielle, parce que les objets dont il s'agit sont encore d'une grande valeur,

des Jésuites (Ladoucette, Ilist. det Stta-Alpa, I8t8, p. 309). Cet éta- blUscnient « été récumment transformé ea caserno.

<) Chsbord. Domin^ le 1" juin 180S, remplacé par Plainchant, le 81 octobre 1815.

*} Non loin d'Embrun.

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LES HAUTES-ALPES EN 1814. 133

et qu'il en coûte bien moins de conserver ce qui existe que de le remplacer après qu'il a disparu.

Ailleurs, les travaux de la route de Valence vont être repris dans ce département, comme tous les autres ; et cela me conduit à vous représenter que le département de la Drame ne fait toujours rien pour l'ouverture de cette communication sur son territoire. Je verrais donc avec plaisir que le Conseil général trouvât bon de donner place à cette observation, dans le p^oc^s-ve^baI de ses séances, et quil émit un vœu à ce sujet.

La modicité des fonds alloués, cette année, pour le ser> vice de la navigation, ne permet pas de les affecter à plusieurs entreprises. Ils seront tous consacrés dans la partie la plus urgente contre la rive droite du Petit- Buëcb. entre Serres et Veynes. à la confection des épis de bordages nécessaires pour rétablir le flottage sur cette rivière et garantir 'la roule.qui a été coupée en plusieurs endroits. L'expérience a démontré jusqu'à présent que ce système de défense, imaginé par M. Chabord, ingénieur en chef, réunit au bienfait de l'économie l'avantage de la solidité et des plus heureux résultats.

Au reste, je puis me dispenser d'entrer dans des détails concernant les ouvrages de tout genre ordonnés sur les différentes routes du département : mes prédécesseurs TOUS en ont entretenu, dans vos précédentes sessions, et ils sont connus de tout le monde ; il me sufBt de vous dire que la confiance des entrepreneurs est eutièrrment rani- mée. Ils savent que l'ordre dans l'administratioD des finances a été le premier bienfait du gouveruement pater- nel que le Ciel nous a rendu; que le roi, en admettant toutes les dépenses faites jusqu'au 1"' avril 1814, a assuré le paiement de la dette existante ; que Sa Majesté a fait en même tems les dispositions nécessaires pour que le service courant, à partir du 1*' avril, fut payé exacte- ment ; et, comme des fonds considérables, à valoir sur les crédits ouverts par le budget 1814, ont été mis d'avance à ma disposition, je leur ai fait délivrer des à-comptes capables de soutenir les efforts de leur bonne volonté.

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134 ANNALES DES ALPES.

Instruction paùUifue.

D'après les notious que j'ai recueillies, l'insU-tiction publi- que dans le< communes rurales laisse peu à désirer, parce qu'il est bieu difficile de Taire mieux. Si i'oo excepte les villages situés dans la partie méridionale du départemeat, les eiil'ans du peuple paraissent avoir été condamnés à ne jamais rien apprendre, en remontant vers les monta- gnes, on ne trouve pas un seul bamoau qui n'ait une école pendant U rigoureuse saison 'J. Cet usage, dont l'ori- gine se perd dans la nuit des temps, ne laisse pas que de produire d'heureux eflets, auxquels il est Juste d'applau- dir, tout en convenant de faiblesse des maîtres que l'oD emploie, et dont il serait k désirer que le choix Tut soumis à un examen qui portât avec soi sa garantie.

La commune do Veyues iiosséde une école primaire qui s'est acquise une juste renommée.

Le collège d'Embrun, dès la première année de sa res- tauration, a surpassé toutes les espérances ; et, an milieu des difficultés que l'exiguïté des revenus de la ville lui a susciter sans cesse, la volonté générale bien pronon- cée en Taveur de cet établissement, un grand concert entre les autorités locales et le zèle peu commun des pro- fesseurs l'ont soutenu jusqu'A présent dans l'état le plus prospère; et il en résulte pour cette ville un premier dédommagement de ses anciennes pertes.

11 existe encore dans ce département un autre enseigne- ment qui. pour avoir été interdit, dans ces tema derniers, par les règlemens généraux de l'Université, n'a pas laissé que de se maintenir, parce qu'il est infiniment utile et parfaitement approprié aux localités. Je veux dire celui donné dans les campagnes par plusieurs ecclésiastiques laborieux, qui, après avoir rempli les devoirs de leur ministère, consacrent le reste de leur temps à l'éducation de quelques enfans qui aspirent à se distinguer du com- mun du peuple.

'l Cf..ci-d,^<iiug (p. 02-64). la Uttre du Mnis-préfet de BrUnçoa au paé- fet I^duucatte, du ti >vrjl 1803.

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LES HAUTES-ALPES EN 1814. 135

QuDJqae je seate la force des motifs d'après lesquels oa -a proscrit les écoles particulières, et quoiqu'en général ■cette mesure tourne â l'avantage des collèges, celles dont je parle me paraissent dignes d'une Lonorable exception, et l'intérêt bien entendu des collèges de ce département exige qu'elles soient encouragées. "En elTet, combien de familles, à la campagne, dont les enfaos n'ont songé à faire ^es études qu'à l'occasion de la facilité qu'ils ont eue de les commencer à peu de frais dans leurs voisinages ! Com> bien d'élèves ne viennent-ils pas se distinguer dans les hautes classes du collège, qui n'y auraient jamais paru sans tes premières leçons que le curé du village leur -donna dès leur première enfance I Et, bien souvent, ces mêmes enfans, devenus hommes, prennent ensuite leur rang dans la société, pour la servir par leurs talens, en m^me tems qu'ils l'honoreat par leurs vertus.

Mais faut-il porter nos regards sur l'état de l'enseigne- ment public dans les villes de Gap et de Briançon 1 L'une -et l'autre possèdent un collège, si l'on peut appeler de ce nom le simulacre qui leur en reste. . Celui de Gap, quoique rétribué convenablement sur le hudget de la ville, se réduit à des professeurs zélés et ayant du savoir, qui pourtant sont condamnés, on ignore par quelle fatalité, à passer la première moitié de l'année scolaire il attendre des élèves, et la seconde à s'étonner de ce qu'ils ne sont pas venus.

Les écoles primaires, peuplées d'une foule d'enfans, n'y sont pas confiées à des mains suffisamment habiles, et l'on a pu dire avec trop do vérité que Gap avait des écoles sans maitres, et un colIAge sans élèves. A l'égard de Briançon, on ne s'étonnera jamais assez qu'il ait pu être mis en question, dans cette ville, s'il était utile de conser- ver son collège, et il est plus étonnant encore que les avis pour la négation eussent prévalu dans le conseil munici- pal. Étrange résultat de quelques dissentions particulières, dans lesquelles la prospérité du collège se trouve trop malheureusement compromise.

Il ne tiendra pas k noi que ca désordre ne cessa M

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136 AN'NALBS DES ALPES.

qu'il ne soit fait toutes les dispositions nécessaires pour le bien de l'enseignement en général, et surtout en ce qui concerne les principales villes du département,

ObSBroatiORS généralBs.

Ëafin, parcourant d'un coup d'œil rapide le surplus des parties de l'administration, et ne devant rien dissimuler devant l'honorable assemblée qui m'écoute, j'avouerai qu'il en est encore plusieurs qui ne répondent pas à 'idée qui peut vous en avoir été donuf^e précédem- ment.

Les mesures prises jusqu'ici pour la réparation et l'en- tretien des chemins vicinaux sont restées infructueuses dans le plus grand nombre des communes ; on a vaine- ment développé les principes, posé dus règles et invoqué la surveillance des autorités locales ; de nouvelles dégra- dations sont chaque jour ajoutées aux anciennes, et la mal est parvenu à son comble.

Les anciens poids et mesures, si formellement proscrits, sont encore les seuls en usage dans le commerce ; on les retrouve jusques dans les bureaux publics ; et la vériflca- tion annuelle ne se fait plus, ou elle a dégénéré en une formalité purement insignifiante pour l'établissement du système décimal.

La vaccination est tombée en désuétude dans ce dépar- tement et la petite vérole a pu se reproduire cette anné» dans l'enceinte même du cheMieu.

La garde forestière et rurale, organisée tant de fois^ a besoin, plus que jamais, de subir une nouvelle organi- sation.

L'ancien désordre établi dans la comptabilité des com- munes en a fait un vraîdédale, que, malgré leurs effort» et leurs soins, mes prédécesseurs se sont transmis de l'un à l'autre, et qui m'est échu avec les accroissemens annuels- de chacun des exercices expirés.

Mais bornons cette énumération, qui pourrait être poussée plus loin. Les objets ainsi restés en soufl^ance sont devenus tour-à-tour le sujet de mes méditations. Des.

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LES HAUTES-ALPES EN 1814. 137

mesures oot été prises pour la procbaine mise en état de <seux qui présentent le plus d'urgence, et il en sera usé de même à l'égard des un^ et des autres, selon que les tems .et les lieux pourront le comporter.

L'aliénation des biens communaux cédés à la caisse d'amortissement, par la loi du 30 mars 1813, avait été terminée en peu de mois, pour tous les biens sur lesquels il ne s'élèvera point de question incidente. Mais le travail tendant à assurer les droits réservés aux communes dépossédées, n'avait pas accompagné les opérations de la vente. Rien n'était fait encore à la fin du 1*' trimestre de 1814, et, dans le cours du second, la plupart des commu» nés ont reçu l'équivalent du revenu net de leurs biens pour 1813. Tout a été en même tems préparé pour la fixa- tion de la rente due au communes et pour leur inscription au grand livre des 5 pour 100 consolidés, en conformité de l'ordonnance du roi du 6 juin I8I4.

Dans les contestations qui ont eu lieu entre les munici- palités et l'administration des Domaines, relativement à l'exécuttOQ de lamème loi du 20mar8, l'intérêt des com- munes n'a pas été un instant perdu de vue, et j'ai cherché l'occasion d'étayer, par de nouvelles observations auprès du gouvernement, le mémoire de mon prédécesseur ayant pour objet de faire excepter de la vente les montagnes pastorales.

Je n'ai pas gardé le silence sur le régime actuel des octrois municipaux. J'ai demandé qu'ils fussent rendus aux communes et mis en ferme, parce qu'il m'est démon- tré que ce mode leur serait avantageux. J'ai signalé au Ministre des finances les résultats fâcheux nés de la législation actuelle sur le cadastre. Mes observations lui ont paru justes, et j'ai lieu d'espérer qu'il y sera donné suite.

J'ai surtout fortement à cœur de tenir constamment toutes les parties de la comptabilité courante dans le plus grand ordre, et de porter autant de jour qu'il sera possi- ble dans celles qui ont précédé mon administration. J'ai été tr&ppé de la difficulté d'ajouter aux revenus et aux

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laS ANNALES DES ALPES.

ressources du départetamt. J'ai recbercbé avec scôn quels pourraient être les moyens de eomblar, du moùw «k partie, le déficit qui m'a paru exister à son désavantage entre ses importations et ses exportatioos. Je n'ai vu jusqu'à ce jour que les laines, la substitution sagement introduite des mérinos aux bêtes du pays, combinée avec de nouveaux jnoyens d'ajouter par des canaux d'arrosage à la masse des pâturages ezistans ; et, enfin, s'il est possi- ble, le développement de quelque industrie pour la mise en œuvre des laines que, jusqu'à ce Jour, nous vendons brutes aux départements étrangers.

En un mot, j'éprouve un vif désir de faire le bien du département confié à mes soins, par tous les moyens qui peuvent dépendre de mon autorité ; mais ce qui m'affiige, c'est qu'en général ce bien à faire ne consiste pas k pous- ser ce pays vers un état de prospérité nouvelle. Il ne s'agit bien souvent que de cicatriser des plaies, essuyer des larmes. L'habitant des Hautes-Alpes se trouve cir- conscrit dans une sphère étroite, dont il ne lui est guère possible d'étendre les bornes : les incendies, les torrents, les orages, les neiges de l'hiver, les gelées du printemps et de l'automne, tout lui fait une guerre continuelle ; et quand, par miracle, il obtient de loin en loin une récolte abondante, elle l'est plus encore dans les pays voisins, en sorte qu'il n'eu peut tirer qu'un très faible parti; tandis que, dans les tems de disette, il est forcé de s'approvision- ner à grands frais hors des limites du département, et quelques mois suffisent pour engloutir le fruit de plusieurs années d'économie et de travail.

C'est ainsi qu'il a besoin, tous les jours, de rassistauoe d'un gouvernement paternel, et qu'il doit être continuel- lement en lialeine, sans autre espoir même que de se maintenir dans son état de médiocrité. Elle est surtout juste à son égard, cette comparaison d'un ancien, qui a dit que l'homme des champs est semblable A un nocher qui, à force de rames, fait remonter sa barque sur une rivière ; suspentl-il un motnent ses efforts, l'onde roule et l'entraine.

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LES HAUTE3-JU.PB3 Btl-lSlé. 139

Heureux pourtant l'habitant des Alpes, si, duos le rang la nature l'a placé, instruit des troubles qui accompa- ^lent les conditions même les plus relevées, il borne SM désirs aux jouissances de son état et de ses vertus ! Heu- reux moi-même, au milieu de ce bon peuple, toutes les fois que je pourrai le seconder dans ses travaux, donner une bonne direction à ses voies et lui épargner une larme dans ses malheurs t

Signé : HARMANP.

Pour 1b Préfet :

Le Secrétaire général.

Signé : Farnaud.

Nota. La transcription du rapport précédent sur 1b ragiatre dei ■rr«tés fat ordonnée le 9 nov. 1314 {ibld., f' t5Z\

LE CLERGE DES ALPES

AU OAIV A D A

Histoire de la province ecclésiastique d'Ollaiva et de la coionlsalion dans la vallée de l'Ot- taiva, par le R.-P. Alexis de Barbezietfx, capttcin Ottawa, compagnie d'imprimerie d'Ottawa, lfi97,3 tnS-, XXIV-fiOOp. pltcs les tables; 507-XXVIIJ pp.

Voici un livre qui court nsque de n'avoir pas grand nombre de lecteurs en France. Son titre, spécialement, ne fait pas soupçonner de quel intérêt il est pour l'histoire chrétienne des Hautes-Alpes. Nous aIl(Hi3 tâcher de le montrer.

Les Français arrivèrent au Canada dans la première moitié du xvn* siècle. Parmi les tribun sauvages de cette immence contrée, ils en rencontrèrent une aj^lée les Outaouais. Elle était établie sur les bords d'une rÎTière de ce même nom, aujourd'hui changé en Ottawa. Ce cours d'eau prend sa naissance dans le haut Canada, qu'jl

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HO ANNALES DBS ALPES.

sépare du bas Canada, et, après neuf cents kilomètres de marche, il se jette dans le Saint-Laurent près de Mon- tréal. Pendant longtemps ce fut une importante voie commerciale pour le transport du produit des cbasses des Indiens jusque dans les Tilles voisiDes du littoral, d'où l'on envoyait en Europe quantité de fourrures. Plus tard, ce genre de produits étant devenu rare, le commerce s'attaqua aux forêts vierges gui couvraient le pays, et l'Ottawa fut encore la voie par laquelle les radeaux descendaient à Montréal : voie rapide, mais peu com- mode et pleine de périls. C'est dans le cours dn présent siècle surtout, que cette seconde source de fortune fut ouverte; elledevintforcémentle prélude d'établissements agricoles, et rendit nécessaire la formation de groupes et d'agglomérations, dont la plus importante fut la ville de BytowD, en l'an 1827.

Il faudrait avoir bien peu de lecture pour ne pas savoir que, dès le XVII* siècle, les ordres religieux, lescongréga- tioDs séculières et le clergé n'eurent pas moins d'ardeur pour la conquête des âmes en ces lointains pays, que n'en avaient les négociants et les colons pour la conquête de la fortune : il y eut des apôtres, des martyrs, et toute une armée de ces âmes généreuses qui servent Dieu et leur prochain avec un constant héroïsme. Ce fut une des gloires les plus hautes, quoique des moins observées, de notre noble pays de France. Le XIX» siècle n'a pas été, en ces mêmes lieux, inférieur aux précédents sous ce rap- port ; l'ouvxage du P. Alexis le montre surabondamment et d'un bout à l'autre, bien qu'il ne témoigne ni de mort violente ni de sang versé. Là, sous un climat glacial, à travers d'immenses déserts aucune voie n'est tracée,, et toute marche est une lutte sans merci contre des souffrances de tout genre, la vie entière du missionnaire est un martyre. Qui oserait ne pas lui attribuer cette gloire, alors que son corps épuisé par tant de fatigues, laisse échapper sa sainte âme ï

Ces deux choses, la colonisation et l'évangélisation, étant parallèles et connexes, l'auteur a eu la prudence de ne pas les séparer et de les faire s'éclairer l'une l'antr»

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CLERGÉ DES ALPES AU CANADA. 141

Acaloffel, après uo sommaire de leur histoire dans les siècles précédents, il est entré dans les limites son sujet, cesl-à dire 1 histoire de la province ecclésiasti - que récemment fondée à Ottawa. Ce n'est pas de lui-même qu'il l'a entrepris. Ce récit lui a été demandé par Mgr Duhamel, archevêque d'Ottawa, on présence de tout son clergé. Ce prélat était désireni de ne pas attendre plus longtemps pour soustraire à un oul)li certainement irré- médiable les origines de tous les centres chrétiens de sa province, avec les noms et les travaiii des héroïques ouvriers de ce champ du Père de famille.

L'histoire abrégée des siècles précédents amenait l'au- teur à l'histoire plus étendue de ce siècle, et particu- lièrement à la fondation de la ville do Bytowneu 1827, à la création d'un évéché dans celte ville en 1818. au change- ment ofnciel de son nom en celui d'Ottawa en 18c3, s son choix comme capitale du Canada et siège du gouverne ment en 1858, enfin au changement de son évéché en archevêché en 1886, avec désignation, pour sutiragant du vicariat apostolique de Ponliao, dont le siège est k Pem- brocke, établi seulement en 1882.

. Deux prélats se sont déjà succédé à Ottawa - Mgr Eugène-Bruno Guignes, de Oap, religieux oblal de Marie 1847-1874). et Mgr Joseph-Thomas Duhamel, canadien (1874 au temps actuel). La Vie de Mgr Guignes a été donnée au public : elle contient des souvemrs singulière- ment honorables à son pays natal. Le p. Alexis ne pout guère que suivre son œuvre administrative, qui fut celle d'un saint évêque et d'un esprit très sage.

Les paroisses et les missions, c'est ensuite ce qui occupe la plus la.'ge place dans ce monument hhloriquo. On dirait, au premier coup d'.ril, „„e aride uomoaclalure de lieux, de paroisses, do missions et de prêtres mai, de quelles venus, de quelle conslanco. de quels héi-olsnios 1 œil attentil et l'esprit réilOchi y trouvent le témoignage ' El c est ,ci que le diocèse do Gap. c'est-,i-dire le départe^ ment des HautesAlpes. pont ,-„c,rillir ,i„ inconnarable honneur des travaux de -ses cnfaais.

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142 ANNALES DBS ALPES.

D'abord, Mgr Guigues était arrivé au Canada revêtu de la dignité de provincial des PP. Ohlats de Marie. Nombre des religieux qui l'y avaient accompagné, ou qui plus tard sont allés le rejoindre, étaient Hauts-Alpins. Nous nous tairons sur eux, même sur ceux qui ont été nos condisciples ou nos amis personnels, et nous ont rendu témoin de vertus qu'il appartient à leur pieuse congré- gation de dévoiler au public avec plus de compétence .

Mais ces bous religieux ne furent pas seuls dans l'armée d'apôtres français que Mgr Guigues sut réunir. Dans un de ses voyages en France, il visita Gap, sa ville natale, et ne manqua pas d'y chercher des collaborateurs. Tout le grand séminaire l'aurait suivi, si Mgr Depéry ne s'était hâté de sauver sou bien des mains du ravisseur. On trouva moyen de s'arranger, et le vénérable chanoine Blanchard (mort en 1897] se chargea de taire prudemment choix des jeunes clercs désireux de devenir mission- naires. Voici, nous semble-t-il, à peu près tous ceux que le P. Alexis nous présente, à travers le grimoire de la géographie Canadienne.

1. AGNEt>, Paul, à Mont-Dauphin le 2 février 1843, ordonné par Mgr Guignes le G avril 1867. Vicaire d'Égan- ville aussitôt aprôs sou ordination. Transféré en octobre 1868 de la mission d'Embrun au Portage du Fort, il résida jusqu'en 1877. V.n octobre, ou novembre 1897, il fut transféré à la cure d'Aylmer, il resta jusqu'au 3 octo- bre 1885. A cette date, il fut chargé de la cure de Lefaî- vre. Tombé malade il dut se faire transportera l'hôpital d'Ottawa, il moui-ut, le 18 novembre 1888.

2. RERTIîAND, Paul, à Sl-Julien-eu-Bochaine l6/« février 1828, ordonné à Ottawa le 21 juin 1858. Dès 1859 il l\it curé de Plantagenet, et, par son savoir-faire admi- nistratif, il réussit à faire prospérer celte paroisse, oi'i tous ses prédécesseurs avaient échoué. Mais, au soin de sa paroisse, il avait à joindre celui des missions de Scotch River (plus tard devenu Saint-Isidore de Prescott), doGloucester.Osyoode, et Sainte-Cécile de Masham. Le 25 septembre 185U, il l'ut transféré à la cure de Saint-Luc

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CI.EBOE DES ALPES AO CANADA. 143

de Curran ; il y demeura jusqu'au i5 seplembre 1873, ort il fut nommé curé de Sainte-Cécile de Masbam devenue paroisse. Delà, il eut à visiter tous les 15 jours la mission de Saint Benoit-Labre de Wendeva, jusqu'à ce que les babitants eurent demandé en. 1881 et obtenu un curé à demeure. Actuellement (1S98), M. Bertrand a pris sa retraite dans le diocèse.

3. BRUNET, Antoine, au diocèse de Gap le 14 juillet 1835, ordonné à Ottawa le 17 juin 1860. Il fat nommé curé de Masbam le 26 octobre de la même année, puis de L'Ori- gnal le 14 septembre 180^. «On lui doit le beau presby- tère en briques, dans lequel il entra en 1868. Il nettoya et transforma en un vaste jardin le cimetière primitif, dont les décombres déshonoraient les alentours de l'église, et ouvrit un troisième cimetière mieux placé que le second, et destiné k être définitif, M. Brunel partit le 17 novembre 1873 pour la paroisse d'Aylmer, et fut remplacé à L'Ori- gnal par M. Mancip. La cure de L'Orignal desservait alors les deuï missions de La Côte, ou Vankleek, et des Che- naux, ou Hawtiesbury ». Il s'installa le 22 novembre 1877 dans la paroisse du Portage du Fort et Bristol, dont il est encore curé aujourd'luii [1898).

4. BOUVIER, Joseph, n'était point dans les Hautes- Alpes, mais à Thodure (Isère) le U mars 1824 ; il fut ordonné par Mgr Guigues à une date inconnue; mais il est dit que celle ordination est toute récente lors de sa nomi- nation, 19 septembre 1849, à la cure de Sainte-Anne de nie du Grand-Calumet. « M Bouvier est un des prêtres qui ont le plus fait pour le diocèse. Dans toutes les parois- ses où il passa il laissa des preuves de son zèle et de ses talents. Mgr Ouigues, dans ses écrits, ne parle jamais de lui qu'en termes les plus flatteurs. Au Calumet, il termina l'intérieur de l'église, érigea le chemin de Croix (3 février 18M;, et b^litunjoU presbytère, lequel, malhen- reusement, à peine terminé, devint la proie des flammes. Il n'eut point le temps de le reconstruire, car,- en septem- bre Ifôl, il fut nommé ii Aylmer ». « M. Bouvier, curé du Calumet, entreprit de bâtir une belle église en pierre

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144 ANNALES DES ALPES.

dsns le village, qui commençait à prendre de l'importance. 11 y réussit, non pas sans peine, et, le 6 octobre 1851, l'évoque de Bylown fit la bénédiction du monument, sous l'invocation de St-Jacques et de Sainte- Rosalie. M. Bouvier n'assista pas à la cérémonie, car, depuis un mois il était partit pour Aylmer. Il ne tarda point, du reste, à revenir. Appelé successivement à Aylmer (1801), puis à Renfrew (1852), il fut nommé (mars 18&4) premier curé du Portage du Fort-.- L'église, le presbytère et les servitudes furent complètement terminés en 1857, et la paroisse de Portage du Fort devint une des plus agréables du diocèse, et des plus commodes à desservir », En octobre 1801, M, Bouvier fut nommé curé de L'Orignal ; il y fit de grands travaux dans l'église, qui dès lors passa pour une des plus belles du diocèse. De là, en septembre ISOï, il fut de nouveau envoyé à KenQew. A peine arrivé, il se mit à construire une église et un presbytère qui furent achevés dans une année. Il demeura jusqu'en 186Ô, date d'un voyage qu'il fil en Europe. Au retour, il fut chargé de fonder la paroisse d'Arnprior (3 décembre ISUT), ce à quoi il réussit pleinement. Le :jl mai 1875, appelé à la cathé- drale d'Ottawa, il fut en même temps chargé de la cure d'Orsceola, dont il prit possession le 7 mars 1870. 11 l'enri- ciiit d'un presbytère, et y mourut plein de mérites, le 12 janvier 1879.

5. CHAINE, Alphonse-.Marie, à Roussel le 9 février 183C, ordonné à OItawa le 17 juin 1800, fut chargé, dès cette même année, d'inaugurer la paroisse de Saint- .Idsepli d'Orléans, qui jusque u'avaitété qu'une mission; de l;'i, il dev!.'it niyonuer ^ur les luissioiis de l'Ange- (iardieu d'Angers et do Perkius'Mill. Dans cette dernière, il construisit un petit presbytère ; dans la premièi'o, il réussit il rétablir la conc(ii-ile entre les luibilauls ot à jeter les l'ondenient.-; des édifices iiaroissiaux. Tuuteiois, comme ces deux inissiuns ét^jîeut au-del;i du la riviéru, et que la traversée du celle-ci iiré.-ienlait de griuuls dangers, l'évè- i;uc l'en déclargea cl luidotma ejjcomiiiinsalioiiS.ii'sliuiil. H jivjiit iuissi à l:e<^crviI• liiUiiK'a:!. '1 i-..iiî-ù-i'i' ii Ui ciiiu

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CLBRQÈ DKS ALPES AU CANADA 145

^eSaiot-Ltic-de-Gurran le 22 aovembre 1873, il y mérita cet éloge de son évèque dans son procès-verbal de visite -en 1875. «Louage au pastenr qui, sans mécooteuter per- sonne, a doté c^tte paroisse d'une belle église et d'un magnifique presbytère ». De Curran, il passa, le 31 mai 1876, â Arnprior, qui maintenant fait partie du vicariat ■apostolique de Pontiac. Il y construit des écoles, et en 1887 y appela des sœurs. Il réside encore eu cette paroisse aujourd'hui (1898).

3. CHARBONNIER, Ovide, né'à Saint-Martin le 12 avril 1840, ordonné par Mgr Guigues le d avril 1867. 11 eut d'abord à desservir deux missions, celle de l'Ange Oar- ■dien d'Angers, et celle de Saint-Joseph d'Orléans. Cette dernière lui fut peu après laissée seule ; ensuite il fut nommé curé de Masham. De le, en septembre 1873, il desservît temporairement Wendover, et, en 1874, alla se Joindre à M. Mancip à L'Orignal. En mai 1875, il devint curé de l'Ange-Gardien d'Angers érigé en paroisse. Il y tomba malade au bout de quelques années, et mourutà l'hôpital d'Ottawa le 28 août 1884, dans la force de l'âge. 7. DAVID, Joseph, à Tallard le 15 septembre 1828, ■ordonné par Mgr Guigues le 9 octobre 1853, fut d'abord curé de Saint-André-Avellin (d'après état du II aoiH 1855). Il fut transféré à Montebello le 18 août 1856, avec diarge d'administrer Papioeauville, qui sous sa direction fut érigée en paroisse et confiée plus spécialement à ses soins, à la grande joie des habitants. 11 y bâtit l'église. De làil visitait la mission de Thurso, son ministère pro- duisit de très grands fruits. Il quitta le diocèse d'Ottawa en 1866, et retourna dans le diocèse de Gap. Sa belle con- duite pendant la campagne de 1870-71 lui a valu une médaille d'honneur. Il est aujourd'hui curé du Monâtier- Allemont. -8. ÉBRARD, Gustave, à Tallard le 3 juin 1827, ordonné par Mgr Guigues le 8 juillet 1855. 11 fut d'abord vicaire de L'Orignal, puis nommé curé de Saint-André Aveltin, qu'il consacra au Sacré-Cœur-de-Jésus, et au Saint-Cœur-de-Marie sous le nom de Notre-Dame des Ammales des Ai.pes, IL 10

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Victoires. Le 13 septembre 1859, il f\it chargé de la cur» de'Gumberland, augmentée de la mission de Clarence. E^n, nommé curé de Wakefleld le 27 mars 1801. Il eut le malheur de se noyer peu après, en prenant un bain dans la Gatineau , rivière fort dangereuse à cause de rapidité.

9. FAURE, Eusèbe, à Montbranâ le 27 juin 1827. ordonné à Digne le 'M décembre 1858, arrivé au Canada le 21 octobre 1867, fut d'abord curé de GraceGeld (24 dé- cembre 1837), avec la charge de la mission du Lac-Sainte- Uarie, il lit construire une église et donna une clocbe de 500 livres. Il fut transféré à la cure de Marham en octobre 1880; ît décora l'église de ce lieu, l'orna de statues et d'un chemin de croix, constiniisit le clocher et le pour- vut d'une cloche de 375 livres. Il est mort dans ce poste le 15 juillet 1889, et son inhumation a eu lieu dans son église.

10. F.\URE, Rémi, dans les Hautes- Alpes le 17 jan- vier 1849, ordonné le 30 novembre 1871, plus tard docteur en théologie. Du 19 janvier au 1»^ mai 1872, il fut placé en qualité de vicaire è Mount-Saint-Patrîck, afin d'y avoir la facilité d'apprendre la langue anglaise. En juillet 1872, considérant l'importance toujours croissante d'Almonte, agT Guigues se résolut à y envoyer un curé résident, qui fbt M. Rémi Faure ; il y ouvrit les registres paroissiaui 1& 21 juillet, et il fonda une belle école catholique. Le 23 jan- vier 1875, il fut transféré à la paroisse de Pemhroke ; il y mit la dernière maiu à la construction de l'église, et y créa un hôpital. En même temp.<t il bâtit l'église de la mission de Point Alezauder. Après l'érection du vicariat apostolique de Pontiac, dont Pemhroke devint te siège, et dont Mgr Lorrain fut le premier titulaire, en l'an 1882, M. Faure obtînt par les démarches de ce prélat le gouver- nement d'une paroisse française à Buffalo. Après i'avoii' régie pendant quatre ans, il y mourut le 6 octobre 1886.

il. GAY, Camille, à Chantemerle le 15 décembre 1837, ordonné à Otla'wa le 33 juin 1861, fut, dès la même année, successeur de M. Ébrard à la cure de Wakefleld,

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alfas Parreltoo. La première signature qu'il y donna est du 13 octobre. Il y acheva la construction de l'église, qui lai béDÎte par l'évèque le 14 jaovier 1864 et dédiée à S. CamUIe de Letlls. Le 31 mai 1875. il fut transféré à ta cure de Gurraa, puis ^ Gracefield le 15 septembre 1380. n est encore à la tête de cette paroisse (1898), qu'il a enriebie de pieuses asssociations et de plusieurs écoles.

12. GUILLAUME, André-Casimir 1. à St-Marcellin de Vars le 4 mars 1830, ordonné à Ottawa le 17 juillet 1859, fut aussitôt chargé de prendre la successioa de M. Ébrard, à Saint-André-Avellin. Il y demeura près de 14 ans. En 18Ô3, il fonda la paroisse d'Hartwell, sous le titre de St-Marcellin, nom de sa paroisse natale. En 1864, une première école fut fondée. Deux ans plus tard, on en érigea une seconde. Dès 1865, la mission d'Hartwell fut détachée de St-André-Avelliii, M. Guillaume eut à lutter' contre quelques prétendus ministres de l'Évangile, n les força à accepter des discussions publiques, dans lesquelles ils n'eurent point le beau rôle, v Ces conféren- ces ont été publiées eu un volume, intitulé: Le Protes- tantisme jugé et condamné par les protestants eux- mêmes, qui témoigne de l'érudition de l'auteur, et qui est le premier ouvrage écrit par un prêtre du diocèse d'Ot- tawa B. En 1873, il fut transféré à Cyrvilie, il devait créer la paroisse ; sa première signature y est du 3 août. Deux ans après, le 15 juillet 1875, il devint curé de Saint- Jacques d'Embrun, et en même temps fut chargé du soiu de tous les catholiques des cantons de Russel et de Cam- bridge : lourd fardeau, à cause duquel on lui adjoignit un vicaire. C'est qu'il est demeuré jusqu'à l'époque de sa mort vers 1880

13. GUILLAUME, Adrien-Casimir H, neveu du précé- dent, né à Saint-Marcel! in de Vars le 21 janvier 1861, ordonné par Mgr Duhamel le 31 mars 188b. fut aussitôt nommé vicaire de Salnt-Audré-Avelliu ; it devint, en avril 1889, vicaire de Buckingam, et le 24 août 1890, curé de Chénéville, poste qu'il occupe aujourd'hui [1898).

14. JOUVENT , Laurent, à Valserres le 17 mars 1829,

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ordonné le 19 juin 1853, arriva dans le diocèse d'Ottava le 11 décembre 1857. et Tut aussitôt chargé de la paroisse Saint-Philippe de Grenville. En 1863, il nit transféré à Thurso, et de à Buckingbam en 1862. Il y eut pour vicaire pendant dix mois l'abbé Dubamel, récemment ordonné, et futur archevêque d'Ottawa. Plus tard, il fat curé de Pembroke ; nais, son ancien vicaire, devenu son évêque, l'appsla auprès de lui, le St son vicaire générât le 14 janvier 1875, et lui conHa en même temps la cure de la cathédrale. Le 20 juin 1880, M. Jouvent quitta le Canada pour réintégrer le pays natal, il fut successivement curé de Rabou, près Gap, puis {1" juillet 1884), curé de Lettret, il est mort le S janvier 1S97.

15. LAUZIËR, Joseph- Antoine , à St-Julien-en- Bochaine le 17 avril 1837, ordonné par Mgr Guigues le 8 mai 1853, fut nommé, le 6 juin suivant, curé de Masham, qui d'abord portait le nom de La Pèche. A cette cure étaient annexées un certain nombre de missions. Il orna l'église et construisit un presbytère. Épuisé par ses tra- vaux, il alla passer trois mois en France en 1858. Après son retour, il continua son ministère jusqu'au 5 août 1860, il prit sa retraite dans une maison qu'il possé- dait au village dit La Oatineau. C'est qu'il mourut en 1863.

16. LOMBARD, François, à Ancelle le 8 juin 1840, ordonné par Mgr Ouigues le 26 mai 1866, à des dates que nous n'apercevons pas suffisamment précises, a successi- vement occupé les cures de Papineauville (lieu ainsi appelé du nom d'un habitant fort recommandable par son dévoû- ment aux intérêts de tout genre de cette localité), Curran, et Alfred, où' il est encore aujourd'hui (1898),

17. MA>'G!P, Pierre, à Saint-Pierre-d'Argençon, le 22 juillet 18;î.-), ordonné à Ottawa le 17 mars 1861, fut, dés le 30 du même mois, curé de la paroisse de Saint- Philippe d'Argenteoil, alias de Grenville. Dès l'année sui- vante, il eu construisit l'église, et il demeura jusqu'en l'an 1873, il fui transféré à L'Orignal. C'est qu'il mourut prématurément le 15 avril 1875.

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18. MICHEL, FraDçois, à l'uy-Saint-Eusèhe le 17 décembre 1828, ordouné par Mgr Guignes le 23 juin 1854, fut vicaire de Buckiogliam pendimt une année envi- ron, après laquelle il fut envoya â Cumberland, avec charge d'organiser' le pays, c'est-à-dire la paroisse et de nombreuses missions. Il y bâtit uti presbytère. De cette première cure, il passa, le 12 septembre 1858, à celle d'Aylmer, les missioDS à desservir étaient pareillement nombreuses: il y bâtit une église. A une date que nous n'avons pas aperçue, mais antérieure à 1874, il était de retour à Buckingham, celte fois en qualité de curé. C'est le poste qu'il occupe encore à l'beure d'aujourd'hui (1898), toujours plein de vie et honoré du titre de chanoine de la cathédrale. En juin 1875, le procès verbal de la visite épiscopale témoignait du parfait état de toute chose dans cetle paroisse. Celui de 1887 indique hi prochaine cons- truction d'une nouvelle église s'ir un terrain donné par M le curé Michel. et parle avec éloges de ses nombreuses créations, telles que écoles, collège et antres œuvres. De cette paroisse, M. Michel dut jusqu'eu 1883 desservir une mission qui portait le nom, cher à tous les Alpins, de Notre-Dame de La Salelte.

J9. MOTTE. Gabriel, à Saiut-Julieii-en-Champsaur le 15 août 1844, ordonné le 24 décembre 186?, entra dans le diocèse d'Ottawa vers t'a» 1873. et fut envoyé d'abord en qualité de vicaire à L'Orignal, il resta peu de temps, ayaat été nommé curé de Qreuville eu novembre 1873, puis d'Harlwell, son premier acte est du 18 octo- bre 1874; à celte paroisse était annexée la mission de Suflolk. Le 8 novembre 1880. il fut nommé curé de La Passe. II quitta le diocèse d'Ottawa et se rendit aux États- Unis le 24 juillet 1882.

20. PHILIP. Séraphiu, à Rochebrune le 11 octobre 1840, ordonné par Mgr Guignes le 15 août 1866, fut nom- mé curé de la paroisse Saint -Bernard de Fournier en 1867. il avait à desservir deus missions eu plus. Tri<nsféré à la paroisse Saint-Joseph d'Orléans le 28 septembre 1875, il eut à desservir encore la mission de Sassfield. Dans les

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premiers mois de 1891. il fut nommé curé d'Ha'wkesbury et même temps cliauoinfl de la cathédrale, charge et dignité qu'il occupe encore aujourd'hui (1898).

21. ROUGIER, Paul, nti à Lus-la-CroixHaute (Drôme) le 25 novembre 1836, ordonné par Mgr Ouigues le 18 juin 18fô, ne parait pas avoir occupé d'autre poste que celui decuréde Renfrew, d'où il dut pendant longtemps des- servir la mission de Mo unt-Saint- Patrick, qui n'était à pas mois de vingt milles de dislance. Dès son arrivée à Rea- l'rew (1" avril IStHî}, i M. Rougier comprit qu'il ne devait plus é Ire question de réparation ou d'agrandissement de la vieille chapelle. maÎE que tous ses efforts devaient «voir pour but la cousiruclîon d'un temple digne de i'ave- uirde Henfrew. En elt'et, ce lieu commençait à prendre les allures d'une i)eliie ville. Pour cela en conformité d'idées avec l'évèque, il crut bon de prendre son temps, et de voir, comme on dil, venir les événements ., ». En 1873 seulement, les travaux furent commencés et menés avec une telle vigueur, que l'église, une fois construite, l'ut une des plus belles du diocèse, et fît grand honneur à M. Rougier. Il lui donna pour patron S François -Xavier. « L'école séparée {ce que nous appelons en France l'école libre) avait été commencée dans l'ancienne chapelle. En 188^, l'année de la fondation du vicariat (de Pontiac, dans la circonscription duquel Henfiew se trouve compris), M. Rougier conslmisit un nouvel édifice en briques, plus vaste et plus convenable que l'ancien. L'année suivante, il acquit une grosse cloche de deux mille livres, de beau- coup la plus considérable du diocèse- 11 pria Mgr Duha- mel de la bénir. Mgr Lorrain (vicaire apostolique de Pon- liac) vint rehausser de sa présence la cérémonie, en octobre 1883. Eu 1887, il construisit un couvent en bri- ques, bel édifice à trois étapes. 11 appela, pour l'occuper, les sœurs de Sainte-Croix, de Sainl-Laurent, excellentes religieuses qui conquirent de suite la faveur publiqt^e. Ces sœurs, au nombre de six, sont cbargées de l'école séparée des jeunes filles. En 188!>. M. Rougier agrandit considérablement l'école des garçons : c'est alors qu'il

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appela les Frères des Écoles ChrétieDDes... Cette même année 188d, le caré de Renn:>ew fit restaurer et décorer l'intérieur du presbytère... Depuis quelques anoées la santé de M. Rougier s'affaiblissait ; od dut même, pour im certain temps, le conduire dans une maison de santé. Il mourut le 8 mai 1893, accablé par les fatigues plus que par l'âge ».

22. TELMON-DUSERRE, Pierre, à Saint-Julien en Champsaur le 22 mars t832, ordonné à Gap le 22 décem bre 1856, arriva dans le diocèse d'Ottawa le 3 août 18S6, et fut immédiatement pourvu de cure de La Pointe- Gatineau, d'où 11 desservit Perkins'Mill du 8 juillet ISOT au 25 ao6t 1871. De il fut envoyé à la cure de Mount- Saint-PatrJck, dont il prit possession le 9 septembre 1874. Son séjour n'y fUt pas long, car le 10 juin 1875, il fut transféré à la cure de South-Gloucester, dont il prit pos- session le 19 octobre, et y demeura dix-sept ans, c'est-à dire Jusqu'à sa nomination à la cure de Vankleek-Hill dont il prit possession le 10 novembre 1892, et qu'Ut occupe encore aujourd'hui (1808).

23. THINQUIER, Eugène, à Chorges le 9 octobre 1S46, ordonné par Mgr Ouigues le 3 juin 1871, fut, le S4 juillet suivant, premier curé de la paroisse de l'Auge- Oardien d'Angers, d'où il avait à desservir la mission de PerlUus Mill. Le 2 décembre 1873, il fut chargé de fonder la paroisse dite Notre-Dame du Laus, sur le haut de la Lièvre, d'où il devait desservir, à quinze milles de dis- tance, une annexe dite Notre-Dame de La Oarde. Il cons- truisit une belle église dans la paroisse, et une chapelle dans l'annexe. Il occupe encore aujourd'hui la môme cure, ■dont le nom doit singulièrement flatter sa piété et lui rappeler agréablement sa patrie.

APOLLINAIRE de Valbnce.

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BIBLIOGRAPHIE ALPINE.

53. Blanc (Abbé M.), d'OIlioules (Var). La vie et te- culte de saint Clair, abbé de Si-Marcel de Vienne {en Lauphlnè), tome *II. Tulle, J. Mazeyrie, 1898. in-8% xv- 246 p. et 4 gravures hors texte. Ce Yolurae complète- le bel ouvrage déjà signalé (I, p. 309). Outre les supplé- ments, il renferme divers documents inédits relatifs à saint Clair, de nombreuses pièces justiScatives (p. 145- 212), une copieuse table bibliographique (p. 213-32), et la table géographique des lieux cités dans les deux volumes.

54. Cadobet(A.), professeur départemental d'agricut- lure. Les associations rmduelles contre la mortaUté ôc/aH.Gap, Jean et Peyrot, 1898. in-8°, p. ~ « Dans le Queyras, l'esprit d'association est tr6s développé >. Il y existe actuellement trois associations contre la raortalité^ dn bétail, à Aiguilles, à Abriës et au Rous. Le fonction- nement de ces sociétés d'assurances mutuelles est très pratique et pourrait .s'étendre utilement aux autres régions du déparlement. M. Cadoret donne un modèle de statuts, très faciles à appliquer; ils rendraient de grands- services aux populations agricoles.

55. CHEVAUiiR (le chan. Jules), professeur d'hisiolre au grand séminaire de Romans. L'abbaye de Notre-Dame de Valcroissant, de l'ordre de Citeaux, au diocèse de Die. Valence, Goas, 1898, pet. in^" (iv-)90 p. L'ordre lie Citeaux, créé en 1098, compte, en 1898, «environ 4.150 religieux et 3.750 religieuses, en tout 7.900 person- nes ». L'abbaye de Valcroissant fut fondée le 11 nov. 1188, près de Die, au pied du mont Glandas, par Robert, évè- que de Die, et Pierre Pinet, chanoine de sa cathédrale. Jusqu'à présent on connaissait fort peu de chose concer- nant cette abbaye. M. Chevalier donne des renseigne- ments précis sur son origine et sur chacun des abbés. Parmi ces derniers, il faut signaler : Jean de Montorsier,.

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abbë commen datai re (1513-56). fils de Qaspar, seigneur de Monlorsier, en Chftmpsaur, et Joseph Berger de Moidieu de Malissoles, neveu de François, célèbre évéque de tiap [préconisé le 15 nov. 1706, < mort en odeur de sainteté le 20 sept. 1738 »). Joseph Berger était fils de Gaspar, sieur de Moidieu, couseiller au parlement de Grenoble, et de Madeleine de Pérouse; il fut successivement, chanoine, sacristain et doyen de Die, il mourut le août 17V1, à l'âge de 85 ans Ce fut le dernier abbé commeodataire de Valcroissant (1736-91). M. Chevalier a été heureuse- ment inspiré quaml il a songé à faire l'histoire de l'une des plus anciennes abbayes de l'ordre de Ctteaux, « dont l'existence était à peine soupçonnée »,et cela, au moment même « l'ordre de CIteaux célèbre le huitième cente- naire de sa fondation ».

5*}. Duhamel (Henry). Au pays des Ali/ins. Grenoble, Librairie Dauphinoise, H. Falque et Félix Perrin, 1899, in-4'' de x-180 pages, au moins 250 photogravures et 3 tableaux hors texte. Ce splendide volume est dédié au général baron Berge, ancien gouverneur militaire de Lyon. Il se divise en quatre parties: 1" Historique des troupes Alpines; 2'^ Cantonnements et manoeuvres dans les Alpes ; 3" Marches et reconnaissantes dans la hante montagne ; La frontière du Sud-Est, Mais ces titres ne donnent qu'une bien faible jd<''e de ht multitude de rensei- gnements et de faits que M. Duhamel a'su réunir çt coordonner d'une manière très méthodique et très heu- reuse eu un nombre de pages relativement restreint. C'est avec un grand plaisir et grand profit qu'on lit ces pages consacrées à notre chère région des Alpes, aux vaillants bataillons de chasseurs alpins qui, du mont Blanc à la Méditerranée, chaque année, la parcourent, l'explorent dans tous tes sens, jusque sur ses sommets les plus élevés, dans ses vallons les plus écartés, afin de pouvoir efficacement la protéger et la défendre, en cas de danger. La photographie vient, d'ailleurs, libéralement .en aide à M. Dubamel, pour bien nous faire connaître cette région alpine, qu'il a, lui-même, tant de fois paT^

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courue et explorée, et qu'il décrit avec une exaotitnd© si scrupuleuse. Elle lui sert à merveille, nfin de nous initier à la vie des chasseurs alpins, à leum travaux de chaque jour. Quel plaisir, que! charme, à la fois pour les yeux et pour rintelligeucel Dès le début du volume, nous rencon- trous tes traits aimés des généraux, bien connus, de l'armée des Alpes : le banm Berge, les généraux Davout, Coiffé, Zédé, Zurlinden, Oarnier des Oaretz, Faure- Biguet, Metzinger et Robillard. Puis, ce sont ceux du colonel de Rochas, à qui notre histoire militaire a de si grandes obligations ; du lieutenant-général Bourcet, des généraux Arvers et Lapouge, et de bien d'autres encore. A chaque page, sont reproduits les sites les plus beaux, les plus célèbres, les plus curieux « du pays des Alpins >. Us appartiennent à la Savoie, au Dauphiné, à ia Pro- vence. Si nous voulions seulement énumérer ici ceux qui se trouvent dans le département des Hautes-Alpes, plu- sieurs pages ne seraient pas suffisantes : chftteau de Tallard, glacier d'Arsine, massif du Pelvoux, vallée de la Clarée, tunnel de la Grave, monument du col de Vars, arrivée à Montmanr, bivouac de St-Pierre -d'Argençon, Le Bourget, la Croix-de- Toulouse, col de Buffère, col du Galibier, crête de la Chirouze, les RocbUles, col de l'Échelle, les Acles; grande halte et fanfare près du lac de Cristol; glacier du Râteau, hospice du Laularet, L'Ailefroide, glacier de la Font-Sainte, la Meige, lac de l'Eycbauda, pré de Mme Carie, glacier Blanc, Ville- Vallouise, le glacier de Séguret-Foran, la OargouîUe, Briançon, La Vachette, Mont-Oenèvre, le pont Baldy, Pertuis-Rostan, cet du Fromage, Mont-Dauphin, Chàteau- Queyras, Mont-Viso, Ristolas, col Lacroix, Embrun, etc. N'oublions pas les charmants croquis d'Emile tiuigues: chargement de mulets, descente et montée d'un convoi de mulets, le poste de police à Embrun, Alpin en capote, Au repos. Citons encore la porte du château de Vîzille et la statue équestre de Lesdiguières, la belle carte des Barricades de Suse(1639), par Melchior Tavcrnier; la Haute Vallée du Guil et le Mont-Viso (3.845"). dessin (Je

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BIBLIOQRAPHIE ALPINE. 155

L. Guétal, et le Salut au drapeau. Sous le titre : « Prin- cipaux docniuents à consulter » (p. KI9-172), on trouvera une liste bibliographique d'ouvrages sur les Alpes, classés par ordre alphâbéti((ue. Ce volume fait le plus grand honoeur à M. Duhamel, à ses éditeurs, MM. Falque et Perrin, et à l'imprimerie Allier, de Grenoble. Heureux ceux qui pourront le posséder d.ins leur bibliothèque.

57. JORDELL (D.). Rèperlotre bibliographique des prin- cipales revues françaises pour l'année 1897. Préface de Henri Stkin. Paris, libr. Nilason, 1898, gp. ic-8", x-210 p. sur 2 col « Nul n'ignore que les revues et périodiques sont ai^ourd'hui le plus rapide ot le plus influi^nt moyen d'information scientifique. Toute la vie intellectuelle s'y concentre >. Ce volume donne, sous une forme très prati- que, « la nomenclature des articles de fonds et mémoires originaux publiés Anu» 143 revues de l'année 1897 ; elle la donne une première foiâ par ordre alphabétique des matières, une seconile par ordre alphabétique des noms d'auteurs. Les recherches sont donc extrêmement faci- litées n. Nous remercions les savants bibliographes de la place honorable qu'ils ont bien voulu accorder aux Anna- les des Alpes, dans le premier volumo de leur très utile publication.

58, JuLLiAN ((Camille), ancien membre de l'École fran- çaise de Rome, professeur d'histoire i\ la faculté des lettres de Bordeaux, Giillia, tableau soinmaire de ta Qaule sous la domination romaive. Pari?', Hachette, 1892, in-16.viil-342 p,, illustré de 137 gravures d'après les monuments antiques et d'une carte de la Gaule vers l'an 400, Excellent ouvrage, qui complète les manuels et les livres d'histoire, qui raconle avec amour les desti- nées de la Gaule <t s'attache à montrer en quoi elles annonçaient celles de la France. « On a ajouté au teste un très grand nombre de ligures : toutes, sauf trois ou quatre, reproduisent des monuments gallo-romains ; on a pu faire ainsi de ce livre un album d'antiquités natio- nales •>. Tout appareil scientilique a été soigneusement exclu de ce petit volume, fait cepenilant avec un très

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grand soin, d'après les écrits des auteurs anciens et modernes les plus exacts, les inscriptions et les monu- ments. D»ns une série de 24 chapitres, le savant auteur traite dos points suivants : la Gaule au moment de la conquête, la conquête romaine, la Gaule soumise et fidèle à Rome, les pouvoirs souverains en Gaule (l'état romain et l'empereur}, les assemblées nationales, le régime municipal, l'administration provinciale, les impôts, l'ar- mée gallo-romaine, \n société (petites gens et corpora- tions, nobles et propriétaires), la transformation maté- rielle de la Gaule, l'art, l'épîgrapliie romaine en Gaule, l'enseignement public, la littérature gallo-romaine, les dieux, les commencements du christianisme en Gaule, la vie privée; à travers la Gaule Narbonnaise, la Celtique, la Belgique, l'Aquitaine. Un chapitre consacré k la patrie gallo-romaine termine ce beau travail.

59. i,ENORMANT (Fr.), de l'Institut. Monnaies et médail- les. Paris,Quanlin,s. d.,in-l3,328 p. L'auteur envisage l'bisloire des monnaies et des médailles au point de vue de l'art, dans l'antiquité, le moyen-Agfl et les temps modernes. De la division de son travail en deux gran- des parties, l'antiquité et les temps modernes. Il donne, sur l'infinio variété des monnaies, une multitude de ren- seignements précieux que l'on rechercherait en vain dans beaucoup de gros volumes qui s'occupent de numismati- que. Plus de 150 gravures ou illustrations, empruntées à toutes les époques, fixent et précisent les renseigne- ments. Bon livre de vulgarisation, faisant partie de la Bibliothèque de l'enseignement des Beaux-Arts.

60. LiEUTAUD IVictor). Les cloches de Volone (Bnxses- Âtpes). Sisteron, Peyron, 1898, in-8°, 16 p. « Bon an, mal an, il se fêle ou casse, en France, une ou deux cloches par semaine; en Provence, une ou deux cloches par mois ; dans chaque diocèse, une ou deux cloches par an. . . On ne saurait nier l'incontestable utilité de recueillir le plus tôt possible, avant la casse fatale, les inscriptions de ces fragiles monuments si intéressants pour l'histoire, la littérature, la liturgie, les beaux-arts, etc.». C'est ce qu'a

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BIBLTOQBAPHIB ALPUŒ. 157

fait dans l'Isère feu Gustave Vatlier; c'est ce qae fait sujourd'boi M. Lieutaud, pour Volone. Il décrit avec grand soin les cinq cloches de 1555, 1692, 1824, 18d0 (deux), en donnant de chacune le dianoMre, la note, les inscriptions, et les détails de l'omemeiitation, ainsi qne divers prix-faits relatifs à leur fonte ou refonte, et plu- sieurs renseignements concernant les personnages men- tionnés dans les inscriptions. M. Lieutaud reproduit ensuite un certain nombre d'inscriptions campanaires eo langue provençale, dont une de 1241. Il propose, lai- méme, une 30* de textes en langue vulgaire, qui pourront figurer avec honneur sur de futures cloches. De tout C(Bur, nous nous associons à M. Lieutaud, afin de provo- quer le bon vouloir de nos collaborateurs et, en particu- lier, celui de MM. les curés, bien placés pour recueillir les inscriptions campanaires de leur canton, ou tout an moins de leur paroisse. Nous recevrons avec gratitude toutes celles qu'ils voudraient nous transmettre. £)n atten- dant, et avec M. Lieutand, nous sommes heureux de reproduire ici l'inscription de la médaille commémora- tive frappée à l'occasion des deux dernières cloches fon- dues à Volone, en 1890 :

Pbt UN JODR, O UOIIN DCÉC, QDE TOUTBa LES CINOVN

61. MoBis (Henri), archiviste des Alpes- Maritimes. Ntce à la Fronce. Documents officiels Inédits sur la réunion en 1793, recueillis à l'occasion des fêtes du Centenaire. Paris, Pion, 1886, in-S", (xiii-)78 p., avec une vue et un plan de Nice vers la fin du XVIII" siècle, d'après les des- sins de l'époque. Menton à la France. Documents officiels inédits sur la réunion de Menton et de Roque- brune en 1793 et 1861, recueillis à l'occasion des fêtes du Centenaire, suivis de Menton el Roquebrune villes libres, 1848-61. Id., 1896, Jn-8°, 94 p. et une vue de Men- ton en 1848. M. Moris avait déjà doté notre région de publications capitales : Cartulaire de l'abbaye de Lèrins <1883) ; Opérations militaires dans les Al[ies pendant la

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158 ANNALES DES ALPES.

ffuet-re de la succession d'Autriche, 1742-1748 (IS86); Journal de bord du bailli de Suffren dans l'Inde (1888); Campagnes dans tes Alpes pendant la Révolution, 179S- 1796, 2 vol. (1891-96). Les deux belles publicatrans dont nous avons ci-dessus transcrit le titre renferment les documents officiels relatifs à l'a réunion de Nice et de Menton à la France en 1793 et en 1861. Ils jettelit une vive lumière sur l'état des esprits à ces époques, et » montrent les sentiments d'affection des Niçois d'alors à l'égard de la France, sentiments qui, depuis un siècle, n'ont fait que grandir, témoin le monument élevé en son honneur en mars 1896. Nous ne pouvons ici analyser les curieuses pages publiées par M. Moris ; on devra les lire tout au long, pour s'en rendre exactement compte.

62. Pierre (Victor), .d propos d'un centenaire, 1798- 1898, Marin Laurence, curé de Buchelay (Seine-et- Otse), déporté et mort pour ta foi. Mantes-sur-Seine, Durdant, 1898, in-S», 24 p. « L'année 1798, dit M. Pierre, fut féconde en persécutions contre l'Église et ses minis- tres. En février, l'enlèvement de Rome du pape Pie VI, qui [était mis, pendant deux mois, en prison à Briançon, et] allait mourir k Valence en août 1799 ; dans tout le cours de l'année, des condamnations à mort prononcées par des commissions militaires contre des prêtres sous prétexte d'émigration ; spécialement d'août à septembre, les décès presque quotidiens de prêtres déportés à la Guyane, martyrs de la justice et de la foi », etc. Un siècle s'est écoulé depuis lors. Bien des noms, dans les Alpes, mériteraient d'être tirés de l'oubli, et bien des martyrs devraient sortir d'outre-tombe et reparaître, avec honneur, au mitien des humbles paroisses qu'ils ont aimées, pour lesquelles ils ont souffert et sont morts,

63. Rey (R,), agrégé d'histoire, inspecteur d'académie à Grenoble. Le royaume de Cotltus et la province des Alpes Cotlicnncs d' Auguste ù Dioctétien. Grenoble, Allier, 1898, in-S" (iv-) 250 p. et 3 cartes (Extr. du Bull, de l'Acad. delphinale, 4' série, t. XI). C'est avec une joie bien vive que nous avons reçu ce volume (13déc. 1898),

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BIBLIOQRAPHIE ALPINE. 15&

et c'est avec une profonde gratitude que nous l'avons parcouru. Nous avions vu à Gap, il y a déjà nombre d'années, M. Rey occupé à rechercher les éléments de son livre; nous savions qu'il avait continué de s'en occu- per, à Avignon et à Grenoble, avec un soin persévérant. Aussi avo[)3-nous accueilli ce livre avec empressement et l'avons-nous tu' avec grand profit. M^ Rey nous donne le fruit de près de vingt-ans de recherches, de médita- lions, de voyages. C'est l'histoire aussi détaillée, aussi complète que possible, du royaume de Cpttius et des nombreuses peuplades qui l'ont composé. Ce sujet, sans doute, avait déjà été traité par plusieurs savants français et étrangers ; qu'il sufQse de rappeler ici les noms de Fomier, Juvenis, Vallon-Corse, D'Anville, Walckenaer, Durandi, L. Cibrario,Gta. Promis, Mommsen, Fl.Valentin, Hirschfeld. Mais M. Rey, s'aldant des travaux de ses devanciers et d'une multitude d' « éléments, épars un peu partout de chaque côté des Alpes », est parvenu à élever un monument historique de premier ordre, « A reconstituer la vie politique, admiaistrative, civile et reli- gieuse d'une province Gauloise dont les débris ont contri- bué à former une partie, et non la moins intéressante, de notre Dauphiné >>. Le travail de M. Rey se divise en six chapitres. I. Description, des Alpes Cottiennes : Origine de l'apppellation Alpes Cottiennes. Le mont Genèvre, SSons Matrona; Aspect général du pays. Genre de vie, mœurs et coutumes des indigènes ; Ethnographie des cités cottiennes ; 4" Les transformations et les vesti- ges de la langue gauloise chez les peuplades des Alpes Cottiennes au:i I" et II* siècles de notre ère ; '5° Le culte des Malrones chez les montagnards des Alpes Cottien- nes. — II. Les Rois alpins avanl et pendant la domina- tion roinatne : Organisation politique des cités cot- tiennes avant Jules César ; Le roi Dontitis ; 3' Marcus /wiiiM Co/(iîW l'ancien, d'abord roi, puis préfet, et son frère [ Vestalis, peut-être encore Caius Jutius Donnus] ; leur admission au droit de cité romaine. IIL ÈlendUe et llmiies du Royaume de Cottius : 1" Confédérations

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160 ANNALES DES ALPES.

alpines, d*aprës l'arc de Suse et trophée de la Tarbie, à l'époque d'Auguste. Ënumération et localisation des cités cottiennes [les Segovii, Segustnt, Belact, lemerli, sur le versant italien ; les Caluriges, Quariates, Savin- cates, Tebavti, Adanates, Vesubii, Veamîni, Ecdtntt, Medulli, Ventsani, sur le versant français] ; 2* Limites du Royaume [partie montagneuse de l'ancien diocèse de , Turin, et l'ancien archidiocèse d'Embrun tout entier). IV. Stluation politique du Royaume et des Confédéra- rations alpines d'Auguste à Néron: 1* Condition an point de vue politique du royaume pendant que Cottius portait le titre de < préfet ». Du droit latin dans les cités cottiennes. La cohorte Gottienne et la milice provin- ciale. — V. La province CoUienne de Néron à Diocté- tien (64 à 284 ap. J.-C.) : 1' Division géographique de la province. Partie cisalpine. Suse, vicus. Municipe. Ponc- tions et charges publiques. 2' Partie transalpine : Em- brun, Briançon. Chorges. Fonctions et charges pro- vinciales. 3" Liste des procurateurs et préfets (praesides) de la province. Emplois secondaires {tabulant, commen- tariefses, comptables). 4" La station douanière du 40* dea naules (ou du 2 1/2 pour 100 ad valorem ; établie à Maiano, en facQ d'Avigliana, non loin de Drubiaglio). 5* Réorgnni.'talion de la province et modifications géogra- phiques opérées dans les Alpes Cottiennes par Dio- ciétien. [en 297. Le versant français des Alpes fut attribué aux Alpes Maritimes, avec Embrun pour métro- pole ; le versant italien conserva le nom d'Alpes Cot- tiennes, qui, peu à peu, s'étendît de la rive droite du au golfe de Gènes]. VI. Les routes dea Alpes à Vépoque des Cottius : Route de la vallée de la Doire Mineure, de Turin au Mont-Genèvre. 2" Variations du IV° vase apoUinaire. Y a-t-il eu une deuxième routeT [M. Rey ne le pense pas, et il propose une solution satis- faisante]. Route du Mont-Genèvre à Gap. Routes d'or- rire secondaire à travers les Alpes Cottiennes [âe Brian- çon à Grenoble par le col du Lautaret ; de Gap à Luc par le col de Cabre Gavra mons; rie Chorges et de Gap à

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BIBUOORAPHIB ALPINE. 161

-Grenoble par les cols Ao Manse et de Bayard (la route snivie par o César, dans la campagne contre les Hel- vètes >, et c celle qui, 150 ans auparavant,avait été suivie par Annibal »), enfia route de la vallée de l'Ubaye par le col de Larche ou de La Madeleine]. Telle est l'économie ^nérale du travail de M. Rey. On comprend que nous nepuissiona entrer ici dans déplus grands détails. Il nous suffit d'avoir appelé l'attention des lecteurs des Annales sur ce volume capital pour notre histoire. I) est plein de faits, de renseignements nouveaux, toujours appuyés sur des références.de» inscriptions, des citations, scrupuieuse- sement données dans le texte ou au bas des pages.— Trois «artes complètent ce beau travail : Carte de la pro- vince Cottienne au II* siècle de notre ère et voies alpi- nes ; Tracéde la vole de Cottius [de Turin fi Briançon] avec indication des localités modernes à proximité du tracé et indication des miliaires ; Frontière de la Pro- vince [aux environs d'Avigliana et de Drubiaglio] à l'épo. -que romaine.

64. Savio (F.). La Leggenda dei santi Nazarto e Celso. Milano, Cogliati, 1897, in-4'', 58 p. Dans cette docte dissertation, M. Savio éoumère, d'abord, les Mss. connus contenant la légende de S. Nazaire et S. Celse ; il recherche quel est le lexte le plus ancien, et il pense que c'est celui qui est contenu dans les Mss. grecs de 1^ Bibliothèque nationale, A Paris, 1568 et 1540, du XI» siècle, mais qui dérivent de Mss, beaucoup plus anciens, du V" siècle. M. Savio publie en entier le texte grec du Ms. 1540, qu'il considère comme îe meilleur, en l'accompagnant d'une traduction latine faite par M. Henri Bosa. 11 y est dit que S. Nazaire, sur Tordre de Néron, fut pris à Embrun et conduit devant l'empereur ; Denlo vero, acceplts Ulteris Neronis et sufficientibus milittbus, ■guaerens tnvenit Nazarlum in urbe vocata Ebrudone aedificantem oralorium ortentem versus, et puerulus Celsius sedebat. etc. (p. 37). S. Grégoire de Tours (f 595), de son côté, dit que S. Nazaire et S. Celse avaient souffert .-des tourments à Embrun : De sancli vero Nazarli et Annales des Alpes, IL 11

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102 ANNALES DBE ALPES.

Celsf pueiH arlubus, guos aptid Ebredtmensem Qallo- rum urbem passas lecUo certaminis narrât (p. 22). D'après ce paasage, Adon a pensé que les deux saints furent martyrisés et ensevelis à Embrun. Mais, dès XVIIl' siècle, Bugatî a prétendu que leur sépulture fut à Milan, non à Embrun (Memorte, 1782, p. 45). Quoiqu'il en soit, on voit, par ce qui précède, de quel intérêt est pour notre région la nouvelle publication de M. Savio. Ajoutons que, naguère, les modernes Botlandistes ont publié un Ms. du IX' siècle ou du commencement du X% appartenant à la Biblioth&que nationale de Turin (D.5.3). d'après lequel, non seulement S. Nazaire et S. Gelso auraient habité Embrun, mais aussi S. Servais et S. Pro- tais, disciples de S. Nazaire, lesquels auraient aidé ce dernier à bâtir une église à Embrun (Voir Analecla Bol- lanâintana, 1883, p. 302-307. Cf. Savio, p. 6 et 10}.

65. Stbin (Henri). Manuel de bibliographie ffénérate {Bibliotlieca bibliographica nova). Paris, Alph. Picard, 1898, in-8*, xx-895 p.; 18 francs. Ce gros et précieux volume, fruit de dix ans de travaux, a est la synthèse de toutes les bibliographies publiées Jusqu'à la an de l'année 1893 B. Il permet au chercheur de se renseigner <t vite et bien ; c'est la caractéristique du jour >. M. Stein, pour le classement des bibliographies, a adopté un ordre métho- dique. II les a partagées en 17 sections : Bibliographies universelles ; bibliographies nationales ; sciences reli- gieuses, philosophiques, juridiques, économiques et sociales, pédagogiques, pures, appliquées, médicales ; Philologie et belles-lettres; Sciences géographiques, his- toriques, auxiliaires de l'histoire; Archéologie et beaux- arts ; Musique ; Biographie. Chacune de ces sections ou chapitres se subdivise en sous-chapitres, souvent fort nombreux {p. 1 à 554), Le manuel est suivi de trois pré- cieux appendices : Géographie bîbliographtqtte ou liste raisonnée des localités du monde entier qui ont possédé une imprimerie avant le XIX* siècle (p. 555-638) ; Réper- . toire des Tables générales de périodiques de toutes langiies, travail qui n'avait jamais été fait jusqu'ici

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BIBUOGRAPHIB ALPINE. 163

(p. 637-710) ; Répertoire des Catalogttes tVimprtmés des principales bibtiolhéquen du monde entier, par ordre alphabétique des localités (p. 711-788). Un supplément a^ale les ouvrages parus pendant l'impression du Tolame (p. 769-8(K). Bnân une ample Table des matières, par ordre alphabétique (p. 803-895), sert de fil conducteur et permet de rencontrer, en un instant, toutes les indica- tions utiles renfermées dans ce grand ouvrage, désor- mais l'un des livres les plus souvent consultés.

P. a.

VA R I ÉTÉS

Noms et prix de divers produits pharmaceutiques,

à Gap. en I630-IS31.

Du 5" dud. juilhiet [1634,] au matin,...

Ensuicte de la convention faicte avec les sieurs Louys ' Ubter, Jaques Marchon, Vincent Gérard et Jean Blanc, appoticaires, du 29 de may dernier, la liquidation des drogues et médiquamentz fornls par les sosnomés et dont aulcune taxe n'avoit esté faicte, par les sieurs Arnaud et Samton, médecins, en l'année 1630, a esté faicte en la forme que s'ensuict :

En premier lieu, l'huylle d'escorpion, six soulz la dragme.

Miiscardins augélicz, trente deux soulz l'once.

Poumes de senturs, trente trois soulz.

Clous de girolle, quatorze soulz l'once.

Eau impérialle, vingt soulz l'once.

Esprit de vitriol, six soulz la dragme.

Eau de canelle, seize soulz l'once.

Eau de vie, troys liardz l'once.

Vinaigre impérial, deux soulz l'once.

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164 ANNALBS DBS ALPBS.

lie tailhon aui-engeltat, uug soûl.

Sirop de rie ou eau d'euretteî, trois soulz l'once.

Muscade, six soulz l'once.

Safifran, vingt soulz Tonce.

Eau forte, troys soulz la dragme.

Eaux de cordialles, ung soulz six deniers l'once.

Prunes sans oouyeau, huit soulz la livre.

Oriottes confies, deux soulz l'once.

Poudres restriogentes, cinq soulz la dragme.

Sucre fia, trente deux soulz la lirre.

Miel rozat, ung soûl six deniers l'onca.

Flambeaux cire pure, vingt soulz la livre , durant l'an- née 1630, et, en l'année 1631, à seize soulz la livre.

Flabeaux avec raziae, à seize soulz la livre.

Bougie blanche, deus soulz l'once.

Pense d'hermire 1, huit soulz la livre.

Tabellettes purgatives, seize soulz l'once.

Confitures seiches et dragées , trente deus soulz la livre.

Godegnac, deux soulz l'onze.

Tasse d'abriquots, dix soulz pièce.

Canelle, cinq soulz l'once.

Noix confiés, ung soulz la chescune.

.Opiates par [pour] cristères. dix soulz.

Orain de bezouard, douze soulz.

Séruze, seize soulz.

Amplastres pour l'estomac, simples, seze soulz.

Amplastres avec alquerines, vingt cinq soulz

Amplastres compozés avec huUle de muscade et autres, vingt-cinq soulz.

Escorsoonëres confites, deus soulz six deniers l'once.

Les restorans ou condies cordiaus, trente soulz Tonce.

Papier, troys soulz la main.

Parfums simples et compozés, troys livres ung seul pourchasque livre.

Coriandes confites, deus soulz l'once.

Vériquatoires, six soulz l'once.

Galbanum, sept soulz l'once.

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VARIÉTÉS. Ifô

Pomade, troys soulz l'once.

AlluiDz brusié, deus soulz l'once.

Unguentum dtachtlum magnum, six souiz l'once.

Unguentum apostolorum, sir soulz l'once.

Unguentum aiachtlum altmm, trois soulz l'once.

Unguentum aureum, trois soulz l'once.

Amplastre de musstUagtnlbus. quatre livres dix-sept

soulz la livre. kmf>\a.alre de paraselisse, six souL: l'once. Ligniaments pour ouindre. six soulz l'onçe. Unguentum. de boUo, trois soulz l'once. Unguentum penifalUquot^, six soulz l'once. Gantarïdes, sept soulz l'once. Potions avec ruharde. trente soulz. Gargarismes, vingt cinq soulz. Aunis conB, deus soulz l'once. Succre candi et rozat, trois soulz l'once. Regallie, ung soûl l'once. Vngv£fUumde altea, six soulz l'once. Oxycrottum, six soulz l'once.

Ainsy que dessus a esté procédé. Et se sont lesd. sieurs consulz soubzsignés, avec lesd. sieurs appoticaires ;

De Layb, consul. Blocabd. consul. Rochas, consul. Db BuïssoN, GELI.N. JuTENis,' Arnaud, Philibert, auditeur. Mbybr, app". Ja. Marchon. V. Gérard, app". Blanc.

Et moy Vallo.\, secrettère.

Aich. comm. de Oap, 590. f- il vt-iS r*.

Demande de renseignements au sujet d'un soldat de Dijon, mort à l'hopilal de Gap.

Dijon, H octobre i7*7.

A Madame, Madame la supérieure de l'hôpital de Gappe en Daupbiné, Ji Gappe en Daupliiné. Madame,

Je vous écrit pour sça^oir de vous si vous n'avez eu dans votre bApital un nommé Claude Fournier, dit Dtjont

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108 ANNALES DES ALPES.

jeune homme, âgée de dix-neuf ans, qui étoit soldat dans le régiment de La Sarre, premier bataillons, de la compa- gnie de M. de Pannarolle, son capitaine. Je vous prie. Madame, de me mander si ce pauvre enfant a été long- temps malade, et s'il a reçu les sacremens, et d'avoir la bonté de m'envoyer son extrait morturaire, suposé soit mort, par ce que Je serois bien aise, comme son parain, de sçavoir ce qu'il en est; car il a sa mère icy, qui est bien désolée de n'en sçavoir aucunes nouvelles, ne sçachant s'il est mort ; parce qu'il est passé icy une soldat qui nous a ditqu'ilestoit mort depuis le mois de janvier dernier. Ainsi Madame, vous m'obUgerés si vous voulez bien avoir la bODté de me faire réponse au plus tost, en me mandant tout ce que vous sçavés là-dessus, parce que sa mare, qui est une pauvre femme, (qui) se désole de ne sçavoir ce qu'il est devenu. 11 faut la tirer d'embarras, car il y a près d'une année qu'il récrit à sa mère qu'il étuit bien malade à l'hôpital de Cisteron, et qu'il luy demandoit de l'argent pour le soulager, et qu'elle iuy avoit envoyé quatorsô livres et une lettre. Je vous prie de me mander, suposé qu'il soit mort, si vous ne l'auriés pas tr«uvée dans ses pocbes. Je vous prie de vouloir bien exercer cette charité, en me faisan au plus tost réponse et voos obligerés celuy qui se dit. Madame, votre tr^s humble et très obéissant serviteur.

GiLi^T, prêtre.

Mon adresse est : à M. Gillet, prêtre à Notre-Dame, deumeurant au-dessus du Bour.chès Mairet, ferblanquier, à Dijon.

A Dijon, ce 24 octobre 1747.

{En tête :) Répondu le 25 novembre 1747, et envoyé l'extrait mortuaire de Claude Fournier, mort le 19 décem- bre 1746.

HApitsIde Gap, E. SOT. I* 22 (origiDkl, 2 pag«s, in-4*, tncaa do

cachet Touge, plaque).

Digilzedt.GoOgle

LA NOBLESSE DE GAP EN 1666

I.

i^'Oormance de Mgr Vintendant , portant infonctton à toutes les communautés de bailler le nom et surnom des genHlhom,7nes quy demeurent rtère lesdites com- munautés, bien qu'on sache qu'ils ayent bonnes quali- fications, et l'envoyer à Grenoble, au s' Ouy Atlard, advocat en la Cour.

François on Oué, cbevalier, conseiller ordinaire du Roy 'CD ses Conseils d'Estat et privé et direction de ses Qoan- ces, maistre ordinaire des requestes de son hostel, inten- dant de la justice, police et finances de la ville de Lyon, provinces de Lyonnois, Forest, Beaujolois et Dauphiné, -commissaire député par Sa Majesté pour l'exécution de Bes ordres es dites provinces et en ceste partie.

Sa Majesté nous ayant commis, par ses lettres patentes du SO" avril de l'année présente 1666, pour la recherche -des usurpations du titre de noblesse dans ceste province -de Dauphiné, et pour l'exécution de l'arrest du ConseîE du 22* mars audit an ;

Nous,^ Intendant et commissaire susdit, ordonnons & tous chastelains et greffiers des communautés de lad* province de Dauphiné d'envoyer et faire remètre dans un mois, pour toutes preffixions et délays, au greffe de notre commission, establi en ceste ville de Grenoble, dans la maison de m* Ouy Allard, advocat au parlement dud. Grenoble, size rue Tresctostre, les noms, surnoms et demeure de tous ceux qui prènent le titre et qualité de noble, escuyer ou chevalier dans l'estendue de leur man- dement, soit qu'ils soyent cogneus pour véritables nobles ou qu'ils en prennent ou uzurpent la qualité.

Faict à Grenoble le 29° jour d'octobre 1666. Signé : Du QuÉ, et plus bas, Par mondit seigneur : Barahcy.

Cotationné sur l'original, demeurant aux archives de la vltle : Meyssonieh, secrétaire.

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Iwt- ANNALES DES ALPES.

II.

JSstat et roole de ceux qui se qualifient nobles, haMtans- d&ns ta ville de Oap et non terroir, dressé ensuite de t'ordonnance de Mgr l'intendant du 29 octobre der- nier, cy-dessus transcrite, pour estre remis à la forme d'îcette dans la ville de Grenoble, rtère le greffe de la commission.

Premièrement, noble Charles de Grueilh, seigneur et

baron an Saii, gourverneur pour" le Roy au Gapençois. Messire Louis du Serbe, sgr de itfelve, prieur de Val-

bonetset deTalard, prévost à la cattaédralle Nostre-

Dame de Oap. Messire Renaud de Revilhasc, sgr prieur àe Bomète et

d'Aspres. Messire Charles du Serbe, doyen [de] lad» église catbé-

dralle. Noble Henri de Montauban de Flotte, sgr de Jarjayes. Noble Jac<jues de Montauban de Flotte, consgr de Mont-

gardia. Noble François de Montauban-Rambaud, sgr du Villar. Noble Alexandre de Bremond, sieur de Uossetoa. Noble Melcbior d'AsoN, s' d'Antraïs, sgr de Reynier. Noble Estienne-Prançois de POMCET. sgr de Laye. Noble Laurens de Martlvel, sgr de Roissas. Noble Pierre de Castblahhe, s' de St-Véran. Noble François de Philibert, s' de St-Romain. Noble Claude Ollier db Montjeu.

Noble Charles de Michel de Bëaureoard, s' de La Pigne. Noble Antlioine de Durand. Noble Estienue-Ouilheauma de Rouchon de La Peyrouzb,

sgr de La Motle, capitaine au régiment de Normandie,

mareschal de bataille ez armées du Roy. Noble Benoit de Vitalis, s' de Beauchasteau. Noble Jacques de Gérard, s' des Orres. Noble Jean de Moustiers. Noble Anthoine de Bérard, conseiller du Roy en l'élection

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VARIÉTÉS. ie»

Noble Jean Ricou, procureur du Roy en lad* élection. Noble François Ricou, son fils, advocat du Roy au bail- liage de Oap.

Enregistré le 6 décembre 1666.

Meyssoneer, secrétaire. Arch. com. da Qi^, 6H, fol. 387 v'-388 .v.

Lettre de Guy Allard à M. de Lyonne, ministre de Louis XÎVi).

Qrcaoble, ce 31 juillet 1669..

Monseigneur, Lorsque j'ay entrepris de dresser l'histoire généalogi- que des familles nobles du Dauphiué, J'ay fait dessein d'y faireparoistreparliculièrenienlcellesquiontle plus d'éclat et qui ont produit le plus de testes illustres ; la vostre est de cenombre, MoQseigneur.etJe voisdans vostre vie seule tant d'incidens historiques, tant de fameux emplois et tant d'honneur et de gloire que je suis persuadé que. parmy le grand nombre de généalogies qui paroistront dans mon ouvrage, celle de vostre maison sera l'une de celles qui auront le plus d'ornemens. Mais, Monseigneur, ou n'élève pas un bâtiment sans matériaux, et je ne puis rien faire que vos titres ne m'ayent esté remis ; ceux de vostre nom qui restent en Bauphiné n'en ont qu'une partie, et monsieur de Claveson m'a dit qu'il vous avoit envoyé les autres ; Je vous supplie, Monseigneur, ou de les luy rendre ou de m'en faire envoyer des copies. Ce n'est pas le tout. Je prétends que toute vostre modestie sera vayne pour s'op- poser à la demande que j'ay à vous faire. Vous connois-

<] a Hugues de LyonaH, m«rquis de Beray, cAlèbre homme d'Etat, n6 à Grenoble eu 1611, mort & Paris le 1" sept. IfiTl >. lUtaît ait d'Arthur 4e L^oaDe, coDsciller au parlcmeut de OreDoble, qui, étant deveou. TAuf, cmbraiBa l'état écclësiaa tique et futiiommà évéque de Oap (1637' 1662).

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170 ANNALB8 DES ALPGS.

trez par la lecture du projet quejepreodsIalibertédeToas ehvoyerqueje ne veux pas me coatenter d'establir les seules âllatioQS et que je m'attache particulièremeot à l'hiatoire. En eat-îl de plus beaux eodroits que ceux qiie vous pouvez me fournir, et trouvons-nous dans les siècles passez un seul homme qui ayt eu tant d'illustres amploys comme tous en avez eu 1 Combien d'ambassades, de négo- ciations et de grandes affaires vous ont ils esté confiez! Enfin, Monseigneur, je ne voys rien en vous qui ne donne envie de vous faire paroistre à la postérité avec tous vos traits. Pourrez-Tous bien vous résoudre à me les faire tous connoistre ? Je l'espère de vostre bonté ; notre pro- vince vous en prie par ma bouche ; donnez-luy cette satis- faction que ceux quîThabtteront après nous puissent sça- voir qu'elle a produit un grand ministre à la France ; ne refusez pas à vostre famille l'honneur qu'elle recevra de lire vostre histoire dans la sienne. Vous avez paru en tant d'endroits de l'Europe avec un si grand avantage, avec tant de renommée et de réputation, qu'il est malaisé que l'on ignore une partie de vostre vie. Néantnioins, Mon- seigneur, Je ne la sçayque légèrement et je ne la veux pas escrire de mesme ; les moyens en dépendent de vous, et si, parmyles hautes occupations vous estes tous les jours, vous voulez prendre quelques momenspour donnerordro à un de vos secrétaires de m'instruire précisément de ce qui vous touche en particulier , je tâcherai d'en embé- lir la généalogie de vostre maison, non pas selon le prix d'une matière si riche, mais suivant la faiblesse de mon génie et de mon expression; on y verra pourtant les mar- ques d'un profond respect et d'un zelle à vous témoigner que je suis.

Monseigneur, Votre très humbre et très obéissant serviteur.

ALURD.

Orig. entièremcat autographe lArch. des Aflslraaâ(raagtr«s,Z)auphintf, vol. 12S [I54B de l'Invealairej, fol. 196-7.

Coramunioatioa de M. Henry Stbim, arohivisle aai ArchiTes na- tionales. — Cf. Qoj Allabd, Ûiet., du Dauphini, 1864, t. II, col. 34.

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YAMÉTis. 171

BENJAMIN LANTELME, DE PRAGELA,

Lecteur j Chantre et Maître d'école à Gap.

Qap, 1E février KTTS.

Conventions entre Franc. Reynier, avocat, syndic de l'É. R. de Gap, assisté du ministre Élie Ghion, et Benja- min L^^ntelme, des Traverses en Pragela. Ce dernier « fera les fonctions de lecteur, chantre et niestre d'escole en iHd* église pendant une année, qui commencera le 26 du mois de may prochain,. . . moyennant la somme de 200 1. qui luy seront payées,... cent livres, pour les six premiers mois de lad* année, par les sieurs Claude Boa- toux, Henry Bonabel, Claude Picbier et Franc. Cârlot, et leurs adhérans ». Led. Lantelme sera tenu «. de faire la lecture de VÈcriture sainte dans le Temple, et en la chaire du lecteur, ou de faire chanter des Pseaumes, tous les jours de dimanche, tant le matin que le soir, depuis le second coup de la cloche jusques à ce que le s' ministre mCnte en chaire ;.. . d"entonner el conduire les pseaumes qui seront indiquez par led. si* ministre estant en chaire, soit le dimanche, soit le jeudy, soit les autres jours ausquels il preschera ou fera la prière, et pour cet effect de s'y trouver précisément au temps requis;... de faire la prière dans led. temple, tous les jours de la semaine, le soir aux heures accoustumées, et, outre cela, tous les mardys et tous les jours de feste, le matin, ensemble tous les jeudys, le matiu, et tous les dimanches, le matin et le soir, ausquels 11 n'y aura point de prédica- tion, soit pour absence, soit pour maladie dud. s' minis- tre, soit pour quelque autre cause que ce soit, de quoy led s^ Lantelme ne pourra se formalizer, ni en prendre aucune cognoissance, mais seulement le Consistoire, à qui le droit en appartient;... d'enseigner à lire et à escrire, et l'arithmétique, ensemble les prières de table, et celles du matin et du soir, et la confession de foy et les coramandemens de Dieu, et les petits catéchismes et

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172 ANNALBB SES ALPES.

antres choses semblables, à tous les enfans de lad* reli- gion qui luy seront envoyez, soit garçons, soit filles, soit qa'ilz soyent natifs de lad" ville ou d'ailleurs, pourvea qu'ils résident actaellement dans lad* ville ou qu'ils soyent membres de lad* église. Et, outre cela, d'enseigner la langue latine et la langue grecque à tous les enfans de lad* religion qui seront en estât et volonté de les appren- dre, et desquels les pères et les mères, ou les autres qui les auront en leur puissance, le requerront, et sans qu*il puisse prétendre aucune cbose pour l'instruction soit des uns, soit des autres de ceux qui les luy envoyeront; le tout pourtant sans abus à l'esgard des estrangers, de quoy le consistoire cognoistra. Et pour ce qui est do temps et des heures que led. s' Luntelme devra tenir son escole ouverte et y vaquer à l'instruction des enfans qui luy seront envoyez, le tout sera réglé par le consistoire, à quoy led. s'Irantelnie se tiendra... Ne pourra led. a' Lantelme recevoir chez soy aucuns escoliers pour les enseigner, aux heures de l'escole, que ceux qui luy seront envoyez par ceux qui sont membres de lad* église, attendu que le nombre en est assez grand pour l'occuper pendant ces heures-là, et qu'il ne pourroît vacquer à l'instruction des autres que ce ne fust à leur préjudice. Sera tenu. . . de faire respondre ft ses esco- liers, le dimanche, après disner, des sections des caté- chismes, selon quiluy sera dit par led. s' ministre;... d'aller visiter les malades de lad* église, soit dedans, soit dehors la ville, et aux lieux circonvoisins, lorsqu'il en sera requis, et de les exhorter, consoler, et de leur faire la prière ; . . . d'assister aux enterrements, estant adverty ; et d'»iler faire signer les mariages, baptêmes et sépultu- res aux personnes y nommées, après que led. s' ministre les aura escrits dans les registres, et quand il luy dira de le faire, et, pour cet effet, d'aller prendre lesd. regis- tres dans la maison dud. s' ministre et les luy rappor- ter dans le jour;... quand led. s^ ministre sera absent on malade, d'escrire dans les registres les sépultures qui se feront, ou du moins d'eu tenir mémoire et de les donner

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. VARIÉTÉS. 173

aud. 9' roiDÎstre après son retour ou après sa guérison, affin qu'il les enregistre. Et, en cas que, pendant l'absence ou la maladie dad. s* ministre, quelque ministre estran- ger baptisast en sa place quelque enfant ou bénlst quelque mariage, led. s' Lantelme sera tenu d'escrire led. baptesme ou led. mariage dans les registres, ou de prier led. s' ministre qui aura fait led. baptesme ou bény led. mariage de l'y eacrire; et aura soin de faire signer le tout à ceux qui doivent signer par l'Ordonnance. .. Sera permis aud. s' Lantelme de prendre chez soy des pension- naires, pour les instruire, à la charge que le nombre n'en sera pas excessif et que le temps qu'il mettra pour leur instruction ne pourra porter préjudice à celle qu'il sera obligé de donner à ceux de cette église, ni mesme leur faire perdre leurs heures accoustumées, du matin et du soir; et pour les congez qu'il conviendra donner aux escoliers, aerontréglez par lesd. sieurs Ghion et syndic», 12 févr. 1676, etc.

Arch. 4n SaiOti-Alpa. H suppl., 3618.

TESTAMENT d'un protestant de Gap. Barcelonnette (B.-Alpei), 3t ddcembr» 1507.

Testament de Joseph Magna, Qls de feu Jean, bourgeois de dap : 0 A elleu sépulture à son corps au lieu l'on a accoustumé ensepvelir ceulx de la Religion refformée et éTangélicque, dont il faict profTession, plus proche du Heu il décédera ■. 11 donne aux pauvres de Qap sa vigne de « Montalquîer, appellée vulgairement i^io^e » ; une terre « appellée de La Mallatière > ; un pré dit » Prè Nebon à la Magdelleine * ; une vigne en Parassac, et son pré de Très Pieymouron, sous diverses conditions : l'nn des pro- cureurs de l'hôpital Ste-Glaire devra s'entendre pour la distribution des revenus desd. immeublen avec a ung qui sera elleu et nomé par le consistoire de l'esglise refformée dud. Uap ». Ils seront cultivés par Michel Fernaud, son parent, travailleur dud. Gap. On donnera 50 fl. de dot à

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174 ANNALES DA ALPXS.

< quelques pouvres fiU«» sans atays et n'ayapt do tout rien des biens da monde,... et le mesme à quelque enfant aaDs aussy amys et n'ayant aussy rien pour le métré de mes- tier >. n lAgne aud. Fernaud une vigne à « Treachastet, appelle Oodolle », confr. celle de Pierre Philibert, pro- eureor à Gap; à Jeanne Jaussand. Bile de feu Biaise, sa parente, 50 â.; à Marie Borrel, sa chambrière, 100; à Arnoux Boyer, son serviteur, 50 ; à Benoît Arnoux. fils d'Antoine, 30, pour « luy fëre aprendre mestier > ; à Catherine Pellegrin, de La Bâtie-Neuve, sa cousine, lOO 11.; à Aymar Garret, son cousin, fils de Maurice, de St-Maurice en Valgaudemar, 2 charges de blé, mesure de Gap, pour lui servir de pension ; à chacune des filles du s* Vincent, de La Chapelle en Valgandemar, et de Maurice Eymar, 20 fl.; à Jeanne Eyssautier, sa niâce, fille de Sauveur Eyssautier, son beau-frère, de Sisteron, 50 écus, chacun de 4 II.; à Madeleine JaufTred , sa nièce, fille de Gaspar, de Sisteron, 50 écus ; à Oaspar Leydet, son bean-frère, de Sisteron, 100 écus; à Claude Pellegrin, de La Bàtie-Neuve, son cousin germain, tout ce qu'il lui doit « pour reste du dot de sa femmes; à Ant. Arnoux, de Montalquier. son ancien fermier, ce qu'il lui doit. Héritiers universels, les enfants qu'il pourrait avoir; puis, à défaut de ceux-ci, Madeleine Leydet, sa femme ; Ant. Pellegrin, son cousin germain, natif de La BAtle-Neuve, demeurant à Aix ; Jacques Pellegrin, c recteur d'escolles, aussi son cousin, et frère dud. Ant. », et Jacq. Jullian, dit Baille, du Valgaudemar. son cousin, par égales parts, sauf qu'il donne : à sa femme, sa maison de Gap, et les meubles qui y sont. « El pour ce que, à présent, pour raison dez troubles, il n'y a rien ou bien peu dans lad* maison, lui a baillé pouvoir. . . de retirer et prendre l'or, argent, sy poinct en y a, et tous et chacuns les meubles, papiers et obligés, ont sont >. De plus, il lui donne sa grange et Jardin de Gap « dernier la Boucherie » ; ses vignes de Treschâtel, appelée Farelle.etde Colombis; le champ sis « dessoubz dez Meyère, appelée le champ de la Condamine; A

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VARIÉTÉS. 17&

Teschâtel, le pré de l'Ort ; et « le tènement que led. testateur haaud.de Treschâtel, appelé en Pragasiaud, Aict Face-Vielfte i> ; 2* à Ant. Pellegrin, sa maison et ses vignes de ]>ttret, et la moitiés des actions que led. testateur a <c sur les biens de feu m^* Bernard de Case- neufve, son beau-père », et sur ceux de « donne CoUète Tomasse, vefve relaissée dud, feu m" Bernard, sa belle- môre >. A charge de pajer 11 écus & « sire Jehan Oellin, hoste de (ïap, pour achept de reviures (regain), avec le droict et pouroir de se fdre rebattre de ce qu'il n'a joui dud. reviure, pour le regard du delluge et guerre advenue pendant le temps qu'il en dehvoit jouir » ; et de porter le surnom dud. testateur..., lui et les siens...; à condition aussi que led. Ant. Pellegrin sera tenu laisser la chambrière qu'il tient ordinairement et icelle chasser de sa maison et, après, se maçier », sans rien pouvoir « donner ne bailler aulcune chose de lad* piirt hérédi- taire... à ses baatardz»; à Jacq. Pellegrin, son domaine de Rambaud, et la moitié des actions qu'il a sur les biens de Bernard de Gazeneuve et de Colôte Thomas, à charge de « porter le surnom dud. testateur, et les siens. Et, en cas que led. Jacques Pellegrin se face prestre ou bien qu'il fust faict, l'a privé et prive dud. bien *, quil donne aud. Antoine, son frère; i' à Jacq. Jullien, dit Baille, son domaine de Pelleautier et sa vigne de Neffes, à charge de porter son « surnom », etc. Esécateurs testamentaires, « sire Pierre Farel, son beau-fïère, m* Jehan Qirard, procureur de Qap, Balhesar Leydet, Saulvaire Eyssautier, de Sisteron », etc. Tém. Raymond Chays, avocat, Jean Fautarron, marchand de Sisteron, m" Jean-Benoit Mutonis, notaire, Jacq. Faure, dit Pré, Jean Carlot, dit Sire Marchant, de Gap, Mac- chabée Lions, fils de François, marchand de Barcelon- nette; Joseph Allemand, not, de Barcelonnette. « Barsel- lone, en Terre-Neofve, dans la salle du s' Gabriel Suau, réside led. testateur s, 24 déc. 1568. Extrait, au requis de « Jacq. Magnia-Jullien, ung des héritiers ».

Arch. det BUâ-Alpes, H suppl. 340.

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179 ANNA.LBS DBS ALPES.

PRIX D'UN CHEVAL DE BATAILLE

Obligation de 100 écvs par Claude Sochon, cCEm- brun, archer de la compagnie du comte de Ludes, aa capitaine Jacques de Piard, pour prix d'un cheval de bataille.

Cdrisoles, £0 mai l&SS.

Je Claude Sochon, filz à feu Liçys Sochoa, natif d*Âii- brum, pals du Dauphîné, archier de la companie de Mons' le conte de Ludes, confesse debvoir et estre tenu paier à noble bonme Jaquos de Piard, seigneur dau 0a,cappitène de trois cens bonmes de pied, pour le service du Roy dessà les montz, la sonme de cent 'scus d'or sol et de pois, et ce, pour cause de venditioa d'uing cbival d'Espagnie, poil bay, obstant qu'il me a vandu et réalemenldeslibrré à mon grand besoing et nécessité; laquelle sonme de «ent 'scus d'or sol je luyproumés poier à la feste de Saint-Martin procheinement venant, avec tous despans, doumages et iuterrestz que s'en porroint enauyvre. Et en signe de vérité, ay siguié la présante de mon seing manuel, ce jourd'huy vintiesme jour du mois de may, l'an mil cinq cens cinquante cinq, au camp de SerissoUes ; et ay priés les soubzsigniés, estans présens, nobles Quis de Ijevésie, dit Saint- Damas, dud. Anbrum, et Antboine do La Maison, dit Brtmet, de Gap, volloir signier la pré- sente de leur seing, pour estre recordz et donner foy à la présente.

Claude Sochon, Guis de Lsvésie, à. de !> Ugison.

Arch. doâ Htas-Alpes, Quejrel, not-, Hfl V".

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CORRE.SPONDANCE

DES

Associés Hauts-Alpins

Sodété des Anus de la Constitution

Etablie à Grenoble.

Durant les derniers mois de l'année 1789, il s'établît à Grenoble une Société qui prit le nom de Société patrioti-

-qife et qui, au début, s'occupait surtout de bienfaisance. Elle avait pour organe un journal intitulé La Vedette des Alpes ou La Sentinelle île la Liberté, créé le 1" décembre 1789').

Ce journal n'eut qu'une durée éphémère ; son dernier numéro est du 13 février 1790. Il fut remplacé par le Journal Patriotique de Grenoble, qui paraissait trois fois par semaine ; le mardi, le jeudi et le samedi.

La Société patriotique, après qu'elle eût été affiliée à la Société (les amis de la Constitution, établie à Paris, afin de mieux marquer son union avec elle, changea son nom primitif en celui de Société des amis de la Constitu- tion ') .

Elle avait d'abord tenu ses réunions dans la salle des concerts ; à partir du mois de mai 1790, elle les tint dans la salle de la bibliothèque des Jacobins, qui lui fut offerte par le supérieur de, cet ordre'). Ces réunions avaient lieu deux fois par semaine ; le dimanche et le jeudi ') ,

Vers la_fin de 1792, elle prit le nom de Société popw

•) Histoire de Grenoble par M. Prudhomme, et Inoentaire des arohir ves municipales de Grenoble, du mime auteur. ^ Journal patriotique du 3 ftviU 1790. 'I Joarn. pati: du 13 m»i 1730. * Journ. pair, du samoJi 26 juia 1790.

[ Annales des Alpbs, II. 13

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17S ANNALES DBS ALPES.

taire des Jacobins ou Société républicaine populaire oir Société des Jacobins ou, le plus souvent, simpl«meat Société populaire. 1A Journal patriotique fut en même temps remplacé par le Courrier patriotique des dépar- tements de l'Isère, des Alpes et du Mont-Blanc, dont le premier numéro est du a 9 décembre 1792, l'an premier de la République françaige » .

Cette Société exerça une influence considérable sur les affaires politiques à Grenoble et dans tout le Daupliiné.

Elle comptait parmi ses membres presque tous les administrateurs du département de l'Isère, des districts, des communes, ainsi que les magistrats et le clergé constitutionnel. Kn arrivant à Grenoble, les généraux tenaient à honneur de se faire inscrire parmi ses mem- bres ; Lukner y vient en mai 1791 avec une recommanda- tion de Barnave, Montesquiou s'y présente le i«' décem- bre de )a même année *).

Elle avait dans son sein divers comités ; pour l'instruc- tion publique, pour les affaires militaires, etc. Elle, était en relations non seulement avec la Société des amis de la Constitution de Paris, mais encore avec toutes les Sociétés semblables établies sur tous les points de la France et en Corse. Elle avait des associés à peu près dans toutes les communes de l'Isère et dans tous les dépar- tements formés de l'ancien Daupliiné. Ces associés la tenaient au courant de tous les faits importants qui se passaient autour d'eux ; elle eu informait les clubs de Paris ou même l'Assemblée Nalionale.

Le registre des délibérations de cette société disparut dès l'an IIPj, inais il reste sa volumineuse correspondance qui forme aux archives municipales de Grenoble les s 67 à 80 de la série LL.

*\ Bitt. de Gren., par M. Pradbomme, p. 321.

»j Ari^h. niun. de Greooblt LL, 21. Il est dit dans une pièce de cQtte Hassu quo la muaicipolità, sur uc ordre de la police, &l comparaî- tre devant M. Faallii, t'alcon, Qiubet't, Cadon et Mâie, membres de la SooiéU fiopulaii'c, qui rct'usèraiit île dire se trauvalent les registres da la Sociétà [32 mossidor au lit;.

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LES ALPINS A GRENOBLE EN 1790. 179

Rn parcourant ces liasses pour y cueillir les f.iits rela- tifs à l'histoire de l'enseigoemenl à Orenoble et dans le Bauphiné duraot la période l'évolutionnaire. J'y ai remar- qué des lettres signées de noms trè^ connus dans notre région (Bérard, Izoard, Manchon, Ruelle) et émanant d'hommes qui ont joué un rôle important diuis les Hautes- Alpes, vers la fin du siècle dernier et au commencement de celui-ci. Je les ai lues, et j'y ai trouvé le récit de faits très intéressants pour notre liisloiro locale, et même certains traits, comme l'exploit du héros anonyme île St- Martin-de-Queyrières, que jo n'avais lus nulli; autre part et qui cependant mérili'ul (le passer à lu posli'nilo jjour servir de modèle û nos anièro neveux ; je le-s ai tionc copiés et je les offre on lecture à mes compatrioles.

J'ai laissé de côté six ou se|it lettres ne conlenjint que des-fails d'ordre privé. De ce nombre il y en a trois qui {urBnt écriles a la Sûciétc des Amts lie la ConslUullon parEscalle,desGosles-eu-Champsaur; dans lune '), il fait allusion à l'honneur qui lui fut rendu par la Société à son passage à Orenoble. Ce fait mérite d'être rnp[)clé.

EscaUe était soldat au régiment il'artillerie de (ireuoble en garnison à Valence. luteri-ogé par un de cps chefs f s'il ferait feu sur le peuple», il répnndit «qu'il con- naissait les décrets de l'Assemblée nationale, qu'ayant prêté serment de les exéculei', il ne ferait point feu sur ses concitoyens sans en avoir rei;u l'ordre de lu munici- palité » . Il fut mis en prison et menacé « d'une cni-toucUô jaune ». Cela excita les mui-murcs de tout le régiment et l'indignation du peui'le. Il y eut une émeute jiérit Voisin, directeur do l'école darlillerie et commandant de la ville. Dans la suite, le dimanclie 23 mai ITOO, jour de Pentecôte, la Socié/é des Amis de la CoiisUlutlon de Grenoble étnnl réunie sous la présidence de M. Barrai de Monferrat, maire de la ville, on vint lui annoncer qu'Ks- calle, de passage à Grenoble, se pr'omenail sur la place. Elle le fit aussitôt inviter à se rondro ji la .«éauce; il entra, suivi d'une foule énorme, qui i'(jr<,-;i porles et bar- ') Avch. munie, de Orciu.bk- ; Ll„ Cl.

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180 ANISALES DES At.PES.

rières. I>es discours p.n l'honneur d'Escalle furent pro- noncés par Barrai, par Dubayet, capitaine au régiment de Bourbon, et par le père Fairin, prêtre de l'Oratoire, qui, aux applîuidissements de la foule, déposa une cou- ronne sur la lèle de notre compatriote. Le soir, l'auberge Escalle logeait fut assaillie par une Toule si nombreuse, si avide de le voir, que l'aubergiste dût demander un piquet de gardes iialiouanx pour maintenir l'ordre').

Dans les lettres que j'offre à la lecture du public, il s'en trouve quelques-unes, surtout parmi celles d'Izoard, qui renferment des expressions un peu vives, peu respec- tueuses des personnes qui sont visées. Il ne nous appar- tenait pas d'y rien changer. Le lecteur, du reste, les pardonnera volontiers, en ('■ganl à'I'époque agitée et trou- blée où furent écrites ces lettres, à cause surtout de la jeunesse de îeura auteurs ').

Je demande grâce aussi pour l'incorrection de la plu- part de ces lettres. Je ne les donne pas pour des modèles de style ; mais n'oublions pas que le français n'est pas, et surtout n'était pas, au siècle dernier, la langue maternelle de notre région ^). Quelques-uns de ceux qui ont écrit ces lettres avaient bégayé leurs premières paroles et s'expri- maient souvent encore en patois. D'ailleurs, comme le dît l'auleur d'une do ces lettres, nos montagnards ne se piquent pas tant de beau langage que de belles actions, et se soucient moins d'écrire élégamment que d'agir honuè- temeut, patrlotiquement.

F.-N. NiCOLLET. Professeur au Lycée do Grenoble, Vie t^-l'ccsi dent de la SocUii amicale et philanthropi^fua da HauU-Alpins de Grenoble^).

') Journ. pair, du saineai 26 juin 1790,

^ Nii le 2 nav. 17(>j. Izoard (Jean-Fraoçois-Auguste) avait à peine 25 aus en 1790.

3) Voir en que Rolland disait dans le discours qu'il prononça à, l'inau^j'u ratio 11 de l'Ecole centrale do Oap. Notice historique tur l'École central» de Gap, par F.-N. Nicollet ; Gap, Jouglard, 1892;

M. Batuohd, aecrâtaice général de la Haine da

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les alprns a orbnoble en 1790. 181

Messieurs') ,

Je suis infiniment sensible à l'honneur que vous m'avez fait'en m'agrf^geant à votre Société patriotique ; Je tâche- rai de mériter les suffrages que vous avez hien voulu m'accorder dans cette circoastance, en vous prenant pour modèles et en imitant autant rju'il sera eu moi votre dévouement généreiixjpour l'intérêt de la patrie Je désire ardemment de pouvoir partager vos travaux comme je partage vos sentiments; du moins vous me trouverez toujours prêt à remplir la tàclie qu'il vous plaira de m'im- poser.

Je suis avec autant de reconnaissance que de respect. Messieurs,

Votre très humble et obéissant serviteur,

Marchon, maire. A Gap, ie 10 avril 1790.

Monsieur le Phésident *), Depuis longtemps nous étions associés par nos vœux, nos sentiments et notre admiration aux travaux bieofai- sants deidi Société pairioiique de Grenoble. La conscience de notre faiblesse et la crainte de ne pas coopérer digne- ment à ses opérations nou^ a empêchés jusqu'à présent de lui offrir les efforts de notre zèle. Aujourd'hui nous apprenons que du palriolisme et des mœurs pures sont les seuls titres exigés pour être admis dans celte Société, et, rassurés par cette connaissance, nous nous empres-

QrSDoble, fit U. A. AuiuinK, archiviste mualcipal, de l'am presse ment bîemeillaot qu'ils ont mis à me communiquer tous les raoseigaernents qui m'étaient utiloi. ■) Arcb. muDkCip. da Orenoble; LL, iii. - Lettre adressée à Mtitieun

a Société patrioU</tit de Gre *] Arch. inuûcip. de Grenoble ; LL, 63.

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188 ANNALE3 DES ALPES.

sons de lui exprimar le désir qui nous anîm« de coacourir à ses travaux, par tous les efforls dont le zèle le plus pur et le patriotisme le plus ardent, ainsi que l'importance de la situa tioo topograpliique de notre pays peuvent nous rendre siisceplibles. Un autre motif, Monsieur le Prési- dent, mais qui, à la vérité, tient peut-être à un principe moins délicat, nous fait désirer de partager le péril de la Société des amis de la Révolution en consacrant toutes nos forces à la propagation de la raison. On ne pout douter que, parmi les ennemis de la Révolution, ceux que les préjugés de l'ignorance et de l'éducation n'aveuglent point, mais que l'intérêt personnel ou plutôt un faux calcul d'intérêt empêche de s'élever à la hauteur des idées philosophiques actuelles, ne s'empressent d'abjurer leurs principes, aussit(^t quils auront perdu tout espoir de contre-révolution. Alors ou verra cette secte méprisable, toujours ^dèle à ses principes d'égoïsme, arborer le masque du patriotisme et faire autant d'efforts pour car- rosser et flatter ce peuple qu'ils méprisent qu'ils en font aujourd'hui pour le déchirer. Puis donc qu'on ne peut marquer au front ces hommes vils et leur apposer le sceau de la réprobation, il est important, pour qu'ils ne soient point confondus un jour avec les vrais patriotes, que ceux-ci prennent date de patriotisme et consignent authentiquement leur profession de foi. L'espoir de cette distinction peut seul faire braver les dangers insépara- bles du civisme agissant, faire naitre le patriotisme et exciter ce feu sacré de la liberté, ce saint enthousiasme qui s'excite par les difficultés et se nourrit de périls.

Tels sont nos principes, Monsieur le Président; noua désirons vivement que la Société que vous présidez les juge digues de nous mériter l'honneur, auquel nous aspirons, de concourir avec toute l'énergie de nos faibles moyens au succès de la glorieuse entreprise de la propa-

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LES ALPINS A GRENOBLE EN 1790. 183

gation du patriotisme, l'agrandissemeat de la raisoD, eofin le bonbenr de rbumanité. Nous sommes avec respect, Monsieur le Président, Yos très humbles et très obéissants serviteurs,

Chaix fils alué, avocat, trésorier de la guerre ; Chaix fils pniné, capitaine dans la garde natio- nale du Brïançonnais ; Boknet fils, avocat au Parlement, officier dans la garde nationale de Briançon; Bérard fils, citoyen patriote; Ghar- bonnel-Salle fils, avocat et capitaine dans la garde nationale du Brïançonnais. A Briançon le l" mai t790.

Serres, 5 m«i 1190.

Occupons-nous maitenant d'objets plus sérieux et ,

plus intimement liés à la chose publique*). Le patriotisme dont Je fais^rofes^ion (et surtout depuis l'association qui me lie plus particulièrement à la cause la patrie) me fait iio devoir de ne pas laisser ignorer à la Société qui m'a fait l'honneur de m'adopter au nombre de ses asso- ciés les petites menées de nos petits tyrans. En consé- quence, je vous adresse une copie d'un procès-verbal •) de la garde nationale d'Aspres (lequel a été envoyé à l'As- semblée nationale) qui, en ne vous laissant auciih doute . -sur les sentiments de nos ennemis, vous rassurera par la vigilance et le courage qu'on oppose à la perfidie de leurs manœuvres. Je n'ai pas le temps de vous en dire davan- tage ; l'exprès qui vous remettra ma lettre est pressé «te partir. Je pourrai dans peu vous instruire des divisions que les petits aristocrates en sous~ordre (les ci-devant juges et satellites des ci-devant seigneurs] cherchent i

<] Arch. muDicip. de Grenoble; LL, 63. Celte lettrA est adressée h If. Morennal, procureur au Parlement, place Notre-Dame, GrtmobU. La prsmiire partie a trait i dot afliirei priTdcs,

*) Je n'ai pat trouvé cette copie.

Digilzedt.GoOgle

1S4 ANNALES DES ALPES.

semer ici. En attendant, conservez votre santé, soyez toujours zélé patriote et croyez à la sincérité des senti- ments avec lesquels je suis, mon cher cousin, votre affec- tionné serviteur.

Babet.

Nous nous empressons de consigner dans vos feuilles, qui sont devenues le dépôt des actes de patriotisme et l'antidote des Affiches du sieur Oiroud *). une coalition patriotique qui ne peut qu'honorer le nom Dauphinois et dont les effets salutaires peuvent s'étendre à toute la France.

Une faction aristocratique était venue à bout de faire nommer le marquis de Tonnerre colonel de la garda nationale de la ville de Briançon^). Le même parti se promettait de le faire reconnaître comme commandant des gardes nationales de toutes les communautés du Briançonnais. Déjà ce colonel allait arriver dans cette Tille avec «a femme et un cuisinier, et la France était menacée de voir une des clefs du royaume entre les mains d'un noble privilégié, ennemi de la Révolution, et sur les qualités duquel nous nous abstenons, au surplus, de toute réflexion. A ce danger qui nous menace, quel- ques bons patriotes s'échauffent du feu sacré de la liberté et, au mépris de tout danger, ils font sentir aux commu-

') L'orig^DBl da cette lellre ne se trouve pas dans les liasses que j'ai COmpulsdes. Ella devait être adressée aui rédacteurs du Journal' Patriotique et fut insdrde dans le numéro du «ainedi IS mai 1790. Je tracsci'JK .ci. à titre de piËce explicative, pour faciliter l'intelligence de quelques-unes des piects suivantes.

*} Lea Afficha de GrtnobU étaient Je 'ourual du parti boitile à la nivolntiOD.

■) Sur celte organisation de la garde nationale de Brianton et rat los. faits qui a'; rallach«Dt, voir BHanqoa pendant la RéBOlution, par Cbabkanp, SulUtin de la Société d'Étuda, 1891, p. 61 et laivantes..

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LES AIJ>1NS A GRENOBLE EN 1790 185

nautés briançonnaises )e piège qu'on leur tend. Ces bons montagnards s'indignent et des d(^put6s autorisés par les municipalités et les gardes nationales des diflérentes communes s'assemblent dans celle du Villard-Sl-Pancpace pour se concerter. Là, elles forment une sainte coalition et se rassemblent soua un état-major commun, à la tète duquel elles mettent M. de La Payelle. A la vérité, ce dernier choix n'est pas, sous certains rapports et abstrac- tion faite des qualités éminentes de M. de La Fayette, dans les bons principes; il était même contraire aux sentiments généreux annoncés par M. de La Fayette lui- même devant la commune de Paris, mais nous avions besoin de mettre à notre tète un homme assez puissant pour faire perdre, sans retour, au parti de M de Ton- nerre l'espoir de le faire reconnaître des compagnies comme chef général.

Nous joignons ici une adresse igite les gardps nationales des cummunâutés briançonnaises ont voté à M. de La Faj'etle') et qui doit lui parvenir par ce courrier en même temps que le procès-verbal de l'élection de l'état- major. Si vous jugez que l'acte de patriotisme des commu- nautés Briançonnaises mérite la récompense d'être publié, nous vous prions de vouloir bien taire nos noms, pour ne pas augmenter sans utilité la dose de haine assez bien conditionnée que nous a versée le parti de M. de Tonnerre pour avoir présenté les projets de délibération, procès-verbal et adresse qui ont été acceptés.

Nous profitons avec bien de plaisir. Messieurs, de cette occasion pour vous exprimer les sentiments d'admiration et d'attachement civique que nous a fait naître le courage patriotique que vous déployez chaque jour dans votre intéressant Journal, etc. *).

') Cotto adreiM fut publiée dans le Journal Pairioiigue du mcrdï 18 mai 1790.

'; PchUé .«.-i signature». On verra plus luin que les auieiii-» de cette letm étaient Bérard et Chaii jeu».

D.g.tzedbyGoOt^lC

186 ANNALES DES AU>ES.

A BiHaDfoii, 11 mit 1790.

Messieurs '),

Il est si doax d'avoir à racobtei* des traits de patrio- tisme et si agréable de les apprendre que J'espère que TOUS Voudrez bien placer celui-ci tlaos vos feoillea.

Le régiment d'Austrasie qui, après aroir laissé dans l'Inde des preuves multipliées et éclatantes de savalear*}, est venu le premier arborer l'étendard du patriotisme au sein de notre ancienne capitale, ne cesse de manifester ici le vif intérêt qu'il prend au succès de notre heureuse .révolution. Dimanche 6 de ce mois. Messieurs les bas- tofficiers de ce corps ont donné à ceux de notre garde nationale la fête la mieux ordonnée et la plus brillante. On voyait qu'ils étaient dirigés par les mêmes principes et animés du même esprit, et cette union de sentiments répandait dans la cause des bons citoyens qui en étaient témoins l'émotion la plus douce et la satisfaction la plus vraie.

Une concorde admirable, tm ordre bien soutenu régné- rent pendant leur repas. Ces militaires citoyens et ces citoyens militaires, dans l'explosion de leur Joie, firent retentir des cris de Vive ta Nation et de Vit>e le Roi. Enfin leurs témoigâages réoproques d'amitié et de plaisir présentèrent à tous les regards l'image du bonheur.

Après ce banquet patriotique, il y eut une farandole précédée de la musique du régiment et, au milieu des uniformes mêlés, on voyait une bannière sur laquelle étaient peintes les armes de la France et de notre ville. Oes deux écussons avaient d'un côté un soldat d'Austrasie et de l'autre un garde national; à leurs pieds était une devise qui exprimait leur entier dévouement au maintiee de la nouvelle Constitution.

Puisse ce bel exemple trouver partout des imitateurs et propager, pour le bien de la nation, l'union intime qui lie

*] Arch. nanicip. de Orenoble; LL, 63. *) Allnsioii t l'aCTsira de Oandelour.

Digilzedt.GoOglc

LES ALPINS A âRENOBLB EN 1790. 197

toHs tes oitoyens de celte ville aveo le régimeat d'Atis- trasie.

J'ai l'hODDeur d'être avec la plus parfaite coosidératioB, Messieurs, votre, etc.

BoNNOT flis, ofUcier de la garde nationale.

Mbssieijbs '] ,

On a eu la bonté de me proposer dans votre Société ; je ne sai^ pas encore si mon admission sera le résultat de vos suSïages, je croîs cependant devoir vous faire part de ce qui s'est passé ici dimanche et lundi. J'avais ce jour- le plaisir d'assister à votre séance et ce dédommage- ment seul peut me consoler de ne m'ètre pas trouvé à l'expédition de mes camarades pour laquelle nous opé- rions depuis quelques temps. Je vous serai reconnaissant. Messieurs, si vous voulez bien insérer en entier ce récit ci-joint dans votre prochain numéro »).

J'ai l'honneur d'être avec respect, Messieurs, votre très humble et très obéissant serviteur.

IzoABD fils.

Je prie M. Berriat-St-Prix ') de vouloir bien recomman- dera U. Fatcon*) m'adresser le numéro du journal quicon-

•) Arch. muaic. de QrBDoble; LL,63. Cetta leUre n'eit pis datas, toais elle est évidemmeat du 19 mai comme les deui suiviates, Ella eit adnstée à Metiieun de la Société dat Atnia da la ConsUtHlion cAw V. Fateon, libraii^, rue du PalaÎM, à Grenoble.

*) 11 s'agit cerlainement de Ctxpédiâon dtt garda nationales qu'oa verra plus !(»□.

>] Berriat Sl-Prii, ï Orenoble le 22 leptembre 1760, prit une part Xtht aetiva am travaux la SoHilé det amù de la Contlilutùm, H Int fia* lard profasseur de Mgislatioa fe l'École Genlrsle de Qrenobls. HonunB trti actif et très laborieux. Voir Rookai, bibliographie 4h Dauphini.

') FalcoQ (Jean-CharlM). à CbaparBillanflttre] «n 1717, mort le 10 jnin 1830, libraire et géranl du Journal Patriotique, rirolutioonair* ardtnt.

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188 ANIMALES DES ALPES.

tient le procès-verbal de séance. Il aura omis de le mettre et personne ne l'a ici. S'il était possible d'avoir deux ou trois exemplaires du numéro vous mettrez mon récit, vous rendriez service à tout le parti patriote.

Briatiçon, le 19 mai 1160.

Je ne puis vous entretenir, mon cher ami'), dans ce moment que des nouvelles du jour, de ce canton et de la chaîne de nos montagnes. Nous niions nous mettre dans le meilleur état de défense. Voyant disparaître les neiges de nos montagnes, nous nous sommes assemblés ce matin cbez notre commandant de la garde nationale de celte ville et communauté. Il a élé convenu que chaque capitaine de chaque compagnie ferait sa revue des armes des fusiliers de la compagnie et qu'après-demain il en ren- drait compte et certifierait l'état de chacune pour les mettre toutes en bon ordre et en faire donner à ceux qui en manqueraient, qu'après cette vériQcation particulière toute la troupe serait assemblée devant lui et qu'il la passerait en revue.

Ou a fait descendre des fusils des forts pour on faire distribuer à ceux qui en manqueront et en a envoyé des députés aux communautés de la Grave, du Villard-St- Pancrace, de la Roche et de l'Argentière, qui sont actuel- lement du district de Briançon, pour leur faire remettre la quantité d'armes et de munitions de guerre qu'ils auront besoiu'j.on vient d'établir à la ville un magasin gardé

<j Arch. mini. du Oranobl.: ; LL, 63. " Leïtre s»ag sdi-estt- qui dit tre einoyéa sous oaueloppc .

*; Celle tournura Encorrecte e qu'ils luront basoin « est due à l'in- fluence du patois. Dans les patoi.' du midi delà France leprouomrelaSf lert uniquement k unir une proposition t une autre et ne {Mut étr» qu« eujol au complément direct du verbe ; quand le pronom relatif eit, «n- ffaDtais. camplémenl indirect ou dêlerminatif, le patois, outre le prODOm relatif emplojé s»cis proposition, emploie toujours un autre pronom comme complémeol. Par exemple, las phrases taite» Gainante* ^

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LES ALPINS A GRENOBLE EN 1790. 189

jouret nuit par la garde uatiouale pour empêcher aucune mancBuvre de la part des ennemis étrangers et surtout de ceux que nous devons avoirparminous, si les assurances qu'on nous en a données sont vraies, et «tel qui l'est et qui ne soupçonne pas qu'on le croie tel pourrait bien payer tes pots cassés », me disait un quelqu'un aujourd'hui. La capture du citoyen fianne a fait ouvrir les yeux ici, de même que l'histoire de Marseille et celle de Valence. On va également s'occuper de faire mettre nos forts en bonne situation et en état de la meilleure défense. Avec nos signaux ou paillassons ') dans moins d'uue demi-heure tout le district et même le- départemeut à trente lieues de distance sera averti et sur ses gardes. Nous comptons pouvoir mettre en aclivité. sous les armes environ 40.000 hommes, en état do faire le coup de fusil dans la minute, dans le département, et dix a douze mille dans le district de Briançou au moins. Par le calcul qu'où a fait et les positions avantangeuses que nous avons, nous avons lieu de nous (lalter, avec notre nombre et notre courage, de faire face ^ une armée de 80 S 100.000 hommes. Qu'im- porte que le procès-verbai do notre fédérationauxCrottes soit un peu critiqué ! Xe sait-on pas que les montagnards ne sont pas des professeurs de langue, qu'ils sont plus propres à raisonner cum i-atioiie reijum qu'h combiner une phrase périodique sur du papier ?

Soyez sur, mon cher ami, qu'il y a de l'énergie jiour le patriotisme dans ce pays et que nous valons encore aujourd'hui la bravoure de nos ancêtres. De mon temps, dans tes dernières guerres, un jeune homme de ce pays qui avait été domestique, posté sur la montagne, senti-

Voicil'komme à qvi j'ai vendu un chfval: Voici rkomme dont le chien m'a i>i:irdii t auraieûl pour équlvalâut en patois : Voici i'hoimna UUEt je LL'i ai vendu un ohsi-.al ; Voici Vltoinnie oux som chien m'a mordu a. La même taurauro su trouvo en ambc.

<) Celte coulunie de sigueaui par lo feu est très andenne. D'api-és Pline (ElisLaat., II, 71. 1S1|, elle était en usago dana les armées carthagi- noises, César j eût ri'coui'S durant la guerre des Oaules {ignibus signi- ficaiione facta. 11, $(, 3) et après César cet usag« fut très fréquent dans les EuToées romniaes. Peul.être ètait.co une coutume gauloise.

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190 Al^NALEâ DES ALPB8.

nelle, fut surpris par l'eimemi. Il était en paillasson avec son fusil, préfera la mort pour de ne pas manquer à la consigne qui était de mettre le feu au paillasson pour avertir le coi-ps de la troupe qui n'était pas bien éloigné. Effectivement il reçut un coup de feu et viut encore mourir chez lui quatre ou cinq jours après l'affaire, et l'ennemi fut chassé par les nôtres ').

J'oubliais de vous dire l'anecdote qui doit s'être passée ces jours-ci à Mont-Daupliin, à ce qu'on nous a dit. Les communautés des environs qui n'avaient pas des armes doivent s'être présentées à cette ville au nombre de 1300 pour y prendre des arraes. Le commandant doit avoir fait mine de les empêcher de pénétrer, mais leur fermeté l'a forcé à condescendre à leur prière et on leur en a dis- tribué le nombre qu'ils en ont demandé et dont ils avaient besoin. Je ne suis pas savant de cette nouvelle qui sera confirmée vraie ou fausse. C'est assez pour cette fois. - Vaie^.

Je vous envoie la copie de la lettre que je viens de recevoir sur l'affaire de Mont-Dauphin, au moyen de quoi je ne vous en dis rien.

Expédition des Gardes Nationales ').

EmbruD, le 19 mai HeO.

Depuis longtemps la garde nationale do cette ville dési- rait des armes ol s'était vainement adressée plusieurs fois aux puissances militaires. Fatiguée de ses refus et sentant qu'il est absolument nécessaire qu'elle ait les

<) Od lira plus loin la même aaecdote avec quelques âèltJU de plus.

-) U y a à la suite de ca mot, dins la lettre plusieurs lignes qui ont été cSscL'Qs.

'j Arcb. munie, do Grenoble : LL, m. Il y a dans cette liasse deux pièces racontant ce fuit, toulesdcuiporlant la même litve et la mémo dnlc L'une est de la m^nie écriture que la lettre prcccjdente, c'est la copie dont on posl-sciiptum annonce l'envoi : l'outre est Veci'ilure

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LES AiJ>INS A GRENOBLE EN 1790. 191

moyens de remplir ses serments et les fonctioDs qu'i lui étaient attribuées, elle a demandé le 16 à 6 beures et demie du soir au commandant de la place de lui faire délivrer des armes. D'après la certitude acquise qu'il n'y en avait pas dans les magasins d'Embrun, elle a cm encore plus instant d'en avoir et elle a demandé au com- mandant d'écrire à celui de Mont-Dauphin d'eu délivrer ; refus de sa part ; itérative demande ; refus encore. EnSn on lui déclare qu'on ira les prendre à Mont-Dauphin. Il assui'e qu'on n'en aura pas, on lui pi omet de revenir dans peu lui faire voir le contraire. Dans l'instant la résolution départir est prise. La garde nationale représente à la municipalité qu'elle ne saurait se prêter aux diverses réquisitions qui peuvent lui être faites, si elle n'a pas d'armes, et la municipalité pénétrée de cette vérité fait une réquisition au commandant de Mont-Dauphin tendant à ce qu'il remette, sous son récépissé, les armes néces- saires pour le service de la garde nationale. On envoie garder les passages, pour que le commandant n'écrive pas à Mont-Dauphin ; on fait avertir tous les villages voisins; les municipalités font des réquisitions conformes; les gardes nationales voisines arrivent dans la nuit, et à 3 heures du matin on part. La troupe s' accroît de toutes les gardes nationales qui sont entre Embrun et Mont- Dauphin ; celles qui sont voisines de cette ville s'y joignent encore; à huit lieures, l'armée était proche de la place. Elle est aperçue par les sentinelles ; aussitôt l'alarme est donnée dans la place, on sonne le toscin, on bat la géné- rale ; on ferme les portes, on braque des canons et la garnison est toute sur les remparts.

Les assiégeants avaient détaché quelques officiers et les avaient envoyés dans la place ; ils préviennent le corn-

d'iioard, c'est la communication dont Izoard auooncu t'eavoi dans Is letlre sans date qu'on a lue plus haut. La lédactlon des doui pièces est la mémo â part quelques di&êi'eiiccE pou imporlatilcs. Je dunnc ici la copia annopcùe par la listti'c qui pcùcéde. Les trois pas^sgos eutru d'achats ne SB trouvcut ]>as dan» celti: cnjàe et sun( tiriis do la jiiBce ecriti: par

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i92 ANNALES DES ALPES.

mandant de leur résolution. Celui-ci répond que, sans ordre de l'Assemblée nationale, du roi ou du commandant de la province, il ne peut remettre des armes. Des officiers de la place viennent dire la même chose aux assiégeants . < Nous en aurons au péril de notre vie », répondirent-ils ; et ils étaient fermement décidés à inviter toutes les gardes nationales du département à les renforcer et à faire le blocus de Mont-Dauphin, jusqu'à ce que des armes fusseni délivrées. Ce ferme propos détermina le comman- dant à capituler et, pour éviter <i de verser le sang des citoyens », il a été convenu entre les assiégeants et le commandant de ta place que celui-ci délivrerait des armes, mais que l'armé© n'entrerait dans la place que par déta- chements qui viendraient les chercher.

Cette capitulation s'est exécutée avec la plus grande tran.iuillité, La garde nationale d'Embrun est revenue triomphante et faisant apporter un envoi d'armes. Elle les a, ainsi que les gardes nationales de tout le district d'Krabrun, depuis les Crottes jusqu'à celui de Briançon. Elles emploieront, pour les conserver, plus de courage encore, s'il est possible, qu'elles n'en ont mis à les con- quérir.

Ces armes ont été remises par la municipalité aux capitaines, qui en sont chargés. Elles sont toutes neuves, elles serviront la cause delà patrie. On ne saurait croire combien une arme conquise est précieuse et quel courage elle inspire b. celui qui la tient.

[Oh! nos chers fusils.vous ne nous quitterez jamais; tou- jours, avec vous, nous défendrons notre liberté ; toujours libres et toujours justes, nous no vous emploierons jamais à des usages que l'honneur et l'humanité désa- vouent. Mais lorsqu'il s'agira de notre liberté, lorsqu'il s'agira de défendre la Constitution et la loi, lorqu'il faudra punir ceux qui voudraient nuire à la révolution la plue heureuse, vous nous rendrez invincibles. Plus noua aurons des moyens do forces et plus nous serons de rigides obser- vateurs de nos serments'.

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LHS ALPINS A GRENOBLE EN 1790. 193

Pour les munitions, il y en a à Embrun et on l'aura -quand on voudra.

Les soldats du régiment d'Engliien ont témoigné la plus grande joie de cet événement et les conquérants des armes ont demandé la liberté de ceux qui étaient en prison pour faute très légère ; ce qui a été accordé. Les officiers n'étaient pas, comme de raison, aussi contents que les soldats.

[Parmi les officiers de ce régiment plusieurs sont connus par un antipatriotisme remarquable. On en peut Juger par la lettre écrite de Gap insérée dans les Affiches de Giroud *). L'un d'eux prononçait il y a quelques mois, d'un ton d'oracle et comme le présage le plus funeste, que dans vingt ans il n'y aurait pas un seul gentilhomme au service. Cela est aisé à croire, car dès aujourd'liui il n'y a plus de gentilliommes.] '

Au retour de la garde nationale d'Embrun, quelques uns des vieux qui avaient cru « Mont-Daupliin Imprenable » ou qui n'avaient pas voulu passer une nuit blanche furent au devant de leur corps. Le régiment des enfants, toutes les femmes, les soldats de la garni.son, toute la ville fut les recevoir. [oEli bien ! s'écriaient lés soldats d'Enghien, nous vous l'avions bien dit que nos camarades ne vous feraient point de mal». Et puis on s'embrassait, on se portait et on criait : Vire la nation '. Vivent les soldais d'Kïighien ! Vice Eiubrun .'] On fit voir de bons fusils et de bonnes talonnettes au commandant qui avait assuré qu'on n'en aurait pas. Cela peut lui prouver qu'il se trompe quelquefois. Il s'était déjà trompé au mois de novembre, lorsqu'il prétendait que les gardes nationales ne pouvaient « s'exercer sans sou avœu •>, et qu'il citait i'ordonuancd ■de 17f)8.

C'est une chose qui mérite observation que les diffé-

'; Inaérea daiis las afficha du 20 mai 1790, colle lettre dcsbas-offl- <âers, caporaux, grenaJiers. chasseurs et fusiliers du régiment d'Eaghieo. jl Qap proteste pour eux et Ve\it% camarades d'EmbruQ, Moat-Daupbïa «t Venues conti-c \<si a^tsertîODa d'un ofHcier municipal dans les Annaln patriotiquts et Utlérairea.

ANNALES DES ALPES, II. 13

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184 ANHALES DES ALPES.

rentes allures des antipatriotes, lorque les bons citoyens sont bien décidés à quelques chose. Lorsqu'ils sont ea petit nombre, ces Messieurs sont tout k fait dâiis,5ii»m en avions eu des exemptes lors de la Tédération des Crottes'}, ilsse montrent même les premiers et professent les bons principes. C'est autre chose en particulier ou lorsqu'ils se croient en nombre suffisant. Ces tons de caméléon seraient plus dangereux qu'une aristocratie ft*anche et décidée, si le peuble ne les connaissait pas bien. Ce serait unheau recueil que celui des conversations particulières comparées aux paroles débitées en public. Tous avez sans doute aussi dans votre ville des gens de ce caractère.

Lettre écrite à la garde Nationale de la ville de Briançon *).

BrUnçon, le S6 mai lîfW.

Messieurs et braves défenseurs de la patrie.

Des citoyens zélés pour la cause de la liberté ont fait connaître, par une lettre insérée dans le Journal patrio- tique de Grenoble "}, la nomination de l'état-major des comités de Briauçon et ont en même temps justifié la ville de Briançon du reproche d'avoir nommé pour son colonel

*) Je n'ai trouvé ni dans les Affiehea ni dans le Journal Patriotique Bucua compte-rendu do celte fiidëration â laquelle il est fait plusieurs fois allusion. Je crois que c'est de cette fédératiou qu'il est parlé dans un mémoire publié j>ar les Afjieheii du 27 Jum. Eu ce cas, elle auridt eu lieu le 20 avril, Une autre fédération eut lieu A LsFagne lo 5 aviil dont lo compte-ceodu fut publié dans les ;)/^c/iei du 17 avril 1790.

<) Arch. munie, de Grenoble; LL. 03. Cetle pièce est une copie qui fut sans doute envoyce à la Société den amis de la Conitiiution ou «ui rédacteurs du Joumiïi Patriolicue en même temps que la lettre

^ C'est la lettre qu'on a lue plus haut.

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LBS ALPINS A GRENOBLE EN 17U0. 105

un noble, un privilgié ennemi par son état de la Révolu- tion. Aujourd'hui le petit nombre de ceux qui ont commis cette imprudence et que le grand jour offusque cherchent à se venger de ceux qui les démasquèrent, eu tachant de persnader que la lettre qui les dénonce inculpe la garde nationale en général*)- Une calomnie aussi absurde a si peu effrayé les auteurs de la lettre qu'ils s'empressent eux-mêmes de se faire connaître; tant ils comptent sur Totre loyauté, votre justice ! Il suffira pour mettre à découvert toute la perfidie de ces insinuations de repren- dre dans son origine la nomination de M. de Tonnerre.

Vous vous rappelez. Messieurs, qu'un petit nombre d'intrigants, mus par leur intérêt particulier, surprirent dans le mois de novembre 1790 (sic; erreur pour i7S9] la bonne foi de la municipHlilé et qu'au moyen d'un pou- voir illimité on nomma, sans consulter le vœu des gardes nationales, M. de Tonnerre, colonel général, proprié- taire des milices Briançonnaises ; titre aussi absurde que ridicule et faux, puisqu'il parait conférer à M. de Tonnerre le commandement et presque la propriété des communautés, sans leur participation.

Vous vous rappelez encore qu'à peine cette nomination fut connue que tous les bons citoyens .sentirent combien il était impolitique. Mais le mal iHiiit fait, disait-on. et l'oD vous persuada par des motifs de bienséance de confirmer une nomination à iaipielle vous n'aviez eu aucune part. Ce n'tjlait pas tout; on avait annoncé à M. de Tonnerre qu'il était ou qu'il serait commandant de

') Ferrus, maire de Brianran, Vlor^'iit. officier municipal, Jouïc, Albort et From<^iil-Carsi.'.caj)ilaiae de la garda aationalo, en vexèrent aux Affiches UDS lettre du \ juin sveo délibârnlion du l" par laquello les maire, oftlderî munici?aui, officiers, bas-oflîciors et fusiliers de la garde nationale el commune do Biiaiiçon, après ler^turo de ta lettre iaséréo dans le a' 39 du Joiinial F.i ln,iiqiie riMr^r a Gi-nn.ible et la relation àaw- le a' 231 des Aitnaies il: iln-ci.-r, ?oiis lu titrn Rngnti: d fermeté des coiiimunautèa Hrinii';oniiaiies si|;aé Ctti-fii. [nr.li'Stunt contre les impulalion.i oiUeusas qui j sunl conleoueii, impiita(ii,u-" qui « compro- mettent riionuuur et la rêputuUou de toulu la commune u. [Affiche» dn 8 juin 1790).

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196 A^NAI.fiS DES ALPES.

tout le pays : il s'agissail donc de réaliser cette assertion extraordinaire.

Vous savez encore comment les communautés, iadi- goées, qu'après nvoir trompé la ville, le même parti cher- chât à leur faire partager la même faute, empochèrent que l'imprudence politique qui était l'ouvra^ de quelques individus ne devint plus dangereuse en la rendant com- mune k tout le pays. Enfin vous n'ignorez pas que les partisans de M. de Tonnerre redoublent encore d'efforts, après la fédération patriotique du Villard, pour faire adopter M. Tonnerre aux communautés de l'ÉcartoD. ainsi qu'à la valW'e du Queyras qui fut assemblée à cet effet. Telle ^st. Messieurs, l'histoire succincte de la nomi- nation de M. de Tonnerre.

Ce n'était pas assez d'avoir arraché les communautés au premier danger qui les avait menacées, il était encore instant de prévenir les nouvelles trames en les dénonçant publiquement, enfin il importait encore rie laver la ville de Briançon de cette faute de quelques individus.

Vous savez tous, Messieurs, quelle opinion défavorable avait donnée de nous a nos voisins la nomination impoliti- que de M. de Tonnerre. Eh bien, Messieurs, c'est nous qui nous sommes chargés de la noble fonction de laver les Briançonnais du reproche d'avoir compromis la sfireté publique par la démarche la plus impolitique. C'est nous qui avons osé venger ie nom Briançonnais en faisant re- jaillir sur leurs auteurs l'opprobre d'une action aristo- cratique.

Vous devez de l'estime et de plus de la reconnaissance aux citoyens assez généreux, pour avoir osé dévoiler les manœuvres de quelques hommes habitués depuis long- temps à ramper servilement devant les grands.

Mais, Messieurs, que votre indignation contre le petift nombre do ceux qui avaient imprimé une tâche à votre honneur ne vous inspire d'autre sentiment quo ceux du mépris et de la défiance; qu'il vous suffise d'avoir recou- vré l'estime de vos voisins ; ne souillez pas votre triomphe par la persécution. Les mauvais patriotes seront assez

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LES ALPINS A ORENORLË Ea 1790. 197

punis par leurs remords et leur liumiliatioo ; laissez-leur le soiD de se partager entre eux, suivant leur coascieuce, la honte et l'inramie d'une action aristocrii tique ; et nous nous chargeons, nous, de faire publiquement celte répar- tition d'une manière équitable, si par leurs manœuvres sourdes ils continuent à compromettre l'honneur Brian- çonnais et la pureté de nos intentions.

Nous sommes avec une sincère et cordiale fraternité, Messieurs, vos très dévoués camarades.

BÉRABD fils et X", membres du Conseil de l'état-major des communautés bi-iançonnaises et membres de la Société des «uits de la Constitu- tion àe Grenoble. Nous joignons ici une copie de la lettre que nous avons fait insérer dans le Journal palriolique de Grenoble, afin que vous jugiez par voua-ntèmes de la perfidie calom- nieuse de la faction que nous avons dénoncée à l'opinion publique et qui voudrait faire partager ses torts à de braves défenseurs de la patrie.

Au reste, cumme nous ne pouvons pas prévoir toutes les interprétations malignes par lesquell<^s on cherche à faire prendre parti à la garde nationale entière dans les impu- tations qui ne s'adressent qu'à ceux qui les ont trompées, nous offrons à nos camarades tontes les explications qu'ils pourront désirer tant eu particulier qu'en public.

Lettre interprétative de celle insérée dans le " Journal Patriotique " du 15 mai^).

Lorsque nous nous sommes déterminés â faire connaî- tre comment la cabale, qui voulait faire adopter M. de Tonnerre par les communautés briançonnaises, avait été

*) Arch. muoic. de Orenoble ; LL. 63. Sans date; ou verra dsuB cours de la lettre qu'ellefut dcrile le28 mai.

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108 ANNALES DES ALPES.

déjouée par le [latrtotisme de celles-ci, nous dous étions biea attendus A ijiieiijues excès de mauvaise humeur de la part de ce parti, mai); nous avions pensé que sa bile aris- tocratique concenti'ée intérieurement ne s'exhalerait pas au dehors. Nous sommes trompas sur la mesure de son coura<;e aniipatriotique ') qui a Tait ou affecte de vouloir faire des réclamations pour découvrir leurs dénoncia- teurs qu'ils supposent vouloir rester inconnus.

Nous nous hâtons de vous donner entière liberté à l'égard de nos signatures, puisque nous nous sommes déjà empressés nous-mêmes de nous faire connaître, aussitt'tt que nous avons vu qu'on calomniait nos intentions. Mais cela ne suffit pas ; nous devons à la Société patriotique à laquelle nous avons l'honneur d'être associés un compte rigoureux de nos sentiments et de notre correspondance, et nous devons dissiper le plus petit nuage qu'on pourrait élever sur la pureté de nos motifs. Voici donc quelques éclaircissements à ajouter à notre première lettre.

Les cœurs des partisans de M. de Tonnerre, plus sensi- bles que scrupuleux en fait de patriotisme, ont été doulou- rausement affectés de deux, expressions de notre lettre. D'abord ils disent qu'en annonçant comme un événement sinistre l'arrivée prochaine du cuisinier de M. de Ton- nerre, nous avons insulté la ville entière de BriançoQ.

<) Dans UD mémoiro qui Tut publii pic les Affiahu du 27 jaio, le» pirliaaoi da M. de Toniioi'i'e citent comme prenvex ds leur patrio- tisme r empresse m eot qu'ils mirent, le 3t juillet 1789, sur Id bruit qua des brigands iareslaient les provinces t obliger le commandant ds plae« à délivrer armes et munitions t toutes les communautés du BrianfOD- naii, la proposition d'une fédération des gardes nationale* du Brian- fonnait et des Hautes-Al|)es qui eut lieu le 20 avril, leur mémoire dn 4 mai k l'Assemblée nationale afin d'obtenir une augmentation da garnison pour garder la frontière à cause des bruits ds coatrerdvolntioa, leur demande ie mai do pourvoir d'armes et de munitions quatre com< mune* réunies au district tt la distributiou de 800 fuiili et 4S.IXXI cartoo- . clui, une autre demande le K mai pour les communautés de l'Embra- Htls et la distribution da ISO failli, la surveillance continUella eoBM i'ibtroduotiou des étringers , surtout les Jou/a de tbirss, leur ualoà intima avec le régiment d'Auttraaie,

Digilzedt.GoOgle

LES ALPINS A GRENOBLE BK 1700. 19»

Nous répoudooa que ce ridicule ne peut s'adresser qu'à la -classe de ceux dont le palais trop sensible se laisse per- suader par râoquence d'un cuisinier ; nous répoodcHs ensuite que nous n'avons fait que répéter les propres expressions de M. de Tonnerre dans une lettre adressée à M. de Mépieu, lieutenant-colonel, et que toute la garde nationale de la ville a vue.

On nous reproche encore d'avoir appelé aristocrates les partisans de M. de Tonnerre. C'est évidemment subtiliser sur les mots ; car quel nom faut-il donner à ceux, qui fout une démarche antipatriotique et qui est dans les principes de contrârévolution î

Au reste, puisqu'il s'agit d'une question de ce fait, il faut bien ajouter ce que nous avions voulu taire par ménagement. Nous avons dit que c'était un parti aristo- tique qui avait nommé M. de Tonnerre ; mais ce que nous n'avons pas dit c'est qu'il fut nommé par l'ancienne muni- cipalité, dont quelques individus surprirent la bonne foi et le peu de prévoyance, c'est qu'il fut nommé au moyeK d'un pouvoir illimité et sans le concours des gardes natio- nales, et que dans la suite pour la faire confirmer on employa tous les artifices et qu'on a berné les personnes enoOT^éblouiesdu faux éclatdes ci-devant grands et puis- sants seigneurs du chimérique espoir de procurer use eolde à la garde nationale et que, malgré ces moyens, la presque totalité des citoyens qui avait reconnu la faute ne l'a confirmée que par bienséance.

Ce que nous n'avons pas dit I Mais ce que nous n'avons pas dit c'est que, dans la délibération de la ville du mois -de novembre 1789, M.âeTounerre fut nolnihé nda pU - -colonel de la ville de Ëriançoa. mais colonel-général pro- ) priétaire des milices Sriançonnaises , et que ce fttt ensuite pour réaliser ce fait aussi absurde qu'inconce- vable qu'on épuisa tous les moyens de séduire les commu- nautés.

Ce que nous n'avons pas dit c'est que, même aprèi la formation de l'état-major des communautés, les manœu- vres continuèrent et que, dans la valjée du Queyras, la

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200 ANNALES DES ALPES.

coloDel de cette vallée épuisa inutilement son éloquenc» pour faire accepter sa démission en Taveur de M. de Ton- nerre. Ce que nous n'avons pas dit c'est qu'un petit nombre d'intrigants vendus a macliiné cette opération et que la garde nationale, ennuyée du voile impénétrable dont sa correspondance a toujours été enveloppée, s'est enfin déterminée le 3 mai à former un comité militaire, afin de préserver ses chefs, sans doute bien intentionnés, mais peut-être trop faibles, de l'influence maligne de certains génies malfaisants.

Ce qu'il faut ajouter et ce qui prouve combien M. de Tonnerre comptait sur les communautés c'est qu'il n'est pas encore arrivé aujourd'iiui 28, quoiqu'il se fût annoncé irrévocablement pour le 12 » et qu'on eftt à cet effet pré- paré un dluer de cent couverts qui n été une pure perte-

Enfin ce que nous n'avons pas dit, ce que nous ne vou- lons pas dire encore, mais ce que nous dirons s'il le faut, ce sont les promesses particulières, les ressorts cachés que faisaient mouvoir quelques individus. Qu'ils sachent, ces hommes esclaves d'un intérêt sordide, que nous aurons autant de courage pour dévoiler leurs menées sourdes et les poursuivre dans leur taupinière qu'ils emploient d'artilke pour masquer leurs démarches tor- tueuses.

Et vous. Messieurs, qui vous êtes dévoués à la propa- gande de la vérité et qui remplissez cette noble fonctioa avec autant de courage que de succès, si nos lâches ennemis cherchent à échappera la honte qui les poursuit, en calomniant nos intentions, apprenez à nos concitoyens que ceux qui ont osé laver le nom Briançonnais de la tÂche que lui avait imprimée un petit nombre d'individus^ sont des citoyens dignes de leur reconnaissance.

Nous sommes, Messieurs, vos très humbles, etc.,

BÉRARD flls, Chaix Itls pulné, ingénieurs des- quinze communautés fédérées et associés étran~ gers de la Société patriotique de Grenoble.

(A suivre.)

D.g.tzedbyGoOt^lc

LES ARTISANS A GAP

POTIERS, COUTELIERS, CHARRONS

ET AUTRES CORPS DE MÉTIERS

XVII* et ?CVIII> atèoles

On ne lira pas sans intérêt et sans profit les quelques documents qui suivent, ils se rapportent aux diverses îadustries et corps de métiers établis ou existant à Oap k la fin du XVII" siècle et au commencement du XVIII' ; ils pourront aider à écrire plus lard leur liistoire. C'est en recueillant peu k peu les documents de ce genre qu'oa parviendra à connaître I origine des industries et corpo- rations d'artisans existant autrefois à Gap, leur nature, leur organisation, leurs translormations successives, et k fixer l'époque de leur plus grande importance ou celle de leur disparition').

Nos documents se rapportent ; à l'instaliatiou k Gap d'une fabrique de poteries en 1041 ; à l'établissement d'un maître coutelier en 1679; à l'introduction du cbarronage en 1681. It}}44 et 1093 ; aux diverses corporations d'arti- sans qui existaient à Gap en 1703; enfin, H l'une des nombreuses tanneries qui, depuis longtemps, étaient instalées hors de la ville, au quartier de Chattchières ou Chaussières. Cette tannerie, en 1730, fut cédée par l'hftpital Ste-Ciaire à milord François Bunc, personnage qui avait Tait dans le commerce une Tortune considérable.

D'autre part, les consuls, conseillers et autres individus qui figurent dans les documents transcrits ci-après, sont . souvmM^ »-dM' titra» diw«ras des iKmtme» remarquables,

*)iB«r avpiihrt spBciri.'Qn pocrr» cuinofter In travail do H. I^riieu Sibour, Indiutna tt taétieri dUparai ou gui tout tn dieaience à Gap (daai Ids Bull. Soc. U'Éludu. 1890-») , jiaw/m, «I tiré t part, ûi-8*, 189I).

D.g.tzedbyGOQt^lC

202 ANHALBS DBS ALPES.

tels, par exemple, en 1683, Jacques de Poliqny, savant ingénieur et matliémalicien (1674-1700), et, en 1730, l'évè- que François Berger de Malissolbs, que l'on appelait i Paris le Saint des Alpes (1706-1738).

P. G.

/. Installation à Gap d'une fabrique de poteries. Gap, le 26 novembre 1641.

En l'assemblée particulière de la ville de Oap, du 26 nov. 1641, » a été proposé à la présante assemblée comme il se présante un maistre. originaire du lieu de Chasteau- neuf de Cliiefvre*), nommé George, lequel a fait entendre de venir résider en ceste ville, et y travailler de toute sorte detuyles, de carrous, de tuyeauix de (bntayne, et des rafonrtz, pouveu qu'il plaise à lad" ville de luy advancer quelque somme de deniers, pour dresser la four- naise quy luy est nécessaire pour l'eiercisse de son art ; avec oâ^e qu'il faict de ne débiter sa marcliandise qu'aulx habitans d'icelle ville, soubs le pris quy sera convenu, et de rendre les deniers quy luy seront -adreneés, amt ea mesmes espèces ou en marchandise, au choix de lad* ville, au temps quy luy sera accordé...

« A esté unanimement concludz d'accepter les offres faictz par led. George, maistre pottier de terre, et, sa conséquance de ce, le requérir de venir résider le i^us promptement qu'il luy sera possible dans ceste ville. Bt puisque c'est pour l'uttilité publique, et particulièrement des habitans d'icelle ville, et pour luy donner moyen de changer plus facillement sa famille et dresser sa fournaise, il luy sera advancé jusques à la somme de septemte-cîiiq livres, que ledict maistre sera obligé de rendre dans deux ans, en deniers ou en marchandises, le pris desquelles sera convenu avec luy avant l'expédition desdictz deniers,

I) Chduatmtvf'iU-Cliabre, oanton de Ribien (Htei-Alp«s).

Digilzedt.GoOgle

LES ARTISANS A 9AP. Ma

doD[t] il sera tenu passer les obligations et submissions nécessaires, pour l'assurance d'îceulz. >.

Signes : [Jean] Barban, consul ; A[Ddré] TnuQ, consul ; CGharles] Espib, consul; Saoniéres'); Bbunet*), Jeban AfioN ; [Raymond] Juvekis ; [François] Obihaud ; Alliz, not. et secrétaire.

Arcb. com. de Oap, 93S, (•>' 145 et 149.

//. Introduction à Gap d'un maître coutelier. Gap. 23 avriH679.

Du 23* avril 1670 après midy, dans la salle de la maison commune de la ville de Gap, se sont assemblez M' M* Antoine CoHomb, advocat en la cour, second consul, lequel a fait convoquer le conseil d'icelle aux formes accoutumées, pour conclure sur les affaires quyse pré- sentent. Et, pour cet efTect, est comparu M" Jacques Sarrazin. prebtre, chanoine, commis du chapitre, s" Jacques Barban-Pragastaud, et Antoine Bernard du Mou- lin, s" Jean Combassive et Antoine Géas, procureurs, 8" Charles Vallon, Sébastien Girard et Jean Marchon, apothicaires, Jean Valantîn, Michel Baudoin, Jean Morel, sT Benoit Vallon, notaire, s"" Jean-Pierre Rochas, s* Uichel Pell^rin, Arnaud Benoit et Estienne Blanc, Jean Léautier, M' M* George Bonnivard-Mazet, conseiller en l'eslection, M<' M* François QrimHud, advocat.

Ausquelz a esté proposé par led. consul que le nommé Alexandre RûUand, coutellier de la ville de Grenoble, est en cette ville et qu'il désireroit de s'y establir, en y tra- vaillant de sad* profession de coutellier, ce quy aeroft d'une grande utilité, en ce qu'il fait de bons couteaux, cizeaux, razoirs, lancettes et autres instrumens servans

■] Philippe 8agiiitr«f, chaDoine da Qap et ptécentenr, de IMS ' à IU2.

*) Antoine Branst, t biajBdsF en l'église cathddrale Nottre-Dnme de Qap », mort précentaur le £2 oct. 1683.

Digilzedt.GoOgle

204 ANNALES DBS ALPES.

SU public ; mais il demande que la ville aye à l'exempler du logement de gens de guerre et du pro capUe et indus- trie,

Surquoya esté conclud, sur lad* pnposiiion, qu'icelle est apprt^uvée, et eu conséquence la ville promet aud. Rolland que, tout autant de temps qu'il travaillera dans lad» villede la vaccalion contenue en lad° proposition, il ne sera addressé aucun billet de logement de gens de guerre sur luy, et qu'il ne sera aucunement compris dans lesroolleset impositions de tailles pour le /Toca^/fe et industrie, sauf s'il possèdedes fondz. auquel cas, il payera suivant l'allivrement d'iceux. Tout quoy led. Rolland a accepté et à sigué avec led. s' consul et assistance. De quoy a esté fait actes aux formes ordinaires.

Signés : Gollomb, consul. A. Rolland, Sarba- ziN<ch« comis, Combassive, Bernard du Moulin, Pragastaud. Rochas, Céas, Bossivabd-Mazet, Vallon, J. Vallantin, J. Eyraud. J. Girard, J. Marchon, m. Baudoin. Jban Morel, B. Vallon, Blanc. A, Benoit; E. Blanc, J. Leautieb, Pelle- OHJN, QR1UAUD. Grimaud, pr', et moy, Simond.

Arcb, coin. Oap, 598.

///. Le charronage à Gap.

i°. Gap, 5 octobre 1681.

Dans l'assemblée particulière du 5 octobre 1«81, le !•' consul dit que « Pierre Ballin, cliaron de Poitiers, estant venu en ceste ville (Gap), au service de Mgr de Gap '). pour luy faire des charètes, se treuvaut à présent en estât de se retirer, siyaut fait connoistreà la ville que, sy elle luy fournissoit une boutique et une chambre, et l'ezemptoit de la taille d'iudustrfe et des rogemens gens

I) Victor-Auguitia de Uéliaod, précooigë êvéqu« de Oap ?T msi 1680. nommé par LouU XIV à TiivAchd d'Alal le 31 mai IS84, mort k Pari» leMnapr. ni3.

D,g,tzedb?G00t^lc

LES ARTISANS A QAP. 205

de guerre, et luy fournissoil les ustils nécessaires, k charge de les payer à parties brisées, il s'aresteroit en ceste ville pour y travailler, estant nécessaire de profiter de l'occasion, pour attirer en ceste ville ied Baillio ».

L'assemblée n'étant pas en nombre, il n'est pas pris de. décision et, après, il n'est plus question du charron Baliin.

Arch. com, de Q»p, 632, f 40 v.

2». Gap, 8 avril 1684.

Du 8' jour du mois d'avril 1684, apprez midy, dans la salle de la maison consulaire, se sont assemblez, M' de Pragastaud, consul, et s' Pierre Gautier, second consul ; iesquelz ont lait convocqiier le conseil particulier de lad' ville aux formes ordinaires, pour deslihérer sur ce que Daniel Bourdon, de Rochefort, mandement d'Allières- Sarou •), habitant à Grenoble, a offert de venir rézider en cette ville, pour y travailler de son mestier de char- ron, en l'exemptant du logement des gens de guerre et de la taille du pro capile, et luy donnant quelque chose pour acbepter des usiils. Estant nécessaire à la ville d'avoir un œuvrier de cette voccation pour le service du public.

Sur quoy, a esté conclud uuaniment que l'offre dud. Bourdon, cy-présent, est accepté. Et, en conséquance, la ville promel et s'oblige, par la présente deslibération, aud. Bourdon de l'exempter du logement des gens de guerre etduïjro ca;î;Ye, pendant le temps qu'il demeurera dans cette ville et y travailler;! de sa vaccation ; pendent lequel temps, on n'addressera aucun billet de logement sur luy, ny sur sa femme ; et, en outre, lad" ville luy donne la somme de 24 livres, sans espoir d'aucun retour, pour une fois tant seulement ; laquelle somme Itiy sera desli- vrée à Grenoble, pour l'employer par iceluy àl'acliapt des ustils qu'il luy seront nécessaires ; au moyen de quoy Ied. Bourdon promet et s'oblige de venir s'establir dans cette ville dans un moys à compter dès-huy ou 6 semaines,

<) AiUèret, caatoa de Li Baslide-de-Sérou, arr', de Faix (Ariège).

Digilzedt.GoOgle

Z06 ANNALES DBS ALPBS.

à peyoe d'y estre contraint, mesme par corps, et pour ce, il a obligé sa personne et biens présentz et advenir.

De tout qnoy ont esté fait actes, quy ont esté signez par lesd. sieurs consulz et assistans, aux formes ordi- naires, avecied. Bourdon.

Pragastauu, consul, Gautier, consul, Daniel

BORDON ; CÉAS, CoMBASStVE, BrUTINEL, GRIUAUD,

Meyssonier , Philibert , A . Baudoin , , Borel, Pellegrin, Vallantin, Blanc, Grimaud.

Et moy Girard, comis.

Arcb. corn, de Oap,63S. 133.

3». Gap, 7 août 1693.

L'an iG93, et le 7* jour du mois daoust, avant midy, par-devant nous secrétaire-gpei'fier héréditaire du corps de ville et comniunautté de Gap. et présentz les tesmoins bas nommez, eslablis n. Charles de Michel de Beauregard, s' de La Pigne, et s' Pierre Sarrazin, consulz, assistez de n. Jacq. de Poligny, sgr dud. lieu et autres places, de n. Mathieu de Ricou, s"" des Hugues, conseiller et procureur du Roy en l'eslection, de s' Jean Bologne, m* Benoict Vallon, notaire, et s' Pierre Bonnet, conseillers du Conseil de la ville, tous ont, pour et au nom de lad* ville, à laquelle ilz proraèlenl faire advouer et ratifier, à peyne de tous despans, dommages et întérestz, d'une part, et Jacques Desjardins, m" charron de Paris; lesquelles parties de leurs grés, deues, mutuelles et réciproques stipiillations et acceptations, de part et d'autre interve- nant, ont fait les conventions suivanles : sçavoir que lad' ville promet et s'oblige de procurer aud. [Desjardins,] la somme de 100 1. à prendre sur le don qu'il a pieu à S. M. de faire en laveur des insendiés de lad* ville'), dont il sera payé, dans le jour, la somme de 50 1, pour employer à l'achat des outilz nécessaires aud. [Dôsjardins], pour tra- vailler de son art et mestier de charron et s'establir en

') Le 12 sepl. iû92. p»i- les [l'oupo? du liuc do Savoie.

iby Google

l£S ABTISANS A OAP. 207

cette ville, et les 50 1. restantes luy seront payées lorsque lesd. outilz seront acheptez. Et, outre ce, lesd. s" codsuIz et assistans promètent, au nom de lad* ville, de payer le

loyer d'une boutique appartenant à '), pendant

6 mois seullement, et, outre ce, l'exemption du logement de gens de guerre, pendant iO années. Et arrivant que led. Desjardins quitte cette ville, il rendra les outilz en Testât qu'ilz se treuveront, par raport au rolle quy en sera Tait lorsque lesd. outilz seront faitz. Et, au moyeo de ce, led. Desjardins promet et s'oblige de travailler de sond. roestier de charrou pour les babitans de lad' ville et son terroir, en luy payant raisonnablement son travail et le bois, s'il le fournil. Et, en ce que le chasqu'un tou- che et le conserne, les parties promètent et s'obligent respëlivement de le garder, observer et n'y contrevenir, à peyne de tous dépaos, dommages et iotérestz. Et, pour ce, ont passé lesd. promesses, obligations, jurementz, renonciations et clauses. Fait et publié dans la maison oCi habite le sgr de Poligny, aux présences de Nicolas Noroy, vallet ordinaire de lad* ville, et Jean-Anth. Disdier, prati- cien dud. Gap, tesmoins requis, et signés aveq led. sgr de Polligny et partyes.

La Pigne, consul ; Sarrazin, consul ; Polligny,

J. Desjardins, de Ricoc, Bollogne, Vallon,

Bonnet, BisDitR, Noroy.

Et moy SiMOND, secrétaire.

Arch. corn, de Gap, 407, f- 225 v-228 y.

IV. Corporations d'artisans à Gap.

Gap, 18 novembre 1703,

Du 18' jour du mois de novembre 1703, dans la maison de ville, à une heure après midy, et par-devant s' Pierre Thomé, consul, assisté de s^ Eslienne Meyssonnier, advo-

<} Ce passage est eo blanc dans l'urigiual.

Digilzedt.GoOgle

20S ANNALES DES ALPES.

cat et sustitut du s' Procureur du Roy en ceat hostel ; ont comparu :

Balthazard Gibellin et André Eyraud. prieurs de la confrérie des serruriers , maréchaux, orphèvres, bridiers, bastiers, celliers et fourbisseurs ;

Honnoré Queyrel et Dominique Robert, prieurs de la confrérie des cordonniers et taneurs;

Noé Jamet et Joseph Garcin, prieurs des cardeurs, tain- turiers et foulions ;

Ant. Féréoud, Arnoux Nebon et André Brutil, prieurs de la confrérie des tonnelliers, menuisiers, massons, bro- chiers et charpantiers ;

Estienne I^outier et Ant. Garcin, prieurs des cordiers, tissera ns et chandelliers ;

Jacq. Paudozy et Jean Espié, prieurs des tailleurs d'habité ;

Jean Reynaud et Dominique Rolland, prieurs des caba- retiers, tiostes, pâtissiers, boullengers, manganiers et maganières et autres vandant pain et vin, muniers, four- niers et boucliers ;

Dupuy La Croix et François Barbier, prieurs des marciianJs pelletiers, eslancliiers, chamoiseurs, gan- tiers, chirurgiens, appotliicaires, droguistes et chappel- liers ;

Lesquelz prieurs, en général et en particullier, nous ont remontré, qu'en suitle de nos précédantes ordonnan- ces, ilz ont fait assembler partie de leurs confrères pour satisfaire à nostred. ordonnance et arrêt du Conseil •). Et, à ces fins, lesd. artizans, sçavoir lesd. Balthazard Gibellin et André Eyraud, pour les serruriers, maréchaux, orphè- vres, bridiers, bastiers, celliers, et fourbisseurs, avoir esté nommés et députtés pour procéder conjointement avec nous à lad" répartition, en conforniité dcd; arrêt ; lesd. Honnoré Queyrel et Dominique Robert ont dit avoir

osilion de diverses sommes sur les corp» houlangert ; 332 1. sur las marchands et l'iiirs ; 16î, sur les cordouniers, etc.

t.Google

LES ARTISANS A OAP. 309

nommé, pour leurs corps et confrérie, Ant. Michel el Joseph Blanc, cyprésens; Noé Jamet et Joseph Oarcin, prieurs des cardeurs, tainturiers et foulions, ont dit n'avoir encore fait leur dépulation, faute de pouvoir assembler leurs corps; lesd. Aol. Fér<^ou(l, Arnoux Nebon et André Brutil, prieurs des tonneliers, menusiers, massons, brocliiers el charpantiers, ont aussi dêclairé n'avoir peu députter aucun de leurs corps pour n'avoir peu les assem- bler; — Estienne Léoulier el Aut. Giircin, pour les cor- diers, tisserens et chandelliers, ont déclaré députté pour leurs corps Jean Vieux, chandellier, et Jacq. Kynaud, d'Esmeyère, terroir de cette ville; lesd. Jacq. Pandozy et Jean Espié, prieurs des tailleurs, ont dît estre di^pultés de leur corps ; lad. Hnllaud et knl. Amouriq, boullen- gers. ont fail mi'ime déclaration ; au moyen de laquelle Donimiuation et dépul;ition. ceux qny l'ont faite requiè- rent qu'il soit procrdé, avec leurs députtés, alnsy qu'il appartiendra, et les autres prioiirs quy ont dit n'avoir peu députer, pour ne pouvoir assembler leurs corps, ont requis d'eslre renvoyés à demain, à une heure après midy, à laquelle iiz auront salisfaît et fait une députta- tion, chacun pour ses corps, et ont sigm'' ceux qui l'ont seux, et ceuxqui n'ont pas signé ne l'ont seu faire, enqnis •et requis :

Signés : Qcryrei,, Rouebt. Gibelin, Mtciiel, André Eyraud, l(r,ANC. A. Féréoud, Espié, A, Neron, PAXOOzy, Rev.nau», Rolland, Holx,

A l'instant, ont aussy comparu s' Dupuy La Croix et François Barbier, prieurs des marchands pelletiers, blun- cliiers. cliamoiseiirs, gantiers, chirurgiens, appoLicaires. droguistes et chapeliers, lesquels ont dit n'avoir peu dépulter de leurs corps aucun d'eux, pour n'avoir peu assembler leurs confrères, el ont signé, sauf led. Barbier qui ne l'a seu.

C. DuPtlY.

Desquelz coniparans, nous, consul, avons donné actes ■et ordonné que, sans renvoy, les corps des confréries qui Annales des Alpes, II. 14

D.g.tzedbyGoOt^lC

2iO ANNALES DES ALPES,

n'ont députté fairont la députation de deux de chaque- corps, pour procéder k la répartition en question entre cy et devant une heure après mîdyet, ce fait, comparoitront, demain à lad* heure, dans cet hostel de ville pour procé- der â lad» répartition, munis, chaque députté, de l'état leurs confrères sur lequel il doit estre procédé, et, faute de satistaire, ordonnons qu'il sera procédé à icelle par nous à la présance des comparans, au péril des absans, sans autre assignation ni formallité, et avons signé : Thomé, consul ; Simon.

Arth. com. de Gap, 619, f- 74-76.

y. « Fente de la tannerie appartenante à CHospital, en faveur de Millord Blanc, et approuvé par le Bureau » dud. hôpital.

Gap, 21 mars et 18 juin 1730.

Entre nous soussignés, messire Claude de Pina, doyen en l'esglize cathédrale de Gap et directeur de l'hôpital Ste-Claire de lad* ville , d'une part, et sieur François Blanc, bourgeois en icelle, d'autre, avons convenu que led. messire de Pina, eu la susd» qualité de directeur, Yuide. cedde, remet et transporte cX h perpétuité diîsam- pare aud. s' Blanc le sol |^et] pla^=sage de la tennerie (sic) appartenant aud. hôpital, ensemble les régalles à l'en- tour, jardin et appartenances, sans soy rien réserver, situé proche cette ville, cartier de Chnuchières, joigniant la tennerie de Claude Blanc-Devise, quoique le tout con- tienne ; au moyen de ce que je dit s' Blanc promets et m'obIi(;e de me charger, au cadastre de lad* ville de Gap, de tout l'allivrement que les choses sus-vuidés j seront comprises, et d'en paieries tailles et charges à l'avenir, mesmes colles de la préseule année, et d'en relever et garentir, do ce jour, led . hôpital : estant baillé le tout, avec ses entrées, sorties, franc de toutes hipothèques jusques à ce jour, saut des tailles delà présente année.

D.g.tzedbyGoOt^lC

LES ARTISANS A OAP. 2il

comme sus est dit; s'en estant led. messire de Pina, en lad* qualité, dévesti et en [ayant] investi led. s' Blanc, auiL formes ordinaires ; et le remet et subroge à tous les droits et liipotlièques dud- hôpital, sans lui estra, n^^ntmoios, tenu d'aucune esvition ni gareotie en aucun cas. Et led. chargement sera fait à la présence de M. Blanc, procureur, ou de Vallon, notaire, ageant dud. hôpi- tal. Promettant respectivement l'observation des présentes, k peine de tous despans, domages et intérêts. Fait à Oap, double, ce 21 mars 1730.

Signés : l'abbé de Pina, directeur de l'hospital ; Blanc.

Le Bureau de l'hôiiital de Gap, [après] avoir veu les convantions cy-dessus, les a approuvé, et ratifié icelles en tout leur contenu. Fait à Gap, en Bureau, le 18 juin 1730,

Signés: f FraiNçois, év. de Gap; Gaubert ; BoNDiLH, curé; TouBNu; Deufont; KSCALLIER ; BEBNÉOUn.

Onglual, arcb. do l'hosplc! de Oap. B. tlS.

BIBLIOGRAPHIE ALPINE.

06. Almanach iUustré des If aides- Alpes, 1899. Gap, Louis Jean et Peyrol, ia-8° carré, (le 168 p. Ce volume, sous une apparence modeste, renferme de nombreux et très utiles renseignements. Sous le titre A travers les Hautes-Alpes [p. 3-13), il fournit des indications .précises sur la situation, les montagnes et les rivières, le climat, la faune et le flore, la population et l'administration du Département; les villes, leurs curiosités, et les centres d'excursions. A signaler encore : un tableau «des Com- munes (les Ilaiites-AljM'ti ctt JS99, avec indication do la population en 1708 Gt en ISOb ; la dislance en kilomètres

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Slt ASNALRS DES ALPES.

de la communs Bu cliefiieii : du canlon, de l'arrondisse- ment et du détiariemeut ; les noms des maires, curés et iastituleurs; la ilale des fêtes patronales; l'indication des bureaux de poste et télégraphes qui desservent la commune ; les gares des chemins de fer. Mentionnons aussi une lieureusû innovation : le Carnet d'adresses des Hauts-A ipins habitant hors du département (p. 58-60) ; UQ Plan de la ville de Oap en 1899, avec désignation des avenues, houlevarda. cours, places, rues, passages, impasses et chemius (p. 64-69); Ouvrages sur les Hautes- Alpes, eu veute à la a Librairie Alpine » de MM. Jean et Pejrrotfp. 165-I6(>).

67. Analecta Bollatidiana. Bruxelles, in-S", t. XI, 1892 , t. XVIII, 1S^8. Parmi les documents hagiographiques contenu&dsns ces deux, volumes, nous devons signaler tout particulièrement ici le suivant : Vita sandi Arigii episcopi Vapincensis ex Codice Graiianopolltono fXI, 384-401). Ce texte fournit sur S. Arey, évèque de Gap (579-ôlOj, un certain nombre de renseignements qui ne se trouvent pas dans la Vie publiée par Philippe Labbe (Nov. blbl. Mss., I. 095 99) et par les anciens Bollaodistes (4c/a 55. .\Iaii. I, 109-11). Ainsi il nous apprend qu'Ai-ey fut disciple du bieuh. Syagrius 1", évèque de Grenoble (555-568), qui l'ordonna prêtre: Libertatem sanctamper nianum. beali Siayrii, QratiannpoUtani antistitis, Deo 7nancipandam viriliter coti-sei-vavU. Cujus se magis- terio subdens et ad clericalis ordinis so'iein transiens, tam diu sacris morilms i>er ecclesiasllca documenta et ministeria proflciemlo conscendit, quousque sacerdota- lis gratiœ cutmen apprehemiit et Morgecensis vici eccle- sia^n regendam-suscipere proineruit,... per annos fere quattuordeclm (p. 3&6). M. Ambroise Tardieu, dans son Diction, fiislor. du Pay-de-Dôme (p. 200), et les nouveaux Bollandistes pensent que le Moryecensts vicus, meu- lionné ci-dessus, doit' être identifié avec Martres-sur-- Morge. diocèse de Clermout. Avec feu M. le chanoine AlbanÉS (Qallia christ, novlss., I, 1895, col, 450), nous croyons qu'il s'agit plus probablement de Marges en

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BIBLIOGRAPHIE ALPINE. 213

Trièves. « entre Grenoble et Gap », on ce nom, il est vrai, ne s'applique [ilus à une circonscriplion communale, mais il se conserve comme nom de lieu. Il est devenu célèbre dans l'hisloire Daiipliinoise, grâce, par exemple, à Abel lie Bérenger, seigneur de Morges, dit simplement Marges, neveu de Lesdiguières. qui l'affectionnait beau- coup ; il fut nommt^ gouverneur de Grenoble par Henri IV, en février 1591 ("A. Prudliomme, Ilist. de Grenoble, 1888, p. 421)- n'après notre manière de voir, on comprend parfailemenl comment les Gapençais, après la déposition de Sagittaire au concile de Clialon-snr-Siiône, en 579, de- mandèrent Arey pour évéque : ex privala notitla curas parochialis eousque pîtblicis rumorthus odorein suœ sanclitatis exiendil, ut Vapiticenxis calhedrce pfesul totius cleri ac popuU ' unanimi elcctione constilui... Tuere-'eltir Ooc. cit.). Arey survécut à S, Didier, évêque de Vienne ft -^ m^i 608j; c'est ce qui résulle de la Vie publiée dans les Analecia (p. :i95-a). Il n'est donc pas mort le 1" mai UO-i, comme ou le dît généralement, d'après le GtUUa Christian'' (.{, 457}, mais probable- ment vers 610 e< avant 014, opoiiiie V;itaton, son saint arcliidiacr' (snncto Voiatonio Vaiiincensi archklincono, p. 397), l'avait déjà remplacii sur le siège épiscopal de Gap.

68. .^.RNAUD (, François), notaire à Barceloniielte, corres- pondant du Ministère de l'InstructioD publique. Documenis el notices historiques sur lu vallfe de BarcHonnette, 1" volume (1890-1897). Digne,. Cliaspoul. 1898, in-S". Sous ce titre général, M. Arnaud a réuni un loi de savan- tes et élégantes plaquettes, qui toutes ont pour objet la vallée si pittoresque et si curieuse que forme l'Ubaye, depuis sa naissance à Maurin jusqu'à son entrée dans la Durance. Voici i'énumération de ces plaquettes, dont plusieurs sont déjà rarissimes: i* La première église du couvent des Dominicains de Barcelonnette (Digne, 1890. 20 p. et 4 plancliesj; -- Tribulations d'un notaire de Barcelonnette sous la Teneur (Barcelonnette, 1897, 14 p.); Z" Les Barcelonnettes au Meaciqtie {ïii%Qa,

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214 ANNALES DES ALPES.

1891,viii-73 p-);— i" François Taran (ib-, 1894, 11 p.) ;

5" L'instruction publique à Barcelonnette, écoles, école normale, collège Saint-Maurice (ib, 1894, 158 p.) ;

Sceau d'un seigneur de Beuil (Paris, 1895, 9 p, Extr. de l'Ânn. Soc. du Numism.) ; ~ Notice histor. sur les torrents de la vallée de l' Vbaye ("Paris, impr. nat., 1895, 40 p.j; 8o La Tète de Moyse (Paris, 1897, 11 p. Extr. de VAnn. du C. A. F., 1899} ; ia complainte de Taitou, reine des Gallas,... (1896, 3 p.) ;— 10' L'Eclai- rage électrique à Barcelonnette [iSffT, 6p.).— il" Appen- dices (1898, vil p.) « Tout groupe tmmaÎD, famille, cité ou nation, oublieux de ses ancêtres et insoucieux de sob histoire, quelque modeste qu'elle soit, n'est qu'un trou- peau passant et paissant »... Cette pensée de M. Arnaud mérite d'être méditée, et noua appelons sur elle toute l'attention de ceux qui, loin d'eucourager les recherches et l'élude de nos documents historiques locaux, de quel- que nature qu'ils puissent être, n'ont, trop souvent, que de l'indifférence, pour ne pas dire plus, envers ceux qui consacrent leur temps et leurs veilles à tirer de l'oubli les souvenirs glorieux ou tristes de nos pères... Ajoutons que M. Arnaud vient de publier un bien curieux travail : Le notariat et Vinsinuation à Barcelonnette (Digne, 18!>8, 50 p.), sur lequel nous reviendrons quelque jour ; travail qui complète celui que M. Arnaud avait fait paraî- tre en 1893 : L'insinuation dans la vallée de Barcelon- nette (Le Havre, 10 p. Extr. des Annales de Penregistre- ment, 1893). Mais tout cela n'était, pour ainsi dire, qu'one préparation. M. Arnaud, dans quelques mois, va nous donner une grande édition de luxe: «Les Alpes Françaises: La Vallée de Barcelonnette (f Vbaye). L'an dernier, le Club Alpin Français « en organisant son congrès annuel à Barcelonnette, a voulu montrer aux touristes émerveillés les magnifiques excursions de ce pays presque ignoré, sur lequel il n'existe que peu de documents et aucune publication présentée avec les pro- cédés modernes d'illustration ». M. Arnaud comblera cette lacune. Il nous dira les faits mémorables, anciens et

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BIBLIOGRAPHIE ALPINE. 215

tnodernes, de cette vallée < qui n'est française que depuis 1713, mais que les armées de François 1«, de l'Infaot d'Espagne.des Catinat, des Berwick ont foulée tour à tour ». Là, « vivait, lifare depuis les Romains, une rude popula- tion, fière de son Indépendance, élisant librement ses consuls en plein moyen âge, sous saint Louis, traitant d'égal à égal avec les comtes de Provence, avec les ducs de Savoie, et qui, dans ses caliiers de doléances aux États généraux, demande pour ses frères de France l'octroi des libertés dont elle jouissait detemps immémorial »... Aujourd'hui, « les Bai-celonnettes » émigrent en grand nombre, surtout au Mexique, t< mais tous reviennent, fortune faite, car Eà-bas ils ne peuvent oublier la silhouette -dentelée des montagnes, les grands pâturages, les verts mélèzes aux fines branches relevées en clochetons chinois, et l'enchantement de ces prairies parfumées,sou8 la splen- deur de ce ciel provençal, d'un bleu si profond en été et si tendre en hiver... Ah! que notre chère France a des coins merveilleux, ignorés du public routinier 1 »... Le nouvel ouvrage de M. Arnaud, La Vallée de Barcelon- netle, illustré de nombreuses autotypies. découpées et intercalées dans le texte, donnera satisfaction à tous les goûts, aux érudits et aux touristes ; il sera publié, à Gre- noble, par MM.Alex.Oratier et G'*, éditeurs, en un volume în-8°, « cartonnage amateur toile soie deux nuances >, Auprixde6 fr. seulement... Avis aux amateurs.

69. Berouin ('Mme;, Nouvelles récréations enfantines^ ■Grenoble, Vallier, 1899, in 16, 40 p. Recueil charmant de fraîches et délicates fleurs, d'un parfum très salu- taire ;

Nous iroos las oRrir un jour Avec DOS vœux et notre amour

A Notre Pare. Qui porte un intérêt ardent A notre cher petit arpent

De bonne terre 1

70. Berluc-Pbrussis (L. de), La Patrie et la Mairie. Discours prononcé à la Félibrée de Voix le 35 septembre

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316 ANNALES DES ALPES.

J898. Porcal(]uier, Alb. Crest. 1898, in-S', 14 p. « L'amour de la commuae, celui de la province, celui de- . la nation, sont les Tormes éclielonnées d'un sentiment unique. Quiconque ne les confond pas dans un mème- culte passionné, ne comprend qu'à moitié la graodeur- et la saveur de cette religion de la Patrie... Travaillons de tout notre effort moral à la résurrection des provinces, dont la nôtre, Provtncia provinciarum, est le prototype historique ».

71. Capeciciatro (Alphonso cardinale), arcivescovo Gapua e bibliotecario di S. R, Chiesa, Commemorazione di Ù. Lulgi Tosti, abaie Cassinese. Monlecassino, 180S, in-8°, 106 p. Tous ceux qui ont eu le bonheur de conoaSlre le R"" P. abbé Tosti et de l'approcher ont gardé de lui un souvenir ineffaçable et une admiration profonde. Ses innombrables travaux sont aujourd'hui répandus partout, et plusieurs traduits en diverses langues. Qu'il nous suffise de rappeler ici les suivants : Storia di Monlecassino (1842) ; Storia di Bonifazio VIII (1846) ; Storia délia Lega Lombarda (1848) ; Abe- lardo (1851) ; Storia àel concilia di Costanza (1853) ; La sctsma greco {\8'M] ; La conlessa Matilde e i Romant Pontefici (1859) ; Prolegomeni alla Storia univarsale délia Chiesa |18till,- Vlla di San Benedetio; Ricordi bibllci; Sallustio; La Conclura di Catilina, eic.Tous ces travaux, réimprimés récemment, forment une collection de 18 vol. in-8", auxquels s'ajouteront probablement plu- sieurs volumes d'Œuvres posthumes- Toute la vie du P. Tosti, vie de prière et de labeur, fut inspirée par un double sentiment : l'amour de l'Église et l'amour de son pays. Le fameux ministre anglais Gladstone. l'avait en profonde estime, et elle dura depuis le Jour où, au Mont-Cassin méjne.il écrivait sur le Registre des- visiteurs de l'abbaye le mot célèbre « Floreat •>, jus- qu'au moment où, vieillard, il demandait, d'Angleterre, k son viel ami, tra vccchio e vecchio, une part dan? ses prières, aile sue huone orazloni (Juin 1896). In questo- tnomento. ajoutait Gladstone, sono preso d'un entit-

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BIBLIOGBAPHIR ALPINK. 217

stasmo a favo'-e délia condottadei Papn Leone XIII... Il se souvenait, sans doiile, de la lelle prière à saint Benoit, que son amiTosTi avait fait fîi'aver uu jour sur un rocher voisin du lieu de leur séparation: 0 Padre nostro cite sei nei cie.li. afyraiella a noi V InghlUerrn nellauniià délia Fede... Ilm'esthien doux, après plus de trente ans, de songer aux heureuses circonstances qui m'ont val» de coDuaUre un savant et saint religieux, tel que l'ut le P. Tosn, et de penser (jue c'est à lui que je dois surtout le charme dema vie d'études, commencée au Mout-Gassin même, chai-me que le cardinal Capecelatro a si bien décrit et queje ne saurais bien rendre en français: « Lo scrivere libri, invero. illuminando e vivificando lutte le facoltà dello spirilo iimano. benché dia una cotale Intica. di per se diletta. Ma, poichè io ebbi altresi grazia da Dii> di volgermi sempre ad artromenli di rdigione, godei scri- vendo, e gndo luttora. anclte quel diletto, che nasc& deirelevarsi con la mente e en! cuore airetcrua Bellezza. e dal senlire inlorno un'aura soave, onde «i spera che lo scrivere faccia del liene » (Capecelatro, p. 12)

72. Cauvièrb (J.), La Provence ei ses voies nouvelles. Lille, Dcsclée, 189!). in-8°, 840 p L'élégant volume publié pai" M. Cauviére se partage k peu près pn deux parties égales. La première a pour objet « la côte d'azur»: de St-Rapliaël à Sl-Tropez et à Hyères: de Marseille à (irasse, par le Central-Var ; le chemin de fer de la Turbie et N.-D. de Laghet; de Pigne à St-Marlin- Vésubie et à Nice p. 8 à 137). I..a seconde partie, « de Grenoble au Mont-Genèvre » (p. 138 à 238j, est plus spécialement consacrée It ta région dauphinoise et au département des Hautes-Alpes : « Qu'on ne nous reproche pas, dit l'auteur (p 140i, d'élargir abusivement notre cadre : qu'on ne dise pas que la Provence n'a rien à démêler avec ce département. Les Hautes-Alpes, quoique formées, en 1790, du démembrement du Dauphiné, appar- tiennent à certain» égards, â la Haute-Provence par leurs coutumes traditionnelles et leurs mœurs de famille Avant 1789, elles suivaient le Droit romain, comme les Basses-

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Alp6!<, et la jurisprudence des deux Parlements, lîe Pro- ■vence et de Dauphiné, offrait peu de Iraits de différeoce. Jusqu'en i513, le pays de cïap a fait partie de la terre provençale et il a partagé toutes ses destinées. Embrun fut, de bonne heure, mf^tropole des Alpes-Maritimes, et il fit partie, comme Gap, des comtés de Provence et de For- calquier. Pendant tout le XI* siècle, les comtes adminis- trèrent leurs possessions de l'Embrunais comme celles du Gapençais par l'intermédiaire de vicomtes qui résidaient à Gap, autant vaut dire en Provence. La Révolution a eu beau remanier la carie; elle n'a pas détruit les affinités naturelles ni brisé entre compatriotes le vieux faisceau des traditions. Aujourd'hui encore, le prélat qui adminis- tre le diocèse d'Aix en Provence, prend le nom d'arche- vêque d'Aix, d'Arles et d'Embrun ». Et ce qui met en relief cette pensée de M. Cauvière, c'est la belle vue de La Grave qui orne la couvertuie même de La Provence et ses voies nouvelles. Nous aimerions encore à citer ici les pages si intéressantes que le docte touriste a consa- crées à la description de la Meije, du Lautaret et du Oalibier; à Ber-wick et autres généraux qui ae sont illustrés dans les Alpes ; aux institutions Briançonnaises ; aux multiples souvenirs qui se rapportent à Griançon et au Mont-Genèvre. Elles doivent, du moins, être signalées. « Rien des guides traditionnels, froids pour l'ordinaire, faux quelques fois, vulgaires et banals presque toujours. C'est une série de tableautins brossés avec amour, mais d'une main légère, sans pédautisme ;... des portraits à la plume qui valent leur pesant d'or, de l'humour, des mots trouvés sans être cherchés, de charmantes saillies» et peu ou point de ces longues dissertations qui ennuient le lecteur pressé d'aller de l'avant dans ce genre d'ouvra- j^es... En somme, grande variété, style clair et vif, sûreté dans les données historiques ou scientifiques, et véritable talent dans tes descriptions » (T. Brieugne). D'ailleurs le volume est imprimé avec grand soin et illustré d'une série de 17 phototypies, gravées par Moret. 73. Meyer (Paul), de l'Institut, Le Ltvre-Joumal de

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BIBLIOGRAPHIE ALPINE. 21Ô

mailre Ugo Teralh, notaire et drapier à Forcalquier (1330-1332). Tiré des Notices et extraits des Mss. Paris. Impr. Nat., 1898, iii-4", 42 p. et i pi. M. Meyer a rencontré, daos la couverture d'un registre des délibéra- tions municipales des archives de Forealquifir, plusieurs feuilleta d'un Livre de comptes d'un marchand drapier de cette ville. Ces fragments * sont assurément, maigre les mntilatioDS qu'ils ont subies, l'un des documeuls les plus intéressants qu'on puisse consulter sur l'histoire du com- merce dans le midi de la France, vers le premier tiers du XIV* siècle ». l'est le plus ancien spécimen du langage parlé à Forcalquier A cette époque. Plusieurs articles sont écrits en hébreu et le livre de m* Ugo Teralh pré- sente, sur la communauté juive de Porcnlquier, de curieu- ses indications. Il offre encore une multitude de précieux renseigoements sur le commerce des étoffes en laine, leurs noms variés, leur prix, la manière dont la compta- bilité ^'tait tenue à cette époque. Un Tac-similé permet de se rendre compte de la mélhode usitée, et aussi des diffi- cultés que M. Meyer a surmonter pour l'établissement du texte. De nombreuses notes aident à saisir le sens des passages difficiles et la valeur du texte publié, surtout au point de vue philologique.

74. Ministère db la Guerre. Inventaire sommaire des archives historiques {Archives anciem\es : Corres- pondance). Paris, Impr. Nat., 1868, in-S", t. I" In"' i à 1203), vii-244 p. Le mot « Correspondance » est pris dans un sens très large, et a il faut entendre ici, non seulement les lettres proprement dites, mais encore des pièces Jointes, telles que liittres patentes, commissions, ordonnances, règlements, ordres de bataille, états de per- tes, de situation, d'emplacement, parfois même des plans et des croquis >. Les dates des documents analysés dans ce volume par M. Félix Brun, rédacteur principal chargé des archives historiques, sont surtout comprises entre les années 1571 à 1693. Un très grand nombre de pièces concernent la Savoie, le Dauphiné, la Provence, et en gémirai toute la ligne des Alpes. Comme plus particuliè-

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2:^0 ANNALBS DES ALPËS.

remetit iatûressantes, nous sigualeroos celles des anni^es 16r>2 et sLiiv. (n" 134, 245. 257. 299, 516). Les ilocuments relatifs aux années iUSQ-iHOZ abondeut, et sont d'une importanee capitale pour noire région (n"' 898. 602, lOlO, 1099, 1100, 1105 72). Le n" 1170 renferme.des pièceg rela- tives à ia défense d'Embrun, à Briançon, Sisteron, Seyne. Barcelonnette, Fnigelas, te Cliâteau-Queyras ; « Gap et les villages des environs britlés par l'ennemi >• ; des mémoires et des lettres de Catinat. Larray, Rouchu, le chevalier de La Pare, (''est nn ensemble de documents qui n'échaiipera pas f) l'allenLioii des historiens.

75. Ministère de l'Instruction publique et des Heaux-Abts. Bulletin historique et philologique, 1898, n"' I et 2. Parmi les nombreux mémoires publiés dans ce bulletin, nous devons signaler les suivants : Note sur les minutes notariales... antérieures à 1790. par M. FixiUH DE St-Oenis (p. 40-49) ; Du commencement de l'année et de l'indlction en Dauphiné, par M A. Pru- nifOMME, archiviste de l'Isère (p. 260-284); Les anciens registres paroissinux de Provence [1503-1790), par M liÊRiN-RiCHARD (p. 290-304). Ces mémoires ne peuvent s'analyser. Il faut les lire pour en comprendre la gratidn importance et la valeur pratique.

76. Ordo dicinl offictl recitandi sacrtgue peragendt ad usum evctesiae Vapincensis pro anno Domtni 1899. . Gap, Ricliaud, 1898, in-16, 124 p. Cette année, comme l'an dernier, YOrdo du diocèse de Gap, outre le Tableau chronologique des évèques de Qap. depuis S. Démètre jusqu'à Mgr Berihet (p. 71-75). et l'État des paroixses et du personnel du (ifofèse (p. 77-84). grâce à une heureuse innovation, nous donne les Titulaires ou patrons des t^'aroisses. Il y aurait peut-être quelques erreurs à signaler dans celte nomenclature; mais on pourra les Taire disparaître facilement à l'avenir. Le Nécrotoge signale trois décès : M. Allard (Marie-Jean- François). à La Roche- de- Rame, niort missionnaire à Halaca, le 5 juin 1898; M. Bumpabd (Hipp.), ancien direc- teur au grand séminaire, mort en retraite à Gênes, le

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BIBLIOGRAPHIE ALPINE. 121

2o août 1898, et M. Haas {Pierre -Joseph), ancien cl>ape- lain de la Cathédrale, mort en relraite & Oap le 7 oct. 1898.

78. PouPARDis (René], Licenciées Lettres. École natio- nale des Charles. Positions des Thèses de la promotion de 1899 : Boson el le Royaume de Provence (855-933?). Chalon-sur-Saône, Marceau, 1899, in-S", 12 p. La thèse de M. Poupardin esi appelée à produire un plus grand jour sur une des périodes les plus obscures et les plus confuses de notre histoire du Sud-Cst. L'auteur s'occupe, d'abord, de Charles de Provence. 3* fils de l'emp<'reur Lolliaire \". ijni étendit son aulorîlé sur la Provence et le duché de Lyon (855, f à Lyon 2.^ janv. 863;. Il s'occupe, ensuite, du célèbre Bo-iim, flis de Bu\ in ou lîeuves, comte de Vienne en 870, gouverneur de Provence et du Lom- hardie en 875-70, élu roi de Provence « par une assemblée d'évôques et de grands réunis à Mantaille » (15oct. S79). et qui mourut à Viejine le 1 1 Janv. 887. De son mariage avec Ermengafde, fille du marquis Bérenger de Frioul el, derimpéralriceEngilberge, Bosson eut V\itU)v\\mé Louis l'Aveugle, proclamé roi de Provence à Valence en 890, roi d'Italie en 900, couronné empereur à lîome en févr. 901, qui fut pris dans Vérone en 905, à qui Bérenger fit, peu après, crever les yeux., mort eu juil. 928. Durant ses dernières années, Ilurjucs d'Arles, plus connu sous le nom de «comte de Provence », roi d'Italie en 028 [f 24 avril 917), gouvernait la Provence D'autre part, Charles- Constantin, comme de Vienne dès 928. étendait son auto- rité dans le Viennois, le Lyonnais et leVivarais. Il mourut après 962. De leur temps, la situation de notre pays était lamentable. Il était en proie aux. incursions et aux rava- ges des Hongrois et des Sarrasins, Voici les conclusions deM. Poupardin surce point spécial: «Nécessité de s'en tenir aux indications de Flodoard. de Luitpr.'iDd. de la C/iro- ntquede la iVoiîato/se, de la ViedeS.Maieul et des chartes. La Vita sancti sanctl Romuli e[ \a Vita Ilobonis àoiwent être laissées de coté... Des incursions de Sarrasins sont mentionnées en 842, 848, 850, 869, 890 et à la fin du XI'

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222 ANNALES DES ALPES.

siècle à Apt, à Arles, à Lérins (î). Des Sarrasins s'établis- sent en un point du Frtiarinetum Cerrilorium, voisin du goire de Gi-imaud... Il ravagent les territoires enviro- natits. On a mention de leurs dévastations, pour le .diocèse de Marseille avant 923, pour celui d'Aix avant 925. Ils pénèti'ent peut-être à Marseille même, dans le second quart du X' siècle. Vers 930, le pays d'Avignon a été ravagé par eux. Avant 907(î] ils sont dans le Valenti- nois, avant92(î dans le Viennois. Les incursions dans ce dernier pays pourraient être îittrîbuées aux Hongrois. Dans les Alpes, ils détruisent le monastère de la Novalaise avant 906 (date qui parait devoir être conservée). Ils dévastent le pays d'Embi'iiu avant 936, et sans doute celui de Grenoble. Depuis 920 environ, ils occupent presque conlinuoUement les passages des .Vlpes. qu'ils traversent pour piller Acqui (935-6} et le paysd'Asti. Ils vont, d'autre pari, jusqu'à St-Maurlce et à St-Gall r939-40). On semble peut s'occuper de leur résister. Cependant, en 931, Hugues d'Arles, roid'Ilatie. dirige contre eux une expédition sans grand grand résultat. En 041, Hugues d'Arle.'s obtient l'alliance de l'empereur grec, Romain Lekapène. Une tentative est faite en 942 contre le Freinet avec le concours de la flotte grecque. Elle parait d'abord réussir, mais Hugues l'abandonne pour faire alliance avec les Sarra- sins, et ils reslont dans le pays jusqu'en 983». Toutes ces conclusions sont appuyées sur un certain nombre de documents et des pièces ju.stificatives. Nous souhaitons que la public.ition de cetle savante thèse ne se fasse pas trop longtemps attendre.

?!). [Uby fde) G.^' Almanuvh des Saints de Prot-ftice pour t'nimde 1S90, contenanl le Calendrier rohiain et le Cnicii'lricr j/roreiiçal. i'2' année. Marseille, r. Sainte, 39, 1899, in-i6, 04 p. <■ A chaque jour du mois est inscrit d'abord leSaiut de l'année liturgique, ou, à défaut, un saint pris, il ce jour même, dans le Martyrologe romain. Suivent. en caractères antiques olitaliques, les Saints qui appartien- nent à la Provence i)arleuriirus.faûce, leurs séjour ou leur moiL s, et les saints ar.'rii'n-s, dont la jour de fête n'est

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BIBLIOGRAPHIE ALPINE. 223

pas déterminé Cp. 28). A signaler une notice développée sur S. Arey, évèque de Gap (579-610], et celles de S. Yirgile, évétiue d'Arles {588-610), de S. Bonet, préM de Marseille (VU' s'), des. J50d»« ou Gilles, abbé en Lan_ guedoc (VII«-VIII« s"j.

80. Revue Dauphinoise, revue de littérature et d'art, bi-mensuelle, illustrée, paraissant le ioet le 30 de chaque mois, par fascicules in-4" de 24 à 3i pages. Grenoble, Librairie Dauphinoise, Prix. 20 fr. lies quatre n"' de la Revue Dauphinoise parus à ce jour rontbien augurer de l'avenir. Ils nous apportent une série d'articles d'un ^rand intérêt : L'expression des setUiments dans lus Ans par A. DE Rochas ; La Céramique en Dauphiné par i:. Pilot DE Thorey ; L'expédition d'Andrée par Charles Kabot : Le Secret de la Pyramide par Paul Guillemin ; Le sta- tuaire Jean Marceilin par Aristide Albert ; Le VercÔrs par Etienne Mellier ; Le Dauphiné à Paris, à Lyon, à Grenoble, par Henri Second ; A travers les livres par Jean-Xavier Parassac, etc. Ajoutez à lout cela desWou- vetles ravissantes par Emile Roux et Pavel Zariavitch, des Chroniques d'art et de musique par Maurice Ghampa- viER et H. Eymieu ; des Sontieis, des Rondeaux, puis des Èphémérides Dauphinoises,... le tout imprimé en caractères neufs, sur beau papier, avec des illustrations de cliois, telles que celles qui embellissent les articles MM. A. DE Rochas, Paul Guillemis et Aristide Albert, ou celle qui décore le frontispice de la Revue Dauphinoise, signée J. Plasdin, et vous avouerez que le but est atteiut du coup; c'est vraiment une œuvre de dicentrallsa- tion et une œuvre Dauphinoise... En avant Datiphiné!

81. Rochas d'Aiolun (colonel A. de), administrateur de l'École Polytechnique, Les médecins ignorés : Ilennj de Rochas d' A igiun\Aaas La Chronique médicale, i^Aèc. 189S,p.753-G3;.— Henry deRochas, sgrd'Aiglun,« médecin et conseiller du Roy », l'un des précurseurs de la chimie moderne, lut successivement médecin de Gaston d'Or- léans, de Louis Xin et de Louis XIV. Il appartenait à une ancieuue fauiillo l'roven(;aIe, Antoine do Rochas, sgr

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224 ANNALES DES ALPES.

d'Aiglun, sou grand père, marié deux fois, la seconde fois avec Philippine de Sabran, eut an moins six fils et deux filles. Il testaàValensolle ieô sept. 1559. Honoré.l'un de ses fils, compagnon d'Hauri IV, fut intendant général des mines en Provence. De son mariage avec Jeanne de Meyran, fille de Jean, baron de Vachères, près Forcal- quier. et de Marg" de Glandevez, il n'eut qu'un flis. le médecin Henry (1002-1654..). Ce dernier se livra, d'abord, à l'exploitation des mines dans les Vallées Vaudoises, à Lucerne, à Angrogne, et fut nommé par le duc de Savoie lieutenant des mines. Il trouva la véritable explication <Jes eaux thermales et l'origine de plusieurs de leurs propriétés curatives, ce qui lui valut uue grande l'éputa- lion. Il exerça dès lors la médecine, et on le rencontre, «n qualité de médecin, lors de l'expédition de l'ile de Kû;I627), surtout à Paris (1634-48), et durant la peste de Toulouse ea iilô2. Il publia un grand nombre de livres sur les eaux minérales et les maladies contagieuses. L'un d'eux, La Pli7jslque déinomiralralive (1041), dont M. A. de Rochas nous donna le frontispice en fac-similé, porte ce mot. pour épigraphe : La vérité et 7ion l'autori/é.

82. Violette- Revue, Journal hebdomadaire illustré de delà Famille, iu-l°. Paris, iUO, Boul, St-Germain. Prix., 20 fr. Nous croyons devoir appeler tout spécinlement l'atlentioii de nos amis et de nos lecteurs sur cette très remarquable revue Parisienne, dont nous avons reçu quatre u°». Elle nous a vivement intéressé par la variété et le choix de ses articles. De plus, chaque n" renferme une multitude de renseignements variés, sous les rubri- ques suivantes : La semaine politi'^ue, liuUetin financier, Bulletin astronomique, Consultation juridique, Prescrip- tious médicales, Bibliographie, Recettes diverses. Sports, La Cuisinière Gordon Bleu, Violette mode. Etre utile et être agréable », tel est le but de Violette-Revue. Nous tenons les n"* parus à la disposition de nos lecteurs qui voudraient se rendre compte par eux-mêmes de cette exce!leiilepiiMica[ion p/'rioilique. P. G.

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CORRESPONDANCE

" DES

Associés Hauts-Alpins

'Société des Anus de la ConsUtution

Etabli» à Grenoble

Messieurs *),

Citoyen delà ville de Eriançon, je n'ai pu voir qu'avec peine votre journal du 15 mai dernier, dans lequel, en rapportant la fédération du Villard-St-Pancrace entre les communautés de l'Ecartou de Briauçon, pour insinuer que cette ville est entachée de l'esprit aristocraque, on allègue la noiqination de M. le marquis de Tonnerre à la place de colonel du Briançonnats et l'on affecte de jeter de l'odieux sur cette promotion dont on s'est bien gardé de rapporter la vraie origine.

M. le duc de Tonnerre fit, en 1766, en qualité de com- mandant de la province, sa tournée dans le Briançonnais. Les milices bourgeoises, instituées depuis longtemps, tou- jours en activité en temps de guerre et soldées dans ces circonstances, en déférèrent à celte époque le commande- ment à M. le marquis, son fils, qui fut reconnu unanime- ment par tout le pays.

Sur des plaintes réitérées d'une désertion considérable, en 1781, parmi les troupes de ligne d'Embrun, Mont- Dauphin et Briançon, il fut présenté au ministère un pro- jet de mettre sur pied une troupe de 1.200 hommes dont

') Voir U livraison précédeole, pp. 177-200.

ij Arcb. mUDic. de Gi'daoble; LL, 63. Suds data, cette leKro a être écrite vais la inéma époque qua las précédentes, peut-être quelques jours asaol. Elle fut adressée au» rédacteurs du Jûitmal Palriotigve «t iosérée dans le aumëro du jeudi «1 jiûd 1790.

Anmalbs dss Alpes, II. 15

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la composition de seuls Briançooaais devait toujours ètre^ par semestre, en activité à la solde de l'Etat; toujonrs détachés, en été, sur les postes de l'extrême frontière, soit pour veiller dans le premier cas à la désertion, soit pour prêter main forte contre les bandes armées, soit enfin pour veiller à la sûreté publique et suppléer aux maré- chaussées dont le pays manquait, et, en hiver, faire le service de la place et des forts. M. le marquis de Ton- nerre, qui n'était déjà plus en activité, fut encore désigna par les auteurs du projet pour commander cette troupe. Lfi projet ne fut pas agréé et resta sans effet.

Comme le marquis de Tonnerre n'a pas donné, daus la crise actuelle, prise à la censure, à ce qu'on a cru, et que, quand même il aurait été imbu de principes contraires à la chose publique, la ville savait n'avoir rien à redouter d'un seul individu et iiolé, on le prévint, dans cette nou- velle formation, de la conQrmation qu'on avait faite de lui pour le commandement en chef qu'il aurait pu remplir aussi peu que M. de La Fayette.

N'était-ce pas alors que les fédérés du Villard, qui, par leur nombre, ne pouvaient qu'avoir la prépondérance, auraient y former') opposition et rectifier le premier choix, s'ils le croyaient défectueux. Leur silence, jusqu'ici, necaractérise-t-il pas une adhésion comjilèteî

L'on s'est bien gardé de rapporter le vrai motif de leur division. Une contestation, à Saint-Crépin, au retour de la fédération des Grottes, élevée entre les chefs sur le prétendu droit de commander le détachement, à l'exclu- sion de la ville, en a été la cause, et c'est pour- donner du lustre à leur nouvelle fédération, par un contraste, qu'ils ont proclamé M. de Lafayette, quoique certains et pré- venus que ce général avait déjà refusé le commandement d'autres milices nationales. Voilà, Messieurs, le vrai nœud gordien.

') Ls suile sa trouve auï A.rah. mmiic. de Grenoble, LL., 51, Cette leltrn ost écrtlv sur daui feuillets ; dam le classement d^t archives, la premier feuillet s'est trouvé à la liasse 6!) et le second à la liassa 57.

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LES ALPINS A GRENOBLE EN 1700. 'Z'SI

La ville de Briançon ne peut contenir des fauteurs de l'antirévolution ; elle n'a dans son sein aucnn noble ; son clergé n'est point titré, il est très pauvre et l'on peut dire avec vérité que ses membres sont, par leur conduite et leurs mœurs, les dignes représentants des apôtres'). Comment pourrait-on donc voir germer dans son sein des sentiments antipatriotiques ? Elle vient de se mettre dans un état de défense respectable ; tous les citoyens sont armés ; ils ont plus fort, les communautés de la Grave, du Villard-d' Arènes, de la Roche et de l'Argenlière. nou- vellement unies au district, viennent, par ses soins, d'èlre pourvues d'armes, et chacun brûle d'impatience de coopérer à consolider le grand édifice que l'Assemblée nationale élève. Les forts vienneut, d'être mis par eux dans un vrai état de défense ; le régiment d'Austrasie vit avec les babitants dans le plus grand accord et le service s'y fait promiscuellement : quelle puissance romprait un tel faisceau ?

Nos montagnards, n'en doutez pas, s'uniront, aubeï'oin, pour la cause commune; ils sont aussi braves qu'ils ont la réputation d'être laborieux. Nous avons eu, comme le régiment d'Auvergne, notre d'Assas. Dans la guerre de 1744 A 1748, un pay.san de Saint-Martin de-Queyrière, posié sur une hauteur, auprès d'un signal, avec ordre d'y mettre le feu en cas d'apparition de l'ennemi, fut surpris dans une nuit obscui-e ; on eut beau le menacer. Il fit son devoir, mit le feu au signal, sauva l'armée et mourut de plusieurs coups de fusil. Sa veiTve. mère de six enfant.s, eut une légère indemniié et l'action de ce brave homme fut étouffée, parce qu'il n'était [las noble.

J'esptre, Messieurs, que vous voudrez bien, et je l'attends de votre justice, insérer la présente ou son précis dans une de vos feuilles.

' ] Une note insérée au Journal patriotique du jeudi !!4 mars 1791 dit que les manœuvres du ci-dovant archevêque (Mgr de LeyssiDln'onl pas eu une grande influeDce ;ur l'espril des ecclésiaslîguRs du Bnen* founais ; sur B3 foDctioniiaires publics, SI ont prêté le serment, un l'a refusé, el un l'a retiré.

Digilzedt.GoOgle

228 ANNALES DES AI.PBS.

pas attendre l'envoi ministériel du décret pour se mettre en mesure de s'y conformer. Il est très dirScile que le décret soit envoyé assez à temps pour que de notre département, le plus éloigné de Paris, l'on puisse aller dans cette ville pour le 14 juillet'). Pour que nos gardes

Il est douloureux pour une ville qui, dans cette occa- sion, s'est dévouée généreusement aux plus grands sacrifices, qui se regarde avec fondement comme un des boulevards du royaume, d'être soupçonnée de la tâche de l'opinion antirévolutionnaire. Les habitants seront, Je vous l'assure, dans toutes les occasions, prêts à verser leur sang pour coQvaincre le reste des Français de leur entier et véritable patriotisme.

J'ai riionneur d'être, Messieurs, votre, etc.

Laurent, licencié endroit-

J'ai reçu les lettres d'agrégation dans votre Société, dont vous avez bien voulu m'honorer. Recevez, je vous prie, mes remerciements et l'assurance que jamais je ne dévierai des principes et des sentiments qui vous dirigent.

L'agrégation à une Société telle que la vôtre donne un nouveau ressort au patriotisme et aide à supporterions lesdégodts dont les ennemis du bien, les hypocrites et les

] La dépuUtion des disliicls du déparlemcDl des Hiutcs-Alpel envoyée à la fédération de Paris lui de retour à Qap le i août 1T90, à 7 heures du soir. Elle arriTo escortée do la garde nationale de Gap et de celle d'ArançoD. Ahel, député du district de Serres, comme étaul le doyen d'Sge, portait la bannière c o&urte par les frères de Paris pour le dépai'tement. Les dépulus étaient, pour Oap. Dtiéraldo el Agoult, de Gap ; VallïDtin, du Saint' Bonnet; pour Embrun, Jeau-Ange Hoaooré, FraoïOiS' Antoine Gerbter, Aleiïs Sauvin, Jeaa-Ioaeph Caule, Jean- Jacque!< Duc. Marcel Iioard, FrflnçoU Doulre, Jeaa-Jacques Souchoo. Pour Serres, Rostaii lils, de Serres; Double, de TreKcIéoux ; Sauze flis, d'Orpierre; Chauvet, de Monljai. (Arcb. dtp. dtt SauUs-Alpts ; L. ISr). *) A.r«h. munie, de Gi-tnobU ; LL, 64.

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LES ALPINS A GRENOBLE EN 1790, 229

esclaves atlacliés à l'ancien régime, cherchent à accabler ceux qui ont le courage de prolessor haulement les bons principes et de démasijuer les ennemis de la Révolution, Je ne négligerai aucun des devoirs d'nn ami de la Consti- tution ; je vous serai obligiî de me mettre à partie de sui- vre pa^ticuli^^ement le r<'glement de voire Société en m'en envoyant un exemplaire.

Il serait peut être utile d'inscrire dans v-itre journal ce que vient de fajre notre municipalité, au sujet de la confé- dération générale'). Elle a appris ])3r les papiers publics le décret de l'Assemblée nationale sur cette confédé- ration. Frappée de la grandeur et de l'utilité de ce projet pour l'avancement de la Révolution, elle a cru ne devoir nationales ne soient pas privées d'avoir leurs députés à cette sain teet patriotique eérém'uiie. etiea invité toutes les gardes natii>nales du district A députer a Embrun, suivant la teneur du décret ; elle a encore invité les miinicipalilés à envoyer chacune un député, pour cmcerter ensemble les moyens de l'aire les IVnis de la députatioii avec le plus d'écinomie. Ge ijui sera décidé sera subordonné à la sanction du dt'cret. Mai.->i)n a cru, iiltendu le gi-and éioi- giietnent et le peu de temps, pouvoir devancer les prépa- ratifs de l'exécution du décret. Somme quelques communes pourniient ne pas goûter ce projet, dans l'espoir d'écono- miser le prix de leur députation en ne députant pa.'t, sous prétexte de brièveté de lem|>s, vous rendrez service aux patrioteset vous favoriserez le zèle ito notre municipalité en insérant diins voire journal cet acte que je crois être digne d'éloge.

Je compte pouvoir, par le prochain courrier, vous parler d'une confédération patriotique entre le régiment d'Ëngliien^) et nous déjA projetée depuis longtemps, mais

') Ce qui guil fui iasérâ dans la Joui-nal patriotique du jeudi H juin 1190.

') Le régiment d'Enghiaii devint, en 1791, le 93=> d'infanterie. (,1mA. d^. des HautesAlpai ; L, 59*). Il n'j a, dans la correspondance de la Soeiéii populaire aucune lettre annouçant que cette canrddé- ration patriotique s ait eu lieu. Une fête de ce ginre fut donnée par lei

Digilzedt.GoOgle

230 ANNALB3 DES ALPX8.

empêchée par Ifl zèle arist'^cratique des officiers et les manœuvres dont je tous donnerai en même temps les détails. J'ai l'iioiineur d'être très patriotiquement,

Votre très humble et très obéissant serviteur,

IZOARD').

Bmimm, le 19 janvier 1798.

J'ai l'honneur de vous , faire hommage d'une mauvaise adresse que J'ai faite pour les municipalités et gardes nationales du district d'Bmbruu, présentée à l'assemblée nationale par les députés à la confédération de Paris. Oserai-jevous prier d'eu faire mention dans le journal î Je vous serai obligé aussi, si vous voulez insérer que l'assemblée des électeurs du département des Hautes- Alpes s'ouvrira k Chorges le 4 juillet et que les électeurs de la ville d^mbrun sonf MM. Izoard, ofBcier municipal ; Vial, notable; Don^^ois, procureur de la commune; Blanc, notable; Levezie, notable; et Blanc, laboureur, efflder municipal.

Vous avez près de vous à présent un patriote des Hau- les-Alpea persécuté par des fourbes et des ennemis décidés de la chose publique. Son infirmité m'oblige de meltre dans celte lellte une que je lui écris ; je craindrais qu'elle ne tombât en des mains peu sûres, et. comme ses

80ui-offlci«rs du l'ngimcnl d'Auntitisie à la ganle Liatiotislti ds Bri*Dçaa. iLét Affichr*. n- liu 24 jiiii. 1790).

>) Sur JoaQ-Frsnrnis-Au|fUsle [zoard. le 12 noncmbre 1765 à Binbi-nn. ou il f<t mnrt \e i.1 juillm 1840, voir <\»a% loi Annalis da Àlpm. nov.-dec. 1W.7, la Formation et Organiiation du dfpartemtnt dft //aut»-.4fi<fi>, par M. l'alOie GuiUaumi-, p. IH. Dote.

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LBB ALPINS A GRENOBLE EN 1790, 231

) ont des correspondances à Grenoble dont je lui parle, on pourrait bien avoir arrangé les choses de manière à ce qu'il ne conadt pas toutes les lettres qui lui sont adressées. Son patriotisme el ses malheurs vous l'on sans doutereodu iutéressaiit. Nous vivons dans un pays la franchise du patriotisme indispose beaucoup de gens qui cherchent à profiter de l'ignorance du peuple, i^Boraoce qui peut durer encore longtemps, à raison du peu de moyens qu'il a de s'éclairer et de se procurer les journaux et les livres et par l'éloignement il est d'au- cune ville un peu considérable. Il a besoin de quelques leçons. Comme votre journal et le but que vous avez ne se borne pas à éclairer le peupledu département de l'Isère, je vous adresserai par le prochain courrier un morceau relatif à la situation des esprits de ces montagnes, que je vous prierai d'insérer dans votre journal.

J'ai l'honueur d'être, avec l'amitié la plus sincère et le patriotisme le plus pur.

Votre confrère en patriotisme.

IZOARD. Embrun, le 30 juin 1790.

■le viens vous prier d'insérer dans votre journal le trait suivant ;

Le 29 du mois passé, les chasseurs de la garde nationale des Grottes, village près d'Embrun, donnèrent une fête militaire et champêtre aux chasseurs de la garde nationale d'Embrun*). Ces braves patriotes ont rejeté bien loin

') Arch. munie, de Griinoble : LL, 65.

^ D'aprèt une délibéra tio a daa couaeiUcrs et notables d'Embrun du i octobre I7S9, outre la compagnie de roloalaires établie par délibéra- tion du 13 BOÙI I7S9 "l autres, la milice bourgeoise de la ville d'&m- bruo devait comprendre, ronfurmdment à des délibérations du 20 oclobra 1776 et du 15 septembre 176S et autres, sept compagaiea d'iutanterie ; la -l" était la comp. des greaadiei's. la 2* celle des chassaura. la 3', la 4*

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232 ' ANNALES DES ALPES.

l'ancieii esprit de flagornerie qui coDTenait à des^ esclaves ; ils n'aiment que la liberté, la Constitution^ et ceux qui sont les vrais amis de la libert''. et de la Cons- titution. Ils savent qu'autant il est dangereux pour elle de prodiguer les caresses à ceux qui n'en méritent pas, autant il est utile d'honorer les bons patriotes. Ils se- sont empressés d'inviter k leur fête le curé et les deux vicaires des Crottes qui sont les amis de la Révolution. Avant le diner, qui eut lieu en plein air, les deux compa- gnies allèrent iaire le tour du mai planté au lieu de la con- fédération des Hautes-Alpes, et, rangées autour, elles s'écrièrent par trois fois : < Vive la nation I Vive la loi ! Vive le roi ! ».

Après le repas.M.Iecuré') ceignit le baudrier et arbora un cbapeau militaire. Il commanda quelques évolutions. d'un air vraiment martial, et les compagnies les exécutè- rent avec toute l'ardeur que le patriotisme et le plaisir de manier des armes destinées à défendre la liberté peuvent inspirer. Après cet amusement militaire, les jeunes fem- mes et filles du villages vinrent danser au son du tambour avec les braves chasseurs, puis une farandole générale porta toute cettejoyeuse et patriotique assemblée autour du mai de la fédération l'on répéta encore à pleine voix les cris de t Vive la liberté l Vive la nation ! »

et la > n'avaient aucune désigaation pat' Lieu liire, la 6* était la comp. do Chalvet, ei la 7* cvUe do Calej'ères. Les grenadiers et les chasseurs étaient pris indifféremment dans tous le^ quartiers de la ville ; l'effectif de cei compagnies no pouvait dépasser 60 hommes, y compris les offl- cîers, afin qu'il reslit aslez d'bommas pour former let autres comp. qui étaient prises dans l'enceinte de la ville. L'élit'inBjor devait partager la ville en trois quartiers égaux qui fournissaient une compagnie dia- cun {lus comp. 3. i et 3|. Cet élal-major comprenait le maire colonel ; le 1" échevin colonel en second, la 2* écbcvin lieuteuaat-coloaol ; un major (Ardoin), deui aides-majors un quartier-maître, un adjudant, deui st^rgeats- majors, ua tambour-major. Chaque COmpagoie avait un capitaioL', un capitaioe second, deux lieutenants, deux s ous-liou tenants et deui ou quatre surnuménires.lArch. départ, des Hautes-Alpes; L, 593).. ' Joseph Laiiier, ne aux Orres lo 8 oct. 1736, nommé en 1TT8 curt des Crottes, il prêta le sermeut constilutiounel le 36 nov. 1790,. La i mai i&B, il devint curé de Crévoui, il était encore CD 1S12.

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LES ALPINS A GREIÎIOBLE E\ 1700. 233

Oh ! Coml'ien de pareilles fêles sont préférables à celles que la vanité et le luxe donoaienl jadis pour se donner en spectacle ! Combien aujourd'liui le peuple doit se péné- trer qu'il ne faut point de distinction, dans les fêtes civi- ques surtout ; excepté pour les patriotes bien reconnus, pour ceux qui ne se sont jamais entachés par des actes tendant à empêcher ou à détruire l'édifice de notre liberté, et surtout pour ceux qui ne disent pas que les troupes réglées sont infininient au-dessus des gardes nationales, taniJis que les unes et les autres sont citoyen- nes et égales ; pour ceux qui ne disent pas, pour prouver qu'il faut un ordre de noblesse, qu'en Amérique un blanc commande quatre noirs ; pour ceux enfin... Mais nous ne finirions pas si nous voulions rapporter tous les méfaits de ceux qui peuvent queliiuefois porter le peuple à le flatter mal à propos. Il nous suffit d'avertir le peuple que les vrais patriotes ne se démentent jamais, ne sont pas hypocrites et ne d<;sirent la faveur publique qu'après que leur confiance et leur patriotisme n'ont rien à se reproclier. Encore quelque temps et les mœurs aussi changeront.

Toute cette tirade. Messieurs, qui je crois ne renferme que de bonnes maximes, sera vivement sentie à Rmbrun. Je ne peux dénoncer plus clairement les manœuvres de nos aristocrates auprès de nos grenadiers rie la garde nationale sans compromettre ma sûreté et mon existence. Cette compagnie composée en générai de citoyens hon- nêtes, mais ignorants, et qui existait depuis plus de vingt ans, ayant pour fonction habituelle de flatter et de faire des parades à tous ceux qui voulaient lui donner de l'argent, a invité dans une fête qu'elle donne tous les ans le 29 juin, à l'instigation d'anlipatriotes, tous les dissi- dents du pays ; plusieurs même avaient invité l'archevê- que, mais l'opinion publique les a forcés de les conlre- mander. Ils ont tiré au blanc et porté en triomphe le commandant de la place qui avait tiré k plus de quatre toises du but, adn d'avoir trois ou quatre louis d'étrenne. Celui-là est un aristocrate comme il y en a peu. ^et

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234 AMNALiS OtS ALPBS.

ancien esprit de flagornerie et de pateliDage dans lo ppuple fait avec l'hypocrisie de plusieurs ennemis de la Révolution un pot-pourri qtii révolte les âmes échauf- fées de l'amour de la liberté et de la francbise qui lui convient.

.le crains infiniment que ce mauvais esprit ne gaga» dans nos assemblées électorales. L'ignorance de nos gens ^e Campagne en est cause. SI l'abbé Mauiy disait devaat devant eux une phnise patriotique, ils le diraient tout de suite bon citoyen. Vous rendrez un grand service à notre département, si vous voulez adresser quelques exemplai- res de votre superbe adresse, rédigée par M. Dumolard, aux électeurs du département des Hautes-Alpes è Chor- ges. M, Marchon, un de nos associés, est président. Malgré ce bon choix, les aristocrates, les gens sans pro- bité profitent des rivalités des diverses villes pour faire triompher leur parti. Si vous avez cette bouté patriotique, faites'le tout de suite et par le même courrier. Si l'assem- blée de Ghorges est finie, ils se trouveront dans leurs districts respectifs. Vous pouvez en faire autant pour Serres, G!)|) et Briançon. Nous avions fait réimprimer ici votre adresse, mais un exemplaire venant de Orenoble fait plus d'efTet qu'une édition venant d'ici et, lorsque j'ai fait quelque chose avec vos patriotçs, nous l'avons fait metlre à la poste à Orenoble.

J'ai l'honneur d'être bien patriotiquement, Messieurs, ■votre, etc.,

IZOARU.

Embrun le (> juillet 1791).

Un passant, porteur de cette lettre, qui vient de Turin, dit que les aristocrates s'y réjouissent et annoncent un t^rand événement le 14 à Paris, que l'on y a donné le

*) Arcli. muaic. ije Greuoble, LL, SI.

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LBS ALPINS A GRBNOIILB EN 1790. 235

30 juin une pièce l'on cherche i ridiculiser la Révolu- tion française. II n'a pas su me donner au juste les détails de la pièce. Le peuple, dit-il, y attend les Français. Les arsenaux y sont fournis, ou ne laisse entrer personne dans les forts d'Exilles, de Suse, etc. Les grenadiers du régiment de SaTOie, ci-devant en garnison à Suse, ont déserté en corps ou plutôt quitté le service de leur nou- velle garnison, parce qu'on les a fait remplacer dans la première par un autre régiment et qu'ils ont su que l'on suspectait leur fidélité. Le porteur de cette lettre a reçu des coups de bâton d'un officier de cavalerie à Turin, parce qu'il portait la cocarde tricolore. Le Français lui répondit que les Français la portaient partout et que les militaires piémontais portaient la leur en France.

Cet homme a un manuscrit que je n'ai pas eu te temps de lire, parce qu'il veut partir tout de suite ; mats, en le feuilletant, j'ai cru apercevoir qu'il renfermait des détails intéressants à connaître. Je [lui] donne celte lettre, afin qu'il vous communique ce manuscrit. Il pourra, ayant plus de temps à Grenoble, vous ilonner pins de détails qu'à moi. 11 vous donnera la liste de tous les aristocrates fugi- tifs à Turin.

J'ai l'honneur d'être, avec la confraternité et le patrio- tisme le plus sincère.

Votre, etc.,

IZOARO.

Embrun le 7 juillet 1790.

'J.

J'«i l'honneur de vous adresser le résultat de l'assem- bléfl électorale de Cliorges et le nom des admiaistratetirs du département et de ceux du district d'Embnin, que je vous prie d'insérer dans votre feuille. i

t<e directoire du département des Hautes-Alpes est fixé ■à Gap ; l'assemblée administrative alternera entre les

I) Arch. raunicrdo Orenoble, LL, 65.

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' 236 ANNALES DF^S ALPES.

Tilles rte Gap, Embrun, Briançon et Serres. L'assemblée a arrêté que les divers établissemeots seraient répartis sur toute la surface du départemeut. Le président de l'assem- blée a élé M. Marchon, maire de Gap; le secrétaire, M. Faure, de Briançon.

Je joins à ma lettre la liste des administrateurs du département'}. Voici le nom de ceux du district d'ËmbruD, nommés hier i'S de ce mois: M. b-oard, procureur du Roi, a été nommé président; M. Btanc, avocat, secrétaire; M. Dongois, avocat et procureur, a été nommé procureur- syndic ; ~ MM. Lavezie, avocat à F.mbrun ; Martel, maire de Cliâleauroiix;. Valérian, maire de Ceillac; Maurel, maire de Bisoul; Gallice, négociant au Mont-Dauphin; Doimeaud, bourgeois aux Orres; Bernard, négociant à Orcières ; Tliolozan, bourgeois aux Orres; Garcier, maire du Puy-Sainl-Kusèbe; Masson, bourgeois à Clior- ges ; Honoré, otïicier municipal à Avauçon. et Borel, bourgeois de Tliéus. ont été nommés ailmini.strateurs.

J'ai riionneur d'être avec la plus haute considération

Votre, etc.,

IZOARD.

Embrun le 1-1 juillet 1790.

■) Cette lista oe se tiouve pa» dans les litste* que j'ai j arcouiues ; la voici tulle qu'allé fut publiée dans le a' S7 du Journai Patriotique du au juillet 1790 [supjiléineut) : MM. S ai ate- Quitte, avocat à Vs^dos ; Faure-Lacambe, buurgeois & Tallard ; Amat, notaire A Ribiera ; Pierre Faui-e. Horaire à Orpiurre ; Cre^^y, vibaill; A Embrun; Ouitle, Sl-Mirtiii-de-Quejrrière ; Marduon, bourgeois aux Prés ; Chauvel. Chaii, Qutaire k La Rocbe ; Fauliu, avocat A Embrun; Marchsod, ' négociant à OrcièFeg ; Allemaud, procureur de la cummune de Chorgics : Guillaums Argeaco, laboureur k Ejiiiiers ; Blanchard, bouigeois A Remolloai JeauBrunet, de BHbu«uu; Bertrand, de La Fsurie; Tuomé. procureur à St-BunuBl ; François Hjlsire ; Serres, chirurgien; Gabn«1, négociant i ijaleraus ; Oautler, notaire k La Saulce: Qsrnier, notaire A Saviuei; Aotoine-Joseph Fantin, d'ArvLeui ; Proveucal, négociant A Laragae ; Pierre Roui, laboureur k Vnllouise ; Pierre Richard, labou- reur ; Pierre Roui, laboureur à St-Clémanti Quillauma Lachau, d'Aspres; Nicolas, notaire à Serres; Nicolas, aoUire au Vîllard-St-

Digilzedt.GoOgle

LES ALPINS A GRENOBLE EN 17P0. * 237

Embrun le lU août 1790.

Il y a quelques jours '), Messieurs, que je vous dénon- çai le sacrilège d'un officier d'Enghien*). Les soldats de ce régiment qui sont, en grande partie, bons patriotes et amis de la Révolution, conçurent, en lisant votre journal, la crainte qu'on n'attribuât à tout le régiment des senti- ments qui D'inTectent que le corps des officiers. J'aurais pu profiter de ces dispositions pour leur insinuer de vous écrire une lettre à ce sujet ; mais la crainte de quelque acte d'indiscipline, actes qui sont toujours très fâcheuï, m'engagea à n'en rien faire. Cependant, comme c'est auprès des soldats surtout qu'il Tant agir, pour que ceux qui veulent leur inspirer leurs odieux sentiments ne prévallent pas. et qu'il est bou de publier les moindres traits de patriotisme qui émanent de la troupe, je viens vous fournir l'occasion de faire l'éloge des soldats d'Em- bnin en vous racontant un fait qui doit ètr^ connu, ainsi que tous ceux du même genre, pour faire renoncer les opiniâtres contrerévolutionnaires s leurs projets infernaux.

Sur la nouvelle des dénonciations faites â l'Assemblée

Pancrace ; Morgan, Hls ; MarchoD. maire de Gap ; Brot ; Fauri>, mahe do St-ADJrë-lEZ-Embrun; Provençal, l'alnë, avoeat à Ancelles; Rtichas. avocat ù Oap. Procureur-gcniifal syndic, "M. Mi.yqjer-Dubourgi procureur A Gap. Voir aussi Annalrs des Alpes, nov.d^o. t81t7, p. 119-lîO; - et Lei Affickei du 20 juillet 1790.

') Arch. munie, de Grenoble ; LL, 66.

*) La lettre concoruant cette aflaipe n'est pas dans les liasses que j'ai vues. L'en tPcfllet suivant iosérd dauE, U Journal Pairloligtie du mardi 2S juillet y fait certainement allusioii. « Un jugement que nous no pouvons regardar que comme provisoire a condamné aux arrêts un i oflicier du régiment d'Bnijhien, sur une dérision aristocratique dont nous uB donnorons pas encore les détails. Nous attendrons, avant de la dénoDCBi- B l'Assemblée oalionale, nu comité dos rtcherchcii cl à tous le« bons cilojous, que les cliefs do ce Jfunt militaire aii'nl prononcé déBnitivemenl. L'opinion que avons de leur sagoSîB ft des principes qui les dirigent nous funt rspérer que nouK apprendrons bientôt que lo conpable a été puni comme il méritait de IVlte, l't qu'on décidera qu'il est tait plutût pour commander aux ambiutadeufs de Jupiter qu'à des soldats français i.

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238 ANNALES DBS ALPES.

nationale "jparle département des Ardennes et de tout ce qui a suivi cette dénonciation, la municipalité de cette ville, sur la pétition d'un grand nombre de citoyens, a dénoncé au commandant de la place les bruits publics d'armements cliez les puissances voisines, l'a requis de faire braquer les canons et de prendre toutes les précau- tions nécessaires pour mettre la place à l'abri d'une sur- prise. Les soldats d'Enghien *) se sont prêtés à dresser les canons avec le zèle le plus louable et, comme la plu- part des soldats de la garde nationale sont occupés de leurs travaux particuliers, plusÎRiirs répondirent à l'offre de leur adjoindre un égal nombre de soldats et de la garde nationale qu'ils étaient bien aises de donner cette preuve de patriotisme et d'éviter à leurs camarades l'interruption de leurs occupations journalières.

Les citoyens d'Embrun sont pénétrés de reconnaissance pour ces braves soldats citoyens. Annoncez, Messieurs, k toute la France que, quoi qu'en disent certaines gens, rien ne serait moins prudent pour les conlrerévolution- naires que de s'adresser au régiment d'Engtiien ou à tous autres soldats français pour soutenir leur tyranique, leur orgueilleuse, leur exécrable prétenyon. Combien le patriotisme de nos braves soldats est louable ! Combien la raison doit les éclairer, puisque, malgré tous les moyens de séduction et de tyrannie que l'on emploie tous les jours contre eux. ils n'en sont pas moins ardents pour une Révolution dont ils sentent tout le prix et pour main- tenir une constitution qui fera le bonheur de tous les Français ! Annoncez aussi, Messieurs, qu'aidés de ces braves frères nous attendons avec courage et avec de *bons fusils, dont nous nous sommes pourvus le 16 mai

') Ce passage de la lellre fui iaaàr^ dans le Journal patrioligue du mardi 17 aoAt 1S90.

*l La garnison d'Embrun se composait, le It juillet 1890, d'uo déta- choment du régîmant d'Enghien, uno corapagnie d'invalides, la brigade de maréchaussée et des gardes aalioDaux. {Arcb. départ, des H. -A.; L,596),

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LES AIJ'INS A GRENOBLE BN 1790. 230

deroier au magasin de Moat-Daupliin '), les esclaves des despotes, et qu'aussitôt que les traîtres se seront déclarés nous sauront leur d^ceraer la récompense qu'ils méritent. Je vous prie, Messieurs, de me permettre de faire l'éloge du patriotisme des soldats d'Enghien et de parler des moyens que leurs offlciers emploient pour les gagner. Une grande partie de ce régiment est en garnison au Mont Daupbin, privée de toute communication avec les lions citoyens ; ils ont besoin d'être soutenus; ils sont amis de la Révolution, au moins les trois quarts. Comme ce régiment porte le nom da petit-Sis de M. Condé, ce prince leur a adressé une lettre pendant l'hiver dernier , dans laquelle il proteste de ses sentiments patriotiques et demande l'intercession du régiment pour rentrer eu France. Les soldats n'ont pas pu avoir une copie de la lettre, mais on la leur a lue, et ils furent alors même uu peu froids sur cette proposition. Ils la rejetteraient encore plus aujmird'liui (jue de bons patriotes prennent soin d'eux et de leur éducation patriotique, quoique leurs ofliciers soutiennent qu'ils sont sArs de leur régiment pour une contre révolution ').

<) Les gardes D>tîoa*les da VErobruaiis et d'Embrun s<! rassemblé- rcQt au nombre de 600 bom. environ el, la 17 mai (d'après l^t Affichti:), sa readireot ï Hoat-Daupbiu . On crut qu'elles roulaient s'emparer de l'arseual, des précaatioDS fur«at prises par la muaicipaliCë et le commandaDt de place) les portes do la ville lureut fermeus ; le drapeau rouge fut déployé; les canooniers de MoDt-Dauphia et toute la garnisun staieut sous les armes avec munitions de guerre. Un finit par s'entendre. M. de Pruaières, commandant poui' le roi. fil distribuer h ces g-nrdes nationales 1150 fusils, et elles se retirèreul. [Lfi Affiches, a' du £2 mai 1190). Quelques jours après, ces gai'dos nationales demanderont de nouveau des fusils; par dépulatlon cette fois. On leur eu délivra 480. [L'i Affiches, n* du 27 mai 1790). On a vu pluq haut le récit de Mtte Expédition da gardet nalionalet.

<) En rendant compte de l'inspeclioD des régjmeuts on garnison dans les Hautes-Alpes, par M. de Cbillpau, Les Affiches [n' du 7 octobre 1890) racontent que te rcuiment d'Austrasie lui a adressé une lettre disant qu'il est résolu A suivre les principes d'honneur, do loyauté et de fidélité de la journée île Goudeloui; que la régiment d'Eugbien a envoyé une députatiou pour lêmoifinei; de son amour el du son respect

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240 ANNALES DES ALPB3.

Le bruit s'est répandu ici deux jours que deux person - nés qui habitent cette ville ont fait depuis l'Iiiver plusieurs voj'ages à Turin. Ces deux personnes sont très liées, sont connues pour n'avoir pas beaucoup de probité et crient à tue-tète contre la Révolution ; elles sont avides d'argent et peu délicates sur les moyens d'en acquérir, très intri- gantes et ayant de l'esprit; en un mot, elles sont telles qu'il les faut aux princes et telles qu'il faut qu'elles soient pour les servir. Gomme ces personnes sont dans le cas d'aller souvent à Briançou pour leurs affaires, je ne suis pas sflr que les voyages qu'elles ont faits aient été poussés plus loin. J'écris à Briançon pour m'en informer et. s'il est vrai qu'elles soient allées en Piémont, je vous en donnerai avis, afin que vous puissiez faire faire des reclierches par vos correspondants à Turin et prendre les mesures convenables.

J'adresse cette lettre sous le nom particulier de M, Jod- guel , parce que rien n'est moins sûr que la poste à Embrun et que le directeur est très dévoué au parti aristocratique. MM. Berriat-St-Prix et Jouguel savent comment on peut m'adresser les lettres pour qu'elles ne courent pas le danger d'être ouvertes. Votre nom et le mien, avec votre cachet, suffiraient pour exposer les lettres.

Je suis avec la plus haute estime et la confraternité la plus sincère, un zélé ami de la Constitution et votre frère,

IZOAHD, fils.

A Embruii, le 35 s(

Je crois devoir adresser à la Société des amis de la Consii/M^ion de Grenoble ce qu'on fait ici pour la soute-

pour te roi ; puis «Iles constatent que ce « ban esprit est aux <ifncier<i n. maïs qun l''s foEliculsires ont soufflé jusque daus nos mon- taifiies leur vent <-m|)eslé >.

•i Arch. muQic. do Gi'enolil.' ; LL, 6fi.

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LES ALPINS A GRENOBLE EN 1790. 241

nir. Il remplissent si bien cette taclie que je suis surpris qu'il y ait encore de (aux patriotes et que les aristocrates et leurs suppôts ne perdent pas courage.

L'exemple que vous leur donnez depuis si longtemps du patriotisme le plus désintéressé devrait leur faire oublier l<)ur bien particulier pour ne s'occuper que de l'intérêt général. Pour moi, je le suivrai toujours et si, comme vous, je n'ai pas celte éloquence qui persuade, j'aurai toujours dans le cœur ce saint amour de ma patrie et la bonne envie de la déreodre.

J'ai riionnenr d'être avec la plus parfaite considération. Messieurs,

Messieurs '),

Je crois devoir vous informer des manœuvres odieuses <jue les aristocrates se permettent pour dégoûter les (iOldats patriotes et faire ressentir à ces braves soldats te poids des vexations et des injustices. Il est très vrai, comme l'annonce rénergique Carra, que l'on refuse da réengager les soldats qui se sont montrés pour la Révolu- tion. Ce refus vient d'être fait à M. Daumas, sergent du régimeut d'Engliien, liomme éclairé et militaire patriotique qui a douze ans de service. Je l'ai vu pleurer, à son passage ici, en venant du Mont-Dauptiio, sur la cruauté qu'on a de lui enlever un état qu'il aime et qu'il connaît.

Son crime est d'avoir dit hautement à ses camiirades, lorsque la garde nationale d'Embruu fut prendre des armes au Moiit-Daupbin, qu'il ne fallait pas tirer sur la nation, sur leurs frères. Ou a poussé la barbarie jusqu'à défendre aux autres sergents de lui faire la conduite d'usage. Deux seulement ont eu le courage d'outrepasser l'inliibition despotique. La plupart des bas-ofBciers lâchent le pied; on les casse s'ils se montrent patriotes, et oa

') Aroh. eomm. de Grenoble; LL, 10.

Annales des Alpes, II. 16

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342 ANNALES DES ALPES.

n'élève à ce grade que ceux qui ne raîsoiineiit pas. On effraie quelques-uns, on séduit les autres. Un soldat de cette garnison, distingué parmi ses camarades par ses lumières et qui paraissait bon patriote, a été député aa Mont-Dauphin pour assister aux comptes. Il était le seiut en état de parler. Les officiers l'ont entouré ; on lui a promis un congé de semestre et il a rendu son silence- k ce prix. A son passage à Embrun, ses camarades l'ont fortement étrillé et lui ont Tait la conduite k coups de bâton et lui ont défendu de reparaître au régiment. Cet exemple est salutaire.

Il parait que le* projet, k présent, n'est pas tant de faire servir les troupes contre le peuple que de les mettre hors d'état de se défendre contre les troupes extérieures qui pourraient nous attaquer. On sent qu'il est impossible de porter les soldats à égorger leurs frères et on s'attache à dépeupler les régiments. Dans le nombre de congés abso- lus que l'on vient d'accorder ici, il y en a beaucoup donnés à des hommes qui ont encore un, d<'ux ou trois mois de service à faire. Les officiers disent qu'ils portent le comte d'Artois et le prince de Condé sur leur cœur et ne doutent nullement de la contrerévolution. Je puis toutefois vous assurer que les soldats ont le meilleur esprit possible ; il en est de même de la garile nationale et de celle ries villages voisins ; mais elles seraient plus aisées à tromper que les troupes de ligno. Voici une preuve de l'influence des préjugés sur le peuple ignorant de ce pays. Plusieurs femmes de tous les états s'étaient proposé de prêter le serment civique solennel. On leur a donné à entendre qu'il convenait d'avoir les trois ou quatre ci-devant nobles qui se trouvent dans cette ville. Celles-ci ont dit qu'elles seraient volontiers de la fête, mais que leur conscience ne leur permettait pas de prêter un serment qu'elles ne pourraient pas tenir, que ce serment était inutile aux femmes, etc. Pour avoir ces dames, en n'a point prêté de serment et une fête qui devait être une cérémonie patrio- tique, propre à inspirer le civisme, n'a 6té qu'un diner et ml bal, une fête de bacchantes l'on a vu flotter impu-

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LES ALPINS A GRENOBLE EN 1790. 243

demmeot des ceintures noires, mises avec aflTectation, au lieu de rubans aux trois couleurs, que chacune devait avoir. J'étais, ainsi que quelques patriotes, à la campagne pendant tout le temps des préparatifs et de la Tête ; nous aurions évité ce scandale qui ne provient que de l'igoo- raoce et des préjugés qu'il est aisé de dissiper.

Le bon citoyen, M. Cazeueuve, maire de Gap')> qui, je crois, est de la société, vous aura sans doute instruit qu'un ancien soldat dit ré^ment de Monsieur qui va en garnison à Uriançon. trouva dans la rue un papier contenant des détails sur la manière de Taire entreries princes par le col de Vars et de les établir à Mont- Dauphin, avec une note des renseignements qui sont encore demandés. Ce soldat ayant Tait lire ce papier à ses camarades, a été le déposer à la municipalité, qui vien d'en envoyer une copie à celle de votre ville. L'heure du départ du courrier ne me donne pas le temps de vous en envoyer une ; je le ferai par le prochain courrier. Il est impossible de douter que des projets de massacre de conlrerévolutionnaires ne soient dans la tête de bien des gens ; mais il est impossible aussi qu'ils ne soient pas déconcertés.

Dans les détails que je vous donne, il en est, I^essieurs, de bien peu importants, mais c'est en voyant l'ensemble de pareils détails sur différentes contrées que vous pouvez juger de l'esprit général et en faire îles résumés propres à vous faire choisir les sages réflexions que vous pubHeK et à donner des avis aux correspondants des Jacobins de Paris. Je ne sais si je ne me trompe, ûiais il me semble que cette correspondance entre toutes les sociétés ayant un centre à Paris doit et peut, mieux que toute autre institution éviter la conlrerévolution. Notre arclievèque*) a menacé de faire étriller un briga-

<} Ignace de CflieQeutfe, cbanoiiio ilo Gap Jm le 7 juin 1771, mai™ do Gap lo 1" HOÙt ITW, élu ùv^que cuDslitLilionii<-l dus f la uk:a -Alpes k> K mirs 1791, domisaioiinaii'i: lo 1" juilloh ITJi, murt u Varcus. jirès Uop, le 10 mai iSOG. {Invent, des Arcli. des llm-Alpes, 0. III, p. xxvii).

*; Arcb. munie, de Orvnoblo; LL, (iS. ~ Cette leltre tsH écrite sur une

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344 ANNALES DES AI.PBS.

dierqni avait l'iasoleoce de loger chez lui pour le paie- ment de sa contribution patriotique très peu forte. Il a dit qu'un doD volontaire de devait être payé qu'à volonté. Le collecteur a eu la faiblesse de se readre à ces raisons, ou Si la peur du bâton qu'on menaçait de porter jusqu'à lui, a payé lui-même la Journée du brigadier et a cessé de le loger chez Monseigneur. Ce trait est presque incroyable. 11 est vrai qu'on ne l'a connu que lorsqu'il a été achevé. Au premier jour, Monseigneur recevra encore une visite de contrainte et ce ne sera pas pour recevoir des coups de bâton. Il a dit aux curés de la ville, vicaires de t'évéque par la Constitution, que, jusqu'à ce qu'ils aient rétracté leur signature mise au bas du mémoire que les curés du Dauphiûé avaient présenté à l'Assemblée nationale, il ne leur donnerait pas de lettres de vicaires. Il prétend qu'il ne veut pas donner son âme au diable en ayant des vicaires hérétiques. Ces bons curés sont un peu eifrayés, mais on les rassure et Je leur ai dit que M. Camus leur enverrait les lettres de vicaires, si le prêtre les refusait.

Je crois. Messieurs, que le Irait concernant M. Daumas, sergent d'Enghien, est de nature à être publié.

Je suis avec la conSauce la plus sincère et tout l'atta- chement que peut m'inspirer le patriotisme pour de bons patriotes, Messieurs,

Votre, etc. Izoabd fils.

Embrun, le 6 octobre 1790.

Serres, le 30 novembre 1790. Monsieur le Président'}, Nous ne connaissons dans l'étendue de ce district aucun français émigrant hors du royaume depuis l'époque de la

feuille st du leuillet séparé. Dans te classemeot, la feuilla s'est Irouvde à la liasse 70, et le feuillet, k la liasse 6S. Sur Pierre-Louis do Lejisin, dernier archevêque d'Embrun, lo 5 juillet 1761, mort i Nuremberg le 26 août 1801, voir Annale$ da Alpes, 1" aauâe, !• livr. p. 66, Dole 1. * ) Arch. mQuic. de Grenoble ; LL, 69.

Digilzedt.GoOgle

t£S ALPINS A URKNOBm EN 1790. 246

Révolution, qui assure notre liberté. On ne peut compter dans ce nombre M. de Hastel île Rocheblave, ci-devant seigneur de Savournon ; de Laget, ci-devanl seigneur de Montmorin ; Etienne d'Agouti, ci-ilevant seigneur d'Upaii, qui était à Paris avant la Révolution ; ni le s' de Garde, ci-devant seigneur d'Aspremont, qui est à Carpentras dans le sein de sa Tamille depuis environ un an.

Nous savons tout ce que nous avons à craindre de cette classe d'hommes douL l'orgueil irrité médite les plus ' cruellesveugeances;mais tous leurs efforts seront impuis- sanis lorsqu'ils seront surveillés par le zèle et le patrio- tisme i|ui animent la société que vous présidez.

Nous avons vu ici. depuis peu, un avocatde votre ville, qu'on nomme Achard de Germ'ine'). qui, durant son st''joup dans cette ville, s'est occupé à décrier les opéra- tions de l'Assemblée iialiousile, surtout l'émission des assignats qu'il a r.lierctié à décrier, et il a Uni sa mission par annoncer la résurrection des piirlemenls et de l'ancien ordre judiciaire dans moins de six mois. Il a trouvé beau- coup de prosélytes dans une pelite ville presque toute peuplée de ces anciens sup|i6tt de la chicane, et, quoique en général le peuple ne soit pas disposé à croire aux revenants, cette prédiction n'a pas laissé d'en effrayer plusieurs.

Vous ferez de cette petite anecdote l'usage que vous jugerez convenable et vous voudrez bien assurer la société de notre zèle et de noire désir de concourir à lous les moyens de faire réussir ses projets, et de lui donner des preuves de notre patriotisme .

Nous sommes avec respect. Monsieur le Président,

■Vos etc. RUBLLK et Baret.

Achm-d de Geu à Aspres-les-Vejn»

Digilzedt.GoOgle

94o ANNALES DBS ALPES.

Monsieur u Président*),

Aucun des ci-devant nobles établis dans cette ville, ne l'a quittée depuis le commencement de la Révolution jusqu'à présent. Au contraire, plusieurs étran^rs de cette classe sont venus cbercber un asile parmi nous, tels que M. de Buffo*), M. Souchon des Prauœ') et M. de Gruef). Ceux-ci et ceux qui étaient déjà domiciliés

' } Arcb. tnuaic. da Oreaoble ; LL, 6S.

*} Sur la famîlk de Ruffo, voir la Biographie du Dauphiité ds Rocbai. ' - Sur Aleiandra-Louii-G^abriol de RuQo, cumta ds Laric.baFOB d'Oie ei Sl-Auban, voir Annala det Atpa. i" aanés, 2> livraison, p. 99, note.

>) HariB-Pierre Souchon, uignear des Praui et de La;e, baron. d'ATBDUun, St-Etienne. Valierres et leurs raltâes, coisîfpieur de RemolloD, conieiller au parlement de Provence, le 31 mai 1730, était filt de Pierre Soucbon et d<- demoiselle Lemaitre du Pletsis de Ferrièrs. Sur la famille Souchon d<!9 Praui, voir dans le BuUeiin de la Société iTÉlude' det Hautes- Alfi, 3' tiiro 1894, U Urre de rafian dt famille S.iuchun dei Praax, par U. l'abbé Ouillauiue, p. 306.

') Jeeo-Jacques do Oruei, biroii i!u Saii, comte de Laburel et Villa- bais, seigneur de Signycr. résidait ordioairemcat à Paris ou dans aoii chSiteaii dti SIgoyer. Maiotes fois j'ai oui racooter à mes parents et t tous lus viuillarda ds Sigo^ev que, vers le prialemps de 1790, quand OU apprit le dé|>art ctt'S émigrés et que des bruits d,> guerre se répandirent, les gens du ]»;? allèrent cben-her leur seigneur qa'ils détestaient et Le tirèrent de soc chiteau pour le coatmindre à marcber contre le* enaemls de la France. ASolé, ae sachant ce qu'il faisait, de Oruel allait, poursuivi par le peuple armé (tu taui, de fourches, de fusils. Arrivés an quartier de S-urxille, loii tStes étant eu ëbulli [ioo, un paysan disait à soa voisin ; tirmt Eu, lo iio li tira (tu lui tires, toi, ou moi je lui tirej. Lo ■eigneur dut sou ïalut k Combe et Hsmbaud qui Le cachèrent dao* leur maison. L'efiarvescence calmée, il franchit le co^ det Ouérint et, par des seotiers déserts, atleigait Vajaen. lA, il s'arrétA A l'auberge dn Lion d'Or tenue par l'arrière grand-père de H. l'abbé Robert, cnré actuel de Sigoi^er, de qui Je tieua le détail suivanl. Pendant que d* QriLel était à table, quelqu'un lu reconnut et s'élança vers lui, armé d'un» faui, i.n disant ; Likrihv} la bûrba (je lui crève la panse). L'interTOD- tion énergique et prompte de l'aubergiste sauva la. pauvre seigneur. H ne reparut plui k Sigoyer. Sa femme, Marie-QabriaUa de Carttat de Uondurcet. ne fut point inquiétés et mourut an pbftleau le & aviil 1703 à l'ftge de 70 ans. Dans l'acte da décès, elle est dite veuve de JacqaB* de Oruel ». On ne toucha pas lu château tant qne vëcut la Selieon,

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ISS ALPINS A ORBNOBLE EN 1790. 24T

parmi DOQs se visitenl souvent, ont de fréqueutes confé- rsDfles eotre eux dont le rôsultat nous est inconau.

Je suis biNi aise de tous avertir que l'offlcier qui «omntande à Briançon') a la réputation d'un aristocrate des plus décidés et que celui qui remplit les mèmea foliotions au Mont-Bauphin est aussi soupçonné de la même tâche. Vous sentez combien de pareils officiers seraient dangereux, si nous étions en guerre avec la cour de Turin, et combien il serait essentiel de les faire rem- placer par des commandants patriotes, amis du peuple et -de la eoostitutioQ. Je suis avec respect. Monsieur ie Président, VoU^ etc. MahChon.

P. -S. En TOUS faisant cette confidence, je compte sur Totre discrétion. Gap, le 3 décembre 1790.

Monsieur*).

J'ai reçu la lettre que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire le 26 du mois dernier, au sujet de la liste des Français réfugiés à Nice qui vous a été adressée par la Société des amis de la constitution établie k Marseille. Tout bon patriote doit s'empresser de concourir à vos vues en vous procurant les renseignements que vous

vieille tervante véairée de tous pour sa bonU. Aprâi sa mort, le 5 ventôse ao VIIl, t l'ige d'eaviron 73 ans (Arch. munie, de Sigojer), la chïleau Tut ««ceagé et démoli.

*) D'aprts una décision du'lS leptambre, la régiment d'Atutratie, qui âtait en garaiioa àBriaufoa, fut remplacé parle rtf^jmantife Uonsifur. 11 d«Tiit xe rendre t Besançoa. Ce cbangement se fit tout de suite, pDÎsqu'une autre décision du 16 octobre ordonoait à UD déUchemeiit du régimtnt ^Bnghita et du régiment de MontUur de se rendra à Toulon pour s'embarqner sur des vai.sseaui en' armement (Arch. d^psrt. des Hautes-Alpes ; U 594).

*) Arch. niuaic. de Orenoble; LL. 70, a adressé à Momitur Dumo~ iard. prétidtnt dt la Sooiéti dti amit de la Conttitution.

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248 ANNALES DES ALPES.

désirez. Mais je vous dirai que, depuis plus de quatre- siècles, nous n'avons dans le Briançonnais ni seigneurs ni de ces nobles arrogants qui insultaient k la misère du peuple. Les sentiment-^ de justice et d'humanité, le patrio- tisme dont les habitants de ce canton sont animés et la qualité de bons français qu'ils se sont toujours fait gloire de mériter leur ont fait désirer la suppression totale de ces titres privilégiés et leur ont mis les armes à la main pour maintffliir la nouvelle constitution. Je n'ai, par conséquent, aucun émigrant de ce canton à vous dénoncer. Suivant les avis que nous avons de Turin, les émigrants ft'ançaisy sont en grand nombre. Ils avaient, en débutant, un ton d'opulence que la plupart n'ont pu soutenir. On assure qu'ils y vivent à présent avec beaucoup d'*^cnnomie et qu'ils y font une triste mine, mais on no doute pas qu'ils ne s'occupent sans cesse des moyens d'opérer une contrerévolution et qu'ils attendent avec impatienc<« les moyens de l'effectuer. Ils ont reçu deouis peu un renfort par l'arrivée du déprédateur Galonné qui a été présenté au roi de Sardaigne par notre ambassadeur, le baron de Choiseul. De même que Mirabeau, les bons patriotes ne peuvent qu'applaudir au projet formé par les sociétés des amis de la constilutiou établies dans les différentes villes du royaume de réclamer auprès de l'Assemblée naliooale un ordre précis aux émigrants de rentrer dans un bref délai, sous peine de confiscation de leurs revenus. Lt»ur émigration, dans une circonstance oii l'Étal est en péril, est un abus de la liberté, une trahison et un attentat contre la nation, ainsi que voui l'avez parfaitement démontré dans votre délibération insérée dans votre journal du 11 novembre dernier.

l,a coalition des évèques et des chapitres pour s'opposer aux décrets sur leur constitution civile, n'est pas moins criminelle. Les réclamations doivent tendre aussi à ce qu'il leur soit enjoint d'observer, à peine pour les évèques réfractaires d'être nommé en leur place et contre les membres des chapitres d'être privés de leur traitement. La fédération des Sociétés des amis de la Constitution-

D.g.tzedbyGoOt^lc

LBS ALPINS A GRBNOBLli; BN 1700. 240

est le plus fenne rempart el le meilleur appui de l>difice majestupuz de notre liberté. C'est par leur surveillaoce et leurs dénonciations courageuses que tous les projets désastreux ont été et seront dt^concerlés. Ce sont les moyens les plus efficaces pour déjouer les menées sourdes, les vues perfides des ennemis de la révolution et les coalitions des ordres ci-devant privilégiés, dont ia plupart des manœuvres sont cachées sous le voile de l'hypocrisie et d'une religion sainte dont ils ont souvent abusé pour tromper un peuple crédule, qui ne connaît point encore assez leur astuce et l'abus sacrilège qu'ils ont fait de cette religion pour envahir ses biens.

C'est par le dévouement au bien de la chose publique des sociétés formées par le sentiment du plus pur patrio- tisme, c'est par leur vigilance et leurs travaux infatiga- bles qu'ils parviendront à garantir le peuple des pièges qu'on lui tend pour le tromper et I égarer. C'est par le zèle de ces sociétés à inspirer au peuple la soumission et le respect dCts aux décrets émanés du corps législatif, à leur développer la sagesse des principes qui les ont dictés et en l'éclairant sur ses vrais intérêts, en le tenant en garde contre les intrigues pour arriver aux places, prati- quées par ceux qui en sonl le moins dignes et qui ont pour but principal leur intérêt personnel, c'est, dis-je. par ce zèle vraiment patriotique que ces sociétés contribueront à l'heureuse régénération qui doit opérer le bonheur et la prospérité de l'empire français, qu'elles participeront à la gloire de ses augustes représentants et qu'elles obtien- dront à juste tilre la reconnaissance et la vénération de tous les bons citoyens.

Je suis avec la fraternité la plus intense, Monsieur, Votre affectionné serviteur,

Richard, citoyen patriote. Briangon, le 6 décembre l)i90.

iby Google

280 ANNaUB DBB ALPI8.

BriançoQ, te 10 décembre 1790.

MONSISUB LE PRSSIDBNT*),

Nous avons reçu la lettre que vous nous avez tkit l'bODneur de vous écrire coDcernant les moyens d'accélé- rer le retour des émigrauts français. Nous ne pouvons qu'applaudir à ces mesures ; il est temps, en effet, de mettre un terme aux complots des ennemis de la patrie.

S'il D'est permis qu'aux despotes de rendre, 'en temps de paix, leurs sujets prisonniers, cette mesure devient légitime pour les états libres, dans les temps d'orage et de crise, et, puisqu'il est permis de fermer les portas d'une ville en proie aux flammes, afin de forcer les mauvais citoyens à concourir au salut commun, pourquoi ne le serait-il pas également d'obliger les déserteurs d'un empire à subir ta destinée commune, surtout lorsque les lâches ne s'exilent que pour aggraver les maux de la patrie î

Quant aux renseignements que vous nous demandez sur nos émigrants, nous ne savons. Monsieur, si nous devons gémir ou nous féliciter de n'en compter un seul. Nos mécontents jouissent ici non seulement d'une pleine sécu- rité, mais encore ils déclament sans la moindre g^ne contre l'Assemblée. Ce n'est pas que le peuple ne fût ici disposé comme ailleurs, à aimer une constitution fondée sur l'é^alilé, mais, comme il ne connaît pas les chaînes de la féodalité, il a moins ressenti les effets de la liberté. Le haut tiers qui veut trancher du noble, profite de cette tiédeur pour exhaler sa bile dont la source cachée se trouve dans l'égalité politique. Ainsi partout un vil égolsme glace tous les cœurs et resserre toutes les âmes.

Nous avons du moins cette consolation que notre ville ne renferme aucun aristocrate dont le génie et le carac- tère soient dangereux. Nous ne serons jamais les premiers à nous révolter, ni les derniers à obéir. Nous attendons avec patience que les influences d'une philoso-

■) Ai-ch. munie, de Greaobl» ; LL, 70.

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LBS ALPmS A GRENOBLE EN 17S0. 251

pbie bienfaisante se soient de proche en proctie commu- niquées Jusqu'à nous.

Nous sommes avec une respectueuse fraternité, Monsieur le Président, les membres de Briançoo associés à la Société des amis de la constitution de Orenoble.

Chaix HIs aine, Charbonnël-Sallb, Chais tlls second.

P,-S, Nous croyons devoir vous annoncer la forma- tion d'un club sous le uom de Club des amis de la consti- tution. Depuis longtemps nous clierchioos inutilement à le faire établir, mais le succès n'a répondu à notre espoir que depuis hier un de nous a été chargé du choix des Journaux et du soin de contracter tes abonnements. Le journal de votre société a été le premier agréé, eu dépit de ta mauvaise réputation qu'on avait réussi à lui donner en cette ville. « Carra est un aristocrate *, nous disait-on. Quelle étrange subversion d'idées !

Gomme ce club est composé de la majeure partie des sous ofliciers de la garde natioaale et d'uu très petit nombre d'officiers [vos associés), nous vous prions de vouloir bien l'aire mention de cette association dans un de vos numéros du mois de janvier, eu forme d'invitation aui gardes nationales de votre département. Nos coabon- nés nous ont témoigné l'empressemeot le plus marqué de trouver dans cette feuille l'analyse des séances du dépar- tement des Hautes-Alpes. Vous leur rendriez et à tout le département le plus grand service, s'il vous était possible d'obtempérer à leurs désirs.

{A suivre).

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LES PRÉLIMINAIRES

DE

L'ÉDIT DE NANTES EN DAUPHINÉ

d'après des documents inédits,

15&S-15&6.

L'éilit de pacification signé par Henri IV à Nantes, le 13 avril 1598, mil fin en France aux f^uerres civiles, dites Guerres de Religion. Il se composait de 92 articles patents et de 50 articles secrets').

Les documents analysés ci-après, el dont je ne trouve pas trace dans nos historiens r<^gionaux, jettent une grande lumière sur les dt^marclies et pourparlers des Réformés du Dauphiné pendant les années 1595 et 1506. Ils ont une grande importance par eux-mêmes, encore des noms qu'ils rappellent : des divisions profondes qu'ils signalent p:irmi les populalioDs daupliinoises, celles sur- tout du Oraisivaudan, du Gapençais, de l'Embrunais, du Dinis. des Baronnies, du Valenlinois etc.; à cause encore de la part considérable que prit, dans notre région, la petite noblesse, presque toute protestante, à la prépara- tion de l'édit de Nantes, dont les principales dispositions se retrouvent dans le serment signé à Aspres le 11 sep- tembre 1596. Tous ces documents se rapportent directe- ment au célèbre édit publié par Henri IV en faveur des Protestants en 1598,

A ce titre ils méritent d'être connus.

Malheureusement ces documents ne sont pas des origi- naux ; ce sont de simples copies. authentiques toutefois. mais très mauvaises, très négligées et d'une lecture extrêmement difficile*).

') Isambort, Ancienne! lois françaUes, 183! «I suiv., t. Xi.

■) Celte circonstance eipliquera les doutea, iacertitudei et erreurs qn' lubiiateDl dans notre transcriptioD, malgré tout le Eoia que nout itods apporté k la rendre exacte.

Digilzedt.GoOgle

L'ÉDIT de NANTES EN DAUPHINÉ. 263

Ces copies ont été faites le 20 avril 1685, et sont 9i;ïaée8 RouBET. Elles précèdent de quelques mois seulemeal la fameuse Révocation de l'édit de Nantes par Louis XIV (novembre 1685).

Elles appartiennent aux archives de l'hôpital de Oap (H supplément, 402) et sont contenus en deux cahiers in-4°, de 6 et 10 feuillets, en papier. Ceux-ci font partie des documents provenant des consistoires supprimés en 1685 et précisément des papiers du consistoire de Veynes,

Les biens des consistoires de Dauphiné supprimés en 1685, on le sait, en vertu des arrêts du Conseil d'État des 29 août 1693 et 22 juillet 1694, furent attribués aux hôpi- taux de Grenoble, de Gap et d'Embrun {H suppL, 310), Qap, pour sa part, eut les biens des consistoiressuirants; Ancelle's, Die. Gap, Orpierrc, Rosans, St-Bonnet, Serres, Trpscléoux, Veynes et quelques autres. La plupart des papiers relatifs à ces biens subsistent encore, et forment une des portions les plus curieuses et les plus intéressan- tes des archives liospitalières de Briauçnn, d'Embrun et de Gap, dont VInventaire sommaire sera publié dant quelques mois. P. G.

1" Assemblée de Grenoble du 21 juin 1595.

Extraits de l'assemblée générale tenue â Grenoble, le 21 juin 1595, par les députés nommés au k sinode pro- vinsial naguères tenu à Orange », et avaient été con- voqués " M" des Diguières, de Créqui, de Gouvernet, du Poët, deMorges, de Blacons, de Monlbrun, de St-Sau- veur, de Vercoiran, du Mas, de Champoléon, du Vîllar et de Bonne », qui se sont excusés. Sont présents : « M" d'Allières, syndic et procureur général des esglises de ceste province, d'Estables et de Savasse, conseillers en la Cour de Parlement, de Vulson, Giilîer, Calignon, advocat en lad» Cour, du Chaure [aWas Faure,!, adjoint dud. s' sindic ; ensemble les députés par le dernier sinode d'Orange, sçavoir : led. s' Caille, [ministre de Grenoble,] de Vinay,Valier, du Jarry, Hugues Mathieu, ministres ;,,.

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£54 ANNALES DBS ALPES.

les S" de Rousset, de La Villëte, Combtefaut (?), de Ros- trinen (T), Qai et Qarcin, et aussy tes sieurs Rafélix et Blanc, députés puur Orange, le cap* La BrioUe'), député pour la Provence ». Led. s^* Vulson, « député pour aller en l'assetoblée de Saumur,... faict le récit de ce quy s'est passé à Saumur », et donne lecture de la létre escripte aux esglises de ceste province par lad' assem- blée de Saumur », sur « le règlement dressé en l'assem- blée de Ste-Foy >), pour les effeclz de Tunion, renouvelles entre toutes les églises de France ». Le tout est approuvé, a excepté en ce qui concerne le conseil particullier de ceste province, lequel soit jugé, expédié, dressé, [non] à la forme du règlement de Ste-Foy, mais de le continuer sellon qu'il Teust estably en l'assemblée tenue en ceste ville (Grenoble), au mois d'aoust dernier, jusques à ce que autrement en iiye esté ordonné ; et que, toutes foix, ceux de Provence et Lyonnois pourroienl, sy bon leur semble, nommer, pour checunc desd. provinces, un personnage considéré, pour estre joint et assister aud. conseil par- ticullier; s'y mieux ils n'^yment en dresser un en che- cune province ; à la charge, toutes foix, de se trouver eu l'assemblée généralle de ceste province, dont ils seront avertis. Touchant les nombres et les qmallitës des person- nes dont le Conseil ou l'assemblée généralle des esglises de France doit estre composé, a semblé il la compagnie que le nombre de dix, porté par led, règlement de Ste- Foy, suffit et qu'il ne doit estre augmenté, tant pour éviter confusion que pour d'autant souUager les esglises et leur éviter fraitz, et qu'il doit estre laissé à la liberté de che- cuno province d'envoyer tel député que bon luy sem- blera, jusques à ce que led. Conseil général soit sédan- taire en certain lieu, ou que autrement soit avisé, et, par

<) Jacques de Bosse, dil te cap* de La Bréolo (corn- du cent, du Lauzet, arr' de Barceloanette. Basses-Alpes).

•) En mai 1584, peu après lo sacre d'Henri IV (21 févr. 1584;. Dans cette assemblée, Us Rërormës divisèreot la Fra&ca en 10 provinces; chscuDB devait uommec un député au Cooseil grioèrol directeur dus Réformés. Uo CoDseil particulier devait être établi dans chaque pro-

Digilzedt.GoOglc

J.'ÉOIT DE NANTES BN DAUPHINÉ. 2j5

ce moyen, les difflculté» touchant les quallité» des per- sonnes ditd. Conseil seront hostées, et la question se trouvera vuîdée, »y les ministres y doivent estre exeraptz, combien qu'il semble estre expédient et nécessaire qu'ily aye toujours quelques pasteurs en rassemblée (jéoéralle. Sur la proposition faicte touchant la récusation des couriz de parlement, la résolution prinse par lad» assem- blée de Saumnr a esté particulièrement confirmée Et, ensuite de ce, a esté avisé que tous' ceux quy auront quelques mémoires pour Tonder récusation contre la cour de parlement de ce pays, [les] remetront au plus tost,... [pour] estre communiquées et approuvées par les prinsi- paux seigneurs de ceste province. Et, nu cas que lad* assemblée généralle les juge pertinantes, seront propo- sées au refus de la Chambre my-partie demandée par les esglises de ceste province ". Le s' Vulson') est député à la v prochaine assemblée générale de^t esgllses de France,... comme capable et très bien instruit des affaires » ;'mais il refuse, «pour n'avoir encore esté payé des fraiz et des- pences par luy faictes aux deux précédans voyages de Mans et de Saumur, revenant à plus de 400 escus, qu'il doit à ses amis. Au cas que led. s' Vulson, ne pourroit entreprendre led. voyage, a esté nommé le s' de Jari-y, ministre. . . à Orpierre, et député par le sinode provinsial d'Orange pour assister au prochain sinode nationnal ;... et laissé aux choix des provinces de Lyonnois, Beaujol- lois et Bourgogne d'eslire et nommer tel personnage que bon leur semblera ». 'Pour payer les sieurs Vulson et Faure, et « ceux quy ont estes députés vers le Hoy par l'assemblée dud. Ste-Foy et Saumur «, et fournir « ausd. députés pour le prochain sinode national », l'emprunt voté, en août dernier, à Grenoble, serd exigé : a ceux du Lyonnois payeront 50 escus, et ceux de Provence,,.. 100 escus, sçavoir: < 50 escus, ceux de dessà la Durance, et les autres, 50 ». De plus, on fera un fonds de 900 écus.

'} Pierre Vulsoa, député des églises rétormôes du Dauphins aui assemblées de Saumur (1595) et de Loudklu (1586], aoobli aa 16S0 (Ad. Rochas, Biographie du Dauphiné, II, 485),

Digilzedt.GÔOgle

250 ANNALES DES ALPBS.

et, « à l'instant », le rôle est dressé et les « priDcipauz seigneurs genlilhommes, sujiliés tenir la main à ce que lesd. deniers soyeiit payés et remis entre les mains dud. s" Caille... S'ils n'employent leur crédit et authorité, il est impossible de recevoir un seul denier et, par consé- quent, tout en confusion, et serons contraintz de nous séparer de l'union générale des esglises de France. Lesd. seigneurs sont : pour l'Embrunois et Gappençois, M. dés Diguières; pour le Orésivaudau, M.deMorges; pour le Lyonnois et Baronnies, M. de Gouvernet ; pour le Vallan- tinois et Dyo, la Provence, M. du Poyt ; pour le V^lanti- Dois deçà Droume, M. de Mas de Nere(?); pour le Royanès et baillagede St-Marcellin, M. de Ginye(?J. Sur la proposi- tion faicte : quelle responce feront les gouverneurs des villes l'on voudra remétre la messe, eu vertu de l'éédit de 1577'), a esté avisé que, suivant les résoUutions prinses ez assemblées genéralles des esglises de France tenues à Ste-Foy et Saumur, les gouverneurs des places, lieulo- nans et autres qui seront nommés, et requis, soit en vertu des arrëlz de la cour de Parlement ou autrement, de remètre la messe en exercisseà la relligion Romaine ez places par eux tenues, doivent respondre que, tout aussy tost qu'il aura pieu à S. M. pourvoir aux requostes des É. R. de France de leur octroyer un édit de paix*), tel qu'elles le requièrent ou qu'elles accepteront par cy- après, ils sont prêts de permétre que led. exercisse soit reslably ; mais, jusques alhors, il ne leur est loisible de ce faire, sur l'avis et le consantement des esglises de ceste province. Et, toutes foix, qu'ils s'assureront que, sy les catholiques Romains veullent accorder et consantir que l'exercisse de la R, R. soit mis et estably ez lieux de ceste province il n'est encore, que ceux de lad* Relli- liglon acordcront facilement, sans atandreled. édit géné- ral, que la messe et exercisse de la relligion Romaine

') L'édit do Poitiers, du 17 aopt, 15T7, avait limité l'eiercioe du cuUs réformé aux villes et bourgs 11 était ciercé à la veille du traita de Bergerac, signé au cammencdmeot de ce mois.

*, Il rut accoi'dé à Nantes, te 13 avril 159tj.

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1,'ÉDIT DE NANTES EN DAUPHINÉ. 257

aoit remis et estably ea tous les lieux dont ilz ont esté chassés, durant les guerres. Et sy on leur dict que l'édit de l'an 1577 est restably, ilz diront qu'il n'est publié, et, bien qu'illeseroit, qu'il n'a esté requis ny accepté parlesd. de lad' Reiligion, quy ont leurs députés en Cour, pour en poursuivre en obtenir un propre, pour l'establissemont d'une paix durable ».

A la suite de la lecture des mémoires remis au « capi- taine de La Briolle par ceux de Provence », l'assemblée décide que a les esglises de ceste province doivent embrasser les affiiiros de ceux de Provence, et iucérer dans leur cayer le contenu desd, mémoires, ataiidu qu'el- les sont joinles avec nous en un mesmedespaÈ'Iement par le règlement de Ste-Foy •. Après l'exposé fait par « le s' Blanc, sindic de ceux de la Reiligion du Contai,... som- mes d'avis desuplier MgrdesDiguiùres,et tous les autres gentilhommes de ce pays Taisant profession de la Reili- gion, de s'employer de tout leur pouvoir à remètre l'Évan- gille aud. pays, parles meilleurs moyens qu'il leur sera possible... Sur la proposition f<iicto par M. Mathieu'), ministre de resglise d'Embrun, a esté avisf: que S. M. sera supliée de confirmer l'exception du collège d'Embrun H de défandre toute alUf-natitm des biens affectés pour le collège, et révoquer ce qui a esté allienné ».

Suit « le roolie de la coite susmentionnée » : « Gré-ll- niiiilan : Mgr dos Diguières {en l/lnnc); M. de Morges ii)S[écus?] ; M- le pré-sidaul de Galignon, C8 ; MM. d'Es- lablea, de Savasse, de Magnes, de Genton, de Sarrasin, Brunel, le C8p« Blanc, d'Arlond, de La Basile, d'Ambel, de La Tour de Jeuslin, d'Estapes. le trésorier Callîgnon, Mme de Veyne et son fils ; MM, de Garcîn de Seysins, de Laye de Voyron, Ponat, de Mirabel, deSt-Remy, avocat, dn Mas de Clermont, le cndet de Treffoit, de Rlusset, l'iiiné, de Buysses de I-'arceyras, Armand de Grisitil. du Mas du Fau,Gristophe de Biachas, de Collombier, Duclot,

•j Hugues MnLhluu, du Goiiév,^. pasteur a Orpieri-c (1596-91], ù Osp I1Û91-2 , h Embrun, au inaiii:^ Uns ITiSri il HHH, et à Chnrgi^s, da 1622 k li;!3 iCf, Arnsud. Il, 412).

Annales des Alpes, IL 17

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268 ANNALES DES ALPES.

de L'Eychaillon, de Clelles, Ripis, Jacques de Bouyer, de Lautaretgde Belleveue, de BoniotdeL'Esglise, deCheysil- lianne, de Boniot de Puliëres, de Chevallier ; le cadet de Chevallier, de St-Maraize, de Boniot de St-Maarice, de L'Allée, de Pipe, de Margaillan, de Chipres, de Brunel de Sarrasin, du Vilac, de Veyrieu, de Touige, Ellie, de Bar- donanche; du Serre de St-Sébastien ; du Serre, du Serre {sic) ; de Beaumont *, diverses sommes, variant de 48 à 18 Lécus?]. 2* Oappençois : MM. de Cham- polléon, 48 ; de Polligny, 48 ; de St-Juillen, 88; du Villar, 88; de La Villette, 38; Bataille, 18; d'Alons, 48 ; de Beau- regard, 28 ; d'Astoin-Périnet, 48 ; de Barsan, 28 ; de Ghastillon, 28 ; de Si-Martin de Ventavon, 18 ; de Montal- quier, 48; le cap* Pbillibert, 28; le cap° Jean Oouva- gnon, 28; de Moidans, 38; le cap'Bragard, 48; le cap* Paul Bragard, son fils, 28; le cap* PhellssoUe, 18; de MontroDd de Méreuil, 48; du Molard, 18; le cap' Quin- son, 18 ; de Montroud de Mizon, 28 ; le cap* Abély, 18 ; le cap' Bernard Rantier de Labord [sic], 18 ; d'Orsiëre de La Baulme, 28; deRoIsoii d'Upals, 18; de Sl-Ferriol, 18; de St-Bonnet, 28; de Chiisteauneuf, 38; le cap' de Marti- nelly, 28; le cap* André Bernard de Faure, 18; le cap» Rostain, 16 ; de Luc, 108 ; le cap' Cirasian de Bonne, 28. 3" Embrunois : MM. de Bonne, 88 ; d'Arène, 48 ; d'Ize, 48 ; des Orres, 48 ; de Rotier, 48 ; le cap° Arnous Pbilli- bert, 28; le cap' Talou, 28 ; Panre. 28 ; le cap» Villeneufve, 88; dePerdeyer, ;i8. r Le Dlois : MM. de Gouvernet. 158; de Bonyot, 48; de Vercors, 38; de St-Martin, 18; lejugede Bonyot, 28; de Chanel, 38; de Rodes, 18; de Soubreroclie. 28; de St-Auban de Dye, 28; du Roux, 28; de La Druseysa, 18. 5" Baronnies : MM. de Monthrun, 108 ; de La Roche du Buis, 38 ; de Condourcet, 48 ; d'Es- galiëres, 18 ; de La Fare, 18 ; de Richont. 18; de Bonne- val, 28; Perrin, avocat, 18; de Valousier(?), 48; deColoD- bane, 28; de Rocheblave. 38; de St-Sauvcur, 68; de Bésignan, 28 ; le cap" Hugues Gouvernet do Moulans, 28 ; Barre de Nions, 38; de Montmaurin, 28. 0' Vatlanti- nois el Montèiimar delà la rivière de Droume : MM.

ibyGoot^le

L'KDIT DB NANTES EN DAUPHINS. 259

du Port, 158; de La Blacone, 155 ; à& Lalo, 28; du Pis, 18; d'Alauson, 48 ; de Gomps, 48; de Monjoux, 28; de St-Piiis (?). 28 ; de St-Jenys. 28 ; de Montbrochier, 88 ; de Brotln, 28.; du Mey, 48 ; de Bardelet, 28 , de Biles (?), 28 ; d'Aramon, 18; d'Espenel, 18; de Lestre, 18; de La Meyère, 18; de CoinQma]it(?], 18 ; Mlle de Pontaix, 18; MM. de Ghabreue deLevel, 18; de La Roche de Orane, 18; deDievadjeu.lS; d'Odefré de Manne, 18; d'Espeluche, 18. T Ct'est et desà la rivière de Droume : MM. de Gugis, 68 ; de Vercoiran, 48 ; de Beaufort, 28 ; -de Blognac, 18 ; de Gobour, 18 ; de Laye, 28 ; de Beaulieu, 28 ; Mlle de 8t-Remy, 18 ; Mlle de La Ficte de Barcilone, 28 ; MM. de Chabert, 18 ; de Baisse, 18. 8" Si-Marcellin : MM. de Verdun, 48; Mlle de Piriène, 48 ; Romans: Mlle de CasUlon. 18; Mlle d'Armieu, 18. 10° Tulins : Mme de La Roche, 28, S'ensuit le rooUe de la cotte des esglises, dÎTisées en quatre rangs, dont au 1" rancsont les esgUaes suivantes : asçavoir : le Ghampsaur, pour une [esgllse]; Dye,MoD.téliniaret Freysinière.pour une; Vau- cluson et autres ; Orange, cotLisés â 15 eàcus pouresglise; au 2^ rang ; Grenoble, Romans, Vallance, Livron, Bourdeauz, DieuleQt, Nions. Serres, Veyne, Orpierre, Meus, Oysans, Embrun, Grest, coltisés à 10 escus la che- cune ; au tiers rang : Beauvois, Pont-de>Royans, Vesc, Pontaix, Ghastillon, Vnldroume, Taulignan, St-Paul, Le Buis, Viusobres, MévoUion, Monôtier-de-Clermonl, cot- tisés checune 3 S escus ; au 4* rang: La Motte, Sail- lacs.vren blanc]; Rozans, St-Jean-d'Hérans, Morges et La Mure, pour une ; Talard, Condourcet, Lus, Corp, Tréme- mis, Guilhiestre, Abriès et Ristolas, pour une ; Arvieu et Le Ghasteau, pour une; Molines et St-Véran, pour une, cottisés à 6 escus la checune ». (Signés : ) « Alllères, sin- dic; Gaspar Gilier, du Faure, J. Galignon. A. Gaille; de Vinays, député parle colloque du Vallantinois; H. Mathieu, député par le colloque de TAmbrunois ; François du Jay, député^par le colloque du Gappençois; G. Va lier, député par le colloque du Diois ; V. Luaire, député par les esglises de Provence ; Pierre Humblefonde, député du colloque

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260 ANNALES DBS ALPES.

du Vallautinois ; Roussas, député par le colloque du Val- lantinois; M. Vulson; Rostain, député par le sinode d'Orange pour le colloque du Gappençois; Oay, député du colloque du Dlois > (21 juin 1595).

2' Assemblée d'Aspres du 11 septembre 1596.

Copie des « actes de ce qui s'est passé en l'assemblée convoquée Aspres] par M. d'AIlières, sindic des esgli- ses de ceste province, et M. Faure, adjoint» (11 sept. 1506). Présents : les seigneurs d'AllîSres, syndic. M" de Gouvernet, gouverneur du Diois et Baronnies; du Poët, gouverneur de Montélimar; de Montbrun ; de St-Sau- veur; deLaVillette; de Comps; de Bonne, gouverneur d'Embrun ; de St-Julien, « tant en son nom qu'au nom de M. des Piguières »; d'Alons, gouverneur de Serres; da Pillon ; d'Oraière ; de Montrond deMéreuil; de Verdun, s' de Beauvois ; de Virars ; d'he, gouverneur d'Exilles; de Genton, lieutenant de M. de Morges au gouvernement de Grenoble et son représentant ; de Reynier ; du Roux; de VitroUes ; de Lhomme ; de La Roche ; de La Combe ; de Beaufort; de Roison ; de Montrond de Mison ; de St- Ferriol et de L'Épine. Pasteurs: de Vinays, de Livron ,■ VaIie^, de Die; Caille, de Grenoble; Cresson, de la mai- son de M. des Diguières ; Jarry, d'Orpierre; Caulé, de Serres; Barbier, deVeynes; Blanchard, de Beauvois; Guérin, du Queyras; Juîllen, d'Orange; La Planche, de Gabrières, et Perrin, de Gap. Députés : Rostain, de Gap ; cap" Bragfird, gouverneur d'Orpierre; cap» La Bréole, de l'église de Seyne et autres de Provence ; cap* Bour- geron, de La Motte; Garcin, d'Embrun; Bnineliy, de Serres ; de Bourg, de Nyons ; cap' Patigon, de La Bréole et Seyne ; Félix, i!e Montélimar; Lacombe, de Gabrières ; Arthaudy, deVeynes; Auhergeron, de Die; Chouliier, des Baronnies ; du Pin, d'Ancelle, et Abelly, de Gap. Le ministre de Gap Perrin est nommé secrétaire, et Giraud, de l'église de Veynes, lui est adjoint. Vulson, conseiller an parlement de Dauphiné et député des églises de la province à l'assemblée générale de Loudun, fait connaître

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L'ÉDIT de NANTES EN DAUPHINÉ. 261

ce qui s'est passé à cette réunion, au sujet < de i'exercisse de la Relligion, la récusation des piirlemens et conserva- tion des places tenues par ceux de la Relligion a. Le tont est approuvé, « et tous les assistans ont signé, après, l'ac(e de set-ment qay s'ensuit, et ordonné qu'il sera signé par les gentilhommes de ceste province et de la Provence, absaas :... Nous soubsignés prometons et ju- rons frarderinviolablement l'union des esglises de France faicte à Nantes sous la protection du Roy, l'an 1593 ; en conséquence d'icelle, nous soumëtre à toutes les résolu- tions des assemblées géaéralles et notament à celle tenue à Loudun, la présante année ; observer les règlements y dressés pour l'ordre de nostre consiance ; pour, à laquelle parvenir, nous protestons de maintenir de tout nostre pouvoir ce que nous avons de liberté de consience, ne perrnetant point que l'exercisse de ta Religion soit hosté d'aucun lieu il est maintenant estably, ny la messe receue ez lieux elle n'est point maintenue ; garder nos sûrtés, ne relâchant aucune des places que nous tenons, et pourvoyant au payement des garnisons, sellon qu'il ii esté desjà ordonné par lad* assemblée ; employer vies et biens pour la deffense de celluy ou ceux jusques aux plus petites quy seroient nécessaires pour cest effect à l'occa- sion de la Relligion ; garder fidelleiàent les places que nous tenons, pour la manutention des esglises; n'en transporter aucunes, pour quelque cause que ce soit, ez mains d'un autre, sans le consantement el expresse per- mission des esglises de la Province : bref, exécuter fidel- lement et de point en point tout ce qui, est ou sera ordonné, tant pour l'entretènement du ministère, récusa- tion des parlements, qu'autres choîïesconsernant le bien général ou partieuUier de toutes les esglises ri^forraées de France : le tout Jusques à ce que par lesd. esglises en aye esté autrement avisé, ou qu'il aye pieu à S.* M. nous octroyer an édit de paix, au contantement desd . esgtise» de France- Protestons, néangmoins, que nous n'entandons, en façon que ce soit, nous despartir de l'obéyssance que nous devons au Roy par les commandemens de Dieu.

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2BS ANNALES DES ALPB3.

Palet en l'assemblée des gentilhommes et autres députés des esglises réformées de Dauphiné et Provence, tenue à Aspres le !!• sept. i596 ». Et, « sy, pour obtenir un édit de paix, on doit rabatre quelque chose des demandes cy- devant faictes,... plustôt que de venir au malheur delà guerre*, sont nummés pour s'occuper de cet objet les sieurs de Gouvernet, du Poët, de Montbrun, de Bonne, de Sl-Juillen, de Genton, Caille, de Vinay, Vallier, Blan- chard, de La Planche, le cap* La Bréole, le cap* Bragard, Félix, député de Mantauban, Augabon, député de Die, Ghoulier, député des Baronnies, Rostain, député de Gap, et Garcin, député de l'Embrunais. « A esté dict qu'on n'observeroit aucunement tes festes de l'esglise Romaine, et priDcipallement ez lieux ou cella se peut faire sans donner occasion de sédition ». Nul réformé ne sera tenu " à l'observation du concilie de Trante... On persévérera aux demandes cy-devant faicles concernant le libre exercisse de la Relligion, Chambre my-parlie et sOrtés nécessaires,.. Sera aussy demandé une Chambre my- partie en Provence, avec deux ou trois villes de seurlé ». Confirmation des pouvoirs accordés à Vulson et Chamier, pour assister à la prochaine assemblée générale de Lou- dun. Le Roi sera suplié « de prendre en sa protection les- esglises des vallées du Piémont et marquisat de Salluces, et les comprendre en l'éédit de paix... S. M. sera suptiée qu'en l'abollition généralle quy sera contenue en l'éédit de paix que nous poursuivons, soit nomémeiit exprimé la condamnation et exécution du cap' Bourgerelly et de n. Anth« Roux, s' de Sigoycr, de M. de Lar Combe, ministre de la paroUe de Dieu, et autres quy feurent treuvés dans la ville de Seyue, Ihorsqu'elle feiit prinse par le sgr d'Espernon... Ceux qui poursuivront l'establîssement de la messe ez lieux elle n'est pas, après que la conclu- sion prinse en ceste assemblée pour ce regard leur aura esté déclfiré, pourront estre chassés desd. places et i eux », etc., li sept. 1596.

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BIBLIOGRAPHIE ALPINE.

83. Albebt (Aristide), Jmn MarceUin, statuaire. Gre- noble, [1899,] m-4», 8 p., 4 gravures (Extr. de la Revue Oauphinotse). La ville de Gap a Inauffuré, en 1892. en l'honneur de Jean Marcellin, un buste remarqiiabte, oeuvre de M. Schradbr. Marcellin méritait un pareil liommage, non seulement par la générosité dont il a fait preuve envers sa ville natale, à laquelle il a légué sa fortune, « voulant la mettre par à même d'encourager déjeunes artistes, comme elle m'a encouragé », dit-il lui- même, dans testament, mais à cause de la célébrité qu'il a su lui donner par ses œuvres artistiques. Le statuaire MARCEU.iN,en effet, est une des gloires les plus- belles de Gap, il est le 24 mai 1821. Il est mort à Paris en Juin 1884, laissant après lui des œuvres d'art très remar^ blés et le souvenir d'une intelligence d'élite, d'un cœur d'or, ainsi qne s'exprime M. Aristide Albert, l'un de ses amis de la première heure. M. Albert, qui a le mieux connu peut-être le statuaire Marcellin, nous donne de l'artiste, de ses débuts pénibles, de ses diflicultés, de ses travaux et de ses succès, un tableau très vivant. Il nous /ait surtout connaître dans l'intimité Marcellin et sa digne <K)mpagne, Mme Marcellin, qu'il retint quelques temps près de lui à Grenoble. Suivant une tradition déjà ancienne chez M. Albert, M. et Mme Marcellin fuient l'occasion d'une réunion de peintres et d'artistes Dau- phinois : Blanc-Fontaine. Rahoult, Havanat, Eug. Paure. « La mémoire de ces quelques heures est demeurée au cœur des peintres grenoblois avec l'image du statuaire dont ils avaient admiré les œuvres et dont le beau carac- tère s'était révélé pendant cette entrevue, dans la simpli- cité des manières, dans la force de la pensée, dans la droiture des sentiments ». Les œuvres de Marcellin sont innombrables; M. Albert en énumère quarante-cjuatre. Oulre un beau portrait de Marcellin, U nous donne la

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264 ANNALES DES ALPES.

reproduction de trois de ses statues. Chacun, à Gap, peut admirer celle du baron de Ladoucette, ancien préfet des Hautes-Alpes, qui a popularisé le nom de Marcellin dans son pays natal.

84. BoLLANDisTEs. Coialogus coàicum hagiographico- runi îatlnorwn antiquiorum saeculo XVI qui asser- vaniur tn hibUothcca mtlionali Parisiensi, Mil, et Indices. Bruxelles, 1889-93. Catalogwt codicum hagio- graphicorum Bibliother.a regiae Bnucelletisis. Codices Latlni. I-ir. Bruxelles, 1886-89.

85. Demontzey (P.). correspondant de l'Institut, mem- bre du Conseil supérieur de rAgricullure, ancien inspec- teur général des Forêts. Les retenues d'eau et le reboise- ment dans le bassin de la Durance. Aix, Kemondin- Aubin, 1800, in-8°, iv-38 p. Le hasard nous a mis sous la main cette brochure, et uous nous empressons de la signaler à uos lecteurs. Pendant plus de 40 ans, M. Demontzey s'est occupé de travaux de reboisement dans les Alpes et surtout on Provence, et c'est le fruit de sa longue expérience qu'il résume en ces <]ueli|ues pa^es, avec une compétence et une autorité que nul ue saurait lui dénier. Ecoutons M. Demontzey: « Lai|uestiou qui se pose aujourd'hui, en face d'impérieux besoins et de dangers immédiats, n'est pas née d'hier elle a préoc- cupé, depuis plus de 50 ans, tous ceux qui se sont inté- ressés à l'avenir de la Provence, aux besoins de son agriculture, comme à ceux de ses vallées, grandes et pentes. On peut la résumer en ces quelijues mots : Régularisation de la Durance, par la diminution d'abord et la suppression ensuite de son caracière de torrenlia- lilé. Augmentation de son débit, en \ue. non'seulemeat de satisfaire constamment aux besoins actuels, mais encore de développer la production agricole. . L'unique moyeu de réali.ser ce programme, digne de noire époque de grands travaux et d'utiles entreprises, consiste dans l'application prompte et énergique du. . reboisement des montagnes plus actif, et plus favorise dans les pentes abruptes et dénudées ». M. Demonizey uous expose

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BIBLIOGRAPHIE ALPINS. 265

ensuite comnaent il Taut comprendre le reboisement, com- menl l'appliquer; quelle part doit être réservée à l'État, aux départements, aux communes et aux particuliers; quelle est la situation actuelle (1896) au point de vue de cee travaux ; ce qu'il reste à faire ; quelle peut être la du- rée de la période d'exécution; quelle sera enfin \ai dépense approximative des travaux. Ne pouvant entrer ici dans le détail, nous nous contenterons de dire que la déi^ense totale, d'après l'étude très miaiilieuse à laquelle se livre M. Demonlzey, serait de 36.900.000 francs el. « si l'on admet pour la durée de la période d'exécution un délai de 20 années », une somme annuelle de 1.845.000 francs sera suffisante; somme relativement minime, en présence des a avantages précieux que seule elle peut procurer » et qui se résument ainsi : < Accroissement du débit des sources ; pluies plus abondautes au moins dans les hautes monta- gnes. — Régularisation du régime de la Durance et de ses affluents; augmentation de son débit normal; sup- pression des afTouillemeiits et du cliarriage des maté- riaux. — Ralentissement dans l'écoulement des crues, aboutissant à leur innocuité. Possibilité d'endiguer les rivières torrentielles, ayant pour conséquence la con- quête d'une énorme étendue de terrains les plus précieux pour l'agriculture (plu« de 20.000 bect.). —Alimentation assurée aux nombreux canaux installés sur les deux rives de la Durance en vue des besoins, soit de l'agricul- ture, soit de cités importantes, comme Marseille, Aix, et% Faculté d'étendre le réseau des irrigations jusqu'à la. Crau d'Arles et les autres terrains laissés en friche aujourd'hui par manque d'eau. Protection assurée à des centaines de hameaux dans la montagne et à nombre de villes et de villages dans les vallées, ainsi qu'aux cultures dont l'existence est menacée. Maintien d'aboi'd, et augmentation plus lard, d'une population agricole, énergique et rude au travail, dans ces montagnes occu- pant une partie des frontières de la France, aujourd'hui menacées de ilevenir un désert. Mise en train d'une transformation indispensable dans l'économie agricole en

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200 AJHULBS DBS ALPSS.

corcondance avec les progrès moder—a, Sécurité assn- rée aux cbemios de fer. roules et cbemins à» tontes catégories, sécurité qui intéresse au plus haut point la défense nationale. Enfin conservation et amélioration des bois existants, ainsi que création de forêts nouvelles, modifiant le climat et augmentant la richessse nationale ainsi que les moyens de défense du pays. Un seul de ces résultats sufBrait à légitimer les dépenses fîiites ou à foire ; il est regrettable qu'on ne les ait pas reobercbés depuis longtemps >. a De la présence des forêts sur ces montannes, disait, en 1S41. M. Subrell, dépend l'exis- tence des cultures et la vie des populations... Plus la population s'entasse [dans les grandes villes,] plus il serait sage d'augmenter Timportance des travaux dont le but est d'accroître les produits du sol ; car le premier besoin de l'homme et la plus grande plaie des sociétés c'est la faim et, en dernière analyse, c'est toujours la terre qui doit pourvoir à ce besoin >... Heureux, si ces idées pouvaient être u partagées par tous ceux qu'inté- resse l'avenir de cette bell ' région devenue, dit M. Demont- zey, notre pays d'adoption ».

8ft. GiRAUD (J.-B.), conservateur des musées archéo- giques de la ville de Lyon. Dn atelier de monnayage à VUleneuve-du-Plat {iti3i) [A Lyon, à l'ouest de Belle- cour] (Extr. de la Revue numismatique, 1896. p 184- 189). Le mobilier et ta boutique d'un fourbisseur Ayonnais, en i555 (Extr. du Bull, archéolog., 1894, 15 p.;. Détails fort curieux sur les épées de Lyon et de Vienne. Comptes de l'écurie de François d'Angou- lême, Î5t4 (Extr du Bull. hist. et philol.. 1808, 24 p.). Les notes de 'M. Oiraud doublent la valeur des rensei- gnements contenus dans ces documents, précieux à bien des titres.

87. GuiLLAiMB (Le Di* Julien^ conseiller général, maire de Guillestre, officier d'académie. Des conséquences fâ- cheuses du défaut d'hygiène dans les hautes vallées alpestres. Lyon, A. Waltener, 1895, in-S", 64 p. et 1 carte des Hautes-Alpes. Quinze années de pratique médicale

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BIBLIOORAPHIB AXPINS. 207

ont permis au D' Guillaume de connaître d'une Taçon complète les conditions spéciales d'habitation, d'alimen- tation et d'existence des populations de l'Ëmbmnais et du Briançonnais. Il a recueilli sur ces pointa un très grand nombre de faits et d'observations, qui lui inspirent des conseils et des recommandations pratiques d'une impor- tance capitale. Puissent les conseils du Docteur être par- tout suivis.

88. GuiLiMuin (P.) Le Secret delaPj/ramide [Orenoble, 1899, in-4°,] 6 p.. 2 portraits et 1 vue {Extr. de la Revue Dauphinoise). La Pyramide Durand (3938 "•.)■ cons- truite en 1830 sur l'un des sommets du Pelvoux, par le commandant Adrien-Armand Durand (f 7 Janv. 1835). à qui l'on doit la feuille de Briançon de la Carte de CÈtat Major {n'189), fournit à M.Goillemin l'occasion de nous signaler la découverte de deux reliques que M. F.-F. TucKBTT avait déposées, dans cette pyramide ou Admm« de pierre, lors de son ascension du Pelvoux, en 1882 : une gourde brisée et la planchette d'un thermomètre à mercure. Ces précieux souvenirs, nous dit U. Ouillemln, « iront bientôt prendre place au musée alpin de Brian- çon >, et ce, de l'agrément de M. Tuckett. «. En remercie- ment et en hommage » rendu à ce savant alpiniste, M. Guillemin, donne de lui deux portraits, l'un de 1862, l'autre de 1896, et il couronne sa notice par une vue de la Pyramide Durand, d'après uu instantané de M. Harold CoNNAH. Cette intéressante plaquette complète l'étude si documentée que M. Guillemin a publiée naguère dans les Annales des Alpes (mai-juin 1898J sous ce titre : Victor Puiteux et la Première ascension du Monl-Pelvoux, S mai 1848 (p. 261-270). M. Guillemin se propose, d'ail- leurs de publier « la bio bibliographie des Alpinisies de tous pays qui se sont fait connaître parleurs ascensions en Bauphiné et dans les régions voisines ». Il recevra avec gratitude les renseignements relatifs à ce nouveau et cu- rieux travail, et en particulier ceux sur Beaumont-Wilson JoLLy qui, en 1864, fil l'ascension du Pelvoux, franchit les

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208 ANNALES DES ALPES.

cols du Sélé, des Cavales, «te. M. Jolly est mort il y a une dizaine d'années.

8fl. Revue Alpine publiée par la section Lyonnaise duc. A. F. 1899. n" 1 à 3. -- Articles de fonds: Le massif de la Seigne, H. Fbrrand. L'Aiguille de Scolette, 0. DuMUR. Les Denis d'Ambin, L. J. Edmond Durand. Nouvelles des centres alpins : Clémence -d'Amhel, La Grave, Peivoux, St-Véran, Guillestre. - Revue Biblio- graphique : Au pays des Alpins, ZTenry Duhamel \ His- toire de la ville de Gap eldu Gapençais {Théod. Qauller).

Variétés : Notes sur les varia lions périodiques des gla- ciers : Excursions en raquettes, etc.

90. Société de patronage des apprentis et orphelinat [de la ville de Grenoble]. Assemblée générale de 1898. Président, M. Oontard, adjoint au maire. Rapporieur, M. Aristide Aluërt. Grenoble. Allier, 1899. in8*. 48p.

M. Aristide Albert " appartient au Patronage depuis 31 ans ; il eu est vice-président depuis 23 ans... Son dévouement et son aciivilé, dit M. Gontard, n'ont pas été aciiuis qu'à cette seule osuvre : à toutes nos institutioni de bienfaisance, à toutes nos sociétés d'éducation ou d'art il a donné son concours le plus entier, il a apporté sa col- laboration érudite, sa compétence clairvoyante ». Voilà de bi'illants états de service, et nous applaudissons, nous aussi, de grand cœur, aux résultats obtenus, surtout grâce au dévouement de M.Albert. Pour en juger qu'il sufflse de dire ici que les recettes de l'œuvre, en 1897, ont été de 20. 840 fr. 13. C'est ce que nous apprend le compte reudu financier de la société, La' pensée qui inspire, qui vivifie la société, M. Albert, dans sou discours, nous le dit d'un mot : la Patrie ! k La patrie, c'est notre famille, c'est notre foyer, c'est la cité que nous habitons et les amis qui y vivent à nos côtés, c'est l'histoire de la nation, la pensée des aïeux et leurs parliculières vertus, ce sont nos richesses intellectuelles, c'est la grande collectivité des hommes qui parlent la même langue, qui vivent de la même vie morale, des mêmes souvenirs dans la bonne ou dans la mauvaise fortune... La France, c'est notre

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BIBLIOGRAPHIE ALPINE. 260

patrie », et plus OD la connait, plus oa l'aime. Or, très peu la connaissent aussi bien que M. Albert.

9i. Université de Grenoble. Procès-verbal de la séance d'inauguration de V Université, tenue en la présence de M. le Président de la République le 4 août 1897. Greno- ble, Allier, 1898, in-4°, 20 p. ~ L'université de Grenoble a été créée ou plutôt restaurée par la loi du 10 juil. 1896. La séance d'inauguration a eu lieu dans l'amphithéâtre des cours de la Faculté des Lettres, en la présence de M. Paube, président de la République, le 4 août 1897. L'université de Grenoble, comme l'a fait remarquer M. Zeiler, président du Conseil de l'Université, « est destinée à réunir tous les enfants du Dauphiné, quelle que soit leur origine,... à faire de cette province une même famille intellectuelle, animée d'un égal amour pour le pro- grès et pour la patrie. Dans ce pays, placé à l'extrême frontière et dans le passé duquel on pourrait contempler, comme dans un fragment de miroir brisé, l'histoire de la France militaire, tous" les habitants savent qu'en défen- dant le sol national, ils défendent leurs propres foyers ; ils sout habitués de longue date à confondre leurs intérêts particuliers dans l'intérêt général, et, pour être de bons Dauphinois, ils n'en sont que meilleurs Français ». Le sceau de l'université de Grenoble, aux armes de Dauphiné et de la ville de Grenoble, rappelle l'origine ancienne de cette institution, qui remonte au dauphin Humbert II (1339), et la restauration actuelle : Siqillum l'niversitatis Gra-

TIANOPOLITANAE. 1339-1898.

VARIÉTÉS

CONSEILS D'UN DOCTEUR DE 1555.

La diète ou régime recommandé au notaire Jean Midonis, en I5K, pour la conservation de sa santé, peut encore être utile, même à la fin du XIX» siècle. Grâce probablement aux conseils de son docteur, Mutonis vécut,

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S70 ANN&LB8 HBS AI.PBS.

après 1555, encore plus de douz» ans, car il mourut le 7 Dov. 15Ô7 saulement. On pourra comparer ce document, curieux à bien des litres, avec les aphorismes de t' École de Salerne ot autres.

La diète de M. le Secrétaire Mutonis.

« Le lieu ont dort, que soyt assès chaut et hessuict (sec), et non point raumatic; et fera feu, surtout au temps huivert, au susd. lieu de sa habitation, et non poinct fuoct de charbons, ne de boys fort vert... Non manger ny boire durant ta challeur (occasioDoée par l'exercice] ; et, après le repas, non faire pas grand exersice, mais sufÛct de se parmener, et aller à l'esbat à la verdure ou ont il prendra playsir, et ne demeurer gnires hos- cieulx... Non dormir poinct, aulmoingz de deux ou troys heures après souper, ne sur jour, ne matin, sy non jusques k tant que cognoisse que la digestion soyt faicte. c'cf!t-à-dire que se sente d'estomac bien des- chargé, et non poinct pesant, car en se cas-lâ faudroit dormir et rappouser jusques que se sente alougé â l'estomac. Et aussy fauldra veyler et dormir sellon la quantité et qualités de les viandes mangées, caries vunes sont plus diScilles à digérer que les aultres. Par quoy, alhors, faudroyt plus dormir. Et dormir premièrement au costé droict et puis sur l'aultre, non poinct sur le dos. Et se gardera de la serène, et aussi de demeurer au soulhel, surtout en ce moys icy (avril et mars). Item, il donra ordre de avoyr bon venlre, synon naturalement, parart, c'est-à-dire manger quelque chouse lasatlve au coumansement du past, coume do pain bouly, ou quelque figue chaude, ou de boulin de l'houle, sans gaires de sal. .. Il est neccessatre et besoing de manger viandes plustôt chaudes que froides, et hîssuictes plus que humides. Et, premièromMit de pain, que soyt -de froment, et non poinct d'autre grain, bien cuict et levé, et non poinct foasses, ne viande de paste ; et que led. pain soyt assës frois, de deux ou troys jours, et non plus... De chairs de mouton, poulectz, chapons.

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VARIÉTÉS. 271

chabres et véu, qu'ilz ayont assès de temps, car lesd. cbabréus et véus tendres sont trobt humictz ou mouqz, soient parbulis et rostis. Il évitera les chairs humides, conme ainieaii, pourceau, beuTz, tripes, saing, piedz et testes ; et mangera plustost roiisty que de bouly, et surtout de soir. Et pourra user de cappres dessallées, aveeque desd. cbairs rosties, et l'eau rossye, avecque pouUectz et picbons. Et quant mangera du boulin, man- gera aux poutage:^ de pain graté, de bones erbes, coume ysop, mente, malivrance, balme, bourrages, juvert, aulcnnes foys d'une, d'aultrefoys de l'aultre, et aussi ung peu de canelle ou giroffes, et bien souvent de souf- frain. liem, des heus freictz, moulectz de pain boulin, avec d'oly d'oulive et de laict des amandes, bien clair, sucrés ; de poisson non poinct auUre que en so pays ycy, que est de truictes et esquarvices boulies ou vin trampe. De fruictz, pances ou gites, quasi à la Sn du repast, avec de pain, figues et avelanes ; quelque poire cuicte à la fin du repast. Et boire quelque vin clairet, bien maieur, que ne soye pas viaulent, ne semoustre, trampé selon la qualité du vin. Et quant se lèvera de matin, dinera de bonne heure , et aussi soupera » (2â sept. 1555).

LOUPS TUÉS PRÈS DE GAP. Gap, 18 décembre 1070. « Du judi, 18" du mois de décembre 1070, après midi,... le nommé Anthoine Ariey, de Treschastel, rantier (fer- mier) du prieuré de S(-Main'), est venu déclarerez mains de Messieurs les consulz avoir tué un loup au- dessous de i'Imbac dud, ât-Main. La teste a esté pozée au portail de l'hostel de ville; pour raison de quoy luy est deub trois livres de l'Édict; de quoy il sera payé par mandat, sur le fonds des plus clairs deniers de la ville. De quoy j'ay Taict acte. Meyssonier, secrétaire.

Arch. corn, de Gap, n> 7, f 1*5 v.

■) Le prieuré de St-Mtni, près Oap, dépendance de l'abbaye dd Liclas dis 1215. [Vcnr Bult. Soo. d'Étudei, ISSï, p. 401-41Sj.

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272 ANNALES DES ALPES.

Gap, 0 février 1689. « A esté fait certificat a Antoine MtcHEL, de St-Jean de Chassaigoes')- de trois livres sur Messieurs les consuls, pour avoir tué un loup dans le terroir de cette ville, et mis la teste sur la grand'porte de l'hostel de ville, comme de coutume.

SiuoND, secrétaire.

Arch. oom. de Gop, 467, f" 147.

Découvertes archéologiques à Gap.

La municipalité de Gap fait, actuellement (mars 1899). construire un grand aqueduc. Partant de la rue de l'Hô- pital, en face de la caserne de gendarmerie (jadis Y Hôpital Ste-Clatre) et longeant la rue Grenette, dans toute son étendue, cet aqueduc aboutit à la rue du Mazel. Or, vers le milieu de la rue Grenette, et précisément vis- à-vis de la porte du Tribunal civil qui donne accès au public, les ouvriers ont trouvé, sous une épaisse couclie de terre noirâtre et très compacte, qui semble provenir des flancs de Puymore, à trois mètres au-dessous du niveau du sol, deux grandes tuiles gallo-romaines â rebord, dites à tort ()((7es s«n'as(')ïes, et deux monnaies romaines, maUieureusement très frustes, toutes deux eu cuivre : l'une en moyen bronze, semble porter la tète de l'empereur Auguste ou de l'empereur Adrien ; l'autre, en grand bronze, est d'un empereur qui a eu !e surnom de Gennnnicus, car on lit distinctement les lettres GERM. COS. m. Nous reviendrons sur cette trouvaille impor- tante, que M. Marins Ligouza, entrepreneur des travaux, a bien voulu nous signaler.

P. G.

') Quorlier de Gap.

t.Google

LES ÀRIÊES DE LOUIS \lll A GUILLESTRE

en laas-ieao.

La protection que Louis XIII accorda à Charles de OoDzague, duc de Mantoue (1627-37), eu lutte contre les Espagaols, commaDdés par tionsalve de Cordoue, ameDa, en IQ'iS et en 1629, dans les Alpes, un grand nombre de régiments. d'iafaDterie et de cavalerie, dont le passage, surtout celui de l'armée du marquis d'Uxelles'), fut mar- qué par de grands désordres. On s'en ferait difficilement aujourd'hui une idée exacte, si les historiens et des docu- ments du temps n'étaient pas pour nous renseigner.

n Je me suis rencontré présent, dit le père Fohnîer 'j, à l'arrivée du marquis d'Uxelle^, eu l'année 16^, avec une grosse armée, bien équipée, mais fort mal gouvernée et désobéyssante, pour nous faire voir l'extrémité de tous les désordres... Je ne sçaurois ex.primer... la désolation générale de tout cepaîs...Alors Embrun estoit dévoré com- me tout vif pour suffir à tant de vivres. Alors les bleds à demi-meurs, et les vignes de la campagne furent toutes ravagées, comme par le dégastd'un ennemi. Nous contem- plions les mai.sons eu l'eu, et le spectacle effroyable et journalier de l'embrasement des villages, et des habitans réfugiez dans les églises ou dans les boys, comme si un Atlila efit tenu la campagne », etc.

i:e sombre tableau n'est pas surchargé. On pourra s'en convaincre par la lecture des quelques documents qui suivent et qui sont tirés des archives communales de Guillestre.

Le premier est i-elatif aux excès commis, à Guilleslre

<i I^uU Chtlon <lu B14, iiiarqui<< d'Uielles, laiticu i-ti Piémont en *r.ùt Kti. inort eu l<iûS (cf. Tmnn'io'u de Moliiie:!, «liiis Ilull. soe. d'eKid. 4f llus-Atpei, iaOO, p. 40(5.

*l Hiit. je-ieV. de.< Alpes, t. Il (1890). p. CM et soi».

An>{.\lk5 des Alpes, IL 18

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^74 ANNALES DES ALPES.

même, par quatre ré^jimeDls du marquis d'Uxelles, en juillet 1628. Les autres se rapportent surtout aux grandes difScultés occasionnées aux consuls et aux habitants de Ouillestre et des régions voisines, pour parvenir à appro- visionner l'armée de Louis XIII, soit à son entrée en Italie, en février 1629'), sait à son retour, après les succès remportés au Pas de Suse, en avril et mai 1329.

Ces documeots font bien connaître les moyens employés pour a fournir» ou approvisionner l'étape de Quillestre, et BOUS renseignent sur le prix des denrées à cette époque.

P. G.

/. Requête des consuls de Guilteslre au maréchal de Créqui, au sujet des désordres commis à Guillestre par les régiments du marquis d'Uxelles. 18-22 septembre 1628.

A MONSEIONEUB,

Monseigneur le marescbal de Créqui, duc de Lesdiguières, pair et mareschal de France. Les consuls et liabitans de Guillestre, vos Irès-liuinbles serviteurs, supplient très-humblement voslre grandeur leur faire droit sur leurs plaincles et supplications ci- après rédigées :

Disant que, quoyquo vostre ordre, portant que les sup- plians ne logeroyent dans leur lieu que deux des régi- mens de l'armée conduite par M. le marquis d'Uxelles,

<) Ni FoRNisR ni nos Jacumeats ae parkot de la It^ntalivo qu'aurait faite Louis XIII du pénétrer uu Piémont par U Queyrai, «t iIb la nuit qu'il aurail pasaoe, le 28 février 16î9, ù la « Maison du Roi i>, dans la Combe du Quujras. C'est uuo logendo qu; ne doit plus avoir cours. L'aul)c:rgc couaue sous lu nom de ifaiion du Jiai doit co nom à U u sauvegarde du Roi «, que Jacques Fanlin des Odoanlï, snbdélégué de riiituniUiit de La Porte. < stipulant pour Sa Majusté n, lui accorda le ÏS nuv. ilThi (Arch. des Hautes-AIpBî, C, 17. Cf. Fornier, op. cit., p. 65t-6a& et uotsE).

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LES ABHÉES DE LOUIS XIII. 275

néantmoins ils ont esté cootraincts et forcez en loger qua- tre, quelles protestations et refus qu'ils en ayent fait atn contraire, ne sachant par quelles ruses et prattiques ils ont esté si chargea et foulez, et les autres quartiers, comme Embrun et Chorges, décliargez; ayant les sup- pliants plus souffert que tous les autres, quoyqu'ils ne soyent composez que de 6 feuz et demi, et ceux d'Embrun, de 54 feux, et ceux de Chorges de 18 feux, et sans avoir autres aydes que l'ordinaire, fors que, pour quelques jours, les communautez de St-Martin-de-Queyrières, Le Puy-St-Pierre et les Villar's-St-Pancrace, faisant en tout 18 feux. En quoy ont receu ung grand prt^judice n'ayant, lesd. supplians peu recourir pour avoir les aydes néces- saires, et pour n'avoir eu aucun advis ni mandat qui eust précédé le jour desd. logemens ; de quoy ils ont subject de se plaindre de M" les commis du pays qui en devoyent donner advis, ahn qu'ils se fussent préparez à la réception desd. logemens et l'ait contribuer leurs aydes, ce qu'ils n'ont peu de quelques jours ; ayant esté contraints et forcez, durant les 6 premiers jours, -fournir ausd. 4 régi- mens, composez de. plus de 6.000 soldais ou goujats, et de plus de 1.000 chevaux, les vivres et fourrages nécessaires; et, depuis, ensemblement contribué jusques à leur deslo- gement, qui fut le 27' juillet dernier, tellement que leur séjour dans led . lieu a esté de jours, tant qu'ils n'ont rien plus trouvé que manger.

Du pendant lequel temps, dans led. povre et petit lieu, a esté par eux usé de toute sorte d'indiscrétion, comme eu divers lieux, après avoir beu à outrance et emporté ce que bon leur sembloit, lai^soyenl le reste verst; dans la cave; après, brusler les tonneaux, les cuves, les pres- soirs, les portes des boutiques, des graugeages, des caves, des maisons, des jardins, rju'ils rt-iluisoyeut en haire, sans qu'il y housl apparence que jamais y eust eu herbes ; brusler los bayes de bois de haute fustaye des possessions, k demi lieuo à la ronde ; descouvert los mai- sons, rompu les planches et bnislé, comme auHsi le^* canals de 3 moulins et brisé les pierres d'iceux, rompu

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276 ANNALES DES ALPES.

les cloclies, mis au pillage diverses maisons aux cbamps, et emporté le tout, comme pain, vin, bled et toute sorte de meubles qu'ils trouvoyent ; fait rooler des tonneaux pleins (le vin par des précipices, i>our plaisir- Et dans la ville, diverses cacbettes ou secrettes, les supplians avoyent retiré leurs plus précieux meubles, ont esté fouille;;, et emporté tout le plus beau et meilleur, au veu et sceu de plusieurs capitaines, qui n'ont daigné en faire punition, ains le prenant en risée, après en avoir eu la meilleure part. Emmené de leurs montagnes quantité de bœufs, iceux tué publiquement, sans payement ni puni- tion ; fauclié leurs prez, emporté le loin, et le reste ioulé, en y mettant les chevaux à l'abandon, et aussi dans les bleds, et ceux qui estoyent meurs ou à demi, les coupoyent et balloyeot sur le champ ; leurs vignes ont esté gastées et ruinées ; quoyque les raisins ne fussent en estât de fère du verjus, ne laissoyent d'en emporter à cliapellées, et en faire du potage; et gasté entièrement les mouches à miel.

Le sacrilège n'a esté espargné, ainsi qu'appert par informations ; plusieurs hostes maltraitiez et attachez au pied du lict, rançonnez, et voulu forcer leurs femmes ; battu les habitans. notamment les consuls, meurtry ung uommé Jean Garuier, dud. lieu.

Tous lesquels excez, violences, forcemens, hruslemens, raiiçonnemens et indiscrétions ont réduit les povres sup- plians à mendicité, non seulement pour l'année présente, ains pour la suivante, taot pour leurs personnes que pour leur hestait; estant la plus grande partie contrainte aban- donner leurs maisons, pour n'avoir iii bœufs, ni bled pour semer de nouveau.

Ce considéré, Monsgr, vous apparoissant oculairement, k leur grand regret, de ce que dessus, pourvoir aux supplians sur lesd. plaintes, et, en conséquence, ordonner qu'ils seront remboursez desd. foules et dégast, selon l'estimation qu'en a esté et sera faite par les commissaires et députez par la Cour, et autrement leur pourvoir de remède convenable ; et les supplians prieront Dieu pour

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LES ABUEES T.OUIS XIII. 377

l'accroissenient de vostre grandeur, et qu'il vous doint longue et heureuse vie.

RouBEBT, cliastelain, Gourssan, consul, Pol Clémant, J. Garûakic, D. Imbert, Simiand, sergent royal, albrand. Imbert, Antlioine BoNET, D,-M. Imbert, Artaud, Devilla, RoMANY, Caffahbl, Bourbelly, Drouhe, Aynaud, p. Romanet, assaud, Jean Olli- viER. A. Pellissier, Qaspart Albert, Jean

TOOLLOUZAN, A. MaOREL.

SolL monstre au procureur du pays, pour, sa response veue, estre ordonné ce que de raison. Fait à Visilie le iS sept. 1628.

CRÉQUY.

Je n'empesctie qu'il soit de nouveau procédé à l'estima- tion de la despence et dëgast dont est question, en présence du vibally d'Embrun, par experts qu'il pren- dra d'office, pour, despuis, estre pourveu aux suppliants, ainsi qu'il appartiendra, sur leur ilégrèvemeut demandé.

Fait le 20 sept. 1628.

De BiCHARD.

Substitut de M. le procureur du Pays.

Au dos: « Pressés sur l'extimation l'aide des dégastz par Mons' le trézaurier Drevet, conseiller du Roy, ensuitle de la vequette cy-joincte, du 22= septembre 1628, lad* requeste présentée à Monsgr le mareschal de Créqny »,

Original, 5 psgss iii-4'. Arch. corn. df-. Guillastre, CC, S.

//. « Sommation contre Joannis, comis de l'estappe, du 7 mars i629 «.

Les consulz de Quilhestre, portés d'affection à obéyr et satisfère à ce que leur est ordonné par S. M., ainsy qu'ilz

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ST8 ANNALES DES ALPSS.

ont faict jusques à présent, pour authant que, puisqu'il a pieu àS. M. ordonnerlepoiivre lieu de Gulibeslre pour estappe, et, pour le fornissement de laquelle estappe, S. M. y anret prouveu et comi» de mnaitiounères, pour fornir aux vivres nécessères pour ia norriture de l'armée; ce que ne aeret esté effectué par lesd. munitionnères que partie sullement, et l'autre partie forny par les pouvres habitaas dud. lieii de Guilhestre, comme des certifficaLz appert, faict par les sergeants majeurs. Et, parce que, k présent, les pouvres habitans ne peuvent plus satisfera à fornir, estant contraints à quiter leurs maisons, pour autliant que le passage sutciste, et mesme que, aujour- d'huy. \]x ont aprias que doibt arriver aud. Guilhestre le régiment de CliampagnJe, quy est composé de 22 compa- gnies, et, ce continement, 3 ou 4 lougemenlz apprès ; pour la Dorrilure desquelz lougements lesd. consulz de Guilhestre, advisant que l'estappe n'est aulcugnemeat fornye. ny de pain, ne vin, ne chair, foin et avoyne, sy bien que, par le moien de ce manquement, il est à crain- dre qu'il n'arrive de grand désordre dans led. lieu de Guilhestre, faute desd. vivres. Et, pour à ce empêcher et faire voir de leurs dilligeances par devers S. M., som- ment et requièrent vous, s*" Alexandre Joannis, comis au lieu de Guilhestre. pour et au nom des munitionnères, que ayés A tenir et à fornir les vivres nécessères pour la norriture des lougemenlz que arivent à Guilhestre, et que les habitants ne soyent plus subjects à fornir, comme ilz ont faict jusques k présent; et que sy, par faute des vivres, il arrive du désordre aud. Guilhestre, protestent contre de vous, et d'en recourir par devant S. M. de tout ce que pourra arriver, faute desd. vivres; offrant, de leur part, de satisfère à ce que leur est ordonné par S. M. Et ont requis actes de la présente, ansamble de vostre responce.

lequel Jeanis a respondu qu'il n'est comis, ne député, ny munitionnère, et que ce n'est pas à luy que ce faut adresser, et ce faut adresser au comis de l'estappe. Et lesd. consulz ont répliqué qu'ilz ne recogoessent

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LES AEMÉBB »B LOUIS XUI. 370

«utro que lui, ponrauthaat qu'il achepte les Tivres, les faict distribuer, et passe les acquitz, ayant toujours demuré aud. Guilliestre, pour ce faire; et protestent 4'advertir S. M. de ce qu'il aa faict que se cacber an Château, quand les régiments arrivent aud.Ouilhestre. Et ont percisté à leurs réquisitioas, comme dessus.

Faict et publié aud. Ouilhestre, au GhÂteau, en présence de M* Jacques Caffarel, chastelain de Vars, et M. Ajitoine Tbollozan, dud. Vars, tesmoingz requis et soubsignés arec lesd. con.sulz.

Faict ce 7* mars 1829, apprès mîdy.

GouRssAN, consul, J. Caffarel, présent, Antoni TouLOuzAN. Et moy notaire recepvant,

J. DE GULPHE, notaire- Original, 3 pages m-4'. Arcb. com. de Guilleslre, CC, 8.

///. Nouvelle « sommation contre Alexandre Joannis comis de tétappe (de Guillestre), du 8 mars i628 ».

Les consulz de Guilhestre, en continuation des somma- tions sy-devant faictes, de noveau, pour fere voyr leur delligeanse, ayant la présence de vous, M* Alexandre Jttanis. comis à l'estappe de Guilhestre, au nom de M. Eyraud'), pour le fornîssementdesavivresnécessères pour le passages des gens de guerre pour le service du Roy, et à cestes fins que he vous servies de préteste, duquel vous vous serves, àl'absance des consulz, par-devant lescourou- nelz et cappitaines, de ce que l'on vous doyt tenir prison- nier ; il vous déclèrent qu'ilz n'y ont jamais pansé, et n'empêclient que vous alliés et reveuiés bon vous samblera, pour donner ordre au fournissement de l'es-

'] Louis de Clot-Eyraud, flU de Faiiçois, ds St-Firmini et Susaona Disdier, chAtaUia de St-Firmin dis 1623, chargé de l'appra vision a e- mauldc l'apoiêa da Liuis XIII daas les Alpes, eu 162S-29, encore vivan

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âSO ANNALES DBS ALPES.

tappe ; ai'ns au contrère, que ce D'est que une escuse, à vous, de servir ; pour aiiltant que c'est tous que. de vostre propre moTemeul, vous tenés caché tous les jours dans le Château, ainsy que les régimentz arrivent aud.Guilbestre, pour n'avoyr pas de quoy fornir pour leur Qorrîture, au préjudice de la promesse faicte à S. M., et ne tâchés que de laisser les pauvres habilans chargés de lad» norriture, comme ilz ont l'aict jusques à présent ; en sorte qu'ilz sont contreinlz de quitter et abandonner leurs maisons. Ce pourquoy, vous requièrent que ayés tout promptement à sortir du Châleau et venir à la ville, pour fomir le maga- sin de l'estappe, de pain, vin, viande, foin etavoyne, com- me estes obligé, pour aullant qu'il n'y a rien du tout pour les lougemeuts qui doivent arriver ; vous déclarant que sy, par faulte des avivres, il arrive encore de désordre, comme il est déjà arrivé, tant par ce moyen de fère. que de ce que les pauvres habitans sont balus, mesme une nommée Aune Marentière, pouvre vefve. par faulte des avivres, a esté tellement traitée qu'elle est décédéa ce matin : et protestent d'en recourir, par devant S. M., des désordres que les pouvres habitans reçoyveiit et supor- teut, à faulte desd. vivres. De laquelle sommation et réquisition, easamble de la réponse que par vous sera faicte, nous ont requis actes, pour leur servir ce que de raison.

Lequel Juanis a respoadu qu'il ne peult, quand à pré- sent, y donner ordre, pour estre mallade, et que l'on se dresse à Vachier. quy est aussy comis.

Kt lesd s" consuls ont répliqué que sont que de fuit- tes et escuses continuèles.

Faict et publié aud. Guilhestre, dans le Ohasteau, en pré- sence de M" Antb. Romany et François Sartour, dud. Guilhestre, tesmoingz requis, et soubzsignéa led. Romaoy et le S' cousulz Gourssan.

Faict le S" mars 1620 avant midy.

Gourssan. Romany, présent.

Et moy notaire soubzsigné : J. de Gulphg, notaire.

Original, 3 piges iu-t*. Arrh. com. de Ouilleitre, CC. 8.

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LRS ARMEES I>IC LOUrs XII[. 381

ly. « Sommation François Vachier, commis à l'étape de GuHtestre), le 9 mars 1629 «.

L'an 1(529 et le y" jour (lu ninys de mars, avant midy. dans la maison commun» de tiuillesti-Q. par devant moy, notaire royal soubzsigné, et présentz \es tesmoin^-s bas noiiini^s. se sont présentés et comparus s" Honnora Gour- san et Jehan Collansson, consnis modernes dmt. lieu, lesquelz, ayant la présence de liouneste François Vacliier, comis à l'estape dud. Guilliestre, luy ont remonstré, qu'à faute que lad" astape n'a esté bien munye, il est arrivé beaucoup fie désordres aud. lieu, tnnt pour n'estre le pain, ny le vin de recepte, le pain estant manqué et défedeux de 4 ou 5 onces chescun, noyr et mal paistri ; point de pain blanc pour les officiers. Quand au vin, on ne bailbe que du vin de pays, au lieu de le mesler avec celuy de Kemollon ouTallard, comme ou a l'ait entendre. Et pour le foin et avoyne, le plus souvent,quand y a quelque logement, ne s'en treuve point. Toulz lesquelz manguemenU font que les hostes sont maltraittés et la ville en tel désordre qu'il semble qu'on soyl eu pays de conqueste. Partant, lesd. s" consnl;; requièrent et somment led, Vacliier de founiiret munltionner lad» estape de pain, vin, loin, criair et avoyne nécessaire, de la quallité et quantité portés par les ordres de S. M. A faute de ce 1ère, protestent de toulK despaus, dommages et intérestz. et de s'en pourvoyr par devers S. M., comme on verra A fère. Lequel Vacliier a re^spondu qu'il n'est que comis de comis pour adcislsr, et n'est à luy à qui on se doibt adresser. De quoy ont requis acles. que leur ay octroyés, aud. lieu, en présence de François Girioud, feu Thomé, et Jean Souchier, fen Barthélémy, dud. Guithestre, tesmoings requis, soubzsignés les sa- cbanlz Led. Vacliier a dît ne savoyr.

H. GouBSS*N, consul, Jean Souchier.

Et moy notaire royal requis recepvant soubzsigné. D, iMBERT, notaire.

Original, i pages in-4. Arch. corn, di; Guilleslra. CC, 3.

Digilzedt.GoOgle

S82 ANNALB3 DBS AI.PBS.

y. « Ordre pour fayre fornir des ayàes à Guilkestre pour la descente de l'armée retournant du Pied- mont ».

Briançon,!" avril IGiQ.

Ce jourd'huy, l^jour du raoys d'avril 1629, au lieu de Briauçon, par-devaut nous, Fellicieu Bouler, doïen de Gap, deppiilé du Pays, ont compareu s' Jaq. Roubert, cliastelain de Guillieslre. s' Mathieu Humbert, capitaine et cliastelain de Queyras et Vilie-Vielhe, et Blay Bellon, notaire d'Abriès, députtés dud. Queyras. M. Guil. Roux et Jean Raous, notaires, et Ant. Gauttier, consuls de Yalloyse; ausquelz led. s' doyen a remonstré qu'il est nécessaire de préparer les estappea. pour le 7* de ce moys, sçavoyr ; à St-Crespin, pour 3S cornettes de caval- lerye, et à Guilliestre. pour 20.000 homes de pied, ausquelz lieu S. M. a bailhé en ajde les tallies du Queyras, com- posé de 51 feu et demy ; Château-Dauphin, 25 feuz ung quart; Vars, 4 (euz ; Seillac, 2 feuz et demy ; Rîzoul, deux et demy; d'Eygljers et led. lieu de St-Crespin, 4; La Roche, 3 et demy ; Valloyse, 15 et trois quartz, et led, lieu de Guilhe^tre, 6 et demy.

Pour le passage de laquelle armée, faut, pour la caval- lerye, à 72 payes chasque cnmpaignie, à 50 livres foin pour cliasque maistre, 6 picotins avoyne, 3 livres chair, 4 pains, que font 3 livres ; et. pour faire tout cella, fault 166 cestiers bled. 166 quintaux foin et 400cesti6rs avoyne, mezure de Guilteslre : toutes lesquelles sommes seront portés par les aydes.à proportion de leurs râus,au lieu de St-Crespin.

Pour l'infanterj'e, à deux pains pour chasque soldat, pezant douze onces le chascua, 30.000 pains â 20.000 hom- de pied, entre bis et blanc; cher, 30.000 livres. Foin, à raison de 20 livres pour cheval et 10 chevaux pour compaignie, 600 quintaux, et trois picotins avoyne pour cheval, faisant 80 cestiers; quy fait en tout, tant pour la cavalierye que l'infanterye, 230 charges bled, quy revient

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LES ARMEES DE LOUIS XIII. 283

à 2 charges pour feu ; 920 quintaux cher, bœuf, mouton ou veau, qui revient à 8 quictaux pour feu; avoyne. 230 charges de A cestiers la charge, mezure de Guilhes- tre, et, b deffaut d'avoyne, d'orge, que revient à 2 charges pour feu, et 20 quintaux foin pour feu, faisant 2.200 quin- taux.

Toutes lesquelles spèces dessus eipécifflées, les lieux susd, donnés en ayde feront incontinant porter aud. lieu de Guillieslre et de St-Crespin, entre les mains des consulz et officiers des lieux ou des comiz quy seront stablyspar Jesd. aydes aux magasins. Ausquelz magasins adcisteront les comis quy seront stablis par lesd. aydes, pour adcister à la réception et distribution. Et, à ces fins, seront lesd. lieux contrains par toutes voyes deubes et raisonables, comme pour les propres affaires de S. M., îi la forme des ordres et. comandemantz qu'il a pieu à R. M. d'en faire; sauf en tout ay adjousterou diminuer, s'il yeschoit. Prométant et obligeant led. s' doyen de païer toutes les susd. fornitures et denrées, suivant le taux et prix qu'il a pieu k S. M. d'en faire, incontinant que les conles seront estes raportés; et ce, des premiers deniers qu'il plairra à S. M. liiy remettre, soubz l'obligation et hipotèque portée parles ordres etcontractz de sad' M. Et pour les 4.000 !. d'avance, il promet de les païer aux consulzdesd. lieux mardy prochain, pour estre par eux parlaigé à proportion de leurs feuz; ayant esté résolleu par lesd. olticiers et depputtés de Guilhestre qu'ilz se régleront avec ceux de St-Crespin de la distribution et despartement de leurs aydes.

Faict et arresté aud. lieu de Briançon led. jour 1" avril 1629. Signés à l'original :

F. BouiER, doyen de Gap, ETdhbebt, Roubert, F. Bru.\, J. Mey^r, Bellon.

F. BouiKR, doyen de Gap. Provu en chef aux estapes de St-Crespin et Guilhestre.

Original, & pages in-i'. Arcb. corn, de Ouilleslre, CC, 8 bis.

Digilzedt.GoOgle

284 ANNALES DES ALPES. .

l^I. a Eslat de ce que t'estappe àe GuUhestre doit à ceux quy ont faict la fournilure du retour de l'armée de S. M. pour ii.340 hommes et à i.4l6 che- vaux pour les gens de pied ».

GuillcÈtvo, 28 mai 16£9.

Et premièrement, led. lieu de Ouilhestre doit 5 quin- taux 6S livres pain pour sa contribution, à Sescus 20 s. le guinlal, monte en argent IS esc. 3(t s.

Doivent pour leur contribution, 5 quintaux 58 livres de chair, que monte en argent , 27 esc. 54 s.

Iloivent de foin, pour leur part, 20 quintaux 31 livres, à ung esculOs. le quintal, monte en argent. 23 esc. 40 s.

Doivent d'avoyne, pour leur part, 17 cestiers une car- terôe, à ung escu le cestier, monte en

argent 17 esc. 15 s.

Somme qu'ilz doivent, liuictante sept escus 25 s 87 esc. 25 s.

La communaulté de Risoul.

Il esldeub à Rizoul, pouravoir plus torny que ne monte leur coite. 2 quintaux 04 livres de pain, à 10 escus le quintal, monte 48 esc. 48 s.

Il est aussy deub pour S quintaux 10 livres cliair, qu'ilz ont plus forny,à5escusIequintal, monte. 40 e.sc. 48 s.

I^ur est deub pour 4 cestiers une eymine 8 picotins avoyne qu'ilz se treuvent avoir aussy forny.à ung escu le cestier, monte 4 esc. 54 s.

Lesd. de Rizoul doivent ausd. de Guilhestre 5 quintaux 31 livres de loin, à ung escu 10 s. le quintal, monte six escus douze sols 6 esc. 12 s.

Lesd. de Guilhestre se treuvent debvoir ausd de Rizoul, pour avoir plus forni, la somme de 54 escus 30 s. et rabaitu Oescus 12 s. pour le foin qu'ilz sont demurâ en arrière, il se treuve que lesd. de Ouilhestre leur doivent la somme de 48 escus dix-huict sols 48 esc. 18 s.

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LfclS ARMKb:S UK LOUIS XIII.

l'85

La cùmmunauUé de Heilhac. Il est deub à la coinmiiiiauUé de Seilliac, poiiravoji- [ilus l'orny que ne monte leur coUe, 4 quiiitaux 35 livres piiîn, que monte en argent , à li) escus te

quintal i4 esc. 30 s.

Il leuresteocordetib pour avoir plus l'orny 8 quintaux 18 livres chair, à raison de 5 escus le

quintal, monte 40 esc. 54 s.

Il leur est encores deub pour 18 quintaux 18 livres Coin, qu'ilz ont plus forny, à escu 10 s. le quin- tal, monte 21 esc. 14 s.

Lesd. de SeilLac doivent 7 cesLiers 7 civaiers avoyne, pour reste de leur contribution, que se monte en argent 7 escus 21 s. Lesquels rabatus, il se treuve leur estre deub par lad» estape de Guilliestre la somme de soixante- neuf escus dix-sept sols, ci 09 esc. 17 s,

La communauUé de Valloi.se-

Il est deub à Valloyse, pour avoir plus l'orny que ne monte leur part, 4 quintaux lU livres pain, que montent en argent, à raison de 101. le quintal i:t e.«c. 40 s.

Leur est encor deub, pour avoir plus foruy 2 quintaux 92 livres chair que monle à ,"> escus le

quintal 14 esc. 'Xi &.

Leur est encor deub 12 civaiers avoyne, pour avoir plus l'orny, à 3 s. le civaier, monte 3(i s .

Tellement qu'il est deub ausd. de Valloyse par lad" estape de Guilliestre, pour avoir plus Curny queue inontoit leur cotte, la somme de 2S esc. 2 s.

La communauUé de Vars. Il est deub à la communauttù de Vars, ptiur.JG quintaux , 82 livres loiu, qu'ilz ont plus forny que ne monte leur part, que se monte à ung escu 10 s. le quintal. L'4 esc. 58 s.

S'ensuit t'estal de ceux qui doivent de reste à

l'estappe de Guiiheslre :

Queyras, pour 19 quintaux «6 livres, pain qu'ilz doivent

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286 ANNALES DES ALPBS.

de reste monte en argent,à 3 escus 20 s. le quintal de pain, monte 64 esc. 12 a.

Doivent encores de reste ceux de Queyras Squintaux 81 livre chair, à 5 1. le quintal, monte 44 1. 3s.

Lesd. de Queyras se treuvent avoir plus forny à lad' estappe de Gtiilliestre 14 quintaux de foin etSOcestiers une eymine avoyoe, qui montent en argent, à ung escu 10 s. le quintal du foin, et ung escu le cestier de l'avoyne, 48 escus 50 s.; ce que rabattu de la somme de 108 escus 15 s. qu'ilz se treuveut debvoir de reste, ilz sont encore debvables à Iad° estape de Guilliestre en la somme de soixante-un escus ving-cinq solz, ci 6! esc. 25 s.

La Vallée du Châleau-Daufin

Doit de reste ung quintal 25 livres foin, que monte, au prix que dessus 1 esc . 27 s .

Doivent de reste de chair, 7 quintaux 68 livres, que mon- tent, à 5 escus le quintal 38 esc. 27 s.

Doivent encor de reste 15 quintaux 34 livres foin, à ung escu 6 s. le quintal, ci 17 esc. 53 s.

Doivent 5 cestîers une cartorée avoyne, à ung escu le cestier, monte en argent 5 escus 15 s. pour reste de leur contribution, ci 5 esc. 15 s.

Somme que doit la vallée du Château -Daufiu, eu tout, 03 escus, 2s. ci 63 esc. 2 s.

Tellement qu'il se trouve qu'il reste encores deub par lad'' eslape de GuilUestre la somme de cent cinquante- deux escus vingt-trois soubz de reste, ci. 152 esc. 23 s.

Faict et arrestô à Guilliestre ce :^8 may 1029, en pré- sauce des cousulz et commis desd. lieux de t'estape et des communautés données en ayde, avec nous soubzsignés ceux quy out volleu et sceu. Ainsy à l'original: F. Bouier, doicu de Gap, Savy.nes, comis des Estats du Dauphiué, G(JL'i(SA.\, consul, ïoLOZAX, AUiERT, comis de Qiieyras.

F.strait et colla tiomié ;\ son original, au requis des con- sul/, de Guilhestre, par moy.

NlVOliL. OrigiuaT, A liages iu-4°. Arch. coin, Guillcslro, CC. 9.

D.g.tzedbyGoOt^lc

CORRESPONDANCE

UBS

Associés Hauts- Alpins

Société des Amis de la Constitution

Etablie à OreDoble.

[Suite et fin)

Embrun le 20 oclabrc 1790

■•').

J'ai reçu votre lettre du 26 passé ; il n'y a point d'émi- grés dans notre district, mais il n'y a pas moins d'aristo- crates et d'imbéciles impartiaux*].

Le 28 novembre une assemblée générale des citoyens actifs a fait une députation k l'évèque des Hautes-Alpes, ci-devant archevêque, pour lui demander de mettre à exécution, en ce qui le concerne, le décret sur la constitu- tion civile du clergé. Cet apôtre, très connu dans tout le royaume, a répondu ainsi que vous le verrez dans un imprimé ci-joint qu'il a fait répandre avec profusion ').

>) Apch. muuic. do Gcenolilo ; LL, 70.

*) C'était lu, il co qu'il pai-aïl, lu lilro quo se dounaiont les ailversairos de la Rùvolution.

') Dans cette proression de foi, M. da LejssÎQ protoslait contre la nourcUc constitulion du clergé et refusait d'exercer son miaislère au- duli dus limites de son iirclievècbd (Affiches du IG octobre). Pour avoif tait imprimer et publier cette lettre pastorol':, de Loyssiii fut cun- damnù jiar la police d'Embrun a 600 livres d'amuujo au proHt duK pauvres, le 24 octobre 1790 (TOir les ^/)îcA« du 6 janvioi- 1791 et lo Journal i'atriottqiie du mardi 4 janvier). L-^ titre de cotte publication est Lettre pastorale de Mgr l'arclietlque d'Embrun au elei-gé de son diocèse au sujet du serment ordonné par l'assemblée nationale' {Journal fatriatique du mardi 4 JanTier).

Digilzedt.GoOgle

S88 LB8 HAUT3-ALP1K3 A GRENOBLE.

Le lendemain, un huissier exploitant lui a siguifié la déli- bération de la commune, et il a fait la réponse que vous verrez dans le même imprimé. Le directoire du district lui a lait la même sommation ; il a amplifié sa réponse, en ajoutant qu'il ne reconnaissait point d'assemblée nationale. Quant â la coastitution civile du clergé, il a juré par soq Dieu, sou âme. sa cnnscience, sa religion (objets assez nouveaux), qu'il ne prêterait jamais le serment ordonné ; il a juré encore que tous les cauons de la Bastille pointés sur lui ne lui feraienl. pas rétracter sa résolution '}. Nous verrons si ce serment si solennel et si énergique sera quelque chose de plus qu'une vaine fanfarouade, à la publication du dernier décret qui réprime l'insolence des prêtres trop audacieux. Nous verrons alors Monseigneur ne plus Jurer si énergiquement, mais très modestement qu'il promet d'être fidèle, etc., et qu'il exécutera le décret sur la constitution civile du clergé. Nous verrons aussi Messieurs de l'hermine pendre leur fourure au crochet et rétracter la protestation répandue par le canal de Gtroud*\. Ce n'était pas la peine de faire taut les bra- vaches. Je languis de savoir si Oiroud rapportera aussi le procès-verbal de la prestation de serment ordonné par le décret et la suspension des hermines.

A propos de ces honnêtes et véridiques prêtres, dénon- cez. Messieurs, un nouvel abus. Lorsque l'assemblée

^> CeUe scËae fut racontée diius un entrcSlet du Journal Patrioti- que (mardi \A octobre 1790.

*) Cette protestatiou fut iuaérée dans les Affiches du 30 septembre 179U. Le chapitre d'Embrun y déclare qu'étant le CDUicil-né des arcbe- vAques, l'assemblce a'a pas le droit de le dissoudre, que trois conciles généraui lui ayant donné lu juridiction daus les vacances du siège, l'assemblée ne peut le lui ûCar ; qu'étant obligé sous la religion du serment de soutenif les droits de son église, l'assemblée ne peut l'en* dispensai' ; que la supj'ression des bénéficos étant du ressoct de la puis sance acclésiaslique, celle de l'assemblée est null-) sur ce point : qu'il ne cesserait ses fonctious que contraint par Is force. L'archevêque comme cher et chanoine si<;ua la piotestatioa. Voir ausù Arekio. départ, des Haulet-Alpti, le registre des délibéraUoo* du dittrlct d'EmbruQ.

D.g.tzedbyGoOt^lc

LES HAUTS-ALPINS A GRENOBLE. 289

nationale a voulu connaître la valeur des biens du ci- devant clergé, nos chanoines avaient cinq, sis, sept cents livres de revenu. Aujourd'hui les 1800, les 2000, les 8400, etc , ne leur coûtent rien à déclarer. L'évéque d'Embrun qui avait déclaré, il y a un an, 13.000 livres, non pas pour la contribution patriotique, car grâce à ses créanciers' il en est exempt, mais pour connaissance de la valeur des revenus de son siège, déclare aujour- d'hui 63.000 livres de reveuu net. Mais, si dans tout le royaume on se permet de certifier véritables de pareilles exagérations, les pensions se monteront plus haut qu'on ne croit. L'assemblée nationale fera très bien de fixer leurs pensions sur les premières déclarations. C'est les exposer à se parjurer que de leur en demander de secondes, et ces messieurs doivent être à l'abri de tout soupçon. Que penserons-nous lorsque nous voyons deux déclarations inégales, toutes deux certifiées et toutes deux fausses ou pour le moins une î Et puis c'est la religion qu'ils aiment, c'est pour la foi catholique qu'ils sont zélés ! oti honte ! oh scandale !

Je vous prie avec instance. Messieurs, de publier ma lettre dans votre journal et dans le numéro le plus proche, à moins qu'il n'y ait impossibilité ; je suis chargé de vous en prier par les bons citoyens. Nous sommes infectés ici d'une tourbe antipatriotique très insolente. Giroud a dans Embrun plus de dix-huit abonnés ; L'Amtduroi, Le Mercure; etc. tout cela crie, tandis que trois exemplaires du vôtre, un de Versailles, et un pauvre numéro de Mercier i| sont le seul aliment des patriotes. Au reste la classe qui ne lit guère est dans les bons principes et je fais lire votre journal. L'article ci-dessus est très essen- tiel pour tout le pays ; il peut être utile ailleurs ; je vous vous demande de l'insérer.

Je suis avec un vrai ami pour la constitution et une vraie fraternité pour nos amis ; Votre frère en patriotisme, Izoahd.

') Le» Annala patriotiquet et litléraii'gt di Mercier.

Amnales des Alpes, IL 10

D.g.tzedbyGoOt^lC

ANNALBB DKS ALPES.

P.-S. —J'ai eu de fortes raisons pour prendre le Ion que j'ai pris dans la relation relative à l'évêque et aux chaDoines. Je désire ardemmeat qu'une prompte pulilica- tion de l'article prévienne l'arrivée du dernier décret.

ael-ea-ChsmpsBur, le 11 octobre 1790.

D'après l'invitation que la société m'a fait l'honneur de me faire par sa lettre du 26 novembre dernier, je me suis informé si, parmi las imîgrauts réfugiés à Nice ou ail- leurs, il ne se trouverait pas quelqu'un de ce canton ou des environs. Ces informations ne m'ont procuré aucua renseignement et je n'en suis pas surpris, parce qu'aucun particulier de cette vallée du Champsaurn'a quitté le pays dans les circonstances présentes pour nuire à notre sublime constitution. D'ailleurs tout est patriote ici.

Je suis très flatté de la conâance que me dévoue la société ; je ferai tous mes efforts pour la conserver. Elle peut dans toutes les occasions s'adresser à moi pour tout ce qui pourra la satisfaire et tendre à déjouer les projets qui pourraient donner la moindre atteinte à notre régé- nération.

Soyez persuadés des sentiments véritablement sincères et fraternels avec lesquels j'airbonneur d'être, messieurs, voire etc.

Maurbl.

Serres, le 15 octobre 1790.

Monsieur et cher cousin *), Au moment que je reçois votre lettre, nous en recevons

■) Arch. manie, de Oi-enoblo ; LL, 70.

») Arch. rauuic. de Greooblo : LL, "0. Celle lotira est adressée à M. Bertrand Dnr bague, juge au tribunal.

Digilzedt.GoOgle

LBS HADTS-ALPlnS A GRENOBLE. 291

uAe du départament des Hautes-Alpes qui nous annonce que l'avis qu'ib TÎffliaeat de recevoir ne leur permet pas de douter que les eoneoiis de la constitution réfugiés à Turin et à Nice ne méditent quelque invasion qui serait principalement dirigée sur quelque place maritime, que, pour prévenir toute surprise, ils ont donné des ordres au district de Briançou, pour que la frontière soit exacte- ment gardée.

Nous écrivons dans Tinstant aux. municipalités de notre district de se tenir sur leur gardes et de disposer leurs gardes nationales à être prêtes à tout événement. Si vous ayez quelque avis particulier, je vous prie de nous en ftiire part et d'assurer les amis de la constitution que nous serons toujours prêts à nous montrer nos plus reli- gieux défenseurs.

J'ai l'honneur d'être avec le plus sincère attachement, Monsieur et cher cousin, votre, etc.

Ruelle.

Embrun, le 17 oCLobre 1790.

Messieurs <),

J'ai eu l'honneur de répondre à voire lettre du 26 novembre et de vous donner quelques détails relatifs à la résistance de notre évàque et de nos ci-devant cha- noines. Vous devez avoir reçu aussi une rtiquisition faite par le procureur- syndic de notre district, relative à cette résistance. Je viens vous entretenir encore aujourd'hui du même sujet et vous rapporter un fait qu'il est impor- tant de faire connaître pour constater la méchanceté des antirévolutionnaires et l'inutilité de leurs efforts pour exciter le fanatisme et ameuter le peuple.

Dans une entrevue du directoire de notre district avec M. l'évèque'), les administrateurs lui dirent qu'ils met-

'J Arcli. muaiû. de Gi-cDoble ; LL, 70.

*) Ce qui suit fut reproduit dans le Jouinal Patriotique du jeudi 30 octobre 179U.

D.g.tzedbyGoOt^lC

3dâ ANNALES DES ALPES.

traient les- scellés sur le chœur de la cathédrale. < Gardez- vous en bien, s'écria d'uQ ton d'oracle le cl-devaat chef des dissidents ; vous seriez perdus, le peuple se révolte- rait ». Et puis l'oQ entendait répéter aux noirs [le mot d'arîstocrales est impropre à l'égard de quelques per- sonnes, celui d'antirëvoluttonnaires est trop long, celui de nozrs parait convenir à ces Messieurs, à moins qu'on n'aime mieux leur donner celui de dissidents) que, dans toutes les villes du royaume, le peuple s'était opp<>sé à l'exécution du décret sur le clergé. Ëiifln le jour venu de mettre les scellés, les administrateurs étaient dans la sacristie, lorsqu'ils entendirent sonner le tocsin dans l'église même')- Toute la ville accourt; déjà le nombre égayait ceux qui présidaient à la sonnerie, mais inutile- ment ; les quatre ou cinq femmes imprudentes qui avaient été menées eurent beau se débattre auprès des autres pour les exciter à sonner aussi, on leur rit au nez ; et ces belles sonneuses furent obligées de se retirer avec le dépit de n'avoir pu causer une scène ajfreuse et la honte de l'avoir essayé et de n'avoir pas trouvé dans la classe moins bien élevée une femme qui ait voulu, selon leur désir, battre la générale dans la ville. La municipalité informe de ces événements. Il ne sera guère possible d'en connaître juridiquement les moteurs, mais l'opinion publi- que les a déjà flétris et les sonneuses auront beau s'excu- ser sur leur amour pour la religion, on sait ce qu'il en est et par qui leur zèle a été excité. Les administrateurs ne discontinuèrent pas leur opéra-

*) Ces faits sont racontés de la mèms niaaière daae le rejpotra des (tiKbëratioQs du Directoire d'Embrun (Areb. ddpart. des H.'A..l, i la date du 9 octobre, ou ajoute : ti Les officiers municipaai se rendi- reut à l'église ; le peuple accouru aui eods des cloches témoigna son désir que les décrets de l'Assemblée nationale fussent exécutés sans renvoi... On apposa les scellés sur le chœur et les autres endroits il parut Qécessaire ; sur uue porte dérobée cooduisant de l'église à l'évéché,... sur les trois portes du chœur de la grande église, sur las deuE portes du chœur de la chapelle, sur la porte qui conduit à la tribune est l'orgue de la pelllo église et sur celle de l'orgue de Itt grande église... »

Digilzedt.GoOgle

LES HAUTS-ALPINS A QRENOBLB. 293

tioD et, à la réquisition de la municipalité, les scellés ont été levés dimanche dernier ') et les curés de la ville mis en possession de faire les fonctions curiales dans cette église. iDcessammeiit ils les rempliront comme vicaires de l'évèque, quoique celui-ci prétende qu'ils sont héréti- ques et qu'il ne veut pas les nommer.

Voici, Messieurs, un autre fait non moins intéressant. Avant que nous eussions appris ce qui vient de se passer à LyoD, le directoire de notre département, qui avait jusqu'ici paru fort incrédule sur les projets de contreré- volution et qui avait mandé le brave patriote maire de Gap pour un avis très sage donné aux autres municipa- lités, ce directoire, dis-je, a écrit uue lettre à celui de notre district, par laquelle il le prévient qu'il existe des projets parmi les réfugiés à Nice et à Turin, de faire une incursion en France; il ordonne aux municipalités d'ob- server avec le plus grand soin tous les passants, et aux gardes nationales de tenir leurs armes en état. Ces avis très sages sont suivis avec la plus grande ponctualité. Le danger n'effraie pas et l'amour de la liberté et de ia conslitution encourage. Vous auriez vu, Messieurs, une preuve du civisme de nos montagnards, lorsqu'on lut la lettre du directoire en présence des grenadiers et des chasseurs de notre garde nationale. Des gens malinten- tionnés étaient venus à bout de jeter delà jalousie entre des citoyens, des frères qui composent cette compagnie. A la lecture de la lettre, ils oublient les petitesses de l'amoiir-propre et, au grand dépit de ceux qui depuis longtemps veulent les diviser, ils se réunissent de nou- Tean, dansent ensemble et promettent de verser jusqu'à la dernière goutte de leur sang pour te maintien de la liberté et de la constitution.

La municipalité a prié le commandant de la garde nationale de l'aire une inspection des armes, d'indiquer le petit nombre d'hommes qui ne sont pas armés de fusils, de munitions, pour qu'on demande les armes nécessaires

r Arch. dcpart. d«s H. -A.; ragist. de

Digilzedt.GoOgle

294 ANNALES DES ALPES.

«t elle fera proi'isoiretnent préparer des cartouclies de maDÎère que chaque homme ait vingt coups à tirer.

Je vous ai parlé plus haut. Messieurs, « de ce qui s'est passé à LyoQ ». Une lettre particulière du il avait annoncé qu'on avait arrêté trois ou quatre personnes qui devaientfavoriser une entrée très procliaioe des princes par cette ville; mais votre journal du 14 n'en dit rien.

Giroud fait une historiette qui semble avoir été faite exprès, et nous ne savons qu'en croire. Cependant la per- sonne qui a écrit est un homme de sens.

Parlez dans votre journal, Messieurs, de l'inutilité des efforts aristocratiques pour exciter le fanatisme, etc.

Je suis avec la plus entière fraternité et un respectueux attachement. Messieurs, votre, etc.

IZOARD.

EmbruD, le 19 [jsDvicF] de l'an 1791.

Messieurs *)> J'ai reçu les lettres dont vous m'avez honoré au sujet de celles dans lesquelles je vous ai donné divers avis. Lorsque Je crois que la publication d'uu fait ou la connais- sance que vous en aurez peut encourager les patriotes et déconcerter ou faire rougir les ennemis de la constitu- tion, les prétendus modérés ou impartiaux dont les vues sont au fond capables d'exciter de grands désordres, je me hâte de vous en faire part. Aujourd'hui je viens vous instruire que l'on met tout en œuvre dans notre départe- ment pour exciter le fanatisme ii l'occasion du dernier décret sur le serment des prêtres. Il a paru une brochure insipide mais bien faite pour tromper les âmes crédules de nos ignorants montagnards. On ne peut rapporter les absurdités méchantes dont elle est remplie. Le but en est de faire entendre que la messe ou la confesssion des prêtres qui prendraient la place de ceux qui seraient

<l Arch. munie, de Gi'OQoblc ; LL, 71.

Digilzedt.GoOgle

LBS HAOTS-ALPmS A ORBN08LB. S95

destitués est sans effet, que leur alisolutiou est oulle, qu'ils ne sont pas plus que des miaîstres de Genève, etc.. etc. Déjà les femmes et les imbéciles, dont le nombre est très grand, crient à l'impiété, à l'irréligion. Tout cela ne serait rien et il serait aisé de les calmer, mais la plupart des prêtres, tous ceux du séminaire et du collège qui remplis- sent une grande place dans une petite ville sont résolus à ne pas prêter de serment, ce qui occasionnerait du tu- multe quand il faudrait les remplacer. Tous les curés l'ont prêté, mais beaucoup veulent le rétracter ; la théologie de ce séminaire est toute ultramontaiue et conservée des Jésuites. L'auteur premier de cette résistance est un Jésuite*) qui occupe une chambre au collège il avait été placé par l'évèque pour lui rendre compte de tout. On soupçonne beaucoup et je crois avec raison qu'il est l'auteur de la brochure en question. Au reste je pense que la brochure sera brûlée populairement. Avec les fanati- ques ou ceux qui les trompent il ne faut pas discuter, il faut punir.

Vous pourriez, Messieurs, annoncer dans votre jour- nal ^ qu'un paquet de cette brochure absurdement incen- diaire ayant été adressé au vicaire de la paroisse de Chorges, avec prière de le répandre, celui-ci en a fait part au curé et tous les deux ensemble l'ont dénoncée à la muDtcipalité qui a apporté le paquet au district. Cet exemple de raison dans une communauté villageoise peut faire beaucoup de bien auprès des autres.

'} Il s'agit du P. Rossignol, qui est désigné par son nom dans un ontcefilet inséré au Jouitial Patriotique du 12 mars 1Î9I. n un sieur Rossignol, un jesuito, qui a Tait imprimoi- des prùoes anUciviques, est un des agents qu'a fail mouvoir le ci-devant archavjquo Lcyssin pour «mpècher U prestation de sermenl. L'admiuistralion du colIËge voulait ebasser cet ecolësiatiqttc séditieux de sa maison, 0(1 il était logé gratui- tement sans ; avoir de place ni de fonction. Le dérartemont a ordonpé de suspendre cotte puaiLioo, qui n'était que le retrait d'un hicnfait 1 et effectivement l'abbo Rossignol est reito au collègo jusqu'à ce que le temps de priler le serment ait expiré. Il y est encore, mais l'administra- tion persiste et il sera expillsë ».

*) Inséré inaU Journal Patriottqtte du samedi 29 janvier.

Digilzedt.GoOgle

296 ANNALES DES ALPES.

N'oubliez pas, je vous prie, d'anaoncer le succès de votre journal dans votre département et dans tous ceux dont vous [pouvez] recevoir des avis. Le peuple est assez accoutumé depuis quelques temps à suivre des exemples et à faire ce qu'il entend dire qui se fait ailleurs. Le méchant Giroud le sait bien lorsqu'il a soin de remplir sa feuille d'anecdotes vraies ou fausses qui, si elles étaient très multipliées, anéantiraient la Constitution.

Lorsqu'il y aura quelque cbose de nouveau, je vous ea avertirai ; si la municipalité fait quelque chose au sujet de la brochure, je vous en ferai part.

J'ai l'honneur d'être. Messieurs, avec beaucoup de considération et un vrai amour pour la Constitution, Votre très dévoué frère,

IZOABD ')■

*) L'articla suivant inséra bu Journal Palriotigut du 12 mars 1791, iimble ilee eitrait d'une letlre d'Iioard, dont l'origiinal ne se trouve pas nui archives de la Société det aniii dt la Constitution, fi 11 Taut qu'il te Irame quelque manœuvre, car lc9 ennemU de la Révoialion ont ici depuis quelque temps la mine baule. Ils ne doutent Dullement de la conlrerévolulion ; à les entendre, elle Bmve bu galop. \\s espèrent beaucoup en Léopold et paraissent assurés qu'il viendra nous faira visite de ton côté, tandis que les Piëmontais entceiont du nôtre. Il n'est pas douteux que nos arislocrales ont une conrespondance suivie avec lenrg coafrËrcs de Paris et des provinces ; car j'ai remai-qué qu'ils xont contents, les jours mêmes ils le sont ailleurs selon les papiers publics. L'afiaire des chasseurs de Is chapelle leur avait causé une grande jolo et ils la racontuiL-iit tous difléromment ; celle de Slrasbourg les Ht tous remuer comme des fourmis autour de leurs retraites. Ils font des cbansuns i l' autrichienne qu'ils répandent parmi les soldats; mais ils sont sourds k ces douces paroles. Une partie des ofBciers de la garuisOD ne porte plu) la cocarde DaUouale ; ils ont un bout do ruban noir A la boutonuièrc. On dit que M. Duportail a écrit à toutes les communautés de prendre le sarment des ufBciers nu d'eiiger leur démission en cas de refus. Si cela a été fait, on u'on a rien su el ces Messieurs aa se croient pas obligés, car ils n'ont pas discoulinuÔ de manifester hauta- meat leur sentiment, et leur espérance. Mille voyageurs sont employés pour semer la divisioa parmi les patriotes. Nous avons dans diverses eUues de foncllann aires publics, quelques personnes qui ne sont rien moins que les partisans de la ConstituUon et qui abusent de leur

t.Google

LES HAUTS-ALPINS A GRENOBLE.

Embrun, le 20 avril i79I.

H est faux que M. Leyssin ait fait aucune ordination depuis la nomination de M. Cazeueuve*) ; il a. je crois, donné des dimissoires à quelques jeunes ecclésiastiques qui sont allés se faire ordonner en Piémont. 11 est vrai qu'aucun corps n'a tenu compte de ce fait, parce qu'on a considéré sans doute qu'il pouvait remplir ses fonctions Jusqu'au moment l'autre serait arrivé. Mais si le sieur Leyssin n'a pas ordonné, il a fait une autre farce ; il a con- firmé dans l'église du collège de cette ville environ vers la mi -carême. La municipalité délibéra si elle devait s'opposer à ce tour de charlatanisme, mais d'un côté la certitude d'être contredite par le Directoire du départe- ment, de l'autre le mauvais effet qui aurait résulté dans Embrun d'une opposition devenue inutile la déterminè- rent à fermer les yeux. D'ailleurs la connaissance du

caractère des citoyens et du degré de lum sont parvenus détermina les officiers muni ville était à cette époque remplie di devenu à la mode d'être inconstitutionnel, presque tout peuple était gagné. On n'aurait pu faire un coup de force, étant contrarié par le département et par le tribu- nal; et, comme on était sitr que cet enthousiasme en faveur de Leyssin se dissiperait bien vite et de lui-même et croulerait comme un édifice fondé sur le sable, on aima

uquel ils icipaux; notre .ques ; it était

«otorité pour docouruger par do pctilcs vaialioo* ceuï qui sont coouus pour lour patriotisme et leur sttacheniODt à la Révolution >.

•) Arch. munie, de Orcnoblc ; LL, 74.

*) Ignace de Gazeneurr, ci-devant cbacoine de la cathédrale de Gap et maire de cette ville, fui nommé évéquo des Hautes-Alpes par l'Assemblée électorale ouverte le 6 mars. Leyssin adressa aux électeurs du département assemblée â Gap, pour lui nommer un successeur, une lettre il déclarait persister avec énergie dans son opinion (Lei Afflehei, 27 février, 18 macs at 13 mars 179t). Le leudcmBin de l'élec- tion de Cazeaauvej uu Te Dcum fut chanté dans l'église paroissiale de Qap, auquel assista l'assemblée électorale [Journal Patriotique du umedi 12 mars 1791).

D.g.tzedbyGoOt^lC

2m ANNALES DES ALPES.

mieux laisser au temps et aux moyens do persuasion le soin de ramener le patriotisme.

Je vous aurais écrit, Messieurs, à cette époque pour vous dénoncer cette farce, maie, comme je n'avais tu dans aucun numéro de votre journal la nouvelle du ser- ment de DOS prêtres de campagne que je vous ai écrite deux fois et qui éUiit intéressante, attendu ce que Oiroud insérait que presque aucun ne l'avait prêté et que ceux qui l'avaient fait ne l'avaient fait qu'avec restriction •), je crus OU que mes lettres étaient interceptées ou que la plainte que je sais vous avoir été portée par le directoire du département sur ce que je vous ai écrit au sujet de « son incrédulité sur les bruits de contrerévolution », vous avait donné des soupçons sur la véracité de mes rapports. Vous m'auriez fait à cette époque un sensible plaisir en me faisant part de ce qu'on avait pu tous demander à ce sujet et de ce que vous aviez répondu ^).

■) Les Affiehes BnnoncAreat en effet (13 mars 1791) que, d'apris rsfQfmation da rarcbeTèqua d'ErabruD, très peu de foDctioQDuras avaient prêté serment et qu'ils étaiant disposés 6 le rétracter. Dans un Quméro aulérteur (99 février), elles disent qu'il y a à Embrun dii-sept [oQctîonnaii'eï ; l'éréque n'a pas prêté serment ; quinze fonctionnaires ont suivi son eiemplo ; Tholozao, curi de Sl-Donal, paroisse d'Embrun, l'a seul prêté; dans le reste du diocèse plusieurs l'ont prèle, maïs ua grand nombre avec l'esCriction.

*) Voici la riiponsc qui Cal Mte par la Soeiéié au directoire des Hautes-Alpes. » Eitrait du registre dos déiihiratioos de la Société de» amis de la Constitution établie à Grenoble. Du jeudi 13 janvier 1790 (tic, erreur pour 1791 ). Dans l'Assorablée générale do ta Société il a été fait locluro d'une lettre adressée par les membres du directoire du départcmeut des Hlute!i-Alpes à ceux du directoire du d^parlement de l'Isère contenant des plaintes au sujet d'une lettre écrite d'Embrun et insérée dans le n" 137 do Journal Patriotique, et daus laquelle Messieurs des Hautes-Alpes, prétendent qu'il est au-dessous d'aui , d'entrer on IJce avec l'auteur de cette lettre ot avec les journalistes qui l'ont rendue publique, prient Messieurs du département de l'Isère d'eiiger des rédacteurs du Journal Palriotiqiie qu'ils désaTouent la lettro d'Embrun et qu'ils en nomment les auteurs. Il a pareillement était fait lecturo d'une délibération et d'une proclamation du mémo ilireotoire des Hantes-Alpes joinles â cette lettre. La matière mise ea dâlibéralion, la Société considérant que la lettre d'BmbruD dont il

Digilzedt.GoOgle

LES HAUTS-ALPINS A GRENOBLE. 209

Un jeune bomme de Gap, votre associé, me fit part de la plainte du directoire, mais [il] ne connaissait pas en détail votre réponse. J'aurais désiré que le directoire s'ailressât à moi et je lui aurais prouvé par écrit, imprimé et signé, que je l'avais infiniment ménagé en ne citant qu'un seul des faits par lesquels il a essayé de dégoûter les patriotes et d'humilier les bons citoyens ; je lui en aurais cité plu- sieurs autres, enm'en réservant encore pour une seconde réplique, s'il avait insisté. Mais il aurait gardé le silence, comme il l'a fait à l'égard de la municipalité, lorsqu'elle lui écrivit la lettre ci-jointe ; vous pourrez juger de leur courage, de leurs lumières et de leur civisme, en appre- nant qu'ils n'ont jamais fait aucune réponse à cette lettre répandue dans tout le département.

A l'époque ou le club monarchique faisait des prosé- lytes dans toute la France, je crus utile de publier un morceau sur l'état en général de l'opinion et du patrio- tisme dans ce pays. Je l'écrivis à M. Lenoir de la Roche, mon ami, dans le journal duquel vous avez pris ce mor- ceau qui a été rapporté dans le vôtre. L'infidélité de notre buraliste et le dévouement du commis au parti aristocra- tique me laissent craindre que cette lettre ne vous par-

s'sgït Qe contient ni injuru ni inculpation dont iUrecloire du dépiirte- meQt des Hautes-Alpes ail pa s'aSectcr, que les faits rapportés daos la même letli'e paraUseut vérifies par la délibération même qu'on cite en preuve du leur fausseté, que, sur le tout, si le directoire trouve au- dessous do lui d'eotrer en lice avec des journalistes, sa présomplîoa déplacée ne devait pas l'eïemptei' de l'observation de^ lois constitution- nelles de l'Etat, que ces lois ne donnent qu'aux trîbunaui judiciaires le droit de contraindre et de juger les citoyens, que les membres da la Société, rédacteurs du Journal PalHolique, seront toujours prêts A répondre de leurs faits et de leurs actions, lorsqu'on les attaquera devant les tribuoaui, maïs que le directoire du département des Hauteg- Alpes, ni aucun autre corps administratif ne peuvent avoir aucune jurisdiction sur eux ; a unanimement délibéré qu'elle n'aura aucun égard à la réclamation du directoire du département des Hautes-Alpes et qu'extrait de la présente délibéraUou sera remise à Messieurs du directoire du département de risËrc,avec prière de vouloir bien la faire parvenir à celui des Hautes-Alpes pour lui servir de ré|>onse >. Arch, munie, de (îreuoble ; LL, 57.

Digilzedt.GoOgle

300 ANNALES DES ALPES.

vienne pas pins que les autres ; mais je tous écrirai samedi par une autre voie. Je vous annoncerai l'entrée de M. Cazeneuve, que nous atteudons aujourd'hui. Nous serons tous sous les armes, nous aurons du canon, illu- mination et dépulation de toutes les communes du district. Leyssia n'est parti qu'avant hier au soir et les esprits qu'il tenait divisés commencent à se concilier. M. Caze- neuve n'aura pas été huit jours dans Embrun qu'il n'y aura plus qu'une voix et qu'un cœur, à très peu d'excep- tion près. Les dévotes verront que les schismatiques sont tout comme les autres.

A propos d'intrus et de schismatiques. Je ne puis m'em- pèclier de vous prier d'insérer dans votre journal qu'ua des régents du collège reprochait à un écolier patriote de n'avoir pas voulu assister à la confirmation que donna le sieur Leyssin : « Allez, dit-il, je vous déclare que vous êtes un intrus et un schismatique >.

En attendant que je vous fasse part de l'entrée de M. Cazeneuve, voici quelques détails qui ne sont pas pour être publiés, parce que cela ne servirait à rien, mais seulement pour vous faire connaître l'esprit qui dirige certaines personnes. Le sieur Leyssin avait fait une instruction (je n'ai pu l'avoir à la réception de votre lettre pour vous l'envoyer). Cet écrit fut dénoncé par la municipalité au département qui se contenta de le dénon- cer à l'Assemblée nationale, au lieu de le dénoncer à tous les tribunaux du département, afin d'avoir des preuves qui puissent mettre l'Assemblée nationale à portée de décider quelque chose. Que lui fait un imprimé dont l'auteur n'est point connu et contre lequel 11 n'y a aucuu commencement de preuve ! Le département chargea la municipalité d'arrêter les exemplaires ; mais ces exem- plaires étaient distribués. La municipalité avait aussi écrit au département que Leyssin ne se disposait pas à partir. Ce corps a écrit à M. Cazeneuve que « sa présence seule pouvait faire cesser les fonctions que remplissait actuellement le sieur Leyssin et que les lois lui permet- taient de remplir jusqu'au remplacement». D'un autre

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LES HAUTS-ALPINS A GRENOBLE. 301

cAté LeyssiD disait qu'il ne partirait qu'au moment l'autre arriverait. Le projet était affreux; le sang eût coulé dans Embrun et eût coulé k grands Ilots. Les parti- sans de Leyssin qui se ûattaient d'empêcher l'entrée de M. Gazeceuve eussent été tous massacrés ; tous nos villa- ges seraient arrivés en fureur. Mais le sieur Leyssin s'inquiétait peu du succès. Que lui importait que tous ses partisans périssent pouvu qu'il eftt la gloire que l'on se fût battu pour lui I Alors M. Cazeneuve a déclaré au département qu'il ne viendrait que lorsque le presbytère serait libre, et la municipalité lui a déclaré qu'après avoir épuisé les moyens en son pouvoir elle se déchargeait des suites. Le département alors a lâchement fait l'éloge de la municipalité, a parlé comme il aurait le faire d'abord, et Leyssin est parti. Il est, dit-on, au Mont- Dauphin, il attend son frère et de l'argent pour partir .

Pardonnez, Messieurs, la fastidieuse longueur de ma lettre ; il y avait longtemps que je n'avait pas écrit à mes frères dont j'ai l'honneur d'être avec toute la considéra- tion et un vrai patriotisme le très humble, etc.

Auguste IZOARD.

Messieurs '). Enfin le pais et la IVanchise ont pris la place de la discorde et du mensonge ! M. Cazeneuve. évèque des Hautes-Alpes, est dans le presbytère qui servait autre- fois au dragon mitre. Mercredi 30 de ce mois, notre pas- tenr est entré dans Embrun. Les ëvèques de cour, les grands seigneurs se faisaient rendre par des esclaves des honneurs forcés. Mais combien ces honneurs étaient méprisables comparés à ceux que des habitants libres rendent aujourd'hui aux magistrats de leur choix. Quel sublime spectacle pour un cœur échauffé de l'amour de la liberté a présenté l'entrée épiscopale de notre èvêque 1 A

<| Arcb, mimic. de QreDobla; LL, 7i.

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302 ANNALES DE8 ALP8S.

chaque pas sur la route il était arrêté, complimeiUé, fêté; les gardes nationales l'accompagnaient, mais elle ne vou- laient plus le quitter et il restait toiyours un détache- ment, de sorte qu'à une demi-lieue d'Embrun il avait avec loi plus de 800 hommes. un détachement des gardes nationales d'Embrun et du haut Embrunais a été le rece- voir. Déjà les canons et les cloches de la ville se faisaient entendre. A. la porte les administrateurs du district, la municipalité d'Embrun avec douze ou quinze municipa- lités voisines ont reçu M. l'évêque. Il est entré au milieu d'un vénérable bataillon d'écharpes, escorté d'une triple haie de gardes nationales. Plus de mille personnes étaient restées dans la vtlie, placées le long des rues devait passer M. l'Evêque. La joie était peinte sur tout les visa- ges. Ce n'était pas que tout le monde goûte beaucoup ce changement, mais les réfractaires, mats les aristocrates étaient ce jour-là si petits, si petits. Certes ils ont voir quelle étaient l'opinion publique. Avec quel zèle ne se montreraient pas toutes les gardes nationales de la ville et de la campagne, s'il fallait afrir sérieusement contre nos ennemis ! Elles dont on ne peut contenir l'ardeur lorsqu'il ne s'agit que de montrer combien l'amour de la Constitu- tion est général ! Une chose remarquable c'est que le service des canons était fait par les canonniers nationaux du Mont-Dauphin oi'i s'est retiré Pierre Leyssin. Nos aristocrates, nos tartufes avalent eu l'air de menacer de fermer les portes à l'évêque constitutionnel ; ils n'ont fermé que les leurs et sans doute aussi leurs oreilles pour ne pas entendre le bruit des fanfares patriotiques.

M. Cazeneuve sera installé demain ; nouvelle fête. Pendant ces saints jours, les réfractaires ont mis en jeu la plus abominable ressource pour empêcher les âmes faibles.de venir dans l'église cathédrale ; il n'y a paru que peu de femmes. On va mettre ordre à ce criminel usage d'un saÎQt ministère. Leyssin a fait placarder (de nuit) une excommunication contre M. Cazeneuve et les prêtres assermentés, s'ils ne se rétractent. Ce ci-devant prélat et toute sa horde s'imaginent qu'avec une armée de

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LES HAUTS-ALPINS A GREHOBLB. 303

bigottes et de bavardes ils feront une contrerévotatlOD. Les deux cents hommes qui étaient sous les armes mer- credi ne sont ni bigots ni bavards, et il faudrait bien des cafards et des aristocrates pour leur en imposer. Je crois qu'on prendra des moyens pour faire déguerpir Leyssin du département ; tant qu'il y est, il y a quelques imbéciles qui se laissent prendre les uns par des bénéSces, les autres par des excommunications. C'est aux différents fonctionnaires publics à faire, chacun en droit soi, tout ce qui convient pour purger le pays de cette hyène. S'ils n'agissent pas, l'opinion publique, à présent, est formi- dable.

J'ai l'honneur d'être avec les sentiments les plus distin- gués et le plus ardent patriotisme. Messieurs, votre, etc. Auguste IZOABD, Bis.

Embrun, le 22 avril 1791.

BriançoD, le 15 fioréal an 2 do la Répabliqae une est indivisible.

Liberté, Égalité, Frathrkité ').

La société populaire épurée de Briançon à la société populaire épurée de Grenoble.

Nous venons, frères et amis, d'être témoins des trans- ports de joie de quatre-vingt républicains qui, après avoir souffert toutes les rigueurs de l'esclavage, se retrouvent enfin sur la terre de la liberté, la seule qui puisse conve- nir à des Français.

Introduits dans le lieu de nos séances, l'un d'eux a retracé avec force tous les maux dont ils avaient été acca- blés par des tiommes abrutis par le despotisme et aigris par les conseils de ces êtres vils qui n'ont lui leur patrie que pour chercher des eunemis. Il a annoncé cependant qu'un grand nombre de Piémontais brûlaient du désir de secouer le joug et n'attendaient que l'instant favorable

') ArcL. munii;. du tJpeuoiilc ; LL, Tï.

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304 ANNALES DBS ALPES.

pour partager nos brillantes destinées. Il a terminé cet intéressant récit par faire hommage à la société d'un drapeau tricolore que des hommes qui veulent devenir nos frères les ont chargés de nous remettre comme un gage dateurs sentiments, et il a ajouté que ce signe de l'égalité se trouvait chez beaucoup de Piémontals, quoique plusieurs eussent payé de leur vie ce premier pas vers la liberté.

Le président de la société, après avoir exprimé dans une réponse pleine de sensibilité la satisfaction de l'assem- blée, a donné l'accolade fraternelle à l'orateur et invité ces braves frères d'armes à assister à la séance.

La société a arrêté que le drapeau tricolore qui venait d'être placé sur le bureau serait placé à l'un des côtés de la statue de la Liberté avec une inscription.

La garde nationale soldée de cette commune a ensuite remis sur le bureau une somme de trois cents livres qu'elle a prié le président de faire accepter à nos frères d'armes en témoignage de tout ce qu'elle voudrait pou- voir faire pour réparer leurs malheurs. Alors celui qui avait déjà porté la parole l'a reprise pour dire qu'ils ces- saient d'être malheureux en revoyant leur patrie, qu'on avait abondamment fourni à tous leurs besoins, qu'ils remerciaient la garde nationale, mais n'accepteraient point une somme qui pourrait être employée plus utilement à secourir ceux qui étaient vraiment dans la détresse.

Les plus vives instances de la part de la garde nationale et la crainte de blesser par un refus formel les camarades qui ne leur offraient une portion de leur paie que comme une preuve d'attachement ont pu seules décider ces bra- ves gens à recevoir cette modique somme.

En se retirant ils nous ont invités à vou? écrire pour vous faire part de la conduite qu'ils avaient tenue en ren- trant en France.

Nous nous empressons de remplir leurs intentions, bien persuadés que vous verrez avec la plus vive satisfaction que toutes les précautions des des|X>tes ne sauraient em- pêcher dans leurs états l'heureux effet des principes

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LES HAUTS-ALPIHS A OBENOBLE. 305

sacrés de la liberté et de l'égalité, et que les Français que les hasards de la guerre oot fait tomber en leur pouvoir sortent des fers et des cacbota avec toutes les vertus républicaines .

Salut et fraternité.

Les membres composant le comité de correspondance. Victor GoYNDE, Albert, Morand, Tellier, Dertt '}.

BIBLIOGRAPHIE ALPINE.

92. Albert (Aristide). Le peintre Eugène Faure. [Grenoble, 1899], in-k", 15 p. avec une phototypie et un portrait (Eïtr. de la Revue dauphinoise). Nous ne détacherons de ces ravissantes pages qu'un charmant épisode : « En 1848, dît M. Albert (p. C), je reçus à Embrun, j'étais sous-préfet de la République, une lettre de Paiire à peu près ainsi conçue : « Je t'adresse mon jeune beau-frère, Jules M..., qui s'est engagé au 13' léger. Protège-le, Je ferai ton portrait quand tu seras ministre ». Je fis honneur à cette traite de l'amitié. Je reçus de mon mieux le soldat {qui était, entre paren- thèse, un jeune homme instruit et sensé). Grâce à son mérite et à l'appui du capitaine adjudant-major H. Vallet (mort général au Mexique), avec lequel j'avais d'alTec- tueux rapports, M. Jules M... arriva rapidement au grade de sous-officier. Plus tard, Eugène Faure fit mon portrait

*) Dans une kttre du SBïcnloso »n 2 non reproduite ici, parce qu'elle a Irait A une aSaire privée, les membres du comito de correspoudaDce sont ; Jouve, Tournadi-e Hls, Delîslc, Pantin et Bérard.

Annales des Alpes, II. 20

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800 ANNALES DBS ALPES.

«t, grâces i Dieu, je ne fiis pas ministre... ». Faute, à Seyssinef le 28 mal f 82S, est mort k Bourg-St-Andéol le 37 déc. i87S, c dans la plénitade de son talent, relativement jeune, comme moururent, plus jeunes encore, et presque à la fleur de l'âge, les Watteau, les Marilhat et d'autres grands artistes »,

83, Du HÊUE. L'héroïne du Qtteyras. Guerre des Alpes eni79S, 2* édition. Grenoble, Allier, 1899, in-12, 48p. La scène est sur )a frontière des Alpes, à Coste-Roux, liameau de Molines, non loin du col Vieux, du col Ainiel et du Viso ; l'bérolne, Marguerite Eyméoud, veuve de Paul Ébren, mort au Mexique, à Guadalaxara, il était allé tenter la Tortune... Comme Philis de La Cbarce, en 1692, Marguerite Eyméoud, en 1792, se mit à la tète de la population de la vallée du Guil, des habitants de Molines, St~Véran, Ville- Vieille, Aiguilles, Abriès. Armés des cara- bines des douaniers et de celles d'une trentaine de vieux chasseurs de chamois ; encouragés par les paroles et l'exemple de l'abbé Villan, curé d'Aiguilles, et de l'abbé Brun, curé de Ristolas, et par l'intrépidité d'un jeune montagnard, Ohaffrey Vasserot, le fiancé d'une des deux filles de Marguerite Eyméoud, les Queyrassiucs repoussè- rent une bande nombreuse de pillards Piémontais. et en firent un vrai carnage dans la gorge de VAigite-Agniette, sur les bords du Devez. « Quelques hommes seulement purent atteindre le col Lagnel et regagner la vallée de Gliàteau-Dauphin. Cette sanglante action assura, pour le reste de l'année, la tranquillilé dans la vallée du Queyras ». Mais, moins heureuse que Philis, Marguerite Eyméoud fut mortellement blessée pendant le combat et mourut au milieu de son succès.

94. Ammles du Midi. Revue de la France méridionale. Toulouse, Ed. Privât. Abonnement, 12 fr. par an. Janv. et avril 1899, n"' 41 et 42 Sommaire des articles prin- cipaux : A. Jeanroy, Vie provençale de Ste-Marguerite ; 0. Granat, L'industrie do la draperie à Castres au XVII« sii'-clc ; A. LiiiiuL'x. 'l'ahleau des diverses Cormes de l'im- pol dans la géuOralitc de Limoges en 178U-90 ; G. Douais,

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BIBLIOGRAPHIE ALPINE. 30^

Un registre de la monnaie de Touloase, 1465-83; O. DoDBLBT, Visites pastorales de Oodeau dans le diocèse de Vence... Godeau, le « premier des membres de l'Académie française •>, aimait à prêcher en patois du pays. « H disait (lue si Dieu lui laissait le cboîx ou du don des mîra- elesou du langage provençal, il choisirait plutôt de bien parler ce langage, afln de pouvoir instruire plus facile- ment son peuple » (p. 191). M. Paul Doonon, rendant compte de VHistolre de la commune de Daœ par Pr. Abbadie (1808), fournit sur l'organisation des constitutions communales dans le midi de la France de précieuses indications (p. 224-27]. Nous remercions tout particuliè- rement M. DoQNOM d'avoir bien voulu appeler l'attention du monde savant sur les Annales des Alpes et sur notre projet de publier YHistoire de la ville de Gap et du Gapençais par Théodore Gautier [p. 263).

95. Beeluc-Perussis (L. de). Lettres inédites de < l'Ami des Hommes » et du bailli de Mirabeau. Digne, Chaspoul elV Barbaroux, 1890, in-8°, 55 p. « 1,'liistoire des Riqueti-Mirabeau, dit M. de Berluc-Perussis, est nôtre à deux titres. Comme Hiquetl, ils sont issus du sang alpin le plus authentique... Comme marquis de Mirabeau, les Riqueli sont très alpins encore ». Jean-Antoine de Biqueti, dit Col d'Argent, seigneur de Mirabeau lès Durance, nvait, le 17 avril 1708, épousé Françoise de Castellane-Norante, fille de Jeau-François, surnommé le Bten-Disanl, baron d'Avançon et de sa vallée [I677-9(}), et de Madeleine de Gruel-Villebois. De ce mariage sont issus le marquis de Mirabeau, i'AniC des Hommes{aè en 1715, t 6u 1789) et le builU de Mirabeau (né en I7I7, fen 1794], dont M, de Berlue publie aujourd'lmi partie des " Lettres inédites » (1735-67). On sait que le marquis de Mirabeau est le père du fameux tribun et orateur, le comte de Mirabeau, surnommé le JJcmosthèiie français, qui joua un si grand rôle au début de 'a Révolution. Ce dernier était en 1749, au Bignon, dans le département du Loiret, ci l'cuns lance qui a valu, eu 1881, à celle commune, son nom actuel du Biijnon-Mirabcaii.. Mais,

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< malgré cette revendication et les circonstances qui le firent naître dans l'Orléanais. Mirabeau ne demeura pas moins ce qu'il y a de plus provençal au inonde, par ses qualités et ses défauts de race, et par le rôle qu'il joua chez nous aux premières heures de la Révolution. La statue qui a été érigée dans l'enceinte de l'hôtel de ville d'Âix, il siégea arec éclat parmi les membres de nos derniers États nationaux, est à sa place pour le moins autant que celle du Bignon » (p. 50}, De loules les choses si intéressantes publiées par M. de Berluc-Perussis, soit dans les Lettres inédites, soit dans les notes si doctes qui les accompagnent, nous ne retiendrons ici que deux particularités : l'origine bien établie, des Biqueti, partis de Seyne (Basses -Alpes) dès 1529 : < UnRiqueli a beau se transplanter de Seyne à Marseille, à Aix, à Versailles, il demeure le Seynard pur sang de 1529, c'est- à-dire le Seynard d'aujourd'hui et de toujours : travail- leur, persévérant, ambitieux, hardi, spirituel, au besoin combattif, hreîgavot, au meilleur sens de ce mot irrem- plaçable, désormais réhabilité par des plumes de patrio- tes » (p. 3} ; 2' la dévotion des Riqueti-Mirabeau pour Notre-Dame du Laus, celle surtout du marquis et du bailli, c Leur mère, en effet, dont le nom n'est jamais écrit qu'avec une émotion filiale dans la correspondance que voici, était une Castellane-Norante, fille de Jean- François, baron d'Avançon, familièrement surnommé le Bien Disant, et de Madeleine de Gruel-Villebois . Par les Gruel, gentilshommes dauphinois, qui donnèrent des gou_ verneurs à Grenoble et à Gap, elle était d'estractioa alpine ; ce qui explique cette extrême dévotion pour Notre-Dame-du-Laus . . , Les Gastellane furent barons d'Avançon de 1009 à 1727, François de Gastellane et MadeleiuedeGruel, mariés en 1680, comptèrent donc la sainte bergère [Benoîte Rencurel, fondatrice du pèlerinage du Laus], au nombre de leurs vassaux et furent les témoins de sa pieuse vie ». Ainsi s'explique leur attachement pour elle et « la foi de toute la famille pour cette dévoUpn » (p. 6 et 54). Voici un extrait de la lettre que le Marquis

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BIBLIOGRAPHIE ALPINE. 309

écrivait de Paris, le 11 sept. 1767, à son frère le Bailli : « Ma mère, qui u'a plus du tout d'idée suivie [elle avait alors au-delà de 80 ans], ni rien qui ne soit delà plus profonde eufance et oubli de tout, m'a parlé néanmoins, deux jours de suite, de faire faire une neuvaine pour elle à Notre-Dame du Lau (sic). Tu sçais !a foi de toute la famille pour cette dévotion, que mon oncle était filleul de cette manière de Hlle inspirée qui en fut la fondatrice » (p. 54). Suivant M. de Berluc-Perussis. le « filleul » de sœur Benoite était peut-être Jacques-Boaiface de Castel- lane, chanoine de St-Sauveur d'Aix, oncle maternel du marquis et du bailli Riqueti-Mirabeau (p. 23 et 54).

t-6. BoNAZZf (D. Benedelto), O. S. B-, / Ss. Padri Cavensi. Salerno, tip. Jovane, 1899, in-8°, 20 p. Cette très élégante brochure est spécialement destinée à honorer la mémoire des quatre premiers abbés du monastère de la Ste Trinité de Gava, monastère célèbre fondé en iOil, non loin de Naples. sous une immense roche et dans une vaste grotte (cavaj de la vallée Métellienne (MetelHanum), près d'Amal^, de Salerne et de PiEstum, Ces saints abbés sont: 1" S. Alfère Pappacarbon, de ia famille des princes Lombai'ds de Salerne, vers 931, mort à l'âge extraor- dinaire de 120 ans (le 12 avril 1030), renommé surtout par sa science des lois, d'abocd ambassadeur en France et en Allemagne, puis religieux de l'abbaye de St-Michel de la Cluse (en Piémont), et disciple de S. Odilon k Cluny (09"»', enfin, le successeur de Termite Liulius dans la grotte Métellienne et le véritable londateiir de l'abbaye de Cava (lOtl); 2" S. Léon de Lucqnes (1050-79), lami de Gisulfe II, prince de Salerne (1052-77). du pape Gré- goire VII (1073-85) et d'Odon de Châtillon, puis Urbain II (1088-99) ; S. Pierre Pftpimcarbon (1079-1122), neveu des. Alfère, d'abord religieux de Cluny (1002-70), puis évêque de Polycastre (1070), et, enfin, abbé de Gava. En qualité de chef de la congrégation de Cava, il fut à la tète de 29 abbayes, 90 prieurés et plus de 340 églises, répandues dans toutes les parties de l'Italie méridionale, en Sicile, à Rome et jusqu'en Palestine. Durant sa vie, it

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avait dooûé l'habit de S. Benoit à plus de 3.000 religieux : Potè dichiarare un giorno di averdaia la stortca co- coUa a oUre 3.000 monaci » (p. 16) ; A" S. Conslable Oentilcore lii22-2i), \e fondateur dn la ville actuelle de Casiellabaîe en Lucanie, noa loin des niioes de Pœstum, de Vélle et de Pétilie 11123), aujourd'hui le cheMieu d'une vaste région connue sous le nom de Cilento et le cen- tre du diocèse de l'abbé NuUtus de la Sle-Trinité de Cava, dont le titulaire actuel est précisément le Rév"* Père abbé Dom Benoit Bonazzi, auquel nous devons te remarquable travail biographique que nous venons de parcourir ; travail qui a pour noua le charme tout parti- culier de nous rappeler nos premiers essais historiques et les plus doux souvenirs, car nous ne saurions oublier les heureuses années passées dans l'abbaye à jamais illustrée par les vertus et les bienfaits des Saints Pères de Cava et de leurs très dignes successeurs.

97. BouRHSLiKE (Serge). Lettres à Mignon. Le Poète Th. Auhnnel et Madame la comtesse du T... Correspon- dance inédite. Avignon. Aubanel, frères, éditeurs, I vol. in-16 Jésus, xii-292 pp. avec portraits. Un ce ces matins derniers, au lendemain d'une journée attristée par une pluie si persistante et si maussade qu'on se serait cru en plein Novembre, nous trouvâmes mêlées dans notre courrier et délicatement cachées sous une robe d'un vert des plus tendre, les incomparables et délicieuses Lettres à Mit/non. Quel suave réveil fait aux doux rayons du printemps de la pensée de deux âmes faites pour se deviuer. se comprendre et enfin se connaître ! Admirer feuille par feuille, nous pourrions dire pensée par pen- sée, ce ravissant bouquet, tout parfumé des pures sen- teurs delà poésie idéale et chaste d'Aubanel, du naturel exquis de sa Mignon, et enrubanné par une autre âme d'artiste, Serge Bourreline, digne et capiible de nous offrir une telle gerbe, ployant sous les mille perles qui forment ses merveilleux épis, fut pour nous une distrac- tion des plus passionnantes. Ces lettres et poésies sont au nombre de cent soixante-six. Aubanel y revit tout

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BIBLICMRAFHIE ALPINE. 311

«nttfir ; c'est le poète dont l'âme élevée se fait l'admira- trice de toat ce qai est beaa dans les lettres ou dans les arts. Et en lisant Mqcnen noas y arons tovuTé tour k toDr, avec la simplicité charmante de 11** de Sévigné et d'Eugénie de Guérin, la phflosopliie et la profondeur de pensées de U*^ Swetchine et de nos meilleurs écrivains. Nous devons cependant dire que si ces deux âmes étaient faitea pour si bien sympathiser, leur correspondance ne pourra être justement appréciée que par ceux qui, négligeant le terre à terre de la pensée, savent s'élever et planer dans les régions du sublime idéal. Cette Corres- pondance inédite, véritable événement littéraire, a droit de cité dans la bibliographie de notre département aussi bien que dans celle du Dauphioé, car Mignon, lisez Sophie de Lenz, par son mariage avec le comte du T..., digne descendant du Chevalier sans peur, et par son séjour à M..., dans nos Alpes, est devenue notre compatriote. Ernest de Crozbt.

Oraison (Basses- Alpes), 23 avril 1899.

88. QvtLLOKEAV (Doïù héon). L' Anjou et ses établisse- ments monastiques. Angers, Qrassin, 1899, in-8°, lv-80 p. Cette savante publication mérite d'être connue et recom- mandée comme un exemple de ce qui pourrait être fait pour notre région. Un Index géographique permet de retrouver facilement le renseignement dont on peut avoir besoin.

99- LiEUTAUD [V.), Histoire de Caslellane de Laurensi. M. Lieutaud, notaire à Volone, fait actuellement réim- primer l'œuvre rarissime de Laurensi (1774), en l'enri- chissant d'additions, corrections et tables. Il recevra avec gratitude tous les renseignements nouveaux qu'on pour- rait lui fournir au sujet de Caslellane. L'ouvrage est en souscription chez M. Oauthier, imprimeur-libraire à Gas- tellane, au prix de 10 fr. Le même érudit a publié, dans l'Aioli du 7 mars 1899, un précieux Tablèu sinouti e genealougt complet de touti li comte soubeiran avjouvin e froncés qu'an gouverna low païs indepen-

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3i2 ANHALBS DEB ALPES.

dent de Prouvènço, dempiei lou i9 de Janviê 1246 enjusguo au 16 de seièmbre i824. Ce tableau rendra à l'avenir de réels services à tous ceux qui s'occupent de l'histoire de la Provence et du Dauphiné.

100. Martin (Bavid). Note sur les allnvtons anciennes de VEmbrunais- (Extr, du Bull. soc. géolog. de France, ann. 1898, p. 373-377). Le travail de M. Martin est résultat de nombreuses courses d'exploration, faites dans la vallée de la Durance, depuis le Mont-Genèvre jusqu'à Sisteron, et de l'examen critique des théories émises par les géologues qui t'ont précédé, surtout par MM. Lory, Kilian et Penck. M. Martin résume les résultats de ses éludes de la façon suivante : « Les poudingues de Guîlles- tre, Mont-Dauphin, Châleauroux et Embrun sont posté- rieurs au creusement de la vallée, puisqu'ils ont leur base au niveau de la Durance actuelle. Aussi sont-ils relative- ment fort récents... Les alluvions de Guillestre et de Mont-Dauphin proviennent exclusimenl du Queyras et d'Escrins [com* de Vars.] Ce sont des euphotides, des serpentines, des quartzites, des calcaires varies et des grès... Les poudingues de Châteauroux à Embrun, bien que situés sur le talweg de la Durance, appartiennent également au Queyras, surtout dans la profondeur... A l'amont de Sisteron, entre Thèze et ie torrent de Mous- san, le talus de la Durance présente un ensemble de dépôts tout à fait analogues à ceux de l'Embrunais... En somme, les poudingues de l'Embrimais ont perdu le caraclêre d'antiquité que nous nous étions plu, tout d'abord, à leur attribuer, à cause de leur surface super- bement rabotée et striée ». Reste à fournir l'explication de ce phénomène géologique. M. Martin ne lardera pas à nous la donner.

toi. Rangl'is (Abbé J.), do Chabotonnes, curé d'An- celles. Notice historiqtte sur la communauté d'Ancelles, Oî( sont consignés les principaux événements qui la concernent et potir en perpétuer le soutenir. Gap, L. Jean et Peyrot, 1899, 10-12, 234 pages et 1 carie. Le titre que nous venons de transcrire précise bien l'objet

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BIBUOOBAPHIB ALPINE. 313

du Douveau trayail de M. l'abbé Rauguis. L'excellent curé d'Ançelles a voulu surtout donner à ses paroissiens une nouvelle preuve d'affection, en leur rappelant les souvenirs glorieux ou tristes qui se rapportent à leurs ancêtres. C'est une pensée heureuse et qui contri- buera à resserrer encore les liens qui unissent le digue curé à ses chers paroissiens. Si toutes nos paroisses possédaient un travail historique tel que celui dont M. Ranguis a doté Ancelles, il deviendrait bientôt facile de faire l'histoire générale du diocèse et même de notre région. Pour composer son livre, M. Ranguis a large- ment puisé à deux sources distinctes : les Inventaires sommaires des Archives départementales publiés à ce jour, et les Archives communales d'Ançelles, qui malheu- reusement ne sont encore ni classées ni inventoriées. Grâce à un dépouillement intelligent. M- Ranguis a montré tout le parti qu'on peut tirer de ces ma tériauxd' Archives, peu attrayants, en apparence du moins, mais qui devien- nent si attachants, si instructifs, quand on sait les inter- roger, et leur demandei* les indications et les enseigne- ments qu'ils renferment. D'ailleurs, M. Ranguis connaît et utilise les travaux d'érudition parus de nos Jours, tels que le Gallia christiana novissima de feu M. le chanoine Albauès fl895), et Le Royaume de Cottius publié par M. Rey, ancien inspecteur d'Académie des Hautes-Alpes (1898^. Au moyen de ces éléments variés, M. Ranguis, dans une série de 28 tableaux ou chapitres, nous rensei- gne sur les premiers habitants d'Ançelles, les routes qui traversaient ce pays dès l'époque romaine et même celti- que ; la VUta de Santa ; les ruines de Faudou ; l'antiquité de la paroisse d'Ançelles, d'abord dépendance des abbayes de la Novalaise et de Brema (près de Milan;, puis de Bomette ; la Réforme à Ancelles ; l'arcliiprêlré d'Ançelles ! les nobles et bourgeois ; les châtelains et consuls ; les instituteurs ; l'état de la communauté à diverses époques; son état présent ; les faits divers qui s'y sont passés. Un des derniers chapitres, et non des moins curieux, est celui qui énumëre k les bonnes œuvres de 1803 à 1869 »,

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-IM ANNALES nBS ALPES.

et doct l'ensemble, estfmé tn firgjniit. forme uq total de 324.296 francs (p. Sii). Naturellemeat la place Rift» p«r- M. Ranguis aux curés d'Ancellea est considérable, et c'était justice : il donne sur chacun d'eux, depuis le XVI* siècle, des détails précis et souvent bien intéressants. On lira aussi avec plaisir et profit ce ^i est relatif aux usages, coutumes et légendes d'Ancelles ; aux notables ; aux biens nobles et ecclésiastiques ; aux écoles ; aux notaires dn mandement de Faudon : les Favier, Le Blanc, Moynier, Provaosal et autres; à messire Jean-Jacques Maurel, qui a peint, en 1747, un tableau remarquable, encore exis- tant dans l'église du Grand-Ancelle; aux travaux publics exécutés aux cours des derniers siècles, par exemple une digue de 200 toises de long (1789), etc. Nous ne nous permettrons qu'une critique ou plutôt un souhait: nous aurions voulu que M. Raoguis eût mis un peu plus d'ordre en certains endroits de son livre et qu'il eût pu approron- dir davantage divers points particuliers de l'histoire d'Ancelles, par exemple Ifis relations qu'Ancelles eut, au moyen âge, avec les abbayes de la Novalaise et de Brema. Peut être aussi eût-il été bien iospiré en ajoutant à son travail, outre la table méthodique, une table alphabétique des matières ; ce qui aurait singuliè- rement facilité les recherches. Mais lebutde M. Ranguis, nous ne devons pas l'oublier, a été surtout de faire œuvre de vulgarisation, beaucoup plus que d'érudition. Il convient donc de féliciter M. Ranguis de son initiative et de souhaiter qu'il ait beaucoup d'imitateurs, surtout parmi le clergé diocésain.

102. Revjie Alpine. publiée par \a section Lyonnaise du C.A.F. Avril-mai 1895). P. 113 : Le plus fiaul village des Alpes françaises. Sous ce titre M. Maurice Paillon réunit divers renseignements fournis gracieusement par le général Bassot, directeur du service géographique à l'État major général de l'armée, par M. Meissimilly, secrétaire de la mairie de St-Véran, et par les plus récen- tes cartes : R L'altitude du faite du loit du clocher de St-Véran, point géodogtque, est de 2.071 mètres, alors que

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BIBL10GSAPHIB ALPINE. 315

Id seuil se trouve à 3.040 mètres, et l'aUUud«<iua l'on peut adopter pour St-Véran et 2.050 mètres... la littteTie de Viraysse, dans l'Ubayette, habitée d'ime Caçon per* maneute. e»t située à 2.744 mètres m.

lOîJ. Revue Dauphinoise. Grenoble, 1899, n" B-10. Cette luxueuse publication continue à nous donner des articles d'un grand intérêt : Le théâtre populaire (Emile Roux) ; Les questions relatives à Bayard {K- de Rochas); Les Drômois dignes de mémoire [J, Bhun-Duband) ; La Drôme aux anciennes Académies et à l'Institut de France (Et. Melijer); L'assistance publique à Gronoble (a. Pru- dhommb); Le peintre Eugène Faure (Ar. Albert); Les Libertés de Coinau (A. Lacroix) ; Louis Gallet (Victor Colomb); Pierre de Villars, arclievèque de Vienne et Bon de Broé, président au parlement de Paris (Henri Vaschalde) ; Pour Bayard : Robecco et Roasio (Calla- hand), etc. Le tout est accompagné de belles illustrations, de fort belles photogravures, de plans, de cartes, etc. La Revue Dauphinoise fait le plus grand honneur aux éditeurs H. Falque et Félix Perrin. Elle parait le 15 et le 30 de chaque mois. Abonnement, 20 fr. par an.

[104. Roux (Emile).] Hommage à Louis Wagner, architecte à Grenoble, ancien officie)- d'Artillerie, lau- réat de l'Académie nationale et manufacturière de Paris, correspondant de Sociétés littéraires et scienti- fiques de France et de l'Étranger, etc. Grenoble, H. Falque et Félix Perrin, 1899,' in-4'> 124 p. avec fac-similé et photogravures. Ge très élégant et fort curieux compte-rendu d'une « joyeuse fête, aussi solennelle qu'amicale », dans lequel, tour à tour, le plaisant se mêle au sévère et pflut-étre aussi un peu le paradoxe aux plus graves préoccupations du jour, exigerait, pour être pré- senté à nos lecteurs, une compétence que nous n'avons pas, nous en convenons. Aussi préférons-nous, pour résumer notre impression après lecture, publier, ci-

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316 ANNALES DES ALPES.

après, les vers de notre ami et compatriote Emile Roux, qui, croyona-nous, sont encore inédits :

Bien s^uieot on a dit qae de nos ftsrs gaulois. Effacé pour toujours, le rire avec b«s loin Restera dans l'hisloire ainsi qu'une défaite. Non, tant qu'il trouvera ponr ciquise retraita Ua coin de crsis amis, ayant peur de l'enDui, Rien ne pourra clamer que de France il a fui.

105. SARRAZiN(Jeaii). Le dix-neuviènie siècle ou tes derniers Jours d'un centenaire. Bal des étudiants, 18 mars 1899. Sonnet illustré par Girrane. Lyon, impr. A. Rey, 1 p. in-t*. Nous ne résistons pas au plaisir de présenter aux lecteurs des Annales le nouveau sonnet de notre cher poêle de Prapic sur le XIX" siècle :

Je uaqui^ dans

es jours de trouble et de tourm

Un héros parcou

raitla terre, et ses soldats

Sa changeaient

a lions dan; le Tort des cambatE

Eljodusarrêlo

cette ardeur alarmaata.

Aux sciences, aux arts, ère alors incldmeute. J'ouvris largo la ïoie, et les counis d'appas... La plume savommcut vint s'unir au compas. Et ie Beau prit en Franco une allure étonaante...

Pour la Terre j'ai dfi ravir Is feu du Ciel;

Mail l'Homnie sacriSc au Superficiel,

El sas Œuvres d'un jour sont dâja surannées.

Il respecte pourtant mou Bal de Charité Mua triomphe I Par lui, mes fllles, les Années, M'apportent la laurier de l'Immoctalité.

Le 7 mai 1S99, Jeau Sarrbazin a publié, h l'imprimerie Sézanne, un autre Sonnet remarquable, également illus- tré par (iirrane, en l'honneur de la Société des Hauts- Alpins habitant Lyon. Cliacuu voudra le posséder, car Sarraziii, celte fois, chante, glorifie les Alpes.

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VARIÉTÉS

Présent d'un mouton et de deux paires de perdrix, par Us habitants de Guillestre, à Arthur de Lionne, époque de Gap, nommé archevêque dEmbrun. 15 février 1849.

Arthur de Lionne, fils de Sébastien, seigneur de Leysain et d'Aoste (Isère), et de Bonne de Portes, était à Gre- ble le 1*' sept. 1583. En 1605, ii était conseiller au parle- ment de Grenoble et marié avec Isabeau de Servlen, sceur d'Abel, surintendant des finances, de qui il eut le célèbre Hugues de Lionne, marquis de Berny, ministre de Louis XIV. En 1612, après la mort de sa femme, Arthur de Lionne entra dans les ordres et devint chanoine de Gre- noble. Le 5 févr. 1629, il était directeur et supérieur des Ursulines de Grenoble, dont une colonie vint, en mai, s'établir à Gap. Quelques années plus tard, après le décès de l'évèque Charles-Salomon du Serre (1600, f 16 mai 1637), il fut nommé évêque de Gap. Il fut sacré à Paris, le 27 nov. 1639, et se rendit à Gap, le 19 avril 1640, « par porte Lignole a. Dès lors, il s'attacha tellement à son dio- cèse qu'il ne voulut plus s'en séparer, même en présence de situations plus élevées et plus brillantes. Ainsi, après la mort de Guillaume d'Hugues, archevêque d'Embrun (1612, f 27 oct. 1648), le roi Louis XIV ayant nommé Arthur de Lionne pour larchevèché d'Embrun, à la grande satisfaction du clergé et de la population du diocèse, comme le témoigne le document si gracieux qu'on va lire, l'évèque de Gap refusa l'archevêché... 11 resta à Gap jusqu'au jour où, redoutant « que sa vieillesse ne fui nuisible à ses diocésains », il fit son testament en leur faveur (16 avril 1661), et se relira à Paris, auprès de son fils. Il mourut deux ans après, le 18 mai 1663, à l'âge de

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318 ANNALES DBS ALflB.

80 ftna <). On sait qu'Arthur de Lionne est le plus ancien historien connu du diocèse de Gap*).

Certificat par m* J. Clément, attestant que les consak et le Conseil de Guillestre avaient fait présent (tim mouton et de deux paires de perdrix à Arthur de Lionne, éeêque de Gap, nommé par Louis XIV archevêque d'Embrun.

Guillestre, 15 février 1649.

Je soubzsigné, comis et dt^puté. avec le consul Robert, pour Grenoble, certiffie comme le consul Robert a faict présent k Mons'' de Lionne, oostre arclievesque, d'un mottOD, qu'il a acbepté de Anthoine Barnéoud, au prix de trois escus 36 sols, et te moutton mené par le ctianpier^] ; et deux paires perdris, qu'il a achepté k Gap, desquelz en a païé un escu 30 sols : pour avoir esté résolu et trouvé à propos par le Conseil, Ainsiu le certiffle, ce 15' feb- vrier 1649.

J. Clément.

Entré au Compte de Robert et Martin'), de 1649, article 38.

Aich. com. de Guillfislre, CC, 17.

') Cf. loli-oducliou Je VInvent. dm ai-ch. départ, dea HUiAîpa, s«if 0. t. lil, p. x-vii-xvm.

«) On lui doit le ItooU des éeèquts de Gap •, dottl l'historieii Fran- çois Va)lon-Cui-so nous a touservii uno bonne copie (G, 1500). Ce précieui travail est encore Lncdil. Nous nous propowns de le publier prochaincmont.

'l Oardu clianipètro de Giiilicslri'.

»1 Oa^inar Hnbuil i;l IIuiidi'; Muiliu, consuls de Guillestre, do juillol lijlti À juil. U'M.

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TARIÉTÉS. 319

Les pèlerinages du Laus, de Gàudemar,

de N.~D. des Lumières et de. St-Juiien-eikrBochaine,

en i708.

Le curieux document qui suit, adressé à Mgr François Bbbqeb de Malissolbs, évéque, comte et seigneur de Qap (1706-38), par Laurent de Rives, curé de St-Jutienren- Beauckêne, ou mieux Sl-Julien-en-Bocfiaine^), par le prieur et la « prieuse » de la chapelle du St-Rosalre de St-Jullen, par le châtelain et les consuls, et par d'autres Itabitants de St^Julieu, est un des pins authentiques au sujet des divers pèlerinages fréquentés.eo 1708, aux envi- rons de Gap.

Le pèlerinage de iV.-fl. iaws, fondé par la vénéra- ble Benoîte Rencurel (1647-1718), est connu de tous nos lecteurs ; il est aujourd'hui, incontestablement, le plus populaire de toute la région des Alpes et marne du Sud- Est. Dès 1717, dom Martène et dom Durand, dans leur Voyage littéraire de deux bénédictins de la congréga- tion de St'Maur (p. 269), constataient « qu'on s'y ren- doit en foule de la Provence, du Dauphiné et de la Savoie » (Bull. Soc. d'Ét- 189Ô, p. 24).

Le pèlerinage de N.-D. de Gaudemar ou de N.-£>. des Paris, sur la paroisse actuelle de St-Jacques-en-Vatgau- demar, était en honneur dès le début du XVII* siècle. En 1641, Arthur de Lionne, évèque de Gap (1639-62), lors de sa visite épiscopale, afSrmait son existence (G, 1105, Q" 253) . En 1708, Dominique Roux en était le chapelain (1704-30?). Aujourd'hui ce petit pèlerinage est encore fréquenté, mais il est, pour ainsi dire, éclipsé par la répu- tation extraordinaire et universelle du pèlerinage de N.-D. La Salelte,né de nos jours, près de Corps (Isère), non loin de N.-D. des Paris ou N.-D. de Gaude/nar, et

■) La vallée, lu région du Bu«i.-h (Bockium, Boechii:ni, Bioclium; Biochana, Bioychana, elc), le Bochaine, que les documents, |)Iuj ou moins orilci<:l!<, oui transformé, assez plaisamment, en Beauckftie (cf. Ckariai de Dwrboii, 18y3, p. mi, et H, •117).

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3S0 ANNALES DES ALPES.

précisément dans l'ancien diocèse de Oap, diocèse actuel de Grenoble.

Le pèlerinage de N.-D. des Lumières, qui était dans le diocèse d'Apt, en 1708 « borde et confronte > le diocèse de Gap, du côté du midi; il appartient, aujourd'hui, au diocèse d'Avignon*;. De ce côté, avant le Concordat de 1801, le diocèse de Oap s'étendait foK loin, branles et Savoillans. canton de Malaucène, arrondissement d'O- range (Va ucluse), dépendaient, en elfet,du diocèse de Oap ;Cf. Bénéfices et bénéficiers du Rosanais, 1895, p. 5, 12 et 46).

Quant au pèlerinage de N.-D. de St-Julien, malgré les souhaits du curé Laurent DE Rives (1696-1719) et de ses paroissiens, il n'a pas eu l'éclat qu'ils s'en promettaient en 1708; et, après cette date, on ne le rencontre plus guère dans les documents. Mais le placet présenté à Mgr DE Malissoles, à cause de son intérêt et même de l'état d'esprit qu'il révèle, mérite d'être recueilli et conservé. P. 0.

(( Placetdelacommunauté de Sainct-Julien-en~Beauchëne sur la Confrérie de Sainct-Ro:[aire » .

St-Julien-en-Boehnine, 5 août 1708.

A Monseigneur l'évèque, compte et seigneur de Gap.

MONSEIONBUH,

Puisque votre grandeur a bien voulu approuver, louer et agréer, dans sa première visite épiscopalle, la naissante dévotion de Notre-Dame de Sainct-Julien-en-Beaucliène, et puisque, dans le véritable esprit de Saiuct-Paul, soUl- citudo omnium ecclesiarum vous tient au cœur, nous espérons de votre véritable zelle pour la gloire de Dieu et pour l'honneur de la Saine te- Vierge, que vous aurez pour agréable que nous prenions la liberté de vous prier de

11 se trouvu sur la ooin- do Goull, cant. dt Gordes, aiT> d'Apt

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VARIÉTÉS. 331

vouloir bien agréer et accepter la qualité et le titre de directeur et de protecteur de notre pauvre chapelle du Rosaire de Sainct-Julien, qui a si besoin de votre pasto- ralle direction et paternelle protectioa.pour authentiquer et acréditer cette belle dévotion naissante à la bonne mère de Dieu, dans le dernier coin de votre diocèse, qui confronte avec les limites du diocèse de Die qui n'est que trop infecté des funestes maximes du Calvinisme, qui se fait un point essentiel de sa fausse doctrine d'impugner, et nier l'invocation des saiucts et surtout de la Reyne des saincts.

Mais, puisque toute l'Église cliaiite à la bonne mère de Dieu, aprez son favory sainct Bernard : Ave, virgo glo- riosa, que sola interemisti omnern hœreticam pravila- ton, cette dévotion de Notre-Dame de St-Julien pourra, par conséquent, servir de barrière et de boulevard à votre diocèse de ce côté -là, de peur que l'erreur et les maximes du Calvinisme ne se glissent par dans votre diocèse, à cause de la proximit('% voisinage et communication réci- proque que le droit de voisinage exige naturellement et ordinairement.

Ce seroitdooques un agréable effet de votre véritable zelle, et qui nefairoit pas peu d'honneur à votre ministère pastorel, d'établir et protéger de semblables dévotions de la Sa incte- Vierge, du moins dans les quatre coins cardi- naux de votre diocèse.

Vous avez déjà, pour cela : l'auguste dévotion de Nolre-Dame-du- Laïcs, du côté du levant de votre diocèse; 2" à l'opposite, du côté du couchant de votre diocèse, vous avez la naissante dévotion de Noîre-Dcane de Sainct-JuUen ; 3' du côté du uord, vous avez Noire- Dame de Gavdemar ; 4" et, du côté du mydy, vous avez Notre-Dame de Lumières, qui borde et confronte à votre diocèse, comme Notre-Dame du Laos.

Et voilà, par conséquent, tout votre diocèse bordé, mis à l'abry et soubs la maternelle protection de la Bonne Mère Grand', du levant, du couchant, du uord et du mydy

Annales ses Alpes, IL 21

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322 ANNALES DES ALPB5.

de votre diocèse, et qui sçaura, par conséquent, bien con- server et bénir tout votre diocèse, par tous les cotez, elle se trouvera publiquement honorée. Amen.

Excusez, Monseigneur, la flnalle liberté que nous pre- nons ; toutes les bontez que vous nous avez témoigné nous font espérer cette faveur de votre charitable Gran- deur, el nous donnent l'occasion de vous asseurer de tous noz humbles respects, de toutes noz petites, mais géné- ralles prières et de toutes noz filialles soumissions.

En foy de quoy, nous avons tous signé, pournous et pour tous noz successeurs à l'advenir.

Fait à Salnct-Julien-en-Beaucliaine, diocèse de Oap, le tout d'un coDsenlement général des signez et non-signez, ce 5* jour du mois d'aoust de l'année 1708.

(Signés à l'original:) L. de Rives, prêtre, curé Rou- gier la Magdellaine, prieur de ladite chapelle Claudine CouUaron-Rougié, prie[u]se de ladite chapelle M. Ber- trand, directeur du St-Rousère A Corréard Pol Roux A. Corréard, consul Pinet A Rougier J, Bertrand L. André, châtelain. A. Rougier.

Arch. des Htes-AIpes, O. 1387.

LES ÉCOLIERS DE GUILLESTRE EN 1699.

Nous soubsignés maire et consulz et autres chefs du lieu de Guilhestre certifions que le s' consul Albert, du présent lieu, a fourny et débourcé la somme de trois livres pour les fraix de la décofffffo» du théâtre ou autres four- nitures faites en la déclamation que nos écoliers ont fait, en ce lieu, ce jourd'huy, suivant l'ordre que leur a esté donné parle mestre d'école. Laquelle sera remboursée par le collecteur et passée dans notre comte. Fait ce 1" mars 1699.

J. Deville, maire, J. Martin, consul, J. Albert, G. David. Le présent a esté payé par le s' Jean Salva et luy doit estre passé daus son compte.

J.-B- Albert, J. Martin.

Original, papiertirabréile8iiem«rs. Arch.com.dsauiileKr», CC36 Ai>*

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TABLE CHRONOLOGIQUE

II" année, !898-i899.

i"^-ii* siècle après J.-C— Objets arcliéologiques

découverts à Gap 272

1404, 5 oct. Bnitinel. Mariage Ciiampsaurin 52-54

1555, 20 mai, Gérisoles. Prix d'un clieval de

bataille 176

1555, 22 sept., Gap. Conseils d'un docteur

à Jean Muloiiis 209-271

1555, 9 déc. Gap. Inventaire du mobilier

d'un cardeur 107-109

1567, 24 déc, Barceloniietle. Testament de

Joseph Magna 173-175

1585, 21 juin. Assemblée des Protestants à

Grenoble 253-260

1590, 11 sept. Assemblée des Protestants à

Asprea 260-262

1595-1596. Les préliminaires de l'Édit de

Nantes en Daupliiné 1^2-262

XVI' siècle. Un a Réveillés-vous » 64 bis

1628, 18-22 sept. Requêtes des consuls de Guillestre an mai-éclial de Créqui contre

les régiments du marquis d'UxELLES 274 277

1629, 7-9 mars, Guillestre. Sommations con- tre les étapiers 277-281

16-9. 1" avril, Briançon. Ordre au sujet du retour de l'armée de Louis xiii, du Pié- mont eu France 282-283

1629, 28 mai. Passage à Guillestre de 11.340

soldats et do 1.-Jt6clievaits 284-286

1630-1034, Gap. - Noms cl prix de divers pro- duits pharmaceutiques 103-165

1641. -G nov-, Gap. Installation d'une Tabri-

yue de poteries 202-203

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324 ANNALES DES ALPES.

PSKM

1648, i5 févr., Guillestre. Présent d'un mou- ton et de perdrix à Arthur de Lionne, évèque de Gap, nommé archevêque d'Em- brun 317-318

1536-1665. Mémoires gapençais delà famille

Chabot 5-37

1666, 29 oct., Grenoble. La noblesse de Gap 167-169

1667, 3 sept.. Embrun. Bergers de Provence

aux Orres 112

1669, 31 juiL. Grenoble. Lettre de Guy Allabd à M. de Lionne, ministre de Louis

XIV (Henry Stëi.\) 169-170

1676, 12 févr., Gap. Benjamin Lantelme, de Pragela, lecteur, cliantre et maitre

d'école 171-173

1679, Zi avril, Gap. Un coutelier 3)2-203

1686, 19 déc, Laragne. Mobilier du châ- teau 109-112

1670-1689. Loups tués pr^s de Gap 271-272

1681-1693, Gap. —Los mallros diarrons 204 207

1698, 9 mars, Gap. Testament de Gérabd,

s' des OiTe.s 82-84

1699, Les écoliers de Guillestre 322

1703, 18 nov., Gap. Corporalion.s d'artisans. 207-210 1708, 5 aoiU, St-Julien-en-Bochaine. Les

pèlerinages du Laus, du Gaudemar, des

Lumières et de SI Julien 319-322

1723, 12 sept., Gap. Dons par frère Aubin à

la Charité 92-93

1730, mars-juin, Gap. Vente de la tan- nerie de riiùpilal -h Milord Blanc 210-211

1717-1742.— L'hôpital génûi-al d'Embrun... 39-42 1747, 2-1 ocl. Dijon. Kenseignenients au sujet

d'uu soldat mort à l'hôpital de Gap 165-186

1679-1749. ~ L'hôpital général de Gap 43-51

1708-17fil. L'hermitage de N.-D. des Alabres 85-93

1710-1790. La Charité de Gap 82-92

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TABLE CHR0N0L061QUB. 325

P«ge»

1700-1791. Correspondance des Asasociés Hauts-Alpins de la Société des amis de ta Constitution établie à Grenoble (Nicollet) 177-200, 225-251 et 287-305

1791, Gap. Proclamation de la Constitution 81

1791-1792, Gap. Mgr de Vareilles locataire

de l'Évèché 93-98

XVII'-XVIII» siècle. Les artisans à Gap; potiers, couteliers, charrons et autres corps de métiers 201-211

1803, 24 avril, Briançon. Lettre du sous- préfet Gkaix au préfet Ladoucette sur l'instruction publique 62-64

1814, oct. Situation du département des Hautes-Alpes, par Jean Faurb, au nom du préfet Harmand d'Abancourt 115-139

1818 environ. Ida vie politique ; mémoires

de Jean Faore, de Gliabottes â5-81

1845-1898. Le clergé des Alpes au Canada

(Le P. Apollinaire de Valence) 139-151

1888, 12 sept. Gap. Tableau des fonds des Archives départementales des Hautes - Alpes antérieures à 1790 (P. Guillaume). 113-124

TABLE GÉNÉRALE

II' Année, 1898-1899.

Altbon, patrice, 107. Abd-el-Ka.ler, 54, 66. Abon (d'), fam., 66, 76, 78,

168,203. Abriès, 282, 306. Acbard de Germane. 245. Administrateurs du dépar-

tement, 836-7.

Adresses (Carnet d'), 211.

Agnel (Paul), de Mont-Dau- phin, 142.

Agoût(d'}, fam., 116.245.

Agriculture, 115,127-129.

Aiguilles. 306.

AioU(L'),^ii.

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326

ANNALES DES Al.PES.

Alabres fhermitajïe de N.-D.

àes\ 85-93. Albanès (clian.). 58,212,313. Albert [Aristide], 61, 253,

203, 2ii», 315. Albert (fam.), 195. 2T7, 286.

305. 322. Alliei-tin, archiviste. 181- Alexis de Barbczieiix (Le P.),

139151. All'ère Pappacarbon S.),309-

310. Allard [Guy'. 107-170. Allard, miss iouna ire, 220. Allier (.Joseph), 70. Allix(fam.). 203. Almanach illustré des Iltes-

Aipes. 2111- 2 ; des

Sainfs de Provence, 222-3. Alpes, 157-8, 160-1. Alpes Cottiennes, 158-101. Alpins fcliasseurs), 62, 153-5, Alplntts, 54. Amat (l'am.)' ^5, Amis de ta Conslltution,

177-200, 2iô.5I, 287-305. Amouriq (fam.). 209. Analecta BoUamilana, 212-

213. Ancelles, 148, 253; Coiisis-

loire.122; —Koticehislor.,

312-14. Andréoly {fonds}. 117. Anjou ;L'), 311. Annales du Midi, 306-7. Antiquités des Hles-Alpes,

118. AntODaves, prieuré, 121. Apollinaire (Le P.J, 98-S

139 51. Archéologiques (trouvait

les), 272, Archives des Htes-Atpes.\0\

2, 113-24; du Ministère

de ta Guerre. 219-20;

municipales de Grenoble,

177-200,225-51.287-305. Arey (S.). 212-3, 223. Argeatiére (L'J, 100. Arles, 222.

; Armagnac (d'), card.. 105.

i Armées de Louis XIIJ, 27S-

I 287.

! Arnaud (d'), fam.. 116.

I ArnauiIiFranç), 55-0. 213-15.

! Arrêtés du Préfet. 80.

I Artisans à Gaii.20i-ll.

I Artois (comte d'), 73, 76-8,

i 242.

I Aspres, 252, 260.

! Aubauel (Th.), 310-11.

I Aubin (le frérei. 85-93.

I Auprîncefchan.). 86, 93.

' Austrasie (ri-g' d'), 186, 198,

I 239, 247.

Auvergne (règ'd'], 227.

Aviiiiçnn (baronnie d'), 115-6, 307-0.

Avil(S.1.57-8.

B

Bailliages, 115. Barban (fam.), 2a3, 200. Barbier (fam.), 208. Barcelonnette(B.-A.), S13-15,

220. Barcillonnette (H.-A.), 116-

118. Baret {comm':, 59 ; ^- de

Serres. 184, 245. Harnave, 178. Baronnies (Les), 252-62. Basses -Alpes : Bocumeots

linguistiques. 104-5. Bassot Igéni^ra!). 314. Hâtie-Neuve (La), 118, 174. Bétie-Vieille(La),92-3, 116. Bauddam.), 32. Beaumelle(abbédel, 122. Beauregard (de), fam., 16S,

206. Bellegarde (dej. fonds, 117, Bellet (Mgr). 56-7. Bellon (fam.). 16. Béiard (de), fam.. 168. Bérard (cit.), 179. 183, 185,

197, 200. Bérenger (de), fam., 213, Bergerde Moidieu(Jos.). 153. Bergers de Provence, 112.

D.g.tzedbyGoOt^lc

TABLE GENERALE.

327

Ber)!;uiii(Mme), 215. Berltie (Fr.), supérieur du

Lau3, 83. Berlnc-Perussis(de), L,, 2i5-

210. 307-9. Bernard (Jn], curé, 87-9 ;

not. de Veynes, il7. Berriat St-Prix, 187. Bertaud (CLartreuslues de),

121. Berthet(Mgr), 00. 220. Bertrand (Alice), 61 ; Fer- dinand, not. de Serres.

117 ; Léon. id. de Gap,

ib. ; —Paul, 142. Berwick, 215, 218. Bibliographie alpine, 54-62,

98-107. 152-63. 211-2^, 263-

69, 30D-16. Bigoon-Mirabeau (Le), 307-8. Blanc (abbé), d'OlliouIes, 152;

fam., 203;— milord,

201, 210-11. Blaoc-Fontame, 203. Bochaine (Vallée du), 319-

322. Bollaorltstes. 212-13, 264. Bologne (fam.), 200-7. Bompard (Hipp.), 220. Bonabel(fam.), 171. Bonaparte, 08, 71-73. BondiUi(fani.), 211. Bonazzi (D. Benoit). 309-10. Bonnet (fam.). 183, 2(J6-7. Boniiivard-Mazet(taKi.), 203. Bonnot(fam.), 187. '■, Bontoui (fam.), 171. Boscodon, abbaye, 121 ;

Missel et lectiounaire, 122. Boson,.roi, 221-2. Bosse (de). Jacq. , 254. Bouchu, intendant, 220. Bouler, doyen de Gap, 282-3,

286. Bourdon (Daniel); charron,

205-6. Bourmond (de), général, 66. Bourreline (Serge). 310-11. Bout (Le), fam.. 31. Bouvier (Jos.), 143-4.

Brantes (VaucluseA 340.

Brema (abbaye de), 313-4.

Bremond (de), fam., 108.

Bréole (La). 254.

Briançon. 154, 183-88. 194, 220, 225. 2346. 247-51. 282; collégiale, 119; consistoire, Ï22 ; dis- ti-ict. 123 ; instruction publique, 62-4 ; Pie VI, 158.

Briançonnais, 206-7.

Brigantioniscastellum, 106.

Brulart de Genlis (Mgr), 37, 39.

Brun (abbé). 306; Félix, 219.

Bruo-Durand (J.), 315. , ■!,

Bniuet (Ant.l. 143. ' .

Brutiuei (fam.), 206.

Bruis (de) Pierre. 100

Bugeaud (maréchal), &4'd.

Bureau ec-clésiasttque d'Em- brun, 119 ; de Gap, 120.

Burle, not. deTallard, 117.

Cabre (col de), 160-61. Gadoret (A.), 152. Caffarel (fam,). 277, 276. Canada (clergé alpin au), 139-

151. Capecelatro (card.), 216-17. Capucins de Gap, 45. 121. Garlotffam,), 171. 175. Castellane de).fam.,116,i68. Castellane-Noranle (de),fam.,

307-9. Catinat, 215. 220. Cauvière (J.). 217-18. Cava (abbaye d6),39p-'0. Cazeneuve (de), kra., 175;,

Ignace, 243.' 291-2, 297,

300-2. - ^ ,

Céas (fam.), 20S, 206. "-.

Ceillac, 282, 285. Cervières, 116. Chabot (fam. et Mémoires),-

5-36. Gbabottes, 65.

D.g.tzedbyGoOt^lC

ANNALB3 DES ALPES.

Chabrand fD^), 184. Ghailloi, «5

Chaîne (Alphonse), 144-5. Chaii. sous préfet, 62-64,

183-5, ÏOO, 251. Champagne Irég' de), 278. Cbampsaur (bailliage et val- lée du), U5, a90. Cbampsaur (fam.), 122. Cbaiitemerle. 146. Chapitre d'Embrun. 119 ;

de Gap, 120. Chapuis (abbé), 57-58. Gharfaonnel-Salle, 183, 251. Charbonnier [Ovide), 145. Cbarce (de La], Philis, 306. Charité (dames de), 45;

maison, 48, 82-85, 123. Charles X. 73. Charrons, 201-7. Char/retticel Chartrettsines,

121. Château -Dauphin, 282, 286,

306. ChAteauDeur-de-Chabre, 202. Château-Queyras. 220. Ghâteauroux, 312. ChAteauvieux - sur - Tallard ,

116-7. Châteaux de l'Embrunais,

116. Chérias (fonds), 117. Chevalier (Jules J, 99, 152-3;

Ulysse, 58. Chionifam.l. 171. Chorges, 151, 275; archives,

11«;~ assemblée, 234-5;

juridiction, 115 ; reconnaissan^-es, 116.

Clteaux (Ordre de), 152-3. Clair (S.), 152. Clémence-d'Ambel, 268. Clergé (Archives du), 119-

123. Cloches. 156-7. Glot en Vaigaudemar (Le),

60-61. Oot-Eyraud (de), fam., 279. Gollomb i.fam.;, 203. Colombet (de), fam., 117.

Comba(Em.), 99-101.

Gombassive (fam.), 109, 203. 206.

Commerce, 127-9.

Condé (prince de), 242.

Confréries d'artisans, 208-9.

Conseil général, 78-80, 125- 139.

Consistoires supprimés, 122.

Conslable Gentilcore (S.). 310.

Constitulion civile du Cler- gé, 288-9; de 1791, à Gap, 81.

Coolidge, 56.

Cordeliers d'Embrun et dft Gap, 121.

Corps (Isère), 122.

Correspondance des Hauts- Alpins avec Grenoble, 177- 200, 225-51. 287-305.

Gottius (Royaume de), 158-61 ^ 313.

Couteliers, aH-4.

Créqui (de), Gh., 15, 274-87.

Crest (Drôme], 259.

Crottes (Les), 116, 231-2.

Grozet (de), Ernest, 311.

Cursus (le), 56-7.

Daupbiné (Réformés du), 252-

62. David (Jos.). de Tallard, 145. Davin (cban.), 101. Davin de Beaujeu (fam.), 82. Déclarations du Soi, lH~b. Defermon, préfet. 70. Demontï;ey(P.), 264-6. Desjardins ÎJacq.), charron,

206-7. Devilleftem,), 277, 322. Dhéralde, maire de Qap, 94-5. Didier (S.), évèq. de Vienne,

213. Die (consistoire de), 122, 253;

- réformés, 252-62. Directoire des Btes-Alp«s,

235-6. Disdier (fam.), 207 ; fonda,

118.

D.g.tzedbyGoOt^lc

TABLE OENEBALB.

Districts. 123. l>ognon (Paal). 307. Domaines, 12,'M. Dominicains de Qsp, lâl. Dongols, 230. Drevet(ram.),:^n. Droumt) (fam.). 2T7. Duhamel (Hearyl, 163-6,268. Dupuy (fam). 208-9. Durance. riv., 264-6. 312, Durand [del, fam., 168. Durand (comm'), 267-8; Doin. 319; Edmond, 268. Durbon (Chartreux de), 121.

E.

Ébrard (Gustave), de Tallard» 145-6.

Ebren(Paul), 306.

Ecoles en Briançoniiaïs, 32- 64; - de-Gap, 171-3; de Guillealre, 322.

Election de Gap, 116.

Embrun. 190. 225. 229-37, 242, 291, 303 ; alluvions, 312 ; archevêché et bail- liage, 115;— chapitre,ll9

couventa, 121-2 ; collège. 134 ; consis- toire, 122 ; marquis d'UxelIes, 273.

Embrunais, H5, 154,220; - archevêques, 40, 218,317- 8; district. 123, 230;

hygiène, 266-7 ; recon- naissances, 116 ; refor- més, 252-62; vicomtes, 218.

Enghien (rég* d'), 103, 220,

2a7-9, 247. Ennodius, évèq. de Pavie, 100. Escalle, soldat, 179-80. Eacallier(fam.), 95, 211. Eacrena (com' de Varsl, 312. Espié (fam ), 203, 208-9. Etapes, ir77-87. Etudes Franciscaines, 98-9. Eusèbe iS.), de Verceil, 106. ,£cé9ue«(leGap[tableaude3),

220 ; du Piémont, 105-7.

Eygliers, 282. Eymfiou'i (Marg"), 306. Evnaud (fam-.). 209. Eyraud (fam.), 208-9, S79.

Fâbre, not. à Guillestre, 101, 117.

Faige-Blanc. de Voiron, 54.

Falcnn (.Tn-Charl.l. 187.

Pantin des Odoards (Jacq.), 274.

Pare (chev. de La). 220.

Parel(Ant.l, 108;— Pierre, 175.

Farnaud, secret, gén., 70.80.

Faiire jEugène). peintre. 263. 305 6 ; Eusèbe, do Mont- brand, 148; Jean, de Chaboltes. 65-81, 125-39; Rerni, 146.

Fédération des gardes na- tionales, 198;-- de Paris, 228.

Féréoud (fam.) 208-9.

Ferriis, maire lie Briançon, 195.

Fête de la St-Louis à Oap, 75-76.

Flotte de), fam. 116.

Flour de St-Genis, 220.

Fornier ^leP. Marcellin), 118, 273-4.

Fouquet. archevêq.. 40.

Pourvière (N.-D. de). 61.

Freyssinières, 100, 122.

-Gabriel, not. de Salérans, 117.

Gaignaire, not. de Gap, 117.

Gaillard, archidiacre; 86.

Gaillaud (abbé). 65-6. 71, 123.

Gap, 5-35, 181, 234-6. 347, 299; archives, 101-2, 119-20, artisans. 201- 11; - avant 1513.218; - bureau ecclésiastique, 120 ; consistoire, 128, 253 ; couvents, 121-2; dis-

D.g.tzedbyGoOt^lC

330

.ANNALES DBS f

trict. 123 ; évèques. 317-

8; incendie, :i06, S20.

notaires, 117. Gapençais, 115, 217-8. L*o2 62. Garciu (i'am.). 208. Gardes ii;itioiialeB(J,Gs), liK)-

8. 230. Gai-fraiiic (.1.), 277. Gaudemar(N-U. de), 319-22. Gaule riiniaine 15.50. Gauthier, imprimeur. 311. Gautier (Aynavd), juj:*'. 107 ;

fani..20r>-t); Tliéod., 118,268. 307.

GavoL 308.

Gay (namiliej, de Clianle-

merle, M6-7. Geulis (lie), succession. 122. Gens de. guerre à fiap, 44;

à Kmbrun. 373 ; à Guilleslre. 273-87.

Gérard (de) -In, s' desOrres,

48. 82-4. 168. Gibelin (lam.}, 208-9. Giraud(.l.-liJ.200. Girrane. artiste, 316. Glaciers, 268. Gladstone. «6-7. Godeau, évèq.de Vence,307. Gonza^ne (de). Charles, 273. Graisivaudan 257. Grave (l.a). 218. 208. Grenier d'dbonifance, 122. Grenoble. 177-200. 225 51.

253-00, 209. 287-305 Grimaud (Franc ), juge. 85,

203. Grospeiiier (D. Alex ). 57. Grossan |fam.).2;7,270, 281. Gruel (de), fam., 110. 168,246,

307-1), Guerres de religion, 252-02. Guignes (Mgr), de Gap, 141-

151. Guillaume (Adrien), 147 ;

Casimir, ib. ; docteur,

58-9, 266-7;— Paul, 101,

114, 230, etc. GuUlemin (Paul). 59, 61, 102,

223, 267-8.

Guillestre, 317 8. 322 : alluvioas,3l2: arcliives, 116; armées de Louis XIII, 273-87; cliâteau, 279-80; consistoire. 12'.;;

iiyKiène. 58 0, 206-8;

notaires 117. Guiiloreau (D. Lt'-on), 311. Gntplie (de), fam., 279.

H-

HaasCIoseph). 221.

Harmand d'Abaucoiirt. pré- lel, 66. 72. 76, 125-130.

Hantes -Alpes (Archives dé- partementales anciennes des). 113-124; situation en 1814. 1^-139.

Hauts-Alpins de la société des Amis de la conslitu- lion, 177-200,225-51, 287- 305.

Hazera (Mgr), 60.

Henri iv, 251.

Hertel (Et.), m' maçon, 96.

Hongrois. 221-2.

Hôpital de Briançon, 122 ;

d'Embrun, 37-42, 122;

de Gap, 42-51. 122. 163- 5.210-11.253-62; mili- taire, 122 ; des Htes- Atpes. 74.

Hugues(d'), ram.,116. 317. Humbert ii, 269. I- Imberl, not. d'Embrun. 117. Impartiaux (Les), 287. Instruction publique, 62-4,

13i-6, 214. Intendance de Dauphinê ,

115. Rendants, 167-8. Inventaire des Archives, ' 101-2, 113-24. Izoard (.Iu-Fr.-AugU8te}.i79-

80, 187-94. 230-44, 287-89. J. Jamet(fam.l.208. Jansou (fonds), 118.

D.g.tzedbyGoOt^lc

TABLE GEMERALB.

Jésuites, i-ii, 295

Joannia (Alex.), 277-80.

Jolly (B-W.),2(i7.

Jordetl (D.). 15Ô.

Jonberl, iiot. de Rosans, 117,

Journal jiatriolique de Gre- noble. n7-->20, 1^25-51, 287- 30u.

Joiiveût (Laur.), de Valser- res, 147-8.

Juifs. 21».

Julliati (Camille), 155-6.

Juriflic/ions seigneuriales, 115

Juveiiis (Raymond). 21, 85,

Kilian, 312.

L.

Labastie (de), fam., 118.

Lacroix (A.), 814.

Ladoiicetle. iM-t'-fet, 62-4, 264.

La Fayette. 185, 226.

Lafont (de), fam., 116.

Laget (de), fam., 245.

Lagier (Jean), not. 52; Jos.. 232.

Lamotte-Lapeyrouse (fam.), 117-8.

Lantelme (lieiijamin}. 171-3.

Laragne : arciiives. 116; châtpaii. 100-12 ; fédéra- tion, 194.

Larray, 220.

Latelle (fam), 13,

Laty, iir,t. de Qap, 117.

Laureosi, historien, 311-2.

Laurent, lie. en droit. 228.

Laus(N.-)). du). 59-60. 119,

, :«)8 9, 319-22.

Lanlarel, col, 218.

Lauzier (.los.-Ant.). 148.

Lauzon (du), fam. 116.

Léaulier (fam.), 203.

Leclionnaire de Boscodon, 12Î.

Légion d'honneur. 78,

Lenormant (Fr.), 156.

Lenz (de), Sophie. 311.

Léon de Liicques (S ). 309. Lérins, abbaye. 157, 222. Lesdiguières, 154, 213, 252-

62. Lettret, 5-35. Levées conscripti'jniiaires ,

70-71. Levésie (de), fam.. 17(i. 230. LevN.'^iii (Mgr de). 227.233,

243-4. 287-9, 207-S, 300-1. Lieiitaud (V.). 156-7, 311-12. Ligouzn (Marins), 272. Liiicel (de), fam., 122. Lionne (de), fam.. 160.317-8. Livre de raison des Oliabot,

5-36, Lombard (Fr.). d'Ancelles,

148. Lory, 312. Louis XIII. 273-87; xiv,

317; XVI, 68; xviil, 73. Loups à Gap. 271-2. Lumières (N.-D. des). 319-22. Lus-la-Croix-Hatite, 150. Lyon, 293-4.

M. Ma vie politique, par Jean

Faure, 65-81. Magna (fam.), 173 5. Maignen (Ed.). 102-104. Maison (de La), fam,, 176. Maison centrale d'Embrun,

131. Maison du Roi (La). 274. Malissoles (Mgr de). 86, 92-3,

202. 211.319-22, Mancip (Pierre), 148. Manleyer, 116, Manteyer (de). Georges, 59. Manufacture d-e bas. 122. Marcellin (.lean). 263-4. Marcellin(S.), 106. Marchon (fam.) 118. 179, 181,

203, 247, Marguerite- Albert (Orphe- linat), 85.

Mariage Champsaurln( Un],

52-4. Marin-Tabouret, not., 117.

D.g.tzedbyGoOt^lC

ANNALES DBS ALPES.

MartèDo (Dom), 319. Marlia (David), 3iZ. Martinel (ije), fam.,

Martyrologe de S. Adon, 57. Mas (fonds), 118. Massot, DOt. de Savines, 117. Mathieu (Hugues), pasteur,

257 Maurel (cit.), 290; Jn-

Jacq., peintre, 314. Meije(La). t02,218. Méliand (.Mgr de), 47. 204. Mémoires de Jn Faure, 65-

81. Mépieu {de),li6ut,-col.. 199. Mérouillon (fam ) 102-4. Meyer (Paul), «0.104-5,218-9. Meyssimilly, secrétaire. 314. Meyssonier(fam.), 169, 207. Miciiei ("Franc.). 149; J.,

i05. MignoD [Sopli. de Lecz], 310-

311. Mirabeau, V. Rlquetti. Missel de Boscodon, 123. Mobilier d'uncar(ieur,i07-9. Molines-en-Queyras, 306. Mouli (général), 69. Monnaies et médailles, 156,

272. Moalauban (de), fam., 168. Montbraod, 146. Mont-Cassin, 216-7. Mont Dauptnu, 142, 154, 190-

3. 225, a36, 239, 242-3. MoDtgardin, 116. Mont-Genèvre. 72, 164, 312. Moutmaur (Baronnte de), 115;

cr. 311. Montôrsier (de), fam., 152-3. Mnrand (cit.). 305. . Morgecensis vicus. 212-3, Morin-Pons, de Lyon, 117. Moris (Henri). 157-8. Motte (Gabriel), 149. Moustiers (de), fam., 168. Mutonis. notaireB, 120, 175,

26971. Mystères Alpins, 117.

N.

Nantes (Éditde), 252-62. Napoléon 1" à Gap, 66. Nazaire et Gelse (S.S ), 161-2. Nebon (fam.), 208-9. Névaclie (archives de), 116. Nice, 291 , 2fl3. Nicoliet (F.-N.), 177-200.225-

51. 287-3(15. Noblesse de Gap, 197-70. Notaire (Minutes des), 101,

117. Notariat, 214. Novalaise (abbaye de La),

107, 313-4.

Œuf (Orphelinat), 85. Officiante de Gap. 121 ;

de Sevne. 119. Olier de Montjeu, 18, 168. Orange, synode, 353. Orcières, 75. Ordo du diocèse de Gap,

220-1. Origine des églises de Fran- ce. 56-7. Orphelinats à Gap. 85. Orpierre. consistoire, 85. 0rres(U8).112. 233, 236. Ottawa (clergé des Alpes à),

139^1.

p. Paillon (Mary). 60-1. Palais éptscopal de Oap,

938. Parassac (.Tn-Xav.), 223. Pascal, not. de Barcillon-

nette, 117. Pasteurs proïes^fln/s, 268-63. Patois (Influence du). 18»-9. Patrie (La), 215-6, 268. Patronage des apprentis,

268 9 Patrons des paroisses. 820. PèleHnages en i70S.31»-23. Pellegrin(fain). lis. 203. Pelvoux (Mont), 59, 267-8. Penck, 312.

D.g.tzedbyGoOt^lc

TABLE QENEBALB

Pestes, J4. J63-5. Périnet (de), Gaspar, 10Ô-12. Période révolution., 123. Pharmaceutiques (prsdnils),

Philibert (farti.). 13-14, 21. 168.

Philip (Séraphin), de Roche- brune. I-i9-50.

Piard (de), ram.,176.

Pie VI à Hriançon, 158.

Pierre PappacarbOD (S.) , 309-10.

Pierre (Victor). 158.

Pierre (La), v. Beauregard.

Pilot de Thorey. 2:i3

Pina {abbé de). 86, 93. 210-11.

Pinet (lam.i.TB.

Poids et mesures, 136, 274- 86.

PoliRny(del, fani., 206-7.

Polycastre (Italie), 301^.

Poncet(fam.), 17,168,

Ponts et chaussées, 132-3.

Porte (de La), intendant, 274.

Potiers. 20i-S.

Poupardin (Renô), 221-2.

Prapastatid. v. Barban.

Prapela(Piémontj.t71 3.220.

PréilHiinaires île VEdit de Nantes, ^2-62.

Prieurés d'Antonaves et d'Upaix. 121.

Prisons, 129-31.

Provence, 216-18; royau- me, 221-2; tableau gé- néalogi(iue des souverains, 3U-2.

Prudliomme (A,), 177-8, 213, 220. 315.

Prunières (de), fam., 239.

Puiseux (V.), 59, 267.

Puymore, prés Gap, 272.

Puy-St André, 117.

Puy-Sl-Eiisèbe, 149.

Puy-St- Pierre. 275.

Q.

Queyras : combe, 274 ; esprit d'association, 152 ;

héroïne, 306; roches 312; vallée. <00, 196-9' 282. 306.

Queyras (fam.), 99.

Queyrel (fam.j, 208-9.

R. Rahoult, 263. Ranguis (abbé J.), 312-14. Hastel de Roclieblave ifam 1 245. ' ■''

Ravanat, 2tî3. Ravel (de), fam., lie. Raymond, secrétaire, 180. Reboisements, 264-0. Uécréatlom enfantines, 215. Recueil d'édits. 1J4-5. Réformés du Duu{iliinc, 252-

Refuge Xavier- Blanc, QQi.

RêgimciUs : Austrasie, 186. 108, 239, 247; -Auvergne, 227 : Champagne, 278 ; Enghien, 193, 2?9. 237-9, 247; de Monsieur. 247.

Règlement de l'hopitald' Em- brun. \i'^-A'Z.

Religieuses liosplUtlicres ,

Rencurel (Benoite). 308-9. Kéotier: reconnais., U6. Réiicrtoires Oimographi -

ques. 155. 102-3. Restauration (La), 66. 73. Réveillez-vous (Un), 64 bis. Revillas(;(de), lam., 29, 168. Revue Al/iine, liO. 268, 314-5. Revue Dauphhuïise , 223

;iOJ, 315. Rey (de), G., 222-3. Rey (R.J. 105, 1Ô8-6I.313. Reynaud fl'am.), 268-0. Richard icit.). 240. Ricliardson (KaUiariue), 00. Richier (lam), lio, Ricou [de), lam., 109, 206-7 Riqueti-Mirabeau (fam.), 307-

Risoul, 284.

Rispaud (Laur.), not., 112.

D.g.tzedbyGoOt^lC

ANMALES DES ALPES-

Ristolas, 306.

Rives (de). Lniir. 319-322.

Rivière (de), fam., Ii7.

Rizoïii (André), curé, 47.

Robei-tifam):;08-0.

Rochas dAiglun (A. de), 223-

4,315. Rochas ifam.), 203. Iïoc!ie-de-Hame, 2m, 282. Roches (Léon]. 5-1-5, 03. Roi (le Home (Le), 69. Rolland (Alex.), coutelier,

203-4. Rolland (fam.i, 180. 208-9. Romans (Diôme), 259. Rosonais, 320. Rosans : coasistoîre, 122,

25:i; notaires. 117. Rossif^nol (ie P-i. 295. Rouchon Lapeyrouse (fam.),

IfiS. Rougier(Paul),de Lus, 150-1. Roussel, 144, Roussel (de), fam., 116, Roules des Aljtes, 160-1. Roux (Dominique). 319;

Emile. 61.223, 315-6. Ruelle (fam ). 179, 245, 291. Rufifo(de), fam.,246.

S- Sagittaire, évèque de Gap,

213. Sagnières (Riil.). chan.,203. St-Bounet en-Cliampsaur, 5-

35, 290 ; archives, 117 ;

consistoire. 122,253. St-Crépin. 282-3. St-Etieime-en-Dévoluy, 117. Ste-Fov (Assemblée de). ^4. Sl-Firmiii. 279. Sl-.Jeau-de-('.has3agnes, 272. St-Joseph (Sœurs de) à Gap.

43-4. St-Julien-en-Bocliaine, 142,

H8.319--.d2. St-Julion-en-Cliampsaur, 117,

HO. 1.51. St-Martiu-fle-Queyrières,179,

St-Mens, près Gap, 271-2.

St-Michel-de-Chaillol,65.

St-Pierre-d 'Argençoc , 148, 154.

St-V(-ran,268, 306,314-5.

Saleraus, notaires. 117,

Salette (N.-D. de La), 319-20.

Satfasins, 221-2.

Sariazin ifam.}, 206-7.

Sarraziu (Jean), poète, 01, 316.

Sautereau (de), fam.. 3).

Savines : archives, 115-7.

Savines. (fam.), 286.

Savio (F.), 105-7, 161-2.

Savouiilans (Vaucl.), 320.

Second (Henri). 62.

Séminaire de Gap, 121.

Séries des Archives ancien- nes. 114-124.

Serment constitulUm-. 227. . Serre (du), fam., 21, 20, 168, 317.

Serre-Rabinet (Le). 65.

Serres, 182, 234-6, 244, 290 ;

coBsistoire, 122, 253 ;

district, 123; notai- res, 117.

Serres (Jos.), 71 ; not. de St-Julien-Cbampsanr, 117,

Servieo (de) fam,, 317-8.

Seyne [B.-A.). 104, 119, 308.

Sibour{Ern.),201.

Sigoyer, 246.

Signaîix par te feu. 189.

Simon (fam), 207, 210, 272.

Sisleron, 65.

Société des amis de la cons- tittdion, 177-200, 225-51. 287-30', ; des Hauts- Alpins de Grenoble, 61 ; id. de Lyon, 316.

Sociion (fam.), 176.

Souclion des Praiii (fam.), 246.

Slein (Henri). 155, 162-3, 170,

Table des Mémoires Gapen- çais, 35-7.

D.g.tzedbyGoOt^lc

TABLE GENERALE.

207. 210.

Tableau des Archives an- ciennes des Htes-A Ipes, 113-124. Tableaux et meubles du châ- teau de Lnraane, lO'J-112. Tallanl, 5 35, 117, 145, 154. Telmoii-Dusserre fP.), 151. T[érail] (comte du), 311. Téraih [Ufïo). 219. Tézier (E.). 62. Théâtre (Le) de liuillestre,

•AU. Tholozan (fam.), 117. 277,

279, 286. Thomé (fam.), Tonnèré (de), colonel, 1S4.

195-6. 198-9. 225. Tosti (Dora Louis), 212-7. Tournadre{fam.], 305. ïotirnu (fam.), 211. Treschâtel, près Gap, 174-5,

271 2. Trescléoux, consistoire, 122,

253- Trinquler (Ëug.),de Gliorges,

151. Truq (fam.), 203. Tuckett (F.-P.), 267-8. Tuilins,259. Turin, 235, 248,291,293.

U- Ubaye, 55-6. 213-5. Ubayette. 315. Upaix (prieuré d'i, 12t. Urbain v, pape. 58. UrsuUnes de Oap, 122, 317. Uxelles (marquis d'), 273-87.

V. Vaccination. ISC. Vachier (fam.t, 281. Valaton, évèq. de Oap, 213.

de),

Valcroissant (abbaye

152-3. Valeotinois. 242-62. Valgaudemar, 174. Vailel (général). 305. Vallon (fam.), 203, 200-7, 211. Vallouise. 100-1, 282,285. Valserres. 147. Vai-eillcs (Mgr de), 93-98. Vars, 147,279. 282, 285; - consistoire, 122; notai- res. 117 ; rociies. 312 ; route. 56. 154 243. Vasserot (Chaffrey), 306. Vaudois, 97-101. Vedette des Alpes {La), 177. Véras (prieuré de). 11. Veynes. 5-35, 193 ; archi- ves, 117; consistoire, 122, 253; école, 134; seigneurs, 115. Villa de Santa, 213. Villar-d' Arènes, 227. Villar-St-Pancrace. 275. Visltandines d'Embrun. 122. Violette-Revue, 224. Viraysse (batterie lie), 315. Viso (Le), 101-2. 306. Vitalis (fam.). 10, 168. Vitrolles, 117. Vol!aire(Hipp.), 101. Volone. 311. Voix. (Pélibréede). 215-8. Vulson (Pierre), 255.

W". Wagner (Louis). 315-6. Walchin, arcliev. d'Embrun, 107.

D.g.tzedbyGoOt^lC

Digilzedt.GoOgle