\ ANNALES SCIENCES NATURELLES. Ee-——- SECONDE SÉRIE TOME XVI. Fu | >, ù L2 e . 7 \ y NAN LS PR | C UTAYe e Tu (] HR. À. d 4! / ? sidi dh meiine+ Ù ! FR À | Du 1 FÉCREE j A) * ALAN ACNDIEES 0 : | JUL AMOT E- te PTUTITE TRS | PS Bes | ANN ALES or Pr SR se ee DES SCIENCES NATURELLES COMPRENANT LA ZOOLOGIE, LA BOTANIQUE, L’ANATOMIE ET LA PHYSIOLOGIE COMPARÉES DES DEUX RÈGNES, ET L'HISTOIRE DES CORPS ORGANISÉS FOSSILES ; POUR LA ZOOLOGIE PAR MM. AUDOUIN ET MILNE EDWARDS, ET POUR LA BOTANIQUE PAR MM. AD. BRONGNIART ET GUILLEMIN. Geconde Bérie, TOME SEIZIÈME. — ZOOLOGIE. PARIS. FORTIN, MASSON & C*, LIBRAIRES-ÉDITEURS, PLACE DE L'ÉCOLE - DE-MÉDECINE , N. 1. 1541. TRAMTALKON AUQMATON 41 ,MDONOOE 88 MES LE D ZW 44 ELA AION É LELIER CH ga 44 LEE en ti22ot EAP 9 AO. “eqaè A an à aa au us ; MOINS LA A0 * { 4 Er & CABANE AUJIN TA HIVOQUA JON AOOMNTOR LA MIO Sa . MIMSLNUD TA PHAIMOVONS GA 1m | Ne no | . -1 k (II 100 " rise 1 : É k *. 5 . ‘0 1 | exam Ahrmanr L) À 2024 ME is 44 1 HEURE TA + oc Lie MEUT 40 Lee 3e Ke: VE. A | ‘où. xt sun: N cr k LG ( RL HA N * ANNALES DES. SCIENCES NATURELLES. PARTIE ZOOLOGIQUE. ÉTUDES anatomiques. et physiologiques sur une Mouche, dans le but d'éclairer l’histoire des métamorphoses et de la prétendue. circulation des insectes., Par M. Lron Durour. (Extrait lu à. l’Académie des Sciences, le 19 avril 184x.) En attendant que je présente à l’Académie les résultats de mes nombreuses dissections des insectes de l’ordre entier des Diptères , je viens lui soumettre mes recherches sur l’organisa- tion tant extérieure qu’intérieure des trois formes d’une Mouche très connue, la Mouche carnassière d'Olivier, ou la Sarco- phage hémorhoïdale. Je viens aussi, m'élevant à des considéra- tions moins circonscrites, examiner et résoudre, par les faits et le-raisonnement, une question litigieuse qui intéresse à un haut degré la physiologie générale, et qui partage les savans de- notre époque : c'est la prétendue circulation des insectes. Que l’Académie me permette de lui donner une esquisse de ce travail : métamorphoses et circulation, en voilà les deux di- visions naturelles. Apres avoir décrit et figuré la larve, la nymphe et l’insecte G LÉON purour. — Sur la circulation dans les insectes grele. ailé, après avoir fait ressortir lès prodigieuses différences de ces trois états d’un même individu dont ja vie collective résume une” trinité réelle, après en avoir suivi pas à pas Îles développemens et les mutations, j'ai déchiré leurs tuniques tégumentaires, et, armé du scalpel et du microscope , j'ai consulté les divers PpPa reils organiques dans leurs métamorphoses respéctivés;. j'ai cherché à m'initier aux mysteres de l’organogénie. C’est par ces vivisections cent fois renouvelées, que j'ai vu se dérouler ces trois organismes si dissemblables, destinés pourtant à se fondre l’un dans l'autre pour n'en: constituer | qu'un! seul; J'ai étudié dans leurs inconcevables phases de création les viscères de la _ larve, ver acéphalé, apode, rampant, mandibulaire, carnivore, croissant avec rapidité, mais dépourvu de sexe et de généra- tion ; ceux de la zymplhe , qui, par son inertie et son insensibi- lité absolues, est la fidèle image d’une momie, mais recélant un Nue animé ; enfin ceux de l’snsecte arr qui vole, court, s'aoite, suce avec sobriété un aliment subtil, ne prend pas Le croissance, a deux sexes séparés, et se reproduit par voie de génération. Je me suis attaché à surprendre dans le jeu de leurs élémens matériels les échanges de ces vies partielles pour une vie commune ou définitive, qui est le type de l'organisme par- fait. J’ai été parfois assez heureux pour saisir ces momens d’une palpitante curiosité, où un organisme s'improvise avec les dé- bris d’un organisme qui se détruit, ces instans fugaces ou des organes en déchéance prêtent encore leur ministère à des or: ganes en création. | Dans l’intérêt de cette triple étude des transforwations, j'ai été amené ; par les modifications des faits, à établir dans cetor- ganisme intermédiaire à la larve et à la mouche, et formant le chaïînon de l’une à l’autre, dans la nymphe, trois âges ou phases; ou stades, qui n'avaient point été saisis par mes devanciers, ét qüi sont d'une grande importance pour compréndre la marche des métamorphoses. Le premier âge, que j'appelle la premiére transilion , est celui qui succède immédiatement au passagé de la larve en nymphe ; il ya encore adhérence organique de celle- ci avec l'enveloppe délaissée par la larve. Le second, dont lenom emporte la définition, est la 2ymphe confirmée : celle-cr-est uni- LÉON purour. — Sur la circulation dans les insectes , etc. 7 formément blanchâtre. Le troisième, qui correspond à la muta- tion de la nymphe en mouche, est la seconde transition : les yeux ont une teinte violacée. | Dans les trois morphoses de la Sarcophage, l'appareil sènsitif consiste en deux seuls centres nerveux, le cerveau et le gan- slion thoracique , d’où émanent tous les zer/s qui distribuent dans les divers tissus le mouvement et la vie. Le cerveau est profondément bilobé ou à deux hémisphères. Dans la larve qui est acéphale, il ne saurait être renfermé dans la tête. Dans la. nymphe confirmée, malgré l’existence d’une oi tête vésicu- leuse , il est encore hors de celle-ci ; il n’y rentre qu’à la seconde: transition, et dans la mouche. Une ébauche de rétine ne come mence à s’observer que dans la nymphe confirmée, et ce n’est que dans l’âge suivant , surtout dans la mouche, que l’ou voit se développer cette rétine et se former le pigment de la choroïde, soit aux yeux, soit aux ocelles. Dans Ja larve et les deux pre- miers àges de la nymphe , le cerveau et le ganglion thoracique semblent confondus en une seule et même masse, tandis que dans la seconde transition et dans la mouche, le ganglion tho- racique est séparé de l'encéphale par un cordon rachidien bien prononcé. Ce dernier est simple dans les Diptères, et c'est une découverte qui m’appartient ; il est double dans tous les autres ordres d'insectes. Le ganglion thoracique de la larve a, de plus que celui des autres formes du Diptére, plusieurs paires de corps particuliers de nature ambigué dont la science n'a sus encore fait mention, et que j'ai désignés sous le nom de corps sanglionotdes. La respiration est dans les insectes une véritable circulation: d'air, et l'appareil vasculaire qui y préside cumule les deux plus importantes fonctions de l'animal. Je reviendrai sur ce point. Dans la larve, les s/zgmates , ou orifices respiratoires, sont au nombre de deux paires. Les antérieurs ont, chacun, la forme d’un éventail mobile à quinze digitations ; les postérieurs, logés dans une caverne que j'ai appelée stésmatique, et dont la struc- ture est admirable, sont assez grands, arrondis, un peu réni- formes, rapprochés l’un de Pautre et immobiles, ayant chacun trois ostioles linéaires. Dans la transformation en nymphe, les. 8 Léon purour. — Sur la circulation dans les \insectes, etc. deux. paires de stigmates ont été abandonnées par la larve et collées contre les parois intérieures de la capsule pupale, la- quelle n’est que le tégument durci et coloré de cette morphose. Toutefois, la nymphe, malgré son existence embryonnaire et sa mort apparente, n'a pas été déshéritée d’un appareil respi- ratoire. On lui trouve une seule paire de stigmates, les anté- rieurs, mais il est trés vraisemblable qu’ils n’exercent pas des fonctions actives. Dans l’évolution définitive de la nymphe en mouche, huit paires de stigmates simples se sont improvisées, deux thoraciques bivalvulaires à valves velues, et six abdomi- naux, petits, ronds, à cerceau. Les trachées, le seul système vasculaire des insectes, sont, dans la larve, toutes de l’ordre des tubulaires ou élastiques, et constituent un appareil parfaitement symétrique. Celui-ci consiste, pour chaque moitié du corps, en un grand canal dorso-latéral, qui mérite le nom de trachée-artère, lequel se continue directement du stigmate postérieur à l’antérieur, en. émettant à droite et à gauche un nombre déterminé et régulier de branches nutritives. Celles-ci naissent de la trachée-artère à angle aigu dont l'ouverture est antérieure. Cette disposition. prouve incontestablement que l’inbalation de l'air ou l’inspira- tion , se fait par les stigmates postérieurs. Les deux trachées- artères se communiquent en avant par un canal traverse. Le système trachéen de la nymphe ressemble beaucoup à celui de la larve ; mais comme il n’existe pas de stigmates postérieurs, la trachée-artère se termine en arrière par un bout fermé ou en cul-de-sac. En cet endroit, il y a un écheveau considérable de trachées entremélées. Plusieurs branches traversales établissent une communication directe entre les grands canaux. La somme de respiration, toujours. proportiounée au degré de l'énergie vitale, entraîne dans la mouche un système trachéen bien plus ramifié que dans les morphoses précédentes. La condition d'in- secte ailé a aussi rendu nécessaires des trachées utriculaires, de véritables aérostats placés principalement à la base de la cavité abdominale qui est justement le milieu du corps, et destinés, dans l'intérêt de la progression aérienne, à diminuer la pesan- teur spécifique et à équilibrer les mouvemens. LÉON DUFOUR. — Sur la circulation dans les insectes, etc. 9 Passons maintenant aux métamorphoses de l'appareil digestif dans la larve qui dévore, dans la nymphe qui ne mange pas, et dans la mouche qui lèche, qui suce un aliment léger. La larve a un canal digestif sept à huit fois plus long que son corps, filiforme, reployé sur lui-même en plusieurs cir- convolutions. Il débute par une panse buccale trés dévelop- pée, un gésier calleux et quatre Oourses ventriculaires. Ces trois organes ne se rencontrent ni dans la nymphe, ni dans la mouche. Cette prépondérance dans la composition de l’ap- pareil digestif est une cause vu une conséquence de la vora- cité et de la croissance rapide de la larve. Les glandes sa- livaires consistent en deux boyaux filiformes égalant à peine la moitié de la longueur du corps, et unis par un épiploon salivaire que j'ai rencontré pour la première fois dans les in- sectes. Il y a quatre vaisseaux hépatiques , longs , grêles comme un fil, jaunes on verdâtres, flottant par un bout , s’unis- sant par paires à un canal cholédoque inséré de chaque côté de la terminaison du ventricule chylifique, où ils épanchent la bile. Dans la transformation de la larve en nymphe, la panse buc- cale, le gésier et les bourses ventriculaires , ont disparu; le canal alimentaire a perdu les deux tiers de sa longueur. Le ven- tricule chylifique, droit , oblong , plus ample que dans les deux autres morphoses , offre à son origine et l'ébauche d’un godet, et celle d’une nouvelle panse bien différente de celle de la larve. Il renferme un liquide sirupeux et une vésicule intra-ventricu- laire , résidu singulier de l’évolution du canal digestif de la larve. Les glandes salivaires sont encore celles de cette der- nière, mais leurs élémens tendent à se dissocier pour une création nouvelle. Les vaisseaux hépatiques, organe de pre- mière formation, ne diffèrent ni de ceux de la larve, ni de ceux de la mouche. L'insecte ailé semble avoir repris le canal alimentaire de la larve, mais sans les trois organes de son origine. Des glandes salivaires qui ont totalement abdiqué leur première forme, se sont improvisées ; une panse à long col et à réservoir bilobé est venue s'implanter à la terminaison de l’œsophage , et la vésicule 10 LÉON DUFOUR. — Sur la circulation dans les insectes, etc. intra-ventriculaire n’a pas laissé le moindre vestige de son exis- tence. Toutes ces modifications successives de créations, toutes ces substitutions , toutes ces improvisations, présentent le plus vif intérêt , et leur parallèle dans les diverses morphoses fournit des considérations profitables : à l’organogénie. ONE. L'appareil génital eût dû trouver ici sa place ; mais comme il est l’attribut exclusif de l’insecte parfait, j'en ai réservé l’ex- position pour mon travail général sur les Diptèeres. Le tissu adipeux splanchnique existe dans les trois formes de la Sarcophage , et il joue un grand rôle dans l’organogénie. Celui de la larve est en larges nappes ou tabliers membrani- formes criblés de trous ; mais en approchant de l’époque de la métamorphose, il se convertit en un réseau dont les mailles ir- régulières sont granuleuses. Dans la nymphe, ce ne sont plus que des granules détachés , flottant dans un liquide abondant. Ces granules sont des matériaux plastiques tout taillés, et prêts à être mis en construction. J'ai souvent surpris ces moëllons organogéniques disposés en séries linéaires, fondus en floccons ou étalés en lames pour former des conduits, des articulations, des membranes, en vertu d’une loi daffnité organique non encore formulée et d’une sensibilité élective dont la sg aus humaine fournit de nombreux exemples. J'ai donné provisoirement le nom d’organe dorsal à un or- gane qui se rencontre dans tous les états de la sarcophage, à la ligne médiane du dos, et qui est l'analogue du vaisseau dorsal des auteurs. Il est dans notre Diptère beaucoup plus compliqué que dans les autres insectes, et semblerait, parnconséquent, avoir une prééminence physiologique. On y distingue son axe et ses ailes. L’axe est un cordon sans cavité ni divisions, fixé par un bont à la partie postérieure du tégument dorsal, par l'autre à l’origine du ventricule chylifique sans pérétrer dans la cavité. de celui-ci. Sa portion thoracique est nue, Se - , un peu atté- nuée. Les ailes sont exclusivement propres à la portion abdo- minale. Elles consistent, pour son tiers postérieur, en une double série de douze sphérules roussâtres, sessiles, terminées. par autant de ligamens , et pour ses deux tiers antérieurs ; en une sorte d’épiploon ou de fraise mésentériforme composée de LÉON DurOoUR. — Sur la circulation dans les insectes, étc. 11 fort petites granulations, ét maintenue de part et d'autre par quatre ligamens. L'étude minutieusement attentive de la forme et de la structure de cet organe dorsal (nouveau pour la science) prouve qu il n'a aucune analogie ni avec un cœur, ni avec un vaisseau, et que, par conséquent, on ne saurait le considérer comme un appareil circulatoire. Il se pourrait qu'il füt un or- gane sécréteur, mais d'un genre spécial et n'ayant aucun rapport avec les glandes ordinaires des insectes. J'ai, à ce sujet, établi une classification des organes sécréteurs que l’on rencontre assez fréquemment dans ces derniers animaux, et sa structure particulière l’en excluerait. J'ai hasardé l’idée, sans y tenir beau- coup, que l'organe dorsal de la Sarcophage pourrait bien ne pas être étranger à la création et à l'entretien de l'enveloppe tégumentaire du Diptere. L'examen de la circulation dans les insectes en général ter- mine mon travail. Quoique étranger en apparence à mes études sur la Sarcophage, il en découle néanmoins par les développe- mens où je suis entré sur l’organe dorsal de ce Diptère. Pour la solution du problème, j'ai mis à contribution, et les documens fournis par les insectes de tous les ordres, et les opinions émises par tous les savans. Parmi les incrédules de cette circulation, se trouvent Mal- pighi, Swammerdam, Lyonnet, Cuvier, MM. Marcel de Serres, Duméril, Duvernoy, Audouin, etc., et parmi les partisans, MM. HE ba retri Straus, Whsaere. Carus, Benn , Dugés, etc., On voit que dans les deux camps figurent les noms les plus re- commandables, le plus haut placés. Hommage éclatant , hommage éternel à notre grand Cuvier! à une époque déjà si dsotiée de nous (il y a plus de ne ans }, il avait, par une inspiration qui n’appartient qu'au génie, établi, à l'occasion des insectes , cette loi fondamentale de phy- siologie , que l'existence d’un appareil vasculaire aérifere exclut celle d’un appareil vasculaire sanguin, ou en conservant les pa- roles sacramentelles de ce législateur de la science, le fluide nourricier ne pouvant aller chercher l’air , c’est l'air qui le vient chercher pour se combiner avec lui. Depuis cette époque, le progres des découvertes ne lui fit point modifier l'expression 12 LÉON DUFOUR. — Sur la circulation dans les insectes, etc. de cette loi :.elle conserve encore, suivant moi, tout son esprit, toute sa force. | Il est bien singulier qu’au lieu de choisir les plus grandes es- pèces d'insectes pour démontrer l'existence d’un appareil de circulation, les savans qui préconisent celle-ci se soient, au contraire , adressé aux plus petites, aux plus jeunes larves, et que des mouvemens d’un liquide contenu dans les cavités du. corps et aperçus à la dérobée à travers la pellucidité des tégu- mens, aient été jugés suffisans pour admettre et établir une cir-. culation dans ces animaux. Et cependant les expérimentations, les injections faites par Cuvier, largement renouvelées par. M. Marcel de Serres, étaient tout-à-fait contraires à cette cir- culation. J'ai scrupuleusement analysé et victorietfsement combattu ; Je crois, les assertions spécieuses et parfois contradictoires de M. Carus, qui fonde la circulation, la double circulation des in- sectes sur des courans de liquide, sur des vaisseaux sans paroïs. qu'il ne craint pas de qualifier d’arteriels et de veineux. Ces. courans , subordonnés, suivant moi, aux lois combinées de la capillarité et des affinités organiques, ne sauraient constituer un système de circulation. M. Straus a décrit et figuré le prétendu cœur du Hanneton comme percé de huit paires latérales d'ouvertures auriculo- ventriculaires et d'autant de ventricules ou chambres séparées par des valvules. Le sang des cavités entre directement, suivant lui, dans le cœur par ces ouvertures, passe dans l'artère qui traverse le corselet, et a s’épancher dans la tête pour revenir dans les cavités. En admettant avec M. Straus une semblable structure, je prouve qu’on ne saurait rationnellement en ürer parti pour établir une double circulation comme il le veut. Le mouvement se bornerait, suivant moi, à ur éternel Jeu de si- phon qui n’atteindrait nullement le but physiologique d'une circulation. Mes dissections sur ce même Hanneton ne m'ont cémontré aucune ouverture dans l'organe dorsal de ce Coléop- tère. Cet organe est fermé à ses deux extrémités, et l'une de celles-ci se fixe, comme dans la sarcophage, à l'œsophage de l’insecte sans pénétrer dans l'intérieur de ce conduit digestif. LÉON purour. — Sur la circulation dans Les insectes AÉC. M9 , Ce fait seul ruine complètement le système de M. Straus et des autres partisans de cette circulation. Lyonnet , dans son ouvrage posthume, en a signalé un semblable. En faisant la revue de l’organe dorsal dans les divers ordres des insectes hexapodes ou à tranchées, on lui trouve, dans tous, les traits suivans : 1° il est situé à la ligne médiane dorsale du corps, immédiatement au-dessous des tégumens ; 2° son axe, qui est plus particulièrement le cœur ou le vaisseau dorsal des auteurs , est un cordon fibro-charnu simple, sans divisions, sans ouvertures , sans cavités ; 3° il est fixe et fermé par ses deux bouts ; 4° sa portion abdominale est garnie latéralement d’ailes tantôt submembraneuses, découpées ou entières, où se fixent des ligamens tantôt (comme dans les Hémipteres ) sous la forme d’une bordure étroite, linéaire, dépourvue d’un bout à l’antre de tout moyen de connexion ; 5° la portion thoracique est tou- jours nue et libre. Les dissections les plus habiles , les injections les plus adroites, n'ont jamais constaté la moindre ramification vasculaire à cet organe, et presque tous les anatomistes ont ad- mis ce fait négatif, qui a une si haute portée dans la question de la circulation. Les mouvemens de l'organe dorsal que l’on a si RU ment désignés sous les noms de systole et de diastole , et les agens qui les déterminent, ont été l’objet de mon étude atten- tive. Ils sont nuls ou d’une constatation trés difficile dans plu- sieurs insectes. Les mouvemens généraux ou de totalité sont principalement déterminés par les ligamens, les muscles peau- ciers , les trachées mises en jeu par l'acte respiratoire, et la fluctuation du liquide nourricier. Les mouvemens propres ou les pulsations (nom impropre) dépendent surtout de la contractilité fibrillaire. Ils sont irréguliers, et Malpighi a même dit qu'il les avait vus s’opérer dans le même individu tantôt d'avant en ar- rière, tantôt d'arrière en avant, témoignage bien grave contre le système de la circulation. Ce qui ajoute encore aux nombreuses preuves de la non- existence dans les insectes d’un cœur et d’une circulation, c’est que la section transversale de ce prétendu cœur n’entraine pas immédiatement la mort , tandis que la même opération prati- 14 LÉON DUFOUR. — Sur la circulation dans les insectes, etc. quée sur le vaisseau dorsal, le véritable cœur d'une Arachnide pulmonaire, tue subitement. celle-ci. Je conclus de mes dissections, de mes expérimentations et de mes raisonnemens, que l'existence d’un système vasculaire aé- rifère destiné à faire jouir tous les organes, tous les tissus, du bénéfice physiologique de la respiration , est incompatible avec celle d’une circulation humorale. Je conclus que celle-ci n'existe pas dans les insectes à trachées, et que l'organe que l’on a cru présider à cette fonction n’est qu'un ee un simulacre du cœur des Arachnides, un cœur obturé , un organe déchu de toute attribution physiologique bien RARES et peut-être un tissu vestigiaire. Note sur la découverte d'un squelette entier de Metaxytherium, Par M. MARCEL DE SERRES. Le genre Metaxytherium a été récemment établi par M. de Christol, sur diverses pièces osseuses, se rapportant à un mam- mifère marin qui paraît intermédiaire entre le lamantin et le Dugong. C’est même sous ce dernier nom, que nous avons dé- crit les restes nombreux de ce cétacé que nous avons rencontré dans les sables marins tertiaires supérieurs des environs de Montpeilier. Ces fragmens se rapportent principalement aux os de la tête , qui offrent une grande partie des maxillaires armés de leurs dents, et en second lieu aux vertèbres et aux os des membres. Depuis lors M. de Christol a trouvé divers ossemens du même animal dans les terrains marins inférieurs des départe- mens de la Charente et de Maine-et-Loire. C'est à l’aide de toutes ces pièces qu'il a comparés avec une rare sagacité, qu'il a fondé le genre Metaxytherium, dans le- quel il a réuni deux espèces d’Hippopotame décrites par Cuvier MARCEL DE serres. — Sguelelle entier de Metaxytherium. 15 sous les noms d’Hy BRARRÉQNU medius et dubius. On ne doit pas trop s'étonner, qu un aussi habile anatomiste que Cuvier, se soit laissé tromper par les dents de ce mammmifère marin, et qu’il l'ait rapporté à un mammifère terrestre. En effet les mo- laires de ce cétacé prennent par la détrition la disposition en tréfle qui caractérise les mâchelières de. l’'Hippopotame, à tel point, que lorsqu'on ne les voit pas implantées dans leurs maxillaires, il serait facile de faire la même méprise, si l'on ne portait en même temps son attention sur la forme et la disposi- tion de leurs racines. Mais ce qui est singulier, c'est que cette observation n'avait pas échappé à Cuvier qui prouva que des dents rapportées par Péron à l’Hippopotame appartenait réelle- ment au Dugong (1). Ce genre Metaxytherium , dont nous possédons les princi- pales pièces qui en composaient le squelette, se rapprochaient beaucoup par la forme de sa tête et de ses maxillaires des La- mantins , et par celle de ses membres , des Dugongs. Un sque- lette à-peu-près entier de ce genre perdu, a été récemment dé- couvert (août 1840) au milieu du massif du calcaire moellon qui compose des bancs pierreux tertiaires , exploités à Beaucaire _ pour les constructions. Cet individu dont un certain nombre de fragmens nous ont été montrés, par les soins obligeans de M. le docteur Quet pa- rait avoir été rencontré à-peu-près complet, ainsi que nous venons de le faire observer. Malheureusement les pièces osseuses qui nous ont été apportées, ne nous ont rien appris de plus que ce que nous savions déjà, d’après celles que nous possédons dans nos collections. D'après le dire des ouvriers, le Metaxytherium rencontré à Beaucaire, paraissait avoir été saisi étendu, lorsqu'il a été en- veloppé par le dépôt pierreux dans lequel il a été trouvé. Quant à ceux, qui jusqu’à présent, ont été observés dans les environs de Montpellier, c'est uniquement dans les sables marins ter- tiaires qu'ils ont été aperçus. On ne les a pas encore remarqués du moins jusqu’à présent aussi bas qu’à Beaucaire; mais ils (x) Recherches sur les ossemens fossiles de G. Cuvier, tome v, première partie, page 265. 16 MARCEL DE SERRES. — Squelette entier de Metaxytherium. existent dans des couches bien plus anciennes dans les départe- mens de la Charente et de Maine-et-Loire, c’est-à-dire dans les terrains marins tertiaires inférieurs. On dirait d’après ces faits et d’après une foule d’autres que nous avons signalés dans nos travaux sur les terrains tertiaires, que les mêmes espèces fossiles ont péri plus tard dans le midi que dans le nord de la France. Il est du moins certain, que leurs débris se trouvent dans des formations plus jeunes dans l’une que dans l’autre de ces régions. | L'individu de Beaucaire avait du reste de plus grandes di- mensions que ceux recueillis à Montpellier, circonstance qui parait avoir dépendu uniquement de leur âge relatif. Celui de la première de ces localités était tout-à-fait adulte, tandis que ceux de Montpellier étaient dans le jeune àge, leurs dents de rem- placement n'étant pas encore sorties de leurs alvéoles. Aussi nous sommes en doute, qu'il ait réellement existé plusieurs es- pèces de ce genre, d'autant que M. de Christol n’en a admis plusieurs, qu’en se fondant sur leurs dimensions. Or, quoique celles du Metaxytherium de Beaucaire et de Montpellier soient assez différentes, les individus n’ont pas présenté d’autres ca- ractères, propres à les faire considérer comme ayant réelle- ment constitué deux espèces. A. D'orBieny. — Sur les Céphalopodes acétabulifères. 13 > ConsinÉRATIONS paléontologiques et géographiques sur la distri- . bution des Céphalopodes acétabulifères, Par M. Arccipe p'ORBIENY. ( Lues à l'Académie des Sciences, le. 19 juillet 1841.) J CONSIDÉRATIONS PALEONTOLOGIQUES. Les Céphalopodes ont existé, dans lés terrains siluriens et car- boniières, dès la première époque où l'animalisation s’est mani- festée sur le globe terrestre; mais, dans la période où déjà les Orthoceras, les Nautilus, les Goniatites,etc., couvraient les mers de leurs innombrables essaims, il ne parait pas y avoir eu de Cé- phalopodes acétabulifères, à moins que leurs traces n’en soient postérieurement disparues. On peut croire qu'il en est ainsi dans le Muschelkalk, où les genres que nous venons de citer ne sont représentés que par les Nautiles, auxquels déjà viennent se joindre quelques Ammonites, mais encore aucune des espèces qui nous occupent. _ La première apparition des Céphalopodes acétabulifères a donc eu lieu dans les terrains jurassiques ou oolitiques. A l’é- poque où vivaient ces myriades d’Ammonites si variées dans leurs formes, se montrent en grand nombre, pour la première fois, dans les étages les plus inférieurs du lias, les Bélemnites coniques et sans sillons, avec quelques Sépiotheutes. Les pre- miers, si l’on en juge par leurs formes allongées, devaient être des animaux pélagiens, tandis que les autres pouvaient fort bien être plus côtiers, au moins d’après l’analogie. Aux étages moyens de l’oolite, dans l’oolite inférieure, on retrouve les deux mémts genres dans les mêmes proportions numériques, c’est-à-dire quel- XVI. Zoor..” — Juillet. 2 18 A. D'ORBIGNY. — Sur les Céphalopodes acétabulifères. ques Teudopsis et un grand nombre de Bélemnites, alors le plus souvent sillonnées en dessous. Si nous remontons vers les cou- ches plus supérieures (l’oxford clay ), nous voyons le nombre des Bélemnites diminuer et même leurs formes changer : de co- niques qu'elles étaient dans le bas, elles deviennent générale- ment lancéolées ou fusiformes; les espèces des couches inférieu- res sont remplacées par d’autres tout-à-fait distinctes. Avec elles, dans les couches supérieures des terrains oolitiques, paraissent pour la première fois quatre ou cinq espèces de Seiches, trois Ommastrèphes , deux Enoploteuthes, et un Kelaeno dans les carrières de Solenhofen, si riches en fossiles ; tous animaux diffé- rens de ceux des couches inférieures, dont les premiers seule- ment devaient être côtiers, tandis que tous les autres ont dû être des hautes mers. En résumé, dans les terrains oolitiques, les Bélemnites atteignent leur plus grand développement numé- rique et spécifique, surtout au milieu des couches inférieures; les Sépioteuthes se voient seulement dans les couches inférieu- res, les Teudopsis et les Bélemnites dans les couches moyennes, tandis qu’on ne rencontre que dans les couches supérieures les genres Sepia, Ommastrephes, Enoploteuthis et Kelaeno , que nous devons retrouver plus tard. Remontons-nous dans les terrains crétacés, les Céphalopodes acétabulifères ne changent pas entièrement de forme , comme nous l'avons vu dans le passage des terrains de transition aux terrains oolitiques, puisque, dans les couches néocomiennes et dans le gault, on trouve encore des Bélemnites; mais ces Bélem- nites prennent pour la plupart une forme comprimée, propre aux terrains néocomiens. Dans la dernière époque des terrains crétacés, la craie blanche, les Bélemnites comprimées ou lancéo- lées sont remplacées par les Bélemnitelles, espèces, pourvues d’une gouttiere et tout-à-fait distinctes de forme de celle des terrains inférieurs. Soit que les terrains ne fussent pas propres à en conserver les traces, soit qu'il n'y en ait pas existé, aucun des autres genres que nous avons signalés dans les époques an- térieures ne se montrent dans les terrains crétacés, où les Bé- lemnites même s'effacent pour toujours dans les couches supé- rieures de cette formation. |! A. D'ORBIGNY. — Our les Céphalopodes arétabuliféres. 10 Si nous passons aux terrains tertiaires, les plus rapprochés de _ notre époque, si nous scrutons les faunes spéciales aux différens bassins très riches en fossiles, nous serons étonnés du peu de Cé- phalopodes qui s’y rencontrent. Plus de représentans de ces my- riades de Bélemnites des terrains inférieurs, plus de traces de Cé- phalopodes à coquille cornée ; de tout ce que nous connaissons déjà, le seul genre Sepia se retrouve encore, accompagné des Béloptères jusqu'alors inconnus; et ces espèces, propres aux couches les plus inférieures de l’époque tertiaire, se rencontrent uniquement dans le bassin de Paris, tandis que les autres cou- ches supérieures, celles d'Italie, par exemple, si riches en Pois- sons, n'ont montré jusqu ici aucune trace de fossiles de l’ordre d'animaux que nous recherchons. Pour mieux faire concevoir cette succession des genres et des espèces dans les couches, nous les donnerons comparativement dans le tableau suivant. . TERRAINS. LOCALITÉS. GENRES. ESPÈCES. a # u a 4 Terrains ‘| de transition, | » 105 » | Terrains 1 du Muschekalk, » » » | Terrains oolitiques. | | Inférieurs. Lias. Allemagne. | SEPIOTEUTHIS. | id. CG -Partout. BÉLEMNITES. digitalis, Faure, Biguet. id. id. id. id. elongatus, Blainville. |£ id id. id id niger, Lister, etc., etc. Moyens Oolite infér. id. id. acutus, Blainville. $ id. id. id. apiciconus, Blainv., etc.|Ë id. Vendée. id. Fleuriausianus, d’Orb. Grande oolite. Caen. TEuDorsis. Caumontii, Deslongch. HOxford-Clay et couches supérieures. Vendée. BÉLEMNITES. | hastatus, Blainville, id. Partout. id, | semihastatus , Blainv. DE RUREL ICE (1) Nous devons la connaissance de ces espèces aux savantes communications de M. le comte Münster, de Bayreuth. 20 A, D'ORBIGNY. — Sur les Céphalopodes acctabuliféres. EE TIRET EST RE SRE SET DEN SE LT ES DRE RE | TERRAINS. LOCALITÉS. GENRES. ESPÈCES. | Terrains oolitiques. Oxford-Clay e! couches À supérieures. Us CE Solenhofen. OmmasTrePñes. | cochlearis. | id, id. id. intermediis. id, Eschstadt. EnorcotTeutTuis. | subhasta. id, Solenhofen, KELAENO. speciosa, Münster. (1) ! id. Eschstadt. id. prisca, Münster. | id. Solenhofen, SEPrA. antiqua, Münster. id. id. id. hasteformis , Rüppel. À id. id. id. caudata, Münster. | id. id. Eschstadt. id. linguata, Münster. id. id. id. venusta, Muünster. T'errains crétacés. Néocomiens, Provence, B-Alp.| Bécemnires, dilatatus, Blainville. id. id. id. id. bipartitus, Blainville. jd. id. id. id. bicanaliculatus | Blainv.|f. id. id, id. id. subfusiformis, Blainv. || id. id. id. id. pistiliformis , Blainv, ; id. id. id. id. Baudouini, d’Orb. | id. id. id. id, Emerici, Raspail. id. | Gault. Boulogne. id. minimus, Lister. Craie blanche. Paris, BEeLEMNITELLA. | mucronata, d'Orb. id. id. id. quadrata, d'Orb. Terrains tertiaires. Inférieurs. id. BELOPTERA, belemnitoidea, Blainv. id. id. id. Levesquei , d’Orb. id. Angleterre. id. anomala, Sowerby. id. Paris. SEPIA. sepioidea , d'Orb. id, id. id. compressa , d'Orb. Supérieurs. id. » 5 Maintenant si, commençant par les terrains les plus inférieurs, nous cherchons, dans chaque genre, les couches qui les ont suc- cessivement renfermés, et l’époque où ils ont cessé de se mon- trer, nous arriverons aux résultats suivans : 1° Les Sepioteuthis apparaissent et disparaissent aussitôt dans les couches inférieures du terrain oolitique. 2° Les Bélemnites coniques et sans sillon ventral commencent à se montrer dans le lias, où elles dominent sur les autres fos- A. D'ORBIGNY. — Sur les Céphalopodes acétabulifères. 21 siles et sont au maximum de leur existence numérique. Elles sont remplacées par une série presque aussi nombreuse de Bé- Jlemnites pourvues dun sillon ventral dans l’oolite inférieure ; puis elles diminuent, deviennent le plus souvent lancéolées, et changent encore d'espèces dans loolite supérieure. Dans la pre- miére période des terrains crétacés (les terrains néocomiens ), apparaissent pour la première fois les Bélemnites comprimées, pourvues d'un sillon ventral et de sillons latéraux; elles sont assez nombreuses encore sous cet horizon géologique, mais c’est pour être réduites ensuite à une seule espèce distincte des premières dans le gault. Puis les Bélemnites proprement dites s’effacent entierement de la surface du globe pour être remplacées, dans la craie blanche, par les Bélemnitelles, dernières traces que l’on connaisse de la famille des Bélemnitidées. 3° Les Teudopsis, contemporains de la seconde série des Bé- lemnites, ne font que se montrer, puisqu'ils cessent d'exister dans les étages inférieurs de l'oolite moyenne. 4° Les Ommastrèphes , les Enoploteuthes et les Kelaeno, se _ présentent avec l'étage supérieur des terrains oolitiques, et ne semblent pas, dans les couches terrestres, avoir survécu à cette époque. 5° Les Seiches se montrent en assez grand nombre avec les trois genres que nous venons de citer; puis disparaissen dans toute la formation crétacée pour revenir, sous d’autres formes, dans les terrains tertiaires inférieurs, où elles cessent d'exister. 6° Enfin les Béloptères naissent au sein des mêmes couches _ tertiaires que les Seiches, auxquelles ils ne survivent pas. _ Quelques-uns de ces genres, comme les Bélemnites, les Bélem- nitelles, les Teudopsis, les Kelaeno et les Béloptères sont ense- velis pour toujours dans les couches terrestres, tandis que d’au- tres , les Sépiotenthes, les Ommastrèphes, les Enoploteuthes et les Seiches montrent encore aujourd’hui un grand nombre d’es- péces vivant au sein des mers. Siles genres survivent aux révo- lutions du globe, il n’en est pas ainsi des espèces; celles-ci, non- seulement ne passent pas d’une couche à lautre, mais moins 29 A, D'ORBIGNY. —- 9Z/r les Céphalopodes acétabulifères. encore ont survécu jusqu'à nos jours, ou elles sont tout-à-fait rempiacées par des formes spécifiques distinctes. Il nous reste à envisager, sous un autre point de vue, l’en- semble des espèces fossiles et leur succession jusqu’à nos jours. On a souvent agité la question philosophique du plus ou moins de perfection, de complication. des corps, organisés dans leur ordre de succession au sein des couches terrestres du globe. Nous avons étudié les faits dans plusieurs séries animales, et nous nous sommes convaincu du peu d'uniformité des lois de cette nature, suivant les grandes sections zoologiques. Si d'un côté Jon aperçoit dans l’ensemble des êtres une progression évidente ers la perfection, ou une succession du simple au composé, il n’en est pas toujours ainsi lorsqu'on veut étudier un groupe na- turel quelconque d'animaux, puisque quelquefois on trouve un état stationnaire ou même rétrograde dans la complication des formes. Relativement aux Céphalopodes acétabulifères, cette loi nous montre peu de variation. Il est vrai qu'avec des formes analogues à celles qui existent maintenant (les Sépioteuthes et les Enoploteuthes), nous trouvons les Bélemnites dont les ca- ractéres se compliquent de la réunion des parties crétacées et cornées, et qui joignent à un osselet voisin de celui des Ommas- trèphes, des loges empilées comme les Orthoceres, ce qui pour- rait faire croire que la nature était alors, chez les Céphalopodes, plus complète qu'aujourd'hui, mais nous leur opposerons, pour établir la balance, l'exemple de la Spirule et de l’Argonaute, formes inconnues à l’état fossile, et qui peuvent prouver que la nature regagne d’un côté ce qu’elle perd de l’autre. CONSIDÉRATIONS GÉOGRAPHIQUES. Malgré le peu de renseignemens que la science possède encore | sur les restes fossiles des Céphalopodes acétabulifères, ce qui tient sans doute à ce que ces corps se conservent difficilement, on peut se rendre compte des modifications qu'ils ont subies aux diverses périodes géologiques, et reconnaitre les genres qui se retrouvent de nos jours, Ces genres, fussent-ils seuls, seraient L A. D'ORBiGNy. —"Sur les Céphalopodes acétabulifères. 23 déjà d’une haute importance, en nous éclairant , par la compa- raison, sur:les formes zoologiques des espèces éteintes; mais ils ne le sont pas aujourd'hui, et un bien plus grand nombre de moyens d'étude nous a été conservé. Nous avons dit que trois genres ont des espèces vivantes; mais nous en possédons en même temps douze autres (1), dont les formes variées, par leur analogie avec les genres perdus, peuvent nous donner une idée des formes zoologiques de ceux-ci, tandis que la répartition actuelle des espèces vivantes , suivant les mers et les zônes de température , pourra peut-être aussi nous amener à quelques résultats satisfaisans sur l’état des mers aux époques où vivaient les espèces fossiles. C’est dans ce but que nous allons étudier les lois qui président à la distribution géographique des espèces vivantes. Nous pouvons envisager la question sous deux points de vue distincts : l’un relatif à la répartition, suivant les formes, au sein des différentes mers, et dans les diverses régions de ces mers; Vautre purement numérique , sans avoir égard à ces formes. Nous commencerons par le premier. Comme nous donnons ailleurs la distribution partielle des espèces dans chaque groupe (2), nous ne nous occuperons ici que de la répartition des genres , au sein des différentes mers : Les Poulpes , les Seiches, les Onimastrèphes, habitent en -même temps l'Océan Atlantique, le grand Océan, la Méditer- ranée et la Mer Rouge. Les Argonautes, les Sépioles , les Rossies et les Caïmars , un peurmoins largement répartis, manquent dans la Mer Rouge, tout en se trouvant dans les mêmes mers. Les: Sépioteuthes sont de l'Océan Atlantique, du grand Océan et de la Mer Rouge ; les Philonexes de l'Océan Atlantique et de la Méditerranée; les Enoploteuthes du grand Océan et de l'Océan Atlantique. Apres ces séries de genres , qu’on voit habitér simultanément (x) Les genres Octopus, Plhilonexis, Argonauta, Cranchia, Sepiola, Rossia, Loligo. Loligopsis, Chiroteuthis, Histioteuthis , Onychoteuthis et Spirule. (2) Monographie des Uéphalopodes acétabuliferes. 24 A. D'ORBIGNY. — Sur les Céphalopodes acétabuliferes. plusieurs mers à-la-fois, il ne nous restera plus de spéciaux à des mers distinctes , que les Sépioloïdes du grand Océan ; les Histioteuthes et les Chiroteuthes de la Méditerranée, les Cranchies , les Loligopsis et les Spirules propres à l'Océan Atlan- tique. Il résulterait de ce qui précède , résumé exact de l'étude des espèces , que les genres sont à-peu-près également répartis dans les mers , et que, s'ils manquent dans telle ou tellemer, cela peut provenir pour quelques-uns du défaut d'observations plutôt que de l'absence réelle des espèces. Néanmoins, pour contre-partie des faits cités, nous dirons que jusqu’à présent on n’a pas encore trouvé dans la Mer Rouge les genres Philonexis, Loligopsis, Histioteuthis , Enoploteñthis, Spirula, Cranchia , Sepiola, Rossia et Loligo , que la Méditerranée ne possède pas de Sepioteuthis , d'Enoploteuthis, de Spirula et de Cranchia ; que trois genres seulement sont inconnus dans le grand Océan, les /listioteuthis, les Spirula et les Cranchia, tandis que ; dans Océan Atlantique, ou l’on à beaucoup mieux cherché, par suité de la proximité des centres d'observation , il ne manque que les Histioteuthis , ce qui confirmerait dans l’idée que, par la suite, beaucoup de ces lacunes pourront se combler et rendre des-lors la répartition uniforme. Après avoir parlé de la répartition des genres au sein des mers, voulons-nous chercher si ces genres appartiennent à toutes les régions, ou bien s'ils sont, au contraire, répartis sut- vant des zônes de température spéciales qui leur soient propres; nous trouverons: 1° que les Octopus, les Rossia , les Sepia; les Loligo, les ue à. et les Ommastrephes, julien simul- tanément les régions chaudes, les régions tempérées et les régions froides, beaucoup plus nombreux en espèces dans les zônes chaudes que partout ailleurs ; 2° que les Argonautes, les Philonexis et les Sépioles , vivent en même temps dans les ré- gions chaudes et tempérées, bien plus multipliés-encore en espèces. sous la zône torride que dans les autres parties des mérs. Voilà pour ce qui a rapport aux genres vivant simultanément dans plusieurs zônes à-la-fois. Quant à ceux qui sont propres à des régions spéciales, nous trouverons: 3° les Cranchies, les Sépio- loïdes , les Sépioteuthes , les Loligopsis , les Enoploteuthis et les A. D'ORBIGNY. — Sur les Céphalopodes acétabulifères. 25 Spirules , seulement sous la zône équatoriale; 4° le seul genre Histioteuthe dans les régions tempérées, et > aucun dans les régions froides. En résumé, sur seize genres, quinze se ren- contrent dans les régions chaudes, dix ou seulement les deux tiers dans les régions tempérées , et six ou beaucoup moins de la moitié dans les régions froides. Ainsi, n'ayant égard qu'aux formes, nous les trouvons presque toutes dans les régions chaudes. Moins de modifications passent en même temps dans les régions tempérées, tandis que beaucoup moins encore s’avan- cent vers. les régions froides. De là il résulte à n'en pas douter: 1° que les Céphalopodes acétabulifères sont d'autant plus com- _pliqués dans leurs formes , dans leurs caractères, qu’ils habitent des régions plus chaudes ; 2° que leur centre d’animalisation, leurs régions favorites sont sous une température trés élevée. Ces conséquences , auxquelles nous sommes arrivé par la seule étude des formes , sans avoir égard aux nombres spéci- fiques, sont des plus importantes, relativement à l'ensemble des genres que nous avons signalés à l’état fossile ; car elles nous donnent la presque certitude que tous ces genres ont vécu au sein de mers chaudes, ou, du moins, soûs une température bien plus élevée que celle des lieux où l’on rencontre aujourd’hui ces restes, ce qui serait en rapport avec l’action lente du refroidis- sement de la terre. Avant de passer à l'examen numérique des espèces de Cépha: lopodes acétabulifères, nous croyons devoir donner dans le ta- bleau suivant de la répartition des espèces par genre ,non-seule- ment la preuve de ce que nous venons de dire , mais encore les bases des considérations qui vont suivre. Ce tableau démontrera, de plus, le nombre des espèces par genre , et dès-lors fera juger de leur importance relative. 20 A. D'ORBIGNY. — Sur les Céphalopodes acétabulifères. OX TABLEAU comParanir de la distribution géographique actuelle des espèces de Céphalopodes acétabulfères au sein des diffé LATE ITnLers. ESPÈCES TT — NOMS DES -FAMILLES DE pu DE LA DE LA H| et des Genres. NOUS ; ; J L'OCÉAN ATLANT.| GRAND OCÉAN. | MÉDITERRANÉE. MER-ROUGE. À Cuverii. Cuvierti. Cuvieri. Cuvieri. : Vulgaris. Vulgaris. Vulgaris. Vulgaris. - Brevipes. ie » » À Tuberculatus. », TEnberculatus. » Tehuelchus. D: ». » è Rugosus. Rugosus. » » OCTOPIDÆ. » Membranaceus, » » ; » Fontanianus. » » A Genre Ocrorus . » Indicus. » » à | » Aculeatus. Aeuleatus » 2h » Superciliosus. » » h » Aranea. » » À » Lunulatus. » » : » Cordiformis, » » “ » » Tetracirrhus. pa là » » Granosus. » Le » » » . Horridus. : ei ; Cirrhosus. » » » | » » Moschatus. » «à Quoyaaus. » » » | A Venustus. » » » À PHrLONEXIS. . ... Atlanticus. Re > à a Microstomus. » » » | | » » Velfer. » ë | » » Tuberculatus, » ‘{ | Argo. Argo. Argo. » A ARGONAUTA. ... | Hians. Hians. » » ë | ( » Tuberculatus. » » J) SePIDÆ. | Scabra. » » » A CRANGHIA. ..... | Maculata. » » » Oweniana. » » » .\ Atlantica. » » » A'SEPIOLA....... » Japonica. » » » Stenodactyla. » » . » » Rondeleti » À SEPIOLOIDEA. .., | » Lineolata. » » Palpebrosa. » » » RIROSSLA. us > | » Subalata. » » » » Macrosoma. » \ Û A. D'ORBIGNY. — Sur des Céphalopodes acétabulifères. 57 ESPÈCES. ER" a NOMS DES FAMILLES DE pu DE LA DE LA et des Genres. ; ; | L'OCÉAN ATELANT. | GRAND OCÉAN. MÉDITERRANÉE. MER-ROUGE. l Officinalis. » Officinalis. » Hierredda. » » » Bertheloti, » » » Tuberculata. » » » Vermiculata. » » » Ornata. » » » Orbigniana. » Orbigniana. » Capensis. » » » Rupellaria. » » » Antillarun. > Ji » » Gnas ÉMEER ET 1 » Aculeata. » » » Blainvilin. » » » Rostrata. » ù » » Rouxi. » Rouxii. » Latimanus. » » » Sinensis. » » » Inermis. I » » » » Elegans. » » » D'udh. Savigny. » » » Lefebrei. » » » Elongata. | » » » Gibbosa. | Vulgaris. » Vulgaris. » Brasiliensis. » » » Plei. » » » LozrGipz. Perlucida. » » » d. Pealei. » » » : Lor1Go........{ Subulata. » Subulata. » ; Brevis. » » » Reynaudi. > » » ' » Gahi. ; » >» & k » Sumatrensis. » » F \ » Duvanceli. » » a j Sepioidea. » » » » Lunulata. » » » Lessoniana. » » » Mauritana. » » SEPIOTEUTHIS, , , 7 Australis. à Le » Blainvilleana. » °» » Bilineata. » » » Sinensis. » » \ » » » Hemprichii. è 2 » Loliginiformis. |} Pa vo. » » » | \ LOLIGOPSIDXÆ à Guttata. » » | ‘ k | | ' Loxréeorsis. ..,, u Peronii. » » » Chrysoptalma. » » Bomplandi. » » » 28 a. D'ORBIGNY. — Sur les Cephalopodes acélabulifères. NOMS DES FAMILLES DE ESPÈCES DU DE LA DE LA et des Genres. COM , L'OCÉAN ATLANT. | GRAND OCÉAN. | MÉDITERRANÉE. MER-ROUGE. RE CC EL CHIROTEUTHIS . . » » Verany.. » HISTIOTEUTHIS. . » » Bonnelliana: » Bergii. Bergii. » » . o Cardioptera. » » » Caribæa. ) » » TEUTHIDE. e < Banckshi. ». » » ONYCHOTEUTEIS. te » Dussumieri. » » » Platyptera. » » » » Lichtensteni » Morisii . » » » f ri. » » EnorcorEeurers. - csucM » Molinæ. » » E » Armata. DZ » 1: Bartramii. » Baertrami. » Sagittata. » Sagittata. » Cylindricus. » » » OmmasragPses. . { Pelagicus, » » » » Giganteus. » » » Oceanieus. » » » »: Todarus. » » » » Arabicus SPIRULIDEÆ. SPERTILA LS res Fragilis. Le second point de vue, sous lequel nous envisagerons la répartition géographique des Céphalopodes acétabulifères, sera relatif au nombre d'espèces, sans avoir égard aux formes. Ainsi, ne faisant qu'une somme totale de toutes les espèces bien caractérisées et réduites à leur simple valeur, élaguant toutes celles qui sont peu certaines, et celles sur lesquelles. nous n'avons pas de données positives d’habitation , nous allons chercher si les résultats sont les mêmes que pour les formes génériques, relativement à leur répartition sur le globe. Nous connaissons cent huit espèces de Céphalopodes acéta- bulifères, dont guarante-neuf'se rencontrent dans l'Océan Atlan= tique, guaranle-sept dans le grand Océan, vingttrois dans 12 a. D'ORBIGNY. — Sur les Céphalopodes acétabulifères. 29 Méditerranée et onze dans la Mer Rouge (r). Il est bien entendu que ces nombres renferment les espèces qui se trouvent dans plusieurs mers à-la-fois; néanmoins ils démontrent que les mers en nourrissent une quantité, pour ainsi dire, proportionnée à leur étendue, et nous croyons que si le grand Océan ne nous en a pas montré, comparativement à sa vaste superficie, plus que l'Océan Atlantique et que la Méditerranée, cela peut provenir de son éloignement, qui a empêché d'y faire des recherches aussi complètes que dans l'Océan Atlantique. Nous allons prendre maintenant chaque bassin maritime en particulier pour reconnaître le nombre d'espèces qui lui est spécial ou qui se trouve en même temps dans plusieurs autres mers, examinant ainsi quelles parties de ces mers fréquentent les espèces. Parmi les 40 espèces de l'Océan aude nous en rencon- trons 2 habitant simultanément le grand Océan, la Méditerranée et la Mer Rouge, 1 le grand Océan et la Méditerranée, 4 le grand Océan et 7 la Méditerranée (2). Il resterait encore frente-cing espèces propres à l'Océan Atlantique. Sur ce nombre si nous cherchons à quelles parties appartiennent les espèces qui le com- posent, nous trouverons que 16, ou pres de la moitié, sont des zones chaudes de l'Océan, sans dépendre des continens; que 6 sont spéciales aux côtes africaines, 4 à l’Amérique Septentrio- nale, 3 à l'Amérique Méridionale, 3 aux côtes d'Europe, 2 au cap de Bonne-Espérance et une au pôle : ainsi, le plus grand nombre serait des mers chaudes ou des côtes qui en sont baignées. Parmi les 47 espèces du grand Océan ; nous en trouvons 2 vi- vant, en même temps, dans l'Océan Atlantique, la Méditerranée et la Mer Rouge; 1 dans la Méditerranée et l'Océan Atlantique, 1 dans la Mer Rouge, 1 dans l'Océan Atlantique et dans la Médi- (x) On ne connait jusqu'à présent aucun Céphalopode de la Mer Noire, fait reconnu par Aristote (lib. 1x, cap. xxxvii). (2) Il est à remarquer que presque toutes ces espèces voyageuses appartiennent au genre Octopus, 30 A. D'ORBIGNY. — Sur les Céphalopodes acétabulifères. | terranée. Il reste donc encore, après ces soustractions, 38 espèces propres. au grand Océan, sur lesquelles 21 sont de l'Inde ou des mers voisines, 13 de l'Australie ou des mers océaniennes et 4 de l'Amérique Méridionale. Parmi les 23 espèces de la Méditerranée, nous en trouvons 2 habitant simultanément l'Océan Atlantique , le grand Océan et la Mer Rouge, 1 le grand Océan et 7 l'Océan Atlantique. Il reste encore, après ces distinctions, 12 espèces propres à la Méditer- ranée, chiffre énorme quand on le compare à l'étendue restreinte de son bassin. Les espèces méditerranéennes paraissent, du reste, se trouver dans toutes les parties. Parmi les 11 espèces de la Mer Rouge, 2 habitent encore les deux grands Océans et la Méditerranée , et 1 le grand Océan : dès-lors il reste 8 espèces propres à la Mer Rouge. Il résulterait des chiffres qui précèdent, que, malgré le nombre des espèces passant indifféremment d’un Océan à l'autre , il y a, en somme, plus de deux tiers des espèces de chaque mer qui leur sont spéciales ; ce nombre prouve évi- demment que des limites d'habitation fixes existent encore pour des animaux que leur puissance de locomotion, leurs mœurs pélagiennes, devraient répartir à-la-fois au sein de toutes les mers, si, le cap Hornn d’un côté, le cap de Bonne- Espérance de l’autre, n'étaient pas dans une position méri- dionale tout-à-fait en dehors de la zone torride, où habitent presque toutes les espèces, servant dès-lors comme de bar- rière, que ne peuvent franchir les Céphalopodes des régions chaudes, tandis que les espèces indifférentes à la tempéra- ture se trouvent presque toutes dans plusieurs mers à-la-fois. Il est évident pour nous que si le motif que nous venons d'énoncer n'était pas la véritable cause de limites restreintes parmi les Céphalopodes acétabulifères, il en serait de leurs espèces comme des Ptéropodes (1) que nous avons trouvés également dans les deux grands Océans; car les lois de dis- 1) Voyez à cet égard nos généralités, Voyage dans l'Amérique méridionale, Mollusques, [le f | | | | | | | | (l A. D'ORBIGNY. — Sur des Céphalopodes acétabuliféres. 31 tribution géographique , si tranchées par bassins maritimes parmi les Mollusques, comme nous lavons reconnu pour les espèces côtiéres, que leurs habitudes empêchent de voyager, se modifient, dès que ces animaux habitant librement. des mers, peuvent y voyager, ou sont transportés par les eou- rans généraux; mais, comme nous le prouvent les Céphalo- podes, ces modifications n’ont lieu que lorsque leur zone de température propre leur permet de supporter les passages par les régions froides. Nous avons donc la certitude que l’u- nité de température, plus que tous les autres agens, est la véritable base de la distribution géographique des êtres; fait prouvé par l'étude même de la géologie, puisque les espèces sont d'autant moins divisées par fausses locales, que les terrains sont plus anciens, s'étant dès-lors formées à une époque ou la température du globe terrestre était plus uniforme, par suite de la chaleur centrale. Nous allons voir, du reste, siles chiffres des espèces de Cépha:- lopodes acétabulifères, considérés, non plus par bassins, mais bien par zones, sans avoir égard aux circonscriptions des mers, confirment ou infirment les résultats auxquels nous sommes arrivés. L'ensemble des espèces que nous connaissons , divisées en trois séries, sans tenir compte des espèces qu'on trouve simultanément daus plusieurs zones, ou du moins les comptant dans chacune , nous donnent les résultats suivans: Zone chaude. . . .,. . 78 espèces. Zone:tempérée..: 4 20teil 35 Zonbrtroidersius & 1Hoteoceol 7 Sous ce rapport, les résultats étant encore les mêmes; nous croyons , en dernière analyse, pouvoir en conclure avec certi- tude que les Céphalopodes acétabulifères sont plus compliqués et plus nombreux sous la zone torride que partout ailleurs; que cette zone est plus propre à leur habitation , que la diversité des caractères, que le nombre, vont en diminuant d'une manière pro- gressive très rapide, en s’avançant des régions chaudes aux régions tempérées, où ils sont déjà réduits à moins de la moitié, 32 A. D'ORBIGNY. — Sur les Céphalopodes acétabuliféres. et plus encore en arrivant dans les zones froides , où l’on trouve à peine des représentans de TRES séries, comme égarés, de leur zone plus spéciale. Un dernier fait des plus curieux , appartenant encore à la distribution géographique des espèces’, vient, comme une excep- tion singulière , s'interposer au miliéu des lois générales. Nous avons dit que les formes étaient d'autant plus variées , qu’on s’'avance davantage vers des régions plus chaudes, et que le nombre des espèces va également en augmentant dans {a même proportion; mais nous n'avons rien ajouté relativement à la mul-- tiplicité des individus, suivant ces espèces, au nombre comparatif individuel dans les diverses régions , et c’est précisément là que se place l'exception dont nous voulons parler. Dans les régions chaudes, les Céphalopodes acétabulifères sont des plus variés en espèces; dans les régions froïdes, ils le sont beaucoup moins: néanmoins, dans les zones chaudes, nous avons trouvé les individus peu multipliés , tandis que, des deux côtés du monde, aux régions voisines des pôles , nous voyons au pôle sud une seule espèce, l'Onmastrephes giganteus ; au pôle nord’, POr- mastrephes sagittatus , si multipliés l'un et l'autre, que leurs bancs voyageurs, à l'instant des migrations annuelles, viennent encombrer les côtes du Chili et celles de Terre-Neuve, et que la mer, sur une surface immense , en montre partout les restes épars. L’exception que nous venons de signaler, quelque im- portante qu’elle puisse être, ne changera rien aux résultats généraux. Il nous parait évident qu'elle tient plutôt aux habi- tudes sociales des individus de ces deux espèces , qui, dans une saison déterminée, les portent à suivre une direction fixe, qu’à la loi générale, que nous voyons présider à l’ensemble de la répartition des espèces au sein des mers. DUMAS. — Séalique chimique des êtres organisés. 96 Lecon sur la Slatique chimique des élres organisés, Professée par M. Dumas, Pour la clôture de son Cours à l'Ecole de Médecine. Parmi les phénomènes de la vie dont vous êtes appelés à son- der les douloureux mystères, il en est qui se rattachent manifes- tement aux forces que la nature brute met elle-même en jeu, d’autres qui émanent d'une source plus élevée, moins accessible aux hardiesses de la pensée. ‘Ilne m’appartenait pas de jeter avec vous un regard curieux sur toute cette partie de vos études où viennent se ranger les faits qui se rapportent à l'exercice normal ou irrégulier des in- stincts de la vie. A plus forte raison, n’avons-nous jamais eu à nous entretenir de ces nobles facultés, par lesquelles Pintelli- gence humaine, maîtrisant tout ce qui l'entoure, brisant tous les obstacles, pliant toutes les forces naturelles à ses besoins, s’est _ emparée peu-à-peu de la terre, des mers, du globe tout entier; vaste domaine, que nos souvenirs, que nos pressentimens peut- être nous font si souvent considérer pourtant comme une prison trop étroite. À d’autres plus heureux, le soin de vous initier à ces graves études, le privilège de développer devant vous ces nobles pensées; notre tâche plus humble doit se renfermer dans le champ des phénomènes physiques de la vie, et encore en est-il qui n’ont pas dû trouver place dans nos lecons. C'est surtout, en effet, le rôle de la matiere dans la production et l'accroissement des êtres organisés, la part qu’elle prend à lac- complissement des phènomènes de leur existence journalière, les altérations qu’elle éprouve après ieur mort, que nous avions à étudier ensemble, et cette étude a bien suffi à elle seule à nos préoccupations de cette année. L. Les plantes, les animaux, l’homme, renferment ds la matière. D'où” vient-elle? Que fait-elle dans leurs tissus et dans les li- XVI. Zoo. — Juillet. 3 34 Dumas. — Statique chimique des êtres organisés. quides qui les baignent ? Ou va-t-elle quand la mort brise les liens par lesquels ses diverses parties étaient si étroitement unies ? | __ Voilà les questions que nous avons abordées ensemble avec hésitation d’abord; car le problème pouvait être bien au-dessus des forces de la chimie moderne; puis avec un peu plus de con- fiance, quand nous avons senti à cet accord tacite et secret de nos intelligences que la route était sûre et que nous pouvions voir le but se dégageant peu-à-peu de tous les obstacles. Si de ce travail, auquel vous avez assisté, auquel vous avez pris part, dois-je dire plutôt, si de cet effort scientifique sont sorties quel- ques vues générales, quelques formules simples, je devais m’en faire l'historien ; mais laissez-moi le plaisir d'ajouter qu'elles vous appartiennent; qu'elles appartiennent à notre école, dont l'esprit est venu s'exercer sur ce terrain nouveau. C'est l’ardeur avec laquelle vous m'avez suivi dans cette carrière qui ma donné Îa force de la parcourir ; c'est votre intérêt qui m’a soutenu, votre curiosité qui a éveillé la mienne , votre confiance qui m'a fait voir, qui me prouve en ce moment encore que nous sommes dans la route de la vérité. Ces mots vous rappellent avec quel étonnement nous avons reconnu ensemble qu’à ces nombreux élémens de la chimie mo- derne, la nature organique n'en emprunte qu’un trés petit nom- bre; qu’à ces matières végétales ou animales maintenant multi- pliées à l'infini, la physiologie générale n’emprunte pas plus de dix à douze espèces, et que tous ces phénomenes de la vie si sompliqués en apparence se rattachent,en ce qu'ils ont d’essen- tiel, à une formule générale si simple, qu'en quelques mots on a pour ainsi dire tout énoncé, tout rappelé, tout prévu. N’avons-nous pas constaté,en effet, par une foule de résultats que les animaux constituent, au point de vue chimique, de véri- tables appareils de combustion, au moyen desquels, du carbone brülé sans cesse retourne à l'atmosphère sous forme d’acide car- bonique; dans lesquels de l'hydrogène brülé sans cesse, de son côté, engendre continuellement de l’eau; d’où enfin s’exhale sans cesse par la respiration de l'azote libre, de l'azote à l’état d'oxide d’ammonium par les urines ? DUMAS, — Statique chimique des étres organisés. 35 Ainsi, du règne animal considéré dans son ensemble, s'échap- pent constamment de lacide carbonique, de la vapeur d’eau, de l'azote et de l’oxide d'anmmonium, matières simples et peu nom- breuses dont la formation se rattache étroitement à l’histoire de lair lui-même. N'ayons-nous pas constaté d'autre part que les plantes, dans leur vie normale, décomposent l'acide carbonique pour en fixer le carbone et en dégager l’oxigène; qu’elles décomposent Peau pour s'emparer de son hydrogène et pour en dégager aussi l'oxi- gène ; qu'enfin elles empruntent tantôt directement de l'azote à Vair, tantôt mdirectement de l'azote à l’oxide d’ammonium, ou à l'acide nitrique, fonctionnant de tout point ainsi d’une ma- niere inverse de celle qui appartient aux animaux? Si le règne animal constitue un immense appareil de combustion, le règne végétal, à son tour, constitue donc un immense appareil de ré- duction où lacide carbonique réduit laisse son charbon; où l'ean réduite laisse son hydrogène; où l’oxide d’ammonium et l'acide azotique réduits laissent leur ammonium ou leur azote. Si les animaux produisent sans cesse de l'acide carbonique, de l’eau, de l'azote, de l’oxide d’ammonium, les plantes con- somment donc sans cesse de l’oxide d’ammonium, de l’azote, de l’eau, de l'acide carbonique. Ce que les uns donnent à l'air, les autres le reprennent à l'air, de sorte qu'à prendre ces faits au point de vue le plus élevé de la physique du globe, il faudrait dire qu'en ce qui touche leurs élémens vraiment organiques, les plantes, les animaux dérivent de l'air, ne sont que de l'air condensé; et que, pour se faire une idée juste et vraie de la constitution de l'atmosphère aux époques qui ont précédé ia naissance des premiers êtres organisés à la surface du globe, il faudrait rendre à l'air, par le calcul, l'acide carbonique et l'azote dont les plantes et les animaux se sont approprié les élémens. Les plantes et les animaux viennent donc de l'air et y retour- nent donc: ce sont de véritables dépendances de l'atmosphère. Les plantes reprennent donc sans cesse à l'air ce que les animaux lui fournissent, c’est-à-dire du charbon, de l’hydro- a d:. 36 pumas. — Sfutique chimique des étres organisés. gene et de l'azote, ou plutôt de l'acide carbonique, de l'eau et de l’ammoniaque. Reste à préciser maintenant comment, à leur tour, les ani- maux se procurent ces élémens qu'ils restituent à l'atmosphère, et l’on ne pent voir sans admiration pour la simplicité sublime de tontes ces lois de la nature, que les animaux empruntent toujours ces élémens aux plantes elles-mêmes. Nous avons reconnu, en effet, par des résultats de toute évi- dence, que les animaux ne créent pas de véritables matières organiques, mais qu'ils les détruisent; que les plantes, au con- traire, créent habituellement ces mêmes matières, et qu’elles n’en détruisent que peu et pour des conditions particulières et déterminées. | | Ainsi, c'est dans le règne végétal que réside le grand labo- ratoire de la vie organique; c’est là que les matières végétales et animales se forment, et elles s’y forment aux dépens de l'air; Des végétaux, ces matières passent toutes formées dans les animaux herbivores, qui en détruisent une partie et qui accu- mulent le reste dans leurs tissus; Des animaux herbivores, elles passent toutes formées dans les animaux carnivores, qui en détruisent ou en conservent se- lon leurs besoins; Enfin, pendant la vie de ces animaux ou après leur mort, ces matières organiques, à mesure quelles se détruisent, retour- nent à l’atmosphere d’ou elles proviennent. _—. Ainsi se ferme ce cercle mystérieux de la vie organique à la surface du globe. L'air contient ou engendre des produits oxi- dés, acide carbonique, eau, acide azotique, oxide d'ammonium. Les plantes, véritables appareils réducteurs, s'emparent de leurs radicaux, carbone, hydrogène, azote, ammonium. Avec ces ra- dicaux, elles façconnent toutes les matières organiques ou orga- nisables qu’elles cèdent aux animaux. Ceux-ci, à leur tour, vé- ritables appareils de combustion, reproduisent à leur aide Pacide carbonique, l’eau, l’oxide d’ammonium et l'acide azotique, qui retournent à l'air pour reproduire de nouveau et dans l’immen- sité des siècles les mêmes phénomènes. Et si l'on ajoute à ce tableau, déjà si frappant par sa simpli- DUMAS. — Slatique clumique des ëtres organisées. 37 cité et sa grandeur, le rôle incontesté de la lumière solaire, qui seule a le pouvoir de mettre en mouvement cet immense ap- pareil, cet appareil inimité jusqu'ici, que le règne végétal con- stitue et où vient s'accomplir la réduction des produits oxidés de l'air, on sera frappé du sens de ces paroles de Lavoisier : « L'organisation, le sentiment, le mouvement spontané, la « vie n'existent qu'à la surface de la terre et dans les lieux ex- « posés à la lumière. On dirait que la fable du flambeau de Pro- « méthée était l'expression d’une vérité philosophique qui n’a- « vait point échappé aux anciens. Sans la lumiere, la nature « était sans vie, elle était morte et inanimée : un Dieu bienfai- « sant, en apportant la lumière ,.a répandu sur la surface de la « terre l’organisation, le sentiment et la pensée. » Ces paroles sont aussi vraies qu'elles sont belles. Si le senti- ment et la pensée, si les plus nobles facultés de l’âme et de l'intelligence ont besoin , pour se manifester, d’une enveloppe matérielle, ce sont les plantes qui sont chargées d’en ourdir la. trame avec des élémens qu elles empruntent à l'air, et sous l’in- fluence de la lumière que le soleil, où en est la source inépui- sable, verse constamment et par torrens à la surface du globe. Et comme si, dans ces grands phénomènes, tout devait se rattacher aux causes qui en paraissent le moins proches, ii faut remarquer encore comment l’oxide d’ammonium , l'acide azo- tique, auxquels les plantes empruntent une partie de leur azote, dérivent eux-mêmes presque toujours de l’action des grandes étincelles électriques qui éclatent dans les nuées orageuses, et qui, sillonnant l'air sur une grande étendue, y produisent l’azo- tate d’ammoniaque que l'analyse y décèle. Ainsi, des bouches de ces volcans dont les convulsions agi- tent si souvent la croûte du globe, s'échappe sans cesse la prin- cipale nourriture des plantes, l'acide carbonique; de l’atmo- sphère enflammée par les éclairs et du sein même de la tem- pête descend sur la terre cette autre nourriture non moins indispensable des plantes, celle d’où vient presque tout leur azote, ie nitrate d’'ammoniaque, que renferment les pluies d'orage. Ne dirait-on pas comme un souvenir de ce chaos dont parle 58 DÜMAS: == Stalique chimique des étres OrTSanises. la Bible, de ces temps de désordre et de tumulte des élémens qui ont précédé l'apparition des êtres organisés sur la terre? _ Mais à peine l'acide carbonique et l’azotate d’ammoniaque sont-ils formés au’une force plus calme, quoique non moins énergique, vient les mettre en jeu : c’est la lumière. Par elle, l'acide carbonique cède son carbone, l’eau son hydrogène, la- zotate d'ammoniaque son azote. Ces élémens s'associent, les matières organisées se forment et la terre revêt son riche tapis Je verdure. C’est donc en absorbant sans cesse une véritable force, la lu- mière et la chaleur émanées du soleil, que les plantes fonction- nent et qu'elles produisent cette immense quantité de matière organisée ou organique, pâture destinée à la consommation du # règne animal. Et si nous ajoutons que les animaux produisent, de leur cô- té, de la chaleur et de la force en consommant ce que le règne animal _& produit et a lentement accumulé , ne semble-t-il pas que la fin dernière de tous ces phénomènes, que leur formule la plus générale se révèle à nos yeux? | L'atmosphère nous apparaît comme renfermant les matières premières de toute l’organisation ; les volcans et les orages comme les laboratoires où se sont faconnés d’abord l'acide car- bonique et l’azotate d’ammoniaque dont la vieavait besoin pour se manifester ou se multiplier. A leur aide, la lumière vient développer le règne végétal, pro- ducteur immense de matière organique; les plantes absorbent la force chimique qui leur vient du soleil pour décomposer acide carbonique, l’eau et l’azotate d’ammoniaque, comme si les plantes réalisaient un appareil réductif supérieur à tous ceux que nous connaissons; car aucun d’eux ne décomposerait l'acide carbonique à froid. Viennent ensuite les animaux, consommateurs de matière et producteurs de chaleur et de force, véritables appareïls de com- bustion. C'est en eux que la matière organisée revêt sa plus haute expression sans doute; mais ce n’est pas sans en souffrir qu’elle devient l'instrument du sentiment et de la pensée; sous cette influence, la matière organisée se brûle, et en produisant DUMAS. — Sialique chimique des étres Crgalusés. 39 cette chaleur, cette électricité qui font notre force et qui en mesurent le pouvoir, ces matières organisées où organiques s’a- néantissent pour retourner à l’atmosphere d’où elles sortent. L’atmosphère constitue donc ie chainon mystérieux qui lie le règne végétal au règne animal. Les végétaux absorbent donc de la chaleur et accumulent donc de la matière qu’ils savent organiser. Les animaux par lesquels cette matière organisée ne fait que passer, la brülent ou la consomment pour produire à son aide la chaleur et les diverses forces que leurs mouyemens mettent à profit. | | Permettez donc, qu'empruntant aux sciences modernes une image assez grande pour supporter la comparasion avec ces grands phénomènes , nous assimilions ja végétation actuelle , véritable magasin où s’alimente la vie animale, à cet autre ma- gasin de charbon que constituent les anciens dépôts de houille, et qui brülé par le génie de Papin et de Watt, vient produire aussi de l'acide carbonique, de l'eau, de la chaleur, du mouve- _ ment, on dirait presque de la vie et de l'intelligence. Pour nous le règne végétal constituera donc un immense dépôt de combustible destiné à être consommé par le règne animal , et où ce dernier trouve la source de la chaleur et des forces locomotives qu'il met à profit. Ainsi un lien commun entre les deux règnes, l’atmosphère; quatre élémens dans les plantes et dans les animaux, le carbone, l'hydrogène, l'azote et l’oxigène; un très petit nombre de for- -mes sous lésquelles les végétaux les accumulent, sous lesquelles les animaux les consomment, quelques lois très simples que leur enchainement simplifie encore; tel serait le tableau de _ état de la chimie organique la plus élevée, qui résulterait de nos conférences de cette année. | Vous avez compris comme moi qu'avant de nous séparer nous avions besoin de nous recueillir en nous-mêmes, de préciser tous. les faits, de rapprocher et de résumer les opinions qui expli- quent et développent ces grands principes; enfin qu'il était utile à vos études futures de vous donner par écrit et sous une forme plus nette l'expression de ces vues nées en partie sous lexcita- ho numas. — Siutique chimique des êtres organisées. tion de vos regards, et par conséquent formulées avec l'hésita- tion qui accompagne si souvent le premier jet de toutes nos ensées. P IE. Puisque tous les phénomenes de la vie s'exercent sur des ma- tières qui ont pour base le carbone, l'hydrogène, l'azote, l’oxi- gène; puisque ces matières passent du règne animal au règne , ’ . , . . 3 = ° végétal par des formes intermédiaires, l’acide carbonique, l’eau et l’oxide d'ammonium; puisqu'enfin l'air est la source où ie | règne végétal s’alimente, qu’il est le réservoir dans lequel le règne animal vient s’anéantir, nous sommes conduits à étudier rapide- ment ces divers corps au point de vue particulier de la physiolo- gie générale. Composition de l'eau. — L'eau se forme et se décompose sans cesse dans les animaux et les plantes; pour apprécier ce qui en résulte, voyons d'abord quelle est sa composition. Des expé- riences fondées sur la combustion directe de F RyAp ose et où j'ai produit plus d'un kilogramme d’eau artificielle ; ex périences très difficiles, très délicates, il est vrai, mais dont les erreurs seraient, du reste, sans importance pour les circonstances qui nous occupent, rendent très probable que l’eau est formée, en poids, De r partie d'hydrogène Et 8 parties oxigene, et que ces nombres entiers et simples exptinent le véritable rapport suivant lequel se combinent ces deux élémens pour con- stituer l'eau. s Comme les matières se représentent toujours aux yeux du chi- miste par des molécules, comme il cherche toujours à rattacher dans sa pensée, au nom même de chaque matière, le poids de la molécule, la simplicité de ce PADHEEE n'est pas sans quelque importance. En effet, chaque molécule d’eau se trouvant formée d’une mo- lécule d'hydrogène et d’une molécule d’oxigène, on arrive à ces nombres simples qui ne s’oublient plus. Une molécule d'hydrogène pèse 1; une molécule d'oxigène pèse 8, et une molécule d'eau pèse 0. DUMAS. — Siatique chimique des ëétres organisés. 41 - Composition de l'acide carbonique. — L'acide carbonique se produit sans cesse dans les animaux, et se décompose sans cesse dans les plantes; sa composition méritait donc un attention spé- ciale à son tour. Or l'acide carbonique comme l’eau se représente par les nom- bres les plus simples. Des expériences fondées sur la combustion directe du diamant et sur sa conversion en acide carbonique m'ont prouvé que cet acide se forme de la combinaison de 6 parties en poids de car- bone pour 16 parties en poids d’oxigène. On est donc conduit à se représenter l'acide carbonique comme étant formé d’une molécule de carbone pesant 6 pour deux,mo- lécules d’oxigène pesant 16, ce qui constituerait une molécule d'acide carbonique pesant 22. Composition de l’ammoniaque. — Enfin l'ammoniaque à son tour semble formé en nombres entiers de 3 parties d'hydrogène pour 14 d'azote, ce qui peut se représenter par 3 molécules d’hy- drogène pesant 3 et par une molécule d’azote pesant 14. Ainsi, comme pour montrer mieux toute sa puissance, la na- ture n'opère, quand il s’agit de l’organisation, que sur un très petit nombre d’élémens combinés dans les rapports les plus simples. Tout le système atomique du physiologiste roule sur ces quatre nombres : 1, 6, 7, 8. 1, C’est la molécule d'hydrogène: 6, celle du carbone; 7, ou deux fois 7, c’est-à-dire 14, celle de l'azote; 8, celle de l’oxigène. Qu'il rattache toujours ces nombres à ces noms, car pour le chimiste, il ne saurait exister ni hydrogène, ni carbone, ni azote, ni oxigène abstraits. Ce sont ces êtres dans leur réalité qu'il a toujours en vue; c'est de leurs molécules qu’il parle toujours, et pour lui le mot hydrogène peint une molécule qui pese r, le _ mot carbone une molécule qui pèse 6, et le mot oxigène une . molécule qui pèse 8. Composition de Pair. — T'air atmosphérique, qui joue un si grand rôle dans la nature organique, possède-t-il aussi une com- 42 puMas. — Sfatique chimique des étres organisés. position simple comme l’eau, l'acide carbonique et lammonia- que? Telle est la question que nous avons récemment étudiée, M. Boussingault et moi. Or, nous avons trouvé, comme le pen- saient le plus grand nombre des chimistes, et contrairement à l'opinion du docteur Prout, à qui la chimie doit tant de vues ingénieuses, que l'air est un mélange, un véritable mélange. En poids, l'air renferme 2,300 d'oxigène pour 7,700 d'azote; en volume, 208 du premier pour 762 du second. L'air renferme en outre de 4 à 6710,o00° d'acide carbonique en volume, soit qu'on le prenne à Paris, soit qu’on le prenne à la campagne. Ordinairement, il en renferme 4710,000°. De plus, il contient une quantité presque égale de ce gaz hy- drogène carboné, qu’on nomme gaz des‘marais, et que les eaux stagnantes laissent dégager à chaque instant. Nous ne parlons pas de la vapeur aqueuse si variable; de l'oxide d’ammonium et de l'acide azotique, qui ne peuvent avoir dans l'air qu’une existence momentanée à raison de leur selubilité dans l’eau. L'air constitue donc un mélange d'oxigène, d'azote, d’acide carbonique et de gaz des marais. L’acide carbonique y varie, et même beaucoup, puisque les différences y vont presque du simple au double, de 4 à6710,000°. Ne serait-ce pas la preuve que les plantes lui enlevent cet acide carbonique et que les animaux lui en reprennent, ne serait-ce pas, en un mot, la preuve de cet équilibre des élémens de l'air attribué aux actions inverses que les animaux et Îles plantes pro- duisent sur lui? Il ya long-temps, en effet, qu’on l’a remarqué; les animaux empruntent à l’air son oxigène et lui rendent de l'acide carbo- nique; les plantes à leur tour décomposent cet acide carbonique pour en fixer le carbone et restituent son oxigène à l'air. Comme les animaux respirent toujours, comme les plantes ne respirent que sous l'influence solaire; comme en hiver la terre est dépouillée, tandis qu’en été elle est couverte de verdure, on a cru que l'air devait traduire toutes ces influences dans sa con- stitution. DUMAS. — Siatique chimique des ëtres organisés. 43 L’acide carbonique devait augmenter la nuit et diminuer le jour. L’oxigène à son tour devait suivre une marche inverse, L’acide carbonique devait aussi suivre le cours des saisons et l'oxigène subir le même sort. Tout cela est vrai, sans doute, et très sensible pour une por- tion d’air limitée et confinée sous une cloche, mais dans la masse de l’atmosphère toutes ces variations locales se confondent et disparaissent. Il faut des siècles accumulés pour que ceite ba- lance des deux règnes au sujet de la composition de l'air puisse être mise en jeu d’une manière efficace et nécessaire ; nous som- mes donc bien loin de ces variations journalières ou annuelles qu'on était disposé à regarder comme aussi faciles à observer qu’à prévoir. Relativement à l’oxigene, le calcul montre qu'en exagérant ioutes les données, il ne faudrait pas moins de 800,000 années aux animaux vivans à la surface de la terre, pour le faire dispa- raitre en entier. Par conséquent, si l’on supposait que l'analyse de l'air eût été faite en : 800, et que pendant tout le siècle les plantes eussent cessé de fonctionner à la surface du globe entier, tous les ani- maux continuant d'ailleurs à vivre, les analystes en 1900 trouve- raient l’oxigène de l'air diminué de 178000 de son poids, quan- tité qui est inaccessible à nos méthodes d'observations les plus délicates, et qui à coup sûr n'’influerait en rien sur la vie des animaux ou des plantes. Ainsi, nous ne nous y tromperons pas, l’oxigène de l’air est consommé par les animaux, qui le convertissent en eau et en acide carbonique; il est restitué par les plantes qui décompo- sent ces deux corps. Mais la nature a tout disposé pour que le magasin d’air fût tel relativement à la dépense des animaux, que la nécessité de l'in- tervention des plantes pour la purification de l'air ne se fit sen- ür qu'au bout de quelques siècles. L'air qui nous entoure pèse autant que 581,000 cubes de cuivre d'un kilomètre de côté; son oxigène pèse autant que 194,000 de ces mêmes cubes. En supposant la terre peuplée de mille millions d'hommes, et en portant la population animale A4 vumas. — Séatique chimique des étres organisés. à une quantité équivalente à trois mille millions d'hommes, on trouverait que ces quantités réunies ne consomment en un siècle qu'un poids d’oxigène égal à 15 ou 16 kilomètres cubes de cuivre, tandis que l’air en renferme 134,000. Il faudrait 10,000 années pour que tous ces hommes pussent produire sur l'air un effet sensible à l'eudiomètre de Volta; même en supposant la vie végétale anéantie pendant tout ce temps. En ce qui concerne la permanence de la composition de Pair, nous pouvons dire en toute assurance que la proportion d’oxi- gène qu'il renferme est garantie pour bien des siècles, même en supposant nulle l'influence des végétaux, et que néanmoins ceux-ci lui restituent sans cesse de l’oxigène en quantité au moins égale à ceile qu’il perd, et peut-être supérieure; car les végétaux vivent tout aussi bien aux dépens de l’acide carboni- que fourni par les volcans, qu'aux dépens de l'acide carboni- que fourni par les animaux eux-mêmes. Ce n'est donc pas pour purifier l’air que ceux-ci respirent que les végétaux sont surtout nécessaires aux animaux; c'est pour leur fournir surtont, et incessamment, de la matière organique toute prête à l'assimilation; de la matière organique, qu'ils puis- sent brüler à leur profit. Il y à donc un service nécessaire sans doute, mais si éloigné que notre reconnaissance en est bien petite, que les végétaux nous rendent, en purifiant l'air que nous consommons. Il en est un autre tellement prochain que si, pendant une seule année, il nous faisait défaut, la terre en serait dépeuplée, c’est celui que ces mêmes végétaux nous rendent en préparant notre nourriture et celle de tout le règne animal. C’est en cela surtout que réside cet enchainement des deux règnes. Supprimez les plantes et les animaux périssent tous d’une affreuse disette; la nature or- ganique elle-même disparait tout entière avec eux, en quelques saisons. Cependant, avons-nous dit, l’acide carbonique de l'air varie de 4 à 610,000. Ces variations sont trés faciles à observer et très fréquentes. N'est-ce pas là un phénomène qui accuse lin- DUMAS. — Satique chimique des êtres organisés. 49 flience des animaux qui introduisent cet acide dans l'air et celle des végétaux qui le lui enlèvent? Non, vous le savez, ce phénomène est un simple phénomène météorologique. Il en est de l'acide carbonique comme de la vapeur aqueuse, qui se forme à la surface des mers, pour se ‘condenser ailleurs, retomber en pluie et se reproduire encore sous forme de vapeur. Cette eau qui se condense et tombe, dissout et entraine l’acide carbonique; cette eau qui s'évapore abandonne ce même gaz à l'air. | Il y aurait donc un grand intérêt météorologique à mettre en regard les variations de l'hygromètre et celles des saisons ou de l'état du ciel avec les variations de l'acide carbonique de l'air; mais jusqu ici tout tend à montrer que ces variations rapides constituent un simple évènement météorologique, et non pas comme on l'avait pensé un évènement physiologique qui, con- sidéré isolément, produirait à coup sûr des variations infiniment plus lentes que celles qu'on observe en réalité tant dans les villes qu’à la campagne elle-même. Ainsi l'air est un immense réservoir où les plantes peuvent long-temps puiser tout l'acide carbonique nécessaire à leurs be- soins, où les animaux, gendant bien plus long-temps encore, trouveront tout l’oxigène qu'ils peuvent consommer. C’est aussi dans l'atmosphère que les plantes puisent leur azote, soit directement, soit indirectement; c'est là que les animaux le restituent en définitive. L’atmosphère est donc un mélange qui reçoit et fournit sans cesse de l’oxigene, de l’azote ou de l'acide carbonique, par mille échanges dont il est maintenant facile de se former une juste idée, et dont une analyse rapide va nous permettre d’apprécier les détails. IT. Que l’on jette une semence en terre, et qu'on lalaisse germer et se développer, qu’on suive la nouvelle plante jusqu'à ce qu’elle ait porté fleurs et graines à son tour, et l'on verra par des 46 pumas. — Statique chimique des étres Grganisés. analyses convenables que la semence primitive, en produisant le nouvel être, a fixé du carbone, de l'hydrogène, de l'oxigène, de l'azote et des cendres. Carbone. — Le carbone provient essentiellement de l'acide carbonique, seit qu'il ait été emprunté à l'acide carbonique de l'air, soit qu’il provienne de cette autre partie d'acide carbonique que la décomposition spontanée des engrais développe sans cesse au contact de racines. Mais c’est dans l'air surtout que le plus souvent les plantes | puisent leur carbone. Comment en serait-il autrement quand on voit l'énorme quantité de carbone qu'ont su s'approprier des arbres séculaires par exemple, et l’espace si limité pourtant dans lequel leurs racines peuvent s'étendre? À coup sür, quand à germé le gland qui a produit, il y a cent ans, le chêne qui fait notre admiration maintenant, Île terrain sur lequel il était tombé ne renfermait pas la millionième partie du charbon que le chêne lui-même renferme aujourd’hui. C’est l’acide carboni- que de l'air qui a fournile reste, c'est-à-dire la masse à- peur près entiere. Mais quoi de plus clair et de plus concluant d’ailleurs, que cette expérience de M. Boussingault où des pois semés dans du sable, arrosés d’eau distillée et alimentés d’air seulement, ont trouvé dans cet air tout le carbone nécessaire pour se développer, fleurir et fructifier. Toutes les plantes fixent du carbone, toutes l'empruntent à l'acide carbonique, soit que celui-ci soit pris directement à l’air par les feuilles, soit que les racines puisent dans la terre les eaux pluviales imprégnées d'acide carbonique, soit que les engrais, en se décomposant dans le sol, fournissent de l'acide carbo- nique dont les raciness ’ermparent aussi pour les M AUX feuilles. Tous ces résultats se constatent sans peine. M. Bot Sie a vu des feuilles de vigne enfermées dans un ballon prendre tout l'acide carbonique de l'air qu’on dirigeait au travers de ce vase, quelque rapide que füt le courant. M. Boucherie a vu à son tour s'échapper, du tronc coupé des arbres en pleine sève, des quan- DUMAS. — Staiique chimique des étres organisées. 7 tités énormes d’acide carbonique évidemment aspiré du sol par les racines. Mais si les racines puisent dans le sol cet acide carbonique, si celui-ci passe dans la tige et de là dans les feuilles , il finit par s’exhaler dans l'atmosphère, sans altération quand aucune force nouvelle n'intervient. Tel est le cas des plantes végétant à l'ombre où dans la nuit. L’acide carbonique du sol filtre au travers de leurs tissus et se répand dans l'air. On dit que les plantes produisent de l'acide carbonique pendant la nuit; il faut dire que les plantes, en pa- reil cas, laissent passer de l'acide carbonique emprunté au sol. Mais que cet acide carbonique venant du sol ou pris à l’atmo- sphère se trouve en contact avec les feuilles on les parties ver- tes, que la lumière solaire intervienne d’ailleurs, et alors la scène change tout-à coup. L’acide carbonique disparait. Des bulles déliées d’oxigène se développent sur tous les points de la feuille et le carbone se fixe dans les tissus de la plante. Chose bien digne d'intérêt, ces parties vertes des plantes, les seules qui jusqu'ici puissent manifester cet admirable phéno- mène de la décomposition de l'acide carbonique sont aussi douées d’une autre propriété non moins spéciale, non moins mystérieuse. En effet, vient-on à transporter leur image dans l'appareil de M. Daguerre, ces parties vertes ne s’y trouvent pas reproduites, comme si tous les rayons chimiques, essentiels aux phénomènes daguerriens , avaient disparu dans la feuille, absorbés et retenus par elle. Les rayons chimiques de la lumière disparaissent donc en en- tier dans les parties vertes des plantes, absorption extraordinaire sans doute, mais qu'explique sans peine la dépense énorme de force chimique nécessaire à la décomposition d’un corps aussi stable que l'acide carbonique. Quel est d’ailleurs le rôle de ce carbone fixé dans la plante? A quoi est-il destiné ? Pour la majeure partie sans doute, il se com- bine à l’eau ou à ses élémens, donnant ainsi naissance à des ma- tières de la plus haute importance pour le végétal. LS Dumas. — Statique chimique des étres organisés. Que 12 molécules d’acide carbonique se décomposent et aban:- donnent leur oxigène, et il en résultera 12 molécules de car: bone qui, avec 10 molécules d'eau, pourront constituer soit le tissu cellulaire des plantes, soit leur tissu ligneux , soit l’'amidon et la dextrine qui en dérive. Ainsi dans une plante quelconque, la masse presque entière de la charpente formée comme elle l’est par du tissu cellulaire , du tissu ligneux, de l’amidon ou des matières gommeuses se représentera par 12 molécules de charbon unies à ro molécules d'eau. Le ligneux , insoluble dans Peau ; l’amidon, qui fait empois dans l’eau bouillante et la dextrine , qui se dissout si bien dans l’eau à froid ou à chaud, constituent donc, comme la si bien prouvé M. Payen, trois corps doués exactement de la même composition , mais diversifiés par un arrangement moléculaire différent. Ainsi, avec les mêmes élémens, dans les mêmes proportions, la nature végétale produit ou bien les parois insolubles des cel- lules du tissu cellulaire et des vaisseaux, ou bien l’amidon qu’elle accumule comme aliment autour des bourgeons et des embryons, ou bien la dextrine soluble que la sève peut transnorter d’une place à l’autre pour les besoins de la plante. Admirable fécondité, qui sait du même corps en faire trois différens et qui permet de les transmuter l’un en l’autre avec la plus faible dépense de force toutes les fois que l’occasion l'exige. C'est encore au moyen du charbon uni à l’eau que se pro- duisent les matières sucrées si fréquemment déposées dans les organes des plantes pour des besoins spéciaux que nous rappel- lerons bientôt. r2 molécules de carbone et 11 molécules d’eau forment lesucre de canne. 12 molécules de carbone et 15 mo- lécules d’eau font le sucre de raisin. Ces matières ligneuses, amylacées, gommeuses et sucrées, que le charbon, pris à l’état naissant, peut produire en s'unis- sant à l’eau, jouent un rôle si large dans la vie des plantes, qu'il n’est plus difficile de s'expliquer, quand on les prend en consi- 4 PCR, © En DUMAS. — Sialigtue chimique des êtres organisés. #9 Mririon, le rôle important que joue dans les plantes la décom- position de l'acide carbonique. Hydrogène. — De même que les plantes décomposent l'acide carbonique pour s'approprier son carbone et pour former avec celui-ci tous les corps neutres qui composent leur masse pres- que entière, de même, et pour certains produits qu'elles for- ment en moindre abondance, les plantes décomposent l’eau et en fixent l'hydrogène. C'est ce qui ressort clairement des expé- riences de M. Boussingault sur la végétation des pois en vais- _seaux clos! Cest ce qui ressort plus clairement encore de la production des huiles grasses ou volatiles si fréquentes dans certaines parties des plantes et toujours si riches en hydrogène. Celui-ci ne peut venir que de l’eau, car la plante ne reçoit pas d'autre prodüit hydrogéné que l’eau elle-même. Ces corps hydrogénés, auxquels donne naissance la fixation de l'hydrogène emprunté à l’eau, sont employés parles plantes à des usages accessoires. Ils constituent en effet les huiles volatiles qui servent de défense contre les ravages des insectes; des huiles grasses ou des graisses , dont la graine s’entoure, et qui servent à développer dé la chaleur en.se “brâlant au moment de la ger- mipation; des cires dont: les feuilles ou les fruits se revétent pour devenir imperméables : à l'eau. Mais tous ces usages ne constituent que des accidens de la vie des plantes; aussi. es produits hydrogénés sont-ils bien moins nécessaires, bién moins communs dans le règne végétal que les produits neutres formés de charbon et d'eau. Azole. —- Pendant sa vie, toute plante fixe de l'azote, soit qu'elle emprunte cet azote à l'atmosphère, soit qu'elle le prenne aux engrais. Dans les deux cas ilest probable que l'azote n’arrive dans la plante et ne s’y utilise que sous forme d’'ammoniaque ou d’azide azotique. L Les expériences de M. Boussingault ont prune que certaines _ plantes, comme les topinambours, empruntent à air une grande quantité d'azote ; ; que d’autres, comme le froment, ont au con- traire: besoin de tirer tout Lis azote des engrais; distinction précieuse pour l'agriculture, car il faut évidemment, dans toute culture, commencer par produire les végétaux qui. s assimilent XV. Zoor., — Juillet. 4 5o pumas. — Slalique chimique des étres organisés. l'azote et l'air, élever à leur aide les bestiaux qui fourniront des engrais et tirer parti de ces derniers pour la culture de certaines plantes qui ne savent prendre l’azote que dans les engrais eux- mêmes. L'un des plus beaux biais de Pagriculture réside donc dans l’art de se procurer de l’azote à bon marché. Pour le car- bone, il n’y a pas à s’en inquiéter; la nature yÿ a pourvu; l'air et l’eau pluviale y suffisent. Mais l'azote de l'air, celui que l’eau dissout et entraîne, les sels ammoniacaux que l’eau pluviale re- cèle elle-même ne sont pas toujours suffisans. Pour la plupart des plantes de culture importante il faut encore entourer leurs racines d’un engrais azoté, source permanente d'ammoniaque ou d’acide azotique, dont la plante s'empare à mesure de leur production. C’est là, comme on sait, une des grandes dépenses de l’agriculture, un de ses grands obstacles, car elle ne retrouve que l'engrais qu’elle produit elle-même. Mais la chimie est assez avancée sur ce point pour que le problème de la produc- tion d’un engais azoté purement chimique ne puisse tarder à être résolu. M. Schatterman, l’habile directeur des usines de RS ALES HU en Alsace, M. Boussingault, M. Liebig, ont fixé l’attention sur le rôle de lammoniaque dans les engrais azotés. Des essais ré- ens montrent que l'acide azotique des azotates mérite aussi ine attention particulière. Mais à quoi sert donc cet azote dont les plantes semblent avoir in besoin si impérieux” Les recherches de M. Payen nous l’ap- srennent en partie, car elles ont prouvé que tous les organes de la plante, sans exception, commencent par être formés d’une matière azotée analogue à la fibrine à laquelle viennent s’asso- ciér plus tard le tissu cellulaire , le tissu ligneux , le tissu amy- lacé lui-même. Cette matière azotée, véritable origine de toutes les parties de la plante, ne se détruit Jamais; on la retrouve tou- jours, quelque abondante que soit la matière non azotée qui est venue s’interposer entre ses propres particules. Cet azote, fixé par les plantes , sert donc à produire une sub- | stance fibrineuse concrète qui fait le rudiment de tous les orga- 1| es du végétal. | DUMas. — Séatique chimique des étres organisés. 51 Il sert à produire en outre l’albumine liquide que les sucs coa- gulables de toutes les plantes recèlent, etle caséum, si souvent confondu avec l'albumine, mais si facile à reconnaître dans beau- coup de plantes. La fibrine, l’albumine, le caséum existent donc dans les plantes. Ces trois produits, identiques d’ailleurs dans leur com- position, ainsi que M. Vogel l'a prouvé depuis long-temps, pré- sentent une analogie singulière avec le ligneux, l’amidon et la dextrine. En effet, la fibrine est insoluble comme la matière ligneuse; l’albumine se coagule à chaud comme l’amidon; le caséum est soluble comme la dextrine. Ces matières azotées sont neutres d’ailleurs aussi bien que les trois matières non azotées paralléles, et nous verrons qu’elles jouent, par leur abondance dans le règne animal, le même rôle que ces dernières nous ont offert dans le règne végétal. En outre, de même qu'il suffit, pour former les matières non azotées neutres, d’unir du carbone à l’eau ou à ses élémens, de même, pour former ces matières azotées neutres, il suffit d’unir le carbone et l’ammonium aux élémens de l’eau. 48 molécules de carbone, 6 d'ammonium et 17 d’eau constituent ou peuvent constituer la fibrine, l’albumine et le caséum. Ainsi, dans les deux cas, des corps réduits, carbone ou am- monium, et de l’eau suffisent à former les matières qui nous oc- cupent, et leur production rentre tout naturellement dans le cercle des réactions que la nature végétale semble surtout pro- pre à produire. Le rôle de l'azote dans les plantes est donc digne de la plus sérieuse attention, puisque c’est lui qui sert à former la fibrine qu’on retrouve comme rudiment dans tous les organes, puisque c’est lui qui sert à produire l’albumine et le caséum, si large- ment répandus dans tant de plantes, et que les animaux s’assi- inilent ou modifient pour leurs propres besoins. C’est donc dans les plantes que réside le véritable laboratoire de la chimie organique; le cirbone, l’hydrogène, l’ammonium et l'eau sont donc les principes que les plantes élaborent ; la matière ligneuse, l’amidon, les gommes et les sucres d’une part, f 4e 52 pumas. — Sratique chimique des étres organisés: la fibrine, l’albumine, le caséum et le gluten de l’autre sont donc les produits fondamentaux des deux règnes; produits, formés dans les plantes et dans les plantes seules, et pe par la digestion dans les animaux. Cendres. — Une immense quantité d’eau traverse le végétal pendant la durée de son existence. Cette eau s’évapore à la sur- face des feuilles et laisse nécessairement pour résidu, dans la plante, les sels qu'elle contenait en dissolution. Ces sels consti- tuent les cendres, produits évidemment empruntés au sol} et qu après leur mort les végétaux lui restituent. Quant à la formie sous laquelle se déposent ces produits mi- néraux dans le tissu végétal, rien de plus variable, Remarquons toutefois que parmi les produits de cette nature, l’un des plus fréquens et des plus abondans consiste en ce pectinate de chaux, reconnu par M. Jacquelain dans Île tissu Fe de la plupart des plantes. BNC pit Si, dans l'obscurité, les plantes fonctionnent comme de sim- ples filtres que traversent l'eau et les gaz; si, sous l'influence de la lumière solaire, elles fonctionnent comme des appareils réduc- teurs qui décomposent l'eau, l'acide carbonique et l’oxide d’am- monium, ilest certaines époques et certains organes ou la plante revêt un autre rôle, un rôle tout opposé. En effet, s'agit-il de faire germer un embryon, de développer un bourgeon, de féconder une fleur, la plante qui absorbaït la chaleur solaire, qui décomposait l’acide carbonique et l'eau, change tout-à-coup d’allure. Elle brüle du carbone et de l'hydro- gène; elle produit de la chaleur , c'est-à-dire qu’elle s'approprie les principaux caractères de l’animalité. Mais ici une circonstance remarquable se révèle. Si l'on fait : germer de l'orge, du blé, il se produit beaucoup de chaleur d'acide carbonique et d’eau. L’amidon de ces graines se change d’abord en gomme, puis en sucre, puis il disparaît en produi- sant l'acide carbonique recueilli. Une pomme de terre germe-t- elle, c’est encore son amidon qui se change en dextrine, puis en sucre, et qui produit enfin de l'acide carbonique et de la cha- DUMAS. — Sfatique chimique des étres organisés. 53 leur. Le sucre semble donc l'agent au moyen duquel les plantes développent de la chaleur au besoin. Comment n'être pas frappé des-lors de la Me des faits suivans : La fécondation est toujours accompagnée de chaleur; les fleurs respirent en produisant de l’acide carbonique. Elles consomment donc du charbon et si l’on se deinande d’où vient ce charbon, on voit que dans la canne à sucre, par exemple, le sucre accumulé dans la tige a disparu en entier quand la florai- son et la fructification sont accomplies. Dans la betterave, le sucre va toujours en augmentant dans la racine jusqu’à la flo- raison ; la betterave porte-graine ne contient plus trace de su- cre dans sa racine. Dans le panais, le navet, la carotte, les mêmes phénomènes se reproduisent. Ainsi donc à certaines époques, dans certains organes, la plante se fait animal, elle devient comme lui appareil de com- bustion; elle brüle du carbone et de l’hydrogène; elle développe: de la chaleur. Mais à ces mèmes époques elle détruit en abondance des ma- _tières sucrées qu'elle avait lentement accumulées et emmaga- sinées. Le sucre, ou l’amidon converti en sucre sont donc les matières premieres, au moyen desquelles les plantes dévelop- pent au besoin la chaleur nécessaire à laccomplissement de quelques-unes de leurs fonctions. Et si nous remarquons avec quel instinct les animaux, les hommes eux-mêmes, vont précisément choisir pour leur nour- riture ces parties du végétal où celui-ci avait accumulé le sucre eti’amidon qui lui servent à développer de la chaleur, ne de- vient-il pas probable que, dans l’économie animale, le sucre et. l’amidon sont aussi destinés à jouer le même rôle, c’est-à-dire à se brüler pour développer la chaleur qui accompagne le phéno- mène de la respiration? "En résumé, tant que le végétal conserve son caractère le plus habituel, il emprunte au soleil de la chaleur, de la lumière et des rayons chimiques. Il reçoit de l’air du carbone; il prend de l’hy- drogène à l’eau, de l’azote à l’oxide d’ammonium, au sol divers sels. Avec ces matières minérales ou élémentaires, il faconne des. matières organisées qui s'accumulent dans ses tissus. 54 pumas. — Statique chimique des êtres organisés: Ce sont des matières ternaires, ligneux, amidon, gommes, sucres. Ce sont des matières quaternaires, fibrine, albumine, caséum, gluten. Jusque-là, le végétal est donc un producteur incessant; mais sipar momens, si pour satisfaire à certains besoins, le végétal se fait consommateur, il réalise exactement les mêmes phénomènes que l’animal va nous offrir. k Un animal, en effet, constitue un appareil de combustion, d’où se dégage sans cesse de l'acide carbonique, où sans cesse se brûle par conséquent du carbone. Vous savez que nous n'avons pas été arrêtés par cette expres- sion d'animaux à sang froid, qui semblerait désigner des ani- maux dépourvus de la propriété de produire de la chaleur. Le fer qui brûle avec éclat dans l’oxigène produit une chaleur que personne ne vaudrait nier; mais il faut de la réflexion et quel- que science pour s’apercevoir que le fer qui se rouille lente- ment à l’air en dégage tout autant, quoique sa température ne varie pas sensiblement. Le phosphore enflammé brüle en pro- duisant une grande quantité de chaleur, personne n’en doute. Le phosphore à froid brüle encore dans l'air, et pourtant la cha- leur qu’il développe en pareil cas a été long-temps contestée. Ainsi des animaux; ceux qu’on appelle à sang chaud brülent beaucoup de charbon dans un temps donné , et conservent un excès sensible de chaleur sur les corps environnans; ceux qu’on nomme à sang froid brülent beaucoup moins de charbon et con: servent conséquemment un excès de chaleur si faible, qu'il de- vient difficile ou impossible à observer. Mais néanmoins, le raisonnement nous fait voir que le carac- tère le plus constant de l’animalité réside dans cette combus- tion de charbon et dans le développement d’acide carbonique qui en est la conséquence, partant aussi dans la production de chaleur que toute combustion de charbon détermine. Qu'il s'agisse d'animaux supérieurs ou inférieurs; que cet acide Dumas. — Statique chimique des étres organisés. 55 carbonique s’exhale du poumon ou de la peau, il n'importe, c'est toujours le même phénomène, la même fonction. En même temps que les animaux brülent du carbone, ils brüleut aussi de l'hydrogène ; c’est un point prouvé par la dispa- rition constante d’oxigène qui a lieu dans leur respiration. En outre, ils exhalent constamment de l'azote. J'insiste sur ce point, et c’est surtout pour faire disparaître une des illusions que je croirais parmi les plus fâcheuses à vos études. Quelques observateurs ont admis dans la respiration, une absorption d’a- zote qui ne se présente jamais qu avec des circonstances qui la rendent plus que douteuse. Le phénomene constant, c’est l’exha- _Jation de gaz. 11 faut donc en conclure avec certitude que nous n’emprun- tons jamais de lazote à l'air; que l'air n’est jamais un aliment pour nous; que nous nous bornons à lui prendre l’oxigène né- cessaire pour former avec notre carbone de l'acide carbonique, avec notre hydrogène de l’eau. L’azote exhalé provient donc des alimens, et il en provient tout entier. Gelui-là, dans l’économie générale de la nature, pourra dans des milliers de siècles, être absorbé par les plantes qui, comme les topinambours, empruntent directement leur azote à l'air. Mais ce n'est pas là tout l’azote que les animaux exhalent. Cha- cun de nous rend par ses urines, terme moyen, comme l’a con- staté M. Lecanu, quinze grammes d’azote par jour, d'azote évidemment emprunté à nos alimens, comme le carbone et l'hydrogène que nous bràlons. 4 Sous quelle forme cet azote s'échappe-t-il? Sous forme d'am- moniaque. Ici se présente même une de ces observations qui ne _ manquent jamais de nous pénétrer d'admiration pour la sim- plicité des moyens que la nature met en œuvre. Si dans l’ordre général des choses, nous rendons à l'air l’azote que eertains végétaux pourront utiliser directement un jour, il devait arriver que nous étions tenus de lui rendre aussi de lam- moniaque , produit si nécessaire à l’existénce, au développe- ment de la plupart des végétaux. 56 pumas. — Sratique chimique des étres organisés. Tel est le principal résultat de la sécrétion urinaire. C'est une émission d’ammoniaque, qui retourne au sol ou à l'air. Mais est-il besoin d’en faire ici la remarque, les organes uri- aires seraient altérés dans leurs fonctions et leur vitalité, par le contact de l’ammoniaque; ils le seraient même par le contact du carbonate d'ammoniaque. Aussi la nature nous fait-elle ex- créter de l’urée. L'urée, c'est du carbonate d'ammoniaque; c’est-à-dire de la- cide carbonique comme celui que nous expirons, et de l’'ammo- niaque tel que le veulent les plantes. Mais ce carbonate d’'ammo- niaque a perdu de l'hydrogène et de l’oxigène, ce qu’il en faut, pour constituer deux molécules d’eau. Privé de cette eau le carbonate d’ammoniaque devient de l’urée ; alors il est neutre, inactif sur les membranes animales: alors ii peut traverser les reins, les uretères, la vessie, sans les enflammer. Mais parvenu à l'air, il éprouve une fermentation véritable, qui lui restitue ces deux molécules d’eau et qui fait de cette même nrée de véritable carbonate d’ammoniaque ; volatil pouvant s’exhaler dans Pair; soluble, pouvant être repris par les pluies; destiné en conséquence à voyager ainsi de la terre à Pair et de l’air à la terre, jusqu’à ce que, pompé par les racines d'une plante et élaboré par elle, il se convertisse de nouveau en ma- tière organique. Ajoutons un trait à ce tableau. Dans l'urine , à côté de l’urée, la nature a placé quelques traces de matière animale albumineuse ou muqueuse, traces presque insensibles à l'analyse. Celle-ci pourtant, parvenue à Pair, sy modifie, et devient un de ces fer- mens comme nous en trouvons tant dans la nature organique ; c'est [ui qui détermine la conversion de l'urée en carbonate d'ammoniaque. | Ces fermens qui ont si vivement attiré notre attention et qui président aux métamorphoses les plus remarquables de la chi- mie organique, je me réserve de vous en faire l’année prochaine une histoire plus spéciale encore et plus développée. Ainsi nous émettons de l’urée accompagnée de ce ferment, de cet artifice qui, jouant à un moment donné, va transformer cette urée en carbonate d’'ammoniaque. DUMAS. — Slaiique chimique «des étres organisés. 57 Sinous rendons au phénomène général de la combustion ani- male cet acide carbonique du carbonate d'ammoniaque qui lui appartient. de droit, il reste de l’'ammoniaque comme produit caractéristique des urines. Ainsi, par le poumon et la peau, acide carbonique , eau, azote; Par les urines, ammoniaque. Tels sont les produits constans et nécessaires qui s’exhalent de l'animal. Ce sont précisément ceux que la végétation réclame et utilise; tout comme le végétal rend à son tour à l'air oxigène que l’ani- mal a consommé. | D'où viennent ce carbone, cet hydrogène brülés par l'animal, cet azote qu'il aexhalé libre ou converti en ammoniaque? Ils viennent évidemment des alimens. En étudiant la digestion à ce point de vue, nous ayons été conduits à la M érer d’une maniere bien us simple qu'on na coutume de le faire et qui va se résumer en quelques mots. Eneffet, dès qu'il a été prouvé pour nous que Flanimal ne crée point de matière organique; qu’il se borne à se l’assimiler ou à la dépenser en la brülant , il ne fallait plus chercher dans la digestion tous ces mystères qu’on n’était bien sûr de n’y point trouver. C'est qu’en effet, la digestion est une simple fonction d’ab- sorption. Les matières solubles passent dans le sang , inaltérées pour la plupart; les matières insolubles arrivent dans le chyle, assez divisées pour être aspirées par les orifices. des vaisseaux chylifères. | D'ailleurs, la digestion a ne pour pbiee de restituer au sang une matière propre à fournir à notre respiration ces dix ou quinze grammes de charbon ou l’équivalent d’hydro- gène que chacun de nous brüle à l'heure, et de lui rentre. ce gramme d'azote qui s'exhale par heure aussi, tant par le pou- mon ou la peau que par les urines. Ainsi, les matières amylacées se changent en gomme et sucre; les matières sucrées s’absorbent : Les matières grasses se divisent, s'émulsionnent , et passent 58 pumas. — Statique chimique des élres organisés. ainsi dans les vaisseaux , pour former ensuite des dépôts que le sang reprend et brüle au besoin. - Les matières azotées neutres, la fibrine, l’albumine et le ca- séum, dissoutes d’abord , puis précipitées , passent dans le chyle très divisées ou dissoutes de nouveau. Ainsi, l’animal reçoit et s'assimile presque intactes des ma- tières azotées neutres qu'il trouve toute formées dans les ani- maux ou les plantes dont il se nourrit ; il reçoit des matières grasses qui proviennent des mêmes sources; il recoit des ma- tières amylacées ou sucrées qui sont dans le même cas. Ces trois grands ordres de matières, dont l’origine remonte toujours à la plante, se partagent en produits assimilables , fi- brine , albumine, caséum, corps gras, qui servent à accroître ou à renouveler les organes; en produits combustibles , sucre et corps gras que la respiration consomme. L'animal s’assimile donc ou détruit des matières organiques toutes faites ; il n’en crée donc pas. a digestion introduit donc dans le sang des matières orga- niques toutes faites ; l'assimilation utilise celles qui sont azotées; la respiration brûle les autres. Si les animaux ne possèdent aucun pouvoir particulier pour produire des matières organiques, ont-ils du moins ce pouvoir spécial et singulier de produire de la chaleur sans dépense de matière qu'on leur a attribué? Vous avez vu, en discutant les expériences de MM. Dulong et Despretz, vous avez positivement vu le contraire en ressortir. Ces habiles physiciens ont supposé qu’un animal placé dans un calorimètre à eau froide, en sort exactement avec la tempéra- ture qu’il possédait à l'entrée; chose absolument impossible, oti le sait aujourd’hui. C’est ce refroidissement de l'animal, dont ils n'ont pas tenu compte, qui exprime dans leurs tableaux les excès de chaleur attribués par eux et par tous les physiologistes à un pouvoir calorifique particulier à l’animal et indépendant de la respiration. Il m'est démontré que toute la chaleur animale vient de la respiration; qu’elle se mesure par le charbon et l’hydrogene brülés. I m'est démontré, en un mot, que cette assimilation DUMAS. — Siatique chimique des étres organisés. 56 poétique de la locomotive du chemin de fer à nn animal, repose sur des bases plus sérieuses qu'on ne l'a cru peut-être. Dans l'une et l’autre, combustion, chaleur, mouvemens, trois phé- nomènes liés et proportionnels. Vous voyez qu’à la considérer ainsi, la machine animale de- vient bien plus faclle à comprendre; c’est l'intermédiaire entre le règne végétal et l'air; elle emprunte tous ses alimens au pre- mier , pour rendre au second toutes ses excrétions. Vous rappellerai-je comment nous avons envisagé la respira- tion, phénomène plus complexe que ne l'avaient cru Laplace et Lavoisier, que ne l’avait pensé Lagrange, maïs qui précisément, en se compliquant , tend de plus en plus à rentrer dans les lois générales de la nature morte? Vous avez vu que le sang veineux dissout de l’oxigène et dé- gage de l'acide carbonique ; qu'il devient artériel sans produire trace de chaleur. Ce n’est donc pas en $’artérialisant que le sang produit de la chaleur. ; Mais sous l'influence de l’oxigène absorbé, les matières so- lubles du sang se convertissent en acide lactique, comme l'ont vu MM. Mitscherlich, Boutron-Charlard et Frémy ; l'acide lac- tique se convertit lui-même en lactate de soude , ce dernier par une véritable combustion en carbonate de soude, qu'une nou- velle portion d'acide lactique vient décomposer à son tour. Cette succession lente et continue de phénomènes qui con- stitue une combustion réelle, mais décomposée en plusieurs temps, où il faut voir une de ces combustions lentes sur les- quelles M. Chevreul a depuis long-temps fixé l’attention, c'est là le véritable phénomène de la respiration. Le sang s'oxigène donc dans le poumon; il respire réellement dans les capillaires de tous les autres organes, là où la combustion du carbone, la production de chaleur se réalisent surtout. Une dernière réflexion. Pour monter au sommet du Mont- Blanc, un homme emploie deux journées de douze heures. Pen- dant ce temps, il brüle en moyenne 300 grammes de carbone ou l'équivalent d'hydrogène. Si une machine à vapeur s’était chargée de l’y porter, elle en aurait brûlé 1,000 à 1,200 pour faire le même service. 6o DÜMAS: — Statique chimique des étres organisés: Ainsi , comme machine empruntant toute la force au charbon qu'il brüle, l’homme est une machine trois ou quatre fois plus parfaite que la plus parfaite machine à vapeur. Nos ingénieurs ont donc encore beaucoup à faire , et pourtant ces nombres sont bien de nature à prouver qu’il y a commu- nauté de principes entre la machine vivante et l'autre; carsi l’on tient compte de toutes les pertes inévitables dans les ma- chines à feu et si soigneusement évitées dans la machine hu- maine , l'identité du principe de leurs forcès respectives ressort | manifeste et évidente aux yeux. Mais c'est assez poursuivre des considérations où vos propres réflexions me devancent maintenant , où vos souvenirs neme laissent plus rien à faire. Si nous nous résumons, nous voyons que de l'atmosphère primitif de la terre il s’est fait trois grandes parts : L'une qui constitue l'air atmosphérique actuel; la seconde qui est représentée par les végétaux , la troisième par les animaux. Entre ces trois masses, des échanges continuels se passent : la inatière descend de l'air dans les plantes, pénètre par cette voie dans les animaux, et retourne à l'air à mesure que ceux-ci Ja mettent à profit. Les végétaux verts constituent le grand laboratoire de la chimie organique. Ce sont eux qui, avec du carbone, de l'hydrogène, de l'azote , de l’eau et de l’oxide d'ammonium , construisent len- tement toutes les matières organiques les plus complexes. Ils reçoivent des rayons solaires , sous forme de chaleur ou de rayons chimiques, les forces nécessaires à ce travail. Les animaux s’assimiient ou absorbent les matières organiques formées par les plantes. Ils les altèrent peu-à-peu, ils les, dé- truisent. Dans leurs organes, des matières organiques nouvelles peuvent naître, mais ce sont toujours des matières plus simples, plus rapprochées de l’état élémentaire que celles qu'ils ont reçues. Ils défont peu-à-peu ces matières organiques créées lentement par les plantes ; ils les ramenent peu-à-peu vers l’état d'acide carbonique, d’eau, d'azote, d'ammoniaque, état qui leur permet de les restituer à Pair. puMas. — Siatique chimique des étres organisés. 61 En brülant ou en détruisant ces matières organiques, les ani- maux produisent toujours de la chaleur qui, rayonnant de leur corps dans l’espace, va remplacer celle que les végétaux avaient absorbée. è Ainsi, tout ce que l’air donne aux plantes, les plantes le cèdent aux animaux, les animaux le rendent à l’air ; cercle éternel dans lequel la vie s’agite et se manifeste, mais où la matière ne fait que changer de place. | La matiere brute de lair, organisée peu-à-peu dans les plantes, vient donc fonctionner sans changement dans les animaux et servir d'instrument à la pensée; puis vaincue par det effort et comme brisée, elle retourne matiere brute au grand réservoir d’où elle était sortie. | Permettez-moi d'ajouter , en terminant ce tableau qui résume des opinions qui à mon sens ne sont que les conséquences et les développemens nécessaires de la grande voie que Lavoisier a tracée à la chimie moderne ; permettez-moi, dis-je, de m'’ex- primer comme il le faisait lui-même au sujet de ses collabora- . _ teurs, de ses amis. Si dans mes lecons, si dans ce résumé, il m'est échappé d’a- dopter, saus les citer, les expériences ou les opinions de M. Bous- singault, c'est que l'habitude de nous communiquer nos idées, nos observations, notre manière de voir, a établi entre nous une communauté d'opinions, dans laquelle il nous est difficile à nous-mêmes de distinguer ensuite ce qui nous appartient. En appuyant de son nom et de son autorité ces opinions et _ leurs conséquences, en vous disant que nous travaillons active- ment, tantôt réunis , tantôt séparés, à préciser et à développer _ par l'expérience tous ces faits, tous ces résultats, c’est vous mon- irer le prix que je mets à justifier l'intérêt que vous m'avez té- moigné cette année. | | Je vous en remercie. Il m'a donné la confiance d'entreprendre une longue suite de recherches ; s'il en sort quelque chose d’u- tile aux progrès de l’humanité, que tout l'honneur en revienne à cette bienveillance intelligente dont vous m'avez si constam- ment entouré, et dont je serai toujours reconnaissant du plus profond de l'âme et du cœur. RS ET 62 HOMBRON ET JACQUINOT. — ÂMollusques nouveaux. DescriprTion de quelques Mollusques,, provenant de la campagne de |’ Astrolabe et de la Zélée, Adressée à l’Académie des Sciences, le 19 juillet 1847, Par MM. Homsron et JACQUINOT. Genre Héuice, Helix. Hérice-BoucHE-ÉPAIssE. Helyx Pachystoma. Testà orbiculatâ, depresso-convexâ , spirà obtusà , subtüs planiusculà , rufo castaneà , exiguè perforatà ; ultimo anfractu maximo; aperturà amplà , obliquis- simà ; labro albo , incrassato , calloso, mæquale, intüs reflexo. Diamètre : 55 mill. — Habite les îles Hogoleu ( Carolines Occidentales). Heuice D'Urvizce. Helyx Durvillu. : Testà orbiculato-globulosä, ventricosà , solidä, spirâ, fusco-flavicante, basi pallidiore , umbilico columellâ semi-obtecto ; labro albo, complanato, intüs incrassato , extüs reflexo. | Diamètre: 4o mill. — Habite la baie Rafles( Nouvelle-Hollande ). Hécice Momie. Helyx Mumia. Testà orbiculari, depresso-convexä , lævi, subpellucidà , rufo-fuscà , perfo- ratà ; striis tenue granulatis, anfractibus zonà pallide rufà cinctis; labro interiore fusco , acuto. Diamètre : 45 mill. Habite la baie Triton ( Nouvelle-Guinée ). Hérzice De Kéraupren. Helyx Keraudrenur. Testà orbiculatä , subglobosä, lævi, perforatà , rufo-flavescente , ultimo anfractu, zonà intense rufà cincto ; labro interiore albo , acuto. Diamètre. bo mill. — Habite Singhapore. H. caARÉNÉE. — 71. carinata. Testà orbiculatà, subtrochiformi, spirä brevissimä, apice acuto, umbilico columellà obtecto ; ultimo anfractu valdè carinato, infrà subconvexo ; aperturà obliquà , angulatä ; labro maxime reflexo. Diamètre, 40 mill. — Habite la baie Triton { Nouvelle-Guinée ). ne A — re RTS ER CE ES HOMBRON ET JACQUINOT. — Mollusques nouveaux. 63 H. omereuse. A. umbrosa. : Testà orbiculatà, depresso-convexà , tenui, translucidà, perforatà , pallidé fuscà; ultimo anfractu sbcarinato, zonâ intense rufà cincto ; aperturà subangu- latâ, labro acuto. Diamètre : 40 mill. —2 Habite la baie Triton ( Nouvelle-Guinée ). H. IsageLe. 7. Jsabella. Testà orbiculatà , subglobosä , colore melino subalbido , infrà pallente, per- foratà, transversim tenuè et regulariter striatà ; labro albo, incrassato , non reflexo. Diamètre : 23 mill. — Habite Singhapore. H. Samoa. 7. Samoa. Testà orbiculato-convexà , fusco flavescente , perforatà, anfractibus line fuscà, ultimo binâ, cinctis; labro semi-lunari , acuto. Diamètre: 20 mill. — Habite l'ile Opoulou (archipel Samoa ). H. soucie ÉCHANCRÉE. /7. entomostoma. T'estâ orbiculato-depressà , subtüs convexà , carinatà, latè umbilicatä , fulvo- lutescente, aperturà transversà , subangulatà ; labro incrassato ; inæquale, ad sinistram emarginato; dente obtusä columellari , instructo. Diamètre : 23 mill. — Habite les iles Hogoleu (Carolines Occidentales). H. px Torrës. 77. Torresiana. Testà orbiculatà, subglobulosä, tenui, lævi, albo-lutescente, perforatä, transversim et tenuiter striatà ; margine reflexo. Diamètre : 20 mill. — Habite l’île Toud ( détroit de Torrès). H. pe Sanz. — À, Sanziana. Testà orbiculatà, subglobosà , pallidè fusco-rufescente ; spirà intensè rufo- zonatà ; labro interiore albo, lineä fuscà circumdato, ad sinistram læviter depresso. Diamètre : 25 mill. — Habite Sanboanga ( Mindanao). H. amerée. 71. succinea. Testà orbiculatâ, subglobosà , lævi, nitidulà ; pellucidä , flavo-succineä, vix perforatà ; labro acuto. Diamètre : 30 mill. — Habite la Nouvelle-Guinée. H. sourrée. À. sulfurea. Testà orbiculato-depressà, subtus convexà, Iævi, nitidà, pellucidä, flavo- sulfureâ, vix perforatà ; anfractibus lineà rufà cinctis; labro acuto. Diamètre : 28 mill. — Habite les iles Arrow. 64 HOMBRON ET 5ACQUINOT. — Mollusques nouveaux. FH. cREUSÉE. — 1. excavata. Testâ orbiculato-depressà , subtüs convexâ , pallidè fuscà ; fasciis rafis undu- Jatà, umbilico late excavato; aperturâ transversâ, sübangilats labro à acuto. Diamètre: 5 mill. — Habite Taïti. EH. anrrrones. A. antipcda. Testà orbiculatà, subconoïdeâ , subtùs convexâ, pailidè rufâ, faseiis fuscis alveolatà, perforatà ; aperturà transversà, subangulatâ ; labro ocuto. Diamètre : 6 mill. — Habüte les iles Auchan H. Enronnoir. 7. infundibulum. Testà orbiculatä, subglobosà , hineis fuscis transversim striatà , re lato et spiriali ; aparturâ amplà : rotundatà ; labro acuto. Diametre: 5 mull. — Habite Vavao. H. vorrée. 71. velata. Testâ orbiculato-depressä , subtus convexà , subcarinatä , pallide fulvä , per- foratâ ; aperturâ semi-obturata amplo dente columellari;, labro incrassato , introrsüm emargiualo. Diamètre : 7 mill. — Habite les îles Hogoleu ( Carolines Occidentales ). H. cEeNDRÉE. /1, cineracea. Testà orbiculatâ , subconoideä , subtüs subplanatâ , læviter carinatâ, sipérnè lutescente subtüs albo cincraceo , vix perforatà ; aperturà obliquâ ; labro mar- gine reflexo. Diametre : 15 mill. — Habite la Nouvelle-Guinee. EL. mmive. À. timida. Testà orbiculatâ, subglobulosâ, glabriusculà, albo- Intescente, vix perforatà ; labro acutc ; Ts sex. FRE PRE 10 mill. — Habite la Nouvelle-Guinee. H. ÉrRANGL£E. 77. strangulata. Testà orbiculatà, subglobosà , tenuè striatä, perforatà, albo-lutescente ; aperturä subrotundà , labro circulatim depresso, margine reflexo. Diamètre : 6 mill. — Habite l’île Toud (détroit de Torres ). Genre Pupina. PoriNA HUMBLE. Pupina humilis. Testà cylindraceo-mammeatâ, oblongâ, obtusä , subcrassà, pallidâ ; aperturà albido-rufà ; rotundâ basi et RE latè canaliculatis; labro extüs reflexo, incrassato. | ; Long. 15 mill ; larg, 8 mull. — Habite la Nouvelle-Guimee. A VALENCIENNES. — Sur la température d'u Python. |: 9 Ogservarions faites pendant l’incubation d’une femelle du Python à deux raies (Python bivittatus, Kubl.) pendant les mois de nai et de juin 1841, Par M. VALENCIENNES. (Lues à l’Académie des Sciences, dans sa séance du 19 juillet 1841.) On sait que chez les oïseaux qui couvent, l'élévation de tem- pérature est très variable , qu'elle est plus forte au commence- ment de l’incubation que vers la fin. En faisant quelques expé- riences sur différentes couveuses, j'ai vu la température prise par mes thermomètres placés sous le ventre de la poule et entre les œufs, varier de 42° à 56°, selon que l'oiseau était plus ou moins avancé dans son incubation. Les reptiles, animaux ovipares, dont la température est va- riable à cause de a disposition particulière de leur appareil res- piratoire et circulatoire, n’offrent-ils pas quelquefois des phéno- mènes semblables à ceux des oiseaux? ne couvent-ils jamais leurs œufs ? Ce que nous savons de l’histoire naturelle des reptiles de nos climats répond négativement à ces questions. Cependant une observation faite dans l'Inde, pendant la traversée de Chander- &- nagor à l'ile Bourbon , et communiquée à l’Académie des Sciences par M. Lamarrepiquot, semblait montrer qu'une espèce de grand serpent de l'Inde, au contraire des reptiles de nos con- trées , et d'un grand nombre d’autres espèces , se plaçait sur ses œufs. et les échauffait en développant pendant ce temps une chaleur notable. Ce fait isolé laissait beaucoup de doutes dans l'esprit de plusieurs naturalistes les plus éminens, mais il vient d'être confirmé récemment par une femelle de serpent, du genre des Pythons. (1) (x) 11 paraît que lincubation des Serpens est un fait si connu dans l’Inde, qu'il entre XVI, Zoor, — Août, Fi 66 vaLENCrenNNEs. — Sur la température du Python. L'exemple d’une incubation suivie et prolongée sans aucune interruption pendant près de deux mois, que vient de donner, dans la ménagerie du Muséum d'Histoire naturelle, la femelle du Python à deux raies (Python bivittatus, Kuhl.) a fourni à mes observations les faits que je vais avoir lhonneur de vous com- muniquer. M. Duméril, professeur d’'Erpétologie au Muséum, et chargé plus spécialement de la direction de cette partie de la ménage- rie qui renferme les reptiles, voulut bien me permettre de suivre et d'observer l’animal, après que je lui eus fait connaïtre les premiers résultats de mes observations. Ces serpens sont enfermés dans des coffres en bois; ils sont cachés sous des couvertures de laine, et réchauffés par de l’eau chaude mise dans des bouilloires placées dans un double fond de la caisse. La température de l’eau renouvelée tous les matins est, au moment de sa plus grande chaleur, de 60° à 70°. Elle se refroidit pendant le jour, et elle transmet dans l’intérieur du coffre une quantité variable de calorique qui entretient la tem- pérature intérieure de la boîte à 20 ou 25°. Un mâle de ce Python à deux raies, long de 2",20, s'accoupla avec une femelle de la même espèce, longue de 3 mètres et quelques centimètres. Le premier accouplement eut lieu le 22 janvier 1641. Ces animaux s’accouplèrent ensuite plusieurs fois jusqu'à la fin de février. On les sépara, et on laissa la fe- melle seule et tranquille dans sa boite. Elle mangea le 2 février environ six à sept livres de viande de bœuf crue, attachée à la suite d’un lapin vivant de moyenne grosseur. On la vit changer d'épiderme le 4 avril; alors, selon l'habitude, on lui présenta à manger quelques jours après, le 9 du mois; elle refusa la nour- riture , et elle fit de même quand on lui en présenta de nouveau le 16 et le 25 du même mois. ; Pendant ce temps son ventre grossissait sensiblement, on s’at- tendait donc à voir bientôt le produit de son accouplement. Le même dans leurs contes populaires. M. Roulin m'a fait remarquer , dans le second voyage de Sindbad le marin (nouvelle traduction anglaise des Mille et une Nuits, par W. Lane, tom. rt, page 20), le passage suivant : « Alors je regardai dans la caverne, et vis, au fond , un énorme Serpent endormi sur ses œufs, . , » VALENCIENNES. — Sur la température du Python. 67 5 mai, l’animal ordinairement doux et tranquille, devint plus excité, et cherchait à mordre; le lendemain cette femelle pon- dit quinze œufs. La ponte, commencée à six heures du matin, fut achevée à neuf heures et demie. Les œufs étaient tous sé- parés, de forme ovale et un peu allongés au moment de leur sortie; la coque était molle, d'une couleur grise ou cendrée. Ils se renflèrent à l'air, devinrent également gros aux deux bouts; leur enveloppe, desséchée sans être dure, resta d’un beau blanc; alors la longueur du plus grand diamètre de l’œuf était de 0", 12, et celle du plus petit de 0",07. La femelle, livrée à elie- même dans sa boîte, sous sa couverture, rassembla tous les . œufs en un tas, autour duquel elle enroula la partie postérieure de son corps; elle se replia ensuite sur ce premier pli, et finit par s’enrouler en une sorte de spirale, dont tous les tours con- tigns formaient un cône au sommet duquel était sa tête; elle cacha ainsi tous les œufs, si bien qu'on n'en apercevait plus un seul; par les contractions violentes des muscles du tronc, elle repoussait la main qui la touchait, et en se serrant, empé- _chait qu'on ne püt atteindre aux œufs ; elle témoignait vivement de son impatience, tellement qu’elle eût peut-être fini par mordre, si l’on n’eût pas agi pres d’elle avec prudence. La chaleur de ce reptile était tetlement sensible à la main, que j'eus la curiosité d'examiner, par des observations thermo- métriques, la température de l'animal, M’étant procuré de très bons thermomètres de Colardeau, dont l'excellence de la marche est bien connue de M. Gauthier de Claubry, et ayant demandé quelques conseils à mon collègue M. Gay-Lussac, sur la meil- leure manière de faire les observations, j'ai réuni une suite de vingt-quatre observations thermométriques, que je présente dans le tableau joint à ce Mémoire. J’ai placé un thermomètre dans la chambre, pour avoir la température du milieu où sont tenus les animaux; j'en ai mis un second sous la couverture, à distance de l’animai sans le toucher, de manière à prendre la température de l'air chauffé artificiellement , et j'en mettais un troisième entre les plis de l'animal. Faisant ces trois observations simultanément, je me suis assuré que pendant les premiers jours de l’incubation, le thermomètre placé sur le corps de l’animal, 5. 68 vaALENCIENNES. — Sur la température du Python. et au centre du cône contenant les œufs, marquaïit 41°, la tem- pérature sous la couverture étant seulement de 22°,5, et celle de la chambre de 20°; la température de l'animal était donc de 21° au-dessus de l’air extérieur, ou de 19° au-dessus de Pair retenu autour de lui entre les plis de la couverture. On peut voir, dans le tableau ci-joint, que la température qui a suivi à l'extérieur les variations des nuits assez fraîches du mois de mai, est toujours restée, entre les plis du serpent, même vers la-fin | de l’incubation, constamment supérieure de 12 à 14° à celle de | l'air de la chambre, ou de 10 à r2° au-dessus de celle renfer- mée sous la couverture. Enfin apres cinquante-six jours d’incu- bation suivis, sans que la femelle se soit un seul instant dé- rangée, sans avoir par conséquent jamais quitté ses œufs, la coque s’est fendillée; et l’on a vu sortir la tête d’un petit Py- thon. Le petit animal est resté encore un jour dans l'œuf, sor- tant ou rentrant sa tête ou sa queue, mais la partie moyenne du corps y était toujours enfermée. Le 3 juillet au soir, le petit est sorti tout-à-fait, s’est mis à ramper, à avancer de tous côtés sous la couverture. Il avait, au moment de sa naissance, 0",52 de longueur, on voyait sous le ventre, un peu au-delà des deux tiers antérieurs du corps, les restes du cordon ombilical flétri et mou. Des quinze œufs, huit seulement sont éclos, le dernier Python est sorti de l’œuf le 7 juillet. Les autres œufs qui étaient fécondés ne sont pas venus à bonne fin, parce que, pressés par la mère, les petits ont été écrasés plus ou moins tôt, ainsi que le prouve le développement inégal du fœtus. Par la manière dont j'ai procédé, il pouvait rester encore quelques doutes sur la cause de l'élévation de température de l'animal. La chaleur que nous accusait le thermomètre était- elle bien réellement produite par l'action vitale du serpent? ou bien n’était-elle pas due à ce que cette femelle, repliée sur elle- même, recevait pendant le jour et durant la période croissante de la température dans la boite, une quantité de calorique égale ou peut-être supérieure à celle dont je trouvais l'expression sur le thermométre, même après le refroidissement de Peau de la bouilloire et des couvertures de laine? L’enroulement du corps sur ces œufs réunis ne laissait-il pas perdre la chaleur en moins à VALENCIENNES. — Oui {a lempérature du Python. 6% grande abondance , et plus lentement entre les plis, que ne per- dait ou l'air retenu autour du serpent par les couvertures, ou le: coussin tout entier ? Pour répondre à ces objections , j'ai fait les expériences sui- _vantes : J'ai placéun thermometre à maximum, pendant vingt-quatre. heures, sous l'enveloppe de laine, de manière à connaître la plus haute température à laquelle ait pu atteindre le coussin sur lequel la couveuse resta placée. J'ai eu soin de soulever le pre- mier pli de la. couverture par un linge plié de manière à avoir sous. ce premier pli la même quantité d'air interposée entre les deux plis, et que le supérieur füt aussi éloigné du. réservoir. d'eau chaude, qu'il l'était pendant l'incubation de l'animal. En mettant däns le réservoir l’eau à 73°, le maximum de cha- leur a été de 30°,5. Le lendemain, en augmentant la chaleur de l'eau et la portant à 76°, je n'ai eu pour maximum que 31°, et enfin, pour faire l’expérience la plus concluante, en me plaçant dans les conditions les plus défavorables aux conclusions de cette observation, j'ai rempli la boite de cuivre d’eau bouillante; por- tée sous le coussin, l’eau n'avait plus que 92°,5. À cette forte chaleur, le maximum de température du coussin n’a été que 35°,5. La femelle n’a donc jamais pu recevoir par transmission que 35° de température. Et cependant, durant les quinze premiers jours de l’incubation, du 8 mai au 25 du même mois, le thermomètre s'est élevé au-dessus de ce degré, et nous l'avons vu monter jusquà 41°5. . L'observateur que jai cité plus haut avait vu également la fe- melle du Python s’enrouler autour de ses œufs. Cette concor- dance me semble prouver qu'il est dans la nature des Pythons de se tenir ainsi sur leurs œufs. Il y a donc en eux un instinct naturel qui n'aurait aucun but, si, comme les oiseaux, ces rep- tiles ne couvaient pas leurs œufs. Que l’on ne croie pas que Je veuille inférer de là que les rep- tiles en général, que les couleuvres couvent leurs œufs : le con- traire a lieu. Mais dans ces exceptions fréquentes soit dans les formes, soit dans les habitudes, la nature, si l’on ose s exprimer ainsi, nous donne preuve de souvenir de ce qu’elle a fait et dé- 70 VALENCIENNES. — Sur la température du Python. veloppé avec luxe dans d’autres familles, et ce sont ces faits ap- préciés qui établissent ce que nous nommons les passages ou les liaisons entre les divers êtres. | N’est:il pas, en outre, bien digne de remarque de voir que ces incubations n'ont été encore reconnues que sur quelques espèces de reptiles qui habitent les régions les plus chaudes du globe, comme les plaines des bords du Gange, les îles dé Java ou de Sumatra, lorsque nous n’en trouvons aucun exemple dans | les espèces de nos climats, où le peu d’élévation de température | semblerait appeler ces sortes de soins préliminaires de la part de la mère. Mais on sait que dans nos climats la nature y sup- plée par d’autres moyens. Pendant tout le temps de l’incubation, la femelle n’a pas voulu manger; mais le 25 mai, après vingt jours de couvaison , son gardien, Vallée, homme très soigneux et très intelligent, la voyant plus inquiète que de coutume, remuer sa tête, lui présenta de l’eau dansun petit bassin ; elle y plongea le bout de son müseau, et l'animal en but avec avidité environ deux verres. Elle a ensuite bu cinq fois pendant le reste du temps de sa couvaison : le 4 juin, le 13, le 19 et le 26. Cette observation mérite aussi de fixer l'attention des physiologistes, car elle prouve qu’une sorte d'état fébrile a suivi l’incubation, que l'animal a pu se passer de nour- riture solide, mais que le besoin de la soif est devenu assez im- périeux chez lui pour le manifester à son gardien. Le 3 juillet au matin, on a vu qu'elle témoignait le désir de manger; et elle a avalé, en tenant encore les œufs dans ses der niers replis, cinq à six livres de bœuf. Elle a quitté alors ses œufs, dont plusieurs commencçaient à éclore; elle a passé sur la couverture, et n'a plus montré aucune affection pour ses petits, après cependant les avoir couvés avec tant de soin, d’assiduité, et montré même qu'elle les défendrait au besoin. Le petit Python n’a pas sur le bout du museau ce tubercule dur , trièdre, et taillé en pointe de diamant, que la nature fait croître sur le bec de l'oiseau pour hêcher son œuf. Aussi, quand le petit est développé , la coque de l'œuf se fendille naturelle- ment. En examinant l’intérieur de la coque abandonnée par le Python, j y ai trouvé une petite pelotte qui, examinée sous l'eau, VALENCIENNES. — Sur la température du Python. 71 s'est étendue en une membrane, que J'ai reconnue facilement pour être la membrane du vitellus sur laquelle se dessine la figure veineuse du fœtus de l'ovipare. Cette membrane n'aceompagne donc pas l'intestin pour rentrer dans l'abdomen du petit, comme cela a lieu dans le fœtus de l’oiseau : le jaune seul est absorbé pour la nourriture du petit, pendant qu'il est dans l’œuf. Il me semble que ce fait est aussi intéressant à noter, parce qu’il semble montrer un état intermédiaire entre l’oiseau, qui fait rentrer dans son abdomen le vitellus et la figure veineuse qui l'enveloppe, et le poisson dont le petit sort de l’œuf et nage pendant les pre- miers Jours qui suivent sa naissance, ayant encore le vitellus et la membrane qui le contient suspendus sous le ventre aux vais- seaux omphalo-mésentériques, lesquels ne se flétrissent ni ne se résorbent pas avant la naissance du petit. Je sais qu'il y aurait eu beaucoup d’autres expériences à noter sur le poids de l’animal , sur celui des œufs, sur leur développe- ment; mais on conçoit que cette ponte étant la première de ce genre-qui s’est faite dans la ménagerie, on n’a pas pu essayer toutes ces observations, qui seront faites, sans aucun doute, lorsque l’animal nous fera une seconde ponte. Ces huit petits Pythons ont changé de peau de dix à quatorze jours après leur sortie de l’œuf; pendant ce temps, ils n'ont pris aucune nourriture, mais ils ont bu plusieurs fois et se sont baignés. Pendant ce temps, ils ont grandi; et après avoir changé de peau, ils ont mangé : l’un d'eux, trois petits moineaux ( Frin- gilla domestica L.) encore dans le nid; un second en prit deux; un troisième a avalé de jeunes moineaux couverts de leurs plu- mes. Ces petits serpens se sont jetés sur leur proie et l'ont étouf- fée dans leurs replis comme le font les adultes. Leur couleur, avant la première mue, était une marbrure à grandes et larges taches brunes sur un fond gris cendré; après Ja mue, le fond a pris une teinte jaune, ce qui les rend déjà tres pres d’être entièrement semblable à leur mere. Ils se sont notablement allongés pendant les seize premiers Jours qui ont suivi leur naissance, car ils ont atteint 0",80. J'ai pensé qu’il était toujours utile de noter ces premiers ré- 72 VALENCIENNES. — Sur la température du Python. sultats; car il faut conclure de cette observation, que la femelle du Python biviftatus couve ses œufs, qu’ils sont cinquante-six Jours au moins à éclore, et que pendant ce temps l’animal dé- veloppe une chaleur propre qui diminue cependant graduelle- ment à mesure que l’on approche du moment de l’éclosion des œufs. TasEAU des observations de température faites sur une femelle de Python ,pendant l’incubation. Sous Entre TT les plis JOURS DU MOIS. CHAMBRE. de l’animai OBSERVATIONS. couverture. et sur les œufs. Les à 1 | à Re © à Ce jour-là, l’eau de la chaudière était 8 mai air h..... 29% 28°,5 419,5 ss | chauffée environ à 56 ou 60°; je n’y . , ai pas mis les thermomètres, a6h%2., 1020 29,9 &r Rap faite avant qu'on eût 9 mai à 7 b. 1/2. 20 22 39,5 chauffé, et j'ai toujours pris ainsi les températures. LT ne ee er RO 22,5 39,5 163 JARDIN CPS NE Re EL EL 2 21 39 ET À fee {ete ete lo ete ee 20 22,0, 37 DS CRM ete TN DIE 23,7 35,8 2er . 20 22,3 34 20 2---—- OS ME 75 6 24 35 Aie ete e se 17 21 32,5 2Decorcosooseee | 21,5 24 35,7 FRS" à 563 19 23 34 Elle à bu beaucoup d’eau à 35°: 2 En he AG ar 22 3359 ; | à PR 19 22,5 34 Elle a bu, | les 7 autres sont mauvais , n’éclôront pas ; la femelle n’a plus que 24°. . ee . L2 18,5 21I 33 LAC PAM LS TS re 26 A ice 23,5 33,5 DIS PARA SIT ER Pa Te 18,5 22 É 32,5 DD Le aurai MISES 21 32 Elle à bu. DD nee slots ere eee IRL 21,7 2e EU né a { On avait fait du feu le soir dans la Jet TEE 26 29 en Deux œufs sont béchés : elle à mangé f: à 6 livres de viande ; elle a après DURS East = Ë 20 24 a5 abandonne ses œufs : 8 sont béchés ; | Pie LL. = —— _ 2 - a Dersrsseooocess 19 23,5 347 à | OR SENS TE 19 21 33 | ES juin à 7h. 1/2. 17,3 20,5 34 Elle a bu. | 16... LS SE | MAGENDIE. — Sur l'alimentation. 73 RECHERCHES EXPÉRIMENTALES sur l’alimentation : extraites d’un rapport fait à l’Académie des Sciences , au nom d’une com- mission, par M. MAGENDIE. | La gélatine, extraite des os à l’aide de divers procédés pro- posés par M. Darcet, était généralement considérée comme une substance susceptible d’un emploi utile dans Palimentation de l'homme, lorsqu’en 1831, M. Donné soumit au Jugement de l’Académie des Sciences un Mémoire tendant à prouver que cette opinion était erronée. Vers la même époque, M. Ganal publia des recherches entreprises sur le même sujet, et assura que la gélatine, loin d’être alimentaire, était nuisible à la santé dès qu’on l'introduisait dans le régime en proportion un peu considérable. MM. William Edwards et Balzac entreprirent aussi un travail sur l'emploi de cette substance, et, tout en recon- naissant qu’elle était insuffisante pour nourrir les chiens, ils con- clurent de leurs expériences qu’elle pouvait entrer pour une part considérable dans l’alimentation de ces animaux. La question soulevée par M. Donné intéressait à un haut de- gré la Société, aussi bien que la science, et, pour la résoudre plus complètement qu'elle ne l'avait été par les physiologistes dont nous venons de citer les noms, l’Académie des Sciences en renvoya l'examen à une commission spéciale chargée de faire toutes les expériences qu’elle jugerait nécessaires pour arriver au résultat demandé, et c’est au nom de cette commission, com- posée actuellement de MM.Thenard, Darcet, Dumas, Flourens, Breschet, Serres et Magendie, que ce dernier a fait dans les séances des 26 juillet et 2 août le rapport dont nous allons don- ner ici un extrait. Ce rapport se compose de deux parties parfaitement distinctes; l’une tout historique, l’autre expérimentale. Il ne nous a pas semblé nécessaire de reproduire ici la première, mais la seconde fournit à la physiologie trop de faits intéressans pour ne pas trouver place dans nos annales. Nous la donnerons, par consé- 74 MAGENDIE. — Sur l'alimentation. quent, textuellement, et nous nous bornerons à ajouter que les personnes qui désireraient prendre connaissance de l’historique des opinions divergentes touchant lutilité de la gélatine, telle que M. Magendie l’a donnée, la trouveront dans les Comptes- rendus des séances de l’Académie, sous la date du 2 août 1841. H. M.E. Nos expériences ont été faites dans les vastes caves du Col- lège de France, à une température et à une hygrométrie à-peu- près constantes ; elles ont eu pour sujets des chiens, animaux d'autant plus convenables pour ce genre de recherches, que leur régime habituel participe plus ou moins de celui de l’homme, et qu'ils ont un goût prononcé pour les os ; ils les brotent, les digérent, séparant ainsi à leur profit le tissu organique. | Avant tout, il était nécessaire de déterminer quelle était la matière qui devait servir à nos expériences. Ce parenchyime, que les chiens extraient des os par l'acte de Ja digestion, était-ce la gélatine? Ces tendons, ces cartilages, cette peau, eic., avec lesquels se fabrique la gélatine, contiennent-ils cette substance toute faite? Évidemment non : c'est en modifiant, en altérant ces divers tis- sus à l’aide de l’eau et de la chaleur, que la chimie crée réelle- ment cette substance. La gélatine, on le sait depuis long-temps, est donc une production de l'art, et non un élément organique. Cette distinction était pour nous des plus importantes , car, sil en est ainsi, un animal pourrait se nourrir avec des os et ne pas se nourrir avec la gélatine ; en effet, à mesure que les tissus animaux sont modifiés par les agens chimiques, qu'ils perdent leur texture, qu'ils deviennent solubles, on les voit aussi deve- nir moins putrescibles et moins assimilables. L'un de nous a développé ailleurs ces idées qui devaient fixer ici notre attention. Elles étaient de nature à ranger parmi les possibilités que la gélatine manque de propriétés nutritives , tandis que celles-ci existeraient à un degré incontestable dans les parenchymes animaux d’où on la retire. MAGENDIE. — Sur l'alimentaüon. 79 Ajoutons que les tissus qui fournissent la gélatine ne donnent pas tous le même produit. Tantôt la gélatine se mêle sans trouble avec les dissolutions de fer ou d'alumine, et tantôt elle les précipite. Dans le pre- mier cas, la liqueur recèle la véritable gélatine; dans le second, elle contient une matière différente, désignée par le nom de chondrine. | Ar Enfin , la gélatine s’altère par une ébullition prolongée ou par une température qui dépasse 105 degrés; des sels ammo- niacaux s’y développent ; elle devient sirupeuse; elle perd sa propriété caractéristique de former gelée avec l’eau. Il résulte de ces considérations préliminaires, que par le mot gélatine , on désigne plusieurs substances fort différentes : 1° Le parenchyme organique des os , des cartilages, des li- gamens, etc., qui se transforment en gélatine par certains procédés ; 2° La chondrine ; \ 3° La gélatine, proprement dite ; 4° Cette même substance, altérée par la chaleur. Entre ces quatre substances, une seule, la gélatine, devait d’abord servir à nos expériences. C’est là, en effet, la matière qu'on extrait des os, par des procédés assez économiques pour qu'elle puisse entrer avec avantage, sous le rapport de son prix, dans une alimentation à tres bon marché. EXPÉRIENCES SUR LA GÉLATINE. Cette première série d'expériences eut pour objet de savoir si des chiens se nourriraient en mangeant de la gélatine. Dans ce but, on donna à un certain nombre de chiens, privés . de toute autre nourriture, de la gélatine pure dite alimentaire. La forme en fut diversement variée : on la donna tantôt seche, tantôt humide , et tantôt enfin en gelée tremblante. Le résultat de ces premiers essais fut que la gélatine pure n'était pas un aliment du goût des chiens ; plusieurs de ces ani- maux souffrirent les angoisses de la faim, ayant à leur portée de la gélatine, et n’y touchèrent point ; d’autres y goütèrent, 76 MAGENDIE. — Sur l'alimentation. mais ne voulurent point en manger ; d'autres en prirent une première et une seconde fois en certaine quantité, puis refusè- rent obstinément d’en faire usage. Nous acquimes ainsi la preuve que la gélatine, bien différente des os que les chiens appètent avec avidité, épurée et devenue insipide et sans odeur , n’avait aucun attrait pour ces animaux, même quand ils ressentaient une faim des plus vives. Le premier résultat, bien que négatif, n'était pas sans im- portance; car les animaux affamés, et particulièrement les chiens, ne sont pas délicats sur le choix des moyens de satisfaire le be- soin qui les presse. Renfermés en certain nombre, par exemple, privés de tout aliment et pendant plusieurs jours, ils ne tardent point à s’entre-dévorer. Sous ce point de vue (celu est triste a dire), ils se rapprochent beaucoup de l'homme, comme ne le prouve que trop, avec tant d'autres exemples analogues, le fameux naufrage de la Méduse. EXPÉRIENCES SUR LA GÉLATINE ASSAISONNÉE. Aprés avoir éclairci ce point, nous entreprimes une autre série d'expériences sur la gélatine rendue sapide et agréable au goût par divers genres d’assaisonnemens. Nous commençèämes par la gelée véritablement alimentaire que préparent les charcutiers pour la consommation journalière de l’homme. Cette gelée, qui s'ajoute au jambon, à la galantine, est faite par la décoction de diverses parties du porc, réunies souvent aux abatis de volailles ; elle est d’un goût très agréable, et est fort recherchée des consommateurs. Le premier chien auquel cette gelée fut donnée, la prit pen- dant quelques jours avec une véritable avidité ; mais cette appé- tence se calma bientôt : il mettait plus de temps à prendre la gelée ; quelques jours encore, et il ne la prenait qu'en partie et avec des signes de dégoût; enfin il n’y toucha plus du tout, et se contentait de la flairer, sans doute pour s’assurer si ce qu'on lui donnait n'aurait pas subi quelques changemens. En somme, l'animal, au 20° jour de l'expérience, était mort de faim, ayant MAGENDIE. — Sur L'alimentation. 77 à sa disposition un aliment que, d’abord, il avait accepté avec empressement. Cette expérience fut répétée sur plusieurs autres chiens ; elle eut exactement le même résultat, c’est-à-dire la mort avec tous les signes de l’inanition complète, le 20° jour au plus tard. Bien que le doute ne füt plus possible, nous voulümes ce- pendant multiplier ces essais , afin de nous assurer s'il n'y avait rien d'individuel dans nos résultats. À cet effet, nous soumiîmes d’autres chiens au régime de la gelée de charcutier, mais nous ne poursuivimes pas l’expérience au-delà de la manifestation du dégoût, qui se montrait rarement plus tard que le 6° ou 8° jour; après quoi nous remettions l'animal à un régime ordi- naire, et sa santé ne souffrait aucune atteinte. D'après ces expériences, un chien pouvait vivre 20 jours en se nourrissant exclusivement de gélatine aromatisée par les principes odorans et sapides de la viande. Mais dans cette durée de l'existence , quelle était la part de la gélatine digérée? I’ani- mal succomberait-il plus tôt, s’il ne prenait aucune nourriture? Le désir d’éclaircir ce doute fut l’occasion d’une nouvelle sé- rie d'expériences qui fut exécutée sur 22 animaux. En voici le résumé : EXPÉRIENCES SUR L'ABSTINENCE. De ces animaux, les uns furent soumis à une abstinence com- plète ; les autres furent également privés de tout aliment, mais ils eurent de l’eau à discrétion. Nous reconnümes d’abord un fait depuis long-temps connu en physiologie, et qui vient d'être récemment constaté de nou- veau dans le beau travail de M. Chaussat sur l’abstinence , sa- voir , que la mort de faim est d'autant plus prompte que l’on est plus jeune. En effet, des chiens âgés de 4 jours, sont morts après 48 heures d’abstinence ; des chiens âgés de plus de 6 ans, vivaient encore au 30° de diète absolue ; d’autres, plus jeunes, ont vécu de 7, 10, 11, 15 et 20 jours. Pour atteindre l'objet que nous nous proposions, nous na- 79 MAGENDIE. — Sur l'alinmentalion. vions donc qu’à comparer les âges des animaux mis au régime de la gélatine alimentaire, et ceux qui avaient été soumis à l’'abstinence complète. En comparant l’âge des chiens morts en mangeant de la géla- tine, et l’âge de ceux qui étaient morts de faim, nous trouvâmes que la différence était fort peu de chose, En prenant des ani- maux du même âge, l'époque de la mort était, à quelques heures près, la même. Il faut dire toutefois, pour l'intelligence de ce résultat, que les animaux soumis au régime de la gelée de char- cutier, se condamnaient eux-mêmes à une abstinence volontaire, | après avoir pris cette gelée pendant 8 à 10 jours, et qu'il y avait eu réellement abstinence de part et d'autre dans les 10 ou 15 derniers jours de l'expérience. Nous venons de dire que, dans la série d'expériences dont nous rapportons les résultats, plusieurs animaux avaient été privés d’alimens, mais non d’eau. Il était curieux, en effet, de savoir si l’eau aurait quelque influence sur la prolongation de l'existence des animaux soumis à l’abstinence. Cette influence a été manifeste : tous les chiens qui ont bu de leau, ont vécu 6, 8 et même 10 jours au-delà du terme fatal à ceux qui en étaient privés. Un tel résultat n’a rien qui doive surprendre : le corps des animaux, le nôtre, sont composés, en très grande partie, d’eau qui se perd incessamment par diverses issues, telles que les poumons, la peau, les reins, etc. Il faut que de nouvelle eau vienne remplacer celle qui s'échappe , sans quoi, les rouages de la machine vivante cesseraient bientôt de fonctionner. sise ce rapport et sous plusieurs autres, l’eau est donc un véritable ali- ment, et des plus id bios On pourrait conclure de ces faits, que l’eau pure est plus nu- ‘tritive que la gelée alimentaire. Sans rejeter entièrement cette conséquence, nous vimes qu'elle ne ressortait pas rigoureuse- ment des expériences précédentes ; car, d’une part, les animaux mis au régime de la gélatine, cessent assez promptement d'en manger, et tombent alors dans le cas de l'abstinence complete; et de l’autre, les animaux mis à l’usage exclusif de l’eau ,: en boivent jusqu'aux derniers instans de leur vie. Nous avions donc | | | | | ! | | | | | | | | | MAGENDIE. — Sur l’alimentation. 70 besoin de nous livrer à de nouvelles tentatives propres à éclair- cir si la gélatine est ou n’est pas nutritive. EXPÉRIENCES SUR LA GÉLATINE ASSOCIÉE A DIVERSES MATIÈRES ALIMENTAIRES. Pour cela, nous résolûmes de méler la gélatine à diverses ma- tières alimentaires, et de nous assurer par là si nous ne pour- rions pas en prolonger l’usage assez long-temps pour en appré- cier les effets nutritifs. Dans ces nouvelles expériences qui nous ont pris beaucoup de temps, car plusieurs se sont prolongées quatre-vingts et quatre-vingt-dix jours, la gélatine, généralement à forte dose, a été donné?, soit cuite dans du bouillon de viande, soit mélée au pain et à la viande, tantôt isolément et tantôt réunis. La quantité de gélatine sèche, associée avec ces matières, a pu étre portée jusqu'à 5oo grammes par jour pour des animaux du poids total de 10 ou 12 kilogrammes ; elle était prise sans trop de répugnance, et a pu donner ainsi tous ses effets nutri- üifs ; et cependant, dans tous ces essais qui ont été variés de beaucoup de manières, où la dose de la gélatine a été tantôt croissante et tantôt décroissante , ainsi que celle des alimens aux- quels elle était associée, nous ne sommes jamais arrivés à une alimentation complète ; loin de là : nos animaux sont morts avec tous les signes de l’inanition ; tous ont perdu rapidement de leur poids ; tous ont éprouvé des diarrhées abondantes, et sont tom- bés dans cet affaiblissement extrême, précurseur presque inévi- table de la mort par défaut de nutrition. On trouvera à la suite de ce rapport le détail de ces expé- riences ; nous en citerons cependant ici quelques-unes, afin de donner une idée de la manière dont elles ont été conduites. Expérience. — Un jeune chien, de grande taille, ägé de près d'un an, poids 11*,25, est mis au régime d’une soupe composée de pain 250%, et égale quantité de colle de Flandre. IL y reste pendant 44 jours en maigrissant beaucoup; le 45° jour, le ré- gime se compose de pain 120%, colle de Flandre 570, c'est-à- 8o MAGENDIE. — Our l’alimentation. dire, qu’on ajoute en gélatine ce qu’on diminue en pain. L’ani- mal laisse bientôt la soupe avec dégoût, et tombe dans une dé- bilité excessive ; on reprend alors le précédent régime de pain et de colle de Flandre à parties égales 250%, en y ajoutant un demi-litre de bon bouillon gras : l'animal reprend sa soupe avec avidité ; l’état des forces s’améliora. Mais ce mieux ne fut que de courte durée : l'animal , en 63 jours, était redevenu très faible, il ne pesait plus que 8*,5o, au lieu de 11°,25, poids initial. La diarrhée la plus abondante n'a pas cessé pendant ces 63 jours. Le voyant dans cet état, et sa mort étant inévitable si on persistait dans le même régime, on mit l'animal au régime de la viande pendant quatre jours, ce qui rétablit ses forces et fit cesser la diarrhée. Au 76° jour, le chien étant bien remis, on reprit le régime de la sde de pain, de colle et le PARA ; mais l’animal ne le prend qu'avec dégoût, et meurt le 83° jour avec une maigreur excessive. Autre expérience. — Une grosse chienne adulte , pleine, bien portante, fut mise à l’usage d’un mélange composé, pour 24 heures, de : Gélatine sèche alimentaire . . . . . . . 200 grammes. Païin...,hait. RE jrs sunani ntt 350 ERITS Viande de cœur de a Ur ete NU 0 MOULE Deux œufs. Sel, quantité suffisante. Elle prend cette nourriture pendant 18 jours, durant lesquels elle maigrit très sensiblement. Du 12° au 22° jour de l'expérience, la dose de gélatine est portée jusqu’à 500 grammes pour 24 heures; mais le dégoût se manifeste : on est forcé de réduire la dose de gélatine. Le 25° jour, la chienne met bas cinq petits. Nous remarquons qu'elle a seulement quatre mamelles développées et contenant du lait. L'un des petits ne tarda pas à périr , probablement parce qu'il ne trouva pas de mamelles pour s’y attacher. On continue la même alimentation , mais avec 250 grammes de gélatine seulement. MAGENDIE. — Sur l'alimentation. 81 Le 24° jour, l'amaigrissement, après la délivrance, paraït très notable. Du 24° au 29° jour, l'animal prend avec ses alimens, suivant la dose indiquée ci-dessus, 970 grammes de gélatine sèche. Il manifeste de la répugnance pour sa nourriture, quoiqu'il pré- sente cependant tous les signes d’une faim excessive. Une des quatre mamelles cesse de fournir du lait, et un des petits est trouvé mort. Du 29° au 45° jour, on cesse la gélatine pour nourrir l'animal avec la tripe. Dès le 5° jour de ce régime, toutes les mamelles sont pleines et donnent abondamment du lait. Le 45° jour, on reprend la gélatine. Bientôt les mamelles su- périeures s’affaissent; les trois inférieures sont encore remplies de lait. Le b5° jour, toutes les mamelles flétries ne contiennent plus de lait. La mère, devenue très maigre, repousse d’abord ses pe- tits. Au 58° jour, elle ne les laisse plus s'approcher d'elle ; aussi ne tardent-ils pas à périr d’inanition. + Dans l'espace de 20 jours, l'animal a mangé , indépendam- ment du pain et de la viande, 3210 grammes de gélatine sèche. Cette alimentation a eu pour résultat évident de suspendre la sécrétion du lait, qui revenait aussitôt qu’on changeait de nour- riture. Ce régime n'était donc pas suffisamment nutritif. On peut conclure sans crainte des faits qui précèdent, que la gélatine, même aromatisée par les principes sapides et odorans de la viande , ne peut seule servir d’aliment et entretenir la vie, et qu’elle excite promptement un dégoût insurmontable ; Que son introduction, en certaine proportion, dans le ré- gime, même pour moitié, n’améliore pas celui-ci, et qu’au con- traire elle le rend incomplet et insuffisant. Restait à examiner une préparation alimentaire, où l’on fait entrer quelquefois la gélatine pour une faible proportion, et qu'on distribue ensuite aux indigens. Je veux parler du bouillon de viande, fait en partie avec la solution gélatineuse obtenue par le procédé de M. d’Arcet. | XVI, Zooz, »— Août, 6 82 MAGENDIE. — Sur l'alimentation. EXPÉRIENCES SUR LE BOUILLON GÉLATINEUX ET LE BOUILLON DE VIANDE. Dans la vue d'éclairer ce point particulier, qui cependant est d’une haute importance, puisqu’ii touche à l'alimentation des pauvres valides ou malades, nous avons cru bien faire en com* | parant le bouillon qui se fabrique à l’hôpital Saint-Louis parles | procédés de M. d’Arcet, et le bouillon que distribue et vend dans Paris, en très grande quantité, la compagnie hollandaise: Pour rendre cette comparaison plus fructueuse, l’un de nous, d’après le désir de la commission, s’est consacré pendant trois mois (septembre, octobre, novembre de 1835 ) à l'examen at- tentif de la dissolution gélatineuse et du bouillon qu’on prépare à l'hôpital Saint-Louis. Tous les jours il faisait prendre à l'hôpital le bouillon et la dissolution gélatineuse du jour même. A leur arrivée au labora- toire de l’École polytechnique, où toutes ces expériences ont été exécutées, on constatait leurs caractères physiques, leur saveur et leur action sur le papier , etc. | On éxAparaie ensuite un litre de chaque liqueur au bain de vapeur, jusqu'à ce que le résidu ne perdit plus rien: Après avoir examiné ce résidu lui-même, on le brülait avec ménage- ment pour en détruire la matière organique et en doser les sels: On verra dans le tableau qui suit, et où se trouvent renfer- més les résultats de cette longue suite d'essais , que le bouillon de l'hôpital Saint-Louis est souvent neutre ou faiblement acide ; qu’on le rencontre fréquemment louche, et que son goût, assez inégal, laisse quelquefois à desirer. Ce bouillon paraît contenir moyennement 1/4 grammes de matière sèche par litre, dont 8 grammes en matiere organique et 6 grammes de sels où do- mine le sel marin. Quant à la matière organique, elle se compose essentiellement de graisse, de gélatine et d'extrait provenant de la viande ou des légumes. Ce bouillon renferme un peu de sel ammoniac qu'on n'a pas cherché à doser exactement. La dissolution gélatineuse renfermait généralement 10 gram- MAGENDIE. —= Sur l'alimentation. 83 mes de gélatine par litre; mais comme cette quantité est un produit moyen, on a étudié des dissolutions plus pauvres obte- nües des os déjà épuisés. Toutes ces liqueurs se sont montrées | plus où moins alcalines, conter louches et de mauvais goût, Mais souvent sans saveur: On n y trouve, en général , que des traces de substances salines. La liqueur ne renferme guéré en réalité que de l’eau, de la gélatine, ét un peu de graisse en . quélque sorte émulsionnée par la Rate de quelques traces . dés composés ammoniacaux. C’est l’alcalinité de la dissolution gélatineuse qui explique le peu d’acidité du bouillon qui en provient, les acides fournis par la viande ou les Éeunes étant neutralisés par l’alcali de la dis- solution. C’est aussi son aspect louche et la Saveur ässez désagréabie qu'elle présente quelquefois, qui rendent compte de l'état trouble du bouillon et de la saveur peu satisfaisante qu'on lui a reconnue dans quelques-unes des épreuves. Une surveillance active et éclairée est donc plus nécessaire plus indispensable, quand il s’agit de fabriquer du bouillon avec une dissolution gélatineuse sujette à varier selon les soins qu'on - porte au choix des os, à leur manutention et à la bonne direc- tion de l'appareil. Nul doute qu’on ne puisse obtenir, avec l’ap- parèil de M. d’Arcet, une dissolution gélatineuse sans saveur et sans odeur, et par suite, un bouillon agréable; mais on n’ob- serve pas toujours, sans doité; les précautions qui seraient né- cessaires pour y parvenir. | *2ATEUIPIO 3008 ‘2YONO] ‘aury0]Y LE *JALBUIPIO 3008 ‘oqponor ‘aproy| og‘ç gç‘g g1‘ai k *aireutpio 3n08 ‘aqonor ‘aut[ur]y| Ÿ1‘o 90‘6 0z‘6 ‘1008 uoq ‘oqonor ‘ornou| 986 sL‘G Y9‘çr *911PUIP1O 3008 ‘92NOT ‘outfeo[e quowmaqieg| ŸY1‘o 9t‘11 oÿ‘11 ‘1708 uoq ‘ a4on0] ‘ape quomorqex| 96‘L 90‘9 c6‘çr “aprdisur “outepo ‘autfery| co‘o 1L'€ yLe “1008 uoq son “ate[o ‘opioe juomeqiex| <6‘L ÿL'L 99“GI à 'opridisur ‘ oyonor nod un ‘outeoje juemaque c1‘o 19‘L VIAA | “ynoS uoq ‘eo zosse ‘ougnon| LotL ci‘g OG'GÇI {| ‘nous sues ‘ oite[o zosse ‘ our[eoje moqwe| 6o‘o 11‘9 0&‘9 “1908 uoq ‘oyonoç nod un ‘orgnoN| gc‘ç ar) og'It *opidsar ‘oatepo ‘oxnoN| go‘o z6‘G 00‘9 ‘1n08 uoq Sox “oqonot nod ‘ougnon| Lo'c c6‘9 091 “opidisat ‘ouejo ‘oureoye quomorqex| 60‘0 9£‘9 tv "1909 uoq ‘oqgonor ‘osmnoN| gg‘ &o‘L o6‘çr “angaës sues ‘oqonot nod un ‘oureo|y| oc‘o 99‘6 98‘6 ‘uoq zosse 3008 ‘agonoy nod ua ‘ormoN| 6g‘ç 1ç‘L OG'EI “Anoaes sues ‘ayonox “ouiuoye nod.uf 91‘o Y9‘6 0g‘6 ‘uoq Z95$e 308 ‘oonot ‘213n9N Lo‘L 10‘ g9‘er “apidisat ‘oue[o ‘oumyeo(e juowoque « « cy‘y ‘u0q zosse 3n08 ‘aqouo] ‘oproe quomoqe| cl 1&‘OI 96‘çt À ‘atpio 1008 ‘oute(o zosse foutçeoqe quomoquex| ‘ Y1‘o o9'L YLL ‘1008 uoq ‘ojqnor ‘onnoN| 16‘9 6c‘9 ogç'er A) ‘“oprdisur ‘oureço zosse ‘ auiquote Juowotqrex 96‘o cy+y gcc ‘ans 39 Stwanem 300$ ‘ayono] ‘oproe nod ufn| cg‘ cI‘g 96çr *apef “oyono “ourqueoje juowo[qua| ce‘o Li‘cr oÿ‘ÇI ‘uoq sed 39 2[qtez 1003 ‘oyonor ‘opte nod ug| go‘ Yç‘L oÿ‘Yr "2onot ‘Au9APS sues oui[U9IE JUAMOIEA| 9x1‘o ° Le bassin parisien m'ofire, dans les couches inférieures, douze espèces ; cinq sont communes au Jura,cinq aux Ardennes et deux à la Provence ; néanmoins il resterait encore cinq espèces propres , toutes se trouvant à Wissant: les 4. Auritus , Fittoni , Lautus, Splendens et Tuberculatus. Dans les couches supérieures, je connais 13 espèces, dontihuit se trouvent simultanément dans Le bassin provençal, dix dans le Jura, et sept dans les Ardennes et la Meuse. Il ne me reste plus qu’une espèce tout-à-fait propre au bassin parisien : c'est l_4. Clementinus. Les dissem blances disparaissant, pour ainsi dire, par la comparaison , on peut seulement dire qu'à l’époque des couches inférieures du gault , le bassin parisien et d'Angleterre avaient, dans le nord, deux dépôts , celui de Wissant et celui de Folstone , contenant des espèces tout-à-fait différentes de celles qu’on rencontre dans les autres bassins , à la même époque. 3° Le Jura, la perte du Rhône et la Savoie, offrent jusqu’à présent, . les couches inférieures, cinq espèces, dont quatre se trouvent au sein du bassin parisien et quatre dans les Ardennes. _1l n’en reste aucune espèce spéciale. Dans les couches supé- rieures,]e remarque que, sur quinze espèces, huit sont communes au bassin provençal, onze au bassin parisien et six aux Ardennes. Il ne reste plus ensuite que trois espèces spéciales , les 4. Brot- ttanus et Itierianus, de Ja perte du Rhône, et F2. Hugardia- XVI. Zoor. — Septembre. 12 158 A. DORBIGNY. — Sur les Ammonites. nus de la perte du Rhône et de la Savoie. On voit que la plus grande analogie existe entre-le bassin parisien, le Jura et la Savoie, qu on pourrait peut-être y réunir. 4° Le gault des Ardennes et de la Meuse a offert, jusqu’à ce jour , treize espèces des conches inférieures , dont deux sont communes à la Provence, cinq au bassin parisien et quatre au Jura ; après quoi il restera encore sepi espèces , les Z. Ærchia- cianus iGuersanti , Mosensis, Michélinianus, Puzosianus , Quercifolius et Raulinianus, propres aux Ardennes et à la | Meuse. Les couches supérieures me présentent sept espèces se trouvant toutes, sans exception, dans le bassin parisien et le Jura, et cinq communes au bassin provençal. De ces faits il faut probablement conclure que les Ardennes , par les espèces des couches supérieures, sont identiques au bassin parisien, dont elles paraissent avoir fait partie , tout en ayant, comme à Wissant , dans les couches inférieures , un lambeau contenant un assez Eh nombre d espèces propres à cette localité. En résumé, à l'époque où le gault formait ces premiers dépôts, dans le nord du bassin parisien , à Wissant , dans les Ardennes et la Meuse, ce bassin était, au moins, aussi distinct du bassin provençal qu'aux étages néocomiens. Les deux mers avaient peu de communication , ce qui est indiqué par les espèces; mais les dislocations sans nombre qui ont amené les dénudations succes- sives si remarquables de cette époque, indiquées par les espèces chariées, pourraient prouver qu'il s’est fait alors quelques rup- tures entre les bassins , et qu’il s’est établi des communications plus nombreuses ; néanmoins, le golfe crétacé de la Loire ne contient pas encore de gault, et je ne cite cet étaze qu'avec doute et encore sur le point le plus méridional du bassin pyré- néen, avoisinant le bassin provençal. Ces communications, éta- blies entre les mers provençales et parisiennes sont évidemment marquées par le grand nombre d'espèces qui leur sont communes à l’époque du gault supérieur, chiffre bien différent du nombre obtenu jusqu'alors dans les époques antérieures, et prouvant une différence notable dans la composition spécifique des faunes, qui, néanmoms, conservent encore par bassin des espèces dis- tinctes. Le bassin pyrénéen et le golfe crétacé de la Loire se A. D'ORBIGNY. — Sur les Ammoniles. 179 trouvent à la fin du gault, dans les mêmes conditions Li commencement de cette époque. Un fait que j'ai reconnu dans tontes les localités de gault, et qui viendrait appuyer l'hypothèse qu’à cet étage des terrains crétacés ont eu lieu des dislocations sans nombre , et que, des- lors, beaucoup de couches ont pu disparaître de certaines parties et interrompre leur ordre de succession naturel, c'est que presque partout les couches ont été remaniées, triturées, soit à l’instant de leur dépôt, soit postérieurement et à une époque où les corps organisés étaient déjà en partie fossiles. Si je cherche des exemples de ce que j'avance, je les trouverai évidens : 1° au sein des couches inférieures de Wissant ; 2° dans les Ardennes et la Meuse (1), où les fossiles, emnâtés d’une roche noirâtre , trés compacte, ont été roulés ainsi, et déposés, par couches, au sein d’un dépôt argileux ou siliceux , évidem- ment postérieur au premier; 3° dans les couches supérieures du Gasty et de Maurepaire (Aube), ou des rognons, plus durs, sans doute roulés par les eaux , et renfermant l4. /nterruptus adulte, et un grand nombre d'autres fossiles, se sont déposés par bancs au sein de l'argile plus supérieure, contenant l’4. Latidor- satus , qu'on ne rencontre jamais dans ces mêmes rognons, et qui, comme Je l'ai reconnu, se trouve partout aux parties Îles plus supérieures de cet étage ; ainsi les rognons ici appartien- draient encore à une époque antérieure aux argiles qui les contiennent. Ces faits, que tous les géologues ont pu observer comme moi, expliquent facilement pourquoi le gault ne forme, le plus souvent, que des lambeaux de dépôts, qu'on ne peut suivre au pourtour des bassins, comme on le fait de la craie blanche, du terrain néocomien et même dans les terrains ju- rassiques. Cela prouve encore que l'époque du gault a été sur- iout marquée par des dénudations profondes ; que des courans violens, soit généraux , soit produits par des dislocations, ont, à presque toutes les couches de cet étage, empêché qu'elles ne (1) M. D'Archiac ( Mémoires de la Société géologique , tome ur, page 282, 585) cite ces rognons roules, dans les Ardennes, 180 A. D'ORBIGNY. — Sur les Ammonites. se déposassent lentement et sans perturbation, enlevant les dépôts dun endroit pour les transporter dans un autre. Les espèces d’Ammonites qu'on trouve dans tous les bassinss sont les suivantes: couches inférieures, 4. Fissicostatus et Mit. letianus; couches supérieures, 2. Beudanti, Interruptus ,. Lyelli, Latidorsatus , Mammillaris, Versicostatus. | 3° ÉTAGE, CRAIE CHLORITÉE , CRAIE TUFAU OU GRÈS VERT SUPÉRIEUR. L’étage de la craie chloritée est infiniment plus répandu er France que l'étage néocomien et le gault. On le trouve très bien développé et ayant souvent une grande puissance dans le bassin provençal , dans le bassin parisien, dans le golfe de la Loire, dans le bassin pyrénéen ou du sud-ouest, sur quelques points du Jura , dans les Ardennes et le Cotentin. Voici la liste des espèces propres à ces bassins ou à ces golfes : Bassin provençal. A. Beaumontianus. (1) A. Largilliertianus. A. Requienianus. & Bravaisianus, @ Mantellii. Rhotomagensis. a Deverianus. @ Papalis. a Sartousianus, Feraudianus. Prosperianus. a Varians. Falcatus. Peramplus. a Goupilianus. a Renauxianus. Bassin parisien. A. Falcatus. (2) d A, c Mantellii. d A. c Varians. d Largilliertianus. ec Rhotomagensis d Woolgari. c Lewesiensis, Rusticus. Ë Golfe de la Loire, jusqu'à la Sarthe. À. Beaumontianus. A. Croupilianus. A. Vibrayeanus. Carolinus. Mantellir. Woolgari. Catillus. Peramplus Lewesiensis. Fleuriausianus. Rhotomagensis. Falcatus. Varians. (r) Les espèces suivies d’un a sont d'Uchaux { Vaucluse), et correspondent aux couches de Gozeau. (2) Les espèces précédées d’un c sont de Wissant ( Fas-de-Calais ) et d'Angleterre, Les espèces suivies d’un d sont du département de l'Aube. » A. D'ORBIGNY. — Sur Les Ammoniles. IOI Bassin pyrénéen ou du Sud-Ouest. e A. Carolinus. ‘ À . Pailletteanus. A, Varians. Fleuriausianus. Rhotomagensis. Woolgari. Mantellu. Tricarinatus. A. Mantellir.. A. Rhotomagensis. A. Varians. Ardennes et Meuse. A. Falcaius. A. Renauxianus. A. Catillus. Cotentin et environs de Valogues. A. Verneuilianus. A. Lewesiensis. A. Lafresnaÿanus. Ces séries d'espèces me donnent , au bassin provençal , seize espèces où beaucoup plus de la moitié du total connu ; au bas- sin parisien , 5 ; au golfe de la Loire et de'la Sarthe, 13 ; au bassin pyrénéen et du sud-ouest, 8; au Jura, 3; aux Ardennes, 3; au Cotentin , 5. On voit que le bassin provençal est, comme à l'étage néocomien , le mieux réparti en espèces, et que le golfe _crétacé de la Loire et le bassin pyrénéen commencent à offrir à l’étage des craïes chloritées autant et plus d'espèces que le bassin parisien. L'examen des formes me donnera sans doute quelques faits curieux , tirés de la comparaison des faunes lo- cales. Je vais les passer en revue à cet effet. 1° Dans le bassin provençal, sur les seize espèces qui s’y trouvent, cinq sont communes au bassin parisien, sept à la Loire , trois au sud-ouest. Il en reste, après ces distinctions, sept (les -Z. Bravaisianus, Deverianus, Feraudianus , Papa- lis, Prosperianus , Requienianus et Sarlousianus ) ou prés de la moitié, qui jusqu'à présent sont spéciales à ce bassin , ce qui porterait à croire qu'il s’est encore trouvé à cette époque avec une faune en partie spéciale, annonçant son isolement des aûtres bassins, et qu'il est enfin dans les mêmes conditions qu’à l’époque du gault. 2° Le bassin parisien m'a montré huit espèces, dont cinq se trouvent simultanément en Provence , six dans le golfe de la 182 A. DORBIGNY: — Sur les Ammonites. Loire et quatre dans le bassin pyrénéen. Il ne reste jusqu'à pré- sent, apres ces rapprochemens , que LA. rusticus qui soit propre , Ê q P au bassin parisien. 3° Le golfe de la Loire, sur les treize espèces, m'en donne sept communes au bassin provençal , cinq au bassin parisien , et six au bassin pyrénéen. Il n’y a donc qu'une espèce, l4. Vibrayeanus , spéciale au golfe de la Loire , qui, tout en dif- férant du bassin parisien, pourrait en être une dépendance. 4° Le bassin pyrénéen, de la Charente-Inférieure à Perpi- gran, m'a offert, jusqu’à ce jour, huit espèces , sur lesquelles | trois se trouvent, en même temps, dans le bassin provençal, quatre dans le bassin parisien et six dans le golfe de la Loire. Il en reste deux spéciales , les 4. Pailletteanus et Tricarinatus. Des com- paraisons que J'ai faites , il résulterait que le bassin pyrénéen , tout en paraissant avoir des espèces spéciales, se rapproche plus du golfe de la Loire que de toutes les autres parties des ers de l'étage de la craie chloritée. _ 5e Les espèces du Jura sont celles qu'on trouve indistincte- ment partont, et en particulier dans le bassin parisien. 6° Les espèces des Ardennes se rapprochent plus de celles de la Loire que de celles des autres bassins. 7° Enfin, les Ammonites du Cotentin, tout en montrant deux types distincts des autres bassins, indiquent , par lZ. Lewe- siensis, leur identité d'époque avec le troisième étage des ter- rains crétacés. En résumé, à la première époque de la craie Here la seule dont je m'occuperai ici, puisque, seule, elle contient des Ammonites, les mers de cet étage ont changé de forme. Les deux bassins dont j'ai parlé, le bassin provençal et le bassin parisien , existent dans leur intégrité, mais le dernier a pris un plus grand accroissement, puisqu'il s'étend jusqu’au Cotentin d'un côté, et dans tout le golfe de la Loire, jusqu'alors étrangers au terrain crétacé ; tandis que le bassin pyrénéen, l’un des plus vastes de cette époque, vient aussi se dessiner, et recevoir, dans toutes ses parties, les mers de l’époque de la craie chloritée. Ainsi, dans le troisième étage des terrains crétacés, il existe trois bassins distincts, le bassin provençal, le bassin parisien et le A. D'ORBIGNY. — Sur les Aminonites. 18) bassin Pyrénéen, contenant des espèces distinctes; mais ces bassins, ayant, sans doute, plus de communication entre eux qu'aux époques antérieures, ont un bien plus grand nombre d'espèces communes, mélangées à leurs espèces propres. L’effet des remaniemens qui ont eu lieu à l’époque du gault s’est encore manifesté aux instans où se déposaient les pre- mieres couches de la craie chloritée, puisque, comme Je l'ai signalé, on trouve sur quelques points où le gault est anéanti, au Havre et à Cassis, des suélanges de pre évidemment transportés, appartenant les uns au gault, les autres à la craie chloritée ; la masse enveloppante ne contenant, comme je m'en suis assuré, que des foraminiferes de l'étage des craies chlori- tées, ce qui prouve que ces dépôts appartiennent bien à cet étage , et que les espèces du gault y ont été transportées. Les parties supérieures paraissent être déposées d’une manière plus régulière, surtout dans le bassin Pyrénéen et dans le golfe de la Loire, où aucun de ces mélanges n'existe, pas plus que dans les ie. inférieures. Du reste, les Ammonites qu’on trouve dans tous les bassins à-la-fois sont les suivantes : Z. Rhotomagensis, À. Mantelli et A. Varians. RÉSUMÉ GÉOLOGICO-GÉOGRAPHIQUE. Les conclusions géologico-géographiques qu'on peut tirer de la répartition des espèces d'Ammonites au sein des couches des terrains crétacés, sont : 1° Que lors des dépôts néocomiens, depuis les premières jus- qu'aux dernières couches , il n'existait en France, au moins d'après les connaissances actuelles, que deux bassins distincts, le bassin provençal, borné à l’ouest par es Cévennes, à l'est par les Alpes ; et le bassin parisien, dont le littoral, sur les terrains jurassiques , s'étend du département de l'Aube et de l'Yonne, par la Haute-Marne, jusqu’au Jura, ou, de l’autre côté, jusqu’en Angleterre. Ces deux bassins avaient chacun leur faune particu- lière, bien tranchée, tout en possédant assez d'espèces com- munes pour qu'on ne puisse douter de leur contemporanéité. 184 A. D'ORBIGNY. — Sur les Ammoni!es. 2° Qu'à l'époque du gault inférieur, ces deux mers sont restées dans les mêmes conditions; mais que, pendant cette premiere pé- riode , les grands effets des courans , marqués par le transportdes espèces, provenus, sans doute, de dislacations partielles , ont vraisemblablement ouvert de larges communications entre ces deux mers, puisqu’aux couches supérieures du gault on trouvé un bien plus grand nombre d'espèces communes entre les bas- sins qu'il n’en existait aux époques néocomiennes. 3° Que l'étage de la craiechloritéea changétout-à-fait l’aspect des mers crétacées. Les deux premiers bassins sont restés, relative- ment à la distribution des espèces et à leurs proportions, ce qu'ils étaient à l’époque du gault supérieur; mais au bassin parisien s’est joint le golfe du Cotentin et le golfe de la Loire, jusqü'alors étran- gers aux terrains crétacés; et l'étage de la craie a envahi, en même temps , l'immense bassin pyrénéen, depuis le département de la Charente-Inférieure jusqu'aux Pyrénées-Orientales; ainsi, vers la dernière époque des terrains crétacés où les Ammonites ont vécu, ces mers avaient pris en France et dans toute l’Europe une extension au moins du double de ce qu'elles étaient à Vinstant où elles se sont montrées pour la première fois avec les terrains néocomiens. Note sur le prétendu parasite de l’Argonauta Argo, \ Par M. O. G. Cosra, Professeur de zoologie à Naples. M. Delle Chiaje a été le premier a faire connaître l'existence d'un corps organisé placé entre le manteau de l/rgonauta Argo et sa coquille. Il le regarda comme un parasite, et il le plaça parmi les vers dans le genre Tricocephalus. Je ne veux pas m'étendre ici sur les objections qu'il y aurait à faire contre cette manière de voir, car elles ne peuvent échapper à aucun helminthologisté qui aura l’occasion d'observer ce pré- + à » COSTA. — Prelendu parasile de l’Argonaute. 185 tendu parasite qui, du reste, a été si mal décrit et figuré qu'on aurait quelque peine à le reconnaitre. Mais je crois qu'il ne sera pas sans ulilité d'en publier un dessin exact, en yÿ joignant le peu d'observations que j'ai pu faire sur le petit nombre d’indi- vidus qui, à des époques différentes, me sont tombés entre les mains. La figure 2* (PL. 15) représente ce corps grossi presque vingt fois. a, b indiquent le tronc; c c un appendice terminal, et e f les deüx cirrhes tentaculaires. Sur le dos du corps a, b, on re- marque une double série de tubercules acétabulaires, qui, comme ceux des cirrhes vélifères de l'Argonaute, vont s'adapter à la cavité de la carène de la coquille. Ces tubercules sont figurés de face dans la figure 2°, pour en démontrer la disposition et la forme. Dans la partie interne du corps, il y a une espèce de poche (z, 7, &) partagée en plusieurs divisions (3 ou 4) rem- plies d’une substance gélatineuse à demi transparente et d’une couleur rosée ou de chair avec des taches dont les unes sont de couleur rouge de sang, et quelques autres, quoique en moindre nombre, de couleur violet foncé, comme on les voit dans la planche ci-jointe. On doit remarquer cependant qu’il v a,outre ces taches, deux qui sont symétriques pour la forme et pour la disposition, telles qu’elles sont indiquées par la lettre g, la couleur desquelles est d’un rouge bien plus vif que les autres. À cette poche dont nous venons de parler, succèdent les re- plis de la membrane externe située en dessus , et du côté in- terne un prolongement de la muqueuse qui constitue une sorte de fanon dans la partie plus large duquel naït un cirrhe e f dont l'extrémité se partage en deux appendices tentaculaires. La partie inférieure de ce fanon est environnée dans les bords su- périeurs et inférieurs, d’une membrane frangée très délicate, comme cela se voit dans le dessin. À l'extrémité b, succède un appendice en forme de cirrhe très long ccc, qui en s’amincissant successivement, va se terminer par une pointe très fine. Vers sa base on observe une membrane d, de figure triangulaire, traversée par deux cordons x x, qui par- tent de la même extrémité b, et qui, en divergeant quelque peu, et grossissant, se terminent avant de rejoindre le bord de 180 COSTA. — Prétendu parasite de l’Argonaute. la membrane à laquelle on dirait qu'ils servent d'appui comme les bâtons d’un éventail. Enfin la surface externe de la membrane qui recouvre le ventricule (si on peut le nommer ainsi) est tachée légèrement et finement d’une couleur plus foncée. Les taches sont formées par de très petits vaisseaux, recourbés presque en spirale, comme on les voit dans la figure 2°. Dans les cas très rares où j'ai rencontré le corps dont je viens de faire la description, c'était toujours sur une Argonaute fe- melle qui commençait à pondre ses œufs, lesquels, comme chacun le sait, s’attachent sur la face de l’avant-dernier tour de la spire. Le présumé parasite adhère à l'extrémité de la même ca- rène avec tant de force qu'on doit faire des efforts pour l'en détacher. Il est très mobile et très contractile. Les mouvemens de ses appendices sont d’une vivacité telle que ce n’est qu'avec peine que les yeux parviennent à les distinguer. Et lorsque on a vaincu l'adhésion de son corps avec la surface interne de la co- quille, ces mouvemens ressemblent à ceux qui agitent la queue d’un lézard séparée du tronc. La cirrhe terminale c ce se courbe aussi dans ce cas, de la manière représentée dans la planche. De tout ce qui précède, il est bien facile d’apercevoir que ce corps par son organisation ne peut pas être considéré comme jouissant d’une existence indépendante ; car il n’est doué d’au- cun organe spécial qui pourrait en prolonger la vie. L'extré- mité a semble être coupée de sorte qu'on pourrait soupçonner que ce prétendu ver était mutilé dans ce point, ou qu'il est une partie intégrale du mollusque auquel il appartient, Mais J'ai trouvé trés souvent l’Argonaute tout-à-fait dépourvue de ce corpuscule. Et d’ailleurs , les individus dans lesquels je l'ai ren- contré, n’offraient aucune cicatrice ou trace de mutilation. Ainsi … il n’y a pas à douter que ce corps ne soit une partie accessoire qui est probablement destiné à la fécondation des œufs, en un mot le spermatophore de l’Argonaute, qui est l’anologue (sans être tout-à-fait le même) de celui que l'habile et savant naturaliste M. Milne Edwards a découvert dans plusieurs autres genres d'animaux, et particulièrement dans la Sepiola. J'avoue que le petit nombre d’observations exposées dans CusTA. — Preélendu parasite de l’Argonaute. 197 cette note, n’est pas suffisant pour établir le rôle et les fonc- tions de l’être dont nous venons de parler. Mais je crois cepen- dant que ces observations pourront bien servir à d’autres pour les engager à continuer cette étude sans se laisser préoccuper par l'opinion singulière de ceux qui veulent considérer ce corps comme un vrai parasite; et, du reste, s’il en était ainsi, ce pré- tendu Helminthe serait l’analogue de l’'Hectodactyle (Octopodis, Cuv.), et jamais un Tricocéphale, avec lequel il n’a pas le moindre rapport. EXPLICATION DES FIGURES ( Planche 15 ). Fig. 2. Le prétendu parasite de l’Argonaute, de grandeur naturelle. Fig. 24. Le même, grossi. Fig. 20, Portion du bord acétabulifère. Fig. 2°. Taches de la membrane externe. Note sur l'appareil vasculaire de la Velelle (Armenistarium (1) velella), Par M. O. G. CosrA. + En traitant de la Velelle dans la faune du royaume de Naples, jai fait voir que le plateau ou portion horizontale et infundi- buliforme du squelette de ce zoophyte, est constitué par des canaux cartilagineux disposés sur deux plans et enroulés en spirale. L'un de ces tubes forme la face supérieure de cette lame, l'autre la face inférieure ; les tours de spire sont dirigés en sens . contraire, et chacun de ces canaux s’ouvre au dehors par son extrémité située sur le bord du plateau et communique avec le canal de la face opposée par une série d’anastomoses placées sur (x) Le nom d’Amenistarium a été donné de temps immémorial à cet animal par les Grecs, et en 1757, Carbusio en publia une bonne description et un excellent dessin dans les Miscellanæ Tovinesi, vol. III, p. 206. C'est pour cette raison que jai cru devoir reprendre la dénomi- nation générique très ancienne d’Armenistarium. (Voyez ce genre dans la Faune du royaume de Naples). 188 c cosra. — Sur la l’elelle. une ligne transversale, disposée de facon à décrire une croix avec la ligne occupée par la portion verticale du squelette et à correspondre par ses extrémités aux deux orifices extérieurs dont il vient d’être question. Ce système de canaux renferme un liquide légèrement gélatineux et du centre de la double spire naissent quelques vaisseaux verticaux, lesquels se ramifient dans l’extérieur de la crête ou portion verticale de cette sorte de squelette. Jusqu'ici je n'étais pas parvenu à découvrir les liaisons qui doivent exister entre cet appareil tubulaire et les parties molles de l'animal, ni la manière dont les matières nutritives se distri- buent à ces derniers; mais en poursuivant mes recherches, je suis parvenu à résoudre quelques-unes de ces questions et à constater, touchant la structure des Velelles, quelques faits nouveaux qui me semblent de nature à intéressser les zoologistes. ( Si on a soin de diviser le manteau ou enveloppe dermique de la J’elella, de maniere à ce que l’on puisse enlever les viscères tout en gardant la partie qui adhère à la face concave du sque- lette, on parvient à voir nettement le réseau vasculaire du dernier. Afin d'atteindre ce bat, il faut s’y prendre avec une extrême délicatesse et préparer l'animal de manière que la mem- brane de la surface du squelette ne se détache pas, et que les vaisseaux soient injectés par le fluide nourricier. Ce n’est qu'a- près une série d'essais pénibles et difficiles que je suis parvenu à atteindre le but pour lequel je ne peux conseiller autre chose qu'une patience constante et ingénieuse. Le dessin ici annexé (PL 13, fig. 3) montre que deux vais- seaux principaux servent à la circulation dans ce genre d’ani- maux, vaisseaux dont les rameaux partent précisément de deux pôles opposés qui se trouvent sur les bords de la ligne d'entre- croisement de la crête, avec le plateau du squelette. Ces deux rameaux de différens calibres s’avancent de maniere à circon- scrire la cavité gastrique de l'animal , et se ramifiant successive- ment, donnent naissance de tous côtés à de très petits vaisseaux. De ces deux rameaux, l'un est toujours plus grand que l’autre. Le premier se partage immédiatement en deux branches dont l'une, située du côté intérieur, se prolonge de façon à aller CesTA. — Sur la Velelle. 189 joindre par ses extrémités le rameau opposé, et l’autre branche fournit de gros ramuscules qui s’'anastomosent avec les extrémités des dernières divisions du même rameau. Du tronc principal de chacun naissent, comme des pédoncules, de petits vaisseaux qui s’en vont animer les appendices claviformes et tubercules dont toute la faceinférieure de l’animal est garnie. Ce fait , joint à celui déjà exposé dans la faune, me parait montrer que ce sont là des organes sécréteurs destinés à l'élaboration d’un liquide cir- culatoire, et en même temps à l’excrétion de ce mucus qui revêt la Velella. Du reste, je ne nie pas que ces tubercules ne puis- sent jouer également le rôle d’oviducte. On doit remarquer aussi que le liquide qui remplit ces vaisseaux est d’une couleur rouge violet qui va se décolorant au fur et à mesure que les vaisseaux diminuent de calibre. Parmi ces derniers, on chserve un réseau vasculaire très fin qui est rempli d’un liquide blanc-lacté. Je n’ai pu suivre les dernières ramifications de cet appareil vascu- laire, à cause de leur finesse et du défaut de couleur des ma- tières contenues dans leur intérieur. Je ne tairai pas même qu’une bonne partie de la décoloration des extrémités capillaires, a pu bien être produit par la préparation à laquelle j'ai dû soumettre la Velella pour arriver au résultat dont il vient d’être question. En souleyant soigneusement la pellicule qui recouvre le sque- lette de la Velella, et en observant à une loupe très forte les lignes de séparation, j'ai aperçu aussi des vaisseaux extrême- ment déliés, au moyen desquels la partie molle de l'animal com- munique avec le squelette. Enfin, les deux troncs principaux se prolongent vers le périmètre pour joindre chacun de son côté le trou des canaux spiraux-qui composent le squelette. La figure 3 (PLANCHE 13) représente cet appareil vasculaire de la Velelle, grossi du double seulement de sa grandeur na- turelle. 190 HOMBRON FT JACQUINOI. — /Mollusques nouveaux. ! Suite de la description de quelques Mollusques , provenant de la campagne de l’Astrolabe et de la Zélée (1), Adressée à l’Académie des Sciences, le 26 juillet 1847, Par MM. Homsrow et JAcQuiINot. Genre PATELLE. PATELLE CANNELÉE. P. strigilis. Testä ovali, convexà , obliqué conicâ ,extus duobus coloribus imbutà , supernè nigro-rufescente; inferius fusco-lutescente , punctis albis raris instructâ, costis radiantibus, viginti quatuor præcipuis, subæqualibus , obtusis, extra marginem subprominulis ; vertice albo, obtuso , excentrali; intüs nigro-purpurascente ; fundo pallide flavescente. Long. 65 mill. ; larg. 50 mill. — Habite les îles Auckland. PATELLE BLANGHE. P. alba. Testà ovato-ellipticä , depressä, albä ; cristis carinatis , asperis, extra margi- nem prominulo-dentatis; vertice excentrali, obtuso ; iutüs albä, mitidà , fundo et margine nigro submaculatis. Loug. 37 mil. ; larg. 30 mill. — Habite Taïu. PATELLE ARDOISÉE. P. ardosiæa. Testà ovato-rotundatâ, subobliquè convexo-conicä, extus colore ardosiæ tinctà , intùs argenteo-cærulescente , aliquoties albo opaco; striis radiantibus, tenuibus, confertis , cinctà quadraginta præcipuis; margine integro; verticè obtuso, excentrali, rufo. Long. 55 mill.; larg. 47 mill. — Habite l’île Juan-Fernandez. PATELLE MARQUETÉE. P. tesse [la ta. T'estä elevato-ellipticà , convexo-conicà, extüs intusque flavescente ; lineolis ; » q LE] - L2 10 L . A 4 .. di 1b 2 fasciisque undulatis, transversis, nigro-rufescentibus ornatà ; striis radiantibus confertis, præcipuis circiter triginta duo. Vertice acuto, griseo ; fornice eodem colore imbuto. Long. 28 mill. ; larg. 22 mill. — Habite l’île Mangareva. (r) Voir le cahier de juiliet de ces Annales, page 62. HOMBRON ET JACQUINOT. — Mollusques nouveaux. 191 PATELLE OBSCURE. 2. obscura. Testâ elevato-ellipticä , convexà , obliquè conicâ, atro-fuscà , læviter albido tessellatà ; intüs albido cærulescente ; fornice rufo-nigricante. Vertice excentrali ; subobtuso ; margine integro, zonâ nigrà intùs cincto. Long. 26 mill. ; larg. 20 mill. — Habite Talcahuano. PATELLE POLAIRE P. polaris. Testà convexo-ellipticä, oblongä ; dorso obtuso , rude; extùs fusco-rufescente; intüs nigro purpurascente ; margine integro ; irregulare. Long. 30 mill. ; larg. 22 mill. — Habite les îles Powell. PATELLE NOUEUSE. P. nodosa. Testà elevato-subelliptic , oblique conicä , rugosà ; costis confertis , tubercu- losis, undecim crassioribus pallidé subflavescentibus , alteris albido nigroque maculats. Vertice excentrali, atro-fusco ; margine dentato, intùs albido et nigro- purpurascente radiatà ; fundo atro , in lacintis albicante. Long. 32 mill. ; larg. 27 mill. — Habite la Nouvelle-Zélande. PATELLE RAYONNÉE. . radialilis. Testà maximè radiatâ , ovali, depressissimä , nigro-purpurascente ; costellis numerosis , radiantibus , æqualibus, irregulariter separatis , interstitiis albido- rufescente pictis ; apice curvo, excentrali : intüs albâ, nitidà ; margine integro, fusco zonato : fundo pallidé fusco. Long. 31 mill. ; larg. 26 mill. — Habite la Nouvelle-Zélande. Parezze peur. P. luctuosa. Testà angulatissimä , stellatä , ellipticà , rugosä , fusco-nigrà ; costis radian- tibus , separatis, præcipuis quinque, aovem aut decem adjunctis, totis exceden- tibus marginem ; vertice obtuso , subexcentrali, intüs nitido, albo cyanescente; margine angulato , atro-zonato. Long. 33 mill. ; larg. 28 mill. — Habite Mindanao. PATELLE ENSANGLANTÉE. P. cruentata. Testà ovali, convexo-depressä, alhbàä, fascüis albis fuscisque radiatim pictä ; costis confertis, numerosis, radiantibus; vertice fusco-nigrante , acuto , centrali ; margine inæqualiter undulato , :subdenticulato : intus margaritaceâ, profundo cruentatà. Long. 24 mill., larg. 19 mill. — Habite la Nouvelle-Guinée. PATELLE ÉTOURNEAU. Patella sturnus. Testâ convexo-subellipticâ, lævigatà , nigrà, maculis subviridibus albisque variegatà ; intüs fusco-nigrante , raris punctis albis sparsä ; apice prope marginem inclinato ; margine integro , atrâ zonà cinclo, maculis albidis picto. Long. 23 mil. ; larg. 17 mill. — Habite la Nouvelle-Zélande. Ed 4,2 HOMBRON ET JACQUINOT. — Mollusques nouveaux. PATELLOÏDE ANTARCTIQUE. Patelloides antarctica. Testà convexo-ovali , lævigatà , fusco-oleagineä , circa marginem fasciis albo- virescentibus pictä ; vertice incumbente : subtùs, albâ anticè, fuliginosà, poste- riüs ; fornice rufo-castaneo ; limbo integro, nigrâ zonâ albidè m:eulatâ cincto. Long. 31 mill. ; larg. 23 mill. — Hab. les Îles Auckland. PATELLE CALLEUSE. P. callosa. Testà ovali, depressà ; fasciis albis nigrisque radiatim pictà : intüs alb ; fundo incrassato, calloso, albo; apice elevato, acutissimo; margine integro, lineis nigris et albis alternatim colorato. Long. 18 mill. ; larg. 14 mill. — Habite Vavao. Genre CYTHÉRÉE. CyTHÉRÉE DE Fourrioy. Cytherea tessellata. Testâ subovali, crassä , turgidà : antice, præcipuè , subglobosà et tenuissimè striatâ , postice subcompressà ; sed etiam striatà , inæquilaterâ, nitidà, albà; punctis tenuibus, castaneis, confertis, absolute notatä ; radiorum fascibus rufis A) . A . . . e . - . sparsorum transversim picia ; natbus lateribusque albis, parvis litturis fuscis, tesselatis; margine integro : intüs immaculatä. Dimension : 13 lignes. — Habite Saint-Georges (Iles Salomon ). Genre SIPHONAIRE. SIPHONAIRE A CÔTES. Siphonaria custata. Testà fusco-rufescente, elongato-ovatä , obliquè conicä ; costis undulatis, radiantibus, pluribus eminentioribus, circiter septem et triginta : apice subcen- trali, acutà, posteriori recurvàä; siphanculo fortiter proeminerte ; intus fuscä , impressione musculari et siphone pallidioribus; siphone bipartito , latussimo ; margine castanco-lineolato, fimbriato. Dimension : 25 lignes. — Habite Otago (Tavai-Pounamou , Nouvelle- Zclhande). ; MILNIÜ EDWARDS. — Our des ÆAcalèphes. 193 OBSERVATIONS « SUR LA STRUCTURE ET LES FONCTIONS DE QUELQUES ZOOPHYTFS, MOLLUSQUES ET CRUSTACÉS DES CÔTES DE LA FRANCE, Par M. H. Mriwe Evwarps. (Lues à l’Académie des Sciences, dans sa séance du 16 août 1841.) En me livrant d’une manière spéciale à l'étude des animaux qui habitent les côtes de la France, je ne me suis pas appliqué à dresser le catalogue des productions zoologiques de notre lit- toral, ni à enrichir nos musées par la découverte d’espèces nouvelles. Je me suis proposé, avant tout, l’investigation ana- tomique et physiologique de ceux, parmi ces êtres, qui appar- tiennent à des types imparfaitement connus et qui me semblaient les plus propres à fournir des notions précises sur les modifica- tions introduites par la nature dans la SN et dans les fonctions des animaux. Effectivement ce qui, à mon sens, ra- léntit les progrès de la zoologie, ce n’est pas le défaut d’obser- vations sur les formes extérieures et sur les traits distinctifs des espèces variées dont la liste s'accroît chaque jour avec une éton- nante rapidité; mais bien le manque de dounées suffisantes sur l’organisation intérieure et sur la physiologie d'un grand nom- bre de ces êtres, connaissances sans lesquelles cette branche de l'histoire naturelle manque de bases solides et se présente dé- pouillé de ses principaux titres à l'intérêt des hommes de science. Dans les communications que j'ai eu, à diverses reprises, l’honneur de faire à l’Académie, j'ai rendu compte des recher- ches que j'avais entreprises de la sorte sur les Crustacés, les An nelides, les Ascidies et les Polypes de nos côtes. Les observa- tions qui font le sujet de ce Henoie ont été dirigées d'apres les XVL. Zoor. — Octobre. 13 194 MILNE EDWARDS. — Sur les Acalèphes. L} mêmes principes, et ont été, pour la plupart, recueillies l’an- née dernière durant un voyage sur les bords de la Méditerranée. Les unes sont, en quelque sorte, une suite des précédentes, et se rattachent à l’histoire des Crustacés et des Polypes; les autres ont, pour objet les Molilusques et les Acalèphes. J’en rendrai compte successivement en exposant d’abord celles relatives à cette dernière classe d’animaux. CHAPITRE PREMIER. OBSERVATIONS SUR DIVERS ACALÉPHES. En poursuivant mes recherches sur les Acalèphes de la Médi- terranée, J'ai porté mon attention sur les deux grandes familles de l’ordre des Médusaires aussi bien que sur les Béroïdes et les Physophoriens, et en observant les Aurélies, les Chrysaores et les Pélagies si communs dans ces parages, j'étais arrivé à des ré- sultats qui me paraissaient nouveaux, relativement à le distinc- tion des sexes chez ceszoophytes et à leur premier état, transi- toire comme celui d’une larve; mais depuis mon retour à Paris, ayant eu connaissance du travail intéressant de M. Siébold sur le même sujet (4), Jai vu que cet habile naturaliste m'avait de- vancé dans l'observation de la plupart de ces faits, et si J'en parle ici, c'est seulement pour reconnaitre ses droits à des dé- couvertes que je m'étais d'abord attribuées dans une lettre adres- sée de Montpellier à 1n de mes confrères .et publiée par extrait dans les Comptes rendus de nos séances. Dans le Mémoire que je vais avoir l'honneur de communiquer aujourd’hui à l’Académie, je laisserai donc de côté tout ce qui est relatif aux Médusaires dits Phanérocarpes, groupe sur lequel portent les travaux de M.Siébold, et je me bornerai à l’exposé des observations que j'aieu l’occasion de faire sur les Médusaires dits Cryptocarpes, sur les Béroidiens et sur les Physophoriens, Une nouvelle espèce d'E- quorée m'a fourni un exemple du mode de structure propre au (1) Beitrage zur Naturgeschichte der Wirbellosen thicre ( neueste Schniften der Natur- ferschenden Gesel'schaft in Danzig. 1830.) MILNE EDWARDS. — Sur des Acalèphes. 199 premier de ces groupes; parmi les Béroïdiens, j'ai étudié un Béroé proprement dit, et une espèce nouvelle qui devra former le type d'une division générique particulière; enfin ce sont deux espèces de Stéphanomies qui m'ont fourni quelques matériaux nouveaux pour servir à l'histoire des Physophoriens. Gb Observations sur l’ÆQUORFEA VIOLACEA, espèce nouvelle de la famille des MNedusaires dites Cryptocarpes. Presque tous les Médusaires dont la structure a été étudiée avec quelque soin, sont pourvus d'organes générateurs très ap- parens. Ainsi chez les Rhizostomes, les Auréliés, les Chrysaores, les Pélagies, etc., on trouve vers la partie centrale du disque quatre de ces organes disposés en croix et faciles à reconnaitre par leur conformation et leur couleur; dans ces derniers temps on a. même constaté que chez ces Acalephes, il existe des orga- nes mâles aussi bien que des organes femelles, et que les sexes sont séparés. Mais chez d’autres Médusaires on ne découvre au- cune disposition analogue à celle qui est si apparente chez les animaux dontiil vient d’être question, et on ne connait pas Îles organes destinés aux fonctions de la reproduction. Aussi M. Eschs- choltz, à qui on doit un travail très considérable et très impor- tant sur les Acalèphes en général, divise-til les Médusaires en deux groupes, les Phanérocarpes et les Cryptocarpes, caracté- risés par la présence ou par le manque d’ovaires visibles (r). Les Equorides sont au nombre de ces Médusaires cryptocarpés: or, en étudiant une espèce de ce groupe, je me suis assuré, non: _ seulement de l'existence d’un appareil générateur chez ces Aca- léphes , Mais aussi de la distinction des sexes, et si les zoologis- tes ont jusqu'ici méconnu ces organes, c'est parce que ceux-ci ne ressemblent à l'appareil reproducteur des Médusaires ordi- naires ni par leur position, ni par leur mode de conformation. L'animal qui m'a fourni l’occasion de constater ce fait a été (1) System der Acalephen, In-4. Berlin, 1829. 13. & 196 MILNF EUWARDS. — Sur les Acalèphes. pêché à peu de distance du port de Cette, et appartient au senre Equorée, tel que M. Eschscholtz a circonscrit cette divi- sion; car sa cavité stomacale occupe un grand espace au milieu de la face inférieure de l'ombrelle, se continue latéralement avec une multitude de canaux étroits et s'ouvre au dehors par une bouche dépourvue de cirrhes ou de tentacules et incapable de s’allonger en forme de trompe. Mais, considéré comme espèce, ce Médusaire ne me parait pouvoir être rapporté à aucune des Equorées, déjà décrites par les auteurs; il se rapproche beau- coup de l’Æquorea Forskalina (1), qui habite les mêmes mers, et de /Æquorea ciliata (2) découvert sur les côtes de lAméri- que, mais il sen distingue facilement et pourra, à raison de la couleur de diverses parties de son corps, recevoir le nom d’Æquorea violacea. Le disque ou ombrelle de ce Médusaire est peu bombé , hya- lin et garni tout autour de filamens tentaculaires très courts, grêles et de couleur violacé (3). Le nombre de ces appendices capilloides est très considérable, et dans les intervalles qu'ils laissent entre eux on trouve une série de tubercules et de vési- cules disposées avec une grande régularité. Un de ces tubercu- les, ayant la forme d’un petit mamelon (4), occupe le milieu de chacun de ces intervalles, et de lun et l’autre côté de chacun de ces mamelons, on voit deux vésicules hémisphériques ou ovalaires qui renferment deux ou quelquefois trois corpuscules sphériques (e , e). Immédiatement au-dessous de cette série d’or- ganes marginaux, se trouve une bordure membraneuse tres déli- cate (b,b), qui ressemble assez à un ruban, et qui, en se contrac- tant, parait remplir les fonctions d'un organe de natation; il est aussi à noter que la surface interne de ceite espèce de voile cir- culaire, est ie siège d’un mouvement ciliaire tres prononcé. (ï). Medusa æquorea Forskal, Descriptiones animalium quæ in itinere orient{ali observavit, page 110, et Icon. tab. 32 (figure reproduite par Bruguières dans l'Encyclopédie méthodique , Vers , planche 05, fig. 3). — Æquorea Forskalea Peron. Histoire des Méduses , page 24. — Æquorea Forskalina Eschscholtz. Syst, der Acalephen, pag. :09. (2) Eschscholtz, Syst. der Acalephen, p. 109, lab. 9 fig 7. L (3) Planche r , fig, r. (:) Plancher, her rre, M LYE EDWARDS — Sur les Acalèphes. 197 la cavité gastrique très grande, comme chez toutes les Equo- rées, occupe environ un tiers du diamètre de l'ombrelle, et est entourée par une bordure membraneuse qui devient verticale dans le repos, ct qui est beaucoup trop courte pour en clore l'ouverture {1}; celle-ci reste par conséquent toujours béante, et se trouve seulement un peu rétrécie lorsque les fibres disposées circulairement daus ce petit voile marginal et remplissant Îles fonctions d'un sphincter, viennent à se contracter. Supérieure- ment , cette bordure membraneuse s’insère à un anneau un peu Calleux, et au-dessus de ce cercle étroit, on voit une rangée d'ouvertures assez grandes, serrées les unes contre les autres, et conduisant dars autant de canaux disposés en rayons près de la surface inférieure de Pombrelle {2), ces canaux, au nombre de 74, se rétrécissent un peu en s’éloignant de l’estomac, et ga- gnent en ligne droite le bord de l’ombrelle où ils paraissent dé- boucher à angle droit dans un vaisseau marginal (3) analogue à celui qui se voit chez les Aurélies. Si j'avais eu à ma disposition des moyens d'injection lorsque je faisais l'examen de cette Equo- rée, ilm'aurait été facile de constater directement le mode de terminaison de ces vaisseaux; mais je n'avais pas, d’instrumens propres à cet usage, et par conséquent Je ne me prononce pas d'une manière positive sur l'existence de ces anastomoses appa- rentes. J'ajouterai cependant que ce canal marginal cireutaire ma paru fournir une petite branche à chacun des filamens ten- taculaires dont le bord du manteau est garni, et que c'est sur son trajet que se trouvent les vésicules et les mamelons inter-tenta- culaires mentionnés plus haut. On distingue aussi un prolonge- ment.de ce canal annulaire dans l'intérieur de chacun de ces mamelons (4), et le sommet de ceux-ci paraît être perforé, de sorte que ces organes ont beaucoup d’analogie avec les orifices marginaux observés par M. Ehrenberg chez les Rhizostomes, et peuvent être considérés aussi comme des émonctoires. (x) Planche z , fig, 1e, ‘À (CMPBnehe 1, fg, 14, 1%, 6, e (3) Fig ut, di d, (4) Fig. xa NICE 149 MILNE EDWARDS. — Sur les Acalephes. On voit donc que, sous le rapport de la conformation de l’ap- pareil gastro-vasculaire, les Equorées tiennent, pour ainsi dire, le milieu entre les Pélagies et les Aurélies, et différent princi- palement de ces derniers par le nombre plus considérable des canaux périphériques et par l’absence de ramifications dans ces canaux. 1 Enfin dans notre Equorée, de mème que dans les espèces de ce genre , déjà décrites par les zoologistes, il naît de la face im- férieure du corps une multitude de iamelles membraneuses disposées autour de l'estomac en manière de rayons (+). Ces la- melles correspondent aux cañaux que nous avons déjà vus se rendre de l'estomac vers le bord de l’ombrelle; mais elles n’oc- cupent qu'environ les trois quarts de leur longueur, car elles me commencent pas immédiatement sur le bord de la bouche, «et se terminent à une assez grande distance du bord de l’ombrelle. Deux de ces lamelles sont suspendues ainsi parallèlement au- dessous de chaque canal, ou plutôt il n'existe au-dessous de chacun de ces tubes qu’une sorte de ruban replié sur lui-même du côté externe, de facon à paraitre double. On compte par conséquent 74 de ces doubles rayons lamelleux, qui sout libres par leur bord inférieur et finement plissé de chaque côté; on y remarque aussi une multitude de stries obliques de couleur violette, et en examinant ces stries au microscope, je me suis. as- suré qu'ils constituent les organes sexuels de ces Acalèphes. Ef- fectivement, chez les uns, j'y ai trouvé des granules ayant l’ap- parence d'ovules, et chez un autre individu ou ces:corps ne se montraient pas de même, j’en ai vu sortir une multitude de Zoos- permes (2) extrêmement vivaces et analogues par leur forme et par leur mode de locomotion aux animalcules spermatiquesdes Aurélies et de divers Mollusques. Il me parait donc évident que ces lamelles sont ou des ovaires ou des testicules suivant les individus, et que, sous le rapport des organes de la reproduc- tion, les Equorées diffèrent des Méduses ordinaires non parce quelles manquent d’un appareil générateur spécial ou parce (1) Planche :, fig. 14 et st, 2. (a) Planche: , fig. 14, MILNE EDWARDS. — Sur des Acalèphes. 199 que cet appareil est caché, mais seulement par la position exté- rieure et la disposition des organes sexuels; chez les Acalèphes que l’on 4 nommés Phénérocarpes, ces organes sont logés pro- fondément entre les racines du prolongement buccal et entrent dans la composition des parois de l'estomac, tandis que chez nos Equorées que l’on a appelées des Cryptogames , ces mêmes organes sont tout-à-fait distincts de la cavité’ digestive centrale et flottent librement à l’extérieur sous la surface inférieure de l'ombrelle. Je regrette de ne pas avoir eu l’occasion d'examiner d’autres Médusaires dits Cryptocarpes, de m’assurer si une disposition semblable des organes générateurs existe d'une manière générale dans cé groupe; mais je suis porté à croire qu'il en est ainsi, car plusieurs auteurs ont figuré des lamelles rayonnées à la face inférieure de l’ombrelle chez ces animaux, et il est probable que les fonctions de ces parties sont partout les mêmes. SE Description du LEsuzuRIA VITREA, éype d'un genre nouveau de la famille des Béroides. L'on s'accorde généralement à classer dans l’'embranchement des animaux rayonnés tous les Zoophytes marins, qui, organisés pour la nage, ressemblent un peu à des champignons par leur ferme extérieure, et se font remarquer par là transparence et l'aspect gélatineux de leurs corps. La plupart des zoologistes rangent dans la même classe un certain nombre d'animaux ma- rins dont la conformation générale différe de celle de ces Mé: duses, mais dont les tissus présentent le même caractere et dont la structure est également appropriée à la natation. Quelques auteurs cependant trouvent que ces êtres, connes sous les noms de Béroïdes ét de Physophorides ont plus d’analogie avec les Mollusques qu'avec les Méduses, et les séparent des autres Zoo- phytes pour les placer avec les Ascidies dans la grande division des Mollusques acéphales dont les représentans principaux sont les Huitres, Les Moules, etc. Une discordance d'opinion si 200 MILNE EDWARDS. — Sur les A calèphes. grande, entre des hommes qui font autorité dans l1 science, ne peut dépendre que de l’imperfection de nos connaissances re- latives au mode d'organisation de ces animaux 4 affinités dou- teuses ; et en effet, les formes extérieures de ces êtres ont été décrites avec assez d’exactitude, mais les naturalistes qui ont eu l’occasion de les observer ne se sont que peu appliqués à en étudier la stracture intérieure. En expiorant la baie de Nice, j'ai trouvé en assez grande abor- dance un de ces animaux , qui, à raison de sa transparence wvi- trée, se prête admirablement aux recherches physiologiques, et qui m'a permis ainsi de constater quelques faits dont la con- naissance pourra intéresser les zoologistes. Cet animal est de la famille des Beroides et se rapproche des Mnenies de M. Eschs- choltz et des Æ/cinoés de M. Rang, mais ne me parait pouvoir rentrer dans aucune des divisions génériques déjà établies, et devra probablement constituer le type d'un genre nouveau que nous désignerons sous le nom de rEsuEURIA, en l’honneur du compagnon de Péron, dont les travaux sur les Acalèphes ap- pellent la reconnaissance des zoologistes. | Le corps de notre Lesueuria (1), long d’environ deux centi- mètres est ovalaire et assez fortement comprimée, de façon à offrir quatre pans d’inégale grandeur ou plutôt deux faces et deux bords dont la disposition est parfaitement symétrique.Son extrémité supérieure est creusée par une dépression évasée et pro- fonde(2), qui simule l’entréed’une cavité intérieure, maisqui n’est point perforée, et qui donne naissance par son bord à huit côtes verticales léserement saillantes; quatre de ces côtes descendent jusqu’à l’extrémité inférieure du corps , et occupent la ligne de jonction des deux faces élargies du corps avec les deux pans plus étroits, que nous avons désignées ci-dessus sous le nom de bords; les autres côtes que l’on pourrait appeler accessoires n'occupent que la moitié de la longueur de l’animal, et sont dis- posées par paires sur les deux faces dont il vient d’être question; enfin , de même que les précédentes, elles sont garnies de cils (1) Planche » > fig. 1, et planche 3 , fig. 1. (2) Planche 3 , fig. 1, 5 MILNE EDWARDS. — Sur .dles Avalèphes. 201 vibratiles. La conformation de la portion inférienre du corps est plus compliquée. On y remarque d’abord huit grands lobes ar: rondis par le bas et séparés entre eux par des échancrures très profondes. Pour en faciliter la description, je les distinguerai en lobes principaux, lobes latéraux et lobes accessoires. Les lobes principaux (1), au nombre de deux, occupent la presque totalité de la moitié inférieure des deux faces du corps, et sont contigués par leurs-bords avec les lobes marginaux (2) qui sont également au nombre de deux ; ces derniers terminent les petits côtés ou bords latéraux du corps, et sont divisés chacun en trois Jobules vers leur bord inférieur; enfin les lobes acces- soires (3), au nombre de quatre, recouvrent en partie les lobes principaux , et vont rejoindre comme ceux-ci les lobes mar- ginaux ; ils naissent de la surface externe des premiers de ces -lobes dans l’espace compris entre le bord latéral de ceux-ci et l'extrémitéinférieure des côtes ciliées accessoires dont il a déjà été question, de façon à laisser entre eux un espace assez considé- rable. Quatre tentacules (4) de longueur médiocre et de forme conique naissent au point de jonction des lobes marginaux avec les lobes accessoires et les lobes principaux, et une bordure membraueuse les unit au bord des grands lobes correspondans. Les franges vibratiles qui garnissent les huit côtes dont il a déjà été question sont disposées par petites rangées transversa- les et fixées sur une série de petites crêtes arrondies et paral- lèles (5), ce sont de petites lanières membraneuses plus ou moins profondément Hits ee en filamens vers le bout et offrant, quant à leur disposition et à leurs mouvemens, la plus parfaite ressemblance avec ceux des Cydipes et des Béroés. Celles des côtes latérales se terminent au bord inférieur des lobes mar- ginaux, et on ne trouve pas d’appendices vibratiles sur le bord de ces lobes; mais celles des côtes accessoires se continuent avec une rangée simple de filamens semblables, qui borde tout (x) Planche 3, fig. 1, d. (2) Planche 3, fig. 1, 4. (3) Planche 3, fig. 1, c. Planche 3, fig. 1, 2. (5) Planche 4, fig, 2 202 MILNE EDWARDS. — Sur les _{calèphes. autour la portion libre de chacun de ces lobes accessoires. Les lobes principaux ne présentent rien de semblable, mais se ter- minent chacun par deux levres d’inégale longueur que séparent un sillon transversal; la lévreinterne descend beaucoup plus bas que lalèvre externe,etau milieu de celle- cion remarque un petit lobule saillant et obtus (1). L'ouverture buccale occupe l’extré- mité inférieure du corps et consiste en une large fente transver- sale comprise entre les deux lobes principaux, et bornée de cha- que côté par les lobes latéraux qui ont une grande épaisseur et s’avancent très loin entre les premiers(2). Enfin l'entrée de la ca- vité digestive est rétrécie par une membrane froncée, qui se porte des lobes principaux aux lobes latéraux, et le pourtour de lorifice ainsi circonscrit est garni par un grand nombre d’appen- dices filiformes et très contractiles (3), qui constituent une es- pèce de frange transversale et correspondant par leur insertion au fond du sillon que nous avons déjà indiqué comme divisant l'extrémité de ces lobes en deux lèvres superposées, La cavité alimentaire occupe l’axe du corps , et consiste prin: cipalement en une grande excavation de forme à-peu-près cylindrique, qui surmonte l'ouverture buccale, et qui peut être considérée comme une chambre pharyngienne (4). Gette chambre communique librement au-dehors par l'ouverture dont il vient d’être question , et s'étend jusque vers le tiers supérieur du corps, où elle se termine brusquement. Dans sa partie infé- rieure, elle n'offre rien de particulier ; rnais dans sa moitié su- périeure on aperçoit deux appendices membraneux, qui corres- pondent à la ligne médiane des lobes principaux, et qui réssem- blent assez à une sorte d'intestin droit suspendu au milieu de l’appareil digestif, mais qui, dans la réalité, consistent chacun en une double lamelle membraneuse, légèrement froncéeret adhérant aux parois de cette cavité (5). Cet organe ne renfer- mait pas de corps oviforme; mais d’après sa structure et d'a- (1) Planche 2, fig. 3. (2): Planche 3, fig. 1, f (3) Planche 2, fig. 3, et planche 3, fig. 1. (4) Planche 5, fig. 1, g. (5) Planche 2, fig. 4, 7, et-planche 4 , fig, 1 , 4 MILNE EDWARDS. — Sur les Æculèphes. 203 près sa ressemblance avec l'appareil générateur des Cydippes, je suis porté à le considérer comme étant un ovaire. A la voûte de la cavité pharyngienne, se trouve une ouverture médiane qui conduit dans une seconde chambre commune à l'appareil digestif et au système vasculaire, et tout autour on aperçoit une multitude de cils vibratiles qui se meuvent avec rapidité et dé- terminent l'entrée des liquides gastriques dans ce système de ca- naux. | : L'orifice dont il vient d'être question débouche dans une cavité subpyriforme (1), qui occupe l'extrémité supérieure de l'axe du corps et qui constitue comme l'estomac des Méduses une sorte de réservoir central de l'appareil circulatoire. Tous les gros vaisseaux en partent, et le trajet de ceux-ci est facile à constater: soit par l’observation des mouvemens du liquide chargé. de globules, qui les traverse sans cesse pendant la vie, soit par l'injection de matières colorantes dans leur intérieur. Quatre de ces troncs naissent dans le tiers inférieur de cette cavité gas- trique et se dirigent obliquement en haut et en dehors(2); parve- venue au fond de la grande dépression infundibuliforme de l’ex- trémité supérieure du corps(3), ces canaux se divisent chacun en «eux branches, qui continuent à se porter en haut et en dehors Jusqu'à ce qu’elles aient gagné le bord de cette excavation , puis se recourbent en bas et suivent les côtes ciliées dont il à déjà été question. Le vaisseau qui longe ainsi chacune des côtes ac- cessoires se continue ensuite sur le lobe accessoire correspon- dant dont il suit le bord libre jusqu’à la base de l’appendice tentaculaire; le vaisseau qui marche sous chacune des côtes ciliées principales , parvenu au bord inférieur des lobes latéraux, se recourbe en haut et en dedans pour aller se terminer au même point que le précédent, et les deux branches nées d'un même tronc primitif se réunissent ainsi de nouveau au sommet de la grande échancrure qui sépare le lobe accessoire des deux lobes principaux correspondans. Deux autres canaux (4) naissent (1x) Planche 3 , fig. 1 , et planche 4, fig, 1 , c. (2) Planche®8 , fig, : , et planche 4, fig. 1 , d, d. (3) Planche 3, fig. 1, a. (4) Planche 3, fig, 1 , 2. 204 MILNE EDWARDs. — Sur les Acalèphes. également des côtés du réservoir central, mais un peu plus bas que les troncs que je viens de décrire, et se portent directement en bas en suivant la ligne médiane qui divise en deux moitiés symétriques chacun des lobes principaux; ces vaisseaux sont placés tres superficiellement comme les précédens et offrent à leur extrémité inférieure un petit renflement pyriforme, d'où naissent deux branches qui se portent directementen dehors en suivant le bord du repli labial externe de ces lobes, puis se re- courbent en haut et vont s’anastomoser avec les deux branches que nous avons déjà vus se réunir dans l'angle formé par la jonction du lobe accessoire avec le lobe latéral; une branche se détache de ce point anastomotique, et descend le long de l’ap-. pendice tentaculaire correspondant (1). Enfin de chacun de ces mêmes points de jonction naît un autre canal (2) qui suit le bord inférieur du lobe principal, et qui, arrivé sur la ligne médiane de ce lobe se réunit à son congénère, pour constituer un tronc médian (3)qui remonte en ligne droite vers le réservoir central en longeant la face interne du lobe et en marchant par conséquent au-dessous du vaisseau superficiel que nous avons déjà vu suivre le même trajet; à son extrémité supérieur, il s’élargit et com- munique avec l'extrémité inférieure de la cavité centrale de l'ap- pareil vasculaire, laquelie représente comme, je-lai déjà dit, l'estomac des Méduses. Un liquide incolore, mais chargé de petits globules arrondis, circule dans ce système de canaux, et paraît être mis en mou: vement par les cils vibratiles dont l'entrée du réservoir central est garni. Le courant n’est ni rapide ni régulier, mais paraît se diriger de bas en haut dans les canaux situés sous les côtes ci- liés et de haut en bas dans les canaux appartenant aux lobes principaux. Le cercle circulatoire est, par conséquent, complet, et ilest à noter que les vaisseaux des deux faces opposées ducorps ne communiquent directement entre eux que par l'intermédiaire (x) ’ : à 1 > (1) Planche 3, fig. 1, e: (2) Planche 3 , fig. 1,2, (3) Planche 5, fig. 7 , j. MINE EbWARDSs. — Sur des Acalèphes. 205 du réservoir gastrique. Au-dessous du renflement pyriforme de l'extrémité inférieure du vaisseau superficiel et médian du lobe principal, on aperçoit un petit appendice cylindrique et tubu- laire (1) qui naît au fond du sillon situé sous la base de la lèvre ex- terne de ce même lobe, et qui est entourée à sa base par de nom- breux filamens tentaculaires. Cet organe est ouvert librement à son extrémité inférieure et se termine par quatre lobules (2); un canal dilatable en occupe tonte la longueur et se termine supérieurement par un tubercule arrondi qui fait saillie dans l’intérieur du renflement vasculaire placé au-dessus, et qui pa- raît être perforé de façon à établir une communication entre le système circulatoire et l'extérieur; on peut considérer, par con- séquent, ces organes comme des appareils excrétoires et les comparer à ceux que M. Ehrenberg a décrits chez certaines Méduses , et que ce savant désigne sous le nom d'anus. D’aprés les détails qui précèdent, on à pu voir que la struc- ture des Lesueuria est plus compliquée que celle'attribuée jus- qu'ici aux animaux de la même famille, et cependant les organes dont il vient d'être question ne sont pas les seuls dont ces ani- maux sont pourvus, ils en possèdent d’autres dont l'importance est non moins considérable. Lorsqu'on examine avec attention le fond de la grande ex- cavation de l'extrémité supérieure du corps (3), on y aperçoit quatre mamelons qui correspondent à la ligne médiane des quatre lobes principaux, et au milieu de ces bosselures on dé- couvre un petit tubercule qui occupe l'axe du corps et qui se fait remarquer par sa couleur rouge (4) ; sa forme est sphérique, et sa surface granulée de façon à présenter exactement l’aspect de ces corps brillans qu'on trouve au pourtour de l’ombrelle de la plupart des Méduses, et que M. Ehrenberg considère comme étant des yeux. Le savant que je viens de citer a remar- qué au-dessous de chacun de ces points oculiformes des Mé- duses un petit corps Jjaunâtre ou blanchäâtre qui paraît y envoyer (x) Planche 3, fig. r, et planche 2. fig, 3, d. (aNelMmene"e S fo", c. (3) Planche 2, fig. 2. (4) Planche 3, fig. tr, et planche 4 , fig, r, 4. 206 MILNE EDWARDS. — Sur les: Acalèphes. : deux filamens, mais qui ne donne pas d’autres branches; M. Ehrenberg pense que ces corps sont des ganglions nerveux, mais son opinion a été rejetée par quelques naturalistes comme ne reposant pas sur des preuves suffisantes. Dans l’animal dont ia description nous occupe ici, j'ai con- staté l’existence d’un organe semblable, et sa conformation est tellement caractéristique, qu’on ne pourra, je le crois, se re- fuser à admettre que c’est bien réellement le centre d’un système nerveux. Effectivement, presque immédiatement au-dessous du point oculiforme se trouve un corps subpyriforme d'apparence ganglionnaire (1), qui est d’un tissu plus opaque que les parties voisines, et qui donne naissance à un grand ñnombre de fila- mens. La disposition de cet appareil a la plus grande analogie avec celle du système nerveux des Biphores (2); seulement les filamens que je considère comme étant des nerfs ne sont pas placés tous sur le même plan, et forment quatre faisceaux qui descendent obliquement vers le bord inférieur et externe des lobes principaux du corps; quelques-uns de ces filamens déliés paraissent s’arrêter vers la base des lobes accessoires, mais on peut suivre la plupart jusqu'auprès de la rangée d’appendices filiformes située près du bord de chacun des lobes: principaux, et pendant leur trajet vers cette partie plusieurs paraissent se ramifier. Enfin il existe aussi, au milieu de chacune des côtes ciliées, un petit filament longitudinal (3) qui parait être aussi de nature nerveuse, et qui donne de chaque côté une multitude de ramuscules; ceux-ci naissent par faisceaux, d’une manière très régulière, au-dessous de chacune des crêtes transversales auxquelles se fixent les franges vibratiles, et vers le milieu de l’espace que ces crêtes laissent entre elles; il paraitrait même exister un petit renflement ganglif.rme à l'origine des branches correspondantes aux crêtes, mais je n'oserais affirmer que la tache qu’on aperçoit dans ce point appartienne réellement à (x) Planche 3, fig. r , et planche 4 , fig. 1, / (2) Voyez les figures que j'ai données du système nerveux des Biphores, dans la nouvelle édition du Règne animal de Cuvier { Mollusques, PI. 121. (3) Planche 4 , fig. 2. MILNE EDWARDS. — Sur les Acalephes. 207. l'appareil dont il est ici question. À l'extrémité supérieure du corps les filamens verticaux se continuent au-delà des côtes ciliées et se réunissent deux à deux en se dirigeant vers le gan- glion central placé sous le point oculiforme;, j'ai pu les suivre jusque tout auprès de cet organe, mais il m’a été impossible de m'assurer si effectivement ils communiquent avec lui. Quoi qu'il en soit, il me parait évident que les Lesueuries possèdent un sys- ième nerveux hien distinct, et que ce système, loin de ressem- bler à celui dont M. Grant a annoncé l'existence chez les Cy- dippes, offre la plus grande analogie avec celle des Tuniciers. Cette analogie est en faveur de l'opinion de M. de Blainville touchant les affinités naturelles des Béroïdes avec les Mol- lusques; mais tout ce que nous savons du mode de structure dés autres parties du corps montre l'existence de liens bien plus nombreux et plus étroits entre ces animaux et les Acalephes ordinaires. Du reste, les passages entre les Mollusques et les Zoophytes sont plus nombreux et plus marqués qu’on ne l’ad- met généralement; et pour mettre la classification de cette partie du règne animal en harmonie avec les véritables principes d'une méthode naturelle, il faudrait peut-être rapprocher plus qu’on ne l’a fait ces deux grandes divisions. S III. Observations sur le BEROE FORSKALII. La Medusa beroe, observée par Forskal (1) dans la mer Mé- diterranée, et désignée par quelques zoologistes sous les noms de Beroe ovatus (2), de Beroe elongatus (3), d’Idya Forskah- lii (4), de Beroe Chiajü (5), etc., est très commune dans la (1) Descriptiones animalium quæ in itinere orientali observavit P, Forskal, page 117. (3) Lamouroux , Dictionnaire classique d'histoire naturelle, tome 11, page 298. — Delle . Chiaje, Mem. sul Anim. s. vert. Di Nap. tomes nr et 1v. (3) Risso, Histoire natnrelle de l’Europe méridionale, tome v, page 303. C'est à tort que l’auteur ne mentionne que six côtes longitudinales : il en existe huit. (4) Lesson, Mémoire sur les Béroïdes, Annales des Sciences naturelles , deuxième série, tome v, page 258, (5) Lesson, loc. c. page 256. 208 NIGSEMEDwWARDS. © Sur . des Acalèplhes. baie de Nice, et y présente des variations individuelles si consi- dérables, qu’au premier abord , on serait porté à le considérer comme formant deux où même trois espèces distinctes; mais ces différences paraissent dépendre principalement de l’âge de ces animaux, et on trouve facilement tous les deorés intermé- diaires entre les états les plus disparates. Les individus de petite ou de moyenne taille sont presque incolores (1); ceux d'une grande taille offrent une teinte ferrugineuse ou rose violacé plus ou moins intense, due à une multitude de petits points” de cette couleur répandu dans le tissu hyalin du corps (2). Ces derniers individus sont aussi plus aplatis que les premiers, et la grande ouverture buccale qui les termine inférieurement est moins souvent contractée; mais ces différences ne sont pas les seules qui paraissent dépendre de l’âge de nos Béroés, et, en examinant attentivement ces animaux, on en découvre d’autres qui sont encore plus propres à en imposer sur l'iden- tité spécifique de ces animaux. Effectivement , chez les jeunes individus, les huit côtes ciliées dont le corps de l'animal est garni longitudinalement , n'en occupent souvent que la moitié supé- rieure, tandis que , dans les grands, ces mêmes côtes s'étendent jusque tout auprès du bord inférieur où buccal. Enfin, il existe, comme nous le verrons bientôt, des modifications encore plus considérables dans la disposition des canaux ou vaisseaux cir- culatoires dont le corps de ces Acalèphes est creusé; mais toutes ces particularités dépendent évidemment du degré de dévelop- pement de l’animal, et ne peuvent être considérées comme ca- ractéristiques d'espèces distinctes, car ils se nuancent d’un indi- vidu à un autre, et sont toujours d'autant plus marqués que les individus soumis à l'examen comparatif sont plus éloignés entre eux par leur âge et leur volume. Cette diversité dans l’aspect et dans la structure des différens individus appartenant évidemment à une même espèce , est en- core augmentée par les changemens qui peuvent s'opérer dans la forme générale d’un même individu, suivant qu'il est en repos (x) Planche 6, fig. r. (2) Planche 5, fig. r. MIENÉ , EDWARDS..=— Sur.les Acalèphes. «204 ou.en mouvement, qu'il contracte ou qu'il dilate la grande ou. verture terminale de son corps, qu'il s'allonge, qu’il se renfle en forme de houle, qu'il se renverse sur lui-même de facon à ressembler à une cloche à bords relevés, ou qu'il fasse rentrer l'extrémité supérieure de son corps au point de prendre l’apps- rence d’un cylindre percé aux deux bouts. Il en résulte de grandes difficultés, lorsqu'on veut assigner à cette espèce des caractères précis, et la distinguer des autres espèces décrites par les auteurs. Effectivement, la plupart des particularités de forme , de couleur, ou même de structure, que les zoologistes signalent.comme propres à caractériser ces espèces, sont seule- ment. de ces traits mobiles que nous avons vus changer d’indi- vidu à individu , et, dans l’état actuel de la science, il serait dif- ficile de dire en quoi la Béroé de la Méditerranée diffère réelle- ment de celle trouvée aux Antilles par Brown(1),et considérée gé- _néralement comme le type de l'espèce appelée Beroe ovatus par les classificateurs(2), de celle observée par Othon Fabricius (3) et par Saars (4) dans les mers du Nord, et décrite par ces na- turalistes sous le nom de Peroe cucumis , même du Beroe ca- pensis de Chamisso (5), du Beroe punctata du même natura- liste (6), et du Beroe macrostomus de Peron et Lesueur. (7) Je ne chercherai donc pas à débrouiller la synonymie de ces Acalèphes, et, pouriéviter en même temps des rapprochemens qui pourraient être erronés et des distinctions inutiles, je. me bornerai à désigner l’espèce dont il est ici question sous le nom de. Beroe'Forskalii, et à la considérer comme étant identique avec le Medusa Beroe albens de Forskal (8), avec le Medusa beræ rufescens du même auteur , ou le Beroe rufescens des z00- (x) Hist. of Jamaica, tab. 43. fig. 2, reproduite dans l’Encyclop. Vers. Planche go, fig. 2. (a) Lamarck, Histoire des animaux sans vertebres , 2° édition , tome nt, page 50. (3) Fauna Groenlandia, page 46. (4) Beskrivelser over Polyp., etc. page 30, planche 6, fig. 15. (5) Mémoires des Curieux de la nature de Bonn , tome x, page 30 , fig. 4. — Eschscholtz, Syst. der Acalephen , page 37. (6) Chamisso, loc. cit. Planche 3x , fig. 1. — Eschscholtz, loc. cit. Planche 3, fig 2. (7) Voyage aux Terres Australes , planche 37, fig. 1. (8)_ Op, cit. XVI. Zoor. — Octobre, 14 210 - MILNE EDWARDS. — Sur les Acalèphes. logistes modernes (1), et avec le Beroe ovata de M. Délle Chiaje (2), et lZdya Forskahlii de M. Lesson. (3) Plusieurs naturalistes ont cru que le corps de ces Béroés avait la forme d'un sac ouvert aux deux bouts (4); et effectivement, lorsque l'animal r’est pas dans son plus grand état de dilatation, son extrémité supérieure est rentrée en elle-même , et se fronce de façon à simuler un orifice assez grand, bien que contracté, et opposé à celui qui occupe l'extrémité inférieure de son corps: mais cette apparence est trompeuse, et lorsqu'on observe avec un peu de persévérance un de ces Acalèphes placé vivant dans de l’eau de mer, on ne tarde pas à se convaincre de l’ab- sence de ce prétendu orifice central à la partie supérieure du corps, et à s'apercevoir que ce point est occupé par une fossette au centre de laquelle est logé un organe oculiforme {5) analogue à celui dont il a été question chez le Lesueuria vitrea. Cette fos- sette est dirigée transversalement, et divise lPanimal en deux moitiés semblables correspondantes aux deux faces aplaties de son corps ; on y remarque une bordure membraneuse décrivant deux ellipses qui seraient réunies par le gros bout, et qui em- brasseraient dans ce point l'organe oculiforme (6). Cette mem- brane est à son tour garnie d’une espèce de frange marginale, composée d'appendices filiformes renflés vers le bout et groupés de facon à offrir un aspect arborescent. Enfin, la frange et la membrane qui la porte sont très contractiles, et lorsqu'elles se déplacent , elles affectent souvent la forme de deux petites cou- ronnes, et peuvent alors faire croire facilement à l’existence (x) Eschscholtz , loc. cit, page 38. — Dujardin, Annotations de la deuxième édition de Lamarck , tome r1r , page 52. | (2) Mem. su la storie e notomia degli animali senza vertebre. Di Napoli, tome 1v. (3) Annales des Sciences naturelles , deuxième série , tome v, page 258. (4) Ainsi Cuvier indique comme caractères du genre Zdya d’Oken (ou Béroë proprement dit ) d'avoir le corps en forme de sac, garni de côtes ciliées et ouvert aux deux bouts (Règne animal, tome 3, page 281 , 2° édition}. M. Delle Chiaje décrit et figure ces deux grandes ouvertures opposées, et dit que l’eau qui pénètre dans la grande cavité du corps des Béroés par l'ouverture antérieure (ou inférieure) sort par l’orilice antérieure (voyez Mem. sul Anim. s. vert. tome 11, pages 50 et 57, planche 35, fig. 21, et tome 1v, page 12, planche 52, fig. 1). (5) Planche 5 , g..4, à, et PI, 6, fig. c? , a. (6) Planche 5, fig.4,7, et PI 6, fig. r!,c. MILNE EFDWARDS. — Sur des Acalèples. DIE | d'une ouverture bilobée ou de deux ouvertures distinctes dont elles formeraient le bord ; mais l’espace qu'elles circonscrivent n’est pas perforé. ë ï L’organe oculiforme situé au centre de cette bordure fran- gée et occupant l’axe du corps de l'animal, est un petit mame- lon pyriforme à la base duquel se trouve un point $phérique de couleur rouge et d'aspect granuleux, qui renferme plusieurs corpuscules cristalloïdes , et qui repose à son tour sur une pe- tite masse arrondie d'apparence ganglionnaire, mais ne don- nant pas distinctement naissance à des filamens comme cela a lieu dans l’Acalèphe dont il vient d’être question dans l’article précédent. Il est cependant à noter qu'ici encore on voit un organe filiforme qui s'étend de l'extrémité supérieure de cha- cune des côtes ciliées vers ce point gangliforme, et je suis porté à croire que ce sont des nerfs allant y aboutir ; il m’a paru aussi que ces filamens se divisent chacun en deux branches à l’extré- mité supérieure de la côte ciliée correspondante , et se conti- nuent ainsi le long de ces bandes verticales. Il me semble donc- bien probable que les Béroés , de même que les Lesueuria, sont pourvus d’un système nerveux à centre ganglionnaire unique, _tres analogue à celui des Biphores, et ne ressemblant en rien à l'appareil nerveux annulaire que M. Grant croit exister chez les Cydippes. (1) La grande cavité qui occupe presque tonte la longueur du corps de notre Béroé, et qui communique librement avec lex- térieur par l'ouverture située à sa partie inférieure, est à parois lisses , et ne ma offert aucune trace de l'appareil intestinal que M. Delle Chiaje a cru y avoir trouvé (2); j'ai examiné une vingtaine d'individus appartenant bien certainement à la même espèce que ceux observés par ce savant, et il m'a été facile de (x) On the nervous system. of the Beroe pileus, by R. Grant. Trans. of the Zocl. Soc. of London , tome 1, page 9. | {2) Voici comment M. Delle Chiaje s'exprime à ce sujet : « L’ interno del Beroe è voto e l’acqua qui vi s’introduce per l’oriticio anteriore esce del posteriore, communicando con quello il principio del canale degli alimenti dritto, attacato intorno con molti intestini ciechi alle pareti interne del corpo , ed essendo poi aperto verso il foro posteriore di queste « (Op. it. tome 1, page 12, planche 52, fig, 5 a). 14. 212 MILNE EDWARDS. —— Sur des Acalèples. m'assurer de l'absence constante de ce tube alimentaire, Au fond de cette grande cavité pharyngienne , se trouve une ouver- ture transversale garnie de deux levres épaisses, renflées , et d’an tissu plus consistant que celui du reste du corps (1). Ces lèvres ne se rencontrent que vers le milieu de leur bord libre, et, par conséquent, laissent ouverture qui les sépare béante de chaque côté. La cavité qu’elles servent à clore de la sorte est très petite, “et correspond évidemment à l'estomac central des Méduses et à la cavité qui, dans le genre Lesueuria , fait l'office d’un réser- voir central pour l'appareil circulatoire ; vers sa partie infé- rieure, on y distingue deux ouvertures arrondies, placées sur la ligne médiane des lèvres dont il vient d’être question , et cor- respondant par conséquent au milieu des deux faces un peu aplaties du corps; ces orifices conduisent, comme nous le verrons bientôt, dans le système vasculaire interne, et au-dessus d'eux, | la cavité gastrique se prolonge sous la forme de deux loges gar- nies supérieurement de quelques cils vibratiles, et donnant cha- cune naissance à deux canaux superficiels, dirigés à droite et à gauche à-peu-pres comme chez ie Lesueuria , mais beaucoup | plus courts. Bientôt ces canaux se divisent chacun en deux. branches, et il en résulte pour l’une et l’autre surfaces du corps quatre troncs vasculaires qui correspondent aux côtes ciliées et qui descendent verticalement sous ces côtes jusqu'au bord de la | grande ouverture occupant l'extrémité inférieure du corps (2). Là, ces huit troncs débouchent dans un vaisseau transversal, annu- laire, et celui-ci communique à son tour avec deux trous verti- | caux situés sur un plan beaucoup pius profond que tous les pré- cédens ; enfin ces deux canaux montent verticalement en lon- geant la face interne de la grande cavité pharyngienne, et vont déboucher dans la cavité stomachique par les deux orifices dont il a déjà été question. / Dans le jeune âge, les divers canaux dont je viens d'indiquer le trajet sont d’une UE extrême ; mais, chez les individus de moyenne taille, chacun d'eux donne naissance à une multi- (r) Planche 6, fig. 14. (2) Planche à, üg, re. MIINË EDWARDS. —- Our les Acalèphés. A tude. de prolongemens plus ou moins claviformes qui se pro: lougent à droite et à gauche dans la substance du corps et qui se terminent en cul-de-sac (1). Par les progrès de l’âge, ces cœcums se 1amifient de plus en plus , et ils finissent par s anastomoser entre eux , de façon que, chez les individus de grande taille, tout: l’espace compris entre les huit ironcs longitudinaux est occupé par un réseau vasculaire assez serré(2), et que ce réseau superficiel communique fréquemment avec celui développé de la même manière à la surface interne du corps par les divisions des deux troncs profonds du systeme circulatoire. L, ‘appareil vasculaire que je viens de décrire est rempli par _un liquide en mouvement , chariant avec lui une multitude de 2 S globules circulaires et incolores. Le courant se dirige de l'anneau vasculaire inférieur vers le sommet du corps dans l’intérieur des huit canaux superficiels, placés sous les côtes ciliés, et redescend ensuite en sens contraire par les deux canaux profonds qui se rendent dans le vaisseau annulaire déjà mentionné, et com- plètent ainsi le cercie circulatoire. Le liquide nourricier circule de la sorte avec assez de rapidité,et cependant il n'existe aucun moteur semblable x celui qui détermine ce mouvement chez les animaux supérieurs. Les Béroés n’ont point de cœur, et leurs vaisseaux ne paraissent pas étre contractiles comme ceux de beaucoup de vers; mais certains de ces vaisseaux sont garnis. intérieurement de cils vibratiles, et ce sont les mouvemens de ces cils qui produisent le courant circulatoire. Les cils vibratiles . qui suppléent ainsi au cœur ne sont pas répandus dans tous les gros troncs et n “existent d’une manière bien évidente que dans l'anneau vasculaire de l'extrémité inférieure du corps et dans la partie la plus voisine des cauaux qui en naissent: ils y exécutent des mouvemens tres rapides et sont, d'une finesse si grande, qu'il ma été impossible de les distinguer dans l’état de repos. La Cisposition générale de nn vasculaire offre, comme on a pu le voir, beaucoup d'analogie avec celle du système circulatoire des ,Lesueuria; mais une différence importante (:) Planche 6, fig. 14. (2) Planche 6, fig. r 214 MILNE EDWARDS. — Sur les Avalèphes. consiste daus l'absence de toute trace d'appareil excrétoire , qui, chez ces derniers, termine chacun des vaisseaux longitudinaux profonds. Je n'ai pu découvrir dans cette partie du corps aucun orifice semblable, et pendant long-temps j'ai pensé que le système vasculaire des Béroés ne pouvait communiquer avec l'extérieur que par l'intermédiaire de la bouche ; mais, en examinant atten- tivement ces animaux à l’état vivant, et lorsque rien ne gênait leurs mouvemens , Je me suis assuré de l'existence de deux émonctoires, situés, non au bord inférieur du corps, comme chez les autres Acalèphes; mais, à son extrémité supérieure dans le fond de la fossette, qui loge l'organe oculiforme. Effec- tivement , lorsque cette partie était dans un grand état d’exten- sion, j'ai souvent vu une sorte d’ampoule s’y montrer tout-à- coup de l’un on de l’autre côté de la fossette terminale (1). La vésicule, ainsi formée , se renflait rapidensent et laissait aperce- voir dans son intérieur un mouvement de rotation ou de tour- billonnement rapide; puis elle s’ouvrait par son sommet , laissait échapper les matières ainsi agitées et se contractait ensuite au point de disparaître complètement et de ne laisser d'autre trace de son excrétoire, qu’un pore à peine visible. Cesampoulesexcréteurs et ces pores communiquent avec la cavité gastrique servant de réservoir central de l'appareil vasculaire, et sont placés latérale- ment en dehors de la membrane frangée qui occupe le milieu de la fossette(2). Je nai pu constater l'existence que de deux de ces. émonctoires , savoir un pour chaque moitié du corps, et ils oc- cupent l’extrémité supérieure de l’espace compris entre les côtes mitoyennes et externes, de façon à être opposés entre eux, l’un se trouvant à gauche et l’autre à droite de l'organe oculiforme. D'après leur position, j'ai pensé qu'il devait y en avoir quatre, ce qui aurait rendu l'animal parfaitement symétrique; mais il m'a été impossible de découvrir la moindre trace d’un second pore de chaque côté du corps. La saison de l’année pendant laqueile j'ai étudié les Béroës, n'étant pas celle de la multiplication de ces animaux, je n'ai pu (1) Planehe 5, fig. 4, 4. (a) Planche 6, fig. r?, d, d. MiLNE EbWaRps. — Sur les Acalèphes. 215 observer d'une manière satisfaisante les organes génératenrs de ces animaux. M. Delle Chiaje dit qu'a la surface interne de cha- cune des huit côtes ciliées se trouve an oviducte longitudinal auquel sont appendues de chaque côté des grappes d’ovules (1). Chez les grands individus que j'ai eu l’occasion d'observer, J'ai vu quelque chose de semblable; mais d'après le résultat d’un exa- men attentif, je suis porté à croire que la description donnée par le savant anatomiste de Naples, n’est pas tout-à-fait exacte. En effet, j'ai trouvé de chaque côté des bandes frangées dont J'ai déjà eu l’occasion de parler s' souvent, une multitude de grap- pes de couleur rosée et de forme irrégulière qui me paraissent devoir être des ovaires(2), mais ces grappes renfermées dans l’é- _paisseur du tissu da corps ne consistaient que dans des bour- souflures multipliées de la membrane qui tapisse les canaux vasculaires prenant naissance de chaque côté des huit troncs verticaux superficiels; les petites loges formées par ces bour- souflures communiquaient avec la cavité du vaisseau, et celui- ci ne se rendait pas dans un oviducte particulier, mais dans le tronc vasculaire correspondant. Enfin, j'ajouterai encore que les granules rougeâtres accumulés dans les parois de ces grappes ressemblaient exactement à ceux répandus dans toute la lon- gueur des canaux secondaires du système vasculaire des indivi- dus de grande taille. En admettant que cette membrane fron- cée constitue réellement l'ovaire, la disposition de l'appareil générateur serait moins différente de ce qui existe chez les Mé- duses ordinaires qu'on ne l'aurait supposée d’après les recher- ches de M. Delle Chiaje. Lorsqu'on examine au microscope le tissu de ces Acalèphes, ou y distingue une multitude de filamens d’une ténuité ex- trême qui s’entrecroisent en différens sens et qui pourraient bien être de nature musculaire. Il existe aussi pres de la surface du corps un nombre immense de corpnscules pyriformes ter- minés par une sorte de queue très grêle, qui ressemblent beau- coup à ceux dont la peau de certaines Méduses est garnie, et (1) Op. «il, lome 1, page 1 Planches fig ne et Pl. 6, fie re, ». 210 MILNÉ EDWaRDs. — Swr les ÆAcalèphes. qui semblent devoir être des organes sécréteurs. J'avais pensé que ces glandules pourraient bien être la source de la lumiere phosphorescente dont les Béroés briilent avec tant d'éclat; mais en observant avec attention cette lueur, il m'a semblé qu’elle partait principalement du voisinage des côtes ciliées, tandis que c'est dans l'intervalle comprise entre ces côtes que se trouvent les granules pyriformes. La lumière que ces animaux répandent ainsi, avait été aperçue par Forskal et observée plus récemment par Ronde elle est de couleur verte et offre souvent beau- coup d'intensité; pour en déterminer l'émission, il suffit d’exciter l'animal en Pirritant mécaniquement, mais lorsque les déch?rges, ainsi produites, se succèdent rapidement, leur intensité s’affaiblit beaucoup. | J'ajouterai encore qu’au dessous du vaisseau annulaire, 1l exçite sous les tégumens communs un nombre considérable de filamens parallèles disposés transversalement, de façon à repré- senter une sorte de sphincter autour de la grande ouverture buccale, et cette disposition explique la forte contractilité de cette partie. Quant aux organes moteurs des franges vibratiles, formant les huit côtes longitudinales, je n'ai pu rien distinguer. Ces franges, comme on le sait, sont fixées sur de petites crêtes transversales disposées à-peu-près comme les échelons d’une échelle, et elles paraissent différer par leur structure des cils vibratiles avec lesquels on les confond souvent; en eïfet, ce ne sont pas des appendices filiformes, mais des lanières membra- | neuses plus ou moins profondément subdivisées vers leur extré- mité libre et constituent par leur ensemble une petite palette semi-ovalaire(r). Les mouvemensde ces appendices flebelliformes sont très rapides et ne s’interrompent que rarement quand l'a- nimal est vigoureux, mais cessent dès qu'on touche la partie quien estlesiège. Les diverses rangées de franges superposées sur une même côte sont indépendantes entre elles quant à leurs inouvemens, et en général l'excitation portée sur l’une n'’influe pas sur l’action des rangées voisines. Enfin, 1l paraîtrait aussr que lPanimal possède la faculté d'exécuter ou d'arrêter ces mou- (1) Planche 6, fig. 1 MILNE EDWARDS. — Our les Acalèphes. S 0 1 vemens à volonté, et il est à noter qu'ils persistent très long- temps dans les fragmens de ces côtes frangées , séparées du reste du corps, et cela sans changer de caractères, car on les arrète encore en touchant le fragment; mais dans les portions ainsi isolées , la sensibilité se perd plutôt que la contractilité, car au bout d’un certain temps, les vibrations de ces franges persistent avec force et ne s'arrêtent plus sans l’influence du contact d’un corps étranger. $ IV. } Description de la STEPHANOMIA CONTORTA et de la STEPHANOMIA | PROLIFERA. De tous les êtres bizarres dont la mer fourmille, il n’en est peut-être aucun qui soit aussi singulier et aussi embarrassant pour les zoologistes que ces longues guirlandes animées, décou- vert par Péron et Lesueur, durant leur mémorable voyage aux terres australes, et désignés par ces observateurs habiles sous le nom générique de Stéphanomies. Effectivement, par leur forme générale, ces Zoophytes ne ressemblent en rien aux ani- maux ordinaires, et l’anomalie de leur structure est si grande qu’au premier abord il est même impossible de se former une idée de la nature des organes variés et nombreux dont ils sont pourvus; enfin leur étude est doublement difficile, parce qu'on ne les rencontre que rarement, et parce que la délicatesse de leurs tissus est si grande qu'il est plus rare encore de prendre, sans les briser, ceux que l’on voit flotter près de la surface de la mer. Aussi nos connaissances sur les Stéphanomies, de même que sur les autres animaux de la famille des Physophoriens, sont- elles restées très incomplètes, et voit-on parmi les zoologistes les opinions les plus discordantes relativement à leurs affinités na- turelles. Malgré l'imperfection des observations que J'ai eu l'oc- casion de faire sur la structure de ces êtres, je n’hésite donc pas à les publier ici, car elles me semblent pouvoir intéresser les naturalistes, et je ne prévois pas le moment où il me sera pos- sible de les continuer. 219 MILNE EDWARDS. — Sur Les Acalèphes. On n'avait pas encore, que je le sache, rencontré de Stépha- nomies dans nos mers, et celle que j'ai trouvée dans la petite baie de Villefranche près de Nice, me paraît différer spécifi- quement de celles décrites jusqu'ici; elle se rapproche ce- pendant beaucoup de celle désignée par Péron et Lesueur sous le nom de Sfephanomia uviformis (1), et considérée par M. Eschscholtz comme Île type de son genre Æpolemia (2); je proposerai de l'appeler Stephanomia contorta, à raison de la manière dont son rachis est enroulé en spirale. Lorsque cet animal nage dans la mer, il a beaucoup de l’as- pect du Physophore de Forskal. Effectivement, il offre supérieu- rement une masse arrondie résultant de l’assemblage des organes natateurs (3), et porte en dessous une multitude de filamens, de suçoirs et de vésicules, mais ces vésicules ne sont pas disposées de même que chez cetie dernière espèce, et au lieu d’être ra- massées en couronne, elles garnissent une sorte de tige ou de queue trainante. Pour débrouiller ja structure compliquée de cette masse, il est nécessaire de la dérouler en partie, et on voit alors qu'elle se compose, comme la Stephanomia uviformis de divers systèmes appendiculaires et d'une portion principale désignée communément sous le nom de fige. De même que chez les autres Physophoriens, il existe, à l'extrémité supérieure de cette tige, un petit appareil hydrostatique dont la structure est, du reste, plus compliquée qu’on ne l'avait pensé (4). En effet, cette extrémité de la tige, pyriforme et séparée des parties voi- sines par un étranglement, est creusée d’une cavité assez grande qui se continue inférieurement avec le canal dont le reste dela tige est creusée, et qui paraît communiquer au dehors par un pore central déjà signalé chez les Physophores par M. de Blain- ville (5). Cette cavité renferme un liquide jaune rougeñtre, et (1) Voyage de découvertes auc Terres Australes, Mist, nat, Méduses, etc. Pl. (La principale figure de cette planche a été reproduite en partie dans le Dictionnaire des Sciences naturelles, Zoologie, planche 3.) (2) System der Acalephen, ». 143. (3) Planche 5 , fig. 1,0. (4) Planche $, fig. 1, 6 et fig. 2. (5) Manuel d’actinologie, p, 116. ‘ MILNE EDWARDS. — Sur les Avculèphes. 219 loge, en outre, une vessie aérienne qui est ouverte par sa partie inférieure, et qui est maintenue dans £a position centrale par des claisons membraneuses disposées radiairement et tendues entre ses parois et celles de la grande cavité pyriforme (1), à- peu-près de la même manière que les cloisons dont le tube ali- mentaire est environné chez les polypes de l’ordre des Alcyo- niens. La tige (2) est très longue et comprimée latéralement, de facon à ressembler à un ruban épais contourné en spirale; l'un de ses bords est garni d’une sorte de petite crête membraneuse, Vautre donne attache au système appendiculaire et paraît être légèrement bosselé. Un canal central en occupe toute la fon- gueur, fournit d'espace en espace une branche latérale des- tinée aux appendices, et communique supérieurement avec {9 cavité dont il vient d'être question; mais à l'extrémité infé. rieure de la tige, il se termine en cul-de-sac, et ne m'a pas offert l’orifice’ qu’un zoologiste habile a cru y apercevoir et a désigné sous le nom d'anus (3); une ouverture inférieure ne me parait exister que chez les individus mutilés dont le canal cen- tral a été déchiré accidentellement par la séparation d’une portion de la tige. Enfin cette tige elle-même est garnie d’une multitude de limes meimbraneuses longitudinales, serrées les unes contre les autres comme les feuillets d’un livre, et fixées par leur bord sur les parois du tube central (4). Lorsque les tissus de notre zoophyte ont été exposés pendant quelque temps à l’action de l'alcool, il devient très facile de constater ce mode de structure, déjà signalée par Péron et Lesueur, dans la tige d’une espèce voisine; mais pendant la vie, il n’est pas aussi apparent, et toutes ces lames adhérent entre elles de façon à former une masse en apparence homogène. Les appendices de cette Stéphanomie sont de trois espèces : les uns constituent des instrumens de natation ; d’autres portent des vésicules plus ou moins pyriformes , et d’autres encore, que Jjappellerai proboscidifères, sont essentiellement caractérisés (x) Planche 8, fig. 3. \e)lanche 5 ‘fe. x, 0 :.Pl. 8, fie x, a. (3) Manuel d’actinologie, p. 116. (4) Planches, fig. 5. 220 MILNE EDWARDS. — Sur Les Acalèphes. par l'existence d’un sac préhensile, ayant la forme d’une sorte de calice. | Les organes de natation forment d'ordinaire une masse ovoide et alors se recouvrent en partie les uns les autres, de façon à simuler une disposition radiaire et à paraître comme s’ils étaient imbriqués (1); mais ce mode de groupement tient uniquement à la courbure en spirale de la tige qui les porte,et ces appendices ne constituent dans la réalité qu’une seule série linéaire, occu- pant la portion supérieure de la tige, au bord de laquelle ils sont fixés au moyen d’un pédoncule filiforme (2). Chacun d'eux (3) a la forme d’un cône tronqué vers le sommet et forte- ment comprimé vers la base, et se compose de trois parties: le pédoncule, dont il vient d’être question ; une portion extérieure, que j'appelierai l’éfui , et une partie interne, .que je désignerai sons le nom de suc. L'étui(4} est formé par un tissu d'un aspect gélatineux, mais d’une consistance assez grande, qui ressemble à ia portion la plus dense du corps des Méduses , et qui ne perd pas sa:trans- parence par l'action de lalcool; dans sa moitié inférieure, cet étui est plein ; mais, dans sa partie supérieure, on aperçoit une grande excavation ouverte au dehors, et c’est dans l'inté- rieur de cette fosse que se trouve le sac. Celui-ci (5) est une poche membraneuse, de forme trapézoïde, qui s'ouvre éga- lement au dehors par un grand orifice circulaire (6), situé au sommet de l'organe, et qui reçoit l'eau dans son intérieur. Son tissu est un peu moins transparent que celui de l'étui, et, par l'immersion dans l'alcool, il devient tout-à-fait opaque, et paraît composé de fibres musculaires parallèles; mais, ce qui l’en dis- tingue surtout, c'est la contractilité dontil est doué. Effectivement, pendant la viede l'animal, étui n’est le siège d'aucun mouvement, tandis que le sac se dilate et seresserre alternativement, de facon (2) Planche 7, fig. 1, a. (2)- Planche 8, fig. 1. (3) Planche 8, fig. 4, c. (4) Planche 8, fig, 4, 2. (5) Planche 8 , fig. 4, c. (6). Planche 8, fig. 4, d. MILNE EDWARDS. — Sur les Avalèphes. 221 à se remplir d’ean et à l'expulser tour-à- tour, et c'est à l’aide des jets de liquide ainsi produits que l'animal se déplace. Le pédon- cule (1)se fixe au milieu du bord inférieur de l’étui, et se pro- longe à travers la substance subcartilaginense de cet organe, pour gagner le bord correspondant du sac où il se divise en deux branches, qui divergent et suivent ce bord jusque dans le voisinage de l'ouverture supérieure. Enfin, il est encore à noter que, pendant son trajet à travers l’étui, ce filament pré- sente trois petits appendices lobulaires, et que sa portion libre, est assez longue pour ne gêner en rien les mouvemens de l'organe natateur. La portion de la tige qui donne attache aux organes natateurs ne porte pas d’autres appendices, et c’est de la partie suivante de cette tige (2) que naissent les orvanes proboscidiferes et les appendices à vésicules. : Les organes proboscidifères offrent une structure très compli. quée et se composent d’un pédoncule (2), d’une foliole (c}, d’une sorte de trompe contractile et affectant en général la forme d'un calice (d), d’une tigelle (e) et de divers tentacules plus ou moins filiformes (f). Le pédoncule est cylindrique, assez gros et semblable par son aspect à la tige commune dont il naît; à son extrémité, il porte la fo/iole qui consiste en une lame semicar- tilagineuse très mince, et courbée en forme de nacelle ; à la base de cette expansion qui ressemble assez à une bractée, le pédon- cule paraît se continuer avec la trompe (3). Celle-ci est rétrécie à sa base en forme de col; mais bientôt se renfle considérable- ment et constitue une sorte de sac ouvert à son extrémité et ex- trémement contractile. Tantôt les bords de cet orifice sont res- serrés de façon que la trompe devient pyriforme, tantôt ils se dilatent de manière à simuler un calice, et d’autres fois, s’épa- nouissant encore davantage, ses bords se recourbent en dehors jusqu'à sa base (4). Vers le fond de la partie cupuliforme de la (x) Planche 8, fig. 4, a. (2) Planche 9, fig. :. (3) Planche 9, fig. 2, d. (4) Planche 9, fig. rt. 292 MILNE EDWARDS: —- Sur des Acalèphes. trompe, on remarque une série de stries verticales, de couleur rouge orangé qui font saillie dans sa cavité et qui ont l'appa- rence d’un tissu glandulaire; examinées au microscope, elles se montrent formées d’une multitude de villosités assez sem- blables à ceiles qu’on aperçoit à la surface de la membrane ova- rienne de divers Acalèphes et, comme nous le verrons bientôt, elles paraissent constituer, en effet, l'organe générateur fe- melle. Enfin le fond de ia cupule m’a semblé être en commu- nication avec un petit canal qui règne dans toute la longueur de son pédoncule, et qui va déboucher dans le canal central de la tige; aussi suis-je porté à considérer cet organe comme une espèce de suçoir servant à l'introduction des matières nutritives en même temps qu’à la préhension. J'ajouterai encore que dans la substance des parois du col ou portion rétrécie de la trompe, on distingue, à l’aide du microscope, une multitude de vési- cules ovoiïdes. Les filamens tentaculaires , dont le nombre varie, naissent du col de ia trompe, près de l'insertion de celui-cisur la folliole en forme de nacelle dont il a déjà été question (1). Au premier abord on pourrait croire que ces appendices forment une sorte de cou- ronne autour de ce col, mais en les examinant avec attention, : on voit qu'ils se fixent tous en série linéaire sur un de ses bords, absolument comme nous l'avons déjà vu pour les appendices de la tige, et que leur groupement en faisceau dépend de la cour- bure du col en spirale. Ils sont très longs, extrêmement con- tractiles, et offrent toujours une disposition plus ou moins marquée à se tordre ou à se rouler en spirale; leur portion basilaire est formée par un tissu gélatineux qui n'offre rien de remarquable; leur portion moyenne, qui est un peu élargie, et aplatie en forme de ruban, présente au contraire une struc- ture trés particulière (2); quelquefois elle paraît être vide, mais en général on y aperçoit une multitude de vésicules disposées avec une très grande régularité. Ces vésicules sont de deux sortes: les unes assez grandes et de forme ovoïde sont toujours inco- (r) Planche 9, fig. r et 2, (2) Planche 9, fix, 3.et 4. MILNE EbWARDS. — Sur les Acalèphes. . 223 lores et constituent de chaque côté du tentacnle une série li- néaire marginale; ils sont remplis de liquides et logent dans leur intérieur une seconde utricule fusiforme et jaunâtre (r). Les autres vésicules (2) sont beaucoup plus étroites, et ont sou- vent une forme naviculaire; mais elles se recouvrent les unes les autres de façon à ne laisser voir que leur extrémité et à si- muler autant de granuies sphériques (5); elles occupent le milieu du tentacule et sont disposées par rangées transversales un peu obliques, mais très régulières; tantôt elles sont incolo- res, tantôt colorées en rouge orangé. Enfin la troisième portion des filamens tentaculaires s’amincit de nouveau, et n’est jamais colorée, mais renferme encore des vésicules ovoides beaucoup plus petites que les précédentes et composées chacune d’une tunique extérieure transparente et d'un sac interne froncé (4). Ces utricules, de même que les vésicules naviculaires, présentent quelquefois un phénomène très remarquable qui s’observe sur- tout lorsqu'ils sont deverus libres, et qui, au premier abord, pourraitinduire en erreur sur leur véritable nature ; souvent on les voit éclater tout-à-coup et produire une sorte de boyau ou de queue; les utricules de a portion terminale du tentacule ne donnent ainsi naissance qu à un cœcum d'apparence membra- neux dont la longueur est de deux ou de trois fois celle de la tunique externe (5). Mais les vésicules naviculaires de la por- tion moyenne laissent sortir un appendice filiforme, qui paraît _être d'abord enroulé en spirale à sa base, et qui s’allonge par secousses successives au point de constituer une espèce de queue extrêmement longue, et à donner à ces corps singuliers l’appa- rence d'animalcules spermatiques (4); mais ils n’exécutent jamais de mouvemens semblables à ceux des Zoospermes, et me paraissent devoir être considérés comme des organes urticans analogues à ceux de diverses Méduses, car sur la membrane (r) Planche 8, fig. 6. (2) Planche 8, fig. 7. (3) Planche 9, fig. 4. (4) Planche 8, fig. 8, a. (5) Planche 8, fig. 8,6. (6) Planche 8, fig. 9. 22/ MILNE EDWARDS. — Our les Acaléphes. técumentaire des bras et du disque de plusieurs de ces derniers silos les Pélagies, par exemple, on trouve des groupes de vésicules d’une structure analogue qui expulsent de la même manière une sorte de queue filiforme. Enfin, il naît aussi de la base du col de la rome un appen- dice beaucoup plus gros que les précédens , et que J'ai désigné ci-dessus sous le nom de T'igelle (1); il est cylindrique, contourné irrégulièrement et composé d’un tissu granuleux, assez semblable à celui du pédoncule de ces appareils proboscidiferes; en gé- néral, il est simple, mais lorsqu'il a acquis un développement considérable, onen voit naître souvent d'espace en espace des fi- lamens tentaculaires semblables à ceux du col de la trompe. (2) Les appendices à vésicules (3) qui naissent de la tige comme les organes proboscidifères, ont une structure moins compli- quée, et consistent essentiellement en un pédicelle portant deux ou plusieurs sacs pyriformes (4) ei un ou plusieurs pro- longemens flabellaires (5) tantôt simples, tantôt garnis d'un ou de plusieurs groupes de vésicules (6). Ces sacs pyriformes qui naissent sur le pédicelle d'espace en espace, par un col étroit, sont très contractiles et leurintérieur parait communiquer avec le tube central de la tige au moyen, d'un canal capillaire creusé dans le pédicelie dont il vient d'être question; on remarque aussi au bas du col de la plupart de ces sacs un filament flabel- liforme d'une structure analogue à celle du pédicelle, ou bien une petite masse d'aspect framboisée; enfin ces filamens flabel- liformes se bifurquent quelquefois et se terminent par de petites touffes de vésicules de diverses grandeurs, lesquelles renfer- ment chacune une cavité et offrent quelquefois une certaine | ressemblance avec les organes natateurs. (7) Les organes proboscidifères et les appendices dont il vient (1) Pianche 9, fig. 2 (2) Planche 9, fig. (3) Planche 9, fig. 1 , g. (4) Planche 9 , fig. 1, 4. (5)\ Blanche 9, 5-10". (6) Planche 9 , fig. 1 , 7. (j.Planche 9, fig. r, 7”. MILNE EDWARDS. -— Sur les Acalèphes. 239 d’être question naissent comme les organes natateurs du bord de la tige commune, et y forment une seule rangée linéaire. Leur disposition m'a paru être trés régulière ; en effet, lès organes proboscidifères naissent à des distances à-peu-pres égales et dans chacun des espaces compris entre deux de ceux-ci, il existe deux appendices à vésicules. La longue guirlande feuillée re- présentée par la portion moyenne et Er gn de la Stépha- nomie, se compose ainsi d’une série de segmens qui se répètent en quelque sorte, chacun d’eux étant pourvu d’un organe pro- . boscidifère de et suivi d’un appendice à vésicule. Le nombre de ces groupes de parties homologues varie suivant les individus , et paraît augmenter avec l’âge; ceux qui sont placés . _ les plus près de l'appareil natateur sont dans un état de déve- loppement plus avancé que ceux situés vers l'intrémité infé- rieure de la tige, et ces différences portent sur les deux sortes d'organes dont ils sont composés. Dans les organes proboscidi- fères les plus inférieurs, et en apparence les plus jeunes, la fol- liole en forme de nacelle manque, ou est très petite; la tigelle, lorsqu'elle existe, est simple et ne porte pas de filamens, et les appendices tentaculaires peuvent également manquer, tandis que, dans les groupes situés plus haat, la foliole offre des di- mensions de plus en plus considérables, et la tigelle s’allongeet se. complique. Je suis même porté à croire qu’elle peut donner naissance non-seulement à des filamens tentaculaires semblables à ceux du col de la trompe, mais à des organes proboscidifères completset à toutes les parties portées sur la tige elle-même , car il ma semblé reconnaître une de ces tigelles dans un embranche- ment de la tige garnie de tous ces organes (1). À l’extrémité infé- rieure de l'exemplaire figurée dans la planche 7 on apercevait ur appendice à vésicule dépourvue de filamentflabellaire ainsi que de grappes, et portant un seul sac pyriforme. Le pénultième n'offrait aussi qu’un seul sac, mais avait déjà un petit appendice flabellaire ; l’antépénultième portait deux sacs pyriformes et des vestiges de grappes; un peu plus haut sur la tige, chacun de ces appendices offrait trois sacs fixés à un pédicelle beaucoup (x) Planche 7, fig. 1, 2. XVI. Zoo, — Octobre. 15 226 MILNE EDWARDS. — Sur Les Acaléphes. plus long et deux où plusieurs filamens flabellaires dont lun souvent.divisé en deux ou trois branches terminées par des pa- quets de vésicules très bien développés. Enfin, il est aussi à noter que ces divers organes se détachent très souvent de la tige commune, et que cette séparation est plus facile vers la partie supérieure que vers le bas de celle-ci. Les sacs pyrifor- mes se détachent par la rupture de leur pédicelle; les organes proboscidiformes parla désunion de la foliole d'avec le col de la trompe, en sorte que celle-ci en tombant porte avec elle les | filamens tentaculaires et la tigelle (1),et il est encore à noterjque le fragment, ainsi séparé, continue à vivre, et ressemble béau- coup dans cet état à plusieurs corps désignés par les zoologistes sous le nom de Physophores. En décrivant les diverses parties de la Stéphanomie tortillée, je me suis abstenu de toute conjecture sur leurs usages, parce que les inäividus que j'avais eu l'occasion d’observer n'avaient pas vécu assez long-temps pour me fournir quelques notions précises à cet égard; mais en étudiant une autre espèce, J'ai été assez heureux pour constater divers faits propres à me guider dans ces déterminaticns, et Je reviendrai par conséquent sur ce sujet, lorsque j'aurai EP les résultats M l’exa- men de ce dernier Acalèphe m'a conduit. C'est également dans la baie de Nice que j'ai rencontré cette seconde espèce de Stéphanomie, à laquelle je donnerai le nom de S£ephanormia prolifera ; mais je ne l’ai trouvée que mutilée. Elle se distingue de l'espèce précédente par l'absence de folioles et de filamens tentaculaires à la base des trompes et par la lon- gueur considérable des sacs pyriformes (2). Je crois devoir y rapporter une portion de tige qui m’a montré un appareil hy- drostatique , et quelques organes natateurs semblables à ceux de l'extrémité supérieure de la série chez la Stéphanomie contour- née; mais je ne puis en donner une description complète, et je n'en aurais même pas fait mention, si les fragmens que J'ai exa- minés ne m'avaient offert quelques particularités dignes d'intérêt. {1) Planche 9, fig. 2. 2) Planche 10, fig. _MILNE EDWARDS. — Sur les Acalèphes. 927 -1 Fa portion postérieure de cette Stéphanomie vivait très bien ‘quand je l'ai étudiée ; en examinant au microscope ses diverses parties, je me suis assuré d’abord que le liquide contenu dans le tube médian de la tige et dans l’étui de l'appareil hydrosta- tique passe facilement dans les branches latérales qui se rendent aux organes proboscidiformes et aux appendices à vésicules. Puis j'ai vu que les sacs (1) fixés sur ces appendices sont égale- ment remplis d’un liquide et sont le siège d’un mouvement vibratile très énergique déterminé par des cils dont le sommet de leur cavité est garni. Or, en rapprochant ces faits de ceux que j'avais probablement constaté chez les Béroés, je suis porté à en conclure que, chez les Stéphanomies, les sacs pyriformes sont des organes d’impulsion pour le fluide nourricier, et peu- vent par conséquent être comparés, jusqu'à un Certain point, à des cœurs. _ Les vésicales en grappes, qui naissent sur les mêmes appen- dices que ces sacs, étaient très volumineux et présentaient entre elles des différences tres grandes. Les unes (2), transparentes et circulaires, ressemblaient à ceux dont j'ai déjà parlé en dé- crivant la Stéphanomie contournée, mais étaient évidemment plus développées et ressemblaient encore davantage aux organes _natateurs de l’extrémité supérieure de la tige; on y distinguait un ‘étui assez consistant en forme d'ampoule, un sac intérieur ouvert à son sommet, et un pédoncule filiforme disposé à-peu- près comme dans les organes natateurs. Les autres vésicules (3) étaient plus grandes, de forme ovalaire et de couleur blanc de lait, avec une bande longitudinale jaune orangé; on y distin- guait deux tuniques membraneuses et un corps intérieur offrant beaucoup de ressemblance avec les vésicules naviculaires des filamens tentaculaires de la Stéphanomie tortillée : c'était à la présence de ces corps qu'était due la bande colorée dont il vient d’être question, et l’intérieur de la tunique interne était occupé par une matière lactée; celle-ci s'échappait facilement (x) Planche 10, fig. 5. (2) Planche 10, fig. 6 et 7. (3) Planche 10, fig. 8. 15. 228 MNILNE EDWARDS. — Sur les Acalèphes. ’ sous l'influence d’une légère pression et.se montrait alors com- | posée d’une multitude innombrabie de corpuscules blancs ani- més d’un mouvement très vif. A l’aide d’un microscope puissant, ces corpuscules(r)m'ont paru être pyriformeset se terminer par uné queue extrêmement grêle; leurs mouvemens étaient aussi tout-à-fat semblables à ceux des animialcules spermatiques, et il n'était impossible de les considérer autrement, que comme de véritables zoospermes. Les capsules ovoïdes, groupés pres des sacs pyriformes, sont donc des testicules , et ces singuliers animaux sont, par consé- quent, pourvus d'organes mâles. | La plupart des auteurs considérent comme étant des ovaires toutes les vésicules plis ou moins semblables aux sacs pyriformes dont il a été question il y a quelques instans; mais cette opinion nerepose sur aucune observation directe, et ne s'accorde nulle- ment avec les faits que J'ai constatés relativement à la structure et aux usages de ces parties. Il me fallait donc chercher les ovaires, et je crois les avoir trouvés dans l'intérieur des trompes; effecti- vement, les côtes granuleuses et colorées quise voient dans cette partie (2)étaient comme farcies d’une multitude de corpuscules sphériques de diverses grandeurs et offrant tout-à-fait l’aspect d'ovules. 1i me semble donc bien probable que ces replis sont les ovaires, et il est à remarquer que leur position, aussi bien | que leur structure, rappelle tout-à-fait ce qui se voit chez tous les polypesde la classe des Zoanthaires et de celle des Alcyoniens. En m'appuyant sur:ces observations, je me vois, conduit. à admettre que les Stéphanomies sont pourvus d’oganes sexuels distincts, et que les parties mâles sont portées sur les appen- dices à vésicules, tandis que les parties femelles sont portées : sur les organes proboscidiferes. Ces Acaleplies seraient donc hermaphrodites , si l’on considere les divers appendices dont il vient d’être question comme appartenant à un seul individu; mais les auteurs ne sont pas d'accord sur ce point ,et quelques zoologistes pensent que ces corps résultent de l'assemblage d’un (r) Planche 10, fig. 9. (2) Planche 10 , fig. 4. MILNE EDWARDS. — Sur les Acalèphes. 229 . grand nombre d'individus, réunis à la manière des Polypes, sur une tige commune, et, si l’on parvenait à démontrer l'exactitude - de cette hypothèse, on verrait peut-être que les deux ordres d’appendices, dont J'ai parlé plus haut , sont constitués par des individus des denx sexes. Le mode de développement de ces parties, la facilité avec. laquelle elles se séparent de la masse commupe, la ressemblance qui existe entre les vésicules sphé- riques-des appendices mâles et les organes natateurs de la tige commune, sont des faits qui pourraient etre cités à l'appui de _ cette derniere manière de voir, et fa disposition de l'appareil natateur coramun à tout l'agréoat, ne fournirait pas un argument solide en faveur de lopinion contraire , puisque, dans la classe des Polypes, on connaît aussi des animaux agrégés { les Penna- tuies ), qui naissent sur une tigé terminée par un instrument, n'appartenant en propre à aucun des individus ainsi réunis; mais , dans l'état actuel de la science , il ne me parait pas pos- sible de trancher ces questions. Les discuter ici serait donc pré- maturé , et Jespère pouvoir y revenir dans une autre occasion, Quoi qu'il en soit, nous voyons que les Stéphanomies n'offrent dans leur mode d'organisation aucune analogie directe avec les Mollusques , et, bien qu’elles n’aient presque rien de rayonné dans leur conformation, c’est avec les Zoophytes , qu'elles me semblent avoir le plus d’affinité, et, par eonséquent . je ne crois pas devoir adopter, à l’égard de la classification de ces êtres singuliers, lès innovations proposées dans ces dernières années par mon savant collègue M. de Blainville. ( La suite à un prochain cahier. ) EXPLICATION DES FIGURES. Planche 1. ÉQUORÉE VIOLACÉE. Æquorea violacea Nob. Fig. x. L'animal , vu de profil et de grandeur naturelle. Fig. 1 4. Le même, vu en dessous. Fig. 1? Portion de la surfice inférieure de l’ombrelle: — «a. Portion de la cavité gastrique et orifices des canaux rayonpans. — 84. Portion du voile marginal ou sphincter de Vestomac, — c c. Canaux rayonnans. — c’ c!. Portion terminale de ces canaux. — dd, Canal marginal du disque, —ee. Portion du voile marginal de l’ombrelle. — ff. Tentacules. — g. Rubans membraneux , suspendus à la face inférieure de l'embrelle et constituant les organes de la génération. . 230 MILNE EUWARDS. — Sur des Acalèphes. Fig. 1°. Portion du bord de l'ombrelle, fortement grossie. — a a. Canal marginal. — bb. Voile marginal, — cc. Tentacules. — d. Mamelon inter-tentacuiaire , portant un pus" excrétoire. — e e. Tubercules vésiculaires, renfermant des corpuscules Lost, Fig. r 4 Zoospermes du même. Planche 2. LESUEURIE ViTRÉE. Lesueuria vitrea Nob. Fig. 1. L'animal, vu de côté et grossir au double. Fig. 2. Extrémité supérieure du corps, vue en dessus. Fig. 3. Extrémité inférieure de l'un des lobes principaux. — a. Extrémilé du vaisseau: médian superficiel. — à. Appendice proboseidiforme. — c. Extrémité de cet appendice, garni de quatre festonset percé au centre. — dd. Lobule qui recouvre cet appendice et les filamens. tentaculiformes. — e e. Bord inférieur du lobe principal. + Fig. 4. Coupe verticale au niveau de la portion supérieure de la cavité pharyngienne. — a. Cavité pharyngienne.— © 6. Les deux vaisseaux médians profonds des lobes principaux. — c. Ouverture cardiaque. — d, Cavité gastrique ou réservoir central de l’appareil vasculaire. — e. Vaisseaux médians superficiels des lobes principaux. — f. Surface externe de ces lobes. — g. Organes reproducteurs. Planche 3. APPAREIL CIRCULATOIRE DE LA LESUEURIE VITRÉE. Fig. 1. L'animal, fortement grossi et injecté. — a. Extrémité supérieure du Corps. —. bb. Lobes marginaux. — c. Lobe accessoire, — d. Lobe principal. — e. Appendice tentacu— laire. — f. Bords de l’ouvérture buccale, — g. Cavité pharyngienue. — X, Vaisseau médian. superficiel. — z. Vaisseau marginal inférieur, —7. Vaisseau médian profond. Planche 4. SuiTE DE L’ANATOMIE DE LA LESUEURIE VITRÉE. Fig. 1. Portion de l’appareil digestif, système nerveux , etc. — a. Cavité pharyngienne, — b. Portion supérieure de cette cavité, garnie de cils vibratiles. — c. Réservoir central du système circulatoire, — d. Troncs ascendans qui en naissent. — ee. Canaux qui longent les. côtes Jatérales ou principales. —f. Canaux qui longent les côtes accessoires. — g. Canal. médian superficiel. — k, Canal médian profond. — ci. Organes de la génération. — y: Lobules qui occupent le fond de la fosse infundibuliforme de l’extrémité supérieure du corps. — &. Organe oculiforme. — /. Ganglion nerveux. — mm. Faisceaux de nerfs qui en partent. Fig. 2. Portion de l’une des côtes ciliées, vue de face. — a a. Parois du canal qui longe la. côte et qui renferme un liquide chariant des globules. — ? ?. Bande épaisse, occupant le milieu de la côte. — 2/0! Crêtes transversales , se continuant avec cette bande et portant: les appendices vibratiles. — c c. Ces appendices. — d. Filament nerveux longitudinal. — ee, Branches qui en naissent au niveau des crêtes ciliées. — ff. Branches qui en naissent: dans l’espace compris entre ces crêtes. Fig. 3. Portion de la même côte, vue de prof. Les lettres ont la même valeur que dans- la figure précédente. Planche 5. ORcanisarron pu BÉnoE dE Forsxaz. Fig. 1, Individu adulte, de grandeur naturelle. MILNE EDWARDS. — Sur les Acalèphes. 231 Fig. 2. Extrémité supérieure du même, vu de côté. — a. Pan médian. — b. Pan latéral. — c. Pan costal. — 4. Fossette terminale. Fig. 3. La même partie , médiccrement dilatée, vue en dessus et indiquée par les mêmes lettres. Fig. 4. La même partie, vue de face et fortement dilatée, — a, a. Pan médian , divisé par le vaisseau profond (e). — à, à. Pans latéraux. — ce ,c. Pans costaux. — f, g. Côtes ciliées, situées entre ces deux pans. — k. Cavité digestive. — :. Organe oculiforme. — 7. À ppendices frangés , occupant le milieu de la fosse terminale. —#. Ampoules anales. 6 Planche 6. SuiTE DE L'ORGANISATION Du BÉROË DE FoRskaAL. Fig. 1. Individu jeune , représenté de grandeur naturelle. Fig. 14. Le même, grossi et représenté avec le système circulatoire injecté. — a. Grande ouverture de l'extrémité inférieure du corps et anneau vasculaire inférieur. — 4, L'un des deux canaux profonds. | Fig. 1 #. Extrémité supérieure du corps très dilatée.—a. Organe oculiforme.— #. Filamens se rendant aux côtes ciliées. — c. Membrane frangée. — 4, d, Pores excrétoires. Fig. z ‘. Portion de lune des côtes ciliées. Fig. r 4. Lèvres de la cavité stomacale. Fig. : ©. Portion de l'appareil vasculaire de l’individu adulte, Planche 7. SrTEPHANOMIE TORTILLÉE. Stephanomia contorta Nob. Grossie au triple. — a. Organes natatoires.— #. Portion de la tige portant les appendices à vésicules , etc. — 2’ Branche latérale de cette tige. Planche 8. ORGANISATION DE LA STÉPHANOMIE TORTILLÉE. Fig. 1. Portion supérieure de la tige déroulée. — a, Tige. — à. Organe bydrostatique. — c,c. Organes natateurs. Fig. 2. Organe hÿdrostatique , grossi davantage. Fig. 3. Coupe transversale du même au niveau de l’orifice inférieur de la vessie interne. Fig. 4. Un des organes natateurs. — a. Pédicelle, — à. Etui. — c. Sac. — d. Orifice. Fig. 5. Portion de la tige. Fig. 6. L'une des vésicules marginales des appendices tentaculaires. Fig. 7. Vésicules de la portion centrale de ces appendices ( voyez planche 9, fig. 3 et 4 ). Fig. 8. Vésicules incolores des mêmes appendites : a. dans l’état ordinaire, 2. après avoir éclaté. Fig. 9. L’un de ces vésicules , après avoir émis son filament. ° Planche 9. SUITE DE L'ORGANISATION DE LA STÉPHANOMIE TORTILLÉE. Fig. x. Porlion terminale de la tige , garnie de ses appendices, — à. Tige, — D. Appendices proboscidifères. — e. Foliole. — d. Trompe. — 2, Tigelle filiforme. — e/ Appendice semblable plus développé.—f. Filamens tentaculaires.—g, Appendices à vésicules.—A, Sacs où vésicules - 232 MILNE EDWARDS. — Sur les Acaleéphes. | pyriformes. — ë. Appendice filiforme de ces organes. — j. Grappes rudimentaires. — J* Grappes plus développées. | Fig. 2. L’un des appendices proboscidifères , séparé de sa base et devenu libre. Les diverses parties sont indiquées par les mêmes lettres que dans la figure précédente. Fig. 3. Portion supérieure de l’un des appendices tentaculaires (/.), grossi davantage. Fig. 4, Portion de l’organe précédent , grossi encore plus. Planche 10. STÉPHANOMIE PROLIFÈRE. Stephanomia prolifera Nob. Fig. 1. Portion terminale de la tige. Les diverses parties sont indiquées par les mêmes lettres que daris les figures de la planche précédente. Fig. 2. L'un des organes proboscidiformes , contracté et devenu libre. Fig. 3. Portion terminale de l’appendice filiforme , grossi davantage. Fig. 4. Trompe, grossi davantage et montrant les ovaires. Fig. 5. L'un des organes pyriformes (4).-— a. Sa base. — &, Extrémité où se voit le | mouvement ciliaire. Fig. 6 et 7. Sphérules ( natateurs ?) des appendices en grappes. Fig. 8. Vésicule testiculaire. Fig. 9. Zoospermes. REcHERCHES sur le développement des os, Par M. Frourens. Cinquième Memoire, lu à l’Academic des Sciences le 4 octobre 18%&1. Y q > Formation et résorption des couches osseuses. On a vu par mes précédentes expériences \\ (1) quel est le mécanisme précis selon lequel s'opère ke développement des OS. Il ya, dans un os qui se développe, deux faits à expliquer : l'accroissement des parois mêmes de l'os, et l'accroissement du canal médullaire. Or, tout os a deux faces, l’une externe, et l’autre interne. Du côté de l’externe s'ajoutent sans cesse de nouvelles couches, addition qui fait l'accroissement des parois de l'os; du côté de [| (1) Voyez Annales des Sciences raturelles , 2° série , tome xv, page 241. FLOURENS. — Sur les Os. 233 l’interne se résorbent sans cesse des couches anciennes, résorp- tion qui fait l'accroissement du canal médullaire. (r) Il y a donc, dans tout os, deux faces à phénomènes inverses et-opposés, et, si je puis ainsi dire, un endroit et un envers : un ezdroit par lequel il reçoit sans cesse des molécules nou- velles, et un esvers par lequel il perd sans cesse les molécules anciennes. L’osse forme donc par couches, il se résorbe par couches; mais quel est le mécanisme particulier de cette formation et de cette résorpéion ? question nouvelle, et dont la solution réelle , la solution complète aura été, pour la premiére fois peut-être, tentée dans ce Mémoire. Je pose en fait que le véritable rôle du périoste dans la for- mation desos , malgré tout ce qui a été écrit sur ce sujet depuis Duhamel, n’est point connu. Pour ce qui concerne la résorption, on est bien moins avancé encore. On ne sait pas même s’il y a an organe particulier pour ce phénomène. J. Hunter a beau dire qu'i n’est pas plus difficile de concevoir la résorption par les vaisseaux absorbans que la formation par les artères. Une explication aussi vague n’explique rien. (2) Sans doute il faut toujours poser l’action générale, et des artères pour la formation, et des vaisseaux absorbans, soit lymphatiques, soit veineux (3), pour la résorption. Mais, indé:- pendamment de cette action générale et commune, il faut ici une action spéciale et déterminée ; il faut un appareil particulier pour la formation , il faut un appareil particulier pour la résorp- tion; et, Je le répète, le premier de ces appareils a été à peine indiqué jusqu'ici, le second n’a pas même été soupçonné encore. (1) Voyez Annales des Sciences natnrelles, tome xr11 , page 104. (2) C’est ce qu'Alexandre Macdonald avait déjà senti. Voici ce qu'il dit: « J. Hunterus credit parles solidas absorberi actione , uti vocat , contraria actiori arteriarum quà formantur, et difficultatem fugit, dicendo æque difficile esse animo concipere, vasis absorbentibus os removeri, ac arteriis os formari ( Alexandre Macdonald, Disputatio inauguralis. de necrosi : ac callo, 1799 ). … (3) Surtout veineux, si l'on en juge, du moins, par les expériences les plus récentes sur V'absorption, 234 FLOURENS. — Sur des Os. L'opinion de Duhamel sur le rèle que joue le périoste dans la formation des os, est connue de tout le monde. Selon Duha- mel, l'os n’est que le périoste ossifié. « J'ai tâché d'établir, dit-il, que les os croissent en grosseur par la sur-addition des couches du périoste, lesquelles, en s’ossifiant, forment l’épaississement des parois du canal médul- laire. (1° Il dit ailleurs : « Le fait n’est pas douteux ; sûrement les lames du périoste s’ossifient et contribuent (2) à l'augmentation de grosseur des os ». (3) À | Il dit encore : « Les os commencent par n’être que dun pé- rioste ; car Je regarde les cartilages comme un périoste fort épais ». (4) | Il dit enfin: « Les os augmentent en grosseur par l'addition de lames très minces , qui faisaient partie du périoste avant que d’être adhérentes aux os, avant que d’en avoir acquis dla dureté ». (5) Parle-t-il du ca/? Voici commentil s'exprime : « J'ai fait voir, dit-il , que le ca/ n’est point, comme on le croyait , un épanche- ment de suc osseux , mais qu'on en est redevable à l’épaississe- ment et à l'ossificationde plusieurslames du périoste,qui forment une espèce de virole osseuse, laquelle assujettit les bouts d'os rompus; J'ai fait voir que ces lames du périoste qui étaient membraneuses, deviennent ensuite cartilagineuses, et qu’elles acquièrent enfin la dureté des os ». (6) « Cest le périoste, dit-il encore, qui, après avoir rempli la plaie des os, ou s'être épaissi autour de leurs fracturesi prend (1) Cinquième Mémoire sur les os, page 111.— Mémoires de l'Academie des Sciences , annee 1743. | . e 3: l . I Il . l' . (2) Contribuent , parce qu’il suppose le concours de l'extension , laquelle . comme je l'ai prouvé, n’est qu’une supposition gratuite. (Annales des Sciences naturelles, 2° série, tome x111). CES * . 4 e L ” œ £ (3) Duhamel, quatrième Mémoire sur les os , page rot. — Mémoires de l’Académie des Sciences, année 17943. (4) Sixième Mémoire sur Les os , page 315.— Mémoires de l'Académie des Sciences, année 1743. (5) Quatrième; Mémoire sur Les os , page 88. (6) Troisième Mémoire sur les os, page 355.— Mémoires de l'Académie des Sctences , année 1742. FLOURENS.- —— OLr es OS. 239 ensuite là consistance du cartilage et acquiert enfin la dureté des os (1).» DL Telle est donc l'opinion formeile de Duhamel : l’ossification n’est que la transformation du périoste en os. J'ai répété toutes les expériences de Duhamel. J'ai vu, comme lui, tantôt le périoste entourer les bouts fracturés de los, et, en s’ossifiant, former autour de ces bouts fracturés , une sorte de virole osseuse ; tantôt pénétrer rntre ces bouts fracturés , et, en s’ossifiant encore, les unir l’un à l’autre par une sorte de continuité osseuse (2). J’ai vu, comme lui, le périoste s’épaissir, se tuméfier d’abord ; puis les lames internes de ce périoste tuméfié se transformer en cartilage; et puis ces lames cartilagi- neuses se transformer en os. ‘Comment se fait-il donc qu’une opinion si nettement expri- mée , et fondée sur des expériences si sûres, r’ait pas été géné- ralement admise , ou plutôt, et à parler plus exactement, com- ment se fait-il que, à commencer par Haller, elle ait été com- battue par presque tous les physiologistes? Je n’hésite pas à le dire: c’est que ces physiologistes, pour juger l'opinion de Duhamel, se sont bornés à répéter ses expé- riences; et que ses expériences n'étaient pas, à beaucoup près, les plus propres à résoudre la difficulté. Pour mon compte, j'avais déjà répété toutes les expériences de Duhamel, que la plupart de mes doutes subsistaient encore. Il fallait donc agran- dir et varier le champ de Lt Il fallait surtout se faire une idée plus juste du mode même des ex pérenbEs qu'on employaïit. Vous fracturez un os, et vous croyez avoir produit un fait simple.Mais vous n'avez pu rompre l'os sans rompre le périoste et par conséquent les vaisseaux de ce périoste, et très souvent (x) Premier Mémoire sur les os, page 107. — Mémoires de l’Académie des Sciences ,. année 1741. _ (2) « J'ai quelquefois remarqué , dit Duhamel, que l’épaississement du périoste qui enveloppe les fractures se prolongeait pour remplir l'intervalle qui se trouve entre les bouts. d’os rompus , précisément comme j’ai dit que le périoste s’allongeait pour remplir les petites. plaies d’os ; or, cette interposition est bien propre à rendre lunion de l'os plus exacte: qu'elle ne Je serait, si les os n'étaient assujettis que par la virole osseuse... (Premier Hémotre sur les os, page 108. — Mémoires de l’Académie des Sciences, année 1941). + 236 FLOURENS. —— Sur des Os. aussi les vaisseaux des parties voisines. De là effusion de lym- phe, de sang; puis endurcissement de cette lymphe et de ce sang épanchés; et, en un mot, tout ce qui se rapporte au pré- tes Aprés did his éé Le véritable ca/ est une portion d’os nouvelle. Et, comme:on le verra bientôt, cette portion d'os nouvelle résulte de l'ossifi- cation d’une portion du périoste. Le prétendu ca/ provisoire est un fait étranger à la formation de l'os proprement dite. Le prétendu cal provisoire n’est que le résultat de la rupture des vaisseaux , soit du périoste, soit des parties voisines. Pour déméler, pour saisir le vrai mécanisme de la formation du cal, ou, à parler plus généralement, dela formation desos, il fallait donc des expériences dans lesquelles on ne touchàt ni au périoste, si aux parties voisines, ni par conséquent aux Vais- seaux de ce périoste et de ces parties. Je dis plus : il ne fallait pas même toucher à los, du moins à la face de l'os qui répond au périoste. Car, en effet, c'est entre cette face de l'os et. le périoste que doivent se passer tous les phénomènes qu'on se propose d'observer. Or, ce mode expérimental dans lequel on ne touche ni au périoste, ni à la face de l'os qui répond au périoste, mi, à plus forte raison, aux parties voisines, ce sont les expériences de Troja qui me l’ont fourni. On connait ces grandes et belles expériences. Troja sciait un os long en travers, un os des membres, par exemple; et puis, portant. un stylet dans le canal médullaire de cet es, il en dé- truisait toute la membrane. Au bout de quelque-temps, l'os dont la membrane médullaire avait été détruite ; tombait en nécrose; et, tout autour .de cet os nécrosé, il se formait un os nouveau. ù Or, dans cette expérience, n'est-il pas évident qu'on ne tou- che qu’à la membrane médullaire et à la face interne de l'os ? On ne touche ni à la face externe de l'os ni au périoste, c’est- à-dire à aucune des parties entre lesquelles doit se passer le phénomène qu'il s’agit d'observer. Ce sont des expériences, faites à la manière de celles -de Troja, qui mont permis enfin de juger, et, si je ne me trompe, de FLOURENS. — Sur:les Os. 237 confirmer la théorie de Duhamel. Mais ces expériences ne s’en sont pas tenues là. Tont en me donnant, dans le périoste ex- terne , l'appareil de la formation des os, elles m'ant donné, dans la membrane médullaire ou périoste interne, l'appareil de leur résorption. TUE Il ya donc, dans les os, un appareil de formation, et c'est le périoste externe; il y a un appareil de résorption, et c’est la membrane médullaire ou périoste interne; et ces deux proposi-. tions sont démontrées, je crois, jusqu’à la dernière évidence par les pièces que je mets sous les yeux de l'Académie. L a pièce n° 1 est la moitié d’un radius de bouc, scié en long. : Ce radius est un os entièrement nouveau; et, dans cet os nouveau se trouve enfermé de toute part un os ancien, un os nécrosé, un:6s dont la membrane médullaire avait été détruite. Voici comment l'expérience qui m'a fourni ce résultat, résul- tat beaucoup plus complet qu'aucun de ceux obtenus par Troja lui-même, a été conduite. Troja (1), et tous ceux qui ont répété. ses expériences, nommément Alexandre Macdonald (2), le plus habile de tous ; Troja , dis-je, et tous ceux qui sont venus après lui, commençaient par scier en travers los dont ils voulaient détruire la membrane médullaire, c’est-à-dire qu'ils commen- çaient par pratiquer l’amputation du membre. Il n’y avait donc qu'une portion d'os qui füt conservée, qui fut soumise à l’expé- rience, et qui par conséquent püt se reproduire. Le reste de l'os et du membre était perdu. J'ai voulu, dans mon expérience, conserver l'os entier. Je me suis donc borné à pratiquer an trou sur le radius ; et puis, por- tant un stylet, par ce trou, dans le canal médullaire, j'en ai détruit toute la membrane. Ainsi tout l'os a été conservé, et tout l'os a pu se reproduire. C'est en effet ce qui a eu lieu. Le radius, conservé tout entier, s'est reproduit tout entier. Et ce n’est pas tout. Tout comme il s'est formé un os entière- (x) De novorum ossium, in integris aut maximis , ob morbos, deperditionibus , regenera- tione experimenta ; 1775. (2) Disputatio inauguralis de, necrosi ac callo, 1799. 238 ‘ FLOURENS. — Sur les Os: ment nouveau , 1l s’est formé aussi une membrane médullaire entièrement nouvelle. Quant à l'os ancien, il est enfermé de toute part, comme je viens de le dire, dans los nouveau; mais il y est mobile , mais il en est séparé partout par la nouvelle membrane médullaire, et déjà mème il est en partie résorbé, en partie détruit par elle ; car c'est elle qui, comme on le verra bientôt, constitue Rois particulier de la résorption des os. Le radius que je décris ici, examiné de dehors en dedans, et sur la coupe , offre donc, d'abord le périoste, puis los nou- veau, puis la membrane médaullaire nouvelle, puis l’os ancien, , dans l’os ancien, les débris de la membrane médullaire ancienne, de la membrane médullaire qui a été détruite. Lors donc qu’on détruit la membrane méduilaire d’un os entier, cet os entier meurt, et il se forme tout autour de cet os mort un os nouveau qui l'embrasse de toute part. De plus, l'os nouveau est absolument semblable à los ancien ; il en reproduit la forme, la structure, et jusqu'aux plus petits détails de forme et de A (1) Enfin il se forme une nouvelle membrane médullaire, tout - comme il s’est formé un os nouveau; et l’os ancien, contenu dans l’os nouveau, est peu-à-peu détruit et résorbé par cette membrane. Ta pièce n° 2 est la seconde moitié du radius que je décris ; mais on a Ôté de cette moitié l'os ancien , l'os nécrosé , l'os qui formait séquestre. Il ne reste donc plus ici que la nouvelle mem- brane médullaire et l'os nouveau. Enfin la pièce n° 3 est ce même os ancien et nécrosé , Ôté, comme je viens de le dire, de la seconde moitié du radius nouveau. Cet os ancien est vu ici par sa face externe ;or, on remarquera d’abord que cette face externe est tout usée , toute corrodée , et l’on remarquera ensuite que le corps seul de l'os subsiste. Les (1) Le radius que j'examine, comparé au radius de l’autre jambe du même animal, s’est, trouvé seulement plus gros: c’est qu'il contenait l’os ancien sur lequel il s'était formé. : FLOUBENS. — Sur des Os. 239 deux extrémités , tant la supérieure que l'inférieure, ont déjà disparu , détruites et résorbées par la membrane médullaire. La pièce n° 4 est la moitié d’un radius de cochon, scié en long. L'animal avait été opéré de la même manière que le précé- dent ; mais il a survécu beaucoup moins long-temps à l’expé- rience. Aussi , d’une part, l’os nouveau n'est-il pas encore entiè- rement formé ; et , de l’autre, la résorption de l'os ancien est-elle beaucoup moins avancée. On voit , dans l’intérieur de la pièce n° 4, l'os ancien et né- crosé , l'os dont la membrane médullaire a été détruite. Autour de cet os ancien est une membrane épaisse , laquelle est la membrane médullaire nouvelle ; et, entre cette membrane médullaire nouvelle et le périoste, égalemeut très épais ,se forme l'os nouveau , dont l’ossification n’est encore complète que sur quelques points. La pièce n° 5 est la seconde moitié de ce même radius, dont on a Ôté los ancien , l'os nécrosé et qui formait séquestre. Tout, dans la pièce que j'examine en ce moment, est à remarquer. Dans les points où le nouvel os est déjà formé, cetos nouveau se trouve placé entre le périosteiet la nouvelle membrane mé- dullaire. Dans les points où il ne paraît pas encore, ces deux _ membranes , la membrane médullaire nouvelle et le périoste, sont unies l’une à l’autre, et semblent n’en faire qu’une , et cette membrane, qui parait unique, est partout très facilement divisible en plusieurs lames ou feuillets distincts. Enfin , et ceci est plus remarquabie encore, à la face interne _ de la membrane médullaire nouvelle se voit un tissu d’un aspect singulier, ou plutôt une surface toute parsemée de petits mame- Jons et de petits creux. C’est par cette surface , tour à-tour creuse et mamelonnée, que la membrane médullaire nouvelle agit sur _ l'os ancien , le saisit, le ronge, et finit par le résorber. Et ce que je dis ici est démontré aux yeux par la pièce n° 6. Cette pièce n° 6 est l'os ancien, retiré de la pièce même que je viens de décrire. Ur, cet os ancien, vu par Sa face externe, est tout usé, tout 2/0 FLOURENS. — Sur les Os. corrodé ; et, ce qui paraîtra sans doute plus décisif encore, c’est que partout l'érosion de l'os répond aux points de la nouvelle membrane médullaire à surface tour-à-tour creuse et mame- lonnée, c'est que partout, à chaque creux de los, répond un mamelon de la membrane médullaire, et, à chaque :creux de la membrane médullaire , une saillie de los. Les pièces que je viens de faire passer sous les yeux de l’Aca- démie montrent : | 1° Que la destruction de la membrane médullaire d’un os. est suivie d’abord de la mort de cet os , et ensuite de la formation | d’une membrane médullaire nouvelle et d’un os nouveau ; | 2° Que l'os nouveau se forme entre la membrane médullaire nouvelle et le périoste, 3° Que cette membrane médullaire nouvelle et ce périoste ne forment : d’abord qu’une seule et même membrane , très épaisse et divisible en plusieurs feuillets ; 4° Que la membrane médullaire nouvelle, d'abord unie au périoste, s’en sépare peu-à-peu, et, par l'interposition même de _ l'os nouveau , lequel, comme il vient d’être dit, se forme entre ces deux membranes ; 5° Que le tissu de la membrane médullaire nouvelle, d’abord très épais , très dense , comme on le voit dans les pièces n° 4 et 5, et fort semblable au tissu fibreux du périoste, alors très épais aussi, prend peu-à-peu une texture plus délicate, plus fine, se creuse de cavités, de mailles , se remplit de sucs et présente. enfin une membrane médullaire nouvelle, tout aussi régulière , tout aussi parfaite que la primitive (1), comme on le voit dans les pièces n° 1 et 2; Et 6° que la face interne dé la membrane médullaire nouvelle, tour-à-tour creuse et mamelonnée, dissout et ronge He -à-peu los ancien et finit par le résorber. La membrane médullaire des os est donc l'appareil de leur résorption. | j » (1) Et mème la structure propre en paraît alors marquée. La nouvelle membrane médul- iaire, dans les points où elle est entièrement formée , présente tout-à-fait, par son tissu délicat et raréfié, l'aspect de Ja moelle de sureau, FLOURENS. — Sur les Os. 2/1 Tels sont les faits qui résultent des pièces que je viens de présenter à l’Académie. Les pièces qui suivent jettent un jour nouveau sur ces premiers faits; car elles en donnent la succession, la marche, et , si je puis ainsi dire, la génération complète. Mais je commence par avertir que les expériences auxquelles ces nouvelles pièces sont dues, ont toutes été faites à la manière de Troja et de Macdonald, c’est-à-dire qu'on a commencé, sur chaque animal soumis à expérience, par pratiquer l’amputation du membre. Après cela, un stylet a été porté dans le canal médullaire de l'os scié en travers, et la membrane médullaire a été détruite. | Quatre lapins ont été opérés de la manière que je viens de dire. | De ces quatre lapins , le premier a été tué soixante-douze heures, le deuxième quatre-vingt-seize heures, le troisième sept jours , et le quatrième huit jours après l'opération. La pièce n°7 est le tibia du premier lapin, du lapin qui n’a survécu que soixante-douze heures à l'opération. Je viens de le dire , et il sera inutile de le répéter pour les pièces suivantes, ce tibia avait été scié en travers, et la membrane médullaire en avait été totalement détruite. Sur la pièce que j'examine, le périoste a été fendu longitudi - nalement et détaché ensuite de l'os par la dissection. Or, sur la face externe et vers le bout inférieur de l’os, mis à nu ,se voit nne petite couche blanche, de consistance cartila- gineuse. Cette couche cartilagineuse, déjà même ossifiée sur quelques points , est le commencement du tibia nouveau. Mais ce qu'il importe le plus de remarquer ici, c'est que cette conche cartilagineuse , germe d’un os nouveau, se continue avec le périoste , devenu très épais, qu'elle en émane et qu’elle le suit , ou ne s’en détache qu'avec déchirure, quand on fait effort pour Pen séparer. | Dans la pièce n° 8,le fait que j'indique en ce moment se montre avec plus d'évidence encore. Cette piece est le tibia du lapin , qui a survécu quatre-vingt-seize heures à l'expérience. D'abord la couche cartilagineuse a beaucoup plus d’étendue : XVI, Zoor, — Octobre, 16 242 FLOURENS. — Sur les Os. elle recouvre l'os entier ; et, en second lieu, elle se continue de la maniere la plus manifeste avec le périoste. Ainsi donc , lorsque la membrane médullaire d’un os a été détruite: * Le périoste , auquel pourtant il n’a point été touché, s’épais- sit et se gonfle ; 2° Il se forme sur la face externe de l'os ancien une couche cartilagineuse ; 3° Cette couche cartilagineuse émane du périoste et ne peut en être détachée que par déchirure ; Et 4 Cette couche Area est le premier germe de l’os nouveau. Ainsi donc l'os se forme dans le cartilage ; le cartilage est formé par le périoste; l'ossification n’est de que la transfor- mation du périoste en os. La pièce n° Q est le tibia du lapin qui a survécu sept jours à l'opération. Une portion d'os nouveau est déjà formée vers le bout infé- rieur de l'os ancien; et ce n'est pas seulement un os nouveau qui reparait en ce point, C'est aussi une membrane médullaire nou- velle , qui déjà existe, qui déjà a pris sa place, et qui déjà, par- tout où l'os nouveau est complètement formé, le sépare comple- tement de l’os ancien. Enfin, la pièce n° 10, c'est-à-dire le tibia du lapin qui a.survécu huit jours à l'opération, offre un os nouveau entièrement formé; et, dans cet os nouveau , une membrane médullaire nouvelle; et dans cette nouvelle membrane médullaire , los ancien déjà presque (1) partout séparé par elle de l'os nouveau. On le voit donc: un rapport constant lie la production d’une nouvelle membrane médullaire à la production d’un nouvel os. À mesure qu’il se forme un os nouveau, il se forme une nou- velle membrane médullaire. Mais d’où provient cette membrane médullaire nouvelle ? Elle provient du périoste. On a vu , dans les pièces n° 4.et 5, (x) Je dis presque, parce que , sur cette pièce , la membrane médullaire n’est pas encore, en effet , complètement formée, FLOURENS. — Sur les Os. 2/3 la membrane médullaire nouvelle tenir au périoste. On voit ici, dans les pièces n° 9 et 10 ,le périoste, parvenu au bout inférieur de l'os , au bout scié, se replier et se porter entre les deux os, l'ancien et le nouveau, pour y former la membrane médullaire. Et cette coutinuité de la membrane médullaire et du périoste se voit encore mieux dans la piece n° Hy.. On a détaché, sur cette pièce, le périoste et la membrane médullaire dans une certaine étendue , et, dans toute cette éten- due ,on voit ces deux membranes se continuer l’une avec l’autre de la manière la plus complète. Le périoste ne forme donc pas seulement ' nouveau ; il forme , quoique par un mécanisme très différent , et particulier pour chaque genre de formation, et l’os nouveau et la mem- brane médullaire nouvelle. La pièce n° 12 est une portion de radius de bouc. Sur cette portion d'os le périoste avait été entièrement détruit, et sy était entièrement reproduit. On voit sur cette pièce, une lame d'os qui se continue avec une lame de périoste. Une même lame est ainsi, os sur un paint, et tar sur l’autre. La pièce n° 13 est une portion du tibia d’un iapin, portion d'os sur laquelle il avait été pratiqué un trou. On voit, sur cette pièce, d'un côté, le trou de l'os qui sub- siste encore; et, de l’autre, un prolongement du périoste qui pénétrait dans ce trou, et qui, en s’ossifiant, l'aurait rempli. Il ne me reste plus qu’à examiner deux pièces. Ces deux pie- ces, marquées des n® 14 et 15, sont les deux moitiés du tibia d’un canard. Sur les animaux de mes premières expériences, c'est la mem- braue médullaire qui avait été détruite et le périoste qui était resté intact. Aussi, los qui s'était formé, s’était-il formé du côté du périoste et à l'extérieur de l'os ancien. _ Sur le canard dont je parle en ce moment, J'ai fait une expé- rience inverse. La membrane médullaire a été respectée, et tout le périoste a été détruit. Aussi l'os nouveau s'est-il formé du côté de la membrane médullaire et dans l’intérieur de los ancien. 16. 1 244 FLOURENS. — Sur les Os. Les deux pièces, n®% 14 et 15, montrent d'abord le périoste qui s’est entièrement reproduit, et ensuite l’os nouveau contenu dans l'os ancien. Lorsque le périoste externe a été détruit, la membrane mé- dullaire, où périoste interne, partage donc le privilège du _périoste externe et le remplace, jusqu'à un certain point, pour la reproduction et la formation des os. Je tire , des expériences contenues dans ce Mémoire, ces trois PRTEMREEE générales : iilya, da les os, un appareil de formation, et cet appa- reil est le périoste ; 2° Il y a un appareil de résorption , et cet appareil est la mem: brane médullaire ; 3° La membrane médullaire, ou périoste interne, n’est qu’une continuation du. périoste externe. Je n’ai traité, dans ce Mémoire, que du mécanisme SEneral de la formation des os; je traiterai, dans un autre, du méca- nisme particulier de’ la formation du cal. RECHERCHES sur le développement des os. Par M. FLOURENS. ( Sixième Memoire, Ju à l'Academie des Sciences, le 11 octobre 284.) Formation du cal. La formation du cal n’est qu’un cas particulier du cas général de la formation des os. Avoir donné le mécanisme de la forma- tion des os, comme je l'ai fait dans mon précédent Mémoire (1), cest donc avoir donné aussi, et par cela même, le mécanisme de la formation du cal. Le cal est une portion d’os, et cette portion d'os se forme (1, Voyez page 232. . HLOURENS:. — (Sur odes.: Or. 245 comme l'os entier. C'est le péri ioste qui produit le cal comme il produit l'os. Or, on à dés vu comment le périoste produit l'os, F ne reste donc plus qu’à faire voir comment il produit le cal. Trois opinions principales ont successivement régné sur la formation du cal : la première est celle qui a précédé Duhamel, la seconde est celle de Duhamel lui-même, la troisième est celle de Haller. | Voici comment Duhamel rend compte de lopinion qui ré- gnait avant lui. « On se contente d'admettre ordinairement, dit-il, que cette grosseur osseuse, que l’on nomme le cal, et qui réunit les os fracturés, est formée par un épanchement de suc osseux qu’on suppose qui transsude ou de los même, ou des parties voisines, et l'on croit que ce suc osseux soude l’un à l’autre les deux bouts d'os rompus, à-peu-près comme les plombiers soudent avec de l’'étain deux bouts de tuyau. (1) « D'autres, ajoute-t-il, ont cru qu'outre cet épanchement de suc osseux, les extrémités des fibres osseuses rompues s’allon- geaien* et se joignaient les unes aux autres, à-peu-prés comme le font les parties molles. » (2) | D'après ces deux opinions, ou plutôt d'après cette opinion, car il est aisé de voir que les deux n’en font guère qu'une, la réunion des bouts d'os rompus se faisait donc, soit par le simple épanchement d’un suc osseux, soit par cet épanchement com- biné avec l'allongement des fibres osseuses. Telles étaient les idées reçues, avant Duhamel, sur la formation du cal. Duhamel ne tarda pas à s’en faire d’autres. Dès ses premières expériences, tantôt fracturant les os, tantôt se bornant à pratiquer sur ces os de simples trous, il vit tou- jours le périoste ou s’ossifier autour des. bouts d'os fracturés pour les unir par une sorte de virole osseuse, ou pénétrer entre ces bouts pour les unir par une sorte de continuité osseuse (5), (ct) Observations sur la réunion des fractures des os, premier Mémoire, page 99. — Mémoires de l’Académie des Sciences, année 1741. (2) Ibid. , page 99. (3) Voyez ce que j'ai déjà dit là-dessus dans mon précédent Mémoire. 240 ELOURENS. — Sur Les Os. ou s’enfoncer enfin dans les trous des os pour remplir ces trous. Et voici les conclusions qu'il tira de ces faits : « Ces expériences, dit-il, lèvent, 'je crois, les principales dif- ficultés qu’on avait sur la réunion des fractures et sur la for- mation des cicatrices qui operent la guérison des plaies des os; car si l’on avait peine à concevoir que des fibres dures et raides, comme le sont celles des os, fussent capables de s’allonger, de s'étendre et de se souder les unes aux autres, on a lieu d’être satisfait quand on voit que ce sont les fibres molles, ductiles et expansibles du périoste qui se gonflent, qui prêtent, qui s'äl- longent, qui se soudent. (1) » «On ne sera point non plus en peine, continue:t-il, de savoir d’où transsude le suc osseux qu'on croÿait nécessaire pour for- mer le cal, puisqu'on voit que c’est le périoste qui, après avoir rempli les plaies des os, ou s'être épaissi autour de leurs frac- tures, prend ensuite la consistance de cartilage, et acquiert enfin la dureté des os. » (2) | Il n’y a donc, selon Duhamel, ni suc osseux épanché ni allon- gement des fibres osseuses : le cal n’est que l’erdurcissement du périoste. (3) À peine cette opinion de Duhamel fut-elle connue, que Haller se hâta de la combattre; et, s’il est permis de le dire, il se hâta trop. Alexandre Macdonald l’a déjà remarqué : on! voit trop, dans Haller, le parti pris de combattre les idées de Duhamel. « Aussi, ajoute Alexandre Macdonald, paraît-il beaucoup plus occupé d’accommoder les expériences à son opinion que son opinion aux expériences. » (4) La plupart des objections de Haller ne portent pas plus contre (x) Observations sur’ la réunion des fractures des os, premier mémoire, page 107. — Mémoires de l'Académie des Sciences, année 1741. (2) Ibid., page 107. È (3) Ce sont ses propres expressions. Zbid., page 107. (4) S opinionem præclari hujus physiologi de ossium formatione animo contemplemur, non possumus nor existimare illum præjudicatam opinionem contra sententiam Hamelii accepisse , idedque experimenta ad opinionem | potius quàm opinionem ad experimenta animo accom- modasse ( Alexandre Macdonald : Disputatio inaugularis de necrosi ac callo, page 98 ). FLOURENS. — Sur les Os. 247 D l'opinion de Duhamel qu'elles ne porteraient contre touté autre opinion quelconque. Par exemple, apres avoir dit que « l’état primordial de l'os est celui d’une glu (1), et que la formation des os est due à la coagulation et à lendurcissement d'un suc (2) », Haller fait à Duhamel cette objection. «Je ne comprends pas, lui dit-il, que la dure-mère ait pu former un os aussi composé que l'est l'os pierreux, ni que la membrane tendre et délicate de la coquillé ou des canaux demi circulaires ait pu servir de moule à l'os pierreux, ou lui impri- mer ses spirales et ses contours. » (5) ï Duhamel aurait pu lui demander s’il comprenait mieux, lui Haller, coriment ces canaux , ces contours , ces’‘spirales avaïent pu se former par l’endurcissement d'une g/4 ou la coagulation d'un suc. | Voici une autre objection de Haller, laquelle accuse peut-être plus de précipitation encore. « Les couches osseuses, dit-il, qui se forment dans un arimal nourri de garance, sont rouges et le périoste reste blanc; donc les couches osseuses ne sont point formées par le périoste. » (4) Fougeroux lui répond très bien : « En faisant un raïsonne- ment tout pareil, je dirai : La grande apophyse du sternum des oiseaux ne prend aucune teinte de rouge tant qu'elle est carti- lagineuse, quoique ces animaux usent, dans leurs alimens, de beaucoup de garance; l’apophyse du sternum des oiseaux, lors- qu'elle est convertie en os, prend très bien, au contraire, la teinture de la garance; donc l’apophyse du sternum des oiseaux n'est pas formée par le cartilage qui en occupait la place. » (5) En effet, Îe cartilage ne rougit pas plus (6) que le périoste ; (:) Voyez, dans les Mémoires sur les os , recueillis par Fougeroux, le Mémoire de Haller et de Dethleef sur la formation des os, page 181. (a) Zbid., page 148. (3) Zlid., page 140. (4) Zbid., premier Mémoire Ge Fougeroux , page 24. (5) Ibid. | page 24. (6) Le cartilage ne rougit qu’en recevant le se/ ferreux , le phosphafe calcaire , c'est-a-dire qu’en s'ossifant. Voyez mon premier Mémoire concernant l’action de la garance sur les os (Annales des Sciences naturelles, tome x111). 245 | FLOURENS. — Sur Les Os. et si l'argument valait contre le périoste, il vaudrait contre le cartilage. Or, le cartilage se transforme en os, Haller n’en dou- tait pas. La z70n-coloration ne prouve donc pas pluie contre le pé- rioste qu’elle ne prouve contre le cartilage. | Mais venons à des propositions plus précises, à des assertions plus raisonnées, plus réfléchies de Haller : Selon Haller : « le cal de los est formé par un suc gélatineux qui suinte des extrémités fracturées de l'os, surtout de la moelle, et qui s épanche autour de la fracture. » (1) Il affirme, d’un autre côté, que « le périoste n’a aucune part à la réunion des os, qu'il ne fait pas partie du cçal, quil n'est pas attaché au cal. » (2) Telles sont les deux propositions fondamentales de Haller. Par la première, il établit sa théorie ; par la seconde, il ren- verse la théorie de Duhamel. Chacune de ces propositions mérite donc un examen sérieux. Haller veut que la formation de l'os, que la formation du cal, ne soient que l’endurcissement d’un suc gélatineux (3); c'est là sa théorie; et c'est aussi, à de très légères modifications près, celle de presque tous les physiologistes qui sont venus depuis. (4) On peut en juger par ces paroles de Béclard : « Dans la réunion d'une fracture il y a successivement, dit Béclard, agglutination des fragmens par un liquide organisable, dont le sang fournit les matériaux; ossification de ce liquide infiltré tout autour de la fracture, tant à l’intérieur qu’à l’exté- rieur; enfin, réunion vasculaire et osseuse entre les fragmens eux-mêmes. » (b) Je n’ai pas besoin de faire remarquer que ce liquide organi- (1) Mémoires sur les os, recueillis par Fougeroux, Mémoire de Haller, page 174. (2) 1bid., page 175. (3) « Ce suc, dit-il, s'épaissit , devient une gelée tremblante, passe par d’autres degrés « de consistance et devient à-la-fin cartilagineux », Zbid., Mémoire de Haller, page 174. (4) Notre célèbre confrère, M. Larrey, a émis une opinion nouvelle. « Selon lui , la sou- dure et la réparation des os ne se fait et ne peut se faire que par les vaisseaux propres des pièces osseuses lésées » ( Voyez son grand ouvrage, intitulé : Clinique chirurgicale , tome ux, page 470 À: (5) Béclard, Anatomie gencrale , page 525. FLOURENS. — Our les, Os. 249 sable (1), qui successivement s’épanche, s'ossifie et réunit les fragmens osseux, n’est que le suc gélatineux de Haller. La théo- rie la plus récente, la théorie actuelle n’est donc au fond, comme je viens de le dire, que celle de Haller. Or on a vu, par mon précédent Mémoire (2), ce qu'il faut penser de cette théorie. Dans les expériences faites à la maniere de celles de Troja, il n'y a pas de suc épanché entre le périoste et los, et cependant entre le périoste et l'os un nouvel os se forme; la formation de l'os n’est donc pas le simple endurcis- sement, la simple ossification d’un suc. Je passe à la seconde proposition de Haller. L'examen de cette proposition fera l’objet principal de ce Mémoire. Haller dit que « le périoste n’a aucune part à la réunion des os, qu'il ne fait pas partie du cal, qu'il n'est pas attaché au cal. » Voilà ce que dit Haller. Mais les pièces marquées des n° 16, 17, 18, 19, 20, 21, 22, 23 et 24, que je mets sous les SU de l'Académie, prouvent toutes le contraire. Les deux pièces n* 16 et 17 sont les deux moitiés d’un radius de chien (3). L’os a été scié en long. L'animal avait été opéré le 27 juin : quinze jours après l'opération il fut tué. Or, la matiere qui forme le cal, la matière qui réunit les bouts rompus de l'os, est déjà cartilagineuse, et cette matière carti- lagineuse tient de la manière la plus évidente au périoste. Et quand je dis zient, je m'exprime mal. Si elle ne faisait que tenir, si elle ne faisait qu'udhérer, on pourrait conserver du doute; mais elle se continue avec le périoste, mais en plus d’un point elle est encore le périoste même, et le doute n’est plus possible. Les pièces n° 18 et 19 sont les deux moitiés du radius d’un autre chien. L’os est toujours scié en long. L'animal n’a survécu (1) Ou, comme on s'exprime plus communément aujourd'hui, l)mphe organisable. Huhamel avait aussi vu celte lymphe sanguinolente (c’est l'expression dont il se sert); mais il la compare très judicieusement «aux épanchemens qui se font dans toutes les occasions où il arrive rupture de vaisseaux ( Mémoires sur les os, recueillis par Fougeroux , second Mémoire de Fouger QUE , page 123.)» (2) Annales des Sciences naturelles, tome xvi, page 232. (3) Ce chien , ainsi que les deux qui suivent, était âgé d'environ six semaines au momen? de l'opération, 250 ÉDOURENS) ME es "Os. à l'opération, c’est-à-dire à la fracture de l'os, que douze jours. Aussi le cal n'est-il pas encore complètement cartilagineux. C'est le périoste même qui pénètre entre les bouts d'os rompus et qui les unit l’un à l’autre. Il faut en dire autant des pièces n* 50 et 21. Ces deux pièces sont les deux moitiés d’un cubitus de chien. L'animal n'a également survécu que douze jours à l’opéra- tion, et la matière du cal n’est également qu’à demi cartilagi- neuse. Ce n’est encore qu'un fibro-cartilage, mais ce fibro-car- tilage se continue de la maniere la plus complète, d’une part avec le périoste, et de l’autre avec les bouts d’os rompus. Les deux pièces n* 22 et 23 sont les deux moitiés dun radius. de pigeon. L'animal avait été nourri avec de la garance, et l'os est rouge. Ces deux pièces sont une preuve nouvelle et plus décisive encore, s'il est possible, de ce que je viens de dire. L'animal était adulte, et il a survécu à la fracture de l'os à- peu-près un mois. | Or, sur les deux moitiés de cet os scié en long on voit, à l'endroit de la fracture, le périoste pénétrer entre les bouts d'os rompus, s y transformer en fibro-cartilage, en cartilage; et, au milieu de ce cartilage qui tient au périoste, au milieu de ce périoste qui tient aux bouts d’os rompus, on voit un noyau os- seux , lequel est rouge ainsi que los, parce que, conime je viens de le dire, Panimal avait été soumis au régime de la garance. Enfin la pièce n° 24 est l’humérus d’un pigeon qui, comme le précédent, a survécu à la fracture de l'os à-peu-près un mois. Les bouts rompus de los sont unis par un fibro-cartilage déja fort épais, et au milieu de ce fibro-cartilage se voit un noyau osseux, lequel est rougé ainsi que l'os, parce que l'animal avait été soumis, comme le précédent, au régime de la garance. Je pourrais préseuter encore un grand nombre de pieces, mais elles ne feraient toutes que prouver la même chose. On verrait toujours le périoste pénétrer entre les bouts d'os frac- turés pour y former le fibro-cartilage qui les unit, et ce fibro- cartilage s’ossifier pour former le cal : le cal est donc formé par le périoste. EFDOURENS. — Sur les Os. 251 Haller et ses partisans ont beau soutenir le contraire. Ici tout dépend du fait. Et si je ne me trompe point, si ces pièces que je préseute à l’Académie je les ai bien vues, le périoste produit le fibro-cartilage, et le fibro-cartilage produit le cal. Au reste, ce fait capital, ce fait qui décide tout, ce fait de l'adhérence du périoste au cal, je ne suis pas le seul, tant s’en faut, qui l'ait revu depuis Duhamel. | Fougeroux dit : « Lorsque je disséquais le périoste, en com- mençaut par l’extrémité de l’os et en conduisant la dissection vers la tumeur, j'ai toujours été obligé d’emporter, avec le pé- rioste, la substance en apparence mucilagineuse ou devenue cartilagineuse; bien plus, j'ai toujours trouvé des lames du pé- rioste qui se perdaient dans le cal en partie ossifié. » (1) On pourrait craindre, à la vérité, que Fougeroux n’eüt l'es- prit trop prévenu pour Duhamel. Il observait trop prés de lui pour ne pas voir un peu par ses yeux. Mais Troja, mais Macdonald ne partageaient pas, assurément, la prévention de Fougeroux pour Duhamel. Ils soutiennent tous deux lopinion de Haller, que le cal n’est dù qu’à lendurcisse- ment d'une matière gélatineuse. Et cependant ils conviennent tous deux, car ils sont aussi consciencieux qu'habiles, qu'ils ont vu souvent le périoste tenir à cette matière. ‘ Troja avoue qu’il n’a pas toujours réussi, quelques précau- tions qu'il ait prises, à séparer sans déchirure la matière car- tilagineuse du périoste (2). Il dit que cette matière paraît naître des lames du périoste (3); que si l’on enlève le périoste, elle suit (4); et que ces deux choses sont si unies qu’elles semblent n’en faire qu’une. (5) (x) Mémoires sur les os, recueillis par Fougeroux , second Mémoire de Fougeroux , page 120. (2) FERE sEMPER , 52 excepero quando nimis sollicitè procedebam , periostium , sive internam periostii laminam, ab interni tumoris superficie secernere potui ( De novorum ossium , in integris aut mazimis, ob morbos, deperditionibus , regeneratione, page 191 ). (3) Hæc relata crusta, primis diebus, .... ex periosti laminis oriri videbatur ( Ibid. , page 76). (4) ..... S profundabatur ad os usque, et ex ossis superficie sublevationis initium duce- batur, periostium comitabatur (Ibid. . page 47). (5) ..... Unum et altera, ambo simul unita , sic videbantur continuata ut affirmare non dubitasses solum fuisse periostium eo modo tumefactum ( Ibid, , page 49). 252 FLOURENS. — Sur les Os. Macdonald dit aussi qu'il a vu le périoste tenir à la matière cartilagineuse, et y adhérer à tel point, qu'on ne pouvait l’en- lever sans enlever une partie de cette matière. (1) Voilà ce que disent Troja et Macdonald, et je ne ferai sur ce qu'ils disent qu'une remarque : cest que vingt cas où le périoste aura paru ne pas se continuer avec la matiere du cal ne prouvent pas, Car la discontinuité peut être du fait de l’ana- tomiste, et qu'un seul cas où l’on aura vu le périoste tenir évi- derriment à la matière du cal prouve, car la continuité ne saurait être du fait de l’anatomiste. Je termine ce Mémoire en rappelant les points ss ertus de la théorie de Duhamel. Duhamel dit que, dans celles de ses expériences OÙ. F os avait été percé par un trou, il a vu le périoste se porter dans ce trou et le remplir (2). Je montre, dans la pièce n° 13, d’un côté le trou de l'os, et de l’autre le prolongement du périoste qui se portait dans ce trou et le remplissait. Duhamel dit qu’il a vu des lames en partie membraneuses et (1) Materia ipsa gelatinosa renato periosteo aded adherebat, ut maximam ejus partem., uno cum hoc detraxerim ( Alexandre Macdonald, Disputatio inauguralis de necrost ac callo , page 55). — Ab initio periosteum arctè cum effuso humore gelatinoso conjunctum observa— vimus , ità ut HAUD RARO difficillimè à se invicem separarentur ( Ibid. , page 68 ). (2) « Je pris, dit M. Duhamel, deux pigeonneaux, un petit chien et un jeune agneau. Je piquai assez profondément le gros os de la jambe de ces animaux... Ua des p'geonneaux fut tué trois jours après qu’on lui eut fait les petites plaies dont je viens de parler. L'autre pigeonneau ne fut tué que huit jours après le commencement de l'expérience. On laissa le petit chien vivre quinze jours , et l’agneau un mois. « Dans l’examen que je fis de l'os du pigeunneau , qui avait été tué le premier, je vis que le périoste s’épaississait vis-à-vis le petit trou qu’on avait fait à l'os, et ce trou était rempli par un bouchon que formait l’épaississement du périoste. Je disséquai cette membrane, ..., et, sans la moindre difliculté, le petit bouchon sortit du trou et resta attaché au périoste, dont on voyait clairement qu'il faisait partie. « En disséquant le second pigeonneau , je trouvai le petit mamelon beaucoup plus adhérent à l'os. « L'adhéreuce était si considérable dans le petit chien, qu’il ne me fut pas possible de le détacher de l’os..... ; enfin , l’union était si parfaite à l’os de l'agneau , qu’on avait beaucoup de peine à reconnaître l'endroit de la piqüre » ( Observations sur la réunion des fractures des os , premier Mémoire, page 106.— Memoires de l'Académie des Sciences , année 1741.) FLOURENS. — Sur des Os. 253 en partie osseuses (1). Je montre, dans la pièce n° 12 , une lame qui est os par un bout et périoste par l’autre. Duhamel dit qu’il a vu le périoste fournir, par ses lames in- ternes, les lames de l'os (2). Je montre, dans les pièces n° 7 et 8, la couche cartilagineuse, premier germe du nouvel os, tenant à la lame interne du périoste. Enfin Duhamel dit qu’il a constamment vu le périoste tenir au cal (3); et je montre, dans les pièces n° 16, 17,18, 19, 20, 21, 22 et 23, les preuves les plus complètes de cette as- sertion. La théorie de Duhamel, théorie qui ne voit, dans l’ossifica- tion, que la transformation du périoste en os, me parait donc prouvée par toutes mes expériences. Je n'ai parlé, dans ces deux Mémoires, que de la formation et de la reproduction des os longs. Je traiterai, dans un pro- chain Mémoire, de la reproduction des os plats, et particuliè- remernt de la reproduction des os du crâne. DescriPrion de quelques Mollusques nouveaux, Par R. P. LEssow. 1° CANCELLAIRE AMPULLACÈRE, Cancellaria ampullacera Less. Le genre Trichotropis de Sowerby a les plus grands rapports avec celui des Ampullacères ( Ampullacera ) de Quoy et Gaimard. Le premier est marin, et vit dans les parages du pôle Nord ; le second est propre aux contrées les plus méridionales de l’hémisphère Sud, et ces espèces paraissent s’accommoder du mélange des eaux fluviales avec celles de la mer, et preferer les embouchures des rivières et leurs eaux saumâtres. La Cancellaire qui nous occupe nous paraît être un chaïnon qui se rapproche de ces deux genres, car elle tient singulière- (1) « Je m’assurai qu'il y avait plusieurs lames, qui étaient partie périoste et partie osseuses (quatrième Mémoire sur les os, page 100.— Mémoires de l’Académie des Sciences , année 1743). (2) «1 J'ai fait voir que les lames intérieures du périoste s’ossifient et qu’elles augmentent la grosseur, des os » (cinquième, Memoire sur les os, page 121.—Mémoires de l’Académie des Sciences ,) année 1743). (3) Voyez ci-dessus tout ce que j'ai rapporté de Duhamel à propos du cal, page 956. 254 LESSON. — Mollusques nouveaux. ment de l’un et de l'autre, et surtout des Ampullacères ; mais sa:colnmelle den- tée force à la placer dans les Cancellaires. C. test& subelongaté , globoso-carinaté, spiré acutä, crassiusculé ; suluris depressis , nr AUS ; anfractibus quinque , ultimo maÿcre , tricari- nalo, omnibus marginibus perlatis. Test& unicolovre grise ; umbilicali cylindricä ; aperturé alb4 , longitudinali et transversali, labio' acuto, columell& lat& , biplicat& , canali inflexo. Has. Nova Zelandia ? La Caucellaire ampullacère est ventrue, oblongue arrondie, à spire saillante, subturriculée, aiguë, formée de cinq tours, dont le dernier est à lui seul trois fois grand comme les quatre autres. Ge tour est ample, convexe; marqué de trois Carènes couvertes d'éminences régulières, et dont les intervalles sont sillonnes de côtes transversales régulières. La LS des tours décrit une rampe déprimée et creusée assez profondément ; jusqu’au sommet de la spire, et dont l'arête est recouverte de petites émineuces semblables à celles des carènes du grand tour. Ce dernier présente en bas, sous le rebord columellaire, üne profonde dépres- sion, creusée en caual, et au sommet de laquelle s'ouvre un omhilic arrondret profond. L'ouverture est entière, plus longue que Jarge, anguleuse dans le haut, marquée d’une sorte de canal dans le bas, à lèvre simple, coupante , sinnce vis-à-vis les arêtes des carènes, à columelle large, rebordee, marquée en dedans de deux:varices saillantes, séparées par trois sillons. Cette Coquille, haute de ,16 lignes (0,032) sur 15 {0,030) de largeur, est uniformément gris-de-lin. Le dedans de la bouche est A Le mat. Eïle provient de la frégate la T'hétis, en station dans la mer du Sud. Pro- bablement que cette Coquille avait éte recueillie à la Nouvelle-Zélande, et donnée au lieutenant de la frégate, de qui la tient le cabinet de Rochefort. 2° Buccin MEroN, Buccinum melo Less. B. test& globuloso-ovaté, ventricosé , rugoso-striai@ , rufo brunned ; anfrac- tibus sex, quinque subdepressis , ultimo ventricoso , dilataio , canalicu- lato ; spiré brevt, ad basim dilutat& ; labio simplici ; apertur& croceà. Haz. Mova Zelandia. Ce Buccin a de grandes analogies avec les Buccinum globulosum de M. Kiener (PL. 10, fig. 33 , n. 12 et B. distortum de Wood ( Kiéner, Monogr., n. 49, pl. 18, fig. 64), mais 1l est bien distinct de ces deux espèces remarquables , près desquelles il devra être placé. On ne peut non plus le confondre avec le Buccinum ovum de Turton, figure pl. 13, n. 9 du tome 2 du Zoo/opical journal (p. 366), ni avec le B. utieeu. dont il se rapproche beaucoup. Ce Buccin a la spire très courte, aiguë, et le dernier tour ovale, ventru et très dilaté. Son test est épais , massif, très solide, brun violace, recouvert d’un épiderme roux-blond. Des six tours F2 la spire, 1e cinq premiers sont aplatis, séparés par une suture creuse, convexes sur leur rebord et creusés d’un canal dans le haut ; les quatre petits tours ont leur milieu occupé par une rangée d’é- minences peu clevées formant une ligne tuberculeuse peu sensible. Le dernier tour est beaucoup plus g grand que les autres , très dilaté et comme bosselé à son quart supérieur, où se P fait remarquer une profonde depression simulant une sorte de canal. Toute la surface de ce tour est marquée de siries d’accroisse- ment. La base de ce tour est creusée d’un canal qui contourne la dilatation de la columelle sure rebord Gu canal, qui est assez profond. L'ouverture est grande, THSON Mollusques nouveaux. 255 ovalaire, anguleuse dans le haut par l’attache de la lèvre externe sur un bour- relet très renflé de la columelle, fort épaisse en cette partie. La lèvre est simple, coupante, dilatée dans le bas. Le bord columellaire est excavé, très épais, di- laté dans le bas, comme replié sur le canal, où il prend beaucoup de largeur. Des lamelles concentriques farment une dépression oblongue sur sa partie exté- S rieure. Toutes les parties internes de la bouche et de la columelle sont d’un beau jaune safrané. Ce Buccin a 26 lignes de hauteur (0,09 m.) sur 18 de largeur (0,04) dans son plus grand diamètre. Son test est excessivement epzis et solide. Il pro- vient des côtes de la Nouvelle-Zélande, d’où il a ète rapporté par le commis aux vivres de la frégate la Vénus. 3° Pourpre ( LICORNE) MARQUETÉE, Purpura ( Monoceros) tes- selliata, Less. Rev. zool. Déc. 1540. P. test@& ovato-elongatà, lineis longitudinalibus flexuosis lecté et transversé Striat ; sulcis profundé, reculariterque crebris numerosissimis quadratis perforatis ; tesià rufé ; spir elongalé , obtusä ; anfractibus complanatis, æesselliatis, ultimo ventricoso ad suturam depresso ; labro dextro dentato, intus rubescente et quatuor punctis ornato. Has. Nova Zelandia. La Pourpre licorne marquetce est une curieuse espèce dans un genre qui en compte tant de remarquables. Les cordons qui couvrent son test, séparés par des sillons, présentent, vus à la loupe, ces mêmes sillons composés de trous cloisonnes imitant les trous et les cloisons de la surface d’un dé. Seulement ces trous quadrilatères forment nnc ligne régulière sur le sillon où ils sont placés à se toucher. À la vue simple, les sillons paraissent continus. La Coquille qui nous occupe est ovale-allongéc, marquée de stries d’accrois- sement verticales, et cordonnée sur toute sa surface. Formeéc de cinq tours , sa spire e:t salilante et aiguë ; les tours sont reufles à leur milieu et atteuues à leur sommet ; le dernier, ou plus grand , est ovalaire, recouvert de côtes alternati- vewnent grosses et petites, bieu que les deux plus saillantes se trouvent occuper sa partie moyenne. Les sillons sont peu profonds et dessinés en simples lignes sur ce grand tour, dont le sommet est évide et comme canaliculé ; les autres tours ont à leur base leur plus forte côte, que bordent deux lignes de trous cloisonnes. . l'ouverture est ovalaire-oblongue. Le bord droit est simple, tranchant, epaissi en dedans, marqué sur la ligne d’épaississement de cinq petites éminences mamelonnées, tandis qu’à la ligne d’étrauglement de la columeile part, à la suite de ces mamelons , une dent saillante, acérée , occupant l’échancrure de la lévre. Le bord columellaire est droit , aplati, terminé en pointe aiguë , et le canal est court et droit. Cette Coquille hante de 12 lignes (0,024) sur 9 de largeur (o,o18; est de cou- leur terne et blanchâtre avec des stries rousses , tandis que l’ouverture et la co- iumelle sont nuances de violâtre clair. Deux taches noires occupent le haut du bord gauche. 256 LESSON. Mollusques noureaux. 4° STRUTHIOLAIRE A TROIS CARÈNES, S/ruthiolaria tri-carinata Less. ££, testé ovato-oblongé , transversim tenuissimé striat@ , lute& , immaculaté ; anfractibus sex « maÿjoribus . in medio, dre ,; duobus TES cincts, ad angulum un& serie perlatis tectis ; margine crasso; labro albo , luteoque. Haz. Nova Zelandia meridionalis. Quelques auteurs n’admettent que deux espèces de Struthiolaires, les Stru- thiolaria nodulosx et crenulata de Lamarck, l’une et l’autre des côtes de la Nouvelle-Zélande. Sowerby, sous le nom Te S. straminea ( fig. 1 et 2 du Genera), paraît avoir figuré uve simple variété de la nodulosa. Quant à l'espèce qu il appelle S. inermis (lg. 4 ) nous ne doutons pas queue soit le jeune âge de notre Struthiolaire à carène ; mais la figure du n° 3 est évidemment la S.. crenulata , variété, de trnr dont M. Kiéner ne distingue pas non plus la S. oblita du Musee Parker ville. MM. Quoy et Gaïnard ont donné une excellente figure de la S. crenulata dans la planche 31, fig. 7 à 9 de la Zoologie de l’Æstrolabe. Celle de M. Kiéner laisse beaucoup à desirer. Notre Struthiolaire à trois carènes nous paraît être bien distincte de deux es- pèces citées, car, bien que petite, elle est évidemment adulte, et, de plus, nous avons vu une vingtaine d'individus ‘parfaitement semblables | rapportes | par la frégate la Vénus. Comme les précédentes , elle provient de la Nouvelle- Zélande, mais elle paraît ne se trouver que sur les rivages de lile Méridionale. La Coquille qui nous occupe est petite, haute au plus de 22 nullimètres sur 14 de largeur. Elle est ovale-oblongue , ventrue au milieu et atténuce aux extre- mités. La spire est courte, régulièrement turriculée, pointue , formée de six tours dont le dernier est des deux tiers plus grand que les cinq autres. Ces tours sont deprimes à leur milieu par une assez large dépression formee par trois ca- rènes qui s’effacent sur les premiers tours. La première carène est saillante , et couverte d’une rangée de petites éminences perlées ; ; un sillon assez large la se- pare d’une ligne carénée moyeuné , séparée elle-même par un sillon de la troi- sième carène. Ces deux dernières n’ont pas d'éminences perlées, mais sont for- mées par des lignes en ressaut des sillons , et des lignes circulaires contourrent | dans le sens transversal toute la surface du test. Les tours supérieurs, convexes en dessus, sont plats en dessous jusqu’à la suture, et régulièrement sillonnés dans le sens de la spire. La suture est simple et peu profonde. L'ouverture est ovalaire-pointue , à columelle lisse et épaisse. La lèvre externe est en bourrelet ; linterne est presque droite et munie d’un petit canal peu marque. Cette Coquille est uniformément jaune-roussâtre sans taches. L'ouverture est blanche eu dedans et lavée de jaune sur sou péristome. “me COQ m———- LÉON DUFOUR. —- Métamorphoses des Cécidomyies. 207 HisToire des métamorphoses des CÉCIDOMYIFS DU PIN MARITIME et du PEUPLIER ; Par M. Léon Durour. L'entomologie, comme la considérait Réaumur, c’est-à dire l'étude des métamorphoses et des mœurs des insectes, en même temps qu’elle imprime à la science un intérêt, un charme d’une piquante variété, est aussi destinée à nous fournir des données pour la classification. Les deux larves qui sont le sujet de ce Mémoire vont nous en offrir une preuve sur mille. Latreille fonda le genre Cécidomyie (Mouche de galle) pour de petites Tipulaires dont les larves vivent dans des salles, et Meigen établit, sur ce dernier trait, la tribu des 7'pulaires Gallicoles, admise aussi par M. Macquart. Eh! bien, les deux larves dont je vais m'occuper appartiennent à cette tribu et méme au genre Cécidomyie et n'habitent pas dans les galles. Je ne donne pas ce fait comme nouveau, puisque M. Macquart ét, avant lui, De Géer, en citent d’autres exemples; mais il existe entre mes deux larves une si remarquable différence et pour la forme, et pour la structure, et pour le genre de vie, et enfin pour les métamorphoses qu'il m'a paru curieux d'en exposer ls description comparative dans un même article. Examinons-les d'abord séparément, nous en établirons ensuite le parallèle. 1° Cécidomyie du pin maritime: — Lorsque je publiai, il y a trois ans, dans les Annales de la Société entomologiques (1) des notes pour servir à l'histoire des Cécidomyies, et en parti- culier de l'espèce que je viens de nommer, j'ignorais que De Géer avait mentionnée deux espèces de Tipules dont les larves établissent leurs coques sur les feuilles du Pin. L'une de ces coques était de pure soie, tandis que l'autre avait une couche extérieure d’une résine blanche, absolument comme celle que j'ai décrite dans les notes précitées. La larve qui avait fabriqué (r) Tome vit, page 2935. XVI. Zoor. — Novembre. 17 258 LÉON DUFOUR. — ÂMétamorphoses des Cécidomyies. ce dernier cocon, se distinguait de l’autre par deux rangées de mamelons pointus, refendus au bout et semblables à des pat- tes. Celle que je vais faire connaître présente une structure ana- logue, mais non identique avec celle de De Géer, puisque l'insecte ailé de ce dernier auteur a des pattes d’un blanc argenté, tandis que dans la Cécidomyie du pin maritime, elles sont d'un rouge obscur uniforme. Malheureusement je n’ai pas à ma disposition l'ouvrage de De Géer, et il ne me reste que la ressource des citations consignées dans divers ouvrages d’ento= mologie. | Larva acephala, apoda, ovata, subaurantiaca , rugosula, utrinque tuber- culoso-spinulosa ; appendicibus septem paribus , pediformibus, oblongis sub- rigidis , apice bifidis, subulatis; stigmatibus novem paribus. Long. 1 1 /2 lin. Pour bien apprécier la singulière structure de cette larve il faut l’étudier plongée dans l’eau. C’est alors seulement qu’elle met en évidence les traits qui la caractérisent. Toutefois , elle prend alors une forme oblongue, et c’est dans cet état que je l'ai figurée (1). Quoiqu'elle n'ait que douze segmens, on lui en supposerait davantage en l'envisageant par sa région dorsale qui est plissée, comme ridée. Elle est glabre , excepté sur les côtés de ces segmens, où le microscope découvre à chacun d'eux, sauf aux deux premiers , deux mamelons ou tubercules sub- globuleux, rapprochés, terminés par un poil raide ou une soie. L'un de ces tubercules pilifères qui parait plus petit que l’autre appartient au segment ventral correspondant. Indépendamment de ces tubercules il existe sept paires d’appendices saillans que l'on prendrait volontiers pour des pattes dont ils remplissent peut-être les fonctions. Ces curieux appendices raides, inarti- culés, oblongs, divisés en deux digitations inégales , terminées par une soie, mont paru insérés, comme les pattes ordinaires, dans l’espace qui sépare les segmens dorsaux des ventraux, mais tout-à-fait en dessous, de manière que le microscope ne peut les rendre bien évidens que lorsque la larve est renversée sur le flanc, ainsi que je l'ai représentée (fig. 2). Je ne connais pas (1) P'anche 14, fig. 1. LÉON DurOoUR. — ÂMéfamorphoses des Cécidomyies. 259 encore de larves qui aient des pseudopodes de cette configu- ration. Ainsi que dans les larves acéphales des muscides il y a des mandibules cornées, noires, rétractiles, terminées en arrière par deux tiges divergentes et en avant par deux crocs superpo:- sés. On lui découvre aussi, dans quelques conditions favora- bles de protraction une sorte de levre demi circulaire avec deux palpes jiabiaux excessivement courts et biarticulés. Le premier segment du corps, ou celui qui suit la lèvre, présente au micros- cope quatre poils courts à son bord antérieur , et le second un poil plus marqué de chaque côté. Par le nombre et la disposition des stigmates, notre larve se rapproche des larves céphalées des Tipulaires fongivores. Ces orifices respiratoires, qui dans ces dernières sont au nombre de huit paires, sont ici, si Je ne me trompe, au nombre de neuf paires d’une petitesse microscopique et très simples. Les anté- rieurs débordent un peu le premier segment. Les suivans, à partir du quatrième segment, sont placés près de l'angle anté- rieur des plaques dorsales. Les postérieurs terminent les deux lobes triangulaires du dernier segment et occupent l'extrémité triide d’un tube fort court. Cette larve se nourrit aux dépens de la feuille même du Pin, ainsi que je l’ai constaté par les contenta verts du tube digestif. _PupA folliculata ; folliculo ovoideo albido, extüs glabro, resinà obducto, intüs sericeo-tomentosc. F Nympha oblonga , obvoluta, glabra , inermis. Cecidomÿia Pini maritimcæ. je renvoie pour le Cocon et pour linsecte ailé à ce que j'en ai déjà dit, l.c. p. 294. 2° Cécidomyie du Peuplier. — En janvier 1840, en étudiant les larves de Térémie qui habitaient en grand nombre sous l'écorce de vieux troncs de Peuplier morts, Je trouvai entre les feuillets décomposés du liber de fort petites larves d’un jaune orangé vif, remarquables par les sauts qu'elles exécutaient en débandant brusquement leur corps roulé en anneau , ce qui me rappela aussitôt le ver du fromage dont Swamimerdam a donné 1%. 260 LÉON DuFoUR. — Meétamorphoses des Cécidomyies. l'histoire. J'en plaçai soigneusement un certain nombre dans un bocal avec les écorces où elles étaient établies. Je les tenais à l’ombre et j'arrosais de temps en temps ces écorces pour y entretenir cette fraicheur, cette humidité qui m’avaient paru une condition d'existence pour les larves dans leur gite en plein air. L'étude scrupuleuse que je fis de celles-ci au microscope excita à un haut degré ma curiosité pour en obtenir les méta- morphoses. Au commencement de mai j'eus la satisfaction de constater des nymphes et peu de jours après je vis naître des insectes ailés. Je vais résumer Îles trois états de cette Tipulaire. | Larva acephala, apoda, elongata, subcylindrica, aurantiaca, glaberrima et incrmis; mandibulis ? brevibus subparallelis; corporis ultimo segmento semi- circulatim emarginato , angulis, acutis , subaduvucis ; stigmatibus undecim pari- | bus. Long. à 1/2 lin. Häb. sub populorum emortuorum corticibus. Le plus fort grossissement du microscope ne lui découvre ni poils, niaspérités. Le premier segment du corps plus étroit que le suivant est ordinairement retiré sous celui-ci, et ce n’est qu’en étudiant la larve dans l’eau que lon parvient à en procurer l’exsertion. Dans cette même condition on découvre aussi une | lèvre rétractile demi circulaire avec deux palpes labiaux à deux articles courts et obtus. Je n’aperçois pour mandibules que deux pièces oblongues, noires, pointues, droites, nullement superposées comme dans l'espèce précédente et les muscides, mais situées à côté l’une de l’autre vers la base du premier seg- ment. C’est la première fois que je vois des mandibules de cette. espece. Les stigmates, sous la forme de très petits points, sont au. nombre de onze paires, placés, à l'exception de ceux de devant et de ceux de derrière, près de l’angle antérieur des neuf ses- mens qui suivent le second. Le premier segment et le dernier n’en ont pas. Le premier stigmate occupe le milieu du bord latéral du second seoment et le dernier l'angle postérieur du pénultième. Pour constater ces orifices respiratoires il faut nécessairement observer au microscope la larve immergée dans. l’eau. C’est alors que les bords latéraux des segmens, devenant diaphanes par le retrait du tissu adipeux splanchnique:vers la! | | | | LÉON burour. — Métanorphoses des Cécidomyies.. 261 ligne médiane, mettent en évidence et les stigmates et les tra- chées qui y aboutissent. Celles-ci dessinent à merveille leurs flexuosités régulières d’un stigmate à l’autre et les branches anastomotiques entre les systèmes des deux côtés. Une des figures { PI. 14, fig. 9) exprime bien cette disposition. Cette larve peut se dérober à ses ennemis en sautant. Or, voici comment s'exécute le saut. Le dernier segment dorsal présente à son bord postérieur une échancrure arrondie dont les angles se terminent par une très petite pointe un peu cro- chue en dedans. Lors du danger le corps de la larve se courbe en anneau de manière que la tête et la queue sont contigués. Les deux petits crochets s’agrafent au-dessous du-second ou du Mb : | troisième segment; ils y prennent un point d appui et le corps se débande alors avec prestesse pour s’élancer à une assez grande distance. Nympxa «bvoluta, nuda, oblouga , subaurantiaca ; oculis? minutis, rotundis, nigris ; capitis vertice cornubus duobus trancatis; abdominis segmentis utrinquè unispioulosis ; uitimo attenuato inermi apice fisso. Les antennes reployées comme à l'ordinaire n’offrent qu'une faible trace d’articulations. Les pattes emmaillotées et pressées. les unes à côté des autres sont droites et les extérieures un peu plus longues que les autres. Les spinules des segmens abdomi- naux et les cornes du vertex sont caduques, car après l’éclosion de l’insecte ailé, la dépouille de la nymphe n’en offre plus ves- tige. Lors de la naissance de la Tipulaire le thorax se fend tout le long de sa ligne médiane dorsale. $ Cecidomyia poputr. Pallido-grisea trochanteribus aurantiacis ; antennis corporis. longitudine monili- formibus, villosis. 25 articulatis, articulis in mare sphæroïdeis pedicellatis ; abdomine molliter villoso in utroque sexu apice resupinato; tarsorum articulis tribus ultimis albis ; ahis subfumosis. Long. + 1/2 lin. Hab. in Galliæ meridionali-occidentalis populetis. Tête petite, arrondie, dépourvue d'ocelles. Antennes com- posées dans les deux sexes de 25 articles, mais sensiblement plus longues dans le mâle. Premier et troisième articles oblongs conoides, le second fort court arrondi. Les autres sphéroïdes 262 LÉON DUFOUR. — Mélarmorphoses des Cécidomryies. ” distincts et pédicellés dans le mäle; globuleux, rapprochés, contiguës, dans la femelle. Palpes assez longs et filiformes. Corselet pâle avec trois raies longitudinales obscures. Aïles velues à trois nervures. Abdomen pâle avec des poils fasciculés sur le dos des segmens; il est relevé à son extrémité, et l’oviducte e [2 L] e , . de la femelle qui est allongé peut s appliquer sur la région dor- sale de l’abdomen (1). Pattes grêles et pâles avec le premier article des tarses fort court. Résumons maintenant les analogies et les dissemblances de ces deux Tipulaires. L'un et l’autre des insectes ailés réunissent les caracteres génériques des Cécidomyies; savoir : antennes moniliformes velues, plus longues que le corselet ; tête sans ocelles; pattes avec le premier article des tarses fort court; ailes velues, fran gées avec trois nervures longitudinaies. Mais la Cécidomyie du Pin Maritime n’a que 16 articles aux antennes, et ces articles sont oblongs, tandis qu’il y en a à 25 et globuleux dans celle du Peuplier comme dans la Cecidomyia grandis de Meigen. Le bout de l'abdomen de la Populi est réfléchi en haut, taudis qu'il n'offre pas ce trait dans la Piné maritimcæ. (1) Cette structure du bout de l'abdomen, si propre à insinuer les œufs sous l'écorce , s'observe aussi dans les £asioptères , genre de Tipulaire très voisin des Cécidomyies. Comme j'ai étudié les métamorphoses d’une Lasioptère , et qu’elles ne sont pas connues, » je vais , el attendant que j'en publie l'histoire , en donner les signalemens. Larva cephala , apoda, ovata 'ébide, glabra , suprà convexa , infr& planiuscula ; capite concolore , mandibulis oppositis , corneis ,fuscis, (RTS Fan I lin. Plosieurs larves étaient logées dans la partie ligneuse d’un espace dénudé et PU d’un tronc de saule vivant. Nympma »uda obvoluta , oblonga , subfusca glabra, anticè rostro recto bipartito basi utrinquë unisetoso terminata. Rien de plus curieux que la physionomie bizarre de cette nymphe , dont la tête semble se terminer par une sorte de hure de deux pièces mandibuliformes qui font l’office de tarière, pour percer le bois. Les dépouilles de ces nymphes , après l’éclosiou de l’insecte ailé, demeurent à moitié engagées dans les trous dont est criblée la portion du trone habitée par les larves. La hure reste dans son entier, fixée à la dépouille. LasiopreRa saricirenpa Nob. Nigra abdominis segmentis rubro-ferrugineis, obscuro-marginatis ; antennis moniliformibus villosis, 15-articulatis ; articulis in mare pedicellatis ; alarum costa nigra ; fæminæ oviscapto elongato , tubuloso , semper exserto ; pedibus tenuibus pallidis ; tarsorum articulo primo brevis- simo. Long. 1 12 lin. Wab. in Galliæ meridionali-occidentalis salicatis. LÉON DUFOUR. — Métlamorphoses des Cécidomyies. 263 La larve de ce dernier est ovalaire; elle a des mandibules à deux branches en crocs superposés ; des tubercules pilifères sur les côtés des segmens; des pseudopodes hifides tres saillans et g'paires de stigmates; elle vit de la substance verte des feuil- les du Pin et se file une coque. La larve de la Cécidomyie du Peuplier est subcylindrique, glabre et inerme ; elle a des man- dibules rudimentaires à branches droites et paralieles ; elle est privée de pseudopodes ; elle a 11 paires de stigmates; elle se nourrit du détritus, des lames du liber et ne #8 point. La nymphe de ia (her Aa du Pin maritime est renfermée dans un cocon formé de deux substances très différentes; elle est glabre et inerme. Celle de la Cécidomyie du Peuplier est à nu; elle a deux cornes sur la tête et des piquans aux segmens de l'abdomen. EXPLICATION DES FIGURES DE LA PEANCHE 16 À. ( Toutes ces figures sont fort grossies. ) Aile détachée, pour mettre en évidence r. Larve de la Cécidomyie du pin maritime, 8. avec la mesure de sa longueur natu- sa forme, sa villosité et ses nervures. relle indiquée à côté. La figure repré- 9. larve de la Cécidomyie du Peuplier, sente une larve d’une forme plus al- avec à côté la mesure de sa longueur longée que:dans l’état naturel}, parce naturelle. Elle a été dessinée , lorsque, qu’elle est prise sur un individu plon- par son immersion dans l’eau, les gé dans l’eau. bords des segmens étaient diaphanes , 2. La même larve, vue de côté, pour et permettaient de voir les stigmates mettre en évidence les sept pseudo- et les trachées. podes aa et les rides de la région a. Lèvre.et palpes labiaux. dorsale. 8. Premier segment et mandibules, 3. Portion infiniment plus’ grossie de la c. Dernier segment , avec son échan-— partie antérieure de cette larve, crure el ses crochets. a. Lèvre et palpes labiaux. 10, Celte même larve, roulée en anneau, b. Mandibules. pour sauter. 11, Nymphe, vue de face. On y voit ces cornes el ses piquaus. 12. Abdomen de la femelle de cette Tipu- laire , avec son oviseapte réfléchi sur le dos et les poils fasciculés. 13. Antenne du mâle, ce. Stigmates antérieurs. dd, Stigmates abdominaux et tuber- cules pilifères. &. Portion antérieure, détachée. a. Lèvre et palpes labiaux biarticulés, 5, Cocon ; établi sur la face canaliculée de ra UNpieline de la femelle) la feuille du pin. 15, Aile détachée, avec sa villosité, ses 6. Nymphe de ce cocon, vue de face. franges , ses nervures. 7. Antenne de cette Cécidomyie , pour 16. Une patte postérieure, pour mettre en meltre en évidence la forme et le évidence la brièveté du premier article nombre de ses articles. du tarse. 26/4 LÉON Durour. — Sur la larve du Pachygaster meromelas. Note sur la larve du PACHYGASTER MEROMELAS, insecte de Pordre des Diptères, Par M. Lron Durour. La science ne s'enrichit pas seulement par l'acquisition de faits nouveaux, les faits analogues qui confirment les faits exis- tans, surtout lorsque ceux-ci sont isolés, ont aussi une valeur incontestable. L'infortuné Carcel avait découvert, aux environs de Paris, la larve du Pachygaster ater dans le détritus de l'orme, et il avait communiquée à M. Macquart ; celui-ci en a consigné une excellente description dans ses /nsectes diptères du nord de la France , mais sans l'accompagner de figures. Je vais remplir cette derniere lacune, et en même temps faire connaître la larve d'une nouvelle espèce de Pachygaster. Dans le mois d'avril 1840 je trouvai, sous l'écorce d’un vieux tronc de peuplier mort, abattu, et au milieu de la substance ligneuse en pleine décomposition, de très petites larves socié- taires que je Jugeai appartenir à un diptère. Je les plaçai dans un bocal avec le détritus où elles vivaient, pour attendre leur transformation, qui eut lieu vers la mi-juin de la même année. Larva apoda, cephala, oculata, subcoriacea, elongata, grisee-plumbea, pilosa, capite pallido oblongo, parcè piloso, antice attenuato subrostrato ; mandibulis concoloribus aduncis inflexis. Long. 2 1/2 lin. — Hab. iu ligno putrescente populi. Cette larve est fort remarquable par la consistance coriacée et l’opacité de ses tégumens, dont la surface offre, à une forte lentille du microscope, des sortes d’écailles ou des aréoles ar- rondies comme la peau du lézard. Elle est allongée, étroite, déprimée, d’un gris plombé, ou parfois d’un brun panaché de gris et composée de douze segmens, la tête non comprise. M. Macquart ne porte qu'à onze le nombre de ceux-ci, mais la petite ligne transversale qu'il signale vers l'extrémité du dernier est, suivant moi, l'indice du douzième. Ces segmens, presque carrés avec les côtés arrondis, et à-peu-près égaux entre eux, LEON DUFOUR. — Sur la larve du Pachygaster meromelas. 265 à l'exception du dernier, qui est presque rudimentaire, sont séparés les uns des autres par un sillon bien marqué, et, outre cela, ils présentent parfois une dépression transversale. Ils ont des poils ou des soies raides, distincts, disposés régulièrement les uns sur les bords latéraux, les autres en une série transver- sale, tant en dessus qu'en dessous. Le dernier segment est tantôt arrondi, tantôt comme échancré. La tête est brusquement plus étroite que le corps, oblongue, un peu atténuée en avant, et ressemble au rostre des Réduves, ou mieux, de la Ranatre linéaire. Elle a une consistance co- riacée, une configuration invariable, une couleur pâle, uni- forme, et quelques poils rares. Elle est légèrement mobile à son articulation avec le premier segment du corps, mais nulle- ment rétractile. Vers le milieu de sa longueur et de chaque côté, il existe une petite saillie arrondie et noirâtre, qui est sans doute un œil. À sa partie supérieure se voit à droite et à gauche une ligne longitudinale enfoncée, et à son bout anté- rieur s'articule une pièce oblongue de niveau avec la tête, et qui simule uue sorte de /abre. Celui-ci est flanqué, à droite et à gauche, par une autre pièce de même texture que lui et de même couleur, courbée à son extrémité en un crochet non articulé, dirigé de haut en bas et d'avant en arrière; ce sont là des mandibules qui ne ressemblent pas aux crocs rétractiles des larves acéphalées des Muscides. Elles sont étroitement rap- prochées du labre et susceptibles de mouvemens limités que j'ai surtout constatés en étudiant la larve plongée dans l’eau. Au-dessous et entre les bases des mandibules, on découvre une pièce mobile ovalaire et duvetée, que je ne puis comparer qu'à une /êvre ; je n’ai reconnu aucun vestige ni de palpes ni d’an- tennes; je n'ai pas été plus heureux pour les stigmates, et M. Macquart n'en parle pas non plus. Réaumur a reconnu que, dans les larves du Sargus (1), Diptères qui appartiennent au même groupe que le Pachygaster, les orifices respiratoires aient placés dans une excavation de la partie postérieure du orps, sans doute comme dans les larves de plusieurs grandes (#) Mémoires, tome 1v, page 347, planche 14, fig, 1-4. 266 LÉOX DUFOUR. — Sur la larve du Pachy:zaster meromelas Tipulaires,. et la loi de l’analogie nous permet de penser qu'il en est de même dans celles du Pachygaster. La larve de ce dernier a de grands rapports avec celle que Réanmur a représentée, presque sans la décrire, aux figures 5, 6 et 7 de la planche 14 du tome rv de ses Mémoires, et dont il ne nous a pas fait connaitre la transformation. Il l'avait trou- vée dans un Agaric parasite du sycomore. Sa forme et sa gran- deur l’éloignent un peu de la nôtre. Pupa larvæ similis at oculis destituta. Nympha invisa. La pupe ne diffère de la larve que par l'absence des yeux et une immobilité absolue. Elle ressemble. sous plusieurs rap- ports, à celles des larves épineuses des Muscides, et en parti- culier des Anthomyies. Lors de l’éclosion de l’insecte aïlé, la tête de la pupe se disloque ou se détache, et les trois premiers segmens du corps, qui correspondent au thorax, se fendent et s'ouvrent à leur ligne médiane. La larve et la pupe ont une ligne de plus de longueur que linsecte ailé. On se rend raison de cette disproportion de taille, parce que la tête des deux pre- mières formes est tout-à-fait étrangère à la nymphe. Pachygaster meromelas Nob. Pachygastre à cuisses noires. Ater, pedibus pallis, femoribus nigris ; alis immaculatis nervis à basi ad ne- dium atris eutenmis rufo-fuscis. Long. 1 à 2 lin. — Hab. in populctis Galliæ meridionali-occidentalis. Cette espèce, dont les caracteres sont constans, a la taille et la physionomie du P. pallipennis, qui est commun sur les feuilles de nos noisetiers, mais elle en diffère par la couleur noire des cuisses et des nervures de la moitié postérieure des ailes : les tibias ont aussi un peu de brun vers leur base. EXPLICATION DES FIGURES DE LA PLANCHE 1/4 À. ( Trés grossies.) Fig. 17. Larve du Pachygaster meromelas, avec la mesure de sa longueur aaturelle. Fig. 18. Un segment dorsal du corps, détaché et encore plus grossi, pour mettre en évi- dence les soies dont il est hérissé et la texture aréolaire de sa surface. Fig. 19. Tète détachée et vue de côté pour metbre en évidence l'œil , le labre , la maudibule et la levre. ee Le ee RÉ nee 7 ne COSTA. — Annelides de Naples. 206”; Descriprion de quelques Annelides nouvelles du golfe de Naples, Par M. O. G. Cosra. ( Presentée à l'Académie des Sciences , le 2 août 1841.) Les habitans de la mer sont très nombreux, et, par la nature méme des milieux dans lesquels ils vivent, ne peuvent pas être saisis parles yeux du naturaliste aussi facilement que les ani- maux terrestres. Il n'est donc pas surprenant que ce soit parmi les animaux marins surtout, que l'on rencontre des espèces inconnues jusqu'alors. Les Annelides en particulier rentrent dans cette catégorie, et leur étude offre encore d’autres diffi- cultés dépendantes des conditions spéciales dans lesquelles elles se trouvent placées. La vase du fond de la mer, les trous des rochers couverts d’eau , les tuyaux construits par les animaux eux-mêmes, en rendent toujours l'observation et la capture plus difficiles. À tout cela on doit ajouter le peu d'intérêt que les anciens naturalistes ont attaché à l'étude de cette classe d’ani- maux, ce qui explique pourquoi leur organisation , leurs fonc- tions et leurs mœurs ont été jusqu'ici presque inconnues. Nous devons à M. Savigny le travail le plus remarquable sur ce sujet ; mais ce savant naturaliste s’est borné seulement à l'organisation extérieure , sur la considération de laquelle il a fondé sa classi- fication. Après lui, c'est à MM. Audouin et Milne Edwards que nous sommes redevables de notions plus exactes sur la confor- mation extérieure de la plupart des Annelides , et à M. Milne Edwards , en particulier, de l'étude la plus approfondie de leur structure intérieure. Mes recherches sur les côtes du royaume des Deux-Siciles m'ont offert plusieurs espèces très distinctes, parmi lesquelles il y en a deux quiappartiennent à des genres nouveaux, en adoptant, du moins , les principes de classification actuellement admis en zoologie. Ge sont ces espèces qui font le sujet de ce Mémoire, 268 Costa. — ÆAnnelides de Naples. que j'ai l'honneur de soumettre au jugement de l’Académie des Sciences de l'Institut de France. $ L. HEÉSIONE DE SAVIGNY. Cette espèce (pl. 11, fig. 2 )me paraissait ne devoir pas être différente de celle qui a été décrite par M. Risso sous le nom de H. Pantherina, etj'auraisadopté cette détermination, si ladescrip- tion qu’en ont donnée MM. Audouin et Milne Edwards n’avait pas fait naître en moi l'assurance qu’eile est bien distincte. En effet, la tête de notre Hésione est taut-à fait semblable à celle de l’Hes. splendida de M. de Savigny, telle qu'on la voit dans le dessin que ce naturaliste en a donné. Elle est presque du même diamètre que le premier anneau du corps. Sa couleur est bleu céleste, et elle est presque entièrement composée de deux globules, sur lesquels on remarque une ligne plus foncée d’une forme spirale. Le corps est composé de dix-huit anneaux presque cylindriques , un peu reuflés au milieu et sans aucune trace de rainures latérales, comme on en voit dans toutes les autres espe- ces connues. Tous les anneaux, excepté le dernier, sont pourvus d'une paire de pieds ; le nombre de ces organes est par consé- quent de 17 paires, de même que dans l’Æ. festiva de Savigny. Le dernier anneau est presque conique, un peu arrondi, sans tu- bercules où mamelons, avec deux pieds rudimentaires , et se terminant par un appendice filiforme tres long. La couleur gé- nérale est rosée , avec des taches plus foncées, rangées en stries longitudinales, parailèles entre elles et au vaisseau dorsal, qui est d'une couleur encoreplus foncée, et qui a l'apparence d’être interrompue à cause des replis transversales particuliers à ce genre. Les lignes de démarcation des anneaux ont une couleur jaune-orange, qui, à l1 partie postérieure du vaisseau dorsal, s’élargit en croisant. Les pieds sont jaune pâle avec les soies. noires et les cirrhes d'un rouge foncé. On doit remarquer cepen- dant que, outre les faisceaux des soies centrales et très longues, il yen à une plus forte, insérée obliquement au-dessous de la cosra. — Annelides de Naples. 269 peau, et dont la pointe sort à côté de l'ouverture par laquelle naît le faisceau des soies (pl. 11,fig. 2°). La longueur de tout l’animal est d'environ quatre pouces, et le diamèire dans la partie la plus large est de quatre lignes. J'ai trouvé cet animal dans le golfe de Naples le 13 jan- vier 1830. Il est très rare et vit dans les lieux les plus profonds. "Ç IT. SIGALION DE BLAINVIILE. Ce Sigalion a beaucoup de ressemblance avec le Sigalion Mathilde de MM. Audouin et Milne Edwards; mais il en diffère essentiellement par la disposition de ses tentacules, et peut- être encore par une espèce de trompe ou d'antenne intermé- diairé très longue, laquelle se replie au-dessous de l'abdomen, et enfin par l'existence d’un appendice filiforme au dernier an- neau du corps (1). Les pieds des premiers anneaux environnent la bouche presque en éventail , comme on le voit dans le dessin ci-annexé (2). La bouche est armée de six tentacules ou antennes, rois de chaque côté. Le corps est aplati, et ses côtés recouvrent entièrement les pieds, qui sont au nombre de cent quatre-vingt- six paires. Sa couleur est rouge. Les élytres sont plus pâles, et, dans celles qui recouvrent la partie moyenne, il y a des points blancs qui dépendent des œufs qui sont dans l'intérieur. Tous les autres caractères sont génériques ; mais on doit remarquer que les pieds sont garnis latéralement de poils, comme on peut les voir dans les figures. Cet Annelide a été péché à la Riviera di Chiaja , à Naples, dans le mois de mai 1841. \ (x) .Je doute encore si ce que j'ai appelé trompe ou antenne intermédiaire soit, en effet, l’une ou l’autre de ces choses. Je suis sûr d’ailleurs qu’à son extrémité il y a une ouverture lrès petite, et c’est pour cela que je l’ai considéré comme un sucçoir. Pendant la vie de l’animal, elle se neut et se replie en tous sens, et, lorsqu'on irrite celui-ci, elle se raccourcit un peu et va se poser sur la ligne médiane entre les pieds. Il m'a été impossible de constater ce fait, parce que je n’en ai pu observer qu’un seul individu, que j'ai disséqué; mais , si de nouvelles observations viennent confirmer ce que j'avance, on devrait faire de cet animal un genre particulier. (2) Planche 1x, fig. 1. 270 COSTA. — Annelides de Naples. EXPLICATION DES FIGURES. Planche 11. Fig. Sicarion DE BraAIRVILrE, Sigalior Blainvillii Nob. La figure 1 représente l’animal de grandeur naturelle : a. est la trompe ou antenne inter- médiaire. La figure 1 “représente la partie antérieure , vue de côté : à. est la trompe ; 4, £. les tenta- cules. La figure 1? représente nne portion du corps, vue par la partie inférieure : a, a. montre le vaisseau ventral moyen. La figure 1 ‘ représente deux de ses pieds: &, a. les faisceaux de soies; 2. les cirrhes. Ia figure 14 représente le même pied, vu du côté latéral, pour ÿ montrer mieux le cirrhe 6. $ III. Genre LOPHONOTE. L’Annelide dont nous allons donner la description se distingue essentiellement du genre Euphrosine par l'absence de la caron- cule, placée sur la tête, et par le défaut d'antennes (PI. 13, fig. r). Par ce dernier caractère même, il s'éloigne du genre Hipponoa de MM. Audouin et Milne Edwards , auquel il pourrait se rap- procher à raison de l’absence de cette caroncule, et de l’existence d’un seul faisceau de soies pour chaque pied; mais par le reste de son organisation, il ressemble parfaitement à ce dernier type. En effet, son corps est ovalaire, aplati, et composé de trente- deux anneaux(r). La tête est petite, et sa bouche munie d’une grosse trompe très courte , à bord froncé. Il est aussi dépourvu d'yeux , si toutefois on ne veut pas considérer comme tels les quatre taches noires qu'on voit latéralement sur sa trompe, ce qui ne me parait pas vraisémblable. Les pieds sont simples et pourvus d’un faisceau'de soies, et entre eux se trouvent les branchies sous la forme de franges ou d’arbuscules, lesquelles s'étendent sur le dos, en décrivant une ligne arquée, Lorsque l’animal est con:- tracté, sa trompe rentre en elle-même, et la bouche prend | la forme d’un cône, comme on le voit dans la figure 1°, où elle est représentée par la partie inférieure, et laisse apercevoir (x) Ce nombre le rapproche davantage du genre Euphrosine , puisque , d'après MM. Au- douin et Milne Edwards, les Hipponoës ont un très pelit nombre d’anneaux, costa. — nnelides de Naples. gt les quatre taches noires a ,a, b , b dont il a été déjà question. Lorsque l'animal est étendu, au contraire, on voit le pourtour de la bouche garni de huit appendices foliacés, qui constituent la frange, comme on l’a représentée dans la figure 1°. La grandeur de cet animal est de huit lignes environ: sa cou- leur est d’un rouge cinabre assez vif. Les soies et les branchies sont presque jaune rougeûtre, et cés dernieres sont ponctuées de rouge. Il se roule sur lui-même comme les Oscabrions ; de sorte que, au premier abord, on peut le confondre avec un de ces animaux. Je l’ai trouvé, le 18 janvier 1841, dans le golfe de Naples, entre les racines de la Zostera Oceanica. EXPLICATION DES FIGURES. Planche 13. Fig. 1. Lopmonore p'Aupouix (Lophonota Audouini: Nob.). La figure x représente l’animal à sa grandeur naturelle. Fig. 1°. La bouche avec sa trompe étendue, et les trois premiers segmens du corps ; le tout grossi à la loupe. Fig. 1% La même partie du corps vue du côté inférieur dans l’état de contraction ; a, b,b indiquent les quatre taches noires dont nous avons parlé. Fig. 1°, Coupe transversale d’un des segmeus du corps. @, a. sont les pieds avec les soies correspondantes ; à, . les arbuscules des branchies successivement décroissantes de l'extérieur à la partie moÿenne; c. la partie moyenne dorsale, qui est nue. Fig. r14, Une portion de la partie latérale du corps, montrant l’un des pieds avec les branchies interposées, comme on les voit lorsqu'on regarde l’animal du côté dorsal, , q S IV. TEREBELLA MISENENSIS. @ Parmi les sept espèces du genre Terebella décrites par M. Sa- vigny dans son Système des Annelides,il n’y en a aucune sur la- buelle on puisse compter vingt-huit segmens thoraciques comme on le voit dans l'espèce que nous allons décrire, ni aucune qui offre une portion caudale aussi longue, et ce sont précisément ces deux caractères qui séparent nettement cette espèce nou- velle des antres. Elle appartient à la deuxième tribu, c’est-à-dire à celle des Terebellæ phyzeliæ. En effet, elle n’a pas d’appen- 272 CosTA. — Annelides de Naples. dices sur Île premier et le troisième segmens. Deux paires de branchies, en forme d'arbuscules sont insérées sur -les deuxième et troisième segmens. Il y a vingt-quatre segmens dor- saux et vingt-six ventraux, et on en compte dans la région cau- dale, presque soixante qui ne sont pas tous nettement et con- stamment tranchés. Sa couleur est rouge vif. Ses tentacules sont jaunâtres et les branchies écarlates. Cette Annelide vit de sable et des débris de corallines et autres fucus. J'ai observé dans cette espèce, outre la circulation du corps, celle de chaque tentacule, qui se fait principalement au moyen de deux canaux (fig. 3° ), par l'un desquels le sang va et par l’autre revient des parties au-dedans desquelles il circule par vaisseaux spiraux. Les bords des tentacules sont frangés ou frisés , et les lobes qui en résultent constituent autant de ven- touses par lesquelles les tentacules s’attachent aux corps, et ce sont là les /£nes aspérités mentionnées par M. Savigny. On trouve cette espèce rare dans le golfe de Pozzuoli , tout près de Miseno. EXPLICATION DES FIGURES. Planche 11. Fig. 3. TERERELLE DE MIsÈNE ( T'erebella misenensis Nob.). Fig. 3. L'animal, grossi à Ja loupe , avec ses tentacules a, a, et ses arbuscules bran- chiales 2, 8, Fig. 3%. La bouche plus grossie et vue du côté inférieur, pour représenter mieux les faisceaux de tentacules et un des deux arbuscules de la première paire. Fig. 34. Un des ramuscules de l’arbuscule branchiale , vu au microscope à un grossissement de cent soixante fois en diamètre, Fig. 3°, Une extrémité des tentacules, vue aussi au microscope au même grossissement. S V. Siphostoma diplochaitos, Otto. M. Otto a décrit et figuré d'une manière médicere cette es- pèce, qu'il a trouvée aussi dans la mer de Naples, et a établi pour elle un genre particulier. Il en a examiné avec soin la structure interne; mais Je crains qu'il se soit mépris sur les fonctions ou sur la véritable destination de quelques parties. COSTA. — Annelides de Naples. 213 “C'est pour cela que je crois utile de revenir ici sur l'anatomie et la physiologie de ce genre d'Annelides, et de donner une nouvelle description de cet animal, que le savant prussien vou- drait rapporter avec les Sternaspis à la classe des Échinodermes. Le Siphoston:a (PI. 12, fig. 1) a le corps fusiforme, et armé de deux séries de soies à chacun de ses côtés; deux faisceaux de mêmes soies, convergentes et presque entrecroisées, naissent de la partie antérieure de la tête, ainsi que deux cirrhes tenta- culaires bien développées; enfin deux houppes de cinq branchies sont situées au-dessus de la bouche, et un suçoir garnit cette ouverture. Le corps est enveloppé d’un épiderme coriace superposé à la peau interne, et, entre ces deux membranes, ily a un tissu vascu- lairetrès délié,rempli d'un liquide transparent et peu épais,de sorte qu'il constitueavec les vaisseaux un parenchyme, assez semblable à du blanc d'œuf. Ce parenchyme est rempli de glandes con. slobées, ayant leur pédoncule dans l’intérieur plus ou moins iostes, Done même contourné en spire, comme on le voit dans la figure 1“, et comme on peut le vérifier au microscope. En regardant là partie inférieure de cet Annelide, on apercoit tout près Jde la tête unetache rouge brun foncé avec des points blancs , et bordée à droite et à gauche d'une autre tache rouge, laquelle s'étend un peu plus en arrière que la première. La couleur du reste du corps est gris cendré, avec des points blancs presque imperceptibles , et on n’aperçoit à l'extérieur aucune trace de viscéres. La partie inférieure est plus transparente , de sorte que les anneaux sont plus distincts , et on y remarque très bien le vaisseau sanguin médian. Les anneaux sont au nombre _de cinquante-deux. (1) La bouckhre est garnie d’un sucçoir (mais pas de deux, comme M. Otto l'a prétendu ), qui , dans sa partie supérieure , est ‘environné par les branchies , et qui est pourvu d'un tenta- cule de chaque côté. A côté de ces tentacules naissent deux autres appendices plus lougs qui offrent, sur leur face anté- rieure, un sillon flexueux ( PI. 12, fig. 1°). («) M. Otlo en compte quarante environ. XVI Zoor. — Novembre. 18 24 Costa. — Annelides de Naples. Parties internes. En ouvrant l'animal dans sa partie supé- rieure, on remarque d'abord une vessie { fig. 1°), qui constitue la tache plus foncée que nous venons de décrire. Au premier coup de bistouri, cette vessie est poussée au dehors en vertu dela force d'expansion du liquide qu’elle renferme , et de l’irritation occasionée par l’incision. Aussitôt après, cette vessie laisse aper- cevoir la partie vasculaire rouge , qui est au-dessous, et qui, en se renflant pour les mêmes causes, forme une espèce de hernie. | Dans la figure 1° de la planche r2, on voit cette hernie, dans laquelle on remarque une zône blanche x, x , qui est déterminée par l’amincissement des tuniques, lesquelles sont tout près de se déchirer. Dans la partie f, prise à l'état normal, on voit un vais- seau longitudinal rempli d'un liquide obscur. Pendant la vie de l'animal, les mouvemens de ces troncs vasculaires, ainsi que du réservoir. veineux v, qui est au-dessus, produits par le flux alter- patif du liquide , sont si marqués que les taches dont ils sont la cause changent de figure. | Du côté de l’œsophage, on trouve un organe e ,; qui me pa- raît être l’organe mâle ou testicule. Du même côté de l’œsophage, sont attachés deux viscères (PI. 12, fig. 1*) qui pourraient bien être deux glandules salivaires , comme Otto les a considérés; mais les observations qui me sont propres me conduisent à une autre conclusion. Les ovaires sont distribués en plusieurs pa- quets le long du repli des intestins (fig. 1°, 0, o). Leur couleur est jaunâtre. Le cloaque est dans cet Annelide comme dans le Lophiocéphale, rempli toujours de limon: et de sable. Circulation. La circulation dans ce genre , comme il est aisé de s’en apercevoir par mes dessins, est au fond la même que celle que nous avons décrite dans le Zophiocéphale , avec la particu- larité cependant que le vaisseau dorsal, tout aussi bien que l’abdominal , a, dans les Siphostomes, un renflement beaucoup plus pres de la tête ; et qu'il est lui-même beaucoup plus grand. Pendant la vie de l’animal, les mouvemens du liquide qui y cir- cule sont très évidens , et c'est à cause du flux et du reflux, qui s’y établit, qu’on remarque un changement très sensible de . forme et d'extension dans les taches bleues et rouges qui sont à COSTA. — “nnelides de Naples. 255 . ses côtés, et dont nous avons déjà parlé. C’est ici que nous devons observer que M. Otto se trompe, en supposant que ces deux vaisseaux étaient deux estomacs , l’un superposé à l’autre, selon ses expressions (1), et il crut voir leur origine dans deux ouver- tures buccales ,comme nous l'avons déjà noté. Il est inconcevable que cet auteur ait pu se persuader qu'il existait deux estomacs, dont l’un en forme de cœcum, qu'il considère comme une . vessie suçant, et qu'il compare à celle de certains insectes. M. Otto se trompa même lorsqu'il regarda comme des intestins les vaisseaux spermatiques, dans lqhels cependant il constata l'existence d’une substance uniforme pulpeuse, brune, sui, en effet , les remplit. On trouve cet Annelide dans les mois de janvier et février, dans le golfe de Naples ; mais pas très souvent. EXPLICATION DES FIGURES. Planche 12. Fig. 1. SIPHONOSTOMA DpIPLOCHACTOS. Dans la figure +, l'animal est représenté de grandeur naturelle et dans toute la plénitude de sa vie, dans l’eau même de la mer, et vu de sa partie supérieure. Dans la figurer; , il est représenté du côté inférieur, où on peut bien voir le double canal _de la circulation. Dans la figure 7, est représentée la bouche avec les faisceaux de soies, pour montrer leur distribution et les deux grands tentacules , qui sont de côté. La figure 1° représente le paquet des viscères, comme on le trouve , en ouvrant l’animal, après qu'il a été: conservé dans l’esprit-de-vin : a, b, est l’œsophage , accompagné par les organes décrits ci-déssus ; e, e. le testicule déchiré ; x, x. la partie de l'artère tuméfiée ; . la première portion de l'intestin é, :,:, bordée par le tronc veineux; 0 , 0. les ovaires ; r,r. le grand cloaque, plein de sable et deivase, Dans la figure 14 a été représentée la partie interne de la région œsophagienne : e ,e est l’æsophage, qui se prolonge dans l'intestin ,é,2, borné par les vaisseaux artériel et veineux , dont le premier va se dilater ensuite, constituant l'espèce d’oreillette f, f, de laquelle résulte la hernie a, dont nous avons parlé; e représente la vessie veineuse avec le vaisseau d, d, qui provient directement du tronc veineux abdominal p, p ; — g, h. l'organe mâle. (x) Uti duo in capite observata sunt oscula , sic quoque duo adsunt œsophagi, longitudine pollicari circiter.. . .. Superior œæsophagus ex osculo superiore , uti credo, suctorio et ex sulco proboscidis incipit, carnosus, per hreve capitis spatium transiens , in ventre tenuior an— gustiorque altero pereurrit, et plerümque vacuus , interdüm tamen succo albicante, flavo imo brunneo repletus apparet; alter vero œsophagus ex ore majore inferioreque ortum ducens , in ventre quoque sub priore jacet , eunique quoad amplitudinem. 78. 296 costa. — ÆAnnelides de Naples. Fig. 1°. Portion de l'intestin bordé par le tronc veineux. La figure 1f représente une coupe du parenchyme tégumentaire: ab, ab, sont les fais- ceaux des soies, embrassés dans leur origine par le repli de la peau , qui s'élève pour les accompagner jusqu'à x; — c', c*, c’ est l’épiderme un peu replié en arc. La figure 1 g représente un de ces faisceaux de soies, plus grossi, pour montrer les dila- | tations de leurs extrémités en forme de cuillère. Les figures 1 * et r sont deux des glandes logées dans le parenchyme cutané, qui varient en grandeur et en figure. ; & VE. Genre LOPHIOCEPHALA. J'aurais placé l’'Annelide qui sert de type à ce nouveau genre parmi les Trophonies, si je n’en avais pas été empêché parles caractères très importans. En effet, MM. Audouin et Milne Edwards donnent à leurgenre Trophonia deux faisceaux de éoies courtes pour chaque anneau, tandis qu'il n’y en a qu’un dans le Lophocéphale. Dans les deux premiers anneaux seulement, il y en a quatre très longs , qui correspondent à ceux qui envi- ronnent la bouche dans le genre Trophonia. Les branchies , en outre , qui environnent la bouche, en y constituant une espèce | de pinceau, ne rentrent jamais dans la cavité abdominale, pour | s’y cacher totalement ou en partie, mais demeurent, au contraire, à l'extérieur. La tête enfin est constamment prolongée en une | espèce de col rétractile , sans que cependant elle se cache en entier. Le corps (PL. 12, fig. 2) est composé de soixante-quatre an- neaux, très peu distincts dans la moitié antérieure, où on en compte vingt. Dans la partie postérieure au contraire ,les anneaux sont très visibles, parce que, cette partie étant fort extensible , on les voit très nettement lorsqu'elle est contractée. Tous les anneaux, excepté les deux premiers, sont pourvus d’un faisceau de soies de chaque côté. Les soies des anneaux anté- rieurs sont trés courtes , de sorte que , dans le troisième, on les aperçoit à peine au-dehors. Elles augmentent successivement en longueur, et, dans les cinquième et sixième anneaux, on com- mence à en voir deux et ensuite trois. cosra. -— Ænnelides de Naples. - 1297 Les deux premiers anneaux antérieurs portent chacun quatre faisceaux composés de trois soies très longues, qui vont jusqu’à surpasser d'une ligne le pinceau des branchies , lors même que celui-ci est complétement allongé. Ces. faisceaux sont dis- posés, de telle sorte que la première paire supérieure du deuxième anneau se rapproche de celle du premier anneau, et que les deux faisceaux latéraux se rapprochent, de chaque côté, du couple latéral des faisceaux du premier anneau. Ces faisceaux du premier anneau étant situés à distances presque égales, il en résulte que les soies du deuxième anneau en re- couvrent la partie supérieure plus que l’inférieure. Les soies de ces huit faisceaux brillent d’un beau jaune d’or. Lorsqu'on les observe au microscope, on les voit constituées par plu- sieurs couches en forme de cônes,emboités l’un dans l’autre, et. marqués transversalement par des lignes plus opaques, qui indiquent leur accroissement progressif (Pl. 12, fig. 2°). Ces soies , comme celles de tous les autres anneaux sont très simples et aigués. La surface du corps est brune et offre une apparence cha- griuée, qui doit être attribuée à une multitude de tuber- cules cylindriques, inégalement soulevés et si petits, qu'il est _ impossible de les apercevoir à une loupe. même très forte. Au microscope, on voit qu'ils sont vasculaires.et présentent dans le centre un trou par lequel transsude le mucus, qui constitue autour du corps une espèce d’enveloppe. Je. ferai remarquer que dans ce mucus, se produisent des papillaires et des diastomes, qui avec leur pédoncule s’attachent aux soies, comme on peut les voir dans mes préparations. L’enveloppe générale du corps est opaque et de couleur terreuse. Malgré cela, on aperçoit le vaisseau dorsal et quelque peu encore le chemin parcouru par le fluide qui s’y trouve contenu. Les branchies qui environnent la bouche , comme nous l'avons déjà dit, vont se distribuer sur une ligne transversale et spirale qui se replie à l'extrémité de l’un et de l’autre côté. Entre ce double repli, se retrouvent deux grands tentacules d’une couleur noir- violet. Ils sont garnis sur la face inférieure, d’une frange de papilles blanches ran- gées en zig-zag, comme on les voit dans la figure 2f de la 278 COSTa. — Annelides de Naples. planche 12. La longueur de ces tentacules égale celle des bran- chies. Au-dessus de celles-ci, et en particulier de leur base , naissent trois antennes tres courtes, cylindriques, blanches et extensibles, telles qu’on les voit dans a, a, e de la figure 2°. Dans la partie inférieure de ces mêmes branchies , on trouve | l'ouverture de la bouche, de laquelle le suçoir c sort comme une trompe. | Parties intérieures. — T.orsqu'on ouvre l'animal dans toute sa | longueur, on voit d'abord dans la partie dorsale l’œsophage, | qui est tuméfié par le renversement au-dedans des organes respiratoires environnant la bouche, si Panimal a été conservé | dans l’esprit-de-vin; mais, si on dissèque l'animal frais, on trou- vera au contraire cet œsophage long et grêle, tel qu’il est repré- senté dans e, e des figures 2° et 2°. Il se continue dans le ven- tricule w, 4, qui est aussi long et étroit, et qui se prolonge en unintestin peu flexueux et terminé en un ample cloaque qui remplit toute la partie postérieure de l'abdomen de lani- mal, et particulièrement celle qui est comprise entre le ving- tième anneau et l'extrémité de la queue. Ce cloaque est toujours rempli de terre limoneuse et de sable, comme on les trouve ordinairement dans les Lombrics de terre, dans les Siphoncles, dans les Syphostomes, etc. Dans la partie supérieure de lœso- | phage, et le long du ventricule, on remarque un vaisseau sanguin, trés fin d’abord, se dilatant ensuite et se rétrécis- sant de nouveau en parvenant à la moitié du foie ou il se ramifie entre ce viscère et l'estomac. C’est de ce point, corres- pondant au sixième anneau du corps, que se prolonge un des rameaux principaux, chargé de distribuer des petits vaisseaux au rectum, à l’ovaire, au testicule. Ces organes, côtoyant toujours ce vaisseau primaire, vont se joindre à l'extrémité postérieure du ventricule, où ils reçoivent deux veines qui viennent de la partie postérieure. Le vaissean dotit nous vénons de parler est tres visible lorsque l'animal jouit pleinement de la vie, parce que, à cause de la contraction de tous les viscères, le sang l’envahit tout entier, de manière qu’on voit injecté tout le réti- cule vasculaire de ia membrane qui le constitue. Ce vaisseau se | répand sur le foie, dans lequel il parait se perdre. La figure 2° | COSTA. — Annelides de Naples. 279 f; f, indique ce vaisseau légèrement grossi, mais il n’a pas une forme constante , comme il est aisé de le concevoir. Dans la partie supérieure de l’œsophage, on observe aussi l’autre vais- seau sanguin 72, 72, fig. 2°, qui parait avoir son point de départ dans le foie, mais qui, avant d’en sortir, reçoit un rameau de l'ovaire et un autre du rectum. Le sang qui y circule est vert. À quelque distance de l'œsophage , commencent à paraitre l’o- viducte et l'organe mâle, qui sont attachés à ce même vaisseau. Ces organes, qui sont très grêles dans plusieurs individus, tel que celui qui est figuré dans le dessin cité, sont au contraire tuméfiés dans d’autres individus dans lesquels les œufs ont commencé à se développer comme celui qui est représenté dans la figure 2°, dans laquelle 0,0 sont les ovaires, et 72 les organes mâles. Les œufs sont si bien développés, qu'il m'a été possible de les séparer et de les observer au microscope. L’en- veloppe cutanée, observée à l’aide du même instrument, laisse voir les vaisseaux transversaux. fig. 2°, qui aboutissent dans le vaisseau dorsal 2,2, tel que nous l'avons figuré dans le dessin. Circulation. — Par tout ce que nous avons dit sur la structure de cet Annelide, il est aisé de concevoir que la circulation. y est tres modifiée et tres différente de celle que M. Milne Edwards a reconnue dans plusieurs genres de la même classe. Cette circulation se rapproche en outre de celle des Holothuries et des Siphoncules. Le vaisseau abdominal, ou veineux, ne s'étend pas le long du corps , et n’adhère pas à ses parois ; mais il est libre, naît de la partie inférieure de l’œsophage , grandit en se portant en arrière , s'attache aux parois de l’estomac, en- suite se rétréeit encore une fois, et va se ramifier sur les viscères gastriques, aussi bien que sur les parois des enveloppes du corps ; ce qui veut dire que les vaisseaux de toutes les parties. du corps vont se réunir dans ces endroits pour se jeter dans les branchies. Le sang ici élaboré revient par le vaisseau dorsal ou artériel, qui Joue le rôle de cœur, et duquel il se répand dans le centre des viscères gastriques où il se ramifie comme dans le cas précédent. Ces ramifications ayant lieu seulement dans les derniers anneaux abdominaux , il en résulte que tous les autres points sont dépourvus de communication avec les 250 COSTA. —— Annelides de Naples. enveloppes extérieures, si on en excepte toutefois les commu- nications qui s’établissent aux extrémités, près de l'anus et au: pourtour de la bouche. Dans la partie inférieure de lappareil. dermique, il y a deux vaisseaux chargés du transport du sang dans la couche musculaire qui le constitue. Chaque couple de faisceaux musculaires longitudinaux a dans son milieu un fais- ceau secondaire qui subit une espèce d’étranglement dans le passage de l’un à l’autre. Le sang éprouve dans ces endroits une sorte de retard, et ensuite il est attiré énergiquement dans la partie qui succède, de sorte qu'il paraït que, dans cet endroit, les vaisseaux mêmes jouent le rôle d’oreiïllettes, chargées d'aider à pousser le sang dans les canaux de la ciscohiE El Cette espèce, que je dédie à M. Milne Edwards, se trouve en hiver dans le golfe de Naples, mais est assez rare. , EXPLICATION DES FIGURES. Planche 12. Fig. 2. LopxocEepHaza Epwarpsrt. La figure 2 représente l'animal dans son état naturel et légèrement grossi : Ja ligne ponctuée indique l’allongement que peut atteindre sa parlie caudale, La figure 2 représente l’ensemble des viscères de cet animal, après l'avoir plongé dans l’esprit-de-vin. Les détails de ce dessin ont été expliqués dans la description de l’animal:; La figure 2° indique un de ces animaux qui avait été déjà blessé, et dont les organes. étaient par conséquent atrophiés : æ, a. représentent une des séries de ganglions nerveux, et la figure 2° trois de ces ganglions grossis. La figure 24 est une partie du derme , dans laquelle sont représentés le vaisseau longitudi- nal 2 et les transversaux. La figure 2° est une des soies observées au microscope. La figure 2 f est une partie des cirrhes tentaculaires, vue aussi aw microscope. La figure 22 représente en grand tous les viscères qui ont été décrits pour les faire mieux connaitre, Fig. 28 et 2* , les œufs observés au microscope, La figure 2h est une partie de l’enveloppe avec ses tubercules a ,a,a, = =D QQ © MILNE EDWaRDs. — Aapport sur des Bélemnites. 261 Rapport fait à L'Académie des Sciences sur un mémoire de M. DuvaL-Jouve, relatif aux Bélemnites des terrains crétacés inférieurs des environs de Castellane,, Par M. Mirne Enwarps. (1) Les Bélemnites, qui à létat fossile abondent dans les terrains secondaires, et qui doivent leur nom à une ressemblance gros - sière avec un dard ou une flèche, ont depuis long-temps fixé l'attention des naturalistes : les commentateurs ont cru les re- connaitre dans le Lyncurium décrit par Théophraste, ou dans le Dactylus idæus de Pline ; et quoi qu'il en soit de ces indica- tions obscures, on peut avec certitude faire remonter jusqu’à Agricola les observations dont ces corps ont été l’objet. La liste des auteurs qui, depuis la première moitié du quinzième siècle Jusqu'à nos jours, en ont traité successivement, est des plus longues ; cependant c’est dans ces derniers temps seulement qu’on a été fixé sur la nature et sur l’origine de ces débris d'animaux qui n'existent plus, et, pour faire cesser toute incertitude à cet égard, il a fallu non-seulement les recherches approfondies de plusieurs zoologistes sur leur structure intérieure, mais encore la découverte d'une Bélemnite épanouie à son extrémité anté- rieure comme un os de Sèche, et renfermant encore dans l’es- pèce de loge ainsi formée un sac à encre semblable’à ceux des Céphalopodes de nos mers. Ce fait, que M. Agassiz a constaté sur deux fossiles recueillis par une dame de Lyme-Regis, prouve en effet que les Bélemnites ne sont pas des baguettes d'Oursins ou des appendices cutanés de quelque autre Échinoderme, comme l'avait soupçonné Klein il y a plus d’un siècle, et comme le voulait encore, il y a peu d'années, M. Raspail, mais bien des coquilles intérieures provenant d’un Mollusque dont l’orga- nisation devait offrir beaucoup d’analogie avec celle des Cal- mars de l’époque actuelle, résultat qui, du reste, ne pouvait (1) Le travail de M. Duval s’imprime, et paraitra sous peu de jours chez l'éditeur des Annales, 7 282 MILNF EDWARDS. — Rapport sur des Bélemnites. ètre mis sérieusement en doute par quiconque aurait su appré- cier à leur juste valeur les recherches publiées sur ce sujet par Miller, par notre savant confrère M. de Blainville, et par Voltz, observateur aussi exact que laborieux, dont nous déplorons la mort récente. La nature des Bélemnites n’était done plus un problème à résoudre ; mais l'étude des différences que ces fos- siles offrent entre eux était encore peu avancée, et il régnait beaucoup d'incertitude relativement à la distinction des espèces, question intéressante pour le zoologiste, mais importante sur- tout aux géologues, qui peuvent demander à ces débris des ca- ractères propres à fixer la date des dépôts dans lesquels on les. trouve enfouis. Pour.éclairer cette partie de l’histoire des Bé- lemnites, il ne suffisait pas de comparer et de décrire les varia- tions qui se remarquent dans leur configuration extérieure; il fallait examiner avec soin les modifications de structure inté- rieure que ces fossiles présentent, constater les différences dé- terminées par l'âge des animaux auxquels ils avaient appartenu, et chercher à connaïtre les limites des variations dont les indi- vidns d’une même espèce sont susceptibles par suite des cir- constances dans lesquelles ils ont vécu et des accidens auxquels. ils ont pu être exposés. Plusieurs naturalistes ont recueilli à ce sujet des observations plus ou moins précises : M. de Blainville, M. Voltz, et M. d’Orbigny, par exemple; mais le petit nombre d'échantillons dont ces savans ont pu en général disposer, ne leur a pas permis de pousser ces recherches aussi loin qu'ils l’auraient fait bien certainement, si les matériaux n'avaient manqué à leurs travaux. L'auteur du Mémoire dont l'examen nous a.été renvoyé par l’Académie, s'est trouvé dans des cir- constances plus favorables, et, sachant profiter avec habileté des richesses paléontologiques que ses montagnes lui fournis- saient avec profusion, il a pu ajouter aux faits déjà acquis à la science des faits nouveaux, et résoudre d'une manière nette une partie importante des questions restées jusqu'alors sans réponses précises. Les environs de Grasse, où M. Duval! se trouve fixé en qualité de professeur de philosophie, sont en effet une des localités où les Bélemnites se rencontrent en pius grande abondance, et depuis dix ans que cet observateur s’est appliqué MILNE FDWARDS. — Aapport sur des Bélemnites. 283 à l'étude de ces corps, il n'a cessé d'explorer les diverses cou- ches des terrains crétacés inférieurs dans lesquels on les trouve, tant dans la partie nord-ouest du département du Var que dans la partie voisine des Basses-Alpes, aupres de Castellane. M. Éme- ric, qui habite la même contrée, et qui se livre aussi, avec une grande activité, aux recherches paléontologiques, lui en à fourni une collection précieuse, et notre auteur est parvenu de la sorte à pouvoir disposer de plus de dix mille individus. Il lui a donc été facile de suivre pas à pas les changemens introduits par la croissance dans la forme et la structure de ces coquilles curieuses , de multiplier autant qu'il le désirait les coupes desti- nées à montrer la disposition de leurs parties constituantes , et d'apprécier la valeur des variations que l’on y remarque. Nous ne pourrions, sans abuser des momens de l'Académie, suivre pas à pas M. Duval dans l'exposé qu’il donne des résultats auxquels il est ainsi parvenu ; mais, pour mettre en lumière les traits les plus saïllans de son travail, il nous suffira d'indiquer quelques-uns des faits constatés par cet observateur. Les naturalistes qui ont traité des Bélemnites ne sont pas d'accord sur le degré d'importance qu’il faut attacher aux diffé- rences de forme offertes par ces fossiles, et, pour montrer jus- qu'à quel point cette divergence d'opinion a été poussée, nous nous contenterons de rappeler que trente-trois des espèces dé- crites par M. Raspail sont rapportées par M. d’Orbigny à une seule et même espèce , le Belemnites dilatatus de M. de Blain- ville. Cela tient à ce que le premier de ces auteurs a considéré toutes les variations de forme extérieure comme étant caracté- ristiques d'espèces distinctes, tandis que M. d'Orbigny a re- gardé ces variations comme étant pour la plupart dépendantes des changemens que l’âge de l'animal amène dans la configura- tion de sa coquille. Cette dernière opinion avait pour elle des argumens puissans, mais sa Justesse n'était pas démontrée, et on ne possédait pas de règle sûre pour distinguer entre elles les particularités spécifiques et les différences individuelles dues à la marche de la croissance. Or , cette règle a été nettement for- mulée par M. Duval, et, dans la plupart des cas, ne permet plus d'incertitude. | 284 MILNE EbwaARDs. — apport sur des Bélemnites. En effet, les Bélemnites se composent de deux parties prin- cipales, savoir : une a/véole conique, sorte de godet cloisonné, ouverte en avant, et une espèce de gaine recouvrant celte al-. véole , et se prolongeant plus ou moins loin postérieurement, de façon à constituer un rostre dirigé en arrière. L'alvéole s’ac- croit par la formation de nouvelles chambres placées en avant de celles déjà existantes, el sécrétées par un organe logé dans son intérieur ; le rostre, au contraire, grandit, à peu-près de;la même maniere que la tige d'une plante exogène : par le dépôt successif de couches appliquées extérieurement sur les couches. plus anciennes et produites bien probablement par l’action d'une partie qui, à son tour, recouvrait toute cette portion de la coquille. Ces couches superposées sont en général bien dis- tinctes entre elles, et, par conséquent , en pratiquant sur la Bé- lemnite des coupes convenables, il devient facile de reconnaître chez un individu adulte la forme qu’il devait avoir apres le dépôt de chacune de ces lames, c’est-à-dire aux diverses pé- riodes de son accroissement. On voit ainsi que, dans ceriaines espèces , la forme générale reste à-peu-près constante, malgré l'augmentation de volume, parce que chaque couche nouvelle recouvre le rostre tout entier et offre partout la même épaisseur, tandis que dans d’autres espèces ces couches ue se déposent que sur une partie de la longueur du rostre et varient entre elles sous le rapport de leur épaisseur dans les diverses, parties de leur étendue, d’où résultent des variations plus ou moins. considérables dans la forme extérieure de ja coquille, à me- sure que l’animal vieillit. Or, cette remarque si simple permet d'apprécier l'influence des progrès de la croissance sur la con- figuration de ces corps fossiles, et fournit une règle certaine pour la distinction des particularités de formes inhérentes, à l'espèce et des variations dépendantes de l’âge des individus; car chaque espèce porte avec elle l'indication des formes par lesquelles elle a passé, et offre ainsi des points de comparaisen pour la détermination des individus d’un âge moins avancé. C’est de la sorte que M. Duval a pu se convaincre que les B, &- nearis , elegans et augustus de M. Raspail sont de jeunes indi- vidus du Belemnites dilatatus de M. de Blainville ; que le, 4. MILNE EpwarDs. — Rapport sur des Bélemnites. 285 . complanatus et le B. spathulatus de M. Raspail sont des indi- vidus de la même espèce un peu plus avancés en âge; et que les 8. sinuatus, ellipsioides et emarginatus de ce dernier au- teur appartiennent également à cette même espèce, tandis que le Belemnites Emerici , facile à confondre avec le Z. dilatatus adulte, et considéré comme une variété de cette espèce par M. d’Orbigny, s’en distingue par sa conformation dans le jeune àge. | L'étude attentive de la structure ntérieure des Bélemnites a conduit M. Duval à un autre résultat plus inattendu et non moins intéressant, car elle lui a fait voir comment la forme ex- térieure de ces corps pouvait être modifiée d’une multitude de manières plus ou moins bizarres, par suite de la fracture de la portion terminale du rostre et des moyens de consolidation employés par la nature pour réparer ces lésions. Il s'est assuré qu’à la suite d’une fracture semblable, le dépôt des couches concentriques du rostre pouvait continuer à s'effectuer , soit après la chute du fragment postérieur, soit autour de ce même fragment plus ou moins dévié de sa position normale, et que, dans tous ces cas, la coquille avait éprouvé des déformations plus ou moins considérables. Rien n'est plus commun que de rencontrer, dans les terrains crétacés des Basses-Alpes, des Bé- lemnites dont la forme est irrégulière et dont l’asnect est bi- zarre, telles que le Z. triqueter, le B. mitra, le B. mitræfor- mis , le B. difformis de M. Raspail ; or, une section longitudi- nale montre toujours que ces individus difformes ont éprouvé des fractures dont les traces sont faciles à constater , et que la déformation qu'ils offrent correspond précisément au siège de cette lésion mécanique. Il est par conséquent évident que l'exis- tence de pareilles irrégularités de forme ne peut constituer un caractere spécifique , et c'est en arguant de ce fait que M. Duval prouve, par exemple, que les quatre prétendues espèces citées ci-dessus ont été rapportées avec raison par M. d'Orbigny à l’es- pèce désignée préalablement sous le nom de B. dilatatus par M. de Blainville. Ün troisième fait, consigné dans le Mémoire de M. Duval, et assez important pour que nous ne puissions omettre d'en 286 MILNE EpWaRDs. — apport sur des Bélemnites. parler ici, est relatif à la position du siphon dont la portion con- camérée des Bélemnites est traversée. Dans toutes les espèces connues jusqu'alors, ce canal se trouve sur la ligne médiane, près de la face ventrale de la coquille ; M. Duval a reconnu ce caractére dans toutes les Bélemnites cylindriques soumises à son examen, mais il a constaté que dans toutes les Bélemnites com. primées qui se rencontrent en, si grande abondance dans les terrains crétacés des Basses-Alpes, le siphon est situé du côté opposé, c'est-à-dire contigu à la paroi dorsale de lalvéole. Cette particularité n'avait pas encore été signalée, que je le sache, et fournit à notre auteur une base pour la classification de ces fossiles , qu'il divise en trois familles : les Biparties, les Notosiphites et les Gastrosiphites. M. Duvai ne se borne pas à ces observations générales ; äl figure et décrit avec un soin minutieux les seize espèces de Bé- lemnites dont il admet l’existence dans les terrains crétacés des Basses-Alpes, et présente des considérations intéressantes sur la distribution géologique de ces fossiles, sujet qui avait déjà été traité par M. d'Orbigny. Enfin nous ajouterons encore que M. Duval donne à l'appui de cette partie de son travail, une description géologique des formations crétacées inférieures des environs de Castellane, et distingue dans les terrains néoco-" miens de cette contrée deux étages, dont le supérieur seule- ment renferme des Bélemnites. M. Duval a soumis à notre examen un nombre considérable de pièces propres à la démonstration des faits zoologiques dont uous avons eu l’honneur de rendre compte, et les observations de ce naturaliste nous ont paru exactes et intéressantes; son travail contribuera beaucoup à l’avancement de nos connais- sances relatives aux Bélemnites , et nous semble, à tous égards, digne d'approbation. Nous proposerons donc à l’Académie de remercier M. Duval de sa communication, et de l’encourager à étudier, dans le même esprit, les autres fossiles qui se ren- contrent aux alentours de la ville où le retiennent ses fonctions universitaires. me KROHN. — Sysième nerveux des Oursins. 287 Sur /a disposilion du système nerveux chez les Echinides et les Holothuries, considérés en général, Par le D° À. Kroan. (1) Si, dans un sujet obscur et à peine éclairé par l'observation, des conjectures remplies de pénétration et de vues profondes sur les lois qui régissent la nature dans la disposition du syÿs- tème général d'organisation animale, méritent des louanges , cette gloire doit appartenir à notre célébre contemporain le professeur Tiedemann, pour les idées qu’il a émises sur la dispo- sition du système nerveux chez les Oursins et chez les Holo- thuries. Les conjectures de ce grand physiologiste s'accordent tellement avec les résultats des observations que je vais exposer, que je n’ai pas pu m'empêcher de rappeler au souvenir de ceux qui l'ont lu, l'admirable Mémoire couronné de Tiedemann (Anatomie der Réhrenholothurte d. pomeranzenfarb. Seesterns und des Stein-Seeigels. Landsh. 1816). Pour les Holothuries, il a paru à Tiedemann que la partie centrale du système nerveux existait à l’intérieur de l'anneau calcaire , autour de l’origine de l'estomac, peut-être sous forme d’un anneau gréle d’où sortiraient des nerfs pour les tentacules et pour les muscles longitudinaux et transversaux. En ce qui regarde les Oursins ( Ouvr. cité, p. 89), Tiedemann regarde également comme probable Pexistence d’un collier nerveux, donnant naissance à des branches destinées aux muscles de l'appareil masticateur ; plus loin, cinq canaux se rendraient aux canaux des suçoirs ; enfin, des rameaux plus petits se distribue- raient aux divisions latérales de ces mêmes canaux et aux pédi- celles. Le lecteur verra lui-même jusqu'à quel point ces opinions de Tiedemann s'accordent avec l'expérience. Je commence par Jes Oursins ; je m'occuperai ensuite des Spatangues, et je ter- minerai par les Holothuries. (x) Uberdie Anordnung des nervensystems der Echiniden und Holothurier in Allgemeinen, von D. C. A. Krobhn — drchiv. fur Anat. und Physiols, von J: Muller, n. 1, 184r. à 258 KRONN. — Système nerveux des Oursins. I. Système nerveux des Oursins. Qu'on me permette d’abord une digression dans laquelle j'exposerai avec soin la disposition des parties qui se trouvent dans le voisinage de la bouche ; car, à moins de connaître cette disposition, on ne peut juger convenablement de la place qu'occupe la partie centrale du système nerveux. La bouche de l'Oursin conduit dans une cavité élargie, située au-devant da pharynx, entourant les extrémités des parties les plus volumi- neuses de l'appareil masticateur, les pyramides, de façon que ces dernières, avec leurs cinq dents fortement attachées, sont libres et font saillie dans la cavité du pharynx. Sur le fond ou plancher de ce dernier, qu’on pourrait appeler avec plus d'exac- titude la cavité buccale , s'élèvent cinq éminences molles, en forme de mamelon, excroissances déjà connues d’Aristote, et qui sont toutes implantées dans l’intervaile de deux dents voi- sines, formant ensemble une couronne qui entoure l'entrée de l’'œsophage. Ces mamelons ne sont autre chose que les prolon- gemens des arêtes que forment entre elles les parois de l’œso- phage (dont la forme est pentagonale ), et qui s'étendent, en se renforçant , dans la cavité centrale de l'appareil masticateur. Un intervalle compris entre les dents et la paroi de la cavité buccale, conduit à cinq petits culs-de-sac pratiqués dans le plancher de ces parois et alternant avec les mamelons dont il vient d’être question. On aperçoit ces culs-de-sac après avoir enlevé les fais- ceaux musculaires transversaux qui se trouvent placés entre les pyramides, et, après avoir étendu ces dernières, ils paraissent, . à l'extérieur, comme des éminences ou des bosselures arron- dies, groupées à l’origine de l’œsophage. L'appareil masticateur se repose sur la membrane qui ferme l’ouverture inférieure de la coquille, et y est fortement attaché par le moyen de cinq bandelettes. Ces bandelettes, qui lient ensemble les extrémités des pyramides , deux à deux, ne doivent pas être perdues de vue, car, comme on le verra par la suite, c'est sur elles que rampent les troncs nerveux. J La portion centrale du système nerveux a la forme d’un pen- LA KROHN. — Système nerveux des Oursins. 289 tagone, entourant l’origine de l’'œsophage, éloignée seulement de quelques lignes de l'anneau buceal, postérieur. Elle re- pose sur le fond de Ia cavité buccale, entre les cuis-de-sac de cette dernière et les pointes des pyramides. Elle est maintenue dans cette position par dix vaisseaux transversaux déliés, qui naissent deux à deux de chaque cul-de-sac, à travers lesquels ils passent en convergeant et se dirigeant vers les parois ré- fléchies du canal central de la mastication pour s'attacher à la surface latérale des deux pyramides voisines. Cette partie centrale du système nerveux échappe d’abord à l'œil dans plu- sieurs espèces, comme dans l’Echinus subglobiformis Blainv. (Æ. edulis, Delle Chiaje), et chezun grand nombre d'individus de l’Echinus lividus (E. saxatilis Delle Chiaje ), parce que sa couleur violette se confond facilement avec celle de l’œsophage. Dans d’autres espèces, comme dans l’£Echinus æquituberculatus (Æ. neapoltanus D. Ch.), et en particulier dans l’élégant et petit Æ. miliaris (la Châtaigne de mer de Fischer) , elle est déjà plus reconnaissable. Au contraire, chez l'Echinus cidaris D. Ch. , elle montre encore la teinte de l'œsophage , une couleur d’un vert foncé , sale. La manière la plus convenable de la mettre à nu, consiste à enlever d’abord tous les muscles de appareil masticateur ; puis, après avoir détaché la portion basilaire semi-circulaire et rectangulaire de l'appareil mastica- teur , on commence l'opération urgente de neitoyer les inter- valles des pyramides de toutes les fibres musculaires. Cepen- dant on abrège cette opération, et ün la rend beaucoup plus facile, si on coupe en travers, en évitant toute violence, les pyramides aussi près que possible de leur pointe. Maintenant c'est par la rencontre deux à deux des prolonge- mens en forme d'arc de l'anneau nerveux, que se formentles cinq troncs qui marchent dans les intervalles des pyramides. Ici chaque tronc rampe sur la bandelette qui réunit ces pyramides deux à deux, sort de l'intervalle qui les sépare et s'étend sur la surfacein- terne de la membrane qui ferme l'ouverture inférieur: de la Co- quille, dans la direction de l’arc osseux correspondant(r).Le tronc (1) On sait qu'il y a cinq de ces arcs qui sont des apophyses de la coquille, et qui s'étendent XVI, Zoo, — Norembre, 19 200 KROHN. -— Sysièmne herVetix des Oursins. se dirige sous l’âre ; vers la paroi interne de la coquille, et marche le long de la ligne initoyénne, tortüéuse et en zigzag, maïs ayant peu de sdillie qui résulte de la réunion de chacune dés cinq di- visions ambulacrales de la coquille, jusqu’à ce qw’il arrivé au. petit disque situé tout âuprès de l'anus. A leur origine, les troncs sont tant soit peu plus gros que dans le coùrs de leu trajet sur la membrane dé l'ouverture de la coquille, mais sans offrir de renflement (1). Après leur trajét sous lés arés, ils dét viénnent graduellement plus gfos et plus aplatis, jusqu'au point où la coquille à acquis sa circonférence la plus considérable, et; à compter de ce point, ils diminuent sraduelléement dé grosseur. Chaque tronc est divisé en deux moitiés latérales par un &illon. Ces sillons sont plus visibles avant que les nerfs at- teignent les arcs dérrière lesquels ils sé réfléchissent, car, plus ad on ñ en aperçoit que des traces sous la forme d’une gt As dise claire ; quelquefois même cette ligne n’est pas saisis- sable. Les troncs, aussi bièén que l'anneau nerveux, sont colo: rés presque toüjours jusqu'aux arcs; mais dans lé resté de leur trajet, si on excépte les très gros individus des Zchinus sub’ Slobiformis, ils sont inéolorés; lorsqu'ils sont frais, ils sont semi-transparens et mous; mais après avoir été plonigés dans | l'esprit-de-vin, ils sont opaques et durs. La couleur du'tronc, aussi bien que celle de Panneau, dépend dé corpuscules par- sémés en plus où moins d'abondaänce dans la substañce nér- veuse, et la teinte plus où moins foncée est en rapport avec la quantité plus où moins considérable de cette même matière. À la surface interne dé la cavité de la coquille, lé trajét des troncs correspond à celui da vaisséau principal des téntacules ou | suçoirs (canaux dé Tiedémañ). On peut lés isoler très facilèment | apres avoir Coupé les branches latérales de communication avec | les parties qu’on appelle lés vésicules des pédicellés où suçoirs.(2) | du bord de l'ouverture inférieure du corps, en dedans, jusque dans la cavité du corps, et | servent à l'insertion de la plupart des muscles masticateurs. (x) C'est dé même chez les Astéries. Je né puis convenir dé la justésse des vues qu'on à émises nouvellement ( voyez Wagner’s, Verg. Anàtom. page 872) que, chez Jés étéilés | | de mer, les nerfs offrent des nœuds à leur origine. La préparation faite par Tiedeman , et qui || est conservée à Heidelberg, n'offre rien d’analogue. (2) Je sdisis cette occasion pour exposer mes idées sur la structure dés weésrewles des pédiclles | KROHN. «— Sysième neveux des Oursins. 201 CH l'Echinus cidaris, la Séparation de ces deux parties est tellé, qu'une incrustation calcaire épaisse formée par le réseau rériarqnable et bien connu qui sécrète la partie fondamentale _ dure, de tous lés Échinodermes, lés sépare lan de l'autre. Les rameaux vasculaires sont toujours moins lat que les rameaux nerveux, qui paraissent , pour cette raison, s'avancer Sûüf' eux ; et tend & à les couvrir. De chaque côté du tronc nerveux, s'én séparent solral nombre de branchés qui, prenant üuné diréction transverse, accompagnent les rameaux des vaisseaux principaux correse pondans. dans leur trajet vers les féuillets à réseau vascu: laire abondant. Les branches d’un côté alternent, à'léur origine, avec celles du côté opposé ; rapport qu'ofirent éga- lement les branches vasculaires, dans toutes les espèces que jai examinées. Cette circonstance a déjà été éntrevuë par Dellé Chiaje (owv. cit. pag. 339). La branche nerveuse, sap- prochant la dernière , longe la base des feuillets à réseau . (Fussblaschen). Monro , comme je vois par l'écrit de Tiedemann (ouvrage cité, page 83,), en avait déjà connu le véritable caractère. En effet, ces plicatures ou feuilles , comme Monro les avait désignées noh sans raison, possèdent un réseau vasculaire à mailles très Sérrées. Un vaisseau plus volumineux entoure leur bord , recoit une partie des vaisseaux ‘du résedu', else met de l’autre côté en communication avec les vaisseaux latéraux du vaisseau principal corres- pondant. La base de chaque feuillet , dirigée vers les parois de la coquille, reçoit des vaisseaux de cette paroi déux rameaux, qui, par l'ouverture ambulacraire correspondante, pénètrent dans un pédicelle ou sucçoir. Ii en résulte de véritables vésicules, creuses, ovales cemmé Delle | Chiaje a fait voir (Memor. su. la Notom. deoli anim. senza vertebre, volume ïr:, page 838 ). * Quatre ou cinq paires de ces.organes se trouvent placées sur la membrane qui revêt l'ouverture inférieure de la coquille, La première, celle qui se trouve le plus près dès organes de l'appareil iMasticateur, est un peu éloignée des autres ét plus volumineuse, Chaque paire cominumique avec un «pédicelle ou suçoir court et épais, qui, deux à deux, sont disposées én rangées à peu de distance de la bouche. Pendant que les rameaux/latéraux des vaisseaux principaux se divergent horizontalement vers les autres paires de vésicules , comme vers les feuillets à réseau vasculaire ‘äbondant , la prémière paire en reçoit un vaisseau plus considérable au dessus de l’origine du tronc. nerveux: et qui s'étend (vis-à-vis de l'organe masticateur, en se divisant en deux branches divergentes. Chaque branche s’abouche , en passant par la bandeleite,quisiéunit les pyramides deux à deux , à une des vésicules , les plus volumineuses qui s’y trouvent. Si voñ .est{disposé , sans plus ample informé, à attribuer une véritable respiration aux oursins , vles feuillets, riches en réseau vasculaire ; seraient les plus propres à remplir cette fonction. Chez les Spatangus , ils soût, en outre, plissés en travers , et leur forme extérieuré n’est pas | 1sans ressemblance à celle de branchies, quoique chaque vaisseau principal dans la plus grande . paîtie de son trajét én avant correspond par des rameaux latéraux avec dé véritables vésicules ( voyez Delle Ghigje’s, oc, cit, tab. xxvr, fig. 8 ). 19, 292 KROHN, — Système nerveux des Oursins. vasculaire, ét accompagne les rameaux vasculaires du tronc} déjà accollés à ces feuillets, à travers l'ouverture ambulacrale | jusque dans le pédicelle correspondant. Les filets nerveux s'é- ; tendent dans les parois de ce dernier jusqu’au disque du suçoir. | De la même maniere, les trois ou quatre branches nerveuses | qui, avant la division du tronc, marchent sous les arcs en com- pagnie de vaisseaux des parois, se distribuent aux petites vési- | cules”déjà mentionnées. | Les branches nerveuses des suçoirs disposés en paires : au- tour de la bouche, se dispersent en suivant le cours des vais- | seaux, se divisant sous un angle aigu, et conservant , chez la Sages des Échinides, la couleur de leurs troncs. | La longueur des ÉTÉ Sade nerveuses est en rapport di- rect avec la grandeur des feuillets à réseau vasculaire; le même rapport existe pour le dévelonpement des vaisseaux | latéraux , qui augmentent. et diminuent dans la même propor- tion que les feuillets. L’extrémité du tronc nerveux devenue ténue et accompagnée constamment par un ramuscule vas-. culaire, se plonge enfin dans une des cinq dépressions qui se trouvent aux plaques qui avoisinent l’anus et qui alternent. avec les ouvertures qui conduisent aux oviductes ; ces troncs nérveux échappent alors à l'observation. Delle Chiaje avait déjà | exposé cette manière de terminaison pour les branches vascu- laires (ouvr. cite, p. 335 ). | Il résulte de ces recherches, que les organes de loténitiéa et du toucher, et Fr iees) les suçoirs, sont pourvus de nerfs; sans ta il s'en distribue aussi des ramuscules aux | muscles masticateurs, comme Tiedemann l'avait déjà présumé, aussi bien qu'aux faisceaux charnus qui meuvent les épines, Mais ici les connaissances nécessaires nous manquent : je souhaite que cette lacune soit comblée par des recherches ul-| térieures. (1) (x) Pour éloigner l'apparence de m’approprier le bien d'autrui, je dois à M. Vanbeneden et à moi-même de dire qu’après que mes recherches sur le système nerveux des échinodermes |} avaient été terminées et communiquées à M. Delle Chiaje, j'appris de ce savant que M. Vanbene-} den avait découvert des traces d’un système nerveux chez les Oursins , dont une notification avait | été faite à l’Institut. Comme je ne pus me procurer par aucun moyen la feuille en question ; on ne peut me reprocher d’avoir passé sous silence les observations de M. Vanbeneden. KROHN, — Sysième nerveux du Spatangus. 203 IT. Système nerveux chez les Spatangus. Chez les Spatangus , le système nerveux a un arrangement en tout analogue à celui de l’Oursin, comme je m’en suis assuré en! ayant à ma disposition la plus commune et petite espèce de la mer Méditerranée, le Spatangus canaliferus. Cependant les modifications que V'ibsence d’un appareil masticateur 4 porte, et qui portent principalement sur l'anneau nerveux , m'o- bligent, comme pour l'Oursin, de faire précéder ma descrip- tion par une esquisse des parties qui se trouvent dans le voisi- nage de la bouche. L'ouverture antérieure de la coquille du Spazangus a quelque ressemblance avec la forme d'un rein. Le bord supérieur de cette ouverture, après avoir offert sa courbure moyenne, se termine dans le bord inférieur, qui est très épaissi , taillé en forme de bec, et tourné en dehors. L'ouverture est couverte par une membrane garnie d’un grand nombre de petites plaques dures et se prolon- geant jusqu’auprès de la bouche qui est placée excentriquement, et approchées du bord inférieur. La fente transversale plus ou moins ouverte qui représente la bouche conduit immédiatement à l'œsophage, d’abord large et à parois minces et membra- nenses.' La surface interne de la membrane qui revêt l’ouver- ture de la coquille, est doublée d’une membrane fibreuse qui sépare les vaisseaux et anneau nerveux l’un de l’autre, les pre- miers se {rouvant en dedans, et le dernier en dehors. Tous les deux entourent la bouche, mais ne s’y attachent pas immédia- tement, le contour de l'ouverture de la coquille y mettant ob- stacle. L’anneau vasculaire parcourt la circonférence de l’ou- verture de la coquille; l'anneau nerveux, au contraire, forme un‘pentagoné dont les côtés sont inégaux ; de sorte que, quoi- que cès deux anneaux se trouvent superposés, ils ne se couvrent l’un l’autre que par place, comme on peut le voir par les dessins joints à ce Mémoire. L’anneau nerveux n’est jamais coloré, et ses prolongemens sont toujours moins forts que les cinq troncs qui en émanent. Les troncs ‘vasculaires et les troncs nerveux ont toujours 294 KROHN. = Sysième nerveux du Spatangus. entre eux les mêmes rAPPÈUE de position que ceux déjà décrits | chez Îles Echinides. Ce n’est pas ici le lieu de décrire au long le trajet des troncs vasculaires dont la direction est suivie par les | trones nerveux. On pourra bien saisir les différences qui exis- ; tent à cet égard entre le Spafangsus et l'Echinus, en consultant la description et les planches de Delle Chiaje. Je ne. fais que ! cette seule remarque, que les branches latérales des deux sysr | ièmes se rapportent parfaitement en ce qui negarde leur origine | et leur traiet dans les diverses régions du corps,il est également certain que les extrémités amincies des troncs nerveux , comme | chez.les Oursins , se perdent dans certains enfoncemens de. la coquille qui chez les Spatangus, à cause dela convergence de | ces ambulacres vers les oavertures de l’ovidueie, doivent être | cherchés sur la surface postérieure de l'animal. Klens22sn TL. Système nerveux des ÉBRES biod si _ système nerveux des Holothuries est disposé d'une ma nière très analogue à celui des Échinides. ju 5a% L'ouverture antérieure de l'anneau dur où EUR rs cinq muscles longitudinaux , est bouchée par une membrane résis- | tante qui offre une solution de continuité à son ceatre.paur la bouche. Cette derniere conduit immédiatement dans un élargis- sement subit du canal intestinal situé dans l'intérieur de l’an- neau; Tiedemann avait pris cette dilatation pour, l'estomac ; pouranoi, je la considère simplement comme l’œsophage. Elle est, dans toute son étendue , fixée fortement ;à l'anneau par le moyen des bandeleites transversales serrées les unes, contre les autres, que Delle Chiaje (owvr. cité, vol. 1, p.89); avaitle premier décrites , et qui s’attachent à la surface interne de l'an- nean. Les deux crochets, dans lesquels se termine le bord anté- rieur de chacune des grosses pièces de l'anneau, forment, dans leurs rapports avec la membrane de ia bouche ,.des ouvertures au nombre de einqg, placées à égales distances les unes des autres, et qui ant des rapports importans avec les vaisseaux et avec le système nerveux. 19.4 L'anneau nerveux de la Holothuvria tubulosa se trouve.sur r la KROHN. — Sysfème nerveux des Holothuries. 299 surface interne de la membrane de la bouche, tout auprès de la circonférence antérieure de l'anneau dur. il est dans l’état frais, blanchitre, mou et semi-transparent. Comme la situation réciproque des pièces de l'anneau dur se trouve dérangée par la forte mutilation que l'animal, dont la vie est très tenace, a subi pendant la dissection, l'anneau nerveux éprouve aussi de petites modifications dans la forme circulaire qui lui est natu- relle après la mort; cest ainsi que, dans le dessin qui suit, il a pris, à cause de l'extension irrégulière des parties, la forme d'un pentagone irrégulier. En général, l'anneau nerveux est plus fort que chacun des cinq troncs qui ÿ prennent naissance. L'origine de ces troncs se trouve placée exactement vis-à-vis des ouyertures de l’anneau dur mentionnées plus haut. Chaque tronc nerveux sort par la même ouverture avec le tronc vas- culaire qui lui correspond, et avec lequel il est fortement lié jusqu’auprès de l'ouverture du cloaque. Les troncs vasculaires longitudinaux s’anastomosent, pendant leur trajet, par le moyen de rameaux latéraux avec les vaisseanx des sucçoirs. Les troncs nerveux, d'abord arrondis, s’aplatissent cependant bientôt après leur sortie de l’anneau dur, et offrent , comme chez les Oursins, un sillon à raison duquel ils ont toujours l’appa- rence d’être doubles latéralement : arrivés près du cloaque, leur grosseur diminue graduellement jusqu'à leur extrémité, Quant à la disposition relative des troncs nerveux et vasculaires, elle correspond exactement à celle qui a lieu chez les Echinides. Pendant que les troncs vasculaires passent entre les deux mus- cles longitudinaux, les troncs neryeux sont appliqués sur eux extérieurement, ayant des rapports étroits avec la couche mus- culaire transversale du corps; il est difficile, à cause de leur finesse extraordinaire, de suivre les rameaux latéraux de ces nerfs. Ils paraissent s'éloigner du tronc d’une manière régulière des deux côtés, et leur nombre correspond peut-être à celui des rameaux vasculaires qui se rendent aux vésicules des suçoirs. J'ai souvent, après des efforts continus, et à l'aide de la loupe, réussi à les suivre pendant un certain trajet, le long d’un rameau vasculaire ; mais je n'ai jamais pu les suivre jusque dans un suçoir, quoique l’analogie du système nerveux 206 KROHN. — Système nerveux des Holothuries. des Holothuries avec celui des Echinides ne permet pas de douter que cette communication n’ait lieu. Îl reste aux observateurs futurs, qui s ‘occuperont des détails, à décider si des filets nerveux sont distribués aux tentacules et aux couches musculaires du corps. Dans le golfe de Naples , une espèce trés commune et dont la forme ressemhle à celle des petits pains appelés par le peuple Pagnolella di mare, se distingue par la couleur rouge du système nerveux; la surface ventrale est aussi d’une belle couleur écar- late. M. Delle Chiaje la décrit sous le nom d’Æclothuria triquetra (ouv. cité, vol. 11, p. 68). La couleur de l’anneau nerveux est surtout très vive; dans certains individus il est d’un rouge de | sang. Cette couleur perd beaucoup de son intensité après que la | pièce a été conservée dans l’esprit-de-vin et se change en une : teinte brun-rougeâtre sale et pâle. Cette coloration est déter- minée, comme chez les Oursins, par la présence de corpuscules colorans qui sont mélangés avec la substance nerveuse. Les troncs nerveux sont toujours plus pales que l’anneau nerveux, les corpuscules se trouvant de préférence entassés sur leur ligne médiane. La manipulation que j'employais habituellement pour expo- ser l’anneau nerveux et les nerfs, était la suivante : chez des animaux dont la vie était affaiblie, je séparais avec soin le derme de la couche musculaire transversale, après avoir en- levé la pius Dig lbs du corps. Alors je divisais la couche transversale jusqu'à l'anneau dur en cinq lambeaux longitu- dinaux, d’une égale largeur. En même temps, après avoir en- levé la portion pendante de l’œsophage (estomac de Tiedmann) jusqu’au niveau de la partic postérieure de l’anneau dur! je fixais ce dernier en l’élargissant fortement et en tenant écartées aussi régulièrement que possible les diverses portions qui la composent; puis je coupais nettement les ligamens transversaux de l’œsophage qui réunissent ce dernier à l’anneau dur, et alors j'arrivais à l'anneau nerveux.Les parties volumineuses de Panneau dur indiquent l’origine nerveuse qui se trouve un peu plus loin ; on les dénude pour pouvoir en couper et en enlever des mor- ceaux, Jusqu'à ce qu'on arrive aux ouvertures par lesquelles > + KROHN. — Système nerveux des Holothuries. 207 les nerfs sortent. Pour rendre visible le cours des nerfs sur la couche des fibres transversales , il faut détacher soigneusement les muscles longitudinaux et les troncs vasculaires. L'espèce d’Ho- lothurie mentionnée la dernière nous serait alors d’une grande utiité, car elle servirait pour nous convaincre de la manière Ja plus positive de l'existence et de la disposition du système \! nerveux. En terminant, j'ai un très grand plaisir d'annoncer que mes honorables amis les savans allemands, M. le D' Philippi de Cassel et M. le D' Schultz de Berlin, actuellement à Naples, se sont intéressés à mes recherches et qu'ils se sont convaincus par l’in- spection de mes préparations de l'exactitude des points essentiels de ce mémoire. EXPLICATION DES FIGURES. PLANCHE 14 B. Fig. 1. Anneau et tronc nerveux de l'Echinus lividus , représentés un peu grossis. Les pyramides de l’appareil masticateur que portent les dents sont séparées des bandelettes qui les attachent , et sont enlevées. — a. OEsophage coupé en travers, avec ses cinq angles saillans ; b, b. Cul-de-sac sur le fond de la cavité buccale; c,c, Bandelettes qui lient ensemble les ex- trémités des pyramides ; d, d. Le pentagone nerveux ; e,e,e,e. Origine des cinq troncs nerveux sortant du pentagone. Fig. 2. Montre les rapports de position des troncs vasculaires et nerveux de l’Oursin. — a, a. Deux prolongemens du pentagone nerveux se perdant dans un tronc nerveux D, b.; c. Tronc vasculaire côtoyant le côté interne du tronc nerveux , et distribuant des branches transversales qui alternent entre elles de chaque côté, et qui sont destinées aux vésicules et aux feuillets à réseau vasculaire abondant des suçoirs: 4, Continuation du même jus- qu’à la surface basilaire de l'organe mMasticateur , où il se perd dans le vaisseau circulaire qui entoure l’æesophage ; e. Branche bifurquée du tronc vasculaire , dont les rameaux s’abouchent aux deux vésicules placées dans le voisinage de l'appareil masticateur. Fig. 3. Le pentagone nerveux du-Spatangus canaliferus, fortement grossi,— a, a. Morceaux de la coquille qui entourent directement l’ouverture extérieure de la coquille ; à. La mem- brane qui revêt cette ouverture, et qui est abondamment garnie de disques durs ; c,c,c,c,c. Origine et cours des cinq troncs nerveux. La figure. 4 est un plan servant à indiquer la position de l'anneau vasculaire au-dessus de l’anneau nerveux , aussi bien que celle des troncs qui naissent de ces deux anneaux chez les Spatangus. L'anneau vasculaire réniforme se trouve en dedans ; l'anneau nerveux est à l'extérieur. Fig. 5. Anneau nerveux et tronc nerveux de la Æolothurie tubulosa, un peu grossis. L’anneau , par suite d’un fort tiraillement pendant la préparation, a pris la forme d’un pen- tagone. — a. La membrane étendue sur la bouche 2 ; c,c. Kragmens détachés successive ment de l'anneau ; 4,d, Anneau nerveux ; e,e,e,e, Origine et trajet des cinq troucs ner- veux. 208 BISCHOEF. æ Rotation du vitellus chez les Mammifères. Sur le mouvement rotatoire qu’exécute le vitellus de l'œuf des Mammifères dans son passage & travers l’oviducte , Par le D: T.L. W. Biscnorr, professeur à Heidelberg, (1) J'ai reçu, il y a peu de temps, la seconde série des re: cherches du Dr Barry sur le développement des œufs du Lapin, mémoire extrait des Transactions philosophiques pour 1839, part. 2. Quelque intéressans que m'aient paru les faits renfermés dans ce mémoire, comparés aux résultats des ob-. servations que j'avais déja faites sur les Lapins, je les réserve pour un autre temps et pour un autre lieu, et, pour le moment, je me borne à la communication suivante. A la page 355, $ 287, le Dr Barry s'occupe de mouvemens rotatoires d’un corps semblable à une müre, logé dans des vési- cules situées sous la membrane muqueuse de l'utérus. Il décrit d'abord de petites vésicules transparentes qu’il avait souvent observées comme d’autres observateurs ayant lui, et comme moi-même, sos la membrane muqueuse de l'utérus des Lapins, et qu'on pourrait bien confondre avec des œufs, si la position de ces derniers n’en rendait pas la détermination très certaine. Dans le $ 282, il annonce qu'ayant enlevé un oviducte, il avait trouvé attachée à l'instrument à l’aide duquel il faisait cette opé- ration, et suspendue à un lambeau de la membrane muqueuse de l’oviducte, une vésicule elliptique, formée d’une membrane médiocrement épaisse, contenant un liquide transparent et un corptiscule elliptique ou vésicule. Alors il décrit un mouvement rotatoire d’un corps semblable à une müre au centre de cette vésicule, et qui dura pendant une demi-heure ; puis, pendant un quart d'heure , se transforma en un mouvement d’oscillation. Il n’aperçut pas de cils comme cause de ce mouvement, bien qu'il regardat leur existence comme probable. Mais quoique lui-même fait ici ressortir la- nalogie qui existe entre cette vésicule observée une seule fois par lui et les œufs de Lapins qu’il avait décrits, sous le rapport (x) Traduit de l'Allemand. (Archi sûr physiologie, 1841, n° x). : BISOHOEE. — Aotation du vitellus chez les Mammifères. 299 des phénomènes de rotation, en rappelant même les observa- tions de Leuwenhoeck, de Carus, de Weber et de Grant sur le mouvement rotatoire des embryons dans les œufs des Mollusques et des Polypes, cependant il ne regarde point cette vésicule comme Un œuf, mais seulement comme un de ces corps qu’on observe sous la membrane muqueuse de l'utérus, et dit (ayant en vue les passages de Burdach, Physiol. 1, p. 224-270, $ 288 ): « N'est-il pas possible que ce qu’on appelle le Jaune dans ce cas, et dont les, granules sont devenus vésiculaires , correspond réel- lement à sh structure en forme de müre qu'on à rencontrée dans les te des Na diniloree et dans les vésicules qu’on vient de mentionner ? » Cette communication de M, Barry m a décidé à faire connaître immédiatement les observations suivantes , dans lesquelles j'ai apercu, de la manière la plus certaine, Fe mouvement de ro- tation du jaune de l’œuf du Lapin dans l’oviducte, et qui ne me permet guère de douter que M. Barry a vu un œuf sans l’a- voir reconnu pour tel. … Chez une Lapine, qui avait déjà passé huit jours avec le mâle, et. dont, par conséquent, Je croyais que les œufs de- yaient avoir un certain développement, je vis de suite, par l'aspect de l'ovaire, que la fécondation et la sortie des œufs ne pouyaient être que très, récens ; aussi trouvai-je alors des ani- malcules spermatiques encore vivans dans l'utérus, ce qui est toujours un signe que les œufs ne sont pas avancés. .: Mais comme les œufs des Lapines sont bien plus difficiles : à trouver que ceux de la Chienne, et comme ils ne peuyent même être aperçus à l'œil nu, dans la partie supérieure de l'oviducte, je mis l’oviducte préparé sur une lame de verre, je le fendis avec précaution à l'aide d’une paire de ciseaux fins, et alors je lobservai sous la loupe et aussi sous le microscope , ou sa trans- parence . permet de l’observer après qu'il a été étendu. Déjà Jayais aperçu plüsieurs. fois, par ce moyen, les œufs entourés d’animalcules spermatiques, et, sans les ayoir dérangés, je les avais fait voir à plusieurs de mes amis, Comme je procédais ainsi, cette fois-ci , je trouvai presque immédiatement, au milieu de l'oviducte gauche, les quatre œufs que je m'attendais à trouver, 300 BISCHOFF. — ÂRotation du vitellus chez les Mammifères. comme d'habitude, les uns tout près des autres. Ils avaient les caractères suivans, déjà souvent observés. Ils n'offraient plus le disque des corpuscules, ni les cellules de la r2embrana gTranu - losa de l'ovaire, mais au lieu de cela ils présentaient une couche d'albumen très légère et difficile à reconnaitre, et qui les en- tourait. Ils mesuraient 0,0070 de pouce ( prussien) en dia- mètre. Cette couche d’albumen était parsemée abondamment d’animalcules spermatiques dont aucun n’était vivant. Après se trouvait la zona pellucida, de o,o010 de pouce d’épais- seur, et par conséquent considérablement plus épaisse que celle de l'ovaire, qui ne mesure ordinairement que 0,0004 de pouce. À l’intérieur de la zone, se trouvait le jaune, épais de 0,0030 de pouce, sous la forme d’une masse parfaitement ronde, cohérente, etcomposée de corpuscules qui n'étaient ni aussi épais, ni aussi foncés en couleur que dans les œufs du chien. Ces cor- puscules étaient aussi moins distincts, et la couleur du jaune était plus pure que celle du jaune de l'œuf de Chien. Le jaune ne rem- plissait pas complètement la cavité intérieure de la zone; au contraire , entre lui et la surface interne de cette dernière, se trouvait un liquide transparent dans lequel, dans trois œufs, nageaient encore deux.petits corpuscules d’un jaune éclatant où cellules de différentes grosseurs. Je fus saisi d’étonnement et de plaisir quand je vis, sous le microscope, la sphère du jaune se mouvoir d’une manière forte et majestueuse sur elle-même, et même dans la direction de l'ovaire vers l'utérus. Ce mouvement était continu , et le jaune, par ce moyen, se déplaçait dans la cavité de la zone. Le liquide qui l’entourait changeaïit également de place, ce que je reconnus par le moyen des globules qui y nageaient. Jé pus me convaincre alors, de la maniere la plus cer- taine, que la surface du jaune était garnie de cils très fins, ce que je reconnus encore après avoir isolé l'œuf sur une lamelle de verre, et après l'avoir examiné sous un grossissement dé plus en plus considérable, jusqu’à celui de 800 diamètres. "Je croyais d'abord que tout l’œuf, avec la zone et l’albumen , tournaïtrsi- multanément par l'effet des cils de Fépithélinm de l’oviducte ; mais quoique je fusse alors trés disposé à le croire, et que Îles cils de lépithélium se mussent avec vivacité, cependant’ on . BISCHOFF. — Aotation du vitellus chez les Mammifères. 301 voyait d’abord que la direction de l’oscillation avait lieu de de- dans en dehors, et je me convainquis en second lieu, par l’ob- servation de la surface de la zone et des animalcules sperma- tiques qui se trouvaient sur l’albumen, et par le moyen des fils croisés de loculaire, que l’œuf lui-même restait parfaitement tranquille, et que ce n'était que le jaune seul qui accomplissait cette rotation. Même par le moyen d’une forte loupe, je pus m'assurer parfaitement de cette circonstance. Après quelque temps , ayant cru nécessaire, pour empêcher l'évaporation, d'ajouter un liquide aqueux, le mouvement cessa. Quoique , jusqu’à présent, je n’aie pas encore fait une seconde observation , cependant, celle-là faite sur chacun des quatre œufs, s’'accordant parfaitement, me semble si sûre et si exacte, que je ne crains pas d'affirmer positivement quil y a ici une deuxième concordance entre le développement primitif des œufs des Mammifères et les œufs de peut-être tous les animaux, analogue à celle qui consiste dans la division du jaune en cellules, division que j'avais le premier annoncée dans mes additions à la physiologie de R. Vraguer. J’examinerai plus tard ce sujet d’une manière plus étendue et plus exacte. Aux observations analogues déjà mentionnées par Barry , à celles de Leeuwénhoeck, de Swammerdam, de Stiebel, de Carus, de Grant, de Home et de Bauer sur le mouvement ciliaire et sur le mouvement rotatoire du jaune et de l'embryon dans l'œuf des Mollusques et des Polypes, j'ajoute celles qu'Ehrenberg et Sié- bold ont faites sur les œufs de la Medusa aurita ( Abhaudlun- gen der Berliner Akademie der Wissenschaften 1836, et Neueste Schriften der Naturforschenden Gesellschaft in Danzig, it, 2,p. 24, 1839). De plus, j'ai observé ce printemps sur les œufs de Grenouille et leur embryon, le mouvement rotatoire du jaune et de l'embryon produit par des cils implantés dans la membrane du jaune , et je m'étonne que, déjà, d’autres ob- servateurs n'avaient pas aperçu ce qu'on peut saisir même à l'œil nu. Je ne doute point que cette rotation ne soit nn phéno- mène général et par conséquent d’une grande importance. Les cils sont toujours le produit d’une formation d’épithélium, et se développent à la surface du jaune. 302 HScHOFr. = Rotation du vitellus chez les Maminifères. EXPLICATION DE LA FIGURE. PLANCHE 14 C. PE Un œuf de Lapin retiré du milieu de {loviducte, et grossi à-peu-près deux cent vingt fois. — a. Couche de l’albumen formée autour de l’œuf pendant son trajet. dans l’oviducte:; b. La Zona pellucida , ou chorion devenu plus épais. Ces deux couches sont abondamment parsemées d’animalcules spermatiques qui sont couchés tantôt sur la surface aplatie , tantôt sur celle qui forme une espèce de bord ; c. Cavité de la Zona pellucida ; rémblie d’un liquide transparent dans lequel deux corpuscules jaunätrés, brillans, 2, ou des ééllulés nâgent ; é. le jaune , garni de cils fins à la superficie ; il accomplit un mouvement rotatoiredans la diréc- tion des flèches. RECHERCHES ANATOMIQUES Sur la terminaison des nerfs de la Î Q 7 + : matrice, par M. Josert. Les nerfs de la matrice, comme on le sait, ont deux origines À là moelle vertébrale fournit les plexus hypogastrique et sacré, tandis que les filets fournis par le grand sympathique ou tri: splanchnique, sont dans la dépendance de la vie organique. M. Jobert s’est convaincu que ces nerfs s'entremélent:ét 8e confondent en pénétrant dans le tissu intime ou dans le paren:- chyme de la matrice ; mais en se livrant aux recherches les plus minutieuses de l'anatomie, même microscopique, jamais il n’a pu suivre les filets jusqu’au col de l’utérus. Toute la portion de cet organe qui fait saillie dans le vagin et qu'on nomme le wnu- seau, celle qui contribue à former les lèvres de l’orifice utérin, ne reçoit aucun filet nerveux : les filamens qui semblent s’y diriger, après avoir éprouvé une sorte d’intrication, produisent un nouveau plexus dont il se sépare deux ordres de fibrilles , sous le rapport de la direction qu’elles prennent, Beñuéoup sont rétrogradés ; elles se relèvent contre leur première direction pour se distribuer dans l’épaisseur des parois de la matrice , et IOBERT. == Sur les nerfs de la matrice. 303 les autres déséeñdént ét vont pénétrer dans le tissu: même du tube qui constitue lé vagin. $ Ce résultat, obteïu par l'étude de la structure intime des organes génitaux chez là femme, $e trouve confirmé par l’a- natomie comparée des parties correspondantes dans une Gue- non, une Jument, une Chienne, et chez les femelles du Lapin, de la Marmotte, de PÉcureuil et du Cochon d'Inde; car dans tous ces aninaux, les filéts nerveux destinés principalement-aux parois du canal qui précède le véritable orifice de l'utérus, et qui proviennent dû plexus hypogastrique, ne parviennént pas dans l'épaisseur du bourrelet plus où moins saillant qui términe le col où l’orifice commun des cornes de la matrice chez ces animaux. | (Extrait du rapport fait à l’Académie des Sciences le 9 août 1841, par M. Dumérir. ) Sur un Entozoaire trouvé dans le sang de la Truite (Saluco fario), Par M. le professeur VALENTIN. (1) En 'éxaminant le sang tiré dé l'artère abdominalé d’une Truite, M. Valentin a vu, entre les corpuscules sanguins, des corpuscules particuliers, de couleur foricée, semblables à des cellules rondes de pigment. Ils étaient agités d’un mouvement tres vif, le plus Souvent oscillatoire, quelquefois régulier. Quand on les éxa- minait quelque temps, on voyait apparaitre sur lé côté üne queué transparente, et plus tard se dévéloppait peu-à-pét un animal allongé qui se mouvait avec vivacité et d’une maniere continue. Le mouvement était déterminé par des appeñdicés variables, au nombre d’un à trois, situés sur l’un des côtés du corps, à l’aide desquels l'animal se roulait très rapidement, sur- tout en cércle. Ses extrémités antérieuré ét postérieure étaient transparentes ; sa partie moyenne, au contraire, renfermait des (x) Archives de Müller, 1841, n° 5,p. 435, Trad, par M, Lereboullet. s x 304 VALENTIN. — Sur un Entozoaire trouvé dans le sang - corpuscules nombreux, de couleur foncée, peut-être des molé- cules de pigment avalées par l'animal. Lorsqu'il était encore roulé sur lui-même, il ressemblait à un petit globe renfermé dans une halte particulière, transparente, et qui finissait par prendre la forme d’une massue. On voit (PI. xv, A), le dessin linéaire de cet être : a est le globe ci b, c, d, divers stades du développement de la queue; e, une “A dans laquelle les granules foncés paraissent être con- tenus dans des HET particuliers; f, ces prolonge- mens grossis; 9 à m, diverses formes ‘de l’animal développé, qui appartient probablement à l’ancien genre Protée ou Amæba EHRENS., mais qui forme sans doute une espèce nouvelle, puis- qu'elle ne s'accorde avec aucune des espèces décrites par Ehren- berg dans son grand ouvrage. Je n'ai rien pu découvrir de certain, dit l’auteur, sur son or- ganisation intérieure, l'animal ne mesurant que 0,000 à 0,0005 de pouce de Paris. J'ai cru voir quelquefois, en avant, une ou- verture arrondie et quelques stries vers la queue, comme cela est indiqué en £. Les appendices changeans se sont toujours montrés du côté droit; peut-être faut-il aussi ranger parmi eux les petits prolongemens en massue. J'ai douté d’abord que ces êtres appartinssent réellement au sang, et j'ai exploré le corps entier du poisson, mais je n’ai pu trouver ni dans le péritoine, ni dans les reins, ni dans les intestins, ni dans la vessie nata- toire, ni dans le cerveau, etc., aucune trace de cet Infusoire ; seulement dans le quatrième ventricule, siège favori des Ento- zoaires microscopiques, j'en ai rencontré un seul individu; ils étaient, au contraire, en si grande abondance dans le sang, qu'une goutte de ce liquide en contenait au moins un, souvent dix et au-delà; dans le sang coagulé, ils restaient vivans au-delà de six heures et au-dessous de dix-huit. Le sang n'offrait, du reste, rien de particulier, et je n’ai trouvé, en fait de vers in- testinaux, que l’Ascaris obiuso-caudata ZEDER, en quantité con- sidérable, dans les appendices pyloriques de ce poisson. A. DE MARTINO, — Circulation chez les Reptiles. 305 MÉmorrE sur la direction de la circulation dans le système rénal de Jacobson chez les Reptiles, et sur les rapports qui exis- tent entre la sécrétion de l’urine et celle de la bile, Par M. À. DE MARTINO. ( Lu à l'Académie des Sciences, le 30 août 1841.) Jacobson a montré que les reins des Reptiles, outre les deux veines rénales internes qui donnent naissance à la veine-cave postérieure, possédent aussi deux veines rénales externes qui, tirant leur origine des veines crurales, des veines hypogastriques et des veines caudales superficielles, marchent sous forme de deux troncs principaux sur le bord extérieur des reins, et pous- sent plusieurs ramifications à la surface inférieure de ceux-ci. D'un autre côté, les mêmes veines crurales, celles du tronc et du bassin, mais surtout les veines de la vessie urinaire, forment un autre système ayant pour centre la veine ombilicale (r). Cel- le-ci est une veine très remarquable, qui marche entre les muscles abdominaux et le péritoine jusqu’au foie, à chaque lobe du- quel elle donne une branche qui s’anastomose avec les branches de la veine-porte. Ces deux systèmes veineux, celui des reins et celui du foie, ont donc une origine commune, et ils la tirent des veines de la queue, de celles des membres et de la partie postérieure du tronc et des veines de la vessie urinaire. :Jacobson donna la dénomination de venæ renales efferentes _aux veines rénales internes, et celle de venæ renales advehentes aux externes : dénominations qui expriment les usages que l'ana- tomiste danois avait attribués aux deux ordres de veines rénales. En effet, Jacobson crut que les veines rénales internes (effe- rentes) versent le sang des veines dans la veine-cave, à laquelle elles donnent naissance, et que les externes (advehentes) ap- portent aux reins le sang qu'elles tirent des veines crurales, des _caudaies et des veines du bassin. (x) La veme ombilicale est unique chez les Batraciens, les Protéides, les Salamandroïdes ; elle est divisée en deux zones chez les Chéloniers , les Ophidiens , les Sauriens, (Cuvrer , Lecons d'anatomie comparée, 2° édit., par M. Duvernoy). XVI, Zoor.. — Novembre. 20 306 A. D£ MARTINO. — Circulation chez les Reptiles. Cette doctrine, pour être vraie , Suppose que les veines ré- nales externes conduisent réellement le sang veineux des mem- Bres postérieurs, de la queue, etc., dans les reins. Jacobson, dans son Mémoire, dit qu'au moyen d'expériences sur ies ani- maux vivans, il s'est assuré que c'est la véritable direction . la circulation de ces veines. Cependant il ne cite pas une seule de ces expériences. M. Duvernoy, en appréciant justement l'importance de cette question , après avoir exposé les deux manières dont on peut envisager la marche du sang dans le système rénal de Jacobson, l’une inverse de l’autre, a entrepris à ce sujet quelques expé riences chez les Grenouilles vivantes : « Quoique nous ayons vu; « dit-il, les veines wfférentes se vider entre les reins et la ligæ « ture, et les ramuscules des reins pälir, nous n'avons pas en- « core assez répété ces expériences pour nous décider absolu- | « ment en faveur de cette opinion. » | Li rap ortance extrême d’un tel sujet nous à engagé à roprsitdrée | les expériences de M. Duvernoy dans la direction suivie par ce naturaliste, et nous les avons effectuées sur les Grenouilles, les Salamandres, les Ophidiens et quelques Chéloniens. Nous avons pris des Grenouilles vivantes, et nous leur avons fait une incision à chaque flanc, en pénétrant jusqu'aux reins. Alors il nous a été facile de saisir les veines rénales externes, qui marchent au-dessous de Ja surface postérieure du péritoines «et avec un fil de soie très fin nous les avons liées sur le milieu environ du tronc. Les Grenouilles étaient vivaces et irritables comme avant l'opération, et leur circulation générale ne se trou- | vait sènée en aucune manière. Dans ces expériences, répétées | un grand nombre de fois, non-seulement sur les Grenouilles, mais encore sur les Sa/amandres d’eau, sur les Tortues et sur quelques Serpers , nous avons observé ; et avec nous plusieurs de nos confrères, que le tronc de la veine rénale ‘externe se gonflait constamment au-dessous de la ligature , tandis que les ramifications qui se répandent à la surface inférieure du rein se vidaient. La congestion du sang, dans la partie postérieure du tronc veineux ainsi lié, dfobi taie le diamètre de cette por- tion du canal d’une quantité qui allait presque au double , et la A+ DE MARTINOA — Circulation chez les Reptiles. 307 turgescence aurait surpassé cette limite sans nne -espèce de dit version: à la marche du sang dans le tronc de la veine ombili- cale, qui, comme nous l'avons déjà dit, a une origine commune en grande partie avec le tronc de la veine rénale jexterne. En effet, nous avons vu ce tronc ainsi modifié apporter au foie une quantité de sang plus grande que d'ordinaire, lorsque nous avions lié le tronc de la veine rénale externe : proposition que _noôus.ferons ressortir encore davantage en_traitant, la question des rapports entre la sécrétion de l’urine et celle de la bile -Pourise convaincre que la veine rénale externe est afférente, on,peut rendre l'expérience de la ligature encore plus simple: ilsuffit pour cela de, saisir avec une pince trés délicate la veine rénale externe sur le milieu de son tronc, en peu de temps on le verra se gonfler au-dessous du point de la compression mé- «anique et se vider au-dessus. Dans ce, cas, aussitôt qu'on ôte la compression, la circulation se rétablit dans la direction du tronc au rein correspondant. Mais nous possédons encore un autre criteriurs. tiré .de lob- seryation directe pour juger que la chose se passe raellement ainsi, Observons d’abord que, chez la plupart des Side de rep- tiles, comme chez les Protéides, les Batraciens et les Salaman- droïdes, les parois des vaisseaux sont transparentes, de manière que nous. pouvons étudier à travers leur épaisseur, et avec une simple loupe microscopique, la constitution globulaire et le cours du sang dans l'organisme de ces animaux vivans: En pro- -fitant de. cette condition, nous. avons pu observer la circulation des veines rénales de Jacobson.chez les Salamandres et les Gre- nouilles, et nous l'avons vue tout aussi clairement que, l'en -pourrait voir la circulation du sang dans le réseau pulmonaire de,ces mêmes animaux. Maintenant voici ce qui a ieu à l'égard de la direction du sang dans ce système de veines, , . .Le courant du sang qui; chez les Grenouilles ,et, Les (Sage mandres, vient principalement des veines crurales, en arrivant vers le confluent des veines rénales et de la veine ombilicale, se divise en deux portions, une qui, gagnant l'embouchure de la veine rénale externe, marche droitau rein correspondant, atsuit 20, 308 A, DE MARTINO. — Circulation chez les Reptiles. les ramifications vasculaires de la veine sur les conduits urini- fères; l'autre qui, suivant son cours jusqu’à la symphyse du pubis, mélange son sang avec celui qui y arrive en partie par les veines abdominales, et en partie par les veines de la vessie urinaire et par celles du bassin, et gagne le grand tronc de la veine ombilicale qui le conduit au foie. Ici nous remarquons, en passant, que la vitesse de ces deux courans, celui de la veine rénale externe et celui de la veine ombilicale, est très grande; elle semble à-peu-près égale à la vitesse du sang dans les autres veines du corps de ces reptiles. La physiologie a très bien ap- précié, dans ces derniers temps, le rôle que la force aspirante du cœur joue dans la circulation du sang par les veines; cepen- dant cette force ne peut avoir une grande action ni dans le système rénal de Jacobson, ni dans celui de la veine-porte om- bilicale, car ces deux systèmes n’amènent pas directement leur sang dans l'oreillette du cœur. Les résultats que nous avons obtenus au moyen de la ligature et de la compression sur le tronc de la veine rénale externe sont concluans ; mais celui qui découle de l'observation pure sur la direction de la circulation dans cette veine, ne laisse plus aucun doute sur un tel sujet. | | C'est ainsi que l'expérience et l'observation, guidées par les considérations anatomiques , démontrent que le système rénal externe de Jacobson est un système de veines afférentes. Une autre question très importante naît des considérations sur les liaisons anatomiques du système des veines-portes ré- nales avec le système de la veine ombilicale. L'origine de ces deux systemes veineux est en grande partie commune, car les veines cutanées du tronc, les caudales et principalement les crurales, sont les sources de l’un et de l’autre système. Ces deux systèmes seraient-ils complémentaires? Pourraïent:ils, jusqu’à un certain point, se remplacer dans leurs fonctions ? M. Duver- noy a montré toute l'importance de cette question, et a entrevu la possibilité de la résoudre dans les termes suivans : « Il sera | « possible de s'assurer, par des expériences, si ces explications « sur la vie de sécrétion de ces animaux sont fondées; s’il y a, « en effet, un rapport aussi remarquable entre la sécrétion de A. DE MARTINO. — Circulation chez les Reptiles. 309 « la bile et celle de l'urine; si, en un mot, les deux systèmes « peuvent, jusqu'à un certain point, se suppléer l’un l’autre. » Assurément la route qu’il faut tenir pour arriver à la solution de cette question consiste à faire en sorte que la quantité de sang qui doit normalement se distribuer en partie au foie par la veine ombilicale, et en partie aux reins par les veines rénales externes, se dirigeàt par un seul de ces systèmes, ou tout au foie, ou tout aux reins. Or, on ne peut obtenir cette condition qu’au moyen des ligatures des vaisseaux , et, dans notre cas, la ligature doit tomber ou sur le tronc de la veine ombilicale, ou sur celui de la veine-porte rénale. Les résultats que nous avons obtenus sur les Grenouilles dé- montrent, avant tout, que ces deux systèmes sont véritablement complémentaires l’un de l'autre, par rapport à la distribution réciproque de leur sang. Maintenant on se demandera : y a-t-il une loi de compensa- tion réciproque dans les fonctions de ces deux systèmes? On pourrait bien inférer la vérité de cette dernière loi de ce que nous venons de dire. Ayant prouvé la loi de réciprocité dans la distribution du sang de ces deux systèmes, si nous admettons que le sang apporté au foie par la veine ombilicale sert dans cet organe à la sécrétion de la ee et que celui apporté au rein par la veine afférente serve à 4h sécrétion de l’urine, nous se- rons obligés d'admettre la is de réciprocité de leurs fonctions, car le sang chargé de la sécrétion de la bile ne s’augmentera jamais dans le foie des reptiles sans entretenir une sécrétion plus abondante de bile; de même que celui de la veine-porte rénale ne s’augmentera jamais dans les reins sans procurer une _sécrétion plus copieuse d'urine. Mais l’Ayperhémie du foie, par le systeme de la veine ombilicale, produit par réciprocité l'anhé- mie du rein par le défaut correspondant de sang dans la veine rénale | et vice versa, par conséquent toujours la sécrétion de la bile augmente par l’excès du sang de la veine ombilicale , et celle de l’urine diminue par le défaut du sang de la veine rénale externe. LA 310 ‘@mmArDÈS. — Sur les Glandes tégumentaires. RECHERCHES sur l'existence des glandes tés gümentaires chargées | de sécréter la sueur, ñ Par M. GiRALDES. ( Extrait présenté à l’Académie des Sciences , le 16 août 1841.) Ces organes, décrits pour la première, fois par M. le profes seur, Breschet, dans son Mémoire sur la peau;:ont été, depuis la découverte de ce savant, étudiés et figurés dans! plusieurs ouvrages allemands par MM. Purkinje, Gurlt,, Wagner, Berres, Arnold, etc., etc.; cependant ; malgré le témoignage d’autorités, aussi puissantés, quelques anatomistés d'un mérite élevé dou- térent et doutent encore de leur existence. Dans. £ette occur- rence, il.est important d'étudier ces glandes, si elles existent, de chercher quelle peut être la cause qui en à imposé aux ana- tomistes, et enfin de trouver un moyen convenable pour les dé- montrer. L'aTr Ces glandes existent en tres grand nombre à la paume ds da main et à la surface plantaire; dans ces régions ces organes, très nombreux et très développés, permettent de les étudier com- plètement : elles existent encore dans les régions gatnies d’une assez grande quantité de poils, les aisselles, le périnée le mont de Vénus, la tête , et enfin sur toute la che du dérme. Ces organes sont constitués, non pas par de simples canaux divisés à leur extrémité, mais bien par un canal étroit, lequel traverse toute l'épaisseur du Germe pour aller se loger dans la couche graisseuse qui revêt cette membrane; quelquefois,ils marchent très loin dans l'épaisseur de cette couche; à l'extrémité des doigts, par exemple, ils semblent la traverser en totalité. Arrivés dans ce point, ces canaux se dichotomisent quelquefois; mais le plus souvent ils sont simples et ils s'enroulent sur. eux-mêmes, de manière à former des peloions : ce sont ces masses ainsi enrou- : lées qui ont été représentées comme terminant le vaisseau.glan- dulaire. Avec une pièce convenablement préparée, il est facile de voir ces canaux traverser le derme et former les pelotons en GiRALDÈS. — Sur les Glandes tésumentaires. 111 question. Cette disposition, que je viens de décrire, a été con- statée par M. le professeur Serres, sur une pièce que ce savant professeur a bien voulu examiner. Telle est la position et la disposition des glandes de la peau chargées de sécréter la sueur. Dans l'espèce humaine, cette forme est tout-à-fait unique, et elle rappelle très bien les formes élémentaires des glandes des insectes : elle sert encore à dé- montrer la série des développemens que subissent les glandes depuis leur état rudimentaire jusqu’à former des glandes agglo- mérées et très compliquées. Les moyens qu’on emploie ordinairement pour découvrir ces organes devaient nécessairement amener les observateurs à des résultats négatifs; en effet, on examinait la peau presque tou- jours dépouillée de sa couche graisseuse, et toutes les fois qu’on opère ainsi, l’on a des parties très incomplètes, car les termi- naisons glandulaires, logées dans ces tissus, sont séparées et enlevées. Une seconde cause d'erreur, c'est l'emploi qu’on faisait de tranches de peau très minces, car toutes les fois qu’on em- ploie ce moyen, les canaux sont coupés complètement; c’est par un pur hasard qu’on conserve, dans la même coupe, des canaux complets et leur terminaison. Pour bien les étudier et pouvoir les démontrer convenablement, il faut prendre un morceau de peau de {a paume de la main, de la plante des pieds, garnie .de son tissu graisseux, le faire macérer pendant vingt-quatre heures dans de l'acide nitrique étendu de deux parties d’eau, puis le faire macérer dans de l’eau pure pendant le même temps, couper ensuite des tranches de l'épaisseur d’un millimètre, et les soumettre à une légère compression entre deux lames de verre. La peau ainsi préparée devient transparente, les pro- longemens épidermiques qui tapissent l’intérieur des canaux se colorent en jaune, et l'on a, par ce moyen, des canaux rendus trés visibles par cette coloration. Ce moyen permet encore de voir la forme des papilles et d'examiner le tissu qui les compose. 312 HOMBRON ET JACQUINOT. — Oiseaux nouveaux. Description de plusieurs Oiseaux nouveaux ou peu connus, provenant de l'expédition autour du monde faite sur les cor- vettes l’Astrolabe ef la Zélée, Adressee à l’Académie des Sciences, le 9 août 1841, Par MM. Homerow et JAcqQuinor. Faucon AUSTRAL ( Falco australis). Dessus de la tète brun noir ; parties supérieures du cou et du dos, tectrices alaires' supérieures , tectrices caudales supérieures, brun noir ondé de roux largement espacé sur le cou et le dos, plus resserré sur les tectrices aläires et caudales. Face supérieure des rectrices , traversée de sept raïes blanchâtres; face supérieure des rémiges principales brun noir, traversé de bandes blanches. En dessous, gorge, cou, poitrine, abdomen, cuisses, tectrices caudales inférieures roux, un trait brun noirâtre sur le rachis des plumes. La poitrine et le cou sont plus roux que la gorge et le ventre ; les cuisses et le croupion sont . d’un roux très vif. Le dessous des ailes est gris noirâtre rayé de blanc ; les tec- trices infcrieures sont nankin en dedans, blanches en dehors ct grivelées de marron. Base du bec et pourtour de l'œil entourés de roux , iris roux ; cirrhe noire, bec noir, mandibule inférieure blanchâtre dans ses deux tiers postérieurs. Pieds noirâtres. Habite Otago , sud de Tavai-Pounamou, et les îles Auckland. Le nom que nous lui avons imposé nous à paru très applicable , puisqu'il habite les terres les plus australes des terres oceaniennes habitables. Le jeune, que nous possédons, diffcre déjà peu de l’adulte: son ventre est brun, légérement roussâtre , piquetc de blanc. Gor-Moucar pE Rouc ( Muscicapa Rugensis). Mâle. Jeune, adulte, Partie supérieure rousse; tête, nuque blanches ; front noir, grivele de blanc ; au croupion et à la base du cou queiques plumes blanchissantes, maïs encore mêlées de roux; principales tectrices alaires supérieures blanches et légèrement bordées de roux; rémiges principales rousses en avant, noires en arrière et aussi bordées de roux dans le même sens: les quatre dernières remiges scapulaires blanches, salies de roux. Face supérieure des rectrices très légèrement decolorée près de leur extrémité libre et le long de leur rachis. Rachis de toutes les pennes noir, excepté ceux des rectrices. Partie inférieure: gorge et collier noirs, çà et là tachés de blanc; cou, poitrine, ventre, tectrices caudales d’un beau blanc quelquefois tache d’un peu de roux pâle; flancs roussâtres ; rectrices HOMBRON ET JACQUINOT. — Üiseaux nouveaux. 313 rousses ; tectrices inférieures rousses en dedans, blanches en dehors ; ailes rousses ; extrémités des pennes noirâtres. Iris noir. Pieds et bec noirs; moustaches noires. Taille, 12 cent. — Habite le groupe de Roug (anciennement Hogoleu), où, les premiers , nous avons pénétré. Gore-MoucxE pE Rouc Femelle. Partie supérieure rousse; dos , tête, ailes, queue, maculés de noir partout où le mâle est marqué de blanc; cou noir, un peu sali de roux ; front noir, où se trouvent mélees quelques BEuES plumes blanches. Baguettes des pennes alaires noires. Partie inferieure: gorge, cou noir fuligineux ; poitrine , ventre mêles de roux et de noir fuligineux : tectrices caudales inférieures hlanches; queue rousse ; rachis de six pennes noirs en dessus , roux en dessous. Pieds, bec, moustaches noirs ; soie noire. Taille, 12 cent. — Habite la même localité. GogEe-MoucHEe DE Rouc. Mâle. Age des couleurs les plus brillantes, Partie supérieure blanc albâtre ; front d’un noir pur ; tête blanche , parsemee de quelques petites barbes noires, à peine sensible près de l'œil et très rares; petit collier noir, étroit , interrompu et peu marqué; baguettes des pennes alaires et caudales noires. Les baguettes caudales cessent d’être noires au milieu de leur longueur, où elles deviennent blanches. L’extréemité des pennes alaires est noire, bordée de blanc en avant. Inférieurement, gorge et cou d’un noir pur, brillant, à reflets métalliques ; poitrine , ventre , queue, ailes du blanc le plus éclatant; extrémités des princi- pales pennes alaires noirâtres. Iris noir; œil borde de noir en bas et en avant; pieds noirs; bec noir ; un petit trait blanchätre sur la mandibule supérieure , de sa commissure au milieu de la longueur du bec. Taille, 13 cent. — Habite les mêmes lieux. CRINON ANALOGUE ( Criniger affinis ). Femelle. Partie supérieure vert olivâire , plumes de la tête hastées; nuque pourvue d’un peut nombre de soies très fines et peu longues; rémiges vert olive en avant, brunes sur leurs marges principales et bordees d’olivätre , rectrices jaune soufre à leurs extrémités postérieures. à Inferieurement : jaune verdâtre; la gorge , le menton , le milieu du ventre jaune à-peu-près pur; portion interne des récifices jaune; tectrices alaires ‘inférieures jaunes ; rémiges brun olivâtre , bordé de jaune verdâtre. Iris rouge; bec et pieds brun gris. Taille 13 cent. — Habite Warou (Ceram). 314 HOMBRON. ET JACQUINOT. — Oiseaux nouveaux. PHILEDON suscornu ( Merops subcorniculatus ). Mâle. Partie supérieure brune , à reflet olivatre, principalement sur les bords des plumes ; rémiges et tectrices brunes, bordees d’olive clair. Crâne de la même teinte, recouvert de plumes oblongues, étroites et rudes. Corps gris, revêtu d’un duvet rare plutôt que de plumes. Partie inférieure. Menton , gorge, cou , gris nuance d’olivâtre ; collier jaune terni d’olivâtre faible ; poitrine gris olivatre ; ventre gris ; tectrices caudales in- ferieures brunes , bordées d’un peu d’olive ; rectrices brun-grisâtre ; tectrices inférieures alaires olives ; rémiges brun-gris, fuligineuses. Pourtour des yeux, joues, racine du bec, narines, nus. Ces parties dénu- dées sont d’un brun lavé d’olivâtre ; quelques petits poils noirs, durs et raides, ÿ sont répandus. Nariînes grandes, ovales, transpercées , découvertes ; arête du bec saillant brusquement près du front, de manière à y former une sorte de crête. C’est cette configuration qui nous a engagés à lui donner le nom de Phi- ledon subcornu : il justifie en effet encore cette dénomination par sou cou mal pourvu de plumes, et par son port, double circonstance qui lui donne un peu de ressemblance avec le Philedon cornu. Pieds et bec noirs ; iris brun-rouge. Taille, 36 cent. Longueur du bec, 11 cent. Hab. Warou.( (eram). PHiLepon DE Samoa ( Merops samoensis). Male, Partie supérieure. Dos terre d'ombre lavée d’olivâtre ; épaules, cou, nuque, olive très foncé. Tête noire; rémiges feuille morte, bordée d'olive ; rectrices idem. Partie inférieure. Menton et gorge noirs; un trait olivâtre sur les joues’; cou, poitrine, ventre, brun fuligineux lavé d'olive ; ailes gris enfumé ; : Ce Luille morte , à reflet faible de vert olive. Les plumes du cou et de la tête sont petites, courtes, échancrées ; les narines ont quatre lignes de longueur : elles sont elliptiques, couvertes ; elles ne s’ou- vrent que par une longue fente ; les plumes du front s’avancent jusqu’au bord des narines. Pieds et bec noirs ; 1ris noir. Taille, 33 cent. Longueur du bec, 20 cent. 1/2. Habite Samoa et l'archipel du même nom. 6 BENGAr1 PHAÉTON ( Fringilla phaeton). Mäle. Tête bleu foncé; narines cachées sous des houppes de plumes carmin vif ; nuque et collier gris , un peu fuligiaeux; dos , ailes de la même teinte, mais les extrémités des plumes en sont carminées ; rémiges principales br URESe frangées HOMBRON ET JACQUINOT. — Oiseaux nouveaux: 315 d’olivâtre ; tectrices caudales carmin pur; queue ornée de deux longues pennes carmin vif, dépassant les autres d’un tiers de leur longueur; les six autres rec- trices sont étagées et de couleur carmin terni de brun. ‘Inférieutément. Gorge, menton, cou, poitrine, ventre, flancs, carmin écla- tant; quelques points blancs clairsemés dans les aisselles et sur le ventre; tec- trices caudales bleu foncé ; rectrices brun légerement animé de carmun ; ; tec— trices alaires inférieures blanches ; rémiges gris brunâtre. Bec, iris; Carmin fonce. Pieds jaune pâle. Taille, 25 cent.. — Habite la baie Raffles (nord de la Nouvelle-Hollande ). Marvin-PÊcHeur. Double œil à ventre roux (4. diophthalmo-rufo-ventro). Mâle adulte. P’Alcedo qui nous occupe ici ressemble à l’'Alcedo Double-æil de Temmink, par la forme de son bec ; mais il en diffère beaucoup par le plumage. Or, comme la forme du bec de ce dernier devrait peut-être constituer le caractère d’un groupe particulier, si les mœurs de ces animaux étaient mieux connues; en rai- son de la grande différence des plumages de ces deux spécimen , nous es con- sidérons comme des espèces voisines du même genre où sous-genre. Supérieurement. Tête, cou, queue, tectrices alaires de l’azur de l4/cedo la- zuli, qui lui est aussi très voisin dans la série ; deux taches blanches dans la région du lorum, comme dans le Martin-Pêcheur donble œil ; dos, scapulaires, tectrices caudales , teintes d’aigue-marine , variant du vert au bleu comme l'in- cidence de la lumitre ; rémiges brun-noir borde d’azur ; le milieu de laile porte üne tache blanche. : Inférieurement. Menton , gorge, cou, poitrine , tectrices alaires et caudales blancs : ventre roux ; ailes et queue couleur ardoise. Tris noir; une bande noire s'étend du cou au bec, et en prets dans son trajet la joué et Le tour de l'œil. | Bec noir ; la moitié de la mandibule inférieure blanchâtre en dessous. Pieds noirs: Taille, 14 cent. Habite Vavao l'archipel de Tonga ). Coromse pes Virr ( Columba luteovirens ). Mâle et femelle. Tête, menton, nuque, yert jaunâtre ; partie supérieure jaune un peu ver- dâtre ; rémiges bordées de jaune; tecirices bordées de jaune. Rachis de toutes les pennes noirs. | | Parties inférieures jaunes, légèrement verdâtres ; moitié postérieure de l'abdomen , cuisses, tectrices caudales inférieures jaunes ; ailes jaunes ; rémiges lavées de noirâtre dans les deux tiers de leur longueur ; rachis des pennes noirs. Le mâle et la femelle ont le même plumage. Taille, 28 cent.— Elle habite les iles Vii. A été tuce à Balaou. 316 HOMPBRON ET YACQUINOT. — Oiseaux nouveaux. Coromse DE FÉLIGIE ({ Columba Felicia ). Le mâle ne diffère ne la femelle que par des couleurs verte et jaune moins vives. , Parties supérieures vertes; tête vert jaunâlre ; cou, dos, tectrices alaires et caudales vert à reflet bleu : la femelle a dans les mêmes parties des reflets cuivrés qui tempérent beaucoup l'éclat de la nuance bleue, surtout propre au mûle- Rémiges bordees de jaune: les principales sont noires ; les secondaires sont vertes en avant, noires en arrière ; tectrices vertes en dehors, brunes en dedans. Parties inférieures: menton jaune verdâtre ; cou vert à nuance jaunâtre lé- gére ; ventre, cuisses , flancs verts, ondés de jaune ; tectrices caudales infe- rieures jaunes , à peine maculees d’un peu de verdâtre dans leur centre. Tectrices alaires inférieures jaunes , ondées de vert; rémiges moitié jaunes, moitié fuligineuses. Pieds brun verdâtre , iris rouge, bec noir.— Taille, 29 cent. Habite les Viti. Nos échantillons ont été rencontres à Balaou. Cette espèce recherche des lieux plus sauvages que l’espèce précédente, qui affectionne spécia- lementles environs des habitations. Coromse KURUKURU LEUCOCÉPHAL (Co/umba Kurukuru purpuro- leucocephalis). Femelle. " Variete de la C. Kurukuru femelle. Cette Colombe leucocéphale (à tête blanche)est unejolie variété de la Colombe Kurukuru femelle, représentée par Temminck. PE Tête blanche, entourée d’une auréole jaune d’or; cou vert grisâtre; dos, tectrices vert à reflet jaunâtre ; de chaque côte , trois tectrices scapulaires macu- lées dans leur centre de bleu azur, entoure de vert semblable à la teinte générale du dos ; rémiges vert vif, taché de bleu azur, lequelest bordéde vert jaunâtre en arrière et de jaune en avant: queue verte à reflet bleu, traversée d’une bande jaune à son extrémité. Menton, gorge jaunes ; joues oris verdâtre; cou et plastrou griveles de jaune verdâtre et de gris verdâtre; poitrine et ventre roux rose ; croupion et tectrices caudales jaunes; cuisses jaune verdâtre; flancs verdûtres; tectrices alaires inférieures grises, salies çà et là de jaune verdâtre ; remiges gris ardoise. Pieds roses ; bec noir, blanc à son extrémité anterieure ; iris jaune. Taille, 33 cent. — Habite Nuhiva. Cozomse KurukuRu DE VincenDon (Columba Kurukuru superba). Femelle. 1 En dessus : tête pourpre , tendant un peu vers le roux , entourée d’un cercle HOMBRON ET JACQUINOT. — Oiseaux nouveaux. 317 jaune peu marqué; cou blanc, traversé d’une bande jaune d’or à sa base ; ceinturon pourpre, étendu d’une épaule à l’autre ; dos, tectrices alaires et cau- dales, rectrices , gris ; la circonference des plumes seulement encadrée de jaune d’or un peu verdâtre ; mais , au milieu du dos et sur les tectrices caudales supé- rieures, la totalité de: la surface des plumes revêt cette teinte brillante d’or nuance légèrement de verdâtre. Les remiges sont vert éclatant aussi varie d’éclat que l'incidence de la lumière est variable; chacune d’elles sont denticulées en avant dé jaune paille. Une bande vert brillant traverse la queue près de son extrémité libre. En dessous : menton, gorge , cou blancs ; plumes du plastron grivelées de rose et de blanc : ce joli plastron se détache sur un fond orangé, qui orrè le milieu de la poitrine ; le vente est blanc , un peu mêlé de jaunâtre ; les tectrices caudales inférieures sont pourpre rose ; les pennes sont grises. Iris blanchätre ; pieds et bec gris verdâtre. Taille, 33 cent.—{Habite les îles Viti. Notre spécimen provient de Balaou. Lorr FLAMMÉCHÉ ( Lorius scintillatus Temm.). Mâle, adulte. Variété de celui représente par Temm. Front pourpre; cetle belle couleur tend à s'étendre à toute la tête, qui n’est encore que brun purpurescent. Le cou et la poitrine sont vert foncé , avec des traits orangés sur les rachis des plumes; quelques plumes profondes , teintes de : pourpre s’observent sur les parties antérieures et latérales du cou: elles y sont assez irrégulièrement &isposces. En ajoutant à cette courte description , que notre sujet avait le tour de l'œil noir, l'iris fauve et les pieds noirs, il ne nous reste plus rien de spécialement caractérique à mentionner; car il ressembie, du reste, de tout point, à l'individu figuré par Temminck. Celui qu'a figure cet honorable auteur provenait de la Nouvelle-Guinée; le nôtre , ainsi que sa femelle, sont des iles Arrou. ï! Taille, 44 cent. 1/2. Lori FLAMMÉCHÉ ( Lorius scintillatus)). Femelle. Jusqu'à présent l’on ne conraissait pas la femelle de cette espèce. Le Lori flammeché de Temm. n’est connu que par un individu mâle; sa femelle ne l’est pas: il est donc interessant de la faire connaître. Mais il est convenable de faire remarquer que notre échantillon appartient plus spéciale- ment à la variété mâle , que nous venons de signaler, puisque les deux sexes ont été tués ensemble et dans le même lieu Elle ne diffère que fort peu du mâle. Ses seules différences consistent dans le petit nombre des plumes pourpres , qui entourent la base de son bec; dans l'absence de ces plumes autour de son cou, lequel ne présente un peu cette éclatante couleur qu'au dessus des épaules ; les cuisses n’en sont aussi que 318 HOMBRON ET JACQUINOT. — Ojseaux: nouveaux. mediocrement pourvues. Enfin les baguettes des plamules cervicales:sont couleur de feu et non orange, comme dans le mâle, auquel nous la comparons: Iris jaune. — Taille, 42 cent. — Habite les îles Arrou. PsiTrAGULE DOUBLE-Ont (Psittacula diophthalma). Mâle et femelle. Parties supérieures : tête recouverte d’une calotte rouge, se fondant en arrière ayec une bande couleur de feu , qui recouvre l’occiput: œil entouré supérieure- ment d’un trait vert bleuâtre , se terminant en avant, sur la région du Loru : m par une huppe bleu tendre brillant , qui simule de loin des yeux doués d’un éclat de pierre précieuse; joues rouges; bordées en arrière. d’un! petit favori bleu azur; dos vert à reflet un peu jaune , portant , de chaque côté des reins, quelques plumes bleues; tectrices vertes comme le dos; rémiges secondaires vertes aussi, mais les deux premières sont tachées de rouge sur leur bord poste- rieur; rémiges principales noires, bordees d’azur en avant; couvertures des cuisses verttendre , tirant sur le jaune. Parties inférieures : menton , gorge, cou, plastron , ventre, verts à reflet un peu bleu; flancsjaunes ; tectrices inférieures des ailes vert tendre grivele de bleu foncé et de verdâtre sur lavant-bras; centre de l'aile jaune ; le reste de la sur- face de l’aile est brun; tectrices caudales vert jaunâtre; rectrices brun verdâtre. La femelle ne diffère que par la plus grande intensité du reflet jaune de sôn plumage, et par ses joues non plus teintes de rouge, mais d'orange. Bec gris-brun, doué d’une grande force, surtout par rapport à la petitesse de l'animal ; pieds bruns; iris fauve. | Taille, 14 cent. — Habite la côte sud de la Nouvelle-Guinée. PerrucuE DE Goupic ( Psittaculus smaragdinus ). Male. Parties supérieures : front aigue-marine; tête, cou, bleu de Prusse flanme- che de bleu blanchätre; dos, tectrices supérieures aigue-marine variant, .conime chez les Martins-Pêcheurs, du vert au bleu, selon le mode d’incidence:de là lu- mière; bas du dos et tectrices caudales aïgue-marine moins fonce, mais pre- sentant aussi à l’œil les mêmes passages successifs du bleu’celair le plus doux au vert bleu d’ aigue marine tendre ; selon la variété des jeux de la lumière ; queue teinte des mêmes nuances, tachce de blanc dars son centre. | Parties inferieures : menton, gorge, joies grivelés de noir et de rie cou bleu un peu sombre, grivele 4 blanc, à demi embrasse d’un demi-collier aigue- marine ; plastron bleu traversé d'une petite bande vert-bleu; ventre recouvert de plumes bigarrées de bleu, de blanc et d’aigue-morte tendre; rectrices blanc sali d’un peu de bleu: ailes noir-brun. Pieds et bec rouge minium ; iris orange. Taille, 21 cent. Habite les îles Nuhiva : notre échantillon est 4h l'ile Nuhivya elle-même. \ HOMBRON ET JACQUINOT. — Oiseaux nouveaux. 319 PERROQUET HÉTÉROGÈNE DE GEOFFROY ( Psitiacus Geoffroyi heterocütus). Mâle. Parties superieures d’un assez beau vert très légèrement nuanté d'olive; tête, joues jaunes; collier gris cendré à reflet azur tendre ; deux petites taches rouille sur l'épaule; tectrices alaires et caudales d’un beau vert pur et vif; tectrices digitales bordées de bleu; rémiges secondaires vertes; deux d’entre les humé- rales sont tachees de blanc jaunâtre en dedans; grand côté des rémiges prin- pales moitie vert, moitié noir. Parties inférieures : menton presque nu, offrant quelques plumes jaunes assez éparses ; gorge grise grivelée de jaune; cou gris à reflet azur ondé de jaune faible; plastron, ventre, cuisses, croupion , tectrices caudales vert pré légère- ment onde de vert plus bleu; tectrices alaires inférieures d’un beau bleu azur à reflet purpurescent; rémiges noires; sept d’entre elles sont finement bordées de blanchâtre. Bec : mandibule supérieure jaune, inférieure noire; pieds gris verdâtre; iris orange. Taille, 33 cent. 1/2.— Habite Saint-George et Ysabel (îles Salomon ). Femelle, La femelle est caracterisee par une calotte bleu grisâtre à reflet azur légère- ment anime d’une petite nuance purpurine; par deux joues jaune sale; par un collier vert bleu se deétachant sur le vert un peu plus jaune du reste du cou et de la totalite du corps. Le reflet de la totalité de son plumage est jaunâtre, celui du mâle est bleu. Quant aux autres détails, la ressemblance est complète. Bec gris fonce ; pieds gris verdâtre; iris jaune clair, — Taille, 33 cent. 1/2. Habite les mêmes lieux que le precedent. _ CoLoMBE GÉANTE GRISE ( Columéa-spadicea leucophæa). | Femelle, Variété de la Colurnba spadicea Lath. Temm. Dos, tectrices alaires ondulés de roux; tête, occiput, joues, derrière du cou brun grisâtre ondé de fauve ; bas du dos et tectrices caudales gris, un peu onde de gris plus pâle; rémiges et rectrices gris fuligineux; bout de la queue blant ; couvertures des cuisses et de l’avant-bras blanches. Parties inférieures ; menton, gorge, cou, plastron, brun gris un peu plus fauve, traversé de gris plus pur et plus clair; ventre, tectrices alaires inférieures, tectrices caudales blancs; rémiges et rectrices gris noirâtre. Pieds rose-carmin; bec idem ; iris rouge. Taille, 53 cent. | Habite Akaroa (tie Tavai-Pounammou, Nouvelle-Zélande }. 320 HOMBRON ET JACQUINOT. — (Oiseaux nouveaux. Cette variété adulte aurait-elle son analogue mâle? Il serait bien possible qu'il en fût ainsi, car le plumage de la Colombe géante femelle ne diffère ordi- nairement que fort peu de celui du mâle, Dans notre espèce, le gris remplace la couleur verte de la Colombe geante ordinaire ; Je brun et les teintes fuligineuses remplacent le vert foncé propre au même animal. ÉcHasse NOIRE ( Himantopus melas). Femelle. Toute noire; partie supérieure d’un noir brillant à reflets métalliques; tête, cou , parties inférieures noir mat. Pieds rouges; bec noir ; yeux rouges. - Taille, 56 cent 1/2.— Habite Otago (Tavai-Pounamou, Nouvelle-Zélande ). HaARLE AUSTRAL (Mergus australis). Mâle. Parties supérieures : tête brune tachetée de noir; cou brun rougeâtre; dos, ailes, queue, brun foncé presque noir; les plumes de ces parties sont encadrées d’une teinte grisâtre; tache blanche sur le milieu de aile; cette tache est tra- versée d’une petite bande noire sous forme de chevron. Parties inférieures : gorge et partie antérieure du cou roussâtre; plastron, poitrine gris ardoise onde de blanc; ventre, croupion blanc ondé de gris ardoise : flancs, en dessous des ailes, ardoise foncé: quelques tectrices secondaires blan- ches, grivelées de teinte ardoise; quelques scapulaires blanches ; tectrices cau- dales inférieures noir ardoise borde de blanc; rectrices noir gris. Pieds brun pourpré; bec : mandibule supérieure noire , rouge sur les bords ; è , 7 » . e mardibule inferieure rouge terne; 1ris noir. Taille , 55 cent. — Habite l’île Auckland. GORFOU ANTIPODE (Catarrhactes antipodes). Mâle. . y 0 . Û . . _ Parties supérieures : vertex jaune paille; rachis des plumes noirs ; moitié pos- térieure de l'œil entourée d’une bande jaune, qui couronne tout le pourtour de la tête; cou, dos } C'oupion, queue gris bleu tendre, rachis noir; plumes des nageoires noires bordces de bleu ; tache blanche sur l’epaule; nageoires bordées de blanc en arrière. . ° = . e - . . . + Parties inférieures : joues jaunes; menton, gorge grisâtre; cou, poitrine, ventre, nageoires blancs. Pieds et bec rouges; iris jaunes. Taille, 80 cent. — Habite les îles Auckland. Femelle. Elle est en tout semblable ; seulement le jaune de la tête est moins pur, moins vif. Gorrou D'ADÉLIE ( Catarrhactes Adeliæe). Mâle et femelle). Parties supérieures noires; extrémité des plumes flamméchées de bleu. Parties inférieures blanches; menton, gorge, joues noirs. Bec noir marbré de blanc; pieds rougeâtres; iris noir. La moitié de la lon- ueur du bec couverte de plumes. Habite les glaces de la terre Adélie. Taille, 75 cent. RRQ sars. — Développement des \Acalephes. 321 \ MÉMOIRE sr le développerient de la MEDUSA AURITA et de la CYANEA CAPILLATA, Par M. Sars. Le Mémoire suivant était prêt à être imprimé il y a plus de six mois ; je l’avais destiné à former la suite d’un autre Mémoire sur le développement de l'Étoile-de-Mer, dont l'étude m'avait occupé pendant ces derniers temps, et qui m'aurait mis à même de faire de nombreuses additions aux courtes notes sur le déve- loppement de ces animaux, que j'avais communiquées antérieu- rement aux Archives de Wiegmanu (1). Mais ayant reçu, il ya quelques jours, le beau Mémoire de M. le docteur Siebold sur le premier état de développement de la Medusa aurita (voyez les Contributions à l’histoire naturelle des animaux sans ver- tèbres , Danzig, 1839), je pense qu'il serait sans but de taire plus long-temps les observations que j'avais faites sur le inême sujet, avant d’avoir connu les recherches de ce naturaliste ha: bile, et cela d’autant plus que j'ai acquis la certitude que mon genre Strobila est bien réellement, ainsi que je l'avais supposé,un jeune âge de la Medusa aurita. C'est un véritable plaisir pour moi que de rendre témoignage à la justesse et à l'exactitude des observations de M.Siebold.[La concordance de ses recherches avec les miennes me donne le courage de publier mon Mémoire tel qu'il a été écrit primitivement, sans changer les vues que j'avais exprimées, et que Je considère encore comme fondées; et je crains d'autant moins les doutes exprimés par quelques natu- ralistes touchant l'exactitude de mes observations antérieures, que plusieurs des plus importantes viennent d’être constatées par Dalyell. Les animaux que j'ai choisis comme objets de mes (r) Traduit de l'allemand par M. le D° Young ( Archiv. für Naturgeschichte Jahrg, 5, $ 404). XVI. Zooc, — Décembre. 21 322 sars. -— Développement des Acalèphes. recherches, sont difficiles à observer. Là où presque tout est nouveau ,il est facile, comme tous les naturalistes expérimentés le savent bien, de commettre des méprises. Depuis quelque temps je-suis plus habitué à. observer, quoique jusqu’à présent je n'ai eu qu'un microscope imparfait; cependant, malgré cela, j'espère montrer que mes observations ne sont pas faites à la légère. ‘Dans mon Mémoire publié en l’année 1835, sur plusieurs ani- maux marins trouvés sur la côte de Bergen, j’observais le dé- veloppement extrêmement remarquable d’un Alcalèphe d'un genre voisin à l’'£Ephyra d'Eschcholtz que J'avais découvert, décrit en détail et figuré, en 1829, sous le nom de Srrobila octoradiata (1). Plus tard, j'ai reconnu que le Srobile n’était pas autre chose qu’un jeune âge de la Medusa aurila, et cette découverte je l'ai annoncé dans les Ærchives de Wiegmann (loc. cit. p. 406). Depuis je suis heureusement parvenu, Je crois, à suivre le développement complet de la Medusa aurita et de la Cyanea capillata \( qui, sous ce rapport, offre, avec le premier, une analogie très grande), depuis l'œuf jusqu’à l’état parfait. On comprend facilement qu’il n’est pas possible d'observer.très loug-temps un seul individu de ces animaux dans ses diverses pé- riodes de développement; car, lors même qu’on voudrait le con- server dans un vase rempli d’eau de mer, animal en souffrirait beaucoup et finirait toujours par mourir après un temps plus ou moins long, à cause du changement répété et nécessaire de l’eau , le manque de nourriture convenable, et enfin à cause du mucus qui se dépose, soit sur Îles parois du vase, soit sur d’autres.corps où les animaux se trouvent fixés pendant la pé- riode de leur développement ; ainsi, je ne suis arrivé à la cou- naissance du développement de ces animaux que par des obser- vations répétées sur des individus à divers états. Je me permettrai donc de communiquer les plus importantes de ces observations extraites de mon journal : onu apprendra par là comment je suis arrivé aux résultats mentionnés et à plusieurs autres dont il {x) Ehrenberg, daus ses Acalèphes de la mer Rouge, p. 52, en note, a considéré, sans fon- dement suffisant , mon Strobila comme une Lucernaria qui se diviserait spontanément en por- tons transversales ; cependant leurs caractères sont tout-à-fait différens. SARS. — Développement des Acalèphes. 3253 sera question dans la suite. Je supposerai qu’on connaisse les observations rapportées dans mon Mémoire cité plus hant. (1) Je ferai voir d’abord que le Strobile à huit rayons, nageant à ‘état de liberté, n’est qu’un jeune âge de la Medusa aurita commune. Je suis arrivé à ce résultat par une série de recher- ches instituées dans le printemps de 1833. 1° Le 22 et le 23 mars 1837, je trouvais une foule de petits (1) Un extrait de mes Observations sur ce sujet, faites dans l’année 1829, a paru dans l'Isis pour l’année 1833, p.24 et PI, 10; et un extrait de non Mémoire publié en r835 a été fait dans les Feigm. Archiv. pour l’année 1836, p. 197, et également dans l’Zsis pour 1837, a la page 354. { Afin de compléter autant que possible l'exposé des observations importantes de M, Sars sur le développement des Méduses , nous croyons utile de rapporter ici les passages qui, dans son premier ouvrage, se rapportent à ce sujet, et nous empruntons à cet effet la traduction que M. Gervais en a donnéc dans les Annales d'Anatomie et de Physiologie pour 1838 (t.n, p.8). Voici, dit M. Gervais, comment s'exprime M. Sars, dans l’ouvrage précité (Beskrivelser og Jagttagelser, etc. in-4°, Bergen, 1835). « C’est en 1829, daus son ouvrage intitulé : Bidrag til Soëdyrenes Natur Hisiorie, p 17-26, que j'ai fait connaître pour la première fois l'espèce d’Acalèphe composé que j'appelle Sérobila. Depuis lors, en avût 1830, j'ai -eu l’occasion d'observer une seconde fois cet animal à-la-fois rare et curieux; j'ai pu ajouter de nouveaux détails à ceux que j'avais publiés, et faire à ces derniers quelques rertifications. Ainsi il m'est démontré à présent que le genre que j'indiquais alors comme particulier en le nommant Scyphistoma, n’est autre’ que le Strobile, dans son jeune âge. | « En effet, le Strobile, à cette époque, ressemble tout-à-fait à un animal de la classe des polypes. Incapable de se mouvoir, il est fixé aux fucus. Sa longueur égale un seizième ou huitième de pouce, et son épaisseur un seizième ; il est cylindrique, mais un peu plus épais en haut, et aiténué, au contraire, à sa base, de manière à représenter un gobelet ; sa surface est lisse et sa substance tont-à-fait gélatineuse, Son extrémité supérieure présente de 20 à 30 tentacules (différens individus m’en ont présenté 21, 24 ou 27), égalant le corps en longueur, tiliformes, atténués à leur pointe et disposés sur un seul rang, Ces tentacules sont mobiles dans tous les sens; si on les touche légèrement, ils restent immobiles ou se courbent de côté; mais lorsqu'on les irrite davantage, ils se réunissent en un seul faisceau , se replient vers la bouche ; mais jamais lors même qu’ils se sont réduits au sixième de leur volume, ils ne rentrent dans le corps. A la même extrémité et au milieu des tentacules disposés en cercle autour d'elle, se trouve la bouche de l'animal ; s’il n’est pas inquiété, il la porte au dehors sous la forme d’un tube un peu quadrangulaire et plus larg: au sommet, dont le pourtour est entier. Il en agite continuellement ouverture, soit pour la rapprocher de la base du tube lui-même, soit pour Ven éloigner, soit pour la porter de côté. Mais si l'on touche l'animal, il contracte aussilôt sa bouche, Celle-ci est remarquablement dilatable, et quelquefois elle égale le corps en dia- mètre. Quant à ce dernier, il n’est pas moins contractile; car l’animal irrité vivement peut Je raccourcir de moitié et même plus; dans ce cas, son épaisseur augmente d’autant, et par l'orifice de la bouche, alors tres élargie, on distingue tout l'intérieur du corps: ce zoophyte, de même que le polype à bras (lHydre) manque de canal intestinal, — Voici tout ce que j'ai 21. Ga | sans. — Développement des Æcaléphes Acalephes dans la mer près de Florô , dont la plupart avaient 3°’ mais d'autres 4"”'en diamètre. Les premiers (Pl. 15, fig. 9, 50) avaient la forme et l’organisation des Strobila devenues libres depuis peu : elles avaient, comme elles, un disque aplati, mais Bémisphérique , pendant Ja contraction de l'animal , et dont la périphérie était divisée en huit rayons assez allongés, bifurqués à 4eurs extrémités; une bouche allongée, quadrangulaire, ou tu- appris sur le premier âge du Strobila ; plusieurs individus dans cet état étaient fixés aux fucus, “parini d'autres plus avancés. « Je fais commencer le second âge à l’époque où des plis se développent sur le corps du polype. J'ai d’abord observé à la partie supérieure du corps un seul pli transversal. Maïs le nombre s'en accroît bientôt; à mesure que l'animal prend une forme cylindrique et qu'il se développe, il est déjà nlus grand d'un quart de pouce. Ces plis sont constans, réguliers, éga- lement distans et sembläbles à des anneaux dont le corps serait environné, A cette époque ils “sont encore lisses. « Mais peu-à-peu ces anneaux, ou si vous aimez mieux, ces sillons, se disposent en petites | Janières, au nombre de huit, dichotomes à leur sommét, et qui, lorsque l'animal a pris tout son développement, forment autour des rayons; elles sont libres, dirigées en haut et disposées de telle sorte que celles de tous les anneaux se correspondent régulièrement; le corps semble marqué de huit côtes longitudinales. Dans un même polype, jai compté, outre ceux de la partie juférieure , qui n'avaient pas encore pris d’appendices laciniés, jusqu’à dix ou douze anneaux pourvus de rayons. | « Arrivons enfin à la quatrième époque, celle qui voit le polype se diviser , et les divers À anneaux de son corps, peu-à-peu désunis, former chacun un être distinet. Cette séparation, qui commence par la partie supérieure, se continue ensuite aux anneaux inférieurs ; toutefois n'ai pas encore observé comment se détache le premier de tous ces anneaux, celui qui, ‘d'appendices bipartis, présente les tentacules dont il a été question plus haut ; "| au lieu À parait pas improbable qu'il ne tombe comme un polype ordinaire, et qu’il se fixe de nouveau aux fucus pour traverser de nouveau les nêmes phases de développement et se partager ensuite de la même manière. Au contraire, j'ai vu souvent la séparation des anneaux suivans, qui tous, excepté le dernier, qui reste fixé, présentent exactement la forme d'animaux de la classe des Acalèphes et sont disposés de telle sorte, qu'unis verticalement entre eux, la face convexe de chacun est toujours en rapport avec la face concave de celui qui est au-dessous. Leurs rayons, comme nous l'avons fait remarquer ci-dessus, sent alors dirigés en ‘haut et mobiles. J'ai compté jusqu’à quatorze de ces animaux bien développés et empilés les uns au-dessus les autres. Toul sont exactement semblables, excepté le dernier, dont le côté convexe se prolonge en un pédi- cule qui sert à fixer au fucus toute cette association. Dans plusieurs individus, j'ai constaté la formation de nouveaux êlres au moyen de ce pedicule. Voici les dimensions d’une série de douze individus : hauteur, un tiers de pouce ; épaisseur, un dixième. En soumettant la réunion au microscope, je distinguais les mouvemens de contraction et d'extension au moyen desquels chaque disque, en forme d'Acalèphe se sépare des autres, En effet, quoiqu’alors ‘aucun frein organique ne les retienne entr'eux, ils sont très étroitéemert unis, et lorsque je voulais les }. séparer, j'éprouvais plus de résistance que n’en présenter! ordinairement ces êtres gélatineux. | S: on abandonne l'animal à lui-même , l'individu d'en haut se sépare le premier après cinq où mais ilne me | sars. — Développement des zcalèphes. 325 bulaire, pendante, bordée à l’entour, située à la surface infé- rieure-et sans tentacules. Les corpuscules marginaux étaient déjà > tout-à-fait développés, et offraient un point pigmentaire d’un rouge brun; ils étaient situés à la place où chaque rayon se divise. en deux lobes allongés qui diminuent de grosseur vers. leurs extrémités, lesquelles sont arrondies. L’estomac était entouré de quatre piicatures en. couronne; desquelles cependant on ne. au plus quinze minutes; les suivans ne tardent pas à se détacher aussi, et en une demi-heure - à une heure , la masse est désagrégée. Pendant ce temps ils se dilatent et se contractent avec force. Lorsque je tenais plus long=temps dans la même eau les groupes de ces animaléules, ils paraissaient inquiets et ne tardaient pas à se séparer. Après leur dispersion ils voguaient au milieu du liquide avec vivacité ; mais avant la désagrégation , le mouvement du corps commun résulte uniquement des mouvemens de systolé et de diastole des animalcules ; chaque animal agite isolément ses rayons, de manière que si l’on en touche un, il les contracte seul : les autres. individus les laissent épanouis ; cependant, sous l'influence d’une plus forte irritation, toute la masse se contracte. Retirée du lieu où elle avait pris naissance, cette masse commune ne se fixe pas de nouveau. Toutes les fois que j'ai fait cet’essai , elle est tombée au fond du vase et s’y est divisée; ajoutons qu’une fois séparés, les animalcules disciformes qui la composaient, ne se réunissaient plus. « Lorsqu'ils se sont désagrégés ; ils sont: mous et gélatineux; contractés , iis prennent une forme hémisphérique ; étendus, ils sont aplatis et disciformes, mais cependant toujours un peu convexes en dessus et concaves en dessous : également lisses à leurs deux faces et sans côtes saillantes. Leur pourtour est divisé par huit rayons aplatis, profondément séparés entre eux. Chaque raÿon est partagé dans son milieu en deux parties acuminées ; il my a ni bras, ni cir— rhes marginaux. Au centre de la base supérieure est la bouche, laquelle est quadrangulaire, en tube allongé, égalant le quart du diamètre de l’animal, et tout-à-fait semblable au même organe, dans le jeune âge du Strobila; l’orifice de la bouche est de même simple et quadran- gulaire, et la bouche, qui est mobile, est tantôt rétractée et tantôt contournée, de telle sorte qu'elle ne paraît plus que comme une valvule cruciforme. «. À la face inférieure de chaque rayon, au lieu même où il se bifurque, est fixé un cor- puscule oblongs ou pyriforme, hyalin , et dont la partie la plus large, par laquelle seule il est fixé au rayon , est tournée en dedans, tandis que l’autre , plus étroite, terminée par un stig- mate peu évident et légèrement avancé entre les deux lanières du rayon, pend librement. Ces corpuscules marginaux sont certainement analogues à ceux des Acalèphes de l’ordre des- Discophoræ phanerocarpæ d'Eschscholtz et dont on ignore encore la nature et les fonctions. De l'estomac partent seize canaux semblables à de simples filets qui paraissent destinées à porter aux diverses parties du corps le suc nourricier. Les plus grands vont aux corpuscules pyriformes ; ils ont trois ou quatre ramifications. Les plus petits ne m'ont pas paru subdivisés ; ils aboutissent aux échancrures qui séparent les rayons. Un peu eu dedans de l’orifice buccal, on distingue quelques cirrhes libres dans l'estomac , ils sont plus épais à leur base, et leur ex- trémité est atténuée; tantôt il y en a quatre, séparés par des intervallés égaux, tantôt huit; ils s’agitent lentement et se contournent dans toutes les directions. Pour Eschscholtz, ce serait les conduits ovariens; dans le Strobile ils sont proportionuellement plus grands que daus les: autres Acalèphes, 3:06 saARS. — Développement des Acalèphes, voyait provenir que les prétendus suçoirs ou tentacules, qui étaient, proportion gardée, beaucoup plus gros que chez la Mé- duse parvenue à son état adulte et qui ont un mouvement Jent et vermiculaire. Les canaux qui s'étendaienit de l’estomac vers la pé- riphérie du disque étaient ainsi distribués : à chacun des huit corpuscules marginaux arrivait un canal assez large, et dans lin- tervalle, encore très étroit, qui sépare les rayons, il s’en trouvait un autre, mais beaucoup plus petit. Ces deux canaux s'anastomo- « On peut attribuer à Pâge les variations de leur nombre. La ieinte de ces animaux est partout lavée de rouge, ou plutôt hyaline, et généralement piquetée de petits points rouges; les canaux qui partent de l'estomac sont d’un rouge plus intense, D’autres fois, la couleur est tout-à-fait hyaline. Ils nagent avec rapidité au moyen de mouvemens de systole et de diastole ; c'est-à-dire en contractant leurs rayous vers la bouche et les en éloignant; qu’ils aillent ver ticalement ou horizontalement, ils portent toujours en avant la face convexe de leur corps. Souvent ils s’arrêlent immobiles au fond de l’eau, jusqu’à ce que, soit par leur propre volonté, soit par l'influence d’un excitant quelconque, ils se mettent de nouveau en mouvement. « Si on touche un de ces animaux lorsqu'il nage, il replie aussitôt ses rayons:vers la bouche, prend une forme hémisphérique, et, descendant ainsi jusqu'au fond , il reste quelque temps avant de s'épanouir, Toutefois il ne ane pas à le faire si on ne inquiète point, et quelquefois mème il ouvre ses rayons en tombant. « Les rayons sont ordinairement au nombre de huit; cependant j'ai vu des ditisdis qui en présentaient quatre , six , sept, neuf, dix ou même douze. Chez tous ces Strobiles , néan- moins , les rayons étaient dichotomes, et ik y avait des corpuscules marginaux pyriformes , une bouche tubuleuse et exerte, et tous Les caractères précédemment indiqués. Quélques-uñs ont leurs rayons plus courts que ceux des autres. Dans ces êtres, la vie est plus tenare que chez le reste des Acalèphes, ai pu en tenir plus de cent pendant huit jours dans la même eau de mer ; ils y nageaïent aveé vivacité. Maïs après | cette époque , leurs mouvemens étaient moins rapides, ils s’élevaient avec inoïns de vigueur, et, pour la plupart, ils mouraient vers le douzième ou treizième jour, laïssant pour tout résidu une gelée peu épaisse; au quatorzième jour, quelques-uns survivaient bien encore, maïs leurs mouvemens étaient d’une extrême lenteur, « La grandeur de ces Acalèphes entre deux rayons ‘opposés est d’un huitième de pouce ; chaque raÿon a un vingt-quatrième, et la bouche un trenite-deuxième. On les trouve dans la baie de Bergen, fixés par leur base à la face inférieure du fucus. Quoiqu'ils ÿ soient com- muns, on se les procure difficilement, et je ne les ai observés que deux fois pendant les étés de 1829 et 1830. Depuis lors , je n’ai pas exploré de nouveau la localité qui me les avait fournis et je ne les ai rencontrés dans aucune autre. Devenus libres, ils ont une grande ana- logie avec l'Ephyra octoradiata d'Eschscholtz , mais la bouche, les canaux et la position des corpuscules marginaux ne sont pas semblables. « Ainsi, pour résumer, le Strobile nous présente un animal tout-à-fait polypiforme qui se fractionne plus tard en plusieurs parties transversales, dont chacune possède une vié propre, et finit par se séparer des autres et devient libre. Ce fait est aussi singulier que positif: c’est la jonction des polynes et des Acalèphes. Nous avons aussi fait voir que l'agrégation de plu sieurs individus n’était qu’un premier âge, et que le suivant et le plus parfait est celui où ees sans. — Développement des Acalèphes. 39 saient l’un avec l’autre, par le moyen de deux autres, partant de chaque côté du milieu du canal destiné au corpuscule marginal, et qui se rendaient, après un trajet en forme d'arc, à l’ex'ré- inité de l’autre canal, lequel n’offrait pas de divisions pendant son- trajet (1). Ces Acalèphes étaient plus sensibles qu’ils ne le sont ordinairement, car après les avoir irrité fortement, ils rame- naient les rayons les uns vers les.autres, et vers la bouche, de sorte que ces animaux prennent la forme d'un hémisphère , et petits animaux se disjoignent et deviennent libres. Ne pourrait-on pas appliquer ce raisonne- - ment aux biphores (Sa/pa), car je suis peu porté à.admettre l'opinion de Lesson (Isis, 1833), qui voit dans la réunion de-ceux-ci l'effet de l’acte copulateur. Au reste, on admettra aisément que différens points restent encore à éclaircir avant que l’histoire du Strobila soit complètement . terminée. Comment, par exemple , se développe la partie supérieure; que devient l’inférieure ou basilaire ? Comment l’animai libre se propage-t-il? La solution de ces questions et bien . d’autres contr'buerait fortement à faire comprendre la nature de l’espèce qui nous occupe et. celle des autres animaux composés. « Je ne dois pas laisser passer sous silence, qu’en septembre 18 30, j'ai recueilli dans Ja baie de Bergen, mêlé à des Méduses de l'espèce dite Medüsa aurita, un Acalèphe qui me paraît un. Strobila plus âgé que les précédens ; il avait quatre lignes de diamètre, et il était hyalin, un . peu rouge et fort semblable à ceux que j’ai décrits. Mais ses rayons étaient plus courts, et, entre chaque paire de ceux-ci étaient six ou sept corpuscules fort petits, vésiculiformes et pourvus intérieurement d’un nucléus plus foncé; ils variaient en grandeur, celui du milieu . dépassant toujours les autres. Je pense qu'ils ont l'usage de petits appendices marginaux que j'ai signalés dans le Strobile. « Les canaux qui partaient de l’estomac suivaient un trajet un peu différent. Ceux qui vont- de l'estomac aux corps pyriformes de l’échancrure des. rayons émettent , en effet , de chaque côté, un rameau qui se rend aux appendices vésiculeux dont j'ai parlé, s'étend jusqu’à leur base, s'y dilate, et, recevant à cet endroit le canal qui vient de l’estomac, se-rend ensuite dans le rameau correspondant d’un autre tube principal , de telle sorte qu’il en résulte près du bord du disque un canal annuloso-flexueux ; les conduits ovariens qui, dans les individus pré- cédemment décrits, étaient au nombre de quatre ou de huit en quatre faisceaux, sont ici pius nombreux (douze, seize pour chaque groupe ) et doués d’un faible mouvement. Mais je n'ai pas vu de trace des ovaires eux-mêmes. La bouche ,-est de même, tétragone et tubiforme. ». (Les autres résultats relatifs au Strobila indiqués dans le texte, se trouvent consignés. dans uue lettre adressée à l’Académie des Sciences, par M. Sars, et insérée dans les Annales des Sciences Naturelles, 2° série , tome wir, page 246. Enfin, les figures citées ci-dessus ont. . été reproduites dans les planches du Mémoire que nous donnons ici ( figures 43 à 48), et on en trouvera l'explication à la page 348. ) (Note du Rédacteur.) (1) J'ai tout lieu de croire que ces canaux sont représentés d’une manière inexacte dans mes figures du Strobila, qui vient de se détacher. Au moins je trouve dans le dessin ori- 2 ginal, que le canal destiné au corpuscule marginal ne donne que deux rameaux de chaque eôté et dont l’extérieur n'est qu'un très pelit prolongement vers la base du corpuscule margi- nal ; l’interne se dirige probablement (car dans la figure il est vaguement dessiné) au canal uon divisé qui se voit dans l'intervalle des rayous, Je ne donnais à cette époque qu'une atten- tion légère à la division de ces canaux. 328 sARS. — Développement des Acalèphes. restent ainsi pendant quelque temps avant de s'éteindre de nouveau. 2° Parmi les Acalèphes mentionnés plus haut se trouvaient plusieurs individus un peu plus gros (4”" en diamètre), mais de la même forme et de la même structure, si ce n’est que linter- valle entre les rayons était devenue un peu plus considérable, et se terminait, là sous forme de Jobule arrondi, et qu'à l’ex- trémité du canal qui s’y trouve, au point où aboutissent les deux vaisseaux anastomotiques provenant du canal des corpus - cules marginaux placé de chaque côté, se trouvaient trois petites vésicules ovales, dont celle du milieu commençait à s’allonger. — Un individu encore plus développé se trouve décrit et figuré. dans mon Mémoire déjà cité p. 21, et Plurr, fig. 7,5, 4, u. 3° À cette même époque se trouvaient fréquemment parmi d’au- tres Acalèphes quelques individus (fig. 51, 52) plus développés et d’un volume à-peu-près double, 12°” en diamètre, qui apparte- naient à la même espèce, et qui fournissaient des éclaircisse- mens importans sur le développement de ces animaux. Les huit rayons étaient devenus beaucoup plus petits, tandis que les in- tervalles avaient pris du développement, et dans ces derniers, j'aperçus encore plus de petites vésicules ovales, huit à douze dans chaque, et dont la plus volumineuse était constamment celle du milieu, tandis que les autres situées de chaque côté restent toujours plus petites. Mais ce qui était surtout digne d'intérêt, c’est que la vésicule ia plus développée, celle du milieu, s’al-' longeait en tentacule filiforme, aigu à son extrémité et plus épais à sa base, et que son bout dépassait considérablement la circonférence du disque (fig. 54, 55). Ces tentacules avaient, comme les autres vésicules, à l’intérieur, un noyau obscur, rougeâtre, lequel est leur cavité. C’est là l’origine de nombreux tentacules marginaux de la Medusa aurita. Les tentatules si- tuées au milieu de chaque intervalle des rayons se développent les premiers ; puis, ceux placés aux deux côtés du premier, croissent de plus en plus, comme on verra par la suite ; les in- tervalles entre les rayons deviennent de plus en plus consi- dérables, et ces derniers n’occupent qu'un espace très limité ; sArs. — Developpement des Acalèphes. 329 enfin, .ces tentacules forment un cercle régulier autour de la Bépiphérie du disque. _ I n'est pas moins intéressant de voir le développement des tentacules de la bouche qui se montrent alors pour la première fois. Chez les plus gros des Acalèphes mentionnés plus haut, la longne bordure buccale, encore sous forme de tube, était parsemée, surtout vers les angles , de tentatules aigus, saillans et très courts, au nombre de trente environ (fig. 54); ceux de quatre angles étaient le plus volumineux, et leur grosseur dimi- nuait graduellement à mesure qu'on s’éloignait de ces points, jusqu'à ce qu'ils ne fussent plus que des éminences à peine visibles. Ces tentacules prenaient naissance aussi du couvercle buccal, et devenäient de plus en plus serrés à mesure qu'ils s’approchaient des bords de la bouche. Les canaux provenant de l'estomac avaient le même trajet que J'ai décrit plus haut; seu- lement ils étaient devenus beaucoup plus petits. Aux plica- tures en couronne, les tentacules étaient considérablement plus nombreux. La surface supérieur é du disque était couverte d’une foule :innombrable de trés petites éminences ou papilles d’un rouge pâle (Saugwarzchen d'Ehremberg) qui ont déjà été ob- servées chez les Strobila devenues libres (Mém. cité , p. 19). 4 Le 5 avril, je trouvais des individus 2/3" en diametre (fig. 56 à 60); les rayons étaient plus courts encore, et leurs in- tervalles, plus grands, offraient chacun de vingt à trente ten- tacules marginaux filiformes, dont le médian était toujours le plus long, et ceux qui étaient les plus éloignées de lui, restaient encore à l’état rudimentaire ou ressemblaient à des éminences ovales. Les canaux qui se dirigeaient vers les corpuscules mar- ginaux offraient plusieurs rameaux nouveaux sous la forme de conduits minces, et, ce qui est surtout remarquable, c’est que ces derniers se développent du bord, vis-à-vis les bases des ten- tacules , là on se trouve le canal marginal qui entoure le disque; ils s’accroissent graduellement de dehors en dedans, se réunis- sent deux à deux, et s’anastomosent enfin avec les deux rameaux latéraux du canal primitif (fig. 57). Les canaux qui s'étendent de l’estomac aux intervalles des rayons, au contraire, restent simples et sans rameaux, Cet aspect est celui que présentent ces 330 sans. — Developpement des Acalèphes. canaux dans leur état de développement complet, car c’est tont- à-fait ainsi qu'on les voit chez la Medusa aurita adulte. Les cor- puscules marginaux (fig. 60), les yeux, d’après Ehrenberg, sont, comme nous avors dit plus haut, complètement développés. Ils sont formés d'une vésicule en forme de poire dont la partie la plas voluminense est fixée entre les deux branches très courtes ou appendices du canal ; du reste, ils sont libres et font saillie à la partie inférieure du disque où ils sont coiffés par les deux lobules des rayons, lesquels sont courbés en bas et en dedans et forment une espèce de voûte. A l’intérieur de cette vésicule s’en trouve une seconde de la même forme, et à l’intérieur de cette dernière on voit un petit corpuscule qui se meut vivement. La partie externe est obscure et granuleuse (chez l'animal tout- à-fait développé on y observe le cristallin calcaire, bien connu), et à son extrémité supérieure, se trouve Îa tache pigmentaire, arrondie et d’un jaune rougeûtre. La bouche a subi un changement remarquable. Elle s est divi- visée (fig. 58 et 59). vers son extrémité, en quatre parties en même temps que ses bords externés ont éprouvé des solutions de continuité qui s'étendent assez loin dans les endroits corres- pondans aux angles, et ces derniers, semblables à quatre bras serrés les uns contre les autres, font saillie et southbres. C’est là la véritable origine de quatre gros bras qui sont suspendus à la surface inférieure de la Medusa aurita. Is sont prismatiques, et offrent trois bords , savoir : un bord externe, lisse, correspon- dant au bord longitudinal externe du conduit buccal , primiti- vement auadinnigitaiel , et deux bords internes, formés par le bord terminal de la bouche, fendu et garni par les tentaculés buccaux et brachiaux, mentionnés plis haut, qui sont coniques, pointus , disposés longitudinalement en Line et dont lenombre augmente de plus en pie (fig. 59 |). 5° Peu-à-peu les bras se si sets de vies en plus les uns des autres, et ne se tiennent enfin qu'à leur base, de sorte qu'on n'aperçoit plus la bouche, qui était visible auparavant ; ils gros- sissent , et sur leurs bords internes se développent des tentacules nouveaux. Les tentacules marginaux deviennent aussi plus nom- breux et plus longs, et les rayons sont limités à une espace en- sars. — Développement aes Acalèphes. 331 core plus restreinte. Tels étaient les animaux que je trouvais en abondance depuis le 11 jusqu’au 20 avril dans le voisinage de Florô, et qui avaient 1” de diametre (fig. 61, 61 bus). On y reconnait le jeune Wedusa aurita, complètement dé- veloppé dans tous les points essentiels de son organisation, et ue se distinguant des grands animaux que par ses dimensions moindres. On voit aussi que les quatre bras se développent de bonne heure et simultanément , et non les uns après les autres, comme O.-F. Muller le croit, en jugeant d’après un individu déjà gros dont il a parlé dans la Zoologia Danica, et qui, sans doute, avaitété blessé ou était monstrueux. Pour terminer , je remarquerai, comme j'ai déjà fait à l'égard du Strobila ( lieu cité, p. 20), qu’on observe souvent chez ces acalèphes des anomalies dans leurs formes et dans le nombre de leurs rayons, normalement au nombre dehuit. Ainsi, J'ai trouvé des individus avec dix rayons, auxquels correspon- daïent cinq plicatures en couronne, cinq bras, etc.; tout-à-fait comme les Acalèphes observées par Ehrenberg (lieu cité, p.22, pl. 11). De plus, j’observerai que le développement ne se trouve pas avancé au même degré chez les individus de la même époque. C'est ainsi, par exemple, que je trouvais encore, le tr avril, des individus en grand nombre, au même degré de développement à tous égards que ceux que j'avais observés Le 22 mars (fig.49, 50), _et auparavant ( lieu cilé, p.21), j'avais trouvé en septembre des individus d’un 1/3” de diamètre. Des observations précédentes, il résulte que le genre que javais voulu établir jadis sous le nom de Sfrobila , n’est qu'un état de développement ou de jeune âge de la Medusa aurita, et _qu'il doit, par conséquent, être effacé du Système de la nature. Sans doute aussi la même erreur existe pour le genre Ephyra d'Eschscholtz, qui n’est rien autre que des petits d’une espèce quelconque de Méduse. Dans les Opuscula subseciva de Baster (t. 1, pl vu, fig. 5, À ,B), on trouve les figures d’un très petit Acalèphe qui est commun pendant l'été sur la côte de Hollande. Il a une longue bouche pendarte en forme de tube, quatre plicatures en cou- ronne, huit rayous qui, dans la figure, paraissent ètre rétractés 332 sans. — Développement des Acalèphes. en forme d'arc. En un mot, c'est probablement un petit de la Medisa auritu, de la même grosseur, et parvenu au même . degré de ébiiniémett que ceux que j'avais observés vers la. fin du mois de mars. L J'avais toute raison de présumer que la Cyanea capillata res: semblerait dans ses caracteres à la A/edusa aurita. Le 18 avril 1837, je trouvaidans Ja iner, près de Florô, plusieurs Acalèphes de cette espèce , qui avaient près d'un 172” en diametre (fig. 62, 65), et. qui frappaient les yeux par leur grande analogie avec les petits de la Méduse. Comme chez ces derniers, la périphérie de disque était divisée en huit rayons, assez profondément sous- divisés en trois; mais les lobules bifurqués étaient aigus à leur extrémité. La bouche aussi était formée de la même maniere, longue, pendante, quadrangulaire on en forme de tube. L’extré- mité oule bord était coupé en quatre parties, et montrait ainsi lorigine de quatre bras, qui, quoique courts encore, étaient disposés en prismes triangulaires , aigus à leur extrémité et sans. tentacules (fig. 63, 64). Les corpuscules marginaux étaient si- tués comme ceux des petits de la Hedusa aurita, et en avaient la forme de même que les quatre plicatures en couronne qui n’offraient qu’un petit nombre de gros tentacules. Lesappendices. corJiformes de l'estomac n'étaient que peu développés; au con- traire, et en raison inverse, les appendices allongés qui se dirigent vers les rayons l’étaient beaucoup. Les rayons occupaient presque: toute la périphérie du disque , de sorte que les interva:les, qui plus tard deviennent si considérables, étaient encore tres li- mités. Cet intervalle entre chaque paire de rayons, montrait déjà, les longs tentacules qui y croissent ( fig. 64), et, comme on sait,. forment chez la Cyanea développée, huit faisceaux situés sous le disque et un peu plus en dedans que son bord. Ces tentacules,. qui avaient déjà la même situation que chez l'animal adulte, crois- saient exactement de la même manièreque chez les petits de la Mé- duse. C’est ainsi que ] ai vu au milieu de cet espace un tentacule épais à sa base et effité à son extrémité, et de chaque côté de cet ap- pendice un tentacule courtet sphérique qui commençait à croitre..! En outre, à la base, de gros tentacules, et à leur côté externe il sans. — Développement des Acalephes. 333 y avait deux petites éminences arrondies , et de chaque côté des tentacules sphériques il y avait trois autres éminences arrondies, de plus en plus petites à mesure qu'elles approchaient du bord. Toutes ces éminences avaient, comme les gros tentacules, inté- riéurement un noyan d'un brun jaunâtre obscur (cavité), et étaient toutes des tentacules en voie de formation. Ces appen- dices se développent comme chez la Méduse, du milieu d’un intervalle, progressivement vers les rayons voisins. Du reste, les longs tentacules étaient de diverse grosseur dans les longs in- tervalles du disque. Les plus longs, étendus. mesuraient 2, 3” en longueur; mais ils pouvaient se rétracter d'une manière très extraordinaire ; ils étaient d’une couleur brun jaunâtre, et les plus longs étaient brun foncé à leur extrémité. Ils étaient probablement remplis d’un liquide urticant. Ce qui précède montre la grande analogie qui existe entre les Cyanées et les Méduses sous Wie rapport de leur développement. J'étais parvenu à ce point dans la connaissance du dévelop- pement des Acalèphes ; j'avais constaté ce que je soupçonnais depuis long-temps, que les Sérobila n'étaient qu'un jeune âge des Méduses; je savais, par mes observations antérieures, que les Strobila peuvent se propager par division transversale spontanée d’une larve polypoide, si je puis me servir de cette expression. Maintenant il ne me reste plus, pour exposer la série complète de développement, qu'à en faire connaître le premier degré et le développement, à partir de l’œuf jusqu’à l'état de larve polypoide. Apres plusieurs essais répétés, infructueux peut-être à cause de la saison non propice ou par toute autre raison, je suis enfin parvenu cet automne, à deux reprises différentes, à être témoin de ce développement. Tout naturaliste peut facilement répéter ces expériences. À Ehrenberg en traitant, dans son ouvrage sur les Acalèphes, p: 19; PL vur, des ovules da les ovaires de la Medusa anurita, a déjà donné quelques éclaircissemens sur ce sujet; mais il repré- sente le principe de l’œuf, le vésicule de Purkinje, et la tache, ou plus proprement la vésicule de Wagner, ainsi que la divi- sion ou là bifurcation du jaune d’une manière qui n’est pas claire. 334 sars. — Développement des Aralèphes. Il a décrit aussi les petits qui viennent de sortir, semblables aux Leucophres et aux Bursaires, et qui se trouvent en grande abon- dance assemblés sur les quatre gros bras de leur mêre(O.Fr. Mül- ler les avait déjà observés). « Mais, dit-il (Ow. cit. p.20), personne n'a encore vu ces formes, en se développant, devenir des Mé- duses, et cela fait qu’on a imaginé ( comme V. Baer) que ces corps pouvaient bien n'être que des parasites». Cependant M. Eh- renberg les regardait comme les petits des Méduses, quoiqu'il fût malheureux dans l'expérience qu’il avait tentée pour suivre leur développement; il est disposé en concordance avec ses vues connues, à les considérer comme de très petites formes mâles, et il prend pour des femelles les autres individus de couleur violette, moins nombreux, qu'on trouve dans les ovaires. M. Siebold aussi croit avoir trouvé des sexes séparés chez la Medusa aurita ( Wiegm. Archiv. 1837, B. d. 1, S. 255), mais d'une autre manière, c'est-à-dire par des différences des organes génitaux dans divers individus; de sorte que le même organe qui, chez les individus femelles , est un ovaire, devient chez le mâle un testicule. Je ne puis rien prononcer sur ces observations, n'ayant jamais eu l’occasion de les vérifier (1); au contraire, je dois rejeter nettement l’hypothèse d’Ebrenberg et venir à l'appui de M. Siebold, quand il annonce que les individus ovales, cylin- driques, d’un brun jaunâtre et garnies de cils, sont un état de développement plus avancé des œufs sphériques et violets, et quand il déclare que ces derniers sont le premier état de déve- loppement des Acalèphes. Je ferai voir maintenant, par l'obser- vation, que c'est ainsi que les choses se passent; que ces corps, pourvus de cils, ne sont ni des petits mâles, ni encore moins des parasites; mais qu'ils deviennent de véritables Méduses, à la vérité, après des métamorphoses étonnantes, dont on n'avait. pas auparavant la moindre idée; car, à priori, on a adopté l’opi- nion souvent contraire à ce qui existe réellement, que ces ani- maux, comme beaucoup d’autres des classes inférieures, ont ur développement extrêmement simple. | (x) Note postér. M. Siebold dans son Mémoire qui vient de paraître Beitrage zur Natur- gesch. der swirbellosen Thiere, $.;, a démontré ce qu'il avait avancé à cet égard. sans. — Développement des Acalèphes. 335 La première expérience qui me réussit, avec les petits trouvés sur les bras de la Cyanea cupillata, fut faite le 19 septembre 1839, à une époque où ces petits étaient en nombre incalculable; mais une autre expérience, faite quelques semaines plus tard, m'a fourni des résultats plus précis, quoique s’accordant parfaite- ment avec la première; j'aime mieux, par conséquent, rappor- ter la seconde expérience et l’exposer en détail. Je trouvai, le 12 octobre 1839, dans la mer près de Floro, deux individus de la Cyanea capillata, lun de moyenne gros- seur (8 à 9’), et qui n'avait qu’un petit nombre de jeunes dans les bras ; l’autre, qui était plus petit (6"”), en avait un plus grand nombre. Ces petits étaient jaunes comme le jaune d'œuf, et d’une très petite dimension, car, vus à l'œil nu, ils avaient la grosseur d’un grain de sable. Je plaçai ces animaux dans un vase rempli d’eau de mer, à la maison, et peu-à-peu la plupart des petits, quittant les bras, nageaient libres dans l’eau. Je péchai alors un grand nombre de ces petits dans un verre. Vus au mi- croscope, ils étaient ovales (fig. 1, 3), un peu comprimés (fig. 2), et plus volumineux à une extrémité qu'à l'autre; quelques-uns étaient plus allongés ou s'approchaient plus de la forme cylin- drique (fig. 4); le corps était partont couvert de cils vibratiles par le moyen desquels ces animalcules nageaïent librement ; on ne voyait pas de différence entre le dos et leventre,carils nageaient au- tour de leur axe longitudinal, et montraient tantôt la surface large (Bg. v), tantôt la surface étroite (fig. 2 ); au contraire, ilest certain qu il existe une partie antérieure et une partie postérieure, car ils nageaient toujours, comme M. Siebold l’avait déjà remarqué (Op. cit. p. 276), avec la grosse extrémité en avant. Au centre de cetie dernière , on voyait une petite dépression arrondie que M. Siebold considère comme la bouche (1). Mais une observation qui sera présentée plus tard combat cette opinion et rend pro- bable que les petits, dans cet état, n’ont point de bouche. A cet égard et à plusieurs autres, ils ressemblent aux petits de certains polypes qui viennent de se détacher de leur mére, et, en particulier, à ceux des Campanulaires, comme Lowen nous (1) Note postér. M. Siebold lui même a rectifié cette erreur dans son dernier Mém., p. 27. 336 sars. — Développement des Acalèphes. a appris à les connaître dans son beau Mémoire (K. Svensk , Vetensk. Acad. Handl. for ar 1835, S. 260, fig. , et traduit en allemand par Creplin, dans Wiegm. Archiv. S. 1837, 5-24, bg. }Q) | Le corps est mou, d'une texture très finement granuleuse , et paraît creusé d’une grosse cavité de la même forme que le contour extérieur ; cette cavité est reconnaissable noen- seulement par sa teinte plus foncée, mais encore sous le com- presseur. La natation est assez active, et déterminée entière- ment par la vibration des cils. | Ces jeunes Acalephes, sous forme d’infusoires, continuèrent de nager dans le vase le premier jour et le jour suivant. Il est à re- marquer que la plus grande partie de ces animaux se dirigeaient de préférence, vers le côté éclairé du verre, de quelque côté qu'on le tournât; cela paraît démontrer que ces êtres jouissent de la faculté de sentir les effets de la lumière. Nous venons de voir le premier état ou état infusoréiforme des Acalèphes, nous allons en voir un autre dans lequel ils se transformeront à l’état polypoide. En effet, le 14 octobre, beau- coup de petits étaient montés à la surface de l’eau, à laquelle ils étaient suspendus par une extrémité, tandis que l’autre flottait libre dans le liquide. Plusieurs autres s'étaient attachés aux parois du vase. J’en vis encore d’autres nageant dans le voisinage de la sur- face de l’eau ; mais peu-à-peu leurs mouvemens commencçaient à s’affaiblir, et enfin l'extrémité qui était antérieure pendant qu'ils nageaient, s’'attachait à la surface de l’eau, tandis que l'extrémité postérieure pendait verticaiement (fig. 5, 6); chez les petits qui, s'étant altachés aux parois du vase, l'extrémité, auparavant an- térieure, était fixée au verre, tandis que l’autre extrémité, diri- gée horizontalement, était libre dans l’eau. Plusieurs petits, que j'observais au microscope et qui nageaient encore, se fixaient enfin au porte-objet avec tant de force, qu’on ne pouvait les en détacher que par violence ; l'extrémité postérieure de ceux qui se fixaient ainsi était dirigée en haut (fig. 7,8). Les jours (x) Voyez la traduction francaise de ce Mémoire dans les Annales des Sciences naturelles, 2° série, tome xv, page 155. (Note du Rédacteur.) sars. — Développement des Acalèphes. AD 7 suivans, un grand nombre des petits qui s'étaient tenus sur le fond du verre, prenaient encore cette même position. En un mot, les petits s’attachaient par l'extrémité qui , auparavant, était l’antérieure ; l’autre extrémité, qui est encore arrondie (fig. 17) se tronquera bientôt (fig. 8), et dans ce point on verra, plus tard, la bouche de l’animal. Pour les fixer, la petite dépression sur l'extrémité antérieure mentionnée plus haut, agit comme un suçoir, et en même temps sécrète un mucus gluant qui s’élargit plus tard et devient un disque arrondi et aplati, par le moyen duquel les petits restent attachés aux corps étrangers, comme s'ils en faisaient partie, car ils ne peuvent plus changer de place; quand ils se trouvent près de la surface de l’eau, c'est encore cette dépression qui s’at- tache à une bulle d’air, par le moyen de laquelle l'animal est maintenu en suspension (fig. 5, 6). Quand on réfléchit pendant quelques instans aux faits que je viens de mentionner, savoir : la fixation et l'accroissement de ces jeunes Acalèphes sur les corps étrangers, on ne peut s'empêcher de penser à la grande analogie qui existe entre le premier âge de ces animaux et celui des Campanulaires. Cette similitude de- viendra plus frappante et plus remarquable quand nous verrons nos Acalèphes se transformer en polypes. _En effet, le 15 octobre, j'observais qu'il y avait des chan- gemens considérables chez les petits qui s'étaient fixés la veille, L’extrémité libre, celle qui était précédemment l'extrémité pos- térieure, était maintenant devenue plus épaisse et coupée droite ; l'extrémité fixe, au contraire, était plus mince et s'épanouissait régulièrement dans le disque d'attache, mentionné plus haut (fig. 9); enfin sur l'extrémité libre on voyait alors, chez la plupart, l'ouverture de la bouche qui était entourée d'un bourrelet(fig. Lo). La bouche pouvait s'ouvrir d’une manière notable et se fermer ; dans le premier état, elle était circulaire ou quadrangulaire ( fig. 19, 11). Enfin, j'observai chez un grand nombre, sur l'extrémité libre, quatre éminences arrondies qui sont des bras ou des ten- _tacules en voie de développement (fig. 11, 12,13); chez plu- sieurs (fig. 14), ces quatre tentacules étaient plus longs, coni- ques, et aigus à leur extrémité ; le corps, inférieurement , à me- XVI. Zoor. — Décembre, ; > 333 sans. — Développement des Acalèphes. sure qu'on $'approchait du disque d'attache, se rétrécissait de “plus en plus, de sorte que le corps prenait la forme d'une conpe. Chez deux individus mêmes, qui étaient du reste les plus dé- “veloppés de tous, les tentacules avaient la moitié de la longueur “du corps, et étaient en outre beaucoup plus minces que ceux des autres ( fig. 15); de plus, ces petits qui s'étaient dévelop- -pés si rapidement, comme on voit, et qui étaient devenus alors -des Polypes complets, s'étaient accrus bezucoup; ils étaient déja près du double de ce qu'ils étaient trois jours auparavant; üls avaient perdu presque en entier leur couleur jaune, et étaient devenus blanchâtres et un peu transparens. | Le 16 octobre, les tentacules d'un grand nombre d’entre eux avaient une longueur égale à épaisseur du corps; et le 17 ils étaient encore plus longs, très minces et filiformes. A cette “époque il y en avait beaucoup qui venaient de sefixer, etun grand nombre d’autres qui nageait encore, quand déjà les paroïs et le fond du verre étaient couverts de plusieurs centaines d’aitres déjà fortement fixés. Le corps de ceux qui étaient les plus déve- loppés, était devenu plus étroit mférieurement, comme une tige mince, entouré par un tube muqueux qui faisait corps avec le disque d'attache (fig. 16. Dans cette figure les tentacules né sont pas épanouis ). Ces deux parties étaient formées d’une -substance plus ferme et plus analogue à du cartilage que toutes les autres parties de l'animal, qui étaient plus molles et con- ‘tractiles. Le 18, de nouveaux tentacules commencçaient à se déve- lopper sur quelques individus, sous la forme d’éminences dans les intervalles des quatre tentacules primitifs. Depuis le 18 jus- qu’au 22 octobre, je n'ai pu continuer mes observations. Le 52 tous les individus avaient huit tentacules qui étaient à-peu-pres quatre fois plus longs que le diamètre du corps, et partout trés minces { fig. 17, 15, r9, 20, 21 ). Le corps est maintenant, commèé je viens de l'observer , très contractile ( propriété qui n’était pas remarquée dans l’état infusoréiforme), blanchâtre et un peu transparent; mais la partie qui entoure le pédon- cule est parfaitement incolore et transparente comme de l'eau. L'animal a en outre une grande cavité dont la conformation est a même que celle du contour extérieur du corps, et qui s'ouvre sans. — Méveloppement des Acalèphes. 339 à la partie supérieure et élargie au milieu de la couronne de tentacules, par une bouche d’une étendue variable selon son état de contraction. En effet, quand elle est completement contractée, on n’y remarque qu'une petite dépression ; quand l'animal l’ouvre, au contraire, elle est arrondie, circulaire (fig. 18), quadrangulaire ou allongée, selon que ses bords sont contractés d'ure manière ou d’une autre. Souvent elle est aussi large que le diamètre du corps. Quand la bouche est fermée, la surface supérieure du corps est un peu convexe. Au bord de cêtte surface se trouvent les tentacules disposés en un seul cercle autour de la bouche. On voit de quelle manière le Polype fait mouvoir un ou plusieurs de ses tentacules dans des directions particulières, comment il lesrétracte ou les étend; si on les touche, tous se contractent, deviennent courts et épais, et quand on les irrite fortement ils n’ont plus er lun- gueur que la moitié de la largeur du corps, et se portent en de- dans vers la bouche. Le corps se rétracte fortement aussi quand on lirrite, devient plus court et plus épais, et prend à-peu-près la forme d’une sphère ou d’une poire. Quana on regarde à l'aide d'une loupe les tentacules étendus , on voit qu'ils sont articulés à distance égale, car ils se trouvent partagés en petites inter- valles parun grand nombre de petits nœuds arrondis (peut- être des suçoirs, fig. 25 ) (x). Si on détache violemment ces Po- lypes, il n’y a qu’un petit nombre qui peutse fixer de nouveau, et alorsils n adhèrent pas si fortement qu'à l'ordinaire ; la plu- part restent libres au fond du verre. Le 23 octobre, chez des individus les plus avancés, un ou deux très petits tentacules commencèrent à se développer entre les premiers, et le 24, chez deux autres individus qui avaient presque le double de grosseur de ceux ayant seulement huit tentacules , on voyait sur l’un trois,et sur l'autre cinq nouveaux tentacules d’une longueur tres inégale: ce qui fait, en tout, treize tentacules (fig. 24). Ces rouveaux tentacules se développérent (r) Mate postér. Ce sont d’après M. Siebold, qui les a observés avec un meilleur instrument que moi, des corps transparens comme du verre, semblables à ceux qu’on voit sur les tenta- cules de la Méduse adulte (Voy. son Mémoire, p. 31). DY2". 340 sans. — Développement des Acalèphes. promptement les trois ou quatre jours suivans; les huit premiers tentacules avaient cinq fois le diamètre du corps. On voit donc que le nombre des tentacules croît de plus en plus à mesure que l'animalse développe. Chez une partie des individus, le corps était plus allongé ou comme étiré inférieurement en pédoncule plus long (fig. 22); mais la partie inférieure, mince , fiiforme, “et entourée par le tube muqueux , avait conservé toujours son diamètre primitif. Chez quelques-uns on voyait déjà dans l’inté- rieur de la cavité du corps, le commencement de quatre émi- . fu: - . æ nences longitudinales dont il sera question plus bas; elles pa- raissaient se développer au-delà de la région buccale, vis-à vis les bases des quatre tentacules primitifs, mais plus en dedans, et se dirigeaient ensuite en ligne droite de haut en bas, le long dela parois interne de la cavité du corps jusqu’à sa base. (1) Dans les huit à dix jours suivans, ces jeunes Acaléphes polw- voides n'offrirent plus de changemens remarquables, ils de- vinrent de plus en plus faibles, se rétractérent fortement et moururent-enfin. Ainsi nous avons vu se produire la forme pelypoïde que j'ai décrite et figurée en 1835 (loc. cit. p. 16, PL im, fig. a, 8,e), et de laquelle, plus tard. naït le Strobila par section transver- sale spontanée. Le cercle est ainsi complet, et la série de dé- veloppemens est achevée dans ses traits principaux. | Cependant j'ai encore à exposer ici une circonstance tres remarquable qui se rattache à ce sujet. En effet, dans l’état poly- poide que j'ai décrit, état où les animaux restent fixés et qu'on peut considérer avec raison comme un état de larve, les Aca- lèphes peuvent déjà se propager avant que Îa division transver- sale spontanée qui produit les Strcbila ne commence; cette re- PP a lieu, comme chez les POpes par gemmes et par ce qu'on appelle des stolons. En effet, le 9 septembre 1836, je trouvai sur un laminaire près de F lois , une foule d'individus tous dans leur état de larve polypoïide; on ne pouvait pas dire, avec certitude, s’ils étaient (1) Note postér. M. Siebold a observé aussi ces quatre éminences (lieu cité p. 31); Wieg- mann les à vues également ( Voy. la note de la page 342 ). — sans. — Développement des Acalèphes. 341 des Méduses ou des Cyanees. Ils étaient de diverses grandeurs et à divers états de développement : quelques-uns étaient comme des grains de sable (1) 3; à "7 en diamètre}, pareils à ceux que nous avons vus se développer, et, comme eux, avec 8 tentacules (fig. 25, 26); d’autres, de 7 à :5" en diamètre, ane à 12 tentacules (fig. 27, 28); d’autres enfin, d'un 57 +’,avec des tentacules dont le nombre montait jusqu’à ue (bg: 25, 30, 31). Le nombre des tentacules est, en effet, très peu déterminé et n’est guère le même chez deux individus; c’est ainsi que, chez quatre individus différens, je comptais 19, 23, 24 et 30, tous très minces, filitormes, aigus à leur extrémité. (2) Autour de la bouche. qui danssonétatde contraction se montre comme une fossette ou ramassée.en quatre plicatures (fig. 3x), on voit vers le bord, là où les tentacules forment un cercle, l’ap- pareuce de quatre trous arrondis, égaux entre eux, et situés à. égale distance les uns des autres (fig. 31,a). Mais ces parties, qui. paraissent être des trous, ne sont autre chose que les quatre éminences dont nous allons parler, lesquelles sont saillantes. dans l'intérieur de la cavité du corps, et sont visibles. à travers. les tégumens communs. _ La bouche peut s'ouvrir d'une manière extraordinaire, de- sorte qu'elle devient aussi large que le corps (fig. 32) et tout-. à-fait circulaire. On voit alors, et mieux encore quanl on, coupe le polype longitudinalement , que le corps est, à lin- térieur , tout-à-fait creux et vide, à l’exception des éminences. saillantes et convexes mentionnées plus haut,et placées à égales. distances les unes des autres le long des parois internes, de- puis le haut jusqu’en bas ( fig. 32, 33 ). Ces éminences ne, paraissent être autre chose qu'une duplicature de la membrane. (x) À ceite occasion, je dois remarquer que le dessinateur qui a fait les figures jointes à mon Mémoire, souvent cité, a représenté en fig. 7, a, b, d, e les extrémités des tentacules comme si elles étaient épaisses, au lieu de les fais} minces et pointues comme elles. doivent, être, (2) Mote postér. On voit maintenant que la multiplication de bras ou de tentacules observée, par V. Siebold { lieu cité, p. 32) et par moi, n’est pas monstrueuse mais normale, Et on ne doit pas s’étonner que des individus , renfermés dans des vases, et par conséquent privés en. grande partie de leur nourriture naturelle, sont si peu disposés à augmenter le nombre de leurs teutacules et à poursuivre leurs métamorphoses successives, 342 sars, — Développement des. Acalèphes. interne du corps; leur usage m'est inconnu; peut-être elles sont le commencement de la division future en rayons. Desrecherthes faites avec plus d’exactitude, jétteront peut- -être sur ce point quelque lumière. (1) | ” À l'intérieur de la cavité du corps, je trouvais souvent des Monocles et des petites Crevettes; une fois ] y trouvai un petit Rissoa : tous étaient morts , déformés et digérés. Mais ce que j'observai de plus a bn à ce sujet, était ‘ la maniere dont ces animaux se propagent. Cela a lieu : 9 Par germes (fig. 37, 41, 42) qui se développent à divers endroits du corps, dont tous les points paraissent propres à cette reproduction. La première trace d’une gemme est une petite éminence arrondie qui devient peu-à-peu plus volumi- neuse, et se détache de plus en plus du corps dela mère, au moyen d'un pédoncule mince et court; il se forme à son extrémité ex- terne, développée en forme de massue, une ouverture circu- laire, la bouche; puis'on voit apparaitre les tentacules, qui, en petit nombre (4,6, 8) et très courts d’abord, croissent plus tard en nombre et er longueur. Les gemmes ou les nouveaux polypes deviennent de plus en plus semblables à leur mère, et, quand ils sont devenus mûrs, s’en détachent probablement et se fixent lortement à d’autres corps. Les gemmes les plus grosses que j'ai vues n’excédent pas le quart ou le tiers de la grosseur de leur mère. J'ai trouvé à-la-fois trois de ces gemmes plus ou moins développées et fortement fixées encore sur le corps de leur mère (fig. 42). 2° Par ce qu’on appelle des sto/ons , qui sortent ordinaire- ment de la base du polype comme un prolongement mince et cylindrique, laquelle après avoir rampé sur une laminaire, s'yat- tache fortement (fig.38, 59, 40). A la surface supérieure de ce sto- lon, et à quelque distance de la mère, un nouveau poiype se déve- loppe dans une direction verticale. Il se montre d’abord comme une petite éminence ronde (fig. 30, a) qui est un peu plus large en diamètre que le stolon; bientôt on y voit s’ouvrir la bouche (x) Le prolesseur Weigmann, de Berlin, ma informé, dans une lettre, qu’il avait observé ® älement ces éminences pendant son séjour sur Ja côte de la Norwège, dans l’année 1856. saRs. — Développement des Acalèphes. 343 (fig. 38, a), puis les tentacules se développent (fig. 40, a, b) et ressemblent en tout aux gemmes qui croissent immédiatement sur le corps de leur mère. Ordinairement on ne voit qu’un seul de ces stolons sortir de la mère et le plus communément avec une seule, rarement deux de ces gemmes;.plus rarement encore on voit deux stolons partir dans deux directionsdifférentes . (fig. 40). Parfois on voit croître, sur une des gemmes encore fixées sur le corps de la mère, un stolon qui-se développe hori- zontalement (fig. 37, 42). Il n’est pas rare non plus de voir des. stolons prendre naissance à une certaine hauteur sur le corps. des polypes (fig. 34, 35, 36, 37), et tantôt ces stolons, devenus épais et coniques, sont comme une division du corps de l'animal, tantôt, au contraire, ils dèviennent en peu de temps minces et filiformes (fig. 36). Cette espèce de stolon reste quelquefois libre en dehors du corps des polypes (fig. 37, 34), quelquefois elle : se fixe, par son extrémité externe, à une Larminaire, à une Sertulaire, où à quelque autre corps étranger (fig. 35, 36) (1). Enfin, ces stolons, en réunion avec les gemmes, donnent à ces. polypes un aspect bizarre et monstrueux au plus haut degré. CONCLUSIONS. Ainsi, les résultats les plus importans auxquels l'étude du dé-. veloppement des Acalèphes a conduit, sont les suivans : 1° Des œufs sphériques contenus dans les ovaires, et sur les- quels on voit la vésicule de Purkinje, la tache ( vésicule ) de. Wagner, et dont le jaune offre la divisiun ou bifurcation ordi- paire ,donnent naissance à des jeunes ovales ou ovalo-cylindri- ques, qui sont garnis de cils vibratiles , et qui sont contenus pen- dant une certaine période de leur développement dans des ré- ceptacles nombreux , lesquels se forment en même temps dans les quaire bras environnant la bouche de leur mère. 20 Puis ces jeunes quittent leur mêre et nagent comme des infu- soires pendant un certain temps; bientôt après ils se fixent par une deleurs extrémités à un corps étranger sur lequelils s'accroissent, (x) Note postér. M. Siebold a vu également de semblables stolons sortir du corps des petits polypoïdes de la Hedusa aurita (lieu cité, p. 33, fig. 36, 35). 344 SARS. — Développement des Acaleplhes. tandis que par l’autre ils sont libres ; une bouche s'ouvre à cette dernière extrémité, et peri- a-peu autour de cette ouverture se forme une couronne de tentacules. : 3° Dans cet état polypoide, qu'on peut considérer comme un état de larve , ces animaux peuvent se propager par bou- ture, à la manière des Polypes, c’est-à-dire par gemmes, et par ce qu’on appelle des stolons. Les nouveaux animaux qui se dé- veloppent ainsi, ressemblent parfaitement aux larves primitives. 4° Enfin , après un espace de temps indéterminé, la larve se divise spontanément en une foule de segmens transversaux (fig. 43 , 46 ), qui tous deviennent de nouveaux animaux (1). Ces derniers (qui ne ressemblent pas à la larve) sont libres, nagent en tous sens, et offrent un corps en forme de disque, dont la périphérie est divisée en huit rayons bifurqués à leurs extré- mités ; its ont une bouche quadrangulaire, en forme de tube, et pendante, etc. A mesure qu’ils croissent, les rayons devien- nent de plus en plus courts ; tandis que les intervalles entre ces rayons augrnentent d'étendue, et donnent naissance aux tenta- cules marginaux, la bouche se divise et se transforme en quatre tentacules buccaux; en un mot, ces animaux deviennent par- faitement semblables à leur mère originaire ( la Méduse ou la Cyanea). Ge n’est donc pas la ten ou l'individu développé dans P œuf, qui se métamorphose en Acalèphe parfait; ce sont les petits qui sont formés par division transversale spontanée. Je ne puis mieux comparer cette métamorphose qu'au développement des Salpas, quoiqu’elle diffère de ce dernier en plusieurs points. Mes nombreuses observations, faites pendant l’automne der- nier ( que je communiquerai dans une autre occasion ), mont convaincu que Chamisso (dont les observations pleines de bonne foi ont été si souvent mises en doute par des naturalistes dont les systèmes ne cadrent pas avec elles) a bien saisi leur développement dans tout ce qui est essentiel. Les Salpas (x) Je dois faire remarquer combien il est rare de rencontrer des Méduses dans la mer à leur état de larve. Cette rareté m'’a fait douter d’abord que ces petits polypoïdes puissent appar- tenir à la Medusa aurita, qui est si commune. Peut-être ces jeunes Méduses infusoréiformes se‘fixent et se développent plus particulièrement à de grandes profondeurs. _sArs. — Développement des Acaléphes. 345 ressemblent aux Acalèphes, en ce que ce n’est pas la larve, mais les petits de cette larve qui deviennent des animaux parfaits : ce n'est pas l'individu, mais la race qui se métamor- phose. | _ En finissant, je ne puis m'empêcher de remarquer que les observations de Graham Dalyell (The Edinb. Philos. Journ. vol. xxi, 1836 ), que je ne connais que par Wiegmann (Jahresberichte , 1837, tom. n), et par l/sis d’Oken pour 1838 (1), constatent en partie plusieurs de mes observations. Son Hydrotula parait être ia larve Acalèphe polypoide que j'avais décrite, et sur laquelle, lui aussi, a vu des gemmes; il a été également témoin de la division transversale spon- tanée par laquelle les Acalèphes à rayons ( Srobila) prennent naissance. Il a figuré deux de ces derniers, l’un avec onze rayons et le second avec huit (sis, PI. 1, fig. 3,2). (J’en ai trouvé depuis qui en offraient jusqu’à douze, mais chez la plupart, il y en avait huit (Ouvrage cilé, page 20); la colonne à quatre angles (fig. 2, dans [/sis), que Dalyÿell représente, à tort, comme prenant naissance et s’élevant sur la surface con- vexe (2), est la bouche pendante, et à sa base les quatre or- ganes. représentés par lui, étaient les quatre plicatures en cou- . ronne et leurs tentacules. Mais dans son appréciation des objets qu'il a observés , ses vues s’éloignent des miennes : En février et mars, dit-il, la surface du disque de plusieurs Hydres était cou- verte de prolongemens pendans et mobiles ayant la forme demi- sphérique renversés et qui se développaient jusqu’à ce qu'il y en avait vingt à trente divergens qui peu-à-peu se détachèrent et devinrent des Acalèphes libres; mais il ne dit pas d’où ces prolon:- gemens venaient, ni quel rapport ils avaient avec l’Hydre, on di- (x) Note du traducteur du Mémoire original suédois. Les observations nouvelles de Dalyell sur la manière de propager des zoophytes de l'Écosse, se trouvent traduites en entier, si je ne me trompe pas, dans les Notizen de Froriep, Bd: L, n° 6, et les premières observations de ce même auteur se trouvent également dans ce même recueil, B. xztr, n° 18, mais sous forme d’un court extrait, Dans /’/5is, pour l’année 1838, p. 4:-54, on trouve ces deux Mémoires, en éxtrait, l’un tiré du t. xvrs du Journal d'Édimbourg, et l’autre du t. xx: du même Journal, (2) Il a probablement fait l’esquisse de son dessin au moment où le petit Acalèphe, après avoir. nagé pendant quelque temps, se laisse lentemeut tomber au fond, alors certainement sa surface connexe devient concave et contractée. ; 346 sans. — Developpement des Acalèphes. fait qu'il décrivait le polype comme vivant et donnant naissance aux petits. D'après mes observations, c’est l'animal Jui-même ! la larve polypoide qui se divise en sections transversales régu- lières, en commençant par le haut et s'étendant inférienrement jusqu’à la base. A la vérité, je n’ai pas vu comment les tentacules. du polype disparaissent, après que toutes les portions transver- sales sont séparées, ni ce que devient la partie inférieure du pé- doncule, mais je croisqu'il est probable que les choses se passent comme Je les ai représentées : toujours est-il que mes observations sont en contradiction avec celles de Dalyell, quand il dit qu'après la disparition des prolongemens mentionnés le polype croît de nouveau, acquiert de nouveaux tentacules, et reprendsa première apparence et ses premieres fonctions : tout cela contredit les faits que j'ai recueillis (voy. mon Mémoire, PI. 111, fig. 7, ad, hi), et me paraissent être les résultats d’une observation imparfaite. EXPLICATION DES FIGURES DES PLANCHES 15 À, 16 et 17. Les fig. 1 à 24 représentent le développement de la Cyanea capillate, tel quilu eu lieu sous mes yeux depuis le 20 jusqu’au 24 octobre 1839. Toutes les figures son plus ou moins grossies. Les fig. 1 à 6 montrent le développement de la Cyanea capillata dans son premier état ou : état infusoréiforme, Fig, £ à 4 : plusieurs petits qui venaient de quitter les bras buccaux de l'ur mère et qui maintenant nasent librement daus l’eau. Fig. 1 en représente deux de grandeur naturelle, Fig. 2 : montre l'animal, vu par le côté étroit; dans les trois autres figures il est repré— senté vu par le côté large. Fig. 5 et 6 représentent deux des petits qui, le 14 octobre, sont montés à la surfare de l’eau et s’y sont fisés ; dans la fig. 5, l'animal est vu vbliquement de côté et de haut eu bas ; dans la figure 6 , il est vu par la face supérieure. Dans ces deux figures on voit,clairement la dépression arrondie située sur la grosse extrémité de l'animal ; on ne voit pas dans les figures précédentes cette dépression d’une manière aussi distincte. Les fig. 7 à 24 représentent la Cyanea capillata dans son deuxième état de developpement ou l'état polypoide. Fig. 7 et 8. Deux des petits, semblables à des infusoires qui, le 14 octobre, s'étaient atta- chés par la grosse extrémité de leur corps. L'autre extrémité est devenue maintenant plus volu- mineuse (fig. 5), tandis que la première (comme fig. 9 et ro ) est devenue plus mince et s’é- largit à la base pour former un disque petit et arrondi par lequel l'animal est fixé. Dans la fig. 10 l’extrémité libre offait déjà la bouche entourée par un bourrelet circulaire. Les fig. 11, 12 et 13 (15 octobre) montrent les quatre bras des tentacules qui se développent originaire- ment sous la forme d’éminences arrondies. Dans la fig. 12,l'animal est vu de côté; dans les figures 11 et 13, il est vu en dessus, et la bouche est au milieu. Dans les fig. 14, 15 et saRs. — Développement des Acalèphes. 347 (15 et 16 octobre) on voit les tentacules se prolonger peu-à-peu et devenir filiformes. Le disque d’attache est visible avec son tube mriqueux. Il est à remarquer que les petits, pendant ces changemens perdeut leur couleur jaune et deviennent blancs et plus transparens. Dans la figure 13, les tentacules ne sont pas tout-à-fait étendus, Les figures 17, 18, 19, 20, 21 el 22 (le 22 octobre) offrent toutes huit tentacules; dans la fig. 17, l’animal est vu de côté; dans la fig. 18 il est vu en dessus; dans ces deux figures , les tentacules sont rétractés ; on voit à la fig. :9 un individu tant soit peu grossi avec des tentacules étendus : il est vu en dessus. La fig. 20 représente le même animal vu de côté ; la fig. 20’ est encore le même individu de grandeur paturelle ; fig. 21, le même encore , fortement grossi. La fig, 22 montre un indi- vidu dont la partie inférieure du corps est mince et allongée; les tentacules sont rétractés, La fig, 2 3 représente un morceau d’un tentacule étendu, plus grossi que les autres, et figuré pour montrer les petites éminences nombreuses disposées en anneaux. La fig. 24 est un individu {24 octobre) qui, outre les hvit tentacules , offrait encore cinq autres inégaux; cette figure est un peu grossie. Les fig. 25 à 42 représentent l’état de développement polypoïde de la Wedusa aurita ou de la Cyanea capillata, observé par moi, le 9 septembre 1838 (on ne peut dire, avec certitude, auquel des deux animaux appartenaient ces petits ). Dans les fig. 29, 30, 5r et 40, les tentacules sont étendus; dans toutes les autres ils sont rétractés. La fig. 25 représente un individu avec huit teutacules de grandeur naturelle ; la fig. 26 est le même, grossi et vu en dessus ; à la fig. 27 est un autre individu pourvu de dix tentacules et représenté de grandeur naturelle ; à la fig. 28 est le même individu, grossi et vu en dessus. La fig. 29 montre un autre individu avec trente tentacules et vu de côté , de grandeur naturelle. A la fig. 30, le même individu est représenté vu par sa partie supérieure, et à la fig, 31, le méme grossi; on voit, au milieu, la bouche assez rétractée, et, près du bord, les quatre émi- nences internes (a), vues à travers les tégumens. A la fig, 52 on voit un de ces animaux avec la bouche ouverte ; elle est aussi large que le corps; on voit, dans sa cavité, les quatre émi- nencec. La fig. 33 représente le même individu coupe dans le sens de la longueur et étalé pour montrer les quatre éminences longitudinales ; les lignes transversales sont le résultat de la contraction du corps. Les fig. 34, 35 et 36 représentent des stolons qui naissent vers le haut du corps des Po- lypes ; à la fig. 35, l'extrémité d’un stolon s'attache à une Laminaire; et à la fig. 36 ,un autre se fixe à une Sertulaire ; la fig. 37 montre un stolon analogue, avec une gemme, de la- quelle sort également un autre stolon. Les fig. 38, 39 et 40 représentent des stolons qui croissent de la base des polypes, rampent le long des Laminaires, et donnent naissance à de nouveaux polypes (a, a, a). À la figure 39 , on voit l’origine d’un jeune polype sous la forme d’une éminence petite et arron- die. À la fig. 38, a, cette éminence est déjà pourvue d’une bouche arrondie. On voit, à la fig. 40 (a) le commencement des tentacules, en forme d’éminences rondes; et à cette même figure (2), on peut apercevoir un jeune polype, assez bien développé, avec des tentacules filiformes. Les fig. 41 et 42 montrent jes gemmes qui se développent; à la fig. 41 ou voit deux gemmes peu développés et un stolon qui se dirige en dehors et est libre à son extrémité. A la fig. 42 , il y a trois gemmes, dont deux sont développées jusqu’à l'état de polype avec des tentacules filiformes ; une d'elles est déjà pourvue d’un, stolon qui en procède ; elle est ana- logue , à cet égard, à celle qui est représentée à la fig. 35. 348 sARs. — Développement des Acalèphes. Les fig. 13, 44,45, 46, 47 et 18 sont copiées de la PI. III de mon Mémoire , souvent cité- ci-dessus , et montrant la transformation de l'état polypoïde au troisième état, ou état d’Aca- lèphe, comme je l'ai observé en août 1830. | A la fig. 43 est une larve polypoïde grossie (le trait 43 indique la grandeur naturelle), dont: le corps se trouve entouré de rides transversales ; la fig. 44 représente le même plus dé- veloppé et se trouvant surmonté de rayons arrondis, bifurqués à leur extrémite. A là fig. 45 on voit une semblable larve de grandeur naturelle ; ses tentacules ont disparu . et son corps. est divisé en environ quatorze segmens transversaux qui, plus tard , se détacheront un à un, et de haut en bas. A la figure, 46 est un autre individu, grossi, qui n’a que quatre segmens. transversaux, dont les trois supérieurs sont sur le point de se détacher. La fig. 47 montre un pareil segment transversal , détaché ( un Strobila libre) nageant librement ; il est vu par sa face inférieure, et montre dans son milieu une bouche quadrangulaire, autour de laquelle les tentacules des plicatures en couronne se voient à travers la peau ; plus loin‘on observe la di- vision des canaux qui procèdent de la bouche et tels que mon dessin original, fait en 1830, les a dépeints; plus loin encore , les huit rayons qui se bifurquent, et leurs corpuscules marsi- naux; le trait fig. 47 montre la grandeur naturelle ; la fig. 48 représente le même, au profil, la bouche allongée et pendante ; se voit, inférieurement: Les fig. 49 à 61 montrent comment les jeunes Acalèphes, devenus libres (Strobila) prennent les caractères de la Medusa aurita , d’après mes observations faites dans le printemps de. l’année 1837. La fig. 4g représente un petit, nageant à l'état de liberté, en tout semblable à celui de la. fig. 47, de grandeur naturelle et vu en. dessous ; on le voit grossi à la fig. 50. A la fig. 5c est un individu plus développé, en a il est vu d’en bas, en à de profil et en c il est également de. profil, mais contracté. La fig. 52 est une partie de ce même auimal, grossie et vue d’en des- Sous. Les rayons sont devenus plus courts; leurs intervalles, plus larges et garnis, vers les bords d’éminences nombreuses dont celle du milieu a déjà pris la forme d’un tentacule fili- forme ; les angles de la bouche montrent des tentacules buccaux, qui y prennent leur origine. La fig. 55 est encore une autre portion du même animal, plus fortement grossie. La fig. 56 est un animal encore plus développé, et à la fig. 57 on en voit une portion grossie ; les rayons sont devenus encore plus courts et sont limités à un espace plus étroit ;. les tentacules marginaux sont plus nombreux ; on observe comment de nouveaux canaux se développent de dehors en dedans et se réunissent, peu-à-peu, avec les canaux primitifs. A la. fig. 58 est la bouche du même animal, vue de côté et grossie; on voit comment elle commence à se diviser en quatre lobules, qui deviendront les quatre gros bras buccaux. La fis. 59 moutre un de ces lobules ou bras futurs, dont les tentacules se trouvent disposés sur les deux bords internes. La fig, 60 est un corpuscule marginal fortement grossi et vu en dessous. La fig. 6r est la Medusa aurita complétement développée et vue de côté, avec ses quatre bras. buccaux , pendans et parfaitement fendus, et garnie de ses nombreux tentacules marginaux. étalés. La fig. 62 représente un jeune Cyanea capillata, vu d’en haut et de grandeur naturelle. A la fig. 63, le même animal est figuré de profil; la bouche est quadrangulaire, un peu fen-. due ou divisée en quatre lobules ; les tentacules marginaux sont très longs et pendans; et la fig. 64 en est une partie grossie et vue en dessous, On voit au milieu la bouche qui, extérieu- rement, est divisée en quatre lobules ; autour d’elle viennent les tentacules des plicatures en couronne qui sont vues à travers les tégumens; plus loin, sous la forme d'éminences, se voient les tentacules marginaux, dont le médian est déjà devenu un tentacule lopg et filiforme. es FLOURENS. — S/ructure des membranes muqueuses. 349 RECHERCHES ANATOMIQUES sur la structure des membranes muqueuses ( 5° Mémoire), Par M. FLourens. ( Présentées à l'Académie des Sciences , le 29 novembre 1841.) J'ai fait connaître, par mes précédens Mémoires, d’abord, la structure de la peau, soit dans l’homme de race de soit dans l'homme de race colorée (1); et ensuite la structure des membranes muqueuses de la langue (2), de la bouche, de l’œ- _sophage et des intestins (3). Je fais connaître, par celui-ci, la structure de la membrane muqueuse du nez, de celle de la tra- chée-artère , et de celle de la vessie. | _ Je commence cette nouvelle suite d’études par l'étude de la membrane muqueuse du nez ou pituitaire. La structure intime de la membrane pituitaire est encore, au- jourd'hui même, très peu connue. Vers le milieu du dix-septième siècle , Schneider détruit l’er- reur ancienne qui faisait descendre la pituite du cerveau , et montre, dans la membrane muqueuse du nez, qu'il nomme pour cela même membrane pituitaire, le véritable organe de la sé- crétion de la morve ou pituite. (4) Bientôt après, Ruysch distingue et sépare de la membrane muqueuse proprement dite le périoste qui recouvre les os du nez (5) Haller , un des premiers, parle de l’épiderme de la membrane (x) Voyez Annales des Sciences Naturelles, tome wir, page 156. (2) Jbid, , tome vu, page 219. (3) Zbid. , tome xr, page 282. (4) Conradus Victor Schneider: De Catarrhis, etc... .. Illa membrana pituitam condit, continet. et emittit ; ib. xx, cap. 8. (5) Et le périchondre qui en recouvre les cartilages. Præterea consideratione dignum Jjudico, septum narium cartilagineum, non solum investiri membrana mucosa, verum quoque sub hac immediate membranula tenuissima. Hæœc continuatio est Periesi, uast partem osseam obducentis, atque perichondrum dici meretur ; epist. vrir. 35O FLOURENS. — S{ructure des membranes muqueuses. pituilaire (1); mais ni Bichat, ni Meckel, ni Béclard, venus après Haller, n’en parlent plus. Bichat parait ne voir, comme Ruysch, FRA la membrane pi. tuitaire, que deux feuillets, dont l’un est le périoste même et l'autre le feuillet mugueux (2). Meckel n’en dit pas plus que Bichat (3); et Béclard se borne à dire que : « dans certaines « parties, comme les fosses nasales..., la diminution de l'appa- «rence de l'épithélium est graduelle, insensible ; et qu’il est « impossible d’en assigner exactement les limites. (4) Ainsi, Bichat et Meckel ne parlent que du chorion, du derme de la membrane piluitaire ; Béclard ne parle que de l'épiderme des bords extérieurs de cette membrane ; et nul ne parle du corps mugueux , de ce corps, de cette lame particulière , qui, comme on l’a déjà vu par mes précédens Mémoires, et comme on va le voir encore par celui-ci, s’interpose toujours, dans toute membrane muqueuse, entre le derme.et l'épiderme. Trois lames superposées constituent donc toute membrane muqueuse ; et ces trois lames se voient, en effet avec évidence, sur la pièce n° , que je mets sous les ;eux de l’Académie. Cette pièce est un morceau de la membrane pituitaire d'un cheval, et de la portion même de cette membrane qui recouvre les cornets du nez. On voit, sur cette pièce, au fond : lederme tout sillonné de lignes, lesquelles sont disposées comme les ner- vures d’une feuille; devant le derme est une membrane fine, qui est la /ame muqueuse où le corps mugueux; et, devant le corps muqueux, est une lame plus fine encore qui est l’épiderme. Le derme, le corps muqueux et l’épiderme existent donc, (4) Suam habet sibi superjectam .epidermider ,; dit-il (Elermenta Physiologiæ, etc. tome v, page 144); mais, ce qui est singulier, c’est que, à l’appui de cette assertion , il cite Winslow, lequel a écrit cette phrase confuse : « Vers le bord des narinés externes, la membrane pitui- « taire est très mince, et y paraît comme un tissu dégénéré de la peau et de: l’épiderme. » Exposition anatomique de la structure du corps humain ; Traité de la téte; n° 336. (2) « Un feuillet fibreux, qui est le périoste ou le périchondre des cavités nasales, se joint, « dit Bichat, au feuillet muqueux pour former la membrane pituïtaire. . . .. Le feuillet mu- « queux, dit-il encore, épais, spongieux et mou, est formé d’un chorion très prononcé qui « Jui donne cette épaisseur. » Anatomie descriptive ; tome 11, page 573. (3) Manuel d Anatomie , tome nr , page 279. (4) Élémens d’Anatomie genérale, ete.; page 256. FLOUREA\S. — Siruclure des membranes muqueuses. 351 réunis et superposés Pan sur l'autre, dans la A mu- queuse du nez ou piluitaire. Je passe à la membrane muqueuse de la trachée-artère. La structure de cette nouvelle membrane n’est pas mieux connue que celle de la membrane péuitaire. Haller y admet un épiderme (1) que Bichat nie. Bichat dit formellement que : « dans aucune partie de la membrane muqueuse des voies aé- « riennes, on ne peut démontrer l’existence de l’épiderme.» (2) Or, je montre ici, sur les pièces nos 2 et 3, et l’épiderme, et le corps muqueux et le derme de la membrane ae de la trachée-artere. Ces deux pièces sont deux morceaux de la trachée-artère d'un Chevai. On voit l’épiderme sur la première. L’épiderme manque sur la seconde ; mais on y voit deux lames détachées et superposées : l’antérieure est la /ame muqueuse ou Île corps mu- queux ; la postérieure est le derme. La membrane muqueuse de la trachée-artère, a donc, comme la membrane muqueuse du nez, comme toutes les membranes muqueuses étudiées par moi Jusqu'ici, un derme, un corps mu- queux et un épiderme. Il en est de même de la membrane muqueuse de la vessie. La pièce n° 4, que je mets sous les yeux de l’Académie, est la vessie d'un lapin. On voit clairement, sur cette vessie, trois lames, toutes trois d’une finesse extrême, et placées l’une sur l’autre : l’antérieure ou la plus fine, est l'épiderme ; puis vient la /ame muqueuse ; puis vient le derme; et derrière le derme, est la membrane ou plutôt la couche musculaire de la vessie. | (x) Epidermis est levis, sui sémilis, simplex. . .. .. Eam in funesta puerorum angina. fre- quenter ægroti reddunt. Elem. Physiolog., iome 111, page 148. (2) Anatomie descriptive, tome 1v, page 56. « L’unique preuve, ajoute-t-il, que l’on « puisse acquérir ici de l'existence de l’épiderme, se tire des cas pathologiques où des frag- « mens membraneux ont été rendus par expectoration, Haller en cite plusieurs, et n’admet « que d’après cela un épiderme muqueux pulmonaire. Mais celte preuve est insuffisante , ces lambeaux pouvant être analogues aux eschares plus où moins profondes produites sur la « peau par les brûlures, ete, » $ 352 FLOURENS. — Structure des membranes muqueuses. L'épiderme de la vessie avait été déjà vu par Haller (1); il avait été vu par Ruysch (2); mais Haller, mais Ruysch parais- sent ne l'avoir vu qu’à la suite de lésions ou de maladies de la vessie, qu'à la suite de cas pathologiques. Or, je le montre ici isolé, détaché du reste de la membrane par un procédé régulier, méthodique, sûr; et je ne montre pas seulement l’épiderme, je montre l’épiderme, le corps muqueux et le derme de la vessie. Les membranes muqueuses ont donc toutes une même et fondamentale structure; -et cette structure est complexe. Aucune membrane muqueuse n’est simple. Toute membrane muqueuse, quelque mince, quelque fine qu'elle soit, a toujours trois lames ou membranes distinctes : un épiderme, un corps muqueux et un derme. Et cela va si loin, qu'il n'est pas jusqu’à la membrane interne des artères ( membrane déjà classée en effet, par quelques anatomistes, parmi les membranes muqueuses } (3) qni n'offre les trois lames ou membranes distinctes et superpo- sées dont je parle. La pièce n° 5, que je mets sous les yeux de l’Académie, est une portion de l’aorte d’un bœnf. On voit, sur cette pièce, trois lames détachées et superposées : la première, et la plus fine, est l’épiderme ; la seconde est la lame muqueuse, le corps muqueux; et la troisième est le derme. Derrière le derme est la membrane propre, lamembrane fibreuse ou moyenne des artères. ! (1) Membrana vesicæ nervea.. ., ex cute evidenter continuata, præcipua est vesicæ tunica. . Intima membrana, levissima..., tenuior quam nervea, epidermidis est propago.... Cum epi- dermide, cui continuatur, id habet commune, ut secedat de nervea, deque corpore exeat...., et perinde renascatur. Elementa Physiologiæ , etc.; tome vu , page 326. (2) Pauca superaddo de interiore membrane, quæ vesicæ urinariæ cavitatem urinæ conti- guam facit, De qua imprimis notasse juvet portionem ejus, a reliqua separatam, posse per vias urinæ excerni, Adversarior. anatomic. Decas secunda, p. 24. (3) Bichat, Anatomie générale , tome 11, page 52, dit : « Quelle est la nature de cette mem- « brane (membrane interne où commune des artères) ? Je l’ignore entièrement. » — « On l'a « comparée, dit Béclard, aux membranes séreuses et au tissu muqueux ou cellulaire. . .….; « c’est à l’arachnoïde qu'elle est le plus comparable. » É/émens d’Anatomie génér., p. 371. Les anatomistes, plus récens, qui l'ont comparée aux membranes muqueuses, ont, comme on voit , rencontre plus juste. FLOURENS. — Sfruciure des membranes muqueuses. N ba) * Trois lamés constituent donc, comme jeviens de le dire, toute membrane muqueuse, et cés trois lames peuvent être complète- ment isolées et détachées l’une de l'autre par nne macération lente ét méthodiquement ménagée. Cette macération méthodique! est même le seul procédé qui les donne; et jamais peut-être n'a-t-on mieux vu que par cet exemple combien est radicale et profonde l'influence de la mé- thode en fait d'anatomie de structure. Malpighi se servait du procédé de lébullition pour déta- cher les unes des autres les lames constitutives des mem- hranes muqueuses; et ce procédé lui donnait le réseau mu- queux de la langue. Je me sers du procédé d'une macération lente et méthodique- ment ménagée, et ce procédé me donne, au lieu d’un réseau, ue {ame continue et entière. J’ai fait voir, dans un précédent Mémoire (1) que le réseau de Malpighi, ce réseau si fameux en anatomie, n'est qu'uu réseau factice : le corps muqueux de la langue est Fsenrielement une lame continue et entiere. “Les: trous qui transforment cette /ame continue en réseau , sont dus à l’arrachement des gaînes que le corps muqueux four-- nitaux papilles du derme. Chaque papille du derme a en effet, comme je l'ai fait voir (2), ‘une double gaine : une gaine fournie par le corps muqueux, et une gaine fournie par l’épiderme. Or, quand on emploie le procédé de l'ébullition, comme Malpighi, l'épiderme se crispe et, se contracte. Chaque gaine du corps muqueux se trouve prise et.serrée dans chaque gaine .de l’épiderme: Et quand on enlève l’épiderme, toutes ces gaines du corps :muqueux,. serrées par autant de gaines de l’épiderme, .sont arrachées et le suivent. Partout. donc où était d’abord une gaine muqueuse est maintenant un trou, et le corps muqueux tout entier, qui formait d’abord une /ame continue, ne forme plus maintenant qu'un réseau. | (x) Voyez Annales des Sciences medicales , {ome 1v, age 445. 2) ibid. XVE. Zoov — Décembre, 23 ‘354 rrourens. — Séructure des membranes muqueuses. Je montre dans la pièce n°6 une langue de bœuf préparée ‘d’après le procédé de l’ébullition, ou de Malpighi. On y voit le «magnifique, mais factice réseau de ce grand anatomiste. La pièce n° 7 est une langue de veau, préparée d’après mon procédé. Le corps muqueux y forme une /ame continue et en- tiere, Cette pièce n° 7 montre cette lame continue par sa face “externe. La piécen” 5, préparation faite sur une langue de bœuf, montre cette même lame continue par sa face interne. La pièce n° 9 montre, sur une langue de mouton, le derme, le corps mugueux continu et l'épiderme. Norge sur Le Thiceras, par le professeur EscHricar. (1) Tout le monde connaît les discussions nombreuses qui s’éle- vérent au sujet de la découverte d’un Entozoaire singulier faite en 1807, par M. Sulizer, alors prosecteur à l’école spéciale de médecine de Strasbourg, et aujourd'hui médecin praticien à Barr ( Bas-Rhin ). La plupart des helminthologistes doutèrent de l'exactitude de ses observations, et, malgré les détails remar- quables, fournis par notre compatriote, sur l'organisation de cet animal , ils refusèrent de lui donner une place parmi les Ento- zoaires, alléguant pour tout motif qu'ils ne l'avaient pas vu! En 1818, M. le docteur Lesauvage, de Caen, annonça qu'il avait retrouvé le ver de Sulizer ( Bulletin de la Faculté de mé- decine de Paris, tom. vi, p. 115); mais son Mémoire résté, pour | ainsi dire, inconnu, ne suffit pas encore pour dissiper les = rés | de plusieurs des helminthologistes. | L'article suivant, que nous trouvons dans les Archives de Müller, sulfiratil pour ôter tout scrupule à nos sceptiques? Nous avons lieu de le croire, à moins qu’on ne s’obstine à fer- mer les yeux en présence des faits les plus évidens. Voici cet article, extrait d'une lettre adressée par le professeur Eschricht, de Gopcntie au professeur J. Müller : « J'ai reçu, il y a quelques mois, de mon ami M. Grove, (1) Traduit par M. Lereboullet. ( HWuller's #rchiv, , 1841, n. 5 , p. 435.) EscHeicuTr. — Sur le Diceras. 355 médecin cantonal (Landphysicus) à Rænne, dans l’île Born- holm, un flacon renfermant quelques vers rendus en quantité prodigieuse par sa petite fille, à la suite d’une grave maladie, et dont il me priait de lui indiquer le nom, attendu qu’il ne les connaissait pas. On se représentera mon étonnement, quand je reconnus de suite la figure de l’un des pseudohelminthes donnés par Bremser, sur le frontispice de son ouvrage, sur les vers qui vivent dans le corps de l’homme ( Lebende Würmer im lebenden menschen }: c'était le Mitrachyceros ou le Diceras rude Ru». de Sultzer de Strasbourg. Je m’empressai de prendre une con- naissance plus exacte de la monographie de ce médecin, int:- tulée : Dissertation sur un ver intestinal nouvellement découvert et décrit sous le nom de bicorne rude, par Charles Sultzer; Strasbourg et Paris, 1808 (1), mon intention étant de donner une description détaillée de cet helminthe si singulier. Mais, à mon grand étonnement j'ai trouvé, dans cette monographie trop ‘peu connue, une description anatomique si complete de l’ani- ? mal, que je dois la regarder comme le travail helminthologique le plus complet qui ait paru avant l’ouvrage de Meblis sur le, Douves, et que j'ai peu d’espoir d'y ajouter quelque chose d’es- sentiel. Bremser, dars l'ouvrage que j'ai cité, regarde ces ani- maux comme des semences qui auraient été avalées, et ajoute : « Celui qui lira avec attention tout ce que Sultzer dit de sa _« structure extérieure cet intérieure (car il l’a aussi disséqué ), À et qui aura soin,enoutre, de comparer les figures aux descrip- « tions , ne trouvera pas peut-être cette opinion trop ridicule. » Pour moi je ‘trouve, au contraire, cette opinion très hasardée, puisque Bremser n’était ni phytotomiste, ni helminthotomiste, el en même temps tres imprudente, attendu que le jugement d’une aussi grande autorité en helminthologie devait avoir une influence décisive sur le sort de la dissertation et sur son auteur. Malheureusement ce jugement téméraire et inprudent élait en- tièrement faux. Le Diceras rude est réellement un Entozoaire, qu’il puisse ou non s'adapter au système de Rudolphi, et ce ver est exactement, à l'extérieur comme à l'intérieur, tel que Sultzer (x) Il y a ici erreur typographique, sans doute ; c'est en 180: qu'il faut lire. 23. 350 ESCHRICHT. — Sur Le Diceras. la décrit, car Sultzer l’a disséqué avec le plus grand soin. Com- ment se fait-il que ce ver, que l’on a trouvé deux fois en quan- tité prodigieuse, n'ait encore été rencontré que ces deux fois, savoir, prés de Strasbourg en 18or et sur l'ile Bornholm en 18#r (1)? C’est ce dont il est difficile de se rendre compte, sur- tout pour moi et pour d’autres, qui ne croient pas à la généra- tion spontanée. » NÉCROLOGIE. JEAN-VICTOR AUDOUIN, Membre de l’Institut de France ( Académie des Sciences) et de la Lécion d'Honneur ; Professeur- administrateur au Muséum d'Histoire Naturelle ; Docteur en médecine ; Membre de la Société royale d'Agriculture , de la Société Philomatique de Paris; de la Société Entomologique de France ; de la Société royale académique de Caen , des Sociétés Linnéennes de Bordeaux et du Calvados, des Sociétés académiques de la Loire-Inférieure et d'Arras , de l’Académie des Sciences d’Aix , de la Société des Sciences de Lille, de la Société Philomatique de Perpignan, des Sociétés d'Agriculture de la Drôme, de la Marne , de Lyon, de la Charente-Inférieure, du département de Seine-et-Oise et d'Aurillac, du Cercle médical de Vassy, de l’Académie de Médecine de Marseille; de l'Académie des Sciences de Stockholm, de la Société des Curieux de ia Nature de Moscou , de l’Académie royale de Turin, du Lycée des Sciences naturelles de New-York, des Sociétés Géologique et Entomologique de Londres, de la Société des Sciences physiques et naturelles de Genève, de l’Académié des Sciences naturelles de Philadelphie , des Sociétés d'Histoire naturelle de Hartford , de l'ile Maurice “et de Hall, de l'Académie des Géorgophiles de Florence, de la Société d'Agriculture de Turin et de la Société de Médecine de Gand. DÉCÉDÉ LE 9 NOVEMBRE 1841. # Les Æ{nnales des Sciences naturelles manqueraient à leur mis- sion et aux devoirs qu’impose la reconnaissance, si elles omet- taient de faire part à leurs lecteurs de la mort de lun des fondateurs de ce recueil, et d'enregistrer sommairement les nombreux travaux par lesquels ce savant s'était acquis le rang élevé qu'il occupait parmi les zoologistes de nos jours. Cette perte est encore trop récente pour que Îles rédacteurs des (r) M. Eschricht n’a pas connu , à cequ'il paraît , la note du docteur Lesauvage, de Caen, publiée, comme nous l’avons dit plus haut, dans le Bulletin de la Faculté de Médecine de \aris. SERRES. — Üiscours sur J. . Audouin. 357 Aunales puissent donner la biographie de leur collaborateur ; et d'ailleurs, les liens qui les unissaient à lui ne leur per- mettent pas de se porter. juges de ses titres scientifiques : PAcadémie remplira plus tard ce devoir ; et ici nous nous bornerons à donner une simple liste de ses œuvres, et à trans- crire les expressions de regret déposées sur les bords de sa tombe par ses collègues et ses amis. DISCOURS DE M. SERRES, Président de l'Académie des Sciences. Messieurs, | Lorsqu'un homme a rempli sa: tâche scientifique, quand le temps lui a permis de se dévoiler tout entier devant ses con- temporains, sa mort est toujours un grand malheur sans doute, mais ce n’est plus qu'un malheur privé. Lorsqu’au contraire la mort frappe un savant dans la vigueur de l’âge, dans toute la force de son talent, lorsqu'elle le saisit au moment même où il allait féconder des matériaux immenses . péniblement recueillis , alors, Messieurs ,on ne peut se défendre d'un sentiment AT triste, car la perte est double en effet, puisqu’elle frappe à à-la-fois la science et la société. Tel a été le sort du jeune et savant collègue dont nous déplo- rons aujourd’hui la fin prématurée; tel a été le sort de M. Victor Audouin, si regrettable pour ce qu’il avait déjà produit dans les sciences, pins regrettable encore par jé travaux inachevés qu'il laisse après lui. Confiant à une voix plus éloquente que la nôtre le soin de tracer les phases d’une carrière scientifique tout à-la-fois si courte et si bien remplie, peu de mots nous suffiront pour ex- primer la vive douleur de l'Académie des sciences, frappée coup sur coup dans ceux de ses membres qui, comme Savart, Savary et Audouin, avaient encore devant eux un silong avenir. . Dès son entrée dans la vie ,:M. Audouin, que sa famille des- tinait au barreau, tourna ses regards vers la médecine. Il voyait dans cette belle science un champ immense pour l'activité de 354 SERRES. -— Aiscours sur J. V. Audouin. son esprit, et dans son application à l'humanité souffrante un aliment pour les besoins de son cœur. Mais quoique ses études médicales aient été des plus brillantes, quoiqu'il les ait cou- ronnées à son doctorat par une page qui ne s’effacera jamais de la médecine (lHistoire naturelle et médicale des cantharides ), une vocation presque irrésistible l'entrainait vers l'étude de la zoologie, et cette vocation fut favorisée par les nobles encoura- gemens qu'il avait sous les yeux. Alors, en effet, les Cuvier, les Geoffroy Saint-Hilaire, les Brongniart recherchaient la jeunesse studieuse avec autant de soin qu'ils en étaient recherchés eux- mêmes, car le froid égoïsme de notre époque n’a pas pénétré chez les savans, Encore élève, M. Audouin révéla toute l'originalité, toute la portée de son télent: par une de ces idées hardies qui comman- dent à ceux qui les conçoivent. Avant lui, les entomologistes avaient remarqué les différences que présentent les zones di- verses dont se composent les animaux articulés, M. Audouin fut frappé de leur analogie. Pour établir leurs caractères différentiels, les entomologistes s'étaient trop exclusivement renfermés dans les considérations extérieures de ces animaux. Pour dévoiler leur analogie, M. Au- douin fut obligé de pénétrer plus avant qu’on ne l'avait fait danis eur organisation intime : il fut obligé de se livrer à des re- cherches nombreuses pour les fonder sur des comparaisons multipliées et sur des rapprochemens ingénieux souvent pleins d’évidence; en un mot, il fut anatomiste et zoologiste tout à-la- fois. Ses connaissances profondes dans l'anatomie de l’homme percent, en effet, à chaque instant dans ses nombreux Mémoires sur l’organisation des Annélides, des Jnsertes et des Crustacés. Le premier Mémoire de M. Audouin date de 1818; son second, sur la comparaison du squelette tégumentaire des animaux ar- ticulés, parut en 1820, et recut l’assentiment de l’Académie des sciences, par l'organe de notre illustre Cuvier, si excellent juge sur cette matière. Un an plus tard, il publiait ses découvertes. anatomiques et physiologiques sur la génération des insectes ; découvertes qui à elles seules suffiraient pour lui assigner un rang très honorable dans les sciences. SERRES. — Discours sur J. V. Audouin. 359: De l’organisation des Insectes, M. Audouin passa à celle des. Crustacés, moins connue encore, et, en 1628, l'Académie des sciences couronna un travail qu'il avait fait sur ce sujet avec son excellent ami , M. Milne Edwards. Enfin, vers la même épo- que, il commença à se livrer à la publication des recherches qu'il a faites sur les Ænnélides des côtes de France, travail plein de vues élevées, auquel l'avaient si bien préparé ses études ap- . profondies sur les larves des Insectes, qui ne sont que des An- _nélides d’une autre espèce. Dèés-lors la réputation de notre jeune savant fut établie ; mais il l'avait acquise aux dépens de sa santé, quand s’ouvrit devant lui, en 1826, la carrière de l’enseignement. Ce fut là qu’il mon- tra toutes les richesses scientifiques qu'il avait accumulées, toute la sagacité qu’il y avait dans ses aperçus sur l’anatomie comparée, toute la finesse qu'il portait dans les observations si. difficiles et si délicates dont se compose l'étude des animaux sans vertébres, qu'il était appelé à professer. Il le fit d’abord, en. qualité de suppléant de MM. de Lamarck et Latreille, puis il fut nommé professeur au Muséum en 1533. L’éclat que prit, sous sa direction, le cours d’entomologie, fut pour M. Audouin la. plus douce récompense de ses nombreux travaux. Ce fut pendant son enseignement, et peut-être à cause même de cet enseignement, que M. Audouin sortit l'entomologie du cercle trop étroit où on l’avait renfermée, pour l'appliquer aux besoins de l'agriculture; car si le but de l’agriculture consiste à faire produire à la terre le plus possible, M. Audouin montra par ses nouveaux travaux que, pour atteindre ce but, il fallait conserver le plus possible aussi ce que la terre produit. En 1838, ses recherches si neuves sur les insectes nuisibles à l’agriculture lui ouvrirent, dans cette section, son entrée à l'Académie royale des sciences, où sa place était marquée depuis long-temps. On na pas oublié, à cette occasion, l’intérèt et l'utilité de son travail sur la Muscardine, espèce de champignon parasite qui produit de si grands ravages sur les vers à soie; on n’a pas oublié ses travaux importans sur les Termites , petit insecte qui ronge les bois et qui menace de destruction les constructions 360 SERRES Discours sax TJ XX. Audouin. des ports de Ja Rochelle et de Rochefort; ,on oubliera, encore moins son remarquable ouvrage sur un insecte. nomimé Pyrale, qui occasionne annuellement de si grandes pertes dans les, vi- gnobles du Mâconnais;.et dont.il a appris: à se rendre maitre. Enfin, il y a quelques semaines à peine, M. Audouin parcou- rait le midi de la France, pour reconnaitre les insectes qui nui- sent à la culture de olivier, qui forme une partie des richesses de cette contrée. C’est au moment ou il se livrait avec ardeur à ces nouveaux travaux, c'est au milieu de ce noble dévoüment. à l'intérêt public, que notre digne collègne a puisé le germe dé la maladie qui la enlevé si jeune encère aux sciences dont il a reculé les limites , et à sa famille dont il complétait le, bon, heur par lélévation de son âme et les qualités inappréciables, de son cœur. Puissent les vifs regrets que je dépose sur sa tombe, au nom de Académie royale des sciences, contribuer à adoucir, pour cette famille si honorable, l’amertume d’une perte si in- attendue! Puisse la! voix de l'amitié pénétrer encore jusqu’à iui, pour lui porter les témoignages de l’affliction profonde (de:tous ceux qui, comme moi, ont pu l’apprécier et le connaitre! DISCOURS DE M CHEVREUL, Directeur du Muséum d’His'oire naturelle, Au nom du Muséum et de la Société royale et centrale d'agriculture... Mec Lorsque nous perdons un confrère qui a fourni toute | on due de la carriere qu’il est donné à l'homme de parcourir, lorsque nous ne devons plus revoir celui qui a payé à la science tout ce qu’elle attendait de lui, parce qu’il a eu le loisir de mettre la dernière main à ses travaux pour leur imprimer la forme la plus favorable aux vérités qu'ils établissent, le dernier adieu que nous prononcons sur sa tombe entr'ouverte est toujours dou- loureux sans doute; mais la réflexion, née ds la triste condition où nous sommes tous, sans exception, de faire place à ceux qui nous suivent dans la vie, vient tempérer souvent l’amertume ” CHENREUL, = iscourisurd. F Audouin, - ‘361 des regrets que nous inspire la perte de celui qui nous y a dès long-temps précédés. Enfin, la pensée d’une dernière séparation: peut'être adoucie encore, si nous savons que le confrère qui nous manque s’est éteint au milieu des siens, après avoir vu céux qui lui étaient étroitement unis-par les liens du sang, oc- cuper la position que la sollicituae Ras avait désirée pour chacun d’eux. Ces réflexions me vinrent tout aussitôt que la An le du triste événement qui m’a imposé la tâche que je remplis main- tenant; elles me préoccupent vivement, lorsqu'il me sembie que le privilège de l’âge aurait dû m Lance de cette pénible mission : enfin, loin ire consolantes, elles accroissent les re- grets de l'ami de la famille, tout autant que ceux de l’ami de la science |. En effet, Messieurs, n'est-il pas douloureux de voir M. Au- douin mourir à quarante-quatre ans, au sein d’une famille qui lui avait donné toutes les affections et tous les biens que peut envier ici-bas l’homme le plus difficile à satisfaire? De tristes pensées ne s'attachent-elles pas au sort de la jeune femme qu'il laisse avec deux enfans er bas àge, qui ne sentiront que plus tard, tout ce que la perte d’un père a de grave? Enfin, la revue des travaux scientifiques de notre jeune confrère n’inspire-t-elle pas, de vifs regrets, en nous montrant tant de recherches inter- rompues, qui auraient été menées à bonne fin sans doute, s’il lui eût été donné de les achever, comme il l’a fait pour celles qui lui valurent l'honneur de professer & au Muséum et de siéger à l’Académie des sciences? Jean-Victor Aupouin, né à Paris le 27 avril 1997, se seutit de bonne heure le goût de l’histoire naturelle; aussi quitta-t-il bientôt la carrière du barreau, à laquelle sa famille le destinait, pour prendre celle de la re qui le rapprochait de,ses études de prédilection, en lui donnant les plus sûrs moyens de les perfectionner par la nécessité même qu’elle lui imposait de savoir l'anatomie et la physiologie de l’homme. . C'est, parce qu’il a senti que les recherches d'histoire natu- relle ; dont l'objet est de connaître la structure et les fonctions des organes d’un animal quelconque, doivent reposer, en défi- 3062 CHEVREUL. — Discours sur J. l. Audouin. nitive, sur des connaissances puisées à l’étude du corps de l'honime; c’est parce qu'il a senti, en outre, que Île naturaliste tenterait vainement de résoudre plusieurs problèmes, sil re- nonçait à s’éclairer des lumières de l'anatomie et de la physio- logie, que nous voyons M. Audouin, dès son début dans la carrière (1818), subordonner tous ses travaux à cette manière de chercher la solution des questions qu'il veut traiter. Convaincu de la sûreté des guides qu'il a choisis, il publie, à vingt-trois ans, un travail d'anatomie comparée, remarquable par la nouveauté du sujet et les généralités auxquelles linduc- tion le conduit. Il ne s’agit de rien moins que de ramener à une composition théorique le squelette tégumentaire des animaux articulés, en partant de la considération des rapports de position et de fonction, et, quand il est possible, de nombre et de forme des diverses parties de ce squelette, afin de définir chacune d'elles aussi rigoureusement que le sont entre eux les os du squelette des animaux vertébrés. Il faut bien que le jeune au- teur n'eût pas trop présumé de ses forces ni de ses méthodes, qu’il fût toujours resté fidèle à l'observation, sans se laisser séduire par de trompeuses analogies, puisque son travail obtint une approbation complète de deux hommeséminemment propres à le juger, George Cuvier et Latreille’ Le nom de M. Audouin est encore attaché à des travaux d'his- toire naturelle, de physiologie et d’une anatomie délicate et précise, entrepris sur les Crustacés, les Annélides et les Mol- lusques du littoral de la France; mais il ne s’y trouve pas seul, il est associé à celui de M. Milne Edwards, qui n’a jamais cessé d'être l’ami le plus cher et le plus bb de son colla- borateur. Telles sont, Messieurs, les principales recherches qui recom- mandent au monde savant M. Audouin comme naturaliste ob- servateur. Considérons-le maintenant dans ses relations avec le” Muséum d'histoire naturelle. Ce fut en 1827, sur la présentation de Lamarck, fortifiée de l’assentiment de G. Cuvier et de Latreille,- qu'il fut désigné par l'assemblée des professeurs-administrateurs pour faire le cours de l’histoire des animaux sans vertébres. Comme professeur suppléant, il eut tout le succès qu'il pouvait CHEVREUL. — Discours sur J. F. Audouin. 363 désirer ; aussi, lorsqu’en 1835 M. Latreille, qui depuis deux ans avait succédé à M. Lamarck dans la moitié de ses attributions, laissa vacante par sa mort la chaire d’entomologie , M. Audouin y fut-il nommé sans contestation. M. Audouin ne s'est pas seulement acquitté de ses devoirs de professeur, mais il a satisfait encore aux obligations que lui imposaient la conservation, la classification et l'accroissement de la vaste collection entomologique confiée à ses soins; notre établissement conservera donc toujours le souvenir du zèle qu'il a déployé dans cette partie des fonctions du professeur- administrateur du Muséum, qui demande à-la-fois une grande activité et une surveillance minutieuse de tous les instans. En remontant aux premiers travaux de M. Audouin, on voit qu’en s’y livrant il était préoccupé des instincts et des mœurs des animaux qu’il étudiait, et que, loin de borner son rôle de naturaliste à classer les nombreuses espèces qui font de l’ento- mologie la partie la plus étendue du règne animal, il devait saisir avec ardeur toutes les occasions de considérer l'histoire naturelle des insectes, telle que Réaumur l'avait envisagée dans ses admirables mémoires. Si ce genre d'étude touche à la phi- losophie générale, en donnant à l’homme la prenve que des actes aussi variés que nombreux sont exécutés par des individus de diverses espèces animales, en vertu d’une cause qui les y porte à leur insu d’une maniere fatale, et si la coordination de ces actes, considérée du point de vue le plus élevé, offre la preuve la plus évidente que la perpétuité des espèces fait partie du plan le plus sublime, mais dont le vaste ensemble échappe à la faiblesse de notre intelligence; il faut reconnaître, en des- _cendant de labstraction à l'application, que le genre d'étude dont nous parlons se lie aujourd’hui de la manière la plus in- time aux progrès de l’industrie et de l’agriculture, ainsi que M. Audouin l'avait parfaitement senti, et c’est pour les hâter qu'il dirigea ses principaux efforts vers ce but, dans les der- nières années de sa vie. Il était donc parfaitement préparé, non- seulement à constater l'exactitude des observations de M. Bassi sur la cause de la Muscardine, cette maladie mortelle des vers à soie, mais encore à donner plus de précision à cette belle dé- 304 CHEVREUL. — Discours sur J. V. Auxouin. couverte, et à en développer, pHSIQUrE conséquences qui inté- ressent à un haut degré la prospérité des magnaneries. Lorsqu'on apprit, à Paris (1838), les ravages qu'un petit insecte avait oc- casionés dans plusieurs vignobles de la France, M. Andouin se trouva prêt à remplir la mission que M. le ministre de l’agri- culture lui donna pour constater, sur les lieux, l’étendue des. dégâts, en déterminer la cause, et voir s’il serait possible. d’em- pêcher le retour d’un pareil fléau. S'il est à regretter que notre confrère n'ait pas achevé ré- daction de ses nombreuses recherches sur ce papillon qui, sous le nom de Pyrale, vient à l’improviste porter la désolation dans les pays dont la vigne est la richesse, espérons que les notes de l’auteur permettront de compléter la publication de cet ouvrage. Espérons que beaucoup d'observations qu’il a faites sur d’autres espèces nuisibles à l'olivier, aux arbres verts, aux céréales, etc. pourront être publiées. Il est à désirer que les recherches de M. Audouin aient des continuateurs, auxquels les encourage- mens de l'administration supérieure ne manqueront ge sans doute , car l'utilité des travaux propres à approfondir 4 con- naissance des insectes nuisibles est incontestable, lors même qu'il ne serait pas au pouvoir de l’homme d’en détruire à jamais les races. | Les travaux scientifiques de M. Audouin, et la direction qu'il avait donnée à ses études, daus ces derniers temps, peur éclairer l’agriculture, le firént appeler, en 1838, dans la section d'éco- nomie rurale de l’Académie des sciences. Quelques années au- paravant (1834), la Société royale et centrale d'agriculture l'avait nommé à une de ses places d’associé ordinaire, convaincue, qu’elle était de l'utilité des recherches entonologiques pour: les progrès des sciences agricoles. Voilà, Messieurs, les titres de notre jeune confrère à la con- sidération publique : en les rappelant dans ce moment solennel comme un hommage rendu à sa mémoire au nom du Muséum et de la Société royale et centrale d'agriculture, puissions-nous apporter quelus adoucissement à la douleur de sa famille et de ses amis! MILNE EBWARDS. == Discours sur TJ. VW. ‘Audouin. ‘365 DISCOURS DE M. MILNE EDWARDS, Membre de l’Institut, Président de la Société Philomatique. Messieurs, Ce n’est pas au nom de la science que je viens sur les bords de cette tombe vous parler d'Audouin. Il m'appartient moins qu'à tout autre de porter un jugement sur quelques-uns de ses travaux; et les services qu'il a rendus à la zoologie ont déjà été appréciés à leur juste valeur par les représentans des grands corps scientifiques dont il était membre. Mais ici la voix du cœur peut aussi se faire entendre, et une amitié étroite qui date de plus de vingt ans, et qui ne s’est pas démentie un'instant, m'impose le douloureux devoir de prendre à mon'tour la parole; car, ce n’est pas seulement comme savant que notre collègue est digne de nos regrets : ses vertus morales étaient non moins remarquables que les facultés de son esprit, et notre longue intimité ma permis de connaître les qualités ‘de son âme, mieux peut-être que toute auire personne étran- gère à sa famille. Sa’ fin. prématurée a rappelé à notre pénsée Savart et Sa- vary, que la mort a été choisir dans nos rangs comme elle a choisi Audouin parmi les plus jeunes, les plus ardens au travail et les plus dévoués au culte de la science. Savary, il est vrai, fut long-temps à lavance averti de ses coups; mais elle frappa Sa- vart d’une manière soudaine au milieu de ses plus nobles tra- vaux, et c’est aussi comme la foudre qu’elle vient d’atteindre Aucdouin ; elle l’arrache de méme à ses études quand il touchait au terme qu'il s'était marqué pour leur publication ; mais, plus * cruelle cette fois, elle l’eniève au sein d’une famille nombreuse et éplorée; elle le poursuit dans les bras d’une compagne chérie ; rend. orphelins du même coup les enfans que-la providence lui avait donnés, et celui que son cœur, non moins ardent que son 366 Mie EbWaARDS. — siiscours sur J. F. Audouin. intelligence, avait adopté comme un fils et qu’il avait placé au même rang dans son affection. Ainsi, tout ce qui peut exciter les regrets de la société, tout ce qui peut troubler de pitié le cœur des hommes, tout ce qui est propre à semer l'angoisse et la détresse au sein d’une famille, tout se trouve réuni dans cet évènement funeste. Pauvre Audouin ! quelles souffrances affreuses lui ont été épargnées, si le coup qui la frappé a éteint chez lui la con- science des pertes qu’il éprouvait lui-mên.e et du videirréparable qu’il allait laisser après lui ! Espérons-le ; car celui que nous pleurons avait un cœur à la hauteur de tous les sentimens que la nature et le devoir auraient commandés à ses alentours, si, depuis long-temps, il n'avait su les acquérir par sa bonté, par son dévoüment profond et sin- cère au culte de la famille et de l'amitié, par une chaleur d’âme peu commune. Né le premier d’une famille nombreuse, obligé de lutter long- temps contre ces commencemens pauvres et souvent désespé- rés qui désolent à leur début tant d’existences scientifiques, Audouin avait, dès ses premiers pas dans la vie sociale , appris à connaître toutes les douleurs, et su montrer tout ce qu’avaient d'inépuisable les ressources du cœur le plus dévoué qui fut jamais. Il perd une de ses sœurs, laissant après elle une RE famille; Audouin adopte un de ses enfans, qui, dans sa reconnaissance, le pleure maintenant comme un fils tendre et dévoué. La fortune modique de ses parens se dérange, et dès-lors Audouin redouble d'efforts ; il recueille sa mère et sa jeune sœur; et tandis que la premiére termine ses Jours auprès de lui dans l'oubli de ses douleurs, des économies obtenues à l’aide d’un esprit d'ordre et d'une persistance incroyable , lui permettent d'offrir une dot à cette sœur dont le mari était devenu pour lui un véritable frère. Dans sa famille nomhreuse et privée de son chef naturel, trois frères lui restaient, et il devient leur chef, leur appui, leur père. Ses conseils, ses soins, ses secours au besoin, rien ne lui MILNE EDWARDS. — Discours sur J. V. Audouin. 367 coûtait pour les guider dans la vie, pour les soutenir dans l’ad- versité, pour les consoler dans leurs malheurs. Cette chaleur de cœur instinctive, presque irréfléchie, qui le faisait s’approprier, regardèr comme siennes toutes les peines qui pesaient sur ses alentours, peut seule donner la mesure de lardeur avec laquelle, d’un autre côté, son intelligence sans cesse éveillée, recueillait toutes les observations propres à éclai- rer cette partie de l’histoire naturelle dont il avait fait une étude _ si approfondie, bien plus par goût, par entraînement que par devoir. Audouin était doué, àun haut ae: ,du génie de l'observation ; sa sagacité était vraiment surprenante , Sa patience HE et la nature l'avait doué d’une finesse d'esprit qui donnait un _ grand charme à sa conversation intime, à celle que réveillent les douces relations de famille. Ces qualités lui étaient plus nécessaires qu’à personne; car, $’attachant de plus en plus à l'étude des mœurs et de la phy- siologie des insectes, il avait à observer, à poursuivre, à pénétrer ou à deviner des faits, des actes, des instincts étranges, merveilleux, qui confondent l'esprit du zoologiste, mais qui montrent avec éclat les desseins de la Providence. Dès qu’un fait, une observation l'avaient mis sur la voie, il n’y avait pour notre ami ni paix, ni trève, ni repos, ni relâche; à tout prix il voulait en connaître, en PÉGISSF toutes les circonstances , tous les détails; remonter jusqu'aux antécédens, poursuivre jus- qu'aux conséquences, et tracer un tableau fidèle de la vie tout entière de l’insecte obscur qui venait de fixer son attention. Cette ardeur à observer, ce désir, immodéré peut-être, de voir, de connaître, de recueillir, n’étaierit d'abord guidés que par une pensée philosophique. Audouin voulait livrer aux méuitations des esprits élevés un vaste tablean des mœurs, de la vie entière _ de ces myriades d'insectes si industrieux, si habiles dans leurs instincts, qui pullulent autour de nous. | Pour donner.une idée du développement qu il avait Jugé nécessaire d'accorder à cette étude, il suffira de dire qu'il possé- dait déjà douze gros volumes in-4° d'observations de cette na- ture. Toutes les circonstances y sont relatées avec un soin ex- 368 mine Epwarps. — Discours sur J. V. Audouin. trême ; des dessins exécutés sous ses yéux par une main qui lui était bien chère, accompagnent ces descriptions, dont un grand nombre sont assez complètes pour être fivrées au public; devoir triste et doux pourtant que les amis d’Audouin sauront remplir. Mais tandis que, abandonné à-ses goûts d'observation, à ses besoins de travail curieux et ardent, notre collègue ne songéait qu’à satisfaire les instincts de son intelligence, ï devenait, sans qu’il s’en doutât peut-être, une des De de là plus nee et la plus vaste des industries. Le SRRTRIE En effet, une calamité vint à pe les vignes de notre 1pise, et en particulier celles de la Bourgogne; d'immenses richesses furent anéanties; la désolation régnait daris les pays atteints’; les populations réduites à la misère imploraient à-la-fois les secours de la religion, les lumières de la science et la sollicitude de l'administration. Un insecte causait tous’ ces malheurs: la prrale de la vigne, se développant avec une intensité-crois- sante, dévorait et détruisait, chaque année, dans a germe, les récoltes des vignerons épouvantés. | OC Audouin, préparé par ses longues études, eut Hétitéte fait connaître l’histoire entière de l’insecte, les moyens de attaquer à l’état d'œuf, de chenille ou de papiilon. Dans plusieurs mis- sions exécutées par les ordres du Ministre de l’agriculture il se mit en rapport avec les populations rurales, et, tout en recueil- lant les matériaux du magnifique ouvrage qu'il terminait quand la mort l'a frappé, il allait de village er village, exposer dans des leçons simples, expressives et vraiment populaires, les faits que les vignerons avaient tant d'intérêt à connaitre, et qui dévaïent guider leur Met ou dans FEU efforts contre ce cruel € en- nermni. Le succes de cet enseignement, l’empressement avec lequtil les conseils généraux votèrent des fonds pour favoriser la pu- blication de ses recherches, le sentiment même de la haute utilité de cette direction nouvelle donnée à ses travaux, éxai- tèrent encore ce besoin de perfection, base du caractère scien- tifique de notre ami. Il voulait voir et revoir cent fois les mêmes faits ; il voulait se livrer aux dissections les plus minutieuses pour faire connaître la Pyrale dans toutes les conditions de’sa MILNE EDWARDS. — Duscours sur J. F. Audouin. 369 vies il voulait enfin que des planches d’une exécution irrépro- chable missent sous les yeux du se tous les faits qu'il avait recueillis. | Le travail ainsi conçu exigeait PTE #n nd d’Audouin. dont la santé inspirait déjà RE inquiétndes,; ; Mais il aurait pu y suffire si la position nouvelle où il venait de se placer ne lui avait imposé d'autres devoirs. Les Termites, qui, originaires d’un pays lointain, sont venus attaquer les constructions de la Rochelle; les insectes qui dévastent les plantations forestières exécutées en Champagne; ceux qui détruisent les arbres dont nos routes sont bordées ; ceux qui mettent en péril nos cultures d'éliviers, devinrent à leur tour l'objet de ses études, dans ses missions longues et pénibles. | En même temps, donnant à son enseignement du Muséum une forme nouvelle, il consacra son cours à l'étude des insectes nuisibles à l’agriculture, et il fonda ainsi une ‘branche impor- tante de l’application des sciences naturelles à l'industrie. Mais cette surexcitation de l'intelligence succédant à une surexcitation des sentimens du cœur, devait avoir des suites funestes. Sous cette double influence, la santé dé notre ami allait toujours s’altérant; rien ne pouvait le sauver, sinon un repos antipathique à toutes ses habitudes, et un calme d’ esprit qu’une sensibilité trop développée ne lui permettait plus de se donner à volonté. Comment croire que notre ami, uni à l’une des familles les plus estimées par tous les hommes de science et les plus respec- tées par tous les hommes de bien; associée à une compagne si digne, par son caractère et ses vertus, d’embellir sa vie et de charmer son existence; heureux dans ses enfans, n'ayant rien à souhaiter pour lui-même ; comment croire qu’il mourait le cœur froissé par des chagrins répétés, si on n'avait vu dans tont le cours de sa vie avec quelle vivacité il sentait tout ce qui Ini ar- rivait en bien comme en mal. Une nouvelle et triste épreuve, ajoutée à bien (da titi vint le surprendre au milieu d’une mission qu'il accomplissait dans le Midi, ily a quelques semaines. Cruellement frappé, déjà, il revint à Paris, et tous ses amis, en le voyant, furent pénétrés des XVI. Zoor. — Décembre, 24, 370 MILNE EDWAaRDS. — Discours sur J. V. Audouin. sentimens les plus tristés. Chaque jour ses forcés sémblaient s'éteindre; $on estomac rejetait les alimèns les plus légers; les sources de la vie paraissaient attaquées. Après trois semaines des soins les plus tendres, les plus assidus, et les plus inutiles, hélas! une apoplexié est venué mettre un terme à cette” scène de désolation. Tire Une intelligence trop ardente, üun cœùr trop prompt à s’a- bandonner aux émotions les plus nobles et les plus pieuses, voilà le triste secret de cette maladie qui depuis long-temps tra- vaillait sourdement à ravir Audouïin à notré amitié. C’est à ces deux causes qu'il faut reporter l’origine de’ cette attaqué sou- daine, quoique lentement préparéé, qui vient de nous — notre collègue, àgé à peine de 44 ans. L | Son nom ne s’oubliera pas'dans l'histoire de la scienñcé;'et son souvenir réstera profondément gravé-dans le cœur de tous ceux qui Fentouraient ; car il était du petit nombre de ces hommes qu’on estime d'autant plus qu'on les connaît mieüx. Mais il'est temps que je m'arrête. Adieu, Audouin; adieu pour la dernière fois, au noôm'de ta femme; dettes Enfans,' de: tes frères et de tes amis. DISCOURS DE M. BLANCHARD, Aide-naturaliste d’Entomologie au Muséum du Jardin-du-Roi, Messieurs, aid É il à Dans cette circonstance solennelle, dans ce jour d’affhetion et de deuil, qu'il me soit permis aussi de venir exprimer! les regrets profonds que j'éprouve de la perte du savant distingué qui vient de descéndre dans cette tombe: La tendre affection qu’il eut pour moi pendant plusieurs années, la vive reconnais sance que j'en ai toujours eue et quej’en aurai toujours, me font: un devoir de lui rendre un dernier pr en se ii sa dépouille mortelle. 1152 91 Je ne parlerai point des brillans travaux de M. Audoui”, qui lui ont acquis, à si juste titre, un rang élevé:dans la science: BLANCHARD. — Âiseours sur J. V. Audouin. 371 Les progrès qu'il a fait faire à l’entomologie, les applications de cette dernière branche de la science à l'agriculture, qui étaient une création de son génie, les succès brillans qu'il avait déjà obtenus, sont maintenant assez appréciés, assez connus des savars, et d’ailleurs leur importance a déjà été mieux exprimée que je n'aurais pu le faire. M. Audouin, le digne successeur de lilustre Tatreille dans la chaire qu’il occupait au Muséum d'histoire naturelle, entouré d’une famille dont tous les membres se sont illustrés dans les sciences naturelles, et de quelques amis dévoués, croyait avoir acquis le bonheur pour une longue existence; alors qu'il avait constamment en vue celui de ses enfans et d'une épouse chérie, on était bien loin de penser qu il allait étre, si “spot. ravi à ses plus douces affections. Que le destin est donc cruel dans ses arrêts! Tous les amis de la science déploreront sincèrement une telle perte, et Je suis un des premiers à la sentir; cette amitié dont il m'honora pen- dant lons-temps, la vive sollicitude dont il m’entourait, sont un vide immense pour moi. Les bienveillans conseils qu’il me donna et qu il me donnait chaque jour, pour toutes les circon- stances importantes, aux débuts de ma carrière scientifique, ne viendront plus m'aider désormais. Que ta cendre repose en paix aujourd'hui, mon illustre maître: que ta mémoire soit chérie et honorée. Recois les regrets bien sincères, les derniers adieux de ton élève le plus dévoué! Jamais la reconnaissance que je te dois ne s’effacera de mon souvenir. | 372 Travaux. zoologiques de J. V. Audouir. LISTE DES TRAVAUX ZOOLIQUES DE J.-V. AUDOUIN. 188. re: L2 d Anatomie d’une Larve apode, trouvée dans le Bourdon des pierres, par MM. Lachat et Audouin. ( Journal de physique , tome zxxxvur, et Mémoires de la Société d'histoire naturelle de Paris, tome 1, page 329; avec planches. ) 1820. Mémoire sur les rapports naturels qui existent entre les appendices masticaieurs et locomoteurs des Crustacés , et ceux de même nature chez Les {nsectes apodes et les Arachnides. (Lu à l'Académie des Sciences, le 7 février 1820, inédit.— Voyez Analyse des travaux de l’Académie pendant 1820, par G.. Cuvier.) er Recherches anatomiques sur le thorax des animaux articulés et celui des insectes en particulier. (Lues à l'Académie des Sciences, le 15 mai 1820, et publiées en partie dans les Annales des Sciences naturelles, tome 1.) 1821. Mémoires sur l'Achlysie, nouveau genre d’Arachnides trachéennes. ( Mémoires de la Société d’histoire naturelle, tome 1 , page 98 , avec planche.) Observations sur les organes copulateurs mâles des Bourdons. (Annales genérales des Sciences physiques , tome vuir, page 285.) Recherches sur les rapports naturels qui existent entre les T'rilobites et les animaux articulés. ( Annales générales des Sciences physiques, tome vit, page 233, avec planche. ) 1824. Lettre adressée à M. Arago, président de l’Académie des Sciences sur la génération des Insectes. (Annales des Sciences naturelles, tome 11, page 281.) L2 Travaux. zoologiques de J. V. Audouin. 373 … Recherches anatomiques sur la femeile du Drile jaunâtre et sur le mâle de cette espéce. (Annales des Sciences naturelles, tome 11, page 443, avec uue planche. ) | Note sur une nor odlls espéce ÉD. ( Annales des Sciences naturelles, tome 11, page 497.) 1826. Mémoire sur la Nicothoë, animal singulier qui suce le sang des Ho- mards, par MM. Audouin et H. Milne Edwards. (Lu à l'Académie des Sciences, le 13 novembre 1826. — Annales des Sciences naturelles , tome 1x , page 345.) Becherches pour servir à l’histoire naturelle des Cantharides.( Lues à PAcadémie, le 3 septembre 1826. — Annales des Sciences naturelles , tome 1x, page 31.) 1827. ‘Recherches anatomiques et physiologiques sur la circulation dans les Crustacés , par MM. Audouiv et H. Milne Edwards. (Premier Mémoire , lu à l'Académie des Sciences, le 15 janvier 1827 ; deuxième Memoire, lu le & fevrier 1837. — Annales des Sciences naturelles, tome xt, pages 283 et 352. avec planctes.) Recherches anatomiques sur le système nerveux des Crustacés, par MM. Audouin et H. Milne Edwards. (Lues à l'Académie des Sciences, en septembre 1828. — Annales des Sciences naturelles, tome x1v, page 75, avec planches.) 1828. De la respiration aérienne des Crustacés, et des modifications que l’appa- reil branchial présente dans les Crabes terrestres, par MM. Audouin et H. Milne Edwards. (Lu à l’Académie des Sciences, le 12 mars 1828.— Annales _des Sciences naturelles , tome xv, page 85.) Observations pour servir à l’histoire de la formation des Perles.(Lues à la Socié d’:istoire naturelle en juin 1828. — Mémoires du Museum d'histoire maturelle , tome xvir, avec planche.) Résumé des recherches sur les animaux sans vertèbres , faites aux îles Chausey, par MM. Audouin et Milne Edwards. ( Présenté à l’Académie des Sciences, le 29 septembre 1818.—Aunmales des Sciences naturelles, t. xv, p. 1.) 1829. Observations sur l'animal de la Siliquaire. ( Communiquees à la Societe 374 Travaux zoologiques de, I. F. Audouin. Philomatique, le 3 janvier 182g.—Annales des Sciences naturelles (Revue), 1829, page 13.) Mémoire sur l’animal de la Glycimére et sur l'anatomie de cè Mollusque. ( Lu à la Société Philomatique , en mars 1829. — Arnales dés Seicnces natu— relles , tome xxvir, page 331 , avec planches. ) Observations sur un Mollusque de la Méditerranée , qui se rapproche beaucoup des Clavagelles. ( Commuuïquées à l'Académie des Sciences , le 29 juin 1829. — Annales des Sciences naturelles ( Revue ), 1829, page 78.) Des poils des Annelides , considérés. comme moyen, de défense , par MM. Audouin et Milne Edwards. (Lu à J'Académie des Sciences, le 19 juillet 1829. — Annales des Sciences naturelles, tome xxt , page 317.) ) Description et classification des Annélides de France , par MM. Audouin et Milne Edwards. ( Présentées à l’Académie des Sciences, le 19 juillet 1829. — Annales des Sciences raturelles, tome xxt. ) | à Observations sur divers faits relatifs à l’anatomie des Crustacés et à la découverte de plusieurs Mollusques nouveaux, par MM. Audouin et Milne Edwards. ( Lues à l'Académie des Sciences , le 23 novembre 1829. — Annales des Sciences naturelles , tome xxt, page 317.) | 1830. Description de l’Hypponoë , nouveau genre d'Annelides, par MM. Audouin et Mine Edwards. ( Annales des Sciences naturelles, tome xx, page 156, avec figures. } Note sur le système nerveux des Crustacés , par MM. PA he et : Miluc Edwards. ( Lue à la Societe d’histoire naturelle de Paris. — Annales des Sciences naturelles, tome xx, page 181.) Recherches sur la cause de certaines fissures, qu’on PP RE sur les trges des Poiriers et qu’on attribue à la gelée. ( Communiquees à la Société ento- mologique ; le 2: décembre 1836, et publiées par extrait dans le Bulletin de. cette Sociéte. — Annales de la Société Entomelogique , tome v, page 68.) 1832. Observations sur Paccouplenrent entre des individus d’espéces différentes du genre Coccinelle. (Communiquées à la Société Entemologique , le 4 avril 1832. — Annales de la Sociéte Entomologiqne , tome ?, page 232.) Recherches pour servir à l’histoire naturelle du littoral de la France, ou Recueil de mémoires sur l’anatomie , la physiologie et les mœurs des animaux de nos côtes, par MM. Victor Audouin ct Milne Edwards. In- LE avec planches. ) Travaux zootogiques de J: V. Audouin. 379 Becherches sur quelques Araignées parasites des. genres Ptéropte, Cæris, Argas et Ixode. ( Annales des Sciences naturelles, tome xxv, page 401.) 1833. Observations sur les phénoménes qui précédent souvent la reproduction des pattes chez certains cree ( Dies de la Société Entomologique, toine 1, page 238.) Note sur un Insecte fossile, découvert dans le terrain. houillier. ( Lue à l'Académie des Sciences , le 25 février 1833. — Annales de la Société Entomo- logique de France, tome 11, page 7. — Feuilleton du jonrmal le Temps , 27 fevrier 1834.) Obsers ations sur le nid d’une Araignée , construit en terre et remarquable par une grande perfection de travail.( Annales de la Société entomologique de France, tome 1.) Observations sur un Insecte coléoptère qui passe une grande partie de sa vie sous la mer. ( Lues à l’'Academie des Sciences, le $ juin 1833. — Nou- velles Anvales du Muséum d'histoire naturelle, tome ur, page 117.) Observations sur les métamorphoses d’une Chenille du genre. Dosithea , et.sur les habitudes d'une iarve d’Ichneumon, qui vit à ses dépens. (Mémoire lu à la Société Entomologique, le 6 novembre 1833, et publié dans les Annales de cette Societe ,.tome 111, page 417, avec planches.) Observations sur le mode singulier d’accouplement des Cébrions. ( Annales de la Société Entomologique de France , tome 11. ) Observations sur les coques construites par divers insectes, qui subissent leurs métamorphoses dans la terre. (Communiquées à la Société Entomolo- gique , le 4 décembre 1833. — Annales de la Société Entomologique, page 71.) Observations sur la faculté que possèdent les Callidies de ronger des corps trés durs. (Communiquées à la Société Entomologique , le 18 décembre 1833, et insérees par extrait dans'le Bulletin de cette Société. — Annales de la Societé Entomologique, tome 11, page 76.) | PE Observations sur la maniére de vivre des Larses du Sitaris humeralis. ( Communiquées à la Société Entomolos pique de France, séance du 2 de- cembre 1835. — Annales de la Société , tome 1v ). 1835. Quelques remarques sur le développement excessif de la lévre inférieure dans les Stènes. { Annales de la Socitté Entomologique de France, tome 1v , page 166.) 376 Travaux zaologiques de J. V. Audouin. Observations sur les altérations que produit le Puceron lanigére sur les pommiers. (Gommuniquées à la Société Entomologique ; le 5 février 1835, et publices par extrait dans le Bulletin de cette Société. — Annales de la Société Entomologique, tome v, page 9.) Mémoire sur une larve de Taupin ( Elater segetis ) qui exerce de grands ravages dans les champs d'avoine. ( Lu à la Société Entomologique, le 3 juin 1839.— Inédit.) . que À Analyse de deux culculs d’ Here urique , pros dans er canaux. er canaux biliaires des [nsectes. Détermination des fonctions. de ces canaux. (Lettre adressée à l’Académie des Sciences, séance, du 7 décembre 1835. — Compte rendu des séances, tome 1, page 42.— Annales des Sciences paires, deuxième série, tome v, page 129.) ‘1837. Observations sur les Podures ( Podura uivalis L.), observés à la surface. de la neige dans des Alpes. (Communiquées à la Socicte Entomologique de France , séance du 17 février 1836. — Annales de la Societe PntanélneNe (Bulletin ), tome 5, page x1. ) | Observations sur les Insectes , qui, depuis plusieurs années , dévastent le. bois de Vincennes. ( Lues à la Societe entomologique, le 2 mars 1836, et publiées par extrait dans le Bulletin de cette Socicté. — Annales de la Société Entomologique , tome v, page xv. ) Observations sur le dépérissement de plusieurs Chénes, qui-a eu pour cause la. piqûre faite à l'écorce par des milliers d'insectes du genre Coceus. ( Communiquées à la Société Entomologique, le 6 avril 1836 et publiées par extrait dans le Bulletin de cette Societe. — Annales de la Société Entomolo- giqua , tome v, page xxx. ) Q à Examen des Crustacés qui habitent les saliées de Marignane. (Gâsarinn- niqué à l’Académie des Sciences, déns la séance du 7 novembre 1836. 77 Gompie rendu des séances, tome 11, page 545. ) | Observations sur les dégâts occasionés par le Ptinus fur dans les farines conservées en Magasin. Cobnuniabioie à la Société Entomologique, le. 18 novembre 1836, et insérées par extrait dans le Bulletin de cette Societe. — Annales de la Societé Entomologique ; tome v, page lxij.) Observations sur un genre nouveau d'Entomostracé bivalve, remarquable par son volume. — Lues à la Société Entomolosique , le 1° février 1837. — Annales de la Société Eutomologique ( Bulletin) , tome vr, page 1x.) Note sur la demeure d’une Araignée maçonne originaire de l’ Amérique du. Sud. ( Lue à YAcadémic des Sciences , séance du 29 mai 1837. — Compte rendu , tome 1v, page 853. — Annales des ciences naturelles, avril 1837.) Travaux zodlogiques de J. F. Audouin. 397 Observations sur la manière dont les Sculytes nuisent aux arbres forestiers. ( Communication verbale, faite à la Societé Entomologique, le 14 juin 1837, et publiée par extrait dans les Annales de cétte Société, tome vr, Bulletin, page 1j.) Notice sur les ravages causés , dans quelques cantons du Maconais , par la Pyrale de la vigne. (Lue à l'Académie des Sciences, le 4 septembre 1837. ._—Anñales-des Sciences naturelles, deuxième série, tome vur, page 5.) Considérations nouvelles sur les dégäis occasionés par la Pyrale de la vigne, particuliérement dans la commune d’ Argenteuil. ( Lues à V Académie des Sciences , le 25 septembre 1837. — Annales des Sciences naturelles ee série, tome vint, page 65. ) | Remarques sur les dégâts occasionés aux ormes de nos routes par les in- sectes. (Inédites, mais publices par extrait dans le grand ouvrage de M. Loudon, intitulé: Ærboretum et fruticetum britannicum , pages 1387 et suivantes.) 1839. Observations sur les écailles des ailes de la Pyrale de la vigne et sur la structure de la verge de cet insecte. ( Communiquées à la Societe Entomolo- gique ; le 16 janvier 1839. — Annales de la Socicte Entomologique , tome vuir, page 111.) | Exposé sommaire de diverses observations recueillies Émrit plusieurs années sur les insectes nuisibles à l’agriculture , et présentées à l’Académie des Sciences, le 27 janvier 1838.— Annales des Sciences naturelles , deuxième série, tome 1x, page 54.) Remarques sur la Cochenille du Nopal. (Communiquées à l’Académie des Sciences , le 8 juillet 1839. — C: -mptes rendus , tome 1x, page 69. — Annales de la Société Entomolugique , tome vr, page xlvj.) Instructions pour un voyage de M. Lefebvre en Abyssinie. ( Lues à l’Aca- démie des Sciences, le 4 février 1839.—-Comptes rendus , tome vit, page 160.) Observations sur l’Artemia salina. ( Comptes rendus des séances de l’Acadé- mie des Sciences , tome 1x, page 570.) Observations sur le vol des Cétoines. (Communiquées à la Société Entomolo- gique le 4 decembre 1839.— Annales de la Societé Entomologique, tome vurr, page xlviij. } Deuxième lettre pour servir de matériaux à l'histoire rs insectes , conte- nant des observations sur les mœurs des Odynéres , adressée à M. Léon Dufour. ( Annales des Sciences naturelles , deuxième série , tome 11, page 104, avec figures.) 37,8 Travaux zoologiques de J. F. Audouin. - 1840. Observations sur certains insectes qui attaçuent les bois employés dans les constructions. ( Annales des Sciences. naturelles, deuxième scrie,.tome #x1v, page 39.— Comptes rendus , tome x , page 689. ) and Sur une éducation, faite à Paris, d’un Ver à soie de la PRE Bombyx cecropia ). (Comptes rendus dés séances de l’Académie rs 0 tome 11, page 96.) 21e Remarques sur la phosphorescence de quelques animaux «action (Couyies rendus des séances de l'Académie des Sciences, tome 11, page 747.) Histoire des insectes nuisibles à la vigne, et particuliérement de la Pyrale, 1 vol. in-4, avec atlas. ( La première livraison à paru en 1840 ; la seconde. est sous presse, et la publication de Jouvrage tout entier sera premptement achevé.) 1841. Description des Crustacés nouveaux 'ou peu connus , et remarquables par leur organisation, conservés dans la collection du Muséum, , par MM. Audouin et Milne Edwards. Premier article, sur le genre Sér ole ; ; second arücle, sur l'Ecrevisse de Madagascar, ( Archives he Muséum , tome H , page 5.) M. Audouin a publié uu grand nombre d'articles entomologiques dans le Dictionnaire classique d'histoire naturelle, et a concouru à la rédaction d’un petit Manuel d’entomologie , faisant partie de l'Encyclopédie portativé. On lui doit aussi Particlé Ærachnicde, publié dans le Cyclopedia of anatomy and Physiology ; Yarticle : 4beëlle du Dictionnaire d'histoire naturelle, " °* vb Enfin , il a donné dans le grand ouvrage sur l'Egypte , üne explication sommaire des planches zoologiques publices par M. Savigny. PUBLICATIONS NOUVELLES. Report on the invertebral Animals, etc.; Rapport sur les Ani- maux sans vertèbres du Massachusets; publié par ordre de l’Assemblée législative, par M. A. Gourp (1 vol. in- 7 avec figures. Cambridge, 1841). L'état du Massachusets a donné ün noble exemple en décrétant les travaux dont M: Gould vientide publier une portion ; /et des naturalistes appreudront avec plaisit que presque tous les autres états de PUnion-Américaine sont entrés dans la même voie et: rassemblent les matériaux nécessaires. pour ecrire, lhis- toire naturelle des vastes régions envabies par cette fille cadette de la civilisation Européenne. Le volume que nous avons sous les yeux est consacré presque entièrement aux Donne et contient une descriptiou détaillée de toutes les espèces observées jusqu'ici dans le Massachusets ; plusieurs d’entre , elles sont nouvelles et ont éte figurces avec soin par lauteur. . La liste des Crustacces, des Annelides et des Radiaires est moins riche en espèces nouvelles, mais offre aussi de l'intérêt. GENERA el index methodicus Europæorum Lepidopterorum , À. J. À. BorspuvaL (1 vol.in-8°). (1) Dans ce livre M. Boisduval expose le système de classification qui lui est propre, donne Jes caractères de tous les genres dans lesquels il répartit les Lépidoptères d'Europe, et indique.le nom, la patrie et l’époque d'apparition de chaque espèce. * ZooLOGIE CLASSIQUE, ou Histoire naturelle du règne animal , par M. Poncer; 2% édit. 2 vol. in-8° avec atlas (2). Nous ne pourrions sans déroger à la règle toujours suivie dans la rédaction ‘des Ænnales, donner l'analyse d’un traité général de zoologie, et par conséquent (x) Prix, 5 fr.; chez Roret, éditeur. (2) Paris’, 1841 ; chez Roret , libraire. Prix, 26 francs. 380 Publications nouvelles. nous devons nous borner à annoncer ici l'ouvrage que vient de publier M. Ponchet, professeur d’histoire naturelle au muséum de la ville de Rouen. Nous ajouterons cependant que ce Traité, destiné à rendre facile les abords de la science, nous a: paru rOIEE avec. pe et renferme une masse très: considérable de faits importans à connaître pour quiconque veut étudier d’une maniere serieuse l’histoire des animaux. Ce livre pourra aussi être consulte avec fruit par les hommes déjà versés dans la z00l0pies car l’auteur y développe la classification de M. de Blainville, methode qui n'avait pas encore êlé cxposée avec les mêmesdétails. Cours ÉLÉMENTAIRE d'Histoire Natsrelle c nt des collèges et rédigé conjormément :au programme. de. l’Université ; par. MM. Mrsne Ebwarps, Ad. DE Jussieu et F. BEUDANT; _ Zoologie, par M. Muwe Enwarps, membre de l'Institut, professeur au Muséum d'Histoire naturelle, etc. Deuxième partie (1). La seconde et dernière partie de ce petit Traité de zoologie vient de paraître et contient des notions sur Porganisation des animaux en général, sur Jeur clas- sification et sur leur distribution géographique. Pour faciliter l'intelligence du sujeton a intercalé dans le texte un grand nombre de figures gravées avec soin. (1) Un vol. in-18, chez Fortin-Masson et C°. Paris, 1841. (Les deux parties renferment 416 figures.) La Minéralogie par M. Beudant est également en vente , et les volumes consacrés à la géologie et à la botanique paraîtront au printemps. | Se Ç QC ———— TABLE DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE VOLUME. ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE. Leçon sur la Statique chimique des êtres organisés, par M. Dumas. . . 33 Recherches expérimentales sur l'alimentation , par M. MAGENDIE . . , : 73 Cinquième mémoire sur le développement des os, par M. Frourens. . . 932 Sur le mouvement rotatoire qu'exécute le vitellus de l’œuf des Mammi- feres dans son passage à travers l’oviducte, par le D'T.L. W. Biscorr. 298 Recherches anatomiques sur la terminaison des nerfs de la matrice, par a Pl) Re ee are DO Recherches sur l'existence des glandes tésumentaires chargées de sécréter D sueur, par M. GirAznËs (Extrait). . . ..: . . . . . . . , . 10 Recherches anatomiques sur la structure des membranes muqueuses , par M Promesse Je LUN 4 ie 0, 349 ANIMAUX VERTÉBRÉS. Note sur la découverte d'un squelette entier de Métaxytherium, par M MaRCOS DE SERRES SL 2) 0 00 oi) MUR CRE at PS OT 14 Observations faites pendant l’incubation d’une femelle du Python à deux raies (Python bivitatus Kubl.) pendant les mois de mai et de juin 1841, par: MVALENCIENNES. . en. 4 lle ie 0, 002065 Note sur certains genres de poissons et de reptiles qu’on ne peut classer d’une manière absolue, comme marins ou d’eau douce , par M. VALEN- CIENNES eh. » ce oo ee + 0 SUN se de 0e 0 + ee + + > + + 110 Memoire sur la direction de la circulation dans le système rénal de Jacobson chez les reptiles, per M. À. DE Martino. . . . . . . . . . . . . 305 Description de plusieurs oiseaux nouveaux et peu connus, par MM. Hom- D En ne. Un D 6 de ce So MOLLUSQUES. Considérations paléontologiques et géographiqnes sur la distribution des Céphalopodes acétabulifères , par M. Ace D'OrBieny. . . . . 17 Considérations zoologiques, géologiques et géologico-géographiques sur les Ammonites du terrain crétace, par M. Arcine D'ORBIGNY . . . . . 113 Note sur le prétendu parasite de l'Argonauta Argo , par M. O. G. Costa. 184 382 | Table des matières. Description de quelques Mollusques , provenant de la campagne de l_4s- trolabe et de la Zélée , par MM. Homsron et JacquiINoT. . . . . 29 et 190 Description de quelques Mollusques nouveaux, par R. P. Lesson. . . . 253 Rapport fait à J’ Académie des Scrences suruntmémoire detM: Daval J ouve, relatif aux Béemnites des terrains crétatés inférieurs des’environs de Castellane, par M. Miexe Epwanps. . . . . . . . . . . . . 28: ANIMAUX ANNELÉS. Etudes anatomiques et physiologiques sur une Mouche , dans le but d'éclairer l’histoire des métamorphoses et de la prétendue circulation dés énseëtes » par M: Léow Dorour . &iotoistmet dE TIMOTAMA + - - Ne 0 D Histoire des métamorphoses des Cécidomyies du Pin maritime et du Peuplier, par MerLéon Durou.…. sur, 20 outils ON. 297 Note sur la larve du Pachygaster mesomelas , insecte de l ordie des Ab ières, par M. Léon Durour. … . . . . à. 1. s 264 Description de quelques Annelides ui du olEs Fe here pr MO. G. COSTA à mact st monster CS ENT Sur un Entozoaire , trouvé dans le sang de la Truite (Saimo fario),: par M. VALENTIN . e ® ue. ee, ee. el € 1e. lier) dis nes Venere, Le W 03 Note sur le Diceras, par M. Escuricut. … 1 +1, iun4 soda O0 : : :ZOOPHYTES. , - + t: À 16 € favo 0" F4 2% IHTJOE * . | | Observations sur la structure et les fonctions de quelqnes Zoophytes , Mol- lusques et Crustacés des côtes de la France, par M. H. Mizxe Enwarps (premier article sur le genre Æquorée , Lesueurie, Béroé et Stépha- nomie). . Ne che énE ACNi ds ait SES Sur la ga du système nerveux chez les Echinides et les Holothu- | ries , considérés en général ,;par M. A. Krohn.. . : . À enobs tn 287 Note sur l'appareil vasculaire dela ZeZelle,, par M.:0.:G Fer we) 2915187 Mémoire sur le développement de la Medusa aurita et'de ka Gyamba 6 ca- pillata,, par M, Sans... Aa 5h 49 euoimoé sfr 491498 atlelto0 1e 0m MÉLANGES. Nécrologie. Discours de MM. Serres, Chertéule Milié peter re et "Bb chard,.sur. M. J. V. Aupourn; suivis d’une notice bibliogtapliique sur travaux de ce naturaliste. . . Da jee eo 4e VOOR 03856 Pablications nouvelles . . . . . . . SEM. 7 PSS APE Aupouix. — Liste bibliographique de ses Îravaux , IC... soso oeses Biscaorr, — Sur le mouvement rotatoire qu'exécute le Vicellus de l'œuf des MAMIETES 2. Su ee oo 0 o\0 21e BLancaarD,— Discours srJ, F, Audouin. Cuevreuz,— Discours sur J, Ÿ. Audouin:. Uosra. — Note sur le prétendu parasite de l’#rgonauta Argo............. — Note sur l'appareil vasculaire de la OR ue ua. — Description de quelques Annélides nouvelles du golfe de Naples. ...... Durour.:— Études anatomiques et phy- siologiques sur une Mouche, dans le. but d'éclairer l’histoire des métamor- phosés et de la prétendue: circulation MERE les lee une ent — Histoire des métamorphoses des Céci- domyies du pin maritime et du peu» RD NAT SR — Note sur la larve du Pachygaster mesomelas | insecte de l’ordre des ER Dumas. — Lecon sur la statique chi- mique des étres organisés. ........ Duvaz-Jouve. — Sur les Pélemnites. Voyez Epwarps. Evwarvos (H. Milne ). — Observations sur les structures et les fonctions de quelques Zoophytes, etc. (Equorée, Lesueurie , Beroë et Stéphanomie) des côtes de la France. ....... — Rapport sur un Mémoire de M. Duval - relatif aux Bélemnites des terrains cré- tacés inférieurs des environs de Cas— AN ANTEL ER CSM Pre . — Discours sur J. 7. Audoüin.. ...... EscaricarT. — Note sur le Diceras .. Frourens.— Cinquième Mémoire sur le Développement des 05.,.......,... —kRecherches sur la structure des Mem- branes MUQUEUSES. + « » . ‘eee Se +» + 0 257 264 33 193 28r | | L à » GrrazDës., — Recherches sur les glandes LÉHLIRETRÉQIFES: à 2 00 Ne à cha se aie see Howsrow et JacquiNor. — Description de plusieurs oiseaux nouveaux ou peu CONRUS. 0 eee elle d'a *— Description de ‘quelques Mollusqes provenant de la :éampagne de l'Astro- labe et de /a + M et Josert. ss pechéñikes sur ï terminaison des Nerfs de la matrice... 1... Kroën.— Sur la disposition du système nerveux chez les Æchinides et les Nalatwtiessuluiod. . ....:. EX... Lesson.— Description de quelques Hol- luSqUes NOUVEAUX... 0, ct MaAgënote. — Recherches expérimen— tales sur l'alimentation... MAR GET. DE SERRES, Note sur la décou- vérte d’un squelette entiér de Metaxy- A LCR 2 CL) RER A PAR ECC AE IE LRQ MarTiNo. — Mémoire sur la direction de la circulation dans le système rénal de Jacobson chez les Reptiles... .... ORB1iGNY [p’| (Alcide).— Considérations paléontologiques et géographiques sur les Céphalopodes acétabulifères.. .. — Considérations zoologiques et géolo- gico-géographiques sur les 4mmonites du terrain crétacé.........,,.... 310 312 190 302 287 253 73 14 305 17 Sars. — Mémoire sur le développement : de la 'Medusa aurita et de la Cyanea CABARET. NE AS CD AE SERRES. — Discours sur J, F, Audouin. VALENCIENNES, — Observations faites pendant l’incubation d’une femelle du Pythos à deux raies............., — Note sur certains genres de Poissons et de Reptiles qu'on ne peut classer d’une manière absolue comme marins où d'eau douce. sa sde der o VALENTIN. — Sur un £ntozoaire trouvé dans le sang de la truite. ....,..,. I1O 303 TABLE DES PLANCHES RELATIVES AUX MÉMOIRES CONTENUS DANS CE VOLUME. PLANCHE 4... . Équorée An à RARE 2, 3, 4. Organisation de la Lesucurie vitrée. 5," 6. Organisation du Beroë de Forskal. | 7, 8, g. Stéphanomie tortillée. b iréitiel F6 TE — 10. Stéphanomie prolifère. 11,12. Annelides. . TA. Lophonote; prétendu parasite de l'Argonaute ; système vasculaire de la Velelle. 14. À. Métamorphoses des Cécidomyies, etc. — B. Syria | nerveux des Échinodermes. 15,16,17. Développement des Acalèphes.. FIN DU SEIZIÈME VOLUME. em mme ERRATUM. Pages 264 , 265, 266 , au lieu de : Pachygaster meromelas , lisez: Pachygaster mesomelas. AOÛ VONT MOTO NE. Schmelz se. (Miquorea violacea .) 2 ! QUOREE VIOLACKEE F4 7 Te au ASS TT RAA RTE " à S\ = à sr Later ee. À } PT AG ER ee ere : | UE RS ÉRÉCRROREELISSE SES d \ $ LE | à N : ' # : L Ca L S : = & ê SA Sn. 2e ë : vs t + L. LS 1 Ag: re meme à de 1 EE 7 A ü 1.LESUEURIE VITREE |Lesueuria vitrea) PARU TT D RSS = à & V7. ü ur. G ré. > SE chant id s LE 7. E Anr.des Seiene. rat. 2° Sorce. 1. APPAREIL CIRCULATOIRE DK LA LESUFRIE Zoo. Tom.16 . PL. £ Zoo. Tom.16 PL. 4. Ann.des Secene. nat. 2° Serce. e Organisation de la Lesueurie Zool. Torr. 16. PL, 5. 2 Jerce’. e- Ann .des Secenc.nacl, 2 NME ms ER SENSS de Zorskal. 2 alor du Beroe JUS Or. Zool. Tom 16.10. 6. PRLCLELLLR EME LACS sÆaU. Lé oO de L D) A 0C er me se Tu CHR | : ÈS # * 1.) f K 5 | È gr ae i Ÿ : FN à Ê Ï S » "Le: Ann .des Jtiene.nat.2® Je ” . Zool. Tom.16.Pl.7 ; Schmelz se. 1. STEPHANOMIF TORTILLEE (Stephanomia contorta $ è à S Zoot. Tom 16. PL. 8. °Jerte. t czenc. nat, 2 der Je Zool.Tonr.16. Pl ré ÈS = = a999Qc Re à > ei SERA N _ tre NET ÈS à à KE ; £ Ty 55 : Cr = = « —S = ? NX T—< SRE ET RTS SR ES ere ir NOR 2 Melle Worret se, Ann.der Secenc.nat.2°JËérte.. Zool,.Torm/.16 PL, 70. 6. ŸE7 Organisation de la JSiephanomce prolfere. Zool.Torr.16. PV... Anr.des Secenc.nat. 2% Serre. y Ani.des Jecenc rat. 2° Je Zoot.Tom.10. PU.z72. » Je. Annelides Zool.Torm.16 . PL.13 . Jeræ. 7 Arr .des Jeienc nat 2. fretndi parasyte de l'Argoneute 1. Lophondte. 3. Systeme vasculaire de la Velolle. PE Zoo. Torm.106 .PU.14 . C. Ovobo 9. Larve de Pachyjgaster. qe’. TA Le 21771 Ne DÉC ME à JC Pi S DS D Le 4 7 À . PUIS. 772 .1-16. Mebamorp a a D Qi + h K QC +120) 4 A ee ses des Cecile B. Systeme nerveur des Echinodermes . nm mne nt nf Mage see US LL LT, = w Ann. des Sccere.nat.2° Sert. MO01 Tor 1010.18. Jerce , 12e .der Jeienc. nat. À. Entoxoaires trouvés dans & Sang / CT'te’ nal.2 Se Zool Tom 26 PU26. NO Dress af Fo Developpement des Acalephes. Zool:Torn.16 PL Un : » "Jertæ . 9e Apr. des Jetenc.nae. DEAN RO rr Developpement des Acalevhes. 2° SÉRIE, ANN ALES 8° ANNÉE. ) SCIENCES NATURELLES, 4 | comprenant ; | | LA 3OOLOGIE, LA BOTANIQUE, L'ANATOMIE ET LA PHYSIOLOGIE COMPARÉES DES DEUX RÈGXES, ET L’HISTOIRE DES CORPS URGANISÉS FOSSILES ; RÉDIGÉES , | POUR LA ZOOLOGIE, : PAR MM. AUDOUIN ET MILNE EDWARDS, POUR LA BOTANIQUE, PAR MM. AD. BRONGNIART ET GUILLEMIN. TOME QUINZIEME. Huille/ 2 "1 181. cécéecs Zooroerr,— Plat. A. Cerceris bupresticida.—B, Moisissures del Eider, (Voy.le cahier pre cédent.) PARIS. FORTIN, MASSON & C", LIBRAIRES-ÉDITEURS PLACE DF L'ÉCOLF-DF-MÉDECINE, N, L. CONDITIONS DE LA SOUSCRIPTION A LA NOUVELLE SERIE 1 L La nouvelie série des Annales des sciences naturelles se divise en deux parties, publiées mensuellement, qui ont une pagination distincte, et forment par année, à partir de janvier 1834 , deux volumes de Botanique et deux voiumes de Zoologie, accompagnées, l’une et l’autre, de 24 à 36 planches gravées en tailie douce, et coloriées quand le sujet l'exige. Paris. Départ. Étranger. Prëx : pour les deux parties réunies......,,. , . 38 4%4o 44fr. pour une parlie séparément. . . . . . . .. 25 27 30 La première série de ces Annales, commencée en janvier 1824 , se termine en décembre 1833, et forme 30 volumesremplis de mémoires originaux importans et d’extraits des mémoires les plus remarquables pub'iés à l'étranger, Le tout accompagné d'environ 600 planches représentant evec lidélité des êtres nouveaux cu (les points peu connus d'anatomie, ce qui fait de ce recueil une des collectionsles plus estimées et les plus fréqueniment citées par tous les naturalistes. Prix de la collection complète, avec Table. 31 vol. in-8 , fig, . .. . .. 168 fr. La plupart des années séparement. . . , .. ... ....., 16 1 | sai TABLE ALPHABÉTIQUE des matières contenues dans les 30 vol. , sulvie d’une Table des Auteurs. Paris, 1841,in-8. . .. 8 fr. Fe ee mme AVIS A MM. LES AUTEURS ET LIBRAIRES-ÉDITEURS. _ Les Ouvrages imprimés , destinés à être annoncés dans les Annales des sciences naturelles, les Mémoires manuscrits , et tous les objets relatifs à la Correspordunce, doivent être envoyés franc de port à l'adresse suivante : 4 MM. les Rédacteurs des Arrales des sciences naturelles, au Bureau des Arinales , rue et place de l'École-de- Médecine , n. 13. MM. les Auteurs des Mémoires imprimés dans les Æ#rnales pourront en faire tirer à leur frais vingt-cinq et cinquante exemplaires à part, et n’auront à supporter que le tirage, etc. dont le prix a été fixé par l’Imprimeur de la manière suivante : | Pour une feuille (e’est-à-dire seize pages d'impression) papier , pliage, piqüre et couverture compris, tirée à 25 exemplaires. . .. . , ............. S8fr. à So ;:9800 Dr RUN 2 STE MN URSS La demifeuille,. .. 24.008 0% die see oo MD 60/0 Nr. 50. Les trors quarts de feuivle comptent comme une feuille, Le quart de feuille 2st compté comme la demi-feuille. " Pour les Mémoires qui auraient plus d’une feuille d'impression, la deuxième feuille et les suivantes seront comptées chacune à raison de 7 fr. 95 c. pour 25 exemplaires, 9 5 pour5o id. la couverture devant être déduite pour ces feuilles. Lorsque les Mémoires seront accompagnés de planches, MM.lesautenrs n'auront également à supporter que leurs frais de tirage, papier et coloriage. Savoir : pour les planches noires in-8, 25 exemplaires 1 fr. 59.et5o exemplaires afr. 5o. C2 + de + FORTEN, MASSON e& Cie, mlace de L'École-de-Médecine, 1. — 1 calèph. Hydro- étatiques — 1 se 90 Frot Cavit 2 70 \ Intestinaux. Parenchymateux. 54 LAcalèphes simples. 59 Polypes. Charnüs. — Gélatineux. 69 Polypes à Polypiers. (2 tabl.) 58 et 63 : “TORTUE et Ptéropodes. 26 | Pulmonés. 34 _Nudib. Inférob. Tectib. Hétérobran- _ ches. # 27 Pectinibranches. (2 tabl.) 36 et 29 Tubulib. Scutib. Cyclobranch 306 PS Acéphales Testacés. (3 tabl.)39, 40 et 43 | Acéphales sans coquilles. # 264 Tâbleau d'introduction du règne .. Brachiopodes et Cirrhopodes. 32 végétal. ee 1 | Conditions de vente. 94 Tableaux, in-plano, grand colombier, ROASRRAnE envi- ee SU 13 ron cinq mille HOUR NU Re... E POP EE à LE cd 75 c. Demi-reliure, en 2 tomes avec due EVE IT E OT OQE » Chaque tableau se vend ‘séparément. . . . . . . .. dE “où F & erpase en tableaux methodiques Ouvrage adopté par le CONSEIL ROYAL DE L’INSTRUCTION PUBLIQUE, pour l'enseignement de l'Histoire naturelle dans les À RE Le de pps | Sujets. Nos delalivr.| Sujets. N°S de la live pLe titre. Là & | Tubicoless | 22 | Tableau d'introduction. AIS Ro anches, é 3% «5 | Races humaines. Most EURE ad 30 EE Quadrumanes. DE MR. vi “= / Carnassiers. — Marsuviaux, 7| Déraniés. (3 tabl.) t 56 sh; Carnivores. \ | nn | De (es et Am ni nn 37 = Rongeurs. . & DRE modipodes ét Isopodes. 48 = | Édentés. — Cétacés. * 5| = | Branchiopodes. 51 lé Pachydermes. h | | Pœcilopodes. 57 \ Ruminants. | 3 | te à = se me 33 te “a AA = Trachéennes. NS S : [= = Passereaux. G à 18, 20 et LE … … Tableau général d’Entomologie. 81 & éra à 8 Myriapodes et Thysanoures. h4 = ; Parasites el Suceurs. 38 #e Pamipédes (2 tabl. Li: 14 et 10 | Coléoptères. Pentamères. (4 tabl.) La a | :) 74, ne 80 Id. AT nères. (3tabI.) Æ | Chéléhiens. — Batraciens.. r ® 5 x | Set 88 := | Saurie ARE & as le nm. Tét #5 et -Tri- pen Le Ophidiense D) A ME (4 tabl.) 3, 86, 8 et87 NT LS LC mois 4 RFA æ:: Hémiptères. (2 tableaux.) 67et68 LE pie . tabl.) 53, 49,| |} Névroptères. 66 | à 50, 60, 62 +*61| | Hyménoptères. (3 tabl.) 13, 71 et 65 tabl.) 22 et 24 | | Lépidoptères. — Rhipiptères. (2 t.) $ 72 et 79 à Laphobee ttes: # DIpiEreS: (2 no eo" et 77 Sturion. Selaciens et Cidsiones. 17 | hu ._ Echinoder ellés. 35 Echin. Apode 7 5 x «®%. TABLE DES MATIÈRES. 2x . * : . * Pa st JUILLET 1841. es G ZGOLOGIE, _ Erupes, anatomiques esigiqué À une mouche, dans le bar d'éclairer l'histoire des métamorphoses et de la pré- tendue circulation des insectes , par M. Léon Dufour. . SN Nore sur ia découverte d’un ba ra entier de re , par M. Marcel de Serres. . . 1.4 CONSIDÉRATIONS paléontologiques ët géographiques sur la dis- tribution des Céphalopodes acétabulifères , _ M. Alcide d Or- bigny- . 17 Leconsurla Statique chimique des Étres organisés, par M. Din. 33 Descrrerion de quelques Mollusques, provenant de la campagne de l'Astrolabe et de la = sols MM. Hombron et Jacquinot. 29 rw Bo NIQUE. enre Elaphoyés, et escription de quel- sie elles, par L.R set C:'Masne "7" 5 ne . ques € cc Histoire Syst ogique des plantes d° Europe, par J. P. Vaucher. 29 Revisio Celtidum genuinarum, auctore Éduardo Spach, 45 "4034 Nore sur les Ulmacées, par Ed. Spach. 2 à . + 43 ÂNIMADVERSIONES Pen , indici seminum Horti. botanti À im- perialis Petropolatini, anno 1840, additæ ; auctôribus F.E.D." Fischer, C. A. Meyer et J. E. L. POP Er. 48 Descrrerion du RCE nouveau rs " la Gui de ée illemin. . _ 60 1 du Léna : par M. + « AOUT 184, ©. En ZOOLOGIE. PP” OnsEnvArIONS faites pendant l'incubation d’une femelle du ar ython es: Kuhl.) péfidant les mois de mai jai Valenciennes. . . 2:63 RECHERCHES expérin éntales sur. l'alimentation, par M. Magendié 73 Note sur certains genres des poissons et de reptiles qu ‘on ne peut classer d'une manière absolue, comme marinstou d'eau douce, par M. Valenciennes. , . . 110 CONSIDÉRATIONS zoologiques, es es Re géologico-géogra- phiques sur les Ammonites du ‘terrain ad mn M. Alcide d'Orbigñy. MCE @e : … NÉ : 10MÈES BOTANIQUE. Secono Mémorre sur la famille des dv par M. ds De Candolle. AS La Hé 168 Nores sur les Corylus, par Ed. Spach. Se PT Te TR 98 SECONDE CENTURIE de Plantes cellulaires exotiques nouvelles, par Camille Montagne, D, M1. AS PR RE Imprimé chez Paul Renouard, rue Garancière, n. 5. + SÉRIE. _ANN ALES 8° ANNÉE, DES SCIENCES NATURELLES, comprenant LA ZOOLOGIE, LA BOTANIQUE, L’ANATOMIE-ET LA PHYSIOLOGIE COMPARÉES DES DEUX RÈGXES, ET L’HISTOIRE DES CORPS URGANISÉS FOSSILES ; Poe. POUR LA ZONLOGIE, PAR MM. HU ET MILNE EDW ARDS, sr POUR LA BO TANIQUE , PAR MM. AD. PRONANLART ET GUILLEMIN. TOME SEIZIEME. Septembre 18/1. Z00L061e, Pi, 15, 2 qe Prétendu parasite de à donne. Sÿstème valise de la Velelle. PARIS. FORTIN, MASSON & C", LIBRAIRES-ÉDITEURS PLACÉ DE L'ÉCOLE=DE-MÉDECINE; N, I. CONDITIONS DE LA SOUSCRIPTION A LA NOUVELLE SERIE La nouvelle série des Annales des sciences naturelles se divise en deux parties, publiées mensuellement, qui ont une pagination distincte, et forment par année, à partir de janvier 1834 , deux volumes de Botanique et deux voiumes de Zoo(ogte, accompagnées, l’une et l’autre, de 24 à 36 planches gravées en tailie douce, et coloriées quand le sujet l'exige. Paris. Départ. Étranger. Prèx : pour les deux parties réunies. ....... . . 38 4o &afr. pour une partie séparément. . . . . . . . . 25 27 30 La première série de ces Annales, commencée en jänvier 1824 , se termine en décembre 1833, et ferme 30 volumesremplis de mémoires originaux importans et d’extraits des mémoires les plus remarquables pub'iés à l'étranger, le tout accompagné d'environ 600 planches représentant avec tidélité des êtres nouveaux ou des points peuconnus d'anatomie, ce qui fait de ce recueil une des collectionsles plus estimées et les plus fréquemment citées par tous les naturalistes. Prix de la collection complète, avec Table. 31 vol. in-8 , fig. . .. .. . x168fr. La plupart des années séparement, . . . . . . . . . Te Je ER TaBLe ALPHABÉTIQUE des matières contenues dans les 30 vol. , sulvie d'une Table des Auteurs. Paris, 1841,in-8. ... 8 fr. 1e AVES A MM. LES AUTEURS ET LIBRAIRES-ÉDITEURS. Les Ouvrages imprimés , destinés à être annoncés dans les Arnales des sciences natureiles, les Mémoi:es manu:criés , et tous les objets relatifs à la Correspordunce, doivent être envoyés franc de port à l'adresse suivante : 4 MM. les Rédacteurs des Annales des sciences naturelles, au Bureau des Annales , rue et place de 'École-de-Médecine , n. 13. MM. les Autenrs des Mémoires imprimés dans les #rnales pourront en faire tirer à leur frais wngt-cinq et cinquante exemplaires à part, et n’auront à supporter que le tirage, etc. dont le prix a été fixé par l’Imprimeur de la manière suivante : Pour une feuille (c’est-à-dire seize pages d'impression} papier , pliage, APE et couverture 1 compris, tirée à 25 exemplaires. . L - . . . . ARR AN 8e à 5o id. Her Ch 4 ea Nes VIE FT DIS SES OIRE La demifenille, . 2 te 2 NS le à te Re ete mtete « RS Les trors quarts de feuiile comptent comme une feuille. : Le quart de feuille est compté comme la demi-feuille. Pour les Mémoires qui auraient plus d’une feuille d'impression, la deuxième feuille et les suivantes seront comptées chacune à raison de 7 fr. 95 <. pour 25 exemplaï:es, g 5u pour59 id. la couverture devant être déduite pour ces feuilles. * 5 2 Lorsque les Mémoires seront accompagnés de planches, MM.lesauteurs n'auront également à suvporter que leurs frais de tirage, papier et coioriage. Savoir : pour les planches noires in-8, 25 exenpliires r fr. 59. et 5o exempleires’afr. 50, ; LA LIBRAIRIE FORTIN MASSON ET C* Met en vente aujourd’hui : Recueil des COQUILLES décrites par Lamarcx dans son Histoire naturelle des Animaux sans vertébres, et Non ENCORE FIGURÉES, publié par M. Benramin DELEsserT. Cet Ouvrage est publié en 4 livraisons , comprenant chacune 10 planches grand in-folio coloriées et accompagnées d’un texte explicatif. | Prix de chaque Livraison : 45 fr. BELEMNITES des terrains crétacés inférieurs des environs de CASTELLANE (Basses-Alpes), considérées géologiquement et zoologiquement, avec la description de ces terrains; par J. Duvar-Jouvr, licencié, professeur à Grasse. Lu et présenté à l'Académie des sciences dans la séance du 30 août 1841. Un grand in-4, avec 1x planches dessinées d’après nature et lithographiées par E. Beau, et 2 cartes coloriées. Prix, cartonné : 197 francs. Description des Coquilles fossiles de la famille des RUDISTES qui se trouvent dans le terrain crétacé des CoRBIÈRES (Aude), par Oscar Rorzanp pu Roquan, membre de Ia société géologique de France. Ç Uu volume grand in-4 , 8 planches. — Cartonné 9- francs. Description des MOLLUSQUES FLUVIATILES ET TERRESTRES du département de lIsÈRE , précédées de Notions élémen- taires sur la Conchyliologie , par M. Are Gras, professeur à l'école secondaire de médecine, à Grenoble. Un volume in-8, 6 planches, — Prix : 5 fr. D Le C——— TABLE DES MATIÈRES. SEPTEMBRE 1841. UT ZOOLOGIE. ConsipéRATIONs zoologiques, géologiques et géologico-géogra- phiques sur les Ammonites du terrain crétacé, _ M. Alcide d'Orbigny. Nors sur le prétendu He de l'Argonaua Fe ak M. 0. G- _ Costa . 129 184 Nore dite bre ANUS + la Velelle, a M. 0. G. Chsts à 187 Suite de la description de quelques Molkisques, provenant de la campagne de l’Astrolabe et de la + is MM. Hombron et Jacquinot . : : MEME Se Nr BOTANIQUE. Troisième Mémorre sur la famille des Myrsinéacées, par M. Al- phonse de Candolle . PRES . Foie ee RAD Étunes PHYTOLOGIQUES, par M. cute + Dee, HN CHAT cr —— Imprimé chez Paul Renouard, rue Garancière, n. 5, 2° SÉRIE. ANN ALE S 8° | a DES SCIENCES NATURELLES, Fu se LA ZOOLOGIE, LA BOTANIQUE , a ANATOMIE ET: LA PHYSIOLOGIE COMPARÉES DES DEUX RÈGXES, ET L'HISTOIRE DES CORPS ORGANISÉS FOSSILES ; POUR LA ZOOLOGIE, PA MM. AUDOUIN ET MILNE EDWARDS, -8T POUR LA BOTANIQUE , PAR MM. AD. BRONGNIART ET GUILLEMIN. TOME SEIZIEME. Ortobre à DOovembre 161. eogce Zôooc1e, — PI. 1. Equorée violacée.—Pl, 2, 3, 4. Lesueurie vitrée.—Pl, 5, 6, Beroé de Forskal.—Pl. 7, 8, 9. Stéphanomie tortillée.—Pl. 10. Stéphanomie prolifère. — Pl. 11, 12. Annélides. — Pl, 14 A, Métamorphose des Cécidomyies , etc. B. Système nerveux des Echinodermes. PARIS. FORTIN, MASSON & C", LIBRAIRES-ÉDITEURS PLACE DE L'ÉCOLE=DE-MÉDECINE, N. I, CONDITIONS DE LA SOUSCRIPTION A LA NOUVELLE SERIE La nouvelie série des Annales des sciences naturelles se divise en deux parties, publiées mensuellement, qui ont une pagination distincte, et forment par année, à partir de janvier 1834 , deux volumes de Botanique et deux voiumes de Zoologie, accompagnées, l’une et l’autre, de 24 à 36 planches gravées en tailie donce, et coloriées quand le sujet l'exige. Partis. Départ. Étranger. Fe Prix : pour les deux parties réunies. ...,,,, - . 38 . 40: 44 fr. pour une partie séparément. . . . . . . . « 25 27 30 La première série de ces Arnales, commencée en janvier 1824 , se termine en décembre 1833, et forme 30 volumesremplis de mémoires originaux imgortans et d’extraits des mémoires les plus remarquables pub'és à l’étranger, le tout accompagné d'environ 600 planches représentant evec Hidélité des êtres nouveaux ou des points peuconnus d'anatomie, ce qui fait de ce recueil une des collectionsles plus estimées et les plus fréquemment citées par tous les naturalistes. Prix de la collection complète, avec Table. 31 vol. in-8 , fig. . .. . . . 168fr. La plupart des années séparement. . . , . . . . . ... ... 16 TABLE ALPBABÉTIQUE des matières contenues dans les 30 vol. , sulvie d’une Table des Auteurs. Paris, 1841,in-8, . . . 8 fr. AVIS A MM. LES AUTEURS ET LIBRAIRES-ÉDITEURS. / Ler Ouvrages imprimés , estinés à être annoncés dans les Annales des sciences naturelles, les Mémoires manuscrits , et tous les objets relatifs à la Correspondance, doivent étreenvoyés franc de port à l'adresse suivante : 4 MM. les Rédacteurs des Annales des sciences naturelles, au Bureau des Annales , rue et place de l'École-de- Médecine , n. 13. é MM. les Autenrs des Mémoires imprimés dans les #2nales pourront en faire tirer à leur frais vingt-cinq et cinquante exemplaires à part, et n’auront à supporter que le tirage, etc. dont le prix a été fixé par l’Imprimeur de la manière suivante : Pour une feuille (c'est-à-dire seize pages d'impression) papier , pliage, piqüre et couverture compris, tirée à 25 exemplaires. ., :................. Sfr. Fe. PE Six toi ee 2e) OS ps] à 5o id. LR ESC EE DE ue La. demifenilles: 5 Sont BA PS RES PERTE .. - 4 fr. 50 on 5 fr. 50. Les tros quarts de feuiile comptent comme une feuille. Le quart de feuille est compté comme la demi-feuiile. Pour les Mémoires qui auraient plus d’une feuille d'impression, la deuxième feuille et les suivantes seront comptées chacune à raison de 7 fr. 75 ce. pour 25 exemplaïres, 9 5e pour 5 id. la couverture devant être déduite pour ces feuilles. Lorsque Îes Mémoires seront accompagnés de planches, MM.lesauteurs n’auront également à suyporter que leurs frais de tirage, papier et coloriage. Savoir : pour les planches noires in-8, 25 exemplaires x fr. 59.et 50 exemplaires a2fr. 50, La Librairie Fortin, Masson et C, met en vente : THE | SACCHAROLÉS LIQUIDES ET DES MÉLIOLÉS Suivi de quelques F ormules officinales et magistrales modifiées , par DESCHAMPS D'AVALLON. Un vol. grand im-18. . , 3 fr. 50 ELEMEN TS OF THE GENERAL AND MINUTE ANATOMY OF MAN AND THE MAMMALIA, Chiefly see original researches, BY F. GERBER, Prosector in the University of Bern. To which 2 are added Notes, and an Appendix, comprising researches on the Anatomy of the Broon, Cayre, Lyme, Taymous FLuiD, TuBercLE , by GEORGE GULLIVER F.R.S. London. | 2 v. 8° with 34 Plates “engraved. London, 1842. 32 fr. NATURAL HISTORY OK MAN BY JAMES COWLES PRICHARD MD FRS: 1 v, Royal 8° illustrated with many colored Plates engraved on steel, and interspersed with numerous Woodcuts. Paraîtra en 10 Livraisons, — une tous les mois, — de 3 feuilles de texte et. ie coloriées Prix 2 S.—6 D. | THE LONDON J OURNAL OF BOTANY. À Eprren 8y si W. J. HOOKER 4 NH LL FR sh. aud L. S. and directeur du Jardin Botanique de Kevw. Il paraïtra un cahier chaque mois. Le 1e Janvier 1842, Paraîtra le premier numero, de 56 pages de texte in-8° avec 2 planches. Prix : 3 &. 2. CES OUVRAGES SE TROUVENT À LONDRES. CHBZ ET, BAULILTEBIRE, Libraire du collège royal des chirurgiens ; de la Société royale. TABLE DES MATIÈRES. OCTOBRE. ZOOLOGIE. OBSERVATIONS sur la structure et les fonctions de quelques z00- - phytes, mollusques et crustacés des côtes de la da par M. H. Milne Edwards. .. :. RU CIrNqQuIÈME mémoire sur le développement des os par M. F lou- TRS a PUR : "e Drscriprion de quelques Mollusques nouveaux, par RP. Lesson. BOTANIQUE. ÉTUDES PHYTOLOGIQUES, par M. le comte de Tristan (suite). :. Osservarions sur quelques parties de la fleur dans le Dipsacus sylvestris Mill. et dans l’Helianthus annuus Linn., par P. Du- chartre, docteur ès-sciences. . . nn E Descrrrrion de quelques espèces nouvelles de - Champignons, pe J. H. Léveillé, D. M: . . AR ACER : . Nore sur les Ostrya, par Ed. Spach. Le ae en) STE Nore sur les Carpinus, par Ed. Spach, . .,. . . . Moxsrruosirés de l’Antirrhinum majus, observées à Douvrin (Pas- -de- Calais), par M. Delafons, baron de Melicocq. . . . N OVEMBRE. ZOOLOGIE. Hisrorre des métamorphoses des Cécidomyies du pin maritime et du Peuplier ; par M. Léon Dufour. . . Nors sur la larve du Pachygaster mesomelas, insecte dé l'ordre des diptères , par M. Léon Dufour... . Descriprion de quelques annélides nouvelles ‘du. golfe ‘de Naples, par M. O. G. Costa. . Raprorr fait à l'académie des sciences sur un mémoire M M. Duval Jouve, relatif aux bélemnites des terrains crétacés inférieurs des environs de Castellane , par M. Milne Edwards. Sur la disposition du système nerveux chez les Echinides et les Holothuries , considérés en général, par M. A. Krohn. . . Sur le mouvement rotatoire qu'exécute le vitellus de l'œuf des mammifères dans son passage à travers Tes par le doc- teur T. L. W. Bischoff, , .….. ‘\ REcHERCHES anatomiques sur la teninson des nerfs delle matrice , par M. Jobert (Extrait). . Sur un Entozoaire trouvé dans le sang de la truite ( Saimo fario) par M. Valentin. Mémoire sur la direction de la NCUUoR das le système rénal de Jacobson chez les reptiles, etc., par M. A. de Martino. . Recnercnes sur l'existence dés glandes tégumentaires chargées de sécréter la sueur, par M. Giraldès (Extrait). . . . . . Description de plusieurs oiseaux nouveaux et peu connus, par MM. Hombron et Jacquinot BOTANIQUE, ‘ Ogservarions sur le Tamarix gallica de Linné » par P. B. Webb. SecoNDE centurie de plantes cellulaires exotiques nouvelles , par M. Camille Montagne. . SN à UV UE Revision des Juniperus, par M. Édouard Spath. Prezæmissa in Floram FREE Javæ insulæ , auctore F. Ru ghuhnio. dus, 2 Imprimé chez Pau! Renouard , rue Garancière, n. 5. 264 | 281 302 303 35 310 RER: 257 266 333 306 EL 2 | 2€ er ANNALES 8° see SCIENCES NATURELLES, comprenant LA ZOOLOGIE, LA BOTANIQUE, ANATOMIE ET LA PHYSIOLOGIE COMPARÉES DES DEUX RÈGXES, ET L’HISTOIRE DES CORPS URGANISÉS FOSSILES ; _ RÉDIGÉES, POUR LA ZOOLOGIE, PAR MM. AUDOUIN ET MILNE EDWARDS, ET POUR LA BOTANIQUE, PAR MM. AD. BRONGNIART ET GUILLEMIN. TOME SEIZIÈME. cette Dhcemtre 1841. esosce ZooroGtE. PI, 15, 16, 17. Développement des Acalèphes. ANS FORTIN, MASSON & C", LIBRAIRES-ÉDITEURS PLACE DE L'ÉCOLE-DE-MÉDECINE, N, I. & Le Cahier de janvier 1842 paraîtra le 1° fevrier. La nouvelle série des #rnales des sciences naturelles se divise en deux parties, publiées mensuellement, qui ont une pagination distincte, et forment par année, à partir de janvier 1834 , deux volumes de Botanique et deux voiumes de Zootogie, accompaguées, l’une et l’autre, de 24 à 36 planches gravées en tailie douce, et coloriées quand le sujet l'exige. = Paris. Départ. Étranger. Prix : pour les deux parties réunies......., . . 38 : 40 44fr. pour une partie séparément. . . . . . . . . 25 27 30 La première série de ces Annales, commencée en janvier 1824 , se termine en décembre x833, et forme 30 volumesremplis de mémoires originaux imporlans et d'extraits des mémoires les plus remarquables publiés 3 l'étranger, le tout accompagné d'environ 600 planches représeptant evec fidélité des êtres nouveaux ou des points peuconpus d'anatomie, ce qui fait de ce recueil une des collections les plus estimées et les plus fréquemment citées par tous les naturalistes. Prix de la collection complète, avec Table. 31 vol. in-8, fig...” .- «+ 168r, La plupart des années séparement. . . . . . . . . .. . . ... 6 » TABLE ALPHABÉTIQUE des matières contenues dans les 30 vol., suivie d'une Table des Auteurs. Paris, 1841,in-8. . . . 8 fr. AVIS ‘Es A MM. LES AUTEURS ET LIBRAIRES-ÉDITEURS. Ler Ouvrages imprimes , estinés à être annoncés dans les Ærnales des sciences naturelles, les Mémoires MARUECTÈS et tous les objets relatifs à la Correspordunce, doivent être envoyés franc de port à l'adresse suivante : 4 MM. les Rédacteurs des Arrales des sciences naturelles, au Bureau des Arinales , rue et place de ? École-de- Médecine , n. 13. MM. les Autenrs des Mémoires imprimés dans les FRE: pourront en faire tirer à leur frais vingt-cinq et cinquante exemplaires à part, et n’auront à supporter que le tirage, ete. dont le prix a été fixé par l’Imprimeur de la manière suivanle : Pour une feuille (c’est-à-dire seize pages d'impression) papier , pliage, piqure et couverture d compris, tirée à 25 exemplaires, « . . . . . . . . . . . . . . .« , . Sfr. à 50 id, TE, NEC LCI PPS | 4 La demifeuill. ne ST ee 2e de ete Ce De RS Les trors quarts de feuile comptent comme une feuiile, Le quart de feuille 2st compté comme la demi-feuiile. Four les Mémoires qui auraient plus d’une feuille d'impression, la deuxième feuille et-les suivantes seront comptées chacune à raison de 7 fr. 75 c<. pour 25 exemplaires y 5e pour5i2 id, la couverture devant être déduite pour ces feuilles. Lorsque ies Mémoires seront accompagnés de planches, MM. lesautenrs n'auront également à suyporter que leurs frais de tirage, papier et coloriage, Savoir : pour les planches noires in-8, 25 exemplidies : fr. 5». et 50 exemplaires afr. 50, LA LIBRAIRIE FORTIS MASION BA Ge MET EN VENTE : LA Li LIVRAISON RECUEIL DES COQUILLES DÉCRITES PAR LAMARCK dans son HISTOIRE NATURELLE DES ANIMAUX SANS VERTÈBRES, et NON ENCORE FIGURÉES, Publié par M. BENJAMIN DELESSERT. Cet Ouvrage est publié en 4 livraisons, comprenant chacune 10 planches grand in-folio, coloriées et accompagnées d’un texte explicatif. Prix de chaque livraison coloriée. . . . . . 45fr. _ Le tirage en noir est épuisé. RECHERCHES SUR LA RUBÉFACTION DES EAUX ET LEUR OXIGÉNATION PAR LES PM ere ET LES ALGUES. PAR AUG. ET CH. MORREN. 1. vol. in-4° avec 5 planches coloriées, Prix. LG TS TABLE DES MATIÈRES. ZOOLOGIE. Méworre sur le développement de la Medusa aurita et de la Cyanca capillata, par DE. Sars HP ADP 2 ISSN EE: RECHERCHES ANATOMIQUES sur la stucture de membranes mu- queuses, par M./Flourens F£e: Er ee OCR Nore sur le Diceras, par le professeur Eschricht . . . . . Nécrozoere.—Jean-Vicror Aupouin.—Discours de MM. Serres, 357. — Chevreul, 360. — Mine Edwards, 365. — Blanchard. Liste cHRONOLOGIQUE des travaux zoologiques de M. J.-V. Au- douan 775000 AE PT ESS RE Puecicarions nonvélles 2. , 222% OR ER Tante des iateres:e "CRT PE ORNE SRE Taëre par noms d'auteufs: "ss NET Re T'asce des planches: he ee et en ; Fr BOTANIQUE. Rapport sur un mémoire de M. Payen, intitulé : Vouveaux faits relatifs au développement des végétaux, par M. de Mirbel. . Evinence du mode respiratoire des feuilles de Nelumbium, par M. Raffeneau-Delile e . . . . etes . . « . e . È Remarques à l’occasion d'une communication de M. Raffeneau- Delile concernant la respiration du Nelumbium, par M. Dutro- chet . e . 2 L L 2 L . L . o . L] . L » s < -. RéPonse à une réclamation de M. Dutrochet, concernant des ex- périences sur le Nelumbium, par M. Raffeneau-Delile . . . Réprique de M. Dutrochet à M. Raffeneau-Delile, au sujet de la respiration du Nelumbium. . . . . . . RO af Nore sur le Boreava, nouveau genre de Cities par MM. Je comte Jaubert et Spach. F; e . e L . e e . LE . Es Nore sur les époques de la végétation en diverses contrées, par M. Auguste ‘de Sainte-Hilaire.. 2, °°. 07. CN PLANTÆ A orientales enumeratæ, CUM novarum specie- rum descriptione, auctore E. Boissier . . . . . . . Novarum generum cruciferarum diagnosis, ex plantarum, auche- rianarum enumeratione excerpta, auctore Ed. Boissier. . . _ -Taute des matières, 5 "ser RSR EN ERRSE DrT E _ TABLE des planches. SF RTS DL Art D PERTE EN PERRIN EN LE RE EEE 926 24 M etes 0 0 re Imprimé chez Paul Renouard , rue Garancière, n. 5 321 328 D : a ; = : : 3 = 2 j' ET SMITHSONIAN INSTITUTION LIBRARIES | LUULUUUL 3 9088 01354 0646