; y . ñ + 7 è À. ° \ se ñ A à { t L/ h. | | RU \ L | A L | NT k' OT t dE h , L d / ; è F #. Li (L Mat 19 Let JOEL dé ANNALES DES SCIENCES NATURELLES. SECONDE SÉRIE TOME IIT. IMPRIMÉ CHEZ PAUL RENOUARD, | RUE GARANCIÈRE, N. D. ANNALES DES SCIENCES NATURELLES COMPRENANT LA ZOOLOGIE, LA BOTANIQUE, I/ANATOMIE ET LA PHYSIOLOGIE COMPARÉES DES DEUX RÈGNES, ET L’HISTOIRE DES CORPS ORGANISÉS FOSSILES ; RÉDIGÉES POUR LA ZOOLOGIE PAR MM. AUDOUIN ET MILNE-EDWARDS, ET POUR LA BOTANIQUE PAR MM. AD. BRONGNIART ET GUILLEMIN. Seconde Bérie. TOME TROISIEME. — ZOOLOGIE. L2 PARIS. CROCHARD, LIBRAIRE-ÉDITEUR, PLACE DE L'ÉCOLE -DE-MÉDECINE , N. 19. ——— 1835. NP Leu MONT LR aus "ut é ve } ñ . 7 A mie ne | di el où | ” AT 0 AL A j: p AAA FILS MONO A ICE s.4 AHIOECON AL ! NADIA, TPE CE An AN ON MONO LA DE HE tot CADET EU. mr Dons dus À. Rte qu ur à . | Û 4, 30 LN0S LA Loin . À RU V4 ..eoRÉ wés “HT à rs voasÀ : ‘ms sou % À “Arcs wi Fe “ah Mina SR LA E ES L'éET rs à 2 " L À HS UNE £ Fa OT Ut ME g À } d | TOGO Meront +; | vie À ET ; co CLOS \ FRA IE : Je : AR, À : 1 M A A TN HALLE , ahiBoOËT D: AY Dhs AT AN CE 0 ri Mo LUN \1 | Patti Trot RTL ES ES + fi! } A | Yi 17 or | 4 MA d éntie DETTES | 47764 ANNALES SCIENCES NATURELLES. PARTIE ZOOLOGIQUE. detre 0eUS 08220608 2e0#09009000920160810:0080609080908000008620B08081S0% 0806080 | | | Essais pour déterminer l'influence qu'exerce la lumière, sur la manifestation, et les développemens des êtres végétaux et animaux , dont Porigine avait été attribuée à la génération directe, spontanée ou équivoque ; Par M. CH. Morren, Professeur de botanique à l’université de Gand. (1) NOV 20 1894 Quand l'imagination prend les devans, la raison ne se hâte pas comme elle, et souvent la laisse aller seule. J.-J. Rousseau. L’un des plus grands naturalistes philosophes: que la France ait jamais possédé, Lamarck , avait émis cette idée, dès le com- mencement de ce siècle, que si les physiologistes et les historiens de la nature n’avaient pu définir la vie d’une manière générale, et faire voir en quoi elle consiste essentiellement, c'était uni- quement parce qu'ils n'avaient pas étudié les conditions seulement nécessaires sous lesquelles elle se manifeste. On s'était borné, en. effet, à la connaissance de ce qui se passe sinon chez l'homme , du moins chez les grands animaux, dont la com- (r) Extrait de l’'Observateur médical belge, mai 1834. 6 CH. MORREN. — fyfluence de,la lumière plication de structure et la multitude des fonctions ct des facultés avaient rendu inappréciable ce qu'exige, d’une ma- nière essentielle, ce phénomène important auquel on donne le nom de vie, et en réalité, on peut considérer le haut degré de pér For: qui thés l'organisation des animaux PONS , comme un AE qui nous dérobe les condi- tions, qu'exige en propre la vie pour exister dans les êtres les plus simples. Cependant, la cause prochaine de l’orga- nisation étant un ordre de choses général, un acte résultant de conditions physiques, appréciables, se répétant dans chaque corps vivant, il devenaitindispensable pour découvrir son essence, de dépouiller pour ainsi dire les organismes ou l’économie, de tout ce qui nous cache la cause de ce phénomène, et nous fait divaguer de plus en plus sur l’origine des conditions , sous les- quelles il se produit. Ce dépouillement, la nature ee même nous l'offre ; car il y à une échelle croissante ou décroissante de complications chez les êtres vivans, et en la suivant jusqu’à son extrémité terminale, on arrive nécessairement au degré , où par l'effet même de la plus grande simplicité possible, on n’ob- tient que justement ce qu'il faut à l'existence de lordre, et à l’état des parties pour que l’être soit lui-même élevé au rang d'organisme vivant, c’est-à-dire agissant. Ce fut en suivant cette marche indiquée par la nature elle-même, et comme elle simple, grande et noble, que Lamarck sut devancer son siècle. Assi- onant les dégradations et les simplifications relatives de l’orga- nisation , il embrasse tout entier, l’examine degré par degré; d’une extrémité à l’autre des deux échelles vivans; il considère l’homme, dernière production de la nature, chef-d'œuvre du concours des lois créées par la divine intelligence de l’auteur de toutes choses, et la monade, simple sphère vivante sortie la premiére du sein fécondant des eaux. Une lacune immense sé- parait la science des extrêmes; Lamarck la combla par l’étude des animaux intermédiaires, et fut à même, par la vaste étendue des connaissances positives qui devaient jaillir d’un examen si varié, d'apprécier et de désigner les conditions à l’ensemble des- quelles on doit la manifestation, le soutien ou l'exercice de ce phénomène général, dernier but de ses contemplations , la Sur le développement des Infusoires. # vie. Ces conditions étaient générales, le champ qui les avaient fait naître, étant lui-même le domaine de la nature entière, elles étaient peu nombreuses, la nature nétant dans chacune de ses productions qu’unesorte de répétition d'elle-même; elles se réduisaient à trois : l'existence simultanée, dans les corps de- vant posséder la vie, de parties souples, contenantes, solides, et de matière fluide, contenues; la structure particulière des premières constituées en tissu cellulaire; enfin l’action d’une cause excitatrice des mouvemens organiques. La déterini- nation précise de ces conditions menait à mainte conséquence inévitable ; leur existence partout où la vie s'était manifestée dès les premieres âges du monde, et la continuité de cette existence dans les êtres parvenus par voie de parenté, de ceux que la nature avaient créés après chacune des grandes révo- lutions terrestres, leur production et leur simultanéité exigées clans. les résultats des générations directes, opérées d’après La- marck, encore de nos jours, et même sous nos yeux, par une action particulière de la nature, et le concours des circonstances extérieures favorables, donnant lieu à des êtres que le degré comparatif de leur complication organique des échelles ani- male et végétale, et peut-être aussi au commencement de quelques branches latérales de la première. On voit donc que d'après les idées qu'avait suscités à l’auteur de Ja philosophie zoologique, l'étude du monde organisé, et le point de vue sous lequel il avait considéré l’ensemble des lois qui régissent l’univers, les êtres qu’il nous présente et les circonstances qui ont présidé et qui président encore à leur production, les générations qu'il nommait directes n'étaient quune suite, qu'une dépendance de lordre et de l’état des choses existant. La vie, en effet, comportant suivant lui des mouvemens par- ticuliers, essentiellement différens de ceux que nous nommons mécaniques , nest d'après sa théorie que le résultat d’une cause D cubere capable de la produire; et cette cause excitatrice n'est point sous la dépendance du corps vivifié, elle lui pré- existe et persiste après sa destruction par l'effet même de sa ature, car elle réside uniquement dans les milieux environ- nans, où elle est sujette à des variations sans nombre dé- 8 CH. MORREN. — Influence de La lumière pendant de l’état des agens extérieurs; ces agens extérieurs et Jes circonstances particulières deleur action étant appréciables, il devenait facile de les assigner et d'émettre la loi de leur influence. Lamarck définit son idée par l'énoncé même de cette loi: la nature à l’aide de la chaleur, de la lumière, de l’élec- tricité et de lhumidité , forme des générations spontanées et directes à l'extrémité de chaque règne des corps vivans; où se trouvent les plus simples de ces corps. Ainsi, quand des cir- constances sont réunies, et quand la cause excitatrice en est devenue Île résultat, il y a production d’êtres organisés, pourvu toutefois que cette cause agisse sur une masse gélatineuse ou mucilagineuse, presque hide mais assez consistante pour former des parties contenantes, capables de se transformer en tissu cellulaire. La masse aéliéieËse préexiste donc à l'exis- tence du corps organisé, considéré non comme matière, mais comme être animé individualisé, la cause excitatrice exerce son influence sur cette masse, et du concours de cette con- dition matérielle, et d’une autre qui ne l’est pas dans son essence, résulte la vie que les religions et les philosophies ont également fait admettre comme une dualité de la même nature; mais exprimée par d’autres dénominations. | En législateur-créateur, il suffisait à Lamarck d’avoir assis les fondemens du code des lois naturelles, sur une base si large, sans devoir entrer dans l'interprétation de ces mêmes lois, et dans l’examen des minuties qui sont de leur ressort. ” Cependant qu’on y prenne garde : les généralités comportent üne clause essentielle, indispensable; c’est l'uniforme concours des spécialités, c’est la constance et la régularité des prin- cipes, des actions, des faits particuliers. Il est inutile de rap- peler combien de fois des lois qui paraissent d’abord générales, ont été modifiées ou même sapées jusque dans leur fonde- ment, par l'examen de leurs élémens. _ Cinq conditions appréciables, d’après les idées émises plus haut, doivent donc être étudiées sous tous les rapports pos- sibles, dans toutes les circonstances de leur action parti- culière , et de leur simultanéité; ces cinq conditions comportent autant de corps où de modifications de la matière à examiner: Sur de développement des Infusoires. 9 cest donc aux influences, soit spéciales, soit réunies de la lumiere, de la chaleur, de l'électricité, de l'humidité, et des masses gélatineuses qu il importe désormais de consacrer ses recherches. + Isoler chacune de ses influences, mesurer leur action, exa- miner leur degré d'intensité, constater les modes selon lesquels elles agissent étant modifiées autant que possible, les combiner d’une manière déterminée, indiquer les particularités com- pliquées auxquelles elles donnent lieu, spécifier les résultats obtenus et les comparer entre eux, réunir enfin les faits par- ticuliers et les coordonner en lois générales, mais dépendantes de celles qui régissent le concours primordial dont nous avons parlé; telle est, il me semble, la tâche à remplir par les obser- vateurs, ingisré l'extrême difficulté du sujet. Je suis loin d’être à même de résoudre de si importantes questions, mais les essais que Jai entrepris pourront peut-être, sinon apporter quelques lumières, du moins éviter aux autres des expériences que j'aurais faites ou des erreurs dans lesquelles je serais tombé. On a dit, on a répété, je ne sais trop pourquoi, que les anciens philosophes, pénétrés de l’idée que la chaleur fécondait la surface du globe, avaient cru qu’elle seule avait créé les êtres et leur avait comme instillé la vie. Cette assertion ne peut s'appliquer qu’à quelques sectes : long- temps avant Anaxi- mandre, Hyppon, Anaxagore, Archilius, Epicure, etc. , qui Soutenaient ce système, les Chaldéens, les Egyptiens et les Ethiopiens avaient proclamé la lumière, la source unique de la vie; Thalès admit comme telle, l’eau, Anaximène et Diogène, le condisciple d’Anaxagore, l'air; enfin Empédocle et Aristote regardaient les êtres comme les résultats de l’action qu’exer- çaient les quatre élémens auxquels le premier ajoutait l’éther. Tout en concédant que ces idées eurent leurs partisans, même Jusque dans ces temps modernes, où l'on considérait commé condition essentiellement broduériite de la vie le concours de la chaleur, de Ja lumière, de l’eau, et d’une matière solide ca- pable d'organiser et de servir de trame à l'être produit, il faut pourtant reconnaître que l'opinion de la nécessité absolue du pouvoir lumineux, dans la création des êtres fut la plus ancienne 10 CH. MORREN. — Înfluence de la lumière des théories biogéniques. Les travaux de Priestley, d'Ingenhouz, de Sennebier, de Fontana sur la matière verte ; ceux de Joblot, de Degleichen, de Needham, de Fray, Bory deSaint-Vincentetc., sur l’origine des êtres organisés, en général, semblaient rajeunir les idées que l’observation et la contemplation des phénomèmes naturels avaient seules provoquées chez les anciens. Mais ce qui, à ma connaissance du moins, parait avoir été négligé, c’est de rechercher les influences spéciales de chacun de ces corps, où modifications de la matière; d'analyser leurs actions séparé- ment, puis d'examinerleursactionsréunies,ou combinaisons don- nées et successivement plus complexes, c’est en un mot d’en voir tous les effets, de varier le plus possible le résultat des conditions imposées. Ingenhouz tenta quelques expériences de ce genre. La science possède de fort beaux travaux entrepris sur les corps organisés déjà douées de la vie, et les immenses re- cherches de lillustre W. F. Edwards, sont entre les mains de tous les physiologistes; leur publication fit époque, et leur influence fut toute puissante, sanctionnées comme elles l’é- taient par la double couronne dont les avaient dotées l'Institut royal de France. La méthode la plus philosophique possible , celle des conditions, présidait à leur enchainement: c'était de la physiologie, de la biologie réduites à la rigueur mathématique pour autant que le principe, cause prochaine de l’organisation, terme de lhiatus infranchissable qui sépare la matière de ce qui ne l’est plus, peut-être exprimé par l'équivalent d'u une valeur numérique. J'ai tâché, en prenant pour modèle le genre expérimental adopté par le respectable M. W. F. Edwards, non d'entreprendre des recherches qui pussent résoudre le problème si difficile des générations équivoques, mais de tenter de faire quelques expé- riences pour déterminer l'influence des agens extérieurs, consi- dérées isolément ou agissant ensemble sur la manifestation et les DEErAIerS développemens des êtres, que l’on s’est cru obligé jus- qu'ici de regarder comme les résultats d’une telle génération. Je viens de dire que mon but n’est pas de tenter la solution complète du problème des générations équivoques ; cependant c'est dans l'intention d’éclaircir le plus qu’il me sera possible ! Sur le développement des Infusoires. mr cette attrayante et scabreuse question, que j'ose publier ces es- sais; toutefois je ne puis porter de conséquences directes après l'exposition des expériences sur l'influence spécialé de la lumière, car il faut avant tout que je fasse connaître celles que j'ai en- treprises sur la chaleur, l'air et les différens gaz, sur l’eau, et quelques autres phénomènes où sont combinés entre eux ces élémens d’'expérimentation. (1) Je ne donnerai donc ici que les relations des observations et des expériences faites dans le seul but de déterminer l’action spéciale de la lumière considérée en elle-même, et en faisant abstraction des autres conditions, dont il faudra néanmoins te- nir compte, afin de déduire leurs effets respectifs de ceux don- nés parlesexpériences compliquées, et d'obtenir ainsi les résultats dépendant proprement de l’action lumineuse. On ne peut man- quer effectivement de prendre note de toutes les circonstances particulières des localités, des temps, de la chaleur, etc., dans des expériences si délicates, où ikest si facile de se laisser entrai- ner, même à son insu, à des erreurs qui, quoique faibles dans leurs principes, deviennent graves par les conséquences aux- quelles elles donnent lieu. Aussi ne m'étonnerai-je pas que quel- qu'un, venant à répéter les expériences que j'ai consignées dans ces travaux, ne trouvât des résultats en quelques points dissem- blables des miens, parce que les variations auxquelles est soumis le monde extérieur sont très multipliées et très difficiles à être appréciées à un taux équivalent. Du reste, attirer l'attention des naturalistes sur cet objet, c’est engager ceux qui prennent plai- sir à éclaircir les questions ardues à vouloir répéter les expé- riences indiquées ou à en faire de meilleures, de plus convain- cantes, car ce n’est que lorsqu on aura déterminé tous les effets des agens extérieurs dans l’acte de la production des êtres dont l'origine est attribuée à une action directe de la nature, et qu’on (x) J'ai exprimé ailleurs mon opinion sur la génération directe dans un écrit où j'ai con- signé les résultats principaux de mes recherches générales; il porte pour titre : Specimen academicum exhibens téntamen biozogeniæ generalis (diss. inaug. soutenue à l’université de Gand ,le 14 décembre 182g.) Voyez aussi le résumé de mes travaux sur l'influence que la lumiere exerce sur Le développement de la manifestation des êtres à génération équivoque, lu à l'institut Royal de France, le 30 août 1830., 12 CH. MORREN. — Jnfluence de la lumière aura étudié toutes les variations auxquelles ces agens doivent être soumis pour donner lieu à ces êtres ou à leur développe- ment, qu'on décidera si Pexplication: d'une telle Sd ai doit être adoptée ou rejetée. Je diviserai ces recherches en quatre mémoires, dont les trois premiers auront trait à la lumière composée, et le dernier à la lumière agissant par rayons colorés. Le premier mémoire comprendra létude de l'influence qu'exerce la lumière composée sous le PAPE de son absence ou de sa présence. Le second, celle de l’influence qu’exerce la lumièrecomposée, considérée sous le rapport de son intensité et de sa clarté. Le troisième, celle de l'influence qu’exerce la lumière compo- sée, considérée sous le rapport de la réflection et dela réfraction qu'éprouvent ses rayons dans les milieux liquides, et de la dé- termination des sites favorables qu’ils procurent aux êtres orga- nisés qui se développent dans ces milieux. Le quatrième enfin traitera de l’influence de la lumière dé- composée. | Les recherches que j'ai consignées dans ces quatre mémoires ont été communiquées en 1330 à l’illustre Cuvier, qui m'en- gagea fortement à les lire devant l’Académie des Sciences. Ce corps savant, dans sa séance du 6 septembre de cette année, nomma commissaires , pour examiner ce travail, MM. Geoffroy Saint-Hilaire, Dulong et Cassini. Ce sont surtout les encou- ragemens de M. Geoffroy Saint-Hilaire qui m'ont déci- dé à publier ces essais. Ce célèbre académicien m'écrivait, le 7 octobre 1831 : « Personne, monsieur, rattache plus de prix à la nature de vos travaux, et n’en espère davantage que mor. Je vous félicite, monsieur, d’être entré dans cette voie immense, difficile, mais réellement fondamentale. » C’est dans l'opinion de M. Geoffroy Saint-Hilaire que j'ai trouvé tout le dédom- magement possible des peines que je me suis données en entre- prenant ce travail, et si quelque chose a pu me fortifier davan- _tage dans l’idée qu’il sera de quelque utilité pour la science, c’est la bienveillante attention que lui a donné M. W. Edwards, qui m'en avait demandé la communication. En 1832, j'ai fourni j , L Sur. le développement des Infusoires. 15 à l'Académie des Sciences de Paris une application de mes re- cherches au phénomène de la germination des plantes, et ces nouvelles remarques ont reçu, en France, toute la publication nécessaire : je me dispenserai donc d'y revenir. PreMIrR MÉMOrr«E. De l'influence qu’exerce la lumière composée, considérée sous _ de rapport de sa présence et de son absence. L'idée que la lumière est la source de la vie se perd dans la nuit des temps; elle est contemporaine des premiers systèmes de philosophie dans la cosmogouie chaldéenne, dont on fait remon- ter l’origine aux temps qui ont précédé le cinquième siècle avant l'ère vulgaire; l’Etre suprême, lui-même, était considéré comme une vive lumière dont l'influence déterminait la vie dans toute la nature, et les êtres animés n'étaient regardés que comme des émanations de cette source féconde. Les philosophes chaldéens avaient même deviné un principe oi établirons plus loin d’une manière tout expérimentale, c'est que le perfectionnement des êtres croît en raison de l'intensité de la lumière, bien qu'il ne faille appliquer ce principe qu'aux phénomènes dus généra- tions regardées comme directes, et point du tout à la distribution géographique des deux règnes. Les Egyptiens aussi admettaient que c’est à la lumière de l’astre du jour que les germes durent primitivement la vie , et les Ethiopiens pousserent cette idée jus- qu’à soutenir qu'ils étaient plus anciens que les Egyptiens, parce que leur pays avait été plus fortement frappé des rayons du so- leil; aussi le système de transformations diverses et successives qu'auraient éprouvés les animaux dans la suite des temps, et par un effet du fluide vivifiant, leur appartient tout entier. Ce qui est digne de remarque, c’est qu'une telle opinion, aussi vieille comme on le voit que les sociétés humaines, est encore celle de plusieurs grands génies de notre époque. La philosophie égyp- tienne passa, comme on le sait, aux Grecs et aux Hébreux, et avec elle se transmit, chez les premiers, l’idée de linsinuation de la vie par l'influence de la lumière ; soit que ce système fût exclusivement adopté, soit qu'il fût modifié dars quelques écoles 14 CH. MORREN. — Înfluence de la lumière du bel âge de la Grèce, et plus particulièrement encore dans celle d’Epicure , les théories de Patrin , énsises de notre temps, ne sont autre chose que la cosmographie épicurienne renou- velée, et à laquelle on avait adapté les découvertes modernes: Après la renaissance des lettres, il s'écoula encore une longue suite d'années avant qu’on rajeunit les systèmes anciens : l’ob- servation qu’on avait faite, que lorsque les débris des êtres or- ganisés, SOit Animaux , soit végétaux, se trouvent.placés dans les circonstances favorables, se peuplent d’une infinité d’êtres im- parfaits, fit naître cependant, comme au temps d’Aristote, la théorie des générations spontanées, et la lumiere fut déclarée l'agent indispensable, mais non exclusif, de ces productions. Redi, comme on le sait, repoussa le premier les idées que les travaux de Spallanzani achevérent de faire tomber en oubli; cependant Les expériences de Priestly, et celles d’Ingenhouz, ra- menèrent les esprits sur le même objet, et dans ces derniers temps, le nombre des observateurs qui s’en occupèrent est de- venu considérable; c'est en Allemagne surtout que les théories sur les générations équivoques obtinrent le plus grand succes. _ Dans toutes ces théories, le concours dela lumière fut reconnu nécessaire; les rayons solaires passaient pour former un agent indispensable aux nouvelles créations. | L'expérience de Wiegmannestle fait fondamental : cet auteur prit un demi-gros de poudre de corail ou de madræpora oculata submergé dans une masse donnée d’eau distillée, et après avoir agité ce mélange plusieurs fois par jour, et pendant quinze jours de suite, il décanta la liqueur, et l’exposant au soleil, il y vit se développer en autant de jours des êtres organisés, des végétaux. J'ai vérifié cette expérience en la répétant au commencement du mois de mars 1829, et je la trouvai exacte; mais ce qui est digne de remarque, c’est que si l’on prend un petit flacon de huit pouces de haut et d’un pouce et demi de large, et si on le remplit d’eau distillée sans avoir fait agiter celle-ci, on n'obtient jamais de production organique, quel que soit le temps pendant lequel le vase reste exposé à la lumiere; pendant deux ans en- tiers j'en ai conservé un que j'avais laissé dans le repos le plus parfait, et jamais je n’y ai vu s’y développer le moindre être or- Sur de développement des Infusorres. 15 ganisé, bien qu'il fût frappé des rayons solaires depuis 9 heurés du matin jusqu’à 5 heures du soir, dans Îes plus longs jours de l'été; aussi ai-je lieu de douter si les auteurs qui ont affirmé que l’eau distillée manifeste, comme celle qui ne l’est pas, des plantes ou des animaux, ont examiné la chose avec tout le soin pos- sible. Priestly et Sennebier ont d'ailleurs annoncé des expériences semblables à celles que je relate ici, et le résultat qu'ils en ont obtenus ont été le même. Je n’examinerai ces diverses conclu- sions que dans un mémoire spécial, qui traite de l'influence des eaux sur la manifestation des êtres. Si on laisse pendant quinze jours un vase rempli d’eau de puits exposé à la lumière , et ouvert par le haut, on verra au bout de ce temps, quand la chaleur a étésuffisante, une matière verte tapisser les paroïs du vase; cette matière verte se compose, dans la plupart des cas, de la globu- lina terna ( nobis )'et de la conferva fracta (Syngb.), bien que dans d’autres circonstances on puisse avoir d’autres êtres (1). Ainsi, le traitement que Wiegmann faisait subir à l’eau par le lavage de l’isis nobilis ou de la madræpora oculata , est inutile quand on se sert d’eau de puits; je ferai voir ailleurs pourquoi ces conditions ont changé : il suffira que je dise ici que la pré- caution de secouer l’eau distillée, et d’y renfermer des sels cal- caires , fait que cette eau se charge d’une petite quantité d’acide carbonique. Or, c’est la présence de cet acide dans l’eau qui constitue la condition indispensable à la manifestation des végé- taux qui se développent sous ces circonstances. L'expérience fondamentale est donc qu’un vase de verre trans- parent, exposé à l'influence des rayons solaires, à l'air libre et rempli d’eau de puits, montre au bout de quinze jours de repos (r) C’est ainsi qu’en automne ou obtieut très souvent dans ces vases une palmelle superbe, d’un beau rouge cramoisi, et qui se rapproche de la palmella alpicola de Syngbie (Voy. mon mémoire lu à l’Institut le 30 août et le 6 septembre 1830, et un de mes mémoires insérés dans Bijdragem tat de natuurkundise Wetnschappen, intitulé sur les cellustes du tissu cellulaire. végétal et sur leur accouchement (*). Quelquefois on voit s’y développer des navicules, des sscellatoires, des anabaines, des bactrelles. | (*) Voy. l'opinion de M. de Candolle sur ce mémoire, Physiologie végétale, t. 1, p. 461, 1832. 16 CH. MORREN. — Jnfluence de la lumière des êtres organisés, quand la chaleur est suffisante. !] ya donc ici quatre élémens d'expériences, dontil faut analyser séparément les actions : la lumière, la chaleur, l’eau et le verre ; nous devons nous borner à celle du premier , de la lumière. L’inspection de la distribution géographique des êtres orga- nisés sur le globe, nous porte à croire qu’ils ont avec la lumière une relation si intime, un rapport si direct, que son absence suffit pour empêcher leur développement. Cependant on sait que dans les grottes profondes, les mines souterraines, les fasses à houille, etc., on a rencontré parfois des cryptogames , des /un- gi de Linné; on sait de plus que dans les lacs coniques des onc- trées montagneuses les plantes occupent des zônes circulaires placées en étagesles unes sur les autres, et tellement constituées, que celles qui se composent d’êtres très inférieurs en organisa- tion sont aussi les plus basses, et parviennent à des profondeurs où la lumière est très faible; ces diverses observations me portent à constater d’une manière directe si l'absence complète de la lumière entraine aussi celle des êtres organisés. À cet effet je pris, le 4 mai 1829, deux fioles de la capacité ds 4 onces chacune, et je les remplis de 3 onces d’eau de fontaine puisée la veille, et conservée pendant ce temps dans une cham- bre close, où le thermomètre marquait 16° (centigrades); Je mis l’une sur un vase de faïence de quatre pouces de profondeur et rempli de sable fin et sec, et je le recouvrai d’un cylindre de carton épais parfaitement clos, en prenant soin d'enfoncer le cylindre à un pouce dans le sable; l’autre fiole fut placée à côté du cylindre, sur la tablette de ia fenêtre exposée au S. S. O., et recevant la lumière directe du soleil depuis 9 heures jusqu'à 4 heures du soir; je le couvris d’un cylindre de verre égal à celui de carton qui recouvrait la fiole précédente. Le 15 mai suivant, je vis la fiole exposée à la lumière se revé- tir à sa paroi interne et sur la face opposée à la direction des rayons immergens, d’une couche verte que j'examinai au micros- cope et que je trouvai composée de deux espèces de globulines : G.termo n. et G. exilis nobis) et d'une espèce de navicule (navicula tripunctata Bory de Saint-Vincent, varietas minor). Parmi ces productions, on voyait quelques monades. Sur le développement des Infusoires. 1” Le vase, recouvert d’un cylindre de carton ne montrait aucun ètre organisé, et n'en avait pas encore produit un seul au mois de juillet suivant. La surface de l’eau était seulement recouverte d’une pellicule irisée excessivement mince, mais ne présentant aucun Monade. La température avait varié durant le temps de l’expérience depuis 14° jusqu'à 21° termes maximum et minimum. Il résulte de ces expériences, que la privation totale de la lu- mière nécessite l’absence de toute manifestation d'êtres organi- sés dans les milieux capables d'en montrer sous d’autres circon- stances, quand ces milieux ne renferment pas de tissus organi- ques (1). On pourrait m'objecter, à l'égard de ces expériences, qu’elles n’offrent pas toutes les circonstances qui peuvent se trouver dans la nature et qui favorisent l’advenance (qu’on me pardonne cette expression, elle seule rend mon idée) des êtres organisés. En effet, nous avons vu dans notre introduction que les auteurs avaient soutenu que les générations, dites directes, devaient se produire surtout quand des masses gélatineuses se trouvaient disposées à recevoir la vie, et à s'organiser ensuite en tissu cellulaire. Or, cette condition ne se trouvait pas dans les vases que j'avais mis en expériences. Je fais donc les essais SUIVANS : Le 16 mai 1829, je pris deux vases cylindriques égaux, de sept onces de capacité, et j'y versai quatre onces d’eau de fon- taine, fraichement puisée. Je mis dans l’un et l’autre un morceau d’un pouce cubique de muscle de veau, et j’exposai le premier vase sous un cylindre de carton bien épais, et sur un vase de faïence rempli de sable sec dans lequel j’enfonçai le cylindre à 3 pouces de profondeur, de manière que la lumière ne püt arriver d’aucun côté sur le vase intérieur. Le second vase fut exposé sur un pot de faience semblable et recouvert aussi d’un cylindre, mais de verre. Je plaçai ces appareils l’un à côté de l’autre sur la tablette dela même fenêtre dont j'ai parlé ci-dessus, et j'attendis jusqu’à douze jours pour constater l’effet de l'expérience.Le ther- momètre avait marqué minimum 15°, maximum 18° pendant les CA (r) Nous allons voir de suite pourqnoi cette restriction. IT. Zoor. — Janvier. = 18 CH. MORREN. — Influence de la lumière six jours de l'expérience, il montait tous les jours à ce dernier degré. (1) Le sixième jour après celui de lamise en expérience, je trouvai l’eau du fond rougie, et la partie supérieure jaunâtre, dans le vase exposé à la lumière ; une pellicule en recouvrait la surface ; je l'examinai au microscope et je la vis composée d’amas informes, membraneux, jaunâtres, mais perlucides, inertes. Entre les fissu- res dont toute la pellicule était gercée, on distinguait un nom- bre incalculable de monades (Monas termo. Muller) imitant par leur réunion et leurs mouvemens divers, des fleuves et des ri- vières qui arroseraient un pays. En quelques endroits on recon- naissait le Cofpoda cosmopolita de M. Bory de Saint-Vincent. Dans le vase qui avait été privé de la lumière dés l’introduc- tion de la portion musculaire dans l’eau, il y avait aussi une pel- licule surnageant à la surface du liquide, et cette pellicule of- frait, outre les masses inertes, des Monades principes, absolument semblables à ceux du vase précédent, mais ici je ne vis aucun Colpoda cosmopolita. Je remis les vases dans la même position et j'attendis jusqu’à 16 pour les examiner; celui sur lequel la lu- mière agissait, présentait les mêmes animalcules que le 12, seu- lement le nombre des Colpodes était sensiblement augmenté; j'y distinguais de plus les singulières et étonnantes Melanelles (me- lanella spirillum) de M. Bory de Saint-Vincent. Le vase exposé sous le cylindre de carton montrait à cette époque, toujours et seulement, les Monades principes. Le thermomètre était monté dès le 14 à 21. | On conçoit d’après les résultats pourquoi, dans l'énoncé de la loi précédente, j'ai exprimé ce cas conditionnel : quand Îles mi- lieux ne renferment point de tissus organiques. Aussi devons- nous conclure des expériences précédentes, que l'absence de la lumière n’empéche pas la manifestation et le développement des étres les plus simples possible en organisation animale, quand cette manifestation est provoquée dans des milieux liquides, ca- pables de soutenir la vie, et renfermant des masses organisées en macération. Cependant nous voyons par ces mêmes expé- (x) C’est un thermomètre centigrade dont je me suis servi dans toutes mes expériences, Sur le développement des Infusoires. 19 riences, qu’en raison du temps que le tissu musculaire est resté dans l’eau, le nombre des animalcules et leurs espèces se sont aug- mentés dans le vase éclairé, puisque nous y avons reconnu d’abord le Monas termo , puis le Cclpoda cosmopolita , et en dernier lieu enfin le Aelanella spirillum ; ainsi la manifestation des êtres or- ganisés a suivi dans le vase éclairé une marche progressive ,tan- dis que dans le vase non éclairé (c'est la seule différence des circonstances auxquelles ils furent soumis l’un et l’autre), nous n'avons vu que le seul Monade principe, terme extrême de lanimalité, et en même temps l'être qui offre le plus de rapport avec les molécules agissantes, que M. Brown a découvertes dans presque tous les corps de la nature; il résulte donc de ces ob- servations que c’est à la lumière seule qu’il faut attribuer ces dif- férences et l’on peut émettre comme une loi qui découle des deux précédentes, que l'influence de la lumière sur des milieux capables de maintenir la vie dans les corps qui en sont doués, après avoir déterminé dans des milieux la manifestation des animaux les plus simples en organisation, provoque celle d’ani- maux plus composés, tandis que son abscence arrête la manifes- tation de la vie à celle des premiers. Cependant on peut se demander si la manifestation des ani- maux plus composés en organisation croît en raison directe et indéfinie du temps que la lumière agit. Je ne puis donner la so- lution de cette demande et je ne ferai que présenter à cet égard les considérations suivantes : Quandletissumusculaireestmacéré dansl’eau pendantun temps très prolongé, il arrive enfin un terme où il a perdu entièrement sa structure; ses parties entièrement abandonnées à une putréfac- tion complète, se dissipent dans toute la masse aqueuse. L’en- veloppe musculaire d’une Néphilis vulgaris, soumise à une ma- cération de trois ans, ne m'a donné au bout de ce temps ni _ Monades, ni animalcules de quelque espèce que ce fût. Des mus- cles cruraux de grenouilles macérés dans un vase constamment exposé à la lumière directe du soleil, pendant neuf mois, me fi- rent voir successivement outre le monas ternio ie Co/poda cos- mopolita, les Melanella spirilum , des Paramæcies, des F’olvoces, des Æuchelides, et même de Eséchiélines. Je ne pus jamais par- 2. 20 CH. MORREN. — Influence de £a lumière venir à me procurer des êtres plus composés que ces derniers, et Japerçus leur existence au septième mois. Ainsi dars ces ex- périences l’observateur, loin de découvrir une progression indé- finie dans l’'advenance successive des différens animaux qui naissent et se développent dans les eaux d’infusion , ne dépasse jamais la limite des microscopiques, dont l’origine est si sujette à des contestations graves, que pour s'exprimer avec plus de justesse on a substitué à la dénomination équivoque, désignant par là qu'on pouvait porter sur elle des jugemens fort divers. On sait cependant que plusieurs auteurs, et entreautres, M. Fray, ont admis une succession d’êtres bien au-delà du terme corres- pondant pour la série végétale. On à pu remarquer que la premiere loi que nous ayons po- sée comprend tous les êtres organisés, soit animaux, soit végé- taux; aussi était-elle exprimée en termes généraux. Les deux lois suivantes ont seulement rapport aux animaux : il restait à savoir si les mêmes évènemens se présenteraient aussi pour les végétaux; c’est ce qu’il fallait constater par expérience. Il parai- tra peut-être étrange à quelques personnes que nous ayons éta- bli ces différences, puisque d’après les travaux de M. Bory de Saint-Vincent et d’autres, les êtres qui naissent dans quelques eaux dinfusion, et dont la plupart sont, suivant lui, des résul- tats d’une génération spontanée, dans le sens raisonnable de ce mot, ne seraient presque tous que des êtres d’une nature intermédiaire, participant dans la premiere période de leur existence à l’animalité et dans la seconde à l’état végétal. Mais comme ces distinctions sont loin d’être adoptées définitivement, et que même j'ai des raisons péremptoires pour croire qu'elles pourront s'évanouir devant un plus mür examen {1), nous avons persisté à prendre les choses d’après l’ancien système, bien per- suadé d’ailleurs que ces considérations ne nuisent en rien, ni aux expériences, ni aux inductions qu'on pourrait en tirer. La Globuline terme ( Globulina terme nobis) est aux végétaux (x) Voyez à ce sujet ce que j'ai publié dans mon tentamen biazoogeniæ generalis, et plus particulièrement un mémoire que j'ai faitsur la progression des orchis. Je citerai encore un tra- vail qui se trouve dans les Annales des sciences naturelles (août 1830), et qui a rapport à un végétal microscopique que j'ai nommé Crusignia quadrate, Sur Le développement des fnfusotres. 2F ce qu'est aux animaux le Monade principe (monas termo Mull); car elle représente et l’être végétal le plus simplement organisé possible, etle premier état des cullules du tissu cellulaire ; comme le Monade est aussi l’animal le moins composé qu’il soit donné à la nature de produire, et en même temps le représentant des particules organiques globulaires dont l’assemblage forme des animaux. Or, nous avons vu le Monade principe se développer _ dans leauoùmacéraient des muscles, que cette eau füt soumise ou non à l'influence de la lumière: nous avons remarqué en outre que la Globuline terme naïissait dans les vases remplis d’eau de fontaine sans mélange des matières à macérer dès que la lumière pouvait agir pendant un certain temps sur ces vases; mais que la vrivation du fluide lumineux déterminait l’absence de cet être. Nous avons donc à chercher si ce qui avait été observé pour les Monades principes ne se manifesrait pas pour les Globuli- nes, si les premières apparences du règne animal s’accordaient avec celles du règne végétal. A cet effet, deux vases semblables à ceux des expériences sur la macération des muscles de veau, furent placés dans les mé- mes circonstances, et pendant le même temps ils contenaient des tiges séchées d’Aordeum secale au lieu de muscles. Le onzième jour de macération, les deux liquides montraïient chacun une pellicule assez épaisse à leur surface, toute gercée et partagée en segmens polygones; l’un était d’une couleur brune, mais claire. Le vase qui avait été placé sur le cylindre opaque pré- sentait un degré bien moins avancé de putréfaction ; j’examinai le produit de l’un et de l'autre, et je ne découvris aucune Glo- buline terme. Ainsi ce que je m'étais proposé de vérifier: pour l'être végétal le plus simple pour les infusions où des tissus vé- gétaux ont été soumis à l’action du liquide, le phénomène analo- gue , n'a-pas lieu, sauf dans quelques circonstances que je ferai connaître dans un autre travail, circonstances qui n’ont pas été signalées par les auteurs allemands, qui se sont occupés de cette matière, et notamment par M. Aguardh. Il est même reconnu que les infusions végétales donnent pour résultat des animaux, et dans l'expérience que je cite, le vase éclairé contenait des Monas lens des Colpoda cosmopolita, des Uvella, etc.; point 22 CH. MORREN. — Influence de La lumière de Monas termo; celui qui avait été placé sous le cylindre opaque ne contenait aucun être vivant. Nous pouvons donc conclure de ces expériences, que l’in- fluence de la lumière détermine la manifestation d'animaux très simples en organisation, dans les milieux capables de conserver la vie au corps qui la possèdent; que des tissus, soit d'animaux, soit de végétaux, se trouvent dans ces milieux , mais avec eette différence que les tissus d'animaux provoquent aussi, quoique privés de lumière, la présence de quelques animaux placés le plus bas possible dans l’échelle des êtres de la série à laquelle ils appartiennent, prepriétés que ne paraissent pas avoir en propre les tissus végétaux. C’est dans une autre circonstance que nous devons faire voir que les infusions végétales ne donnent point lieu, comme les infusions animales à la manifestation des êtres les plus simples en organisation, de leur série respective. Cette différence ne tient pas exclusivement à l'effet de la lumière. Cependant nous allons tächer de démontrer que l'expérience précédente ne pou- vait avoir le résultat desiré, et cela par la seule cause que c’est à la lumière qu’on doit, je ne dirai pas la production, mais le déve- loppement des globulines; car dans ces expériences comme dans toutes celles de ce genre, il est difficile, et même dans une foule de cas impossible, de distinguer la naissance du développement, et ce dernier phénomène est souvent pris pour Pacte de la pro- duction elle-même. M. Vaucher s'était déjà appuyé sur cette im- portante distinction, négligée par quelques auteurs, au grand préjudice des anciennes embriologies. La Globuline est sensiblement composée de deux choses: l'en: veloppe extérieure qui est une membrane continue, sans tissu, transparente comme du cristal, et comme ce dernier plus ou moins siliceuse (1), et la pulpe intérieure résineuse, verte, dans la masse de laquelle se développent par voie e dédoublement, les globules infiniment petits, devant servir à propager l'espèce. Or, cette constitution n’est en dernière analyse que la structure (1) Voyez Pijdragen tot de Natuurkundig Wetenschappendeel V. n° 1. Verhandelingaver de Blausjes, etc. Sur le développemeni des Infusoires. 23 végétale simplifiée le plus possible, comme l'a fort bien déve- loppé M. Turpin dans ses grands travaux sur l'Organographie végétale. Ainsi la lumière agit sur la globuline comme sur les autres végétaux ; elle colore sa masse intérieure, en agissant sur elle comme sur le parenchyme des végétaux supérieurs, siège de la coloration, comme la démontré Sennebier. L’absen- ce totale de la lumière doit donc empêcher l’intérieur de la Glo- buline de se colorer, et dès-lors il nous devient impossible de reconnaitre celle-ci puisque dans ce cas ses caractères extérieurs peuvent la faire confondre avec les cadavres des Monas lens (Mull.), découverts en foule dans les deux infusions ci-dessus mentionnées, et y constituent ces masses membraneuses qui re- couvrent les liquides d’infusions. Toutefois devons-nous conclu- re de ce qu’il nous est impossible de distinguer dans une infu- sion de globules incolores,que ces êtres vivans n’y existent pas? rigoureusement non; mais l'expérience suivante nous portera à croire qu'effectivement les Globulines ne se développent pas: dans les infusions végétales, comme les Monades principes et autres, dans celles qui sont de nature animale. Dans les deux vases contenant des tiges d’Aordeum secale, et dont l’un fut expo- sé à l'effet de la lumière, et l’autre à celui de l'obscurité complète, nous n’avons vu au bout de onze jours d’expérience aucune glo- buline quelle qu’elle fût. Après cette époque nous exposèmes les deux vases à l'effet de la lumière directe jusqu’au 2 juin suivant, c'est-à-dire pendant dix-sept jours en sus des premiers. Vers ce temps, les bords des pellicules qui s'étaient formées se coloraient en vert tendre, et le fond du vase s'était recouvert d’une pelli- cule verte, dont la teinte donnait au liquide une couleur jau- nâtre, de brune qu’elle était auparavant. Ces modifications étaient communes aux deux vases, et il était impossible de remarquer à l’un d'eux une différence qui eût pu le distinguer de l'autre. Ainsi l'absence de la lumière à l'effet de laquelle un des vases avait été exposé pendant onze jours, n'avait nuien rien au déve- loppement de cette matière verte. Pendant ces dix-sept jours le thermomètre avait varié de 18 à 25°. J'examinai cette matière verte au microscope, et je la trouvai uniquement composée de Globellina exilis, soit réunie en masse, soit éparse et solitaire. af CH. MORREN. — Înfluence de la lumière Ainsi, de ce qu'il a fallu vingt-huit jours d'expérience pour donner lieu à la manifestation des Globulines ; de ce que l’un des vases qui avait été exposé pendant tout ce temps à l'influence directe de la lumière présentait la même quantité que celui qui n'avait éprouvé cette influence que pendant dix-sept jours; de ce que la manifestation de Globulines s'était déclarée le même jour dans l’un et dans l’autre vase, on peut, il me semble rai- sonnablement conclure que la globuline n'existait pas dans ces eaux vers les premiers jours d’infusion, mais qu’elle ne s’y est dé- veloppée qu'après une longue action du fluide lumineux. On peut donc établir, comme un fait, que la macération des tissus. végétaux ne donne pas, comme production , l’être représentant à-la-fois et la particule organique la plus simple, et le végétal le moins composé. Et ceci donc, l'influence de la lumière est toute différente, sur les infusions animales, où sa présence et son ab- sence déterminent l’une comme l'autre, la manifestation de l’être vivant le plus bas possible en animalisation. L'absence et la présence de la lumière nous ont occupé suc- cessivement comme conditions indispensables -ou non, à la manifestation de la vie. La vie expérimentale nous a paru la meilleure pour découvrir les spécialités et nous amener aux conclusions générales que nous avons émises comme autant de lois. Nous avons vu que les idées des anciens, nées dans la con- templation de l'univers, se vérifient d’une manière générale dans les expériences de cabinet. Nous avons fait voir, chose que nous croyions avoir été négligée jusqu'ici, que l’absence complète de la lumière ne détermine pas nécessairement celle de la vie; mais cette absence rend impossible la manifestation d’une suite d’êtres plus composés en organisation et en structure, et nous avons constaté les différences que comportent les liqui- des dans la manifestation des êtres organisés, quand ils agissent simultanément avec la lumière, ou indépendamment de ce fluide, sur des masses déjà organisées, et dont on a cru à tort les par- ticules ou les globules organiques doués de la singulière pro- priété de se constituer en individualités animales, par le simple effet de leur disgrégation et de leur isolement. Nous avons fait ressortir les spécialités qui résultent des différences dans la na- Sur le développement des Infusotres. 20 ture des masses macérantes, et nous croyons ainsi, malgré tout le perfectionnement dont un sujet si important est susceptible, perfectionnement que nous avons été loin d'attendre, nous croyons avoir établi, du moins, des faits jusqu'ici inaperçus. Les expériences relatées menent à plus d’une espèce de con- séquence; mais nous avons été forcé, par la nature même de ce mémoire, à n’énoncer que celles qui avaient pour sujet l'in- fluence de la lumière. C'est ainsi, par exemple, que les partisans du singulier système dont il a été question plus haut, par lequel on prétend prouver que Îles élémens organiques, par l'effet inême de leur circonscription régulière, fixe ,invariable, quand on les considère comme constituant la trame du tissu organisé, peuvent, lorsqu'ils sont dégagés des liens qui les tenaient comme entravés, et comme subordonnés à la vie de l'individu dont ils font partie, s'élever au rôle d'individus séparés, et augmenter ainsi la série d'espèces nouvelles; c’est ainsi, dis-je, que les par- tisans de ce singulier système trouveront sans doute un bien puissant argument contre leur opinion, dans ce fait que les tissus végétaux ne donnent pas des cellules individualisées en globu- _ lines, par la simple disgrégation de leurs parties. Bien, il est vrai, que le sang des vertebres, la bile, etc., formés principa- lement de globules ayant à leur centre ‘un autre globule plus petit, ne donnent pas lieu, quand ils sont extraits des vaisseaux, et livrés au repos le plus absolu et à linfluence des conditions extérieures, à des Ophthalmoplénides, comme cela devrait être si le système en question était basé sur des faits. Je n’ignore pas que dans ce cas on a prétendu que les Monades qui viennent _dans ces macérations, comme dans toutes les autres, sont précisément les globules internes dépouillés de leur enve- loppe, matière colorante de la bile, du sang, etc. Mais je ferai remarquer à ce sujet, que l'expérience n’a pas appris que les conditions extérieures venant à changer, et surtout celle de la chaleur, les globules se dépouillaient de leur enveloppe sans se mouvoir et sans devenir par conséquent des Monades, et qu'il arrivait souvent que, quand celles-ci s’y montraient, c'était une espèce toute autre, par sa structure, que la Monade qui, en diamètre et en sphéricité, représente le globule primare des 20 CH. MORREN. — Înfluence de la lumière , etc. tissus. D’autres fois, ce n'étaient pas même des monades, mais des Mélanelles, Fuchélides, des F’obvoces, qui se dévelop- paient. Enfin, si ces preuves ne suffisent pas, je dirai que jamais personne n’a vu un globule intérieur des petits corps solides, qui font du sang un liquide rouge, dela bile un liquide vert,etc., passer de l’état passif à l’état agissant , en supposant toujours qu'on fasse une juste part aux illusions sans nombre aux- quelles des observations si délicates sont malheureusement su- jettes. Ces illusions, ces difficultés ne sont pas le propre des expé- riences sur les influences des conditions extérieures : ces expé- riences portent conviction, parce qu'elles sont, comme toutes les expériences de physique, des opérations mesurables; Îles influencesaugmentent ou diminuent; on les pèse, ces influences, et c’est là tout ce qu’un homme peut faire, c’est là tout ce que la science vraiment positive doit apprendre : ce que nous avons dit dans ce mémoire le prouve assez; on a passé d’une extrémité à l’autre, de la lumière à l’obscurité. I] serait intéressant, main- tenant, de savoir comment agirait une lumière plus forte, une lumière plus faible; c’est ce que nous allons tâcher d'examiner dans le mémoire suivant; mais ne perdons pas de vue le résultat que laisse sur notre esprit celui que nous terminons ici ; résultat important, puisqu'il nous dit : Vos jugemens sont le produit de votre imagination, et non des raisonnemens sur les actes de la nature. DescrIPTION de quelques espèces nouvelles de, la famille ges Mollusques Brachiopodes de Cuvier. Par M. W. J. Broperir. (1) Au nombre des services rendus à la Zoologie par M. Cuming, nous devons citer la découverte des Mollusques, dont nous allons nous occuper ici, car ces animaux ayant été conservés dans l'alcool ont fourni à mon ami M. Owen l’occasion de faire (x) Traduit de l’anglais (Transactions of the zoological society of London), vol. 1, part. 11, p.147, Lab. xx1t et xxr17. { W. J. BRODERIP. — Sur des Terébratules, etc. 27 connaître avec l’exactitude et le talent caractéristiques de tous ses travaux, l’anatomie des Brachiopodes. Ce groupe est aussi tres intéressant, à raison de ses rapports géologiques. Les différentes espèces de Térébratules sont utiles pour la détermination des roches qui se succèdent depuis la formation crayeuse supérieure jusqu'aux couches les plus infé- rieures de la série du grauwacke; on assure que des Orbicules ont été trouvées dans la glauconie sableuse du Sussex, dans l’argile de Speeton du Yorkshire, dans l’oolite miliaire et l’oo- lite inférieur, dans le calcaire carbonifère, et dans la roche de Ludlow au-dessous de psammite rougeâtre, et dans d’autres. couches fossilifères. On ne peut mettre en doute que l’orga- nisation des animaux récens ne soit la même que celle des espèces qui vivaient il y a des milliers d'années, et on peut ainsi former des conjectures touchant la nature des mers anciennes où ces fossiles existaient. Genre TÉRÉBRATULE Brug. T'erebratula chilensis, pl. 1, fig. 1. Ter. tesi& suborbiculari, gibb&, albente, radiatim siriat& , striis latio- ribus, margine subcrenulato subflexuoso. Long : 1. & poil. lat. 1. crass. 578. (1) Hab. in sinu Valparaiso (mus Cuming. ) Cette espèce varie beaucoup en grandeur et en apparence. Dans les vieilles coquilles les stries radiées disparaissent presque entièrement et les très jeunes sont presque lisses et oblongues, tandis que celles d’une taille intermédiaire ont ces stries très marquées. L’individu dont on a donné l'anatomie est un jeune et les dimensions indiquées ci-dessus sont celles de la plus grande coquille que jai vue. La longueur est mesurée de l'extrémité de la perforation au bord op- posé, la largeur en suivant une ligne idéale, transversale et l’épaisseur au milieu des deux valves. | M. Cuming trouva cette térébratule dans la baie de Valparaiso à une profon- deur de 60 à go brasses. Les vieilles coquilles étaient fixées aux roches, les jeunes à des corallines ou à des fucus. (1) Mesure anglaise, co W. J. ERODERIP. — Sur des Térébratules nouvelles, etc. 2. Terebralula uva pl. 1 fig. 2. T'er testé ovato-oblongé, ventricos& subglabré, subdiaphan, lineis con- centricis substriatä ; valvä perforaté subelongatd. Long. 1 poll. lat. ?. diam. Hab. in scun Tehuantepac ( mus Cuming. ) Cette térchratule fut trouvée par le capitaine Dare en draguant pour des Meleagrines margarifères à une profondeur de 10 à 20 brasses par un fond de vase sablonneuse ; elle était fixée à un bivalve frustre. Genre ORrBICULE Cuv. 1. Orbicula lamellosa pl. 2 fig. 2. Orb. testé corne& fuscä, suborbiculari, subdepressä, lamellis concen- tricis elevalis rugosd. Long. 1.-— poll. lat. 1. Hab. ad Peruviæ oras ( Iquiqui. Baie d’Ancon ) mus Cuming. Cette espèce fut trouvée par M. Cuming en groupes superposés sur un fond de sable à une profondeur de 5 à 9 brasses. A Ancon il trouva ces molusques fixés à des coquilles mortes et à la carcasse d’nn navire espagnol d'environ 300 tonneaux qui avaient coulé dans la baie, il y a nne douzaine d'années. Les membrures submergées de ce bâtiment détraqué étaient couvertes de ces coquilles à-peu-près de la même manière que des cryptogames parasites euvahissent quelquefois des poutres placées à terre. À Iquiqui elles adhéraient à des moules vivantes. Il est à remarquer que l'apparence barbue qui se voit autour de plusieurs de ces coquilles est due aux cils du manteau qui sont desséchés. La valve im- férieure varie beaucoup suivant les circonstances, étant le plus mince et le plus lisse, lorsqu'elle a été le mieux abritée; quand elle adhérait dans une étendue égale à sa surface, elle était extrêmement mince. En général elle est convexe, là où elle se releve de la dépression qui entoure le trou, mais cette connexité dépend tellement des positions où l'animal se trouve, et d’autres circonstances acci- dentelles qu’on ne peut s’y fier comme caractere. Les dimensions indiquées se rapportent à l'étendue de la surface de la valve “HAN ; la longueur est prise de la marge externe au-dessus du trou jus- qu’au bord opposé, et la largeur en suivant une ligne idéale qui En la premiere à angle droit. … W. 3. BRODERIP. — Sur des Térébrat:iles nouvelles, etc. 29 2. Orbicula Cumingii, pl. 9 fig. 1. Orb. testà subconicä, suborbiculari crassiusculé, striis ab apice radian- tibus numérosis epidermide fusc. 2 Long. Z. poll. lat. <. Hab. ad Paytan Peruviæ, ad Sanctam Elenam etad Panamam ( mus Cuming.) Les stries concentriques d’accroissement de cetle espèce sont croisées par un grand nombre d’autres stries qui rayonnent du sommet de la valve supérieure. La valve inférieure qui peut être plus ou moins convexe ou plate, est de beaucoup la plus mince et ne présente que des lignes concentriques. Trouvées par M: Cuming dans les localités indiquées, fixées à la partie mférieure de pierres sur un fond de sable vaseux, au bas de l’eau et dans quelques cas à une profondeur de 6 brasses. Les restes des cils donnent souvent aux coquilles sèches l’apparence barbue déjà indiquée dans l'O. Lamellosa. Cette espèce se rapproche le plus de POrb. Siriata décrite par M. Sowerby dans les Transactions de la société linneene. 3. Orbicula strigata, pl. 2, fig. 1*. Orb. testé crassiuscul&, subrotund&, substriaté radiatione castaneo stri- gal& epidermide tenui, fuscà. 13) Hab. ad Guatimalæ oras ( Ile de Caña. ) Long. Z; lat. vix = crass.-= poll. M. Cuming a trouve deux individus de cette espèce en draguant par 18 brasses ; ils étaient fixés à des rochers. Les dimensions sont celles du plus grand, mais on a figure l'autre comme ayant les stries plus brillantes. Genre LiNGULE Brug. 1. Lirgula Audebardii, pl. 2, fig. 14. Ling. testé oblongä, glabré, corne@, pallidè flavé, viridi transversim picta, limbo anteriore rotundato, viridi. Long. 1 278 poll. lat 5 172. Hab. ad insulam Punam ( baie de Guaiaquil ) mus Cuming. Le bord arrondi est vert, et les lignes tranversales de la ‘même couleur sont produites par les stries d’accroissement de la coquille qui est lisse et res- semble à du parchemin. Dans tous les échantillons desséchés le bord antérieur est contracte de façon à présenter une forme carrée et à ressembler à un sou- lier à pointe très larges mais dans son état naturel il est arrondi, une con- traction générale donne aussi à la coquille desséchée une forme plus étroite et 30 w.s.BRoDERIP. — Sur des Terébratules nouvelles , etc. plus ventreux qu’elle n’a réellement, et les cils des branchies font paraître le bord comme frange. Les dimensions indiquees sont celles des plus grandsindividus, mais celui disséque par M. Owen est comparativement petit. M. Cuming a trouvé cette espèce (quiest dédiée au baron de Férussac) à environ mi-flot dans une plage de sable grossier à une profondeur de 2 à 4 pouces. Cette plage a environ 12 milles de long sur 2 de large. 2. Ligula semen, pl. 2 fig. 17. V Ling. testé ovato-oblongé ; crasinscul& plan& albid& lœvessim& polité limbo anteriore rotundato. Long. 4 172 poll. lat. 4 172. Hab. ad Insulam Platam ( mus Cuming). 1 Cette coquille, la seule que j'ai vue, a été trouvée par M. Cuming en draguant sur un fond de sable de corail à une profondeur de 17 brasses. C’est peut- être un jeune individu ; mais la coquille a une consistance si supérieure à celle qu'on remarque d’ordinaire chez les Lingules que je ne puis la considérer comme une espèce connue; sa consistance est telle qu’elle ne s’est pas contractée par la des- siccation , par sa grosseur et son aspect elle ressemble assez à un grain de melon. M. Cuming m'a dit avoir trouvé en même temps un autre échantillon ayant environ une ligne de plus en largeur, mais 1l l’a malheureusement perdu. ( Voyez pour l'explication des planches, la fin du mémoire de M. Owen sur anatomie des Brachiopodes, auquel ces figures se rapportent également.) Rapport sur un mémoire de M. Aupouin (1), intitulé : Ob- servations sur un insecte qui passe une grande partie de sa vie sous la mer; jait à l’ Académie des Sciences le 19 août1833, Par M. DurrocHEr. L'Académie nous a chargés, M. Isidore Geoffroy St.-Hilaire et moi, de lui faire un rapport sur un mémoire de M. Audouin, . intitulé : Observations sur un insecte qui passe une grande partie de sa vie sous la mer. L’insecte dont il s’agit appartient à la fa- mille des carabiques, et comme tous les insectes de cette famille, il est destiné par son organisation à respirer l’air élastique, et (x) Ce Mémoire a été publié dans les Nouvelles Annales du Muséum d'Histoire Naturelle. Tom. xx. p. 117. AUDOUIN. — Our le Blemus fulvescens. 3x non à l’extraire de l’eau dans laquelle il est dissont, comme le font les insectes aquatiques qui sont pourvus de branchies. M. Audouin découvrit cet insecte, qui a recu le nom de b/emus fulvescens, sur les pierres et sur les autres corps sous-marins que la mer venait d'abandonner lors de la marée descendante, et à une assez grande distance du rivage. Cet insecte, organisé pour vivre dans l'air, était donc submergé pendant tout le temps que la marée était haute. Comment ne se noyait-il point? Ce fait parut tellement paradoxal à M. Audouin et à plusieurs natu- ralistes auxquels il en fit part, qu’il crut devoir ne point le pu- blier. Cette observation serait probablement restée long-temps encore dans son portefeuille , où elle est depuis dix ans, si les travaux récens de l’un de nous n'avaient dévoilé la manière dont s'opère la respiration des insectes aquatiques. Tous les insectes ont de Pair respirable dans leurs trachées. On conçoit facilement comment cet air peut se renouveler chez les insectes qui vivent dans l’air et chez ceux qui, vivant dans l’eau , viennent renouveler leur air respirable à la surface de ce liquide. On ne voit point de même au premier coup-d’œil com- nent les insectes aquatiques pourvus de branchies, et qui ne sortent jamais de l’eau, peuvent se procurer lair respirable élastique qui remplit leurs trachées, ni comment certains in- sectes qui n’ont point de branchies, mais des stigmates, et qui, par conséquent , sont organisés pour vivre dans l'air, peuvent cependant vivre ou constamment ou très long-temps submergés sans être asphyxiés ; d’où leur vient donc l'air élastique respi- rable qui ne cesse point de remplir leurs trachées? Ces ques- tions ont trouvé leur solution dans la découverte de ce phéno- mène, que l’un des gaz qui constituent l'air atmosphérique se trouvant renfermé sous l’eau avec laquelle il est en contact immédiat ou dont il est séparé par une membrane perméable à l'eau, ce gaz puise dans l'air dissont par l’eau les élémens dont adjonction doit le reconstituer air atmosphérique, et cela dans lès proportions où ces élémens existent dans l'atmosphère. 11 ré- sulte de là que tel insecte qui sera organisé pour vivre dans Pair pourra cependant vivre constamment submergé, pourvu quil soit environné d’un peu d’air qui sera retenu autour de lui, soit 392 AUDOUIN. — Sur Le Blemus fulvescens. A par une enveloppe adaptée à cet usage, soit par tout autre moyen. Cette petite quantité d'air privée par la respiration de linsecte d’une portion de son oxigène, la reprendra à l’eau am- biante en lui livrant du gaz azote, et en même temps le gaz acide carbonique produit par la respiration sera dissous par l’eau , qui livrera en échange de l’air atmosphérique, mais en bien moindre volume. De cette manière s’entretiendra la pureté de la petite quantité d'air dont sera environné linsecte, qui sera ainsi, sous ce point de vue, comme s’il était dans le sein de l'atmosphère. Ce phénomène est celui qui a lieu par rapport à l’insecte observé par M. Audouin , insecte qui, fait pour respirer l’air élastique, vit cependant presque constamment submergé et à une assez grande profondeur dans les eaux de la mer. Cet insecte, ainsi que l’a observé M. Audouin, a l'instinct de se placer sous des pierres munies de petites cavités, lesquelles contiennent des bulles d’air lorsque l’eau vient à les recouvrir à la marée montante; en outre M. Audouin a vu que le corselet et l’abdo- men de linsecte sont recouverts de poils qui retiennent entre eux de petites bulles d'air lorsque l'animal passe de lair dans l'eau. Ces petites bulles forment par leur assemblage une sorte d’atmosphère qui reste adhérente à l’insecte malgré l’agitation de l’eau qui l’environne, et qui entretenue dans sa pureté, par le mécanisme indiqué plus haut, sert à la respiration pendant tout le temps, quelque long qu'il soit, que dure la submersion. Ceci est une curieuse observation à ajouter à celles que l’on connaît déjà touchant le mode de respiration des insectes aériens qui, par une sorte de caprice paradoxal de leur nature, sont condamnés à vivre submergés. M. Audouin cite encore à ce sujet le fait de l’araignée aquatique qui construit sous l’eau une véritable cloche de plongeur dans laquelle elle demeure environ- née d'air ; il cite aussi plusieurs espèces de coléoptères du genre elmis, qui vivent sous des pierres au fond de l’eau des ruisseaux et qu’on ne voit jamais venir respirer à la surface de l’eau; il en est de même, dit-il, des dryopps; des macroniques et des géo- risses, qui appartiennent à la même famille. Ces phénomènes que présente la respiration des insectes ont cessé de paraître paradoxaux depuis que l'observation a fait AUDOUIN. — Sur le Blemus fulvescens. 33 connaitre leur mécanisme. Ceci doit engager les observateurs à diriger leurs recherches vers d’autres phénomènes du même genre que présentent encore certains insectes. Tels sont, par exemple, les OËstres, dont les larves vivent dans les intestins des herbivores. Ces larves sont pourvues de stigmates; elles doivent par conséquent respirer l'air élastique, et cependant elles habi- tent un milieu tout-à-fait privé de gaz oxigene. Comment ces larves se procurent-elles l'air respirable qui remplit leurs tra- chées? Ce serait là un problème curieux à résoudre. En résumé, nous pensons que l'observation recueillie pas M. Audouin est curieuse et intéressante, et que son travail mérite l’approbation de l’Académie. Signé a la minute : Isid. GEOFFROY SAINT-HILAIRE. DurrocHET, rapporteur. L'Académie adopte les conclusions de ce rapport. Note additionnelle au Mémoire sur le Blemus, Par M. Aupouin. En parcourant dernièrement les nouveaux mémoires de la Société royale de Danemark pour l’année 1783, j'ai été sur- pris d'y rencontrer la figure d'un petit carabique qui, sil n'appartient pas à l'espèce que j'ai observée se rapporte du moins au même genre. L’entomologiste danois qui l’a fait connaître, Strom, décrit dans le même mémoire plusieurs au- tres insectes originaires de Norwège; il nomme celui-ci Cicindela marina, et le caractérise par cette phrase: £estacea, thorace cordato , elytris abbreviatis marginatis. I ajoute : Sa taille ne surpasse guére celle d’un pou, sa tête est grande, large, de même grosseur à-peu-près partout, et de la longueur du tho- rax qui est cordiforme, et présente un sillon longitudinal dans son milieu. Les Élytres, qui n'atteignent pas la longueur de l'abdomen sont pourvues de poils longs et épars; elles ont NI. Zoor. — Janvier, 3 3% aupouiN. — Sur le Blemus fulvescens. des lignes marginales visibles. À chacune des cuisses des deux pattes postérieures est fixé un petit appendice oblong comme cela se voit dans les Cicindèles et les Carabes (/e trochanter\, les antennes ont onze articles, le dernier est ovalaire, l’insecte est partout d’une couleur jaune claire. Cette description se rapporte tout aussi bien au Blernus Jfulvescens, qu’à la plupart des espèces connues, en sorte qu’il serait difficile, même en s’aidant de la figure qui est grossie et en noir, de décider de l’indentité; peut-être l'espèce de Norwège en est-elle distincte. Le nom de {Cicindelu marina que Strôm a donné à ce petit carabique indique déjà dans quelles circonstances il l’a rencon- tré. Il a soin d'ajouter qu'il demeure parmi les pierres du litto- ral, près de la limite qu'atteint le flux de la mer; il peut, dit- il, surnager lorsqu'on le met sur l’eau, et avancer très bien à laide de ses pattes. Cependant il ne croit pas qu'it puisse vivre sous l’eau; mais c'est là une simple présomption de sa part. Je terminerai cette note en faisant remarquer que dernière- ment un entomolosiste distingué de Belgique, M. Vosmael, a supposé à tort que jétablissais une analogie parfaite entre la manière de vivre des Elmis, des Dryops, des Macroniques, des Georisses, et celle du Blemnus fulvescens. Dans mon mémoire, j'ai prétendu insister seulement sur l’indentité avec les elrnis que j'ai trouvés sous les pierres au fond des ruisseaux, et que jamais je n’ai vus respirer l'air à leur surface ; puis j'ai ajouté: il en est, à quelques égards, de même des Dryops, etc. À ÿim- pression de mon mémoire dans les nouvelles Annales du Mu- séum et dans les journaux scientifiques qui l'ont donné par extrait, on a omis les mots : à quelques égards qui étaient sur- ajoutés en marge sans renvoi. Au reste, l’analogie réelle qu'il y a entre ces divers insectes et le Blemus, c’est qu’ils sont aguati- ques sans être nageurs. Strôm a décrit dans le même mémoire, sous le nom de staphy- linus marinus, un petit brachelytre , qu’il dit être un peu plus grand qu’un pou, plus étroit cependant, de couleur noire, avec des pattes d’un brun noirâtre, et les élytres chagrinées, parse- mées de poils courts. Ses habitudes sont analogues à celles de LAMAREPICQUOT. — Sur les Serpens des Indes. 35 la Cicindela marina, mais il ne paraît pas aimer l'eau, et de- meure seulement à côté. Cette distinction qu'il fait entre ces habitudes et celles de la Cicindela marina me fait croire qu’il suppose à celle-ci des goûts plus aquatiques , bien qu’il n'ose pas dire qu'elle vive sous l’eau lors de la haute mer. On voit même que son esprit était agité de quelques doutes relative- ment à ce fait, car il se demande si les poils de ces insectes ne leur serviraient pas à nager ? Rapport fait, le 19 mars 1839, par M. Dumeéril, au nom d’une commission com- posée de MM. Latreille, F. Cuvier et Dumeril, sur un mémoire de M. Lamares- PICQUOT, relatif aux Serpens des Indes et à leur venin. (1) M. Lamarepicquot, qui a rapporte des Indes une très belle collection d’ob-: jets d'histoire naturelle, dans un état parfait de conservation, et qui a fait à l’Aca- démie plusieurs communications importantes, vous a donné lecture dans la pre- mière séance de ce mois, d’un mémoire sur les serpens venimeux du Bengale, suivi de quelques observations sur l’incubation de ces reptiles, ainsi que sur di- vers entozoaires trouvés chez le Demnha et le Python, serpens de ces contrées. Nous avons ete designes MM. Latreille , F. Cuvier et moi, pour faire, sur ce memoire, le rapport que nous avons l'honneur de vous soumettre. Les observations faites sur les mœurs et les habitudes des animaux, offrent toujours un grand intérêt aux naturalistes, mais 1l est important que les faits rap- portés par les voyageurs, soient examinés avec la plus grande attention; car, (:) Monsieur le rédacteur, On m’a remis à l’Institut, ainsi qu’à la plupart de mes confrères de l’Académie des Sciences ; une petite brochure qui a pour titre : Réponse pour servir, de réfutation aux opinions et à la critique d’un rapport sur un mémoire de M. Lamarericquor concernant les Ophidiens ; comme il y a déjà trois ans que le rapport dont il est question a été fait, et que ses conclusions ont été adoptées par l’Académie des Sciences ; qu'il n’a pas été imprimé, et que peut-être la question qui ÿ est débattue pourra intéresser les naturalistes et surtout les physiologistes, je vous prie de vouloir bien le faire insérer dans l’un de vos plus prochains cahiers des Annales des Sciences naturelles. * Pour le cas où l’auteur voudrait avoir quelques autres explications, je vous prie, en faisant imprimer cette lettre en note après le titre du rapport, d'engager M. Lamarepicquot à lire l’his- toire du Limue par Bosc, qui avait trouvé dans les mers d'Amérique et observé vivans onze de ces animaux ; il y verra quel usage font les nègres du test des POLYPHÈMES, comme je lai de 56 LAMAREPICQUOT. — Sur les Serpens des Indes. s'ils ont été induits en erreur, ils propagent et accréditent des préjugés, qu'il est ensuite très difficile de détruire. La confiance accordée à certains récits, pré- sentés comme des faits réels et positifs, a trop souvent donné lieu à des notions fausses, qui se répètent depuis des siècles, et qui se trouvent même consignces dans la plupart des bons auteurs, quoique les connaissances acquises sur l’orga- nisation, démontrent aujourd’hui l’impossibilité des faits énoncés. Les réflexions que nous émettons ici À regret, nous ont été inspirées, en enten- dant la lecture du mémoire dont nous venons de rappeler le sujet; car, parmi des details curieux, et des observations vraiment intéressantes, nous avons dà remarquer quelques opinions erronées, qu’il était de notre devoir de relever de- vant l’Académie. | Telles sont les suivantes : Les serpens ont la faculté de téter les vaches; ils peuvent boire et avaler beaucoup de liquides, développer de la chaleur et cou- ver leurs œufs. Ainsi en parlant de la couleuvre Demnha, M. Lamarepicquot dit ou répète, « que ce serpent, parvenu dans les étables, près des vaches, se livre au goût qui « lui est propre, de se nourrir de lait, quoiqu'il ait, d’ailleurs, les moyens de « pourvoir à sa nourriture, en se livrant à la chasse des oiseaux et des petits « mammiferes ; que les mamelles des vaches dont il a suce le lait, se tarissent, « soit par l'effet des blessures faites par les dents, soit par celui de l’impression « que peut en recevoir l'animal, pendant que le reptile travaille à se fournir ce « liquide, dont il est très friand. » ( Mais il suffit au naturaliste de connaître la structure gencrale des parties de la bouche d’un serpent, le mode et les voies de sa respiration, pour savoir que cet animal ne peut opérer la succion d'aucun liquide, ou laction de teter. En effet, le vide ne peut se faire dans la cavité buccale en raison de l'absence des lèvres charnues, du trop court trajet des narines, du défaut d’un voile du palais et d’une épiglotte sur la terminaison buccale de la trachée, et enfin, par la pré- sence, la disposition, la longueur et la forme des dents, toutes courbées, à répété, et presque dans les mêmes termes { Æistoire naturelle des Crustacés, tomerr, an x, et à l’article Limuce du Dictionnaire d'histoire naturelle de Deterville). Si vous vouliez bien expliquer ensuite pourquoi, dans le rapport, il est dit que la plupart des serpens ne boivent pas et n’ont pas le besoin de boire, vous lui diriez que j'ai imprimé ailleurs la phrase qui suit en parlant de la langue des serpens : « Tout au plus cette langue fort longue « sert-elle, comme on l’a observé quelquefois, à faire pénétrer un peu de liquide dans !a « bouche , car nous avons vu nous-mêmes des couleuvres lapper ainsi l’eau que nous avions pla- « cée près d'elles, dans la cage où nous les tenions renfermées pour les observer à loisir. » Au reste, les deux opinions dans lesquelles nous croyons encore devoir persister, c’est qu’il est impossible aux serpens de téter , ensuite qu’ils n’ont pas besoin et qu’il leur serait inutile de couver leurs œufs. Veuillez agréer, etc. Dumexir. Paris, le 4 mers 1835. LAMAREPICQUOT. — Sur les Serpens des Indes. 37 yintes aiguës, dirigées en arrière, de manière à produire l'effet utile de crochets ou de hameçons, destinés à retenir la proie vivante, inais qui, dans le cas rap- porté, adhéreraient au pis des vaches, de telle sorte, que le serpent lui-même nc pourrait se détacher de la place, lorsque ses dents y auraient penctre. Dans une autre partie de son memoire, l'auteur, en racontant les observations qu’il a faites sur les mœurs du serpent Python des montagnes du Bengale, énonce Je fait suivant (p. 11): | 6 « Un individu, de près de 13 pieds et demi de longueur, fut déposé, vivant à « Chandernagor, dans une caisse garnie d’une litière épaisse de coton et de foin « haché : on le nourrissait eu Ini donnant, tous les douze jours, un poulet du « poids d'environ une livre ou livre et demie; il n’attaquait guère sa proie que « pendant la nuit. Le lendemain, pour faciliter sa digestion, on lui fournissait de « l’eau, et, une fois, i lui est arrivé d’en boire une bouteille d’environ vingt « onces. Cette dernière circonstance laisse beaucoup de douies dans l'esprit de vos commissaires ; car la plupart des serpens ne boivent pas, ils n’ont pas besoin de boire; leur proie, toujours avalce vivante, porte avec elle assez d’humeurs liqui- des, pour faciliter la digestion. D'ailleurs, leur laugue vibratle, étroite, pourrait à peine leur permettre d’humecter leur bouche, et lorifice de leur glotte, située dans la bouche, ne paraît pas pouvoir permettre la déglutition des liquides. Après 46 jours de traversee, lors d’une relâche à l’Ile-Bourbon, le serpent fut trouvé roulé sur lui-même en une spirale en pyramide au sommet de laquelle on apercevait sa tête. LL était tapi sur ses œufs, qui formaient une sorte de chapelet, agelutinés et lies les uns aux autres par des sortes de membranes, comme cela à lieu le plus ordinairement. En dérangeant le serpent, pour examiner ces œufs, M. Lamarepicquot s’aperçut d’une augmentation notable dans la chaleur de l’ani- mal, qu'il compara à celle d’une poule qui couve. Sur ce fait encore, vos commissaires ne peuvent partager l’opinion de l’auteur, qui pense que cette mcubation du serpent est analogue à celle des oiseaux gal- linaces , qui , à celte époque, sont tourmentés d’une fièvre chaude. On saït que le mode de la circulation et de la respiration de ces reptiles les soumet à une tem- pérature variable comme celle du milieu dans jequel ils sont plongés; et que, dans cette circonstance, en particulier, plusieurs œufs ecrases, l’eau et les matié - | res des déjections de l'animal, répandues sur le foin de la litière, ayant déterminé une véritable fermentation putride, l'air contenu dans la caisse, et l'animal lui- même ont dû manifester une chaleur bien notable. Il n’est donc pas établi que le serpent ait développé de la chaleur, et, par suite, qu’il ait réellement couve ses œufs. Les doutes que nous venons de soulever, ne portent que sur les opinions émises par M. Lamarepicquot, car les faits même dont il a été témoin, et les ob- jets qu'il a soumis à nos observations, présentent beaucoup d'intérêt. Telles sont les observations sur les mœurs du serpent à lunettes, Naja Capello, des Portu- gais, et sur les effets de son venin. Ges détails confirment ceux qui ont été don- 38 E. ROUSSEAU. — Nouveau cartilage du larynx. nés par les voyageurs en Egypte et par Russel dans son ouvrage sur les serpens de la cête de Coromandel. Les procédés dent se servent les bateleurs pour accon- tumer ces animaux à se dresser et à se mouvoir en rond au son d’un instrument à vent différent cependant un peu. M. Lamarepicquot nous a fait connaître le moyen simple, à laide duquel il est parvenu à se procurer une quantité notable de l'humeur vénéneuse de plu- sieurs especes de serpens. Cette humeur recueillie et conservée sous l’état sec et hauide, afete transportéefa Paris; et quoiqu’elle ait subi une sorte de fermenta— tion putride, elle n’en a pas moins conservé sa propriété délétère, ainsi que s’en est assuré M. le docteur Breschet, qui a fait des expériences sur des animanx vivans. | Enfin, dans le memaire dont nous présentons l'analyse |, M. Lamarepicquot a enumere les vers intestinaux qu’il a trouvés dans les poumons et dans les cavites du tube intestinal de quelques espèces de serpens. L'auteur a mis sous les yeux À del’Académie, plusieurs flacons qui contenaient quelquesindividus de ces animaux parasites, mais 1] n’en à pas donné la description. [ls avaient besoin d’être etu- diés et comparés avec les espèces qui se trouvent sibien décrites et figurées dans. les trois ouvrages de Rudolphi, surles Entozoaires. En terminani ce rapport, nous proposons à l'Académie d'inviter l’auteur à ne citer que les faits dont il se sera bien assuré, lorsqu'il publiera les details du. voyage dans lequel 1l a fait preuve de tant d'activité et d'adresse, car les objets. d’art et d'histoire naturelle qu'il a recueillis et rapportés, sont vraiment éton- nans par leur nombre et le parfait état de leur conservation. Signé à la minute : Latraille, F. Cuvier et Dumeril, rapp- L’academie adopte les conclusions de ce rapport. Exrrair d'une lettre relative à un nouveau cartilage du larynx, adressée- aux rédacteurs par M. le docteur Emmaxuez Rousseau. M. Jean-Frédéric Branrnr, membre et directeur du Muséum zoologique et zootomique de l’Académie Impériale de Saint-Petersbourg, vient de publier dans. Je tome VI du Bulletin de la Societe Impériale des naturalistes de Moscou (annee 1833) une note ayant pour titre : « Sur le prétendu cartilage du Larynx de M. E. Rousseau. » À en juger par le titre de la note on pourrait croire que l’au- teur conteste le fait que j'ai signalé, c’est l'idée que j'avais eu d’abord; il n’en est rien cependant et M. Brandt, loin de contester l'existence du cartilage que j'ai fait connaître, réclame pour lui la priorité de l’observation; à cela je n’ai autre chose à répoudre que ceci : | Lorsqu’au mois de mai 1832 j'insérai dans les Annales des Sciences naturelles la découverte que j'avais faite d’un nouveau cartilage du larynx, je n'avais con- E. ROUSSEAU. — Nouveau cartilage du larynx. 3) naissance d'aucun fait analogue au mien, et je dus le regarder d’autant plus com- me ma propriete que l’observation datait de 1820 à 1822 et que les pièces qui en font foi avaient cte dès cette epoque déposées dans le cabinet d’Anatomie compa- ree du Museum: d'histoire naturelle de Paris. Aujourd’hui donc que M. Jean-Fredéric Brandt me conteste la nioiite de- cette découverte, je dois me borner à lui répondre: 1° que je n'ai point connu ses observations anatomiques quoiqu’elles datassent de l’année 1826, et qu'il les ait publiées, dit-il, dans une brochure ayant pour titre : Observationes anato- inicæ de mammalium quarundam præsertium. quadramonorum vocis instrumento. Berolini, 1826, 4° cum tab.æneæ (apud Herbig); 2° qu’en réalité ma découverte est antérieure à la sienne ,ayant reçu en outre une sorte de publicite par le de- pot que j'en fis dans les galeries du Museum ouvertes à une foule d’anatomistes français et étrangers qui, chaque jour les visitent et y étudient. Je crois donc avoir des droits à la priorité, quant au fait et quant au nom dont j'ai cru devoir distinguer ce cartilage nouveau. M. Cuvier lui-même qui eut connaissance de ce cartilage aussitôt que jele dé- couvris le regarda alors comme nouveau, et s’il eût connu un travail analogue, surtout celui d’un auteur aussi recommandable et aussi connu que M. Brandt, il n'aurait pas manqué de m'en avertir. Quoi qu’il en soit, je vous ferai observer que la forme donnée par M. Brandt aux cartilages qu'il dit avoir découverts et qu'il figure dans sa note n’est point celle que la plupart affectent, témom celui dont jai donné la description et que j’aiappelé du nom de Suwr-crico aryténcïdien et qui lui convient d'autant mieux, que c’est réellement la position et non la forme qu’il est essentiel dnsiquer, Je borne à ce peu de mots ma réponse qui, ainsi que vous le voyez, est aussi uvecspèce de réclamation, M. Brandtnes’en formalisera pas, je pense, puisqu’elle- lui explique l'ignorance où j'étais en 1832 de son travail qui avait paru en 1826; elle lui prouvera encore ce que la plupart des naturalistes savent très bien, que la négligence des libraires étrangers à envoyer à Poris tout ce quise publie chez eux nous expose à commettredes oublis très involontaires, qui, s'ils se réparent plus tard, nuïsent certainement beaucoup aux progrès de la science. 40 FLOURENS. — Sur la symétrie des organes vitaux. REcHERCHES sur la symétrie des organes vitaux, considérés dans la série animale, par M. Frourens, membre de l’Institut. Second Mémoire. $ I. 1. J'ai fait voir, dans un précédent mémoire (1), qu'il n’est aucun organe , même dans la vie organique, qui ne se montre parfaitement symétrique dans un animal ou dans lautre;, et qu'ainsi la symétrie, même pour ces organes, constitue la loc générale de l’économie. 2. Mais d'où. vient que ces organes manquent plus souvent à la symétrie ‘que ceux de la, vie animale? C’est là une question que j'ai à peine indiquée dans mon précédent Mémoire, et que je me propose d'examiner dans celui-ci. $ IL. 1. Or, on a déjà vu qu’un des principaux caractères des or- ganes dont il s’agit, est leur mobilité, ou défaut de position fixe; mobilité qui est telle qu'il n’est aucun d’eux qui se montre in- variablement assujéti, soit à un côté, soit même à une région du corps. his: | 2. Ainsi, le foie qui, dans les r77ammifères, occupe principa- lement le côté droit, occupe principalement le côté gauche dans les poissons ; il occupe également-les deux côtés, dans les oz- seaux, etc.; la rate, qui occupe le côté gauche dans les #1am- mifères, cccupe la ligne médiane dans les oiseaux, etc.; l'organe respiratoire, qui est intérieur dans les vertébrés aériens, devient extérieur dans les poissons, dans les mollusques, etc.; et, une fois devenu extérieur, il parcourt toutes les régions, se plaçant tantôt sur les deux côtés du corps, comme dans les phyllidies , dans les diphyllides ; tantôt sur les deux côtés du dos, comme (1) Voy. Revue encyclopédique , août 1832. FLOURENS. — Sur la symétrie des organes vitaux. A: dans les #7itonies ; tantôt autour de l'anus, comme dans les doris ; _ tantôt de chaque côté de la bouche, comme dans les sabelles, dans les serpules, etc. 3. On a déjà vu aussi qu'un autre caractere de ces organes est leur zo7-adhérence avec le corps proprement dit; non- adhérence qui est encore telle, que ces organes ne tiennent presque jamais au corps que par un simple intermédiaire. 4. Ainsi, le joie ne tient au corps que par ses replis suspen- soires ou par ses vaisseaux ; les intestins n’y tiennent que par leur rnésentère ; la rate ne tient pas même au corps, mais seu- lement à l'estomac ; le pancréas au duodénum ; les poumons sont suspendus et libres dans le thorax, etc. 5. Et l’on conçoit, comme je l'ai déjà dit, que, et de cette mobilité et de cette 2on-adhérence, il a dù nécessairement ré- sulter que ces organes, bien que tendant sans cesse vers une disposition symétrique, n'y parviennent néanmoins qu’autant que les dispositions des autres parties s'y prêtent et le per- mettent. 6. Mais, outre ces deux causes secondaires ou accessoires, il est une première et principale cause pour laquelle les organes de la vie organique manquent plus souvent à la symétrie que . ceux de la vie animale; et cette cause reste à indiquer encore. { $ ET. 1. J'ai déja établi, dans mon précédent Mémoire, ce que j'entends par symétrie dans les organes. Je nomme donc syné- rique tout organe, ou tout appareil, qui se compose de deux moitiés semblables , s'il est impair ou simple, ou de deux or. Pas semblables, s'il est pair ou double. . Winslow a très bien dit à propos des os, «qu xl y a des os « ds seuls sont symétriques, où qui ont une certaine régularité « réciproque de côté et d'autre »; et que, pour les autres os qui, .« pris séparément, n’ont point de symétrie, chacun d'eux, pris |. «avec celui qui lui répond de l’autre côté, fait une figure régu- « lière»; et ce que Winsiow a dit des os, on peut le dire de tous les autres organes de la vie animale : du cerveau, de la moelle 42 FLOURENS. — Sur la symétrie des organes vitaux: épinière, qui seuls sont symétriques, c’est-à-dire qui ont leurs deux côtés ou moitiés semblables ; de tous les organes du mou- vement, de tous les organes des sens. dont chacun, pris avec: celui qui lui répond de l’autre côté, ne fait que le répéter et le: reproduire, etc. 3. La syrnétrie de tout organe tient donc, comme je viens de le dire, ou à ce qu'ilse compose de deux moitiés semblables, s’il est simple, ou à ce qu'il se compose de deux organes sem- blables, sil est double. D'où il suit que tout organe symétrique est essentiellement double, c'est-à-dire composé de deux parties, qui, jointes où séparées, forment ou les de ie mottiés ou les deux organes semblables. 4. Tout organe n'est donc symétrique que parce qu'il est double, c’est-à-dire que parce qu'il se répète on de chaque côté de lui-même ou de chaque côté du corps ; et le corps lui-même tout entier n'est symétrique que parce qu'il est double, et que ses deux côtés se répètent et se reproduisent. (1) $ IV. 1. Dans la recherche des causes pour lesquelles les organes de la vie organique manquent pius souvent à la symétrie que ceux de la vie animale, le premier point est donc de savoir pourquoi tout organe n'est pas toujours double dans la vie organique, comme tout organe l’est, au fond, ainsi qu'on vient de le voir, dans la vie animale; en d’autres termes, tout organe étant double d’une manière ou de l’autre, c’est-à-dire ou par RATER Jointes ou par parties séparées, dans la vie ani- male, n’y a-t-il pas quelque fait général, quelque fait commun aux pe vies, auquel on puisse ratiacher le fait, particulier. à la vie organique, de la simplicité absolue de certains organes ? 2. Or, tout le monde, sait que c’est une loi commune à tous. les organes que leur simplification ou dégradation successive, (1) Grand fait qui a frappé de bonne heure, et avec grande raison , l'attention des physio- » logistes. Au fond, l'individu complètement normal, c’est-à-dire, comme je l’entends ici , double | dans toutes ses parties, résulte de la jonction de deux organismes semblables, et c ’est encore | par le concours de deux organismes pareils qu'il se perpétue. | | | CA ELOURENS. — Sur la symétrie des organes vitaux. 43 à mesure qu’on passe d’une espèce à l’autre dans Îa série ani- male, en parcourant çette série du bout supérieur à inférieur, ou, plus exactement, à mesure que, dans un type doriné, on passe des:animaux les plus élevés aux animaux les moins élevés de ce type. 3. Mais comment cette dégradation se fait-elle dans les deux vies? C’est là une question qui n’a été examinée encore, du moins avec quelque suite , que pour la vie animale. 4. Tout le monde sait, en efiet, que dans cette vie le squelette, par exemple, se dégrade des extrémités au centre; qu'il en est de même pour l'appareil musculaire de la locomotion, pour les organes des sens ; et qu'ainsi c'est toujours de l'extérieur à l’in- térieur, où des parties accessoires aux parties essentielles que se fait la dégradation. | 5. Mais ce qu'il importe surtout de remarquer ici, c’est que cette dégradation avance toujours du même pas pour chaque côté du corps. Ainsi, si une extrémilé, si un organe des séns, se dégradent d'un côté, cette extrémité, cet organe des sens se «dé: gradent également de l’autre; et si cette extrémité, cet organe des sers manquent d’un côté, ils manquent également de l'autre. La dégradation procède donc également des deux côtés dans la vie animale. 6. Or, il n’en est plus ainsi dans la vie organique; car, d’abord, la dégradation n'y attaque pas toujours également les deux côtés du corps ; et, ensuite, quand il y a défaut complet d’un organe, ce n’est pas toujours des deux côtés que ce défaut à lieu. 7. Ainsi, et comme on l’a déjà vu, il n’est presque pas d'appareil de la vie organique, qui, double dans la plupart des espèces, ne se montre simple dans quelques autres, comme, par exemple, le poumon dans quelques Ophidiens, dans quelques Mollusques, etc. ; le foie dans les Mammifères, etc. ; le cœur dans les Poissons, dans plusieurs Mollusques , etc. ; l'ovaire dans les oiseaux, etc. 8. Et cette réduction d’un appareil double à un appareil simple, ou de deux organes à un, est si bien le mode de dégra- dation où de décomplication propre à la vie organique, que, de même que pour les organes qui se décompliquent dans la vie * 44 FLOURENS. — oùr la symétrie des organes vitaux. animale, on peut suivre une certaine gradation, on peut la suivre aussi pour les organes qui se décompliquent dans la vie organique. | 9. Ainsi, et comme on l’a déjà vu encore dans mon précédent mémoire, parmi les reptiles ophidiens quelques-uns n’ont qu’un seulpoumnon,commeles 4mplhisbènes, comme les Rouleaux ,etc.; mais avant d’arriver à ceux-là, on passe par d’autres qui ont un poumon, plus la mnoitié de l’autre, comme les Boas; ou plus le tiers de lautre, comme les Ophisaures ; cu plus le quart de l'autre, comme les Scheltopusik, etc. Ainsi les Poissons, les Mollusques gastéropodes, etc., n’ont qu’un cœur, c’est-à-dire un seul ventricule et une seule oreillette, et mème les Mollusques brachiopodes n'ont. que des cœurs à un seul ventricule, sans oreillette ; mais avant d’arriver à ces animaux, on passe par d’autres qui, comme les Chéloniens, les Sauriens, parmi les Reptiles, les Acéphales parmi les Mollusques, ont un ventrieule a deux oreillettes, etc. 10. La réduction d'un appareil double à un appareil simple constitue donc le mode de dégradation propre à la vie organique; et ce mode de dépraduation explique tout à-la-fois et pourquoi ces organes ne sont pas toujours doubles, car il montre que l'un de ces organes peut manquer sans que l'autre manque, et pour- quais même quand ils sont doubles, ils ne sont pas toujours égaux ou complètement symétriques entreeux, car il montre que l’un peut se dégrader ou se décompliquer sans que l'autre : se dégrade ou se décomplique. $ V. 1. Par tout ce qui précède, on voit : 1° que la syrnétrie des organes n’est autre chose, au fond, que leur répétition où dualité; 20 que cette symétrie est d'autant plus complète que cette répé- tition où dualité est plus complète aussi; 3° et que les organes de Ja vie organique ne manquent plus souvent à la symétrie que ceux de Ja vie animale, que parce que ie mode de dégradation qui leur est propre a précisément pour effet de les soustraire à cette répétition ou dualité. FLOURENS. — Sur la symétrie des organes vitaux. 45 2. On voit, de plus, qu'à considérer l’ensemble des animaux, on peut reconnaître, pour tout organe de la vie organique, trois états distincts : le premier, celui de développement complet, et c'est celui où l’organe est double et parfaitement symétrique ; le second, celui de dégradation plus ou moins marquée, et c'est celui où l'organe d’un côté est plus ou moins altéré, c’est-à-dire plus ou moins inégal, plus ou moins irrégulier par rapport à l’autre; et le troisième, celui de dégradation complète, et c'est celui où l’organe d’un côté avorte ou manque complètement ; et l’on voit, à considérer toujours l’ensemble des animaux, qu’aucan de ces organes ne passe jamais de l’un de ces états à l’autre, c'est-à-dire , ou de l'état symétrique à l'état non symétrique, ou de l'état double à l'état simple, que d’une manière graduelle et suc- cessive. 3. Tout organe tend donc, si l’on peut ainsi dire, vers un état complet, état où il est double et symétrique ; et cette ten- dance est telle que dans les cas mêmes où il y a défaut complet de l'organe d’un côté à un certain âge, on peut encore, du moins pour certaines espèces, retrouver une trace de cet organe dans un âge moins avancé, comme par exemple du second oviducte dans les jeunes oiseaux, du lobe gauche du foie, ou plutôt d’un véritable foie gauche, dans les jeunes mammifères, etc. 4. Tout montre donc que la symétrie, ou la tendance à la symétrie, constitue l'essence méme, c’est-à-dire le cas général de tout l'organisme, et que l’irrégularitéou non-s3 métrie ne constitue jamais que le cas particulier et exceptionnel, résultat qui se rap- proche jusqu’à un certain point, comme tout le monde l’a déjà remarqué sans doute, de celui auquel est parvenu M. deCandolle, dans sa théorie célèbre sur la symétrie et l'avortement des par- ties dans les végétaux, et qui, par ce rapprochement même, montre encore mieux Jusqu'à quel point la symétrie tient à la nature intime et profonde de tous les êtres organisés. TO | SE 1. Mais, je n'ai considéré jusqu'ici que d’une marrière géné- 40 GAILLARDOT. — Æossiles de la Lorraine. rale les causes principales ou secondaires qui améënent la non- symétrie dans les différens organes de la vie organique. 2. il reste maintenant à voir comment chacune de ces causes agit sur chacun de ces organes en particulier; et ce sera l'objet d’un autre mémoire. OgsEervaTioNs sur les fossiles du calcaire conchylien de la Lor- raine, extraites d'une lettre adressée aux rédacteurs par M. GAILLARDOT /£s. Une description géologique de la partie méridionale des Vos- ges vient d’être publiée par M. Rozet, ingénieur-géographe au corps d'état-major, et cet habile observateur a jeté un nouveau jour sur ces montagnes de granit traversées par de vastes filons euritiques, et reposant sur les trapps. La position géologique de ces trois formations , bien distinctes quant à leur composition chimique et leurs caractères minéralogiques, était encore uné question, et vient enfin d’être déterminée par ses observations ; mais sa description s'est arrêtée au point où cesse le groupe des terrains primitifs, et il n’a dit que peu de mots des grands dépôts calcaires qui, dominant au rord-est de la chaîne des Vosges, et formant le reste dela Lorraine, viennent s'appuyer sur ces mon- tagnes. De ces dépôts calcaires, le moins important peut-être par sa puissance, mais au contraire le plus digne de remarque, tant par le grand nombre des fossiles qu’il renferme, que parce que ces mêmes fossiles n’ont point encore été décrits, et que la plu: part d’entre eux ne peuvent être rapportés à aucun des genres connus jusqu'aujourd’hui, le plus intéressant pour l’observateur, dis-je, est le calcaire conchylien, Muschelkalk des Allemands. C’est une chose digne de remarque, dit M. Brongniart, que cette génération rassembiée dans un terrain très peu puissant, qui d’une part est presque entièrement différente de celles qui se présentent immédiatement avant ou après elle dans les terrains GAILLARDOT, — Fossiles de la Lorraine. 47 supérieurs-et inférieurs, et qui de l’autre est presque entièrement composée des mêmes êtres organisés, et dans les parties méri- dionales de la France et dans les parties septentrionales de PAl- lemagne. En effet, le pr Lei conchylien est la première formation où serencontrent en aussi grande abondance des débris de reptiles d’une aussi grande taille, un aussi grand nombre de coquilles qui lui sont propres, et qui caractérisent d’une manière bien tranchée les couches tres distinctes dont la réunion constitue ce terrain. M. Omalius d'Halloy, dans ses mémoires sur la partie nord-est de la France, ne fait que les indiquer d’une manière assez vague. M. Elie de Beaumont, dans son intéressant mémoire sur les ter- rains secondaires des Vosges, en a assigné la position géologique et en a cité les principaux fossiles. C’est à la description détailiée de ces fossiles, à la recherche de leurs rapports avec les êtres organisés qui occupent la surface du globe, à leur classement, enfin à l'étude de leur importance pour caractériser les diverses couches qu'ils occupent, que je vais consacrer une série de mémoires. ÿ Le système des grès Disgraéss et celui des marnes keupriques qui recouvre le mmusetielhallee et qui occupe toute la partie nord- est de la Lorraine où sont exploités de riches mines de sel, où _se trouvent aussi des masses considérables de gypse, ne sont pas moins intéressantes à étudier ; au milieu de ces gypses, mon père a retrouvé sous une nouvelle forme la boracite, qui jusqu’à | présent n'avait encore été observée que dans les chaux sulfatés | dé Eunebourg et du Segeberg; peut-être lexistence de cette substance pourra-t-elle fournir quelques points d’analogie entre ces deux localités. Je consacrerai aussi ur mémoire à la description d’une colline volcanique que mon père a déjà signalée en 1818, la côte d’Essey. De nouvelles recherches y ont été faites : en les com- parantavec les observations faites il y a peu de temps sur les terrains volcaniques anciens, je parviendrai peut-être à expli- quer la présence de ce cône volcanique isolé au milieu de nos terrains, tous résultat de l’action des eaux. 48 GAILLARDOT. — Fossiles de la Lorraine. Possédant la riche collection recueillie sur les lieux par mon | père, les notices qu’il a écrites sur la géologie de la Lorraine, | enfin un grand nombre de notes et d'observations qui n'ont | point encore été publiées, je vais tâcher de faire une description | complète de nos terrains, ayant autant pour but de servir la | science que de rendre hommage à la mémoire de mon père, qui | le premier a appelé l'attention des géologues sur ces importantes | formations. b: | En 1820, mon père envoya à M. Cuvier les pièces les plus | importantes de la collection, mais elles n'étèient point encore | assez nombreuses; il n'y en avait point d'assez caractéristiques | pour pouvoir en définitivement dans l'échelle zoologique les ! débris de reptiles qui remplissent le Muschelkalk. Aujourd’hui | de nouvelles recherches ont été faites, des ossemens plus com- | plets ont été trouvés en assez grand nombre, sinon pourresti- | tuer le squelette entier, au moins pour voir qu’il n'appartient | à aucune espèce connue, pour en créer des genres nouveaux et les intercaler dans la nomenclature. Je vais commencer par en. faire une courte énumération, me proposant dans les mémoires suivans d'en donner des descriptions détaillées, accompagnées de dessins, et de me servir de leur présence dans les diverses couches de ces terrains pour les caractériser, et établir les di- verses époques auxquelles ont paru sur le globe ces trois groupes, du grès bigarré,muschelkalk et keuper, qu’un géologuea proposé | dans ces derniers temps de réunir dans une seule formation à laquelle il donnerait le nom de Trias. Aucuns débris de mammifères ni d'oiseaux ne se er dans le calcaire conchylien; mais les terrains d alluvion moderne qui les recouvrent ont présenté plusieurs débris d'éléphans tout-à-fait analogues à ceux qu’on retrouve encore dans les sa- bles du Rhin. Les débris de reptiles y sont au contraire très abondans, et caractérisent surtout les couches de ce calcaire; ce sont : Une mâchoire inférieure garnie de ses dents, et présentant son extrémité antérieure bien conservée, et assez analogue, par le renflement ovalaire qui la termine, à la mâchoire du croco- dile. (Collection de M. Mougeot.) | GAILLARDOT, — Fossiles de la Lorraine. 49 L'extrémité articulaire d’nne autre mâchoire inférieure, tout- à-fait la même que celle décrite dans Cuvier, Oss..foss., 5° vol., 2° partie. - Plusieurs têtes assez complètes, dont les dimensions moyennes pauxent être de un pied de diamètre antéro- iPestérIeur, sur Six à huit pouces de large. Elles feront l'objet d’un mémoire spécial. Un grand cubre de dents de diverses grosseurs, séparées des mâchoires, . Les vertèbres et les côtes sont très nombreuses, et ne different lesunesdesautres que par leurs dimensions,quisont très variables. Une des côtes, de vingt-deux pouces de long, est la plus grande qui ait été trouvée jusqu ‘à présent. Les côtes moyennes ont quel- ques rapports avec celles du Monitor : l’une d’elles à été décrite . dans Cuvier (ouvrage cité plus haut ). Des os coracoidiens, des humérus et des D. bien com- plets ont aussi été trouvés, et appartiennent à un genre voisin des ichtyosaures et des plésiosaures ; un des pubis est analogue à ce- lui du plésiosaure décrit par Conybeare. Enfin un grand nombre d’ossemens de diverses formes, de diverses dimensions, paraissant appartenir aux extrémités des membres, et des écailles ressemblant assez à celles du crocodile de Caen (Cuvier), viendront compléter le squelette de ces rep- tiles. Des fragmens de carapace de tortue, de plastron de tryonyx , des os des membres ont été trouvés en assez grand nombre pour créer un nouveau genre de chélonées bien différentes de celles trouvées à Maëstricht, et de celles qui vivent encore ac- tuellement. Enfin des fossiles tout-à-fait semblables aux copro- lites de Buckland s’y trouvent aussi. Poissons. — Avant que M. Agassis ait visité la collection de mon père, ce dernier n’ayant point fait une étude spéciale des poissons, n'avait pu encore déterminer les nombreux débris de ces animaux qu'il avait recueillis, M. Agassis les a classés ainsi qu'il suit : | Dents maxillaires et pharyngiennes d'un nouveau genre, au- quel M. Agassis a donné le nom d'Acrodus Gaillardoti; dent an- _térieure symétrique impaire de l’'Hybodus plicatilis on longconus; IL, Zoor. — Janyier, 4 50 E. BENNETT.— ur un Mammifère de Madagascar. dents latérales antérieures canines, fausses molaires et molaires de la même espece. | | Premiers rayons des nageoires dorsales du même, ainsi que d’une autre espece d’Hybodus analogue à celle trouvée dans les calcaires de Caen, présentant deux séries de dentelures alternant entre elles, tandis que dans celui de Caen elles sont toutes sur la même ligne. Dents palatines d’un PANNE de la famille dés Picno- dontes. Dents pharyngiennes et maxillaires du Placodus gigas ; écailles de la première série, et des parties latérales moyennes et de Ja queue du Ptycholepis Alberti; écaille d’une espèce nouvelle de Ptycholepis, que M. Agassis suselll Maximus. Mollusques. — Outre les espèces déja” citées dans les divers auteurs qui ont décrit le Muschelkalk, j'en he environ une douzaine de nouvelles non encore débriteé Rhyncolites. — Deux espèces : l’une à laquelle on a donné le nom de mon père, Rhyncolites Gaillardoti, et la Rhyncolites Hirundo. Les débris d'animaux articulés y sont en très petit nombre; deux espèces seules y ont été trouvées ; ce sont le Palinurus suerii et le Gonoplace de Latreille, décrits dans Desmarets. Les végétaux y sont extrêmement rares : le seul qui y ait été trouvé est un névroptère auquel on a donné le nom de mon père, Nevroptera Gaillardoti. Desscriprion d’un Marnmifère de Madagascar formant un nou- veau genre dans la tribu des Civettes (genre Cryptoprocta), par M. E. BENNETT (1). (Extrait.) Ce carnassier nouveau a la langue rude, deux dents tubercu- leuses à la mâchoire supérieure et tous les autres caractères (1) Transactions ofthe zoological society of London, vol. 1, part. 11, p. 135, tab. 14. E. BENNETT. — Sur un mammifère de Madagascar. 5: qui distinguent les civettes des chats d’une part, et des chiens de l’autre ; il se rapproche des premiers par ses ongles retractiles et ressemble aux Paradoxurus par la nudité de la plante de ses pieds et par les membranes qui unissent ses doigts dans presque toute leur longueur ; du reste, sa queue ne parait pas devoir s’en- rouler en spirale comme chez ce dernier, son poil est court, serré et lisse et son anus est entouré d’une poche assez profonde. L'individu décrit par M. Bennett est un jeune n'ayant encore que des dents de lait. Ces dents sont disposées de la manière sui- vante : à la mâchoire supérieure six incisives, dont les quatre intermédiaires petites et les deux externes ressemblent un peu à des canines; de chaque côté une canine placée à quelque distance de grandes incisives et deux fois aussi longue qu’elles ; deux petites fausses molaires suivantimmédiatement les canines; une carnassière grande, comprimée et armée de trois tubercules; enfin une tuberculeuse irrégulièrement triangulaire derrière lesquelles on aperçoit dans le bord alvéolaire une cavité renfer- mant les rudimens d’une seconde tnberculeuse, ou cinquième molaire. À la mâchoire inférieure, six incisives presque égales, et de chaque côté une forte canine, deux fausses molaires, une carnassière armée de quatre tubercules disposés longitudinale- ment,et une tuberculeuse également armée de quatre tubercules pointus;, un élargissement de los montre que le germe d’une cinquième molaire existe ici comme à la mâchoire supérieure. Ce petit carnassier, auquel M. Bennett a donné le nom de Cryptoprocta Ferox, avait treize pouces et demi (mesure an- glaise ) du bout du museau à la racine de la queue, et l’auteur fait remarquer que ce pourrait bien être la même espèce que celle décrite par M. F. Cuvier , sous le nom de Paradoxurus aureus. B R. OWEN. — Anatomie des Térébratules, etc. Mémoire sur l'anatomie des Mollusques Brachiopodes (Cuv.) et plus spécialement des Térébratules et Orbicules, par M. R. Owen. (1) C'est à Cuvier qué nous devons la connaissance du type intéressant de l’apparéil respiratoire propre à certains mollus- ques bivalves, dans lequel le manteau sert en même temps à la sécrétion de la coquille, à protéger les viscères qu'il recouvre immédiatement, et à opérer l’oxigénation des liquides nourri- ciers. Ce fut en disséquant la Zingula Anatina qu'il découvrit ce mode de structure; et ce travail, l’un des plus anciens de son illustre auteur, forme le sujet du premier mémoire qu'il inséra dans les Annales du Museum. Il constata que, dans la place oc- cupée par les branchies chez les bivalves ordinaires, il existe chez la Lingule , au lieu de ces organes , deux bras ou tentacules ‘frangés et contournés en spirale, tandis que les branchies elles- mêmes sont disposées en lignes parallèles et obliques sur la face in- terne des deux lobes du manteau; que ces lobes présentent de gros vaisseaux servant à recevoir le sang venant des organes respiratoi- res ; enfin que ces vaisseaux (ou veines branchiales) aboutissent à deux cœurs qui sont disposés symétriquement, et qui consti- tuent ainsi un nouveau type de l’appareil circulatoire corres- pondant à la modification FAR par les organes de la res- piration. Cuvier établit une classe fines pour les mollusques qui offrent ce mode d'organisation, et considérant les bras frangés comme remplaçant le pied des moules, etc., il désigna ce grou- pe sous le nom de Brachiopode. L’analogie qui existe entre les Térébratules et les Lingules sous le rapport We leur mode d’adhérence aux corps étrangers, et les notions imparfaites que ce savant a pu obtenir relativement à la (x) Traduit de l'anglais ( Transactions ofthe Zoological Society), vol. 1, deuxième pe | pl. 22 et 28. Ry OWiN. —, Anatomie des Terebratules, elc. 53 structure des parties molles des.premières le portèrent à conclure queleurs organes respiratoires étaient placés de lamêème manière, et queles parties regardées par Lamanon (1) et Walsh (2)comme étant les branchies des Térébratules n'étaient, dans la réalité, .que les analogues des bras frangés des Lingules. Une chose assez singulière c’est que, ni dans les mémoires. dont nous venons de parler, ni dans aucune des éditions du règne animal, Cuvier ne mentionne la description concise que Pallas avait déjà donnée de l’animal de la Térébratule dans ses Miscellanea Zoologica (3). Sous l’ancien nom d’AÆnomia ( qui devrait être conservé, le caractéristique linnéen n'étant appli- cable qu'aux espèces récentes ), Pallas fait connaître la position resserrée des viscères, et décrit les bras avec sa minutie et son exactitude ordinaires, mais il les regarde comme des branchies et les compare à celles des poissons (piscium branchiis simillima }; il énumère aussi trois paires de muscles appartenant à la coquille et indique la position de la bouche et de l'estomac, mais non celle de l'anus ; quant au manteau, il appelle periosteumn proba- blement à cause de son adhérence intime à la coquille. Une autre description de la structure des Térébratules a été donnée par M. de Blainville dans le dictionnaire des Sciences naturelles. Après avoir fait remarquer le caractère symétrique des parties molles et leurs rapports généraux avec la coquille, il parle des bras, et, préférant l’opinion de Pallas à celle de Cuvier , les considère comme des organes de respiration; du reste, il n’ajoute rien à ce que Pallas avait déjà ditrelativementau canal digestif et au foie. M. de Blainville suppose que les bras ont la faculté de saillir au-dehors , quoiqu'à un moindre degré que ceux des Lingules, et contribuent ainsi à ouvrir la co- quille ; quant à l'appareil musculaire des Térébratules, il pense qu’une partie est propre à la masse viscérale, et il lui a été im- possible de distinguer plus de deux paires de muscles apparte- nant aux valves; il les décrit comme se fixant aux valves par (1) Voyage de La Pérouse, p. 146. (2) Naturforsch, t. tr, p. 88.- (3) Page 182 (Anonciarum Biga), 54 R. OWEN. — Æ{nalomie des Térébratules , etc. leurs deux extrémités, mais il ajoute que probablement une par- tie de leurs fibres peuvent traverser l’orifice de la valve perforée ou s'attacher à la membrane qui bouche cette ouverture. Enfin, d’après ce que l’on savait de l’organisation de ces Mollusques, et d’après la conviction que les branchies n’adhéraient pas au manteau, il regarde le genre Térébratule comme intermédiaire aux vraies Pallicbranches (Lingules), et aux Bivalves Lamelli- branches. MU T : Dans la dernière édition du règne animal, Cuvier persiste dans son opinion primitive relativement à la nature des appen- dices labiaux frangées ou pectinés des Térébratules, car il les appelle toujours des bras. Ce qu’il dit des muscles des valves n’est pas-plus exact que la description qu’en avaient donnée les autres auteurs, car, à l'exception d’uneseule paire, cesorganes ne se portent pas d’une valve à l’autre; il décrit les ovaires comme étant des parties-ramifiées adhérentes à chaque valve, mais il émet des doutes relativement à la position des branchies. L'intérêt qui s'attache aux Térébratules sous le rapport zoo- logique aussi bien qu’anatomique, et cette divergence d'opinion sur les organes les plus importans de ces Mollusques, me firent saisir avec empressement l'occasion de les étudier, que M. Cu- ming me fournit en m'envoyant un individu petit, mais bien conservée, de la Térébratule Chilienne ( Th. Cluliensis Brod ). Je lui dois aussi bien des remercimens pour une collection nom- breuse de Mollusques rares et intéressans. L'examen de ce jeune individu de la Térébratule Chilienne me porta d’abord à penser que les matières coagulées contenues dans les veines branchiales pouvaient avoir été prises pour des œufs; mais ayant reçu depuis lors, par les soins du capitaine P: King, trois individus adultes, dont deux appartenant à autant d'espèces différentes de Térébratules (1), et ayant disséqué récemment un individu de la Térébratula psittacea(Brug), trouvé par l’'intrépide et savant voyageur Ross (2), j'ai constaté que dars des indi- (1, Ter. Dorsata Brug. et Ter. Sowerbii, King. Zoological Journal ; vol. v, p. 338. (2) Ce mollusque fut pêché à une profondeur de 22 brasses près du Havre-Félix, par 70 de latitude nord, sur la côte Est de la péninsule de Boothia. R: OWIN. — Anatomie des Tércbratules, etc. 50 vidus desséchés, lorsque le manteau adhère à la coquille, la position des ovaires devient effectivement telle que Cuvier l'avait observée. | C'est l'étude des matériaux dont je viens de parler qui m'a fourni les résultats suivans sur l'anatomie des Térébratules. Lorsqu'on sépare et qu'on détache les valves de ces Mollus- ques, les parties molles apparaissent comme on les a représen- tées dans la planche 1, fig. 5, 6,14 et 15. Les bras etles viscères, de même que chezles Lingules, sont renfermés entre les lobes du manteau qui s’adaptent exactement à la surface interne des valves correspondantes, et adhèrent si bien qu’on ne les en dé- tache qu'avec quelque peine. Le lobe du manteau correspondant à la valve perforée, est traversé longitudinalement par quatre gros vaisseaux (pl. 1, fig. 5 et 7, #2); l’autre lobe est également traversé par deux vaisseaux semblables (fig. 6 et 8,72); cettr disposition se rencontre dans tous les individus. Les bords du manteau sont épaissis, de rnême ‘que chez les Bivalves Lamellibranches ordinaires; mais cela dépend moins de leur contraction que d’une structure particulière dont nous _parlerons bientôt. Dans les Lingules et les Orbicules, ces bords sont ciliés de la manière la plus belle et la plus distincte, mais chez les Térébratules les cils maroinaux sont si petits qu'on ne les aperçoit qu’à l’aide de la loupe. À la partie postérieure de chaque lobe, on voit les extrémités épanouies des muscles ; ceux fixés à la valve perforée sont plus proches de la charnière que la paire antérieure de la valve op- posée. Chaque disque musculaire ovalaire est composé de deux muscles, l’un antérieur, le plus grand, l’autre postérieur plus petit. On peut distinguer aussi à travers le manteau transparent, Jes bras ciliés et reployés, ainsi que le foie qui est verdâtre, fol. liculeux , etloge entre et autour des muscles. | Comme la masse viscérale n'occupe que fort peu de place, près de la charnière, les lobes du marteau des Térébratules peuvent être reployés dans une étendue beaucoup plus grande que chez la Lingule, et en examinant ainsi leur surface interne on aperçoit une autre différence importante entre ces deux Mol- lusques. Chez les Lingules, les branchies consistent, comme l'a 56 R. OWEN. — _Ænatômie dés Térébratules, etc. observéCuviér,en des appendices vasculaires, étroites etallongés, qui sont fixés à la surface interne des lobes du manteau; tandisque chez les Térébratules on n’y distingue queles troncs veineux déjà mentionnés. Dans le petit individu que M. Cuming m'avait donné, ces vaisseaux, étant distendus par du sang coagulé, s'apercevaient assez bien à la face externe du manteau, mais à la surface opposée on voit bien plus distinctement qu'ils naissent des bords du man: teau par des branches nombreuses dont la réunion produit, à environ deux lignes de ce bord, les gros troncs déjà décrits ; leur volumé montre de prime abord qu’ils ne sont pas destinés uni- quement à contenir le sang qui à servi à nourrir le manteau. Près de la masse viscérale, les quatre vaisseaux du lobe perforé du manteau se réunissent pour former deux troncs qui pässent en dehors des disques musculaires, et s'étant joints à ceux du côté opposé, pénètrent dans les deux cœurs, ou sinus dilatés, qui sont situés en dehors du foie, et qui, dans le 7° Chilensis et le T. Sowerbii , se trouventimmédiatement entre les bases de l’anse calcaire interne. À l’aide du microscope on distingue beaucoup de petits vaisseaux qui Correspondent aux veines branchiales et qui paraissent être dés artères branchiales; ils marchent paral- lèlement à la veiné branchiale médiane, et se terminent dans le bord palléal d’où naissent les veines. Ces bords, vus avec un grossissement considérable, paraissent froncés à des distances : FES IMENES et cette disposition semble due à des cils qui naissent à une distance du bord du manteau, égale à celle dans laquelle ils le dépassent ; dans les espaces situés entre ces cils, le: bord du manteau est finement frangé, et en dedans de cette frange on voit un canal qui parcourt toute la circonférence du man- teau et qui paraît donner naissance aux veines branchiales; dans les points où les cils s’y insèrent, ce canal marginal est contracté, ce qui y donne une apparence boursouflée analogue à celle du canal de Petit, dans l’œil humain. Les résultats constans de mes observations sur toutes les Té- rébratulés dont j'ai pu disposer, m'ont convaincu que le man- teau vasculaire est lé principal, sinon l'unique organe de la respiration ; l’utilité des cils marginaux, relativement à cette fonction, est facile à comprendre depuis qu’on reconnaît la fa: R. OWEN. — Anatomie des Térébratules, elc. é culté queies à x bre de cette nature possèdent de déterminer des courans à direction constante dans l’eau ambiante; décou- verte dont on est redevable aux observations du docteur Grant (1), du docteur Sharpey (2) et de M. Raspail. (3) Dans plusieurs espèces des Térébratules, la valve non per- forée est remarquable, comme chacun le sait, par l'existence d’un appareil testacé particulier, fort complexe et extrêmement, délicat, qui est fixé à sa face interne. Or, dans les individus vi- vans dont j'ai examiné les parties molles, cet appareil, lorsqu'il existait, donnait attache aux bras, il est par conséquent nécessaire de les décrire avant que de parler de ces derniers organes. La pièce principale de cette espèce de squelette intérieur, consiste en une anse calcaire mince et aplatie, dont les extré- mités sont fixées aux bords latéraux élevés de la charniere; les branches de cette anse divergent d’abord, mais ensuite se rap- prochent a mesure qu’elles s'avancent vers le bord opposé de la valve, puis se tournent brusquement vers la valve perforée, et se recourbent sur elles-mêmes dans une étendue plus ou moins considérable suivant les espèces. Lorsque l’anse est tres courte et étroite, comme dans la Ter. Vitrea (Brug.), on ne re- marque que peu de tendance à cette position réfléchie; mais lorsque l’anse est longue et large, comme dans la T'er. Chilensis, la Ter. Dorsata , la Ter. Dentäte, dans la Ter. Sowerbi, cette courbure est considérable. En général, cette anse ne se fixe pas seulement par l'extrémité de ses branches, mais aussi par deux apophyses qui naissest à angle droit de ses côtes, ou qui sont formés par la bifurcation d’une apophyse médiane laquellese prolonge en avant, plus ou moins loin de la charnière; quelquefois cependant, comme dans la 7er. V’itrea, elle est entièrement libre. J’ai repré- senté chez la Ter. Chilensis (4), la Ter. Sowerbii (5), cette anse formant deux courbures de chaque côté de la ligne médiane, vers lesquelles leur connexité est dirigée; M. de Blainville l’a (1) Edimb. phit. Jour. , vol. xv, p. 150.-— Brewsters journal , vol. VI, P. tar (2) ÆEdimb. jour. of nat. and geor. science, vol. 11, p. 334, (3) Chimie organique, p. 247. , (4) Fig. 4. (5) Fig. 16. 58 R. OWEN. — _Ænatomie des Térébratules, etc. également figurée avec cette forme chez la Ter. Dentata {1), et le même appareil dans la Ter. Dorsata a été bien représenté par Chemnitz (2), par Sowerby (3) et plus récemment par G. Fischer de Waldheim (4); enfin les planches de Poli le montrent aussi dans d’autres espèces de Térébratules. (5) Les arcs de cet 2ppendice sont si minces, que, malgré bu structure calcaire, ils possèdent une certaine Sade et ce- dent un peu à Ja pression; mais par la même raison ils se rom- pent facilement. L'espace compris entre les deux courbures de l’anse calcaire est occupé par une membrane forte , mais exten- sible, qui les-unit, et forme une cloison protectrice pour les viscères; l’espace compris entre les branches de l’apophyse bi- furquée dans la Ter. Chilensis est également rempli par une De aponévrose. Dans cette espèce, le pédoncule ba de chaque bras est fixé à la face externe de l’anse et à la membrane intermédiaire; ces pédoncules naissent de l’apophyse pointue située près de l’ori- ginedel'anse, s’avancent le long de la portion inférieure de celle- ci, tournent autour de sa portion supérieure, et continuent a la suivre jusqu'à ce qu'ils atteignent la commissure transversale, puisse dirigent encore enavant, et se terminent par un demi-tour de spirale au-devant de la bouche; ce sout ces extrémités libres qui forment le troisième bras indiqué par Cuvier (6). Ces bras sont ciliés sur le bord extérieur dans toute leur longueur; mais les cils sont plus longs, beaucoup plus fins que les franges bran- chiales des lingules, et sont uniformément droits, excepté vers la pointe, où ils présentent une légère courbure, Il y a ainsi une différence importante entre la Lingule et les Térébratules sem- blable à la Ter. Chilensis, sous le rapport de la faculté motrice dont les bras sont doués ; car à raison de leur adhésion à l’anse calcaire, ces organes ne peuvent pas se dérouler au-dehors comme (1) Malacologie, pl. 51, fig. t, (2) Conchyl. band. vuir, tab, zxxvini, fig. max (8\ Genera. of shels. (4) Notice sur la charpente osseuse des Térébratules, fig, 3. (5) Testacea utriusque Siciliæ , vol. 11, pl. xvr. (6) Rég. anim. , nouv. éd. , & T7, p. 171. R. OWEN. — Anatomie des Térebratules, etc. 59 chez la Lingule.Ce mode d'attache et leur structure ciliée contri- buërent à induire les premières observateurs en erreur relative- ment à la véritable nature de ces organes, bien qu'elle paraisse ne pas avoir échappée à Linné qui, ainsi que l'observe Cuvier, prit pour base des caractères de l'animal des Ænomia le mode de structure de l’une des espèces dont on a fait le genre Térébra- tule. (1) Chez la 7r. Chilensis, les bras, lorsqu'on les a séparés des appendices qui les portent, et qu'on les a étendus, dépassent des _ deux tiers la longueur de la coquille; leur longueur est à leur largeur comme 8 à 1. Leur tige, d’où naissent les els, n'ayant pas à exécuter des mouvemens comme chez la Lingule, est beau- coup plus étroite, et les cils, afin de déterminer dans l’eau am- biante des courans convenables, sont proportionnellement agrandis. Ces courans étant dirigés entre les replis des bras vers la bouche, comme vers un foyer commun, y portent les parti- cules alimentaires, qui s'y trouvent ensuite retenues par lespece de crible formé par les cils croisés de l’appendice terminal placé au devant de cette ouverture; cet appareil est, il est vrai, en ap: pareñce moins parfait que chez la Lingule, mais il est en rapport avec le résultat nécessaire pour Palimentation d’une masse aussi petite que celle du corps de la Térébratule. La tige musculaire, à raison de son insertion sur l’anse calcaire, pent agir sur cet organe en autant que l'électricité de celui-ci le permet, et produire ainsi dans sa portion réfléchie une courbure assez forte pour la faire presser sur la valve perforée, et pour éloigner un peu celle-ci de la valve opposée. Cet appareil élastique rempht, en cela , l'office des bras épais et protractiles qui, chez la Lingule, écartent les valves, et tient également lieu des fibres élastiques qui consti- tuent le ligament de la charnière chez les bivalves ordinaires ; son jeu paraît être la seule cause de l’écartement des valves de ce moliusque et des autres Térébratules analogues. . Dans les espèces où l’anse calcaire n’existe pas, comme dans (1) ANomIa ancinal corpus LiGuLA emarginata ciliata, ciliis valvulæ superiori affixis. Bracaus 2, linearibus, corpore longioribus conniventibus, porrectis ; vulvuliæ allernis, utrinque ciliatis, ciliis affxis valvulis utrisque. Syst. nat. (ed. x1r), Vol. #, pars. 2, p. 1150. 6o R. OWEN. — Analomie des Térébratules , etc: la Ter. rubicunda (Sow.), on trouve une disposition particulière destinée à la remplacer; lextrémité fourchue de l'apophyse calcaire centrale est très développée, etses branches peuvent être rapprochées ou éloignées l’une de l’autre dans une étendue suffi- sante pour agir à la manière de l’anse des Térébratules normales. Dans la Ter. vitrea cependant, l'anse, quoique parfaite, est trop petite pour pouvoir être amenée à presser sur la valve per- forée, comme je crois qu’elle le fait chez les espèces qui sont plus déprimées, telles que la Ter. dorsata,la Ter.dentata, la Ter. Sowerbit et la Ter. Chilensis , chez lesquelles elle est très déve- loppée; il est par conséquent probable que dans cette espece les bras présentent une disposition différente et sont plus protrac- tiles, afin de suppléer au peu de développement du squelette Interieur. | | C’est par une modification semblable de la structure des par- ties molles, que l'ouverture de la coquille est déterminée dans la Ter. Psittacea. Dans cette espèce, le squelette intérieur est ré- duit à deux petites apophyses, légèrement courbées en dehors, qui s'élèvent des côtes de la charnière de la valve imperforée. Deux bras courbes en spirale, et frangés sur leur bord extérieur comme dans les autres espèces, mais entièrement libres, excepté à leur base, naissent de cesappendices(fig. 14*); dans l’état de contrac- tion , ils décrivent six ou sept tours de spire qui décroissent vers l'extrémité, et lorsqu'ils sont complètement étendus, ils dépas- sent la coquille de deux fois son diametre longitudinal. Les cils sont plus courbés que dans la Ter. Chilensis, et la tige qui les supporte est plus musculaire. Le mécanisme au moyen duquel les bras s'étendent, est très simple et très remarquable : leur tige est creuse d’une extrémité à l’autre, et remplie d’un liquide qui, étant comprimé par les fibres musculaires circulaires dont les parois du canal se composent, est pressé avec force vers l'ex. trémité des bras et les redresse. L'opinion que je me suis formée touchant les usages de lap- pareil calcaire complexe qui se trouve à l’intérieur de la Ter. Chilensis et de ses congénères, fut d’abord ébranlée lorsque je vis que ces appendices manquaient dans les espèces d’une forme plus globulaire, comme la Z'er. F'itrea, la Ter. Rubicunda et la R. OWEN. — Anatomie des Térébratules ; etc. 6: Ter. Psittacea ; où, pour agir sur les valves, ils auraient dû être plus développés que d'ordinaire; mais les rapports qui existent entre les parties molles et l’anse, telles que nous les avons vues _ chez la Ter. Chilensis, montrent que l'accroissement de ces or- ganes dans les espèces globulaires aurait été incompatible avec la proportion si limitée des parties molles, caractéristique de tout le genre des Térébratules, et par conséquent le bäillement de la coquille s'effectue par d’autres moyens. Il est aussi digne de re- marque que cette forme renflée est donnée aux espèces dont les valves sont les plus faibles , afin de les rendre propres à résister à la pression des objets environnans, tandis que dans les Ter. dentata, dorsata, Sowerbii et Chilensis, où la valve imperforée est plus ou moins aplatie, toute la coquille est caractérisée par une épaisseur et une force plus considérables. Observés au microscope, les cils des bras paraissent avoir une texture cornée, transparente; la tige musculaire ne parait être accompagnée d'aucun tronc vasculaire, dont l'existence n’aurait pas manqué si le sang de l'animal devait traverser cette partie pour se revivifier. L'absence des conditions d'organisation né- cessaires pour que les bras puissent être des branchies, et d’un autre côté le mode de structure des lobes du manteau que nous avons déjà fait connaître, ne laissent aucun doute sur la dispo- sition de l'appareil respiratoire. Deux paires de muscles naissent de chaque valve : ceux de la valve imperforée ont leur origine à une certaine distance lun de l’autre ; ceux de la paire antérieure s'élèvent immédiate- ment en arrière du milieu de la valve; ïils sont charnus, et bientôt se réduisent à de petits tendons brillans qui convergent et s'unissent sous l'estomac, puis se séparent de nouveau et traversent l’ouverture de la valve perforée pour aller sefixer dans Je pédicule. Les muscles de la paire postérieure sont très courts et entièrement charnus; ils naissent des dépressions latérales de Ja base de l’apophyse centrale de la charnière, et vont s’insérer dans le pédoncule. Les muscles de la valve perforée sont placés si près les uns des autres qu’ils ne font de chaque côté qu'une seule impression musculaire (fig. 3). Ceux de la paire antérieure se terminent bientôt par de petits tendons qui se fixent à la base (02 R. OWEN. — _Ænailcmie des Térébratules , etc. de ia valve imperforée; les postérieures se rendent exclusivement au pédoncule. | | Le pédoncule est entouré, excepté dans les points où il est fixé à des corps étrangers, par un prolongement tubulaire des lobes supérieurs du manteau. Lorsque cette membrane est enle- vée, la surface sous-jacente parait lisse, et ses fibres, lorsqu'on les sépare, ont un peu du brillant du tissu tendineux dont il paraît composé; à son extrémité, ces fibres sont en partie décom- posées; elles deviennent noires et se séparent irrégulièrement, de facon à fournir une base élargie pour l'insertion de cet appendice. Le canal alimentaire commence par une petite ouverture buccale transversale et froncée (a fig. 12), située comme nous avons déjà dit, immédiatement en arrière des extrémités re-_ ployées du bras, et vis-à-vis de la ligne médine de la valve periorée. L’œsophage, après avoir traversé {a membrane dont les viscères sont entourés, se courbe un peu sur lui-même, et s'avance ensuite directement vers la valve opposée, puis s’é- largit tout-à-coup en un grand estomac ovalaire sur les côtés duquel naissent des canaux rameux qui se rendent aux fol- licules hépatiques. L'intestin retourne vers la valve per- forée, s'incline un peu à droite, et présente une légère courbure avant que de traverser la membrane enveloppante pour aller se terminer de ce côté, entre les lobes du manteau. L’en- semble du canal alimentaire forme ainsi une anse dont la con- vexité est tournée vers la valve imperforée ou supérieure. Cette description est faite d’après la Térébratula psittacea. Le foie est une glande volumineuse d’une couleur verdûtre, et d’une texture folliculaire; il forme deux masses principales, situées de chaque côté du canal alimentaire, et entre les deux arches latérales de lPanse calcaire, du moins dans les espèces qui possèdent cet appendice. Je n'ai pu découvrir dans aucun des individus soumis à mon observation, la moindre trace de glandes salivaires : tout le tissu glandulaire en connexion avec le tube digestif offrait la teinte verdâtre propre au foie. Dans la T. Psittacea les ramifications des follicules hépathiques res- semblent à celles de la Gorgonia flammes; les poches terminales, vues sous une lentille puissante présentent distinctement sur R. OWEN. — _Ænalomice des Térebratules, etc. 63 leurs parois, le réseau fermé par les petites artères et veines hépathiques. Dans les deux grands échantillons de la 7. Sowerbii, les * œufs étaient logés au dehors du foie, et s'étaient aussi insinués entre les, feuillets des Icbes palléaux, très près des vaisseaux branchiaux qu'ils entouraient en partie. Il est probable qu'ils sont expulsés ainsi du manteau, après avoir été préalablement exposés à l’influence des courans branchiaux. C’est leur pré- sence dans cette partie, lorsqu'ils ont acquis ce degré de dé- veloppement, qui a contribué à empêcher de reconnaitre Jusqu'ici le mode d'organisation du manteau, quirend cet organe propre à servir à la respiration; mais si l'on examine des in- dividus assez jeunes on distingue les vaisseaux branchiaux, sans que ceux-ci soient, cachés par des œufs (/£g. 5 a 9). Dans le T. Psittacea, les œufs étaient très distincts et arrangés en anses | allongées, mais ne s’étendaient pas autant sur le manteau que dans la Sowerbi ; is faisaient saillie à la surface externe du manteau. On n'a pu rien découvrir d’indicatif de lexistence d'une organe mâle, et par conséquent la génération des Téré- bratules, comme celle des bivalves acéphales ordinaires, doit être considérée comme l'espèce la plus simple d’hermaphrodisme. La manière la plus commode de disséquer une Térébratule ma paru être de couper transversalement la valve perforée de façon .à laisser j’ouverture et le pédoncule adhérens à la valve opposée ; par ce moyen on voit facilement la disposition des muscles et les parties délicates situées au-dessous sont moins exposées à être dérangées que si l’on essayait de séparer la valve en entier. | Sur l’ Anatomie des Orbicules. Le seul point de l'anatomie des Orbicules, constaté jusqu'ici, _ me paraît être l’existence des bras en spirale, propres à l’ordre des Brachiopodes ; Cuvier, il est vrai, rapporte aux parties molles de cet animal ce que Poli dit de son genre Criopus (1). (r) Testacea utriusque Siciliæ , pl. xxx, f. 21-244 % 64 R. OWEN. — Æ{natomie des Térébratules , etc. Mais comme l’a fait observer M. Sowerby (1), ce dernier Mol- lusque est une espèce de Cranie ( Crania personata Sow); genre voisin, par son organisation interne, de celui des Orbicules, mais qui en est bien distinct. . J'ai eu loccasion d'examiner anatomiquement quatre indi- vidus de l’espèce d'Orbicule, désigné par M. BRAS sous le nom d'O. Lamellosa (pl. 2). Les bords de la coquille sont égaux et d’une texture molle, les couches d’accroissement sont grandes relativement aux di- mensions de la coquille, très irrégulières dans leur contour, et plutôt cornées que calcaire vers leur bord. La surface interne de la coquille est lisse et polie. La valve aplatie est perforée par une fissure longitudinale, ayant près de trois lignes de long sur une demi-ligne de large, et placée au milieu d’une dépression ovalaire. Le pied ou organe d’adhésion traverse cette fissure, et s'élargit immédiatement après en un disque ou ventouse arrondie, que remplit en entier cette dépression et cache les bords de la fissure. Immédiatement au devant de cette ouverture, se trouve une lame longitudinale d'environ une ligne de long qui fait saillie à l'intérieur de la coquille dans une longueur d'environ une demi-ligne ; plus loin on voit une ligne élevée, et plus large, qui se continue jusqu’à une distance de deux lignes, au bord antérieur de la valve (2). Tout autour de la circonférence de la coquille, on remarque des cils brillans qui avancent de deux à quatre lignes; ils naissent tout autour du bord de chacun des lohes du manteau , et sont beaucoup plus long que chez les Térébratules et la Lingula anatina ; ils sont aussi un peu plus longs que chez la Lingula Æudebardii Brod., espèce nouvelle, découverte par M. Cuming. | (x) Linn. Trans. Vol. xutt, p. 471. LS (2) Je regarde cette partie comme étant un rudiment de l’appareil calcaire interne des Té- rébratules; elle représente l'apophyse central de sa base (c. fig. 4. pl. 11). Le lobe palléal avec deux vaisseaux et la position du canal alimentaire, montrent que la valve aplatie de l'orbicule, quoique perforée pour le passage de l'organe d'adhésion, est réellement l’analogue de la valve non perforée des Térébratules, R. OWEN. — .Æ{natomie des Terébratules, etc. 65 Lorsqu'on enlève avec précaution la valve non perforée, on découvre le manteau vasculaire avec ses bords entiers, dans toute sa circonférence. Les muscles et les viscères forment une masse arrondie, situés, dans la moitié postérieure de la coquille. On remarque d’abord les extrémités de deux muscles (1), de forme oblongue qui convergent antérieurement , et qui ont en dimensions deux lignes sur une. Dans l’espace triangulaire comprise entre ces muscies , se trouve le foie dont la couleur est verdâtre (2) et en arrière de ce viscère l’ovaire (3) dont la teinte est grisâtre ; enfin à la partie postérieure du cercle, sont situées les extrémités des deux muscles plus petitis (4). Les quatre impressions pour l'insertion de ces muscles se voient sur la face externe de la valve coquillière. Lorsqu on enlève la valve inférieure (opération qui doit être pratiquée à l’aide d’une section transversale, jusqu’à la fissure, afin de ne pas déranger les parties molles), on met à nu le lobe correspondant du manteau vasculaire, dont les bords _ sont également libres, mais les viscères sont entièrement cachés _ par l’élargissement du disque ou pied de l'animal. (5) Chaque lobe du manteau peut être reployé en arrière dans ‘étendue de cinq lignes, et en avant dans une longueur d’une demi-ligne, mais ils adhèrent trop fortement à la masse vis- cérale pour pouvoir en être séparés sans déchirure. Quand on les reploie de la sorte, on aperçoit à leur face interne un grand nombre de vaisseaux branchiaux. Sur le lobe du manteau, correspondant à la valve non per- forée (6), ces vaisseaux convergent bien évidemment des bords branchiaux vers quatre troncs vasculaires, beaucoup plus courts | que chez les Térébratules. Sur le lobe opposé (7) ces vaisseaux _ne forment, en se réunissant, que deux troncs. (8) | | (x) PL xxvrrr, fig. 5, 9, 8, f. (2) Fig. 5, 11, ©. (3) Fig. 5,11, w. 4 (4) Fig. 5, 7; 8, g. (5) Fig. 6, (6) Fig. 5, c. (2) Fig. 6, a. (8) Fig. 7etB, nr. III. Zoor. — Février, [à] 60 R. OWEN. — _Ænatomie des Térébratules, etc. Dans chaque lobe du manteau les troncs principaux se ré- unissent et débouchent dans deux sinus ou cœurs (1), situés près de deux membranes tendineuses qui circonviennentla masse viscérale et adhèrent fortement à ces mêmes lobes du manteau. Les artères qui sortent de ces cœurs traversent obliquement cette membrane, et on peut les voir donnant des rameaux au foie, à l'ovaire. Daus lun des individus, je parvins à injecter par lun des ventricules, les vaisseaux de l’un des lobes du manicau; la solution de carmin employée à cet usage se répandit dans le sens opposé à celui de la circulation, jusque dans les ramuscules nombreux, qui prenaient naissance de l’une de leurs grosses branches; cette préparation qui est conservée dans le Musée du collège royal des chirurgiens de Londres, a été représentée dans la fig. 11. En examinant cetle pièce à l’aide d’une forte loupe, on voyait distinctement le long de chaque tronc vasculaire, une petite ligne, nou injectée (2) qui me paraissent être. les artères branchiales; si elles étaient des muscles rétracteurs du manteau, leur direction aurait été probablement plus droite vers la marge du manteau. Près de la base des cils, on trouve un grand nombre de ramuscules latéraux qui se détachent à angle droit du vaisseau dont ils naissent, et qui forment près de ce bord une chaine vasculaire ou vaisseau circulaire. Les cils sont, non-seulement plus longs que chez les Téré- bratules, mais aussi plus serrés et au microscope, on voit qu'ils sont eux-mêmes garnis de petites soies, disposition qui leur donne probablement la faculté d’exciter avec plus de force les courans respiratoires. (3) Cette distribution abondarite de vaisseaux, à la ps d’une membrane unie, nous offre un exemple du mode de structure, le plus simple d'un organe respiratoire aquatique ou bran- chial; et, en même temps qu’elle prouve l’affinité extrême qui existe entre les Brachiopodes et les Ascides, elle présente une tr (1) Fig, 7, 8, 2. (2) Fig. 13 n°. (3) Fig./25: R. OWEN. — Anatomie des Térébratules, etc. 67 analogie remarquable avec la forme élémentaire des organes respiratoires aériens telle qu'on la rencontre chez les Gas- téropodes puilmonés. Le système musculaire des Orbicules diffère à quelques égards de celui des Térébratules. On y trouve huit muscles distincts, les bras labiaux non compris. Les quatre muscles forts et épais, qui forment les paires antérieure et postérieure, déjà mentionnées, ne se croisent pas, mais passent un peu obli- quement d’une valve à l’autre. Sur la valve inférieure ils sont fixés au bord de la saillie, formée par la dépression ovalaire qui se remarque à la surface externe de la coquille. Quelques- unes des fibres de la grande paire antérieure traversent la fente de la valve perforée, et se répandent dans l’organe d'adhésion. Dans l’espace comprise entre ces diverses muscles on en trouve deux autres paires qui sont minces et divergentes; ceux de fa pare inférieure (1) naissent de la partie antérieure de la membrane résistante qui entoure et protège les viscères, au- dessous de lestomac, et entre les insertions des muscles anté- rieurs de la coquille; de là ils montent en divergeant de chaque côté du canal alimentaire, et se fixent à la valve opposée en dehors des muscles postérieurs de la coquille. Les muscles de la paire inférieure (2) proviennent du côté du cercle membraneux, et se rapprochent l’un de l’autre en passant sous les précédens, pour s'attacher à la valve perforée du côté interne des muscles postérieurs de la coquille. II en résulte que, tandis que les grands muscles remplissent les fonctions plus importantes de protéger Panimal en fermant sa coquille, les petits permettent l'entrée de l'ean en faisant glisser le bois de l’une des valves sur celui de l'autre; ilssont disposés aussi de manière à comprimer les viscères. Les appendices labiaux, ou bras, ne sont guère mieux con- formés pour saillir au dehors, que chez la T'erebratula chilensis, les seules parties libres étant lenr courte portion pense ; Mais, par la texture plus musculaire de ieur base ou tige, ts se rap- prochent davantage de ce qui existe chez les Lingules, Ces deux (1) Fig. 7 et 8, L. (2) Fig. 7et8, Cr 68 R. OWEN. — Anatomie des Térébratules , elc: appendices sont réunis par leur tige au-dessous de la bouche, et y forment une portion basilaire commune transversale, semi- lunaire, frangée, et convexe antérieurement, qui est fixée à la partie antérieure de la ceinture tendineuse des viscères ( 1). Sur les côtes de cette portion basilaire, les bras se recourbent brusquement sur eux-mêmes vers la bouche, au-dessus, et au- devant de laquelle leur portion terminale décrit un tour de spire et demi (2). Les parties ainsi recourbées adhèrent intime- ment l’une à l’autre, et ne sont pas libres comme chez les Lin- gules; en se contractant de l’angle de flexion vers la bouche, elles doivent nécessairement s’épaissir , et de la sorte presser contre la coquille et l'ouvrir un peu , d’une manière analogue à ce que j'ai supposé avoir lieu par suite des mouvemens de l’anse cal- caire chez la T. chilensis. Lorsqu'on fend la portion basilaire des bras, on y trouve de chaque côté une cavité circulaire bien définie (3) qui commence pres de la ligne médiane dans la portion transversale au-dessous de la bouche, et se continue dans l'extrémité spirale. J'ai injecté ces canaux, maïs je n'ai pu y découvrir aucune connexion avec le système vasculaire, et aucune portion de l'injection ne-pénétra dans les filamens composant les franges. Le séjour prolongé des animaux dans l’al- cool, rendit le déroulement des tentacules ou bras, impossible quelle que füt la force que j'employai pour le tenter, mais ce- pendant, je crois que ces canaux servent à déterminer la pro- traction de l’extrémité libre de ces organes à l’aide de leur distension, opérée par ua liquide qui y serait poussée ae dedans, au dehors, genre de mouvement dont nous trouvons des exemples dans les tissus érectiles d'animaux plus élevés dans la série zoologique. Les filamens brachiaux, vus à la loupe, présentent une forme cylindrique et une surface lisse; ils sont transparens, et d’une texture plus musculaire que chez le 7, chilensis; ils sont aussi plus épais, et plus courbés; enfin , leur base est couverte (1) Fig. 8,4. (2) Fig. getro, L. (3) Fig."g et ra, m. à R. OWFN. — _Ænalomie des Terebratules, etc. 69 du côté interne du bras, par un petit repli membraneux. (1) La bouche consiste en un petit orifice froncé (2), et se voit mieux lorsqu'on enlève par la dissection la base transversale des bras. _ L'œsophage (3) traverse obliquement l'enveloppe tendineuse des viscères, en se dirigeant vers la valve supérieure; après avoir passé entre les muscles antérieurs de la coquille ,ilse dilate un peu, et constitue l’estomac qui est entouré par le foie, et est moins grand que dans les Térébratules (4). L’intestin (5) se continue en ligne droite jusqu’à l’extrémité opposée de la cavité viscérale, et là se contracte de nouveau, puis se courbe brus- quement, et passe, en décrivant une petite courbure sigmoïde jusqu'au milieu du côté droit de la ceinture viscérale qu'il traverse obliquement ; enfin il se termine entre les lobes du manteau, à environ une demi-ligne au-dessous de la courbure du bras (6). Le foie (7) est d’une belle couleur verte et consiste en une agrégation intime de follicules allongés, qui commu- niquent avec l'estomac par des orifices nombreux. Il n'y a au- devant du foie aucune glande analogue aux glandes salivaires; chez les Térébratules on ne découvre aussiaucune autre glande, et sous ce rapport, ces mollusques ressemblent aux bivalves ordinaires ; comme chez celle-ci, la bouche est dépourvue de parties dures servant à saisir ou à diviser les alimens, et par conséquent ne nécessite pas la présence d’un appareil salivaire. Les parois de l'estomac sont épaisses et pulpeuses, et paraissent glandulaires. | Toute la partie de la cavité viscérale qui est située en arrière du foie, et qui n’est pas occupée par les muscles ou par les vais- seaux, est remplie par des masses verdâtres d'œufs. On ne pou- vait distinguer des granules dans ces masses; mais entre les (1) Fig. 12. (a) Fig. 9 et 11, q. (3) Fig. 7,8,9 et rs, t. (4) Fig, 7,8, get 11, s. (5) Loc. cit. f. (6) Fig. 9, 1o ets, u. (n)l Fig. 5 et'az, nv. To R. OWEN, — _“nalorie des Terébratules , etc. membranes qui entourent les viscères, il était facile de recon- naître des œufs d’une teinte plus brune. Je suis porté à croire que ces derniers étaient en route pour gagner les lobes du manteau, Où on en trouverait probablement chez des in- dividus plus âgés. Poli a très bien figuré les œufs de la Crania personata suivant le trajet des vaisseaux branchiaux, et les. obscurcissent; à raison de cette circonstance il appelle ceux-ci les ovaires, et fait observer qu’ils ornent très agréablement le manteau. (1) | Malgré tous mes soins, il me fut impossible d’apercevoir le système nerveux chez les Térébratules; mais dans une Orbicule que je desséquai expressément dans cette intention, je réussis à trouver sur le côté de l’œsophage, vers la valve perforée, deux petits ganglions, desquels partaient deux filamens quiaccompa- gnent ce canal à travers l'enveloppe membraneuse des viscères, et s’écartent aussitôt après, pour passer en dehors des muscles antérieurs de la coquille, en accompagnant les artères jusque vers le cœur au-delà duquel je ne pus les poursuivre. Je puis affirmer qu’il n'existe ici ni de l’un ni de l’autre côté des viscères aucun cordon ganglionnaire longitudinal, analogue au système nerveux des Cirripèdes. Du côté opposé de l’œsophage, se trouve un seul petit ganglion, mais sur un niveau infé- rieur à celui occupé par les précédens ; je soupçonne cependant que celui-ci est le ganglion cérébral, et je crois qu’il envoie des nefs aux extrémités contournées des tentacules, pres de la base desquels il est lui-même située. Quelques Observations sur l'anatomie de la LixcuLa AubEBARDI I, x Brod. La structure de cette espèce s'accorde, sur tous les points essentiels, avec celle de la £ingula anatina , telle que Cuvier Pa fait connaitre. Les premieres différences que l’on remarque, con- sistent dans la longueur des cils, qui est ici trois ou quatre fois plus considérable que dans cette espèce. Les subdivisions des vaisseaux branchiaux font saillie à la surface interne du man- (1) Testacea utriusque Siciliæ, vol, 11, pl. xxv, fig. 24. Criopus. R, OWiN. — Æ{natomie des Térebratules, etc. 7 teau , en séries linéaires semblables, par leur direction, à celle de la Ling. anatina , mais ces lignes sont plus rapprochées ; elles sont formées de petits replis bien distincts du manteau,le long du bord de chacun desquels s'étend une seule anse vasculaire, qui ne donne naissance à aucune branche latérale; cet appareil présente, par conséquent, un exemple très beau du premier degré de la formation d’une branchie lamelleuse composée. (r) Toutes les masses glandulaires en communication avec l’es- tomac, présentent la couleur verte propre au foie, surtout celie qui est centrale, qui entoure l'estomac, et que Cuvier a indi- _quée, dans la L. anatinæ, comme étant la glande salivaire. Or, les individus examinés par ce grand anatomiste, ayant été conservés long-temps dans l’alcool (l’un d’eux ayant même fait partie de la collection de Seba\, il est probable que la cou- leur des parties avait été altérée, et je suis porté à croire que, sous le rapport de labsence des organes salivaires, aussi bien que de l'appareil dentaire, la L. anatina ne diffère ni de l'espèce dont ce genre a été nouvellement enrichi, ni de tous les autres mollusques acéphales. Quant à la ZL. audebardit, Ja- jouterai seulement que l'extrémité libre de son pédoncule est élargie.et arrondie, et ne présentait, dans le petit individu sou- mis à la dissection, aucune apparence indicative de son adhé- rence à un Corps étranger. KRemargues générales. Si l'on compare entre eux les trois eenres de Brachiopodes décrits ci-dessus, on trouve que, bien que chez les Orbicules, la structure musculaire des bras et l'étendue de la portion de la coquille occupée par les viscères, soit intermédiaire entre ce qui existe chez les Lingules etles Térébratules, ces mollusques se rapprochent davantage des derniers, tant par la simplicité de leur canal digestif que par leur mode d’adhérence aux corps étrangers. Les modifications qui se remarquent daus l’organisation de cha- cun de ces genres, ont des rapports évidens avec les situations différentes qu’ils occupent dans le liquide où ils vivent. (1) Fig 16. 72 R. OWEN. — Anatomie es Térébratules, etc. Les Lingules,se tenant plus communément près de la surface, et quelquefois même dans les endroits où elles seraient mise à sec pendant Île reflux de la mer, si elles ne s’enfouissaient pas dans le sable de la plage, doivent rencontrer des alimens de nature animale plus variés et plus abondans que dans les pro- fondeurs où les Térébratules sont destinées à vivre; de là, plus de force dans les facultés de préhension, et peut-être même une espèce de locomotion, comme Cuvier le soupçonne d’après la longueur plus considérable du pédoncule. Le mode d’orga- nisation de la bouche et de l’estomac, montre que la Lingule est condamnée à ne faire usage que d’alimens d'un volume tres minime; mais son intestin contourné indique la faculté d’en ex- traire une quantité de matière nutritive proportionnée à sa plus grande activité et à l'étendue de ses parties molles. Un appareil respiratoire plus compliqué et plus distinct devenait par con- séquent nécessaire, et nous ne devons pas nous étonner de voir que les prernières observations n'aient pas fait reconnaitre une structure analogue, dans d’autres genres destinés à une sphère d'activité plus étroite. La respiration aussi bien que la nutrition d'animaux vivant sous une pression de soixante à quatre-vingt-dix brasses d'eau de mer, sont des points d’un grand intérêt, et préparent l'esprit à voir avec moins de surprise la complication étonnante qu'of- frent les parties les plus minimes de l’économie de ces petits êtres. Au milieu du caime qui règne dans ces profondeurs, ils ne peuvent maintenir leur existence qu’en excitant autour d'eux un courant continuel, afin d’éloigner l’eau chargée de leurs particules excrémentielles, et d’amener vers leurs organes pré- hensiles les animalcules propres à leur alimentation. D'après l’adhérence intime de la coquille des Térébratules et des Orbi- cules aux corps étrangers, on voit que leurs mouvemens doivent être bornés à ceux des bras et des filamens branchiaux, et à un léger écarternent de leurs valves protectrices; et en effet, la simplicité de leur appareil digestif et la simplicité correspon- dante de leurs branchies, ainsi que la diminution du rapport de la masse de leurs parties molles, comparée à celle des parties dures, sont en harmonie avec ces facultés bornées. Dans l’un et BR. OWEN. — Æ{natomie des Térébratules , etc. 73 l’autre de ces genres, les parties molles sont cependant remarqua- bles par la manière solide dont elles sont unies entre elles; les organes musculaires en forment une portion tres considérable, et sont très compliqués comparativement à ce qui existe chez les Bivalves ordinaires; enfin, les parties aponévrotiques et tendineuses offrent une ressemblance très grande avec celles des animaux supérieurs. Au moyen de toute cette force dans leur organisation, il leur devient possible d'exécuter avec leurs valves, à la profondeur à laquelle ils vivent, les mouvemens nécessaires. Les Térébratules, qui sont les plus remarquables par. leur mode d'habitation, sont pourvues, non-seulement d'organes de défense extérieurs, mais aussi d’un squelette in- térieur , à l’aide duquel la coquille est mieux soutenue, les vis- cères mieux protégés, et les cirrhes branchiaux pourvus d'un point d'attache plus solide. La disposition des bras en spirale est commune à tous Îles genres de la famille des Brachiopodes déjà examinés, et il est, par conséquent, probable que, dans le genre si remarquable.des Spirifères, les bras étaient conformés d’une manière analogue, et avaient pour soutiens les appendices calcaires internes, éga- lement contournés en spirale. Si les bras de la T'erebratula psit- tacea avaient été soutenus de la sorte, cette espèce aurait même présenté, à l’état fossile, une structure intérieure très sem- blable à celle des Spirifères. Sous le rapport des affinités naturelles que les Brachiopodes ont avec les autres ordres de mollusques, je les comparerai d’abord aux Bivalves lamellibranches, avec lesquels ils ont l’a- nalogie la plus évidente, quant à la nature et à la forme de leurs organes défensifs. Leurs tentacules labiaux sont des or- ganes préhensiles plus compliqués que les lamelles vasculaires correspondantes, situées de chaque côté de la bouche des La- mellibranches. Tout le système musculaire est aussi plus com- pliqué, et l’écartement des valves étant déterminé par une action musculaire, aussi bien que leur rapprochement, est indicatif d'un degré d'organisation plus élevé que chez les animaux où ce phénomène résulte d'une propriété du ligament cardinal indépendant de la vie, savoir, Pélasticité. Les modifications que ad R. OWEN. — Analormie des Térébratules, eic. l'on observe dans les organes de la respiration, chez les Téré- bratules et les Orbicules, prouvent cependant que les Brachio: vodes sont encore plus inférieurs aux Lamellibranches qu’on ne l'aurait pensé d’après la structure des branchies des Lingu- les; et malgré la division de leur cœur, je les considère aussi comme étant inférieurs à ceux-ci, sous le rapport du système vasculaire. Dans les Brachiopodes, chaque cœur est aussi simple que chez les Ascidies, étant formé d’une seule cavité allongée, et ne présentant pas de ventricules et d’oreillettes distincts comme chez les Bivalves ordinaires; car chez ces derniers, même lorsque les ventricules sont doubles comme dans le genre 4rcu, y a aussi deux oreillettes distinctes, et dans les autres genres où le ventricule est simple , le sang y est principalement fourni par une double oreillette. Les deux cœurs des Brachiopodes, lesquels, par leur structure, ressemblent aux deux ventricules des Bivalves mentionnés ci-dessus, constituent par conséquent un mode d'organisation dont la complication ou la supériorité est plus apparente que réelle. Ayant été conduit ainsi à admettre que l'appareil de la circu- lation, aussi bien que le système respiratoire, sont conformés sur un plan moins élevé que chez les Bivalves lamellibranches, j'en conclus que le rang naturel des Brachiopodes est au-dessous de l’ordre des Acéphales. Parmi les ressemblances qui existent entre les Brachiopodes et les Acéphales tuniciers, principalement les Ascidies, nous devons mentionner, en premier lieu, les rapports qui existent entre les expansions membraneuses branchiales et la bouche, dont la position est telle que les courans qui portent dans cette ouverture les matières alimentaires, baignent d’abord la surface vasculaire de ces membranes. L'état de simplicité auquel sont réduites les branchies chez les Orbicules et les Térébratules, indique aussi leur grande affinité avec les Ascidies. Mais, en raison de la forme des membranes branchiales qui, dans les Brachiopodes, est si différente de celle des branchies bursifor- mes des Ascidies, l'appareil digestif n’est pas aidé par elles comme par un réservoir alimentaire, et lexistence d'organes préhen- siles prés de la bouche devient nécessaire’ D'un autre côté, les R. OWEN. — Anatomie des Térebratules, etc. 75 Brachiopodes sont sédentaires comme les Ascidies, et res- semblent aux Bolntiæ par leur mode d’adhérence aux corps étrangers. Leurs rapports avec les Girrhipedes sont très éloignés : leurs systèmes générateur, nerveux et respiratoire, étant conformés d’après un type différent, et leurs bras n’offrant aucune trace d’une structure articulée. Sous tous les points les plus essen- tiels, les Brachiopodes correspondent exactement aux mollusques acéphales, et je les regarde comme étant intermédiaires aux or- dres des Lamellibranches et des Tuniciers ; dans l’état actuel de la science, on ne leur connaît pas de caractères distinctifs assez importans pour les faire considérer comme formant une classe distincte de mollusques, mais ils doivent constituer une division de même valeur que celle des Lamellibranches. EXPLICATION DES PLANCHES Î ET II. Anatomie des Térébratules. (PI. 1.) Fig. r. Terebratula chilensis Broderip. de grandeur naturelle, Fig. 2. Terebratula Uva. Brod. gr. nat. Fig. 3. Valve perforée de la Ter. chilensisi; a. le trou à travers lequel les tendons des muscles passent pour former le pédoncule ; à. dents de la charnière recues dans les cavités, 06. fig. 4; c. impressions musculaires. Fig..4. Valve non perforée de la même; «. dépression médiane de la charnière ; #6. dépres- sions latérales; c. apophyse médiane ou crête se prolongeant de la charnière ; d, apophyses la- térales de la même, lesquelles se fixent aux courbures de l’anse calcaire élastique; (ee.) — ff. petites apophyses situées à l’origine des crura de l’anse; gg. empreintes des muscles dela paire antérieure ; kk. empreintes des muscles de la paire postérieure. Fig. 5 à g. Anatomie d’un individu plus petit de la Ter. chilensis grossie deux fois en diamètre. | Fig. 5. Les parties molles correspondantes à la valve perforée. Fig. 6. Les parties molles en rapport avec l’autre valve. On peut distinguer le manteau demi transparent, les vaisseaux branchiaux, les filamens branchiaux et le foie. Fig, 7. Les parties molles vues comme dans la fig. 5, mais avec le manteau renversé pour montrer plus distinctement les vaisseaux branchiaux et pour découvrir les bras dans leur posi- tion naturelle. \ Fig. 8. Les parties molles placées comme dans la fig. 6, mais avec le manteau renversé pour montrer une partie de la masse viseérale et la courbure des bras qui suit celle de Panse calcaire. Fig. 9. Les lobes du manteau séparés davantage et les bras enlevée et élendus si iwontrer Ja décussation des muscles et la petite masse viscérale, 1 70 R. OWEN. — Æ{natomie des Térébratules , etc. Fig. ro, Une petite portion de l’un des bras grossie. Fig. 11. Une petite portion du bord du manteau fortement grossie. — a. cils branchiaux ; 6. frange marginale ; y. canal marginal; d, artère branchial; & veine branchiale; €. œufs. Fig, 12. Canal alimentaire vu par sa partie supérieure ou postérieure et une portion du foie chez la Ter. psittacea Brug. grossis ; &. bouche ; —f. œsophage ; — +. estomac dont les parois sont imparfaites dans les points où le foie a été enlevé; il est tourné vers le côté gauche pour mon- trer l'intestin d — l'anus €. — une portion du foie €. Fig. 13. Quelques follicules hépatiques beaucoup grossis montrant le réseau vasculaire formé sur leurs pareis par les vaisseaux hépatiques. Fig. 14. Le Terebratula psittacea avec la majeure partie de la valve non perforée enlevée pour montrer les parties molles. : Fig. 14.” La même; la valve perforée et le lobe du manteau enlevé pour montrer les bras dont un a été artificiellement déroulé. , Fig. 15. Terebratula sowerbii King gr. nat. la majeure partie de la valve perforée a été en- levée pour montrer les œufs qui accompagnent et qui cachent en partie les vaisseaux bran- chiaux que l’on aperçoit à travers le manteau. Fig. 16. Les valves séparées de la même; dans la valve imperforée on a enlevé les bras et l'un des lobes du manteau pour montrer l’anse calcaire, la masse viscérale, les muscles et les œufs entourant les vaisseaux du lobe opposé du manteau. Les lettres suivantes indiquent les mêmes parties dans toutes les figures précédentes. a. lobe du manteau de la valve non perforée; 2. la fissure médiane correspondante à l’apophyse mé- diane de cette valve ; c. lobe du manteau de la valve opposée ; dd. les bords frangés du man- teau; e. le prolongement tubulaire qui accompagne le pédoncule; ff. les muscles de la paire antérieure naissant de la valve non perforée; 29. muscles de la paire postérieure, naissant de la valve perforée ; g'2! (fig. 16.) insertion de ces muscles dans le pédoncule; Ah. les muscles, de la paire antérieure naissant de la valve perforée; L'X' (fig, 16) l’insertion de ces muscles sur la valve opposée ; ä. les muscles de la paire postérieure de la valve perforée ; #£. les bras frangés ou tentacules labiaux ; {. leur extrémité libre contournée en spirale: mm. les vais- seaux branchiaux se ramifiant sur le manteau; 2». les deux cœurs; o. bouche, p. estomac; q. foie; r œufs. Anatomie des Orbicules. (PL. 2.) Fig. 1. Orbicula Cumingii Brod, grand. nat. Fig, 1" Orbicula Strigata Brod. Fig. 2. Groupe d’orbicula lamellosa Brod. grand. nat. Fig. 3. Face extérieure de la valve aplatie ou inférieure de l’orbicula lamellosa. Fig. 4. Face interne de la même valve; aa. impressions musculaires; 6. fissure à travers laquelle passe le pédoncule; c. apophyse centrale ou crête de la valve perforée. Fig. 5. Les parties molles de l’orbicula lamellosa mises à nu en enlevant la valve convexe pour montrer le manteau vasculaire et cilié, les muscles de la coquille et la masse viscérale. Fig. 6. Les parties molles de la même espèce mises à nu en enlevant la valve aplatie et per- forée, pour montrer la structure du côté opposé du manteau et la base élargie du pédoncule ou pied. Fig, 7. Les parties molles placées comme dans la figure 5, mais plus à découvert par le re- ploiement du manteau ; on a enlevé le foie et l'ovaire pour montrer l'estomac. Er D FT ; PR | R. OWEN. — _Ænatomie des Térebratules, ete. 77 Fig. 8. Les parties molles déjà représentées fig. 6 disposées de la même manière que dans la fig. précédente ; on voit ici tout le trajet du canal intestinal, Fig. 9. La masse viscérale et la portion réfléchie des bras avec leur extrémité contournée en spirale et les cavités de leur tige musculaire mises à nu. On voit aussi la bouche, le canal in- testinal, Panus, le foie et l'ovaire. Fig. 10. Les parties molles vues de côté, les lobes du manteau étant écartées pour montrer l’anus immédiatement au-dessus de la courbure du bras droit dont l’extrémité est déroulée. Fig. 11. Lobe supérieur du manteau injecté et grossi; on voit aussi les cœurs, l'ovaire, l'appareil digestif et le système nerveux. Fig. 12. Une portion des tentacules brachiaux beaucoup grossie. Fig. 13. Une petite portion du bord du manteau également grossie pour‘ montrer les divi- sions terminales des vaisseaux branchiaux et les cils soyeux. Les lettres suivantes indiquent les mêmes parties dans toutes ces figures. a. Lobe inférieur du manteau (correspondant à la valve aplatie): à. fissure médiane correspon- dant à la dent médiane de la valve; b' le bord qui sécrète la coquille prolongé au-delà de la racine des cils; c. lobe supérieur du manteau; dd. bord frangé du manteau; d’ les longs cils soyeux ; d” les petits cils; e. le pédoncule épanoui; ff. muscles antérieurs de la coquille ; 9. muscles postérieurs de la coquille; k. muscles viscéraux antéro-supérieurs; ä. muscles viscéraux postéro- inférieurs; £k. les bras frangés; ” base transversale; //, l'extrémité libre de ces appendices contour- née en spirale ; mm. les canaux creusés dans la base charnue des bras; 27. les vaisseaux bran- chiaux; dans la fig. z 1 ils sont représentés injectés, et les lignes foncées »’ indiquent les artères; 00. les deux cœurs (les lettres sont placées dans les orifices par lesquels ces organes communiquent avec les veines du lobe opposé du manteau) ; pp. les artères du foie, de l’ovaire, etc. ; q. la bou- che; r. l’œsophage; s. l'estomac; £ l'intestin ; u. l'anus ; &. le foie ; w. l'ovaire; æ. les ganglions subæsophagiens ; y. filamens qui en partent ; z. l’aponévrose qui entoure les viscères. Fig. 14. Lingula Audebardii Brod. Fig. 15. Les parties molles de ce mollusque mises à nues en enlevant la valve supérieure, c’est- à-dire celle qui correspond à la valve imperforée des orbicules et la valve perforée des Téré- bratules. a. Marge sécréteur du manteau; 2. la cavité logeant les racines des cils ; #” la même ouverte; c. les branchies; d., la veine branchiale; e. la portion interbranchiale du manteau qui est également vasculaire ; f. les muscles antérieurs fixés à la coquille par une extrémité seulement ; g. la paire des muscles antérieurs de la coquille analogues aux muscles antérieurs de la coquille chez l'orbicule ; X. la troisième paire de muscles analogues aux muscles obliques des viscères chez l’orbicule ; z. muscle postérieur de la coquille ; #k. le foie vu à travers du manteau ; //. la portion droite des intestins; 72m. ovaire. Fig. 16. Organes respiratoires de l’un des lobes du manteau grossies; les lettres «, 6, b’ c, d,e, indiquent les mêmes parties que dans la figure précédente. | Fig. 17. Lingula Semen. Brod. - 8 costE, — Sur la génération des Mammifères. Rapponr sur un Mémoire de M. Cosre, intitulé : Recherches sur la génération des Mammiféres, développement de la Brebis; Cominissaires MM. SERRES, IsiDORE GEOFFROY- Sarnr-Hitaire, et DUTROCHET, Rapporteur. Je nouveau travail de M. Coste, dont nous sommes chargé de rendre compte à l’Académie , est la suite de celui qu'il a pu- blié sur l’ovologie du Lapin; ici M. Coste à présenté l'ovologie de la Brebis. L’œuf de la Brebis est un de ceux que l’on a le plus ancienne- mer:t observé, car son étude remonte à Galien , qui a donné à ses enveloppes les noms qu’elles portent aujourd'hui. Il a nommé chorion l'enveloppe vasculeuse extérieure de l'œuf; amnios l'en- veloppe sans vaisseaux qui entoure. immédiatement le fœtus, et al{lantoide la poche non vasculeuse qui reçoit l’urine. Les autres enveloppes fœtales lui ont échappé. La plupart des ana- tomistes modernes ont appliqué le nom de chorion à d’autres membranes non vasculeuses, et le nom d’Allantoïde à une poche urinaire vasculeuse, en sorte qu’il existe dans cette partie | de la science anatomique une confusion qui rend souvent diffi- cile à comprendre les auteurs qui en ont traité. Cette confusion provient de ce qu'on n’est point parvenu à définir exactement les diverses enveloppes fœtales. Pour y arriver, il est indispen- sable de prendre l’œuf à son origine et d’en suivre les dévelop- pemeus. C’est ce que plusieurs observateurs ont tenté de faire, et cela ordinairement dans le-but de rechercher quels sont les pre- miers phénomènes de l’imprégnation. Ne devant étudier ici avec M. Coste que l’œuf des ruminans, nous nous bornerons à l'exposition des principales recherches dont cet œuf a été l’ob- jet relativement à son origine et à ses premiers développemens. Chacun sait que le roi d'Angleterre Charles 1°", jaloux de contribuer à l'avancement des sciences, et curieux de s’instruire lui-même sur le mystère de la génération, abandonna à Harvey les cerfs et les daims que recélait en grand nombre un de ses parcs royaux. Harvey immola beaucoup de femelles de ces cosre. —- Sur la génération des Mammiféres. - ro anhpaux, soit à l'époque du rut, soit dans les premiers temps qui le suivent; il vitet fit voir à son royal disciple les phéno- mènes qu'il croyait faussement être les premiers effets de Pim- prégnation. Le rut des biches et des daims femelles commence vers le 15 septembre et finit vers le 15 octobre. Pendant tout cet espace de temps Harvey ne trouva rien dans l'utérus. Vers le 12 novembre, c’est-à-dire vingt jours après la cessation des accou- plemens, il trouva pour la première fois dans l'utérus le produit de la génération. Il se présentait sous la forme d’un sac allongé, étendu dans la cavité de l’utérus et dans ses deux cornes, et rempli d'un liquide aqueux. Ses parois étaient d’une telle ténuité qu'il ne peut la comparer qu'à une toile d’araignée. Nous ver- rons tout-à-lheure que le produit de la génération observé ici par Harvey était l'œuf déja pourvu de sa constitution anatomi- que complète, et qui n'avait plus à acquérir que du développe- ment. Les premiers rudimens du fœtus y existaient déjà et n’a- vaient point été aperçus. Les nombreuses et pénibles recherches de Harvey sur l’ori- oine et les premiers développemens du fœtus des mammifères furent donc sans aucun résultat. On en doit dire autant des re- cherches que fit l’illustre Haller sur les premiers phénomènes de la gestation de la brebis (1). Ce n’est que le dixième jour après la conception et dans les deux jours suivans qu'il com- mença à apercevoir dans l'utérus un corps qu'il prit pour une simple zzucosité. Le quinzième jour il y trouva une autre Inuco- sité Si tenace qu'on aurait pu la pelotonner, et qui ressemblait déjà à la membrane allantoïde. Le fœtus ne lui apparut que le dix-neuvième jour. Cependant Haller dit avoir fait ces recher- ches avec beaucoup de soin et en s’aidant du secours d’une loupe. _ Découragés sans doute par l’inutilité de ces tentatives, les observateurs cessérent de se livrer à ce genre de recherches. L'ovologie des quadrupèdes continua cependant à être étudiée, mais ce ne fut que sur des fœtus déjà développés ; en sorte que rien ne fut fait pour déterminer l’origine et la nature des di- (1) Physiologie, chap. de {a conception, 26. 80 cosrs. — Sur la génération des Maminiferes. verses enveloppes fœtales chez les mammifères. Ce dernier pro- blème de la science ovologique fut de nouveau soumis à l'étude en 1813 par l’un de nous (1), à la suite de ses recherches sur l'œuf des oiseaux. Il avait observé chez ce dernier le fait très remarquable de l’enveloppement du poulet par une double membrane vasculaire forinée par la plicature de la vessie ovo- urinaire en une double coiffe. Il avait découvert que cette dou- ble enveloppe vasculaire recevait exactement les mêmes vais- seaux que le placenta du fœtus des mammifères, c’est-à-dire les deux artères et la veine ombilicale. Il lui parut dès-lors infini- ment probable que le placenta simple ou multiple des fœtus des mammifères était une dépendance de la vessie ovo-urinaire, et que ce fœtus devait avoir, comme le poulet, une double en- veloppe vasculaire formée par la plicature de cette même vessie ovo-urinaire. Dans le but de vérifier ce soupçon, il étudia le fœtus de la brebis dans les premiers temps de la gestation , et il ne tarda pas à acquérir la preuve que l’enveloppement de ce fœtus s’opérait comme l'enveloppement du poulet. Il vit les deux enveloppes vasculaires qui l’enveloppaient et qui appar- tenaient toutes les deux à la vessie ovo-urinaire ployée en dou- ble coiffe autour du fœtus. Il vit naître les nombreux placenta ou cotylédons par un développement en épaisseur du tissu de la plus extérieure de ces deux enveloppes, développement qui n’a- vait lieu qu'aux points de contact de la membrane vasculaire fœtale avec les éminences dont l'utérus de la brebis est parsemé. Il vit et il démontra la continuité du pédicule de la vésicule om- bilicale avec l'intestin, fait jusqu'alors fortement controversé. Vint ensuite le travail plus étendu de feu M. Cuvier sur les œufs des quadrupèdes , dans lequel fut confirmée l'identité de struc- ture de l’œuf des quadrupèdes et de l’œuf des oiseaux, telle que votre rapporteur l'avait établi avant Jui (2); mais cet illustre na- Î (1) Mémoires de la société médicale d’émulatien , tome vs. (2) Le travail de M, G. Cuvier sur les œufs des quadrupèdes fut entrepris à l’occasion du mien sur l’œuf de la brebis. Comme la priorité à cet égard pourrait peut-être m'être contestée, je crois devoir reproduire ici la leitre dans laquelle cet illustre naturaliste reconnait franche- ment mes droits à la decouverte de la concordance qui existe entre la structure de l'œuf des oiseaux et celle de l’œuf des mammiféres, Cette lettre, probablement très ignorée, fut adressée COSTE. — Sur la génération des Mammifères. 81 turaliste ne reconnut point que le fœtus des ruminans est enve- loppé, comme celui des oiseaux, par la vessie ovo-urinaire qui est très distincte de son allantoïde; ce fut sans doute la confu- sion de ces deux objets différens, auxquels le même nom d’allan- toide était appliqué , qui fit qu’il ne reconnut point l’enveloppe- ment dont il est ici question. Il vit, sur ce point, ce qui était connu de tous les anatomistes , savoir : que l’allantoïde n’occupe qu’un seul des côtés du fœtus, ce qui est vrai par rapport à l’'allantoide véritable. Il n’avait point vu ou reconnu l'existence de la vessie ovo-urinaire que l’un de nous avait vu accomplis- sant la plicature au moyen de laquelle elle enveloppe le fœtus de deux membranes vasculaires. Les travaux que nous venons d'énumérer ne remontent pas dans l'étude de l'œuf des ruminans, à une époque antérieure à celle où s’accomplit l'enveloppement du fœtus par sa vessie ovo- urinaire ; il restait par conséquent à savoir ce qui se passe au- paravant dans cet œuf. C’est ce que Baer a recherché (1). Cet auteur a tres bien observé l'œuf des mammiferes, et notam- ment celui des ruminans, dans l'ovaire. Il a vu que l’œuf dans l'ovaire ou l’œuf ovarien est contenu dans le liquide qui remplit par M. Cuvier à M. de Montègre, rédacteur de la Gazette de santé; elle a été publiée dans le n° du 11 février 1816 de cette Gazelte. La voici : « Monsieur, j'ai fait un rapport à l’Institut sur la structure des œufs, telle que la développaient les observations coutenues dans un mémoire présenté à la première classe par M. Dutrochet, et j’ai fait suivre ce rapport d’un mémoire sur les œufs des quadrupèdes en particulier d’après mes propres observations. Vous avez bien voulu rendre compte de ces deux écrits dans votre feuille ; et j'en suis bien reconnaissant, mais vous avez oublié de faire remarquer ce que je disais expressément dans le second qu’il n’était qu’une suite, et un développement de ce que M. Dutrochet avait dit sur l’œuf de la brebis. Comme il pourrait résulter de cette omission que l'on m'’attribuerait des observations qui appartiennent à ce savant distingué, je vous prie de vouloir bien rétablir les faits. M. Dutrochet a constaté dans ce qu'il a dit de l’œuf de la brebis, les détails d’analogie que je n’ai fait que suivre dans les œufs des autres quadrupèdes, «Je vous prie d’agréer la haute considération avec laquelle j'ai l'honneur d’être, etc. ; « G. Cuvier , secrétaire perpétuel, » Le 30 janvier 1816. (Note ajoutée au rapport depuis sa lecture à l’Académie, par M. DurTrocuer.) (a) Lettre adressée en 1827 à l’Académie Impériale de Pétersbourg, suivie d'un commen- taire par Baer. Cette lettre intitulée de ovi mammuiium et hominis genesi, a été publiée en français par M. Breschet. III. Zoor. — Fevrier. 6 82 costE. — Sur la génération des Mammifères. la vésicule de Graaf, vésicule qu’il considère comme un grand œuf qui en contient un plus petit. La vésicule de Graaf, ou le grand œuf, est, selon lui. analogue à l'œuf ovarien des oiseaux, et le petit œuf quil contient esthanalogue à la vésicule de Purkingé, qui est contenue dans l’œuf ovarien des oiseaux. La vésicule de Graaf est l’œuf par rapport à la mère, la vési- cule de Purkingé, ou vésicule du germe, est l'œuf parrapportau fœtus qu’elle développe seule. C'est la vésicule de Purkingé des oiseaux qui, Chez les mammifères , devient l’ovule. Ge derniers observé dans l'ovaire, offre une petite cavité intérieure située dans la matière granuleuse, et une membrane externe; illpasse avec cette membrane externe dans la trompe utérine et il s'y développe conjointement avec elle. Cette membrane extérieure de l’ovule, membrane qui est apportée par lui de l'ovaire, est appelée par Baer membrane coriicale; il la considère comme l’analogue de la r7embrane testacée de l'œuf des oiseaux, et cela fort mal-à-propos, car cette dernière est produite par une sécrétion de l’oviducte. Au-dessous de cette membrane, l’œuf qui a commencé à se développer en grosseur dans l'utérus présente une seconde membrane qui parait composée de granules, et à laquelle il donne le nom de r#r7embrane vitellaire. À partir de cette époque jusqu’à celle de l'apparition de l'embryon déjà pourvu de son allantoïde (vessie ovo-urinaire), Baer n’a point observé l’évolution de l’œuf de mammifère, il commence l’ob- servation de cette évolution à l'époque que nous venons d'indi- quer. Alors il a vu dans l’œuf de la truie et dans celui des fe- melles des ruminans qu’il existait à chaque bout de l'œuf un prolongement tubuleux formé par sa membrane la plus externe ; Vallantoïde (vessie ovo-urinaire) ne remplissait pas encore ces deux prolongemens creux qui se dilataient en manière d’en- tonnoir vers chaque extrémité de l’allantcide (vessie ovo- urinaire ). | | Là s'arrêtent les observations de Baer sur l’évolution de l'œuf des mammifères, et spécialement sur celui des ruminans. Rien ne manque à l'exactitude des faits observés par Baer, mais la théorie qu’il déduit de la coordination de ces faits est en partie erronée. Il est et il sera désormais évident pour tout cosmk.-— Sur la génération des Mammiferes. 83 anatomiste, etainsi que l’ont établi MM. Prevost et Dumas (1), que. la vésicule de Graaf est la capsule de l’œuf des mammifères ; cette capsule est l’analogne de la Fapruis ovarienne de l'œuf des. oiséaux dont elle ne diffère qu’en cela seul que la vésicule de: Graaf ou capsule ovarienne de l'œuf des mammifères con- tient un œuf flottant librement dans un liquide, tandis que la capsule ovarienne des oiseaux contient seulement un œuf libre dans sa cavité et sans aucun liquide. La matière granuleuse que contient l’ovule ou l'œuf ovarien des mammifères est l’analogue de la matière granuleuse jaune du vitellus des oiseaux. La mem- brane externe de l'œuf ovarien des mammifères, membrane que Baer nomme membrane corticale, est l’analogue de la mem- brane propre du vitellus des oiseaux ; quant à la membrane que Baer nomme vétellaire, on ne peut se dispenser de recon- naître avec lui et avec Rathké son analogie avec la r7embrane blasto-dermigue de l'œuf des oiseaux, puisque, comme elle, elle devient plus tard le sac ou appendice intestinal nommé chez les mammifères vésicule ombilicule. L'œuf ovarien contenu dans la vésicule de Graaf étant reconnu pour le véritable œuf des mammiferes, il devient probable qu’on y trouvera une vésiculé analogue à celle que Purkingé a trouvée dans l’œuf ovarien des oiseaux. Cette vésicule nous semble avoir été aperçue par Baer qui a noté dans l'œuf ovarien des mammifères qu’il prenait pour la vésicule de Purkingé, qui a noté, disons-nous, l’exis- tence d'une petite cavité intérieure dans cet. œuf ovarien. On conçoit en effet que l'existence de cette petite cavité intérieure entraine implicitement celle d'une membrane vésiculaire qui la limite. Or, comme Baer n’a pu apercevoir cette petite cavité intérieure située dans la couche épaisse de granules qui remplit presque entièrement lè petit œuf ovarien qu’au moyen de sa transparence ou de sa moindre opacité, il en résulte que c’est exactement la même chose que ce qui a été vu récemment par M: Coste dans l’œuf ovarien de la lapine. Nous vous avons rendu compte, dans notre rapport sur le travail de cet observateur, relatif à lovologie du lapin , de la découverte qu'il croyait avoir (x) Troisième mémoire sur la génération. 84 coste. — Sur la géneralion des Mammifères. faite de la vésicule de Purkingé. Si, comme cela peut paraitre probable, l'aire circulaire demi transparente que l’on voit dans l'œuf ovarien de la lapine, est effectivement la vésicule de Pur- kingé, sa découverte réelle appartiendrait à Baer qui, en la voyant, l'aurait méconnue, entrainé qu’il était par d’autres idées, mais il resterait à M. Coste le mérite de l’avoir recon- nue. (1) Encouragé par le succès qu'il avait obtenu dans l'étude de l'ovo- logie du lapin, M. Coste annonça le projet qu’il avait formé d'étu- dier l’ovologie de la brebis, mais ici il était retenu par l'étendue des frais que devait entrainer une semblable entreprise : il fallait, pour cela, se procurer un assez grand nombre de brebis avant l’époque du rut etles conserver long-temps, afin de les soumettre successivement au mâle pour étudier le produit de leur impré- gnation à différentes époques. Ce genre d'observation devait en- traîner des frais assez considérables. L'Académie consentit, sur notre proposition, à aplanir cette difficulté en prélevant sur (1) Puisque nous sommes amenés à parler ici de notre dermier rapport sur le travail de M. Coste relatif à l’ovologie du lapin, nous croyons devoir présenter ici une observation que nous ne fimes point alors. Les travaux de M. Coste sur l’ovologie du lapin furent présentés à l’Académie , dans plusieurs communications successives; lesquelles furent toutes renvoyées à la même commission dont nous étions membres. Les journaux qui rendent habituellement compte des séances de l’Académie, donnèrent au fur et à mesure lanalyse de ces travaux suc- cessifs. Or, M. Coste, par nos avis, supprima entièrement son premier travail. Parmi les communications subséquentes que M. Coste fit à l’Académie , sur le même sujet, ils’en trouva encore une que, par nos avis, il dut supprimer entièrement. Il reconnut qu’il s'était trompé, et il accepta la manière dont nous envisagions les phénomènes qu'il mettait sous nos yeux. Mus par un sentiment de bienveillance, nous crûmes devoir nous abstenir de parler dans notre rapport des parties du travail de M. Coste qu’il avait retirées , nous eûmes tort, car les journaux qui rendent habituellement compte des séances de l’Académie se contentèrent, et avec assez de raison, de dire, que notre rapport était favorable au travail de M. Coste, et ils renvoyèrent le Lecteur anx analyses qu’ils avaient données antérieurement des mémoires de cet observateur, sur l’ovologie du lapin. De cette manière, la commission était censée avoir donné son approbation à tout ce que M. Coste avait présenté à l’Académie sur ce sujet, ce qui est très loin d'être véritable. Notre rapport qui a été publié, constate, il est vrai, quels sont les faits que nous avons reconnus exacts, mais cette publication qui ne contient que les vérités offertes par M. Coste dans son travail sur l'ovologie du lapin, est sans doute bien loin d’avoir dans le monde l'extension des publications qui présentent à-la-fois les vérités et les erreurs émises par cet observateur, en sorte qu'il se pourrait que l’on crût, quelque part que nous avons tout approuvé. C’est pour éloigner cette idée que nous présentons ici celté obser- vation, | COSTE. — Sur la génération des Mamnufères. 85 les fonds Montyon une somme de deux mille francs qu’elle dé- cerna à M. Coste, à titre d'encouragement. Nous devons annon- cer que cet encouragement n'a pas été stérile. M. Coste a tra- vaillé avec ardeur et persévérance. Il a consigné le résultat de- ses recherches sur l’œuf de la brebis dans le mémoire dont nous. sommes chargés de rendre compte à l’Académie. Nous entrons dans l'examen de ce travail. M. Coste à commencé par la recherche de lovule de la brebis dans la vésicule de Graaf. Il l’a trouvé sans difficulté nageant dans fe liquide qui remplit cette vésicule. M. Coste nous l'a fait voir; il ressemble parfaitement à l’ovule de la lapine. En le pla- çant sous le microscope, on y aperçoit de même une aire circu- laire demi transparente qui, comme nous l'avons déjà dit, peut, avec assez de probabilité, être considérée comme due à lex's- tence d’une vésicule fort petite qui serait celle de Purkingé; cette aire circulaire demi transparente semblant attester l’exis- tence d'une cavité vésiculeuse a été vue par Baer, ainsi que nous l’avons dit plus haut : M. Coste admet que cet ovule ova- rien qui est libre d’adhérence avec la vésicule de Graaf qui le contient est exhalé par cette vésicule. Cette hypothèse toute gra- tuite ne nous apprend rien sur la véritable origine de l’ovule. Le cinquième jour après la conception, M. Coste a trouvé l’o- vule encore globuleux et ne s'étant pas sensiblement accru dans la corne de l’utérus correspondante à l'ovaire, dont il provenait. … Il était alors constitué par deux vésicules emboîtées, l’une exté- rieure que M. Coste nomme réelline et que l’ovule a apportée de l'ovaire ; l’autre intérieure qui n'existe que depuis la concep- tion, et quil nomme vésicule ou membrane blastodermique. M. Coste ne nous a point fait voir ces faits dont:, au reste, nous pensons qu'on ne peut pas douter, car Baer les a observés dans l’ovule de la chienne, et Graaf les a vus dans les ovules de la lapine, il parait probable que ce sont là des faits généraux. M. Coste s'emparant d’une hypothèse émise et abandonnée par Purkingé admet, sans difficulté, comme sans preuves, que la petite vésicule intérieure de l’ovule ou vésicule présumée de Purkingé se rompt lorsque cet ovule arrive dans l'utérus ; en- suite plus hardi encore dans ses hypothèses, il décide avec assu- 56 Coste. — Our la génération des Mammifères. rance que la vésicule blastodermique, laquelle devient plus tard la poche qui constitue la vésicule ombilicale et qui est, comme on sait, un appendice de l'intestin, est formée de toutes pièces par la condensation de la matière que contient cette vésicule, matière qui est l'analogue de celle que renferme le vitellus de l'oiseau. Nous ne nous arrêterons pas , comme on peut bien Île penser , à l'examen de ceite hypothese; elle tient à une théorie générale de la formation de l'embryon que MM. Delpech et Coste ont publiée précédemment, théorie danslaquelle ils construisent. l'embryon de toutes pièces avec des matériaux tout préparés et qui n'ont besoin que d’être mis en place. Ces matériaux sont ceux qui constituent la matière du vitellus. L'idée de former la mem- brane blastodermique de l’ovule ou, ce qui est la même chose, la vésicule ombilicale du fœtus par une condensation de la ma- tière contenue dans l’ovule a été depuis introduite par M. Coste dans son mémoire imprimé sur l’ovologie du lapin; nous ne la- vons point aperçue dans son mémoire manuscrit sur lequel nous avons précédemment fait à l’académie un rapport approbatif; nous n’aurions pas manqué d'exprimer dans notre rapport que cette théorie toute hypothétique demeurait étrangère à notre approbation qui ne portait et ne devait porter que sur les faits démontrés. À l’occasion de ce débordement d'opinions hasardées nous ferons observer: que l’on peut se permettre de les donner au public, mais qu'on devrait s'abstenir de les présenter à un corps savant, grave et sévère, conservateur des bonnes doctri- nes; on ne pt jamais oublier cette maxime que les opinions des hommes, même les plus éminens, ne sont rien, qu’elles sont de nuile valeur pour la science, qui ne se compose pas de ce que l’on croit, mais seulement de ce que l’on sait, c'est-à-dire de ce qui est démontré d’une manière tellement irréfrasable que cela doit entraîner la soumission de toutes les intelligences, même, des plus récalcitrantes. Tout le reste n’est que jeu de l'esprit ou. \ simple croyance. Le véritable naturaliste, et spécialement celut qui travaille à se fonder une réputation, doit éviter soigneuse- ment de s’égarer dans ces hautes spéculations qui sont, en quei- que sorte, le grand æuvre de la science. Les jeunes observa- teurs emportés souvent par la fougue de leur imagination si- Coste. — Sur la génération des Mammiféres. 87 _sissentavidement les faits les plus équivoques, lorsqu'ils semblent confirmer leurs idées favorites, ils les proclament sans hésiter comme faits irrécusables et démonstratifs, tandis que l’obser- vateur froid et impartial n’y voit que matière de doute ou même que certitude de la profondeur de ce que nous ignorons. Que M. Coste se persuade qu’il aura plus d’estime à recueillir de la part des savans pour un seul fait bien observé que pour la vaine création d’un nouveau système. Nous revenons à l’analyse de son travail. | | | Le huitième jour après la conception l’ovule de la brebis à subi un changement de forme. Il s’est allongé dans le sens de Jun de ses diamètres, il est devenu, en quelque sorte, sembla- ble à un ver. M. Coste nousa fait voir que cet ovule était composé de deux vésicules vermiformes emboîtées. Ces deux vésicules sont en dehors, la vitelline, et en dedans la blastodermique qui, au lieu de se conserver sphériques, comme chez le lapin, se _sont converties en deux canaux cylindriques fermés à leurs ex- trémités et de cinq à huit lignes de long. Du neuvieme au treizième jour , l'œuf, toujours constitué comme il vient d’être dit, s’accroit progressivement en longueur, et comme il marche en serpentant entre les éminences dont la surface intérieur: de l'utérus est parsemée, il en résulte que sa longueur est super: ieure à celle de cet organe. Du treizième au quatorzième jour, i se forme autour de l’œuf une fausse membrane, opaque d’un aspect. blanchâtre et qui se détruit assez promptement par l’immeision de l'œuf dans l’eau. Gette fausse membrane, dont l’analogue * déjà été signalée par M. Coste dans l'œuf de ja lapine, est désignée par lui sous le nom de membrane corticale, suivant, dit-il, en cela Baer. Or, ici M. Coste a commis une erreur. Baer nomme membrane corticale l'enveloppe la plus extérieure de l’ovule dans l'ovaire, ainsi que nous l'avons dit plus haut, mais ensuite en voulant HoTe.e l’analogue de cette enveloppe dans l’œuf des oiseaux, il l’a faussement comparée à l’enveloppe testacée que l’on sait être formé par une sécrétion de l’oviducte. De ces deux assertions émises sur la même enveloppe, et qui consistent l’une dans un fait et l’autre dans une analogie erronée, M. Coste a choisi la seconde ; il a donné le nom de 7nembrane 88 COTE. — Sur la génération des Mammifères. corticale à la fausse membrane qui est déposée autour de l'œuf par la sécrétion de l'utérus. Il résulte de là une confusion dé- plorable qui s'ajoute à celles déjà si nombreuses qui existent dans la nomenclature des enveloppes fœtales. Nous continuerons toutefois à user dans ce rapport des dénominations adoptées par M. Coste. Dans l'œuf de la brebis, vers le quinzième jour après la con- ception, on voit apparaître sur la face externe de la membrane blastodermique une tache circulaire qui est le premier rudiment de l'embryon. Le jour suivant cettetache embryonnaire s'agrandit en devenant elliptique et les premières formes de l'embryon com- mencent à se dessiner; avant le dix-septième jour il a déjà deux lignes de longueur. Cest à cette époque que M. Coste a vu et nous à fait voir la naissance de la vessie ovo-urinaire. Elle prend son origine près de l’extrémité postérieure de l'embryon, comme cela a lieu chez le poulet; elle a la forme d’un croissant dont la concavité est tournée vers l'embryon auquel elle adhère par le mi- lieu de cette même concavité. Ici M. Coste a cru apercevoir un fait tout nouveau dans la science. En examinant au microscope le fœtus qui n’a alors que deux lignes de long, il lui a semblé que la vessie ovo-urinaire naissante n’était gu'une expansion, qu’un véritable cul-de-sac de la vésicule ombilicale, comme l’appendice cæcale est un cul de sac de l'intestin ; la continuation de cette nouvelle poche avec le pédicule de la vésicule ombilicale , dit-il, m'a long-temps et sérieusement OCCUpé , j ai consacré hui jrs a constater son existence et j ‘ai toujours cru voir le méme Jait se reproduire. M. Coste a cherché à nous faire partager sa convic- tion en nous raettant les pièces sous les yeux, mais nous n'avons rien pu voir de pareil à ce qu’il disait apercevoir. Il est si facile dans l'observation microscopique de prendre de la contisuité pour de la continuité, que l’on peut sur ce point de vue excuser l'erreur où M. Coste est tombé dans cette circonstance ; toute- fois il ne l’eüt point commise, s’il eût mieux connu la structure de l’œuf des oiseaux, car c’est par l'anatomie comparée de l'œuf des oiseaux et de l’œuf des mammifères que cette question doit se juger. La vésicule ombilicale des mammifères est l’analogue de la poche intestinale qui contient la matière du vitellus du cosre. — Sur la génération des Mammifères. 8y poulet, elle doit nécessairement avoir la même structure et les mêmes rapports anatomiques. Cette poche ayant, chez le poulet, des dimensions très considérables, c’est là qu’il faut porter son étude directe, afin de conclure ensuite par analogie pour ce qui concerne la vésicule ombilicale des mammifères. Or, chez le poulet, il est de la plus complète évidence que la vessie ovo-uri- naire n'est point une extension, ou cul-de-sac de la poche in- testinale du vitellus. D'ailleurs cette dernière qui constitue ce que l’on nomme la membrane blastodermique n’est point une simple membrane, comme M. Coste parait le croire; c'est une poche intestinale qui possède en dedans une membrane mu- queuse et en dehors une membrane péritonéale, laquelle se con- tinue avec le péritoine qui revêt l’intestin : enfin, il y aen dehors de cette poche intestinale un sac péritonéal herniaire qui se con- tinne avec le péritoine qui revet intérieurement les parois ab- dominales du fœtus. Ce sont toutes ces membranes confondues dans l’origine, mais qui se distinguent les unes des autres chez le poulet par l'effet du développement qui constituent la membrane d'abord simple en apparence qu'on a nommée #/astodermique, laquelle forme la poche intestinale du vitellus chez le poulet et son analogue lavésicule ombilicale chez le fœtus des mammifères. Or, si la vessie ovo-urinaire était une extension de cette poche intestinale ou de cette vésicule ombilicale, elle posséderait comme elle une tunique péritonéale immédiate et un sac péritonéa herniaire. Or, tout anatomiste sait que Ja vessie urinaire n’est point enveloppée par le péritoine : fa vessie ovo-urinaire, qui en est une extension, n’est donc point non plus enveloppée par cette membrane qui revêt la poche intestinale du vitellus du poulet, et qui revêt par conséquent aussi la vésicule ombilicale du fœtus des mammifères. Il est donc bien prouvé que M. Coste a été trompé par une illusion d'optique, quand il a cru voir au microscope la vessie ovo-urinaire naître d’une extension ap- . pendiculaire de la vésicule ombilicale : au reste, nous devons . dire ici que M. Coste ne présente cette opinion qu'avec réserve tout en y entrevoyant cependant le principe d’une très grande découverte si elle se confirme. (1) (1) Depuis la lecture de ce rapport à l’Académie, M. Coste a cherché à démontrer la justesse LA 90 COSTE. — dur la génération des Mammifères. Revenons à l'exposition de la structure que possede l'œuf de la brebis aü quinzième jour de la conception, c'est-à-dire à l’é- poque de l’apparition de la vessie ovo-urinaire. À cette époque, l'œuf qui ressemble à un long boyau est composé de dehors en dedans 1° de la membrane adventive que M. Coste appelle cor- ticale ; 2° De la membrane propre que l’ovule possédait dans Povaire et que M. Coste nomme vitelline. Cette membrane quoique com- plètement dépourvue d’adhérence avec l'embryon ou avec ses annexes est bien certainement vivante, puisqu'elle s’est aussi con- sidérablement développée, et que dans la suite elle se confond par adhérence organique avec la vessie ovo-urinaire qu'elle re- couvre. Cette vie propre et indépendante de l'enveloppe primi- tive de lovulée est un fait singulièrement remarquable. Ce fait ne parait pas avoir fixé l’attention de M. Coste; 3° La troisième membrane de l’œuf de la brebis est la mem- des idées qu’il émet ici par l'observation des phenomènes de développement du poulet. D'abord, je dois faire observer que par cette expression pédicule de la vésicule ombilicale, M. Costen'a point voulu désigner le pédicule qui unit cette vésicule à l'intestin, ce qui est le sens général et véritable de cette expression, et par conséquent, celui que les commissaires avaient dû admet- tre. M. Coste pensant que l'intestin tout entier fait originairement partie de la cavité de la vé- sicule ombilicale regarde ainsi cet intestin tout entier et encore fort peu développé commele pédicule de la vésicule ombilicale. Cette nouvelle acception de l'expression pédicule de la vesi- cule ombilicale modifie un peu dans sa forme le jugement qui a êté porté dans le rapport sur les idées émises par M. Coste dans le cas dont il s’agit. mais sans changer ce même jugement quant au fond. M. Coste a voulu me démontrer récemment que la vessie ovo-urinaire du poulet est une extension de l'intestin et comme, selon lui, l'intestin est une partie devenue tubuleuse de la vésicule blastodermique ou vésicule ombilicale, i en résulterait qu’en adoptant cette manière de voir, il aurait pu considérer la vessie ova-urinaire comme une extension, comme un cul-de-sac appendiculaire de la vésicule ombilicale. Or, il est parfaitement certain, et mes recherches d'autrefois me l'ont démontré de manière à ne me laisser aucun doute, que le prétendu intes- tin duquel naït la vessie ovo-urinaire est dans le fait, le cloaque, lequel possède alors une forme tubuleuse et qui fait suite à l'intestin, en sorte qu'on peut alors le confondre avec lui. La suite des développemens établit une distinction tranchée entre ces deux parties. On sait que l’intes- tin se termine à l’anus intérieur qui s'ouvre dans le cloaque. Ce: dernier est véritablement une production rentrante, en cul-de sac, de l'enveloppe cutanée, ainsi la vessie ovo-urinaire qui yÿ trouve son origine est aussi en quelque sorte, une production rentrante de l’enveloppe cutanée” et non un cul-de-sac appendiculaire de l'intéstin. J'ai démontré que la partie de la vessie ovo- urinaire qui demeure renfermée dans l'abdomen du fœtus devient sa vessie urinaire, et que célle- ei existe temporairement et se voit Lrès facilement chez le poulet nouvellement éclos. ( Note ajoutée au rapport depuis sa lecture à l’Académie par M. Durrocuer.) COSTE. — Sur la génération des Mammifères. y brane blastodermique, long boyau rempli de liquide, auquel la membrane précédente forme une enveloppe close de toutes parts et de la même configuration. Ce canal membraneux blastoder- mique formera les deux longues cornes de la vésicule ombilicale. L’embryon, de l'intestin duquel il est une appendice, est ‘itué à sa face externe et vers son milieu. Cet embryon vient de pro- duire, comme nous venous de le dire, la vessie ovo-urinaire, la- quelle est, par conséquent, logée, coinme Îa vésicule vermi- forme blastodermique, dans la cavité de la vésicule vitelline allongée «le même en canal vermiforme. Il résulte de cet empri- sonnement de la vessie ovo-urinaire par la vésicule vitelline qu'elle doit en se développant ou rompre cette dernière ou se développer dans son intérieur en s’assujétissant à sa forme. C’est ce dernier mode qui à lieu. La vessie ovo-urinaire, en se déve- loppant, tend à envahir la cavité tubuleuse de Ja vésicule vitel- line, que la vésicule tubuleuse blastodermique ou vésicule om- bilicale remplissait seule auparavant. Pour cct effet, la vésicule tubulease vitelline se dilate sous l'effort que fait la vessie ovo- urinaire pour pénétrer dans ses deux prolongemens tubuleux opposés. Ces deux prolongemens ont été très bien vus par Baer, ainsi que la position de l’allantoide (vessie ovo-urinaire) dans leur cavité tubuleuse, qu’elle ne remplit pas encore entie- rement, comme nous J'avons dit plus haut. Voilà donc actuellement la vésicule ombilicale et la vessie ovo- urinaire, toutes les deux allongées en longs tubes fermés, qui se trouvent contenues ensemble dans un troisième tube fermé qui est la vésicule vitelline ou l'enveloppe propre que lovule possé- dait dans l’ovaire, enveloppe qui, de sphérique qu’elle était, est devenue cylindrique et tubuleuse. La vésicule ombilicale tubu- leuse, pressée par le développement de la vessie ovo-urinaire également tubuleuse, ne tarde pas à lui devenir adhérente. D'un autre côté, cette même vessie ovo-urinaire contracte une adhé- rence organique, intime avec la membrane viteliine tubuleuse qui l’'emprisonne, excepté dans l'endroit où se trouve. l'embryon. C’est vers le vingtième jour depuis la conception que ces phé- nomènes s’accomplissent. Cependant l'embryon continue de se développer, il subit divers changemens de position qui sont dé- 92 COSTE. — Sur la génération des Mammifères. crits avec soin par M. Coste. En contact d’un côté avec la vessie ovo-urinaire qu'il presse par son développement, et comprimé de l’autre côté par l'enveloppe vitelline, le fœtus déprime sa vessie ovo-urinaire qui est remplie par un liquide aqueux, et il se loge dans une dépression qu’il y forme; bientôt cette dépres- sion augmente de profondeur, le fœtus entouré de son amnios s y enfonce de plus en plus et finalement, les bords de cette dé- pression finissent par se réunir, comme une bourse qui se ferme, et la nouvelle cavité qui contient le fœtus se trouve close. Alors ce dernier se trouve recouvert par une double enveloppe vascu- laire formée par la plicature de la vessie ovo-urinaire exactement comme cela a lieu chez le poulet. L'un de nous à décrit, il y a plus de vingt ans, cet enveloppement qui, sous ce point de vue, établit une similitude exacte entre le fœtus des mammifères et celui des oiseaux. Le vingt-neuvième jour après la conception, M. Coste a vu une membrane non vasculaire détachée de la face interne de la vessie ovo-urinaire avec laquelle elle était auparavant con- fondue. Cette membrane qui forme une poche à part con- tenue dans la vessie ovo-urinaire contient immédiatement l’urine du fœtus. On ne l’a encore observée ainsi isolée que chez les ruminans. C’est elle seule que Gallien a nommée 4/- lantoide et elle seule a conservé ce nom chez le fœtus des rumi- nans. C’est ce qui a décidé l'un de nous à la distinguer de la poche vasculaire qui la contient en donnant à cette dernière le nom de vessie ovo-urinaire que M. Coste a adopté. Cet observa- teur pense que cette 4 llantoïde sans vaisseaux est un épiderme; l’un de nous a émis autrefois la même opinion, mais il ne faut pas perdre de vue que ce n’est qu'une opinion. La membrane ‘ allantoïdienne pourrait bien être toute autre chose qu'un épi- derme; aussi pensons-nous, contre l'opinion de M. Coste, qu'il faut lui conserver la dénomination spéciale qui lui a été imposée par Gallien, et que tous les anatomistes ont suivie. C'est vers la même époque, c'est-à-dire environ quatre se- maines après la conception, que l’on voit naître et se former les cotylédons placentaires par le développement du tissu de la vessie ovo-urinaire, dans les endroits où elle cerrespond aux émi- | GOSTE. — Sur la génération des Mammifères. 93 nences qui garnissent l’intérieur de l'utérus. L’un de nous a dé- crit, il y a déjà long-temps, le mode d’origine de ces nombreux placenta et la manière dont leurs appendices radiciformes s’im- plantent dans l’utérus, dont le tissu est imbibé d’un fluide lac- tescent. Pendant les quatre semaines qui ont précédé la forma- tion des placenta, l’œuf et le fœtus qu'il contient ne se sont nourris que des fluides sécrétés par l’utérus; ainsi se confirme de plus en plus ce fait important que le placenta simple ou multi- ple est le résultat d’un développement particulier du tissu vascu- laire de la vessie ovo-urinaine. Par les travaux de M. Coste et par ceux de quelques-uns des observateurs qui l'ont précédé, les enveloppes fœtales des mam- mifères se trouvent définies. Il ne sera plus permis désormais de les confondre les unes avec les autres ; mais pour établir leur détermination, il sera presque toujours nécessaire qu’il y ait un travail de fait pour établir la série des développemens de l’œuf depuis son origine dans l'ovaire , et cela dans chaque famille de mammiferes.Lorsqu'on se contentera d'observer un œufde mam- mifère qui a déjà acquis un certain développement, il y aura presque toujours incertitude sur la nature de certaines catots pes fœtales et par conséquent sur le nom qui doit leur être donné. C’est ce qui entretiendra, encore bien long-temps, l’état d'imperfection ou se trouve l’ovologie humaine que l'on ne peut étudier avec autant de facilité que l’ovologie des qua- drupèdes. Une autre difficulté qui se présente dans la science ovologi- que est celle de savoir à quelle enveloppe il faudra conserver tel ou tel nom qui a été donné, par confusion à plusieurs enve- loppes différentes.-Par exemple, le nom de Chorion que Gal- lien, premier auteur de la nomenclature des enveloppes fœtales, a donné à l'enveloppe vasculaire la plus extérieure, a été appli- qué postérieurement par certains auteurs à l’une des fausses membranes produites par sécrétion, quienveloppent extérieure- ment le fœtus, en sorte que pour eux le Chorion est une mem- brane inorganique. M. Coste dit que le Chorion est une membrane qu’il nomme vitelline et que l’ovule a apportée de l'ovaire. À quelle enveloppe restera donc définitivement le nom de Chorion? \ l COSTE. — Swr da génération des Mammifères. L'un de nous (1), dans ses derniers travaux sur l’ovolosie, a cru devoir s’en rapporter à l'autorité de Gallien et demeurer fidèle à la nomenclature que cet auteur a établie, maïs en faisant éprouver une légère modification à cette même nomenclature. Il a nommé Chorion extérieur ou exo-chorion la membrane vas- culaire extérieure qui est formée par la plicature de la vessie ovo-urinaire; et il a nommé Chorion intérieur où endo-chorion la membrane vasculaire intérieure qui est formée par cette même plicature. En s’en rapportant ainsi à l'autorité du premier auteur de la nomenélature des enveloppes fœtales, on ferait cesser la déplorable confusion qui règne dans cette partie de la science. En terminant ce rapport, nous dirons que les observations que contient le mémoire de M. Coste n’ont été suivies, pour la plupart, que par votre rapporteur; ses deux collègues qui composent avec lui. la Commission n’ont été rendus témoins que d'un petit nombre de ces observations. Concrusions.-— Il existait avant ce jour beaucoup de travaux partiels sur l’ovologie de la brebis. Ces travaux avaient besoin d’être revus, afin de choisir ce qu’ils avaient de bon et de rejeter ce qu'ils avaient d’erroné; ils avaient enfin besoin d'être comi- plétés. 11 fallait établir d’une manière rigourense la série des faits dans l’évolution de l’œuf. Les premiers observateurs n’ont pu qu’ébaucher ce travail, parce que, dans toutes les sciences d'observation, ce sont généralement les premiers pas qui sont les plus difficiles à faire. Lorsqu'une fois la route est découverte et indiquée, il devient facile de la suivre. C'est ainsi que M. Coste, guidé par les découvertes de ses devanciers, a suivi avec habileté la route qu’ils lui avaient tracée, il a ajouté quelques faits aux découvertes qu'ils avaient faites sur l’ovologie de la brebis; ses observations soigneusement vérifiées par nous ont le mérite de faire disparaitre enfin toutes les incertitudes qui provenaient ou des assertions contradictoires ou de la divergence des opinions émises par les précédens observateurs. Certes, ce n'est pas un médiocre service qu’il a rendu à la science. Son travail présente dans une suite d'observations bien faites toute la série des déve- (1) Mémoires de la société médicale d’émulation , tome 9. . V d LÉON DUFOUR. — Sur la Tarentule. 95 loppemens de l’œuf de la brebis, depuis l'ovaire jusqu’à létablis- sement des placenta. C’est une bonne monographie ovologique, telle qu'il serait à desirer qu'il en existât une pour chaque fa- mille des mammifères. Nous pensons que l’Académie doit con- tinuer, à donner ses encouragemens à cet observateur zélé, et nous n hésiterions pas à lui proposer de décider que ce nouveau mémoire sera inséré dans le recueil des savans étrangers, si nous n’étions retenus par la considération des assertions hasardées que nous'avons signalées dans son œuvre, laquelle, nous aimons à le déclarer, est à tous autres égards très digne de l’approba- tion de l’Académie. Signé Serres, Isidore Geoffroy Saint-Hilaire et Dutrochet, rapporteur. | | L'Académie adopte les conclusions de ce rapport. OBSERVATIONS sur la Tarentule (Lycosa Tarantula) avec la figure dé cette aranéide , Par M. Lron Durour, Correspondant de l’Institut. (r) Tout le monde sait que le nom de Tarentule a été donné à une grande araignée observée d’abord plus particulièrement aux en- virons de Tarente, en Italie, et devenue célèbre parce qu’on attribuait à sa morsure, réputée vénéneuse, des maladies dont la musique et la danse étaient le remède. Il n'entre pas dans mes vués d'écrire l’histoire de cette arachnide et encore moins d’en retracer la partie romantique. On peut, sous ce double rapport, recourir aux ouvrages de Kircher, de Muller, de Grube, de Va- letta, de Serao, de Mouffet , d’Aldrovande, de Bellon, de Jonston et surtout à la dissertation spéciale de Baglivi publiée vers le mi- lieu du siècle dernier. (x) Ge travail fat présenté et lu à l’Académie des Sciences le 13 mai 1833. 96 LÉON BUFOUR. — Sur la Turentule. En me décidant aujourd'hui à parler de la Tarentule, je n’ai d'autre but que d'offrir à la science quelques faits positifs dus à mon observation airecte. C’est sans doute un hommage tardif, car il y a plus de vingt ans que, pendant mon séjour en Espagne, je m'étais déjà occupé de rassembler les matériaux de ce travail; mais ces faits, malgré l'ancienneté de la date, m'ont paru dignes encore d’être exhumés, et en me livrant à leur coordination j'ai été inévitablement entrainé à leur donner un peu plus d’exten- sion pour les mettre en harmonie avec les progrès de la science. Cherchons d’abord à nous fixer sur la détermination spécifi- que de la véritable Tarentule. Cette aranéide appartient au genre Lycose (Zycosa) fondé par Latreille. Les contrées méridio- nales de l’Europe sont la patrie privilégiée d’un nombre assez considérable d'espèces de ce genre qui n’ont point encore été suffisamment étudiées. Mais cette étude, il ne faut point se le dis- simuler, s’accompagne de difficultés bien réelles, soit parce que les espèces varient pour la grandeur et les nuances des cou- leurs suivant l’âge et même suivant les localités, soit parce qu'il est nécessaire à raison de la mollesse et de l'altérabilité de leurs tissus de les observer vivantes. Considérées sousle rapport de leurs habitudes, et celles-ci sont un résultat, une conséquence de l'organisation, les Lycoses peu- vent se partager en deux sections. Celles de la première section, généralement plus grandes, plus robustes, plus industrieuses, habitent desboyaux souterrains qu'elles se creusent elles-mêmes, de véritables clapiers. On peut les appeler les Lycoses cunicu- laires ou mineuses. Celles de la seconde section se tiennent plus habituellement à la surface du sol et cherchent seulement un refuge soit dans les anfractuosités du terrain, soit sous les pierres ou les débris entassés. Elles mériteraient le nom de Lycoses _errantes ou vagabondes. La Lycose qui fait le sujet principal de mes observations, appartient à la première section. Je l'ai étudiée dans différentes contrées de l'Espagne, savoir : à Madrid , centre de la Péninsule, à Tudela, en Navarre, qui est au nord, à Valence, située à l’est, et je lai reçue de Cadix, point le plus méridional de l'Espagne. Les individus de ces dernières localités ne m'ont présenté aucun LÉON DUFOUR. — Sur la Tarentule. 97 trait qui, aux yeux d’un entomologiste consciencieux, püt consti- tuer, je ne dirai pas des espèces, mais même des variétés remar- quables. Il n'existait entre eux que de légères différences dans la grandeur du corps ou dans la nuance de la robe, et souvent ces différences s’observaient dans ceux d’une même contrée. De l'étude comparative des divers individus de cette Lycose, il est résulté pour moi la conviction que c’est la véritable Tarentule des anciens, celle de tous les auteurs qui ont écrit sur le Za- rentisme, celle de Baglivi, de Linnæus, de Fabricius, d'Oli- vier, etc. J'espère bientôt faire passer dans l'esprit de mes lec- teurs la même conviction. Mais avant d'aborder cet examen crilique, je vais exposer et le signalement spécifique et la des- cription de la Lycose dont la figure accompagne mon texte. Lycosa TaranTuLA (Lycose Tarentule), pl. 5. À, fig. 1. Aranea tarantula. Lin. syst. nat. 1035. 25. Fabr. Entom. syst. vol. IL. pag. 423. Oliv. Encycl. meth. n°. Lycosa melancgaster. Latr. nouv. dict. d’hist, nat. 2° édit. 1 Supra griseo nunc nigrescens nunc lutescens, marginibus pallidicribus ; cephalothorace plus minusve obscurius nebuloso; mandibulis nigris basi an- tica grisescente ; abdominis aorso maculis geminis 2-3 semi sagittatis lineo= lisque posticis transversis nigris ; subius nigra, ventre atro-s'elutino margi- nibus anoque late intensive ochraceis; trochanteribus, fernorum basi tibia- rumque maculis duabus nigris. Hab. in aridis Europa australioris. Long. 10-14 lin. Le céphalothorax, dans les individus récemment adultes et bien frais, c’est-à-dire non endommagés par le frottement, a en dessus un duvet couché grisätre, tantôt uniforme, tantôt offrant de chaque côté de la ligne médiane une grande tache longitudinale plus obscure qui ne parait souvent que commeune nébulosité. Les vieux individus ou ceux qui ont été maniés avec peu de précaution, ont souvent le dos du céphalothorax plus ou moins dégarni de son duvet, et alors on voit à nu le tégu- ment qui est brunâtre, Dans tous les cas les bords du tronc ont IT, Zoor., — Féprier. 7 6 LÉON DUFOUR. — Sur la Tarentule. constamment une teinte plus claire d’un gris ochracé ou argi- leux. La région oculaire est hérissé de quelques poils redressés. Les yeux qui, pendant la vie, ont parfois la couleur de rubis, sont ou bruns ou noirâtres dans l’état de dessiccation avec une ceinture pâle à leur base. Les mandibules grandes et robustes sont noires, luisantes, excepté à leur base antérieure quiestre- vêtue d’un duvet plus ou moinsochracé ou gris. Les autres parties de la bouchesont noires. Les palpes ont une teinte ochracée sou- vent assez vive, mais ils sont toujours noirs à leur extrémité. L'abdomen a une forme ovalaire très obtuse, maïs il est plus ou moins développé suivant le sexe, et quelques circonstances accidentelles relatives soit à la gestation , soit à la plénitude ali- mentaire. Ainsi que dans les autres aranéides, celui du mâle est beaucoup plus petit, et dans quelques individus exténués ou décrépits il est souvent d’une petitesse disproportionnée avec celle du céphalothorax. La couleur de sa robe vue par dessus présente quelques variations. Dans les vieux individus, elle est d’un gris foncé tirant sur le noirâtre, dans les adultes frais le gris jaunûtre plus ou moins pointillé de noir domine, mais le pour- tour est d’un gris ochracé plus clair. Les deux tiers antérieurs de la région médiane] offrent deux, rarement trois paires de taches noires en demi-fer de flèche dont la pointe regarde en arrière. Le tiers postérieur est marqué de traits noirâtres trans- versaux légèrement flexueux. | Le dessous du corps de la Tarentule est noir, et c’est lun de ses traits spécifiques le plus saillant. Le ventre est occupé par une vaste tache noire ovale arrondie, d’un noir velouté profond que borde sur les côtés une teinte ochracée parfois vive, mais jamais safranée. La région de l'anus, c’est-à-dire celle qui en- toure dans une étendue assez large le disque rembruni des filières, est aussi d’une couleur ochracée intense. Les pattes, fortes et robustes, sont en dessus d’un gris ou jau- nâtre ou noirâtre uniforme, mais en dessous il y a constamment au second article du tibia deux taches noires d’autant plus tran- chées que le fond de la couleur qui les avoisine est d’an gris jeunâtre assez clair. L'une de ces taches occupe la base et l’autre l'extrémité de l’article précité, La première empiète sur le pre- LÉON DurouR.— Sur la Tarentule. 09 mier article du tibia ou la rotule. Les deux articles qui forment le trochanter ainsi qu’une grande tache à la base de la cuisse, et une petite à son extrémité sont pareïllement noirs. Le second article des tibias et le premier des tarses sont armés de petits pi- quans assez longs , raides, mobiles sur leurs bases, qui servent puissamment à la Tarentule pour saisir et retenir sa proie. La rotule et le dernier article des tarses manquent de ces piquans, mais on en découvre quelques-uns aux cuisses. Les tarses des deux paires de pattes antérieures sont garnis en dessous d’un duvet fourni disposé en brosse, qui ne s’observe point aux autres tarses. Ce duvet en brosse sert principalement à la Tarentule pour sa toilette et pour se fixer lorsqu'elle grimpe sur des sur- faces unies. Les deux ongles qui terminent les tarses sont assez robustes, noirs ; pectinés, c’est-à-dire garnis en dedans à partir de leur courbure d’une seule rangée de cinq dents bien détachées quand on les étudie au microscope. Voyons maintenant si l’aranéide que je viens de décrire est la véritable Tarentule ou, en d’autres termes et sans nous engager dans le dédale d’une érudition surannée, cherchons si c’est l_Aranea Tarentula de Linnæus, car la nomenclature philosophi- que ne remonte pas plus haut. Voici la phrase spécifique de Pline suédois: Zranea subtus atra, pedibus subtus atro fasciatis. Ces traits s'appliquent parfaitement à notre Lycose; ce sont ceux qui sautent aux yeux, surtout lorsqu'on n’est pas à même d’ob- server cette aranéide vivante et qu’on n’a à consulter que des in- dividus plus ou moins déformés par la dessiccation ou des figures grossièrement exécutées. Or, Linnæus devait se trouver précisé- ment dans ce dernier cas lorsqu'il coordonnait les matériaux de son œuvre immense et monumental du Sysiema naturæ. La cou- leur d’un gris plus ou moins sombre de la Tarentule vue par sa région dorsale n’a pas dû être exprimée par cet auteur parce qu'elle est commune à presque toutes les aranéides. Quant aux taches triangulaires qui s’observent au dos de l'abdomen lorsque l'animal est frais, elles s’effacent à tel point par le froncement des tégumens desséchés qu'il faut être prévenu de leur existence pour en y reconnaitre la trace. J'ai en ce moment sous les yeux plusieurs grands individus de notre Lyeose, et si je n’avais point LL OF6 7: 100 LÉON DUFOUR. — Sur la Tüarentulei constaté autrefois la forme et la grandeur de ces taches, il m’au- rait été impossible de les comprendre dans le signalement de l'espèce. Ainsi en nous reportant à l’époque et aux conditions où vivait Linnæus, nous devons l’excuser de son silence sur la couleur de la Tarentule vue en dessus. Envisageons maintenant Je corps de cette Lycose par sa région inférieure. La noirceur de sa bouche, de son poitrail, de l’origine de ses pattes, des taches de ses tibias et surtout de son ventre forme un contraste frappant avec le gris de la région HpÉGENE La valeur de ce trait véritablement spécifique a été appréciée par l’œil d’aigle du législateur de l’histoire naturelle et il en a fait avec raison le fond de son signalement laconique. La couleur ochracée qui, dans les individus frais, s’observe au pourtour du ventre.et sur- tout au voisinage de l’anus, pälit et cesse de devenir un trait sail- lant lorsque la peau est ratatinée par la dessiccation. Enfin, j'ajou- terai, pour justifier Linnæus de n’avoir exprimé que des traits fournis par la région inférieure de la Lycose , que vraisembla- blement il s’est aussi étayé dela figure d’Olearius qu’il cite. Or, suivant le témoignage de M. Walckenaer , qui est une grave au- torité en cette matière, cette figure d’Olearius ne représente la Tarentule que vue en dessous, et elle est suivant lui fort recon- naissable quoique grossière. Quant à la figure détestable de Ba- glivi qui, du temps de Linnæus, avait une certaine valeur et qui, au dire de M. Walckenaer, a été copiée et recopiée par une foule d'auteurs, même par Boccone et Albin, cités aussi par Linnæus, la Tr tnlé n’y est dessinée que vue en dessus, et il est impos- sible d'y saïsir aucune des taches dont j'ai parlé. La phrase spécifique de Fabricius dans son Æntomologia systematica, ainsi que dans son species publié douze ans aupa- _ravant, est conçue en ces termes relativement à l’{ranea Ta- rentula : Æbdominis dorso maculis trigonis nigris, pedibus nigro maculatis. Ainsi l'entomologiste de Kiel, en exprimant le trait le Aus saillant fourni par la région sm de l’abdomen., semble n’avoir eu en vue que de compléter la phrase de son maitre Linnæus qu'il cite textuellement à la suite de la sienne. Remarquez bien que ces deux fondateurs dei *Entomologie n'ont rien dit qui puisse faire présumer l'existence, dans la Tarentule, sé “ LÉON DUFOUR. — Sur da Tarentule. : IOI d’une bande noire ventrale. L'espèce qu'ils ont mentionnée est sans aucun doute celle que j'ai rencontrée dans dix localités de l'Espagne et dont j'offre ici la figure. La description assez détaillée de l Zraignée Tarentule qu'Oli- vier a consignée dans l’Encycl. méth. et qui paraît avoir été faite sur des individus qu'il aurait lui-même observés en Pro- vence, s'adapte en tout point à celle qui fait le sujet de mon écrit. C’est encore l'espèce Linnéenne, l'espèce fondamentale. Latreille avait d’abord, je ne sais sur quels indices, car il ne cite aucune source, avancé dans Histoire des Araïgnées , faisant partie du Buffon de Sonnini, que la Tarentule de Linnæus et de Fabricius avait « le ventre d’un rouge vermillon clair en « dessous avec une bande très noire transverse au milieu. » Dans son Genera, ainsi que dans la seconde édition du Nouveau Dict: d'Hist. Nat. dans celle du Règne Animal de Cuvier (1829), et enfin dans son Cours d'Entomologie (1831), Latreille a consacré ces caractères pour l’espèce Linnéenne en excluant le synonyme d'Olivier. Je crois avoir surabondamment prouvé que Linnæus, Fabricius et Olivier avaient tous trois mentionné ow décrit: une seule et même Tarentule, et que celle-ci est en tout conforme à l’espèce qui est l’objet de ma dissertation actuelle. Or, je le répète, le ventre de la Tarentule de ces auteurs et de la mienne n'offre ni une couleur rouge ou safranée, ni une bande transverse au milieu. Sans contester l'existence d’une espèce de Lycose qui serait caractérisée par ces derniers traits , j'en conclus que ce n'est point la Tarentule de Linnæus. Je re- grette fort de n'être pas à même de consulter la figure récente de l’ënconographie du règre animal citée par Latreille dans son cours d'Entomologie à l’occasion de cette espèce. (1) "(r} J'ai rencontré , en décembre 1837, sous les pierres des montagnes arides de Murviedro, : dans le royaume de Valence , une espèce de Lycosa que je trouve désignée dans mes notes par ces mots : Lycosa fasciiventris. Nob. \ * Cinereo-grisea, abdominis dorso maculis triangularibus ris is coadunatis; ventre bre fascia in medio transversa atra lateribus unidentata. Cette espèce est moins grande que la véritable Tarentule, à laquelle elle ressemble beaucoup. Cependant j'ai vu des individus qui avaient jusqu’à 10 lignes de longueur. La bande noire qui “traverse le milieu du ventre présente de chaque côté, à son bord postérieur, un petit avances ment dentiforme. 102 LÉON DUFOUR.— Sur la Tarentule. Cet auteur a décrit dans la seconde édition du dictionnaire précité, sous le nom nouveau de Lycosa melanogaster , une-es- pèce à laquelle il rapporte et l'Araignée Tarentule d'Olivier et là! Lycose narbonaise de M. Walckenaer, et, je dirais presque, ma Lycose Tarentule puisqu'il consacre un assez long. article des- criptif à des individus de celle-ci que je lui avais transmis pen- dant mon séjour en Espagne, ainsi qu’il a eu la bonté de le dire. La synonymie admise par Latreille pour cette espèce est juste; mais je pense qu'il faut y ajouter celles de Linnæus et de Fabri- cius, et substituer enfin le nom de Tarentula à l'épithète. de Me. lanogasicr. Par la même raison, la Lycose décrite par Latreille, sous le nom de Tarentula et qui a une bande noire au milieu du ventre, devra recevoir une autre dénomination eb peut-être ne, Lt t-elle point de celle que je viens d apple Fasaieeainie dans la note précédente. f: TURN . Je crois avoir suffisamment éclairé tout ce qui rséardlé et tt description et la détermination spécifique et la synonymie de læ Tarentule. Il me reste maintenant à exposer sur ses habitudes et sur son genre de vie des faits dus à ma propre observation, des faits positifs et authentiques, parce que j'ai eu soin de les consigner par écrit à l'époque même ou je les ai constatés. Ce sont des matérianx qui pourront servir à compléter l'histoire de cette fameuse aranéide. it La Lycose Tarentule habite de préférence les lieux découverts, secs, arides, incultes , exposés au soleil. Elle se tient ordinaire ment, au moins ques elle est adulte, dans des conduits souter- rains, dans de véritables clapiers qu’ellé sé creuse elle-même, Ces clapiers, signalés par plusieurs auteurs, ont été imparfaite- - ment saisis et sd étudiés. CR et souvent d'un pouce de diamètre , ils s’enfoncent jusqu’à plus d’un pied dans la pro- fondeur du sol. Mais ils ne sont pas simplement perpendiculaires ainsi qu'on l'a avancé. L'habitant de ce boyau prouve aie est en même temps chasseur adroit et ingénieur habile. Il ne s’agis- sait pas seulement pour lui de construire un réduit profond qui. püt le dérober aux poursuites de ses ennemis, il fallait encore qu’il établit là son observatoire pour épier sa proie et s'élancer sur elle comme un trait. La Tarentule a tout prévu. Le conduit LÉON DUFOUR. — Sur la Tarentule. 103 souterrain a effectivement une direction d’abord verticale, mais à quatre où cinq pouces du sol il se fléchit à angle obtus, il forme un coude horizontal, puis redevient perpendiculaire. C’est à l’origine de ce coude que la Lycose , établie en sentinelle vigilante, ne perd pas un instant de vue la porte de sa demeure, c’est là qu'à l’époque où je lui faisais la chasse, ainsi que je le diraibientôt j'apercevais ses yeux étincelans comme des diamans, lumineux comme ceux du chat dans l'obscurité. L’orifice extérieur du terrier de la Tarentule est ordinairement surmonté par un tuyau construit de toutes pièces par elle-même et dont les auteurs ne font pas mention. Ce tuyau, véritable ou: vrage d'architecture, s'élève jusqu'à un pouce au-dessus de la surface du sol ét a parfois deux pouces de diamètre, en sorte qu'ilest plus large que le terrier lui-même. Cette dernière cir- constance qui semble avoir été calculée par l’'industrieuse ara- néide se prête à merveille au développement obligé des pattes au.moment où il faut saisir la proie. Ce tuyäu est principalement composé. par dés fragmens de bois secs unis par un peu de terre glaise, et si artistement disposées les uns au-dessus des autres qu’ils forment un échafaudage en colonne droite, dont l’intérieur est un cylindre creux. Ce qui établit surtout la solidité de cet édifice tubuleux, de ce bastion avancé, c’est qu'il est revêtu, tapissé en dedans d’un tissu ourdi par les filières de la Lycose et qui. continue dans tout l'intérieur du terrier. Il est facile de con- cevoir combien ce revêtement si habilement fabriqué doit étre utile, et pour prévenir les éboulemens , les déformations et pour l'entretien de la propreté et pour faciliter aux griffes de la Ta- rentule l'escalade de sa forteresse. J'ai laissé entrevoir que ce bastion du terrier n’existait pas tou- jours. En effet, j’ai souvent rencontré des trous de Tarentule où ilm’y en avait pas de traces, soit qu’il eût été détruit acciden- téllemient par le mauvais témps, soit que la Lycose ne rencon- trätipas toujours des matériaux pour sa construction, soit enfin parce qué le talent d'architecte ne se déclare peut-être que dans les individus parvenus au dernier degré, à la période de perfec- tion, dé leur développement physique et intellectuel. Ce qu'il ÿ a dé certain c'est que j'ai eu dé nôrnbreuses occasions de con 104 LÉON DUFOUR.-—= Sur la Tarcentile. stater ces tuyaux, ces ouvrages avancés de la demeure de la Ta- rentule. Ils me représentaient en grand les fourreaux de quel- ques Friganes, Cette aranéide a voulu atteindre plusieurs buts en les construisant. Elle met son réduit à l'abri des inondations, elle la prémunit contre la chute des corps étrangers qui, balayés par les vents, finiraient par l’obstruer, enfin elle s’en sert comme d’une embüche en offrant aux mouches et autres insectes dont elle se nourrit un point saillant pour s’y poser. Qui nous dira toutes les ruses employées par cet adroit et intrépide chasseur ? La Tarentule n’est pas la seule espèce de Lycose qui élève des tuyaux en maçonnerie au-dessus de l’ouverture de sa demeure souterraine. La Lycose habile ( Zicosa perita Latr.) découverte par Latreille aux environs de Paris, aurait aussi, d'après cet auteur, l'habitude de construire un petit tuyau conique et soyeux avec des corps étrangers , de la terre, etc. ( Latr. Cours d'Entom. vol. 1, pag. 537.) Disons maintenant quelque chose sur la chasse assez amusante de la Tarentule. Les mois de mai et de juin sont la saison la plus favorable pour la faire. La première fois que je découvris les clapiers de cette aranéide et que je constatai qu’ils étaient habi- tés en l’apercevant en arrêt au premier étage de sa demeure qui estle coude dont jai parlé, je crus, pour m’en rendre maître, de- voir l’attaquer de vive force et la poursuivre à outrance. Je passai des heures entières à ouvrir la tranchée avec un couteau pour investir son domicile. Je creusai à une profondeur de plus d'un pied sur deux de largeur sans rencontrer la Tarentule. Je recommençai cette opération dans d’autres clapiers et toujours avec aussi peu de succès. Il m’eüt fallu une pioche pour atteindre mon but, mais j'étais alors trop éloigné de toute habitation et en Espagne. Je fus donc obligé de changer mon plan d'attaque et je recourus à la ruse. La nécessité est, dit-on, la mère de l’in- dustrie. J'eus l’idée, pour simuler un appät, de prendre un chaume de graminée surmonté d’un épillet et de frotter, d’agiter doucement celui-ci à l’orifice du clapier. Je ne tardai pas à m'ap- percevoir que l'attention et les desirs de la Lycose étaient éveil- lés, Séduite par cette amorce, elle s’avançait à pas mesurés et à , tètons vers l’épiliet, et en retirant à propos celui-ci un peu en LÉON DUFOUR.—- S'ur la Tarentule. 10) dehors du trou pour ne pas lui laisser le temps de la réflexion, elle s’élançait souvent d’un seul trait hors de sa demeure, dont je m’empressais de lui fermer l’entrée. Alors la Tarentule, décon- certée de sa liberté, était fort gauche à éluder mes poursuites, et je Vobligeais à entrer dans un cornet de papier que je fermais aussitôt. Quelquefois se doutant du piège, ou moins pressée peut-être par la faim, elle se tenait sur la réserve, immobile, à une petite distance de sa porte, qu'elle ne jugeait pas à propos de franchir. Sa patience lassait la mienne. Dans ce cas, voici la tactique que j'employais : après avoir bien reconnu la direction du boyau et la position de la Lycose, j’enfoncçais avec force, et obliquement, une lame de couteau, de manière à surprendre l'animal, par derrière et à lui couper la retraite en barrant le clapier. Je manquais rarement mon coup, surtout dans les ter- rains qui n'étaient. pas pierreux. Dans cette situation critique, ou bien la Tarentule, cffrayée, quittait sa tanière pour gagner le large, ou bien elle s’obstinait à demeurer acculée contre la lame du couteau. Alors, en faisant exécuter à celle-ci un mou- vement de bascule assez brusque, on lançaitau loini et la terre et la Lycose et on s’emparait de celle-ci. En employant ce procédé de chasse, je prenais parfois jusqu’à une quinzaine de Tarerñtules dans une heure. Dans quelques circonstances où la Tarentule était tout-à-fait désabusée du piège que je lui tendais, je n’ai pas été peu sur- pris, lorsque j'enfonçais l’épillet jusqu’à la toucher dans son gite, de la voir jouer avec une espèce de dédain avec cet épillet etle repousser à coups de pattes, sans se donner la peine de gagner le:fond de son réduit. | * Les paysans de la Pouille, au rapport de Baglivi, font aussi [a chasse à la Tarentule, en imitant, à l’orifice de leur terrier, le bourdonnement d’un insecte au moyen d’un chaume d'avoine Ruricolæ: nostri, dit-il, qguando eas capture volunt, ad illarum latibula accedunt, tennisque avenaceæ fistulæ sonum, apum murinuri non absimilem modulantur, quo audito foras exit Ta- rantula ut muscas vel alia hujus modi insecta quorum murmur esse putat, captat; captatur tamen ista a rustico insidiatore. Baglivi, opera omnia, pag. 356. 106 LÉON DUFOUR, -— Sur la Tarentule. La Tarentule, si hideuse au premier aspect, surtout lorsqu'on est frappé de l’idée du danger de sa piqüre; si sauvage en appa- rence, est cependant très susceptible de s’'apprivoiser, ainsi que j'en ai fait plusieurs fois l’expérience. Qu'il me soit permis de tracer ici, en peu de mots, l’histoire de l’une de ces Lycoses que j'ai conservée vivante pendant plus de cinq mois. Le 9 mai 1812, pendant mon séjour à Valence en Espagne, je pris sans la blesser une Tarentule mâle d'assez. belle taille, et je lemprisonnai dans un bocal de verre clos par un couverele de papier, au centre duquel j'avais pratiqué une ouverture à pan- neau. Dans le fond du vase, j'avais fixé le cornet de papier dans lequel je l'avais transportée, et qui devait lui servir de demeure habituelle. Je plaçai le bocal sur une table de ma chambre à! coucher, afin de lavoir souvent sous les yeux. Elle s’habitua _promptement à sa réclusion, et finit par devenir si familière, qu’elle venait saisir au bout de mes doigts là moûche vivanté que je lui servais. Après avoir donné à sa victime le coup dé la mort avec le crochet de ses mandibules, elle ne se contentait pas, comme la plupart des araignées, de lui sucer la tête, elle broyait tout son corps en l’enfonçant successivement dans sa bouche au moyen de ses palpes ; elle rejetait ensuite les tégu- mens triturés et les balayait loin de son gite. Après son repas, ellé manquait rarement de faire sa toilette, qui consistait à brosser; avec les tarses de ses pattes antérieures,ses palpes etses mandibules tant en dehors qu’en dedans , et après cela elle pre- nait son attitude de gravité immobile. Le soir et la nuit étaient pour elle le temps de la promenade et de ses tentatives d'éva- sion; je l’entendais souvent gratter le papier du cornet. Ces ha-, bitudes nocturnes confirment l’opirion, déjà émise ailleurs par moi, que la plupart des Aranéides ont la faculté de voir pendant la nuit et le jour comme les chats. Le 28 juin, ma Tarentule changea de peñu et cette mie, qui fut la dernière, n’altéra d’une manière sensible, ni la couleur de. sa robe ni la grandeur de son corps. AA Le 14 jaiblesy je fus obligé de quitter Valence, et.je restai sal sent jusqu'au 23. Durant ce temps, la Tarentule jeuna» Je la trouvai bien portante à mon retour. Le 20 août, :Je fis eucoré LÉON. DUFOUR. — Sur la Tarentule. 107 une absence de neuf jours que ma prisonnière supporta sans alimens et sans altération de sa santé. Le 1% octobre; j'abandon- nai encore la Tarentule sans provisions de bouche. Le 21 de ce mois , étant à 20 lieues de Valence où j'étais destiné à demeurer, j'expédiai un domestique pour me l’apporter. J'eus le regret d'apprendre qu'on ne l'avait pas trouvée dans le bocal, et j'ai ignoré son sort. | Je terminerai mes pt eh si sur la Tarentule par une courte description d’un combat singulier entre ces animaux. Dans le mois de juin 1810, un jour que javais fait une chasse heureuse à ces Lycoses, je choisis deux mâles adultes et bien vigoureux que je mis en présence dans un large bocal, afin de me procurer le spectacle d’un combat à mort. Après avoir fait plusieurs fois le tour du cirque pour chercher à s'évader, ils ne tardèrent pas, comme à un signal donné, à se poster dans une attitude guerrière. Je les vis avec surprise prendre leur distance, se redresser gravement sur leurs pattes de derrière, de manière à se présenter mutuellement le bouclier de leur poitrine. Après s'être observés ainsi face à face pendant deux minutes, après s'être sans doute provoqués par des regards qui if donnée aux miens, je les vis se précipiter en même temps. l’un sur l’autre, s’entrélacer de leurs pattes, et chercher dans une, lutte obstinée à se piquer avec les crochets des mandibules. Soit fatigue; soit convention , le combat fut suspendu, 1l y eut une trève de quel- ques instans, et chaque athlète, s’éloignant un peu; vint se re- placer dans sa posture menaçante. Cette circonstance me rap pela que dans les combats singuliers des chats, il y a aussi des suspensions d'armes. Mais la lutte ne tarda pas à recommencer avec plus d’acharnement entre nos deux Tarentules : l’une d'elles, après avoir long-temps balancé la victoire, fut enfin terrassée et blessée d’ un trait mortel à la tête : élle devint la proie du vain- queur, qui lui déchira le crâne et la dévora. Après ce combat meurtrier, jai conservé vivante pendant plusieurs semaines la Tarentule victorieuse. J'ai encore été devancé par Baglivi LED description de.cette Arachnomachie > et, quoiqu'il n’entre, dans. aucun détail, son: suffrage vient appuyer mes observations. Moici le passage de cet 108 LÉON DUFOUR. — Sur la Tarentule. auteur : $2 duce solummodo Tarantula in aliquo vase claudantur altera alteram interficit et comedit brevi M inter va" | Baglivi. L. c. p. 356. EXPLICATION DES FIGURES. PI. 5. À. Fig. 1. Lycose Tarentule, Femelle de grandeur naturelle, d’après un individu de la plus grande taille. a. disposition et grandeur respectives de ses yeux sur une plus forte échelle. Fig. 2. Abdomen vu par sa face inférieure ou ventrale. | Fig: 3. Une des pattes postérieures , vue par sa face inférieure, Fig. 4, Un des crochets des ongles, considérablement grossi. Orservarions nouvelles sur les Céphalopodes PRESS ; par M. DesraRDINSs ; Dans la séance du 23 janvier, M. Desjardins a lu à la Société des Sciences Naturelles un Mémoire sur les animaux singuliers, dont les coquilles microscopiques ont été regardées comme apparte- nant à des Moïlusques Céphalopodes et ontété étudiées avecsoin par M. Dorbigny, dans un Mémoire publié par ce naturaliste dans la première série de ces Annales (tome vir). M. Desjardins a été à même d'observer vivans, dans la Méditerranée, plusieurs genres de ces animaux, notamment les Milioles (7réloculines, Quinque- loculines), les Vorticiales, les Rotalies, les Troncatulines, les Cristellaires, etc.; et en les étudiant sur place, il s’est convaincu que Île test n’est point intérieur, mais au contraire extérieur, et que l'animal, absolument privé d'organes de locomotion, ou même de respiration, se compose d’une suite d'articles ou de lobes qui vont en s’accroissant et s’enveloppent successivement. On ne voit de partie charnue à l'extérieur, que quand un nouvel article se produit et n’est point encore encroûté. En écrasant le test, on voit que la substance de l’animal est aussi simple que celle des planaires où même des hydres; et, en dissolvant le test à l’aide d’acide nitrique très affaibli, ou obtient le DESIARDINS. — Sur les Céphalopodes microscopiques. 109 corps entier formé d’une suite d’articies occupant toutes les loges, susceptibles de se dérouler, et présentant un aspect différent suivant les genres. Ainsi dans les Milioles, les ar- ticles ont la forme de feuilles spatulées, longitudinalement repliés; dans les Vorticiaies, ce sont des pièces en formes de V, dont les deux bras s'appliquent en se rapprochant sur les pièces précédentes, et qui sont bordées de lobes ou crénelures; dans la Cristellaire, les articles sont en croissant, et liés entre eux par -des tubes charnus dont le nombre varie de un à quatre, et s’aug- mente successivement de cinq en cinq articles. D'un autre côté, les Rotalies, les Mélonies, les Troncatulines, etc., laissent après l’action de l'acide , une membrane transparente qui enveloppe les articles, et ne permet pas de les isoler; et, en outre, les deux dernières ont cette membrane munie de tubes saillans, dans l'intervalle desquels s'était formé l’encroütement du test, et montrent, dans certains cas, la matière animale réunie en masses globulaires à l’intérieur, comme la matière verte des Zygnema. Il résulte de ces faits que ces êtres ne peuvent être rapportés ni aux mollusques, ni à aucune des classes actuellement établies -dans le règne animal; et, conséquemment, M. Desjardins est conduit à proposer pour eux la dénomination de Symplectomères, indiquant ainsi qu’ils sont formées de parties repliées ensemble. ( Bulletin de la Soc. des Sciences nat. de France, n° 3.) 110 LÉON DUFOUR. — Nouvelle espèce d’Epeire. DescriPrion ei figure d'une nouvelle espèce d’Epeire; pat M. Léon Durour. Epeira spinivulva. Epeire spinivulve. PL 5 A, fig. 5. Fusco castanea , albido pubescens, villosaque ; abdomine magno sub- globoso utrinque versus basim proeminente ; pedibus hispidis delutioribus, geniculis obscurioribus ; vulva spina exserla elongata subflexuosa, depressa subtus canaliculata. Hab. in arbustis dumetisque Hispanicæ. Long. 8—9 lin. C’est, je crois, la plus grande et surtout la plus grosse Epeire d'Europe. Je ne medissimule point sa grande affinité avec l’Æ. dia- dema dont elle partage le genre de vie; mais indépendamment de ce qu’elle est plus robuste et d’un brun chocolat, elle me sem- ble en différer surtout par la présence à la vulve d’une pointe cornée, longue d'une ligne, noirâtre, déprimée et creusée en gout- tière à sa face inférieure. Je ne lui ai point observé ces taches blanchätres disposées en croix qui caractérisent ordinairement la région dorsale de V£. diadème. Le plus souvent cette région est marquée dedeux ligneslongitudinales plus foncées, festonnées, conniventes en arrière, et de quelques raies obliquement trans. versales peu prononcées. J'ai rencontré l’Epeire spinivulve en Espagne dans les monta- gnes du royaume de Valence. Elle établit son filet vertical dun | arbrisseau à l’autre. Au commencement de décembre 18: r, j'en observai près de Sagonte ou Murviedro une en sentinelle à côté de son cocon qui renfermait près de trois cents petits. EXPLICATION DES FIGURES. PI.5A, Fig. 5. Æpcira spinivulva de grandeur naturelle, avec la disposition des yeux vue séparément. Fig. 6. Pointe de la vulve. BERNARD DESCHAMPS, — Sur es ailes des Lépidoptères. 111 RecHerCHES müicroscopiques sur l'organisation des ailes des Lépidoptères ; Par M. BERNARD-DESCHAMPS. Les lépidoptères , qui forment l'ordre le plus intéressant de la classe des insectes , ont fait de tout temps, l'admiration des naturalistes. Plusieurs d'entre eux en ont rassemblé à grands frais, toutes les espèces répandues sur les deux. continens. Le burin et le pinceau ont souvent reproduit leurs formes élégantes, les dessins variés , et toutes les couleurs brillantes que présen- tent les ailes de ces légers habitans des airs. C’est ce qu'attestent, pour la gravure, les planches qui accompagnent les ouvrages de plusieurs savans, et entre autres, celles d’une si belle exécution qu'ont données Rœsel, Jacob l’Admiral, Cramer, Drury, Ernst} Godart, MM. Duponchel , Boisduval, etc. A la vue d'une collection complète de lépidoptère, on est facilement convaincu que la nature s'est servie de la même palette, pour orner la robe de ces insectes merveilleux, et celle des oiseaux les plus brillans , car on retrouve sur un grand nombre d’espè- ces des premiers, et même d’une manière plus variée, tout l’é- clatet la richesse de couleurs qu’elle a prodigués aux colibris, aux oïseaux mouches, et à différentes espèces exotiques de la même famille. Si le naturaliste qui possède une semblable collec- tion, veut prendre le microscope, il trouvera, en examinant les ailes de la plus grande partie des espèces qui la composent, des couleurs plus admirables encore que celles qu'il peut voir à l'œil nu. Les détails que je donnerai à ce sujet, complèteront ceux relatifs à l’organisation de ces écailles, dans lesquels je ne tar- derai pas à entrer. On sait que les ailes des lépidoptères, comme celles de tous les insectes qui en sont pourvus, sont fixées aux parties supé- 112 BERNARD DESCHAMPS. — 9zr les ailes des Lépidoptères. rieures et latérales du thorax, et formées de deux membranes transparentes très minces; qu'entre ces membranes , se ramifient des nervures de consistance cornée, dont les plus grosses pren- nent naissance aux points d'insertion des ailes avec le thorax. Ces nervures sont des tuyaux de forme ovale, dont le diamètre va en diminuant jusqu’au sommet de l'aile. Ghacune d'elles est parcourue, dans toute sa longueur , pour un canal reconnu pour une trachée tubulaire, qui s’anastomose plusieurs fois avec d'autres canaux plus petits, de même nature. Ces diverses tra- chées paraissent recevoir l'air qui vient de l’intérieur du corps de l'insecte, et dont l'effet est, d’après Swammerdam, Chabrier et Jurine, de distendre toutes les parties de l'aile, dans l’action du vol. C’est sur les membranes des ailes des lépidopteres, qu'est fixée la poussière écailleuse qui les recouvre. Avant l'invention du microscope, on croyait que cette poussière, pour ainsi dire, impalpable, qui se détache au moindre frottement, était un amas de petits corps irréguliers; mais depuis, on a reconnu que les molécules dont elle se compose, ne sont autre chose que de très petites écailles implantées, chacune par un pédicule, sur les deux surfaces de l'aile, où elles sont disposées en recouvre- ment de la même manière que les ardoises et les tuiles de nos maisons. Les formes variées de ces écailles, sont parfaitement connues; elles ont été souvent décrites et figurées. Swammer- dam, le père Bonanni, Réauœmur, Lyonnet, et plusieurs autres entomologistes, en ont donné les dessins exacts dans leurs ou- vrages, mais il ne parait pas qu'aucun d'eux se soit occupé de leur structure merveilleuse. Les observations comparées que j'ai faites en grand nombre, pour parvenir à la connaître, me portent à croire qu'elle n’est pas la même dans toutes les écailles, sous le rapport du nombre de membranes dont elles sont for- mées, des granulations et des stries qui les recouvrent. Lorsque ces écailles sont entières, il devient impossible de pouvoir re- connaitre sielles se composent d’une ou de plusieurs membranes, mais comme il s’en trouve assez fréquemment, dont quelques parties font voir des lacunes, ces écalles défectueuses mettent l'observateur à même de pouvoir étudier leur conformation, BERNARD DESCHAMPS. — Sur les ailes des Lépidoptères. 113 Toutes les écailles qui recouvrent les ailes des lépidoptères me paraissent formées de deux, et le plus souvent de trois mem- branes ou lamelles superposées. C'est toujours sur la membrane supérieure, que se trouvent les granulations dont se compose la matière colorée de l’écaille. La forme de ces granulations est généralement assez régulière ; elles sont arrondies et quelquefois un peu allongées ; leur nombre est le plus souvent si considéra- ble, que l’écaille est entièrement opaque. Lorsqu'elle présente des stries, c'est toujours sur la deuxième lamelle qu’elles sont posées. IL serait fort difficile de s'assurer de l'existence de ces stries, sur une grande partie des écailles opaques, si leurs bords qui, de chaque côté du pédicule, sont souvent transparens, ne permettaient de les apercevoir. Tantôt elles sont irrégulières, consistant en fragmens cylindriques disposés: sur la membrane, à des distancesinégales, mais toujours parallèlement; tantôt elles ont une régularité qui ne laisse rien à desirer. Ce sont ,ou de petits cylindres parallèles dessinés très nettement et placés à des distances égales, tels qu’on les voit sur une portion de l’écaille, PI. 4, fig. 34; ou des lignes également parallèles forméesde gra- nulations semblables à de petites perles rondes ou ovales (fig. 35, 36 38). Il arrive souvent que ces charmantes stries sont al- ee. 1 claires et opaques, comme sur la portion (fig. 38) d'une écaille provenant de débris d’un papillon exotique. D’au- tres fois, on voitentre chacune d'elles, des intervalles divisés en petits carrés ( fig. 35). Lorsque ces intervalles sont plus grands, les carrés qu'ils forment, se trouvant allongés transversa- lement, chacun d’eux ressemble assez à une rangée de grains d’un épi de maïs (fig. 36). Dans une autre écaille (fig. 42) prise sur le papillon exotique le P. N. teucer Fabr. (Crarner, pl. 51 A,B), on aperçoit sur les stries régulières qu’elle présente, des séries de pe- ütes perles produisant l'effet d’une broderie légère, ce qui lui donne un aspect fort agréable. Sans doute, que d’autres observa- uons sur un plus grand nombre de papillons, feraient découvrir des écailles dont la conformation diversement variée, serait peut- être plus intéressante encore que celle dont je. viens de parler. Il me paraît constant que toutes les écailles transparentes sur Jesquelles on déconvre desstries, sans aucune apparence de gra- IUT, Zoor, — février. T14 BERNARD DESCHAMPS. => Sur Dés ailes des Lépidoptères. nulations, ont deux larnelles. Gellés dont les stries régulières trés rapprochées’ sont, pour ainsi dire, soudées l’une à l’autre, ne montjamais laissé d incertitude à cet égard. Îl n’en a pas été de mème , relativemient à d’autres écailles égalément transpa- rentes, dont les stries ayant fort peu d’adhérence avec la mem- brane qui les recoit, en sont facilement détachées. Parmi les écailles de ce genre; -je citerai celles fort largés qu'on trouve sur lé papillon exotique lé Thélémachus (Cramer, pl 373).Les stries qu'on y observe, ét dont le nombre dépassé souvént cent, dans une écaille, sont composées de petits cylindres qu’on pour- rait comparer, lorsqu'ils sontintacts , aux cordes tendues d’uné harpe ôu d'un piano, et qui, dans lé cas contraire, font l'effet des mêmes cordes détendues ou cassées, laissant voir les éxtré- mités des parties rompues. Rien dans ces écailles ne me prou- vait l'existence d’une double membrane, les intervalles entre les striesné me montrant jamais atcune trace de déchirure, aux en- droits où elles manquaient. Cela pouvait , à la vérité, provenir de adhérence des deux lamelles. De nouvelles observations ont fini par me convaincre que ces lamelles éxistent réellement, mais que la lamellé supérieure sur laquelle sont les stries, est s1 légère qu'on ne peut l’apercevoir qu'avec beaucoup dédpéine: etsur un petit nombre d’écalles. Des ondulations régulières qu'on. voit souvént entre les stries de ces écailles, ét qui man- quent quelquefois dans les parties où ces stries ont été enlevées, ont beaucoup contribué à m'éclairer sur leur conformation. Je viens de dire que c’est sur la lamelle supérieure des écailles des Lépidoptères, qué reposent les granulations formant la ma- tère colorée qui les rend plus ou moins opaques, et que la mérn- brane inférieure meparaît toujours chargée des stries. Cette Con- formation qui, jusqu’à présent me semble constante, uné fois reconnue, oblige d'admettre une troisième lamelle ; autrément les écailles sur lesquelles on n’aperçoit que des stries sans granüu- lations, n'en auraient qu'une seule ét unique, cé qui est con- traire à l'observation. On peut objecter, sans doute, qu'il serait possible que la même membrane füt chargée à-la-fois, des gra- nülations et des stries, ceque pourrait faire croire l'examen des écüilles ‘opaques en partie dénudées de leurs stries, dont les’ fa- (l BERNARD DEscHAMPS. — Sur Les ailes des Lépidoptères. 115 _cuünés démontrent souvent, d'une manière évidente, l’enlève- ment des granulations et des stries. J’explique cet effet par l’u- nion intime des deux lamelles qui, dans des cas semblables tou- jours très fréquens, peut faire croire à l'existence d’une seule membrane. Cette objection que je me suis faite à moi-même, m'a nécessité un grand nombre d'observations, et la découverte de quelques écailles laissant voir les mêmes défectuosités que celle fig. 34, m’a prouvé qu'elle n'était pas fondée. En effet, la portionde ladite écaillesur laquelle se trouvent des granulations, indique clairement l'existence de la lamelle supérieure , dont la déchirure visible est la preuve complète, et celle qui en a été enlevée, a mis à découvert des stries fort régulières qu’elle ca- chait. Il mesemble que cette derniere portion peut être assimilée aux écailles qui présentent des stries sans granulations, et sur lesquelles l'existence d’une double membrane est démontrée, Celle d’une troisième lamelle ne me parait pas, d'après cela, pouvoir être contestée. Elle est indiquée, dans la même écaille (fig. 84 ), aux endroits ouù les stries paraissent avoir été enlevées. Je serais même porté à croire que les trois lamelles existent dans toutes les écailles, et que dans celles qui n’offrent aucune trace degranulations , la membrane supérieure est d’une transparence telle, qu’elle ne nuit en rien à la netteté des stries. Cetteopinion, en harmonie avec la marche régulière que suit ordinairement la mature, sera peut être confirmée plus tard par l'observation. Il'arrive souvent que les lamelles dont se compose l’écaille, et qui sont réunies par un bord plus solide que les autres parties, sont légèrement teintées de brun roux qui paraîtrait, au pre- nier coup-d’oœil, en pénétrer la substance. En examinant ces imembranes à un fort grossissement, On reconnait que cette teinte est due à une multitude de points irréguliers qui tranchent sur leur fond transparent. On y aperçoit aussi des stries légères fort difficiles à distinguer. Il est probable que ces granulations et ces stries, souvent incolores, se trouvent toujours, d’après les lois de l’organisation de l’écaille, les premières sur la lamelle supérieure et les autres sur l'intermédiaire. Après avoir fait connaître la destination de chacune des deux lamelles supérieures des écailles des Lépidoptères , ilme reste à 5. 116 BERNARD DESCHAMPS. — Sur Les ailes des Lépidoptières. parler de celle de la troisième. La surface inférieure de cette la- melle, ou de la seconde dans les écailles qui n’en auraient que deux, celle qui s'applique sur la membrane de l'aile, a la pro- priété de réfléchir dans toutes les espèces de Lépidoptères diur- nes, à trés peu d'exception prés, et même dans la plupart de celle des nocturnes, des couleurs riches et variées toujours plus brillantes que celles qu'on aperçoit sur le papillon. On voit que la nature s’est écartée de sa marche ordinaire en faveur de cette classe d'insectes déjà si privilégiée, car ce n’est généralement que sur les parties extérieures de la robe des oiseaux et des au- tres insectes, que se trouvent les ornemens de tout genre dont elle a paré si magnifiquement différentes espèces. On se deman- dera toujours quel a pu être son but en voulant que les parties cachées des écailles des Lépidoptères surpassassent en beauté celles déjà très brillantes qu’on admire sur leurs ailes. De quelles expressions les naturalistes se serviront-ils pour donner une idée de tous ces trésors enfouis jusqu’à ce jour, eux qui ont épuisé la richesse du langage pour décrire tout ce qu'offrent de merveilleux les mêmes écailles , sous le rapport des dessins va- riés, des ornemens et des couleurs ? Je suppose qu'un peintre possédât le secret de couleurs assez riches pour pouvoir présen- ter sur la toile, avec tout leur éclat, l'or, l'argent, l'opale et le rubis , le saphir, l'émeraude et les autres pierres précieuses que produit l'Orient; qu'avec ces couleurs il formât toutes les nuances qui pourraient résulter de leurs combinaisons : on peut affir- mer, sans crainte d’être jamais démenti, qu'il n'y aurait aucune de ces couleurs et de leurs nuances, quel qu’en soit le nombre, que le microscope ne puisse faire découvrir sur la partie des écailles des Lépidoptères que la nature s’est plue à dérober à nos regards. Les écailles si riches et si brillantes qu'on trouve en abondance, sur les ailes des diverses espèces qui forment, le genre V’anesse , peuvent à elles seules offrir toutes les couleurs et les nuances dont je viens de parler. Les espèces indigènes du même genre les plus remarquables sous ce rapport, sont : la V'anesse antiope (le Morio), la Fanesse atalante (le Vulcain), la F’anesse polychlore (la grande Tortue), et la Janesse Lo (le Paon de jour. Souvent, on voit briller sur la même écaille plu- BERNARD DESCHAMPS. — Sur les ailes des Lépidoptères. 117 sieurs couleurs, dont les nuances y sont disposées avecune harmo- nie parfaite. Les écailles des Lépidoptères exotiques, dont se coms posentles genres, Vanesse, Nymphaleet plusieurs autres, réfléchis- sent des couleurs peut- -être encore plus riches que celles qu'on trouve sur les espèces indigènes des mêmes genres. Les fig. 1, 2 et 5 ne peuvent donner qu’une idée bien faible de la beauté de ces écailles : l’art sera toujours impuissant pour rendre seu- lement une partie de l'éclat de leurs couleurs, et l'expression manquera toutes les fois qu’on voudra les décrire. Ce ne sera jamais que le microscope à la main qu’on pourra se faire une idée de ces merveilles. Les trois écailles de la fig. 1° proviennent de la seconde aile de la 7’anesse Lo ; les deux qui sont groupées ensemble sont prises sur la surface inférieure de cette aile, cor- respondant au canal qui enveloppe l’abdomen de ce papillon, et la troisième, d'un beau bleu, appartient à l'œil qu'on voit sur la surface opposée de la même aile. Les écailles des fig. 2 et 3 sont dues à la Nymphale Callisto (le Calysto de Cramer, pl. 24 de son ouvrage). Ce beau papillon est également tres riche en écailles colorées plus admirables les unes que les autres. Il est à remarquer que c'est ordinairement sur les parties sombres des ailes des Lépidoptères que se trouvent les écailles les plus brillantes. Elles sont le plus souvent opaques, et prises surune partie quelconque de l'aile d’un papillon, ellesoffrent assez constamment des couleurs semblables, dans chacun des indi- vidus de son espèce; s'il existe quelques différences, ce n’est jamais que dans leur degré de vivacité. Les cannelures des écail- les terminées par des dentelures , qui sont en si grand nombre dans toutes les espèces de Lépidoptères, se voient toujours très distinctement sur les lamelles colorées ; elles sont moins appa- rentes sur les membranes supérieures. Il en est de même des ondulations qu’on aperçoit sur ces lamelles, et qui sont très prononcées sur les écailles souvent magnifiques, qui recouvrent le corps des Lépidoptères diurnes. Les lamelles inférieures des écailles d’un certain nombre de Lépidoptères nocturnes réfléchissent aussi des couleurs fort belles, mais qui, généralement, ne peuvent être coraparées à 118 BERNARD DESCHAMPS. — 19/7 les ailes des Lepidoptères. celles qu’offrent les papillons diurnes. Les: espèces qui, dans les nocturnes, méritent le plus de fixer l'attention sous ce rapport, appartiennent au sous-genre des Bombix de Duméril. Ce. sont celles qu'on désignait sous le nom d’Æcailles. es genres /Voc- tuelle et Sphinx on aussi des écailles dont les couleurs douces et suaves, quoique moins brillantes, n'en sont pas moins très agréables. Les surfaces supérieures de ailes de quelques Lépidoptères diurnes , exotiques, font voir des parties plus ou moins étendues, d'un beau bleu ou d’un vert brillant. Ces couleurs toujours fort vives, observées au me TOSCOPS sont dues à des écailles dont la conformation admirable n’a de rapport avec celle d’au- cune autre. Les stries de ces belles écailles sont formées de deux lignes parallèles très rapprochées et nettement prononcées, Les intervalles entre ces stries sont divisés assez régulièrement par des lignes transversales, en petits carrés un peu allongés. Chacun de ces carrés laisse voir une petite cavité circulaire, dont l'ouverture, qui en occupe la plus grande partie, va en diminuant et en s’arrondissant jusqu’au fond. On peut comparer cette cavité, pour la forme , à ces mortiers en marbre qui ser- vent à piler diverses substances. Quelques portions de stries de ces écailles curieuses sont présentées fig, 4 et h. Les premières, du plus beau bleu d'outre-mer et fort brillantes, proviennent d'une écaille prise sur le papillon l’'Ulysse, et les autres, d’un vert éclatant, font partie d'une de celles du Paris ( Cramer, pl. 121 et 103). Les écailles de ce dernier papillon ressemble un peu aux ruches ordinaires des abeilles, en forme de cônes; elles sont seulement plus allongées. On y voit de ro à 12 stries, entre chacune desquelles se dessinent, sur leur longueur, 16 à 20 petits carrés. Les écailles de l'Ulysse sont assez semblables à celles fig. 34. Le nombre de leurs stries, toujours plus étroites que dans les écailles du Paris, varie de 16 à 24, suivant leur largeur, et celui des petits carrés qui se voient entre chaque strie est de 28 à 32. Je dois faire remarquer ici, que dans toutes les écailles du même genre la surface supérieure visible à l'œil est toujours plus brillante que celle qui regarde le membrane de l'aile, ce qui est le contraire dans toutes les écailles des Lé:- BERNARD DESCHAMPS. — Swr les ailes des Lépidopières. 119 pidoptères, surtout des diurnes, ainsi qu'on l'a vu précédeni- ment. On observera que.les couleurs de ces belles écailles parais- sent un peu mates sur le papillon, et qu'elle n’ont tout leur éclat que vues au microscope. Si la propriété qu'ont les lamelles inférieures des écailles: des Lépidoptères de réfléchir les couleurs les plus riches et les plus variées, est un des points curieux de leur organisation , le pri- vilège: accordé par la nature à un petit nombre de ces écailles, d'imiter les reflets éclatans de diverses pierres précieuses, en les examinant comme des corps transparens, ne doit pas moins exciter notre admiration. Des observations nombreuses m'ont démontré que presque toutes les écailles des ailes des Lépidop- ières, même celles qui sont opaques, observées à la flamme d’une bougie ou d’une lampe, décomposent plus ou moins la lumière. Les écailles qui produisent cet effet de la ma- mière.la plus agréable sont assez rares. On les trouve quelque- fois dans les papillons diurnes, sur diverses parties blanches de leurs ailes, surtout celles qui sont glacées de rose, de bleu ou de violet, telles qu'en ont quelques Vymphales exotiques. Parmi les espèces nombreuses de ce genre; je citerai la Bodina , l’Alcithoe et la Lasinassa figurées. par Cramer, pl. 65, 80 et 205. Les feux variés que jettent de diamant et l’opale, ne sont pas plus éclatans que ceux qui jailissent de ces écailles merveilleuses. Les Lépi- doptères nocturnes ont aussi des parties sur lesquelles se trou- vent des écailles qui produisent des couleurs chatoyantes, fort vives. Les plus remarquables proviennent des diverses espèces de papillons du genre Noctuelle. Ge sont celles qui forment les bandes nacrées ou dorées que l'on voit sur le dessous de leurs premières ailes, aux bords internes, à partir de leur base. Les bords internes du dessus de leurs ailes inférieures, que recou- vreni ceux-ci, et qui sont également macrés ou dorés, ont aussi des écailles fort belles. Les Noctuelles gamma (le Lambda), Glyphyque (la Doublure jaune), et la Déplacée), font par- ue de celles qui m'ont paru les ‘plus favorables à ce genre d'observation. Mes recherches sur la décomposition des rayons lumineux , dans les écailles des Lépidoptères, m'ont fait re- sonnaitre qu'une partie de celles qui jouissent au plus haut 120 BERNARD pEscHAMPs. — Sur les ailes des Lépidoptères. degré de cette propriété, qu'elles soient opaques ou transpa- rentes, ont des stries cylindriques extrêmement fines, peu dis- tinctes, recouvertes par des granulations très serrées. Ces gra- nulations paraissent ajouter beaucoup à la beauté de leurs re- flets , toujours plus vifs que dans les écailles qui en sont privées quelles que soient la netteté et la transparence de leurs stries. Lorsque ces granulations n’ont qu'une demi-transparence, les reflets des écailles qui varient suivant la direction de la lumière sont toujours très brillans; si, au contraire, elles sont un peu opaques, ces mêmes reflets sont plus sombres mais fort riches. On en trouve souvent d’admirables dans des écailles sur lesquelles on n'apercçoit que de légères granulations, sans aucune appa- rence de stries. Une partie des écailles des Nymphales Bolna, Alcithoe et Lasinassa, dont j'ai déjà parlé, ont cette conformation. Il semble résulter de ces diverses observations que les reflets les plus brillans que produisent les écailles des Lépidoptères sont dus plutôt à la disposition de leurs lamelles qu'à la régularité et à la transparence de leurs stries. À la suite des détails dans lesquels je viens d'entrer, sur la structure des écailles des Lépidoptères, doivent naturellement trouver place, ceux qui ont rapport à d’autres écailles différant essentiellement des premières par leur forme extraordinaire. Ces écailles sont le partage d’un très petit nombre d'espèces. La premiere (fig. 6) qui ait été connue, appartient à la Piéride de la rave (le petit papillon du chou). Elle a été découverte par feu M. le Baillif, lun des premiers micrographes de notre épo- que, qui la regardait comme une anomalie. 1] lui donna le nom de Plumule que je lui ai conservé, et j'appellerai de même toutes les autres écailles extraordinaires dont je vais parler. M. le Baillif, en me faisant connaître cette Plumule, 1 y a en- viron dix ans, me dit qu'il ne la trouvait que sur un très petit nombre de papillons de l'espèce. Des observations nombreuses ne tardèrent pas à me convaincre que ces écailles extraordinaires étaient le partage exclusif des mâles, et qu’on n’en trouvait au- cune sur les femelles. J’ai reconinu plus tard que la même loi s'applique à toutes les espèces de Lépidoptères qui produisent | | | | | | | | BERNARD DESCHAMPS. — Sur les ailes des Lépidoptères. 121 des Plumules (1). L'analogie me portant à croire que d’autres espèces pouvaient avoir aussi leurs Plumules, je fis les recher- ches nécessaires pour m'en assurer. Elles eurent des résultats satisfaisans , car je par vins à eh découvrir des formes variées sur les ailes, de différentes espèces de Lépidoptères appartenant aux genres Piéride et Satyre. Quelques débris de papillons exo- tiques qui paraissent faire partie du premier de ces genres m'ont également fourni des Plumules. J'en trouvai aussi, mais de for- mes qui n'ont point d'analogie avec celles des précédentes, sur les mâles des papillons du genre Polyommate (les Argus), dont les écailles sont d’un joli bleu plus ou moins clair. Je vais indi- quer dans le tableau suivant les différentes espèces de Lépidop- tères, sur les mâles desquelles jai reconnu des P/umules, ainsi que lés parties de leurs ailes qui en sont pourvues. Piéride de la Rave (le petit Papillon du chou). — La surface supérieure des quatre ailes. — Fig. 6 et 7. — du navet (le blanc veiné de vert). — Les mêmes surfaces. — Fig. 8. — de l’aubépine (le Gaze).— La surface supérieure des secondes ailes.— Fig. 9. — Daplidice (le blancmarbré de vert). — La surface FpReure des qua- _ treaïles.— Fig. 10.; — du cresson (Y Aurore). — Les mêmes surfaces. — Fig. 11. — Leucippe (le Leucippe Cramer plate 36). — Les mêmes surfaces. — Fig: 12. — du chou (le grand papillon du sh — Les mêmes surfaces. — Fig. 15. Satyre Janira (le Mirtil). — La partie la plus foncée du dessus des ailes supé- rieures. — Eudora (le Misis). — La même partie, (x) Ayant donné connaissance à M. le Baïllif de cette loi d'organisation ainsi que des plu- mules que j'avais découvertes sur différentes espèces de Piérides, de Satyres et de Polyom- mates, cet habile observateur, qui voulait bien m’honorer de son amitié, et avec lequel j'avais des relations suivies, fit des recherches sur les 4roynnes , que je n’avais pas encore été à même de pouvoir examiner, et il trouva sur les 4rgynnes paphia et adippé les deux plumules 13 et 14. Je sais qu'une partie des plumules comprises dans le tableau ci-après est connue de plu- sieurs naturalistes, par suite de la communication que leur en a faite M. Le Baillif, dont le ca- binet était le rendez-vous des savans et des amateurs distingués de tous les pays qui venaient visiter la capitale. 122 BERNARD DESGITAMPS: — Sn les ailes des Lépidoptères. +. Meæra (FAriane). — La large bande brune qui traverse le dessus desai- les supérieures.— Fig. 16. — Mégère (le Satyre). — La même bande, — ti 17. — Egérie (le Tircis). — La large tache un peu terne qu'on voit sur le dessus des ailes supérieures. — Tithonius a — La large bind brune qui traverse le des- sus des mêmes ailes. — Hyperanthus (le Tristan ). — La partie brune qui occupe la moitié du dessus des ailes supérieures. — Hermione (le Sylvandre ). — La même partie. — Briséis ( pie, — mn tache brune du dessus des ailes supé- 7° rieures. — Phœdra (le grand Nr des bois ). — La moitié la plus foncée du dessus des ailes supérieures. — Brice (YHippolyte). — Les mêmes parties. Fauna (le Faune), — La large tache d’un brun mat qu’on voit sur le dessus des ailes supérieures, à partir de leur base. — Fig. 18. — Pamphile (le Procris) ) ne. bords obscurs du dessus des aûes su- périeures. | me Ut — Sémélé (HABrEStE — La tache brune qui occupe Ie St des ailes supérieures, près de leurs bords internes. | Argynne Paphia (le Tabac d'Espagne): — Les larges nervures noires qu’on voit sur les ailes supérieures. — ie 13. Adippé (le grand Nacré ). — Les mêmes dr En moins s larges que dans l’Argynne Paphia. — Fig. 14: as | Polyommate Alexis (VArgus bleu). - — Le dessus des quatre ailes supérieures. — Fig. 22. - Adonis (VArgus bleu radee } — - Les mêmes Pertes — Fig. 25. — Argiolus (Argus bleu à bandes brunes). — Les mêmes parues.— Fig. 20. Arion (variété du même ). — Les mêmes ie — Argus (VAmphion de Fabricius). — Les mêmes parties. — Cyllarus (variété de VArgus bleu). — Les mêmes parties. — Fig. 21. == Jcarius (YIcarius). — Les mêmes parties. re Acis (le demi Argus). — Les mêmes parties. — Eumédon (YEumédon). — Les mêmes parties. — Corydon (Argus bleu nacré). — Les mêmes parties. — Dorilan (VAzuré). — Les mêmes parties. — Ægon (Ÿ Ægon ). — Les mêmes parties. = Optilète (YOptilète.) — Les mêmes parties, . ——. . Jylas (VArgus bleu violet). — Les mêmes parties, BERNARD pescHames. — Sr les ailes des Lépidopières, 123 Il résulte de ce tableau, que ce n’est que sur les espèces qui font partie des genres Piéride, Satyre et Polyommate, que Je suis parvenu à découvrir des Plumules. Ilest à remarquer que toutes les espèces indigènes du premier genre en fournissent, à l’ex- ception de la, Préride de la moutarde (le Blanc de lait) qui, d'a- près sa forme, semblerait appartenir à un autre genre. La même observation pourrait peut-être s'appliquer aux espèces du genre Satyre, sur lesquelles on ne trouve pas de Plumules, telles que les Satyres Galathée et Arcanius, D’autres espèces indigènes du même genre, que je n'ai pas eu occasion d'observer, me parais- sent devoir aussi fournir des Plumules. Je suis également porté à croire quil en existe sur une partie des espèces exotiques, dont se composent les genres Piéride, Satyre et Polyommate et sur quelques-unes de celles du genre Ærgynne. Il n'en a été re- connu, comme on le voit, que sur deux espèces indigènes de ce dernier genre. On trouve sur le Polyommate Bæticus une écaille extraordinaire (fig. 19), qui n’a aucun rapportavec celles des autres papillons de ce genre. Toutes les Plumules dont je n'ai pas donné le dessin ressemblent, à de légères différences près, savoir :, celles des Saiyres, aux fig. 16 et 17; et celles des Polyommates | aux fig:22 et 23. J'en excepte la Plumule du Satyre. Pamphile, qui est semblable à celle du Satyre fauna (fig. 18), mais plus petite. Les formes des Plumules sont géné- ralepaghi les mêmes dans chacune des espèces qui en produi- sent. à l'exception des Piérides de la rave et du navet, nel quelles elles varient suivant les individus. Les Plumules de la première sont tantôt courtes et ramassées, tantôt plus ou moins allongées. On en trouve rarement d’une régularité parfaite. Les lobes des cœurs sont où arrondis (g 6),ou prononcés carrément, ou enfin terminés par des espèces decornes (fig. 7). Dans la Pié- ride du navet, chacun de ces lobes a quelquefois jusqu’à deux ou trois petites cornes assez semblables aux andouillers qui sortent des perches du cerf, En examinant un assez grand nombre de Plumules, j'ai acquis la preuve de l'existence de deux lamelles sur ces écailles extraordinaires, mais rien ne n’a encore démon- tré celle d'une troisième, Ilest facile de reconmaître, par linspec- tion des diverses Plumules que j'ai fieurées , qu'elles ne sont pas 1924 BERNARD DESCHAMPS. — Sur les ailes des Lépidoptères. toutes conformées de la même manière. Les Polyomimates font voir entre les stries de leurs Plumules de petits corps globuleux, quelquefois assez réguliers , qui s’en détachent facilement. Dans les autres Plumules, à l'exception de celles des Piérides de la rave et du navet, dont j'aurai encore occasion de parler plusieurs fois, les granulations et les stries ont quelques rapports avec celles des autres écailles. Après avoir fait connaître l'organisation merveilleuse des écailles et des Plumules qui recouvrent les ailes des Lépidop- teres, Je dois parler de mes recherches sur leur implantation qui ne sont pas d’un moindre intérêt. Voici comment Réaumur s'exprime à ce sujet dans le premier volume de ses Mémoires, pag. 204. Ce savant observateur, après avoir donné des détails sur la conformation des ailes des Lépidoptères et sur les formes variées de leurs écailles, continue ainsi : « Dans chacun de ces « sillons (Reux qu'on voit sur la membrane de l'aile), on aper- « çcoit de même une suite de points plus obscurs que le reste, qui «sont chacun le trou dans lequel lé pédicule d’une écaille, était « piqué ou planté avant qu'on l’enlevât de dessus l’aile. On a beau « tâcher de dépouiller entièrement laile de ces écailles, il en « reste toujours quelques-unes en place, et celles qui restent « alors isolées montrent très souvent comment les autres étaient « engagées dans la file des trous vides. » | : Tout ce qu’on lit dans les ouvrages d’histoire naturelle Les plus récens, prouve que l'opinion nt savans sur l'implantation de Pécaille n'a pas changé depuis Réaumur. Je vais rapporter exactement ce que mes observations m'ont fait connaitre à ce sujet. Toutes les écailles qui-ornent les ailes des Lépidoptères sont implantées, chacune par son pédicule, dans une espèce de gaine soudée à leur membrane dans presque toute sa longueur: Ces petits tuyaux ou tubes squamulifères, dont l'extrémité est toujours TENSESS par un bouton arrondi, ont leur ouverture du côté opposé à la base de l'aile. Ce sont tantôt des espèces de cônes plus ou moins renfiés dans leur milieu, terminés par de petits cylindres , et ayant l'apparence de vases fort jolis, comme dans les fig. 27, 28 et 30 ; tantôt des cylindres plus ou moins BERNARD DESCHAMPS. -— Sur les ailes des Lépidoptères. 125 allongés (fig. 31). La forme de ces tuyaux est ordinairement en rapport avec celle des pédicules qu’ils reçoivent. Souvent, ce- pendant, il arrive que des écailles, dont les pédicules sont très longs ,.ont des tuyaux fort courts. Comme la même aile présente presque toujours des écailles dont les pédicules ont une forme différente, ceile des tuyaux d'implantation varie également. C’est sur les sillons dont parle Réaumur, lesquels sont un peu en saillie sur la membrane de laile dont ils diminuent la transpa- rence, que sont disposés les z4bes squamulifères. On aperçoit d'autant plus facilement l'ouverture de ces tuyaux qu'ils sont légèrement inclinés d'avant en arrière. Il résulte de cette dispo- sition, que leur moitié inférieure s'enfonce progressivement dans l'épaisseur du sillon. Les figures 25, 28,30 et 31 indiquent la position des tuyaux sur la membrane supérieure de l'aile; ceux de la surface opposée sont, tantôt sur les mêmes lignes que les premiers , tantôt sur des lignes diagonales indiquées figure 3r. A la première inspection des plumules en forme de cœur, qu'on trouve sur les mâles des Piérides de la rave et du navet, on pourrait penser que leur implantation sur la membrane de l'aile, a lieu par l'espèce de queue qui les termine, et qu’on prendrait volontiers pour une racine garnie de chevelus. C’est _ce.que] ai cru moi-même pendant quelque temps ; mais lorsque jai voulu m'assurer de cette implantation, je n’ai pas tardé à HT St de mon erreur, et j ai reconnu , non sans peine, que ces plumules sont fixées sur l'aile, par le petit globe qu'on voit entre les deux lobes du cœur, et qui est porté par une espèce de membrane finissant en pointe; à l'endroit de sa jonction avec lui (fig. 6, 7 et 8). Ce petit globe est reçu par un tuyau hémisphérique (fig. 25, 28 et 30) soudé à la membrane de l'aile, comme ceux de toutes ces écailles, et dans lequel il nes enfonce pas de plus de la moitié de son diametre (fig. 30) (1). (x) Aussitôt que j’eus découvert cette implantation, je m’empressai d’en écrire à M. le Baillif, qui croyait comme moi qu’elle avait lieu par la partie opposée au cœur de la Plumule. Il ne put la reconnaître, malgré toutes les explications que je lui ai données pour le mettre à même de s’en assurer, et ce ne fut que lorsque j’eus occasion d’aller à Paris, quelque temps après, que je suis parvenu à le convaincre. Depuis, M. Trécourt, qui recherchait les plumules 126 BERNARD DESCHAMPS. -— Sur les ailes dès Tiépidoptères. L'implantation des plumules des autres espèces appartenantes au genre Piéride,, se fait de même, par le corps ovoide qui s'élève au milieu de leur partie supérieure. Quant à celle des plumules des papillons des genres de Satyre, Polyommaté et Argynne, elle ne peut avoir lieu que par leur pédiculé souvent términé par un renflement quelquefois assez fort. En ob: servant comme corps opaque, une portion de l'aile de la Préride de la rave, on aperçoit (fig. 52) entre les écailles ordinaires, les queues des plumules de ce papillon, qui sont garnies de franges, dé même que l'extrémité des nlumules des autres Piérides, des Satyres et des Ærgynnes (fig. 8 à 18). si l’on examine les ailes des mêmes espèces, aussi comme corps opaques, On y voit écalement les parties frangées de leurs plumules, qui s'y dé- tachent en blanc nacré. La portion (fig. 33) de l'aile du Po- dyommate Alexis, indique la manière dont les plumules des papillons dé ce genre sont disposées sur la surface supérieure de leurs ailes. En considérant avec attention les twbes squamulifères, dans lés papillons dont la membrane de aile a le plus de transparence, j'ai remarqué que chacun d'eux adhère à cette membrane, non par les points de sa circonférence en contact avee elle, mais par les bords d’une ouverture ovale plus où moins étendue, faite au tuyau danssa partie inférieure, laquelle commence un peu au- dessous de son orifice, et se termine du côté opposé, aux deax tiers ou aux trois quarts de sa longueur (fig. 57). Gétte confor- mation me paraît d'autant plus constante, que celle des pédicüles des mêmes tuyaux est en parfaite harmonie avec elle. En effet, chaque pédicule laisse toujours voir à sa partie qui regarde la membrane de l’ailé, uné ouverture qui correspond à celle du tube squamulifère, et finit, dans beaucoup d'espèces de Lépi- doptères, par un cylindre très délié, destiné à remplir le petit tuyau qui le termine (fig. 29). Lorsque les tbes squamulifères sont cylindriques dans toute leur longueur, les ouvertures qui le la Piéride de la rave, pour l'essai de ses‘excellens microscopes dent je parlerai plus tard, a Yeconnu sur une aile de ce papillon cette même implautation, ainsi que celle Es autres écailles ‘qui la récouvrent, BERNARD DESCHAMPS. = Our les ailes des Liépidoptères. 15% s’y trouvent, ainsi qu'aux pédicules, sont plus étroites. Il arrivé souvent qu'on ne peut en apercevoir, ni dans les tubes, ni _ dans leurs pédicules, mais elles n’en existent pas moins. Cette organisation merveilleuse est commune à toutes îes écailles qui recouvrent le corps, les pattes et les antennes des Lépidoptères; il n’est même aucun de ces poils si déliés qui sont par millions sur leur corps, particulièrement sur celui des Phaleènes et autres genres de papillons de nuit, qui n’ait son pédicule et son tuyau d'implantation. Ce n’est qu’à l'aide des plus fortes ampli- fications d’un instrument parfait, qu'on peut distinguer les pé- dicules et les tuyaux de ces poils. Si dans une grande partie des Lépidoptères, les écailles légères qui recouvrent leurs ailes, s’enlèvent au moindre frottement, 1l est beaucoup d'espèces dans lesquelles elles ne se détachent pas aussi facilement. C'est ce qui a lieu dans celles qui forment les genres Bornbix et Sphinx dont les tubes squamulifères sont très courts ‘et les pédicules des écailles assez longs. Dans ces diffé rentes espèces, l'extrémité des tubés est un peurenflée ; demême que celle des pédicules; il en résulte que ceux-ci éprouvent, pour sorür de leurs tuyaux, une difficulté proportionnée à ces renflemens, car l'ouverture de cés tuyaux se trouvant plus étroite. que l'extrémité des pédicules, les écailles ne peuvent s'en détacher, sans qu’une portion de ces derniers y reste en- gagée. C'est ce qu'on reconnait facilement, en examinant la membrane dénudée de l’une des ailes du Bhnbis: grand Paon. Le tuyau d'implantation (fig. 41) de la plumule fig. 18), sa appartient au Satyre Fauna, est aussi conformé de manière rendre fort difficile la sortie de son pédicule. Il en est de même des pédicules qui terminent les plumules des Polyommates dont les tuyaux (fig. 4o) ont à-peu-près la même forme. L'im- plantation des plumules (fig. 13 et 14) des Argynnes Paphia et ÆAdippé;, diffère de celle des autres écailles, en ce qu’elle «est verticale; l'aile dénudée de sés plumnules ne pent laisser voir, d'après cela, que l'ouverture des tuyaux, ainsi que le montre la fig. 39. On remarquera qu'aux endroits où les #wyaux d’ ihplänteie se trouvent fixés à la membrane de l'aile cette membrane est 128 BERNARD DESCHAMPS. — Sur les ailes des Lépidopières. beaucoup plus opaque, ce qui empêche de pouvoir toujours dis- tinguer les trachées qui les environnent. Ces parties opaques qui sont fort régulières autour des tubes des plumules, présentent chacune une surface ovale (fig. 40 et 41), au milieu de laquelle se trouve le tuyau qu'elle dérobe quelquefois presque entière- ment à la vue. Dans les ailes des Lépidoptères , dont la membrane offre le plus de transparence, on aperçoit souvent une partie des tra- chées qui s’y ramifient. Parfois, elles se montrent en traits fort déliés, aux endroits , où les tuyaux d'implantation sont soudés à la membrane de Vaile, et il est probable qu’elles communi- quent avec d’autres trachées encore plus petites, qui renferment les stries des écailles, qu’elles vivifient ainsi que leurs lamelles et leurs granulations. C’est ce que semble démontrer l'examen des stries des plumules qu'on trouve sur les ailes des Piérides de la rave et du navet. Ces stries qui ne paraissent pas avoir d’analogie avec celles de la plupart des autres écailles des Lépidoptères, sont composées de granulations transparentes, que je regarde comme des trachées utriculaires , communiquant entre elles par de très petites ouvertures. On découvre souvent sur ces deux espèces de Piérides, particulièrement sur la pre- mière , des plumules dont les stries semblent avoir été enlevées en partie, comme dans la portion de celle fig. 37. J'ai cru re connaître que ces lacunes sont rarement produites par la destruction des stries, mais qu'elles ont pour cause l’affaisse- ment des petites poches membraneuses ou trachées utriculaires qui les forment. L'expérience suivante que j'ai-souvent répétée, ne laissera , je le pense, aucun doute sur l'existence de ces tra- chées. Si, lorsqu'on à pris un papillon mäle de la Pcéride de la rave, on en observe de suite les plmules, on en trouvera sou- vent, comme je viens de le dire, surtout si le papillon est nouvel- lement éclos, dont les stries sembleraient avoir été enlevées. Si on laisse ces plumules sur la platine du microscope, sans déran- ger le porte-objet qui en est chargé, et qu’on les examine de nouveau le lendemain, ou même plus tôt, on reconnaïtra que toutes les lacunes qu’on avait aperçues d'abord, ont disparu. BERNARD DESCHAMPS, — Sr les ailes des Lépidoptères. 129 Il serait difficile de pouvoir expliquer ce changement, au- trement que par l'existence des trachées vésiculaires, qui, affaissées sur. elles-mêmes’ dans les parties dont on ne dis- tinguait pas les stries, se sont ensuite remplies d'air, spon- tanément. Il est vraisemblable que l'effet produit sur ces plus mules, a lieu sur toutes celles du même individu qui en sont susceptibles , puisque passé, quelques jours , il en fournit rarement qui soient privées de leurs stries. En observant de la même mamière, les écailles prises sur diverses espèces de Lé- pidoptères, et dont une partie des stries paraissait avoir été enlevée, je n'ai pu obtenir aucun résuliat semblable. Les stries des plumules des Piérides de la rave et du navet, une fois re- connues pour des trachées vésiculaires, ne peau pas pré- sumer que toutes celles qu'on voit sur les écailles des Lépidop- teres, et même leurs granulations, sont de véritables trachées, soit utriculatres, soit tubulaires, suivant leurs structures? Les stries cylindriques qui se trouvent sur une parte de ces écailles, sembleraient appartenir de préférence à ce deriner ordre de trachées, etlesstries moniliformes dont j'ai parlé précédemment, paraïtraient être des trachées uiriculaires. J'ai fait connaître d'une manière succincte, le résultat de mes recherches sur l’organisation des ailes des Lépidoptères. J'ai rapporté exactement ce que des observations multipliées, suivies avec persévérance, anont appris: sur la structure des écailles qui les parent si magnifiquement, espèce de mosaïque dont la nature s'est servie pour produire les dessins les plus variés; sur ces couleurs admirables qu'elle a dérobées à nos regards, et dont l'existence sur des parties cachées, doit changer les idées reçues jusqu'à ce jour, relativement à la NU HE qu'elle a suivie, pour l’organisation de ses diverses pro- ductions; sur ces écailles extraordinaires ou RATES: dont les formes curieuses sont si différentes de celles des autres écailles; enfin , Sur l'implantation des plurnules et des écailles en nombre ox qui recouvrent les ailes et les diverses parties du corps de ces insectes. (1) (1) En février 1830, j'eus l'honneur de communiquer à M, Bory de Saint-Vincent, mes LIT, Zoon. — Mars. 9 130 BERNARD DESCHAMPS. — Sur les ailes des Liépidoptères. J'invite les entomologistes micrographes, savans ou ama- teurs, à s'assurer de l'exactitude de ces observations, et à signa- ler les erreurs que j'aurais pu commettre. Afin d’en faciliter la vérification, jindiquerai ici la manière la plus avantageuse de les faire. Je dois d’abord prévenir que pour pouvoir répéter avec succès quelques-unes de ces observations, il est nécessaire de faire ajuster au corps du microscope un tuyau à frottement avec porte-objet mobile qu'on y adaptera au besoin. On aura alors un microscope horizontal mobile, qui, joint au micro- scope vertical, mettra à même de faire toutes les observations possibles. Le porte-objet mobile doit être construit de manière à pouvoir être incliné à volonté, de gauche à droite et dans le sens contraire. Il sera facile d’après cela, de quelque côté qu’on se tourne, de diriger convenablement la lumière sur les objets. C’est toujours avec le microscope vertical qu’il convient d’ob- server les stries des écailles et des plumules des Lépidopteres. Il faut, pour pouvoir les distinguer nettement, être muni d’un excellent instrument dont on puisse obtenir de fortes amplifi- cations. (1) | Les écailles, dont les lamelles inférieures qui s’appliquent sur observations sur les couleurs que réfléchissent les écailles des Lépidoptères. Ce savant, dont je reçus l'accueil le plus obligeant, ne pouvait se lasser d'admirer la richesse et la variété de ces couleurs. 11 me donna l'assurance que ces observations n'étaient pas connues, et me promit d’en faire mention dans le supplément du Dictionnaire classique d'histoire naturelle, qu’il se pro- posait de publier prochainement. Je lui remis, à cet effet, quelques notes dans lesquelles se trouvaient aussi indiquées, les différentes espèces de Lépidoptères qui fournissent des plumu- les; maïs ce supplément n’ayant pas paru, M. Bory n’a probablement fait aucun usage de mes notes. (x) Je crois rendre service aux entomologistes, en leur faisant connaître le microscope achro- matrique réduit, de l’invention de M. Trécourt, exécuté par M. Georges Oberhaeuser, habile ingénieur mécanicien, place Dauphine, n° 19. Ce nouveau microscope, déjà connu et apprécié par lessavans, réunit au plus haut degré, tous les avantages qu’on peut desirer. En effet, dans Jes faibles grossissemens, l’aberration de sphéricité y est entièrement détruite, et dans les plus foris, qui, dans un instrument complet, vont jusqu’à près de 2,000 (mesure linéaire), les contours des objets ysont toujours de la plusgrande netteté. J'avoue que c’est à la perfection de ce microscope, que je dois la connaissance de beaucoup de détails intéressans, sur l’organisation des ailes des Lépidoptères : il est probable que je les aurais toujours ignorés, si j’en avais été privé. Les observateurs qui voudraient faire adapter à leur microscope, le porte-objet mobile dont j’ai parlé, peuvent s’adresser à M. Georges Oberhaeuser qui en a déjà confectionné plusieurs de ee genre, de la manière Ja plus satisfaisante, BERNARD DESCHAMPS. — Our les ailes des Lépidoptères. 13x la membrane de l'aile, réfléchissent, comme je l'ai dit, les cou- leurs les plus admirables, peuvent aussi être observées avec le microscope vertical, mais il faut alors donner une directio oblique au porte-objet qui en est chargé. Ces écailles doivent y être appliquées dans le sens de leur longueur, de manière à ce que leurs côtés regardent, lun la lumière et l’autre l’obser- vateur ; si elles étaient placées dans le sens opposé, on ne verrait qu’une partie de leurs couleurs. Le microscope horizontal mo- bile est bien préférable pour ce genre d'observation. C’est avec lui seul qu'on peut jouir complètement du spectacle ravissant des couleurs si vives et si riches que réfléchissent ces écailles, dont le plus léger mouvement de la main fait varier, d’une ma- nière agréable, les nuances harmonieuses. Voici comment il convient de procéder pour faire avec le plus de succès cette ob: servation : on commencera par disposer, comme porte-objet, un morceau de verre ayant au moins deux pouces de long sur un et même un et demi de large, qu'on placera sur une table dans le sens de sa longueur; puis on saisira avec une pince l’aile dont on voudra examiner les écailles, et on la posera , la base dirigée en bas, sur ce verre aprés l'avoir un peuternideson haleine, pour y faire mieux adhérer les écailles ; pressant ensuite avec l'extrémité du doigt, ou mieux encore avec un petit morceau de liège préparé, la portion de l'aile à dénuder, en la faisant un peu mouvoir de haut en bas, les écailles à observer se trouve- ront fixées sur le verre. C’est alors qu'on sera à même d'en ad- mirer toute la richesse. À cet effet, on glissera le verre ainsi disposé, entre les pinces à ressort du porte-objet mobile, et te- nant de la main droite le corps du microscope, si on a le jour à gauche, ce qui est préférable, on inclinera le porte-objet et on le tournera de manière à laisser tomber les rayons lumineux sur les écailles pour mieux en faire ressortir les cou- leurs. Cest au reste à l'observateur à chercher la position la plus convenable; seulement, il devra toujours faire en sorte que les écailles soient posées verticalement sur le porte-objet mobile, ce qui aura lieu s'il suit exactement les indications que je viens de donner. Les écailles qui auraient une direction opposée, ré- fléchiraient beaucoup moins de couleurs. C'est toujours lorsque 9x 132 BERNARD DESCHAMPS.— Sur les ailes des Lépidoptères. les écailles sont très rapprochées et vues en entier sur le porte- objet que les effets sont les plus beaux, car si elles étaient en recouvrement les unes sur les autres, comme sur l'aile des pa- pillons on n’apercevrait qu’une partie de leurs vives couleurs. Je dois dire cependant, que dans cette situation elles présen- teut à l'œil une draperie des plus riches. Ce genre d'observation uoit toujours être fait de préférence à la lumière solaire. Les écailles des Lépidoptères qui, en décomposant la lumiere, produisent, observées à la flamme d’une bougie ou d’une lampe, les reflets des pierres précieuses les plus brillantes , ne peuvent jamais être vues avec le microscope vertical, ni même avec le microscope horizontal qui ne serait pas mobile. Les précautions à prendre pour appliquer sur un verre les écailles destinées à cette observation, sont les mêmes que pour la précédente ; il est seulement nécessaire que Île verre qui doit servir de porte- objet soit mince et très blanc (r). Lorsqu'on y aura fixé les écailles , on le glissera dans le porte-objet mobile qui, pour cette observation, ne doit être incliné d'aucun côté, et après les avoir mises au point de vue et avoir dirigé le microscope un peu à gauche ou un peu à droite de la lumière, à la distance de 4 à 6 pouces, on sera à même d’observer leurs magnifiques reflets. Les écailles qu'on trouve sur l'insecte appelé Forbicine ou Lé- pisme en produisent de très vifs. Ces reflets deviennent quel- _quefois plus brillans en s’éloignant graduellement de la lumière. . Les tuyaux d'implantation des Plumules et des écailles des . Lépidoptères peuvent être observés avec le microscope hori- zontal et avec le microscope verticai. Le second est préférable sorsqu'on a besoin de forts grossissemens et qu'on desire voir nettement les contours des tuyaux, dont la moitié inférieure est, comme je l'ai déjà dit, noyée en partie dans l'épaisseur des (1) J'indiquerai aux amateurs de microscopes, la verrerie de Bagneaux, près de Nemours, conne fabricant le verre le plus convenable pour des porte-objets. Il est d’une blancheur et d'une transparence parfaites, et je suis parvenu à en obtenir des feuilles dont les parties les plus minces ont souvent moins de deux tiers de millimètre. Cette épaisseur minime peut permettre d'observer entre deux verres, des écailles de papillons à une amplifeation linéaire Ge :,300, du microscope de M, Trécourt, avantage inappréciabie, sous beaucoup de rapports, surtout celui de la conservation d'objets précieux qu'il serait senvent impossible de remplacer, si l'on venait à les perdre. BERNARD DESCHAMPS. »=— Our les ailes des Lépidoptères. 133 sillons de la membrane de l'aile. C’est alors comme corps trans- parens que ces tuyaux doivent être observés. Si on les examine à la manière des corps opaques, ce qui ne peut avoir lieu qu'au moyen d'amplifications moins fortes, puisque autrement on manquerait de lumière, il est nécessaire de donner au porte- objet placé sur la platine du microscope un peu d’'inclinaison. On verra alors assez distinctement toute la moitié supérieure des tuyaux, ainsi que leur ouverture. Le microscope horizontal et la lumière solaire me paraissent convenir parfaitement pour cette observation. La direction verticale du porte-objet et l’in- clinaison qu'on peut lui donner à volonté concourent à faire distinguer plus nettement l'orifice des tubes squamulifères, et leur disposition sur les sillons de la membrane de Faile. C’est entre deux verres qu'il convient de placer les ailes dont on veut examiner les tuyaux d'implantation, ayant soin que leur base soit toujours dirigée du côté de la lumière ; sans cette précaution, il serait impossible de voir leur ouverture, et même de les dis- tinguer. Toutes les recherches dont j'ai présenté le détail seraient sans doute d’une grande utilité pour la science, si elles eussent été suivies dans chaque genre et dans chaque espèce sur des indi- vidus de sexe différent. On sentira facilement qu’un travail de cette nature, outre qu'il exigerait des connaissances étendues que je suis loin d'avoir, et un nombre considérable d’observa- tions, ne pourrait s'exécuter qu’à l'aide d'une collection com- plète de Fépidoptères, qu'on ne trouve que chez très peu d’a- mateurs ou dans un établissement national et qu'il faudrait sacrifier. Il est bien constant que si l’on voulait, par exemple , sassurer de toutes les espèces sur lesquelles se trouvent des Plumules, on ne pourrait y parvenir qu’en examinant les diverses parties des ailes appartenantes aux mâles de chaque espèce con- nue , indigène et exotique, et même peut-être aux femelles, car la nature pourrait s'être écartée de la loi qu'elle semble s'être. imposée à l'égard des Plumules. La même marche devrait &tre suivie pour s'assurer des couleurs que réfléchissent leurs écailles dans chaque partie des mêmes ailes, et de toutes les espèces sur lesquelles se trouvent les écailles qui décomposent le plus agréa- À * 13/4 BERNARD DESCHAMPS. — Sr des ailes des Lépidoptères. blement la lumière; pour être fixé sur les formes que peuvent avoir les pédicules des écailles, des plumules et leurs tuyaux d'implantation, ainsi que sur les rapports de ces tuyaux avec leurs pédicules; pour connaitre les dessins variés qu'offrent, dans plusieurs espèces de Lépidoptères, les stries curieuses de différentes écailles qu'on y voit rarement en grand nombre; enfin, pour avoir des notions précises sur la position des écailles et sur les diverses formes qu’elles affectent dans chaque portion de l’aile. (1) { Depuis long-temps je me proposais de publier dans quelques mémoires , avec tous les détails dont elles pouvaient être suscep- tibles, mes observations microscopiques sur l’organisation des ailes des Lépidoptères; mais un semblable travail, quoique pré- sentant moins de difficultés que celui dont je viens de parler, ne pouvait se faire cependant sans être précédé de recherches beau- coup plus longues que celles auxquelles j'ai pu jusqu'à présent me livrer. Incertain de l'époque à laquelle 1l me serait possible de m'en occuper, j'ai cru devoir , en attendant, faire connaitre succinciement aux naturalistes les résultats de mes investiga- tions jusqu’à ce jour , dans l’espoir qu’ils pourront contribuer à l'avancement de la science et être, pour les amateurs d’observa- tions microscopiques, une source de jouissance qu'ils me sau- ront, jaime à le croire, quelque gré de leur avoir procurées, Je réclamerai, en retour, de leur obligeance, afin d'être à même de pouvoir continuer mes recherches, les doubles et les débris de papillons exotiques qui leur seraient inutiles. Je leur fais la même prière, relativement aux Coléoptères, genre d'insectes dont je m'occupe depuis quelque temps (2). Je tâcherai de les dédom- (1) Je sais qu’un travail spécial sur cette dernière partie, et sur d’autres qui s’y rappor- tent, est suivi avec persévérance, par le digne successeur du savant Latreille, qui, aux connais- sances profondes de ce célèbre naturaliste, joint tout l'esprit d'observation nécessaire pour dé— rober à la nature ses plus secrètes merveilles. Ce travail important ne peut qu'être du plus grand ntérét pour la science, (2) J'invite les personnes qui voudront bien avoir égard à ma demande, à faire remettre à Paris, par les occasions sûres qu’elles trouveront pour cette capitale, les boîtes qui renfermeront . les insectes qu’elles me destineraient, chez le concierge de la maison, quai de l’Ecole, n° 3, près _ du Pont-Neuf, Ces envois devront porter l'adresse suivante : M. Ronmy, peintre, quai de l’'Eco- le, n. 8, près du Pont-Neuf, à Paris, pour remettreà M, Bernard Deschamps d'Auxerre, Comme Lu \ BERNARD DESCHAMPS. — Sur des ailes des Lépidoptères.: 35 mager de la peine qu’ils voudront bien prendre, par la commu- nication que je leur ferai de mes observations sur les espèces nombreuses de ée dernier ordre, pour lequel les entomologistes paraissent avoir aujourd'hui une prédilection marquée. Je 'ne doute pas que ces observations ne leur offrent également beau- coup d'intérêt; peut-être aussi mettront-elles les savans sur la voie de découvertes utiles, de même que celles qui font le sujet de ce mémoire. C’est mon desir le plus ardent. EXPLICATION DES PLANCHES. (1) PLANCHE 5. | Fig, 1. Trois écailles colorées prises sur l'aile inférieure de la Fanesse Lo (le Paon de jour). | Grossissement — 180. | Figg 2. Trois écailles colorées provenant de la surface supérieure de la seconde aile de la Nÿmphale Callisto (le papillon Calysto de Cramer, planche 24. A. B.). Grossissement = 180. | Fig. 3. Deux écailles prises sur la surface inférieure de la même aile. Grossissement = 180. Fig. 4. Portions de trois stries d’une écaille prise sur la surface ‘supérieure, d’un beau! bleu, de la première aile du papillon l'U%sse (Cramer, planche 121). Grossissement = 800. \ Fig. 5. Portions de trois stries d’une écaille provenant de la surface supérieure de la se- conde aile du papillon Péris ( Cramer, planche 121). Grossissement — 800. les insectes que je réclame de leur obligeance sont destinés à être brisés, il suffira de les entas- ser, pêle-mêle, avec les débris, dans des boîtes qui, quelque petites qu’elles soient, pourront de cette manière en contenir un grand nombre, ce qui ne leur donnera aucune peine. Je croirais être indiscret, si je leur demandais autre chose que ce qui leur serait inutile. Je leur aurai obli- gation, s'ils peuvent renfermer dans de petits paquets séparés qu’ils voudront bien étiqueter, les insectes ou débris appartenant à chaque genre de Coléoptères. Je les prierai aussi, afin que ces envois soient moins volumineux, de n’y comprendre des Coléoptères un peu grands, qu’autant qu'ils seraient remarquables, soit par les dessins qu’ils présenteraient, soit par la richesse de leurs cou- leurs. Ceux de moyenne, petite et très petite dimension, tant indigènes qu'exotiques, sont gé- néralement préférables pour mes observations. Le moyen d’éloiguer les insectes destructears, de ces boîtes, comme de toutes celles qui renferment des collections d’histoire naturelle, est d’en- duire légèrement leurs bords internes, d’une pommade composée de cire, à laquelle on mêlera, après lavoir fondue, une quantité égale d'essence de térébenthine et un peu de campbhre. Les parties volatiles de ces deux dernières substances, se trouvant enveloppées par la cire, s’y con- servent assez long-temps, et n’en sont entièrement séparées qu'à la longue. (1) J'ai cru devoir indiquer le grossissement linéaire de chaque figure, à la suite de son explication. 136 gernvarD prscuamPs. — Sur les ailes des Lépidopières. Fig. 6. Plumule en cœur de la Piéride de la rave (Le je papillon du chou). Grossisse- ment — 480. | Fig. 7. Variété de ni mème plumule. SAME :P0 Fig. 8. Plumule en cœur de la Pieride du navet (le Veiné de vert). Gr ossissement — 460. ‘Fig. 9. Plumule de la Püéride de l'aubépine (le Gazé). Grossissement — 480. Fig. 10. Plumule de la Piéride Daplidice (le marbré de vert). Grossissement — 430... Fig. 11. Plumule de la Piéride du cresson (Aurore). Grossissement — 480. Fig. 12. Plumule de la Piéride Leucippe (Cramer, planche 36. A.). Grossissement — 480. Fig. 13. Plumule de l4roynne Paphia (le tabac d'Espagne). Grossissement — 300. Fig. 14. Plumule de l’#ñsynre Adippé (le grand Nacré). Grossissement — 1300. ‘ Fig. 15. Plumule de la Pieride du chou (le grand papillon du chou). Grossissement = 500. Fig..16. Plumule du Satyre Hæra (V Ariane). Grossissement — 300. Fig. 17. Plumule du Satyre Mépère (le Satyre). Grossissement — 300. Fig, 18. Plumule du Satyre Fauna (le Faune). Grossissement — 300. PLANCHE 4. #ig. 19. Ecaille extraordinaire du Polyommate Boëticus (le Porte-queue bleu “ho Gros- sissement — 300. Fig. 20. Plumule du Polyommate Argiolus (V Argus bleu à bandes brunes). Grossissement = 400. Fig. 21. Plumule du Polyommate Cyllarus (variété de l’Argus bleu). Grossissement — 480. Fig. 22. Plumule du Polyommate Alexis (\’ Argus bleu vioiet). Grossissement — 480. Fig. 23. Plumule du Polyommate Adonis (V Argus bleu céleste). Grossissement — 480. Fig, 24. Plumule prise sur un débris appartenant à un papillon exotique. Grossissement = 540. Fig. 25. Portion d’aile de la Piéride de la rave, observée comme corps opaque, sur laquelle on voit les tuyaux d'implantation des écailles et des plumules, Grossissement — 480. Fig. 26. Tuyau d'implantation hémisphérique, recevant le petit globe des plumules de la iéride de la rave, Grossissement — 1,500. M Fig. 27. Tuyau d'implantation du pédicule (figure 29) des écailles du même papillon. Gros- sissement = 1,300. | Fig. 28. Portion d’aile du même papillon, offrant le trait des us pa ifères apparte- nant, soit aux plumules, soit aux écailles, tels qu'on les voit en les observant comme corps transparens. Gr ossissement — 480. Fig. 29. Portion d’une écaille du même papillon, avec son pédicule, dont le tuyau dipl tation est présenté fig. 27. Grossissement — :,500. Fig. 30. Portion d’aile du même papillon, présentant le trait des tubes A Lfères des plumules des écailles, comme dans la fig. 28, et en outre, l'implantation d’une plumule dans son tuyau hémisphérique, Grossissement — 480. Fig. 31. Portion de l’aile supérieure de la V'anesse Atalante (le Vuicain), sur laquelle on aperçoit le trait des tuyaux d'implantation des écailles vues comme corps opaques, ainsi qu'une écaille engagée dans son tuyau. La trace des sillons qui sont sur la membrane de l’aile, s’y trou- ve aussi indiquée, de même qu'aux fig. 25, 28, et 30. Grossissement — 480. Fig. 32. Portion de l’aile supérieure de la Piéride de la rave, chargée de ses écailles, entre lesquelles se voient les extrémités frangées des plumules. Grossissement — 84. Fig. 33, Rorlion de la seconde aile du Polyommate Alexis, vue en dessus, Elle est garnie de jun l'Europe et le Nord de J’Afrique. ‘pucès. — Couleuvre de Montpellier. 9 47 ses écailles €: de ses plumules dont elle laisse voir la déposition sur l'aile, Grossissement L Ï En 84! Fig. 34. Ecaille prise sur un débris de papillon exotique. Elle indique l'existence de trois lamelles, dont la supérieure est chargée de granulations, la deuxième de stries, et la troisième laisse voir des ondulations. Grossissement — 480. + Fig. 35. Autre écaille provenant aussi d’un débris de papillon exotique. On y reconnait . deux lamelles, dont la supérieure est chargée de stries curieuses. La lamelle inférieure est mise à nu dans les parties où les stries manquent. Grossissement =— 480. Fig. 36. Ecaille transparente trouvée également sur un débris de papillon exotique. Elle pre- sente des stries moniliformes régulières, dont lesintervalles sont divisés en petits carrés qe transversalement. Grossissement — 480. Fig. 37. -Portion d’une plumule de la Piéride de la rave, dont quelques parties n’offrent ax- eune trace de stries. Grossissement — 480. Fig. 38. Portion d'écaille d’un papillon exotique, sur laquelle on voit des stries moniliformes, claires, alternant avec d’autres un peu opaques, de mème forme. Grossissement — 800. Fig. 39. Tuyau d'implantation des plumules des 4reynnes Paphia et Adippé (le tabac d'Es- pagae et le grand Nacré). Grossissement — 1,300. Fig. 40. Tuyau d'implantation des plumules du Poiyommate Alexis (Argus bleu violet.) Grossissement — 1,300. Fig. 4r. Tuyau d'implantation avec pédicule rompu, des plumules du Satyre Fauna (le Faune), Grossissement — 1,300. Fig. 42. Ecaille prise sur l’aile supérieure du papillon exotique ie Cancer (Gra amer, planche 51). Grossissement — 480. REMARQUES sur la couleuvre de Montpellier (1), avec quelques ob- servations sur le développement des dents venimeuses, sur les * variations de couleur individuelles ou dues à l’âge, sur un cas d'absence presque complète des écailles , etc. Par ANT. DucEs. Le grand genre Coluber de Linné comprendrait aujourd'hui dés espèces si nombreuses et si disparates qu’il ne pourrait plus (x) Coluber monspessulanus, Hermann. Queue faisant plus du quart de la longueur générale. Tète étroite, comprimée; plaque interorbitaire ou frontale, beaueoup moins large et un peu plus longue que les palpébrales ; lames abdominales grandes, 172 à 1763 lamelles caudales 82 à 88 paires; écailles du dos sub-acuminées, creusées un peu en cuiller ; couleurs variables selon l'âge et le sexe; tantôt vert foncé et noirâtre en dessus, jaunâtre en dessous, bleuâtre aux flancs, tantôt cendrée en dessus avec des taches plus foncées et plus claires. Habite le midi de Vases 138 puGÈs. — Couleuvre de Montpellier. subsister qu’à titre de famille; on a été beaucoup plus loin , trop loin peut-être, et les divisions et subdivisions de quelques moder- nes sont loin d’avoir dissipé toute l'obscurité et la confusion qui régnait depuis long-temps parmi les espèces rapportées au genre couleuvre. La principale cause de la confusion actuelle, c’est le peu de valeur de certains caractères donnés comme différentiels non-seulement d'espèces à espèces, mais même de genre à genre : une autre cause d'incertitude vient de l’altération facile des cou- leurs de ces reptiles conservés dans Palcool ; une troisième tient à ce que ces couleurs varient d’individu à individu, d'âge en âge. C’est pour en donner un exemple qui puisse servir à éclairer les naturalistes relativement à cette base erronée de la caracté- ristique des espèces, que nousavonssurtout concu l'utilité de cette petite monographie. Déjà l’on sait, ou du moins on soupconne, que de simples variations dans la continuité des dessins dont est parsemé le corps des vipères, ont seules donné lieu à des dé- nominations spécifiques multiples (Cuvier). La couleuvre vipé- rine offre les mêmes variations; de plus, entre ses taches latérales | ocellées et les dorsales alternes, ou en ligne fulminée, on observe quelquefois, de chaque côté, une bande d'un fauve roussà- tre qui tranche sur la teinte grise du reste du corps. Cette variété, qui n’est pas très rare dans le midi de la France, a été aussi rap- portée , de Barbarie et d'Espagne, au Muséum de Paris où je l'ai vue désignée sous les noms de couleuvre de Barbarie, couleuvre d'Oppel. Un de nos compatriotes, M. Fages, l’a aussi reçue d’Al- ger. Nul exemple de ces sortes d'abus n’est plus saillant peut- être que celui sur lequel nous nous arrêterons un moment avant de passer à notre objet principal. La couleuvre figurée dans la faune française sous le nom de Col. hermamii (dénomination qui malheureusement a été appliquée par Merrem à une autre espèce (syst. amphib. p. 94) est assez commune dans le midi de la France, et n’en trouvant point la description dans les ou- vrages de Daudin, de Lacépède, etc. je l'avais prise pour une varié- té de la couleuvre lisse avec laquelle elle n’a réellement que peu de ressemblance (mém. sur la déolutition dans les reptiles, Ann. sc. nat. t. xt, p. 360 et 394). Elle se rapprocherait bien davan- tage de la couleuvre à 4 raies, coluber elaphis, si elle n'avait puGës. — Couleuvre de Montpellier. 139 pas toutes ses écailles parfaitement lisses et plates. Je l'ai vue désignée également, dans la collection du muséum de Paris, sous les noms de coluber dorsalis, C. bitæmatus ou couleuvre à deux bandes, de Marseille, C. meffrenii apporté de Provence par La- lande; je la trouve figurée et décrite, sous le nom de Rhinechis Agasissizi, dans la troisième livraison de Wagler ( descriptio et icones amphibiorum, tab. xxv). Il la donne corfme apportée d’Es- pagne et du midi de la France, d’après Michaelles. Quelques dif- férences de couleur lui ont ainsi valu des noms différens indépen- damment des circonstances qui en ont mis les échantillons entre les mains de différens observateurs; peu connue encore, elle mé- rite que nous en disions quelques mots, tout en lui conservant le nom spécifique sous lequel Wagler la le premier fait bien connaitre. Le coluber Agasissizü est d’un gris clair dans le jeune âge, d’un fauve roussâtre à l’état adulte; les flancs sont mou- chetés de trois rangs de petites barres obliques, écartées, noires ou brurâtres, et sur toute la longueur du dos s'étendent deuxlignes noires réunies dedistance en distance par de larges bandes trans- versales noirâtres. Chez certains individus, surtout les jeunes, ces larges bandes transversales sont très foncées et les lignes lon- gitudinales quelquefois en partie effacées dans leurs intervalles; chez d’autres, au contraire, ces deux raies subsistent presque seules. C'est ce qui a lieu notamment pour les adultes et les mâles, c’est la variété représentée par Wagler ; mais chez tous, la forme est la même : la tête est large, aplatie ; le museau assez court quoique saillant au-devant de la mâchoire inférieure, coupé obliquement en dessous ; l'œil petit et l'iris terni par une teinte noirâtre; l’écusson interorbitaire ou frontal court et large, à-peu-près pentagonal, mais presque triangulaire, à pointe postérieure; les bandes ou lames ventrales varient en nombre de 208 à 220; les paires de lamelles sous-caudales sont au nombre de 54 à 63. bed L'espèce dont nous voulons surtout nous occuper ici est une des plus communes dans les lieux secs de nos départemens mé- ridionaux ; mais elle se trouve aussi en Asie et en Afrique : j'ai sous les yeux un individu de grande taille appartenant à un de mes amis, M. Westphall, qui l’a reçu de Sicile, et le même ser- 140 DUCÈs. — Couleuvre de Montpellier. pent est parfaitement figuré dans la Description de l'Égypte, | mais sans désignation nominale (Zoo!., suppl. , pl. v, fig. 2 et 3). Je ne l'ai même trouvé décrit nulle part encore ma maniere reconnaissable; toutefois, il paraît que c’est à un individu médiocre et peut-être altéré de cette espece que Hermann a donné le nom de Coluber monspessulanus. Merrem est le seul des herpétolo- gistes modernes, du moins à ma connaissance, qui l'ait men- tionnée depuis, avec la brève caractéristique du naturaliste de Strasbourg. (1) TE | _ Au muséum de Paris, plusieurs individus rapportés par Oh- vier étaient, en 10930, sans nom particulier; un autre désigné sous le nom de couleuvre à tête de genette, Col. geneta ; un plus petit {sous celui de couleuvre de Barbarie, donné par Goudot. Ne pouvant croire, dans Île principe, que ce füt là une espèce inédite, quoique $i peu rare, je l'avais qualifiée du nom de Col. Esculapur, qui ne lui convient nullement, mais qui semblait lui convenir davantage que tout autre, et © "est en conséquence à la coulenvre de Montpellier qu’il faut rapporter tout ce que j'ai dit des serpens d'Esculape dans le mémoire mentionné plus haut (1. c. pages 388, 394), et les figures 17 et 19, qui en re- présentent la tête avec assez d’exactitude pour que nous croyions pouvoir y renvoyer nos lecteurs. Proportions et Forme.—La couleuvre de Montpellierpeut ar- river jusqu’à la taille de 5 pieds : les individus de 4 pieds 172 ne sont pas trés rares ; le corps est alors assez volumineux, 18 li- gnes de diametre, par exemple, au point le plus ample du ventre; ; mais il s’atténue beaucoup vers la tête et vers la queue qui di- . _minue plus rapidement encore de dimension. Le corps est cy- lindroïde , large et convexe en dessous, un peu relevé en dos d'âne en dessus lorsque l'animal est tant soit peu amaigri. La (1) Merrem, Tentamen Systematis amphibiorum, p. 130. Voici tout ce qu’en dit Hermann, Scuta abdom. 174. Caud. 82. Supra et infra dentatus. Tela nulla, cinereus maculis nigris. | Scuta nigro-rebulosa. Longitudo duorum pedum et duididii ; Cauda novam pollicum; crassi- ties ferè pollicaris. (Obs. Zoologicæ, p. 283. — Sans la circonstance du pays d’où ce reptile avait été envoyé à l’auteur, cette descriplion ne conviendrait pas plus au nôtre que celle du Coluber atratus qu’il décrit à la même page (C. lagubrus, Merrem, p. 133, ou celle du C. con- danarus décrit très succinctement d’après Russel par Merrem (l. c. p. 107), mais qui a les Indes pour patrie. pucès. — Couleuvre de. Montpellier. TAL queue fait plus de 174 de la longueur totale ; elle est un peu plus grande chez les mâles que chez les femelles. La tête aussi paraît plus volumineuse chez les premiers; en général elle est propor- tionnellement plus considérable chez les sujets de petite taille que chez les plus grands : ainsi, un individu de 4 pieds 7 pou- ces 172 n'a que 15 lignes pour la partie du cràne couverte de larges plaques ; un autre individu long de 3 pieds moins 6 lignes a 10 lignes 172 pour la même partie; un troisième, ayant en tout 11 pouces 1 ligne, porte un bouclier sus-crânien de 5 lignes. La proportion chez ces trois sujets est de 5, 75, -7. La tête (1) est'aussi un peu plus courte , plus plate et plus large chez les jeunes que chez les adultes; chez ceux-ci, elle a une forme bien caractéris- tique, plus allongée, plus haute, plus étroite, plus comprimée par les côtés que dans presque aucune autre couleuvre; ellé est presque tétragone et terminée en avant par un museau en forme de pyramide quadrangulaire émoussée, très saillant au-devant du bord de la machoireinférieure. Sur les côtés deux yeux fortorands, saillans , arrondis , recouverts d’une arête ou angle saillant en forme . sourcil. Cet œil n’est pas, comme on le croit généra- lement pour les couleuvres, totalement immobile; il est suscep- _ tible d’éprouver des mouvemens sous son couvercle cutané qui peut-être même y participe en partie. Ses mouvemens sont assez bornés il est vrai, mais non douteux; aussi les muscles droits et obliques sont-ils ici parfaitement distincts et aussi forts que chez les autres reptiles. La pupille est un peu elliptique d'avant en arrière. En dessus est un bouclier de plaques écailleuses , en- foncé au-devant de l'intervalle des yeux, ayant exactement en largeur, d'un sourcil à l’autre, la moitié de sa longueur, et recou- vrant la face et tout le crane, excepté les pièces osseuses occipitales et les appareils temporo-maxillaires. La bouche est grande , fen- due presquejusqu'au niveau des limites postérieures du bouclier, c'est-à-dire assez loin derrière l'œil. L’anus est large, entouré de petites écailles cachées par la plaque préanale qui est quelque- fois divisée en deux parties par un sillon médian. Écailles.—T,e bouclier sus-crânien se compose des mêmes pla- ques que dans les autres conleuvres, mais plusieurs ontici une (rt Voyez planche 5 B. 1/2 puGËs.=— Couleuvre de Montpellier. forme toute caractéristique et qui, jusqu'à présent, nous parait exclusive à notre Coluber. Aïnsi la plaque centrale, celle qu’on peut appeler frontale ou interorbitaire, parce qu’elle recouvre los frontal principal, est étroite, allongée; aussi longue au moins que les plaques pariétales ou postérieures, et beaucoup plus étroite que chacune des plaques palpébrales entre lesquelles elle est placée.On peutajouter à cela que les frontales antérieures, qui la touchent en avant, sont deux ou trois fois plus grandes que les sus-nasales; que les préoculaires , qui font la partie su- périeure et antérieure du contour de l'orbite, occupent un petit espace en dessus, un très large latéralement; et que la narine, assez grande et valvulée, comme je l'ai indiqué ailleurs , semble percée dans une plaque particulière, de sorte qu'il y en aurait quatre entre la préoculaire mentionnée déjà et la rostrale, au lieu de trois qui se comptent chez les couleuvres dont la narine est percée entre deux plaques, telles que le C. Agasissizi, le J'iperinus, le Natrix , etc. Il suit de là qu’une tête isolée de Co- luber monspessulanus pourrait être parfaitément reconnue. Les écailles du dos ne sont pas moins caractéristiques : disposées en quinconces, un peu allongées et terminées en pointe mousse chez bien d’autres couleuvres, elles ont ceci de particulier que leur face libre est excavée surtout vers la base; elles se présen- tent ainsi en forme de cuiller peu profonde ba bords apRus; dans le très Jeune âge, les excavations sont à péine marquées; les écailles des flancs sont beaucoup plus larges, subtriangu- Jaires et plates. Les lames abdominales sont grandes, remontent sur le bas des flancs; leur bord postérieur est un peu convexe; elles sont courbées en arc, de sorte que le ventre a toujours une assez forte convexité; leur nombre a varié sur des individus différens, aussi bien que celui des lamelles caudales. Grande femelle; 172 lames, 82 paires de lamelles. Femelle médiocre; 173 84 Mâle médiocre ; 15) 88 Individu trèsjeune; 176 87 Dans ce nombre est compris pour un l’ergot conique et assez effilé qui termine la queue. puGËs. — Couleuvre de Montpellier. 143 Couleurs.—1° Adultes etsurtout de sexe masculin.Si la mue est récente êt la robe nette et sans souillure, le dessus du corps est d’un beau vert, la tête y compris; seulement le deuxième quart du dos à-peu-près offre une teinte noire plus ou moins pronon- cée, mais souvent telle que si de l’encre avait êté renversée sur cette partie de l’animal. Le ventre est d’un beau jaune clair, mais le plus souvent parsemé de nuages bleuätres ou noirâtres plus prononcés vers le bord libre de chaque lame abdominale, qui souvent est ainsi bordée de gris noir. Les flancs sont comme glacés de bleuâtre. En y regardant de plus pres, on voit quil y a, sur les écailles latérales, un mélange de noir à leur base, de blanc sur leurs bords et de gris à leur milieu ; les plus Hhires sont à moitié jaunes. Cette Hèhé parure se ternit malheureuse- ment avec promptitude : le dos devient vert-olive ou même gris, tant par l’épaississement que par la saleté de l'épiderme, et la ventre devient d’un blanc sale plus ou moins chargé de gris; ce gris seul domine sur les flancs. 2e Chez les très jeunes individus, la robe est toute différente; _les couleurs sont moins vives, mais les dessins plus variés. Le fond est cendré sur le dos et semé de taches brunes ou d’un gris plus foncé, formant 1° une série longitudinale de taches mé- _dianes assez larges, à peine séparées par de petites raies trans _versales plus claires; 2° de chaque côté, deux séries de taches Brunes, bordées de jaunâtre , plus petites, plus détachées et al- _ternes. Sur la nuque est une tache plus grande encore que les _ premières et à-peu-près en forme de croissant. Sur la tête, les _ plaques sont d’un gris brunâtre et bordées d’une teinte HR _ plus claire, avec quelques autres nuances assez indiquées dans | nos Éditer. Les flancs offrent du blanc et des points bruns. Le ventre présente quatre bandes blanches, irrégulières, séparées par trois bandes d’un jaune rougeâtre, irrégulières aussi et dont | la médiane ou impaire est plus large que les latérales, le dessous de la tête et ses côtés sont également jaspés de taches et de bandes blanches et jaunes; ces dernières bordées de noir. Ces _ dessins persistent surtout chez les femelles jusqu’à un äge assez avancé, deux à trois pieds de longueur par exemple, mais ensuite ils s’effacent et se ternissent de plus en plus. Chez quelques sujets, 144 puGËs. — Couleuvre de Montpellier. comme celui dont Herman s’est servi à ce qu'il paraît, il ne reste plus qu'une teinte cendrée , semée de points noirs ou bruns en dessus; chez d’autres, le noir se mêle avec la teinte générale, mais beaucoup d’écailles restent mouchetées ou bordées de blanchâtre; ce pourrait être la le Coluber atratus du même zoologiste. Chez tous les sujets, l'iris est brun à son pourtour, d'un a jaune- rougeatre au voisinage de la pupille. Mœurs, che Ooeute tant d’autres reptiles, cette couleuvre fuit à l'apprpehe de l’homme et ne cherche à se défendre que quand on la saisit, ou quand on l’irrite dans un lieu où la fuite lui est impossible; elle souffle alors avec violence , de même que les autres couleuvres, et frappe souvent du museau au lieu de mordre. Les jeunes individus s'apprivoisent aisément; nous avons même conservé long-temps une femelle de près de 4 pieds de lon- gueur, et qui s'était familiarisée au point de se laisser manier et caresser avec complaisance etde prendre dans nos mains sa nour- riture consistant en oiseaux, souris, rainettes, sauterelles même; une fois de la viande de boucherie; d’autres fois des débris de couleuvre vipérine, furent également avalés et digérés par elle; les petits oiseaux, même morts, paraissaient être To de ses préférences D’autres individus, surtout du sexe masculin, se montrent beaucoup plus farouches quoique plus jeunes; plusieurs fois même j'ai senti leurs morsures ; jamais, il est vrai, il n’en est résulté autre chose qu’un sentiment instantané de piqüre ou d'égratignure, et l’effusion de quelques gouttelettes de sang. Ce résultat mérite d’être remarqué; car la couleuvre pourrait être supposée plus dangereuse que les autres espèces indigènes, même celles qui mordent plus souvent qu'elle encore, l’Agasis- sizienne par exemple. La première offre effectivement cette dis- position remarquable soupconnée par Cuvier, indiquée par d’autres naturalistes , mais que M. Duvernoy a surtout fait con- naître chez un certain nombre de couleuvres réputées inno- centes ; elle porte à l'extrémité postérieure de chaque os maxil- laire une dent conique presque droite, dirigée en arriere, trés aiguë, beaucoup plus volumineuse que les autres, et creusée d'une gouttière longitudinale qui rappelle la canaliculation des DUGÈS. — Couleuvre de. Montpellier. 145 crochets venimeux ; elle est même recouverte, comme eux, d’une gaine membraneuse indépendante de la frange muqueuse qui borde en dedans la rangée des autres dents maxillaires, et dans cette gaïne nous avons trouvé jusqu’à trois dents mobiles, sus- pendues aux Chairs et aussi cannelées, destinées en un mot à rem- placer la dent fixe, si elle venait à se briser. Nous pouvons dire £ncore que le crochet, qui a jusqu’à une ligne et demie et plus ‘de longueur, peut se redresser quand l'os maxillaire est poussé ‘€n avant, cet os étant ici coudé en bas sous l'orbite, tandis qu'il est droit chez le C. natrix, le C.agasissizii et le C. Viperinus. Cet os est aussi beaucoup plus robuste quoique aussi long qué chez ces trois espèces. Le natrix offre, en arrière, une dent plus grande que les autres , mais sans cannelure, plate au contraire et tranchante à son bord concave Ôu postérieur. Suit-il de tout cela que la couleuvre de Montpellier soit venimeuse? Si je n’ai ressenti de ses morsures aucun effet fâcheux, est-ce parce que la dent postérieure ne m'avait pas atteint? Ces soupçons pour- raient être aisément confirmés ou détruits par des expériences sur de petits animaux; mais malheureusement depuis que M. Du- veérnoy a publié ses remarques, je n’ai eu à ma disposition que des sujets conservés dans l'alcool ; or, je viens d'expérimenter que le venin du Naja à lunette même, serpent si dangereux comme on sait, ne conserve pas dans l'alcool ses propriétés nui- sibles; je l'ai inoculé sans le moindre effet dans les chairs d’un Oiseau, et moi-même j'ai été blessé profondément au doigt par un des crochets durant la dissection, sans avoir cru devoir prendre aucun autre soin que celui de cautériser la piqüre avec le nitrate d'argent. M. Duvernoy avait fait déjà, avec le même résultat, des expériences analogues sur le venin du Crotalus dy- T1ssus conservé dans l'alcool. En examinant les glandes salivaires de notre couleuvre, on acquiert la conviction qu’elle ne doit point jouir de la funeste Prérogative que lui accordent nos PaÿySans, comme an reste à presque tous les reptiles. Ces glandes ne sont point enveloppées en partie par le mus- cle élévateur de la mâchoire, elles n’ont point la tunique aponévrotique et le tissu spongieux des glandes venimeuses ; elles sont granulées à la mâchoire supérieure comme à l’inférieure IT. Zoo. — Mars, 30 146 vuGès. — Couleuvre de Montpellier. et n’ont point de conduit spécial qui aille s'ouvrir dans la gaîne eu crochet cannelé, du moins je n’en'ai point aperçu; en un mot, elles sont ici telles que.je les ai vues chez les couleuvres les plus inoffensives (Ann. Sc. Nat., t. xni, p. 377 \ Que penser donc de cette singulière structure , de cette grandeur d'une seule dent? Nous n'y verrons qu'un point de transition entre les serpens ve- nimeux et ceux qui ne le:sont pas, et peut-être prouverons-nous ainsi qu'on attache trop d'importance, dans Îa classification des reptiles, à ce caractère difficile d’ailleurs à découvrir. Quoi quil en soit, au reste; une digression sur la manière dont se forment les crochets venimeux en général ne saurait être ici déplacée, et nous saisissons cette occasion.de faire connaître nos remarques sur cet PRISE: On va voir que ces crochets different bien peu des autres cents. Les unes et les autres sont d’abord mobiles sur l'os qui les supporte, et s’y soudent également après sy être d'abord articulées par suture, quand leur accroissement est complet. Un petit cône d'os émaillé, creux et supporté par un cône membra- neux ou plutôt charnu (pulpe dentaire) en est le premier germe ; peu-à-peu le cône s’allonge en croissant vers la base et conservant toujours sa cavité et des parois quelquefois assez minces, surtout s’il s'agit d’un crochet à venin. Pour ceux-ci, le cône, dès ses premiers accroissemens, Fat el se creuse en gouttière sur sa face antérieure ou convexe ; à mesure qu il s'ac- croit la gouttière devient plus profonde Si v serpent est de ceux qui n’ont que peu de dents maxillaires ; elle reste superficielle et se réduit, depuis le commencement jusqu’à la fin, à un simple sillon nitichnal chez la plupart des serpens à nie poste- rieur comme le Col, morspessulanus. Dans les deux cas, la cavité . du cône a une coupe semi-lunaire; dans le premiersenlement,les bords de la gouttière ne tardent pas à se rapprocher, ? àse toucher même à quelque distance de la pointe, de sorte qu’elle se convertit. en un canal entouré par la cavité réelle de la dent de plus en. plus aplatie ; aussi à une certaine hauteur , cet osselet semble t-il formé de deux cônes courbés, pr l'un dans l’autre, mais se touchant du côté convexe. Le plus petit, le plus inté- rieur, est celui de deuxième formation; il est ouvert en bas, c'est-à- dire vers la pointe par une. boutonnière qui n'est que le v Ducs. — Couleuvre de Montpellier. 147 reste de la gouttière commencante; dans le reste de son étendue il semble fermé, mais il est toujours possible de découvrir, sur la convexité du crochet, la fente longitudinale qui résulte du rapprochement des deux bords de cette gouttière. J usque-là, le crochet ne serait point apte à transmettre le venin, car cette fente est trop étroite pour l’admettre; mais quand l’accroissement de cette arme dangereuse approche de son complément, la base du cône se renfle tout en s'allongeant, les bords de la gouttière s’écartent de nouveau et forment en haut une deuxième bouton- nière, mais plus large et plus profonde que celle d’en bas, propre enfin à admettre le liquide venimeux qui doit sortir, lors des morsures , très près de la pointe aiguë du crochet. J’ai constaté cette structure et ce développement sur des dents de Crotale, de Trigonocéphale et de Naja. Chez tous, on trouve, dans la gaine du crochet principal, des crochets naissans ou à divers degrés d’accroissement; parfois même, plusieurs sont soudés à-la-fois à l'os maxillaire ; ce sont des dents destinées à remplacer le cro- chet qui doit souvent être brisé ou arraché dans l'attaque d’un animal vigoureux, dans la déglutition d’une proie volumineuse; il en est exactement de même des dents maxillaires des autres serpens et même des dents palatines; aussi trouve-t-on ordinaire- ment, derrière chaque dent fixe et soudée, une et quelquefois deux dents attachées seulement aux chairs, et croissant comme nous l'avons expliqué plus haut. Maladies.— C’est surtout sur les individus conservés en capti- vité qu’on observe des altérations morbides, et déjà, dans mon mémoire sur la déglutition, j'ai mentionné l’amaigrissement, l’af- faiblissement graduel que les couleuvres éprouvent sous l’in- fluence de l’inanition et du froid. J'ai parlé des entozoaires trou- vés jusque dans leur bouche (Distorna colubri), des Dermanysses (Dermanyssus colubri) qui les épuisent parfois, logés sous leurs écailles, comme le sont bien plus souvent leurs congénères sous les plumes des oiseaux (1). J'ai même décrit l’inflammation avec (x) Metaxa a observé ce Dermanysse et en a donné une figure reconnaissable ; il parait avoir Aussi trouvé, sur plusieurs couleuvres, un autre acarien parasite, un ptér opte, à en juger par figure plutôt que par la descri FRHO qu’il en donne, (Dei serpenti di Roma, ) O4 148 puGÈs. — Couleuvre de Montpellier. ulcération et fausses membranes observée dans les intestins, fait qui, à lui seul, suffirait pour faire tomber la théorie que propo- sait dernièrement un jeune médecin, ne voulant voir dans l’in- flammation qu'une exagération de la caloricité, et déclarant que les animaux à sang froid ne pouvaient en offrir d’exemple. Mais, même chez des animaux libres, indépendamment des traces de blessures plus ou moins anciennes qu’ils peuvent offrir, indé- pendamment de fractures de côtes qu’on trouve souvent conso- lidées par un cal noueux chez les serpens, nous avons vu deux autres genres d'altération dont le deuxième surtout nous occu- pera avec quelques détails. Le premier ne consistait que dans une exubérance considérable de la conjonctive ou peau qui re- couvrait l’un des deux yeux chez une couleuvre vipérine. Cette peau, devenue opaque et blanchäâtre, formait une ampoule ayant quatre fois en diamètre la grandeur de l’œil sain ; elle renfermait un liquide, mais nous n'avons pas poussé plus avant notre exa- mer, ne pouvant pas disposer de cet échantillon. Le mal devait dater de loin, car la plaque palpébrale correspondante offrait, . quoique sans altération du reste, des dimensions doubles de celle du côté opposé. La deuxième altération appartenait à la cou- leuvre de Montpellier ; elle consistait dans l'absence de la ma- jeure partie des écailles, soit que naturellement et primitivement leur développement eût été entravé comme chez certains pois- sons, certaines carpes; soit que, formées d’abord comme à lPor- dinaire, elles se soient détruites par l'effet de quelque maladie. Remarquons néanmoins, avant d'entrer dans les détails descrip- tifs, qu'on ne doit point voir ici une simple chute, un déponille- ment de portion épidermique. Les écailles des serpens sont des ‘plis de la peau tout entière, revêtus d’un épiderme qui en cou- vre partiellement les deux faces et s’allonge peu-à-peu sur leurs bords à mesure qu’il prend plus d'épaisseur et de consistance; aussi cette consistance n'est-elle jamais que cornée; ce ne sont point des écailles osseuses comme celles des poissons. L'analyse chimique y démontre fort peu desels calcaires, et il y en a beau- coup davantage dans le tissu de la peau chez les grenouilles et les crapauds. Si chez ces batraciens la peau formait des plis; si leur épiderme, au lieu de tomber toutes les semaines à-peu-près, se puis. — Couleuvre de Montpellier. 149 desséchait, s’épaisissait et s’endurcissait, ils seraient reve us d’é- cailles bien plus résistantes que celles des serpens; et même sans cette grande épaisseur d’épiderme, elles auraient, du moins à- peu-près, autant de consistance, comme les Cécilies en fournissent la preuve. Passons maintenant à la relation du fait. La couleuvre dont il s’agit n’avait guère que 15 pouces de long ; elle fut trouvée à la campagne par un de nos agrégés, M. Tonchy; elle était morte et offrait déja un commencement de putréfaction, maïs sans lésion ni altération notables. La peau était mince, mais sans dégénérescence aucune; on sait que la putréfaction ne détruit que très difficilement l’épiderme et ne déforme la peau qu’assez tard, et les formes que nous allons décrire étaient si nettes, si distinctes qu'il n’était pas possible de méconnaitre là un état qui avait existé tel pendant la vie. Ce petit serpent conservé dans lalcoo!, m'offrit presque partout lé- piderme séparé de la peau, mais celle-ci conservait ses nuances, ses taches, la tête conservait ses formes, les yeux, leurs dimen- sions et le corps, ses proportions, de manière à caractériser par- faitement le jeune âge de la couleuvre de Montpellier telle que nous l'avons décrite ci-dessus. Les rudimens d’écailles dont nous allons parler se voyaient et se rapportaient nettement d’uve part sur l’épiderme détaché et encore teint de pigment coloré dans les points correspondans aux taches les plus foncées, et d'autre part sur la peau même adhérente au corps. La peau dela tête(r), presque toute membra- neuse porte seulement : 1° sur chaque paupière trois petites plaques arrondies contiguës avec quelques autres très petites au pourtour; 2° derrière chaque sourcil, deux ou trois petites écailles lenticulaires; 3° entre les paupières une petite lentille précédée d’une plaque oblongue et étroite, c’est le reste de la plaque interorbitaire ou frontale; 4° quelques petites lentilles iso- lées se montrent aussi au devant des sourcils, et les lèvres sont bordées d’écailles fort petites, nombreuses et mal jointes; 5° les seules plaques bien conservées sont la rostrale et la mentonniè- (x) Voy. pl. 5 B, fig. 5 et 6. 150 Ducàs. — Couleuvre de Montpellier. re. La gorge, les tempes, l’occiput sont membraneux. Sur la nuque beaucoup d’écailles bien plus petites et plus séparées que de coutume; le reste du dos et des flancs est entièrement lisse si l’on excepte une seule rangée longitudinale et médiane d’écail- les ovales, lisses, écartées, et qui disparaissent même tout-à-fait vers le milieu de la longueur du corps. Les hautes abdominales peuvent être comptées environ au nombre de 174; maisil n'y en a pas plus d’une dizaine qui soient entières; toutes les autres sont partagées en deux portions latérales entre lesquelles en est une plus petite et souvent commune à plusieurs, de façon à re- présenter une lame longitudinale entre quatre à cinq paires de lamelles transversales. Les tégumens de la queue sont tout-à- fait membraneux à part quelques vestiges de lamelles vers sa base, et un ergot corné à sa pointe. La facilité avec laquelle l’épiderme s’enlève, malgré le peu d'altération chimique que la putréfaction semble avoir produite, me semble prouver que cet animal est mort au moment d’une mue, EXPLICATION DES FIGURES. PLANCHE 5 B. Fig. r. Tête et cou du Coluber Monspessulanus jeune, vue de 3[4 pour montrer la forme de la tête et la disposition des plaques. Fig. 2», 3 et 4; la mème coloriée, vue en dessus, latéralement et en dessous. Fig. 5 et 6. Variété ou maladie du même serpent au même âge, vue en dessus et en dessous. L.. DUFOUR, — Ænaiomie des Coléoptéres. 151 US RECHERCHES anafomniques et Considérations entomologiques )/14 des insectes coléoptères des genres Macronique et Elmis; Par M. Lion Durour, Correspondant de l’Inslitut. (Présentées à l'Académie des Sciences le 3 mars 1834.) CHAPITRE I. CONSIDÉRATIONS ENTOMOLOGIQUES. Les noms génériques de Macronychus et d'Elrus ont été im- posés à de petits coléoptères aquatiques, mais nullement na- geurs, qui constituent avec le Dryops, le Potamophilus et le Georissus un groupe naturel. Latreille, dont le tact était si sûr les rapprocha ainsi dans son dernier cadre entomologique (Règne Anim. 2° édit. ); mais il se contenta d’en former la dixième tribu de son immense et hétérogène famille des Clavicornes, et il donna à cette tribu le nom de Leptodactj les, bien justifié par la gra- cilité remarquable des tarses de ces insectes. Il suffit d’avoir étudié la composition de la bouche, la structure des pattes, lé genre de vie et l’organisation viscérale de ces coléopteères pour se convaincre que ce groupe doit, à juste titre, être érigé au rang de famille. Ce sera donc la famille des Leptodactyles, et sa place dans la série naturelle des genres se trouvera, ainsi que l'avait établi Latreille, précéder immédiatement celle des Pal- picornes, dont le genre £lophore, qui est à sa tête, partage avec les Leptodactyles presque toutes les habitudes. La découverte de quelques ÆElmis à corps étroit et à pattes longues m'a déterminé à ajouter un sixième genre à la famiie des Leptodactyles. Ce genre que j'appellerai Stenelrmis forme le chaînon: le plus naturel entre les Macroniques et les véritables Elmis. Genre 1%. Macronychus. Macronique. Ce genre a été fondé, en 1806, par Muller, sur une seuie 192 L. DUFOUR. — Ænaiomie des Coléoptères. espèce d'insectes fort rare. Il n’avait pas, je crois, été encore trouvé en France avant nous, et Latreille n'ayant pas eu occa- sion de l’observer par lui-même ne l’a cité dans ses divers ou- vrages que sur la foi de Muller et de Germar. C’est donc une conquête pour l’Entomologie française que de l’avoir découvert et assez abondamment dans l’Adour,aux environs de Saint-Sever: (Landes). Je ne connais aucune figure de ce coléoptère, et je vieñs faire hommage à la science d'une iconographie détaillée soit des parties extérieures, soit des viscères de cet insecte cu- ricuxe (x) Caractères génériques.— Exposés avec détail, mais non sans plusieurs défectuosités, par Muller et répétés sans contrôle par les auteurs qui l’on suivi, ces caractères avaient besoin d’être soumis à une révision. C'est ce que j'ai fait. Je dois prévenir que pour mieux étudier les parties délicates qui constituent lappa- reil manducatoire et les antennes, je les ai disséquées et prépa- rées dans l’eau. sas immergées dans un verre de montre, je les. ai ensuite soumises à l'examen microscopique. Ce procédé a le grand avantage de présenter à l'œil ces parties avec l'extension, le développement convenables, avec leurs contours bien tranchés. et leurs plus petites articulations parfaitement visibles. Antennes insérées à nu au-devantdes yeux (et non au-dessous. suivant Muller) sur le plan supérieur de la iête, plus courtes que celle-ci, réfléchies en arrière, composées de six articles ; le 1e ou le basilaire plus grand que le second, ur peu cambré et renflé (et non très court et mince d’après Muller); le 2° conoïde, plus grand que les suivans; le 3°,le 4e et le 5° fort petits, très. courts, grenus, arrondis; le 6° ou terminal beaucoup plus gros, en forme de capitule ou de bouton, d’une seule pièce oyale- oblons, aussi lgng que les quatre qui le précèdent pris ensemble. Labre coriacé, assez grand, arrondi à son bord antérieur qui est cilié. Mandibules cachées, cornées, petites, courtes, robustes, ar- (rx) M. Dufour n’a pu avoir connaissance d’une Brochure assez'rare, publiée à Bassano, en 1832, sur le Macronychus quadrituberculatus de Muller; son savant auteur , M. Contarini , a figuré les parties extérieures de l’insecte, a décrit sa ponte et représenté les œufs. (R.) L. DUFOUR. — Ænatomie des Coléoptères. 153 quées et un peu surbaissées, munies d’une petite dent au-dessous et au dedans de leur extrémité qui est pointue et d’une autre semblable en dessus et en dehors de celle-ci; garnies au côté interne d’une lame membraneuse pellucide, raide, tendue, fine- ment ciliée à son bord et armée dans son quart antérieur de quatre ou cinq dents acérées, pareillement membraneuses. Cette lame membrano-:scarieuse, qui existe aussi dans les Stenelmis et les ris, parait avoir échappé jusqu’à ce jour aux investiga- tions des entomologisies , et elle est loin d’être indifférente pour l'acte de la manducation. Largement insérée à la base de la mandibule ; elle parait libre dans la plus grande partie de son étendue, quoique contiguë par un côté au bord interne de celle- ci. Sa raideur, son duvet marginal et ses dents ne laissent point douter que cette lame ne soit destinée à diviser, à comminuer en sous-ordre la matière alimentaire avant que celle-ci soit livrée à l’action des mächoires. Mâchoires coriaceo-membraneuses, bifidesi, à lobes oblongs; lobe extérieur ou palpifère plus étroit , comme tronqué au bout, qui est garni de quelques soies courbes; lobe intérieur plus court et incliné, bordé de poils et de soies courbes dirigés en arrière. | | Palpes courts, au nombre de deux paires. Les rnaxillaires de quatre articies, dont le rer ou basilaire fort petit comme rudimen- taire; le 2° et le 3° conoïdes; le 4e ou le terminal gros, ovalaire, plus long que les trois autres ensemble. Les labiaux plus courts que les maxillaires, insérés vers le milieu des bords latéraux de la portion coriacée de la lèvre, composés de trois articles dont le terminal, plus gros que les autres, est un peu échancré au côté intérne et convexe au côté externe. | : Lèvre à languette largement dilatée, membraneuse, velue et tronquée en avant; présentant en arrière une plaque subcoriacée presque carrée, sur les côtés de laquelle s’insèrent les palpes. Menton transversal. Pattes longues, grèles, inermes ; tarses allongés de cinq arti- cles, terminés par deux ongles longs et robustes. Caractères habituels. —- Le corps du Macronique est petit, oblong, cylindroïde et d’une texture coriacée, dure. Il paraît L 154 1. nurour. — Anatomie des Coléoptères. parfaitement glabre à l'œil nu, mais le microscope y découvre çà et là quelques poils couchés. Le dessous du corps offre dans l'animal vivant un aspect soyeux, dü sans doute à un duvet, mais tout-à-faitimperceptible même avec le secours des verres am plifians, et qui est peut-être une sorte de vernis imperméable. Sa tête, fort petite, est enfoncée, emboîtée dans le corseletjusqu’aux yeux. La table inférieure du corselet ou plus exactement le ster-- num du prothorax s’avance tellement sur les parties de la bouche qu'elle les cache dans le repos et leur forme comme une menton- nière. Ce trait singulier de configuration du sternum, qui s’observe aussi dans les Z4nis et le Dryops, maïs qui n’existe point dans le Potamophilus etle Georissus, n’avait.point échappé à l'œil scru- tateur de Latreifle lorsqu'il fonda le genre E/mis et dans l'expo- sition des caractères du Dryops. Les yeux , à peine saillans, sont assez grands, ovales-obtus, bien réticulés. Les antennes, habi- tuellement dirigées en arrière et arquées, sont couchées, abri- tées sous le bord externe des yeux et leur dernier article seul déborde la tête en arrière de eeux-ci. Le dernier article des palpes, soit maxillaires, soit labiaux, est aussi le plus souvent visible sur les côtés de la tête. Le prothorax est assez court. Ilest en avant de la largeur de la tête ; il se dilate un peu en arrière, sans y être cependant tout-à-fait aussi large que les élytres. Il a un fin rebord. L'écusson est ovalaire et obtus. Les élyéres em- brassent l’abdomen sur les côtés et ont une texture assez fragile. Elles sont déclives dans leur tiers postérieur. Les ailes sont tantôt très courtes, rudimentaires , impropres au vol, tantôt plus longues que le corps, parfaitement développées et ployées trans- versalement vers leur milieu dans le repos. Ce fait fort singulier et insolite n’en est pas moins très positif. Sur une vingtaine d'individus que j'ai sacrifiés: à la dissection, j'ai cru reconnaitre que les mâles étaient aptères, mais parmi les femelles j'en ai trouvé qui avaient des ailes bien favorables au vol et d’autres, tout aussi nombreuses, qui n'avaient que des moignons d'ailes. Les pattes ont une longueur remarquable qui dépasse celle de tout le corps de l’insecte, en sorte que celui-ci, qui les tient habi- tuellement étendues et distantes les unes des autres, a un peu la tournure d’une Aranéide. Elles sont simples et glabres avec L. DUFOUR. — _ÆZnatomie des Coleoptères. 155 les cuisses allongées droites, à peine amincies vers leur insertion, les tibias grèles et inermes , les tarses aussi longs que les tibias, de cinq articles à peine saillans sur un côté, dont le dernier aussi long que tous les autres pris ensemble, se rentle insensiblement vers son extrémité que terminent deux ongles simples, mais longs, robustes, divergens, médiocrement arqués. Les sexes ne se distinguent extérieurement que par une plus petite taille dans le mâle. Genre de vie.— Cet article sera commun au Macronique et aux Stenelmis, attendu que ces deux genres d’insectes vivent de compagnie et en bonne intelligence dans les mêmes localités et qu’ils se ressemblent sous bien des rapports. Les courans les plus rapides des rivières et des ruisseaux sont le séjour de prédilection des Macroniques et des Stenelmis quoi- qu'ils soient, comme je l'ai déjà dit, inhabiles à nager. Si vous rencontrez sur les bords des fleuves des batardeaux, des épe- rons, des clayonnages destinés à en régler le cours, c’est sur les pieux, les branchages et surtout sur les vieux bois flottans où immergés qui s'arrêtent contre ces sortes de digues, que vous trouverez ces Leptodactyles. Ils se plaisent principalement sous écorce sapée et soulevée des branches mortes, et semblent en œla partager quelques habitudes des Coléopteres Xylophages. Dans le double but d’avoir des victimes pour mes dissections et d'observer à loisir leur genre de vie, j’en ai conservé de vivans pendant plus de trois mois dans un bocal rempli d’eau claire, où j'avais placé une portion du support qu'ils habitaient dans la ri- vière et une tablette de lièse flottante. Ils se complaisatent sur- tout dans les anfractuosités de cette dernière, et je serais porté à croire qu'ils vivent du détritus végétal. J'ai eru remarquer qu'ils se tiennent plus volontiers comme collés à la face infé- rieure du support, de manière à avoir une attitude renversée. Ils recherchent l'ombre, la retraite, et je me suis convaincu que la lumière du soleil les offense , leur donne de l'inquiétude et ils s’agitent pour s'y soustraire. Admirons dans la conformation et la structure de leurs pattes la sage prévoyance de la nature: Pouvait-elle ne pas être conséquente au but de ses créations ! Puisqu’en refusant à ces insectes la faculté de nager, elles les 156 L. DUFOUR. — Anatomie des Coléopteres. avait néanmoins destinés à vivre au milieu des flots agités, il fal- lait bien qu'elle eût pourvu à leur conservation. A quelles chances malheureuses n’auraient-ils pas été condamnés sur leurs légers supports, jouet de la turbulence des vagues, si leurs lon- gues pattes habituellement étendues n’eussent pas été terminées par six paires d’ancres robustes qui les assuraient contre les nau- frages! La manière extraordinairement lente dont s'exécute la locomotion dans ces Coléoptères n’est-elle pas encore la consé- quence obligée du but de leur conservation individuelle au mi- lieu de conditions qui la menacent incessamment? Je ne connais pas d'insectes qui mettent autant de facon, autant de calcul à se mouvoir que ceux-là. Ce n’est qu'après avoir successivement désaccroché et de nouveau fixé les pattes de devant et celles de derrière, tandis que les intermédiaires appliquent davantage le tronc contre le support, qu’à leur tour celles-ci soulèvent.le corps pour le faire avancer ou reculer tout au plus d’une demi- ligne. Par une série de ces combinaisons compassées, la progres- sion s'exécute à pas de tortue. Quand on retire ces Leptodactyles de l’eau pour les placer à sec sur un plan, ils contrefont les morts; mais au lieu de ramasser leurs pattes vers le tronc comme beaucoup d’autres Coléoptères, ils les tiennent étendues, raides, immobiles, avec les tarses plus ou moins fléchies sur les tibias, ce qui leur donne une attitude assez grotesque. Ils ne vivent pas au-delà de deux ou trois heures quand on les prive d’eau ou d'hu- midité. Si, peu de temps après les avoir retirés de l’eau on les y re- place, ils en gagnent aussitôtle fond les pattes étendues mais im- mobiles, le corps étant tantôt en supination , tantôt en pronation. Quand ils marchent dans l’eau, ils tiennent étalés leurs palpes et leurs antennes, mais je n'ai pas encore pu constater que celles-ci leur servissent à la respiration comme mon ami, M. Au- douin, l’a observé et m’en a rendu témoin pour les Hydrophiles. J'avoue même que je n’ai pas encore pu saisir comment s'exécute l'acte respiratoire dans ces petits Coléoptères aquatiques. J'ai seu- lement parfois aperçu au bout de leur abdomen une bulle d'air brillante comme une perle, et je présume que les élytres s'en- trouvent en arrière pour que l'air arrive jusqu'aux stigmates. L, DUFOUR. — _Ænatomie des Coléoptères. 157 Espèce. Macronychus quatrituberculatus. Mull. Mag. inseckt. Illiger, pag. 215, an. 1806. Macronique Quadrituberculé, pl. 6, fig. 1 et fig. 2 grandeur naturelle. Nigro-æneus, thoracis elYirorumque lateribus inferis albido-subaureis ; antennis rujfis ; thorace postice bituberculato ; elytris extus late canalicu- latis, basi tuberculo oblonso compresso cristato piloso. Hab. in lignis inundatiis fluvium in Gallia meridionali-occidentali Saint-Sever. Landes). . 1792 lin. ST s Petit Coléoptère d'une couleur noiïrâtre obscure plus où moins bronzée. Tête petite et enfoncée, front assez large avec une très légère empreinte allongée près du bord interne des yeux; an- tennes rousses; dernier article des palpes noirâtre. Corselet glabre, légèrement exhaussé dans son tiers postérieur où se voit de chaque côté de ia ligne médiane un petit tubercule arrondi, plus ou moins prononcé, accompagné parfois d'une autre saillie presque effacée. Une raie longitudinale d’un gris argenté ou doré, luisant et comme soyeux, règne en dessous du rebord la- téral du corselet, et devient surtout sensible lorsque lanimal est vivant et dans l'eau. Cette couleur s'étend parfois jusque sur les flancs du métathorax. Elytres marquées de huit séries longitudi- nales de points iégèrement enfoncés et terminées en arrière en pointe mousse. Une saillie oblongue , comprimée, longitudinale, hérissée de quelques aspérités, s’observe à leur base sur la troisième série des points à partir de la suture. Le bord sutural de l’élytre dans les individus bien conservés est hérissé de poils raides, plus ou moins courbés en arrière. Le bord extérieur offre entre deux lignes saillantes un large sillon, dont le fond est argenté et soyeux. Pattes d’un brun noirâtre. J'ai trouvé assez fréquemment le Macronique en septembre et octobre 1833, dans l’Adour, près Saint-Sever (Landes). INota. Quelques auteurs ont cru devoir rapporter à ce Macro- nique le Parnus obscurus de Fabricius (Ent. Syst. 4. app. p.445). J'avoue que je ne vois pas trop sur quel fondement solide on 158 L. DUFOUR. — _Ænatomie des Coléoptères. peut établir ce rapprochement. Les expressions de r7argine elytrorum et abdominis rufescente ne sont point applicables à notre espèce, et l’épithète de wi/osum (corpus) qui, aux yeux de Fabricius, devait fournir un trait saillant, me semble devoir exclure cette synonymie. Genre 2°. Stenelmis. Stenelmis. (1) J'ai cru devoir établir pour quelques espèces d’£lmis à corps étroit et à pattes allongées un genre propre sous la dénomination de Stenelmis.Ce genre est intermédiaire aux Macroniques et aux Elmis. I! se rapproche des premiers par la longueur et la struc- ture des pattes, ainsi que par le genre de vie, mais il en diffère essentiellement par la forme et la composition des antennes. Par ces derniers caractères, il appartient aux véritables Elmis, dont il s'éloigne par la forme du corps, la longueur des pattes et quel. ques habitudes. | Caractères génériques. — Antennes insérées à nu au-devant des yeux, de la longueur du corselet, filiformes , grèles ,étalées, composées de onze articles courts, cylindrico-conoïdes; le premier plus long, le dernier à peine un peu plus gros et ovalaire. Labre coriacé, entier, presque tronqué. Mandibules cachées, petites, courtes, robustes, arquées, plus surbaissées que dans le Afacronique, brièvement tridentées à leur extrémité, garnies au côté interne d’une lame membraneuse pellucide, en tout semblable à celle du genre précédent. Mächoires coriacéo-membraneuses, bifides, à lobes oblongs; Lobe extérieur ou palpifère plus étroit, velu à son extrémité. Lobe intérieur bordé de poils courbes et de quatre dents prin- cipales, membraneuses , acérées. (2) (1) Nom dérivé de deux mots grecs qui signifient Elmis étroit. (2) Obs. Je ferai, relativement à la composition et à la structure des mâchoiïres du Stenelmis des observations qui, vraisemblablement, sont applicables à la plupart des Leptodactyles et peut- être aussi à beaucoup d’autres insectes. Des deux lobes qui constituent la mâchoire, celui qui recoit à sa base l'insertion du palpe se termine à son extrémité par des poils simples assez longs. plus ou moins courbés d'avant en arrière, L'autre lobe ou l'intérieur est légèrement coriacé L. DuroUR. — _Ænatomie des Coléoptères. 159 Palpes courts. Les maxillaires de quaire articles dont le pre- mierfortpetit, les deux suivans conoïdes, le dernier ovale-oblong, de la longueur des trois précédens pris ensemble. Les labiaux insérés non sur les côtés, mais sur le disque de la base de la lan- guette labiale, composés de trois articles dont le dernier plus grand, ovale.oblong. Lèvre à languette largement dilatée en avant et tronquée, velue, ayant un espace coriacé en arrière. Menton transversal. Pattes longues, mais moins que dansle Macronique, inermes, grèles. Tarses allonsés, de cinq articles, dont le dernier, aussi long que les quatre précédens pris ensemble, se termine par deux ongles lonss et robustes. Caractères habituels. — Le corps des Stenelmis est allongé, légèrement déprimé comme celui des Lyctus, &une texture co- riacée, glabre , mais revêtu en dessous d’une sorte de duvet im- perceptible. Sa tête presque de la fargeur du corselet est à demi emboitée dans celui-ci, et la table sternale du prothorax s’avance sur les parties de la bouche absolument comme dans le Macroni- que. Les antennes greles, droites et étalées, c'est-à-dire débor- dant le corselet, ont leur article basilaire un peu plus long, co- noïde, cambré ; le deuxième est turbiné, un peu plus gros que les cinq qui suivent. Le huitième, le neuvième, et le dixième, un peu plus larges que les précédens ont leurs angles antérieurs un peu détachés, saillans. Le onzième ou dernier, est ovale-oblong üun peu plus développé que les autres. Les yeux sont ovales-obtus . médiocrement saillans; les palpes sont habituellement cachés. Le corselet de la largeur des élytres et d’une circonscription à- peu-près carrée à sa région dorsale, inégale, suillochée, et un fin rébord sur les côtés; l’écusson est ovale-arrondi; les élytres sont moins embrassantes sur les côtés que celles du Macronique. Il y dans une grande partie de son étendue, mais son bord libre ou interne est purement membra- neux, et indépendamment des poils assez longs dont il est garni il y a des lanières dentiformes irès acérées et inclinées d’avant en arrière. Ces lanières, dont il y a quatre principales dans le Stenelmis, ne sont que des prolongemens du bord membraneux de la mâchoire, de véritables la mes incisives. Les entomologistes , trompés par la villosité qui les avoisine et les recouvre, se sont contentés de les désigner sous le nom de soies. Des observations microscopiques altentives et renouvelées m'ont démontré l'existence de ces dents membraneuses, de ces lames incisives donë les fonctions dans l’acte masticatoire sont bien faciles à déterminer. 160 L. DUFOUR. — Anatomie des Coléopières. a des ailes toujours propres au vol. Les pattes, à un peu moins de longueur près, ont la conformation et la structure de celle du Macronique. Genre de vie. — Il a été exposé à l’article du genre précédent. Espèce 1re. — Sienelmis canaliculatus. Stenelmis canalicul. P]. 6, fig. 9 et grandeur naturelle fig. 10. Nisro-piceus subæneus ; antennis tarsisque dilutioribus ; thoracis dorso elevato. longitudinaliter excavato-subnaviculato, utrirque costa laterali intersecta ; elytris nitidioribus punctato-seriatis, linea elevata ante marginem externum aliaque dimidiata in tertia stria a sutura notatis. Hab. in lignis inundatis fluvium Galliæ meridionali-occidentalis (Saint- Sever. Landes). Long. 2 lin. Quand on observe cette insecte vivant et dans l’eau, il offre une teinte d’un gris olivatre et le dessous de son corps est souvent d’un brun châtain. Les antennes sont d'un châtain clair etglabres. Le corselet exhaussé à sa région dorsale, qui en avant déborde un peu la tête, offre dans la ligne médiane une excavation navi- culaire , allongée, large, et profonde qui r’atteint pas tout-à-fait le bord antérieur. Cette excavation rappelle celle du Cucujus de- pressus. De chaque côté avant le bord latéral du corselet, il y a une ligne élevée interrompue vers son milieu. Les élytres sont plus luisantes que le corselet et comme vernissées. Chacune d’el- les est marquée de huit séries longitudinales de points enfoncés. Sur la troisième série à partir de la suture, il y a une ligne sail- lante qui, de la base, se porte un peu en decà de la moitié de l’é- lytre, et à la sixième série on en voit une semblable bien pro- noncée qui parcourt toute l'étendue de l’élytre. Le dernier seg- ment ventral de l'abdomen présente dans le milieu de son bord postérieur une petite échancrure demi circulaire qui m'a a RAR commune aux deux sexes. Dans l'automne de 1833, j'ai rencontré assez abondamment le Stenelmis canaliculé dans les mêmes localités que le Macro- nique. L. DUFOUR. — Ænatomie des Coléoptères. 161 Espèce deuxième. S/enelmis consobrinus. Stenelmis cousin, Nigro-piceus , subæneus ; antennis tarsisque dilutioribus ; thoracis dorso elevato longitudinaliter excavato subnaviculato, utrinque costa laterali intersectæ subcbliterata ; elytris nitidioribus punctato seriatis, linea ele- vata unica ante marginem extlernum. Hab. in lignis inundatis cum præcedente. Long. six 1 172 lin. Maloré sa grande ressemblance avec le S%. canaliculé, il en dif- fère comme espèce, soit par son organisation viscérale, soit par quelques traits extérieurs. D'abord sa taille est constamment moindre d’un bon quart. Les saillies et les enfoncemens du cor- selet sont bien moins prononcés, et enfin les élytres n’offrent aucune trace de l'existence de cette demi-ligne saillante qui dans le St. canaliculé s’observe sur la troisième série des points enfoncés. Ces points paraissent un peu plus marqués dans le St. cousin. Genre 3°. Zlmis. Elmis. Le genre Elmis a été fondé par Latreille dans un mémoire spécial présenté à la société philomatique de Paris et publié vers la fin du siècle dernier. Megerle l’a ensuite désigné sous la dénomination de Limnius ébBhbzon (Kritisch revis, r, p. bo) sous celle de Cremidotus sans en donner le signalement. L’Æ/mès Volckmari la seule espèce qui ait servi à mes dissections, parce qu'elle est une es moins petites du genre, a été d’abord com- prise par Panzer dans les Djtiséess ER par Marsham danses Chry- somela. On ne trouve guère que cinq ou six espèces d’'Elmis décrites dans les ouvrages d’entomologie. Cepeñdant, leur nom. bre doitétre assez considérable dans la nature, puisque la collec- tion seule de M. Chevrolat en renferme plus de vingt-cinq décou- vertes presque toutes aux environs de Paris. Leur petitesse et la. spécialité de leur habitat les dérobent sans doute à nos investi gations. Caractères génériques et habituels, — Pour éviter des répé- III, Zooz. — Jfars, 11 L) 162 ‘L DUFOUR. — Anatomie des Coléoptères. titions superflues je me bornerai à dire que les caractères géné- riques essentièls des Elniis sont en tout semblables à ceux des Stenelmis. Ces petits coléopteres ne différent de ces derniers que par la forme générale de leur Corps qui est cvalaire ou ellipsoï- _ daleet de el convexe , par. la longueur des, pattes qui est bien moindre que dans les Stenelmis et par le dernier segment ventral de l'abdomen quiestentieret arrondi. Ajoutonsque; dans les Elmis,le corselet de la largeur des élytres et de niveau avec elles, offre dansle plus grand “or re des espèces, peut-être même dans toûtes, un trait singulier, c'est celui d’une ligne longitudi- nale tracée à quelque ARE A du bord latéral. Latreille s’est ‘borné à à désigner ce trait sousle nom de ligne élevée, ‘Panzer ‘tantôt sous celui de Œnea élevata , tantôt sous celui de Tuga élevata. Cette ligne est déterminée par la cessation abrüpte d'une lisière tant soit peu saillante des bords laté- raux du corselet, lisière qui etre le disque ou le tergum de celui-ci plus élevé lui-même. Le parallélisme de cette ligne avec l’axe du corps ou ses divers degrés d’inclinaison peuvent fournir des caractères spécifiques solides qui ont été négligés. Genrede vie.—Les Elmis sont comme les genres ner 2 insectes aquatiques mais non nageurs. Ils habitent les eaux rapi- “des au milieu des plantes submergées et sous les pierres. Els se ‘plaisent surtout dans les racines chevelues et mortes des arbres flottantes entre deux eaux claires. Ils partagent ce domicile avec quelques £lophores notamment iles Hydrenes de Latreille et par- fois le Dryops. Leur démarche est bien moins lente que celle du Macronique etduStenelmis. 1 Espèce. Elmis Volckmari. Elmis de Volckmar. Latr. Gen. cr. et ins. 2, P. 9I. Dyiiscus Volckmari. Panz. faun. fasc. 7. fig. 4. Opato-oblongus ; nigro-æneus, subnitidus, antennis brunneis, apice obs- curioribus; lineis thoracicis parallelis ; elyiro singulo striis subocto punc- tatis: corpore subius pedibusque subcinereo nigricantibus; larsis brunneis. Häb. in plantis inundatis fluvium. Long. 1 lin. Espèce assez commune dans nos contrées (Saint-Sever, Lan- | |! Le DUFOUR. — Anatomie des Coléoptères. 163 des). Corselet bronzé, obscur, finement et uniformément poin- tillé à une forte San Écusson oblong. Élytres ayant souvent ‘ne. teinte violacée. Intervalles des stries planes, lisses. CHAPITRE IL. RECHERCHES ANATOMIQUES. Je, vais.examiner dans.des articles séparés, les appareils de la gestion. et de la génération, et pour ne pas multiplier en vain desdivisionsdansun travail aussi spécial, aussi circonscrit, je me «contenterai de dire deux mots sur les organes de la respiration, sur Jes nerfs et sur le, tissu adipeux splanchnique. -.Je n'ai reconnu relativement au nombre et à la position des stiginates dans nos, leptodactyles, rien qui ne leur fût commun -avec tous les coléoptères en général. Quant aux érachées elles «rentrent toutes dans l’ordre des tubulaires ou élastiques. Elles sont d’une excessive finesse et même assez rares, en sorte que la somme de respiration m’a semblé fort peu considérable dans «ces. animaux. Cette dernière réflexion se trouve justifiée par l’ex- trême lenteur des mouvemens dans ces petits coléoptères et par - la faculté que j'ai cru leur reconnaïtre de demeurer fort long- temps immergés sans avoir, besoin de renouveler la prise d'air. «C'est vainement que j'ai cherché à découvrir des utriculies tra- .Chéennes. Je n’en ai aperçu aucun vestige, et ce caractère néga- tif est conséquent aux habitudes sédentaires de ces insectes. Leur système nerveux présente, quant au nombre des gan- glions et à la distribution des nerfs, la plus grande analogie avec celui.des autres coléoptères. Leur tissu adipeux splanchniqueest peu Labondant. Il consiste en quelques sachets polymorphes, parfois assez gros, d’une graisse fine etsemi-diaphane, qui adhèrent aux viscères par d’im- perceptibles trachéoles. It, 16/4 L. DUFOUR. — Ænatomie des Coléoptères. Article I*.— Æppareil digestif. J'ai vainement cherchéà découvrir dans les leptodactyles, soû- mis à mon scalpel, un organe salivaire. Les plus fortes lentilles du microscope secondées d’une patience dès long-temps éprou- vée ne m'ont pas décelé en eux le moindre vestige de cet appareil. Ce trait négatif leur est au reste commun avec toutes les familles qui les avoisinent dans le cadre entomologique. Le tube alimentaire du Macronique n’a pas plus d’une fois etdemie la longueur du corps de l’insecte et, disons-le en passant, cette longueur comparative du canal digestif sobserve plus par- ticulièrement dans les insectes qui se nourrissent de matière ani- male. L’æsophage sedilate presque aussitôt, en une pocheconoïde que je crus d'abord n’être qu’un simple jabot, mais que l’on doit regarder comme un véritable gésier. Les parois de cet organe sont assez épaisses et d’une consistance un peu calleuse. A tra- vers leur demi-transparence , un œil exercé aperçoit un corps central, oblong, de couleur ambrée; et en déchirant l'enveloppe avec circonspection, on s'assure que ce corps est constitué in- térieurement par six nervures ou colonnes calleuses, longitudi- nales comme conniventes en avant et en arrière, et hérissées de poils comme une brosse. Ainsi tout porte à croire que l’ali- ment est soumis dans cette première poche, à l’action triturante ou comminutive des six brosses, dont je viens de parler. Maïs in- dépendamment de ce gésier, le canal digestif du Macronique est encore fort remarquable par l’existence de six bourses gas- trigues qui couronnent l’orifice du ventricule chylifique. Jai constaté à plusieurs reprises ces bourses, et dans une circon- stance, surtout, je les ai distinctement vues toutes six, bien éta- lées. Elles sont tellement rapprochées de la tête, qu'il faut fra- casser avec quelque bonheur, lecräne presque imperceptible de cet insecte, pour les bien mettre en évidence. Elles se présentent sous la forme de digitations ovales-oblongues, obtuses, sub- diaphanes qui enveloppent le gésier. | Arrétons-nous un moment sur ce trait anatomique particu- lier au tube alimentaire du Macronique, je veux parler de celui des bourses gastriques. Elles constituent un caractère jusqu'à L. DUFOUR. — zÆnatomie des Coléoptéres. 165 présent exceptionnel dans la famille des Leptodactyies, car mal- gré les investigations les plus attentives, je n’ai pu découvrir aucun vestige de ces bourses ni dans les Stenelmis et le Dryops qui sont des insectes plus grands et plus faciles à disséquer que le Macronique, ni dans les ÆZnis. Cependant j'ai déjà signalé la communauté du genre de vie du Macronique et des Stenelmis. Ils cohabitent, dans la plus parfaite harmonie, les mêmes bran- ches flottantes, les mêmes anfractuosités, et se nourrissent, en ‘apparence au moins, du même aliment. Pourquoi donc cette grande différence de structure et de composition dans la pre- miere partie du canal digestif, entre des insectes si rapprochées par les caractères extérieurs et les habitudes ? Pourquoi le Ma- cronique a-t-il un gésier et un verticille de six bourses gastriques, tandis que les Stenelmis sont absolument privés de Pun et de l'autre? Les élémens nutritifs du premier de ces leptodactyles seraient-ils puisés dans le règne animal, et ceux des Stenelmis dans le règne végétal, malgré que, je le répète, ces deux insec- tes soient souvent groupés, entrelacés sur Île même point; et semblent, comme on dit, manger au mêrne ratelier ? Qui nous donnera la solution de ce problème? J'avoue mon incompétence, et} en référe à des scrutateurs plus heureux que moi. La nature se complait souvent, au milieu de la richesse de ses ressources, à atteindre un même but par des moyens très différens. Mais établissons à ce sujet un rapprochement intéressant. Dansun travailentomologique que j'ai publié précédemment dans le t. 1°° des Ann. des Sciences nat. 2° série, j'ai fait connaître un exemple que je croyais alors exceptionnel dans l'ordre entier des coléoptères, d’un ventricule chylifique garni à son orifice, d’un verticille de six bourses gastriques, c'est celui des Dermestes lar- darius et tessellatus, espèces qui appartiennent au genre Der- meste tel qu'il a été en dernier lieu limité par Latreille. Ces co- léoptères qui, soit à l’état de larves, soit à celui d'insectes par- faits, se nourrissent de matières animales mortes, ont autour de l’orifice antérieur du ventricule chylifique, six bourses gas triques bien développées, t tandis que le égatome, genre contigu au Dermeste, avec lequel il constituait pr imitivement la Enille des Définestis , mais habitant, il'est vrai, sur les fleurs, ne prés “ 166 L. DUFOUR. — Anatomie des Coléoptères. sente aucun vestige de ces bourses. L'existence de.ces poches: digestives appendiculaires (qu’il faudrait peut-être.appeler des panses vertcillées) dans le Macronique qui est un insecte essen-. tiellement aquatique, et dans les Dermestes qui habitent au con- traire en plein air dans les lieux secs, constitue un double fait: anatomique d'autant plus digne de remarque, que les deux fa- milles auxquelles appartiennent ces deux genres, sont fort rap- prochées dans la méthode naturelle, etont même été comprises comme tribus dans la vaste enceinte des clavicornes par La- treille. Observons encore pour consolider ce rapprochement que le Mégatome a avec le Dermeste, sous le rapport de ses carac- tères extérieurs, le même degré d’analogie quele Stenelmis pré- sente avecle Macronique. Quelle conséquence tirerons-nous de ces faits et de ces con- sidérations? C’est que nous avons besoin de multiplier encore les uns et les autres pour nous élever à l'établissement des règles. générales et de lois. En attendant, humilions-nous devant ces. milliers d'organisations si diversifiées, et ne ralentissons pas nos efforts pour en déméler le merveilleux enchaïinement. Conten- tons-nous donc pour le moment de constater dans le Macroni- que l’existence d’un gésier et de six bourses gastriques , et pour- suivons l'exposition de son appareil digestif. Le ventricule chylifique de notre petit et curieux coléoptère aquatique, est brusquement distinct du gésier, allongé, droit, cylindroïde ou à peine un peu rétréci vers ses extrémités. $es parois musculo-membraneuses et d’une texture fort délicate, sont blanchâtres ou semi-diaphares. Sa tunique extérieure est parfaitement lisse, c’est-à-dire que la lentille du microscope la plus scrupuleuse, n’y découvre aucun vestige de ces papilles que la loupe laisse facilement apercevoir sur le ventricule du Dryops, congénère du Macronique dans la famille des Lep- todactyles. Les vaisseaux hépatiques assez gros dans le Ma- cronique, vu la petitesse de l’insecte, sont ou bruns ou jaunâtres suivant le degré d'élaboration de la bile, mais toujours diapbanes vers leur origine, ce qui rend leur déroulement très difficile. Il n’y a que deux de ces vaisseaux, mais ils s’implantent par qua- tre insertions distinctes autour de l'extrémité postérieure du # L. DUFOUR. — _“nalomie des Coléopières. k 169 ventricule chylifique et forment ainsi deux anses diversement. reployées, soit autour du ventricule, soit autour de l'intestin. Ce nombre et cette! disposition des canaux.biliaires du Macronique, | qui se retrouvent aussi dans les Stenelmis et les Elmis sont ana- logues à ceux des Hydrophiles, tandis que dans la même famille des L eptodactyles , le Dryops à six insertions hépatiques. L’in- testin ou la portion du tube digestif qui suit le ventricule chyli- fique est à peine de ja rt de ce dernier et lisse dans toute son étendue, plus grèle vers son origine ou il pré un coude il se renfle ensuite plus ou moins, pour {or mer Île gros intestin ou Je rectum. Le tube digestif des Sienelmis et des Elrnis diffère essentielle- ment de celui du Macronique par l'absence complète d’un gé- siér et des bourses gastriques. Pour tout le reste, il offre avec lui la plus grande analogie, L’œsophage se dilate insensiblement en un ventricule chylifique en tout semblable à celui du Macroni- que. Les vaisseaux hépatiques sont absolument comme dans ces derniers. Le tube intestinal forme aussi à son origine une. anse plus étroite, une sorte de col, et le gros intestin présente dés son début , surtout dans le Stenelinis canaliculaius , des.rides ou nervures longitudinales un peu rembrunies qui semblent an- noncer PORTE d’une espèce de valvule intérieure. Sauf cette particularité, l'intestin des Stenelmis et des Elmis he difière pas de celui du Macronique. Article Il. — Æppareil générateur. 6.1. Appareil générateur mâle. Nous rétrouvons dans les Leptodactyles, comme dans tous les inséctes, des testicules avec leurs conduits déférens, des vé- sicules séminales, un canal éjaculateur et une armure copula- trice qui renferme la verge. Ces divers organes présentent des différences notables suivant les genres. Les testicules du Macronique, et je lés ai trouvés dans un état de turgescence séminale vers la mi-septémbre, ce qui annonce que Ja copulation doit avoir lieu à cette époque, sont placés tout-à- | 163 L. DUFOUR. — Anatomie des Coléoptères. fait à la base de l'abdomen et parfois même engagés dans la ca- vité du métathorax. Chacun d'eux est constitué par deux capsu- les spermifiques sphéroïdales, très simples, contiguës, assez grosses, vu la petite taille de cet insecte, et à parois translucides. Ces capsules confluent ensemble, par un col extrêmement court, pour la formation du conduit déférent. Celui-ci, qui naît en ar- rière de cette glande bicapsulaire est long et d’une ténuité plus que capillaire. Les vésicules séminales dont il est fort difficile de constater l'existence ne m'ont paru consister qu’en un seul fais- ceau de trois ou quatre bourses allongées, pellucides, diverse- ment contournées et aboutissant toutes àaune tige ou ironc com- mun, qui est assez long, plus ou moins renflé vers son origine et qui va s'enfoncer à la base de l’armure copulatrice. Cette forme rare des vésicules séminales s'observe aussi dans le Dermestes tessellatus. Je n’ai pu constater ni le mode de connexion de ces vésicules avec le canal éjaculateur, ni même celui-ci dans son intégrité. Je pense que ce dernier est fort court. L’arrnure copu- latrice est un étui brun, corné, allongé, cylindroïde, glabre, uni, presque droit, contigu au rectum etatteignant, quand il est rentré, le milieu de la cavité abdominale. Son extrémité offre une fente bilabiée destinée à donner passage à la verge. L'appareil génital mâle du Stenelmis (et je n’entends parler que du Sr. canalicatus) diffère totalement, et par sa configura- tion et par sa structure, de celui du Macronique et des Elmis. Les testicules, par leur forme insolite, et leur position habituelle dans la cavité métathoracique n’en imposèrent d’abord pour des glandes salivaires analogues à celles des Hémiptères géoco- rises; mais en poursuivant leur dissection délicate, je m'assurai bientôt qu’ils se rattachaient à l'appareil génital. Chacun des or- ganes sécréteurs du sperme est formé dans notre Stenelmis par trois capsules spermifiques. Deux de celles-ci, qui semblent con- stituer plus essentiellement le corps du testicuie, sont allongées, cylindroïdes, légèrement arquées; subdiaphanes, placées trans- versalement quant à l’axe du corps, contigués entre elles où adossées. La troisième, de moitié plus courte que les autres, en croise la direction. Elle est plus ou moins courbée en crosse suivant son degré de turgescence séminale, Je l’ai trouvée une L. DUFOUR. — Analomie des Coléopières. 169 fois presque droite. Elle se trouve logée dans la concavité de l'arc des capsules principales, dont elle présente d’ailleurs toute la texture. Les connexions intimes de ces trois boyaux testicu- laires ont échappé à mes investigations les plus attentives. Le conduit déférent m'a paru prendre son origine dans la concavité de la crosse de la troisième capsule. Il est fort long, d’une té- nuité qui surpasse celle du plus fin cheveu et plus ou moins | flexueux ou reployé. Malgré sa grande fragilité, j'ai pu le poursuivre sans le rompre jusqu’à son insertion à la vésicule séminale qui lui correspond; cette insertion a lieu en dessous immédiatement avant le point où les deux vésicules séminales confluent pour la formation du canal éjaculateur. J'ai reconnu dans le Stenelmis deux paires de vésicules séminales. L'une, qui est la principale, se présente de chaque côté de la cavité abdominale sous la forme d’un cordon tubuleux filiforme, contouré en spirale horizontale, blanchätre, d’une texture assez raide, comme élastique et plus ou moins enlacée avec sa con- génère. Elle se termine en avant par un filet appendiculaire, d’une ténuité qui échappe à l'œil armé, élastique, reployé et en arrière elle se continue après la spirale en un conduit plus ou moins flexueux. La seconde paire des vésicules est comme sur plémentaire et il n’est pas toujours facile de la mettre en évi- dence. Elle consiste en deux boyaux grèles, pellucides, repliés sur eux-mêmes, obtus à leur extrémité libre ou flottante, et in- sérés par l’autre extrémité à la vésicule principale près de la naissance du canal éjaculateur. Celui-ci est filiforme et flexueux. L’armure copulatrice est un étui corné, d'un brun pâle, allongé, cylindroïde, comme celui du Macronique. ‘ L’organe mâle générateur de l’Elnis se rapproche plus de celui du Macronique que de celui de Stenelmis, mais il est bien distinct de l’un et de l’autre. Une seule capsule spermifique sphé- roïdale, assez grosse, constitue chaque cesticule. Les deux orga- nes sécréteurs du sperme sont très rapprochés et contigus. Le conduit déférent y est remplacé par un col fort court, à peine sensible, qui s’unit à celui du testicule opposé, pour former le canal éjaculateur. Il y a une paire principale de vésicules sémi- nales, filiformes, trois ou quatre fois plus longues quele testicule, 170. L. DUFOUR. — Ænätomie. des. Coléoptères. ; tà flexuosités variables. Elles:m’ont.paru s’insérer aux cols des; testicules, mais en, dessous. Indépendamment, de ces deux lon: gues vésicules, il y en a encore. deux paires.presque rudimen:| taires, l’une en utricule pellucide ovalaire, l'autre. em boyau al- longé. Elles m'ont, paru.s’insérer, aux, cols des testicules:avant.la. vésicule principale. Au reste,.ces parties sont d’une. telle petitesse, dans un insecte qui a,au plus une ligne de longueur, que. .ce n'est, pas sans: quelque défiance que je les.signale. Le canal éjacula: teur est remarquable par sa longueur et par un renflement. qui. se fait insensiblement à partir de ses, extrémités qui, sont rétré-, cies en col. L’arimure copulatrice.:m'a semblé. moins cornée, et: moins longue que dans les genres précédens. 6 zx. Appareil générateur femelle: Les Leptodactyles vont nous offrir la mêmé, compositionigé- nérale de l'appareil reproducteur femelle que les Celfaniéres des familles voisines. Les ovaires du, Macronique consistent. chacun.en. un. faisceau tüinilatéral de dix à douze gaines ovigères triloculaires, terminées. par un ovulaire conoïde assez développé. Cette disposition uni-. latérale des gaines ovigères ne saurait étre bien constatée que, dans les individus dont la gestation est avancée. Dans les femel- les vierges, l'ovaire se présente sous la forme. d’un. fascicule. fort, court dont les gRines peu distinctes à cause de leur vacuité, sem- blent partir d’un même point central, mais quand on a un. peu de dextérité et beaucoup de patience on parvient même dans cet état d’infécondation, à s'assurer de leur insertion unilatérale. Les imperceptibles Zgamens propres des ovulaires. convergent vers un même point etse réunissent, comme ceux du côté: op-, posé, au lgament suspenseur commun des ovaires, lequel,se fixe dans le métathorax. Il résulte de cette convergence des ligamens, des deux ovaires une sorte d’anneau dans lequel se trouve en- gagé le canal alimentaire. Le.calice de l'ovaire, ou. la cavité. de cet. sreane destinée à recevoir. momentanément les œufs à terme, déséendhe des gaines ovigères, est au côté opposé de l'insertion. de celles-ci et par conséquent latéral,et interne. Le co/ de lovaire. L..DUFOUR. — -Æ{natomie des Coléoptères. 197 est. bien: marqué et légèrement renflé. L’opiducte est court'et: assez gros.) La: glande sébifique est: fort simple. Elle consiste en: un vaisseau sécréteur fort petit qui, avant de s'implanter à l'origire de l’oviducte, présente une dilatation qui formé une sorte de réservoir. Les œufs du Macronique, tels que je les ai | vus-daris les ovaires, n’ont paru 'ovales:oblongs. “Lés circonstances dans lesquelles j'ai dissbérré les organes gé- nitaux femelles des Stenelmis étaient peu favorables à P exacte appréciation des ovaires qui se trouvaient alors ow infécondés, ou dans un état de-gestation fort peu avancée. C’est dans ce der- nier cas qu'étaient les femelles de Stenelinis-canaliculatus souri- ses à mon: autopsie. Chacun des ovaires de cette espèce m'a paru constitué, comme dans le Macronique, par un faisceau de gaines: ‘ ovigeres unilatérales bi ou triloculaires. Dans le Sé. consobri- nus dont les individus disséqués étaient absolument vierges, ces: mêmes organes présentaient l'aspect que j'ai décrit dans le Ma- cronique qui n'avait point encore recu l'approche du mâle. Ainsi, les gaines ovigères tout-à-fait vides formaient un faisceau rac- courci; composé d’une douzaine de ces boyaux et en nvattachant älétudier leur mode d'insertion, j'ai reconnu qu’elles étaient dis- posées à droite et à gauche d’un axe tubuleux comme les feuilles que les botanistes appellent pernées ou ailées. Mais il est facile de:concevoir qu'après la fécondation ou par les progrès de lé- volution des germes , l’une des deux rangées de gaines peut se déjeter sur l’autre et présenter alors la disposition unilatérale. Dans le S%. canaliculatus, les deux cols après leur confluence forment un tronc commun fort court, brusquement implanté sur’ l’'oviducte, tandis que dans le Sf consobrinus ce même tronc plus allongé se continue directement avec l’oviducte. » L'èxamen comparatif de la glande sébifique dans nos deux Sténelmis va nous offrir un trait anatomique, d'un grand prix à mes veux, en ce qu'il lève tous les doutes relatifs à la séparation comme espèces distinctes, de ces deux insectes qui au premier aspect ne semblent présenter qu’une légère différence de taille. C'est ainsi que l'étude des viscères intérieurs peut infirmer ou valider les caractères purement entomologiques. Dans le Sf, canaliculatus Yappareil sébifique se compose : 172 L, DUFOUR. — Anatomie des Coléopières. ro d’un vaisseau sécréteur sous la forme d’un boyau simple, en massue allongée droite ou arquée, située au bout antérieur de l'appareil et dirigée, réfléchie en arrière ; 2° d’un réservorr vési- siculeux sphéroïdal, à parois minces et andcs tb rempli d’une humeur limpide, s’abouchant directement en arrière avec le ca- nal excréteur, et recevant tout près de cet abouchement le vais- seau sécréteur précédent; 3° enfin, d’un canal efférent ou excré- teur filiforme très long, blanchâtre, d’abord simplement flexueux, se contournant ensuite en un tire-bouchon serré plus large en _arrière et où l’on compte environ dix pas de vis contigus. La même composition de cet appareil s’observe dans le S+. consobrinus, mais le canal excréteur bien moins long ne pré- sente que quatre ou cinq pas de vis et ceux-ci non-seulement ne sont pas contigus, mais ils ne forment que des bouches trés là- ches. Un coup-d’œil jeté sur les figures qui expriment ces diffé- rences en apprendra plus que toutes nos descriptions. Je n’ai que des notions fort incomplètes sur lappareil généra- teur femelle des Elmis, et je ne me dissimule pas le besoin de renouveler mes recherches anatomiques sur ce point. Les ovai- res de l’EZmis Folckmari m'ont paru composés chacun de huit à dix gaines ovigères triloculaires, mais celles-ci ne m'ont pas offert une disposition unilatérale ni-pennée comme dans les genres précédens. J'ai pu les étaler en étoile comme si elles par- taient d’un centre commun. Le col est assez long et tubuleux. IL s'évase à la base de l’ovaire de manière à constituer là un vérita- ble calice. Je n’ai su trouver pour tout appareil sébifique qu’une vésicule ellipsoïdale fort grosse vu la petitesse de linsecte et remplie d’un liquide faiblementambré. S'il y existe des vaisseaux sécréteurs, comme cela est probable, leur exiguité les a dérobés à mon œil armé. La grosseur de cette vésicule rappelle celle de V'Anthrène, de quelques coléoptères hétéromérés notamment des Cantharides, des Mylabres, des Méloés et celle % quelques hé. miptères, comme les Cigales. 1. DUFOUR. — Anaomie des Coléopières. 173 EXPLICATION DES FIGURES. EL'O'et Tr Fig. 1. Machronychus quadrituberculatus. Fig. 2. Mesure de sa longueur naturelle. Fig. 3. Antenne détachée pour mettre en évidence sa composition. Fig. 4. Aile bien développée et propre au vol, Fig. 5. Aïle rudimentaire. Fig. 6. Mandibule avec sa lame membraneuse. Fig. 7. Lèvre avec ses palpes. Fig. 8. Mächoire avec son palpe. Toutes ces figures considérablement grossies. Fig. o. Stenelmis canaliculatus. Fig. ro. Mesure de sa longueur naturelle, Fig. 11. Une patte antérieure détachée pour mettre en étdendé sa composition. Fig. 12. Mandibule avec sa lame membraneuse. Fig. 13. Pointe de la mandibule vue de face pour mettre en évidence les deux petites dents qui l’accompagnent. Fig. 14. Lèvre avec ses palpes. Fig. 15. Mâchoire avec son palpe. é Fig. 16. Lobe interne de la mâchoire pour mettre en évidence ses poils etses dents mem- braneuses. | Toutes ces figures considérablement grossies: Fig. 17. Tête et appareil digestif considérablement grossis du Macronique. a. Tête où sont en évidence les antennes, le dernier article des palpes, le labre, les yeux ; à. œsophage et gésier; c. bourses gastriques étalées en verticille ; d. ventricule chylifique; ee, vais- seaux biliaires; f. intestin; 9. dernier segment dorsal de l’abdomen: Fig. r8. Une des six colonnes calleuses et velues qni garnissent antérieurement le gésier. Fig. 19. Tête et appareil digestif considérablement grossis du Sfenelmis. canaliculatus. a. Tête où sont en évidence les antennes, le dernier article des palpes maxillaires, les yeux, le labre; 6. æsophage suivi du ventricule chylifique; cc. vaisseaux hépatiques; d. portion grèle de l'intestin ; e. gros intestin ; f: dernier segment dorsal de l’abdomen. Fig. 20. Appareil générateur mâle considérablement grossi du Macronique. aa. Testicules; b. vésicules séminales; c. armure copulatrice. Fig. 21. Un testicule encore plus grossi pour mettre en évidence les deux capsules spermifi- ques et l'origine du conduit déférent. | Fig. 22. Appareil générateur mâle considérablement grossi du Sferelmis canaliculatus. aa. Testicules ; 26. conduits déférens ; cc. vésicules séminales principales ; d, seconde paire des vési- cules séminales; e. canal éjaculeteur ; armure copulatrice. Fig. 23. Testicule encore plus grossi vu par sa face inférieure, a, Capsules spermifiques principales ; 2. troisième capsule spermifique non courbée en crosse; c. conduit déférent, Fig. 24. Appareil générateur mâle considérablement grossis de l’Ælmis Folckmari, a. Tes- ticules; 2. vésicules séminales principales; cc. Deux autres paires de vésicules séminales ; d, canal éjaculateur; e. portion de l'armure copulatrice ; f. dernier segment dorsal de l'abdomen ;. g. portion de l'intestin. «K74 CH. MORREN, — Ynfluence de la lumière Fig. 25. Appareil générateur femelle considérablement grossi du Macronique, Fe a. Ligament suspenseur commun des ovaires; 82. ovaires ; cc. calice des ovaires; d. col des ovaires; e. oviducte : jf. glande sébifique; g. dernier segment Fret de l'abdomen; L. portion de l'intestin. Fig. 26. Appareil générateur femelle “antide rene grossi du Stenelmis dE NUS. As ‘Ovaires vierges; 6. Fe des ovaires ; c. oviducte ; d. ganglions nerveux ; e.. dernier segmentidor- sal de l’abdomen ; f. glande sébifique ; g. portion du ventricule,chylifique intestinret vaisseaux hépatiques. Fig. 27. Un ovaire vierge étalé et penné, considérablement grossi, du même insecte. À Fig. 28. Appareil sébifique considérablement grossi du Stenelmis canaliculatuss as Cols des ovaires; 2. vaisseau sécréteur de la glande sébifique ; c. réservoir de l'humeur sébacée; d.: canal excréteur contourné en tire-bouchon serré; e. dure: f. dernier segment dorsal de l’abdo- men; 9. portion de l'intestin. #7 Essais pour déterminer l'influence qu'exerce la lumière sur la manifestation, et les développemens des étres végétaux et animaux , dont l’origine avait été attribuée à la génération directe, spontanée ou Sr ; € Par M. Cu. Morren, Professeur de botanique à l’université de: Gand. : Second Mémoire. (1) | que 2 ; s AE Q 0 Le De l'influence qu'exerce la lumière composée, considérée sous le rapport de son intensité et de sa clarté. On s'était contenté jusqu’à ce jour d'observer que plus la lu- micre est vive, abondante, que plus elle est intense, mieux la vie s'établit et se développe. Nous avons déjà fait voir que les Chaldéens avaient exprimé cette loi dans leurs croyances : que plus les êtres recoivent de lumière, plus, comme ils disaient, ils s’'enoblissent. Le principe du perfectionnement des êtres orga- nisés les plus inférieurs dans les deux classes de corps vivans, dé- Nr Li (r) Voyez le premier mémoire t. 3, page 5. DE. Sur le développement des Ænfusoires. 170 ‘terminé par expériénce,parait enefletplutôtdépendredel intensité relative de la lumière que de la quantité de ce fluide. Nous avons “fait entrevoir, au commencement du précédent mémoire, la so- ‘lution par expérience de cette loi, que la seule contemplation at- “tentivé de l’univers avait révélée aux hommes dès lepremier ‘âge ‘des constitutions sociales. 1On‘connait'assez d'exemples que les champignons, des tuber- De les lycoperdonnées, ont été trouvés et vivent toujours dans les lieux ombragés: où/la lumière est faible, dans ‘d’autres où l'obscurité esttres épaisse, rh même elleest complète. Il nous suffira donc; vu que la plupart des auteurs sont loin d'attribuer Ja présencedétces plantes dans des lieux si défavorables à d’autres “äla génération directe, de faire voir comment, par expérience, on peut constater un des premiers principes de cette génération, :si “génération directe il y a : c'est-à-dire que les végétaux et les ani- maux qu'on a cru provenir par une telle voie, suivent dans leur manifestation, à une lumière progressivement décroissante en “intensité et en clarté, une loi toute différente. oi D'abord je considère la lumière sous le rapport de son intensité: on sait que celle-ci décroît en raison inverse du carré de la dis- tance au corps lumineux; mais dans nos recherches , nous n’a- vons pu faire usage de cette loi physique, comme nous le ver- rons plus loin. Les expériences ont été faites en 1828, dans une chambre exposée au nord-est, recevant peu de rayons directs du soleil, et seulement quelques-uns du lever de l’astre jusqu’à neuf heures du matin , au solstice d'été. Elle renfermait 4,820 pieds cubes d'air; chaque fenêtre avait 4 pieds de largeur et 8 de haut : je plicai:à à la hauteur de la moitié de la fntétié du milieu une plan- che de la longueur de la chambre, et je mis sur elle d’un pied et à un pied de distance, des vases cylindriques de verre, de 6 pouces de hauteur et remplis aux trois quarts d’eau de fon- taine, de manière que j’eus 18 vases posés chacun à la suite des autres selon une ligne un peu oblique, afin que les. vases de devant n’interceptassent point, par leur ombre, la lumière à ceux de derriere. Ces expériences commencèrent le premier mai. Tächons maintenant de connaître, d'une manière approchée, Le 7 \ 176 CH, MORREN. — Influence de la lumière la loi du décroissement de l'intensité lumineuse dans ces cir- constances. En photométrie, il est A e vrai que lorsque le corps Ilumi- neux est un point rayonnant, l'intensité de la lumière qui en échappe décroît en raison inverse du carré de la distance à ce point: mais on voit, dans nos recherches, qu'il faut expérimen- ter avec la lumière du soleil et dans une chambre où les parois réfléchissent une quantité assez grande de rayons. Ces réflexions et d’autres cas particuliers ne laisseraient même pas de prise au calcul et en ôteraient toute faculté de savoir au sujet de la loi du décroissement dont nous avons besoin. C'est pourquoi il a fallu se contenter d’une approximation en simpli- | fiant le problème, et, à cet effet, je donne ici les recherches _ mathématiques où cette approximation est indiquée; cette par- tie de mon travail est due à l’obligeance et aux connaissances de M. Plateau, membre RE. Aa de lAcadémie de Bruxelles, qui, comme on le sait, a fait de très utiles et de très curieuses découvertes dans la partie de la de qui s’oc- cupe de la lumière. On suppose une chambre en les murs sont noircis, et qui ne recoit du jour que par une seule fenêtre rectangulaire ou- | verte, donnant sur un ciel dont toutes 1e parties sont supposées également lumineuses; un DORE situé à la hauteur du bord in- férieur de la fenêtre et vis-à-vis du milieu de ce bord, sera d'autant moins éclairé qu'il sera plus éloigné de la fenêtre. On « demande de déterminer l’intensité de la lumière qui frappe ce \ point, connaissant la distance de la fenêtre. D'abord, il est aisé de voir que la quantité de la lumière qui frappe le point est proportionnelle à l'étendue du ciel, que l'œil. placé en ce point, pourrait apercevoir. Cela posé, si l’on suppose le poiit au centre d’une place et si 4 l’on fait passer quatre plans par ce point et par les quatre lignes M qui forment les bords inférieurs de la fenêtre, ces plans donne- 4 ront un angle tétraèdre dont le sommet sera au point en ques- k n tion, et qui déterminera sur la sphère un quadrilatère dont la w surface mesurera l'intensité de la lumière qui éclaire le point; 4 or, les deux angles inférieurs de ce quadrilatère sphérique sont Sur Le développement des Infusotres. 1797 droits et les deux supérieurs sont égaux entre eux; si nous re- présentons l’un d’entre eux par C., la formule connue que l’on trouve dans les élémens de géométrie nous donnera, en prenant pour l'unité de surface celle da trémele sphérique, et pour l’u- nité d'angle droit. Sur f du quadrilatère — 2 (C— 1). Il ne s’agit plus maintenant que de déterminer C en fonction de la distance à la fenêtre. Pour cela, imaginons que l’on tra- verse la fenêtre par une diagonale, et que l’on mène par cette droite et par le point un cinquième plan; ce plan coupera aussi le quadrilatère sphérique suivant une diagonale et le partagera en deux triangles. Considérant maintenant le triangle supérieur, celui qui niohtlanle C; les trois plans qui ” déterminent formant un angle trièdre qui a son sommet au point en question, il sera aisé de déterminer les sinus et les cosinus des angles plans qui s’y rapportent, ou, en d’autres termes, des côtés du triangle sphérique en fonction de la distance à la fenêtre. Cela fait, on trouvera, par une formule connue de trigonométrie sphérique , la valeur du cas C qui sera par conséquent exprimée en fonction de la distance à la fenêtre. On arrivera ainsi à Ja formule suivante en nommant a la moitié de la longueur de la fenêtre, à la hauteur totale de cette fenêtre, et x la distance du point à la fenêtre : RAT pra te 22h); On aura, en représentant par I., l'intensité cherchée et en prenant le quart de la circonférence pour Punité d'arc : ab | Ms. larc(icos. — CETTE) con Dans le cas particulier de notre expérience, la fenêtre avait quatre pieds de large et huit de haut, mais les vases étant placés à la hauteur du milieu de la fenêtre , et ne recevant pas la fu- IT, Zoor, — Mars, 12 178 CH. MORREN. — Jnfluence de la lumière. mière de la partie inférieure de celle-ci, à cause de la planche sur laquelle ils étaient posés ; la chose revient à supposer une fe- nêtre de quatre pieds de large et quatre de haut, dans ce cas, nous aurons a — 2, bd — 4, et il viendra : 8 ARR A AVR GRO Si je suppose maintenant le point placé à une distance nulle de la fenêtre (il est évident que ce que j'appelle distance à la fenêtre est la distance du point à la ligne horizontale que forme le bord inférieur et extérieur de la fenêtre), il faudra faire x—0, ce qui donnera | (CANON ee Or, l'arc dont le cosinus égale—r, est égal à la demi-circon- férence, c’est-à-dire à 2, en prenant le quart de la circonférence pour unité, on aura donc : | M) [2 — 1], ou bien 1 = 2. Si nous prenons une autre distance, par exemple trois pieds, il faudra x — 3, et nous aurons : 8 VAE Au moyen des tables de logarithmes, nous trouverons que arc C. correspondant est de 116°»20°, ou bien en réduisant les “minutes en fractions décimales 116° 333. Il faut maintenant déterminer la valeur de cet angle en prenant l’angle droit pour -unité, ce que nous ferons en divisant 116,333 par 90; il viendra Ces: C—= = C7; 20», D'où nous tirons 1—0,584. Ainsi l’intensité de la lumiere étant représentée par 2, à la distance O au bord extérieur de la fenêtre, ellé sera représentée par 0,584 à la distance de 3 pieds. Sur le développement des Infusoires. 179 Si l’on répète ce calcul pour d’autres distances, on trouvera la -süite des résultats suivans : Distance en pieds RS OO PA QE NS RE 4 5 6 mm | mm | cms |. À | — À ns Zutensités . . .. . .. 2 1,336| 0,870| 0,584| 0,408] 0,296| 0,224| 0,174 0,138] "On n’a point calculé les intensités d’au-delà du huitième pied de distance, parce que déjà dès le cinquième en n'obtient plus de résultat positif. (1) (x) La formule qui donne la valeur de {T pourrait être simplifiée ; en effet, il est évident qu’elle revient à la suivante : ab Ve ep et comme il ne s’agit pas de la valeur absolue des intensités, mais de leurs rapports, on peut supprimer le facteur 2, et la formule la plus simple sera: I = 2 arc ( sin. = ab Z arc ve nn) Il n’est pas nécessaire, en employant cette dernière formule, de prendre pour unité d’arc le quart de la circonférence; seulement si l’on compte les arcs en degrés, l’intensité à la distance o sera exprimée par go. On conçoit qu’il sera beaucoup plus utile, pour coordonner les résul- tats de nos expériences , d’avoir pour loi de décroissement dans les intensités celle de la raison inverse du carré des distances , car il n’est pas superflu de rechercher comment on pourrait réa liser l'application de cette loi par une disposition appropriée de circonstances d’expériences; sk l'on supposait donc qu’au lieu d’une fenêtre on eût un trou de très petite dimension , de manière que les quantités a et à fussent très petites; si d’ailleurs la distance x est assez considérable _pour qu'on puisse négliger a? et #? à côté de x, la formule devient : pe ab Et" are sn. = —> }; et comme ce sinus est supposé très petit, il se confond avec l’arc de sortie qu’on a, ab D : , x? c'est-à-dire que si le trou est petit et qu'on se tienne constamment à des distances assez consi- dérables relativement à sa grandeur, la distance est à-peu-près celle de la raison inverse du carré des distances. Aussi , par exemple, cette loi serait à très peu près vraie pour un trou carré de quatre centimètres de côté, et dont le point (ou le vase ) serait constamment éloigné au moins d’un mètre. On voit, d'après cela, qu'il faudrait expérimenter sous d’autres conditions que celles qu’il nous a été possible de réaliser , et je m'empresserai de réunir celles-ci dès que les circonstances me le permettront, I2e pu CH. MORRET. — MRAPUREE de la lumière, Voyons maintenant quelles furent les suites de nos be riences : | : Le 13 mai, j'observai à la paroi interne du premier vase et apposée à la direction des rayons immergens, une apparence de matière verte qui devint très visible le lendemain, jour où je lexaminai au microscope; elle était composée de Globulina térmo: (nobis), de Globulina exilis (nobis), et d’une nouvelle espèce de Navicula que j'ai toujours retrouvée sous les mêmes. circon- stances : Vavicula biconifera (nobis). Voyez la planche annexée, au résumé général de ces Mémoires, que j'ai lu à à l° Institut royal. de France, le 30 août et le 6 septembre 1830. R Le 15, je remarquai les mêmes êtres dans le même vase, quoi- que en moindre quantité; la température pendant ces jours. avait varié de 13° à 20°. 11 fallut attendre jusqu'au 2% mai pour voir une apparence. bien faible de matière verte dans le troisième vase, où jerre=- connus les mêmes Globulines, mais sans aucune Navicule. Pen- dant ce temps le thermomètre avait marqué de 15 à 20°. Le même jour (24 mai), j'aperçus dans le premier vase une espèce de Cystodiella (nobis) et des filamens moniliformes d'une Anabaina (Bory de Saint-Vincent ). ë . Enfin, le 19 juin, après une chaleur de 25° 172, et, t.cinquante- jours après la mise en expériences, le quatrième vase montrait quelques Globulina termo. Au-delà de ce vase, je ne pus jamais. obtenir de matière organisée. Dans les autres vases l’on trouvait bien des petites pellicules irisés très minces, et je trouvai à la surface de ces pellicules des filets entrelacés semblables à ceux du Bissocladium fenestrale de Linck (1); mais je n’oserai pas at- tribuer à ces corps une nature vivante , soupconnant qu'ils pour- raient bien n’être que de la poussière atmosphérique déposée et retenue par les pellicules. Le 30 juin, je ne vis d’autre changement dans mes vases qu’une: augmentation dans le nombre des individus des espèces ci-dessus désignées, le thermomètre avait marqué ce dernier jour 26° au (5) Nees von Esenb, Das syst, der Pilze p. 13. tab. ur, fig. 47. Sur le développement des Infusoires. 181 maximum ; je ferai observer toutefois qu’à cette époque le pre- mier vase laissait voir des Monas lens en assez grand nombre. Des circonstances particulières me forcèrent alors d'abandonner ces observations. (1) Il conste donc par cette expérience qu'en seize jours d’expo- sition à une lumière exprimée, sous le rapport de son iutensité, par 2, les êtres produits étaient les : (x) Depuis la rédaction de ce mémoire, j'ai répété les expériences qu’on vient de lire, mais dans une autre chambre exposée au S. S. O. et recevant bien plus de lumière que la précédente. Les recherches commencèrent le 3 août. Les vases, remplis d’eau de fontaine fraichement pui- sée, étaient placés à un pied de distance l’un de l’autre, sur une planche horizontale, et main- tenus fixes à la hauteur du premier carreau de vitre. Le 27 septembre suivant { trente jours après la mise en expérience), les deux premiers montrèrent une couche de matières vertes, déposée sur le fond de la paroi opposée à la direction des rayons immergens. Ces matières composaient des Globulina termo, Globulina exilis, Navicula biconifera. Le 4 septembre (trente-deuxième jour d'exposition), ces mêmes êtres se montraient dans les quatre premier, vases ; enfin le 8 suivant (trente-sixième jour d'exposition), les neuf premiers vases raisaient voir des résultats analogues. Passé ce terme, je ne pus jamais obtenir de résultats positifs pour les vases placés plus en arrière. Peu-à-peu, la quantité de matière verte augmenta dans les vases où j'avais observé ces premiers développemens ; seulement du troisième vase au huitième, cétte quantité ne s’accrut pas considérablement, tantôt que les deux premiers et le neuvième firent voir un singulier surcroît de matière organisée. Le fond du paroi du dernier (neuvième) était couvert d’une couche épaisse, membraneuse et comme tissée d’une substance verdâtre. Des Monas lens, une espèce d’Enchelis, s'étaient ajoutés aux autres ci-dessus mentionnés. ” La raison pour laquelle le neuvième vase plutôt que les autres montrait une si grande quan- tité d'espèces et un développement numérique si extraordinaire pour chacune d’elles, me pa- rait facilement explicable d’après l'observation que je fis de la position de la planche sur la- quelle se trouvaient les vases. En effet , elle était placée vis-à-vis de l’embrasure entre les deux fenêtres, et un peu obliquement; or, les deux pyramides lumineuses, limitées à leur tronca- ture antérieure’par l'ouverture des croisées , et s’élargissant vers le fond de l'appartement , se coupaient précisément à l’endroit occupé par le neuvième vase; il recevait ainsi plus de lu- mière que les autres, à-peu-près autant que les deux premiers. Si l’on peut en juger par les êtres développés, ce que j'ai dit ici donnerait lieu à penser qu'on pourrait peut-être con- struire quelque jour une‘échelle photométrique dont les termes seraient justement les êtres organisés qui se développent constamment sous les mêmes circonstances. On pourrait craindre, aous objectera-t on , que les localités , les climats, etc., n'apportassent de grands changemens dans ces termes; mais à cela nous répondrons que, dans ce cas, la connaissance de ces mêmes influences climatériques formerait une précieuse donnée pour la biologie. D'ailleurs, comme me Va assuré M. le colonel Bory de Saint-Vincent lui-même, des expériences précises lui ont fait voir qu'il y a des êtres d’infusion tout-à fait cosmopolites et absolument indépendans des in- fluences du climat. M. Bory de Saint-Vincent a dû pouvoir s’en assurer dans ses nombreux et grands voyages. À. | “Quoi qu'il en soit, les particularités de cette seconde série d'expériences forment autant de données principales qui s'accordent parfaitement avec celles de la première série, 182 CH. MORREN.— Jnfluence de ‘la lumière Globulina termo. Globulina exilis. | Anabaina pulchra (nobis. Voyez la planche du résumé déjà cité.) Navicula biconifera ( nobis ; voyez cbid. ). Cystodiella elegans (nobis; voyez cbid. ). Les animalcules n’y étaient que d’une seule espèce, le Monas lens (Mull. ). Ainsi à ce degré d'intensité lumineuse, les végétaux avaient précédé de beaucoup les animaux dans leur manifestation {comrae dans la série des terrains à fossiles) , et si l’on retrouvait dans le même vase les productions les plus simples avec d’autres plus composées ( comme {es Anabaïnes, les Navicules, les Cysto- deilles), ces derniers avaient paru après les premiers, c’est-à-dire après l’advenance de Globulines ( encore comme ce qui se passe dans l’apparition des êtres aux diverses époques géologiques). D'après ces apparitions successives du simple au composé, et _: d’après l'existence dans ce vase des êtres les plus inférieurs en structure, il devenait probable que dans les vases éclairés d’une Jumière moinsintense il n’y aurait eu que les êtres de la dernière simplicité; c’est aussi ce que les faits confirment ; et dans le vase où l'intensité de la lumière pouvait approximativement s’expri- mer par 1,336, il n’y avait ni Anabaines, ni Cystodielles, ni Monades lents. Les Navicules ne se développaient plus dans celui qui se trouvait influencé par une lumière dont l'intensité était approchant de 0,870. Enfin les Globulines seules naquirent encore dans le vase dont l'intensité était presque équivalente à 0,584 , etc. D'une autre part, faisons observer qu'il était effectivement impossible d’avoir, dans les vases placés sous une lumière pro- gressivement décroissante, une succession exclusive d'êtres qui se seraient simplifiés de plus en plus, puisque déjà dans le vase dont la lumière était prise pour unité comparative, les produc- tions les moins composées se manifestent aussi; cependant si lon tient compte du temps, il est remarquable que la durée de F'ac- tion lumineuse a la plus grande influence sur le développement progressif d’une série d'êtres de plus en plus compliqués, et Sur le développement des Infusoires. 185 néanmoins quoique cette action se prolonge indéfiniment sur les vases ayant moins de lumière que le quatrième, jamais rien ne s’y développait. Il y a donc un terme où la lumière devient d’une intensité telle qu'elle ne suffit plus à la manifestation des êtres organisés les plus simples ; et, chose étonnante, ce terme n’est pas le même pour les deux séries animale et végétale, quoique la différence de l'intensité propre à chacune d’elles ne soit pas très grande; c'est ainsi que nous avons vu que la lumière, capable de déve- lopper des Cystodielles élégantes, est précisément celle qu’il faut à la Monade lente pour se manifester. Si l’on avait la série de tous ces rapports, on connaitrait la loi d’une espèce de capacité que les corps vivans ont pour la lumière, comme les corps en gé- néral en ont une pour le calorique et la biologie dora de cette connaissance un ample profit. On voit de suite à quoi menerait de telles recherches, à limiter une condition d’existence, la con- dition lumineuse. Notez encore que si l’on parvenait à déter- _miner effectivement la limite inférieure de cette condition et qu'on trouvât jusqu'où peut aller la faiblesse d'intensité pour que les termes inférieurs du règne animal prennent naissance, on saurait du moins à quel ordre de corps il faudra rapporter ces Monades principes développables dans l'obscurité la plus parfaite, terme de liaison aux mollécules actives de Robert Brown, élémens organiques animalisés, selon les uns, dernières indivi- dualités spécifiques du règne animal, selon les autres; en un mot, véritables écueils de l'intelligence humaine. "Ainsi, pour déduire les conséquences de ce que nous avons ‘observé, nous émettrons les propositions générales suivantes : Quand des masses données d’eau, capables de recevoir des _êtres organisés et d'en soutenir la vie sans renfermer en macé- ration des matières tissulaires, se trouvent influencées par une lumière successivement décroissante en intensité, on remarque : 1° Que la manifestation des êtres vivans n’est pas indéfinie comme cette lumière; qu'il y a un terme d'intensité qu'elle ne nn pas; 2° Que ce terme n’est pas la même pour les animaux et les (4 végétaux les plus simples de leur série; que sauf le Monas termo 184 CH. MORREN. — Jnfluence de la lumière (Mull.) de nature si hypothétique, il faut plus de lumière et une action de ce fluide plus long-temps prolongée pour la ma- nifestation des animaux que pour celle des végétaux; qu’ainsi, sous l'influence d’une série d'intensité de lumière successive- ment décroissante, les végétaux naissent avant les animaux, comme dans la série géologique des terrains qui composent l’é- corce du globe, les restes fossiles des plantes paraissent avant ceux des animaux ; 3° Que les végétaux les plus simples se manifestent à-la-fois à différentes intensités, mais qu'il y a toujours un terme mi- nimum, en deçà duquel leur manifestation et leur développe- ment n'ont plus lieu; Qu'il y a donc de ces intensités indispensables, nécessai- res à la manifestation et au développement d'êtres correspon- dans dans chaque échelle, soit animale, soit végétale; de sorte qu'une intensité donnée s'accorde avec le soutien de la vie chez un animal d’une espèce déterminée et chez un végétal d’une autre; qu'il y à donc, sous ce rapport, une double échelle cor- respondante, série qu'il serait fort curieux de connaitre; 5° Que la manifestation d’êtres successivement plus compliqués en organisation décroit en raison de la perte qu'éprouve la lu- mière dans son intensité, de manière que les degrés successifs de perfectionnement observés dans ces êtres diminuent consi- dérablement quand les intensités s’affaiblissent et de facon à ne pouvoir indiquer de rapport; 6° Qu’aux différentes intensités capables de maintenir la vie chez les corps qui en sont doués, les êtres paraissent en raison de la durée et augmentent quand l'intensité diminue, et vice versd. Ce rapport est une conséquence de l'observation citée plus haut, qu'au bout de treize jours la Globulina termo et la Glo- bulina exilis, s'étaient manifestées dans le premier vase, et qu'il a fallu cinquante jours pour voir se développer ces mêmes es- pêces dans le quatrième. Nous pourrons entrevoir par les expériences qui nous ont donné ces résultats, la réalité de ce que nous disions au com mencement de ce mémoire, c’est-à-dire que la manifestation des générations directes, suit pour ces sortes de corps organisés Publications nouvelles: 185 une loi toute différente. Nous avons vu en effet la Monas lene ne se développer que dans le premier vase et après les 6r jours d'exposition à la lumière, tandis que la Globulina exilis, qui est aux végétaux ce que la monade lente est aux animaux, s'était déjà montrée dès le treizième jour d'expérience, et aux inten- _sités successivement décroissantes des second, troisième et qua- trième vases : cependant il nous importait de rechercher avec plus de soin les phénomènes qui se seraient manifestés pour la série animale. À cet effet, il fallait faire agir les conditions les plus favorables à la manifestation des êtres, et développer dans les circonstances qu’on a cru celles qu'il faut à la génération spontanée pour se réaliser. (La suite au prochain cahier.) ! = — 25 S—— BIDLIOGRAPHIE. Publications nouvelles. _ HISTOIRE NATURELLE DES ANIMAUX SANS-VERTÈBRES, par LAMARCR; deuxième édition, augmentée de notes par MM. Desxayes et Micxe Eowanps. 8 vol. in-8°, chez BAILLIÈRE, libraire, à Paris.- L'ouvrage de Lamarck a puissamment contribué à assurer les progrès de plu- sieurs branches de la zoologie; c’est celui que l’on consulte le plus dans l'étude des coquilles et des Polypiers; aussi, la première édition en étant depuis long- temps epuisce, il était à desirer qu’on en fit une réimpression. C’est cette réim- pression que nousannonçons ici ; mais afin d’y donner plus d'utilité, MM. Deshayes et Milne Edwards y ont ajouté des notes destinées à mettre ce manuel autant que possible au courant de la science, en présentant le résumé des principaux faits | dont l’histoire naturelle des Mollusques , des Crustacés, des Annélides, des Polypes etc., s’est enrichie depuis la première publication de l'ouvrage de La- marck. L'introduction, les radiaires échinodermes, et les mollusaues ont été revus par M. Deshayes; les animaux apathiques moins ceux déjà mentionnés, | les Annélides, les Arachnides et les Crustacés par M. Edwards; quant à la partie des insectes, les entomologistes ne le consultent que peu et en consa- craut même plusieurs volumes à des additions, il aurait été difficile, gêné par … le cadre méthodique de Lamarck, de la porter au niveau de nos connaissances actuelles; les éditeurs ont par conséquent préféré la reproduire sans y joindre des notes qui auraient augmenté l'étendue de l'ouvrage, sans être d’une grande utilité. Dans ce travail MM. Deshayes ct Milne Edwards se sont pro- posés de faire connaître les observations nouvelles qui confirment ou qui de- xraient modifier les vues de l’auteur sur la classification des animaux sans : 186 ‘: Publications nouvelles. vertèbres, de mentionner les genres nouveaux dont la science s ’est enrichi depuis une quinzaine d'années, et de faciliter l’étude des espèces en complétant les synonymies, et en indiquant les plus remarquables de celles décrites et bien figurées postérieurement à la publication de la première édition de ce livre. Les tomes premier et quatrième viennent de paraître; le Premier contient lin troduction et l’histoire des infusoires , à laquelle M. Edwards à ajouté un ré- sume des travaux récens de M. Ehrenberg; le second renferme le commence- ment de l’histoire des Conchyfères mise au niveau de l’état actuel de la science par M. D AMIE Traité élémentaire d'anatomie comparée, par Garus. Traduit de l’al-. lemard , par M. Jourpan. — 3 vol. in-8° avec un atlas de 31 pl in-4°, : Chez Barzzière, libraire à Paris. Jadis il existait une langue commune aux savans de tous les pays, et leurs écrits , publiés en latin, pouvaient être lus par tout homme ayant fait les études les plus ordinaires. Aujourd'hui il en est autrement, l'usage du latin, qui, s’il avait de graves inconvériens, présentait aussi de grands avantages, s’est ‘presque entièrement perdu, et dans chaque pays on ne se sert guère que dela langue maternelle. Il en résulte que les hommes s’occupant de science , ont be- som de pouvoir lire au moins trois langues vivantes: l'allemand et l’anglais aussi bien que le français; mais malheureusement en France peu de personnes “possèdent ces connaissances : aussi c'est toujours avec plaisir que nous voyons notre littérature scientifique s’enrichir par les traductions de bons ouvrages publiés chez nos voisins. M. Jourdan a déjà fait connaître par cette voie ‘un grand nombre des travaux les plus importans des naturalistes et des médecins de l'Allemagne, et il vient de rendre un nouveau service à la science, en noùs donnant la traduction de l'ouvrage d'anatomie comparée de Carus. Le nom de ce savant est connu de tous les naturalistes ; on sait que Carus , l’un des premiers, chercha à rassembler et à coordoner à l’aide de vues théoriques les faits divers, souvent sans liaison apparentes , fournis par l’observation directe , et à se servir des résultats ainsi obtenus comme d’un guide pour marcher à de nouvelles dé- et sa plus grande largeur de 15. La coquille est presque toujours recouverte de byssus d’autres individus, parc qu'ils s’assemblent les uns sur les autres. DREISSENA ArricaAnA Nob. Caract. — Coquille oblongue; crochets arrondis; bord inférieur droit sans échancrure; surface extérieure régulièrement. feuilletée, parcourue par deux petites crêtes longitudinales. Cette nouvelle espèce , que je dois à l'obligeance du célèbre naturaliste voya- geur M. Quoy , et qui lui a été remise par M. Desgenets officier de la marine royale de France, habite le haut du Sénégal, avec les nombreuses et intéres- santes espèces fluviaules, dont l’histoire naturelle vient de s'enrichir dans ces derniers temps. L'envoi était accompagné de Nayades et de Cyrènes, toutes également biens conservées. Grâce à la sagacité des voyageurs, qui portent aujourd’hui toute leur atten- tion sur les animaux des classes inférieures, et ne considèrent plus leurs co- quilles et leurs dépouilles comme les seuls objets dignes de leur attention, ils apportent ces êtres curieux avec tout ce qui leur appartient, et permettent aux naturalistes de leur assigner la place, avec beaucoup moins d’arbitraire, dans la sérieanimale. L'animal dont je vais donner la description était encore dans sa coquille. Tous les caractères génériques attribués au 7. polymorpha sont également biens prononcés dans le D. africana. Ainsi le manteau est également réuni de tous côtés, et présente sur sa surface, qui est en contact immédiat avec lelément ambiant, un repli plus où moins épais; ce repli offre son maximum de développement dans les T'ridacnes. Ce caractère, qui coïn- cide avec le bord non échancré de la coquille maloré l'épaisseur da byssus, semble nous indiquer que lanimal a presque toujours sa coquille béante, et ne ferme ces valves qu’accidentellement. Cette bordure, qui n’est qu’un repli du manteau, se divise à la base da siphon et forme un collier qui em- brasse les deux tubes. Le bord de ce collier est garni de papilles, si on peut LEE *“ 212 VANBENEDEN. — Sur le Dreissena. appeler aïnsi les dentelures du manteau; ces papilles sort probabléiiënt Îe siège du sens du toucher, au moins à en juger par leur Position et les nerfs qui s’y rendent. Le siphon est plus allongé dans cette espèce que dans le polymorpha, et la seconde ouverture, qui donne issue aux excrC;nens, s’allonge de même, en si- ulant ou en formant un second tube rudimentaire. La disposition de ces tubes, qui est plus manifeste pendant }4 vie de l'animal qu'après sa mort, fait le pas- sage aux caractères assipiés à la famille des Cardiaces. _Le système ne”veux offre la même distribulion dans les ganglions rerveux, et la pairé postérieure se trouve également réunie en un seul ganglion sur le . muscle transverse postérieur. L’appendice cœcale de l'estomac est également très développé, et se distingue à travers la peau de l'abdomen. Les branchies, les tentacules labiales, la languette et tous les autres organes sont disposés ab _solument comme dans lespèce précedente : La coquille est allongée, sub-ovale, régulièrement arrondie des deux côtés. Elle est légèrement feuilletée et d’une maniere réguhère.’ On aperçoit à l’ex- térieur deux lignes qni divisent cette surface dans toute sa longueur , et qui sont formées d’un petit appendice de chaque lame d’accroissement. Ces appendices. se trouvent sur deux rangées qui partent en divergeant du crochet vers lex- irémité opposée, et donnent à la coquille l'apparence d’une double carène. Le crochet est arrondi, dénudé, et ne fait pas une forte saillie. Le bord inférieur est droit, sans échancrure, malgré l'épaisseur du byssus. L'intérieur de la coquille est d’un blanc bleuâtre légèrement nacré. On dis- tnguc nettement les impressions musculaires, et surtout l'impression palléale ffui nous aurait déjà seule fait connaître par son échancrure , que le siphon était plus allonge que dans le polymorpha. La cloison sous le crochet a son bord libre légèrement sinucux. | Il est à espérer que nous aurons sous peu des documens positifs sur les . ? ? DÉSIGNATION DES PARTIES. centigr. Lifférence. Fa Done série Biceps brachial de A . . . . . . . 36,53 1.83 i, d'expériences. Tissu cellulaire AUJACENRL.. eee. oO TO fi Tonprntarede lab, Boûche r}ftt.s" sc Lou fe ND L'IMEEER FT PT Biceps brachial detB. + . 7 0 00e | pu Tissu cellulaire adjacent . . . . . . 35,45 3 nest du nf cn He A ROSE 0 Biceps brachial be GTA tel 26,77 144 Hissuicellulaire:2; craint atathrret. 2583 di Bouthei ss, 4, ntm rt... 27000 = = ———— TT ee Mocs | - Re - _. / BECQUEREL ET BRESCHET. — Sur la chaleur animale. 269 DÉSIGNATION DES PARTIES. ER" Muscles fléchisseurs de la cuisse d’un chien noiimshbaokegeh sorci JT are Tissu cellulsire du.cou.. ... 1.1.5. Abdomen és ge ges à PAR . 4 eat id: Deuxième série Muscles de la cuisse d’un autre chien . d'expériences. Poitrine e [2 L1 L 2 L 2 L2 EL L 21 e e e Abdomen. L 1 L1 L] L2 L] L] LJ - e e L 1 Témpérature de l'air, 12° cenligr. En de Bt. : 212. « pbs Tissu cellulaire de laine . : . . . . PR A ru 2 lis Va Pas lille 151 3 OO SSOENRRR A RER BAC PRE LT TEE ARE ET EME Su CENUIAIFeS. aan US Leg que Muscle de la cuisse d’un chien noir dejà soumis à l'expérience... . . . A en-ccohouche denbiizis 4 Aie ru iQ d'expériences. ÉD nE NE Ame ua à « dite à - Bouche de B. mesurée au thermomètre. 2° experience. Bouche de B. . . . . Hissuicellulnnes d'edu cree % ‘Carpe (cyprinus carpo).., . + . ... au. e. L e 0 D C2 e e e e e e L] Quatrième série Liceps de B. à 3 centimètres de pro- d'expériences fondeur L LL L L L L1 L2 L2 L1 L] L] faites avec les sonde: . SN Branches Mustles du mollet à 4 centimètres de ou aiguilles profondeur Ci = e e 0 e e e e e x < 2 A à AN 2 X de 2° espèce. Tissu cellulaire adjacent à 1 centimètre de‘profondenre T'ON Fr MIRE Muscle grand pectoral à 4 centimètres dep den... en us La Tissu cellulaire adjacent à 1 centimètre despiofondEut.s Srpiaroel(iune Jeune griffon de moyenne taille. Muscle grand pectoral À 4 centimètres. desprofondeurs : 214406. armées Tissu cellulaire à 1 centimètre de pro- BORMES Te de NT TS T0 Température centior. 38,40 37,00 38,90 38,40 38,00 37,50 38,10 56,83 35,58 36,90 37,00 36,90 35,33 + 38,60 36,85 36,95 37,00 37,10 35,48 Différence. 1,40 1,63 270 BECQUEREL ET BRESCHET, — Sysr la chaleur animale. , it Température =. DÉSIGNATION DES PARTIES. centigr. Différence. ©" a , 3° expérience sur B. Biceps à 3 centi- mètres et demi de profondeur. . . 36,50 | 2,00 Tissu cellulaire. :. 400,08 tit Uod tes nenenennnennnnne EE sE De 4° experience sur un chien. Muscle de A Cmise . .. !. : , 2000 Tissu cellulaire de la cuisse, . . . . 37,05 Le Lite ANONMINNNEES EE MDIOMEN à een à LR 0 «AU 38,50 RE AN EE OS AE A NU Cinquième série Chien caniche. ? CE e d _ ma Mnscles'de cuisse RON S aeux C'EREC f vues “ Poitrine es!) fete ler l'etilite . e. 38,25 multiplicateurs. indie cn = Le cerveau(on a pratiqué dans le crâne deux couronnes de trépan pour lais- ser passer les deux bouts de la sonde. 38,25 Observation. — La température a baissé subitement de plusieurs degrés, et quelques minutes aprés, l’animal n'existait plas. Nous tirons les conséquences suivantes des résultats consi- gnés dans les tableaux précédens. r Il existe une différence bien marquée entre la température des muscles et celle du tissu cel- lulaire dans l’homme et les animaux, laquelle parait dépendre de la température extérieure, de la manière dont l'individu est vêtu et de plusieurs autres causes sur lesquelles nous aurons l'occasion plusieurs fois de revenir. Cette différence dans l'homme varie de 2 degrés à 1 degré 25 en faveur des muscles. Les corps vivans se trouvent donc dans le cas d’un corps inerte, dont on a élevé la température et qui est soumis à un refroidis- sement continuel de la part du milieu dans lequel il se trouve. Ce refroidissement se fait sentir d’abord à la surface, puis gagne successivement les couches intérieures jusqu’au centre suivant des lois que l'analyse mathématique a déterminées, mais comment les pertes sont-elles réparées insensiblement dans l’homme et les animaux par l’action des forces vitales? c'est ce qu'on ne sait pas encore complétement. Nous espérons que nos méthodes d’expérimentation pourront servir à éclairer la physiologie à cet égard. BECQUERER ET BRESCHET. — Sur la chaleur animale. 27E a? La température moyenne des muscles de trois jeunes gens de 0 ans a été trouvée d'environ 36”, 77 centigrades. Comparons ce résultat aux nombres qui ont été adoptés par plusieurs physiciens et physiologistes pour la température moyenne du corps humain : J! Davy, Chaleur humaine, . . . . . 36° 66 Despaez, Température moyenne de 9 hom- mes âgés dé 3o ans. . . , : 37, 14 de 4 hommes âgés de 68 ans. . 37, 13 de 4 jeuries gensde18ans. . . 36, 9g Hunter, Température du rectum d'un homme Bièn, portant, entre.) . 14. 1 90410:et,:06460 Notre résultat est à-peu-près la moyenne des valeurs trouvées par John Davy et Desprez avec le thermomètre, instrument dont Fusage est trés restreint comme nous l'avons déjà dit, et qui n’accuse pas immédiatement la température du milieu dans lequel on le plonge. 3, La température moyenne des muscles de plusieurs chiens est de 38,30, tandis que M. Desprez assigne pour la température du même animal 59, 48; la différence est de plus d’un degré, mais nous pouvons assurer, d'après de nombreuses expériences, _ que nous n'avons jamais trouvé un nombre aüssi fort. 1l est pro- _ bable que-cette différence tient à des causes accidentelles', dont M. Desprez n'a pu tenir compte ou peut-être à la s AA de | l'animal. Nous devons faire remarquer que la se des muscles éprouve des changemens notables en raison de l’état de santé del’individu et de diverses causes; c’est là où l’on peut _ trouver l'explication des petites variations que l'or observe fré- _ quemment entre les résultats obtenus sur le méme individu dans _ deux expériences différentes. & Dans le chien , la température de la poitrine, de l'abdomen. et du cerveau, est sensiblement la même et égale à celle des muscles; nous considérons toujours le chien dans l'état sain. Un fait dès de remarque et que nous avons consigné dans le ta- bleau mA la cinquième série d'expériences, c’est que l'appareil. ayant accusé 38, 25 pour la température du cerveau, cette tems 272 BÉCQUEREL ET BRESCHET. — Sur la chaleur animale: pérature baissa sensiblement de plusieurs degrés, et ques minutes après l'animal n'existait plus. C ? 5° La carpe ordinaire (cyprinus carpio) ne nous a. donné qu'une différence d’un demi-degré entre la température de son corps et celle de l’eau en faveur de carpe. La température des muscles avons-nous dit éprouve des mes gemens en vertu de plusieurs causes physiques; nous allons en citer quelques-unes. Parmi les principales, nous distinguerons les contractions, le mouvement et la compression; supposons quel’une des soudues soit maintenue à unetempérature fixe de 36 degrés etque l’autre soit placée dansle muscie MÈRE brachialle bras étant tendu, l'aiguille aimantée est deviée de 7° à 8° environ; si l’on ploie Aie V AEAE de manière à contracter le muscle, la déviation augmente aussitôt de 1 à 2 degrés. On attend que loscillation et son retour soient achevés, et à l'instant où elle re- commence on ploie de nouveau le bras, afin de donner une nouvelle impulsion à l'aiguille aimantée. En continuant ainsi on finit par obtenir une déviation de 13 degrés qui donne une dif- iérence de 5 degrés avec la déviation primitive, laquelle diffé- rence correspond à une augmentation d'un demi-degré centi- grade de température ; cette expérience, qui a été répétée um grand nombre de fois, prouve donc que les contractions jouis- sent de la propriété d'augmenter la température des muscles. Pour bien observer cet effet, l'appareil doit accuser des dixièmes de degré de température. | Une des soudures se trouvant toujours dans le muscle biceps, si avec le bras correspondant on scie pendant cinq minutes un morceau de bois, la tie monte d’une quantité notable qui va qmelqneféisit jusqu'à un degré. L’agitation, le mouvement et en général tout ce qui déterrnite un Eee de sang tend donc: à élever aussi la température des muscles; mais est-ce là la seule: cause ? Le système nerveux ne joue-t-il pas aussi un rôle, c’est ce que nous examinerons dans un autre mémoire. : La compression d’un artère diminue au contraire la tempéra= ture des muscles situés au-delà du vaisseau adjacent. La soudure se trouvant encore dans le muscle biceps où mieux encore dans- e muscie de l'avant-pras, si l on comprime fortement avec la ! BECQUEREL ET BRESCHET. — 94r la chaleur animale. 273 main l'artère humérale, le mouvement de l'aiguille aimantée annonce immédiatement un abaissement de température de quelques dixiemes de degré. Dans un autre mémoire nous don- nerons la température du sang artériel et du sang veineux, ainsi que celle des diverses parties du corps de l'homme et des ani- maux qui ne sont pas à l'état normal; on pourra juger alors de quelle manière l’état pathologique modifie la chaleur propre à chacune de ses parties. Les expériences dont nous venons de rapporter les principaux résultats n’ont pu être faites qu'avec le concours de personnes dévouées à la science qui n’ont pas craint de se prêter à nos in- vestigations. Nous devons citer entre autres MM. Burguières et Seguin et le fils de lun de nous, tous trois élèves externes à l’'Hôtel-Dieu qui ont fait preuve en même temps de zèle , de dé- voüument et d'intelligence. — PLANCHE IX. Appareils électriques pour mesurer la chaleur animale. LT BRON LI. Zcot. — Mai. # 274 puvernoy. — Anatomie des Squales. - Sur quelques particularités du système sanguin abdominal et du canal alimentaire de plusieurs poissons cartilagineux, par G. L. Duvernoy, correspondant de l’Académie des sciences. Note lue à cette Académie, dans sa séance du 14 octobre 1833, ? Les Anatomistes reconnaissent généralement dans les animaux vertébrés, trois systèmes distincts de vaisseaux sanguins, dans lesquels le sang se meut d'un ou plusieurs troncs de chaque système dans leurs ramifications, et passe de celles-ci dans d’autres troncs. Le plus étendu est celui des artères et des veines du corps. Vientensuite celui des artères et des veines pulmonaires, qui n’est à la vérité, dans quelques reptiles complètement dévelop- pés, qu’une partie du premier. Le troisième système est celui de la veine-porte, laquelle for- me un tronc (rarement y en a-t-il d'accessoires) composé de tous les rameaux et de toutes les branches qui appartiennent à Pestomac, à la rate, au pancréas et aux intestins, quelquefois même aux organes de la génération, comme l'a démontré M. Rathke, pour certains poissons, ou même aux parties posté- rieures du corps, suivant M. Jocobson. (r) Il y a toujours un cœur ou un organe creux, à parois essen- tiellement musculeuses, à la base ou à l’origine du système arté- riel du corps ou du système artériel pulmonaire ou de tous les deux, pour donner au sang l'impulsion nécessaire. Mais jusques ici on ne connaissait, dans le système de la veine-porte, aucun exemple, je ne dirai pas précisément d’un cœur, mais du moins (x) Ce dernier savant croit devoir adopter encore un quatrième système, qui n’existerait à la vérité que dans les trais dernières classes des animaux vertébrés, lequel serait formé par les vei- nes de la queue ou du bassin, qui se diviseraient dans les reins comme la veine-porte dans le foie. De systemate venoso peculiari in permultis animalibus observato, A Ludovico Jacobson, med. et chirurg. Doct, et profess, etc. Hafniæ d. 1 sept. 1821: DUVERNOY. — Æ{natomie des Squales. 275 d’un vaisseau qui en fit les fonctions par sa puissance de con- tractilité, due à sa structure essentiellement musculeuse. Je l’ai découvert en octobre 1830, dans une espèce de squale que j'eus l’occasion de disséquer, avec M. Valencienne, dans le laboratoire de M. Cuvier. . Nous avions observé et décrit ensemble les principaux viscé- res de ce poisson. En ouvrant son canal intestinal nous avions été fort étonnés d'y rencontrer, au lieu d'une valvule spirale, telle qu’elle existe dans toutes les familles des poissons chon- roptérygiens, une sorte de paquet cylindrique qui remplissait en grande partie la cavité de l'intestin, et qui était formé de sa membrane interne se détachant de chaque côté d’une ligne longitudinale, au lieu de se fixer à une ligne oblique, tournant sur elle-même, comme cela a lieu dans les autres poissons car tilagineux. Cette membrane se doublait elle-même pour com- poser un repli fort étendu, roulé en cylindre, ayant un bord li- bre, demi circulaire. Occupé seul à dessiner cette singulière organisation, je re- marquai que ce bord libre avait un bourrelet dont le diamètre augmentait peu-à-peu de sa partie postérieure et de celle de l’in- testin à la partie antérieure de l’une et de l’autre; de manière qu'ici il était trés épais. J’essayai de le couper pour en con- naître la nature; je le trouvai creux. En l’examinant avec tout le soin possible, je m'aperçus bientôt que ce bourrelet était Je _ tronc veineux mésentérique, auquel venaient aboutir toutes les veines de l'intestin, mais dont la position et la structure étaient _ tout-à-fait singulières. Ce tronc, à mesure qu'ilrecoit des branches veineuses, augmentant peu-à-peu en grosseur , non-seulernent par le calibre de son canal, mais encore par la plus grande épais- seur proportionnelle deses parois, finit par avoir un diamètre con- sidérable (pl. x. fig. 11). Ces parois, évidemment musculeuses, m’ont paru composées, en grande partie, de fibres longitudinales; ou lé- gèrement .courbées en spirales, qui doivent avoir pour effet de diminuer à-la-fois, en se contractant, les dimensions en longueur ettransversale du canal. Celui-ci présentait lesembouchures des branches veineuses de grandeur variée, qui s’y rendaient, non 16. *X 276 DUVERNOY. — _Ænatomie des Squales. seulement de tous les points de cette étonnante valvule, mais encore de l'intestin. Cettestructure remarquable cessait immédiatement à la sortie de ce tronc veineux hors de l'intestin, et, depuis cette sortie, trés près du pylcre, jusqu'à son entrée ns: le foie, la veine-porte, car ce tronc était cette veine, pr ésentait une structure ordinaire, c'est-à-dire des parois minces et dont l'inspection ne décou- vrait aucune fibre musculaire, ni, à plus forte raison, aucun: faisceau de cette nature. Elle avait un long trajet à parcourir pour arriver, de la tête de l'intestin, dans le foie. La singulière organisation que je viens de décrire présente deux particularités remarquables. Celle d’une veine à parois for- tement contractiles, pour donner au sang qui la traverse une impulsion et une direction déterminées, analogues à celle que le sang reçoit d’un cœur pulmonaire ou aortique; ici c’estun cœur hépatique. La position de cette veine dans le bord libre d’un large repli semi-circulaire de la muqueuse intestinale, n’est pas moins re- marquable, si lon fait attention que ce repli est toujours roulé sur Ini-même, de manière que le tronc mésentérique figure, dans cet enroulement, deux spirales coniques dont les bases se touchent ét dont les sommets répondent au commencement et à. la fin de l'intestin. Cette valvule fait évidemment ici, relativement à Ja veines porte, les fonctions de mésentère, en recouvrant, en protégeant ses principales racines et une partie de son tronc. En effet, les mésentères ne servent pas seulement à fixer plus ou moins les différentes parties du canal intestinal aux parois de la cavité abdominale, ils sont peut-être plus essentiellément utiles,en protégeant et en recouvrant de leurs lames, les princi- paux vaisseaux qui vont des intestins à leurs troncs et de ceux- ci aux intestins. En considérant sous ce dernier point de vue le repli valvulaire que nous venons de décrire, on ne peut s’empé- cher de le regarder comme un mésentère intérieur, d'autant plus que dans le squale où nous l’avons trouvé, et dans la plu- part des autres Sélaciens et même dans les Chondroptérygiens à branchies fixes, le mésentère proprement dit, est incomplet, - _ DUVERNOY. — Anatomie des Squales. 277 comme déchiré et ne présente que des lambeaux ou des bri- des (1), et qu'il manque même entièrement dans les Lamproies, ainsi que l’a déjà démontré M. Duméril. /2) Immédiatement après avoir fait la découverte de cette singu- liére valvule intestinale, découverte qui est commune à M. Va- lenciennes, et après avoir trouvé seul cette sorte de cœur qu'on pourrait appeler hépatique, par son usage, je démontrai cette organisation à M. Cuvier et à son frère, à M. Geofiroy Saint- Hilaire, président actuel de l’Académie, à M. Serre et à M. Rapp, professeur à Tubingen , qui se trouvait momentanément à Paris. Ce dernier me dit que, quant à la valvule, il croyait qu'elle avait déjà été décrite dans d’autres espèces de squales, sans pouvoir m'indiquer la source où il avait puisé son souvenir. (3) | J'ai dü, depuis lors , diriger mes investigations anatomiques, à mesure que l’occasion s’en présentait, dans l'espoir de retrou- ver une organisation semblable chez d’antres espèces de squales ou de raies; ou du moins avec la préoccupation que je pour- rais y découvrir une structure analogue ; dans le cas contrairé, je devais chercher à rattacher cette particularité à la disposition Ja plus générale du canal alimentaire des Sélaciens. Jusqu'à présent, malgré d’assez nombreuses recherches, je n’ai pu trouver cette même organisation que dans le genre marteau (Zigæna Cuv.) Deux exemplaires de l’espèce appelée par M. Valenciennes Marteau maillet(Zigæna tudes Val.}de la collection de Strasbourg, me l’ont offerte. Des viscères de la collection anatomique du Musée de Paris, ayant appartenu à unindividu plus grand, mais dont l’es- pèce n’a pas été précisée, m'ont encore fourni l’occasion d’en vérifier l’existence dans ce genre, qui se distingue d’ailleurs de tous les autres squales, par la forme extraordinaire de sa tête. (1) Nous reviendrons plus bas sur cette particularité. (2) Dissertation sur les poissons qui se rapprochent le plus des animaux sans vertèbres, — Paris, 1812. (3) Depuis la lecture de ce travail à l’Académie, j'ai trouvé, en effet, que Meckel avait dé- crit cette valvule dans le Marteau ( System. der vergleichenden anatom. À. 1v, p. 514 et 315. Halle, 1829), mais sans remarquer le bourrelet vasculaire qui la rend surtout intéressante pour la physiologie, et, sans en avoir bien connu la structure, 278 DUVERNOY. — Anatomie des Squales. On nepouvait guère s'attendre à trouver ce rapport entre des espèces de genres si différens , du moins pour l'apparence exté- rieure. Celle qui fait le sujet de cette observation avait beau- coup de ressemblance, pour la couleur et ses autres caractères extérieurs, avec le Glauque (Sq. S'MEUS BI. 86), et ne parais- sait en différer que par la présence des évens. M. J’alenciennes par M. Martin SAINT- ANG. (1) Les naturalistes sont loin de s’accorder sur la place que les Cirripèdes doivent occuper dans nos méthodes naturelles. M. Cu- vier les considérait comme des Mollusques, mais plusieurs au- tres zoologistes les en ont séparés pour les rapprocher davantage des animaux articulés; ainsi dans le système de Lamarck ils for- ment une classe distincte intermédiaire entre les Annélides et les Conchifères, et dans les familles naturelles de Latreille, ils prennent place dans l’embranchement des Elmenthoïdes à côté (1) Ce travail, imprimé dans le sixième volume des Mémoires des savans étrangers, a été aussi tiré à part , et forme un vol. in-4, accompagué de deux planches. Chez J. B. Baillière, li- braire, rue de l'École-de-Médecine, n. 13 bis, à Paris. MARTIN SAINT-ANGE. — Organisation des Cirripèdes. 317 des Annélides ; enfin leurs affinités naturelles avec les Crustacés déjà signalées depuis long-temps par M. Duméril ont été mises dans un nouveau jour par les observations de M. Thompson ; car d’après ce savant les jeunes Cirripèdes seraient des Crustacés nor- maux, voisins des Nébalies dont les formes s’altéreraient par les progrès de l’âge et par suite de leur vie sédentaire, opinion dont l'exactitude a été confirmée par les recherches récentes de M. Burmeister et par des observations encore inédites de M. Au- douin. Le travail intéressant de M. Martin Saint-Ange, sur l'anatomie des Anatifes, jette de nouvelles lumières sur ce sujet aussi bien que sur la structure de ces animaux. On pourra en juger par le résumé suivant que l’auteur lui-même donne de ses recherches. « La bouche des Cirripèdes pédiculés est composée de pièces. parfaitement comparables à celles de la bouche de plusieurs Crustacés , et notamment des Phyllosomes : la lèvre supérieure, les palpes, les mandibules sont même tellement analogues que la ressemblance s'étend jusqu’à la forme. « Les trois pieds-mâchoires qu’on rencontrent le plus ordinai- rement chez les Crustacés se retrouvent confondus en un seul pied-mächoire qui reçoit deux troncs nerveux : à sa base se trou- vent toujours deux à quatre branchies. Les dix pieds ordinaires des Crustacés sont fidèlement représentés dans les Anatifes : à la base de plusieurs d’entre eux se trouvent des branchies disposées comme celles de certains Crustacés, et les répètent même quel- quefois par le nombre. « Il existe dans chaque pied un double canal propre à établir un courant circulatoire, et traversant toutes les articulations des cirres. « Le corps est composé d’un certain nombre d’anneaux ou d’articulations bien distinctes dont chacun supporte une paire de pieds. A l’intérieur du corps existe un vaisseau dorsal déjà indiqué, semblable à celui d’un grand nombre d’articulés, et une double série de ganglions dont le nombre est égal, d’après nos recherches, à celui des pattes ; il en existe en outre une autre paire sur les parties latérales de l'estomac. « Le pédicule peut être regardé comme analogue à la queue 318 COCTEAU. — Sur le genre Ephippifer. de plusieurs Crustacés : c'est dans sa cavité et non comme on l'a dit, sur le dos, que se trouvent les œufs; ceux-ci passent en- suite, par un conduit non. encore indiqué, dans l'enveloppe qui, par sa ressemblance avec le manteau des Mollasques, établit la seule analogie possible entre les Cirripèdes et ces derniers am- maux. Les organes placés sur le dos, que Cuvier avait décrits comme les œufs, sont l'appareil générateur mêle, dont la dispo- sition est, come on l'a vu, très remarquable. « Enfin l’estomac et le canal intestinal renferment à l’intérieur un sac membraneux en forme de cornue, dont la disposition et les usages établissent aussi d’après les savantes recherches de M. Serres , un rapprochement de plus entre les, Cirripèdes et.les Annélides. Nous proposons donc, comme dernier résultat de notre travail, de placer la classe des Cirripèdes à la suite des Crus- tacés , afin d'établir le passage naturel entre les articulés supé- rieurs et les Annélides.» Rapport fuit à l’Académie des Sciences, par M. Duméni£, sur un iravail de M. Cocrtrau , intitulé : Notice sur un genre peu connu et imparfaitement décrit de Batraciens Anoures à cara- pace dorsale, osseuse et sur une nouvelle espèce de ce genre. Quoique ce mémoire , disent Îles commissaires, ne-concerne qu'une seule espèce de reptile, sur les habitudes duquel il ne donne même aucun renseignement, il n’en est pas moins digne de fixer l'attention, puisque l'animal, par la singularité de sa structure, Gevient un jalon très heureusement placé pour mon- trer au naturaliste la véritable voie d’une méthode zoologique. Dans cette espèce, en effet, M. Cocteau 2 reconnu que la plu- part des vertébres du dos sont aplaties, élargies, soudées entre elles et à plusieurs côtes, et enfin tout-à-fait saillantes au dehors ce qui établit une transition naturelle des grenouilles aux tor- tües, comme pour justifier la dénomination vulgaire donnée par les Allemands qui nomment Les tortues schëld kroten, ce qui si- gnifie crapauds à bouclier. GOCTEAU. — Sur le genre Ephippifer. 319 L'auteur s'étant procuré trois individus desséchés d’un très petit crapaud du Brésil, d’une couleur orange uniforme, remar- qua:de suite que le dessus de leur dos était recouvert et protégé dans toute sa partie antérieure par une demi-cuirasse osseuse. La portion la plus considérable de cette sorte de bouclier, cou: pée carrément en arrière, semble être articulée en avant avec une. plus petite pièce osseuse, à trois lobes, dont l’un se dirige vers l’occiput. La surface de ces lames osseuses, qui probable- ment, dans l’état frais, étaient recouvertes d'une peau très mince , estpointillé de trous et labourée de sillons sinueux, sem- blables à ceux qui se voient sur tout le dessus de la tête qui est comme rugueuse et chagrinée. M. Cocteau s’est assuré, par la dissection et la préparation du squelette, que ce rudiment de carapace est certainement produit. par les apophyses épineuses des vertèbres dorsales; la plaque en trèfle étant formée aux dépens des deux premières, et la masse carrée par les six vertébres suivantes, élargies et unies entre elles; toutefois, dans ces six, les deux plus anté- rieures seulement sont soudées aux apophyses transverses qui représentent les côtes, comme cela à lieu dans la carapace des tortues, tandis que les quatre autres apophyses transverses sont écartées.et. laissent un passage aux muscles de l’épine. Tel est, disent les commissaires le point le plus important de ce travail tout-à-fait nouveau pour la description anatomique, les préparations et les figures qui laccompagnent. Cependant ce mémoire renferme en outre des recherches curieases et des | rapprochemens très intéressans pour la Zoologie proprement | dite. | | ra description et la comparaison tres détaillée que l’auteur a | faite de.ce petit crapaud, démontrent qu'il est très voisin de l’es- _pèce que Spix a décrite et figurée parmi les reptiles du Brésil | (ph sous le nom de bufo cphippium ; à cause d’une grande tache carrée en forme de selle que ce petit crapaud porte sur le dos. C’estavec cette espèce que Fitzinger a constitué le genre bra- chycephalus, adopté depuis Wagler par qui lui a donné le nom allemand de schild froch (grenouille à bouclier), auquel M. Coc- teau propose, en reformant et en vérifiant, de donner lenom d’e- DUMÉRIL ET BIBRON. — Æistoire des Reptiles. 320 phippifer, et il désigne l'espèce nouvelle sous l'épithète d'au- rantiacus pour aidhgnes la couleur uniforme orangée. M. Duméril rappelle que déjà depuis long-temps, dans ses cours , afin de faire pressentir les rapports qui existent entre les batraciens et les chéloniens (rapports que les observations anatomiques de M. Cocteau établissent aujourd’hui plus sûre- ment }, ilavait coutume de faire observer un crapaud qui porte sur le dos un véritable bouclier osseux; mais, ajoute-t-il, comme l'animal était desséché et que c’est un exemplaire unique, il n’avait pas été possible de pousser les recherches au-delà de ce qui se laissait apercevoir à l'extérieur. De plus, dans le premier volume de l’erpétologie, M. Duméril faisait remarquer « que certains batraciens anoures, tels que les pipas, les hémiphractes et les cératophrys, par la nudité du corps, la forme de la bou- che et des narines, les plaques osseuses qu’on observe sur leur dos, offrent une sorte de rapport avec les espèces de chéloniens qui appartiennent aux genres chelyde et trionyx. ».T, 1, p. 356.) ue ErPETOLOGIE GÉNÉRALE 0% Jlistoire Naturelle complète des Reptiles, par MM. Dumeril et Bibron. (1) Le second volume de cet ouvrage vient de paraïtre et contient l’histoire de toutes les espèces de l’ordre des Tortues ainsi que les généralités sur l’ordre des Sauriens. Les auteurs traitent successivement de l’organisation et des mœurs de chaque famille et de chaque genre, et donnent aussi une histoire tres étendue de chaque espèce; enfin de nombreux tableaux synoptiques facilitent les déter- minations, et dans les 12 planches qui accompagnent ce volume on trouve des. figures de 24 espèces de Tortues dessinées d’après nature et gravées avec soin. Parmi les espèces nouvelles dont ces naturalistes ont enrichi la science nouscite- rons : la Tortue nègre, la Tortue éléphantine et la Tortue de Perrault confon- . dues jusqu'alors, avec plusieurs autres sous Le nom de Tortue de l'Inde, la T. de Daadin, la T. Peltaste; l'Emyde de d'Orbigny, l'E. ocellée, l'E. à 3 bandes; l'E. de Duvaucel, le Tetronyx de Lesson; le Sternothere noir , le Platémyde de Wagler, le P. de Gaudickaud, le P. de Saint-Hilaire, Je P. de Milus, la Chelodine à bouche ; Fe le > Gryptopode du Sénégal. ‘ (1) Quatre vol, in-8° avec un atlas. Cet ouvrage fait partie des suites à Buffon que publie M. Roret, libraire, rue Hautefeuille, n° ro bis, à Paris. (V. t. 1. p.370. Re © ————— MILNE EDWARDS.— Développement des Crustacés. 32: # OnservarTions sur les changemens de forme que divers Crustacés éprouvent dans le jeune âge, L Par M. H. Mie Epwarps. ( Lues à l’Académie des Sciences, le 27 mai 1833). (1) L'histoire du développement des Crustacés depuis le moment de la naissance jusqu’à l’âge adulte mérite à plus d’an égard de fixer l'attention des zoologistes, car elle doit fournir aux classi- ficateurs des connaissances utiles pour le perfectionnement de la méthode naturelle, connaissances à défaut desquelles on est exposé à séparer et à désigner par des noms différens des êtres . qui ne diffèrent réel'ement entre eux que par l’âge ; elle se lie intimement à l’une des branches les plus importantes de l'étude physiologique de ces animaux, et elle pourrait bien jeter aussi quelque lumière sur les théories anatomiques, en montrant la transformation d’une même partie en organes qui différent entre eux par leurs formes et par leurs fonctions. Jusqu'en ces derniers temps cependant, ce sujet avait été pres- que entièrement néelioé; nous possédions, il est vrai, quelques travaux d'un haut intérêt sur les transformations que certains Entomostracés éprouvent pendant la première période de la vie, mais nous ne savions presque rien sur les formes qu’affectent dans le; jeune âge les Crustacés supérieurs, désignés par les zoo- logistes sous le nom collectif de Malacostracés. En traitant de la | formation de l'embryon de l'écrevisse, M. Rathke a eu l’occasion d'en dire quelques mots, et un naturaliste anglais, M. Thomp- | son, a publié récemment un mémoire sur les Crustacés ano- l ‘maux décrits par Bosc sous le nom de Zoes , lesquels ne seraient, “ (x) Le rapport fait sur ce mémoire à l’Académie des sciences a été publié dans la première | série des Annales t, 30, p. 360; une partie des observations qui y sont consignées furent com- | muniquées à l’Académie le 27 juillet 1826. Voyez les Annales des sciences naturelles 1829, | Bulletin Bibliographique, page 111. LIL, Zoor. — Juin. 21 322 MILNE EDWARDS. — Développement des Crustacés. dans son opinion, que les jeunes du Crabe commun. Ces deux auteurs sont les seuls qui, à notre connaissance, aient enrichi de quelques faits nouveaux cette branche de la science zoo- logique. En poursuivant Îles recherches sur les Crustacés dont j'ai eu à diverses reprises l’honneur d'entretenir l'Académie, j'ai été naturellement conduit à m'en occuper. Les espèces que j'ai eu l’occasion d'examiner comparativement dans les premiers temps de la vie et à l’âge adulte, ne sont pas assez nombreuses pour que je puisse regarder mon travail autrement que comme une première ébauche, et il est probable que des observations plus variées dévoileront des faits et même des lois de l’organisation qui m'ont échappé; mais néanmoins, les résultats ddiquéls je suis arrivé en étudiant les changemens que les Crustacés de la division des Malacostracés éprouvent pendant le jeune äge, me paraissent devoir exciter quelque intérêt et suflire déjà pour indiquer dans le développement de ces animaux des tendances importantes à connaitre. En effet, je me suis assuré que sous le rapport de la persis- tance des formes, les divers animaux compris dans cette grande division de la classe des Crustacés diffèrent considérablement entre eux. il en est qui au moment de la naissance ressemblent déjà en tous points, sauf le volume, à ce qu'ils deviendront par les progrès de l’âge, et il en est d’autres qui dans les premiers temps de la vie difféfent tellement des adultes, qu’on FRE les croire appartenir à une autre race. Mais ce qui surprend le plus, c’est de voir que les différences qu’on rencontre ainsi entre le jeune et l'adulte portent tantôt sur une partie du corps, tantôt sur une autre; par les progrès de l’âge, on voit les mêmes organes prendre chez les uns un dé- veloppement extraordinaire, tandis que chez d’autres ils devien- nent, tout en grandissant, plus petites proportionnellement aux parties voisines, ou disparaissent même complètement; et ce qu'il y a de plus singulier, c’est que la nature de ces change- mens varie non-seulement d’une famille à une autre, maïs quel- quefois aussi entre les genres Les plus. voisins. Au premier abord, ces diverses modifications ne paraissent MILNE EDWARDS. — Developpement des Crustacés. 323% dépendre d'aucune tendance constante de l'organisme, et l’on pourrait croire que le développement de chacun de ces Crus- tacés se fait d’après des lois différentes. Mais il n’en est point ainsi : en étudiant avec attention ces changemens, j'ai vu qu’ils pouvaient se classer tous de manière à satisfaire l’esprit et se rapporter, malgré leur diversité, à un petit nombre de principes régulateurs, principes qui, du reste, se révèlent aussi dans les espèces de métamorphoses subies par l’embryon de ces ani- maux pendant son séjour dans l’intérieur de l'œuf. Pour développer cette proposition, je m'appuierai d’un exemple, et je choisirai, à cet effet, le Cymorme, animal qui présente quelques particularités de mœurs et de structure sin- gulièrement favorables aux recherches dont nous nous occu- pons ici. En effet, les femelles portent sous la face ventrale du thorax un certain nombre de grandes lames cornées qui se dirigent horizontalement en dedans et s’imbriquent de façon à former une espèce de poche dans l'intérieur de laquelle ces animaux déposent leurs œufs, et cette poche, que l’on peut jusqu'à un certain point comparer à la bourse des Mammifères marsupiaux, sert aussi de demeure pour les jeunes Cymothés pendant les premiers temps dela vie(r).On y trouve souvent plusieurs cen- taines de ces petits animaux entassés les uns sur les autres, et il paraît qu'ils y restent jusqu'à ce qu’ils aient subi leurs pre- ières mues et que leur squelette tégumentaire ait acquis assez de solidité pour leur permettre de s’exposer sans inconvénient au contact des corps étrangers. Cette circonstance m’a permis de me procurer un assez grand nombre de ces jeunes animaux et de les comparer avec les indi- vidus dont ils provenaient. Or, j'ai constaté ainsi que, dans les premiers temps de la vie, les Cymothés diffèrent beaucoup de ce qu'ils deviennent plus tard. Ils ont bien tous les caractères commun au groupe naturel dont ils font partie; mais par leur aspect, ils se rapprochent bien plus des Znilocres que des Cymo- thés adultes, et si leur origine n’était pas connue, il serait bien {r) Voyez pl. 14. fig. 2. 21. 304 MILNE xpwarps. — Développement des Crustacés. difficile de deviner à quel genre ils appartiennent réellement. (r} On remarque d’abord que le nombre des anneaux dont le thorax se compose n’est pas le même que chez l'adulte. On ne compte dans cette partie du corps que six segmens bien dis- tints (2) au lieu de sept, et il en résulte une différence cor- respondante dans le nombre des pattes qui est de douze au lieu de quatorze. Mais ce qui contribue le plus à changer l'aspect gé- néral de ces animaux, est la différence qui existe > dans les pro- portions des diverses parties de leurs corps. La tête de l'adulte, comme on le sait, est extrêmement petite et ne montre aucune trace distincte d’yeux; dans les jeunes, elle est au contraire fort grosse, et sa face supérieure est occu- pée presque en entier par deux grands yeux ovalaires, noirs et granulés. Le thorax de l'adulte présente un développement tres considérable ; il est fort large, et occupe environ les trois quarts de Ja longueur totale du corps. Le thorax du jeune n'est guère | plus joes que la tête, et ne forme que la moitié de la jan eur totale He l'animal. sue l'adulte , Pabdomen est assez lar ET très court; les cinq premiers anneaux qui entrent dans sa com- position sont presque linéaires, et le premier de ces segmens, qui est enclavé dans une échancrure profonde du bord posté- rieur du thorax, est beaucoup moins large transvers alement que tous les autres. Dans le jeune Etothe au contraire, l’abdo- men est aussi long que le thorax ; son premier anneau n'est pas moins développé que les seomens suivans et n'est pas logé dans une échancrure du thorax; enfin la forme générale de cette portion du tronc est tout-à-fait différente de ce qu'elle devien- (x) Voyez pl. 14. fig. 1 l'adulte et 3 le jeune grossi. (2) Dans les plus petits individus je n’ai pu distinguerentre le sixième anneau thoracique et. le premier anneau de l'abdomen aucun segment transversal, de facon que je suis porté à croire que dans les premiers temps de la vie Je septième anneau thoracique n’existe réellement pas ; mais: chez des individus un peu plus gros j’apercus dans ce point un pli transversal qui paraît en étre le premier vestige et dans celui que j'ai figuré on le voit assez bien; mais même à ce degré: de développement il ne présente aucun vestige des pattes postérieures. Il en résulte que praba- blement le jeune, avant que d'arriver à l’état parfait, éprouve au moins deux mues, dont la pre- sure serait suivie de lapparition du septième segment thoracique et la seconde. des pattes appartenant à cet anneau, = MiLNE EDWARDS. — Développement des Crustacés. 325 _dra par la suite. Il en est de même pour la plupart des appen- dices du corps. Les antennes des jeunes, au lieu d’être larges et aplaties,sont cylindriques, grèles et presque sétacées. Les pattes thoraciques sont ég Fe grèles et cylindriques, et on ne leur voit pas encore ie espèces de crêtes coxales qui, chez l'adulte, se remar- quent sur celles des quatre dernières paires, et qui caractéri- sent l'espèce dont nous nous occupons ici. Enfin, les fausses pattes de l'abdomen sont allongées, et leurs lames terminales sont ovalaires et ciliées sur les bords, disposition qui s'éloigne beaucoup de celle qui existe chez l'adulte, et cette différence est surtout remarquable aux appendices de la sixième paire qui chez ces derniers ont une forme toute particulière. (1) Les diverses modifications que les jeunes Cymothés doivent subir pour acquérir les formes et la structure qu’on leur con- nait à l'age adulte, sont, comme on le voit, de deux ordres : les unes consistent dans le développement d’un nouvel anneau et dans la formation des appendices qui en dépendent; Îles autres, dans certains changemens qui s'opèrent dans la forme et les proportions de parties qui existent déjà à l’époque dela naissance, et qui persistent pendant toute la durée de la vie ou qui disparaissent par les progrès de l’âge. L'apparition à une époque FAURE de la vie d’une paire de pattes, est en lui-même un fait très remarquable, mais qui parait encore plus surprenant lorsqu'on voit qu'il ne se repro- duit pas chez la plupart des antres Crustacés, même les plus voisins des Cymothés. En effet, cette espèce de métamorphose que Dégéer avait déja observée chez les jeunes Cloportes, et que j'ai eu l’occasion de constater également dans les Anilocres , n’a pas lieu chez les pr les Phronimes, les Crevettines et les Décapodes dont j'ai pu examiner les jeunes. Tous ces der- niers naissent avec le nombre d'anneaux et de membres qu'ils doivent conserver par la suite. Ces phénomènes et ces différences sont cependant faciles à classer. (1), Voyez comparativement les figures r,-2,:3, 4 et 5. me LA 326 mizne EDwWARDS. — Développement des Crustacés. Les belles recherches de M. Rathke sur le développement de l’œuf des écrevisses, nous ont appris que chez l'embryon de ces animaux, les divers anneaux du corps ne se forment pas tous simultanément; ceux qui occupent la partie antérieure se mon- tirent les premiers, et les autres n’apparaissent que successive- ment, à des époques plus avancées de lincubation. Par analo- gie, nous devons admettre qu'il en est de même pour tous les autres Malacostracés : il en résulte que le développement d'un nouvel anneau et des membres quien dépendent est une espèce de métamorphose qui doit toujours avoir lieu à une certaine époque de la vie embryonnaire; etsi l’on compare ce phénomène avec ceux dont nous venons de parler, on voit aussitôt qu'ils sont tous du même ordre. Ce qui a lieu partout dans l'œuf a lieu aussi, après la naissance, chez les jeunes Isopodes des genres Cymothé, Anilocre et Cloporte, et la différence que l’on re- marque à cet égard entre ces petits êtres et les-autres Malacos- tracés, ne parait dépendre seulement que d'un retard dans leur développement. L'augmentation du nombre des pattes chez ces Isopodes pendant le jeune {âge, ne serait donc une anomalie qu’à raison de l’époque à laquelle ce changement s'opère. Ces Crustacés ressemblent à des animaux qui naïtraïent en quelque sorte avant . terme, et chez lesquels l’évolution de certaines parties du corps, au lieu de s’opérer pendant l’incubation, ne s’acheverait qu’a- près leur sortie de l'œuf. Il est aussi digne de remarquer que cet état d’imperfection qui cesse avant la naissance chez la plupart des Crustacés , et qui persiste encore pendant les premiers temps de la vie chez les Isopodes dont nous venons de parler, ne cesse jamais chez quelques autres animaux du même ordre. A cet égard, les Cy- mothés, les Anilocres et les Cloportes, établissent donc le pas- sage entre les Crustacés, qui à leur sortie de {l'œuf ont déja le maximum du nombre d’anneaux et de membres propre au type d'organisation auquel ils se rapportent, et les Ancées, les Pro- tons et quelques autres Edriophthalmes, à qui il en manque quelques-uns pendant toute la durée de la vie. L'état qui est transitoire chez les Cymothés est permanent chez ces dern ers. = ET MILNE EDWARDS, — Développement des Crustacés. 327 Examinons maintenant la seconde série de phénomènes dont nous avons signalé plus haut l’existence, savoir, les changemens de forme que les parties déjà existantes à l'époque de la nais- sance subissent par les progrès de l’âge. Ces changemens (soit qu'ils dépendent d’un arrêt de déveioppement, soit qu’ils dé- pendent au contraire d’un excès de développement) me parais- sent avoir tous un même caractère et tendre à éloigner de plus en plus l’animal du type normal du groupe auquel il ap- partient. Pour expliquer plus clairement ma pensée, et pour éviter les inconvéniens qu'entraine toujours le vague dans le langage scientifique , il est nécessaire que je précise le sens que j'at- tache à ces derniers mots, car on peut les employer dans des acceptions très différentes. J'entends ici par type normal ou commun d'une classe, d’une famille ou d’un groupe quelcon: que d'animaux, une forme idéale et abstraite qui represente tout ce que ces divers étres ont de commun entre eux, et la moyenne des différences qui les distinguent les uns des autres. Or, si l’on se représente de la sorte le type commun de Fordre des Isopodes, et si on le compare avec les Cymothés à leur sortie de l'œuf et à l’âge adulte, on verra que les premiers y ressemblent plus que les derniers, et que les modifications de forme que ceux-ci éprouvent en grandissant tendent toutes à diminuer cette ressemblance. On remarquera aussi que toutes les particularités de structure qui donnent à ces Crustacés les Caractères et l'aspect qui leur sont propres, n'existent pas en- core chez les jeunes, ou bien y sont beaucoup moins pronon- cées que chez l'adulte. # - En effet, les traits qui rendent au premier coup-d’œil ies Cy- mothés si faciles à distinguer des genres voisins, sont la lar- gueur de leur corps, l'état presque rudimentaire de leur tête, Tabsence d’yeux bien distincts extérieurement, le grand déve- loppement du premier segment thoracique , la marière dont l'abdomen est enclavé dans le dernier anneau du thorax, et la forme linéaire de ses cinq premiers anneaux, l’aplatissement des antennes et la forme élargie des pattes; or, ce sont pré- cisément Îes points principaux par lesquels ces animaux dit- + ’ 328 mine EDwARDS. — Développement des Crustacés. fèrent aussi de ce qu’ils sont eux-mêmes dans les premiers temps de la vie. Si les mêmes lois régissent le développement des autres Crus- tacés, on peut prévoir que les espèces dont les formes s’éloi- gnent le plus de celle du type normal du groupe auquel ils se rapportent, seront aussi les espèces qui devront éprouver, après la naissance, les changemens les plus considérables, et qrie tous les individus d’un même genre et d’une même famille devront se ressembler entre eux, bien plus dans le jeune âze qu’à l’âge adulte. T’analogie rend la chose probable, mais l'observation directe peut seule en décider. Cherchons donc si de nouveaux faits renverseront ou confirmeront ces opinions. | Les Anirocres, de même que les Cymothés, portent leurs petits dans l'espèce de poche qui loge aussi les œufs pendant toute la durée de l’incubation. Je me suis procuré un assez grand nombre de ces animaux, et, en les comparant avec leur mère, j'ai remarqué des différences du même ordre que celles dont je viens de parler(r); seulement ici les modifications que le jeune individu devait subir pour prendre les mêmes formes que sa mère étaient moins considérables que pour les Cymothés. Or, ce fait s'accorde parfaitement avecles principes établis ci-dessus, car les Anilocres adultes s’éloignent bien moins que ces derniers eux-mêmes du type commun des Isopodes. La comparaison de ces jeunes Anilocres avec les jeunes Cy- mothés vient aussi confirmer les vues que nous avons exposées plus haut, car la ressemblance entre eux est si grande, qu’on PRE les croire appartenir à une seule et même espèce; pour s’en convaincre , il suffira de jeter les yeux sur les mr qui accompagnent ce mémoire. (2) Les Crames ou poux de baleines présentent aussi des diffé- rences considérables dans la forme de leur tronc et de leurs membres, suivant l’âge auquel on les examine , et ces différences rentrent encore dans la même catégorie que celles dont les Cy- mothés nous ont fourni les premiers exemples. (G) Voyez pl. 1, fig. 6. (2) Fig. 6 et 8. MILNE EDWARDS. — Developpement des Crustacés. 329 En effet, ce qui contribue le plus à donner aux Cyames adultes l'aspect si particulier qui les distingue, et les éloigner du type normal des Læmipodes, est l’aplatissement et la largeur considérable des segmens de leur thorax, la forme bizarre de ieurs pattes et le graid deesbpament des vésicules fixées à la base des rudimens des membres thoraciques de la troisième et qua- triéeme paires (1). Les jeunes Cyames ont au contraire une forme svelte et élancée. Tous les segmens de leur thorax se ressem- blent parfaitement entre eux, et représentent des tronçons d’un cylindre ; leurs paites sont greles, cylindriques, et parfaite- ment extensibles ; enfin les vésicules respiratoires ne sont pas plus Aéicleppéde" que chez les Protons, les Chevrolles et les Amphipodes. (2) Ilen résulte que les Cyames, lorsqu'ils viennent de naitre, différent bien moins des autres Crustacés du même groupe na- turel que lorsqu'ils sont déjà parvenus à l’âge adulte. (3) J'ai eu également l'occasion d'examiner quelques jeunes Puaromimes. Les adultes, comme on le sait, se font remarquer par la grosseur démesurée de leur tête, par la forme presque conique de leur thorax, par le renflement de l'article basilaire des six premières fausses pattes abdominales, et surtout par le développement considérable des pattes thoraciques de la cin- quième paire et par la grosse main didactyle qui termine ces membres, disposition dont les Amphipodes n'offrent pas un se- condexemple(4). Dansles jeunes Phronimes, ces anomalies n’exis- tent pas encore. La tête est de la grosseur ordinaire. Le thorax est presque aussi large en avant qu ‘en arrière , et se renfle par le milieu; l’article bise des fausses pattes abdominales est : grèle et cylindrique; enfin les pattes thoraciques de la cin- quième paire ne sont pas plus longues que les pattes voisines, (x) PL. 14; fig. 13. (2) Voyezpl. 14, fig. 14. (3) Ces observations ont été faites sur de très jeunes Cyames ovales (Roussel de Vauzène) extraits au moment même de la poche ovifère de leur mère ; les différences ne peuvent donc être attribués à ce que les petits auraient appartenu à une espèce distincte comme quelques naturalistes à qui j'ai communiqué mes recherches semblent le penser. (4) Voyez pl. 14, fig. 9. #f 2 330 mrce-EDwaARDs. — Développement des Crustacés. et ne sont point didactyles; on y remarque seulement un peu d’élargissement dans le pénultième article, sur le bord inférieur duquel le doigt mobile s’infléchit comme cela a lieu pour les pättes subchéliformes de toutes les Crevettines. (x) L'espèce d’Amphipode que j'ai décrite ailleurs sous le nom d'AmPxiroé DE Prevosr, ne présente que des différences très lé- gères à la sortie de l’œuf et à l’âge adulte; mais aussi, danis:ce dernier état, elle ne s'éloigne que très peu du type commun des Amphipodes, et encore cette différence dépend-elle en par- tie des modificationssurvenues depuis la naissance (2).En effet, on remarque que chez les jeunes, les pattes de la seconde paire ne sont guère plus développées que les pattes voisines, et que leur pénultième article est à peine élargi, tandis que chez l'adulte, ces membres sont beaucoup plus gros que tous les autres , et se terminent par une très forte main subchéliforme. La tête de ces petits Amphitoés est au contraire plus volumineuse que cellede l'adulte, et les antennes inférieures, au lieu d’être deux fois aussi longues que les supérieures, ne les dépassent que de très peu ; enfin les pattes mâchoires extérieures sont beaucoup moins élargies. Le célèbre Cavolini a consigné dans son mémoire sur la géné- ration un fait qui me paraît indiquer chez les Grass la même tendance que chez les Crustacés dont nous venons de parler. Il nous apprend qu’à la sortie de l’œuf, les Crabes ont l'abdomen beaucoup plus développé, proportionnellement au reste du corps, qu’il ne l’est chez les adultes, et,, au lieu d’être accolé au plastron sternal et d’affecter la Gréhs d’une lame mince, ilest alors à-peu-près cylindrique, un peu plus long que le reste du corps, et détaché du plastron stérnal. Dans l’'Écrevisse au contraire, il paraîtrait, d'après les re- cherches de M. Rathke, que l'abdomen du jeune est moins long et moins gros qu'il ne l’est chez l’adulte. Or, ces différences, qui, au premier abord , paraissent indi- quer due modes de développement opposés , ont réellement cela (x) Voyez pl. 14, fig. ro. (2) PL 14, fig. sret 12, Es MILNE EDWARDS. — Développement des Crustacés. 331 de commun, qu’elles tendent l’une et l’autre à diminuer les dis- semblances qui, sous ce rapport, éloignent les brachyures des macroures, et à rapprocher les jeunes de tous ces Crustacés du type commun de l’ordre des Décapodes : elles rentrent donc dans la même catégorie que toutes celles dont nous avons déjà parlé. Une nouvelle espèce de Crustacés qui appartient à la famille des Oxyrinques, et que j'ai nommée NaxiE SIRPULIFÈRE (1), m'a fourni l’occasion de constater d’autres faits tendant également à prouver que chez les Décapodes comme chez les Edriopthalmes, les différences qui peuvent exister entre le jeune individu et l’a- dulte sont de nature à rapprocher davantage les premiers du type commun du groupe, et à atténuer les particularités géné- riques, spécifiques ou sexuelles qui les distinguent à l’état adulte. J'ai trouvé chez une de ces Naxies femelles, dans Îa cavité for- mée par le reploiement de l'abdomen sur le plastron sternai, un grand nombre de jeunes qui, à en juger par leur volume, étaient déjà sortis de l’œuf depuis quelque temps , maïs qui cependant, sous plusieurs rapports, différaient encore de leur mère. La partie antérieure de leur corps était bien moins rétrécie que chez l'adulte , et, par conséquent, sa forme générale se rappro- chaïit davantage de celle qui est la plus ordinaire chez les Déca- podes. La structure de l'extrémité céphalique du tronc offrait aussi plusieurs particularités remarquables. Chez les Oxyrinques adultes, l’article basilaire des antennes externes est soudé aux _ parties voisines de la carapace, de manière à ne pouvoir en être distingué. Cette disposition ne se voit ni dans les autres familles de la section des Brachyures, ni chez les Anomoures , ni chez les Macroures, et chez les jeunes Naxies, elles n'existe pas encore. Dans les Brachyures, non-seulement le rostre s’avance toujours au-dessus du premier anneau de la tête ( celui que porte les yeux), mais aussi donne naissance, par sa partie infé- rieure, à un appendice qui descend au-devant de cet anneau, se reploie en dessous, et va se souder à larceau inférieur de l’an- neau qui porte les antennes internes, et qui est situé en arriére ! (x) Voyez mon histoire naturelle des Crustacés t. 1. p. 313. P 332 mizne rpwarps, — Développement des Crustacés. de l’anneau ophtalmique. Il en résulte que ce dernier anneau est complètement caché par la carapace, et que les pédoncules orülaires paraissent s’insérer dans des trous percés de chaque | côté. du front. Chez les Macroures et la plupart des Anomoures, il en est autrement : l'anneau ophtalmique est libre, et si le bord antérieur de la carapace se prolonge en forme de rostre de ma- nière à le recouvrir, il ne l'entoure jamais, et ne va pas se joindre à la portion sternale du second anneau céphalique. Il en est de même chez les jeunes Naxies, et on remarque aussi que chez ces petits animaux, les pattes mâchoires externes ont une forme qui se rapproche plus de celle qui appartient au type commun des Décapodes. Enfin je n'ai pas observé de différence entre la largeur de l'abdomen chez tous les individus que j'ai examinés, tandis que chez les adultes, cette partie du corps est trois ou quatre fois plus large dans la femelle que dans le mâle. Chez quelques Pertuniens qui n’avaient guère que le quart de la taille à laquelle ils devaient parvenir, j'ai trouvé aussi que l'abdomen de la femelle différait de celui du mâle bien moins que chez les adultes. Tous ces faits, comme on le voit, cadrent parfaitement entre eux et montrent que les divers changemens de forme (1)que les organes des Malacostracés peuvent éprouver après la sortie de l'œuf, tendent ordinairement, quelles quesoientleurnatureetleur importance, à éloigner l'animal du type commun au plus grand nombre de ces êtres, et en quelque sorte à l’individualiser de plus en plus. (2) Ce que l'on sait du mode de développement de l'embryon des Crustacés nous porte à croire qu il en est de même de certains (x) Il n’est ici question que des modifications subies par les parties qui existent déjà au moment de la naissance et non de l'apparition d'organes nouveaux, du développement d’une paire de pattes par exemple; phénomène d’un tout autre ordre comme on a pu le voir par ce qui précède et comme du reste nous le montrerons plus au long dans un second mémoire. (2) Dans le manuscrit lu à l'Académie j'avais conclu de tous les faits connus alors, que cette tendance se déceloit non-seulement dans la plupart des cas, mais toujours. Mais de nouvelles observations, publiées récemment par M. Thompson sur le développement des Pinnothères , montrent en effet que chez ces crustacés la carapace du jeune est armée d’épines tout-à-fait anomales qui disparaissent chez l'adulte. 4 MILNE EDWARDS. — Développement des Crustacés. 333 changemens que ces animaux éprouvent pendant leur séjour dans l’œuf, La science ne possède pas encore assez de faits pour que l’on puisse décider complètement la question ; mais lana- logie est en faveur de cette opinion, et, en l’admettant, les va- riations que nous avons signalées dans la persistance des formes chez les jeunes Crustacés, ainsi que les modifications qu’un cer- tain nombre de ces animaux nous ont présentées, deviendraient faciles à classer. En effet, les changemens de forme qui surviennent apres la naissance , de même que l'apparition de nouveaux membres, ne seraient que la suite et le complément des espèces de métamor- phoses que tous ces animaux doivent éprouver avant que d’ar- river à un état stationnaire, métamorphoses qui ont lieu, en majeure partie, ou même entièrement dans l'intérieur de l'œuf. Cela étant, nous ne devons plus nous étonner de voir certains Crustacés subir après la naissance des modifications quelquefois assez considérables , tandis que d’autres naissent avec la confor- mation qu'ils conservent toujours, car cette aifférence ne dépen- drait que de la marche plus ou moins rapide de leur dévelop- pement et de l’époque à laquelle ils quittent les membranes de l'œuf. Quoi qu'il en soit,nous voyons que les changemens qu’éprou- vent les jeunes Crustacés, décèlent, malgré PRE Prune une tendance constante de l'organisation, et nous ferons remarquer aussi que les résultats auxquels nous sommes parvenus fournis- sent de puissans argumens en faveur de l'opinion que nous avoris émise ailleurs, M. Audouin et moi, sur le mode de déve- Joppement du Nichothoé et des autres parasites qui, en général, eérent les formes les plus anomales. | | | | EXPLICATION DE LA PLANCHE XIVe | Fig. r. Cymormoe a TÈTE TRIANGULAIRE (Lech.) femelle adulte de grandeur naturelle vu. ‘en dessus, Fig. 2. La même vué en dessous pour montrer les pattes (p) et les RL luc lamelleux (f} qui forment la poche cvifère. Fig. 3. Un jeune Cymothætextrait dela poche de l'individu représente dans les figures 1 et2; |la grandeur naturelle est indigeée par la ligne placée à côté de la figure. {4 334 FLOURENS. — Séructure du cordon. ombilical. Fig. 4. L'une des fausses pattes abdominales du jeune Cymothe. Fig. 5. L'une des fausses pattes abdominales du même anneau chez l'adulte. Fig. 6. ANiLOGRE DE La MÉDITRRRANÉE. Femelle adulte de grandeur naturelle, Fig 7. Mâle de la même espèce dont le développement n’est pas achevé, Fig. 8. Le jeune beaucoup grosi. à Fig. 9. PHRONIME SÉDENTAIRE adulte. Fig. 16. Le mème dans le jeune âge (beaucoup grossi. Fig. 11. Ampuinoe De Prevosr adulte grossi. Fig. 12. le jeune du même. Fig. 13. CYamE ovaze , femelle ; grossi. Fig. 14. le jeune du même beaucoup grossi. Recnercres sur la structure du cordon ombilical, et sur sa con- tinuité avec le fœtus, Lues par M. Frourexs (séance du 20 juillet 1855). SI. x. La manière dont le cordon ombilical se continue avec le fœtus, forme une question d'orologie qui n’a point été suffisam- ment éclaircie encore. 2. Le cordon ombilical se compose de plusieurs élémens dis- tincts : la veine ombilicale, les artères du même nom, le pédicule de la membrane ombilicale, les vaisseaux omphalo-mésentéri- ques, l’ouraque et les membranes, soit particulières, soit plus ou moins générales, qui enveloppent tous ces vaisseaux. 3. Or, ce quiest bien connu, c’est l’origine, et par conséquent la continuité avec le fœtus, de tous ces vaisseaux ou canaux : les artères ombilicales, la veine ombilicale, le pédicule de la membrane ombilicale, les vaisseaux omphalo-mésentériques, 'ou- raque; mais, ce qui l'est moins, c’est l’origine, ou, si l’on aime mieux, le mode de continuité avec le fœtus, des gaines ou mem- branes enveloppantes. | 4. Selon quelques anatomistes, le chorion, la plus extérieure FLOURENS. — Structure ducordon ombilicul. 335. de ces membranes, se continue avec le derme du fœtus; l’amn- nios, ou la plus intérieure, avec l'épiderme ; selon d’autres, le chorion se continue tout à-la-fois et avec le derme et avec l’épi- derme ; Yamnios se continue avec les muscles abdominaux; et, selon d’autres, au contraire, ni le chorion, ni l’amnios n’ont au- cune continuité, du moins aucune continuité essentielle et con- stitutive, avec les tissus propres du fœtus. 5. Telest le point de difficulté que je me suis proposé de ré- soudre par les recherches qui suivent, et sur lequel ces recher- ches ne laissent plus en effet, ce me semble, aucun doute. 6. Je commence par ladétermination des élémens mêmes qui constituent le cordon ombilical. : $ II. 1. Les recherches dont j'ai l'honneur de communiquer les résultats à l'Académie, ont été faites principalement sur des fœtus de pachydermes, et, en partieulier, sur des fœtus de cochon. 2. Or, dans ces animaux, le chorion se borne à envelopper d’une manière générale tout le reste de l'œuf, sans se replier, sans pénétrer vers l’intérieur pour y accompagner le cordon ombilical, cordon qu'il accompagne plus où moins, au contraire, dans quelques autres espèces, par exemple, dans l’homme; et, en se bornant à former ainsi l'enveloppe générale et commune de tout l'œuf, il offre un trait. d'analogie de plus avec la mem- brane de la coque des ovipares, laquelle représente en effet, et comme chacun sait, le chorion, ou membrane extérieure de l'œuf des vivipares. 3. Ajoutez que l’allantoïde des pachydermes ne se continue dans le cordon ombilical que par lourague ; ajoutez que la mem- brane ombilcale ne s'y continue que par son pédicule; et il s’énsuivra que, de toutes les membranes principales de l'œuf, la seule qui, dans ces animaux, se continue et se prolonge de manière à former une enveloppe générale au cordon, sera l'arnnios. 4. Or, la question réduite à ces termes, et supposé, bien en- Le \ 336. FLOURENS. — Sfructure du cordon ombilical. tendu qu’elle püt y être réduite; ne serait plus, du moins dans ces animaux, que de savoir comment l’annios se continue avec les tissus propres du fœtus : car, d’abord, et comme je viens de le dire, le chorion y reste extérieur, et n’y ceci pas le cordon; et ensuite, pour tous les autres élémens déjà indiqués de ce cordon : l'ouraque, la veine, les artères ombilicales, les vaisseaux omphalo-mésentériques, le pédicule de la membrane ombilicale, tout le monde sait et quelle est leur origine, et quel est ler mode de connexion avec le fœtus. 5. Mais, la question n’est pas, à beaucoup près, aussi simple. Outre l’amnios, qui accompagne le cordon ombilical, et au des- sous de cet amnios, il existe en effet jusqu’à trois couches, jus- qu’à trois sortes de membranes celluleuses; et chacune d'elles a un mode de connexion particulier, chacune s'unit à un tissu distinct du fœtus. 6. De plus, l'aennios, pris en lui-même, se compose de deux feuillets ou lames, chacune desquelles s’'unit encore à un tissu propre, à un tissu distinct du fœtus. 7. Les élémens vasculaires du cordon ombilical, et je ne come pas ici les gaines paraéaliène qui entourent la veine et les artères ombilicales gaines déjà indiquées par plusieurs au-" teurs, les élémens vasculaires de ce cordon ont donc jusquà cinq enveloppes générales, successives et superposées, savoir , deux feuillets de l'amnios, et trois Falls de SOUS- amniotiques de nature celluleuse. 8. Or, de ces cinq enveloppes, les pièces que j'ai l'honneur de mettre sous les yeux de l'Académie, montrent de la manière la plus évidente : que le feuillet extérieur de l’amnios se conti- nue avec l'épiderme du fœtus; le feuillet interne de l’amnios avec le derme; la première enveloppe celluleuse, ou celle qui succède immédiatement à l'amnios, avec le tissu cellulaire sous- cutané abdominal; la seconde avec l'aponévrose des muscles ab- dominaux, .et, par elle, avec ces muscles mêmes; et enfin, la troisième, ou la plus profonde, avec le péritoine. F f 1 Gris FLOURENS. — Structure du cordon ombilical. "297 $ III. à t 1. Il suffit de jeter les yeux sur les pièces que j'ai l'honneur . de présenter à à l’Académie, pour se convancre pleinement de tous-ces faits. . Le n° x montre la continuation immédiate du feuillet ex- eur de l’amnios avec l'épiderme du fœtus; le n° 5, la conti- mnuation du feuillet intérieur avec le derme; etles n,, 3, 4 et b, la continuation des trois gaines cellulaires : de la première avec le tissu cellulaire sous-cutané abdomninal; de la seconde avec les muscles abdominaux ; et de la troisième avec le péritoine. 3. Enfin le n° 6 montre la séparation des cinq membranes du cordon, jusque dans le bout de ce cordon, opposé à celui par lequel il tient au fœtus. 4. En effet, de toutes ces gaines superposées du cordon, ce n’est pas seulement l'arnios qui se continue dans l'œuf propre- ment dit: les gaines celluleuses s’y continuent aussi ; et, s’in- terposant entre les autres membranes principales de cet œuf, le chorion, V'allantcide, Vamnios, elles y forment ces membranes réticulées, membranes secondaires plus ou moins vaguement indiquées par différens auteurs, et qui unissent, qui lient plus ou moins entre elles toutes les membranes principales. | Î (I & IV. 1. Toutes ces recherches, faites d’abord sur des fœtus de … pachydermes, je les ai répétées ensuite, et avec un résultat à- peu-près pareil, sur des fœtus de ruminans et de rongeurs, et particulièrement sur de petits veaux, et de petits lapins. 2. Les pièces vix, vur, 1x et x montrent et les diverses cou- ches du cordon, et leur jonction avec les diverses couches de. l'abdomen du fœtus, sur plusieurs petits veuux, et sur plusieurs petits lapins. (1) (x) L'union du feuillet interne de l’amnios avec le derme offre un renflement appartenant au derme et résultant de l’épaisseur même de ce derme dans les fœtus des pachydermes, Ce renflement circulaire ne se voit plus, en effet | dans les ruminans, et surtout dans les rongeurs dont le derme est beaucoup plus mince. IL. Zooz. Juin. 2 23 338 FLOURENS. — Structure du cordon ombilical. $ V. 1. Ainsi donc, et à nous en tenir, pour le moment, aux seu- _ les espèces que je viens d'indiquer, il est évident que le cordon ombilical se continue avec le fœtus, non-seulement par ses élé- | mens vasculaires, maïs aussi par ses élérnens membraneux. 2. Il est évident, en outre, que ces élémens membraneux qui se continuent avec les tissus propres du fœtus sont multiples, et que chacun d’eux se continue avec un tissu différent : der- nier fait qui explique les opinions si variées des auteurs, relati- | vement au point d'organisation et de structure intime qui nous | occupe : de Harvey qui veut que tout le cordon en masse se ! continue avec le fœtus; de la plupart des anatomistes qui veu- | lent que l'amnios, que le chorion, se continuent avec le derme, avec l’épiderme ; de M. Mondini qui veut que l’amnios se con- tinue avec le derme et le chorion avec les muscles abdomi- maux (1); de plusieurs autres qui veulent que UE que le chorion, se continuent avec le péritoine, eic. $ VI. | 1. Je me borne à cette indication sommaire des principaux résultats, ou, plutôt, des résultats les plus immédiats qui déri-, vent des recherches contenues dans ce Mémoire. 2. Ces résultats, tout en résolvant bien des difficultés relati ves au mode d'union du fœtus avec les parties constitutives de Yœuf, en font naïtre, sans doute, une foule d'autres sur la forma- tion même de ces rapports et decetteunion; mais celles-ci trou-| veront leur solution dans un second mémoire. 3. Je réserve aussi pour ce second mémoire, l'éclairéissement] particulier de ce qui concerne le fœtus humain. | L > ns hi (x) Cette opinion de M. Mondini, et même toules celles ici indiquées, s’appliquent plus “particulièrement au fœtus humain, et j'aurai occasion d’y revenir dans un second Mémoire, FÉRUSSAC. — Céphalopodes nouveaux. 339 Extrait d'une Note sur des Céphalopodes nouveaux, Par M. DE FÉRUSSAC. Depuis plusieurs années, M. de Férussac avait annoncé l’in- tention de publier une suite de Monographies destinées à for- mer, avec son ouvrage sur les Mollusques fluviatiles et terres- tres, une Æistoire naturelle, générale et particulière des Mol- lusques , et déjà, en 1829, il avait donné dans cette vue une Monographie des Aplysiens par M. Rang, un de ses collabora- teurs dans cette vaste entreprise. Aujourd’hui, il publie, comme nous l'avons annoncé dans un de nos cahiers précédens, la Mo- nographie des Céphalopodes cryptodibranches, qui lui est com- mune avec M. d'Orbigny, et qui est précédée de considérations générales sur l’embranchement des Mollusques et de recherches historiques intéressantes sur la partie de la science consacrée spécialement aux Céphalopodes. Parmi les espèces nouvelles que les auteurs ont découvertes en rassemblant les matériaux pour ce travail, et qu'ils ont figurées dans les premières livrai- sons de leur ouvrage, il s’en trouve plusieurs qui offrent beau- coup d'intérêt; de ce nombre est l’Octopus catenulatus F., gros pouipe fort remarquable par le crochet musculeux qui s'introduit, à la volonté de l'animal, dans une boutonnière cor- | respondante pour soutenir le bord du sac, dont l'ouverture est | énorme. Mais le Céphalopode le plus singulier est sans contredit | une nouveile espèce de Calmaret qui habite la Méditerranée, et qui a été envoyée à M.-de Férussac par M. Vérany, de Nice. Ce Calmaret-et une espèce nouvelle de Cranchie, genre encore peu connu, font l’objet de la Note présentée à l’Académie des Sciences le 27 octobre 1834, et dont nous allons donner ici un extrait détaillé. De très belles figures de ces Mollusques ont déjà été publiées par M. de Férussac dans l'ouvrage mentionné ci- dessus; mais la description de ces animaux, ainsi que celle des : autres espèces, n’accompagne pas ces planches, l'auteur ayant cru devoir retarder l'impression de son texte jusqu’à la fin de : ex 340 rérussac. — Céphalopodes nouveaux la belle saison, afin de pouvoir examiner sur la nature vivante plusieurs Céphalopodes de nos côtes qu'il m'avait encore étudiés À que conservés dans la liqueur. | La première de ces deux espèces porte le nom de ZLohigopsis Peranii F. « Elle nous fait enfin connaître complètement, dit | l'auteur, le g°nre curieux des Calmarets, qui paraissait avec | raison si anomal, offrant tous les caracteres des Céphalopodes | décapodes et n'ayant cependant que les huit bras des Poulpes. ! On pensait que les deux bras tentaculaires, ordinairement ré- tractiles, n’avaient point été aperçus : actuellement on saura | que ce genre n’avait jamais été vu que mutilé par la perte acci- 1 dentelle de ces deux bras. Gette anomalie apparente rendait même ce genre si problématique aux yeux de quelques natura- | listes, que*M. de Blainville n'a pas cru devoir le comprendre dans la série des genres de sa Malacologie. Cuvier, cependant, en avait fait mention dans son Règne animal, et nous lavions : compris dans notre Prodrome des Céphalopodes. Le port, l’en- semble de l'espèce figurée par M. Lesueur , le caractère remar- quable de la forme et de la position de sa nageoire terminale, | nous avaient semblé être des signes assez distinctifs/pour que nous puissions, sans indécision, l’admettre et le placer parmi! les Octopodes, mais en exprimant lopinion que les deux bras: tentaculaires manquaient vraisemblablement, et que quand ce | genre serait mieux connu, il devrait, peut-être, se réunir aux | | fl ! Cranchies. « Tout récemment, M. le docteur Grant, professeur à l'uni- versité de Londres, a donné dans le premier fascicule des Trans- | actions de la Société zoologique, un excellent travail anato- | mique accompagné de belles figures, sur une nouvelle espèce * du genre qui nous occupe, espèce fort analogue à celle qui a été décrite et figurée par M. Lesueur, sous le nom de Leachia | cyclura. M. Grant ayant reconnu dans l'individu qu’il a observé deux petits tubercules cylindriques, d’une ligne de long, à Ja | place où sont ordinairement situés les deux bras pédonculés, les signale comme étant les rudimens de ces deux bras. Il ne) pouvait, en eflet, soupçonner à leur ténuité que c'était la base | seulement de ces mêmes bras, et qu’ils avaient été enlevés par | x * FÉRUSSAC. — Cephalonpodes nouveaux. 3Ax ‘phatop un accident. Cet habile anatomiste nous fait connaïtre les parti- cularités très remarquables de l'organisation de ce curieux Mol- Jusque, qui présente des caractères que l’on n’a observés, jus- _ qu'à présent, que dans les seuls Céphalopodes testacés, d’autres qui lui sont communs avec les autres Céphalopodes nus, tandis que son estomac en spirale et les deux rangées longitudinales de tubercules situés sur la partie latéro- fie ale du sac,'w'ont été reconnus, jusqu'ici, chez aucun des animaux de cette classe. Plusieurs autres particularités sont aussi dignes d’être citées, telles que la forme et la terminaison des canaux pancréatiques et hépatiques dans un large estomac, non divisé, etc. _ « Mais le fait réellement extraordinaire de la longueur et de la ténuité des bras tentaculaires dont il s’agit, mérite peut-être “plus encore d’être signalé que tous les phénomènes de son or- ganisation intérieure. “ «Personne ne pouvait présumer, ni même concevoir l'idée de ces singuliers organes, aussi minces qu’une très petite ficelle, et longs de deux ne et demi, lorsque le cofps entier de ce (Céphalopode, depuis le sommet de la tète jusqu’à l'extrémité du Sac, na guére que quatre pouces de longueur. Rien de sem- blable n’a encore été observé chez les êtres organisés, car les Tongs filets tentaculaires de beaucoup d'animaux articulés sont Sans analogie avec ces organes complètement dépourvus d’arti- Culations et même de fibres transversales assez caractérisées | pour en tenir lieu. Les longs filets qu'on remarque chez quelques Zoophytes, entre autres nas les Physalies , sont des jo roger qui n ont point l’importance organique des deux bras pédoncu- |lés de notre Calmaret. Ces bras sont garnis, tout le long de leur tige, de petites pelottes non RAT en forme de cupales, attachées sur une portion de leur circonférence, et qui remplis- sent vraisemblablement les fonctions des ventouses, dont les au- ,|tres bras sont pourvus, caractère qui ne se retrouve que dans une seule espèce de Calmars parmi tous les Céphalopodes con- nus. Ils deviennent un peu plus gros, à l’encontre de ce qui Ê observe chez les autres Décapodes, en approchant de la mas- Sue assez large qui les termine. Css Es « On se demande, à la vue de ces organes singuliers, com- 3/42 FÉRUSSAC. — Céphalopodes nouveaux. ment le mouvement peut se transmettre jusqu’à leur extrémité; comment ils peuvent supporter et faire mouvoir cette massue; comment ils sont préservés des mutilations auxquelles ils sont si exposés par leur longueur et leur ténuité; comment l'animal les reploie et où il les abrite quand ils ne remplissent pas les fonctions auxquelles ils sont destinés? Car ces bras ne sont point rétractiles dans une gaine de la masse céphalique, comme les bras pédonculés des Calmars et des Seiches; ils prennent naissance immédiatement à la base des bras inférieurs, et il n'existe aucune cavité vers cette partie ou ils puissent se loger. On se demande encore quels peuvent être le but et l'usage de ces organes. | « ILest à desirer que des observations faites sur l'animal vivant donnent les moyens de résoudre, plus ou moins complètement; ces questions intéressantes; peut-être aurions-nous pu trouver dans un examen attentif de l’organisation des deux bras tenta- culaires, une solution à la première de ces questions , celle qui concerne la transmission du mouvement tout le long de ces or- ganes si déliés ; mais la crainte de mutiler le seul individu que nous possédions nous a arrêté. Nous ‘hasarderons comme une simple conjecture l'opinion que les fibres longitudinales dont nous paraissent composés ces organes, sont suscep- übles de se contracter sur tous les points de leur longueur à la volonté de l'animal, et que, par là, ces bras s’infléchissent dans tous les sens et peuvent embrasser tous les corps. La transmission du mouvement, dans cette hypothèse, aurait lieu, comme une sorte d’ éhdhlationl par la contraction successive de tous les points de la tige de ces bras. Peut-être enfin les petites pelottes qui garnissent, à des intervalles inégaux, les tiges de ces bras sont-elles des centres de contraction particuliers. « L'espèce qui nous occupe offre en outre un caractère qui n’a- vait point été observé chez les Calmarets connus jusqu'ici. Les deux paires de bras inférieurs sont garnis, sur un de leurs côtés, | de larges membranes qui se correspondent et qui doivent puis- samment aider à l'action de ces bras, considérés comme des rames ; organisation que l’on retrouve chez la plupart des Cé- phalopodes grands nageurs, qui se tiennent habituellement au # FÉRUSSAC. — Céphalopodes nouveaux. 543 large, tels que les Onychoteutes et certains Calmars. Les bras ordinaires de cette espèce sont aussi beaucoup plus longs, com- parativement au corps, que ceux des autres Calmarets. Tout in- dique que cet animal tient habituellement ses deux paires de bras inférieurs ‘rabattues sur le devant de sa tête, et qu'il s’en sert comme de fortes rames pour battre l’eau. Dans cette situa- tion , et la tête en avant ou peut-être en arrière, on peut présu- mer que les deux longs bras, ou filamens tentaculaires, suivent le mouvement progressif de l'animal comme deux longues lignes douées d’une grande sensibilité, qui saisissent au loin tout ce qui s'en approche, en enlaçant les objets et en les serrant avec les petites pelottes dont elles sont garnies. « Nous n’entrerons point ici dans la description de cette cu- rieuse espèce; nous nous bornerons à signaler l’organisation compliquée de l'espèce de fourreau ou tunique cylindrique mince et transparente qui enveloppe la bouche de ce Céphalo- pode, et qui envoie des brides en rayonnant à chacun des bras, à l'exception des bras tentaculaires ; nous signalerons aussi la nature et la complication des petites ventouses ou cupules den- telées, à doubles pédoncules, qui garnissent la massue de ces derniers bras, ainsi que la forme du rudiment testacé ou épée de ce singulier animal. _. «Le Leachia cyclura de M. Lesueur, le Zoligopsis guttatæ _ de M. le docteur Grant, et notre L. V’eranii, offrent entre eux une grande analogie pour le port et la forme générale du corps. Il nous semble évident que ces deux premières espèces avaient perdü leurs bras tentaculaires quand elles ont été observées par ces savans naturalistes, et qu’elles doivent former actuellement, avec celle que nous faisons connaître, le noyau des espèces de ce genre qui, vraisemblablement, ne tardera pas à s’accroitre encore d’autres espèces nouvelles et curieuses. « Quant au Z. Peronii, pour lequel ce genre a été établi, ïE n'est connu que par le peu de mots qu’en a dit Lamarck; mais ce qu’il en dit est assez précis pour qu’on puisse considérer cette espèce comme étant fort analogue à celles que nous venons de mentionner. On doit desirer que M. de Blainvüle veuille bien publier le dessin que lui en a communiqué M. Lesueur , afin. 344 FÉRUSSAC. —— Céphalopodes nouveaux. d’être fixé à ce sujet. Nous avons cru pouvoir aussi rapporter à ce genre, sous le nom de Z. Tilesii, le petit Céphalopode pu- blié par M. Tilésius dans l’atlas de Krusenstern. Malgré les dé- fauts évidens de ce dessin, on doit croire ce rapprochement fondé. Il a été adopté par Cuvier. « Le second Céphalopode dont nous entretiendrons l’Académie est non moins remarquable par l'éclat de ses couleurs que par les larges membranes qui unissent ses six bras supérieurs de ma- nière à former comme une grande voile d’un pourpre foncé ma- gnifique, sur laquelle se détachent comme autant de petits bou- tons de saphirs, les deux rangées de cupules de chacun de ces bras. Le dessous du sac, de la tête et des deux bras inférieurs, est couvert de taches jaunes disposées en quinconces, et près de chacune desquelles s'élève, en relief, une autre. petite tache bleue. Ces taches jaunes et bleues qui ressortent sur ‘un fond rougeâtre parsemé de petites taches pourpres, ont un tel éclat sur l'animal vivant, qu’elles ressemblent à des topazes près des-. quelles serait monté un petit saphir. Les personnes seules qui ont pu jouir de l’éblouissant spectacle qu’offrent les globules chromophores des Céphalopodes à l’état de vie, pourront se faire une juste idée des couleurs de celui qui nous occupe. D’a- près le vœu de M. Vérany, nous avons nommé cette belle.espèce, Cranchia Bonnellii, en mémoire de l'excellent et célèbre pro- fesseur de Turin. « La forme générale de cette espèce est aussi très remarquable par la grosseur de la masse céphalique, qui est cylindrique, et sur laquelle se distinguent deux yeux énormes, ainsi quefpar la brièveté relative du sac, qui n'est guère plus long que la tète, conique et un peu renflé dans son milieu. Les deux na- geoires sont bien distinctes à leur partie supérieure, et se réu- nissent ensuite vers leur extrémité, qui dépasse celle du sac. Dans son ensemble, ce singulier mollusque rappelle involon- tairement ces êtres fantastiques dont le génie de Callot a peuplé les enfers, et que l'opéra imite quelquefois dans ses -PABRE merveilleuses. « Nous rapportons ce Céphalopode au genre Cranchie, malgré la singularité de ses six bras palmés, caractère qui n’a été ob- FÉRUSSAC. — Céphalopodes nouveaux. 345 servé jusqu’à présent que parmi les Poulpes. Sans doute, lorsque tant de naturalistes croient pouvoir proposer, chaque jour, et . sur des motifs si légers , des genres nouveaux, on nous trouvera peut-être bien réservés de ne point en établir un pour cette belle espèce. Mais si l’on fait attention que chez les Poulpes, les uns ont des bras palmés tandis que d’autres les ont simples, que les membranes qui unissent leurs bras se montrent dans tous les degrés de développement, on ne verra peut-être pas dans ces or- ganes un caractère assez persistant, assez essentiel pour pou- voir le prendre comme distinction générique; on n'ÿ trouvera le motif que d’une division secondaire, surtout lorsque tous les autres caractères de cette espèce ne se refusent point à son ad- jonction dans le genre Cranchie. Nous pensons cependant que si l'on vient à découvrir de nouvelles espèces qui offrent ces or- ganes dans un même degré de développement, et qui présen- tent le même aspect, la même forme générale , alors ce caractère prendra assez d'importance pour qu'on puisse, à la rigueur, s’en servir pour séparer génériquement les espèces qui en seront pourvues. Chez des animaux si extraordinaires, et dont cepen- dant les formes générales sont peu variées, on peut, à ce qu'il nous semble, sans déroger aux vrais principes de la méthode, saisir , pour en faire des distinctions génériques, tous les carac- téres saillans que présentent les organes extérieurs lorsque ces caractères acquièrent une constance qui leur donne une valeur réelle, parce que ces caractères indiquent alors des modifica- tions importantes dans les mœurs et les habitudes des antinaux : les présentent. C’est ainsi que la nature et la forme des bras tentaculaires des Calmarets peuvent former une bonne dis- tinction générique. On pourrait donc se servir dans ce but, avec un égal avantage, de la palmature des six bras des Cran- chies qui offriraient ce caractère, s’il se présente chez un cer- tain nombre d'entre elles, analogues d’ailleurs par le port et l'ensemble de leur forme, et cela avec d’autant plus de raison, que les Céphalopodes que l’on rapporte à ce genre sont encore fort mal connus, et qu'ils n’offrent point un type de forme bien caractérisée. | « Le genre Cranchie a été établi par le docteur Leach dans 346 FÉRUSSAC. — Céphalopodes nouveaux. l’atlas qui accompagne le voyage de Tuckey au Zaïre pour trois espèces dont il n’a donné qu'une description de quelques lignes, et la figure d’une seule d’entre elles. Celle-ci présente un aspect particulier par la petitesse de sa tête et celle de ses bras, par l'ampleur de son sac, tres resserré autour du cou de l’animal, et par les deux petites nageoires qui terminent ce sac. Ces na- geoires étaient évidemment mutilées dans l'individu qui a été figuré, et on peut même présumer que cette figure a été faite sur un animal déformé par son séjour dans la liqueur, et qu’elle rend peu exactement le port et l’ensemble de cette espèce à l’é- tat de vie. Le ZLoliso cardioptera de Péron, que M. de Blainville et nous, avons rapporté à ce genre, se rapproche déjà plus de la forme de notre nouvelle espèce, surtout par ses nageoires. Nous en devons une autre à l’obligeance de M. Rang, dont l’a- nalogie avec celle qui nous occupe est plus grande encore; enfin nous en avons une troisième, très petite, dont les na- geoires sont latérales , et dont les bras pédonculés sont subulés au lieu d’être terminés en massue. Celle-ci devra vraisemblable- ment faire le type d’un nouveau genre; mais pour fixer toutes les incertitudes à l'égard du genre Cranchie, et pour lui rappor- ter sans hésitation lespèce que nous faisons connaitre, il fau- drait que celles qui ont été décrites par le docteur Leach fus- sent retrouvées et mieux connues. Le caractère principal qui leur a été assigné consiste dans la forme et la position termi- nales des nageoires. Sous ce rapport, ce genre se confond pres- que avec les Calmarets, mais ceux-ci en sont bien LS) par la forme de leurs bras témilertitho Il n’est séparé des Cats rs que par la forme de ces mêmes nageoires, qui sont réunies à leur extrémité et semblent dépasser celle du sac. Dans les es- pêces que nous y rapportons et que nous avons pu observer, le port et l’ensemble des formes les distinguent bien plus encore des Calmars; mais nous ne pouvons faire la même observation au sujet des espèces signalées par le docteur Leach, parce qu'il a négligé de nous en donner une description complète et détail- lée, reproche qu’on peut faire quelquefois à cet habile observa- teur sans porter atteinte à sa réputation bien acquise. » EEE SHARPEY, PURKINIE, etc. — Ôu7 un mouvement vibratoire. 347 Mémoire sur ur mouvement ciliaire chez les reptiles et'les ani- maux à sang chaud, par MM. PurkinsE et VALENTIN; ac- compagné de remarques et d'expériences additionnelles par Waizzram Saarpsy , professeur d'anatomie à Edimbourg. (1) On trouve dans un grand nombre d’animaux des ordres infé- rieurs un appareil remarquable destiné à mouvoir les fluides le long de la surface de divers organes. Les branchies des moules (rnytilus) en présentent un très bon exemple:si on en coupe une portion et qu’on l’examine sous l’eau, on voit le fluide former à sa surface un courant dont la direction est constante et déter- minée; et, en examinant le lambeau au microscope, on voit qu'il est couvert de petits organes consistant en des poils ou cils très déliés, qui sont dans une agitation ou oscillation conti- nuelle, mouvement d’où résulte l'impulsion du liquide le long de la surface. Dernièrement, MM. Purkinje et Valentin de Bres- law ont fait l’intéressante découverte de cet appareil dans les animaux à sang chaud ; ils ont vu ce mouvement ciliaire dans l'oviducte des oiseaux et les trompes de Fallope des Mammi- fères, ainsi que dans les voies aériennes de ces deux classes. À la trédttion de leur mémoire, je me permettrai de joindre les ré- sultats que j'ai obtenus en répétant leurs expériences. dt Avant tout , je dois dire ici que dans un mémoire publié en _ 1550 (2), je ddl l'existence du mouvement dont il s’agit | dar s les larves de la salamandre et du crapaud, dans un grand nombre de mollusques, aussi bien que dans les annélides et dans l'actinie, et je m'efforçai de démontrer qu'il existait dans les ani- imnaux aquatiques un appareil dont la principale destination était d'entretenir un courant de liquide le long de la surface de l'appareil respiratoire, enfin que, dans beaucoup de cas, ce même appareil servait, soit à l'introduction de la nourriture, soit à (x) Edinburgh new philosophical journal, avril 1835. Le mémoire de MM. Purkinje et Valentin , dont la traduction fait partie de cet article, se trouve dans les Archives d'anatomie et de physiologie de Müller, n. 5, 1834. R. (2) Edinb. med. and surg, Jour. D° 104. INT itin de Las à 348 SHARPEY, PURKINJE ET. VALENTIN. l'expulsion des œufs, et à faciliter la locomotion. Ce mouve- ment m'avait} présenté les caractères suivans : 1° le fluide se meut le long de la surface des parties dans une direction dé- terminée ; 2° la force impulsive réside dans la surface même sur laquelle a lieu le courant, et dans beaucoup de cas, si- non dans tous les cas, comme des expériences subséquentes me donnaient le droit de l'affirmer, cette surface est revêtue de cils en mouvement; 3° cette propriété persiste pendant quelque temps sur des portions de tissus détachées, et dans ce cas, l'im- pukion du fluide se fait sur la surface de ces fragmens, dans le même sens qu'avant leur séparation. À cette époque , Je ne connaissais aucune expérience ana- logue , à l'exception de celles du docteur Grant et de quelques autres sur les infusoires et les zoophytes ; mais depuis j'ai su que, pour quelques-uns de ces faits, j'avais été devancé par d’autres observateurs. Les courans des branchies du tétard et de la larve de la salamandre avaient été précédemment décrits par Steinbuch (1). Son ouvrage, que j'ai vu pour la première fois à Berlin en 1831, dans la bibliothèque du professeur Rudol- phi, paraït avoir été peu connue ; du moins sa découverte ne lui a pas attiré l'attention qu'il méritait, et, à une ou deux ex- ceptions près, il semble avoir échappé à la connaissance , non- seulement de la généralité des auteurs de physiologie, mais même des auteurs qui ont écrit d’une manière spéciale sur le développement des Batraciens, tant sur le continent qu’en An-. sleterre. Il paraît cependant que des observations semblables an celles de Steinburg ont été faites par Huschke, et cé ceria Ci (en 1832) répétées par John Müller(2) et M. Raspail (3).Je trouvai en outre que quelques-uns des faits concernant les mollusques avaient été signalés dans la moule et deux ou trois autres espèces par Leeuwenhoeck, Baker, Hales, Erman; Treveranus , Grui- thuisen, Huschke, M. Baer et M. Raspail. Ces auteurs cependant n'ont observé qu’une partie des phénomènes et en ont donné de (x) Analecten neuer Beobachtungen und Üntursuchungen für die naturkunde Fürth 1802. (2) Burdach, physiologie als Erfahrungs.- Wissenschalft. Baud. v. p. 434. sind (3) Chimie organique 1833, p.150 x; L-Æ Sur un mouvement vibratoire. 349 fausses explications, excepté Huschke ( à en juger par le rapport * abrégé de ses observations sur la salamandre, inséré dans la physiologie de Burdach (1), car je n’ai pas vu le mémoire origi- nal (2) ),'et Gruithuisen (3), qui a découvert les courans et ee cils dans une espèce de limacon d’eau douce, et qui en apercçut parfaitement la nature et l'usage. Des observations au sujet de la moule ont été ensuite publiées par Carus (4, etGuilloten 1831 (5), ainsi que d’autres, au sujet de l’Ascidie par Lister. On a aussi rapporté à la même classe de phénomènes le singulier mouve- ment de rotation de l'embryon des moilusques dans l'œuf, dé- crit par Swammerdam, Leeuwenhoek, Baker, Baster, Hiebel, Hugi, Carus et Grant. C’est ce dernier qui le premier a démon- tré l'existence de cils servant d'organes de locomotion dans l'œuf, quoique cependant il ne paraisse pas avoir connu la liai- son de ces cils avec le courant de liquide qu’on observe sur les organes de la respiration Ayant, à cette époque, constaté l'existence du mouvement vibratoire dans les Batraciens, les principales familles de Mol- lusques, les Annélides et les Actinies, et sachant d’ailleurs qu’on Vavait découverte dans les infusoires et les zoophytes, je regardai comme probable qu’en généralisant ces résultats, on pourrait les étendre à tout le règne animal. Je portai en conséquence mes recherches de ce côté, autant que pouvaient le permettre mes autres occupations, et j'ai retrouvé le phénomène dans plusieurs circonstances nouvelles. Je rendrai compte de ces découvertes dans un article que je destine à l Encyclopédie d'anatomie et de physiologie, article dans lequel je m'efforce de passer en revue _le sujet tout entier, et dans lequel j'espère satisfaire à tout ce Pilexige aussi pere que possible, dans un écrit aussi peu Bnbié. Je dois cependant dire ici que j'ai rencontré ce mouvement ciliaire dans l’oursin de mer, Aphrodite , la Serpule et dans d’autres genres d’Annélides, outre que déjà je l'avais ob- servé d’une manière certaine dans la Limnée, le Planorbe, et (1) Loco:cit. (2) Dans l'Isis 1828. (3) Nova acta naturæ curiosorum vol. x, p. 437. (4) Loc. cit. vol. xvr. (5) Journal de Physiologie, t. xr. 350 SHARPEY, PURKINIE ET VALENTIN. dans d’autres espèces de Mollusques ; je l'avais vu aussi dans l'œuf du Crapaud, ainsi que dans celui de la Salamandre aqua- tique. Dans les Asteries,ce mouvement existe, 1° sur la surface externe; 2° sur la surface interne de la cavité où sont renfermés les viscères , cavité qui, comme on le sait, reçoit l’eau dans son intérieur ; la membrane qui revêt et qui tapisse les tubes respira- toire et se réfléchit sur les cœcums, présente aussi ce phénomène sur plusieurs points ; 3° je l’ai aperçu sur la membrane interne de l'estomac et des cœcums; 4° dans les pieds tubulaires. Dans lAphrodite, j'ai rencontré le phénomène, 1° sur la surface ex- terne des intestins et des cœcums, et sur la membrane qui ta- pisse les cellules dorsales où sont logés ces organes ; 2° sur la paroi interne de l'intestin et du cœcum. Un examen attentif de di- verses espèces d’actinies a fait voir des phénomènes analogues, et on doit remarquer que les observations faites sur ces trois espèces ainsi que sur l’oursin , tendent à appuyer l’opinion des physiologistes qui pensent que dans ces animaux, les organes digestifs participent aux fonctions respiratoires. Dans toutes les circonstances, excepté dans l'examen de l'éponge, j'ai décou- vert les cils locomoteurs avec autant de facilité que je l'avais fait dans les larves des reptiles batraciens, quoique, dans certains cas, ces organes soient d’une ténuité extrême et exigent un grossissement de trois cents diamètres, et par conséquent une préparation très délicate pour pouvoir être aperçus. En émettant la probabilité de l'existence de ce mouvement dans les animaux à sang chaud, comme cause d’impulsion des : fluides sur la surface des canaux et des cavités, indépendamment du concours des contractions musculaires, j'ai rapporté que j'ai fait des recherches infructueuses pour apercevoir ce phénomène sur le poulet, à l’époque de l’incubation; depuis lors, j'ai encore répété ces mêmes recherches, mais sans plus de succès. On va voir dans le mémoire suivant que MM. Purkinje et Valentin ont été conduits à leur importante découverte par la rencontre accidentelle de ce mouvement ciliaire dans les trompes de Fallope d’un lapin femelle, découverte qu’ils ont approfondie par des recherches très étendues et parfaitement dirigées, Sur un mouvement vibratoire. 351 Découverte d’un mouvement vibratoire continuel produit par des cils, comine phénomène commun aux Repüles , aux Oiseaux et aux Mammifères, par les professeurs PurkIN3E et VALENTIN, de Breslaw. La propriété remarquable que présentent les parties de cer- tains animaux, d’exciter des courans dans le milieu environnant, qui ordinairement est liquide, a attiré avec raison l'attention des naturalistes et a été le sujet: de nombreuses observations : ce phénomène a d’abord été découvert dans les infusoires, où il se reconnaissait très facilement dans les appareils latéraux dont sont doués quelques-uns des ces animaux. Des apparences analogues ont été, dans ces derniers temps, observées dansla moule par Erman, Von Baër, Carus et par d'au- tres encore ; et la rotation continue qu’on observe dans l’em- bryon de ces animaux a été, à juste titre, rapporté aux mêmes causes. Des observations semblables ont été faites sur un grand nom- bre d'animaux invertébrés. La première découverte d’un phé- nomène analogue dans les vertébrés est due à Steinburg qui l’observa dans les branchies des larves de batraciens, bien que sa description ne corresponde en aucune façon avec la nature. Carus, Hugi, E. H. Weber, Stiebel, John Müller et d’autres na- turalistes ont contrihué chacun pour leur part à former la collec- tion nombreuse de faits de ce genre. Nous renvoyons ceux qui ie avoir une connaissance parfaite de tout ce qui a été fait jusqu'ici sur ce sujet, à un article de M. Sharpey inséré dans le Notizen de Froriep n° 618. Au commencement du printemps dernier, l’un de nous exami- nant un lapin femelle fécondé trois jours auparavant, dans l’es- poir de rencontrer des œufs dans les trompes de Fallope, aperçut à l’aide du microscope de petits fragmens de la membrane muqueuse du tube se mouvant avec rapidité et tournant comme autour d’un axe. Nous examinämes alors l'utérus et les organes génitaux avec SHARPEY, PURKINIE ET VALENTIN. le plus grand soin, et sur toute leur étendue nous apercûmes ce mouvement, seulement l'intensité n’était pasla même sur tous les points. Il se remarquait spécialement dans les trompes; on le trouvait aussi, mais à un moins haut degré, dans les cornes de l'utérus, il était encore moins sensible aux points d’aftache de cet organe; le point où il était surtout vif et rapide était sur les lèvres de l'utérus qui étaient gonflées et d’un rouge foncé ; il était encore très considérable dans le vagin. L'idée à laquelle cette expérience devait naturellement nous conduire, était d’examiner loviducte d’un oiseau, immédiatement après le passage de l'œuf; et, comme nous nous y attendions, nous aperçumes des mouvemens vibratoires rapides et continuels dans toute l’éten- due de ce canal. Nous examinâmes alors des animaux du même genre non fécondés, et dans ceux-ci, aussi bien que dans les reptiles que nous examinâmes par la suite, nous trouvämes une confirmation de notre intéressante découverte. Ces succès nous portèrent naturellement à rechercher ce phénomène dans d’au- tres parties du corps, et nous arrivames à des résultats dont voici en peu de mots les plus importans. a. Parties du corps et classes d'animaux dans lesquelles Or rencontre de mouvernent vibratoire. D'après les nombreuses expériences que nous avons faites jus- qu'ici le mouvement vibratoire ne se rencontre que dans deux systèmes d’organes, savoir : dans les organes sexuels de la fe- melle, et dans les organes de la respiration. Ce mouvement est généralement répandu sur tous les points de la surface interne de ces organes dans les mammifères, les oiseaux et les reptiles. On n’en trouve aucune dans les différentes parties du canal in- testinal des vertébrés ; dans les invertébrés, on ne trouve qu'un seu! exemple de son existence dans le canal intestinal, et dans ce cas il n'est pas parfaitement développé. C'est le cas que pré- sente la moule de rivière. Les intestins de ce mollusque présen- tent sur leur surface intérieure, une éminence charnue longitu- dinale sur laquelle on aperçoit le mouvement vibratoire, mais ce mouvement n'existe que sur cette éminence et ne se rencon- Sur un mouvement vibratoire. 353 tre pas sur le reste du tube, circonstance qui semblerait indi quer une liaison de la partie dont il s’agit avec les fonctions de de la reproduction (1). Nous n'avons pu, non plus, rencontrer ce phénomène dans les organes de la génération du mâle, ni dans la vésicule et les conduits biliaires, ni dans les conduits excréteurs des glandes, ni dans les canaux urinaires, ni dans l'arachnoïde tantdu cerveau que dela moelle épinière, nisur les parois internes des vaisseaux sanguins, non plus que sur la sur- face des globules du sang; les membranes de l'œuf et les enve- loppes du fœtus, ainsi que la peau, en sont aussi privés. Dans les amphibies et les serpens, ainsi que dans les oiseaux et les mammifères, la membrane muqueuse de l’oviducte offre ces vibrations sur toute son étendue, soit qu’elle soit imprégnée ou non par la liqueur séminale , et la moindre portign de cette membrane examinée avecattention suffit pour les faire apercevoir. On doit dire la même chose de la membrane muqueuse des conduits respiratoires depuis son commencement jusqu’à sa terminaison; et c'est au point que la propriété dont il s'agit peut servir pour indiquer d’une manière certaine, à quel système ont appartenu des parties données. Dans les mammifères on rencontre ce mouvement sur toute la membrane qui revêt l’in- térieur de trachée-artère et des bronches, s'étendant jusqu'aux plus petites divisions qu'il soit possible d’atteindre, mais on n'en trouve aucune trace soit sur la glotte ou ses ligamens, Soit sur la membrane muqueuse de la bouche et du pharynx. D'un autre côté on l’apercoit très bien dans les narines et elle cesse brusquement sur les limites de ces RS Dans les Dr tilés, chez lesquels, comme dans la salamandre, la bouche n’est pas seulement un organe de nutrition, la membrane muqueuse de l'arriére-bouche présente ce mouvement d’une maniere trés remarquable. S'il est ainsi prouvé d’une manière certaine que la membrane muqueuse des organes génitaux et celle des organes respira- (rx) J'ai cependant, comme je l'ai déjà dit, rencontré ce mouvement sur la paroi intérieure du tube digestif dans les échinodermes, les annélides e! l'actinie, et. on le voit dans la cavité alimentaire de plusieurs polypes. W. S, HIT, Zoo1. — Juin, 23 | 354 SHARPEY, PURKINJE ET VALENTIN. ‘roires sont les seules qui possèdent la propriété dont nous par- lons, ce sera une nouvelle preuve de l’analogie de ces organes à ajouter à celles que l'on connait déjà d’ ailleurs. Comme nous venons de le dire nous avons découvert l'exis- tence générale de cette propriété dans les reptiles, les oiseaux et les mammiferes; mais malgré tous nos efforts il nous a été im- possible d'en découvrir la moindre trace dans les poissons. Nous avons examiné, dans cette vue, les barbillons du Silure, les ouies, les membranes muqueuses de la tête, les parois des intestins et de la vessie aérienne, les reins ainsi que les uretères et la peau d’un grand nombre d’autres ps On ne voit non plus rien de semblable dans l'EHOr Or de la perche ou de la carpe quoique nous l'ayons examiné à des époques très diverses et très peuavancées de son développement. b. Méthode d'investigation. " Comme les mouvemens vibratoires se rencontrent sur toute la surface de la membrane muqueuse, il ne faut, pour les apercevoir que voir la membrane avec un grossissement suffi- sant. Dans les parties où les cils sont longs, comme par exem- ple au commencement de l’oviducte dans les oiseaux, il suffit d'étendre la membrane sur le porte-objet d'un microscope, de la couvrir d’eau et de la regarder avec un grossissement saffi- sant; mais en général il est nécessaire d’ Aie na la manipula- tion suivante pour voir le phénomène avec certitude. L'animal doit être examiné immédiatement après sa mort. IL faut couper une pièce de la membrane à observer, avec une paire de petits ciseaux courbes, il faut plier cette mem- brane sur elle-même de manière que sa surface libre forme le bord du pli et que la surface qui était adhérente soit en contact avec elle-méme. Il faut alors placer l’objet sous le compresseur microtomique (1), avec un peu d’eau,' puis (1) Instrument inventé et employé par M. Purkinje, au moyen duquel on peut rapprocher deux verres plans parallèles , de manière à comprimer un objet mou d’une manière déterminée, W. S, Sur un mouvement vibratoire. 355 presser doucement afin que le bord du pli apparaisse clai- rement sous le microscope. Cette senle préparation suffit pour montrer le phénomène d’une manière trés belle, mais pour le rendre encore plus visible il faut y ajouter un fluide tenant en suspension des petites particules de substance quelconque. Au- cune substance ne remplit mieux ce but que la matière colorante _ noire de l’œil; mais , en s’en servant, les observateurs peu habi- tués à ce genre de recherches devront prendre garde de se laisser tromper par les mouvemens moléculaires que M. Brown a décrits, mouvemens que la matière colorante de l’œil possède à un degré remarquable. On peut aussi employer dans ce but du sang étendu d’eau. Le mouvement des particules le long des bords du pli est tel qu’il frappe les yeux les moins exercés. La nature du tissu demande dans certains cas des prépara- tions particulières. Il est toujours nécessaire de n’employer que la membrane muqueuse. Il faut donc prendre garde qu’au- cune portion soit de muscles, soit de cartilages n’y reste attachée; autrement si l'observation n’est pas en ièérement empêchée, du moins est-elle complètement dérangée. La structure particulière des poumons des reptilés exige les attentions suivantes pour leur examen. L'intérieur de ces or- ganes présente un grand nombre de cellules contiguës, dont les parois sont réunies de manière à donner au tout une apparence réticulée très élégante; si on plie une portion des poumons dela manière que nous avons décrite la membrane muqueuse de ces | cellules sera en grande partie cachée, et sa surface libre ne sera _ visible e que dans un petit nombre de points : c'est donc dans ces points seulement qu'on doit chercher à voir le mouvement dont il s’agit. C. Nature et caractère des mouvemens vibratotres. Cesmouvemens vibratoires sont des mouvemens qu’onaperçoit à la surface de ces parties et qui sont tellement rapides que lors+ qu’on les observe dans leur plus grand état de vivacité, l'œil en suit trés difficilement les différens détails. Partout où ils se ren- | conirent,ilssuivent ainsi que les courans qu'ils produisent une di- RAR" À .356 SHARPEY, PURKINJE ET VALENTIN. rection déterminée. Nous n’avons trouvé qu’une seule exception à cette règle dans les appendices des branchies de la moule de rivière où ces mouvemens ont lieu régulièrement dans deux di- rections différentes, chaque direction changeant toutes les six ou sept secondes. Dans tous les autres cas, ces mouvemens, quelle que soit leur rapidité, conservent santa lle EEE la même direction. D'après nos observations, il semble très probabie que ces mouvemens sont toujours produits par des cils : car, comme nous l'établirons plus particulierement dans une autre. .OCCasion , on aperçoit des traces de ces cils même dans leslarves des re A Dans les organes génitaux femelles, ainsi que dans les organes de la respiration des Mammifères, des oiseaux et des reptiles il est impossible de les méconnaitre ; on les voit parfaitement dans l'oviducte des oiseaux et des serpens, moins bien dans celui des Mammifères et moins bien encore danslabouchedelaSalamandre. Lorsque le mouvement est rapide, ces cils ne peuvent être aperçus que par des yeux exercés, mais lorsqu'il diminue on les voit sortir de la membrane et se diriger comme le feraient: des rames, du moins jusqu'à ce que le mouvement ait entière-, ment cessé ; alors ils se tiennent comme des verges sur le bord du pli. On peut alors en voir distinctement la forme; ils s’amincissent graduellement depuis la base et se terminent par une pointe ex- trêmement fine ; leur substance est transparente et sans la moin- dre apparence de granulations, et leur consistance est excessi- vement molle et tendre, au point qu'on peut les détruire avec la plus grande facilité. { Aucune action extérieure n'influe sur les Se dans les trois premières classes des vertébrés. Les contractions des mus- cles sous-jacens, dans l'utérus des Mamuniferes par exemple, empêche seulement d'observer le phénomène, qui devient très distinct aussitôt qu’on les a enlevés. | La chaleur animale n’exerce non plus ici aucune influence spé- ciale; les vibrations étant également rapides dans des parties re- frbidiés depuis long-temps ou qui ont été plongées dans l’eau froide et celles qui n’ont rien perdu de leur chaleur. Sur un mouvement vibraloire. 357 Dans les mêmes animaux, non-seulement le mouvement vi- bratoire suffit pour chasser de petites particules adjacentes à la surface, mais encore elles peuvent détacher des petits fragmens de la membrane muqueuse, qu’on voit ensuite flotter dans le li- quide environnant. Ce dernier effet est assez frappant, mais il n'apparait pas au même degré que nous avons eu occasion de l'observer sur des fragmens détachés de la moule. Quoique dans ces animaux les vibrations ne soient ni plus ra- pides, ni plus fortes que dans les vertébrés, elles sont beaucoup plus durables, puisque d’après nos expériences elles existent encore dans toute leur force dans des moules à demi putréfiées et ramollies par la macération. Dans les vertébrés, au contraire, l'addition d’une goutte d'acide ou d’une solution alcaline au fluide arrête à l'instant ce mouvement. (1) La durée des vibrations est très différente suivant les cas. Dans l’oviducte des oiseaux , elles persistent durant environ une demi-heure après la mort, dans les parties correspondantes des Mammifères environ vingt minutes, et dans ces deux classes, elles continuent pendant environ la moitié de ce temps dans les or- ganes de la respiration. Cependant nous les avons trouvées encore trés fortes dans le nez d’un lapin mort depuis deux heures. Nous avons déjà signalé les différences de ce mouvement dans les diverses parties de la surface des organes génitaux d’un lapin femelle fécondé depuis trois jours. Dans l’état de gestation de ces animaux, ce mouvement existe sur tous les points de l’organe excepté sur ceux par lesquels il adhère avec le chorion ou les enveloppes externes des fœtus. Il est extrêmement fort dans les points intermédiaires où la surface de la membrane est libre. Nous l'avons cherché en vain sur l'utérus d’une chienne qui avait mis bas trois jours auparavant, et chez laquelle cet organe s'était déchargé d'une grande quantité de liquide et de sang. Ceci sera pour nous le sujet de nouvelles recherches. Nous nous sommes aussi efforcés de nous assurer si les vibra- (1) J’ai observé que les vibrations des branchies des larves des bafraciens continuent dans de l'eau privée d'air par l’ébullition, imprégnée d'acide carbonique, ou saturée de muriate de mor- phine, Dans la moule de mer elles sont instantanément arrêtées par de l’eau douce. — W, S. 358 SHARPEV, PURKINIE ET VALENTIN. tions étaient augmentées ou diminuées dans leur intensité, par l'inflammation des organes génitaux ou respiratoires. Il y a une observation qui semble en faveur de la première opinion : c'est que dans le lapin femelle tué peu de jours après l’accou- plement, le mouvement le plus intense se voyait sur les lèvres de l’utérus qui étaient dans un état en quelque sorte semblable à une inflammation. Encore bien que les mouvemens vibratoires doivent être considérés comme quelque chose de plus qu’un phénomène morphologique général, il est encore impossible d'en dé- voiler complètement l'usage. Par le moyen de ces vibrations les liquides sont mus à la surface des membranes muqueu- ses qui les sécrètent, et peut-être pourra-t-on expliquer un grand nombre de phénomènes par cette remarque. Ainsi, par exemple, forsque des mucosités se sont accumulées dansles bron- ches durant un sommeil long et non interrompu, et qu’ensuite nous nous en débarrassons, nous ne les faisons pas:sortir de lin- térieur même des poumons, mais du larynx où de la partie su- périeure de la trachée-artère. Nous nous abstenons de pousser plus loin ces applications; évitant d'entrer dans le champ des hypothèses, bien que le sujet y engage puissamment. Quoique nous parlions de mouvemens vibratoires (1) ce terme ne doit pas s'entendre dans le sens où il a été employé dans quelques occasions, comme, par exemple, quand on Pa appli- qué à certains mouvemens du sang. Au contraire, nous l’em- ployons Peur désigner un phénomène aussi bien défini et aussi régulier qu'aucun autre phénomène naturel. Je ne doute pas qu'il ne paraisse étrange d’ apprendre qu'il existe des poils. sur la membrane muqueuse des voies respiratoires, et que l’on trouve de ces poils ou cils sur d’autres parties du corps aussi étendues : mais nous en donnons hardiment pour preuve nos observations qui sont faciles à répéter. Cependant nous avouons franchement que, pour porter un bon jugement dans cette question, il est (x) Le mot allemand est Jmmer berwecungen dont « mouvement vibratoire » n’est pas la traduction littérale ; mais bien plutôt le mot vibration; mais ce mot a déjà été appliqué au mou- vement des cils, et est aussi en usage dans les auteurs comme synonyme d’un autre. W. S. Sur un mouvement Vibraloire. 559 nécessaire d’avoir un pouvoir grossissant de trois où quatre cents diamètres. Quiconque pourra se le procurer, et qui prendra les précautions que nous avons indiquées, apercevra avec faci- lité ie phénomène qui est un des plus beaux que présente la nature. Nous espérons bientôt faire connaitre toutes nos observations | sur le mouvement vibratoire général dans tout le règne animal, dans un ouvrige que peut-être pourrons-nous publier au com- mencement de l’année prochaine, Additions et expériences du docteur SHARPET. ‘ ». Depuis que j'ai eu connaissance de la belle découverte de MM. Purkinje et Valentin , j'ai répété chacune de leurs obser- vations ; et comme dans un tel sujet il est important de compa- rer les résultats obtenus par diverses personnes, je demande la permission d'ajouter un exposé de ce que j'ai observé; surtout parce que dans quelques cas j'ai constaté la direction dans la- quelle avait lieu le courant sur les surfaces, circonstance dont les auteurs de la découverte n’ont pas parlé dans leur mémoire. Ayant fait plusieurs expériences tant sur les Mammiferes que sur les oiseaux et les reptiles, j'ai vu avec une grande satisfaction que dans ces trois classes j'observai facilement le mouvement des cils. Ces cils sont toutefois très petits, et leur présence est bien plutôt indiquée par le mouvement oscillatoire qu'ils exétutent tous ensemble que par l'apparence de chacun d’eux en particulier; mais ils ne sont pas tellement petits que je n'aie pu les voir dans toutes les circonstances, et là même ou ils sont les plus petits leur mouvement est aussi bien caractérisé que, dans les cas où ils sont le plus développés. Dans le plus grand nombre de cas, j'ai fait usage d’une lentille de 1735 de pouce de foyer(r), quoique quelquefois le phénomene soit visible à l’aide d’une lentille d’une ligne de foyer. La pièce à examiner {r) Mesure anglaise. 360 SHARPEY, PURKINJE ET VALENTIN. était pliée de la manière indiquée, humectée et couverte d’une lame mince de mica, plus large que l'objet ; cette lame disposait l’eau d’une manière convenable le long des bords du pli et en arrétait l’évaporation , en même temps qu'elle empêchait la len- tille de venir plonger dans le liquide lorsqu'on employaïit un fort grossissement. | Les Mammifères dont j'ai fait usage étaient des lapins, chez lesquels j’ai d'abord aperçu ce nid sur la membrane mu- queuse des narines, de la trachée et des sinus maxillaires. J'ai trouvé que le meilleur moyen de voir le phénomène sur la tra- chée-artère était de couper un lambeau de la portion membra- neuse postérieure, qui ne présente pas de cartilages et se plie beaucoup mieux pour être ensuite examinée au microscope. Ce mouvement ciliaire présentait une activité remarquable dans les cavités nasales, et, comme l'a rem rqué Purkinje, il s’y conti- nuait plus long-temps que dans toute autre place. Il me semblait plus distinct sur la membrane qui recouvre le cornet inférieur , et sur celle qui tapisse les sinus maxillaires, et beaucoup moin- dre sur la cloison nasale. On pouvait facilement déterminer la direction du courant sur le cornet inférieur, en plaçant ces par- ties dans de l’eau tiède contenant un peu de poudre de charbon, ces particules étaient poussées de dedans en dehors dans Ja di- rection des lames osseuses. En ouvrant et examinant, dans la méme intention, les sinus maxillaires, impulsion semblait di- rigée vers la par tie postérieure où se trouve l'ouverture. T ai fait quelques essais infructueux avant de découvrir le mouvement ciliaire des organes génitaux du lapin. 5 in je l'ai aperçu très distinctement et d’une manière satisfaisante dans les trompes de Fallope. Deux de ces essais infructueux furent faits sur des lapins femelles fécondes depuis trois ou quatre jours, ce qu'attestäient de petits œufs que je trouvai dans l'utérus. J'ai ensuite examiné ces mêmes parties dans des pigeons. Sur la membrane muqueuse qui tapisse la trachée-artère et le nez, Je mouvement se trouvait comme dans le lapin. Je lai encore cherché, mais inutilement, sur les parois membraneuses des cel- Jules aériennes de l'abdomen. Je n’ai pu non plus le trouver dans oviducte, mais je ne tire aucune conclusion de ce résultat né- Sur un moutement vibratoire. 361 gat f, les deux pigeons sur lesquels j'ai pu observer ces parties étaient de jeunes individus, et d’ailleurs je n'étais arrivé à apercevoir les vibrations dans les trompes du lapin he des insuccès répétés. Les reptiles examinés étaient la Salamandre ou Lézard aqua- tique, la Grenouille et le Crapaud. Dans toutes les trois, jai apercu parfaitement le mouvement dont il s’agit dans la bouche et le pharynx; mais il m'a été jusqu'ici tout-à-fait impossible de l’apercevoir dans les poumons, malgré que j'aie fait les expériences avec le plus grand soin. J'ai encore examiné loviducte , mais je n’ai pu le faire que dans le Tézard aquatique, ét jusqu'ici je l'ai fait sans succès; car quoique je pusse voir confusément quelque chose qui seb se mouvoir sur les bords de lorifice supérieur, je n’ai pu découvrir rien de sem- blable sur sa surface interne dans l'examen que j'ai ie de toute sa longueur dans plusieurs sujets. Le mouvement ciliaire du gosier des batraciens est extré- mement remarquable : on le rencontre depuis l'ouverture de la bouche jusqu’au commencement de l’œsophage. On aper- çoit facilement la direction de ce mouvement à l’aide de parti- cules de charbon, et en conséquence j'ai mis beaucoup de soin à la figurer. La direction générale des courans est longitudinale, comM= mençant à la symphyse de la mâchoire inférieure, et s’éten- dant jusqu’à l'extrémité inférieure de l'œsophage ou ils cessent brusquernent d’avoir lieu d’une manière marquée. En général, ils suivent la direction des plis de la membrane. Sur le palais le courant à lieu longitudinalement encore d'avant en arrière ; aux narines, et en particulier dans le Lézard, les éaléeiles entrent par un des bords de l'ouverture et ressortent par l’autre. Je n'ose hasarder ici de décider si cet appareil de la bouche et du gosier des batraciens a pour but de faire passer dans l'estomac les sécrétions Un système sexuel double, observé dans tout son déve- loppement; ° 3° Un système vasculaire très étendu , dont l'existence serait au moins très probable; 4° Des muscles et des ligamens internes, distincts, ayant une disposition et une force correspondantes aux organes externes de la locomotion. | Outre ces organes, j'en ai découvert, chez les animaux rota- teurs, d’autres encore dont la forme et les fonctions n’annon- caient aucune relation avec les systèmes que nous venons de citer, Ces organes, en apparence superflus, étaient de deux sortes : les uns gangliformes, les autres filamenteux. La sub- stance des premiers se présentait sous le microscope comme très . finement granuleuse; celle des autres est granulée comme la première, ou bien homogène et transparente. Dans toutes les deux on ne distingue pas de cavité interne, quoique plusieurs _ présentent un diamètre assez volumineux pour cela. Deux de ces corps, d'une forme globuleuse ou cylindrique, sont placés im- médiatement derrière Yœsophage au commencement de l'intes- ün (là ou il y un estomac, derrière lui); ils sont gros et faciles à voir chez tous les animaux rotateurs. J'ai regardé ces corps comme deux glandes, parce qu'ils sont intimement réunis avec l'intestin , sans être des cœcums, car ils ne sont jamais remplis de matière nutritive et ils suivent tous les mouvemens de l’in- testin. Tous deux sont attachés par leur extrémité antérieure à la face interne de la cavité abdominale à l’aide d’un ligament mince comme un fil; ils montrent quelquefois une th dans leur intérieur. Jai comparé ces deux glandes dont la situa- tion est exactement celle des deux cœcums chez les Daphnies avec la glande pancréatique. Je ne les ai jamais vu remplis de matière nutritive colorante, tandis que les cocums chez les Daphnies se colorent bientôt comme l'intestin, ainsi que je m'en suis convaincu par des expériences faites avec l’indigo. (1) (1) M. Gruithuisen a considéré à tort ces cœcums des Daphnées comme des foies, dans sa dis- sertation fort précieuse sur la circulation sanguine qu DABEREE sima (Acta Nat, Ci XI. 1826. p. 400), PAS ÉHRENBERC, = Orsanisation des infusoires. 373 L$ renflemens situés autour du pharynx chez les animaux rotateurs (1) ont été regardés par moi comme des ganglions ner- veux, parce qu'ils ne sont pas intimement réunis et qu'ils n’ap- partiennent pas nécessairement à aucun des systèines précé- demment énumérés. Plusieurs de ces corps envoient des filets déliés qui, dans leur disposition, ne présentent d’analogie ni avec le trajet dichotomique des vaisseaux , ni avec les muscles; aussi n'entrent-ils point en contraction, comme le font les muscles, lorsque lanimal exécute des mouvemens, et ne présentent pas une plus grande épaisseur lors de leur raccour- cissement. Il ne paraît pas non plus que ces filamens soient des vaisseaux, quoique, dans les mêmes circonstances, ceux-ci res- tent aussi dans un état passif; car, s'ils étaient de nature vas- culaire, on verrait le mouvement du liquide dans les plus vo- lumineux de ces filamens à cause de leur diamètre assez con- sidérable et de la substance sranuleuse qu'ils renferment. Si de l'autre côté on voulait regarder plusieurs de ces nœuds placés près de l’œsophage comme remplissant la fonction des glandes salivaires, on ne pourrait cependant pas faire la même chose pour ceux qui envoient des filets distincts dans d’autres parties du corps, telle que la bouche ou le pharynx. Au reste,les glandes intestinales dont nous avons parlé plus haut sont déjà des organes très considérables pour la fonction de salivation. Chez les ani- maux Où ils sont placés sur le canal intestinal, comme chez les Brachions, on pourrait les nommer plutôt glandes salivaires que glandes pancréatiques. Mais lorsque l'estomac n'est pas distinct de l'intestin, comme chez l’'Hydatine, ils accomplissent les fonctions des glandes salivaires et du pancréas en même temps. Enfin on trouve au milieu du corps de certains animaux rota- teurs des petits nœuds isolés (2) qui sont suspendus librement entre des filamens longs, très déliés et simples, qui donnent naissance à d’autres filamens déliés, où bien dans lesquels se (1) PL 13, fig. 3 et 4. | k +. (2) PL 13, fig. 5 et 4,82. . 374 EHRENBERG. «= Organisation des infusoires. réunissent plusieurs de ces filamens, quelquefois deuxs seu- lement. Ces petits organes libres, placés toujours dans le même point, ont distinctement la forme des ganglions et des nerfs; ils sont entraînés d'une manière passive par les mouvemens des muscles. La seconde considération qui m'a déterminé à admettre des nerfs chez les infusoires; c'était l’arrangement des corps dont nous venons d'annoncer tout-à-l'heure l'existence. Ce sont juste- ment les nœuds très volumineux, ceux qu'on est le plus tenté de prendre pour des ganglions nerveux ou pour des ganglions cérébraux quise trouvent placés autour de l’'œsophage, près de la bouche. On sait que c’est justement dans ce même endroit qu'on trouve les ganglions nerveux bien constatés chez les autres ani- maux, et notamment chez les Entomostracées, les Mollusques et les Vers. Le reste du corps présente une distribution nerveuse, simple et par rayonnemens entremélés de ganglions, ce qui s'accorde très bien avec ce que nous venons de dire. La découverte d’une communication directe entre les nœuds médullaires, situés dans la nuque, près de l'œsophage et les points rouges constans placés ordinairement dans le même endroit ma paru donner complètement la solution de la question et prou- ver la nature nerveuse de ces organes. Déjà dans ma seconde dissertation sur les infusoires (1831), j'ai démontré que ces points rouges sont les yeux; je veux appuyer cette opinion par plusieurs preuves nouvelles. Dans la dissertation que je ‘viens de citer , j'ai surtout fait remarquer que ces points présentaient constamment la même situation, que leur forme, leur couleur et leur position , présentaient une grande analogie avec les yeux des jeunes Entromostracées du gerre Cyclope, animaux qui avaient toujours été regardés comme pourvus d'yeux. Quoique guidé par cette analogie, je m'appuyai cependant encore sur la structure granuleuse de la substance du pigment et sur la gran- deur du nœud nerveux sur lequel l'œil double des Cyclapes est placé, organe dont personne n'avait parlé jusquici. Mais il serait plus facile de suivre ce rapprochement en compa- rant ces parties avec les yeux plus déliés des Daphnies. Toutes les espèces de Daphnies qui me sont connues présentent deux ERRENBERC. — Organisation des infusoires: 375 sortes d'yeux, comme les mouches. Les grands yeux composés, d’une couleur noire, sont mis en mouvement par quatre mus- cles, selon M. Straus ; j'en vois au contraire huit comme chez les Mammifères. (1) Près de ces yeux, on voit très distinctement un prolonge- ment cylindrique, arrondi en avant, qui part du cerveau, et qu'on doit considérer comme le nerf optique; il se continue en avant par dix filets fins qui se rendent immédiatement dans la base moyenne de l'œil. Le nerf optique repose sur un nœud plus grand, de substance médullaire, IL part de ce dernier un second prolongement, épais, qui se dirige en s’amincissant vers le milieu du front. Immédiatement derrière la terminaison de ce prolongement, on remarque une tache rougeûtre ou noi- râtre, d’une forme ou arrondie ou allongée, qui, par sa couleur et sa substance ressemble aux yeux des animaux rotateurs. Cette tache n'a pas été remarquée par Jurine ; M. Strauss l'indique d’une manière imparfaite chez le Dapnia pulex ; elle a été mieux observée par MM. Schæfjer et Gruithuisen. Les yeux des Cyclops n’ont aucune ressemblance avec les yeux com- posés des Daphnies; tandis qu'ils ressemblent d’une manière frappante aux petits points ou yeux de ces mêmes Daph- nies, qu'on pourrait appeler yeux simples par rapport aux premiers, qui sont plus grands et pourvus d'un grand nom- bre de facettes. Schæffer avait déjà tres bien observé les parties du cerveau des Daphnies, même mieux que Jurine. Le premier de ces deux observateurs a seulement donné au cerveau autant de parties de trop que le second en a décrit de moins; car Schæffer re- gardait à tort les palpes des femelles , renfermées sous le bord inférieur et tronqué du front, comme une troisième partie du cerveau. Jurine a bien reconnu la véritable nature de (tr) M. Gruithuisen a raison en regardant l’œil’ composé des Daphnies comme un œil double, Chaque hémisphère possède quatre muscles, qui convergent en arrière et divergent vers le bulbeaculaire; mais les deux faisceaux de ces quatre paires de musles divergem au contraire en arrière, s’attachent près de l'insertion des muscles antérieurs du bras et convergent ensuite vers le globe de l'œil, à la manière de deux cônes convergens vers la base et divergens par les points. : : d J LABS F ” 396 ÉRRENBERG. == Organisation des infusorres. ces organes; mais il n’a pas vu la partie moyenne du cerveau _qui porte le petit œil, comme il n’a pas vu ce dernier lui-même. M. Strauss n'a pas remarqué non plus la portion cachée des palpes ; il n’a vu et figuré que leurs extrémités avancées ( voy. Mém. du Mus. v. p. 29, fig. 6.2. 1819). Il a pris chez plusieurs espèces le nerf optique pour l'œil simple ; mais 1l regarde cet œil comme un point ou tache noir simplement, quoiqu'il présente la même organisation que l'œil du Cyclops, qu'il regarde lui- même comme un œil, et que cet organe possède un nerf optique bien distinct. La forme de cet œil a été figurée par M. Strauss, à-peu-près de même chez toutes les espèces de Daphnies; tandis que je vais une grande différence à cet égard, selon les espèces. Au reste, la couleur de cet œil simple n’est pas noire, mais rouge quelquefois clair et quelquefois foncé. | Celui qui observe avec attention les yeux des Daphnies et des Cyclopes, ce qu'on peut déjà faire avec un grossissement de deux cents fois, trouvera autant de raisons pour se déterminer à re- ‘garder ces organes comme des yeux, qu'il y en a pour considé- rer comme tels les yeux simples de Diptères. Dès-lors, il ne peut y avoir de doute sur la fonction des points rouges chez les animaux rotateurs et les autres infusoires, jusqu'aux Mo- nades. Ces doutes ne sont que les conséquences d’une con- naissance imparfaite des connexions ét de l'étendue des orga- nes de même nom chez d’autres animaux. IL est tout naturel qu’on ait remarqué la tache de pigment coloré avant les nerfs optiques qui sont sans couleur , et transparens; Mais on nest nullement autorisé à admettre l'absence réelle de ces nerfs, invisibles souvent à cause de leur finesse et de leur transparence, ou bien à cause de l'o- pacité des parties qui les entourent, dans les lieux ou les points colorés existent. D'un autre côté, l'absence d’une tache de pigment n'at- ieste point l'absence du cerveau; car on sait qu'il existe déjà parmi les Mammifères des espèces chez lesquelles les yeux s’a- trophient et disparaissent presque, tandis que le cerveau ne participe point à cette diminution. Il est probable même, d'a- EHRENBERG. — Organisation des infusoires. 377 prés ce que nous savons , que la substance nerveuse existe dans toute la série animale. Le genre Daphnie étant pourvu des yeux simples et des yeux composés, les Cyclopes des yeux simples seulement, et enfin le rapport de ces yeux avec le cerveau étant bien ma- nifeste, je crois que ce sont là des preuves suffisantes pour faire disparaitre tous les doutes qu'on avait jusqu'ici sur la nature des points de pigment de couleur noire placés dans l'intérieur de la tête de plusieurs animalcules. Au reste, j'ai trés bien observé, dans un grand nombre de cas, ies nœuds de substance médullaire qui communiquent avec les taches de pig- ment rouge chez les animaux rotateurs; aussi je les ai repré- sentés sur plusieurs d’entre eux dans les figures ci-jointes. Voilà les raisons qui m'ont déterminé à admettre des nerfs chez les infusoires ; raisons qui ne sont pas hypothétiques, mais confirmées par une suite de recherches. En résumé, nous voyons que ces observations nous ont con- duits successivement à reconnaître chez les infusoires , qui sont les plus petits êtres que l’homme peut apercevoir par les moyens d'investigation que l'optique lui fournit, tous les systèmes d’or- ganisation qui constituent la partie essentielle de l'organisme humain, et ces systèmes ne s’ÿ trouvent point à l’état rudimen- taire, mais, dans leur manière, aussi parfaits que chez l'hom- me, seulement avec des formes toutes différentes, et nous voyons que l'organisation animale chez l’homme, chez les animaux rotateurs, et même chez la Monade polygastrique, se rattache à un seul type qui règne dans toute la série ani- male. Ce que j'ai dit sur les êtres organisés infiniment petits n'était pas une spéculation philosophique hasardée et sans fon- dement, mais bien la conséquence de ce que j'ai obtenu d’ob- servations que je n'ai point même encore poussé à leur terme malgré tout le temps que j’y ai employé. Les raisonnemens sur la matière primitive simple, qui com- mencéraient là où l'observation cesse, à la limite de ce que nous pouvons voir à l’aide de nos moyens d'optique, sont au dehors du champ des recherches du naturaliste observateur, ils appartiennent plutôt à la spéculation et à la poésie, qui attes- 378 ERRENBERG, — Organisation des infusoires. tent souvent une grande force et une longue portée de l’intelli- gence en rassemblant quelquefois beaucoup de faits très in- téressans sous un seul point de vue ; mais c'est ce que j'ai voulu précisément éviter dans mon discours actuel, pour n'exposer clairement que tout ce qui est appuyé par l'observation. EXPLICATION DES PLANCHES. PLANCHE XII. Fig. r. ÂVassula elegans beäucoup grossi; a. l'anus, dont il sort des matières fécales; 8. bouche et couronne dentaire; d. organe que l’on peut croire destiné à sécréter la liqueur fé- condante; on voit aussi dans cette figure plusieurs vésicules stomacales rendues opaques par de la matière violette sécrétée par l'animal. Fig. 2. Le même; cc. les organes coniractiles ou vésicules éjaculateurs; d. taches formées par les vésicules sécréteurs de la matière violette. Fig. 3. Le mème au moment de se diviser et ayant déjà un appareil dentaire pour chacun des deux individus. Fig. 4 et 5. La couronne dentaire isolée et vue dans différens états de contraction. Fig. 6. Nassula ornata, a. anus dont-on voit sortir des débris de petites infusoires qui ont servi d’alimens à l'animalcule; 4. bouche et appareil dentaire ; c. organe éjaculateur; d. testicule. Fig, 7. Le même montrant la direction des courans que déterminent dans l’eau ambiante, - les cils dont le corps de Panimalcule est couvert. Fig. 8. Appareil dentaire du même. Fig. get 10. Nassula aurea, Les divers organes sont indiqués par les mêmes lettres que dans les figures précédentes. Fig. 11. Chilodon cucullus (sÿn. Loxodes cucullus) vu de profil et dans l’acte de la progres- sion) on distingue dans l’intérieur de son corps les Navicules dont il s’est nourri, ainsi que Pap— pareil dentaire (.) et deux vésicules éjaculateurs (c. c.) Fig. 12. Lemème vu en dessous pour montrer les trois organes éjaculateurs (c, c, c.) Fig, 13. Le même ayant les estomacs remplis de Navicules, etc. Fig. 14. Appareil dentaire du même. Fig. 15. Prorodon niveus ; b. la couronne dentaire dans le mouvement de dilatation; a. anus; c. vésicule ejaculateur. Fig. 16. Appareil dentaire du même. Fig. 17et 18. Prorodon teres; b, bouche et appareil dentaire; a. anus. Fig. 19. Paramecium aurelia; b. bouche; c, c. organes éjaculateurs ophiuriformes, Fig. 20 et 21. Bursaria vernalis (mêmes lettres.) :;:;4 12 LRHefn ann 227 PLANCHE XIII, __ Fig rel2. Ophryoglena atra grossi; cc. organes éjaculateurs. | | | LA | Ie BENNET, == Nouvelle espèce de Kanguroo. 379 Fig. 3et4. Motommata clavulata; cc. cils rotateurs; p. pharynx et mächoires ; e, estomac; ap. appendices de l'estomac; cl. cloaque; an. anus ; ov. ovaire ; gg. ganglions nerveux ; o. œil; m. muscles; qg. queue; calcar, Fig. 5. Wotommata centrura Eh. Les mêmes lettres indiquent les mêmes parties que dans l'espèce précédente; 8. organes branchiaux internes; ca. canaux branchiaux. Fig. 6. Brachionus urceolaris ; mèmes lettres pour les mêmes parties, dt 1 Descrrprion d’une nouvelle espèce de Kanguroo , Par M. E. BEN ET. Le capitaine Parry a récemment rapporté de la Nouvelle- Galles du Sud une espèce de Kanguroo différente de toutes celles déjà connues, et M. Bennet en a donné une description détaillée et une très belle figure dans la troisième partie du premier volume des Transactions de la Société Zoologique de Londres, recueil également remarquable par l'intérêt des Mé- moires qui s’y publient et par le luxe avec lequel il est im- primé. Voici les caractères distinctifs que l’auteur assigne à cette espèce nouvelle. Macropus Parryt. Macr. rhinario lato ; auriculis elongatis, nudiusculis; caudà pilis rigidis brevibus incumbentibus vestité, corpore sublon- gore : notæo griseo; gastræo pallido; fasci& genarum, caudäque pro maximé parte, albis, héc ad apicem nigrä. Sa forme générale est à-peu-près la même que celle du D con commun (M. Major), et sa longueur du bout du museau à l’extré- mité de la queue est de 5 pieds 4 pouces (mesure anglaise ) ; il babite le voisinage de Port Stephens (à environ 30° de lat. sud) et y est connu sous le nom de }}/o{luroo. Sa structure intérieure examinée par M. Owen, ne parait offrir aucune particularité re- marquable. 380 J. pAVY.=— Température des poissons. Osservarions sur la température des Poissons, par le docteur J. Davy. Dans un mémoire lu dernièrement à la Société royale de Londres, M. J. Davy rapporte avoir constate, il y a plusieurs années, que la température de la Bonite ( Thynnus pelarys) est de 99° Farenh. lorsque celle du milieu ambiant n’est que de 80°,5. Ayant observe depuis lors que chez le Thon commun de la Me- diterranée (7'. vulgaris), les branchies reçoivent des nerfs d’une grosseur re- marquable , le cœur est très puissant, et les muscles d’une couleur foncée, il a été porté à croire que ce poisson pourrait bien ètre comme la Bonite un animal à sang chaud, opinion qui paraît être confirmée par le témoignage de pêcheurs intelligeus questionnés par l'auteur. M. Davy pense qu’il en est encore de même pour plusieurs autres poissons de la famille des Scomberoïdes , chez lesquels l'appareil nerveux branchial présente un grand developpement, et il attribue à ces nerfs un rôle important dans la production de la chaleur chez ces animaux. ‘IL serait à desirer que les naturalistes voyageurs portassent leur attention sur cette question. Du reste, quel que soit le résultat des recherches ultérieures, J’anomalie observée par M. Davy n’en sera pas moins un fait d’un grand intérêt pour la physiologie comparative. | (New Edinburgh philos. jour., avril 1835. ) BIBLIOGRAPHIE, HymenorreroRuM Îchneumonibus affinium monosräplhic genera Europæa et species illustrantes scripsit c. g..Nees ab Esembeck , deux volumes in-8. Stuttgard, 1834. db , La description de l’ordre si intéressant des Hyménoptères se complète par d'importantes publications. Celle que nous annoncons viendra prendre place à _côté des excellens travaux de MM. Kirby, Klug, Gravenhorst, Dalman, West- wood, Walker, Boyer de Fonscolombe, etc. — Déja M. Nees s’est occupé, tant en commun avec M. Gravenhorst que séparément, des insectes de la division des Ichneumonides, et l'ouvrage qu’il fait paraître aujourd'hui traite exclusivement de certains Hyménoptéres trés analogues aux Ichneumons (les Zchneumonides adsciti) qu’il divise en Braconoidei et Alysioidei. Ces deux monographies dans lesquelles l’auteur comprend toutes les espèces européennes qu’il a pu se procu- rer, occupent la plus grande partie du premier volume qui n’a pas moins de Bibliographie. 38x ‘ 320 pages.— Ce premier volume est terminé par la monographie de la famille des Evanioles.— Le second traite surtout des Hyménoptères compris par Dalman sous les noms de Pteromalini et Codrini. On trouve ensuite une monographie, de la famille des Dryiniens qui a pour type le genre Dryinus. Enfin l'ouvrage est com plété par de nombreuses additions qui sont devenues nécessaires à cause des tra- vaux récens de MM. Westwood et Boyer de Fonscolombe. Les descriptions de M. Nees sont faites avec soin, et la synonymic tant gé- nérique que spécifique, a été l'objet de nombreuses recherches, ce qui rendra cet ouvrage très utile aux entomologistes. L'auteur eût servi encore plus effica- _cement la science s’il eût pu ajouter à son livre des figures sinon des espèces au moins des divers genres. SE meer L € / | ParrosoPuie de l’hustoire naturelle où phénomenes de l’organisation des ani- maux et des végétaux , par M. Virey , membre de la Chambre des Deputes (un vol. in-8° chez Baillière, rue de l'Ecole de Médecine). ; Ce volume dans lequel l’auteur se livra à la discussion d’un grand nombre de questions de haute philosophie naturelle, est divise en 4 livres; le premier est ‘intitulée Physioiogie générale ou des principes de l’orcanisation. Le second traite de l'orivine et de la formation des étres par rapport à leurs destina- ons; le troisième des développemens des formes organiques et de leurs fonc- tions ; enfin le quatrième a pour sujet la reproduction des êtres, animaux et ségélaux. Le simnle énonce de ces titres, suffit pour faire comprendre que | l'espace nous manquerait nécessairement si nous cherchions à donner une ana- lyse de cet ouvrage. FIN DU TROISIÈME VOLUME, L 44 TABLE DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE VOLUME. Essais pour déterminer l'influence qu’exerce la lumière sur la mami- festation et les developpemens des êtres végétaux et animaux , dont l'ori- gine avait été attribuée à la génération directe, spontanée ou équivoque, per M. Ch. Morren UE mémoire) . 97. 2" JAN 5 | —(Second memoire). + à on sie te» 2 DONNE) Description de FrA RES espèces nouvelles de la famille des Mollusques Brachiopodes" de Cuvier, par M. Brodenip ; : [3.7 . 14 COUMON Rapport sur un Mémoire de M. Audouin, intitulé : observations sur_un insecte qui passe une grande partie de sa vie sous la mer ; fait à l'Aca- demie des, Seiences. par ME. Duirochet,!\ 4, 4e RE Rapport fait, le 19 mars 1832, par M. Dumeéril, au nom d’une commission composee de MM. Latreille, F. Cuvier et Duméril, sur un mémoire de M. Lamare-Picquot , relatif aux serpens des Indes et à leur venim. . . Extrait d’une lettre relative à un nouveau cartilage du larynx , adressée aux rédacteurs par M. le docteur Emmanuel Rousseau. . . . . . . . Recherches sur la symétrie des organes vitaux, considérés dans la série ami- male, par M. Flourens, membre de l'iasutut. - "2MMOMRAR Observations sur les fossiles du calcaire conchylien de la Loraine, extraites _ d’une lettre adressée aux rédacteurs par M. Gaillardot fils. . . .1.1 Description d’un mammifère de Madagascar formant un nouveau genre dans la tribu des Civettes (genre Cryptoprocta), par M. E. Bennett. . . . Mémoire sur l'anatomie des Mollusques Brachiopodes (Cuv.) et plus spé“ cialement des Térébratules et des Orbicules, par M. R. Owen. . . . Rapport sur un Mémoire de M. Coste, intitulé: Recherches sur la génera- on des Mammifères, développement de la brebis. Commissaires MM. Serres , Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire, et Dutrochet, rapporteur. . . Observations sur la Tarentule (ZLycosa T'arantula) avec la figure de cette araneide/ par M. Leon Dutour, 7e". 7209272 EN RES Observations nouvelles sur les Céphalopodes microscopiques, par M. Des- jardins, SN M 5 0 LD T 0e NOIRE PEER Description et figure d’une nouvelle espèce d'Epéire , par M. Leon Dufour. Recherches microscopiques sur l'organisation HE aies des an ; 79 | 108 110 par M, Bernard=Déschamps, 7. 7 SORTE RTE EME PDA A are‘ 383 L: Remarques sur la Couleuvre de Montpellier , avec quelques observations sur le développement des dents venimeuses, sur les variations de couleur individuelles ou dues à l’âge, sur un cas d'absence presque complète des écailles, etc pat Ant. Dugès. … ..… eee ee eee aie + +! 197 Recherches anatomiques et Con Eos entomologiques sur les insectes coléoptères des genres Macronique et Elmis ; par M. Léon Dufour. . 151 Memoire sur le Dreissena nouveau genre de la famille des Mytilacées, avec l'anatomie de la description de deux espèces, par le D. Vanbeneden. . 193 | Notice sur les Tourlouroux ou crabes de terre des Antilles, par M. de D SO SR ae ae OUR IDE | Note sur le Sarcopte de la gale humaine, par M. Dugès. . . .'.". . 245 | Recherches anatomiques sur les Mollusques dela famille des Calyptraciens, ne: PA CEE EE 97 0 PAPCNIRE ER DONS RRE IT Premier mémoire sur la chaleur animale , par MM. Becquerel et Breschet. 257 Sur quelques particularités du système sanguin abdominal et du canal ali- mentaire de plusieurs poissons cartilagineux, par G. L. Duvernoy . . 274 Nouvelles recherches sur l’organisation des RTE par M. Ehren- a Sn. . . HAE De Ne sx 19 + VAIO AU0 Note sur les Huiïtres, les Ctrl et fe ps , par M. Léopold de A «1, Le NEO 0 AU, Le «ie + 200 Note sur les jeunes de l'Ornithorynque, Ar R Oén. . 6.47: 2099 Note sur le genre Nébalie, par M. Milne Edwards. . . . . . . . . . 309 Observations nouvelles sur les prétendus Céphalopodes microscopiques, 5. 4) US OU 2. » à . n« «012 Recherches zoologiques faites pendant un voyage autour du monde, par A... LR ne 2. 988 Mémoire sur l’organisation des Cirripèdes, et sur leurs rapports naturels avec les animaux articulés, par M. Martin Saint-Ange. Extrait. . . . 3:16 Rapport fait à l’Académie des Sciences, par M. Duméril, sur uu travail de M. Cocteau, intitulé: Notice sur un genre peu connu et imparfaite- ment décrit de Batraciens Anoures à carapace dorsale osseuse et sur mn on le péce de ce genre... à . 2. . . . Le «1088 | Observations sur les changemens de formes que divers Crustacés éprouvent danslejeune age, par M. Milne Edwards. . . . . . . ... . . + an Recherches sur la structure du cordon ombilical et sur sa {continuité avec D oumens. Ne di, . . .. 334 Note sur des Céphalopodes nouveaux, par M. de Férussac. . . . .'. . 339 Mémoire sur un mouvement ciliaire chez les reptiles et les animaux à sang chaud, par MM. Purkinje et Valentin, accompagné de remarques et * d'expériences additionnelles par M. Sharpey . . . . . + . . . . . 347 Description d’une nouvelle espèce de Kanguroo, par M. E. Bennet. . . . 379. Observations sur la température des Poissons, par M. J. Davy... . . . 380 ÉNeSpue. JR. LUN Nr," . «1890299 ct 400 TABLE DES PLANCHES RELATIVES: AUX MÉMOIRES CONTENUS DANS CE VOLUME. Planche 1. Teérébratules. Ë . Orbicules et Lingules. | | Écailles des ailes des Papillons. 19 , | Macronychus et Stenelmis. | | 3 ; 5. A. Tarentule et Epeire. B. Couleuvre de Montpellier. D 7 8 . Anatomie du Dreissena. 9. Appareil pour mesurer la chaleur animale, 10. 11. 12. it, - | Organisation des infusoires. 13. Anatomie de Poissons. 14. Développement des Crustacés. FIN DE LA TABLE DU TROISIÈME VOLUME. ES _ Ann. des Jetene. nat 2° Je Let S RCE ETS ne Zool, Tor. 8. PU. 1. le, TT < Ù d vn 14 à n° ( L2 D 2 “ Le Ness 7m IN Jool. Tom. De € } S niques [a DORE Orbicule. DR D os Ro Ce D mer = (2° Serre , Zool, Tom. 3 . PT, À, Leailles des ailes de Papillons, Ann, des Seenc, nat, 2° Serre, Zool, Tom.3,PL 4, 3 © 56 POSTE OT s 0 0 DD Re RER DOS CS FER ob pong ge 5 CG. &. cer er ER LES F6 000 ; Ds 502-000 06 0 o © FSÉn ete 0 La ae Loailles des alles de Fapilons À Fat 44 * % & NY É “| des Setene. nat. 2° Jerte | Loo1 lotte PL, & :. À.-4. Tarentule : Ÿ. Epetre. B. Couleuvre”, sn < « L L | MO \ ; r ñ à ar W] LL $ Lu à Fig. 1-0 y Ted: Macronycehins Fig: 9-10 et 19: Jlenelnkés oO Tont, 2 PINC. quadrutubereutatius, Canalicidatus. v ( Zoo!l, Lorn. 3 2PE; 7: / 20 fig. 20-21-25, Hacronychur quadritubereulatus Fig. 22 25 20 27 et 28 Stenelnts. Fig. 2} Elmié. ÿ } i 4 "4 nc 180% Le de Se 2 "Mn nr. x" Da NL ONE ONE 2 ee RE 2] Anatomie du Dreissenæ . das W \ VA LA LES FE . _ FRA 2 in ea cs rares &S | LE \ à (usotr'e Aozey. -Ippareil Hlectrique. pour mesurer l&æ chaleur an cnale. (gs #4 x \ Lw 4 (à PT, LIN ri A + OR D" ARE DUR K La ste ne vit ! Lt RE UM A ALERT AUTANT à CFO, LE FAN Pause ve à RS pere PURE. ELU pk (7120 Ï à 114 M (à \ ! L) e K M 9 PAL CNT € l À ( # 2 = des Serenc, nat, 2; TO) 0 aie AT Tom. E 7272 To. : p mere soit ! : v: : . 4. é. COTE Ann. der Setone, nat, Zoot. Tom, 3MPI 10. Se d'os Ann: des Jeienc, nat, 2° Jérte. Zool, Tom. 3. PL. rr.. : sg : Te Da vs Canal intestinal de Potssons, B. JS. arcople. de la Cale humaine. Ann, des Serenc, nat 2° Serre, ; DATI M Ar PROD ON EIRE ECS QE & 16 L IT \ J'éructure des Jnfisoires. 2 Le Organisation des infusotres x Pool. Lorn, SPA TS d DROeAL r r / Ann, des Scwne, nat, 2° Jérte , Zool, Tom. 3, PL, 14, : Developpement des (Cruslacés., LE SÉRIE. ue A N N A 1 ES 217 ANNÉE. Épronin nu LA ZOOLOGIE , LA BOTANIQUE, L L'ANATOMIE ET LA PHYSIOLOGIE COMPARÉES DES DEUX RÈGNES, FE | ET L "HISTOIRE DES CORPS URGANISÉS | FOSSILES ; RÉDIGÉES » + | POUR LA ZOOLOGIE, Ki PAR: MM. AUDOUIN ET MILNE-EDWARDS, | | | POUR LA BOTANIQUE, P PAR MM. AD. BRONGNIART ET GUILLEMNN. ee tn on du OS À | sovo.e Boss Pl 1. Térébratules. | PARIS. a ‘ | CROCHARD, LIBRAIRE-ÉDITEUR, PLACE DE SERRE RAR LE 13. Fo : CONDITIONS DE LA SOUSCRIPTION A LA NOUVELLE SÉRIE.Î ta La Ur I(E série des Annales des sciences naturelles se dites en deux res qui ont une | pagination distincte, et forment par année, à partir de janvier 1834, deux volumes de Bota-l nique et deux volumes de Zoologie, accompagnées , l'une et l'autre, de cie 36 be gravées en taille douce CE coloriées quand le js Y ae Fe ee à ES Paris, Départ. be de Prix : pour les deux parties rie Re A - 1.885) 40 BURN POLE une partie SÉparéenE NS ee CDR ape SH VE, La première série de ces Annales, commencée en janvier 1824 ,$se termine en debré. 1 833. et forme 30 volumes remplis de mémoires originaux importans et d’extraits des mémoires les! plus remarquables publiés à l'étranger, le tout accompagné d’environ 600 planches représentant # avec fidélité des êtres nouveaux ou des points peu connus d'anatomie, ce qui fait de ce recueil $ une des collections les plus estimées et les PA FRA citées pe tous les naturalistes. Prix de la collection complète. este enees RE 360 fr. ke Chaque année séparément ...:.. 1.40". 0s0 | ve & ‘ é ANNE 4 . * ets L / ï VAE ne $: s À 1 Vi RE. D Es ————— ». ee RAT MR AVIS xl A MM. LES AUTEURS ET LIBRAIRES-ÉDITEURS. cé: > ê + 0) — Re De d ‘ Les Ouvrages. imprimés , destinés à être annoncés Fe les Annaïes des sciences on, elles À À les Mémoires manuscrits , et tous les objets relatifs à là Correspordance, doivent être envoyés! franc de port à l'adresse suivante : A MM. les Rédacteurs des Annales des sciences se au Bureau des Annales , rue et place de l'École. de-Médecine ,n. 13. nas MM. les Auteurs des Mémoires i imprimés dans les noe Po en fire tirer à leurs frais vingt-cinq et cinquante exemplaires à part, et n’auront à SApporee he É tirage, ete. ;! dont le prix a été fixé par l’Imprimeur de la manière suivante : 4 Pour une feuille (c’est-à-dire seize pages d'impression) ; papier » pliage, pique et couvertur e. compris, tirée à 25 exemplaires. . : . . .:. ,.:........ 8fr | RE ‘à 5o ; id. L ee + Fe . e PA « e G LL C2 . ne ee LC] re 140% o 2 H & ; > La demi-feuille. AR de Bis ele ts NORD D 450 ou 5 30. Les trois quarts de feuille comptent comme une feuille. as Le quart de feuille est compté comme la demi-feuille. Pour les Mémoires qui auraient plus d’une feuille d'impression, Ja deuxième feuille et es. suivantes seront torptnes. nes à raison de 7 fr. 75 c. pour 25 exemplaires. Fe 0 50 LoNp ap Arr + la couverture devant être déduite pour ces feuilles. | ge Lorsque les Mémoires seront accompagnés ae planches, MM. lesauteurs n'auront ciment à supporter que leurs frais de tirage, papier et | coloriage. Dans l’un ou l’autre cas ils voudront bien en énformer par écrit MM. les rédacteurs, qui se chargeront Yonne de donner suite à | ‘ leur demande et de surveiller la mise en page. ; DRE Les uses pRferant remis, avec la fete à MM. les auteurs. RAP CT RASE &! À Chez le même Libraire : D |: ANNALES ii _ DE CHIMIE ET DE PHYSIQUE, | PAR MM. GAY-LUSSAC ET ARAGO. | Ces RL tent tous les mois » à dater de janvier 1816, et forment par.an 3 volumes in-8, accompagnés de planches gravées. L2 Le prix de l’abonnement est de 30 francs pour Paris, 34 francs franc de port pour les départemens, et 38 francs pour l’étranger. Les années 1816 à 1825, formant les trente premiers volumes de la Collection, viennent d’être réimprimées. Prises ensemble elles ne coûtent que 200 fr., et séparément le prix de chacune est de 30 fr. RE } Fe « ————— Ce —— ——— À * HISTOIRE :NATURELLE DES ANIMAUX SANS VERTÈBBES, PAR LAMARBCK, Deuxième édition augmentée de notes, par MM. Deshayes et Milne-Edwards, 8 volumes in-8°. Les tomes 1 ct6 viennent de paraitre. _ CHEZ BAILLIÈRE, LIBRAIRE, Rue de l'Ecole de Médecine , n. 13,56. / + TABLE DES MATIERES | CONTENUES DANS CE CAHIER. ZOOLOGIE. Essais pour déterminer l'influence qu'exerce la lumière, sur la ; -£ e , A PH di _ manifestation, et les développemens des êtres végétaux et ani maüx, dont l’origine avait été attribuée à la génération directe, ; spontanée ou équivoque, par M. Ch.Morren. . .. + ° Description de quelques espèce nouvelles de la famille de | mollusques Brachiopodes de Cuvier, par M. W. J. Broderip. 26 Rarrorr sur un mémoire de M. Audouin, intitulé : observations sur un insecte qui passe une grande partie de sa vie sous la mer; fait à l'Académie des Sciences le 19 août 1835, par Mit MORE D PNR sie ete ha etre et 30 LL Rapporr fait, le 19 Mars 63 par M. Duméril , commission composée de MM. Latreille, F. Covier et Duméril, sur un mémoire de M. Lamare- pie relatif aux serpens des. Indes et à leur venin. ia 4 re au nom d'une % 5 « CRC ® ‘e LE (1 e Exrrarr d'unelettre relative à un nouveau cartilage du larynx ; adressée aux rédacteurs par M. le docteur Emmanuel Rous- 1S6AIL. 0 3 . RECHERCRES sur la symétrie des organes Vitaux , considérés dans la série animale, pa MF lourens, membre de l'institut OssErvATIONSs sur les fossiles du calcaire conchylien de la be de - raine, extraites d’une Jetire adressée aux rédacteurs par M. Gail-. lardot fils. . L E L L] L 3 L2 2 e w e L] 4 e e es la e Vel eee Descriprion d'un mammifère de Madagascar formantun nouveau genre dans la tribu des Civettes (genre Éryptoprôeta); par M E. Bennett. . . .. Pees sur l'anatomie des Mollusques Brachiopodes (Cuv. \ et: plus spécialement des Térébratules et des Orbicules, per MR. Ba. Owen. di . Mémorne sur la composition chimique des racines des plantes et l'action du tannin sur ces organes, par M. Payen. . . . | ess onaiesre e e e CRC el e (2 ee +: . __e + »e . e e e LE e e BOTANIQUE. .: ee e ee e e l DES DAMON RER ANT Hans ON 1e OssErRvATIONs pour servirà la Flore de l’Oura! méridional et. des Steppes, par Chr. Fréd. Lessing. . -e e L 2 e e e e L2 e e e lium Vindobonæ servantur , auctore Stephano Endlicher. De Plantis Cycadeis præsertim Africæ australis, auctore J. G: Chr. : Lehmann. Lehmann. . Kutzing. . » e L ee. eee liste CE ee. + ee os Ka [3 L2 4 LL L L3 L1 L L] RP ae Muscorum hepaticorum nova genéra et species novæ, auct. ST are eee Descriprion de his nouvelles espèces de Chara , par Fr. L 3 LL e e LE; e L L2 L1 e LES ] Erupe des globules cireulatoires de. F. Zannichel Kia PE L. | par EF Pouces eue, Sur le pistil des Scutellaria , par M. Dupont. AO Re M Description d'une nouvelle espèce de Sanfabe des parties les plus élevées dés Andes, par M. Ad. Brongniart. Sd a Prodromus floræ Norfolkicæ, sive catalogus stirpium quæ in in- sula Norfolk annis 1804 et 1805,a Ferdinando Bauer collectæ et depictæ, nunc in Musæo Cæsareo-palatino rerüm nafura- a 38 hr 46 ED Et 20 Jg 4 # | k ji, : À à 2 ANNÉE. 12” TA 7 s a L fx DES. ge | * : : L Fo, # é 1 CES N A'TURELLES, fs 2 ê 7 comprenant à . 10 LA ZOOLOGIE, LA BOTANIQUE, ne EA satOME £ LA PHYSIOLOGIE COMPARÉES DES DEUX RÈGNE, ps | cdot DES CORPS URGANISÉS ROSSELEN | | = RÉDIGÉES, POUR LA Z00LOGIE, Er. “ sos POUR LA 4 BOTANIQUE, nn. AD. BRONGNIART ET GUILLEMIN. foi. 2. « Orbivules et ne _ PL3et4. Écailles des ailes des papillons: : Ne 7h 5. + venue eee cs de. Maui. PARIS. | ROC JARD, LIBRAIRE-ÉDITEUR, PLAGE DE L'ÉCOLE-DE-NÉDEGIRE, N. 1 À CONDITIONS DE LA SOUSCRIPTION A LA NOUVELLE SERI La nouvelle série des Anais Us sciénces ordi se “div en deux parties ) publ mensuellement, qui ont une pagination distincte, et forment par a année, à partir dej 3 183%, deux volumes de Botanique et deux volumes de Zoologie, accompagnées , ,. Jus l'autre, de 24 à 36 planches gravées en taille douce, et coloriées quand le sujet l'exig Paris. Départ. Étranger. $ Prix : : pour les deux parties réunies. ..... nes. 38. 40 44 fr. pour une partie ee dalle Date nee RES AT nu La première série de ces Annales, commencée en janvier I gars se iérminet en décembre) 14 et forme 30 volumes remplis de mémoires,originaux importans et d'extraits des mémoires plus remarquables publiés à l'étranger, le tout accompagné d’environ 600 planches représen avec fidélité des êtres nouveaux ou des points peu connus d'anatomie, ce qui fait decer une des collections les plus estimées et les plus dr citées pe tous lee naturaliste Prix de la collection complète. . RS Ge ote de NP CU Ie le 360 fr. Chaque année séparément, . . . : .......,....:,. 36 ÿ ÿ 1 1 a ! 4 d FANS Ne A ME. .LES AUTEURS ET LIBRAIRES-ÉDIFEURS. À Les Ouvrages imprimés , destinés à être annoncés dans les Arnaïes des sciences naturel les Mémoires manuscrits , el tous les objets relatifs à la Correspoñdancé , doivent être enÿ franc de port à l'adresse suivante : A MM. les Rédacteurs des Annales des sciences nature au Bureau des Annales , rue et place de PÉcole- de-Médecine , n. 13. _ MM. les Auteurs des Mémoires imprimés dans les ab pourront en faire tirer àl frais. vingt-cinq et cinquante exemplaires à part, ét n’auront à supporter que le tel rÀ dont le prix a été fixé par l’Imprimeur de la manière suivante : : À Pour une feuille (c'est-à-dire seize pages d'impression) , papier , pliage, piqére et couvel compris, tirée à 25 cut ee aieli te eV nee le SR ND RE à 50. id, D 2 La demi-feuille. SR A nd PMR . #8. So ou 5 Les trois quarts de feuille conpfent comme, une feuille. + Le quart de feuille est compté comme la demi-feuille, ie pa _ Pour Les Mémoires qui auraient plus d’une feuille d'impression, la ue à feuille suHyantes seront F'RNRES chacune à raison de 7 fr. 75 c. pour 25 Pop s | y bo “ponRER ; 7 is 4 la couverture de être die pour ces feuilles. R Lorsque les Mémoires seront accompagnés de planches, MM. lé auteurs n'auront égales à supporter que leurs frais de lirage, papier et coioriage. Savoir : pouries planches noiress à 25 exemplaires 1 fr. 50. et à 5o exemplaires afr. 50. Dans l’un ou l’autre cas ils vo bien en érformer par écrit MM. les rédacteurs , qui se chargeront volontiers æ donner leur demande et de surveiller la mise en page. Les tirages à part seront remis, avec la f ue à MM. les auteurs ; par M. Does ‘des un. n, 10. Chez le même Libraire ï] ANNALES DE CHIMIE ET DE PHYSIQUE, ia TRS GAY-LUSSAC ET ARAGO. - Ces Lisa paraissent tous les mois, à dater de janvier 1816, et forment par an 3 volumes in-8, accompagnés de planches gravées. Le prix de l'abonnement est de 30 francs pour Paris, 34 francs franc de port pour les départemens, et 38 francs pour l'étranger, Les années 1816 à 1825, formant les trente premiers volumes de la _ Collection, viennent d’être réimprimées. Prises ensemble elles ne coûtent | Find 200 fr., et séparément le prix de chacune est de 30 fr. ose em di HISTOIRE à are DES ANIMAUX SANS VERTÈBBES, | PAR LAMARCK, Deuxième édition augmentée de notes, par MM. Deshayes et Milne-Edwards, 8 volumes in- 8°. Les tomes 1 et6 viénnent de paraître. CHEZ J, B. BAILLIÈRE, LIBRAIRE, Rue de l'Ecole de Médecine , n. 13 bis. L y “TRAITÉ ÉLÉMENTAIRE D'ANATOMIE COMPARÉE , | Suivi de recherches d'anatomie philosophique ou transcendante sur les par- ties primaires du système nerveux et du Squelette intérieur et extérieur, et accompagné d’un atlas de 3r planches in-£°, gravées: par C.-G. Carus, conseiller _ et médecin du roi de Saxe, etc. traduit de l'allemand sur la seconde édition, sa etprécédé d’une esquisse historique etbibliographique sur l’Anatomie ES pi PE A.-J.-L. Jourdan, membre de PAcadémie royale de médecine. - Cet ouvrage se compose de trois forts volumes Are et d'un atlas de 3r su grand ri à rares Prix : .34 francs. Chez J. B. Barccrèns, libraire, à Parts : TABLE DES MATIERES GONTENUES DANS CE CAHIER. ZGOLOGIE. : \ p x / Suite du Mémoire sur Fanatomie des Mollusques Brachiopodes, (Cuv.) et plus spécialement des Térébratules et des CR par M: Owen. i "PA LAN RS Se SERRES Rarrorr sur un Mémoire de M. Du inner Rédicrôltes sur la génération des Mammifères, développement de la brebis. Commissaires MM. Serres , Isidore Geoffioy-Saint-Hilaire, et Dutrochet, rapporteur. , . ++... OBSERVATIONS sur la Tarentule (Lycosa Tarantula) avec la figure de cette aranéide, par M. Léon Dufour. . . . . . . . . .. ‘OsservaTions nouvelles sur les Céphalopodes microscopiques, par | M:: Desjardins: 4. 0... 4 DER AIRE RASE Descriprion et figure d'une. nouvelle epere d'Epéire, par M. Léon Dufour. . . . . . . .. ARE Es : RECHERCHES microscopiques sur |’ organisation des ailes des Lépi- doptères; par M. Bernard-Deschamps. AE cn ren ie BOTANIQUE. L Essar sur les Orôbanches qui croissent à Lanquais, pr ès Boo département de la Dordogne ; : De M. Charles Des Moulins. . . _Nore sur quelques si et variétés nouvelles d'Agaries : par M. Letellier , D. M. P. LD ne tee Surles propriétés toxiques 7 il Agaricus pisse parle même. OBSERVATIONS microscopiques sur le genre re Al par MM. Crouan frères. . . . . . . 1 Sur une espèce nouvelle-de Rhizococcum, Fu les mêmes. , .. . A; e Li LL e e L2 LI LL LJ - « Sur un Lupin nouveau, par M. Desvaux. . . . . : . . . .. ie NOR Inreopuerron à l'étude de la botanique, ou traité. élémentaire de cette science, etc., par M. Alphonse.de Cindalle.: 4.00 Hisrorre naturelle des végétaux phanérogames (t. u);parM.Spach. 1 Flora boreali-americana, ou. Botanique des: parties septen:. trionales del Amérique anglaise, par W. J. Hooker. . . ., . . Manuel de botanique pour déterminer les plantes les plus “utiles et les plus répandues, par H. F. Link, 3° partie. , . . . . . . . Esquisse d'un cours sur la géographie de plantes, par M. Schouw. - - u LE * Imprimé chez Paul Renouard, rue Garancière, n. 5. 65 ? 2 ANNÉE IENCES NATURELLES où se < tr ne à | comprenant à Do fu Z00LOGIE, LA BOTANIQUE, RARES : L'axaromre ET LA PHYSIOLOGIE COMPARÉES DES DEUX RÈGNES, ET R LMNIOME DES CORPS URGANISÉS FOSSILES ; ur RS ie RÉDIGÉES, & RES POUR LA ZOOLOGIE, fe JL re Ne. LA a . ” . AD. BRON GNIART. ET GUILLEMIN. 56 | es ei Le Mars 1836 ; si % TA \ de Ce OCHARD, LIBRAIKE-ÉDITEUR ji. CmacE DE L'écoLs-DE-MÉDRCINE , LR PL ( | v 2 Ji 4 PL » p' ê * # CONDITIONS DE LA SOUSCRIPTION A LA NOUVELLE SERIEM FRS La uouvelle série des Annales des sciences naturelles se divise en deux parties , publiées! mensuellement, qui ont une pagination distincte, et forment par année, à partir. de janvier À 183% , deux inoes de Botanique et deux volumes de Zoologie, accompagnées » l’une et4 l'autre, de 24 à 36 | pnemes gravées en: taille Roms et coleriées quaud le sujet l'exige - Paris, Départ. Étranger. Prix: pour les deux parties réunies. ......, . . 38 40 44 fr. Pour une partie séparément. . . . . . . . . 25 7 30 La première série 4 ces Annales, commencée en 1 janvier ï 824, se térmitie: en décembre: 1 833, et forme 30 volumes remplis de mémoires originaux importans ét d'extraits des mémoires Les plus remarquables publiés à l'étranger, le tout accompägué d'environ 600 planches représentant avec fidelite dés êtres nouveaux ou des poiuts peu connus d' anatomie, ce qui fait de ce recueil une des collections les plus estimées et les plus fréquemment & tées par tous les naturalistes, Prix de la collection M ui Sale halte Riad CENTER à 360 fr. Chaque année séparément. serrer. 36 F AVES LE ENS . Pa A MM. LES AUTEURS ET LIBRAIRES-ÉDITEURS. Se 3 » F a —— ET «M Les Ouvrages imprimés destinés à être annoncés dans les Annales Fi sciences. 5 naturelles les Mémoires manuscrits , el tous les objets relatifs à la Correspor:dance, doivent être envoyé! franc de port à \'adresse suivante : 4 MM les Rédacteurs des Annales Ps sciences naturelles au Bureau des Annales , rue et place de l'École de—Médecine , n. 13. #4 MM. les Auteurs dé Mémoires imprimés dans les le polirrént en faire tirer à leur frais vinot- cinq et cinquante exemplaires à part, el n'auront à supporter (ie le He etc, dont le prix a eté fixé par l'Imprimeur de la maniere suivante : Pour une feuille (c'est-à-dire seize pass d'impression) , papier , pliage, | piqüre et couverturt e compris, tirée. à, 25 ‘Exemplaires... Si AN SR NN SR à 5o id. D dr nn La Re D A ee So ou 5 fr. 50 Les trois quarts defeuille comptent comme une feuille. ' he Le quart de feuille est compté comme la démi-feuillé. Lo AP RNA Pour les Mémoires qui auraien! plus d' une feuille d'impression, Ja deuxième ne et le suivantes seront complées chacune : à raison de : fr. 95 c. pour 25 HORDE ne ‘ : 50 “Robe 5o . «14. LAS la couverture devant être déduite pour ces ia PR TR 0 PUR ELA ë 48 +: l x ge P 4 M Lorsque les Mémoires seront accompagnés de planches, MM. lesauteurs n'auront égalemen à supporter que leurs frais de rage, papier el cosriage. Savoir : pouries planches noires in-8 à 25 exemplaires 1 fr. 50. et à 5o exemplaires afr. 50. Dans l’un ou l’autre cas ils voudronl bien en éz/ormer par écrit MM. les rédacteurs, qui se char geront volontiers de ‘donner suite; leur demande etdesurveiller la mise en page. Eu Les tirages à part seront remis, avec jee ed à Mu. les auteurs par M. Dome, des HeAuRA Es ) N. 10. | F4 Chez le méme Libraire : : ANNALES : DE CHIMIE ET DE PHYSIQUE, PAR MM. GAY=LUSSAC ET ARAGDO. . Ces Annales paraissent tous les mois, à dater dé janvier 1816, et forment par an 3 volumes in-8, accompagnés de planches gravées. ; È PE GTA PS f Le prix de l’abonnement est de 30 francs pour Paris, 34 francs franc de port pour les départemens, et 38 francs pour létranger, Les années 1816 à 1825, formant les trente premiers volumes de la Collection, viennent d’être réimprimées. Prises ensemble ellesne coûtent que 200 fr.; et séparément le prix de chacune est de 30 fr. SOUS PRESSE, POUR PARAITRE TRÈS INCESSAMMENT : G. CUVIER, Lecons D’ANATOMIE Comparée, recueillies et publiées -par MM. Dumeril et Duvernoy, seconde édition, 7 vol. in-8°. ‘ Cette seconde édition des Lecons d’ Anatomie Comparée est Je dernier ouvrage dont M. Cuvier ait été occupé , el il y travaillait avec ardeur lorsque la mort Pa surpris. Le prix de chaque volume sera de 7 francs. | G. Pr. DESHAYES, TRarTÉ ÉLÉMENTAIRE DE CoxcayzioLociEe, avec l’appli- | cation de cette science à la géognosie. he Cet ouvrage formera 2 volumes grand in-8°, avec un Atlas de 100 planches gravées et sera publié en 8 ou 10 livraisons. ï | EDWARDS (MILNE), ÉLÉwENS DE ZooLocre, ou Lecons sur lAnatomie, la Es, EE SAR FAT Vars | Physiologie, la Classification et les Mœurs des Animaux. Un volume grand in-8° d’environ 1000 à 1100 pagés avec un grand nombre de trés | è \ 0 PS LE a 2 belles figures imprimées dans le texte, publié en 4 parties; les 2 premières parties : sont en vente. SE ue LAS _ La troisième partie. paraftra fin juillet prochain. | Prix de chaque partie: 4 francs. TA BLE DES MATIERES CONTENUES DANS CE CAHIER. ZG0LOGIE. ve | Suite des Rrcnencaes microscopique sur |” organisation des ailes des Lépidopières ; par M. Bern nard-Déschanpe, PR REMARQUES sur la Couleuvre de Montpellier, avec quelques pui vations sur le développement des dents venimeuses, sur les va- rations de couleur individuelles ou dues à l’âge, sur un cas d’absence presque complète des écailles, etc., par rat Dugès. RECHERCHES anatomiques, et Considérations entomologiques sur . les insectes coléoptères des genres Macronique et Ælmis ; par M: Léon Dufour, 1... Essais pour déterminer l'influence qu'exerce la lumière sur la ma- nifestation et les déve! oppemens des êtres végétaux et animaux, dont l'origine avait été attribuée à la génération directe, sponta-. née ou équivoque; par M. Ch. Morren. (Deuxième Mémoire.) k ñ CES dt L a. js 129 137 151 | HAN TA Mit! Ru { AY He | a74 BIBLIOGRAPHIE . dite ble lie ben aie Tete . 2e + e Ur site QC PEL «285 BOTANIQUE. Suite de Eee d'un cours sur la La de de plantes, ; par MAL 'SChOUM SL ee PA NN POS REMARQUES sur la nature et l origine à couches corticales et du liber des arbres dicotylédonés, par M. dé Mirbel. ea NAT Re Sur la structure et les formes des grains de Pollén, par le décieur : Hugo Mohl. ........................... ft OsERVATIONS microscopiques sur le Ceramium Boucheri de Du- by, et sur les Gaillones de Bonnemaison, par MM. Crouan - fréres. L CT [3 LU e ° e e LU °. La [2 [3 e e e e C2 .: ee L [2 L2 (] e LI +. L1 L3 k Nore sur les végétaux qui croissent autour et dans les eaux ther- males d'Abano, par le docteur Andrejewskyi. . . .. 5... Descrrerion d'un Champignon brésilien, par M, Aug: de Saint- Hide 5 2 et RPM A A Cozuecrion des Hépatiques d'Allemagne, par le docteur Hi * bener. Un cd |: Imprimé chez Paul Renouard, rue Garancière, n. 5. ve 129 | 143 | 148 181 | 2° SÉRIE. Eu ANN AI ES Wa is ï DES SCIENCES NATUREL LES comprenant ? ‘ LA ZOOLOGIE, LA BOTANIQUE, L’ANATONTE ET LA PHYSIOLOGIE COMPARÉES DES DEUX RÈGNES, ‘ET L HISTOIRE DES CORPS URGANISÉS FOSSILES ; Ke RÉDIGÉES, : POUR LA ZOOLOGIE, PAR MM. AUDOUIN ET BE BOWARDS, ET | POUR LA BO TANIQUE | | PAR MM. AD. BRON GNIART ET GUILLEMIN. TOME TROISIÈME. Avr 1835 _ Zooxoere, PI. 8. Anatomie du Dreissena. PARIS. | CROCHARD, LIBRAIRE-ÉDITEUR Je PLACE DE L'ÉCOLE-DE-MÉDECINE » N: 13... CONDITIONS DE LA SOUSCRIPTION À LA NOUVELLE SERIE. La nouvelle série des Annales des sciences naturelles se divise en deux parties , publiées! mensuellement, qui ont une pagination distincte, et forment par année, à partir de janvier! 1834 , deux volumes de Botanique et deux volumes de Zoologie, accompagnées, l’une eù l'autre, de 24 à 36 planches grue en taille douce, et coloriées quand le sujet l'exige. Ê Paris. Départ. Étranger. : 18 4 en An Shox. LE F0 « pu ‘pour les deux parties réunies, nd a oise qe n ‘38 40 44fr. pour une partie séparément. : . . . . . . . 25 27 30 HEC La première série de ces Annales, commencée en janvier 1824 , se termine en décembre 1 833, et forme 30 volumes remplis de mémoires originaux importans et d’extraits des mémoires les s plus remarquablés publiés à l'étranger, le tout accompagné d’environ 600 planches représentant avec fidélité des êtres nouvédux ou des-points peuconnus d'anatomie, ce qui fait de ce recueil une des collections les plus estimées et les plus en citées par tous les naturalistes. Prix de la collection complète, . . . . .......... .. 36ofr. _ Chaque année séparément. . . ..............,.. 36 : AVIS - MM. LES AUTEURS ET LIBRAIRES-ÉDITEURS. LL#% FN rie = € cet Les Ouvrages imprimées ; destinés à être annoncés dans les Aznales des” sciences naturelles. Jes Mémoires manuscrits , et tous les objets relatifs à la Correspordance, doivent être envoyé : franc de port à l'adresse suivante : 4 MM. les Rédacteurs des Annales des sciences ner F au Bureau des Annales , rue.et place de PÉcole- de-Médecine, ne rS 2 F MM. les Auteurs dés Mémoires imprimés dans les Annales pourront en faire tirer à leur! frais vingt-cinq et cinquante exemplaires à part, et n'auront à supporter que le tirage, 1] dont le prix a été fixé par l’Imprimeur de la manière suivante : À Pour une feuille (c’est-à-dire seize pages d'impression), papier , pliage, piqûre et couvertures! compris, tirée à 29 exemplaires. 5 Hu aa he Re « à 50. id. RAR De x À La den feule..". RP SES ne ; & fr. 5o ou 5fr. 5! Les trois quarts de feuille comptent éomme une feuille. Le quart de feuille est compté comme la demi-feuille. Pour les Mémoires qui auraient plus d’une feuille d'impression, la deuxième feuille et 18 suivantes seront comptées chacune à raison de 7 fr. 35 c. pour 25 exemplaires. > 9 5o pour5o id. la couverture devant être déduite pour ces feuilles. ; Ge SO Lorsque les Mémoires seront accompagnés de planches, MM. lesauteurs n "juront égalemen! à supporter que leurs frais de tirage, papier et coloriage. Savoir : pourles planches noires in-8! - à 25 exemplaires r fr. 50. et à 5o exemplaires afr. 50. Dans l’un ou l’autre cas ils voudroni bien en éxzformer par écrit MM. les rédacteurs, qui se chargeront volontiers de donner suite à leur demande et de surveiller la mise en page. “ 4 Les tirages à part seront remis, avec la facture, à MM. lés auteurs; par M. Dumssiz, rué . des PRURTÉ n. 10. LR PM TA C4 Chez le née Libraire o pes ANNALES DE CHIMIE ET DE PHYSIQUE, | PAR MM. GAY-LUSSAC ET ARAGO. Ces Annales paraissent tous les mois, à dater de janvier 1816, et forment par an 3 volumes in-8, accompagnés de planches gravées. re Le prix de l'abonnement est de 30 francs Pour Paris, 34 francs franc de port pour les départemens, et 38 francs pour l'étranger, Les années 1816 à 1825, formant les trente premiers volumes de la ” Collection, viennent ‘d’être réimprimées. Prises ensemble elles ne coütent que 200 fr.; et séparément. le-prix.de chacune est. de 30 fr. A0 ’ } , as - Le ne NET me 6 : PE | »] + LAB 3 A MU: 4 “5 6t sr: Dh HAS] larg 156 $ > : SOUS PRESSE, POUR PARAITRE TRÈS INCESSAMMENT : 6. CUVIER, Lxcows D'ANATOMIE COMPARÉE, recueillies et publiées par MM. Dumeril et Duvernory, seconde édition, 7 vol. in-8°. : Lies Celté séconde édition des Zecons d'Anatomie Comparée est le dérnier ouvrage dont M: Cuvier ait été occupé, et il y travaillait avec ardeur lorsque la mort l’a surpris. Le prix de-chaque volume sera de 7 francs. RÉEL EIRE LUN ST CE TT IN DER D sua APE LU 3 À | t | G. P. DESHAYES, TRAITÉ- EÉLÉMENTAIRE DE ConNcHYLIioLoGiE, avec lappli- | cation de cette science à la géognosie. | ; Cet ouvrage formera 2 volumes grañd in-8°,'avec un Atlas de 100 planches gravées et sera publié en 8 ou 10 livraisons. ‘EDWARDS (MILNE) ÉLéMEnNs De ZooLocre, ou Lecons sur l’Anatomie, la Physiologie, la Classification et les Mœurs des Animaux 2 STE volume grarid in-8° d'environ 1000 à 1100 pages avec un grand'ñombre de très . bellès figures/impsimées dans le texte, publié ‘en 4 parties; les 2 premières parties °* sont en vente, 2 set Ne MORT l : #1 #13 Le troisième partie Paraëra fin juilletiprochain. Prix de chaque partie : 4 francs. | RNA TOY IN PTE 0 ASS COR SUNICII ES ji Gr PEN ces ÿi , ; PUBLICATIONS NOUVELLES,. _ NECKER, Le RÈGNE antmAL ramené aux méthodes de l’histoire naturelle, .. 2 vol.in-8, prix 18'fr, Chez Levraurr, rué de la Harpe, n. 81. À : | 1e 2 - Æ D D PA LE QT CRETE RE Le au à CAE , y + “y Toit Mr ae 4 177 set nat. SURNAPE Er eu) PURÈES DUGÈS , RECHERCHES sur l’ostéologie et’ la myologie des Batraciens à Jeurs différens âges, 1 vol. in- 4° avec 50 planches, prix 16 fr. ChezJ.-B, Blirrrère è … rue de l'École-de-Médecine ; TS: | : TABLE DES MATIERES à CONTENUES DANS CE CAHIER. BOTANIQUE. Enumérarion des Mousses et dès Hépatiques recueillies par M. Leprieur, dans la Guianecentrale, et description deplusieurs nouvelles espèces de ces deux familles, par C. Montagne. . . 193 Sur la structure etles formes des grains de Pollen, par le docteur : | Hugo Mob... pe Re an OgsEervarTIoNs sur Ja végétation de l’île de Sitcha par M. Bongard. 236 Licens nouveaux et Observations sur les Usnéacées et les Ever- niées, par MM. Nees d'Esenbeck et Flotow. . . . . . . . . . . 238 Osservarions sur les espèces du genre Ophrys recueillies à Bone, Par:A, Mutels sine a TRS RON RE ES REMARQUES sur la Flore de Sénégambie, par M Walker-Arnott. . 245 DescrieTron d’unenouvelle espèce de Champignon, par MM. A ‘Cavallier et P. Sechier , de Toulon. 55.41." 00e De Ecnivors genere capita duo. Dissertatio Botanica, etc., quam ; pro venia legendi defendet Ern. Rud. A. Trautvetter. . . . . 254 ZGOLOGIE. Mémoire sur le Dreissena, nouveau genre de la familledes Myt- Qi lacées , avec l'anatomie et la description de deux espèces, par . le docteur Vanbeneden... 24420020 Le 00 ro Norxcs sur les Tourlouroux ou Crabes de terre des Antilles, par | M. le chevalier de Fréminville,. 7.0"... NO TS Essais pour déterminer l'influence qu'’exerce la lumière sur la +" manifestation, etles développemens des êtres végétaux et ami- maux, dont l’origine avait été attribuée à la génération directe, - spontanée ou équivoque, par M. Ch. Morren (suite). . . . . 224 | Nore sur le Sarcopte de la Gale humaine, par M, A. Dugès.. . . 245 « REcHERCHES anatomiques sur les mollusques de la famille des 4 Calÿyptraciens, par M.'Owen, . :....,..:.... 00: BIBLIOGRAPHIE €, 1... 0 255 À 4 | ee, ; Me Fée = ANN ALES Se on DES SCIENCES NATURELLES, LA ZOOLOGIE, LA BOTANIQUE, l L’'ANATOMIE ET LA PHYSIOLOGIE COMPARÉES DES DEUX RÈGNES, ET L’HISTOIRE DES CORPS ORGANISÉS FOSSILES ; Ds * RÉDIGÉES, - Dis | POUR LA ZOOLOGIE, PAR MM. AUDOUIN ET MILNE-ED WARDS, = ET | POUR LA BO TANIQUE, PAR MM. AD. BRON GNIART er GUILLEMIN. TOME TROISIÈME. e»cece W 2 1835 | . ji ITR A ee a Aa RARE Zoozocte. Pl. 9. pareil ue pour mesurer la chaleur animale. PI. ro et 11. Anatomie de poissons, PI. ro. Organisation ee ane PARIS. CROCHARD, LIBRAIRE-ÉDITEUR , | PLACE DE M nélei ne N. 13. . | CONDITIONS DE LA SOUSGRIPTION A LA NOUVELLE SERIE. \ Ÿ J# + dl (PP, "0 CZ « . Es * ° _ La nouvelle série des 4{nnales des sciences naturelles se divise en deux parties , publiées 1 mensuellement, qui ont une pagination distincte, et forment par année, à partir de janvier 1834 , deux volumes de Botanique et deux volumes de Zoologie, “accompagnées, l’une et l'autre, de 24 à 36. planches-gravées.en taille douce, et coloriées quand le sujet l'exige. : : he vs - Paris. Départ, Étranger.. ST Prix : pour les deux parties réunies... fit: 38 HONTE fr. pour une partie séparément. . . . . . . .. 25 27 30 : La première série de ces Annales, commencée en janvier 1824., se termine en décembre 1833, | et forme 30 volumesremplis de mémoires originaux importans et d'extraits des mémoires les M plus remarquables publiés à l'étranger, le tout accompagné d’environ 600 planches représentant W| avec fidélité des êtres nouveaux ou des points peu connus d'anatomie, ce qui fait de ce recueil une des collections les plus estimées et les plus fréquemment c'tées par tous les naturalistes. Le | APE Prix de la collection complète. DIT LD athe ele à OURS EN EN Cie 360 fr. Es À | Chaque année séparément, . . .... +... 36 SR ee ci y \ .K 4 N TS À | HAN ET PAST AT A MM, LES AUTEURS ET LIBRAIRES-ÉDITEURS. | Les Ouvrages imprimés , destinés à être annoncés dans les Annales des sciences natureiles , X . les Mémoires manuscrits , et tous les objets relatifs à la Correspondance, doivent être envoyés ! franc de port à l'adresse suivante : 4 MM. les Rédacteurs des Annales des sciences naturelles , rc au Bureau des Annales , rue’et place de-P École-de- Médecine M: TS Lis MM. les Auteurs des Mémoires imprimés dans les 4enrales pourront en faire tirer à leur à frais vingt-cinq et cinquante exemplaires à part, et n'auront à supporter que le tirage, etc. , dont le prix a été fixé par l’Imprimeur de la manière suivante : Tr MR | Pour une feuille (c'est-à-dire seize pages d'impression), papier , pliage, piqûre et couverture M) | 8 fr. | 4 1 compris, tirée à 25 exemplaires. . « : . . . . . : .. . . . . ... r. ‘4 à ÿo id. LR AAA LE TU oi Ole Lee tee < 2." La demifeuille. Je LR er LU ER A TS ET E NeE Les trois quarts de feuille comptent comme une feuille. NA + à Le quart de feuille est compté comme la demi-feuille. | OS A A LE Pour les Mémoires qui auraient plus d’une feuille d'impression, la deuxième feuille et les# | suivantes seront comptées chacune à raison de 7 fr. 75 c. pour 25 exemplaires. 1 ' 9 50 pourio id À la couverture devant être déduite pour ces feuilles. Lorsque les Mémoires seront accompagnés de planches, MM: les auteurs n'auront également M] à supporter que leurs frais de tirage, papier et coioriage. Savoir : pour ies planches noires in-8° | à 25 exemplaires 1 fr. 50. et à 5o exemplaires 2fr. 50. Dans l’un ou l’autre cas ils voudront | bien en érformer par écrit MM. les rédacteurs , qui se chargeront volontiers de donner suite à leur demande et de surveiller la mise en page. : à Nr AUS Les tirages à part seront remis, avec la facture, à MM. les auteurs; par M. Dumesnir, rue! des Beaux-Arts, n, 10. LR 4 LES à CNRS Chez le méme Libraire : ANNALES . DE. | HR ET DE PHYSIQUE PAR MM. GAY-LUSSAC ET ARAGO. Ces Annales paraissent tous les mois, à dater A janvier 1816, et forment par an 3 volumes in-8, accompagnés de planches gravées. Le prix de l’abonnement est de 30 francs pour Paris, 34 francs franc de port pour les, départemens, et 38 francs pour l'étranger. . Les années, 1816 à 1825, formant les trente premiers volumes de la. Collection, viennent d’être réimprunées Prises ensemble elles ne coûtent. que 200 fr., et séparément le prix de chacune est de 30 fr. SOUS PRESSE, POUR PARAITRE TRÈS INCESSAMMENT!:. G. CUVIER, Leçons D'ANATOmIE Compare, recueillies et publiées par MM. Dumeril et Duvernoy, seconde édition, 7 vol. in-8°. Cette seconde édition des Lecons d’Anatomie Comparée est le dernier ouvrage dont M. Cuvier ait été occupé, et il y travaillait avec ardeur lorsque la mort l’a Surpris. Le prix de chaque volume sera de 7 francs. -G. P. DESHAYES, Traité ÉLÉMENTAIRE DE. CONCHYLIOLOGIE, avec l'appli- cation de cette science à la géognosie. | Cet ouvrage formera 2 volumes grand in 8°, avec un Atlas de 100 planches gravées et sera publié en 8 ou 10 livraisons. : EDWARDS (MILNE) ÉLÉMENS DE. ZOOLOGIE, ou Lecons sur l’Anatomie, la Physiologie; la Classification et les Mœurs des Animaux. : ‘4 * Un volume grand in-8° d'environ. 1000 à 1100 pages avec un, gr and nombre de très belles figures imprimées dans le texte, PUB en. 4 parties ; les, 2 premières’ parties | sont en. vente. À La troisième parte paraîtra cn septembre Proche, . Prix de thai “mé &francs. | à LS AE | PUBHCATIONS NOUVELLES.. NECRER, | Le, RÈGNE ANIMAL ramené aux méthodes, de Jhistoire naturelle, .2 vol, Le , prix 18fr, Chez Leyrauzt, rue de la Harpe, n. 81. Ducs, RECHERCHES sur Postéologie et la myologie des Batraciens à leurs | différens à âges, 1 vol. in-4° avec 20 planches, prix : 16 fr. Chez]. -B. BAILLIÈRE, - rue de l'École-de-Médecine, n. 13. TABLE DES MATIERES ai , CONTENUES DANS CE. CAHIER. dl L 5 BOTANIQUE, ÉNUMÉRATION des plantes recueillies par M. Bové dans les deux Arabies , la Palestine, la Syrie et l'Egypte, par M. J. Decaisne. 257 OBSERVATIONS sur plusieurs espèces d'Érica, parJ.F. Tausch. 292 Trois nouveaux genres de la famille des Synanthérées, par Ch. Pa H. Séhukiz. jh, eue nes. 0 SUR LA STRUCTURE et les formes des grains de Pollen, par "le doc-. teur Hugo Mohl. à 304 ss, : 1. _ZOOLOGIE. me BReheU Le UE ON +3 Sur quelques particularités du système sanguin abdomnal-et du we canal alimentaire de plusieurs poissons cartilagineux; ‘ES : L.: Duvernoy. ff. amer ter ne MS tam - Nocvezzes recherches sur l’ organisation des: Infusoires, par M. MES Ehrenber®. sis chier eur Re Nore sur les Huîtres, les Gryphées et Jes Exogyres, ns M Léo- | | pold de ‘Buch, . ., "us" Re à en "Nore sur les jeunes de Orne par MR: Owen: Len À | Nors sur le genre Nébalie, par M. Milne- Edwards a) see 369 2 OBSERVATIONS nouvelles sur les prétendus- Géphalopodes micro | ; scopiques, par M: Dujardin... sise Ne Rens Recuercues z0ologiques faites. pendant un-voyage autour du | monde , par M. FE. Meyen. (Efira): SN UERRnS RS SARA Memorre sur l organisation des Cirripèdes-et sur leurs rapports | naturels avec Îles animaux articulés , par M. nn ae use Le (Œxtrait). ... sessions eue. 0 10/2016 RaPrORT fait à l'Académie des.Sciences, par M. - -Duméril, sur ‘ un travail de M. Cocteau, Notice sur un genre peu connu et imparfaitement décrit. des. Batraciens Anoures à à.carapace dor- sale, osseuse, et sur une nouvelle € espèce de: ce. genre. . .... 318 ‘il À BIRLIOBRAPEEE. ® e e s + < ag + SE RC) ne Le * ue Da noce LE . ... . ee ’ 390 —— & PR EE du | = 1 À | NE 5 à \ = LD ; * - Pr ! Imprimé chez Paul Renouard, rue Garancière, 2. 5. 3 + è Mu ANNALES ‘2 ; # % + a FETE Red DES RAA SCIENCES NATURELLES, [ER % | { | ke CompreneRE D LA ZOOLOGIE, LA BOTANIQUE, ñ ‘en: L'ANATOMIE ET LA PHYSIOLOGIE COMPARÉES DES DEUX RÈGNES, 4 ET L ATEN DES CORPS ORGANISÉS FOSSILES ; " 3 RÉDIGÉES , 128 POUR LA ZOOLOGIE, | | PAR MM. AUDOUIN ET MILNE-EDW ARDS, : . POUR LA BOTANIQUE, PAR MM. AD. BRONGNIART ET GUILLEMIN. TOME TROISIÈME. à Fr LE 4 à FPrRRe ? Re à on en: Zoozogrs. PI. 13. Organisation des Infusoires. — Pl. 14.—Développement des Crustacés. | | Les ( ca " 4 | PARIS | CROCHARD, LIBRATRE-ÉDITEUR us . PLACE DE L'ÉCOLE-DE-MÉDECINE, N. 13. f CONDITIONS DE LA SOUSCRIPTION A LA NOUVELLE SERI 3 : La nouvelle série des Annales des sciences naturelles se divise en deux parties , publié mensuellement, qui ont une pagination distincte, et forment par année, à partir de janwk 1834 , deux volumes de Botanique et deux volumes. de Zoologie, accompagnées, l’une! l'autre, de 24 à 36 planches gravées en taille douce, et coloriées quand le sujet l'exige. . 4 | “Paris. Départ. Étranger. Prix : pour les deux parties réunies. ....... .. 38 40 "44 fr. _ pour une partie séparément. . . . . . .!.. 25. 27.450. -+1 La première série de ces Annales, commencée en janvier 182% , se termine en décembre 1831} _ et forme 30 volumesremplis de mémoires originaux importans et d'extraits des mémoires ÿ plus rémarquables publiés à l'étranger, le tout accompagné d’environ 600 pianches représente avec fidélité des êtres nouveaux ou des points peuconnus d'anatomie, ce qui fait de ce recu une des collections les plus estimées et les plus fréquemment c'tées par tous les naturalistes. M Prix de la collection complète. . : . . .. ......-... 360 fr: 14 Chaque année séparément. . . ............... 36: À 7 + 5 TANPES 0 0 One A MM. LES AUTEURS ET LIBRAIRES-ÉDITEURS. ep Les Ouvrages imprimés , destinés à être annoncés dans les Annales des sciences naturella les Mémoires manuscrits , et tous les objets relatifs à la Correspordance, doivent étre envoi franc de port à l'adresse suivante : 4 MM. les Rédacteurs des Annales des:sciences naturell au Bureau des Annales , rue et place de l'École-de-Médecine ,n. 13. ù MM. les Auteurs des Mémoires imprimés dans les 4rnales pourront en faire tirer à le frais vingt-cinq et cinquante exemplaires à part, et n’auront à supporter que le tirage, el dont le prix à été fixé par l’Imprimeur de la manière suivante : AO Pour une feuille (c’est-à-dire seize pages d'impression), papier , pliage, piqure et couvert compris, tirée à 25 exemplaires. . . . .. . . . . . . ....... Sr. “0 à 5o FF ADO A A ER A PR de me, «4 Ea demi-feuille. CG Et e + = 2 © = + ; e. à . +. ee + As CRUEL AC 4 fr. 50 ou 5 fr. à Les trois quarts de feuille comptent comme une feuille. LR Le quart de feuille est compté comme la demi-feuille, RE HE Pour les Mémoires qui auraient plus d’une feuille d'impression, la deuxième feuille et suivantes seront comptées chacune à raison de 7 fr. 95 c. pour 25 exemplaires. | Lo UE 9 5o pourño : id 1. la couverture devant être déduite pour ces feuilles. ape à s "4 Lorsque les Mémoires seront accompagnés de planches , MM. lesauteurs n’auront égalemé à supporter que leurs frais de tirage, papier et coloriage. Savoir : pouries planches noires in: - à 25 exemplaires r fr. 5o. et à 5o exemplaires 2fr. 5o. Dans l’un ou l’autre cas ils voud ré bien en éxzformer par écrit MM. les rédacteurs , qui se chargeront volontiers de donner suit ù leur demande et de surveiller la mise en page. SE A. Les tirages à part seront remis, avec la facture, à MM. les auteurs; par M. Dumessniz, À des Beaux-Arts, n, 10. 1e LS ne MARS. 4° fi | Chez le même Eilémire : ANNALES DE CHIMIE ET DE PHYSIQUE, PAR MM. GAY-LUSSAC ET ABAGO. Ces Annales paraissent tous les mois, à dater de janvier 1816, et forment par an 3 volumes in-8, accompagnés de planches gravées. Le prix de l’abonnement est de 30 francs pour Paris, 34 francs franc de port pour les départemens, et 38 francs pour l'étranger. Les années 1816 à 1825, formant les trente premiers volumes de la Collection, viennent d’être réimprimées. Prises ensemble ellesne coûtent que 200 fr., et séparément le prix de chacune est de 30 fr. > Ç —— sous PRESSE, POUR PARAITRE TRÈS INCESSAMMENT : G. CUVIER, Lecons D’AnatomrE ComPaRéE, recueillies et publiées par MM. Dumeril et Duvernory; seconde édition, 7 vol. in-8°. | Gette seconde édition des Lecons d’ Anatomie Comparee est le dernier ouvrage dont M. Cuvier ait été occupé, et il y travaillait avec ardeur lorsque ia mort fr surpris. Le prix de chaque volume sera de 7 francs. G. P. DESHAYES, TraITÉ ÉLÉMENTAIRE DE ConcuxLroLociE, avec. l’appli- cation de cette science à la géognosie. Cet ouvrage formera 2 volumes grand in-8°, avec un Atlas de 100 planches gravées et sera publié en 8 ou ro livraisons. . : k EDWARDS (MILNE) ÉLÉMENS DE Zoozocre, ou Lecons sur l’Anatomie, la Physiologie, la Classification et les Mœurs des Animaux. Un volume gr and in-8° d'environ 1000 à 1100 pages avec un grand nombre detrès . belles figures LP dans ; texte, EDR en : parties; les 2 premières parties sont en vente. 4 Prix . chaque partie : 4 francs. | PUBLICATIONS NOUVELLES. NECKER, Le Rècxe MUNÉRAL ramené aux méthodes de l'histoire. naturelle, 2 vol.in-8, prix 18 fr. Chez Levraurr, rue de la Harpe, n. 61. * DUGÈS, RECHERCHES Sur l'ostéologie et la myologie des Batraciens à leurs \différens 4 âges, 1 vol. in-4° avec Men prix 16 fr. Chez J.-B. ra -rue de l'École- de-Médecine » n. 13. TABLE DES MATIÈRES | CONTENUES DANS CE CAHIER. Î BOTANIQUE. Sur LA sTRUCTURE et les formes des grains de Pollen, par le déc- teur Hugo Mobl:: (Suite, 4... 22100200 Proprôomus FLorz FERNANDESIAN%. PARS PRIMA, sistens enumera- - tionem platarium cellularium quas in Insulà Juan Fernandez à : CI. Bertero collectas describi edique curavit, G. Montagne. . . 347 Recnercues sur les caractères et les affinités des Papavéracées et des Fumariacées, parle professeur Bernhardi. (Extrait). . . 357 G: C. Roœxriwes. Deutschlands flora. Flore d'Allemagne deRœh- : | lings, publiée sur un plan plus étendu, par W. D. G. Koch, . 310 4 SUR LA PLURALITÉ et le développement des Embryons dans lés graines des Conifères, par M. Rob. Brown. . . . . . . . . . 379 D ee OBsERvATIONS sur les changemens de forme que divers Crustacés de _ éprouvent dans le jeune âge, par M. H. Milne Edwards. . . . 321 w Recnercnes sur la structure du cordon ombilica!, et sur sa con. ünuité avec le fœtus, par M, Flourens. . . . . . . . .. Store SAN Exrrair d'une Note sur des Céphalopodes nouveaux, par M. de Férussac. strate ete Ee rence arRun, e er à et OT ere ee . ee +. + + + ! 339 n | Mémors sur un mouvement. ciliaire chez les Reptiles et les ani- maux à sang chaud, par MM. Purkinje et Valentinÿaccompa- gné de remarques et d'expériences additionnelles par William Sharpey. e Q eee el p p'helreire ee relie relie ne miles) Vetiettrelie 347 Novuvezrzs RecHerCHEs sur l'organisation des Infusoires, par M Ms Ebrenbere. Sue)" 4e 0 00 NS Descrrerion d’une nouvelle espèce de Kanguroo, par M. E. Ben- À | net. ne. . Q . e ssfalta %, 0e + + + + + : 6. + + + + e Hate 379 14 Ogservarions sur la température des Poissons, par le docteur 1 Je Davy ETAT NS RE DOS TP PS 380 BIBLIOGRAPHIE. CCE RER pe Q ee de se eee CRE . +. + + + + se ibid. * _ —_ Imprimé chez Paul Renouard, rue Garancière, n. 5. one _ € VD di 826 M æ re 1 le M un 9088 01354 0521