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La \ : ne) VE e . | af | 1 ( k ' du | ALU À) 74 nie nt L ACT À ñ A a DR: HA . 0: 1F ñ j d H Ta E ä# l , fe V ] L le : " ‘ UE ' gt L EE i ‘ \ h L : ŒTTA Lo LU | LAN SE EMEA A RO a TL DO di’ | + fall L né, + Le Te da QE ‘ de EHUMINN votre VE d'u Va can . + ‘+ ' , [1 4 4 : ‘ Q i 1 D | "1 1 1 : s's à ü i : PE À : : D LA nt t ] 4 1h EL À 4 d | [l k Î we | Cr A Ce. dy tt n PR l A v [l [4 L L 4 ! Were vite 1 * ' l ï ’ i AMD RC À : : 1 MALE L ARS 2‘ +09 AL! ! nm 1 . URUA D LA Vi RAS NL ENS Inn he tih ] avi CAE EC RATE ch l 42 4, 4 M : | LAURE qUum 1h MANN LE QUH HUE MUR AE STE id (art at PARA HE ANNEE n0 RENTE? No ART Tee AUS nf MN EE tn M HA APRES TE c" var 4 Être Le te v: L10 4 + { À Lo J HULL UE DER A RON + i A D AN ARRET “ "1 . . LÀ “5 ls ANNALES DES SCIENCES NATURELLES HUITIÈME SÉRIE ZOOLOGIE pÉ0 = CRÉTÉ … £ + > . L 4 Ye : a ; : + Deal : en * ks: À EL n ' ro L' é 4 % à ie pas re " ae ‘ F4 J 4 * A El 7 - ‘ "24: F 7 F ss" “ se k \ + LA È : Lt GS Le : . 4 . e . é+ 1 ; CR tes 1 * : ‘ La MNT : < fre s es DS j a To) ‘ « à © … " r | mé... AFS | 2 3 A È D - | & k. 1 x, “ LE , ‘ # Le < Æ g s “ N Ù re « « LE < 4 F 6 = " x 4 Ua > : \ L ! : : % r HO 24 a1P: CAR das (4 e UX à (À PA ….… Jy ÿ 74 ya 5 4 eo L/ # or | | ANNALES DEX SCIENCES NATURELLES ZOOLOGIE ET PALÉONTOLOGIE COMPRENANT L’'ANATOMIE LA PHYSIOLOGIE, LA CLASSIFICATION ET L’HISTOIRE NATURELLE DES ANIMAUX PUBLIÉES SOUS LA DIRECTION DE M. EDMOND PERRIER TOME XI PARIS MASSON ET C, ÉDITEURS LIBRAIRES DE L'ACADÉMIE DE MÉDECINE 120, Boulevard Saint-Germain. 1900 ALPHONSE MILNE-EDWARDS Presque en même temps viennent de s’éteindre Alphonse Milne-Edwards, l’éminent directeur de la section zoologique des Annales des sciences naturelles, et Georges Masson, qui en était l'éditeur si apprécié. C’est avec une profonde douleur que nous rendons un dernier hommage à la mé- moire de ceux qui portèrent ce recueil à un degré si haut _de prospérité. Le nom de Masson demeurera inscrit sur le titre de la plus ancienne des publications zoologiques fran- çaises ; le nom de Milne-Edwards, qui depuis sa fondation n'avait cessé de s’y trouver, disparaît malheureusement, laissant dans la science de notre pays un vide dont près de quatre-vingts ans de gloire mesurent la profondeur. Nous nous proposons de retracer dans les Archives du Muséum d'hastoire naturelle, à qui Georges Masson avait donné un nouveau relief, le rèle que les deux Edwards ont joué dans les sciences naturelles : les discours prononcés aux obsèques d’Alphonse Milne-Edwards ont été pieuse- ment recueillis dans le Bulletin des naturalistes du Muséum sa dernière fondation; qu'il nous soit permis de venir, à notre tour, au nom des Annales des sciences naturelles, payer un tribut de regrets et d’admiration à leur dernier direc- teur. Longtemps associé à son père dans la direction de ce savant recueil, il le dirigeait, seul à sa tête, depuis la mort de son illustre fondateur. C'était une des tâches auxquelles il se vouait le plus volontiers. N’avait-1l pas donné aux Annales le meilleur de lui-même ? Dès 1856, il y publiait un premier travail sur les dimensions des globules du sang chez certains Vertébrés, et depuis lors, c'est-à-dire depuis quarante-quatre ans, il n’a cessé d’y collaborer active- ment. C’est là qu'ont paru ses recherches sur les Chevrotains, les Lémuriens, les Édentés, les Limules, de nombreux docu- ments sur les Oiseaux fossiles, sur les Crustacés et surtout, en 1861, la note célèbre où il affirmait pour la première fois l'existence d'animaux à de grandes profondeurs de la mer, où il préludait en quelque sorte aux expéditions qui nous ont fait connaître, d’une manière encore incomplète sans doute, mais tout à fait inattendue, la faune splendide des abîmes océaniques. Il devait plus tard organiser lui-même les cam- pagnes du Travailleur et du Talisman, et peut-être les fati- gues éprouvées durant la dernière de ces campagnes, celle de 1883, qui ne dura pas moins de trois mois dans les régions tropicales, ont-elles été l’origine, ont-elles au moins aidé au développement de la maladie qui l’a si prématurément enlevé. Réservé et discret, quoique de relations charmantes, courageux à l'extrême, il laissait à peine soupconner ses souffrances; mais elles paraissent avoir été presque conti- nues depuis dix-sept ans. Ce furent les années où, placé à la têle du Muséum d'histoire naturelle, en possession d’une influence égale à celle dont son père avait usé si longtemps pour le bien de la science, il déploya la plus grande somme d'activité et se révéla non seulement savant éminent, mais organisateur, administrateur de premier ordre et même, à l’occasion, diplomate. Car il avait pris une part impor- tante à l’organisation de nos missions les plus difficiles aussi bien dans l'Afrique centrale que dans l’Indo-Chine. Les Annales des sciences naturelles le mettaient en rapport avec les plus actifs des naturalistes de notre pays. En con- tact incessant avec les jeunes travailleurs qui dépensaient toute leur ardeur au service des sciences naturelles, nul ne leur faisait un accueil plus cordial, ne s’intéressait davantage à leurs travaux et à leur avenir; nul n'était mieux en mesure de donner à cet intérêt une forme efficace. Il fut — VII — ainsi, malgré ses nombreuses occupations administratives, un naturaliste exactement informé et avec qui tous les zoologistes n'avaient cessé d'entretenir des rapports em- preints de respect et d'estime. Son souvenir reste comme un exemple pour tous ceux qui sont appelés à lui succéder; c’est dire que nous ferons tous nos efforts pour que l’œuvre fondée par Audouin, Brongniart, Henri Milne-Edwards et Dumas, œuvre qui, des mains d'Alphonse Milne-Edwards, tombe dans les nôtres, conserve le renom auquel elle était parvenue. EDMOND PERRIER. OBSERVATIONS BIOLOGIQUES SUR LES PARASITES DES CHÈNES DE LA TUNISIE . Par L.-G. SEURAT. Les forêts de la Khroumirie renferment deux essences principales : le Chêne-liège (Quercus suber L.) et le Chêne zéen (Q. Mirbecki) ; l'exploitation de ces forêts est très active, le Chêne-liège étant utilisé pour son écorce, et le Chêne zéen pour faire des traverses de chemin de fer. Le rendement ne peut que s’accroître de jour en jour, surtout avec la création des nouvelles routes forestières; malheu- reusement, les Insectes attaquent ces arbres et causent souvent des dégâts assez importants. Lors de mon récent voyage en Tunisie, J'ai eu l’occasion d'examiner un certain nombre de ces Parasites, et ce sont les observations biolo- giques concernant chacun d’eux qui vont faire l’objet de cette note (1). Nous devons nous occuper en premier lieu des Insectes qui attaquent les arbres vivants, c’est-à-dire des plus nui- sibles. L'ennemi le plus redouté du Chêne-liège en Algérie et en Tunisie est une Fourmi à tête rouge, le Cremastogaster scu- (1) Les Insectes dont nous allons nous occuper, ainsi que les dégâts qu’ils causent, ont élé rapportés par nous d’Aïn Draham, et figurent dans les collections d'Entomologie appliquée du Muséum d'histoire naturelle de Paris. ANN. SC. NAT. ZOOL. Aie 2 L.-G. SEURAT. tellaris OI. ; cetle espèce est très répandue; on la trouve dans l’Europe méridionale, l'Algérie, la Tunisie, l'Asie Mineure et l'Amérique du Nord. Cette Fourmi établit son nid dans la couche subéreuse ; cenid est formé de chambres ovoides, de 22 millimètres de grand axe sur 6 millimètres de petit axe, disposées le plus souvent parallèlement à l’axe de l’arbre, et situées les unes au-dessus des autres dans toute l'épaisseur du liège, communiquant entre elles par des galeries cylindriques de 2°*,5 à 3 millimètres de dia- mètre : quelques chambres sont disposées perpendiculaire- ment à la surface de l'écorce; dans chacune de ces chambres on trouve un grand nombre d'œufs et de larves. Le nid est en rapport avec l'extérieur par des trous circulaires de 2 millimètres de diamètre environ. | Les Fourmis creusent leurs galeries à l’aide de deux man- dibules extrêmement puissantes, se croisant sur la ligne médiane ; ces mandibules sont fortement dentées en scie à leur extrémité, la dent ventrale étant beaucoup plus déve- loppée que les trois autres ; ces mandibules sont solidement implantées par deux têtes d'attache, une dorso-latérale, située de chaque côté du labre, et une ventro-latérale, de chaque côté des mâchoires ; les mandibules ne peuvent se mouvoir, grâce à cette disposition, qu'autour d’un axe pas- sant par les deux articulations. | Le Cremastogaster scutellaris attaque indifféremment le liège mâle, ou le liège de reproduction; la figure 1 repré- sente les dégâts causés dans un liège mâle, mesurant 6 cen- timètres d'épaisseur. | | La jeune larve mesure 1 millimètre de longueur et 1/2 millimètre de largeur; elle porte dix paires de stig- mates consécutifs; un des caractères les plus curieux de cette larve est la présence, sur la région médiane dorsale du corps, de longs poils de 13/100 de millimètre de longueur, terminés à l'extrémité par un double crochet (fig. 2); ces poils en double harpon sont très régulièrement disposés et en petit nombre : 1l ÿY en a cinq rangées de quatre poils PARASITES DES CHÈNES DE LA TUNISIE. 3 chacune ; la première rangée est située sur la face dorsale du premier segment abdominal, entre les deux stigmates vw * EN 2 Ed ba | Fig. 1. — Liège attaqué par le Cremastogasler sculellaris OI. de la troisième paire; les quatre segments suivants portent chacun une rangée de poils semblables ; le métathorax et le sixième segment abdominal portent une rangée de quatre 4 L.-G. SEURAT. poils quadrifurqués à l'extrémité ; enfin le mésothorax et le septième segment abdominal sont munis d’une rangée de quatre longs poils simples; la région ventrale du corps a — nn A EN TE “ S10 Fig. 2. — Jeune larve de Cremastogasler scutellaris vue latéralement. — 1, pro- thorax (premier segment); 4, premier segment abdominal, portant la première rangée de poils en harpon; 8, cinquième segment abdominal; S.1, stigmate antérieur ; S. {0, dixième stigmate ; E, estomac fermé en arrière; C, cerveau ; P.1, P.2, P.3, disques imaginaux représentant les ébauches des pattes; A, anus. porte quelques rares poils extrèmement courts, simples, qui n’ont aucune ressemblance avec les précédents. Les vingt longs poils terminés en harpon ont une utilité tres grande : ils servent à maintenir les jeunes larves aux parois PARASITES DES CHÊNES DE LA TUNISIE. J des chambres du nid ; quand on ouvre ces chambres, on les trouve en effet entièrement lapissées de larves. La larve adulte mesure 2°*,5 de longueur; elle porte des poils en harpon de 1/5 de millimètre de longueur; elle présente latéralement des mamelons ou parapodes sur le mésothorax, le métathorax et les quatre premiers segments abdominaux. Beaucoup de Chênes-liège sont attaqués par des Ten- thrèdes ; les larves s’établissent dans le liège mâle des jeunes arbres et y creusent leur galerie; cette galerie est à contour arrondi, mesurant 2 millimètres à 2°*,5 de dia- mètre, elle intéresse toute l'épaisseur duliège ; la nymphose a lieu à une faible distance de la surface, et l'adulte sort par un trou circulaire de 2°*°,5 de diamètre environ. Les larves de à! celte Tenthrède creusent leur galerie à l’aide de leurs man- dibules 4-dentées, se joignant sur la ligne médiane ; ces dents sont en forme de pyramide triangulaire, à arête itranchante interne. Ces larves, au moment de la nymphose, sont attaquées par un parasite solitaire, un Ichneumonide, le Spilocryptus ornatus Grav.; la femelle de cet Insecte mesure 6"",5 de longueur et est munie d’une tarière de 4**,9 ; le cocon est cylindrique, arrondi aux deux bouts, et mesure 10 millimètres de longueur et 2°**,5 de diamètre ; c'est un cocon papyracé, de couleur jaune pâle. Le liège attaqué par les Fourmis et celui attaqué par les Tenthrèdes sont complètement inutilisables et ne peuvent qu'être brülés ; les Tenthrèdes paraissent d’ailleurs être pen abondantes. D’autres Insectes s’attaquent aux jeunes feuilles et parmi ceux-ci il convient de citer la chenille polyphage de la Porthesia chrysorrhea L., que nous avons eu l’occasion de rencontrer dès le mois de mai à Aïn Draham:; les nids sont formés d’une toile revêtue de feuilles sèches, et situés de préférence sur les jeunes arbres ; les chenilles sortent vers la fin de mai et se mettent à dévorer les feuilles nouvelles, qui viennent de pousser; à mesure que les chenilles gran- 6 L.-G. SEURAT. dissent, elles deviennent plus voraces. La nymphe se cache dans les anfractuosités de l'écorce. La Porthesia chrysorrhea a fait récemment des ravages assez sérieux en Tunisie; elle était relativement rare cette année. Les chenilles de ce Papillon ont plusieurs parasites internes parmi lesquels un Braconide et un Diptère, le Phorocera cilipeda Rond. ; ces parasites, en causant la mort des chenilles, s'opposent à leur grande multiplication. Galles du Ghêne-liège. — Parmi les Insectes qui atta- quent les feuilles, il convient de signaler ceux dont la piqûre détermine des galles; nous avons pu trouver en Tunisie un certain nombre d'Hyménoptères gallicoles qui n'y avaient pas été signalés. 3 1° L'Andricus A dleri Mayr forme des galles uniloculaires, disposées par groupes, qui intéressent les deux faces de la feuille. M. l'abbé Kieffer, qui a bien voulu déterminer ces Insectes, dit que « ces galles n’étaient connues que de Quer- cus cerris, en Autriche et en Italie »; il les a reçues de Vérone récemment, mais trop tard pour en faire mention dans la monographie des Cynipides. Ces galles ont la forme d’une petite poire, le grand axe étant perpendiculaire au plan de la feuille ; la galle mesure 2*%,5 à 3 millimètres de grand axe et 2 millimètres de petit axe; l’adulte sort par un trou circulaire de 1/2 milbi- mètre de diamètre, situé au pôle aigu de la galle. L’Andricus Adleri pique de préférence les jeunes feuilles; on trouve cet Insecte vers le 15 mai (Col des Vents). 2° L’Andricus grossulariæ Giraud a été signalé en Autriche et dans l'Italie septentrionale sur le Quercus cerris, en Sicile et en Algérie (1) sur le Q. suber. Les galles, de couleur rouge, ont le volume et la forme d'un grain de groseille; elles se forment sur les fleurs mâles du Chêne-liège, vers la fin de mai. Elles sont extré- mement abondantes à Aïn Draham. (4) D: P. Marchal, Notes d'entomologie biologique sur une excursion en Algé- rie et en Tunisie (Mém. Soc. zool. France, t. X, 1897, p. 16-17). PARASITES DES CHÊNES DE LA TUNISIE. 7 3° Le Spathegaster glandiformis Giraud, ou Cynips de la galle en forme de gland, apparaît en même temps que le précédent, et sur les mêmes arbres ; la galle se forme sur les fleurs mâles. | 4° Le Synophrus politus Hartig, ou Cynips lisse, a été signalé sur le Quercus cerris (Autriche, Italie) et le Q. suber (Italie, Algérie). Il forme sur Les rameaux du Chêne-liège des galles rondes, ligneuses, très dures, uniloculaires, de 6 millimètres de diamètre; la galle est formée d’une partie ligneuse interne et d’une écorce. Chêne zéen. L'ennemi le plus redoutable du Chêne zéen est la larve du grand Capricorne {Cerambyx Mirbecki Luc.) qui creuse dans le bois des galeries très grandes ; cet Insecte cause de très grands ravages à Aïn Draham ; étant arrivé dans cette région après l’abatage du Chêne zéen, il nous a été impos- sible d'étudier la biologie de ce Coléoptère comme nous l’aurions voulu. Galles du Chêne zéen. — 1° Le Cynips le plus abondant sur le Chêne zéen est le Cyrips coriaria Haimhofen ou Cynips corroyeur, qui produit une galle multiloculaire, munie de grosses cornes ; ces galles existent en France sur le Chêne rouvre; l’Insecte de la galle a pour parasite un Hyménoptère Chalcidien, le Wegastigmus shigmatizus Latr., que l’on trouve également en France. Nous avons obtenu l’éclosion d’un Lépidoptère, le PAto- roblaslis costipunctana HW. var. amyqdalanca Dup., dont les larves vivent aux dépens de ces galles. 2° Nous avons rapporté de nombreuses galles d’un Cynips voisin du C. Xollari Htg. ; ce sont de grosses galles rondes, légèrement bosselées, uniloculaires, souvent groupées par deux ou par trois. Ce Cynips a un commensal, qui vit dans la matière végétale de la galle, le Synergus umbraculus Ov. 8 L.-G. SEURAT. II. — Erupe DES INSECTES QUI ATTAQUENT LES BOIS COUPÉS. Les bors de Chêne, sitôt leur abatage, sont attaqués par de nombreux Insectes, appartenant presque tous à l’ordre des Coléoptères. 1° Les plus nombreux appartiennent à la famille des Lon- gicornes : le C/ytus arcuatus L. est extrèmement abondant dans les bois de Chêne zéen ; le Clytus antilopæ est plus rare; le Callidium (Phymatodes) variabile L. est encore plus abon- dant dans le Chêne zéen que le Clytus arcuatus ; le Calli- drum (Pyrrhdium) sanquineum L., également parasite du Chêne zéen, est moins commun; nous avons trouvé quelques exemplaires de Leptidea brevipennis. 2° Buprestides. — Le Chrysobothrys affinis var. helio- plhila Ab. est très abondant dans les bois de Chêne zéen, de Chêne-liège et dans le Robinier faux-Acacia; l'A cmaeodera adspersula Yi. attaque les racines déchaussées du Chêne- liège ; l'Antharia fulgidipennis Luc. vit dans le Chène zéen; nous avons trouvé, sous l'écorce du Chêne zéen, plusieurs individus d’un Agrilus. 3° Bostrychides. — Ces Insectes sont abondants dans les Chênes de Tunisie, mais peu variés en espèces : le Xylo- pertha præusta Germ. attaque les bois de Chêne zéen et de Chêne-liège ; le Synorylon 6-deniatum vit dans les rameaux morts du Chêne-liège et du Figuier sauvage; j'ai capturé trois individus du Bostrychus capucinus L. var. rigriventris Luc., sous l'écorce d’un rameau coupé de Chêne zéen, et d’au- tres sur l'écorce. 4° Scolytides. — Le T'aphrorychus villifrons Dufour vit dans l'écorce du Chêne zéen. 5° Élatérides. — L’'Æater satrapa var. dibaphus vit dans le Chêne zéen, mais est peu abondant. 6° On trouve, sous l’écorce du Chêne zéen, de nombreuses larves de T'emnochila ; ces larves sont carnassières et utilisent les galeries des Insectes précédents. PARASITES DES CHÊNES DE LA TUNISIE. 9 Nous aurons à citer plus loin les Insectes qui vivent sous l'écorce ou dans le bois des arbres entrant en décompo- sition. 71° Diptères. — Sous l'écorce des rameaux coupés de Chène-liège et de Chêne zéen vivent de nombreuses larves d'un Diptère, la Laphrya sp. (1), qui sont carnassières. Nous allons donner quelques renseignements biologiques sur les Insectes précédents. 1° Longicornes. — Ponte. — La femelle des Longicornes est munie d’un long oviscapte formé aux dépens de l’avant- dernier segment du corps ; l'oviscapte n'est autre qu'un long tube, portant à son extrémité deux palpes bi-articulés, cou- verts de longs poils ayant probablement un rôle tactile ; La femelle explore l'écorce, à la recherche d’anfractuosités ou de cassures ; l'œuf est déposé au fond de ces cassures le plus profondément possible. Cet œuf donne naissance à une petite larve qui se met à dévorer l'écorce et le liber à sa portée, puis pénètre dans le liber, et de là entre le liber et l'aubier, pour creuser sa galerie désormais entre le liber et l’aubier. La larve du Callidium sanquineum arrive sous le liber en creusant dans ce dernier une galerie à section elliptique, mesurant 2/3 de millimètre de grand axe sur 2/5 de milli- mètre de petit axe; dans certains cas, la larve chemine quel- que temps dans le liber, et pénètre très obliquement sur l'aubier; dans d’autres cas, la galerie de pénétration est à peu près normale à la surface de l’écorce, et dans ce cas le irou de pénétration est très net sur la face interne du liber (fig. 3). | La forme et la dimension des galeries creusées entre le (1) M. L. Pandellé, à qui j'ai communiqué cet Insecte, m'écrit de Tarbes (Hautes-Pyrénées) : « La Laphrya d’Ain Drabam que vous m'avez soumise se trouve ici également, où j'ai trouvé une ©. Je n'ai pu la déterminer sûrement. Elle ressemble beaucoup à fulva et à flava, mais elle me parait différente par sa vestiture et ses antennes. Ce Genre, comme les autres Asilides, a grand besoin d'être revisé, en scrutant les caractères sexuels, car la couleur des poils me paraît assez variable. » 10 L.-G. SEURAT. liber et l’aubier varient suivant qu’on considère le Clytus ou les Callidium. a) Clylus arcuatus. — La galerie du Clytus arcuatus, d’abord très étroite et creusée en grande partie sur la face interne. du liber, ne tarde pas à accroître ses dimensions, Fig. 3. — À, galeries de Callidium sanguineum creusées dans le liber du Chêne rouvre; B, extrémité antérieure de la galerie, plus grossie, montrant la galerie de pénétration de l'écorce vers le liber. en même temps qu'elle intéresse également le liber et l’au- bier ; cette galerie est à section elliptique; elle peut atteindre 16 millimètres de largeur et 5 millimètres de hauteur; la larve, au fur et à mesure qu'elle creuse sa galerie, la rem- plit en arrière de ses excréments constitués par une sciure assez grossière ; les dégâts produits par le Clytus sont très importants. Parvenue au terme de sa croissance, c’est-à-dire quand elle a atteint une longueur de 26 à 27 millimètres PARASITES DES CHÊNES DE LA TUNISIE. 11 environ, la larve se ménage un espace pour se nymphoser, une chambre nymphale; la nymphose de cet Insecte s’ef- fectue presque toujours dans l’aubier, ou dans le cœur du bois, quand le rameau attaqué est de faible diamètre (40 millimètres de diamètre) ; on trouve quelquefois, cepen- dant, des nymphes dans une chambre ménagée sous l'écorce; la chambre nymphale n’est, dans ce cas, que l’extrémité un peu agrandie de la galerie. Dans le cas le plus général, la larve arrivée sur le point de se nymphoser cesse de cheminer entre l'écorce et le bois, Fig. 4. — À, coupe longitudinale d’un rameau de Chêne zéen rencontrant une chambre nymphale de Clytus arcualus ; g, galerie de la larve; — B, coupe trans- versale d’un rameau présentant vers son centre une chambre nymphale de Clytus ; G', galerie d’une jeune larve intéressant l’aubier et le liber, /; G, gale- rie d’une larve adulte, intéressant l’aubier, le liber et une partie de l'écorce. x et pénètre dans l’aubier par une galerie normale à la sur- face, à section elliptique, mesurant 7*°,5 de grand axe sur 5"*,9 de petit axe; à une distance de 20 millimètres envi- ron de l'écorce, cette galerie se recourbe brusquement à angle droit et se continue par la chambre nymphaie ; Le plus souvent, la chambre nymphale, dont l’axe longitudinal est parallèle à celui du rameau, fait suite à la galerie creusée entre le liber et Le bois et continue sa direction; dans quel- ques cas plus rares, elle est rétrograde ; enfin, elle n’est pas toujours située dans le secteur qui contient la galerie cor- ticale : souvent, la larve s'enfonce d’abord normalement, puis contourne le rameau et établit sa chambre dans un sec- _teur très éloigné du précédent. Cette chambre mesure 12 L.-G. SEURAT. 28 millimètres de longueur environ; elle peut atleindre 35 millimètres; la section est elliptique, les dimensions variant également entre 8"",5 et 11"" pour le grand axe et millimètres à 6**,5 pour le petit ; l'extrémité aveugle de la chambre est recouverte d’un tampon de sciure très fine ; l'extrémité en rapport avec la galerie de pénétration est bouchée par un tampon assez grossier de fibres ligneuses ; la nymphe est couchée à plat, la région céphalique étant située en contact avec le tampon obturateur antérieur; la peau et les mandibules larvaires provenant de la mue sont situées entre la chrysalide et le tampon postérieur. La larve, avant de se nymphoser, prépare son trou de sortie. Cet orifice est elliptique, les deux axes de l’ellipse ayant peu de différence dans leur longueur ; les dimensions varient, comme le montrentles chiffres suivants: 6°" x 4",5; 877 KO DEEE Gars L'adulte éclôt et sort vers le milieu du mois de mai: il reste caché dans sa galerie, et n’en sort qu'aux époques chaudes de la journée. Le Clytus antilopæ, plus rare, vit dans les mêmes condi- tions. Les larves adultes, prêtes à se nymphoser, du Clytus ar- cualus ne sont pas à l’abri des parasites dans leur chambre nymphale; elles servent de proie à une larve parasite externe et solitaire, celle d'un Ichneumonide, l'Ephialtes carbona- rius Christ. La femelle de cet Insecte mesure 18 à 19 mil- limètres de longueur; l'organe de la ponte a des dimensions très grandes par rapport à la longueur du corps; le gor- gerel et les deux stylets situés à son intérieur mesurent 27"",9; les valves, servant à guider la tarière lors de la ponte, ont leur origine située à 3 millimètres de celle du sorgeret et mesurent 25*%,5; la tarière peut s’enfoncer, par suite, à 27 millimètres environ de la surface de l'écorce dans l'intérieur du bois, et l'œuf être pondu dans la chambre du Clytus, située, comme nous l'avons vu, à 20 millimètres en- viron de la surface. EE +3 ane VS a PARASITES DES CHÊNES DE LA TUNISIE. 13 b) Callidium variabile et C. sanquineum. — La galerie est creusée entre le liber et le bois; le plus souvent, la larve ne pénètre pas dans le bois, la nymphose ayant lieu sous l'écorce ; dans quelques cas, cependant, elle a lieu dans l’au- bier, à 10 millimètres environ de la surface. La chambre nymphale sous-corticale est établie à l'extrémité de la ga- lerie ; cependant, il peut arriver que la larve revienne en arrière et ménage une chambre à quelque distance de l’ex- trémité. Les galeries et les chambres nymphales du Callidium va- riabile et du C. sanguineum présentent quelques caractères qui permettent de les distinguer : 1° La galerie du C. variabile intéresse plutôt le liber et l'écorce ; elle est plus profonde que celle du €. sanguineum; ses parois latérales sont concaves, en sorte que la sciure est encastrée fortement, sa surface en contact avec le bois étant à peu près plane; le plafond de la galerie est lui-même con- cave; la galerie du C. sanquineum est, au contraire, à pla- fond plat et à bords abrupts : la sciure n’est plus encastrée latéralement dans l'écorce; de plus, sa surface en rapport avec le bois est convexe : l'empreinte en creux laissée dans l’'aubier est ici beaucoup plus profonde ; 2° La chambre nymphale du C. variable est Le plus sou- vent étroite, beaucoup plus longue que large (18° X 5%%,5 ; DR CAT MN 20e X 811,28%5,x 9%); 4 -bords Irès'!con- caves et à fond légèrement arrondi; elle est contenue pres- que tout entière dans le liber et l’écorce. La chambre nymphale du C. sanguineum est légèrement arquée, très régulière, beaucoup moins longue que la précédente (13"*,5 one Old oot 0184200 11487 7x 877,04 etc. Elle intéresse également le liber et l’aubier ; le fond est plat, aussi bien du côté du bois que du côté du liber, les bords abrupts. Trou de sortie. — Le trou de sortie est percé par l'adulte; il est oblique à la surface, et son calibre diminue du centre à la périphérie : au contact de la chambre nymphale, il me- 14 L.-G. SEURAT sure 7 millimètres de longueur sur 3*",5 de largeur; l’ori- fice externe, ovale, allongé, mesure 4°°,5 sur 2°*,5 ; ce trou externe peut atteindre 5**,5 sur 3 millimètres. L'adulte éclôt vers le 20 mai, et se promène à la surface des troncs de Chêne. c) Larves des Longicornes. — Les larves du Clytus arcua- us, du Callidium variahile et du C. sanguineum ont entre elles une grande ressemblance : la tête, volumineuse, pré- sente, dans sa région antérieure ventrale, la bouche entourée de deux énormes mandibules fortement chitinisées, noires, grâce auxquelles l'animal accomplit son rude travail; la bouche est limitée supérieurement par un labre arrondi, garni de nombreux poils, et ventralement par la lèvre infé- rieure et les mâchoires; les mâchoires présentent une base quadrangulaire {cardo), un lobe interne garni de poils et des palpes maxillaires formés de trois articles distincts, la région d'attache n'étant pas comptée comme article ; la lèvre inférieure porte deux palpes labiaux 2-articulés, ou 3-arti- lés, si on compte l'article basal, soudé à celui de l’autre palpe sur la ligne médiane. | Les mandibules, situées à droite et à gauche, sont implantées d'une façon très solide. Leur forme est celle d’un solide à cinq faces, à base carrée; la face latérale externe est convexe, trapéziforme ; la face interne concave; ces deux faces se rencontrant suivant une arête tranchante, fortement chitinisée, à contour un peu arrondi, bien propre à couper le bois; la face dorsale et la face ventrale sont triangulaires; le sommet externe de la face ventrale pré- sente une apophyse arrondie, située dans une cavité du cadre chitineux qui limite la bouche ; le sommet externe de la face dorsale présente au contraire une cavité dans la- quelle entre une tête arrondie du cadre buccal, située dans le voisinage immédiat de la face interne de l’antenne ; la man- dibule est ainsi solidement maintenue latéro-dorsalement et latéro-ventralement; elle ne peut tourner qu'autour d'un axe dorso-ventral, parallèle à son bord externe el situé à PARASITES DES CHÈÊNES DE LA TUNISIE. 15 une faible distance de celui-ci : les mandibules ne peuvent effectuer que des mouvements de rapprochement et d’écar- tement sur la ligne médiane ; leur bord externe est en rapport, en son milieu, avec une longue tige chitineuse qui s'enfonce sous le prothorax, et sur laquelle s'insèrent à 45°, et de chaque côté, des muscles allant s'attacher sur le bord postérieur de la tête, invaginé sous le prothorax; l’action de ces muscles est d’écarter les mandibules ; la A Fig. 5.—Larve du Phymatodes variabile. — À, tête vue ventralement; on n’a figuré qu'une des mandibules; B, mandibule vue du côté externe, montrant ses rapports avec la tige chitineuse {; C, mandibule vue latéro-dorsalement, avec la tige chitineuse externe fé, et la lame chitineuse /; a, cavité de la mandibule dans laquelle entre l’apophyse c’; c, apophyse mandibulaire entrant dans la cavité a’ du cadre buccal. face interne, concave, présente à sa base une lame chiti- neuse aplatie sur laquelle s’attachent les muscles destinés à rapprocher les mandibules; ces muscles rapprocheurs ont une action beaucoup plus forte que les muscles écarteurs, par suite de l'éloignement du point d'application de la force qu'ils produisent de l'axe de rotation. La région latéro-dorsale du front porte une antenne très petite, 4-articulée; l’article basilaire de l’antenne est très long dans la larve du Callidium sanqguineum et celle-ci est très saillante; le second article est également allongé; le troisième est à peu près aussi long que large ; son extrémité terminale ventrale porte du côté interne une écaille trian- gulaire aplatie; l’article terminal est deux fois aussi long % que large; à son extrémité, il porte un poil assez long et 16 L.-G. SEURAT. une petite écaille triangulaire ; l'antenne est aussi longue dans la larve du Callidium variabile, mais les deux premiers articles étant plus courts, elle est moins visible que dans la larve précédente; le troisième et le quatrième article sont au contraire plus allongés ; le troisième porte égale- ment une écaille triangulaire ; l’article terminal en est dépourvu, portant à son extrémité deux longs poils; la larve Fig. 6. — Antennes des larves des Callidium. — À, larve du C. sanguineum ; B, larve du C. variabile; 1, article basilaire; é, écaille du troisième article; C, apophyse du cadre buccal servant à l'articulation de la mandibule. du Clytus arcuatus a des antennes peu saillantes, moins longues que celles des larves précédentes; les trois premiers articles sont sensiblement aussi longs que larges; le qua- trième article est allongé, arrondi à l'extrémité. Le corps des larves comprend treize segments, trois thoraciques, portant chacun une paire de pattes très courtes, impropres à la marche, et dix abdominaux, le dernier portant l’anus à son extrémité. La région ventrale des trois segments thoraciques et des sept premiers seg- ments abdominaux porte des plaques tégumentaires épais- sies partagées chacune en deux moitiés, une antérieure ét PARASITES DES CHÊNES DE LA TUNISIE. F1 une postérieure, par un sillon transversal, et servant à la locomotion. Les régions latéro-dorsales du corps portent neuf paires de stigmates, dont huit paires sont situées sur les huit premiers segments abdominaux. Dans la région dorsale postérieure, on aperçoit le rectum par transparence. * Les patles comprennent une hanche, qui s'attache au Fig. 7. — Pattes des larves des Callidium. — À, larve du C. sanguineum ; B, larve du C. variabile. tégument, et à la suite trois articles distincts, soit quatre articles en tout si l’on compte la hanche; ces pattes sont très écartées l’une de l’autre sur la ligne médiane ; les deux ANN. SC. NAT. ZOOL. XI 2 18 L.-G. SEURAT. premières paires sont situées très latéralement, à peu de distance de la première paire de stigmates, soit à un niveau plus ventrai que ces derniers ; la troisième paire de pattes est sensiblement à la même distance de la ligne médiane que les précédentes; les ébauches des futures pattes de l'adulte, visibles sur la face ventrale des segments thora- ciques, sont au contraire très rapprochées sur la ligne médiane. La larve du Callidium sanguineum (1) a des pattes également écartées sur la ligne méûiane ventrale, de 1/5 de millimètre environ de longueur ; la hanche et les deux articles suivants ne présentent rien de particulier ; l’article terminal est très allongé (moitié de la longueur totale de la patte), arqué, grêle ; cette forme arquée est très caractéristique; la moitié antérieure de cet article est incolore, sa surface est sinueuse; la région terminale est testacé clair, lisse, cylindrique, arrondie à l'extrémité ; la patte de la larve du Callidium variabile à à peu près la même longueur que la précédente; l’article terminal, au lieu d’être grêle et flagelliforme, est massif, conique, droit dans toute sa longueur, à contour sinueux, le quart posté- rieur est testacé clair, le reste de l’article étant incolore. La larve du Clytus arcuatus à des pattes beaucoup plus allongées, atteignant 3/5 de millimètre de longueur ; la région antérieure de l’article terminal est lisse, la région postérieure est au contraire mamelonnée; l’article terminal est massif et droit. Le tube digestif de ces larves lignivores est remarquable par sa longueur; il est d’ailleurs bâti sur le même type dans les trois espèces que nous étudions. L'œæsophage, très court, se jette au niveau du mésothorax dans un estomac très allongé qui se poursuit jusque dans la région postérieure de l'avant-dernier segment (fig. 8), où il se recourbe, remonte jusque dans le huitième segment, se dirige de nouveau vers la région postérieure du corps; au (1) Goureau, Ann. Soc. ent. France, 2° série, t. I, 1843; p. 99. PT PARASITES DES CHÈNES DE LA TUNISIE. 19 niveau du douzième segment, l'intestin moyen se continue F0 (M ---1V NE ei 2.1 Vi- DTÈSSS-R Vu... eV) vil. 2 TVvin FRE EE 1X Fig. 8. — Extrémité postérieure du corps d’une larve de Phymatodes variabile, vue latéralement, montrant le tube digestif. (L'intestin moyen est teinté en grisé). —1V,V,.....,X, quatrième, cinquième, ..….,dixième segments abdominaux ; 3, région postérieure de l'intestin moyen; r, région antérieure de l'intestin postérieur faisant suite à 3; R, rectum, avec les excréments à son intérieur ; s, emplacement du dernier stigmate abdominal. par le rectum, lequel donne insertion à un petit nombre de tubes de Malpighi; le rectum remonte dorsalement par 20 L.-G. SEURAT. rapport à l'intestin moyen jusque dans la région antérieure du huitième segment ; la région ullime du rectum Lou sur la ligne médiane ne à du huitième segment jusqu'à l'anus ; les parois du rectum sont très épaisses; les excréments y sont abondants, sous forme de petits disques cylindriques disposés en chapelet. Le tube digestif de ces larves présente en résumé quatre courbures; sa longueur égale deux fois et demie celle du corps, le rectum ayant à lui seul une lon- gueur égale aux quatre cinquièmes de celle du corps ; dans la région Pont du rectum débouchent des glandesrectales, tubuleuses, sinûeuses, appliquées contre la surface de l'intestin postérieur. L’anus est terminal, il est limité par quatre lobes arrondis du segment anal, disposés symé- triquement, deux dorsaux et deux ventraux. L'appareil respiratoire (C. sanquineum) est remarquable par la richesse de ramifications des trachées. Cet appareil comprend essentiellement deux troncs trachéens longitu- dinaux latéraux, réunis au niveau du prothorax par une commissure dorsale, d’où partent de nombreux rameaux trachéens se rendant dans la région céphalique, et dans chacun des huit premiers segments abdominaux par une commissure latéro-ventrale; les troncs trachéens latéraux sont en rapport avec l’extérieur par neuf paires de troncs stigmatiques s’ouvrant par des stigmates, situés, la première paire à la limite du prothorax et du mésothorax, sur les flancs, assez bas, les huit autres sur les flancs des huit pre- miers segments abdominaux, à un niveau légèrement plus élevé que la première paire. Les deux stigmates antérieurs sont beaucoup plus grands que les suivants, elliptiques. Les troncs trachéens latéraux se continuent jusque dans le segment . anal, où ils se résolvent en fines ramifications, sans s’anastomoser. L'étude des larves des Longicornes nous à permis de trouver, pour chacune des trois larves qui nous Ferre des caractères suffisants pour les reconnaître. Les chambres nymphales du Callidium variabile ménagées PARASITES DES CHÈÊNES DE LA TUNISIE. 21 sous l'écorce servent de refuge à d’autres Insectes, en particulier à des Hyménoptères; le Psen pallipes Panz. établit son nid; cet Hyménoptère choisit les chambres nymphales très allongées ; les larves s’entourent chacune d'un cocon ovoïde, dirigé transversalement par rapport aux parois latérales de la galerie. Nous avons capturé deux Osmies qui fréquentent les galeries des Longicornes, l’Osmua Latreiller Spinoia et l’'Osmia gallarum Spinola. 2° Buprestides. — La ponte des Buprestides s'effectue de la même facon que celle des Longicornes, la femelle déposant son œuf dans les anfractuosités de l'écorce. a) Chrysobothrys affinis var. heliophila Ab. La larve de cet Insecte vit dans les bois coupés de Chêne zéen, de Chêne-liège et dans les arbres mourants de Robi- nier faux-Acacia. Perris signale cette espèce en France comme vivant sous l'écorce des vieux Châtaigniers, du Chêne, du Hêtre et du Bouleau; cet auteur note la disposi- tion des excréments qui remplissent la galerie « en petites couches concentriques, ce qui empêche de les confondre avec des galeries de larves de Longicornes ». Les larves de ce Bupreste vivant dans le Chêne zéen se nymphosent indifféremment dans l'écorce, quand elle est épaisse, sous l'écorce, ou à l’intérieur de l’aubier ; ce dernier cas paraît être le plus fréquent. La chambre nymphale est régulièrement elliptique, et mesure 20 millimètres de grand axe et 7 millimètres de petit axe. L’adulte perce son trou de sortie dans l'écorce ; cet orifice est elliptique, de 5 milli- mètres de grand axe sur 2°°,5 de petit axe. L'éclosion a lieu vers le 20 mai; l’adulte est fréquent en forêt, sur l'écorce des gros Chênes zéens, dans les endroits ensoleillés. La larve du CAhrysobothrys vivant dans le Chêne-liège creuse sa galerie entre le liber et l’aubier, cette galerie intéressant beaucoup plus le liber que l’aubier ; la chambre nymphale, elliptique, est ménagée dans le liber; l’adulle 22 L.-G. SEURAT. perce l'écorce pour sortir; le CArysobothrys attaque les rameaux de faible diamètre (3 à 4 centimètres de diamètre), dont la couche subéreuse est peu épaisse. b) Acmaeodera adspersula NI. — Ce Bupreste, beaucoup pius petit que le précé- dent, est très abondant dans les racines déchaus- sées de Chêne-liège ; il attaque également, mais plus rarement, des rameaux de très faible diamètre (10 à 15 millimètres). Lors de la construction des sen- tiers forestiers, un certain nombre de grosses racines se sont trouvées mises à nu, et ont été attaquées. L'œuf, pondu dans les anfractuosités de l'écorce, donne une larve qui ne tarde pas à pénétrer à l’in- térieur du bois. La galerie est très si- nueuse, à section ellip- tique, de 3 millimètres de largeur sur 2 millimèlres Fig. 9. — Larve d'Acmaeodera adspersula de hauteur environ, et rem- nant eu galeis dans le Moi die blic par les excréments disposés en couches con- centriques ; la larve se rapproche de l'écorce pour se nymphoser; la nymphose a lieu soit sous l'écorce, soit le plus souvent à l'intérieur du bois, la nymphe étant située à quelques millimètres de l'écorce (3 à 6 millimètres); la chambre nymphale mesure 9 millimètres de longueur, 3 millimètres de largeur et 2 millimètres de hauteur; son grand axe est dirigé suivant l’axe longitudinal de la racine. PARASITES DES CHÈNES DE LA TUNISIE. 23 L'adulte creuse une galerie de sortie, cireulaire, de 2°*,25 de diamètre, à peu près normale à la surface de l'écorce ; le trou de sortie est circulaire. Ces Buprestes sont très nom- breux dans la même racine, de sorte qu’à leur éclosion (1° juin) celle-ci est entièrement criblée de trous. L’adulte se réfugie dans sa galerie quand le temps est sombre. La chambre nymphale et la galerie de sortie de l’Acmaeo- dera ne restent pas inoccupées quand ce dernier est mort, après avoir pondu dans une autre racine; on y trouve une véritable légion d'Insectes, et ce fait est d'autant plus inté- ressant à noter qu'un certain nombre de ceux-ci n’ont pas été signalés comme appartenant à la faune tunisienne. Deux Hyménoptères y établissent leur nid: l’Osnua gallarum Spinola et l’Heriades truncorum ; au fond de la galerie nymphale se trouve le cocon papyracé de ces Insectes. Un grand nombre de Chrysides se réfugient dans cette galerie pour y passer les jours sombres et la nuit; ces Chrysides entrent à reculons, la tête élant située du côté de l'orifice. M. Robert du Buysson a bien voulu examiner ces Insectes et m'indiquer les espèces non signalées en Tunisie. 1° Chrysis Leachu Schück. est une espèce non encore signalée en Afrique ; les espèces suivantes sont nouvelles pour la faune tunisienne, ayant été capturées seulement en Algérie (1): | 2° Chrysis dichroa Dhb. var. minor Mocs. (Alger) ; 3° — succincta L. (Alger, Mustapha, Oran) ; 4 — bidentata L. var. pyrrhina Dhb. (Tébessa, Bône); D — nterjecta Buyss. (Biskra); 6 — semicincta Lepell. (Alger, La Calle) ; D’autres espèces sont déjà connues en Algérie et en Tunisie : (1) Robert du Buysson, Synopsis des Hyménoptères de la famille des Chry- sidides appartenant à la faune Barbaresque (Bull. Assoc. française pour l'avancement des sciences, Congrès de Carthage, 1896, p. 467-471). 24 L.-G. SEURAT. 7° Chrysis Saussurei Chevr. ; 8 — cyanea L. (répandue); 9 — splendidula Dhb. (répandue) ; 10° Aedychridium minutum Lep. var. reticulatum Ab. Toutes ces Chrysides sont de petite taille, à cause du dia- mètre des galeries ; la Crysis ignita L., lrès répandue en Tunisie, choisit comme refuge des trous plus grands, en particulier ceux creusés par le Clytus arcuatus dans le Robinier faux- Acacia. L'Acmaeodera adspersula ne paraît pas causer au Chêne- liège des dégâts considérables, car il n’attaque que les racines mises à nu, par suite de circonstances accidentelles. c) Larves des Buprestides. — Perris (1) a décrit les larves du Chrysobothrys affinis et de l'Acmaeodera adspersula. Ces larves, et particulièrement la première. sont remar- quables par le développement très grand du prothorax ; les mandibules sont implantées de la même façon que celles des larves des Longicornes ; leur fonctionnement, leurs muscles moteurs sont identiques. Les stigmates sont au nombre de neuf paires ; l'appareil respiratoire de la larve du Chrysobothrysne présente rien de particulier ; dans celle de l’Acmaeodera adspersula, les troncs trachéens longitudinaux latéraux réunis dans la région an- térieure du corps (prothorax) par une commissure supra- œsophagienne, et dans le mésothorax et les huit premiers segments abdominaux par une commissure latéro-ventrale, sont renflés en grosses ampoules oviformes dans chacun des segments cinquième à dixième du corps, les troncs siigmatiques prenant naissance en avant de l’ampoule du segment correspondant; dans la très jeune larve, ces ampoules n'existent pas. La commissure supra-œæsophagienne est également forte- ment dilatée et donne naissance à des rameaux prothora- ciques et céphaliques superficiels. . (1) Ed. Perris, Larves des Coléoptères. Paris, 1877. Les troncs latéraux ne se réunissent pas dans la région postérieure du corps. L’armature buccale des lar- ves des Buprestides est aussi puissamment conformée que celle des Longicornes pour accomplir son rude travail ; les mandibules, bidentées à l’ex- trémité, ont la même forme que celles des larves des Longi- cornes ; l'articulation est la même : dorsalement la man-. dibule présente une cavité dans laquelle entre une tête arron- die du cadre buccal: ventrale- ment, elle présente une apo- physe arrondie entrant dans une cavité du cadre buccal : la face interne est en rapport avec deux longues tiges chiti- neuses, qui s enfoncent jusque dans la région postérieure de la tête ; à ces tiges s’atta- chent, à 45°, des muscles qui vont s'insérer d'autre part à larégion postérieure de la tête ; celle-ci est invaginée presque tout entière sous le prothorax, et cette disposition a pour effet d'augmenter la solidité générale. Fig. 10. — Larve. d'Acmaeodera adsper- 71 sula vue latéralement; la tête n’est pas figurée ; en grisé, l'appareil trachéen en noir.— 1, prothorax : 4, premier segment abdo- minal; 13, segment anal; c, commissure trachéenne prothoracique : m, intes- tin moyen : r, région antérieure de l'intestin postérieur; R, rectum. PARASITES DES CHÈÊNES DE LA TUNISIE. 25 de. rm ” $ le tube digestif est teinté 26 L.-G. SEURAT. Tube digestif. — Larve de l’Acmacodera. Le lube digestif est coloré en brun par suite de la présence des aliments; l’œsophage, de fin calibre, s'étend jusque dans la région antérieure du mésothorax ; à la suite vient un énorme jabot, en forme de poire, à parois musculaires lrès développées, qui s'étend de la région moyenne du mésothorax à la région moyenne du premier segment abdominal; le jabot se conti- nue par un estomac cylindrique, allongé, s'étendant en ligne droite jusque dans le onzième segment du corps ; à l'endroit où le jabot se continue par l'estomac se jettent deux glandes tubuleuses, qui remontent horizontalement, accolées au jabot, jusque dans la région antérieure du prothorax. Au niveau de la région antérieure du onzième segment, l'intestin moyen se jette dans le rectum ; celui-ci donne insertion, en cet endroit, à un petit nombre de tubes de Malpighi ; l'intestin postérieur va jusque dans la région terminale du onzième segment, et là se recourbe, se diri- geant obliquement vers la face dorsale antérieure du dixième segment, où il se recourbe de nouveau, pour se continuer vers l'arrière, jusqu'à l'anus, sur [a ligne médiane ventrale des dixième, onzième, douzième et treizième anneaux : cette région ultime du tube digestif est visible par transparence quand on examine la face dorsale du corps de la larve. L’anus est terminal, limité par deux lobes latéraux. Larve du Chrysobothrys affinis. — Le tube digestif de ce Bupreste est semblable à celui de l’Acmaeodera : Yœsophage se jette dans un jJabot musculeux situé dans le prothorax ; l'estomac, allongé, cylindrique, se continue par le rectum dans le dixième segment; les tubes de Malpighi sont au nombre de six; le rectum se recourbe deux fois, sa région postérieure étant située dorsalement. Eñnemis des larves des Longicornes et des Buprestides. Les larves des Insectes dont nous venons de parler, bien que cachées sous l'écorce ou à l’intérieur du bois, ne sont PARASITES DES CHÈNES DE LA TUNISIE. 0 pas à l’abri des attaques des Hyménoptères entomophages ; nous avons signalé plus haut (page 12) un Æp/hnalles parasite du Clytus arcuatus ; nous allons examiner les parasites des larves du Callidium variabile et du Chrysobothrys affinis. Nous n'avons pas trouvé de parasites des larves adultes de l’Acmaeodera adpersula. Nous avons publié (1) récemment des observations sur le mode de ponte et la biologie des Hyménoptères qui vivent, dans leurs premiers états, aux dépens des larves ou des nymphes des Coléoptères Longicornes ennemis des bois de Chêne ou de Pin de la France centrale et septentrionale : Callhidium sanguineum, C. variabile, ennemis du Chêne; Acanthocinus (Astynomus) ædilis et Criocephalus rusticus, ennemis des Pins (Champagne). Les larves du Callidium variabile et du C. sanguineum vivant dans les Chênes de notre pays (forêts des environs de Paris, du Morvan, de l’Yonne, de l’Aube, de la Bourgogne, de la Marne et des Ardennes) ont, entre autres parasites, un Braconide social, le Doryctes gallicus Rheinhard. Je n'ai pas rencontré cet Insecte en Tunisie. 1.— Les larves adultes du C. variabile et celles du Chryso- bothrys affinis, vivant dans le Chêne zéen (2),ont deux para- sites SOCIAUX. a) Le premier est un Braconide appartenant à la tribu des Spathiidés, le Spathius rubidus Rossi var. erythrocephalus Wesmaël, dont les cocons fusiformes, disposés côte à côte, ressemblent àceux du Doryctes gallicus ; il y a cinqà sixde ces parasites autour d’une même larve de Coléoptère et parmi eux, 1l y à un mâle et plusieurs femelles. La larve de ce Bra- (1) Bull. du Muséum, 1898, n° 8, p. 354-359. (2) Nous faisons cette remarque parce que nous n’avons pas rencontré, dans le Chêne-liège, les Braconides dont nous allons parler; ce n’est pas que les larves de Chrysobothrys affinis vivant sous l'écorce du Chêne-lièse n'aient pas de parasites : plusieurs fois nous avons rencontré dans les chambres nymphales de cet Insecte un cocon fusiforme, blanc, renfermant une larve, et même, dans un cas, deux larves dans le même cocon; mais nous n'avons pu mener le parasite jusqu’à l’éclosion ; ce parasite est d’ail- leurs un Braconide. 28 L.-G. SEURAT. conide, parasite externe, est identique à celle du Doryctes gallicus (À). La première éclosion a lieu vers le 25 mai. b) Le second parasite social est un Braconide de la tribu des Doryctidés, que M. le Rév. T.-A. Marshall, à qui je l’ai communiqué, à décrit (2) récemment sous le nom de Doryctes liogaster Marsh. Les larves de cet Insecte sont appliquées le long du corps de l’hôte (larve du C. variabile ou larve du CArysobothrys affinis) et en nombre variable : 2,3, 4, 5 ou 6, ce dernier nombre étant un maximum ; elles sont identiques à celles du Doryctes qallicus, à part leur taille plus grande ; l’appareiltrachéen estabsolumentlemême. On trouve ces larves en pleine activité, dévorant leur hôte, dès Le 15 mai ; la ponte a lieu par conséquent dès les premiers jours de ce mois ; l’évolution de ces parasites est très rapide : le 1° juin suivant les adultes élaient éclos (trois individus, dont un mâle et deux femelles). L’adulte se promène à la surface des troncs de Chêne ; on le trouve dès les premiers jours du mois de mai; il y a plu- sieurs générations estivales. Les cocons, disposés côte à côle, sur plusieurs rangs, sont de couleur brunâtre pâle, cylindriques ; dans quelques cas ils sont disposés sur un rang et deviennent quadrangulaires par pression réciproque ; dans chaque groupe de cocons il y a généralement un mâle et plusieurs femelles. Le trou de sortie, circulaire, de 1 millimètre à 1°°,5 de diamètre, est unique pour l’ensemble des individus issus d'un même groupe de cocons et est percé par ces Insectes; jai cependant constaté ce fait de deux Doryctes liogaster éclos de deux cocons situés côte à côte et ayant creusé cha- cun leur trou de sortie ; mais c’est là un fait très rare que nous Signalons en passant comme une variante dans les habitudes de cette espèce. (1) L.-G. Seurat, Contributions à l'étude des Hyménoptères entomophages (Ano. Sc. nat., 1899, 8° série, t. X, p. 76-86; pl. I, fig. 10). (2) T.-A. Marshall, Description de Braconide; (Bull. du Muséum, 1899, n° 7,D- 972). PARASITES DES CHÈNES DE LA TUNISIE. 29 2. Parasites solitaires. — Le C. variabile vivant dans le Chêne zéen est parasité par l'Helcon tardator Nees; cet In- secte paraît être commun à Aïn Draham ; nous avons trouvé son cocon, renfermant une nymphe mâle très avancée, dans une chambre nymphale de C. variabile ménagée dans l'au- bier, à 7°",5 de distance du liber, soit à 10 millimètres envi- ron de la surface de l'écorce. Ce cocon est bistre, aplati, de 1 millimètres de longueur, sur 4"",5 de largeur et 2 milli- mètres de hauteur ; les deux extrémités sont légèrement arrondies. Nous avons signalé l'Aelcon tardator comme très abon- dant dans les forêls des environs de Paris, où il est parasite du €. sanguineum (1). Nous avons trouvé jusqu ici des Insectes se rapprochant de ceux trouvés par nous en France dans le Chêne. — Les larves du C. variabile et du CArysobothrys affinis ont un autre parasite solitaire très commun, que nous n'avons jarnais trouvé dans les mêmes conditions en France; on trouve souvent, dans la chambre nymphale de ces Insectes, un gros cocon en forme de gabarre ou -de cercueil; ces cocons, à l’éclosion, m'ont donné un Bra- conide que M. le Rév. Marshall a décrit en même temps que le Doryctes liogaster sous le nom de Cæloïdes (sect. Atanycolus) tunetensis Marsh. En 1898, lors d'un voyage en Champagne (juin à octobre), j'avais trouvé des cocons absolument identiques dans les chambres nymphales de l’Acanthocinus œdilis L. et du Criocephalus rusticus, Longicornes qui vivent dans les bois de Pin; ces cocons étaient ceux d’un Cœloïdes très voisin du précédent, le Cæ- loides (sect. Atanycolus) Neesi Marsh. (1). Il est intéressant d’avoir à signaler un tel rapprochement entre les Braco- nides des Pins de Champagne et ceux des Chênes de la Tunisie, d'autant plus qu'on ne trouve pas ces formes dans les bois de Chêne de la première de ces régions. (1) Bull. du Muséum, 1898, n° 8, p. 369. 30 | L.-G. SEURAT. Le Caloïdes tunetensis est parasite des larves adultes qu'il dévore, en laissant la peau et les parties chitineuses. L’adulte perce un trou de sortie circulaire, de 1 millimètre de diamètre ; on le rencontre dès les premiers jours du mois de mai. Étude de la « Laphrya sp. ». Les larves de ce Diptère sont très abondantes sous l’écorce des rameaux de Chêne zéen et du Chêne-liège habités par des larves de Longicornes et de Buprestides; nous en avons trouvé quelques-unes dans l’aubier du Chêne zéen. Elles possèdent une armature buccale qui leur permet de creu- ser une galerie sous l'écorce et même d'attaquer le liber ou l’aubier; les mâchoires, qui portent un palpe bi-articulé sont fortement chitinisées et conformées comme des man- dibules. Léon Dufour (1), à propos de la Laphrya aurigera, dit que la larve se nourrit exclusivement de bois en décom- position; il a d’ailleurs trouvé cette larve sous l'écorce des Chênes morts. | Les faits observés par nous en Tunisie permettent de fixer certains points de la biologie de ce Diptère. La larve de la Laphrya n’a pas de galerie propre : elle chemine sous l'écorce, en utilisant des galeries d’autres Insectes; elle est toutefois capable de passer d’une galerie à une autre, en détruisant les parois communes. Cette larve, de même que celle de la Laphrya aurigera porte sur les six premiers seg- ments abdominaux des mamelons qui lui permettent de se déplacer. Parvenue à l’état adulte, elle se ménage sous l'écorce un véritable nid pour se nymphoser, ce nid étant fait de fibres ligneuses et libériennes entrelacées. Il faut noter ce fait important que ce nid est toujours situé dans une galerie d’un autre Insecte, ou contigu à une chambre nymphale. L'examen des pièces que nous avons rapportées (1) L. Dufour, Recherches sur les métamorphoses des Asiliques (Ann. Sc. nat., 3e série, t. XIII, 1850, p. 143). PARASITES DES CHÊNES DE LA TUNISIE. 31 de Tunisie démontre que la larve de la Laphrya dévore les larves lignivores : {° Un nid renfermant une nymphe est établi dans une galerie de Bupreste (Chrysobothrys affinis). Or, au milieu de la sciure environnante, on retrouve les restes, c’est-à-dire la peau et l’armature buccale, de deux larves de Buprestes, situées à quelque distance l’une de l’autre; la larve du Diptère, après avoir dévoré le premier hôte dans sa galerie, a atteint la galerie voisine et en a dévoré un second, puis elle s’est nymphosée. 2° Beaucoup de nids de nymphes de Laphrya sont établis dans des chambres nymphales de Buprestes; ici, c’est la larve adulte ou la nymphe qui a élé dévorée. 3° Une larve de Laphrya avait effectué sa nymphose dans une chambre nymphale de Clylus arcuatus ménagée dans l’aubier, à 20 millimètres de l'écorce; la larve du Diptère avait bouché l'extrémité libre de la galerie avec un tampon de fibres ligneuses arrangées d’une autre façon que dans celui du Clytus. La larve, ayant achevé de construire son nid pour se nymphoser, perce le trou destiné à la sortie de l'adulte, et le bouche ensuite avec un tampon de fibres ligneuses ou libé- riennes ; ce trouest circulaire et mesure 2**,5 de diamètre. La larve peut creuser une galerie assez longue dans du liège : une de nos larves, mise dans une boîte liégée, a fait un trou dans ce liège, puis y a creusé une galerie arrondie dans laquelle elle s’est nymphosée, après avoir creusé un trou de sortie, bouché d’ailleurs avec de la sciure de ce liège ; l’éclosion a eu lieu normalement. Le tube digestif de cette larve n’a plus la longueur démesurée de celui des larves lignivores : il est droit, d'un bout à l’autre du corps; l'anus est situé dorsalement. Les faits qui précèdent montrent que si la larve de la Laphrya est capable de travailler le bois et le Liber, elle ne se sert de cette faculté que pour cheminer plus aisément sous l'écorce, à la recherche des larves des Xylophages. 32 L.-G. SEURAT. 3 Bostrychides. — Xylopertha praeusta Germ. — Cet Insecte est extrêmement abondant dans les rameaux coupés de Chêne zéen de faible diamètre; généralement le même rameau renferme de nombreuses larves, de sorteque lors de l’éclosion des adultes, il apparaît criblé de trous circulaires de 2*°,25 à 2°°,5 de diamètre. La larve vit dans le bois, y creusant une galerie à section rigoureusement circulaire, de 3 millimètres de diamètre, simple, dirigée le plus souvent suivant l'axe du rameau ; quand elle quitte cette direction, c'est pour rebrousser che- min et creuser une galerie parallèle à la précédente, mais dirigée en sens inverse. La larve se rapproche de la surface pour senymphoser ; la chambre nymphale, dirigée parallè- lement à l’axe longitudinal du rameau, mesure 12°°,5 de longueur; elle est à section circulaire et mesure 3 milli- mètres de diamètre; cette chambre est creusée dans l'au- bier, à 3**°,5 de l’écorce, soit à 7 millimètres de la surface environ. L'adulte, à son éclosion, creuse une galerie de sortie à peu près normale à la surface de l'écorce; l’éclosion a lieu vers le 20 mai; cet Insecte vole très bien, et sort aux époques chaudes de la journée; quand 11 fait sombre, il se réfugie dans sa galerie, y entrant à reculons. _ Le Xylopertha praeusta s'attaque également aux rameaux morts ou coupés de Chêne-liège ; un de ces arbres, situé au Col des Vents,ayant eu la cime cassée, avait élé attaqué par cet Insecte : les rameaux morts seuls élaient habités; la larve creuse une galerie située à peu près au centre du bois, bien que ce bois soit extrêmement dur. Les rameaux morts de très faible diamètre (8 à 10 milli- mètres) sont attaqués par le Synoxylon sex-dentatum, espèce très répandue; je n’ai toutefois pas rencontré ce Bostrychide dans le Chêne zéen, mais dans le bois coupé de Figuier sau- vage, où 1l est très abondant. J'ai pu recueillir quelques larves de Xylopertha praeusta, que j'ai remises à M. P. Lesne, qui se propose d'en faire une PARASITES DES CHÈNES DE LA TUNISIE. 53 étude détaillée ; je n’ai pas trouvé de parasites de ces larves, malgré mes recherches. 4° Scolytides. — Le Taphrorychus villifrons Dufour est un petit Insecte de 3 millimètres de longueur à peine; sa larve vit dans les écorces épaisses du Chêne zéen, y creu- sant une galerie parallèle à la direction des fibres, qui intéresse le liber et l’écorce, de 1 millimètre de diamètre; la chambre nymphale, située à l'extrémité de la galerie, mesure 4 millimètres de longueur à peine; le trou de sortie est circulaire, mesurant { millimètre de diamètre ; ces larves sont très abondantes sous la même écorce, de sorte que celle-ci est sillonnée de nombreuses galeries parallèles. Nous avons terminé l'étude des Insectes qui attaquent les bois coupés; comme on le voit, ces Insectes font des dégâts assez considérables ; tous ont besoin, pour pondre leur œuf, d’une surface crevassée présentant des anfractuo- sités, et l'écorce remplit très bien cette condition ; la néces- sité de la présence de l'écorce pour la ponte indique immé- diatement la facon de préserver le bois de ces attaques : il suffit de l’écorcer immédiatement après l’abatage. Les bois de Chêne zéen et de Chène-liège ayant subi les attaques des divers Insectes précédents sont creusés de nombreuses galeries, et ne vont pas tarder à se détruire rapidement, sous l’action de l'humidité et de nombreux animaux. Nous avons pu recueillir sous l’écorce du Chêne zéen et du Chène-liège commencant à se décomposer des quantités d'Arthropodes, dont la plupart, par leur travail incessant et surtout leur nombre, se chargent de hâter cette décomposition. Les Myriapodes y sont très abondants, représentés par des lules et des Glomérides ; il Y a de nombreuses Arai- onées : la Zoropsis ochreata C. Koch y établit son nid. Les divers ordres d'Insectes y sont représentés, les Thysa- noures par des Lépismes, les Orthoptères par des Ter- mites, qui sont d'une abondance extrême. Un Microlépidop- tère, la Tinea ankerella Mann, vit sous l’écorce du Chêne- ANN. SC. NAT. ZOOL. XI, 4 34 L.-G. SEURAT. liège coupé et tombé à terre; cet Insecte a été signalé en Hongrie dans le bois pourri. | Les Coléoptères sont nombreux dans le bois pourri de Chêne zéen: nous avons capturé l’Adelocera carbonaria, le Tenebroïides maroccanus, un Dorcus, des larves de T'emno- chila, etc. Les Fourmis sont abondantes et appartiennent à plusieurs espèces ; on trouve souvent sous l'écorce du Chêne zéen le Cremastogaster scutellaris, dont nous avons parlé à propos du Chêne-liège. Beaucoup de Fourmis établissent leur nid sous l'écorce du Chêne zéen : nous avons observé dans ces conditions le Lasius niger L. race alienus Fôrster, le Plagiolepis pygmea Latr., et le Leplothorax Rottenbergi Em. ; le Plagiolepis pygmea établit également son nid sous l'écorce des rameaux de Chêne-liège tombés à terre depuis quelque temps. Nous avons terminé l'étude que nous nous étions pro- posée ; nous avons eu l’occasion, à plusieurs reprises, de mentionner des Insectes nouveaux pour la faune tunisienne, et même des espèces non décrites; nous pensons éga- lement avoir précisé quelques points de Ia biologie des Xylophages et de leurs ennemis ; leurs habitudes avaient besoin d’être observées de nouveau. Il reste malheureu- sement beaucoup à faire, et il serait utile d'observer en détail les mœurs de quelques Insectes causant de grands dégâts aux forêts, celles du Cerambyx Mirbechki en parti- culier. ne me + IE ÈS SUR UNE NOUVELLE ESPÈCE DU GENRE PROCERASTEA LANGERHANS L'ÉVOLUTION ET LES AFFINITÉS DE CE GENRE Par M. CH. GRAVIER [ Description de la Procerastea Perrieri n. sp. (PL. I, fig. 1-17.) Dans les matériaux provenant d’un dragage effectué le 31 août 1899 dans la baie de la Hougue (région du Petit- Nord), j'ai recueilli quatre individus d'une espèce nouvelle | de Syllidiens appartenant au genre Procerastea (1) Lan- gerhans (84). Chacun de ces individus se compose de deux parties nettement distinctes : {° une partie antérieure, ou la souche ; 2° une partie postérieure, ou le stolon sexué. Les stolons sexués, tous du sexe mâle, se trouvent être à des stades différents les uns des autres de maturité et méritent chacun une mention spéciale ; quant à la souche, elle pré- | sente des caractères constants qui seront décrits en premier | lieu. L'un des exemplaires auquel il ne manque probable- | ment que les cirres anaux, ou, en tout cas, qu’un très petit (1) Les nombres placés entre parenthèses et en caractères gras, à la suite des noms d'auteurs, correspoudent aux numéros d'ordre de l’index biblio- graphique, p. 49. L 2 36 CH. GRAVIER. nombre de segments postérieurs, mesure 8 millimètres de longueur, 0**,30 de largeur et compte 48 segments sétigères. Un second exemplaire, incomplet, a 10°*,5 de longueur avec 46 segments sétigères. Un troisième exemplaire, auquel il manque également un certain nombre de segments posté- rieurs, a une longueur de 11 millimètres, une largeur (maximum) de 0**,35 et compte 55 sétigères. Enfin, le quatrième exemplaire, le seul complet, et non le plus voisin de l’état de maturité sexuelle, mesure 14°°,5 de longueur, avec 61 segments sétigères. Dans chacun des individus, les 13 premiers sétigères appartiennent à la souche ; tous les autres segments forment le stolon sexué, toujours unique. Le corps tout entier, de forme très grêle, est d’un vert peu foncé, sans aucune ornementation spéciale. I. Souche. — Le prostomium arrondi en avant{fig. 1),un peu plus large que long, n’est séparé en arrière du reste du corps par aucune délimitation nette. Les yeux sont fort développés; ceux d’une même paire sont largement séparés l’un de l’autre; mais, de chaque côté, l'œil antérieur et le postérieur sont presque au contact l’un de l’autre. Les len- tilles sont volumineuses et très saillantes ; celles des yeux antérieurs (fig. 2) ont leur axe dirigé en avant; celles des yeux postérieurs (fig. 3) sont orientées latéralement; elles sont entourées à leur base d’une couronne pigmentaire brun foncé. Les trois antennes sont relativement puissantes, longues et massives ; un peu étranglées à leur base, elles conservent sensiblement le même diamètre jusqu'à leur extrémité arrondie ; la médiane, insérée en avant des yeux antérieurs, peut couvrir les trois premiers sétigères ; les deux latérales, un peu plus courtes, sont fixées sur le bord antérieur du prostomium et tout près l’une de l’autre. Les palpes ne sont aucunement visibles sur la face dorsale. Le corps s'élargit immédiatement en arrière du prosto- mium. Les deux cirres tentaculaires sont insérés de chaque côté au niveau de la partie postérieure du prostomium, sur SUR UNE NOUVELLE ESPÈCE DU GENRE PROCERASTEA. 31 un premier segment, non sétigère. Ces deux appendices ont la même apparence, mais sont beaucoup plus courts que les antennes; le dorsal est un peu plus long que le ventral. Le cirre dorsal du second segment, premier sétigère, est in- séré plus haut que les appendices du premier segment; ces eirres sont légèrement renflés en massue au-dessous de leur extrémité. Il n'existe pas plus de séparation apparente entre le second segment et le premier, qu'entre celui-ci et le pros- tomium. Cetteabsence, ou,tout au moins, cette atténuation de la délimitation des segments porteurs de cirres tentacu- laires se remarque également chez les Phyllodociens. Du reste, chez la larve de Phyllodoce ,on observe, en arrière de la couronne ciliée, une large bande insegmentée (A gassiz's shield, Claparède et Metschnikoff, 69), qui semble cor- respondre à cette région située immédiatement en arrière du prostomium, comprenant les deux ou trois premières paires de pieds primitifs de l'embryon, et que Giard (86) appelle l'archipodium. Les segments suivants, au moins dans la partie anté- rieure du corps, ou, plus exactement, dans le stolon, ne portent plus ni cirre dorsal, ni cirre ventral. Leur longueur s'accroît progressivement d'avant en arrière, de façon à atteindre son maximum du 10°° au 12*° segment, où elle est presque égale à la largeur; les segments renflés dans leur région médiane sont séparés par des constrictions régulières (fig. 1). Le parapode, réduit ici à son plus grand état de simplicité, est constitué uniquement par un mamelon sétigère conique assez peu saillant, situé dans la région médiane et renflée de chaque segment et traversé par un acicule droit. Les parapodes du premier sétigère sont insérés immédiatement au-dessous du cirre dorsal du 2°° segment, tout près de la face ventrale un peu aplatie dans cette région antérieure située un peu en arrière de l’orifice étroit de la trompe ; au- dessus de celui-ci, on n’observe aucune trace de séparation des palpes (fig. 4). Les mamelons séligères des autres seg- 38 CH. GRAVIER. ments remontent peu à peu sur les côtés pour pres leur position normale au 7*° sétigère. -Les soies sont de formes extrêmement variées : les unes sont simples, les autres sont composées. Parmi les premières, il en est qui sont formées par une hampe droite renflée à son sommet, avec deux pointes recourbées, dont une plus longue (fig. 5); certaines de ces soies (fig. 6), de même forme que les précédentes, ont une hampe plus épaisse terminée par deux pointes plus courtes et plus trapues. D’autres soies se rapportant à ce type se rencontrent dans un très grand nombre de segments (fig. 7) : elles sont légèrement dilatées au sommet avec deux pointes brèves, inégales, recourbées l’une vers l’autre. Un autre type de soies simples bien différentes des précédentes a une hampe droite (fig. 8) un peu renflée au sommet, qui est cou- vert de petites saillies régulières, et latéralement un petit prolongement fin et rectiligne analogue à celui que présen- tent les soies de beaucoup d'Autolytés. Les soies composées ne sont pas plus uniformes. Les unes (fig. 9) ont une hampe droite renflée au sommet, avec un rostre saillant, pointu, un peu recourbé, au-dessous duquel on remarque une série de petites aspérités et une serpe très courte et arquée. Les autres (fig. 10) ont une hampe un peu recourbée, avec un rostre saillant cou- vert de dents, dont une plus développée ; la serpe également arquée est encore plus réduite que dans le type précédent. Les deux premiers sétigères sont formés chacun d’une dizaine de soies simples des types 5 et 6 et d’une du type 8; celle-ci manque chez certains individus au 2° sétigère. Les soies composées font leur apparition dès le 3° séti- gère. Les soies 5 et 6 ne s’observent que dans les trois premiers sétigères; au delà, elles disparaissent, et on ne rencontre plus que quelques soies du type 7 mêlées aux soies composées et au type 8. Dans le troisième parapode seul, les trois types 5, 8et 9 sont réunis. Le nombre des soies, qui ne dépasse pas une douzaine dans chaque para- SUR UNE NOUVELLE ESPÈCE EU GENRE PROCERASTEA. 39 pode, diminue dans la partie postérieure du stolon sexué. L'orifice de la trompe est fort étroit (fig. 4); il n'y a au- cune apparence de séparation des palpes sur la face ventrale. La gaine pharyngienne est extrêmement courte; la trompe pharyngienne commence, en effet, presque au niveau de l'insertion des cirres dorsaux du 2° segment ; à son extré- mité antérieure, elle présente une couronne de dents assez difficiles à compter; mais leur nombre ne dépasse pas huit. La trompe, dont la paroi est assez épaisse, s'étend sur le 2° et sur le 3° sétigère, s'avance presque jusqu'à la moitié du 4°, puis remonte pour déboucher à la limite de séparation du 3° et du 4° sétigère dans le proventricule. Celui-ci, qui a à peu près la même longueur que le 4° sétigère, est ovoïde ; sa largeur maximum est un peu moindre que le double de celle de la trompe pharyngienne; sa paroi est relativement très épaisse, on n'aperçoit qu’une étroite lumière axiale par transparence. IL. Séolon sexué. — À.— L'individu dont le stolon sexué est le plus éloigné de l’état de maturité est celui qui mesure 8 millimètres de longueur et compte 48 segments sétigères, dont 13 pour la souche et 35 pour le stolon. Le corps est presque entier; un nombre très petit de segments posté- rieurs seuls font défaut. On remarque, après le 13° séligère, une petite bande très étroite (fig. 11), mais nettement déli- mitée toutefois et qui est la première indication du prosto- mium; on distingue de chaque côté, sur cette bande, une grande cellule claire, qui est peut-être l’ébauche primitive de la lentille des yeux antérieurs. À partir du 15° segment, où il est {rès réduit, et jusqu'à l'extrémité postérieure, il existe au-dessus de chaque mamelon sétigère, et un peu en arrière, un cirre dorsal aplati, ayant la forme d'une petite languette ovale. Du 12° au 18° sétigère, la longueur des segments diminue graduellement ; à partir du 19° sétigère, elle diminue très sensiblement, les parapodes deviennent beaucoup plus saillants et la largeur du corps augmente un 40 CH. GRAVIER. peu. Les caractères de l’épitoquie semblent ainsi s'accuser progressivement d’arrière en avant ; on peut observer des faits analogues chez les Néréidiens pendant la période où l'animal prend peu à peu les caractères de la forme hétéro- néréidienne. B. — L'individu qui, après le précédent, était le plus éloigné de la maturité sexuelle au moment où il fut dragué, est l’exemplaire entier qui mesure 14**,5 de longueur et compte 61 sétigères, dont 13 pour la souche et 48 pour le stolon sexuel (fig. 12). Le 13° sétigère est séparé du reste du corps par une constriction nettement indiquée; ce seg- ment est lui-même plus court et plus étroit que celui qui le précède. Le 14° sétigère présente l’ébauche du prostomium du stolon; ce prostomium est de forme quadrangulaire, arrondie aux angles. Les yeux antérieurs sont bien marqués; les postérieurs réduits à deux petits points. L'emplacement des antennes latérales et celui des cirres dorsaux du 2° seg- ment sont marqués par de courts mamelons un peu plus développés à droite qu’à gauche. Il n’y a pas encore trace de l'antenne médiane, ni des cirres tentaculaires. Le premier segment porteur de cirres dorsaux est le 15°. Les segments du stolon sont moins allon- sés que ceux de la souche, mais beaucoup moins comprimés que chez les individus dont l’évolution est plus avancée au point de vue de la maturité sexuelle. Tous, jusqu'au dernier, possèdent un cirre dorsal de chaque côté. Le pygidium (fig. 13), de forme arrondie, presque aussi long que les deux derniers segments, porte deux cirres anaux foliacés, briè- vement pédiculés, dont la longueur est un peu moindre que celle des deux derniers sétigères. Le nombre des soies, qui ne dépasse pas une douzaine, diminue dans la partie posté- rieure du corps. Vers le 55° segment, il n'existe plus que cinq ou six soies à chaque parapode. Au dernier segment, le mamelon sétigère ne porte plus que deux soies : une soie simple à prolongement filiforme (fig. 8)et une soie com- posée (fig. 9). SUR UNE NOUVELLE ESPÈCE DU GENRE PROCERASTEA. 41 C. — Dans le troisième individu, la formation du prosto- mium au 14° sétigère (fig. 14) est beaucoup plus avancée que dans les deux précédents. La constriction séparant le 13° sétigère du 14° est ici beaucoup plus accusée. Le pros- tomium conserve sa forme quadrangulaire, arrondie aux angles. Des quatre yeux, les antérieurs seuls sont bien dé- veloppés et munis chacun d’un cristallin visible ; les posté- rieurs sont encore réduits à de simples taches pigmentaires. En avant, on peut remarquer les ébauches des deux an- tennes latérales ; aucune trace de l'antenne médiane, qui se développe postérieurement aux deux autres, n’est visible. Latéralement, on observe deux éminences situées l’une derrière l’autre ; la plus antérieure, la moins développée, correspond au cirre tentaculaire dorsal du 1° segment; _ celle qui est la plus en arrière n’est autre que le cirre dorsal du 1° sétigère qui apparaît, comme on l’a vu, plus tôt que les cirres tentaculaires. Tous ces appendices sont un peu plus développés du côté droit que du côté gauche. A partir du 15° sétigère, il existe un cirre dorsal ayant la forme d’une petite languette ovale, insérée au-dessus et un peu en arrière du mamelon sétigère (fig. 15). Ces cirres dorsaux, en gardant la même configuration, croissent un peu jusque vers le 12° segment du stolon; puis ils diminuent graduellement de taille dans la partie postérieure du corps. Le stolon compte 42 sétigères dans l’exemplaire décrit ici, qui possède 55 sétigères en tout et qui est incomplet. Les segments se raccourcissent et deviennent un peu plus larges à partir du 18° sétigère; les parapodes sont relativement plus volumineux. | D. — Le quatrième individu, également incomplet, d’une longueur de 10°*,5, avec 46 segments, dont 13 pour la souche et 33 pour le stolon, est le plus intéressant de tous, à cause du degré de développement de ce dernier; les seg- ments diminuent brusquement de longueur à partir du 14° sétigère, le 1” du stolon. La constriction en arrière du 13° sétigère est ici beaucoup plus accentuée que chez les ag CH. GRAVIER. individus dont il a été question jusqu'ici. La souche et le stolon ne sont plus reliés l’un à l’autre que par un pédicule fort étroit. Le prostomium (fig. 16 et 17), dont le plan de symétrie fait un angle aigu assez grand avec celui du stolon, conserve sa forme quadrangulaire, arrondie aux angles, avec un bord antérieur droit. Les deux antennes latérales sont larges à leur base et se divisent chacune en deux lobes, un intérieur et un extérieur, plus développé; ces antennes bifides rappellent les appendices du même ordre, qui sont caractéristiques des stolons mâles (Po/ybostrichus) des Au- tolytés. L’antenne médiane est insérée beaucoup plus en arrière et est graduellement renflée à sa base. Les cirres dorsaux du 1° sétigère du stolon sont de beaucoup les plus développés; leur insertion est située en avant de celle de l'antenne médiane. Les cirres tentaculaires sont beaucoup moins longs et les ventraux sont plus courts que les dor- saux. Les yeux antérieurs sont encore plus volumineux que les postérieurs, et sont munis chacun d’un cristallin de grande faille. Tandis que chez les individus dont il a été question jusqu'ici, la 1" paire de cirres dorsaux n'apparaît qu'au 15° sétigère, elle se montre ici dès le 14°. Bien que l’évolution du stolon paraisse avancée, aucun segment n'est porteur des soies natatoires caractéristiques de la forme épi- toque. Cependant, le 13° sétigère n’est relié au reste du corps que par un étroit cordon, ce qui fait présager la mise en liberté prochaine du stolon. On n’a jamais observé jusqu'ici, à ma connaissance du moins, de formes sexuées mâles libres de Procerastea. Ces stolons mâles se distingueraient facilement des individus souches par la forme des antennes latérales, par la pré- sence des cirres dorsaux, et par la forme plus trapue des segments. }, SUR UNE NOUVELLE ESPÈCE DU GENRE PROCERASTEA. 43 Il Évolution et affinités du genre Procerastea Langerhans. Lesenre Procerastea aété créé en 1884 par Langerhans (84), pour un Syllidien dont il trouva une douzaine et demie d'exemplaires à Madère, pendant l'hiver 1881-82; il n'en put recueillir un seul pendant l'hiver suivant. La Procerastea nematodes Langerhans mesure de 4 à 7**,5; sa taille est. donc moitié moindre que celle de la Procerastea Perrier n. sp. Elle diffère, en outre, nettement de cette dernière espèce par le prostomium qui est quadrangulaire et porte quatre petits yeux, par la forme plus trapue des antennes, par la forme et la répartition des soies, et aussi par les caractères de la trompe. Langerhans, qui n'observa jamais de formes sexuées libres, remarqua qu'aucun de ses exemplaires ne portait plus d’un stolon sexué qui, bien que non mûr, se détachait fréquemment par l’action des réactifs. La forme du prosto- mium, chez le mâle comme chez la femelle, était entière- ment semblable à celle de la même région chez les Autoly- {us ; les «soies de puberté » n'étaient pas encore développées. Le nouveau genre était ainsi caractérisé : Autolytæ crris dorsualibus, Let IT exceptis, nullis; cirri ventrales null, gemma sexuals cirris dorsualbus minimis prædita. Malaquin (93) a décrit et figuré une seconde espèce du même genre, la Procerastea Hallesiana, des côtes du Bou- lonnais. Celle-ci diffère de la Procerastea Perrieri par le prostomium qui porte quatre yeux de petites dimensions, surtout les antérieurs, et des antennes plus courtes, en massue, par les cirres tenlaculaires, qui ont ici le même aspect et sensiblement la même longueur que les antennes, par la forme des soies, par la longueur plus grande de la trompe et le nombre plus considérable des dents au trépan. Le nombre des segments paraît être un peu moindre dans 44 CH. GRAVIER. les deux espèces de Madère et du Boulonnais que dans celle de: Saint-Vaast-la-Hougue. | Malaquin à pu, en outre, suivre la curieuse évolution de l'espèce qu'il a décrite. Dans une première phase, les indi- vidus qui, lorsqu'ils sont encore éloignés de la maturité sexuelle, comptent de 40 à 42 segments, en bourgeonnent de nouveaux au nombre de 14 à 16, de façon à présenter de 54 à 56 segments, au moment où l'ébauche du prostomium apparaît au 14° sétigère. Le segment générateur (Zoonite formateur de Malaquin), qui produit de nouveaux segments en avant de lui-même, occupe une position variable, entre le 20° et le 32° sétigère. Les choses ne semblent pas se passer de la même façon chez la Procerastea Perrieri, ou, du moins, je n’ai pu constater aucune trace de cette prolifération vers le milieu du corps. Même chez l'individu le plus éloigné de la forme épitoque, chez lequel l'ébauche du prostomium est à peine reconnaissable en arrière du 13° sétigère, il n’y avait aucune apparence de formation récente de segments dans la région indiquée par Malaquin; il se peut que la phase de régulari- sation consécutive à la prolifération fût déjà achevée. Il est d’ailleurs possible que l’évolution de l’espèce du Boulonnais ne soit pas identique à celle de la baie de la Hougue; des différences analogues s’observent parmi ies différentes espèces du genre Auftolytus Grube. | Dans une seconde phase, le 14° sétigère bourgeonne le prostomium du stolon sexué; c’est le segment du même rang de la souche qui devient le premier du stolon dans les deux autres espèces du même genre. D'après Malaquin, les appendices du prostomium se dé- velopperaient dans l’ordre suivant : l'antenne médiane et les antennes latérales bifurquées apparaissent presque simultanément, puis la première paire de cirres tentacu- laires ; les veux se montrent alors, les antérieurs d’abord, les postérieurs ensuite. Autant que j'en puis juger par les exemplaires que j'ai eus à ma disposition, chez la Proce- SUR UNE NOUVELLE ESPÈCE DU GENRE PROCERASTEA. 49 rastea Perrieri, Vantenne médiane ne se développerait que postérieurement aux antennes latérales et aux cirres dor- saux du 1° sétigère qui se développent plus tôt, ou, tout au moins, croissent plus rapidement que les cirrestentaculaires. Les yeux se montrent de très bonne heure, peut-être même avant qu'il n'y ait trace d'antennes, ainsi que de Saint- Joseph et Malaquin l'ont constaté chez l'Autolytus pictus Ehlers. En même temps, des cirres dorsaux se développent à partir du 15° séligère ; l'apparition de ces appendices est même très précoce, car ils sont déjà assez développés, alors que l’ébauche du prostomium est à peine distincte (fig. 11). Malaquin, qui a eu entre les mains des stolons femelles libres de la Procerastea Halleziana, à fait connaître les carac- tères de cette forme sacconéréidienne (fig. 18 et 19). Le corps se compose de trois parties : 1° Une partie antérieure formée de 6 segments (cinq pre- miers sétigères), dont les quatre derniers possèdent chacun un cirre dorsal très réduit; 2° Une partie moyenne composée de 16 segments, dont le mamelon sétigère, avec sa rame ventrale normale et sa rame dorsale à soies natatoires, est surmonté par un cirre dorsal cylindrique et allongé ; ces 16 segments sont préci- sément ceux qui sont bourgeonnés immédiatement avant que le stolon sexué ne commence à s’indiquer:; 3° Une partie postérieure, qui ne s’est point transformée et est constituée par une vingtaine de segments situés en arrière de la zone de prolifération ; ces segments sont de même âge que les six segments antérieurs ; ils semblent embarrasser l’animal qui s’en sépare peu à peu. La forme sacconéréidienne de la Procerastea Halleziana est donc à trois régions distinctes, comme celles de l’Autolytus cornutus A. Agassiz, de l’Autolytus rubrovittatus Claparède, etc. Ce qui caractérise essentiellement l’évolution de cette forme sexuée femelle, c’est le bourgeonnement, dans la période qui précède immédiatement la maturité, de 14 à 16 segments sur lesquels se concentrent les phénomènes de l’épitoquie. 46 CH. GRAVIER. Les observations sur la forme sexuée mâle (Po/ybostrichus) sont malheureusement beaucoup moins complètes; on n’en a point encore recueilli à l’état libre. Si, pour la Proceras- tea Perrieri, J'en juge par les exemplaires que j'ai pu exa- miner, et surtout par celui dont le stolon n’est plus que faiblement rattaché à la souche, les cirres dorsaux existant dans toute la longueur du corps, la troisième région de la forme Polybostrichus serait semblable à la première, la distinction entre les {rois parties du corps ne serait pas aussi tranchée que dans la forme sacconéréidienne de la Procerastea Halleziana Malaquin. La tribu des Autolytés constitue dans la famille des Sylli- diens un groupe homogène caractérisé surtout par l'absence de cirre ventral au parapode, la réduction des palpes, l'existence d'une sorte de trépan à la trompe, la forme des soies, la reproduction se faisant généralement au moyen de stolons sexués dont le dimorphisme sexuel est des plus accusés. Dans le genre Procerastea Langerhans, le parapode est réduit à sa plus simple expression, au mamelon sétigère, qui, lui-même, esl assez peu saillant, dans la partie anté- rieure du corps surtout; à l'absence du cirre ventral, com- mune à tous les Autolytés, s'ajoute ici celle du cirre dorsal. Les appendices tactiles sont ici représentés uniquement par les antennes, les cirres tentaculaires et le cirre dorsal du premier segment. Dans l’état actuel de nos connaissances, ce genre réalise la forme la plus simple que l’on puisse citer, non seulement parmi les Autolytés, mais même parmi les Syllidiens. Il présente des analogies indiscutables avec le genre Virchowia créé par Langerhans (79), dont C. Viguier (86) a donné une description et des figures plus exactes et qui, avec ses cirres dorsaux à tous les segments, représente une forme plus évoluée. Dans les deux genres en question, les palpes sont très réduits, sinon indistincts; les mamelons pédieux sont insérés ventralement, au moins dans la partie em ne tt Me. AE RÉ ge PE tenir mi og DE mt ! SUR UNE NOUVELLE ESPÈCE DU: GENRE PROCERASTEA. 47 antérieure du corps chez la Procerastea ; le proventricule est plus ou moins globuleux; on n’a observé jusqu'ici dans les deux genres qu'un seul stolon chez les individus voisins de l’état de maturité sexuelle, dont le prostomium se forme toujours au 14° sétigère de la souche; en outre, chez deux individus sexués de la Virchowra, Langerhans a constaté que les segments du 23° au 34° (le nombre total des seg- ments étant de 42 à 4%) étaient de formation récente. Chez la Procerastea Halleziana, qui porte elle-même des antennes et des cirres en massue, Malaquin a mentionné de même une zone de prolifération dans laquelle le zoonite formateur est compris entre le 23° et le 32° sétigère. Le genre Myrianida Aud. et Edwards se rattache étroite- ment au genre Verchowra, notamment par ses appendices prostomiaux ciliés et par la forme de ses cirres qui sont, il est vrai, aplatis au lieu d'être en massue. D'autre part, la Procerastea n’est autre qu'un Autolytus Grube (incl. Proceræa KEhlers et Autolytides Malaquin) dépourvu de cirres dorsaux. Un certain nombre d'espèces d’Autolytus ne présentent également qu'un stolon sexué unique, dont le prostomium se forme au 14° sétigère de la souche; tels sont en particulier l’Autolytus cornulus A. Agassiz, l'Autolytus pictus Ehlers, l’Autolytus tardigradus Webster, l'Autolytus macrophthalma Marenzeller, etc. L’affinité entre le genre Autolytus Grube et le genre Virchowia Langerhans est également certaine. L'’inégalité des cirres, si frappante chez la Verchowia clavata Langerhans, se retrouve chez plusieurs espèces d’Autolytus, notamment chez l’Awtolytus longe/feriens de Saint-Joseph (86), l’Auroly- tus paradozus de Saint-Joseph, l'Autolytus brachycephala Marenzeller, l'Autolytus luxurians Marenzeller, l'Autolytus _varians Verrill, etc. De sorte que l’on peut, sans s’exagérer la valeur de ces sortes de schémas dont on a tant usé, sans grand profit d’ailleurs, se représenter ainsi la filiation des quatre genres de la tribu des Autolvytés : 48 CH. GRAVIER, hs ie AN Virchowia. Autolytus. Myrianida. Langerhans (79), qui attache une très grande importance aux soies au point de vue phylogénique, et regarde les soies simples comme phylogéniquement plus anciennes que les soies composées, est amené à considérer le sous-genre Haplosyllis Langerhans comme la forme la plus ancienne et la plus simple parmi les Syllidiens (1). Sans nier la valeur phylogénique des soies-qui présentent souvent tant de variété chez un même individu, il me semble que Langerhans se l’est fort exagérée; les Autolytés, dont la morphologie est plus simple que celle des Syllidés, et dont le parapode surtout subit les plus grandes réduc- tions, constituent, à mon avis, la tribu la plus PE de la famille des Syllidiens. (4) Langerhans, Die Wurmfauna von Madeira (Zeitschr, für wissensch. Zoo- logie, t. XXXII, 1879, p. 590) : « Ich sehe also Haplosyllis hamata als einen nur wenig veränderten Abkômmling dieser hypothetischer Stammform an. — Das subgenus representirt uns somit die älteste und einfachste Form der Syllideen, während die anderen subgenera neue und neuere Formen darstellen..….. » INDEX BIBLIOGRAPHIQUE 69-1869. CLaparÈkDE et METscanixorr, Beiträge zur Erkenntniss der Chætopo- . den (Zeilschr. für Wissensch. Zool., Bd XIX). 79-1879. P. LancerHans, Die Wurmfauna von Madeira (Zeitschr. für wis sensch. Zool., Bd XXXII). 84-1884. P. LancEerHans, Die Wurmfauna von Madeira (Zeitsch. für wis- sensch. Zool., Bd XL). | 86-1886. A. Giarp, Fragments biologiques (Bull. scient. du départ. du Nord, 2nsérie, {- IX). 86-1886. C. VieuiEr, Etude Sur les animaux inférieurs de la baie d'Aiger. II. — Recherches sur les Annélides pélagiques (Arch. de Zool. expérim., 2° série, EAN). 86-1886. Baron ne SainT-Josepx, Les Annélides polychètes des côtes de Dinard (Ann. des Sc. nat., Zoologie, 1° série, t. I). 93-1893. A. MaraouiN, Recherches sur les Syllidiens (Mém. de la Soc. des Sc. et Arts de Lille). D ANN. SC. NAT. ZOOL. XI 2 u La POUR ME LA 2, Se: in hrs pa cd. à al sé ' Li - dr Le LA Aer 4 PET Or de den € 5 De 2. fi in 7e né EXPLICATION DE LA PLANCHE I Fig. 1-17. — Procerastea Perrieri, n. sp. Fig. 1. — Partie antérieure du corps, face dorsale. Gr. 70. Fig. 2. — OEil antérieur. Gr. 385. Fig. 3. — OEil postérieur. Gr. 385. Fig. 4. — Partie antérieure du corps, face ventrale. Gr. 70. Fig. 5. — Soie simple, à deux longues pointes recourbées. Gr. 840. Fig. 6. — Soie simple, de même forme, à pointes plus courtes. Gr. 840. Fig. 7. — Soie simple à deux pointes convergentes. Gr. 840. Fig. 8. — Soie simple en alène. Gr. 840. Fig. 9. — Soie composée, du type Le plus commun. Gr. 840. Fig. 10. — Soie composée d’un autre type. Gr. 840. Fig. 11. — Derniers segments de la souche, avec une première ébauche du prostomium du stolon sexué. Gr. 70. Fig. 12. — Le prostomium du stolon sexué au début de son développe- ment. Gr. 37. Fig. 13. — Partie postérieure du corps, face dorsale. Gr. 70. Fig. 14. — Le prostomium du stolon, à un stade plus avancé que les précé- dents. Gr. 85. Fig. 15. — Deux segments dustolon sexué, avecleurs cirres dorsaux. Gr. 85. Fig. 16. — Les derniers segments de la souche, le prostomium et les pre- miers segments du sen sexué mâle. Gr. 29 MALE = “Le prostomium du même stolon mâle (Polybostrichus) à un plus fort grossissement. Gr. 70. Fig. 18-19. — Procerastea Halleziana Malaquin. (D’après Malaquin.) Fig. 18. — Stolon sexué femelle (Sacconereis). Fig. 19. — Région antérieure grossie du même stolon. ÉTUDE SUR LE DÉVELOPPEMENT EMBRYONNAIRE DES PHORONIDIENS Par LOUIS ROULE. INTRODUCTION I. PRÉAMBULE. — Je décris, dans ce travail, le dévelop- pement embryonnaire des Phoronidiens, et j'expose les considérations qu'il me paraît légitime d’en tirer. J'entends par là les conclusions immédiates, relatives à la physiologie générale de ces animaux, à leur manière d’être dans la nature, à la signification de leur métamorphose, enfin à leur situation dans une classification naturelle. Les Phoronidiens sont remarquables à beaucoup d’égards. Leur structure anatomique les rapproche des Bryozoaires. On les place souvent à côté des Siponculiens. Mais ils ont, en surcroît, une indéniable originalité d'organisation, dont l'un des principaux caractères tient à leur possession d’un système circulatoire, où se meut un sang muni de globules colorés en rouge par de l’hémoglobine. Leur évolution embryonnaire présente, à son tour, plusieurs particularités des plus intéressantes. Elle comporte une curieuse phase larvaire, qui a éveillé la sagacité des anciens auteurs. Cette larve, nommée l’A ctinotroque, est un être pélagique. Munie de tentacules, elle nage à la surface de la mer. Son aspect est tellement spécial, qu'on a longtemps ignoré l’animal 92 LOUIS ROULE. dont elle provient. Metschnikoff, le premier, l’a vue se transformer en un Phoronis. Cette métamorphose est aussi rapide que profonde. Elle s’accomplit en quelques minutes; et, pendant ce court laps de temps, la larve perd la ma- Jeure parlie de son corps, tout en donnant l'organisme de l'adulte par l’évagination d’une poche qu'elle avait en elle- même. Pour employer ici des termes commodes, le pro- some, c'est-à-dire le corps larvaire, disparaît presque en entier avec son allure propre et son adaptation personnelle, pour céder la place à un métasome, à l’économie définitive, élablie sur un plan tout à fait aifférent. Le passage de l’un à l’autre s'effectue brusquement, sans préparation appa- rente ni transition. | La structure anatomique, le développement embryon- naire, créent à ces animaux, par leurs qualités spéciales, une situation à part. Aussi les naturalistes, qui se sont occupés d'eux, ont-ils souvent discuté, sans beaucoup s’accorder, sur la position qu'il convient de leur attribuer dans une classification naturelle. En pareil cas, c'est l’embryologie qui fournit, dans la controverse, les principaux arguments; car, en montrant comment l'organisme se façonne, elle le fait connaître d'une manière plus sûre et plus approfondie. Il est donc nécessaire, pour avoir un solide terrain d’en- tente, d’élucider le mieux possible les questions relatives à l’évolution embryonnaire. L’anatomie des Phoronidiens peut être considérée comme faite, ou peu s’en faut. Les travaux de Kowalevsky, de Benham, de Cori, de Mac Intosh, publiés sur ce.sujet, sont classiques. Il n’en est pas de même pour l’embryologie. La littérature scientifique ne contient, à cet égard, que des données éparses, incomplètes, n'ayant entre elles aucun lien. Certains auteurs, comme Masterman, ont fouillé à fond la larve achevée, sans étudier sa formation ni sa métamor- phose. D'autres, comme Metschnikoff, Wilson, ont suivi les phases presque en entier; mais 1ls se sont bornés à décrire les changements de l'aspect extérieur, ou ceux des gros DÉVELOPPEMENT DES PHORONIDIENS. 03 organes dans leur allure générale, sans aller plus loin. Les contradictions et les divergences sont nombreuses entre les observateurs, et sur des points fort importants, l'ori- gine des feuillets par exemple. Divers problèmes n'ont même pas été examinés : l'histologie, le mécanisme de la métamorphose, et plusieurs autres. En somme, cette em- bryologie est à reprendre, car on ne peut accorder les notions acquises pour édifier, avec elles, un ensemble logique. Il convient de la refaire; mais à la condition de ne point tomber dans les erreurs de méthode, commises par les devanciers. Il ne fallait pas se borner à l'observation de quelques phases, prises au hasard des circonstances. Il était indispensable de suivre en son entier Le développement embryonnaire, depuis l'œuf fécondé jusqu’à l'organisme définitif, et de ne négliger aucun des états successifs. Ce travail, pour avoir une valeur scientifique, et pour servir à quelque chose, devait être complet. Je me suis attaché à cette étude. J'avais eu la bonne for- tune, en 1888-89, de trouver dans l’étang de Thau, près de Cette, une nouvelle espèce de Phoronis. Je l'ai nommée Phoronis Sabatieri, en la dédiant au savant directeur de la Station zoologique. de Cette. J’ai essayé de connaître son évolution larvaire; j'y suis parvenu, grâce à l’obligeant accueil que j'ai reçu dans cette station, et dont J'exprime ici mes vifs remerciements. Depuis cette époque jusqu’en 1898, j y suis retourné chaque année, au printemps, mo- ment de la reproduction des Phoronis, et, peu à peu, j'ai amassé des matériaux. Ce sont eux que je publie main- tenant. | J'ai tenté, dans la mesure de mes forces, de faire une œuvre sincère et d'éliminer les causes d’erreur. Aussi mon travail, à cause des retouches, a-t-1l duré longtemps, et a-t-il demandé une certaine patience. Les circonstances, parfois, n'étaient guère favorables. La saison des larves est courte; elle coïncide avec l’époque des mauvais temps 94 LOUIS ROULE. d'équinoxe; on ne pêche pas toujours les embryons à la phase désirée. Ces conditions sont autant de causes de retard, même d'inexactitude si l’on se rebute sans avoir revu et élucidé ce qui paraît douteux. C’est en cherchant sans hâte, et en ne précipitant point, que l’on trouve avec le plus de sûreté. | IL. Note HisToRIQUuE. — Le premier travail publié sur les Phoronidiens remonte à 1846.11 est dù à J. Müller. L’illustre anatomiste y décrit la larve, qu'il nomme Ac#notrocha branchiata. Les descriptions sont brèves. L'auteur a vu l’en- semble de la forme extérieure, mais il commet plusieurs erreurs, portant sur l'aspect et sur les connexions du lobe préoral et des tentacules. Il signale l'intestin, muni en avant de deux diverticules. Il trouve également la poche métasomique (métasome encore invaginé dans le corps de la larve), mais il la prend pour un tube relié aux organes sexuels. Il termine en rapprochant l’Actinotroque des larves des Mollusques Nudibranches. En 1847, Wagener recueille à nouveau l’Actinotroque, dans les parages de l’ile d'Heligoland. Il en donne une des- cription plus complète et plus précise que J. Müller. Il considère les deux diverticules stomacaux comme formant un foie. I faut arriver, ensuite, jusqu'à 1854, pour trouver une autre étude de l’Actinotroque. Elle est due à Gegenbaur. Cette fois-ci, les larves ont été pêchées, non plus dans la mer du Nord comme les précédentes, mais dans la Méditer- ranée, à Messine. Ce travail, assez bref, privé de figures, n’ajoute presque rien aux observations de J. Müller et de Wagener, sauf en ce qui concerne la distribution géogra- phique. Jusqu'ici, la larve des Phoronidiens est seule connue. On ignore sa forme adulte. Whrigt la découvre, et la décri en 1856. 11 donne à cet animal son nom de Phoronis. Mais : ces deux ordres de faits demeurent séparés. Il faudra encore DÉVELOPPEMENT DES PHORONIDIENS. 55 près de onze ans écoulés, pour saisir les relations qui unis- sent l’Actinotroque de Müller au Phoronis de Whrigt. En 1858, Ph. van Beneden récolte également le Phoronis adulte. Ignorant le travail publié par l'auteur anglais l’année d’auparavant, il le nomme Crepina, le range parmi les Annélides Céphalobranches, mais lui trouve cependant, par les tentacules, une certaine ressemblance avec les Bryo- zoaires. Dans cette même année, un assez grand nombre de tra- vaux sont publiés, soit sur l'adulte, soit sur la larve. Dyster étudie l’anatomie du premier ; il observe, d’une façon très imparfaite, la segmentation de l’œuf, et le jeune embryon avant qu'il ne possède ses tentacules. Cobbold décrit une Actinotroque du Firth of Forth. Il commence par la rap- procher des larves des Bryozoaires ; puis, sur des observa- tions faites par Allman, il revient sur sa première opinion, et lui trouve des ressemblances avec les larves des Échi- nodermes. Chose curieuse, dans cette lettre d'Allman, se trouve mentionnée pour la première fois, mais à titre épi- sodique et sans y attacher d'importance, la notion d’une concordance, à cause des tentacules, entre l’Actinotroque et le Phoronis. Enfin, Krohn, après avoir retrouvé l’Actino- troque à Messine, examine sa structure et constate sa métamorphose. Il confirme, sur le premier point, les obser- vations de ses devanciers. Sur le second, presque ignoré jusqu’à lui, il voit l’Actinotroque perdre son lobe préoral, et se changer en un Ver dont les tentacules s’assemblent en une couronne antérieure. Des vaisseaux sanguins, remplis de globules rouges, se forment contre la paroi intestinale. La pochemétasomique, qu'ilnomme l'organe problématique, à l'exemple de ses devanciers, disparaît, selon lui, après la métamorphose, et paraît se convertir en une masse granu- leuse. Krohn pense que le Ver est voisin de l’Echiure, ou du Thalassème. La présence des globules rouges ne lui donne aucune lumière sur les ressemblances avec le Pho- ronis. 56 LOUIS ROULE En 1859, Whrigt rectifie le nom générique, décerné par Ph. van Beneden en 1858. Il démontre que la Crepina de ce dernier auteur n'est autre que son Phoronis. Leuckart et Pagenstecher revoient, sur des Actinotroques d'Héligoland, les faits examinés à Messine, pendant l’année précédente, par Krohn. Ils suivent la mélamorphose d’une façon plus complète. Ils observent que les tentacules tombent en même temps que le lobe préoral; de nouveaux appendices tentaculaires se forment, au préalable, à côté des précé- dents, et avant leur chute. La poche métasomique (organe problématique) sort à l’extérieur pendant cette transfor- mation ; mais les auteurs n’ont pu constater sa destruction. Ïls attribuent son expulsion à une cause accidentelle, à une blessure. Ils pensent, avec J. Müller, qu’elle produit les élé- ments sexuels. En 1861, Claparède trouve en Écosse, à Lamlash-Bay (embouchure de la Clyde), un jeune Phoronis, pris au mo- ment où 1l vient d'achever sa métamorphose. L'auteur, tout en signalant la couleur rouge de son sang, ne reconnaît pas sa vraie nature. Il en fait un Siponculien, sans lui donner de nom. La même année, Schneider reprend, à Héligoland, les observations faites, un an auparavant, par Leuckart et Pagenstecher. Il constate, à son tour, la métamorphose. Pour lui, le Ver issu de l'Actinotroque ressemble à un Sipon- culien. Claparède, en 1863, recueille, sur les côtes de la Nor- mandie, deux Actinotroques fort jeunes, munies seulement de quatre tentacules. Il leur consacre une description som- maire, quelque peu inexacte, ne touchant qu'à l’aspect extérieur. Les premiers volumes des Annelés (Nouvelles suites à Buffon), dus à À. de Quatrefages, paraissent en 1865. Les idées courantes sur le Phoronis y sont indiquées: cet ani- mal est considéré comme un Annélide, de la famille des Serpuliens. Aucune mention de l Actinotroque. Enfin, en 1867, paraît le premier travail approfondi sur ro DÉVELOPPEMENT DES PHORONIDIENS. O7 l’organisation et le développement du Phorons. Il est dû à A. Kowalevsky. L'auteur examine, autant que le permettaient les ressources techniques de l’époque, la structure anato- mique de l'adulte et l’évolution embryonnaire. Il suit la seg- mentation de l’œuf, etsa transformation progressive en une jeune Aclinotroque. Les relations du Phoronis avec cette dernière sont ainsi pressenties. En ce moment, l’Actino- troque était connue depuis vingt et un ans, et le Phoronis depuis onze. Malgré des observations nombreuses et répé- tées, ces rapports étaient ignorés. La même année, Leuckart trouve à Nice une Actinotroque, qui lui paraît différente des autres; aussi lui donne-t-1l un nom spécial, celui d'Ac#no- trocha ornata. Malgré les travaux de Kowalevsky, la conviction n'était pas établie, dans l'esprit des naturalistes, sur la liaison du Phoronis et de l’Actinotroque. Leuckart se fait, du reste, l’écho des doutes d'alors. Il fallait une démonstration com- plémentaire, une preuve. Kowalevsky avait vu l’œuf du Phoronis devenir une Actinotroque; il était nécessaire de reconnaître si le Ver, issu de la métamorphose de l’Actino- troque, est vraiment un Phoronis. C'est à Metschnikoff, en 1869-1871, que revient le mérite d’avoir fourni cette preuve. Cet auteur, après avoir recueilli de ces larves en diverses localités méditerranéennes, à Odessa, à Trieste, à Naples, à Messine, surtout à la Spezzia, décrit les phases successives de la formation de l’Actinotroque. Il observe la métamorphose, précise la nature de la poche métasomique, et conduit ses recherches jusqu au moment où la larve est devenue un petit Phoronis. Ses études portent seulement sur les changements de l'aspect extérieur et sur la grosse organogénie; elles sont probantes, pourtant, et des mieux démonstratives. À dater de ce moment, on put considérer les Phoronidiens comme connus; leurs qualités principales étaient élucidées. Le sentiment de Ia majorité des natura- listes fut de les placer parmi les Géphvriens, et d'établir pour eux une section spéciale, celle des Géphyriens tubicoles. 98 LOUIS ROULE. Depuis les publications des deux embryologistes russes, il faut aller jusqu'à 1880-1881 pour trouver un nouveau travail sur ces animaux. [l est dû à Wilson. Cet auteur recueille l'Actinotroque dans les eaux américaines (baie de la Chesa- peake); il en observe de deux sortes différentes,qui subissent également la métamorphose. Sur ce dernier sujet, il con- firme les assertions de Metschnikoff. En 1882, paraissent plusieurs mémoires. Caldwell reprend l'étude de la formation de la larve et celle de sa métamor- phose. Il fait observer que l’Actinotroque, avant de produire ces tentacules, rappelle de près les larves Trochophores. Il signale sa ressemblance avec les Bryozoaires du groupe des Ptérobranches et avec les larves des Brachiopodes. Fœttinger et Metschnikoff décrivent les premières phases du déveleppement embryonnaire, et surtout la formation du mésoderme. Ils aboutissent à des conclusions contradic- toires. D’après celui-là, le feuillet moyen est engendré direc- tement par les blastomères, dès la phase blastulaire ; suivant celui-ci, ce feuillet prend naissance plus tard, et il provient du feuillet interne de la gastrule. Haswell, en 1883, trouve le Phoronis en Australie, Jackson. L’aire ET de cet animal comprend ainsi les principales mers du globe. Il complète sa première notice en signalant, en 1885, la symbiose de l'espèce australienne avec le Cérianthe. Dans la même année, Caldwell revient sur ses premiers travaux, relatifs à la formation de la larve. Ses résullats, sur des points nombreux, s'opposent à ceux de Fœttinger et de Metschnikoff : le mésoderme serait de provenance mi-partie ectodermique et mi-partie endoder- mique. En 1887 et 1888, Mac Intosh publie, dans la collection du « Challenger », deux mémoires : l’un sur une nouvelle espèce de Phoronis, dont il étudie l’anatomie; l’autre sur un nouveau Bryozoaire Ptérobranche, le Cephalodiscus. Cet auteur avait donné, en 1881-1882, des indications prélimi- naires sur ces deux sujets. D’après lui, l'opinion de Ray DÉVELOPPEMENT DES PHORONIDIENS. 59 Lankester, que le Phoronis serait un Bryozoaire aberrant et vermiforme, mérite d’être acceptée ; le Céphalodiscus, à son tour, serait voisin du Phoronis. Harmer ajoute une note au travail de Mac Intosh, pour démontrer la réalité d’affinités étroites entre le Céphalodiscus et les Entéropneustes. Dès cette époque, sous l'impulsion des zoologistes anglais, on en vient à comprendre d'une façon nouvelle les relations des Phoronidiens avec les autres animaux. On cherche à les séparer des Géphyriens, pour les rapprocher des Ptéro- branches. En outre, on trouve à ces derniers des ressem- blances avec les Entéropneustes. On arrive ainsi à placer ces deux groupes non loin des Cordés. Mais ces idées ne sont pas acceptées sans discussion. Benham, en 1889, publie un important travail sur l'anatomie et l’histologie du Phoronis australien. Il discute longuement les affinités zoologiques de cet être, et il conclut en lui trouvant plutôt des relations avec les Siponculiens qu'avec les Bryozoaires. Dans le cours de la même année, Cori donne, comme thèse inaugurale, un résumé de ses recher- ches sur l'anatomie et l’histologie d'un Phoronis méditerra- néen. Enfin, à mon tour, je décris l'espèce nouvelle, qui habite l'étang de Thau, près de Cette, et dont le développe- ment embryonnaire fait l’objet du présent mémoire. En 1890, Cori expose ses études complètes sur l’organisa- tion du Phoronis de Messine; il n’a examiné que l'adulte, et ne traite point de l’évolution larvaire. La réaction de certains contre les opinions des zoologistes anglais s’accentue davan- tage. Andrews, décrivant une nouvelle espèce américaine de Phoronis, rapproche cet animal des Géphyriens et des Annélides, non pas des Bryozoaires. Lang pense que les Ptérobranches ont seulement, avec les autres Bryozoaires et les Phoronidiens, des ressemblances de valeur secondaire, dues à la similitude du mode de vie. Shipley, de son côté, irouve des relations assez grandes entre les Phoronidiens et les Siponculiens du genre Phymosoma. Je commence à pu- blier mes premières notes préliminaires sur le développe- 60 LOUIS ROULE. ment, et je me rallie, au sujet de la formation des feuillets, à l'avis de Metschnikofr. | Je donne, en 1893, dans un ouvrage sur l’Embryologie générale, plusieurs indications, accompagnées de dessins, sur les phases initiales de l’évolution embryonnaire des Phoronidiens (p. 127-128). J'y signale la nature incur- vante de la gastrulation. Au sujet de la place qu'il convient d'attribuer à ces animaux dans une classification naturelle, je reviens sur des considérations que j'avais exposées, en 1891, dans un mémoire sur les Trochozoaires. Je sépare les Phoronidiens des Siponculiens, et, acceptant l’une des opinions des auteurs anglais, je fais avec eux une classe que je mets à côté de celle des Bryozoaires (p. 421-422). Mais je ne vois aucune relation entre ces animaux et les Entéropneustes. Tel n’est pas l'avis de Spengel. Dans sa superbe monographie, consacrée à ces derniers êtres, ce naturaliste pense, au contraire, que les affinités directes des Entéropneustes vont vers les Phoronidiens et les Ptéro- branches. | Je reviens, en 189%, dans mon traité d'Embryologie com- parée, sur les premières phases du développement embrvyon- naire des Phoronidiens. Je décris la segmentation et la formation des feuillets (p. 384-385, 388-390). Je donne une suite de diagrammes, exprimant la métamorphose telle qu’elle serait si la larve ne perdait aucune de ses parties. En 1896, Masterman publie plusieurs notes préliminaires sur la structure de l’Actinotroque. Il livre son travail com- plet en 1897. Il signale la ressemblance, avec la notocorde, des diverlicules intestinaux de la larve. S'appuyant sur ce nouveau fait, et le complétant en trouvant une notocorde semblable chez le Céphalodiseus, il accepte, en lui donnant une base plus large, l’opinion exprimée par Harmer en 1887, et par Spengel en 1893. D’après lui, les Phoronidiens sont proches voisins des Ptérobranches, et tous deux ont d’étroites affinités avec les Entéropneustes. Dans la même année, Oka décrit une espèce japonaise. Schulz reprend la contes- DÉVELOPPEMENT DES PHORONIDIENS. 61 tation relative à la formation du mésoderme ; il partage, ou peu s’en faut, l'avis de Fœttinger. D’après lui, la production des éléments mésodermiques commence dès la phase blas- tulaire. Il n’est à signaler, en 1898, qu une note succincte, publiée par moi, sur la place qu'il convient de donner aux Phoro- nidiens dans une classification naturelle. J'y résume les données que j expose dans la seconde partie de ce travail. A mon sens, les Phoronidiens sont voisins des Ptéro- branches; mais ils s’écartent fort des Entéropneustes. En revanche, leurs jeunes larves offrent, avec les jeunes em- bryons des vrais Cordés, des Tuniciers et des Vertébrés, une ressemblance manifeste, qui s’efface rapidement. Cette notice ne contient que l'historique des notions acquises sur les Phoronidiens. La critique détaillée des ob- servalions effectuées par les auteurs sur le développement embryonnaire est traitée dans le cours du mémoire, suivant l’ordre où les faits se succèdent. III. OBJET DU PRÉSENT TRAVAIL. — Ce travail traite du développement embryonnaire du PAoronis Sabateri L. R. Cette évolution est suivie en son entier, depuis l'œuf fécondé jusqu'à l'établissement de l'organisme dans son état définitif. Cette espèce vit dans l'étang de Thau, près de Cette. Elle y est fort commune en plusieurs endroits, surtout au nord de la gare de cette ville, et vers l'entrée du canal qui fait communiquer l'étang avec la mer. Les représentants se fixent à des menus débris, de préférence aux coquilles de Tapes, très abondantes dans ces localités; ils vivent à une faible profondeur, vers 1 ou 2 mètres de préférence. Ils habitent des tubes cylindriques, dont la paroi, résis- tante, se compose d'une mince couche muqueuse aggluti- nant de nombreux et menus grains de sable. Les tubes mesurent, en moyenne, de 6 à 8 centimètres de longueur, sur 2 millimètres de diamètre extérieur. Ils sont plus grands que les individus. La longueur de ces derniers dépasse 62 LOUIS ROULE. rarement # centimètres, el leur largeur 1 millimètre et demi. Les embryons étant recueillis, leur examen s’est fait, pour chacune des phases, de trois manières : élude des formes vivantes ; étude des coupes optiques, pratiquées par transparence sur des échantillons frais ou fixés: étude des coupes réelles, effectuées sur des exemplaires fixés. Ces trois procédés se compiètent, et conduisent au même but : la connaissance entière et exacte de l'individu. Leurs résul- tats se contrôlent mutuellement. L'orientation réelle des coupes microtomiques, la signification qu'il convient d'’ac- corder aux particularités montrées par elles, se déduisent avec précision, sur des êtres aussi petits et aussi délicats, des notions acquises directement sur l'allure générale du corps et sur celle de ses organes. Je me suis bien trouvé, pour les coupes optiques, de deux réactifs : la liqueur de Ripart et Petit, et une solution de bleu de méthylène dans de l’eau de mer. Pour celle-ci, je préparais une solution-mère, de 1 de bleu de méthylène pour 1000 d’eau de mer. Je versais, au moment des obser- vations, avec une pipette, trois ou quatre gouttes de ce pro- duit dans un verre de montre, rempli d’eau de mer pure, où se trouvaient les embryons que je désirais étudier. La solution définitive titrait 1/40000° environ. Les larves conservaient leur vitalité pendant plusieurs heures, et se coloraient lentement. Comme elles gardaient une transpa- rence assez grande, il était possible de se rendre compte, non seulement de l'aspect et des connexions des organes internes, mais encore de plusieurs détails histologiques. J'ai employé, comme réactifs fixateurs, la liqueur chromo- acéto-osmique de Flemming, la liqueur de Rabl, et ma liqueur au sublimé acétique (80 c.c. d’une solution saturée de sublimé dans de l’eau de mer, et 20 c.c. d'acide acétique cristallisable ; filtrer). Cette dernière m'a donné les meilleurs résultats. Après plusieurs lâtonnements et essais dans les carmins comme dans les couleurs d’aniline, je me suis borné DÉVELOPPEMENT DES PHORONIDIENS. 63 à emplover, comme colorant, le paracarmin de Mayer ; c'est lui, dans ces recherches, qui m'a rendu les meilleurs ser- vices. Les autres agents avaient une élection moindre, et une action nucléaire moins marquée. Les meilleures colo- rations ont été obtenues lentement, sur des larves entières, plongées dans du paracarmin dilué dans de l'alcool à 70°, et maintenues ainsi pendant vingt-quatre heures. La gélose m'a été d’une grande utilité pour coller sur les lames des coupes, dont beaucoup, à cause de leur pelitesse, n'étaient visibles qu'à la loupe. Cette substance est douée d’une ténacité considérable ; grâce à elle, mes séries sont restées au complet pendant les lavages, du moins le plus souvent, et n’ont rien perdu. ; Ce mémoire est divisé en deux parties : l’une descriptive, l'autre biologique (Physiologie et Embryologie générales). La première contient l'exposé des observations, et la dis- cussion des opinions des auteurs. Elle comprend trois cha- pitres : la formation de la larve Actinotroque, à partir de l’œuf fécondé; la structure de lActinotroque complète; la métamorphose de l’Actinotroque, et sa transformation en un jeune Phoronis. Chacun des chapitres renferme le détail des observations, suivi d'un résumé et de leur critique. — La seconde partie du travail est consacrée aux nolions géné- rales de la biologie des larves. Elle contient aussi trois chapitres. Le premier traite de l’organisme des Phoroni- diens ; des deux formes, larvaire et adulte, qui se succèdent; de l’homologie des appareils de l’économie, de leur prove- _nance aux dépens des feuillets embryonnaires. Le deuxième s'applique à la métamorphose, à sa nature, à son mécanisme, à la recherche de ses causes. Le troisième est employé à discuter et à établir les affinités zoologiques de ces ani- maux. Cette seconde partie se termine par une suite de considérations qui la résume. PREMIÈRE PARTIE ÉTUDE DESCRIPTIVE CHAPITRE PREMIER FORMATION DE LA LARVE ACTINOTROQUE S 1°. — Segmentation de l’œui et blastulation. I. ExPoSÉ DES OBSERVATIONS. — Les conditions dans lesquelles se trouvent les œufs sont connues. Les Phoroni- diens sont hermaphrodites. Les œufs, après fécondation, se groupent en un amas assez volumineux, qui s'attache aux tentacules de l'individu. En avril et parfois en mai, la plu- part des Phoronis Sabalieri portent ainsi des grappes d'ovules. Ceux-ci subissent, sur place, les premières phases de leur développement, jusqu à la formation des larves; ils adhèrent les uns aux autres par une faible quantité de mucus. Dès que les larves commencent à se façonner, elles produisent leurs cils vibratiles superficiels; elles s’agitent dans leur gangue muqueuse, et ne tardent pas à s'en dégager, Elles quittent alors l'être qui les a engendrées, se séparent de lui, et mènent une vie libre ; elles nagent dans l’eau, et revêtent rapidement leur forme caractéristique. Autant qu'il m'a été possible d'en juger, en prenant quel- ques repères sur des individus conservés vivants, une période moyenne de quatre à six Jours est nécessaire pour mener l'embryon depuis le début de la segmentation ovu- laire jusqu’à la complète liberté de la larve. DÉVELOPPEMENT DES PHORONIDIENS. 65 Les œufs se ressemblent, ou peu s’en faut, par la taille et par la forme. Ils sont sphériques, ou légèrement ovalaires. Chacun mesure environ 300 à 400 w de diamètre. Chaque ovule est entouré par une membrane vitelline, mince et transparente ; un intervalle fort étroit, mais appréciable, sépare cette enveloppe du vitellus. Ce dernier est granuleux ; les granulations sont très fines, réparties avec égalité. En somme, l’ovule, par toutes ses qualités de dimensions et de structure, possède les caractères des œufs alécithes. Je n'ai point remarqué les vestiges des cellules polaires. La segmentation est totale, quelque peu inégale. Le pre- mier plan de segmentation divise l’ovule en deux blasto- mères hémisphériques, parfois semblables, ailleurs légère- ment différents par la taille. L'inégalité existe le plussouvent, mais elle est toujours peu prononcée (fig. 1, PI. Il). _ Chacun des deux blastomères hémisphériques se scinde, par la suite, en deux parties. Les mêmes conditions d’iné- galité peu accusées se retrouvent encore. L'ovule est alors divisé en quatre quadrants, sensiblement équivalents ; pour- tant, les deux qui proviennent du plus gros hémisphère sont un peu plus larges et plus volumineux que les autres. Du reste, les œufs ne se ressemblent pas exactement sous ce rapport; ils offrent des différences appréciables, les uns ayant des quadrants presque égaux, les autres mon- trant des dissemblances plus grandes et d'amplitude variable (he:2: Pl. IE): La segmentation continue à s'exercer suivant des plans radiaires de division. Chacun des deux quadrants les plus gros se partage en deux blastomères presque identiques. L'ovule est alors composé de six parties : deux assez fortes, qui correspondent aux deux petits quadrants, et quatre moins volumineuses. L'inégalité des blastomères en dimensions est actuellement plus prononcée que dans les états antérieurs (ue PI. II). L'inégalité s’accuse davantage à la phase suivante, où l'ovule comprend huit blastomères. Les deux petits qua- ANN. SC. NAT. ZOOL. ; RES: 9 66 LOUIS ROULE. drants se segmentent à leur tour: les plans de division sont toujours radiaires. Les éléments donnés ainsi sont forcé- ment moins gros que les précédents. Dans plusieurs œufs, l'inégalité paraît encore d'autant plus nette, que certains plans de division ne passent point exactement par le centre, mais dévient de côté. Les divers blastomères ont alors des allures dissemblables (fig. 4, PI. Il). L'ovule, parvenu à cet état, se compose de huit parties. Celles-ci diffèrent quant à leurs dimensions, mais se res- semblent par leurs formes; toutes reviennent à des secteurs médians, à des tranches découpées dans le vitellus ovulaire. A dater de ce moment, la segmentation prend une autre direction. Les plans de division continuent à s'établir radia- lement, et à passer par le centre de l’œuf ou assez près de lui; mais ils s’orientent perpendiculairement aux plans précédents, ou obliquement, et ne leur sont plus parallèles. Ils divisent peu à peu chacune des tranches en tronçons coniques juxtaposés. En outre, l'inégalité des blastomères en taille diminue peu à peu, à mesure que s’accomplissent ces divisions nouvelles. Elle finit par disparaître d’une façon presque complète. | Des phénomènes complémentaires s'effectuent en même temps. Les scissions nouvelles se font avec égalité; elles ont pour objet de partager les blastomères en deux seg- ments semblables, qui se subdivisent ensuite de la même manière. Les segments formés ne demeurent pas accolés par leur entière périphérie; ils effacent quelque peu leurs angles, et perdent de leur aspect pyramidal pour prendre assez nettement celui d’un cône. Il existe par ce moyen, entre les blastomères, des espaces étroits, comparables à de fins canalicules, dirigés du centre de l’œuf vers le dehors. Ces espaces s'unissent entre eux dans la zone centrale de l’ovule, et, en s’y joignant, forment en ce lieu une petite cavité, appré- ciable dès les phases à six ou à huit blastomères. Le blasto- cœle de la future blastule n’est autre que cette cavité, pro- sressivement amplifiée dans des proportions considérables. DÉVELOPPEMENT DES PHORONIDIENS. 67 Les divisions tangentielles, c’est-à-dire parallèles à la sur- face de l’œuf, ayant pour but de scinder chaque blastomère en deux parts dont l’une est externe el l’autre profonde, sont rares. Il en existe bien quelques-unes, mais leur pré- sence ne m'a pas semblé jouer un grand rôle dans la marche de la segmentation. Les plans de division les plus nombreux sont radiaires; ils se dirigent de la périphérie vers le centre ; ils découpent la substance vitelline en blastomères coniques juxtaposés. À cet égard, la segmentation de l'œuf du Phoronis rappelle celle des Arthropodes, surtout celle des quelques Crustacés dont les ovules, petits et pauvres en vitellus nutritif, subissent des divisions totales et pro- duisent des cavités blastocæliennes. Dans la phase qui succède à celle des huit blastomères, les segments nouveaux, au nombre variable de seize à vingt, arrivent presque au centre de l'œuf; ils y laissent pourtant une petite cavité, de dimensions encore minimes, première indication du futur blastocæle. Leur forme est telle, que leur hauteur, égale au rayon de la sphère ovulaire, excède de peu la largeur de leur base. Celle-ci est légèrement sur- élevée en son milieu, de manière à bomber quelque peu (te29; 30; PEN). Plus tard, ces segments s'étant subdivisés eux-mêmes, le nombre des blastomères atteint une quarantaine. A ce mo- ment, un autre phénomène commence à se manifester : l’amplification de la petite cavité centrale. À mesure que les segments se fragmentent suivant des plans radiaires, ils perdent quelque peu de leur hauteur, et cette diminution a pour effet de laisser, au centre même de l'œuf, un plus grand espace que précédemment. Cette perte n’est qu'appa- rente du reste; dans la réalité, 1l n’y a point disparition d’une portion du vitellus. Les blastomères sont un peu plus larges qu'ils ne le seraient si ce phénomène n'existait point. On se rend compte du fait en comparant des ovules com- posés sensiblement du même nombre de segments, et dont les uns n’ont pas encore subi cet accroissement de l’espace 68 LOUIS ROULE. central, alors que les autres l’offrent déjà; dans la moyenne, les.-seconds sont un peu plus grands que les premiers. Cette différence ne peut se comprendre qu'à une condition : l’am- plification de la cavité centrale ne s’accomplit point aux dépens du vitellus qui diminuerait sa masse; mais elle se fait grâce à un élirement de la substance vitelline, qui, tout en se morcelant pour donner les blastomères, restreint son épaisseur pour augmenter sa surface. La question a une certaine importance, et j'ai lâché de l’élucider dans ce cas particulier. Si cette amplification s’ef- fectue au seul détriment de la masse du vitellus, il ne s’agit ici, pour ce dernier, que d'une perte de son eau de consti- tution, du moins dans le principal. Ce produit liquide s'amasse au centre de l’œuf, et, en augmentant lui-même, donne peu à peu l’espace blastocælien empli de son contenu. Mais si elle résulte d’un étirement du vitellus, qui, d’abord compact, se creuse d’une cavité interne pour augmenter sa surface, le phénomène à une autre portée. L’œuf, avant de donner les ébauches embryonnaires, perd sa nature pre- mière de corps plein pour se changer en une vésicule; il accroil son plan de contact avec les milieux environnants: il diminue son épaisseur, et il se munit d’une cavité centrale pour faciliter les échanges nécessaires à l’entretien de la vie. I] se comporte comme un élément actif vis-à-vis des milieux, et actif par lui-même, par ses propres forces, par les relations qu'il possède déjà avec ces derniers. Il se modifie en conséquence; il amplifie sa surface fonctionnelle, et il acquiert un organe, la cavité centrale, destinée à lui rendre ses échanges plus aisés comme plus intenses. Au moment où l’ovule comporte trente à quarante blas- tomères, sa cavité centrale, de forme assez irrégulière, pos- sède un diamètre égal à la moitié environ de la hauteur des blastomères eux-mêmes. Sphérique ou ovalaire, ses bords sont sinueux, Car les sommets internes de tous les segments s’'avancent en saillie dans son intérieur. Il arrive assez sou- vent de voir en elles quelques éléments cellulaires en petit DÉVELOPPEMENT DES PHORONIDIENS. 69 nombre. Ceux-ci ont une largeur égale, au moins, à celle des zones internes des blastomères, et non pas inférieure. En examinant avec soin les ovules ainsi constitués pour connaître les connexions de ces cellules, on s'aperçoit qu'elles correspondent presque toujours à des sommets internes de blastomères, plus longs que leurs voisins, et s'avançant davantage dans la cavité centrale. Elles ne sont pas indépendantes; elles n'équivalent pas à des éléments autonomes situés en dedans des blastomères normaux, et provenant d’eux par des divisions tangentlielles. Dans quel- ques cas seulement ce dernier fait m'a paru être exact; mais, à cause de sa rareté, il n’est point possible de lui accorder une importance dans la production des éléments du jeune embryon (fig. 31, 32, PI. VI). La segmentation ovulaire continue ensuite, et la cavité centrale s'accroît de son côté pour devenir le blastocæle. Par ces deux moyens, l’œuf se convertit en morule, puis en blastule. Plusieurs phénomènes concomitants s’accom- plissent pour en arriver à ce résultat, et pour donner à la blastule du Phoronis la forme particulière, qui nécessitera une gastrulation opérée suivant un mode spécial (fig. 7,8, 9, DER ie) 933,.34999, PE: VD. Les blastomères augmentent en nombre et deviennent plus petits. Comme la division s'opère à peu près exclusive- ment suivant des plans radiaires, la diminution de taille porte de préférence sur leur largeur. Tous ont la même forme et des dimensions presque identiques : coniques, ils s'étendent, juxtaposés les uns aux autres, du blastocæle interne jusqu'à la surface extérieure de l'œuf. Dans la moyenne, au moment où la blastule parvient à la période d'état, leur nombre est de trente à quarante pour chaque section axiale de cette dernière. Lorsque l'ovule segmenté se compose A de soixante à quatre-vingts blastomères, les bases externes de ces derniers se soulèvent en éminences un peu bombées; la surface ovulaire paraît constituée, de ce fait, par l’associa- 70 LOUIS ROULE. tion de petits mamelons groupés côte à côte. Cette disposi- tion se maintient encore quelque peu dans la suite ; puis elle s’atténue, car les mamelons se dépriment à mesure qu'ils deviennent plus nombreux. Finalement, la blastule étant achevée, les saillies sont faibles, difficiles à discerner. La surface est plus régulière; elle achève de l'être pendant les phases de la gastrulation. Le blastocæle s’amplifie ; sphérique ou légèrement ova- laire, son diamètre moyen égale, ou peu s’en faut, la hau- teur des blastomères. Il contient une substance transparente, sans doute liquide; mais je n'ai pu avoir sur ce point des indications suffisantes. Plus tard, au moment de la produc- tion du mésoderme, plusieurs des éléments de ce feuillet dénotent, par l'aspect de leurs prolongements, que cette substance possède une cohérence suffisante pour les sou- tenir. Actuellement, il est impossible d'affirmer quoi que ce soit à cet égard. Dans certains cas, le blastocæle paraît renfermer des éléments cellulaires, mais, comme dans les phases précédentes, ceux-ci équivalent, pour la plupart, aux sommets internes très proéminents de plusieurs blasto- mères. D'habitude, la cavité blastocælienne est libre, c’est- à-dire privée de cellules contenues en elle. La membrane vitelline disparaît au cours de la segmen- lalion. Les époques de sa perte diffèrent suivant les œufs. En tout cas, cette enveloppe n'existe plus au moment où la blastule s'achève. Cette dernière est, alors, incluse directe- ment dans la gangue muqueuse, qui unit les ovules les uns aux autres en s’attachant aux tentacules du générateur. La blastule achevée est plus grosse que l'œuf dont elle provient; cette amplification résulte de celle de l’espace central qui se change en cavité blastocælienne. Sa forme est ovalaire; son grand axe l'emporte légèrement sur le petit, mais l’ovale est pourtant bien dessiné. Son blasto- derme se compose d’une seule rangée d'éléments coniques, juxtaposés, dont la hauteur égale environ le quadruple ou le quintuple de la largeur de la base externe. Chacun d’eux DÉVELOPPEMENT DES PHORONIDIENS. 14 possède un noyau situé dans la partie la plus large de la cellule, non loin de la surface blastulaire. L’épaisseur du blastoderme est égale partout ; tous les blastomères parais- sent identiques comme dimensions et comme structure. Aucune région spéciale, aucun pôle à caractères particu- liers ne s’est différencié. Le blastocæle, relativement étroit, est ovalaire également; sa forme découle de celle de la blastule dont il occupe l’intérieur. IT. RÉSUMÉ ET CRITIQUE DES OBSERVATIONS. — ÆEn résumé, l’ovule du Phoronis Sabatieri subit une segmentation totale, faiblement inégale dans ses premières phases, sensiblement égale par la suite. Cet ovule est alécithe. Les plans de divi- sion des blastomères sont presque toujours radiaires ; ils se dirigent vers le centre de l’œuf. Un blastocæle, dont la pre- mière indication se manifeste hâtivement, prend naissance dans l’intérieur de l'embryon. Par tous ces moyens, l'ovule se convertit en une blastule, munie d’un blastocæle étroit ; le blastoderme, épais, formé de longues cellules coniques, est homogène, car il ne présente aucune différenciation en ré- gions particulières. Critique. — Une première contestation entre les auteurs porte sur le lieu et le moment de la fécondation. PAoronis est hermaphrodite; les éléments sexuels ne mürissent pas en même temps, mais la différence est faible ; ils commen- cent par tomber dans la câvité générale du générateur, puis ils parviennent au dehors en passant par les néphri- dies. Kowalevsky, d'après PA. hippocrepis, soutient que la fécondation se produit dans la cavité générale même; la segmentalion y commence. Cori, d’après PA. psammophila, est d’un avis contraire; la fécondation est extérieure ; elle ne se fait qu'après l'émission des éléments reproducteurs et leur arrivée dans l’eau de la mer. Mes observations sur Ph. Sabatieri me conduisent à une opinion semblable à celle de Cori. Le développement débute, d'ordinaire, dans le 12 LOUIS ROULE. mois d'avril, plus ou moins tôt, suivant que la saison est. plus ou moins avancée. Il n’est pas rare de trouver, à cette époque, des individus dont les amas ovulaires, pris dans le panache tentaculaire, se composent d'œufs non encore seg- mentés, ou divisés seulement en deux et quatre blasto- mères. D’après ces faits, la segmentation paraît ne débuter qu'après la sortie des ovules et leur groupement en amas. Or, à moins de supposer, chose peu probable, qu'une assez longue période de temps sépare la fécondation de la divi- sion ovulaire, il faut bien admettre que la première s'effectue lorsque les œufs sont devenus extérieurs. Cette constatation a une assez grande importance. St l'opinion de Kowalevsky était exacte, chaque individu fé- conderait ses œufs avec ses propres spermatozoïdes; aucun: croisement ne se manifesterait en ce cas. Si l'avis de Cori et le mien sont vrais, les croisements sont, par contre, des. plus fréquents. À mon sens, les choses se passent de la ma- nière suivante. Les Phoronis ont l'habitude de vivre ras- semblés en grand nombre dans un espace restreint. Lors- que les spermatozoïdes arrivent à maturité, ils tombent dans le liquide de la cavité générale des générateurs, s’enga- gent dans les néphridies, et parviennent dans l’eau environ- nante. [ls nagent en grand nombre, ceci fait, dans cette eau qui entoure les générateurs. Ils ne restent pas forcément auprès de l'individu qui les a produits, mais peuvent aller vers ses voisins, soit par leurs propres forces, soit par les. mouvements de l’eau elle-même. Peu après, les ovules sui- vent le même chemin et parviennent aussi dans la mer. La fécondation a lieu dès leur sortie; mais il nv a aucune raison pour que le spermatozoïde fécondant dérive de l'être qui fournit les ovules. La cellule mâle peut provenir d’un: autre individu; et ceci doit se faire souvent, à cause des faiblés distances qui séparent les Phoronis. Le croisement est des plus aisés, au moins autant que l’autofécondaltion. L'union accomplie des spermatozoïdes et des œufs, ceux-ci se groupent en amas qui s'attachent aux tentacules du He DÉVELOPPEMENT DES PHORONIDIENS. 13 générateur, et leur évolution embryonnaire commence. Les auteurs qui ont observé la segmentation, Kowalevsky, Metschnikoff, Caldwell, Fœttinger, sont d'accord entre eux et avec moi-même sur plusieurs données importantes. Leurs études ont porté, de préférence, sur Phoronis hippocrepis. L'œuf est alécithe. La segmentation est totale. L'ovule segmenté se change en une blastule à l’épais blastoderme formé de longues cellules coniques. Ces notions paraissent dès lors bien assises; elles expriment vraiment les faits, puisque tous les ont constatées. Mais il est des divergences qui résultent de ce qu'ils n’ont pas suivi phase par phase la marche de la segmentalion, et qu'ils se sont contentés, parfois, d’observations superti- cielles. Les principales d’entre elles tiennent à la présence ou à l'absence de la différenciation blastomérique, et à la nature des cellules situées dans la cavité blastocælienne. Suivant Kowalevsky, le pôle animal et le pôle végétatif sont déjà reconnaissables au début de la segmentation, alors que l’ovule est seulement scindé en huit blastomères; de même, la blastule s’étire pour devenir ovalaire, suivant un plan qui divise le blastoderme en deux parts, l’une animale, l’autre végétative. D’après Caldwell, l’œuf étant segmenté en quatre quadrants, ceux-ci sont inégaux, les deux plus petits étant destinés à donner l’ectoderme futur, les deux plus gros l’endoderme. Les autres auteurs insistent peu sur la segmentation, et se bornent à signaler sa nature faible- ment inégale. Pour moi, dans l’ovule du PA. Sabañeri, aucun indice de différenciation blastomérique ne se mani- feste durant la segmentation, quelle que soit la phase. En outre, il me semble qu'il en est de même pour les œufs examinés par Kowalevsky et par Caldwell, Les interpréta- tions données par ces auteurs sont inexactes. Ceux-ci se sont bornés à examiner un petit nombre des moments de la segmentation; ils ne les ont pas tous suivis dans leur entière succession. S'ils avaient procédé autrement, ils auraient vu, comme moi-même, les gros blastomères du début four- 14 LOUIS ROULE. nir des éléments identiques à ceux qui proviennent des petits; ils auraient vu l'inégalité s’atténuer peu à peu et dis- paraître, à mesure que la segmentation progresse. Quant à cette idée de Kowalevsky, que la blastule comporte deux parts, je la considère comme prématurée. Une des moitiés du blastoderme s’invaginera bientôt, dès la blastule faite, pour se convertir en endoderme. Mais, dans la blastule du. Ph. Sabatieri, aucune particularité appréciable à nos sens ne la distingue de celle qui donnera l’ectoderme. La différence s’établira plus tard, par le fait de la gastrulation; elle n'existe pas encore dans la blastule. Il y en a une sans doute, qui nécessite et dirige le début de la gastrulation : elle ne réside pas dans la forme des blastomères, ni dans leur structure histologique. Plusieurs auteurs ont signalé la présence, pendant la segmentation ovulaire, de cellules dans la cavité blastocæ- lienne ; notamment Fœttinger et Schulz. Comme les élé- ments du mésoderme apparaissent, au cours de la gastrula- tion, dans cette même cavité, ces naturalistes, et surtout Fœttinger, pensent que les seconds dérivent des premières. D’après eux, les cellules mésodermiques initiales se forment pendant la segmentation, et se placent dans le blastocæle; elles augmentent en nombre par la suite, grâce à des divi- sions répétées, et elles donnent ainsi naissance au feuillet moyen. Schultz est le moins catégorique des deux : ces cel- lules débutent seulement vers la phase blastulaire, et se détachent du blastoderme. Cette opinion ne s’écarte pas trop de la réalité, car, parfois, les éléments initiaux du mésoderme se façonnent dès la phase blastulaire dépassée, au commencement de la gastrulation. Fœttinger est plus explicite. Suivant lui, le feuillet moyen dérive d'éléments engendrés lorsque l'ovule comporte seulement huit blasto- mères. Ces cellules se placent dans le blastocæle en voie de formation. Elles sont fort petites, au point que l’auteur se demande si elles sont vraiment des cellules entières, ou de simples noyaux. Elles contiennent une ou plusieurs gra- a ————_——————— —Re DÉVELOPPEMENT DES PHORONIDIENS. 72 nulations comparables à des nucléoles. On les voit en exa- minant l'œuf par transparence après emploi de l'acide acé- tique pur. Ces diverses données conduisent à une suspicion légitime. L'auteur ne fournit aucune indication précise sur ces élé- ments, ni sur leur destinée au sujet de la production du mésoderme par eux. Il s'attache surtout à signaler leur présence au cours de la segmentation, et dès ses premières phases. Or, leur petitesse, leur structure histologique, por- tent à penser qu'il s’agit ici de productions anormales, déterminées par l’action de l'acide acétique sur le vitellus des blastomères. Ce ne sont point des initiales mésodermi- ques, mais des produits accidentels. Et il est d'autant plus difficile d'accepter l'opinion de l’auteur, que celui-ci ne démontre point comment ces éléments sont capables d'en- gendrer le feuillet moyen. La cavité blastocælienne renferme vraiment des cellules, dans certains cas, mais ces dernières ne sont d'ordinaire que les sommets internes des éléments blastodermiques ; leur indépendance est apparente ; sur des coupes optiques, on les voit se rattacher progressivement aux blastomères dont elles font partie. Sur des coupes réelles, on les voit se rattacher de même, en suivant la série de ces coupes, et en ne se bornant pas à l'étude de l’une d'elles qui parai- trait plus probante que les autres. Les contestations entre les auteurs découlent souvent d'erreurs dans la méthode d'observation. Si l’on s’efforçait de ne rien oublier, d'éviter de se fixer à un fait en négligeant ses voisins, on connaïi- irait davantage et on disputerait moins. $ 2. — Gastrulation. [. EXPOSÉ DES OBSERVATIONS. — Quels que soient les pro- cédés mis en œuvre dans le début des développements em- bryonnaires, les feuillets sont formés en deux temps, plus ou moins distincts et reconnaissables. D'abord, le blasto- 76 LOUIS ROULE. Ce ‘ derme, perdant sa simplicité première, se dédouble en deux feuillets primordiaux ; le protectoderme (ectoderme primi- üf), et le protendoderme (endoderme primitif, mésoendo- derme, mésoendoblaste). Puis le protendoderme se sub- divise, à son tour, en deux feuillets complémentaires: l'endoderme et le mésoderme. Celui-là, parmi ces derniers, répond à la persistance directe, sur place, du protendo- derme initial ; celui-ci, formé par le protendoderme, dérive de sa substance, et se place en dehors de lui, contre la surface interne du protectoderme. En somme, le protendo- derme donne naissance aux ébauches du mésoderme ; après quoi il demeure comme endoderme définitif. Ces ébauches se trouvent capables de continuer, au moins en grande part, leur développement par leurs propres forces. Le jeune embryon comprend alors trois feuillets: le protec- toderme, qui reste en qualité d’ectoderme définitif ; le méso- derme, et l'endoderme. Plusieurs auteurs admettent, pour divers animaux, que le mésoderme provient du protecto- derme. Sans entrer ici dans des discussions relatives à ce sujet délicat, il importe de remarquer que, même en ce cas, les deux temps ne font point défaut. Les deux feuillets primordiaux s'affirment en premier lieu ; puis, l’un d'eux se dédoublant, les trois feuillets définitifs se trouvent pro- duits et délimités. Les Phoronidiens ne font point exception à la règle. Les trois feuillets prennent naissance, chez eux, en deux temps, en deux phases successives et distinctes. Formation des deux feuillets primordiaux. — Le blasto- derme de la blastule du Phoronis donne les deux feuillets primordiaux par le procédé de la gastrulation. Seulement la gastrulation ne s’accomplit point d'après le mode habi- tuel. Au lieu de se faire par invagination, elle s'effectue par -incurvation. Dans l'invagination, une partie du blastoderme se déprime, et pénètre dans l’espace limité par la seconde partie qui demeure en place ; la première, devenue interne, DÉVELOPPEMENT DES PHORONIDIENS. 21 donne le protendoderme ; la seconde, qui reste extérieure, correspond au protectoderme. Par contre, dans l'incurva- tion, la blastule commence par s’aplatir et par se changer en un disque circulaire; ensuite, celui-ci s’incurve, se creuse tout entier, de manière à rendre l’une de ses faces intérieure et l’autre extérieure. Celle-là produit le proten- doderme, et celle-ci le protectoderme. La raison d’une telle différence entre les deux procédés de la gastrulation tient aux dimensions de la cavité blastocælienne. Cet espace est ample dans l’invagination ; aussi la portion protendo- dermique du blastoderme peut-elle s’y déprimer à l'aise. En revanche, il est étroit dans l’incurvation ; il en résulte que l’invagination est impossible, vu le défaut de place. La blastule est obligée de s’incurver en entier pour devenir une gastrule. _ La blastule achevée, vers la fin des phases de la segmen- tation, est d'un ovale régulier. Elle ne tarde pas à perdre cette allure symétrique. On peut, au début des modifications actuelles, la considérer comme formée de deux moitiés égales, unies entre elles suivant un plan médian et longi- tudinal. Ces deux moitiés sont identiques, sous le double rapport de la structure et de l'aspect de leurs éléments blastodermiques. Elles sont semblables et superposables. Cette similitude va disparaître. L'une des moitiés cesse d’être convexe, elle s’aplatit d'une façon progressive, et elle finit par se rendre plane. Par contre, l’autre accentue davantage sa saillie extérieure. Les deux phénomènes vont d’une manière corrélative, sans que la masse totale de l'embryon se modifie : l’un gagne ce que l'autre perd M PE IL ie: 36, PL VI}: | Les dispositions premières ont alors changé. La blas- tule n’a plus sa forme ovalaire. Elle est devenue hémi- sphérique. Elle offre deux faces : l’une fortement bombée, plus qu'elle ne l'était au commencement de ces transforma- tions ; l’autre aplatie et plane. Sa masse entière n’a point varié dans l'ensemble; seulement, l’axe longitudinal s’est 78 LOUIS ROULE. quelque peu accru au détriment des axes transversaux. Ces variations résultent, par voie de conséquence, des étirements mécaniques, subis par le blastoderme. La blastule se comporte comme un corps élastique, qui mo- difie sa forme dans un sens déterminé sans perdre de son volume. Les phénomènes ne s'arrêtent pas là, et vont plus loin encore. La blastule continue à s’aplatir, et, en même temps, elle s'incurve. Ces deux phases s’accomplissent à la fois : elle se complètent l’une l’autre, pour aboutir à la produc- tion de la gastrule. Si la première existait seule, la blas- tule se changerait en un disque circulaire, aplati, dont la face inférieure serait donnée par une moilié du blasto- derme et la face supérieure par l’autre moitié. Mais, sur- ajoutée à la seconde, la face inférieure devient interne, et la supérieure externe. Ces deux transformations s'effectuent avec un parfait synchronisme, et ne se succèdent point. La face inférieure et plane de la blastule commence par se déprimer, par entrer en dedans, pour rapprocher son fond de la face supérieure. Ce mouvement dépressif, une fois ébauché, continue sans s’arrêler. La face inférieure prend, l'aspect d’une coupe, d’abord évasée, ensuite de plus en plus profonde. La face supérieure se comporte d’après ce phénomène ; elle conserve sa saillie extérieure, elle reste convexe, mais elle s’étire de manière à envelopper la pré- cédente, à l’entourer de tous les côtés. La blastule s’est alors changée en une gastrule à deux feuillets. Celle-ci pos- sède à peu de chose près les mêmes dimensions extérieures que celle-là. Elle contient une cavité centrale, celle de la dépression, qui communique avec l'extérieur par une large ouverture, presque aussi ample qu’elle. Celte cavité est limitée par l'ancienne face inférieure de la blastule, à son tour entourée par l’ancienne face supérieure. Ces deux pariies du blastoderme ont perdu leurs relations initiales : l’une est interne, l’autre externe, toutes deux se trouvant concentriques et formant une paroi double à la cavité DÉVELOPPEMENT DES PHORONIDIENS. 79 centrale. La gastrule est alors constituée (fig. 12, PI. Il; des 38, PIN} Cette gastrule présente la structure typique; sa forme est celle d’une sphère réduite aux trois quarts. Elle renferme un enteron (archenteron des auteurs), qui répond à la cavité de la dépression. Cet entéron s'ouvre au dehors par un large entéropore (blastopore des auteurs), médian, c’est-à-dire situé au centre même de la face qui le porte, et circulaire. Il est limité par le protendoderme, qui dérive de la face inférieure de la blastule en voie de dépression. La surface gastrulaire est constituée par le protectoderme, qui pro- vient de la face supérieure de l'ancienne blastule. Les qualificatifs inférieure et supérieure ont été employés ici pour faciliter les descriptions, et pour donner aux parties une orientation conforme à celle de la larve future. Le protectoderme et le protendoderme découlent, à égal titre, du blastoderme blastulaire. Ils se raccordent l’un à l'autre par leurs bords, unis en un épais bourrelet autour de l’entéropore. Leurs structures sont peu dissemblables. Tous deux se composent de cellules cylindriques, environ trois à quatre fois plus hautes que larges. Leur allure dif- fère peu, par suite, de celle du blastoderme dont ils dérivent. ILest, pourtant, quelques oppositions importantes à signaler. En totalisant les surfaces occupées par les deux feuillets primordiaux, leur somme est supérieure de beaucoup à celle du blastoderme primitif. La face inférieure de la blastule s’est amplifiée en se déprimant pour devenir le protendo- derme ; de même, la face supérieure s'est accrue pour envelopper celle-ci de toutes parts. Toutes deux se sont étirées à la façon de lames élastiques, pour subir de telles modifications. Pourtant leur masse n’a pas changé, du moins dans des proportions appréciables. Afin de concilier ces deux termes, les deux couches cellulaires se sont amin- cles ; elles ont perdu de leur épaisseur pour permettre leur sain en surface. De plus, la segmentation cellulaire a con- tinué en elles, s’effectuant toujours suivant des plans 80 LOUIS ROULE. radiaires ; aussi leurs éléments sont-ils devenus plus petits et plus nombreux que les blastomères du blastoderme initial. Le blastocæle a subi le contre-coup de ces transforma- tions. Il conserve son volume ; il paraît ne supporter aucune diminution, ni aucune augmentation; mais il modifie son allure d’après les données nouvelles. Il se modèle sur les feuillets, qu'il sépare l’un de l’autre. Au début de la dépres- sion blastulaire, lorsque la face inférieure devient plate, il perd son aspect ovalaire. il offre également une paroi convexe et une paroi plane. Plus tard il s’amincit et s’étire, il se change en un espace étroit, courbé sur lui-même en cuvette offrant des coupes en croissant ; il sépare la face déprimée de la face enveloppante. Plus tard encore, il par- vient à son allure définitive dans la gastrule. Sa surface est plus grande que celle dont il était pourvu lors des phases blastulaires, mais son épaisseur est moindre. Il consiste en une fente comprise entre le protectoderme et le protendo- derme. Son épaisseur, du reste, n’est point la même partout. Assez minime vers le milieu de la gastrule, où le blasto- cœle est presque virtuel, elle se trouve plus forte vers les bords, autour de l’entéropore (fig. 39, 40, 41, PI. VII). La particularité de cette gastrulation consiste dans son procédé même : l’incurvation. La blastule est une vésicule ovalaire, munie d’une paroi épaisse, simple. Elle se trans- forme en une deuxième vésicule, la gastrule, munie d’une double paroi. Pour cela, et en même temps, elle s’aplatit tout en se recourbant sur elle-même. Les deux phénomènes sont rigoureusement synchrones ; ils superposent leurs modalités, et ne les dissocient point. En outre, comme la masse de l’embryon ne varie pas ou change peu, la paroi est obligée de s’étirer en s’amincissant, afin de se prêter à l'augmentation de sa surface. Ces modifications s’accom- plissent alors que l'embryon est inerte, attaché aux tenta- cules maternels. Elles donnent l'impression de changements occasionnés par les variations mutuelles de pièces élastiques DÉVELOPPEMENT DES PHORONIDIENS. 81 et liées, dont l'agent fondamental se trouve dans la subs- tance embryonnaire elle-même, et non pas seulement dans les milieux extérieurs, avec lesquels cette substance n'a encore aucune relation directe. Formation des trois feuillets définitifs. — Cette formation se réduit à un seul phénomène : la production, aux dépens du protendoderme, des premières cellules du feuillet moyen. Le protectoderme est indifférent à cet égard ; 1l se borne à demeurer comme ectoderme définitif. Le protendoderme, par contre, se subdivise en endoderme et mésoderme. Ce phénomène commence pendant la gastrulation, pour se continuer au cours des phases ultérieures. Il consiste essen- tiellement en la genèse d’un mésenchyme par un épithé- Jium ; celui-ci est le protendoderme, celui-là le mésoderme. Vers le milieu et surtout vers la fin de la gastrulation, car les époques varient quelque peu suivant les embryons, la cavité blastocælienne contient plusieurs cellules dans son intérieur. Ces dernières sont vraiment autonomes. Les coupes réelles et les coupes optiques les montrent munies de contours arrêtés, séparées des éléments des deux feuillets primordiaux. Leur nombre est fort restreint, trois ou quatre au plus dans le début ; il va, du reste, en augmen- tant, à mesure que l'embryon progresse. Elles sont ovalaires, environ plus petites du tiers que les éléments des feuillets. Elles s’intercalent au protectoderme et au protendoderme, à cause de l’étroitesse du blastocæle ; elles sont prises sou- vent entre les deux, et comme comprimées par leur pres- sion. Plusieurs émettent des expansions amæboïdes, assez courtes (fig. 40, 41, 42 et suivantes, PI. VII). D'où proviennent ces cellules ? Elles peuvent avoir trois origines: ou dériver à la fois des deux feuillets primor- diaux, ou se détacher seulement du protectoderme, ou seule- ment du protendoderme. Cette dernière provenance est la vraie. On ne peut, en cette occurrence, puiser des rensei- gnements certains dans la présence et la forme des fuseaux ANN. SC. NAT. ZOOL. x 0 82 _ LOUIS ROULE. de segmentation cellulaire. Car les éléments des deux feuillets en possèdent, orientés de diverses manières, à la suite de leur multiplication excessive et de l’étirement qu'ils subissent. Il faut s'adresser à d’autres indications. Vers la fin de La blastulation et le début de la gastrula- tion, les blastomères, juxtaposés les uns aux autres, n’ont point leurs deux extrémités vraiment planes. Les bases extérieures sont bombées vers le dehors; et, de même, les sommets intérieurs font saillie en dedans, dans la cavité blastocælienne. Sous l'influence de l’amplification en super- ficie, de l’étirement qui en résulte, et de la multiplication abondante, ces saillies s’effacent progressivement; elles diminuent peu à peu, et cèdent la place à des surfaces planes. Cette modification s’accomplit assez rapidement pour la face externe du protectoderme, tournée vers l'exté- rieur, et pour la face interne du protendoderme, qui entoure l’entéron. Elle se produit aussi vite pour la face interne du protectoderme, qui circonscrit en dehors la cavité blas- tocælienne, mais non pour la face externe du protendo- derme, qui limite en dedans la même cavité. Les sommets profonds des cellules protendodermiques demeurent bom- bés, et se dressent même en saillies plus fortes que pré- cédemment. Ces mamelons avancent dans la cavité blasto- cœlienne et y proéminent. Tous n’ont pas la même gros- seur, car les cellules diffèrent entre elles à cet égard. En les suivant avec attention, notamment sur des coupes optiques, qui montrent le phénomène dans tous les détails, si l’on a soin d'examiner plusieurs embryons du même âge et de la même provenance, on s'aperçoit que ces mamelons se détachent des cellules dont ils dépendent, se placent dans la cavité blastocælienne, et y deviennent les premiers éléments mésodermiques. Les coupes réelles indiquent, à leur tour, qu'il s’agit ici d’une division inégale des cellules protendodermiques. Ces dernières se scindent en deux parts dissemblables: l’une superficielle, plus grosse, qui reste intercalée dans la couche du protendoderme, et n.… mu ner nalbnenas e DÉVELOPPEMENT DES PHORONIDIENS. 83 x qui continue à appartenir à son épithélium; l’autre, plus petite, qui parvient dans le blastocæle, et, séparée de la précédente comme de ses similaires, s’y comporte comme un élément mésenchymateux. Le protendoderme seul est ici mis en cause. Le protecto- derme ne joue aucun rôle; sa face interne demeure plane, et ses cellules ne portent aucun mamelon en saillie. Les éléments mésodermiques s'appliquent bien contre lui, mais les relations de contiguité ne présupposent point des rap- ports de provenance; ils agissent ainsi à cause de l’étroi- tesse du blastocæle. dont la lumière est plus petite que leur propre largeur. Les cellules protendodermiques sont les seules à donner ces éléments. Elles les produisent d’une façon irrégulière, dans le temps comme dans l’espace. Elles à ne procèdent pas en même temps à celte genèse ; elles le font par intervalles. Celles qui se subdivisent ensemble ne sont pas contiguës; elles se trouvent séparées souvent par de leurs congénères qui n’ont pas encore donné nais- sance à des éléments mésodermiques, ou qui viennent d'en engendrer. Par ces divers procédés, l’ébauche du feuillet moyen se compose de cellules dissociées, séparées les unes des autres. Elle offre tous les caractères d’un vrai mésenchyme ; et ce mésenchyme provient d’un épithélium qui est le protendoderme. Ce phénomène ne cesse point avec la gastrulation. Il continue par la suite. Il se complique même, en ce sens que les cellules mésodermiques sont capables de se subdiviser par leurs propres forces, pour augmenter leur nombre. Le protendoderme se dédouble ainsi en deux feuillets : l’endo- derme, épithélial comme lui, et dérivant de lui par sa persistance en sa place, après la formation faite du méso- derme ; le mésoderme, mésenchymateux, dont les éléments dérivent isolément, et à divers intervalles, des cellules protendodermiques. Il. RÉSUMÉ ET CRITIQUE DES OBSERVATIONS. — Zn résumé, VO RTS DT S# LOUIS ROULE. la blastule du Phoronis Sabatieri se convertit en une gastrule. Le procédé de cette transformation ne consiste pas en une invagination, comme il en est d'ordinaire chez les autres animaux, mais en une incurvation. Pour cela, et en même temps, ces deux phénomènes étant syn- chrones, la blastule s’aplatit en un disque, et s’incurve sur elle-même. L’aplatissement ét l’incurvation s’accomplissent à la fois. La gastrule achevée se compose des deux feuillets primordiaux habituels, le protectoderme et le protendo- derme. Celui-ci entoure un entéron assez ample, qui s'ouvre à l'extérieur par l'entremise d’un large entéropore central ; la gastrule est alors symétrique par rapport à un axe passant par le centre de l’entéropore et par celui de l’entéron. Le blastocæle ne disparaît point; seulement il se convertit en une fente étroite. Le blastoderme de la blastule est obligé de s’étirer, d'augmenter sa surface et de diminuer son épaisseur, pour donner les deux feuillets primordiaux. Le mésoderme commence à prendre naissance vers le milieu ou vers la fin de la gastrulation; son ébauche consiste en un mésenchyme, formé encore d’un petit nombre d'éléments, qui proviennent isolément des cellules: du protendoderme. Critique. — Les auleurs qui ont examiné la gastrulation et la production des feuillets chez les Phoronidiens sont : Kowalevsky, Metschnikoff, Caldwell, Fôttinger et Schulz. Leurs recherches ont surtout porté sur Phoronis hippocrepis. Tous ont vu la gastrulation s’opérer comme je viens de la décrire pour PA. Sabatieri, ou peu s’en faut; mais ils n’ont point insislé à son égard. La modalité spéciale de ce phé- nomène leur à échappé. Il faut recourir à leurs descriptions, des plus brèves, et à leurs dessins plus explicites, quoique fort incomplets, pour se rendre compte que les faits sont semblables chez les deux espèces. L'origine des feuillets du mésoderme, notamment, les préoccupait de préférence. Leurs opinions à cet égard sont des plus dissemblables. DÉVELOPPEMENT DES PHORONIDIENS. 8) Kowalevsky fait provenir le mésoderme du protecto- derme. Cet auteur a pris sûrement les relations de conti- guité des éléments de ces deux couches comme exprimant la provenance. Ses recherches sont anciennes, du reste; leur publication remonte à 1867, et les ressources de la technique, d'alors ne permettaient pas trop de faire des observations précises sur des sujets aussi délicats. Caldwell admet deux origines pour le mésoderme : l'une ectodermique, l’autre endodermique. Ce feuillet, à son début, se compose, suivant ce naturaliste, de quatre ébauches, groupées en deux paires. La paire antérieure dériverait du protendoderme, et la postérieure du protec- toderme. Cette opinion, inexacte à mon sens, sera discutée dans le paragraphe suivant; car il est nécessaire, pour la comprendre, de connaître l’état du feuillet moyen dans les _ phases qui succèdent à la gastrulation. Pour Fættinger, le mésoderme dérive des cellules, petites et nombreuses, qui se trouvent dans la cavité blastocælienne dès la segmentation ovulaire. Comme l'avis, relatif à la présence de ces cellules, résulte de défauts de préparation ou d'erreurs d'observation {(Voy.$ 1”), ilest inutile d’insister davantage. L'auteur a conclu, de l'existence de ces éléments pendant la segmentation, et de celle des premières cellules mésodermiques pendant la gastrulation, à la production de celles-ci par ceux-là ; la succession dans Le temps en la même place lui a paru être une preuve de l’origine. Il a oublié de démontrer, et la nature des premiers, et les procédés géné- tiques des secondes. Le même reproche peut s'adresser à Schulz. Ce dernier, ayant vu dans la blastule des cellules blastocæliennes, et des cellules mésodermiques dans le blastocæle de la gastrule, opine que celles-ci proviennent de celles-là. Or, non seulement il ne le démontre point, car son avis se borne à joindre deux représentations isolées dans le temps, mais encore son idée, sur l'existence des cellules blastocæliennes en grande quantité, découle d’une erreur d'observation. 86 LOUIS ROULE. ir É Metschnikoff seul, dans son mémoire de 1882, publie une suite d'observations sur la production du mésoderme. Mais l’auteur n’insiste, là-dessus, ni par son texte ni par ses dessins. Son travail est, en effet, d’ordre général; il traite de la gastrulation de plusieurs animaux et de la genèse mésenchymateuse du feuillet moyen, à la suite de la publication par les frères Hertwig de leur théorie du cœlome. Pourtant, il a tâché de voir l’origine première de ce feuillet; il a remarqué la naissance de ses éléments, isolés el dissociés, aux dépens du protendoderme. Le méso- derme commence à apparaître au moment de l’aplatisse- ment de la blastule, qui se change en gastrule. Mais l’au- teur s'arrête là; il n’a pas observé que le protendoderme continue à engendrer, par les mêmes moyens, des cellules mésodermiques bien après la gastrulation. Il à commis quelques inexactitudes, d'importance fort secondaire; les premiers éléments mésodermiques sont trop gros: ïls ne s’amassent pas exclusivement dans la partie antérieure de l'embryon; le lobe préoral ne se dessine pas aussi tôt, et n’est pas aussi large dès son début. En somme, Metschni- koff a essayé d'observer directement la formation du mésoderme, et il a vu, comme moi-même sur PA. Sabateri, les éléments de ce feuillet s’ébaucher selon le procédé: mésenchymateux, aux dépens du protendoderme. Les obser- vations réelles faites sur deux espèces différentes conduisent au même résultat. Aussi est-on fondé à penser que cette origine du feuillet moyen s'applique à tous les Phoro- nidiens. $ 3. — Formation de la larve. La gastrulation accomplie, le jeune embryon possède seulement les ébauches de ses trois feuillets, celle de la cavité blastocælienne, et celle de son entéron. Toujours attaché aux tentacules de son générateur, il poursuit son évolution jusqu'au moment où il est capable de nager, de - DÉVELOPPEMENT DES PHORONIDIENS. 87 se déplacer par lui-même. Il revêt alors une allure de jeune Actinotroque. Pour en arriver à cette fin, il modifie, d'une manière progressive, sa forme extérieure, et il perfectionne les ébauches qu'il à déjà. Ces deux ordres de phénomènes s'effectuent d’une façon concomitante; ils s’accompagnent d’une sensible amplification du volume du corps. l. MODIFICATIONS DE LA FORME EXTÉRIEURE. — La gas- irule, à son début, est presque sphérique. Pourtant, une part de sa surface, munie de l’entéropore, est déprimée, à cause même de la présence de cet orifice. En somme, l'aspect est à peu près celui d’une sphère réduite à ses trois quarts. L’entéropore est large, de contour circulaire. Il occupe le centre même de la face où il est placé; son dia- mètre égale environ le tiers de celui du corps entier. La gastrule, en ce moment, est symétrique par rapport à un axe qui passerait par le centre de Fentéropore et par celui de l’entéron (fig. 13, PL. IT; fig. 41, PL. VIN). Le changement qui succède à l’établissement de la phase gastrulaire consiste en une diminution de l’entéropore. La cavité entérique de la gastrule s’élargit et s’approfondit; par une conséquence toute mécanique, l’entéropore contracte ses bords et devient plus petit. Il ne se ferme point cepen- dant, et demeure toujours ouvert. Son diamètre égale seule- ment le quart de celui de la gastrule. Il perd, en outre, sa forme circulaire; il devient ovale, son grand axe l’empor- tant presque de la moitié sur le petit. Cette modification résulte du mode de la croissance subie alors par la gastrule, qui commence à s'indiquer, et va s’accentuer davantage par la suite (fig. 15,16, 17, PI. IIT; fig. 42 et suivantes, PI. VII). La gastrule s’amplifie, en ellet, mais non avec égalité. Au lieu de conserver, tout en augmentant ses dimensions, sa forme circulaire, elle se rend progressivement ovalaire. Ce phénomène tient à ce fait, que la croissance de l’embryon est plus grande dans l’une de ses parties que dans les autres. Il est permis, pour le faire comprendre, de diviser le 88 . +: LOUIS ROULE. : : : corps en trois zones : l’une médiane, qui correspond à la bande où se trouve l’entéropore; les deux autres terminales, comparables à des caloties, dont l’une est placée en avant de l’entéropore, l’autre en arrière. Cette dernière est seule à grandir. La calotte antérieure ne s'accroît point encore, et la bande médiane s’amplifie peu. Partant, la gastrule change d'allure. Sa calotte postérieure augmentant plus que les autres parties, son corps perd son aspect globuleux et devient ovalaire. Il est désormais asymétrique. Il possède deux axes inégaux, l’un longitudinal, l’autre transversal, le premier l’emportant de plus en plus sur le second. En outre, au fur et à mesure de cette croissance des zones pos- térieures, l'entéropore, qui n’y parlicipe point, se trouve reporté en avant. La forme de la gastrule est alors complè- tement modifiée. Le centre de l’entéropore et celui de l’en- téron ne précisent plus le trajet d’un axe unique de symé- trie. L’entéron s'accroît inégalement vers l’arrière, de façon à pénétrer dans la calotte postérieure, et l’entéropore se repousse vers l'avant. Cette amplification inégale a aussi pour résultat de donner à la cavité entérique des dimen- sions plus considérables. Dans les figures de la planche II, qui représentent des aspects extérieurs, les embryons sont dessinés avec leurs entéropores en haut et leurs faces ven- trales à gauche, comme s'ils étaient debout. L'orientation réelle est donnée dans les figures des planches VIT, VIII (sauf fig. 51 et 52), qui montrent les coupes de ces embryons. Cet accroissement, suivant la direction nouvelle, continue pendant quelque temps, sans changer son orientation pre- mière. L'embryon en arrive à devenir franchement ovalaire. Son axe longitudinal est environ une fois et demie plus long que. le transversal. L’entéropore est ovalaire, son axe longi- tudinal égale environ le cinquième de celui du corps. Son bord antérieur est séparé du pôle antérieur de l'embryon par une distance moindre de moitié que celle qui sépare son bord postérieur du pôle correspondant. Les axes de symé- trie de la larve s’affirment dans leur état nouveau. Autre- DÉVELOPPEMENT DES PHORONIDIENS. 89 fois, la gastrule avait une symétrie radiaire, par rapport à un axe passant par les centres de l’entéropore et del'entéron. Actuellement, l'embryon a une symétrie bilatérale par rap- port à son axe longitudinal. Celui-ci, à cause de la direc- tion de l'accroissement, est perpendiculaire à l'axe ancien. Tous ces faits réunis donnent au petit être une allure fort différente de celle qu’il possédait. De plus, quelques cils vibratiles, inertes, ou peu mobiles, commencent à appa- raître sur lui. Ces éléments sont peu nombreux encore, très espacés les uns des autres. Les plus abondants, et ce caractère va persister, se placent sur les bords de l’entéro- pore, ou à son niveau, c'est-à-dire sur une bande équato- riale, transversale, perpendiculaire à l’axe longitudinal du corps. Cette zone, aux cils vibratiles plus serrés, est assez ample ; sa largeur égale la longueur de l’entéropore, ou même la dépasse parfois (fig. 16, 17, PI. II; fig. 47, PI. VIN). . Puis une modification s’introduit dans l'accroissement, et rend encore plus grande l’asymétrie, la dissemblance entre les parties qui composent le corps. Peu à peu, les diverses régions de l'embryon s'ébauchent et s’accroissent par une différenciation continue. La calotte postérieure persévère dans l’augmentation de sa taille ; elle s’amplifie surtout sui- vant l'axe longitudinal du corps, de manière à proéminer de plus en plus. Mais la calotte antérieure ne reste plus inactive. Elle grandit aussi; seulement sa prolifération ne s’accomplit pas dans le même sens que la calotte postérieure. Elle augmente de préférence sa partie qui surplombe l’en- téropore et qui borde cet orifice en avant; cette zone pro- gresse au-devant de cette ouverture, comme pour la recou- vrir. En même temps la calotte s’élargit par ses côtés, de manière à les raccorder à la partie surplombante. Plusieurs parlicularités résultent de cette croissance. La calotte élargit la majeure partie de sa surface ; aussi, en arrière d'elle, se trouve-t-1il une bande étroite qui n'a point augmenté, et qui la sépare du reste du corps. Cette bande rétrécie est sensi- blement située au niveau de l’entéropore. Cet élargissement 90 LOUIS ROULE. comporte une augmentation de surface, un élirement des parois. L’entéropore en supporte le contre-coup. Au lieu de conserver sa forme ovalaire, son grand axe étant parallèle à l’axe longitudinal du corps, il augmente dans le sens trans- versal, il diminue son grand axe pour accroître le petit, et, finalement, il prend l'aspect d'une ouverture dirigée trans- versalement, de longitudinal qu'il était autrefois. Par ces divers moyens, l’embryon acquiert une forme caractéristique, déjà voisine de celle d’une jeune Actino- troque. Son corps est allongé ; son axe longitudinal égale à peu près le double du transversal. Il comprend trois parties, dissemblables d'aspect et de dimensions : la calotte anté- rieure, une zone intermédiaire, et la volumineuse région postérieure. La première constitue un lobe préoral, élargi latéralement, qui surplombe l’entéropore ; la seconde com- pose une sorte de zone collaire ; la troisième, environ deux fois plus forte que les deux autres réunies, fournit à elle seule le tronc de l'embryon. Chacune d'elles subit des mo- difications particulières. Le lobe préoral continue à grossir, en proéminant au-devant de l’entéropore, se plaçant à une certaine distance de lui, et avançcant même au niveau de la part antérieure du tronc; il délimite ainsi, entre lui-même et le reste du corps, un vestibule au fond duquel se trouve l’entéropore. L’accroissement du lobe préoral se fait de telle sorte que son bord ventral et ses côtés grandissent seuls ; sa face dorsale reste presque inactive. Aussi le vesti- bule est-il borné à la région ventrale de l'individu. La zone collaire est située au niveau de l’entéropore; elle est bien marquée sur la face ventrale et les côtés de l'embryon, à cause de l'allure prise en ces points par le lobe préoral ; en revanche, elle ne se différencie point de ce dernier dans la face dorsale du corps, et elle y joint directement, suivant un même plan convexe, le lobe préoral au tronc. Enfin, ce der- nier continue à s’allonger, sans offrir aucune différenciation complémentaire en parties distinctes (fig. 18,19, 20. PI. LE fig. 49 et suivantes, PI. VII). | ni : | 1 | | L } | DÉVELOPPEMENT DES PHORONIDIENS. 91 Plusieurs phénomènes se produisent encore; ils ont pour but de donner à l'embryon la forme et la structure d’une Jeune Actinotroque encore privée de ses tentacules. Une ouverture se perce au sommet de la région postérieure; cet orifice étroit n’est autre que l’anus. L’entéropore persiste comme bouche de la larve future. Le lobe préoral, d’abord appliqué contre la part antérieure et ventrale du tronc pen- dant les premières phases de sa croissance, s’écarte de lui ; le vestibule, virtuel à son début, s’amplifie par ce procédé et acquiert une certaine taille. La face ventrale du tronc, au lieu de demeurer convexe, se creuse, en arrière de l’enté- ropore, d’une gouttière peu profonde et largement ouverte. Ce sillon est longitudinal; il commence sur la lèvre posté- rieure de l’entéropore, où il est plus prononcé, et s’étend droit vers l'arrière; mais il cesse avant d'arriver à l’anus, et s’atténue progressivement. Les cils vibratiles augmentent en nombre, et commencent à battre. Les plus abondants sont situés sur la région collaire, etsur les bords du lobe préoral:; ceux-là composent une large couronne orale, qui cercle la larve au niveau de l’entéropore. En outre, deux touffes de cils occupent les deux pôles; l’antérieure, montée sur le sommet du lobe préoral, y marque la place de la plaque céphalique; la postérieure entoure l'orifice anal. De même, la gouttière longitudinale ventrale porte des cils plus serrés que les autres parties de la surface du tronc. L’embryon s’est converti, dès lors, en une jeune Actino- troque. Il s’est amplifié, pendant ses changements de forme; son volume est devenu, en moyenne, une fois et demie plus grand que celui de la gastrule initiale. Cet accroissement total résulte de l'augmentation de ses cavités, du blastocæle, et surtout de l’entéron. Comme la masse ne change point, ses couches cellulaires sont obligées de s’étirer, de diminuer leur épaisseur en amoindrissant leur surface, tout comme il en était lorsque la blastule passait à l’état de gastrule. Les cils vibratiles deviennent de plus en plus actifs ; ils rompent les attaches qui retiennent la larve aux tentacules du géné- 92 77777 LOUIS ROULE. rateur. Peu à peu celle-ci se dégage, et, finalement, elle se rend libre. Elle s’élance dans l’eau qui l'entoure, et poursuit en liberté le cours de son développement. Elle est une EE . dimensions sont encore minimes, car elle mesure à peine un demi-millimètre de M du moins dans la LS des cas. IL. MODIFICATIONS DES FEUILLETS EMBRYONNAIRES. — Modi- fications communes aux trois feuillets. — Tous les trois augmentent sans cesse le nombre de leurs cellules, grâce à des segmentations répétées. L’ectoderme et l’endoderme conservent, ce faisant, leur nature d'assises épithéliales sim- ples ; leurs éléments restent jJuxtaposés sur une seule rangée. De son côté, le mésoderme garde aussi son caractère de mésenchyme. Mais s’il persévère comme les deux autres dans son allure initiale, il diffère d'eux par l'origine de ses cellules. Les nouveaux éléments ectoder- miques et endodermiques dérivent, chacun en ce qui le con- cerne, des éléments qui les précédaient dans la couche dont ils font partie. En revanche, les mésodermiques ont deux provenances : les uns sont engendrés par les cellules méso- dermiques déjà ébauchées pendant la gastrulation ; les autres prennent naissance, comme l'ont fait ces dernières, aux dépens de l’endoderme. Cette différence n'a pas grande importance, puisque, directement ou indirectement, ce feuil- let moyen tire toujours son origine de l’endoderme. Il est pourtant utile de la signaler ; l’endoderme produit, pendant un laps de temps assez long, des éléments mésodermiques ; il ne borne pas son rôle, en ce sens, à façonner des initiales en petit nombre, qui prolifèrent ensuite par leurs propres forces ; il donne, à divers intervalles, une quantité relative- ment grande de cellules du mésoderme, et par sa surface presque entière, bien que la production la plus forte se localise en certains points spéciaux. | Les feuillets n’augmentent pas seulement le chiffre de leurs cellules constitutives ; ils amplifient, par surcroît, DÉVELOPPEMENT DES PHORONIDIENS. 93 leur surface. La cavité entérique grandit, et l’endoderme subit forcément une amplification corrélative. La cavité blastocælienne s'accroît aussi ; elle s’élargit, et l’ectoderme se prête nécessairement à cet état nouveau. Le mésoderme mésenchymateux, en augmentant la quantité de ses éléments, accroît également son propre volume. Tous ces phénomènes surajoutés donnent à l'embryon une taille plus considérable. Mais la masse du corps, c'est-à-dire la somme des tissus solides, des matières vivantes qui composent alors l'individu, demeure constante, ou peu s’en faut. Ces amplifications en surface s'effectuent aux dépens de l'épaisseur des couches mises en cause. L'ectoderme et l’endoderme deviennent plus minces, tout en se rendant plus larges. Seul le méso- derme augmente vraiment sous tous les rapports, car il emprunte sa substance au feuillet endodermique, et l'appauvrit d'autant. Modifications particulières de l'ectoderme. — Au début des changements qui transforment la gastrule en une jeune Actinotroque, l’ectoderme est partout semblable à lui- même. Il se borne à revêtir uniformément la surface du corps, à en composer la couche extérieure ; ses cellules ont même forme, même taille, et même structure. Cette simpli- cité première ne tarde pas à disparaître. L'ectoderme se modifie de manières dissemblables, suivant les régions du corps. En outre, il contribue à engendrer certaines des parties de l'organisme. Au moment où le lobe préoral prend naissance, ses cel- lules sont semblables ; à peine celles qui occupent le pôle de la calotte antérieure se trouvent-elles un peu plus longues queles autres. Cette disproportion va en s’accentuant par la suite. À mesure que ce lobe grandit et s'accroît au- devant de l’entéropore, ses cellules diminuent partout leur hauteur, à cause de l’étirement ; sauf en ce pôle même. Les éléments y conservent leur longueur première, et, par conséquent, leurs différences avec leurs voisins ne font que 94 LOUIS ROULE. grandir. Ils subissent des subdivisions nombreuses, toutes perpendiculaires à la surface de la calotte, et augmentent leur quantité dans des proportions appréciables. Lorsque l'embryon parvient à l’état de jeune Actinotroque, le sommet de son lobe préoral est occupé par un îlot, nette- ment circonscrit, de cellules cylindriques, étroites et très allongées. Leur longueur est, en moyenne, deux ou trois fois plus forte que celle des autres éléments eclodermiques du lobe. Elles se raccordent à eux, du reste, par des transitions ménagées, et non point brusques. Cet îlot est l’ébauche de la plaque céphalique de l’Actinotroque ; il donnera le petit centre nerveux, situé sur le lobe préoral de cette larve. Sa place est exactement terminale et antérieure. Il existe pour- tant quelques variations suivant les individus, mais de faible importance ; tantôt il occupe le sommet avec précision ; tantôt il empiète plus ou moins sur les régions voisines, et paraît excentrique. En tous cas, sa situation sur le sommet du lobe préoral ne change point dans l’ensemble; plus tard, et d’une manière assez fréquente, 1l est quelque peu repoussé sur la face dorsale de la larve (fig, 45, PI. VII; fig. de la PI. VII. Cette face dorsale ne subit aucune modification, si ce n'est celle de l'augmentation numérique des éléments de l’ectoderme, compliquée de leur diminution en hauteur. Vers la fin des présentes phases, au moment où la larve se dégage et se rend libre, l’ectoderme de cette région se com- pose, pour la majeure part, de petites cellules cubiques. Or précédemment, au début de ces mêmes phases, la hauteur de ces éléments l’emportait du triple, du quadruple même sur la largeur. Cette opposition dans les dimensions exprime avec netteté l’ampleur de l’étirement, de l’amincis- sement, subis par les couches épithéliales de l’embryon, partout où ne s'opère aucune différenciation particulière. L’ectoderme, à lui seul, donne le vestibule. Ce dernier correspond à l’espace compris entre le lobe préoral et la partie antérieure de la face ventrale du tronc ; l’ectoderme DÉVELOPPEMENT DES PHORONIDIENS. 95 Je limite de toutes parts. Ce feuillet acquiert en ce point des caractères propres : les cellules y sont un peu plus hautes qu'ailleurs, et les cils vibratiles s'y trouvent plus serrés. Ce fait s'accorde avec le rôle du vestibule ; les matériaux alimentaires devront passer par là, en venant du dehors, pour arriver à la bouche. Les cils vibratiles, en battant et en actionnant l’eau, facilitent cette transmission. L’entéropore persiste, ou peu s'en faut, comme bouche de l’Actinotroque. Il subit, en cette qualité, plusieurs trans- formations. L’ectoderme, qui en constitue les bords, s’in- fléchit en dedans; il donne ainsi un conduit assez court, assez mal circonscrit encore, qui unit le fond du vestibule à la cavité entérique. Ce conduit est l’ébauche du futur œæso- phage ; ce dernier provient en entier de l’ectoderme. Actuel- lement, il consiste en un petit canal, un peu moins large que la zone vestibulaire avoisinante, et sensiblement plus étroit que l’entéron. À cause de son origine, semblable à celle du vestibule, il s’unit aisément à ce dernier et se confond presque avec lui; par contre, il se distingue nettement de l’entéron, car ce dernier augmente brusquement sa largeur dès les points situés en arrière de sa zone d’union avec l’ébauche œsophagienne (fig. 51, PI. VII). La face ventrale du tronc est parcourue suivant sa lon- gueur, et sur sa ligne médiane, par une gouttière peu pro- fonde, amplement ouverte. Cette gouttière commence sur le bord même de la bouche, qu’elle échancre à son niveau ; sa largeur y est la plus grande. Elle s'étend en arrière: elle diminue à mesure sa profondeur et sa largeur. Elle se restreint de plus en plus en approchant de l’anus, et finit par cesser à une assez grande distance de cet orifice. Les cellules ectodermiques sont plus hautes sur tout son trajet que leurs voisines; les cils vibratiles y sont plus nombreux, plus serrés et plus actifs. Ce sillon joue chez la larve libre un rôle important dans le cheminement, vers la bouche, des particules alimentaires, tenues en suspension dans l'eau qui la baigne ; il complète, à cet égard, l’action du vestibule. Il 96 11: LOUIS ROULE. occupe une situation identique à celle de la gouttière médul- laire des larves d'Annélides ; il a même forme, mêmes rela- tions, même provenance. Il lui est homologue, bien qu'il ne donne naissance à aucun centre nerveux; l’homologie étant accusée ici par la ressemblance complète des formes dans le temps comme dans l’espace, par la similitude des connexions, et non par les modalités de l’évolution ultérieure. | L’ectoderme donne encore naissance au rectum. La bte de ce feuillet, qui occupe l'extrême pointe postérieure du tronc, se déprime. Elle amplifie sa surface, en s’enfonçant dans l’intérieur du corps pour se rapprocher du sommet de l’entéron limité par l’endoderme. Pour satisfaire à cet ac- croissement, elle augmente le nombre de ses cellules, tout en diminuant leur hauteur. Grâce à ces divers moyens, une petite cupule, circonscrite par des éléments ectodermiques, prend naissance sur l'extrémité postérieure de ME Cet organe nouveau s’approfondit sans cesse, jusqu’au mo- ment ou son bout interne s’adosse à l’entéron. Alors, cel accolement accompli, les quelques cellules ectodermiques et endodermiques, ainsi mises en contact, s’atténuent peu à peu jusqu’à disparaître. La cavité de l’entéron communique par là, d'une manière directe, avec celle de la cupule. Celle-ci est convertie en un court canal, qui met en relation avec le dehors la région postérieure de l’entéron. Elle est devenue l’ébauche du rectum. Celle-ci est encore courte, droite ; ses cellules limitantes sont petites et cubiques. Elle grandira par la suite, en devenant plus longue comme plus large, mais elle conservera en leur totalité les connexions qu'elle possède déjà. Des cils vibratiles nombreux se façon- nent sur sa paroi interne; les plus longs bordent l’orifice extérieur. Celui-ci est l’anus de la jeune larve (ig- 49, 50, LB2, 1. ND. ml {Tout en subissant de Ddiee modifications dans ses diverses parties, l’ectoderme se régularise en tant que couche épithéliale. Une mince basale se montre sur sa paroi DÉVELOPPEMENT DES PHORONIDIENS. 97 interne, qui entoure la cavité blastocælienne ; elle l’accom- pagne partout, même au-dessous de la plaque céphalique. Un petit plateau recouvre également sa paroi extérieure. Le feuillet ectodermique, malgré ses différenciations, conserve ainsi son unité. Modifications particulières de l'endoderme. — L'endoderme n'est autre que le protendoderme persistant en sa place, après l'émission par celui-ci des éléments mésodermiques. Seulement cette production ne s'opère pas une fois pour toutes ; elle s'effectue pendant un temps assez long; elle commence vers le milieu de la gastrulation, et elle dure encore lorsque la jeune Actinotroque se dégage ; elle conti- nue même quelque peu pendant l'existence libre de Ia larve, Aussi l'endoderme, tout en occupant sa situation autour de l’entéron et fonctionnantcomme épithélium intestinal, garde- t-il, au moins en plusieurs de ses parties, une valeur de feuillet primordial, capable d’engendrer des éléments méso- dermiques, etla conserve-t-1l assez longtemps. Ses celluies ne subissent pas d’autres transformations que celles relatives à l'étirement. L'entéron s’amplifie ; l’'endoderme accom- pagne celte augmentation en surface, et diminue la hauteur de ses cellules. Pourtant, comme cet accroissement, à cause de sa position interne dans le corps, est inférieur à celui de l'ectoderme, la diminution est moins accentuée. Les élé- ments ont une hauteur assez grande, supérieure à celle des cellules ectodermiques, sauf dans les points voisins de l'œæso- phage et du rectum, où l’amplification est la plus grande (fig. des PI. VIT et VIIL.) La cavité entérique offre des changements de deux sortes : elle grandit ; et elle communique avec le dehors par deux orifices, la bouche et l’anus. Son accroissement est surtout considérable dans sa partie postérieure ; c’est lui qui en- traine la croissance inégale du corps de l'embryon. Elle perd, ce faisant, sa forme régulière ; elle devient ovalaire, son axe longitudinal étant le même que celui du corps. Des ANN. SC. NAT. ZOOL. XI, 1 98 LOUIS ROULE. deux orifices, l’un existait déjà : la bouche, qui corres- pond à la persistance directe de l’entéropore. L’anus est une formation nouvelle ; il équivaut à l'ouverture externe du rectum produit par l’ectoderme. Les cellules endodermiques se couvrent de cils vibratiles, comme celles de l’ectoderme. Seulement ces appendices sont plus longs et répartis de manière semblable ; ils com- posent un revêtement uniforme, peu mobile. Modifications particulières du mésoderme. — Les éléments du mésoderme se placent dans la blastocæle et s’y déve- loppent ; ils ÿ augmentent en nombre et s’y différencient. Aussi cette cavité prend-elle, de son côté, un grand accrois- sement. Elle ne disparaît pas au moment où s’accomplit la gastrulation ; elle change sa forme, elle s'établit d’après le nouvel état de l'embryon, mais elle persiste toujours. Le protendoderme, dans son invaginalion, n'arrive point jus- qu'au protectoderme, et ne s’accole pas à lui; il en reste séparé par un espace assez ample, qui n’est autre que le blastocæle, pris désormais entre ces deux feuillets. Il demeure ainsi par la suite. Il occupe la même place, et il accroît ses dimensions. Son amplification n’est pas égale partout. Elle parvient à son comble dansle lobe précral; celui-ci consiste, en somme, en un repli ectodermique, soulevé et élargi par la croissance de la portion blastocælienne qu'il contient. Elle existe encore, quoique moindre, dans le reste du corps; la largeur du blastocæle y est souvent supérieure à l'épaisseur de l’endo- derme. Grâce à ce phénomène, cette cavité offre aux cellules mésodermiques l’espace suffisant pour y proliférer. Son ac- croissement, joint à celui de l’entéron, est la cause principale de l’augmentation du corps embryonnaire en taille, et de l’étirement comme de l’amincissement du feuillet ecto- dermique (fig. des PI. VIT et VIT). Le contenu de la cavité blastocælienne comprend deux sortes de substances : les éléments du mésoderme, et un DÉVELOPPEMENT DES PHORONIDIENS. 99 plasma. Les premiers proviennent des cellules mésoder- miques déjà présentes, ou de la couche endodermique. Le second dérive, sans doute, d'une exsudation fournie par ces cellules, par l’ectoderme, ou surtout par l’endoderme. Ce dernier est, selon toutes probabilités, l'agent principal, car ses éléments, par leur grande taille, par leur rôle prépon- dérant dans la production du mésoderme, possèdent une vitalité surabondante. De plus, comme l’eau est la base es- sentielle de ce plasma, et comme la bouche permet, malgré la situation actuelle de l'embryon, une certaine pénétration du milieu extérieur dans l’entéron, il est loisible à l’endo- derme, mieux qu’à toute autre partie du corps, de se laisser traverser par cette eau et de la transmettre à la cavité blas- tocælienne. Quoi qu'il en soit, ce plasma est transparent. Il n'est pas liquide, et possède une certaine consistance, car, sur des embryons vivants, on voit les prolongements des cellules mésodermiques s’y tenir sans s’affaisser, même lors- qu'ils n’ont d'autre point d'appui que leurs bases ; ils ne pourraient rester ainsi, si la substance dans laquelle ils s'étendent se trouvait fluide, incapable de les supporter. Les éléments du mésoderme augmentent sans cesse en quantité ; d'abord peu nombreux, ils deviennent rapidement fort abondants. Ce faisant, ils conservent, sans la modifier, leur nature première : ils composent un mésenchyme. Les uns, récemment produits, sont globuleux, ou ovalaires. Les autres, plus âgés, émettent des expansions de longueurs va- riables, parfois rameuses, et prennent un aspect amæboïde. Ils modifient, du reste, les contours de ces prolongements et leur taille. Certains s'anastomosent par leur moyen, et s’assemblent en petits groupes de deux ou de trois cellules. Quelques-uns se trouvent suspendus en entier dans le plasma blastocælien. La plupart s’accolent aux faces de l’ectoderme ou de l’endoderme, qui circonscrivent le blastocæle ; mais ils sont disséminés irrégulièrement, placés à d’assez grandes distances les uns des autres, et ils ne composent pas encore des couches entières, comme ils le feront plus tard, dans 100 LOUIS ROULE. l’Actinotroque libre. Les plus nombreux sont placés dans le lobe préoral et dans la moitié postérieure du tronc. Ceux-ci ont, presque tous, une forme sphérique ou ovalaire, car ils viennent à peine de prendre naissance aux dépens de l’endo- derme. Ceux-là, plus âgés, envoient dans tous les sens des expansions parfois fort longues ; ils constituent par leur as- semblage, dans la cavité du lobe préoral, un tissu mésen- chymateux aux éléments étoilés, et espacés (fig. dela PI. VII. Les cellules mésodermiques, issues de celles qui existaient déjà vers la fin de la gastrulation, offrent souvent un aspect digne d'intérêt. Au lieu de se séparer hâlivement les unes des autres, leur segmentation accomplie, elles restent unies par une de leurs expansions. Des divisions nouvelles venant s'opérer encore pendant cette liaison, il en résulte des as- semblages de plusieurs éléments, soudés entre eux par leurs prolongements. Cet état mérite d’être signalé; car il contri- bue à étayer l'opinion des naturalistes partisans de l'idée que les cellules, dans Le corps des animaux, se joignent parfois à l’aide d'expansions, et ne se bornent pas à se juxtaposer mutuellement comme les matériaux d’un édifice. Ici, à la suite d'une segmentation incomplète, et de l’étirement des parlies que la division n’atteint pas, les cellules du méso- derme montrent vraiment une telle jonction. Les éléments mésodermiques, engendrés par l’endoderme, le sont en plusieurs points. Les premiers d’entre eux, formés pendant la gastrulation, proviennent de toutes les parties du protendoderme ; ce dernier feuillet a, dans toutes ses régions, la capacité de produire du mésoderme. Il en est ainsi peu après la phase gastrulaire, au moment où l'embryon commence à subir son accroissement inégal. Plus tard, les choses changent. La propriété de produire des cellules mésodermiques cesse d'exister dans la part antérieure de l’'endoderme, pour se localiser de plus en plus dans la moitié postérieure, voisine du rectum qui prend alors naissance. Celle-ci est soumise à une prolifération des plus actives ; non seulement elle augmente ses dimensions, mais encore DÉVELOPPEMENT DES PHORONIDIENS. 101 elle engendre les nouvelles cellules du mésoderme. Ses élé- ments se multiplient avec rapidité. C’est en elle que se localise surtout l'énergie formatrice. Il est malaisé d’en discerner la cause. L'avis le plus facile à accepter est le suivant. La larve, bien qu'attachée encore à son générateur, peut absorber déjà par sa bouche quelques menues parti- cules alimentaires, et les envoyer dans sa cavité entérique. Or, de ce fait, la moitié postérieure de l’endoderme se trouve précisément chargée de l’assimilation de ces matériaux nu- tritifs. Mieux nourrie, elle est plus capable de se prêter à des multiplications cellulaires; aussi supporte-t-elle, de préfé- rence aux autres parties, le poids de subvenir à l’amplifica- ion en surface et à la production mésodermique. Puisque les cellules du mésoderme sont engendrées en plus grande abondance, et même d’une manière exclusive, par la région postérieure de l'endoderme, elles s’assemblent, dans la zone correspondante de la cavité blastocælienne, en amas plus considérables qu'ailleurs. La plupart composent deux groupes, auxquels il est permis de donner le nom de bandelettes mésodermiques, mais avec quelques réserves. Ces bandelettes né sont point constituées par des éléments juxtaposés et tassés, mais séparés par des intervalles appré- ciables. Elles n'ont point de contours limités, mais se ratla- chent graduellement aux autres portions du mésenchyme mésodermique. Elles ne proviennent pas de segmentations successives, subies rapidement par un petit nombre d'ini- tiales, mais résultent du groupement de cellules façonnées là en quantité plus abondante. Ces bandelettes se présentent ici sous une forme diffuse, incertaine, peu accentluée ; c'est presque une vue de l'esprit que de les signaler. Pour- tant leur existence, même sous celte allure rudimentaire, est importante à mentionner. Il suffirait d'augmenter le nombre de leurs composantes, ainsi que cela se passe dans les développements plus condensés que ceux des Phoroni- diens, pour avoir de vraies bandelettes mésodermiques, nettement arrêtées dans tous leurs caractères. Il est intéres- 102 LOUIS ROULE. sant de trouver ici le début d’une telle disposition, qui permet de comprendre les modalités offertes, dans la genèse de leur mésoderme, par les embryons des animaux voisins des Phoronidiens, et de les rattacher les unes aux autres, comme de les relier à l’état de plus simple. Quelle que soit leur provenance, les cellules du feuillet moyen sont identiques au sujet de leur structure. Leur taille est restreinte, égale au tiers, parfois au quart de celle des éléments endodermiques dont elles dérivent. Chacune con- tient un noyau relativement volumineux. Tout en émettant leurs expansions amæboïdes, elles se divisent avec rapidité; et ce phénomène joue un grand rôle dans leur augmentation numérique. IIL. RÉSUMÉ ET CRITIQUE DES OBSERVATIONS. — £n résumé, la gastrule du Phoronis Sabatier, tout en demeurant atta- chée encore aux tentacules de son générateur, subit des mo- difications considérables. Elle grandit inégalement, et devient ovalaire. Son entéropore, qui persiste comme bouche de l'individu, est repoussé vers la région antérieure de l’em- bryon; il ne devient pas terminal pourtant, et reste ventral. L’extrémité antérieure s’élargit pour donner un volumineux lobe préoral, qui surplombe la bouche et limite en avant d'elle un profond vestibule ; le sommet de ce lobe se munit d'une plaque céphalique. La face ventrale du corps se creuse d’une gouttière longitudinale, qui commence au niveau de la bouche, et s'étend en arrière. Un anus et un rectum se façonnent, aux dépens de l’ectoderme, sur l'extrémité pos- térieure du corps. L’ectoderme fournit, en surplus, un petit æsophage. Le mésoderme augmente le chiffre de ses élé- ments, soit par la subdivision de ceux qui existaient déjà, soit par la production de nouvelles cellules : c’est la région postérieure de l’endoderme qui joue le principal rôle, en cette dernière occurrence. Des cils vibratiles prennent naissance sur l’endoderme et sur l'ectoderme. Les plus nombreux de ceux-ci forment un petit panache sur la plaque DÉVELOPPEMENT DES PHORONIDIENS. 103 Céphalique, garnissent la gouttière ventrale, et s’assemblent en une large couronne orale. Leurs battements permettent à l'embryon, converti en une jeune larve, de se dégager. Cette dernière se rend libre, et va achever son évolution en devenant une Actinotroque. A ce moment de son évolution, cette larve possède tous les caractères essentiels de la Trochophore : couronne orale, plaque céphalique, bouche antérieure et ventrale, anus pos- térieur, mésoderme mésenchymateux. Sa gouttière ventrale, bien qu'elle n'ait aucun rôle dans la production d’une moelle nerveuse absente, est l’'homologue de la gouttière médullaire, ou de la plaque médullaire, de la larve des Annélides. A cause de cette ressemblance, il est permis de lui donner dé- sormais une orientation conventionnelle, conforme à celle de la Trochophore : la bouche indique la face ventrale, et la plaque céphalique marque l'extrémité antérieure. Cette sta- tion n’est point celle qu’elle affecte pendantsa vie de liberté, car elle tournoie dans toutes les directions. Il est nécessaire pourtant de la préciser ainsi, afin de mieux établir les com- paraisons, de mieux indiquer les ressemblances et les différences. Critique. — Les auteurs, qui ont suivi le développement du Phoronis hippocrepis, notamment Kowalevsky et Metschnikoff, ont observé les principales phases de la formation de la jeune larve; mais ils se sont bornés à signaler brièvement plusieurs d’entre elles, sans entrer dans le détail. Ils donnent quelques indications sur les changements de l'allure exté- rieure, et rien de plus. Seul Caldwell a fait des coupes dans ces embryons, pour élucider l’origine du mésoderme. D'après lui, ce feuillet provient de quatre ébauches, rassem- blées en deux paires : l’une antérieure, façonnée aux dépens de l’endoderme; l’autre postérieure, engendrée par l’ecto- derme. Ces quatre ébauches seraient épithéliales, et non mésenchymateuses. Le mésoderme des Phoronidiens pré- senterait ainsi ce caractère extraordinaire d’avoir, malgré 104 LOUIS ROULE. son homogénéité, deux origines fort différentes, l’une ecto- dermique, l’autre endodermique, celle-ci effectuée suivant le. procédé entérocælien. Un examen attentif de ses descrip- tions et de ses dessins montre les causes de l’erreur où il est. tombé. Il a pris, et Schulz l’a déjà remarqué, les premières. indications de la poche métasomique, qui se montrent par- fois au moment où la larve devient libre, pour les ébauches ectodermiques du mésoderme. D'autre part, il a considéré. comme répondant à des entérocæles quelques groupes de cel- lules mésodermiques, placées dans la cavité du lobe préoral. Caldwell ayant observé ces rudiments, et n’ayant vu que leur situation dans le corps, a tiré des conséquences sur leur origine et sur leur évolution ultérieure. Ce sont là, dit-il, des. ébauches mésodermiques, dont les unes dérivent de l’ecto- derme, les autres de l’endoderme. Or, aucune donnée de son. travail n’autorise à émettre de pareilles conclusions. Cet auteur n’a étudié qu'un moment du développement embryon- paire, et rien de plus. Il lui aurait fallu suivre toutes les. autres phases, ce qu'il n’a point fait. Aussi s'est-il trompé, comme il arrive souvent en un tel cas. CHAPITRE II STRUCTURE DE LA LARVE ACTINOTROQUE $ 1%. — Structure de la jeune Actinotroque. Les larves, après s'être détachées des tentacules de leurs générateurs, se lancent dans la mer. Elles nagent à l’aide de leurs cils vibratiles, mais leur capacité de locomotion est restreinte de ce côté. Elles n'iraient pas loin si l’eau ne les emportait avec elle dans ses courants. Elles tâchent sur- tout de se rapprocher de la surface, et de ne point se laisser couler au fond. Elles comptent parmi les êtres franche- ment pélagiques. Elles sont fort nombreuses, dans l’étang de Thau et les canaux de Cette, vers la fin avril et la pre- 1 0 0 Mb a Din St a dt 1 DÉVELOPPEMENT DES PHORONIDIENS. 105 mière quinzaine du mois de mai. Un coup de filet fin, bien appliqué par temps calme, et suffisamment prolongé, en ramène parfois plusieurs dizaines. Elles donnent aux êtres plus gros, qui vivent à côté d'elles, notamment aux petits Copépodes et aux larves des Crustacés supérieurs, une proie abondante. Les courants marins leur procurent un puissant moyen de dissémination; ils les entraînent au large, et les essaiment sur de vastes espaces. Mais ces mi- grations n’aboutissent pas, du moins à ma connaissance. J'ai beaucoup parcouru le littoral français de la Méditerra- née; je n'ai vu nulle part, ailleurs que dans l'étang de Thau, des Phoronis groupés. Il faut à ces êtres, pour assurer leur vie et leur régénération, les plages basses, abritées, éloi- g nées de la haute mer, que la région de Cette leur offre, en y ajoutant une eau pure, sans cesse renouvelée, d'une com- position semblable à celle de l’eau marine. Les jeunes Actinotroques, au moment où elles prennent leur liberté, mesurent un peu moins d’un demi-millimètre de longueur sur un quart de millimètre dans leur plus grand diamètre transversal. Tout en nageant et se soutenant à la surface de l’eau, elles perfectionnent leur économie, pro- duisent de nouveaux organes, ou améliorent ceux qu'elles possèdent déjà. Ce faisant, elles grandissent, et s’allongent surtout. Leur largeur ne change guère, mais leur longueur atteint et dépasse parfois un millimètre, quoique rarement. Cette dernière taille acquise, l’Actinotroque est achevée ; elle a sa structure complète, ou peu s’en faut. . Ces larves sont transparentes. Examinées au microscope, on voit dans leur intérieur, à travers leur ectoderme, les principales dispositions des appareils. Leur intestin, notam- ment, à une faible teinte jaunâtre qui le laisse discerner. Dans leur ensemble, elles sont opalescentes, légèrement blanchâtres; aussi, peut-on les voir à l'œil nu et les re- cueillir avec une pipette, en examinant, avec attention, les vases de verre où l’on à mis dans de l’eau de mer fraiche les produits de la pêche au filet fin. On les reconnaît à plusieurs uni! drapeutls > dd à fn Abe Cd dei 106 LOUIS ROULE. particularités ; elles sont plus pâles, moins blanches que les larves de même taille, appartenant à des Annélides ou des Mollusques. Celles-ci se rapprochent le plus des jeunes Actinotroques par leur allure comme par leurs dimensions, mais elles contiennent dans leurs éléments une quantité assez grande de granulations vitellines, ce qui leur donne une opacité plus considérable. Les Actinotroques nagent d'un mouvement continu, sans saccades:; elles tournoïient sur elles-mêmes, et recherchent la lumière, tout en montant à la surface de l’eau. Ces diverses particularités de leur existence permettent de les trouver presque à coup sûr, soit en les cherchant à l’œil nu, soit en s’aidant d’une loupe, et de ne point trop se tromper, en ra- massant à leur place d’autres larves, ou des petits Vers, ou des Crustacés minuscules. Les premières notions qu'il convient d'acquérir, sur la larve ainsi recueillie, touchent à sa forme. Il suffit, pour cela, de la mettre sur une lame, dans une quantité suffi- sante d’eau de mer pour qu’elle puisse nager encore, et sur- tout pour qu'elle ne soit pas écrasée par le poids de la lamelle. On obtient ainsi les renseignements nécessaires sur l'aspect extérieur, et sur les dispositions réelles des organes, pris dans leur ensemble. Il est loisible de pous- ser l'analyse plus loin encore, et de faire des coupes opti- ques, en employant des réactifs appropriés, qui rendent les tissus plus transparents, ou qui les colorent pour les mieux faire ressortir. Il est bon d'employer concurremment, sur plusieurs larves du même âge, des réactifs différents, afin de les contrôler les uns par les autres. J’ai obtenu les meil- leures observations avec les agents suivants : Eau de mer additionnée de traces d'acide acétique cristallisable, liqueur de Ripart et Petit prise seule, liqueur de Ripart et Petit légèrement teintée par du vert de méthyle, eau de mer fai- blement colorée par des traces d’une solution au millième de bleu de méthylène dans de l’eau de mer. Par ce dernier procédé surtout, la larve se colore avec lenteur, tout en DÉVELOPPEMENT DES PHORONIDIENS. 107 conservant sa vitalité; et, en suivant les progrès de la colo- ration, on obtient, instants par instants, des renseigne- ments précieux sur la forme et la structure des organes. Ces coupes optiques ont un grand avantage. Par elles seules, elles fournissent des indications nombreuses, mal- heureusementincomplètes. Mais elles permettent de s’orien- ter avec sûreté dans l’étude des coupes réelles, et de faire la part, en ces dernières, des modifications accidentelles, en- traînées par la technique de la fixation, de la coloration, et du montage. Elles constituent un contrôle efficace. Elles empêchent de prendre des défauts de préparation pour des conformations réelles. Elles ramènent tout à une juste moyenne. Aussi doit-on ne point les oublier, dans des tra- vaux de cette sorte, et recourir à elles pour expliquer ce que les coupes réelles ont montré. _ Dans l'exposé qui suit, le sujetest divisé en quatre parties. La première traite de l’aspect extérieur des larves et de ses changements. La deuxième contient l’étude de quelques coupes transversales ou longitudinales, choisies parmi les plus importantes, et destinées à montrer les principaux détails de la structure. Dans la troisième, ces coupes étant connues, les organes sont reconstitués quant à leur forme et à leurs connexions, en s’aidant des coupes optiques. Enfin, la quatrième partie renferme le résumé et la critique des observations précédentes. Ï. ÉTUDE DE LA FORME EXTÉRIEURE. — Prise au début de sa période de liberté, la jeune Actinotroque diffère peu de ce qu'elle était, alors qu'elle s’attachait encore à son géné- rateur. Elle ne tarde pas à changer. Les principales de ses modifications portent sur le lobe préoral, sur la production de ses tentacules caractéristiques, sur celle de sa poche métasomique, enfin sur sa région péri-anale. Quelques-unes de ces transformations s’ébauchent parfois, alors qu'elle n'est pas encore libre. Mais c’est surtout pendant la vie errante qu'elles débutent et s’affirment (fig. 21 et 22, PI. IV). le ie AE bd re ae ae LL: k 108 LOUIS ROULE. L'aspect général est toujours ovalaire. Seulement l'axe transversal s'accroît peu; l’axe longitudinal grandit de pré- férence. Aussi l’ovale devient-il de plus en plus allongé. La forme est régulière, mais la larve est assez contractile. Elle modifie aisément son allure, soit en se rétractant, soit en se raccourcissant plus ou moins, soit en se courbant sur elle-même. Le lobe préoral s’amplifie; 1l devient plus vaste. Il s’évase tout en augmentant, et se creuse par en dessous, de manière à rendre le vestibule plus spacieux et plus profond. Il ressemble à un capuchon volumineux, qui surplombe la zone où se trouve la bouche. La larve le meut à son gré; tantôt elle le rabat sur son orifice buccal; tantôt elle le relève et le projette en avant, comme une énorme languette. En tout cas, il se borne à occuper la région buccale, et s’attache par ses bords aux côtés de l'individu. Il ne s'étend point jusqu’à la face dor- sale, où le sommet du lobe préoral se continue directement avec le tronc, suivant une surface fortement convexe. Il est couvert de cils vibratiles. Les plus serrés et les plus longs de ces derniers se trouvent sur la plaque céphalique et sur les bords mêmes du lobe. | ( Les tentacules font leur apparition. Ils naissent sur le tronc, à une assez grande distance de la couronne vibratile orale, avec laquelle ils ne m'ont point semblé contracter des connexions. Ils ressemblent à des mamelons, d’abord petits, qui grandissent en s’allongeant, et en prenant l’as- pect de baguettes cylindriques; leur diamètre est le même, ou peu s’en faut, sur toute leur étendue. Ils se façconnent les uns après les autres et par paires symétriques, les deux composantes d’une même paire se plaçant à un même niveau sur les deux côtés du corps. Les premiers venus sont ventraux; ils se forment, de part et d’autre de la ligne médio-ventrale du tronc, à une distance de l’entéropore sensiblement égale à la moitié de celle qui les sépare de l'anus. Pendant qu'ils s’accroissent, d’autres apparaissent au-dessus d'eux, et ainsi de suite. Les suivants ne s’attachent 22 DÉVELOPPEMENT DES PHORONIDIENS. 109 pas au tronc $ur la même ligne transversale que les pre- miers, mais sur une ligne oblique en haut et en avant; de cette sorte, les derniers, qui sont dorsaux, se trouvent plus près que leurs prédécesseurs de la couronne orale. Mais leurs relations avec celle-ci sont tout aussi faibles, car elle est bien diminuée lorsqu'ils s'ébauchent. En prenant plu- sieurs Actinotroques à différents âges, on suit, sur elles, le développement progressif de ces tentacules; les plus jeunes n’en ont que deux, encore petits; les autres en portent quatre, ou six, ou huit, ou dix, ou douze, chiffre ultime, obliquement étagés et de tailles dissemblables, les ventraux étant les plus longs, les dorsaux les plus courts. Tous se couvrent de cils vibratiles, allongés et serrés, qui battent activement. Ils s’écartent du corps, tout en s’inclinant vers l'arrière. Ils ressemblent à autant de petits balanciers qui soutiennent la larve dans l’eau, tout en lui procurant, grâce à leurs cils vibratiles, une certaine capacité de locomotion. La région anale subit, à son tour, des modifications im- portantes. D'abord effilée, elle se renfle non loin de l’anus, un peu en avant de cet orifice. Ce renflement augmente de dimensions ; il se change progressivement en un épais bour- relet, qui se couvre de longs cils vibratiles, serrés, et fort mobiles. Cette région acquiert, par ce moyen, un aspect nouveau. Le tronc porte sa plus grande largeur au niveau de la couronne tentaculaire. À partir de ce point, 1l s’'amin- cit vers l'arrière. Puis il s’élargit brusquement pour donner le bourrelet annulaire. Après quoi, il se termine par une surface faiblement bombée, au milieu de laquelle l'anus est percé. Les cils du bourrelet composent une couronne vibra- tile postérieure. Ils jouent, grâce à leurs grandes dimen- sions, à leur nombre, à leur activité, un rôle considérable dans la locomotion de la larve. Ün élément nouveau prend également naissance au cours de ces phases : la poche métasomique. Les auteurs récents, qui ont décrit la métamorphose de l’Actinotroque, et Mets- chnikoff le premier, expliquent que le corps du PAoronis 110 LOUIS ROULE. adulte provient d’une poche tégumentaire, placée sur la face ventrale de la larve. Cette expansion commence par s’enfoncer dans Le corps; puis elle se dévagine pour faire saillie à l'extérieur. En appliquant ici des termes commodes proposés par Hatschek, et que j'ai adoptés dans mes ouvra- ses d'embryologie, il est permis de considérer l'individu, chez les Phoronidiens, comme ayant successivement deux corps: le prosome, qui est celui de l’Actinotroque ; le méta- some, quiest celui de l’adulte. Le dernier est engendré par le premier. Il se forme hâtivement, dès la mise en liberté de la larve, et parfois un peu avant. Il a l’aspect d’une poche, enfoncée dans l’intérieur de l’organisme larvaire, munie d’un orifice. Celui-ci est percé sur la face ventrale de l’ani- mal, immédiatement en arrière des tentacules. Il se présente comme une fente étroite, dirigée dans le sens transversal, et occupant la majeure part de l’espace où il se trouve, remon- tant même sur les côtés. On peut le nommer l’orifice méta- somique ; cette expression indique sa nature actuelle. Au début de l’existence libre, les cils vibratiles couvrent le corps entier de la larve. Certaines zones sont, pourtant, mieux pourvues que les autres, la couronne orale notam- ment. Cette différenciation va en s’accentuant, tout en changeant de lieu. La couronne orale diminue d’impor- tance ; finalement, les cils nombreux et serrés occupent seu- lement le vestibule avec les bords du lobe préoral. Les cils perdent de leur abondance sur le tronc; ils y sont dissémi- nés, et courts. En revanche, de nouvelles régions vibratiles prennent la prépondérance : les tentacules, et le bourrelet circulaire, voisin de l’anus. Après un certain temps de vie libre, la larve, qui approche de son achèvement, possède, comme organes vibratiles principaux, ses tentacules et sa couronne postérieure. Elle porte, en outre, son tapis vibra- tile du vestibule, le panache de la plaque céphalique, et la touffe qui entoure l'anus. Fe A mesure que la larve progresse, des taches pigmen- taires, de couleur brun foncé, se montrent en plusieurs DÉVELOPPEMENT DES PHORONIDIENS. 111 régions de son corps. Certaines sont placées sur le lobe préoral et sur le tronc ; la plupart dépendent des tentacules. Elles en occupent le sommet, ou plus rarement la base. Leur répartition varie suivant les individus; l'aspect le plus fréquent est celui où elles se trouvent seulement sur les sommets de presque tous les tentacules. Elles sont petites, aux bords irréguliers et découpés. Elles n’appartiennent point à l'ectoderme, mais bien aux cellules mésodermiques sous-jacentes, appliquées contre lui. Leur nombre, dans la moyenne, augmente avec l’âge de l'animal. IL. Érupe pes coupes. — La figure 56 de la planche X représente une coupe transversale du lobe préoral, passant par la bouche. Cettecoupe estvraimenttransversale dans sa partie supérieure et dorsale ; elle s’infléchit en arrière, dans sa par- tie ventrale, pour passer entre le tronc et le bord du lobe préo- ral, et pour montrer ce dernier. Elle donne des renseignements suffisants sur le lobe préoral lui-même, sur le vestibule, et sur le début de l’æœsophage. Le lobe préoral consiste en une lame assez mince, recourbée sur elle-même pour entourer la cavité vestibulaire. Celle-ci, ample et spacieuse, communique largement avec le dehors. Au fond du vestibule se trouve la bouche relativement étroite, qui donne directement accès dans l’œsophage. Toutes ces parties sont recouvertes, et limitées, par un épithélium ectodermique qui diffère d’as- pect, suivant les régions. Leur intérieur est occupé par une cavité, le cæœlome, où se trouvent de nombreuses cellules mésodermiques. L’ectoderme, qui revêt la surface du lobe préoral sur ses côtés et dans sa zone dorsale, estconstitué par un épithélium pavimenteux simple, aux petites cellules cubiques. Cette disposition est aussi celle de l’ectoderme qui limite la face vestibulaire, et celle des bords. La hauteur des cellules augmente pourtant dans la partie voisine de la bouche; les éléments deviennent cylindriques, et se munissent de cils vibratiles plus nombreux. L’orifice buccal est encadré par 112 LOUIS ROULE. des cellules de cette dernière nature. L’œsophage est ample; il occupe tout l’intérieur de la région dorsale du lobe préo- ral ; 11 y remonte jusqu'à n'être séparé de la paroi corres- pondante que par une mince fente. Sa section est circulaire. L'épaisseur de sa paroi égale presque le quart du diamètre de sa cavité. Cette paroi consiste en un épithélium cylin- drique pourvu de cils vibratiles, longs et très actifs. L’épais- seur de chaque cellule mesure environ le quart ou le cin- quième de sa hauteur. | Les cellules mésodermiques se ressemblent de tous points, au moment où la larve commence sa vie de liberté. Elles ne tardent pas à se différencier. Les unes s'appliquent contre la basale de l’ectoderme; leur nombre est encore trop faible pour qu'elles composent une couche continue, mais leur allure est régulière. Elles produisent, par leur assemblage, une assise endothéliale qui circonscrit la cavité cœlomique, et qu'il est permis de nommer la somatopleure, d’après son aspect comme d'après sa provenance. Chacune présente deux faces : une large base, accolée à l'ectoderme; un sommet convexe surbaissé, qui proémine dans la cavité cœlomique. Les noyaux sont assez volumineux. Plusieurs de ces cellules se placent côte à côte et se touchent par leurs bords; d’autres restent séparées par des espaces où rien ne recouvre l'épithélium ectodermique. Les variations sont 1c1 des plus nombreuses, autant entre les diverses par- ties d’une même coupe qu'entre les coupes successives d’un même lobe, ou qu'entre des coupes correspondanies de lobes différents. Les autres cellules mésodermiques sont situées dans le plasma, transparent et consistant, qui emplit la cavité cœlo- mique. Parmi elles, certaines ont une forme d’un ovale assez large ; celles-ci se multiplient avec activité. La plupart ont un aspect de fuseau; elles se terminent, à leurs deux pointes opposées, par deux expansions longues et fines, qui vont s'attacher à la paroi ectodermique ou à des prolonge- ments similaires de leurs voisines. D'après leur aspect, 1l | DÉVELOPPEMENT DES PHORONIDIENS. 113 est permis de les prendre pour des éléments conjonctivo- musculaires, c’est-à-dire pour des cellules douées de capa- cité contractile; les observations faites sur des larves vivantes démontrent la réalité de cette opinion. Elles sont, autour de la bouche, plus nombreuses qu'ailleurs; elles s'irradient dans le cœlome tout autour d'elle. L'ouverture buccale peut, en effet, comme l’indique l'observation directe, se contracter aisément; les cellules conjonctivo-musculaires constituent, dans ces mouvements, les agents actifs. Partout ailleurs, ces éléments se dirigent en tous sens, au travers de la cavité cæœlomique du lobe préoral ; ils procurent à ce der- nier les moyens de modifier sa forme et sa direction. La figure 57 de la planche X représente une coupe trans- versale passant quelque peu en arrière du lobe préoral, par la région postérieure de l’æœsophage. Elle montre dans son intérieur, en haut la section de l'æœsophage, en bas celle d'un diverticule ventral de l’entéron, sur les côtés celle des ébauches néphridiennes. La face inférieure est faiblement concave; ce creux répond à celui de la gouttière médullaire. L’ectoderme ressemble à celui du lobe préoral; il est formé de petites cellules cubiques. Pourtant, deux régions se diffé- rencient en lui, médianes, l’une supérieure, l’autre infé- rieure. La première comprend des cellules un peu plus hautes qu'ailleurs, environ deux fois plus longues que larges ; elle se relie, dans la série successive des coupes, à la plaque céphalique. La seconde n’est autre que la gouttière médullaire. Ce sillon est large ; il occupe une grande part de la face ventrale, dans cette région du tronc qui avoisine la bouche. Les cellules sont cylindriques, allongées, et mu- nies de menus cils vibratiles, non dessinés dans la figure. Elles se raccordent progressivement par les côtés aux autres éléments plus petits de l’ectoderme. L'œsophage est le même que dans la coupe précédente, avec cette différence que sa section est fermée, puisque la bouche n’est plus représentée. Au-dessous de lui se trouve un diverticule volumineux, émis par la région antérieure et ANN. SC. NAT. ZOO0L. \I, 114 LOUIS ROULE. ventrale de l’entéron. Cette poche est courbée en croissant; elle contient une cavité spacieuse. Sa forme lui donne deux faces, l’une supérieure, l’autre inférieure. La première est constituée par un épithélium cylindrique, dont les cellules sont environ deux à trois fois moins larges que hautes. La seconde est composée de même, mais les éléments sont plus grands encore, et ils offrent un caractère particulier : leur région périphérique se creuse de petites vacuoles. Celles-ci sont peu nombreuses dans la phase actuelle ; leur quantité augmente pendant que la larve avance en âge. Non loin des bords du croissant donné par la section trans- versale de ce diverticule, se trouvent, dans la cavité cœlo- mique et sur les deux côtés de l’œsophage, deux groupes cellulaires symétriques. Les éléments qui les constituent sont grands, arrondis, serrés les uns contre les autres, et partielle- ment unis en masses syncytiales. Leur protoplasme se colore difficilement; leur noyau est gros. Ces groupes sont, autant qu'il m'a été permis d'en juger d’après leur évolution ulté- rieure, les ébauches néphridiennes. Ils prennent naissance, chez les larves jeunes, aux dépens de la somatopleure. Ils grandissent par leur propre prolifération ; ils s’épaississent, s’avancent de plus en plus dans la cavité cœlomique, et en arrivent jusqu'à toucher les bords du divertlicule ventral. Ils s'attachent alors à ces bords par le moyen de minces expansions émises par leurs cellules profondes, mais ils n’en proviennent pas. Si l’on en Jugeait seulement d’après les Actinotroques déjà avancées, on pourrait croire à l’exacti- tude de cette dernière opinion. Les premières phases du dé- veloppement, à dater de la mise en liberté, montrent le contraire. Ces ébauches dérivent de la somatopleure seule ; elles n'ont, avec le diverticule, que des relations ultimes de contiguité et d'adhérence. Les éléments mésodermiques ressemblent à ceux du lobe préoral. Les cellules ne se bornent point, pourtant, à consti- tuer une somatopleure; plusieurs, attachées à l’endoderme du diverticule ventral de l’entéron, composent une splanchno- : } 1 1 1 À l : ! DÉVELOPPEMENT DES PHORONIDIENS. 176 pleure discontinue. Les cellules placées dans le cœlome sont assez rares, sauf dans la région ventrale, entre le diver- ticule et la gouttière médullaire, où leur quantité est plus grande. La figure 58 de la planche X montre une coupe transver- sale passant par la région antérieure de l’entéron, immédia- tement en arrière de sa ligne de jonction avec l'œsophage. La section du corps entier est circulaire. Celle de l’entéron est quelque peu rétrécie sur les côtés. Elle comprend deux parties : l’une dorsale, qui s’unit à l'œsophage; l’autre ven- trale, qui donne le diverticule correspondant. La structure de l’ectoderme »e diffère pas de ce qu’elle est dans la coupe précédente; les cellules dorsales sont encore un peu plus hautes que les autres. Seule la région inférieure diffère. La _gouttière médullaire y est convertie en une plaque saillante, quelque peu bombée, dont les longues cellules portent des bâtonnets rigides, véritables cnidocils. L’endoderme de l’en- téron consiste en un épithélium cylindrique, simple, vibra- tile, dont les éléments sont plus allongés dans la zone infé- rieure que dans la supérieure. Le cæœlome est vaste, spacieux. Les cellules mésodermiques donnent quelques éléments conjonctivo-musculaires clairsemés, et composent une somatopleure avec une splanchnopleure discontinues. L'une des coupes transversales suivantes, dessinée dans la figure 59 de la planche X, passe en arrière de l'insertion des tentacules sur Le corps, et en avant de l’orifice métaso- mique. Chez cette jeune larve, les tentacules se trouvent seu- lement au nombre de six; tous sont ventraux, et leurs sec- tions encadrent la partie inférieure de la coupe. Celle-ci ne contient que l’entéron dans son intérieur. L’ectoderme res- semble à celui des coupes précédentes; les cellules dorsales sont désormais identiques à leurs voisines. La plaque médul- laire à disparu ; elle n’est indiquée que par un minuscule bourrelet médian et ventral. Les éléments de l’endoderme n'ont pas changé d'aspect. Pourtant les ventraux, plus longs que les autres, se localisent davantage, et constituent un 116 LOUIS ROULE. bourrelet qui fait saillie dans la cavité entérique. Le cœlome et son mésoderme se comportent comme précédemment. Les cellules mésodermiques sont pourtant plus nombreuses dans la région inférieure de la coupe, sous l’entéron ; elles com- posent, en ce point, un épais massif formé de deux sortes d'éléments. Les uns, semblables aux cellules conjonctivo- musculaires, s’irradient autour de l'entéron d’une manière: irrégulière, pour se joindre entre eux, ou pour s'attacher à la face interne de l’ectoderme. Plusieurs délimitent, au-des- sous même de l’entéron et sur la ligne médiane, un petit canal à la section triangulaire, ébauche d’un vaisseau ven- tral. Ce canal n'a point des parois complètes, car elles consistent en un feutrage lâche, fait de cellules anastomosées, mais il existe en tant que trajet et qu'indication. Les autres éléments mésodermiques sont sphériques ou ovalaires ; ils s’interposent aux autres. Certains remplissent l’ébauche vas- culaire ventrale; ceux-ci correspondent aux globules du vaisseau ; il leur est possible de circuler quelque peu, car le: plasma cœlomique est ici d'une fluidité suffisante. La figure 60 montre, plus grossie que la précédente, la section transversale d’un tentacule. Cette section n’est point exactement circulaire ; elle déprime sa surface dans la région tournée vers le corps de la larve, et elle y porte même une gouttière peu profonde. Ces tentacules sont creux. Chacun d’eux renfermé une cavité axiale, continue avec le cœlome du tronc; son diamètre égale à peu près la plus grande épais- seur de la paroi. Celle-ci est constituée par un épithélium cylindrique simple, vibratile, qui s’unit, au niveau de la base tentaculaire, à l’'ectoderme du tronc. Son épaisseur est faible dans la zone déprimée ; elle est plus forte, presque du double, dans la zone opposée. Cette assise épithéliale porte sur sa paroi interne, annexée à sa basale, des petits renflements et des filaments anastomosés, que le bleu de méthylène permet d’apercevoir aussi sur les larves entières. Des productions analogues existent sous l’ectoderme du reste du corps, prin- cipalement dans les régions vibratiles et autour de la plaque DÉVELOPPEMENT DES PHORONIDIENS. D u70 céphalique. Son aspect, ses divers caractères, autorisent à présumer, pour ce réseau, en faveur d’une nature nerveuse. Il s'agirait ici d’un lacis nerveux larvaire peu serré, dissé- miné sous l’ectoderme entier, plus précis dans les zones vibratiles ou dans celles qui correspondent à des ébauches de centres nerveux. L’affirmation est pourtant difficile ; sur des êtres aussi peu différenciés, les actions des réactifs colo- rants n’ont point la même valeur que sur des animaux plus complexes, aux tissus nerveux arrêtés dans leur nature propre. On est obligé, pour conclure, de juger d’après les connexions et d'après l'allure générale ; ces notions comptent pour beaucoup, il est vrai, mais elles ne procurent pas une certitude complète. La cavité des tentacules renferme des cellules semblables à celles du mésoderme, et qui en pro- viennent, du reste. Quelques-unes s'appliquent contre la face interne de l’ectoderme, pour y former une somatopleure discontinue. Les autres, ovalaires ou fusiformes, sont sus- pendues dans la cavité cœlomique du tentacule ; plusieurs sont entièrement libres ; la plupart s’attachent à la paroi ectodermique par l’une, au moins, de leurs pointes. La figure 61 de la planche X représente une coupe trans- versale du tronc passant en’arrière de l’orifice métasomique. Celle coupe, encadrée par les sections des six tentacules, contient, non seulement l’entéron comme les précédentes, mais encore la poche métasomique. L’ectoderme est par- tout établi sous la forme d’un épithélium pavimenteux homogène, aux petites cellules cubiques. Il n'existe plus aucun vestige de la plaque médullaire. L'entéron, refoulé par la poche métasomique dans la partie dorsale du tronc de la larve, a perdu son aspect circulaire sur ses sections transversales ; il est devenu plat, et s'infléchit même en dessous par un effet tout mécanique. La poche métasomique conslitue un appareil nouveau. Placée sous l’entéron, elle est obligée de se plisser, à cause de sa grande largeur, pour se loger et tenir dans l’espace qui lui est laissé. Sa paroi, continue avec l’ectoderme au niveau de l’orifice métaso- 118 LOUIS ROULE. mique, consiste en un épithélium simple, dont les cellules, du double plus fortes que celles de l’ectoderme superficiel, sont environ deux fois plus longues que larges. Ces cellules sont toutes semblables; elles manquent de cils vibratiles. La cavité de la poche, ample, porte des diverticules latéraux. Ceux-ci sont accidentels, et il convient de ne leur accorder aucune importance. Leur présence résulte du plissement de l'organe, dont la cause est expliquée ci-dessus. Ils diffèrent d’une coupe à l’autre et d’un individu à l’autre. Chaque larve a, en cela, sa propre manière d'être. Cette cavité com- munique avec le dehors par l’entremise de l’orifice métaso- mique; elle est emplie d’eau de mer, bien qu’elle soit loin d'avoir, à cause du plissement et du tassement des plis, son entière ampleur. Le mésoderme compose encore une somalopleure et une splanchnopleure discontinues; la somatopleure revêt non seulement la face interne de l’ectoderme superficiel, mais encore la face externe de la poche métasomique. Cette dis- position se comprend d’après l’équivalence complète de ces deux surfaces. La poche correspond à une dépression ecto- dermique poussée en dedans, vers l’intérieur du corps; la face externe de sa paroi se rattache, par conséquent, à la face interne de l’ectoderme. Les cellules mésodermiques libres sont, pour la plupart, sphériques ou ovalaires ; elles. subissent des divisions rapides et augmentent en nombre; beaucoup se rangent autour de la poche et sur la région dor- sale de l’entéron. Les éléments conjonctivo-musculaires sont ici plus rares qu'ailleurs. | La figure 62, de la planche X, montre une coupe trans- versale passant par le commencement du rectum, un peu en avant de l’ébauche du bourrelet vibratile postérieur. Le rectum possède, à peu de chose près, la structure histolo- gique de l’entéron; sa paroi consiste en un épithélium cylindrique simple, dont les cellules seraient pourtant un peu plus petites. La cavité, en revanche, est beaucoup plus étroite. La poche métasomique ne s’étend pas jusqu'à ce DÉVELOPPEMENT DES PHORONIDIENS. 119 niveau ; de celte sorte, le rectum est seul dans le cœlome. Outre la somatopleure et la splanchnopleure discontinues. l’espace cœlomique contient des cellules libres, dont la plu- part sont ovalaires, et se segmentent rapidement. Quelques- unes s’agencent pour délimiter, sous le rectum, une courte ébauche incomplète d’un vaisseau ventral. La figure 53 de la planche IX représente une coupe médiane, longitudinale et verticale, d’une jeune Actino- troque. Cette figure complète les précédentes; elles les relie mutuellement, et montre les dispositions générales des organes. Elle fournit quelques données supplémentaires sur plusieurs parlies. Le lobe préoral porte à son sommet la plaque céphalique. Celle-ci, relativement vaste, plus épaisse que les zones avoisinantes, comprend deux couches : l’une externe, épithéliale, composée d’étroites cellules cylindri- ques, munies de cils vibratiles ; l’autre profonde, plus mince que la première, constituée par de la substance fibrillaire. Ces deux assises se joignent intimement, et se confondent par leur commun plan de contact: la basale ectodermique passe en dedans de la couche fibrillaire, non pas entre celle- ci et l’épithélium superficiel. Toutes deux forment un seul et même organe, identique à la plaque céphalique des Tro- chophores d’Annélides, qui produit le centre nerveux céré- bral de ces animaux. Les fibrilles sous-jacentes à l’ecto- derme du lobe préoral se relient à la couche fibrillaire de la plaque, et s’irradient autour d’elle. Ce fait compte pour beaucoup dans mon opinion exposée ci-dessus, relative à la nature nerveuse de ces fibrilles. En somme, cette plaque constitue à l’Actinotroque un centre nerveux, le seul qui existe. La plaque médullaire, tout en ayant une nature sen- sorielle, à en juger d’après ses cellules à cnidocils, n’est pas aussi avancée dans le sens nerveux, car elle se borne à une couche épithéliale et elle ne porte point d’assise fibrillaire. Cette coupe longitudinale fournit encore quelques notions sur la distribution des cellules mésodermiques dans le cœlome. Parmi ces dernières, les éléments conjonctivo-mus- 120 LOUIS ROULE. culaires, moins nombreux que les autres, sont dispersés sans trop de régularité; ils s’agencent en un réseau lâche, indéterminé ; ils ne forment point, par leur juxtaposition, des parois complètes d’une certaine étendue. La région postérieure du tronc fait exception pourtant. Plusieurs de ces éléments s’attachent à l’extrémité antérieure du rectum, non loin de sa jonction avec le bout de l’entéron; ils rayon- nent autour d'elle pour souder leurs pointes à l’ectoderme voisin. Ils façonnent ainsi une membrane transversale, ou faiblement oblique, comparable à un diaphragme qui, tra- versé par le rectum, séparerait la cavité cœlomique péri-enté- rique de la cavité cæœlomique péri-rectale. Cette membrane équivaut, par suite, à un mésentère vertical, transversal et postérieur. Elle est incomplète cependant; ses cellules composantes, tout en se trouvant proches, se séparent par des espaces amples, qui permettent des communications directes entre les deux chambres cœlomiques délimitées par elle. En outre, d’autres éléments conjonctivo-muscu- laires partent, soit isolément, soit groupés à plusieurs en un petit faisceau, de l’ectoderme péri-rectal pour aboutir aux environs de l’anus, soit sur le rectum lui-même, soit sur l'ectoderme péri-anal. Ceux-ci ne forment pas des mem- branes réelles, car ils sont trop peu nombreux. Ils ne man- quent jamais; ils servent à produire les mouvements que la région de l’anus, rectum et ectoderme, accomplit fréquem- ment chez les larves vivantes. La figure 54, de la planche IX, complète la précédente. Elle montre une coupe longitudinale et horizontale d'une larve un peu plus âgée. Cette section est légèrement oblique pourtant ; elle passe à la fois par l’anus et par l’œsophage; elle intéresse seulement la partie latéro-dorsale du lobe préoral, fermé à ce niveau, car ses bords se soudent au tronc. Autour de cette section du lobe préoral, se trouve une autre coupe du même lobe prise plus loin dans la série des coupes; celle-ci représente le lobe préoral coupé dans l’endroit où 1l est le plus large, et où ses bords se séparent du tronc pour DÉVELOPPEMENT DES PHORONIDIENS. 121 laisser la cavité vestibulaire communiquer avec le dehors. Les notions supplémentaires, fournies par cette figure, tiennent aux tentacules et aux ébauches néphridiennes. Deux des premiers ont été saisis dans la coupe; ils montrent avec netteté leur nature de mamelons tégumentaires creux, formés par la paroi du tronc et par la cavité cœlomique. Les dernières, encore petites, se rattachent à la somatopleure dont elles proviennent; elles sont placées au niveau de la zone qui unit l'œsophage à l’entéron. À ce niveau se trouve, sur l'extérieur du corps, un étranglement entre le lobe préoral très ample et le tronc renflé à la hauteur de l'in- sertion des tentacules. ILL. RECONSTITUTION DES ORGANES D'APRÈS LA FORME EXTÉ- RIEURE, LES COUPES RÉELLES, ET LES COUPES OPTIQUES. — La paroi du corps des jeunes Actinotroques est seulement constituée par l’ectoderme, auquel s’adjoint une mincesoma- topleure discontinue. Celle-ci fait encore défaut au moment où l'embryon devient libre. Ses premières ébauches sont données par quelques cellules mésodermiques, qui cessent de rester suspendues dans la cavité du cœlome. Elles s’ac- colent à la face interne de l’ectoderme, et s’étalent sur elle. Elles augmentent par deux procédés : au moyen d'emprunt de nouveaux éléments au cœlome; par la subdivision des cel- lules qui la constituent déjà. L’ectoderme prolifère, pour se prêter à l'accroissement subi par la larve, et pour grandir en même temps. Les cellules, tout en augmentant leur quan- ité, se rapetissent ; elles deviennent cubiques, sauf en quelques régions, vibratiles ou sensorielles. Là elles se rendent plus hautes, et l’épithélium passe à l’état cylin- drique. Telles sont : la plaque céphalique, la paroi ves- tibulaire, la gouttière et la plaque médullaires, enfin l’é- bauche, à peine indiquée encore, de la couronne vibratile postérieure. Les annexes extérieures de la paroi du corps consistent en tenlacules. Ceux-ci correspondent à des mamelons 122 LOUIS ROULE. exhaussés aux dépens de cette paroi, et accrus suivant leur axe longitudinal. Aussi possèdent-ils une structure iden- tique à celle de la paroi du corps, avec cette seule difié- rence que l’ectoderme est cylindrique sur toute leur étendue. Leur eavité dépend directement du cœlome, et ne cesse, depuis le début, de communiquer avec lui. | Le corps possède une autre annexe intérieure : la poche métasomique. ‘Celle-ci apparaît au moment où la larve se met en liberté, ou un peu avant, ou un peu après; il est, à cet égard, des variations individuelles. Mais les moyens de formation sont les mêmes dans tous les cas. Cet organe prend naissance sur la face ventrale du tronc, en arrière de la couronne tentaculaire. Son ébauche première consiste en une rainure transversale, en une dépression étroite et longue, qui se creuse dans la paroi du corps, et qui la sou- lève en la reportant en dedans. Cette dépression continue à s'approfondir, et à devenir plus vaste. Elle se convertit peu à peu en une poche large et plate, qui s’avance dans le cœlome au-dessous de l’entéron ; elle se rapproche progres- sivement, par sa propre extension, de l'extrémité postérieure du tronc. Sa cavité communique avec le dehors par l’ou- verture de la dépression, transformée ainsi en orifice méta- somique. Sa paroi est donnée par la paroi du corps; elle a la même composition, avec cette différence que les feuillets sont invertis, l’ectoderme en dedans et la somatopleure en dehors, à cause de leur orientation différente. Les cellules de sa somatopleure ressemblent à leurs voisines. Celles de son ectoderme, surtout dans le fond de la poche, sont plus fortes que celles de l’ectoderme du tronc, et subissent des segmentations plus nombreuses pour suffire à l’amplifica- tion plus rapide de l’appareil. La poche entière se plisse sur elle-même, tout en grandissant et en progressant vers l’ar- rière. La cause d’un tel phénomène est mécanique. La poche est large, plate; elle se glisse sous l’entéron, dans un espace limité en bas par la surface courbe de la région ven- trale du tronc. Elle est obligée, en raison de sa grande lar- DÉVELOPPEMENT DES PHORONIDIENS. 1923 geur, de se prêter à cette forme de son contenant, et de se disposer en conséquence ; ses bords décrivent des sinuosités plus ou moins profondes, qui lui donnent un aspect plissé. Le système nerveux possède une structure des plus simples. Il consiste en un réseau peu serré de fines fibrilles, rattachées aux cellules ectodermiques, produites par elles, et surtout abondantes dans les régions sensitives ou vibra- tiles. Cette notion est celle qui concorde le mieux avec les faits observés sur ces fibrilles sous-ectodermiques. Il pos- sède, par surcroît, deux centres. L'un est vraiment affirmé dans son rôle : la plaque céphalique. Il consiste en cellules épithélio-nerveuses, dont les prolongements sont assez nom- breux et assez fournis pour composer une lame de substance fibrillaire sous-jacente à l’assise épithéliale, et liée à elle. Au début, la couche épithéliale existe seule ; la lame fibril- laire naît et grandit progressivement, à mesure que la lame augmente en âge. À cette lame se rattachent, en rayon- nant autour d'elle, les fibrilles sous-ectodermiques du réseau nerveux appartenant au lobe préoral. Le second centre ne doit être considéré comme tel que par extension, par comparaison avec ses homologues des larves d’Anné- lides. Il est donné par la plaque médullaire. Celle-ci se compose seulement de cellules épithéliales, munies de cils vibratiles ou de cnidocils. Son réseau nerveux ne devient pas assez épais pour produire une lame appréciable de substance fibrillaire. Elle en reste à l’état où se trouve la laque céphalique, au moment de la mise en liberté de la D. elle ne le quitte point. Le tube digestif s'étend de bout en bout, dans le tronc, suivant une ligne droite. Il possède deux ouvertures, dia- métralement opposées : la bouche et l'anus. Celui-ci, étroit, est percé au sommet de l'extrémité postérieure du corps. Celle-là, précédée par le spacieux vestibule que le capuchon (lobe préoral) délimite en avant et au-dessous du tronc, est située dans la région dorsale du corps, sous la base de ce capuchon. Le tronc s'infléchit et remonte dans sa part anté- 124 LOUIS ROULE. rieure ventrale, pour arriver jusqu'à elle. Ce déplacement de l’orifice buccal est indépendant de lui. La bouche con- serve la situation qu’elle avait avant la mise en liberté ; elle est placée sur la ligne médiane de la face inférieure du corps, en arrière et au-dessous de l'extrémité antérieure de l'indi- vidu. Seulement, la production et l’amplification considé- rable du lobe préoral modifient peu à peu cette disposition première. Le lobe s'accroît en prenant l'aspect d’un capu- chon, qui passe au-devant de la bouche pour recouvrir la partie antérieure de la région ventrale de la larve. Il s'étale à une certaine distance de cette région, pour ménager le vestibule entre elle et lui. Sa position particulière modifie l'équilibre du corps par rapport au milieu. Pour compenser le poids de ce volumineux lobe, qui s'étend vers le bas, et pour conserver le centre de gravité en sa place, la région ventrale est obligée de se bomber, de se rendre for- tement convexe dans sa partie antérieure. Par suite et comme conséquence mécanique toute obligée, la bouche remonte vers le haut, bien qu elle conserve BE sa situation initiale dans la paroi où elle est percée. La bouche est un orifice circulaire, assez vaste, aux lèvres contractiles; des éléments conjonctivo-musculaires s'irra- dient autour d'elles pour leur donner leur capacité de mou- vement. Elle conduit les particules alimentaires dans un œsophage large et court, différencié sur place aux dépens de l’ébauche œæsophagienne. Cette différenciation s’accom- plit par un accroissement de l’ensemble, par la régularisa- tion des contours, et par l'allongement des cellules. La région postérieure de l’æœsophage se joint à l’antérieure de l'entéron. Celle-ci s’élargit brusquement en arrière de la zone de jonction; aussi cette dernière se montre-t-elle comme une rainure circulaire, faiblement indiquée dans la région dorsale, plus prononcée sur les côtés, et fortement accentuée dans la région ventrale à cause de la présence du diverticule ventral de l’entéron. L'entéron constitue la deuxième partie, et la plus volumi- DÉVELOPPEMENT DES PHORONIDIENS. 125 neuse, du tube digestif de l’Actinotroque. Il conserve, à peu de chose près, l'allure qu'il avait au moment de la mise en liberté de la larve ; mais il devient plus spacieux, et cette amplification, dirigée suivant celle du corps entier, entraîne en lui des modifications importantes. Il prend la forme d’un ovoïde, au gros bout antérieur et raccordé à l’œsophage, au petit bout postérieur et relié au rectum. Son diamètre transversal horizontal est supérieur au vertical, surtout dans sa moitié postérieure, comprimée de bas en haut par la poche métasomique. Enfin, sa partie antérieure et ven- trale se bombe comme la région correspondante du tronc, et elle produit progressivement une expansion large et peu profonde, tournée en avant : le diverticule ventral. Le déve- loppement de ce diverticule marche de pair avec la modifi- cation particulière du tronc; l’un accompagne l’autre d’une façon si précise qu'il paraît y avoir en cela une relation de cause à effet, et non pas une simple juxtaposition de phéno- mènes indépendants. Or, ce n’est pas la formation du diver- ticule qui cause le bombement antérieur du tronc, puisque ce dernier résulte de la nécessité pour le corps de conserver son équilibre, de garder en sa place le centre de gravité, à cause de l’extension considérable prise par le lobe préoral. Il faut donc admettre, au contraire, que le bombement entraîne la genèse du diverticule. L’entéron s’amplifie par sa surface entière ; et, comme un vaste espace s'établit peu à peu dans la partie antérieure et ventrale du tronc, l’en- téron y pénètre en y envoyant le diverticule. De ces deux phénomènes, l’un résulte de l’autre. En outre, la croissance en surface, qui détermine la formation du diverticule, con- duit aussi à la production d'un bourrelet médian et longitu- dinal sur la zone entérique voisine de cette expansion ven- trale. | Le rectum, la troisième et dernière partie du tube digestif de l’Actinotroque, s'étend depuis l'extrémité posté- rieure de l’entéron jusqu’à l'anus. Il dérive de l’ébauche rec- tale engendrée avant la mise en liberté de la larve. Il en 126 LOUIS ROULE. provient, sans subir pour cela des modifications trop consi- dérables. Il a l'aspect d’un canal cylindrique, à la lumière assez étroite. D'abord droit, il s’infléchit quelque peu et il se coude en devenant plus long. Son attache à l’entéron est moins précise que celle de l’œsophage, à cause de la dispo- sition différente des parties, car le bout entérique postérieur s’effile au point de se rendre presque aussi étroit que le rectum lui-même; elle consiste en un étranglement cir- culaire peu marqué. La jeune Actinotroque possède un cœlome spacieux, com- pris entre l’entéron et la paroi du corps. Ce cœlome n'est autre que le blastocæle agrandi; il dérive directement, en modifiant sa forme comme la larve et en s’amplifiant, du blastocæle de la blastule. Lorsque la blastule se change en gastrule, sa cavité blastocælienne ne disparaît pas; elle demeure entre les deux feuillets blastodermiques primor- diaux. Quand la gastrule se convertit en une jeune Actino- troque, cette cavité grandit, tout en conservant sa place; les éléments mésodermiques issus du protendoderme par- viennent en elle, et ils s'y multiplient. Cette structure se conserve pendant que la jeune Actinotroque nage librement et se perfectionne ; les éléments du mésoderme augmentent en nombre, et se différencient. Le blastocæle, de ce fait, acquiert la valeur et les propriétés d'un cœlome. Aucun des espaces cœlomiques de la larve n'a une autre origine ; tous dérivent également du blastocæle primitif. La question ayant une grande importance, j'ai tâché de l’élucider en examinant avec attention, et à plusieurs reprises, toutes les phases successives. Mes observations conduisent à ce ré- sultat : le cœlome n’est que le blastocæle conservé, accru, et modifié dans sa forme. Le mésoderme comprend deux parts principales : des assises épithéliales incomplètes, établies en une somato- pleure et une splanchnopleure discontinues; des éléments isolés, tenus en suspension dans le cœlome. Il est deux catégories, parmi ces derniers. Les uns, les moins nom- DÉVELOPPEMENT DES PHORONIDIENS. 191 breux, se différencient hâtivement en cellules conjonctivo- musculaires. Les autres, plus abondants, conservent leur nature d'éléments embryonnaires; ils emploient leur acti- vité à se subdiviser et à augmenter ainsi leur quantité. Tous dérivent à titre égal du mésenchyme primitif, du mésoderme à son début. Les cellules mésodermiques, à mesure que la larve grandit, se multiplient, soit par leur propre segmentalion, soit par des emprunts nouveaux à l’'endoderme, cette dernière origine étant la plus restreinte. Ce faisant, ils se comportent de manières différentes. Les uns restent semblables à leurs devanciers, et se disposent comme eux. D’autres, pour donner à la larve une certaine capacité contractile, se changent en éléments conjonctivo- musculaires. D’autres enfin s'appliquent isolément contre l'ectoderme ou contre l’endoderme; ils composent une somatopleure et une splanchnopleure, imparfaites encore. Tous réunis constituent, par leur ensemble, un mésen- chyme primaire et larvaire. Une partie de ce mésenchyme garde l'allure caractéristique, l’autre prend une disposition épithéliale. Les couches de l’épithélium mésodermique ne sont pas ainsi d'emblée; elles se forment progressivement, et se complètent, par l’accolement de cellules conjonctives à des lames épithéliales (ectoderme, endoderme) préexis- tantes, et par l’adjonction de nouvelles cellules à celles qui ont commencé le phénomène. L’épithélium mésodermique provient du mésenchyme. Le blastocæle, d’abord situé entre l’ectoderme et l’endoderme, transformé en cœlome, se précise lui-même en se limitant par des membranes épithé- liales que produisent les éléments conjonctifs qu'il contient. L’Actinotroque engendre, aux dépens de sa somatopleure, deux masses cellulaires que je considère comme des néphri- dies primordiales. Ces groupes sont situés, symétrique- ment, sur les côtés de la larve, au niveau de l'extrémité postérieure de l’æsophage. Ils grandissent par la proliféra- tion de leurs éléments constitutifs; ils s’avancent à mesure dans le cœlome, jusqu'à toucher le diverticule ventral de 128 LOUIS ROULE. l’entéron. Ils contractent alors, mais d’une façon secondaire, par l'entremise de cellules conjonctivo-musculaires, des relations d’adhérence avec ce diverticule ou avec la paroi œsophagienne. Parfois, notamment dans leur partie cen- trale, leurs éléments se confondent en un syncytium. Je n’ai jamais vu, chez la Jeune Actinotroque, ni sur des _ coupes, ni sur des larves vivantes, des canaux se creuser dans leur substance. Je ne conclus en faveur de leur nature néphridienne que d’après leur évolution ultérieure. IV. RÉSUMÉ ET CRITIQUE DES OBSERVATIONS. — En résumé, pendant les premières époques de son existence libre, la jeune Actinotroque modifie sensiblement sa forme et sa structure. Elle produit des tentacules disposés en une cou- ronne transversale, engendrés symétriquement les uns après les autres, les ventraux étant les premiers. Son lobe préoral s’élargit, et se convertit en un capuchon volumineux qui ménage un spacieux vestibule en avant de la bouche. Une couronne vibratile postérieure, montée sur un épais: bourrelet circulaire, prend naissance peu à peu. La poche métasomique se façconne sur la face ventrale du corps, en arrière de la ligne des tentacules, par une dépression ecto- dermique. La plaque céphalique du lobe préoral s’affirme comme centre nerveux de la larve. La plaque médullaire se borne à être constituée par des cellules vibratiles et des cellules sensorielles. En outre un réseau de fibrilles, proba- blement de nature nerveuse, se dessine sous l'ectoderme du corps entier. L’entéron produit, dans sa région anté- rieure et inférieure, un volumineux diverticule ventral. Le blastocæle converti en cœlome s’amplifie ; il contient le mésoderme mésenchymateux, établi en un mésenchyme primaire. Quelques-uns des éléments de ce dernier s’ac- colent à l’ectoderme et à l’endoderme ; ils s’assemblent en couches épithéliales incomplètes, et ils composent une soma- topleure et une splanchnopleure discontinues. Les autres cellules mésodermiques continuent à se segmenter pour SR sie mn ee SR DÉVELOPPEMENT DES PHORONIDIENS. 199 accroître leur nombre, ou bien se changent en éléments conjonctivo-musculaires. Deux ébauches néphridiennes se forment aux dépens de la somatopleure, dans la région anté- rieure du corps, de part et d'autre de l’œsophage. Critique. — La structure de la jeune Actinotroque depuis sa mise en liberté, et les transformations subies par elle, ont été peu étudiées. Les auteurs se sont attachés surtout à l'examen de la larve complète, ÿy compris Masterman, dont le travail est le plus documenté. Pourtant, quelques obser- vations furent publiées à plusieurs reprises. Dyster (1858) représente et décrit la larve avant la production des ten- facules; les dessins sont mauvais et les descriplions peu explicites. Claparède (1863) signale des Actinotroques munies de quatre tentacules. Leur aspect extérieur est seul indiqué. Il offre quelques particularités intéressantes, que je n'ai jamais eu l'occasion de remarquer ; le lobe préoral est fort grand; la plaque céphalique est déprimée ; les tentacules sont plus larges que le corps. Metschnikoff (1871) fournit le premier un mémoire im- portant, dans lequel il suit les principaux changements de la forme extérieure, et la grosse organogénie en ce qui con- cerne l’entéron avec la poche métasomique. Mes observa- tions sur les points qu'il mentionne ne s’écartent des siennes que par des détails insignifiants, dont les principaux portent sur les dimensions mutuelles des parties. Caldwell (1882-1885) reprend ces recherches, et les complète par endroits. Il signale la gouttière médullaire, qu’il compare à la ligne primitive des Vertébrés. Il admet que la couronne des tentacules se forme aux dépens de la partie postérieure de la couronne vibratile orale; ceci est en contradiction avec mes propres résultats. D'après lui, la plaque cépha- lique n’est pas le seul centre nerveux ; négligeant la gouttière médullaire, il mentionne l'existence d’un anneau nerveux sous-tentaculaire, que je n'ai jamais trouvé chez mes larves. Le cœlome serait divisé en deux cavités, l’une antérieure et ANN. SC. NAT. ZOOL. XIe 130 LOUIS ROULE. céphalique, l’autre postérieure, séparées par un diaphragme ; je n'ai rien vu de pareil. Enfin, cet auteur décrit deux néphridies, qui ne correspondent pas à celles que j'ai indi- quées; son texte et ses dessins ne permettent pas, du reste, de se faire une idée juste de ses observations. À ce qu'il me semble, il a considéré comme telles des parties de la poche métasomique, dont il n’a point reconnu la vraie nature. S 2. — Structure de l’Actinotroque achevée. L’Actinotroque complète mesure environ, comme lon- gueur, un millimètre à un millimètre et demi; je n’en ai point vu dépassant cette taille. Elle a les mêmes habitudes et la mêmeallure que les larves plus jeunes. Elle est surtout abondante en mai, après quoi elle disparaît progressivement, soit par métamorphose en jeune Phoronis, soit par entraîne- ment au large des côtes. Les moyens de l’étudier sont iden- tiques à ceux dont il convient de se servir pour les Actino- troques plus jeunes. L’exposé des observations est traité, par suite. de la même manière. | [. ETUDE DE LA FORME EXTÉRIEURE. — La forme de la larve change peu. L’Actinotroque se borne à s’amplifier, surtout dans le sens de sa longueur. Elle est moins renflée, moins : ventrue que dans ses phases plus jeunes. Le lobe préoral conserve son aspect de capuchon; il se tient ainsi, d'habi- tude. Mais sa capacité de contraction est plus grande à cause de l'augmentation du nombre de ses éléments conjonctivo- musculaires. Ses bords frisent parfois, par petites saccades; l'individu le relève plus ou moins, dans certains cas, et l’étale en avant de lui comme une volumineuse languette, comme une trompe ovalaire. Son allure en capuchon trans- versal, surplombant, paraît correspondre à la position du repos. En tout cas, il est fortement excavé en dessous, comme le montre la coupe longitudinale verticale de la figure 55; dans la planche IX; il laisse ainsi un vaste espace à la ca- Pr nt tt DÉVELOPPEMENT DES PHORONIDIENS. 107 vité vestibulaire. Son allure est telle qu’il est permis de le comparer à un dôme, libre par les trois quarts de ses bords, soudé au corps et confondu avec lui par l’autre quart. Les tentacules sont au nombre de douze, six d’un côté, six de l’autre. Je n’ai jamais observé que cette quantité fût dépassée. Ils composent une couronne complète autour du tronc, car leurs bases se touchent, ou peu s’en faut. Ces bases constituent, par leur ensemble, une bande d'insertion, établie en un bourrelet à peine prononcé. Cette bande n’est pas franchement transversale; elle oblique en haut et en avant ; cette orientalion s’accuse dès les premières phases, et se maintient désormais. Les deux tentacules ventraux sont les plus longs, les deux dorsaux les plus courts; les intermédiaires font, suivant leur place, une transition ménagée de l’un de ces extrêmes à l’autre. Les ventraux mesurent en moyenne, dans leur longueur, le quart de l’axe longitudinal du corps entier; les dorsaux comptent à peu près le quart des précédents. Tous sont cylindriques, de même diamètre dans leur entière étendue ; chacun se ter- mine par une extrémité hémisphérique; la largeur varie du sixième au huitième de la longueur. Ils divergent sur le corps, mais en obliquant vers l'arrière ; leur surface est couverte de cils vibratiles fins et nombreux. Ils s’'emploient avec efficacité à soutenir la larve dans l’eau, et à lui per- mettre de se mouvoir (fig. 23 et 24, PI. IV). La couronne vibratile postérieure est complète. Un large bourrelet saillant, circulaire, la supporte; sa présence donne au tronc une forme caractéristique. Le plus grand diamètre transversal est à la hauteur de la couronne des tentacules, comme de l’orifice métasomique ; c’est à ce niveau que le tronc est le plus large. Ce dernier s’effile progressivement vers l'arrière, tout en conservant circulaires ses sections transversales. Puis, en avant de l'extrémité postérieure, à une distance d’elle égale environ au huitième de la lon- gueur totale du corps, il se renile brusquement pour pro- duire le bourrelet. 132 | LOUIS ROULE. La largeur du tronc, à ce deuxième niveau, mesure environ la moitié de celle du niveau tentaculaire: elle se maintient sans varier, sans augmenter ni diminuer, sur toute l’étendue du bourrelet. Puis, en arrière de lui, le tronc s’effile de nouveau d’une manière brusque ; il forme, en cet extrême bout du corps, un dôme surbaissé, au sommet du- quel s'ouvre l’anus. Les cils vibratiles de cette couronne sont nombreux et serrés; leur longueur est supérieure à celle des autres cils de la larve. Aussi jouent-ils un rôle efficace dans la locomotion de l’animal ; ils viennent à cet égard, comme importance, immédiatement après ceux des tentacules. L'orifice métasomique conserve, depuis sa naissance, son aspect et ses dimensions. En revanche, la poche métaso- mique, dont il fait communiquer la cavité avec le dehors, s'accroît dans des proportions considérables; elle s'étend dans le cœlome du tronc, jusqu’à la couronne vibratile postérieure, puis se redresse et remonte pour continuer à s'accroître au-dessus de l’entéron. Les lèvres de cet orifice sont couvertes de petits cils vibratiles. Les taches pigmentaires deviennent plus nombreuses. Peu de tentacules en sont privés; la plupart en portent une en moyenne, plus souvent placée vers le sommet libre. Les autres parties du corps en ont parfois, notamment le lobe préoral sur ses bords. Leur aspect, leur couleur, leur situa- tion dans la somatopleure sous-jacente à l’ectoderme, n'ont point changé depuis les phases précédentes. Il est difficile de se prononcer sur leur rôle. Leur nature, et leur position, leur permettent d’absorber les radiations lumi- neuses; mais je n'ai point observé que les cellules ecto- dermiques, voisines d'elles, soient modifiées dans leur structure. Elles correspondent seulement à des points d’ab- sorplion lumineuse, par une conséquence de la vie pélagique des larves, et non à des ocelles, même d’une composition élémentaire. Le revêtement vibratile du corps entier s’est affirmé dans le sens préparé au cours des premières phases. Les seules ré- ES es DÉVELOPPEMENT DES PHORONIDIENS. 133 gions vibratiles sont : les tentacules, la couronne postérieure, le vestibule avec la plaque médullaire, les bords du lobe préoral, la plaque céphalique et ses environs, enfin l'anus et les régions voisines. Partout ailleurs les cils ont presque dis- paru ; en tous cas, ils ÿ deviennent plus rares et plus courts. 1. Érupe pes coupes. — La figure 63, de la planche XI, représente une coupe transversale, passant par la bouche, dans la région antérieure du corps. Le capuchon du lobe pré- oral y est intéressé en son entier; sa section, menée parallèle- ment à son bord, est circulaire, complète et fermée. Cette figure donne une idée nette du vestibule, de son ampleur, et de ses rapports. La paroi du lobe préoral est plus mince dans sa zone inférieure, qui proémine sous la face ventrale _ du corps, que dans la supérieure. Elle est plus épaisse en ces derniers points, surtout au niveau de la bouche, car cet orifice est un peu plus étroit que la lumière de l’œsophage ; la cavité du vestibule se rétrécit peu à peu jusqu'à lui, pour s'élargir de nouveau ensuite, dans la cavité œsophagienne. L’ectoderme revêt les deux faces du lobe préoral. Celui de la face externe est pavimenteux simple; ses cellules sont petites, cubiques, presque confondues les unes avec les autres. Il en est de même dans la face interne, pour l'épi- thélium ectodermique de sa moitié inférieure, mais non pour celui de sa moitié supérieure. L'épithélium y devient progressivement plus épais en approchant de la bouche; ses cellules se distinguent mieux, et leurs cils vibratiles deviennent plus longs, plus abondants. Finalement, la bouche se limite par un ectoderme aux éléments cylindri- ques, munis de nombreux cils vibratiles. Ce caractère se conserve dans l'entrée de l’œsophage, dont la coupe est placée au-dessus de l’orifice buccal. L'épithélium œsopha- gien, simple toujours, y consiste en longues cellules cylin- driques, dont la hauteur mesure quatre à cinq fois la lar- geur; des cils vibratiles les recouvrent en grande quantité. La cavité cælomique occupe l’ample espace compris entre 134 | LOUIS ROULE. les deux faces, externe et interne, du lobe préoral, et entre leurs dépendances. Elle contient de nombreux éléments mésodermiques, suspendus dans son plasma transparent. Les uns n'ont subi aucune différenciation particulière; ils gardent leur nature embryonnaire, et prolifèrent activement. Les autres, convertis en éléments conjonctivo-musculaires, s’allongent en fuseaux ; ils se terminent à leurs deux extré- mités par deux prolongements longs et fins, parfois rami- fiés, qui vont s'attacher aux parois du lobe ou s’unir à leurs similaires d’autres cellules. Deux lames endothéliales con- tinues, complètes, formées d'éléments aplatis, tapissent les parois cœlomiques des deux faces du lobe. Le cœlome n'est plus circonserit par l’ectoderme ; il s’entoure d’une mem- brane endothéliale quil applique contre cet ectoderme pour se séparer de lui. Sauf ces lames d’épithélium, le méso- derme conserve partout son caractère mésenchymateux. Ses éléments, notamment les conjonctivo-musculaires, diver- gent dans toutes les directions. Il est pourtant quelques orientations fonctionnelles, plus précises et mieux déter- minées. Les fibres conjonctivo-musculaires sont surtout nombreuses auprès de la bouche; elles rayonnent autour d'elle. Elles servent à produire les contractions de ses bords. La figure 64, de la planche XI, montre une partie d'une autre coupe du même lobe préoral. Cette partie est la plaque céphalique. Sa structure, comme ébauche de centre ner- veux, est bien affirmée. Elle est plus épaisse que l'ecto- derme avoisinant, mais elle est comprise dans sa substance; la basale du premier passe au-dessous d’elle pour la limiter également. Elle comprend deux parties : des neuroblasies superficiels, et une lame profonde de substance fibrillaire. Ceux-là sont agencés en un épithélium cylindrique, comme les éléments ectodermiques voisins, dont ils ne diffèrent, au reste, que par la modification spéciale qu’ils subissent, car tous ont même origine et même nature. Leurs parois profondes sont difficiles à distinguer; leurs noyaux sont placés à différentes hauteurs. Leur surface porte un revête- DÉVELOPPEMENT DES PHORONIDIENS. 1939 ment vibratile long et serré. Leur extrémité interne se confond avec la substance fibrillaire. Celle-ci ne m'a paru contenir aucune cellule; tous les neuroblastes sont super- ficiels; nul ne pénètre en dedans pour se transformer en un élément nerveux complet. Son épaisseur la plus grande est au milieu de la plaque céphalique. A partir de ce point, elle s’amincit peu à peu vers les bords, et elle ne tarde pas à cesser d'exister. Dans la figure 65, de la planche XI, est dessinée une coupe transversale du corps, passant par le milieu de l’æœso- phage et par celui du diverticule ventral. La section de l’œsophage est en haut, au bas celle du diverticule; sur les côtés se trouvent, d’une façon symétrique, les ébauches néphridiennes. L’ectoderme, qui revêt l'extérieur de la coupe, est semblable sur les côtés à celui du lobe préoral; il consiste de même en un épithélium simple, mince, aux cellules cubiques et presque confondues. Il n’en est pas ainsi pour le haut et le bas. En haut se placent symétrique- ment, de part et d'autre de la ligne médiane, deux mamelons larges et déprimés où l’ectoderme est cylindrique, plus haut qu'ailleurs ; les coupes suivantes dénotent qu'il s'agit ici des bases des tentacules dorsaux, et de rien autre. En bas, la face ventrale est creusée d’un sillon large et peu pro- fond. C’est la plaque médullaire, déprimée en gouttière peu marquée ; les cellules de l'ectoderme y sont cylindriques, munies de cils vibratiles et de cnidocils. L'œæsophage à une section ovalaire, au grand axe vertical. Sa paroi est un peu plus épaisse que sa lumière n’est large; celte épaisseur est plus forte sur les côtés qu’en haut, et surtout qu’en bas. Elle consiste en deux couches cellulaires, emboîtées. L’extérieure, fort mince, n’est autre que l’endo- thélium péritonéal, la splanchnopleure. L'interne est le véritable épithélium œsophagien. Celui-ci se compose de longues cellules cylindriques, vibratiles, étroites, placées sur plusieurs rangs, car les noyaux sont situés à des hau- teurs différentes. Le diverticule ventral est large, plat, 136 | LOUIS ROULE. légèrement incurvé en cuiller; sa section transversale a la forme d’un croissant. Il contient une cavité spacieuse, dont la plus grande largeur dépasse de peu l'épaisseur de sa paroi. Celle-ci se revêt extérieurement d’une splanchno- pleure continue; ses cellules, environ trois fois plus hautes que larges, s’agencent en un épithélium cylindrique. Leur proloplasme subit une modification vacuolaire des plus remarquables, dont la figure 66 montre les phases succes- sives ; ces phases sont souvent indiquées, dans un état lar- vaire un peu moins avancé que celui-ci, par plusieurs cel- lules juxtaposées. Des vacuoles se creusent dans la région basilaire de l'élément; d’abord petites, espacées et globu- leuses, elles ne tardent pas à grandir, à se rapprocher les unes des autres, à revêtir des formes diverses. Le proto- plasme diminue sa masse, à mesure. Le noyau est peu à peu relégué sur l’un des côtés; 1l demeure entouré par une capsule protoplasmique. En définitive, l'élément devient vacuolaire en entier ; ces vacuoles réduisent le protoplasme à de minces lamelles entrecroisées, et à une lame qui revêt la paroi tout en enveloppant le noyau. Chez la larve vivante, ces espaces sont remplis par des granules de couleur jaune brunâtre. Ces substances disparaissent par l'action des réactifs, et laissent vides les vacuoles qui les contenaient. Le cœlome se circonscrit par une somatopleure et une splanchnopleure continues, formées toutes deux de cellules très aplaties. La première tapisse la face interne de l’ecto- derme; la seconde revêt la paroi œsophagienne, avec celle du diverticule. La cavité cœlomique elle-même contient, dans son plasma, des cellules mésodermiques embryon- naires et des éléments conjonctivo-musculaires. Les deux ébauches néphridiennes sont volumineuses ; je n'ai point vu des canaux se creuser dans leur substance. Chacune d’elles consiste en un groupe cellulaire, dont les éléments profonds deviennent souvent syncytiaux. Elle s'étend de la paroi extérieure du corps au bord du diverticule ventral. | La figure 67, de la planche XI, montre une coupe trans- DÉVELOPPEMENT DES PHORONIDIENS. 134 versale du corps, passant à une faible distance en arrière de l'extrémité postérieure de l’œsophage. Au centre se trouve la section de l’extrémité antérieure de l’entéron, étranglée sur les côtés, et divisée en deux parts largement raccordées l’une à l’autre : l’une supérieure, qui conduit à l’œsophage; l’autre inférieure, qui est la base du diverlicule ventral. L’ectoderme ressemble à celui de la coupe précédente. La plaque médullaire, infléchie en gouttière, montre les mêmes caractères. Deux tentacules dorsaux sont coupés en long sur une certaine étendue; leur cavité communique avec le cœlome ; leur paroi épaisse consiste en un épithé- lium ectodermique, simple, cylindrique, couvert de cils vibratiles. L’endoderme, qui entoure l’entéron et lui donne sa paroi, est formé d'un épithélium cylindrique simple, _ plus haut dans la part inférieure que dans la supérieure. En celle-ci, les cellules n’offrent aucune particularité impor- tante. En celle-là, par contre, La plupart possèdent des vacuoles, dans leur région basilaire seule : ceci se conçoit, étant donnée la proximité du diverticule ventral. Sur la ligne médiane ventrale de cette part inférieure, les cellules endodermiques, plus hautes encore qu'ailleurs, y produi- sent un bourrelet peu saillant. Le cœlome offre quelques dispositions dignes de remarque. Sa somatopleure, continue, tapisse la face interne de l’ecto- derme superficiel. Sa splanchnopleure, également continue et complète, entoure l’endoderme. Les éléments mésoder- miques embryonnaires, non différenciés, sont surtout nom- breux dans la région médio-ventrale, entre la plaque médullaire et le bourrelet de l’entéron. Les cellules conjonc- tivo-musculaires sont nombreuses. Quelques-unes pénètrent dans les cavités des tentacules, et rayonnent autour de leurs bases; elles servent à actionner ces appendices, et à les mouvoir. D’autres se juxtaposent côte à côte, ou bout à bout, et composent des lames courtes et incomplètes, fenêtrées, qui s'étendent dans tous les sens, allant de l'en- iéron à la paroi du corps, ou d’un point de cette paroi à 138 LOUIS ROULE. une autre. Il est permis de considérer ces lames comme des- membranes mésentériques, mais en ne leur donnant pas une importance supérieure à leur vraie manière d'être. Elles n’ont aucune disposition régulière; elles sont nom- breuses, petites, orientées de facons diverses, et percées d'espaces laissés entre leurs cellules composantes. Elles cloisonnent le cœlome, mais incomplètement et irréguliè- rement; elles n’équivalent point à des mésentères précis ni déterminés dans leur orientation. La figure 68, de la planche XI, représente une section transversale du corps, passant en arrière de la précédente, un peu en avant de l’orifice métasomique. Elle intéresse, sur des longueurs variables, les bases des tentacules latéraux et ventraux; les sections transversales des tentacules dor- saux, prises dans cette coupe, ne sont point dessinées. L'ectoderme offre les mêmes caractères que dans la coupe précédente, soit sur Le corps lui-même, côtés et face dorsale, soit sur les tentacules. Les dispositions dignes d'intérêt sont données par l’entéron et par le cæœlome. L’entéron occupe le centre de la figure. Sa section trans- versale est encore triangulaire, car elle n’est pas éloignée du point où il se dédouble en œsophage et diverticule ven- tral. Sa paroi, entourée par une splanchnopleure continue, consiste en un épithélium cylindrique simple, vibratile. Les cellules inférieures et latérales renferment des va- cuoles dans leurs régions basilaires, mais privées des granules colorés; un bourrelet peu élevé se dessine égale- ment sur sa ligne médio-ventrale. L'endroit important est ici sur la ligne médio-dorsale. L'épithélium endodermique y est surmonté d’un amas de cellules serrées, accolées à lui, en voie de prolifération, et semblables aux éléments embryonnaires du mésoderme. J'ai cru au début, lors de mes premières observations, qu'il s'agissait en cela d’une ébauche de vaisseau dorsal, façonnée aux dépens du feuillet moyen. Une étude plus attentive m'a montré que cette masse cellulaire provient de l’endoderme. Elle s'étend, en conser- DÉVELOPPEMENT DES PHORONIDIENS. 139 vant la même structure et la même place, sur une certaine longueur. C’est elle, et les phases suivantes l’indiquent, qui donne naissance à la branche efférente de l'intestin du Po- ronis. En tous cas, la ressemblance de ses éléments avec ceux du mésoderme est frappante. La raison en est, sans doute, dans leur commune origine, bien qu'il y ait différence de temps. Ceux-ci proviennent de l’endoderme jeune, encore établi comme feuillet primordial, comme protendoderme ; ceux-là dérivent de l’endoderme plus âgé, bien affirmé comme feuillet définitif et interne. Mais il n’en est pas moins vrai que leurs dissemblances tiennent surtout à leurs différences d’origine dans le temps. Sauf cette oppo- sition, les uns et les autres semblent identiques. Le cæœlome et le mésoderme sont conformés comme dans la coupe précédente, sauf plusieurs productions complé- mentaires. Sous l’entéron, et sur la ligne médio-ventrale, se trouve une ébauche du vaisseau ventral. Celle-ci consiste en un espace assez ample, limité par une paroi complète, for- mée de cellules conjonctivo-musculaires, et contenant dans un plasma liquide de nombreux éléments embryonnaires convertis en globules nucléés. La série des coupes montre comment cette ébauche s'établit par l’endiguement d’une part du cœlome. Quelques lames mésentériques, en se rap- prochant et se joignant, délimitent un canal, régulier sur une certaine longueur. Ce conduit est le vaisseau ventral. Il ne provient donc pas de la splanchnopleure, mais des brides mésentériques qui traversent le cœlome; il corres- pond à une portion régularisée de la cavité cœlomique. Les globules équivalent à des éléments mésodermiques embryon- naires, que leur situation rend tels, et qui prolifèrent pour accroître leur nombre. En avant et en arrière, la paroi vas- culaire se lie aux lames mésentériques irrégulières qui par- courent le cœlome, les globules se confondent avec les autres cellules du mésoderme. L’ébauche n’est ainsi précisée que par ses côtés et sur une faible longueur. La production de trajets vasculaires ne se borne pas du reste à ce conduit 140 LOUIS ROULE. ventral. D’autres espaces, plus petits et plus courts encore, prennent naissance dans les autres régions de la cavité cœlomique. La présente figure montre l’un d’eux, dont la section est encadrée seulement par deux cellules. La figure 69, de la planche XII, montre une coupe trans- versale du corps, passant par l’orifice mélasomique. Ce der- nier était contracté el tordu, à la suite des préparations subies par la larve. Aussi sa section se présente-t-elle comme une fente étroite; dans la réalité, elle devrait occu- per la majeure part de la région inférieure du dessin. Les sections des tentacules, ou, du moins, de la majorité d’entre eux, sont dessinées : beaucoup sont transversales; quel- ques-unes intéressent les bases adhérentes au corps. Les points importants tiennent aux tentacules et à la poche mé- tasomique. Le reste ne diffère pas trop de la coupe pré- cédente. L’entéron est déprimé de bas en haut par le début de la poche métasomique. Il porte, sur sa ligne médio-dor- sale, le cordon de prolifération, qui donnera, pendant la métamorphose, l'intestin efférent du Phoronis. Le vaisseau ventral a disparu. Pourtant quelques trajets vasculaires, de petite taille, se délimitent çà et là dans l'intérieur du cœlome. | La section transversale de la paroi métasomique est simple, médiane. Sa cavité communique avec le dehors. Sa paroi consiste en un épithélium aux cellules cubiques, ou brièvement cylindriques, qui se raccorde à l’ectoderme sur le pourtour de l’orifice métasomique. Les tentacules ont la même structure que dans les phases plus jeunes. Leur forme a changé pourtant; ils sont déprimés, non plus sur une seule face, mais sur trois côtés ; leur section transver- sale est triangulaire, avec les angles arrondis. Leur allure en ce sens se rapproche beaucoup de celle de leurs similaires du Phoronis adulte. La figure 70, de la planche XII, représente une coupe transversale du corps passant un peu en arrière de l’orifice métasomique. La principale différence avec la précédente DÉVELOPPEMENT DES PHORONIDIENS. 141 porte sur la poche du métasome. Celle-ci, ample et plissée, quilte la ligne médiane, pour empiéter, toujours contenue dans le cœlome, sur le côté gauche du corps. Ce faisant, elle rejette et dévie l’entéron sur la droite. Sa paroi se com- pose de cellules cylindriques, deux ou trois fois plus hautes que larges ; elle s’entoure d’une somatopleure continue. Le cordon de prolifération endodermique existe encore sur la ligne médio-dorsale de l’entéron. Les éléments embryon- naires sont plus nombreux parmi ceux du mésoderme, sur- tout autour de la poche métasomique ; les cellules conjonc- tivo-musculaires deviennent plus rares. Les choses changent dans la figure suivante, 71 ; la coupe transversale passe à égale distance de l’orifice métasomique et de la couronne vibratile postérieure. La poche métaso- mique est toujours plissée, mais sa section est double. Elle comprend deux parties : l’une inférieure, l’autre supérieure. La première continue directement la zone métasomique qui s'ouvre au dehors par l’orifice ; elle se place sous l’entéron, mais en avançant plus ou moins sur le côté gauche. La se- conde correspond au sommet de la poche, situé sur l’entéron lui-même. Toutes deux ont une structure semblable, iden- tique à celle qui a été décrite pour la figure précédente. Le cordon de prolifération endodermique à disparu. Les élé- ments embryonnaires du mésoderme prédominent, quoique peu nombreux, sur les cellules conjonctivo-musculaires. La splanchnopleure est complète autour de l’entéron ; de même la somatopleure autour des deux parties de la poche méta- somique. En revanche, sous l’ectoderme de la paroi du corps, relativement plus mince qu'ailleurs, la somatopleure est discontinue ; elle comprend seulement un petit nombre de cellules très aplaties, parfois assez distantes les unes des autres. La coupe transversale de la figure 72, planche XII, passe immédiatement en avant de la couronne vibratile postérieure. L'ectoderme peu épais n’est doublé que par une somato- pleure des plus incomplètes. L’entéron, fort rétréci, est enve- 142 | LOUIS ROULE. loppé par une splanchnopleure continue, quoique représentée par une minime quantité d'éléments. Les cellules embryon- naires l’emportent en nombre, dans le mésoderme. Le lieu important de la figure est la poche métasomique. Celle-ci conserve, malgré la petitesse du corps larvaire à ce niveau, ses dimensions entières. Elle occupe toute la partie gauche de l'économie, repoussant l’entéron vers la droite, et em- piétant à la fois sur la ligne médiane dorsale comme sur la ligne médio-ventrale. En ce point, la poche, toujours plis- sée, se recourbe sur elle-même pour monter au-dessus de l’entéron, et s'étendre en avant. Dans son élongation vers l'arrière, elle ne peut aller plus loin que la couronne vibra- tile postérieure, et elle se replie pour continuer à s’allon- ger vers l'avant. Son allure seule diffère d'avec les coupes précédentes ; sa structure histologique ne change pas. Dans la figure 73, de la planche XIT, est dessinée une coupe transversale, passant par la couronne vibratile pos- térieure. L’ectoderme consiste ici en un épithélium cy- lindrique, aux cellules longues et étroites, munies de nombreux cils. La somatopleure sous-jacente est à peine représentée ; elle se compose seulement de quelques cellules, parfois fort éloignées. Au centre de la cavité cœlomique se trouve le rectum, revêtu par une splanchnopleure discon- tinue; sa paroi est faite d’une seule couche de cellules cylindriques. Le mésoderme comporte une petite quantité d'éléments, les uns embryonnaires, les autres conjonctivo- musculaires et souvent agencés en brides mésentériques. La figure 55, de la planche IX, représente une coupe longitudinale, médiane et verticale, d’une Actinotroque en- tière. Ce dessin a pour principal objet de montrer en leur place et en leur entier tous les organes importants. Il com- plète les coupes précédentes, et il les raccorde les unes les autres, en permettant par surcroît de les repérer. Il four- nit encore quelques indications supplémentaires, touchant aux relations des parties. La forme et la situation de la poche métasomique y sont nettement signalées. Toute description DÉVELOPPEMENT DES PHORONIDIENS. 143 détaillée est ici inutile, car elle se bornerait à reprendre des notions déjà connues ; l’examen de la figure suffit. Je tiens pourtant à mentionner la structure de l’épithélium ectodermique, dans la région postérieure du corps, entre la couronne vibratile et l'anus. Cette assise est plus mince, en ce point, que partout ailleurs. Elle se réduit à une lame des moins épaisses, à laquelle s’attachent quelques brides mésentériques; mais elle est complète et ne se perce point d'ouvertures. II. RECONSTITUTION DES ORGANES D'APRÈS LA FORME EXTÉ- RIEURE, LES COUPES RÉELLES, ET LES COUPES OPTIQUES. — La paroi du corps, chez l’Actinotroque parvenue à son état définitif, comprend deux couches : l'ectoderme en dehors, la somatopleure en dedans. Le premier consiste en une assise épithéliale simple. Il s’amincit progressivement depuis les phases jeunes, sauf dans les zones vibratiles, qui ne chan- sent point. La somatopleure est continue; elle revient à une lame endothéliale complète. Il n’est d'exception, à cet égard, que pour la région postérieure du corps, où ses éléments demeurent espacés. Les tentacules ont la même structure que dans les états moins avancés ; leur forme seule s’est modifiée quelque peu, car ils sont aplatis sur trois faces, non plus sur une seule. La poche métasomique, en revanche, à fortement changé d’allure. Sa paroi consiste toujours en un épithélium de pro- venance ectodermique, doublé par une somatopleure con- üinue, mais ses dimensions se sont accrues. Tout en conser- vant la même largeur, etse plissant pour tenir dans l’espace à elle réservé, elle s’allonge par son sommet interne, opposé à la base adhérente et munie de l’orifice extérieur. Elle arrive ainsi, grâce à celte extension, jusqu à la hauteur des brides mésentériques postérieures, qui s'attachent au rectum et à la paroi du corps ; ne pouvant aller plus loin dans ce sens, elle se recourbe sur elle-même en passant sur le côté de l’entéron, d'habitude le gauche, et remontant au-dessus de ce 144 LOUIS ROULE. dernier. Elle continue à s’étendre encore dans cette nouvelle position, mais en sens inverse, son sommet partant de la région postérieure pour se diriger vers l'avant. Elle grandit ainsi Jusqu'au moment où ce sommet dorsal parvient à la hauteur de l'orifice métasomique, ou peu s’en faut. Elle en est alors à sa période d’état, et demeure dans ses dimen- sions présentes; la métamorphose dernière, qui transforme l’'Actinotroque en Phoronis, ne va pas tarder à s’accomplir. Plissée sur elle-même, et courbée en deux, sa longueur, si on la suppose étalée, égale presque celle du corps larvaire; sa largeur tient presque le milieu entre le plus grand et le plus petit des diamètres transversaux de la larve. Sa cavité est entière, nullement subdivisée; elle communique avec le dehors par l'orifice métasomique. Cette poche est libre dans le cœlome ; elle s’entoure seulement de cellules em- bryonnaires ; aucune bride mésentérique ne s'attache à elle pour la fixer, soit à la paroi du corps, soit à celle de l’en- téron. Le système nerveux n’a point changé depuis les phases plus jeunes. Il consiste en un fin et lâche réseau de fibrilles sous-ectodermiques. Il possède deux centres : la plaque céphalique, munie de substance fibrillaire ; la plaque médul- laire, bornée à une assise épithéliale. Les principales modi- fications, subies par l’entéron, portent sur le diverticule ventral ; les cellules de ce dernier deviennent vacuolaires en entier, et se remplissent de granules d’une teinte jaune brunâtre. L’osophage et l’entéron lui-même, ciliés tous deux, conservent la même allure que précédemment. Le rectum s’allonge quelque peu, et tantôt s’incurve simple- ment, tantôt décrit deux courbures de sens opposés en se ployant comme une S. La région antérieure de l’entéron produit, sur sa ligne médio-dorsale, aux dépens de son endoderme, un cordon long et épais, formé de petites cel- lules, qui donnera pendant la métamorphose, et après elle, la branche intestinale afférente du PAoronis. Le cœlome subit quelques transformations, entraînées < ds " D nne 206 n msa— qpsé— dot DÉVELOPPEMENT DES PHORONIDIENS. 145 par l’évolution du mésoderme qu'il contient. Les éléments de ce feuillet produisent une somatopleure et une splanchno- pleure complètes. Chacune est constituée par une lame de cellules endothéliales, très plates, bombées seulement à la hauteur des noyaux. La première recouvre l’ectoderme de la paroi du corps et de la poche métasomique; elle est discontinue, pourtant, dans la région postérieure de la larve. La seconde entoure la paroi de l'appareil digestif. Outre ces deux lames d’endothélium, le mésoderme se compose encore d'éléments nombreux, disséminés dans Île cœælome. Les uns, répandus partout, abondent de préférence dans la région postérieure du corps, autour de Ia poche métasomique; ils conservent l’état embryonnaire et se multiplient activement. Les autres, convertis en fibres con- jJonctivo-musculaires, rayonnent autour des viscères, s'atla- chent à la paroi du corps, et permettent à la larve de con- tracter ses diverses parties. Souvent, au lieu de rester isolés et indépendants comme dans les phases plus jeunes, ils s'associent à plusieurs pour composer des brides mésenté- riques. Celles-ci ne forment point des membranes régu- lières, n1 vastes, ni complètes; la conformation mésenchy- mateuse se conserve encore ; elles se dirigent sans aucune régularité, et traversent la cavité cœlomique dans tous les sens. Les zones les plus contractiles sont: la bouche, l'œso- phage, le rectum. Dans ce dernier endroit les cellules conjonctivo-musculaires, isolées ou associées, rayonnent autour de la part antérieure du rectum, et vont attacher leur sommet aux divers points de la paroi du corps compris entre le commencement dela couronne vibralile postérieure et l'anus. La petitesse de cette région, leur irradiation com- mune autour du rectum, leur procurent une allure assez régulière et presque constante chez toutes les larves : elles servent à mouvoir la zone anale et n’ont point d’autre rôle. Il ne faut pas leur accorder une importance qui leur man- que, soit en les prenant pour autre chose que des éléments contractiles, soit en considérant leur disposition mutuelle ANN. SC. NAT. ZOOL. x 10 146 LOUIS ROULE. comme l'expression d’une régularité qui fait ici défaut, Quelques trajets vasculaires s’établissent dans le cœælome. Plusieurs cellules conjonctivo-musculaires se juxtaposent pour les produire ; elles s'agencent de manière à limiter sur une certaine longueur un canal circulaire. Vers les deux bouts de ces conduits, elles se relient aux autres éléments similaires et irréguliers qui traversent la cavité cœlomique. Quelques-uns de ces trajets se façonnent dans le cœlome même : ce sont les plus petits et les plus courts. Le plus important se dispose au-dessous de l’entéron, sur la ligne médio-ventrale, en avant de l’orifice métasomique. Il cons- titue une ébauche de vaisseau ventral. Il renferme des glo- bules nucléés, qui ne sont autres que des éléments mésoder- miques embryonnaires, pris dans sa cavité. Les néphridies de l'Actinotroque achevée ressemblent à celles de la larve plus jeune. Elles sont plus volumineuses cependant. Elles contiennent souvent des dépôts pigmen- aires, semblables à ceux des tentacules. IV. RÉSUMÉ ET CRITIQUE DES OBSERVATIONS. — En résumé, l'Actinotroque, pour parvenir à son état complet, augmente le nombre de ses tentacules, et le pousse jusqu'au chiffre douze. Elle amplifie son lobe préoral et son vestibule. Elle accentue sa couronne vibratile postérieure. Elle allonge sa poche métasomique, et la fait se courber sur elle-même, dans la cavité postérieure de son corps. Son système ner- veux ne se modifie pas davantage. Son appareil digestif, tout en conservant la même allure, produit, sur une partie de la face dorsale de son entéron, un bourrelet longitudinal, qui donnera l'intestin efférent du PAhoronis. Les cellules du diverticule ventral subissent en entier la modification vacuolaire. La somatopleure et la splanchnopleure devien- nent continues, sauf dans la région postérieure de l’éco- nomie. Une ébauche de vaisseau ventral se délimite au-dessous de l’entéron, en avant de la poche métaso- mique. | DÉVELOPPEMENT DES PHORONIDIENS. 1447 Critique. — Les auteurs qui ont décrit l’Actinotroque, l'ont surtout examinée à cet élat d'achèvement. Leurs des- criptions s'appliquent, de préférence, à la forme extérieure, ou à quelques particularités de la grosse organisation interne. Seul Masterman, le plus récent, a publié un mémoire com- plet, qui dépasse de beaucoup les travaux de ses devanciers, par l'importance des observations, comme par celle des déductions qu’il en lire. Il a étudié à la fois l’anatomie et l'histologie de la larve, et il en a donné une monographie parfaite. Mais il s'arrête à l’Actinotroque achevée, et ne la dépasse pas, ni en avant ni en arrière. Il n’a point suivi les phases de la préparation, n1 celles de la métamorphose. Il prend la larve en elle-même lorsqu'elle est terminée, sans se préoccuper de son commencement, ni de sa fin. Ce défaut l’a conduit à des assertions erronées, à des exagérations, qu'il aurait sûrement évitées, s’il s’élait conformé à la bonne méthode de l’embryologie : acquérir autant que pos- sible la connaissance de tous les états successifs, du pre- mier au dernier. Son travail mérite une analyse détaillée, point par point. Elle est nécessaire pour discuter, dans la seconde partie de ce mémoire, ses opinions relatives aux affinités zoologiques de l’Actinotroque et du Phoronis. Nous nous accordons, en effet, sur le point ultime : les ressem- blances de l’Actinotroque avec les jeunes phases embryon- naires des Cordés. Mais nous différons grandement sur la manière de comprendre ces homologies. M. Masterman a étudié des Actinotroques prises dans la baie de Saint-Andrews. Il considère leur corps comme formé de trois parties: un lobe préoral, un collier,et un tronc.Ilcom- prend le lobe préoral comme je Le fais moi-même. Le collier équivaut, d’après lui, à la région située entre la base du lobe préoral et la ligne d'insertion des tentacules ; le tronc nest autre que la zone placée en arrière de cette ligne. Comme celle-ci est oblique, l'union du collier et du tronc se fait suivant un plan également oblique, non pas trans- versal. Je ne puis accepter une telle manière de comprendre 148 LOUIS ROULE. les choses. La larve {rès jeune, encore attachée aux tenta- cules de son générateur, montre bien, au moment où elle produit son lobe préoral et à cause de cette formation, une division de son corps en trois parties; mais cette disposi- tion s’efface ensuite. L'Actinotroque libre n’a qu'un tronc d'une seule venue, et c’est aller plus loin que la nature d'y trouver par surcroît un collier. M. Masterman, en cela, es. entrainé par l’idée préconçue d’élablir une grande ressem- blance, même dans l'aspect extérieur, entre l’Actinotroque: et le Balanoglosse. Rien de pareil n’existe dans la réalité. En outre, sauf dans un seul de ses dessins, l’auteur anglais. présente le lobe préoral comme une languette qui prolon- serait le corps en avant, telle la trompe du Balanoglosse. Cet aspect est exacl, mais il arrive par accident, par con- traction momentanée. Dans l’état normal et habituel, ce lobe a l'allure d’un capuchon qui coiffe et recouvre l’extré- mité antérieure du tronc. Je fais aussi des réserves au sujet du revêtement vibra- tile. Contrairement à l'avis de Masterman, je ne vois pas qu'il consiste surtout en trois couronnes, cerclant le corps transversalement ou obliquement. Les bords du lobe préo- ral ne peuvent compter pour une de ces couronnes, car leur tapis vibratile n’est pas mieux formé que celui du vestibule entier, dont il n’est qu'un prolongement. Les tentacules, de leur côté, ne composent guère une vraie couronne ; ils corres- pondent à des mamelons élevés sur la paroi du corps, formés à ses dépens, et couverts de cils, non pas à une vraie bande annulaire ; leurs relations avec la couronne orale de la larve jeune ne sont pas très précises. La larve Actinotroque n'a vraiment que deux de ces appareils : la couronne orale, présente dans ses jeunes phases, et peu à peu diminuée pendant que les tentacules grandissent ; la couronne anale, d'apparition tardive. En tant que système nerveux,je n'ai jamais vu,dans toutes. mes recherches, autre chose que les parties suivantes : un réseau sous-ectodermique, une plaque céphalique pourvue DÉVELOPPEMENT DES PHORONIDIENS. 149 de substance fibrillaire, et une plaque médullaire réduite à son assise épithéliale. Or, M. Masterman décrit un sys- tème de beaucoup plus compliqué. Il signale également un réseau sous-ectodermique, mais il décrit en surplus : un gan- glion dorsal, placé dans la zone de jonction du lobe préo- ral et du soi-disant collier, ayant en son milieu une invo- lution ectodermique munie d’un neuropore; une bande nerveuse longitudinale, médiane et dorsale, partant de ce ganglion, pour aller dans la région postérieure du corps; une bande similaire ventrale, mais bornée au tronc; une autre bande qui parcourt le bord du lobe préoral, en par- tant du ganglion, et qui envoie des nerfs dans la paroi du lobe ; une bande qui suit la ligne d'insertion des tentacules, commence sur le ganglion dorsal, et se joint à l'extrémité _ antérieure de la bande longitudinale ventrale ; enfin, une dernière bande placée sous la couronne vibratile anale. L'auteur ne dit rien de la plaque médullaire ; il prend la plaque céphalique pour un appareil sensoriel. Malgré ces _éliminations, il donne encore à l’Actinotroque un système nerveux bien complexe pour un animal aussi simple. J'ignore comment Masterman a procédé pour trouver une semblable structure, car il ne le dit pas. Pour moi, en employant les méthodes que j'ai indiquées dans les pre- mières pages de ce mémoire, je n’ai rien observé de tel. Je ne puis, par suite, que signaler cette contradiction flagrante entre les résultats de Masterman et les miens, sans prétendre l'expliquer. Il n’est qu’un point dont la rai- son me parait sûre. J'ai vu, parfois, le ganglion dorsal, avec sa courte involution ectodermique et son neuropore ; c'était sur des Actinotroques contractées, dont le lobe préoral se relevait quelque peu en avant, à la suite des traitements par les réactifs fixateurs. Un pli se dessine alors sur la face dor- sale du corps, à la base du lobe; les coupes longitudinales y montrent l'ectoderme déprimé et épaissi. Mais c'est là un phénomène accidentel ; les Actinotroques entières, con- servées dans leur allure normale, ne le présentent point. 150 LOUIS ROULE. Ce ganglion si curieux n’est qu'un résultat de préparation défectueuse. On ne doit pas le considérer comme faisant partie de l’organisation normale. Des oppositions d’une égale valeur se rencontrent encore au sujet du tube digestif. Masterman signale la présence, autour de la bouche de la larve, de quatre sillons ciliés : deux transverses, deux obliques en arrière et en haut. Il les considère comme assumant une fonction de fentes bran- chiales. Les dispositions m'ont paru fort différentes. Je n'ai point vu les sillons obliques. Les transverses correspondent, selon moi, aux rainures délimitées par l'insertion sur le corps des bords du lobe préoral. En tous cas, les uns et les. autres, simples gouttières ectodermiques, ne doivent pas. être assimilés, même par le rôle, à des fentes branchiales. En revanche, l’auteur anglais ne dit rien de la gouttière médullaire, et n’a pas saisi la forme ni l’emploi du vestibule. | Masterman décrit encore, sous le nom de glande subneu- rale, une petite poche ectodermique, contiguë à la bouche, et dont le fond remonte vers le supposé ganglion dorsal. C’est encore là un défaut de préparation, occasionné comme. celui du ganglion du reste, par le relèvement accidentel du lobe préoral sur des Actinotroques contractées. Cette poche n'existe point chez les larves ayant conservé leur allure normale. Pas plus que le ganglion qu’elle accompagne, elle ne répond à une disposition réelle. Le naturaliste anglais a observé deux diverticules de l'entéron, au lieu d’un seul. Ces deux expansions sont, d’après lui, plutôt latérales que ventrales ; il les désigne par le terme nofocorde. Les Actinotroques que j'ai étudiées. ne possèdent, comme je l’ai indiqué, qu’une seule de ces poches, exactement médiane et ventrale. Par contre, si nous différons au sujet du nombre, nous nous accordons. sur la structure des parois, et sur l'interprétation qu’il con- vient d'en faire. Le nom donné à ces organes par Master- man est suffisamment explicite sur ce dernier chef. Sur le DÉVELOPPEMENT DES PHORONIDIENS,. 151 premier, il a suivi, comme moi, la remarquable modification vacuolaire. L'opposition reprend au sujet de la cavité cæœlomique. Selon Masterman, cette dernière est divisée, par des lames mésentériques, en trois parties distinctes ; l'une préorale, la deuxième dans le collier, la troisième dans le tronc. Par surcroît, un mésentère longitudinal et dorsal scinde la deuxième en deux moitiés symétriques ; et un mésentère ventral agit de même dans la troisième. En outre, chacune de ces parties s'ouvre directement au dehors par l'entremise d'une paire d’orifices; ceux du lobe préoral sont voisins du soi-disant ganglion nerveux ; ceux du collier sont situés sur les côtés de l’orifice métasomique ; enfin, ceux du tronc sont percés à côté de l’anus. Mais la complexité ne s'arrête point là. Masterman trouve encore un système circulatoire _ fort développé, dont les principaux canaux sont : deux sinus longitudinaux, l'un dorsal et l’autre ventral, qui longent l'entéron ; une poche vasculaire, placée derrière le ganglion nerveux et la glande subneurale, unie au précédent sinus dorsal ; trois sinus annulaires, ou obliques, qui cerclent le tube digestif en se reliant aux sinus longitudinaux, l’un au niveau de l’œsophage, l’autre à celui de l’entéron, le dernier dans la zone d'union de l’entéron et du rectum. Ici comme au sujet du système nerveux, je ne puis rien dire, sinon que je n'ai vu aucune disposition semblable, et que cette structure me semble bien compliquée pour une larve. Mes recherches m'ont toujours montré le cœlome continu ; 1l existe des brides mésentériques, mais non pas des lames complètes. Je n’ai jamais, sur des larves normales, soit examinées en entier, soit coupées, rencontré d'orifices mettant la cavité cælomique en communication directe avec le dehors. J’ai observé un vaisseau ventral, et quelques ébauches de trajets vasculaires faconnées dans le cœlome ; mais je n'ai pas eu l’occasion de voir, comme organisation d'habitude, un système circulatoire aussi complexe. Ici encore, 11 me faut signaler la différence des résultats, sans 152 LOUIS ROULE. chercher à lui donner une explication plausible : je n’en vois point. Tout ce que je puis indiquer, c'est que des orifices semblent exister, parfois, autour de l’anus, dans cette zone où l’ectoderme est très mince; mais un examen approfondi, poursuivisur un grand nombre de larves, dénote l'intégrité de cetle membrane ectodermique, maiïgré sa faible épaisseur, et sa réelle privation d'ouvertures. Par contre, nous sommes d'accord, Masterman et moi, sur la composition de la somatopleure, de la splanchnopleure, et des éléments conjonctivo-musculaires. Une dernière contradiction entre nous se manifeste au sujet des néphridies. Je trouve ces organes dans deux groupes cellulaires qui s’attachent à la paroi du corps, vers la région antérieure du tronc, au niveau de l’œsophage. Masterman les voit dans deux appareils ventraux, situés un peu en avant de l’orifice métasomique ; chacun consiste en une masse que parcourt un canal, ouvert au dehors par un bout, ramifié de l’autre en plusieurs branches qui débouchent dans le cœlome. L’orifice extérieur n’est autre que celui mettant en communication, d’après l’auteur, la cavité cœlomique du collier avec l'extérieur. Je n’ai point observé, dans cette région, sur mes larves, de tels organes ; ils leur font défaut. Je me suis attaché surtout à discuter les travaux de Mas- terman, en passant sous silence ceux de ses devanciers. Ils sont, en effet, les plus complets de beaucoup ; ils résument ces derniers et les étendent. Or, les auteurs anciens ont bien commis quelques erreurs, soit en se bornant à examiner imparfaitement des larves entières, soit en examinant des coupes menées au hasard, mais aucun n’a poussé aussi loin que Masterman le souci de prendre le moindre menu fait, accidentel ou non, comme exprimant une structure normale et constante. Le résullat en a été de donner à l’Actinotroque une organisation des plus compliquées. Aucune autre larve de Ver, àune phase équivalente, n’en possède de semblable. Mes -echerches me conduisent à affirmer qu'il n’en est pas ainsi. PT DÉVELOPPEMENT DES PHORONIDIENS. 153 Cependant, je le reconnàis volontiers, l'étude faite par Masterman est consciencieuse. L'auteur s’est sûrement efforcé de bien voir et de tout rechercher. Il a commis, à mon sens, quelques erreurs de méthode. Il s’est trop laissé entraîner par son désir de comparer l’Actinotroque aux Bryozoaires Ptérobranches, et aux Entéropneustes ; il à examiné la larve accomplie, en omettant de suivre les phases de sa formation ; il n'a pas assez tenu compte des accidents de préparation, des contractions et des déchirures inopinées, inévitables pourtant chez des êtres aussi fragiles ; il a systématisé et régularisé des dispositions encore peu définies. Mais son travail n’en est pas moins l’un des meil- leurs qui ait été publié sur les Phoronidiens. L'opposition entre ses recherches et les miennes n’a pas seulement les causes que je viens de signaler ; il en est une autre selon toutes probabilités, autant qu'il m'est permis d’en juger d’après les travaux de Masterman et ceux de ses devanciers. Les Actinotroques de la mer du Nord et de ses voisines ne ressemblent pas à celles de la Méditerranée. Elles sont plus srandes ; leurs tentacules sont plus abondants ; les diverti- cules entériques à cellules vacuolaires paraissent être vrai- ment au nombre de deux. Peut-être la structure des organes est-elle aussi quelque peu plus complexe. Je ne crois pas qu'elle aille en ce sens jusqu’à se trouver conforme aux descriptions de Masterman. Mes critiques au sujet du ganglion dorsal, de la glande subneurale, et des pores cœlo- miques, le démontrent d’une facon suffisante. Mais elle présente peut-être plusieurs dispositions dont les larves méditerranéennes sont privées. En tous cas, c'est à des études ultérieures, faites sur des Actinotroques septentrio- nales, qu’il appartiendra de trancher et de conclure en cette matière. | 194 LOUIS ROULE. CHAPITRE NI MÉTAMORPHOSE DE LA LARVE ACTINOTROQUE S 1%. — Métamorphose de l’Actinotroque en un jeune Phoronis. L. ÉTUDE DES CHANGEMENTS DE LA FORME EXTÉRIEURE (fig. de la PI. V). — Ces changements sont considé- rables. La métamorphose de l'Actinotroque est une des plus complètes qui soient, et des plus remarquables. Pourtant elle dure peu, du moins en ce qui concerne les modifications de la forme extérieure, car ses phénomènes intimes d'histolyse et d’histogénèse se prolongent après son achèvement, et existent encore chez le jeune Phoronis. Elle s’accomplit en un laps detemps fort court, qui varie, suivant les individus, de dix minutes à une demi-heure. Rarement il dépasse ce dernier terme. Pendant sa métamorphose, la larve se laisse couler d'habitude. Elle cesse de nager, tombe sur un support quelconque, et se modifie. J’ai rarement pêché des Actino- troques libres, commençant à présenter ces changements ultimes. Le plus souvent, mes observations ont porté sur des larves prises avec leur allure normale, conservées dans des cristallisoirs remplis d’eau de mer, et y subissanti leurs transformations. Certaines circonstances hâtent la métamorphose; toutes ont pour action de diminuer la vitalité des individus. Ainsi, en prélevant sur un lot d’Actinotroques semblables, un certain nombre d'exemplaires que l’on place dans une minime quantité d’eau, ceux-ci se modifient plus rapidement que leurs congénères laissés dans un espace plus vaste. Le même résultat a lieu lorsqu'on ajoute à l’eau de mer une substance qui altère la résistance vitale des larves sans les tuer, par exemple un peu d’une faible solution de bleu de méthylène. L’Actinotroque achevée arrive à une rte 2. - œ EE ———— DÉVELOPPEMENT DES PHORONIDIENS. 159 sorte d'époque critique. Sa métamorphose est imminente, toute préparée ; mais elle ne s’accomplit pas forcément, par le seul fait de sa possibilité. Certaines conditions la retar- dent : si la larve est entraînée en haute mer dans de l’eau pure et oxygénée ; si aucun support ne se présente ; si l’ani- mal est maintenu en suspension dans son milieu. D'autres circonstances la hâtent et la facilitent : si la larve se trouve dans une eau basse, immobile, où des débris, des algues, lui donnent aisément de quoi se fixer, où l’oxygénation est moins active. Sürement, bien que des expériences directes soient impossibles sur ce sujet, je crois qu'il est permis de penser, d’après mes observations, à une variabilité assez grande. Les larves d’une même ponte, d’un même âge, parvenues au même degré, se modifient et se métamor- phosent à des époques différentes, suivant les conditions du milieu. Je ne pense pas que l’opposition soit considérable. Les Actinotroques, fréquentes en mai dans la région de Cette, sont déjà rares en juin ; et certainement, à cause de la régularité des inversions de courants, la minorité seule est emportée au large. Mais elle doit s'étendre à plusieurs jours, et même à deux ou trois semaines. La contractilité de la larve facilite la métamorphose. Appuyée et couchée sur son support, l'Actinotroque se tord dans tous les sens. Elle s’allonge ou se raccourcit, se plie à x! droite ou à gauche. Elle étale ou rabat son lobe préoral en capuchon. Elle allonge et étire son extrémité postérieure, munie de sa couronne vibratile. Par tous ces moyens, elle contribue à hâter l’évacuation de la poche métasomique. Elle presse sur le plasma de son cœlome, qui presse à son tour sur la paroi de la poche, et la fait alors se retrousser peu à peu en avançant au dehors. Le premier phénomène de la métamorphose consiste en la sortie de la poche métasomique. Celle-ci, dans l’Actino- troque achevée, revient à un sac interne, largement ouvert au dehors, sur la face ventrale du corps, par l’orifice méta- somique. Il se retrousse à partir de cet orifice, et il s'éva- 1456 LOUIS ROULE. gine progressivement à l'extérieur. Les premières portions émises sont celles qui avoisinent l’orifice ; les dernières, celles du sommet enfoncé dans la larve. En agissant ainsi, 1l revient sur lui-même ; il rend externe ce qui était interne dans sa paroi, et réciproquement. Sa cavité propre disparaît à mesure, en se confondant avec l’espace environnant. En revanche, une nouvelle cavité se creuse dans son intérieur, et grandit peu à peu ; celle-ci dérive du cœlome larvaire. Tout se passe comme dans un sac que l’on retrousserait en entier, en commençant par les bords. La paroi demeure, mais elle porte en dedans ce qui était en dehors, et en dehors ce qui était en dedans. La cavité ancienne s’annihile, mais une nouvelle cavité interne prend naissance. L’allure de sac est conservée, sauf le changement de relation des parties entre elles, et avec l’espace ambiant. La poche métasomique de l’Actinotroque est établie à la manière d’un sac interne, soudé à la face ventrale du corps. L'évagination accomplie, elle à encore l'aspect d’un sac attaché à la même face, mais elle est extérieure. L'orifice métasomique à disparu, avec la cavité de la poche. La nou- velle cavité de cette dernière est une volumineuse dépen- dance du cœlome de la larve. La paroi comportait un ecto- derme et une somatopleure ; le premier interne et limitant la cavité de la poche ; la seconde externe et baignée par le plasma cœlomique. L'ectoderme et la somatopleure existent encore ; seulement Jeurs rapports sont inverses. Le premier est devenu extérieur; il forme la surface du sac dévaginé et se trouve entouré par l’eau de la mer. La seconde est inté- rieure ; elle limite la nouvelle cavité de la poche, qui est une expansion cœlomique. La situation des feuillets est ainsi ramenée à la normale ; elle ressemble à celle qui existe dans les autres parties du corps de la larve. Au moment où l’évagination commence, l’Actinotroque garde son allure normale ; parfois, elle essaie de nager encore, pour bientôt se laisser retomber. Elle porte seule- ment, en surplus, sur sa face ventrale, immédiatement en 7 PR | Sd Se DÉVELOPPEMENT DES PHORONIDIENS. 157 arrière de la couronne des tentacules, un appendice volu- mineux. Celui-ci n’est autre que la première zone évaginée de la poche métasomique, celle qui avoisine directement l'orifice. Cet appendice grandit rapidement ; il s’allonge et s’élargit. La poche, aplatie et plissée dans le corps de la larve, s'étale et s’arrondit lorsqu'elle arrive au-dessous. Elle a l'aspect d’une hernie gigantesque, cylindrique, qui s’ac- croît sans cesse jusqu'au moment où son sommet parvient à l'extérieur. Le retroussement est alors terminé. Pendant que cette expulsion s'effectue, le corps de la larve subit des transformations remarquables, intéressantes à la fois par leur propre nature, comme par leur brève durée. Le lobe préoral se ratatine ; il diminue de dimensions, et il frange sa surface. La même modification atteint la région comprise entre sa base et la couronne destentacules. Ceux-c1 subissent aussi des changements analogues. De plus, à la base de chacun d’eux se produit une saillie, donnée par la paroi du corps, qui augmente, grandit en hauteur, et devient un tentacule nouveau, plus court que son prédéces- seur et voisin. La zone postérieure du corps s’élire Le plus pos- sible, notamment les parties voisines de l’anus ; la couronne vibratile remonte en avant, et se rapproche de la couronne tentaculaire, pendant que la région anale s'étend en un gros lobe conique. L'aspect offert par l’Actinotroque à ce moment décèle la coexistence de deux phénomènes : le ra- tatinement du corps, au fur et à mesure de l'expulsion de la poche métasomique; et, comme conséquence, une pression exercée sur le plasma cœlomique, qui distend les parties encore normales, et notamment la zone voisine de l’orifice anal. Les deux sortes de modifications s’accomplissent à la fois. La poche métasomique continue à s’évaginer, à se retrousser en s’étalant au dehors, jusqu’au moment où elle est sortie tout entière. Elle constitue, dès lors, un sac de forte taille, à la paroi complète. Si Le corps de la larve per- sistait, ce sac aurait l'aspect d'un lobe volumineux, cylin- 158 LOUIS ROULE. drique, suspendu à la face ventrale de l'individu et planté sur.lui. Étant donnée la direction suivie pendant l'émission, son grand axe est perpendiculaire ou faiblement oblique à celui de l’Actinotroque. Mais il n’en est pas ainsi. À mesure que l'évagination s'achève, le lobe préoral, déjà très réduit, se détache brusquement du corps, au niveau de sa base d'attache. Les tentacules de l’Actinotroque agissent de même ; les nouveaux restent seuls, fort courts encore. La région comprise entre le lobe préoral et les tentacules se trouve ainsi mise à nu ; elle persiste, mais elle se ratatine et s’infléchit, de manière à former un entonnoir, que les ten- tacules nouveaux entourent sur ses bords. La bouche per- siste dans sa situation première et se trouve reportée au fond de cet entonnoir. Enfin la zone postérieure du corps cesse de se distendre ; elle diminue peu à peu, perd toute forme régulière, et finit par se restreindre, par devenir une petite masse irrégulière, qui reste attachée au commence- ment de la poche métasomique dévaginée, au-dessous de la nouvelle couronne tentaculaire. En somme, dans celte singulière transformation, le corps de l’Actinotroque disparait en entier, ou peu s’en faut. Il ne reste de lui que la poche métasomique évaginée, et les tenta- cules d'apparition récente. Les autres parties externes se sont ralalinées d’abord, et beaucoup se sont détachées ensuite, leur dégénérescence étant accomplie. Les cicatrices de leur chute disparaissent rapidement, car l’ectoderme se reforme en hâle au-dessous. L'individu se borne à la poche; c’est elle qui compose désormais la paroi extérieure du corps, et qui contient les organes internes. L’Actinotroque est métamorphosée en PAoronis. Le corps du ?horonis est ainsi donné par la poche méta- somique, seule, de l’Actinotroque. A celte date de son évo- lution, il est cylindrique, plus épais en bas qu’en haut, envi- ron quatre fois plus long que large. Son volume est à peu près celui de l’Actinotroque dont il provient. Les différences me semblent des plus minimes ; il est plus allongé, mais DÉVELOPPEMENT DES PHORONIDIENS. 159 aussi plus étroit. Il mesure, en moyenne, un millimètre et demi de longueur. Son extrémité inférieure est fermée, arrondie. Son extrémité supérieure, bordée par la couronne des tentacules nouveaux, est d’abord oblique, à cause de la direction de ses appendices, sur le corps de la larve, puis franchement transversale : la bouche est ouverte en son centre. Le lobe préoral et les anciens tentacules, entraînés par les mouvements des cils vibratiles qui recouvrent ce bord supérieur, pénètrent parfois dans l'orifice buccal, et entrent dans l’entéron où ils sont pris comme aliments. La zone postérieure ne se sépare point du corps actuel ; mais elle continue à diminuer et à disparaître progressivement. Il. Érupe pes couPEs RÉELLES. — Il est inutile de décrire. en détail la structure de toutes les coupes pratiquées sur des Actinotroques en métamorphose. Quelques-unes d’entre elles, faites sur une larve dont la poche métasomique est à moitié dévaginée, suffisent, dans cet exposé, pour montrer la nature des changements intimes. La figure 75, de la planche XIII, représente une coupe transversale, passant quelque peu en avant de la poche métasomique. La paroi du corps limite la cavité cæœlomique ; l’'entéron est au centre. Ces diverses parties ont modifié leur organisation première. L’ectoderme de la paroi du corps s’est beaucoup aminci; il consiste en une lame fort peu épaisse, contenant de petits noyaux. Sa largeur est plus grande, pourtant, sur les côtés et sur la face ventrale. Cela tient à la présence des tentacules et à celle de la plaque médullaire. Les bases des tentacules sont prises dans cette coupe; elles forment de légères saillies dont l’épithélium ectodermique est assez élevé. De même, la plaque médullaire, avec son épithélium cylindrique, occupe, en cette région, la face ventrale du corps; mais, dans son ensemble, l’ecto- derme offre des traces évidentes d’une dégénérescence parti- culière accusée par son amincissement, et par la moindre netteté de ses cellules. Un phénomène identique frappe la 160 LOUIS ROULE. somatopleure. Au lieu d’être continue et complète, la plu- part de ses éléments ont disparu. Il reste d’elle un petit nombre de cellules espacées, distribuées de façon irrégulière. L'entéron montre une organisation nouvelle. Sa cavité, quoique plus étroite, reste simple; sa paroi, endoderme et splanchnopleure réunis, conserve son intégrité. Mais sa face dorsale porte une partie supplémentaire. Cette face s'infléchit quelque peu, de manière à avancer en bourrelet dans la cavité entérique, et à se creuser en gouttière vers la cavité cœlomique. Cette gouttière renferme la section transversale d’un petit canal légèrement aplati de haut en bas ; la paroi de ce conduit consiste en un épithélium aux petites cellules cubiques, dont le protoplasme se colore avec difficulté. Ce canal occupe la place du cordon de prolifé- ration situé, chez l’Actinotroque complète, sur la zone médio-dorsale de son entéron. Les coupes, pratiquées sur des larves moins avancées dans leur métamorphose, dénotent que le premier dérive du second. Le cordon se change en un conduit ; il se creuse, suivant son axe, d’une cavité qui grandit en refoulant les cellules autour d'elle, et en se constituant une paroi par leur moyen. Les coupes longitudinales, faites sur des larves parvenues à la présente phase, conduisent au même résultat, car elles laissent voir le cordon de prolifération conservé dans son allure générale, mais creusé de place en place par la cavité qui le transforme en un conduit. Les larves plus avancées et presque conver- ties en Phoronis indiquent davantage : ce canal, ainsi produit aux dépens d’un cordon donné par la prolifération dorsale de l’endoderme entérique, devient l'intestin efférent, c'est-à-dire la branche intestinale qui va, chez l'adulte, de la région postérieure du corps jusqu à l'orifice anal. La cavité cœlomique et le mésoderme offrent aussi des modifications importantes. Le plasma du cœlome est liquide; les éléments mésodermiques libres y diffluent facilement, emportés dans toutes les directions suivant les contractions : de la larve. Les édifications cellulaires, petites ébauches DÉVELOPPEMENT DES PHORONIDIENS. 161 vasculaires, brides mésentériques, disparaissent pour la plupart. En revanche, les cellules mésodermiques embryon- naires et libres sont plus nombreuses qu'elles n'étaient dans l’Actinotroque complète et non mélamorphosée. Leur augmentation numérique vient de leur propre multiplication, mais aussi de l’appoint fourni par les éléments de la soma- topleure. Ceux-ci, tout en s'appliquant autrefois contre l'ectoderme pour le doubler, ne se différenciaient point, et conservaient le caractère embryonnaire. Ils se désagrègent au moment de la métamorphose. Ils se détachent de Ia paroi du corps sur la majeure part de son étendue. Ils tombent dans le plasma de la cavité cœlomique, et s’y mélangent aux éléments qui s’y trouvent déjà, semblables à eux du reste. La disparition des brides et des petits trajets vasculaires se fait aussi par dissociation. Seulement, certaines cellules ainsi rendues libres se disposent bien comme les autres éléments libres du mésoderme; mais plusieurs, et notam- ment les cellules conjonctivo-musculaires, sont détruites par les éléments libres, qui les entourent et les absorbent en se comportant vis-à-vis d'eux à la manière de phago- cyles. En somme, les principaux appareils de la larve subissent des phénomènes évidents d’histolyse et d’histogenèse. L’histolyse atteint la somatopleure et les édifications cellu- daires du cæœlome. L'histogenèse porte sur le cordon entérique dorsal, qui donne l'intestin efférent. Cependant, quelques brides mésentériques persistent encore, notamment vers les bases des tentacules. Elles ne {arderont pas à disparaître à leur tour, avec les appendices auxquels elles se rendent. L'histolyse n’est pourtant pas seule à se manifester dans le cælome. L’histogenèse y pro- duit également ses effets. Au-dessous de l’entéron, et sur la ligne médiane, l’ébauche du vaisseau ventral se régularise et se complète. De plus, sur la ligne médiane dorsale, une autre ébauche vasculaire prend naissance, qui entoure et £ ste. ge dei. on mt ee _ ORGANES REPRODUCTEURS MALES DES COLÉOPTÈRES. 9397 interne amincie et cylindrique, s’ouvrant directement dans une sorte de réceptacle, duquel part le canalicule déférent. Une section transversale, faite à travers un lobule testicu- laire de Cetonia(Voy. PI. XXIV, fig. 5) nous rend bien compte de cette structure et nous montre la disposition des canali- cules ainsi que la forme du réceptacle où ils vont déboucher. L'ensemble de l'organe est recouvert par une très mince membrane (enveloppe glomérulaire) contre laquelle viennent s'appuyer les parois externes des wfricules où ampoules sperma- tiques. Ces dernières présentent, dans leur ensemble, la forme d’un trapèze ou d’un rectangle très allongé (Voy. PL XXIV, fig. 5 et 6). Dans la plupart des cas, leur bord externe est double ou même parfois triple du diamètre de leur orifice interne. Les cloisons latérales sont ténues, sinueuses et constituées par quelques fibrilles provenant de prolonge- ments émanés de l'enveloppe du lobe et surtout de celle des ampoules. Leur cavité interne renferme, soit des cellules génératrices des spermatozoïdes ou spermatogonies, soit des faisceaux de spermatozoïdes complètement développés et dont les uns sont sectionnés et d’autres, au contraire, sont vus de profil. Les spermatogonies sont des cellules sphéri- ques, pourvues d'un gros noyau et réunies par groupes con- tigus ou isolés les uns des autres. Sur une section transversale, on compte parfois, pour chaque lobe testiculaire, de cinquante à soixante utricules spermatiques. Le réservoir collecteur central de chaque glomérule comprend extérieurement une mince enveloppe musculaire, une membrane basale très mince et enfin une assise épithé- liale formée par une rangée de hautes cellules cylindriques et pourvues d’un noyau central. La cavité du réceptacle est remplie d’un liquide hyalin etréfringent et d’une multitude de spermatozoïdes groupés en faisceaux ou orientés en tous sens. Une coupe faite transversalement en dehors de la région centrale présente, chez la Cefonia floricola L., de grandes analogies avec une section pratiquée dans les organes 398 | L. BORDAS. homologues des Chrysomélides et des Longicornes. La sec- tion représentée par la figure 4 (PL. XXIV), passe non loin des bords de l'organe et les divers utricules spermatiques ont été intéressés obliquement. L'ensemble de l'organe est entouré par une membrane commune ; au-dessous de cette dernière vient une assise de fibrilles circulaires qui envoie, vers le centre, des prolongements lamellaires constituant les cloisons séparatrices des diverses ampoules séminales. On trouve dans ces dernières deux sortes d'éléments : des spermogonies et des spermatozoïdes. Les premières sont des cellules sphériques, à gros noyau granuleux, rarement cen- tral et presque toujours excentrique. Elles sont presque toujours groupées, au nombre de vingt à trente, en masses presque sphériques localisées contre les parois des utricules (Voy. PI. XXIV, fig. 4). Des coupes de canalicules déférents de Ceéonia aurata (Voy. PI. XXIV, fig. 7) sont allongées, ovales et non circulaires comme celles des conduits vecteurs. Leur structure rappelle un peu celle de ces derniers, avec cette différence que les cellules sont plus régulièrement cylindriques et à proto- plasme granuleux. Leur noyau est ovale et leurs parois internes sont irrégulières et peu apparentes. Canaux déférents. — La structure des canaux déférents est très simple. Chez les Geotrupes mutator, on trouve exté- rieurement une mince enveloppe musculaire à fibres circu- laires (Voy. PL. XXIIL, fig. 5). Vient ensuite une membrane basale, de nature conjonctive, hyaline et très ténue. L'épi- thélium interne se compose de cellules cubiques ou rectan- gulaires, à gros noyaux sphériques et granuleux. Le cyto- plasme est également granuleux vers la base et vacuolaire du côté interne. Le bord libre de l’assise cellulaire est plus ou moins régulier et se présente fréquemment avec des déchirures. La cavité interne du canal déférent est généralement sinueuse el renferme une masse compacte et granuleuse . produite par la sécrétion des cellules de la paroi. Ce con- ORGANES REPRODUCTEURS MALES DES COLÉOPTÈRES. 399 tenu se coagule par l’action des liquides fixateurs (alcool, sublimé, etc.), mais ne se contracte généralement pas, car, dans le cas présent, iladhère étroitement au bord interne de l'épithélium pariétal. Les glomérules testiculaires et les canaur déférents des Lucanes et des Dorcus présentent à peu près la même struc- ture histologique que ceux des Céloniens, aussi, nous dis- penserons-nous de les décrire. Les vésicules séminales du Dorcus, simples dilatalions des canaux déférents, diffèrent cependant, quant à leur structure, de celles des espèces précédentes, par la forme aplalie de leur épithélium interne. Leurs parois sont minces, transpa- rentes et formées par une membrane musculaire à fibres circulaires. Les cellules pariétales, limitant le lumen central, sont aplaties, étroitement unies entre elles et pourvues de _ noyaux ovales à grand axe transverse. Le protoplasme pré- sente, surtout du côté interne, de nombreuses vacuoles (Moy. PI. XXIV, fig. 8). Les glandes annexes (ectadénies) des Lucanes, remarqua- bles par leur transparence et la couleur de leur contenu, sont formées par deux tubes cylindriques, flexueux et dé- passant deux ou trois fois la longueur du corps de l’Insecte. Leur structure histologique nous démontre, d’une façon très nette, leur nature glandulaire ; de plus, la forme et la disposition de leur épithélium interne ne sont pas sans pré- senter une analogie avec celles de l’épithélium intestinal que nous avons décrites chez les Orthoptères et en particulier chez les Forticulidæ (Noy. Appareil digestif des Orthoptères : Ann. des Sciences naturelles, Zool., 1897). Une section transversale, faite perpendiculairement à l'axe de chaque tube glandulaire, nous présente à considérer : 1° une membrane à parois minces et transparentes, formée principalement par des fibres circulaires, avec quelques rares faisceaux longitudinaux ; 2° une membrane basilaire, et 3° l’épithélium sécréteur interne. Ce dernier est constitué par de hautes cellules cylindriques, placées côte à côte et dis- 360 L. BORDAS. posées en une assise unique. Le contenu cellulaire est clair: autour du noyau, mais légèrement granuleux à ses deux extrémités. Parfois, le bord interne présente quelques va- cuoles. Sur le pourtour de ce même bord on observe cons- tamment la présence de pelits globules réfringents et fortement colorés, dont les uns sont encore adhérents à la cellule et les autres complètement libres dans la cavité centrale du tube glandulaire(Voy. PI. XXIV, fig. 10). Ils sont souvent disposés en une ou plusieurs assises ; certains même ne liennent au bord interne de la cellule que par un pédicule plus ou moins long. Ces globules se colorent inten- sivement par le picro-carmin, et leur nombre, ainsi que leur situation par rapport à l’épithélium interne, témoigne en faveur de la grande activité sécrétrice de la glande. La cavité centrale de l’organe est remplie par un produit épais, compact, hyalin, transparent et entouré parfois d'un man- chon de globules nouvellement sécrétés. Dans le Dorcus parallelipipedus, les phénomènes de sécré- tion se présentent encore avec plus de netteté que dans. l'espèce précédente. Les cellules de l’épithélium interne sont allongées, cylindriques et à parois latérales peu appa- rentes (Voy. PI. XXIV, fig. 11). Leur protoplasme, granuleux vers la base, est compact et fibrillaire du côté interne. Le- noyau, situé dans la région centrale de l'élément, est ovale et étroit. Nous avons pu, à maintes reprises, étudier com- ment la cellule épithéliale expulse son contenu muqueux. À. un moment donné, le bord interne de la cellule se rompt et on voit s'échapper un produit homogène, compact et gluant. Le- globule sécrété forme tout d’abord un capuchon hémisphé- rique, s'étire, s’allonge et tombe finalement dans la cavité. centrale de la glande. Parfois la gouttelette est reliée au bord interne de la cellule par un fin pédicule. Souvent la paroi interne épithéliale est entourée d’un bourrelet momili- forme dû à l’accolement des globules sécrétés. Le produit de sécrétion est tout d’abord gluant et gélati- neux, mais il ne tarde pas à se coaguler, par l’action des. ORGANES REPRODUCTEURS MALES DES COLÉOPTÈRES. 304 réactifs, en une masse homogène, hyaline et transparente. Conduit éjaculateur. — Le conduit éjaculateur des Luca- nides présente deux parlies tout à fait différentes quant à leurs dimensions : la première est large et recourbée en fer à cheval, tandis que la seconde est grêle et filforme. La structure histologique de ces deux parties est à peu près identique, et la dilatation est due, non pas à l'élargissement de la lumière interne, mais bien à l’épaississement consi- dérable que présentent les parois musculaires du conduit. Si l’on fait une section transversale dans la partie anté- rieure élargie du conduit éjaculateur du Lucanus cervus, on trouve successivement les diverses couches suivantes. (Not XXV, fie: 1) : 1° A l'extérieur, une très mince membrane recouvrante ou péritonéale ; 2° Vient ensuite un épais et puissant manchon musculaire, formé par une couche de fibres circulaires externes et par plusieurs assises de faisceaux longitudinaux internes. Entre les deux couches musculaires, on constate la présence de- quelques fibres obliques. La couché longitudinale interne forme, autour du canal, un anneau complet et comprend de quatre à sept assises. Le nombre de ces assises varie cepen- dant suivant les régions ; 3° La tunique propre ou membrane basilaire est très. mince et supporte l'épithélium chitinogène ; 4 L'épithélium chitinogène est formé par une simple assise de cellules cylindriques, à gros noyau central. Le cytoplasme est granuleux vers la base et fibrillaire du côté interne. Dans celte région, en effet, les parois des cellules deviennent indistinctes et on a toutes les transitions entre le contenu cellulaire et la membrane chitineuse. Ce qui prouve que l’intima n'est pas un produit de sécrétion, mais bien une différenciation du bord interne des cellules ;: Enfin 5°, tout à fait vers l’intérieur, on trouve un manchon chitineux entourant le lumen central du conduit. Il est ré- gulier et ne présente, dans cette région, aucune protubé- 362 L. BORDAS. rance interne (soies, piquants ou poils). Si l’on plonge le tube dans une dissolution chaude de potasse caustique, les divers tissus se désagrègent el on ne conserve que le manchon chitineux. ae Une coupe, faite à l'extrémité postérieure du conduit éja- culateur (portion située dans l’axe du pénis) présente, chez le Dorcus, quelques modifications à la description précé- dente (Voy. PI. XXIV, fig. 12). La membrane musculaire est mince et l’assise chitinogène est formée par des cellules aplaties. D'autre part, l’intima chitineuse interne est épaisse, hyaline, transparente et hérissée de nombreuses soies, à base élargie et à extrémité libre très effilée. CHAPITRE IV ORGANES GÉNITAUX MALES DES CHRYSOMELIDÆ (1) ET DES CURCULIONIDÆ Les organes reproducteurs mâles des Chrysomelidæ (Voy. PI. XXIV, fig. 9, et PL. XXV, fig. 3 et 9) sont remarquables par leur extrême simplicité. Par la forme et la structure des testicules, ils se rapprochent de ceux des Scarabéides et des Lucanides, mais ils en diffèrent par l’atrophie des canaux déférents et la forme très réduite des glandes annexes. Pourtant, la présence d’un renflement au conduit éjacula- teur permet cependant de placer l'appareil générateur des Chrysomèles à côté de celui des Lucanes. Les glandes génitales mâles des Chrysomèles présentent les plus grandes analogies de formes avec celles des Oreines. Comme chez ces dernières espèces, on trouve des testi- cules formés par un grand nombre de canalicules ou ampoules spermatiques, deux glandes annexes tubuleuses et un conduit éjaculateur pourvu d’une dilatation due aux épaississements de ses parois (V. PI. XXV, fig. 9). (1) Pour de plus amples détails, voyez notre mémoire: Recherches anato- miques et histologiques des organes génitaux mâles des Chrysomelidæ (Jour- nal de l'anatomie et de la physiologie, t. XXXV, juillet-août 1899). ORGANES REPRODUCTEURS MALES DES COLÉOPTÈRES. 303 Les testicules de la Chrysomela cerealis L., au nombre de deux paires, sont disposés symétriquement de part et d'autre de l'intestin terminal. Ils sont, de chaque côté, contigus l’un à l’autre et se présentent sous une forme aplatie, discoïdale et à contours nettement circulaires. Leur face supérieure est plane et l'inférieure légèrement concave. Chaque glande est formée d'une série d'ampoules sperma- tiques allongées, à région externe élargie et hémisphérique, tandis que l’interne est à peu près cylindrique et va s'ouvrir dans la portion initiale dilatée du canal déférent. Ces ampoules, généralement disposées suivant une rangée unique, sont, pour chaque testicule, au nombre de vingt à trente environ. Les testicules de l’Oreina sont assez volumineux et rem- plissent, à l’époque des fonctions génésiques, la presque totalité de la cavité abdominale. Ils sont situés vers la face dorsale de cette partie du corps, se touchent presque par leur bord interne et ne laissent entre eux qu’un étroitespace livrant passage à la partie terminale du tube digestif. Chaque {esticule, aplati et à contour circulaire, a un dia- mètre compris entre 2 et 3 millimètres. Il est recouvert par une très mince membrane et maintenu en place par de nombreux filaments trachéens qui envoient de fines rami- fications jusque dans l’intérieur des ampoules spermatiques. L'ensemble de l'organe, par sa forme circulaire, à faces supérieure et inférieure légèrement bombées, présente assez exactement l'apparence d'une nummulite. Les ampoules spermaliques, constituant chaque glande, sont fort nom- _ breuses. Elles vont s'ouvrir dans un réservoir situé à la face inférieure et duquel part le canal déférent. C’est dans les diverses ampoules, principalement vers leur région cæcale, que prennent naissance et se développent les sperma- tozoïdes. Les canaux déférents des Chrysomèles sont assez courts et prennent naissance au milieu de la face interne des testi- cules.Leur extrémité distale est élargie et reçoitles parties ter- 304 L. BORDAS. minales des capsules spermatiques. Après sa sortie du testi- cule, le canal diminue de diamètre, prend une forme à peu près cyhndrique et ne tarde pas à s’unir à son congénère pour former, de chaque côté, le canal déférent impair. Ce dernier, de couleur blanchâtre, est étroit, peu sinueux et se dilate légèrement vers sa partie terminale, constituant ainsi une sorte de réservoir séminal. Chez les Oreines, les canaux déférents sont également courts et peu sinueux, sauf à leur origine où ils décrivent quelques circonvolutions. Chacun d’eux naît de la dilatation ampuliforme située au-dessous des testicules, dilatation qu'on peut considérer comme la portion initiale, très élargie, du canal déférent (Voy. PI. XXIV, fig. 9). Les deux conduits primitifs s'unissent ensuite et forment le canal déférent impair. Ce dernier, régulièrement cylindrique, ne tarde pas à se dilater à son tour en formant une petite am- poule, au-dessous de laquelle vient déboucher la glande accessoire. Les glandes accessoires des Chrysomèles et des Oreines sont paires et constituées par deux tubes sinueux, blan- châtres, à parois transparentes et plissées. Elles conservent, pendant tout leur trajet, à peu près le même diamètre et vont se fusionner avec le canal déférent, dans la région ovoïde que nous venons de signaler (Voy. PI. XXV, fig. 3 et 9). La seconde partie du canal déférent a une structure histo- logique qui ne diffère pas sensiblement de la première. Une section transversale nous montre ia succession des couches suivantes : 1° une membrane recouvrante externe (mem- brane péritonéale) très mince ; 2° une assise musculaire com- posée surtout de faisceaux circulaires et de quelques fibres longitudinales, et enfin 3° un épithélium interne constitué par des cellules aplaties, reposant sur une membrane basi- laire très ténue. Le canal se dirige ensuite en arrière pour s'unir avec celui du côté opposé et former ainsi le conduil éjaculateur. G Ce dernier présente, à lui seul, une longueur double de ORGANES REPRODUCTEURS MALES DES COLÉOPTÈRES. 309 celle des canaux déférents réunis. C’est un tube impair el formant deux courbures principales. La première partie est mince el filiforme, tandis que la seconde, recourbée en arc, a un diamètre triple du diamètre primitif. Cet accroisse- ment dans les dimensions du conduit éjaculateur n'est nullement dû à la dilatation de sa lumière centrale, mais bien à l'épaisseur de ses parois. Ces dernières sont, en effet, très puissantes et constituées presque entièrement par de nombreux faisceaux musculaires superposés et dirigés cireu- lairement. Le conduit se rétrécit peu à peu vers sa région postérieure, revient à ses dimensions primitives et pénètre enfin dans l'axe de l’armure génilale, constituant ainsi un tube étroit qu'on pourrait dénommer la verge. Le conduit éjaculateur de l’Oreina affecte à peu près les mêmes caractères que celui de l’espèce précédente. Il en diffère cependant par la présence d'un plus grand nombre de sinuosités et par une moindre dilatation de sa région médiane. L'armure génitale mâle des Chrysomèles est assez simple el présente à peu près la même disposition que celle des Oreina el des Lina. Elle ne comprend que deux pièces prin- cipales : la 44e ou lamelle basilaire etle pénis. La première de ces pièces est constituée par une lamelle grêle, bifide et dont les deux branches, situées au-dessous de l’étui pénial, sont dirigées en avant. Le sommet, légèrement élargi et émoussé, passe au-dessus de l'extrémité postérieure de l’étui pénial. De nombreux muscles, attachés aux tigelles latérales, servent à maintenir la pièce dans une position fixe et à la rattacher à la face inférieure du pénis. Ce dernier est cons- ütué par un tube à peu près cylindrique, recourbé dans un plan verlical et présentant, à son extrémité postérieure, une échancrure ovoiïde, en avant de laquelle existe l’orifice génital mâle. Chez les Oreines, la lamelle triangulaire (Voy. PI. XXIV, fig. 9) est constituée par une tigelle bifide, située au-dessous de l’armure, puis passant au-dessus pour former une lamelle 366 L. BORDAS. transverse placée à la face postéro-supérieure de la gaine. Le pénis est un tube chitineux, presque cylindrique et à face supérieure convexe et légèrement aplatie. HisroLo@ie (Voy. PI. XXV, fig. 8). — Les parties de l’appa- reil génital mâle des Chrysomelidæ les plus intéressantes à étudier au point de vue histologique sont : les testicules, les canaux déférents et le conduit éjaculateur. Teshicules. — Une section faite dans les zesticules per- pendiculatrement au canal déférent ou bien parallèlement aux deux faces supérieure et inférieure, nous montre la disposition des ampoules ou utricules spermatiques et vient confirmer, une fois de plus, les résultats fournis par la dissection fine. Les diverses capsules spermatiques dont se compose chaque testicule nous apparaissent alors disposées radialement et allant converger vers la région centrale de l'organe, à l'extrémité dilatée du canal déférent (Chry- somela). Chaque glande est entourée par une membrane ou tunique péritonéale externe, peu épaisse et constituée par quelques fibrilles circulaires et, à l’intérieur, par des fibres conjonc- tives, présentant çà et là des lacunes donnant à la membrane, dans certaines régions, une apparence réliculée. De distance en distance, on rencontre la section de quelque tube tra- chéen. Les anpoules spermatiques sont nettement séparées les unes des autres par de très minces cloisons. Certaines sont contiguës; d’autres, au contraire, sont séparées par une lacune longitudinale plus ou moins large. Leur extrémité externe est élargie et convexe, tandis que l'interne, s'ouvrant dans le réservoir central, est amincie et cylin- drique. Les unes affectent la forme d’un cône à sommet tronqué et d’autres celle d’une massue. Leur cavité interne est remplie d'innombrables faisceaux de spermatozoïdes, dont cértains se présentent de profil et apparaissent sous forme de touffes filamenteuses, tandis que d’autres, coupés transversalement, se montrent sous l’apparence de petites P masses granuleuses, ovales ou rectangulaires. em Pme CT GE ment En CITE Rayon a eme à ORGANES REPRODUCTEURS MALES DES COLÉOPTÈRES. 307 Le canal déférent est, de même, rempli à son origine de spermatozoïdes isolés et disposés en tous sens. Indépen- damment des éléments fécondateurs, il renferme encore un liquide séminal hyalin et transparent. Les parois du conduit sont recouvertes intérieurement d’un épithélium constitué par une assisse unique de cellules cubiques où aplaties, contenant un gros noyau central granuleux. La structure histologique du canal déférent varie au fur et à mesure qu'il s'éloigne du testicule. C’est ainsi qu'à un millimètre environ de son point d’origine, l’épithélium se modifie sensiblement et se compose de cellules cylindriques, allongées et à noyau ovale localisé principalement vers la moitié externe de l'élément. Le contenu cellulaire est clair à la face interne, tandis qu'il présente de nombreuses granulations dans la région périnucléaire. Le conduit éjaculateur des Chrysomela (Noy. PI. XXVW, fig. 8) présente à peu près la même structure histologique sur tout son parcours, et la partie élargie n’est due unique- ment qu’à l'accroissement d'épaisseur des parois du tube. Une section, faite dans la région dilatée, nous présente à considérer : 1° une membrane recouvrante externe ou tunique péritonéale, très mince; 2° une couche musculaire circulaire formée par un nombre très variable (quatre à sept) d'assises directement superposées. Les divers faisceaux annulaires présentent nettement des striations transversales, ainsi que des noyaux de distance en distance; 3° une assise composée de muscles longitudinaux ; 4° vient ensuite l’'assise émthéhale, reposant sur une très mince membrane basilaire, hyaline et transparente (Voy. PI. XXV, fig. 8). La région externe de chaque cellule contient un cyto- plasme granuleux, tandis que l’interne, en rapport avec l’intima chitineuse, est surtout de nature fibrillaire et pré- sente des striations. Cette disposition est également très caractéristique chez les Lucanides. Les parois latérales cellulaires sont assez apparentes et l’ensemble de l’assise 368 L. BORDAS. a un aspect régulier. On voit cependant parfois, de distance en distance, la couche épithéliale se séparer de la mem- brane basilaire sous-jacente. Les noyaux cellulaires sont ovales, allongés, mn et placés dans la région médiane; quelques-uns sont cependant localisés sur les parois latérales. C'est la région interne des cellules qui produit l’intima chitineuse. Cette dernière a une épaisseur moindre que -celle de l'assise épuhélale chiinogène, plus externe, qui lui a donné nais- sance. 7 Elle est à peu près régulière, annulaire et limite un lumen central fort étroit. On n'observe, sur le pourtour interne de l’intima, ni striations, n1 pointes, ni piquants chitineux comme vers l'extrémité postérieure (région anale). En résumé, le caractère le plus saillant à signaler pour le conduit éjaculateur consiste dans l'épaisseur et la puissance de la musculature et dans la structure et la forme de l’assise épuhéliale chitinogène (1). Famille des Curculionidæ.— Nous n'avons étudié qu'un irès pelit nombre d'espèces appartenant à [a nombreuse el importante famille des Curculionides. Ces espèces sont: VA poderus coryli L. de la tribu des Attelabiens; le C/eonus sulcirostris L., le Cleonus marmoratus Fabr.et le Lepyrus palustris L. (ou Lepyrus colon Fabr.) de la tribu des Cléo- miens et enfin, parmi les Erirhiniens, le Lirus anguineus L. et l'Erirhinus festucæ (Voy. PL. XXV, fig. 2, 4 et 5). L. Dufour s’est occupé, d'une Hi oi sommaire, des glandes génitales des Charançonites. Dans l’Apoderus on trouve, dit-1l, deux sachets spermatiques orhbiculaires, contigus et enduits d’une mucosité jaunâtre. Chacun des testicules du Lirus se compose de deux capsules sperma- tiques orbiculaires, ombiliquées, marquées en dessus de traits rayonnants, où la loupe découvre de fines ramifica- tions trachéennes qui y sont comme enfoncées. (4) Voy. notre note : Étude des glandes génératrices mâles de quelques Chrysomélides (Bull. Muséum Hist. nat., n° 6, p. 182, 1899). RE Ge rome co RC qe gg ge à, ECG sm qe mue - 00 FAN ET na ORGANES REPRODUCTEURS MALES DES COLÉOPTÈRES. 309 Les festicules de l'Erirhinus sont constitués par deux paires de petits massifs discoïdaux, aplatis et mesurant à peine de 1"",3 à 1°°,5 de diamètre (Voy. PI. XXV, fig. 2). Ils sont enveloppés d'une très mince membrane et parcou- rus par de nombreux faisceaux de filaments trachéens. Cha- cun d’euxest formé par une série d’utricules séminales, allant converger vers la cavité centrale de l'organe. Les diverses ampoules ont la forme de petites massues à extrémité distale arrondie et à partie proximale amincie et débou- chant directement dans le réservoir central. Cette structure anatomique est constante chez tous les Curculionides et se rapproche de la disposition que nous avons décrite chez les Scarabéides, les Lucanides, les Chrysomélides, etc. Chez le Zarus, l'Apoderus, le Lepyrus, etc... les testicules, au nombre de deux paires, sont aplatis, lenticulaires et se touchent par leur face interne (Voy. PI. XXV, fig. 4 et 5). [ls sont maintenus dans une position fixe par de nombreuses ramifications trachéennes. De la face inférieure de chaque glande partent deux fins canalicules excréteurs, très courts (Lepyrus, Lirus, Apoderus, etc...), qui se fusionnent pour constituer le canal déférent. Chaque testicule com- prend de nombreuses ampoules spermatiques, disposées radialement et convergeant vers la région centrale de l’or- gane. C'est surtout vers l'extrémité externe dilatée de cha- que ampoule que s'effectue la spermatogenèse. Le canal déférent de chaque testicule est, chez l’Erirhi- nus, très court, droit, cylindrique et va déboucher à l’extré- mité d'un second tube, aplati et rectangulaire, jouant le rôle de vésicule séminale. La disposition des deux paires de testicules est symétrique par rapport au plan médian du corps de l'Insecte. Les vésicules séminales font directement suite aux canaux déférents et sont formées par deux tubes aplatis, courts, à direction antéro-postérieure et à parois minces et trans- parentes (Voy. PI. XXV, fig. 2). Elles reçoivent, à leur face supérieure, les deux glandes annexes qui vont s'ouvrir en ANN. SC. NAT. ZOOL. XI, 24 370 | L. BORDAS. deux points contigus. En arrière du point d'embouchure de ces glandes et tout à fait à la région postérieure du réceptacle séminal, se trouve un massif ovoïde, hyalin, mamelonné et müriforme, formé par une série de cæcums très courts, Jouant sans nul doute un rôle glandulaire et sécrétant un liquide filant et muqueux. Les glandes annexes ou glandes accessoires sont au nom- bre de deux paires et se présentent sous la forme de deux longs tubes cylindriques, sinueux et à contenu blanchâtre. Les deux glandes ont à peu près le même diamètre, mais l'une d'elles, la droite, est beaucoup moins allongée etmoins sinueuse que la gauche. Celle-ci décrit de nombreuses, circonvolutions, parfois groupées en peloton, et remplit la presque totalité de l’espace situé au-dessous de l'intestin moyen. Elle affecte, en outre, un caractère que nous n'avons rencontré encore nulle part chez les autres Coléoptères, c'est de donner naissance à certaines ramifications, dont les unes sont courtes, en forme de tubercules latéraux, et les autres plus ou moins allongées. La glande droite est égale- ment cylindrique, sinueuse et terminée en cæcum à son extrémité libre. Un peu en arrière du renflement müriforme dont nous avons déjà parlé, le canal déférent se continue sur une lon- gueur de 1 millimètre à 1 millimètre et demi environ et s’unit ensuite à son voisin pour former le conduit éjaculatewr. Ce dernier, blanchâtre et transparent, a son dia- mètre un peu supérieur à celui des portions terminales des canaux déférents. Il décrit deux courbes et pénètre ensuite dans l’axe du pénis chitineux, constituant ainsi la verge. L'appareil copulateur de l'Ærirhinus est très simple et ne comprend que deux pièces principales : les valves, sortes de tigelles chilineuses disposées latéralement, et le pénis formé par une lamelle simple, brunâtre, chitineuse et recourbée en forme de cornet. Il présente une fente à sa face supérieure et comprend, dans sa région centrale, une masse muscu- ORGANES REPRODUCTEURS MALES DES COLÉOPTÈRES. 371 laire contenant suivant son axe l'extrémité terminale du conduit éjaculateur ou verge. CHAPITRE V GLANDES GÉNITALES MALES DES CERAMBYCIDÆ OU LONGICORNES Les glandes génitales mâles des Longicornes sont encore fort peu connues et les courtes descriptions de L. Dufour sont incomplètes et manquent parfois d’exactitude, surtout en ce qui concerne la structure des testicules et celle des conduits éjaculateurs. Les testicules, dans cette famille, dit-il, sont constitués par des capsules ou sachets spermatiques dis- tincts, pédicellés, assez gros, dont le nombre varie suivant les genres. « Dans le Prionus coriarius, 11 y a dix sachets pour chaque testicule. Ils sont orbiculaires, ombiliqués et leurs pédi- celles ou conduits propres ne s’implantent pas en un même point pour la formation du canal déférent. Le conduit éja- culateur est long, flexueux : il traverse la masse calloso- musculeuse qui revêt la base de l’armure copulatrice, puis il forme en dehors une anse flottante, et rentre de nouveau dans l’armure. « Chacun des testicules du Cerambyx moschatus n’a qu'une paire de sachets spermatiques, multilobés et comme fasci- culés. Les organes sécréleurs du sperme, dans le Hama- icherus cerdo, se composent chacun de deux sachets orbicu- laires, ombiliqués, simples, pédicellés et assez gros. Le canal déférent est renflé jusqu à l'insertion des vésicules séminales, etc... » Ainsi qu'on va le voir dans le cours de ce chapitre, notre description diffère en beaucoup de points de celle de Dufour. De plus, la conformation morphologique des festicules per- met de rapprocher ces organes de ceux des Scarabéides ct de placer les Longicornes dans le groupe des Coféoptères à D 12 L. BORDAS. lesticules multiples el fasciculés. Pourtant, la forme et la disposition des ampoules ou utricules spermatiques sont un peu différentes de ce que nous avons vu jusqu à présent. Nous avons, dans la grande famille des Longicornes, éludié une trentaine d'espèces appartenant aux tribus suivantes : Cerambycinæ, Leptlurinæ, Lamunæ, Erga- hinæ (1), etc. Bien que nous avons placé les Longicornes parmi les Coléoptères à testicules fasciculés, la structure de leurs glandes génitales diffère pourtant de celle des espèces étu- diées jusqu'à présent. Chez les Scarabéides, les Lucanides, etc., les ampoules spermatiques sont tubuleuses ou tronco- niques, tandis que, chez les Longicornes, elles sont lamel- leuses et disposées en feuillets. D'autre part, leurs glandes annexes sont loujours paires, ovoïdes (Lepturinæ), cylindri- ques, tubuleuses, simples (Cerambycinæ) ou ramifiées (Lamiinæ). Ajoutons encore que ces organes paraissent être plutôtdes évaginations des canaux déférents ou des vésicules séminales que des appendices du conduit éjaculateur. On pourrait donc les désigner sous le nom de mésadénies, si on considérait leur origine. | Tribu des Lepturinæ. — Les glandes génitales mâles de la Leptura testacea diffèrent de celles des Céram- byciens par la forme des testicules, la réduction des canaux déférents, l’atrophie des glandes accessoires et le grand développement que prend le conduit éjaculateur (Nov PIX EMI he Me) | Les leslicules, au nombre de deux paires, sont conslitués par un grand nombre de follicules spermatiques, amincis du côlé interne et élargis extérieurement. Ces diverses ampoules, disposées radialement, vont toutes s'ouvrir dans un réservoir central, sphérique, d’où part le canal déférent. Ce dernier est mince, cylindrique, court et peu sinueux. Il (1) Pour la première de ces tribus, voyez notre Mémoire: Recherches sur les organes génilaux mâles de quelques Cerambycidæ (Annales de la Soc. entomol. de France, vol. LXVIIL, p. 508-516, 1 PL., 1899). er ORGANES REPRODUCTEURS MALES DES COLÉOPTÈRES. 940 se réunit à son congénère pour former un large conduit jouant le rôle de Aa (réceptacle) séminale (Voy. PL. XXVI, fee 2) Le diamètre des vésicules séminales est bien supérieur à celui des canalicules déférents. Elles se rapprochent peu à peu à leur extrémité postérieure et se fusionnent enfin pour constituer le conduit éjaculateur qui présente, à son origine, une légère dilatation cordiforme. C’est tout près du point de fusion de l'extrémité termi- nale rétrécie des vésicuies séminales que viennent débou- cher les glandes accessoires, qui présentent une atrophie manifeste et rappellent celles des Timarcha. Ces organes sont très réduits et constitués par deux petites vésicules ovoïdes, renflées vers leur extrémité distale et ailant en s'amincissant peu à peu du côté interne, pour se terminer par un tube court et cylindrique {(Voy. PI. XX VI, fig. 1). Le conduit éjaculateur comprend deux parties très nettes : l’une antérieure, formée par un tube étroit, cylindrique, et l’autre, qui débute par un bourrelet ovoïde et muscu- laire à la suite duquel vient un tube à parois épaisses, constituées par des fibres musculaires. Intérieurement est une membrane chitineuse (#r{ima) qui supporte, vers la région terminale du conduit, de nombreuses rangées de dents ou pointes cornées. Enfin, la portion du conduit qui pénètre dans l'axe de l'appareil copulateur est beau- coup plus large que la précédente et est maintenue dans une position fixe par de nombreuses fibres musculaires. La longueur totale du conduit éjaculateur hs chez la Leptura, de 15 à 18 millimètres. Chez les autres Lepturinæ, les testicules et les canaux déférents présentent à peu près la même disposition mor- phologique que dans l’espèce précédente. Partout, les conduits éjaculateurs sont longs et flexueux. Les glandes accessoires sont généralement courtes et ovoïdes (S/ran- gala, Leptura, etc.). Parfois aussi (Judolia), elles sont tubuleuses, régulières et se rapprochent, par leurs 3714 L. BORDAS. formes, de celles des Chrysomèles (Voy. PI. XXVI, fig. 3). Tribu des Cerambycinæ (Voy. PI. XXV, fig. 6, 7 et 10). — Les testicules du Cerambyx cerdo L. sont au nombre de deux paires disposées symétriquement par rapport au plan médian du corps de l’animal. Chaque glande présente une forme sphérique et mesure de 1 millimètre et demi à 2 millimètres environ de diamètre (Voy. PI. XXV, fig. 10). Le pôle antérieur est aplati et présente une faible ombi- lication qui se continue par une petite cavité pro- longée jusque près de l’orifice du canal déférent. C’est par le pôle opposé que s'échappe ce dernier conduit qui prend son origine par une extrémité dilatée, située à peu près au centre de la glande. La surface externe de chaque testicule présente de nombreuses striations longi- tudinales dirigées suivant des méridiennes, c’est-à-dire allant de l’ombilication supérieure au point de sortie du canalicule déférent. Ces striations correspondent aux lignes de séparation des ampoules spermaliques lamelleuses et en forme d’onglets sphériques. Chacune de ces ampoules peut facilement se détacher et renferme de nombreux spermatozoïdes,allongés, isolés ou groupés en faisceaux. L'intérieur de la glande présente une cavité provenant d'une dilatation tronconique de l'extrémité initiale du canalcule déférent. Ce dernier commence par une parte évasée et infundibuliforme. Il devient ensuite uniformément cylindrique, sort de la glande par un orifice circulaire et se continue, sur un parcours de 3 à 4 millimètres, avani de s'unir à son congénère. Le canal qui résulte de cette fusion s’élargit brusquement et constitue la vésicule séminale. Celle-ci est un tube cylindrique, large, peu sinueux et dirigé en arrière. Arrivé dans la région postérieure de sa course, ce tube reçoit un conduit très court provenant de la glande accessoire. Il diminue ensuite peu à peu de diamètre et ne larde pas à se fusionner avec son homologue du côté opposé pour former le conduit éjaculateur. srichimsinsl État US _ uns mms too pnntione Mittirat tete ét a tte ; nu — er hiamsrs « ORGANES REPRODUCTEURS MALES DES COLÉOPTÈRES. 979 Les glandes accessoires sont paires, recourbées en forme de double crochet et vont s'ouvrir vers l'extrémité posté- rieure de la vésicule séminale, par l'intermédiaire d'un lrès court conduit vecteur. Ce dernier, long de 1 milli- mètre à peine, se termine par une portion étroite, débou- chant à angle aigu à l'extrémité postérieure du canal déférent. Son origine, à partir des glandes annexes, est large et presque tronconique. D'autre part, on peut con- sidérer chacune des glandes annexes comme étant impaire et bifide. Dans ce cas, le court canal que nous venons de décrire ne serait que la portion terminale de chaque glande et se bifurquerait ensuite pour donner deux rameaux, à direction opposée et à extrémités recourbées en forme de crosse. Cette façon de considérer les glandes annexes des Cerambycinæ comme impaires de chaque côté est d'autant plus plausible que la partie initiale du conduit vecteur a la même structure histologique que le reste de l'organe. D'autre part, si on était tenté de considérer chaque glande annexe comme double et formée de deux tubes recourbés, allant déboucher à l’extrémilé d’un canal excréteur com- mun, on retrouverait, au point de convergence, un reste de cloison qui indiquerait nettement la nature paire de l'organe. Or, il n'existe rien de pareil. Quelle que soit l'hypothèse à laquelle on s'arrête, on doit considérer chaqueglandeannexedes Cerambyzx (Voy.PI.XXV, fig. 10) comme formée d’une partie impaire, courte et conique, bifurquée à son extrémité et s’ouvrant directement vers la région postérieure du canal déférent. Chaque branche est à peu près régulièrement cylindrique sur {out son parcours, sauf vers son extrémité libre qui est amincie en forme de crochet ou de cornes de bêlier. Les parois de l'organe sont minces, transparentes et laissent voir un contenu interne compact, hyalin et de couleur blanchâtre. La direction de chaque rameau est des plus variables : tantôt elle a lieu dans le sens antéro-postérieur, tantôt, au contraire, transversalement. 910 L. BORDAS. En résumé, on doit admettre que l'appareil génital mâle des Cerambyx ne possède, de chaque côté, qu’une seule elande, comprenant une partie inférieure impaire, très courte, de forme tronconique, et une partie antérieure paire, de beaucoup la plus importante et jouant, à elle seule, le rôle d’organe sécréteur. Ce dernier, de forme tout à fait caractéristique, est donc constitué par deux appendices cylindriques à extrémités amincies et recourbées. Le conduit éjaculateur est formé par la fusion de l’extré- mité inférieure des canaux déférents. Il débute par une partie cylindrique, courte et étroite, qui se continue par une région renflée, à parois musculaires très épaisses el étroitement appliquées contre l'extrémité antérieure de l’armure génitale dont on peut cependant la détacher. Le tube décrit ensuite une grande courbe ou anse sinueuse, tout en conservant la même épaisseur de ses parois. Il revient ensuite en avant, pénètre à la face inférieure de l'appareil copu- lateur dont il suit la région axiale et débouche à son extré- mité postérieure. C’est à peu près au moment de la pénétration du canal dans l'appareil copulateur que ses parois s’'amincissent et qu'il prend ensuite une dilatation vésiculiforme. La longueur totale du conduit éjaculateur dépasse, chez le Cerambyx, 2 centimètres. L'appareil copulateur comprend deux pièces principales : le pénis et la plaque basale. Cette dernière provient de la fusion des deux valves latérales. Le pénis a la forme d’une. lamelle recourbée, émettant en avant deux ligelles ou cor- nes soutenues latéralement par deux arcs-boutants éga- lement chitineux et qui se soudent en arrière en forme de fer de lance. Les valves {plaque basilaire) sont constituées par deux tigelles soudées en une lamelle située à la face supérieure: de l'extrémité de l’armure génitale. Cette plaque, cornée et convexe, se Coutinue par deux prolongements à bords: mousses el recouverts de soies chitineuses. | Les testicules des autres Cérambyciens présentent une ORGANES REPRODUCTEURS MALES DES COLÉOPTÈRES. 977 Structure à peu près identique à celle que nous venons de décrire dans l'espèce précédente. Ainsi, chez le Ceram- byx scopolü, chaque lobe testiculaire est entouré par une mince membrane commune et les diverses ampoules sper- maliques, au nombre de cent à cent vingt sur une coupe axiale, vont toutes converger dans le réservoir collecteur central (Voy. PI. XXV, fig. 7). Une étude anatomique et histologique plus complète des glandes génitales mâles des Longicornes devant être faite ultérieurement, nous n'allons aujourd'hui que décrire la structure histologique des canaux déférents des nymphes de Prionus (Voy. PI. XXV, fig. 6). Cette structure varie sui- vant qu’on examine le canal peu après sa sortie du testicule, ou bien au commencement de sa dilatation, c'est-à-dire à l’origine de la vésicule séminale. Dans le premier cas, le lumen est très étroit, allongé, et, dans le second, il est plus large, cylindrique et renferme un contenu hyalin et glai- reux. L'épithélium, dans les deux régions, est constitué par des cellules cylindriques. Dans la section représentée par la figure 6, planche XXV, on trouve extérieurement une mince membrane recou- vrante, à fibres circulaires et longitudinales. Vient en- suite une très mince membrane basilaire (tunique propre) supportant l’épithélium interne. Ce dernier est cons- titué par des cellules allongées, à peu près cylindri- ques, ou bien tronconiques, à face externe élargie et à région interne un peu amincie. Les bords libres des cellules se touchent parfois ou laissent seulement entre eux un lumen allongé et très étroit. Chaque élément renferme un noyau ovale, plurinueléolé et occupant à peu près la région centrale. Le cytoplasme est hyalin, transparent du côté externe et granuleux dans la région interne. D'autre part, les diverses cellules sont nettement séparées les unes des autres par des cloisons latérales très apparentes. Tribu des Lamunæ (Voy. PI. XX VI, fig. 4, 5, 6). — Nous allons prendre, comme type de notre description, la Lama 318 L. BORDAS. textor L. Les glandes génitales mâles des Lamiens diffèrent, par certains caractères, de celles des espèces précédemment étudiées et se rapprochent par la forme, le nombre et la disposition des glomérules testiculaires, de celles des Lucanides. Or, tandis que, chez les Lepturiens, les testicules sont, de chaque côté, formés par deux lobules composés d'un petit nombre d’ampoules spermatiques, chez les Lamia, au contraire, on compte, de chaque côté, douze lobules, assez volumineux et rappelant, par leur forme, leur structure et la disposition de leurs follicules ou am- poules, ceux des Cérambyciens. Les glandes annexes diffèrent également par leur longueur, leur forme cylindrique et sinueuse, de celles des Lepturiens qui sont ovoiïdes et atro- phiées. Les testicules de la Lanua textor sont situés de chaque côté de la région abdominale et constitués par douze masses globuleuses. On constate parfois quelque variété quant au nombre et, chez certains lypes, nous n’avons parfois rencontré que onze lobules à chaque glande. Ces cas sont cependant très rares. Chaque lobule, sphérique ou légère- ment aplati, blanchâtre, est entouré par une très mince membrane recouvrante externe. L'intérieur de l’organe est formé par un grand nombre {soixante à soixante-dix) d’am- poules spermatiques dont la partie interne, presque cylin- drique, va directements’ouvrir dans le réceptacle central d'où part le canalicule déférent. L'ensemble des douze lobules forme, pour chaque testicule, un volumineux massif situé sur les bords de la région médio-abdominale, au-dessous des multiples circonvolutions formées par les glandes acces- soires et l'intestin moyen. De plus, l’ensemble de l'organe est maintenu en place par des faisceaux de filaments tra- chéens (Voy. PI. XXVI, fig. 6). De la face inférieure de chaque lobule testiculaire part un fin canalicule, grêle, cylindrique et fort sinueux, qui va s'ouvrir à l'extrémité antérieure d’un gros tube (canal déférent) qui joue le rôle de réceptacle séminal. Les divers ORGANES REPRODUCTEURS MALES DES COLÉOPTÈRES. 9379 canalicules ne débouchent pas en un même point de l’extré- mité du canal récepteur, mais bien à une certaine distance les uns des autres. C’est ainsi que, tandis que certains s'ouvrent à la partie antérieure et amincie du tube, d’autres, au contraire, débouchent le long des parois latérales (Voy. PI. XXVI, fig. 4). Les vésicules séminales, produites par suite d’une dilatation des canaux déférents, sont formées de deux tubes cylin- driques, sinueux, à contenu muqueux et blanchâtre, dont la longueur totale dépasse 15 millimètres sur 0°**,6 de diamètre. C’est à leur origine que viennent déboucher les canalicules déférents et c’est par leur extrémité inférieure qu'elles sont en rapport avec les glandes annexes. Ces dernières comprennent, de chaque côté, deux longs tubes sinueux et pelotonnés. Elles se réunissent en un conduit impair, très court, s’ouvrant à l'extrémité posté- rieure du réceptacle séminal. Au point de vue de leur contenu el de leur structure histologique, ces glandes ne présentent rien de parliculier. Grâce à la présence du court tube commun, on peut considérer les glandes annexes comme étant, de part et d'autre, des organes impairs. Les canaux éjaculateurs des Lamia prennent naissance un peu en arrière du point d'embouchure des glandes annexes et font suite à une sorte de dilatation vésiculiforme située à l'extrémité postérieure des réceptacles séminaux. Ce sont deux tubes allongés, cylindriques, étroits et sinueux, lesquels, contrairement à ce que nous avons vu jusqu à présent, sont libres sur la presque totalité de leur par- cours. Cette dualité et cette indépendance des conduits éjacula- teurs, que l’on rencontre d’une façon très nette chez les Lamiens, est un argument anatomique en faveur de la nature double des parties terminales des glandes génitales mâles des Coléoptères. Jusqu'à présent, nous avons rencontré les canaux fusionnés sur presque tout leur parcours et une crête, plus ou moins accusée, que nous ont montrée des 380 _L. BORDAS. sections transversales, nous faisait seule présumer leur origine paire (Voy. PI. XXVI, fig. 6). La partie antérieure de chaque conduit est libre, tandis que sa région postérieure est enveloppée, avec celle de son congénère, par une membrane commune. Les deux tubes décrivent, dans cette seconde partie de leur trajet, de nombreux tours de spire. Ils sont néanmoins libres l’un et l'autre et peuvent facilement se séparer par des tractions transversales. Chaque conduit éjaculateur pénètre séparé- ment à l'intérieur d’un tube élargi, à parois transparentes, pourvu d’un anneau chitineux à son origine et qui se termine postérieurement par l’appareil copulateur. En somme, le caractère le plus saillant présenté par les organes génitaux mâles des Lamiens, c’est l'indépendance des conduits éjaculateurs sur la presque totalité de leur parcours. Chez les Batocères (Batocera Wallacei), chaque testicule ne comprend que deux volumineux lobules formés d’une multitude d'ampoules spermatiques ; les glandes annexes sont ramifiées, mais pourvues, de chaque côté, d’un tronc commun terminal, et enfin les conduits éjaculateurs sont très sinueux et absolument indépendants pERdEn tout leur trajet (Voy. PI. XXVI, fig. 5). En résumé, les Dot possèdent des organes géni- taux présentant de grandes analogies avec ceux des Scara- béides et des Lucanides. Les testicules sont constitués par un nombre plus ou moins considérable de glomérules sphé- riques ou aplatis ; les glandes accessoires sont vésiculeuses et atrophiées chez les Lepturiens et tubuleuses chez la plupart des autres espèces; enfin, chez les Lama, les Bato- cera, elc…., les conduits éjaculateurs sont nettement séparés et indépendants l’un de l’autre. ORGANES REPRODUCTEURS MALES DES COLÉOPTÈRES. 381 RESUME Coléoptères à testicules composés el fascicules. En résumé, nous voyons que les testicules et l'appareil génital mâle tout entier des Coléoptères compris dans cette série présentent entre eux un certain nombre d’analogies. De plus, sauf chez les Cetonia, le nombre des glandes annexes est toujours constant et ne dépasse pas une paire. Ces glandes sont généralement simples et ne sont bifides ou ramifñiées que chez quelques Longicornes (Cerambycinæ, Lamiünæ). Les Coléoptères à testicules fasciculés sont pourvus de glandes paires formées chacune d’un nombre plus on moins considérable de /obules teshiculaires (de deux à douze). Dans ce groupe, on comprend les familles ou tribus sui- vantes : Aphodünxæ, Coprünæ, Geotrupinæ, Melolonthinæ, Rutelinæ, Lucanidæ, Cetoninæ, Chr: ysomelide, Curculionidæ, Longicornes où Cerambycidæ, etc. Chez toutes les espèces comprises dans les familles pré- cédentes, les glomérules où lobules constituant chaque testi- cule sont de forme ovoïde, sphérique ou.lenticulaire. Ils sont formés d'un nombre considérable (de cinquante à cent quarante) d’ampoules ou wéricules spermatiques, aplatis, tron- coniques ou lamelleux, élargis extérieurement, amincis du côté interne et allant déboucher directement dans un réser- voir collecteur central, d’où part le canalicule efférent. Ce dernier va s'ouvrir au sommet du canal déférent propre- ment dit. Parfois (Cerambycidæ, etc.), les divers canalicules s'ouvrent à des hauteurs différentes le long de l'extrémité iniliale du canal déférent. Les canaux déférents sont, chez toutes les espèces, pairs, cylindriques, sinueux et parfois pelotonnés. Leur extrémité postérieure se dilate généralement pour former la vésicule séminale. 382 L. BORDAS. Les glandes annexes ou accessoires (ectadénies) sont paires, sauf chez les Cetoniu, souvent pelotonnées, simples, tubu- leuses, ramifiées (quelques Cerambycidæ) ou parfois même vésiculeuses et atrophiées (la plupart des Lepturinæ). Elles vont s'ouvrir à l'extrémité antérieure du conduit éjacula- teur. | Ce dernier est un tube à peu près régulièrement cylin- drique, de longueur variable suivant les espèces et généra- lement dilaté dans une partie de son parcours. Cette dilatation vésiculeuse est due à l’épaississement des parois et non à l'élargissement du diamètre interne. Chez la plu- part des Lamiinæ, la forme primilivement paire du canal a persisté et on trouve encore deux conduits parfaitement distincts et séparés sur la presque totalité de leur parcours. Pour l’Aistologre des diverses parties de l'appareil génital mâle, se rapporter au chapitre ri. DEUXIÈME SÉRIE Coléoptères à testicules composés et disposés en grappes. Dans cette série, nous avons rangé les Coléoptères à testi- cules affectant la forme de grappes simples ou composées. Les Insectes dont les glandes génératrices présentent cette dispo- sition anatomique sont compris dans les familles suivantes : Ténébrionides, Silphides, Staphylinides, Hydrophylides, Clérides, Élatérides, Coccinellides, Cantharidides, Télé- phorides, ete. Chez toutes ces espèces, les zesticules sont pairs, sauf chez les Melasoma, etc., et ont la forme de masses ovoides ou sphériques, à surface extérieure irrégulière, granuleuse ou mürilorme. Chacun d'eux comprend un grand nombre d'ampoules cylindro-coniques, ovoïdes ou en forme de mas- sue, élargies et arrondies extérieurement, amincies du côté interne et se groupant parfois au nombre de deux ou de ORGANES REPRODUCTEURS MALES DES COLÉOPTÈRES. 383 quatre (Clérides, Téléphorides, Coccinellides, etc...) avant de s'ouvrir à l'extrémité antérieure du canal déférent. D’autres fois, elles sont disposées le long d’un conduit cen- tral commun (Staphylinides, Hydrophilides) ou constituent une grappe composée (Silphides, Élatérides, etc.) Nous avons, dans cette série, étudié un grand nombre d'espèces appartenant aux familles ou tribus suivantes : FAMILLE DES TENEBRIONIDÆ : Tenebrio obscurus Fabr., Tenebrio opacus Duft., Tenebrio molitor L., Pimelia bipunctata Fabr., Opatrum sabulosum L., Calcar elongatus Herbst., Melandria caraboïdes L., Pyrochroa coccineaL., Phylax lit- toralis Muls. FAMILLE DES STAPHYLINIDÆ : Staphyhinus erythropterus L., Staphylinus cæsaræus Ced., Ocypus olens Mull., Ocypus cya- næus Payk., Creophilus marillosus L., Emus hirtus L., Que- dus lateralis Grav., Philonthus nitidus Fr., Plilonthus albipes Grav., Omalium rivulare Payk., Paæderus riparius L., etc... FamiLze DES TeLepHorinæ : Telephorus bicolor Panz., Telephorus lividus L., Telephorus rusticus Fabr:, Telephorus fuscus L., Drilus flavescens Fabr. | Famize DES HvpropiipÆ : Hydrophilus piceus 1. FAMILLE DES SiLPHIDÆ : [Necrophorus mortuorum Fabr., Necrophorus vespillioL., Necrophorus vestigator Hers., Silpha opaca L., Silpha rugosa L., Silpha sinuata Fabr., Choleva angustata Fabr. FamiLce DES CHRYsoMELIDÆ (quelques espèces seulement) : Timarcha coriaria Fabr., Timarcha lævigata L., Melasoma populi L., Melasoma collaris L. FAMILLE DES CoccNEzLIDÆ : Coccinella variabihs [lig.. Coccinella septempunctata Ohv., Lasia globosa Schn., Epi- lachna argus Fourcroy, Idalia bipunctata L., ete. FAMILLE DES CANTHARIDIDÆ : Cantharis vesicatoria L. FaMiLLe Des CLeribÆ: Trichodes alvearius Fabr., Trichodes apiarius L., Thanasimus formicarius L., Corynetes cæruleus Degeer. FAMILLE DES ÉLATERIDÆ : Corymbites latus Fabr., Corym- 384 L. BORDAS. bites æneus L., Corymbites cupreus Fabr., Corymbites tessel- latus L., Melanotus crassicollis Erichs., Melanotus rufipes Herbst., Agriotes lineatus L., Athous niger L., Athous wil- liger Muls., Athous hæmorrhoïdalis Fabr., Elater pomorum Herbst., Elater sanguinolentus Schr. CHAPITRE PREMIER GLANDES GÉNITALES MALES DES TENEBRIONIDÆ ET DES STAPHYLINIDÆ Famille des Tenebrionidæ. — Les organes reproduc- teurs mâles de quelques Ténébrionides ont été étudiés par L. Dufour qui a donné une fort bonne description de ceux du Blaps gigas. Les testicules de cette espèce, dit1l, sont ovalo-réniformes. déprimés, assez semblables par leur configuration au rein de l’homme, placés sur les côtés de la cavité abdominale, où ils sont maintenus flottants par des trachées multiples. Ils sont essentiellement formés par l’agglomération d’une quan- tité innombrable de petites capsules ovoïdes, sessiles, ser- rées entre elles à peu près comme les grains d’une müre. Le canal déférent part de l'échancrure du testicule ; il a la lon- sueur de la moitié du corps de l’Insecte, est filiforme, mais se renfle un peu avant de s’aboucher avec la vésicule sémi- nale correspondante. Il se trouve, en cet endroit, intime- ment adhérent à la paroi inférieure de la naissance du conduit éjaculateur. Il y a deux paires de vésicules séminales (qu'on désigne actuellement sous le nom de glandes annexes) bien distinctes : l’une tubuleuse, grêle, filiforme, très fra- gile, diversement repliée, avant, dans son déroulement complet, une fois et demie la longueur du corps. C'est vers le milieu de ces vésicules tubuleuses que se fait l'insertion du canal déférent. L'autre paire de vésicules séminales du Blaps est formée de deux réservoirs conoïdes, divergents, effilés à leur pointe, qui est contournée en spiroïdes. Elles à a he om mu URGANES REPRODUCTEURS MALES DES COLÉOPTÈRES. 389 ont une certaine consistance et renferment un sperme blanc plus compact. Le conduit éjaculateur est filiforme, flexueux, deux fois environ plus long que tout le corps de l’Insecte et rempli d’un sperme très analogue à celui des vésicules conoïdes (1). Plus tard (1894), K. Escherich a reproduit la description de Dufour et a fait, en outre, une étude histologique des glandes génitales mâles du Blaps gigas (2). Nous avons commencé l'étude de cette série par les Téné- brionides à cause dela simplicité de structure que présentent leurs testicules. Ces glandes sont, en effet, constituées de chaque côté d'une simple grappe formée par la réunion de six capsules ovoïdes. Dansles families suivantes, nous ver- rons la complication morphologique s'accentuer de plus en plus, la grappe se ramifier et se transformer en grappe com- posée. Au cours de notre étude, nous pourrons, de même, constater des modifications se produire dans le nombre et la forme des glandes annexes. C’est chezles Ténébrionides, en effet, que nous rencontrons pour la prenuière fois (sauf chez les Celonia), la présence de deux paires de ces organes. Chez le Tenebrio obscurus, les testicules sont volumineux et présentent la forme de deux masses discoïdales aplaties, légèrement bombées supérieurement et pourvues d’une petite concavité à leur face intérieure, de laquelle part le canalicule déférent (Voy. PI. XX VI, fig. 7 et 8). Le massif tes- ticulaire est situé dans la région abdominale postérieure, de chaque côté de l'intestin terminal. Il est constitué, en réalité, par six capsules ou globules spermatiques, à bord circulaire, ovoïdes ou à face supérieure aplatie et disposés régulièrement en rosace {Voy. PI. XXVI, fig. 8). Quand les diverses capsules sont comprimées, elles présentent des con- tours irréguliers et polygonaux. Parfois certaines d’entre elles se présentent sous une forme tronconique. Chaque glomérule testiculaire est enveloppé par une mince mem- (1) Voy. les Annales des Sciences naturelles, t. VI, 1825, p. 182. (2) Voy. Zeitsch. f. Wiss. Zoologie, t. LVIL, 1894, p. 634. ANN. SC. NAT. ZOOL. XI 29 3806 L. BORDAS. brane formée principalement par des fibrilles circulaires et renferme, dans sa cavité centrale, au moment de la repro- duction, d'innombrables faisceaux de spermatozoïdes. La paroi externe de chaque capsule se continue par un cana- licule excréteur très court. Et c’est au point de convergence des six canalicules que prend naissance le canal déférent proprement dit (Voy. fig. 8). Le diamètre transversal d’un testicule est de 2,4 et celui de chaque capsule varie de 0°*,8 à 1**,10. Le canal déférent est cylindrique et peu sinueux dans sa première partie. Il débute par une extrémité élargie, puis diminue progressivement de diamètre, devient presque ca- pillaire, décrit une grande courbe et prend ensuite une di- rection antérieure. Pendant cette seconde partie de son trajet, il se dilate peu à peu, côtoie le conduit éjaculateur et prend un diamètre à peu près égal à celui de ce dernier. Enfin, il va finalement déboucher sur le bord inféro-externe de l'extrémité terminale de la glande annexe interne corres- pondante (Voy. PI. XXVI, fig. 7). Cet orifice est nettement visible quand on écarte les deux grosses glandes externes, après avoir sectionné la base du canal déférent (Voy. ÉLSCRPIL Pts M): Les vésicules séminales, assez volumineuses, sont produites par les dilatations terminales des canaux déférents. Elles sont cylindriques et vont peu à peu en s’élargissant au fur et à mesure qu'elles se rapprochent des glandes annexes ; de plus, leur région postérieure est en partie recouverte par l'origine du conduit éjaculateur (Voy. PI. XXVI, fig. 7). K. Escherich et P. Blatter appellent mésadénies des éva- ginations du canal déférent, et ectadénies des diverticules du conduit éjaculateur. Bien que cette conception théorique ne se rencontre que très rarement chez les Coléoptères, nous désignerons néanmoins sous le nom de glandes annexes in- lernes où mésadénies les glandes qui vont déboucher à l'extrémité postérieure des canaux déférents, et sous celui de glandes anneres externes (ectadénies) celles qui ORGANES REPRODUCTEURS MALES DES COLÉOPTÈRES. 987 s'ouvrent directement à l’origine du conduit éjaculateur. Chez les T'enebrio, les glandes annexes internes (mésadénies) sont formées de deux tubes blanchâtres, à peu près régu- lièrement cylindriques, de 12 à 15 millimètres de longueur. Chaque tube débute par une extrémité conique ou hémisphé- rique, puis se continue en décrivant quelques sinuosités très serrées et groupées en un peloton situé en avant et un peu au-dessus du massif testiculaire. Le tube devient en- suite plus régulier et moins sinueux ; il passe au-dessous des glandes externes et va finalement déboucher à l’extré- mité postérieure du canal déférent correspondant. Les parois glandulaires sont minces, transparentes et formées par une membrane à fibres circulaires et longitudinales. Les glandes annexes externes (ectadénies) sont paires et constituées par deux appendices courts, larges, recourbés et réniformes. Elles se continuent avec l’origine dilatée du conduit éjaculateur. Leur extrémité antérieure est mince ou légèrement arrondie et leur contour externe est à peu près semi-circulaire, tandis que leur rebord interne est concave et présente quelques plissements radiaux (Voy. PI. XX VI, fig. 7 et 8). Leurs parois sont épaisses, musculaires et de couleur d’un blanc mat. Le contenu de la cavité glandulaire est épais, compact, blanchâtre et d'apparence gélatineuse. Le conduit éjaculateur est un tube large, cylindrique et peu sinueux à son origine. Il se dirige tout d’abord en ar- rière et, arrivé à peu de distance de l’armure, se rétrécit brusquement, devient filiforme et décrit deux ou trois sinuo- sités (Voy. PI. XX VII, fig. 1). Il pénètre ensuite dis l'axe de l’armure “nie où 1l constitue la verge. Les parois du tube sont musculaires, très épaisses et pourvues d’une lumière fort étroite. La figure 1, planche XX VIT, fera comprendre, mieux que toute description, les modes de connexion du conduit éjaculateur el des glandes annexes. L'armure génitale des Tenebrio est très simple et ne com- prend que deux pièces principales : 1° une tigelle triangu- 388 L. BORDAS. laire dont le sommet est dirigé en arrière et dont les bran- ches (valves) divergent en avant, et enfin 2° un étui chitineux, cylindrique, à face supérieure convexe et présen- tant une fente longitudinale inférieure. Il se termine, en arrière, par deux branches courtes, en forme de palettes, jouant le rôle de pinces à bords mousses et entre lesquelles s'ouvre le conduit éjaculateur. La portion de ce dernier canal, située dans l’axe du pénis, est droite, mince et filiforme Moyel: XXV EST): | | Les glandes génitales mâles des autres Ténébrionides pré- sentent à peu près la même disposition anatomique et la même structure que celles du Tenebrio obscurus et du Tene- brio moltor. Chez l'Opatrum sabulosum, les testicules sont constitués par deux masses blanchâtres, aplaties, discoïdales, à bords circulaires et comprennent sir ampoules ou capsules séminifères. Ces dernières sont ovoïdes et pourvues d'un canalicule excréteur très court débouchant à l’origine du canal déférent. Les canaux déférents comprennent deux tubes cylindri- ques, peu sinueux et élargis à leur extrémité postérieure pour constituer les vésicules séminales. Les glandes annexes sont au nombre de deux paires. Les externes (ectadénies) débouchent directement aux extrémités antéro-latérales du conduit éjaculateur. Les internes (mésa- dénies) vont s'ouvrir à la partie terminale des réceptacles séminaux. Le conduit éjaculateur est à peu près cylindrique et peu contourné. Famille des Staphylinidæ. — L. Dufour, dans ses recher- ches sur les organes génitaux mâles des Brachélytres, a complètement méconnu la structure des testicules et la dis- position des glandes annexes de ces Insectes. « Les sachets testiculaires du Staphylin, dit-il, sont oblongs, légèrement courbés, déprimés, festonnés au bord interne qui est concave; ils présentent extérieurement une ligne médiane enfoncée et des raies transversales parallèles, ORGANES REPRODUCTEURS MALES DES COLÉOPTÈRES. 9389 qui sembleraient annoncer une texture interne celluleuse, que je n’ai point constatée parl’observation,car,en déchirant avec soin ces sachets, je n'ai su ÿ reconnaître qu'une pulpe séminale homogène et je me suis bien convaincu qu'iln’y a aucun vestige de vaisseau spermatique. Le canal déférent est presque capillaire, bien plus court que le testicule, et inséré au bout postérieur de cet organe. Les principales vésicules séminales sont courtes et ovoïdes. Les autres, plus longues et moins renflées, s'abouchent en dessous et vers le point de réunion des vésicules principales. Le con- duit éjaculateur est très long et l’armure du pénis oblongue et comme étranglée dans son milieu. » Les glandes génitales mâles des Staphylinides présentent, par la disposition des testicules, de nombreux rapports avec celles des Silphides et autres familles voisines, avec cette différence toutefois que les glandes annexes sonttout à fait rudimentaires (Voy. PI. XX VII, fig. 2, 3, 4, 5). Les testicules de l’Ocypus olens sont pairs, allongés, d’ap- parence cylindrique, à contours peu sinueux et à concavité interne. Leur longueur atteint 8 à 9 millimètres sur 1 mil- limètre et demi de large. Ils sont situés sur les côtés exter- nes de la région médio-abdominale et séparés par les circonvolutions de l'intestin moyen. La face supéro-interne de chaque glande est aplatie et présente un sillon dans lequel est encastrée l’extrémité antérieure du canal déférent qui, dans celte région, doit jouer le rôle de vésicule ou ré- ceptacle séminal (Voy. PI. XXVII, fig. 2). Ce canal est à peu près régulièrement cylindrique et n’émet, de distance en distance, que quelques petits tubercules très courts. L'ensemble de l'organe est constitué par un nombre consi- dérable d’ampoules (ou follicules) courtes, aplaties, renflées extérieurement et amincies du côté interne. Ces ampoules n'entourent généralement pas toutes le canal déférent (Ocy- pus) et sont surtout localisées sur les côtés interne et infé- rieur, de sorte que la face supérieure du conduit est presque touiours libre. Par suite de cette structure capsulaire, 390 L. BORDAS. chaque testicule paraît, àsa face inférieure, sillonné de nom- breuses stries transversales et présente une série de tuber- cules latéraux correspondant aux extrémités cæcales des ampoules ou vésicules testiculaires (Voy. PI. XXVIT, fig. 3), dont le nombre est fort considérable et dépasse la centaine. La portion du canal déférent enveloppée par les ampoules du testicule présente, de distance en distance, quelques renflements et doit très probablement jouer le rôle de vési- cule séminale. La partie externe du canal prend une direc- tion perpendiculaire au plan de symétrie de l’Insecte. Cette région est courte, cylindrique, rectiligne et va s'ouvrir à l’extrémité antérieure, de forme ovoïde, du conduit éjaculateur. | Les glandes annexes sont au nombre de quatre. La paire externe ou antérieure est formée par deux masses ovoïdes ou globuleuses dont le grand axe atteint à peine 1 nillimètre ou 1**,25. Elles se terminent par un très court pédoncule s’ouvrant directement sur les côtés de l'extrémité initiale dilatée du conduit éjaculateur. Les glandes annexes internes sont tubuleuses, à peu près régulièrement cylindriques, parfois accolées à leur extrémité postérieure et mesurent de 4 à 5 millimètres de longueur. Leur partie antérieure est arrondie ou ovoïde et elles vont s'ouvrir à l’origine du conduit éjaculateur, un peu au-des- sous et entre les points d’embouchure des glandes vésicu- leuses (Voy. PI. XXVIL, fig. 4). Les pelotonstesticulaires,ainsi que les circonvolutions intestinales les recouvrent complète- ment. Elles ont des parois minces, transparentes et de cou- leur d’un blanc mat. Le conduit éjaculateur est long, sinueux et cylindrique. Il débute par une extrémité renflée et ovoïde qui recoit laté- ralement les canaux déférents et, en avant, les deux paires de glandes annexes {Voy. PI. XX VII, fig. 4). Le tube se dirige ensuite en arrière en décrivant tout d’abord de nombreux tours spiralés, puis contournés en tire-bouchon. Il prend ensuite une direction rectiligne, pour se recourber PER ORGANES REPRODUCTEURS MALES DES COLÉOPTÈRES. 391 en dernier lieu avant de pénétrer dans l’axe du pénis. L'armure génitale des Staphylinides (Ocypus cyanæus) comprend {rois parties principales : 1°une plaque basilaire, de forme pentagonale, élargie antérieurement, amincie en arrière et à bords latéraux recouverts de longues soies (Voy. PI XX VIT, fig. 5) ; 2° deux lamelles latérales (valves), sortes de tigelles courbes, concaves, allongées et servant à protéger le tube pénial. Elles sont élargies en avant, amin- cles postérieurement et recouvertes de fortes soies chitineu- ses dont la longueur va en augmentant à mesure qu’on se rapproche de la région postérieure. Enfin, 3° dans l’axe de l’'armure, on trouve le pénis disposé en forme de cornet chitineux. Son extrémité antérieure est recourbée en forme de capuchon et présente une fente transversale pour per- mettre l'entrée du conduit éjaculateur. Sa face supérieure est convexe et son bord postérieur porte l’orifice génital, de forme ovalaire et limité par deux bourrelets latéraux. HISTOLOGIE TENEBRIONIDÆ. — Nous avons vu que les Zesticules des Ténébrionides forment deux massifs irréguliers ou circu- laires, constitués chacun par six capsules ou vésicules sper- matiques. [ls sont situés dans la région latéro-abdominale et maintenus en place par de nombreux filaments trachéens. . Une section transversale de l'organe nous montre la dis- position des diverses capsules. Ces dernières sont tangentes entre elles ; mais, vu leur forme à peu près sphérique, il existe çà et là des lacunes traversées par des fibrilles conjonctives ou des ramifications trachéennes. Chaque vésicule est entourée d’une membrane externe, très ténue, à fibres circulaires et la cavité centrale est rem- plie de nombreux faisceaux de spermatozoïdes, dont les uns sont coupés transversalement et les autres se montrent de profil. Les canaux déférents des Tenebrio comprennent, en allant 392 L. BORDAS. de dehors en dedans : une membrane recouvrante à fibres circulaires et longitudinales ; une lamelle de support, très mince, el enfin un épithélium interne formé par des cellu- les cylindriques. Dans la partie moyenne du tube, les cellules deviennent plates, presque cubiques et sont pourvues d’un volumineux noyau basilaire. Dans la région terminale du canal, correspondant à la vésicule séminale, la cavité centrale estremplie de faisceaux de spermatozoïdes et d’un liquide clair et visqueux. Les glandes accessoires internes (mésadénies), sinueuses et de forme cylindrique, sont entourées d’une membrane mince, hyaline et à fibres circulaires et obliques. A l’inté- rieur, existe un épithélium constitué par de hautes cellules cylindriques, régulières et à bord libre très net. Chaque élément est pourvu d’un petit noyau ovale localisé dans la région basale et entouré par un cytoplasme finement granu- leux. Les parois latérales des celiules sont peu apparentes. Enfin, l’épithélium tout entier repose sur une très mince lamelle basilaire. Les glandes annexes externes (ectadénies) sont pourvues de parois beaucoup plus épaisses que celles des organes précé- dents. Leur cavité est remplie d’un liquide épais, hyalin, qui se concrèle, durcit et finit par prendre une consistance cornée. La musculature pariétale est formée de fibres longi- tudinales et de faisceaux obliques. Vient ensuite une tuni- que propre ou membrane basale, transparente et très mince, servant de support à l’épithélium interne. Ce dernier ne comprend qu’une seule assise de hautes cellules cylin- driques, placées côte à côte. Le contenu cellulaire entourant le noyau est homogène et finement granuleux, surtout vers le bord interne. La structure du conduit éjaculateur ( Tenebrio) varie suivant les régions considérées. Dans la partie médiane, les parois musculaires sont moins épaisses qu'aux deux extrémités antérieure et postérieure du tube (Voy. PI. XX VII, fig. 10). ORGANES REPRODUCTEURS MALES DES COLÉOPTÈRES. 393 Si l’on examine une section transversale, on trouve sueces- sivement, en allant de dehors en dedans : un anneau musculaire formé tout d’abord par une épaisseur de fais- ceaux circulaires, à la suite desquels viennent des fibres obliques et longitudinales. L'assise chitinogène est composée de cellules cylindriques dans la région médiane du tube et cubiques vers l'extrémité postérieure. Le novau, de forme sphérique, est localisé vers Ja base de la cellule. Le cytoplasme est compact et granuleux du côté externe et fibrillaire vers la région interne, à laquelle fait suite une épaisse intima chitineuse. Cette dernière, irré- gulière et plissée, présente une structure striée et porte surle bord des parois de la cavité centrale de petites dents coniques, à large base et à pointe amincie (Voy. PI. XXVIL, fig. 10). CHAPITRE I GLANDES GÉNITALES MALES DES TELEPHORIDÆ, DES HYDROPHILIDÆ ET DES SILPHIDÆ Famille des Telephoridæ. — Les glandes génitales mâles des Téléphorides présentent certaines analogies de formes avec celles de la famille précédente, mais elles en diffèrent cependant par une complexité plus grande dans la disposition des glandes accessoires (Voy. PI. XXVIL, fig. 6, 1,8 et 9). Les éesticules du Telephorus rusticus sont constitués par deux masses globuleuses et blanchâtres qui, à l’état ordi- naire, sont presque accolées l’une à l’autre et situées dans la région médio-abdominale, en avant des glandes annexes et un peu au-dessus de l'intestin moyen. Chaque glande est formée par une touffe d'’ampoules ou vésicules spermatiques sessiles, courtes, claviformes ou fongiformes et à extrémité distale légèrement arrondie. Cesutricules, au nombre de vingt à trente, vont s'ouvrir directement à l’origine dilatée ou par- fois même ramifiée du canal déférent. Leur structure est la 394 L. BORDAS. même que chez les Ténébrionides, et c'est principalement dans la partie cæcale arrondie que se forment les spermato- zoïdes (Voy. PI. XXVIL, fig. 9). Le canal déférent est un long tube cylindrique, sinueux et légèrement élargi à son extrémité postérieure où il joue le rôle de réceptacle séminal. Pendant son trajet, il décrit un certain nombre de tours de spire et va finalement débou- cher à l’origine du conduit éjaculateur, après s’être fusionné avec la partie terminale de la glande accessoire interne, un peu en arrière de son renflement vésiculeux (Voy. PI. XX VIF, fig. 8). Il résulte, de cette disposition, un très court tronçon commun à la glande et au canal déférent. Les glandes annexes sont au nombre de deux paires. La paire externe (ectadénie), de beaucoup la plus importante comme volume, s'ouvre directement dans le conduit éjacu- lateur. Elle est constituée par deux larges tubes cylindri- ques, sinueuxet contournés en spirale {Voy. PI. XX VII, fig. 7). L'ensemble des circonvolutions est tout à fait caractéris- tique et affecte l'apparence d’une vrille. L'extrémité libre de la glande est terminée par une pointe conique. Les parois de l'organe sont épaisses, musculaires el limitent une cavité centrale renfermant un liquide qui, par l’action desréaclifs, se concrète, durcit et prend une consis- tance cornée. Ces glandes, au lieu d’être dressées verticale- ment ou allongées en avant comme nous l’indiquons dans notre figure, sont, au contraire, étalées latéralement et ser- vent de support aux deux testicules. Les glandes annexes internes (mésadénies) diffèrent, par leur structure et la nature de leur contenu, des organes précédents (Voy. PL. XXVIT, fig. 7 et 8). Ce sont deux canaux cylindriques, de 5 à 6 millimètres de longueur, allant direc- tement se fusionner avec l'extrémité terminale des canaux déférents. La partie postérieure de chacune d'elles se dilate en une sorte de vésicule réniforme, à concavité externe. Les parois de cette vésicule sont minces, transparentes et pour- vues d’un petit nombre de faisceaux musculaires. La cavité MOREL EXT ON ORGANES REPRODUCTEURS MALES DES COLÉOPTÈRES. 395 centrale de l’ampoule est remplie d’un liquide hyalin, dans lequel on constate la présence de nombreux faisceaux de spermatozoïdes. L'existence de ces derniers et la nature du liquide sembleraient peut-être indiquer que cette vésicule doit sans doute jouer le rôle de réceplacle séminal accessoire. Le conduit éjaculateur est un tube de 0"*,5 de diamètre environ sur 6 millimètres de longueur. Il présente, à son origine, un léger renflement qui reçoit les glandes annexes et ie canal déférent. Il se dirige en arrière, pénètre dans un bourrelet musculeux placé à l’origine de l’armure génitale, parcourt l’axe du pénis et s'ouvre à l'extérieur par un orifice situé entre deux paires de tigelles chitineuses. L'armure génitale mâle des Téléphores présente, dans son ensemble, la forme d'un prisme quadrangulaire dont l'extré- mité antérieure, assez irrégulière, se recourbe en forme de crochet à pointe mousse. La pièce principale est un étui externe chitineux, irrégulier, terminé postérieurement par deux paires de pinces. A l’intérieur de celte première enve- loppe, existe un second tube corné contenant, suivant son axe, le conduit éjaculateur. Les glandes génitales mâles du Drile ont été décrites par V. Audouin(1). Aussi n’ajouterons-nous qu’un mot rectifica- tif à l'étude, si remarquable pour l’époque, faite par ce céle- bre naturaliste. Chez le Drilus flavescens Fabr., les organes appelés vésicules séminales ne sont que des glandes annexes, au même titre que les autres appendices tubuleux, allongés et cylindriques, qui s'ouvrent à l'origine du conduit éjacu- lateur. Glandes génitales mâles des Hyÿdrophilidæ. — Les glandes génitales mâles de l'Hydrophile ont été décrites, au point de vue anatomique, par Marcel de Serres et L. Dufour et, au point de vue histologique, par K. Escherich (2) et (4) Voy. Audouin : Recherches anatomiques sur la femelle du Drile jaunätre et sur le mâle de cette espèce (Annales des Sciences nat., t. II, p. 458, 1824). (2) Voy. Zeilsch. f. Wiss. Zool., t. LVIT, p. 636, 1894. 396 L. BORDAS. P. Blatter (1). Le mémoire de ce dernier auteur est particu- lièrement remarquable par la précision avec laquelle a été faite l’histologie des glandes annexes. Bien que nos recherches n'aient pas spécialement porté sur l’'Hydrophile, nous allons néanmoins donner, en résumé, la description de son appareil génital mâle, dont la glande spermatique réalise, comme celle des Staphylins, un type irès net de testicule en grappe simple. « Les testicules du grand Hydrophile, dit Dufour, se pré- sentent sous la forme de deux corps oblongs, cylindroïdes, placés, un de chaque côté, dans la cavité abdominale, au milieu d'une pulpe graisseuse. Ces organes, petits compara- tivement à ceux des autres Coléoptères, sont revêtus au de- hors d’une espèce de tunique adipo-membraneuse qui en masque la structure intérieure. Pour mettre celle-ci en évi- dence, il faut déchirer le testicule : on voit alors que ce dernier est essentiellement constitué par un épi plutôt que par une grappe de plusieurs centaines de petites capsules spermatiques, étroitement empilées comme des grains fort pressés qui seraient sessiles autour d'un axe commun, occu- pant, d’après Marcel de Serres, toute la longueur de la glande. Le canal déférent est grêle, presque capillaire, flexueux, et immédiatement avant de s’insérer à la vésicule séminale (g/ande annexe) qui lui correspond, 1l présente un renflement ovoïde considérable. » Ce renflement ovoïde, dont parle L. Dufour, est un récep- tacle séminal. Le reste de l'appareil comprend : une paire de glandes accessoires (mésadénies), pourvues chacune de deux ou trois rameaux ; une seconde paire de glandes (ecta- dénies) provenant peut-être d’une évagination du conduit éjaculateur. Ce dernier est muni d’un renflement ovoïde initial ou ampoule éjaculatrice (Voy. la figure schématique de Blalter, p. 391 des Arch. d'anat. micr., t. 1, 1897). (1) Voy. Étude sur la structure histologique des glandes annexes de l'appareil génital mâle de l'Hydrophile (Archives d'anatomie microscopique, t. I, fasc. 3, 1897). tin, end nn at" 9 2 ORGANES REPRODUCTEURS MALES DES COLÉOPTÈRES. 397 Famille des Silphidæ. — L'appareil génital mâle du Necrophorus vestigator Hersch. se rapproche, par l’ensemble de ses caractères généraux, de celui des Silphes. Comme chez ces derniers, il est caractérisé par la présence d’une grosse vésicule jaunâtre, en forme de massue, s’ouvrant à l’ex- trémité antérieure de l'appareil copulateur (Voy. PI. XX VIT, fig. 1). Les testicules forment un massif impair, presque sphé- rique, mesurant 3 millimètres environ dans le sens antéro- postérieur. Une simple traction transversale suffit cependant pour écarter les deux glandes séparées l’une de l’autre par une sorte de cloison due aux nombreux replis que forment les vésicules séminales. Chaque organe a une apparence réniforme, à concavité interne. Le canal déférent prend naissance à l'extrémité antérieure de l'organe et décrit quelques sinuosités dans l’intérieur même de la grappe testiculaire. C’est de son bord externe que partent quelques rameaux cylindriques, courts, parfois recourbés et terminés en cæcum ovoïde à leur extrémité libre. Ils portent sur un de leurs côtés de nombreuses am- poules ou vésicules spermatiques courtes, sessiles, tronco- niques, ou en forme de massue. Le nombre de ces ampoules dépasse cent pour chaque glande. Il résulte, de cette dispo- sition, que toutes les ampoules sont fixées sur le côté externe de l'organe et que la face interne ne présente que le canal déférent. L'ensemble de la glande paraît granuleux, et ce n'est que sur le bord circonférentiel externe que l’on voit quelques ampoules {une dizaine environ) dépasser leurs con- génères. Les canaux déférents.sont constitués par deux tubes cylin- driques présentant un diamètre irrégulier dans la région testiculaire et un diamètre uniforme dans la partie externe. Leur région terminale dilatée doit jouer Le rôle de réceptacle séminal. Ils vont déboucher à l'extrémité antérieure du conduit éjaculateur, à peu près aux mêmes points que les glandes accessoires externes (Voy. PI. XXVIIL, fig. 1). 398 L. BORDAS. Les glandes annexes sont au nombre de deux paires, com- prenant, de chaque côté, deux tubes cylindriques à contours réguliers. Ils sont très sinueux et forment deux volumineux pelotons à mailles assez lâches, remplissant la partie infé- rieure de la seconde moitié de l’abdomen, au-dessous des intestins moyen et terminal. Les diamètres des deux paires de glandes sont inégaux. La paire externe (mésadénies) est plus grêle, plus étroite que l’interne et va déboucher à la face supérieure de l'extrémité antérieure du conduit éjacula- teur, de tellesorte que chaque tube va s'ouvrir au même point que le canal déférent correspondant. Les glandes annexes internes {ectadénies), plus larges que les précédentes, dé- bouchent directement sur les côtés antéro-inférieurs du conduit éjaculateur (Voy. PI. XXVIIL, fig. 1). Ce dernier débute par une extrémité élargie qui peu à peu diminue de diamètre. Il devient ensuite régulièrement cylindrique et ne tarde pas à pénétrer dans l’axe du pénis. Vers la région antérieure de l’appareil copulateur, on trouve une ampoule ovoïde, en forme de massue, entourée d'une épaisse paroi musculaire et garnie intérieurement de dents chitineuses, coniques et à pointe fortement acérée. SILPHA. — L. Dufour, qui à étudié les glandes génitales de la Si/pha opaca, donne une description assez exacte des testicules de cette espèce. «Chaque glande, dit-il, est ovalo- réniforme, convexe, blanchâtre, débordée à son bordexterne par une rangée de capsules spermatiques conoïdes, semi- diaphanes. En déchirant la tunique pour étudier l'intérieur, on voit alors que le canal se continue dans la pulpe pro- lifique en s’y repliant et qu'il devient l’axe, le tronc d'où partent des branches brièvement pédicellées, terminées par des fascicules de capsules spermatiques ovales, blanches, plus ou moins empilées. Celles qui débordent le testicule sont bien plus grandes, distinctes les unes des autres; mais elles aboutissent par un pédicelle plus que capillaire aux mêmes ramifications internes. » | Les glandes génitales mâles des Si/pha rugosa et des S. s- | | Î | | de he — en PPT EE OUVRE 0 SEM © PAS ER VU PUR à: LÉ és DUR ITA TOR C MAN ORGANES REPRODUCTEURS MALES DES COLÉOPTÈRES. 399 nuata sont caractérisées par le volume relativement consi- dérable et la structure des testicules, par la présence de deux paires de glandes accessoires tubuleuses qui, au moment de la reproduction, sont très volumineuses, cylindriques, de couleur blanchâtre et forment deux gros pelotons remplis- sant la presque totalité de la région postérieure abdomi- nale (Voy. PI. XXVIIT, fig. 2, 3, 4, 5). Chez la Si/pha rugosa, les testicules sont très volumineux et constituent une grosse masse framboisée, à surface irré- gulière et granuleuse. Cette irrégularité est due uniquement à la structure en grappe de ces organes. La structure rap- pelle, dans ses grandes lignes, celle des glandes génitales des Corymbites et des Timarques. Les testicules présentent une apparence impaire, et il faut exercer une certaine traction transversale pour les séparer. On voit qu’il existe entre les deux organes une cloison formée par les nom- breuses circonvolutions des canaux déférents (vésicules séminales). Chaque canal complètement déroulé, atteint une longueur de 2 centimètres environ. Les testicules sont{ormés par la réunion de grappes simples, étroitement serrées et groupées autour d’une tige commune. La partie centrale de l’organe est constiluée par un tube irré- gulier et ramifié. Chaque ramification, généralement très courte (Voy. PI. XX VII, fig. 2 et 5), porte un grand nombre d’ampoules ou capsules spermatiques, tronconiques ou en forme de massue, à extrémité distale élargie et arrondie, puis amincie au contraire du côté interne. Ces ampoules sont par- fois aplaties par suite de leur pression réciproque. Elles sont très nombreuses (cent trente à cent cinquante) et donnent à la glande une apparence müriforme. Parfois quelques-unes d'entre elles dépassent l’ensemble de l’organe et sont plus volumineuses que leurs voisines, bien que leur mode d’em- bouchure soit cependant identique. Les produits de sécrétion passent tout d'abord dans les rameaux latéraux puis dans le réservoir central(vésiculeséminale) élargi. Ce dernier est parfois aplati transversalement et se continue par le canal déférent. 400 L. BORDAS. Ce qui donne à supposer que la portion du canal défé- rent intra-testiculaire joue le rôle de vésicule séminale, c'est la présence de nombreux faisceaux de spermatozoïdes qu'on y constate (Voy. PI. XXVIIL, fig. 2 et 5). Le canal, peu après sa sortie de laglande, décrit de nom- breux replis et va finalement déboucher à l'extrémité légè- rement dilatée du conduit éjaculateur. Les glandes annexes sont toujours hypertrophiées à l’épo- que de la reproduction et renferment un liquide hyalin, transparent, blanchâtre, parfois épais et glaireux, qui doit jouer un certain rôle dans la formation du sperme (Voy. PI. XX VII, fig. 3 et 4). Ces organes sont au nombre de deux paires chez les diffé- rentes Si/pha. Ce sont deux tubes enroulés, flexueux et mesurant près de 3 centimètres de longueur dans leur com- plète extension. Au moment de la reproduction, ils sont gorgés d’un liquide blanchâtre, épais et gluant. La paire inférieure a, dans sa région postérieure, un diamètre à peu près uniformément cylindrique et supérieur à celui de sa congénère. Mais, au fur et à mesure qu'on s'éloigne du point d’embouchure, l’épaisseur diminue progressivement, le tube devient lui-même irrégulier, s’élargit par places, se rétrécit en d’autres points et prend une apparence monili- forme {Voy. PI. XXVIIL, fig. 4). La partie postérieure des glandes annexes est également tubuleuse, irrégulière et moniliforme. Les deux paires de glandes vont s'ouvrir à l'extrémité antérieure du conduit éjaculateur, un peu au-dessous et en avant du point d’em- bouchure des glandes annexes externes. Le conduit éjaculateur est un tube cylindrique, à parois musculaires épaisses, élargi à son origine et allant progres- sivement en diminuant à mesure qu'il se rapproche de l’ar- mure génitale. Sa longueur totale atteint de 9 à 11 milli- mètres. Ses parois sont épaisses et tapissées intérieurement par une intima chitineuse. Il pénètre, en dernier lieu, dans : l'axe de l'appareil copulateur. I VE ORGANES REPRODUCTEURS MALES DES COLÉOPTÈRES. 401 À ce dernier, et le parcourant dans toute son étendue, se trouve adapté un organe ovoïde, vésiculiforme, compre- nant une partie externe assez volumineuse et un appendice cylindrique traversant l'armure et s’ouvrant à son extrémité. Cet organe, dont les fonctions sont tout à fait probléma- tiques, est spécial aux Swphidæ: nous ne l'avons encore rencontré chez aucune autre espèce de Coléoptères. Nous allons, dans le paragraphe suivant, décrire l’appa- reil reproducteur mâle du Timarque dont les testicules, disposés en grappes, présentent de grands rapports morpho- logiques avec ceux des Silphides. Les autres parties de l’ap- pareil sont, comme on va le voir, tout à fait différentes. Timarcaa (1) (Voy. PI. XXVIIT, fig. 6). — Sauf Dufour qui leur consacre quelques lignes, aucun entomologiste n’a décrit les organes génitaux mâles des Timarques. « Chez ces espèces, dit-il, le testicule est un sachet oblong, un peu courbé, à peine lobé dans son contour et revêtu d’une tunique assez serrée. Je n'ai point reconnu une texture capsulaire dans son intérieur. Le canal déférent naît de l'extrémité postérieure du sachet ; il est court et étroit. Il s’unit à son correspondant pour former le conduit éjaculateur, qui est flexueux et d’une longueur à peine double de celle des canaux déférents. Je n'aperçois aucune trace de l'existence des vésicules séminales, mais je présume que peut-être de nouvelles dissections les feront découvrir. » Ce qui frappe tout d’abord en étudiant les organes géni- taux mâles des Timarques (Timarcha coriaria), c’est leur extrême simplicité, la forme allongée, d'apparence vésicu- leuse, qu’affectent les deux testicules, et surtout l’atrophie considérable que présentent les glandes accessoires. Ces Insectes sont certes, de tous les Coléoptères, ceux dont les diverses parties de l’appareil reproducteur (sauf les testi- cules) présentent la structure la plus simple et la plus rudi- (4) Voy. notre mémoire : Recherches anatomiques et histologiques sur les organes reproducteurs mâles des Chrysomelidæ (Journal d’anat. et de physiol., fasc. n° 4, 1899). ANN. SC. NAT. ZOOL. xr, 26 402 L. BORDAS. mentaire. Ici, les glandes annexes sont réduites à leur plus simple expression et nous apparaissent sous la forme de deux petits cæcums ovoïdes, tandis que chez tous les autres Coléoptères elles sont constituées par une ou deux paires de longs tubes cylindriques, plus ou moins flexueux et par- fois même pelotonnés. Même simplicité dans la disposition des canaux déférents et éjaculateurs qui sont cylindriques, grêles, peu contournés sur eux-mêmes et presque recti- lignes. Aussi, si nous voulions établir une classification des Coléoptères, en nous basant uniquement sur les degrés de complexité qu'affecte l’appareil générateur mâle, n’hésite- rions-nous pas à placer les T'imarcha à la base de la série. Les testicules du Timarcha coriaria sont assez volumi- neux, allongés, coniques ou ovoïdes et mesurent de 4 à 5 millimètres de longueur, sur 2 millimètres environ dans leur plus grande largeur (Voy. PI. XXVIIT, fig. 6). Une membrane mince, transparente et de nature conjonc- tive, les enveloppe et leur donne une apparence vésiculeuse. Chaque glande comprend un réservoir ou canalicule médian, large, irrégulier et pourvu d’un nombre variable de courtes ramifications latérales. Ces dernières ontun diamètre un peu inférieur à celui du canal central et reçoivent les parties ter- minales amincies des ampoules ou vésicules spermatiques. Chaque ampoule, sessile, présente la forme d’une massue ou d’un appendice ovoïde, à extrémité distale élargie ou parfois aplalie par suite de la compression de ses congé- nères. Son extrémité proximale est amincie et va déboucher vers le sommet d'une des ramifications du canal central. Tous les lobules (ampoules) spermatiques, étroitement serrés entre eux et enveloppés par la membrane externe du testicule, donnent à la glande une apparence mamelonnée, müriforme, granuleuse, faisant croire, de prime abord, à un organe constitué par une grosse vésicule impaire, striée et irrégulière. Mais, une section pratiquée à travers le testicule en fait connaître la véritable structure et une dissection mi- nutieuse permet même de séparer les diverses ampoules. ORGANES REPRODUCTEURS MALES DES COLÉOPTÈRES. 403 De l'extrémité postérieure de chaque testicule part le canal déférent , sorte de tube régulièrement cylindrique et mesurant de 4 à 6 millimètres de longueur. À son point de convergence avec son congénère existe une sorte de dilata- tion triangulaire et aplatie, de laquelle part le conduit éja- culateur. L'ensemble des trois canaux présente une disposi- tion en forme de Y. Peu après sa sortie du testicule, le canal déférent recoit le conduit vecteur de la glande accessoire (mésadénie) dis- posée latéralement. Cette dernière, au lieu de présenter la forme d’un long tube cylindrique, tortueux et parfois pelo- tonné, comme cela existe chez la plupart des autres Coléo- pières, est vésiculeuse, ovoïde ou presque sphérique et mesure à peine de 1 millimètre à 1*°,25 de diamètre. Sa couleur est noirâtre et ses parois épaisses et musculaires. De son extrémité postérieure part un très court canalicule excré- teur, débouchant directement dans le canal déférent (Voy. PI. XX VII, fig. 6). Le conduit éjaculateur du Timarcha prend naissance au point de fusion des canaux déférents et se dirige en arrière en se plaçant immédiatement au-dessous de la portion ter- minale de l'intestin. C’est un tube cylindrique, peu sinueux, à parois épaisses et présentant de 9 à 11 millimètres de longueur. Il offre, dans son tiers antérieur, une dilatation vésiculiforme, qu'on pourrait confondre avec un réceptacle séminal, bien que sa structure soit identique à celle du reste du conduit : sa lumière n’augmente pas de diamètre et ses parois musculaires seules sont plus épaisses. Vers son ex- trémité postérieure, le conduit éjaculateur décrit une courbe, se redresse verticalement et pénètre enfin dans l'axe de l’armure copulatrice (pénis). L'appareil copulateur des Timarques est très simple et com- prend deux pièces principales : la »/aque basilaire et le pénis. D'autre part, l’ensemble de l'organe, reposant sur un épais coussin musculaire, affecte une forme allongée et rec- tangulaire. NC. OP NT É, . eo 404 L. BORDAS. La plaque basale est constituée par deux tigelles chiti- nêéuses, unies au-dessous de l’armure et qui s’écartent ensuite progressivement, formant entre elles, un angle et entourant le pénis à la facon d'un anneau. | Le pénis est un tube légèrement aplati, prismatique et émettant, en avant, deux appendices qui se rejoignent au- dessous du point d’embouchure du conduit éjaculateur. STRUCTURE HISTOLOGIQUE Pour l’histologie des testicules, il suffit de décrire la struc- ture d’une vésicule ou ampoule pour avoir celle de l’organe tout entier. Une section perpendiculaire à l’axe permet de distinguer, à l'extérieur, l'existence de deux membranes enveloppantes : l’une externe, mince et de nature muscu- laire, commune à l’organe tout entier, et une seconde, plus mince que la première, appartenant en propre à chaque capsule. Au-dessous de cette dernière, vient une membrane basale, très ténue, supportant l’épithélium germinatif interne. Ce dernier est constitué par divers groupes de cellules ou spermatogonies, séparés par une très mince cloison. Chaque cellule est sphérique, à contenu granuleux et possède un gros noyau central. Les divers groupes de cellules généra- trices sont surtout localisés vers la région eæcale des am- poules spermatiques. La cavité des ampoules est, en outre, remplie par un liquide incolore et gluant, dans lequel nagent de nombreux faisceaux de spermatozoïdes, allongés ou recourbés en croissant. L’épithélium interne des parois s’aplatit au fur et à me- sure qu'on se rapproche du réservoir central et de ses tuber- cules latéraux et se continue, suivant une ligne de démarcation bien nette, avec les cellules de ces derniers. Le réservoir, qu'on peut homologuer à une sorte de réceptacle séminal, présente, en section transversale, une forme presque trian- gulaire ou ovale. ORGANES REPRODUCTEURS MALES DES COLÉOPTÈRES. 409 Au point de vue histologique, le conduit éjaculateur des Timarques est constitué par une membrane péritonéale ex- terne très ténue. Vient ‘ensuite une très épaisse couche musculaire, formée par plusieurs assises de faisceaux circu- laires disposés par couches concentriques. Intérieurement, on trouve des fibres longitudinales et la couche épithéliale qui ne comprend qu'une série unique de cellules constituant l'assise chitinogène. Cette dernière engendre, par modifica- tion de son protoplasme, l'entima chitineuse. L’intima limite une cavité centrale, très étroite aux deux extrémités du conduit, mais aplatie au contraire dans la région correspon- dant à la dilatation vésiculaire, laquelle ne diffère du reste du conduit que par l'épaisseur considérable de ses parois. CHAPITRE II GLANDES GÉNITALES MALES DES COCCINELLIDÆ, DES CANTHARIDIDÆ ET DES CLERIDÆ Les glandes génitales mâles des Coccinellides se rappro- chent, par la forme des testicules, de celles des Téléphorides, des Silphides, etc. Les organes sécréteurs sont pairs, les vésicules séminales volumineuses et les glandes annexes au nombre de six (trois de chaque côté). Les testicules des Epilachna sont pairs, situés un peu en arrière de la région thoracique et recouverts par les circon- volutions intestinales et par celles des glandes annexes. Ils sont peu volumineux, disposés en grappe ou en ombelle et constitués par un petit nombre (vingt-cinq à trente) d’am- poules ou vésicules spermatiques pédicellées, dont la forme rappelle assez bien celle des Téléphorides. Chacune d'elles est constituée par un petit tube à extrémité externe dilatée et arrondie (Voy. PI. XXVIIL, fig. 7, et PI. XXIX, fig. 8). L’extrémité interne de ces vésicules s’amincit peu à peu et va s'ouvrir dans une ramification de l’extrémité antérieure du canal déférent. C’est surtout dans la région cæcale et 406 L. BORDAS. élargie des ampoules que se forment les spermatozoïdes. Le canal déférent est court, peu sinueux et débute par une partie amincie et presque capillaire. Il sort du bord inférieur de chaque testicule et résulte de la fusion de quel- ques ramuscules, au sommet desquels vont déboucher les ampoules spermatiques (Voy. PI. XXVIIL, fig. 7). Le canal se dirige tout d’abord en arrière et, après un trajet de 1 milli- mètre et demi à 2 millimètres, il se dilate brusquement pour former une volumineuse vésicule séminale (V) eu égard aux dimensions des autres parties de l'appareil (Voy. PI. XXIX, fig. 8). Chaque vésicule renferme de nombreux faisceaux de spermatozoïdes et présente une apparence réniforme à bords interne légèrement concave et externe convexe. Les extré- mités antérieure et postérieure sont amincies. La partie terminale se rétrécit brusquement, se recourbe en crochet et se continue par un tube court, sinueux et très étroit qui va directement déboucher vers la région terminale de la glande annexe externe (Voy. PI. XXIX, fig. 8). La disposition sacciforme des réceptacles séminaux est tout à fait caracté- ristique, el dans aucune famille de l’ordre des Coléoptères, nous n’avons rencontré un organe aussi nettement délimité. Les glandes annexes sont au nombre de trois paires et vont toutes déboucher à l'extrémité antérieure dilatée du conduit éjaculateur. La paire externe est formée par un tube cylindrique dans sa moitié inférieure, mais présentant, dans sa région antérieure, des constrictions et des dilatations, n général peu accentuées. D'autre part, cette glande tubu- leuse décrit de nombreuses sinuosités dont les replis, très serrés, forment un peloton recouvrant entièrement les tes- ticules. Les replis de l'extrémité postérieure sont moins accusés et le tube suit peu à peu un trajet moins contourné et plus rectiligne. C’est un peu avant de déboucher dans le conduit éjaculateur qu’elle reçoit, perpendiculairement à sa direction, la partie terminale, rétrécie et capillaire, du canal déférent. ORGANES REPRODUCTEURS MALES DES COLÉOPTÈRES. 407 Les glandes annexes internes (Epilachna), au nombre de deux paires, ont un diamètre un peu inférieur à celui des organes précédents et sont constituées par des tubes cylin- driques à parois minces et transparentes (Voy. PI. XXVIIT, fig. 7). La longueur de chacune d'elles égale à peine la moitié de celle des glandes externes. Ces organes, à contenu hyalin et transparent, présentent un léger renflement à leur extré- mité antérieure et vont déboucher à l’origine du conduit éjaculateur, du côté interne de la première paire de glandes accessoires. | Le conduit éjaculateur est un tube cylindrique dont la lon- sueur dépasse 6 à 7 millimètres (Voy. PI. XXVIIF, fig. 7). Il débute par une partie renflée, vésiculiforme, échancrée sur son bord antérieur, et se rétrécit ensuite pour devenir uni- formément cylindrique. Ses parois sont épaisses et muscu- laires. Après avoir décrit deux ou trois replis, le conduit ne tarde pas à pénétrer à l’extrémité antérieure de l’appareil copulateur (ou mieux du pénis), qu'il poursuit suivant son ‘axe. L'armure génitale comprend un pénis chitineux, conique, recourbé en forme de crochet ou d’hamecçon et à pointe très acérée. Il est entourée d’une gaine cornée, en forme de gouttière et de couleur brunâtre. A la base de cette gaine sont fixées deux valves minces, cylindriques, styliformes, dirigées en arrière et de longueur à peu près égale à celle du pénis. Famille des Cantharididæ. — Les Cantharides, par la structure anatomique compliquée de leurs glandes génitales mâles, par la forme de leurs testicules, composés d’une touffe d’ampoules spermatiques disposées en grappe simple ou épi, méritent d'être placées à côté des Coccinellides et des Élatérides. Dans ses importantes recherches sur les Insectes vési- -cants, H. Beauregard consacre un long chapitre à l'appareil génilal mâle des genres Cantharis, Meloe Mylabris, Epi- caula, Zontis, etc. L'auteur reprend les descriptions très 408 L. BORDAS. sommaires et parfois inexactes de Dufour, d'Audouin, de Brandt et Ratzburg et prend la Cantharide ordinaire (Cantharis vesicatoria) comme type de son étude (1). D’après cet auteur, les testicules de la Cantharide sont à peu près sphériques, incolores ou légèrement jaunâtres et formés d’un très grand nombre de tubes allongés et renflés en massue à leur extrémité libre périphérique. Par leur ex- trémité centrale, ces tubes débouchent dans une cavité commune à laquelle aboutit le canal déférent. Ce dernier est cylindrique et se renfle à son extrémité postérieure pour former un réservoir spermatique que l’on trouve toujours rempli de spermatozoïdes. Le conduit éjaculateur de la Cantharide s’évase à son ex- trémité antérieure, de manière à constituer une sorte d'urne arrondie dans laquelle débouchent, d’une part les glandes annexes et, de l’autre, les canaux déférents. Les glandes accessoires sont au nombre de trois paires s’ouvrant dans la portion antérieure renflée du conduit éja- culateur, sur la face ventrale de ce dernier, à peu PEéE au niveau où débouchent les canaux déférents. La première paire (glandes scorpioïdes) est formée par deux tubes à extrémité libre enroulée en forme de crosse. La seconde paire est insérée un peu en arrière et en dehors de la précédente. Ce sont deux cæcums courts, situés entre les glandes scorpioïdes et les canaux déférents. La troisième paire consiste en deux longs tubes qui prennent naissance immédiatement en arrière des ca- naux déférents et s’enroulent de chaque côté du tube digestif. | Les deux premières paires de glandes annexes fonctionnent comme organes de sécrétion de substance muqueuse. La troisième (glandes à cantharidine) sert à la fois de réservoir séminal et à l'élaboration d’un principe actif, la canthari- dine. (4) Voy. le Journal d'anat. et de physiol., t. XXII, 1886, p. 528 et suiv. ORGANES REPRODUCTEURS MALES DES COLÉOPTÈRES. 409 Famille des Cleridæ (1). — Les organes générateurs mâles des Clérides ont été décrits en quelques lignes par L. Dufour. Ils sont, dit-il, assez compliqués. Les testicules, bien séparés l’un de l’autre, sont des sachets ovoïdes dont la tunique, d’une grande finesse, est d’un rouge vif. Leur or- ganisation intérieure consiste en un faisceau de capsules spermatiques en forme de gaines renflées à leur base. Le canal déférent a parfois une teinte rougeâtre et est un peu plus long que le testicule. Les vésicules séminales sont au nombre de quatre paires : deux d’entre elles sont courtes, renflées, ovalo-oblongues et obtuses. Les deux autres sont allongées et filiformes. Il en est de même du canal éjacula- teur. L’armure copulatrice, de forme oblongue, est char- nue et arrondie à sa base, cornée dans le reste de son éten- due. Cette description est à la fois incomplète et inexacte, surtout en ce qui concerne la morphologie des testicules et principalement celle des vésicules séminales (glandes an- nexes). Nous avons étudié, parmi les Clérides, les quatre espèces suivantes : Trichodes alvearius Fabr., Trichodes apiarius L., Thanasimus formicarius L. et Corynetes cæruleus Degeer. Les festicules des Trichodes sont pairs, ovoïdes ou piri- formes et situés vers la région médio-abdominale, de chaque côté de l’armure génitale. Ils sont en partie recouverts par les sinuosités des glandes annexes et maintenus dans une posilion fixe par de nombreux faisceaux trachéens qui partent des parois latérales du corps. Leurs dimensions sont les suivantes : longueur antéro-postérieure, 2 à3 millimètres, diamètre transversal, 1 millimètre. Chaque testicule est constitué par un ensemble de tubes ou follicules spermatiques (Voy. PI. XXVIIT, fig. 8 et 10). Ces tubes sont irrégulièrement cylindriques, parfois renflés de (1) Pour de plus amples détails sur cette famille, voyez notre mémoire : Contribution à l'étude des organes reproducteurs des Coléoptères : Glandes géni- tales mâles des Clérides (Annales de la Soc. entom. de France, p. 622 et suiv., 1898). L1 410 | L. BORDAS. distance en distance, surtout dans la région médiane, et se terminent, à leur extrémité distale, par un filament qui va s’amincissant progressivement. Cette région externe et fili- forme est sinueuse et longe, en se recourbant, les parois internes de l'organe. Chaque tube séminifère est flexueux et va s'ouvrir, soit directement à l’extrémité élargie du canal déférent, soit dans un conduit très court qui reçoit également trois ou quatre tubes semblables. Le tronc récepteur, après un très court trajet, débouche dans le canal déférent. Le nombre de ces tubes séminifères (ou utricules) est peu considérable et se trouve compris entre vingt et vingt-cinq. Quand ces divers canalicules sont complètement étalés dans l’eau, ils présentent l’aspect d’un faisceau divergent flabelli- forme, fixé à l'extrémité élargie d’un pédoncule correspon- dant au canal déférent (Voy. PI. XX VIIE, fig. 10). Le canal déférent commence par une extrémité renflée si- tuée à peu de distance de [a paroi testiculaire. Parfois, cette même extrémité se ramifie en deux ou trois branches, très courtes, sur lesquelles viennent s'ouvrir les canalicules sper- matiques. | Après sa sortie du testicule, le canal déférent se dirige en avant en décrivant de nombreuses circonvolutions, puis transversalement. Il forme ensuite un petit peloton cylin- drique avant de déboucher à la base de la face inférieure de la glande annexe externe (Voy. PI. XXVIIT, fig. 9). Pendant son trajet, ce canal conserve un diamètre uniformément cylindrique et ne fait que s’amincir légèrement à son extré- mité terminale. Glandes annexes. — 11 existe, chez les Clérides, quatre paires de glandes annexes ou accessoires, s'ouvrant toutes directement à l'extrémité antérieure élargie du conduit éja- culateur. Parmi ces glandes, les deux paires internes sont courtes, larges, vésiculeuses, légèrement concaves et réni- formes, tandis que les deux paires externes sont beaucoup plus allongées, cylindriques et sinueuses. | Glandes en tubes. — La paire externe des glandes annexes ORGANES REPRODUCTEURS MALES DES COLÉOPTÈRES. 411 tubuleuses diffère de l’interne par son diamètre plus étroit et par ses nombreuses circonvolutions (Voy. PI. XX VIII, fig. 9). Elle est formée par un tube régulièrement cylindrique, de 6 à 7 millimètres de longueur sur 1/3 de millimètre de dia- mètre. Leur direction transversale est perpendiculaire au plan de symétrie du corps de l’animal(Voy. PI. XXVIIE, fig. 9). Pendant leur trajet, elles décrivent de nombreux tours de spire, très serrés et groupés en un peloton ovoïde. en arrière duquel sont situés les testicules. L’extrémité ter- minale est cependant libre et légèrement arrondie. Quant à la région proximale, elle est amincie et se fusionne à la partie correspondante de la glande interne. La portion commune, très courte, débouche un peu au-dessous des orifices des deux glandes vésiculeuses médianes (Voy. PI. XXVIIE, fig. 9). Les glandes annexes internes ((ri.) sont également au nombre de deux, de longueur un peuinférieure à celle de leurs congénères externes. Elles se dirigent en avant et se recour- bent en crosse à leur extrémité libre. Leur portion terminale est légèrement renflée et se fusionne avec celle des glandes externes. Ces deux sortes d'organes sont de couleur blan- châtre ; leurs parois, minces, hyalines, molles, se laissent facilement déchirer. Le produit de sécrétion glandulaire est une masse homogène, gluante, laïiteuse et transparente. La nature glaireuse de ce produit doit faire considérer les glandes tubuleuses que nous venons de décrire comme des organes à sécrétion muqueuse. Le liquide produit doit s'ajouter au sperme et jouer un certain rôle au moment de l’accou- plement, car à l’époque de l’activité des fonctions géné- siques, ces glandes sont hypertrophiées et fonctionnent avec beaucoup plus d'intensité qu'en temps ordinaire. Glandes vésiculeuses. — Les glandes vésiculeuses, au nombre de deux paires, diffèrent, par leur structure et la nature de leur contenu, des glandes tubuleuses. Elles se présentent sous l’aspect de deux petits appendices digiti- formes, courts, larges et à extrémité libre émoussée (Voy. PI. XXVIIT, fig. 9, Gv.). La paire externe est plus large et 442, = L. BORDAS. plus renflée que l’interne; elle est, en outre, en rapport, par- son extrémité terminale, avec le canal déférent corres- pondant. Chaque glande est concave intérieurement, con- vexe sur son bord opposé et se termine par une extrémité libre conique ou arrondie. Leurs parois, ainsi que celles des testicules, sont fortement colorées en rouge; de plus, leur cavité renferme un produit de même teinte. Cette glande vésiculeuse externe, à parois épaisses et musculaires, va s’ouvrir, par son extrémité postérieure amincie et recour- bée, à la partie initiale du conduit éjaculateur. Le canal déférent correspondant s'ouvre à sa face inféro-interne, tout près de l’orifice contigu des deux glandes vésiculeuses proxi- males. | La paire interne des deux glandes vésiculeuses comprend deux tubes courts, adhérents l’un à l’autre et présentant extérieurement une légère dilatation. Leur extrémité libre est arrondie ou conique, tandis que l’opposée, également élargie, débouche à la partie antérieure dilatée du conduit éjaculateur. C’est dans l’espace compris entre chaque paire de glandes vésiculeuses que s'ouvrent également dans le conduit éjaculateur les deux glandes tubuleuses correspon- dantes (Voy. PI. XXVIIL, fig. 9). Le contenu des glandes vésiculeuses est une masse, parfois granuleuse, mais généralement homogène et com- pacte, de couleur rouge foncé comme les parois de l'organe. Il est tout d’abord mou, flexible, élastique, mais ne tarde pas, par l’action des liquides fixateurs, à prendre une con- sistance dure et cornée, rendant ainsi très difficiles les coupes microscopiques. Il se prend presque toujours en un bloc compact, moulant exactement la cavité interne de la glande. | Le conduit éjaculateur est court, cylindrique, etne présente qu'une légère courbure antérieure. Son extrémité posté- - rieure, à peu près recliligne, pénètre directement dans l'axe de l’armure copulatrice. La portion du conduit ainsi entourée par l’armure est plus étroite et constitue la verge. ORGANES REPRODUCTEURS MALES DES COLÉOPTÈRES. 413 Ce conduit est élargi et aplati transversalement à son extré- mité initiale, où il reçoit les canaux déférents et les glandes annexes. Sa cavité interne est tapissée par une épaisse intima chitineuse. L'armure génitale est allongée, presque cylindrique et recouverte antérieurement par un bourrelet musculaire, au sommet duquel pénètre le conduit éjaculateur. L'ensemble de l’armure comprend, outre le pénis, deux paires de tigelles longitudinales, de nature chitineuse. CHAPITRE IV GLANDES GÉNITALES MALES DES ELATERIDÆ, ETC. Famille des Elateridæ. — L. Dufour a donné une bonne description anatomique des glandes génitales mâles de l'Elater murinus (Voy.les Annales des Sciences nat., t. VI, 1825, p. 166). Les testicules, dit-il, sont bien distincts, séparés l’un de l’autre, enchevêtrés par un lacis de trachées capillaires et constitués chacun par une agglomération arrondie ou sub-réniforme de capsules spermatiques ovalaires ou oblon- gues, au nombre d’une quarantaine. La petitesse et la con- tiguité de ces capsules ne m'ont point permis de constater leur mode de connexion pour la formation du canal défé- rent. Ce dernier naît brusquement du testicule. Il est long et flexueux. d’abord délié comme un cheveu; mais en approchant du canal éjaculateur, sur les côtés duquel il rampe, il devient plus gros, plus replié. Il s’insère au- dessous de la vésicule principale, immédiatement avant l'origine du conduit éjaculateur. Il y a trois paires de vésicules séminales (g/andes annexes). La première ou principale est plus grande, plus blanche, plus compacte que les autres. Elle se contourne vers son extrémité, qui est divisée en deux cornes spiroïdes. La seconde paire est en forme de massue allongée et recourbée. 414 L. BORDAS. Elle s'implante à la face supérieure de la première paire, tout près de l’origine du conduit éjaculateur. Celles de la troisième paire sont forl courtes, placées au-dessous des autres et d’une configuration singulière qui les fait paraître doubles. Le conduit éjaculateur est assez court, cylindrique et recourbé sur lui-même; il s'enfonce dans l’armure copula- trice à la base supérieure de celle-ci. À cette description, nous ajouterons les observations suivantes. Les vésicules ou capsules spermatiques sont, pour chaque testicule, au nombre de soixante-dix à quatre-vingts. Elles sont allongées, ovoïdes ou en forme de massue, faiblement pédicellées et mesurent plus d’un millimètre de longueur. Leur extrémité distale est arrondie, renflée, et la région proximale, amincie et cylindrique, constitue une sorte de canalicule déférent. Les canalicules vont parfois s'ouvrir, au nombre de trois ou quatre, en un ou même parfois en des points très rapprochés les uns des autres pour former un con- duit d’un diamètre plus large que les premiers. Ces conduits de second ordre se réunissent à leur tour, et c’est de leurfusion que résulte le canal déférent. Ce dernier, d’abord étroit, sinueux, cylindrique, ne tarde pas à se dilater vers son extrémité postérieure pour constituer une vésicule séminale. Les organes désignés par L. Dufour sous le nom de vési- cules séminales ne renferment aucune trace de spermato- zoïdes : ce sont des tubes glandulaires (g/andes annexes) sécrétant un produit hyalin, gluant, muqueux qui, dans certaines glandes, se concrète, durcit el prend une consis- tance cornée. Corymbhites. — Les glandes génitales mâles des Corym- bites sont caractérisées par la forme et la disposition des am- poules spermatiques, par la longueur des canaux déférents et la minceur de leurs parois, et enfin par la présence de trois paires de glandes annexes dont les deux paires internes peu- ventêtre homologuées à celles désignées par Escherich et Blat- ORGANES REPRODUCTEURS MALES DES COLÉOPTÈRES. 419 ter sous le nom d’ectadénies. Ajoutons queles dénominations d'ectadénies et de mésadénies ne correspondent pas toujours aux différentes particularités que présentent les glandes re- productrices mâles des Coléoptères. Les auteurs précédents n'ont étudié que trois types chez lesquels on ne constate que deux paires de glandes et l'assimilation est presque tou- jours impossible quand on s'adresse à des espèces possé- dant trois ou même quatre paires de glandes annexes. Les testicules des Corymbites sont volumineux, blan- châtres et situés dans la région médio-abdominale, de chaque côté de l'intestin moyen. Ils sont constitués par un grand nombre {cinquante à soixante) de follicules ou ampoules sper- matiques, pédiculées, généralement tronconiques ou en forme de massue, à extrémité distale renflée ou ovoïde et à région interne presque cylindrique allant déboucher à l'extrémité antérieure ramifiée du canal déférent. Parfois, les pédicules des ampoules se réunissent au nombre de deux ou de trois pour former un conduit très court, s’abouchant directement dans le canal déférent. Toutes les ampoules ou vésicules, étroitement serrées les unes contre les autres, donnent au testicule une apparence granuleuse et müriforme (Voy. PÉPENIX fie. et 2). L'extrémité antérieure du canal déférent porte un certain nombre de ramuscules latéraux (six à huit) au sommet et sur les côtés desquels viennent s'implanter les ampoules ou capsules spermatiques. Cette disposition dichotomique du canal déférent et de ses ramuscules terminaux rappelle à peu ‘ près celle que nous avons vue dans un certain nombre de familles précédentes (Téléphorides, Clérides, etc.). Les canaux déférenits du Corymbite æneus sont longs, minces et sinueux. Leur longueur totale dépasse celle du corps de l'Insecte. Ils décrivent de nombreuses circonvolu- tons, s’élargissent à leur extrémité postérieure (Voy. PI. XXIX, fig. 1), et vont déboucher à la base des glandes annexes externes (mésadénies), sur les parois latéro-dorsales L de la partie antérieure du conduit éjaculateur. 416 L. BORDAS. Chez le Corymbites latus, chaque canal déférent se dirige en arrière, longe les parois rectales, s’élargit progressive- ment pour constituer la vésicule séminale, et va s'ouvrir à la base des glandes accessoires externes, à l’origine du conduit éjaculateur. Près de son point d’embouchure, le canal forme une dilatation ovoïde, contiguë avec le renflement similaire de son congénère du côté opposé (Voy. PI. XXIX, fig. 2). Glandes annexes. — Les divers Corymbites (Corymbites æneus et C°: latus),sont pourvus de trois paires de glandes an- nexes (Voy. PI. XXIX, fig. 1 et 2). La première paire (glandes tubuleuses) est située à la face supérieure de l’appareil géni- tal. Elle est constituée par deux tubes cylindriques, dont le diamètre est à peu près le double de celui des canaux défé- rents. Leurs parois sont minces, transparentes, et leur con- tenu est clair, filant et muqueux. Ces glandes vont s'ouvrir en avant et à la base des canaux déférents. La seconde paire deglandes annexes (ectadénies) est formée par deux tubes vésiculeux, larges, cylindriqueset à extrémité recourbée en forme de corne de bélier ou de crochet. Leurs parois sont épaisses, transparentes, et leur cavité renferme un produit compact, jaunâtre, fortement concrété, se lais- sant difficilement couper, élastique et de consistance cornée. La troisième paire, située au-dessous de la précédente, présente à peu près le même diamètre que cette dernière. Elle en diffère pourtant par la minceur de ses parois et par la nature de son contenu, qui est transparent, hyalin et mu- queux. De plus, on trouve fréquemment vers sa base de nombreux faisceaux de spermatozoïdes, ce qui porterait à croire que cet organe joue à la fois le rôle de glande mu- queuse et de réceptacle séminal (Voy. PI. XXIX, fig. 1 et 2). On constate, en outre, à la face dorsale de l'extrémité posté- rieure de ces glandes, l'existence de deux cæcums qu'on peut considérer comme deux diverticules (1) glandulaires. (4) Nous n'avons pas constaté l'existence de ces cæcums terminaux chez le Corymbites latus (Voy. PI. XXVII, fig. 2). — L. B. ORGANES REPRODUCTEURS MALES DES COLÉOPTÈRES. 417 Le conduit éjaculateur est constitué par un gros tube cylindrique, peu sinueux, et présentant une longueur de % à 6 millimètres. Ses paroïs sont musculaires et recou- vertes intérieurement d’une intima chitineuse. Il pénètre dans l’armure génitale et va s'ouvrir, à son extrémité, entre deux paires de pinces (Voy. PI. XXIX, fig. 1). L'armure génitale des Élatérides est peu compliquée et comprend, comme pièces principales : 1° une lamelle chili- neuse supérieure convexe et échancrée en arrière, et 2° un étui pénial terminé postérieurement par deux paires de pinces entourant la partie terminale du conduit éjaculateur. HISTOLOGIE _ Sizpaa. — Üne section transversale, passant par l’axe du testicule de la Si/pha opaca, nous montre la disposition des ampoules spermatiques et la structure du réservoir central. Les ampoules, au nombre de quinze à vingt sur une coupe, sont sessiles, tronconiques, ou parfois même rectangulaires. Leur bord externe est large et légèrement convexe, tandis que leur extrémité interne est plus amincie et s'ouvre direc- tement dans les ramifications latérales du réceptacle glan- dulaire. D'autre part, la portion antérieure du canal défé- rent située dans le testicule doit être considérée, par la structure de ses parois et la nature (spermatozoïdes) de son contenu, comme une véritable vésicule séminale. | Chaque testicule est entouré d’une membrane commune externe, sorte de tunique péritonéale, mince et plissée. Au- dessous d’elle, viennent les enveloppes propres à chacune des capsules ou glomérules testiculaires. Ces enveloppes sont formées principalement par quelques assises de fibrilles circulaires et envoient des prolongements constituant les cloisons latérales des glomérules. La cavité interne de ces derniers comprend, dans la région pariétale, de nombreux groupes de spermatogonies, et, dans la région axiale, des faisceaux de spermatozoïdes. ANN. SC. NAT. ZOOL. Xe A 418 PEUR SLI RORDAS APE Une coupe, perpendiculaire à l'axe, faite dans la partie médiane du canal déférent, nous présente, en allant du dehors en dedans : une membrane à fibres circulaires ét longitudinales, une tunique basale très mince, et enfin un épithélium aplati, formé par des cellules cubiques à noyau sphérique central. La paire externe des glandes annexes (mésadénies) affecte un caractère glandulaire très net (Voy. PI. XXVIN, fig -" 100 Ses parois sont minces et constituées par des fibres cireu- laires et longitudinales. Au-dessous de ces dernières vient la lLunica_ propria supportant l'épithélium cylindrique interne, composé d’une assise unique de cellules allongées et à parois latérales peu nettes. Le cytoplasme est granuleux, vacuo- laire, le noyau est ovale et situé vers la région externe de chaque élément. Le bord libre des cellules est recouvert d'un bourrelet de globules hyalins et sphériques, produits par la sécrétion épithéliale. De pareils globules se montrent, de même, par groupes, dans la cavité du tube glandulaire. A côté de ces globules se trouve un produit muqueux et ie Dont coloré par les réactifs. Erarer. — Nos recherches histologiques sur les glandes génitales mâles des Élatérides concernent tout spécialement l'Elater pomorum Herbst. Une section transversale, passant par l’axe des testicules, nous montre très nettement la forme et la disposition des vési- cules ou ampoules spermatiques (Voy. PI. XXIX, fig. 5). Ces dernières sont libres, isolées les unes des autres et ne sont pas entourées par une membrane recouvrante externe com- mune. Elles affectent toutes la forme d'une massue renflée, arrondie à son extrémité externe et amincie du côté interne où elle se termine par un court pédicule allant généralement s'unir à un ou plusieurs de ses congénères, avant de s’aboucher directement à l'extrémité antérieure du canal déférent. | Chaque ampoule est entourée par une mince enveloppe, formée par quelques fibrilles circulaires. La paroi interne ORGANES REPRODUCTEURS MALES DES COLÉOPTÈRES. 419 est tapissée d'innombrables cellules génératrices des sper- maltozoïdes groupées en faisceaux. Ces spermatogonies, à divers stades d'évolution, sont généralement sphériques, à cytoplasme clair, hyalin, et à gros noyau central pluri- nucléolé (Voy. PI. XXIX, fig. 5). Quant à la cavité de chaque ampoule, elle est complètement remplie de faisceaux de spermatozoïdes (#s.). Dans une section oblique, nous sommes parvenu à inté- resser le canalicule ou pédicelle d’une ampoule. Ce conduit est entouré par une mince membrane externe, à fibres cir- culaires. À l’intérieur, l’épithélium est composé de hautes cellules cylindriques à cytoplasme sombre et finement gra- nuleux vers la région centrale. Chaque cellule possède un gros noyau basilaire, intensivement coloré par les réactifs el pourvu de nombreux nucléoles. Au fur el à mesure qu'on s'éloigne du testicule, on voit l'épithélium s’aplatir de plus en plus et devenir cubique vers la partie médiane du canal déférent. Une coupe, pratiquée un peu au-dessous de la glande séminale, nous montre des cellules encore cylindriques, mais moins hautes que dans les pédicules des ampoules (Voy. PI. XXIX, fig. 6). Elles sont pourvues d’un cytoplasme granuleux et sombre vers la base, strié et parfois vacuolaire du côté interne. Les novaux sont volumineux, sphériques et pourvus de plusieurs nucléoles. Le nucléoplasme est plus sombre, plus fortement coloré et plus granuleux que le reste du contenu cellulaire. Enfin, une membrane basale, très ténue, sert de support à l’assise épithéliale. La structure des glandes annexes exlernes ([mésadénies)} {Voy. PI. XXIX, fig. 6 et 7, Gt.) est tout à fait caractéristique par la forme et la disposition de l'épithélium interne. Une section faite dans la région médiane de l’organe se présente avec les couches suivantes : 1° Extérieurement, on trouve une membrane recouvrante formée par des faisceaux musculaires et obliques. Au-des- sous de cette première enveloppe existe un très mince 420 L. BORDAS. ruban annulaire, constituant la membrane basale ({wnica propria) supportant l’épithélium sécréteur. | 2° Cet épithélium, à rebord interne sinueux, est formé par de hautes cellules cylindriques pourvues d’un noyau, très apparent et fortement coloré, situé vers la base de l'élément. Le cytoplasme cellulaire présente deux caractères fort différents suivant les régions. Extérieurement au noyau, il est transparent et hyalin, tandis que du côté interne il est granuleux et vacuolaire. Enfin, le bord libre des cellules est coiffé d’un globule muqueux, compact et intensivement coloré par les réactifs (Voy. PI. XXIX, fig. 7). Ce globule est un produit de sécrétion cellulaire. Le lumen du canal glan- dulaire est rempli par un liquide parfois granuleux, peu compact, aréolaire et présentant de nombreux groupes de granules sphériques, de tout point semblables à ceux qui se trouvent sur le bord libre des cellules sécrétrices. Par la nature de leur produit d'élaboration et la structure de leur épithélium, les glandes annexes externes des Æ£/ater sont des organes à sécrétion muqueuse ou glaireuse. Bien que se trouvant, par leur partie terminale, en connexion étroite avec l’extrémité des canaux déférents, les glandes annexes externes ne présentent, dans leur cavité, aucune trace de spermatozoïdes (Voy. PI. XXIX, fig. 1,2 G{ et 7) : leur fonc- tion est donc purement sécrétrice, et le liquide provenant de leur activité physiologique doit avoir pour rôle de diluer le sperme. Les glandes annexes internes (ectadénies) des Elatérides (Voy. PI. XXIX, fig, 1 et 2, G1.2, Ga.?) diffèrent des externes, non seulement par leur structure, mais surtout par la na- ture de leur contenu. De plus, elles présentent le caractère spécial de déboucher directement à l’extrémité antérieure du conduit éjaculateur. L’enveloppe glandulaire estune membrane mince, à fibres circulaires et obliques, au-dessous de laquelle se trouve une tunique basilaire, de nature conjonctive, supportant l’épithélium interne. Ce dernier ne comprend qu'une seule jé RE ne À digne rt ” ORGANES REPRODUCTEURS MALES DES COLÉOPTÈRES. 421 assise de longues cellules cylindriques, très étroites, à noyaux ovales placés à des hauteurs différentes. Le cyto- plasme, granuleux dans la région périnucléaire, est au contraire fibrillaire du côté interne. Le contenu de la glande est hyalin, transparent et com- pact vers le centre, de couleur jaunâtre et de consistance cornée à la périphérie. Il forme un massif concrété par l’ac- tion de l’alcool, dur, élastique et pouvant s’enlever tout d’une pièce quand on pratique une section dans les parois de l'organe, Conduit éjaculateur (Noy. PI. XXIX, fig. 9). — Le conduit éjaculateur des Élatérides est pourvu d’une très épaisse enveloppe musculaire, tandisquele lumen central est irrégu- lier et fort étroit. Sa forme est parfois allongée et parfois triangulaire ou sphérique. La membrane recouvrante externe comprend des fais- ceaux circulaires au-dessous desquels se trouvent quelques assises obliques. Viennent ensuite les muscles longitudi- naux, très caractéristiques et très apparents sur toutes les coupes faites en des régions les plus diverses du conduit (Elater sanquinolentus). | L'assise épithéliale chitinogène interne repose sur une très mince membrane basale, de nature conjonctive. L’épithé- lium est composé de cellules cylindriques à parois latérales peu apparentes, mais à noyaux ovales très nets. Le rebord interne cellulaire se continue, par transitions insensibles, avec l’assise chitinogène. Cette dernière est dure, hyaline et présente quelques denticulations, dont trois sont très carac- téristiques. Elles sont coniques, à large base et à sommet aminei et acéré. Leur présence est à peu près constante sur toute Ia longueur du tube et aux deux extrémités d'un même diamètre du lumen interne. 499 JE UE -BORDAS! RÉSUMÉ Coléoptères à testicules composés et disposés en grappes. Les Coléoptères à testicules composés et disposés en grappes appartiennent aux familles suivantes : T'enebrionidæ, Sta- phylinidæ, Silphidæ, Coccinellidæ, Hydrophilidæ, Canthari- didæ, Cleridæ, Elateridæ, ete. Chez toutes ces espèces, les testicules présententla forme, tantôt de grappe simple ou épi (Staphylinides, Hydrophylides), tantôt de grappe composée (Coccinellides, Silphides, Clérides, etc.). Ces organes sont toujours pairs (un de chaque côté du corps) et ont la forme de masses ovoïdes ou sphériques, à surface externe irrégu- lière, granuleuse et müriforme. Chacun d'eux comprend un grand nombre d’ampoules cylindro-coniques, élargies et arrondies extérieurement, sessiles ou pédicellées, et s'ou- vrant directement dans un réservoir central cylindrique (Hydrophilides, Staphylinides), ou bien à l'extrémité des ramifications latérales de ce dernier. Chez les Clérides, les ampoules ou utricules spermatiques sont ovales, tubuleuses, à extrémité distale allongée et filiforme. Les canaux déférents sont allongés, cylindriques, sinueux, parfois pelotonnés et généralement dilatés à leur partie terminale pour constituer les réceptacles séminaurx. Les glandes annexes, au nombre de deux ou de trois paires (Coccinellides, Clérides), présentent entre elles de grandes variétés morphologiques. Les unes (mésadénies) sont allon- oées, tubuleuses, parfois renflées, pelotonnées et presque toujours en rapport, par leur parlie terminale, avec l'extré- mité correspondante du canal déférent ; les autres (ectadé- nies), au contraire, soni généralement courtes, élargies, vésiculeuses, recourbées en crochet à leur extrémité libre (Elatérides, Clérides, etc.) et vont s'ouvrir directement à l'extrémité antérieure du conduit éjaculateur. Le conduit éjaculateur affecte, dans le groupe des Coléo- à . " ORGANES REPRODUCTEURS MALES DES COLÉOPTÈRES. 423 ptères:qui nous occupe, une forme variant d’une famille à l’autre. Il est généralement cylindrique, assez court, peu sinueux. et dilaté à son extrémité antérieure (Ténébrionides, Clérides, Coccinellides, .etc.). Voir .. chapitres Let 1v, pour la structure histologique des glandes génitales nie des Coléoptères à testicules en SHARE CONCLUSIONS De l’ensemble de nos recherches sur deux cents espèces environ appartenant à presque toutes les familles de l’ordre des Coléoptères, il résulte que les glandes génitales mäles de ces Insectes, malgré leur prodigieuse polymorphie, leur com- plexité. apparente et les formes variées qu'’e affectent les. testi- eules, les. glandes annexes et les conduits éjaculateurs, peuvent néanmoins se ramener à deux formes types fon- damentales, autour desquelles nous avons groupé toutes les | autres, si différentes et si variables au premier abord. . D'autre part, cetté extraordinaire variété morphologique qu offrent les organes générateurs mâles ne présente pas une importance capitale au point de vue de la classifica- lion, car on rencontre parfois des différences assez considé- rables chez des Insectes qui ont entre eux certaines affinités | et appartiennent à une même famille. Pourtant, dans la grande majorité des cas, les testicules présentent, chez les espèces du même groupe, à peu près partout la même structure, et les différences ne sont surtout sensibles que | pour les autres parties de l'appareil génital, telles que les , glandes annexes, les canaux déférents, le conduit éjacula- teur, etc. | Nous avons donc réuni les formes multiples que pré- sentent les glandes reproductrices mâles des Coléoptères en deux types primordiaux, relativement simples, autour desquels nous avons groupé, malgré leur apparente com- plexité, toutes les autres formes. Cette façon de procéder 424 | L. BORDAS nous à fait réunir des familles parfois assez éloignées les unes des autres. | Les deux types primordiaux auxquels nous nous sommes arrêté dans notre étude d'anatomie comparative, sont com- pris dans les deux séries suivantes : | PREMIÈRE SÉRIE. — Coléoptères à testicules simples el tubu- leux. | DEUXIÈME SÉRIE. — Coléopières à testicules composés. PREMIÈRE SÉRIE Dans cette première série, comprenant les Carabidæ, les Cicindelidæ, les Dytiscidæ, ete., l'appareil génital mâle pré- sente, dans son ensemble, une forme essentiellement simple et primitive. Les festicules sont formés par deux tubes cylin- driques, plus ou moins sinueux et pelotonnés. C’est surtout à leur extrémité terminale que se forment les sperma- tozoïdes, tandis que la partie distale, plus ou moins élargie, joue le rôle de vésicule ou réceptacle séminal. L’extrémité cæcale glandulaire forme, chez toutes les espèces, un peloton assez volumineux (Carabinæ, Harpaline, Brachininæ, etc.). Les vésicules séminales sont très apparentes, pelotonnées et renflées chez les Prachinus, Dytiscus, Harpalus, etc. ; chez les autres espèces, la dilatation vésiculaire du canal déférent est moins apparente. Dans tous les genres appartenant à cette première série, sauf chez les Nebria, les canaux déférents vont s’aboucher directement dans les glandes annexes, en des points plus ou moins éloignés de l’extrémité antérieure du conduit éjacu- lateur. Les tubes tesliculaires, les canaux déférents et les vési- cules séminales dépassent, dans leur complète extension, une ou plusieurs fois la longueur totale du corps de l’Insecte. Les glandes accessoires où annexes (ectadénies) sont par- tout simples ou tubuleuses. Elles présentent néanmoins deux ORGANES REPRODUCTEURS MALES DES COLÉOPTÈRES. 429 dispositions anatomiques bien tranchées. Chez les Carabinæ, les Dytiscidæ, etc., elles sont cylindriques, allongées, si- nueuses et parfois pelotonnées. Chez la plupart des Harpa- linæ, chez les Brachininæ, et surtout chez les Feronunæ et Fig. 1. — Schéma général des glandes génitales mâles des Coléoptères à testi- cules simples et tubuleux. P4, peloton testiculaire; E, extrémité libre et arrondie du testicule ; c'est vers l'extrémité initiale que se forment les sper- matozoïdes ; Cd, canal déférent, renflé vers sa partie terminale pour former les vésicules séminales Vs; Ga, glandes annexes ou accessoires (ectadénies), larges, cylindriques, sinueuses et recevant les canaux déférents en Eb; pr, portion rétrécie des glandes annexes; ce, conduit éjaculateur, renflé à sa partie initiale R; Ag, armure génitale, comprenant le pénis P et un ensemble de pièces chitineuses recouvrantes latérales, valves ou paramères Y. les Cicindelidæ, elles sont larges, vésiculeuses et à extrémité libre recourbée en crochet. Celles des Cicindelidæ présen- tent deux parties bien nettes : l’une antérieure cylindrique, et l’autre, postérieure, large et sacciforme. Elles reçoivent, vers leur extrémité proximale, la partie terminale des canaux déférents correspondants. De plus, avant leur point de convergence, ces glandes se rétrécissent généralement 426 ue des cr 'BORDAS SIT CLONES ONE (Carabus, Brachinus, Broscus, Platynus, Cicindelidæ, ete.Y: Les -glandes annexes des Nébries font exception à la règle générale et se fusionnent en un’ tube très court avant: de recevoir les extrémités des canaux déférents. : Les conduits éjaculateurs sont impairs, courts, cylindri- ques et peu sinueux. Chez certaines espèces, Cicindelidæ, Ophonus, etc.), ils présentent un petit renflement ovoide initial. L'extrémité postériéure du conduit pénètre dans l'axe du pénis, au milieu de l’armure génitale. Cette der- nière est assez variable suivant les familles. (Pour l'anatomie des glandes génitales mâles des Coléoptères à testicules tubuleux, voyez la figure schématique 1.) DEUXIÈME SÉRIE La deuxième série comprend les Coléoptères à testicules composés et formés d'ampoules où utricules spermatiques mul- tiples. Cette seconde série est susceptible de deux subdivisions suivant que les testicules sont fasciculés ou disposés en grappes. ï A. — Coléoptères à testicules composés et fasciculés. Les Coléoptères compris dans ce groupe, c’est-à-dire ceux dont les lobes testiculaires sont fasciculés ou composés d’un ensemble de tubes courts, tronconiques ou en forme de massue allant déboucher à l'extrémité des canalicules défé- rents, appartiennent aux familles ou tribus suivantes : Aphodiinæ, Coprinæ, Geotrupinæ, Melolonthinæ, Rutelinæ, Lucanidæ, Cetoninæ, Chrysomelidæ (sauf quelques genres), Curculionidæ, Cerambycidæ, etc.). | Chez toutes ces espèces, les testicules sont pairs et com- posés chacun d’un certain nombre de lobes sphériques de grosseur variable, et dont. le nombre est compris, pour cha- que glande, entre deux (plusieurs CArysomelidæ, Curculio- er ORGANES REPRODUCTEURS MALES. DES COLÉOPTÈRES. 49T. nidæ, Judolia, Cerambyx, Leptura, Shrangalia, etc.) et douze (Lamia, Cetonia, etc.). Ils sont: sphériques, ovales ou discoïdaux et formés d’une ou plusieurs séries d’am- poules (ou utricules) spermatiques. Certaines de ces der- nières sont tronconiques, en forme de massue, parfois même lamelleuses ou disposées en feuillets (Cerambycidæ). Quels que soient leur forme, leur nombre (cinquante à cent vingt), elles vont toujours s'ouvrir directement dans une sorte de réceptacle situé vers la région centrale de chaque lobe, d’où part un très court canalicule efférent. Ces canalicules sont grêles, filiformes, parfois sinueux, et vont déboucher soit au sommet {Lucanidæ, la plupart des Scarabeidæ et des Cerambycidæ), soit sur les côtés de la partie antérieure du canal déférent proprement dit (Cetonia, Lamia, etc.). Les canaux déférents sont cylindriques et renflés, au cours de leur trajet, pour constituer les vésicules séminales. Ces dernières sont peu apparentes chez les Aphodünæ, les Chry- somelidæ, quelques Longicornes, mais sont très nettes chez les Geotrupinæ, Cetoninæ, ete. Chez certains Curculionides, elles sont courtes, élargies et sacciformes. Les glandes annexes où accessoires sont paires, sauf chez les Cetonia qui en possèdent six. Elles reçoivent les canaux déférents vers leur tiers postérieur (Aphodünæ, Chrysome- lidæ, elc.) ou bien tout à fait à leur extrémité terminale, presque à leur point de confluence avec le conduit éjacula- teur. Souvent même, les deux orifices sont nettementséparés. Ces glandes sont généralement cylindriques et sinueuses, parfois courtes, atrophiées et vésiculeuses (Lepturinæ), sim- ples ou bifides (Cerambycinæ, Lamünæ). Le conduit éjaculateur est un tube cylindrique, plus où moins allongé, sinueux et rarement pelotonné. Il présente, chez presque toutes les espèces, un renflement vésiculeux, de forme et de volume très variables et occupant des situa- tions différentes suivant les individus. Cette dilatation n’est c 428 L. BORDAS. due uniquement qu'à l'épaississement des parois du tube. Le conduit, primitivement pair, provient de la fusion de deux canaux (Voy. la figure demi-schématique 2). | Ca LE S2ES> PRIE Ÿ 2) Ÿ Fig. 2. — Ensemble de l'appareil génital mâle des Coléoptères à testicules compo- sés et fasciculés (figure demi-schématique concernant l'Oxythyrea). LE, capsules ou lobules testiculaires; A, un des lobules testiculaires, représenté à part, avec son enveloppe commune b, ses ampoules spermatiques « et son canalicule déférent o; cd, canal déférent, dilaté vers son milieu pour former les vésicules séminales Vs; Ga, glandes annexes (ectadénies), se fusionnant presque tou- jours en Æb avec l'extrémité terminale des canaux déférents; ce, conduit éjaculateur, avec sa légère dilatation antérieure r et son renflement cylindrique ou vésiculiforme Re; Ag, armure génitale. Quand les canaux déférents sont courts, peu développés et que les vésicules séminales sont à peine accusées, les glandes annexes sont généralement volumineuses, allongées et présentent, presque toujours, une dilatation vésiculi- forme au-dessous du point de convergence des canaux défé- renis (Aphodius, Copris, etc.). ORGANES REPRODUCTEURS MALES DES COLÉOPTÈRES. 429 Chez les Geotrupes, au contraire, les canaux déférents sont très développés, glandulaires, et les vésicules séminales volu- mineuses ; aussi ne constate-t-on pas de renflement anor- mal des glandes annexes, et les canaux déférents s’abouchent dans ces dernières à peu de distance du conduit éjaculateur. Les canaux déférents ne vont pas toujours s'ouvrir dans les glandes annexes (Nebria, Lucanidæ, Anisoplia, Ceto- ninæ, elc.); ils débouchent parfois à l’extrémilé latéro- antérieure du conduit éjaculateur, tout près de l’orifice des glandes accessoires. B. — Coléoptères à testicules composés et disposés en grappes. Dans cette section se rangent les Coléoptères appartenant aux familles suivantes : T'enebrionidæ, Staphylinidæ, Hydro- philidæ, Silphidæ, Coccinellidæ, Cantharihidæ, Cleridæ, Elateridæ, ete. Parfois, la grappe testiculaire est simple (épi) et formée d’un petit nombre de capsules s’ouvrant à l’extrémité antérieure du canal déférent; d’autres fois, la grappe, également simple, simule aussi la forme d’un épi et comprend un réceptacle tubuleux central, dans lequel viennent déboucher une multitude de petites ampoules spermaliques sessiles (Staphylinidæ, Hydrophihdæ, ete.). Mais, dans la majorité des cas, la grappe est composée et présente un conduit médian, portant latéralement des rami- fications (ou tubercules) très courtes, sur lesquelles dé- bouchent des vésicules ou ampoules spermatiques sessiles ou faiblement pédicellées (Timarcha, Silphidæ, Coccinellidæ, Cleridæ, etc.). Les canaux déférents sont généralement courts et se di- latent vers leur région postérieure pour former les vésicules séminales. Chez les Cocrinellidæ, la dilatation réceptaculaire, large et sacciforme, est particulièrement caractéristique. Le nombre des glandes annexes ou accessorres dépasse tou- jours deux paires, contrairement à ce qui existe chez les espèces des sections et séries précédentes, Les T'enebrionidæ, 430 L. BORDAS. les Staphilinidæ, les Silphidæ, les Telephoridæ, ete., en ont deux paires ; tandis qu’on en compte trois chez les Coccinel- lidæ, les Elateridæ, les Cantharididæ, elc., et quatre paires chez les Cleridæ, etc. Parmi ces organes, les uns sont en rapport avec l’extré- mité terminale des canaux déférents, tandis que d’autres s'ouvrent directement à la partie initiale antérieure, plus ou moins dilatée, du conduit éjaculateur. Ces glandes sont généralement cylindriques, allongées et sinueuses. Cepen- dant elles se présentent parfois sous la forme de vésicules ovoides, plus ou moins atrophiées (Timarcha, Staphyli- nus, etc.), ou de tubes sacciformes, à configuration très variable (Clerus, Elater, Athous, Corymbites, ete.). Le contenu glandulaire est un liquide souvent gluant, muqueux, transparent, hyalin; parfois aussi, il se concrète en une masse dure, cornée, élastique, de couleur jaunâtre ou rougeâtre (C/eridæ). Ce produit de sécrétion a, sans doute, pour fonction de diluer la sperme et doit jouer un rôle phy- siologique au moment de la copulation (Voy. la figure sché- matique 3). | La structure histologique des diverses parties de l’appareil génital mâle des Coléoptères est assez simple. Les glandes annexes sont pourvues extérieurement d'une enveloppe mince el transparente, formée de faisceaux musculaires circulaires et longitudinaux, au-dessous desquels vient une membrane basilaire (tunique propre), supportant l'épi- thélium interne formé d’une assise unique de cellules cylin- driques. Les glandes annexes, quels que soient leur nombre, leur forme, leur situation et leur mode d'embouchure, ne pré- sentent jamais de membrane chitineuse interne. Le conduit éjaculateur est entouré d’un puissant et épais manchon externe, formé de faisceaux musculaires cireulai- res et longitudinaux. On trouve rarement des fibres obliques. Il est recouvert intérieurement par une très mince mem- brane basilaire, de nature conjonctive. C’est sur cette der- + ORGANES REPRODUCTEURS MALES.DES COLÉOPTÈRES. 431 nière que repose l’assise épithéliale chitinogène, composée de cellules allongées, cylindriques, ou parfois rectangu- laires, aplaties ou cubiques. Le lumen central, très étroit, Gr à am TER Te VD 20 SE (D = VE Rare = = à CSE- a SE ESS = cd ne Vs 2 e. ! -Ag- nee 4 . Fig. 3. — Schéma général d'appareil génital ‘mâle des Coléoptères à testicules composés et disposés en grappes. Dans cette deuxième série du second groupe, le nombre des glandes annexes est égal ou supérieur à deux paires. Te, testi- cule en grappe, formée d'une série d'ampoules ou vésicules spermatiques 4, sessiles ou faiblement pédicellées, s'ouvrant directement dans le réservoir col- lecteur central R; cd, canal déférent avec son renflement formant la vésicule séminale Vs; Ge, glandes annexes (ectadénies), débouchant directement à l'extrémité antérieure évasée r du conduit éjaculateur ce; Gm, glandes annexes (mésadénies) allongées, sinueuses, cylindriques, parfois pelotonnées et généralement en rapport, en Eb, avec l'extrémité terminale du canal déférent ; Ag, armure génitale. A, testicule disposé en grappe composée (figure demi- schématique). R, réservoir collecteur central, avec ses ramifications ou tuber- cules latéraux T et ses ampoules spermatiques a, généralement pourvues de courts pédicules. présentant en section une forme allongée, ovale ou circu- laire à contours généralement irréguliers, est entouré par une intima chitineuse, à bord libre lisse ou portant des soies, des denticulations ou des piquants cornés. 432 L. BORDAS. On constate assez souvent, dans la cavité du conduit éja- culateur, un bourrelet longitudinal, indice de son origine primitivement paire. Le renflement vésiculaire, qu'on observe presque tou- jours sur le trajet du conduit éjaculateur, est dû à l’épais- sissement de ses parois musculaires et non à une dilatation de sa lumière interne. Par l'examen de nombreuses coupes (Voy. 1" partie, chap. 11; 2° partie, série 1°, chap. mx, et série 2°, chap. 1v), on constate que le bord libre de l’épithélium chitinogène disparaît parfois et qu’on peut passer, par des transitions insensibles, de la région interne des cellules (région située du côté de la cavité) à la membrane chitineuse. Par conséquent, l’irfima chitineuse n'est pas un produit de sécrétion cellulaire, comme on pourrait le croire, mais bien une différenciation de la région cytoplasmique interne de l’assise chitinogène. (Pour de plus amples détails histo- logiques, voyez les chapitres cités ci-dessus.) Le conduit éjaculateur, malgré son apparence impaire, a cependant une origine primitivement double, ainsi qu'en témoignent : 1° le bourrelet longitudinal interne qu’on y observe parfois et 2° l'existence des conduits longs, sinueux et libres sur la presque totalité de leur parcours qui ont persisté encore chez quelques Longicornes {Lamia, Bato- cera, etc.). | Les glandes accessoires, vésicules séminales, canaux défé- rents, etc., augmentent considérablement de volume à l'é- poque de l’activité génitale. | | | INDEX BIBLIOGRAPHIQUE 1669. Mazricur, Dissertalio epistolica de Bombyce, 1669. 41731. J. SWAMMERDAM, Biblia naturæ sive historia Insectorum. Leyde, 1737. (L'ouvrage avait été écrit vers 1669.) 1792. HunTER, Observations on Bees. Philosoph. Transact., 1792. 1815. D. Entwickelungsgeschichte der Schmetterlinge, 1815. 1815. GARDE, Beilräge zur Anatomie der Insecten, 1815. 1820. HecerscaweILer, Dissertatio Inaug. Zootomica de Insectorum genitalibus. Turici, 1820. 1821. 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La portion médiane V, légèrement dilatée, joue le rôle de vésicule séminale et renferme de nombreux faisceaux de spermatozoïdes; quant à l’extré- mité terminale m, de couleur jaunâtre, elle est plus étroite que la précé- dente ; c.d., canal déférent;, G.a., extrémité libre, amincie, des glandes annexes (ectadénies); R, portion renflée de ces mêmes glandes; b, extré- mité postérieure amincie des glandes annexes; c.e., conduit éjaculateur; A.g., armure copulatrice, comprenant, suivant son axe, le pénis P, la gaine péniale G.p., l’arc supérieur a.s. et l’arc inférieur g.i. Fig. 2. — Portion terminale des glandes génitales mâles de Cicindela cam- pestris L. — G.a. et R, glandes annexes (portion amincie et portion ren- flée); c.d., canaux déférents; c.e., conduit éjaculateur; A.g., armure génitale et arc supérieur a.s. Fig. 3. — Ensemble de l'appareil génital mâle du Carabus nemoralis L. — T, testicules tubuleux et pelotonnés ; c.d., canal déférent: R, renflement du canal déférent jouant le rôle de vésicule séminale; G.a., glandes annexes (ectadénies), en forme de longs tubes cylindriques; p, portion rétrécie de l'extrémité postérieure des glandes accessoires; c.e., conduit éjaculateur ; M, faisceaux musculaires situés à la base de l’armure géni- tale A.g.; b.c.d., diverses pièces chitineuses constituant l’étui pénial; a, pièce chitineuse formée de deux branches disposées en forme de V renversé. Fig. 4. — Ensemble de l’armure génitale de la Nebria (vue de profil). — c.e., canal éjaculateur s'ouvrant à l'extrémité a de l'armure; m, élui pénial; n, valve. Fig. 5. — Appareil génital mâle de la Nebria cursor Müll. — T, testicules formant deux volumineux pelotons ovoïdes ; R, partie reniflée du canal déférent c.d. jouant le rôle de vésicule séminale ; G.a., glandes annexes (ectadénies), fusionnées à leur extrémité inférieure a; c.e., conduit éja- culateur; A.g., armure génitale, comprenant le pénis m et p et deux valves, n. Fig. 6. — Glandes génitales mâles de l’Harpalus aeneus. — T, testicules tubuleux et pelotonnés; c.d., canaux déférents; V, renflement des ca- naux déférents constituant les réceptacles séminaux ; G.a, glandes acces- soires (ectadénies) et leur partie terminale rétrécie c.o.; c.e., conduit éjaculateur. L’armure copulatrice n’a pas été représentée. Fig. 7. — Portion renflée de l'extrémité antérieure du conduit éjacuiateur (Ophonus ruficornis). — c.m., extrémité terminale du conduit commun EXPLICATION DES PLANCHES. 437 aux glandes annexes et au canal déférent; E.c., partie renflée du conduit éjaculateur, avec fossette F à sa face supérieure. Cette fossette est bordée d'un croissant aplati, de couleur jaunâtre, pourvu de nombreuses stries rayonnantes s. Fig. 8. — Armure génitale mâle de l'Ophonus ruficornis Fabr. — c.e., con- duil éjaculateur; 4, partie antérieure de l’armure; b, lamelles foliacées, siluées à la base de l’organe copulateur; c, gaine du pénis ; 0. orifice génital. Fig. 9. — Section transversale faite vers l’extrémité antérieure du pelotôn tesliculaire de’ Nebria cursor. On n'a représenté que la section de deux tubes entortillés. — G.p., enveloppe externe commune ; E, membrane recouvrante du canal testiculaire; Sp et Sp.1, faisceaux de spermato- zoïdes vus de profil et en section. On n’a représenté que quelques fais- ceaux quoique la cavité en soit complètement remplie. | Fig. 40. — Section transversale faite à travers un tube testiculaire (Broscus cephalotes). — E, enveloppe testiculaire envoyant des prolongements en cl; S.p., cellules génératrices des spermatozoïdes ou spermatogonies, en voie d'évolution. Contrairement à ce qui existe dans la coupe précédente, nous n’avons ici nulle trace de spermatozoïdes libres. PLANCHE XX. Glandes génitales mâles des Carabidæ. Fig. 1. — Ensemble des glandes génitales mâles de l'Ophonus griseus. — T, testicules tubuleux groupés en peloton; c.d., canal déférent ; r.v., porlion du canal déférent recourbée en vrille ; R, portion dilatée du canal déférent jouant le rôle de vésicule séminale; G.a., glandes accessoires (ectadénies) dont l'extrémité est recourbée en forme de corne de bélier; m, portion terminale commune aux ectadénies et aux canaux déférents ; R.i., renflement du conduit éjaculateur c.e., avec fossette F; p, extrémité terminale du conduit éjaculateur. Fig. 2. — Glandes reproductrices Œ du Platynus assimilis. — T, testi- cules ; c.d., canaux déférents, avec renflements médians R faisant l'office de vésicules séminales; G.a, glandes accessoires (ectadénies) ; c.e., con- duit éjaculateur ; A.g., armure génitale, comprenant le pénis T et les lamelles latérales ou valves m. Fig. 3. — Extrémité inférieure des ectadénies (Platynus). — R, renflement initial du conduit éjaculateur c.e. C’est à la face dorsale de ce renfle- ment qu'on trouve une dépression longitudinale d. Fig. 4 — Appareil génital mâle du Broscus cephalotes. — T, testicules pelotonnés ; c‘d., canaux déférents dont la partie postérieure o fonctionne comme vésicule séminale; G.a., glandes accessoires |ectadénies); c.e., conduit éjaculateur ; /.f., valves latérales de l’armure génitale ayant l'apparence de lamelles falciformes; t.p., tube pénial. Fig. 5. — Une des lamelles falciformes (valves latérales) L et a de l’armure génitale, recouverte de soies chitineuses S sur son bord interne (Bros- cus). Fig. 6. — Glandes génitales mâles du Brachinus explodens Duft. — T, pelo- ton testiculaire; c.d., canaux déférenits; V.s., vésicules séminales for- mées par la dilatation de la région postérieure des canaux déférents ; 438 L. BORDAS. G.a., glandes accessoires (ectadénies) ; c.e., conduit éjaculateur; 4.9., ar- mire génitale, et o, crifice du conduit éjaculateur. Fig. 7. — Section transversale, faite vers la région médiane d’une ectadénie de Broscus cephalotes; M.c., assise musculaire circulaire ; m.0., couche formée par des muscles obliques ; M.b., membrane basale supportant l’épithélium E formé par de très hautes et très étroites cellules cylin- driques ; n, noyaux ovales situés vers la région basilaire de l’épithé- lium. | Fig. 8 — Coupe faite au tiers supérieur d’une ectadénie de Broscus. — M.c., faisceaux de muscles circulaires; M.b., membrane basilaire ; E.p., épithélium sécréteur avec les noyaux cellulaires n. Fig. 9, — Coupe de la partie antérieure du canal déférent du Platynus assi- milis Payk. — m.c., partie de la couche musculaire annulaire ; B, mem- brane basale, très mince, servant de support à l'épithélium E ; n, noyaux cellulaires. PLANCHE XXI Glandes génitales mâles des Dytiscidæ, etc. Fig. 1. — Ensemble de l’appareil génital mâle du Cybister rœselii. — T, tes- ticules tubuleux; c.d., canal déférent; V.s., portion renflée du canal déférent, constituant les vésicules séminales ; G.a., glandes annexes (ecta- dénies) ; R, renflement terminal des ectadénies recevant l'extrémité du canal déférent; c.e'., conduit éjaculateur. Fig. 2. — Portion de l’armure copulatrice (Cybister). — c.e., conduit éjacu- lateur ; p, extrémité musculaire de l’armure ; E.a., extrémité antérieure recourbée du pénis; p.m., partie médiane du- pénis; À, aileron latéral; B.s., bord supérieur du pénis : ; F.i., face inférieure péniale : S, soies chi- tineuses : N, lamelle spatuliforme chitineuse située au-dessus du tube pénial ; Pa, Pm, Pp., différentes régions de la lamelle. Fig. 3. — Une des valves de l’armure copulatrice du Dytiscus circumflexus Fabr. — V, valve vue de profil; S, soies chitineuses. Fig. 4. — Ensemble des glandes génitales mâles du Dytiscus circumfleæus. — T, testicules groupés en peloton; c.d., canal déférent; V.s., réceptacle (vésicule) séminal ; G.a., glandes annexes (ectadénies) sous forme de gros tubes cylindriques blanchâtres; c.e., conduit éjaculateur; Ag, armure génitale. Fig. 5. — Portion, vue de profil, de l’armure génitale mâle du Dytiscus cir- cumflexus Fabr. — c.e., conduit éjaculateur ; p.c., enveloppe péniale avec son extrémité recourbée c et son bourrelet terminal b; L, lamelle inférieure recouvrante, chitineuse suivant sa crête; V.c.e., extrémité postérieure du conduit éjaculateur (verge); S, soies chitineuses. Fig. 6. — Ensemble des glandes reproductrices mâles de l’Agabus chalcono- tus Panz. — T, peloton testiculaire; c.d., ‘canal déférent, V.s., vésicules séminales ; G.a., glandes annexes, très volumineuses (ectadénies) et apla- ties vers leur extrémité libre; c.e., conduit éjaculateur; A.g., ensemble: de l’armure copulatrice. Fig. 7. — C, face interne d'une des valves de l’armure copulatrice de l’'Agabus ; D, diverses formes des soies recouvrant la valve ci-dessus; S, longue soie chitineuse, denticulée latéralement; P.a., poils adhésifs, cylindriques et évasés à leur extrémité E. Fig. 8. — Coupe de l'extrémité antérieure du canal testiculaire (Cybister EXPLICATION DES PLANCHES, | 439 ræseli. — E.t., enveloppe testiculaire ; m.b., membrane basilaire; Ep, cel lules génératrices des spermatozoïdes (spermatogonies). Fig. 9. — Coupe de glande annexe (ectadénie) de l'Agabus chalconotus Panz. — M.l, enveloppe musculaire externe formée surtout par des fibres lon- gitudinales ; ».c., mince ruban constitué par des fibres circulaires; Ep., épithélium glandulaire, composé de hautes cellules cylindriques ; p.s., produit de sécrétion. Fig. 40. — Coupe de glande accessoire faite un peu au-dessus de l'embou- chure du canal déférent (Colymbetes et Hydroporus). — Tr, section de tube trachéen; M, musculature longitudinale; m.c., muscles circulaires ; Ep, ensemble des cellules composant l’épithélium glandulaire; $s, sécrétion muqueuse. Fig. 11. — Coupe du conduit éjaculateur du Broscus cephalotes. — E.m., enveloppe musculaire, beaucoup plus épaisse que celle des glandes annexes, et constituée surtout par des muscles circulaires et par quel- ques faisceaux longitudinaux F.0. ; Ep., cellules chitinogènes recouvertes d'une intima; R, replis ou crêtes internes de la paroi; c, cavité du conduit. PLANCHE XXII Glandes génitales mâles des Aphodiinæ, des Geotrupinæ et des Melolonthinæ. Fig. 1. — Ensemble de l'appareil génital mâle de l’Aphodius fossor L. — T, testicules globuleux, au nombre de six de chaque côté. Chaque testi- cule est constitué par un grand nombre d’utricules spermatiques s'ou- vrant à l’extrémité du canalicule déférent c; c.d., canal déférent et son renflement V formant la vésicule séminale; G.a., glande annexe (ecta- dénie) et son renflement antérieur A; Am, portion élargie de la glande annexe; c.e., origine du conduit éjaculateur ; R.e., dilatation du conduit éjaculateur. Fig. 2. — Partie gauche des glandes génitales mâles de l’Aphodius quadri- maculatus L. — T, testicules, au nombre de six de chaque côté. Même structure que précédemment ; c, canalicules, s’ouvrant en @a, sorte de di- latation cordiforme, origine du canal déférent c.d. ; V, vésicule séminale ; G.a., glande annexe (ectadénie) ; c.e. et R.c., partie rétrécie et partie dila- tée du conduit éjaculateur. Fig. 3. — Testicule et extrémité antérieure du canal déférent du Geotrupes mutator Marsham. — T, testicule ovoïde, constitué intérieurement par de nombreux utricules spermatiques; c, canalicules déférents, au nombre de six ; c.d., canal déférent. Fig. 4. — Ensemble de l'appareil génital mâle du Geotrupes mutator (face dorsale ou supérieure, moitié gauche. — T, testicules, au nombre de six de chaque côté; c, canalicule déférent ; c.d., canal déférent; V, vésicule séminale; G.a., glande annexe (ectadénie) à extrémité renflée À ; p, em- bouchure du canal déférent dans la glande annexe ; R, partie antérieure renflée du conduit éjaculateur c.e. Fig. 5. — Extrémité cœcale À, de forme ovoïde, de la glande annexe G.a. (Geotrupes mututor). Fig. 6. — Portion médiane des glandes génitales mâles de Geotrupes muta- tor (face inférieure ou ventrale); G.a., glandes annexes (ectadénies), c.d., canal déférent ; V, vésicule sémiuale; m, point de convergence des 440 LL. BORDAS. canaux déférents et des glandes annexes (ectadénies); R.e., renflement situé à l’origine du conduit éjaculateur ce. | Fig. 7. — Ensemble des glandes génératrices mâles de l'Hoplia farinosa L. — T, lobules testiculaires, au nombre de six de chaque côté, de forme globuleuse et constitués par un grand nombre de petites ampoules allant s’ouvrir à l'extrémité des canalicules déférents g; c.d, canaux déférents dont l’origine a est dilatée; V, vésicules séminales; b, portion terminale dilatée des canaux déférents; G.a., glandes annexes (ectadénies), élargies dans leur région postérieure r ; c.e., conduit éjaculateur coudé, présen- tant, en R une dilatation sphérique et en CA, un renflement en forme de fer à cheval. | Fig. 8. — Un des pelotons génitaux d’Anisoplia. — T, lobules testiculaires (de 4 à 6) formés par de nombreux utricules spermatiques; c, canalicules déférents; c.d., canal déférent. Fig. 9. — Extrémité postérieure des glandes reproductrices mâles de l’Ani- soplia agricola; c. d., canaux déférents, situés extérieurement par rapport aux glandes annexe G.a.; m, portion rétrécie et R partie dilatée du con- duit éjaculateur c.e.; p el p, plaques chitineuses recourbées du pémis ; a, un des prolongements de la dernière plaque entre lesquels est située la verge v, ou extrémité du conduit éjaculateur. Fig. 10. -- Ensemble de l’appareil génitale mâle d’Anisoplia. — T, lobules testiculaires et canalicules déférents c; c.d., canaux déférents et vésicules séminales V. Ces canaux vont aéboucher en E, à l'extérieur des points d’embouchure des glandes annexes G.a. ; P, peloton initial et renfle- ment R formé par les glandes annexes; c.e., conduit éjaculateur, et o son orifice extérieur. A.g., pièces chitineuses du pénis. PLANCHE XXIII. Glandes génitales mâles des Lucanidæ et des Cetoninæ. Fig. 4. — Ensemble de l'appareil génital mâle de Cétonide (Cetonia aurata). — P, peloton formé par l'extrémité antérieure des glandes annexes (mé- sadénies) Me. Ces glandes, au nombre de deux paires, se réunissent en un tronc très court qui va déboucher à la partie terminale des canaux déférents; Ec, troisième paire des glandes annexes {ectadénies) s'ouvrant à l'extrémité antérieure du conduit éjaculateur c.e. ; T, glomérules testi- culaires, au nombre de douze pour chaque testicule, pourvus de cana- licules déférents c; c.d., canai déférent et vésicule séminale V.e.; À, la- melle antérieure du pénis; B, étui pénial; 0, extrémité terminale du conduit éjaculateur ; R, partie dilatée des glandes annexes; 0, extrémité du conduit éjaculateur. Fig. 2. —- Un des testicules du Lucanus cervus ; T, lobules testiculaires, au nombre de dix ; ce, canalicules déférents s'ouvrant, suivant une ligne cir- culaire a, à l'extrémité antérieure du canal déférent, c.d. Fig. 3. — Ensemble de l'appareil génital mâle du Lucanus cervus. — T, tes- ticules formés par l’agglomération de dix petits lobules ; c, canalicules déférents ; c.d., canaux déférents formant tout d’abord un peloton P.V. C’est dans sa région médiane que chaque canal déférent se dilate pour constituer un réceptacle séminal V; G.a., glandes annexes (ectadénies) . sinueuses et pelotonnées ; c.e.,, partie antérieure élargie et c.e.,, moilié postérieure rétrécie et filiforme du conduit éjaculateur. EXPLICATION DES PLANCHES. 441 Fig. 4, — Conduit éjaculateur du Lucanus cervus. — G.a., extrémité termi- nale des glandes annexe (ecfadénies) et des canaux déférents c.d.; E, insertion des canaux déférents et des glandes annexes à l'extrémité antérieure du conduit éjaculateur €.e.; €.e.,, région dilatée de ce con- duit ; c.i., portion terminale rétrécie du conduit éjaculateur. Fig. 5. — Coupe de la région médiane antérieure du canal déférent de Geolrupes mutator. — E, mince enveloppe musculaire circulaire ; m.b., membrane basale, hyaline et très ténue; E.p., épithélium formé par de grosses cellules cubiques ou rectangulaires, à gros noyaux sphériques ; c, produit de sécrélion. Fig. 6. — Ensemble de l'appareil génital mâle d'Oxythyrea stictita L. — T, testicules formés, de chaque côté, par six glomérules aplatis; c, cana- licules, et c.d., canaux déférents; V, vésicules séminales; G.a., glandes annexes ; c.e., partie antérieure rétrécie du conduit éjaculateur; R.e., partie recourbée et dilatée du conduit éjaculateur ; A.9., armure génitale et p, pinces. PLANCHE XXIV. Glandes génératrices mâles des Scarabeidæ et des Lucanidæ. Fig. 1.— Conduit éjaculateur c.e. du Dorcus parallélipipedus L.— Ce conduit débute par une partie rétrécie a; il se dilate ensuite brusquement en b, et se continue par une région postérieure amincie et filiforme c, qui pénètre dans l’axe de l’armure copulatrice Ag; G.a., glandes annexes et canaux déférents c.d. Fig. 2. — P, face inférieure d'une plaquette de l’armure copulatrice du Lucanus. — B, bourrelets latéraux, blanchâtres et non chitineux;1B,, lan- guette aplatie, faisant suite à l'extrémité postérieure du conduit éjacu- lateur A. Cette lamelle se continue par un filament vermiforme, chiti- neux et spiralé F, présentant, comme forme, une certaine ressemblance avec la trompe des Lépidoptères. Fig. 4. — Section transversale (passant en dehors de la région centrale d’un lobule testiculaire de Cetonia floricola Herbst. — T, tube trachéen; mb, membrane enveloppante externe du lobule ; f.m, mince assise formée par des fibrilles circulaires, dont les prolongements forment les cloisons des utricules ou ampoules spermatiques F; c.Sp, groupes de cellules gé- nératrices (spermatogonies) des spermatozoïdes; f.s., faisceaux de sper- matozoïldes. Fiz. 5. — Section transversale d’un lobule testiculaire de Cetonia aurata. — Ceite section est faite suivant l’axe du lobule; E, enveloppe lobulaire; A, utricule spermatique allant s'ouvrir dans le réservoir central ca; cl., cloison des utricules ; T, section d’un tube trachéen ; c.Sp., spermatogo- nies ; F.s, faisceaux de spermatozoïdes ; Ep, cellules épithéliales cylin- driques de l'extrémité antérieure du canalicule déférent; M.b., mem- brane basilaire. La cavité ca est remplie d’un réticulum filamenteux formé par de nombreux spermatozoïdes orientés en tous sens. Fig. 6. — Un des canalicules ou utricules spermatiques de Céloine. £, enveloppe testiculaire ; T, section de tube trachéen; c.l., cloisons laté- rales de l’utricule; ca., cavité centrale remplie de spermatozoïdes ; Sp, Spermatogonies sous forme d’agglomérations et formées par des cellules Sphériques, à gros noyaux; F.s., faisceaux de spermatozoïdes; Ep, épi- thélium cylindrique de l’origine du canalicule efférent. 442 L. BORDAS. Fig. 7. — Section transversale d’un canalicule déférent de Cetonia aurata ; En, enveloppe externe formée surtout par des fibrilles circulaires ; Ep, “épithélium du canal formé par des cellules cylindriques reposant sur une très mince membrane basilaire Mb. ; Sp, nombreux faisceaux de sperma- tozoïdes enchevêtrés et remplissant la cavité centrale c.a. Fig. 8. — Seclions de vésicules séminales du Dorcus parallelipipedus. — M.e., membrane enveloppante externe formée par des fibres circulaires ; Ep., épithélium interne à cellules aplaties, pourvues de noyaux ovoïdes à grand axe transversal. La cavité centrale de la vésicule est remplie de faisceaux de spermatozoïdes Sp., orientés en tous sens. Fig. 9. — Ensemble de l’appareil génital mâle de l’Oreina cacaliæ Schr. — T, testicules, au nombre de deux paires, sous forme de deux petites masses aplaties et discoïdales. En T,, nous avons montré la structure de ces organes, constitués par de nombreux lobules séminifères c, allant s’ouvrir dans le réservoir central d’où part le canal déférent c.d. ; V, vési- cules séminales formées par des dilatations des canaux déférents et ter- minées par un renflement ovoïde R; c.e., conduit éjaculateur, bifide à son origine et renflé en Re; G.a., glandes annexes, cylindriques, peu sinueuses et renflées à leur origine; 4.9, armure génilale comprenant le pénis et une pièce triangulaire 4. Fig. 10. — Section transversale (région médiane) de glande annexe . du Lucanus. — M, membrane enveloppante externe, mince et transpa- rente, formée principalement de fibrilles circulaires; M.b., membrane basale (tunique propre) supportant f’épithélium glandulaire Ep. Ce dernier est constitué par de hautes cellules sécrétrices, à noyau ovale et à protoplasme granuleux; sur le bord interne de l’épithélium se voient de petites masses a sphériques, fortement colorés par les réactifs et provenant du produit de la sécrétion des cellules; c, cavité de la glande contenant une masse p, hyaline, constituant la substance sécrétée. Fig. 11. — Coupe de glande annexe (tiers supérieur) du Dorcus parallelipi- pedus. — Ev., enveloppe externe formée principalement par des fibres circulaires ; M.b., membrane basilaire (lunique propre), irès mince et ser- vant de support à l'épithélium sécréteur; Ep., épithélium glandulaire, formé par de longues cellules à bord interne peu net. Chaque cellule renferme un protoplasme granuleux, cà et là des vacuoles et un noyau n ovale. Du bord interne de la plupart d’entre elles on voit s'échapper un globule g muqueux qui se colore fortement et qui est le résultat de la sécrétion; P, substance sécrétée, hyaline, vacuolaire et parfois granu- leuse. Fig. 12. — Coupe de l’extrémilé postérieure du conduit éjaculateur (portion située dans l’axe du pénis), du Dorcus parallelipipedus. — c.m., couche musculaire formée par des fibres longitudinales; Ec, cellules chitino- gènes aplaties ; ic., épaisse couche de chitine (intima), hyaline, blanchâtre et hérisssée intérieurement de nombreuses soies ; p, produit de sécrétion des glandes annexes situé dans le lumen du tube. PLANCHE XXV Glandes génitales mâles des Chrysomélides, des Curculionides et des Cerambycinæ. Fig. 4. — Section transversale de la parlie antérieure dilatée du conduit éjaculateur de Lucanide (Lucanus). — c.c., couche musculaire circulaire ; EXPLICATION DES PLANCHES. 443 c.l., faisceaux musculaires longitudinaux; enfre ces deux assises se trouvent quelques faisceaux obliques f.o.; M.b., membrane basilaire (membrane propre), très mince, supportant l’épithélium chitinogène E.c. Ce dernier est formé d'une assise unique de cellules cylindriques, à gros noyaux, dont le bord interne se confond avec l’intima chitineuse c.a; G, cavité du conduit, très étroite par rapport au diamètre total du tube. Fig. 2. — Ensemble de l'appareil génital mâle de l'Erirhinus festucæ Herbs. — T, testicules; T,, ensemble des ampoules spermatiques d’un testicule ; ce, canaux déférents; V, vésicules séminales; G.a., glandes annexes, au nombre de deux paires; R, rameau d'une glande annexe; &, faisceau d'ampoules glandulaires situées au point de convergence des glandes annexes; C.e., conduit éjaculateur; A.g., armure génitale. fpénis et valves). Fig. 3. — Une des glandes annexes de Chrysomèle. — Ga, glande; R, ren- flement; c.d., canal déférent. Fig. 4. — Testicules (du côté gauche) du Lepyrus palustris L. — T, lesli- cules discoïdaux et formés par un grand nombre d’utricules spermatiques; c., canalicule et c.d. canal déférent ; G.a., glande annexe ; c.e., conduit éjaculateur. Fig. 5. — Testicule d’'Apoderus. — T, testicule et utricules spermatiques Às; c.d,, canalicule déférent ; c.d., canal déférent. Fig. 6. — Coupe du canalicule déférent, faite un peu au-dessous du testi- cule (larve de Prionus coriarius L.). — c.m., couche musculaire formée de faisceaux circulaires et de quelques fibres longitudinales ; m.b., membrane basilaire ; Ep., épithélium à cellules cylindriques pourvues de parois laté- rales très nettes et de noyaux plurinuciéolés ; c.c., cavité centrale, très étroite, du canalicule. Fig. 7. — Section d'un testicule de Cerambycinx (Cerambyx scopoli). — E.t., enveloppe testiculaire; A.5., ampoules ou utricules spermatiques dont les extrémités internes amincies vont toutes converger vers le réceptacle central R; c.d., canalicule déférent. Fig. 8. — Portion de coupe du conduit éjaculateur de Chrysomelidæ (Chry- somela). — i.c., intima chitineuse interne, à faces parallèles, épaisse et lisse intérieurement; 1, cavité centrale du conduit; Ep., épithélium formé par de hautes cellules cylindriques, à protoplasme granuleux vers la base et fibrillaire en Rg. L'ensemble de ces cellules constitue l’assise chitinogène ; n, gros noyaux cellulaires contenant deux ou trois nucléoles; m.b., membrane basale (tunique propre) très mince, hyaline, supportant J’assise Ep.; m.l., faisceaux musculaires longiludinaux ; m.c., assise mus- culaire circulaire. On n’a représenté qu'une partie de la paroi musculaire du conduit. Fig. 9. — Ensemble de l'appareil génital mâle de Chrysomelidæ (Chrysomela cerealis). — T, testicules discoïdaux, aplatis, à bords circulaires et au nombre de deux paires ; c.d., canaux déférents, avec renflements vésicu- leux R ; G.a., glandes annexes, au nombre de deux, cylindriques et rela- tivement courtes; c.e., conduit éjaculateur avec son volumineux renfle- ment médian Re; A.g., armure génitale avec pénis p et lamelle basilaire /.b. ; o, orifice du conduit éjaculateur. Fig. 10. — Glandes génitales mâles du Cerambyx cerdo L. — T, testicules, au nombre de deux paires; en {, on voit la disposition des ampoules spermaliques lamelleuses; c, canalicule déférent; c.d., portion élargie 444 L. BORDAS. des canaux déférents formant les vésicules séminales V; G.a., glandes annexes (ectadénies), bifides et recourbées en crochet; la branche in- terne a est beaucoup plus courte que l’externe; b, canal commun des glandes annexes ; m, partie antérieure du conduit éjaculateur c.e.; R, ré- gion renflée du conduit éjaculateur ; A.g., armure génitale, avec fais- ceaux musculaires Fm, pénis p et valves Va. PLANCHE XX VI. Glandes génitales mâles des Longicornes et des Ténébrionides. Fig. 1. — Ensemble des organes générateurs mâles de Lepturinæ (Leptura testacea. — T, testicules, au nombre de deux de chaque côté; t, testicules avec ampoules spermatiques; c, canal déférent ; V, vésicules séminales ; G.a., glandes annexes, sous forme de deux petites vésicules latérales rap- pelant celles des Timarcha; c.e., conduit éjaculateur présentant un ren- flement en R; p, portion terminale ovoide du conduit éaculaieur, entou- rée de fibres musculaires m. Fig. 2. — Embouchure des glandes annexes G.a. de Leptura. — Vs, vési- cules séminales ; c.e., conduit éjaculateur. Fig. 3. — Disposition des glandes annexes G.a. de Judolia cerambyciformis. V, vésicules séminales terminées, à leur extrémité postérieure, par un léger renflement R; c.e., conduit éjaculateur. Fig. 4. — Mode d'embouchure des canalicules vecteurs c des lobuies testi- culaires, à l'extrémité antérieure du canal déférent cd; V, vésicule sé- minale (Lamia textor). Fig. 5. — Vésicule séminale Vs et glandes annexes Ga du Batocera Wallacei. R, renflement terminal des glandes annexes; £.c., tronc commun, très court, que forment ces glandes, à leur partie terminale. La présence de ce tronc indique que les glandes annexes sont des organes impairs de chaque côlé du corps ; c.e., conduit éjaculateur. (On n'a représenté que la partie gauche de l'appareil.) Fig. 6. — Ensemble de l'appareil génitai mâle de Lamia textor. — T, tes- ticules formés chacun par un groupe de douze lobules; chaque lobule comprend un grand nombre d’ampoules spermatiques; €, canalicules déférents s’ouvrant à l’extrémité antérieure du conduit c.d. ; V, vésicules séminales tubuleuses, formées par la dilatation des canaux déférents; G.a., glandes annexes fusionnées en un tronc commun très court R; c.e., conduits éjaculateurs séparés sur presque tout leur parcours; E, ré- gion enveloppée des conduits éjaculateurs ; p, pénis; a.c., anneau chiti- neux ; /.c., lamelle cornée située à l’origine du pénis. Fig. 7. — Glandes génitales mâles du Tenebrio obscurus L. — T, lobes testi- culaires, au nombre de six pour chaque organe; a, canalicule déférent ; c.d., canal déférent renflé à son extrémité terminale pour constituer la vésicule séminale V; G.e., glandes annexes internes (mésadénies), allon- uées, tubuleuses, pelotonnées en p et allant déboucher à l'extrémité pos- térieure des vésicules séminales ; g.e., glandes annexes externes (ectadé- nies), courtes, larges et réniformes, allant directement déboucher à l'origine du conduit éjaculateur ; c.e.,, partie initiale élargie du con- duit éjaculateur; A.g., armure génitale comprenant le tube pénial pe et la lumelle basilaire /.b.; m, faisceaux musculaires. Fig. 8. — Disposition des six lobes testiculaires Tl dans un testicule de Tene- = EXPLICATION DES PLANCHES. 445 brio molitor. — c, canalicules déférents ; c, canal déférent et vésicule séminale V. Fig. 9. — Mode d'insertion des glandes annexes externes (ectadénies) Et, chez le Tenebrio obscurus. — a, point d'insertion de la glande ; R, renfle- ment inilial du conduit éjaculateur ce. PLANCHE XXVII. Glandes génitales mâles des Staphylinid:e, des Telephoridæ et des Tenebrionidæ. Fig. 1. — Embouchure des canaux déférents et des glandes annexes chez le Tenebrio molitor. — Ga, glandes annexes internes (mésadénies) allant déboucher à l’extrémité a de la vésicule séminale correspondante Ve; c.d., canal déférent ; Et, glande annexe externe (ectadénie); ce, conduit éjaculateur et son renflement inilial R. Fig. 2. — Ensemble de l’appareil génital mâle de l'Ocypus olens. — T, testi- cule formé par un grand nombre d’ampoules ou vésicules a s’ouvrant dans le réservoir central c; Ga et Ga.., glandes annexes externes et internes, tout à fait rudimentaires; ce, conduit éjaculateur, grêle, sinueux et renflé à son origine R. Fig. 3. — Face dorsale des glandes génitales mâles du Sfaphylinus cæsu- reus. — T, testicules ; c.d., canaux déférents ; Ga et Ge., glandes annexes internes et externes; c.e., conduit éjaculateur et renflement anté- rieur R. Fig. 4. — Mode d’embouchure des glandes annexes Ga et Ge à l'extrémité antérieure du conduit éjaculateur ce, chez l’Ocypus cyanæus. Les glandes internes sont cylindriques et les externes vésiculeuses ; cd, canaux défé- rents allant déboucher à la partie antérieure R dilatée du conduit éjacu- lateur ce. Fig. 5. — Armure génitale de l’ Ocypus cyanæus. — tp. tube pénial; LI, la- melles latérales (valves) ; m, faisceau musculaire; ce, conduit éjacula- teur. Fig. 6. — Glandes génitales mâles du Telephorus rusticus Fabr. — T, testi- cule formé par une grappe de vésicules a ; cd, canal déférent et vési- cules séminales V; Ga, glandes annexes internes avec leur renflement terminal R; Ge, glandes annexes externes (ectadénies); c.e., conduit éjaculateur avec sa dilatation initiale e. Fig. 7. — Glandes annexes (face supérieure) du Telephorus bicolor., — Ga, glande annexe interne avec son renflement R ; Ge, glande externe (ecta- dénie); c.d., canal déférent et conduit éjaculateur ce. Fig. 8. — Embouchure des glandes annexes (face inférieure) chez le Tele- phorus lividus. On voit le canal déférent déboucher en «a, à l'extrémité postérieure de la glande annexe Ga; Ge, glande annexe externe (ectadé- nie) s’ouvrant directement en ekR, à l'extrémité du conduit éjacula- teur ce. Fig. 9. — Testicule T du Telephorus bicolor, — a, vésicules spermatiques allant s’ouvrir à l'extrémité du canal déférent c.d. Fig. 10. — Section transversale du conduit éjaculateur de Tenebrio obscu- rus. — c.c., muscles circulaires ; m.0., faisceaux obliques ; m.1., muscles longitudinaux; ac., assise chitinogène; c.ci, intima chitineuse, denticu- lée et limitant le lumen central in. 446 L. BORDAS. : PLANCHE XX VIII Organes générateurs mâles des Silphidæ, des Coccinellidæ et des Cleridæ. Fig. 4. — Glandes génitales mâles du Necrophorus vestigator. — T, testicules en grappes composées, avec vésicules ou ampoules spermatiques b et réservoir collecteur »; b,, vésicules émergeant hors du testicule ; V, vé- sicule séminaïe due à la dilatation du canal déférent cd; Ge, glandes annexes externes s’unissant à l'extrémité terminale a des canaux défé- rents cd ; Gi, glandes annexes internes s’ouvrant à l’origine du conduit éjaculateur ce. Fig. 2. — Lambeau de testicule de Silpha opaca. — c.c., canal collecteur de la glande avec une de ses ramifications R; a, ampoules ou vésicules spermatiques. Fig. 3. — Embouchure des canaux déférents cd et des glandes annexes à l'extrémité du conduit éjaculateur ce. {Vu par sa face inférieure). Les canaux déférents et les glandes annexes externes Ge. m. s'ouvrent, de chaque côté, en un même point a ; G.i, glandes annexes internes (Silpha Tugosa). Fig. 4. — Insertion des glandes annexes et des canaux déférents (Silpha opaca). — Gi, glandes annexes internes (ectadénies) ; Ge, glandes annexes externes débouchant, de chaque côté, en un même point « avec les ca- naux déférents cd. Fig. 5. — Glandes génitales mâles de Silpha sinuata. — T, testicule en grappe; À, canal collecteur central ramifié. C’est sur les divers rameaux que vont s'ouvrir les ampoules spermatiques a; c.d, canal déférent et vésicule séminale V; Gi., glandes annexes internes; Ge., glandes ex- ternes ; €.e, conduil éjaculateur et son renflement antérieur 6. Fig. 6. — Testicule de Timarcha. — Ga, glande annexe, tout à fait rudi- mentaire et de forme ovoïde ; c.d, canal déférent ; L, lobules ou ampoules spermatiques; À, réservoir central (sorte de vésicule séminale), dans lequel viennent déboucher les ampoules; T, tubercules latéraux du ré- servoir. | Fig. 7. — Ensemble de l'appareil reproducteur mâle de Coccinellidæ (Epi- lachna argus). — T, testicules avec vésicules ou ampoules spermatiquesa, c.d, canal déférent et vésicule séminale sacciforme V; Gi, glandes annexes internes; Ge, glandes externes ; ce, conduit éjaculateur avec renflement vésiculeux initial R. Fig. 8. — Testicule dù Trichodes apiarius, montrant la disposition des ampoules spermatiques (a), fusiformes, sinueuses, effilées à leur extré- mité et allant s'ouvrir à la partie initiale évasée r du canal déférent c.d. Fig. 9. — Face inférieure de la partie médiane de l’appareil génital mâle du Trichodes apiarius. On n’a pas représenté les testicules. Ge, glandes tubuleuses externes; Gi, glandes annexes tubuleuses internes; Gv.e., glandes annexes vésiculeuses externes et glandes vésiculeuses internes Gv.; c.d, canal déférent dont la partie terminale se fusionne avec l'ex- trémité postérieure 4 de la glande annexe vésiculeuse correspondante ; ce, conduit éjaculaleur avec extrémité initiale R élargie. Fig. 10. — Canalicules ou ampoules spermatiques de Trichodes. Ces cana- licules 4 sont constitués par des tubes cylindriques à leur base, renflés vers leur milieu, amincis et filiformes à leur extrémité libre e. Ils vont ZE EXPLICATION DES PLANCHES. 447 généralement s'unir, au nombre de deux à quatre, dans un tronc com- mun très court {c. Ils débouchent parfois à l'extrémité dilatée du canal déférent. Fig. 11. — Coupe de glande accessoire (mésadénie) de Silpha opaca. — Em., enveloppe musculaire, très mince, à fibres circulaires et longitudinales; m.b, membrane baëkilaire supportant l’épithélium glandulaire à cellules allongées et cylindriques Ep. ; g. globules muqueux, fortement colorés, provenant de la sécrétion et adhérant encore au bord interne de la cel- lule ; S, produit de sécrétion muqueuse. PLANCHE XXIX Glandes génératrices mâles des Coccinellidæ, des Elateridæ, etc. Fig. 1. — Appareil génital mâle du Corymbites æneus. -- T, testicules mûri- formes avec ampoules spermatiques a ; cd, canal déférent et vésicule sémi- nale V; Gt, glandes annexes externes; Gi,, deuxième paire de glandes annexes, très volumineuses et à extrémité recourbée en forme de cro- chel ; G.,, troisième paire de glandes annexes; ce, conduit éjaculateur. Fig. 2. — Glandes génitales mâles du Corymbites latus. — T, lesticules; c.d, canaux déférents ; Ga; et G;, glandes annexes internes, très volu- mineuses et étroitement enlacées ; V, vésicules séminales ; c.e., conduit éjaculateur ; b, point de fusion des extrémités terminales du canal défé- rent et de la glande accessoire (mésadénie) externe Gt. Fig. 3. — Testicule et canal déférent c.d. de l’Élater pomorum. — a, dispo- sition des ampoules spermatiques. Fig. 4. Groupe d’ampoules spermatiques aa de l'Athous niger. — c.d, ori- gine du canal déférent. Fig. 5. — Section longitudinale de deux ampoules ou vésicules testiculaires. — Et, enveloppe de l’ampoule formée par une membrane très mince; Sg et Sg,, cellules génératrices des spermatozoïdes ou spermalogonies, à divers états d'évolution. F.s., faisceaux ou groupes de spermatozoïdes; e, membrane enveloppante du canalicule ou pédicelle qui termine une ampoule spermatique ; Ep, épithélium du canalicule, formé par des cel- lules cylindriques, très serrées et à noyaux basilaires (Élatéride). Fig. 6. — Section transversale, faite à l’origine du canal déférent (Elater). Par la comparaison avec la partie e de la figure précédente, on voit que l'épithélium Ep. est formé de cellules moins hautes. Les noyaux n sont volumineux et plurinucléolés ; En, enveloppe du canal formée par des fibres circulaires et quelques faisceaux longitudinaux ; ba, membrane basilaire, très mince, supportant l’épithélium Ep. ; c, cavité centrale du conduit renfermant des faisceaux de spermatozoïdes Sp. Fig. 7. — Section transversale de glande annexe externe (mésadénie) d’Ela- ter pomorum — Em, enveloppe externe formée par des fibres musculaires circulaires et obliques; mb, très mince membrane basilaire (tunique propre) supportant l’épithélium glandulaire. Ce dernier Ep présente un rebord interne sinueux. Il est formé de cellules allongées, cylindriques et à cyloplasme finement granuleux surtout dans la région tournée du côté du canal central ce. Le bord libre des cellules porte des produits de sécrétion sous forme de globules muqueux gl.; n, noyaux; s, masse sécrétée. Fig. 8. — Glandes génitales mâles de Coccinellide (Epilachna). — T, testi- 448 L. BORDAS. cule en grappe, avec ampoules spermatiques a; cd., canal déférent et -vésicule séminale sacciforme V; Ge, glandes annexes externes; Gä, glandes internes; ce, conduit éjaculateur avec son renflement vésiculeux initial M. : Fig. 9. — Section transversale du conduit éjaculateur d’Élatéride (Elater sanguinolentus). Les parois du conduit sont très épaisses et constituées extérieurement par des fibres musculaires circulaires et obliques. Nous n'avons représenté que quelques faisceaux longitudinaux Fl; ce, cavité centrale très étroite et bordée par une intima chilineuse ic, pourvue de fortes dents d à ses deux extrémités ; Ep, épithélium chitinogène, com- posé par des cellules cylindriques, à noyaux fortement colorés par les réactifs. Le bord interne des cellules se continue, par transitions insen- sibles, avec l’intima chitineuse. TABLE DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE VOLUME Observations biologiques sur les parasites des Chênes de la Tunisie, TS CU AT PR SR Re ou er lens ai nt a o$ à 0 à Sur une nouvelle espèce du genre Procerostea Langerhans, l'évolution etrles affimtés derce'senre, par M. CH GRAVIER: 1.4.0... Étude sur le développement embryonnaire des Phoronidiens, par LS LAON APANRS AC PAPER AE PRE ERP REP PE LE PA LE SE ESS SOS Note sur la coloration du pelage chez les Indris, par GUILLAUME GRAN- a en D du à à Lo à oo sous dot PRE ee Répertoire des Poissons d’eau douce de la Russie, par Énouarn BLanc. Description préliminaire d’une nouvelle espèce du genre Sphyrion Guy. (Sphyrion australicus n. sp.) d'Australie, comparée à Sphyrion Poe Gaimard, pair SIG THOR. 4%..0.2......000 4... Recherches sur les organes reproducteurs mâles des Coléoptères (anatomie comparée, histologie, matière fécondante), par L. Borpas. TABLE DES ARTICLES PAR NOMS D'AUTEURS BLanc (Épouarp). — Répertoire des Poissons d'eau douce de la Russie. Borpas (L.). — Recherches sur les organes reproducteurs mâles des Coléoptères (anatomie comparée, histologie, matière fécondante).. GR ANDIDIER (GUILLAUME). — Note sur la coloration du pelage chez les a rie hs onde no ed oi aiatal acte Ne GRAVIER (C4.). — Sur une nouvelle espèce du genre Procerostea Lan- gerhans, l’évolution et les affinités de ce genre................... Louis Rouze. — Étude sur le développement embryonnaire des Pho- RE oies OS SEURAT (L.-G.). — Observations biologiques sur les parasites des CE PAR PRISE de AA 2e LEE NON SiG THor. — Description préliminaire d'une nouvelle espèce du genre Sphyrion Cuv. (Sphyrion australicus n. sp.) d'Australie, comparée à Sphyrion lævis Quoy et Gaimard suiale se eu) veto e el os nent date ets. ss ee ss » ANN. SC. NAT. ZOOL. x 29 211 283 TABLE DES PLANCHES CONTENUES DANS CE VOLUME de et les affinités de ce genre. Planches II à XVI. — Étude sur le développement ee, des ne ronidiens. LÉ Planches XVII et XVIII. — Description préliminaire d’une nouvelle espèce du genre Sphyrion Cuv. (Sphyrion australicus n. sp.) d'Australie, com- parée à Sphyrion lævis. Planches XIX à XXIX. — Recherches sur les organes reproducteurs mâles des Coléoptères (anatomie comparée, histologie, matière fécondante). CorBEIL. — Imprimerie Én. CRÉTÉ. Zoo. T AT. 900 1. I. AMrn.des Sc. nat. 8 Sérce. 6 lith. ? col Masson et (“Editeurs C2. Gravier del Frocerastea Faris > lemercier, Inp° : 1 | » Aun. des Sciences nat. 8° Serie. Zool. tome XI, PI. 2. £ nter pores Segmentation de l'ovule (aspect extérieur). “ Aù De | + + a mu ms : Ann. des Sciences nat. 8° Séric. 2001 Tome XI: PI 3: LHfPCLOESS | Enter CG! CR Eñtarar : / | 13 ARE 1 Are ss AUS Formation de l’Actinotroque ‘aspect extérieur À Ann. des Sciences nat. 8 Séric. Zool. tome XI, PI. 4. _Plaque céphaligiue Le” Ent sr I 1 = Aspect cxtéricur de l’Actinotroque. 7 Zool. tome P, 4 PI5: lobe uréerat ! Région | sl Vi ira JAN N EE ES 1 D péri-anule LU CU RO Y/ à @ 7 à é! ; 1 RS RUE Ji prtl, ! FE SERRES s IN S AAA LG | . RS Ne —-— Métasome Métamorphose de l’Actinotroque (aspect exterieur), ——— Ann. des Sciences nat. 8° Serie. Zool. tome XI, PI. 6. 29 30 31 \ | } Enteron Protendoderme - —- —---— Segmentation, blastulation, gastrulation (coupes optiques). : 39 40 Protectoderme Ann. des Sciences nat. 8 Série. Zool. tome XI, PI: 7: éphalique Gastrulation, formation de l'Aclinotroque (coupes optiques). Ann. des Sciences nat. 8° Série. Zoûlr tome XT, PIE. 5 6e 5 Lt | | ll | [ | | | | | E - j| | ee préoral : Vestibute «| | ll Enteron | | | 1h L_---Rectum Formation de l'Actinotroque (coupes optiques). LA Ann. des Sciences nat. 8° Série. Zool. tome XI, PI. 9. Œ sophage 53 AOL Plaque céphalique SEE ! f à $ Ÿ = on >: AS DT 5} À | =? F i me E ES) ÿ Anus È g à | s E ctoderme Poche métasomique Bectum Mésoderme ER, / HE __ / KV Vestibule 2 à ) EN : tobe préoral TES RÉ” | se y > ESS é © K ê S 5 4 = 2 # AS RE) Li 4 [? V0 0000! 0000 pp 84 —e) Se GG 7 Enteron Gi CN ire = Las J Rectum Tentacule— Plaque céphalique Cordon dorsal \\ dE NES 7 N Poche Vpn Bride mésentérique Enteron | | COCHON pee © oo D SN 82 DS re DA É ! | Poche métasomique Ù l 4 | Orifce métasomique Couronne postérieure l 1 l ! Structure de l'Actinotroque (coupes réelles). » SALE ae AD ET » 7 Te 2 e ' "120 ». 1 # # , = es ES e - , d s = À , - ‘ s k : L LE ’ ‘ 4 Cru k ; 4 ï . : : 4 4 ” - : 4 OST Ann. des Sciences nat. 8e Série. Zool. tome X1, PI 10. : CONCOMP nr [g 56 OO LCD END D Œsophages ; ss” D cl ann Ÿ nr, Ed a IN 24 cell 1149 ( ù . 2 y} ù > > KA ; VS , PS6; LL SE ur ÿ Néphridie > # / P) ÿ & | ei É Éd Ÿ } À Ft se # A \ LA = F— LED - o + 2 Q pe 4 / y SÈ CE e ’ / x y Ka 47 Ts à SÈ

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