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SUIENCES NATURELLES

| ZOOLOGIE

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L'ANATOMIE, LA PHYSIOLOGIE, LA CLASSIFICATION ET L’HISTOIRE NATURELLE DES ANIMAUX

PUBLIÉES SOUS LA DIRECTION DE

M. A. MILNE-EDWARDS

TOME V

PARIS MASSON ET Ci, ÉDITEURS LIBRAIRES DE L'ACADÉMIE DE MÉDECINE

120, Boulevard Saint-Germain.

1898

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L'APPAREIL DIGESTIF

DES

ORTHOPTÉRES

(Études Morphologiques, Histologiques et Physiologiques de cet Organe

ET SON IMPORTANCE POUR LA CLASSIFICATION DES ORTHOPTÈRES)

Par L. BORDAS,

Licencié ès sciences physiques et ès sciences naturelles, Docteur ès sciences, Docteur en médecine.

INTRODUCTION.

Nous avons étudié l’Appareil digestiy des ORTHOPTÈRES chez quatre-vingts espèces environ, appartenant aux sept principales familles de cel ordre. Cet organe, assez uni- forme dans son ensemble, présente cependant d'une famille à l’autre et parfois même dans la même famille, de nom- breuses différences secondaires qui ont nécessité une des- cription spéciale. Grâce aux nombreux échantillons (1) que M. le Professeur Bouvier a bien voulu mettre à notre disposi- tion, il nous a été possible de suivre les différentes modifica- lions qu'éprouve cet appareil, depuis les formes droites qu’il affecte chez les Phasmidæ, jusqu'aux formes sinueuses et

(1) La plupart des espèces que nous avons décrites proviennent du labo- ratoire d'Entomologie du Muséum et ont été déterminées par M. Ch. Bron- gniart, assistant de Zoologie. Nous sommes heureux d'adresser à M. Bron- gniart tous nos remerciements, non seulement pour les déterminations, parfois difficiles, qu’il a bien voulu nous faire, mais encore pour les ren- seignements qu'il nous a donnés sur certains Orthoptères.

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> L. BORDAS.

compliquées qu'il présente chez les Locustes et les Gryllides. Nous avons décrit d’une facon détaillée et représenté, au moyen de nombreuses figures, un organe {rès important chez les Orthoptères, le gésier; nous avons en outre montré, avec force détails, les divers degrés de complication qu'offre son armature chitineuse interne dans les diverses familles d’Orthoptères. De plus, nous avons indiqué tout le parti qu'on peut tirer de la forme et de la structure des dents de cha- cune des rangées longitudinales internes pour la détermina- tion des espèces.

Nous avons montré que les appendices latéraux de l'extré- mité antérieure de l'intestin moyen ne sont que des diver- ticules de ce dernier organe. Des études histologiques nous ont conduit à ces conclusions et fait considérer ces diverti- cules comme des expansions latérales à fonctions surtout sécrétrices. Le nombre considérable et la variété des espè- ces que nous avons eues à notre disposition nous ont per- mis de faire une description très détaillée des cæcums intes- linaux, et de suivre pas à pas les modifications graduelles et nombreuses qu'ils éprouvent pour passer des formes multiples (8 chezles Mantidæ etles Blattidæ, 6 chez les Acri- diidæ) aux formes paires et latérales des Locustidæ el des Grylldæ. Les diverses variétés de structure qu'affecte le gésier, ses différents degrés de complexité ajoutés surtout à la présence ou à l’absence des cæcums intestinaux, nous ont permis de diviser les Orthoptères en deux groupes très distincts : les AcoLorasiA ou Orthoptères sans appendices intestinaux et les CoLorasia ou Orthoptères à appendices intestinaux plus ou moins nombreux et développés.

Les organes urinaires ont également élé étudiés avec détail, et nous avons conslalé que, chez tous les Orthoptè- res, sauf chez les Forficulides, les tubes de Malpighi sont très nombreux el groupés généralement en six faisceaux débouchant au sommet de six lubercules (Locustidæ, Blattidæ, elc.). Chez tous les Gryllidæ, au contraire, les {ubes urinaires, disposés en un faisceau unique, vont s'ou-

APPAREIL DIGESTIF DES .ORTHOPTÈRES. 3

vrir à l'extrémité dilatée d’un canal excréteur impair (uretère).

Chacune des diverses parties du tube digestif (pharynx, jabot, gésier, intestin, cæcums intestinaux et surtout glandes rectales), a été l’objet d'une étude histologique détaillée. Nous avons signalé, en outre, au cours de nos descriptions, la présence d'un revétement cilié recouvrant les cellules de l'intestin moyen et celles des appendices latéraux.

Pour faciliter notre étude, et surtout pour nous confor- mer aux données embryologiques, nous avons divisé le tube digestif des Orthoptères en trois parties, à savoir :

L’INTESTIN ANTÉRIEUR, d’origine ectodermique, corres- pondant au stomodæum et comprenant la bouche, le pha- rynx, l'æsophage, le jabot et le gésier.

L'INTESTIN MOYEN, qui correspond au mésenteron, ne forme qu'une partie unique, à laquelle nous laissons le nom d’éntestin moyen. Ce dernier prend son origine en ar- rière du gésier et se termine à l'insertion des tubes de Malpighi. A l'intestin moyen, nous avons rattaché les cæcums latéraux, si variables en nombre et en forme et carac- téristiques des Orthoptères. L'intestin moyen est une pro- duction de l’endoderme (V. Heymons, chap Phasmidæ, p.16).

L’INTESTIN POSTÉRIEUR OU TERMINAL, d’origine ectoder- mique comme l’inteslin antérieur, correspond au proclo- dæum. Il commence à l'embouchure des tubes de Mal- pighi, et comprend l'intestin postérieur proprement dit, le rectum et les glandes rectales.

En prenant comme crilérium de notre classification les divers degrés de différentiation du tube digestif, ses com- plications, la structure du gésier, la présence ou l'absence de cæcums intestinaux, etc., nous avons suivi une marche à peu près parallèle à l’ordre d’apparilion des Orthoptères dans les temps géologiques. En effet, la Paléontologie nous apprend que les PHasminæ ont leurs ancêtres dans les Protophasmidæ des terrains carbonifères et qu'elles abon- dent dans le houiller de Commentry. Nos Phasmiens ac-

4 L. BORDAS.

tuels se distinguent cependant des espèces paléozoïques par la réduction des ailes antérieures qui, chez certains types, comme les Bacillus, peuvent même disparaître.

Les BcarrnÆ étaient fort abondantes à l’époque carboni- fère, et les principales différences que présentaient les Paléo- blattides avec les formes actuelles consistaient dans la grande similitude qu'affectaient les ailes antérieures et les posté- rieures (Scudder, Ch. Brongniart,.

Les Mantinz datent aussi de la période primaire (Carbo- nifère).

On ne trouve aucune trace des ForricuzipÆ dans les assi- ses houillères, et les premiers vestiges de ces Insectes ont été signalés dans le lias de Schambeler par 0. Heer. Mais c'est surtout dans les terrains tertiaires qu’on les rencontre en abondance.

Les ACRIDIENS ACRIDIIDÆ, assez nombreux en indivi- dus, étaient représentés, à l’époque carbonifère, par les Paléacridides (Caloneura, etc.). On a signalé ensuite quel- ques représentants dans le lias; mais c’est principalement dans les couches terliaires qu’on trouve de nombreuses espè- ces correspondant à nos Acridiens actuels.

Les Locusrnz et les GRyLuDÆ ont fait leur apparition à des époques géologiques relativement récentes. Les pre- mières se rencontrent en abondance et dans un excellent état de conservation dans les schistes de Solenhofen (Locusta speciosa, Münst.).

Nous avons étudié, parmi les ORTHOPTÈRES, quatre-vingts espèces environ classées, dans les diverses familles, de la facon suivante :

Famizze DES ForricuLibÆ : Forficula auricularia (L.), Anechura bipunctata (F.), Labidura riparia (Pall.).

FAMILLE DES PaasminÆ : Phibalosoma pythonius (West, Acanthoderus spinosus (Gray), et Necroscia erechtheus (WNest- wood).

FamiLze DES MaANTIDÆ : Mantis religiosa (Linné), Teno-

APPAREIL DIGESTIF DES ORTHOPTÈRES. D

dera australasiæ (Leach), Hierodula bioculata (Burmeister), Stagmatoptera predicatoria (Sloll), Sfag. annulata (Stoll), Eremiaphila denticollis (Lefebr.), et Æmpusa pauperata (Latr.).

FAMILLE DES BLaTrinÆ : Plalta jermanica (L.), Blatta maderæ (L.), Periplaneta orientalis (L.), Peripl. ameri- cana (L.), Peripl. australasiæ (Fabr.), Epilampra graci- lis (Brunn.), Polyzosteria limbata (Burm.), Panesthia java- nca (Serv.), Heterogamia ægyptaca (L.), Blabera gigantea (Stoll), Plabera atropos (Stoll), etc.

FAMILLE DES AcRipuDÆ : Tribu des Pyrgomorphi- : Pæcilocerus (Serv.), Pyrgomorpha grylloides (Serv..

Tribu des Acridiinæ : À cridium peregrinum Schis- locerca peregrina (Olv.), Acridium speciosum (Thumb.), Caloptenus 1talicus (Lin.), etc.

Tribu des Pamphaginæ : Pamphaqus elephas (Stäl).

Tribu des OEdipodinæ : Œdipoda cærulescens (Lin), Œdipoda miniata (Pallas), Psophus stridulus (Lin.). Pachy- tylus cinerascens (Fabr.), etc.

Tribu des Truxalinæ : Séenobothrus lineatus (Panz.), Stenob. stigmaticus (Ramb.), Stenob. bicolor (Charp.), Ste- nobot. pulvinatus (Fisch.), Stenob. longicornis (Latr.), Mecos- thetus grossus (Linné), Truxalis unquiculata (Ramb.), Truxalis nasuta (Lin.), Parapleurus alliaceus (Germ.), Æpacromia thalassina (Fabr.), Gomphocerus maculatus (Thumb.), etc.

FamiL£e DES LocusrinÆ : Tribu des Pseudophylli- : Cleandrus rex (Brun...

Tribu des Mecopodinæ : Platyphyllum giganteum ou Pseudophyllanar insularis (Walker).

Tribu des Ephippigermæ : Æplappiger büteriensis S (Marq.), Orphania denticauda & (Charp).

Tribu des Phaneropterinæ : Phaneroptera falcata (Sco- poli), Acridopeza reticulala (Guérin).

Tribu des Conocephalinæ : Sa/omona megacephala (de Haan), Pseudorhynchus minor (Redtenbacher), Conocepha- lus mandibularis (Charp.)

6 L. BORDAS.

Tribu des Locustinæ ou Decticinæ : Decticus verruci- vorus (L.), Decticus alhifrons (Fabr.), Platycleis grisea (Fabr.), PI. laticauda (Brunn.), PI. tessellata (Charp.), PI. sepium (Yers.), Locustavwiridissima(Lin.), Locustacantans(Charp.),etc.

Tribu des Gryllacrinæ : Gryllacris aurantiaca (Brunn.), Eremus spinulosus (Brunn.), etc.

FAMILLE DES GRYLLIDÆ : Gryllus campestris (Latr.), Gryllus domesticus (Latr.), Nemobius sylvestris (Fabr.), Bra- chytrypes Brachytrypus membranaceus (Drury), Gryllo- talpa vulgaris (Latr.), ete. |

L'historique de la question ayant été fait à propos de chaque chapitre, nous nous contenterons, pour ne pas nous répéter, de signaler au passage les remarquables tra- vaux anatomiques de L. Dufour et de Blanchard, ceux de Basch, de Leydig, de Leuckart, de Schindler, de Ber- lese, de Heymons, etc, les recherches physiologiques de Plateau, de Cuénot, etc.…., et les études histologiques de C. Chun, de Frenzel, de Faussek, etc.

CHAPITRE PREMIER

APPAREIL DIGESTIF DES FORFICULIDÆ. (V. PL L fig. 1,2, 3,4, 5et6.

Les Forficulidæ constituent, parmi les Orthoptères, une famille dont l'appareil digestif présente une grande simpli- cilé. Cet organe est, en ellel, formé par un tube presque rectiligne, traversant le corps de l’insecte suivant son axe, et ne présentant, sur tout son trajet, que trois renflements antérieurs et une légère circonvolution vers son extrémité terminale (V. PI. T, fig. 1). Nous sommes loin ici de l’appa- reil si compliqué et si différencié que nous allons décrire chez les Locushidæ el chez les Gryllidæ. Aussi, est-ce en suivant cel accroissement progressif de complexité que nous

APPAREIL DIGESTIF DES ORTHOPTÈRES. 1

allons poursuivre notre travail et montrer que l'appareil de la digestion des OrrTaoprères constitue un organe de pre- mier ordre dont les caractères peuvent servir pour l’établis- sement d’une classification naturelle de ce groupe, l'un des plus importants des Hexapodes.

Le fube digestif des ForricuuDzÆ (Forficula OA TE peut être divisé en trois parties en rapport avec le dévelop- pement embryogénique de cet organe. Ces diverses parties sont : l'intestin antérieur et l'intestin postérieur d'origine ectodermique et l'ëntestin moyen, d'origine endodermique. Dans l’éntestin antérieur, on peut faire, chez les For/iculidæ, quatre divisions correspondant au pharynx, à l’æsophage, au atome au pésier- (NV. PI TES. 4,2,3).

Chez la Forficula auricularia, le pharynx est court, cylin- drique ou légèrement aplati horizontalement. Il commence à l’orifice buccal, de forme ovale, et se continue, en arrière, avec l’æsophage. Ses parois sont épaisses, musculaires el sa face interne présente de nombreuses stries longitudinales, peu profondes, parfois à peine indiquées et séparées par des bourrelets peu saillants, parallèles aux stries. Il repose, par sa face inférieure, sur une plaquette chitineuse, quadrangu- laire, en rapport, par ses angles latéraux, avec les parois internes des mandibules. Latéralement partent des faisceaux musculaires aplatis, dirigés obliquement vers l'extérieur et allant se confondre avec les muscles moteurs des mandi- bules et des mâchoires.

Le pharynx se prolonge jusqu’à 1 millimètre environ de la face postérieure céphalique et se continue par l’æsophage. La ligne de démarcation entre ces deux parties est assez nelte. On observe, en effet, en ce point, un léger sillon an- nulaire à la suite duquel se trouve un bourrelet de même forme, continué par un tube constituant l’æsophage. Outre la séparation que nous venons de signaler, les deux organes se distinguent encore par leur structure. Les parois de l’œsophage sont minces, peu musculeuses et transparentes. Cet organe, qui se continue jusqu’au mi-

8 L. BORDAS.

lieu du prothorax, comprend de six à huit faisceaux de fibrilles disposées longitudinalement el une couche mus- culaire annulaire. Aucune ligne de démarcation ne le sépare du 7abot qui semble n'être que son prolongement normal, tant sont insensibles les transitions par les- quelles on passe d’un organe à l’autre. Pourtant, vers le milieu du premier segment thoracique, le tube digestif pré- sente un léger coude vertical et à convexité dirigée vers le bas : c’est à partir de ce point que commence réellement le jabot.

Le 7abot est un organe volumineux, conique ou fusiforme, très extensible et occupant la presque totalité du thorax et les deux premiers segments abdominaux. Chez un grand nombre d'individus, 1l présente deux replis circulaires, peu accentués, l’un antérieur et l’autre postérieur, déterminant trois légères boursouflures. Ses parois sont minces, transpa- rentes el présentent extérieurement des faisceaux muscu- laires qui ne sont que la continuation de ceux de l’œso- phage. Dans le deuxième segment abdominal, le yabot diminue progressivement de diamètre et va se mettre en rapport avec le gésier, organe qui présente ici un développe- ment très faible, mais qui est fort volumineux chez la plu- part des autres Orthoptères, 1l joue un rôle considéra- ble dans l’accomplissement des fonctions digestives (V. PL I, fe.)

Le gésier des Forficula auricularia (V. PI. I, fig. 2), de forme simple, est bien moins volumineux que celui des autres espèces d’Orthoptères, el en particulier des Gryllidæ et des Locustidæ.

Ici, en effet, les pièces masticatrices qui conslituent la partie essentielle de l'organe, sont réduites à leur minimum de développement et ne sont constituées que par de faibles lamelles chilineuses, proéminant légèrement dans le jabot et dans l'intestin et portant, sur leur face antérieure, un certain nombre de petites dents coniques, recourbées en arrière et allant progressivement en diminuant à mesure

APPAREIL DIGESTIF DES ORTHOPTÈRES. 9

qu'on se rapproche de l'intestin moyen. On est encore loin du degré de complication que nous allons rencontrer chez les Locusta, les Decticus, les Gryllus, les Brachytry- pes, etc.…., l'organe est hérissé intérieurement d’une série de dents chitineuses très fortes, disposées suivant six colonnes longitudinales et conslituant de la sorte un appa- reil masticateur d’une grande puissance, comparable à celui de l'Écrevisse.

Le gésier de la Forficule {V. PI. I, fig. 2) peut être subdi- visé en trois portions nettement distinctes : une portion médiane, sphérique, libre et deux autres parties, dont l’anté- rieure est incluse dans le jabot, et l’autre dans l'intestin moyen.

La portion antérieure, très courte et étalée en éventail, présente l’aspect d’une corolle de fleur entourant l'orifice postérieur du jabot. Elle est formée de six lamelles arron- dies, sortes de pétales à bord libre recourbé et à face interne légèrement bombée; le tout porte une série de petiles dents chitineuses, coniques, disposées sans ordre el recourbées en arrière. Ces lames, en se resserrant, consii- tuent de la sorte six petites valvules fermant hermétique- ment l’orifice situé à leur centre. La partie moyenne est libre et sert de trait d'union entre le jabot et l'intestin. Elle présente la forme d'une petite masse sphéroïdale, à parois très épaisses. Sa surface externe est parcourue par un réseau de filaments trachéens dessinant de riches arborisations, tandis que sa face interne présente, au contraire, six co- lonnettes aplalies, peu saillantes, continuation des bourre- lets antérieurs, qui se prolongent jusque dans l'axe de l'in- testin moyen. Ces colonnettes sont séparées par de très légères dépressions longitudinales (V. PI T, fig. 2 et 3). Enfin, la portion intra-intestinale du géster est encore assez courte et forme un pelit appendice presque cylindrique, terminé par six languettes mobiles, rectangulaires, à extrémité arrondie et séparées les unes des autres par des sillons longitudinaux parallèles qui disparaissent quand

10 L. BORDAS.

ces appendices sont en contact (V. PI. I, fig. 3). La face externe des languetles est légèrement bombée et lisse, et l’interne faiblement excavée et munie, sur ses bords, de piquants blanchâtres. La partie supérieure de chaque lan- guelte, située dans le jabot, a ses bords arrondis. Sa face interne est recouverte de piquants chitineux, courts et ser- rés, donnant à l'organe une coloration jaune clair. Les appendices postérieurs du gésier sont très mobiles et limi- lent l’orifice terminal. Par l'effet des contractions muscu- laires, ou bien encore sous l'effort d’une pression extérieure, ils se rapprochent, accolent leurs bords et ferment her- métiquement l’orifice qu'ils limitent. C’est ce qui arrive quand les aliments sont parvenus dans l'intestin moyen. Sous l’action des mouvements péristaltiques des parois in- testinales, ils auraient une tendance à rétrograder vers je gésier ; mais, les lamelles se rapprochant, produisent une fer- meture hermétique de l'orifice et rendent, de la sorte, impossible le retour des aliments en arrière (V. PL I, his 21eto)

Les deux autres parties de appareil digestif qu'il nous reste encore à décrire ne présentent aucune particularité bien importante. L’intestin moyen s'élend presque en ligne droite, sauf à sa parlie terminale, depuis le deuxième seg- ment abdominal jusqu'au quart postérieur du corps de l’insecte. C’est un tube cylindrique dans sa première partie, mais diminuant progressivement de diamètre à mesure qu'il se rapproche de l'intestin terminal. Son extrémité antérieure est arrondie et se fixe à la portion rétrécie du jabot. Elle ne présente aucun diverticule, aucune expansion latérale rappelant les poches ventriculaires cæcums intestinaux si développés chez les Locustidæ el les Gryllidæ (V. PI H, fig. 1). Ses parois externes sont lisses, minces el transpa- rentes ; elles sont dépourvues de toute trace de striations et de villosités. La porlion postérieure de l'organe se recourbe en arc et présente, à son extrémité, un léger sillon circu- laire suivi d’un bourrelel ovoïde, origine de l'intestin termi-

APPAREIL DIGESTIF DES ORTHOPTÈRES. 11

nal, sur lequel viennent déboucherles tubes de Malpigh. Ces organes sont peu nombreux, contrairement à ce qui existe chez tous les autres Orthoptères. Au nombre d’une dizaine environ, ces appareils glandulaires sont constitués par des tubes filiformes, flexueux et à sommet arrondi. Ils sont grou- pés en deux faisceaux débouchant en deux points situés à distance l’un de l’autre; pourtant, chez l’Anechura, les em- bouchures sont assez rapprochées. Les porlions libres des faisceaux sont appliquées à la surface externe de l'intestin moyen et s'étendent même jusqu'au gésier. .

L'intestin postérieur, qui fait suite au précédent, a un diamètre sensiblement inférieur à celui de la portion termi- nale de l'intestin moyen (V. PI. I, fig. 1). Il se recourbe légè- rement en S, puis se dirige en ligne droite vers l'extrémité du corps. Ses parois sont parcourues par six faisceaux lon- gitudinaux sinueux, dont la couleur blanchâtre ressort nette- ment sur la teinte sombre du reste de l’organe. Ces fais- ceaux ou bandeleltes dont nous venons de parler sont dus uniquement à des replis el à des épaississements de la couche épithéliale interne. Après s’êlre légèrement rétréci, l'intestin postérieur se dilate progressivement en une poche, tantôt ovoïde, tantôt fusiforme, constituant le rectum. Ce dernier est recouvert, à sa partie supérieure et sur ses parois laté- rales, par de gros faisceaux musculaires servant à faire mou- voir les deux branches de la pince qui termine le corps de l’insecte. À la suite du rectum vient un tube très court aboutissant à l’orifice anal, situé au-dessous de la ligne d’in- sertion des branches de la pince. Sur les parois de l'organe on observe six masses blanchâtres, ovoïdes, alternes, dispo- sées suivant deux cercles et rappelant assez bien les g/andes rectales que nous avons étudiées chez les Sphégiens et les Ichneumons.

L'apparel digestif des autres espèces appartenant à la famille des Forficuhdæ, lelles que l’'Anechura bipunctata et la Labidura riparia entre autres, présente à peu près les mêmes dispositions que celui des Forficules.

12 L. BORDAS.

ÉTUDE HISTOLOGIQUE DE L'APPAREIL DIGESTIF DES FORFICULIDÆ. (V. PL L fig. 4, 5 et 6, et PI. I, fig. 5.)

Le pharyax et l’œsophage présentent, chez les Forficulidæ, la même structure; aussi, n’allons-nous décrire, chez la Forficula auricularia, que l’œsophage.

L'œsophage affecte, en coupe transversale, une forme circulaire avec une enveloppe très mince (V. PI. [, fig. 4). Ses parois internes présentent un nombre variable de replis, de 10 à 15 (Forficula), ou de 8 à 10 (Labidura). On trouve successivement, en allant de l’extérieur à l’intérieur : une enveloppe ou tunique péritonéale très mince ; un certain nombre (12 à 18) de faisceaux musculaires longitudinaux es- pacés les uns des autres ; une couche musculaire consti- tuée par des faisceaux circulaires striés et disposés en une ou rarement deux assises ; une membrane cellulaire ne comprenant qu'une seule assise de cellules. Ces dernières sont généralement cubiques, rarement rectangulaires et renferment, à leur centre, un volumineux noyau sphérique plurinucléolé. Ces cellules, génératrices de la couche interne chitineuse, peuvent être appelées cellules chilinogènes. Elles renferment un protoplasme sombre et granuleux, qui devient plus clair et plus transparent à mesure qu'il se rapproche du noyau. Enfin, tout à fait à l’intérieur et recouvrant l’'assise cellulaire, on constate l'existence d’une mince membrane chilineuse transparente, parfois régulière, mais souvent aussi munie de prolongements cornés très nombreux (V. PL. I, fig. 4).

Le 7abot de la Forficule présente la même structure que le gésier et l’œsophage : la seule différence à signaler consiste dans la plus faible épaisseur de ses parois.

Le gésier de la Forficula auricularia est un organe ovoïde, à parois lrès épaisses, compris entre le jabot et l'intestin moyen (V. PI. IE, fig. 5). Il porte, à son intérieur, six replis

APPAREIL DIGESTIF DES ORTHOPTÈRES. 13

ou bourrelets affectant la forme de prismes triangulaires allongés, mais qui, vus sur une section {ransversale, pa- raissent cunéiformes. Les parois internes des replis sont re- couvertes par une membrane chitineuse à faces parallèles portant, à son extrémité antérieure, de nombreuses pointes cornées dirigées en arrière, et, dans sa région médiane, des soies coniques de même nature et à large base. Au-dessous, vient l’assise chitinogène formée par des cellules cylindri- ques, allongées, étroites et à noyaux ovales nucléolés (V.PL IF, fig. 5). Extérieurement à cette dernière, se trouve la couche génératrice de l'assise chitinogène. L'espace compris entre deux bourrelets longitudinaux ou languettes est occupé par une profonde dépression. Enfin, le reste de la paroi comprend encore, en se dirigeant vers l'extérieur, une membrane musculaire circulaire, au-dessous de la- quelle existent les muscles longitudinaux disposés en fais- ceaux et la tunique péritonéale.

L’intestin moyen (V. PI. Il, fig. 5) est recouvert inté- rieurement d’un revêtement épithélial, caractérisé par son épaisseur, la longueur et la régularité de ses cellules. Une coupe faite dans sa région antérieure, non loin du gésier, nous présente à considérer : une tunique externe ou mem- brane périlonéale, une série de faisceaux musculaires lon- gitudinaux plus ou moins espacés, et intérieurement une couche comprenant deux ou trois assises de faisceaux mus- culaires annulaires striés. Vient ensuite l’épithélium inles- tinal. Celui-ci est disposé avec une régularité et une symé- trie presque parfaites et ne comprend qu’une assise unique de cellules. Pourtant, on distingue parfois, de distance en distance, au-dessus des muscles circulaires, de petites cel- lules à noyau sphérique, destinées à remplacer les cellules épithéliales internes. Ces dernières, très régulières, affectent toutes une forme cylindrique. Parfois, leur région médiane est rétrécie et leur bord libre légèrement élargi. Elles sont pourvues d’un noyau central volumineux, de forme ovale et contenant deux ou trois nucléoles fortement colorés. Autour

L4 L. BORDAS.

du noyau exisle souvent une auréole blanchâtre ; parfois aussi, partent de ce noyau de nombreuses strialions, don- nant à l’ensemble de la cellule une apparence réticulée. Cet épithélium est dépourvu d'un revêtement chitineux analogue à celui que nous avons décrit dans le jabot et l’œsophage. Du sommet de chaque cellule partent de nombreux bâton- nets ou cils chitineux très courts, lui donnant l'aspect d’une brosse (V. PL. IT, fig. 5). Ces divers faisceaux ciliaires, en se soudant au-dessus de l’assise cellulaire, font paraître celle-ci comme enveloppée par un revêtement cuticulaire continu. Une preuve évidente qu’on a affaire à un épithélium cilié et à revêtement cellulaire indépendant, c’est que, si on vient, par hasard, à détacher une cellule, son faisceau se détache avec elle sans entraîner le revêlement de ses voisines. Dans la région postérieure de l'intestin, l’assise épithéliale interne est moins régulière qu'en avant et présente de nombreux plissements longiludinaux.

L'entestin terminal est pourvu de six replis internes hé- misphériques élendus sur toute la longueur de l'organe (V. PL I, fig. 5). Ces replis sont constilués par une assise de grosses cellules prismatiques ou tronconiques, à gros noyau presque basilaire contenant de nombreux nucléoles. Le pro- toplasme n’est nullement granuleux, mais présente une série de striations irrégulières partant d’une région incolore en- tourant le noyau. Les bourrelels épithéliaux sont séparés par d’étroites dépressions el recouverts par une mince mem- brane chitineuse. A l'extérieur existent les mêmes couches musculaires que dans l'intestin moyen.

Le rectum (V. PI. I, fig. 6) présente six épaississements ovoïdes (glandes rectales), alternes et disposés suivant deux séries circulaires. Chaque bourrelet est constitué par de grosses cellules rectangulaires, à noyau sphérique ou ovoïde plurinucléolé et placé dans la région centrale. Le proto- plasme est surtout localisé vers leur surface. Il présente des striations nombreuses lui donnant une apparence réticulée et vacuolaire. Les slrialions protoplasmiques sont surtout bien

Le

APPAREIL DIGESTIF DES .ORTHOPTÈRES. 19

accusées vers la face interne de la cellule. Dans les dépres- sions comprises entre les gros bourrelets du rectum (glandes rectales) existent de petites cellules cubiques, à gros noyaux sphériques, remplissant la moilié de leur cavité. Elles con- trastent, par leur petitesse, avec les volumineuses cellules des bourrelets. Ces cellules constituent l’assise génératrice ou chilinogène. La couche épithéliale est recouverte par une membrane chitineuse plissée (V. PI. T, fig. 6).

RÉSUMÉ. L'appareil digestif des Forricuun affecte la forme d’un tube presque recliligne, placé suivant l'axe du corps de l’insecte et ne présentant qu'une légère circonvolu- tion correspondant à l'intestin terminal.

Le pharynx est court, cylindrique et parfois aplati irans- versalement. Ses parois sont épaisses et comprennent une couche interne chitineuse plissée, une assise de cellules chi- tinogènes et une enveloppe externe musculaire.

L’œsophage est un organe tubuleux, légèrement plissé extérieurement et à parois minces et transparentes. Il se continue, sans ligne de démarcation, avec le jabot. Ce der- nier est volumineux, conique ou fusiforme, très extensible et occupe la presque totalité du thorax et les deux premiers segments abdominaux. Ses parois comprennent, en allant de l'extérieur à l’intérieur : une tunique péritonéale, des fais- ceaux musculaires longitudinaux, des muscles circulaires, une assise de cellules chilinogènes et une membrane chilineuse.

Le gésier est un organe ovoiïde, compris entre le jabot et l'intestin moyen et à parois très épaisses. Il est muni inté- rieurement de six lamelles chilineuses se prolongeant Jusque dans le jabot et, en arrière, dans l’axe de l'intestin. Les la- melles portent, sur leur face antérieure, un certain nombre de petites dents coniques, recourbées en arrière et allant progressivement en diminuant à mesure qu'on se rapproche de la région terminale. L’organe se prolonge, dans l’axe de l'intestin moyen, par une valvule conique, formée par six languettes mobiles, rectangulaires et séparées les unes des autres par des sillons longitudinaux.

16 L. BORDAS.

L'inteslin moyen est presque droit et caractérisé par la régularité et la symétrie de son épithélium cylindrique cilié. Les tubes de Malpighi, au nombre de 8 à 10 environ, voni s'ouvrir à l’origine de l'intestin terminal. Ce dernier, plus étroit que le précédent, décrit une courbe en forme de S. Le rectum est ovoïde et porte six glandes rectales, al- ternes et disposées suivant deux rangées circulaires.

CHAPITRE II

APPAREIL DIGESTIF DES PHASMIDÆ. (V. PL L fig. 7,8, 9, 10, 11,et PL. IL fig. 1, 2, 3,4,6,7et8.)

Peu d’entomologistes se sont occupés de l’appareil digestif des PHasminæ. Signalons pourtant les études de J. Müller (1825), de N. Joly (1871), etc., et surloul le remarquable mémoire du D'R. Heymons sur l’organisation et le dévelop- pement du Bacillus rossû (Berlin, 1897). Nous avons étudié cet organe chez trois espèces, dont deux proviennent, l’une de la Nouvelle-Guinée et l’autre de Ceylan. Pour simplifier notre travail et rendre nôtre description plus claire, nous allons étudier cet appareil : chez le Phibalosoma pytho- nius (Westw.), chez l’Acanthoderus spinosus (Gr.) et le Necroscia erechtheus (Westw.).

PHIBALOSOMA PYTHONIUS (1). L'appareil digestif du Phibalosoma pythonius, comme celui de toutes les Phasmidæ, est particulièrement intéressant et présente de notables différences avec celui des autres Orthoptères (V. PL I, fig. 7 à 11). Ce qui frappe tout d'abord, c'est sa forme rec- tiligne et l'absence complète de circonvolutions à l'intestin postérieur. Sa longueur est exactement égale à celle du corps

(1) L'espèce que nous avons disséquée, de taille gigantesque, mesurait i85 millimètres de longueur, sur 17 millimètres de largeur au premier seg- ment abdominal. Pour M. le D' Heymons, chez le*Bacillus, comme proba-

blement chez toutes les Pnasminx, l'intestin moyen, ainsi que l'intestin antérieur et l'intestin postérieur, est de nature ectodermique.

APPAREIL DIGESTIF DES. ORTHOPTÈRES. 17

de l’animal. Les autres caractères différentiels portent : sur l'énorme développement du jabot ; sur l’atrophie et la disparition presque complète du gésier; sur l'absence de cæcums ou appendices intestinaux ; sur la grande épaisseur des parois de la première partie de l'in- testin, et sur le mode d'insertion des tubes de Malpighi. Ces cinq caractères, absolument constants chez les Phas- midæ, les séparent, d’une façon très netle, de la plupart des autres familles de l’ordre des Orthoptères et les rapprochent des Mantida.

Le tube digestif du Phibalosoma pythonius (V. PL TI, fig. 7) débute par un pharynzx court, cylindrique et à parois in- ternes slriées. Sa face externe sert de point d'attache à de nombreux faisceaux musculaires qui vont se fixer aux parois latérales céphaliques. L’esophage qui vient ensuite affecte la forme d'un tube grêle et cylindrique occupant l’axe du pro- thorax. Ses parois, très épaisses, portent six bandelettes musculaires se continuant jusque vers le milieu du 7abot.

Le yabot, qui fait direcilement suile à l’œsophage, a la forme d'un sac allongé, occupant la presque totalité du mésothorax et du métathorax. Il est pourvu de parois minces, transparentes, striées intérieurement, et se lermine à son extrémité posiérieure par un appendice conique qui se prolonge dans l’axe de l'intestin moyen. Cet appendice, qu’on peut considérer comme un vestige du puissant gésier des Gryllidæ et des Locustidæ, est totalement dépourvu d’ar- mature masticatrice et ne porte intérieurement qu’un petit nombre de replis striés limitant l’orifice postérieur ; de plus, ces replis existent sur toute la longueur de l’appendice co- nique terminal, contrairement à ce que nous avons constaté dans toutes les autres familles des Orthoptères. Quant à l’appendice, 1l pénètre dans l’axe de l'intestin moven sur une longueur d'environ 1 centimètre. L'appareil digestif des Phasmidæ, comme du reste celui des For/iculidæ, est totale- ment dépourvudecæcumsintestinaux : c’est làun caraclèretrès

intéressant parmi les Orthoptères et tout à fait en rapport ANN. SC. NAT. ZOOL. À 20-

18 L. BORDAS,

avec la structure de la première partie de l'intestin moyen.

L’intestin moyen (V. PL I, fig. 7, 8, 9, 10, 11), en effet, au lieu de débuter par une partie élargie et à parois minces, comprend un tube légèrement aplati et recouvert d’une puissante couche musculaire. Les muscles affectent une dis- posilion assez caractéristique : ils sont rangés en faisceaux circulaires tirant leur origine d’un sillon longitudino-dorsal. Les divers groupes ou faisceaux musculaires sont séparés par de profondes dépressions parallèles correspondant à des sillons annulaires de la paroi interne. Inlérieurement, l’or- gane présente des parois aussi irrégulières qu’à l'extérieur, car les faisceaux musculaires, formant de gros paquets, se prolongent vers l'axe de l'organe, sous forme de bourrelets circulaires irréguliers. Il résulte de cette disposition, que la cavité de la moilié antérieure de l'intestin moyen est des plus irrégulières et présente une série de boursouflures annulaires correspondant aux épaississements musculaires externes, lesquels sont séparés par un nombre égal de rigoles circulaires parallèles, limitées par les bourrelets. Cette disposition n'occupe que la première moitié de l’in- teslin; la deuxième est tout à fait différente. Cetle dernière, dont la séparation avec la précédente se fait d’une facon brusque, est munie de parois minces et lisses tout d’abord, puis pourvues irrégulièrement et de distance en distance de petits tubercules ovoïdes et acuminés, portant un prolonge- ment filiforme, analogue, par sa forme et sa structure, à un tube de Malpighi. Il est bien évident que nous sommes en présence d’un organe glandulaire dont le rôle dans l’accom- plissement des fonctions digestives nous échappe. Enfin, la dernière porlion de l'intestin moyen est sillonnée longitudi- nalement par une série de stries régulières, peu profondes et séparées par aulant de bourrelels parallèles et arrondis à leur surface libre. Chaque bourrelet porte, à son extré- milé postérieure, un petit tubercule à sommel émoussé sur lequel viennent déboucher un certain nombre de lubes de Malpighi. Les parois de celle seconde portion de lextestin

APPAREIL DIGESTIF DES ORTHOPTÈRES. 19

moyen sont épaisses et comprennent, outre une double couche musculaire, une membrane épithéliale interne généralement lisse.

C'est à l’extrémité antérieure de l'intestin terminal que viennent s'ouvrir les {ubes de Malpighi, très nombreux dans l'espèce que nous étudions (V. PI. I, fig. 9). Or, tandis que chez la plupart des Orthoptères (Plaitidæ, Locusti- dæ, etc.), ces organes sont groupés en un petit nombre de faisceaux ou bien vont déboucher dans un réservoir collec- teur commun suivi d'un conduil excréteur unique (Grylli- dæ), chez les Phasmidæ, et en particulier chez le Phibalo- soma pythonius, is sont divisés en plusieurs faisceaux ou houppes arborescentes, s'ouvrant direclement au sommet d’un tubercule hémisphère ou conique très court. Ces tuber- cules, simples évaginations de la paroi intestinale interne, sont équidistants et disposés en cercle le long de l'extré- milé antérieure de l'intestin lerminal. Leur nombre varie de 20 à 2%; et, comme chacun d'eux recoit environ une dizaine de tubes de Malpighi, il résulte que le nombre de ces derniers organes s'élève au moins à 200. On n’a, jusqu’à présent, relevé nulle part, chez les Insectes, une aussi grande quantité de ces tubes urinaires, attendu qu'on n’en compte, au maximum, qu'une centaine chez les Hymé- hopières et à peu près autant chez la plupart des Orthoptères.

L'intestin postérieur, qui présente à peu près la même longueur et le même diamètre que l'intestin moyen, a une surface externe presque lisse, tandis que l’interne présente un certain nombre de striations plus ou moins apparen- tes (V. PI. I, fig. 8). Ses parois sont composées de deux épaisses couches musculaires sillonnées longitudinalement par six faisceaux de muscles très puissants. Son extrémilé postérieure porte un anneau très épais, correspondant à un appareil valvulaire interne fort curieux et tout à fail caractéristique, comprenant six valvules. Chaque valvule, de structure musculaire, affecte la forme d’une pyramide triangulaire, appliquée par l’une de ses faces sur les parois

20 L. BORDAS.

intestinales, et présentant une base légèrement excavée tournée vers le rectum. Ces six valvules, au moment de leur contraction, ferment hermétiquement l’extrémité ter- minale de l'intestin postérieur et ne laissent, à l'état d’orifice, qu'une étroite fente étoilée (V. PI. E, fig. 11).

Le rectum (NV. PL. I, fig. 7, 8 et 11), ou portion terminale de l'appareil digestif, est une poche ovoïde, à parois min- ces, régulières, lisses et parcourues par six larges bande- lettes provenant d'un épaississement local de l’épithélium interne. Il débouche au dehors par l’orifice anal. Ce dernier est irrégulier et présente six bourrelets confluents, qui, au moment de leur relâchement, s’écartent, permettant ainsi le passage des matières excrémentitielles.

ACANTHODERUS SPINOSUS, NECROSCGIA ERECHTHEUS (V. PI. II, fig. 1,3, 4, 7, 8). L'appareil digestif de l'Acanthoderus spi- nosus présente à peu près les mêmes caractères que celui de l'espèce précédente : c’est un organe droit, dépourvu de gésier et d’appendices intestinaux. Cependant, il diffère de celui du Phibalosoma par l’énorme développement des glandes salivaires et surtout par le mode d'insertion des tubes de Malpighi. L’organe est en rapport avec la forme extérieure du corps de l'insecte qui est à peu près cylindrique. Le tube digestif du Mecroscia erechtheus dif- fère de celui de l’Acanthoderus par la forme du jabot et par la disposition des colonnes chitineuses dentifères qui limi- tent la dernière portion de l'organe (V. PI. IL fig. 1 et 4).

Les glandes salvaires des Paasminx sont bien dévelop- pées et occupent, avec le jabot, la plus grande partie des deux premiers segments thoraciques, ainsi que cela a lieu chez l'Acanthoderus spinosus que nous allons prendre comme type pour la description de ces organes (V. PL. I, fig. 1). Dans ce genre, les glandes salivaires comprennent plusieurs grappes localisées dans le prothorax et le méso- thorax. Elles sont paires et disposées symétriquement par rapport à l'axe du corps de l’insecte. Chaque partie com- prend trois grappes principales : une grappe inférieure

APPAREIL DIGESTIF DES ORTHOPTÈRES. 21

placée sous le tube digestif, et deux grappes latérales, de dimensions inégales, directement appliquées sur le jabot. La grappe inférieure est aplatie, de forme rectangulaire et s’'élend jusque vers la ligne médiane, elle se met en contact avec sa congénère du côté opposé. Parmi les grap- pes latérales, l’une d'elles, la plus volumineuse, recouvre une partie du jabot. Quant à la plus petite, elle est située en avant de la précédente et s'applique sur la partie ter- minale de l’œsophage (V. PI. IE, fig. 1). La structure de ces glandes est la même que celle que nous avons décrite chez les autres Orthoptères. Elles sont constituées par un grand nombre d’acini sphériques, disposés sur un même plan et pourvus chacun d’un canalicule excréleur (V. PI. IT, fig. 1). Ces canalicules, par leur convergence, finissent par for- mer un conduit excréteur commun qui monte le long des parois latéro-inférieures de l’œsophage et va s'ouvrir, non loin de son congénère du côté opposé, en avant et au- dessous de l'orifice buccal, près de l’origine de la lèvre inférieure (1) (V. PI. IT, fig. 8). À ces glandes sont adjoints deux réservoirs salivaires, généralement courts, de forme ovoïde, renflés postérieurement et pourvus d’un conduit efférent. Tous les conduits, canalicules et canaux excré- teurs, sont munis intérieurement d’un épaississement chi- tineux spiralé, analogue à celui que présentent les trachées.

Le pharynr de l’Acanthoderus est court, cylindrique et logé dans la région céphalique postérieure. Ses parois sont épaisses et reliées latéralement à la région basilaire de la tête par des faisceaux musculaires. À l’intérieur, existent de nombreux plissements longitudinaux et une valvule cir- culaire, tandis qu’à l'extérieur un repli de même forme le sépare de l’œsophage. Le pharynx du Necroscia erechtheus est identique à celui de l'espèce précédente.

L'œsophage de l’Acanthoderus est court, cylindrique et

(1) C’est un caractère important, attendu que chez la plupart des autres

Orthoptères les deux canaux efférents vont s'ouvrir dans un large conduit impair, de longueur variable.

22 L. BORDAS.

se continue directement et sans ligne de démarcalion avec le jabot. Ses parois externes sont lisses et les internes mu- nies de striations longitudinales. Les Vecroscia ont un œso- phage allongé et cylindrique.

Le 7abot est un organe presque lubuleux, parfois oblong et fusiforme (V. PI. IL, fig. 3). Il comprend deux parties très différentes par leur apparence externe et surtout par leur structure intérieure (Acanthoderus). La portion anté- rieure, pourvue de parois transparenles et extensibles, com- prend deux couches de fibres musculaires : des faisceaux internes circulaires et des faisceaux externes longitudinaux. À l'intérieur, les parois présentent, comme dans l’œso- phage, des striations parallèles à l’axe de l'organe. La por- tion terminale porte, à sa surface externe, de nombreux faisceaux musculaires longitudinaux très caractéristiques, séparés par de faibles dépressions parallèles; le tout est enveloppé par une mince membrane également muscu- laire. La face interne est recouverte par une mince lamelle cornée pourvue de nombreux plissements disposés dans le sens antéro-poslérieur el portant, à leur sommet, de petites denticulations (V. PI. Il, fig. 3). Ces dernières font l'office de râpe et servent à trilurer les aliments. Les bourrelets ou replis longitudinaux ont à peu près de 5 à 6 millimètres de longueur et sont au nombre de cinquante environ. Les dépressions parallèles qui les séparent portent, à leur par- tie inférieure, des tigelles rectangulaires cornées. Ces replis succèdent brusquement à la paroi lisse de la première par- tie du Jabot, dont ils ne sont séparés que par un léger sil- lon circulaire. La surface libre des bourrelets est convexe et porte des dents chitineuses, coniques, à base élargie, de dimensions variables et très irrégulièrement disposées. Certaines sont groupées au nombre de six à dix, tandis que d’autres sont espacées el séparées par de pelits lubercules hémisphériques. Ces denticules chitineuses ont, la plupart, une base épaisse et élargie el un sommet parfois mousse, mais généralement aminci el acéré. Elles ne recouvrent pas

APPAREIL DIGESTIF DES ORTHOPTÈRES. 23

toute la surface libre du bourrelet corné, mais sont géné- ralement localisées sur la partie la plus culminante et dirigent leur sommet vers l’orifice intestinal. Cette dispo- sition, très intéressante, ne se rencontre pas chez les Phi- balosoma. La porlion terminale du jabot peut facilement être homologuée, au point de vue physiologique, au gésier des Blattidæ, des Gryllidæ, etc., bien qu’elle en diffère au double point de vue de sa forme et de sa structure. L'extrémilé postérieure de l’organe se rétrécit peu à peu et forme un bourrelet circulaire . à la suite duquel vient un appendice conique de 5 à 6 millimètres de longueur, pourvu à son origine de replis musculaires. Cet appendice se prolonge, comme dans l'espèce précédente, dans l'axe de la partie antérieure de l’intestin moyen. Chez le AVe- croscia erechtheus, le yabot, fusiforme et allongé, présente deux renflements, l’un dans le mésothorax et l’autre dans le métathorax. Ce dernier esl recouvert intérieurement d’une mince lamelle cornée, pourvue de replis longitudi- naux séparés par de larges, mais peu profondes dépres- sions (V. PL. IL, fig. 6). Toute la surface interne porte de nombreuses dents chitineuses disposées très régulièrement, contrairement à ce qui existe chez l’Acanthoderus. Ces dents, de forme conique, ont leur pointe tournée en ar- rière. Elles sont placées par rangées transversales à peu près équidistantes. Chaque rangée renferme de 3 à 5 dents. Grâce à cette disposition régulière, chaque colonne affecte l'apparence d’une brosse très allongée.

L'intestin moyen des Acanthoderus, comme celui du Phi- balosoma, est divisé en deux parties très nettes. La por- tion antérieure est pourvue de parois très épaisses et d'une puissante couche musculaire, comprenant une quinzaine de gros faisceaux circulaires, partant d’une rainure longi- tudino-dorsale et dirigés perpendiculairement à l’axe du corps. À 12 millimètres de leur origine, ces faisceaux transverses deviennent moins apparents et finissent par s’atténuer pro- gressivement, sans toutefois disparaître d’une façon com-

24 L. BORDAS.

plète. C’est dans la région médiane de la seconde partie de l'intestin que l’on constate l'existence d’un grand nombre de petites glandes coniques et pourvues d’un long appen- dice filiforme, que nous avons signalées et décrites dans l'espèce précédente. Elles sont au nombre d’une cinquan- taine environ et occupent un espace annulaire de 3 à 4 mil- limèlres de hauteur. Leur portion basilaire a la forme d’une ampoule conique qui se continue par un long appen- dice cylindrique, flexueux et d’un diamètre à peine égal à la moitié de celui d’un tube de Malpighi. La portion vésiculaire terminale adhérente à l'intestin est creuse et doit remplir l'office de réservoir; quant au filament qui la prolonge, il comprend une cavité centrale très étroite, entourée d’un manchon dont la membrane interne est con- stituée par des cellules épithéliales rectangulaires, sécré- tant un suc qui doit, sans nul doute, agir sur la digestion, mais dont le rôle physiologique est encore inconnu. L’in- testin moyen du Necroscia erechtheus est recouvert d’une épaisse couche musculaire, ne présentant pas, comme dans les espèces précédentes, une disposition striée. Vers sa ré- gion médiane, on observe, çà et là, ainsi que nous l'avons constaté chez les autres Phasmidæ, de nombreuses glandes, à base coniqueet élargie terminée par un long filament sinueux.

Chez l’Acanthoderus, l'intestin postérieur est droit et porte six larges bandelettes, étendues sur toute sa longueur et produites par des replis internes. À son origine, vien- nent déboucher les tubes de Malpighi, groupés en plu- sieurs faisceaux et disposés en cercle autour de l'organe (V. PI IT, fig. 1). Chaque faisceau ne comprend que 3 ou 4 tubes s’ouvrant dans un canal collecteur très court. Les parois de l'intestin terminal sont à peu près lisses; son extrémité postérieure, légèrement rétrécie, se continue par une poche ovoïde, le rectum, sans présenter l'appareil valvulaire si développé du Phibalosoma. A la surface du rectum existent six bandeleltes fusiformes, allongées et disposées symétriquement par rapport à l'axe de l'organe.

[ÈS

APPAREIL DIGESTIF DES ORTHOPTÈRES. 27

Chez le Necroscia erechtheus, V'intestin postérieur et le rec- tum ne présentent aucune particularité intéressante. Les tubes de Malpighi sont très nombreux et vont s'ouvrir en cercle à la partie antérieure de l'intestin terminal, après s'être fusionnés, au nombre de 2 ou 3, en un grand nombre de petits faisceaux.

RÉSUMÉ. Le trait dominant de l'appareil digestif des Phasmidæ, c'est sa forme rectiligne, essentiellement en rap- port avec celle du corps. Mais ce qui caractérise surtout cet organe et le sépare de celui des autres Orthoptères, c’est l'absence de géster et d’appendices intestinaux et la pré- sence de glandes filhformes sur le pourtour de la région mé- diane de l’intestin moyen.

Le pharynz est court, cylindrique ou légèrement aplati et logé dans la région céphalique. L'æsophage est cylindrique et de longueur variable suivant les genres. Le 7abot est allongé, volumineux et fusiforme. Il comprend deux parties très netles et à peu près d’égale longueur. La dernière partie se prolonge en cône dans l’axe de l’inteslin moyen et est recouverte intérieurement d’une série de bourrelets longitu- dinaux, pourvus de petites dents cornées servant à la masli- cation (Acanthoderus, Necroscia). L’intestin moyen est droit et comprend, à sa partie antérieure, une épaisse couche musculaire formée par des faisceaux disposés en anneaux volumineux, très apparents. La seconde partie porte, dans sa région médiane, une série de glandules, à base conique, prolongées par un long appendice filiforme, glandules que nous n'avons constatées nulle part chez les autres Orthoptè- res. Les {ubes de Malpighi sont disposés en cercle à l’origine de l'intestin terminal. Ces organes sont groupés en nombreux faisceaux s’ouvrant chacun au sommet d’un bourrelet co- nique très court. L’intestin postérieur est droit et présente six longues bandeleltes longitudinales ; 1l est parfois séparé du rectum par six puissantes valvules pyramidales (Phibalo- soma) : parfois aussi, il n'existe, entre les deux organes, qu’un faible bourrelet circulaire (Acanthoderus,).

26 L. BORDAS.

CHAPITRE HI

APPAREIL DIGESTIF DES MANTIDÆ. (V. PL, 0 eP0: PEAITE fie. 1,2, 446 0e

Conlinuant à suivre le degré de complication croissante de l'appareil digestif, nous allons maintenant étudier les MaxTibÆ. Dans cette famille, nous avons disséqué les es- pèces suivantes : Mantis religiosa (Linné), Tenodera australa- siæ (Leach), Hierodula bioculata (Burm.), Eremiaphila den- ticollis (Lefebr.), Stagmatoptera predicatoria, St. annulata (Stoll), £mpusa pauperata (Lalr.), etc. Parmi ces espèces, une seule, la Mantis religiosa, a élé l’objet de très courtes descriptions de la part de Marcel de Serres et de L. Dufour (1834). Marcel de Serres a encore disséqué la Mantis ora- loria, dont l'appareil digestif est identique à celui de la M. religiosa. Aussi, en présence des études de ces deux cé- lèbres zoologistes, serons-nous bref au sujet de l'organe de la digestion de la Mante religieuse et nous bornerons-nous à relever certaines erreurs de Dufour et à compléter l’étude anatomique du gésier dont la structure est très intéressante, ainsi que celle des intestins moyen et postérieur. Enfin, nous allons montrer que cet organe, par la conformation de cer- taines de ses parties, peut servir de terme de comparaison pour la famille tout entière. Nous avons, à cel effet, divisé notre chapitre en deux parties.

MANTIS RELIG10SA (Lin.), TENODERA AUSTRALASIÆ (Leach) (V. PL IL, fig. 2 et 9, et PI. IT, fig. 6). Le tube digestif de la Mante religieuse est rectilgne el ne présente aucune circonvolution, sauf l'intestin moyen qui a une légère cour- bure dans sa région médiane. Celui de la Tenodera austra- lasiæ se rapproche de celui des Blalles, mais il en diffère par l'énorme développement du Jabol qui remplit tout le (horax et la moilié antérieure de l'abdomen et surtout par

APPAREIL DIGESTIF DES ORTHOPTÈRES. 27

l'énorme réduclion des intestins moyen et postérieur:

Chez la Mantis religiosa, les glandes salivaires sont bien développées et comprennent trois grappes, confluentes en plusieurs points, et s'élendant, du milieu du prothorax, jusqu'au liers postérieur du mésothorax. La grappe princi- pale a une forme rectangulaire et s’applique directement contre les parois de la première partie du jabot. Elle est séparée de la seconde grappe par un étroit espace comblé par plusieurs tubes trachéens. Cette dernière grappe esl triangulaire el recouvre une parlie des parois inférieures de la porlion antérieure de l'intestin. Enfin, en avant de ces deux massifs glandulaires, en existe un troisième qui se pro- longe en arrière, s'applique sur le jabot, se dirige vers la face dorsale de ce dernier et se termine par une extrémité ob- tuse située à très peu de distance de sa congénère. La glande, remarquable par sa couleur d’un blanc mat, est constituée par des acini sphériques et pluricellulaires. Chaque acinus se continue par un canalicule excréteur qui s'ouvre dans un conduit efférent d’un plus large calibre. Les canaux efférents sont silués de chaque côté de l’œsophage, au-dessus de la chaîne nerveuse. Les canalicules et conduits excréteurs ont une structure très simple. Leur enveloppe présente, en allant de dehors en dedans, une membrane musculaire externe très mince, une couche épithéliale for- mée de cellules rectangulaires à gros noyaux et une mem- brane chitineuse interne pourvue d’arceaux spiralés. Les cellules épithéliales déterminent, sur la couche externe, un contour sinueux qui apparaît sur les coupes d’une façon très nette. Les deux conduits efférents, après avoir traversé la partie antérieure du prothorax et reçu le réservoir sali- vaire, pénètrent dans la région céphalique postérieure ils se fusionnent en un conduit excréteur impair très court qui va s'ouvrir, non pas dans la bouche comme l'a écrit Dufour, mais à la base de la mâchoire inférieure, au-dessous de l’orifice buccal. C’est là, du reste, un mode d'embouchure constant chez tous les Orthoptères. Les glandes sahvaires

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de la Tenodera sont divisées en deux groupes situés symé- triquement par rapport à l’axe du thorax (V. PI. IT, fig. 2). Chaque groupe comprend deux grappes principales : une antérieure recouvrant les parties latérales et supérieures du jabot el l’autre postérieure appliquée contre les parois infé- rieures de la seconde moitié du prothorax et de l’espace intersegmentaire compris entre les deux premiers mérides thoraciques. Le canal excréteur de la glande postérieure pénètre dans la grappe antérieure qu'il traverse latéralement et va se fusionner avec le conduit efférent de cette dernière. De cette union résulte un conduit unique qui monte le long de l’œsophage, pénètre dans la tête el s’unit à son congénère du côlé opposé pour former, comme dans l'espèce précé- dente, un canal impair. De chaque côté des glandes sali- vaires existe un 7'éservorr, sorle de sac allongé, cylindrique et plissé longitudinalement. Ces glandes, ainsi que leurs canaux excréteurs, présentent la même structure que chez la Mantis religiosa.

Le pharynx des deux espèces est court, tubuleux, à parois musculaires épaisses et striées longitudinalement. Il fait di- rectement suite à la bouche et se trouve entièrement logé dans la région céphalique.

L’esophage de la Mante, séparé du pharynx par une faible dépression circulaire, est un organe cylindrique, à parois minces et transparentes. Il parcourt l’axe du prothorax et se continue avec le Jabot sans ligne de démarcation.

Le jabot (Manle), de structure identique à celle de l'œso- phage, a la forme d’une longue. poche fusiforme, très élas- tique et étendue, du milieu du mésothorax, jusqu'aux pre- miers segments abdominaux. Ses parois internes présentent de légères striations longiludinales dues à de faibles épaississements musculaires. L’organe se continue directe ment avec le gésier dont la structure est bien diflérente. Le jabot de la Tenodera présente un développement consi- dérable et affecte une forme qui ne se rencontre chez au- cune espèce d'Orthoptère. C'est un tube disposé en bissac,

APPAREIL DIGESTIF DES ORTHOPTÈRES. 29

s'étendant du jabot jusqu’au quatrième anneau abdominal et occupant la presque totalilé de la cavité thoracique. Il se rétrécit dans le mésothorax et forme un étroit pédicule plissé et strié transversalement, unissant de la sorteles deux parties de l'organe. Ses parois sont minces, lransparentes, et comprennent une double couche musculaire externe re- couverte, à l’intérieur, d'une mince enveloppe chitineuse. Le jabot et l’æœsophage occupent les deux liers environ de la longueur totale du tube digestif, tandis que l’intestin moyen, l'intestin terminal et le rectum représentent à peine l’autre tiers.

Le gésier de la Mante religieuse est tout à fail caractéris- tique et bien différent, comme puissance, de celui des Grylhidæ et des Locustidæ (N. PI. III, fig. 6). Il présente quel- ques ressemblances avec celui des Forficules. C’est un or- gane conique, à base cylindrique, largement ouvert vers le jabot. Son extrémité postérieure, courte et conique, se pro- longe, dans l’axe de la partie antérieure de l'intestin moyen, par un pédoncule conique, également fort court. Ses parois sont épaisses et recouvertes d'une double couche muscu- laire qui supporte intérieurement de nombreuses colonnes cornées disposées en six séries. Chaque série est comprise entre deux dépressions latérales peu profondes renfermant une dent. Les dents, au nombre de six, sont placées circu- lairement autour de la paroi interne du gésier, dont elles occupent la partie postérieure. Elles sont courtes, chiti- neuses, à base élargie et triangulaire et à extrémité anté- rieure crochue et légèrement recourbée (V. PI. IIL, fig. 6). La face supérieure des denis est convexe et l’inférieure con- cave; de plus, elles portent, sur les bords latéraux, de nombreuses et fines denticulations. Au-dessous d’elles, existe une zone sétigère demi-circulaire, bombée, hérissée de soies ou poils chilineux de formes et de dimensions très varia- bles : les uns sont coniques et à extrémité effilée, tandis que d’autres se terminent par une pointe bifide et parfois même trifide (V. PL. IL, fig. 9). La portion de la paroi comprise entre

30. | L. BORDAS.

deux dents est légèrement bombée et porte une vingtaine de bandelettes chitineuses irrégulières et souvent même anas- lomosées entre elles. Leur face supérieure présente de nom- breuses soies très courtes (V.PI.IIT, fig.6). Le reste de l'organe, situé en arrière de la partie maslicatrice que nous venons de décrire, porte également un grand nombre de piquants cornés, généralement fort courts. Enfin, la dernière partie du gésier se termine par six bourrelets aplalis, jouant le rôle de val- vules. Le gésier de la Tenodera australasiæ est tout à fait rudimentaire et présente à peu près la même disposition interne que celui de la Mante religieuse (V. PI. IE, fig. 2). IL en diffère pourtant par la présence d’un court pédoncule qui le prolonge et le rattache à la partie antérieure de l’intestin moyen. C’est un organe conique, dont l’orifice antérieur présente six bourrelets valvulaires irréguliers. La cavité interne est en forme de demi-sphère et porte six épaississe- ments musculaires recouverts d’une lamelle cornée présen- tant de petits replis chitineux et irréguliers, la plupart anas- tomosés entre eux el recouverts de soies à leur surface libre. Ces bourrelets ou épaississements sont séparés par une dépression longitudinale, à l’extrémilé de laquelle se dresse une dent à base élargie et à tige recourbée, cro- chue et denticulée sur ses bords. La suite de l'organe se continue par un tube à peu près cylindrique, hérissé inté- rieurement de nombreuses soies chilineuses (V. PL. IF, fig. 2).

L'intestin moyen des Mantes est très réduit et ne présente qu'une légère courbure, fort peu accentuée. Son extrémité élargie reçoit les appendices intestinaux, sortes de doigts de gant cylindriques et à extrémité libre, terminée en cæcum. Ces appendices, au nombre de Auil insérés suivant une ligne circulaire, ont une structure analogue à celle de lintestin moyen et présentent la même forme et la même disposition que ceux des Blattidæ : caractère très important qui permet de placer les Hantidæ à côlé de cette famille. Le reste de l'organe est cylindrique et lisse extérieurement. Chez la Tenodera, l'intestin moyen est frès court. IT débute par une

APPAREIL DIGESTIF DES ORTHOPTÈRES. Si

extrémité élargie portant huit appendices intestinaux allongés, cylindriques et présentant les plus grandes analogies de formes avec ceux des Blattes. Ils s'ouvrent dans l'intestin par un orifice circulaire. Les parois intestinales sont fort épaisses el portant de nombreuses stries transverses. L’or- gane se rétrécit à son extrémité postérieure, puis se dilate en un bourrelet annulaire, origine de l'intestin terminal, sur le pourtour duquel viennent s'ouvrir de 50 à 60 fubes de Malpighi localisés, comme chez la Mantis rehigiosa, en des points déterminés et non d'une facon uniformément circu- Rire (Vs Pl IL Gg. 2).

L’intestin postérieur des Mantes religieuses est un tube droit et parcouru, sur toule sa longueur, par des bandelettes longitudinales dues à des replis épithéliaux internes. Il pré- sente, à son extrémité postérieure, un bourrelet valvulaire qui le sépare du rectum. Ce dernier organe, complètement enveloppé par les glandes génitales, se continue par un tube très court débouchant au dehors par l’orifice anal, de forme circulaire. L'intestin terminal de la Tenodera a une lon- gueur un peu supérieure à celle de l'intestin moyen, mais son diamètre lui est bien inférieur. [l est pourvu de parois musculaires épaisses qui forment à l'intérieur six replis lon- gitudinaux, donnant à la lumière du canal une apparence étoilée. Enfin, une valvule terminale sépare cette dernière partie d'une poche ovoïde, le rectum, semblable à l'organe homologue décrit chez la Mante(V. PL IL, fig. 2).

FIERODULA BIOCULATA, ÉÊREMIAPHILA DENTICOLLIS ET STAGMATOPTERA PREDICATORIA (V. PI. III, fig. 2, 3, 5, 7). L'appareil digestif de V'Hierodula bioculata est remarquable par l'énorme développement de l’œsophage et du jabot qui s'étendent de Ia région céphalique Jusqu'au quatrième segment abdominal. Le jabot, quand 1l est complètement distendu, mesure près de 12 millimètres de diamètre. En outre, nous constatons, chez cette espèce, un plus grand développement du tube intestinal que dans les deux espèces précédemment éludiées. Les intestins moyen et postérieur

32 L. BORDAS.

décrivent deux demi-cercles disposés en sens inverse et affec- tant la forme d’un S. Les £remiaphila sont, de tous les genres appartenant à la famille des Mantidæ, ceux dont l’appareil digeslif présente la plus grande complexité et l’in- teslin le plus grand développement (V. PI. IT, fig. 3). L'or- gane, complètement étalé, atteint presque deux fois la lon- gueur de l’animal, tandis que chez les espèces précédentes il le dépasse à peine. Cette disposition, grâce aux circonvo- lulions et aux replis intestinaux, rappelle par plus d’un point celle que nous offrent les Blattidæ. On le voit, notre étude sur les Mantidæ nous permet de suivre les degrés de complication successifs de l’organe digestif et de placer cette famille près d’un groupe avec lequel elle a de grandes affinités. |

Les glandes salivaires des Hierodula sont très volumineuses et comprennent, de chaque côté de l’œsophage, deux grap- pes glandulaires, un canal excréteur et un réservoir sali- vaire (V. PI. IIL, fig. 2). La grappe principale est allongée et mesure près de 18 millimètres de longueur. Elle est lé- gèrement concave et recouvre, dans sa région postérieure, presque complètement la première partie du Jabot. Le canal excréteur, très allongé, la traverse dans loule sa longueur et reçoit, de part et d'autre, les canaux excréleurs des grappes secondaires. La seconde grappe est ovoïde, aplatie, recou- verte par l’œsophage et directement appliquée au-dessus du système nerveux. Les conduits excréleurs reçoivent, un peu en avant de la grande grappe, les réservoirs salivaires qui sont formés par des tubes cylindriques dirigés en arrière et appliqués sur les parois externes des glandes salivaires. Ces conduits, blancs, cylindriques, cheminent parallèlement l'un à l’autre, pénètrent dans la tête, se fusionnent en un canal impair au-dessous du ganglion sous-æsophagien et vont déboucher à la base de la languette. L'appareil sali- vaire est bien développé chez la Stagmatoptera predicatoria et les diverses grappes glandulaires entourent complètement la première partie du jabot.

APPAREIL DIGESTIF DES ORTHOPTÈRES. 38

Le pharynx de l'Hierodula bioculata est aplati et pourvu d’une épaisse membrane musculaire. Celui de l'Eremraphila est large, aminci transversalement et à parois internes plissées longitudinalement. La voûte pharyngienne, de cou- leur jaune foncé, porte plusieurs bourrelets séparés par au- tant de replis transverses. Extérieurement, l’organe est relié aux parois céphaliques par de nombreux faisceaux muscu- laires aplatis horizontalement {V. PI. IIT, fig. 3).

L'œsophage de l’Hierodula hoculata est long, cylindrique et parcourt l’axe du prothorax jusqu à sa région postérieure (V. PI. IE, fig. 2, OE). En ce point, il se dilate insensiblement et se continue par le jabot. Ses parois externes sont lisses et les internes plissées longitudinalement. L'œsophage de la Stagmatoptera est également très long et se continue, sans ligne de démarcalion, avec le jabot. Celui de l'£remiaphila denticollis, également très allongé, occupe les deux premiers segments thoraciques et est enveloppé, dans sa région pos- térieure, par les glandes salivaires. Sa surface interne, ainsi que celle du jabot, présente de nombreux replis irrégu- liers, disposés longitudinalement et séparés par des bour- relets parallèles.

Les Hierodula possèdent un 7abot très volumineux, affec- tant une forme ovoïde avec un renflement postérieur. Il occupe le mésothorax, le métathorax et les {rois ou quatre premiers segments abdominaux. Ses parois sont parcourues longitudinalement par de nombreux faisceaux musculaires dessinant à l'extérieur des stries irrégulières et des bourre- lets parallèles. L’organe s’unit directement au gésier. Le jabot de la Stagmatoptera est également fort volumineux et occupe, quand il est complètement distendu par les aliments, non seulement les deux derniers segments thoraciques, mais encore les quatre premiers anneaux de l’abdomen. Son ori- fice postérieur est bordé par un épais bourrelet pourvu de six larges replis irréguliers fermant incomplètement l'entrée du gésier. L’£remiaphila possède un 7abot bien moins volu- mineux que celui des espèces précédentes : c’est un organe

ANN. SC. NAT. ZOOL. V. 9

n 7/1 L. BORDAS.

fusiforme qui occupe le métathorax, la première partie de l'abdomen etloge, dans sa région postérieure, un gésier ru- dimentaire.

Le gésier de l’'Hierodula bioculata (N. PI. IH, fig. 2), comme celui de toules les espèces appartenant à la famille des Wan- lidæ, est très atrophié et présente, presque partout, une structure à peu près uniforme. Chez l'espèce en question, le bord antérieur de l'organe est irrégulier et porte six bourre- lets noirâlres dus à des replis chilineux parallèles et presque demi-circulaires, à la suite desquels viennent d’autres replis de même nature et analogues à ceux des Mantes. Chaque massif ou bourrelet est séparé de son voisin par une faible dépression longitudinale, au fond de laquelle existe une petite dent chitineuse recourbée en forme de hache. A la suite de la dent vient un petit tubercule hémisphérique recouvert par un épais massif de soies chilineuses. L’organe se continue par un pédoncule cylindrique très court qui le rattache à la parlie antérieure de l’intestin moyen. La Siagmatoptera possède un géster (V. PI. II, fig. 7), bien plus développé que celui des espèces précédentes : les colonnes chitineuses y sont plus nettes et Les dents plus apparentes. Sa face interne est séparée du jabot par un rebord annulaire pourvu de six bourrelets, subdivisés eux-mêmes en plusieurs replis secon- daires dont le nombre varie de quatre à six. Les bourrelets principaux sont séparés par des dépressions peu profondes, à base étroite, dépourvues de tigelles chitineuses et ne por- tant que de microscopiques soies cornées. Vers la partie moyenne de l'organe, dans la dépression dont nous venons de parler, se dresse une dent chitineuse, de même forme que celle des espèces précédentes, mais beaucoup plus forte. Elle est disposée en forme de hache et présente son bord tranchant vers l’axe du gésier. Son extrémité libre est re- courbée en crochet très acéré et sa face inférieure concave porte, sur ses bords latéraux libres, de fines denticulations chilineuses. A la suite de cette dent vient une plage sétigère, allongée parallèlement à l'axe du gésier, de forme rectan-

APPAREIL DIGESTIF DES ORTHOPTÈRES. 30

gulaire et légèrement bombée. Elle est recouverte de longues soies chitineuses, simples oubifides à leur sommet, étroite- ment serrées entre elles, parfois concrescentes et formant, dans ce cas, un tubercule analogue à une dent (V. PI. IE, fig. 7). Ces soies, très nombreuses au-dessous et à peu de distance de chaque dent chitineuse, finissent par diminuer peu à peu et par disparaître au-dessus de chaque valvule qui ferme l’orifice intestinal de l’appendice du gésier. Au-dessus de la zone pilifère et dans l’espace compris entre deux dents et les étroits sillons qui les surmontent existent, avons- nous dit, de quatre à six bourrelels secondaires séparés par de faibles dépressions longitudinales. Ces bourrelets secon- daires sont parcourus par d’étroites baguettes chitineuses, analogues à celles des espèces précédentes, très irrégulières, ramifiées dichotomiquement et recouverles de soies très courtes. Ces baguettes vont converger dans la dépression comprise entre chaque dent et ne forment bientôt plus que deux lamelles entourant une zone fusiforme portant de nom-. breuses soies parfois libres, mais parfois soudées entre elles et formant, dans ce cas, une pelite dentlicule (4). Telle est, sommairement décrite, la structure interne du gésier des Stagmatoptera (V. PI. IT, fig. 7). Extérieurement, l'organe se confond avec le jabot, et rien n'indique la séparalion de ces deux parlies du tube’digestif. L'organe se continue par un pédoncule très court, pourvu d’un bourrelet ovoïde trans- verse et s’unit à l’extrémilé antérieure de l'intestin moyen, dans l’axe duquel il se termine par un lubercule hémisphé- rique, muni à son sommet d'un orifice étoilé limité par six valvules. Au point le pédoncule se détache du jabot, existe un ganglion du système stomalo-gasirique, duquel partent de nombreux filaments qui vont se ramifier à la partie médio-supérieure de l'appareil digestif. | Le gésier de l'Eremiaphila denticollis (V. PI IIL, fig. 3) n’est représenté exlérieurement que par un court pédoncule cylindrique allant se fixer à la partie antérieure de l'intestin moyen. Son origine, confondue avec l'extrémité postérieure

36 | L, BORDAS.

du jabot, est munie d’un orifice circulaire irrégulier, pourvu d’un bourrelet jouant le rôle de valvule. Les parois internes de ce gésier, de même que celles de son pédoncule posté- rieur, sont à peu près semblables à celles que nous avons observées chez l’Hierodula, avec cette différence pourtant, que les dents sont un peu moins acérées, moins volumi- neuses, et que les colonnes sétigères sont moins étendues.

L’intestin moyen de l’'Hierodula est court, légèrement courbé et porte, à son origine, huit longs appendices intes- tinaux cylindriques et flexueux, analogues à ceux des Plat- tidæ et en particulier de la Blabera (NV. PI. II, fig. 2). L’or- gane, après avoir décrit un coude, présente à son extrémité un léger repli annulaire suivi d’un bourrelet. C’est sur ce bourrelet, origine de l'intestin terminal ou postérieur, que vien- nent déboucher de 70 à 80 éubes de Malpighi. L'intestin ter- minal a un diamètre beaucoup plus étroit que l'organe pré- cédent; ses parois sont plus épaisses et parcourues par des replis longitudinaux internes. À sa partie terminale, un sphincter circulaire, généralement irrégulier, le sépare du rectum, expansion ovoïde ne présentant aucune particularité remarquable.

L’intestin moyen de la Stagmatoptera predicatoria présente à peu près la même forme extérieure que celui de l'espèce précédente, mais 1l en diffère par le mode d’embouchure des cæcums intestinaux. Ces appendices, au nombre de wir, s'ouvrent dans de profonds diverticules séparés les uns des autres par des lamelles musculaires qui vont se perdre peu à peu au point commence la portion cylindrique de l'in- testin. Le reste de l'appareil est de tout point semblable à celui de l’ÆHierodula (V. PI. TT, fig. 5).

L'Eremiaphila denticolhis possède un tube digestif cylin- drique, flexueux, recevant à son origine les dverticules ou appendices intestinaux au nombre de huit {V. PI. TE, fig. 3). Ce sont des tubes longs, flexueux et irréguliers, disposés en couronne autour de la portion terminale du jabot. L’organe décrit une demi-circonvolution avant de s'unir à l'extestin

APPAREIL DIGESTIF DES ORTHOPTÈRES. ST

terminal, à l’origine duquel existe un bourrelet circulaire sur lequel viennent s'ouvrir les {ubes de Malpighi. Ces glandes comprennent de 60 à 70 tubes filiformes qui s’insèrent tantôt régulièrement, tantôt, au contraire, se groupent en faisceaux de 3 ou 4 lubes. Chaque filament glandulaire présente un léger renflement ovoïde au moment de s’ouvrir sur le bour- relet compris entre les intestins moyen et postérieur. Ce renflement terminal des tubes de Malpighi de l’£remiaphila constitue une particularité que nous n'avons rencontrée encore chez aucune autre espèce d'Orthoptère. L'intestin postérieur, séparé de l'intestin moyen par un bourrelet valvu- laire interne, décrit un tour complet et présente six bande- lettes longitudinales dues à des replis épithéliaux internes. Il se dilate à son extrémité postérieure pour former un rectum ovoïde, pourvu de six bandelettes fusiformes équi- distantes (V. PI. II, fig. 3, R).

En RÉSUMÉ, l'appareil digestif des Mari æ est caractérisé par sa forme rectiligne, en rapport avec celle du corps de l'insecte, par l'énorme développement du jabot et par la ré- duction considérable des intestins moyen et postérieur. IL n'y a d'exception que pour le genre E£remiaphila, dont l’in- testin est allongé el décrit une circonvolution complète. Chez toutes les espèces de cette famille, les glandes sali- vaires sont très développées et constituées par plusieurs grappes enveloppant complètement ou en partie la portion terminale de l’œsophage ou l'extrémité antérieure du jabot. Le gésier est un organe tout à fait rudimentaire présentant une structure interne très compliquée. Il porte, comme principaux appendices internes, six petites dents chitineuses, aplaties et crochues. A l’origine de l'intestin moyen vien- nent déboucher huit cæcums ou appendices intestinaux. En un mot, l'appareil digestif des Mantidæ présente, dans son ensemble, de nombreux rapports avec celui des Blattidæ.

38 L. BORDAS,

CHAPITRE IV

APPAREIL DIGESTIF DES BLATTIDÆ. (V. PL IIL, fgutiéet 8 LAN. fig. 1:à DORE et 4.)

Beaucoup de zoologistes se sont occupés de l'appareil digestif des BLarribæ. Sans analyser leurs travaux d’une facon complèle, nous aïlons signaler, en quelques mots, les principaux auteurs, avec les tilres de leurs mémoires. Parmi les Entomologistes qui, à des points de vue diffé- rents el parfois d’une facon secondaire et accessoire, ont parlé de l’organe de la digestion des Blattes, nous ne pou- vons passer sous silence Basx (1) (1858), Caux (2) (1876), PLATEAU (3) (1874), Jousser DE BELLESME (4) (1875), SCHINDLER (5) (1878), CaoLoprowsky (6) (1881), etc. Plus récemment encore, Mrarz et A. DExny (7) (1886), repre- nant les travaux de leurs devanciers et résumant les résul- tats de leurs recherches, ont fait une monographie très intéressante de la Periplaneta orientalis. Citons enfin les re- marquables et très importants travaux embryogéniques du R. Heymons concernant les Blatta, les Periplaneta, les Bacillus, les Gryllus, ele.

Nous avons étudié un grand nombre d'espèces, tant

(4) Untersuchungen über das Chylopoëtische und Uropoëlische System der Blatta orientalis (Kais. Akad. der Wissensch. Bd. XXXIII, 1858).

(2) Ueber den Bau, die Entwick., und physiol. Bedeu. der Rectaldrüsen bei den Insekten (Abh. der Senkenb. Naturfors. Gesell. Bd. X, 1876).

(3) Recherches sur les phénomènes de la digestion chez les Insectes (Mém. de l’Acad. roy. de Belgique, t. XLI, 14874).

(4) Recherches expérimentales sur la digestion des Insectes et en particulier de la Blatte, 1875.

(5) Beiträge zur Kenntniss der Malpighischen Gefässe der Insekten (Zeits. f. Wiss. Zool. Bd. XXX, 1878).

(6) Zur Frage über den Bau und über die Innervation der Speicheldrüsen der Blattiden (Horæ Soc. Entomol. Rossi, t. XVI, 1881).

(7) The structure and live-history of the Cockroach, 1886.

APPAREIL DIGESTIF DES ORTHOPTÈRES. 39

exoliques qu'indigènes, appartenant à la famille des B/at- lidæ et avons, en outre, parmi les innombrables variétés de formes que présente l'appareil digestif, ramené cet organe à une forme type à laquelle se rattachent toutes les autres. Les principales espèces soumises à notre examen sont : Platta jermanica (L.), Bl. maderæ (L.), Perinlaneta orien- talis (L.), Per. americana (L.), Per. australasiæ (Kabr.), Epi- lampra gracilis (Brunn.), Polyzosteria limbata (Burm.), Panesthia javanica (Serv.), Heterogamia ægyptiaca (L.), Blabera gigantea (Sloll), Blabera atropos (Stoll), etc. Le chapitre concernant l'appareil digestif des Blattidæ sera divisé en plusieurs sections et se terminera par des con- sidérations générales et comparalives de cet organe dans la famille tout entière. Dans nos divisions, nous suivrons les degrés successifs de complication de l’ensemble de l'appareil et du gésier en particulier.

PREMIÈRE SECTION. Epilampra gracilis et Panesthia javanica.

BIEN ie 0; PIN, fig4et 5)

Un des traits les plus caractéristiques de l'appareil diges- tif de l’'Epilampra, consiste dans le mode d’embouchure des tubes de Malpighi, la longueur considérable de l’œso- phage, la réduction du jabot, l’atrophie presque complète du gésier, la dilatation sphéroïdale du rectum et la forme boursouflée et plissée que présente la première partie de l'intestin postérieur (V. PI. V, fig. 4). Tous ces caractères sont si particuliers et si différents de ceux que vont nous présenter les autres espèces, qu'il est nécessaire de don- ner, de chaque partie de l'organe, une description détail- lée. Parmi les modifications, celles qui dominent et impri- ment à l’appareil un cachet si particulier et si typique, c'est la forme atrophique du gésier et la disposition des tubes de Malpighi. Grâce aux caractères si nets que nous présentent ces deux sortes d'organes, nous avons le point

40 L. BORDAS.

de départ et la série complète des modifications qu'éprou- vent ces deux parties de l’appareil digestif dans l’impor- tante famille des Plattidæ. La Panesthia est pourvue d’un organe digestif présentant, dans son ensemble, à peu près les mêmes caractères que celui des Plabera que nous allons décrire dans la suite, mais il en diffère pourtant par la forme du jabot et par l’atrophie à peu près com- plète du gésier.

Le pharynx de l'Epilampra est court, aplati transver- salement et sert d'insertion à une série de faisceaux mus- culaires disposés symélriquement, par rapport à l’axe de l'organe, en deux séries allant se fixer aux parois latérales céphaliques.

L'œsophage de la même espèce, contrairement à ce qui existe chez les Blattes et les Périplanèles, est excessive- ment allongé. Il affecte la forme d'un tube cylindrique occupant, au-dessus de la chaîne nerveuse thoracique, le prothorax et le mésothorax. Vers sa partie antérieure, il est complèlement enveloppé par de nombreux faisceaux. glandulaires constituant les glandes salivaires, lesquelles, par la disposition de leurs acini et la distribution de leurs canaux excréteurs, affectent des disposilions semblables à celles des autres Blattidæ (NV. PI. V, fig. 4). L'organe s’élar- git progressivement et se conlinue, sans ligne de démarca- lion apparente, avec le 7abot. L'œsophage de la Panes- thia, également fort long, s’élend jusqu'au tiers antérieur du mésothorax.

Le yabot de l'Epilampra est relativement restreint et n’occupe que les régions centrales du métathorax et du premier segment abdominal. C’est un organe irrégulier et symétrique, présentant une large boursouflure latérale. Ses parois externes sont lisses, mais les internes sont mu- nies d’une séries de fines striations longitudinales. Il se rétrécit ensuile progressivement et se continue par un pédoncule ironconique qu'on peut considérer comme le dernier vestige du gésier. Le abot de la Panesthia java-

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nica est large, aplati transversalement et présente, comme celui de l'espèce précédente, un volumineux renflement latéral. | |

Le gésier de l’Epilampra est tout à fait rudimentaire. Toute trace de denticulations chilineuses a disparu, et il ne reste plus, comme dernier vestige de l’armature masti- catrice, si développée chez les Blattes et les Périplanètes, que six colonnettes musculaires, très courtes, jouant le rôle de vaivules à l’orifice postérieur du jaboi (V. PI. IV, fig. 9). Ces colonnettes charnues parcourent le gésier dans toute sa longueur et vont même, en se resserrant à mesure qu’elles se rapprochent de l'orifice postérieur de l'organe, former une sorte de seconde valvule fermant l'extrémité terminale du très court appendice qui se prolonge dans l’axe de l'intestin moyen. Les Plattidæ constituent une famille très intéressante en ce sens qu'elles vont nous per- meltre de suivre les degrés successifs de complication du gésier et nous faire assister ainsi aux séries de transforma- tions par lesquelles passe cet organe pour arriver à la structure relativement compliquée qu'il présente chez les Périplanètes et les Blaites. La forme du gésier des Panesthia est tout à fait caractéristique : c'est un organe présentant son maximum d’'atrophie ({V. PI. V, fig. 5). Il n'existe pour ainsi dire plus, a presque totalement disparu, et le tube court et cylindro-conique qui unit l'intestin au jabot peut seul être considéré comme le dernier vestige de cette portion du tube digestif. Pourtant, un examen attentif nous permet de reconnaître les parties essentielles consti- tutives de l’organe. Ces parties consistent en un bourrelet annulaire antérieur et en plusieurs bandeleltes musculo- chilineuses dirigées d’avant en arrière et séparées par de larges sillons parallèles. Leurs parois, beaucoup plus épaisses que celles du jabot, sont constituées par deux couches mus- culaires superposées. Sur leur face interne, six bourrelets longitudinaux, derniers vestiges des colonnettes chitineuses de l’armature maslicatrice des autres Orthoptères, sont

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pour attester la nature de l'organe. A l'origine de cha- cune d'elles, un peu en arrière de l’orifice postérieur du jabot, se dressent six petits tubercules coniques et pyra- midaux, restes des grosses dents chitineuses que nous allons décrire chez les Blaites et les Périplanètes (V. PI. V, fig. 5).

L'intestin moyen de l'Epilampra débute par une portion élargie, ampullaire, à l’origine de laquelle viennent dé- boucher les appendices intestinaux. Jusqu'ici, nous n’en avons rencontré que huit, mais, chez l’espèce actuelle, on en compte neuf ou dix (1), de longueur variable. Ce sont des tubes cylindriques, dont certains atteignent 12 à 15 millimètres de longueur, tandis que d’autres dépassent à peine 5 millimètres. [ls sont terminés, à leur extrémité libre, les uns par un bourrelet arrondi, les autres par une pointe amincie et d’autres enfin, par un mince filament recourbé. L’organe se continue ensuite en diminuant de diamètre et en décrivant deux circonvolutions. A l’origine de l'intestin terminal, viennent déboucher les fubes de Mal- pighi qui, dans le genre que nous étudions, affectent une disposition très caractéristique. Au lieu de s'ouvrir suivant une ligne circulaire, ils se disposent en #rois touffes (2), espacées les unes des aulres el débouchant au sommet de petits tubereules creux qui sont dus à des évaginaltions latérales inlernes de la portion antérieure de l'intestin ter- minal. Chaque tubercule correspond done à un diverlicule in- teslinal, de forme conique. Les faisceaux ou touffes compren- nent chacun de 30 à 40 tubes : ce qui porte leur nombre à 100 ou 120 environ.On peut, en outre, considérer cette forme comme une transilion entre le mode d'embouchure que pré- sentent les tubes de Malpighi chez les Gryllotalpa et celui

(4) Ce nombre dix n’est pas constant, car, sur d’autres échantillons sou- mis à notre examen, nous en avons trouvé tantôt huit et tantôt neuf. On peut donc dire que leur nombre, variable chez l’'Epilampra, est compris entre huit et dix.

(2) Le nombre des touffes est toujours fixe : j'en ai constamment rencon- tré trois dans toutes les espèces que j'ai disséquées.

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qu'ils affectent chez les Blattidæ. Supposons, en effet, que le tube excréteur commun ou uretère des Gryllhidæ se ré- duise de plus en plus, on arrivera finalement à un court pédoncule, dilaté à son sommet, analogue à l’un quelconque des tubercules des Epilampra (V. PI. V, fig. 4).

A la suite de l’intestin moyen vient l’énfestin postérieur, débutant par un tube cylindrique très court, iequel se di- late brusquement et forme une masse irrégulière,boursouflée, plissée extérieurement et recourbée presque à angle droit. Ces boursouflures externes donnent à l'organe l'apparence qu'affecte le gros intestin des Vertébrés. Les plissements externes déterminent, à l’intérieur, des bourrelets presque circulaires, séparés par des sillons parallèles, correspondant aux bosselures externes. Le canal se continue par un tube légèrement plissé, dirigé d'avant en arrière, presque en ligne droite. Au dernier segment abdominal, l'organe se di- late brusquement en une masse sphérique constituant le rec- tum. Ce dernier porte, comme chez les autres espèces, six replis ou épaississements longitudinaux très courts, ana- logues aux glandes rectales des Hyménoptères. Chez la Panesthia javanica, les intestins moyen et postérieur pré- sentent à peu près les mêmes caractères que chez l'espèce précédente, et sont remarquables par leur longueur et les circonvolutions qu'ils décrivent.

DEUXIÈME SECTION. Blabera gigantea et Blabera atropos. (V. PL. IL, fig. 1,4et 8; PL. IV, fig. 2.)

Les Plabera atropos possèdent des glandes salivaires dont le développement est intermédiaire entre celui des À crididæ et celui des Gryllidæ. Elles occupent la région médiane tho- racique, au-dessus des ganglions nerveux, s'étendent jusqu’à la partie antérieure du mélathorax et comprennent trois grappes glandulaires : une grappe médiane, recouverte par le tube digestif, et deux grappes latérales, directement appli- quées contre les parois de la première partie du pharynx.

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La grappe médiane est étalée, peu compacte et formée d’un grand nombre de lobules espacés et munis de canaux excré- teurs qui longent la paroi latéro-inférieure de l’œsophage. La constitution et la forme des acini sont analogues à celles des Locustidæ. Quant aux grappes latérales, elles sont encore moins volumineuses et moins compactes que la grappe in- férieure et leurs lobules moins espacés. Chacune d’elles est pourvue d’un canal excréteur qui, après avoir contourné l’æœsophage, va s'ouvrir dans un des canaux inférieurs. Ces derniers finissent même par se fusionner en un seul conduit débouchant dans le réservoir salivaire. Celui-ci affecte la forme d’un long tube cylindrique plissé et à diamètre ir- régulier. Le reste de l'organe présente les mêmes carac- {ères que ceux que nous allons décrire chez les Péripla- nèles.

L'appareil digestif de la Plabera qigantea est caractérisé par l’énorme développement du jabot, la réduction considé- rable et l’atrophie du gésier, ainsi que par la longueur et les nombreuses circonvolutions que présentent les inteslins moyen et postérieur (V. PI. IV, fig. 2). Chez la PBlabera alr0opos, le tube digestif présente à peu près la même con- formation que dans l'espèce précédente et les tubes de Malpighi sont groupés en un faisceau unique (V. PI. IE, fig. 1).

Le pharynx et l'œsophage des Blaberu sont courts et ey- lindriques. Le dernier va progressivement en s’élargissant et passe ainsi au Jabot sans transilion et sans ligne de démar- calion apparente.

La Blabera yigantea possède un Jabot volumineux et saeci- forme, à parois minces et transparentes, occupant toute la région médiane du thorax et la partie antérieure de l’abdo- men, jusqu'au troisième segment. Il repose sur le système nerveux, dont les ganglions sont concentrés dans la région thoracique el sur la grappe médiane des glandes salivaires. La face interne de l'organe est généralement lisse ou par- courue par de fines strialions longitudinales. Chez la

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Blabera atropos, le jabot est sensiblement aplati et asymé- trique par rapport à l’axe du thorax. Il est déjeté sur le côté et présente un boursouflement latéral. Sa paroi externe est lisse, mais l’interne présente une série de bandelettes longi- tudinales irrégulières, plissées transversalement, festonnées et séparées les unes des autres par des sillons parallèles. L'extrémité postérieure de l'organe présente un léger bourrelet portant une série de replis limitant un orifice très étroit. Ce bourrelet annulaire, qui se contracte ou se dilate au gré de l’animal, joue le rôle de valvule et règle le passage des aliments du jabot dans le gésier.

Le gésier, ainsi que nous l’avons déjà constaté chez plu- sieurs genres de la famille des Blattidæ, est, chez la B/a- bera gigantea, extrêmement simple (V. PI. IV, fig. 2). Il affecte la forme d’un petit corps ovoïde mesurant à peine 3"*,0 de diamètre et soudé directement à la parlie posté- rieure du jabot. Les parois de l'organe sont peu épaisses comparativement à celles des autres espèces de l’ordre des Orthoptères. Elles sont pourvues de deux couches muscu- laires et présentent, à leur intérieur, six plissements longi- tudinaux, de forme triangulaire, dirigés d'avant en arrière et séparés par de larges sillons parallèles. Le fond de ces sillons porte un bourrelet peu accentué. C'est au sommet des replis dont nous venons de parler que se dressent les dents destinées à effectuer la trituralion des aliments. Cha- cune d'elles occupe l’origine du repli ou bourrelet musculeux que nous avons décrit et affecte la forme d’un petit tubercule chitineux, légèrement concave, à pointe acérée, de couleur noir foncé et dirigée en arrière (V. PI. III, fig. 8). Laté- ralement, ce tubercule dentiforme présente quelques pointes très courtes. De chaque côté de la pointe médiane existent deux autres tubercules, généralement courts et de forme triangulaire. À la suite de chaque dent vient le repli rectan- gulaire dont nous avons parlé. Cette armature masticatrice est tout à fait rudimentaire comparativement à celle des Gryllidæ et se rapproche, par plus d’un côté, de celle que

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nous avons décrite chez les Forficula et les Anechura. L’ori- fice postérieur est très étroit et se trouve fermé par une valvule à six branches, dont chacune d'elles n’est que le prolongement d’un bourrelet du gésier. Ce dernier est rallaché à la partie antérieure de l'intestin moyen par un pédoncule cylindrique très court. Le gésier de la Blabera atropos (V. PI. II, fig. 4) est tout à fait rudimentaire. Il se confond avec la portion postérieure rétrécie du jabot et se présente sous forme de pédicule, légèrement renflé en son milieu, servant ainsi de pont entre l’intestin moyen el le jabot. Au point de vue de sa structure, on constate pourtant une certaine différence avec ce dernier organe : ses parois, en effet, sont beaucoup plus épaisses et parcourues inté- rieurement, suivant sa longueur, par six colonnes ou replis musculaires épais, séparés les uns des autres par de larges dépressions. C’est à la partie antérieure de ces longs bourre- lets internes et Lout près de la valvule circulaire qui limite l'orifice postérieur du jabot, que se dressent six pelites dents, une à l’origine de chaque bourrelet {V. PI. I, fig. 4). Ces petits tubercules chilineux sont encore moins développés que chez la Plabera gigantea. Us affectent la forme d’une petite curelte, concave en arrière, convexe en avant, munie d’une pointe médiane recourbée en crochet et de deux pointes lalérales très courtes. À la partie antérieure du jabot, dans la large mais peu profonde dépression qui sé- pare deux bourrelels conséculifs, se dresse un bourrelet in- termédiare dont la longueur atteint à peine la moitié de celle que présentent les six replis principaux dont nous ve- nons de parler. Enfin, comme dans l’espèce précédente, le gésier se prolonge, dans l’axe de l'intestin, par un pédon- cule, long de 2 à 3 millimètres, dont la disposition est de tout point comparable à celle des Blattes et des Péri- planètes.

Les Blabera gigantea possèdent un rteslin moyen unique- ment localisé dans une partie fort restreinte médio-abdomi- nale (V. PI IV, fig. 2). C'est un organe cylindrique, lisse

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extérieurement el décrivant trois circonvolutions à direction presque perpendiculaire à l'axe du corps de l’insecte. C'est à son extrémité antérieure que viennent déboucher, suivant une ligne circulaire, kuif appendices intestinaux, fort longs, mais beaucoup plus élroits que ceux des Polyzosteria dont nous allons parler au paragraphe suivant. Leur longueur est des plus variables : les uns atteignent jusqu’à 2 cenli- mètres de long, tandis que d’autres mesurent à peine 8 mil- limètres. Les circonvolutions inteslinales sont très serrées, très compactes et n'occupent qu’un espace fort restreint de l'abdomen. De l'intestin moyen de la Blabera atropos, nous n’aurons que fort peu de chose à dire, attendu que sa structure et sa disposition sont à peu près identiques à celles de l'intestin de la Blabera gigantea. Son extrémité antérieure est élargie et reçoit huit appendices intestinaux longs, minces et flexueux. L'organe décrit ensuite trois cir- convolutions et se trouve séparé de l’inteslin postérieur par un bourrelet annulaire, jouant le rôle de valvule.

Les tubes de Malpighi de la Blabera gigantea, au nombre de 50 à 60, viennent déboucher à l'extrémité antérieure de l'intestin terminal et forment une touffe {rès serrée enve- loppant la dernière partie des circonvolutions de cet organe (V. PI. IV, fig. 2). Leur mode d’embouchure dans l'intestin est tout à fait caractéristique et bien différent de ce qui existe chez la plupart des autres Blathdæ. Ces organes, en effet, au lieu d’être disposés en plusieurs faisceaux, ontleurs points d’'embouchure concentrés suivant une plage régulière, ne comprenant que les 2/5 environ de la circonférence in- teslinale. Chez les Blabera atropos, c’est sur une partie du bourrelet situé à l’origine de l'intestin terminal (V. PI. I, fig. 1) et sur un espace ovoïde et très restreint que viennent déboucher les tubes de Malpighi. Or, dans ce genre, on peut conslater deux dispositions qui sont également intéres- sanies l'une et l’autre : tantôt, en effet, tous les tubes vont s'ouvrir directement sur un tubercule aplali et ovoide, mais très court; tantôt, au contraire, on constate l'existence de

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deux diverticules, à sommet conique, sur les faces desquels débouchent les organes urinaires, disposés ainsi en un double faisceau. Quelquefois aussi, deux tubes de Malpighi, avant de s'ouvrir dans l'intestin, se soudent en un tube unique très court. Cette disposition, fort instruclive, peut être considérée comme une forme intermédiaire entre le mode d’embouchure qu'affectent les tubes uriques chez les Gryllidæ et chez les Élattidæ dont nous allons maintenant nous occuper (Blattes et Périplanètes).

L'intestin postérieur de la Blabera gigantea, dont la lon- gueur est presque égale à celle de l'intestin moyen, com- prend trois parties nettement distinctes quant à leurs di- mensions, et qui sont : une partie antérieure, cylindrique et sinueuse ; une région médiane, faisant suite à la pre- mière, élargie, boursouflée extérieurement et plissée à l’in- térieur; et une porlion terminale ovoïde, constiluant le rectum. Ce dernier organe est précédé d’un pédoncule an- térieur très étroit qui se continue avec la région médio- intestinale boursouflée. À la surface du rectum existent six bandelettes longitudinales, fusiformes, qui sont, ainsi que nous l’avons déjà dit, les homologues des glandes rectales des Hyménoptères.

En RÉSUMÉ, ce qui caractérise l'appareil digestif des Bla- bera, c’est l'énorme développement du jabot, la forme simple el rudimentaire du gésier, avec l’atrophie presque complète de l'appareil masticaleur et les divisions très nettes qu'affecte l'intestin terminal : portion antérieure, sinueuse, courte et rétrécie, et portion postérieure renflée, plissée et fusiforme.

TROISIÈME SECTION. Polyzosteria limbata. (V. PL IV, fig. 1,5 et 8.)

Nous avons également étudié l'appareil digestif d’une BLarribæ, la Polyzosteria limbata, de taille gigantesque comparalivement à nos espèces indigènes. Cet échantillon avait les dimensions suivantes : longueur, 62 millimètres :

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largeur, prise au deuxième segment abdominal, 22 milli- mètres. Le tube digestif, complètement développé, mesurait 127 millimètres de long. Chez cette espèce, l'organe de la digestion reproduit, dans ses grands traits, celui des Blat- üidæ en général et surtout des Blabera. IT diffère pourtant de celui des Périplanètes par la longueur considérable de l'intestin moyen, la réduction de l'intestin terminal et par la forme loute particulière qu’affectent les cæcums ou appen- dices intestinaux, qui sont, en général, très longs et dont la plupart atteignent un diamètre égal aux 2/3 de celui de l'intestin moyen (V. PL IV, fig. 1).

Le pharynx est excessivement réduit comparativement aux autres parties du tube digestif. C’esi un organe aplati, de forme trapézoïdale, à parois épaisses el musculaires, sur lesquelles viennent s’insérer de nombreux muscles destinés à le maintenir dans une position fixe.

L'esophage, comme dans toutes les autres espèces, est un tube court et peu apparent, compris entre le jabot et le pharynx. Sa structure est à peu près identique à celle de ce dernier. |

Le jabot affecte la forme d’un vaste réservoir piriforme occupant les 2/3 antérieurs de la capacilé thoracique. Il est situé au-dessus du système nerveux et de lagrappe médiane des glandes salivaires. Les gros faisceaux musculaires mo- teurs des appendices thoraciques l'entourent latéralement. . I se dilale progressivement d'avant en arrière et n’atteint son diamètre maximum qu'à l’origine du métathorax. Ses dimensions diminuent ensuite el l'organe finit par ne plus constiluer qu'un court pédicule terminal se rattachant au gésier. Ses parois externes sont lisses et les internes pré- sentent une série de fines striations longitudinales irrégu- lières, anastomosées entre elles et séparées par des sillons parallèles peu profonds.

A la suite du jabot vient le gésier, organe puissant et ad- mirablement conformé pour la mastication des aliments. (V. PL IV, fig. 5). Il a, comme chez les espèces (Blattes et

ANN. SC. NAT. ZOOL,. V, À

50 L. BORDAS.

Périplanèles) que nous allons étudier maintenant, la forme d’un cône à sommet dirigé en arrière. La base est irrégu- lièrement circulaire et légèrement concave. Sa face externe est à peu près lisse, mais présente, vers sa partie moyenne, un sillon circulaire peu profond qui semble la diviser en deux parties : l’une antérieure tronconique et l’autre postérieure conique. C’est au milieu de la base que vient s’insérer un court, mais large tubercule faisant suite au jabot. La paroi interne de ce pédoncule est pourvue d’une série de replis qui vont converger vers un bourrelet mar- quant l’origine du gésier. Cet organe est, chez la Polyzos- teria, bien plus développé et plus complexe que celui des Blabera ; il présente cependant un certain nombre de carac- tères qui, dans leur ensemble, rappellent ceux des Blattes, mais qui en diffèrent pourtant par la puissance extraordi- naire et la conformation de leur armature masticatrice. Les parois du gésier comprennent une double couche très épaisse de fibres musculaires, et c’est sur la couche interne que sont appliquées six fortes dents disposées en cercle suivant six séries longitudinales. Chaque dent affecte une forme pris- malique et est pourvue d’un bord tranchant, tourné vers l'axe du gésier. La forme de ce bord varie à l’infini et pré- sente, tantôt l'apparence d'une lame régulière et tranchante, tantôt celle d’une lame courbe ; tantôt, au contraire, ce bord est pourvu d'une série de tubercules droits, crochus ou re- courbés en forme de bec de perroquet. Ces dents reposent sur la paroi interne par une large base rectangulaire et sont recouvertes d'une épaisse couche chilineuse de couleur noir foncé. Au-dessous de chacune des dents que nous venons de décrire, et séparé d'elles par une profonde dépression trans- versale, existe de même un gros tubercule musculaire, à sommet élargi et plissé (V. PI. IV, fig. 5). Entre deux dents consécutives, la paroi interne supporte une série de ligelles cornées, rectilignes, non adjacentes les unes aux autres el comparables aux denticules que nous allons décrire chez les Blattes, mais beaucoup moins accentuées que chez ces der-

Le

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uières. En résumé, ce qui domine dans la structure du gé- sier des Polyzosteria et ce qui en fait un appareil maslicateur et broyeur de premier ordre, c’est la présence et la confor- mation des six dents que nous venons de décrire. Grâce à elles el aux nombreux faisceaux musculaires qui constituent la paroi de l’organe, les substances alimentaires envoyées par le jabot sont trilurées en menus morceaux el deviennent aptes à être imbibées par les sucs digestifs sécrélés par l'in- teslin moven. Soumises aux actions chimiques de ces sucs, elles sont finalement absorbées.

L'extrémité postérieure du gésier est pourvue d’une val- vule étoilée à six branches et se continue par un appendice cylindrique qui se prolonge dans l’axe de la parlie antérieure de l'intestin moyen, affeclant ainsi la forme d'un tube co- nique très court. Nous allons retrouver, chez les Péripla- nèles, celte disposition tout à fait remarquable.

Le trait caractéristique de l'intestin moyen des Polyzos- teria hmbata (V. PL. IV, fig. 1), c'est sa longueur, ses nom- breux replis et sa forme régulièrement cylindrique. À sa partie antérieure viennent déboucher les huit avpendices 1n- testinaux, Si typiques et si remarquables chez les Blallidæ. Ceux de la Polyzosteria sont remarquables par leur longueur excessive, certains mesurant jusqu’à 3 centimètres. [is sont cylindriques, sinueux et d’inégale dimension. Leur embou- chure dans l'intestin moyen se fait à la même hauteur et suivant une ligne circulaire. La structure de ces appendices est identique à celle de la première partie de l'intestin moyen. Îls comprennent deux couches musculaires et une membrane interne glandulaire. Leur face externe est par- courue par de nombreux faisceaux irachéens. Le reste de l'intestin moyen affecte la forme d’un tube à peu près uni- formément cylindrique et à parois lisses. Il décril trois cir- convolutions, dont les deux dernières sont recouvertes par des touffes de tubes de Malpighi. Ces derniers, insérés à l'origine de l'intestin lerminal, sont généralement courts, minces, flexuceux et groupés en sir faisceaux disposés en

52 L. BORDAS.

cercle autour de l’inleslin. Cette disposition plurifasciculée, que nous allons retrouver chez les Blattes et les Périplanèles, n’est pas constante dans la famille que nous étudions. Nous avons vu, en effet, que chez les Blabera, les Epilampra,elc., le nombre des faisceaux est beaucoup plus restreint.

L'intestin postérieur, séparé de l'intestin moyen par un bourrelet annulaire jouant le rôle de valvule, n’égale à peu près que le tiers de la longueur de ce dernier (V. PI. IV, fig. 1). Sa première partie est cylindrique et étroile, mais elle ne tarde pas à se dilater et à former une masse ovoïde et courte se rassemblent les détritus organiques destinés à êlre expulsés au dehors. C'est dans celle portion, au mi- lieu d’une masse de matières stercorales, que nous avons rencontré une grande quantilé de Nématodes, longs de 12 à 16 centimètres. L’organe se rétrécil de nouveau pour s'é- largir ensuite et former le rectum. Ce dernier, peu volumi- neux, va s'ouvrir au dehors par l’orifice anal, situé au-dessus de l’orifice génital et recouvert par une lamelle aplalie ter- minant le dernier segment abdominal. En RÉSUMÉ, ce qui caractérise l'appareil digestif des Polyzosteria, c'est la lon- gueur considérable de l'intestin moyen, de ses appendices antérieurs et la forme toute spéciale que présentent les dents du gésier, faisant de ce dernier organe un appareil masticateur d'une très grande puissance (V. PI. IV, hs. 11 iet"S).

QUATRIÈME SECTION. Periplaneta americana. Per. orientalis. Per. australasiæ. Blatta germanica. BI. maderæ, etc.

(VEBIEAIN, De. 2, 9,046,. 73 PINS ip. 4)

GLANDES SALIVAIRES. Plusieurs zoologistes, en faisant l'anatomie de quelques Orthoptères, ont décrit très succinc- tement les glandes salivaires des Blattidæ. Pourtant, Ram- dohr et Marcel de Serres, qui les premiers ont publié des observalions anatomiques sur la latta orientalis, ne parlent pas de ses organes salivaires. L. Dufour, en 1834 (V. Mé-

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moires de l’Académie des sciences, t. VIE, 1841) dit, en parlant de la même espèce, que les glandes salivaires consistent, pour chaque côté, en une double ou parfois triple grappe d'innombrables sachets ovalaires d’un blanc opaloïde, plus ou moins contigus. De ces grappes, l’une, bien plus grande que l’autre, forme le corps principal de la glande et s’en- fonce jusque vers le milieu du thorax, au-dessous du canal alimentaire, elle est maintenue par d'innombrables tra- chées. Les canaux efférents se réunissent, avant de pénétrer dans la tête, en un seul canal ou tronc commun.

Plus récemment encore, en 1887, Hofer Bruno a fait une étude très minutieuse de la structure des glandes salivaires de la Blatta germanica et de leur innervation. L'auteur a étudié, d’une façon toute spéciale, les muscles qui passent sous l’œsophage et servent à faire contracter les réservoirs salivaires. Il a fait ensuite, dans la seconde partie de son mémoire, l’histologie des glandes et cherché à connaître le mécanisme intime de la sécrétion salivaire. Il a consacré, en outre, plusieurs pages à l'étude de la distribution des nerfs dans les glandes et confirmé ainsi les observations de Kupffer, qui avait, Le premier, constaté que les filets nerveux pénètrent réellement dans les cellules glandulaires.

Dans l’étude que nous allons poursuivre, nous allons dé- crire sommairement les glandes salivaires de plusieurs es- pèces de Périplanètes (Periplaneta americana, Per. orienta- lis, etc.), en nous attachant surtout à relever plusieurs erreurs, ainsi qu'un certain nombre de points d'anatomie, qui avaient échappé aux zoologistes précédents.

Les glandes salivaires de la Periplaneta americana{V. PI. IV, fig. 3) sont très volumineuses et acquièrent surtout leur maximum de développement chez les espèces femelles. Elles sont situées dans le thorax et forment trois faisceaux principaux entourant parfois complètement une portion de l’œsophage et l'extrémité antérieure du jabot. Parmi ces faisceaux ou groupes glandulaires, les plus importants sont ceux qui sont disposés latéralement et que nous allons tout

54 L. BORDAS.

d’abord décrire. Les faisceaux latéraux ont leur surface ex- terne légèrement convexe et ne présentant que fort peu d'irrégularités. [ls sont recouverts par du lissu adipeux et par les muscles moteurs des ailes et des patles. Dans l’es- pace compris entre les deux premiers segments thoraciques (pro et mésothorax), chacun d'eux émet un prolongement latéral passant au-dessus de l'œsophage et le recouvrant complètement sur une faible étendue. La fusion des deux massifs glandulaires n'est jamais complèle, attendu qu'il suffit d’une légère traction pour les écarter. Les deux grappes glandulaires se séparent ensuite de nouveau, lais- sant encore à nu la face supérieure œsophagienne, et vont se terminer en languette à la partie antérieure du métathorax. Il résulte de cette disposition que chaque lobe glandulaire, vu par sa face supérieure, présente la forme d’un losange très allongé. La face interne des grappes glandulaires laté- rales est concave et s'applique directement contre les parois de l’æœsophage et celles du jabot. Cette face est lisse et ne pré- sente d’autres irrégularités que celles imprimées par les canaux excréteurs qui sont, sur ce côté, {rès apparents. Tous les conduits excréteurs partent du côté interne et vont s’ou- vrir directement dans un canal collecteur large et irrégulier. Ce dernier chemine sous le tube digestif, un peu au-dessus et sur le côté de la chaîne ganglionnaire nerveuse. Le côté in- terne du canal collecteur ne reçoit aucun conduit excréteur, sauf celui qui provient du lobule glandulaire médian, lequel va s'ouvrir à l'extrémité postérieure du canal, peu après sa sortie du massif sécréteur latéral. Les canaux collecteurs, au nombre de deux seulement, l’un droit et l’autre gauche, reçoivent, chemin faisant, quatre ou cinq conduits efférents provenant des divers lobules de chaque grappe latérale. Arrivés dans la région médiane du prothorax, ils deviennent libres, prennent une forme régulièrement cylindrique et pé- nètrent dans la têle en passant sous un arceau chitineux qui soutient l’œsophage. Ils se rapprochent ensuite l’un de l’autre, se fusionnent et forment finalement un conduit unique très

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court qui va s'ouvrir à la face supérieure du réservoir ou conduit efférent impair, provenant de la fusion des deux ré- servoirs salivaires latéraux (V. PI. IV, fig. 3). Les réservoirs salivaires sont constitués par des tubes allongés, torlueux, à parois minces el transparentes, s'étendant au loin, en arrière, jusqu'au deuxième segment thoracique. [ls sont pourvus intérieurement d’une série d’anneaux chitineux qui leur don- nent l’apparence d'une grosse trachée. Leurs dimensions sont plus ou moins considérables, suivant la quantité plus ou moins grande de salive qu'ils contiennent. Arrivés dans la région postérieure céphalique, ils se fusionnent et for- ment un réservoir unique qui va s'ouvrir en avant et à la parlie inférieure de j’orifice buccal.

Tuge picesTir (V. PL V, fig. 1). Le £ube digestif de la Blatta orientalis a déjà été très sommairement décrit par L. Dufour et par Griffiths. Ce dernier auteur s’est surtout occupé de la partie physiologique. La description qui va suivre, faite sur la Periplaneta americana et la Per. orien- talis, a pour but de rectifier certains points d'anatomie qui ont échappé aux premiers zoologistes, et surtout de per- mettre de faire une étude d'ensemble de l'organe de la di- gestion des Blattidæ.

Le pharynx de la Periplaneta americana commence en avant des mandibules et présente la forme d’un tube cylin- drique, assez court, allant s'ouvrir dans l’œsophage, vers la partie postérieure de la tête. Ses parois sont épaisses, mus- culaires et présentent une face interne lisse en général, ou parfois parcourue par de légères stries longitudinales. La face externe est irrégulière et sert de point d’attache à de nombreux muscles permeltant d’effecluer facilement la con- traction ou la dilatation de l'organe. Les faisceaux muscu- laires postérieurs sont disposés circulairement sur une cer- taine étendue de la portion terminale du pharynx. L'appareil digestif de la Periplaneta orientalis présente à peu près la même disposition que celui de l'espèce précédente. Les glandes salivaires sont bien développées et constituées par

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deux grappes aplaties, ne recouvrant que les parois latérales de l’œsophage. Elles se réunissent sur la face inférieure du thorax, elles forment une lamelle courbe, sur laquelle passe la portion antérieure du tube digestif. Ce qui caracté- rise surtout l’appareil salivaire de la Blatte, c’est l'énorme développement des réservoirs salivaires qui, chez l'espèce actuelle, présentent, à l’état de vacuité, la forme de deux tubes aplatis, à parois minces et transparentes. Leur extré- mité distale, qui dépasse légèrement le bord postérieur des glandes, est terminée par un cæcum hémisphérique.

Le pharynx et l’æsophage des Periplaneta orientalis ne présentent aucune particularité digne d’être signalée. Ce dernier organe est pourtant, chez celte espèce, plus long que chez la Per. americana.

L'œsophage de la Periplaneta americana est un tube court et cylindrique, servant de trait d'union entre le jabot et le pharynx. Sa paroi externe est lisse et recouverte par les faisceaux musculaires thoraciques et par de nombreux tubes trachéens. Arrivé vers le tiers postérieur du prothorax, il s’élargit brusquement et se continue par le jabot.

Le jabot est, sans contredit, la partie la plus importante et la plus volumineuse de l'appareil digestif des Péripla- nètes. C'est un sac allongé, piriforme, élalé latéralement et étendu du prothorax aux deux premiers segments abdomi- naux. Ses dimensions, variables suivant les individus, sont comprises entre 8 à 10 millimètres de longueur, sur 3 à 5 millimètres de large. Son extrémité antérieure, dont le diamètre est tout d’abord le même que celui de l'œsophage, s’élargit brusquement et est recouverte, de chaque côté, par les deux grappes latérales des glandes salivaires. Arrivé à la partie postérieure du métathorax, il se rétrécil brusquement et forme une sorte de pédoncule dont les dimensions sont égales au tiers du plus grand diamètre du Jabot. Ce pédon- cule, après un trajet de 2 à 3 millimètres, va s'unir à la por- tion suivante du tube digestif appelée gésier.

Les parois externes du jabot de la Per. americana (V. PI. IV,

APPAREIL DIGESTIF DES ORTHOPTÈRES. 51

fig. 4) sont lisses el parcourues par de nombreux tubes tra- chéens formant, à sa surface, une série souvent très étendue de riches arborisalions. Indépendamment de sa couche épi- théliale interne, la paroi comprend deux épaisseurs très nettes de fibres musculaires : une couche longiludinale et une couche circulaire, qu'on peut facilement séparer en laissant macérer l’organe dans l’eau pendant deux ou trois Jours, ou bien en le faisant séjourner pendant quelque temps dans l'alcool. Mais, si la face externe est lisse et régulière, il n’en est pas de même de la face interne qui présente des irrégularités intéressantes à signaler (V. PI. IV, fig. 4). Sa moilié supérieure est lisse et ne présente, en général, aucun repli, sauf dans sa moitié postérieure, l’on voit apparaître quelques légers sillons longitudinaux, qui ne deviennent bien nets et apparents qu'à l’origine de la seconde moitié de l’or- gane. Ces plissements longitudinaux, au nombre de 60 à 80, s’accentuent de plus en plus à mesure qu'ils se rapprochent du gésier et vont confluer vers un rebord circulaire qui marque l'extrémité postérieure du jabot (V. PI. IV, fig. 4). Les replis sont irréguliers, sinueux et présentent entre eux de nombreuses anastomoses. Entre deux replis ou bourrelets consécutifs existe un sillon longitudinal, également très irrégulier. Les bourrelets et les sillons se resserrent à mesure qu'ils se rapprochent du gésier. Ils vont se terminer sur un léger bourrelet annulaire, à la suite duquel vient une rigole circulaire. C'est à l'origine de cette dernière que sont im- plantées six fortes dents, allongées et chitineuses, consli- tuant l’armature masticatrice du gésier. Dans l’espace com- pris entre deux dents, existent deux denticules triangulaires, disposées parallèlement, et dont le rôle, dans l’acte de la mas- tication, me paraît assez effacé. Les fonctions physiologiques du jabot sont trèsrestreintes, et l'organe se borne presque uni- quement à emmagasiner les aliments au fur et à mesure qu'ils sont pris par l’insecte et à régler leur passage dans le gésier. C’est dans ce dernier organe qu'ils sont broyés et triturés par le puissant appareil masticateur qui revêt ses parois internes.

D8 L. BORDAS.

Le jabot de la Periplaneta orientalis est moins développé que celui de l'espèce précédente. C’est un organe piriforme, à pointe tournée en avant, et dont la grosse lubérosité est dirigée en arrière. Il se continue par un très court, mais large pédoncule allant se fixer au gésier. Les parois externes du jabot sont lisses quand l'organe est distendu par les ali- ments ; mais, à l'élat de vacuité, elles présentent une série de plis longiludinaux. La face interne est sinueuse et munie de nombreuses siries séparées par des bourrelets irrégu- liers et anastomosés entre eux.

Le gésier de la Periplaneta americana (V. PI. IV, fig. 4 et 6), qui fait directement suite au jabot, est un organe bien moins volumineux que ce dernier dont la sépare un sillon annulaire. Il esl situé dans le troisième segment abdominal et présente les dimensions suivantes : longueur 5 millimètres, et diamèlre transversal de 4 à 5 millimètres. Sa forme est conique, avec base dirigée en avant el som- met tourné en arrière. Ses parois sont épaisses, muscu- laires et leur face interne est garnie d’une puissante ar- mature masticatrice composée de six dents, dans Jes intervalles desquelles existent six paires de denticules apla- lies, accouplées deux à deux et soudées entre elles par leur bord interne. Chaque dent repose, sur les parois du gésier, par une base rectangulaire et porte, en général, sur son bord libre, trois tubercules. Chacune d'elles présente une coloralion jaune pâle vers sa base; mais cette colora- lion s'accentue progressivement jusqu'à l'extrémité, elle prend alors une teinte noir foncé. Ces dents, au nom- bre de six, sont disposées en couronne aulour de l'or- gane. La forme de chacune d'elles est celle d'un tronc de prisme {riangulaire, à face supérieure presque normale à la paroi interne du gésier et à face postérieure oblique à celte même paroi. Chaque dent à environ 1 millimètre de longueur sur trois quarts de millimètre de large. Elle présente, à sa partie supérieure, un long lubercule coni- que, large à sa base el pointu à son sommet. Au-dessous

APPAREIL DIGESTIF DES ORTHOPTÈRES. 99

de ce dernier existent deux autres tubercules semblables, mais beaucoup plus petits. Ils sont situés dans un même plan antéro-postérieur que le premier el suivant une ligne extérieure à l'horizontale passant par le sommet du gros tubercule. Les cinq autres dents sont de tout point sem- blables à celle que nous venons de décrire, et l'ensemble est disposé suivant un anneau circulaire, silué vers la base du gésier. La grosse dent chilineuse, dure et résistante, dont nous venons de parler, est séparée, par une profonde dépression cunéiforme, d’un bourrelet conique, sorte de dent musculaire recouverte, sur sa face supérieure, d'une mince enveloppe cornée. Ce second tubercule a la forme d’une pyramide conique et présente à considérer trois faces : une face supérieure et deux faces latérales trian- gulaires. La première envoie vers le centre, ou axe du gésier, un pelit appendice chitineux et recourbé en forme de bec de perroquet. Au-dessous de ce tubercule ou dent secondaire, existe une nouvelle dépression semblable à la précédente, mais bien moins profonde, suivie d'un nou- veau tubercule allongé, cunéiforme, présentant son bord tranchant vers l'axe du gésier et disparaissant peu à peu à mesure qu'il se rapproche de l’appendice cylindrique qui se prolonge dans l’axe de la partie antérieure de l'in- testin moyen. Il résulte, de cette disposition, que nous avons sur chaque rangée, en allant d'avant en arrière, trois sortes de dents, dont l’antérieure, extrêmement puis- sante, dépasse de beaucoup en dimension les deux sui- vantes, qui ne doivent jouer, dans l'exercice de la masti- cation, qu’un rôle tout à fait secondaire. Ces dents, séparées par de profondes dépressions, présentent, dans leur ensem- ble, la forme d'un coin allongé horizontalement et dont les dimensions vont en diminuant d'avant en arrière. De plus, le côté élargi du coin repose sur la face interne du gésier, tandis que l’angle dièdre opposé est tourné vers l'axe du même organe.

Les denticules (V. PI. IV, fig. 6) n’ont, au point de vue

60 L. BORDAS.

de la mastication, qu'une importance tout à fait secondaire. Elles sont accouplées deux par deux el placées dans les dépressions comprises entre deux dents. Elles sont consti- tuées par de petites lamelles chitineuses triangulaires, aplaties et accolées sur leur ligne médiane. Chacune d'elles comprend de nombreuses lamelles soudées entre elles et présentant une série de dépressions longitudinales. Elles s'étendent du bourrelet circulaire supérieur à la dépression annulaire située au-dessous de la première dent chitineuse.

Ti résulte de cette disposition si caractéristique que pré- sente le gésier, que cet organe porte, sur la totalité de sa paroi interne, une forte armature chitineuse, rappelant assez bien, par sa puissance masticatrice, le moulin qastri- que de l'Écrevisse. Quand l’insecte est au repos, les di- verses pièces que nous venons de décrire et qui sont dis- posées suivant six rangées longitudinales, convergent vers l’axe de l'organe, de sorte que les dents ne laissent entre elles qu’un étroit espace limité extérieurement par les den- ticules. Pendant la digestion, les masses chitineuses, mues par la puissante musculature du gésier, accomplissent di- vers mouvements (verticaux et transversaux) et triturent les substances alimentaires que déverse sans cesse le jabot. On peut, sans peine, assimiler les deux organes, jabot et gésier, à un moulin, le jabot représentant la tré- mie el le gésier la meule ou l'appareil mécanique des- tiné à écraser le grain. En un mot, le gésier constitue, chez les Périplanètes, un puissant organe de maslication, dont le fond postérieur présente un orifice irrégulier, qui com- prend six tubercules, limitant une cavité étoilée, par les aliments, suffisamment triturés, passent dans l'intestin moyen (V. PI. IV, fig. 4 et 6, et PI. V, fig. 1).

La portion terminale du gésier se continue par un tube court, pénétrant dans l’axe de l'intestin moyen sur une longueur de 2 à 3 millimètres. Il constitue, de la sorte, une espèce d’appendice vermiforme, comparable à celui que nous avons décrit chez les Hyménoplères, et qui a pour

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fonclion d'empêcher le retour en avant (du côté du jabot) des aliments qui ont pénétré dans l'intestin. L’appendice terminal du gésier s'engage dans l'intestin absolument comme le col d’un enlonnoir dans le goulot d’une bou- teille. Cette comparaison, bien que paraissant vulgaire, rend cependant bien compte de la disposition anatomique dont nous parlons. L'appendice à des parois épaisses, composées de plusieurs couches, qui sont : une couche interne, qui n'est que le prolongement de celle du gésier, el une couche externe, continuation de la paroi interne de l'intestin moyen. Cette disposition apparaît très nettement quand on exerce une traclion sur le gésier, l'intestin moyen étant fixé. Dans ce cas, on effeciue une déchirure suivant la ligne d'insertion du gésier. En continuant la traction, on amène la séparalion des deux couches de l’appendice, et on produit un pédoncule, double du premier, rattachant le gésier à l'intestin moyen. L'orifice situé à l'extrémité de l’appendice n’est nullement circulaire, mais rectangu- laire et terminé par quatre valves, étroitement appliquées contre l'ouverture centrale qu’elles ferment hermétique- ment. L'appendice n'adhère pas à la paroi interne de l'extrémité antérieure de l'intestin moyen et en est séparé par un espace annulaire.

Le gésier de la Periplaneta orientalis est à peu près sem- blable à celui que nous venons de décrire. C’est un organe conique, se continuant, dans l'axe de l'intestin, par un court appendice rectiligne. L'appareil masticateur, sans être aussi puissant que celui de l’espèce précédente, présente néan- moins la même disposition anatomique.

L’intestin moyen débute, chez la Periplaneta americana, à l’extrémilé postérieure du deuxième segment abdominal. Il se dirige d’abord de gauche à droile, revient ensuite vers son point de départ, en se dirigeant vers la région postérieure de l'abdomen et en décrivant une courbe assez régulière. Arrivé dans la région médiane du corps, il s’unil à l'intestin postérieur. C’est un organe cylindrique, à parois

62 L. BORDAS.

musculaires épaisses, lisses extérieurement et glandulaires à l’intérieur. Le tube est maintenu en place par de nom- breux faisceaux trachéens qui vont recouvrir également les appendices intestinaux, le gésier et le jabot.

À l'origine de l'intestin moyen viennent s'ouvrir Au longs appendices appelés par L. Dufour bourses ventricu- laires, et appendices pyloriques par un certain nombre d'autres zoologistes {(V. PI. V, fig. 1). Ces dénominations me paraissent défectueuses, attendu que ni le jabot, ni le gésier ne doivent être considérés comme les homologues de l’esto- mac; aussi, pour ne préjuger en rien sur la nature de leurs fonctions, les désignerons-nous sous les noms de cæ- cums d’apnendices intestinaux. Ces organes ne sont, en effet, que d'énormes diverticules de la partie antérieure de l'intestin moyen. Ils affectent la forme de tubes cylindri- ques, de longueur variable (6 à 10 millim.), à sommet obtus, et parcourus, sur toule leur surface externe, par de nom- breuses arborisations trachéennes. Ils s'ouvrent, à l'extré- milé antérieure de l’intestin moyen, dans l’espace annulaire compris entre la paroi et l’appendice du gésier, par un ori- fice étroit et circulaire. Leurs parois sont épaisses et pré- sentent une struclure identique à celle de l’intestin moyen. Leur contenu est le même que celui de ce dernier organe et leur fonction doit êlre, sans doute, outre leur rôle diges- tif, de recevoir le trop-plein du contenu intestinal. Quant à leur inserlion, elle se fail en des points équidistants, situés en arrière du gésier.

L'intestin moyen, appelé aussi ventricule chylifique par L. Dufour, présente une longueur de 14 à 16 millimètres environ. Il est constilué par un tube uniformément cylin- drique, à parois exlernes lisses, mais recouverles par du issu adipeux et parcourues par de nombreuses ramifica- tions trachéennes. L'organe se dirige d’abord en arrière, puis se recourbe en prenant une direction verlicale et ar- rive enfin jusqu'à la face dorsale des quatrième et cinquième segments abdominaux. Puis, après avoir décrit un demi-

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cercle, en restant presque constamment dans un même plan vertical, il revient vers la face ventrale de l'abdomen, tout en conservant à peu près son même diamètre.

L’intestin moyen de la Periplanela orientals est un tube étroit, cylindrique, long de 12 à 15 millimètres, qui décrit d'abord une circonvolution de gauche à droile, enveloppant ainsi la portion médiane de l’inleslin postérieur. A 1 milli- mètre environ de son origine, en arrière du gésier, viennent déboucher les tubes intestinaux qui présentent, comme dans l’espèce précédente, la forme de doigts de gant ter- minés en cæcums à leur extrémité. Ces tubes, de longueur variable, vont s'ouvrir isolément dans l’espace annulaire compris entre les parois internes de l’intestin et l’appendice qui fait suite au gésier.

Les tubes de Malpighi, courts, capillaires, cylindriques, viennent s'ouvrir à l’origine de l'intestin terminal. Ces or- ganes, au lieu de s'insérer isolément sur l'intestin, se dis- posent en sx faisceaux, comprenant chacun de 15 à 20 tubes s'ouvrant au sommet d’un pelit tubercule conique. Les six tubercules sont courts, coniques, à base élargie et provien- nent d'invaginations intestinales. [ls sont à peu près équi- distants les uns des autres et disposés en cercle autour de l'intestin. A chaque tubercule correspond une petite cavité intestinale conique, bien visible à un fort grossissement. mais que les coupes mettent nellement en évidence. Cette disposition, si caractéristique, se retrouve chez la plupart des Orthoptères. Les organes urinaires forment par consé- quent plusieurs faisceaux, recouvrant les portions médio- postérieures de l'intestin moyen et l'extrémité antérieure de l'intestin terminal. Au point de vue du nombre et de la forme, les tubes de Malpighi des Périplanètes présentent une certaine analogie avec ceux des Hyménoptères. Pour- tant, chez ces derniers insectes, les organes urinaires sont plus longs, plus grêles, plus flexueux et insérés, à l’origine de l'intestin terminal, suivant une ligne circulaire. Les éubes de Malpighi de la Per. orientalis sont constitués, comme

64 L. BORDAS.

ceux de l’espèce précédente, par des filaments longs, ténus, flexueux et disposés en six touffes recouvrant une partie de l'intestin moyen, les appendices intestinaux, le gésier et la portion postérieure du jabot.

L’intestin terminal ou postérieur débute, chez les Per. ame- ricana, par une portion élroite, cylindrique et fort courte. Son diamètre est moindre que celui de l'intestin moyen, et sa structure est, de même, fort différente. Après un trajet de 2 à 3 millimètres, l'organe se dilate presque brusque- ment et atteint, quand il est distendu par les aliments, un diamètre variant de 4 à 6 millimètres. Il se dirige d’abord dorsalement, en décrivant une courbe très courte, puis re- vient ensuite vers la face ventrale, il se rétrécit progressi- vement pour se continuer alors avec l'intestin terminal. La première partie de l’organe présente des parois lisses et est pourvue de deux couches musculaires très neltes. A l’extré- mité antérieure de la portion élargie on constate l'existence d’un bourrelet interne, sorte de valvule circulaire, limitant un orifice régulier, et empêchant le retour des aliments dans l'intestin moyen. Vers sa partie terminale, on observe de légères striations longitudinales qui s'arrêtent brusquement à un bourrelet situé à l’origine du pédoncule postérieur unissant l'organe au rectum. Ces sillons vont se terminer brus- quement, en des points équidistants, sur le bourrelet annu- laire dont nous venons de parler. Ils se ramifient en avant et déterminent une série de plissements rectilignes d’abord, puis irréguliers et anastomosés, produisant ainsi de nom- breuses alvéoles qui disparaissent peu à peu au fur et à mesure qu'on se rapproche de la partie antérieure. L’organe est constamment rempli de détritus alimentaires, dont les principes actifs ont été en partie absorbés par l'intestin moyen. Pourtant, la présence des replis semble indiquer que l'absorption doit s'effectuer encore dans cet organe. Vers sa parlie terminale, l’intestin postérieur se rétrécit progres- sivement d'abord, puis brusquement, et se continue avec le rectum par un tube étroit, généralement vide de tout détri-

APPAREIL DIGESTIF DES ORTHOPTÈRES. 65

{us alimentaire. À son origine, le tube étroit dont nous ve- nons de parler présente un bourrelet annulaire, constituant une ligne de démarcation très nette entre l'intestin terminal et le rectum. L'’étestin terminal de la Periplaneta orientalis débute par une portion élroile, courte et cylindrique. L'or- gane se dilate ensuite brusquement et constitue un tube large, légèrement boursouilé, dirigé en arrière el uni au rectum par un étroit pédoncule.

Le rectum de la Periplaneta americana (NV. PI. V, fig. 1) est un organe ovoïde ou légèrement tubuleux, à parois épaisses et musculaires. Il est parcouru, sur toute sa lon- gueur, par six bandelettes longitudinales, équidistantes, rec- tangulaires et à extrémités émoussées. L. Dufour les consi- dère comme des faisceaux musculaires, dont les contractions servent à expulser au dehors les matières fécales; mais une étude bistologique nous a montré que nous n’avions uniquement affaire ici qu’à des épaississements épithéliaux internes, formant des massifs analogues aux glandes rectales des Hyménoplères. Vers sa partie terminale, le rectum se rétrécit brusquement et porte un bourrelet circulaire, sorte de sphincter pouvant se relâcher et se contracter au gré de l'animal. Le rectum se continue par un tube très court qui se termine à l’anus. Ce dernier est situé au-dessus de l’ori- fice de l'appareil génital et au-dessous d’un court appendice chitineux qui fait suite au dernier segment abdominal. Le rectum de la Periplaneta orientalis présente à peu près la même conformation que celui de l’espèce précédente. Son appareil digestif reproduit, dans ses grands traits, celui de la P. americana. Les différences, fort légères du reste, ne portent que sur le gésier, les appendices intestinaux, l’in- testin postérieur et la distribution des tubes de Malpighi.

APPAREIL DIGESTIF DE LA PERIPLANETA AUSTRALASLÆ (Fabr.). L'appareil digestif de la Periplaneta australasiæ diffère de celui des deux espèces précédentes par plusieurs carac- ières portant principalement sur le gésier, les appendices intestinaux et les tubes de Malpighi.

ANN. SC. NAT. ZOOL. V0

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Le pharynx est court, tubuleux ou légèrement aplali transversalement et porte, vers la région postérieure de la tête, une série de muscles servant à le maintenir dans une posilion fixe. |

L'œsophage est constitué par un tube cylindrique, d’un diamètre un peu inférieur à celui du pharynx. Arrivé vers le tiers postérieur du prothorax, l’organe se continue, avec le jabot, presque sans ligne de démarcation.

Le jabot, par sa forme générale, diffère sensiblement de ceux de la Periplaneta americana et de la P. orientalis. C’est un organe allongé, fusiforme, à parois externes lisses et parcourues par de nombreux faisceaux trachéens. La face interne est, comme celle des espèces précédentes, creusée de nombreux sillons longiludinaux, presque régu- liers en arrière, mais ramifiés et anastomosés en avant. Ici, on n'observe pas les légers renflements latéraux que nous a présentés le jabot de l'espèce précédente. Un pédicule large, mais très court, unit le jabot au gésier.

Le gésier de la P. australasiæ, de forme conique, est situé dans le tiers antérieur de l'abdomen. Il est presque entière- ment enveloppé, soit par les appendices intestinaux, soit par les tubes de Malpighi. Ses parois externes sont épaisses et musculaires, et sa face interne est pourvue d’une puissante armature masticatrice formée de six rangées de dents cu- néiformes, présentant iransversalement deux sillons circu- laires. Entre chaque rangée de dents existent deux denticules triangulaires, aplaties el pourvues de plusieurs stries longi- tudinales. Ces denticules sont soudées par leur bord interne. Le gésier, comme celui des espèces précédentes, constitue un appareil broyeur de premier ordre et bien supérieur, comme puissance, à celui que nous ont présenté la plupart des autres Orthoptères (Forficulidæ, Phasmidz et Mantidæ).

L'intestin moyen des P. australasiæ est formé par un tube allongé, cylindrique, décrivant un cercle complet de gauche à droite et enveloppant ainsi l'intestin terminal. À son ori- gine, viennent s'ouvrir les uwil appendices intestinaux,

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courts, tubuleux et terminés en cul-de-sac à leur extrémité libre. |

Les tubes de Malpighi, qui débouchent à l’origine de l'in- testin terminal, sont beaucoup plus longs que ceux de la P. americana. Ws forment plusieurs faisceaux inextricables, recouvrant une partie du jabot, le gésier et les circonvolu- tions intestinales.

L'intestin terminal ne présente aucune particularité. Seul, le rectum diffère sensiblement, par sa forme, de celui de l'espèce précédente. C’est un organe fusiforme, à parois épaisses parcourues par six bandelettes longitudinales cons- tituant les glandes rectales.

APPAREIL DIGESTIF DE LA BLATTA GERMANICA (L.) ET DE LA BL. MADERÆ (L.). L'appareil digestif des Blattes présente de grandes analogies avec celui des Périplanètes : il en dif- fère cependant par un certain nombre de caractères qu'il est nécessaire de signaler et porlant principalement sur le gésier, les appendices inteslinaux et les tubes de Malpighi.

Le pharynzx et l'&sophage ont à peu près la même confor-

mation que ceux des Périplanètes. Quant au yabot, il est, chez la Platta germanica, très volumineux et occupe la plus grande parlie du thorax. C'esl un organe ovoïde et à parois minces. Il est presque cylindrique à son origine, mais il s’é- largit peu à peu, devient volumineux et remplit la presque totalité du métathorax. Ses dimensions diminuent ensuite progressivement au moment l'organe va se fixer au gésier. Un sillon circulaire est compris entre les deux parties du tube digestif et indique leur ligne de séparation. La paroi externe du jabotl est lisse et l’interne parcourue par de légères striations longitudinales, moins neltes et moins ac- centuées que chez les Périplanètes.

Le gésier des Blaltes à la forme d’une cupule conique, à base élargie el à sommet dirigé vers la portion antérieure intestinale. Ses parois externes sont légèrement plissées et pourvues d’une puissante couche musculaire. A l'intérieur existent six grosses dents chitineuses, comparables de tout

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point à celles des Périplanètes, mais beaucoup plus fortes, eu égard aux dimensions plus exiguës du corps de l’insecte. Ces dents ont la forme de prismes triangulaires à bord libre tourné vers le centre de l’organe, et présentant, d’avant en arrière, deux ou trois tubercules. Les grosses dents chiti- neuses, très acérées, jouent un rôle considérable dans l’acte de la mastication el sont uniquement chargées de broyer les aliments. Elles sont disposées circulairement vers la base du gésier et séparées l’une de l’autre par des dépressions longitudinales au fond desquelles existent des denticules aplaties et siriées. À la suite de la première dent chitineuse vient, dans chaque colonne, un repli musculeux, recouvert _ d’une lamelle cornée, constituant, de la sorte, une dent se- condaire. Enfin, le gésier se continue, dans l'axe de l'intestin moyen, par un appendice cylindrique très court. |

L'intestin moyen des Blaïtes est un organe tubuleux qui décrit une circonvolution complète et reçoit, à son origine, les orifices des huit appendices intestinaux. Ces derniers sont beaucoup moins réguliers, quant à leurs formes et à leurs dimensions, que ceux des espèces précédentes. Les parois externes de l'intestin sont lisses et les internes lé- gèrement plissées.

Les tubes de Malpighi sont, chez les Blattes, moins longs et moins nombreux que chez la Periplanela americana. Ce sont des tubes cylindriques, ténus, allongés, flexueux, dis- posés en six faisceaux séparés et enveloppant une parlie de l'intestin moyen et du gésier.

L'intestin terminal des Blatles comprend deux portions : une partie antérieure, étroite et cylindrique, faisant directe- ment suite à l'intestin moyen, et une partie postérieure, très élargie, boursouflée et plissée extérieurement. Elle est pres- que loujours remplie de détlritus alimentaires qui lui donnent une coloralion noir foncé. A la suile existe un nou- veau rétrécissement suivi d'une dilatation ovoïde, consti- tuant le rectum. à

Comme on vient de le voir, le tube digestif des Blattes est

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caractérisé par le volume considérable du jabot, par la dis- position des appendices intestinaux et surtout par les nom- breuses circonvolutions que présentent les intestins moyen et postérieur. L’organe, complètement élalé, dépasse deux fois la longueur du corps de l’insecte.

RÉSUMÉ. L'appareil digestif des diverses Blatta et Periplaneta esl surtout remarquable par ses circonvolutions et par sa longueur qui atteint ou dépasse même deux fois celle du corps de l’insecte.

Les glandes salivaires sont formées par plusieurs grappes, entourant complèlement ou en parlie l’æœsophage et la por- tion antérieure du Jabot. Elles sont constituées par des acini sphériques qui comprennent, outre l'enveloppe extérieure, une couche épithéliale limitant une petite cavité interne. Chaque acinus se continue par un canalicule excréleur très court. Les canaux efférents comprennent deux tubes cylin- driques, flexueux, qui vont s'ouvrir dans un large conduit commun, débouchant en avant de l’orifice buccal. De ces glandes, dépendent deux volumineux réservoirs salivaires. Les divers canaux efférents, ainsi que les canalicules, sont pourvus à l'intérieur d’un épaississement chitineux spiralé.

Le pharynzx est court et légèrement aplati. L’wsophage esl cylindrique el plus ou moins allongé suivant les diverses es- pèces. Le abot a la forme d’un large sac, en général bour- souflé latéralement et étendu jusqu’à la partie antérieure de l'abdomen. Ses parois externes sont lisses et les internes plissées longitudinalement vers la parlie postérieure. Cet organe s’unit au gésier par un pédoncule cylindrique très court. Le gésier est de forme conique, à base tournée en avant ; ses parois sont épaisses et revêtues intérieurement d’une puissante armature masticatrice chitineuse, compre- nant des dents très puissantes, disposées suivant six colonnes longitudinales. L’organe se continue, dans l’axe de l’inteslin, par un court pédoncule. L’intestin moyen, qui porte à son origine hf longs appendices ou cæcums intestinaur, est un tube cylindrique décrivant plusieurs circonvolutions. Les

70 L. BORDAS.

tubes de Malpighi sont groupés en six faisceaux à l’origine de l'intestin terminal. Ce dernier, sinueux, comprend une partie antérieure étroite et cylindrique, une partie moyenne élargie et boursouflée el un rec{um ovoïde. Sur les parois du rectum existent six épaississements épithéliaux internes, disposés longitudinalement et constituant des organes ho- mologues aux glandes rectales des Hyménoptères.

CHAPITRE V

APPAREIL DIGESTIF DES ORTHOPTÈRES DE LA FAMILLE DES ACRIDIIDÆ. (NA PI. NV fig 42583; "6 07,18 et 095 Pl MIN He 4e 0 PLAN ete):

Nous avons étudié l'appareil digestif d'environ vingt- cinq espèces appartenant à la famille des AcrinnpÆ; et, bien que l'organe présente à peu près partout la même dis- position, il offre, d'une tribu à l’autre, des différences assez considérables. Aussi, allons-nous diviser notre chapi- tre en cinq sections correspondant aux cinq principales tribus. Nous allons commencer par les espèces dont l’appa- reil est le plus simple pour arriver graduellement à celles chez lesquelles il présente une plus grande complication.

TriBu DES PYrRGoMORPHINæ. Pæcilocerus (Serv.) et Pyrgomorpha grylloïdes (Serv.) (V. PL VE, fig. 1). L’ap- pareil digestif des Orthoptères composant la tribu des Pyr- gomorphinæ est très simple et présente les caractères sui- vants : tube droit, dépourvu de circonvolulions dans sa partie terminale, jabot fusiforme, cœcums intestinaux volumineux, inteslin moyen court el cylindrique, tubes de Malpighi très nombreux, longs et capillaires, Intestin postérieur mince et droit et rectum à peu près ovoïde. Tous ces caractères se retrouvent dans les principales espèces composant celte tribu, les Pyrgomorpha,les Pæcilocerus, etc. ;

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aussi, pour ne pas nous répéler, allons-nous prendre, comme lype de notre description, l'appareil digestif de Pæculocerus (V. PI. VE, fig. 1).

Chez le Pæcilocerus, le tube digestif est rectiligne et par- court, sans circonvolutions, l’axe du corps de l’Insecte.

Le pharynzx est large et court. L’æsophage, également court et cylindrique, est localisé presque en totalité dans la région céphalique. Ses parois sont épaisses et striées longitudinalement à l'intérieur. L’organe présente, à sa ré- gion postérieure, un repli annulaire marquant sa limite de séparation avec le jabot.

Le yabot du Pæcilocerus est allongé, fusiforme et ne pré- sente, dans le mésothorax, qu'un léger renflement, à la suite duquel le reste de l'organe est légèrement conique. Ses parois internes portent à la face ventrale, deux longs replis longitudinaux, limitant entre eux un espace rectangulaire surmonté de deux bandelettes, desquelles partent d’autres replis presque annulaires, situés dans des plans perpendiculaires à l’axe du corps. La membrane chitineuse interne est irès mince et ne présente, le long des replis, que des pointes cornées tout à fait rudimentaires et irrégulièrement disposées, tandis que chez les OEdipo- dinæ les denticulations internes sont dures et très acérées. L'organe est maintenu en place par de nombreux filets trachéens qui se ramifient à sa surface. Son extrémité pos- térieure porte un léger renflement hexagonal, dernier ves- tige du gésier.

L'intestin moyen est court, droit et presque uniformé- ment cylindrique. Ses parois sont d’un blanc mat et consti- tuées par deux couches de fibres longitudinales et de fibres circulaires. À l'extrémité antérieure de l’organe viennent s’ouvrir les cæcums intestinaux, qui, dans l'espèce actuelle, sont assez volumineux. La portion antérieure est fusiforme, à extrémité libre, amincie et arrondie, la moyenne est élargie et l’inférieure presque cylindrique. Chaque cæcum est parcouru, d'avant en arrière, par un nombre variable

13 L. BORDAS.

de bourrelets ou replis internes; de plus, chacun des cæ- cums antérieurs se prolonge en arrière par un appendice cylindrique, mince, dont la longueur n'égale que les deux tiers environ de celle de l’appendice antérieur. Les deux appendices vont s'ouvrir dans une sorle de veslibule très court qui débouche à l'extrémité de l'intestin moyen par un orifice ovale, placé immédiatement au-dessous d’une val- vule séparant l'intestin du jabot.

L'intestin postérieur est mince, droit et a une longueur égale à celle du précédent. Ses parois sont épaisses et pré- sentent, à l’intérieur, de nombreux replis longitudinaux, laissant entre eux des sillons parallèles très étroits. Les tubes de Malpighi, au nombre de 100 à 120, forment plu- sieurs faisceaux dont les uns entourent presque complè- tement l'intestin moyen, tandis que les autres, moins nom- breux, courent le long des parois de l'intestin postérieur (V. PL VI, fig. 1).

Le rectum, séparé de l’organe précédent par une valvule annulaire, est ovale, à parois épaisses et présente six larges épaississements glandulaires, séparés les uns des autres par des sillons très étroits.

TRIBU DES ACRIDINÆ. À cridium peregrinum ou Schis- tocerca peregrina (Oliv.), Acrid. speciosum (Thumb.), Calop- tenus italicus (Lin.). (V. PI. VI, fig. 2, 3 et 4.)

La structure el la forme de l'appareil digestif de l'A cri- dium peregrinum sont très simples. L’organe se rappro- che, par bon nombre de ses caractères, de celui des ŒÆai- poda, mais il en diffère cependant par la forme absolument droite de l'intestin terminal, par la disposition des tubes de Malpighi et celle des appendices intestinaux, et enfin par la structure interne du jabot.

Le pharynx et l'æsophage ne présentent aucune parlicu- larité et sont, de tout point, comparables à ceux des Œdi- podinæ (V. la suite du chapitre).

Le yabot (V. PI. VI, fig. 4) est allongé, fusiforme, ren- flé en avant et entouré, dans sa moitié postérieure, par

APPAREIL DIGESTIF DES ORTHOPTÈRES. 73

les cæcums inteslinaux. Ses parois sont épaisses et pour- vues de deux couches musculaires très apparentes. A l'in- térieur existe une membrane chitineuse présentant de nom- breux replis, à direction variable suivant la région de l'organe. Dans la moitié antérieure, il existe, à la face ventrale, une plage rectangulaire limitée de chaque côté par un sillon surmonté d'un bourrelet {(V. PI. VI, fig. 4). Celle plage est sillonnée, d’avant en arrière, par des replis peu apparents et porte, en avant, un petit nombre de pointes chitineuses. Des bourrelets latéraux portent de nombreux replis, à direction transversale, à sommets min- ces et lamelleux, séparés par des sillons parallèles. Dans la région médiane du jabot, la direction de ces replis change brusquement et devient longitudinale, c'est-à-dire parallèle à l'axe de l'organe. Ces replis, après avoir pris leur nouvelle direction, deviennent plus nombreux, plus serrés et portent une multitude de pointes ou denticules chitineuses très acérées. Cette seconde partie du jabot, grâce à sa structure, Joue le rôle du gésier des autres Orthoptères et exerce sur les aliments l’action d’un appa- reil triturant, d’une râpe. Les divers bourrelets ou replis chitineux se groupent, à leur extrémité postérieure, en six faisceaux qui vont chacun converger entre les branches antérieures d’une denticulation chilineuse disposée en forme de Y. Les trois branches de cette denticulation sont dues à des replis de la membrane interne. Quant aux branches postérieures impaires de celte espèce de valvule, elles sont séparées par de larges dépressions parallèles. Telle est la structure interne que nous présente le yabot de l’Acridium peregrinum. Le reste de l'appareil digestif de cet Orthoptère (cæcums intestinaux, intestins moyen et postérieur, tubes de Malpighi et rectum) n'offre rien de particulier à signaler et affecte la forme générale que nous allons déerire chez les Œdipodinæ (V. la suite du chapitre).

L'appareil digestif de la nymphe (jeune individu) d'A cri- dium peregrinum présente, avec celui de l'adulte, les plus

14 L. BORDAS.

grandes analogies (V. PI. VI, fig. 2). Les seules différences à signaler consistent dans la disposition des tubes de Malpighi, la forme de l'intestin postérieur et celle des cæcums intestinaux.

L'intestin moyen est court, large et cylindrique. Il reçoit, à son extrémilé antérieure, six cæcums intestinaux allon- gés, de forme conique et pourvus de plissements longitu- dinaux internes. Leur extrémilé antérieure, qui est émous- sée el légèrement arrondie, porte un mince filament qui va se ratlacher aux parois latérales du jabot, servant ainsi aux cæcums de tige fixatrice. Ce filament musculaire fixa- teur, toujours accompagné d'un ou de plusieurs tubes tra- chéens, existe chez beaucoup d’Acridiens, mais n'est nulle part aussi netlement visible que chez les nymphes d'A cri- dium peregrinum (NV. PI. VI, fig. 2).

L'intestin postérieur comprend deux parlies différentes de forme. La première est cylindrique et la deuxième, ré- trécie el recourbée en demi-cercle, va rattacher l’organe au rectum. Cette différence morphologique correspond éga- lement à des différences de structure interne. La portion antérieure est pourvue d’une douzaine de bandelettes mus- culaires aplaties, tandis que la suivante porte des saillies bien accentuées, séparées par des sillons parallèles.

Le rectum est ovoïde et assez semblable à celui de l'adulte.

L'appareil digestif du Caloptenus ualicus présente à peu près les mêmes caraclères morphologiques que celui des OEdipoda, de lOEdipoda miniala entre autres (V. la suite du chapitre). Les différences les plus importantes portent sur le jabot qui est plus court, sur les appendices intes- linaux et sur l'intestin moyen, qui est droit et très mince (Vos NE, 83):

Le pharynx el l’œsophage sont courts, épais, musculeux et striés intérieurement.

Le 7abot, ainsi que sa porlion postérieure constituant un gésier rudimentaire, est localisé dans les deux premiers

APPAREIL DIGESTIF DES ORTHOPTÈRES. 719

segments thoraciques. Ses parois portent intérieurement de nombreuses strialions longitudinales et {ransversales, re- couvertes par une membrane chitineuse, munie de petites pointes constiluant des denticules cornées, tantôt droites, tantôt crochues, à pointe dirigée en arrière.

Les appendices intestinaux, au nombre de six, peuvent être considérés comme formés par des diverticules de l’in- testin, de direction et de volume différents. Les six prolon- gements antérieurs embrassent complètement l'extrémité terminale du jabot, et les six postérieurs recouvrent l’ori- gine de l'intestin moyen. Leur structure et leur forme sont à peu près identiques dans toutes les espèces, et leurs dimensions sont seules variables d’un individu à l’autre. Chaque diverticule antérieur est large à sa base, pointu et émoussé à son sommet et semblable à un doigt de gant, tandis que le diverticule postérieur, un peu moins long que l’antérieur, est beaucoup plus mince et plus flexueux que ce dernier. Les parois de ces appendices, pourvues de replis longituäinaux internes, présentent la même struclure histo- logique que l'intestin moyen.

L’intestin moyen des Caloptenus (V. PI. VI, fig. 3) est court, tronconique, à parois minces, lisses extérieurement et plissées à l’intérieur. Un repli circulaire, correspondant à un bourrelet valvulaire interne, le sépare de l'intestin postérieur. Ce dernier est long, mince et rectiligne. Il porte à son origine de nombreux {ubes de Malpighi, disposés en faisceaux formés par des tubes filiformes, enveloppant de leurs replis les diverses parties de l’appareil digestif.

Quant au rectum, 1l est court, ovoide et porte, à sa sur- face, six bandelettes musculo-épithéliales, constituant des bourrelets analogues aux glandes rectales des Hymé- noptères.

TRIBU DES PAMPHAGINÆ (V. PI. V, fig. 6 et PI. VI, fig. 6 et 7). Pamphagus elephas (Stäl).

L'appareil digeshf des Pamphagus diffère de ceux des Stenobothrus et des Mecosthetus par sa forme rectiligne

76 L. BORPDAS.

el l'absence de courbure de l’intestin postérieur; mais, par contre, il se rapproche de celui des OEdipodinæ. Des différences notables de structure, portant sur la portion terminale du jabot et sur celle du rectum, permettent cepen- dant de le séparer de celui de ces derniers et nous obligent d'en donner une description à part.

Le pharynx et l'æsophage, qui font directement suite l'an à l’autre, ont la forme d’un tube à peu près cylindrique ou légèrement aplali transversalement, à parois musculaires fort épaisses. De leur surface externe se détachent de nom- breux faisceaux de muscles qui les maintiennent dans une position à peu près fixe et vont s'attacher aux parois laté- rales céphaliques. A l’intérieur existent de nombreux replis, disposés irrégulièrement et formant parfois des bourrelets qui, en pénétrant dans la parlie antérieure du jabot, consli- tuent une valvule annulaire et lobée.

Le 7abot qui commence vers la partie antérieure du pro- thorax, un peu en arrière de la tête, se dilate brusquement et affecte la forme d’un sac ovoïde présentant plusieurs plissements exlernes. Ses parois sont conslituées par une couche externe de fibres longitudinales et une membrane interne composée de fibres cireulaires. Le tout est tapissé intérieurement par une épaisse membrane cornée, phissée et hérissée d'innombrables pointes chilineuses. La direction des replis varie suivant les régions considérées. A la face ventrale, existe une zone étroite composée uniquement de replis qui s'étendent tout le long du Jabot et font suite à ceux de l’œsophage et du pharynx. Dans le tiers antérieur, on voit se détacher, de la zone médiane, des replis ou pelits bourrelets chilineux disposés transversalement. Vers la moilié postérieure, les bourrelets sont uniformément dirigés longiludinalement d’avant en arrière. Enfin, entre les deux régions que nous venons de décrire, existe un espace inter- médiaire les replis sont disposés suivant toutes les direc- tions. La seconde partie du jabot, de forme tronconique, est enveloppée par les cæcums intestinaux. Elle peut être con-

APPAREIL DIGESTIF DES ORTHOPTÈRES. 11

sidérée, au point de vue physiologique, comme l’homologue du gésier des Locustidæ et des Gryllidæ. Les bourrelets ou replis internes sont larges et portent sur leur crêle de nom- breuses pelites dents, disposées en séries longitudinales, de forme triangulaire ou conique et à pointe recourbée en arrière. Dans la moilié antérieure du jabot, la forme des dents est, au contraire, bien différente. Elles sont moins puissantes et affectent la forme de pelites aiguilles cylindri- ques, à pointe conique et acérée. Enfin, le Jabot se termine par une porlion tubuleuse, occupant l'axe de l’origine de l'intestin moyen (V. PI. VI, fig. 6 et 7). Cette portion ter- minale est séparée de la précédente par un sillon circulaire marquant la ligne suivant laquelle se fait extérieurement l'insertion de l'intestin. C’est dans cette partie qu’on cons- tate la présence des six bourrelets coniques, en forme de V, à bords épais, chitineux et présentant, en avant, une légère dépression triangulaire (V. PI. VI, fig. 7). Ces six pièces, beaucoup plus développées que celles des OEdipodinæ, nous permettent d’homoloquer l'extrémité postérieure du jabot au gésier des autres Orthoptères. Du reste, le nombre prodigieux des denticules qui le garnissent intérieurement lui font jouer un rôle identique.

L'intestin moyen est court el, contrairement à ce qui a lieu chez les autres insectes, n’égale que la moitié environ de la longueur de l'intestin terminal. Il affecte la forme d’un tronc de cône, à base élargie tournée en avant. C’est à son origine qu'il émet six longs appendices intestinaux, à extré- mité antérieure cylindrique et amincie à son sommet. Chaque cæcum présente, à l’intérieur, une série de replis longitudinaux et émet en arrière un appendice en forme de doigt de gant, dont la longueur n’égale que la moilié environ de celle du cæcum lui-même.

L'intestin terminal, à extrémité antérieure élargie, porte à son origine les tubes de Malpighi. Ces derniers, au nombre de 60 à 80 environ, sont disposés en plusieurs touffes, rangées en cercle et laissant entre elles de courts inter-

78 L. BORDAS.

valles libres. L'organe porte six bandelettes longitudinales musculaires et se rétrécit à mesure qu'il s'éloigne de l’in- testin moyen. Il présente un élranglement dans sa région postérieure, en avant du rectum et porte, à sa face inlerne, une série de replis longitudinaux, qui sont surloul très ac- cusés et nettement développés dans sa portion étroite. Ces replis sont sinueux et irréguliers vers leur extrémité termi- nale postérieure. A la suite de l’étranglement, l'organe se dilate brusquement pour former un rectum, volumineux et ovoide, dont les parois sont parcourues longitudinalement par six bandeletles fusiformes, presque confluentes. L’appa- reil se continue ensuite par un court pédoncule cylindrique et s’ouvre au dehors par l’orifice anal.

Trisu DES OEnrponinx. Œdipoda cærulescens (Lin), Œdip. miniata (Pallas), Psophus stridulus (Lin.), Pachytylus cinerascens (Fabr.). (V. PL. V, fig. 2, 3, 7, 8 et 9).

L'appareil digestif des Œdipodinæ n'a encore été l’objet d'aucun travail d'ensemble. Depuis L. Dufour (1834), aucune étude générale n'a été faite sur ce sujet. Ces Acridiens pré- sentent cependant un intérêt considérable, tant par l’en- semble de leur organisation interne que par la conformation toute spéciale de leur tube digestif. Ce dernier organe est caractérisé par sa forme rectiligne, son absence à peu près complète de circonvolutions, la réduction du pharynx et de l'æœsophage, l’atrophie du gésier, le nombre constant des cæcums intestinaux, la longueur, la disposition et le nombre des tubes de Malpighi, et enfin par la forme simple et droite qu'affectent les intestins moyen. et terminal.

Parmiles OEdipodinæ, nous avonsétudié successivement les espèces suivantes : (ŒÆdipoda miniata, Œd. cærulescens, elc., très communes dans le plateau central de la France, et en particulier sur les montagnes granitiques de la Corrèze.

Les glandes salivaires de l'Œdipoda miniata (Pal.)(V. PI V, fig. 3) sont tout à fait rudimentaires et se composent de deux peliles grappes symétriques par rapport au plan mé- dian du corps de l'insecle. Chaque grappe est située au-

APPAREIL DIGESTIF DES ORTHOPTÈRES. 19

dessous du jabot et émet cinq ou six ramifications ou grappes secondaires terminées par un petit nombre (3 ou 4) d’acini. Elles ne forment pas un massif épais et compact enveloppant la presque totalité de la partie antérieure du tube digestif comme chez les Locustidæ (V. le chapitre suivant), mais constituent de petites lames glandulaires disséminées çà et dans les régions médiane et antérieure du mésothorax. Les acini glandulaires sont sphériques, pour- vus d’une cavilé interne et d'un canalicule excréteur. Ce dernier présente, comme chez les autres Orthoptères, une couche épithéliale, recouverte à l’intérieur par une mince membrane chitineuse pourvue d’anneaux spiralés. Les divers canalicules vont s'ouvrir dans un conduit efférent unique qui traverse la partie inférieure de la tête, passe au-dessous des ganglions sous-æsophagiens et va s'ouvrir en avant de l’orifice buccal. Il n’y a pas ici fusion des deux conduits, el les orifices, bien qu'adjacents, sont néanmoins nettement séparés. Les réservoirs salivaires sont inconstants et tout à fait rudimentaires. Chez l'ŒÆdipoda cærulescens (Lin.), les glandes salivaires sont un peu plus développées que chez l'espèce précédente et présentent, dans la partie antérieure du mésolhorax, un plus grand nombre de pelites grappes. Les canalicules excréteurs et les deux canaux efférents affec- tent à peu près la même forme et la même siruclure que chez l’OEdipoda miniata.

L'appareil digestif des ŒEdipodinæ est droit et placé suivant l’axe du corps de l’insecte qu'il ne dépasse pas. Sa forme générale rappelle assez bien celle de l’organe digeslif des Phasmidæ, dont elle diffère cependant par la présence de six cæcums intestinaux et par certains détails de structure interne (V. PI. V, fig. 3). L'appareil est maintenu dans une position fixe par de nombreux faisceaux trachéens provenant de tubes respiratoires dirigés presque perpendiculairement au plan vertical du corps. Les touffes trachéennes sont sur- tout abondantes vers la région médiane de l'organe.

Le pharynx de l'Œdipoda miniata et celui de l'Œd. cæru-

80 L. BORDAS.

lescens sont très courts el situés dans la région céphalique. Leurs parois sont épaisses et striées intérieurement. L'œsophage esl, de même, rudimentaire et réduit à un élranglement étroit compris entre le jabot et le pharynx. Le 7abot, contrairement à ce qui a lieu pour les deux pre- mières portions de l'appareil, est très volumineux et occupe la presque tolalité du thorax. C’est un organe fusiforme, allongé, renflé en son milieu, rétréci à ses deux extrémités el recouvrant une parlie des glandes salivaires, ainsi que le massif des muscles thoraciques, moteurs des appendices. La structure de cet organe est très remarquable et com- plètement différente de celle que nous présentent les autres Orthoptlères. Ses parois offrent à considérer trois couches, don! deux sont musculaires et l’autre chiltineuse. Les couches musculaires sont formées par deux assises de muscles, les uns disposés longiludinalement el les autres circulairement. La couche circulaire est de beaucoup la plus épaisse : elle alteint son maximum d'épaisseur vers la partie postérieure de l'organe, un peu au-dessus de la ligne d'insertion des cæ- cums intestinaux (V. PI. V, fig. 7). La lamelle chitineuse interne présente une structure variable suivant les régions considérées. Dans ses 2/5 antérieurs, elle est parcourue par une série de bandeleltes sinueuses dues à un épaississement chilineux, dont le bord supérieur libre est hérissé de petites pointes ou dents coniques placées en séries transversales. Chaque bandelette interne ne porte qu'une seule ligne de pointes et esl disposée circulairement dans un plan perpen- diculaire à l’axe du corps de l'insecte. À la suite de cette première partie, existe une seconde région très étroite, à caractères intermédiaires entre ceux de la porlion précé- dente et de la suivante. Dans cetle région, en effet, on cons- late la présence de bourrelets plissés, sinueux, dirigés en tous sens et limilant de la sorte des quadrilatères irrégu- liers de toutes dimensions. A la suite de celle zone intermé- diaire, vient la région postérieure à structure {rès caracté- rislique. Sa membrane chitineuse interne est parcourue par

APPAREIL DIGESTIF DES ORTHOPTÈRES. 81

de nombreux bourrelels à peu près rectilignes, mais par- fois sinueux et à direction longitudinale. Entre chaque bourrelet existe un sillon, sorte de gouttière à fond légère- ment plissé et parallèle aux bourrelets. Le nombre de ces derniers, convergeant vers la partie postérieure, est très variable : ainsi, j'en ai compté 82 dans la région mé- diane, 70 un peu au-dessus el enfin 50 seulement vers l’ex- {rémité postérieure. Leur surface libre est hérissée de petites dents coniques, à base élargie, beaucoup plus puissantes que celles situées dans la région antérieure {V. PI. V, fig. 2et 7). Ces dents, généralement isolées et disposées en séries lon- gitudinales, sont parfois accouplées par paires. Les divers replis de la face interne du jabot vont converger à la parlie postérieure vers six lamelles chilineuses brunâtres, de forme triangulaire, à extrémilé postérieure émoussée et à bords arrondis et disposés en V (V. PI. V, fig. 7). La porlion mé- diane de ces lamelles est concave et va en se dilatant d’ar- rière en avant. Sur une coupe transversale elles affectent des formes variables suivant les régions observées : dans la partie antérieure elles présentent l'aspect de coupelles mu- nies d’une tige, landis que dans la région postérieure, elles affectent la forme soit de champignons, soit de clous à tige très courte. Entre chaque lamelle, qu’on peut homologuer aux colonnes masticatrices du gésier des Gryllidæ et des Locustidæ, mais qui en diffèrent complètement par leur forme, existe une dépression triangulaire, à base dirigée en arrière, vers l’origine de l'intestin. Cette concavité, aplatie en avant, présente, vers sa portion terminale, de faibles dé- pressions se terminant au bord sinueux de la valvule posté- rieure {V. PI. V, fig. 7). Les bords des lamelles chitineuses terminales sont arrondis et leur surface libre, ainsi que leur région médiane. Elles sont hérissées de petiles pointes ou aspérités chitineuses coniques, très courtes à extrémité acérée et agissant sur les aliments comme une sorte de râpe. Cette portion lerminale du jabot, de forme conique, peut donc

être considérée comme l’homologue du gésier des autres ANN. SC. NAT. ZOO0L. v, 6

S2 L. BORDAS.

Orthoptères (V. PI. V, fig. 9). Elle en diffère cependant par sa forme, sa structure et l’atrophie presque complète de son armature masticatrice, représentée seulement par les six petites lamelles chitineuses rudimentaires que nous venons de décrire. La portion terminale de l’organe est limitée par un bourrelet circulaire à bords sinueux, jouant le rèle de valvule, viennent aboutir de légers replis partant de l'es- pace triangulaire compris entre les lamelles (V. PI. V, fig. 7 et 9). Les callosités en forme de Y qui limitent l'orilice postérieur du jabot, dont parle L. Dufour à propos de l’ap- pareil digestif des Acridiens, ne sont donc point des dents, mais bien des lamelles chitineuses, de couleur brun foncé, triangulaires, à bords relevés, arrondis et hérissés de petites pointes cornées.

L'intestin moyen est très court et égale à peine, comme étendue, le quart de la longueur totale de l'appareil digestif. C'est un tube droit, presque cylindrique el à diamètre an- térieur plus grand que le postérieur. Ses parois externes sont lisses et les internes présentent des replis épithéliaux destinés à augmenter la surface digestive de l’organe. Elles comprennent deux couches musculaires, l’une longitudinale et l’autre annulaire et une membrane épithéliale interne plissée et pourvue de cellules cylindriques. À son origine, viennent déboucher les cæcums intestinaux, au nombre de six. Ces appendices ne sont que des dépendances de l’intes- lin moyen, ainsi que le prouvent leur structure et leur mode d'insertion. Ces organes diffèrent par leur forme de ceux que nous avons décrits dans les autres familles de l’ordre des Orthoptères. Chez les Œ'dipoda cærulescens et Œdip. mi- niata (N. PI. V, fig.3), ils affectent la forme de tubes coniques, à sommet émoussé et aminci, à surface externe régulière ou légèrement sinueuse et à base inférieure élargie, s'’ouvrant à l'extrémité antérieure de l'intestin moyen. Leur orifice, en forme de boutonnière ovale, est silué au-dessous de la val- vule annulaire qui termine le jabot. Les six orifices, de même forme, sont disposés suivant une ligne circulaire et

tés ft SE

APPAREIL DIGESTIF DES ORTHOPTÈRES. 83

séparés l’un de l’autre par une cloison longitudinale très étroite (V. PI. V, fig. 2). Pour voir très nettement tous ces orifices, il suffit de fendre l’organe suivant son axe antéro- postérieur. Les six cæcums adhèrent aux parois du gésier grâce à de nombreux filaments trachéens et enveloppent la partie postérieure du jabot, comme le calice persistant d’une fleur enveloppe le fruit en voie de maturité. L'examen ex- terne montre que les diverticules intestinaux sont parcourus longitudinalement par de faibles sillons correspondant à des bourrelets internes. Les coupes histologiques prouvent, en effet, l'existence, à l’intérieur de chaque tube, d’une série de plissements épithéliaux très nombreux {de 6 à 15) el di- rigés, comme les rayons d’une roue, vers l’axe de l'organe (V. PI. V, fig, 2 et 8). A l'intérieur existe une double couche de fibres annulaires et longitudinales. Chacun de ces six cæcums esl pourvu d'un appendice conique de même forme et de même structure, mais de longueur deux fois moindre que celle de ces derniers (V. PI. V, fig. 2). Ils sont coniques comme les premiers et pourvus comme eux de replis épi- théliaux internes. Ils adhèrent, grâce à des faisceaux tra- chéens, à la partie antérieure de l'intestin moyen. Ils com- muniquent directement avec les cæcums antérieurs et vont déboucher dans l'intestin par les mêmes orifices que ces derniers, contrairement à l'opinion émise par L. Dufour, qui a écrit que l'ouverture des bourses ventriculaires (cæ- cums ou appendices intestinaux) n'établit entre ces der- nières et leurs appendices aucune voie directe et immédiate. Au contraire, ainsi qu on peut facilement s'en assurer, les orifices intestinaux sont communs aux cæcums antérieurs et à leurs appendices postérieurs {V. PI. V, fig. 2).

L'inteshn postérieur est court el ne présente qu’une légère sinuosité un peu en avant du rectum. À son origine, existe une valvule circulaire, au-dessous de laquelle est silué un sillon peu profond viennent déboucher les tubes de Malpighi. Ces glandes, au nombre de 80 à 100, sont grou- pées en un nombre variable de faisceaux, allant s'ouvrir

84 L. BORDAS.

au sommet de petils tubercules disposés circulairement (V. PL V, fig. 3). Les tubes uriques sont allongés, filiformes, sinueux et à sommet libre arrondi. Ils forment plusieurs touffes dirigées, les unes en avant, recouvrant en parlie l'in- lestin moyen el ses appendices, et les autres en arrière, dis- posées sur les organes génitaux et le rectum. Les parois internes de lintestin terminal présentent un certain nombre de bourrelels longitudinaux sinueux qui vont s’atténuant peu à peu Jjusquau rétrécissement anlérectal. Avant d'arriver au reclum, l’organe diminue de diamètre et décrit une faible sinuosilé. [l se ailale ensuile en une ampoule rec- tale fusiforme, séparée du reste de l'organe par une valvule antérieure, formée par six bourrelets pyramidaux, à la suite desquels viennent six épaississements équidistants et ana- logues aux glandes r'ectales des Hyménoptères. Le rectum se continue par un court pédicule cylindrique, s’ouvrant au dehors par l'orifice anal, situé au-dessus de l'ouverture génitale.

L'appareil digestif de V'ŒÆdipoda cærulescens présente des caractères à peu près ideniiques à ceux que nous avons dé- crits chez l'ŒÆdipoda miniata.

Le tube digeshf du Psophus stridulus (Lin.) se rapproche beaucoup, par l’ensemble de ses caractères, de celui du Caloptenus. Le jabot est gros, volumineux et remplit la presque totalité du thorax. Les appendices intestinaux sont identiques, par leur forme el leur disposition, à ceux de l'espèce précédente. L'intestin moyen est court, cylindrique, plissé intérieurement et la structure de ses parois est à peu près analogue à celle des OEdipodes. L’'intestin postérieur est mince ei son diamètre n’est égal qu’à la moitié environ de celui de l’inleslin moyen. Ses parois présentent six re- plis internes très accusés et semblables à ceux des espèces précédentes. Cet organe est droit et se trouve placé suivant l'axe des deux tiers postérieurs de l'abdomen. C’est à son origine que viennent déboucher les tubes de Malpighi. Ces glandes, très nombreuses (70 à 80), sont disposées en

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APPAREIL DIGESTIF DES ORTHOPTÈRES. 89

groupes ou faisceaux au nombre de cinq ou six. Elles sont en- chevêtrées entre elles et forment plusieurs touffes, dont les unes recouvrent la parlie postérieure de l'intestin moyen, el les autres enveloppent l'intestin terminal dans presque toute sa longueur. Le rectum est allongé, ovoïde et présente, dans son ensemble, l'apparence de celui des Caloptenus.

Les Pachytylus cinerascens (Fabr.\, très voisins des Pso- phus, possèdent un appareul digestif à peu près semblable à celui de ces derniers. L’organe a, dans son ensemble, une forme droite, le jabot est court et enveloppé en grande parlie par les cæcums intestinaux. Ces derniers sont pourvus d’ap- pendices postérieurs très courts. L’intestin moyen n’occupe que les deux ou trois premiers segments abdominaux. L'in- teslin terminal est mince et plissé intérieurement et les tubes de Malpighi, très nombreux, sont disposés cireulaire- ment en plusieurs faisceaux enveloppant la plus grande partie de l’organe. Le rectum est identique à celui des Psophus.

TriBu DES TruxALINÆ (1). Les espèces indigènes de cette tribu sont très nombreuses; aussi, avons-nous pu en disséquer une grande variété d'échantillons. Parmi les es- pèces que nous avons eues à notre disposition et que nous avons éludiées, nous pouvons citer les suivantes : Sfenobo- thrus lineatus (Panz.), St. stigmaticus (Ramb.), St. bicolor (Charp.), Sé. pulrinatus (Fisch.), S£. longicornis (Latr.), Mecosthetus grossus (Lin.), Truralis unguiculata (Ramb.), Truxalis nasuta (Fabr.), Parapleurus alliaceus (Germ.), Epacromia. thalassina (Fabr.), Gomphocerus maculatus (Thumb.), etc.

Nous avons étudié l'appareil digestif (V. PI. VIT, fig. 1), chez cinq espèces appartenant au genre Sfenobothrus el avons trouvé partout un organe à peu près uniforme ou pré- sentant, d’une espèce à l’autre, des différences tout à fait insignifiantes ; aussi, pour ne pas nous répéter, allons-nous

(1) Pour cette tribu, ainsi que pour toutes celles de la famille des Acri- diidæ, nous avons suivi la classification adoptée par M. Edm. Perrier dans son Traité de Zoologie, p. 1237.

86 L. BORDAS.

décrire cet organe chez une espèce très commune dans Île centre de la France, le Sfenobothrus lineatus. Chez cette es- pèce, le tube digestif est presque droit et placé dans l’axe du corps de l’insecte (V. PI. VIT, fig. 1). Il ne présente qu’une courbure peu accentuée dans sa dernière partie, c'est-à-dire vers la région médiane rétrécie de l'intestin postérieur, un peu en avant du rectum. Ses principaux caractères dislinelifs consistent en l’atrophie presque complète des appendices postérieurs des cæcums intestinaux, en le petit nombre et le mode d’inserlion des tubes de Malpighi et surtout en la pré- sence d’une faible courbure à l'intestin terminal. Ces di- verses parlicularilés, plus ou moins accentuées, se retrouvent dans toutes les espèces du genre Stenobothrus. D'autre part, le gésier, si netlement limité et si caractéristique chez les Locustidæ (V. le chapitre suivant), est ici peu apparent el confondu avec la portion postérieure du jabot.

Le pharynz du Stenobothrus lineatus est court, rectangu- laire, aplali transversalement et pourvu d’une enveloppe musculaire épaisse qui se prolonge jusqu'à la lèvre supé- rieure. À son entrée existent un certain nombre de siries, surtout abondantes vers la base de l’orifice.

L'æsophage qui fait suite au pharynx présente, comme ce dernier, la forme d’un lube cylindrique, à parois muscu- laires striées à l’intérieur dans le sens longitudinal et re- liées, par l'intermédiaire de muscles issus de la face externe, aux régions latérales céphaliques. À sa sortie de la tête, l’or- gane présente une légère constriction, puis se dilate de nouveau progressivement pour se continuer, sans ligne de démarcation nelle, avec le jabot.

Le 7abot (V. PI. VI, fig. 5 et 8) est un organe volumineux, ovoïde, plissé extérieurement el à parois musculaires très épaisses. Sa région médiane est renflée, puis déprimée et conique à sa partie postérieure comprise entre les six appen- dices intestinaux. Ses parois sont {très épaisses el composées de membranes musculaires dont la plus épaisse est la mem- brane annulaire. À l’intérieur, existe une couche chitineuse

APPAREIL DIGESTIF DES ORTHOPTÈRES. 87

qui recouvre l'organe tout entier et présente une série de replis à direction variable. Les premiers sont disposés trans- versalement et tirent leur origine de deux bandelettes chili- neuses siluées à la face ventrale. Ces bandelettes, parallèles à leur origine, vonten divergeant vers leur partie postérieure et présentent une série de bourrelels recouverts de petites denticules coniques, aiguës et chitineuses. Les bandeletles transversales sont à peu près parallèles et situées dans des plans perpendiculaires à l'axe du corps de linsecte. Elles sont légèrement convexes et recouvertes, les trois premières, par de nombreuses pointes chilineuses coniques et à base élargie implantée dans la lamelle. Les suivantes, sortes de bourrelets annulaires, ne portent qu'une série unique de denticules à extrémité tournée en arrière, vers l'intestin. Dans la région médio-interne, les bourrelets chitineux de- viennent irréguliers et forment unezone annulaire treillissée, à la suite de laquelle ils prennent une direction longitudinale (V. PI. VE, fig. 5et 8). Cette seconde porlion du jabot doit êlre considérée anatomiquement comme l’homologue du _ gésier des Locustidæ, car c’est à son origine que sont situés les ganglions ventraux du système sus-intestinal. Chez les autres Orthopières, ces mêmes ganglions occupent une po- sition fixe à l’origine du gésier ou de son pédoncule anté- rieur. Les bandelettes de la seconde portion du jabot sont hérissées de pelites pointes chitineuses et vont converger vers six plaquettes disposées en V et analogues à celles que nous avons décrites chez les OEdipodinæ. Donc, par la na- ture et la disposition de son enveloppe chitineuse interne, la parlie postérieure du jabot joue, chez les AcripnDpÆ, le même rôle que le gésier des Gryllides et des Locustes. Grâce à la présence de ses soies et pointes chitineuses multiples, le jabot râpe les aliments et exerce sur eux une action trilu- rante tout comme le font les dents acérées des plus puis- santes armatures de gésier.

L'intestin moyen, qui fait suite au jabot, est un tube cylin- drique tres court, légèrement élargi à son origine s’insèrent

88 L. BORDAS.

sie cæcums intestinaux (V. PI. VIF, fig. 1). Ces organes, dont la structure histologique est identique à celle de l'intestin, sont des appendices lubuleux, régulièrement cylindriques et terminés à leur extrémité antérieure libre par une pointe émoussée. Leur surface extérieure est lisse, mais l'intérieure présente une série de replis longiludinaux divisant la cavité centrale en plusieurs loges. Ils enveloppent, en l'embrassant étroitement, la porlion terminale du jabot, celle qui, mor- phologiquement et physiologiquement, correspond au gésier des Grillons. Ils s'ouvrent, à l’origine de l’inleslin moyen, par des orifices circulaires disposés symétriquement. Ces cæcums sont pourvus, vers leur point d'insertion au tube digestif, de pelits appendices coniques très courls et à sommet dirigé en arrière. Chez tous les Stenobothrus, ces appendices sont tout à fait rudimentaires et beaucoup plus courts que chez les OEdipodinæ ils alteignent parfois une longueur égale à la moitié de celle des cæcums antérieurs. Les parois de l'intestin moyen comprennent une couche de fibres longitudinales disposées en une série de petits fais- ceaux de couleur blanchâtre, très visibles exlérieurement, une couche de fibres circulaires plus épaisse que la précé- dente, et, tout à fait à l’intérieur, une membrane épithéliale présentant de nombreux replis.

L'intestin postérieur, qui vient à la suite du précédent, a une longueur plus grande que celle de ce dernier et présente une courbure en avant du rectum. Sa première partie est conique et porte de nombreux tubes de Malpighi disposés circulairement à son origine. Ces organes, au lieu de dé- boucher séparément, se réunissent par touffes disposées à peu près à égale distance les unes des autres. Le nombre des tubes de Malpighi, moins élevé que chez les Locustides, est compris entre 30 et 40. La première porlion de l'intestin lerminal, dont la structure est à peu près identique à celle de l'intestin moyen, se rétrécit peu à peu el se continue par un lube droit qui décrit tout d'abord une courbe, se relève vers la face dorsale, pour se diriger ensuite en

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APPAREIL DIGESTIF DES ORTHOPTÈRES. 89

arrière et se continuer par le rectum. La struclure interne de la portion rétrécie diffère de celle de la première partie de l'intestin : elle présente une série de bandelettes internes, au nombre de six à huit, plissées, sinueuses, irrégulières et terminées, en avant du reclum, par six bourrelets coniques, constituant une sorte de valvule. Le 7ec{um est un organe volumineux, fusiforme et placé entre les extrémités lermi- nales des organes génitaux. Sa structure, identique chez toutes les espèces de la famille, comprend six bandelettes longitudinales, dues à des épaississements épithéliaux, presque confluentes, ou séparées les unes des autres par des dépressions très élroites.

Chez toutes les autres espèces du genre S'enobothrus, l'ap- pareil digestif présente une forme et une structure à peu près identiques à celles que nous venons de décrire chez le Stenobothrus lineatus.

L'appareil digestif du Mecosthetus grossus (Linné) pré- sente les plus grandes ressemblances avec celui des Steno- bothrus (V. PI. VIL fig. 3). Comme celui de ces derniers, il est à peu près rectiligne et décrit, un peu avant le rec- tum, une courbe à direction verticale. La seule différence consiste dans la forme qu’affectent les cæcums intestinaux. Chez les Mecosthelus, ces cæcums sont beaucoup plus allongés que chez les Stenobothrus; ils sont renflés à leur base, puis vont en diminuant progressivement de diamètre à mesure quils se dirigent en avant, de sorte que leur extrémité antérieure présente la forme d’un tube conique à parois irrégulières et pourvues de nombreux replis in- lernes. D'autre part, les appendices postérieurs des cæ- cums sont, de même, beaucoup plus développés que ceux des espèces précédentes (V. PL VIT, fig. 3). Une faible dépression circulaire externe marque leur origine et la ligne de séparation de leurs congénères antérieurs. Ils se dirigent en arrière et affectent la forme de petils tubes cylindro-coniques légèrement amincis à leur sommet. Les tubes de Malpighi sont constitués par de petits filaments

90 L. BORDAS,.

flexueux et cylindriques, courts, réunis par groupes de qua- tre à sept et insérés circulairement à l'extrémité antérieure de l'intestin terminal. Leur nombre varie de 50 à 60, et celui de leurs faisceaux de neuf à douze.

Chez les Truxalis unguiculata (Ramb.), Tr. nasula (Fabr.},. l'appareil gites. pl. NIMES MMS RE conformation très simple et diffère de celui des autres genres appartenant à la famille des TruxaLINÆ (Stenoho- thrus, Parapleurus, Epacromia, Gomphocerus, elc...), par la forme cylindrique du jabot et la disposition allongée et fusi- forme du rectum.

Le pharynzx est très court et affecte l’apparence d’un en- tonnoir. L’æsophage, également très réduil, est au contraire cylindrique (V. PI. VII, fig. 2).

Le abot qui, chez la plupart des Acridiens, est fusiforme el renflé dans sa région médiane, est ici au contraire presque cylindrique. Il est placé dans l’axe du thorax, qu'il traverse dans presque loute sa longueur jusqu'à l’ori- gine de l'abdomen. Sa portion antérieure seule offre un léger rétrécissement et le reste de l'organe présente à peu près uniformément le même diamètre. Ses parois sont épaisses et pourvues d’une double couche musculaire. A l'intérieur existe une membrane chitineuse, pouvant faci- lement se séparer de la paroi et pourvue de nombreux plis- sements. Ces derniers sont dirigés, dans la partie posté- rieure, suivant l'axe de l'organe. Dans cette région, ils prennent une direction parallèle et sont munis, à leur face supérieure, de peliles denticulations coniques. C’est cette portion terminale du jabot qui joue le rôle de gésier au point de vue de la mastication des aliments.

L'intestin moyen est droit et uniformément cylindrique. Il occupe l'axe des quatre premiers segments abdomi- naux et mesure environ le quart de la longueur totale de l'appareil digestif. A son origine, viennent s'ouvrir les six appendices intestinaux, amincis el cylindriques à leur partie antérieure, mais renflés à leur point d'insertion.

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APPAREIL DIGESTIF DES ORTHOPTÈRES. 91

Ces appendices portent, en arrière, six courts cæcums.

L'entestin terminal comprend deux parlies très nettes : l'une antérieure, large et cylindrique, et l’autre posté- rieure, amincie et recourbée. La porlion antérieure porte, à son origine, les tubes de Malpighi peu nombreux (40 à 50), allongés, flexueux, filformes el disposés en faisceaux comme chez les autres Acridiens. La portion terminale de l’intes- tin est amincie et décrit une légère courbure; elle se dilale ensuite pour constituer le rectum. Celui-ci est très allongé comparativement à celui des autres espèces. Il est fusi- forme et porte, disposées longitudinalement, six longues bandeleltes ou épaississements glandulaires internes, ana- logues aux glandes rectales des Hyménoptères (V. pl. VI, fig: 2).

HISTOLOGIE DE L'APPAREIL DIGESTIF DES ACRIDIIDÆ. RÉSUMÉ.

(NV pour. l'histologie, les PI: V, fig. 8 et 9: PI.:-VE, déovet 10 et PEONIE, fie. 4,5, 6}

Nous avons étudié la structure des différentes parties de l'appareil digestif chez quatre espèces appartenant à la fa- - mille des Acripuipæ, à savoir : l'Œdipoda miniata, V'Œd. cærulescens, le Stenobothrus lineatus et le Mecosthetus grossus.

La bouche est une cavité plus ou moins volumineuse, dirigée obliquement et en bas par rapport à l’axe du corps de l’insecte et limitée, en haut et en avant, par le labre ou lèvre supérieure, latéralement par les mandibules et les mâchoires antérieures, et en bas par la lèvre inférieure.

Le pharynx, lrès court chez tous les Orthopières, com- prend trois couches : une couche musculaire annulaire très épaisse, sur laquelle repose une assise de pelites cellules rectangulaires, à noyau central sphérique, génératrice de l'enveloppe chitineuse et qu'on peut appeler assise chiti- nogène. Le lout est enveloppé par une membrane chitineuse

92 L. BORDAS.

plissée. Cette structure est commune à l'Œdipoda, ainsi qu'au Stenobolhrus et au Mecosthetus.

L'œsophage unit le pharynx au jabot et présente à peu près la même structure que le premier; il n’en diffère que par la présence d’une très mince couche de fibres muscu- laires longitudinales externes.

Pour l'étude du yabot, nous allons considérer une par- tie antérieure et une région postérieure. Cette dernière, en- tourée par les cæcums intestinaux, peut être homologuée, au point de vue physiologique, au gésier des Locustidæ et des Gryllidæ (V. PL. VI, fig. 9 et 10).

La première partie du jabot comprend, chez le Wecosthe- [US GrOSSUS :

Une membrane enveloppante externe ou membrane péritonéale, très mince ;

Une couche également très mince de fibres musculaires longitudinales ;

Une couche beaucoup plus épaisse de fibres muscu- laires annulaires, renfermant {rois ou quatre assises très

nettes ; Une assise de cellules cubiques ou rectangulaires, par- fois légèrement allongées et à noyau sphérique. Ces cellules qui sécrètent la membrane chitineuse interne peuvent être appelées ce/lules chitinogènes ;

Enfin, vient à l’intérieur la membrane chitineuse, d'épaisseur à peu près uniforme, de couleur blanchâtre et généralement transparente. Cette membrane forme des re- plis très nombreux {de 40 à 60) et présente, au sommet de chacun d'eux, de petites denticules acérées et de couleur brunâtre (V. PI. VI, fig. 10).

La structure du yabot est identique chez tous les À cri- diens; pourtant, elle se modifie quant à l'épaisseur des couches musculaires et à la forme des replis chitineux internes. C’est ainsi que, vers le tiers postérieur de l’or- gane, la couche musculaire annulaire est beaucoup plus épaisse et les bourrelets formés par la membrane chiti-

APPAREIL DIGESTIF DES ORTHOPTÈRES. 93

neuse interne sont, de même, plus réguliers et plus étroi- lement serrés les uns contre les autres. Ce qui caractérise encore celle région, c'est la parfaite régularité des cel- lules chilinogènes qui sont devenues allongées, reclangu- laires ou ovoïdes. Les noyaux, généralement très volumi- neux, occupent la moilié de la cellule, ont une forme presque toujours sphérique et renferment de nombreux nucléoles. Quant à l’assise génératrice des cellules chili- nogènes, elle est extrêmement réduile. La couche muscu- laire annulaire est formée de gros faisceaux siriés, pres- que fusiformes et disposés cireulairement en 4 ou 5 couches. Les noyaux, de forme ellipsoïdale, sont très visibles. Extlé- rieurement, sont les muscles longiludinaux, disposés en faisceaux de distance en distance. Le tout est enveloppé par une membrane externe {rès mince.

Les replis chitineux inlernes du jabot changent de forme à mesure qu'ils se rapprochent de l'intestin. Ils se grou- pent, chez le Stenobothrus el l'ŒÆdipoda, en six faisceaux conslituant des bourrelets claviformes munis d'un court pédoncule {V. PI. V, fig. 9). L’extrémité libre de chaque bourrelet, examinée sur une coupe, apparaît hémisphéri- que et à bords denticulés. Le pédoncule, rétréci dans sa porlion médiane, va se fixer aux parois latérales de l'organe. L'espace compris entre deux bourrelets est occupé par une large dépression longitudinale portant deux ou trois pe- tits replis courts et irréguliers (V. PI. V, fig. 9). Les cellules chilinogènes affectent, au sommet de chacun des gros bourrelets du gésier, une forme allongée et conique. Leur noyau est sphérique, occupe presque la moilié du volume cellulaire et se trouve généralement appliqué contre le bord interne. Vers le milieu de la portion renflée des bour- relets, au-dessous de l’assise chitinogène, existent de petils faisceaux musculaires, disposés transversalement et unis par des prolongements à la couche circulaire externe. Les cellules siluées dans les dépressions comprises enire les replis longiludinaux ont des parois peu apparentes, leurs

94 L. BORDAS.

noyaux seuls sont nettement visibles. Les faisceaux muscu- laires {transversaux sont surlout lrès accusés chez les divers Œdipoda (V. PI. V, fig. 9).

Chez l'ŒÆdipoda mimata, les six bourrelels Jongitudinaux situés à l’extrémilé postérieure du jabot (gésier), vus en coupe transversale, présentent une extrémité libre élargie, disposée en forme de champignon, avec un pédoncule très court (V. PI. V, fig. 9). Les dépressions comprises entre deux bourrelels conséculifs portent de cinq à six replis secondaires beaucoup plus courts que les bourrelets. Ces derniers sont recouverts par une couche chitineuse plissée décrivant, vers leur extrémité libre arrondie, une série de fines denticulations. L'’assise chitinogène ne comprend qu’une seule couche de cellules à peu près régulières, cubi- ques ou rectangulaires, à noyaux ovoïdes ou sphériques volumineux. Au-dessous existent plusieurs couches de mus- cles striés, parallèles et disposés transversalement (V. PI. V, fig. 9). Les noyaux de ces derniers, allongés et fusiformes, apparaissent lrès nettement. Enfin, tout à fait à l'extérieur existe la couche des muscles annulaires disposée comme dans les espèces précédentes.

Les cæcums intestinaux sont au nombre de six chez tous les Acridiens. Ce sont des tubes cylindriques, à extrémité libre conique et émoussée et à parois internes plissées. Le nombre des replis épithéliaux internes est variable suivant les espè- ces : on en comple de quatre à huit chez les Stenobothrus, les Mecosthetus et de dix à quinze chez les divers Œdipoda. Les parois de ces organes sont minces et comprennent, en allant de l'extérieur à l’intérieur (V. PL. V, fig. 8) :

1‘ Une membrane propre ou membrane péritonéale, très mince ;

Une couche musculaire circulaire:

Une membrane basilaire très mince:

El une couche épithéliale ciliée. Cette dernière est constituée par de longues cellules cylindriques et recou- vertes, à leur sommet, d’un revêtement cilié {rès court. De

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APPAREIL DIGESTIF DES ORTHOPTÈRES. 95

plus, elles sont encore pourvues d’un gros noyau sphé- rique central nucléolé (V. PI. VIT, fig. 6).

RÉSUMÉ. L'appareil digestif des Acridiidæ est caracté- risé par sa forme droite, par l'absence de circonvolulions inteslinales, sauf dans l'intestin terminal qui, chez quelques espèces ((ŒÆdipoda, Stenobothrus), présente une légère cour- bure, el surlout par la présence de sir appendices intesti- naux fusiformes et munis de cæcums postérieurs, plus ou moins allongés suivant les espèces. Un autre trait essen- tiellement caractéristique des Acridiens, c’est l’atrophie pres- que complète du gésier qui, chez loutes les espèces, n’est représenté que par une simple modification de structure de la région postérieure du jabot.

Le pharynzx est tantôt large et court (Pæcilocerus, Pyr- gomorpha), lantôt aplati transversalement (Pamphagus); souvent aussi, il est très réduit, situé complètement dans la région céphalique et pourvu de parois épaisses et striées longitudinalement (ŒÆdipoda miniata, Œd. cærulescens).

L'œsophage, qui fait directement suite au pharynx, est également court et cylindrique (Pyrgomorpha), à parois . internes plissées et à repli postérieur annulaire, marquant sa séparation avec le jabot. Chez la plupart des espèces (Pamphaqus, Œdipoda, Acridium, Caloptenus, etc.), il pré- sente à l’intérieur de nombreux replis disposés irrégulière- ment et formant parfois des bourreleits qui, en pénétrant dans la parlie antérieure du jabol, constiluent une sorte de valvule annulaire et lobée (Pamphagqus elephas). À son extrémité postérieure, 1l présente une légère constriction, puis se dilate de nouveau pour se continuer avec le jabot sans ligne de démarcalion (Stenobothrus, Mecosthelus, elc.).

Le yabot est allongé, fusiforme (Pæcilocerus, Pyrgomor- pha), renflé en avant et entouré, dans sa moilié posté- rieure, par les cæcums intestinaux (Caloptenus, Schisto- cerca, cle.). Son diamètre maximum est situé dans la région médiane ; il se déprime ensuite et devient nelte- ment conique à son extrémité postérieure (Mecosthetus,

06 L. BORDAS.

Parapleurus, elc.). Ses parois internes antérieures pré- sentent, à la face ventrale, deux longs replis longitudinaux, limitant enlre eux un espace rectangulaire déprimé (Pæci- locerus). Cet espace est sillonné, d'avant en arrière, par des replis peu apparents et porte, en avant, un petit nom- bre de pointes chilineuses (Acridium, Caloptenus). Celte aire déprimée, limitée latéralement par deux bourrelets lon- giludinaux parallèles, est uniquement située dans la moi- üié antérieure de l'organe et se rencontre également chez les Stenobothrus, les Mecosthetus, etc. De ces bourrelets parallèles partent une série de replis annulaires, légère- ment sinueux, silués dans des plans perpendiculaires à l'axe du corps de l’insecte et séparés par des sillons également parallèles. Ces replis, à direction transversale, sonl unique- ment localisés dans la moitié antérieure du Jabot. Leur surface libre est recouverte par une mince membrane chi- Uüneuse supporlant de nombreuses petites pointes cornées (Acridium, Pamphaqus, Œdipoda, etc.), ou des denticules coniques, chitineuses, à base élargie et à sommet légère- ment recourbé et très acéré (Stenobothrus, Mecosthetus, Parapleurus, etc.). Dans la parlie médiane du Jabot, existe une région les replis sont disposés irrégulièrement et dirigés dans tous les sens (Pamphagus, Œdipoda, Psophus, Pachylylus, etc.). Dans la seconde moitié de l’organe, les bourrelelts ou replis chitineux internes, beaucoup plus accentués que les précédents, sont dirigés d'avant en ar- rière et recouverts, chez la plupart des espèces, par de petites dents chitineuses coniques, à base élargie el beau- coup plus puissantes que celles situées dans la région anté- rieure (ŒÆdipoda, Psophus, Pamphagqus, etc.). Ces bourre- lels longitudinaux, séparés par des dépressions parallèles, vont converger, à la région postérieure du jabot, vers six lamelles chilineuses, brunâtres, de forme triangulaire, à extrémilé postérieure émoussée, à bords arrondis et dis- posés en forme de V ((Ædipoda, Pachytylus, Pamphaques, Stenobothrus, ele.), ou de Y (Acridium, Caloptenus). La por-

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APPAREIL DIGESTIF DES ORTHOPTÈRES. 97

tion médiane de ces lamelles est concave et va en s'élar- gissant d’arrière en avant. Entre ces lamelles cornées, qu'on peut homologuer aux colonnes masticatrices des Locustidæ, des Gryllidæ, etc., mais qui en diffèrent complètement par leur forme, existent des dépressions triangulaires à base dirigée vers l'intestin. Cette portion terminale du jabot, de forme conique, peut être considérée comme l’homologue du gésier des autres Grthoptères. Le Jabot des Truxalis est presque uniformément cylindrique et traverse l’axe du tho- rax suivant {oute sa longueur. Au point de vue histologi- que, le jabot des Acridiens présente, en allant de l'extérieur à l'intérieur : une très mince tunique péritonéale envelop- pante, des faisceaux musculaires longitudinaux, une couche de fibres musculaires circulaires, une assise de cellules cubiques chitinogènes et enfin, à l'intérieur, une membrane chitineuse à surface plissée,

L'intestin moyen de tous les Acridiens est court, droit et cylindrique. Ses parois externes sont lisses et les internes présentent de nombreux replis épithéliaux. Chez la plu- part des espèces, 1l est élargi en avant et légèrement ré- tréci en arrière. Sa couche épithéliale interne est consti- tuée par une seule assise de cellules ciliées, cylindriques, allongées et remarquables par leur régularilé et leur symé- trie. Extérieurement à l'épithélium, existent une couche de fibres musculaires annulaires, des faisceaux longitudinaux et une {unique péritonéale.

A l'origine de l'intestin moyen viennent déboucher six cæcums intestinaux qu'on peut considérer comme des évagi- nations du tube digestif. Ces appendices affectent la forme de tubes coniques, à sommet émoussé et aminci, à surface externe régulière ou légèrement plissée et à base inférieure élargie. Chez la plupart des espèces ((Ædipoda, Acri- dium, etc.), leur extrémité antérieure porte un filament qui va se rattacher aux parois latérales du jabot et sert de tige fixatrice aux cæcums. La surface interne de ces

organes est pourvue de nombreux replis longitudinaux ANN. SC. NAT. ZOOL, |

98 L. HORDAS. (de 10 à 15), divisant la cavité centrale en plusieurs loges. Ces divers organes enveloppent étroitement la partie ter- minale du jabot, celle qui morphologiquement correspond au gésier des autres Orthoptères. Vers son point d’inser- tion autour de l'intestin, chaque cæcum est pourvu d’un prolongement en doigt de gant ou appendice postérieur, de même structure que le précédent et de forme conique. Sa longueur égale les deux tiers (Pyrgomorpha), la moitié environ (Acridium, Caloptenus) et quelquefois même le quart seulement ((ŒÆdipoda) de celle du cæcum antérieur. Les six cæcums postérieurs des appendices intestinaux des Stenobothrus, Mecosthetus, etc., sont tout à fait rudimen- taires et beaucoup plus courts que ceux des autres Acri- diens. Ces deux groupes d’appendices intestinaux vont s’ou- vrir à l'extrémité antérieure de l'intestin moyen par six orifices de même forme, ovalaires, situés au-dessous de la valvule qui termine le jabot, et séparés les uns des autres par une cloison longitudinale très étroite. La structure his- tologique de leurs parois est sensiblement la même que celle de l'intestin moyen. . L'intestin postérieur ou terminal, plus étroit que le pré- cédent, est cylindrique, tantôt droit (Paæcilocerus, Pyrgo- morpha, Pamphagqus), et tantôt légèrement recourbé en avant du rectum (ŒÆdpoda, Stenobothrus, Mecosthetus, Pa- rapleurus, Truxalis, etc.). Ses parois internes présentent un certain nombre de bourrelelts longitudinaux sinueux qui vont s’atténuant peu à peu au rétrécissement anté-rec- tal. À son origine viennent déboucher les tubes de Malpighi, qui sont quelquefois très nombreux (100 à 120 chez les Pyrgomorphinx, 60 à 80 chez les Pamphaginæ, elc.), quei- quefois aussi bien plus rares (30 à 40 chez les Truxralinæ). Le rectum affecte, chez tous les Acridiens, une forme ovoide. Cependant, il est très allongé chez les Truxalis. Cel organe porte, sur son pourtour, six renflements ovoïdes ourectangulaires, équidistants et dus à des replis épithéliaux internes, analogues aux glandes reclales des Hyménoptères.

APPAREIL DIGESTIF DES ORTHOPTÈRES. 09

Les glandes salivaires de tous les Acridiens sont tout à fait rudimentaires. Elles se composent d’un très pelit nom- bre de grappes disposées symétriquement par rapport au plan médian du corps de l’insecte.

CHAPITRE VI

APPAREIL DIGESTIF DES ORTHOPTÈRES DE LA FAMILLE DES LOCUSTIDÆ.

Nous avons étudié, parmi les Locustinxæ, vingt-deux espèces réparties dans les sept principales tribus de cette famille. Ces espèces, tant indigènes qu’exotiques, mais la plupart très intéressantes au point de vue morphologique, nous ont permis de rattacher les Locustidæ, d’une part aux Acridiidæ et de l’autre aux Gryllidæ. Les PsEUDOPHYLLINÆ, par la forme du gésier et surtout par la structure toute par- ticulière des cæcums intestinaux, se rapprochent des es- pèces appartenant à la tribu des Truxalinæ. Chez les Sfeno- bothrus, en effet, les cæcums intestinaux sont libres et séparés, tandis que chez les C/eandrus, ils sont soudés et groupés en deux massifs simulant, par leur forme, les deux gros appendices des Locustes et des Dectiques. La ressem- blance se poursuit jusque dans la présence de diverticules postérieurs qui existent au nombre de deux chez les Pseu- dophyllinæ. Le même caractère, et surtout la disposition des tubes de Malpighi, permet de rattacher, d’autre part, les Gryllacrinæ aux Gryllidæ, ainsi que nous le verrons dans la suite. Le reste de l’appareil digestif présente tous les degrés de complication intermédiaires entre ceux que nous avons rencontrés chez les Acridiens et ceux que nous décrirons, au chapitre suivant, chez les Gryllus et les Gryllotalpa.

TriBu Des PseupopnyLuinæ. Cleandrus rex (1) (Brun). (V: PEINE fig: 7, 10, 44 et 12).

(1) Ce Cleandrus rex Gf (Brunner), qui m'a été donné par le Laboratoire

100 L. BORDAS.

Les Pseudophyllinæ sont, de toutes les espèces apparte- nant à la famille des Locusrinz, celles dont l'appareil digestif offre le plus d'intérêt, tant par sa forme que par les modifi- calions profondes que présentent certaines de ses parties. Les principales différences qu'offre cet organe, comparé à celui des autres genres de la famille que nous étudions ac- tuellement, portent sur le gésier, les cæcums intestinaux et les intestins moyen et postérieur. Le gésier, presque compa- rable à celui des Acridiens, est atrophié et muni d’une ar- mature maslicatrice interne tout à fait rudimentaire ; les cæcums inteslinaux sont disposés en deux groupes, dont le poslérieur est formé par un tube unique et l’antérieur résulle de la soudure de 7 ou 8 tubes ; enfin, l'intestin proprement ditest très long et décrit quatre ou cinq circonvolutions dans la région médiane de l’abdomen.

L'appareil digestif du Cleandrus rex (Brunn.) atlemt, quand il est totalement développé, trois fois la longueur du corps de l’insecte, tandis que chez les autres Locustides, il dépasse à peine une fois et demie celte longueur (V. PI. VIE, fig. 7).

Le pharynx est court et ne présente rien de bien particu- lier, si ce n’est qu'il est pourvu d’épaisses parois musculaires striées intérieurement.

L'œsophage est très court et réduit à un simple tube cy- lindrique qui se continue directement avec le jabot.

Le jabot a sensiblement le même volume que celui des Locusta (N. la suite du chapitre) el occupe la presque tolalité du thorax. Il est enveloppé par de volumineuses glandes sa- livaires localisées surtout dans le mésothorax. L’organe a une forme ovoïde, à extrémité postérieure renflée ; ses parois sont beaucoup plus épaisses que celles des autres genres de la famille et sont entourées par une puissante musculature comprenant des muscles circulaires et des muscles longitu-

d'Entomologie, provenait de Lucon (Malaisie) et mesurait les dimensions suivantes : longueur 51 millimètres et largeur, au troisième segment abdo- mipal, 45 millimètres,

APPAREIL DIGESTIF DES ORTHOPTÈRES. 101

dinaux (V. PI. VIT, fig. 7). A l'intérieur, existent des replis qui vont se fusionner à la partie postérieure et former six bourrelets se prolongeant dans le gésier. Ces bourrelets sont pourvus de petits tubercules jouant le rôle de dents. Cette armature du jabot, relativement puissante, doit suppléer celle du gésier dans l'acte de la mastication.

Le gésier du Cleandrus, contrairement à ce que vont nous présenter les autres Locusribz, est tout à fait rudimentaire. C’est un organe presque cylindrique, pourvu d’un pédoncule antérieur te rattachant au jabot et enveloppé de toutes parts par de volumineux cæcums intestinaux (V. PI. VIL, fig. 7) Ses parois musculaires sont assez épaisses, mais l’'armature masticatrice interne est presque complètement atrophiée Le pédoncule antérieur est parcouru par les six bourrelels venant du jabot et portant de petits tubercules crochus et cornés, simulant des dents. Entre chaque bourrelet existe une large dépression hérissée de nombreux replis chitineux recouverts de soies sur leur pourtour.

L’armature chitineuse interne du gésier est atrophiée et ne comprend que quelques plaques cornées, disposées sui- vant six bandelettes longitudinales, comme chez les autres Locustidæ. Chaque colonne ou bandelette comprend trois sortes de plaquettes ou denticules chitineuses. Les plaques médianes sont cordiformes et formées de deux parties ratta- chées par une lamelle intermédiaire (V. PI. VIL fig. 12). Les lames latérales, à bords réguliers, sont pourvues de longues soies cornées et portent, à leur face supérieure, de petils poils chilineux. Indépendamment de ces lamelles mé- dianes, 1l existe latéralement d’autres plaqueltes losangiques ou ovales, imbriquées entre elles et portant, sur leurs bords réguliers, des soies chitineuses qui s'étendent également sur la face supérieure. Enfin, chaque colonne se termine postérieurement par une petite languette arrondie formant, avec les cinq autres, une valvule à six branches.

Des diverses parties qui composent l'appareil digestif des Cleandrus, les plus intéressantes et surtout celles qui pré-

102 L. BORDAS,

sentent les plus grandes différences avec les organes simi- laires des autres Locustidæ, sont certainement les cæcums intestinaux. (V. PI. VIT, fig. 7, 10 et 11). Ces organes, très volumineux, sont disposés en deux groupes de chaque côté du gésier. Le groupe inférieur, de beaucoup le moins impor- tant, n’est formé que par un diverlicule unique, à base élar- gie, cylindrique, présentant une courbure et se continuant en avant par un tube à diamètre à peu près uniforme et à sommet terminé en doigt de gant. Le groupe supérieur pré- sente la forme d’une main dont les doigts seraient soudés entre eux. Sa face interne est concave et l’externe convexe. Elles portent l’une et l’autre, du sommet à la base, six ou sept sillons peu profonds, séparés par des bourrelets pa- rallèles. Chaque sillon correspond à une cloison interne, et il résulte de cette disposition que la cavité du cæcum anté- rieur se trouve partagée en sept ou huit loges tubuleuses, s’ouvrant directement à l’extrémité antérieure de l'intestin et n'ayant entre elles aucune communication (V. PE VI, fig. 10 et 11). Chaque tube est pourvu d’enveloppes propres el recouvert, à l'extérieur, par une membrane commune à tout l’appendice. Les parois latérales portent, disposées longitudinalement, un petit nombre de replis sinueux. Cette disposition. si caractéristique, nous permet de considérer les cavités cæcales internes comme un ensemble de tubes accolés et de rapprocher ainsi les PseupoPnYLuinæ des TruxarN x. Cette manière de voir esl d'autant plus plausible, qu'après avoir enlevé l'enveloppe commune externe, on peut facilement séparer chacun des tubes. Les caraclères lirés de cel organe permettent donc de rattacher très facilement les Or/hoptères à cæcums mulliples aux Orthoptères à cæcums pairs, el de passer, par des transitions graduelles et insensibles, des Blattidæ et des Acridide aux Locustidæ et aux Gryllidæ. En effet, chez les Blattidæ, les Mantidæ, les Acridudæ, les appendices intes- tinaux sont toujours séparés, tubuleux et au nombre de huit de six (Acridiens). Si ces organes se rapprochent, deviennent coalescents etse soudent par leurs faceslatérales,

APPAREIL DIGESTIF DES ORTHOPTÈRES, 103

nous aurons exactement la forme qu'affectent les appen- dices antérieurs des Cleandrus, attendu que les cloisons transversales divisent la cavité interne en de nombreuses loges distinctes, pouvant même se séparer l’une de l’autre quand l'enveloppe membraneuse externe a disparu. De plus, la présence d’un tube libre postérieur est une preuve évidente de l'indépendance primitive des sept ou huit pre- miers. Ce terme de passage nous permet également d’ex- pliquer l’origine des cloisons plus ou moins nombreuses, mais incomplètes, que nous allons rencontrer dans les appendices intestinaux des autres Locustidæ. Ces cloisons ou replis membraneux, qui partent de la paroi interne de la face en contact avec le gésier, sont plus ou moins longs suivant les espèces et divisent ja cavité interne de chaque cæcum en un certain nombre de loges incomplètes, qu'on peut considérer comme des vestiges des appendices tubuleux libres et séparés des Mantidæ et des Acrididæ. Enfin, nous voyons les dernières traces de ces cloisons per- sister encore à l’état de rudiments chez la plupart des Gryllidæ, elles ne sont plus représentées que par de pe- tits bourrelets longitudinaux, parcourant de haut en bas la face interne des cæcums latéraux.

_ Le reste de l'appareil digestif comprend l'intestin moyen et l'intestin postérieur. Le premier est remarquable par son grand développement et dépasse même, quand il est com- plètement étalé, deux fois la longueur du corps de l'insecte. Il est cylindrique et décrit trois ou quatre circonvolutions localisées dans la région moyenne de l'abdomen. L'entestin terminal est beaucoup plus court et porte, à son origine, six tubercules placés très irrégulièrement, mais générale- ment groupés par paires, au sommet desquels viennent dé- boucher de 20 à 25 tubes de Malpighi, ce qui porte de 120 à 130 le nombre de ces organes. Ces tubes sont disposés en touffes enchevêtrées, recouvrant en grande partie les re- plis intestinaux. Le reste de l’organe présente des boursou- flures et à l’intérieur six bourrelets longitudinaux irréguliers

104 L. BORDAS.

et sinueux. Le rectuin, séparé de l'intestin terminal par une valvule, est un organe ovoïde, portant à l’intérieur six ban- delettes glandulaires (y/andes rectales).

Trigu DES MEcoPopiNÆ. Platyphyllum giganteum (1) (Lu.) ou Pseudophyllanax insularis (Walker) (V. PI. VIE, fig. 4).

L'appareil digestif du Pseudophyllanax insularis (Walk.), que nous prenons comme type de notre description pour la tribu des MEecopopiNZ, présente des caractères qui le difié- rencient nettement de celui de la plupart des autres Locus- tidæ et en font, comme les Cleandrus, une forme de passage entre les Acrididæ etles Locustidæ. Cette forme intermédiaire entre les deux groupes est cependant plus nettement mar- quée chez les Pseudophyllinæ. Mais, si la disposition externe du gésier et surtout la présence d’appendices cæcaux posté- rieurs rapprochent les Pseudophyllanax des Acridiens, l’ex- trême longueur des intestins moyen et terminal, leurs nom- breuses circonvolutions, ainsi que le mode d'insertion des tubes de Malpighi en font nettement un tvpe très voisin du genre Salomona de la tribu des CONOCEPHALINX.

Les glandes salivaires sont très volumineuses et rappellent, par leur disposition, celles des Dectiques (V. PI. VIIT, fig. 4). Elles s'étendent de la région postérieure céphalique, jusqu'à l’espace intersegmentaire compris entre les deux derniers mé- rides thoraciques, formant ainsi deux épaisses masses compac- tes, siluées au-dessous du Jabot et séparées par un élroit sillon médian, Dans ce massif glandulaire, on peut facilement sé- parer six à huit grappes secondaires, formées elles-mêmes par un assemblage de ramuscules que terminent des toufles d’acini. Ces acini sont sphériques, pluricellulaires et pour- vus d’un canalicule excréteur très court. En arrière de la tèle, on voit, des deux côtés, se détacher une grosse grappe qui va se fusionner à sa congénère du côté opposé et former,

(4) Cette espèce, qui mesurait 62 millimètres de longueur sur 25 milhi-

mètres de large au troisième segment abdominal, provenait de la Nouvelle- Calédonie.

RE nn 0 A SP me D ME A

APPAREIL DIGESTIF DES ORTHOPTÈRES. 105

de la sorte, un anneau au centre duquel passe l’æœsophage. À ce système glandulaire, très volumineux et très compliqué, sont adjoints deux larges sacs glandulaires ovoïdes, à parois minces, transparentes et plissées, allant déboucher directe- ment dans les canaux excréteurs. Ces derniers, comme ceux des Decticus, se fusionnent en un conduit unique qui va s'ouvrir à la base de la languette, en avant et au-dessous de l'orifice buccal.

L'appareil digestif du Pseudophyllanax est égal à trois fois et demie la longueur du corps de l’insecte (V. PI. VIIT, fig. 4). Le pharynx est un tube court, de forme trapézoïdale et à extrémilé antérieure élargie. L'æsophage qui lui fait suite et qui naît dans la région postérieure céphalique est, de même, cylindrique. Il traverse le massif antérieur des glandes salivaires ; puis, arrivé vers le milieu du prothorax, il se dilate progressivement el se continue par le jabot. Les parois pharvngiennes et œsophagiennes sont épaisses el servent extérieurement de points d’allache à de nombreux faisceaux musculaires destinés à maintenir les organes dans une position fixe. Leur face interne présente quelques re- plis longitudinaux.

Le yabot est un crgane fusiforme, aminci en avant et renflé à son extrémité postérieure. Il présente extérieurement de nombreuses boursouflures correspondant à des cavités in- ternes. Ses parois musculaires sont très épaisses el possèdent deux couches, dont la plus importante est la couche annu- laire interne, supportant une membrane chitineuse. La paroi présente intérieurement de nombreux replis circulaires lon- gitudinaux. Ces derniers vont converger vers l’orifice posté- rieur, ils forment six bourrelets irréguliers, jouant le rôle de valvule et se continuant dans le pédoncule antérieur du jabot (V. PL VII, fig. 4).

Le gésier des MecoponiNÆ se rapproche, par sa forme, de celui des Decticinæ et de celui des Ephippigerinæ. KW em- prunie au premier la disposition de son armature maslica- trice interne ; mais, d'autre part, il se rapproche du second

106 L. BORDAS.

par la nature cornéo-membraneuse de ses dents. Cet organe est allongé, presque cylindrique et complètement enveloppé par de volumineux appendices intestinaux, différant beau- coup, par leur forme, de ceux des autres Orthoptères. Il s'anit à la face postérieure du jabot par un pédoncule de longueur égale à la sienne et pourvu d’une enveloppe mus- culaire externe très puissante. A l'intérieur, existent six bourrelels disposés longitudinalement et pourvus de nom- breux plissements très irréguliers, séparés par des dépres- sions longitudinales parallèles, dont le fond est parcouru par deux petits replis secondaires. Les bourrelets principaux s'élargissent à leur extrémité postérieure en formant une valvule annulaire, marquant l’origine du gésier proprement dit. Ce dernier organe, qui ne paraît être que la continuation de son pédoncule antérieur, à une forme tronconique (V. PI. VII, fig. 4). Ses parois sont épaisses et recouvertes intérieurement d’une armature chilineuse constituée par six colonnes dentifères. Chaque colonne comprend, comme chez les Dectiques, trois séries de dents. Celles de la série médiane, au nombre de 18 à 20, sont aplaties transversale- ment et pourvues de tubercules latéraux munis de soies. Les six ou huil premières présentent certaines analogies de forme avec celles de la Gryllotalpa (V. le chapitre suivant), mais elles en diffèrent complètement par leur moindre dureté. Celles de la portion terminale, beaucoup moins puissantes que les premières, sont presque réduites à leurs appendices latéraux lamelleux. De chaque côté de la série médiane existe une rangée longitudinale de denticules co- niques, à sommet chilineux et à base musculaire recouverte de soies très courtes. Une dépression longitudinale, très étroite, sépare chacune des colonnes dentifères. Ces der- nières se terminent par une languelle membraneuse cordi- forme, et l’ensemble des six languettes constitue un cône valvulaire très court, pénétrant dans l’axe de l'intestin moyen.

L'intestin moyen porte, à son origine, de volumineux cæ-

APPAREIL DIGESTIF DES ORTHOPTÈRES,. 107

eums intestinaux, présentant la forme de larges sacs, à base aplatie et à sommet renflé, enveloppant presque entièrement le gésier. De leur face en contact avec ce dernier se déta- chent de nombreux replis (6 à 8) de formes et de dimensions variables, divisant la cavité interne en un certain nombre de chambres communiquant extérieurement entre elles. Ces cæcums se prolongent en arrière par des appenudices co- niques, striés transversalement, élargis à leur base et amincis à leur sommet, s’ouvrant, comme les cæcums eux- mêmes, dans l'intestin moyen par l'intermédiaire d’un orifice commun, ovale ou arrondi. Par le nombre de leurs replis et la présence de sillons externes, ces cæcums se rapprochent de ceux des Cleandrus, mais ils en diffèrent en ce que les cloisons internes sont incomplètes. D'autre part, l'existence d’appendices postérieurs, que nous n'avons rencontrés bien développés que chez les Pseudophyllinæ et dont quelques vesliges seulement existent chez les Salomona, nous per- meltent de rapprocher les Mecopodinæ des Acrididæ. La structure histologique de ces organes est la même que celle de l'intestin moyen, preuve évidente qu'ils ne sont que des prolongements, des évaginations de ce dernier. L'inleslin moyen, après avoir produit les deux diverlicules que nous venons d'étudier, décrit dans l’abdomen un grand nombre de circonvolulions superposées les unes aux autres et for- mantune masse viscérale difficile à démêler. Cette portion du tube digestif, élargie et légèrement aplatie à son origine, prend ensuite la forme cylindrique qu'elle conserve pendant iout son parcours. Ses parois sont épaisses et recouvertes extérieurement, soit par des faisceaux de tubes de Malpighi, soit par des touffes trachéennes. Elles sont constituées par une couche de fibres longitudinales, une couche de fibres musculaires circulaires et une membrane épithéliale interne pourvue de nombreux replis destinés à augmenter la surface d'absorption. Cette portion du tube digestif, complèlement élalée, est égale à environ deux fois la longueur du corps de l’insecte.

108 L. BORDAS.

L'intestin postérieur est séparé de la portion précédente par un bourrelet annulaire irrégulier, jouant le rôle de val- vule. À son origine sont insérés les {wbes de Malpighi, dont le nombre est constant et compris entre 100 et 120. Ces or- ganes glandulaires sont constitués par des filaments cylin- driques, allongés, flexueux et groupés en six faisceaux allant s'ouvrir au sommet de pelites évaginations hémisphé- riques, provenant de l'extrémité antérieure de l'intestin terminal. Ce groupement des glandes urinaires en six fais- ceaux est tout à fait caractéristique et se rencontre chez la plupart des Locustides. Le reste de l'intestin, dont la lon- gueur est à peu près égale à celle du corps de l’insecte, se dirige en arrière en suivant un trajel sinueux, puis se ré- trécit pour se dilater ensuite el former le rectum. Ce dernier, de forme ovoïde, porte de nombreux replis musculaires transverses et six bandelettes glandulaires longitudinales, analogues aux glandes rectales que nous avons décrites chez les Hyménoplères. Ainsi que nous l'avons dit au début, l’ap- pareil digestif des Mecopodinæ mérite, par sa disposition, la structure de plusieurs de ses parties et surtout sa longueur considérable, une description à part. De plus, il forme un des principaux anneaux de la chaîne qui rattache les Acrr- DIENS AUX LOCUSTIDES.

TRiBU DES EpriPriGerNÆ (V. PI. VII, fig. 1 et 3).

Parmi les Locustides que nous avons encore étudiées, nous pouvons ciler, chez les EPrmippiGERINz, les deux es- pèces suivantes : l'£phippiger büitteriensis © (Marq.) et l'Orphania denticauda (Charp.).

Chez toules les espèces de cette tribu, l'organe de la di- gestion présente de nombreuses différences avec celui des aulres espèces appartenant à la famille des Locustidæ. Ces différences portent principalement sur la disposilion des glandes salivaires, la forme du jabot, la réduction du gé- sier, le cloisonnement tout particulier des cæcums intesti- naux et le mode d’embouchure des tubes de Malpighi (AMEL NEIL, fig, 1%

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Les glandes salivaires de V'Ephippiger biteriensis sont très volumineuses et recouvrent non seulement toute la face in- férieure des trois segments thoraciques, mais s'étendent même jusque dans la région occipilale céphalique. Elles sont disposées en deux larges grappes placées au-dessus et sur les côtés du jabot. Chaque grappe comprend elle-même plusieurs faisceaux glandulaires, dont les nombreux acini vont s'ouvrir dans un canal excréteur, lequel va déboucher dans le conduit efférent de chaque grappe. La région post- cérébrale de la tête est elle-même enveloppée par un massif glandulaire qui entoure l’æœsophage et projette verticalement deux grappes situées sur la partie antérieure du jabot. Chaque grappe est constituée par des acini ovoïdes, pourvus d’une cavité centrale et d’un canalicule excréteur très court. La structure de ces diverses parties est la même que chez les Dectiques et les autres Orthoptères. A l'appareil glandu- laire sont rattachés deux volumineux réservoirs salivaires, sortes de sacs {rès allongés, à parois transparentes et plis- sées, s'étendant, de chaque côté du jabot, jusqu'au méta- thorax, et allant déboucher dans chacun des canaux effé- rents des deux grappes. Ces canaux, au nombre de deux, un pour chaque grappe, se fusionnent finaiement et consliluent un tube impair très court, s’ouvrant à la base de la lèvre inférieure.

Le pharynx et l'œsophage sont très courts. Le premier affecte la forme d’un tronc de cône légèrement aplati, à parois épaisses, musculaires et striées intérieurement.

Le jabot, par contre, est très volumineux et oceupe, avec les glandes salivaires, la presque totalité de la cavité thora- cique. C’est un organe tronconique, à extrémité postérieure renflée et présentant, dans son tiers antérieur, un léger étranglement. Ses parois sont épaisses et pourvues de nom- breux faisceaux musculaires longiludinaux et annulaires irès apparents. La face interne est recouverte par une mem- _brane chitineuse transparente et hérissée de très fines soies cornées, Ces soies, plus ou moins développées, existent nor-

110 L. HBORDAS.

malement sur la membrane interne du jabot de tous les Orthoptères. À la face postérieure, les plissements de la cavité du jabot sont beaucoup plus accentués qu'à la partie antérieure et vont converger vers l’orilice terminal de l'or- gane. Avant d'arriver à cet orifice, les bourrelets, qui ne sont à ce moment qu'au uombre de six, changent de forme et augmentent de volume. Ils se disposent dans un plan ver- tical, constituant ainsi une sorte de tubercule, perforé à son centre et pourvu de six rayons épineux. On ne saurait mieux comparer le tubercule postérieur du jabot suivi du gésier qu'à une capsule de pavot vue par son extrémité stigma- tique. Chaque bourrelet, séparé de ses voisins par une large dépression triangulaire, porte à sa surface trois ou quatre dents crochues, recourbées et à sommet chitineux tourné vers l'orifice. Cette disposition présentée par l’orifice poslé- rieur du jabot des Æphipoiger n’affecte, chez aucun autre Locustide, une aussi grande complication.

Le jabot de l'Orphania denticauda est moins allongé que celui de l'Ephippiger, et son extrémité postérieure plus arrondie. Ses parois sont épaisses et possèdent des faisceaux longitudinaux et circulaires très apparents à l'extérieur. La face interne est recouverte d’une membrane chitineuse trans- parenle, striée et pourvue de fines denticulations. Les replis postérieurs finissent par ne former que six gros bourrelets rectangulaires convergeant vers l’orifice du gésier et pour- vus de quatre petites pointes simulant des dents. Il n'existe pas ici de tubercule étoilé, perforé à son centre, comme chez les £phipniger.

Le gésier des Ephaippiger (V. PL. VIE, fig. 3) a une struc- ture toute différente de celle qu'il affecte chez les autres Locustidæ. Îl présente la forme d’un tronc de cône à base élargie reliée au jabot, et à extrémité postérieure amincie en rapport avec l'intestin. Fixé un peu excentriquement à la face postérieure du jabot, dont le sépare un très étroit sillon circulaire, ilest totalement dépourvu de pédoncule antérieur. Ses parois sont épaisses, formées par une forte couche de

mcm) des ne anne à

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fibres musculaires annulaires et sa face interne est garnie d'un appareil masticateur incomparablement plus faible que celui des Dectiques et des Locustes. Il est constitué par six bandelettes pyramidales, disposées longitudinalement et s’amincissant au fur et à mesure qu'elles se rapprochent de l’orifice intestinal. (V. PI. VIIE, fig. 3). Chaque bandelette porte sept dents triangulaires, dressées presque perpendi- culairement aux parois de l'organe et à sommet crochu, denticulé, chitineux et légèrement recourbé en arrière. Les dents, sauf la dernière, portent de larges expansions laté- rales, qui sont les homologues des tubercules latéraux des dents médianes du gésier des Dectiques, et dont les bords libres sont recouverts de longues soies cornées. De part et d'autre de la rangée médiane existe une série longitudinale de tubercules prismatiques et quadrangulaires, correspon- dant aux dents latérales des Decticinæ, mais en différant complètement par leur forme et leur structure. La face su- périeure de chaque dent est cornée, légèrement bombée el sa base porte, sur sa face interne, une plage longitudinale sétigère. Enfin, on constate, dans l’étroite dépression qui sépare chacune des séries de l’armature masticatrice, une tigelle cornée, allongée et rectangulaire. Cet organe, comme on peut le voir par l’examen de la figure 3, Planche VUI et par la description que nous venons d’en faire, est une forme atrophiée du gésier des Locustinæ et des Decticinæ. Le gésier de l'Orphania est encore beaucoup plus rudi- mentaire que celui de l'espèce précédente. Sa forme est presque cylindrique, mais à extrémité antérieure un peu plus large que la postérieure. Il s’unit directement au jabot sans l'intermédiaire de pédoncule. Ses parois musculaires sont épaisses, mais son armature masticatrice interne est très réduite et beaucoup plus atrophiée que celle de l'Ephip- piger. Elle est uniquement composée de six colonnes ou replis musculaires recouverts par une lamelle chitineuse. Ces replis présentent une série de denticulations triangu- laires, disposées presque verlicalement et séparées par des

112 L. BORDAS.

sillons transverses. Chaque colonne porte sept dents et se continue postérieurement par une lamelle reclangulaire aplalie, sorte de languette servant à former, avec ses cinq congénères, une valvule placée à l'entrée de l'intestin moyen. Les replis du gésier sont séparés longitudinalement par de profondes dépressions parallèles.

L'inteston moyen de l’'Ephippiyer büteriensis est court el ne décrit qu'une seule circonvolution. Les appendices in- testinaux sont remarquables par leur forme et leurs nom- breux replis internes. A ce titre, on peut les placer à côté de ceux des Cleandrus. Ce sont deux cæcums en forme de sac, légèrement recourbés et à face externe irrégulière et parcourue par de nombreux sillons allant du sommet à la base. La cavilé interne est divisée en sept ou huit chambres nettement séparées les unes des autres el ne communiquant entre elles que par un espace très étroit. Ces chambres sont formées par un certain nombre de cloisons (6 ou 7) dues à un repli de la paroi interne du cæcum. De cette forme au cloisonnement complel des cavités, que nous avons déjà constaté chez les Cleandrus, il n'y a qu'un pas, elle passage se fait sans peine d'une espèce à l’autre. Le reste de l’in- testin moyen ne présente aucune particularité remarquable, sauf une circonvolution qu'il décrit avant de se souder à l'intestin postérieur.

Les cæcums intestinaux de l'Orphania denticauda forment deux sacs aplalis, légèrement recourbés et enveloppant complètement le gésier. Ils présentent, sur leurs deux faces, cinq ou six sillons longitudinaux correspondant à autant de cloisons internes qui partagent la cavité en plusieurs com- parliments incomplets.

L'intestin postérieur de l'Eplhippiger est presque droit et parcouru longitudinalement par six bourrelets internes mus- culo-glandulaires, comparables à ceux qui existent chez les Hyménoptères ((landes rectales). À son origine, l'intestin Lerminal porte un nombre variable (3 ou 4) de tubercules coniques, à extrémités arrondies, au sommet desquelles vien-

Es be. que Ce

APPAREIL DIGESTIF DES ORTHOPTÈRES. 113

nent déboucher les tubes de Malpighi, disposés en faisceaux, mais enchevêlrés entre eux, de telle sorte qu'ils paraissent s’insérer circulairement et sans ordre autour du tube digestif. Le nombre des cæcums est inférieur, chez les £phipmgerine à celui que nous trouverons chez les Locustes et les Dec- tiques. Les tubes de Malpighi de l’Orphania sont moins nom- breux et moins allongés que chez l'Ephippiger. Ils sont oroupés en trois ou quaire faisceaux, allant s'ouvrir au sommet de petits tubercules qui sont des dépendances de l'intestin terminal.

Le rectum des Ephippigerinæ, séparé du reste de l’organe par une valvule irrégulière, est ovoïde et parcouru longitu- dinalement par six bourrelets glandulaires, homologues des glandes rectales des Hyménoptères (V. PI. VIIL fig. 1).

TRIBU DES PHANEROPTERINÆ.

Parmi les PHANEROPTERINÆ, nous avons étudié les deux espèces suivantes : Phaneroptera falcata (Scopoli) et A cri- dopeza reticulata (Guérin).

L'appareil digestif des espèces de cette tribu présente à peu près les mêmes caractères que chez les Locusrinz, les Platycleis en particulier (V. la suite du chapitre et les figures 5 et 7 de la PI. VII. Il en diffère cependant par la forme et la structure du gésier et par l'énorme développe- ment du rectum.

Chez l’A cridopeza, cet organe est presque droit et Les in- testins moyen et postérieur ne décrivent que deux courbures peu accentuées.

Le pharynx est étroit, musculeux et pourvu de nombreux replis internes, disposés longitudinalement.

L'æsophage est court, cylindrique el n’occupe que le quart antérieur du prothorax.

Le 7abot est volumineux, ovoïde, à parois minces, trans- parentes et plissées intérieurement. Il occupe la presque to- talité du thorax et repose sur les glandes salivaires, sembla- bles à celles des Locustides, et sur de gros faisceaux

musculaires. La face interne porte de fines stries chiti- ANN. SC. NAT. ZOOL, V, 8

114 L. BORDAS.

neuses longitudinales qui vont converger vers six bourrelets placés à l’origine du gésier.

Le gésier est très caractéristique et diffère, par la struc- ture de son appareil masticateur,de celui de toutes les autres Locustidæ. C’est un organe conique, à parois externes lisses et épaisses et dont la face interne est garnie de six bourre- lets porlant de cinq à six dents chitineuses, triangulaires et à bords finement denticulés. Chaque colonne se continue par des lamelles transversales, qui vont en diminuant à mesure qu'on se rapproche de l'intestin moyen et se Lermine par une plaquette à bords libres émoussés. Les six plaquettes forment une sorte de valvule placée à l'extrémité postérieure du gésier.

L'intesiin moyen porte, à son origine, deux cæcums cy-

lindriques, légèrement aplatis sur leur face interne et di-

visés, par des replis, en plusieurs comparliments communi- quant entre eux.

L'entestin terminal est court, large et coudé verticalement. Il est presque complètement enveloppé par les organes gé- nitaux, et porte, en avant, de nombreux tubes de Malpighi, disposés comme chez les Locustinæ. Il se termine par un rectum volumineux et cylindrique, présentant à son origine une valvule lamelleuse et irrégulière.

TriBu DES CoNOCEPHALINÆ. Salomona megacephala (de Haan), Pseudorhynchus minor (Redtenbacher), Conoce- phalus mandibularis (Charp.). (V. PI. VIL, fig. 9; PI. VIN, Lea PE AX, fige 2: PLX is: 4)

L'appareil digeshf de la Salomona megacephala diffère de celui des autres Locustidæ par la localisation toute parli- culière de ses glandes salivaires, par l'énorme développe- ment que prend le jabot et par l’atrophie de l'intestin ter- minal. Chez le Pseudorhynchus, l'organe de la digestion est caractérisé : par son grand développement, attendu que sa longueur atleint deux fois celle du corps de l'insecle ; par les nombreuses circonvolutions que présente l'intestin terminal et par le mode d'insertion des tubes de Mal- pighi (V. PL IX, fig. 2).

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APPAREIL DIGESTIF DES ORTHOPTÈRES. 115

À la bouche, de forme ovale, fait suite, chez la Salo- mona, un pharynx aplati et relié aux parois latérales de la tête par de nombreux faisceaux musculaires. Il repose, par sa face inférieure, sur une lamelle chitineuse provenant de la région occipitale de la tête.

L'æsophage est très court et situé dans l’espace interseg- mentaire compris entre la tête et le prothorax. Il est cylin- drique et se continue avec le jabot sans ligne de démarcation. La face dorsale supporte une grappe médiane de glandes salivaires, et les faces latérales sont recouvertes par deux prolongements glandulaires des mêmes organes. Enfin, la face inférieure repose sur une large grappe appliquée sur le premier segment thoracique, au-dessus du système ner- veux. Le pharynx el l’œsophage du Pseudorhynchus sont courts, et le dernier dépasse à peine la moitié antérieure du prothorax. La face interne du pharynx est parcourue par de nombreuses stries longitudinales.

Le jabot de la Salomona (1) fait suite à l’œsophage sans ligne de démarcation. C’est un organe volumineux, allongé, ovoïde, parcourant en ligne droite le thorax tout entier, dontil occupe la partie médiane, et s'étendant jusqu’au tiers posté- rieur du premier segment abdominal. Il repose sur la chaîne nerveuse, et est recouvert latéralement par de gros faisceaux musculaires, moteurs des appendices. Ses parois antérieures sont plissées latéralement et transversalement, tandis que l’ex- trémité inférieure est lisse el présente une courbe régulière à convexilé postérieure .Ses paroisinternessontégalementlisses danslesdeux premiers segments thoraciques, mais présentent, vers le tiers postérieur, une série de plis longitudinaux qui vont converger vers l’orifice compris entre le jabot et Le gé- sier. Entre les replis principaux, au nombre de six, existent également d’autres replis moins accusés qui se dichoto- misent et transforment la partie terminale du jabot en une surface irrégulière et de structure alvéolaire. Du fond du ja-

(1) Pour l’ensemble de l'appareil digestif de la Salomona megacephala, voy. la pl. VII, fig. 2, et pour celui du Pseudorhynchus minor, la pl. IX, fig. 2.

116 L. BORDAS.

bot, on voit se détacher six colonnes ou bandelettes portant sur leur crête des dents à pointe acérée et chilineuse tour- née vers la région intestinale. Ces bandelettes vont conver- ger vers l’orifice postérieur elles forment six replis, don- nant à l’ouverture une forme éloilée. Ces replis jouent le rôle de valvules et se continuent, à travers le court pédoncule poslérieur, jusqu’au gésier. Pendant leur trajel, ils présen- tent une série de constrictions transversales, séparant ainsi des tubercules denliformes pyramidaux. Ces tubercules sont formés par des replis de la couche chitineuse qui déjà re- couvre la face interne du court pédicule qui unit le jabot au gésier.

Le jabot du Pseudorhynchus est piriforme, à extrémité postérieure arrondie et s'étend, dans la région médiane thoracique, jusqu’à l’origine de l'abdomen. Ses parois sont épaisses et parcourues antérieurement par de nombreuses bandelettes musculaires, parmi lesquelles on en distingue six principales, se prolongeant en arrière jusque dans le pédoncule. Ces bandeleties terminales portent de petiles dents chilineuses disposées en palette et à bord libre cré- nelé.

Le gésier de la Sa/omona est séparé du jabot par un repli circulaire profond. C’est un organe sphérique, présentant de o à 7 millimètres de diamètre. Ses parois sont très épaisses, fortement musculaires et parcourues extérieurement par un réseau Inextricable de filaments trachéens, très ténus, qui s'étendent même jusqu'au jabot. Les parois internes du gé- sier portent une armature chilineuse fort compliquée et présentant les plus grands rapports avec celle des Decti- cinæ el des Gryllidæ. Elle diffère cependant de celle des Grillons et des Gryllotalpa par la forme des dents médianes et la disposition des dents latérales. Comme chez les Gryl- lidæ, et en particulier chez le Brachytrypus, l'armature in- terne est disposée suivant six colonnes longitudinales, présentant chacune dans son ensemble la forme d’un prisme triangulaire dont une des faces est appliquée contre la paroi

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APPAREIL DIGESTIF DES ORTHOPTÈRES. TT

du gésier, et l'angle dièdre opposé dirigé vers l’axe de l’or- gane. Chaque colonne masticatrice est séparée de sa voisine par une longue tige chitineuse située dans une profonde dé- pression disposée d'avant en arrière. Comme chezles Gryllidæ, on observe, dans chacune des séries longitudinales, trois rangées de dents : une rangée médiane et deux rangées laté- rales (Voy. PI. VIT, fig. 9, et PI. X, fig. 4).

La rangée médiane comprend de 16 à 18 dents chiti- neuses, très proéminentes et dont les dimensions vont pro- oressivement en diminuant depuis la région antérieure du gésier jusqu à son extrémité inférieure. Ces dents compren- nent {rois parties : une partie movenne et deux appendices latéraux (Voy. PI. X, fig. 4). La portion médiane, qui fait fortement saillie dans l’intérieur du gésier, a la forme d’une palette à face interne concave et à face externe convexe; elle est légèrement inclinée en arrière et présente une pointe ou denticule antérieure et deux denticules latérales. De chaque côté de la pointe médiane et séparées d’elle par une dépres- sion courbe, existent deux dents latérales, redressées verti- calement et à pointe légèrement mousse. La dent médiane dont nous venons de parler, contrairement à ce qui existe chez les Gryllidæ (Voy. le chap. suiv.), est implantée presque obliquement dans les parois du gésier et sa racine, très courte, est double et en rapport avec des faisceaux muscu- laires qui lui permettent d'exécuter des mouvements d'avant en arrière (Voy. PI. X, fig. 4).

Les dents des rangées latérales, séparées de celles de la série médiane par un sillon longitudinal profond, sont en même nombre que ces dernières (de 16 à 18) et affectent une forme pyramidale. Leur large base est constituée par de nombreux groupes de faisceaux musculaires ; elle supporte une pointe chitineuse, élargie obliquement et affectant la forme d'une palette à concavité externe (Vov. PI. VII, fig. 9).

Chaque série de dents va progressivement en diminuant à mesure qu'elle se rapproche de l’orifice antérieur de l'in-

118 L. BORDAS. à

testin. Après la disparition des dents, chaque colonne se termine par un prolongement musculaire faisant l'office de valvule et limitant une ouverture très étroite qui ne laisse passer que les substances alimentaires suffisamment tri- lurées.

Le gésier du Pseudorhynchus est un organe ovoïde, pres- que entièrement recouvert extérieurement par les appen- dices intestinaux, et intérieurement par une puissante arma- ture masticaitrice, composée de six colonnes triturantes, disposées à peu près comme celles de l'espèce précédente. Les dents médianes présentent cependant une légère modi- ficalion consistant dans la forme de leur tubercule central qui est plus allongé et muni latéralement de fines denticula- lions très acérées.

L'intestin moyen des Salomona décrit deux circonvolutions complètes. À son origine viennent s'ouvrir deux appendices

intestinaux, analogues par leur forme à ceux des Locustes :

et des Dectiques. Ces organes, complètements indépendants du gésier, ne sont que des diverticules latéraux de l'origine de l’inteslin. Ils présentent la forme de deux bourses arquées, à face interne légèrement concave, embrassant les parois la- iérales du gésier. Leur face externe est convexe. Ils se ter- minent anlérieurement par une pointe cæcale et arrondie, en forme de doigt de gant, et vont s’ouvrir dans une portion élargie, sorte de vestibule, qui se continue par l'intestin moyen. Ce dernier est à peu près uniformément cylindrique el a, en moyenne, de 3 à 4 millimètres de diamètre, sur 20 à 25 millimètres de longueur. Il décrit deux circonvolutions complètes dirigées obliquement par rapport à l'axe du corps. Ses parois externes sont à peu près lisses à l’élat de réplé- lion de l'organe; mais, quand ce dernier est vide, elles pré- sentent une série de plissements transversaux.

L'enteslin moyen du Pseudorhynchus est allongé el décrit, à son extrémité postérieure, une circonvolution complète.

Les tubes de Malpighi vont s'ouvrir d’une facon assez irré- oulière à l’origine de l’inteslin terminal. Ces glandes, au

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nombre de cent à cent vingt chez les Salomona, sont cons- tuées par des filaments courts, minces, flexueux et dispo- sés parfois en groupes peu nombreux. L'intestin postérieur débute par une portion rétrécie qui, après avoir décrit une circonvolution, s’élargit brusquement en un organe ovoïde, le rectum. Ce dernier se continue par un appendice fort court terminé à l’orifice anal, silué au-dessus du pore génital et au-dessous d’une languette spatuliforme, chilineuse et con- cave à sa face supérieure.

L'intestin postérieur du Pseudorhynchus décrit deux circon- volutions et porte, à son origine, six tubercules coniques ou parfois hémisphériques, au sommet desquels viennent s’ou- vrir de 10 à 15 tubes de Malpighi, formant six touffes en- chevêtrées entre elles et difficilement séparables. Ces touffes s'étendent dans toutes les directions et recouvrent les organes génitaux ainsi que les circonvolutions intestinales. Les fais- ceaux antérieurs vont même jusqu'à coiffer le bord supérieur des appendices intestinaux, prenant ainsi l'aspect de tubes filiformes paraissant directement dépendre des cæcums la- téraux. La face interne de l'intestin postérieur est parcourue longitudinalement, comme chez les Locustes et les Dec- liques, par six bandelettes musculaires, très simueuses et ter- minées à un bourrelet valvulaire étoilé, marquant l’origine du rectum.

L'appareil digestif du Conocephalus mandibularis (Charp.) n'offre rien de particulier et présente à peu près les mêmes caractères que celui des espèces précédentes.

Tripu Des Eocusrinz DecrTianÆ(Voy. PI. VIT fig. 8; NN Re ea STE ie: Ti 3740. 6,,7,8, 9,105 PIX, he Jet [l)

Nous avons étudié, parmi les LocusriNz ou DEcricinz, neuf espèces réparties en trois genres. Ces espèces, loules indigènes et recueillies dans la Corrèze, sont : Decticus ver- rucivorus (L.), Dec. albifrons(Fabr.), Platycleis grisea (Fabr.), PI. laticauda (Brunn.), P/. tessellata (Charp.), P/. sepuon (Yers.), Locusta viridissima (L.), Loc, cantans (Charp.), etc.

120 L. BORDAS.

GLANDES SALIVAIRES (Voy. PI. IX, fig. 1). Les glandes salivaires des Decticinæ, celles, entre autres, du Decticus ver- rucivorus, sont très volumineuses, disposées en deux grappes siluées dans les deux premiers segments thoraciques et cons- tiluées par des follicules ou acini pluricellulaires, donnant à l'organe l'apparence d’un massif compact, mamelonné el sranuleux.

La région postérieure est constituée par deux grappes se- condaires, disposées symétriquement par rapport au tube digestif et situées sur les parois latéro-antérieures du méso- thorax. Elles affectent la forme d’une petite masse Jlamel- leuse, mesurant de 1°" à 1*°,5 en tous sens, à face supérieure légèrement concave et à bords latéraux irréguliers et parfois denticulés. Les faces internes reposent sur la partie supé- rieure du second ganglion thoracique. La face inférieure est très irrégulière et présente, outre de nombreuses sinuosités, deux replis dirigés obliquement de dedans en dehors. Celle grappe ne comprend sur ses bords qu'une rangée unique de follicules sécréteurs et deux seulement dans sa région mé- diane. De chaque follicule part un canalicule excréteur, grêle, cylindrique et généralement fort court, qui s’unit à plusieurs de ses congénères pour constituer un canal de second ordre. Ces divers tubes, en se concentrant, finissent par ne former que le canal efférent de la grappe, qui sort de la partie médiane de sa face supérieure. La grappe thoraco- céphalique est de beaucoup la plus volumineuse et forme, à elle seule, les 2/5 du volume de l'organe. Elle repose, par sa face inférieure, sur les connectifs et le premier ganglion thoracique, et émet latéralement deux prolongements glan- dulaires, interposés entre les faisceaux musculaires moteurs des appendices. Sa masse tout entière comprend plusieurs épaisseurs de follicules ou acini sécréteurs. La face supé- rieure de cette grappe est plane dans ses deux tiers anté- rieurs, mais présente en arrière un profond sillon qui sem- ble la diviser en deux parties. En avant, existe un léger rebord recourbé, s’atténuant peu à peu et finissant par dis-

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paraître sur la ligne médiane. La face antérieure est arquée et pourvue d’un léger sillon médian ; la postérieure est peu étendue et rectangulaire.

Les faces latérales sont légèrement incurvées vers le bas, s'appuient sur de gros faisceaux musculaires et envoient, de part et d'autre, deux prolongements irréguliers et cunéi- formes interposés entre la musculature thoracique. La face inférieure est plane ou légèrement bombée suivant la ligne médiane et repose sur le premier ganglion thoracique et les connectifs nerveux. En arrière, nous avons constaté l’exis- tence d’une étroite mais profonde échancrure séparant un petit massif glandulaire polygonal, pourvu latéralement de deux conduits excréteurs qui vont s'ouvrir dans le canal efférent de la grappe mésothoracique.

Les conduits excréteurs de la glande sont pairs et pren- nent naissance un peu en arrière de la région céphalique. Ils proviennent de la fusion d’un nombre variable de canaux, cinq ordinairement, dont trois proviennent du massif mé- dian, et les deux autres des grappes appendiculaires laté- rales et postérieures el de la grappe mésothoracique.

Ces conduits cheminent parallèlement au-dessus des ré- servoirs glandulaires et sur le côté externe des conneclifs nerveux ; ils passent ensuite au-dessous d’un arc chitineux, aplati dans sa partie médiane, mais bifide en avant et pro- venant d’un prolongement issu de la base des mandibules. De là, ces conduits s'engagent même au-dessous des gan- glions sous-æsophagiens, pour pénétrer ensuite dans la mus- culature du menton et de la base de la lèvre inférieure. Arrivés en ce point, les deux conduits se rapprochent et vont s ouvrir à la face inférieure du réservoir commun. C'est de ce dernier que partent deux longs appendices latéraux, cy- lindriques et tubuleux, les réservoirs salivaires, qui passent au-dessous des canaux efférents et vont se terminer en cæcum dans la région moyenne du prothorax. L’orifice des glandes salivaires est situé à la base du labium, vers l’origine des lobes internes.

199 L. BORDAS.

L'appareil digestif (NV. PE IX, fig. 1) du Decticus verru- civorus est bien développé et parcourt l’axe du corps de lin- secte en ne décrivant, dans sa portion médiane, qu'une seule circonvolution. Les différentes parties qui le composent sont nettement séparées les unes des autres et complèlement dif- férentes, Lant par leur forme que par leur structure. Ce qui caractérise surtout cet appareil, ainsi que celui des Platycleis, c’est la forme du gésier, celles du rectum et des appendices intestinaux ct surtout le mode d’embouchure des tubes de Malpighi. Ces derniers, en effet, au lieu de s'ouvrir séparé- ment el en cercle à l'extrémité antérieure de l'intestin ter- minal, sont disposés en trois groupes séparés par de larges intervalles libres. Chaque groupe comprend deux tubercules cylindro-coniques très courts, sorles de diverlicules intes- Hinaux au sommet desquels viennent déboucher de 18 à 25 tubes urinaires (V. PI. IX, fig. 3). Chez la Platycleis gri- sea, le tube digestif décrit deux courbes el égale environ une fois et demie la longueur du corps de l’insecte (V. PI. VII, fig. 7).

Le pharynx du Decticus verrucivorus est lrès court et com- pris entre les bases des deux mandibules. Ses parois sont très épaisses, musculaires et plissées intérieurement; 1l re- pose sur une lamelle chitineuse, au-dessous de laquelle sont situés les canaux efférents des glandes salivaires. Le pharynx des Platycleis et celui des Locusta sont également très courts, aplalis transversalement, à parois musculaires épaisses el à face interne striée d'avant en arrière. L’œsophage est égale- ment court et ne forme qu'un trait d'union entre le pharyox el le jabot, avec lequel il se continue directement.

Le yabot des Dectiques est très volumineux et conslitue, quand ilest distendu par les aliments, une poche ovoïde ou piriforme qui remplit presque complètement le thorax. Il est situé au-dessus des glandes salivaires et limité latérale- ment par les gros faisceaux musculaires moleurs des appen- dices. Ses parois, minces et {ransparentes, sont recouvertes d'une double couche musculaire, pouvant facilement se

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diviser et comprenant des faisceaux circulaires et des fais- ceaux longitudinaux. La région postérieure de l'organe pré- sente six rangées de dents disposées en éloile et allant converger à l’orifice du gésier {V. PI. VIE, fig. 6). C'est une disposition fréquente chez beaucoup d'Orthoptères, mais que nous n'avons rencontrée nulle part aussi accentuée que chez les Decticus et quelques autres espèces de famille des Locustidæ. Chaque rangée comprend ur nombre variable de dents, de 4 à 6, dont les dernières, en se projelant vers l’axe de l’orifice, lui donnent l'apparence d’une étoile à six bran- ches (V. PI. IX, fig. 8). Les dents de la région postérieure du jabot ont une structure tout à fait caractéristique : elles sont produites par la coalescence de soies chitineuses, et leur disposition est telle qu’on peut suivre tous les passages entre les dents véritables et les touffes de poils plus ou moins compactes. La première dent de chaque rangée n'est consli- Luée que par une simple plaque chitineuse, de couleur jau- nâtre, portant sur ses bords de fines denticulations (V. pl. IX, fig. 6). Les dents suivantes ont la forme de lamelles dressées obliquement, à face concave dirigée en arrière, vers l’orifice du gésier, et présentant l'apparence de petiles curettes. Leur bord libre postérieur est muni de nombreuses pointes coni- ques acérées et irrégulièrement espacées. Les dents situées sur le rebord de l’orifice postérieur du jabot ont une struc- ture toute différente : elles sont formées de deux parties, d’une partie médiane lamelleuse, cornée, à bord libre den- ticulé et de deux parties latérales comprenant deux plages séligères, constituées par des touffes de soies ou poils chilineux. Les poils de la région médiane sont courts et coniques, tandis que les plus externes sont longs et à extré- mité effilée.

Enfin, des deux côtés de l'extrémité postérieure de chaque rangée, existent deux traînées de soies cornées, hyalines, courtes et transparentes.

Le jabot de la Platycleis grisea est volumineux, ovoïde ou piriforme, à parois minces, transparentes el pourvues de

124 L. BORDAS.

deux couches musculaires facilement dissociables (Voyez PI. VITE, fig. 5). À l’intérieur, existe un revêtement chitineux assez épais et présentant, de distance en dislance, de pelites aspérilés. À son extrémité postérieure se trouvent, comme chez les Dectiques, six bourrelets disposés en étoile et allant converger à l’orifice terminal de l’organe. Chaque bourrelet porte quatre dents chitineuses aplaties, concaves en arrière et plantées obliquement. Leur bord libre est profondément découpé en denticules acérées. L’orifice postérieur est muni de six bourrelets recouverts de touffes de soies chitineuses très longues. Ces bourrelets sétigères, au nombre de trois ou quatre, se prolongent dans le pédoncule cylindrique très court qui unit le gésier à l’extrémilé postérieure du Jabot (V. PI VIIT, fig. 5). Le jabot de la Locusta présente des plis- semen(s longiludinaux externes et est recouvert inlérieure- ment d'une mince membrane chitineuse dont les bourrelets postérieurs dentifères sont plus accentués que ceux des Dec- tiques. |

Le gésier des Dectiques présente extérieurement les plus grandes analogies avec celui des Gryllidæ, bien qu'il en diffère essentiellement par la forme des dents constiluant son armature masticatrice interne. Il comprend deux par- ties : un pédoncule antérieur, court el cylindrique et une masse centrale sphéroïdale, formant l'appareil triturant proprement dit.

Le pédoncule est pourvu d'épaisses parois musculaires doublées intérieurement de six bourrelets chitineux longilu- dinaux, continuation de ceux que nous venons de décrire à la face postéro-interne du jabot. Chaque bourrelel, Hmité latéralement par deux larges dépressions, porle transversa- lement six lubercules recouverts de longues soies chiti- neuses, de couleur jaune paille, à base élargie el à extré- milé mince et filiforme (V. PI. IX, fig. 8). Ces soies sont parfois groupées en une masse plus ou moins compacte, par- fois aussi elles sont disposées en petites touffes. Elles s'ar- rêlent brusquement au rebord annulaire qui marque l’origine

ET

APPAREIL DIGESTIF DES ORTHOPTÈRES. 125

du gésier proprement dit, et sont alors remplacées par de larges dents chitineuses destinées à triturer les aliments et disposées en six séries longitudinales, faisant directement suite à celles du pédoncule antérieur.

Le gésier proprement dit est un organe ovoïde, mesurant de 3 à 4 millimètres de longueur sur 2 à 2°°,5 de large. Ses parois sont très épaisses, entourées latéralement par les ap- pendices ou cæcums intestinaux et revêtues, à l’intérieur, d’une large et puissante couche chitineuse, pourvue de dents très nombreuses disposées de façon à constituer un appareil masticateur d’une force comparable à celle de l'organe ho- mologue des Gryllidæ.

Les dents sont disposées en six séries ou colonnes longi- tudinales, séparées les unes des autres par autant de pro- fondes dépressions dont la parlie inférieure est recouverte d’une baguette chitineuse. Chaque colonne masticatrice comprend trois rangées de dents parallèles : une rangée médiane portant des dents très larges, et deux rangées latérales constituées par des pyramides chilineuses beau- coup moins fortes que les précédentes. Les dents de la rangée médiane sont au nombre de seize dont les treize pre- mières sont complètement ou en partie chitineuses, et les rois autres constituées par de faibles bourrelets recouverts de touffes de soies cornées. Les dents médianes ont une forme assez simple, comparativement au degré de compli- cation que vont nous présenter celles des Gryllidæ (V. le cha- pitre suivant). Elles comprennent une large plaque médiane et deux tubercules latéraux (V. PL IX, fig. 7). La plaque a une forme triangulaire, à sommet pointu el à bords légère- ment denticulés. Elle est recourbée en arrière elle forme une concavité peu accusée et s'implante obliquement par rapport aux parois du gésier. Il résulte de celte disposition que les lames médianes, bien que séparées l’une de l’autre par un espace relativement large, se recouvrent en parlie et paraissent imbriquées. Les bords latéraux de chaque lamelle se replient presque horizontalement et produisent deux tu-

196 EL. BORDAS.

bercules coniques à bord supérieur aminci el à sommet tantôt légèrement émoussé, tantôt au contraire pointu. La base porte un épaississement musculaire dépassant le bord libre externe du tubercule, atteignant à peine la moilié de sa hauteur et recouvert, sur tout son pourtour, d’une touffe de soies cornées. Cet épaississement musculaire, qui commence à faire son apparition chez les Locustidæ, alteint son maxi- mum de développement chez les Gryllidæ, il existe à l’état

à

de gros tubercule pyramidal, à sommet tronqué, compris

entre les deux tubercules latéraux de la dent médiane. Les trois dernières dents postérieures ne sont plus représentées que par des plages sétigères disposées transversalement. Les dents latérales, beaucoup moins importantes pour la masti- cation que celles que nous venons de décrire, sont séparées de ces dernières par un sillon longitudinal très étroit. Elles sont disposées en ligne droite, d'avant en arrière, et sont en même nombre que celles du milieu. Elles affectent la forme de petites éminences prismatiques à base élargie et recou- vertes, sur leur pourlour, d’une toulffe de soies cornées, sim- ples, très courtes et de couleur jaune pâle (V. PI. IX, fig. 7). Cette base est surmontée d’un gros tubercule chitineux, de forme très variable, présentant plusieurs denticules. Le tubercule affecte souvent la forme d’une pyramide triangu- laire pourvue d’une pointe à son sommet et d’un petit bour- relet à chacun des angles de sa base; d’autres fois, au con- traire, ul affecte l’apparence soit d’un cône régulier, soit celle d’un prisme quadrangulaire, à lubercules peu nombreux et disséminés à sa surface. Enfin, les dents les plus rappro- chées de l’orifice intestinal ne sont plus constituées que par de petites éminences quadrangulaires hérissées de poils chi- lineux. Les cinq autres colonnes masticatrices du gésier affectent une structure identique.

Chaque colonne dentifère se prolonge postérieurement par un petit appendice cordiforme el lamelleux, et l’ensemble des six appendices forme, à l’orifice antérieur intestinal, une valvule étoilée à six branches.

APPAREIL DIGESTIF DES ORTHOPTÈRES. 1927

Le gésier du Platycleis présente à peu près la même con- formalion interne que celle du Dectique: seules la forme de ses dents médianes et celle des dents latérales sont un peu diffé- rentes (V. PI. IX, fig. 4 et 9). Les dents de la région moyenne de chaque colonne masticatrice présentent un tubercule triangulaire et deux latéraux, beaucoup plus pelits que le premier et à sommet émoussé. Le {tubercule médian est trian- gulaire, aplati, légèrement convexe en arrière et muni laté- ralement de nombreuses denticules à sommel tronqué (V. PI. IX, fig. 4). Cette partie de la dent forme une sorte de palette allongée, recouvrant, sans s’y appliquer, la région si- milaire de la dent suivante. Les dents latérales sont, eu égard au volume du corps de l’insecte, beaucoup plus volu- mineuses que celles du Dectique. Elles affectent la forme de gros tubercules pyramidaux, à sommet irrégulier et tronqué. La base est élargie, musculaire et recouverte de longues soies cornées, tandis que le sommet est chitineux et de cou- leur jaune foncé (V. PL. IX, fig. 9).

Le gésier des Locustes est un organe ovoïde et pourvu, en avant, d'un pédoncule très court, dont l’orifice antérieur présente la forme d’une éloile à six branches, très caracté- ristique chez les Locustidæ. Il est presque entièrement en- veloppé par de volumineux cæcums intestinaux et revêtu intérieurement d'une puissante armature masticatrice chiti- neuse. Cette dernière, disposée comme chez les Decticus, ne comprend, sur chaque colonne longitudinale, que dix dents, suivies postérieurement d’un petit nombre de plages denti- fères placées transversalement.

Les appendices ou cæcums intestinaux sont au nombre de deux, comme chez les Gryllidæ. Ce sont deux larges poches, légèrement arquées et entourant la moilié des parois laté- rales du gésier. Elles sont situées à l'extrémité d’un même diamèlre et disposées, chez le Decticus verrucivorus, dans un plan sensiblement vertical. Leur extrémité libre, termi- née en cæcum, est légèrement boursouflée, arrondie et re- couverte par des faisceaux de tubes de Malpighi qui v

128 L. BORDAS.

adhèrent pour la plupart et paraissent dépendre directe- ment de cet organe. Cette disposition, qui se rencontre chez un certain nombre d'Orthoptères, avait induit en erreur Marcel de Serres. Ce zoologiste, en étudiant le Grillon, pen- sait que les touffes de tubes dont nous venons de parler s’ouvraient directement au sommet des cæcums intestinaux el, comme :l leur attribuait une fonction hépatique, il les désignait sous le nom de vaisseaux biliaires supérieurs. Le côlé des appendices intestinaux, en rapport avec le gésier, est légèrement concave et leur cavité est divisée en cinq ou six compartiments par quatre ou cinq lamelles musculaires qui, partant de la face interne, vont flotter librement du côté opposé (V. PI. IX, fig. 10).

Cette disposition très caractéristique se retrouve, avec des variantes plus ou moins nombreuses, chez les Locustidæ et les Gryllide. |

L’intestin moyen est un tube large à son origine et cylin- drique dans le reste de son parcours. Ses parois sont minces, transparentes et pourvues de deux couches musculaires comprenant des muscles longitudinaux et des muscles cir- culaires ; leur face interne, ainsi que l’externe, est lisse ; mais celte dernière est recouverte, soit par les tubes de Malpighi, soit par de nombreuses ramifications trachéennes. L'organe est entouré, suivant les genres, par les ovaires ou les appendices des organes reproducteurs mâles. Il décrit, avant de se fusionner à l'intestin postérieur, une demi-circon- volution dirigée de droite à gauche. À son extrémité termi- nale existe un orifice irrégulier, muni d’un écran valvulaire à six bourrelets provenant des terminaisons des replis mus- culaires qui parcourent l'intestin postérieur. L'inteslin moyen des Plalycleis est droit et directement appliqué contre la face inférieure de l'abdomen. Ses appendices latéraux an- lérieurs sont volumineux et enveloppent la presque totalité des parois latérales du gésier. Ils sont disposés dans un plan vertical et présentent une série de lamelles qui, partant de la face en rapport avec le gésier, divisent la cavité interne en

APPAREIL DIGESTIF DES. ORTHOPTÈRES, 129

plusieurs loges incomplètes, communiquant entre elles. Leur structure est à peu près identique à celle de l'intestin moyen. Les cæcums intestinaux des Locusta sont relativement volu- mineux et coiffés à leur sommet d’une touffe de tubes de Malpighi qui y adhèrent parfois très étroitement, grâce au concours de nombreux filaments trachéens. Leur cavité interne est divisée en plusieurs compartiments incomplets par cinq ou six lames musculaires qui émanent de la face en contact avec le gésier.

L'intestin postérieur des Dectiques est un organe à peu près régulièrement cylindrique et à diamètre inférieur à celui de la portion précédente. C’est à son origine que viennent boucher les tubes de Malpighi. Ces glandes sont constituées par des {ubes allongés, flexueux, filiformes et de couleur d’un blanc mat; elles forment plusieurs faisceaux dont les uns, dirigés en avant, recouvrent comme d’un réseau l’in- testin moyen, les appendices intestinaux et le gésier, tandis que les autres s’avancent en arrière, au-dessus des organes génitaux. Certains tubes du faisceau antérieur vont même adhérer, au moyen de filaments trachéens, au sommet des cæcums et semblent, de cette façon, être une dépendance de ces derniers organes. Le mode d’embouchure des tubes de Malpighi présente une disposition intermédiaire entre celle que nous offrent certains Orthoptères et Les Gryllidæ. Chez la plupart des Orthoptères, en effet, les tubes de Malpighi sont groupés en faisceaux s’ouvrant séparément, suivant une ligne circulaire, à l'origine de l'intestin, tandis que chez les Gryllides, les mêmes organes, réunis en un faisceau unique, vont déboucher séparément dans l’extrémité élargie d’un conduit efférent unique qui joue le rôle d’uretère. Or, chez les Locusripz, et en particulier chez le Decticus verrucivo- rus, les organes urinaires, réunis en six groupes ou faisceaux formés chacun de 20 à 25 tubes blanchâtres el filiformes, vont déboucher au sommet arrondi de petits diverticules cylin- driques provenant d’évaginations de l’extrémité antérieure de l'intestin terminal (V. PI. IX, fig. 3). Ces diverticules s’ou-

ANN. SC. NAT. ZOOL. V, 9

130 L. BORDAS.

vrent par de petits orifices irréguliers ou légèrement ovoïdes, dans des dépressions situées sous la valvule séparant les deux portions intestinales. Les six tubercules sont réunis

par paires, el deux tubercules formant un groupe sont rap-

prochés l’un de l’autre, tandis qu'ils sont séparés du groupe voisin par un plus large espace.

Chez le Decticus verrucivorus, chaque paire de diverticules est placée à peu près à égale distance sur le pourtour de l’origine de l'intestin terminal, tandis que chez le Decticus albifrons, les tubercules sont situés en des points à peu près équidistants. Le reste de l’intestin terminal, dont la longueur est à peu près égale à celle de l'intestin moyen, décrit une circonvolution à direction inverse de celle du premier et se dilate, à sa parlie terminale, pour constituer le rectum. Ses parois sont épaisses, pourvues de deux couches musculaires et leur face interne parcourue, d'avant en arrière, par six longues bandes musculaires, sinueuses et plissées transver- salement ; elles se prolongent jusqu’au rectum et y consti- tuent un large et épais bourrelet valvulaire à six côtés. Le rectum est allongé, ovoïde et parcouru longitudinalement par six bandelettes glandulaires que nous avons rencontrées chez tous les Orthoptères et décrites, chez les Hyménoptères, sous le nom de g/andes rectales (1) (V. PL IX, fig. 5).

L'appareil digestif du Decticus albifrons (Fabr.), que nous avons également étudié, présente une disposition anatomique analogue à celle de l'espèce précédente.

L'intestin postérieur des P/atycleis a un diamètre infé- rieur à celui de l'intestin moyen et porte, à son origine, six tubercules arrondis, régulièrement disposés chez la plupart des espèces, mais sensiblement équidistants chez les P/aty- cleis grisea et P[. sepium (V. PI. VIIT, fig. 7). Au sommet de chaque tubercule viennent déboucher de 8 à 15 tubes de Malpighi. Cette disposition est un peu différente de celle que nous ont présentée les Dectliques, chez lesquels les

(4) V. Appareil glandulaire des Hyménoptères (in Ann. des Sc. natur., Zool., 7e série, t. XIX, 1894).

APPAREIL DIGESTIF DES ORTHOPTÈRES. 131

tubercules, groupés au nombre de deux, ont une tendance à se fusionner. Cette fusion est, du reste, un fait accompli chez les Gryllacris. Le reste du tube, entouré par les organes génitaux, décrit deux courbes disposées en sens inverse, puis se dilate pour former un rectum, conformé comme celui des Dectiques.

L’intestin terminal des. Locustes présente à son origine six tubercules ou bourrelets, au sommet desquels viennent déboucher de 15 à 20 tubes de Malpighi, longs, flexueux ei de couleur d’un blanc mat. Ces organes forment, de la sorte, six faisceaux étroitement enchevêtrés entre eux. D’après Marcel de Serres, on rencontre, chez les Locustides et d’au- tres insectes voisins, deux catégories de vaisseaux de Mal- pighi, dont l’une déboucherait dans l'estomac chylifique, au sommet des cæcums intestinaux, et l’autre, en arrière, dans le tube digestif. C’est Ramdobr qui a décrit le mode d’inser- tion en cercle des organes de Malpighi, à l’origine du rectum (intestin terminal). Ces deux interprétations sont également erronées. La suite de l’intestin postérieur décrit deux circon- volutions, l’une transversale et l’autre verticale et présente, à l’intérieur, six bandelettes ou épaississements musculaires longitudinaux, produisant à leur extrémité six bourrelets valvulaires placés à l’origine du rectum. Ce dernier organe est semblable, de tout point, à celui des Dectiques.

TriBu DES GRYLLACRINÆ. (V. PI. IX, fig. 11 et 12 ; hote t 5.6: ‘lel.8i}:

Les deux espèces, appartenant à la tribu des GRYLLACRINZ, soumises à notre étude sont exotiques. La première, Gry/- lacris aurantiaca (Brunn.), provenait des Nouvelles-Hébrides et la deuxième, l’Eremus spinulosus (Brunn.) était originaire de la Tasmanie.

Tous les Gryllacrides sont caractérisés par un tube diges- tif relativement court, atteignant à peine une fois et demie la longueur du corps de l'animal, et par la localisation des tubes de Malpighi en un très petit nombre de faisceaux, s’ouvrant au sommet de petits tubercules cylindro-coniques,

10 L. BORDAS.

qu'on peut considérer comme les homologues du conduit excréleur impair, souvent très long, des vaisseaux uri- naires des Gryllidæ. |

L'appareil digestif des Gryllacris aurantiaca nous offre: au point de vue anatomique, un intérêt de premier ordre, puisqu'il nous permet d'établir un terme de passage entre les Locustides et les Gryllides. Cet organe, par sa confor- mation générale, est analogue à celui de la plupart des espèces de la tribu des Decticinæ ; mais la forme externe du gésier, avec son prolongement cylindrique antérieur et surtout le mode d'insertion des tubes de Malpighi, nous autorisent à affirmer la parenié de ces insectes avec les divers Gryllus.

Le pharynzx est légèrement aplati, à parois épaisses et maintenu sur les côtés de la têle par de nombreux faisceaux musculaires. Sa face interne est parcourue par 4 à 6 replis longitudinaux {V. PI. X, fig. 1).

L’œsophage de la Gryllacris affecte la forme d’un tube cylindrique dont la face inférieure et interne présente un

épaississement musculaire pourvu d’une dizaine de bourre-

lels transverses, séparés par des replis parallèles.

Le /abot, par sa forme et sa structure interne, est nelle- ment un organe de Gryllidæ. Il est ovoïde, allongé et renflé à sa partie postérieure. Ses parois externes sont lisses, mais les internes sont parcourues longitudinalement par de nom- breux bourrelets rectilignes, séparés par de larges mais peu profondes dépressions. Ces bourrelels sont surtout abondants vers la face inférieure. L’orifice postérieur du jabot est excentrique par rapport à l'organe et rejeté sur l’un des côtés. Celte disposition rappelle exactement celle que nous présentent les Gryllus et les Nemobius. L’orifice est limité par six bourrelets jouant le rôle de valvules et pourvus eux- mêmes de trois replis séparés par deux sillons. Les bourre- lets, plus développés que ceux des Gryllides, se continuent, comme chez ces derniers, dans le pédoncule qui relie le jabot au gésier (V. PI. X, fig. 1).

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APPAREIL DIGESTIF DES ORTHOPTÈRES. 133

Le pharynx et l'wsophage des Eremus sont à peu près semblables à ceux des Gryllacris. Le jabot, au contraire, esl très volumineux relativement au reste de l'appareil digestif et occupe la presque lotalilé du thorax. Ses parois sont épaisses et pourvues d’une forte musculature dont la couche annulaire interne est la plus puissante. À sa face postérieure, existent six faisceaux constitués chacun par trois replis, dont le médian est pourvu de fines denticula- tions. Ces six faisceaux vont converger à l’orifice antérieur du gésier qui est légèrement déjeté sur le côté.

Le gésier de la Gryllacris aurantiaca rappelle, par sa forme extérieure, celui des Gryllus. C’est un organe ovoïde, pourvu en avant d’un col cylindrique à parois épaisses et munies intérieurement de six bandeleltes musculaires sé- parées par autant d'étroites dépressions parallèles. Chaque bandelette, amincie à son extrémité antérieure, joue le rôle de valvule et présente trois bourrelets longitudinaux séparés par deux sillons parallèles. Les deux bourrelets latéraux sont larges et à surface supérieure arrondie ; le bourrelet médian est au contraire mince, plus haut que les précédents el présente, tout le long de son bord libre, une série de dé- coupures simulant, soit des franges, soit des dents de scie. Vers l'extrémité postérieure du col, c’est-à-dire à peu de dis- tance de la porlion arrondie de l’organe, les bourrelets laté- _raux s'effacent et disparaissent peu à peu, tandis que le mé- dian s’élargit et ses denticulalions deviennent plus accentuées et plus puissantes jusqu’au bourrelet valvulaire qui limite la cavilé du gésier proprement dit (V. PI. X, fig. 3 et 8).

Ces denticulations terminales sont recouvertes d’une mince couche cornée et portent à leur sommet une touffe de soies chitineuses, à base élargie et à sommet aminci et filiforme (V. PI. X, fig. 8). La paroi interne du gésier est recouverte d'une armature chitineuse beaucoup moins puissante que celle des Gryllidæ et disposée en six colonnes, séparées les unes des aulres par des dépressions parallèles au fond des- quelles est placée une baguette chitineuse. Chaque colonne

134 L. BORDAS.

comprend trois rangées de dents, en contenant chacune de douze à quatorze (V. PI. X, fig. 6). Les dents médianes, à racine très courte, portent trois tubercules, un médian et deux latéraux (V. PI. X, fig. 7). Le tubercule médian est large, triangulaire, lamelleux, aplati, légèrement incliné en avant et muni latéralement de nombreuses denticulations semblables à celles d’une scie. Les tubercules latéraux, beaucoup plus courts que le médian, ont leur pointe supé- rieure mousse et prolongée en avant parallèlement à l’axe de la rangée moyenne. Ce qui distingue, et c’est un point important à signaler, chaque colonne masticatrice des Gryllacris de celle des Gryllidæ, c'est l'absence de tubercule musculeux conique ou dent accessoire comprise entre les deux prolongements latéraux des dents de la rangée mé- diane. Les dents latérales (V. PL. IX, fig. 12) sont en même nombre que les médianes et séparées de ces dernières par une étroite mais profonde dépression longitudinale. Elles affectent une forme conique ou légèrement pyramidale, à sommet mousse, arrondi el pourvu, sur sa face supérieure, d’une légère dépression circulaire, entourée d’un rebord saillant, lui donnant, vue d’en haut, la forme d'une petite cupule. L’extrémité supérieure est chitineuse, tandis que la base est musculaire et recouverte d’une mince pellicule cornée. Le tout est hérissé de soies chitineuses, générale- ment très courtes. Chaque colonne se termine, comme chez les Gryllotalpa, par un petit appendice lamelleux. Les six appendices, par leur confluence, forment une valvule co- nique, empêchant la marche rétrograde des aliments de l'intestin vers le gésier.

Les appendices intestinaux sont volumineux et, en général, de dimensions égales. Ils sont aplatis dans le sens vertical, légèrement recourbés, enveloppent presque complètement les parois du gésier et vont s'ouvrir à la partie antérieure dilatée de l'intestin moyen. Un certain nombre de cloisons internes les divisent en plusieurs compartiments incom- plets"(V: PLEX, fig. 4).

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APPAREIL DIGESTIF DES ORTHOPTÈRES. 135

Le gésier de l’Eremus spinulosus diffère complètement, par sa forme, de celui des Gryllacris. C’est un organe ovoïde et pourvu en avant d’un court pédoncule cylindrique recourbé. Ses parois, bien qu'assez épaisses, ne sont recouvertes que d’une armature chilineuse beaucoup moins puissante que celle des autres Gryllacris. On y constate l'existence de six colonnes longitudinales, séparées par des dépressions peu profondes, renfermant une tigelle rectangulaire cornée. Chaque colonne porte trois rangées de dents. Les rangées latérales comprennent chacune huit denis, sortes de tuber- cules prismatiques, à base élargie et recouverte de longues soies, et à sommet chilineux émoussé. Les dents médianes, au nombre de dix à douze, sont constituées par des tuber- cules triangulaires recouverts d’une lamelle cornée. Elles portent deux tubercules latéraux et un tubercule médian à pointe mousse.

Les appendices intestinaux (V. PI. IX, fig. 11), moins volumineux que ceux des Gryllacris, ont la forme de deux pelits sacs presque cylindriques, légèrement recourbés et entourant le gésier. Ils présentent intérieurement deux replis divisant la cavité centrale en {rois compartiments communi- quant extérieurement entre eux (V. PL IX, fig. 11).

L'intestin moyen des Gryllacris, beaucoup plus court que celui des Gryllidæ, est dépourvu de papilles coniques in- ternes. Les parois externes sont lisses et les internes pré- sentent seules de légères striations irrégulières. Enfin, une valvule postérieure le sépare de l'intestin terminal. Les tubes de Malpighi, qui sont au nombre de 80 à 100, for- ment quelquefois deux touffes s’ouvrant au sommet de deux bourrelets arqués qui entourent en partie l’origine de l'intestin postérieur. Dans la plupart des cas cependant, ces organes débeuchent au sommet d’un tubercule hémisphérique unique (V. PL X, fig. 1). Ce tubercule, qui n'est qu'une simple évagina- tion intestinale, nous conduit immédiatement au canal commun ou uretère que l'on constate chez les Gryllidæ. 1 suffit, en effet, de supposer que l’évagination conique des Gryllacris

136 L. BORDAS.

s’allonge progressivement jusqu’à arriver à la formation du canal impair des Gryllotalpa. L'inteslin moyen des Eremus est droit et très court. L’intestin terminal esi également rec- liligne et reçoit, à son origine, les tubes de Malpighi, dis- posés en quatre ou cinq groupes, allant déboucher au som- met de petits tubercules, produits par des évaginations en doigt de gant de l'intestin. Cette disposition est un peu dif- férente de celle que nous offrent les Gryllacris, qui ne pos- sèdent généralement qu’un faisceau unique de tubes urinaires. La surface externe de l'organe est lisse, tandis que l’interne présente de nombreuses strialions (Gryllacris). L’intestin se termine par une valvule irrégulière due à la juxtaposition de plusieurs bourrelets.

Le rectum est très volumineux, allongé, fusiforme (Grylla- cris, Eremus) et parcouru longitudinalement par six ban- deletles ovoïdes, sorles de glandes rectales, analogues à celles des Hyménoptères. Son extrémité postérieure se pro- longe par un court pédicule cylindrique, légèrement recourbé et allant s'ouvrir au dehors par l’orifice anal (Eremus).

HISTOLOGIE DE L'APPAREIL DIGESTIF DES LOCUSTIDÆ.

CV. PL VIE, fig. 9 PEN ie 16 etes GPL el Pl: X; fig. 5, 09%et 11)

L’æœsophage et Le jabot présentent, chez les LocusripÆ, à peu près la même structure histologique.

Le 7abot est un volumineux organe à parois minces, pourvu intérieurement de nombreux plissements longitudi- naux. Une membrane chtineuse, transparente et égale en épaisseur à la moitié de la paroi, recouvre toute sa surface interne. Elle porte de fines denticulations coniques, à pointe recourbée en arrière, abondantes surtout au sommet des bourrelels. Au-dessous de cette membrane, existe la couche des cellules chitinogènes. Ces dernières, à contours peu apparents, sont les unes aplalies et les autres cubiques.

APPAREIL DIGESTIF DES ORTHOPTÈRES. 127

Elles renferment un gros noyau plurinucléolé et un proto- plasme sombre et granuleux. Vient ensuite la couche mus- culaire circulaire ne renfermant que deux assises de muscles. Les muscles longitudinaux, extérieurs aux précédents, ne comprennent qu'un très petit nombre de faisceaux. Enfin, le tout est recouvert par une très mince {unique péritonéale (VoPI VIT, fig. 6).

Le gésier des LocusrinÆ, de forme ovoïde, est remar- quable par l'épaisseur de ses parois et la puissance de son armalure chitineuse interne. Une coupe transversale faite dans la région médiane de l'organe, chez le Decticus albi- frons, présente à considérer, en allant de l'extérieur à l’in- lémeur (NV. PISVIE, fig. 9) :

Une tunique ou membrane péritonéale externe, très mince :

Une couche musculaire, formée par une série de fais- ceaux disposés longitudinalement et placés à peu de distance les uns des autres;

Des faisceaux musculaires annulaires, comprenant 6 ou 7 assises disposées parallèlement les unes au-dessous des autres et constituant, de la sorte, l'enveloppe la plus puissante et la plus épaisse de toutes celles qui entourent le gésier. Chaque assise est très nettement visible sur les coupes et porte, de distance en distance, de nombreux noyaux ovalaires. Un certain nombre de ces faisceaux se prolon- gent jusque dans les dents médianes;

4 L'assise des cellules chitinogènes. Celles-ci sont cubi- ques ou aplaties dans les dépressions comprises entre les colonnes dentifères, mais deviennent coniques ou cylin- driques au-dessous des dents et des denticules. Les noyaux sont volumineux, sphériques, granuleux et appliqués contre la face interne:

La couche chitineuse interne, épaisse, transparente, irrégulière et denticulée au sommet des grosses dents mé- dianes. Sur les dents latérales, elle se prolonge en longues soies cornées dirigées en arrière. Elle augmente considé-

1358 L. BORDAS.

rablement d'épaisseur sur les côtés el au sommet des dents médianes. Dans ces régions, elle prend une coloration jau- nâtre et émet des dentelures puissantes el à pointe acérée. Sur les lamelles chitineuses situées au fond des dépres- sions comprises entre deux bandelettes masticatrices, elle s'épaissit et présente de légères sinuosités.

Les appendices ou cæcums intestinaux (NV. PI. VITE, fig. 8 et PI. IX, fig. 10) des Locusrinæ affectent la forme de larges expansions sacciformes insérées à l’origine de l'in- teslin moyen et entourant les bords latéraux du gésier. Leurs parois sont minces et d'apparence blanchâtre et leur face interne est des plus irrégulières. Extérieurement, on aperçoit une série de côtes longitudinales très sinueuses. De la face interne de la paroi en contact avec le gésier, partent une série de replis, en nombre variable suivant les espèces (5 chez le Decticus verrucivorus), plus ou moins allongés, sinueux et divisant la cavité interne en un cer- tain nombre de loges ou chambres incomplètes communi- quant toutes entre elles par leur côté externe (V. PI. IX, fig. 10). L'épithélium de ces replis, ainsi que celui du reste de l’organe, est, de tout point, identique à celui de l'intes- lin moyen. Aussi, nous basant sur l'identité de structure épithéliale et sur la présence de semblables replis, consi- dérons-nous les appendices latéraux des Orthoptères comme de sonples diverticules glandulaires de l'intestin moyen. Gra- ber et Plateau, s'appuyant sur des considérations d’un tout autre ordre, les regardent, au contraire, comme des organes sécrétoires à grande surface, produisant un liquide par- ticulier jouant probablement un certain rôle dans la diges- lion intestinale.

Au point de vue histologique, ces appendices compren- nent, de dehors en dedans :

1” Une tunique périlonéale ou enveloppe externe, très mince ;

Une couche, également fort mince, constituée par une série de faisceaux musculaires longiludinaux ;

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APPAREIL DIGESTIF DES ORTHOPTÈRES. 139

Une membrane formée par une ou deux assises seule- ment de muscles circulaires :

% Une couche basilaire très ténue, servant de support à l’épithélium glandulaire cilié (V. PI. VIIL, fig. 8). Ce dernier présente, sur chacun des prolongements internes ou bourre- lets longitudinaux, une série de petits replis séparés par des dépressions peu apparentes, au fond desquelles existent plu- sieurs assises cellulaires superposées. Partoul ailleurs, l’épi- thélium ne comprend, en général, qu'une couche unique de longues cellules cylindriques, légèrèement élargies à leur extrémité libre, renflées vers leur milieu et amincies à leur base. Leur sommet est recouvert par une couche rectan- gulaire de cils courts et serrés, affectant, grâce à leur dis- position régulière et symétrique, la forme d’un pinceau ou d’une brosse. Un examen rapide pourrait faire confondre facilement le revêtement cilié avec un plateau strié; mais l’observalion des cellules isolées fait, de suite, rejeter l’idée d’un plateau. Si l’on avait, en effet, affaire à ce dernier, chaque cellule, en se séparant de ses voisines, entraînerail une partie du revêtement chitineux général. Tandis que, dans l’épithélium des cæcums intestinaux, rien de pareil : chaque cellule détachée accidentellement de l’assise em- porte son revêtement cilié propre, à limites latérales très nettes. Le noyau cellulaire est sphérique, volumineux et contient plusieurs nucléoies, dont l’un dépasse de beaucoup en volume ses congénères (V. PI. X, fig. 11). Le proto- plasme est finement granuleux aulour du noyau et réticulé dans le reste de la cellule. On ne constate, en général, qu'une assise cellulaire unique. Pourtant, on observe par- fois, surtout dans les dépressions comprises entre les replis secondaires, deux et quelquefois même trois couches de cellules. Ces dernières, à différents stades de leur évolu- lion, servent à remplacer les cellules externes au fur et à mesure de leur disparition. Ces cellules externes, qui m ont semblé nettement sécrétantes, s'ouvrent à un mo- ment donné, versent leur contenu dans la cavité du cæcum

140 L. BORD AS.

et sont remplacées par les cellules de l’assise sous-jacente (NE PI. IX, fig, AOL Gr me

L'intestin moyen à une structure caractérisée par l’épais- seur de ses parois musculaires et la présence de bourrelets épithéliaux internes. L’organe tout entier est enveloppé par une membrane ou tunique péritonéale. Au-dessous de celle dernière, se trouvent disposés en contact une série de faisceaux musculaires longitudinaux, constituant une assise continue. Viennent ensuite les muscles circulaires rangés suivant plusieurs couches et envoyant des prolon- gements dans l’axe des replis épithéliaux internes. Ces der- niers sont constitués par de nombreuses cellules cylindri- ques entre les replis et légèrement coniques à leur sommet. Au fond des bourrelets, existent plusieurs assises cellulaires dont les inférieures servent à régénérer les plus externes. La surface libre des cellules est recouverte d’une assise ciliée. Enfin, séparée de l’épithélium par un espace plus ou moins large et irrégulier, existe la coupe de la mem- brane périlrophique, signalée par Schneider chez certains Arthropodes. La section de cette membrane est sinueuse et plissée (V. PI. X, fig. 9).

L'intestin terminal est surtout caractérisé par ses six replis longitudinaux internes et par la régularité de son épithélium. Ce dernier est constitué par une assise unique de cellules rectangulaires à gros noyau sphérique pluri- nucléolé. Le protoplasme, très clair dans la zone péri- nucléaire, présente une série de striations très irrégulières vers le bord externe de la cellule. L’épithélium est recou- vert d’une épaisse membrane chitineuse. (transparente, à bords parallèles et parfois sinueux. A l'extérieur, vient une couche musculaire annulaire très mince, enveloppée elle- même par la couche musculaire longitudinale. Cette der- nière ne comprend qu’un pelit nombre de faisceaux grou- pés en face des dépressions comprises entre les bourrelets internes. Enfin, le tout est recouvert par la membrane péri- tonéale externe, très mince. On rencontre parfois de nom-

APPAREIL DIGESTIF DES ORTHOPTÈRES. 141

breux tubes trachéens entre les bourrelets et les parois externes (V. PI. X, fig. 5).

RECTUM ET GLANDES RECTALES (V. PL IX, fig. 3).

Le rectum du Decticus verrucivorus, de forme ovale, porte six longs bourrelets fusiformes, très apparents extérieure- ment, que nous avons désignés sous le nom de glandes rectales. Ces organes sont constants chez tous les Orthoptères et présentent, dans les diverses familles de cet ordre, à peu près la même disposition, sauf chez les Forficulidæ, ils affectent une forme sphérique, sont placés suivant deux ran- gées circulaires et alternent d’une rangée à l’autre. Ils sont équidistants et occupent, en général, toute la longueur du rectum. Chez les Truxalis, ils sont remarquables par leur longueur considérable. Les glandes rectales sont caractéri- sées par l’énorme développement de l’assise épithéliale for- mée par de grosses cellules rectangulaires, à volumineux noyau central plurinucléolé. Leur protoplasme est peu gra- nuleux et présente une apparence réticulée ; parfois, autour du noyau, existe une auréole blanchâtre. Sur une coupe transversale, ces glandes se présentent généralement sous une forme conique (Decticinæ) ou légèrement arrondie (For- ficuhdæ). Entre l’assise épithéliale et la couche musculaire externe, existe un espace triangulaire ou demi-circulaire contenant de nombreuses ramifications {rachéennes et quel- ques fins filets nerveux. Les cellules sont recouvertes par une membrane chitineuse, généralement unie et à faces parallèles (V. PL IX, fig. 5).

Ces organes, dont la signification morphologique et sur- tout les fonctions sont encore énigmatiques, ont élé aper- çus et décrits pour la première fois, chez l’Abeille, par J. Swammerdan (1). Suckow (2) les a désignés, chez la

(1) Bibel der Natur., Taf. XVII, fig. 1. (2) Hensinger's Zeitschrift, Bd. III.

142 L. BORDAS.

Vespa crabro, sous le nom de gonflements calleux. Brandt et Ratzeburg (1), Burmeister (2), elc..., n’en parlent que d’une façon accidentelle. Léon Dufour (3) cite ces organes chez les Hyménoptères, les Orthoptères, etc... et les dési- gne sous les noms de boutons charnus et de bandes muscu- laires. Treviranus (4) et Newport (5) les appellent des protu- bérances glandulaires. Le premier avait constaté leur présence chez les Papillons.

Les divers auteurs que nous venons de citer n’avaient décrit les bourrelets du rectum que d’une façon fortuite el tout à fait accessoire ; mais Leuckart (6) reprend plus com- plètement cette étude, constate la présence des replis rec- taux chez la plupart des Insectes, les considère comme de nature glandulaire et les désigne sous le nom de y/andes rectales.

Leydig (7) est le premier zoologiste qui se soit occupé de l'étude histologique des papilles rectales des Insectes, en prenant comme type la Musca vomitaria. Continuant ses recherches sur le même sujet, il a étudié, dans la suite, les replis du rectum chez beaucoup d’autres Hexapodes. Cet auteur attribue à ces replis ou bourrelets une fonction res- piratoire ; puis, frappé par certains rapports de structure histologique, il les compare aux replis épithéliaux (4ran- chies trachéennes) des larves de Libellules.

Weismann (8), dans son étude sur le développement de la Musca vonatoria et de la Sarcophaga carnaria, se pro- nonce contre la nature glandulaire des replis du rectum de la plupart des Insectes, sans cependant faire la moindre hypothèse sur leurs fonctions.

(1) Zoolog. medic., Bd. II, von der Honigbiene. (2) Handbuch, Bd. I. (3) Recherches anatomiques sur les Orthoptères, présentées à l’Académie des sciences le 3 mars 1834. (4) Verm. Schriften, Bd. I. (5}Cyclon., Vol IT, p.470, (6) Lehrbuch der Zootomie. (7) Lehrbuch der Histologie, S. 337 (8) Enthwicklung der Dipteren.

APPAREIL DIGESTIF DES ORTHOPTÈRES. 143

Gegenbaur (1) considère les glandes rectales comme des rudiments, des vestiges de branchies trachéennes. Il pense que les bourrelets rectaux respiratoires des larves de Libel- lules et les bourrelets non fonctionnels des Insectes terres- tres, sont les derniers vestiges, les formes atrophiques des branchies trachéennes, qui élaient les seuls organes primi- üfs de la respiration des Insectes. Pourtant, si la théorie de Gegenbaur était exacte, si les glandes rectales n'étaient que des rudiments de trachées branchiales, on devrait trou- ver ces organes beaucoup plus répandus chez les larves que chez les Insectes parfaits.

Carl Chun (2), dans sa très intéressante étude sur les glandes rectales des Insectes, constate que les très nom- breuses ramifications trachéennes qu’on rencontre autour des bourrelets rectaux ne peuvent servir à étayer une théo- rie sur la respiration du rectum, attendu qu’on observe, autour des conduits ovariens et de certains cæcums intes- finaux, d'aussi nombreux tubes respiraloires. Au con- traire, dit-il, la présence de ramifications trachéennes et de filets nerveux semble indiquer une plus grande acti- vité sécrétrice. Pour cet auteur, les bourrelets du rectum sont des glandes unicellulaires groupées, intermédiaires, par leur forme, entre les vraies glandes et les surfaces glan- dulaires planes. Pour notre part, l’élude histologique que nous avons faite de ces organes sur de nombreux types d'Orthoptères (Forficula, Mecosthetus, Stenobothrus, Decti- cus, Gryllus, Gryllotalpa, etc.), nous fait ranger de son avis et accepter son hypothèse.

Les glandes rectales du Decticus verrucivorus, vues en coupe transversale, présentent une forme triangulaire et comprennent une assise de grosses cellules rectangulaires, à novau central sphérique ou légèrement allongé et conte- nant de nombreux nucléoles très apparents (V. PI. IX, fig. 5).

(1) Vergl. Anatomie. À | (2) Ueber den Bau, die Entwicklung und physiol. Bedeuntung der Rectal- drüsen bei den Insekten ; in Abhand. Senckenb. Naturfor, Gesell. 10, 1876.

144 L. BORDAS.

Ces noyaux sont généralement entourés d’une auréole blan- châtre. Le protoplasme cellulaire présente, vers le bord ex- terne de chaque cellule, une structure réticulée, et forme, en avant, une série de striations irrégulières et arbores- centes, laissant entre elles des espaces vides. L’assise cellu- laire est recouverte par une membrane ou inlima chitineuse, généralement mince, peu sinueuse et à faces parallèles. On compte en moyenne, sur une section transversale, de 40 à 50 cellules entrant dans la constitution d’une glande rectale. Dans les sillons compris entre deux bourrelets, la hauteur des cellules diminue brusquement, et ces dernières consti- tuent alors l’assise chitinogène. Dans l’espace angulaire limité, des deux côtés, par les cellules des glandes rectales, on constate, au milieu du tissu conjonctif, un réseau très compact de filaments irachéens de différents diamètres, dont les dernières ramifications pénètrent même jusqu’à la base des cellules. Enfin, l’ensemble de l'organe est enveloppé par une couche de fibres musculaires circulaires très minces et, à l’extérieur, par des muscles longitudinaux, localisés surtout en face des sillons interglandulaires.

En résumé, le RECTUM présente à considérer, en allant de l'intérieur à l’extérieur : une membrane ou intima chiti- neuse ; une assise cellulaire ; du tissu conjonctif et des faisceaux trachéens ; des muscles circulaires, et des faisceaux musculaires longitudinaux et une membrane ou tunique périlonéale externe très mince.

RÉSUMÉ. L'appareil digestif des Locusrinz est sur- tout caractérisé par ses nombreuses circonvolutions, sa lon- gueur, l'énorme développement du jabot et la forme toute particulière qu'affectent les cæcums intestinaux, qui sont pairs et donnent, à la région médiane de l’organe, une apparence cordiforme.

Les glandes salivaires sont, chez toutes les espèces, très volumineuses, mais acquièrent surtout leur maximum de développement chez les Deelicinæ. Elles sont paires el cons- liluées par une série de grappes localisées dans les deux

APPAREIL DIGESTIF DES ORTHOPTÈRES. 145

premiers segments thoraciques, de part et d'autre du jabot. Chaque grappe comprend un grand nombre d’acini glandu- laires sphériques, recouverts intérieurement par une couche de cellules sécrétrices limitant une cavité centrale qui se con- tinue par le lumen du canalicule excréteur. Chaque grappe se prolonge par un canal excréteur qui monte parallèlement à l’œsophage el va se fusionner à son congénère pour cons- tituer un conduit efférent, large et court, allant s'ouvrir en avant de la bouche, vers la base de la lèvre inférieure. Aux glandes salivaires sont adjoints deux réservoirs sali- vaires, sortes de sacs plus ou moins volumineux qu’on trouve chez toutes les espèces.

Le abot et l’œsophage affectent la même forme et pré- sentent la même structure dans toutes les tribus de la fa- mille des Locustidæ. Ce sont deux organes tubuleux, courts, unissant le pharvnx au Jabot.

Le jabot est remarquable par son énorme développement. C'est un organe sacciforme, volumineux, remplissant la plus grande partie de la cavité thoracique. Ses parois ‘ex- ternes sont minces, tantôt lisses et tantôt plissées suivant son état de réplétion ou de vacuilé. Elles sont recouvertes intérieurement par une membrane chitineuse présentant une série de plis longitudinaux et portant de petites denticules coniques à sommet dirigé en arrière. L’orifice terminal est généralement situé au milieu de la face postérieure et n’est légèrement excentrique que chez quelques Gryllacrinæ. Le jabot est uni au gésier par un pédoncule plus ou moins long suivant les espèces. IL est très court chez Ia Sa/omona.

Le gésier est un organe dont la forme et surtout la struc- ture interne sont très variables chez les Locustidæ. Il est rudimentaire chez les Pseudophyllinæ et les Ephippigerinæ, il affecte la forme d’une masse presque cylindrique, pourvue d'un pédoncule antérieur la rattachant au jabot el enveloppée de toutes parts par de volumineux cæcums intes- linaux. Le pédoncule est pourvu intérieurement de six

bourrelets longitudinaux venant du jabot et portant de ANN. SC. NAT. ZOOL. v, 10

146 L. BORDAS.

petits tubercules crochus el cornés, simulant des dents. L’ar- mature chitineuse interne du gésier est composée de six bandelettes parallèles portant chacune trois rangées longi- tudinales de plaquettes ou denticules chitineuses. Chez les Ephppigerinæ, les plaquettes cornées sont remplacées par de véritables dents. Le gésier des Mecopodinæ occupe une position intermédiaire entre celui des Ephippigers et celui des Dectiques. Son armature chitineuse interne comprend six colonnes dentifères portant chacune trois séries de dents. Mais, c’est surtout chez les Locustinæ, les Conocepha- line el les Gryllacrinæ que le gésier atteint son maximum de développement et de complexité. Le pédoncule antérieur du gésier du Decticus est doublé intérieurement de six bourrelets chitineux, continuation de ceux de la face posté- rieure du jabot, portant chacun six tubercules recouverts de nombreuses soies sur leur pourtour. Les parois de la région

médiane de l’organe sont très épaisses et portent intérieure-

ment de puissantes dents chitineuses disposées suivant six séries ou colonnes longitudinales, séparées les unes des autres par autant de profondes dépressions. Les dents de la région médiane de chaque colonne sont triangulaires et den- ticulées sur leur bord ; celles des deux rangées latérales sont tronconiques et pourvues de nombreuses soies basi- laires.

Les appendices intestinaux, qu'on peul considérer comme des diverticules latéraux de l'extrémité antérieure de l'in- testin moyen, sont des organes pairs, saceiformes, légère- ment recourbés, dirigés en avant et entourant les parois latérales du gésier. Leur morphologie externe présente peu de variétés chez les Locustidæ. Pourtant, ces organes sont caractérisés, chez les Cleandrus et les Platyphyllum, par la présence de deux prolongements postérieurs qui manquent complètement chez les autres espèces de la famille, sauf cependant chez la Salomona, l’on constate l'existence de deux petiles évaginations hémisphériques à l'extrémité postérieure des deux appendices normaux. Les appendices

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APPAREIL DIGESTIF DES ORTHOPTÈRES. . "41

intestinaux des Pseuaophyllinæ affectent la forme d’une main dont les doigts seraient soudés entre eux. Chacun d'eux est parcouru, d'avant en arrière, par six ou sept sillons séparés par des bourrelets parallèles. Chaque sillon correspond à une cloison interne. Il résulte, de ce cloisonnement, que la cavilé de chaque appendice est partagée en sept ou huit loges tubuleuses. Cette disposition si singulière permet de rattacher les Orthoptères à cæcums multiples, comme les Acridiens, les Blatüides, etc., aux Orthoptères à cæcums pairs, tels que les Decticinæ, les Gryllidæ, etc. Chez toutes les autres Locustidæ, les appendices ne présentent qu’une cavité unique partagée par des cloisons internes plus ou moins développées.

L'intestin moyen el l'intestin terminal ne présentent aucun caractère bien saillant. Ce sont des tubes cylindriques, à parois internes plissées, portant des bourrelets épithéliaux disposés longitudinalement et pourvus de circonvolutions plus ou moins nombreuses suivant les espèces.

Les tubes de Malpighi sont très nombreux chez tous les Locustidiens. On en compte ordinairement de 100 à 120. Ce sont des organes allongés, cylindriques, filiformes et disposés en plusieurs faisceaux recouvrant une parlie des organes internes abdominaux. Chez certaines espèces (Dec- tiques, Locustes, Conocephalus, ete.), ils forment deux touffes fixées au sommet des appendices intestinaux. Ils vont déboucher à l’origine de l'intestin terminal par l’intermé- diaire de six tubercules coniques, plus ou moins courts sui- vant les espèces. Les Gryllacrinæ n’ont qu'un ou deux tu- bercules, et ce caractère permet de raitacher les Locustidæ aux Gryllidæ.

Le rectum est un organe ovoïde, à parois épaisses et pour- vues intérieurement de six bourrelets longitudinaux fusi- formes, dus à des épaississements de l’épithélium et compa- rables, par même, aux glandes rectales des Hyménoptères.

148 L. BORDAS.

CHAPITRE VIT

APPAREIL DIGESTIF DES ORTHOPTÈRES DE LA FAMILLE DES GRYLLIDÆ.

(V. PL X, fig. 10, 12 et 13: PL. XI, fig. 1 à 12 et PI. XIL)

Marcel de Serres (1) et Léon Dufour (2) ont étudié, d’une facon très sommaire, l'appareil digestif des Gryllus cam- pestris. Mais leur descriplion, forl incomplète, présente quelques erreurs. Plus récemment, une très bonne étude anatomique du Grillon des champs a été faite par Berlese (3).

Dans notre élude d'ensemble, nous nous sommes surtout attaché à montrer les rapports que l'organe de la digestion présente avec celui des autres Orthoptères.

Nous avons divisé notre chapitre sur la famille des GRYLLIDÆ en rois parties el éludié successivement les cinq espèces suivantes : Gryllus campestris (Latr.), Gryllus do- mesticus (Latr.), Nemobius sylvestris (Fabr.), Brachytrypes ou Brachytrypus membranaceus (Drury) et Gryllotalpa vulgaris (Latr.).

PREMIÈRE PARTIE. Gryllus campestris (Latr.), Gryllus domesticus (Latr.), Nemobius sylvestris (Fabr.). (V. PI. X, ue2,104et13;/2Pl XL8%2, 4,06, 1081012

L'apparel digestif du Gryllus campestris et celui du Gr. domesticus présentent, au point de vue morphologique, des caractères à part et fort différents de ceux du Brachy- trypes el de la Gryllotalpa. Ces différences portent princi- palement sur la forme du jabot, la structure du gésier el celle des intestins moyen et terminal. Les NVemobius, très voisins des Gryllus, possèdent un appareil digestif qui pré-

(1) Observations sur les usages des diverses din du tube intestinal des Insectes, in Ann. du Muséum, 1813.

(2) Comptes rendus de l Académie des sciences, 1834.

(3) Osservazioni sulla anatomia descrittiva del Gryllus campestris, in Atti Soc. Ven-Trent. Padova. Vol. VIT, fase. IT.

: es

APPAREIL DIGESTIF DES ORTHOPTÈRES. 149

sente, avec celui de ces derniers, les plus grandes analogies. Les glandes salivaires du Gryllus campestris(V. PI. XT, fig. 2) sont bien développées et s’étendent,de la régionoccipitale dela tête, jusqu'au milieu du métathorax. Elles sont construites sur le typegénéral des glandes salivaires des autres Gryllidæ, mais elles en diffèrent cependant par la forme et la disposition des réservoirs salivaires. L’organe comprend deux grappes volumineuses, formant deux massifs principaux, localisées aux régions médianes du prothorax et du mésolthorax. Les deux grappes sont symélriques par rapport à l’axe du corps et reposent directement sur la paroi inférieure thoracique, au-dessus du système nerveux. La partie postérieure de chaque glande est massive, épaisse, amincie sur ses bords et émet deux prolongements glandulaires, l’un sur les pa- rois latérales du jabot et l’autre jusque dans le tiers anté- rieur du métathorax. Les acini terminaux consistent en une masse ovoïde, creuse à l’intérieur et tapissée, sur ses parois latérales, par une couche unique de cellules sécrétantes cylindriques. De chaque acinus part un canalicule excréteur très court. C’est de la réunion de tous les canalicules que résullent les deux conduits efférents de la glande. Ces con- duits vont déboucher dans les réservoirs salivaires. Ces der- niers sont pairs et affectent la forme de deux sacs volumineux très allongés. Leurs parois externes sont lisses, mais pré- sentent parfois une série de boursouflures, donnant ainsi à l'organe une apparence irrégulière. A l'intérieur existent des anneaux chitineux spiralés, analogues à ceux des con- duits trachéens. Les deux réservoirs vont déboucher dans un conduit unique fort court, s’ouvrant à la base de la lèvre inférieure, en avant de l’orifice buccal (V. PI. XI, fig. 2). Le pharynzx du Gryllus campestris et celui du Gr. domes- ticus sont des organes tubuleux, à parois plissées, entière- ment logés dans la région céphalique. Ils commencent à la bouche, cavité ovale limitée en haut par le labre et latérale- ment par les mandibules et les mâchoires, et se continuent jusqu’à l’œsophage. Leur face inférieure repose directement

150 L. BORDAS.

sur une lamelle chiltineuse, concave supérieurement et ti- rant son origine de la région postérieure céphalique. Leurs parois sont très épaisses et servent d'insertion à de nom- breux faisceaux musculaires qui vont se fixer, soit aux parois latérales, soit aux parois postérieures céphaliques. C'est à la face supérieure que les muscles sont le plus nombreux. La face interne est parcourue par des bourrelets longitudi- naux, séparés par des sillons parallèles. Le pharynx des Nemobius est beaucoup plus court que celui des Gryllus. I est logé dans les deux liers antérieurs de la région cépha- lique et raltaché aux parois latérales par de nombreux faisceaux musculaires.

Chez les Gryllus, V'æsophage fait directement suite au pharynx sans ligne de démarcation bien nette. Il est entière- ment localisé dans le prothorax. Ses parois externes, comme celles du pharynx, sont lisses et recouvertes par de nom- breuses ramifications lrachéennes, tandis que les internes présentent de légers plissements. L'œsophage du MNemobius sylvestris est long, cylindrique, sinueux et s'étend jusqu’à la partie antérieure du mésothorax. Il se dilate ensuite peu à peu et se continue avec le jabot, presque sans ligne de dé- marcation (V. PI. X, fig. 2).

Le abot du Grillon des champs est un organe volumineux, piriforme, occupant la presque totalité de la région médiane des deux derniers segments thoraciques. L'organe est légè- rement asymétrique et présente latéralement un cul-de-sac ou boursouflure plus ou moins prononcée. Pareille disposi- lion n'existe ni chez la Gryllotalpa, n1 chez la plupart des autres Gryllides, le Brachytrypes membranaceus,par exemple. Chez la Gryllotalpa, on observe une panse, de forme ovoïde ou hémisphérique, paraissant comme suspendue aux parois de l'œsophage. Chez la plupart des autres Grylhdæ, l'organe est symétrique par rapport à l'axe du corps de l’insecte, et l'orifice terminal est situé au centre de la face postérieure. Le jabot est placé au-dessus du système nerveux et repose sur le faisceau médian des glandes sâlivaires, tandis que ses

APPAREIL DIGESTIF DES ORTHOPTÈRES. 151

parois latérales sont recouvertes par les gros muscles tho- raciques, moteurs des ailes et des pattes. Dans l’état de ré- plétion de l'organe, la bosselure latérale est bien accusée et l'on peut facilement reconnaîlre que le pédicule qui l’unit au gésier se détache d’un point excentrique de sa face posté- rieure. Les parois externes du jabot sont à peu près lisses et sillonnées par d'innombrables rameaux trachéens, tandis que les internes sont parcourues par de nombreux replis. Ces derniers, étroits et peu accusés dans la région anté- rieure, vont s'élargissant peu à peu et convergent de façon à ne former qu’un petit nombre de plissements allant aboutir à l’orifice postérieur. Ce dernier communique, non pas directement avec le gésier, mais avec un pédoncule cvylin- drique, légèrement recourbé et long de 5 à 7 millimètres. Ce pédoncule peut donc être considéré comme un prolonge- ment antérieur du gésier. Les parois du pédoncule sont épaisses, musculaires et lisses extérieurement. A l'intérieur, elles présentent une série de replis longitudinaux, irrégu- lers et portant, disposées transversalement, des toulfes de poils chitineux. Ces derniers, vus à un fort grossissement microscopique, affectent l’apparence de denticules aplaties. On compte, sur chaque repli longitudinal, de six à huit touffes semblables et chaque toufle présente trois régions, une médiane et deux latérales, les soies sont plus spé- cialement concentrées. Dans la partie médiane, elles sont disposées suivant un espace triangulaire, et sur les côtés très irrégulièrement. Les soies chitineuses sont générale- ment courtes, amincies au sommet et dirigées vers le jabot. Parfois, dans la fouffe médiane, un certain nombre de soies se soudent entre elles et constituent, de la sorte, une lan- guette aplatie, échancrée vers sa base et denticulée latérale- ment (V. PI. XI, fig. 10). Ces plages transversales sétigères s'élargissent à mesure qu’on se rapproche du gésier et dis- paraissent totalement vers le bourrelet terminal qui limite la portion antérieure de ce dernier organe. Cet orifice est étroit, irrégulier et bordé par six bandelettes coniques pro-

152 L. BORDAS.

duites par les extrémilés terminales des replis que nous venons de décrire. Ce pédoncule, par sa structure et la pré-

sence de replis longitudinaux, doit êlre considéré comme

une dépendance, non pas du jabot, mais du gésier.

Le yabot du Gryllus domesticus affecte à peu près les mêmes dispositions que celui du Gr. campestris. L'organe est volumineux, piriforme, allongé et occupe la presque 1o- talité des deux derniers segments thoraciques. Ses parois externes sont lisses et recouvertes dorsalement et latérale- ment par quelques grappes des glandes salivaires. La face interne présente une série de plis longitudinaux qui vont en s’accentuant de plus en plus dans la région postérieure. Chez le Nemobius sylvestris (1), le jabot, quand il est com- plètement distendu par les matières alimentaires, s'étend jusque dansles deux premiers segments abdominaux.Comme chez l'espèce précédente, on rencontre à l’intérieur de l’or- gane une série de plissements longitudinaux qui vont con- verger vers l'orifice postérieur, déjeté sur le côté. Un peu avant cet orifice, les divers replis se fusionnent pour former finalement six bourrelets, pourvus de deux ou trois pelites pointes chitineuses qu’on peut considérer comme les pre- miers degrés de l'armature maslicatrice si puissante du gésier. L'orifice, grâce à cette disposition, est pourvu d'une valvule étoilée à six branches.

Le gésier des Gryllus campestris présente, quant à ses dispositions générales, à peu près les mêmes caractères que celui de la Gryllotalpa ou du Brachytrypus. Il affecte une forme ovoïide ou légèrement sphérique et est enveloppé, à sa base.et sur ses côtés, par les deux larges appendices intestinaux. Ses parois sont musculaires et très épaisses ; sa face externe est lisse, mais parcourue par de nombreux faisceaux trachéens ; sur l'interne repose une puissante armature chitineuse, dont l’ensemble rappelle celle du Bra- chytrypus, avec cette différence que les dents médianes sont

(1) Pour l’ensemble de l'appareil digestif du Nemobius sylvestris, V. PI, X, fig. 2.

APPAREIL DIGESTIF DES ORTHOPTÈRES. 153

un peu moins volumineuses et un peu moins inclinées en arrière. Cette puissante armalure exerce une action tritu- rante sur les aliments et agit, à la facon d’une râpe, pour les broyer et les pulvériser. On constate, comme chez les autres Gryllidæ, l’existence de six colonnes, séparées les unes des autres par des ligelles ou bagueltes chitineuses, loca- lisées au fond de gouttières longitudinales profondes. Chaque colonne comprend trois rangées de dents (V. PI. XI, fig. 7).Les dents médianes sont formées de deux parlies : d’une racine, généralement courte, bifide et implantée presque perpendi- culairement aux parois du gésier et d’une tige munie de cinq pointes, dont une médiane et quatre disposées latérale- ment. La pointe médiane est triangulaire et chitineuse vers son extrémité terminale elle porte, de chaque côté, de trois à cinq denticules pointues et acérées. Elle est légère- ment recourbée en arrière, c'est-à-dire dans le sens de la progression des aliments. Des deux paires de pointes laté- rales, l’antérieure (celle tournée vers l'intestin) est oblique et terminée, à son extrémité, par une lame chitineuse et acérée ; elle se prolonge jusqu’à la racine, dont elle cons- titue l’une des branches. La pointe latérale postérieure est formée, au contraire, par une lame courbe qui va se fixer à la face postérieure de la dent (celle dirigée vers la bouche), et se termine, à son extrémité libre, par une lame chitineuse et acérée. De plus, elle se continue jusqu’à la racine dont elle forme une des branches. La pointe latérale posté- rieure, au contraire, est constituée par une lamelle courbe, allant se fixer à la face postérieure de la dent {celle tournée vers la bouche) et se termine, à son extrémité, par une la- melle à bord libre recourbé et portant des denticulalions très pointues. Entre les deux extrémités existe, dressée per- pendiculairement à la paroi du gésier, une masse musculaire, à bord libre courbe et chitineux, jouant le rôle de dent accessoire ou de support, et portant de nombreuses soies cornées sur son bord tourné vers l'intestin. Quant aux dents latérales (V. PI. X, fig. 13), elles affectent la forme de tuber-

154 L. BORDAS.

cules coniques el chilineux à leur sommet existe une pointe légèrement recourbée. En résumé, nous voyons que l'appareil masticateur des Gryllus est très compliqué et caractérisé par la présence de six colonnes longitudinales den- afères très puissantes (V. PI. XL fig. 7).

Le gésier n'est relié à l'intestin moven que par le prolon- gement de ses parois musculaires externes. Quant à l’orifice postérieur, il est muni de six lobes arrondis, blancs et mus- culeux, séparés par des sillons ou gouttières et faisant suite aux colonnes masticalrices.

Le gésier du Gryllus domesticus est à peu près semblable au précédent, avec cette différence que la dent médiane porte des tubercules latéraux munis de lamelles beaucoup plus fortes que chez le Gr. campestris. I en est de même de la pointe médiane, qui est beaucoup plus large à son som- met et munie de denticulalions latérales.

Chez le Nemobius, le gésier est muni d'un court et étroit pédoncule antérieur séparé du jabot par un repli circulaire exierne peu profond, correspondant à une valvule interne munie de six replis dus aux prolongements des bandelettes du col (V. PI. X, fig. 2). La face interne de ce dernier présente six longs bourrelets musculaires, dépourvus de plages sétigères transversales, contrairement à ce qui a lieu chez le Gryllus campestris. Chaque bourrelet présente une série de striations iransverses, divisant la colonne musculaire en un nombre de prismes ou denticules coniques, variant de huit à dix, dont la surface est recouverte d’une mince lamelle chitineuse. Les colonnes dentifères du gésier sont analogues à celles des Gryllus ; pourtant, les pointes médianes des dents centrales sont plus larges et munies d’un plus grand nombre de tu- bercules que celles de l'espèce précédente.

L'intestin moyen des Gryllus (ventricule chylifique de Du- four) est bien développé et décrit dans l'abdomen deux demi-circonvolutions, dirigées en sens contraire et affeclant la forme d'un $S. On peut le diviser en deux régions nette- ment distinctes par leur conformalion anatomique et leur

À | |

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struclure : une région antérieure en rapport avec le gésier et une région postérieure communiquant avec l'intestin termi- nal. L'intestin moyen émet, à son origine, deux volumineux appendices latéraux, sous forme de poches allongées en doigts de gant, terminés en cæcums à leur extrémité libre (V. PI. XI, fig. 11). Leur surface externe est lisse, mais parcourue par de nombreux faisceaux trachéens. De la face interne se dé- tachent des replis latéraux falciformes, divisant la cavité centrale en compartiments incomplets. Ces appendices (poches ventriculaires de Dufour) vont s'ouvrir dans un ves- tibule situé à l’origine de l'intestin moyen et limité, en arrière, par une valvule courbe marquant le point vient s'attacher la portion cylindrique de l'intestin moyen (V. PI. XI, fig. 11). Les deux cæcums intestinaux qui entourent le gésier ne sont nullement comparables, ainsi que le prétend L. Dufour, aux diverses pièces de l'estomac multiple des Ruminants, au feuillet et à la cailletle entre autres. Il y a nulle compa- raison à élablir entre les organes de certains Mammifères et ceux des Insectes, et les deux appendices en question ne sont que deux diverticules latéraux de l'intestin moyen: La pre- mière partie de l'intestin, d’une longueur de 9 à 11 milli- mètres, présente, dans sa structure et sa configuration, des caractères qui la différencient nettement de la portion termi- nale. Ses parois sont lisses et ne portent, tant à l’inté- rieur qu'à l'extérieur, ni papilles ni plissements. Elle affecte une forme cylindrique, et ses dimensions varient suivant son état de vacuité ou de réplétion. De nombreux tubes tra- chéens vont se ramifier à sa surface et la maintiennent, de la sorte, dans une position fixe. Enfin, à son extrémité ter- minale existe un léger bourrelet qui la sépare de la seconde portion de l'intestin.

La deuxième partie de l'intestin moyen présente, par sa forme el surtout par sa structure, des caractères que nous n avons encore rencontrés chez aucune autre espèce d'Or- thoptère. Ses parois sont beaucoup plus épaisses que celles de la portion précédente ; elles affectent une configuration

156 L. BORDAS.

irrégulière el boursouflée et offrent une organisation toute différente. La membrane interne présente, sur les deux cin- quièmes environ de sa surface, une série de plis tantôt obli- ques et Lantôt perpendiculaires à l'axe longitudinal de l’or- gane. Sur les lrois autres cinquièmes, elle est recouverte d’une série de papilles cylindriques, à sommet émoussé et disposées d’une façon irrégulière (V. PI. XI, fig. 4). Ces pa- pilles, au nombre de 60 à 80, affectent quelque ressem- blance avec les villosités de l'intestin des Mammifères el doivent jouer un grand rôle dans l’accomplissement des fonctions digestives. Elles sont nettement séparées les unes des autres, disposées irrégulièrement, peuvent facilement se détacher de la membrane adjacente et reposent, par leur base élargie, sur la paroi interne de l'organe, dans de petites dé- pressions peu profondes, semblables à des alvéoles. Ces papilles disparaissent complètement vers la portion terminale de l'intestin moyen, lequel porte en ce point un léger bour- relet circulaire marquant sa séparation avec l'intestin ter- minal. Ce bourrelet présente six replis longiludinaux, jouant le rôle de valvule, et séparés par un nombre égal de sillons parallèles.

Les cæcums intestinaux des Gr. domesticus sont aplatis et légèrement concaves sur leur face interne. La seconde par- lie de l’intestin moyen présente une série de boursouflures ressemblant à celles du gros intestin des Vertébrés. Les pa- rois internes sont recouvertes de nombreuses villosités ana- logues à celles des Gr. campestris, avec cette différence qu'elles sont moins nombreuses et disséminées sur la moitié seulement de la face interne. Chez le Nemolius, les appen- dices intestinaux sont recourbés en arc et entourent en partie le gésier. La cavité interne est très irrégulière et présente une série de replis longitudinaux la divisant en un certain nombre de petits compartiments incomplets (V. PI X, fig. 10). Ces plissements flexueux, au nombre de 4 à 6, se dressent perpendiculairement à la face interne de chaque appendice, se dirigent extérieurement el rappellent assez

née. tt

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bien, quand ils sont légèrement comprimés, l'apparence des divers feuillels d'un livre. L'intestin moyen comprend deux portions très nettes : une antérieure, lisse et cylindrique, en rapport avec les appendices intestinaux, el une postérieure, recourbée en demi-cercle. Les deux parties sont séparées par un repli circulaire correspondant à une valvule annu- laire interne (V. PI. X, fig. 2). La seconde partie de l'organe est pourvue de nombreuses boursouflures et de plissements disposés perpendiculairement à l’axe. Sa paroi inlerne est garnie, sur la moilié environ de sa surface, d’une série de villosités ou papilles en doigts de gant, analogues à celles que nous allons décrire chez les Gryllotalpa.

Les tubes de Malpighi de tous les Gryllidæ vont déboucher dans un canal collecteur commun (V. PI. XI, fig. 6). Cette disposition est générale dans cette famille, et nulle part, chez les autres Insectes, ces organes n’affectent un mode d’em- bouchure aussi net et aussi caractéristique. |

Chez les Gryllus campestris, les organes urinaires sont très nombreux (100 à 120) et mesurent chacun de 9 à 12 milli- mètres de longueur. [ls sont cylindriques, flexueux et termi- nés, à leur extrémité libre, par une pointe effilée, à sommet arrondi. Leur cavité centrale renferme un contenu Jaunâtre el granuleux, au milieu duquel on peut facilement irouver en abondance des cristaux prismatiques d'urate de chaux, d'urate de soude et d'acide urique. Ces tubes vont s'ouvrir dans un réservoir commun assez volumineux qu'on peut compa- rer au bassinet de l'appareil rénal des Vertébrés (V. PI. XI, fig. 6). Le réservoir collecteur est à parois minces, transpa- rentes et à contours très nels.

Il porte, en outre, des diverticules latéraux qui ne laissent pas de présenter quelque analogie avec les calices de l’appa- reil urinaire des animaux supérieurs. De ce réservoir com- mun part un conduit efférent unique, à parois musculaires, qu'on peut homologuer à l’uretère des Vertébrés. Ce con- duit, après un trajet flexueux de 12 à 15 millimètres, va déboucher à l'extrémité postérieure de l'intestin moyen,

158 L. BORDAS,

entre ce dernier et l'intestin terminal. L’excrétion de l’urine doit être intense, car l'organe forme, dans son ensemble, une énorme touffe de tubes qui remplit une partie de la ré- gion moyenne de l'abdomen et couvre de ses filaments la plus grande portion de l'intestin moyen et du gésier. Quand l'organe tout entier est étalé au milieu de l’eau, il présente l'aspect d’une large houppe flabelliforme. Les organes uri- naires du Gr. domesticus et du Nemobius sylvestris présentent à peu près les mêmes caractères.

L'intestin postérieur est relativement court (Gryllus) et dé- passe à peine le tiers de la longueur de l'intestin moyen. Il décrit une demi-circonvolution et porte, sur sa face interne, une série de plissements longiludinaux très irréguhers. L'organe se renfle à son extrémité postérieure pour consti- tuer une poche ovale, le eclum, présentant six longues co- lonnes, dues à un énorme épaississement épithélial. Au centre de ces colonnes existe un vaste réseau trachéen, indiquant que dans cette partie de l'appareil digestif les fonctions res- piratoires doivent êlre particulièrement intenses. L'intestin terminal du Vemobhius n'offre rien de particulier.

DEUXIÈME PARTIE. Prachytrypes ou Brachylrypus mem- branaceus (Drury). (V. PL. X, fig. 12; PI. XI, fig. 1, 3, 5, 8 CR 12)

L'appareil digestif du Brachytrypus membranaceus (4) se rapproche, par bon nombre de caractères, de celui de la Gryllotalpa. W en diffère pourtant par l’atrophie de l’œso- phage, l'énorme volume du jabot, la réduction des appen- dices intestinaux et surtout par la longueur et les circonvo- lutions de l'intestin moyen.

Le pharynx est court, cylindrique et repose, par sa face inférieure, sur une lamelle chitineuse, concave vers le haut, dirigée en avant et dépendant de la région postérieure de la tête. Les parois de l’organe sont épaisses et présentent intérieurement une série de six à huit plis longitudinaux,

(1) Pour l’ensemble de l'appareil digestif du Brachytrypus membranaceus, Ve PIS XI, fig. 1.

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séparés par des bourrelets parallèles (V. PI. XE, fig. 5). Les faces latérales et dorsales du pharynx reçoivent l'insertion d’un grand nombre de faisceaux musculaires, allant se fixer sur les parois postérieures de la tête.

En pénétrant dans le premier segment lhoracique, l'or- gane change brusquement de forme et de calibre : ses replis longitudinaux internes s'arrêtent brusquement et produisent un bourrelet circulaire auquel fait suite l’æsophage. Ce der- nier est très court et constitue une sorte d’isthme fort étroit, unissant le pharynx au jabot.

Le jabot des Brachytrypus est très volumineux et constitue un organe allongé, cylindrique à son origine, puis dilaté dans la suile et affectant alors la forme d’un tronc de cône. Il commence dans le quart antérieur du prothorax et s'étend jusqu'au premier segment abdominal. Situé dans l'axe du thorax, au-dessus du système nerveux, il est recouvert, à sa face supérieure, par une épaisse couche de {issu adipeux et des fibrilles musculaires. Au contact des parois latérales, sont de gros faisceaux de muscles destinés à mouvoir des ailes puissantes et des pattes de dimensions énormes (la der- nière surtout). Les parois du jabot sont minces, transpa- rentes, très élastiques el constituées par deux couches mus- culaires dont l’interne est la plus épaisse. Ses parois sont lisses extérieurement et recouvertes à l'intérieur par une membrane chitineuse pourvue de stries longitudinales. La portion terminale du jabot se rétrécit brusquement et s’unit au gésier par un étroit pédoncule qu'on peut considérer comme une dépendance de ce dernier.

Le gésier, qui est situé dans l’axe des deux premiers seg- ments abdominaux, présente de grandes analogies avec celui de la Gryllotalpa. West légèrement incliné sur le plan de symétrie du corps de l’insecte et affecte une forme ovoïde très régulière. En avant, il se continue par un court appendice tubuleux qui le rattache au jabot. Le pédicule antérieur est muni, à son origine, d’un orifice étoilé à six branches séparées par autant de valves qui, en s'appliquant

160 L. BORDAS.

l’une contre l’autre, ferment hermétiquement l’orifice. Des muscles latéraux effectuent le redressement des valves pour permettre le passage des aliments du jabot dans le gésier. À parlir de l’orifice, on voit apparaître six bandelettes longi- tudinales, striées transversalement et affectant de la sorte l'apparence d'une scie. Ces bandelettes acquièrent dans le gésier proprement dit une structure très compliquée. La partie centrale de l'organe mérile de nous arrêter un ins- tant, tant à cause de son importance que de sa complication anatomique. Sa forme esl celle d’un ellipsoïde, à grand axe dirigé d'avant en arrière, dont la paroi interne est recou- verle d’une armature chilineuse très compliquée, et que nous n'avons trouvée nulle part chez les autres Orthoptères, sauf chez la Courtilière, aussi complète et aussi propre à effectuer la triluration des aliments. En outre, la dispo- sition symétrique des faisceaux masticateurs par rapport à l'axe de l’organe, la façon élégante dont ils sont découpés, les fines dentelures latérales qu'ils présentent, en font un des appareils les plus curieux et les plus intéressants à étu- dier.

A la suite du court pédoncule antérieur qui fixe le gésier au jabot, on observe une brusque dilatation circulaire sur- montée par le rebord que produit le pédoncule (V. PI. XI, fig. 1). On arrive alors dans la cavité centrale, irrégulière à l'état normal, mais dolioliforme quand elle est débarrassée de son armature chilineuse. Celle dernière comprend six longues séries longitudinales de dents étroitement imbri- quées entre elles. Chaque série est séparée de sa voisine par une mince lamelle chilineuse parcourant l'organe dans toute sa longueur. Comme toutes les séries de dents sont iden- tiques, nous allons borner notre étude à la description de l’une d'elles.

Chaque groupe ou série longitudinale, de forme triangu- laire, allongée, élargie antérieurement et rétrécie en arrière, est formée par un grand nombre de dents juxtaposées entre elles. On distingue deux sortes de dents disposées en trois

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rangées longitudinales et parallèles : une rangée médiane, la plus large el de beaucoup la plus importante, et deux ran- gées latérales, dont les faces inlernes sont en partie recou- vertes par la série médiane et comprennent des dents de même forme. |

Les dents de la file médiane sont larges, fortes, résis- tantes, chitineuses, légèrement inclinées et à pointe dirigée en arrière, c’est-à-dire vers l’orifice intestinal (V. PI. XH, fig. 5, 8 et 12). Elles commencent immédiatement en ar- rière du rebord qui fait suite au pédoncule et s'étendent jusqu'à l'extrémité postérieure rélrécie du gésier. Le nom- bre des dents médianes que renferme chacune des séries longitudinales varie de seize à dix-huit. Chaque dent, à ra- cine double et à pointe tricuspide, est profondément enfon- cée dans un treillis alvéolaire reposant sur la couche musculaire externe. La racine a une direction presque horizontale et présente deux prolongements chitineux laté- raux, obliquement implantés dans les parois du gésier et réunis entre eux par de nombreux faisceaux musculaires. Chaque racine est recouverte par la suivante et présente, de la sorte, un remarquable degré de solidité. La cou- ronne ou parlie libre de la dent chitineuse est inclinée à angle obtus sur la racine et comprend trois pointes, une médiane et deux latérales. La pointe médiane, tout entière de nature chitineuse, est dure, résistante, de forme trian- gulaire et porte, sur ses bords latéraux, une série de 5 à 6 denticulations disposées comme les dents d'une scie. Cette partie médiane est légèrement recourbée en arrière, c'est-à-dire vers l’orifice intestinal et recouvre en partie, sans toutefois s'appliquer sur elle, la portion correspon- dante de la dent suivante. Chaque rangée ou série médiane se prolonge par un appendice musculaire, cunéiforme, aminei et terminé en pointe libre à son exlrémilé posté- rieure. Son bord antérieur, irrégulier et presque tranchant, s'avance jusque vers l'orifice commun au gésier et à l’in-

testin. L'ensemble des six appendices cornéo-lamelleux con- ANN. SC. NAT. ZOOL. Y, 11

162 L. BORDAS.

stitue une valvule conique qui pénètre dans l'axe de l’extré- mité antérieure de l’intestin moyen.

Quant aux appendices latéraux des dents centrales, ils sont au nombre de deux, l’un situé en arrière et l’autre en avant de la pointe médiane antérieure que nous venons de décrire. Le tubercule chitinéux postérieur est de beaucoup le plus puissant; il a la forme d’une lame d’abord aplatie et appliquée contre la face dorsale ou externe de la racine de la dent; mais, arrivé sur le bord externe de cette der- nière, il se dilate, se recourbe en forme de demi-cornet et émet deux pointes acérées et séparées l’une de l’autre par une échancrure demi-circulaire. Le tubercule ou appen- dice antérieur est beaucoup moins volumineux que le pré- cédent. [1 se compose uniquement d’une lamelle chitineuse aplatie obliquement et détachée du bord latéral de la racine de la dent à peu près vers l’origine de la pointe médiane. Son bord antérieur est tranchant et se lermine en pointe dirigée vers un tubercule de la lamelle postérieure.

Le bord libre des deux appendices latéraux que nous venons de décrire enveloppe un tubercule conique, recou- vert à son sommel par une membrane chitineuse, mais musculeux vers sa région centrale et fixé aux parois laté- rales du gésier. Ce tubercule peut être considéré comme une dent accessoire, jouant un certain rôle dans l'acte de la mastication, attendu que son extrémité libre se termine en pointe et porte une série de soies courtes et raides, disposées en cercle autour du sommet. Parfois le cercle est incomplet, et la touffe des soies chilineuses est simple- ment disposée en arc. Un sillon longitudinal profond sé- pare la rangée des dents médianes des dents latérales. Ce sillon est purement virtuel quand le gésièr est à l’état de repos, attendu qu'il est alors recouvert par la rangée médiane.

Les dents des séries latérales (V. PI X, fig. 12), recou- vertes sur leur face interne par celles de la colonne cen- trale, affectent la forme d’un tronc de prisme triangulaire,

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reposant, par sa base élargie, sur la paroi interne du gésier. Elles présentent à considérer deux faces, l’une in- terne et l’autre externe. Cette dernière est oblique, lisse, régulière et dirigée vers la lamelle longitudinale chitineuse qui sépare chaque série de denticulations. Une mince mem- brane cornée et triangulaire la recouvre en partie. La face interne, moins oblique que la précédente, a une direction presque perpendiculaire; elle est légèrement concave et irrégulière vers sa base. Le sommet de la dent porte deux pointes, dont l’une large, aplatie d’avant en arrière, si- nueuse, est recouverte d'une couche de chitine. La seconde pointe, beaucoup plus petite que la première, est mousse el porte de petits appendices courts, ressemblant à des bà- tonnets cornés. Les cinq autres colonnes dentifères de l’ar- mature interne du gésier sont morphologiquement identiques à celle que nous venons de décrire.

L'orifice compris entre l'intestin moyen et le gésier est irrégulier, étoilé et fermé, à l’état de repos, par le rappro- chement des six valvules formées par les appendices lamel- leux dont nous avons déjà parlé et qui ne sont que la continuation de la rangée médiane de chaque colonne lon- gitudinale.

Après le gésier vient une sorte de vestibule intestinal, court et cylindrique, sur les faces latérales duquel s’ou- vrent deux appendices intestinaux, assez semblables à ceux des Gryllotalpa, mais en différant cependant par leur vo- lume, leur hauteur moins considérable et leur forme légè- rement aplatie. Ces appendices ou cæcums se terminent, à leur extrémité supérieure, par une pointe mousse. Ils sont légèrement recourbés en arc et embrassent la pres- que totalité du gésier, sauf sa partie antérieure. Leur face interne est légèrement concave et l’externe présente une convexilé très apparente. De plus, on constate, vers l’extré- mité inférieure de l’appendice droit, la présence de deux diverticules hémisphériques très courts. Ces évaginations _ latérales, généralement paires, sont tout à fait constantes :

164 L. BORDAS.

je les ai toujours rencontrées chez plusieurs échantillons soumis à mon examen. Partout, elles m'ont apparu sous la forme de deux petites proéminences cylindro-coniques, très courtes, de struclure analogue à celle de l’appendice dont elles dépendent. Dans quelques cas, les deux appendices cæcaux sont pourvus chacun d'un petit diverticule posté- rieur (V. PI. XI, fig. 1). Un peu au-dessous des orifices des deux cæcums intestinaux, on constate la présence d’une val- vule circulaire, peu apparente, produite par un repli interne de la paroi intestinale.

Le reste de l'intestin faisant suite au gésier est égal, quand il est complètement développé, à une fois et quart la lon- gueur totale du corps de l’insecte.

L'intestin moyen du Brachytrypus est un tube cylindri- que, présentant, de distance en distance, de nombreuses boursouflures. IL décrit trois circonvolutions et reçoit, à son extrémité postérieure, le canal excréteur impair des tubes de Malpighi. Les organes urinaires sont composés de 100 à 120 filaments très ténus, enchevêtrés entre eux, mais pouvant facilement s’élaler en un faisceau élargi et montrer ainsi leur mode d’embouchure. Ils vont s'ouvrir, en effet, dans un réservoir commun situé à l'extrémité antérieure d'un conduit collecteur unique. Ce dernier est cylindrique et allongé; 1l mesure, chez certaines espèces, jusqu’à 1 centimètre ou 1°*,50 de longueur et va s'ouvrir, après un trajet flexueux, vers l'extrémité postérieure de l'intestin moyen.

L'intestin terminal est à peu près égal au quart de la longueur du précédent. Il affecte une forme cylindrique et est parcouru transversalement par une série de stries cir- culaires séparées par des bourrelets parallèles. Le tube se renfle, à son extrémité terminale, et forme un organe ovoïde, constituant le rectum. Ce dernier se {ermine par un prolon- gement tubuleux très court, s’ouvrant à l’orifice anal situé au-dessus du pore génital.

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Troisième parTIE. Gryllotalpa vulgaris (Latr.) (V. PI. XI, fig. 9, et PI. XIT tout entière).

L'appareil digestif de la Gryllotalpa vulgaris a élé suc- cessivement décrit par Marcel de Serres (1813) et Léon Dufour (1834); et, si nous reprenons aujourd’hui cette étude, c’est afin : de faire un rapprochement entre l’ap- pareil de cet Insecte et celui des autres Gryllidæ; d’ajou- ter de nombreux et de nouveaux délails anatomiques com- plémentaires, et de décrire sa structure histologique. Dans la description qui va suivre, nous serons très bref et nous nous contenterons de meltre en relief les faits nou- veaux, tout en faisant les rapprochements nécessaires pour montrer l'unité du plan de composition du tube digeslif chez toutes les Gryllide. |

Les glandes salivaires de la Gryllotalpa sont uniquement localisées dans le thorax et composées de deux paires de grappes. Elles comprennent, en outre, deux longs conduits excréteurs et deux réservoirs salivaires situés, d’une part, entre les deux conduits efférents, et de l’autre, entre les grappes sécrétrices. Quant aux massifs glandulaires, ils sont situés, le postérieur, dans la région médiane du métatho- rax, et l’antérieur, dans le mésothorax et le quart posté- rieur du prothorax.

Les grappes métathoraciques sont de beaucoup les plus volumineuses du système et séparées l’une de l’autre par l’æœsophage et la partie antérieure du jabot. Leur forme est légèrement ovale, à grand axe antéro-postérieur el à face interne régulière et concave. La glande est composée d'une série de canalicules et d’acini sphériques ou ovoïdes, pourvus de deux enveloppes supportant l’épithélium sécré- teur. Ce dernier limite une cavilé centrale qui se continue avec la lumière interne des canalicules efférents. Les grap- pes mésothoraciques ont un volume à peine égal à la moi- tié de celui des précédentes. Elles sont tantôt allongées, tantôt rectangulaires ou réniformes et aplaties verticale- ment. Les réservoirs salivaires ont la forme de deux sacs

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allongés, peu sinueux, plissés et aplatis à l’élat de vacuité, mais régulièrement cylindriques et lerminés par une pointe conique à l’état de réplétion. Leurs parois sont transpa- rentes et présentent à peu près la même structure que celle des conduits excréteurs. Ces derniers sont cylindriques, très longs, flexueux et parfois plissés transversalement. Ils cheminent parallèlement à l’œsophage, au-dessus des connectifs nerveux. Arrivés dans la région antérieure céphalique, ils passent au-dessous des ganglions sous-æso- phagiens, convergent l’un vers l’autre et se fusionnent en un conduit unique aplati, très court, qui s'ouvre en avant de la bouche, à la base et un peu en arrière de la lèvre ‘inférieure. |

Le pharynx (1) est court, aplati, à parois épaisses et à face interne munie de plissements longitudinaux. Il est rat- taché aux parois thoraciques par de nombreux faisceaux musculaires.

L'æsophage présente la forme d’un tube droit, cylindrique, plus ou moins plissé extérieurement suivant son état de va- cuité ou de réplétion, et traversant le thorax au-dessus de la chaîne nerveuse. Sa portion médiane esl recouverte, en par- lie, par les grappes salivaires et par même se trouve en contact, sur une portion de son élendue, avec les deux réser- voirs glandulaires. Chez la plupart des Gryllidæ, nous avons constaté l'existence d'un œsophage généralement court et se continuant, sans ligne de démarcalion bien nette, avec le ja- bot. Or, l'inverse a lieu chez la Gryllotalpa et, contrairement à l'opinion de Dufour, la séparation entre le jabot et l’œso- phage est des plus netles, el l’orifice antérieur du premier organe est muni d’une valvule très apparente. L'extrémité postérieure de l’œsophage se rétrécit peu à peu et porte intérieurement une série de plissements longiludinaux, pen- dant qu'à l’extrémité postérieure existe un rebord annulaire marquant sa ligne de séparation avec le jabot. Au repli cir-

(1) Pour l’ensemble de l'appareil digestif de la Gryllotalpa vulgaris, V. Pl: XIL, fig. 4;

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culaire correspond intérieurement un bourrelet annulaire irrégulier, portant des bosselures jouant le rôle de valvules. Ces dernières peuvent être considérées comme l'extrémité postérieure des plissements longitudinaux du jabot. De cet anneau valvulaire partent, en rayonnant de l’orifice comme d’un centre, un certain nombre de replis qui ne fardent pas à disparaître sur les parois internes du jabot (V. PI. XII, fig. 3).

Le jabot affecte la forme d’une grande poche ovoïde, pla- cée sur le côté de l’œsophage, puisque ce dernier vient se fixer à l’une de ses extrémités. Ses parois sont minces, lisses extérieurement et transparentes. Son orifice postérieur est situé à peu de distance de lorifice œsophagien et du même côlé que ce dernier. Il occupe une profonde dépression de la face latéro-inférieure du jabot. Le rebord inférieur de la dépression est surélevé, irrégulier, cratériforme et constitue un bourrelet, disposé en arc, dont les branches vont s'atté- nuant pour disparaître complèlement vers la face supérieure de la dépression (V. PI. XI, fig. 1 et 3). Des bords de ce bourrelet partent une série de replis irréguliers qui s’amin- cissent el se divisent peu à peu pour former, vers la face in- férieure de l’organe, une série de stries très fines, disposées en faisceau. Le reste de la paroi interne du jabot est égale- ment parcouru par de légères striations transversales. En résumé, ce qui caractérise le jabot de la Gryllotalpa et le dis- tingue de celui des autres Gryllidæ, c’est sa position excen- trique par rapport à l’axe du tube digestif et le mode d’in- sertion latérale de l’œsophage et du col ou pédoncule antérieur du gésier.

Comme chez toutes les GRyLLiDZ, le gésier constitue, chez la Gryllotalpa, une des pièces les plus importantes de l’ap- pareil digestif. Il affecte une forme ovoïde ou légèrement sphéroïdale, à parois musculaires très épaisses. Un co/ ou pédoncule antérieur le rattache au jabot. Ce col, tubuleux et cylindrique, est muni de six bandelettes longitudinales très apparentes à l’origine, près de l’orifice postérieur du jabot,

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Elles vont peu à peu en diminuant pour s'élever de nouveau à mesure qu on se rapproche du gésier. Sur leur parcours, on observe, de distance en distance, de légers renflements coniques, portant à leur surface de nombreuses pointes chitineuses et acérées, sortes de piquants à exirémité dirigée en arrière. Ces renflements, vus à un faible grossis- sement microscopique, simulent une production dentaire. Les bourrelets musculaires longitudinaux et irréguliers de- viennent, à partir du milieu du col, de plus en plus appa- rents et portent, vers leur partie terminale, de trois à cinq petits tubercules hémisphériques, chitineux à leur sommet, qu’on peut considérer comme le premier lerme de l'appareil masticateur (V. PI. XIL, fig. 2). Enfin, le pédoncule se ter- mine par un rebord circulaire portant six petits bourrelets bruns et chitineux, constituant, de la sorte, une valvule an- nulaire, à la suite de laquelle se trouve la cavité du gésier pro- prement dil. Les parois externes de ce dernier sont lisses. Mais, ce qui fait surtout du gésier un organe de première importance, c'est son armature masticatrice interne.

Cette armature est composée d’une série de dents chili- neuses mobiles et disposées, comme chez les autres Gryl- lidæ, en six colonnes longitudinales, séparées par de pro- fonds sillons, au fond desquels existe une lamelle cornée, formée de deux pièces soudées entre elles. Chaque colonne masticatrice (1) comprend trois rangées de dents, une mé- diane et deux latérales, séparées par deux dépressions pa- rallèles très apparentes quand on exerce sur l'organe une traction transversale. L’armature lout entière, par sa dispo- sition, le nombre, la forme et la puissance de ses dents, doit conslituer un organe de première imporlance pour la mas- tication (V. PI. XIE, fig. 2).

Les dents de la rangée médiane sont bien plus fortes et différemment conformées que celles des autres Gryllidæ.

(4) Pour avoir une idée exacte de la structure d’une des six colonnes longitudinales de l’armature chitineuse interne du gésier de la Gryllotalpa vulgaris, V. PI, XIL, fig. 2.

RE

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Elles possèdent une racine double, dirigée obliquement par rapport aux parois de l'organe et trois tubercules (V. PI. XIF, fig. 6 et 7). Le tubercule médian a la forme d’une palette à bord tranchant dirigé en arrière, à surface supérieure rec- (angulaire, légèrement concave et portant latéralement deux cornes denticulées à leur sommet. Vue par sa face supé- rieure, la partie centrale de la dent médiane présente l’as- pect de ce pelit oulil tranchant, à deux poignées, dont se servent les charrons et les tonneliers pour polir le bois el qu'ils désignent sous le nom de plane. Le tubercule médian correspond bien à la lame tranchante, {tandis que les tuber- cules latéraux de la dent sont assez exactement représentés par les deux poignées de l'instrument (V. PI. XIE, fig. 7).

La forme des dents médianes est si caractémistique et sicons- tante chez chaque individu que leur examen attentif peut per- mettre au zoologiste de déterminer avec exactitude l'espèce de Gryllidæ à laquelle 1 à affaire. Ce moyen de diagnostic est aussi sûr que celui tiré des caractères de la morphologie externe. En effet, tandis que chez toutes les autres espèces que nous avons étudiées, Gryllus, Nemobius, Brachytrypus, etc., le tubercule médian est triangulaire, acuminé, denticulé laté- ralement el recourbé en arrière, chez la Gryllotalpa, il est rectangulaire, tranchant, recourbé en arrière et muni, de part et d'autre, de deux tubercules à bords dentelés. Cette simple considération nous montre toute l’importance, au point de vue de la classification, du gésier et de sa puis- sante armature chitineuse interne.

Les dents médianes de chacune des six colonnes étant toutes semblables, il va nous suffire de décrire l’une d’elles et d'appliquer à l’ensemble les résultats de notre étude. Dans la description qui va suivre, nous allons parler successive- ment du {ubercule médian, des tubercules latéraux et des denticules adhérant à ces derniers.

Le tubercule médian présente une forme rectangulaire terminée par deux appendices latéraux. Sa face supérieure est concave de droile à gauche et d’avant en arrière, pré-

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sentant. de la sorte, une dépression en forme de selle. Son bord antérieur est tranchant, arqué et recourbé en arrière, vers l’orifice postérieur du gésier (V. PI. XIL, fig. 2, 6 et 7). La face inférieure est, comme la supérieure, légèrement creuse, à concavité dirigée vers le bas. De chaque côté et en avant existent deux appendices, prolongements du bord an- térieur, portant à leur sommet trois ou quatre fines denticu- lations. De chaque côlé du tubercule médian existe un second tubercule ou appendice latéral, recourbé en arc, pourvu d’un mince pédicule à sa base, mais large à son sommet et denticulé tout Le long de son bord terminal libre, de forme triangulaire. L'espace limité par le rebord triangulaire et excavé porte, de même, de nombreux petits tubercules arrondis ou légèrement acuminés à leur sommet. Enfin, de chaque côté de la dent médiane et faisant corps avec elle, existe une dent accessoire, à base musculaire et à sommet compris entre le tubercule latéral chitineux dont nous venons de parler et les pointes latérales de la lame médiane. Le sommet, légèrement émoussé, présente en son milieu une faible dépression oblique, bordée par un bourre- let arrondi. Ce dernier, disposé en forme de fer à cheval, légèrement surélevé, est recouvert, sur tout son pourtour, de

nombreuses soies chitineuses. Le nombre des dents médianes :

varie de quinze à dix-sept; il est habituellement de seize. Les dents latérales (V. PI. XI, fig. 9) sont en même nombre (15-17) que les dents médianes. Elles affectent la forme de tubercules pyramidaux, à sommet émoussé et recouvert de fines soies chilineuses. La face externe de chacune d'elles, inclinée obliquement par rapport aux parois du gésier, est presque plane et se termine par une sorte de tuber- cule de forme sphérique, portant des soies sur tout son pourtour. La face interne est légèrement oblique par rapport aux parois du gésier el présente, vers son sommet, une lé- gère excavalion bordée de soies chitineuses. Elle porte, vers sa partie médiane, une lamelle chilineuse disposée en forme de Y. Quant à la porlion terminale, elle -est légèrement

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arrondie munie d’une pointe mousse dirigée vers l'orifice intestinal; de plus, on constate encore la présence d'une dépression (riangulaire peu profonde donnant, au premier abord, l'apparence d'une double dent.

La profonde dépression comprise entre deux colonnes de l’armature loge, dans sa profondeur, une longue baguelte chitineuse, ovoïde à ses deux bouts, rectangulaire dans sa partie médiane et munie latéralement de deux tiges jaunâtres dues à des épaississements chitineux séparés par un espace beaucoup plus clair, faisant paraiîlre la lamelle comme for- mée par deux lames chitineuses accolées par leur face interne. La cavité centrale de cette lige esl remplie par un faisceau musculaire longitudinal. En enlevant la tige, on par- vient à laisser en place le filet musculaire et on a alors une sorte de demi-cylindre creux à l'intérieur.

La presque totalité des colonnes dentifères que nous venons de décrire se prolongent, dans l'axe de la partie antérieure de l'intestin moyen, sous forme de languettes. On constate, chez la Gryllotalpa, la présence de quatre languettes plissées, blanches, transparentes, cornéo-membraneuses, amincies à leur -extrémité libre et formant, par leur accolement, une valvule conique irès caractéristique. Chaque languelte pré- sente, dans sa partie médiane, une sorte de bourrelet longi- tudinal qui va s’atlénuant peu à peu vers son sommet. Ces appendices foliacés, prolongements des rangées médianes de quatre colonnes de l’armature, par leur juxtaposition, fer- ment hermétiquement l’orifice postérieur du gésier et em- pêchent la marche rélrograde des aliments contenus dans l'intestin moyen. Dans la plupart des cas, deux des colonnes du gèsier, dont la situation est quelconque parmi leurs con- génères, ne se prolongent pas par des languettes valvulaires et se terminent simplement par des appendices foliacés ovoides, très courts.

Les appendces intestinaux affectent à peu près les mêmes formes que dans les espèces précédentes. Ce sont deux grosses poches paires, lalérales, oblongues, légèrement concaves, à

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surfaces antérieure et poslérieure plissées et enveloppant laléralement la plus grande partie des parois du gésier. Ils sont parcourus extérieurement par de nombreux faisceaux trachéens. Leur cavité interne présente, comme chez les Bra- chytrypus, une série de cloisons incomplèles, irrégulières, sinueuses, parlant de la face en contact avec le gésier et divisant l'organe en un certain nombre de comparliments communiquant entre eux du côté externe. Les deux appen- dices vont s'ouvrir à la partie antérieure de l'intestin moyen par deux orifices elliptiques, situés de chaque côté de la val- vule conique formée par la confluence des quatre languettes dues aux prolongements intestinaux des colonnes mastica- trices du gésier.

L'intestin moyen des Gryllotalpa est bien différent, par sa forme el sa sitructure, de celui des autres Gryllidæ. Cet or- gane comprend deux parties bien distinctes par leurs dimen- sions el surtout leur conformalion interne. [| commence au gésier et se termine, après avoir décrit deux circonvolutions, par un bourrelet irrégulier, jouant le rôle de valvule. Un peu au-dessous de cette dernière vient s'ouvrir le canal efférent impair des tubes de Malpighi. La première portion est très courte et n’a environ que le quart de la longueur que pré- sente la seconde. Elle débute par une portion élargie, tron- conique, à base soudée au gésier, el loge dans son axe les prolongements foliacés et valvulaires de ce dernier organe. Le reste de cette première parlie est cylindrique, lisse exté- rieurement et recouvert, en grande partie, par les premiers tours de spire de la seconde partie de l'intestin. Les parois internes présentent une série de plissements longitudinaux, dus à des bandeletles muscuio-épithéliales au nombre de six à huit, étendus du gésier à un bourrelet irrégulier et pré- sentant, de distance en distance, de petits tubercules mus- culeux, correspondant à une dépression annulaire externe très apparente. Les aliments ne font que traverser celle pre- mière portion du tube digestif et séjournent bien plus long- temps dans la seconde.

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Vers l’origine de l'intestin moyen viennent déboucher les quatre canaux excréleurs de deux paires de pelits massifs glandulaires, signalés pour la première fois par L. Dufour (1834) et comparés par ce dernier auteur à l'organe splé- nique. Nous n'avons rencontré ces glandes chez aucun autre Orthoptère. Elles sont constituées par une série de petits tubes cylindriques, de couleur d’un blanc mat el présentant toute l'apparence, au point de vue histologique, des tubes de Malpighi. Les grosses cellules qui tapissent leurs parois internes ont, en effet, les plus grandes ressemblances avec celles des organes urinaires. Chaque tube se ramifie dichoto- miquement en donnant latéralement de courts rameaux cylindriques. Ces derniers produisent encore de nouvelles divisions terminées par un sommet arrondi. Toutes ces ra- mificalions présentent très exactement l'apparence d’un petit arbuscule rameux, dont les diverses branches, en se concen- trant, finissent par ne plus former que quatre tubes effé- rents, une paire dorsale et une paire ventrale, qui vont s’ou- vrir un peu au-dessous de l’origine de l’inteslin moyen, en face de la région médiane de la valvule postérieure du gésier. Les fonclions de ces organes sont encore fort problématiques, mais, vu leur position et leur structure, on peut admeltre qu'ils sécrètent certains sucs agissant sur la digestion. Cependant quelques auteurs, frappés de leur ressemblance avec les tubes de Malpighi, leur attribuent une fonction pro- bablement excrétrice. En présence de telles incertitudes sur les fonctions de ces glandes, et pour rendre hommage au célèbre entomologiste qui les a décriles le premier, nous les . désignerons sous le nom de G/andes de Dufour.

La seconde portion de l'intestin moyen a un diamètre su- périeur à celui de la première et affecte la forme d’un sac à parois externes généralement boursouflées et pourvues de plusieurs séries de petits tubercules arrondis, disposés sui- vant des bandes longitudinales séparées les unes des autres par des lames musculaires plus ou moins apparentes. La paroi interne est des plus irrégulières et présente de nom-

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breux plissements longitudinaux et transversaux. A la partie antérieure, suivant une zone annulaire presque complète, existe une surface couverte de papilles courtes, coniques et terminées par une pointe arrondie (V. PI. XIL, fig. 4). Ces pelils organes tubuleux, à fonctions sans doute absorbantes, sont de même nature et présentent absolument la même structure que ceux que nous avons décrits avec détail chez les divers Gryllus. La seule différence qui existe dans les deux genres, c'est que, chez les Gryllus, ils sont plus nom- breux et deux fois plus volumineux que chez la Gryllotalpa. Du mamelon supérieur partent deux, quelquefois trois ban- delettes longitudinales, de forme reclangulaire, recouvertes par ces mêmes papilles. Vers le tiers postérieur, apparaissent de nouvelles zones papillaires (de 4 à 5) formées, soit directe- ment, soit par simple division des premières. Elles vont en se rétrécissant peu à peu el se terminent en pointe à une valvule irrégulière et plissée, marquant la fin de l'intestin moyen (V. PI. XII, fig. 4).

Les tubes de Malpighi (N. PI. XIT, fig. 1 et 5) affectent une disposition semblable à celle que nous avons décrite chez les autres Gryllidæ. Ce sont des filaments tubuleux, longs, cylindriques, flexueux, au nombre de 100 à 120, allant déboucher dans un réservoir collecteur commun, duquel part un conduit efférent impair, l’uretère, qui va s'ouvrir un peu au-dessous de la limite de séparation de l’intestin moyen et de l'intestin terminal. C’est Leydig qui le premier a constaté, chez la Gryllotalpa, l'existence de deux sortes de tubes de Malpighi, les uns jaunes, extrêmement nombreux, et les au- tres blancs, très rares. Ces derniers doivent en grande partie leur coloration blanchâtre à une multitude de concrétions prismatiques et ovoides, formées par de l'acide urique.

Le mode d’embouchure de l’uretère des tubes de Malpighi est tout à fait caractéristique el bien différent de ce que l’on observe chez les autres espèces. Au lieu de se fixer simple- ment à la paroi intestinale, le {tube se prolonge à l’intérieur, pour se terminer par une papille ou tubercule tronconique,

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parfois dolioliforme. Ce tubercule, très court, est percé à son sommet d'un orifice irrégulier el étoilé, limité par quatre valves disposées en croix. Ces valves sont en contact par leurs parois et terminées, à leur extrémité libre, par une pointe mousse et recourbée (V. PI. XI, fig. 5).

L'intestin postérieur succède à l'intestin moyen, presque sans ligne de démarcation externe : seul un bourrelet val- vulaire intérieur marque la séparation des deux portions de l'organe. Le tube débute par une portion étroite qui s’élargit peu à peu et décrit de nombreuses sinuosités. Sa surface externe est boursouflée et couverte de granulalions coniques ou hémisphériques plus ou moins apparentes et disposées par paires Le long de trois à cinq bandelettes. Ces dernières sont placées longitudinalement et séparées par des lamelles musculaires parallèles. La surface interne est plissée el des plus irrégulières. A l’origine, on constate l'existence de cinq à sept lamelles musculaires qui vont en s’élargissant pro- gressivement et prennent peu à peu des caractères particu- liers : les unes sont lisses et les autres paraissent perforées d’une série de petits pertuis irréguliers. Ces pertuis con- duisent dans des infundibula ou cavités microscopiques, les- quelles correspondent aux tubercules dont nous venons de parler à propos de la surface externe. Après un léger rétré- cissement, apparaît un organe ovoïde, volumineux, plissé, le rectum, présentant extérieurement une série de rubans épithélio-musculaires longitudinaux, correspondant à des replis internes (glandes reclales). Entre chacun des rubans musculaires existe un bourrelet antéro-posiérieur portant, transversalement disposés, des tubercules groupés, soit par paires, soit d’une façon irrégulière. Ces derniers corres- pondent à des dépressions de la face interne ouvertes dans la cavité du rectum. La paroi intérieure est très irrégulière et présente une série de replis ou bandelettes longitudi- nales (glandes rectales), à bords plissés transversalement et frangés, divisant l’organe en un certain nombre de comparti- ments qui communiquent entre eux dans la région centrale.

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in RÉSUMÉ, ce qui caractérise l'appareil digestif de la Gryllotalpa, c'est la forme toute particulière du jabot, dont les deux orifices sont situés à l’une de ses extrémités et la puissante armature masticatrice dont est pourvu le gésier. De plus, l'intestin moven porte, à son origine, deux paires de touffes glandulaires, les glandes de Dufour. Il présente, en ouire, intérieurement, une série de papilles ou villosités, très courtes et analogues à celles des Gryllus. Enfin, l’in- lestin terminal est pourvu exlérieurement d’une série de petits tubercules, coniques ou sphériques, disposés suivant plusieurs bandelettes et correspondant à des dépressions in- lernes. Le rectum est assez volumineux, ovoïde, et porte à sa surface des tubercules ou papilles externes disposées par paires le long d'un certain nombre de lamelles longitudi- nales el séparées par des bandelettes ou épaississements épithéliaux internes fusiformes (glandes rectales).

ÉTUDE HISTOLOGIQUE DE L'APPAREIL DIGESTIF DES GRYLLIDÆ.

(V. PI. XII, fig. 8, 9, 10 et 11.)

L'étude histologique de l'appareil digestif des Orthoptères ayant été faite avec détail au sujet des Locushdæ et des Acrididæ, nous serons très bref pour les Gryllides et ne ferons que signaler les différences que ces insectes présen- tent avec ceux des familles précédentes.

L’œsophage et le jabot des Gryllus domesticus et des Gryl- lotalpa vulgaris ont une structure à peu près identique. Pourtant, les parois du premier sont beaucoup plus minces que celles du second. Chez les deux, on constate la présence d’un nombre variable de replis longiludinaux, séparés par des dépressions parallèles.

Sur une coupe transversale perpendiculaire à l'axe de l'organe, on trouve, en allant de dehors en dedans (V. PI. XI, fig. 10) :

APPAREIL DIGESTIF DES ORTHOPTÈRES. 177

Quelques rares fibres musculaires disséminées et ne formant pas une membrane continue.

Une couche constituée par des fibres musculaires annu- laires. Cette couche, très mince à l’œæœsophage, est beaucoup plus épaisse au jabot. Les faisceaux externes sont légère- ment obliques, tandis que les internes, en rapport avec les cellules chitinogènes, sont nettement circulaires.

Une assise de petites cellules cubiques, à noyau central sphérique, contenant un petit nombre de nucléoles (5-8) et constituant les cellules génératrices (couche chitinogène) de la membrane chitineuse inlerne.

Enfin, tout à fait à l’intérieur de l'organe, existe une membrane chitineuse, sur laquelle sont implantées de nom- breuses soies cornées. Cette structure est peu différente, comme on le voit, de celle que nous ont présentée les organes similaires des Forficulidæ, des Acridiidæ et des Locustidæ.

Le gésier, l'intestin, le rectum et les glandes rectales des GRYLLUDÆ ne présentant aucune particularité intéressante et offrant à peu près les mêmes caractères que chez les Lo- custidæ, nous nous absliendrons de les décrire, et n’étudie- rons que les glandes arborescentes ou glandes de Dufour et l’uretère ou canal excréteur impair des tubes de Malpighi.

Glandes arborescentes (NV. PI. XII, fig. 8 et 9). La struc- ture de ces glandes est fort simple et présente les plus grandes analogies avec celle des tubes de Malpighi. Sur une coupe transversale, on trouve successivement, en allant de dehors en dedans, une membrane basilaire, ou membrane enveloppante externe, très mince. Sur cette dernière repose une assise épithéliale comprenant de 6 à 10 grosses cellules renfermant chacune un volumineux noyau plurinucléolé. Le protoplasme cellulaire est granuleux. Enfin, l’épithélium glandulaire limite un lumen central, étroit et irrégulier.

Le canal excréteur des glandes de Dufour (glandes arbo- rescentes) est cylindrique et a ses parois externes lisses. Mais à l’intérieur, 1l présente une série de replis, de formes et de dimensions très variables. On compte ordinairement

ANN. SC. NAT. ZOOL. ve 12

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de dix à quinze de ces replis. Les parois du canal sont assez minces et comprennent extérieurement quelques faisceaux de muscles longitudinaux et une assise très nette, mais fort étroite de muscles circulaires. Sur l’assise musculaire repose la couche épithéliale. Cette dernière ne comprend qu'une seule épaisseur de grosses cellules cubiques ou rectangu- laires, à noyaux sphériques, très réguliers et occupant géné- ralement le centre des cellules. Le protoplasme cellulaire est strié, localisé surtout en avant des noyaux et présente de larges vacuoles. Le tout esl recouvert par une épaisse membrane chitineuse supportant de nombreuses soies cor- nées. La présence d’un revêtement chitineux nous fait sup- poser que les glandes arborescentes doivent être des dépen- dances de l'extrémité postérieure du gésier.

Canal excréteur des tubes de Malpighi (V. PI. XI, fig. 11). Le canal excréteur (uretère) des tubes de Malpighi est un tube cylindrique, comme celui des glandes de Dufour. IL est surtout caractérisé par l'épaisseur considérable de ses parois et par la présence de replis épithéliaux internes. On. compte six replis principaux, de forme triangulaire, dans l’axe desquels pénètrent de fins prolongements musculaires. L’assise épithéliale est constituée par des cellules rectangu- laires à parois latérales peu apparentes. Au centre de chaque cellule existe un gros noyau sphérique, pourvu de nombreux nucléoles. Le protoplasme, finement strié, est surtout localisé vers la face interne de la cellule, tandis que du côté externe existe une large vacuole. Le tout est recouvert par une membrane chitineuse, analogue à celle que l’on constate dans l'intestin terminal. L'existence de celte membrane re- couvrante est une nouvelle preuve que les tubes de Malpighi ne sont que des diverlicules, minces et tubuleux, de l'intestin postérieur.

RÉSUMÉ. Les glandes salivaires sont très développées chez les Gryiuinx. Elles s'étendent de la région occipitale de la tête jusqu'au tiers antérieur du métathorax (Gryllus, Nemobius). L'organe tout entier comprend deux grappes vo-

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lumineuses, pourvues de deux canaux efférents se fusionnant pour conslituer un conduit collecteur commun impair. Il existe deux réservoirs salivaires (Gryllus, Gryllotalpa, etc.), affectant la forme de deux sacs volumineux, très allongés et étendus jusqu'au deuxième segment thoracique,

L'ensemble du tube digestif est caractérisé par un volu- mineux jabot à orifice postérieur généralemeni excentrique (Gryllus, Nemobius, Gryllotalpa), un puissant gésier, un in- teslin sinueux et un canal urinaire efférent impair.

Le pharynx el l'œsophage, identiques de formes, chez toutes les espèces, sont, le premier légèrement aplati trans- versalement, elle second cylindrique et uniquement localisé dans le prothorax.

Le abot esl, chez toutes les espèces, volumineux, piriforme et occupe la presque totalité de la région médiane des deux derniers segments thoraciques. L'organe est légère- ment asymétrique el présente latéralement un cul-de-sac ou boursouflure plus ou moins prononcée (Gryllus). Chez le Brachytrypus, le jabot, très volumineux, est à peu près ré- gulièrement conique. Celui de la Gryllotalpa affecie la forme d’une grande poche ovoïde, placée en dehors de l’æœsophage et à grand axe transversal. Ses parois sont minces, transpa- rentes et lisses extérieurement. Son orifice postérieur est silué à peu de distance de l'ouverture œsophagienne, tou- jours vers la même extrémité du jabot et au fond d'une dépression de la face inférieure de ce dernier organe. Le jabot est uni au sommet antérieur du gésier par un pédon- cule large et courl (Nemobius, Brachytrypus) ou bien allongé, cylindrique et recourbé (Gryllus, Gryllotalpa, etc.).

Le gésier de presque toutes les Gryllidæ affecte une forme ovoïde ou légèrement sphérique et est enveloppé, à sa base et sur ses côtés, par les deux appendices intestinaux. Ses parois sont très épaisses et musculaires. Sa face externe est lisse, mais parcourue par de nombreux faisceaux trachéens ; sur l'interne repose une puissante armature chitineuse, dont les trails généraux se retrouvent chez toutes les Gryllidæ.

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Cette puissante armature, sorte d'appareil triturant, est composée de six colonnes dentifères, séparées les unes des autres par des tigelles ou baguettes chilineuses, placées au fond de sillons longitudinaux profonds. Chaque colonne comprend trois rangées de dents. Les dents médianes sont variables suivant chaque espèce. Leurs formes sont si tran- chées qu’elles pourraient, tout aussi bien que la morphologie externe, servir à caractériser et à différencier les divers genres. Elles sont triangulaires et à bords denticulés chez les Brachytrypus, rectangulaires, tranchantes et en forme de plane chez les Gryllotalpa. Chez ces dernières, le gésier se prolonge, dans l’axe de la partie antérieure de l'intestin moyen, par une valvule conique formée par la confluence de quatre lamelles foliacées.

L’intestin moyen des Nemobius comprend deux parlies très nettes : une antérieure, lisse et cylindrique, en rapport avec les appendices intestinaux et une postérieure, re- courbée en demi-cercle. Les deux portions sont séparées par un repli circulaire correspondant à une valvule interne. La dernière partie présente de nombreux replis et porte à l’intérieur, sur la moitié environ de sa surface, une série de villosités ou papilles en forme de doigt de gant. Parfois ces villosités, au nombre de 60 à 80, sont disposées, à l’in- térieur de l'intestin, d’une facon irrégulière (Gryllus). Uhez la Gryllotalpa, on constate l'existence de tubercules internes, cylindriques, à sommet arrondi, disposés suivant des bandes longitudinales séparées les unes des autres par des lames musculaires plus ou moins apparentes. Ces tubercules intestinaux sont deux fois moins volumineux que ceux des Gryllus et des Nemobius.

Les appendices cæcums intestinaux affectent la forme de sacs volumineux, légèrement recourbés et pourvus d’un petit nombre de replis internes (2-3) très courts et sinueux. Leur surface externe est lisse et recouverte par des tubes de Malpighi et de nombreux faisceaux trachéens. Ces or- ganes vont s'ouvrir dans un vestibule situé à l’origine de

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l'intestin moyen et limité, en arrière, par une valvule courbe, marquant le point l'intestin devient uniformé- ment cylindrique (Gryllus).

Les tubes de Malpighi sont très nombreux : on en compte généralement de 100 à 120 (Gryllus, Nemobius, Brachy- trypus, Gryllotalpa), etc. Ce sont des organes cylindriques, flexueux et à pointe arrondie ou légèrement effilée. Ils vont s'ouvrir à l'extrémité dilatée d’un conduit efférent unique et tubuleux débouchant dans l'intestin terminal. Ce dernier, beaucoup plus court que le précédent, porte une série de plissements longitudinaux très irréguliers. Il se rétrécit tout d’abord, puis se dilate ensuite pour constituer le rectum, organe ovoiïde et portant six bourrelets longitudinaux fusi- formes, constituant des glandes analogues aux glandes rec- tales des Hyménoptères.

CONCLUSIONS.

Nous allons, dans ces conclusions générales, résumer l'ensemble de nos recherches sur l’Appareu digestif des Or- thoptères et essayer d'établir une classification de ces Insectes basée sur les modifications éprouvées, dans les diverses familles, par l'organe de la digestion.

GLANDES SALIVAIRES. Les glandes salvaires sont, en général, bien développées chez tous les Orthoptères. Elles sont constituées par une série de grappes, formées chacune de nombreux acint glandulaires munis de canalicules excré- teurs. Des réservoirs salivaires existent chez la plupart des espèces.

Les glandes salivaires des Forficulidæ sont rudimentaires. Par contre, celles des Phasmidæ sont bien développées et occupent, avec le jabot, la presque totalité des segments thoraciques. Celles de l'Acanthoderus sont paires et disposées symétriquement par rapport au jabot. Les réservoirs sali- vaires vont déboucher dans les canaux efférents. Ces derniers, au nombre de deux, s'ouvrent, sans se fusionner, en avant

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de l’orifice buccal. On trouve chez certaines Mantidæ (Hierodula bioculata) un appareil salivaire très volumineux, comprenant deux grappes glandulaires, deux canaux excré- teurs et deux réservoirs salivaires tubuleux, plissés et irrégu- liers. Les Plattidæ possèdent des glandes salivaires très volumineuses munies de deux réservoirs. Gelles des Péripla- nètes sont situées dans le thorax et forment trois faisceaux principaux entourant parfois complètement une portion de l’æœsophage et l'extrémité antérieure du jabot. Les Acr- diens, contrairement à ce que nous ont présenté la plupart des familles précédentes, ont un appareil salivaire tout à fait rudimentaire. Il se compose, chez les Œdipoda et les Steno- bothrus, de deux petites grappes symétriques par rapport à l'axe du corps de l’Insecte et situées au-dessous du jabot. Chaque grappe principale émet cinq ou six grappes secon- daires terminées par un petit nombre d'acini. C’est surtout chez les Locustidæ et les Gryllidæ que les glandes salivaires acquièrent leur maximum de développement. Elles forment deux volumineuses grappes localisées dans les deux pre- miers segments thoraciques.

Chaque acinus glandulaire est pourvu d’une enveloppe externe, d'une membrane basilaire très mince et d’une assise épithéliale formée par de grosses cellules entourant une cavité centrale sphérique. De chaque acinus part un canalicule excréteur très court et pourvu intérieurement d'un revélement chitineux spiralé, analogue à celui des trachées.

PHaRynx. Le pharynx présente à peu près la même forme chez tousles Orthoptères. C’est un organe court, cylin- drique ou légèrement aplati horizontalement. Ses parois, plus ou moins épaisses suivant les familles, sont muscu- laires et plissées intérieurement.

OEsoPpHAGE. L’æsophage est un tube à peu près cylin- drique unissant le pharynx au jabot. Il est généralement situé dans le premier ou les deux premiers segments thora- ciques et est, chez la plupart des espèces, enveloppé par les glandes salivaires. Ses parois internes sont, en général, plis-

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sées longitudinalement. L'œsophage de la Gryllotalpa est très allongé.

JaBor. Le jabot des Forficulidæ est un organe relative- ment volumineux, conique ou fusiforme, très extensible et occupant la presque totalité du thorax et les deux premiers segments abdominaux.Celui des Phasmidæ est presque tubu- leux, parfois oblong ou fusiforme et comprend deux parties très différentes par leur apparence externe et surtout par leur structure intérieure (Acanthoderus).

Les Acridiidæ possèdent un jabot volumineux, fusiforme et occupant la presque totalité du thorax. Ses paroisinternes sont parcourues par des bandelettes sinueuses, hérissées de petites dents ou pointes chitineuses. Sa portion terminale, de forme conique, peut être considérée comme l’homologue du gésier des autres Orthoptères. Enfin, chez les Gryllotalpa, le jabot affecte la forme d’une grande poche ovoïde, placée sur le côté de l'œsophage, à parois extensibles, minces, trans- parentes et lisses extérieurement.

GÉSIER. Le gésier existe chez tous les Orthoptères: il n est atrophié et rudimentaire que chez les Phasmides et les Acridiens. Partout ailleurs, il affecte Ja forme d’un organe ovoïde, compris entre le jabot et l'intestin moyen et pourvu intérieurement d'une armature chitineuse, plus ou moins puissante suivant les familles. Les dents qui composent l’ar- mature interne, disposées suivant six rangées longitudinales, sont généralement fortes, puissantes, crochues, à pointe dirigée en arrière et pourvues de plusieurs tubercules (Blat- tidæ, Locustidæ, Gryllidæ, etc.). Chez les A crididæ, l’extré- mité postérieure du jabot, de forme conique, pourvue de six lamelles chitineuses brunâtres, triangulaires, à bords arron- dis, peut être considérée comme l’homologue du gésier des autres Orthoptères. |

Au point de vue physiologique, le gésier des Orthoptères a deux fonctions. Il sert: & broyer et à triturer les matières alimentaires incomplèlement divisées par les mandibules et les mächoires, et 2 à emmécher, par son extrémité postérieure

184 L. BORDAS.

munie de valvules de diverses formes, /a marche rétrograde du bol alimentaire de l'intestin vers le jabot. Telle n’est pour- tant point l'opinion de Plateau. D’après ce savant entomolo- giste, le gésier des Orthoptères, pas plus que celui des Coléoptères carnassiers, n’est un appareil triturateur auxi- liaire des pièces buccales (V. ÆRecherches sur les phénomènes de la digestion des Insectes, p. 74, 1874). La forme du gésier, sa structure, la puissante armature chitineuse qui recouvre sa face interne (V. les chapitres relatifs aux Mantidæ, Lo- custidæ el Gryllidæ) et surtout nos observations physiolo- giques nous ont conduit à des conclusions tout opposées. Le GÉsiEr sert à régler le passage des aliments du jabot dans l'intestin et à empêcher leur marche rétrograde pendant les mouvements intestinaux. Mais, sa fonction prineipale consiste surtout 4 compléter l'action mécanique de l'armature buccale, à broyer et à triturer les substances nutritives.

Du reste, la forme et la puissance de l’armature interne sont en rapport presque constant avec le genre de vie de l'animal. D'autre part, la structure des dents, leurs nombreux tubereules latéraux, la bouillie végétale et les débris tri- turés qui emplissent les interstices séparant chaque dent ou comblent les dépressions longitudinales siluées entre les ran- gées, et surtout la nature de la masse alimentaire intesti- nale, totalement différente de celle du jabot, sont des preuves irréfragables de l’action triturante et masticatrice que le gésier exerce sur les aliments. Le gésier est donc un appareil masticateur très puissant, destiné à compléter l’action des man- dibules et des mâchotres. D'autre part, ses valvules, en s’ac- colant et s’affrontant, empêchent le retour des aliments en arrière pendantles contractionsintestinales. Pour le prouver, il suffit d'exercer une pression sur l'intestin moyen à l'état de plénitude : on constate alors que tout retour des aliments vers le Jabot est impossible.

Chez les Gryllidæ, le gésier est uni à l'extrémité posté- rieure du Jabot par un pédoncule plus ou moins long ! yl- lotalpa, Gryllus, Nemobius, etc.).

APPAREIL DIGESTIF DES ORTHOPTÈRES. 185

APPENDICES INTESTINAUX. Tous les Orthoptères, sauf les Forficulidæ et les Phasmidæ, portent, à l’origine de l'intestin moyen, desappendices ou cæcums plus ou moins volumineux, de formes très variables d’une famille à l’autre et dont le nombre est toujours compris entre deux et huit. La présence ou l'absence de ces appendices permet de diviser les Orthop- tères en deux sections très nettes, comprenant des espèces dont la structure des organes internes correspond à des caractères morphologiques externes différents. Les Mantidæ et les Plattidæ sont pourvues de huit appendices intestinaux, longs, flexueux, cylindriques et insérés à l’origine de l’in- testin moyen. Les Acridiidæ n’en possèdent que sir, munis chacun d’un petit diverticule conique, à pointe dirigée en arrière. Chez les Locustidæ et les Gryllidæ, les cæcums intestinaux sont pairs et affectent la forme de larges sacs. Les appendices des Pseudophyllinæ RREROMen de relier les Acridiens aux Locustides.

En effet, chez le C/eandrus, les appendices intestinaux sont disposés, de chaque côté du gésier, en deux groupes. Le groupe postérieur, de beaucoup le moinsimportant, n’est formé que par un cæcum unique, sinueux, élargi à sa base et aminci à son sommet. Le groupe antérieur est large, aplati, à face interne concave et présente, du sommet à la base, six ou sept sillons peu profonds, séparés par des bour- relets parallèles. Chaque sillon correspond à une cloison interne divisant la cavité cæcale en une série de logettes, neltement séparées les unes des autres et s’ouvrant directe- ment à l'extrémité antérieure de l'intestin moyen. Cette disposition permet de rattacher très facilementles Orthoptères à cæcums multiples aux Orthoptères à cæcums pairs, et de passer ainsi, par des transitions graduelles et insensibles, des Mantidæ, Blattidæ, Acrididæ aux Locustidæ et aux Gryllidæ. Ces appendices ont été considérés, par la plupart des Zoologistes, comme des glandes analogues soit au foie, soit au pancréas. Pour Cuvier, la sécrétion des appendices intestinaux est analogue au suc gastrique. Elle est ou biliaire

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ou identique au suc pancréalique pour Marcel de Serres et Duméril. Newport, Burmeister et Lacordaire comparent les diverticules de l'extrémité antérieure de l'intestin moyen au pancréas et leur sécrélion au suc pancréalique, tandis que Latreille, Dugès et J. Müller les considèrent comme les homologues de la glande hépatique. D’après nos recherches el nous basant sur l'identité de structure histologique de ces organes avec l'intestin, sur leur forme, leur disposition, leur mode d'inserlion, la nature de leur contenu, etc., nous les considérons comme de simples cæcums, des diverticules glandulaires de l'extrémité antérieure de l'intestin moyen (Mbps 158):

INTESTIN MOYEN. L'intestin moyen est un organe à peu près cylindrique et plus ou moins long suivant les diverses familles. Chez les Forficulidæ, 11 est presque droit et carac- térisé par la régularité et la symétrie de son épithélium cuhié. Celui des Phasmidæ est droit et comprend, à sa parte antérieure, une épaisse couche musculaire formée par des faisceaux disposés en anneaux très apparents; la seconde partie porte, dans sa région médiane, une série de glandules, à base conique, prolongées par un long appendice fihforme. Rectiligne chez les Mantidæ (sauf le genre £remiaphila) et les Acridudæ, l'intestin moven des Blattidæ, Locustidæ et Gryllidæ est un tube cylindrique, plus ou moins long, à parois internes plissées et décrivant une ou plusieurs circon- volulions. Chez les Gryllus, Nemobius, Gryllotalpa, etc., l'intestin moyen comprend deux régions différentes par leur structure el présente, à la face interne de sa seconde partie, une série de replis irréguliers et de nombreuses papilles cylindriques, à sommet émoussé, assez analogues aux villo- sités intestinales. De plus, chez la Gryllotalpa, l'intestin moyen porte, à son origine, deux paires de touffes glandu- laires, les glandes de Dufour (NV. p. 173).

INTESTIN POSTÉRIEUR. L’intestin postérieur des A cridiens est rectiligne, étroit et court: il en est de même de celui des Phasmidæ, mais, dans cette dernière famille, l'organe pré-

APPAREIL DIGESTIF DES ORTHOPTÈRES. 187

sente six longues bandelettes longitudinales. Chez les autres Orthoptères, l'intestin terminal, plus ou moins allongé, est généralement sinueux. Chez les Gryllotalpa, la surface externe de l'organe est boursouflée et couverte de granula- lions coniques ou hémisphériques, plus ou moins apparentes et disposées par paires le long de trois à cinq bandelettes. C’est à l’origine de l'intestin terminal que viennent débou- cher les fubes de Malpighi.

TUBES DE MALPIGHI. Les fubes de Malpighi ou organes urinaires des Orthoptères présentent, quant à leur nombre et leur longueur, une grande ressemblance avec ceux des Hyménoptères, mais 1ls en différent essentiellement par leur disposition et leur mode d’embouchure. Ce sont, en général, de petits tubes capillaires, cylindriques, flexueux, disposés en plusieurs faisceaux allant déboucher, dans la plupart des espèces, au sommet de six petits tubercules coniques prove- nant d’évaginations de l'extrémité antérieure de l'intestin terminal. Pourtant, chez les Forficulidæ, les Phasmidæ et les Gryllidæ, le rapport de ces glandes avec l'intestin est tout à fait différent. Au point de vue Aistologique, ces organes sont constitués par une tunique péritonéale externe très mince et par un épithélium interne reposant sur une mem- brane basale très ténue. L'épithélium, comprenantun nombre de cellules excrétrices variable suivant les espèces, entoure un lumen central très étroit. Parmi les contenus d'excré- ñion de ces glandes, nous avons trouvé en abondance: de l’urate de soude et de l’urate de chaux chez les Gryllus; de l'acide urique chez la Gryllotalpa, sous forme de concrétions irrégulières sphériques et de cristaux prismaliques; de l'urate de soude et de l'acide urique chez les Blattes et les Périplanètes. Grâce aux nombreux types que nous avons eus à notre disposition, il nous a été possible de suivre tous les termes de passage entre les divers modes d’embouchure des tubes uriques. Chez les Forficulidæ, les tubes de Malpighi sont peu nombreux (huit à dix environ) el groupés en deux faisceaux. Beaucoup plus abondants chez les Phasmidæ, ces

188 | L. BORDAS.

organes vont s'ouvrir au sommet de nombreux lubercules coniques très courts, disposés en cercle à l’origine de l’in- testin terminal. Les Périplanètes et les Blattes possèdent un grand nombre de tubes uriques disposés en sr faisceaux. Il en est de même chez les Locustidæ. Enfin, par les Gryllacris qui ne possèdent, en général, qu'un seul tubercule collecteur au sommet duquel viennent déboucher de 80 à 100 tubes de Malpighi, nous passons aux Gryllidæ. Chez ces derniers, les tubes urinaires, très nombreux, longs et flexueux, vont déboucher à l'extrémité élargie d’un canal collecteur unique (uretère). |

RecruM. Cet organe, bien que variable dans ses formes suivant les espèces, présente néanmoins des différences assez notables d’une famille à l’autre. C’est une poche ovoide ou fusiforme séparée de la portion terminale de l'intestin posté- rieur, soit par un bourrelet annulaire, soit par six puissantes valvules pyramidales (Phibalosoma). Le rectum des Gryllo- talpa porie à sa surface des tubercules ou papilles externes, disposées par paires sur un certain nombre de lamelles lon- gitudinales. Les glandes rectales sont constituées, chez presque tous les Orthoptères, par six bandeleties fusiformes et dis- posées circulairement à égale distance le long du rectum. Celles des Forficulidæ sont ovales, alternes et placées sur deux rangées circulaires. |

HISTOLOGIE DE L'APPAREIL DIGESTIF. L’æsophage et le Jabot présentent à peu près la même structure histologique. Ils comprennent, en allant de l’intérieur à l'extérieur : une membrane chitineuse, transparente et portant de fines denti- culations coniques, à pointe dirigée en arrière ; une assise de cellules chitinogènes; une couche musculaire circulaire, très mince; quelques muscles longitudinaux ; enfin, le tout est recouvert exlérieurement par une {unique péritonéale très ténue.

Le gésier est formé par une série de membranes qui sont: une {unique péritonéale externe, lrès mince ; une couche mus- culaire longitudinale; des faisceaux musculaires annulaires,

APPAREIL DIGESTIF DES ORTHOPTÈRES. 189

comprenant six ou sept assises disposées parallèlement les unes au-dessous des autres; l'assise des cellules chitinogènes, et enfin la couche chilineuse interne, épaisse, transparente, irrégulière, et constituant la substance des dents de l'appareil masticateur.

La structure histologique des cæcums ou appendices intesti- naux est des plus caractéristiques. Ces organes comprennent, en allant de l'extérieur à l’intérieur : une tunique ou enve- loppe péritonéale ; une très mince couche musculaire cons- tituée par quelques faisceaux longitudinaux ; des muscles circulaires, et enfin une couche basilaire, très ténue, servant de support à l’épithélium qlandulaire ciié. La présence d’une assise ciliée revêtant la face interne de l'intestin moyen et des cæcums des Orthoplères n'a rien qui doive nous sur- prendre, puisque Frenzel (1) a également observé, sur les cellules de l'intestin moyen des Insectes, des cils raides et immobiles. La même constatation a été faite par Leydig sur la Chenille de la Voctua aceris. D'autre part, nous sommes arrivé à un semblable résultat dans notre étude sur le tube digestif des Hyménoptères (2). L'intestin moyen présente à peu près la même structure histologique, avec cette différence que les couches musculaires longitudinales et circulaires sont beaucoup plus épaisses que dans l'organe précédent. L'intestin postérieur est surtout caractérisé par ses s27 replis longitudinaux internes et surtout par la régularité de son épithélium. Ce dernier est constitué par une assise unique de cellules rectangulaires à gros noyau sphérique plurinucléolé. Il est recouvert d’une épaisse membrane chitineuse, {ranspa- rente, à bords parallèles et parfois sinueux. Viennent ensuite les muscles circulaires, les muscles longitudinaux et la mem- brane péritonéale. Le rectum porte une série d’épaissis- sements ou bourrelets longitudinaux constituant les glandes rectales. Ces dernières présentent, en coupe transversale, une

(1) Der Mitteldarm der Insecten (Arch. für Mikros. Anat., 1886). (2) Appareil glandulaire des Hyménoptères (Ann. des Sciences natur. Zoo!., 1894).

190 L. BORDAS.

forme iriangulaire et comprennent une assise de grosses cellules rectangulaires, à noyau central sphérique ou légère- ment allongé et contenant de nombreux nucléoles très apparents. Une infima chitineuse recouvre cette assise épi- théliale (1).

CLASSIFICATION DES ORTHOPTÈRES D'APRÈS LES CARACTÉRES TIRÉS DE L'APPAREIL DIGESTIF

Les Orthoptères, d’après la conformation de leur appareil digeslif, peuvent être divisés en deux sous-ordres, caractérisés principalement par la présence ou l'absence de diverticules intestinaux. De plus, le nombre et la disposition des tubes de Malpighi, de même que la forme et la structure interne du gésier, permettent de subdiviser chaque sous-ordre en un certain nombre de familles nettement séparées les unes des autres, mais présentant entre elles certains rapports raita- chant une famille à l’autre et servant de transition entre chacune d'elles.

Aussi, grâce aux nombreuses variétés de structure qu’affecte le gésier et aux divers degrés de complicalion morphologique qu'offre son armature masticatrice interne, grdce surtout à l'absence ou à la présence de cæcums ou appendices intestinaux, avons-nous partagé l’ordre des Orlhoptères en deux sous- ordres : les AcoLoTAsIA Orthoptères sans appendices intestinaux, el les coLoTasrA, comprenant les Orthoptères à appendices intestinaux plus ou moins nombreux. Cette classifi- cation, basée uniquement sur des caractères de morphologie interne, a, en outre, l'avantage de grouper les Orthoptères dans un ordre à peu près parallèle à celui de l'apparition de ces Insectes dans les temps géologiques.

PREMIER SOUS-ORDRE : ACOLOTASIA. Les Acolotasia sont des Orthoptères dont l'appareil

(1) Pour l'étude histologique de l'Appareil digestif des Orthoptères, voir les p. 12, 13, 14; 91, 92, 94 ; 136 à 445 et 176 à 180.

APPAREIL DIGESTIF DES ORTHOPTÈRES. 191

digestif, pourvu de six parties très nettes, ne présente aucune trace de diverticules ou appendices à l'extrémité antérieure de l'intestin moyen. Glandes salivaires assez développées; tubes de Malpighi plus ou moins nombreux et débouchant (PAhas- midæ) au sommet de petits tubercules coniques; gésier rudi- mentaire.

Famille : Paasmiz.— Les Phasmidæ sont caractérisées par un tube digestif presque droit, sans circonvolution et par l’atrophie du gésier. La première partie de l'intestin moyen est recouverte d'une épaisse couche musculaire, dont les différents faisceaux sont dirigés transversalement, tandis que la seconde présente, sur son pourtour, de nom- breuses glandules à base élargie et conique et à sommet fiiforme. Les tubes de Malpighi sont nombreux, disposés en faisceaux et vont s'ouvrir au sommet de tubercules cylindro- coniques.

Famille: Forricuzipæ. Ces Insectes ont l'intestin légèrement sinueux à sa partie terminale, un gésier globu- leux et des tubes de Malpighi, au nombre de huit à dix, groupés en deux faisceaux.

DEUXIÈME SOUS-ORDRE: COLOTASIA.

Orthoptères dont l'appareil digestif, long et sinueux, dépasse généralement une fois et demie la longueur du corps de l’insecte et dont l'extrémité antérieure de l'intestin moyen est pourvue d'un plus ou moins grand nombre d'appendices tubuleux, clos à leur extrémité libre. Ces appendices ou diver- üicules sont au nombre de huit chez les Mantidæ et les Blat- hdæ, de six chez les Acrididæ et de deux seulement chez les Locustidæ et les Gryllidæ.

Famalle: BLarrinæ. Caractères : tube digestif long et sinueux, jabot volumineux, gésier pourvu d’une armature masticatrice très puissante, Awit appendices intestinaur el tubes de Malpighi nombreux et groupés en six faisceaux.

Famille: Maxridæ. Glandes salivaires volumineuses et comprenant plusieurs grappes, jabot très développé,

192 L. BORDAS.

gésier rudimentaire, Auf appendices ou cæcums intestinaux.

Famille : AcribupÆ. Tube digestif droit, non sinueux; glandes salivaires rudimentaires; gésier nul ou atrophié; Intestin moyen plissé longitudinalement ; tubes de Malpighi peu nombreux et groupés en faisceaux; six appendices intestinaux, coniques et pourvus d’un nombre égal de diverticules postérieurs, généralement très courts.

Famille : Locustinæ. Caractères: tube digestif long et sinueux; jabot très développé; gésier volumineux et pourvu d’une irès puissante armature chitineuse interne, à dents très fortes et disposées en six rangées; deux larges appendices intestinaux entourant les parois latérales du gésier; tubes de Malpighi nombreux, longs et filiformes, allant s’ou- vrir au sommet de pelits {ubercules cylindro-coniques.

Famille: GRYLLIDÆ. Caractères : iube digestif long et sinueux ; gésier large et volumineux, recouvert intérieu- rement d'une très puissante armature chitineuse. Les tubes de Malpighi, groupés en un large faisceau, vont s'ouvrir à l'extrémité élargie d’un canal efférent cylindrique jouant le rôle d'uretère. Ces Insectes, comme les Locustides, »'ont que deux appendices intestinaux.

EXPLICATION DES PLANCHES

PLANCHE I Appareil digestif des Forficulidæ et des Phasmidæ.

Fig. 4. Tube digestif de la Forficula auricularia. Md, mandibules: Ph, pha- rynx; OE, œsophage; Jab, jabot ; G, gésier ; [.m,intestin moyen, et I. p,in- testin postérieur ; T.M, tubes de Malpighi, peu nombreux et groupés en deux faisceaux ; R, rectum; g.#, glandes réctales et A, orifice anal.

Fig. 2.— Gésier de la Forficula auricularia. Dans cette figure, on a représenté également l'origine de l'intestin moyen el la portion terminale du jabot. Ja, portion terminale du jabot; p, prolongements des six languettes du gésier dans le jabot; G, gésier de forme ovoïde; I.m, intestin moyen; p, g, prolongements des lamelles du gésier dans l’axe de l'intestin moyen.

Fig. 3. Disposition de l’une des six colonnettes longitudinales du gésier. Cette colonnette ou languette est détachée et vue par sa face interne pour montrer les nombreux piquants situés en a et b; a, portion supérieure de la languette contenue dans le jabot ; c, région médiane de la languette; b, extrémité inférieure de la languette placée dans l’axe de l'intestin moyen.

Fig. 4. Coupe de l’æsophage de la Forficula auricularia. c. m, couche muscu- laire formée par des faisceaux annulaires peu épais. A l'extérieur existe quelques rares fibres longitudinales, recouvertes par une membrane très mince mp; ce, couche épithéliale constituée par une seule assise de cellules chitinogènes, de forme cubique, avec un gros noyau central n; ch, couche chitineuse mince, recouvrant l’épithélium. Cette couche se détache facilement des cellules sous-jacentes; O, cavité centrale de l’æsophage; R, un des nombreux replis que forme la couche interne; mp,membrane périlonéale très mince.

La structure du jabot est identique à celle de l’æsophage, avec cette diffé- rence toutefois que les replis sont plus nombreux, plus accentués et que la couche musculaire enveloppante est plus épaisse.

Fig. 5. Coupe de l'intestin postérieur de Forficula auricularia. M, mem- brane enveloppante externe, très mince. F/, faisceaux musculaires longi- tudinaux, peu nombreux; ce, couche épithéliale présentant six replis. longitudinaux R, très apparents extérieurement sous forme de bande- lettes blanchâtres ; ch, enveloppe chitineuse interne recouvrant la mem- brane épithéliale ; 0, cavité centrale; Fc, couche musculaire, constituée par des faisceaux annulaires. |

Fig. 6. Coupe transversale d’une glande rectale B de la Forficula auricu--

ANN. SC. NAT. ZOOL. ve 43

ee

194 L. BORDAS.

laria. Le rectum présente six bourrelets semblabies. R,R, sillons latéraux compris entre deux glandes rectales; ce, intima ou couche chitineuse; ac, matrice de l’intima chitineuse ou assise chitinosène ; E, assise épi- théliale, formée par de grosses cellules rectangulaires, à noyau central ovale pourvu de nombreuses granuïations nucléolaires. Chaque bourrelet ou repli glandulaire renferme environ de 10 à 12 cellules semblabies. Le protoplasme cellulaire présente de nombreuses striations, bien accentuées surtout vers le bord interne; Tr, filaments trachéens vus en coupe; Ag, assise génératrice épithéliale; Te, tissu conjonctif; cl, faisceaux mus- culaires longitudinaux ; cmc, couche musculaire circulaire, généralement très mince.

Fig. 7. Ensemble de l'appareil digestif du Phibalosoma pythonius (Westw.). Md, mandibules; m, faisceaux musculaires raltachant le pharynx aux parois latérales céphaliques ; OË, œsophage ; ju, jabot ; Im,, portion anté- rieure de l'intestin moyen avec ses gros bourrelets musculaires annu- laires ; Im,, deuxième portion de l'intestin moyen, portant un certain nombre de glandules gl, à base ovoïde et terminées par un filament srèle et flexneuxe Tn, tubes de Malpighi, £ groupés en plusieurs faisceaux S'ouvrant au sommet de petits tubercules coniques; Ip, intestin terminal; R, rectum, présentant six bourrelels longitudinaux a correspondant à des replis épithélianx internes (glandes rectales); Ag, armature génitale.

Fig. 8. Bourrelet valvulaire Ro, @e l'extrémité postérieure Ip, de intestin terminal de Phibalosoma. Ces bourrelets, de forme pyramidale, sont au nombre de six. R, bandelette interne du rectum.

Fig. 9. Portion terminale de l'intestin moyen Im? de Phibalosoma, avec ses replis longitudinaux séparant des bourrelets parallèles B. Tm, tubes de Malpighi, groupés en plusieurs faisceaux s’ouvrant au sommet de petits tubercules coniques a.

Fig. 10. Porlion terminale de l'abdomen de Phibalosoma pythonius; a et D, deux derniers segments abdominaux ; A, armature génitale.

Fig. 11. Orifice antérieur du rectum de Phibalosoma, avec ses six val- vules V, limitant un orifice étoilé O ; Ve, enveloppe musculaire du rétré- cissement postérieur de l'intestin terminal.

PLANCHE II.

Appareil digestif des Forficulidæ (Forficula), des Phasmidæ (Acanthoderus, Necroscia) et des Mantidæ (Tenodera).

Fig. 4. Appareil digestif de l’Acanthoderus spinosus. Md, mandibules ; M, faisceaux musculaires rattachant le pharynx Ph aux parois latérales céphaliques; Ph, pharynx ; OE, œsophage; Rs, réservoirs salivaires de forme ovoide; Gs, glandes salivaires avec leurs canaux excréteurs ce, Ja, jabot; Im,, portion antérieure de l'intestin moyen; Im,, portion terminale du même organe; G{, glandules filiformes dépendant de l'in- testin moyen; Tm, tubes de Malpighi groupés en nombreux faisceaux ; Ip, intestin postérieur ou terminal; R, rectum et glandes rectales Gr.

Fig. 2. Appareil digestif de la Tenodera Australasiæ. Get organe est remar- quable par l'énorme développement du jabot qui remplit tout le thorax et la moitié antérieure de l’abdomen et par la grande réduction des intestins moyen et postérieur. Md, mandibules ; OE, œsophage ; Rs, réser- voirs salivaires ; GS, glandes salivaires et canaux excréteurs ce ; Ja, Ja,

EXPLICATION DES PLANCHES. 195

portion antérieure et portion postérieure du jabot; Ge, gésier atrophié ; Ai, appendices intestinaux; Im et Ip, intestins moyen et postérieur ; Tm, tubes de Malpighi; R, rectum; Gr, glandes rectales; Ag, armure génitale.

Fig. 3. Structure des colonnes chitineuses, avec denticulations, de la partie postéro-interne du jabot de l’Acanthoderus spinosus. R, bandelette cornée recouverte de dents chilineuses d et limitée par une dépression longitudinale S.

Fig. 4. Portion terminale de l'intestin moyen de l’Acanthaderus, avec ses bourrelets transversaux. gl, glandules à base conique et à extrémité fili- forme ; Tm, tubes de Malpighi allant s'ouvrir au sommet de petits diver- ticules coniques.

Fig, 5.— Section transversale du gésier et de la partie antérieure de l'intestin moyen de la Forficula auricularia. M, membrane enveloppante externe ou tunique péritonéale. F{, fibres musculaires longitudinales; Fe, couche musculaire annulaire ; ce, membrane épithéliale interne de la portion antérieure l'intestin moyen. L’épithélium est constitué par une assise unique de hautes cellules cylindriques, alignées en ordre et symétrique- ment disposées. Ces cellules sont pourvues de gros noyaux cylindriques ou ovales présentant, à leur intérieur, de nombreuses granulations nu- cléolaires ; elles sont, en outre, surmontées d’un plateau chitineux strié et cilié A. Gi, épithélium interne, appartenant à la surface externe du gésier, de même structure que l’épithélium ce. A, revêtement cilié épi- thélial; B, cavité interne de l'intestin; La, replis internes (lamelles) du gésier avec leurs cellules chitinogènes, leur revêtement corné et leurs denticulations ; Ga, cavité centrale du gésier.

Fig. 6. Replis chitineux de la face interne de la région postérieure du jabot, chez la Necroscia erechtheus. B, larges bandelettes cornées recou- vertes de dents chitineuses d, disposées régulièrement; S, dépression longitudinale séparant deux bandelettes. |

Fig. 7. Une des glandules externes de l'intestin moyen de l’Acanthoderus, vue à un fort grossissement. R, réservoir, de forme conique; ca, portion

filiforme de la glande.

Fig. 8. Canaux excréteurs des glandes salivaires de l’Acanthoderus; ce, caualicules excréteurs ; ce, canaux efférents, s'accolant en E, au moment de s’ouvrir au dehors.

Fig. 9. Une portion de la membrane chitineuse {ch qui recouvre les bour- relets situés au-dessous des dents du gésier de la Mantis religiosa; d, dents ou soies chitineuses, à sommet simple ou bifide.

PLANCHE IL.

Appareil digestif des Mantidæ (Hierodula, Stagmatoptera, Mantis, Eremiaphila) et des Blattidæ (Blabera atropos, Bl. gigantea).

Fig. 1. Portion terminale de l'appareil digestif de Blabera atropos. Im, intestin moyen ; Ip, intestin postérieur ; Tm, tubes de Malpighi groupés en un large faisceau; R, renflement de l'intestin postérieur ou terminal ; Re, rectum.

Fig. 2. Appareil digestif de l'Hierodula bioculata. Cet organe présente un œsophage très allongé. M4, mandibules; Ph, pharynx; OŒ, œsophage ; Gs, glandes salivaires; Rs, réservoirs et ce, canaux excréteurs ; Ja, jabot

196 L. BORDAS.

très volumineux ; Ge, gésier presque atrophié ; Ai, appendices intestinaux, longs et flexueux; Im, intestin moyen ; Tm, tubes de Malpighi; 1p, intestin postérieur ; R, rectum et glandes rectales Gr.

Fig. 3. Appareil digestif d'Eremiaphila denticollis. Md, mandibules ; Ph, pha- rynx; Gs, glandes salivaires avec leurs réservoirs R et leurs canaux excré- teurs c ; OE, œsophage ; Ja, jabol; Ai, appendices intestinaux ; Im, intestin moyen; Ip, intestin postérieur; Tm, tubes de Malpighi; R, rectum et glandes rectales Gr.

Fig. 4. Portion interne du gésier de Blabera atropos, montrant les replis et les denticules ; Ja, portion inférieure et interne du jabot avec ses replis; d, denticules du gésier. Ces denticules sont les derniers vestiges de l’arma- ture chitineuse si développée chez les Blattes. Ge, replis du gésier.

Fig. 5. Mode d'insertion des appendices intestinaux à l’origine de l'intestin moyen chez la Stagmutoptera predicatoria. n, nerf sympathique sus-intesti- nal, avec ganglion intestinal gs; Ja, jabot; Ai, cæcums intestinaux; Ap,ren- flement du gésier ; Im, extrémité antéro-interne de l'intestin moyen, pré- sentant une série de dépressions ca, au sommet desquelles se voient les orifices o des cæcums intestinaux.

Fig. 6. Vue interne du gésier de la Mantis religiosa. Bo, une des six colonnes cornées internes, bombées, avec ses bandelettes longiludinales chiti- neuses, irrégulières, souvent même anastomosées entre elles et portant, à leur surface libre, de nombreuses soies très courtes; S, dépression lon- gitudinale, peu profonde, comprise entre deux colonnes cornées; d, une des dents chitineuses, recourbées en arrière et situées à l'extrémité des dépressions S; B, zone séligère, demi-circulaire, bombée et hérissée de soies ou poils chitineux, de formes et de dimensions variables ; p, pédi- cule cylindrique qui se prolonge dans l’axe de l'intestin moyen.

Fig. 7. Colonnes chitineuses B du gésier de la Stagmatoptera predica- toria ; B', légers bourrelets chitineux, surmontant les colonnes et séparés par des dépressions; d, dent chitineuse ; a, zone fusiforme pilifère portant des soies tantôt libres, et tantôt soudées, formant alors une sorte de denticule ; $S, région pilifère située à l'extrémité postérieure du gésier.

Fig. 8 Une des six colonnes masticatrices du gésier de la Blabera gigantea. L’armature masticalrice, bien développée chez les Périplanètes, est à peu près atrophiée chez les Blabera; D, dent de l’armature au- dessous de laquelle sont de légers replis c disposés longitudinalement.

PLANCHE IV.

Appareil digestif des Blattidæ (Periplanela, Blabera, Epilampra, Polyzosteria, etc...)

Fig. 1. Appareil digestif de la Polyzosteria limbata. L'échantillon soumis à notre examen avait les dimensions suivantes : longueur, 62 millim., et largeur, prise au segment abdominal, 22 millim. Quant au tube digestif, il mesurait, complètement développé, 127 millim. PA, pharvnx; OE, œsophage ; Ja, jabot et gésier Ge; Ai, appendices ou cæcums intesti- naux au nombre de huit. La figure n’en représente que six; Im, intestin moyen, flexueux et très long; Tm, tubes de Malpighi groupés en six faisceaux autour de l'intestin ; Ip, intestin terminal avec un renflement médian R; Re, rectum et glandes rectales Gr.

Fig. 2. Ensemble de l'appareil digestif de la Blabera gigantea. Cette espèce

EXPLICATION DES PLANCHES. 197

avait les dimensions suivantes : longueur, 61 millim., et largeur, au 4e segment abdominal, 25 millim. ; Ph, pharynx; OE, œsophage; Ja, jabot; Ge, gésier ; Ai, appendices intestinaux ; Im, intestin moyen; Ip, intestin terminal avec les tubes de Malpighi Tm groupés suivant une plage irré- gulière ne comprenant que les deux cinquièmes environ de la circonfé- rence intestinale ; Re, renflement de l'intestin postérieur; R, reclum et glandes rectales Gr.

Fig. 3. Glandes salivaires de la Periplaneta americana. Gs, massif salivaire formé par l’agglomération de plusieurs grappes; ca, canaux excréteurs des acini glandulaires; a, canaux efférents et réservoirs salivaires Rs; ce, canal excréteur commun, formé par la fusion des deux réservoirs glandulaires Rs et des canaux efférents a.

Fig. 4. Jabot et gésier de la Periplaneta americana ouverts et montrant une partie de l’armature masticatrice. Ja, cavité interne du jabot, avec ses bourrelets internes R séparés par de nombreux replis longitudinaux; Ge, gésier ouvert et montrant trois colonnes de l’armature masticatrice ; p, pédoncule du gésier pénétrant dans l’axe de la partie antérieure de l'intestin moyen.

Fig. 5. Une des colonnes masticatrices du gésier de la Polyzosteria limbata. Ja, portion interne du jabot avec ses replis;, dd', dents du gésier disposées en séries longitudinales. Le gésier est composé de six rangées identiques à celle de la figure; R, replis longitudinaux de l’appendice qui pénètre. dans l’axe de la partie antérieure de l'intestin moyen.

Fig. 6. Une des six colonnes qui constiluent l’armature interne du gésier de la Periplaneta americana (vue de profil). Ja, extrémité inférieure du jabot; D, première dent chitineuse très forte et pourvue de plusieurs tubercules coniques; I, dépression cunéiforme située au-dessous de la première dent; D,, deuxième dent de la colonne, coiffée d'une mince couche de chitine; I,, deuxième dépression transversale ; D,,, repli mus- culaire dentiforme, recouvert d’une mince couche cornée et se prolon- geant dans le pédoncule postérieur du gésier; d, denticule formée par ‘une série de lamelles chitineuses soudées.

Fig. 7. Partie antérieure de l'intestin de la Periplaneta americana. OE, œso- phage; Ja, jabot; Ge, gésier; Im, extrémilé antérieure de l’intestin moyen, avec trois appendices intestinaux A2. Les trois autres ne sont pas repré- sentés.

Fig. 8. Portion terminale du segment postérieur abdominal de la Poly- zosteria limbatu. Fig. 9. Face interne du gésier et de l'extrémité inférieure du jabot de

l'Epilampra gracilis. cc', colonnes chitino-musculaires du gésier. Cet or- gane, atrophié et rudimentaire, est complètement dépourvu de dents.

PLANCHE V. _ Appareil digestif des Blatlilæ et des Acridiidæ.

Fig. 1. Ensemble de l'appareil digestif de la Periplaneta americana. Ph, pharynx; OE, œsophage ; ja, jabot; Ge, gésier ; Ai,appendices intestinaux, au nombre de huit. La figure n’en représente que sept. Im, intestin moyen ; Ip, intestin postérieur; fm, tubes de Malpighi disposés en six faisceaux, s’ouvrant au sommet de six tubercules disposés circulairement à l’origine de l'intestin terminal; R, rectum avec six épaississements

198 L. BORDAS.

longitudinaux Gr, analogues aux glandes rectales des Hyménoptères ; À, orifice anal.

Fig. 2. Face interne de la portion terminale du jabot et de l'extrémité antérieure de l'intestin moyen chez l'OEdipoda miniata. cs, cæcum intesti- nal antérieur, avec son appendice postérieur ci; Ja, face interne du jabot avec ses replis longitudinaux et ses piquants chitineux ; Im, face interne de l'intestin moyen; a, valvule circulaire séparant le jabot de l'intestin moyen ; 0, orifice commun du cæcum intestinal et de son appendice pos- térieur c1 ; V, épaississement chitineux triangulaire, représentant le der- nier vestige de l’armature masticatrice du gésier. On compte, à l’extré- mité du jabot, six épaississements semblables, disposés circulairement.

Fig. 3. Ensemble de l'appareil digestif de l'OEdipoda miniata. Md, man- dibules ; Ph, pharynx ; OE, œsophage; Ja, jabot volumineux et de forme. ovoide; Gs, glandes salivaires peu développées et formées par un petit nombre de grappes à acini sphériques ; ci, cæcums ou appendices intesti- naux, au nombre de six, disposés circulairement autour de la partie antérieure de l'intestin moyen et enveloppant l'extrémité postérieure du jabot. Ces appendices sont pourvus de prolongements à, en général assez courts ; Tm, tubes de Malpighi disposés en plusieurs faisceaux, insérés à l’origine de l'intestin postérieur Ip ; Im, intestin moyen; R, rectum avec les glandes rectales Gr. Ag, extrémilé postérieure de l'abdomen avec

.: l’armature géniltale. |

Fig. 4. Appareil digestif d’Epilampra gracilis. Ph, pharynx ; OE, œæso- phage ; Gs, glandes salivaires ; Ju, jabot; Ge, gésier presque atrophié ; Ip, intestin postérieur ; Tm, tubes de Malpighi disposés en trois touffes (la figure n’en représente que deux) équidistantes, s'ouvrant au sommet de petits tubercules coniques t{ dus à des évaginations latérales de la partie antérieure de l'intestin terminal. R, rectum et glandes rectales Gr ; ci, cœcums intestinaux, au nombre de huit à dix chez l’Epilampra.

Fig. 5. Faces internes du jabot Ja et du gésier G de la Panesthia java- nica. On remarque les replis longitudinaux R du gésier G avec les petites denticulations d. La ligne de séparation / entre le jabot et le gésier est indiquée par un faible sillon annulaire. |

Fig. 6. A, portion d’un bourrelet circulaire de la première partie du jabot du Pamphagus elephas, avec de nombreuses soies chitineuses. B, la- melle chitineuse recouverte de dents d et située à la partie postérieure du jabot du Pamphagus elephas. Cette partie du jabot correspond au gésier des autres Orthoptères,

Fig. 7. Face interne de la partie postérieure du jabot de l’OŒdipoda cærulescens et de l'O. miniata. La portion terminale L est l'homologue du gésier des Gryllidæ, des Blatlidæ, etc. Ja, face interne de l'extrémité postérieure du jabot, avec ses replis longitudinaux R surmontés de peti- tes pointes chitineuses coniques P : L, lamelles chitineuses disposées en V, à bords épais, représentant les derniers vestiges de l’armature masti- catrice des Locustidæ et des Gryllidæ. Il existe six lamelles semblables, disposées en cercle autour de l'extrémité postérieure du jabot ; B, bord postérieur du jabot, formant une valvule circulaire, à la suite de laquelle.

. commence l'intestin moyen.

Fig. 8. Coupe transversale d’un cæcum intestinal d'OEdipoda cærules- cens, avec ses nombreux replis internes. P, paroi externe avec ses mus- cles circulaires me; KE, épithélium constitué par de longues cellules cylindriques ciliées, à gros noyau ovale,

IXPLICATION DES PLANCHES. 199

Fig. 9. Un des six bourrelets chitineux du gésier (extrémité postérieure du jubot) de l'OŒdipoda miniata. Ce bourrelet B, d'apparence fongiforme, est plus aplati que ceux des Stenobothrus et des Mecosthetus. Son pé- doncule est, de même, plus court. Ma, faisceaux musculaires circulaires. La musculature n’est pas entièrement représentée ; M, faisceaux muscu- laires situés dans l'intérieur du bourrelet B. c, assise des cellules chiti- nogènes ; ce, membrane chitineuse munie, au sommet des bourrelets longitudimaus, de nombreuses el fines denticulations.

PLANCHE VI. Appareil digestif des Acridiidæ (Suite).

Fig. 4. -— Ensemble de l'appareil digestif du Paæcilocerus (famille des Pyrgomorphinæ). Ph, pharynx; OE, œsophage; Ja, jabot; ci, cæcums intestinaux, au nombre de six, pourvus de strialions longitudinales et d’appendices postérieurs a; Tm, tubes de Malpighi groupés en plusieurs faisceaux ; Im, inlestin moyen; Ip, intestin postérieur, avec rectum R et glandes rectales Gr.

Fig. 2. Appareil digestif (sauf le jabot et l’œsophage) de la nymphe d'Acridium peregrinum.

ci, cæcums intestinaux avec leurs prolongements musculaires filifor- mes à les rattachant aux parois latérales du jabot ; b, appendices posté- rieurs des cæcums intestinaux; Im, intestin moyen; Tm, tubes de Malpighi, très nombreux et disposés en touffes s’ouvrant au sommet de petits tubercules coniques placés à l’origine de l'intestin terminal ; Ip, in- testin postérieur avec le rétrécissement R et le rectum Re. Autour du rectum, on remarque des bandelettes fusiformes et longitudinales, consti- tuant les glandes rectales Gr, analogues, comme structure histologique, à celles que nous avons étudiées chez les Hyménoptères.

Fig. 3. Portion médiane de l’appareil digestif du Caloptenus italicus. Im, intestin moyen; ci, cæcums intestinaux, au nombre de six, avec leurs appendices postérieurs cp ; Tm, tubes de Malpighi, minces et fili- formes, disposés en six touffes à l’origine de l'intestin terminal Ip.

Fig. 4. Face interne du jabot de l’Acridium peregrinum adulte; S, plage rectangulaire de la face ventrale, limitée de chaque côté par un sillon surmonté d'un bourrelet. Cette plage est sillonnée par des replis peu apparents ; P, replis transverses de la moitié antérieure du jabot; B et b, bourrelets longitudinaux de la région postérieure du jabot. Ces bourre- lets, très serrés, sont surmontés de denticules chitineuses. Ils se grou- pent peu à peu en six faisceaux allant converger entre les branches antérieures d’une denticulalion L, disposée en forme de Y. Cette portion terminale du jabot joue le rôle de gésier.

Fig. 5. Paroi interne @e la portion terminale du jabot (gésier) du Steno- bothrus lineatus. B, bourrelets longitudinaux limitant un large sillon ventral s; R, bandelettes circulaires transversales, parallèles et situées dans des plans perpendiculaires à l’axe du corps de l’insecte; R{, bande- lettes longitudinales, hérissées de pelites pointes chilineuses. Cette por-- tion du jabot correspond au gésier de la plupart des autres Orthoptères.

Fig. 6. Mode d'embouchure des cæcums intestinaux dans l'intestin moyen, chez le Pamphagus elephas. ca, cæcum intestinal avec son appen- dice postérieur a; B, portion terminale de la face interne du jabot,

200 L. BORDAS.

recouverte d'une membrane chitineuse pourvue de bourrelets longitudi- naux denticulés ; Bo, large bourrelet terminal du jabot pénétrant dans. l'axe de l'intestin moyen; 0, orifice de communication des cæcums intes- tinaux ca et a avec l’intestin moyen V.

Fig. 7. Face interne de la partie postérieure du jabot du Pamphagus elephas. Cette région peut être considérée comme l’homologue du gésier de la plupart des autres Orthoptères ; B, bandelettes longitudinales por- tant sur leur crête de nombreuses petites dents chitineuses; L, lamelle chitineuse à bords épais, correspondant à l’armature masticatrice du gésier des Blattidæ, des Gryllidæ, etc.

Fig. 8. Bourrelets chitineux, avec dents d, de la face postéro-interne du jabot du Stenobothrus lineatus. Fig. 9. Coupe transversale faite au tiers postérieur du jabot du Steno-

bothrus longicornis; R, replis chitineux internes ; Me, membrane envelop- pante externe ; F{, fibres musculaires longitudinales ; Fa, faisceaux annulaires ou circulaires ; cc, assise cellulaire chitinogène ; ch, membrane enveloppante, chitineuse interne.

Fig. 10. Coupe d’une portion de la région médio-antérieure du jabot du Mecosthelus grossus. Dans la figure, on n’a indiqué que quatre replis R, mais le nombre de ces derniers est compris entre quarante et soixante.

(Les lettres représentent les mêmes parties que dans la figure précé- dente.)

PLANCHE VII. Appareil digestif des Acridiidæ et des Locuslidæ.

Fig. 1. Appareil digestif du Sfenobothrus lineatus. Ph, pharynx ; OE, œæso- phage ; M, faisceaux musculaires reliant le pharynx aux parois latérales céphaliques ; gs, glandes salivaires avec canaux excréteurs ce; Ja, jabot; ci, appendices intestinaux antérieurs avec leurs proiongements posté- rieurs a ; Im, intestin moyen et Ip, intestin terminal avec son étrangle- ment Ra; R, rectum avec glandes rectales Re.

Fig. 2. Ensemble de l'appareil digestif de la Truxalis unguiculata (les lettres sont les mêmes que dans la figure précédente et désignent les mêmes parties). Le rectum R est allongé et fusiforme et les glandes rec- tales Re affectent la forme de six longues bandelettes longitudinales.

Fig. 3. Portion médiane du tube digestif du Mecosthetus grossus, avec la disposition des tubes de Malpighi et celle des cæcums intestinaux ; Ja, jabot ; ci, appendices intestinaux avec leurs prolongements postérieurs a; Im, intestin moyen et tubes de Malpighi Tm.

Fig. 4. Section faite à l'extrémité postérieure du jabot (gésier) chez le Stenobothrus lineatus, pour montrer le mode d’embouchure des cæcums intestinaux. (Figure d'ensemble et demi-schématique.) cg, cavité posté- rieure du gésier ; P, parois et bourrelets longitudinaux B du gésier; ce, cavité terminale (embouchure) des cæcums intestinaux ; c,, cæcums intestinaux avec leurs replis internes R.

Fig. 5. Coupe du gésier (portion postérieure du jabot) un peu au-dessus de l'insertion des cæcums intestinaux, chez le Stenobothrus lineatus. Les replis internes du jabot se sont modifiés et groupés en six larges bourre- lets claviformes B, dont deux sont représentés dans la figure. Chaque bourrelet, à sommet élargi, porte de fines denticulations et est relié aux

EXPLICATION DES PLANCHES. 201

parois par un court pédoncule. Entre deux bourrelets conséculifs existent deux ou trois petits replis secondaires b. B, bourrelets et b, replis inter- médiaires recouverts d'une membrane chitineuse a ; ce, assise des cellules chitinogènes ; Fc, faisceaux musculaires circulaires.

Fig. 6. Cellules de l’épithélium des cæcums intestinaux du Stenobothrus longicornis. b, membrane basale; p, protoplasme granuleux ; n, noyaux sphériques, très volumineux, pourvus de nombreux nucléoles; c, cils très courts et très nombreux, recouvrant la face supérieure des cellules et simulant un plateau-cuticulaire strié. Ces cils, en forme de bâtonnets, très serrés, sont emportés par la cellule quand cette dernière se détache.

Fig. 7. Gésier, appendices intestinaux et partie antérieure de l'intestin moyen du Cleandrus rex (Brum).

Ja, extrémité postérieure du jabot; Ge, gésier avec son pédoncule an- térieur Pa; Ai, appendices ou cæcums intestinaux du Cleandrus. Ces cæcums, très caractéristiques, comprennent, de chaque côté du gésier, deux groupes dont l'inférieur n’est constitué que par un seul organe et l’antérieur M est formé par l'accolement de sept ou huit tubes. Ce der- nier massif M a la forme d’une main dont tous les doigts seraient soudés. IL est enveloppé par une membrane commune externe et la cavité centrale est partagée en plusieurs loges par des cloisons perpendiculaires aux faces. Ces loges internes, correspondant chacune à un cæcum, vont s’ou- vrir séparément à la partie antérieure de l'intestin moyen. Cette disposi- tion, très importante et très instructive, est intermédiaire entre celle que présentent les cæcums intestinaux chez les Blattidæ, les Mantidæ, etc., et celle qu'ils affectent chez les Locustidæ et les Gryllidæ. Im, intestin moyen.

Fig. 8. Dent latérale d’une colonne masticatrice du gésier de la Salomona megacephala ; ch, sommet chitineux et élargi de la dent; B, portion basi- laire, de nature musculaire.

Fig. 9. Coupe transversale du gésier (région médiane) du Decticus albi- frons. Tp, membrane ou tunique péritonéale enveloppante ; M, faisceaux musculaires longitudinaux ; Me, couche musculaire circulaire dont cer- tains faisceaux cr pénètrent même jusque dans les dents médianes Dm; ei, assise cellulaire chitinogène; ce, membrane chitineuse, très épaisse surtout au sommet et sur les côtés des dents médianes Dm; D{, dents latérales de chaque colonne masticatrice, dont le sommet est recouvert de longs poils chitineux; L, languetle chitineuse longitudinale située dans les profondes dépressions comprises entre les colonnes mastica- trices ; Dm, dents médianes, très fortes, de la région centrale de chaque colonne masticatrice. Chacune de ces dents, recouverte d’une épaisse couche chitineuse, porte de nombreuses denticulations à son sommet et sur ses côlés.

Fig. 10. Coupe transversale des appendices intestinaux antérieurs du

. Cleandrus rex, montrant les diverses cavités ca correspondant à chacun des cæcums des Blattidæ, Mantidæ, etc.; cl, cloisons perpendiculaires aux parois de l'organe ; d, coupe transversale des bourrelets longitudinaux des cloisons.

Fig. 11. Coupe transversale d’une des cavités des appendices antérieurs du Cleandrus rex. Ev, membrane recouvrante externe des cæcums intes- tinaux ; ca, cavilé; cl, cloison latérale d'une cavité avec la coupe des replis longitudinaux d.

Fig. 12. Üne des colonnes masticatrices du gésier du Cleandrus rex.

202 L. BORDAS.

AA'et BB’, limites latérales d'une portion de colonne ; Dm, dents média- nes, en forme de lamelles foliacées, portant des soies chitineuses sur leur bord ; dl, dents latérales, de forme ovoide.

PLANCHE VII. Appareil digestif des Locustidæ.

Fig. 1. Ensemble de l'appareil digestif d’une Ephippigerinæ, l’Ephippi- qer , Md, mandibules ; ph, pharynx; OE, æsophage très court; Ja, jabot avec son rétrécissement antérieur Ja’; Ge, gésier, organe beau- coup plus réduit que celui des autres Locustidæ et dépourvu d’un pédon- cule antérieur. 11 s’insère un peu excentriquement sur la face postérieure du jabot ; Aï, cæcums intestinaux, divisés en sept ou huit chambres par de larges cloisons internes ; Tm, tubes de Malpighi dont les extrémités antérieures forment deux grosses touffes { fixées au sommet des cæcums intestinaux. Ces organes sont disposés en trois ou quatre faisceaux facilement séparables et allant s'ouvrir au sommet de courts diverti- cules cylindro-couiques Bo; Fm, faisceau postérieur ; Im,intestin moyen ; Ip, inteslin postérieur; R, rectum et glandes rectales Gr ; Ag, armature génitale avec une plaque O, recouvrant l’orifice anal.

Fig. 2. Appareil digestif de la Salomona megacephala. Gs, glandes sali- vaires avec canaux excréteurs ce. Les autres lettres représentent les mêmes parties que dans la figure 1.

Fig. 3. Deux rangées transversales de dents de chaque colonne masti- catrice rudimentaire du gésier de l'Ephippiger bitteriensis. Chaque colonne est pourvue de sept rangées semblables, sauf la dernière qui est un peu atrophiée ; {, lamelles chitineuses séparant les colonnes masticatrices ; D, dents médianes et d dents latérales de chaque colonne.

Fig. 4 Appareil digestif du Platyphyllum giganteum. Get appareil est un terme de passage entre celui des Acridiidæ et celui des Locustidæ. Les glandes salivaires Gs, sont très volumineuses, pourvues de canaux ex- créteurs cylindriques ce et de réservoirs R. Les autres lettres de la figure représentent les mêmes parties que celles de la figure 1.

Fig. 5. Un des six bourrelets dentifères silués à l'extrémité postérieure du jabot de la Platycleis grisea; De, dent chitineuse à bords crénelés ; R, replis de la membrane chitineuse interne du jabot ; D, tubercule recou- vert de nombreuses soies cornées et situé à l’origine du pédoncule anté- rieur du gésier ; P, double bourrelet chilineux recouvert de soies cornées très courtes.

Fig. 6. Coupe transversale du jabot (région médiane) du Decticus verrucivorus. R, replis internes que forme la membrane chitineuse recou- vrante cc. Cette membrane porte de nombreuses petites denticulations surtout abondantes et bien développées au sommet des bourrelets ; eg, assise cellulaire chitinogène formée par de petites cellules cubiques à gros noyaux ; cm, couche musculaire circulaire. La musculalure longitu- dinale et la tunique péritonéale n'ont pas été représentées.

Fig. 7. Insertion des tubes de Malpighi chez la Platycleis grisea ; Im, in- testin moyen ; Ip, intestin postérieur et tubes de Malpighi Fm; B, bourre- lets provenant de diverticules de l'origine de l'intestin postérieur et au sommet desquels viennent s'ouvrir de nombreux tubes de Malpighi. Il existe six bourreletssemblables autour de Fintestin terminal ou postérieur.

EXPLICATION DES PLANCHES. 203:

Fig. 8. Deux cellules épithéliales ciliées A des appendices intestinaux de Decticinæ (Decticus verrucivorus) ; b, couche basilaire ; n, noyau conte- nant plusieurs nucléoles ; €, revêtement cilié, formé par une assise de cils très courts et très serrés, dont l’ensemble affecte l'apparence d’un pinceau ou d'une brosse ; ce, cellule interne ou de remplacement.

PLANCHE IX. Appareil digestif des Locustidæ (Suite).

Fig. 1. Ensemble de l'appareil digestif du Decticus verrucivorus G‘. Md, mandibules ; Ph, pharynx ; OE, œsophage ; M, muscles ; Ja, jabot; Ge, gésier avec son pédoncule antérieur p; Ai, cæcums ou appendices intes- tinaux ; Im, intestin moyen et Ip, intestin postérieur ou terminal ; R, rec- tum et glandes rectales Gr; Tm, tubes de Malpighi. Ces glandes tubuleuses sont disposées en six touffes s’ouvrant au sommet de six cæcums très courts. Ces cæcums sont disposés par paires en trois groupes. Dans la figure, on n'a représenté que deux faisceaux séparés par un intervalle libre.

Fig. 2. Appareil digestif d'une Conocephalinæ (Pseudorhynchus minor, Redtenb.). Les lettres représentent les mêmes parties que dans la figure précédente. Les tubes de Malpighi Tm sont groupés en six touffes allant déboucher chacune au sommet d'un tubercule situé à l’origine de l'intes- tin postérieur. Dans la figure, on n’a représenté que quatre tubercules réunis deux à deux. Chez les Conocéphalides, ces diverticules ou bourre- lets de l'intestin postérieur sont, tantôt irrégulièrement disposés, tantôt, au contraire, ils sont réunis par paires.

Fig. 3. Insertion des tubes de Malpighi Tm, chez le Decticus verrucivo- rus ; t, tubercules coniques au sommet desquels viennent déboucher les tubes de Malpighi.

Fig. 4. Dent de la rangée médiane de chaque colonne masticatrice du gésier de Platycleis grisea; R, racines de la dent; Tm, tubercule médian à denticuies latérales d; a, tubercule latéral.

Fig. 5. Coupe transversale du rectum (glandes rectales) du Decticus verrucivorus. Dans la figure, on n'a représenté qu'un seul bourrelet B ; l'organe tout entier en possède six. Ces six bourrelets, allongés, fusifor- mes, à section triangulaire, placés à égale distance les uns des autres, constituent les glandes rectales. cc, couche ou intima chitineuse; E, épi- thélium constitué par de longues cellules cylindriques, à gros noyau central multinucléolé : £cb, tissu conjonctif; cb, couche génératrice ; Tr, coupe de tubes trachéens ; cg, couche génératrice de la membrane chiti- neuse recouvrante cc; B, une des glandes rectales qui, en coupe, affecte une forme triangulaire; R, repli compris entre deux glandes rectales; Fe, couche musculaire circulaire (interne) ; F{, faisceaux de muscles lon- gitudinaux (externes), localisés surtout entre chaque glande rectale, en face des dépressions R; mp, membrane ou tunique péritonéale recou- vrante externe, très mince.

Fig. 6. Une des six rangées de dents de la région postérieure du jabot du Decticus verrucivorus ; DD, dents en forme de curette, à bord posté- rieur libre et crénelé; R, replis transversaux de la membrane chitineuse interne; De, dents et plages sétigères situées à l’orifice postérieur du jabot ; Ra, double rangée de soies chitineuses minces et transparentes,

204 L. BORDAS.

Fig. 7. Dent médiane, vue verticalement par sa face poslérieure, d'une des six colonnes longitudinales masticatrices qui recouvrent la face in- terne du gésier, chez le Decticus verrucivorus, dm, dent médiane avec sa lame moyenne triangulaire ém et ses deux tubercules latéraux dl; bl, bourrelet latéral sétigère situé à Ja base du tubercule dl; tc, dent laté- rale séparée de la médiane dm par un sillon longitudinal ; Ra, base de la dent latérale recouverte de longues soies chitineuses ; a, tubercule chiti- neux surmontaänt la dent latérale.

Fig. 8. Une des six colonnes chitineuses qui revêtent la face interne du pédoncule antérieur du gésier du Decticus albifrons. d, petit tubercule chitineux provenant de l’agglutination d’un certain nombre de soies ; de, bourrelet sétigère portant à sa surface des touffes de soies cornées et filiformes.

Fig. 9. Face externe d’une des dents latérales de chacune des six colon- nes masticatrices du gésier de la Platycleis grisea. T, tubercule chitineux supérieur ; B, base de la dent recouverte par de nombreuses soies cor- nées très longues.

Fig. 10. Coupe transversale de la région médiane d’un des cæcums intestinaux du Decticus verrucivorus. La cavité centrale est divisée par cinq longs replis irréguliers L, en six loges ou chambres incomplètes cc. L'épithélium glandulaire n’a été représenté que sur un seul repli Le; pe, parois externes du cæcum; pi, parois internes légèrement concaves. L’épithélium interne Le est cylindrique et cilié.

Fig. 41. Coupe transversale d’un cæcum intestinal de l'Eremus spinulo- sus (Brün). In, face interne ; Ex, face externe; cl, cloison provenant d’un repli de la membrane interne de l’appendice; E, enveloppe externe com- mune.

Fig. 12. Une des dents de la rangée latérale des colonnes masticatrices du gésier de la Gryllacris aurantiaca. B, base et sommet s de la dent.

PLANCHE X. Appareil digestif des Locustidæ et des Gryllidæ.

Fig. 1. Ensemble de l'appareil digestif de la Gryllacris aurantiaca. Ph, pharynx ; OE, œsophage ; Ja, jabot; Ge, gésier avec son pédoncule anté- rieur p ; Ap, appendices ou cæcums intestinaux ; Im, intestin moyen ; Ip, intestin postérieur ou terminal; Tm, tubes de Malpighi généralement groupés en un faisceau unique allant déboucher au sommet d'un luber- cule impair ; R, rectum et glandes rectales Gr; Ag, armure génitale.

Fig. 2. Ensemble de l'appareil digestif du Nemobius sylvestris. Cet organe présente à peu près les mêmes caractères que celui des Gryllus, les seules différences portent sur les formes du gésier et de l'intestin moyen. Md, mandibules ; nr, filet nerveux sympathique avec ganglion P; n, pé- doncule antérieur du gésier Ge; Im, etIm;,, première et deuxième portion de l'intestin moyen; Tm, tubes de Malpighi avec leur canal excréteur impair 4.

Fig. 3. Deux bourrelets BB contenus dans le pédoncule antérieur p du sésier de la Gryllacris aurantiaca. Chaque bourrelet est divisé en trois replis secondaires et séparé de son voisin par une large dépression D; r, replis de l'extrémité postérieure du jabot.

Fig. 4. Dent médiane d’une colonne masticatrice du gésier de la Salomona

EXPLICATION DES PLANCHES. 205

megacephala ; p, tubercule médian, acuminé et légèrement recourbé en arrière ; dl, denticule latérale ; Pm, portion musculaire de la racine.

Fig. 5. Coupe transversale d’une portion d’intestin postérieur du Decti- cus verrucivorus. Cet organe présente six bourrelets disposés longitudi- nalement ; mais, dans la figure 5, on n’a représenté qu’un seul de ces bourrelets avec les dépressions latérales DD ; mp, membrane ou enveloppe péritonéale ; cl, faisceaux musculaires longitudinaux principalement concentrés en regard des dépressions DD ; em, mince couche musculaire circulaire ; E, assise épithéliale constituée par de grosses cellules rectan- gulaires, régulières, à noyaux sphériques très volumineux, ce, cuticule chitineuse interne.

Fig. 6. Portion d’une colonne masticatrice du gésier de la Gryllacris auran- tiaca, avec les dents latérales, les dents médianes et les sillons séparant chaque colonne. L’armature du gésier comprend six colonnes sembla- bles. D, dent médiane avec son tubercule médian /m à bords denticulés et ses tubercules latéraux al; D’, dents latérales, de forme tronconique ; dl, dépression latérale séparant chaque bandelette el portant une lamelle cornée /.

Fig. 7. Face antérieure d’une dent médiane de chaque colonne masti- catrice du gésier de la Gryllacris aurantiacu ; tm, tubercule médian à bords denticulés d ; b, base; tl, tubercule latéral.

Fig. 8. Vue latérale des dents (V. PI. X, fig. 3), situées à l'extrémité des bourrelets longitudinaux BB du pédoncule du jabot de la Gryllucris aurantiaca ; d, dent vue par sa face latérale et surmontée d'une touffe de soies s.

Fig. 9. Coupe transversale d’une portion d’intestin moyen du Decticus verrucivorus. B, bourrelets nombreux provenant des replis de l’épithélium interne ; Mp, membrane péritonéale externe ; F{, faisceaux de fibres lon- gitudinales ; Fm, faisceaux musculaires circulaires disposés en plusieurs assises ; E, membrane épithéliale ciliée reposant sur une couche de cel- lules génératrices basilaires. Cette membrane présente de nombreux replis au centre desquels pénètrent des prolongements musculaires P de

l’assise moyenne; €, assise ciliée.

Fig. 10. Replis internes R des appendices intestinaux Ai du Nemobius sylvestris. Fig. 11. Extrémité libre d’un des replis qui divisent la cavité interne des

cæcums intestinaux en un certain nombre de loges incomplètes (Decticus albifrons (V. PI. IX, fig. 10). F{, prolongements musculaires des parois avec l’assise basilaire; R, replis épithéliaux secondaires ; E, épithélium cylindrique cilié ce, constitué par des cellules cylindriques disposées par- fois en deux assises. Chaque cellule porte, sur son bord libre, un faisceau de cils courts c ayant l'apparence d’une brosse.

Fig. 12. Dent de la rangée latérale d’une colonne masticatrice du gésier de Brachytrypus membranaceus (face interne). B, base de la dent fixée aux parois du gésier; Fm, faisceaux musculaires de la racine: P, une des pointes, large, aplatie et crénelée de la dent; p, petite pointe, mousse et recouverte de bâtonnets chitineux c.

Fig. 13. Face externe d’une dent latérale de colonne maslicatrice du gésier du Gryllus campestris ; pe, portion chitineuse, conique et recour- bée ; ba, base.

206 _ L. BORDAS.

PLANCHE XI. Appareil digestif des Gryllidæ.

Fig. 1. Appareil digestif du Brachytrypus membranaceus. Ph, pharynx; OE, œsophage; Ja, jabot ; Ge, gésier avec son pédoncule antérieur p; Im, intestin moyen; Ip, intestin terminal ; R, rectum et glandes rectales Gr; Tm, tubes de Malpighi groupés en un faisceau unique; ce, canal excréteur commun ou uretère ; ci, appendices intestinaux.

Fig. 2. Glandes salivaires du Gryllus campestris. p, palpes; Gs, glandes salivaires disposées en grappes ; €, canaux efférents ; Rs, réservoirs sali- vaires : ce, conduits excréteurs pairs; A, conduit impair.

Fig. 3. Face interne du pharynx du Brachytrypus. Ph, pharynx avecses replis internes R ; OE, face supéro-inlerne de l’æsophage.

Fig. 4. Villosités de la seconde partie de l'intestin moyen du Gryllus campestris. Mb, membrane sur laquelle reposent les papilles internes ; p, papilles cylindro-coniques. Ces papilles, au nombre de soixante à quatre-vingt, irrégulièrement disposées, sont cylindriques vers leur base, amincies ou renflées vers leur sommet et présentent certaines anaïiogies avec les villosités intestinales du tube digestif des Mammifères.

Fig. 5. Face postérieure de dent médiane d’une des colonnes mastica- trices du gésier du Brachytrypus membranaceus. m, faisceau musculaire servant à fixer la dent ; Pm, pointe médiane de la dent; PI, tubercules

latéraux.

Fig. 6. Mode d’embouchure des tubes de Malpighi chez le Gryllus cam-

pestris. Ces tubes, au nombre de cent à cent vingt, sont longs, cylindri- ques et flexueux. Ils vont déboucher dans un large réservoir collecteur R, comparable au bassinet de l’appareil urinaire des Vertébrés. Ce réser- voir présente parfois des diverticules latéraux et se continue par un con- duit efférent unique ce (uretère), débouchant dans l'intestin.

Fig. 7. Portion de colonne longitudinale de l'armature masticatrice du gésier chez le Gryllus campestris. L, tigelles ou baguettes chitineuses situées au fond de sillons longitudinaux et séparant les colonnes masli- catrices; Dm, dent médiane d’une colonne masticatrice vue par sa face supérieure ; fm, pointe médiane de la dent médiane Dm pourvue de trois à cinq denticules pointues et acérées ; {l, pointes latérales de la dent mé- diane, constituées par deux lamelles chitineuses courbes et crénelées à leur extrémité ; d, tubercule musculaire troncouique, à sommet recou- vert de soies cornées, compris entre les deux pointes latérales de la dent médiane ; dl, dents latérales à pointe émoussée.

Fig. 8. Dent (vue de côté) de la rangée médiane d’une colonne mastica- trice du gésier du Brachytrypus membranaceus. B, base ; Pm, tubercule médian ; P/, tubercule latéral.

Fig. 9. Dents latérales de chaque colonne du gésier chez la Gryllotalpa vulgaris. Ges dents, au nombre de quinze à dix-sept environ, affectent la forme de petits tubercules arrondis ou pyramidaux, recouverts de soiese; a, sommet de la dent avec la base B.

Fig. 10. Une des colonnes transverses des bourrelets longitudinaux de la face interne du gésier (Gryllus campestris). Ces colonnes portent des touffes de poils chitineux disposés en séries longitudinales a et transversales b.

Fig, 41. Cavité interne des appendices intestinaux du Gryllus campestris

EXPLICATION DES PLANCHES. 207

. ‘avec les replis internes R; Ge, gésier; V, valvule courbe située à l’origine de l’intestin moyen Im.

Fig. 12. Dent médiane (face antérieure) d’une colonne masticatrice du gésier du Brachytrypus membranaceus. Pm, tubercule médian, à bords latéraux denticulés; P{, tubercule latéral; d, denticule cornéo-muscu- laire située de chaque côté des pointes latérales, à sommet a recouvert

par une mince membrane chitineuse portant de nombreuses soies cornées.

PLANCHE XIL. Appareil digestif des Gryllidæ.

Fig. 1. Ensemble de l'appareil digestif (moins le pharynx et l’æœsophage) de la Gryllotalpa vulgaris. OE, partie inférieure de l’æsophage allant dé- boucher sur le côté externe du jabot Ga; Ga, jabot, en forme de grosse poche ovoïde, à parois lisses et placé en dehors de l’axe du tube digestif; oa, orifice œsophagien du jabot entouré d’un anneau valvulaire, duquel partent, en rayonnant, un certain nombre de replis qui ne tardent pas à s’effacer peu à peu ; op, orifice postérieur du jabot placé au fond d'une profonde dépression de la paroi intérieure de l’organe ; Ge, gésier, en- touré par de volumineux appendices intestinaux A1; gar, glandes arbo- rescentes (2 paires) situées en arrière du gésier ; Im, portion antérieure et Im,, portion postérieure de l'intestin moyen; Ip, intestin terminal; R, rectum et glandes rectales ; Tm, tubes de Malpighi, groupés en un large faisceau, s’ouvrant à l'extrémité élargie d’un uretère ou canal excréteur IHDAIL C-

Fig. 2. Une des six colonnes dentifères (masticatrices) qui recouvrent la face interne du gésier de la Gryllotalpa vulgaris. Les colonnes de l’arma- ture interne du gésier des autres Gryllidæ et des Locustidæ présentent une disposition générale à peu près semblable. Chaque colonne comprend trois rangées longitudinales de dents: une rangée médiane im et deux

rangées latérales d{ séparées par deux dépressions parallèles dp, très apparentes quand on exerce sur l’organe une traction transversale; fm, denis de la rangée médiane, très puissantes, comprenant trois tubercules. Le tubercule médian tm, rectangulaire, a la forme d’une palette ou d’une plane, à bord tranchant dirigé en arrière; fl, tubercule latéral des dents médianes, recourbé en arc, à bord terminal triangulaire, excavé et denticulé; du, denticule, à base musculaire, comprise de chaque côté des tubercules latéraux des cents médianes; dl, dents latérales, à som- met émoussé et recouvert de fines soies chitineuses; dp, dépressions comprises entre les dents médianes et les dents latérales ; le, tiges chiti- neuses remplissant le fond des dépressions comprises entre deux colon- nes dentifères ou masticatrices ; pa, parois internes du pédoncule anté- rieur du gésier portant de petils tubercules chilineux d.

Fig. 3. Portion interne du jabot de la Gryllotalpa vulgaris, montrant ses deux orifices situés sur le côté ; OE, extrémité inférieure de l’œsophage ; oa, orifice œsophagien du jabot. De cet orifice partent, en rayonnant, un certain nombre de replis ; op, orifice postérieur correspondant au pédon- cule du gésier. Les deux orifices sont situés à peu de distance l’un de

l’autre. R, nombreux replis de la face interne du jabot. Ces replis sont surtout localisés au voisinage des orifices.

208 L. BORDAS.

Fig. 4. Face interne de l’extrémité postérieure de l'intestin moyen et de l'origine de l'intestin postérieur ou terminal de la Gryllotalpa vulgaris. Im, face interne de l'intestin moyen ; Ip, face interne de l’origine de l’in- testin terminal; Sb, bandelettes longitudinales recouvertes de nombreuses papilles ; Si, dépressions séparant les bourrelets à papilles; Ce, canal efférent impair (uretère) des tubes de Malpighi.

Fig. 5. Embouchure du canal excréteur impair b des tubes de Malpighi. Ce canal se prolonge dans l’intérieur de l'intestin terminal Im, sous forme de tubercule ou papille tronconique à quatre valves. O, orifice du canal limité par quatre valves.

Fig. 6. Dent médiane d’une des colonnes de l’armature du gésier de la Gryllotalpa (vue du côté de l'intestin moyen). Tm, tubercule médian de la dent, avec deux cornes latérales denticulées b; al, tubercules ou appen- dices latéraux ; R, racine de la dent ; M, faisceaux musculaires ; B, den- ticule latérale accessoire comprise entre les tubercules latéraux b et al.

Fig. 7. Dent de la rangée médiane d’une des colonnes masticatrices de l’armature interne du gésier de la Gryilotalpa vulgaris (vue par sa face supérieure); Tm, tubercule médian en forme de palette ou de plane; T!, tubercule latéral à extrémité triangulaire ; A, denticule ou dent acces- soire à pourtour recouvert de soies chitineuses,

Fig. 8. Coupe transversale d’une des branches des glandes arborescenles (glandes de Dufour) de la Gryllotalpa vulgaris ; mb, membrane basilaire ; n, gros noyau cellulaire plurinucléolé ; c, cellules de l'épithélium glan- dulaire ; a, cavité centrale.

Fig. 9. Coupe transversale du canal excréteur des glandes arborescentes ou de Dufour de la Gryllotalpa. R, replis épithéliaux internes. On compte de dix à quinze de ces replis; M{, faisceaux musculaires longitudinaux, peu nombreux et ne formant qu'une assise très mince ; Mc, muscles cir- culaires ; E, épithélium formé par des cellules cubiques à gros noyaux; ce, membrane chitineuse recouvrante.

Fig. 10. Coupe transversale d’une portion de jabot du Gryllus domesticus ; cm, couche musculaire annulaire; ce, assise chitinogène formée par de petites cellules cubiques ; mc, membrane chitineuse interne recouverte de nombreuses soies cornées.

Fig. 11. Coupe transversale du canal efférent impair des tubes de Mal- pighi (Gryllotalpa vulgaris) ; Me, couche musculaire très épaisse, envoyant des prolongements p dans l’axe des replis RR; E, assise épithéliale cons- tituée par des cellules à gros noyaux et recouverte d'une mince couche chitineuse ce. On compte six replis R.

LES

ANNÉLIDES POLYCHETES DES COTES DE FRANCE (MANCHE ET OCÉAN)

Par M. le Baron de SAINT-JOSEPH

INTRODUCTION.

Pour faire suite à mon mémoire sur les Annélides Poly- chètes des côtes de Dinard (1), j'ai réuni, pendant plusieurs excursions sur les côtes de France (Manche et Océan), quelques matériaux auxquels 1il est possible que j'en ajoute d’autres plus tard. Les séjours que J'ai faits dans chacun des endroits que j'ai visités n’ont pas été d'assez longue durée pour me permettre d'en donner une faune détaillée. Mon but est de compléter mes descriptions de quelques espèces déjà trouvées à Dinard antérieurement, de décrire toutes celles que je n’y avais pas rencontrées, et d'étendre davantage les rapprochements que j'avais faits entre la faune des mers Françaises et celle d’autres mers.

Mes recherches ont porté sur les côtes de Villerville, Saint-Vaast-la-Hougue, Concarneau, du Croisic, d’Arca- chon et Saint-Jean-de-Luz. N'ayant passé que quelques heures à Saint-Pol-de-Léon (Penpoull), Brignogan, Porsal, le Conquet et Saint-Guénolé, avec des marées peu favo-

(4) Voir partie, Ann. des sc. nat., série, t. I, 1887, p. 127 à 270. et pl. VIL à XII. 2% partie, lbid., t. V, 1888, p. 141 à 338, et pl. VI à XIIL. 3e partie, 1bid., t. XVII en entier, 1894, p. 1 à 395, et pl. I à XIII. £me partie, Ibid., t. XX, 1895, p. 185 à 272, et pl. XI à XILT.

ANN. SC. NAT. ZOOL. v, 14

210 DE SAINT-JOSEPH.

rables, je n’ai.eu qu'un aperçu absolument insuffisant de ces localités.

Les Annélides polychètes dont 1l sera question ont été trouvés par moi et examinés, à peu d'exceptions près, vi- vants, sauf ceux de Villers dont M. Adrien Dollfus a bien voulu me donner à déterminer une collection qu'il en avait rapportée.

Avant de commencer la description des espèces, je vais en établir la liste pour chacun des points d’où elles pro- viennent (1).

VILLER VILLE.

La côle très vaseuse est pauvre en Annélides; on y récolterait surtout des Hydroïdes et des Bryozoaires le plus souvent fixés aux Algues et aux tubes de Chætopterus vario- pedatus Ren. rejetés par la mer; ils sont aussi attachés aux pieux des parcs à moules (T'ubularia indivisa L. en grand nombre). De véritables champs de Lanice conchilega Pall.

s'étendent entre Villerville et Trouville.

Syllis (Typosyllis) variegata Gr. Polydora ciliata Johnst. (et embryon à gracilis Gr. la pêche pélagique).

Aphrodile aculeata L. Embryon de Nerine (pèche pélagique). Lepidonotus squamatus L. Chælopterus variopedatus Ren. (tubes Nychia cirrosa Pall.” très nombreux rejetés sur la côte, vides, Sthenelais Idunæ Rathke. ou ne contenant que des animaux Neanthes Perrieri N. S. morts ou mutilés).

Nereis pelagica L. Sabellaria spinulosa Leuck.

Eunereis longissima Johnst. (jeune). Lanice conchilega Pall.

Platynereis Dumerilii Aud. et Edw. Sabella pavonina Sav. (petits tubes fixés Phyllodoce pulchella Mgr. sur des tubes de Chætopterus). Eulalia viridis Müll. Serpula vermicularis L.

Glycera convoluta Kef.

(1) Les noms de ces espèces déjà examinées dans les Annélides polychètes des côtes de Dinard sont imprimés en caractères italiques lorsque je n’ajoute rien à leur description.

Les noms des espèces de Dinard dont je complète l'étude, et ceux des espèces étrangères à Dinard dont je parle ici pour la première fois, sont imprimés en caractères gras.

Tous les Annélides énumérés dans les listes qui vont suivre sont done décrits, soit dans les Annélides polychètes des côtes de Dinard, soit dans le Mémoire actuel.

ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 211

VILLERS.

Syllis (Typosyllis) allernoselosu St-Jos. | Eulalia viridis O.-F. Müll.

variegata Gr. Nephtys Hombergii Aud. et Edw. Lepidonotus squamatus L. cæca Fabr. Nychia cirrosa Pall. cirrosa Ehl. Harmothoe impar Johnst. Glycera vonvoluta Kef. Lagisca extenuata Gr. Nerine cirratulus D. Ch. Polynoe scolopendrina Sax. Chætopterus variopedatus Ren. (dans un Sigalion squamatum D. Ch. tube rejeté par la mer, mutilé}. Neanthes Perrieri N.S. Sabellaria spinulosa Leuck. Nereis pelagica L. Lagis Koreni Mzsr.

diversicolor O.-F. Müll. Lanice conchilega Pall. Eunereis longissima Johnst. (jeune). Nicolea venustula Mont. Perinereis cultrifera Gr. (forme hétéro- | Thelepus setosus Qfg.

néréidienne femelle). Dasychone bombyx Dalyell. Platynereis Dumerilii Aud. et Edw. Serpula vermicularis L. Phyllodoce groenlandica OErst. Pomatoceros triqueter L.

SAINT-VAAST-LA-HOUGUE.

Grâce à l'accueil aimable et cordial de M. le professeur Perrier, directeur du laboratoire maritime du Muséum, et de M. Malard, le sous-directeur, j'ai employé de la ma- nière la plus. intéressante les dix jours que j'ai passés à Saint-Vaast à la fin d'août 1894.

Les plages de sable du Fort de la Hougue et de l’île de Tatihou (1), les parcs à huîtres du Rhun, la vase de l’extré- mité de la jetée à Saint-Vaast sont très riches en Annélides, plus que les rochers de la pointe Dranguet et de la pointe de Saire qui, comme ceux du S. et de l'E. de Tatihou, ont l'inconvénient d’être par trop surchargés de fucus.

Les dragages au Pelit et au Grand Nord et à l'Est (10 à 35 mètres de profondeur), sont d’une richesse exception- nelle non seulement en Annélides, presque Lous semblables à ceux des dragages de Dinard, mais en animaux de toute sorte : Échinodermes, Némertiens, Nudibranches, etc. Dans la direction des îles Saint-Marcouf, la drague ramène

(1) Outre de nombreux Annélides, on trouve, dans les sables de l'ile de Tatihou, la Convoluta Schultziüi O. Schm., l'Echiurus Pallasii Guérin et l'Ophiocnida longobrachiatu Mont.

212 DE SAINT-JOSEPH.

une quantité de Chætopterus variopedatus plutôt de pelite taille.

Les Annélides si abondants de Saint-Vaast ont été l’ob- jet de nombreux travaux [Keferstein (1), Claparède (2), Quatrefages (3), Grube (4)]. Depuis la fondation du labora- toire marilime, M. Malard, M. Fauvel (5), M. Gravier (6) s’en sont également occupés et M. Fauvel (7) en a donné une liste à laquelle je renvoie pour l’énumération complète des Annélides connus jusqu’à présent à Saint-Vaast. M. Ma- lard (8) pour les Poissons et leurs parasites, MM. Chevreux el Bouvier (9) pour les Amphipodes, ont aussi publié un cata- logue raisonné. Il serait bien à désirer qu'on complélât cet inventaire zoologique et que pour servir aux progrès de la zoogéographie, tous les laboratoires du monde entier en fissent autant.

Syllis (Typosyllis) alternosetosa St-Jos. | Syllis (Typosyllis) variegata Gr. (idem). (dragages). Krohnii Ehl. (Pointe prolifera Kr. (idem).| de Saire).

(1) Keferstein, Untersuchungen über niedere Seethiere (Zeits. für wiss. Zool., t. XIL, 1862, 145 p. et 11 pl.).

(2 | Claparède, Beob. über Anat. und Entwickl. wirbelloser Thiere an der Kiüste von Normandie angestellt. Leipzig, in-fol., 1863.

(3) Quatrefages, Hist. nat. des Annel., 2 vol. in-8, 1865, passim.

(4) Grube, Mitth. über St-Vaast-la-Hougue und seine Meeres-besonders seine Anneliden Fauna (Abhand. der Schles. Gesells., 1868-1869, p. 91-128, et A pl.).

(5) Fauvel, Sur la présence de l'Amphicteis Gunneri Sars sur les côtes de la Manche (Bull. Soc. Linn. de Normandie, 4ne série, t. IX, 1895). Contributions à l'étude des Ampharétiens français (Mém. Soc. nat. des sc. nat. et math. de Cherbourg, t. XXIX, 1895). Sur les différences anat. des genres Ampharete et Amphicteis (Bull. Soc. Linn. de Normandie, t. X, 1896). Influence de l'hi- ver 4894-95 sur la Faune marine (Comptes rendus Acad. des sc.,9 sept. 1895). Homologie des segments antérieurs des Ampharéliens {Ibid., 2 nov. 1896). Recherches sur les Armpharétiens (Bull. sc. de la France et de la Belgique, t. XXX, 1897, 212 p. et 11 pl.).

(6) Gravier, Recherches sur les Phyllodociens (Bull. se. de la France et de la Belgique, t. XXIX, 1897, p. 293 à 389, et pl. XVI-XXIIL).

(7) Fauvel, Catalogue des Annél. polych. de St-Vaast-la-Hougue (Bull. Soc. Linn. de Normandie, t. IX, 1895, p. 121-146).

(8) Malard, Catalogue des Poissons des côtes de la Manche (Bull. de la Soc. phil., 8e série, t. Il, 1890).

(9) Chevreux et Bouvier, Les Amphipodes de St-Vaast-la Hougue, 1"° liste (Ann, des sc. nat., 70 série, &. XV, 1893, p. 109-144, et pl. I, fig. 1-12).

ANNÉLIDES POLYCHÈTES

Odontosyllis gibba Clpd. (dragages et Pointe de Saire).

Odontosyllis clenostoma Clpd. (dragages'.

Pterosyllis spectabilis Johnst. (idem).

Trypanosyilis Krohnii Clpd. (communi- quée par M. Adrien Dollfus).

Trypanosyllis cæliaca Clpd. (dragages).

Grubea c'avala Clpd. (Pointe de Saire".

Autolytus pictus Ehl. (dragages).

ornalus Mar. et Bobr. (idem).

macrophthalmaMarenz.(idem).

Lhbiensis St-Jos. (idem).

Aphrodite aculeala L. (idem).

Harmothoe impar Johnst. (communi- quée par M. Adrien Dollfus).

Harmothoe castanea Mclnt. (dragages, sur le Spalangus purpureus O.-F.Müll.)

Harmothoe longisetis Gr. (dragages).

Lagisca extenuata Gr. (dragages et Pointe Dranguet).

Polynoe scolopendrina Say. (dragages).

Pholoe synophthalmica Clpd. (idem).

Sigalion squamatum D. Ch. (ile de Ta- tihou et fort de la Hougue).

Marphysa sanguinea Mont. (Le Cheval).

Lysidice Ninetla Aud. et Edw. (dragages).

Lumbriconereis Latreilli Aud. et Edw. (plages de sable au N.-E. du labora- toire).

Paractius mutabilis St-Jos.(dragages).

Leptonereis Vaillanti St-Jos. (Fort de la Hougue).

Nereis fucata Sav. (dragages).

irrorata et sa forme hétéroné- réidienne male (Le Cheval).

Eunereis longissima Johnst. (Jetée de St-Vaast et forme jeune au fort de la Hougue).

Plafynereis Dumerilii Aud. et Edw. (dra- gages).

Phyllodoce laminosa Sav. (dragages).

mucosa OErst. (communiquée par M. Malard).

Eulalia viridis O.-F. Müll. (dragages).

punctifera Gr. (idem).

pusilla OErst. (idem).

Pterocirrus macroceros Gr. (idem).

Eleone foliosa Qfg. (fort de la Hougue et plages de sable au N.-E. du labora- toire).

DES COTES DE FRANCE. à 1

Kefersteinia cirrata Kel. (dragages).

Nephtys Hombergii Aud. et Edw. (jetée de St-Vaast).

Nerine cirratulus D. Ch. (dans le sable au N.-E. du laboratoire).

Nerine foliosa Aud. et Edw. (jetée de St- Vaast).

Nerine (Scolelepis ?) Cheval).

Spiophanes Bombyx Clpë. (fort de la Hougue).

Magelona papillicornis Fr. Müll.

Aricia Mülleri Rathke (fort de la Hougue et plages de sable au N.-E. du labora- toire).

Scleracheilus minutus Gr. (dragages).

Travisia Forbesii Johnst. (île de Tatihou) communiquée par M. Fauvel.

Notomastus latericeus Sars (fort de la Hougue ; jetée de St-Vaast; plaines au N.-E. du laboratoire).

Clymene lumbricoides Qfe. (plages au N.-E. du laboratoire).

Leiochone clypeata St-Jos. (idem).

Petaloproctus terricola Qfs. (1) (Le Che- val).

Chætopterus variopedatus Ren. (draga- ges).

Flabelligera affinis Sars (idem).

Stylarioides plumosa O.-F. Müll. (Le Cheval et dragages).

Amphitrile Edwarsi Qfg. (plage un peu vaseuse au S.-0. du laboratoire).

Amphitrite qgracilis Gr. (Le Cheval).

Polymnia Nesidensis D. Ch. (Pointe Dran- guet).

Nicolea venustula Mont. (Pointe Dran- guet; Pointe de Saire; dragages).

Thelepus setosus Qfg. (dragages).

Polycirrus hæmatodes Clpd. (idem).

Branchiomma vesiculosum Mont. (Pointe Dranguct et dragages).

Potamilla reniformis O.-F. Müll. (Le Cheval).

Dasychone Bombyx Dalyell (le Cheval et dragages).

Myxicola Dinardensis St.-Jos. (dragages).

Jasmineira elegans St-Jos. (idem).

Serpula vermicularis L. (idem).

Pomaloceros triqueter L. (idem).

Girardi Qfg. (Le

(4) La Clymene spatulata Gr. est probablement identique au P. terricola, mais Grube a établi son espèce d’après une partie postérieure insuffisante pour une détermination exacte. Il a admis lui-même la dénomination de

Quatrefages.

214 DE SAINT-JOSEPH.

DINARD.

3 espèces trouvées depuis la publication de mon mé- moire sur les Annélides de Dinard, ce qui en porte le nombre à 210 que j y aurai rencontrées.

| Harmothoe impar var, Pagenstecheri| Phyllodoce papulosa N. S. (Plage des Mich. (St-Lunaire). Bains). Lumbriconereis coccinea Ren.(dragages).

SAINT-POL-DE-LÉON (Penpoull).

La plage de Penpoull, je n’ai passé que quelques heures en juillet 1895, me paraît devoir êlre riche en Annélides comme l’a indiqué M. le professeur de Lacaze- Duthiers (1). C'est qu'il a signalé pour la première fois la présence de la Myxicola infundibulum Ken. qui ne me semble pas avoir été rencontrée jusqu'ici sur un autre point des côtes de France (Manche et Océan).

La partie de la plage que j'ai parcourue s'étend de Pen- poull à l’île Blanche. C’est auprès de l’îlot qui précède l'île Blanche que j'ai trouvé les Myxicoles.

Sthenelais Idunæ Rathke. Clymene lumbricoides Qfg. Marphysa Bellii Aud. et Edw. Leiochone clypeata St-Jos. Perinereis cultrifera Gr. Petaloproctus terricola Qfs. Nephtys cæca Fabr. Sabella pavonina Sax. Glycera convoluta Kef. Myxicola infundibulum Ren.

Notomastus latericeus Sars.

BRIGNOGAN. PorsAL. LE CoNQUET. SAINT-GUÉNOLÉ.

Dans ces localités, que je n'ai fait que traverser, les ro- chers et les plages sont ballus par une mer en général si violente que les animaux ne peuvent guère s’y développer.

4) De Lacaze-Duthiers, À propos de la station des Chétoptères et des Myxi- coles sur la plage de Roscoff et de St-Pot-de-Léon (Archives de Zool. expér., t. 1, 4872, p. xx. Laboratoire de Zool. expér. Compte rendu (Arch. de Zool. expér., t. VI, 1877, p. 333).

ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 215

BRIGNOGAN.

Eulalia viridis O.-F, Müll. (Beg ar Ce ir tentaculata Mont. (ibid.), et port de Pontusval). Terebella lapidaria (Kæhler) L, (ibid.).

PORSAL.

(SEGOU-BRAS ET SEGOU-B1AN.)

Perinereis cultrifera Gr.

LE CONQUET.

Marphysa sanguinea Mont. (rade). Nereis irrorata Mor. (ibid.\. Maclovia gigantea Gr. (ibid.). |

SAINT-GUÉNOLÉ.

Halosydna gelatinosa Sars (Rochers au | Perinereis cultrifera Gr. (ibid.).

S. du port et plages au-dessous de | Glycera gigantea Qfg. {ibid.). Notre-Dame de la Joie). Audouinia tentaculata Mont. (ibid.). Lagisca extenuata Gr. (2614.). Terebella lapidaria (Kæhler) L. (ihid.).

Sthenelais Idunæ Rathke (ibid.).

CONCARNEAU.

Concarneau, j'ai séjourné pendant {rois semaines en aoûl 1892,est un des points les plus intéressants de nos côtes de l'Océan {1) et il le serait encore bien davantage si le laboratoire maritime disposait d'un bateau à vapeur pour des excursions et des dragages aux îles de Glenan. Je recom- manderai pour la recherche des Annélides, la belle plage du cap Coz il y a aussi de nombreux Sipunculus nudus L., des Synapla inhærens O.-F. Müll., des Synapta digitala Mont., des Synapta digitata var. Thompsoni-Herapath, et des Æchinocardium cordatum Gray, l'anse de Porzou et sur- tout la pointe de la Jument au-dessous de Pendruck, d'où j'ai rapporté une partie antérieure de Ptychodera Sarniensis Kœhl. (Balanoglossus Salmoneus Giard) qu'on n'avait encore

(4) Voir De Guerne et Barrois, Faune littorale de Concarneau (Revue scien- tifique, série, t. 1, 1881, p. 25-27).

216 DE SAINT-JOSEPH.

rencontrée qu'à l’île du Loch et à l’île de Herm. Les sables de la côte depuis la pointe de Benodet jusqu’à Beg-Meil el ceux qui sont à l'E. de la pointe de Trévignon (1), sont au contraire entièrement stériles, comme il n’arrive que trop souvent sur nos côtes de l'Océan et comme je l'ai constaté à VE. du Morbihan dans l’anse de Succinio et dans beaucoup d'autres endroits; on n'y trouve même pas l’Arenicola ma- rina L. que j'ai vue partout sauf dans ces sables si peu favo- rables à la vie des animaux et des plantes. J'ai fait plusieurs bons dragages dans l’anse de la Forest par 5 à 10 mètres de profondeur et il n’est pas douteux qu'il y en aurait de bien meilleurs à faire à l’île aux Moutons et aux îles de Glenan. La pêche pélagique (2) est abondante, en Péridiniens sur- tout, dès qu'on sort du port.

S1 les travaux zoologiques sont nombreux sur la faune de Concarneau (3), l’élude des Annélides Polychètes v a été presque complètement négligée el je ne vois guère sur ce sujet que les descriptions données par M. Giard, de l’'Ophiodromus Hermann Giard (4), commensal du Palano- glossus Salmoneus, de la Lænilla castanea Me Int., com- mensale du Spatanqus purpureus 0.-F. Müll., comme je lai trouvée à Saint-Vaast (5), de l’Aermadion Echini Giard (6),

(4) Je n’en ai rapporté que des Pollicipes cornucopia Gm., rejetés par la mer et venant probablement des îles de Glenan.

(2) Biétrix, Rapport sur la pêche pélagique pendant l'été de 1888. Annexe A du Rapport de M. Georges Pouchet sur le laboratoire de Concarneau en 1888 (Journal d’anat. et de physiol., t. XXV, 1888, p. 399-409).

(3) Sans parler de ceux de Coste, de Georges Pouchet sur les Péridi- niens, de Robin et Fabre-Domergue sur les Infusoires, on peut citer entre autres : Barrois, Catalogue des Crustacés Podophthalmaires et Echino- dermes recueillis à Concarneau en 1880. Lille, 1882, in-8 (avec une carte utile pour les dragages). Bonnier, Catalogue des Crustacés Malacostracés de Con- carneau (Bull. sc. du Nord de la France et de la Belgique, 10% série, 1887, p. 199-262 et 296-356). Giard et Bonnier, Contributions à l'étude des Bopy- riens, in-4, 1887.

(4) Sur la faune profonde de Concarneau (Assoc. franc. pour l'avance. des se. La Rochelle, 1882, p. 526 et 571). Bull. scient. du départ. du Nord, 1886, 2).

(5) Sur quelques Polynoïdiens (Ibid., 1, p. 3).

(6) Ibid., 1, p. 6.

ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 217

commensal de VlÆchinus Melo Lmck. et de l'Echnus esculentus Düb. et Kor. De plus M. Giard mentionne simple- ment la présence des Polyophthalmus (1) à Concarneau el MM. de Guerne et Bonnier celle de la Pectinaria Belgica Pall. Je n'ai retrouvé aucune de ces espèces.

Syllis (Typosyllis) prolifera Kr. (dra-| Pterocirrus macroceros Gr. (dragages). gages). Podarke pallida Clpd. (idem).

Syllis (Typosyllis) Krohnii Ehl. (idem). | Ophiodromus flexuosus D. Ch. (cap Co).

Pionosyllis pulligera Kr. (idem). Nephtys Hombergii Aud. et Edw. (anse

Odontosyllis gibba Clpd. (idem). de Porzou; cap Coz).

Trypanosyllis cæliaca Clpd. (idem). Glycera convoluta Kef. (anse de Trévi-

Sphærosyllis hystrix Clpd. (idem). gnon; cap Coz).

Lepidonotus squamatus L. (idem). Audouinia tentaculata Mont. (cap Coz).

Lepidonotus clava Mont. (pointe de la | Saccocirrus papillocercus Bobr. Larve

Jument). (pêche pélagique).

Halosydna gelatinosa Sars (pointe de la} Nerine (Scolelepis ?) Girardi Qfg. (pointe

Jument et dragages). de la Jument).

Nychia cirrosa Pall. (dragages). Nerine. Larve (pêche pélagique). Harmothoe cæliaca St-Jos. (idem). Magelona papillicornis Fr. Müll. Larve Harmothoe picta Sti-Jos. (pointe de la| (idem).

Jument). Aricia Latreilli Aud. et Edw. (cap Coz). Harmothoe spinifera Ehl. (idem). Flabelligera affinis Sars (dragages). Lagisca extenuata Gr. (idem). Notomastus latericeus Sars (idem). Polynoe indéterminée. Larve (pêche pé-| Dasybranchus caducus Gr. (pointe de la

lagique). Jument).

Pholoe synophthalmica Clpd. (dragages).! Arenicola marina L. (anse de Porzou; Eunice vittata D. Ch. (idem). anse de Trévignon).

Marphysa sangquinea(anse de Trévignon). | Clymene lumbricoides Qfs. (pointe de la Lysidice Ninetta Aud. et Edw. (anse de| Jument).

Porzou ; pointe de la Jument). Clymene OErstedii Clpd. (anse de Porzou). Lumbriconereis Latreilli Aud. et Edw. | Leiochone clypeata St-Jos. (anse de Por- _ (pointe de la Jument). zou; anse de Kersos; pointe de la Nematonereis unicornis Gr. (idem et dra-| Jument).

gages). Johnstonia clymenoides Qfg. (cap Coz; Maclovia gigantea Gr. (pointe de la Ju-| pointe de la Jument).

ment). Petaloproctus terricola Qfg. (anse de Perinereis cultrifera Gr. (cap Coz; anse| Porzou; pointe de la Jument).

de Trévignon). Owenia fusiformis D. Ch. (anse de Ker- Platynereis Dumerilii Aud. et Edw.| sos; cap Coz).

Forme hétéronéréidienne mâle (pointe | Amphitrite grucilis Gr. (anse de Porzou;

de la Jument et dragages). pointe de la Jument; anse de Trévi- Phyllodoce splendens St-Jos. (pointe de| gnon).

la Jument). Terebella lapidaria (K#æhler) L. (cap Phyllodoce rubiginosa St-Jos. (dragages).| Coz).

Eulalia viridis O.-F. Müll. (pointe de la Polymnia Nesidensis D. Ch. (pointe de la

Jument). Jument et dragages).

Eulalia pusilla OErst. (dragages). Lanice conchilega Pall. (pointe de la

pallida Clpd. (idem). Jument).

Eulalia quadrilineata N.S. (idem). Nicolea venustula Mont. (dragages). Eulalia punctifera Gr. (pointe de la | Polycirrus hæmatodes Clpd. (pointe de la Jument). ji Jument). 6

(1) Comptes rendus de l’Acad. des sc., t. XCI, 1880.

218 DE SAINT-JOSEPH.

Serpula vermicularis L. (dragages),. Pomaloceros triqueter L. (cap Coz et Hydroides Norvegica Gunn. (idem). dragages).

LE CROISIC.

Les endroits qui me paraissent les meilleurs pour la ré- colte des Annélides qui y abondent, sont, dans le port, le banc du port Ciguet, puis l’estacade et le côté de la jetée qui y fait suite, Pen-Bron, quelques parties du Grand-Trait et, dans les environs, la plage de sable du Banc des Chiens au Pouliguen (1) et le plateau du Four. Port-Val, à l'O. de la chapelle de Saint-Goustan, m'a paru en septembre 1895 appauvri depuis le mois d'août 1880, jy étais allé pour la première fois. Les marais salants avec leur faune si considérable de Protozoaires, de Turbellariés, de Néma- toïdes libres et de petits Crustacés sont un des points qu'il convient le plus d'explorer au Croisic; mais les Annélides y sont rares, comme ils le sont aussi dans les dragages qui au contraire procurent de nombreux Amphipodes et Iso- podes (2).

Odontosyllis gibba Clpd. (Pen-Bron). - | Marphysa Bellii Aud. et Edw. (Port- Odontosyllis ctenostoma Clpd. (idem). Lain).

Aphrodite aculeata L. (Banc des Chiens). | Lumbriconereis Latreilli (Port-Val; Lepidonotus clava Mont. (plateau du | estacade; Pen-Bron).

Four). Lumbriconereis impatiens Clpd. (Pen- Lepidonotus squamatus L. (idem). Bron). Halosydna gelatinosa Sars (Port-Val; | Lysidice Ninetla Aud. et Edw. (Port-Val; Pen-Bron). plateau du Four).

Nychia cirrosa Pall. (estacade, dans une | Nemalonereis unicornis Gr. (Port-Val; galerie creusée par une Amphilrilte| estacade).

Edwarsi Qfg.). Nereis pelagica L. (estacade; plateau du Harmothoe impar Johnst. (dragage à Four).

Pen-Bron). Nereis diversicolor O.-F. Müll. (Grand- Lagisca extenuata Gr.(plateau du Four). Trait; marais salants). Sigalion squamatum D. Ch. (Banc des | Nereis fucata Sav., dans une coquille de

Chiens). Buccinum undalum L. (dragage dans Eunice Harassii Aud. et Edw. (Port-Val; la baie).

plateau du Four). Nereis irrorata Mor. (estacade). Marphysa sanguinea Mont. (estacade). lPerinereis cultrifera Gr. (Pen-Bron;

(1) Jousset de Bellesme, Carte zoologique et Faune de la baie du Pouliguen (Assoc. franc. pour l'avance. des se., La Rochelle, 4882, p. 563).

(2) Chevreux, Crustacés Amphipodes et Isopodes des environs du Croisic (Assoc. franç. pour l'avance, des sc., Rouen, 1883, p. 517, et Blois, 1884, p. 9312).

ANNÉLIDES POLYCHÈTES

DES COTES DE FRANCE. 219

Banc des Chiens; plateau du Four). } Aonides (Nerine) oxycephala Sars (1)

Platynereis Dumerilii Aud. et Edw. For- me néréidienne dans un tube de Spi- rographis Spallanzanii. Forme hétéro- néréidienne mäle (Pen-Bron).

Phyllodoce laminosa Sav. (Port-Val; estacade; Pen-Bron).

Phyllodoce sp. (plateau du Four).

Phyllodoce spléndens St-Jos. (estacade).

Eulalia viridis O.-F. Müll. (Port-Val; plateau du Four).

Eteone incisa St-Jos. (Pen-Bron).

Kefersteinia cirrata Kef. (Port-Val; Pen- Bron).

Magalia perarmata Mar. et Bobr. (Pen- Bron).

Nephtys Hombergii Aud. et Edw. (Banc des Chiens).

Nephtys cirrosa Eh]. (idem).

Glycera alba Rathke (idem).

Glycera convoluta Kef. (Pen-Bron).

Glycera Mesnili N. $S. (estacade; Pen- Bron).

- Audouinia tentaculata Mont. (Port-Lain ; Port-Val; estacade ; Pen-Bron).

Ephesia gracilis Rathke (plateau du Four).

Dodecaceria concharum OErst. Bron).

Aricia Latreilli Aud. et Ed:w. (Banc des Chiens).

Aricia Mülleri Rathke (Grand-Trait).

Polydora ciliata Johnst. (produisant une maladie des huîtres dans les parcs de Sissable entre le Grand et le Petit- Trait).

Nerine foliosa Aud. et Edw. (estacade),

(Pen-

\

(Peu-Bron).

Nerine (Scolelepis?) Girardi Qfg. (Port- Val).

Flabelligera af finis Sars (Pen-Bron).

Ophelia bicornis Sav. nec D. Ch., nec OErst., nec Cosmov. (Banc de Port- Ciguet).

Ophelia neglecta Aimé Schn. {Banc des Chiens).

Travisia Forbesii Johnst. (idem).

Notomastus latericeus Sars (Port-Lain ; estacade; Pen-Bron).

Arenicola marina L. (Pen-Bron).

Clymene lumbricoides Qfg. (estacade).

Petaloproctus terricola Qfg. (Pen-Bron).

Owenia fusiformis D. Ch, (Port-Lain; estacade).

Amphitrite Johnstoni Mor. (estacade).

Amplhitrite Edwarsi Qfg. (idem).

Amplhitrile gracilis Gr. (Port-Val).

Terebella lapidaria (Kæhler) L. Val; Pen-Bron).

Polymnia nebulosa Mont. nec Johnst. (Pen-Bron).

Polymnia Nesidensis D. Ch. (Pen-Bron).

Sabella Pavonina Sav. (äragage au Nord de la Basse-Castouillet, par 12 mètres de fond).

Spirographis Spallanzanii Viv. (Pen- Bron; dragage à l'ile Dumet).

Serpula vermicularis L. (dragages à la Basse-Hergo, à la Basse-Ruelle et à la Basse-Castouillet).

Pomatoceros triqueler L. (Pen-Bron).

Ditrupa arietina O.-F. Müll. (dragage au S.-0. de Belle-Isle).

(Port-

ARCACHON.

La meilleure partie de la côte du bassin s'étend de l'établissement des Bains d'Eyrac jusqu’un peu au delà du grand hôtel; de jusqu’à Moullau la côle devient très pauvre. Auprès d’'Eyrac, le Trincat de Gentil est riche en Amphitrite Edwarsi et en traversant le bassin, on trouve entre le cap Ferret et l’'embarcadère des bateaux à vapeur, le

(1) À cause du petit nombre de ses branchies, cette espèce de Sars rentre dans le genre Aoniles Clpd. nec Lev., comme le pense M. Mesnil, Les Spio- nidiens des côtes de lu Manche (Bull, sc. de la France et de la Belgique, t. XXIX, 1896, p. 242).

2920 DE SAINT-JOSEPH.

long des parcs à huîtres, de belles Diopatra Neapolitana D.Ch. el des Cerianthus membranaceus Haime, plus gros que ceux de la plage d'Eyrac. Presque partout les bords du bassin sont vaseux et pauvres comme le fond, mais je suis loin de les avoir tous parcourus, n’élant resté que six jours à Arca- chon à la fin de septembre 1893. Les dragages de la C* des bateaux de pêche à vapeur faits au large, souvent à des profondeurs de 80 à 100 mètres, seraient une précieuse res-

source. Je n'ai pu m'en procurer qu'un seul.

Syllis (Typosyllis) prolifera Kr. (Aragage au large).

Hyalinœcia tubicola O.-F. Müll. (i7em).

Diopatra Neapolitana D. Ch. (cap Ferret; plage d'Arcachon).

Marphysa sanguinea Mont. (Trincat de Gentil).

Nereis fucata Sav. (draguée au large de Cordouan, communiquée par M. Adrien Dollfus).

Perinereis cultrifera Gr. (Trincat de Gentil, plage d'Eyrac).

Platynereis Dumerilii Aud. et Edw. (plage d'Arcachon).

Phyllodoce bruneo-viridis N. S. (plage d'Arcachon).

Eulalia viridis O.-F. Müll. (plage d’Ey- rac).

Neplhtys Hombergii Aud. et Edw. (plage d'Arcachon).

Glycera convoluta Kef. (Trincat de Gen- til).

Aricia fœlida Clpd. (plage d'Eyrac).

Leiochone clypeata St-Jos. (idem).

Arenicola marina L. (partout).

Lagis Koreni Mgr. (plages d'Eyrac et d'Arcachon).

Sabellaria spinulosa Leuck. (dragage au large). ;

Sabellaria alveolata L. (dragage devant l’Aquarium).

Amplhitrite Edwarsi Qfs. (Trincat de Gentil). À Terebella lapidaria (Kæhler) L. (plage

d'Eyrac). Lanice conchilega Pall. (idem). Thelepus cincinnatus Fabr. (dragage au large). Dasychone bombyx Dalyell (idem). Serpula vermicularis L. (idem). Hydroides Norvegica Gunn. (idem). Mera pusilla St-Jos. (dragage devant l’Aquarium). Pomaloceros triqueter L. (idem).

Dans son mémoire sur la faune d'Arcachon, Lafont (1)

donne une liste d'Annélides Je relève quelques espèces que je n'ai pas trouvées : Nereis fallax Qfe., Chætopterus Valencini Qfg., Arenicola ecaudata Jobhnst., Serpula octo- costata Qfg., Serpula Montaqui Qfe., Vermilia humilis Qfe., Vermilia pusilla Qfg. Je ne fais que citer sans garantir l'exactitude des déterminalions.

(1) Note pour servir à la faune de lu Gironde, contenant la liste des animaux marins dont la présence a été constatée à Arcachon en 1867 et 4868 (Actes de la Soc. linn. de Bordeaux, t. XXVI, 1868, et t. XXVIII, 1870).

ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 3 |

SAINT-JEAN-DE-LUZ.

Pendant trois séjours de huit jours chacun que j'ai faits à Saint-Jean-de-Luz en mars 1892, avril et seplembre 1897, jai parcouru avec grand intérêt les roches calcaires en- tre Biarritz et Hendaye. Les grandes plages de sables sont rares sur la côte et quand 1l y en a, comme à Biarritz, dans la baie de Saint-Jean-de-Luz, aux bains d'Hendaye et sur la rive Espagnole de la Bidassoa, le sable y est stérile.

J’indiquerai comme endroits favorables à la récolte des Annélides, les roches de la Goureppe près de Biarritz, les rochers de Guéthary, mais encore plus ceux en dedans de la pointe de Sainte-Barbe dans la baie de Saint-Jean-de-Luz et ceux au N. de la pointe de Sainte- Anne, au-dessous d'Abbadia. Dans le port de Socoa, j'ai trouvé des Diopatra Neapolitana. À Remardy, au-dessous de la croix d’Archiloa, les roches calcaires sont pavées de Strogylocentrus linidus Lmck. qui les perforent, d'Astera- canthion glacialis O.-F.Müll. et d'Holothuria tubulosa. Gn. ; les Annélides qui s’y rencontraient en abondance en 1892 y avaient presque disparu en 1897. On a fait la même re- marque pour Guéthary. Il faut peut-être attribuer ce chan- gement aux grosses mers qui n ont cessé de balayer, du mois d'août 1896 au mois de septembre 1897, cetle côte très exposée.

Syllis (Typosyllis) prolifera Kr. (Ste-| Euphrosyne foliosa Aud. et Edw. (Ste-

Anne). Anne). Syllis gracilis Gr. (idem). Diopatra Neapolitana D. Ch. (port de Odontosyllis clenostoma Clpd. (idem). Socoa). Autolytus pictus Ehl. (idem). Eunice Kinbergi Ehl. Forme jeune et

Trypanosyllis Krohnii Clpd. (Guéthary). | adulte (Ste-Anne, Ste-Barbe, Biarritz). Lepidonotus clava Mont. (Ste-Barbe). |ÆEunice torquata Qfg. (Guéthary, Re- Halosydna gelatinosa Sars (Remardy, mardy, Ste-Barbe, Ste-Anne). Hendaye). Lumbriconereis coccinea Ren. (Ste- Harmothoe picta St-Jos. (Remardy, Ste-| Barbe). Anne). Lumbriconereis impatiens Clpd. (roches Lagisca extenuata Gr. (Remardy, Ste- entre Guéthary et Saint-Jean-de-Luz, Barbe). Ste-Barbe). Sthenelais Ilunæ Rathke (Ste-Barbe, Ste- | Lysidice Ninelta Aud. et Edw. (Ste-Bar- Anne). | be).

222

Maclovia gigantea Gr. (Guéthary, Re- mardy, Ste-Barbe, Ste-Anne).

Nereis pelagica L. (Guéthary).

Nereis irrorata Mgr. (Ste-Barbe).

Perinereis oliveiræ Horst (roches entre Guéthary et St-Jean-de-Luz, Ste-Barbe, Ste-Anne).

Perinereis longipesN. S. (Guéthary, Ste- Barbe, Ste-Anne\.

Perinereis cultrifera Gr. Formes hétéro- néréidiennes mâle et femelle (Gué- thary, Remardy, Ste-Anne).

Platyneréis Dumerilii Aud. (Guéthary).

Phyllodoce laminosa Sav. (Ste-Barbe’.

Phyllodoce splendens St-Jos. (Ste-Anne).

Phyllodoce bimaculata N. S.(Ste-Barbe).

Eulalia viridis O.-F. Müll. (Guéthary, Ste-Anne).

Eulalia punctifera Gr. (Ste-Anne).

Eulalia pusilla OErst. (Ste-Anne).

Pterocirrus macroceros Gr. (Ste-Barbe).

Hesione pantherina Risso (Guéthary, Remardy, Ste-Barbe).

Audouinia tentaculata Mont. (Guéthary, Remardy, Ste-Barbe, Ste-Anne).

Aricia lævigata Gr. (Ste-Anne).

Aricia Cuvieri Aud. et Edw. (Ste-Barbe).

et Edw.

DE SAINT-JOSEPH.

Flabelligera Claparedii N.S. (Remardy).

Polyophthalmus pictus Duj. (Guéthary).

Dasybranchus caducus Gr. (Remardy, Ste-Barbe, Ste-Anne).

Arenicola branchialis Aud. (Ste-Barbe\.

Clymene lumbricoides Qfz. (Roches entre Guéthary et St-Jean-de-Luz ; Remardy).

Johnstonia clymenoides Qfg. (Ste- Barbe).

Petaloproclus terricola Qfg. (idem).

Leiochone clypeata St-Jos. (idem).

Sabellaria alveolata L. (Roches entre

. Guéthary et St-Jean-de-Luz; Remar- dy).

Amplhitrile gracilis Gr. (Ste-Barbe).

Terebella lapidaria (Kachler) L. (Ste- Barbe, Ste-Anne).

Polymnia nebulosa Mont. nec Johnst. (Remardy, Ste-Anne).

Pista cretacea Gr. (Remardy, Ste-Barbe, Ste-Anne).

Potamilla reniformis O.-F. Müll. (Ste- Barbe).

Salmacina Dysteri Huxl. (Ste-Anne).

Pomatoceros triqueter L. (Remardy, Hendaye).

et Edw.

Quatrefages, dans son Histoire naturelle des Annelés

(passim), décrit des espèces qui ne sont pas énumérées dans ma liste et qui appartiennent à Guéthary : Polynoe lævis Aud. et Edw., Lepidonotus breuicormis Qfg., Eunice heterochæta Qfg., Lumbriconereis contorta Qfe., Lumbriconereis Vasco Qfg., Cirrhinerers Blainvillu Qfe., Phyllodoce Kin- bergu Qfg., Phyllodoce Raithkei Qfs., Phyllodoce brevire- mis Qfg., Chætopterus Sarsii Boeck, Spirorbis lævis Qfg., Ver- milia pusilla Qfg., Vermilia proditrir Qfg. Comme pour Arcachon, je ne fais que citer sans garantir la détermination.

ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE.

19 Lo Co

FAMILLE DES SYLLIDIENS Cr.

GENRE PIONOSYLLIS Mgr. Lang. char. emend.

PIONOSYLLIS PULLIGERA Krohn (1).

SYLLIDES PULLIGER Claparède, Glanures zoot. parmi les Annél. de Port-Vendres,

1864, p. 81, et pl. VI, fig. 6. Annél. du golfe de Naples, 1868, p. 209. | _ _ Viguier, Etudes sur les animaux inférieurs de la baie d'Alger (Arch>.de'z00l-exper, 2nersér., &/ IL) 188%, p. 99, etpl V, fig. 51-54). PIoNoSYLLIS PULLIGERA Robin, Observ. sur quelques Annél. de l'étang de Thau (Bull. Soc. phil., me sér., t. VII, 1883, p. 32).

PI. XII, fig. 1.

Deux exemplaires dans un dragage à la baie de la Forest, à Concarneau.

Le corps incolore a 2**,50 de long sur 0"*,32 de large, rames comprises sans les soies. La tête ronde a 2 palpes massifs très divergents, une longue antenne médiane et 4 gros yeux avec cristallins dirigés en avant, précédés de _2 taches oculiformes. Tous les appendices du corps sont inarliculés et hérissés de poils tactiles. Le cirre dorsal est plus long que les cirres tentaculaires et il y a alternance de longueur entre les cirres dorsaux suivants. La trompe courte a une petile dent placée tout à fait en avant. Le pro- ventricule qui la suit avec ses rangées transversales de points gris occupe les segments sétigères 3 et 4; il a des mouvements de contraction et d'expansion. Le ventricule et ses glandes latérales sont très pelits. La figure 50 de M. Viguier, qui représente la partie antérieure de l’animal,

(1) Krohn, Ueber Syllis pulligera eine neue Art (Archiv für Naturg., 1852, p. 251, et pl. X). Pour ne pas allonger démesurément la bibliographie, il ne sera cité dans ce mémoire, à chaque espèce, que les travaux qui ont un intérêt descriptif ou anatomique et il ne sera pas fait mention de ceux l’espèce est simplement nommée ou cataloguée.

DO : DE SAINT-JOSEPH.

est exacle. Il en est de même de sa figure 53 pour les soies à article unidenté et l’acicule de forme particulière; mais aux soies à article unidenté il s’en mêle d’autres à article bidenté qu'on ne voit bien qu'avec les plus forts grossisse- ments. Je ne trouve la soie simple qu'aux 5 derniers seg- ments.

L'un de ces exemplaires a 23 segments sétigères avec 2 gros œufs, à chacun des segments 8-16, renfermés dans l'intérieur du corps.

L'autre à 21 segments sétigères el porte 24 embryons qui me paraissent couchés sur le ventre deux par deux à la partie dorsale de chaque pied de la mère à partir du 7*° segment sétigère. [ls sont beaucoup moins bien fixés que les embryons des Exogonés et se détachent trop facilement pour que Je puisse être absolument certain de la position exacte qu'ils occupentsur le pied. Ils ont 0””,25 de long sur 0"",08 de large, 3 antennes dont la médiane plus longue (0**,07) que les deux latérales (0**,05), 4 pelits yeux rangés sur une seule ligne, un segment achèle avec 2 paires de cirres tentaculaires dont une rudimentaire, 3 segments sétigères dont le 1” et le 3°° ont seuls un cirre dorsal long de 0°*,05 qui manque au 2°° segment, puis vient un 4*° segment achète avec un rudiment de cirres dorsaux et le et dernier avec 2 cirres terminaux longs de 0**,05. À chacun des segments sétigères il y a une et rarement deux soies à article unidenté à laquelle il se joint quelquefois une soie simple. Il ne se dessine au- cune trace du canal digestif (fig. 1). Vus de côté, les em- bryons ont bien la forme indiquée par Claparède (/oc. cf., pl. VI, fig. 6 à). Aucun de ces deux exemplaires n’a de sotes natatoires.

Cette espèce a un mode de reproduction bien différent des autres Pionosyllis connues et se rapproche sous ce rapport des Exogonés.

Méditerranée, étang de Thau; mer Noire (Bobrelzky d’a- près Cziernawski), Pas de Calais (M. Gard).

ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE.

Oo Lo OT

FAMILLE DES APHRODITIENS Sav. 5. 57.

MRIZU DES POLYNOINA Cr.

Genre LEPIDONOTUS Leach, s. str. Kbg.

PoLYNOE SQUAMATA

= CLYPEATA

== DORSALIS

LEPIDONOTEUS CLAVA

POLYNOE GRUBIANA

LEPIDONOTUS W AHLBERGI

LEPIDONOTUS CLAVA Mont. (1).

sensu Gr. Grube, Zur Anat. und Physiol. der Kiemen- würmer. Kônigsberg, 1838, in-4, p. 60. Acfinien, Echinodermen und Wärmer des Adriat. und Milttel- meeres. Künigsberg, 1840, in-#, p. 87.

Gr. Grube, Beschr. neuer oder wenig bekannt. Annel. (Archiv für Naturg., 1860, p. 71 et pl. II, fig. 1). Die insel Lussin und ihre Meeres fauna. Breslau, 1864, in-8, p. 11.

Valenciennes. Quatrefages, Hist. nat. des Annel., t. I, p: 245.

Mont. Johnston, Catalogue of British non parasil. Worms, in-8, 1865, p. 111.

Malmgren, Ann. polych., p. 130.

Von Marenzeller, Zur Kennt.der Adriat. Annel. Ilter bei- trag (Sitzb. der K. Akad. der wiss. zu Wien, t. LXXII, 1815) SA pi D}

Bourne, On certain points in the Anat. of Polynoina (Trans. of the Linn. Soc., 2me série, t. Il, in-4, 1883, p. 348, et pl. XXXIV, fig. 1-6, pl. XXXV, fig. 8, 11, 13, et pl XXXVI, fig. 16-18) (2).

var. Lang. Langerhans, Die Wurmfauna von Madeira Ilter beitrag (Zeits. für wiss. Zool., t. XXXIII, 1879, p-°273, eb-ple XIV, tie) 2):

Clpd. Claparède, Suppl. aux Annél. du golfe de Naples, pet plis he: 2.

Jourdan, Siructure des élylres de quelques Polynoes (Zcol. anz., t. VIII, 1885, p. 128 et fig. 1-2). Struc- ture histologique des téquments et appendices sensiltifs de l’Hermione hystrix et de la Polynoe Grubiana (Ar- chives de z00l. expér:, 2me série, t. V, 1887, p.. 115-120, eUDIAIVS Gp T1 16 171):

Kbg. Kinberg, Eugenies Resa. Zoologi: Annulata, p. 12 et pl. IV, fig. 4. Stockholm, 1856, in-4.

Mc Intosh, Report on the Annel. Polych. collected by H, M. S. Challenger (Reports, etc., t. XII, 1885, p. 66 eb pl XF est: plXVIIE fig. 8; pl. X À, fig. 15-16).

Voyage de la géolette Melita sur les côtes occidentales de l'océan Atlantique. Annél. polych., par Malaquin.

(4) Aphrodite clava. Montagu, Description of several marine animals found on the South coast of Devonshire (Trans. of the Linn. Soc., t. IX, 1808, p.108,

et pl. VIL fig. 3).

(2) Bonnes figures de l’animal entier. ANN. SC. NAT. ZOOL. Vi 19

296 DE SAINT-JOSEPH.

(Revue biol. du Nord de la France, t. NI, 1893-94, p. 411-418).

9POLYNOE TROCHISCOPHORA SChmarda. Schmarda, Neue wirbell. thiere beob. und gesammelt auf einer reise um die erde, etc. Leipzig. 1861, in-fol. p. 151 et pl. XXXVI, fig. 310.

PL. XIIL, fig. 2-8.

Trouvé sous les pierres à Concarneau à la pointe de la Jument, à Saint-Jean-de-Luz près de Sainte-Barbe, et au Croisic au plateau du Four.

Le corps plat, presque partout de même largeur, est long de 27 à 30 millimètres sur 8 millimètres de large, soies comprises, et compte en tout 27 segments dont 25 sétigères. Le ventre est pâle, le dos coloré en brun, entièrement aux segments antérieurs et seulement par places aux suivants. Les élytres sont pigmentés çà et de rose, de brun, vert ou violet foncés, avec une grosse tache blanche au-dessus de l’élytrophore. Les parties pigmentées se composent de cellules roses, brunes, violettes, polygonales, à noyau central incolore. La 1" paire est plus claire que les autres; il en est de même des deux tiers antérieurs de la 2°° paire.

La tête bilobée a 4 yeux dont les 2 antérieurs placés latéralement assez en avant, el les 2 postérieurs tout à fait en arrière, recouverts quelquefois par un repli du segment suivant. Chacun des lobes se prolonge pour former, comme d'ordinaire dans le genre Lepidonotus, la base des antennes latérales longues de 0**,90 et enserrer la base de l'antenne médiane longue de 1**,80 ; les 3 bases se terminent au même niveau. Les 2 palpes épais, triangulaires, plus longs (2**,10) que l'antenne médiane, sont garnis de 5 rangées longitudinales parallèles de papilles longues de 0"",05, ter- minées chacune par un poil tactile. Je donne la longueur la plus ordinaire pour les palpes, mais ces organes sont tel- lement contracliles que quelquelois ils sont plus courts que l'antenne médiane.

Les cirres tenlaculaires placés par paire de chaque côté du segment, l’un derrière l’autre, ont chacun leur base

ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 9297

sortant d’un {ronc commun ; de la base du cirre tentaculaire dorsal, un peu plus court que le ventral et de même taille que l'antenne médiane, émerge un acicule accompagné de 4 ou 5 soies de même forme que les dorsales les plus courtes du segment suivant.

Quant aux cirres ventraux du 2%° segment (cirres buc- caux), 1ls ont 1**,44 de long. Les palpes incolores s’amin- cissent à l'extrémité el finissent en pointe assez fine, mais moins fine que celle des aulres appendices de la tête. Ceux-ci, comme les cirres tentaculaires et les cirres buccaux, sont terminés par une massue surmontée d’une pointe fine el entourés d’un anneau de pigment brun au-dessus de leur base et au-dessous de la massue.

Les 12 paires d'élytres sont réparties sur les seg- ments 2, 4, 5, 7... 23. Aux autres segments il y a un cirre dorsal glabre long de 1**,70, de même forme et de même coloration que les cirres tentaculaires, précédé sur le dos d’un tubercule dorsal peu distinct. Les pieds sont très épais (fig. 2).

La rame supérieure est un petit mamelon rond d’où sortent un gros acicule brun et un faisceau d'environ 24 soies dor-

sales, presque toujours recouvertes d'algues el de vase, dis- posées en rangées superposées ; les soies supérieures du faisceau sont près de moitié plus courtes que les inférieures qui, longues de 0°*,25 sur 0"*,027 de large, un peu recour- bées en arrière et se terminant en pointe obluse, sont gar- nies Jusqu'en haut d'une centaine de rangées transversales de dentelures (fig. 3). La rame inférieure massive et presque rectangulaire contient aussi un gros acicule brun qui fait un peu saillie au dehors. Les soies ventrales droites, jaunes el robustes, au nombre de 18, dont 6 entre l’acicule et la rame dorsale, et 12 de l’autre côté de l’acicule, sont près de (rois fois plus grosses que les soies dorsales et deux fois plus longues. Elles se terminent par une forte pointe recourbée, creusée d’une gouttière en dessous, et sont gar- nies de 7 à 10 plaques de denticules superposées, précédées

9928 DE SAINT-JOSEPH.

en avant par 4 ou 5 grosses épines (1). Au 2°° segment, par exception, elles ont à peu près la forme des soies dorsales ; il en est de même au 3°° segment, mais les rangées trans- versales de dentelures y sont beaucoup moins nombreuses; c'est au segment qu'elles ont leur forme définitive. Le cirre ventral glabre, incolore, ou teinté d’un brun diffus, long de 0"*,66, se termine brusquement en une pointe effilée non précédée d’une massue. Les papilles ventrales (papilles néphridiennes de Bourne), cylindriques, longues de 0"",27 sur 0"*,15 de large, qu’on rencontre à l’avant- dernier segment, sont faciles à reconnaître, élant souvent colorées en brun ou en vert sombre ; leur orifice est qua- drilobé.

Les plis de l’orifice anal commencent à se dessiner au dos du dernier segment séligère et l’anus s'ouvre au dos du segment anal qui est très étroit et se termine par 2 cirres anaux glabres, longs de 1**,38, dont la pelile pointe elfilée est précédée d'une grosse massue (2). Les 2 cirres dorsaux du segment précédent sont rabatlus vers le bas, de sorte qu'il semble y avoir 4 cirres anaux. Les 3 derniers segments sétigères el le segment anal sont nus.

Les élylres assez caduques, à bords unis, suborbiculaires ou ovales, sauf à la 1" paire, recouvrent le dos aux seg- ments, puis s'écartent un peu et, vers le milieu du corps, laissent une pelite parlie du dos à découvert, pour se re- joindre et se recouvrir aux dérniers segments ; mais il n'y a pas de règle fixe et quelquefois ils recouvrent le dos par- tout, tout en étant moins imbriqués que chez le Lepidonotus squamatus. Tout dépend du degré de contraction de l'animal.

Les élytres de la 1" paire orbicuiaires et plus petits que les autres (1**,90 de diamètre) sont couverts de protubé- rances chitineuses jaunes de tailles différentes, depuis 0"",02 de haut sur 0**,016 de large jusqu'à 0"",18 de haut sur

(4) Voir Bourne, loc. cit., pl. XXXV, fig: 13; (2) Voir, pour cette dernière portion du corps, Mac Intosh, loc. eit., pl. XI,

fig. 1.

ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 229

0"",14 de large (tig. 4). Les protubérances les plus petites sont rangées tout autour des bords de l’élytre qu'elles dé- passent un peu, comme une {rès pelile frange, du côté qui est tourné vers la partie extérieure du corps ; les plus grosses se trouvent au centre el à la partie la plus rapprochée de la ligne médiane dorsale. Toules sont recouvertes de petites écailles, derrière chacune desquelles sort une épine chiti- neuse, longue de 0**,015, dont la base est cachée par l’é- caille (fig. 5). Il se mêle à ces protubérances, du côté externe surtout, de petites papilles (0**,016 de haut) incolores et transparentes en forme de calice (fig. 6), dont quelques-unes (fig. 7) sont surmontées d'un prolongement légèrement bi- lobé; on y distingue nettement le filet nerveux décrit par M. Jourdan. Cette fibre existe aussi dans les protubérances chitineuses on la découvre par transparence lorsqu'elles sont inclinées sur le côté. Les mêmes dispositions se retrou- vent aux élylres plus grands (3**,60 sur 1*°,90) et ovales de la 2*° paire. Quant aux élvtres suivants, ils offrent quel- ques changements : aucune protubérance ne dépasse le bord qui est complètement lisse, et les plus grosses me parais- sent devenir des verrues convexes en forme de verre de montre dont la circonférence seule est chilineuse: elles sont composées de grosses cellules, comme l’avail remarqué Kinberg (fig. 8). Mac Intosh donne une figure exacte faible- ment grossie de ces élytres (1).

La trompe descend jusqu'au 12° segment séligère. Elle est couronnée de 16 papilles en cône obtus longues de 0**,42 et renferme 2 paires de mâchoires de Polynoïde d'un brun assez clair n'offrant rien de remarquable.

Grube à décrit le L. clava sous le nom de Po/ynoe squa- mata et de Polynoe clypeata; j'ai pu m'assurer dans la col- lection du Muséum que la Polynoe dorsalis de Marseille doit aussi lui être assimilée. Langerhans en a trouvé à Madère des exemplaires dont il a fait une variété, parce qu'ils n’ont

(1) Loc. cit., pl. XVIIL, fig. 8,

230 DE SAINT-JOSEPH.

de rangées de papilles aux palpes qu’à la moilié supérieure. La Polynoe squamata sensu Gr., le Lepndonotus Wahl- bergi (1) el la Polynoe Grubiana dont les palpes sont partout couverts de papilles devraient être aussi une autre variété. Nous avons vu plus haut que les palpes en se contractant diminuent beaucoup de longueur. 11 en est de même pour leurs papilles, surtout dans l'alcool, ce qui en rend la déter- minalion souvent difficile (2). Il me paraîtrail donc peut-être préférable de ne pas y attacher une grande importance et de s’en lenir à une seule espèce. Sinon on devra distinguer le L. clava avec 5 rangées de papilles aux palpes, le Z. clava var. Lang., avec papilles à la moitié supérieure des palpes seulement, le L. clava var. Gr. (Polynoe squamata sensu Gr. Lepidonotus Wahlbergi, Polynoe Grubiana), avec de nom- breuses papilles sur toute leur hauteur, et enfin le ZL. clava var. Kbg., avec palpes lisses, en admettant que Mac Intosh ail inexactement reclifié Kinberg.

La description de la Lepidonote semitecta Sümps. (3) est si incomplète que Je n'ose pas, comme le voudrait von Maren- zeller (4), l’assimiler au Lepidonotus Wahlbergi, avec lequel au contraire on pourrail peut-être identifier la Po/ynoe Tro- chiscophora trouvée aussi au Cap.

Manche, Atlantique, Méditerranée, Mer des Indes.

LEPIDONOTUS SQUAMATUS L. (5). PI. XI, fig. 9-13.

Commun sous les pierres tout Le long des côtes, au Havre,

(4) Mac Intosh a observé les papilles des palpes qui avaient sans doute échappé à Kinberg.

(@) Voir plus loin, p. 237, à propos de la Lagisca extenuata.

(3) Stimpson, Description of some of the new invertebrates from the Chinese and Japonese seas (Proceed. Acad. nat. se. of Philadelphia, t. VII, 1856, in-8, p. 393).

(4) Polychaeten der Angra Pequena Bucht (Zool. Jahrb. abth. für system., AL, p..3).

(5) Voir Annél. polych. des côtes de Dinard, partie (Ann. des sc. nat., 1me"sèrie, t. V, 1888, D1b1);

ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. D

à Villerville, à Villers, à Luc-sur-Mer, à Saint-Vaast, à Con- carneau, au Croisic.

Les élytres (fig. 9) bruns, larges de 4 millimètres environ sur 2°°,40 de haut, presque toujours couverts de vase et de petites algues incolores, sont bordés du côté externe d'une frange de papilles minces et longues (0°°,60). Ces papilles sont suivies de tubercules chitineux jaunes en cône arrondi (fig. 10), hauts de 0*”,1, revêtus de pelites écailles im- briquées ; en se rapprochant du centre, ces tubercules gros- sissent et s’aplatissent, n'ayant plus que 0°*,063 de haut et prenant la forme de grosses verrues brunes (fig. 11) garnies de rangées concentriques d’écailles légèrement découpées au bord supérieur et larges de 0°*,0075 (fig. 12). La partie de l'élytre la plus rapprochée de la ligne médiane dorsale, de- venue plus claire, est parsemée de mamelons porifères inco- lores (fig. 13). Enfin, sur toute la surface de l’élytre, mais principalement du côté externe, il y a des papilles en calice de mêmes formes, mais peut-être un peu plus grosses que celles qui ont été figurées pour le Lepidonotus clava (voir pl. I, fg.6et7).

Les élytres de la 1" paire, orbiculaires, d’un diamètre de . 2°°,40, ont les papilles des franges moins longues (0°*,084) et les petites papilles en calice plus abondantes.

Genre HARMOTHOE Kbg. Mer. s. ext.

HARMOTHOE IMPAR var. PAGENSTECHERI Mich. (1). PI. XI, fig. 44-20.

Si, comme il est probable, on attache à l'avenir, dans la classification des Polynoïdes, plus d'importance à la forme,

Cest à tort que j'y indique la Polynoe squamata, décrite par Grube, comme étant le véritable L. squamalus. Il a été dit plus haut que c'était le Lepidonotus clava.

(1) Michaelsen, Die Polychæten fauna der Deutschen Meere (Wiss. Unters. der Komm. zur Wiss. unt. der Deutschen Meere in Kiel und der biol. anstalt auf Helgoland, t. If, heft I, 1896, in-fol., p. 7, et pl. I, fig. 1).

232 DE SAINT-JOSEPH.

non seulement des élytres mêmes, mais surtout de leurs excroissances, il sera difficile de donner à l’Æ7. impar Johnst, une place bien déterminée. Chez cette espèce, dans tous les cas, tous les élytres sont parsemés de mamelons ronds trans- parents d’où sorlent de petils tubercules incolores qui, vus de côlé, ont la forme d'épines creuses et molles. Ces tuber- cules plus gros au centre et près du bord externe (fig. 14) sont beaucoup plus petits au bord antérieur (fig. 15). Mais chez le même individu, tantôt 1l n’y a que des tubercules de cette sorte à quelques élytres, tantôt à d’autres élytres il s’y joint 8 à 18 protubérances nues, d'un brun foncé, les unes rondes, les autres cylindriques, hautes de 0"*,1. Dans les deux cas, le bord externe de l’élytre est frangé de papilles très courtes (0,08). C'est la forme que J'ai trouvée à l’île de Rochefort près des Ehbiens (1).

Chez d’autres exemplaires, au contraire, les élytres sont garnis, au bord externe et sur une parlie du bord posté- rieur, d'une frange de papilles atteignant jusqu'à 0°°,21, dont on retrouve quelques-unes très transparentes et moitié plus courtes, sur toute la surface de l’élvtre, et au bord pos- térieur il y a de grosses protubérances toutes nues, au nombre de 4 à 6, les unes sphériques sur un court pédoncule, les autres en massue dont une est plus importante que les autres. C’est la forme que j'ai rencontrée à Grosse-Roche près de Saint-Jacut (2). Enfin il y a une forme que j'ai observée sur un exemplaire incomplet de Saint-Lunaire et que semblent aussi avoir décrite Malaquin et Hornell. La frange des pa- pilles et les protubérances sont les mêmes que dans la forme précédente, mais les sphères (fig. 16) et les massues (fig. 17) sont couvertes, à leur extrémilé antérieure seulement, d’é- pines les unes simples, les autres sortant au nombre de 2 (fig. 18), 3 ou 4 (fig. 19) d'une base commune. La plus grosse massue (fig. 20) dont il a été question à propos de la forme

(1) Annél. polych. des côtes de Dinard, partie (Ann. des sciences nat., que série, t. XX, p. 202, et pl. XI, fig. 19). (2) Ibid., fig. 20.

ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 339

précédente est seule nue ; elle mesure 0"°,63 de haut sur 0"",30 de large au sommet. Les autres massues ont 0°”,35 de haut sur 0"",16 de large et les sphères ont un diamètre cher OS

Cette forme des élytres me paraît être celle de l’/7. impar var. Pagenstecheri, et comme je ne vois pas de différences notables pour les autres caractères indiqués par Michaelsen, je rapporte cet exemplaire de Saint-Lunaire à la variété qu'il a établie.

Manche. Mer du Nord.

HARMOTHOE picrA St-Jos. (1).

Je trouve sous les pierres à Saint-Jean-de-Luz, dans les ro- chers de Remardy, et près de Hendaye, à la pointe de Sainte- Anne, cetle espèce que je n'avais rencontrée à Dinard que dans les tubes de Lanice conchilega.

Ces beaux Polynoïdes sont plus grands que ceux de Di- nard, mesurant 35 millimètres de long sur 7 millimèlres de large, soies comprises. Ils ont 37 segments sétigères au lieu déra6 _ La 1" paire d'élytres orbiculaire a 2 millimètres de dia- mètre ; les élytres suivants sont moins réniformes que dans les exemplaires de Dinard et vers la fin du corps deviennent presque ovales (4°*,20 sur 3°°,24). La dernière paire placée sur le 32*° segment recouvre le 33° et le 34"° et laisse à nu les 35°° à 37°. À ce dernier fait suite un segment anal étroit avec 2 cirres anaux longs de 2 millimètres. Les cirres dorsaux, précédés d’un gros tubercule dorsal, ont 2 millimèlres de long et finissent au même niveau que les soies ventrales. La rame dorsale qui contient un gros acicule brun est peu accusée et il en sort seulement 1 à 4 soies dorsales très courtes, tandis que les exemplaires de Dinard

(4) Voir Annél. polych. des côtes de Dinard, 2e partie (Ann. des se. nat., me série, t. V, 14888, p. 172, et pl. VILL, fig. 44-47) et 4e partie (1bid.,t. XX, 1895, p. 203).

294 DE SAINT-JOSEPH.

en ont jusqu'à 20 beaucoup plus longues. Les cirres ventraux ont 0"",48 de long. | | Un exemplaire que je ramasse à Concarneau à la Pointe de la Jument est de même taille que celui de Saint-Jean-de- Luz. La trompe a une couronne de 18 papilles en cône obtus hautes de 0°*,30 sur 0"*,092 de large; je vois sortir des œufs gris (0**,084 de diamètre) des papilles ventrales.

HARMOTHOE LONGISETIS Gr. (1).

LÆNILLA GLABRA Mgr. Malmgren, Nord. hafs Annul., p. 13 et pl. IX, fig. 5. Annul. Polychæta, p. 136.

HARMOTHOE MALMGRENt Ray Lank. Ray Lankester, On some new Prilish Annelids \Trans. Linnean Soc., t. XXV,1866, in-4, p. 375, et pl. LI, He 12h 28).

POLYNOE LONGISETIS Mc Intosh, On the structure of the British Nemerleans and some new Brit. Annel. (Trans. Edinb. Soc., t. XXV, 1869, in-4, p. 408, et pl. XV, fig. 3 et 34).

HARMOTHOE GLABRA Bidenkap, Undersügelser over Annul. Polych. omkring Har-

dangerfjordens udlôb sommeren 1893. Kristiania, 1894, in-8, p. 5.

PL. XIII, fig. 24.

Un exemplaire jeune de 15 millimètres de long sur 3°°,60 de large, pieds compris sans les soies, avec 36 segments, trouvé dans un dragage à Saint-Vaast.

Le corps aplati diminue insensiblement de largeur d’a- vant en arrière. Il y a sur chaque segment du côté dorsal une barre brune transversale assez foncée qui se prolonge sur les 2 élytrophores aux segments élytrigères. Le ventre est d'un blanc argenté. Les élytres imbriqués, recouvrant tout le dos, ont le bord interne le plus rapproché de la ligne médiane dorsale, coloré en brun jaunâtre clair.

La têle, colorée en brun foncé, consiste en 2 lobes juxta- posés, échancrés en avant, séparés l’un de l’autre par un sillon étroit, portant chacun une paire d’veux dont les anté- rieurs, de même taille que les postérieurs, sont latéraux (fig. 21). L’antenne médiane à 1°°,82 de long, les deux laté-

(4) Polynoe longisetis. Grube, Beschr. neuer oder wenig bekannt. Annel. (Arch. für naturg., 1863, t. I, p. 37, et pl. IV, fig. 1).

ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 239

rales 0**,48, les deux palpes 1"°,68, les deux cirres tenta- culaires les plus longs de chaque paire du 1* segment 1°°,44. Tous ces appendices sont effilés, sans renflement, et ont des papilles courtes (0**,026), peu nombreuses ; les palpes sont garnis de très petits mamelons ayant chacun un poil tactile. Les trois antennes, y compris leur base, sont d'un brun foncé, les palpes et les tentacules incolores.

Il y a 15 paires d’élytres très caduques, distribuées comme à l'ordinaire. Sauf les élvtres de la 1" paire qui sont orbi- culaires et plus petits, les autres sont réniformes (3 milli- mètres sur 1**,80) ou subréniformes, et unis au bord à part quelques très rares papilles de 0°**,026 de long au bord externe. [ls sont partout couverts de petits tubercules inco- lores, cylindriques.

Les deux cirres tentaculaires de chaque côté, quoique ayant chacun leur base, ont un {ronc commun; de la base du cirre tentaculaire dorsal sortent un acicule et quatre très pelites soies, diminulif des soies dorsales des segments suivants.

La rame supérieure des pieds porte un éventail de sotes dorsales presque complètement droites, terminées en pointe obtuse, couvertes de nombreuses rangées transversales de

denticules superposées, comme les figure Malmgren pour le _Læniila glabra (loc. cit., fig. 5 D‘). Les cirres dorsaux des pieds sans élytres ont 1*°,80 de long, sont incolores et munis de quelques papilles de 0**,026 de long. La rame in- férieure se termine par un long prolongement digitiforme ; les soies ventrales, très nombreuses, minces, bidentées, exactement figurées par Mac Intosh {1}, trois fois moins larges et un tiers plus longues que les dorsales, sont garnies de plus de 40 rangées transversales de denticules et termi- nées par une longue dent fine légèrement recourbée, au-des- sous de laquelle se dresse une épine droite ; elles atteignent 1,70 de long, ce qui équivaut à la largeur du corps, rames non comprises. Toutes ces soies ventrales et dorsales sont

(4) Loc. cit., fig. 3.

236 DE SASNT-JOSEPH.

pâles et brillantes. Les cirres ventraux, incolores, subulés, avec quelques rares papilles, ont 0"°,60 de long, sauf ceux du 1” segment sétigère (cirres buccaux) qui sont d'un liers plus longs. Les papilles ventrales très petites manquent aux quatre derniers segments et me paraissent commencer au 8°. Le corps se lermine par un segment anal achète avec 2 cir- res anaux, incolores, à petites papilles, longs de 2°°,60.

Ce Polynoïde me paraîl répondre à peu près exactement à la Polynoe longisetis el à la Lænilla glabra, sauf que les an- gles antérieurs de la tête sont moins accusés. Mais ils ne le sont pas davantage chez l'Harmothoe Malmgreni que je crois, comme Mac Intosh et Giard, identique à la P. longisehs. Ma- laquin (1) a constaté de même chez la Nychia cirrosa que la tête pouvait être plus ou moins arrondie. Je ne pense pas pouvoir assimiler la P. longisetis à la Polynoe lævigata Clpd., à l'exemple de Mac Intosh et de Giard, ni, comme le voudraient ces deux auteurs, lui donner le nom de Lænilla selosissima Sav., dont Savigny n’a vu ni les cirres, ni les élytres el qui est trop imparfaitement connue.

L'A. longisetis aurail donc, comme la Nycha cirrosa, la tête Lanlôt arrondie en avant, tanlôl avec deux pelits pro- longements antérieurs et vivrait aussi comme la !V. cérrosa, soit dans les tubes de Chétoptères, soit en liberté.

Mers du Nord. Manche (île de Herm). Méditerranée.

HARMOTROE CASTANEA Me Int.'2).

LÆNILLA CASTANEA Giard, Sur quelques Polynoïdiens (Bull. scient. du départe- ment du Nord, 2%e série, 9mc année, 1886, p. 3 à 6, avec figures).

? MALMGRENIA Harvey Gibson, Notes on some of the Polychæta collected by the L. M. B. C. (The first report upon the fauna of Li- verpool Bay by the Members of the Liverpool Marine Biology commillee, London, 1886, in-8, p. 345, et pl. VID).

Je Ja trouve dans les dragages à Saint-Vaast sur les Spa-

(4) Malaquin, Les Annél. polych. des côtes du Boulonnais {Revue biol. du Nord de la France, t. 11, 1888-90. Tirage à part, p. 17, et pl. VI, fig. 3).

(2) Mulmgrenia castanea. Mac Intosh, On British Annelids (Trans. Zool, Soc. London, tv. IX, 1876, p. 376, et pl. LXVII, fig. 15-19).

ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES: DE FRANCE. 237

tanqus purpureus O.F. Müll., comme Mac Intosh et M. Giard. Je n'ai rien à changer à la description de M. Giard qui est très exacte. Un pelit exemplaire de 7 millimètres de long a 32 segments sétigères et 15 paires d’élytres ; le ventre est d'un brun foncé surtout aux 14 premiers segments et le dos est partout d’un brun clair.

Mers du Nord. Atlantique.

GENRE LAGISCA Mgr.

LAGISCA EXTENUATA Gr. (1).

LEpiponoTus LEACHIt Qfg. Quatrefagec, Hist. nat. des Annel., t. I, p. 258.

Depuis 1888, j'ai trouvé à Dinard un exemplaire de 40 millimètres de long avec 43 segments séligères, le plus grand que j'aie encore rencontré. J’ai trouvé aussi à Saint- Vaast, à Saint-Guénolé, au Croisic et à Saint-Jean-de-Luz des exemplaires de 20 à 30 millimètres de long.

Voici quelques détails à ajouter à ceux que j'ai déjà donnés

sureclle.espèce. _ Le corps à son extrémité inférieure est presque cinq fois moins large qu'à la parlie antérieure. Le 1* segment invi- sible du côté dorsal a de chaque côté une paire de cirres tentaculaires superposés ayant chacun sa base propre ; de la base du cirre tentaculaire dorsal, entre ce cirre etle palpe, sort un acicule avec 2 soies semblables aux soies dorsales les plus courtes des segments suivants.

Les petits mamelons des palpes sont quelquefois à peine visibles, peul-être même absents. Les {rois antennes et les 4 cirres tentaculaires ont des papilles très courtes (0°*,029) ; celles des cirres dorsaux ont 0"",042 et celles assez rares des cirres anaux 0"",025. Le cirre ventral du 2°° segment, deux

(4) Voir Annél. polych. des côtes de Dinard, partie (Ann. des sc. nat. 7ue série, t. V, 1888, p. 180, et pl. VILL, fig. 52-54).

238 DE SAINT-JOSEPH.

fois plus long que les suivants, mesure 0**,90. La papille ven- trale qui apparaît au segment manque aux deux derniers. Les soies ventrales dépassent les dorsales de 0"",55.

Les élytres recouvrent les soies dorsales à peine jusqu’à la moitié de leur longueur. La 1" paire est orbiculaire. La dernière paire est toujours au 32*° segment el tous les seg- ments suivants sont nus. La trompe est couronnée de 18 pa- pilles et non de 17. Comme Langerhans, je suis disposé à croire que la Lagisca rarispina Mgr. el la L. propinqua Mor. ne sont que des variétés de la L. extenuata. Quant au Lepi- donotus Leachii Qfg. et au Lepidonotus dumetosus Qfg., j'ai pu les identifier, d'après les exemplaires du Muséum, avec la Lagisca extenuata.

Manche. Atlantique. Méditerranée.

MRIBU DES SIGALEIONINA Gr.

GENRE PHOLOE Johnst. |

PHOLOE sYNOPHTHALMICA Clpd. var. DINARDENSIS (1).

Commune dans les dragages de la baie de la Forest. Ayant en général 3"*,80 et 42 segments. La hampe des soies à long article cilié et à court article non cilié est garnie comme chez les Polynoïdes avant son extrémité antérieure de 3 ou 4 rangées de denticules semblables à celles qu'indique von Ma- renzeller chez la PAoloe dorsipapillata von Marenz. (2), mais moins nombreuses.

(4) Voir les Annél. polych. des côtes de Dinard, 2%. partie (Ann. des sc. nat., que série, t. V, 1888, p. 186).

(2) Ber. der comm. für Erforsch. der OEst. Mittelm. VI, Zool. Ergebn. II, Polychæten des Grundes(Denksch. der K. Akad. der Wiss.zu Wien, t. LX, 1893, pl. L fig. 30 b).

ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 239

GENRE SIGALION Aud. et Edw. Kbg.s. sr. nec Ehl]., nec Mer.

SIGALION SQUAMATUM D. Ch. (1).

SIGALION MATHiLpx Aud. et Edw. Audouin et Milne-Edwards, Recherches pour servir à l’hist. nat. du littoral de la France, t. I, 1834, p. 105, et pl. Il, fig. 1-10. Quatrefages, Hist. nat. des Annel., t. I, 1865, p. 280. —— Grube, Bemerk. über die familie der Aphroditeen. Gruppe Hermionea und Sigalionina (Jahresb. der Schles. gesells. für 1874. Breslau, 1875, p. 72).

PI. XII, fig. 22-29.

Trouvé dans le sable au Pouliguen, à Saint-Vaast (île de Tatihou et près du fort de la Hougue), à Villers (M. Adrien Dollfus).

J'aurais quelques additions et modifications à faire à ma précédente description.

Les 4 yeux ont chacun 0**,025 de diamètre et les an- tennes 0°*,12 de long. Les 2 palpes paraissent bien placés entre le 1* et le 2°° pied, mais en réalité 1ls naissent à la partie inférieure de la tête du côté ventral et la paire de pieds vient s’intercaler entre leur base et la tête. L'entrée de la trompe est couronnée de 10 à 12 papilles de cha- que côté.

Les soies de la rame dorsale, simples, toutes de même forme, nombreuses (80 à 100) et plus ou moins recourbées en arrière, sont réparties en deux faisceaux peu distincts. Elles sont couvertes de rangées transversales serrées de denti- cules (fig. 22) et se terminent par une pelite fourche très fine dont une des branches est un peu plus courte que l’autre (fig. 23). Celles qui appartiennent au faisceau supérieur ont 1°°,20 de long sur 0°*,0095 de large non loin de la base et seuiement 0°*,0023 au sommet ; celles du faisceau inférieur

(1) Voir Annél. polych. des côtes de Dinard, 4ne partie {Ann. des sc. nat., 1e série, t. XX, 1895, p.203; pl. XI, fig. 21-24, et pl. XIL, fig. 27). Une

faute d'impression m'y fait dire que le S. squamatum a 18 segments; c’est 180 qu'il faut lire.

240 DE SAINT-JOSEPH.

sont d'un liers plus courtes et plus de moitié plus fines.

Les soies de la rame ventrale forment 2 faisceaux très nets.

Le faisceau supérieur comprend à partir du haut et dans l'ordre suivant : 4 ou 5 soies simples terminées en pointe unie et garnies de rangées de denticules en spirale faisant saillie des deux côtés; un peu avant la pointe, les denticules devenus plus petits sont disposés en rangées parallèles transversales et non plus en spirale et ne dépassent le bord que d’un seul côté (fig. 24). Ces soies sont les plus courtes de tout le pied, ne mesurant que 0**,42 de long ; 2 ou 3 soies composées dont la hampe est garnie de 10 à 12 ran- gées transversales de denticules assez saillants au-dessous de l'article terminal long de 0**,33, qui est divisé en arlicula- ions indiquées non par des séparations iransversales, mais par des renflements et des amincissements du bord qui simu- lent des cassures (fig. 25). Ici comme dans les autres soies à article arliculé dont il nous reste à parler, les 1°* articu- lations sont plus longues que les autres, et la dernière se termine par une dent recourbée au-dessous de laquelle se dresse une épine droite (voir plus loin pour cette disposi- on la figure 29); 4 ou 5 soies composées à arlicle arti- culé dont la hampe se termine au-dessous de l’article par un renflement garni de 8 à 9 rangées parallèles transversales de denticules extrêmement fins (fig. 26); 9 à 10 soies com- posées à article articulé dont la hampe est lisse partout (fig. 27).

Le faisceau inférieur commence par 2 soies composées dont l’article est une grosse serpe (0**,10 de haut sur 0*",022 de large) avec épine sous-jacente (fig. 28) ; la serpe s’allonge (0"*,33) aux 4 ou 5 soies suivantes, puis les soies de la forme 4 du faisceau supérieur reparaissent avec des articles deux fois plus longs ; ces articles deviennent même trois fois plus longs aux soies les plus rapprochées du ventre qui, très nombreuses, moitié moins fortes, molles el inco- lores, ont une apparence d’algues filamenteuses. La dent re- courbée et la petite épine sous-jacente de l'extrémité de

ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 241

toutes les soies du faisceau inférieur ont progressivement diminué de taille et sont devenues excessivement fines aux soies les plus ventrales (fig. 29).

Chez les 2 exemplaires du Sigalion Mathildæ qui font partie de la collection du Muséum, j'ai pu reconnaître le cirre dorsal des pieds et toutes les formes de soies qui viennent d’être décrites en détail. Il ne me semble donc plus y avoir de raison pour en faire une espèce distincte du S. squama- tum. Reste la question des yeux. Audouin et Milne Edwards n’en ont pas trouvé, Grube en a observé 2; quant à moi, il m'a été impossible de rien distinguer, la parlie antérieure des 2 exemplaires étant en très mauvais état. Dans tous les cas, il n’y aurait pas matière à faire 2 espèces dif- férentes.

Dragué dans l’expédition du Porcupine sur les côtes d’Al- gérie par 12 à 93 mètres de profondeur.

FAMILLE DES EUNICIENS (sensu Gr.). TRIBU DES LABIDOGNATHA Ehl. s. str. Gr.

Genre HYALINOECIA Mer.

HYALINOECIA TUBICOLA O. F. Müll. (4).

Onuruis TUBICOLA Ehlers, Die Borstenwürmer, p. 297, et pl. XII, fig. 21-24, et pl. XII, fig 1-14 (2). —— Quatrefages, Hist. nat. des Annel., t. I, p. 351. Schmiedberg. Ueber die chemische zusammensetzung der Wohnrühren von O. tubicola (Mitth. aus der Zool. stat, zu Neapel, t. III, p. 373, 1882). HYALINOECIA Grube, Familie Eunicea (Jahresb. der Schles. gesells. für 1811. Breslau, 1878, p. 91). Langerhans, Die Wurmfauna von Madeira Ilter Beitrag (Zeits. für Wiss. Zool., t. XXXIII, 1819, p. 291, et pl. XV, fig. 26). Pruvot, Système nerveux des Annél. polych. (Arch. de zoo. expérim., 2e série, t. III, 1885, p. 256, et pl. XIIL, fig. 1-5).

(1) Nereis tubicola O. K. Müller, Zoo!. Danica, 1788, t. I, p. 18, et pl. XVIII, fig. 1-6.

(2) A consulter pour la bibliographie et y ajouter les ouvrages ci- dessous.

ANN. SC. NAT. ZOOL. V. 16

,

9249 DE SAINT-JOSEPH.

HyazinogcrA TugiCoLA Mec Intosh, Report on the Annel. polych. collected by H. M.S. Challenger (Reports, etc., t. XII, p. 335).

PL. XII, fig. 30.

Sur trois /1. tubicola, à peu près de même laille, prove- nant de dragages au large d'Arcachon, et conservés dans l'alcool, j'en examine un de 95 millimètres de long sur 2 millimètres de large dont le corps rosé, à reflets irisés, rond en avant, plus aplati en arrière, compte 130 segments.

Les tubes transparents de la grosseur d’une plume d’oie, dont Schmiedberg a étudié la composition chimique, ont 13 centimètres de long (1).

Je note seulement quelques points, l'A. fubicola ayant déjà été décrite en détail.

L’antenne la plus longue atteint le 10*° segment. Les 2 petites antennes frontales ne sont pas des antennes mais des palpes comme l'ont établi Claparède et Pruvot. Le cirre ventral qui est assez fort aux 5 premiers segments, n’est plus qu'un mamelon aux 4 suivants et disparaît ensuite. La branchie se montre au 25° segment sétigère et per- siste jusqu’au 3*° avant-dernier, consislant en une simple lanière qui atteint sa plus grande taille (3 millimètres) au commencement du dernier tiers du corps. Les 2 cirres anaux filiformes ont 1 centimètre de long. On retrouve les soies limbées et peclinées figurées par Ehlers et les 5 ou 6 acicules très fins de la base du cirre dorsal. Les gros aci- cules encapuchonnés qu’il représente (/oc. cit., fig. 9) ne sont pas des acicules, mais des soies aciculaires qui font saillie hors du corps autant que les autres soies. Il y en a en général 1 ou 2 en voie de développement dans l’intérieur du pied qui n’ont pas encore de capuchon. Les véritables acicules se terminent en pointe fine dont l'extrémité seule émerge au dehors. La mâchoire supérieure est telle que la représente Eblers ; mais la mâchoire inférieure est de forme un peu

(1) D’après Pruvot, l'animal, comme une larve de Phrygane, traine son tube après lui.

ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 243

différente avec 2 aiïlerons antérieurs blancs plus pointus (fig. 30).

Plusieurs exemplaires venant de Naples, longs de 50 milli- mètres, sont semblables à ceux d'Arcachon ; mais un autre plus petit, de 30 millimètres a, comme Langerhans l’a déjà signalé chez des exemplaires de petite taille, des soies pseudo-articulées au 1” segment et des soies en serpe com- posée à capuchon aux 8 derniers. Il semblerait que ces 2 formes de soies dont Ehlers ne fait pas mention ne se rencontrent que chez les jeunes.

Mers du Nord, Manche, Atlantique, Méditerranée, Mers du Japon (Challenger). Draguée dans l’expédilion de la Po/a à 390 mètres et dans celle du Challenger à 1033 mètres de profondeur.

GENRE DIOPATRA Aud. et Edw. s. sér.

Malgré l'opinion de Quatrefages, Ehlers et Von Marenzel- ler (1), qui rangent dans le genre Piopatra tous les Onuphi- des à cirres tentaculaires, je crois, comme Kinberg, Malm- gren, Claparède et Langerhans, qu'il faut distinguer les espèces à cirres tentaculaires avec les branchies en spirale si caractéristiques (genre Diopatra Aud. et Edw. s. sér.) et celles avec branchies pectinées ou cirriformes (genre Onuphis Aud. et Edw., Kbg.), les espèces sans cirres tentaculaires formant le genre Ayalinæcia Mgr.

DioPATRA NEAPOLITANA D. Ch. (2).

DIOPATRA CUPRÆA D. Ch. non Bosc. Delle Chiaje, Memorie su gli animali senza vertebre del regno di Napoli, t. II, 1825, p. 393, 423, et pl. XVII, fig. 9-16, et pl. XXVIII bis, fig. 1-7, fide Ehlers.

= Audouin et Milne Edwards, Recherches pour servir à l'hist. nat. du littoral de la France, t. Il, 1834, p. 157.

GALLICA Qfg. Quatrefages, Hist. nat. des Annel., t. I, p. 338, et pl. XVIL, fig. 1-3. Notes sur quelques animaux inver-

(1) Spitzbergische Anneliden (Archiv für Naturg., 1889, t. I, p. 129). (2) Delle Chiaje, Descriz. e notomia, etc., 1841, t. LL, p. 97, et t. V, p.104; pl. XCVIL fig. 9-12, et pl. CI, fig. 1-7, fide Ehlers.

244 DE SAINT-JOSEPH.

tébrés du bassin d'Arcachon (Assoc. française pour l'avan cement des sciences, 1'e session. Bordeaux, 1872, p. 652). DioparrA NEAPOLITANA Ehlers, Die Borstenwürmer, p. 285, et pl. XII, fig. 6-20. 24, Claparède, Annél. du golfe de Naples, p. 122, et pl. VI, fig. 4. Suppl. aux Annél. de Naples, p. 26. _— Grube, Familie Eunicea (Jahresb. der Schles. gesells. für 1811. Breslau, 1878, p. 86). _ Cori, Ueber anomalien der segmentirung bei Annel. und deren bedeutung für die Theorie der Metamerie (Zeits. für Wiss. Zool,, t. LIV, 1892, p. 573, 576, et pl. XX, fig. 10-11). ? BAERI Gr. Grube, Actinien, Echinod. und Würmer des Adriatischen und Mittelmeers. Kôuigsberg, 1840, in-4, p. 80 et fig. 10.

PI. XIIL, fig. 31-33, et pl. XIV, fig. 34-39.

Trouvée dans le bassin d'Arcachon entre le phare et le cap Ferret et sur la plage d'Arcachon, et aussi dans le port de Socoa, près de Saint-Jean-de-Luz. Habitant un tube long de 1 mètre environ qui s'enfonce perpendiculairement dans le sable demi-vaseux ; l’entrée ronde, d’un diamètre de 1 cen- timèlre, dépassant le sol de 1 ou 2 centimètres au plus est obliquement inclinée, de sorte que l’animal en sortant se trouve au niveau du sable sur lequel il se met à ramper. L'intérieur du tube lisse consiste en une couche de mucus solidifiée recouverte à l'extérieur de sable et de vase hérissés de débris de coquilles et de zostères. La 1" portion du tube (10 à 12 centimètres) est coriace et très épaisse, puis les parois deviennent progressivement plus minces pour finir par être diaphanes à l'extrémité inférieure.

La D. Neapolitana nage en décrivant une hélice. Il est extrèmement difficile de l’obtenir entière. A la moindre alerte, elle s'enfonce jusqu’en bas du tube qui est noyé dans l'eau et qu'on ne peut atteindre. Un coup de bêche donné aussi rapidement que possible pour lui couper la retraile permet quelquefois seulement de s'emparer d’un fragment en général assez court de la portion antérieure du corps. En versant du sel dans le tube, le marin attaché à la station zoologique d'Arcachon à pu cependant prendre sur la plage d'Arcachon quelques exemplaires entiers, en plusieurs mor- ceaux, de 50 centimètres de long sur 1 centimètre de large et

ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 249

280 segments, l'animal sortantalors en grande partie du tube. Les exemplaires du cap Ferret, à en juger par la grosseur du tube, doivent être de taille plus considérable, mais je n'ai jamais pu en prendre que des parties anlérieures dont la plus longue avait 28 centimètres el 135 segments. A Socoa le sable n’est pas envahi par l’eau comme à Arcachon, ce qui permet de creuser tout autour du tube, j'ai eu 2 exemplaires bien entiers et intacts longs chacun de 28 centimètres, l’un de 250 et l’autre de 269 segments.

Le corps très fragile est rond en avant pendant les 6 seg- ments qui renferment le pharynx en baril; puis il devient plat comme celui d’une Marphysa sanquinea. Aux 5 ou 6 segments, ilest plus étroit qu'aux suivants et atteint toute sa largeur vers le 30*° segment, puis après les segments branchifères il diminue progressivement de largeur jusqu’à l'extrémité inférieure qui n’a plus que 3 à 4 millimèires. Il est recouvert d’une cuticule transparente se détachant faci- lement quand l’animal dépérit et s’irisant de superbes reflets bleus ou verts (1). Couverte de stries se coupant à angle droit et percée de nombreux pores très fins, elle se dissout dans la potasse. Au-dessous de la cuticule, l'hypoderme est coloré en brun diffus assez foncé dans les six à sept 1°" segments, puis la coloration s’éclaircit et aux segments 8-29 apparaît une courte raie transversale d’un brun foncé au milieu du dos. Partout le dos et les pieds sont pointillés de blanc. L'extrémité inférieure du corps est d’un jaune pâle sur lequel vient trancher au segment anal un vaisseau rouge qui entoure l’anus, Le ventre est incolore, sauf quelquefois aux six à sept segments qui sont d’un brun diffus plus clair qu’au dos; le pointillé blanc y est assez distinct, et l'irisation moins brillante que du côté dorsal. Les exemplai- res de Socoa sont d’une couleur verte beaucoup plus intense que ceux d'Arcachon et qui s’étend jusqu’à l’extrémité infé- rieure du corps.

(1) Voir la figure de Quatrefages (Loc. cit., fig. 1), qui est à consulter aussi pour la tête.

246 DE SAINT-JOSEPH.

La têle a sur le plan du côté dorsal 3 longues antennes, sur le 2*° plan 2 antennes moins longues (1), sur le 3°° plan 2 palpes frontaux beaucoup plus courts placés au-dessus des 2 gros palpes qui dominent la bouche. Les 3 longues antennes à peu près de même taille (13 millimètres en tout) ont une large base à 13 anneaux bruns dont le supé- rieur plus haut que les autres; souvent la couleur brune des anneaux n'est bien accusée que du côté qui regarde le ven- tre. La portion plus mince des antennes qui en sort est lége- rement colorée en brun par des raies brunes longitudinales interrompues et sa cuticule est couverte de rangées de gros pores en forme de stigmates ellipsoïdaux bien décrits et figurés par Claparède (2). Sur les coupes transversales (Hg. 31), on voit que d’un nerf central partent des nerfs disposés en rayon, se terminant par une houppe de fila- ments très fins qui s'épanouissent au-dessous des stigmates sans sortir au dehors. Dans la base annelée il n’y a que le nerf central et les stigmates manquent.

Les deux antennes suivantes un peu plus claires ont le même nombre d’anneaux à la base et seulement 8 millimètres de long. Quant aux 2 palpes frontaux, très rapprochés l’un de l’autre et divergents, ils n’ont que 2 millimètres de long et sont d’un brun uniforme avec extrémité blanche sans base annelée. Les deux gros palpes bruns ou incolores placés au- dessous des palpes frontaux et dominant la bouche ont la forme d’un sein de femme et le petit bouton blanc qui les termine peut se rabattre sur la bouche comme les 2 palpes frontaux, qui s'intercalent alors entre les 2 boutons pour faire entrer la nourriture. Entre la base de la grande antenne médiane et de chacune des antennes latérales du plan, on aperçoit de chaque côté un disque convexe au-dessous duquel les cellules épithéliales sont souvent colorées en brun.

(1) Un exemplaire de Socoa a 6 antennes; l'antenne surnuméraire de même taille que les grandes du premier plan est placée à droite entre celles-ci et les antennes moins longues du deuxième plan.

(2) Loc. cit., fig. 41.

ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 247

Il est entouré presque complètement par une petite fosse garnie de cils vibratiles, indiquée, comme il arrive souvent chez les Polychèles pour les organes de la nuque (Nereis cultrifera, Hesione Pantherina, ÉTH Ve gE etc.), par une dépression de la cuticule et semblant creusée entre deux bords brillants. Quatrefages, Ehlers et Grube considèrent ces disques comme des veux. Claparède n’y {trouvant pas de cristallin plus que moi est d'un avis contraire. Spengel (1) et Andrews (2) les regardent avec raison comme des organes de la nuque. Ici ils sont placés comme chez les Lumbri- conereis, à la partie occipitale dorsale de la tête.

Le segment buccal achète entourant la tête comme un bourrelet du côté dorsal, forme une grosse lèvre inférieure à 6 ou 8 gros plis longitudinaux du côté ventral. Sur le bord antérieur du segment au-dessous de la base des 2 longues an- tennes latérales, et de même longueur que cette base (2*",64 à 3 millimètres) naissent 2 cirres tentaculaires entièrement bruns ou légèrement colorés en brun à leur extrémité. Chez un exemplaire, le cirre tentaculaire de gauche est bifurqué.

Le segment sétigère qui fait suite a un cirre dorsal massif, un cirre ventral et, entre les deux, un prolonge- ment du pied en forme de cirre (cirre terminal). Le pied est tourné vers la tête. Les soies sortent entre une lèvre supérieure, languette basse et arrondie plus rapprochée de la tête, et le cirre terminal qui peut être interprété comme étant une lèvre inférieure élevée et pointue. La cuticule du cirre dorsal est percée de pores assez semblables aux stig- mates des antennes, au-dessous de chacun desquels il y a un peloton de petits boyaux contournés qui y débouchent probablement. Les 3 segments suivants sont semblables. Le cirre dorsal du 3*° segment a 2 millimètres de long, le pro- longement du pied 1 millimètre et le cirre ventral 1*°,30

(4) Spengel, Oligognathus Bonelliæ (Mitth. aus der Zool.:stat. zu Neapel, t. IL, 1881, p. 32, et pl. IV, fig. 48 et 49).

(2) Andrews, On the eyes of Polychætous Annelids (Journ. of Mo phology, t: VIL, 1892, p. 184).

248 2. DE SAINT-JOSEPH.

(fig. 32). A ces quatre 1°” segments sétigères, les pieds placés presque sous le ventre se rapprochent de la ligne médiane ventrale et semblent devoir servir à l’animal à grimper dans son tube, et surtout à ramper sur le sol quand il sort du tube. Ils ne deviennent latéraux qu'au 5*° segment, appa- raît la paire de branchies. Mais plus souvent (7 fois sur 12 par exemple) la paire de branchies commence dès le 4% segment sétigère le cirre ventral conserve cependant sa forme ordinaire. |

Les branchies non ciliées, encore un peu petites au 1°" segment branchifère, atteignent déjà au segment suivant presque toute leur taille (6 millimètres de haut non compris la base) qu’elles conservent jusqu'au 25"-27* segment. Leur base à 11 ou 12 petits anneaux moins marqués que ceux de la base des antennes est haute de 1°°,5 à 2 milli- mètres sur 0°*,84 de large, légèrement brune et irisée. Au-dessus de la base s’enroule autour du tronc branchial une raie verte en spirale senestre ascendante décrivant 17 tours de spire {il y en a déjà 12 au 2*° segment branchifere), le long de laquelle se rangent les filaments branchiaux, s’élevant jusqu’au nombre de 140 à 150, longs de 1°°,64 et dont les derniers couronnent le sommet du tronc branchial d’une houppe terminale. Tous ces filaments ont 2 raies vertes longitudinales. Un gros vaisseau (artère) s'élève en spirale jusqu’au haut du tronc branchial et en redescend comme veine par une spirale en sens inverse. Il distribue dans chaque filament un vaisseau qui s’y recourbe et redescend dans la veine et dont les 2 anses sont reliées par des anses transver- sales. La raie verte en spirale du tronc branchial dont nous avons parlé est placée au-dessus du vaisseau ascendant, une raie verte plus mince au-dessus du vaisseau descendant et les deux raies vertes des filaments au-dessus du vaisseau en anse; mais ces raies ne masquent pas la coloration rouge donnée par le sang. Chez quelques individus cependant, les raies verles sont beaucoup plus importantes que chez les autres, ce qui coïncide avec une coloration verte plus accen-

ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES -COTES DE FRANCE. 249

tuée du reste du corps rappelant par ses admirables reflets ceux des plumes de certains Trochilidés. Rien ne peut rendre l’élégance de ces branchies si caractéristiques en panaches plumeux se dressant de chaque côté du dos de la D. Neapolitana, et il me semble difficile de confondre dans un même genre les animaux qui en sont ornés et ceux qui n’ont que des branchies pectinées ou cirriformes, si simples el si ternes à clé des autres. Elles persistent jusqu'aux 60"°-66"° segments, allant en diminuant progressivement du 27% au 48°, décroissant alors rapidement, n'ayant plus que 3, 2 ou 1 spire, puis une seule branche et enfin finissant par n'être qu’un simple filament. Quelquefois on en observe de- derniers vestiges Jusqu'au 80"° segment.

Au 5" segment apparaît, sous le ventre, faisant suite au pied, un bourrelet blanc transversal qui ne se prolonge pas jusqu'à la ligne médiane ventrale et qui va en décroissant progressivement de longueur aux derniers segments bran- chifères pour disparaître ensuite. Le cirre ventral qui jus- que-là était très développé ne mesure plus que 0°",42 de long sur 0°*,24 de large. Il continue ainsi jusqu’au 15"°-19°° segment sétigère, puis il prend la forme d'un bourrelet _ aplati adhérent au corps et à partir du 22°°-25*° segment 1l

n'y en à plus de trace. Entre le cirre dorsal et le prolonge- ment du pied, à la base du prolongement du pied et à la base du cirre ventral, il y a dans l’intérieur du corps 3 amas de grosses cellules glandulaires probablement muqueuses dont je ne découvre pas les pores de sortie, remplies de tubes transparents (1).

Après les segments à branchies normales, c’est-à-dire vers le 49*° segment, le cirre dorsal ayant atteint jusqu’à 3°°,5 de long, qui, jusque-là, semblait sortir de la base de la bran- chie et qui avait encore 2°°,5 au 30% segment, diminue de taille tout en devenant plus important, car maintenant c’est la branchie qui semble sortir de la base du cirre et celui-ci

(1) Ehlers en représente de semblables pour l’Onuphis (Hyalinæcia) tubicola O. F. Müller (Die Borstenwürmer, pl. XIIL, fig. 4).

250 DE SAINT-JOSEPH,

est appelé à la remplacer. Comme dans un filament bran- chial, il y pénèlre un vaisseau recourbé dont les anses sont reliées par des anses transversales el le cirre est rougi par le sang qui le parcourt. À partir du dernier segment branchi- fère jusqu'à la fin du corps, les pieds simplifiés sont tous semblables, avant un cirre dorsal respiraloire et un pro- longement (cirre terminal) riche en vaisseaux. Le cirre dor- sal devient de plus en plus court (1**) et de plus en plus mince vers l'extrémité inférieure du corps. L’anus à bords légèrement festonnés est dorsal et le segment anal achète se termine par 2 cirres dorsaux longs de 3**,72 à 4*°,60 et 2 cirres ventraux plus courts (0**,80) (fig. 33).

Pour compléter la description des pieds, il reste à parler des soies et des acicules et de leur répartition. Au pied il y a des acicules fins, droits et incolores à la base du cirre dorsal, ce qui indique bien un rudiment de rame dorsale. D'autres acicules d’un jaune d’or mat, plus gros et à pointe fine recourbée en arrière existent à la base du prolonge- ment du pied (fig. 34). Entre le cirre dorsal et le prolon- gement du pied sortent du corps 2 à 4 soies plates d’un jaune clair à peine limbées finissant en pointe fine recourbée en arrière (fig. 32), puis, entre le prolongement du pied et le cirre ventral, des soies pseudo-articulées à lame dissec- trice dont une ou deux sont quelquefois bidentées (fig. 35). Vues dans une certaine position, elles ont l’apparence de la figure 4 B de Claparède, mais il ne me semble pas qu'il s'agisse de soies de forme différente, comme :il le pense. Les soies sont réparties de même aux segments 2, 3 et 4; à ce dernier il y a environ 15 acicules fins à la base du cirre dorsal, 4 gros à la base du cirre terminal, 9 à 10 soies pseudo-articulées et 4 soies limbées. Au 5" segment (1° bran- chifère) les soies pseudo-arliculées disparaissent pour ne plus reparaître et il ne reste que des soies limbées; deve- nues plus foncées, munies de 2 limbes assez larges, elles sont couvertes de petites fibres chitineuses débordant comme des denticules de chaque côté des limbes, lorsqu'on regarde la

ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 254

soie de face, distribuées d'abord en rangées transversales régulières, puis ensuite plus inégalement réparlies (1). Lors- que les branchies commencent au 4*° segment, les soies pseudo-articulées, qui ne semblent pas coexister avec les branchies, y disparaissent.

Au 6*° segment (quelquefois même dès le 4*°) il se montre devant les soies limbées, entre le cirre dorsal et le prolon- gement du pied, 2 ou 3 soies en forme de fourchette plate à 6 dents terminées en pointe filforme courte. Elles per- sistent jusqu'à la fin du corps, augmentant progressivement de nombre (8 à 11) pour décroître ensuite jusqu'à 2 et 1, le nombre des dents suivant la même marche, s’élevant jus- qu'à 12, mais ne descendant pas au-dessous de 6. Ces soies sont incolores, tandis que les autres sont d'un jaune doré et leur tige est trois fois plus mince.

Au 19%°-25%° segment, il se joint aux soies limbées et en fourchette, 2 soies aciculaires très grosses en croc bifurqué d’un jaune foncé, à lame dissectrice, et dont la large base est couverte de stries (fig. 37). Elles sortent du pied, l’extré- mité dirigée vers le bas du corps en faisant un angle droit avec les autres soies. Elles persistent jusqu'à l’avant-dernier segment et souvent il y en a 3, mais alors 1 ou 2 restent novyées dans le pied.

Vers le 40*° segment, les soies limbées sont d’un jaune plus foncé. Les acicules droits et fins qui jusque-là restaient à la base du cirre dorsal y pénètrent au nombre de 4 à 6 et s'y enfoncent jusqu'aux deux tiers de sa longueur. Au 80"° segment, on compte 4 de ces acicules, 6 gros acicules à pointe fine recourbée en arrière, 15 soies limbées dispo- sées en 2 faisceaux superposés, 5 à 6 soies en fourchette devant le faisceau supérieur, et enfin 3 grosses soies acicu- laires ventrales en croc bifurqué. Aux derniers segments du corps, ces soies et acicules sont les mêmes, mais de moindre taille et en très petit nombre.

(4) Voir Claparède, loc. cit., fig. 4c.

DD .. . : DE SAINT-JOSEPH.

Le pharynx long de 5 millimètres contient les mâchoires qui sortent de la bouche mais ne sont pas projetées au loin comme lorsqu'il s’agit d’une trompe. La mâchoire inférieure est formée de 2 lamelles chilineuses parallèles très minces, longues de 3 millimètres, se rapprochant l’une de l’autre en avant, s’élargissant à partir de leur point de contact et se terminant chacune par 2 dents blanches (fig. 38). Elle reste en place pendant que la mâchoire supérieure est projetée hors de la bouche. Le système maxillaire supérieur se com- pose : d’un support long de 1 millimètre consistant en 2 pelites plaques noires juxtaposées, arrondies partout, sauf à leurs points de contact entre elles et avec la 1" paire de mâchoires (1); d’une 1" paire de mâchoires en forme de grosse pince noire longue de 2 millimèlres; d'une 2°° paire ayant 10 dents à droite et 8 à gauche; d’une pièce impaire gauche à 7 dents, d'une 3*° paire de mâchoires blanches en dessus et noires en dessous ayant 10 dents à droite et 7 à gauche; le lissu elle est fixée est coloré en noir au-dessus et semble former un capuchon noir; d'une 4*° paire con- sistant en une petite écaille noire placée à l'extérieur des 2 pièces de la 3°° paire, ayant à sa partie supérieure une dent recourbée en avant comme une griffe. Chez un autre exem- plaire il y a 8 dents à droite et 7 à gauche à la 2*° paire, 8 dents à Ja pièce surnuméraire, 8 dents à chacune des pièces de la paire. Le nombre des dents de chaque pièce est variable selon les individus.

Le pharynx est placé du côté ventral au-dessous de l'œso- phage avec lequel il communique et qui à 4 gros replis longitudinaux intérieurs. Dans le segment, à l’œsophage succède l'estomac avec 15, puis plus loin avec 24 à 28 replis ; il s'ouvre dans l'intestin au 24"°-27°%° segment. Jusque-là le canal digestif à parois épaisses est jaune. L'inteslin monili- forme, à parois minces, élranglé à chaque dissépiment, :

(1) Ehlers les représente avec trois petits denticules à la partie inférieure.

Sauf ce détail, la figure (loc. cit., fig. 19) qu’il donne de la mâchoire supé- rieure est exacte, et je ne pourrais que la reproduire.

ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 253

est {apissé de bandes longitudinales de glandes d’un brun foncé. Il est en général rempli de débris de zostères, d’wlva latissima el de fucus souvent recouverts de bryozoaires.

La chaîne nerveuse ventrale plus large que haute (0"",60 sur 0"*,20), reposant sur les muscles circulaires est traversée dans sa partie inférieure par une grosse fibre tubulaire de 0**,04 de diamètre.

Ontse les cellules glandulaires des pieds dont il a été parlé plus haut, il y a dans l’intérieur du corps à la base de chaque pied, à partir du ou 4*° segment, un amas de glandes en forme de massue d’abord légèrement rosées, puis ensuite d’un blanc crayeux, renfermant des cellules rondes, incolores, à noyau, d’un diamètre de 0"*,02 à 0**,04% qui me paraissent être des ovules à divers degrés de dévelop- pement. Ces glandes sont indiquées à l'extérieur du corps par le bourrelet blanc qui fait suite à chaque pied du côté ventral à partir du 4”*° segment. Ce sont probablement des glandes génitales. Je ne trouve d'œufs chez le D. Neapolitana qu'en septembre. D'un diamètre de 0°*,18, gris, peu nom- breux, isolés, ils ne sont pas accompagnés des cordons de cellules vertes qu'Andrews observe chez la Diopatra cupræa

Bosc et la D. magna Andr. (1). = Les organes segmentaires longs de 1"",50 à 1",70 qui commencent vers le 10%°-12°*° segment sont colorés en vert (fig. 39). Ils ont un pavillon vibratile large de 0**,21, placé sur la partie antérieure de chaque dissépiment et viennent, après l'avoir traversé, déboucher à la base du pied du seg- ment suivant par un canal dirigé obliquement.

Chez un exemplaire, le pied gauche du 3*° segment séti- gère répond aux 2*° et pieds de droite et de ce côté le segment est biannelé. Cori avait déjà signalé un cas sem- blable. Chez un autre exemplaire, le 3"° pied de gauche répond à 3 pieds plus petits de droite et le segment plus large de ce côté a un anneau pour chacun des 3 pieds. Au segment

(1) Andrews, Reproductive organs of Diopatra (Journ. of Morphology, GIV: 1891, Boston, p. 113-124, et pl. VIT et VIII).

954 DE SAËNÏ-JOSEPH.

suivant la branchie normale de gauche répond à une bran- chie de droite beaucoup moins grande qui semble régénérée et de chaque côté de laquelle 1l y a un petit cirre dorsal et un très petit pied. Il est probable que la partie droite de ces 3" et segments a été détruite et se régénère.

Pour 3 exemplaires de D. Neapolitana venant de Naples, dont le plus long a 10 centimètres et 178 segments, je trouve la paire de branchies, chez 2 au segment sétigère et chez l’autre au 5". Sauf la dimension du corps, ils sont absolument semblables aux animaux d'Arcachon, et on peut leur appliquer la description donnée ci-dessus. Je ne suis pas d'accord avec Claparède qui trouve aux animaux de Naples des soies pseudo-arliculées à plusieurs segments après le 4*° el qui ne voit de soies en fourchette qu’à partir de la parlie moyenne du corps, ni avec Éhlers qui ne parle pas de soies pseudo-arliculées et qui n'observe pas de soies mais seulement des acicules au 1” segment après le segment buccal. Tout cela peut tenir à ce que ces soies pseudo-articu- lées sont souvent brisées, et surlout à ce qu'elles sont presque toujours rétractées dans l’intérieur du pied. Les animaux de Naples doivent alteindre la même taille que ceux d'Arcachon, puisque Delle Chiaje en cite comme ayant un pied et demi et Cori comme ayant 35 centimètres.

Méditerranée.

Genre EUNICE Cuv. (incl. ERIPHYLE Kbg).

Eunice Ki8EerGt Ebhl.

FORME ADULTE.

Eunice Kiserez Ehl. (1) (Eriphyle Capensis Kbg.) (2). NEeREIS GIGANTEA D. Ch. Delle Chiaje, Memorie sulla sloria e notomia, etc., t. I, 1825, p. 389 et 424, et pl. XXVIL fig. 1-8.

EUNICE D. Ch. Delle Chiaje, Descrizs. e notomia degli animalt inverte-

(4) Eblers, Die Borstenwürmer, p.306. (2) Kinberg, Annulala nova (Ofvers. af K. vetensk. Akad. Fôrh., 1864, p. 561). Fregatten Eugenies Resa. Zoologi. Annulata, pl. XV, fig. 168-6,

ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 250

brati, elc., 1841, t. IN, p. 93, t. V, p. 100, et pl. XCVII, fig. 1-5, 7, 14, 15, et pl. CXLII, fig. 7-9, 13. Eunice Roussoet Qfg. Quatrefages, Hist. nat. des Annel. t E p. 309 et pl. X, fig. 1-4 (1). Grube, UE über Annel. des Pariser Museums (Archiv für Naturg., 1810, p. 298). Familie Eunicea (Jahresb. der Schles. gesells. für 1871. Breslau, 1878, p. 98). Pruvot et Racovitza. Matériaux pour la faune des Annél. de Banyuls (Archives de zool. expérim., 3me série, t. III, 1895, p. 407 et pl. XVI, fig. 38-47). MAxIMA Qfg. Hist. nat. des Annel., i. I, p. 330. _ Ehlers, Die Borstenwürmer, p. 310 et pl. XV, fig. 30-34. vaLinissiMA Gr. Grube, Resullate einer revision der Euniceen (Jahresb. der Schles. gesells. für 1866. Breslau, 1867, p. 617). EntPayze Capensis Kbg. Von Marenzeller, Polychæten der Angra Pequena-Bucht (Zool. Jahrb. Abtheil. für system, t. II, 1888, p. 7, et pl. I, fig. 3). FORME JEUNE.

Eunice purpuREA Gr. Grube, Resultate einer revision der Euniceen (Jahresb. der Schles. gesells. für 1866. Breslau, 1867, p. 68). ciNGuLaTA Clpd. Claparède, Annél. du golfe de Naples, p. 134, et pl. VII, fig. 1 (2). Suppl. aux Annél. du golfe de Naples, p. 26.

PI. XIV, fig. 40-44.

Partageant l'opinion d'Ehlers, de Pruvot et Racovitza, et non celle de Grube et de Von Marenzeller, je ne pense pas que le genre Zriphyle établi par Kinberg pour les Eunices ayant 4 lobes à la tête doive être maintenu. Les 2 lobés supérieurs qui sont très apparents chez les £unice géantes (E. Kinbergi, E. Aphroditois Pall.) à cause de leur grande taille existent aussi plus ou moins nets chez les autres £'unice de moindres dimensions (Æ. torquata Qfg., E. purpurea Gr., E. vittata D. Ch., Æ. Harassu Aud. et Edw., etc.). Il en résulte que l'Eriphyle Capensis Kbg. 1864, considérée avec raison, selon moi, par Von Marenzeller comme identique à l'Eunice Roussæi Qfg., devient l'£unice Capensis; mais comme ce nom avait déjà été employé par Schmarda en 1861, il faut adopter celui d’'£Ewnice Kinbergi que pour ce motif Ehlers lui donna plus tard. |

(1) La figure 1 coloriée donne une idée assez exacte de l’animal vivant, di la couleur marron est un peu moins foncée.

(2) Claparède donne une bonne figure de la partie antérieure de l'animal et de sa coloration.

256 DE SAINT-JOSEPH.

L'E. Kinbergi est, avec l'E. Aphroditois, le plus grand Annélide Polychète connu.

Trouvée en avril 1897, sur la côte entre Saint-Jean-de- Luz et les bains d'Hendaye, à 400 mètres environ au nord de la Pointe de Sainte-Anne, au-dessous d’un poste de doua- niers que domine le château d'Abbadia.

Elle se lient dans les grosses pierres entre les interslices desquelles elle se fraie un passage qu’elle revêt d’une mince pellicule transparente. Sur les 2 exemplaires que j'ai ren- contrés montrant leur tête au dehors, c’est avec la plus grande difficulté qu’en faisant briser les pierres à coups de pioche par les deux marins qui m'accompagnaient, j'ai pu me procurer une partie antérieure longue de 40 centimètres sur 2 centimètres de large, avec les pieds, comptant 145 seg- ments. La partie postérieure s’enfonçant sous un gros rocher, il me fut impossible de m'en emparer.

A en juger d'après la description donnée par Pruvot et Racovitza de l’exemplaire entier de 3,32 dont M. de La- caze-Duthiers avait signalé précédemment la capture à Banyuls, mon exemplaire devait atteindre à peu près la même taille.

Chez l’animal vivant, qui s’enroule comme un ressort de montre, la teinte générale, du côté dorsal qui est arrondi, est d’un brun marron très chaud, comme le dit Quatrefages, avec reflets irisés. La partie antérieure de chaque segment est d’un brun marron foncélégèrement rougeûtre et parsemé de taches blanches, et la partie postérieure moins haute et moins foncée est azurée. Le 6"° segment seul tout entier azuré tranche sur les autres par une teinte plus claire et forme collier du côté dorsal seulement. La têle plus claire que le reste du corps est aussi tout entière azurée avec des reflets superbes. Les 5 antennes sont d’un marron foncé avec 5 anneaux blancs et les 2 cirres tentaculaires de même couleur avec 3 anneaux blancs. Les cirres dorsaux sont d’un brun uniforme peu foncé, sauf aux deux 1°* segments séti- gères ils sont bruns avec 2 anneaux blancs; les cirres ven-

ANNÉLIDES POLYCUÈTES DES COTES DE FRANCE. 257

traux sont blancs. Les branchies très rouges (devenant grises dans l'alcool), sontrecourbées en arrière en forme de crosse. Du côté ventral qui est presque plat, la coloration est d’un brun marron uni beaucoup plus clair que du côté dorsal et l'irisalion est générale.

Les six 1°* segments ont près d’un quart de largeur de moins que les suivants. La lêle, dont la partie postérieure est cachée par le bord antérieur du segment, a 5 an- tennes inarticulées, sans base distincte, disposées en demi- lune. L'antenne impaire est un peu moins longue que les deux moyennes comme Kinberg l’a figurée et comme l'ont observé aussi Pruvot et Racovilza. Les 2 externes ont 1 milli- mètre de moins que les moyennes qui ont 9 millimètres de long. Les 2 yeux pelits et noirs à reflet métallique sont placés de chaque côté entre l'antenne moyenne el l’externe.

Le bord antérieur de la tête a 4 lobes dont 2 plus petits, piriformes {palpes frontaux de Pruvot et Racovilza), séparés par un sillon et superposés aux deux autres (palpes labiaux de Pruvot et Racovitza) qui, beaucoup plus gros, sont rabat- tus sur la bouche et servent de lèvres supérieures. Ils sont séparés par un sillon profond sur lequel débordent les 2 lobes supérieurs qu'on peut alors apercevoir même en regardant la têle en dessous.

Le segment achète et nu (segment buccal) est aussi haut (9 millimètres) que les quatre suivants. Du côté ventral, à son bord antérieur qui forme lèvre inférieure, s'ouvre la bou- che aussi large que Le segment. Il est parcouru par 14 gros plis longitudinaux qui s'étendent de la bouche presque jus- qu’à la limite du segment lui permettant de se dilater pour livrer passage aux mâchoires.

Le 2°° segment achète, beaucoup plus bas que tous les au- tres, bien nellement marqué sur le dos et sousle ventre, est interrompu sur les côtés. Il porte du côté dorsal 2 cirres tentaculaires inarliculés et subulés, sans base distincte. longs de 6 millimètres, moins hauls par conséquent que le 1 segment.

ANN. SG. NAT. ZOOL. Vs #1

258 DE SAINT-JOSEPH.

Les segments suivants ont tous des pieds qui se compo- seni :

D'un cirre dorsal inarticulé long de 5 à 6 millimètres dans les segments antérieurs et de 4**,50 seulement vers le 130°°. La base légèrement renflée n’est en rien séparée du reste du cirre qui diminue progressivement d’épaisseur et finit en pointe subulée. Ces cirres ont à leur base 8 à 10 aci- cules minces, jaunes et flexibles, qui s’y enfoncent, et un amas pigmentaire foncé, qui n’est pas apparent au dehors. Partout sauf aux trois segments branchifères, ils sont plus courts que les branchies ;

D'un mamelon sétigère qui, excepté au 1* segment il est à peine indiqué, est rond et creux, à bords saillants entourant 2 faisceaux de soies accompagnés de 2 ou le plus souvent 3 gros acicules noirs juxtaposés qui émergent plus ou moins hors du pied. Les soies du faisceau dorsal sont de deux formes. Les plus dorsales sont plus minces et plus courtes que les autres, incolores, transparentes, en forme de ciseau à bord antérieur large de 0**,07, découpé en 8-12 lanières dont l'extrémité s’enroule pour former un filament long de 0**,016; la dernière lanière d’un seul côté est plate, beaucoup plus forte et plus longue (0**,07 en tout) que les autres, et sans filament terminal enroulé (1). Les autres soies dorsales plus longues, jaunes, en forme de cimeterre ont un limbe assez indistinct couvert de plis obliques très fins simulant des dents à leur bord convexe. Les soies du faisceau ventral sont d’une seule sorte : com- posées avec un article en serpe bifide dont le croc supérieur est moins fort que le croc sous-jacent et qui est recouvert d'un capuchon à siries fines obliques (fig. 40). À partir du 85° segment, au-dessous de ce faisceau ventral, formant un angle aigu avec lui, émergeant hors du pied, et dirigée vers l'extrémité inférieure du corps, apparaît une grosse soie aciculaire noire terminée par un double croc dont le

(4) Voir Pruvot et Racovitza, loc. cit., fig, 42, Ces deux auteurs figurent les soies de cette sorte chez l'E, Kinbergi.

ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 259

postérieur est moins accusé que l’antérieur. En général, il y en à une 2*° un peu plus petite, plus jeune, légèrement jaune en avant et chez laquelle le croc antérieur est entouré d'un capuchon mince et transparent à fines stries longilu- dinales (fig. 41);

D'un cirre ventral qui a la forme d'une languelte mas- sive, sans arlicle, bien détachée du corps, aux trois 1°° seg- ments sétigères. Aux segments suivants, 1l a une base en forme de coussin épais et oblong appliqué contre le corps, long de 2**,5, dans l’intérieur duquel on voit par transpa- rence un amas pigmenlaire composé, comme celui de la base des acicules des cirres dorsaux, de granules jaunes foncés de 0“*,003 de diamèlre, et il se termine par un pelil ar- licle en cône obtuslong de 0°*,72 à 1 millimètre et seul libre.

Les pieds antérieurs ne sont pas plus rapprochés du ven- tre que les autres, contrairement à ce qui existe chez la Diopatra Neapolitana et en général chez les Eunice (Æ£. tor- quata, Harassu, nttata, Siciliensis, elc.).

Les branchies peclinées, toujours en mouvement, appa- raissent au 13"° segment (11*° sétigère) à droile el à gau- che, ayant déjà 14 à 16 filaments branchiaux massifs sans cils vibratiles, mais auparavant il y a à droite au 11" seg- ment seulement un très petit rudiment de branchie sans filament qu'on retrouve à gauche au 11*° ei au 12°. Les fila- ments branchiaux sont au nombre de 32 ou 33 au 30% segment, puis ils s'élèvent jusqu'à 39 ou 40 et retombent à 32 au 145°° segment. Au 136*° segment, la branchie a 8 millimèe- tres de haut sur 1 millimètre de large à la base, et les fila- ments les plus développés ont 2**,20 de long sur 0®*,27 de large ; ils diminuent de longueur à la partie supérieure de la branchie. Lorsque l'animal a été mis dans l'alcool, il se pro- duit à la base de chaque filament un amas de sang coagulé qui à l'apparence d'un point noir. La base du cirre dorsal (0**,78 de large) semble sortir de la base de la branchie qui est plus rapprochée du dos. |

La mâchoire inférieure consiste en 2 piècesnoires,chitineu-

260 DE SAINT-JOSEPH.

ses, allongées, longues de 13 millimètres, d'abord juxtaposées, puis divergentes el se terminant en arrière en pointe amin- cie. L’extrémilé antérieure de chacune esl couronnée d’une plaque elliptique calcaire, blanche, non dentelée au bord, très apparente sur la face la plus rapprochée du ventre (fig. 42) et moins sur l’autre face (fig. 43), chaque pièce est parcourue par un repli diagonal saillant et couverte de raies formant des cônes emboîtés qui indiquent les accroissements successifs.

À la mâchoire supérieure, le support a 3"°,50 de haut et la pince (1 paire de mâchoires) 11 millimètres. Sa base présente 2 creux à droite et 1 à gauche. La pare de mâchoires (dent d'Ehlers), a 6 dents obluses à droite el à gauche dont les 3 supérieures sont blanches à leur extrémité. La pièce impaire de gauche (fig. 44, a) qui est au même niveau que la mâchoire de droite de la 3*° paire a 8 dents. La paire de mâchoires dont la surface externe est in- cruslée de calcaire blanc (1) a 8 dents à droite et 4 à gauche; la mâchoire de gauche est soudée à la face externe de la pièce impaire. Au-dessus de cette 3°° paire, le tissu très résistant, dans lequel le système maxillaire est fixé, est coloré en noir suivant un cône pointu dont la base part de la mâchoire. Le 1* paragnathe de chaque côté, trian- gulaire, se lermine par une seule dent pointue, rabattue en avant comme une griffe. Le 2°° paragnathe de chaque côté est une pelite plaque dont un des bords est comme festonné de rudiments de 7 à 8 denticules obtus (fig. 44).

L'espèce de Saint-Jean-de-Luz est la même que celle de Banyuls et d’après les descriptions et les figures de Kin- berg et de Von Marenzeller, doit êlre aussi la même que l'Eunice Kinbergi (Eriphyle Capensis), sauf que chez celle-ci, d’après Von Marenzeller, les 2 crocs de la soie aciculaire sont peul-être plus netlement accusés.

(1) Les autres pièces de la mâchoire supérieure légèrement incrustées de calcaire ne sont pas d’un noir foncé, mais plutôt de la couleur de l'ar- doise.

ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 201

En comparant l’£. KinbergiàVE. aphroditois Pall. (1), de la mer des Indes, de la mer de Chine, de l'océan Pacifique et de la Marlinique, Von Marenzeller (/oc. cit.) observe que chez celte dernière les soies en ciseau lacinié sont moins larges et n'ont pas une lanière {rès longue d'un seul côté, que les soies ventrales ont à l’article en serpe la dent terminale plus forte que l'inférieure, que le cirre ventral est moins large et finit en pointe moins distincte, que tantôt 11 y a ou il n°v a pas de soie aciculaire, ce quil remarque aussi chez l'E. Kinbergi, que le numéro du segment commencent les branchies et que le nombre des filaments branchiaux ne sont pas des caractères stables dans les 2 espèces.

Voici ce que je relève chez 4 exemplaires incomplets d'E. aphroditois du Muséum dont l’un classé comme E. Roussæi venant de la Martinique, long de 70 centimètres sur 22 millimètres de large, et les 3 autres dénommés E. gigantea, le 1 long de 24 centimètres sur 2 centi- mèlres de large, venant de Poulo Condor, donné par M. Harmand en 1877, le 2*° de la Nouvelle-Calédonie, 1868, long de 1*,60 sur 12 millimètres de large, le 3*° de Cochin- chine donné par M. German en 1868, long de 1°,30 sur 2 centimètres de large.

_ Ces 4 exemplaires ont les caractères communs suivants qui les distinguent de l’£. Xinbergi :

Les soies composées ont la dent supérieure de la serpe plus grosse que la dent sous-jacente (2);

Les soies en ciseau lacinié sont moins larges à la partie antérieure (0°°,04 et 0°°,05 au lieu de 0°*,07) et ont des lanières plus nombreuses (16 à 18), moins hautes, avec

(1) Nereis aphroditois. Pallas, Marina varia nova et rariora (Nova acta Acad. Petropol., t. IT, 1788, in-#, p. 229, et pl. V, fig. 1-7).— Leodice gigantea Sax. Savigny, Système des Annél., p. 49. Eunice gigantea. Milne Edwards, Règne animal illustr., pl. X; Grube, Bemerk. über Annel. des Pariser Museums (Ar- chiv. für Naturg., 1870, p. 297); Quatrefages, Hist. nat. des Annel., t. I, p. 311. Eunice aphroditois. Ehlers, Die Borstenwürmer, p. 306, et pl. XV, fig. 23-29; Mec Intosh, Challenger, etc., p. 282; pl. XXVIIL, fig. 16-17, et pl. XX 4, fig. 8-10.

(2) Voir Von Marenzeller, loc. cit., fig. 44,

262 DE SAINT-JOSEPH.

filaments moins longs. La lanière plus longue d’un côté manque ;

Pas de soie aciculaire ;

Les antennes sont plus longues (jusqu’à 21 millimètres chez l’exemplaire de la Cochinchine, le seul l’antenne médiane soit un peu plus courte que les 2 moyennes) ;

Les cirres tentaculaires sont plus courts (4 millimètres pour l’exemplaire de la Cochinchine });

Les cirres dorsaux sont un peu moins longs ;

Le cirre ventral est moins épais el moins massif et se termine par un article épaté, très indistinct, qui fail suite à la base sans étranglement ;

Les branehies commencent à un segment plus rappro- ché de la têle, au 8*° segment (6° sétigère) et même au 7*° chez l’exemplaire de la Cochinchine, ayant tout de suite 42 filaments chez celui-ci. Celui de Poulo Condor en a 50 au 29° pied ;

Je ne puis distinguer de collier à un des segments an- térieurs, peul-êlre à cause du mauvais élat de conserva- tion des animaux; mais aucun auteur n’en a signalé non plus chez d’autres exemplaires d’£. aphroditois.

Tantôt la séparation entre le 1‘ el Le 2*° segment n'exis- tant que du côté dorsal est interrompue du côté ventral (La Martinique), tantôt elle fait le tour du corps (Nouvelle- Calédonie).

Atlantique (Le Cap, Angra Pequena, La Martinique, Saint-Jean-de-Luz). Méditerranée (Trieste, Naples, Mar- seille) (1).

L'Æunice purpurea avait d’abord (2) été assimilée par Grube à son Æ£unice violacea de Punta Arenas (3); elle est la même que l’£. cingulala comme Claparède l’a reconnu lui-même. En réalité c'est l’£. AXinbergi à l'état jeune.

(4) Remy Saint-Loup, Sur le Polyodontes maxillosus (Comptes rendus, ete., t. CIX, 1889, p. 412).

(2) Grube, Ausflug nach Triest und dem Quarnero. Berlin, 1861, p. 60.

(3) Grube, Annul, CŒrstediana (Vidensk. Meddels. Copenhague, 1857, 4:

5).

cr

P-

ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 263

J'en trouve sur le sable sous les pierres 3 exemplaires : { aux rochers de la Goureppe et 2 à Sainte-Barbe dont un incomplet auquel manque la partie postérieure du corps. Les 2 exemplaires complets ont l’un 150 millimètres de long et 177 segments et l’autre 175 millimètres et 168 segments. La largeur est de 4 millimetres aux 7 1°* segments, puis de 5 millimètres et de3"*,5 seulement à l'extrémité inférieure.

Le corps, arrondi du côlé dorsal et plat du côté ventral, est d’un beau violet foncé sur chaque face, sans aucune irisation. Le 6*° segment seul est tout entier blanc du côté dorsal seulement. Les antennes et cirres tentaculaires sont violets avec 3 anneaux blancs pour les 1°, un anneau blanc et l'extrémité blanche pour les seconds. Les eirres dorsaux sont violets avec pointe terminale subulée d’un blanc jau- nâtre, les cirres ventraux blancs avec traces de violet, les branchies entièrement violeltes, et toujours en mouvement, recourbées en crosse en arrière. L'animal nage en hélice. Il sécrète des mucosités, s’enroule comme un ressort de montre et devient alors très cassanl.

Le bord antérieur de la tête a 4 lobes, dont les 2 supé- rieurs bien apparents et les 2 inférieurs blancs et massifs séparés par un profond sillon. À la partie postérieure, les 5 antennes inarticulées, sans base, sont disposées en demi- lune, la médiane de 6 millimètres de long dépassant à peine les 2 moyennes qui sont deux fois plus longues que les externes. Les 2 yeux sont placés de chaque côté entre l'antenne moyenne et l'antenne externe.

Le 1* segment (segment buccal) achète et nu, est aussi haut que les 4 suivants (2**,75); son bord antérieur re- couvre le bord postérieur de la tête. Le 2% segment achète, plus bas que tous les autres, est interrompu sur les côtés du corps seulement. De son bord postérieur, du côté dorsal s'élèvent 2 cirres tentaculaires inarticulés sans base, longs de 1**,75, moins hauts donc que le segment.

Les segments suivants ont tous des pieds qui se com- posent :

264 DE SAINT-JOSEP£1.

D'un cirre dorsal inarliculé, subulé, dont la base indis- tincte et un peu renflée est commune avec celle de la bran- chie aux segments branchifères. Ces cirres ont à leur base 5 ou 6 acicules jaunes, minces et flexibles qui s’y enfon- cent, et un amas de granules pigmentaires d’un brun foncé ;

D'un mamelon sétigère aplati à 2 lèvres, l’antérieure plus basse que la postérieure, entre lesquelles sortent les 2 faisceaux de soies accompagnés de 2 ou 3 acicules noirs juxtaposés émergeant hors du pied. Les soies sont absolu- ment semblables, sauf la taille, à celles de l’£unice Kin- bergi adulte, el je ne puis que renvoyer à la descriplion et aux figures que j'en ai données. Les soies dorsales en ciseau à bord antérieur lacinié large de 0°*,027 ont 8 à 10 ia- nières outre la longue lanière d’un seul côté. Au segment sétigère, le mamelon sétigère est à peine indiqué et les soies sont beaucoup plus petites. Les soies aciculaires, en général au nombre de 2, commencent au 36° segment séligère ;

D'un cirre ventral à base épaisse appliquée contre le corps se Lerminant par un petit article en cône obtus long de 0"*,30. Ces cirres ont la forme de languelle bien déta- chée du corps et sans article aux trois 1°* segments sé- tigères seulement. Les pieds des trois segments sé- tigères ne sont pas plus rapprochés du ventre que les suivants. |

Aux segments 8, 9, 10, 11, un petit filet, rudiment de branchie, sort de la base du cirre dorsal. Mais les brau- chies pectinées n'apparaissent qu'au 12% segment (1) ayant déjà 13 filaments non ciliés, dont les plus longs allei- gnent 0°*,36 ; la branchie elle-même à 1"°,80 de long et le cirre dorsal 2°*,40. Au 30° segment jusqu'au 46"°, la branchie a 19 filaments et devient un peu plus longue que le cirre dorsal qui a 2°°,60. Au 66"* segment, elle a 3 milli-

(4) Chez un des exemplaires, les branchies pectinées n'apparaissent qu'au 130e segment; chez un autre, il y a au 11%e segment 15 filaments à la branchie de droite et seulement 2 à celle de gauche,

ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 265

mètres de long avec 20 filaments dont les plus longs de 0"*,84 et le cirre dorsal a 2**,50. Au 88"° segment, elle n'a plus que 2°*,50 et le cirre dorsal 1°",80.

Le nombre des filaments branchiaux va en diminuant peu à peu, il se réduit à 2 et enfin 1l ne reste plus qu’un seul petit filet aux 19 segments qui précèdent les 6 à 7 derniers ce filet lui-même disparait. Le corps se Ler- mine par un segment anal avec anus dorsal très large et 2 cirres anaux ventraux, longs de 4,5, violets, à pointe blanche.

Les 2 pièces de la mâchoire inférieure longues de 4 milli- mètres, semblables comme forme à celles de l'£. Xinbergi, se terminent en avant par une pièce calcaire blanche, sans dents, non arrondie, mais droile du côté externe d’où elle va en s’abaissant jusqu'au côlé interne. Quant à la mâchoire supérieure, tout y est semblable, sauf Ia dimension, à ce quia été dit et figuré pour l’'£. Xinbergi ; seulement le 2*° para- gnathe légèrement teinté en Jaune est presque incolore.

Cetle description de l’£.purpurea concorde complète- ment (1) avec celle que je donne de l’£. Kinbergi, à part la taille. De plus cette Eunice n'a été rencontrée jusqu'à présent que sur des points vit l'E. Æinbergi (2). J'élais donc très disposé à y voir l'état jeune de cette dernière. La différence de coloralion seule m'arrêlait et encore le microscope per- meltait-il de reconnaître sous le violet un substratum marron.

Un 4% exemplaire d'£. purpurea, plus grand que les pré- cédents, que J'ai trouvé en seplembre 1897, exactement au même endroit que l’exemplaire d'£. ÆKinbergi du mois d'avril, a levé tous mes doutes.

* Cetexemplaire de 250 segments environ, long de 200 milli- mètres, a 6 millimètres de large sans les pieds, excepté aux

(1) Je n'ai pas vu la fin du corps de l'E. Kinbergi, mais Pruvot et Raco- vitza ont constaté sur leur exemplaire complet que les branchies allaient jusqu'aux derniers segments, ce que j'ai observé aussi, comme on l’a vu, chez l'E. purpureu.

.. (2) Adriatique (Portore), Méditerranée (Naples), Atlantique (Saint-Jean- de-Luz). |

266 DE SAINT-JOSEPE.

6 segments il n’a que 4 millimètres. La partie anté- rieure, sauf le collier blanc dorsal du 6*° segment, est vio- lette jusqu'au 8 segment; puis la coloration du dos devient semblable à celle de l’Æ. ÆKinbergi adulte : marron avec taches blanches. La couleur violette reprend vers le 90°" seg- ment pour persister jusqu'à la fin du corps. Il semble done que la teinte violette superficielle et provisoire tend à dispa- raître peu à peu avec l’âge. Les branchies sont violetles, mais deviennent grises dans l’alcool. Le ventre est violet avec une raie blanche transversale reliant les pieds de chaque segment. |

Il y a seulement un petit filet branchial aux segments 7,8, 9,10 et les branchies pectinées commencent au 11°°; elles atteignent leur plus grande taille vers le 49° segment elles ont 3**,60 de long et 30 à 32 filaments dont les plus développés ont 1 millimètre. Les soies aciculaires pa- raissent au 37"° segment. Les cirres anaux ventraux violets ont 8 millimètres de long. L'intestin est rempli de fucus. Pour tout le reste la description des 3 autres exemplaires est applicable à celui-ci.

EUNICE TORQUATA Ofg. nec Pruv. et Racov. (1).

PI. XIV, fig. 45-54.

J'en trouve en avril 1897, sous les pierres, à Guethary, dans la baie de Saint-Jean de Luz près de Sainte-Barbe, et au N. de la pointe de Sainte-Anne, de nombreux exemplaires en général à peu près de même laille, de 16 à 20 centimètres de long sur 6 à 7 millimètres de large en avant sans les pieds et comptant de 177 à 180 segments.

Un exemplaire femelle avec des œufs verts de 0"",21 de diamètre a 25 centimètres de long ; un autre, mâle, conte- nant des plaques de cellules spermatogènes hautes de 0®",21

(1) Quatrefages, Hist. nat, des Annel., L. 1, 1865, p. 312.

ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 267

sur 0"*,14 de large a 27 centimètres de long et 185 seg- ments. Enfin, le plus long que j'aie rencontré a 35 centi- mètres de long et 200 segments.

Le corps rond du côté dorsal et plat du côté ventral s’amincit progressivement jusqu'à l'extrémité postérieure il n’a plus que 2 millimètres de large. Il est coloré en rouge brun foncé métallique avec un large collier blanc qui occupe toujours la moitié postérieure du 6*° segment (4*° sétigère) et qui fait le tour du corps. Les segments suivants ont une tache blanche à peu près ronde de chaque côlé près du cirre dorsal et, à partir du 57*° environ, une raie blanche mince relie ces 2 taches, s’élargissant en un petit écusson blanc sur la ligne médiane dorsale. Partout la peau est cou- verle de points blancs de 0**,0126 de diamètre. La tête est un peu plus claire que le corps avec une tache blanche au bas du sillon qui sépare les 2 lobes supérieurs. Les antennes, les cirres tenlaculaires, dorsaux, elanaux, tous moniliformes ou articulés, sont blancs avec anneau d’un rouge brun à la séparation de chaque article; les cirres ventraux sont blancs. Le ventre de l’animal est d’un brun clair uniforme avec une ligne blanche très mince, transversale, au bas de chaque segment.

La tête (fig. 45) a 4 lobes dont les 2 supérieurs plus petils, arrondis en avant, moins saillants que chez l’£unice Kin- bergi, séparés l’un de l'autre par un sillon qui a le tiers de la hauteur de la tête et soudés aux 2 lobes inférieurs qui les débordent de côté et en dessous. Ceux-ci sont beaucoup plus gros, de couleur blanche du côté ventral et divisés par un long et profond sillon qui descend jusqu’à la bouche. Sur la partie postérieure de la tête et disposées en demi-lune s'élèvent 5 antennes à base à peine indiquée, très monili- formes, dont la médiane entourée de blanc à sa base, à 17-2% arlicles, atteignant au plus 7 millimètres de long, recouvre les cinq 1°* segments lorsqu'elle esl rabattue sur le dos. Il y a un œil noir assez gros de chaque côté entre l’an- tenne moyenne et l'antenne exlerne qui sont moins longues

268 DE SAINT-JOSEPH.

que l'antenne médiane. Le bord postérieur de la tête est caché presque toujours sous la partie antérieure du segment buccal dont le bord blanc rabattu entre le dos de l’animal et la tête est rarement visible (1).

Le segment buccal entièrement nu est aussi haut que les 3 suivants et, du côté ventral, à son bord antérieur indistinetement festonné, s'ouvre la bouche aussi large que la tête. Le 2*° segment apode el achèle, moitié moins haut que les suivants, porte de chaque côlé un cirre tentaculaire dorsal sans base, ayant au plus 11 articies un peu moins moniliformes que ceux des antennes, dépassant légèrement en hauteur le segment buccal et atteignant 4 millimètres de long au plus.

Tous les autres segments, sauf l’anal, ont des pieds qui se composent :

D'un cirre dorsal sans base apparente ayant au plus 3 millimètres de long et7 arlicles allongés non moniliformes. Le nombre de ces arlicles est très irrégulier ; 1l y en a 5, 6 ou 7 au cirre dorsal du 1* pied. Ils diminuent progressi- vement de taille dans les deux derniers tiers du corps, n'ayant plus que 2 articles et 0"*,48 de long à l’avant-dernier segment. Plusieurs acicules jaunes, minces, indiquant les vestiges d’une rame dorsale, el ne faisant pas saillie hors du corps, pénètrent dans la base très indistincte du cirre dorsal ils se recourbent. Ils sortent d’un amas pigmenlaire de granules bruns qui n’est pas apparent au dehors:

D'un mamelon séligère rond et creux d'où émergent 2 faisceaux de soies accompagnés de 2 gros acicules subulés jaunes etrenfermés dans le corps au 1* segment seulement, noirs et sorlant du corps à tous les autres; ïl y a 3 de ces acicules aux segments médians et 1 seul à la fin du corps il devient rudimentaire au dernier segment. Les soies du faisceau supérieur sont des soies simples de deux sortes : les

(4) Voir pour les organes de la nuque : Jourdan, Études histologiques sur deux espèces du genre Eunice (Ann. des se. nat., 7m série, t. II, 1887, p. 278, et fig. 10 et 26),

ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 269

unes se trouvant à {ous les segments sans exception, en forme de cimelerre, non limbées, plissées sur leur bord convexe et couvertes de pelits poils chitineux (fig. 46); les autres, ne manquant qu'au dernier segment, placées devant les précédentes, beaucoup plus courles, transparentes et incolores, en forme de ciseau dont le bord antérieur large de 0**,027 est découpé en lanières se terminent par un mince filament. D'un seul côté la dernière lanière est beau- coup plus longue et plus forte que les autres (fig. 47). Chez l’Æ, torquata, les lanières ne me paraissent pas s'enrouler à l'extrémité comme chez l’£. Kinbergi, et la soie vue bien de face et à plat a lout à fait l'apparence figurée par Von Maren- zeller pour l'E. Floridana Pourt. (1). Le nombre des lanières qui est de 9 aux segments antérieurs va en augmentant sans qu'il y en ait plus de 14 et à la fin du corps il n’en reste que 7 ou 8. Au 1°” segment séligère 1l n y a qu'une seule de ces soies, puis leur nombre s'élève Jusqu'à 5 ou 6 au milieu du corps et il n’en subsiste que 2 à l’avant-dernier segment. Les soies du faisceau inférieur sont composées et toutes d'une seule sorte avec une serpe bifide recouverte d’un capu- chon diaphane à siries fines obliques; le croc terminal de la serpe est moins fort que le croc sous-jacent (fig. 48). Au- dessous de ce faisceau inférieur, formant un angle droit avec lui et dirigée vers l'extrémité inférieure du corps, apparaît au 34°°,36"°,37"° ou 38"° segment persistant jusqu’à l’avant- dernier el sortant du corps, une grosse soie noire aciculaire, bifide, sans capuchon (fig. 49) (2);

D'un cirre ventral qui a la forme d’une languette mas- sive (fig. 50) aux segments 3-7 {cinq 1°* séligères), s’étran- glant au boul aux 36 à 40 segments suivants, ayant alors une grosse base arrondie et un petit article terminal (fig. 51).

(1) Ber. der Comm. für Erforsch. der OEst. Mittelm. VI, Zool. Ergebn. 11. Polych. des Grundes ( Denks. der K. Akad. der Wiss. zu Wien, t. LX, 1893, et pl. Il, fig. à A cet d).

(2) D’après Pruvot et Racovitza tous les auteurs auraient considéré à tort cette soie commie un acicule. Voir cependant entre autres Claparède, et déjà j'avais emplüyé le terme de soie aciculaire.

97() DE SAINT-JOSEPH.

puis reprenant à parlir de sa première forme, mais beau- coup moins massive et s’amincissant de plus en plus à mesure qu elle se rapproche de la fin du corps (fig. 52). Cette disposition qui existe aussi chez l’'Eunice Harassu paraît assez générale chez les Eunice. Les 3 ou 4 pieds antérieurs sont plus rapprochés du ventre que les suivants et les cirres ventraux qui y sont plus forts semblent devoir aider à la progression. Nous avons vu qu'il en élait ainsi el d'une ma- nière plus accusée chez la Diopatra Neapohtana. Les cirres dorsaux y sont aussi longs qu'aux segments suivants, avec les soies moins forles et moins nombreuses, et au segment sétigère le mamelon sétigère est à peine indiqué.

Les branchies apparaissent invariablement au 5*° segment (3*° sétigère) à la base des cirres dorsaux. Elles ont tout de suite de 3 à 6 filaments à cils vibratiles très fins et atteignent leur plus grand développement du 7"° au 37° à 40° seg- ment (une seule fois jusqu au 32”) ayant d'abord dans cette région 10, puis 13 et rarement 14 et de nouveau 10 fila- ments e! y dépassant alors seulement un peu les cirres dor- saux qui ailleurs sont plus longs qu’elles. À partir de le nombre des filaments décroît, cette diminution paraissant coïncider à peu près avec l’apparilion de la soie aciculaire ventrale. Dans les 8 à 10 derniers segments branchifères, 1l n y à plus que 2, puis un seul filament. Les 3 ou 4 derniers segments du corps seuls manquent de branchies.

Le corps se termine par un segment anal apode et achèle, avec anus dorsal plissé et 2 cirres ventraux de 3°°,60 au plus avec 6 à 10 articles peut-être moins longs qu'aux cirres dorsaux.

La mâchoire inférieure (fig. 53) consiste en 2 pièces noires chitineuses allongées, divergentes à leur partie postérieure qui finit en pointe el juxläposées à leur partie antérieure plus large à laquelle est soudée une lame calcaire blanche plus ou moins dentelée. À la mâchoire supérieure (fig. 54) le support est3 fois moins long que la pince très noire (1° paire. de mâchoires) ; la 2°° paire (dent d’Ehlers) à à ou 6 dents

ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 271

à droite et 6 à gauche; la pièce impaire a 5 ou 6 dents; la 3*° paire qui est, comme à l'ordinaire, coiffée d'une sorte de capuchon de tissu noir a 8 ou 10 dents à droite et 8 ou 9 (ou 6) à gauche. En résumé, le nombre des dents de la 2°”, de la 3*° paire et de la pièce impaire est irrégulier comme il arrive {rès souvent chez les Æunice. Le paragnathe de chaque côté est triangulaire avec une dent en forme de griffe rabattue en avant et le 2*° en demi-lune ou triangulaire.

Un exemplaire dont les 12 derniers segments sont régé- nérés a déjà le segment anal de la forme normale avec ses 2 cirres de la longueur ordinaire, mais aux 11 segments qui le précèdent, les 3 qui sont le plus rapprochés de la tête ont seuls un rudiment de cirre dorsal, 1 acicule et quelques soies en voie de développement dans l’intérieur du corps et les autres n’ont encore ni appendices, ni soies.

Comme Von Marenzeller (1), mais pour d’autres raisons, je pense que l’Eunice torquata Qfg. de Saint-Jean-de-Luz, bien évidemment distincte de l’£. Harassu Aud. et Edw. de la Manche, de l'Océan et de la Méditerranée, n’est pas la même que l’'£. Claparedu Qfg. de la Méditerranée. Elle serait Intermédiaire entre ces 2 espèces, mais plus voisine de l’£. Claparedu.

_ Elle diffère de l’'£. Harassü par ses mouvements moins violents, par sa coloration (2), par ses appendices monili- formes ou nettement arliculés, par la couleur des acicules et de la soie aciculaire qui sont noirs el non jaunes, par la forme de la soie aciculaire qui manque de capuchon, par la longueur des cirres dorsaux qui sont presque aussi longs que les branchies les plus développées, tandis que chez l'E. Harassu is le sont près de moilié moins. Enfin, les 4 lobes céphaliques sont plus accusés, le segment branchifère est toujours le 5"° et non pas tantôt le 5°, tantôt le 6°, le

(4) Zur Kennt. der Adriat. Annel. (Sitzb. der K. Akad. der Wiss. zu Wien, in-8, S. A., 1874, p. 51). |

(2) Voir pour la coloration de l'E. Harassii (Annél. polych. des côtes de Dinard, 2" partie, Ann. des sc. nat., 7e série, t. V, 1888, p. 198).

979 DE SAINT-JOSÉPI.

nombre des filaments de la 1" paire des branchies est plus élevé (de 3 à 6 au lieu d’un seul) et le plus grand développe- ment des branchies commence au 7"° segment et non au 14%, Elle diffère de l’£. Claparedü (1) par les caractères sui- vants : elle a une large bande blanche à un seul segment antérieur, tandis que l’Æ£. Claparedi peut en avoir 1, 2 ou 3; elle a au moins 3 et au plus 6 filaments à la 1" paire de branchies et non pas seulement 1 ou 2; les branchies persistent jusqu'au ou 4*° avant-dernier segment au lieu de s’arrêler au 25 à 30°° avant-dernier; elle n’a que 2 cirres anaux et non 4; la soie en ciseau pectiné n’a de long filament que d’un seul côté du peigne et non pas des deux côtés comme l’£. Claparedu. Par ces trois derniers caractères, l’£. torquata se rapproche de l’£. Harassu. L’E. torquata se ratlache à l’'£. Kinbergi par ses 2 lobes supérieurs céphaliques nettement marqués, par la forme de ses soies et par la présence d’un collier blanc au segment. Atlantique (Saint-Jean-de-Luz).

EUNICE VITTATA D. Ch. (2).

Eonice virraATA Delle Chiaje, Descr. e notom. elc., V, p. 101. _ Grube, Die Insel Lussin und ihre Meeresfauna, Berlin, 1864, p. 79.

(1) L’E. Claparedii a été décrite sous le nom de d’E. Harassii par Grube (Zur Anat. der Kiemenwürmer. Kônigsberg, 1838, in-4, p. 35, et pl. IL, fig. 1, 4, 6, 8,9); par Claparède, Glanures zootomiques parmi les Annél. de Port- Vendres (Mém. de la Soc. de phys. et d’hist. nat. de Genève, t. XVII, p. 578, et pl. Il, fig. 5); par Ehlers, Die Borstenwürmer, p. 312, et pl. XII, fig. 15-21 ; pl. XIV en entier; pl. XV, fig. 1-3 et sous le nom de E. lorquata par Pruvot et Racovitza, Faune des Annél. de Banyuls (Arch. de zool. expér., gne série, t. IIT, 1895, p. 389 ; pl. XVII, fig. 63-67, et pl. XVIH, fig. 70-75). Ces deux auteurs s'en sont rapportés à Grube qui a examiné superficielle- ment l’exemplaire type d’E. torquata de Quatrefages (Bemerk. über Annel. des Pariser Museums, Arch. für Nalurg., 1870, p. 293) et qui a décrit sous le nom d’£E. torquata, Mitth. über St-Malo und Roscoff (Abhandl. der Schles. Ge- sells. 1869-1872, p. 90) l'E. Claparedii de la Méditerranée. En tous cas, iden- tifiant son E. torquata à la Leodice (Eunice) fasciata Risso, Grube aurait maintenir ce nom qui était antérieur, comme l'a remarqué avec raison Ehlers, Zur Kennt. der Ostafrikanischen Borstenwürmer (Nachr. von der K. Gesells. der Wissens. zu Gôttingen, 1897, p. 168).

(2) Nereis vittata. Delle Chiaje, Memorie sugli animali senza vert, IV, p. 195, et pl. LXIV, fig. 42-13.

ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 973

Eunice vitrara Claparède, Annél. du golfe de Naples, p. 133, et pl. VI, fig. 3.

Suppl. aux Annél. du golfe de Naples, p. 34.

Marion et Bobretzky, Étude des Annél. du golfe de Marseille (Ann. des sc. nat., 6e série, t. II,.1875, p.11).

Langerhans, Die Wurmfauna von Madeira, Iter Beitrag (Zeils. für Wiss. Zool., t. XXXIII, 1879, p. 293).

—- Mac Intosh, Report on the Annel. polych. collecle! by H. M. S. « Challenger » (Reports, etc., Zoology, t. XII, p. 275; pl. XXXIX, fig. 18, et pl. XXI A, fig. 10-11).

LiMOSA Ehl. Ehlers, Die Borstenwürmer, p. 348, et pl. XV, fig. 15-22.

PI. XIV, fig. 55-59.

Trois exemplaires incomplets et deux complets recueillis à Concarneau dans les dragages à la Baie de la Forest par 5 à 6 mètres de fond.

Les 2 exemplaires complets ont : l’un 9 centimètres de long sur 4 millimètres de large en avant avec les pieds et 114 segments, l’autre 7 centimètres de long et 122 segments.

Le corps rond en dessus et plal en dessous, aminci en avant et en arrière, a sa plus grande largeur (4°" avec les pieds) vers le 30°° segment. Chaque segment a du côté dorsal une raie transversale antérieure rouge et 2 bandes rosées plus larges postérieures. Le côlé ventral est d’un blanc nacré sauf au premier tiers qui est brunâtre.

La parlie antérieure de la tête a une échancrure et 2 lobes supérieurs peu marqués; les 2 lobes inférieurs épais sont séparés l’un de l’autre du côté ventral par un sillon profond. Les 5 antennes à base très courte sont très indistinctement articulées ; la médiane lorsqu'elle est rabaltue sur le dos, atteint le 6*° segment dont elle recouvre la moitié. Elle a 4 millimètres de long; les 2 antennes moyennes sont pres- que de même taille et les 2 externes plus de moitié plus courtes. Les yeux sont placés de chaque côté entre les bases de l'antenne moyenne et de l’externe.

Le segment buccal nu est aussi haul que les 2 segments suivants. Le 2” segment apode et achète, de même dimen- sion que le 3", porte une paire de cirres tentaculaires longs de 1°",50, un peu plus hauts que le segment buccal, sans base et vaguement articulés.

ANN. SC. NAT. ZOOL. v, 18

274 DE SAINT-JOSEPAE.

Les segments suivants ont des pieds avec cirre dorsal, mamelon sétigère, et cirre ventral. Les cirres dorsaux longs de 1**,20 sont lisses sauf à quelques segments antérieurs, ils ont des articles à peine indiqués; 3 à 4 acicules minces jaunes sont renfermés dans leur base quin’est pas apparente au dehors. Les soies simples de deux sortes du faisceau supérieur sont de même forme que chez l’£unice torquata. Les soies en ciseau qui ont échappé à Claparède et dont le bord antérieur large de 0**,015 est découpé en 7 lanières, n'ayant que d’un seul côté une lanière plus longue, se retrouvent à tous les segments jusqu'à l’avant-dernier; 1l y en a d'abord une seule, puis 4 à 5 et de nouveau une à la fin du corps. Les soies composées du faisceau inférieur à serpe bidentée (fig. 55) ont un capuchon pointu dont le bord opposé au dos de la serpe est plissé. À partir des 3 ou 4 avant-derniers segments branchifères jusqu’à l’avant-der- nier segment du corps, il y a 2 ou 3 grosses soles aciculaires ventrales jaunes tridentées à capuchon arrondi (fig. 56), sor- tant du corps comme les 2 ou 3 acicules jaunes à pointe légèrement courbe (fig. 57) qui accompagnent les faisceaux de soies. Le cirre ventral, qui est une grosse languelle aux 5 à 6 pieds, prend la forme d’une sphère surmontée d'un petit arlicle aux 32 segments suivants et redevient ensuite une languette, mais beaucoup plus mince qu'aux segments antérieurs.

Les branchies ciliées, plus longues que les cirres dorsaux, mesurent 2 millimètres de long, commencent au 5"° segment (3° sétigère) ayant à ce segment 1 à 3 filaments et altei- gnant leur plus grand développement (jusqu'à 14 filaments) du 12*° au 36"°. Elles cessent brusquement au 40° à 49° et ont encore 4 filaments au dernier segment branchifère.

Le corps se termine par un segment anal avec anus dor- sal, s’ouvrant entre 2 papilles comme le figure Claparède (1) et 4 cirres anaux ventraux inarliculés dont les 2 les plus

(1) Loc, cit, fig. 3E.

ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 275

rapprochés du ventre n’ont que 0""*,27 de long et Îles 2. autres 1°°,80. |

La mâchoire inférieure (fig. 58) se compose de 2 pièces allongées, juxtaposées, longues de 2 millimètres, s’élargis- sant en ailerons dans la partie antérieure qui a 2 ou plu- sieurs dents. Elle est en chitine d’un jaune très clair et presque par tout incrustée de calcaire sauf sur un RAl espace qui précède la parlie antérieure élargie. |

La mâchoiresupérieure (fig. 59) comprend : un support composé de 2 larges plaques arrondies en bas deux fois moins hautes que la pince; la {°° paire de mâchoires (pince); la 2°° paire {dent d'Ehlers) qui a 10 dents à droite et 9 à gauche; la pièce impaire gauche à 9 dents; la 3*° paire de mâchoires surmontée d’un capuchon de {issu noir avec 13 dents à droite et 10 à gauche ; un seul paragnathe de chaque côté, triangulaire, avec une seule dent rabaltue en avant eomme une griffe. ‘Toute cetle mâchoire est en chitine d’un jaune plus foncé que le labre, et presque par- lout aussi incrustée de calcaire. Les 2 plaques du support ne sont foncées que le long de leur point de contact entre elles et avec la pince; les 2 pièces de la pince ne sont fon- cées qu’à leur bordinterne. Aux autres paires demâchoires, les dents seules le sont et encore leur extrémité est-elle blanche.

Des exemplaires de Naples que j'examine sont plus-petits que ceux de Concarneau, ayant 35 millimètres de long sur 3 millimètres de large dans l'alcool et 94 à 96 segments. Les branchies cessent au 30%° à 33° segment et la s} paire a déjà 6 filaments.

Je ne retrouve pas plus sur ces exemplaires, que sur ceux de Concarneau, ni les 2 pelits yeux frontaux signalés par Langerhans, ni les yeux de la base des derniers pieds dont parle Claparède.

L'E. villata ne me paraît pas devoir être confondue, comme le voudraient Grube (1) el Marion et Bobretzky (2),

(1) Bemerk. über Annel. des Pariser Museums (Archiv für Naturg., 1870, P. 295). (2) Loc. cit. NT,

AG re DE SAINT-JOSEP1TI.

avec l'Eunice rubrocincta Eh]. qui est la même que l’Æ. Rissor Val. Qfg. d'après Grube. Cette espèce d'Ehlers ne manque de branchies qu'aux derniers segments ; le nombre des fila- ments branchiaux y est moindre; la soie aciculaire esl bifide et non irifide et les soies composées n'’onl pas un capuchon aussi pointu que l'£. viutala en dessus de la serpe. |

J'ai constaté ces différents caractères chez un des 3 exem- plaires de l’£. Rissoi du Muséum.

Méditerranée, Atlantique, Détroit de Bass (Challenger), à 69 mèlres de profondeur.

MRIBU DES LUMBRICONEREIDEA Schmarda. (sensu Gr.).

Genre LUMBRICONEREIS Blv., Gr.rev. (incl. ZygolobusGr.).

LUMBRICONEREIS LATREILLI Aud. et Edw. (1).

LUMBRICONEREIS LATREILLIT Quatrefages, Hist. nat, des Annel., t. I, p. 364. Grube, Bemerk. über Annel. des Pariser Museums (Archiv für Naturg., 1870, p. 302). Marion, Étude des Annél. du golfe de Marseille (Ann. des sc. nal., 6me série, t. IT, p. 15).

Narponis Gr. Grube, Asa à Ne Li und Wiürmer des Adriat. und Mitlelmeeres, Kônigsberg, in-4, 1840, p. 79. Ehlers, Die Borstenwürmer, p. 380; pl. XVI, fig. 23-30,

et pl. XVII, fig. 1-2. ?Claparède, Annél. du golfe de Naples, p. 147, et pl. IX, fig. 3. _ Grube, Familie Eunicea 2t Abth. (Jahresb. der Schles. Gesells. für 1818. Breslau, 1879, p. 90). Enwarsr Clpd. Claparède, Beob. über Anat., etc., Me in-fol., p. 58, et pl. XIV, fig. 14-22. ZYxGoLoBus Claparède, Glanures zoot. parmi les Antél. de Port Vendres, p. 114. LUMBRICONEREIS ‘riNGENS Kef. Keferstein, Unters. über niedere Seethiere (Zeits. Jür Wiss. Zool., t. XII, 1862, p. 102, et pl. IX, fig 1-9). Ehlers, Die Borstenwürmer, p. 391, et pl. XVII, fig. 11-14. su Grube, Familie Eunicea, vide suprä, p. 91.

(1) Lumbrineris Latreilli. Audouin et Milne Edwards, Recherches pour ser- vir à l'histoire naturelle du littoral de la France, t. Il, p, 168, et pl. Ils, Gig. 13-15.

ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 271

LUMBRICONEREIS TINGENS Saint-Joseph, Les Annél. polych. des côtes de Dinard, 2me partie (Ann. des sc. nal., 1me série, t. V, p. 212, et pl. VII, fig. 62-64).

PI. XV, fig. 60-61.

Grube ayant rencontré un Lombrinérien qui ne différait de la Lumbriconereis Latreilli que par la présence de soies composées non signalées par Audouin et Milne Edwards en fitla L. Nardonis. Depuis lors, 1l observa ces soies aux seg- ments antérieurs chez l’exemplaire du Muséum de la L. La- treilli; n'y avait done plus lieu de maintenir la L. Nar- donis (1). De même Keïerstein ne trouvant que des soies simples à un Lombrinérien semblable à la L. Nardonis qui a en outre des soies composées, en fit la L. fingens et Cla- parède n’y constatant que des soies composées, en fit la L. Edwarsi. Mais Claparède n'avait examiné que les soies des segments antérieurs et Keferstein celles des segments suivants. En rectifiant celte double erreur, il ne resterait comme dif- férence entre la L. Nardonis et la L. fingens que les dente- lures plus ou moins variables des pièces calcaires anté- rieures du labre chez la L. tingens. Ces dentelures pouvant résulter d'accidents ou d'usure, il n’y a pas de caractère spécifique bien accusé. Il ne semble donc pas qu'il y ail lieu de distinguer la L. tingens de la L. Nardonis, ni celle der- nière de la Z. Latreilli qui demeure l'espèce type. Sur l'exemplaire unique du Muséum examiné par Grube, je lrouve 42 segments avec soies limbées dont les 20 antérieurs ayant en outre des soies composées et les 22 suivants des soies simples à crochet. Toules ces soies et les mâchoires sont semblables à celles qui ont été décrites depuis lors pour la L. Nardonis et la L. tingens.

J'en ramasse au Croisic près de l’estacade et à Pen-bron

(1) Les courtes notices consacrées par Grube à la L. Nardonis et à la L. Latreilli en 1878, et qui sont en contradiction avec ce qu'il en avait dit en 1870, doivent avoir été rédigées avant cette dernière date et n’avoir pas été corrigées depuis.

978 DE SAINT-JOSEPH.

2 exemplaires de couleur rose dont l’un de 251 segments et 15 centimèlres de long sur 3 millimètres de large sans les pieds ayant les 54 segments avec soies limbées accompa- gnées aux 25 segments antérieurs de soies composées à lon- gue serpe terminée par 4 denticules et enlourée d'une valve comme la partie antérieure de la hampe (fig. 60). Les 29 seg- ments suivants ont avec les soies limbées, des soies simples à crochet (fig. 61), qui persistent seules à partir du 55°° seg- ment jusqu’à la fin du corps. L'autre exemplaire de 262 seg- ments a des soies limbées seulement aux 31 1°** segments dont 21 avec soies composées et 10 avec soies à crochet.

Près de Concarneau à la Pointe de la Jument, je trouve sous les pierres 2 exemplaires d'un brun rose avec reflets métalliques. L'un à 14 centimètres de long sur 2°°,5 de large sans les pieds et 235 segments dont les 48 avec soies limbées accompagnées pendant les 24 antérieurs de soies composées et pendant les 2% suivants de soies simples à crochet qui persistent ensuite seules.

L'autre exemplaire, incomplet, à têle un peu plus ronde, long de 9 centimètres dans l'alcool sur 3 millimètres de large sans les pieds, n'ayant conservé que 150 segments, a des soies limbées aux 121 1°" segments dont les 25 anté- rieurs avec soles composées el les suivants avec des soies simples à crochet.

Ces 4 exemplaires du Croisic et de Concarneau, même le dernier qui a un nombre si considérable de segments avec soies limbées, sont tout à fait semblables entre eux au point de vue de la forme des soies et des mâchoires.

Je trouve aussi la L. Latreilli à Saint-Vaast dans les plages de sable de l’île de Tatihou au N.-E. du laboratoire.

Manche. Atlantique. Méditerranée. Draguée dans le golfe de Gascogne à 400 mètres de profondeur par le Caudan.

ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 279

LUMBRICONEREIS COCCINEA Ren. (1).

J'en récolte à Saint-Jean-de-Luz sous une pierre près de Sainte-Barbe un seul exemplaire incomplet de 168 segments long de 75 millimètres sur 1°”,5 de large, reconnaissable à sa tête globuleuse et à la serpe courte et massive des soies composées. Les 38 segments sétigères ont des soies lim- bées accompagnées jusqu'au 21*° inclusivement de soies composées, puis du 21% au 38° de soies simples à crochet qui persistent seules après que les soies limbées ont disparu.

Les dragages, à Dinard, m'en procurent 4 exemplaires tous jeunes et de petite taille. L'un d'eux a 15 millimètres de long et 88 segments sur lesquels les 31 1°* sétigères avec soies limbées accompagnées aux 13 antérieurs de soies composées et aux 18 suivants de soies simples à crochet qu'on retrouve seules ensuite jusqu’à la fin du corps. D’au- tres provenant aussi de dragages ont de 3 à 7 centimètres de long. L'un d’eux long de 65 millimètres, comptant 141 segments en tout, a les 39 1% segments séligères avec soies limbées accompagnées aux 22 antérieurs de soies composées el aux 27 suivants de soies simples en croc.

Manche. Atlantique. Méditerranée.

LUMBRICONEREIS IMPATIENS Clpd. (2).

LUMBRICUS FRAGILIS D. Ch. nec O.-F. Müller. Delle Chiaje, Mem. sulla storia e notomia, etc., t. II, p. 428. LUMBRINERUS Delle Chiaje, Descrizione e notomia, etc.,t. IIT, p. 83,

et ti. NV, p. 91; pl Cl fe: 8-20. ?LumBricoxEREIS BREVICEPS Ehl. Die Borslenwürmer, p. 388. = IMPATIENS Pruvot, Recherches sur le système nerveux des Annél. (Archives de zool. expérim., 1885, 2me série, t. Ill, p219;.pl-64; fis./5,etpl: XIV, fig. 1-3).

PI. XV, fig. 62-68.

(1) Voir, pour la description et la synonymie, Pruvot et Racovitza, Faune des Annél. de Banyuls (Arch. de zool. expérim., 3%e série, t. TI, p. 374, et pl. XVE, fig. 21-37).

(2) Claparède, Annél. du golfe de Naples, p. 145, et pl. IX, fig. 2. Sup- plément aux Annél. de Naples, p. 24, et pl. V, fig. 4.

280 DE SAINT-JOSEPH.

Au Croisic dans le sable vaseux, sur la côle de Pen-Bron.

Quoique l’exemplaire que je recueille soit incomplet et que la partie postérieure manque, il mesure 50 centimèlres de long et compte 664 segments.

Le corps rond, à peu près partout de même Me. (3°*,5), est de couleur rose pâle. La cuticule est couverte de très pelits pores qui semblent fermés par un clapet fendu en 4 parties égales el faisant légèrement saillie au-dessus du pore (fig. 62).

La tête cylindro-conique sans yeux, haute de 1°°,5 (fig. 63), porte à sa partie postérieure du côté dorsal de chaque côté de la ligne médiane une petite fossetle ronde vibralile (organe de la nuque), cachée le plus souvent par le bord antérieur du segment. Eïile est suivie de 2 segments achètes dont le plus haut que le 2*°. Du côté ventral le segment est interrompu et le 2°° pousse jusqu'à l'entrée de la bouche un prolongement qui a 4 sillons longitudinaux (1); il émerge de la bouche deux grosses papilles arrondies (Mundpolsier d'Ehlers).

Les pieds, partout semblables, mais plus pelits dans la partie antérieure du corps, consistent en un petit mamelon séligère avec cirre dorsal rudimentaire et processus digi- iforme ventral contenant un riche réseau vasculaire; 4 ou 5 acicules fins recourbés entrent dans la base des cirres dorsaux. Aux 75 à 83 segments, il y a des soies à large limbe placées au-dessus de soies simples coudées entourées d’une longue lame dissectrice striée à partir du coude Jjus- qu’à l’extrémilé antérieure qui se termine par un large cro- chet dont le bordincliné est garni de 3 à 4 denticules (fig. 64). Ces soies à partir du 45° segment environ sont remplacées par des soies simples à crochet de forme différente dont le sommet à peu près rechiligne et hérissé de 4 à 5 petites dents pointues est entouré de 2 valves plus rondes, plus lar- ges el un tiers moins longues que celles de la forme précé-

(4) Ehlers figure une disposition semblable chez le L. gracilis Eh. {Bors- tenwürmer, pl. XVII, fig. 8).

ANNÉLILES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 281

denle (fig. 65). Lorsque les soies limbées ont disparu, elles persistent seules jusqu’à la fin du corps. Partout le faisceau de soies est accompagné de 2, 3 ou 4 acicules jaunes, poin- tus, légèrement bruns à leur extrémitéet ne faisant pas sails lie hors du corps.

Le labre, long de 1"°,82, est en forme de corset (fig. 66) (1). Légèrement concave du côté qui est enfoui dans le tissu musculaire de la trompe, il esl un peu convexe en dessus et formé de deux moitiés semblables, ce qu’on ne reconnaît qu'à une mince ligne de soudure qui les unit. S'élargissant en avant et se terminant un peu en fer à cheval, il est couvert de stries parallèles noirâlres, disposées en demi- cercle, puisil se rétrécit au milieu pour se terminer en arrière par deux pointes courtes obtuses que sépare une échancrure. Des couches chilineuses superposées, en forme d’écailles oblongues, partent de l'échancrure inférieure se dirigeant la pointe tournée vers le haut jusqu'auprès du fer à cheval, auquel sont soudées 2 plaques calcaires blanches antérieures unies ou le plus souvent dentelées.

Le système maxillaire supérieur (fig. 67) se compose d'un support et de 4 pièces. Le support allongé, à deux ren- flements successifs, et se terminant dans le 8*° segment par une pointe presque filiforme est beaucoup plus long que celui que figure Claparède (Suppl. pl. V. fig. 4). Ce support me semble êlre une transition entre la forme courte ordi- naire du genre Lumbriconereis et la forme filiforme du genre Arabella. Les autres pièces de la mâchoire sont bien celles propres au genre Lumbriconereis. La pince assez étroile contient la pièce dentaire qui a 5 denticules à droite et 4 à gauche. La plaque ou 3°° paire qui est au-dessus est bidentée et enfin la 4” paire en plaque est unidentée. Toutes ces

(1) Horst, Die Anneliden gesammelt währcnd des Fahrten der « Willem Ba- rentz » in 1878-79 (Niederl. Archiv für Zool. Supplementarband, I, liv. I, fig. 3 b), figure un labre à peu près semblable pour la Lumbriconereis fragi- lis Müll. Voir aussi le labre de la L. Sarsi Kbg. (Eugenies Resa, pl. XIX, lig. 38E) et celui de l’Arabella dubia Hansen, Recherches sur les Anrél. du Brésil (Mém. couronnés Acad. de Belgique, t. XLIV, 1881, in-k, pl. IL, fig. 18).

289 | DE SAINT-JOSEPH.

pièces sont très noires, mais l’extrémité de la pince et des denticules des autres mâchoires est blanche comme Clapa- rède l’a déjà remarqué. La base des 2*°, 3*° et 4"° paires est formée de tissu râpeux.

À Guétharv et à Saint-Jean-de-Luz près de Sainte- Barbe, je trouve plusieurs L. impatiens de couleur rose dont 5 bien entières. La plus longue a 25 centimètres de long sur 3 millimètres de large sans les pieds et 4 milli- mètres avec les pieds et compte 345 segments. Au 238°° il y a 2 pieds à gauche le segment est dédoublé et 1 pied à droite. Une autre a 18 centimètres de long sur 3 millimè- tres de large tout compris et 358 segments. Le corps de celle-ci finit par un segment anal de 0**,30 de haut avec un anus terminal s'ouvrant entre 4 cirres dont 2 ventraux et 2 dorsaux de 0°*,30 de long (fig. 68).

. Dans un de ces exemplaires je trouve une grégarine grise monocystidée avec noyau central et 2 bandes claires trans- versales à la partie antérieure. Elle a 0°*,42 de long sur 0°°,062 de large.

Je dois à l’obligeance de M. Pierre Fauvel un exemplaire venant de Saint-Vaast, long de 34 centimètres dans l'alcool et complant 535 segments dont les derniers régénérés.

J'ai aussi un exemplaire de Naples mesurant 31 centime- tres, avec la fin du corps régénérée. Il est en tout sembla- ble à ceux du Croisic, de Saint-Jean-de-Luz el de Saint-Vaast : la têle, les soies, le labre sont les mêmes et le support du système maxillaire supérieur est relalivement aussi long.

Manche, Atlantique, Méditerranée.

GENRE ARABELLA Gr. char. emend. SOUS-GENRE MACLOVIA Gr. MACLOVIA GIGANTEA Gr. (1).

Dans la baie de Saint-Jean-de-Luz, je trouve plusieurs

(4) Voir Annél. polych. des côtes de Dinard, 2e partie (Ann. des sc. nat.,

ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 283

M. gigantea de 280 segments environ longues de 17 centi- mètres sur 2 millimètres de large, pieds compris, se rappro- chant donc par le peu de largeur du corps de l’Arabella genicu- lala lelle que la décrit Grube (1). Mais elles en diffèrent par le cirre dorsal qui est peu développé et par le système maxil- laire qui a 3 supports et la 1°° paire de mâchoires en forme de pinces, tandis que chez l'A. geniculata d’après Marion (2), il n’y a que 2 supports et une 1" paire de mâchoires en forme de plaque dentelée el non de pinces. D'un aulre côté, chez quelques exemplaires de M. gigantea de grande taille recueillis par moi dans le sable à Dinard, à Saint-Jean-de- Luz et au Conquet, le cirre dorsal plus développé dans les segments antérieurs que celui que j'ai décrit pour un gros exemplaire de Dinard, a la forme de bonnet phrygien que lui attribue Claparède (3), chez l'Arabella geniculata. A faut en conclure que ces deux espèces dont la têle a 4 yeux en rangée transversale est semblable sont très voisines.

FAMILLE DES LYCORIDIENS Gr. (NÉRÉIDIENS Ofg. Mgr. nec poes \.

La classificalion des Lycoridiens est difficile à établir d'après les différences qui existent dans le plus ou moins grand développement de la languette dorsale des pieds (4) ou le nombre des languettes de la rame dorsale ou la posi- tion plus ou moins terminale occupée par le cirre dorsal au- dessus de la languette supérieure de la rame dorsale. Il ya des caractères souvent bien incertains sur lesquels il est

ime série, t. V,'p. 230), et 4e partie (Ann. des sc. nat., 7%e série, t. XX, p. 209).

(4) Fumilie Eunicea. 2* Abtheilung (Jahresb. der Schles. Gesells. für 1878. Breslau, 1879, p. 102).

(2) Annél. du golfe de Marseille (Ann. des sc. nat., 6me série, t. II, 1875, De 415; ébpL L'hb2)

(3) Notocirrus geniculatus (Annél. du golfe de Naples, p. 149, et pl. VI, fig. 6).

(4) Voir.plus bas p. 291.

2814 DE SAINT-JOSEPIT.

presque impossible de s'entendre, qui varient jusque dans le même individu et se modifient au moment de la matu- rité les cirres dorsaux et ventraux eux-mêmes peuvent subir des changements. Il me paraît donc préférable, dans l'état actuel, pour la fixation des genres, de s’en tenir à la classification de Kinberg (1) au moyen des paragnathes, selon qu’ils sont absents ou présents, et dans ce dernier cas selon leur nature, leur forme el l'existence de tous leurs groupes de quelques-uns seulement. Le nombre et quel- quefois la laille des paragnalhes composant chaque groupe sont variables. Ils n’occupent pas non plus toujours une place identique dans chaque groupe comme on peut en voir un exemple chez l’£unereis longissima (PI. XVT, fig. 94-96). Mais il ya une grande stabilité dans le nombre des groupes. Leur présence ou leur absence dans la même espèce sont suffisam- ment constants el il n’y a guère d’exceplion à faire que pour le groupe maxillaire médian dorsal {[), qui existe ou manque chez des individus de la mêmeespèce, surtout lorsque celle-ci manque déjà du groupe basilaire médian dorsal (V).

Les différences dans la forme des rames et de leurs appendices, dans la forme des soies surtout lorsqu'il s'agit de soies particulières {Voy. plus loin AMVereis diversicolor, Nereis pelagica, ÆEunereis longissima), dans la longueur des cirres tentaculaires, des antennes, et des palpes serviront de caractères spécifiques. En ce qui concerne les appendices des pieds, je ne ferai d'exception, au point de vue générique, que pour les branchies dendriti- ques, ce qui ne peut donner lieu à aucune confusion.

Voici donc comment je classerais, pour le moment, les genres de la famille des Lycoridiens en supprimant les familles de Kinberg et en ne donnant que la valeur de sous- genres à plusieurs de ses genres et à ceux de Malmgren.

(1) Kinberg, Annulata nova (Ofversigt af K. vet. Akad. Fürh., Stock- holm 1865, p. 167),

ANNÉLIDES POLŸYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 285

A. Branchies dendritiques à quelques segments antérieurs. Pas de paragnathes. Dendronereis Peters.

B. Pas de branchies dendritiques. 1. Pas de paragnathes.

a. Pieds uniramés : Lycastis (Sav.) Aud. et Edw.

b. Pieds biramés :

4. Segment buccal avec pieds et soies : Micronereis Clpd. 8. Segment buccal apode et achète : Leptonereis Kbg. (incl. Nicon Kbg., Nicomedes Kbg.).

2. Rien que des paragnathes mous : Ceratocephala Mgr.

3. Rien que des paragnathes calleux : Tylorrynchus Gr.

4. Paragnathes mous et cornés : Leonnates Kbg.

5. Paragnathes cornés séparés et coniques : Nereiïs s. sr. L. Cuv. (Lycoris Sav.).

a. Tous les groupes de paragnathes au complet : S. G. Nean- thes Kbg. (incl. Alilta Kbg. Mgr., Hediste Mgr., p. p.) char. emend.

b. Le groupe V ou les groupes V et VI manquent : S. G. Ne- reis s. s/r. Kbg. (incl. Mastigonereis (Schmarda) Kbg., Thoosa Kbg., Nereilepas (BIv.) sensu Kbg., Nereilepas (Blv.) sensu Johnst.Mgr., nec OErst., nec Qfg., nec Kbg., p. p., Ne- reis Mgr., Hediste Mgr. p. p., Praxithea Mgr.).

c. Les groupes I, II, V manquent :

S. G. Cirronereis Kbg. d. Les groupes V, VI, VIT, VIIT manquent : S. G. Ceratonereis Kbg. e. Tous les groupes, sauf VI, manquent : S. G. Eunereis Mgr. char. mut. 6. Paragnathes cornés coniques et transversaux séparés : a. Tous les groupes au complet : Perinereis Kbg. (encl. Naumachius Kbg., Lipephile Mgr., Hedyle Mgr., Hediste Mgr. p. p., Strutonice Mgr., Nerei- lepas (Blv.) sensu Johnst., Mgr., nec OErst., nec Qfg., nec Kbg. p. p.). b. Le groupe V manque : S. G. Arete Kbg. ‘7. Paragnathes cornés de trois formes : coniques, transver- saux et pectiniformes. Tous les groupes au complet : Pseudonereis Kbg. (incl. Paranereis Kbg.).

8. Paragnathes cornés très petits, très serrés, rangés en lignes pectinées :

286 DE SAINT-JOSEPII.

a. Le groupe I manque : Pisenoe Kbg.

b. Les groupes I, Il, V manquent (et quelquefois VI, VIE, VALLE

S. G. Platynereis Kbg. (incl. Leontis Mgr., Zphinereis Mgr).

Je n'ai pas fait figurer dans ce tableau les genres AMossis Kbg., T'yphlonereis Hans. Norske Nordh. exped., Phyllone- reis Hans. Brésil, trop incomplètement connus, ni le genre Âeteronereis OErst. Kbg. Mgr. qu'il faut entièrement supprimer, chaque forme Hétéronéréidienne devant être ramenée dans le genre auquel appartient sa forme Néréi- dienne, ce qui sera facile, comme le remarque justement Horst, avec la classification par les paragnathes.

Les genres Hedyle Mgr. et Naumachius Kbg. avaient été établis pour des formes Héléronéréidiennes appartenant au genre Pernereis et le genre fphainereis Mgr. pour une forme Hétéronéréidienne du sous-genre Platynereis. J'ai modifier la diagnose du sous-genre £unereis faite par Malm- gren pour la forme Hétéronéréidienne de l'£unereis longis- sima Johnst.

Le genre Perinereis a la priorité sur le genre Lipephile Mgr. elle genre P/atynereis sur le genre Leontis Mer.

Quant aux genres Praxithea, Mastigonereis, Hediste, Nerei- lepas, Thoosa, À htta, Stratonice qui étaient fondés le sur des différences peu importantes dans la forme des rames el sur la longueur des cirres tentaculaires, le 2°° sur la posi- tion terminale du cirre dorsal, le sur la présence de 3 languettes à la rame dorsale et les 4 autres sur le déve- loppement plus ou moins grand de la varlie supérieure de la rame dorsale et de la languelle dorsale supérieure, je les ai versés dans les genres ou sous-genres que leur attribuent leurs paragnathes.

De nombreux Lycoridiens sont trop imparfaitement décrits pour être distribués avec cerlilude dans les genres el sous- genres tels qu'ils sont établis ci-dessus. Mais même pour

ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 287

ceux qui semblent suffisamment étudiés, il y en a plusieurs qui y lrouveraicnt difficilement place.

Ce sont par exemple la MVereis articulata Eh]. Florida, contre-partie des Ceratonereis qui & une ceinture de para- gnathes en cône oblus à peine colorés à la partie basilaire dorsale et ventrale el en manque à la partie maxillaire ; la Nereis culveri Webst. New-Jersey, plus rapprochée du genre Z'ylorrynchus que d'un autre genre, ayant des touffes de papilles sur le bord de la région maxillaire dorsale et ventrale et 5 mamelons calleux à la région basilaire ventrale. IL y aurait encore : la Vereis tridentata Webst. New-Jersey, qui a en tout 3 paragnathes cornés à la partie basilaire ven- trale (VIT et VII) ; la AV. debihis Gr. OErst. qui n’a que les 2 groupes latéraux de la partie maxillaire dorsale (I); la N. Ehlersiana Gr. Semper.,à laquelle manquent les groupes, V, VI; la N.flavipes Eh. quin’a ni le groupe II ni le groupe V; la N. tenus Webst. et Benedict, Provincelown, qui manque des groupes Let VI; enfin la À. 2gnota Qfe. qui est très voisine de la N. articulata el n'a pas de paragnathes à la parlie maxillaire, mais seulement les groupes de la partie basilaire au complet. Ces 6 espèces appartiennent toutes au genre Nereis et il faudrait soit en faire de nouveaux sous-genres de ce genre, soit les verser dans des sous-genres déjà existants en en modifiant la diagnose comme Kinberg l’a fait pour le sous-genre Platynereis dont les espèces manquent en général des groupes [, Il, V, et qu'il n’a pas voulu scinder en deux pour quelques autres espèces non décrites auxquelles man- quent en plus les groupes VI, VIT, VII (1).

Les copépodes parasites de Lycoridiens sont peu nom- breux. Ce sont : la Vereicola ovata Kef. (2), dont Keferstein n'a vu que la femelle et dont M. Inlosh (3) a probablement

(1) Il faudrait peut-être encore élargir ce sous-genre pour la Platynereis Arafurensis Me Int. « Challenger » qui manque des groupes I, IL, HE, V.

(2) Keferstein, Uber einen neuemSchmarotzerkrebse ( Nereicola ovata Kef.) von einer Annelide (Zeits. für Wiss. Zool., t. XII, 1862, p. 461,et pl. XLIT, fig. 1-4).

(3) Me Intosh, Note on a Crustacean parasite of Nereis cultriferu (Quart. micros. Journ., janvier 1870, p. 35, et pl. V).

288 DE SAINT-JOSEPII.

rencontré aussi le mâle; la MNereidicola bipartita Gr. (femelle seulement) (1). Ces deux espèces n’ont été observées que chez la Perinereis cultrifera à la base des pieds. Je ne les y ai jamais trouvées.

GENRE NEREIS Cuv.

Sous-GENRE NEANTHES Kbg. (incl. ALITTA Kbg. Mgr., HEDISTE Mgr. p.p.) char. emend.

Paragnathes cornés, coniques, séparés dont tous les groupes sont au complet.

NEANTRES PERRIERI N. S.

PL. XV, fig. 69-77.

Plusieurs exemplaires retirés du sable vaseux à Viller- ville et un exemplaire incomplet en mauvais état venant de Villers.

Le corps composé de 124 segments, long de 11 centimètres sur 5 millimètres de large en avant, rames comprises, va en diminuant progressivement de largeur et en s’aplatissant en arrière.

La têle, les palpes et la parlie antérieure du corps jus- qu'au 40" segment environ sont, comme chez la AN «re parallelogramma Clpd. (2) (N. jalsa Qfg.), colorés en brun verdâtre bronzé parsemé de points blancs assez indislinets.

La partie postérieure est, sur les côtés, simplement colorée en rouge par le sang qui afflue surtout dans les languettes supérieures des pieds.

La tête (fig. 69) qui s’amincil en avant, devenant un peu rectangulaire, a 2 longs palpes ovoïdes qui dominent jes

(1) Grube, Mitth. über St-Vaast-la-Hougue uni seine Meeres, besonders seine Annel. fauna (Abhand. der Schles. Gesells., 1868-69, p. 123, et pl. IT, fig. 2). (2) Annél. du golfe de Naples, pl. X, fig. 2.

ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 289

2 peliles antennes frontales. Les 4 yeux disposés en trapèze sont de dimension moyenne.

Comme chez les autres Lycoridiens, les 8 cirres tentacu- laires sont répartis en deux paires de chaque côté de la tôle, la paire antérieure plus courte sur un pli antérieur du segment buccal qu'on peut regarder comme un petit seg- ment fusionné et la paire postérieure plus longue sur le segment buccal achèle proprement dit qui est à peine plus haut que les suivants. A la paire postérieure des cirres ten- taculaires, il y en a un plus long que l’autre (5""*), attei- gnant, rabattu sur le dos, le 7*° segment sétigère.

La rame dorsale des 2 segments sétigères a une seule languette plus longue que le cirre dorsal et manque d’aci- cule et de soies. À la rame ventrale, 1l y a un acicule noir et 2 faisceaux de soies composés chacun de soies en arête homogomphe et en serpe hétérogomphe sortant entre 2 lèvres pointues aussi longues que la languette ventrale qui est suivie d’un cirre ventral plus court qu'elle.

Les pieds suivants (fig. 70) ont un cirre dorsal dépassant à peine la languette supérieure de la rame dorsale qui est suivie d’une languette beaucoup plus petite au-dessous de laquelle sort un faisceau de soies en arête homogomphe (1), accompagné d’un acicule noir (il y en a quelquefois 2 dans les segments antérieurs), et enfin d’une languette inférieure presque aussi grosse que la supérieure. Ces 3 languettes de la rame supérieure sont triangulaires. La rame inférieure, qui fait suite, a 2 faisceaux de soies : les supérieures, en arête homogomphe avec 2 ou 3 soies (fig. 71) en serpe hété- rogomphe mince et allongée, quime paraissent manquer aux segments antérieurs ; les inférieures, en arête hélérogomphe et en serpe hétérogomphe. Ces 2 faisceaux sortent entre une lèvre supérieure obtuse et une lèvre inférieure plus pointue,

(1) Cette languette qu'on retrouve chez plusieurs espèces de Lycoridiens, pour lesquels Malmgren voulut établir le genre Hediste, me parait être

plutôt une lèvre triangulaire comme celle de la rame ventrale. Elle est

placée juste au-dessous d’une lèvre beaucoup plus courte à bords arrondis, et les soies sortent entre les deux.

ANN. SC. NAT. ZOOL. v, 19

290 DE SAINT-JOSEPH.

un peu moins haute, et sont accompagnés d’un acicule noir (il y en a quelquefois 2 ou 3 dans les segments antérieurs). La languette ventrale, plus cylindrique que la languette supérieure dorsale, mais se terminant aussi en pointe, est suivie d’un cirre ventral moins long qu'elle.

Cette disposition persiste jusqu’au 35*° segment environ. Alors la partie dorsale de la rame supérieure et la languette supérieure commencent à prendre un développement qui ne fait que s’accentuer peu à peu. Le cirre dorsal est comme poussé en avant et dépasse davantage la languette (fig. 72). Le tout forme une haute languette finissant en pointe et par- courue par 2 gros vaisseaux, l’un dans la partie dorsale de la rame et l’autre dans la languette proprement dite. Ils se réunissentau-dessous du cirre dorsal, communiquent ensem- ble par des anses transversales et alimentent tout le long de leur trajet un réseau capillaire très riche qui sert à la res- piration. Vers le 100°° segment et jusqu’à la fin du corps, le cirre dorsal est poussé presque jusqu'à l'extrémité de la lan- guelte (fig. 73), sans être cependant tout à fait terminal. À mesure que la languette supérieure dorsale se développe ainsi, la 2*° languette (lèvre) décroît et diminue peu à peu d'importance et disparaît. Rien ne change à la 3"° languette dorsale ni à la languette ventrale, mais elles sont parcourues par un plus grand nombre de vaisseaux recourbés en anse, La lèvre supérieure de la rame ventrale depuis le 40° seg- ment est devenue plus pointue et est légèrement dépassée pas la lèvre inférieure, ce qui ne fait que s’accentuer plus loin. Les languettes supérieures dorsales larges et plates se recouvrent les unes les autres à la fin du corps comme des cirres dorsaux de Phyllodociens.

Le segment anal, aussi long que les 3 segments anteanaux, se termine par un anus dorsal et 2 cirres anaux longs de 3 millimètres. Chez un exemplaire, il y a du côté dorsal, de chaque côté de l'anus, 4 filaments minces de 1"°,5 de long (fig. 74) qui ne ressemblent en rien aux cæcums plus épais et moins longs qui entourent l’anus dans la forme

ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 991

héléronéréidienne mâle de la plupart des Lycoridiens.

Les mâchoires d’un jaune ambré ont 4 à 5 dents à la partie basilaire dorsale (fig. 75) de la trompe extroversée, les 2 groupes laléraux de paragnathes (VI) sont composés de 6 à 7 paragnathes entourant un paragnathe central ; le groupe médian (V) est de 2 ou 3. À la partie maxillaire dor- sale, 1l y en a 2 groupes latéraux (Il) de 16 en rangée obli- que et un médian (1) de 3 superposés. À la partie basilaire ventrale (fig. 77) les groupes VIT et VIIT fusionnés forment une triple ceinture à rangs peu serrés. A la partie maxillaire ventrale, les 2 groupes latéraux (IV) se composent chacun de 23 à 24 paragnathes en rangées obliques et le groupe médian (III) de 29 à 30 disposés en rectangle. Tous ces para- gnathes sont coniques, noirs et bien séparés les uns des autres ; les plus gros ont 0**,096 dehaut (fig. 77). Aucun des exemplaires n'a d'éléments sexuels et je ne trouve pas la forme hétéronéréidienne. Les muscles longitudinaux ven- iraux se composent de 3 faisceaux comme chez l’£unereis longissima (voir pl. IV, fig. 97).

L'espèce qui vient d’être décrite fait partie du groupe de Lycoridiens établi par Quatrefages et Ehlers, chez lesquels la partie supérieure de la rame dorsale et la languette supé- rieure plus ou moins fusionnées ensemble se développent en une large palette aplatie. Mais faut-il maintenir ce groupe pour lequel on a créé les genres A/itta, Thoosa, Mastigo- nereis, Nereilepas, Stratonice? Nous avons déjà dit plus haut pourquoi nous ne le pensions pas. Notre espèce serait à la fois une Hediste Mgr. puisqu'elle a 3 languettes à la rame supérieure et une Stratonice Mgr. puisqu'elle a une languette supérieure dorsale qui devient peu à peu foliacée. Îl en serait de même de la Nereis Marionit Aud. et Edw., de la N. caudata D. Ch., de la N. succinea Leuck., de la AN. /a- mellosa Ehl., de la N. orypoda Von Marenz. (1). Mais le genre /ediste ne doit pas être conservé, ni le genre Strato-

(1) La Nereis pulsatoria Aud. et Edw. qui est une Neanthes est aussi une Hediste, mais n’a pas de languette dorsale foliacée.

292 DE SAINT-JOSEPH.

nice, pas plus que les autres du grand groupe dont nous avons parlé. Alors chacune des espèces faisant partie de ce groupe serait versée dans le genre que lui assigneraient la forme et la répartition de ses paragnathes. Pour ne parler que des plus connues, la N. Marionu, la N. Stimpsom Gr. Novare, la N. macropus Clpd., la N. feror Hans., la N. me- lanocephala Me. Int. « Challenger », la N. Oliveiræ Horst, qui ont des paragnathes allongés transversaux à la partie basi- laire dorsale de la trompe, appartiendraient au genre Peri- nereis Kbg.; la N. fucata Sav., la N. vexillosa Gr., chez lesquelles manque le groupe médian basilaire dorsal (V), rentreraient dans le sous-genre Nereis s. str. Kbg. Quant à notre espèce, comme la !V. caudata, la N. virens Sars, la NN. succinea, la NN. lamellosa, la N. Prandti Mgr., la N. lim- bata Ebl., la N. Verrillü Gr. Semper., la N. orypoda, qui ont aussi tous leurs groupes de paragnathes coniques au complet, elle serait versée avec ces espèces dans le sous- genre Neanthes Kbg. (incl. Alilta Kbg. Mgr.) tel que je l'ai modifié en ne tenant compte ni de la forme et de la distri- bution des soies, n1 du changement de la forme des pieds, qui seraient des caractères spécifiques.

La Neanthes Perrieri diffère de la Neanthes virens, de la N. Brandti et la N. oxypoda qui ont de grosses languettes supérieures dépassant beaucoup le cirre dorsalet des soies en arêle seulement, de la Veanthes limbata qui a les cirres dor- saux plus courts, du moins d’après Ehlers, el des dents plus nombreuses à la mâchoire, de la Veanthes caudata qui a des soies en serpe mêlées partout dans les 2 rames aux soies en arête, et des paragnathes disposés d’une manière difié- rente, à la partie basilaire dorsale et ventrale, de la Neanthes Verrillu qui n’a que des soies en arèête homogomphe, de la Neanthes succinea qui a des cirres tentaculaires plus courts, des dents plus nombreuses à la mâchoire, el moins de seg- ments, de la {Veanthes lamellosa qui, outre les mêmes diffé rences, a des soles en serpe mêlées aux soies en arêle à la rame supérieure des segments postérieurs.

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ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 293

Sous-GENRE NEREIÏIS s. s{r. Kbg. (incl. MASTIGONEREIS (Schmarda) Kbg., THOOSA Kbg., NEREILEPAS (Blv.) sensu Kbg., NEREI- LEPAS (Blv.) sensu Johnst. Mgr., nec OErst., nec Qfg., nec Kbg. p. p., NEREIS Mgr., HEDISTE Mgr. p. p., PRAXITHEA Mgr.).

NEREIS PELAGICA L. (4).

NEREIS PROCERA Eh]. Langerhans, Die Wurmfauna von Madeira (Zeils. für Wiss. Zool., Lier Beitrag, t. XXXIII, 1879, p. 285, et pl. XV, fig. 21). St-Joseph, Annél. polych. des côtes de Dinard, 2me partie (Ann. des sc. nat., me série, t. V, 1888, p. 266, et pl. XI, fig. 132). ? Ehlers, Die Borstenwürmer, p. 551, et pl. XXIII, fig. 2.

Dans la description que j'ai donnée de la AN. pelagica, d'après des matériaux tout à fait insuffisants el que je ne fais que compléter ici, J'ai omis d'indiquer un caractère important. J'ai pu le constater depuis sur de nombreux exemplaires que j'ai trouvés à Villerville et au Croisic, sur d’autres que M. Adrien Dollfus m'a rapportés de Villers et du Havre dans l'alcool, que M. Malard m'a envoyés de Saint-Vaast etenfin sur les exemplaires du Groenland faisant partie de la collection du Muséum, dont celui de Steenstrup qui à 20 centimètres de long sur 1 cenlimètre de large. A parür du 23*° à 25%° segment, 1l se montre à la rame dor- sale une soie homogomphe dont l'article terminal est une dent obtuse d'un jaune foncé que j'ai déjà figurée vue de face (2) et qui, examinée de côté, paraît moins épaisse et montre 4 5 cils qu’on n’aperçoit qu'avec de forts gros- sissements. Une 2*° soie semblable vient se joindre à la 1" dès le 25°° à 27"° segment, puis 1l y en a 3 ou 4 en tout et on en observe jusqu’à 5 chez les exemplaires du Groenland. À côté de ces soies, il en persiste encore quelques-unes en arête homogomphe dans les 4 segments qui suivent celui elles ont apparu, puis elles restent seules jusqu’à la fin du Corps.

(4) Voir Annél. polych. des côtes de Dinard, 4% partie (Ann. des sc. nat. 1e série, t. XX, 1895, p. 221, et pl. XIIL, fig. 40). (2) Loc. cit., 2% partie, 1888, pl. XI, fig. 132.

294 DE SAINT-JOSEPH.

Les animaux du Croisic provenant du sable soit de l’Esta- cade, soit du Plateau du Four, sont colorés en rouge brun diffus peu accentué et ont en général 60 à 80 millimètres de long sur 4 à 5 millimètres de large, rames comprises. Tous ont, comme ceux de Saint-Vaast, 2 paragnathes superposés au groupe médian {l) de la partie maxillaire dorsale de la irompe. Sur ceux de Villers et du Havre, longs de 30 à 75 millimètres sur 3 à 5 millimètres de large, rames comprises, le nombre en est de 1, 2 ou 3 et quelquefois, mais rarement, le groupe manque, ce qui arrive plutôt chez les jeunes.

Les autres paragnathes sont ainsi distribués à la trompe : Partie basilaire dorsale : 4 à 8 de chaque côté (VI): le groupe V manque. Maxillaire dorsale : 8 à 12 de chaque côté en rangées obliques (IT). Partie basilaire ventrale : 8 à 9 gros paragnathes en 1” ligne formant ceinture suivis d’un pavé irrégulier de très petits atteignant quelquefois jus- qu'au nombre de 200 ou 250 (VIT et VIIL). Maxillaire ven- trale : 15 à 24 de chaque côté en rangées obliques (IV) et groupe médian (Ill) de 16 à 20 en rangées transversales superposées formant rectangle.

Les cirres lentaculaires les plus longs recouvrent les 4 1% segments. Dans le dernier tiers du corps, la rame veptrale devient moins saillante que la rame dorsale; le cirre dorsal (1°°,30 de long) et le cirre ventral (0"*,65 de long), ce dernier dépassant légèrement la rame ventrale, sont plus longs que dans la partie antérieure du corps, mais moins que je ne l'ai indiqué pour l’exemplaire unique de 1895 cette proportion était exceplionnellement plus grande.

Maintenant que la présence des soies particulières à arti- cle en forme de dent massive est constatée chez la N. pela- gica, 1l est certain qu'elle ne diffère pas des jeunes MVereis procera que Langerhans et moi avions décrites et qu'il ya concordance sur tous les points. Quant à la Mereiës procera d'Ehlers, chez laquelle il avait observé pour la 1” fois cette

td SE Se

ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 295

soie particulière encore inconnue chez la AN. pelagica, il est assez probable que c’est une N. pelagica de grande taille, quoiqu'il y ait quelques différences : les palpes semblent plus courts, les cirres tentaculaires plus longs, les soies en serpe hétérogomphe plus longues dans les segments anté- rieurs ; le groupe médian dorsal {l) manque; mais il a été dit plus haut qu'il en était quelquefois de même chez la N. pelagica et Langerhans le remarque aussi chez les jeunes.

À l'énumération que j'ai donnée des mers habitées par la N. pelagica 1 faut ajouter la mer du Japon et le détroit de Davis,

NEREIS DIVERSICOLOR O.-F. Müll. (1).

NEREIS DIVERSICOLOR Max Schultze, Ueber die Entwickelung von Arenicola piscatorum nebst Bemerk. über die Entw. anderer Kiemenwürmer. Halle in-4, 1856, p. 2.

25 Quatrefages, Hist. nat. des Annel., t. I, p. 508.

Von Marenzeller, Zur Kennt. der Adriat. Annel. (Sitzb. der k. Akad. der Wiss. zu Wien, t. LXIX, 1874, p. 60, S.-A., et pl. VIT, fig. 2). Südjapanische Annel. (Denks. der k. Akad. der Wiss. zu Wien, t. XLI, 1879, p. 14, S.-A.).

Levinsen, Syst. geogr. Oversigt over de Nordiska Annul. (Vidensk. Meddels. for 1882. Copenhague, 1883, p. 236).

= Schrôüder, Anatomisch-histologische Untersuchung von Nereis diversicolor. Rathenow, 1886, in-8.

Mendthal, Untersuchungyen über die Mollusken und Anneliden des Frischen Haÿjfs : IV, über die Geschlechtsverhültnisse der N. diversicolor. Kônigsberg, 1889, in-4, p. 8, et pl. fig. I-X.

HEDISTE Malmgren, Ann. polych., p. 165, et pl. V, fig. 28.

Malaquin, Les Annél. polych. des côtes du Boulonnais (Revue biol. du Nord de la France, t. 11, 1889-90. Tirage à part, p- 31).

Giard, Le laboratoire de Wimereux. Recherches faunigues. (Bull. scient. de la France et de la Belgique, t. XXII, 1890, PA 21)

PI. XV, fig. 78-81.

Trouvée au Croisic dans le sable non loin des marais salants dans le Grand Trait. Le corps esl coloré en vert

(1) Die bunte Nereide. O.-F. Müller, Von Würmern des süssen und salzigen Wassers. Copenhague, 1771, in-4, p. 164, et pl. VE. Voir la bibliographie dans Ehlers, Die Borstenwürmer, p. 554, et y ajouter les ouvrages indiqués ci-dessous, | |

296 DE SAINT-JOSEPH.

sale un peu mélangé de brun. Quelquefois il y a 1 raie brune longitudinale peu accusée de chaque côté de la ligne médiane dorsale. Un exemplaire femelle avec des œufs a 5 centimètres de long et 95 segments séligères. M. le professeur Henneguy a bien voulu m'en remettre plusieurs qu’il a ramassés dans les marais salants (1) et qui sont colorés en brun rouge diffus aves 2 bandes lon- gitudinales plus foncées.

J'examine aussi 2 exemplaires dans l'alcool : l’un de 89 segments séligères venant de Saint-Vaasl, communi- qué par M. Malard, mesurant 8 centimètres de long sur 6 millimètres de large en avant, avec la plus longue paire de tentacules atteignant le segment sétigère et des cirres anaux de 2*°,5 de long, femelle mûre contenant des œufs de 0**,14 de diamètre ; l’autre de 112 segments séligères, communiqué par M. Adrien Dollfus, venant de Villers, de 10 centimètres de long sur 6*°,5 en avant, avec le plus long tentacule atleignant le segment sétigère et des cirres anaux de 3°°,60 de long.

La tête, teintée par 2 bandes longitudinales parallèles d’un rouge brun, plus large que haute avec les 2 antennes plus courtes que les palpes et 4 yeux disposés en trapèze, est exactement figurée par Ehlers (/oc cit., pl. XXII, fig. 5). Le segment buccal est une fois et demie plus haut que les suivants. Les mâchoires ont 8 dents dont les deux plus basses sont encastrées dans une lame chilineuse.

Ces exemplaires ont les groupes de paragnathes dis- posés comme les figure Ehlers (2). A la partie basilaire dor- sale les 2 groupes latéraux (VI) se composent de 6 para- onathes à gauche et de 5 à droite chez l’exemplaire de Villers, de 5 à gauche et de 2 à droite chez celui de Saint- Vaast et de 4 à gauche et 3 à droile chez un de ceux du Croisie; à tous le groupe médian (V) manque. A la partie maxil-

(4) La N. diversicolor s'accommode donc bien aux différents degrés de

salure de l'eau. (2) Loc. cit., pl. XXII, fig. 6.

D

ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 297

laire dorsale, il y à aux 2 groupes latéraux (Il), 6 pa- ragnathes en rangée oblique de chaque côté et 2 paragna- thes isolés superposés au groupe médian (1) (Villers), 11 à gauche et 7 à droite en carré et 1 seul paragnathe médian (Saint-Vaast), 10 à gauche et 9 à droite en rangées obliques et 1 ou 2 médians (Le Croisic). A la partie basilaire ventrale, les groupes VII et VIIT fusionnés forment une deuble ou triple ceinture de petits paragnathes précédée de quelques paragnathes plus gros isolés. Il y en a 15 gros de 1‘ rang et 25 petits de 2*° rang (Le Croisic). À la partie maxillaire ventrale les 2 groupes latéraux (IV) se composent de 16 paragnathes à gauche et 14 à droite en rangées obli- ques el le groupe médian (II), de 30 disposés en rectangle sur plusieurs rangées (Villers), de 17 paragnathes de chaque côté et de 13 médians (Saint-Vaast), de 17 à gauche, 19 à droite et 24 médians (Le Croisic). La disposition des paragnathes est presque entièrement semblable à celle de la Nereis pelagica L., mais chez cette dernière, les para- gnathes des groupes VIT et VIIT sont sensiblement plus nombreux.

Chaque pied (sauf le 1” et le qui n'ont à la rame dor- saie qu'une seule languette sans soies ni acicule) a 3 lan- gueltes à la rame dorsale, la 2*° languette (lèvre supérieure) élant plus nette à la partie antérieure du corps qu'à la fin elle diminue beaucoup. En dessous d'elle il y a une lèvre inférieure arrondie au bord, mince et très peu proéminente, qui livre passage à une partie du faisceau de soies en arête homogomphe ; le reste du faisceau sort entre cette lèvre mince et une 2*° lèvre (médiane)semblable (fig. 78). À la rame ventrale la lèvre inférieure, il y a 3 acicules, est proéminente et cache une partie de la lèvre supérieure. Je la représente vue sur ses deux faces (fig. 78 et 79), mais à la fin du corps, elle s’arrondit et les 2 lèvres sont de meme taille. La languetle de la rame ventrale est partout moins longue que les dorsales.

Malmgren avait établi pour cette espèce le genre ÆHediste à

298 DE SAINT-JOSEPH,

cause des 3 languettes dorsales, mais nous avons vu que ce caractère assez fréquent chez les Lycoridiens ne suffisait pas pour créer un genre à part. La N. diversicolor chez laquelle manque le groupe de paragnathes médian basilaire dorsal(V) rentre bien dans le sous-genre MVereis s. str. Kbg.

Ce qui distingue surtout celte espèce, c’est que les cirres dorsaux et ventraux de très petile taille sont de beaucoup dépassés par les languetles auprès desquelles ils sont placés, et que, comme l’a remarqué Von Marenzeller (Stdjapanische Annel., p.14), le faisceau supérieur de la rame inférieure renferme de grosses soies particulières un peu jaunes. Je ne les observe que dans la dernière moitié du corps (vers le 45*° pied chez les exemplaires du Croisie). Ces soies vues de côté (fig. 80) semblent être simples; en les examinant en dessous (fig. 81) on s'aperçoit que ce sont des soies homogomphes dont l’article terminal est une dent mas- sive lisse ou très indistinctement ciliée, rappelant les soies de la rame supérieure de la Vereis pelagica, mais à pointe plus allongée. Voici comment sont réparties les diverses sortes de soies : À la rame supérieure, soies en arête homo- gomphe ; au faisceau supérieur de la rame inférieure, soies en arête homogomphe et en serpe hétérogomphe; ces der- nières, dont la serpe est plus courte que celle des soies de même forme du faisceau inférieur, font place dans la der- nière moitié du corps aux soies parliculières décrites plus haut; 1l n'y en a d’abord qu'une mêlée aux soies en serpe hétérogomphe, puis 2 et enfin 3; au faisceau inférieur de la rame inférieure, soies en arêle hétérogomphe et en serpe hétérogomphe, ces dernières assez nombreuses, sauf à la fin du corps, el à serpe mince et incolore.

Dans la saison j'examine la AN. diversicolor, elle ne contient pas d'éléments sexuels. Je ne puis donc vérifier si elle est hermaphrodite comme le dit Mendthal.

Mers du Nord. Pas de Calais. Manche. Méditerranée. Mers du Japon.

ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 299

NEREIS IRRORATA Mgr. (1).

PI. XVI, fig. 82.

Trouvée dans la rade du Conquet, au Croisice dans le sable entre l'extrémité de l’estacade et la jetée, et à Saint- Jean-de-Luz.

À la rame dorsale des pieds dans la partie antérieure du corps, il y a 3 languettes dont la 2*°, moins nelle que chez la Vereis diversicolor, est presque fusionnée avec la 3°° qui paraît alors bilobée (fig. 82) etau-dessous d'elle il existe une lèvre basse et arrondie qui livre passage au faisceau de soies en arête homogomphe et ne se prolonge pas sous la 3"° languette. Dans la partie médiane du corps, la 2”° lan- guelte devient plus courte que la 3°, puis peu à peu elle finit par disparaître comme l'indique ma figure 131 (loc. cit.). À la rame ventrale, les soies sortent entre 2 lèvres de même dimension, l’inférieure moins arrondie en avant que la supérieure.

J’observe 5 dents aux mâchoires d’un exemplaire du Con- quet et 10 à celles d’un exemplaire du Croisic. Le a un pa- ragnathe médian (1) à la partie maxillaire dorsale ; le 2°° en manque. Voici quelle est la répartition et le nombre des paragnathes chez un individu du Croisic : Partie basi- laire dorsale : 10 de chaque côté (VI), le groupe médian (V) manque. Parlie maxillaire dorsale : 9 à gauche el 7 à droite en rangées obliques (Il) ; le groupe médian (1) man- que. Partie basilaire ventrale : 11 paragnathes plus gros en 1" ligne formant ceinture et 38 à 40 plus petits en ligne (VIT et VII. Partie maxillaire ventrale : 20 à gauche et à droite en rangées obliques (IV); 21 disposés en rectangle au milieu (I). L'exemplaire de Saint-Jean-de-Luz

(4) Voir Praxithea irrorata dans : Annél. polych. des côtes de Dinard, 2me partie (Ann. des sc. nal., 1% série, t. V, 1888, p. 263, et pl. XI, fig. 131) etre partie (bird, &. XX 188 p42145.: pl. XIL, fig. 33-36, et pl. XII, fig. 31-39), |

st Mo

300 DE SAINT-JOSEPH.

n'a pas non plus de paragnathe médian (1) à la partie maxil- laire dorsale,

NEREIS FUCATA Sav. (1).

NEREIS FUCATA Audouin et Milne Edwards, Recherches pour servir à l'hust.

nal. du littoral de la France, t. 11, 1834, p. 188.

Quatrefages, Hist. nat. des Annel., t. 1, 1865, p. 541.

Ehlers, Die Borstenwürmer, p. 546, et pl. XXI, fig. 41-44.

= _ Grube, Mitth. über St-Vaast-la-Houque und seine Meeres, besonders seine Annelidenfauna (Abh. der Schles. Gesells. fr 1868-69, p. 113 et 126).

Levinsen, Oversigt over de Nord. Annul. (Vidensk. Meddels. für 1882. Copenhague, 1883, p. 233).

= == Wiren, Om en hos eremitkräflor lefvande Annelid (Bihang till &. Svens. Vet. Akad. Handl., t. XIV. Stockholm, 1888. Afd. IV, n°5, p. 1-14, et pl. I à III).

8 inquicma Wir. Wiren, loc. cit.

== BILINEATA Johnst. Johnston, Miscellanea zoologica (Ann. of Nat. hist., t. III, 1839, p. 295, et pl. VL fig. 4).

NEREILEPAS FUCATA Johnst. Johnston, Catalogue of Brit. non parasit. Worms, 1865, p. 158, ct pl. XV, fig. 4. Malmgren, Annul. polych., p. 169, et pl. IV, fig. 18. :

runs etats

on Malaquin, Quelques commensaux du Bernard l’'Hermite (Revue biol. du Nord de la France, t. 11, 1888-90. Tirage à part, p. ?). Les Annél. polych. des côtes du Boulonnais (Ibid., Tirage à part, p. 30).

= Hornell, Report on the Polych. annel. of the L. M. B. C, district (3e vol. of Reports upon the Fauna of Liverpool

Ray. Liverpool, 1892, p. 145),

ar Coupin, Un ver commensal du Bernard l'Ermite (La Nature,

1er semestre 1895, p. 29).

PL'XNL His 6587.

Je ne rencontre pas celte jolie espèce en liberté, mais seu- lement en compagnie du Pagurus Bernhardus L. dans des coquilles de Buccinum undatum L., à Arcachon, à Saint- Vaast el au Croisie. Wiren lui trouvant dans ce cas la culicule beaucoup plus mince et les muscles longitudioaux {rès peu développés au moins dans le dernier tiers du corps, pense qu'élant ainsi adaptée à celte vie casanière, elle ne prend pas la forme Héléronéréidienne, différant par de l'espèce libre, et 1l lui donne le nom de Vereis fucata 8 inquilina.

Le corps est bordé de chaque côté, à la partie dorsale,

(1) Lycoris fucata. Savigny, Système des Annélides, p. 31.

ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 301

d’une large bande lougitudinale d’un brun demi-foncé et le milieu du dos est occupé par une bande blanche sur laquelle le vaisseau dorsal se détache en rouge. Cette bande se prolonge sur la têle qui est brune, sauf les palpes qui sont blancs. Les pieds aussi sont blancs, mais les languettes des 2 rames légèrement foncées. Chez un exemplaire du Croisic qui est une femelle longue de 17 centimètres sur 10 millimètres de large, rames comprises, dans la partie la plus large, avec 104 segments en tout, la coloration dis- paraît dans les deux derniers tiers du corps qui est bourré d'œufs gris. Un exemplaire de Saint-Vaast sans éléments sexuels, la conserve, au contraire, jusqu’à l'extrémité du corps qui à 115 segments et 12 centimètres de long sur 4"%,5 de large, rames comprises. C’est ce dernier que Je vais décrire.

La tête, exactement figurée par Wiren (1) avec 4 yeux disposés en carré, est aussi large à la base que haute. Les antennes et les palpes sont de même longueur (1**,5). Le segment buccal est deux fois aussi haut que les suivants. La paire de cirres tentaculaires la plus longue atteint Le seg- ment séligère.

Le 1” et le 2*° sétigères ont à la rame supérieure qui manque d’acicule et de soies, une seule languette arrondie au bout, deux fois moins longue que le cirre dorsal. A la rame ventrale, entre les 2 lèvres, l’une supérieure arrondie, l’autre inférieure triangulaire et plus proéminente, sortent, accompagnés d’un acicule noir, 2 faisceaux de soies, le supérieur composé de soies en arête homogomphe et en serpe courte et massive hétérogomphe, et l’inférieur de soies en arête homogomphe et en serpe longue et amincie hétérogomphe, puis vient la languette ventrale cylindrique et le cirre ventral un peu moins long qu’elle (fig. 83).

Les pieds suivants ont à la rame dorsale un cirre dorsal plus long que la languette supérieure qui devient plustriangu-

(1) Loc. cit, pl. 1, fig. 2.

309 DE SANNY-JOSEPE.

laire vers le milieu du corps et qui est suivie de la languette inférieure beaucoup plus petite et se rapprochant de la forme cylindrique. Un faisceau de soies en arête homo- gomphe accompagné d’un acicule noir sort entre les deux. À larame ventrale on retrouve aussi un acicule, les 2 lèvres de même forme qu'aux 2 segments laissent passer un faisceau de soies supérieures en arête homo- somphe avec 2 ou 3 soies en serpe hélérogomphe courte, et un faisceau inférieur de soies en serpe hétérogomphe mince et allongée dans la partie antérieure du corps et plus courte ensuile; elles sont précédées de quelques soies peu nombreuses en arêle hétérogomphe. La languette ventrale cylindrique est suivie du cirre ventral d’abord plus court et ensuite plus long qu’elle.

Dans les deux derniers tiers du corps surtout, la partie dorsale de la rame supérieure se développe peu à peu en hauteur, dominant de plus en plus le cirre dorsal, et la lan- guette supérieure augmente de volume. C’est ce qui a amené Johnston à créer le genre Nererlepas pour la N. fucata. I a été dit plus haut pourquoi ce genre me paraissait inutile.

Le segment anal plus étroit que les autres, apode et achète, avec anus central, à 2 cirres ventraux longs de 2 milli- mètres,

Les mâchoires ont chacune 14 à 16 dents. À la partie basilaire dorsale de la trompe extroversée, les paragnathes des 2 groupes latéraux (VI) sont au nombre de 4. Le groupe du milieu (V) manque. À la partie maxillaire dorsale, il y a 8 paragnathes à chacun des 2 groupes latéraux (IT) et 4 très petits au groupe médian (1) (chez un exemplaire d'Arcachon de 65 millimètres et 9% segments, 1l n’y en a qu'un seul). A la partie basilaire ventrale, les groupes VIT et VIIT fusionnés formentune ceinture de 7 paragnathes plus gros suivis chacun de 4 à 8 beaucoup plus petits. À la partie maxillaire ven- trale, les 2 groupes latéraux (IV) se composent chacun de 12 paragnathes en rangée oblique et le groupe médian (IH) de à plus petits.

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ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 303

L'exemplaire femelle du Croisie a les yeux plus gros et, surtout à partir du 20% segment environ, la partie supé- rieure de la rame dorsale gonflée d'œufs d’un diamètre de 0",15 et la languelte supérieure beaucoup plus dévelop- pée que chez les animaux sans éléments sexuels (fig. 84). À la fin du corps, le cirre dorsal a 2 millimètres de long et le cirre ventral 1 millimètre, dépassant la languette ventrale (fig. 85), tandis qu'aux segments antérieurs c’est l'inverse. Les soies ne sont pas distribuées comme dans l’autre exemplaire. Dans les 2 lers du corps, il n’y a pas de soies en arête hétérogomphe au faisceau inférieur de la rame ventrale, mais elles apparaissent dans le dernier tiers. Au contraire, chez un exemplaire femelle mûr dra- oué par M. Adrien Dollfus à l'embouchure de la Gironde, ces soies existent partout. Wiren, dont la description est très exacte, ne représente que des soies en arête homogomphe et en serpe hétérogomphe et ne parle pas de soies en arête hélérogomphe, et cependant il a ob- servé des animaux sans éléments sexuels et à l’état de maturité. [1 semble donc que dans cette espèce 1l n’y pas de fixité pour la forme des soles.

Quant aux paragnathes de la trompe, à la partie basilaire dorsale, les 2 groupes latéraux (VI) en ont 5 à gauche et 4 à droite ; le groupe médian (V) manque. A la partie maxil- laire dorsale, il y a 5 paragnathes à gauche et 8 à droite aux 2 groupes latéraux (Il) et un seul au groupe médian (1) (fig. 86); il y en a 2 dans l’exemplaire de Cordouan. A la partie basilaire ventrale, la ceinture des 2 groupes VIT et VIII se compose de 8 gros paragnathes ; au-dessous de chacun de ceux qui occupent les 2 extrémités, il n'y a rien, mais au- dessous de chacun des autres il y a à partir de la gauche 6, 9, 13, 13 et 7 paragnathes très petits. À la partie maxillaire ventrale, les 2 groupes latéraux (IV) se composent de 8 pa- ragnathes à gauche et 7 à droite et le groupe médian (IT) d'un seul surmonté d'un très pelit (fig. 87); il y en a 6 dans l’exemplaire de Cordouan. On voit donc que pour la N. fucata

304 HE SAINT-JOSEPET.

comme pour {ant d’autres, si le nombre des groupes chez les

individus de la même espèce est fixe, celui des paragnathes ne l’est pas. ;

Tout ce qui a rapport aux mœurs de la N. jfucata a été décrit par M. Coupin (/oc. cit.). Mers du Nord. Manche. Atlantique.

Sous-GENRE EUNEREIS Mgr. char. emend.

Rien que les deux amas latéraux (VI) de paragnathes à la partie basilaire dorsale de la trompe extroversée. Tous les autres paragnathes manquent.

EUNEREIS LONGISSIMA Johnst. (1).

FonmEe NÉRÉIDIENNE.

NEREIS REGIA Qfo. Quatrefages, Mémoire sur le système nerveux des Annél. (Ann. des sc. nat., 3me série, t. XIV, 1850, p. 339). Hist. nat. des Annel., t. I, 1865, p. 511. _ Grube, Milth. über St-Vaast-la-Hougue und seine Meeres, besonders seine Annelidenfauna(Abh.der Schles. Gesells., 1868-69, p. 100). Die Familie der Lycorideen und die Aufstellung von Gruppen in der Gatlung Nereis (Jahresb. der Schles. Gesells. für 1873. Breslau, 1874, p. 69). EDENTICULATA Qfg. Quatrefages, Hist. nat. des Annel., t. T, p. 538, et pl. VIL fig. 1-2. CERATONEREIS LONGISSIMA Malaquin, Les Annél. polych. des côtes du Boulonnais (Re- vue biol. du Nord de la France, t. Il, 1890. Tirage à part, p. 28).

FORME HÉTÉRONÉRÉIDIENNE.

HETERONEREIS PARADOXA OErst. OErsted, Grôünl. Annul. dorsibranchiala, in-4, 1843, p. 177, et fig. 50, 63, 64, 66.

EUNEREIS LONGISSIMA Mgr. Malmgren, Nord. Hafs Annul., p. 183. Annul. Poluch,, p.419, pl VI Ge. 2

FORME NÉRÉIDIENNE ET HÉTÉRONÉRÉIDIENNE.

NEREIS LONGissiMA Johnst. Ehlers, Die Borstenwürmer, p. 525. Levinsen, Overs. over de Nord. Annul. (Vidensk. Meddels. for 1882. Copenhague, 1883, p. 233).

PI. XVI, fig. 88-100, et pl. XVIL, fig. 101.

(4) Nereis longissima. Johnston, Miscellanea zoologica on the Irish Annelids (Ann. of nat. hist., L. V, 1840, p. 178). Heteronereis longissima. Catal. of Brit. non parasit. Worms, 1865, p. 164. Ces deux formes sont Hétéro- néréidiennes,

ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 305

L’'Eunereis longissima se tient profondément enfoncée dans la vase à l'extrémité de la jetée de Saint-Vaast.

Forme Néréidienne. La laille ordinaire des exemplaires qui sont mûrs de septembre à mars est de 17 à 20 centi- mètres sur 4 à millimètres de large. Il y en a de beau- coup plus grands dont je n'ai pu obtenir aucun entier, mais seulement plusieurs portions antérieures de 29 à 47 centi- mèlres de long sur 8 à 9 millimèlres de large, rames com- prises. Les exemplaires ordinaires sont de couleur rouge plus ou moins claire et comptent 170 segments. Quant aux plus grands, ils ont une belle irisation d'un bleu foncé au milieu du dos; leurs segments sont beaucoup plus hauts puisqu'un tronçon de 47 centimèlres n’a que 197 segments.

C’est un exemplaire entier de 17 centimètres que Je dé- crirai. La tête (fig 88) presque carrée à la base, va en s’effi- lant en avant et porte au bord frontal 2 petites antennes. Les 2 palpes épais naissant sous la tête et, terminés par un bouton rétractile, dépassent les antennes. Les 4 yeux disposés en trapèze sur la moitié postérieure de la tête ont un dia- mètre de 0**,12; les 4 paires de cirres tentaculaires sont courtes; la plus longue paire rabattue sur le dos n’atleint pas le 3*° segment. Le segment buccal nu est un peu moins large et plus haut que le segment sétigère.

Tous les pieds ont la même forme (fig. 89), sauf les 2 1°* qui n'ont qu'une languette et ni soies ni acicule à la rame dorsale. Le cirre dorsal est à peu près de la longueur de la languette supérieure de la rame dorsale et un peu moins long que la languette inférieure de celte rame. Entre ces 2 lan- guetles allongées et pointues une pelite lèvre donne passage à un faisceau de soies accompagnées d’un acicule noir ter- miné en pointe fine légèrement recourbée en crochet. Ces soies, au nombre de 5 à 10, sont en arête homogomphe den- telée au bord. Il s’y joint à partir du 65*°-70*° segment jus- qu'à la fin du corps 1 ou 2 soies homogomphes dont l’article terminal est une grosse dent d’un jaune foncé qui, vue de côté, présente à cheval sur un de ses bords 8 à 10 petiles

ANN. SC. NAT. ZOOL. v, 20

306 | DE SAINT-JOSE PI.

écailles (fig. 90) qu’on découvre nettement sur la dent vue de face (fig. 91) (1).

La rame inférieure a : 3 lèvres superposées : une grande lèvre arrondie inférieure, une médiane et une supérieure plus pelites qui la dépassent du côté dorsal. Entre la lèvre inférieure el la médiane sort un faisceau inférieur de soies en arête homogomphe au nombre de 20 environ et de 3 grosses soies en serpe hétérogomphe dont l’article terminal court et den- telé au bord a 0**,082 de long. Le faisceau supérieur qui sort entre la lèvre supérieure el la lèvre inférieure se compose de 15 à 16 soies en arêle hétérogomphe et de 1 ou 2 soies en serpe hélérogomphe. Toutes ces soies en serpe hétérogomphe me semblent manquer aux derniers segments; l’article terminal est fragile et se détache facilement. Le double faisceau de soles est accompagné d’un acicule noir; une languette ven- trale de la même longueur que le cirre dorsal et plus massive que les 2 languettes de la rame dorsale ; un cirre ventral qui n'a pas tout à fait les 2 tiers de la longueur de la languette.

Dans la dernière moitié du corps, les 3 languettes des pieds sont très richement vascularisées. Le segment anal nu à un anus dorsal festonné au bord et 2 cirres anaux ventraux minces, longs de 4 à 5 millimètres.

Les mâchoires (fig. 92) ont 9 dents, dont les 5 Le plus rapprochées de la base sont noyées dans une bande chilineuse jaune. La trompe extroversée n’a pas d’aulres paragnathes que ceux des 2 amas latéraux de la partie basilaire dorsale (VI) placés sur 2 petits mamelons à peine saillants. Je ne vois ces 2 amas manquer à aucun des exemplaires assez nom- breux que J'examine. Les paragnathes qui les composent sont de petite dimension el souvent difficiles à découvrir. D'un jaune transparent, ils sont à peine coniques, mais plutôt en forme de petites écailles le jaune devient sou- vent foncé dans la partie antérieure (fig. 93). Leur nombre et leur position sont très variables dans chaque amas,

(41) Je retrouve cette soie particulière chez la N. regia de la collection du Muséum.

Êns ET M re re ___

2 co es name

ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 307

comme on pourra s’en convaincre d’après les figures 94 a-, 95 ë-n et 96. L'âge et la taille de l'animal ne semblent avoir aucune Influence ici sur ces variations.

Les jeunes exemplaires, colorés en rose, dont j'en trouve 2 à Saint-Vaast dans le sable demi-vaseux au-dessous de la plage des Baims et 1 à Villerville, ont 9 centimètres de long sur 2°*,9 à 4 millimètres de large, rames comprises, avec 174 à 177 segments. Ils sont semblables aux adultes, sauf que les soies en serpe homogomphe caractéristiques com- mencent au 37°°, 42° ou 50"° segment et que les mâchoires ont 11 à 12 dents. Les paragnathes sont disposés de même, mais très difficiles à découvrir. À première vue on croirait avoir affaire à une espèce du genre Mcon Kbg. sans para- gnathes, avec dents nombreuses aux mâchoires et pieds partout semblables à languettes triangulaires.

L'Eunereis longissima ne me paraît pas se construire de tube. Aussi les grosses glandes des pieds (Spinndrüsen) sont- elles peu développées.

L'intestin est d’un vert clair. Au mois de mars les femelles renferment des œufs gris de 0**,084 de diamètre qui attei- gnent 0*",12 chez les gros exemplaires. Les mâles n'ont encore que quelques plaques de cellules spermalogènes.

Les muscles longitudinaux ventraux ont une disposition qui paraît être générale chez les Lycoridiens. Il y en a un faisceau très mince au-dessus (fig. 97 «) et 3 faisceaux super- posés de chaque côté de la chaîne nerveuse (4). Celui de ces 3 faisceaux qui est Le plus rapproché de la paroi ventrale du corps (fig. 97 4) est un peu plus large que les 2 autres réunis (f) qui, recourbés au-dessus du 1” et moins larges, ne sont séparés l'un de l’autre que par une bande très mince (0°*,012) de tissu conjonctif (?). Cette bande {e) borde la base du faisceau inférieur et pénètre entre les 2 faisceaux supé- rieurs après s'être réunie à une bande de même tissu venant du dos et bordant la couche des muscles circulaires (4). Les muscles obliques (c) allant aux pieds sont fixés à la couche des muscles circulaires au-dessous de la chaîne nerveuse.

308 DE SAINT-JOSEPE.

Forme Hétéronéréidienne mâle. Un exemplaire de 181 segments, que M. Malard a bien voulu m'envoyer de Saint-Vaast, trouvé en mai dans la vase, comme la forme Néréidienne, mesure 28 centimètres de long. [l se compose de 2 régions bien distinctes : la 1" de 39 segments, y com- pris le segment buccal, longue de 7 centimètres sur 9 milli- mètres de large, la 2°° de 142 segments dont l’anal, longue de 21 centimètres sur 11 millimètres de large, chaque rame ayant ! millimètre de largeur de plus que dans la 1" région. Le corps s’y amincissant progressivement et finissant par n'avoir plus que 5 millimètres de large a le milieu du dos azuré avec une coloration rose de chaque côté. Il y a égale- ment une bande ventrale azurée à cette 2*° région les pieds sont d’un rouge très vif. OËrsted représente exacte- ment l’animal entier (1).

Première région. La tête est semblable à celle de la forme Néréidienne avec les veux plus gros (0°°,30 de dia- mètre) mais non coalescents. Les appendices de la tête, les cirres tentaculaires, le segment buccal achète plus haut que le suivant, les 2 1°* segments sétigères n'ayant qu’une lan- guette dorsale et pas de soies à la rame dorsale, les pieds et les soies sont les mêmes que dans la forme Néréidienne. Seulement aux 12 1°" segments sétigères le cirre dorsal gros et cylindrique se termine brusquement par une pointe fine, et il en est de même du cirre ventral; au 32° séligère, un petit lobe réniforme se montre au-dessus du cirre dorsal et se retrouve à Lous les derniers segments de la région.

Seconde région. Au 40*° segment, et il en esl ainsi dans toute celle partie du corps, les pieds sont plus aplalis et moins charnus que dans la 1” région ; au 43°° apparaît une lamelle mince foliacée au-dessous de la base du cirre ventral; au 47°, les 2 languettes de la rame dorsale deviennent lé- sèrement foliacées et le grand lobe foliacé de la rame ven- trale commence à se montrer; au 48", les pieds hétéro-

(4) Loc. cit., fig. 50.

ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 309

néréidiens sont bien formés : le lobe épais et réniforme placé au-dessus du cirre dorsal est devenu plus grand, le cirre dorsal a 5 ou 6 crénelures, faiblement marquées, du côté interne, les 2 languettes foliacées de la rame dorsale et le srand lobe foliacé de la rame ventrale atteignent leur taille définitive, puis vient la languette massive de la rame ventrale qui n’a pas subi de changement, et le cirre ventral entouré à sa base par un lobe supérieur en massue et une lamelle foliacée suborbiculaire inférieure (fig. 101). Aux 2 rames il y a un éventail de soies nataloires au milieu desquelles per- sistent, à la rame inférieure, 2 ou 3 soies en arête homo- zomphe (1). Vers le 70" segment, presque jusqu'à la fin du corps, il se mêle aux soies natatoires de la rame dorsale, 1 ou 2 soies en serpe homogomphe comme celle qui à été décrite pour la forme Néréidienne. Peu à peu les soies en arête homogomphe deviennent plus nombreuses à la rame inférieure ; il y en a 22 au 97° segment, et jusqu’à 45 au 114%. Puis le nombre en diminue (22 au 150°° segment) et elles disparaissent aux derniers segments 1l n’y a plus que des soies natatoires aux 2 rames. Le corps se termine par un segment anteanal rudimentaire et par un segment anal nu avec 2 cirres ventraux longs de 5 millimètres et un anus terminal entouré d’une houppe de nombreux cæcums cylin- driques (fig. 98).

Le sang afflue dans les vaisseaux et les cæcums des la- melles foliacées des 2 rames qu'il colore en rouge.

Les dents des mâchoires très émoussées sont à peine dis- tinctes. Quant aux paragnathes, ils sont disposés comme dans la forme Néréidienne : il y en a 4 de chaque côté.

Les spermatozoïdes très petits (fig. 99) remplissent la cavité du corps dans la 2*° région. Ils ont en avant une petite dent semblable à celle que figure Claparède pour les

(1) Les soies natatoires dans les formes hétéronéréidiennes, quoiqu'il y en ait aux deux rames, ne suffisent pas comme chez les Syllidiens, il n'y en àa mème qu'à une rame nouvellement formée, pour assurer la locomo-

tion rapide d'un animal beaucoup plus gros qu'un Syllidien. Les grands lobes foliacés des pieds viennent s’y joindre, servant de nageoires.

310 | DE SAINT-JOSEPH.

spermatozoïdes de la forme Hétéronéréidienne de la P/a- tynereis Dumerilu et de la Perineress cultrifera.

Comme dans la forme Néréidienne, il y a aussi 3 fais- ceaux laléraux de muscles longitudinaux ventraux, mais ici les 2 faisceaux supérieurs sont devenus très petits, tandis que les muscles obliques allant aux pieds, et partant des 2 côtés de la chaîne nerveuse et non en dessous, ont pris une importance considérable en rapport avec les fonctions natatoires de l'animal transformé (fig. 100).

Manche (Saint-Vaast, Saint-Malo d’après Grube, Viller- ville) (1). Pas-de-Calais (Boulogne). Mers du Nord. Dra- guée à 2 304 mètres de profondeur dans l’expédilion du Por- cupine (Ehlers).

GENRE PERINEREIS Kbg. (inc/. NAUMACHIUS Kbg., LIPE- PHILE Mgr., HEDYLE Mgr., HEDISTE Mgr. p. p., STRATONICE Mgr., NEREILEPAS (Blv.) sensu Johnst. Mgr., nec OErst., nec Qfg., nec Kbg. p. p.).

Dans mon travail sur les Annélides Polychètes des côtes de Dinard, j'avais adopté le genre Lipephile Mgr. comme sous-genre pour les espèces n'ayant qu'un seul paragnathe linéaire de chaque côté de la partie basilaire dorsale de la trompe extroversée, mais il est préférable de s'attacher à la forme plutôt qu’au nombre de ces paragnathes et de faire rentrer dans le sous-genre Perinereis Kbg. toutes les espèces ayant un nombre quelconque de paragnathes de cette sorte.

PERINEREIS OLivEIRÆ Horst (2). PI. XVIL, fig. 102-106.

Je trouve la P. Oliverræ entre les feuillets des roches cal- caires à Saint-Jean-de-Luz près de Sainte-Barbe et dans les

(4) Hearder (The Zoologist, t. XXIIT, 1865, p. 9630) cite la forme hétéroné- réidienne comme apparaissant par millions à Plymouth et disparaissant rapidement, poursuivie et dévorée par le Gadus Pollachius L.

(2) Horst, Contributions towards the Knowledge of the Annelida polychæta. III. On species of Nereis belonging to the sub-genus Perinereis (Notes from the Leyden Museum, t. XI, 1889, p. 164, et pl. VIE, fig. 1-5).

ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. s41

Melobesia agariciformis, entre Saint-Jean-de-Luz et Guéthary, et à la pointe de Sainte-Anne, près d'Hendaye.

Forme Nérédienne. Le corps coloré en vert ou en brun verdâtre, quelquefois avec 2 raies transversales bru- nes à chaque segment de la parlie antérieure, a 9 ou 10 centimètres de long sur 4 millimètres de large en avant et 120 segments. Quelques exemplaires, tout en ayant le même nombre de segments, atteignent une plus grande taille (14 cent. de long sur 5 mill. de large en avant).

La tête (fig. 102) a une base large et arrondie, sur laquelle sont placés les 4 yeux disposés en carré et se ter- mine par une partie reclangulaire avec 2 courtes antennes à l'extrémité antérieure; les 2 gros palpes dépassent beau- coup les antennes. La paire de cirres tentaculaires la plus longue atteint le 2*° ou 3°° segment sétigère. Le segment buccal n’est pas tout à fait deux fois plus haut que les suivants. Le 1* et le 2*° segment séligère n'ont, comme à l'ordinaire, qu'une seule languette dorsale et manquent de soies et d’acicule à la rame dorsale.

Les pieds des segments suivants sont tels que les figure Horst (1), avec le cirre dorsal un peu plus court que la lan- guette supérieure dorsale en cône obtus, la 2*° languette dorsale un peu plus arrondie en avant que la supérieure, la languette ventrale plus cylindrique et le cirre ventral court; souvent cependant le cirre dorsal dépasse la lan- guette dorsale supérieure. La rame ventrale a 3 lèvres superposées : une inférieure ronde, large et peu saillante, une médiane petite, et une supérieure plus grosse el plus saillante que la médiane. Il y a des soies en arête homo- gomphe seulement à la rame dorsale, des soies en arêle homogomphe et 2 ou 3 soies en serpe hétérogomphe au faisceau supérieur de la rame ventrale sortant entre la lèvre inférieure et la lèvre médiane, et rien que des soies en serpe hétérogomphe au faisceau inférieur, entre la lèvre

(4) Loc. cit., fig. 1.

312 DE SAINT-JOSEPH.

inférieure et la lèvre supérieure. Vers le 8*° à 10%° seg- ment, apparaît à la rame dorsale une tache brune à laquelle il vient s’en Joindre peu à peu plusieurs autres surtout au bord supérieur de la rame. Dans les deux derniers tiers du corps, la partie supérieure de la rame dorsale (fig. 103) grossit comme chez la Nereis fucata Sav., et la languette dorsale supérieure devient plus pointue. Les cirres anaux ventraux sont longs de 2 millimètres.

Les mâchoires très noires ont 5 dents. À la partie basi- laire dorsale de la trompe exlroversée (fig. 104), les 2 grou- pes latéraux [VI).se composent de paragnathes transver- saux linéaires un peu ébréchés au bord inférieur et dont le nombre, comme l’avait déjà indiqué Horst, est irès varia- ble, ce qui me paraîl assez caractéristique de l'espèce. Tantôt il y en a 1 ou 2 de chaque côté, tantôt 4 à gauche, et 3 à droite ou réciproquement, tantôl 3 à droite et 2 à gauche ou 7 à gauche et 5 à droite. Au-dessous de ces para- gnathes transversaux, se trouve 1 paragnathe isolé médian conique (V). À la partie maxillaire dorsale, il y a 2 groupes latéraux (Il) de 10 à 16 paragnathes coniques sur 3 rangées obliques et un médian (1) de 2 ou 3 paragnathes isolés super- posés. À la partie basilaire ventrale (fig. 105), les groupes VIT et VIIT fusionnés font une double ceinture d'environ 40 à 46 paragnathes en tout, tous de même taille. À la partie maxillaire, les 2 groupes latéraux (IV) se composent cha- cun de 38 à 46 petits paragnathes sur 5 à 9 rangées obliques, et le groupe médian (III) de 25 à 27 forme un rectangle flanqué de chaque côté de 3 ou 4 paragnathes qui en sont isolés.

Forme Hétéronéréidienne femelle. Le corps de 111 seg- ments séligères a 10 centimètres de long sur 6 millimètres de large dans la 1" région et 7 millimètres dans la 2”°. La tête a de chaque côté 2 yeux énormes el presque coa- lescents. La 1” région, qui comprend les 20 1°" segments, est parsemée de vert; à la 2°, il ne reste plus qu’un point noir à la base de chaque pied et tout le dos est rosé comme

ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 313

les pieds. Les pieds de la 1" région sont néréidiens, sauf aux 6 1°* segments sétigères le cirre dorsal cylin- drique épais se termine brusquement en pointe {rès fine, tout comme le cirre ventral. La 2"° région commence au 21*° segment (20° séligère) les pieds prennent la forme héléronéréidienne, exactement figurée par Horst (1). Les 35 à 39 derniers segments sétigères et le segment anal qu'on pourrait presque regarder comme une 3*° ré- gion ont la forme néréidienne. Mais il faut admettre plutôt que la transformalion ne s’y est pas encore pro- duile. Aux derniers segments, le cirre dorsal sortant de la partie dorsale renflée de la rame dépasse la languette supérieure dorsale de 0**,14. Les œufs gris ont 0°*,30 de diamètre.

Forme Hétéronéréidienne mâle. Horst n'avait pas ren- contré celte forme qui est plus petite et plus mince que la forme hétéronéréidienne femelle, ayant 107 segments, 6 centimètres de long sur 4 millimètres de large dans la 1 région, 5"",5 dans la et 2°°,5 à la fin du corps.

Les yeux sont devenus énormes. La 1” région est restée verte, et à la 2*° région qui est rosée, il n’y a plus que des iraînées ou un seul point d’un vert sombre à la base de chaque pied. A la 1" région les pieds ont la forme néréi- dienne, sauf aux 6 qui ont un cirre dorsal et un cirre ventral particuliers semblables à ceux des 6 de la forme hétéronéréidienne femelle. Au 17*° sétigère, il se forme un petit lobe arrondi foliacé au-dessus du cirre dorsal, qui de- vient légèrement crénelé sur le bord interne. Au 20° séti- gère, commence la 2*° région, le pied hétéronéréidien prend sa forme définilive (fig. 106) : sauf le cirre dorsal crénelé, toutes les parties sont semblables à celles de la forme hétéronéréidienne femelle et elles persistent, quoique le pied devienne beaucoup plus petit, jusqu'au segment anteanal. Lorsque la transformation n’est pas encore

MeLoc "et. fig. 3.

314 DE SAINT-JOSEPH.

x

complète, il n’y à de soies natatoires à aucun des seg- ments de la région et les 17 derniers ont la forme néréidienne.

Le segment anal est précédé d'un anteanal rudimentaire, et l’anus central est entouré d’une houppe de cæcums moitié moins longs (0"*,24) que ceux que j'ai figurés pour la forme hétéronéréidienne mâle de la P. eultrifera (fig. 114). Les 2 cirres anaux placés du côté ventral sous la houppe ont 1*°,60 de long. |

Dans les deux formes héléronéréidiennes mâle et femelle, les mâchoires et les paragnathes sont semblables à ceux de la forme néréidienne. Les muscles ont un axe pointillé.

Atlantique (côtes du Portugal).

PERINEREIS LONGIPES N. S.

? NEREIS CRASSIPES Qfg. Quatrefages, Hist. nat. des Annel., t. 1, p. 550. Grube, Bemerk. über Annel. des Pariser Museums (Archiv fur Naturg., 1870, p. 305).

PL. XVII, fig. 107-112.

À Guéthary el à Sainte-Barbe dans la baie de Saini-Jean- de-Luz, sous les pierres ; à la pointe de Sainte-Anne près d’ Heu dans les Melobesia agariciformis.

Le corps d’un vert assez foncé uniforme du côté dorell est blanc du côté ventral. Les plus petits exemplaires ont 25 Des à de long sur 1**,75 de large, rames compri-

, les plus grands déjà mûrs, contenant des éléments era 6 centimètres de long sur 3*°,5 à 4 millimètres de large, rames comprises, avec 96 à 100 segments.

La tête se rapproche beaucoup de celle que figure Clapa- rède pour la Perinereis à Clp. (1). La base très large, arrondie sur les côtés, avec 4 yeux disposés en carré, est sur- montée d’une partie antérieure allongée et plus étroite dont le bord frontal porte 2 courtes antennes dominées par 2 gros palpes massifs plus de deux fois plus hauts que les antennes.

(4) Suppl. aux Annél. du golfe de Naples, pl. VIE, fig. 1 4.

« um" ÉRE

ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. D

Un organe nucal est au-dessous de chacun des 2 yeux inférieurs, semblable à celui de la P. cultrifera (voir p. 317), confinant à la limite antérieure du segment buccal achète.

Ce segment deux fois plus haut que les suivants, à des cirres tentaculaires courts dont la plus longue paire dépasse les palpes de 0”*,2 et rabattue sur le dos, recouvre les 3 segments. Aux 2 1°* segments sétigères, la rame supérieure des pieds, comme à l'ordinaire, n’a qu'une lan- guette dorsale et manque de soies et d’acicule.

Aux 38 à 40 segments suivants (fig. 107), le cirre dorsal dépasse légèrement la rame supérieure qui a 2 languettes. La rame ventrale a 3 lèvres superposées semblables à celles déjà décrites pour la Perineres Oliverz; elles sont suivies d'une languette ventrale peu importante et d'un cirre ven- tral près de moitié plus court que le dorsal. Du 40 au 42*°seg- ment jusqu'au 60 ou 62*°, la rame supérieure parcourue par un vaisseau recourbé dont les 2 branches sont reliées par de nombreuses anses transversales, grossit beaucoup et pousse en avant le cirre dorsal et la languette supérieure dor- sale (fig. 108). Du 60 au 62*° segment jusqu'à la fin du corps, les segments sont moins hauts et plus serrés et le corps diminue progressivement de largeur et s’aplatit ; la rame supérieure toujours parcourue par un vaisseau en anse devient beaucoup plus longue et plus mince, et à son extré- mité antérieure le cirre dorsal presque terminal domine la languette dorsale extrêmement réduite (fig. 109). Dans tout le corps c’est la rame supérieure et la languette supérieure dorsale qui seules ont été successivement modifiées, les autres parties du pied n'ayant pas varié.

Partout 1l y a à la rame dorsale un faisceau de soies en arête homogomphe, et à la rame ventrale un faisceau su- périeur de soies en arête homogomphe et de soies en serpe hétérogomphe très courte, el un faisceau inférieur de soies en serpe hétérogomphe seulement.

Le segment anal se termine par 2 cirres ventraux courts n'atteignant que 0"*,54 chez les gros exemplaires.

316 DE SAENT-JOSEPIT.

Les 2 mâchoires ont 8 à 12 dents dont les 4 à 5 inférieures noyées dans une lame de chitine mince et transparente. A la partie basilaire dorsale de la trompe extroversée (fig. 110), le groupe VI est représenté de chaque côlé par un gros paragnathe transversal (fig. 111), le groupe médian V par un gros paragnathe conique relié de chaque côlé au paragna- the transversal par 5 à 7 paragnathes coniques moins gros, au-dessous desquels sont placés de très nombreux paragna- thes extrêmement petits. A la partie maxillaire dorsale, il y a 13 paragnathes à gauche et 10 à droile rangés en lignes obliques parallèles, ou 18 à gauche et 20 à droite, ou 13 de chaque côté aux deux groupes latéraux (Il) et 2 gros paragna- thes superposés au goupe médian {).

À la partie basilaire ventrale (fig. 112), la ceinture de paragnathes des groupes VIT et VITL forme plusieurs zigzags les paragnathes du 1” rang, surlout celui du sommet de chaque angle, sont plus gros que les très fins et excessive- mentnombreux paragnathes parsemés en dessous. Ce groupe s'étend jusqu'aux gros paragnathes transversaux de la partie basilaire dorsale. À la partie maxillaire ventrale, les 2 grou- pes latéraux (IV) se composent de 40 à 46 paragnalhes envi- ron de chaque côté répartis sur 4 à 5 rangées obliques parallèles, et le groupe médian (Il) de 25 à 27 paragnathes disposés en rectangle sur 4 à 5 rangées transversales parallè- les, flanquées de chaque côté de 2 ou 3 paragnathes isolés superposés.

Les femelles ont des œufs gris de 0"*,20 de diamètre et les mâles sont remplis de plaques de cellules spermatogènes et de spermalozoïdes. Je ne rencontre pas de forme hété- ronéréidienne.

Cette espèce est voisine de la P. macropus Clpd. qui lui ressemble par la coloration, la forme de la tête, des soies et des pieds de la région antérieure el postérieure. Mais elle en diffère par la taille qui est plus petite, les exemplaires mürs n'ayant que 100 segments au lieu de 160 ; les pieds de la région moyenne dont Claparède ne parle pas ont la

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ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. m7

rame supérieure plus haute el plus renflée; enfin les paragna- thes du groupe V et ceux des groupes VIT et VIIT ne ressem- blent en rien à ceux que représente Claparède.

La trompe de la P. longipes se rapprocherait plutôt de celle de la Perinereis Marionu Aud. et Edw. sur laquelle règne toutefois une certaine obscurilé, la trompe de l’exem- plaire type d'Audouin et Milne Edwards ayant disparu. Mais la P. Marion a 3 languettes dorsales, est de taille plus considé- rable et les rames supérieures y forment presque sur tout le corps de larges palettes qui ne s’allongent pas comme chez la P. longipes.

Celle-ci pourrait plutôt se confondre avec la Nereis cras- sipes Qfs. que J'ai examinée dans la collection du Muséum et dont Quatrefages donne une description exacte (1). Elle à la même tête, les mêmes mâchoires à 8 dents, les soies de même forme et distribuées de même, la même languette dorsale à la fin du corps, moins développée toutefois que chez la P. longipes. Mais je n'ai pu vérifier les paragnathes de la trompe qui, d’après Quatrefages, sont en pelit nombre, et d’après Grube (2), ressemblent à ceux de la P. Marionü.

J'ai examiné aussi dans la collection du Muséum 4 tubes renfermant des Veres microcera Qfg. Celle d’un de ces tubes est. une À. crassipes et celles de 3 autres lubes, dont un venant de Guéthary, sont des Nereis pelagica. Cette espèce de Quatrefages me semble donc devoir disparaître.

PERINEREIS CULTRIFERA Gr. (3).

L’organe de la nuque est indiqué de chaque côté de la base de la tête, au-dessous de la paire d’yeuxinférieure, par

(1) Hist. nal. des Annel., t. I, p. 550.

(2) Grube, Bemerk. über Annel. des Pariser Museums (Archiv für Naturg., 1870, p. 305). Je ne pense pas, comme le voudrait Grube, que la N. cras- sipes soit la P. Marionii jeune. La forme de la rame supérieure colossale de la P. Marionü n'est pas la même que celle de la N. crassipes, qui n’a pas les trois languettes dorsales de la P. Marioni, comme il a été dit plus haut.

(3) Voir Lipephile cultrifera : Les Annél. polych. des côtes de Dinard, 2me partie (Ann. des sc. nat., 7% série, t. V, 4888, p. 260, et pl. XI, fig. 128- 129) et 4e partie (Ibid. t. + 1895, p. 215).

318 DE SAINT-JOSEPEIEE.

une fossette oblongue garnie de cils vibratiles et bordée tout aulour par un repli de la cuticule.

FORME HÉTÉRONÉRÉIDIENNE.

LIPEPHILE CULTRIFERA Gr. Claparède, Suppl. aux Annél. du golfe de Naples, p. 78 (1), et pl ML eu Reid

PI. XVIL, fig. 143-114, et pl. XVIIL, fig. 115-146.

Sous les pierres à Saint-Jean-de-Luz près de Sainte-Barbe et dans les Melobesia agariciformis à la pointe de Sainte-Anne près d’Hendaye, je trouve au mois d'avril 1897 plusieurs exem- plaires des formes héléronéréidiennes mâle et femelle de la P. cultrifera, auxquels je puis en joindre un de la forme hélé- ronéréidienne femelle rapporté de Villers par M. Adrien Dollfus.

Forme Hétléronéréidienne femelle. Le corps composé de 96 segments en tout est long de 8 centimètres sur 6 mil- limètres de large dans la région et 7 millimètres dans la 2" qui n’a plus que 3 millimètres à la fin. La transition se fail assez insensiblement entre les 2 régions.

La tête(2),oùles2 yeux de chaque côté sont devenus énormes et presque coalescents, est d’un vert sombre comme les 3 ou 4 segments suivants. Dans le reste de la 1" région, iln ya plus de chaque côté des segments qu’une raie transversale pres- que noire devenant de plus en plus mince; à la 2°° région qui est rosée, celte raie n’est plus qu’un point noir à la base de chaque pied. Le plus long des cirres Lentaculaires rabattu sur le dos atteint Le segment séligère. La mâchoire et les paragnathes de la trompe sont semblables à ceux de la forme néréidienne. Les œufs gris qui remplissent tout le corps ont 0"",30 de diamètre.

Le segment buccal est deux fois plus haut que les autres. Les 19 segments qui le suivent ont la forme néréidienne sauf qu'aux 6 1°" le cirre dorsal cylindrique est pincé brus-

(4) On trouvera la bibliographie de la forme hétéronéréidienne à la page 75 du Mémoire de Claparède. (2) Voir Claparède, loc. cit., fig. 1 v.

ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 319

quement avant son extrémité antérieure pour finir en pointe fine et qu'il en est de même au cirre ventral toutefois la pointe fine terminale est beaucoup plus courte qu’au dorsal. Le 1‘ el le 2°° de ces segments n’ont qu’une languette dor- sale à la rame supérieure qui manque d’acicule et de soies. Aux 20° et 21*° segments séligères, un petit lobe foliacé apparaît au-dessus du cirre dorsal et 2 lobes foliacés entou- rent le cirre ventral. Au 22”° séligère, la forme hétléronéréi- dienneavec les soies natatoires est complète et il n’y reste plus comme aux suivants, que 2 ou 3 soies en arêle homogomphe au faisceau inférieur de la rame ventrale (fig. 115). C’est que commence réellement la région. La forme néréi- dienne reparaît aux 9 ou 10 segments postérieurs, qui sont déjà précédés de 5 ou 6 segments hétéronéréidiens sans soies natatoires. Le cirre dorsal mince et subulé a 0°",60 de long.

Le segment anal cylindrique haut de 0**,48,et moins large que les autres, précédé d'un petit segment anteanal sétigère rudimentaire, a de chaque côté 3 bourrelets qui sont peut- être des ébauches de segments. L'anus terminal est fes- tonné au bord avec 2 cirres anaux longs de 3*°,60 qui ont à leur base une tache brune (fig. 113).

Forme Hétéronéréidienne müäle. Le corps a 7 centimè- tres de long sur 6 millimètres de large dans la 1" région el 8 millimètres dans la 2**°; d’où il résulte que les 2 régions sont plus tranchées que dans la forme précédente, avec une coloration semblable, mais un peu plus foncée. La tête, les cirres tentaculaires, les paragnathes et la région sont les mêmes, seulement les cirres dorsaux des 6 1°* segments sétigères ont une base cylindrique plus massive avant la pointe eflilée (fig. 116).

La 2°° région remplie de spermatozoïdes commence avec le 20°° segment séligère les pieds ont la forme hétéroné- réidienne qu ils conservent jusqu'au segment anteanal. Cette forme est toute semblable à celle de la figure 115, avec cette seule différence que le cirre dorsal est crénelé du côté

320 DE SAINT-JOSEPH.

interne. Le segment anal deux fois moins large que les autres et précédé d’un segment anteanal séligère rudimentaire, est hérissé de 40 à50 cæcums cylindriques longs de 0°°,48, faisant houppe autour de l’anus terminal ; 2 cirres anaux ventraux longs de 3°°,60 sont placés au-dessous de la houppe (fig. 114). |

FAMILLE DES PHYLLODOCIENS Cr.

GENRE PHYLLODOCE Sav.

PanYLLODOCE PAPULOSA N. S.

PL XVII Ro MITA

Caractère distinctif : rangées longitudinales de papules d'un rouge brun caractéristiques à la parlie antérieure de la trompe extroversée.

Plusieurs exemplaires trouvés à Dinard dans le sable à la plage des Bains.

L'un d’eux incomplet a 37 centimètres de long ; les autres complets, 17 à 24 centimètres sur 3 millimètres de large en avant, rames comprises, et 4 millimètres au milieu du corps. Les segments sont extrêmement serrés et un exemplaire de 24 centimètres en a plus de 700. Le corps mince et plat est de couleur pâle avec des raies transversales très fines, brunes ou bleues au dos de chaque segment (fig. 117). La têle cordiforme échancrée en arrière a 4 très peliles anten- nes (fig. 118). La 1" paire de cirres tentaculaires est placée au-dessous d'elle sur le segment buccal invisible du côté dorsal ; la 2°° et la 3°° paire, cette dernière qui est la plus longue (4*") et recouvre les 18 segments suivants, sont placées sur le 2%° segment: elles ont chacune un acicule dans leur base, mais Je ne découvre pas de soies entre les deux; elles sont peut-être tombées. La 4*° paire est au 3*° segment accompagnée d’un rudiment de pied avec aci-

Le M mnit

ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 321

cule et soies et d’un petit cirre ventral. Cette répartition des cirres Lentaculaires est semblable chez la Ph. splendens N.S. elle est très difficile à démêler. Il faut rectifier dans ce sens la descriplion que j'en ai donnée (1). Tous les seg- menis suivants ont des cirres dorsaux foliacés, obliquement cordiformes, de 1 millimètre de diamètre environ en avant devenant deux fois plus grands dans la partie médiane du corps ils ont une bande de longs cils vibratiles, à la face ventrale (fig. 119). Ces cils disparaissent aux cirres dorsaux de l'extrémité inférieure du corps qui deviennent ovales (fig. 120). Entre les 2 mamelons terminaux du pied qui con- tient un acicule sort un éventail de 20 à 25 soies composées, semblables à celles de beaucoup de Phyllodoces avec hampe garnie à son extrémité antérieure de petites épines et article terminal mince finement dentelé long de 0°",35.

Les cirres ventraux foliacés sont plus ou moins lancéolés (fig. 121). Tout le canal digestif est droit. Les cirres anaux sont tombés.

La trompe (gaine pharyngienne de M. Gravier) (2) au repos descend jusqu’au 28°° segment et l'estomac (trompe pharyn- gienne de M. Gravier) qui y fait suite s'ouvre dans le ven- iricule au 48**°. Elle se divise en 2 parties. La partie anté- rieure, la plus rapprochée de la bouche, estcouverte de petites papilles rondes distribuées en 24 à 30 rangées longitudinales qui finissent par n'être plus qu'au nombre de 12 (6 de cha- que côté) ayant chacune 3 ou 4 papilles trois fois plus grosses que les précédentes. La partie postérieure qui suit immédiatement ces grosses papilles à 6 rangées longitudi- nales de 7 à 9 papules sessiles, oblongues, espacées, colo- rées en rouge brun et renfermant chacune une grande quantité de bâtonnets de même couleur, longs de 0**,056. L'estomac dont l'entrée est couronnée de 16 papilles est un

(1) Annél. polych. des côtes de Dinard, 2m partie (Ann. des sc. nat., que série, t. V, 1888, p. 279).

(2) Voir l’intéressant mémoire de M. Gravier, Recherches sur les Phyllo-

dociens (Bull. scient. de la France et de la Belgique, t. XXIX, 1897, p. 293 à 389, et pl. XVI à XXII.

ANN. SC. NAT. ZOOL. vs. 21

322 DE SAINT-JOSEPH.

long tube rond à muscles circulaires puissants, lisse à l’ex- térieur el dans l'intérieur duquel font saillie 6 bourrelets longitudinaux équidistants formés, d’après M. Gravier, de tissu conjonctif recouvert de hautes cellules épithéliales. Lorsque la trompe est extroversée, les 16 papilles de l’en- irée de l'estomac sont projetées en avant, l’estomac est coiffé par la partie postérieure de la trompe avec ses papules, puis par sa partie antérieure qui se trouve alors la dernière (fig. 118). |

M. Gravier insiste avec raison sur la présence du ventri- cule chez les Phyllodociens elle avait déjà élé signalée par Claparède pour son £ulalia pallida et son Anais lineata. On le confond souvent facilement avec l'intestin, mais c'esi à sa paroi extérieure que sont fixés les muscles protracteurs el rétracteurs qui font saillir ou rentrer la trompe el l'estomac; de plus, il est uni, tandis que l'intestin est étranglé à chaque dissépiment. Chez la Ph. papulosa, l'in- térieur en esi tapissé de papilles glanduleuses plus basses, plus serrées et moins colorées en jaune brun que celles de l'intestin. Il occupe les segments 48 à 62. L'intestin s'étend du 63"° segment au segment anal il débouche par un anus dorsal.

PHYLLODOCE BRUNEOvVIRIDIS N. $.

PI. XVIII, fig. 122-193.

Un seul exemplaire trouvé sur la plage d'Arcachon.

Le corps, de couleur vert brunâtre, a 8 centimètres de long sur 2 millimètres de large, cirres compris, et compte 188 segments ; 1l se termine par 2 cirres anaux cylindriques longs de 1°",30.

La tête à 4 antennes est arrondie avec une échancrure pos- térieure peu marquée (fig. 122). Le segment buccal invisible du côté dorsal porte la 1" paire de cirres tentaculaires lon- gue de 0"",84; au 2”° segment se trouvent la 2" et la 3*° paire, entre lesquelles je ne vois pas de soies, la 2"° ayant

en ft lan mmhe "gr ae

ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 323

0"",84 de long et la 3%° 1°",30; la paire accompagnée d’un rudiment de pied et d'un cirre ventral est au seg- ment. Les cirres dorsaux en ovale ailongé lerminés en pointe obluse remplis de granules verts et bruns (fig. 123), com- mençant au segment, mesurent 1"",12 de long sur 0°",65 de large ; à partir du 30*° à 32° segment, ils ont une bande de cils vibratiles longitudinale en dessous. Les cirres ventraux sont semblables aux cirres dorsaux, mais moitié plus petits.

La hampe des soiesest garnie de petites épines et l’article terminal long de 0°*,13.

La trompe au repos a 6 rangées (3 de chaque côté) longi- tudinales d'environ 20 petiles papilles rondes. L’'estomac qui y fait suite dans le 13°° segment est couronné de 16 ou 17 papilles rondes plus grosses auxquelles correspon- dent autant de bourrelets longitudinaux, les uns très minces, les autres plus épais. Les plus minces disparaissent bientôt et à l'extrémité inférieure de l'estomac 1l n’en reste plus que 6 gros. Lorsque la trompe est extroversée (fig. 122), la couronne des papilles de l'estomac est en avant, suivie des 6 rangées longitudinales de petites papilles de la trompe. Le ventricule occupe 10 segments du 28" au 37*° com- mence l'intestin qui est tapissé intérieurement de papilles plus longues et plus floconneuses que celles du ventricule.

Chez cetle espèce, la trompe proprement dile est courte et n'a qu'une seule région à rangées de papilles à laquelle l'estomac fait suite immédiatement.

PRYLLODOCE BIMACULATA N. S.

PE XVII’ fie: 13% À et 193 B.

Cette Phyllodoce, queje ramasse à Saint-Jean-de-Luz près de Sainte-Barbe, a 12 centimèlres de long sur 2 millimètres de large en avant sans les rames et 3 millimètres avec les rames et 259 segments. |

La tête est Jaune avec 2 taches noires superposées à la partie antérieure, et le corps d’un brun jaunâtre a de

324 DE SAINT-JOSEPH.

beaux reflets azurés dus aux raies transversales fines du dos de chaque segment; le ventre jaune brun, moins brillant que le dos, à une tache noire à la base de chaque pied. Les cirres tentaculaires incolores ont de courtes raies longitu- dinales noires interrompues et les cirres dorsaux des trai- nées noirâtres en éventail, ce qui donne aux deux côtés de l'animal une apparence cendrée.

La tête à 4 petites antennes renflées est fortement échan- crée en arrière avec un bouton occipital assez indistinct (fig. 123 A). Les 4 paires de cirres tentaculaires sont distri- buées comme dans l'espèce précédente, la plus longue attei- gnant 1**,56. Les cirres dorsaux ovales à pointe moins obtuse que chez le Ph. bruneonridis ont 1**,44 de haut sur 0*°,84 de large (fig. 123 B), les cirres ventraux de même forme 0*°,84 de haut sur 0°*,36 de large. Les 2 cirres anaux sont cylindriques. La hampe des soies garnie de petites épines à son renflement antérieur est surmontée d’un article terminal finement dentelé au bord de 0**,168 de long.

La trompe au repos à 8 rangées longitudinales (4 de cha- que côté) d'environ 22 petites papilles plulôt rectangulaires que rondes. L'estomac qui y fait suite directement du 15*° segment au 35° est couronné de 16 (?) papilles rondes. Le ventricule presque lisse occupe les segments 36 à 44 el l'intestin revêtu intérieurement de rangées transversales de grosses papilles carrées commence au 45”.

Une Phyllodoce du Plateau du Four près du Croisic dont je n'ai que la partie antérieure longue de 20 centimètres sur 2"*,20 de large en avant, rames comprises, avec 297 seg- ments, se rapproche sous bien des rapports de la PA. bima- culata. Le corps mince et plat a 2 raies transversales brunes superposées au dos de chaque segment, l’une beaucoup plus longue que l’autre. La tête échancrée en arrière n’a pas de bouton occipital. Les cirres tentaculaires sont répartis comme chez la PA. bimaculala ; les cirres dorsaux sont cordiformes, longs de 2°°,40 sur 1°°,80 de large. Quant à la trompe au repos, elle est semblable à celle de la PA. bimaculata, s'éten-

Se

ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 329

dant jusqu’au 14*° segment avec 8 rangées longitudinales de 20 à 22 papilles assez peu distinctes. L'estomac est couronné de 12 papilles et s'étend du 14° au 39*° segment.

Chez la PA. bimaculata, comme chez la PA. bruneoviridis et chez la Phyllodoce du Croisie, la trompe proprement dile est courte et n’a qu'une seule région à rangées de papilles à laquelle l'estomac fait suite immédiatement.

C'est un caractère dont 1l faudra tenir compte si on arrive à classer les Phyllodoces d’après la forme de la trompe : trompe courte à une seule région dont les papilles ne sont pas séparées de l'entrée de l'estomac par une ré- gion nue, ou à plis rugueux, ou à grosses papules.

PYLLODOCE GROENLANDICA OErst. (1).

PayLLODOCE GROENLANDICA OErst. Quatrefages, Hist. nat. des Annel., t. II, 1865, pS'1ET.

Malmgren, Nord. Hafs Annul., 1865, p. 96. Ann. polych., 1867, p. 143, et pl. IT, fig. 9.

—— G. O. Sars, Bidrag til kundskab om Christianiafjordens fauna (Nyt. Mag., t. XIX, 1873, p. 223).

= Tauber, Ann. Danica. Copenhague, 1879, p. 87.

Theel, Annél. des mers de la Nouvelle-Zemble (K. Svenska Vetens. Akad. Handlingar, t. XVI, 3, 1879, p. 31).

Grube, Mitth. über die Familie der Phyllodoceen und Hesioneen (Jahres. der Schles. Gesells. für 1879. Breslau, 1880, p. 214). |

= Wiren, Chætopoder fran Sibiriska ishafvet och Beringshaf insamlade under Vega exped. (Vega-Exped. Vet. Jakt- lag, t. II, 1883, p. 400).

_ Michaelsen. Die Polychætenfauna der Deutschen Meere (Wiss. Unters. der Komm. der Deutschen Meere und der biol. Anstalt auf Helgoland, t. IT, Heft 1, 1896, in-fol., p. 32).

PI. XVIIL, fig. 124-126.

Cette espèce semble êlre assez commune à Villers M. Adrien Dollfus la trouve dans le sable.

Le corps a 13 à 18 centimètres de long dans l'alcool sur 5 à 7 millimètres de large, rames comprises, et 332segments. Le dos de chaque segment à une jolie coloration se rappro-

(4) OErsted, Grünlands Annulata dorsibranchiata. Copenhague, 1843, in-4, p. 192 et fig. 49, 21, 22, 29-32.

320 DE SAINT-JOSEPH.

chant de celle de la PAyllodoce papulosa : 3 raies transver- sales parallèles, les 2 inférieures plus longues d’un brun clair, la supérieure plus courte et bleue (fig. 124). Tous les cirres parsemés de taches foncées élant devenus uniformément bruns dans l'alcool, je ne puis dire quelle en est la couleur chez l’animal vivant. 1

La têle cordiforme un peu plus large que haute est très échancrée en arrière avec un bouton occipital placé dans l’échancrure. Les cirres tentaculaires sont répartis comme chez la Phyllodoce papulosa. Von Marenzeller avait déjà constaté celte répartilion chez la PA. Groenlandica (1). La paire la plus longue recouvre les 8 ou 9 1°* segments.

Les piedsontétéexactement représentés par Malmgren. Les cirres dorsaux se dressent tout droits de chaque côté dans la partie antérieure du corps et y sont plutôt cordiformes. À partir du 30°° segment, devenus plus grands et subrec- tangulaires, ils se rabattent sur le dos; ils sont alors garnis d’une bande de cils vibratiles du côté ventral (fig. 125); à la partie postérieure du corps, tout en restant légèrement sub- rectangulaires, ils se rapprochent de la forme de ceux des segments (fig. 126). Les cirres ventraux me paraissent être partout à peu près semblables et se lerminent en pointe acuminée. Entre les 2 lobes du pied, sort un éventail de soies au nombre de 55 à 60 dans la région médiane et de 25 environ dans la région postérieure. Ces soies sont semblables à celles de la PA. papulosa et de beaucoup d’autres Phyllodoces. Les cirres anaux cylindriques ont 1*",20 de long.

La trompe extroversée, exactement figurée par OErsted (loc. cit., fig. 21), a en avant les 17 papilles qui couronnent l'entrée de l'estomac. Elles sont suivies de 6 colonnes longi- tudinales longues de 1*",10, composées de 6 à 7 grosses protubérances rectangulaires blanches aplalies, quelquefois partiellement fendues en 2 dans le sens transversal, comme

(1) Die Polychæten der Bremer Expedition nach Ostspitzbergen (Zool. Jahrb. Abth. fir System., t. VI, 1892, p. 407).

ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 327

l'indique OErsted, empilées les unes au-dessus des autres, ayant 0°",24 de large, auxquelles font suite 12 rangées longitudinales parallèles (6 de chaque côté) composées chacune de 12 à 15 petites papilles oviformes d’un diamètre de 0°*,060. Lorsque la trompe est au repos, elle s’étend jusqu'au 12*° segment commence l’estomac qui commu- nique avec le ventricule au 37*° ou 38° segment; il est garni intérieurement de 17 bourrelets minces longitudinaux pa- rallèles. lei la trompe quoique courte, a 2 régions.

Ces exemplaires de Villers sont de moindre dimension, surtout en largeur, que certains de l'extrême Nord et chez eux la coloration du dos se rapproche de celle de la Phyl- lodoce maculata O. F. Müll. ; mais cette dernière à un nom- bre moins considérable de papilles à la trompe, les cirres ventraux arrondis et sa taille est moins considérable dans les mêmes mers. Aussi Je ne crois pas devoir suivre Tauber dans son assimilation des 2 espèces.

Océan Glacial arctique. Mers du Nord. Draguée à 225 mètres de profondeur dans l'Expédition autrichienne au Pôle Nord (1). Détroit de Davis (Expédition du Valorous).

GENRE EULALIA OErst.

EULALIA QUADRILINEATA N.S. PI. XVILL, fig. 127-130.

Caractères distinctifs : coloration particulière rappelant un peu celle de l’'Auwéolytus pictus Ehl., yeux de grosse di- mension, articles des soies très courts.

Cette jolie Euwlalia se trouve à Concarneau dans les dra- gages près du cap Coz. Un exemplaire de 17 millimètres de long à 129 segments, un autre de 18 millimètres en a 96, et un mür long de 22**,20 en a 141.

(4) Von Marenzeller, Die Cælenteraten, Echinodermen und Würmer der K. K. OŒster. Ungar. Nordpol-Exped. (Denksch. der K. Akad. der Wiss. zu Wien, t. XXXV, in-#4, 1877, p. 39 s. A.).

328 DE SAINT-JOSEPH.

Le corps large de 0"",56 sans les cirres a, sur le dos, 2 raies longitudinales violettes et à chaque segment 2 raies transversales d’un vert jaunâtre coupant les autres à angle droit ; enfin le bord des segments au-dessus des pieds est coloré en violet (fig. 127). La tête arrondie en avant, aussi large que haute, a 5 antennes dont 4 antérieures et 1 impaire placée un peu en avant des 2 yeux qui ont un diamètre de 0**,05 avec un cristallin entouré de bâtonnets piquetés de brun plus foncé à la base qu'au sommet (fig. 128).

Le segment buccal, moins large que lessuivants, porte la 1°° paire de cirres lentaculaires longue de 0"*,3 ; le 2°° seg- ment, la el la 3°° paire dont la supérieure ayant 0°°,6 est moitié moins longue que l’inférieure: entre ces 2 paires, un rudiment de pied est accompagné de quelques petites soies. Au 3*° segment la 4°° paire, aussi longue que la plus longue de la 3°° paire, est accompagnée de soies et d’un cirre ven- tral. Les cirres dorsaux d’un vert jaunâtre, foliacés et lan- céolés, qui commencent au segment, sont un peu plus forts (0**,18 de haut) au milieu du corps qu'à ses deux extrémités. Le cirre ventral ovale n’a que 0"",06 de haut. Les soies (fig. 129) ont un article très court(0"*,028), courbe, à stries obliques et finement pecliné, ce quine se voit qu’en employant les plus forts grossissements. Le corps se termine par un segment anal achète avec 2 gros cirres anaux foliacés longs de 0"*,25, sans appendice impair (fig. 130).

La trompe longue est couverte de papilles en cône obtus haules de 0°",02 et l'entrée de l'estomac, qui commence au 34°° segmentpour se recourber en anse, est couronnée de 14 papilles plus grosses et plus arrondies. Le ventricule lui fait suite au 48° segment.

Chez l’exemplaire mûr de 142 segments, les œufs d’un diamètre de 0"",082 occupent les segments 68 à 1925. Serrés dans le corps, 1ls y prennent une forme polyédrique.

ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 329

EULALIA PUNCTIFERA Gr. (4).

Un exemplaire trouvé près d'Hendaye à la pointe de Sainte-Anne.

Long de 35 millimètres sur 2 millimètres de large y com- pris les larges cirres cordiformes, avec 83 segments: la fin du corps comprend en outre 6 pelits segments régénérés. lei les 2 points en avant de la tête sont bruns, mais ceux du dos des segments sont d’un vert sombre sur fond jaunâlre.

FAMILLE DES HÉSIONIENS Gr.

GENRE HESIONE Sav. sensu Gr. (2) (incl. FALLACIA Qfe.. TELAMONE Clpd.).

HESIONE PANTHERINA Risso (3).

HESIONE PANTHERINA Audouin et Milne Edwards, Recherches pour servir à l'hist. nat. du littoral de la France, t. Il, p. 212, et pl. V, fig. 4. Règne animal, pl. XIV, fig. 4. _— Grube, Die Insel Lussin und ihre Meeresfauna. Breslau, 1864, P- 83. _ - Mac Intosh, Report on the Annel. Polych. collected by H. M. $S. « Challenger » (Reports, etc. Zoology, t. XII, p. 185 ; pl. XXIX, fig. 1, pl. XXXIL, fig. 6, et pl. XV A, fig. 10). Voyage de la goéletie Melita sur les côtes occidentales de l'océan Atlantique. Annélides polychètes, par Malaquin (Revue biol. du Nord de la France, t. VI, 1893-94, p. 411- 418). SiCULA D. Ch. Delle Chiaje, Descrizione e notomia, etc., t. I, p. 95, E t. V, p. 102, t. VIL pl. CL, fig. 2, et pl. CLV, fig. 24. Eisig, Ueber das Vorkommen eines schwimmblasenühnlichen Organs bei Annel. (Mitth. aus der Zool. Slat. zu Neapel, t. II, 1881, p. 257-268 et 298-300 ; pl. XII, fig. 1-3,et pl. XIII, en entier). Jourdan, Étude sur les épithéliums sensitifs de quelques vers annelés (Ann. des sc. nat., 1me série, t. XIII, 1892, p. 243, et pl. VI, fig. 9). Goodrich, On the nephridia of Polychæta. Part I. On He- | sione, Tyrrhena and Nephtys (Quart. microsc. Journal, 157, avril 1897,-.p. 185, et pl. VI-IX).

(4) V. Annél. polych. des côtes de Dinard, 2%° partie (Anr. des sc. nat., 72e série, t. V, p. 289, et pl. XII, fig. 455-157).

(2) Grube, Die Familie der Hesioneen (Jahresb. der Schles. Gesells. für 1879. Breslau, 1880, p. 221).

(3) Risso, Hist. nat. des principales productions de l'Europe méridionale, t. IV, 1826, p. 48.

330 DE SAINT-JOSEP1AX.

HESIONE DE SAVIGNY Costa. Costa, Description de quelques Annél. nouvelles du golfe de Naples (Ann. des sc. nat., 2me série, t. XVI, 1841, p. 268, et pl. XI, fig. 2).

FALLACIA PANTHERINA Quatrefages, Hist. nat. des Annel., t. II, p. 98.

TELAMONE SICULA Clpd. Claparède, Annél. du golfe de Naples, p. 231, et

pl. XVIIL, fig. 4.

Grube, ut suprà.

FALLACIA _ Marion et Bobretzky, Étude des Annél. du golfe de Marseille, (Ann. des sc. nat., 6me série, t. IX, p. 46, et pl. XII, fig. 28).

HESIONE STEENSTRUPIL Qfg. Quatrefages, Hist. nat. des Annel., t. II, p. 96, et pl. IX, re TE

Fabre Domergue, Sur un organisme parasite de l’'H. Steen-

strupii (Comptes rendus de la Soc. de biol., 1890, p. 37).

PL. XIX, fig. 131444.

Assez nombreux exemplaires trouvés sous les pierres dans la baie de Saint-Jean-de-Luz, près de Sainte-Barbe, et à la plage de Remardy, près de Saint-Jean-de-Luz, au-dessous de la croix d’Archiloa.

Sauf aux 2 derniers segments il est sensiblement atténué, le corps long de 5 à 7 centimètres est à peu près partout de même largeur (6 à 7 millimètres sans les pieds, 11 à 13 millimètres avec les pieds et les soies au 9°° seg- ment); le segment anteanal n’a que 3 millimètres de large el le segment anal 1 millimètre. Le côté dorsal d’un brun rougeûtre est parcouru par 8 à 10 raies longitudinales blanches qui sont coupées à angle droit par de nombreuses raies blanches transversales, de sorle que le corps paraît moucheté de brun et réticulé de blanc. Grube avait déjà relevé celte apparence réliculée. Quatre bandes blanches transversales assez larges relient l’un à l’autre les pieds des segments 2 à 5, el quelquefois ceux de presque tous les autres. Toutes ces raies el bandes blanches ne sont ni par- faitement droites, ni parfaitement unies sur leurs bords. Enfin, quelques exemplaires ont une grosse lache blanche au milieu du dos de chaque segment. Souvent la cuti- cule a des reflets irisés. La parlie médiane dorsale rendue très convexe par la trompe, l’œsophage et l'intestin, n'offre aucune séparation entre les segments ; cette séparation au contraire est profondément indiquée sur un gros bourrelet

ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 391

portant les pieds de chaque côté de la proéminence dorsale. Le dos parait alors partagé en 3 parlies : la médiane convexe et lisse, et les 2 latérales avec les bourrelets incisés entre chaque segment.

Du côté ventral, le corps presque aplati, d’un blanc nacré, est parcouru par 3 bandes longitudinales : les 2 latérales saillantes produites par les faisceaux des muscles longitudi- naux ventraux, et la médiane plane renfermée entre les deux autres, placée au-dessous de la chaîne nerveuse ventrale et dont la cuticule est parsemée d’îlots de gros pores. Ces divi- sions longitudinales du côté dorsal et du côté ventral s’ac- centuent beaucoup chez les animaux conservés dans l'alcool.

La têle un peu moins brune que le corps est échancrée en arrière en forme de cœur comme chez certaines espèces de Phyllodoces (fig. 131). Un sillon peu profond qui va de celte échancrure jusqu'au bord frontal la divise en 2 parties égales. Au-dessous de l'échancrure, il y a une marque triangulaire d'un rouge brun {fig. 133, 4). De chaque côté du front en angle obtus se dresse une très petite antenne incolore, biarticulée, non ciliée, haute de 0°*,315 sur 0"",09 de large (fig. 132). Les 4 yeux, lous avec cristallin, sont disposés en trapèze, les 2 antérieurs ayant 0"",30 dediamètre etles postérieurs 0"",15. L'organe de la nuque indiqué par un sillon cilié bordé par 2 replis de la cuticule s’étend de chaque côlé de la tête depuis l’échancrure occipitale jusqu’à la base de l'antenne (fig. 133, a, à). Sur l'animal vivant, les cils du sillon, fins et courts, ont un mouvement irès actif. La tête repose en entier sur le dos du segment buccal qui la dépasse en avant et qui porte de chaque côté 4 paires de cirres tentaculaires (16 cirres en tout). Comme l’ont remarqué Audouin et Milne Edwards, ils sont disposés en 3 rangées obliques superposées : 3, 3, 2 (fig. 134). Ils ont une base annelée dans laquelle pénètrent 4 à » acicules jaunes assez fins, et ils sont composés de nom- breux articles bien figurés par Claparède (1). Le plus long

(4) Loc. cit., pl. XVII, fig. 4 nu.

392 DE SAINT-JOSEPIT.

de ces cirres ltentaculaires qui est l’inférieur de la 27° ran- gée (fig. 134, a) mesure 13 millimètres de long et atteint le 7°° segment sétigère chez les exemplaires de 5 centi- metres, et le chez ceux de 7 centimètres qui ont leurs segments plus hauts; les moins longs ont 6 et 8 millimètres. Au segment buccal apode et achète font suite 16 seg- ments sétigères hauts de 3°*°,5 du 9*° au 14"° segment chez les exemplaires de 5 centimètres et de 4°*,5, chez ceux de 7 centimètres. Chacun des pieds (fig. 135) se compose : d'un cirre dorsal, long de 1 centimètre dès le seg- ment séligère, à nombreux articles et à large base haute de 0""42, à 12 ou 13 annelures, renfermant 3 ou 4 acicules minces d’un jaune pâle; d'un gros cylindre creux annelé, le pied proprement dit, d'où sortent les soies et dont l'entrée est dominée, du côté dorsal, par une papille bilobée (Gg. 135, a); ce cylindre formant angle droit avec le corps, long de 1°*,5 chez les animaux de 5 centimètres, el de 2 millimètres chez ceux de 7 centimètres, est moins imporlantaux2 1°"seg- ments, et surtout au qu'aux suivanis; d'un cirre ven- tral très vaguement articulé, sans base, long de 2 millimè- tres à 2°*,40, moins effilé au bout que le cirre dorsal. Les soies sont toutes d’une seule forme : composées à serpe bidentée finement plissée au bord; une pelite épine se détachant de la serpe se dirige à l'encontre el au-dessous de la dent la plus basse (fig. 136). La serpe est jaune et la hampe verdâlre. Un acicule d’un vert très sombre dont la pointe est entourée d’une massue légèrement épineuse, accom- pagne le faisceau des soies et pénètre jusqu’à la base de la pa- pille bilobée dorsale du pied sans sortir du corps (fig. 137). Après les 16 segments séligères vient un segment ante- anal apode et achète, moilié moins haut que le précédent el moins large, n'ayant qu'un cirre dorsal et un ventral de taille ordinaire. Le segment anal qui y fait suite est un gros mamelon cylindrique avec anus terminal entouré de 6 petits lobes, et 2 cirres anaux ventraux articulés à courte base longs de 13 millimètres (fig. 138)

.

ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 349

La bouche à 7 ou 8 festons du côté ventral. Tout près d'elle, à l'entrée du pharynx du côté dorsal, il y a une grosse papille en forme de mamelon (fig. 139, 4) déjà constatée et figurée par Audouin et Milne Edwards chez l'A. pantherina. Le pharynx (fig. 139, a), fixé par des mésentères (c), long de > millimètres, à parois minces, est suivi de la trompe (d) proprement dite dont les parois sont au contraire très épaisses et musculeuses el dont l'entrée lisse, ronde et co- lorée en orangé s'ouvre à peu près au milieu du segment sétigère. Longue de 5 millimètres, s'étendant jusqu'à la limite postérieure du segment sétigère, elle est recouverte à l'extérieur par une gaine de muscles longiludinaux plats bien détachés les uns des autres et fixés seulement à leur partie antérieure au pharynx el à leur partie postérieure à la limite inférieure de la trompe. C'est que du côté droit et du côté gauche, viennent s’insérer plusieurs muscles plats rélracteurs puissants (e), deux fois plus gros que ceux de la gaine et qui sont insérés à leur autre extrémité dans les parois du corps au segment sétigère.

L’œæsophage, qui est fixé de loin en loin à l'enveloppe du corps par des mésentères plus fins que ces muscles rétrac- teurs, est, comme la trompe, un gros tube cylindrique de 4 millimètres de diamètre (/), dans l’intérieur des parois duquel la séparation d’avec la trompe est indiquée par un sillon circulaire profond. L'intérieur du tube de l’œsophage est légèrement bosselé tandis que celui de la irompe est lisse. A l'extérieur il n’est pas recouvert, comme la trompe, d'une gaine de muscles flottants, mais il est entièrement lisse, sauf une large bande musculaire longitudinale qui fait saillie sur la ligne médiane dorsale et ventrale et qui se pro- longe sur la trompe (9). L'œsophage s'étend jusqu’au 12°° seg- ment séligère il communique avec le ventricule aplati et extensible (1) qui remonte jusqu’au 10*° segment séligère. commence l'intestin tapissé de glandes brunes qui des-

(4) Voir Eisig, loc. cit., pl. I, fig. 1 et 2.

334 DE SAINT-JOSEPH.

cend jusqu’à l’anus, d’abord large, puis plus étroit et main- tenu en place par des ligaments mésentériques.

Lorsque la trompe est extroversée, elle est coiffée par le pharynx qui recouvre la gaine des muscles flottants dont il a été question plus haut. Alors la grosse papille dorsale de l'entrée du pharynx se trouve maintenant tout à fail en arrière et à peu de distance en avant de la têle (fig. 131). Il en résulte que lorsque la trompe n'est pas entièrement extroversée, la papille reste cachée dans le corps, comme je l'ai observé plusieurs fois, ce qui explique pourquoi tantôt on l’a décrite, tantôt on n’en a pas parlé. La trompe proprement dite est seule projetée hors de la bouche el l’œsophage qui la suit ne sort pas du corps. Le ventricule, qui est de la lon- sueur de la trompe extroversée et qui remonte le long de l’æsophage lorsqu'elle est au repos, est maintenant entraîné en avant et permel le jeu de l’extroversion sans que l'intestin maintenu en place par les mésentères ait à y remplir aucun rôle. Au moment de l’extroversion, lout PAPE digestif est en ligne droile.

Dans le ventricule, du côté ventral, tout près de son point de jonction avec l'œsophage, viennent déboucher 2 longs lubes formés par une membrane assez mince, fixés à l’œso- phage par de courts mésentères,etse prolongeanten avant]Jus- qu'au segment sétigère ils finissent chacun en un cul- de-sac qu’un long mésentère allache à l'œsophage, dans la partie antérieure du 3”° segment sétigère, un peu au-dessous de la gaine de muscles de la trompe (fig. 139, 2). Ce sont les organes découverts par Eisig et qu’il compare à des ves- sies natatoires (1).

Lorsqu'on met l’/Æ. pantherina hors de l’eau pendant une minute à peine, elle avale de l'air que je vois passer par la bouche, l’œsophage et le ventricule dans les vessies nata- toires, et lorsqu'on la replace dans l’eau, elle surnage comme un bouchon et ne peut retomber au fond qu’au bout de fort

(4) Voir Eisig, loc. cit., pl. L, fig. 1.

ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 095

longtemps, après avoir expulsé par la bouche et aussi un peu par l'anus des quantités de grosses bulles d’air qui l'entourent comme de l’écume. Les vessies naltatoires, très distendues et transparentes lorsqu'elles contiennent de l'air, longues de 25 millimètres sur 4 millimètres de large, pendent flasques et plissées quand elles sont vides; elles sont parsemées de cor- puscules d'un vert foncé.

Les 2 connectifs œsophagiens, qui ont chacun un gros gan- glion dans le dernier liers de leur parcours du cerveau au 1°" ganglion de la chaîne nerveuse ventrale, sont colorés en rouge vif comme ce ganglion. Il en est de même pour le 1°" ganglion de la chaîne nerveuse placé sur la limite du 2*° et du 3*° segment el pour le ganglion de chacun des seg- ments suivants.

Le cordon nerveux ventral double renfermant plusieurs fibres nerveuses colossales est placé, comme il a élé dit plus haut, au-dessus de la partie plane médiane ventrale du corps. Il est séparé des 2 faisceaux de muscles longitudinaux ven- traux et de la cuticule épaisse de 0"*,014 par de très nom- breux boyaux contournés renfermant des corpuscules bacil- laires (fig. 140). Ces boyaux sont disposés en 5 groupes : 1 médian composé de boyaux courts placés entre le cordon nerveux el la cuticule et 2 latéraux de chaque côté du cordon nerveux. Chacun de ces groupes a au-dessous de lui un groupe de gros pores ovales à bords plissés bien figurés par Claparède (1). La plupart des boyaux, mais pas tous, débou- chent dans un pore (fig. 141).

La circulation du sang a été décrile en délail par Eisig. Il a décrit aussi les glandes génitales hermaphrodites. Ces glandes (fig. 142) entourent les nombreux vaisseaux en cæcum disposés en houppes autour de la base des pieds de- puis le 6” Jusqu'au 16”° segment sétigère. Formées par l’en- veloppe péritonéale des vaisseaux, elles contiennent de nom- breuses cellules spermatogènes très petites de 0*",0045 de

(4) Loc. cit., pl. XVII fig. 4, D.

330 DE SAINT-JOSEPIT.

diamètre (fig. 143) qui entourent des ovules ronds, incolores, de 0*%,016 à 0*,050 de diamètre ou des œufs mûrs, violets (fig. 144), piriformes, de 0**,084 de diamètre, fixés par leur extrémité pointue au vaisseau central. Lorsqu'on ouvre l’ani- mal vivant, ces innombrables petites bandelettes violettes sont du plus joli effet.

Je trouve sur l'animal vivant les organes segmentaires, signalés pour la première fois par Goodrich, à Lous les seg- ments, sauf les 3 1°, et placés comme il l'indique. L'organe cilié, qui peut être considéré comme un pavillon vibratile de forme particulière, est une bandelette incolore, haute de 0®*,21, à cheval sur les muscles obliques qui se dirigent de la chaîne nerveuse ventrale aux parois du corps, à peu près au milieu de chaque segment. Du côté qui enserre les mus- cles, elle est lisse; de l’autre côté, qui est tourné vers la ca- vité du corps, elle est couverte d'environ 80 plis bien figurés par Goodrich et séparés les uns des autres par un sillon large de 0**,02 garni de cils vibratiles très fins. Au-dessous des muscles obliques, du côté le plus rapproché des parois du corps, l'organe cilié entoure l’orifice cilié (0**,03 de diamètre) de l'organe segmentaire. Ce dernier assez massif, de couleur grisâtre, je ne parviens pas à découvrir les nombreuses circonvolutions figurées par Goodrich, débouche par un assez gros pore cillé au-dessous du pied.

L'Hesione sicula, d'après des exemplaires venant de Naples, me paraît être absolument la même que l'espèce de Saint-Jean-de-Luz, ayant aussi une papille dorsale à l’en- trée du pharynx et une papille bilobée dorsale à chaque pied. Ilen est de même de l’Æesione Steenstrupii, comme j'ai pu m'en assurer sur l'exemplaire de Quatrefages conservé au Muséum.

L'Hesione reticulata Von Marenz. (1) en est bien voisine.

Malaquin pense que l'A. Pantherina diffère de l'A. sicula parce qu'elle est de plus petite taille et qu'elle a des bandes dorsales jaunes transversales. Mais l’exemplaire d'A. Pan-

(1) Von Marenzeller, Stüdjapanische Annel. I. Beitrag (Denks. der K. Acad. der Wiss. zu Wien, t. XLI, 1879, in-4, p. 21, et pl. IL, fig. 45. À.).

ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. A

therina d'Audouin et Milne Edwards -est de la même taille que plusieurs des miens et je retrouve aussi souvent des bandes transversales.

Atlantique. Méditerranée.

GENRE PODARKE Ebhl.

Poparge PALLIDA Clpd. (1).

PonarkE PALLIDA Von Marenzeller, Zur Kennt. der Adriat. Annel. Iter Beitr. (Silzb. der k. Akad. der Wiss. zu Wien, in-8, t. LXIX, 1874, p. 25 S.A.). Pruvot et Racovitza, Matériaux pour la faune des Annél. de Banyuls (Archives de zool. expérim., 3m° série, t. III, 189%,

p. 423, et pl. XVIIL, fig. 77-83).

PI. XIX, fig. 145.

Un seul exemplaire mâle trouvé dans un dragage à la baie de La Forest à Concarneau, par 5 à 6 mètres de fond ; inco- lore comme l’exemplaire mâle de Claparède, long de 3°",30 sur 0**,60 de large, pieds compris sans les soies, et comp- tant en tout 18 segments dont 14 sétigères.

La tête, plus large (0°°,27) que haute (0°*,15), avec 4 veux disposés en trapèze, a 3 antennes frontales sans base dont la médiane plus courte (0**,07) et lisse et les 2 latérales plus de moilié plus longues (0"",16) et articulées ; les 2 palpes, dont la base assez large esl placée sous la tête, sont de la même longueur que les antennes latérales, plus externes qu'elles, et me paraissent vaguement articulés. Après la tête viennent 3 segments apodes, le 1* et le 2°° moins hauts que le 3*° qui est de la taille des suivants, ayant chacun 2 paires de cirres tentaculaires articulés (12 cirres en tout) avec base pénètre un acicule incolore très fin ; le plus long de ces cirres tentaculaires, qui est le cirre le plus dorsal de la paire, a 0°*,2 de long. Comme chez les autres Podarke, ces 3 segments étant très distincts, les cirres tentaculaires ne sont pas entassés les uns sur les autres ainsi qu’il arrive

(4) Oxydromus pallidus. Claparède, Glanures Zoot. parmi les Annél, de Port- Vendres, p. 61-62, et pl. IV, fig. 1.

ANN. SC. NAT. ZOOL. v 72

3938 DE SAINT-JOSEPH.

si souvent chez les Hésioniens. Ils sont suivis de 14 segments sétigères avec cirre dorsal articulé à base peu élevée, dont le plus long est celui du 1” segment (0"*,2), pied conique et cirre ventral lisse, subulé, sans base, long de 0**,09.

Entre le cirre dorsal et le mamelon séligère, et ne péné- trant pas dans la base du cirre, un acicule fin incolore, dont la pointe est recourbée vers la tête, est accompagné d’une soie unique simple, bifide, avec une branche plus fine et plus courte que l’autre. C’est un vestige de rame dorsale. Un gros acicule droit et pointu pénètre dans le mamelon séti- gère conique, ne faisant pas saillie hors du corps et entouré d'un éventail de 12 à 22 soies composées dont la serpe non bidentée, de longueur très inégale (0**,18 à 0**,091), est finement dentelée au bord. Ces acicules et ces soies sont exactement figurés par Pruvot et Racovitza.

Le corps finit par un segment anal apode et achète (fig. 145), deux fois plus large que haut, ayant de chaque côté un petit mamelon qui est peut-être un rudiment de pied, et terminé par 2 longs (0**,52) cirres anaux vaguement articulés.

La trompe proprement dite, que je ne vois pasextroversée, occupant les 2 1°* segments, est suivie de l’œsophage mus- culeux s'étendant dans lés 5 suivants et l'intestin commence au 5" segment.

Les pieds des 5 derniers segments sétigères sont remplis de cellules spermatogènes dont les plus grosses ont 0"",0135 de diamètre.

Cette Podarke qui, d’après Pruvot et Racovitza, a une teinte verdâtre, du moins chez les femelles, est voisine de la P. wridescens Eh. (1), qui est aussi une femelle, surtout si ion admet comme Marion et Bobretzky (2) que la P. virides- cens a quelquefois une rame dorsale rudimentaire repré- sentée par des soies simples accompagnant l’acicule dorsal.

Méditerranée.

(4) Die Borstenivoürmer, p. 194, et pl, VIIL, fig. 6-8.

(2) Etude des Annél. du golfe de Marseille (Ann. des se. nat., 6me série, t. 1, p. 49).

ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 399

GENRE OPHIODROMUS Sars (Sfephania Cipd.).

OPHIODROMUS FLEXUOSUS D. Ch. (1).

J'en trouve un exemplaire à Concarneau, au cap Coz, dans une galerie creusée par une Synaptla dans le sable vaseux compact. Il a 35 millimètres de long sur 4 millimètres de large y compris les pieds sans les soies dans la partie la plus large et la coloration caractéristique du corps avec 3 bandes blanches larges occupant tout le dos aux segments séti- gères 6, 9 et 14. 1

Manche. Atlantique. Méditerranée.

FAMILLE DES GLYCÉRIENS Gr.

GENRE GLYCERA Sav. (Gr. char. emend.).

GzyceERA MEsnizt N. S.

PI. XIX, fig. 146-148, et pl. XX, fig. 149-157.

Deux exemplaires trouvés au Croisic dans le sable vaseux près de l’Estacade et à Pen-bron.

Le corps de même couleur que celui de la G/ycera con- voluta Kef., a 12 centimètres de long dans l'alcool sur 3,0 de large sans les pieds et 5 millimètres avec les pieds à la fin du 1‘ tiers. Il va en s’amincissant progressi- vement en arrière et n’a plus à la fin que 2°°,5 de large dont 0°*,5 pour le corps et 2 millimètres pour les pieds, qui sont toujours à peu près aussi longs, tandis que le corps devient presque filiforme. Les 262 segments sont biaunelés, sauf les 3 1°; les 10 antérieurs, sont très bas et très serrés et ceux de l'extrémité inférieure du corps plus hauts et plus espacés. La lête, conique, pointue, terminée

(1) Voir Annél. polych. des côtes de Dinard, partie (Ann. des sc. nat., 71m série, t. V, p. 326).

340 DE SAINT-JOSEPAI.

par de petites antennes, longue de 2°°,40 sur 0*°,60 de large à la base, a 12 pseudo-segments non biannelés.

Les pieds, portés sur un pédicule, sont biramés. La rame dorsale (fig. 149,150, 151) comprend un cirre dorsal court, massif et arrondi, placé très en arrière, un mamelon antérieur triangulaire et un mamelon postérieur de même forme, mais à base plus large et un tiers moins long. Entre les 2 mamelons sort un faisceau supérieur et un inférieur de soies simples finissant en pointe fine, légè- rement recourbée en avant, très finement mouchetées, el crénelées au bord intérieur, au nombre de 11 à 13 en tout; un acicule droit et fragile pénètre dans le mamelon an- térieur. |

La rame ventralecomprendun mamelon antérieur avec base plus large que chez celui de la rame dorsale (fig. 150, 151), un mamelon postérieur près de moitié plus court que ce ma- melon antérieur et un gros cirre ventral polliciforme aussi long que le mamelon postérieur dans la partie antérieure du corps (fig. 149) et moins long dans la partie médiane (fig. 150, 151). Entre les deux mamelons sortent un faisceau supé- rieur et un faisceau inférieur de soies composées au nombre de 14 à 17 en tout, avec article légèrement recourbé en avant, finement moucheté et crénelé au bord (fig 146). Lors- qu'on regarde de face ce bord crénelé, on voit qu'il n’est pas tranchant, mais qu’il est d’une certaine épaisseur, qu'il est crénelé de chaque côté et que les crénelures d’un côté sont reliées à celles de l’autre par une rangée tranversale d'épines très fines (fig. 147). La même disposition existe pour les soies simples de la rame dorsale. Les 2 branches qui terminent la hampe sont de même hauteur, mais la lamelle chitineuse, mince, . transparente, à stries longitudi- nales fines qui les relie n’est pas rectiligne comme chez la Glycera gigantea Qfg. (1), la G. convoluta Kef. et la G. alba Rathke; elle est taillée en biseau (fig. 148). Un acicule fin

(4) Voir Annél. polych. des côtes de Dinard, partie (Ann. des sc. nat., que série, t. XVIL, pl. IL, fig. 22 a).

ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 341

un peu recourbé à l'extrémité pénètre dans le mamelon antérieur.

À partir du 20*° segment séligère environ jusqu'aux 30 à 395 avant-derniers environ, une branchie simple non bifur- quée est placée à la face antérieure du pied, à peu près à la commissure des 2 mamelons antérieurs (fig. 151). Elle a la forme d’un sac allongé de tissu mince, transparent, se plis- sant lorsqu'il n’est pas distendu. Elle est rétractile et l’orifice qui lui livre passage est entouré de plis (fig. 150). Lors- qu'elle est rentrée dans l’intérieur du corps, les pieds sem- blent être abranches. Il en résulte qu'il est difficile de dire exactement pendant combien de segments elle existe, etil est probable que quelques Glycériens, décrits comme n'ayant pas de branchies, surtout lorsqu'on les à examinés après conser- valion dans l’alcool, sont des animaux dont les branchies rétractiles sont toutes rentrées dans le corps, comme je l’ai observé chez quelques Glycera gigantea mises dans l'alcool.

À la région postérieure du corps, les pieds abranches sont plus amincis et paraissent tridactyles (fig. 152). Le mamelon postérieur de la rame ventrale est plus court que dans les segments précédents et le cirre ventral est aussi long que les mamelons antérieurs des 2 rames.

. Par exception les pieds des 2 1°* segments sétigères n’ont pas de rame dorsale et n’ont qu'une rame ventrale avec des soles composées. F

Le corps se termine par un segment anal achète et apode deux fois plus haut que le précédent, avec 2 cirres anaux minces longs de 0*”,8%.

La bouche s'ouvre sous les 4 1°* segments en arrière de la tête. La partie antérieure de la trompe (au repos) qui y fait suite (fig. 153) a 1 centimètre de long sur 3**,30 de large. Sur sa paroi extérieure qui est lisse, on voit par transparence 18 cordons nerveux longitudinaux paral- lèles (fig. 153, a.); la paroi intérieure (fig. 154, a) est cou- verte de très nombreuses papilles, les unes en cône très obtus (fig. 155), les autres plus basses, plus larges et plus ar-

349 DE SAINT-JOSEPH.

rondies(fig.156).L’entrée de la partie postérieure de la trompe (fig. 154, d) est armée de 4 mâchoires très noires (fig. 157), ayant chacune un arc-boulant, disposées en croix grecque, moins recourbées que chez la Glycera convoluta, et placées au-dessus de 4 grosses glandes blanches qui font saillie à l'intérieur et surtout à l'extérieur elles sont adhérentes aux parois (fig. 153, 4, et154, 6). Cette partie postérieure de la trompe, longue de 5 millimètres, débouche par un sphincter dans l’estomac{fig.153,c,154, c) long de 5 millimètres comme chez la G&. convoluta (1), à parois épaisses, lisses à l'exté- rieur et garnies intérieurement d'environ 30 replis trans- versaux parallèles, d'un tissu grisâtre rempli de granula- tions fines. [Il communique avec l'intestin (fig. 153, d) à parois plus minces, garni intérieurement d'environ 12 replis lon- gitudinaux parallèles sur lesquels sont rangés des crêtes ou des papilles irrégulières remplies de granulalions grises (fig. 154, d).

Lorsque la trompe est extroversée, elle a la forme d’une massue terminée en avant par les 4 mâchoires. La partie antérieure, couverte intérieurement de papilles devient extérieure, couvrant comme d’un doigt de gant (2) la por- tion postérieure de la trompe et l'estomac, qui à eux deux sont de même longueur qu’elle, et l'intestin se trouve alors à la hauteur de l'entrée de la bouche.

Parmi les Glycériens à branchies simples, la G. Mesnil se rapproche surtout de la G. fallar Qfg., qui a aussi une branchie simple rétractile à la face antérieure du pied, mais qui est si imparfaitement décrite qu'il est impossible de faire une comparaison exacte. La G. folliculosa Eh]. a également une branchie simple rétractile, mais placée sur le bord supérieur de la rame dorsale ; de plus la taille de l'animal est beaucoup plus grande et le mamelon posté-

(1) C'est par suite d’une erreur d'impression que l'estomac de la G. con-

voluta est donné dans la 3%° partie de mon travail sur les Annélides de Di- nard, p. 29, comme ayant 5 centimètres de long.

(2) Je trouve à cette partie de la trompe sur un des 2 exemplaires quel- ques nématocystes d’Aclinie,

ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE, 343

rieur de la rame dorsale est plus court et plus arrondi.

Je reçois de la station zoologique de Naples, sous le nom de Glycera Siphonostoma D. Ch., un Glycérien conservé dans l'alcool, de 240 segments, long de 17 centimètres sur 4 millimètres de large sans les pieds et 7 millimètres avec les pieds dans sa partie la plus large (4 milli- mètres à la fin du corps dont 1**,5 pour les pieds), qui a aussi une branchie sur la face antérieure des pieds; mais celte branchie, qui existe du 20% segment au 26” à 30°° avant-dernier, est bifurquée (fig. 158). Comme elle est rétractile, quelquefois il n'y en a pas trace ou il ne sort du corps qu’une des 2 branches en forme de sac allongé. Les mamelons antérieurs, surtout celui de la rame dorsale, ont une large base el finissent en pointe; les 2 mamelons postérieurs (fig. 159) ont, celui de la rame dorsale, un tiers de longueur de moins que le mamelon antérieur correspon- dant, celui de la rame ventrale moitié moins. Le cirre ven- tral est aussi long que le mamelon postérieur de Ia rame ventrale. Les soies sont entièrement les mêmes que chez la G. Mesnil.

La trompe et l'estomac sont semblables à ceux de la G. Mesnili comme siructure intérieure et extérieure ; seulement ils sont deux fois plus longs et l'entrée de la région postérieure de la trompe avant les 4 mâchoires est couronnée de grosses papilles rondes. Ils occupent le quart antérieur du corps el s’élendent jusqu'au 52*° segment commence l'intestin.

Celte Glycera n'est pas la G. siphonostoma qui, d'après Claparède, n’a pas de branchies, et même en admettant qu’on y aitretrouvé depuis des branchies rétractiles qui lui auraient échappé, la structure des pieds tels qu’il les représente (1) est toute différente. Cette espèce de Naples, à branchies bi- furquées sur la face antérieure du pied, me paraît se rap- procher de la Glycera unicornis Say. et surtout de la G/y-

(1) Annél. du golfe de Naples, pl. XVI, fig. 2 et 2 A,

344 DE SAINT-JOSEPH.

cera Meckelii Aud. et Edw. qui a les 2 branches de la branchie disposées comme les figurent ces auteurs (1) et non comme les figure Grube (2) pour la G. Meckelü ? qui doit être une autre espèce.

GLYCERA ALBA Rathke (3).

GLYCERA ALBA OErsted, Annul. Dan. consp., 1843, p. 33, et fig. 24, 103, 105, 110.

Grube, Ein Ausflug nach Triest und dem Quarnero. Berlin, 1861, in-8, p. 89 et 90.

Quatrefages, Hist. nat. des Annel., t. II, p. 186.

Malmgren, Ann. polych., p. 183, et pl. XV, fig. 82.

Ehlers, Die Borstenwürmer, p. 660.

Grube, Die Familie der Glycereen (Jahresb. der Schles. Gesells. für 1869. Breslau, 1870, p. 3 et 8, S. A.).

Willemoes Suhm, Ueber die Annel. der Fürôr Inseln (Zeits. für

| Wiss. Zool., t. XXII1, 1873, p. 348, et pl. XVIIL, fig. 1-3).

Arwidsson, Zur Kennt. der Gattungen Glycera und Goniada (Bihang till Svenska Vet. Akad. Handligar (t. XXIITI, afd. IV, 6, 30 p. et2 pl

Deux exemplaires incomplets dans le sable au Banc des Chiens près le Pouliguen.

Le corps d’un blanc laiteux, long de 7 centimètres sur 2%,5 de large (3**,5 avec les pieds) en avant, chez l’exem- plaire Le plus long, diminue progressivement de largeur, mais n’est pas aussi effilé à la fin que chez la Glycera Rouxü.

Cet exemplaire a 142 segments, dont les 12 derniers n’ont plus de branchies. Si, comme le dit Ehlers, les 12 der- niers segments sont abranches chez la G. alba, il est à pré- sumer que l'individu dont il est question ici est à peu près complet et qu'il ne doit guère lui manquer de segments.

Ehlers et Grube ont déjà remarqué une très grande res- semblance, que je ne puis que confirmer, entre la Glycera convoluta Kef. et la Gr. alba. Je renvoie donc pour la des- cription de la G. alba à celle que j'ai donnée de la G. con- voluta (4), notant seulement ici les caractères propres à la

(1) Recherches pour servir à l'hist. natur. du littoral de la France, pl. VI, fig. 3.

(2) Beschr. neuer oder wenig bekannt. Annel. (Archiv für Naturg., 4855, pl. IV, fig. 3).

(3) Beitr. zur Fauna Norwegens (Nova acta Acad. L. C. Nat. curios., t. XX, 4840, p. 173, et pl. IX, fig. 9).

(4) Les Annél. polych. des côtes de Dinard, 3% partie (Ann. des se. nat., que série, t. XVII p. 27, et pl. IL, fig. 30-38).

ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 349

G. alba : les pieds sont semblables à ceux de la G. convoluta avec le mamelon postérieur inférieur court et arrondi; les 3 autres mamelons sont seulement plus triangulaires. Malm- gren (/oc. cit., fig. 82, D) en donne une figure très exacte ; les petits boutons qu'il représente entre le cirre dorsal et la branchie et que j'observe aussi quelquefois chez la G. con- voluta sont probablement des renflements de la base de la branchie comme le pense Quatrefages. Les branchies qui commencent au 14"° ou 15°° segment sont moins longues que chez la G. convoluta ; elles manquent aux 12 derniers segments, d’après Ehlers, comme il a été déjà dit, et, chez la G. convoluta, aux 6 derniers seulement ; les soies sont un peu plus fines, et du reste entièrement semblables à celles que j'ai figurées pour la Glycera gigantea (1), qui sont les mêmes que chez la G. convoluta. Les papilles de la trompe sont plus courtes (0**,042 au lieu de 0**,071) que celles de la G. convoluta et plus larges, et il s’y mêle çà et quelques papilles rondes plus grosses.

D’après Bidenkap (2) la G/ycera alba Sars est la même que la &. capitata OErst.

Mers du Nord. Atlantique. Méditerranée.

FAMILLE DES SPHAERODOR:DES Mer.

GENRE EPHESIHA Rathke, Lev. rev.

EPHESIA GRACILIS Rathke (3).

Un exemplaire venant du Plateau du Four, long de 3 cen- timètres sur 1 millimètre de large avec 94 segments en tout dont chacun a 3 raies jaunes transversales dorsales super- posées.

(1) Annél. Polych. des côtes de Dinard, 3m partie (Ann. des Sc. nat., que série, t. XVII, p. 24, et pl. IL, fig. 22).

(2) Syst. overs. over Norges Annul. Polych. (Christiania vidensk. Selsk Forhand., 1894, p. 77).

(3) Voir Annél. polych. des côtes de Dinard 3e partie (Ann. des sc. nat., 7e série, t. XVII, p. 38, et pl. IL, fig. 51-54).

346 DE SAINT-JOSEPH.

FAMILLE DES CIRRATULIENS V. Carus. GENRE DODECACERIA Ofrst. Lang. rev.

DODECACERIA CONCHARUM OErst (1),

TEREBELLA OSTREÆ Daly. Dalyell, Powers of the Creator, etc., t. II, p. 209, et pl. XXVI, fig. 10. DoDEcACERIA CONCHARUM Johnston, Catal. of Brit. non parasit. Worms, 1865, p. 202, et fig. XXXVIII. Mc Intosh, On {he boring of certain Annelids (Ann. of nat. hist., 4me série, 1868, t. IT, p. 286, et pl. XX, fig. 1-4).

Langerhans, Die Wurmÿfauna von Madeira, IIT te" Beitrag (Zeits. für Wiss. Zool., t. XXXIV, 1880, p. 96, et pl. IV, fig. 8).

Cunningham et Ramage, Polych. sedent. of the Firth of Forth (Trans. R. Soc. of Edinburgh, t. XXXIIT, 1888, p. 647, et pl. XXXIX, fig. 12).

Monticelli, Sulla fauna di Porto Torres (Sardegna) (Bol- lett. della Soc. di Natur. in Napoli, t. IX, 1895, publié en 1896, p. 87-92).

Mesnil et Caullery, Sur l'existence des formes épitoques chez les Annélides de la famille des Cirratuliens (Comptes rendus de l’Acad. des sc., 28 sept. 1896).

? HETEROCIRRUS ATER QÎg. Quatrefages, Hist. nat. des Annel., t. I, p. 465, et

pl. X, fig. 13-11.

SAXICOLA Gr. Grube, Beschr. neuer oder wenig bekannt.Annel. (Archiv für Naturg., 1855, p. 109, et pl. IV, fig. 11). Die Familie der Cirratuliden (Jahresb. der Schles. Gesells. für 1872. Breslau, 1873, p. 7, S. A).

Marion et Bobretzky, Étude sur les Annél. du golfe de Marseille (Ann. des sc. nat., 6me série, t. II, p. 67).

PI. XX, fig. 160-161.

Un seul exemplaire femelle mûr trouvé dans le sable va- seux à Pen-bron, examiné après plusieurs années de conser- vation dans l'alcool.

Le corps, coloré en vert foncé chez l’animal vivant, est long de 13°",5 sur 1°°,25 de large dans l'alcool, avec 59 seg- ments en tout.

La têle, sans yeux, est allongée en cône très obtus; la bouche s’ouvre près de son extrémité antérieure du côté ven- tral. Le segment buccal, achète, porte 2 gros tentacules laté-

(4) OŒrsted, Ann. Danic. conspectus, in-8, 1843, p. 44 el fig. 99.

ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 347

raux ef 2 branchies dorsales moins longues et plus minces. Ces dernières existent aussi aux 4 segments suivants. Il y a donc 12 appendices en tout, y compris les cirres tentacu- laires; le reste du corps en manque. Les 6 segments qui suivent le segment buccal ont chacun un mamelon dorsal et un ventral avec un faisceau de soies capillaires, les unes plus minces et moins longues que les autres, toutes fine- ment dentelées au bord. Aux 22 segments suivants, ces soies sont remplacées par des crochets qui, au 20° segment, sont au nombre de 8 ou 9 au mamelon supérieur et de 5 ou 6 au mamelon inférieur. [ls ont une petile pointe précédant le croc terminal (fig. 160) qui, vu de face, est creusé en forme de cuiller (fig. 161). Puis, du 29°° au 41*° segment sétigère, les soies simples reparaissent au mamelon dorsal il ne reste plus qu'un ou 2 crochets, rien n'étant changé aux crochets du mamelon ventral; enfin les 16 derniers segments séligères n’ont plus de nouveau que des crochets aux 2 mamelons.

Le corps qui s’élargit aux !0 avant-derniers segments, se rétrécit de nouveau aux 4 derniers et finit par un segment anal achète avec mamelon bilchbé terminal dans lequel s'ouvre l'anus.

À parür du 11*° ou 12*° segment sétigère, Le corps esl rempli d'œufs ayant 0"*,042 de diamètre.

MM. Mesnil et Caullery ont observé chez des exemplaires complètement mürs de la 2. concharum une forme épitoque caractérisée surtout par la modification de l’appareil visuel et musculaire, et par l'apparition de soies natatoires{1).L’exem- plaire femelle que je viens de décrire et l’exemplaire femelle décrit par Langerhans n’offrent pas de caractères épiloques.

D’après Monticelh, la D. concharum serait hermaphrodile.

(1) J'avais déjà signalé l'apparition de ces soies chez un autre Cirratulien, l'Heterocirrus caput esocis St-Jos., lorsqu'il contient des éléments sexuels (Annél. des côtes de Dinard, 3% partie, p. 54). MM. Mesnil et Caullery Les retrouvent également chez l’Heterocirrus flavo-viridis St-Jos. Ces observa- tions permettraient peut-être d'établir que ces formes épitoques sont assez communes chez les Cirratuliens, |

348 DE SAINT-JOSEPH. .

Mers du Nord. Manche. Atlantique (Madère, États-Unis). Méditerranée.

FAMILEE DES SACCOCEIRRIENS Bobr.

GENRE SACCOCIRRUS Bobr.

DACCOCIRRUS PAPILLOCERCUS Bobr. (1).

SACCOCIRRUS PAPILLOCERCUS Marion et Bobretzky, Étude des Annél. du golfe de Marseille (Ann. des sc. nat., 6me série, t. IL, 1875, pr69 et pl NX et Xe 9) TT: = Langerhans, Die Wurmfauna von Madeira (Zeits. für Wiss. Zool., t. XXXIV, 1880, p. 101, et pl. IV, fig. 17). T4 70 Cziernavsky, Materialia ad faunam Ponticam compara- tam (Bull. de la Soc. des Natur. de Moscou, 1881, p. 396).

PI. XX, fig. 162-163.

Deux fois, à la pêche pélagique, je trouve à Concarneau une larve télotroque observée pour la première fois par Milne Edwards (2), dans le détroit de Messine, et attribuée par lui à un Amphinomien de la Méditerranée. |

Claparède et Mecznikow (3) qui l’ont retrouvée à Naples et dans la mer Noire, pensent que c’est peut-être une larve de Spionidien, mais n’appartenant pas au genre Spio.

Le corps, massif et opaque, est long de 1,20 sur 0°",40 de large dans la partie médiane (fig. 162). La têle, marbrée de brun, arrondie en avant, avec 4 gros yeux disposés en tra- pèze, porte de chaque côté un lobe membraneux incolore. À la limite de la tête et du segment buccal achète, il y a une couronne de longs flagellum au-dessous de laquelle s'ouvre de chaque côté une large fossette vibratile: Le seg- ment buccal est suivi de 15 segments séligères apodes,

(1) Bobretzky, S. Papillocercus. Type d’un nouveau genre d'Annélide (en langue russe) (Mémoires de la Société des Natur. de Kiew, t. 11, 1871-72, p. 211- 259, et pl. IV et V, fide Cziern.).

(2) Voyage en Sicile. Développement des Annélides, t. I, 1849, in-4, p. 38, et pl. IL, fig. 41.

(3) Beitr. zur Kennt. der Entwick. der Chætop. (Zeits. für Wiss. Zool., t. XIX, 4869, p. 175, et pl. XILL, fig. 1).

ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 349

vaguement indiqués, colorés en brun verdâire et de chacun desquels sort de chaque côté un faisceau de 3 ou 4 soies sim- ples d’une seule sorte ayant une forme très particulière (fig. 163), s'élargissant en avant avec une cannelure latérale longitudinale de chaque côté. Elles sont plutôt courtes. Le segment anal, coloré en brun foncé, est légèrement bilobé. Il est précédé d’un bourrelet avec une couronne de longs flagel- lum comme ceux de la base de la tête.

La bouche ventrale est bordée de 2 longues lèvres longi- tudinales colorées d’un pigment foncé presque noir.

Ces longues lèvres, les 2 lobes membraneux de la tête qui sont les rudiments des 2 gros cirres tentaculaires de l’adulte, les fossettes vibratiles du segment buccal et surtout la forme très particulière des soies, me paraissent indiquer claire- ment, comme c'est aussi l'avis de Bobretzky (1) que cette larve est celle du Saccocirrus papillocercus.

Méditerranée. Mer Noire. Atlantique (Madère).

FAMILLE DES SPIONIDIENS Sars.

GENRE NERINE Johnst. Mesn. rev.

NERINE CIRRATULUS D. Ch. (2).

NERINE CIRRATULUS Claparède, Annél. du golfe de Naples, p. 326, et pl. XXIV, fig. 1. Recherches sur la structure des Annélides séden- taires (Mém. de la Soc. de phys. et d'hist. nat. de Genève, t. XXII, in-40, 1873 p. 15, 24, 53, 64, T0, 71, 100, 102, 107, 120, et pl. XV).

ELA -_—, Cunningham et Ramage, Polych. sedent. of the Firth of Forth (Trans. Edinb. Soc., t. XXXIII, 1888, in-4, p. 637, et pl. XXXVI, fig. 2). Lo Bianco, Gli Annel. tubicoli trovati nel golfo di Napoli (Atti dell’ Accad. delle scienze di Napoli, ?2me série, t. V, in-4, 1893, p. 32). Mesnil, Études de morphologie externe chez les Annélides. | I. Les Spionidiens des côtes de la Manche (Bull. scient.de la France et de la Belgique, t. XXIX, 1896, p. 152, et pl. IX en entier).

(4) Marion et Bobretzky, Étude des Annél. du golfe de Marseille (Ann. des sc. nat., 6me série, t. Il, 4875, p. 70). |

(2) Lumbricus cirratulus. Delle Chiaje, Mem. su gli Anim. senza vertebre, t. IV, p. 196, fide Clpd.

350 DE SAINT-JOSEPEI.

NERINE AGILIS Verr. Verrill, Inverlebrate animals of Vineyard Sound (U. S. comm. of fisheries, 1. Washington, 1873, p. 346 et 600).

ScoLecOLEPIs SQUAMATA Müll. Michaelsen, Die Polychætenfauna der Deuitschen Meere, etc. (Wiss. Meeresunters. herausg. von der Komm. zur Unters. der Deutschen Meere in Kiel und der biol. Anstalt auf Helgoland. Neue Folge, II Band, Heft I, 1897, p. 45).

PI. XX, fig. 164.

Je la trouve en assez grand nombre à l’île de Tatihou dans le sable découvert à toutes les marées, au nord du labo- ratoire. M. Adrien Dollfus m'en communique 2 exemplaires venant de Villers.

Le corps légèrement verdâtre, composé de 120 à 130 seg- ments, est long de 5 à 6 centimètres, sur 2°°,4 de large à la partie antérieure et postérieure, et 4 millimètres au plus dans la région moyenne.

La tête, aussi pointue en avant qu'une tête de Glycère, se prolonge en arrière par une carène que termine un tentacule occipital aussi pointu que la tête et atteignant la limite entre le 2% et le 3*° séligères. Les 4 yeux sont disposés comme l’indiquent Cunningham et Ramage, 2 de chaque côté for- mant une sorte de demi-cercle. Les 2 tentacules, longs de 9 millimètres et recouvrant les 24 1°* segments sétigères lorsqu'ils sont rabattus sur le dos, ce qui est leur position habituelle au repos, sont placés sur le segment buccal apode et achète.

Le 2*° segment a une rame supérieure et une rame infé- rieure sétigères ayant chacune une lamelle. Au segment (2"° sétigère), ils’ y joint, à la rame supérieure, une branchie dorsale qui persiste à tous les segments iusqu'à l’anteanal inclusivement et quelquefois seulement jusqu'au 3% ou 4" avant-dernier. Les branchies des 2 pieds, colorées en rouge par le sang, sont couchées sur le dos (1). Elles sont garnies d’une rangée de cils vibratiles du côté qui n’est

(4) Pour le vaisseau unique en anse de la branchie et le glomérule qui est à la base, voir Claparède, loc. cit., fig. 1 A.

ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 351

pas bordé par la lamelle postérieure de la rame supérieure et ces cils forment sur le dos de l’animal une ligne qui re- Joint les cils de l’autre branchie. De plus, il y en à aussi sur la partie externe au-dessus de la lamelle. Des deux côtés de la branchie ces cils s’arrêtent avant l’extrémité supérieure. Tandis que pour l'espèce de Naples, la lamelle borde la branchie presque jusqu en haut (1), ici elle n'arrive pour les branchies antérieures qu'à 0°”,60 de l'extrémité (chez quel- ques exemplaires cependant jusqu’à 0°",30), pour les bran- chies de la région moyenne à 0"",84 et pour les postérieures à 0"",40. Quant à la lamelle ventrale, vers le 36%°-40*° seg- ment, elle devient moins arrondie et plus allongée et elle est suivie d’un petit mamelon {cirre ventral de Quatrefages) haut de 0**,2 que M. Mesnil pense encore appartenir à la lamelle dont il serait la partie inférieure, séparée de la partie supé- rieure par une échancrure sont placées les soies.

Dans les segments antérieurs, les soies des 2 rames sont des soies très faiblement limbées plus ou moins recourbées, finement mouchetées (2), terminées brusquement par une pointe très mince. Il y en a 40 à 45 à la rame supérieure, les unes plus courtes, les autres plus longues. Plus près du dos, il y en a 4 longues placées en avant des autres. La rame ven- trale a un nombre un peu moindre de soies un peu moins longues, dont les 2 ou 3 dernières placées en arrière des autres. Vers le 40*°-42*° segment, les soies antérieures de la rame ventrale sont remplacées presque complètement par 5, 6, 7 puis 9 crochets encapuchonnés à pointe mousse accompagnée d'un denticule (fig. 164) qui disparaît aux 90 derniers segments environ, comme l'indique M. Mesnil. Bientôt il n'y a plus que 3 ou 4 soies antérieures, et les 2 soies inférieures persistent. À partir du 60"°-65"° segment, 2, 3, puis 4 à 5 crochets semblables apparaissent à la rame dorsale remplaçant les soies postérieures jusqu’au segment anteanal ;

(4) Voir Claparède, loc. cit., fig. 1 A. ; (2) Toutes ces soies ne sont plus mouchetées à partir du 42e segment environ.

D A DE SAINT-JOSEPES.

il y a encore 3 soies supérieures et quelques soies anté- rieures.

Le segment anal apode et achète se termine du côté ven- Lral par un disque membraneux mince, légèrement festonné, qui dépasse l'anus s’ouvrant du côté dorsal.

L'intestin est rempli de gros morceaux de fucus non digérés.

Dans un seul exemplaire je trouve des œufs tels que les figurent Claparède, Cunningham et Ramage. En forme de dis- ques elliptiques, mesurant 0"",17 sur 0**,10, ils renferment un vitellus d’un brun clair, et leur enveloppe épaisse est cou- verte de papilles reliées entre elles par un réseau hexagonal.

Manche. Mer du Nord. Méditerranée.

GENRE SPIOPHANES Gr.

Malmgren ayant observé des crochets ventraux chez la Spiophanes Krüyeri Gr. espèce type du genre, et ces crochets ayant aussi élé constatés chez les autres espèces : la So- phanes cirrata Sars, la S. Verrilla Webst. et Benedict, et la S. bombyx Clpd. (1), on ne doit pas conserver l’absence de crochets comme un des caractères du genre ; mais il fau- drait faire ressortir que l’absence des branchies en est un. Claparède, il est vrai, indique vaguement des branchies à quelques segments de la S. bombyx. Ni M. Mesnil, ni moi, n'en avons observé.

SPIOPHANES BOMBYX Clpd. (2).

SPIOPHANES BomByx Mesnil, Études de morphologie externe chez les Annél. 1. Les Spionidiens des côtes de la Manche (Bull. scient. de la France et de la Belgique, t. XXIX, 1896, p. 249, et pl. XV en entier). Il. Etudes complémentaires sur les Spionidiens (Ibid.,t.XXX, 1897, p. 91).

(4) M. Mesnil a versé avec raison, selon moi, le Spio Bombyx Clpd. dans le genre Spiophanes.

(2) Spio bombyæ. Claparède, Suppl. aux Annél. du golfe de Naples, p. 421, et pl. XIT, fig. 2.

ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE, 359

SPIO GRENATICORNIS Giard, Sur un curieux phénomène de préfécondation chez un Spionide (Comptes rendus de l’Acad. des sc., t. XCIIT, 1881, p. 600).

PI. XX, fig. 165.

Dans le sable au-dessous des bains, près du fort de la Hougue, j'en trouve, dans un petit tube de sable flexible, un seul exemplaire incomplet de 52 segments, long de 15 milli- mètres sur 1 millimètre de large, que je ne parviens à reti- rer du tube qu'en assez mauvais élat.

Le corps rouge, légèrement convexe du côté ventral, est à peu près aplati du côté dorsal pendant les 16 1°* segments ; à partir de le dos devient un peu convexe avec un pli transversal reliant les 2 rames dorsales de chaque segment comme Sars le figure pour la Spiophanes cirrata Sars (1).

La tête allongée, qui n’a que 2 veux, se prolonge en2 cor- nes latérales longues chacune de 0°°,48 ; elle est suivie d’un segment buccal achète d’où les 2 tentacules sont tombés et en dessous duquel s'ouvre la bouche livrant passage à une trompe cylindrique. Aux 4 1°* segments sétigères, le corps est un peu plus étroit et semble former une région distincte; la rame dorsale, sans être aussi rapprochée de la ligne mé- diane dorsale que chez les autres espèces de Syiophanes, en est cependant plus près qu'aux autres segments. À ces 4 seg- ments comme aux 10 suivants il y a un faisceau de soies dorsales capillaires assez nombreuses (20 à 25), faiblement limbées et non mouchetées, sortant devant une lamelle dor- sale se terminant en pointe cirriforme, et un faisceau de soies ventrales semblables aux dorsales mais mouchetées à l’'extrémilé, comme l’a remarqué M. Mesnil, sortant devant une lamelle ventrale qui est un peu plus large à la base que la dorsale et qui prend la forme d’un large disque (2), à partir du sétigère. Les soies ventrales du 1* segment sétigère sont accompagnées d’une grosse soie jaune carac-

(1) Bidrag til Kundskab om Christianiafjordens fauna. Annelida (Nyé Ma-

gazin for Naturvid., t. XIX, 1893. Christiania, pl. XVIIL, fig. 5). (2) Mesnil, Loc. cit., pl. XV, fig. 7

ANN. SG. NAT. ZOOL. v

Do DE SAINT-JOSEET.

téristique (fig. 165) recourbée en un croc vigoureux, signalée par Claparède ; 11 ÿ en a une seule d’un côté et 2 de l’autre.

Au 5"° segment sétigère et aux 9 suivants, près de la base du pied, une grosse glande transparente à peu près ronde sécrèle un écheveau de longs filaments soyeux, flexibles, sor- tant du corps en forme de houppes ou de flocons ne ressem- blant en rien aux soies capillaires droites et très fines sécré- tées par les glandes de la Polydora pusilla N.S. (1) ou de la Spiophanes cirrata (2). Après ces segments à glandes sérici- gènes, c'est-à-dire au 15° sétigère et aux suivants, les soies capillaires limbées de la rame ventrale sont remplacées par 5 à 9 pelits crochels bifides encapuchonnés, suivis d’une forte soie ventrale inférieure arquée vers le bas et finement mouchetée à l'extrémité. M. Mesnil donne des figures exactes de cette soie et des crochets (oc. cit., fig. 20 et 21). Je ne trouve nulle part de branchies.

Méditerranée.

GENRE MAGELONA Fr. Müll.

MAGELONA PAPILLICORNIS Fr. Müll. (3).

MAGELONA PAPILLICORNIS Mc Intosh. À contribution Lo our knowledge of Annelida: on certain young stages of Magelona (Quart. Microsc. Journal, 141, april 1894, p. 16, et pi. VIII, fig. 1-3). = Miss Buchanan, On a blood-forming organ in the larva of Magelona (Rep. Meet. Brit. Assoc. at Ipswich, 1895). . Benham, The blood of Magelona (Quart. Microsc. Journal, 153, mai 1896). os Mesnil, Études de morphologie externe chez les Annél. I. Les Spionidiens des côtes de la Manche (Bull. sc. de la France et de la Belgique, t. XXIX, 1896, p. 257, et pl. XIV, fig. 27-33).

PL. XX, fig. 166.

La larve de Magelona papillicornis que je trouve une fois

(1) Annél. polych. des côtes de Dinard, 3%° partie (Ann. des sc. nat., Tme sé- rie, t. XVII, p. 66, et pl. IL, fig. 74-77).

(2) Sars, loc. cit., pl. XVIL, fig. 9.

(3) Voir Annél. polych. des côtes de Dinard, 3e partie (Ann. des se. nat., 7me série, t. XVII, p. 83, et pl. IV, fig. 104), et ajouter à la bibliographie les ouvrages ci-dessous.

ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 939)

à la pêche pélagique à Concarneau ressemble complètement à la larve de Prionospio tenuis Verr., la plus jeune figurée par Fewkes (/oc. cit., pl. 1, fig. 1), et qui n’est autre chose, comme l'a élabli avec raison M. Giard, qu'une larve de Magelona. Mon exemplaire a 0"*,80 de long sur 0**,12 de large dans la partie médiane du corps. La têle, ronde et grosse, a 3 yeux dont 2 sur les côtés et 1 au milieu un peu en arrière. En regard des yeux est implantée une paire de gros tenta- cules longs de 0**,42, garnis en dessous de nombreuses papilles minces ayant 0"*,02 de long (fig. 166). La tête esl suivie d'un segment dans l'intérieur duquel est placé un pharynx inerme et qui a de chaque côté un faisceau de soies capillaires unies extrêmement fines et très longues (0°*,46). Après un espace nu et non segmenté long de 0"*,028, qui fait suite au segment, viennent 9 à 10 segments peu dis- üincts avec des soies capillaires moins longues que celles du segment. Le corps se termine brusque- ment par 3 ou 4 pelits segments achètes beaucoup plus étroits que les précédents. Nulle part il n’y a de crochets ni de couronnes de cils vibratiles, et le corps, à peine coloré en brun très clair, n’a pas de taches comme celles des larves de Claparède.

Je trouve dans le sable fin à l’île de Tatihou plusieurs exemplaires adultes de M. papilhcornis, dont 2 complets.

Le corps d'un de ces exemplaires complets, couvert de grains de sable fin agglutinés mais ne formant pas tube, a 7 centimètres de long sur 0*",60 de large dans la région antérieure et 0**,72 dans la région, sauf aux derniers segments il n'a plus que 0**,22 ; il se termine par un segment anal achète avec 2 petits appendices aplatis, longs de 0"",21. La tête, longue de 1**,20, est suivie du segment buccal achète avec 2 tentacules qui ont 9 millimètres de long et atteignent le 20”° segment. Les segments sont au nom- bre de 129 en tout. La 1" région est plus musculeuse, plus aplatie, un peu plus étroite, etavec des segmentsplushauts que le 2%. Il ya déjà au 8% segment, ce que je n'observe pas

356 DE SAINT-JOSEPH.

aux autres exemplaires, quelques-unes des soies particulières au 9*° segment elles sont en nombre très considérable, plus de 100. Ces soies du 8*° segment et quelques-unes des soies les plus dorsales du ont le disque moins rond et la pointe qui le surmonte plus longue que les autres. Aux 1°* seg- ments de la 2% région, il y a 13 crochets au mamelon dorsal et 10 au ventral ; le nombre en est moitié moindre aux 2 ma- melons dans le dernier tiers du corps. M. Mesnil constate, comme Je l'ai vérifié, que la dent supérieure des crochets est double (/oc. cit., fig. 33). L’hypoderme est bourré de glandes bacillipares d’un diamètre moyen de 0*",03 décrites et figu- rées par Me Intosh.

Le second exemplaire complet, plus petit, n’a que 45 mil- limètres de long et 83 segments en tout.

FAMILLE DES ARICIENS Aud. et Edw. (Sars, Mgr. rev.).

GENRE A RICIA Sav. (Aud. et Edw. rev.).

AriCIA MüLLert Rathke (1).

SCOLOPLOS ARMIGER OErst. OErsted, Ann. Dan. consp., p. 37, fig. 9, 106, 107, 109, Grônt., Annul. dorsib., p. 49, fig. 113, 117, 118, fide Grube, Bemerk. über Annel. des Pariser Museums (Archiv für Na- Lung, 1810; :p: 91"): Quatrefages, Hist. nat. des Annél., t. IT, p. 285. Cunningham et Ramage, The Polych. sedent. of the Firth of Forth (Trans. of the R. Society of Edinb., t. XXXIII, in-4, 1838, p. 642, et pl. XXX VIII, fig. 7). Saint-Joseph, Les Annél. polych. des côtes de Dinard, 3%e part. (Ann. des sc. nat., 1me:série, t. XVII, 1894, p. 94,’et pl, fig. 119-120) (2). ELONGATUS Qfg. Quatrefages, Hist. nat. des Annél., t. Il, p. 284. Grube (loc. cil. suprà, p. 316). ARICIA ARCTICA Hans. Hansen, Den Norske Nordhavs expedilion. Zoologi. Anne- lida. Christiania, 1882, in-fol., p. 34, et pl. V, fig. 20-26.

PI. XX, fig:167:

Plusieurs exemplaires, trouvés dans le sable à Saint-Vaast,

(4) Beitr. zur Fauna Norwegens (Nova Acta Acad. L. C. nat. cur.,t. XX, 1840, p. 476, et pl. VIIL fig. 9-15). Bonnes figures.

(2) Dans la bibliographie que j'y ai donnée, il faut attribuer au véritable Se. armiger les travaux de Mau et de Levinsen et probablement aussi ceux - de Sars et de Theel.

ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 397

près du fort de la Hougue et dans l’île de Tatihou, et un exemplaire du Grand-Trait, au Croisic, me permettent de compléter et de modifier sur quelques points, dont un très important, la description que j'ai donnée de l'A. Mülleri sous le nom de Scoloplos armiger, d’après des matériaux tout à fait insuffisants.

Dans la région antérieure il y a, dès le 1* segment séti- gère, à la rame dorsale, un très petit cirre devant lequel s'élèvent des soies annelées, minces, longues, incolores, comme celles que j'ai déjà décrites, et à la rame ventrale un très petit cirre ventral devant lequel se déploient plusieurs rangées de soies. Les 2 ou 3 rangées supérieures, composées de longues soies semblables à celles de larame dorsale, sont suivies de 2 rangées de soies courtes aciculaires, puis de 1 ou 2 rangées de soies longues. Cachées entre 2 couches de soies longues, les soies courtes sont souvent difficiles à découvrir. Elles sont courbes et jaunes, avec 12 à 13 rangées transversales superposées de très fins denticules au bord convexe ; un petit bec transparent dépasse un peu l'extré- milé de la soie du côté concave (fig. 167). Cette disposition existe à tous les segments de la 1" région, et la rame ven- irale s’y détache très nettement sur les côtés du corps.

A la région postérieure, elle est ramenée plus près du dos et alors elle est reliée au ventre par un bourrelet incolore en forme de demi-lune. Les soies aciculaires courbes y ont disparu, et il ne reste plus aux 2 rames que les longues soies minces incolores (1). 3 ou 4 acicules minces, subulés, pénè- trent dans la base du cirre dorsal. Aux 6 premiers segments de la région postérieure, et disparaissant ensuite, il y a au- dessous de rame ventrale à 2 protubérances, et, placé tout contre, un très petit mamelon haut de 0°”,6, suivi à 0"*,13 de distance, du côté ventral, d'une papille conique haute de 0"”,12. C'est une région intermédiaire comme j'en ai signalé chez d’autres Ariciens.

(1) Voir une bonne figure du milieu de cette région dans Cunningham et Ramage (loc. cit., fig. 7 c).

358 DE SAINT-JOSTPHIT.

Un riche réseau vasculaire parcourt la base des 2 rames, et le sang qui pénètre dans les branchies est très rouge. Celles-ci commencent au 15”, 16°, 17*° ou 18° segment.

La trompe extroversée a 8 ou 10 gros lobules arrondis, ce qui doit faire penser, comme l’a du reste indiqué Sars (1), que le genre Anthostoma Schmarda et peut-être le genre Theodisca Fr. Müll. doivent être supprimés. Ces lobules nombreux de la trompe existent probablement chez tous les Ariciens, et Claparède les figure chez l’Aricia fœtida Clpd. (2).

Les soies courtes de la rame ventrale de la partie antérieure du corps m'avaient échappé dans mes 2 exemplaires de Dinard, je les ai retrouvées depuis comme à ceux de Saint- Vaast et du Croisic. Il n'est donc plus possible de leur donner le nom de Sc. armiger, espèce à laquelle on n'’attribue que des soies longues et minces de même sorte à toutes les rames du corps (Mau, Levinsen, etc.), ce qui est bien conforme à la diagnose d’OErsted pour le genre et pour l'espèce; mais Grube (/oc. cit.), qui avait entre les mains les exemplaires originaux d'OErsted, y découvrit des soies courtes mêlées aux soies longues de Ia rame ventrale de la région antérieure. Il en résulte que ie Sc. armiger d'OErsted 1843 est l’Aricia Miülleri décrite par Rathke en 1840.

L'espèce qui a des soies longues à toutes les rames du corps existe cependant, et comme OEËrsled, qui croyait la connaître, lui avait donné le nom de Sc. armiger, on le lui maintint, l’ob- servation de Grube ayant passé inaperçue. En même temps, par une vraie contradiction, on lidenlifia presque constam- ment (Quatrefages, Malmgren, Tauber, Mau, Cziernavski, Webster et Benedict, Wiren, Michaelsen), avec l'A. Miller qui se trouve aussi dans la mer du Nord et l’océan Glacial arclique. Il est impossible de savoir combien de fois on aura pris des À. Mülleri pour des Sc. armiger, comme il m'est arrivé à moi-même faute d’avoir su trouver les soies courtes

(1) Bidrag til Kundsk. om Christ. fauna (Nyt Magazin for Naturv., t. XIX, 1873, p. 244). (2) Annél. du golfe de Naples, pl. XX, fig. 24,

ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 9399

de la rame ventrale dela région antérieure, tant les 2 espèces se ressemblent, à part ce caractère distinctif.

Tous les exemplaires de la collection du Muséum indiqués comme étant des Sc. armiger provenant du Groenland (Steenstrup), de Norwège ou de Saint-Vaast, sont des A. Mül- leri. Seuls, les exemplaires de l'expédition suédoise de Nor- denskiold dans la mer de Kara,en 1876, offerts au Muséum par Loven, sont de vérilables Sc. armiger. Is ont 15 à 22 milli- mètres de long sur 1 millimètre à 1*°,5 de large et 140 seg- ments, dessoies longues et minces annelées à toutes les rames du corps, sans aucune soie courte ; les branchies apparaissent au 11*°,15°° ou 16° segment, et la 2°° région commence en général au 16". La trompe extroversée a plusieurs lobules arrondis.

Il est donc bien constaté qu'il y a 2 espèces distinctes qui ont été confondues la plupart du temps sous le même nom. Pour l’une, celui d’Aricia Mülleri, exact et bien donné, doit être maintenu. Pour l’autre, qui se trouverait sans nom puisque le Sc. armiger d'OErsted est l'A. Mülleri, je propose de s’en référer au Lumbricus armiger d’O. F. Müller, que je supposerai ne pas être une A. Mülleri, quoiqu'on n'en ait pas de preuve, et de lui conserver, sans tenir compte d’OErsted, le nom de Sc. armiger. Mais il faudrait alors rayer de la dia- gnose du genre Scoloplos OErst. « setæ omnes subulatæ », comme 1l avait presque fait lui-même en indiquant des soies courtes aciculaires aux 15 premiers segments chez le Scolo- plos quadricuspida Fabr. (1). |

Le Scoloplos elongatus, que j'examine dans la collection du Muséum, est une A. Mülleri. Il en est de même de l'A. arctica, du Sc. armiger de Cunningham et Ramage, de celui de Saint-Vaast, et probablement aussi de celui de Roscoff (2),

(1) Deux exemplaires de Scoloplos quadricuspida de la collection du Mu- séum venant du Groenland ont la tête arrondie, des branchies très petites commençant au 5% segment sétigère et laissant le dos bien à découvert dans la région, des soies courtes, jaunes, aciculaires, mêlées dans les 11 à 12 premiers segments aux soies longues et minces de la rame ventrale.

(2) Grube, Mitth. über St-Mulo und Roscoff, etc. (Abhand. der Schles. Ge- sells.. 1869-72, p. 109, 145).

360 DE SAINT-JOSEPH.

Grube ayant être induit en erreur par ses exemplaires d'OErsted. Le véritable Sc. armiger n'aurait donc pas été signalé jusqu'ici sur les côtes de France.

Océan Glacial arctique. Mer du Nord. Manche. Atlantique.

ARICIA LAEVIGATA Gr. (1).

ArIcrA LATREILLIT Aud. et Edw. Grube, Actinien, Echinodermen und Würmer des Adriatischen und Mittelmeers. Kôünigsberg, 1840, in-#, p. 69.

PI. XXL fig. 168-475.

Un seul exemplaire trouvé sous des pierres près de la pointe Sainte-Anne, au-dessous d’Abbadia.

Le corps, à 2 régions, long de 12 centimètres sur 4 milli- mètres de large en avant, se rétrécit peu à peu dans le der- nier tiers du corps et n’a plus que 2 millimètres de large à la fin. D'un blanc jaunâtre, il est légèrement rosé à la partie antérieure et se compose de 402 segments très bas. IL est convexe du côlé ventral ; du côté dorsal, il est aplati dans la région antérieure et légèrement convexe dans la région postérieure.

La 1" région comprend la partie antérieure du corps jus- qu'au 29*° segment inclusivement. Les segments y sont d'un tiers plus hauts que ceux de la région.

La tête (fig. 168) en cône très oblus est suivie du segment buccal achète, plus large qu’elle, et à la partie antérieure duquel s’ouvre du côté ventral la bouche d'où Je ne vois pas sortir la trompe.

Le 1” el le segments, plus larges que le buccal, ont un cirre dorsal haut de 0°",44 et un cirre ventral plus de moitié plus petit (fig. 169). Au 3*° segment et aux suivants de la 1" région, la base du cirre ventral s’élargit du côté ventral, formant une sorte de pinnule à bords lisses devant laquelle s’étalent de nombreuses soies presque toutes jaunes

(1) Grube, Beschr, neuer oder wenig bekannt. Annel. (Arch. für Naturg., 1855, p. 1142).

ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE, 301

dont nous parlerons plus loin, ce qui donne une apparence parliculière à la 1" région lorsqu'on regarde l’animal de côté (fig. 170). Les branchies apparaissent au 6"° segment (5° séligère) tout près du cirre dorsal, laissant le dos bien à découvert. Ce ne sont d’abord que de petiles lanières hautes de 0”"",21, tandis que le cirre dorsal a 0"°,66. Peu à peu elles grandissent (au 13*° segment elles sont légèrement plus longues que le cirre dorsal), leur extrémité devient triangu- laire et, sauf à cetle partie, elles sont garnies de longs cils vibraliles du côté interne. Elles renferment un vaisseau en anse dont les 2 branches sont reliées par de nombreuses anses transversales. Le cirre dorsal contient aussi un vaisseau en anse, mais sans anses transversales. Le sang est faiblement coloré en rouge,

La région comprend tous les segments à partir du 30”°. La rame inférieure est ramenée plus haut sur les côtés du corps qui sont entièrement lisses, et elle n’a plus la même forme ni la même apparence, les soies jaunes ayant disparu. Le cirre ventral, haut en tout de 0*",27, a une base épatée rap- pelant la pinnule, mais se termine en cône pointu. Les bran- chies ont alors 1°*,32 de long el, deux fois plus hautes que le cirre dorsal (fig. 171), elles se rejoignent sur le dos, qu'elles recouvrent complètement. Diminuant progressivement de taille, elles disparaissent aux 8 segments anteanaux le dos reste à découvert comme aux segments antérieurs de la 1"° région el les 2 rames devenues très petiles sont repous- sées sur les côtés du corps. Dans le segment anal aussi haut que les 7 anteanaux s'ouvre un anus terminal festonné au bord. Les cirres anaux manquent.

Partout les soies sortant du corps s'élèvent à la rame ven- irale devant le cirre ventral et à la rame dorsale devant le cirre dorsal. Dans les 2 régions, les soies de la rame supé- rieure sont de 2 sortes: les unes, en forme de fourche ciliée intérieurement, dont les 2 branches de hauteur inégale sont légèrement renflées à leur extrémité (fig. 172). Il y en a une au segment sétigère, puis 2 et enfin 3 dans le der-

302 DE SAINT-JOSEPH.

nier tiers du corps; les autres, nombreuses dans la région (30 à 40) el moins dans la 2%, droites, minces, incolores, terminées en pointe lrès fine, annelées, paraissent crénelées au bord, quand on les examine de côté. Elles sont accompagnées de 4 à 6 acicules assez fins, subulés, pénétrant dans la base du cirre dorsal et qui apparaissent moins nette- ment dans la 1" région.

Les soies de la rame inférieure sont de 3 formes dans la 1”* région dès le segment sétigère : soies fines, inco- lores, crénelées, semblables à celles de la rame supérieure, mais un peu courbes; soies jaunes, foncées, recourbées en arrière, moins longues que les précédentes, ayant une large base qui se rétrécit brusquement pour finir par une longue pointe de plus en plus étroite. Vues de côté, elles sont crénelées au bord (fig. 173). Vues de face, elles sont creu- ses en dessous, et chacun des 2 bords, tant de la partie supérieure de la base que de la pointe, sont crénelés (fig. 174); grosses soies aciculaires jaunes recourbées en arrière, ayant avant leur extrémité supérieure 8 à 10 ran- gées transversales de fins denticules à peineindiqués (fig. 175). Elles ne dépassent pas le bord de la pinnule, landis que les 2 autres formes se prolongent au-dessus. On les voit beau- coup plusnettement à partir du 10°° segment. À la 2°° région, les soies de la rame inférieure sont beaucoup moins nom- breuses. Il ne reste plus que les longues soies minces inco- lores annelées; les deux autres formes ont disparu.

Outre les soies dont il vient d'être question, il y a à la rame inférieure, du côté le plus rapproché du ventre, des acicules incolores, unis, à pointe obluse, très légèrement courbes, qui sont un liers plus minces que les grosses soies aciculaires de la 1” région et deux fois plus gros que les acicules de la rame dorsale. Il y en à 4 dès le seg- ment, puis 5, 4, » el 4 jusqu à la fin du corps. Mais, dans la région, au lieu d'être tous groupés du côlé le plus rapproché du ventre, comme dans la 1", ils sont distribués en éventail dans la base du cirre ventral d’une manière carac-

ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE, 303

léristique, comme le seraient des crochets de Cirratuliens.

L'A./ævigala, avec ses branchies antérieures si petites, laissant le dos à découvert, et avec les deux côlés du corps bien lisses, est à rapprocher, sauf sous le rapport de la taille, du Scoloplos armiger, du Scoloplos Kerquelensis Me Int., Chall., du Scoloplos quadricuspida Fabr., de l'A ricia Mülleri et de l'Aricia Œrstedi Clpd. Il y a dans la collection du Mu- séum un exemplaire complet d'A. /ævigala, provenant de la Méditerranée. Plus petit que le mien, il a 37 millimètres de long dans l'alcool sur 3 millimètres de large en avant, plus de 250 segments, la tête arrondie, une région antérieure de 21 segments, des branchies très pelites cominençant au 10*° segment et laissant le dos bien à découvert jusqu’au 18*°. Les soies et acicules sont partout semblables à ceux que J'ai décrits ci-dessus. |

Méditerranée.

FAMILLE DES FLABELLIGÈRIENS (PHERUSEA Cr. CHLORÉMIENS QfS., SIPHONOSTOMACEAE Johnst.).

GENRE FLABELLIGERA Sars (Siphostomum Otto, Sipho- nostoma Rathke, Chloræma Duj.).

FLABELLIGERA CLAPAREDII N. S.

PI. XXL, fig. 176-179.

Deux exemplaires trouvés dans les rochers de Remardy, près de Saint-Jean-de-Luz.

Le corps d’un jaune clair, entouré d'une couche épaisse de mucus mélangée de sable et de vase, à peine aminci en arrière, mesure 40 à 60 millimètres de long sur 9 de large, el comple 31 à 40 segments. De très nombreu- ses soies simples cloisonnées forment la cage céphalique qui entoure la tête avec ses 2 gros palpes jaunes et ses

304 DE SAINT-JOSEPH.

branchies nombreuses comme celles de la Flabelligera diplo- chaïlos Otlo (1).

La rame supérieure a 23-925 soies simples cloisonnées sem- blables à celles de la cage céphalique, mais plus minces ; à ces soies, les anneaux les plus hauts (0**,06) sont à l’extré- mité antérieure et deviennent de plus en plus bas. A la rame inférieure, il y a 1 ou 2 soies composées avec un article en forme de crochet très recourbé ; la hampe, après cet article, a 77 à 80 anneaux moins serrés que chez la F1. di- plochaïtos ; ici les anneaux les plus bas sont les plus rappro- chés de l'extrémité antérieure de la hampe; peu à peu ils deviennent plus hauts (0**,0168) et sont suivis de 5 anneaux beaucoup plus espacés (0°*,063) après lesquels en viennent )0 aussi serrés que les 80 1°*, mais ce sont les anneaux les plus hauts qui sont les 1‘ el Les plus bas sont les derniers. Celte soie longue de 4**,80, soit un quart de plus que chez la F/. diplochaïlos, est entourée à sa base, comme chez celle-ci, d'une botte de 6 soies longues de 1°°,40, dont la pointe filiforme excessivement fine sort seule du pied. Les papilles qui accompagnent les soies sont Jagéniformes (fig. 176); les autres ont 3 formes différentes : en massue (fig. 177); sphérique (fig. 178); sphéri- que surmontée d’une pointe cylindrique (fig. 179).

Ainsi celle espèce a les soies dorsales beaucoup plus nom- breuses que la F4. diplochaïlos et avec moins d’anneaux, les soies ventrales moins nombreuses, plus longues et avec plus d’anneaux, el enfin deux formes de papilles qui n'existent pas chez la FT. diplochaïlos.

Claparède dans ses Annélides de Naples (p. 373) signale sans la décrire complètement et sans la dénommer, une Flabelligera voisine de la #. diplochaitos de Naples, dont la mucosilé est souillée de substances élrangères et dont les papilles sphériques ont un prolongement cylindrique. Il

(4) Voir Annél. polych. des côtes de Dinard, 3€ partie (Ann. des Se. Nat., me série, t. XVII, 1894, p. 100).

ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 36)

est possible qu'il s'agisse de notre espèce de Saint-Jean- de-Luz.

Méditerranée?

GENRE STYLARIOIDES D. Ch. (Pherusa Oken, Blv., Trophonia Aud. et Edw., Lophiocephala Costa).

Je comprends provisoirement dans le genre Siylarioides, comme l’a fait Von Marenzeller (1), les espèces appartenant à ce genre et au genre Trophonia, mais ce dernier, créé pos- térieurement à l’autre, par Audouin et Milne Edwards pour la Trophonia barbata, qui est le Stéylarioides monh/fe- rus D. Ch., doit disparaître. C’est à tort que Malmgren, Claparède et Grube l'ont fait revivre pour des espèces qui ne rentrent pas exactement dans le genre Stylarioides, et pour lesquelles il sera nécessaire d'établir un genre avec un nom nouveau, en y ajoutant peut-être d’autres genres ou sous-genres.

Le genre Sfylarioides comprend les espèces à corps en général long, beaucoup moins large à la partie postérieure qu'à la partie antérieure, avec soies des 1°* segments très longues, droites, fortes, peu nombreuses, irisées, dirigées en avant et formant cage céphalique, soies dorsales des segments suivants très fines et en petit nombre, soies ven- trales en crochet recourbé, partie antérieure du corps formant siphon exserlile et rétractile d’où sort et dans lequel rentre une bouche, en général trilobée, derrière laquelle s'élèvent 2 très gros tentacules placés à la base d'un pédoncule membraneux, épais, demi-cireulaire, servant de support à de nombreuses branchies disposées comme chez les Serpuliens, mais sur plusieurs rangées parallèles, papilles le plus souvent rares et petites : Sé. moniliferus D.Ch., SE. hirsutus Lo Bianco, Lophiocephalus grandis Qfe., Styla- rioides parmatus Gr. Semper.

(1) Beiträge zur fauna Spitzhbergens. Resultate einer im Jahre 1886

unternommenem Reise von D: Willy Kükenthal. Spitzhbergische Anneliden von Dr Von Marenzeller (Archiv. für naturg., 1889, p. 131).

306 DE SAINT-JOSEPAT.

Les espèces voisines du genre Sfylarioides, mais qui n’y rentrent pas exactement, ont pour caracières communs un corps plus court et relativement moins aminei à l’extré- mité postérieure que chez les Sfylarioides, les soies de la cage céphalique moins fortes, plus nombreuses el en géné- ral moins brillantes, des soies dorsales plus fortes et plus nombreuses, des soies ventrales n'étant pas toujours en forme de crochet recourbé, la portion antérieure du corpsne formant pas siphon (1), mais invaginant ou dévaginant une bouche derrière laquelle s'élèvent 2 tentacules plus gros que les branchies placées en arrière d'eux, moins nombreuses que chez les Siylarioides, bien séparées les unes des autres, rarement plantées dans une plaque membraneuse verli- cale, des papilles en général plus nombreuses et plus dé- veloppées.

Ces espèces formeraient un genre il faudrait distin- guer, comme le pense Von Marenzeller, plusieurs groupes d'après la forme des soies des segments qui suivent ceux portant les soies céphaliques et d’après les branchies. Mais si les soies sont assez bien connues, il n’en est pas de même des branchies qui, la plupart du temps, sont incomplète- ment décrites ou même passées sous silence. On comprend donc quelesgroupements suivants ne soient qu'une ébauche :

groupe. Soies dorsales et ventrales effilées :

a. 8 branchies, dont 4 plus grosses et 4 plus minces s’élevant en arrière de la bouche derrière les tentacules. Trophonia glauca Mgr. Trophonia hirsuta Hans., chez la- quelle les séparations des anneaux des soies sont saillantes. Stylarioides longisetosus Von Marenz.

b. Branchies? Trophoma Kerquelarum Gr. Gazelle, chez laquelle, d’après Mc Intosh Chall., les séparations des an- neaux sont saillantes aux soies dorsales seulement. Tro- phonia Wyvillee Me Int. Chall.

(4) Chez la Trophonia flabellata Sars, la partie antérieure du corps est plus saillante en avant que chez d’autres espèces, mais je ne crois pas qu'il s'agisse d’un véritable siphon.

P_

ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 367

2% groupe. Soies dorsales effilées et soies ventrales recourbées en forme de crochet :

a. 8 ou 10 branchies de grosseur égale disposées comme dans la division « du groupe précédent : S/ylarioides plumosa O. F. Müll. (7rophonia arctica Hans.?, borealis Hans.?,

rugosa MHans.?, d'après Levinsen). Trophonia affinis Verr. Stylarioides tenera, Gr. ?. Trophonia flabellata Sars. Stylarioides cinctus Hasw.?

b. Branchies nombreuses, de grosseur égale, supportées par une plaque membraneuse dressée verticalement der- rière les lentacules et la bouche : Siphonostomum cari- boum Gr. OErst. (1). Siphonostomum cingulatum Gr. Kr.? (2). Séylarioides rudis, Gr. Fr. Müll.? Trophonia capensis Me Int. Chall.

c. Branchies? Séylarioides scutiger Ehl. Flor. ? Sryla- rioides Horstü, Hasw.?

groupe, oies dorsales effilées et soies ventrales recourbées avec une fine épine sous-rostrale :

a. Branchies disposées en fer à cheval : Trophonia eruca Clpd.

b. Branchies nombreuses : Trophonia arenosa Webst.

groupe. Soies dorsales effilées. Soies ventrales arti- culées à quelques segments. Branchies? Séylarioides collari- fer Ebl. Flor.

5"° groupe. Soies dorsales effilées ; soies ventrales, les unes effilées plus ou moins épaisses, les autres recourbées en crochet plus ou moins épaisses. Branchies? Trophonia zanthotricha Schmarda.

STYLARIOIDES PLUMOSA O. F. Müller (3).

PI. XXI, fig. 180.

(4) Voir Ehlers, Florida Anneliden (Mem. of the Museum of compar. z0ol. at Harvard college, t. XV, 1887, in-4, pl. XLIL, fig. 7).

(2) Je place ici le S. cingulatum, Grube, dans sa description incomplète (Annul. OErst. Vidensk. Meddels, 1858) semblant assimiler le système bran- chial de cette espèce à celui du S. cariboum élucidé depuis par Ehlers.

(3) Voir Annél. polych. des côtes de Dinard, 3°° partie (Ann. des sc. nat.,

308 DE SAINT-JOSEPE.

Trois exemplaires adultes recueillis dans un dragage au Nord de Saint-Vaast par 30 mètres de fond environ, me permettent d’ajouler quelques détails à la description que j'ai déjà donnée d’un individu jeune.

Ces exemplaires ont de 55 à 60 millimètres de long sur 4 à 5 millimètres de large en avant et 2 à 3 millimètres en arrière, et 60 à 66 segments en tout. Le corps est d’un gris sale avec des particules de vase et des grains de sable agglutinés aux papilles surtout du côté dorsal, elles sont beaucoup plus nombreuses et plus fortes (0**,16 de haut sur 0**,04 de large) (fig. 180) que du côté ventral.

La partie antérieure du corps, qui est rétractile jusque dans le segment séligère et qui n'a pas de siphon exser- tile, a derrière la bouche ventrale 2 gros palpes d’un rose orangé parcourus en dessous par un sillon cilié, longs de 2°*,25 sur 0**,5 de large, et en arrière des tentacules 8 branchies vertes ciliées de grosseur égale, moilié moins larges que les tentacules, longues de 4**,75, et placées sur 2 rangées parallèles de 4 chacune l’une derrière l’autre.

Les 3 segments sétigères ont aux 2 rames des soies simples, droites, non brillantes, plus fortes que celles des segments suivants et formant cage céphalique pour protéger les tentacules et les branchies qui sont très caduques, lors- qu’elles sont sorties de l’intérieur du corps. Ces soies ont 0,063 de large dans la partie la plus large et leurs an- neaux d’égale hauteur 0”*,029 de haut. Celles du seg- ment, longues de 1 centimètre sont au nombre de 16 envi- ron à la rame dorsale et 8 à la rame ventrale de chaque côlé. Celles du 2*° segment sont moitié moins longues et moins nombreuses, el 1l est de même des soies du seg- ment par rapport à celles du 2°. Aux segments suivants, il y a à la rame dorsale des soies simples au nombre de 10 à 7, ayant 1°",5 de long sur 0°"”,033 de large dans la partie la plus large, et des anneaux égaux de 0,025 de

que série, &. XVII, p. 104 et pl. V, fig. 125). On a vu plus haut que ce n'est pas un véritable Stylarioides.

ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 309

haul. À la rame ventrale, les soies, jaunes et massives, au nombre de 4 ou 3, sont en forme de crochet recourbé (1), larges de 0**,08% dans la partie la plus large, avec des anneaux hauts de 0"*,021 près de la base et de 0**,010 à la partie antérieure avant la courbure du crochet. Les soies eflilées qui accompagnent chacune des soies ven- trales ne sont pas annelées el ne font pas saillie hors du corps. Elles ont une base assez large (0**,042), et Clapa- rède, chez la Trophonia eruca Clpd., les regarde comme des acicules.

L'anus terminal s'ouvre dans un très petit segment anal achète.

FAMILLE DES OPHÉLIENS Cr. (incl. ROLYOPHTHALMIENS Qfse.).

GENRE OPHELIA Sav., OErst. rev. (Ammotrypane Rathke p. p.).

OPHELIA NEGLECTA Aimé Schneider (2).

PL. XXL, fig. 184-195, et pl. XXII, fig. 196-199.

Au banc des Chiens près le Pouliguen.

Animal à mouvements lents vivant dans le sable.

Le corps composé de 33 segments dont 32 sétigères, cou- leur de chair avec reflets nacrés irisés, iong de 52 à 60 mil- limètres pour les grands exemplaires et large de 4 à 5 mil- limètres dans la partie antérieure, comprend deux régions bien distinctes de longueur inégale : la première cylindrique et renflée finissant en avant en cône pointu, de 9 segments séligères; la deuxième plus étroite, plus longue des deux tiers que la précédente, de 24 segments (y compris l’anal) dont les 18 1°* branchifères, encore convexe du côté dorsal, comme la 1" région, mais aplatie du côté ventral et

} Loë- ctb., pl. Vtt 19%

(1 | (2) Aimé Schneider, Sur l'Ophélie du Pouliguen (Tublettes zoologiques, t. Il, 1887, p. 1-9, et pl. XIV).

ANN. SC. NAT. ZOOL. V, 24

310 DE SAINT-JOSEP1Ii,

divisée en deux par un profond sillon longitudinal de chaque côté duquel règne un gros repli creux et transparent l’on voit circuler le liquide cavitaire.

Sur le dos, les segments sont partout très indistincts el chacun d’eux, sauf le*1*, est divisé en 5 petits anneaux sans compter celui sur lequel sont placées les soies. Ces anneaux sont formés chacun par un repli circulaire de la cuticule dentelé à un de ses bords dans l’intérieur du corps (fig. 181). Sous le ventre les segments, qui à la région étaient aussi peu marqués que du côté dorsal, deviennent plus distincts dans la 2*° région, surtout à l'extrémité du corps, mais les petits anneaux sont moins nets.

La cuticule, épaisse de 0*",022, se dissout dans la po- lasse et n’est donc pas chitineuse. Couverte de stries très fines longitudinales et transversales se coupant à angle droit et produisant lirisation, elle est percée de pores de 0"*,004 de diamètre irrégulièrement répartis sur tout le corps. À chacun des segments branchifères, il y a environ 25 rangées transversales régulières, plus ou moins droites ou obliques, de 80 à 100 pores d’un diamètre de 0**,006 à 0,010 (fig. 182 et 183). Ce sont les orifices de petits entonnoirs renfermant une substance granuleuse (peut-être des organes du tact, d'après Von Marenzeller) (1). Ces rangées s'étendent depuis le niveau des branchies, sur une longueur de 1 milli- mètre, uniquement du côté du dos dont le reste est occupé par des pores ordinaires plus petits distribués çà et là.

La tête, très petite, longue de 0”*,90, est en forme de cône pointu riche en tissu musculaire (fig. 184). Elle est creuse el le liquide cavitaire qui y pénètre, y apportant quel- quefois des œufs, peut la rendre très rigide, ce qui est utile à l'animal pour fouir le sable. À la base du cône, le cerveau bilobé porte à sa surface 4 yeux disposés en carré. Les 2 veux antérieurs et l'œil postérieur de gauche, d’un diamètre de 0"",02, ont un cristallin enchâssé dans une masse pigmen-

(1) Die Polychæten der Bremer Expedition nach Ostspitzbergen (Zool. Jahrb., t. VI, 1892, p. 425).

ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 37 |

laire noire; quant à l’œil postérieur de droite, il est pure- ment rudimentaire consistant en quelques granules pigmen- laires. De chaque côté du cerveau, la cuticule est percée d'une fente de 0"",3 de diamètre d’où sort un organe rétrac- tile vibratile, arrondi (fig 185 et 186) (organe de la nuque), qui est un organe des sens et qu’on a signalé souvent chez d’autres Annélides polychètes sans qu’on soit d'accord sur ses fonctions. M. Racovitza l’a étudié spécialement dans plusieurs familles (1).

Le 1” segment, qui fait suite à la tête, va en s’élargissant peu à peu jusqu’à la bouche placée à sa limite inférieure el se compose de 20 à 22 petits anneaux sur le 15*° et le 16"° desquels, en comptant à partir de la tête, on observe de chaque côté du dos une fossette produite, comme le dit Claparède, pour l'Ophelia radiata D. Ch., par la traction des muscles labiaux. Exactement sur la même ligne que la fente buccale, il y a de chaque côté 2 faisceaux de soies, l'un plus rapproché du dos, l’autre plus rapproché du ventre, sortant entre 2 lèvres béantes arrondies, et séparés l’un de l’autre par un pore ovale de 0°*,060 sur 0*°,045 qui traverse la cuticule sous la forme d'un gobelet vide au fond duquel se dressent de pelites fibrilles droites (fig. 187, e). Ce pore existe à tous les segments sauf l’anteanal. Quant aux soies, elles sont partout d’une seule sorte, fines et capillaires, les dorsales plus longues que les ventrales ; à chaque faisceau il y en a quelques-unes plus courtes que les autres. Comme, chez les Ophélies, les soies sont placées à la limite inférieure des segments, le segment buccal est donc sétigère. Il est suivi de 8 autres beaucoup moins hauts et divisés, comme nous l'avons dit, en 5 petits anneaux. Le segment, qui est le dernier de la région, est terminé du côté du dos par 2 ma- melons arrondis qui dominent les 2 faisceaux de soies placés au-dessous d'eux.

Au 10° segment sétigère commence la 2°° région et appa-

(1) Le lobe céphalique et l’encéphale des Annélides polychètes (Arch. de zool, expérim., 3ne série, t. IV, 1896).

519 -_ DE SAINT-JOSEPH.

raît Juste en arrière du faisceau de soies supérieur, qui en recouvre la base, une branchie ligulée, rouge, à cils vibra- üles courts et fins, parcourue dans toule sa longueur par une anse vasculaire dont les deux branches sont reliées par un grand nombre de petites anses transversales (fig. 187, b).

Au 12°° segment, un gros pore de 0**,1 de diamètre qui sert de débouché à un organe segmentaire s'ouvre en avant du faisceau séligère ventral vers le milieu du segment et on le retrouve aux 5 segments suivants (fig. 188, d). Les pre- mières et les dernières branchies sont moins longues que celles du milieu qui atteignent jusqu’à 7 millimètres de long. Il y a constamment à tous les exemplaires 18 segments branchifères qui sont suivis de 5 segments abranches bien marqués; les faisceaux de soies y sont semblables à ceux de la région, mais au dernier des 5, il n’y a pas de pore entre les 2 faisceaux. Le sillon ventral, qui s'était élargi aux 3 1°* de ces 5 segments, se rétrécit brusquement aux 2 derniers, qui sont plus étroits et lessoies plus longues que celles des autres segments, dépassent le segment anal et lui font une sorte de cage.

Le segment anal consiste en une membrane d’un gris sale qui paraît être un segment dégénéré à 7 ou 8 anneaux. Cette membrane semi-circulaire flotte autour de l'anus ter- minal et l'entoure, sauf du côté ventral elle est béante ; elle est frangée au bord de 18 papilles digitiformes ayant 0"*,66 de long sur 0"*,36 de large à la base. Ces 18 papilles s’élalent entre 2 prolongements papilliformes, deux fois plus longs et plus larges qu’elles, qui terminent les 2 replis ventraux de la 2” région et circule le liquide cavitaire; ce ne sont pas à proprement parler des papilles, quoi- que les auteurs les aient fait entrer en ligne de compte comme papilles.

La bouche, qui s'ouvre sousle ventre loin en arrière de la Lêle, consiste en une fente transversale large de 1°",20 pré- cédée d’une lèvre supérieure saillante, non fendue sur les côlés, se prolongeant en un long cône presque jusqu'à la

ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 313

tête (fig. 189, c) ; la lèvre inférieure, beaucoup plus courte et arrondie en arrière, est sillonnée de plis longitudinaux (fig. 189, d). La bouche est suivie d’une trompe exsertile, rouge et mullilobée, puis d’un œsophage court, tapissé de nombreux rephis, pénètre le sang contenu dans le sinus périæsophagien. L'œsophage passe au-dessous de l’organe problématique particulier aux Ophélies, pris par Delle Chiaje (1) pour une double vésicule respiratoire, par OEr- sted (2) pour une glande salivaire, par G. Costa (3) pour un cœur charnu, par N. Wagner (4) pour uncapuchon destiné à recouvrir la partie antérieure du canal digestif et à fouir le sable, par Quatrefages (5) pour un large entonnoir plissé exsertile, enfin par Claparède (6) et par Pruvot (7) pour un organe injecteur. C’est un sac conique très musculeux, bien indépendant du canal digestif, placé au-dessus de l’œso- phage au milieu du dos et qui n’est que la dépression d’une membrane musculaire fixée aux parois du corps comme un diaphragme en regard du 3*° faisceau sétigère et se laissant traverser néanmoins par l’œsophage et le liquide cavitaire (fig. 190). Un second sac pluspetit, disposé de même, placé au-dessus, vient s'emboîter dans le sans le remplir. Ces deux sacs sont creux et contiennent du liquide cavitaire. Il me paraît probable, comme à Claparède qui en indique le fonctionnement, que cet organe, occupant les et 5"° seg- ments, sert à injecter le liquide cavitaire dans le petit lobe céphalique. C’est la trompe qui est évaginée et non pas lui. Il est à rapprocher, comme je l’ai déjà fait (8), du diaphragme œsophagien des Térébelliens.

1) Descrizione e Notomia, t. IIL, p. 89. 2) Grônlands Ann. dorsib., p. 204, et pl. VIIL, fig. 105. ) Annali di Accad. d. aspir. natur., I, p. 83, fide Clpd. (4) Wagner, Die Wirbellosen des Weissen Meeres, in-fol., 1885, p. 55. (5) Sur quelques invertébrés marins d'Arcachon (Assoc. franc. pour l’avance- ment des sciences, t. I, 1873, session de Bordeaux, p. 653). (6) Annél. du golfe de Naples, p. 291, et pl. XXVI, fig. 1B b, b',c,c. (7) Pruvot, Système nerveux des Annél. polych. (Arch. de zool. expérim., 2ne série, t. IIL, 1885, p. 309, et pl. XV, fig. 1). (8) Les Annél. polych. des côtes de Dinard, 3%° partie (Ann. des sc. nat., me série, t. XVII, 1894, p. 192, et pl. VII, fig. 245).

3 n 5) 0

974 DE SAINT-JOSEPH.

À peu près au milieu du 6”° segment, l'estomac succède à l’œsophage. D'un diamètre beaucoup plus grand, il est entouré d'un sinus qui apporte le sang dans des replis sinueux et dendritiques les plus développés que je connaïisse pour le canal digestif d’un Annélide polychète. Ils forment 3 grou- pes : 2 latéraux assez bas et 1 ventral beaucoup plus impor- tant, piriforme, s’élevant presque jusqu’à la paroi dorsale de l'estomac, qu'il remplit en grande partie, et communiquant par un pédoncule avec le sinus péristomacal. Il est possible, comme le pense Schaeppi, que ces replis si importants cir- cule le sang servent à une respiration intestinale dans une région manquent les branchies.

Au commencement de la région abdominale, après le dis- sépiment entre le 9*° et le 10*° segment, l'intestin fait suile à l'estomac. Il est de même diamètre, mais les replis moins importants, sont seulement sinueux et non dendritiques. Il y a aussi un repli ventral, moins volumineux que celui de l’es- tomac et pénètre le sang du sinus péri-imtestinal. A cha- que segment, l'intestin est étranglé par les dissépiments, qui sont beaucoup plus marqués que dans la région thoracique.

Tout le canal digestif est recliligne et ne décrit pas de sinuosités. Au 3”° avant-dernier segment, le repli ventral de l'intestin est suivi de 2 valvules superposées, la supérieure avec 9 papilles digiliformes et l’inférieure avec 6 (fig. 191). Tout cet appareil, en général rétracté dans l’intérieur du corps, pend quelquefois hors de l'anus.

La descriplionde la circulation du sang donnée par Clapa- rède est inexacte sur bien des points. Wiren (1) avait décou- vert une circulation lacunaire autour du canal digestif depuis l’anus jusqu'à la base de la trompe chez l'Ophelina acuminata OBrst. (Ammotrypaneaulogaster Rathke). Jen con- state une semblable chez l'O. neglecta comme Schaeppi (2)

(4) Beitr. zur Anat. und Histol. der limivoren Annel. (K. Svenska Vetensk. Akad. Handlingar, t. XXII, 1887, p. 42).

(2) Das chloragogen von Ophelia radiata (Jenaische Zeits. für Medicin und Naturw., t. XXVILL, 1893, p. 256 à 273, et pl. XIX).

ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. R79

chez l'Ophelia radiata. Tous les détails qu'il donne sur la circulation du sang et sur le corps cardiaque dans son inté- ressant Mémoire sur cette espèce sont applicables à l'O. ne- glecta etje ne puis qu'y renvoyer. Le sang contient de nom- breux globules sanguins.

Le cerveau dont il à été question plus haut est relié à la chaîne nerveuse ventrale par 2 longs conneclifs æsophagiens qui se réunissent en arrière de la bouche après avoir suivi dans leur trajet les deux côtés du long triangle formé par la lèvre supérieure (fig. 189, c). Le cordon nerveux ventral décrit exactement par Claparède (1), plat et large de 0"",36, se dessine comme une bandelette blanche placée au-dessus des muscles obliques sur la ligne médiane ventrale et qu’on enlève facilement (2). Je n’y vois pas de fibre tubulaire colossale.

L'O. neglecta n’a pas de couche de muscles circulaires. De nombreux faisceaux de muscles longitudinaux dorsaux parallèles et juxtaposés occupent tout le dos jusqu’au point d'insertion des muscles obliques qui se détachent de chaque côté de la ligne médiane ventrale et au-dessous desquels sont placés de chaque côté du corps les faisceaux musculaires longitudinaux ventraux, beaucoup moins nombreux que les dorsaux. Les muscles obliques sont plus importants dans la région abdominale et c’est dans la chambre qui les sépare des muscles longitudinaux ventraux que sont logés la base des faisceaux de soies avec leurs muscles rétracteurs, et les organes segmentaires dans les segments oùils existent.

Il y a 6 paires d'organes segmentaires colorés en brun aux segments 12-17. Chacun d'eux renferme un canal peu sinueux, non recourbé, débouchant à l'extérieur par le gros pore dont 1l a été question plus haut et à l’intérieur par un pavillon vibratile dentelé au bord et dominé par 2 languettes

(4) Loc. cit., pl. XXVEL, fig. 1x.

(2) Voir, sur le système nerveux des Ophélies, Kükenthal, Ueber das Nerven- system der Opheliaceen(Jenaische Zeits. für Medicin und Naturw.,t. XX, 1887, p. 511-580, et pl. XXXII-XXXIV).

3176 DE SAINT-JOSEPH.

ciliées (fig. 192). Le pavillon de l'organe qui aboutit au gros pore du 12*° segment se trouve dans le 11°°, et ainsi de suite.

Les femelles et les mâles sont mûrs au mois d'avril. Les femelles ont des ovaires avec des œufs à tous les états de développement comme le figure Claparède pour l’Owema fusiformis D. Ch. (1); lorsqu'ils sont entièrement formés, les œufs, légèrement bruns, ellipsoïdaux, mesurant 0°°,20 dans le sens de la longueur (fig. 193), tombent dans la cavité du corps. Les mâles, que leur couleur blanchâtre distingue des femelles, sont remplis d’un nombre énorme de sperma- tozoïdes très petits, soit isolés (fig. 194), soit en régimes (fig. 195).

Dans le liquide cavitaire, j'observe des corpuscules lym- phatiques incolores à prolongements pseudopodiques figurés et décrits par Claparède pour l'O. radiata (2); mais j'y trouve surtout en grande quantité les corps bizarres vus pour la première fois par G. Costa chez la Neomeris wro- phytlla Costa (0. radiata) (3) puis par Kowalewsky (4) chez une Ophélie qu'il ne nomme pas, par Claparède (5) chez l'O. ra- data, par N. Wagner (6) chez l'O. aulogaster (0. limacina?), par Künstler (7) chez l'O. bicornis Sav.etenfin par Schaeppi (8) chez l'O. radiata. Pour Costa ce sont des caillots sanguins, pour Kowalewsky des amas de corpuscules Iymphatiques, pour Claparède peut-être des substances excrétionnelles, ce qu'admet aussi Eisig (9), pour Schaeppi des cellules lym-

(1) Annél. du golfe de Naples, pl. XXVI, fig. 5 p.

(2) Annél. du golfe de Naples, p. 287. et pl. XXIX, fig. 1. (3)

(

4) Entwickelungsgeschichte der Rippenquallen (Mém. de l'Acad. des se. de St-Pétersbourg, 72° série, t. X, 1866, p. 404. Introduction, p. vi).

(5) Annél. du golfe de Naples, p. 288, et pl. XXIX, fig. 44, 18,1 c.

(6) Die Wirbellosen des Weissen Meeres, in-fol., 1885, p. 55.

(7) Künstler, Sur un Rhizopode (Comptes rendus du 18 août 1884). Du- montia Opheliarum (Bull. de la Soc. de zoo! , t. X, 1885, p. 309-336, et pl. IV, fig. 1-41). Sur la structure réticulée des Protozoaires (Comptes rendus du 4 avril 1887).

(8) Das Chloragogen von Ophelia radiata (Jenaische Zeits. für Medicin und Naturw., t. XXVIIE, 1893, p. 247 à 256, et pl. XVI-XVII).

(9) Monographie der Capitelliden des Golfes von Neapel, in-fol., 1887, p. 689.

bancs te ÉSS =

L2

2

ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 311

phaliques renfermant des amas de corpuscules de chlora- gogène en forme de bâtonnel, opinion à laquelle je merange. Quand à M. Künstler, il pense que ce sont des protozoaires de la classe des Sarcodines, intermédiaires entre les Rhizo- podes et les Radiolaires; il leur donne le nom de Dumontia Opheliarum.

Les concrétions brunes, produits excrétionnels qu’on observe chez l'O. neglecta, comme chez tant d'autres Anné- lides polychètes, sont surtout abondantes dans le tissu péri- tonéal externe et dans le tissu épithélial interne du canal digestif et des organes segmentaires de l’animal. Tombant dans le liquide cavitaire, ils y sont englobés par les cellules lymphatiques dont nous avons parlé plus haut ; Schaeppi décrit en détail la manière dont, entourés chacun d'une vacuole, ils se juxtaposent dans la cellule lympha- tique en prenant la forme d’un bâtonnet brun plus ou moins coudé dans sa région médiane, la cellule augmen- tant peu à peu de volume en même temps que le bà- tonnel.

On les retrouve partout pénètre le liquide cavitaire : dans les 2 prolongements des sillons ventraux qui font partie du segment anal, autour du canal digestif, dans l'organe injecteur et jusqu autour du cerveau.

Dans sa forme la plus simple (fig. 196), la cellule à bâtonnet a un bâlonnet axial presque central long de 0**,03 à 0°*,05, d’un brun clair avec un noyau placé en regard de la concavité de la partie courbe (ce qu’on observe à tous les élats de développement) dans le protoplasma granuleux qui a de chaque côté et perpendiculairement à l’axe 3 pseudo- podes très nets fins et pointus.

Dans la forme la plus avancée de Ia cellule (fig. 197) qui se développe surtout en largeur, le bâtonnet atteignant 0"*,32 de long, devenu plus foncé, renflé à ses deux extrémi- tés en massue ou le plus souventen palette, s’est accru en lon- gueur etenlargeur au moyen de couches successives indiquées par deslignes de croissance très fines qu’on peutsuivre jusque

318 DE SAINT-JOSEPIT.

dans les palettes (1). Le protoplasma qui entoure immédia- lement le bâlonnet el ses extrémités est finement granuleux comme dans la forme moins avancée, mais le resle se modifie. De chaque côté du bâtonnet, et deux fois plus large du côlé concave de la courbure, il s’est formé une couche relativement épaisse de vacuoles, ayant l'aspect d’un tissu aréolaire, à laquelle succède une couche de protoplasma étalée comme une membrane très mince, presque diaphane, finement pointllée, se plissant facilement. Cette couche se découpe en nombreux pseudopodes plats, légèrement renflés à leur extrémité, remplis de proloplasma granuleux entre- mêlé de quelques vacuoles, dans lequel on ne peut aperce- voir le moindre courant. Lorsqu'il se trouve des vacuoles à leur extrémité, ils semblent avoir des sucoirs. Je ne leur vois jamais exécuter aucun mouvement et c’est inutilement que j'essaie de leur faire saisir de petites Paramécies que Je dirige à leur portée. C’est donc en apparence seulement qu'il y a quelque ressemblance avec un Rhizopode. Lors- que ces cellules à bâtonnet sont roulées dans le liquide ca- vilaire par les contractions du corps de l’Ophélie et qu'elles se présentent non pas de face mais du côté de la tranche, on constate que la partie vacuolaire du protoplasma forme un disque aplati autour du bâtonnet et que les pseudopodes et la couche protoplasmique très mince dont ils dépendent s’'emmèêlent les uns dans les autres tout en flottant.

Ces cellules singulières sont les seules de cette forme qu'on ail observées jusqu’à présent et on comprend qu'on ait pu au premier aspect les prendre pour des protozoaires, comme il est arrivé pour les urnes du Siunculus nudus.

Outre les cellules Iymphaliques avec ou sans bâlonnet, Je rencontre dans le liquide cavilaire des corps incolores, non chitineux, d’une forme particulière dont j'ignore la nature et la fonction (fig. 198 et 199). Je n'y retrouve pas le Zitho-

(1) Dans ma figure, il y a trois amas ronds de concrétions brunes en dehors du bâtonnet et le plus gros masque le noyau.

ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 379

cyshs Opheliæ Giard({) signalé par M. Giard dans une Ophélie du Pouliguen qui est probablement l'O. neglecta.

L'O. neglecta a done 9 segments antérieurs, 18 segments branchifères, 5 postérieurs, 20 papilles anales y compris les 2 prolongements papilliformes de la partie ventrale du corps, un pore entre les faisceaux de soies aux 2 régions, des lignes transversales régulières de pores aux segments branchifères, 2 valvules anales superposées avec des papilles en nombre plus élevé que chez l'O. radiata et l'O. bicornis.

L'O. radiata, comme j'ai pu m'en assurer par des exem- plaires de Naples et de Marseille, ces derniers dus à l’obli- geance de M. Mesnil, a 10 segments antérieurs, 14 branchi- fères et 7 postérieurs, 16 papilles anales y compris les 2 prolongements papilliformes, pas de pores entre les fais- ceaux de soies, pas de lignes de pores aux segments bran- chifères, une valvule anale supérieure avec 2 papilles et une inférieure avec 4, figurées par Delle Chiaje (2). L'O. lünacina (Ammotrypane limacina) Rathke a d'après Rathke et Grube 10 segments antérieurs, 23 branchifères, 4 postérieurs, 12 papilles anales y compris les 2 prolongements papilli- formes, un pore entre les faisceaux de soies et des lignes de pores aux segments branchifères.

L'O. bicornis ? OErst. (O. borealis Qfg.) a, d'après OErsted, 11 segments antérieurs, 21 branchifères, 4 postérieurs et 14 papilles à l'anus y compris les prolongements papilli- formes.

L'O. bicornis Sav., décrite ci-après, diffère aussi, comme on le verra, del’O. neglecta bien distincte des autres espèces.

M. Fauvel m'a donné une Ophélie de l'embouchure de la rivière de Lannion (l’Yaudet) qui est exactement la même que l'O. neglecta du Pouliguen.

Manche. Atlantique.

(1) Giard, Les habitants d'une plage sablonneuse (Bull. scient. du départ. du Nord, 2"® série, 9€ année, 1886, p. 190). (2) Descriz. e notomia, etc., 1841, t. VIE, pl. C, fig. 6.

380 DE SAINT-JOSEPH.

OPHELTA BICORNIS Sav. (1) nec D. Ch., nec OErst., nec Cosmow.

OPHELIA BIcORNIS Audouin et Milne Edwards, Recherches pour servir à l'hist. nat. du littoral de la France, t. 1, p. 267, et pl. VB, fig. 7-9. Quatrefages, Hist. nat. des Annel., t. Il, p. 273. Sur quelques invertébrés marins d'Arcachon (Assoc. franc. pour l’avancem. des sc., t. [, 1873. Session de Bordeaux, p. 653). ? Pruvot, Système nerveux des Annél. polych. (Archives de z0ol. expér., 2me série, t. III, 1887, p. 308, et pl. XV, fig. 1-2).

Trouvée au Banc du Port Ciguet au Croisic, par M. le Professeur Henneguy qui a bien voulu m'enremettre 3 exem- plaires conservés dans l'alcool.

L'O. bicornis est de même taille que l'O. neglecta, mais de couleur plus rosée. Le corps de forme semblable a 31 seg- ments en tout dont 9 sétigères pour la 1" région, 21 séti- gères et l’anal achète pour la 2”. Les 15 1°* segments de la 2°° région sont branchifères, avec des branchies plus courtes que chez l'O. neglecta, les médianes qui sont les plus lon- gues n'atteignant que 5 millimètres au lieu de 7. Les 6 seg- ments suivants sont semblables à ceux de la 1” région et le segment anal achèle entoure l’anus terminal de 15 papilles y compris les 2 prolongements de la partie ventrale du Corps.

C'est seulement aux segments branchifères qu'il y a un pore entre les faisceaux de soies. Les rangées transversales de pores, qui existent à ces segments chez l'O. neglecta, manquent ici. Les faisceaux de soies du segment (segment buccal), sont placés en arrière de la bouche. La valvule anale, qui me semble unique, a 6 papilles. Cet appareil val- vulaire, qui existe probablement chez toutes les Ophélies, a été décrit par Savigny et figuré par Audouin et Milne Edwards, chez l'O. bicornis, mais ces auteurs ayant pris la queue pour la têle en faisaient la crète membraneuse den- telée de la trompe.

Sur tous les autres points, les délails que J'ai donnés

(1) Savigny, Système des Annélides, p. 38.

ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 381

sur l'O. neglecta sont applicables à l'O. hicornis chez la- quelle on retrouve aussi dans le liquide cavitaire les cellules lymphatiques à bâtonnet.

L’exemplaire type de Savigny, recueilli par d’Orbigny à La Rochelle et faisant partie de la collection du Muséum, est maintenant en {rop mauvais état pour êlre consulté uti- lement. Je m'en suis donc référé à la description qui en a été donnée par Quatrefages à une époque il était encore possible de l’examiner. Elle me permet d'établir que l'espèce du Croisic est bien celle de Savigny. Qualrefages a trouvé plus tard à Arcachon une ©. Hicorms qui diffère sur quel- ques points de l'O. bicornis de Savigny telle qu'il l'avait dé- crile. Est-ce la même espèce?

Atlantique.

GENRE TRAVISIA Johnst. (AmMorrYPANE Rathke p. p.).

TraAvisiA ForBesir Johnst. (1).

? AMMOTRYPANE OESTROÏDES Rath. Rathke, Beztr. zur Fauna Norwegens (Nova acta nat. cur. etc., 1840, p. 192 et 195, et pl. X, fig. 9-18). Pruvot, Recherches sur le système nerveux des Annél. (Archives de zool. expérim., 1885, ?me série, t. IL, p. 303; pl. XI, fig. 8, et pl. XV, fig. 3-11). ? OPHELIA MAMILLATA OErst. OErsted, Grôünl. Annul. dorsib., 1843, p. 53, | et pl. VIIL, fig. 103, 112, 114, 119, 120. Zur Classif. der Annul. (Archiv für Nalurg., 1844, t. Ier, p. 110, et pl. ILE, fig. 21-23) TRAVISIA FORBESIT Levinsen, Overs. over de Nord. Annul. (Vidensk. Meddelser, 1884, in-8, p. 119). _ = Kükenthbal, Ueber das Nervensystem der Opheliaceen (Jenaische Zeils. für Medicin und Naturw., t. XX, 1887, p. 516-527, et pl. XXXII, fig. 1-14).

PI. XXII, fig. 200.

Au banc des Chiens, près le Pouliguen, dans le sable fin, avec les Ophela neglecta; animal à mouvements lents, ayant une odeur forte et désagréable rappelant celle de certains Ariciens.

(4) Ann. of nat. hist., t. IV, 1840, p. 373, et pl. XI, fig. 11-18. Cat. of

Brit. non parasit. Worms, p. 220, et pl. XIX, fig. 11-18, Johnston donne une bonne figure de lanimal entier.

382 DE SAINT-JOSEP1:I.

Le corps, d’une jolie couleur rouge tendre comme celle des Ariciens, a 28 segments et mesure au plus 25 millimètres de long sur 5 millimètres de large dans la partie médiane. I se divise en deux régions : la 1" plus large, cylindrique, en forme de fuseau, comprenant les deux tiers; la 2°°, beau- coup plus étroite, formant comme une queue rectangulaire et garnie de chaque côté de grosses papilles dont il sera question plus loin.

Les segments, assez indistincts dans la 1” région, sont plus distincts que chez l'Ophelia neglecta dans la partie pos- térieure ils sont comme imbriqués, ainsi que l'indique Johnston (loc. cit., pl. XIX, fig. 12).

Le 1* segment n'a pas d’anneau; le 2°° en a un seule- ment du côté dorsal; le et les suivants en ont cha- cun 3 qui font le tour du corps et du dernier desquels sortent les soies. À la 2°° région du corps ces anneaux ne sont pas circulaires ; ils ne sont marqués que sur le dos et sous le ventre et non sur les côtés. Aux 5 derniers segments, il ne semble plus y en avoir que 2.

La surface du corps qui agglutine le sable est couverte de grosses cellules polyédriques (fig. 200) saillantes, remplies de granulations incolores, séparées les unes des autres par un petit sillon où, d’après M. Pruvot, apparaît la cuticule qui partout ailleurs est cachée par les cellules. Cette cuticule est couverte, comme chez l'O. neglecta, de stries se coupant à angle droit; elle est irisée et parsemée de pores très fins.

En bas de la tête en pointe mousse, dont le cerveau man- que d’yeux, il y à de chaque côté à la limite antérieure du 1 segment, qui est achèle, un organe vibratile exsertile de même forme que celui de l’O. neglecta (voir PI. XXI, fig. 186) et d’un diamètre de 0"",16.

La bouche s'ouvre sur la limite du 2*° et du 3"° seg- ment, entre 2 lèvres dont la supérieure avec 3 plis lon- giltudinaux s'étendant sous tout le segment et l’in- férieure avec 3 plis semblables s'élendant sur une partie du 3%. Au segment, comme aux suivants, 1ly a de

ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 3893

chaque côté du corps un faisceau de soiés dorsales capil- laires non limbées, plus longues, et un faisceau de soies ventrales semblables mais plus courtes, séparés l’un de l'autre par un pore que M. Pruvot croit être un organe des sens. Au segment apparaît une pelite branchie longue de 0"",6 au-dessous du faisceau dorsal. Les branchies, creuses comme celles des Glycériens et lapissées intérieu- rement de cils vibratiles, se plissent souvent dans le sens transversal; elles communiquent avec le corps par un large orifice qui permet au liquide cavitaire d'y venir respirer. Les plus longues atteignent 1°°,80. Au 4”° segment, un gros pore qui sert d'ouverture externe à un organe segmentaire vient se placer sous le ventre, un peu en arrière du faisceau des soies ventrales sur l’anneau qui précède celui d’où elles sortent (1). Ce pore se retrouve aux 11 segments suivants, toujours accompagné d'un organe segmentaire très légère- ment coloré en brun, s’ouvrant dans le corps par un large pavillon vibratile et se terminant, comme le figure Rathke, par un petit canal recourbé qui débouche au dehors par le pore. C’est ensuite que commence la 2” région. Elle se compose des 12 derniers segments qui précèdent le segment anal. De chaque côté du corps il y a alors à chaque seg- ment, deux grosses papilles charnues qui rendent les seg- ments très distincts et sous lesquelles sont placés les fais- ceaux desoies et les branchies dorsales, qui persistent pendant 7 segments de cette région et disparaissent ensuite. Le seg- ment anteanal n'a plus qu'une ou deux soies à chaque faisceau et le pore intermédiaire n’existe plus.

Le segment anal achète, beaucoup plus étroit que les pré- cédents et qui entoure l'anus terminal, est bordé à sa partie inférieure de 8 à 10 festons placés chacun entre 2 raies lon- oitudinales superficielles qui remontent jusqu’en haut du

(1) M. Pruvot donne une figure exacte d’un des segments branchifères de la première région avec ce pore, et d'un des segments branchifères de la deuxième région sans ce pore (loc. cit., pl. XV, fig. 4 et 5). Ces 2 figures

données pour l’Ammotrypane æœstroïides sont applicables à la T. Forbesü, en supposant que ces 2 espèces ne doivent pas se confondre.

384 DE SAINT-JOSEPH.

segment. Il n’y a donc pas de véritables papilles déta- chées les unes des autres comme chez les Ophélies.

Ainsi, en résumé, il y a en tout 28 segments dont les 2 sans branchies, 20 avec branchies, 5 de nouveau sans branchies, et le segment anal. Il existe partout un pore entre les 2 faisceaux de soies, sauf au 27*° segment, etil ya de plus un pore segmentaire aux 4"-15"° segments.

IL sort de la bouche quelquefois une trompe courte et rouge, mullilobée, semblable à celle de l'O. reglecta. L'in- testin, contenant du sable, est en spirale et plus long que le corps; il est entouré d’un sinus sanguin. Les globules du sang sont très rouges.

Chez les femelles, qui sont müres au mois d'avril, les œufs gris et ronds, d’un diamètre de 0°",24, se voient par trans- parence et le corps paraît piqueté de blanc.

Il existe au banc des Chiens une autre variété de Travisia Forbesu de couleur blanche. La peau, qui est constituée de même, agglutine davantage le sable ; mais pour tout le reste je ne constate aucune différence avec la variété rouge dé- crite ci-dessus.

M. Fauvela bien voulu m'offrir une Travwisia Forbesu pro- venant de l’île Tatihou et qui est entièrement semblable à l'espèce du Pouliguen.

L'Ophelia mamillata est-elle la même que la 7. Forbes? OErsled n'en donne qu’une description incomplète. Il en trouve des exemplaires de 25 à 28 segments, ayant des bran- chies, soit à tous les segments (Oresund), soit aux segments médians seulement (Groenland); quelques segments posté- rieurs dont il ne donne pas le nombre ont des mamelons latéraux. Une O. manullata du Kattegat, donnée par Steens- trup à la collection du Muséum, à 25 segments en tout dont les 2 1°° sans branchies, les 17 suivants avec bran- chies, 5 de nouveau sans branchies et 1 segment anal. La 2°° région n'a que 9 segments avec mamelons laté- raux dont 4 branchifères faisant suite aux 13 branchifères de la 1" région. Les pores des organes segmentlaires n’exis-

ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 38)

lent qu'aux segments 8 à 15 inclusivement, le dernier se

se {rouvant comme chez le 7”. Forbes au dernier segment de la 1" région. L

Cette description s'applique beaucoup mieux à l'Ammo- lrypane œstroïdes Rathke, qui a aussi 25 segments et 17 paires de branchies, et il me paraît douteux que l'O. ma- millata et VA. æstroïdes doivent être assimilées à la Travisia Forbesi.

Mers du Nord, Manche, Atlantique.

GENRE POLYOPHTHALMUS Qfg.

PoLYOPHTHALMUS PICTUS Duy. (1).

POLYOPHTHALMUS picrus Quatrefages, Mémoire sur la famille des Polyophthalmiens (Ann. des sc. nat., 3me série, t. XIII, 1850, p. 11). Hist. nat. des Annel., t. IL, p. 205. Grube, Ein Ausflug nach Triest und dem Quarnero, in-8. Berlin, 1861, p. 49. Annulata Semperiana (Mém. de l’Acad. des sc. de Saint-Pétersbourg,t. XXV, 1878, p. 197). Claparède, Glanures zootomiques parmi les Annélides de Port-Vendres (Mém. de la Soc. de Phys. et d'Hist. nat. de Genève, t. XVII, 1864. Tirage à part, p. 5-22, et pl. I, has tetb2) Langerhans, Die Wurmfauna von Madeira, IIItT Beitrag (Zeits. für Wiss. Zool., t. XXXIV, 1880, p. 100). Meyer, Zur Anal. und Histol. von Polyophthalmus pictus (Archiv für Mikros. Anat., t. XXI, 1882, p. 769-823, et pl. XXXII et XXXIII). = Lessona, Sul! anal. dei Polioftalmi (Mem. dell’ Accad. di Torino, 2%e série, t. XXXV, 1884, in-4, p. 309-3925, et 1 pl.). Fe Kükenthal, Ueber das Nervensystem der Opheliaceen (Je- naische Zeits. für Medicin und Naturw., t. XX, 1887, p. 541-558, et pl. XXXIV, fig. 39-42). = Cuénot, Études sur le sang et les glandes lymphatiques dans la série animale : Invertébrés (Archives de z0ol. expé- rim., 2ne série, t. IX, 1891, p. 442, et pl. XVII, fig. 8). un Lo Bianco, Gli Annel. tubic. trovati nel golfo di Napoli (Atti della R. Accad. delle scienze di Napoli, 2me série, É NL L1892 pus): = Monticelli, Osservazioni sui Polyophthalmus (Boll. Soc. Natur. di Napoli, t. X, 1896, p. 35-50, et pl. D.

Trois exemplaires trouvés par M. Adrien Dollfus à Gué- thary et conservés dans le formol. (4) Naïs picta. Dujardin, Observations sur quelques Annélides marines (Ann.

des sc. nut., 2e série, t. XI, 1839, p. 293, et pl. VII, fig. 9-12). ANN. SC. NAT. ZOOL. v, 25

380 DE SAINT-JOSEPE.

Ils ont 17 millimètres de long sur 1"*,20 de large dans la partie la plus large, 28 segments sétigères et 1 segment anal achète. Le corps, atténué à ses deux extrémités, arrondi du côlé dorsal, est aplati du côté ventral qui est divisé en deux par un sillon longitudinal. Il y a sur le dos une large raie transversale brune à chaque segment: iln’y en a pas sur les côtés. Chaque segment se compose de plusieurs anneaux, mais dans l’état de conservation sont les animaux je ne puis les discerner assez nettement pour en fixer exacte- ment le nombre.

En bas de la tête qui est arrondie en avant et sur la limite antérieure du segment buccal, s’ouvrent 2 larges fos- settes d’où sortent 2 gros organes vibratiles. Le cerveau placé en avant des fossettes renferme 3 yeux dont 1 anté- rieur et 2 postérieurs. La bouche triangulaire qui livre pas- sage à une trompe globuleuse, s'ouvre sous le ventre en arrière des 2 organes vibratiles et un peu en avant des 2 pre- miers faisceaux de soies. Comme les soies sont placées à la limite inférieure de chaque segment, le segment buccal est donc sétigère.

Les segments sont indiqués seulement par 2 faisceaux de soies capillaires très fines et peu nombreuses sor- tant de chaque côté du corps, celles du faisceau supé- rieur plus longues que celles du faisceau inférieur ; elles sont séparées par un petit mamelon que Meyer re- garde comme un organe latéral, et elles ne sont pas plus longues aux derniers segments qu'aux autres. Du 7°° seg- ment inclusivement au 17° inclusivement apparaît de chaque côté du corps, en avant des faisceaux de soies et sur la même ligne qu'eux, une tache rouge en forme de demi-lune de 0,10 de large sur 0,05 de haut. Ce sont les yeux latéraux Je ne puis découvrir de cristallin. Benham (1) est disposé à y voir des organes photogènes. Le segment anal est une membrane pluriannelée, assez

« (4) The Cambridge natural history, L. 11, 1896. London, Macmillan : Poly- chætous Worms by Benham, p. 296.

ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 387

mince, fendue du côté dorsal et bordée de 12 papilles lan- céolées de grandeur inégale. |

Il est probable, comme l’a encore indiqué dernièrement Monticelli, que le P. pictus, le P. Ehrenbergi Qfg., le P. dubius Qfg. et le P. pallidus Clpd. ne sont qu'une seule el même espèce.

Méditerranée, Atlantique.

FAMILLE DES CAPITELLIENS Gr. (HALELMINTHEA V. Carus).

GENRE DASYBRANCHUS Gr. (DASYMALLUS Gr.).

DASYBRANCHUS CADUCUS Gr. (1).

DASYBRANCHUS CADUCUS Quatrefages, Hist. nat. des Annel., t. II, p. 258. Eisig, Monographie der Capilelliden des Golfes von Neapel, Berlin, in-fol., 1887, p. 168 à 202, 821 à 828, et pl. XVI à XXIII. Andrews, Report upon the Annel. polych. of Beaufort, North Carolina (Proceed. U. S. National Museum, t. XIV, 1891, p. 293). Cuénot, Études sur le sang des Invertébreés (Archives de zool. expér., 2me série, t. IX, 1891, p. 415 et 495, et pl. XVI, fig. 13-14). = _ Lo Bianco, Gli Annelidi tubicoli trovati nel golfo di Napoli (Atti dell” Accad. delle scienze di Napoli, 2me série, t. V, in-4, 1893, p. 15). NOTAMASTUS ROSEUS Langerhans, Die Wurmfauna von Madeira, IITte" Beitrag (Zeits. für Wiss. Zool., t. XXXIV, 1880, p. 99, et pl. IV, fig. 11). 92DASYBRANCHUS CIRRATUS Gr. Grube, Reise der OEsterr. Fregalte Novara, etc., Zool. Theil., t. IT, IIIte Abth., Anneliden. Wien, 1867, in-4, p. 28, et pl. II, fig. 4. UMBRINUS Gr. Grube, Annul. Semperiana (Mém. Acad. de Saint- Pétersbourg, t. XXV, 1878, p. 189). Æ LUMBRICOIDES Gr. Grube, 1bid., p. 190, et pl. X, fig. 4.

Trouvé en assez grande quantité près de Saint-Jean-de-Luz à Remardy et près d'Hendaye à la pointe de Sainte-Anne. dans les fentes de rochers brisés à coups de pioche.

Eisig a donné tant de détails sur cette espèce dans sa belle

(1) Dasymallus caducus. Grube, Beschr. neuer oder wenig bekannt. Annel. (Arch. für Naturg., 1846, t. I, p. 166, et pl. V, fig. 3 et 4).

388 DE SAINT-JOSEPE.

monographie des Capitellides qu'il ne m'en reste que peu de choses à dire.

Les exemplaires de Saint-Jean-de-Luz ont presque tous 27 à 30 centimètres de long sur 10 à 12 millimètres de large (1) et 275 segments environ. Mais quelques-uns ont jusqu'à 50 centimètres de long sur 13 à 14 millimètres de large el 380 segments au moins. La tête en forme de cône obtus est rétractile dans le segment buccal. Le corps d’un brun gris sale devenant plus clair dans les derniers segments seule- ment, a une forme subrectangulaire, et comme les 2 régions sont très peu tranchées, il a une apparence lombricienne (2). Il sécrèle une quantité considérable de mucus comme la Maclovia gigantea par exemple. Tous les segments sont bian- nelés, ceux du thorax ayant 2 millimètres de haut et ceux de l’abdomen moitié moins. Le thorax se compose de 14 seg- ments dont le 1” (buccal) achète aussi haut que les sui- vanis, et les 13 autres ayant de chaque côté un faisceau dorsal et un ventral de soies simples limbées rétractiles, comme celles du Nofomastus latericeus Sars, mais deux fois plus grandes et au nombre de plus de 100. La peau du thorax qui est quadrillée et parsemée de petites verrues creusées au centre d’où sortent des poils tactiles (echer/for- mige Organe d'Eisig), l'est beaucoup moins aux 3 ou 4 der- niers segments, ce qui rend plus insensible la transition du thorax à l'abdomen la peau est unie. L’abdomen comprend tous les autres segments du corps, les soies limbées dis- paraissent et qui ont 2 {ores dorsaux largement séparés l'un de l’autre du côté dorsal et 2 tores ventraux plus longs et assez rapprochés l’un de l’autre sous le ventre. Tous sont peu saillants. À mesure qu’on se rapproche de l'extrémité inférieure du corps, les tores, diminuant de longueur, sont de plus en plus séparés du côlé dorsal et du côté ventral.

(1) Eisig et Lo Bianco recueillent à Naples des exemplaires ayant plus de 1 mètre sur 15 millimètres de large.

(2) Eisig trouve à Naples des individus de cette forme et d'autres dont les deux régions sont beaucoup plus distinctes.

ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 389

Au 11°* segment abdominal, chaque tore dorsal a 112 cro- chets et chaque tore ventral 210. Ces crochets encapuchon- nés, deux fois plus considérables que ceux du Notomastus la- lericeus, ont 3 petites dents en arrière de la dent principale, un renflement dans la partie de la tige qui suit les dents, et un autre renflement peu marqué à une partie de la tige plus éloignée. Les 3 petites dents du vertex vues de face se montrent chacune composées d’une rangée transversale de denticules (Eisig, loc. cit., pl. XXXII, fig. 3-4). A l’extré- mité du tore ventral du côté le plus rapproché du dos, la rangée de crochets décrit une spire les 10 à 12 derniers crochets en voie de formation n'ont encore que leur partie antérieure (/4id., pl. XXIT, fig. 7). L’anus terminal est ré- lractile dans le segment anteanal.

Il sort de la bouche au-dessous du segment buccal une trompe globuleuse courte et inerme couverte de petites pa- pilles, dont chacune se termine par une verrue à poils tac- bles. L'intestin accessoire (Nebendarm) droit et un peu ovale accolé du côté ventral à l'intestin principal, a en général une largeur de 0*”,36 sur une hauteur de 0**,24; son canal intérieur est bordé de plusieurs replis comme celui de l'in- testin et contient par places une sorte de bouillie blanche. L'intestin principal, énorme en comparaison de l’autre, et moniliforme, est rempli de vase, de sable, de débris de Bryozoaires et de petits Zoanthaires.

La peau et les couches musculaires sont tellement épaisses qu'on ne voit pas rougir la partie antérieure comme chez d'autres Capitelliens par suite de l’afflux du sang dont les globules d’un diamètre de 0**,021 à 0**,024, remplis de con- crétions rouges, circulent librement dans la cavité du corps anangien. Aux 20-24 segments abdominaux en général, le sang vient respirer à l'extrémité des tores ventraux du côté dorsal, mais il n'y à pas de languette respiratoire accusée comme chez le N. latericeus. À partir du 20-24°° segment en général, à l'extrémité dorsale de chaque tore ventral, y compris ceux du segment anteanal, il s'ouvre une bouton-

390 DE SAINT-JOSLP!ET.

nière d’où sort une branchie exsertile que l'animal fait sortir ou rentrer constämment comme les Glycériens à branchies rétractiles. Ces branchies non ciliées, plus élégantes que celles des Glycériens, véritables sacs creux dont le tissu très mince est la continuation de la peau, bien figurées par Eisig (/0c. ait., pl. XVII, fig. 6), ont plusieurs branches, le plus souvent bifurquées, qui, moins nombreuses aux segments branchi- fères, atteignent plus loin le nombre de 12 à 16. Ou elles sont rentrées et alors la boutonnière est à peine visible, ou la boutonnière est entr’ouverte et ne laisse sortir que l’extré- mité des branches presque incolore, ou tout d’un coup elles sont toutes projetées brusquement, et le sang y afflue. À Ia moindre alerte elles disparaissent dans l’intérieur du corps elles sont ramenées par un musele rétracteur qu'on voit très neltement en ouvrant l’animal. M. Perrier (1) leur donne avec raison le nom de branchies cœliaques.

La fibre nerveuse colossale de la chaîne ventrale à un diamètre de 0"",048.

Les sacs génitaux n'existent qu'aux segments antérieurs de l’abdomen; ils s'ouvrent à l'extérieur sur la ligne latérale par un pore génilal en haut du segment. Au-dessous de ce pore et sur la même ligne vient le pore beaucoup plus petit qui sert de débouché à l’organe segmentaire. Ces organes existent à tous les segments abdominaux seulement (Eisig, loc. cit., pl. XVI, fig. 10 Nm, et pl. XXXIV, fig. 18), colo- rés en brun foncé par les concrétions qu'ils renferment. Ils ne sont pas fixés aux parois du corps, sauf par leur canal de sortie presque transparent je vois des œufs engagés. Au-dessous du pore segmentaire ils débouchent, et tou- jours sur la même ligne, s'élève entre le tore dorsal et le tore ventral, un petit mamelon qui est l'organe latéral. Cet organe existe à tous les segments du corps, mais aux seg- ments thoraciques, 1l est rétractile. Tous ces pores el ma- melons sont beaucoup moins nets que chez le N. latericeus.

(1) Traité de zoologie, 4896, p. 1554,

ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 391

Les exemplaires que j’examine à la fin de mars sont à l’état de maturité. Les œufs d’un gris jaune ont un diamètre de 0”*,16.

Je trouve aussi à Concarneau à la pointe de la Jument plusieurs exemplaires de D. caducus dont un de 220 milli- mèlres de long a les branchies couvertes de Rhabdostyla Arenicolæ Fabre Domergue.

Près d'Hendaye à la pointe de Sainte-Anne, je recueille aussi, en brisant les grosses pierres, des exemplaires plus longs, plus minces (4 à 6"*), plus fragiles, et de couleur beaucoup plus claire que les exemplaires décrits ci-dessus. Je ne puis en obtenir que des parties postérieures incom- plètes dont la plus longue a 80 centimètres et 592 segments. Est-ce une variété ?

Le 2. caducus décrit par Claparède dans ses Annélides de Port-Vendres paraît être le Dasybranchus Gajolæ Eisig.

Méditerranée, Atlantique (Beaufort, Madère, Saint-Jean- de-Luz, Concarneau, Kérity), Océan Indien? Mer de Chine ?

FAMILLE DES ARENICOLIENS Aud. et Edw. (FTÉLÉTHUSIENS Say.).

GENRE ARENICOLA Lmck.

ARENICOLA BRANCHIALIS Aud. et Edw. (1).

APENICOLA BRANCHIALIS Von Marenzeller, Polych. der Angra Pequena Bucht (Zool.

Jahrb., t. III, 1888. Abéth. für system., etc., p. 13).

Boscrki Rathke.Rathke, Beitr. zur Fauna Norwegens (Nova acta, etc., t. XX, 1840, p. 181, et pl. VIII, fig. 19-22).

—— ECAUDATA Johnst. Johnston, London's Mag. of Nat. hist, t. VII, 1835, p. 566, et fig. 54. Catalogue of Brit. non paras. Worms, 1865, p. 232, et fig. XLII.

Malmgren, Ann. polych., p. 189.

Quatrefages, Hist. nat. des Annel., t. II, p. 265.

Levinsen, Oversigt over de Nord. Annul. (Vidensk. Meddels. for 1883. Copenhague, 1884, p. 134).

sp. Gr. Grube, Zur Anat. und Phys. der Kiemenwürmer. Kônigsberg, in-4, 1838, p. 3.

(1) Recherches pour servir à l'histoire naturelle des côtes de la France, t. U, 4834, p. 287, et pl. VIIL, fig. 13.

399 DE SAINT-JOSEPH.

LUMBRICUS MARINUS ANOTHER species Daly. Dalyell, Powers of the Creator, etc., t. IT, 1853, in-4, p. 137, et pl. XIX, fig. 4-7. ARENICOLA GRUBIL Clpd. Claparède, Aanet chétup. du golfe de Naples p. 296,

et pl. XIX, fig. 2.

Horst, On Arenicola specimens from the quif of Naples (Notes from the Leyden Museum, t. XI, 1889, p. 43, et pl. II, fig. 12-15).

Jourdan, Épithélium sensitif des Vers anneles (Ann. des sc. nat., me série, t. XIII, 1892, p. 245, et pl. VI, fig. 10-12)°

Ehlers, Die Gehürorgane der Arenicola (Zeils. für Wiss. Zool., t. LIIT. Supplément, 1892, p. 249 ; pl. XIII, fig. 33-37, et pl. XIV, fig. 38-48).

Lo Bianco, Gli Annelidi tubicoli trovati nel golfo di Napoli (Aiti dell’ Accad. delle scienze di Napoli, 2ne série, t. V, 1893, in-4, p. 10, et pl. IT, fig. 2).

_ cyANEA Czier. Cziernavski, Materialiaad zoographiam Ponticam com- paratam. Fascicule IIL. Vermes (Bulletin de la Soc. des Natur. de Moscou, 1881, 2, p. 352).

DIOSCURICA Cziern., Ibid., p. 355.

Bogrerzkn Cziern., 1bid., p. 355.

PI. XXIL fig. 201-202.

Trouvée dans la baie de Saint-Jean-de-Luz près de Sainte- Barbe, se creusant une galerie en U dans le sable comme l’Arenicola marina.

Le corps rond, vert très foncé, presque noir, à peine renflé en avant, se compose de 2 régions : l’une de 12 ou 13 segments, dont le buccal achète et 11 ou 12 sétigères, l’autre sétigère et branchifère formée d'un nombre variable de segments. Ainsi sur 5 exemplaires, l’un de 140 millimè- tres de long sur 7 millimètres de large dans la partie la plus large et 3 millimètres à la fin du corps, a 26 segments bran- chifères; l’autre de 70 millimètres sur 3**,5 de large, dans la partie la plus large, en a 18; Le 3*° de 60 millimètres en à 24; le et le 5*° de 45 millimètres en ont l’un 19, l’autre 20. La partie caudale si importante chez l’A. marina manque.

Le segment buccal allongé, sur lequel on ne distingue pas de tête comme chez l’Arenicola marina, va en s’amincissant vers l’extrémité antérieure. Il se compose de 8 ou 9 an- neaux peu distincts dans le 1” desquels s’ouvre la bouche terminale qui livre passage à une trompe globuleuse couverte de petites papilles coniques. Au centre de la trompe est l’en- trée du canal digestif qui n'est pas la bouche proprement dite, comme je l'avais avancé à propos de l'A. marina, sui-

ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 393

vant l'opinion de Grube. Le segment séligère a 3 anneaux, dont le porte les 1°* faisceaux de soies ; le 2°° sétigère en a 4 el les suivants 5, sauf les 8 avant-derniers qui n’en ont que 4. Quant au dernier qui est interrompu brusquement, il n'en à que 2,3 ou 4 mesurant en tout 1°°,5 à 2 millimètres de haut, et c’est dans le dernier que s'ouvre l’anus terminal ; on peut donc dire qu'il n’y a pas de région caudale. Partout l'anneau qui porte les soies est plus saillant que les autres.

Tous les segments sétigères ont 2 faisceaux de soies dor- sales (fig. 201) au nombre de 14 à 16 en moyenne, sembla- bles à celles de l'A. marina, mais trois fois plus minces, bordées aussi de très fines épines de chaque côté ; elles sor- tent entre 2 valves qui terminent le pied. Les soies et les pieds sont très petits aux 3 1°* segments, surtout au ils échappent facilement à l'observation. À tous les pieds dor- saux font suite sur la même ligne transversale 2 longs tores ventraux qui se rejoignent presque sous le ventre, n'étant séparés que par un intervalle de 0**,24. Chacun d’eux est garni de nombreux crochets (122 au 7*° segment sétigère) dont le croc terminal est précédé d’un denticule nettement marqué (fig. 202). Au 12*° ou 13"° segment sétigère, derrière les pieds, apparaît une paire de branchies très petites, deve- nant de plus grande taille aux segments suivants pour dimi- nuer progressivement aux derniers. Elles sont formées de 3 branches distinctes arborescentes à nombreux rameaux (1) et parcourues par une anse vasculaire longitudinale dont les 2 branches sont reliées l’une à l’autre par des anses transversales. Chez un exemplaire, 1l n’y a de branchies que d'un côté au dernier segment branchifère, ce que Von Marenzeller avait déjà signalé.

Ehlers (/oc. cit.) décrit longuement les otocystes et les nombreux otolithes de taille différente qu'ils renferment.

L'Arenicola Grub de Naples est semblable à l'espèce de Saint-Jean-de-Luz. Sur 4 exemplaires que j'examine et qui

(4) Voir Horst, loc. cit., pl. IL, fig. 12.

394 DE SAINT-JOSEPK.

ont 11 segments sétigères précédant les segments branchi- fères, 2 ont 60 millimètres de long, un segment anal à 4 an- neaux terminaux afteignant 4 millimètres de long, et l’un a 14 segments branchifères, l’autre 9 ; le 3*° exemplaire de 10 millimètres à 29 segments branchifères, le 4*° long de 80 millimètresen a 19; tous les deux ont au dernier segment 2 anneaux terminaux mesurant en tout 2 millimètres de haut.

D'après ce qui précède, on voit que ie nombre des seg- ments, surtout celui des segments branchifères, est variable et ne peut servir à établir des espèces différentes. Aussi faut-il joindre à notre espèce les Arenicola cyanea, dioscurica et Bobretzhu Cziern. qui ont 11 segments séligères abran- ches antérieurs et ne diffèrent les unes des autres que par un nombre variable de branchies. Il faut y joindre aussi l'A. branchialis qui a 12 ou 13 segments sétigères antérieurs abranches et 19 à 20 branchifères, l'A. Boeck qui en a 16 séligères antérieurs abranches et 40 branchifères, l’A. ecaudata qui a 1% à 15 segments sétigères abranches et 17 à 27 branchifères.

Toutes ces espèces doivent être réunies sous le nom d’Are- nicola branchialis qui est Le plus ancien. Elles ont pour carac- tères communs une région antérieure moins renflée que chez l'A. marina, un nombre de segments sétigères et branchi- fères plus considérable, très variable pour les segments bran- chifères surtout, tandis que chez l'A. marina il est fixe, enfin principalement l'absence de la région caudale si développée chez l’A. marina et qui manque complètement chez l'A. branchialis. À ces différences avec l’A. marina, on peut ajouter qu'ici la peau n’a pas de verrues, qu'il n’y à pas de tête distincte, que les crochets ventraux ont avant le croc lerminal un denticule dorsal très net, qu’ils sont plus nom- breux et que les tores sont plus développés.

Mers du Nord, Manche (1), Atlantique, Méditerranée, Mer Noire.

(1) Grube et Von Marenzeller trouvent l'A. branchialis à Saint-Malo, et M. Mesnil à l’anse de Saint-Martin, près du cap de la Hague.

4

ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 999

FAMILLE DES MALDANIENS Sav. GENRE JOHNSTONIA Qfe.

JONNSTONIA CLYMENOIDES Qfg. (1).

JOHNSTONIA CLYMENOIDES Grube, Mitlh. über St Malo und Roscoff, elc. (Abhand. der

Schlesch. Gesells., 1869-1872, p. 111). Bemerk. über Annel. des Pariser Museums (Archiv für Nalurg., 1870, p. 320).

Je trouve la J. clymenoides à Saint-Jean-de-Luz près de Sainte-Barbe, entre les feuillets des roches calcaires, en- tourée d’une très mince couche de sable.

Le corps assez muqueux, long de 90 millimètres sur 2 millimètres dans sa partie antérieure la plus large, est de couleur verdâtre avec raies longitudinales blanches sous le ventre et sur les côlés, et se compose de 24 segments dont 22 sétigères. Il y a une bande circulaire rouge aux 3*°, 4”, b"° el 6”* segments séligères et une large bande brune au 8”. Les 4 premiers segments sétigères ont 1 millimètre de haut chacun le Sri 5e 682 mlhmetress emilie mètre, le 8°° et le 9*° 4 millimètres, les 10-12%°5 millimètres, les 13-19"° 6 millimètres, les 20° et 21°° 3 millimètres, le 22° 2 millimètres, et le segment anal 2 millimètres (2). C'esl au 7"° segment séligère que les pieds commencent à être placés à la partie inférieure du segment.

La tête sans yeux, fusionnée avec le segmentbuccal achète, est recouverte d'une plaque légèrement inclinée du côté du dos, bordée tout autour d’un limbe incisé seulement en avant pour livrer passage à une papille obtuse. Une carène longitudinale accompagnée d’un sillon de chaque côté parcourt les 2/3 de la longueur de la plaque cépha-

(1) Quatrefages, Hist. nat. des Annél., t. 1, p. 245, et pl. XE, fig. 10-15. (2) Ces mesures de la longueur des segments sont prises sur l'animal conservé dans l'alcool qui n’a plus que 85 millimètres au lieu de 90,

396 DE SAINT-JOSEPH.

lique et vient se terminer au-dessous de la papille. Cette carène et les sillons sont la crêle et les sillons de l’organe nucal comme l’a établi M. Racovitza. Cette disposilion du lobe céphalique est assez semblable à celle du lobe cépha- lique de la Cl/ymene lumbricoides (1), sauf que chez celle-ei la carène el les sillons sont moins longs et que la partie dorsale du limbe de la plaque est dentelée.

Le segment buccal qui esl comme enchâssé dans le 1°" segment séligère est triannelé seulement du côté ventral la bouche s'ouvre à la partie antérieure du anneau.

Les 3 segments sétigères ont une rame dorsale com- posée d’un mamelon d’où sortent des soies faiblement lim- bées, et la rame ventrale n’est représentée que par un gros croc tout à fait semblable à celui de la Leiothone clyneata (2). Aux segments suivants, il se joint aux soies limbées de la rame dorsale des soies pennées transparentes et fragiles comme celles de la Leochone clypeata (3), et la rame ventrale se compose d’un tore coloré en blanc garni d'une rangée simple transversale de crochets absolument semblables à ceux de la Clymene lombricoides avec 4 à 5 crêtes au vertex et barbules sous-rostrales (4). Presque partout les soies sont accompagnées de pelites algues filamenteuses incolores.

Sur les 6 segments anteanaux (17"° à 22**° sétigères) appa- raissent des cæcums respiratoires non ciliés, petites papilles rougies par un vaisseau en anse qui y pénètre, marbrées de brun et longues de 0"",36 sur 0"",096 de large. En pelil nombre aux 17%° et22*%° segments sétigères, elles sont dispo- sées de chaque côté du corps en 2 rangées longitudinales parallèles du 18*° au 21%. Le segment anal achète se ter- mine par un entonnoir garni de 22 petites dents de longueur égale et au centre duquel s'ouvre l’anus entouré de 20 papilles.

(4) Racovitza, Lobe céphalique et encéphale des Polychètes (Arch. de zaol.

L \

expérim., 3me série, t. IV, 1896, p. 231-237, et pl. V, fig. 40-47).

(2) Voir Annél. polych. des côtes de Dinard, 3% partie (Ann. des sc. nat., 7n6 série, t. XVII, 1894, pl. VI, fig. 172).

(3) Voir loc. cil., pl. VI, fig. 171.

(4) Voir loc. eit., pl. VI, fig. 163 et 164.

ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 397

À Concarneau, la J. clymenoides est plus commune, jen trouve à la pointe de la Jument 8 exemplaires de 9 à 20 centimètres de long. Chez celui de 20 centimètres qui est une femelle mûre contenant des œufs gris de 0"",16 de dia- mètre, les segments du milieu du corps atteignent une très grande hauteur {le 15° a 3 centimètres). En général, il y a 22 à 32 dents à l’entonnoir anal, et 42 à 50 crochets aux tores uncinigères.

Manche (Roscoff). Atlantique.

FAMILLE DES AMMOCHARIENS Mr. GENRE OWENIA D. Ch. (Ammochares Gr.) (1).

OwEnIA FusIFORMIS D. Ch. (2).

OwEnIA FILIFORMIS D. Ch. (3). Claparède, Annél. du golfe de Naples, p. 446, et

pl. XXVI, fig. 5.

_ Drasche, Beitr. zur feineren Anat. der Polych. Anatomie von O. filiformis D. Ch. Wien, 1885, in-8, 22? pages et ? planches.

-- Cunningham and Ramage, Polych. sedentaria of the Firth of Forth (Trans. Edinb. Soc., in-4, 1888, t. XXXIII, p. 656).

= Michaelsen, Die Polychætenfauna der Deutschen Meere, etc. (Wiss. Meeresunters. herausg.von der Komm. zur Unters. der Deutschen Meere in Kiel und der biol. Anstalt auf Helgoland. Neue Folge, II Band, Heft I, 1897, p. 40, et pl. I, fig. 18).

pusironms D. Ch. Claparède, Recherches sur la structure des Annél.

| sédentaires (Mém. de la Soc. de physique et d’hist. nat. de Genève, t. XXII, 1873, p. 85, 107, 129, et pl. VIII, fig. 8-12).

Eisig, Monographie der Capitelliden des Golfes von Neapel, Berlin, 1887, in-fol., p. 336.

= Lo Bianco, Gli Annel. tubic. del golfo di Napoli (Atti dell Accad. delle scienze di Napoli, ?me série, t. V, 1893, 11, p- 22):

Gilson, Les glandes filières de l'O. fusiformis (La Cellule, t. X, 1894, p. 299 à 330, et 1 planche). The nephridial duct of Owenia (Anatom. Anzeig.,t. X, 1894, p. 191, et 5 figures).— On the septal organs of O. fusiformis (British Associat. Ipswich, 1895). Organes septaux de l’Owenia (Comptes rendus du congrès intlern. de Zool. Leyde, 1896, in-8,

(1) Delle Chiaje a créé le genre Owenia en 1842. Depuis lors Prosch a attribué ce nom, en 1847, à un genre de Céphalopodes et Külliker, en 1853, à un genre de Cténophores. Le genre Ammochares de Grube ne date que de 1846 et doit disparaitre.

(2) Descriz. e notomia, etc., pl. 155, fig. 1-6, fide Clpd.

(3) C'est à tort, comme il l’a reconnu depuis lui-même, que Claparède a donné le nom de filiformis à l’espèce de Delle Chiaje.

395 DE SAINT-JOSEPH.

p. 504 et 505). Les valves septales de l’Owenia (La Cellule, t. XII, 1897, p. 377-416, et pl. I-IIl). AMMocHARES OTTOnIS Gr. Grube, Beschr. neuer oder wenig bekannt. Annel. (Archiv für Naturg., 1846, p. 164, et pl. V, fig. 2). Kôlliker, Kürzer Bericht über einige im Herbst 1864 an der Westküste von Schottland ansgestellte vergl. Anat. Unters. (Wrzb. Nalurw. Zeits., t. V, 1864, p. 241) (1). —- Mc Intosh, On the structure of the Brit. Nemert. and some new Brit. Annel. (Trans. Edinb. Soc., in-4, 1869, t. XXV, p- 422, et pl. XV, fig. 14). OWENIA BRACHYCERA Marion. Marion, Sur les Annél. de Marseille (Revue des sc. nat. Montpellier, t. IV, 1875).

PI. XXIL fig. 203-208.

Trouvée par des marées moyennes au Croisic près de l’Es- tacade, et à Concarneau à l'entrée de l’anse de Kersos au bord d’un ruisseau qui vient s’y ieter. Habitant à peu de pro- fondeur, dans le sable demi-vaseux, un petit tube qui y est placé horizontalement ou verticalement, ouvert et pincé aux deux bouts, formé d’un tissu transparent assez épais, résis- tant, recouvert de grains de sable agglutinés et quelquefois de débris de coquilles fixés dans le tissu à angle droit par la tranche. Les lubes les plus considérables ont 3 milli- mètres de diamètre extérieur et 10 centimètres de long; en général, ils n’ont que 2 millimètres de diamètre et 4 à 5 centimètres de long. Il est assez difficile d'en extraire bien intacts les animaux qui y sont très à l’étroit et qui ont de 30 à 50 millimètres de long sur 1 millimètre à 1"*,5 de large et 22 à 27 segments sétigères.

Le corps cylindrique, rigide, atténué seulement aux der- niers segments, leignant l'alcool en vert, est coloré en vert à la partie thoracique, puis en vert et acajou. Le segment buccal très peu élevé supporte une couronne de branchies plates, laciniées, ciliées du côté qui est tourné vers la bouche, ét au nombre de 6 (3 de chaque côté du corps). Chacune d'elles, haute de 0"”,60 environ, à une base large et très basse d’où s'élèvent 3 ou 4 branches subdivisées elles-mêmes en 7 à 8 rameaux Lerminés chacun par 2 pelits lobes arrondis.

(1) D'après Drasche, il s’agit peut-être de l’Owenia assimilis Sars.

ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 399

Tout ce système, pénètre le liquide cavitaire, est plus ou moins complètement coloré en rouge brun, sauf les 2 lobes terminaux, parcouru par de nombreux vaisseaux capillaires, et s'enroule, à l'exception de la base, du côté intérieur de la couronne. Aussi les coupes transversales des branches et des rameaux ont-elles la forme de fer à cheval, comme je l'ai constaté après Drasche. La couronne des branchies est interrompue du côté dorsal et du côté ventral. Du côté dorsal, les branchies sont séparées par un lobe en demi- lune de 0**,54 de large sur 0"*,30 de haut qui semble être la tête contenant le cerveau d’après Drasche. La partie terminale antérieure du corps entourée par la couronne des branchies, forme un plan légèrement incliné vers le côté ven- tral. Sur ce plan, s'ouvre, au-dessous de la têle et rappro- chée du dos, la bouche, simple fente transversale de 0**,48 de large et se dressent, entre la bouche et la partie ventrale, 2 lèvres massives bilobées signalées pour la première fois par Drasche. Elles se font face l’une à l’autre, et celle qui est la plus rapprochée de la bouche est plus forte que l’autre. Ne communiquant pas avec le canal digestif et bien séparées de la bouche, elles semblent être un appareil préhenseur rappelant les aviculaires des Bryozoaires (1).

La région thoracique qui est en général moitié ou même quelquefois deux fois moins longue que le 1* segment de la région abdominale, est bordée en avant, du côté dorsal, par un repli peu saillant coloré en rouge brun. Deux lignes minces de même couleur se dessinent sur le corps à peu de distance de ce repli etse rejoignent sous le ventre en formant un angle aigu. La région thoracique se compose, outre le segment buccal achète, de 3 segments fusionnés ensemble et qui ne sont indiqués que par 3 faisceaux de soies simples de couleur jaune ocre, sortant de chaque côté du corps et cou- vertes de fines épines opposées dépassant à peine le bord de

(4) Drasche (loc. cit., pl. IL, fig. 1 et 2) donne deux très bonnes figures de la partie antérieure de l'O. fusiformis et des trois premiers segments abdo- minaux ; je ne pourrais que les reproduire.

400 DE SAINT-JOSEPH.

la soie (fig. 203). Les faisceaux des 2 1‘° segments com- posés chacun de plus de 100 soies longues de 0°**,92, sont tout à fait latéraux; ceux du 3*° segment, formés de 35 à 40 soies longues seulement de 0*",21, très voisins de la région abdominale, sont plus rapprochés de la ligne médiane dorsale que ceux des 2 1°* segments. Ce segment qui a échappé à Claparède et à Lo Bianco chez l'espèce de Naples y à élé constaté par Drasche et aussi par moi: il avait déjà élé reconnu par Kôlliker et Mc Intosh chez l’Ammochares Otionis qui est le même que l'O. fh/formis, et chez lequel Grube ne l'avait pas distingué. Le 1” faisceau est à 0°*,60 de distance du segment buccal, le 2*° à 0**,30 du 1°, le 3°° à 0"*,60 du 2” et à 0°”,30 du 1°” segment abdominal.

La région abdominale, assez iransparente, comprend 21 à2% segments séligères sans compter l’anal. Les 4 seg- ments abdominaux sont plus hauts que les suivants. Chez les exemplaires de grande taille, le 1% à 4 millimètres, le 5m 50, le 3% 4 millimètres, le 3 millimètres, et les sui- vanis vont toujours en décroissant jusqu'aux derniers qui n’ont plus que 0%*,24, puis 0"",12. Chaque segment, sauf ce qui sera dit plus loin, a, à sa partie antérieure, deux fais- ceaux de soies dorsales au nombre de 50 à 60 environ, sem- blables à celles des faisceaux thoraciques, rapprochées de la ligne médiane dorsale et colorées en jaune ocre seulement aux 3 segments. À mesure qu'on approche de la fin du corps, les 2 faisceaux s’écarlent progressivement de la ligne médiane dorsale, les soies y devenant moins nombreuses, mais conservant leur taille. Chaque faisceau est suivi presque immédiatement d’un tore haut de 0"",15 et long de 1””,80 dans les segments antérieurs, n'ayant plus que 0”",042 de haut et 0°*,30 de long dans les derniers. Les 2 tores se re- joignent presque sous le ventre ils ne sont séparés l’un de l'autre que de 0"",33. De chacun d’eux sort un nombre extrêmement considérable de petits crochets disposés par rangées verticales de 24 au segment abdominal, de 55 au 3°, puis le nombre va en décroissant et il n’y en à plus

ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 401

que 9 aux rangées des segments qui précèdent les anteanaux. Les 2 extrémités du tore élant arrondies et moins larges, les 5 ou 6 dernières rangées sont moins hautes avec 2 ou 3 fois moins de crochets. Le nombre de ces rangées verti- cales est variable; il y en a jusqu’à 225 au segment abdominal (ce qui donne environ 7600 crochets par tore) el 90 seulement aux derniers qui précèdent les anteanaux. Les crochets vus de profil semblent n'avoir qu’un eroc (fig. 204); mais on en distingue un 2*° (fig. 205) lorsqu on les examine de trois quarts ou de face, et, dans ce dernier cas, les bases des 2 crocs apparaissent comme 2 points brillants (fig. 206). La partie antérieure du crochet est précédée d’un renflement qui s'oppose à sa sortie de l’hypoderme sa tige est plongée. Cette tige plate et droite, longue de 0*",052, est suivie d’un prolongement filiforme assez semblable aux soies de soutien des Térébelliens, long de 0*",12, fortement re- courbé en arrière, qui pénètre dans la membrane basale assez transparente, parsemée de quelques noyaux et placée au- dessous de l’hypoderme. Les crochets sont tous disposés la tèle renversée en arrière vers le dos et les 2 crocs dirigés en l'air; l'animal, en gonflant son corps, peut les faire piquer dans lenveloppe membraneuse du tube, ce qui explique qu'il est difficile de l'en arracher puisqu'ils’ y cramponne par plus de 450000 crocs. Les tores des 3 1°* segments sont colorés en rouge par le sang.

Les segments abdominaux normaux, qui ondes soies dor- sales et des crochets ventraux, sont suivis de 2 petits segments anteanaux qui n'ont pas de soies dorsales, mais seulement 32 crochets en lout au 1°” de ces segments et 25 au 2”. Ainsi les segments thoraciques n’ont pas de crochets ven- itraux et les derniers segments abdominaux manquent de soies dorsales. Le segment anal achète se termine par 2 pe- tits lobes avec anus central (fig. 207).

Au-dessous de la cuticule, de l’hypoderme et de la couche des muscles circulaires qui n'existe que dans le thorax, l’en-

veloppe du corps esl lapissée d’une couche continue de ANN. SC. NAT, ZOOL. v, 26

402 DE SAINT-JOSEPH.

muscles longitudinaux puissants qui n’est interrompue que par le mésentère dorsal et le mésentère ventral du canal digestif. C’est à celte couche que le corps doit sa résistance, qui est moins grande aux derniers segments la couche est moins épaisse.

Une paire de glandes filières pend dans la cavité du corps, de chaque côté de l'intestin, aux et 2*° segments thora- ciques (1) et aux 4 segments abdominaux, ce qui fait 6 paires en tout. Ce sont des tubes cylindriques, transpa- rents, d’un diamètre de 0**,12, se recourbant quelquefois en deux, et communiquant avec l’extérieur par un petit pore de 0"",022 de diamètre qui s'ouvre à la base du faisceau des soies dorsales du segment auquel ils appartiennent (fig. 208). Ceux du 1* segment thoracique sont 2 fois plus longs que ceux du 2”°. Le plus long est celui du 1* segment abdominal, qui atteint 4 millimètres de long sur 0**,16 de large. Ces glandes, longuement étudiées par Gilson, contiennent un éche- veau de filamenis visqueux, incolores, excessivement fins, insolubles dans l’eau, exsudés par les cellules épithéliales de l'enveloppe de la glande et qui forment la membrane du tube dans laquelle on les retrouve juxtaposés et simulant des stries. Beaucoup de ces filaments sont entremêlés aux grains de sable du tube et les maintiennent en place. Très rigides, les glandes font saillie en dehors lorsque l’enveloppe du corps est endommagée. C’est probablement un accident de cette sorte qui à fait croire à Grube qu'il y avait des appen- dices en forme de massue aux 2 1°* segments thoraciques. Je trouve une fois un petit distome fixé sur une glande.

IL y a un dissépiment entre le segment buccal et le seg- ment thoracique, puisentrele dernier segment thoraciqueetle 1°" abdominal au-dessus des 2 faisceaux de soies dorsales et des tores, et entre chacun des segments abdominaux suivants, sauf entre le et le 2"°. Le tissu de ces dissépiments est entremêlé de muscles fins qu’on distingue bien surlescoupes.

(4) Gilson signale en plus une paire de glandes très rudimentaires, et qui n'existe pas Loujours, dans le troisième segment thoracique.

ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 403

La bouche est suivie dans toute la région thoracique par l’œsophage, d’un diamètre de 0"",72, recliligne et maintenu en place, comme le reste du canal digesüif, par un mésentère dorsal et un ventral. L'intestin droit, mais formant de nom- breux renflements et étranglements, va du segment abdo- minal jusqu'à l'anus; dans les 3°° et 4"° segments abdomi- naux, il est d’une belle couleur verte, due à de petites glandes qui l'y tapissent. Partout il est entouré par le vais- seau dorsal qui forme sinus péri-intestinal et qui se bifurque à l'entrée de la région thoracique, s’écartant de l’æœsophage. Chacune de ces branches se ramifie en vaisseaux capillaires qui, après avoir parcouru les branchies, redescendent pour former le vaisseau ventral. De chaque côté de ce vaisseau se détachent de nombreux cæcums courts, formant des am- poules rondes dont j'ai pu compter jusqu'à 40 dans le segment abdominal. Le sang est rouge.

Drasche décrit en détail le cerveau, les connectifs æœsopha- giens et les ganglions sous-æsophagiens. Le cordon nerveux ventral, très peu apparent, consiste en une bandelette noyée dans l'hypoderme, large de 0°",168 sur 0°”°,021 de haut, de tissu ponctué sans ganglions et sans fibres nerveuses colos- sales.

- Au dos de la région thoracique et des 4 1°° segments abdominaux, Drasche a observé deux bandes de couleur claire qui, quoique bien nettes, n’avaient pas été signalées avant lui, et qui sont des épaississements de l’'hypoderme. Chacune d'elles décrit un arc de chaque côté du corps, reliant le segment buccal au faisceau dorsal de soies du 1 segment abdominal, puis cet arc se répète à chacun des segments abdominaux antérieurs reliant les uns aux autres les faisceaux de soies des 5 segments. C’est dans l’épaisseur de chacune des 2 bandes qui s'étendent sur le segment abdominal que se dessine an canal très étroit coloré en rouge brun formant de nombreux lacets, et figuré mais non décrit par Drasche. Je pense, comme Gilson, que c’est un organe segmentaire. Un pavillon vibratile en forme d’entonnoir

404 DE SAINT-JOSEPET. | t

qu'on voit par {transparence dans l’intérieur du corps, dé- bouche dans le canal (1) à l'extrémité postérieure du 2*° seg- ment abdominal contre le dissépiment qui le sépare du 3%. Le canal, oùje ne distingue pointde cils vibratiles, se termine un peu avant l'extrémité antérieure du 2*° segment par une gouttière à ciel ouvert sans pore distinct.

Je trouve un mâle long de 5 centimètres, rempli de sper- matozoïdes, et plusieurs femelles dont la plus petite a 3 cen- timètres, contenant des œufs gris de 0°*,084 à 0**,10 de diamètre.

L'espèce de Naples, comme j'ai pu le constater sur des exemplaires conservés à l'alcool, quoique de taille plus con- sidérable (8 à 9 centimètres sur 3 millimètres de large) est bien la même que celle du Croisic et de Concarneau qui se rapproche comme taille de celle observée par Külliker et Mc Intosh dans la mer du Nord et par Drasche dans l’Adriatique. |

L'O. fusiformis tient à la fois des Maldaniens et des Serpu- liens. Comme la plupart des Maldaniens, elle a le corps cylindrique, plusieurs segments beaucoup plus hauts que les autres, des ‘sotes dorsales épineuses qui ne sont pas accom- pagnées de crochets aux segments antérieurs, des crochets de forme assez semblable à ceux des Maldaniens, sauf à leur partie postérieure qui donne l'impression de soies de sou- tien de Térébelliens. Comme les Sabellides, elle a un tube membraneux, des branchies, mais de forme différente (2), un sinus péri-intestinal, de nombreux cæcums. Le nombre de ses crochets la rapproche des Serpulides. Ce qui lui est surtout propre, ce sont ses glandes filières, qu’on ne re- lrouve, ni chez les Maldaniens, n1 chez les Serpuliens.

(1) Gilson, La Cellule, t. XI, pl. IL fig. 43.

(2) Cunningham et Ramage constatent que chez les jeunes les branchies ramifiées n'existent pas et qu'il n’y a qu'une membrane en forme d’en- tonnoir qui se découpe plus tard en lanières. De plus, la circulation y est purement capillaire. Il est donc assez probable qu'il s'agit d’une mem- brane plus ou moins laciniée surmontant le segment buccal et non de vé- rilables branchies,

ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 405

L'O. fusiformis à une aire fort étendue : Mers du Nord, Atlantique, Méditerranée, Adriatique, Délroit de Davis elle a été draguée dansl’expédition du Valorous à 3264 mètres de profondeur, Mers du Japon? (Drasche.)

FAMILLE DES SARBELLARIENS (HERMELLIENS Ofg.).

GENRE SABELLARIA Lmck. (Hermella Sav.).

SABELLARIA ALVEOLATA L. (1).

Trouvée dans des tubes de sable, soit isolés près de Saint- . Jean-de-Luz, à Remardy, soit agglomérés en masses consi- dérables sur la côte entre Saint-Jean-de-Luz et Guéthary. L'entrée du tube est entourée d’un godet sablonneux. Les animaux les plus longs atteignent jusqu'à 50 millimètres dont 10 millimètres pour la partie çaudale. Le corps est rouge, les branchies et les tentacules verdâtres.

FAMILLE DES AMPHICTENIENS Mgr.

GENRE LAGIS Mer.

LaGis KorEn: Mgr. (2).

PECTINARIA NEAPOLITANA Clpd. Claparède, Annél. du golfe de Naples, p. 373, et pl. XXVILL, fig. 1.

MaALmMGrent Gr. Grube, Bemerk. über die Amphicteneen und Am- phareteen (Jahresb. der Schles. Gesells. für 1870. Breslau, 1811 us A. D: f):

LaGIs KorEeNT Von Marenzeller, Über Lagis (PecriNARrA) KORENt Mgr. aus dem Mittelmeere und die Hakenborsten der Amphic- teneen (Verh. der k. k. Zool. bot. Gesells. in Wien, t. XXIV, 1874, p. 217). Zur Kennt.der Adriat. Annel. (Sitzb. der. k. Akad. der Wiss. in Wien, t. LXIX, 1874, pe 66, eb pl VIRE eL5).

(4) Voir : Annél. polych. des côtes de Dinard, 3*° partie (Ann. des sc. nat., 7% série, t. XVIL, 14894, p. 160). |

(2) Malmgren, Nord. Hafs Annul., p. 360. Ann. polych., p. 243, et pl. XIV, fig. 74.

406 DE SAINT-JOSEPH.

LAGIs KORENI Me Intosh, On certain homes or tubes formed by Annelids (Ann. of Nat. hist., 6me série, t. XIII, 1894, p.12).

Fauvel, Observations sur la circulation des Amphicténiens (Comptes rendus de l’Académie des sciences, du 26 octo- bre 1897, p. 616).

PECTINARIA KORENI Levinsen, Syst. geogr. Overs. over de Nord. Annul. (Vidensk. Meddels. for 1883. Copenhague, 1884, p. 152). Det Vidensk. udbytle af Kanonenbaaden « Hauchs » togter, 1883-1886. Levinsen, Annulata, etc., p. 346. Copenhague, in-4, 1890.

Bidenkap, Undersügelser over Annulala Polychæta om- kring Hardangerfjordens udlüb sommeren 1893. Kris- tiania, 1894, in-8, p. 9. Tirage à part. Syst. Overs. over Norges Annul. Polych. (Christiania Vidensk. selsk. Forh., 1894, p. 119).

Michaelsen, Die Polychætenfauna der Deutschen Meere, etc. (Wiss. Unters. herausg.von der Komm. zur Unters. der Deutschen Meere in Kiel und der biol. Anstalt auf Helgo- land. Neue folge, II Band, Heft I, 1897, p. 46).

PI. XXIL, fig. 209-222, et pl. XXII, fig. 223-235.

À la superficie du sable vaseux devant l'aquarium d’Arca- chon et à la plage d'Eyrac.

La Lagis Koreni habite un tube conique très légèrement courbe, percé aux deux bouts, qu’elle abandonne seulement lorsqu'elle commence à dépérir ; il se compose d’une cou- che unique de grains de sable généralement clairs et trans- parents, que l'animal agglutine les uns aux autres, au moyen deses tentacules péribuccaux, avec un ciment incolore et opa- que, ce qui ofire une certaine ressemblance avec des loges de Bryozoaires. Cette élégante mosaïque est revêtue inté- rieurement d'une pellicule muqueuse très mince presque toujours incolore et quelquefois pigmentée de rouge brun. Les plus grands tubes ont 60 millimètres de long sur 7 milli- mètres de large à l'extrémité antérieure et 0"",5 à l'exiré- mité postérieure, souvent colorée en noir par les excréments qui s’y aceumulent avant d'en sortir. M. Adrien Dollfus me communique des tubes renfermant des L. Koreni provenani de Scheveningen et de Bénerville, ces derniers ayant 9 cen- tüimètres de long sur 9 millimètres de large à l'extrémité antérieure. Tous ils sont presque absolument droits et cons- truits avec des grains de sables noirs, blancs, jaunes et

ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 407

bruns, réunis par un ciment incolore. Les animaux qu'ils renferment sont semblables à ceux d'Arcachon.

Le corps transparent sauf à la partie ventrale des 6 1°" segments, se contraclant quand on le touche, est blanc 1risé de rose et mesure, chez les animaux à l’état de maturité, de 15 à 37 millimètres de long, sur 5 à 7 millimètres de large en avant. Il va en s’amincissant peu à peu vers l’extré- mité inférieure 1} n’a plus que 3 millimètres de large. Il se compose de 2 régions, l’une très longue, ou thoracique, l’autre très courte, abdominale ou scaphe. Il serait peut-être préférable de compter 3 régions : la {°° thoracique s’arrêtant au 7°° segment; la abdominale commençant au seg- ment apparaissent les plaques onciales et la 3°”° post-abdo- minale ou caudale comprenant la scaphe.

La tête plate, charnue, inclinée obliquement vers le dos, est arrondie en arrière et sur les côtés elle est bordée par un limbe mince, saillant et uni, se terminant sur chacun des côtés du corps par un prolongement cirriforme long de 3 millimètres, renfermant un vaisseau aveugle en spirale. La partie antérieure ou frontale de la tête forme un angle rentrant très obtus dont le sommet est occupé par un petit cirre long de 0"",24 sur 0°*,12 de large (fig. 209). Sur cha- que côté de l'angle s'élèvent 10 à 13 palées dorées rangées en ligne. Bien figurées par Malmgren, elles ont une large base et finissent en pointe fine recourbée vers le dos. Elles font saillie sur une longueur de 3 millimètres, et leur base inclinée obliquement s'enfonce jusque dans le 2°° segment. D’après M. Watson, elles servent à fouir le sable (1). Derrière les palées, du côté ventral, il y a un voile céphalique très mince demi-cireulaire rattaché à ses deux extrémités au limbe céphalique. Ses tissus sont décrits et figurés exacte- ment par Claparède (/oc. ct., p. 375, el pl. XXVIIE, fig.1, D). Il est découpé au bord en 20 à 26 digitalions de taille inégale garnies à leur extrémité de poils tactiles; les

(4) Watson, On the habits of the Amphictenidæ (Ann. of nat. hist., 6me sé- rie, t. XIV, 1894, p. 43).

408 DE SAINT-JOSEPH.

plus longues ont 0"*,72 et les plus courtes moitié moins.

Le segment buccal, fusionné avec la tête, est dominé du côté dorsal par le petit rebord du limbe céphalique et porte de chaque côté un cirre tentaculaire long de 4°°,20 sur 0**,084 de large à la base, renfermant un vaisseau aveugle en spirale ; ce cirre est suivi d’un pelit mamelon rond d’un blanc mat, du côté ventral s'ouvre la bouche ronde entourée d'environ 32 tentacules parcourus par un vaisseau aveugle (fig. 210) (1). Ils sont ciliés en dessous et de ce côté leurs bords peuvent se rapprocher l’un de l’autre et former gouttière. Très extensibles, ils mesurent de 1 à 12 millimètres de long ; lorsqu'ils sont très étendus, la gout- tière disparait. |

Ils sont protégés par le voile céphalique qui peut se rabattre pour les couvrir. Aussi ne sont-ils pas rétractiles dans l’intérieur du canal digestif comme chez les Ampha- rétiens, qui manquent de voile céphalique. Quand l'animal sort la tête de son tube, les tentacules distendus se présen- tent-en avant, le voile céphalique s'étendant en dessus d'eux et les deux faisceaux de palées se déploient gracieusement en éventail.

Le 2°° segment, le seul qui soit bien marqué du côté dor- sal, est indiqué par 2 bourrelets minces d’un blanc mat qui ne se rejoignent pas au milieu du dos {fig. 209). Chacun de ces bourrelets est suivi de chaque côté du corps d’un lobe en forme de gousset très échancré du côté ventral au-des- sous de la bouche. Le 3*° et le 4°° segments portent chacun sur les côtés une paire de branchies falciformes sur les- quelles j'observe quelquefois des Vorticelles. Ces branchies se composent d’une tige dans laquelle s’implantent des dis- ques membraneux plats, au nombre de 25 à 38, rangés comme les feuillets d’un livre. Jusque-là tous les segments sont achètes. C’est au 5*° segment seulement qu'apparaissent Îles

(1) M. Fauvel en donne une bonne coupe dans ses importantes Recherches sur les Ampharétiens (Bull. scient. de la France et de la Belgique, t. XXN\, 4897, pl. XXV, fig. 171).

ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 409

soies dorsales sur un mamelon conique. Les segments 3 à 6 ont chacun un bourrelet ventral interrompu sur la ligne médiane ventrale par un petit écusson (fig. 210) ; le bourre- let du 4*° segment (2"*branchifère) se termine de chaque côté au-dessous des branchies par un prolongement triangulaire charnu dont la pointe est dirigée vers la tête. Au seg- ment (3*° séligère), le bourrelet ventral est interrompu au milieu du ventre et l’écusson disparaît. Ces 7 segments peu élevés et serrés forment une région à part que nous avons plus haut désignée sous le nom de thoracique. Aux 4 ou 5 segments sétigères suivants, les bourrelets ventraux ne sont plus représentés que par un petit écusson latéral long de 0"*,60 sur 0**,25 de large placé du côté ventral, à la suite de chaque pied. C’est au 8*° segment (4*° sétigère) que se montre la pinnule ventrale avec une rangée transversale de plaques onciales; elle est en forme de croissant dont la con- cavité est tournée vers le corps de l’animal. Se rattachant au mamelon porteur des soies dorsales, au-dessous desquelles elle flotte, elle persiste avec celles-ci aux 11 segments suivants. Il y a donc en tout 15 segments séligères dont 12 uncinigères.

Les soies dorsales des 3 1°* segments qui sont au nombre de 8 à 10, et celles des 3 derniers sont plus petites qu'aux aulres segments il y en a 12 à 13 par faisceau. Toutes ces soies sont légèrement limbées, avec le limbe couvert de stries obliques et la hampe ponctuée d’un pointillé très fin; mais les unes se terminent en pointe droite (Mgr., loc. rit., fig. 74 Da) el les autres sont cou- dées à l'extrémité. La partie coudée, longue de 0,2, est dentelée au bord et le pointillé n’y existe plus Mgr., loc. cit., fig. 74 D, 6) ; lorsqu'on l’incline légèrement, Le bord semble entaillé plutôt que dentelé (Clpd., loc. cit., fig. 1, D’a). Quant aux plaques onciales (fig. 211 et 212), hautes de 0"*,030 à 0"*,035 selon les exemplaires, disposées en une rangée uni- que rétrogressive, elles sont au nombre de 200 environ au 1°" segment uncinigère et de 160 au dernier. Vues de côté,

410 DE SAINT-JOSEPH.

elles ont une base massive dont la partie antérieure est en forme de gouge et leur vertex est garni de 7 à 8 grosses dents recourbées vers le bas, suivies de 4 denticules non recourbés, très fins et peu distincts. Vues de face, elles ont, à parüir du haut, 7 à 8 rangées superposées de 3 dents cha- cune, puis 4 rangées superposées de 4 denticules et enfin un large demi-cercle terminal qui est la gouge de la partie antérieure de la base (1).

Le 15°° segment séligère est suivi de 2 segments apodes (fig. 223) dont le n’a ni soie ni plaques onciales; le 2" moins large a, du côté dorsal, au-dessous d’une échancrure entourée de 2 lobes, une sorte de mamelon rectangulaire qui a de chaque côté un prolongement cylindrique dirigé vers le bas du corps. De ce mamelon, de chaque côté de la ligne dorsale médiane, sort un faisceau de grosses soles comparables aux palées céphaliques mais moins dorées, beaucoup plus courtes (0**,25) et se terminant par une pointe recourbée plus massive (Mgr., loc. cit., fig. 74 E), dirigée vers le dos (2). Ces soies sont en nombre très varia- ble : 4 de chaque côté, 4 d'un côté et 5 de l’autre, 5 ou 6 de chaque côté, 6 d’un côté et 7 de l’autre. Les plus extérieu- res sont plus fortes que les intérieures, à la suite desquelles il y en a souvent de petites en voie de formation. Elles domi- nent le 1* segment de la scaphe creuse qui fait suite à ce dernier segment de l’abdomen proprement dit.

La scaphe (fig. 223) est séparée de l'abdomen par une constriction. Longue de 2 millimètres sur 1"",85 de large,

(1) Chez une Amphictene auricoma O.-F. Müller, de Naples, les plaques onciales, hautes de 0%®,042, vues de côté, ont 6 grosses dents suivies de 9 denticules; la partie antérieure de la base est en forme de gouge. Vues de face, elles ont une première rangée (la plus haute) de 4 dents parallèles, une deuxième de 3 dents, les trois suivantes de 2 dents et enfin la dent la plus grosse et la plus basse est unique; 18 denticules très distincts sont disposés en deux rangées parallèles de 9 chacune en forme de V; puis la gouge placée au-dessous a l'apparence d’un demi-cercle.

(2) Levinsen les figure aussi (Diÿmphna-Togtets Zool. botan. Udbytte : Kara- Havets Ledorme, Copenhague, 1886, pl. XXV, fig. 10). Il les attribua d’abord à la Pectinaria Belgica, mais rectifia ensuite son erreur en 1890 (loc. cit. suprà).

ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 411

elle est d'une épaisseur bien moindre que le reste du corps. Composée de 5 segments apodes et achèles, elle est concave du côté dorsal el convexe du côté ventral, et ses bords sont raballus sur la concavité dorsale (Mgr, loc. cit. fig. 74 B). Les trois {°° segments ont chacun de chaque côté un pelit cirre dorsal en massue long de 0"*,072,d’où sort un bouquel terminal de poils tactiles très courts, précédé de 2 bouquets latéraux semblables. Les cirres du 1* et du 2% segment scaphal sortent de 2 protubérances; ceux du sortent de la paroi même du corps. Tous les segments de la scaphe sont séparés les uns des autres par des dissépiments ; on y observe, entre l'intestin et les parois du corps, de chaque côté, des glandes grises en forme de massue contenant des corps sphériques grisâtres très petits et des cellules réfrin- gentes plus grosses à noyau. Un voile membraneux mince et diaphane (fig. 223) est fixé au dos de la scaphe un peu avant son extrémité inférieure, recouvrant l'anus qui s'ouvre en dessous. Ce voile, haut de G**,84, est bordé de 25 à 28 petits festons ; avant son extrémité inférieure, sur la ligne médiane dorsale, 1l s'y élève un petit cirre long de 0"*,084, de même forme et avec les mêmes poils factiles que les cirres laté- raux des trois 1°* segments de la scaphe. Au-dessous du voile, celle-c1 se termine rectiligne et comme tronquée, ce qu'indique bien Claparède dans sa figure 1.

La cuticule très mince, irisée, est couverte de stries fines se coupant à angle droit.

Le canal digestif cilié intérieurement comprend : l’œso- phage incolore allant de la bouche à l'estomac; d’abord étroit,il s’élargit peu à peu; l'estomac d’un jaune vifcommen- çant au segment séligère, descendant jusqu’au 5*° avant- dernier segment sétigère pour se recourber et remonter en arrière; la portion descendante est moins large et moins jaune que l’ascendante; l'intestin, étroit, incolore et en général rempli de sable, qui fait suite à la branche ascen- dante de l'estomac et remonte encore lui-même jusqu’en haut de l’œsophage pour redescendre tout droit jusqu'à

412 DE SAINT-JOSEP£T.

l'anus en traversant la scaphe. Des ligaments mésentériques très fins insérés sur la ligne médiane dorsale des parois du corps, maintiennent Free en place.

Le Rio circulatoire demande quelques développe- ments. Il y a 2 vaisseaux latéraux dorsaux, mais pas de vais- seau dorsal médian, comme Rathke (1) pensait qu'il en exis- tait un chez l’Amplatrite (Amphictene) auricoma O.-F. Müll. Je suis là-dessus du même avis que Claparède (2) pour notre espèce et que Wiren (3) pour la Pectinaria belgica Pallas Johnst. Ce qui a pu donner lieu à l'erreur de Rathke, c'est que chez les Amphictene auricoma, comme chez les Lagis Koreni conservés dans l'alcool, il se dessine sur le dos une ligne droite longitudinale médiane sombre simulant un gros vaisseau. Les 2 faisceaux musculaires longitudinaux dor- saux étant séparés l’un de l’autre sur la ligne médiane dor- sale, 1l en résulte que la paroi du corps y est très mince et que cet espace est sombre, ses 2 bords étant colorés en blanc par les muscles longitudinaux. De plus, à chaque segment, il se détache des 2 vaisseaux latéraux dorsaux 2 branches, l’une à droile et l’autre à gauche, qui, après avoir chacune sur leur parcours distribué de nombreux ramuscules dans les parois dorsales du corps se rejoignent au milieu du dos en formant des anastomoses très fines. Ces anastomoses se diri- gent vers l'extrémité inférieure du corps, communiquent entre elles et prennent l'apparence d’un petit vaisseau dor- sal. Les 2 vaisseaux latéraux dorsaux me paraissent com- mencer aux segments 3 el 4, où, bifurqués à leur extrémité antérieure, ils envoient une branche à chacun des 2 vais- seaux latéraux qui, comme on le verra, relient le vaisseau ventral aux 2 branchies. De ils descendeut jusqu'au seg-

(4) Beiträge zur vergleichenden Anatomie und Physiologie. Reisebemerkun- gen aus Skandinavien nebst einem Anhange über die rückschreitende Metamor- phose der Thiere. Danzig, in-4, 1842, p. 76.

(2) Loc. cit., p. 378. *

(3) Om Cirkulations-och Digestions-organen hos Annelider af familjerna Ampharetidæ, me ebellidæ och Amphictenidæ (K. Svenska Vetensk. Akad. Handl., in-4, t. XXI, 7, 4885, p. 23).

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ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 413

ment antéscaphal qui porte les grosses soies dorsales. Outre les 2 vaisseaux qu'ils envoient à angle droit vers le dos de chaque segment, et dont il a été question plus haut, ils en détachent 2 autres ventraux qui se rendent aux pieds.

Le vaisseau ventral, qui occupe la ligne médiane ventrale, sort du plexus circumoral formé par la réunion des petils vaisseaux qui parcourent la têle, les tentacules, les cirres tentaculaires el les glandes ventrales ; 11 se termine au des 2 segments achètes qui précèdent la scaphe. il se divise en-2 branches latérales qui rejoignent les 2 vaisseaux latéraux dorsaux dans le segment antéscaphal. Sur son parcours, il communique de chaque côté, d’abord dans les 3"° et 4°° segments, par un vaisseau latéral avec les bran- chies, puis à tous les segments suivants, il envoie une branche latérale ventrale qui, après avoir, par de petils rameaux, fourni du sang aux parois ventrales du corps, se termine dans chaque pied elle communique avec le vaisseau pédieux venant du vaisseau latéral dorsal. De cette branche pédieuse du vaisseau ventral se détache un vaisseau aveugle qui pénètre dans la pinnule, sous la rangée des plaques onciales. Sur les branches du 5*° et du 6"° segment qui, en se rendant aux pieds, alimentent le pavillon vibratile des 2 dernières paires d'organes segmentaires, il s'élève 4 à 10 petits cæcums hauts de 0**,13 sur 0*",048 de large, remplis de sang, comme Rathke en avait vu chez l’Am- phictene auricoma. Outre ces branches latérales, il se dé- tache du vaisseau ventral, au segment (3"° séligère), un vaisseau communiquant avec le sinus péri-intestinal. Mais la principale communication existe au 9*° segment (5° sétigère) vient se jeter dans le vaisseau ventral un gros vaisseau de même calibre, bre et flottant dans le corps, qui part du sinus péri-intestinal à peu près à l'endroit la partie descendante de l’estomac se recourbe avant de remonter vers le haut.

Pour rendre compte du système circulatoire intestinal, je prendrai le canal intestinal dans le sens contraire à celui

414 SAINT-JOSEPH.

qui a été décrit plus haut. A partir de l’anus jusqu’au point où, après être remonté vers la partie antérieure du corps, il aboutit à l'estomac, l'intestin contient dans ses parois deux lacunes circule le sang, simulant 2 vaisseaux minces Juxlaposés parallèles qui fusionnent à l'entrée de l'estomac pour former une lacune unique, sous-intesli- nale, plus ou moins grosse et plus ou moins apparente, simulant plus ou moins un gros vaisseau et accompagnée par places d’un réseau très fin d’anastomoses lacunaires. C'est de ce gros sinus sanguin que se détache, à peu de distance de l’anse décrite par l'estomac pour remonter vers la têle, la branche longue de 5 à 6 millimètres qui l’unit au vaisseau ventral au 9°° segment. À parlir de là, le sinus en forme de vaisseau est bordé d’un gros cordon composé de cellules brunes (chloragogènes?) décrit et figuré par Clapa- rède (/oc. cit., fig. 1 K). Il remonte vers la tête et, de sous- intestinal qu'il était jusque-là, devient latéral et passe sur le côté gauche du dos au 11*° segment (7"° sétigère), il a 0,5 de diamètre. Dans le 10*° segment (6"° sétigère), il en sort un cœur libre, très rouge, long de 3 millimètres sur À 1! millimètre de large, contenant un corps cardiaque d'un brun foncé. Passant à gauche de l’œsophage, et inclinant ensuite sur la droite, il parvient sur la ligne médiane dorsale dans le 1‘ segment sétigère, puis dans le branchifère il se termine. Dans le segment séligère, 1l envoie 2 branches à la 2°° paire de branchies, et dans le bran- chifère 2 branches à la 1" paire. Wiren donne une figure exacte de cetle disposition chez la Pectinaria Belgica (lac. GHÉSUDIMNE. fre9 ||

Au-dessus du point le cœur s’est détaché de l’estomaec, celui-ci est entouré d'un anneau rose, formé par le sinus, auquel fait suite un vaisseau annulaire bien distinct, entou- rant la base de l’œsophage à l'endroit 1l communique avec l’estomac dans le segment séligère. De ce vaisseau annulaire sort un vaisseau mince ventral et un autre dorsal plus gros, s’élevant le long de l'œsophage et flottant sur la

ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 415

gauche de cet organe, au-dessus du cœur. Ils poursuivent leur course dans la direction de la tête, se divisant en petites branches qui, après avoir alimenté le segment buccal, la bouche, les tentacules, les cirres tentaculaires et le pavillon vibratile de la 1” paire d'organes segmentaires, redescendent dans le plexus circumoral d’où sort le vaisseau ventral.

Ce qui est particulièrement intéressant dans le système circulatoire de la L. Koreni, c’est le mode de circulation du sang. La transparence des parois du corps, à partir du segment sétigère, la couleur très rouge du sang et la contractililé de la plupart des vaisseaux, permettent de l’observer sans compression. Les contractions du cœur varient de 11 à 28 par minute, selon les individus ; mais en général elles sont de 15 très bien rythmées. Le vaisseau ventral a presque toujours 11 contractions, et les vaisseaux latéraux 6 à 8 par minute. Il n'y a donc pas synchronisme. Il est de règle que le sang va d’arrière en avant dans le sinus péri-intestinal, le cœur et les vaisseaux œsophagiens, mais contrairement à ce qui se passe dans les autres familles d'Annélides polychètes (1), d’avant en arrière dans les deux vaisseaux latéraux dorsaux et d’arrière en avant dans le vaisseau ventral, comme l’a vu Claparède. Au 9*° segment séligère, le sang, poussé d'arrière en avant dans le vaisseau ventral, passe en partie dans la branche détachée du sinus péri-intestinal et y descend d'avant en arrière. Au-dessus de ce segment, le vaisseau ventral ne se contracte pas, el son calibre diminue légèrement puisqu'ilcontient maintenant moins de sang; il diminue encore un peu après l’anastomose du 7*° segment (2).

(4) M. Gravier (Recherches sur les Phyllodociens, Bull. sc. de la France et de la Belgique, t. XXIX, 1897. Tirage à part, p. 65) observe cependant que, chez les Phyllodociens, le sang se meut d’arrière en avant dans le vaisseau ventral et en sens inverse dans le vaisseau dorsal.

(2) M. Fauvel, dont je ne lis la note à l’Académie des sciences qu’au mo- ment je donne mon travail à l’impression, pense que la circulation se fait d'avant en arrière et non d’arrière en avant dans la partie antérieure du vaisseau ventral jusqu'à la branche du 9%e segment qui le relie au sinus péri-intestinal.

416 DE SAINT-JOSEPH,

Très souvent, chez des animaux observés sans aucune compression, je vois le sang arriver d’arrière en avant au cœur qui le repousse par des contractions énergiques d’avani en arrière. Quelquefois alors, la direction s'établit dans ce sens pendant un certain temps; mais J'observe qu'à ce moment aucun renversement ne se produit ni dans les vaisseaux latéraux dorsaux, ni dans le vaisseau ventral. Ce phénomène de changement de direction dans les battements du cœur rappelle ce qui se passe chez les Ascidies. Rathke et Claparède avaient déjà remarqué des alternances très fugitives, que ce dernier attribuait à la compression. Wiren garde le silence sur cette question.

En résumé, le sang est poussé d’arrière en avant: par le sinus péri-intestinal et le cœur dans les branchies; par les 2 vaisseaux œsophagiens dans le réseau des 2 1 segments el de la tête. Il redescend par les 2 vaisseaux latéraux dorsaux avec lesquels il est mis en communi- cation par les branches latérales branchiales du vaisseau ven- tral; il remonte ensuite dans le vaisseau ventral qui, au segment et au 7*°, le renvoie en partie dans le sinus péri-intestinal il se dirige vers le cœur. Mais comment sera alimenté le sinus péri-intestinal de la partie inférieure du canal digestif ? Il est probable que les contractions vio- lentes du cœur en sens inverse que nous avons signalées onl pour fonctions d’injecter le sang jusque-là. Ce qui semble l'indiquer, c’est que le renversement ne se fait sentir que dans la circulation intestinale.

Lorsque l'animal dépérit, la circulation se ralentit et le sang se coagule plus ou moins dans les vaisseaux dont la contractilité diminue. Le sang s’y fractionne alors quelquefois en petites colonnettes, comme celles de la colonne de mercure d’un thermomètre qui a reçu un choc.

La chaîne nerveuse ventrale se voit bien par transparence à partir du 6" segment. Non adhérente à la paroi ventrale du corps, elle est formée de 2 cordons longitudinaux paral- Ièles qui s’écarlent un peu l’un de l’autre en traversant

ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 417

les ganglions. Dans chaque segment (sauf dans la partie antérieure du corps il n’y en a qu'un), on observe 2 gan- glions en avant et 1 en arrière. De chacun des ganglions et du connectif interganglionnaire qui les réunit, ilse détache de chaque côté une branche nerveuse (1). Les ganglions ont 0"*,18 de large et le connectif 0"",12. Le ganglion antérieur, d'où partent les 2 conneclifs œsophagiens, est nlus gros que les autres. Ces connectifs, longs de 0°", 60 sur 0°”,096 de large, se rendent au cerveau bilobé très petit, semblable à celui que figure Rathke pour l’Amphictene auricoma (loc. cit., PI. V, fig. 14). Toute cette partie du système nerveux traver- sant les muscles longitudinaux et circulaires est difficile à suivre.

Il y a 3 paires d'organes segmentaires. La première, très grosse, s'ouvre par un large pavillon vibratile, parcouru par des vaisseaux, au-dessus du diaphragme œsophagien qui sépare le 1” et le 2” segment. Ce pavillon est suivi d'un canal cilié incolore, long de 0"”",60, traversant le dia- phragme et pénétrant dans la plus grosse branche de l’or- gane segmentaire proprement dit. Cetle branche, pendant jusque dans le 3* segment, longue de 1*°,20, se recourbe en U et débouche à l'extérieur par un canal étroit au-dessous de la 1" paire de branchies. La 2°° paire d'organes segmen- taires, beaucoup plus petite que la 1", a son pavillon vibra- tile fixé à une membrane mince qui est un dissépiment rudimentaire. Il s’ouvre dans le 5*° segment (1*sétigère) et le canal de sortie aboutit au dehors sous le faisceau de soies du segment (2°° sétigère) (fig. 213). La 3*° paire, semblable à la 2°, a son pavillon dans le 6*° segment et son canal de sortie dans le 7°°. C’est par les pores auxquels aboutissent les canaux de ces 2 paires que je vois sortir les produiis sexuels. Dans les 3 paires, le pavillon vibratile est incc- lore; dans les 2 dernières, il est bordé de franges ciliées,

(1) Claparède (loc. cit., fig. 1 M) donne une figure exacte de la chaine nerveuse ventrale d’un segment; mais il ne représente pas les branches nerveuses du connectif interganglionnaire.

ANN. SC. NAT. ZOOL. v,-21

418 DE SAINT-JOSEPH.

longues au plus de 0**,2 et parcourues par un vaisseau en anse. Le reste des organes est coloré en brun foncé par des cellules de diflérentes tailles renfermant une ou plusieurs concrétions brunes. Les plus petites (fig. 214) ont 0**,013 de diamèlre et la concrétion brune polyédrique centrale a 0"*,0096 de diamètre. D'autres (fig. 215 et 216) renferment 2 ou 3 concrélions. Enfin, 1l y a des cellules beaucoup plus grosses (fig. 217) qui contiennent 7 à 8 cellules à une seule concrélion. Je vois souvent l’enveloppe de cette grosse cellule crever et laisser sortir les petites.

Entre le diaphragme œsophagien et la scaphe, 1l n’y a pas de dissépiment et le liquide cavitaire circule librement dans e corps. Ce liquide contient des corpuscules lymphatiques de 0*°,0135 poussant de fins prolongements pseudopodi- ques (fig. 218). Chez les femelles, il s'y ajoute des ovules incolores de 0**,018 de diamètre et des œufs de 0°*,036 à 0"”,063; chez les mâles, des spermatogonies isolées formant bientôl des amas framboisés (fig. 219), puis des plaques de spermalocytes grises de 0®*,067 (fig. 220), des régimes de spermatozoïdes de 0**,050 à 0°*,072 (fig. 221) et des spermatozoïdes isolés (fig. 222) dont la tête a 0°*,0035.

Dans les trois 1°" segments, lorsqu'on ouvre l'animal par le dos on observe au-dessous de la chaîne nerveuse ventrale une plaque carrée de 1**,5 composée de nombreuses glandes ventrales blanches en forme de massue ou se terminant par 2 ou 3 digitalions (fig. 224). Les plus grosses, ont 0"”",44 de haut sur 0*",18 de large. Tout l’amas est parcouru par de petits vaisseaux. Ces glandes contiennent un nombre consi- dérable de cellules réfringentes ayant 0**,020 à 0"*,070 de diamètre avec un amas proloplasmique central (fig. 225).

Deux grosses glandes blanches (fig. 226) se terminant en cul-de-sac, longues de 3 à 4 millimètres sur 1°*,5 à 1°#,20 de large, flottent dans le corps, au-dessous de la 1” paire d'organes segmentaires, du côlé ventral, débouchant au dehors par un pore placé dans le segment branchifère

ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 419

en arrière de celui de l’organe segmentaire. Leurs parois, parcourues par de fins vaisseaux, sont formées de fibres conjonctives incolores entre-croisées qui sont légèrement brunes seulement dans la partie plus élroite de la glande (fig. 226, a) qui communique avec le pore externe et par laquelle la glande est fixée à la paroi du corps. Elles renfer- ment des acini (fig. 227) dont les plus longs mesurent 0"",18 de long sur 0*",056 de large et des cellules muqueuses, incolores, transparentes, sans rovyau, de tailles différentes (fig. 228, 229, 230), sorties des acini. Ces deux grosses glan- des me paraissent donc destinées à sécréter le mucus inco- lore et filant dans lequel est baigné en général le corps de l’animal.

Enfin, dans l’intérieur du corps, de chaque côté du segment branchifère (4° segment), auprès de la base de la branchie et juste au-dessous du pelil prolongement trian- gulaire ventral dont il a été question plus haut, on distingue une grappe de 6 à 8 glandes incolores ovales ayant cha- cune 0°*,33 de haut, sur 0"*,16 de large, renfermant des éléments sexuels à divers degrés de développement. Ce sont les glandes génitales.

De la fin de septembre au commencement de mars, épo- que J'ai examiné la Lagis Koreni, presque tous les ani- maux sont mürs et les mâles sont plus nombreux que les femelles.

Je trouve dans la partie antérieure chez deux exemplaires, dans l’intérieur du 2% segment, un Disiome enkysté dont la membrane d’enveloppe est épaisse. L'un de ces kystes a un diamètre de 0"*,23 et contient un embryon recourbé sur lui-même ayant des corpuscules calcaires dans ses tégu- ments et une couronne de 25 petites dents pointues, d'une largeur de 0°"”,0056 à la base et d'une longueur de 0"*,21 (fig. 231 et 232). L'autre kyste, plus gros, a un diamètre de 0°”,68 et l'embryon a 28 dents. Ces 2 embryons non ciliés, comme ceux du Distoma tereticolle Rud. ou du MNemalobo- thrium filarina Van Ben. me paraissaient appartenir au genre

420 DE SAINT-JOSEPH.

Echinostomum Rud. et rappellent soit le D. tereticolle (1), soit le D. bicoronatum Stoss. (2).

Je n’observe jamais de Grégarines libres ni dans l'intestin ni dans la cavilé du corps des Lagis Koreni; mais chez 5 exemplaires je rencontre, dans les et 5*° segments, fixé par un petit pédoncule à la paroi extérieure de l’inteslin, un kyste de Grégarine cœlomique, rond, blanc, d’un diamètre de 0**,56 à0*°,78 d'où Je fais sortir par compression des corpuscules ronds d’un diamètre de 0"*,021 à 0"*,042 ren- fermant de très pelits granules réfringents de 0°",0021. Le kyste a une paroi double : l’interne, qui est son enveloppe propre et l’externe qui est la tunique de l'intestin. Un de ces kystes, d’un noir luisant, est alteint de la décomposition charbonneuse signalée par Léger (3) pour les kystes de Grégarines de Sipunculus nudus ; les corpuscules ronds n’y ont plus que 0**,0082 de diamètre et contiennent moins de granules. Deux autres fois je trouve fixés, comme les kystes précédents, 2 kystes à double paroi qui me paraissent se rapprocher de ceux de l'Urospora Sipunculi Léger el de l'Urospora Synaptæ Léger (fig. 233 et 234), atteignant 1 mil- limèlre de diamètre(#) ; ils renferment d'innombrables spores ovales immobiles qui ont en avant un prolongement diaphane rectangulaire terminé par 2 cornes divergentes el en arrière un appendice caudal également diaphane, devenant très fin et difficile à apercevoir, environ trois fois plus long que la spore proprement dile qui mesure 0**,0096 sur 0°°,0066 (fig. 235). Celle-ci a un entocyle composé de granules gris extrêmement fins et nombreux et une double paroi : épispore et endospore. L’épispore, mince el transparente,

(1) Wagener, Beitr. zur Entwick. der Eingeweidewürmer (Natuurk. Verh. van de Hollandsche Maatschappij der Wettenschappen te Harlem, t. XILT, 1857, p. 25, et pl. XX, fig. 1-5).

(2) Stossisch, Brani di Elmintologia Tergestina (Bollet. della Soc. Adria- tica di scienze natur. in Trieste, t. VILL, 1883, p. 113, et pl. IL, fig. 1-3).

(3) Recherches sur les Grégarines (Tablettes zoologiques publiées par A. Schneider, t. IIL. Poitiers, 1892, p. #8).

(4) D’après M. Léger, les kystes de l'Urospora Sipunculi ont 2 millimètres de diamètre (loc. cit., p. 46).

ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 421

participe seule aux prolongements antérieur et postérieur.

Un de ces kystes a une tache d'un gris foncé de 0"*,12 de diamèlre assez semblable à celle que figure Bütschli (1) pour le kyste du Monocystis du Lombric. C'est peut-être un commencement de décomposition charbonneuse. Je propose d'appeler cette forme de kyste cœlomique pur de Grégarine, Urospora Lagidis (2). Tous ces kystes, encore adhérents à l'intestin, ne sont pas complètement mürs. Les 5 premiers, dans un élat moins avancé que les 2 aulres, ne renfer- ment pas encore de spores et les 2 autres en contiennent chez lesquelles les sporozoïtes ne sont pas encore déve- loppés. Cette Urospora est la 1" qui ait élé signalée chez un Annélide polychèle.

Levinsen voudrait distinguer de l'espèce de Malmgren celle de Von Marenzeller et lui donner le nom de Pectinaria robusta. Mais les différences qu’il indique, portant sur le nombre et le plus ou moins d'épaisseur des palées et des soies anales, me paraissent insuffisantes pour créer une espèce nouvelle.

Mers du Nord. Manche. Atlantique. Méditerranée.

FAMILLE DES TÉRÉBELLIENS Gr. Mgr. rev.

Sous-famille des Amphitritea Mgr. (Térébelliens branchiés

et Hétérotérébelliens Qfg.).

GENRE AMPHITRITE O. F. Müll. Mgr. 7ev., Von Marenz.

char. auct.

AMPHITRITE JOHNSTONI Mgr. (3).

TEREBELLA NEBULOSA Johnst. (nec Mont.) Johnston. Catalogue of Brit. non paras. Worms, 1865, p. 237.

(1) Bronn, Protozoa, t. 1, 1880-1882, p. 541, et pl. XXXILL, fig. 48.

(2) Le genre Urospora à été établi par Aimé Schneider en 1875 pour la Gregurina Nemertis Kôll.; peut-être faudrait-il en changer le nom, déjà employé par J.-E. Areschoug en 1866 pour un genre d'Algue marine de la famille des Ulotrichiacées (J.-E. Areschoug. Observationes phycologicæ. 1. De Confervaceis nonnullis. Nova Acta Soc. Scient. Upsala, t. VI).

(3) Nord. hafs Ann., p. 377, et pl. XXI, fig. 51.

499 DE SAINT-JOSEPH.

Trouvée au Croisic, en bas de l’estacade, se creusant des galeries dans le sable demi-vaseux.

Le corps, dont Malmgren donne une très bonne figure, long de 21 centimètres au plus sur 12 millimètres de large en avant, est de couleur grisâtre et légèrement teinté de jaune chamois.

Derrière la tête du côté dorsal sortent du sillon tentaculi- fère de nombreux tentacules blancs assez courts. La région thoracique qui y fait suite comprend le segment buccal achète, puis 2 segments achètes et 24 séligères (un exem- plaire en a 25). Au 5*° segment (2°° sétigère) commencent les tores ventraux uncinigères qui ne sont pas rougis par le sang chez l'animal vivant. Aux segments 3-20, soit à 18 segments, on distingue de chaque côté du corps une papille disposée comme chez l’Amphitrite Edwarsi Qfg. (1). Il y a 13 écussons ventraux rectangulaires et 3 paires de branchies très rouges semblables à celles de l'A. £diwarsi.

Les soies dorsales des 24 segments séligères thoraciques sont lesmêmes que celles que j'ai figurées pour l'A. Ediwarsi avec le limbe strié un peu moins large auquel succède une pointe mince finement denticulée. Les plaques onciales sont en rangée unique rélrogressive aux 6 1°* segments uncini- gères et en rangée double engrenante aux suivants jusqu'à l’abdomen. Elles ont chacune un ligament fixateur et la forme en est la même que chez l'A. Ediwarsi.

La région abdominale se compose de 87 segments et du segment anal achète avec anus terminal. Les soies dorsales disparaissent et il n'ya plus, comme chez l'A. Edivarsi, que des pinnules ventrales avec une seule rangée rétrogressive de plaques onciales plus pelites qu'au thorax ayant un liga- ment fixateur el des soies de soulien.

Les organes segmentaires sont en même nombre que les papilles.

(4) Voir sur l'A. Edwarsi : Annél. polych. des côtes de Dinard, 3"° partie (Ann. des sc. nat., 1%e série, t. XVIL, p. 186 à 198; pl. VIL, fig. 207-208, et pl. VIIL fig. 209-223),

ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 4923

Sauf les points indiqués ci-dessus, tout ce que j'ai dit de VA. Ediwarsi s'applique à l'A. Johnstoni.

Je rencontre une fois une Nychia cirrosa dans la galerie d'une A. Johnstoni.

Mers du Nord. Manche. Méditerranée (1)

GENRE PISTA Mgr., Von Marenz. char. auct.

PISTA CRETACEA Gr. (2).

PISTA CRETACEA Von Marenzeller, Zur Kenntniss Adriatischer Anneliden IlItr Beibhrag : Terebellen (Sitz. der k. Aka. der Wiss. zu Wien, t. LXXXIX, 1884, p. 188, et pl. II, fig. 1). —— Meyer, Sludien über den Kôrperbau der Anneliden (Mitth. aus der Zool. stat. zu Neapel, t. VII, 1887, p. 633, 634, 637, 638). Lo Bianco, Gli Annelidi tubicoli trovati nel golfo di Napoli (Atti dell Accad. delle scienze di Napoli, in-4, 1893, ?me série, li N/D 24)- TEREBELLA EMMaLINA Qfe.-Quatrefages, Hisl. nat. des Annel., t.1T, p. 351, et pl. XIV, fig. 1-9. Grube, Bemerk. über Annel. des Pariser Museums {Archiv für Naturg., 1810, p. 323).

PI. XXIIL, fig. 236-239.

J'en trouve plusieurs exemplaires complets à Saint-Jean- de-Luz près de Sainte-Barbe et à la pointe de Sainte-Anne, habitant, entre les pierres, des tubes de sable à peine con- sistant entremêlé de petites coquilles.

Le corps des animaux adultes a 180 segments en tout, 25 centimètres de long sur 5 millimètres de large dans la partie antérieure du thorax, puis 4, 3, 2 et 1°*,50 à la fin de l'abdomen s'ouvre un anus terminal dans le dernier seg- ment. Un exemplaire atteint 35 centimètres avec 183 seg- ments. La région thoracique est d'un superbe rouge vio- lacé sur lequel tranchent du côté ventral 17 gros écussons rectangulaires d’un blanc crayeux, plus larges que hauts.

(1) Orlandi, Di alcuni Annelidi del UE della Soc. Ligustica di scienze nutur. e geogr., t. VIT, 1896, p. 145-162).

(2) Terebella cr etacea. Grube, Beschr. neuer oder wenig bekannt. Annel.

(Arch. für Nalurg., 1860, p. 95, et pl. IV, fig. 5). Ein ausflug nach Triest und dem Quarnero. Berlin, 1861, p. 85.

424 DE SAINT-JOSEPH.

La partie antérieure de l'abdomen est grise sur le dos et sur les côtés et brune sous le ventre viennent aussi trancher des écussons rectangulaires d'un blanc crayeux (1) très étroits, beaucoup plus hauts que larges, faisant suile à ceux du thorax et superposés les uns au-dessus des autres, un par segment, dans un canalicule ventral élroit. La fin du corps est d'un rouge pâle et tous les pieds des 2 régions d'un rouge très vif. Partout la peau du dos esl crevassée.

Le lobe céphalique se prolonge en une lèvre supérieure élevée derrière laquelle naissent de nombreux tentacules jaunâtres ciliés, suivis du repli postérieur de la tête sans yeux. Les 3 segments sont achètes. Le (buccal) très étroit, forme lèvre inférieure du côlé ventral ; le a 2 lobes ventraux presque triangulaires qui se dressent devant la bouche ; le 3*° a aussi 2 lobes qui sont en demi-lune et s’avancent beaucoup moins sous le ventre.

Il y a 3 paires de branchies dorsales d’un rouge vif ciliées. La 1" paire, qui est de beaucoup la plus importante, s'élève sur le 2°° segment. Ayant l'apparence d’une houppe, elle a 8 millimètres de haut, dont 3 millimètres pour le pédoncule qui se bifurque en 2 grosses branches se subdivi- sant elles-mêmes en 3 rameaux dont les irès nombreux ramuscules dichotomiques se terminent par une fourche courte et tronquée. Ou bien avant l'extrémité bifurquée du pédoncule, il sort de celui-ci 2 grosses branches avec rameaux et ramuscules. La paire, plus courte, est placée au dos du segment (2) et la paire, encore plus courte, au dos du 4”° commencent les soies.

Au 5"° segment apparaît la 1" rangée de plaques onciales placée sur une ligne {ransversale blanche entourée d'un limbe brun foncé.

(1) C'est à cette coloration des écussons que la Pista cretacea me sem- blerait devoir mériter son nom. Grube le lui avait donné parce que le dos de son exemplaire unique, incomplet, était couvert accidentellement de mueus solidifié blanchâtre.

(2) A l'un des exemplaires, une des branchies de cette paire est en voie de rédintégration.

on matti

ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 495

On observe 13 paires de papilles du au 15° segment dont les 3 1"*, surtout la 3°, beaucoup plus petites que les autres. La 1" el la 2°° sont placées aux el segments sous la tige des branchies ; la et les suivantes, sous les faisceaux de soies. Les plus forles ont un diamètre de 0"",39 el sont parcourues par un canal de 0"",020 de diamètre qui sert de débouché aux organes segmentaires.

Il y a.17 segments sétigères au thorax dont 16 uncini- gères. Les soies sont en général au nombre de 34 à chaque faisceau, toutes limbées, dont 17 grosses, larges et légère- ment courbes, et 17 beaucoup plus courtes et plus fines. Les plaques onciales des 3 segments uncinigères ont un irès long prolongement chitineux, fragile et strié à la partie postérieure de Ja base. Ce prolongement va progressivement en diminuant de longueur pour disparaitre à peu près com- plètement aux derniers segments {horaciques. De la saillie latérale qui est très marquée, part un ligament fixateur épais sur lequel se distingue bien l'impression en fer à cheval et qu'on retrouve à toutes les plaques des segments thoraci- ques. Vues de côté, les plaques onciales thoraciques ont 2 crêles au vertex; vues de face elles ont, au-dessus du croc principal, une 1" rangée transversale de 3 dents, puis une 2°° de 7 à 8 denticules et une 3"° de 12 à 14 plus petits.

Aux segments abdominaux, les pinnules sont moins sail- lantes que les mamelons des faisceaux séligères de la région thoracique. Les plaques onciales, qui n’ont plus de ligament fixateur el manquent complètement de prolongement pos- lérieur à la base, sont accompagnées de soies de soutien ; le nombre des dents et denticules y augmente progressivement à mesure qu on se rapproche de l'extrémité du corps elles ont, vues de face, une 1* rangée de 6 dents et 5 à 6 rangées superposées de denticules en quantité trop considé- rable pour qu'on puisse les résoudre d’une manière cer- taine (1).

(4) Von Marenzeller (loc. cîit., pl. IE, fig. 1 8,1 c, 1 p) figure très exactement les plaques onciales thoraciques et abdominales et je ne pourrais que re-

426 DE SAINT-JOSEPH.

Les plaques onciales thoraciques sont disposées en rangée simple rétrogressive aux sept segments uncinigères, ce qui est une particularité très exceptionnelle et doit faire changer la diagnose de l'espèce. Les segments uncinigères 9-16 ont tous une rangée alternante très faiblement en- grenante. Mais le segment uncinigère 8 offre une grande irrégularité. Ainsi chez un exemplaire il y a 1 rangée simple au lore gauche el 1 rangée alternante «au tore droit, ce qui est un cas de croissance asymélrique, et chez un autre 1l y a 1 rangée simple au tore gauche, tandis qu'au tore droit, en voie de formation, une partie seulement de la rangée des plaques est restée simple, et le reste de la rangée est alternante. Les plaques onciales abdominales sont en rangée simple rélrogressive.

Le tissu clypéal s’arrêle au 13”° segment sétigère. Le dia- phragme œsophagien est appliqué contre les parois du corps cuire lel55 et le 62seement/2#relomusétigères):

L'œsophage s'étend du au 10"° segment sétigère, l’es- tomac glandulaire du 10° au 17°° et l'estomac chitineux du 17" (dernier thoracique) au abdominal, commence l'intestin. Je ne vois pas d’anneau vasculaire au point de jonction entre l’œsophage et l'estomac glandulaire; la base. du cœur est appliquée directement sur la partie inférieure de l’œsophage.

Les organes segmentaires sont au nombre de 13 paires dont 3 petites, surtout la 3°, en avant du diaphragme œsophagien, aux 3°, et 5°° segments, et les 10 autres aux segments 6-15. Ces dernières, de grande faille, en forme de poche (fig. 236), se terminent à l'extrémité antérieure par un canal entouré probablement d'un pavillon vibratile que Je ne découvre pas et s’enfonçent par leur extrémité posté- rieure dans les parois du corps pour déboucher au dehors à la base du pied dans les papilles dont il a été question plus haut. La grosseur de ces papilles répond bien à l’impor-

produire ses dessins, en ajoutant toutefois un ligament fixateur à la figure 1 c représentant une plaque du segment sétigère.

ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 4927

fance de chacun des organes segmentaires. Les œufs sont rouges.

Dans le liquide cavitaire, circulent des amas d’amibocytes incolores (1) qui se détachent les uns des autres, ayant alors environ 0"",0075 de diamètre et contenant des granules in- colores (fig. 237). [ls émettent des pseudopodes (fig. 238) et me paraissent jouer un rôle phagocytaire, englobant de gros granules bruns réfringents qui sont probablement des pro- duits d'excrétion ; à cet état, ils ont un diamètre de 0°*,03 (fig: 239):

La Terebella Emmalina Qfg., trouvée par Quatrefages à Guéthary répond, sauf quelques détails de coloration, à la description que j'ai donnée ci-dessus de la Pista cretacea. J'ai constaté, sur l’exemplaire du Muséum, le long pro- longement de la partie postérieure des plaques onciales an- térieures propre au genre Pista. |

Méditerranée.

GENRE THELEPUS Leuck. Mgr., sensu ampl. Gr. (LUMARA Stimps., VENUSIA Johnst., NEOTTIS Megr., PHENACIA Qfs., HETEROPHENACIA Qfc., THELEPODOPSIS Sars).

THELEPUS CINCINNATUS Fabr. (2). PI. XXII, fig. 240.

Dans des paquels d’Avicules dragués au large de Cor- douan par 70 à 80 mètres de fond.

Le tube sinueux est formé d’une membrane jaunâtre, co- riace, recouverte de sable et de vase. Le corps lisse, irès fragile, d’un rose orangé plus clair sous le ventre, sans au- cun dessin sur la peau, comme l'avait constalé Langerbans

(4) Voir pl. XXIL fig. 219.

(2) Voir pour la bibliographie et la synonymie : Von Marenzeller, Zur Kenntniss der Adriatischen Anneliden, ILIt Beitrag : Terebellen (Sitzb. der K. Akad. der Wiss. zu Wien, 1884, t. 89, p. 205). Y ajouter : Lo Bianco, Gti Annelidi tubicoli trovati nel golfo di Napoli (Atti dell Accad. delle scienze e dt Napoli, 2me série, t. V, 1893, in-4, p. 57).

428 | DE SAINT-JOSEPH.

chez la Phenacia terebelioides Qfg.(T. cincinnatus), se rompt facilement et je ne puis avoir qu'un exemplaire complet de 20 millimètres de long sur 2 millimètres de large ; c’est un jeune. Pour les autres, qui ont 5 millimètres de large en avant, je n’en obliens que la parlie antérieure longue de 8 centimètres environ avec 30 segments séligères, les seg- ments suivants manquant. [ls renferment de gros œufs FOURS d’un diamètre de 0"”,58.

Les tentacules, épais et longs (4 à 5 cent.}, au nombre de 30 environ, sont parsemés de points rouges ainsi que l’indi- quent Dalyell pour la Terebella conchileqa (Thelepus cincin- natus) et Johnston pour la Venusia punciata Johnst. (T'. cin- cinnatus). Les veux, très nombreux sont disposés sur 2 ran- gées. Le 1” et le 2°° segments sont achètes ; le 2°° porte la 1" paire de branchies cirriformes plus rapprochée du ventre que la 2”° paire, qui est placée sur le 3*° segment (1‘'sétigère). Les branchies, moins épaisses que lestentacules, sont de longues lanières colorées en rouge vif par le sang. À la paire, il y en a environ 20 de chaque côté séparées par un petit intervalle au milieu du dos. Chez l’exemplaire jeune, elles sont très pelites et en nombre peu élevé (2 ou 3 de chaque côté à chaque paire). Les soies dorsales, toutes limbées, persistent pendant 32 segments chez le petit exem- plaire et sont suivies de 42 segments non séligères. Le segment n’a plus de branchies el n’a encore que des soies dorsales. Les lores uncinigères Jon er au »"° seg- ment (3"° séligère) pour persister jusqu'à la fin du corps. Les plaques onciales sont disposées à tous les segments un- cinigères en rangée unique rélrogressive. Vues de côté, elles ont la forme propre au genre: base très massive en forme de sabot terminée en avant par un bouton arrondi, 2 crêles au vertex. Von Marenzeller en donne une bonne figure (loc. cit., pl. I, fig. 6). Vues de face (fig. 240), elles ont 2 dents supplémentaires dominant la dent principale et surmontées elles-mêmes d’une dent médiane assez forte accompagnée de 2 pelits denticules latéraux au-dessus

ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 429

desquels 1] y a une rangée de #% ou 5 denticules trop pelits pour former une 3*° crête au vertex lorsqu'on examine la plaque de côté. Dans les segments qui font suite aux segments séligères, les tores uncinigères sont portés sur des pinnules saillantes et les plaques onciales ont des soies de soutien. Les écussons ventraux sont très indistincts.

Il y a une petite papille percée d’un pore de sortie pour les organes segmentaires au segment 4 en dessous du faisceau sétigère et aux segments 5, 6 et 7 entre le faisceau séligère et le tore uncinigère.

Océan Glacial Arctique, Mers du Nord, Manche, Atlanti- que, détroit de Davis, Méditerranée. Dragué par le Xnight errant à 987 mètres de profondeur, et par le Caudan à 400 mètres dans le golfe de Gascogne.

FAMILLE DES SERPULIENS Burm. (Gr. Annul. Semper. char. emend.).

TRIBU DES SABELLIDES. GENRE SPIROGRAPEHIS Viv. Qfg. rev. Clpd. char. auct.

SPIROGRAPHIS SPALLANZANIT Viv. (1).

SPIROGRAPHIS SPALLANZANII Viv. Claparède, Suppl. aux Annél. du golfe de Naples,

p. 136. hecherches sur la structure des Anneél. sédentaires, 1873, in-4, p. 10, 13, 19, 31-33, 47, 49, 51, 54,51, 58, 69,13,18, 94, 96,97, 101,103, 108,113, 130, 133, 135, et pl. [ à V.

Grube, Bemerk. über Annel. des Pariser Museums (Archiv für Naturg., 1870, p. 339).

= —_ Marion, Étude des Annél. du golfe de Marseille (Ann. des sc. nal., 6m® série, €. II, 1875, p. 91).

Jaquet, Rechercnes sur le système vasculaire des Annél. (Mitth. aus der Zool. stat. zu Neapel, t. VI, 1885, p. 359, et pl. XXI, fig. 67-70).

_ Meyer, Sludien über den Kôrperbau der Annel. [ter Beitrag (Mitth. aus der Zool. stat. zu Neapel, t. VII, 1887,

(4) Viviani, Phosphorescentia maris, etc., Genuæ, in-4, 1805, p. 14, et pl. IV et V. Voir pour la bibliographie : Claparède, Annél. chétopodes du golfe de Naples, p. #15, et pl. XXX, fig. 2, et y ajouter les ouvrages ci- joints.

430 DE SAINT-JOSEPH.

p. 716, et pl. XXII, fig. 11-12, pl. XXII, fig. 9, pl. XX VI, fig. 16-17). 11te" Beitrag (Ibid., t. VIII, 1888, p. 478, 485, 491, 510, 512, 517, 520, 530, 535, 547, 551, 557, 514, 650, et pl. XXV, fig. 25-29). SPIROGRAPHIS SPALLANZANII Chigi, Organi escretori e glandole lubipare delle Serpu-

lacee, Foligno, 1890, in-8, p. 28-34, 69-71 ; pl. IN, IV, X en entier et pl. XIV, fig. 4-6.

Soulier, Études sur quelques points de l'anatomie des Annél. sédentaires de la région de Cette, 1891, in-8, D: 29, 94, 47, bl, 6%, 617, 107, 128, 1249/1802 pl: L'en:entier, pl: ILfie., 162,6, 11, 15317, 18; PE et FEV, en entier, pl. V, fig. L'pLl'VI, 6p.4, T9 MMS Pl VIL, he t28, pL'X, fig, 3, 5,10,"12:

Lo Bianco, Gi Annel. tubicoli trovali nel golfo di Napoli (Atti dell’ Accad. delle scienze di Napoli, me sér., t. V, 1893, p. 73).

Trois exemplaires entiers trouvés au Croisie, à Pen-bron et un incomplet dans un dragage, près de l’île Dumet.

Ceux de Pen-bron habitent des tubes semblables aux tubes de la Sabella Pavonina Say. sortant du sol entre les pierres, se dressant tout droils et n’émergeant pas en enlier hors de l’eau aux plus fortes marées. Le plus long de ces tubes mesure 60 centimètres de long sur 1 centimètre de large à l'entrée, et renferme un animal de 26 centimètres de long en tout dont 6 centimètres pour les branchies sur 8 milli- mètres de large au thorax et 1 centimètre à la région abdo- minale. Les segments sétigères thoraciques sont au nom- bre de 7 (1) et il y en a 151 à l'abdomen, qui se termine par une parlie régénérée longue seulement de 3 millimètres avec 45 segments très serrés, et n'ayant plus que 3 milli- mètres, puis 2 millimètres, puis 1 millimètre, et enfin 0*",5 de large. Au 125°° segment abdominal, il y a 1 seul pied à gauche et 2 à droite.

Le corps est d’un brun sombre du côté ventral et gris du côté dorsal. La collerette quadrilobée est d'un beau violet foncé; les 2 lobes ventraux sont blancs en dessous avec quelques papilles blanches disséminées du côté qui est rabattu sur le ventre. Les ? lobes latéraux se relient du côté

(4) Des exemplaires d'Alger, de la collection du Muséum, ont presque tous 8 segments thoraciques comme les exemplaires de Claparède du golfe de Naples.

ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTÉES DE FRANCE. 431

dorsal à 2 gros soutiens de branchies, colorés en violet, beaucoup plus importants que chez la S. Pavonina, s’éten- dant de la base de chacun des lobes branchiaux, de chaque côlé de la ligne médiane dorsale, jusque sur le 1” segment sétigère (horacique.

Les branchies des 2 lobes branchiaux sont colorées en brun, blanc, violet et orangé, formant des zones successives superposées; les barbules ont la coloration de la zone dont elles dépendent. Le lobe branchial droit ressemble à celui d’une Sabella, et décrit à peine un commencement de spire, il se compose de 54 branchies. Le lobe branchial gauche, qui en a 260, décrit 5 lours de spire. La lèvre inférieure accompagne la base du lobe au-dessous des bourrelets bran- chiaux et de la membrane palmaire, jusqu'en haut de la dernière spire. Les branchies du lobe branchial simple sont aussi longues que celles qui partent de la base de l’autre lobe branchial avant qu'il ait commencé à décrire ses spires. Chaque branchie a un axe de 4 cellules cartilagi- neuses, et chaque barbule un axe d'une seule cellule de même sorte, comme chez la S. pavonina. Longues de 6 cen- timètres, garnies d'environ 720 paires de barbules ciliées de 1**,20 en moyenne, les branchies se terminent par une partie nue, longue de 0"*,35 à 0**,60 avant laquelle les bar- bules sont plus courtes. Il y a donc environ 1440 barbules par branchie, soit pour 314 branchies, un total de plus de 450 000, et, comme chaque barbule a au moins 2 400 cils vibraliles longs de 0**,03, le nombre de ces cils, sans comp- ter ceux des lèvres, des palpes, des bourrelets branchiaux de la membrane palmaire, de la rainure intérieure des branchies de chaque côté de laquelle s'élèvent les barbules branchiales, dépasse un milliard. On comprend donc la puis- sance de tout cet appareil vibratile.

Loeb (1) a observé que l’animal tournait l’axe de son en-

(1) Loeb, On the influence of light on the periodical depth-emigration of pe- lagic animals (Bull. of the U. S. commission of fish and fisheries, t. XIII for 1893. Washington, 1894, p. 66).

692 DE SAIN3T-JOSEPHI.

tonnoir branchial parallèlement aux rayons de lumière.

Les palpes, plus courts que chez la S. pavonina, mesurent seulement 4 millimèlres de long.

Le 1‘ segment thoracique n’a que des soies dorsales à large limbe, finissant en pointe fine, 100 environ à chaque faisceau; les 6 autres segments thoraciques ont en outre des tores uncinigères ventraux avec 80 à 85 crochets avi- culaires hauts de 0"",12 accompagnés chacun d’une soie en pioche. Il y a une lache pigmentlaire violetle à l'extrémité de chaque tore du côté ventral. L'interversion se produit au 1‘ segment abdominal les soies limbées deviennent ven- trales, et les crochets aviculaires, au nombre de 55 à 60, de- viennent dorsaux et sont suivis d'une tache violette du côté dorsal.

Sauf au segment thoracique, les segments thoraci- ques ont un écusson ventral, épais, rectangulaire, large de 71 millimètres sur 177,925 à 477,50 de haut. Ad'abdomen ces écussons sont partagés en 2 parties égales de 3**,5 cha- cune par le sillon copragogue qui, partant de l’extrémité infé- rieure du corps, s'arrêle avant le segment abdominal-qu'il coupe obliquement sur la droite pour passer du côlé dorsal 11 n’est plus apparent.

Le S. Spallanzanu a élé décrit si souvent que je n'entre pas dans d’autres détails, pour lesquels je renvoie à ceux donnés par tant d'auteurs, el à ceux que J'ai donnés moi- même pour la S. pavonina (1), qui offre tellement de res- semblance avec le S. Spallanzantü. J'ai voulu seulement, par cette note sommaire, montrer que l’espèce de l'Océan ne dif- fère pas de celle de la Méditerranée.

Un autre exemplaire a 24 centimètres de long dont 4 pour les branchies sur 8 millimètres de large, 9 segments tho- raciques et 242 abdominaux. Le lobe branchial gauche dé- crit 4 tours de spire. Le 45°° segment abdominal de gau-

(1) Les Annél. polych. des côtes de Dinard, 3% partie (Ann. des se. nat., que série, t. XVIL p. 267 à 285 ; pl. X, fig. 279-282, et pl. XI, fig. 285- 288).

ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 433

che répond aux 45*° et 46° de droite et le 134*° de droite aux 134"° el 135"° de gauche.

Un exemplaire plus pelit a 14 centimètres de long dont 3 centimètres et demi pour les branchies sur 5 millimètres de large, 8 segments thoraciques et 195 segments abdomi- naux. Le lobe branchial droit décrit 3 {ours de spire.

L’exemplaire incomplet de l’île Dumet a $ segments tho- raciques et 4 tours de spire au lobe branchial gauche.

Chez ces 3 exemplaires le sillon copragogue s'arrête avant le segment abdominal.

On voit que dans cetle espèce, comme on l'avait déjà cons- staté, 1] y a variation dans le nombre des segments thora-

ciques, dans la position du lobe branchial en spirale et dans le nombre des spires.

Sur les branchies d’un des exemplaires, je trouve un Sabel- liphilus Sarsu Clpd. (1). Médilerranée. Atlantique.

GENRE MYXICOLA H. Koch (f#de Gr. et Clpd.) (£riogra-

phis Gr., Arippasa Johnst.) char. emend. (incl. Leptochone Clpd.).

MYxICOLA INFUNDIBULUM Renier (2).

MYyxICOLA INFUNDIBULUM Renier. Grube, Die insel Lussin und ihre Meeresfauna.Breslau, 1864, in-8, p. 89. Mitth. über St Malo und Roscoff und die dortige Meeres-besonders die Annelidenfauna (Abhand. der Schles. gesells., 1869-72, p. 113). De Lacaze-Dutkhiers, À propos de la station des Chætoptères et des Myxicoles sur la plage de Roscoff et de St-Pol-de- Léon (Arch. de zool. expérim., t. 1, 1872, p. xxin). Claparède, Recherches sur la structure des Annél. sédent. in-4, 1872, p. 19, 34, 62, 69, 13, 83, 94, 96, 97, 100, 101, 103, 117, 130-134, et pl. VI et VII, en entier. Me Intosh, On the arrangement and relations of the great

- (4) Voir Annél. polych. des côtes de Dinard, partie (Ann. des sc. nat., Tue série, t. XVII, p. 266).

(2) Terebella infundibulum Renier, Tav. alf. d. Conch. adriat., pl. XIII, no 579,1804 (fide Meneghini) (fide Clpd.). Je regrette de ne pas attribuer cette espèce à Montagu, qui le premier l’a bien décrite, et de donner la priorité à Renier sur des indications bien insuffisantes. Voir pour la bibliographie : Claparède, Suppl. aux Annél. du golfe de Naples, 1870, p. 141, et pl. XIV, fig. 2, et y ajouter les ouvrages ci-joints.

ANN. SC. NAT. ZOOL. Vr 2

434 DT SAINT-JOSEPH.

nerve cords in the marine Annel. (Proceed. of the R. Soc. of Edinburgh, 1876-17, p. 380). MYxICOLAINFUNDIBULUM Cosmovici, Glandes génilales et organes segmentaires des Annél. polych. (Arch. de zool. expérim., t. VIII, 1819-80, p. 325, et pl. XX VII, fig. 1). re Pruvot, Recherches anal. et morph. sur le syst. nerveux des Annél. polych. (Arch. de zool. expérim., 2me série, t. IE, 1835, p. 318, et pl. XVI, fig. 5-8). + Se Cunningham, On some points in the anat. of Polych. (Quart. as micros. journ., nOV. 1887, p. 272). = on Meyer, Sfudien über den Kôrperbau der Annel. (Mitth. aus der Zool. stat. zu Neapel, t. VII, 1887, p. 719, pl. XXII, fig. 13-14, pl. XXII, fig. 10, pl. XXIV, fig. 6, pl: XXVE, fig. 18-21. Ibid., t. VIII, 1888, p. 419, 485, 491, 499, 510, 514, 517, 520, 530, 535, 538, 539, 545, 547, 551-553, 559, 561, 510, 571, 514, 518, 581, 585, 587, et pl. XXV, fig. 2, 21-24). Beaunis, L'évolution du système nerveux (Revue scrent., gme série, t. XVI, 1888, p. 367). it: eu Chigi, Organi escretori e glandole tubipare delle Serpulacee, Foligno, 1890, in-8, p. 43-49, 75-16, et pl. VI en entier, pl. XII, fig. 1-7, pl. XIV, fig. 1-3. Ge Se Soulier, Études sur quelques points de l'anat. des Annél. lubicoles de la région de Cette, 1891, in-8, p. 48, 71, 140. == = Cuénot, Études sur le sang et les glandes lymphatiques dans la série animale : Invertébrés ‘Arch. de zôol. expérim., Que série, L1X, 1891 p.411): = Lo Bianco, Gli Annel. lubicoli trovati nel golfo di Napoli (Atti dell Accad. delle scienze di Napoli, 2e série, t. V, 1893, p. T9).

PI. XXI, fig. 241-247.

Grube signala le premier la présence de la 27. in fundibu- lum à Penpoull M. de Lacaze-Duthiers lui en donna un exemplaire. Presque en même temps, M. de Lacaze-Duthiers donna d’intéressants détails sur le gîte et les habitudes de ce bel Annélide que j'ai retrouvé sur la même plage, dans du gros sable coquillier un peu vaseux, près de l’île Blan- che, à 40 ou 50 centimètres de profondeur, pendant quelques heures passées à Penpoull en 1895.

Les exemplaires les plus grands, bien élendus, ont 22 cen- timèires de long, dont 2 à 2 centimètres et demi pour les branchies; la largeur, qui est de 8 à 10 millimètres en avant, diminue progressivement dans le dernier tiers du corps pour n'avoir plus que 2 à 3 millimètres à l'extrémité. Mais les brusques et fréquentes contractions de la HZ. infundbulum lui font quelquefois perdre la moitié de sa longueur et alors la largeur peut atteindre 12 à 14 millimètres, ce qui est

ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 135

souvent le cas lorsqu'on la conserve dans le formol ou dans l'alcool. Elle habite un tube glaireux, transparent, rappe- lant, comme le remarque justement M. de Lacaze-Duthiers, les pontes de cerlains Mollusques. La masse glaireuse atteignant quelquefois 28 centimètres de long a un dia- mètre environ trois fois plus grand que celui de l’animal qui en occupe le centre formant le tube proprement dit. Ce tube, dont l'entrée est colorée en jaune et noir, est de la même largeur que la Myxicole, ce qui n'empêche pas celle- ci de s’y retourner complètement de bout en bout. Lors- qu'on touche la masse glaireuse, l'animal a une contraction soudaine indiquant une grande sensibilité nerveuse.

Le corps de la M. infundibulum, en forme de cylindre aplati, devenant rond dans l'alcool, est d’une belle couleur orangée foncée ; quand il s'étend, il s’y dessine des anneaux plus clairs et d’autres de couleur plus accusée. Le dos el le ventre ont à peu près le même aspect.

Le segment buccal achète forme une collerette quadri- lobée basse, se dressant droite, ne se rabattant pas en arrière et entourant complètement de irès près la base des bran- chies. Les 2 lobes dorsaux, très rapprochés l’un de l’autre sur la ligne médiane dorsale (fig. 242, a), sont interprétés par Mever comme étant des soutiens de branchies; mais leur forme, leur couleur plus claire que celle du reste du corps et semblable à celle des lobes vertraux me semblent bien indiquer qu'il s’agit d’une collerette qui étant très ser- rée contre les branchies peut, il est vrai, leur servir en même lemps de soutien. Ces 2 lobes dorsaux sont séparés des lobes ventraux de la collerette de chaque côté du corps (Gg. 2%1, 0), par une échancrure qui se trouve juste au- dessus des faisceaux séligères du segment suivant (1° séti- gère). Les 2 lobes ventraux sont soudés l’un à l’autre, ce qui n’est indiqué que par un sillon peu marqué au dos de la pointe triangulaire par laquelle ils se terminent sur la ligne médiane ventrale, et qui s’insère entre les 2 moiliés de l'entonnoir branchial (fig. 242, a).

436 DE SAINT-JOSEPIX.

Les branchies, longues de 20 à 25 millimètres, reposant sur une base très peu élevée (2 millimètres au plus), sont dis- posées en 2 demi-cercles de 30 à 38 branchies chacun (1), séparés l’un de l’autre sur la ligne médiane dorsale, et sur la ligne médiane ventrale, et forment un entonnoir régu- lier. Les branchies de chaque demi-cercle sont réunies les unes aux autres par une membrane palmaire qui s'étend sur toute leur hauteur; la partie terminale, lancéolée, ciliée, longue de 4 millimètres à 4**,5, recourbée souvent vers l'entrée de l’entonnoir, est seule libre. Elle est nue, tandis que le reste de la branchie, sauf à la partie qui est insérée dans la base, a de chaque côté du sillon longitudinal cilié, large de 0**,024 qui la parcourt en dessous, des barbules ciliées au nombre de 182 environ, soit 364 en tout. Aug- mentant progressivement de longueur à partir de la base de la branchie, ces barbules atteignent 3 millimètres de long vers l'extrémité antérieure et décroissent brusquement pour n'avoir plus dans les 20 dernières paires que 1°*,50 et enfin 0**,18. La membrane palmaire, incolore et ciliée du côté extérieur, est violelte du côté intérieur de l’entonnoir (fig. 243, a). Il en est de même des branchies, dont la pointe terminale, nue, est d’un violet beaucoup plus foncé que tout le reste; les barbules sont violettes. Lorsque l’entonnoir se dilate, le sang, quoique vert, y affluant, le fait paraîlre légèrement rosé par un phénomène de dichroïsme; mais quand l’entonnoir se referme, les granules pigmentaires violets de la surface des tissus se rapprochent, et tout l’ap- pareil est coloré en violet assez foncé; les barbules conver- gent vers le centre, et comme elles sont longues, elles s’en- chevêtrent les unes dans les autres et forment un lacis inextricable que l'animal démêle en écartant les 2 côtés de l’entonnoir.

Chaque branchie est parcourue par un axe longitudinal

(4) Le plus souvent, le lobe branchial gauche, qui décrit un commence- ment de spire du côté ventral, a deux ou trois branchies de plus que le lobe droit. |

E. co MERS

ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 437

de 2 cellules cartilagineuses (fig. 243, 4) juxlaposées, sur la face interne desquelles s'applique au niveau de la naissance de chaque barbule une grosse cellule cartilagineuse ronde (0"”,080 de diamètre) (fig. 243, c) un tiers plus petite que celles de l’axe branchial. De cette grosse cellule part l'axe longitudinal des cellules cartilagineuses de la barbule (fig. 243, d), qui sont longues et minces et comme emboîlées les unes dans les autres (fig. 244) et dont il n’y a qu'une rangée. Il n’y en a non plus qu’une à l'extrémité des branchies.

Les 2 lobes branchiaux formant l’entonnoir entourent : la bouche (fig. 245, 4), située beaucoup plus près du ventre que du dos presque au pied de la face interne de la languette triangulaire des lobes ventraux de la collerette, celle languette pouvant être considérée comme représentant les ampoules labiales des Sabelles et tenant lieu de lèvre ventrale (fig. 245, a) ; la lèvre dorsale bilobée, charnue, reposant sur la base des branchies médianes de chaque demi-cercle. Les 2 lobes de la lèvre séparés l’un de l’autre sur la ligne médiane dorso-ventrale (fig. 245, c), laissant libre le passage entre le dos et la bouche qui est placée derrière eux, sont blancs sur la face qui est tournée vers le cerveau, et d’un violet foncé sur la face supérieure. C’est sur celte face et du centre de chaque lobe que s'élève un palpe triangulaire violet de 2 millimètres de haut sur 1*°,25 de large à la base (fig. 245, d); une petite papille conique (fig. 245, e) placée sur la ligne médiane dorsale, entre l'ouver- ture qui sépare les 2 lobes dorsaux de la collerette (fig. 245, /) et celle qui sépare les 2 lobes branchiaux de l’entonnoir ; elle est percée d’un pore par débouche le canal commun des 2 organes excréteurs thoraciques. Après le segment buccal viennent environ 125 segments sétigères biannelés assez peu tranchés, dont 8 thoraciques (un seul exemplaire en a 9), ayant de chaque côté du dos un mamelon bas d’où sort un faisceau de plus de 200 petites soies, courtes, incolores, lan- céolées, finement striées (fig. 246), se dressant en buisson,

438 | DE SAINT-JOSEPIX.

suivies du côté ventral de 4 ou 5 crochets à long manubrium, difficiles à distinguer, et que j'ai déjà figurés (1). A l’abdo- men, les soies sont semblables à celles du thorax, mais pro- gressivement moins rapprochées du dos : au-dessous d’elles, sur le 2°° anneau du segment, une ceinture presque com- plète, non saillante, de plaques onciales bidentées (fig. 247), entoure le ventre et presque complètement le dos. Derrière chaque buisson de soies, il y a quelques taches pigmentaires très pelites avec cristallin. Le corps se termine par un seg- ment anal achète l’anus terminal ne me paraît pas en- iouré de taches oculaires.

Il n'y a pas d’écussons ventraux. Le sillon copragogue placé sur la ligne médiane ventrale de la partie abdominale, passe obliquement au segment abdominal sur la parlie dorsale du thorax il est aussi marqué qu'à la partie ven- trale de l’abdomen.

Claparède et Meyer ont décrit en détail tout ce qui a rap- port aux tissus de l’enveloppe du corps, aux systèmes mus- eulaire, digeslif, circulatoire et nerveux. Aussi ne trailerai-je que sommairemeut de quelques points.

Ainsi que je l’ai déjà dit à propos de la Sabella pavo- nina (2), la confection du tube est dévolue non aux organes thoraciques, comme le croyait Claparède, mais au issu glan- dulaire qui, chez la M. infundibulum, entoure lout le corps extérieurement à l’hypoderme etsupplée plus que largement à l'absence des écussons ventraux. C’est ce lissu qui fournit la quantité si considérable de mucus nécessaire à l'animal pour construire son tube et qui lui permet de le quitter comme il lui arrive si souvent, pour s’en refaire ensuite un autre avec une grande rapidité. J’ai trouvé à Penpoull bien des tubes abandonnés, surtout ceux qui affleuraient à la sur- face du sol.

La bouche, qui ne s'ouvre pas dans l'axe du corps, mais

(1) Les Annél. polych. des côtes de Dinard, 3% partie (Ann. des sc. nat., 1ne série, t. XVII, PL. 'XIL fig. 349). (2) Loc. cit., p. 279.

ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 439

plus près du ventre, est suivie dans les segments thora- ciques d’un œsophage qui est accolé à l’hypoderme du côté ventral; l'estomac ovale et plus large qui lui succède re- monte du côté dorsal et bientôt occupe l’axe du corps il se maintient et se maintient ensuite l'intestin rond qui parcourt en droite ligne la région abdominale.

Les organes excréteurs thoraciques sont, comme leur canal de sortie commun, colorés en brun très foncé proba- blement par les produits d’excrélion; ils présentent de nombreux replis, se terminent dans le 5” segment thora- cique el occupent une place considérable, surtout dans les 3"° et 4°° segments.

Les muscles longitudinaux forment, dans la région tho- racique, 4 faisceaux dont 2 dorsaux séparés par le mésentère dorsal de l'estomac et 2 ventraux séparés par la chaîne ner- veuse ventrale. Dans l'abdomen, les 2 faisceaux dorsaux réunis n’en font plus qu'un et tout ce système musculaire prend une grande importance. Rangés comme les feuillets d’un livre, les éléments musculaires des faisceaux présen- tent, dans les coupes transversales, l'apparence pennée la plus accusée qu’on puisse observer dans la famille des Ser- puliens (1).

_ La chaîne nerveuse ventrale est double dans la partie antérieure du corps. En est-il de même ensuite? Meyer donne l'historique de cette question sur laquelle les auteurs ne sont pas d'accord. Je crois reconnaître sur les coupes, comme Meyer, qu'il y a partout 2 cordons ainsi que l'avait vu le premier Quatrefages (2) à propos du Leiobranchus modestus (Myxicola modesta). Entre le double cordon et le vaisseau ventral, il y a une fibre tubulaire colossale de taille plus considérable que chez aucun autre Annélide Polychète (0,33 de diamètre) qui gêne beaucoup pour l'observation de la chaîne nerveuse. Pour moi, les contractions subites si

(4) Voir Claparède, Annél. sédent., pl. VII, fig. 10 et 11. | (2) Quatrefages, Mémoire sur le système nerveux des Annél. (Ann. des sc. nat., 3% série, t. XIV, 1850, p. 371).

440 DE SAINT-JOSEPHII.

énergiques de la M. infundibulum me paraissent dues, comme pour la Bispira volutacornis Mont., à la fibre tubulaire colossale et comme chez la 1" cette fibre est près de trois fois plus grosse que chez la 2*°, les contractions sont aussi proportionnellement presque trois fois plus fortes.

L'espèce des côles du Devonshire décrite pour la fois par Montagu est bien la même que celle de Penpoull. Elle est semblable aussi à celle de Naples, mais atleint une taille plus considérable, 17 à 22 centimètres au lieu de 10 à 12 (Grube er cite même un individu de 27 centimèlres), et a un nombre de branchies presque double.

Méditerranée. Manche.

TRIBU DIS SERPULIDES.

GENRE SERPULA L.

SOUS-GENRE HYDROIDES Gunn. (EUPOMATUS Phil., EUCARPHUS Môrch, POLYPHRAGMA Qfg.). j

Hyproines NoRvEGICA Gunn. (1).

Hyproibes NorveGica Môrch, Revisio crilica Serpulidarum (Naturh. Tidsk. Co- penhague, 1863, 3me série, t. III, p. 374) (2). TS = Hensen, Oversigt over de Norske Serpula-arler (Archiv for Mathem. og Naturv., t. II, 1878. Christiania, p. #1, et pl. IL, fig. 1-7). a == Von Marenzeller, Ber. der comm. für erforsch. des üst. Mittelm. VI. Zool. Ergebn. 11. Polychælen des Grundes (Denks. der k. Akad. der Wiss. zu Wien,t. LX, 1893, p. 19 Et pl AV, 0e. 48) ?SERPULA VERMICULARIS O. F. Müll., Zoologia Danica, t. IT, pl. LXXXVI et fig. 7-9. ? Eupomarus PECTINATUS Phil. Philippi, Æinige bemerk. über die gatlung Serrula (Archiv für Naturg., 1844, p. 195 et fig. R). Ge Grube, Matth. über die Serpulen, etc. (Jahresb. der Schles. gesells. für 1861. Breslau, 1862, p. 63). ? SERPULA REVERSA Mont. Johnston, Catal. of Brit. non parasit. Worms, p.270, et pl. XX, fig. 6. ? Eupomarus ‘rrypanoON Clpd. Claparède, Suppl. aux Annél. du golfe de Naples, p: 163, et pl. XIV, fig. 4.

PI. XXIIL, fig. 248. (4) Gunnerus, Om nogle Norske Coraller (K. Norske Vidensk. Selsk. Skrifter,

t. 1V, 1768, p. 52, et pl. I, fig. 11-13). (2) Môrch donne la bibliographie jusqu'en 1863.

ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 44

Trouvée dans les dragages à la baie de la Forest sur les vieilles coquilles, habitant un tube calcaire lisse, soit sem- blable à celui de la Serpula vermicularis L., soit enroulé comme une coquille de Planorbe, ce que Mürch avait déjà remarqué. Dans les deux cas, l'entrée du tube est ronde.

Le corps, plus ou moins rouge, mesure 20 millimètres de long, dont 5 millimètres pour les branchies, sur 2 milli- mètres de large et compte 82 à 92 segments y compris les 7 thoraciques. Comme le thorax représente un tiers de la longueur du corps, il en résulte que les segments abdomi- naux sont beaucoup moins hauts que les thoraciques.

Les branchies au nombre de 15 à 17 de chaque côlé sont rouges à la base, puis ensuite d’un vert pâle ou à zones aller- natives blanches et rouges; elles manquent de taches ocu- laires. Les barbules dont il y a 35 paires à chaque branchie ont 0“*,30 de long. Avant la branchie, du côté dorsal, soit à droite, soit à gauche, s'élève l’opercule dépassant les branchies de 1 millimètre et porté sur un pédoncule rouge à la base; en regard se trouve un pseudopercule court en forme de massue comme celui de la Serpula vermicularis. L’opercule se compose d’un entonnoir bordé de 22 à 36 fes- tons arrondis, du centre duquel partent 16 à 17 épines diver- gentes, plates, cornées, de couleur légèrement jaune, hautes de 0**,72, formant une couronne superposée à l’entonnoir. Le plus souvent recouvertes de vase et de pelites algues, elles sont garnies de chaque côté de 4 denticules presque opposés, de longueur très inégale ; quelquefois il y ena 3 d’un côlé et 4 de l’autre. Enfin, sur le côté plat de l’épine qui est tourné vers l’intérieur de la couronne sont disposés en ligne au-dessus les uns des autres 3 petits crochels recourbés vers le bas dont le placé à la base même de l’épine et le dernier à la hauteur de la paire de denticules (fig. 248. A la base de l’opercule, le vaisseau vert qui parcourt le pédoncule forme un glomérule d’où se détachent des vais- seaux qui parviennent jusqu à l’extrémilé des épines.

442 DE SAINT-JOSEPI.

La bouche terminale s'ouvre entre deux plis transversaux parallèles ciliés rouges qui sont les deux lèvres. La lèvre inférieure s'appuie comme chez la S. vermicularis sur une pièce rectangulaire ventrale qui sépare les bases des 2 lobes branchiaux; mais ici cette pièce est rouge et non blanche. Au-dessous de chacun des lobes branchiaux, du côté dorsal, il y à une tache oculaire sur le segment buccal achète fusionné avec le 1* segment séligère et entouré d’une colle- relte entière très largement ouverte du côté dorsal. Cette collerette est soudée à la membrane thoracique.

Les soies dorsales du 1” segment sétigère ont la forme propre au genre Serpula ; il y en a 8 minces, légèrement arquées, à peine limbées, finement dentelées au bord et 8 grosses Jaunes se terminant par 2 moignons sans mame- lons latéraux comme ceux de la S. vermicularis et une longue pointe fine arquée légèrement dentelée au bord. Les soies des 6 autres segments thoraciques sont de deux sortes : 6 à 8 semblables aux minces du segment et 6 à 8 plus large- ment limbées avec très fins denlicules. Les plaques onciales au nombre de 85 environ se montrent au 2°° segment séli- sère thoracique; de même forme que celles de la S. vermi- cularis, hautes de 0"",018, elles ont 7 dents. Le thorax est séparé de l'abdomen par un intervalle achète de 0"",5 de long. Les 4 premiers segments abdominaux sont deux ou trois fois plus hauts que les suivants qui deviennent de plus en plus bas et serrés à mesure qu'on approche de l'extré- mité inférieure du corps. À l’abdomen les soies passent du côté ventral et les plaques onciales du côté dorsal. Les soies très courtes au nombre de 6 à 7 à chaque rame ont la forme de calice comprimé dentelé au bord comme dans le genre Serpula; elles sont accompagnées de 1 ou 2 longues soies fines purement capillaires aux 15-17 derniers segments. Les plaques onciales, dont il y a 70 aux 1°* segments abdomi- naux, de même forme, mais plus pelites qu’au thorax, n'ont plus que 0"",12 de haut et 5 dents. Le segment anal est ter- miné par 2 pelites palettes aplalies.

ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 443

Les œufs sont rouges et les spermatozoïdes très petits ont une fête réfringente.

Chez un petit exemplaire habitant un tube droit et quin'a que 7 millimètres de long en tout, 8 paires de branchies et 59 segments, j'observe 2 opercules, dont l’un a 12 épines et l’autre 6. Cette duplicité de l’opercule se rencontre plus sou- vent chez les Aydroides que chez les autres Serpulides (Hydroides dipoma Schmarda, A. pectinata Phil. et H. try- panon Clpd., si ces 2 dernières espèces ne sont pas les mêmes que la nôtre, Æ. lunulifer Clpd., H. affinis Marion, H. minax Gr. Semper., H. multispinosa Von Marenz., H. exaltata Von Marenz.).

Quoiqu'il soit délicat de se prononcer en présence de des- criptions incomplètes, il me semble que cette Fydroides de Concarneau est bien l’H. Norvegica. Elle est très voisine de l'A. typanon Clpd. qui a aussi le tube enroulé, mais des épines moins nombreuses et moins denticulées à l’opercule. LA. pectinata Phil. qui s’en rapproche également a des épines moins nombreuses, une collerette lacinée et des ocelles au dos des branchies. Celles que j'examine, venant de: Naples habitant des tubes droits agglomérés, conservées. dans l'alcool et avec les branchies décolorées, ont un oper- cule à 14 épines avec 2 denticules de chaque côté sans cro- chels sur la face plane; le bord de l’entonnoir a 30 festons.

Mers du Nord. Atlantique (1). Méditerranée.

GENRE DITRUPA Berk.

DITRUPA ARIETINA O. F. Müll. (2).

DiTRUPA ARIETINA Môrch, Revisio critica Serpulidarum (Naturh. Tidssk. Copenha-. gue, 1863, 3me série, t. II, p. 425}.

(1) J'en trouve deux petits exemplaires dans un dragage fait au large de Cordouan. L'un de ces exemplaires a six segments thoraciques d’un côté et sept de l’autre.

(2) Dentalium arietinum. O. F. Müller, Prodromus Zool. Dan., 1776, p. 256.

44% DE SAINT-JOSEP!:I.

DirRUPA ARIENTINA Johnston, Catalogue of Brit. non parasit. Worms, 1865, p. 273 et 347. _ Hansen, Oversigt over de Norske Serpula-arter (Archiv for Mathem. og Naturvid., t. III, 1878. Christiania, p. 43, et pl. II, fig. 7-11). Langerhans, Die Wurmfauna von Madeira IIlter Beitrag (Zeits. für wiss. Zool., t. XXXIV, 1880, p. 121, et pl. V, fig. 39). Fe = Levinsen, Syst. geogr. Oversigt over de Nord. annul. (Vidensk. Meddels. for 1883. Copenhague, 1884, p.. 198). Mac Intosh, Report on the Annel. Polych. collected by H. M. S. Challenger (Reports, etc., Zoology, t. XII, 1885, p. 531, et DILIV, fo-106): = Kœæbhler, Résullats scientifiques de la campagne du « Caudan » dans le golfe de Gascogne : Annélides, par Roule, 1896, D. 463,-et pl'AXIT et XX, is. 1, 13,12 15,928, DENTALIUM SUBULATUM Desh. Deshayes, Anal. et monogr. du genre Dentale (Mém. de la Soc. d’hist. nat. de Paris, 1825, in-4, p. 273, et pl. XVI, fig. 29). DITRUPA SUBULATA Desh. Berkeley, Observations upon the Dentalium subulatum of Deshayes (Zoo. journ. edited by Vigors. London, t. V, 1835, p. 424, et pl. XIX, fig. 2). _ Lo Bianco, Gli Annel. tubic. del golfo di Napoli (loc. cit., p.87). SERP&LA LIBERA Sars. Sars, Beskr. og Jagttag. over nogle mœrkelige eller nye i havet ved den Bergenske kyst levende dyr, Bergen, 1835, pet. in-4. p-b2.vebhpl XIE 663:4,0,10: DiTRYPA GRACILLIMA Gr. Grube, Annulata Semperiana (Mém. de l’Acad. des sc. de Saint-Pétersbourg, t. XXV, 1878, p. 219).

PI. XXIIL, fig. 249-254.

M. le professeur Henneguvy a bien voulu me donner plu- sieurs exemplaires de D). arietina provenant d’un dragage qu'il avait fait avec le bateau de M. Chevreux à 60 milles au S.-0. de Belle-Isle, par 46° 40’ de latitude dans des fonds de pointes d’alène de 158 mètres.

Ces pointes d’alène sont les tubes calcaires de la D. arie- ina. Ouverts aux 2 bouts, formés d’une couche extérieure transparente et d’une couche interne d’un blanc opaque, courbés presque en arc de cercle, libres, ce qui permet à l'animal de se trainer en se halant avec son opercule, ils ont de 32 à 37 millimètres de long avec une entrée de 1! milli- mètre de diamètre etun orifice postérieur de 0"",22 (fig. 249). La partie antérieure, qui paraît être de formation récente, est plus blanche et un peu plus étroite sur une longueur de { millimètre seulement. Sur plusieurs des tubes sont fixées des Anomalina variolata d'Orb.

Le corps entièrement décoloré par l'alcool a 13 à 16 mil-

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ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 445

limèlres de long dont 2°*,5 à 3 millimètres pour les bran- chies, sur 1**,20 de large à la région thoracique et 0"",70 à l'extrémité inférieure qui est scaphoïde du côté ventral aux 12-14 derniers segments el comme {ronquée (fig. 250).

La collerette, entière, largement ouverte du côté dorsal, très délicate et diaphane, dentelée au bord, entoure el suit la base des branchies qu’elle ne dépasse pas en hauteur (fig. 251, a, à). Celles-ci sont disposées en 2 demi-cercles, l’un de 12 à droite, l’autre de 11 à gauche, elles sont précédées du côté dorsal par le pédoncule operculaire rond placé sur la même ligne qu'elles et qui tient lieu de {°° branchie. L’opercule qu'il supporte est de tissu mou et à la forme d’un gobelet recouvert d’une plaque plate, épaisse, chitineuse, d’un jaune brun, ayant un diamètre de 1°°,20, incrustée de calcaire avec des mailles polygonales non sail- lantes, vaguement disposées en rangées concentriques (fig. 252). Les branchies floconneuses, sans cellules cartila- gineuses comme il en est chez les auires Serpulides, réunies à leur base seulement par une membrane palmaire, sont gar- nies d’une double rangée de barbules ciliées, au nombre de 33 à 39 paires, longues de 0**,15, ne persistant pas jusqu’à l'extrémité qui resle nue sur une longueur de 0**,12. = La membrane thoracique diaphane débordant à peine le corps (fig. 251, e), se reliant à la collerette, très largement ouverte du côté dorsal, se termine du côté ventral par 2 peti- tes basques à peine séparées l’une de l’autre et à peine arron- dies. Le thorax long de 3*°,85 à 4 millimèlres se compose de 7 segments dont 1 achèle et 6 sétigères. Les 2 sont beaucoup plus hauts que les autres. Dans le segment achèle on voit par transparence, de chaque côlé du corps, les 2 organes excréteurs thoraciques (fig. 251, d), bosselés, d’un jaune brun, longs de 0"”,72 sur 0°**,30 de large, se termi- nant chacun en avant par un petit canal d’un diamètre de 0"",030; les 2 canaux viennent se réunir sur la ligne médiane dorsale en un canal commun qui débouche entre les 2 lobes branchiaux (fig. 251, c).

426 DE SAINT-JOSEPH.

Le 2"° segment (1”sétigère), haut de 1*”,20, ce qui équi- vaut à la hauteur des 4 suivants, a déjà, comme les 5 autres segments sétigères thoraciques, des soies dorsales et des pla- ques onciales ventrales. Les soies dorsales toutes semblables entre elles à tous les segments, les unes plus largement limbées (fig. 253), les autres presque capillaires, sont au nombre de 30 à 35. Quant aux plaques onciales ventrales, disposées sur un tore long de 0"”,80, hautes de 0"",06, elles sont au nombre de plus de 220. Chacune est garnie de 20 à 22 denticules superposés suivis, du côté le plus rapproché de la têle de l'animal, d’un prolongement convexe en dessus et creusé en dessous comme une gouge (fig. 254). Cette forme de plaque appartient donc au type de plaques onciales de Serpulides et non au 2*° type ainsi que je l'avais dit avec doule (1); par le nombre des denticules, elle se rapproche surloul des plaques plus massives de Spa'obran- chus. giganteus Pall. comme j'ai pu m'en assurer sur un des exemplaires rapportés de la mer Rouge par le D' Jous- seaume el que M. Malard a eu l'obligeance de me commu- niquer.

La région abdominale de 8””,5 de long se compose de 50 à 55 segments dont les 2 sont achètes. Les autres ont des tores dorsaux avec plaques onciales, moitié moins hautes que celles du thorax, au nombre de 9 à 12 dans les segments, de 20 à 40 dans les suivants, puis de 30, 15 et 10 dans les derniers. Les soies ventrales manquent, sauf aux 20-25 derniers segments dont chacun a 1 ou 2 soies capillaires de chaque côlé.

La D. arietina, la D. subulata, la D. libera et la D. gracil- lima me paraissent ne différer les unes des autres que par la taille et ne former qu’une seule espèce, comme le pensent aussi Langerhans et Me Intosh.

Mers du Nord. Atlantique. Méditerranée. Mer des Phi- lippines. Draguée par Berkeley près des côtes d'Irlande,

(1) Les Annél. polych. des côtes de Dinard, partie (Ann. des sc. nat., 7ne série, t. XVII, p. 254).

ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 447

dans des fonds de sable fin de 115 à 314 mètres, et par l’ex- pédition du Caudan dans le golfe de Gascogne à 180-500 mè- tres. L'expédition du Challenger a trouvé à 823 mètres de profondeur près des Açores des tubes vides habités par des Géphyriens.

DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE.

La distribution géographique a déjà été indiquée (1) pour les espèces de Dinard portées sur les listes données au commencement du présent mémoire. Quant à celles que je décris ici pour la première fois, voici quelle en est la ré- partilion dans les mers.

Sont jusqu'à présent propres à la localité je les ai dé- couvertes, 8 espèces nouvelles :

Neanthes Perrieri (Villerville). Phyllodoce bimaculata (Saint-Jean- Perinereis longipes (Saint-Jean-de- de-Luz).

Luz). Eulalia quadrilineata (Concarneau). Phyllodoce papulosa (Dinard). Glycera Mesnili (Le Croisic). Phyllodoce bruneo-viridis (Arca- Flabelligera Claparedii (Saint-Jean-

chon). de-Luz).

Pour les autres espèces qui étaient déjà connues, il y en 4 : | 1 dans l'Océan glacial arctique, les mers du Nord et

la Manche : Phyllodoce groenlandica OErst,

2 dans les mers du Nord et la Manche :

Harmothoe impar var. Pagenstecheri Eunereis longissima Johnst. Mich.

2 dans les mers du Nord, la Manche et la Méditer- ranée :

Nerine cirratulus D. Ch. Harmothoe longisetis Gr.

(1) Annél. polych. des côtes de Dinard, 4&®e partie (Ann. des sc. nat., 1me série, t. XX, 1895, p. 229-241).

448 DE SAINT-JOSEPII.

1 dans la mer du Nord et l'Atlantique : Harmothoe castanea Mc Int. 3 dans l'Atlantique seulement :

Perinereis Oliveirae Horst. Ophelia bicornis Say. Eunice torquata Qfg.

9 dans l’Allautique et la Méditerranée :

Diopatra Neapolitana D. Ch. Polyophthalmus pictus Duj. Eunice Kinbergi Ehl. Dasybranchus caducus Gr. Hesione Pantherina Risso. Pista cretacea Gr.

Podarke pallida Clpd. Spirographis Spallanzanii Viv.

Aricia lævigata Gr. 2 dans la Manche et l’Atlantique :

Ophelia neglecta Aimé Schn. Johnstonia clymenoides Qfg. 2 dans la Manche et la Méditerranée :

Spiophanes bombyx Clpd. Myxicola infundibulum Ren.

| 3 dans la Manche, l'Atlantique et la Méditerranée :

Lumbriconereis Latreilli Aud. et Edw. Lumbriconereis impatiens Clpd. Lumbriconereis coccinea Ren.

2 dans les mers du Nord, l'Atlantique et la Méditer- ranée :

Glycera alba Rathke. Hydroides Norvegica Gunn.

e

3 dans les mers du Nord, la Manche et l'Atlantique

Nereis fucata Say. Travisia Forbesii Johnst. Dodecaceria concharum OErst.

2 dans les mers du Nord, la Manche, l'Atlantique et la Méditerranée :

LDagis Koreni Mgr. Amphitrite Johnstoni Mgr.

ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 449

1! dans les mers du Nord, l'Atlantique, la Lao bre et la mer des Philippines :

Ditrupa arietina O. F. Müll.

1 dans la Manche, l'Atlantique, la Méditerranée et la mer des Indes :

Lepidonotus clava Mont. 2 dans l’Atlantique, la Méditerranée et la mer Noire :

Pionosyllis pulligera Kr. Bobr. Larve de Saccocirrus papillocercus.

{ dans l'Atlantique, la Méditerranée el l'Océan Paci- fique : Eunice vittata D. Ch.

dans les mers du Nord, la Manche, l'Atlantique, la Méditerranée et la mer du Japon :

Hyalinæcia tubicola O. F. Müll. Nereis diversicolor O. F. Müll.

1 dans les mers du Nord, la Manche, l'Atlantique, la Méditerranée et la mer Noire

Arenicola branchialis Aud. et Edw.

1 dans l'Océan glacial arctique, les mers du Nord, {a Manche, l'Atlantique et la Méditerranée :

Thelepus cincinnatus Fabr.

1 dans l'Océan glacial arcuique, les mers du Nord, la Manche et l'Atlantique :

Aricia Mülleri Rathke.

1 dans les mers du Nord, l’Atlantique, la Méditerranée, Adriatique, le détroit de Davis et la mer du Japon :

Owenia fusiformis D. Ch. ANN. SC. NAT. ZOOL. V,.20

450 DE SAINT-JOSEPII.

Quelques-unes ont été draguées à de grandes profon- deurs :

Hyalinæcia tubicola O. F. Müll., par 326% mètres; le Challenger, à 1033 mètres près Thelepus cincinnatus Fabr:, par le

du Japon; Knight Errant, à 987 mètres; Lumbriconereis Latreilli Aud.etEdw., Ditrupa arietina O. F. Müll., par le

par le Caudan, dans le golfe de Challenger, à 823 mètres, aux

Gascogne, à 400 mètres. Acores, et par le Caudan dans le Owenia fusiformis D. Ch., par le Va- golfe de Gascogne, à 500 mètres.

lorous, dans le détroit de Davis à

Le tableau précédent établit que pour les espèces de l'Atlantique, sauf 3 qui lui sont propres, il y en a 9 qui relient l'Atlantique, la mer du Nord et la Méditerranée, 9 qui relient l'Atlantique et les mers du Nord et 11 qui relient l'Atlantique et la Méditerranée. Nos côtes de l'Océan sont donc un trait d'union entre les mers du Nord et la Médi- terranée.

é'æ 4

EXPLICATION DES PLANCHES

PraxcHE XII. Fig. 1. Pionosyllis pulligera Kr. Fig. 1. Embryon. X 136. Fi

(9 je)

. 2-8. Lepidonotus clava Mont.

Fig. 2. Douzième pied vu par devant : a, papille ventrale. X 9. Fig. 3. Extrémité d’une soie dorsale. X 166.

Fig. 4. Protubérance de moyenne taille du élytre. X 120.

Fig. 5. Une partie de cette protubérance grossie davantage. X 830. Fig. 6. Papille du élytre. X 600.

Fig. 7. Papille surmontée d’un couvercle. X 600.

Eig. 8. Grosse verrue d’un élytre du milieu du corps. X 126.

Fig. 9-13. Lepidonotus squamatus L.

Fig. 9. Élytre du milieu du corps. X 6.

Fig. 10. Tubercule chitineux faisant suite à la frange de papilles du bord externe. xX 120.

Fig. 11. Grosse verrue de l’élytre. X 140.

Fig. 12. Quelques-unes des écailles recouvrant cette verrue. X 530.

Fig. 13. Tubercule porifère de la partie interne de l’élytre. X 72.

Fig. 14-20. Harmothoe impar var. Pagenstecheri Mich.

Fig. 14. Mamelon et tubercule transparent du bord externe et du centre de Pélytre. 107.

Fig. 45. Idem du bord antérieur. X 275.

Fig. 16. Sphère épineuse du bord postérieur. X 32.

Fig. 17. Massue épineuse idem. X 32.

Fig. 18. Deux épines de la sphère ou de la massue ayant une base com- mune. x 300.

Fig. 19. Quatre épines, idem. X 300.

«Fig. 20. Grande massue lisse du bord postérieur. X 40.

Fig. 21. Harmothoe longisetis Gr. Fi: 241. Tête.-X 20. Fig. 22-29. Sigalion squamatum D. Ch.

Fig. 22. Fragment d’une soie de la rame dorsale. X 465. Fig. 23. Terminaison de cette soie. X 465. Fig. 24. Soie simple du faisceau supérieur de la rame ventrale. X 500.

459 DE SAINT-JOSEPH.

Fig. 25. Soie composée du faisceau supérieur de la rame ventrale, à hampe garnie, avant l’article, de + à 12 rangées de denticules (l’extrémité de l’article n’est pas représentée). X 415.

Fig. 26. Idem à hampe renflée en avant. X 305.

Fig. 27. Idem à hampe lisse. X 244.

Fig. 28. Soie composée du faisceau inférieur de la rame ventrale. X 200.

Fig. 29. Extrémité de l’article d’une des soies les plus ventrales du faisceau

inférieur de la rame ventrale. X 500. Fig. 30. Hyalinæcia tubicola O. F. Müll. Fig. 30. Mâchoire inférieure. X 20. Fig. 31-33. Diopatra Neapolitana D. Ch.

Fig. 31. Coupe transversale de la partie moyenne d’une des longues an- tennes : a, stigmate. X 55.

Fig. 32. Troisième pied vu par devant. X 20.

Fig. 33. Derniers segments du corps vus du côté dorsal. L'anus remonte sur le dos de l’avant-dernier segment). X 7.

Prancne XIV.

Fig. 34-39. Diopatra Neapolitana D. Ch.

Fig. 34. Acicule de la base du prolongement du pied. X 100. Fig. 35. Soie pseudo-articulée à lame dissectrice. X 120. Fig. 36. Soie en fourchette du 6®° segment. X 190.

Fig. 37. Soie aciculaire. X 140.

Fig. 38. Mâchoire inférieure. X 7.

Fig. 39. Organe segmentaire. X #5.

Fig. 40-44, Eunice Kinbergi Ehl.

Fig. 40. Soie composée du faisceau ventral. X 144.

Fig. 41. Soie aciculaire. X 150.

Fig. 42. Mâchoire inférieure vue sur. la face la plus rapprochée du ventre. X 23/4.

Fig. 43. Idem vue sur la face la plus rapprochée du dos. X 2 3/4.

Fig. 44. Mâchoire supérieure vue sur la face la plus rapprochée du dos : a, pièce impaire. X 2 3/4.

Fig. 45-54. Eunice torquata Qfg.

Fig. 45. Tête et premiers segments. (Le bord antérieur est rabattu à partir de a, pour laisser voir la partie postérieure de la tête.) x 4.

Fig. 46. Soie simple en cimeterre du faisceau supérieur. X 270.

Fig. 47. Soie en ciseau lacinié. X 800.

Fig. 48. Soie composée du faisceau inférieur. X 280.

Fig. 49. Soie aciculaire. X 150.

Fig. 50. Cirre ventral des 5 premiers segments. X 8.

Fig. 51. Cirre ventral des 36 à 40 segments suivants. X 8.

>

ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 453

Fig. 52. Cirre ventral du dernier tiers du corps. X 8. Fig. 53. Mâchoire inférieure. X 13. Fig. 54. Mächoire supérieure. X 13.

Fig. 55-59. Eunice vittata D. Ch.

Fig. 55. Soie composée du faisceau inférieur. X 310. Fig. 56. Soie aciculaire. X 156.

Fig. 57. Acicule. X 245.

Fig. 58. Mâclioire inférieure. X 20.

Fig. 59. Mâchoire supérieure. X 20.

PLANCHE XV.

Fig. 60 et 61. Lumbriconereis Latreilli Aud. et Edw,

Fig. 60. Soie composée. X 250. Fig. 61. Soie simple en croc. X 330.

Fig. 62-68. Lumbriconereis impatiens Clpd.

Fig. 62. Pore de la cuticule. X 600. Fig. 63. Tête et les 2 segments achètes. X 7. Fig. 64. Soie simple à longue lame dissectrice des segments antérieurs.

Fig. 65. Soie simple des segments suivants. X 240. Fig. 66. Labre vu en dessus. X 35. Fig. 67. Moitié droite du système maxillaire superieur. X 30. Fig. 68. Segment anal. X 24. Fig. 69-77. Neanthes Perrieri N.S.

Fig. 69. Partie antérieure. X 7. Fig. 70. 10% pied vu en dessus (du côté qui est le plus rapproché de la tête). x 22.

Fig. 71. Soie en serpe hétérogomphe. X 290. Fig. 72. 46%e pied vu en dessus (les vaisseaux sont vus par transparence). X 28. Fig. 53. 112ne pied vu en dessus (Même remarque). X 30. Fig. 74. Segment anal d'un exemplaire anormal. X 6. . Fig. 75. Trompe extroversée vue du côté dorsal. X 7. Fig. 76. Trompe extroversée vue du côté ventral. X 7. li

Fig. 77. Paragnathe. X 60.

Fig. 18-81. Nereis diversicolor O. F. Müll.

Fig. 78. 92° pied vu en dessous (du côté le plus rapproché de l'extrémité inférieure du corps). X 28,

Fig. 79. Rame ventrale seule du 9% pied, grossie davantage et vue en dessus.

Fig. 80. Soie particulière vue de côté. X 250.

Fig. 81. Idem vue en dessous. X 350.

454 | DE SAENT-JOSEPIE.

PLaxcue XVL Fig. 82. Nereis irrorata Mgr. Fig. 82. 12e pied vu en dessous. Fig. 83-87. Nereis fucata Say.

Fig. 83. Pied du segment sétigère d’un exemplaire sans éléments sexuels vu en dessus. X 25.

Fig. 84. Pied du 26": segment sétigère d’un exemplaire femelle vu en des- SUS CU:

Fig. 85. Pied du 71%° segment sétigère idem. X 15.

Fig. 86. Trompe extroversée d’un exemplaire femelle vue du côté dorsal.

De NO. Fig. 87. Idem vue du côté ventral. X 6.

Fig. 88-100. Eunereis longissima Johnst.

Fig. 88. Tète et segment buccal. X 8.

Fig. 89. 301€ pied vu en dessous. X 20.

Fig. 90. Soie homogomphe à article terminal en forme de dent vu de côté. »C 300.

Fig. 91. Article terminal vu de face. X 340.

Fig. 92. Une des deux mâchoires. X 16.

Fig. 93. Paragnathes du groupe VI de la partie basilaire dorsale de la trompe extroversée (exemplaire de taille moyenne). X 60.

Fig. 94. Schéma de plusieurs parties basilaires dorsales (a, b,c,d,e,f,gq,h) pour indiquer les diverses combinaisons de position des paragnathes du groupe VI chez des exemplaires de 16 à 20 centimètres.

Fig. 95. Idem (i, j, k, l, m, n) pour des exemplaires de 10 à 15 centimètres, (la combinaison j se retrouve chez 3 exemplaires).

Fig. 96. Idem pour un exemplaire incomplet de 47 centimètres.

Fig. 97. Coupe transversale de la partie ventrale du 20%° segment (exem- plaire de moyenne taille) : a, faisceau musculaire longitudinal ventral placé au-dessus de la chaine nerveuse b l’on voit trois fibres tubu- laires colossales ; c, muscles obliques; d, muscles circulaires ; e, bande de tissu conjonctif (?); f, deux faisceaux musculaires ventraux supé- rieurs ; g, faisceau musculaire ventral inférieur. X 15.

Fig. 98. Forme Hétéronéréidienne mâle. Segment anal (les cæcums qui entourent l’anus sont vus en dessus, comprimés et en raccourci). X 9.

Fig. 99. Idem. Spermatozoïde. X 952.

Fig. 100. Idem. Coupe de la partie ventrale du 92e segment (53° de la 2%e région): «, faisceau médian musculaire longitudinal ventral; b, chaine nerveuse avec 2? fibres tubulaires colossales ; c, faisceau très important des muscles obliques; d, muscles circulaires ; e, 2 faisceaux musculaires longitudinaux ventraux supérieurs ; f, faisceau musculaire ventral infé- Heur, 'X 47.

d'u eg “time

LS OT [8 JA

ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE.

PLaxcue XVIL. Fig. 101. Eunereis longissima Johnst.

Fig. 101. Forme Hétéronéréidienne mâle. 96e pied vu en dessus {les soies ne sont pas toutes représentées). X 18.

Fig. 102-106. Perinereis Oliveiræ Horst.

Fig. 102. Partie antérieure. X 9.

Fig. 103. 502€ pied vu en dessus. X 32.

Fig. 104. Trompe extroversée vue du côté dorsal. X 5.

Fig. 105. Idem vue du côté ventral. X 5.

Fig. 106. Forme Hétéronéréidienne mâle. 54e pied (les soies natatoires

n'ont pas encore apparu). X 36. Fig. 107-112. Perinereis longipes N.S.

Fig. 107. Pied du 16° segment sétigère vu en dessous. X 30.

Fig. 108. Pied du 54% segment sétigère vu en dessous. X 37.

Fig. 109. Pied du 83°° segment sétigère vu en dessous. X 45.

Fig. 110. Trompe extroversée vue du côté dorsal. X 11.

Fig. 111. Un des paragnathes transversaux du groupe VI de la partie basi-

laire dorsale grossi davantage. X 80.

Fig. 112

Fig. 143.

X 20.

Fig. 114.

Trompe extroversée vue du côté ventral. X 11. Fig.113 et 114. Perinereis cultrifera Gr.

Forme Hétéronéréidienne femelle. Fin du corps vue en dessus Forme Hétéronéréidienne mâle. Idem. X 20.

PLraxcue XVIII.

Fig. 115 et 116. Perinereis cultrifera Gr.

Fig. 115. Forme Hétéronéréidienne femelle. 302° pied. X 28.

Fig. 116. Forme Hétéronéréidienne mâle. 32° pied sétigère de la 1'e région. X 20.

Fig. 117-121. Phyllodoce papulosa N.S

Fig. 117. Dos d’un segment pour indiquer la coloration.

Fig. 118. Partie antérieure avec la trompe extroversée. X 5.

Fig. 119. Cirre dorsal de la partie médiane du corps vu du côté ventral. UT

Fig. 120. Cirre dorsal de l'extrémité inférieure du corps. X 14.

Fig. 121.

Pied et cirre ventral de la partie médiane du corps {le cirre dor

sal n’est pas représenté). X 20.

Fig. 122.

Fig. 122 et 123. Phyllodoce bruneoviridis N.S.

Partie antérieure avec la trompe extroversée.

456 à DE SAINT-JOSEPII.

Fig. 123. Cirre dorsal. X 17. Fig. 123 A et 123B. Phyllodoce bimaculatu N. S.

Fig. 4231 TELE Fig. 123B. Cirre dorsal. X 15.

Fig. 124-126. Phyllodoce Groenlandica OErst.

Fig. 124. Dos d’un segment pour indiquer la coloration.

Fig. 125. Cirre dorsal subrectangulaire de la partie médiane du corps vu du côté ventral. X 10.

Fig. 126. Pied de la partie postérieure du corps. X 20.

Fig. 127-130. Eulalia quadrilineata N.S.

Fig. 127. Partie antérieure. X 60. Fig. 128. OEil. X 160.

Fig. 129. Soie. X 465.

Fig. 130. Segment anal. X 64.

PLancxe XIX:

Fig. 431-144. Hesione pantherina Risso.

Fig. 131. Partie antérieure (les articles des appendices ne sont pas visibles à ce grossissement). X #4.

Fig. 132. Une des antennes. X 65.

Fig. 133. Tête grossie pour montrer l’organe de la nuque : aa, organe de la nuque ; b, marque triangulaire d’un brun rouge.

Fig. 134. Disposition des cirres tentaculaires du côté droit, l'animal étant couché sur le côté gauche (les bases seules sont représentées) : a, base du cirre tentaculaire le plus long.

Fig. 135. Pied (le cirre dorsal et le cirre ventral ne sont pas figurés en entier) : a, papille bilobée. X 16.

Fs24156Svie /2CMbD

Fig 97 Acicule 093)

Fig. 138. Segment anteanal et segment anal. X #.

Fig. 139. Pharynx, trompe et commencement de l’æsophage, le corps étant ouvert du côté ventral : a, pharynx excisé du côté ventral ; b, papille dor- sale du pharynx ; 6, ligaments mésentériques du pharynx; d, trompe avec sa gaine extérieure de muscles; e, muscles rétracteurs de la trompe; f, œsophage; g, bande musculaire ventrale de l’œsophage ; hh, longs mésentères fixant les culs-de-sac terminaux des deux vessies natatoires qui se trouvent plus bas.

Fig. 140. Coupe transversale de la partie médiane plane ventrale : a, cuti- cule ; b, les cinq groupes de gros pores de la cuticule ; 6, les cinq groupes de boyaux à corpuscules bacillaires ; d, chaine nerveuse ventrale; e, mus- cles longitudinaux ventraux; f, muscles obliques allant aux pieds. X 40.

CE)

ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 494

Fig. 141. Coupe transversale de la cuticule: a, cuticule; b, pores; r, boyaux; d, corpuscules bacillaires. X 700.

Fig. 142. Extrémité d'une glande génitale avec ovules à divers états de dé- veloppement entourés de cellules spermatogènes ; a, vaisseau. X 80.

Fig. 143. Cellules spermatogènes. X 4%#4.

Fig. 144. Œuf mûr piriforme violet. X 80.

Fig. 145. Podarke pallida Clpd. Fig. 145. Segment anal. X 75. Fig. 146-148. Glycera Mesnili N. S.

Fig. 146. Soie composée vue de côté. X 350.

Fig. 147. Fragment de l’article de la soie composée vu de face. X 900.

Fig. 148. Extrémité de la hampe de la soie composée avec la lamelle chiti- neuse striée taillée en biseau. X 300.

PLancHE XX. Fig. 149-157. Glycera Mesnili N.S.

Fig. 149. 12e pied sans branchie vu par derrière. X 50.

Fig. 150. 40e pied vu par devant avec la branchie commençant à s'éva- giner. X 50.

Fig. 151. 45e pied vu par devant avec la branchie évaginée. X 50.

Fig. 152. Pied de la région postérieure du corps vu par derrière: X 60.

Fig. 153. Trompe au repos vue extérieurement : a, partie antérieure de la trompe ; b, partie postérieure de la trompe avec deux grosses glandes adhérentes aux parois (il y en a deux autres de l’autre côté) ; c, estomac; de initestin: X 3 |

Fig. 154. Trompe, estomac et commencement de l'intestin incisés pour en

montrer l'intérieur : «, partie antérieure de la trompe avec les papilles internes; b, partie postérieure de la trompe avec trois grosses glandes (ce sont celles dont deux ont été représentées à la figure 153,b, et qui tra- versent les parois) aboutissant aux mâchoires (la quatrième glande est coupée en deux et les deux moitiés sont rabattues sur les côtés); c, es- tomac avec ses replis transversaux ; d, commencement de l'intestin avec ses replis longitudinaux. X 3.

Fig. 155. Papille en cône très obtus de l’intérieur de la partie antérieure de la trompe. X 115.

Fig. 156. Idem papille plus ronde et plus basse. X 115.

Fig. 157. Mâchoire (l’arc-boutant n’est pas figuré). X 20.

Fig. 158 et 159. Glycera Meckelii Aud. et Edw.. ? de Naples.

Fig. 158. 25e pied vu par devant. X 30. > P P Fig. 159. 25e pied vu par derrière. X 30.

Fig. 160 et 161. Dodecaceria concharum OErst.

Fig. 160. Crochet vu de côté. X 210.

458 DE SAINT-JOSEL IT.

Fig. 161. Crochet vu de trois quarts. X 20.

Fig. 162 et 163. Larve de Saccocirrus papillocercus Bobr. Fig. 162. Larve entière vue du côté dorsal : a, fossette vibratile. X 60. Fig. 163. Soie. X 800. Fig. 164. Nerine cirratulus D. Ch. Fig. 164. Crochet. X 330. Fig. 165. Spiophanes Bombyx Clpd.

e LE a Q se LA RE x LE ù Fig. 165. Soie ventrale en crochet du premier segment sétigère. X 245.

Fig. 166. Larve de Magelona papillicornis Fr. Müll.

Fig. 466. Fragment de tentacule. X 350.

Fig. 1467. Aricia Mülleri Rathke. Fig. 167. Soie aciculaire de la rame inférieure de la première région. : | \

X 450. | PLancHe XXI. Fig. 168-175. Aricia lævigata Gr.

Fig. 168. Tête et segment buccal. X 7.

Fig. 169. Moitié du premier segment sétigère vu par devant. X 20.

Fig. 170. Moitié du 13° segment sétigère vu par devant. X 20.

Fig. 171. Moitié d’un segment du milieu de la région vu par devant. X 20.

Fig. 172. Soie en fourche de la rame supérieure. X 225.

Fig. 173. Soie jaune foncée de la rame inférieure (1° région) crénelée au bord, vue de côté (l'extrémité antérieure n'est pas représentée). X 425.

Fig. 174. Un fragment de la même vu de face. X 425.

Fig. 175. Soie aciculaire jaune de la rame inférieure (1° région). X 292.

Fig. 176-179. Flabelligera Claparedii N. S.

. Papille lagéniforme. X 125.

. Papille en massue. X 110.

. Papille ronde. X 110.

. Papille avec prolongement cylindrique. X 100.

I

5 (ei üQ Re À À O2

Le

Fig. 180. Stylarioides plumosa O. F. Müll. Fig. 180. Papille dorsale. X 100. Fig. 181-195. Ophelia neglecta Aimé Schn.

Fig, 481. Fragment du bord d’un anneau d’un segment antérieur vu du côté de la surface tournée vers l'intérieur du corps. X 400.

Fig. 182. Rangées de pores des segments branchifères. X 42.

|

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‘ig. 483. Trois pores d'une de ces rangées. X 280.

tobtss iles EL

ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 459

Fig. 184. Partie antérieure vue du côté dorsal : «, fente par sort l'or-. gane de la nuque ; b, cerveau vu par transparence. X 30.

Fig. 185. Organe de la nuque s'évaginant. X 40.

Fig. 186. Organe de la nuque évaginé. X 40.

Fig. 187. Pied de la région branchifère : a, cuticule ; b, branchie {la partie antérieure n'est pas figurée) ; c, muscles rétracteurs des soies ; d, soies; e, pore entre les deux faisceaux de soies.

Fig. 188. Faisceaux de soies et branchie du 13%° segment, côté gauche (l’a- nimal étant couché sur le côté droit) : a, bourrelet dominant le sillon ventral; b, faisceau inférieur des soies; c, pore entre les deux fais- ceaux ; d, pore de l’organe segmentaire du 13%€ segment; e, sillon entre le dos et le bourrelet dominant le sillon ventral; f, dos ; g, faisceau supé- rieur des soies ; À, branchie ; t, pore de l'organe segmentaire du 12e segment dont le pavillon est dans le 11%.

Fig. 1489. Tète a et 17 segment b vus en dessous; c, lèvre supérieure ; d, lèvre inférieure.

Fig. 190. Organe injecteur vu par transparence dans le corps.

Fig. 191. Terminaison du repli ventral de l'intestin et valvule anale. > le

Fig. 192. Pavillon intérieur d’un organe segmentaire.

Fig. 193. Œuf. X 65.

Fig. 194. Spermatozoïde. X 500.

Fig. 195. Régime de spermatozoïdes. X 250.

PLaxcue XXI.

Fig. 496-199. Ophelia neglecta Aimé Schn. Fig. 196. Cellule lymphatique à bâtonnet de petite taille. X 280. Fig. 197. Cellule lymphatique à bâtonnet de la plus grande taille. 433: Fig. 198. Corps problématique du liquide cavitaire vu de face. X 230. Fig. 199. Idem vu de côté. X 230. Fig. 200. Travisia Forbesii Johnst. Fig. 200. Cellules extérieures à la cuticule. X 80. Fig. 201 et 202. Arenicola branchialis Aud. et Edw.

Fig. 201. Fragment d’une soie dorsale. X 830. Fig. 202. Crochet ventral. X 330.

Fig. 203-208. Owenia fusiformis D. Ch.

Fig. 203. Fragment d'une soie dorsale. X 1328.

Fig. 204. Crochet vu de profil (le prolongement filiforme n'est pas repré- senté en entier). x 975.

Fig. 205. Idem vu de trois quarts. X 975.

Fig. 206. Idem partie antérieure vue de face. X 975.

- Fig. 207. Extrémité postérieure du corps vue du côté ventral.

460 DE SAINT-JOSEPH.

Fig. 208. Pore de sortie de la glande filière (vue par transparence dans l'intérieur du corps) du 2%* segment abdominal entre le tore ventral et les soies dorsales. ;

Fig. 209-222. Lagis Koreni Mgr.

Fig. 209. Partie antérieure vue du côté dorsal. X 3.

Fig. 210. Idem vue du côté ventral. X 2

Fig. 211. Plaque onciale vue de côté. X 470.

Fig. 212. Idem vue de face. X 470.

Fig. 213. Un des organes segmentaires de la paire.

Fig. 214. Cellule de l'organe segmentaire renfermant une concrétion brune

_ polyédrique centrale. X 525.

Fig. 215. Cellule à deux concrétions. X 525. .

Fig. 216. Cellule à trois concrétions.

Fig. 217. Grosse cellule renfermant sept cellules plus petites à une con- crétion.

Fig. 218. Corpuscule lymphatique. X #80.

Fig. 219. Amas framboisé de spermatogonies. X 110.

Fig. 220. Plaque de spermatocytes. X 110.

Fig. 221. Régime de spermatozoïdes. Fig. 222. Spermatozoïide. X 1100.

P£caxcae XXIIL

Fig. 223-235. Lagis Koreni Mgr.

Fig. 223. Les deux segments antescaphaux et la scaphe vus du côté dorsal (la scaphe est aplalie). X 15 environ.

Fig. 224. Glandes ventrales. X 24 environ.

Fig. 225. Une des cellules renfermées dans cette glande. X 850.

Fig. 226. Grosse glande muqueuse : a, partie plus étroite par laquelle elle communique avec le pore externe. X 14.

Fig. 227. Un des acini de la glande. X 165.

Fig. 228. Petite cellule muqueuse.

Fig. 229. Grosse cellule muqueuse en renfermant plusieurs petites.

Fig. 230. Cellule d'où les petites cellules muqueuses sont sorties et dont il ne reste plus que la membrane d’enveloppe. X 300.

Fig. 231. Kyste d'un Distome trouvé dans le corps d’une Lugis Koreni. x AU:

Fig. 232. Une des dents de la couronne dents de ce Distome. X 340.

Fig. 233. Kyste de l’Urospora Lagidis N. S. X 16.

Fig. 234. Double paroi du kyste grossie RS

Fig. 235. Spore du kyste de l'Urospora Lagidis. X 1260.

Fig. 236-239. Pista cretacea Gr.

ig. 236. Organe segmentaire de la 11e FR X 20. ig. 237. Amibocyte. X 330.

ee TP I

ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 461

Fig. 238. Amibocyte émettant des pseudopodes. X 330. Fig. 239. Amibocyte renfermant des granules bruns réfringents. X 150.

Fig. 240. Thelepus cincinnatus Fabr. Fig. 240. Plaque onciale d’un segment sétigère vue de face. X 400. Fig. 241-247. Myxicola infundibulum Renier.

Fig. 241. Partie antérieure vue du côté dorsal : a, lobes dorsaux de la collerette ; b, commencement des lobes ventraux (les branchies ne sont pas représentées en entier). X 2.

Fig. 242. Partie antérieure vue du côté ventral : a, lobes ventraux de la collerette dont la soudure n’est indiquée que par un sillon peu profond sur le dos de la pointe triangulaire (les branchies ne sont pas représen- tées en entier). X 2.

Fig. 243. Coupe transversale d’une branchie à la naissance d’une paire de barbules : a, membrane palmaire colorée en violet du côté intérieur de l’'entonnoir; b, cellules cartilagineuses de l’axe de la branchie; ec, cel- lules cartilagineuses d’où part l’axe cartilagineux de la barbule dont on voit la première cellule d; e, barbule. X 50.

Fig. 244. Une partie de l’axe cartilagineux d'une barbule. X 360.

Fig. 245. Entonnoir branchial vu d’en haut, les branchies incomplètement représentées étant rabattues sur les côtés : a, languette triangulaire des lobes ventraux de la collerette; b, bouche; c, lobes de la lèvre dor-

. sale ; d, palpes; e, papille conique contenant le pore de sortie du canal commun des organes thoraciques ; f, lobes dorsaux de la collerette. X 3.

Fig. 246. Soie lancéolée thoracique. X 1000.

Fig. 247. Plaque onciale abdominale. X 420.

Fig. 248. Hydroides Norvegica Gunn.

Fig. 248. Une des épines cornées de l’opercule vue du côté qui est tourné vers l'intérieur de la couronne. X 55.

Fig. 249-254. Ditrupa arietina O. F. Müll.

Fig. 249. Tube (grandeur naturelie).

Fig. 250. Extréinité inférieure du corps vue du côté ventral. X 18.

Fig. 251. Partie antérieure du corps vue du côté dorsal ; «a, base des bran- chies ; b, collerette dentelée ; c, canal commun des deux organes excré- teurs thoraciques vu par transparence; d, organe excréteur thoracique idem; e, membrane thoracique.

Fig. 252. Opercule. X 10.

Fig. 253. Soie limbée du premier segment sétigère thoracique. X 360.

9

Fig. 254. Plaque onciale thoracique vue de côté. X 600.

TABLE

INTRODUCTION: RE este re 8e eue FAMILLE DES SYLLIDIENS Gr.

Genre Pionosyllis Mgr. (Lang. CUT BINERCE)Sr Lens note sep

Pionosyllis pulligera Kr..........

FAMILLE DES APHRODITIENS DAME ST USD PeS cab Re en CUT EUR

TRIBU DES POLYNOINA Gr.....

Genre Lepidonotus Leach. s. SET AR D ER ES et See Dre

Lepidonotus clava Mont.......... ASTUAINAUS NE. ES RER

Genre Harmothoe Kbg. Mor.

Harmothoe impar var. Pagenste- Cher MON SO TRRDES TANEEnRr Harmothoe picta St-Jos.......... =— Mongiselis Wr- LUS TON wéastonea Mean. 4. ue 70e Lavisca.eXtenuala Gr nr.

TRIBU DES SIGALIONINA Gr... Genre Pholoe Johnst..........

Pholoe synophthalmica Clpd. var. DERATAENSIS TUE eee ie ae

Genre Sigalion Aud. et Edw. Kbg. s. str., nec Ehl., nec Mgr.

Sigalion squamatum D. Ch....... FAMILLE DES EUNICIENS sens

TRIBU DES LABIDOGNATHA Ehl. (SSI TOR TE VER er +

Genre Hyalinœæcia Mgr....... Hyalinæcia tubicola O. F. Müll... Genre Diopatra Aud. et Edw.

DES MATIÈRES

Pages Pages 209 | Genre Eunice Cuv. (incl. Eri- | 992 phyle Kbg.)....…. Lies TRE 254

Bruce Kinbergi RARES 294 993 torquata Qfg....... ..… 460 D e ciaia DCE. 6. 005704 212 TRIBU DES LUMBRICONEREIDEA se Schinarda (sensu Gr.).......... 216 42D 95: | Genre Lumbriconereis Blv. EA ÉPOUSER ET PS MT SE : 276 na Lumbriconereis Latreilli Aud. et 225 Éd ue te D RER TRE 276 225 | Lumbriconereis coccinea Ren..... 279 230 |. impatiens Cilpd..:.1.:.2# 219- Genre Arabella Gr. char. 231 CRE SL SNL IS. SAS ATEN 282 SOUS-GENRE MACLOvIA Gr.......... 28? 231 | Maclovia gigantea Gr.... ........ 282 93, | FAMILLE DES LYCORIDIENS Gr. 283 236 | Genre Nereis Cuv............. 288 937 37 | Sous-cevne NEANTHES Kbg. char. 238 ONE. SEE te ee SE 288 238. | .Neanthes ParfieriuNS 7070 288 SOUS-GENRE NEREIS S. s{r. Kbg.... 293 238 | Nereis RÉLAMER Lans ER ele eee 293 : diversicolor O. F. Müll..... 295 239 (Praxilhea) irrorata Mgr... 299 ; 239 Jul a S Na e Murs ET 300 SOUS-GENRE ÊEUNEREIS Mgr. char. : is CERN cuite te ets Role CT 304 à 41 | Eunereis longissima Johnst....... 304 941 Genre Perinereis Kbg........ 310 Ne Perinereis Oliveiræ Horst......... 310 « Se —, MONDÉDES NS STILL Lac 314 241 Cu ra Gris 317 FAMILLE DES PHYLLODOCIENS | 243 DES RU NP RTE LUE DRE 320 L 243 | Genre Phyllodoce Sav........ 320 |

ANNÉLIDES POLYCHÈTES

Pages

Phyllodoce papulosa N. S........ 320 bruneoviridis N. S......... 322 bimadeulala.N: S....:....:. 323 _groenlandica OErst......... 325 Genre Eulalia OErst.......... 327 Eulalia quadrilineata N. S....... 327 0 DURE OMR EEE do sue à 329

FAMILLE DES HÉSIONIENS Gr.. 329

Genre Hesione Sav. sensu Gr.. 329 Hesione pantherina Risso ........ 329 Genre Podarke Ehl........... 331 Podarke pallida Clpd............ 337 Genre Ophiodromus Sars.... 339 Ophiodromus flexuosus D. Ch..... 339 FAMILLE DES GLYCÉRIENS Gr.. 339 Genre Glycera Sav. (Gr. car. en TN ve à 339 Glgebeg MeSRAIN. S.à. 339 = OM RE. 22 ei dei ue 344 FAMILLE DES SPHÆRODORIDÉS LE LRETEN EE ROMA ASUS SRE ER AS 349 Genre Ephesia RathkeLev.rev. 345 Ephesia gracilis Rathke.......... 345 FAMILLE DES CIRRATULIENS V. RUE an ER Sete 346 Genre Dodecaceria OErst. LE SR Er A CE 346 Dodecaceria concharuin OErst..... 346 FAMILLE DES SACCOCIRRIENS LEE TS CPC RSR OR POSE EURE 348 Genre Saccocirrus Bobr...... 348 Larve de Saccocirrus papillocercus LIU MIET AE Rae MO TN RER EU STE 348 FAMILLE DES SPIONIDIENS SR NN MS us, 7e 349 Genre Nerine Johnst. Mesn.rev. 349 Nerinercnralulus De Che: 2.1: 349 Genre Spiophanes Gr........ 332 Spiophanes bombyx Clpd......... 395?

NOMCHIL NC à

Genre Magelona Fr. Müll 5 Magelona papillicornis Fr. Müll.. 354 FAMILLE DES ARICIENS Aud. et

Edw. (Sars, Mgr. rev.)......... 396 Genre Aricia Sav. (Aud. et

RUN RER QE nee 396 Aricia Mülleri Rathke........... 356

De CAC JON 360

DES COTES DE

FRANCE.

FAMILLE DES FLABELLIGÉ- RIENS

ss de d d'e » SSI S Tales se she à, «

|. Genre Flabelligera Sars ....

Hard ad

Flabelligera Claparedii N.S Genre Stylarioides D. Ch..... Stylarioides plumosa O. F. Mül]l.…. FAMILLE DES OPHÉLIENS Gr.

(inc!/. POLYOPHTHALMIENS

M Rs En MER re afes à Da Rae à Genre Ophelia Sav.(OErst.reu.).

Ophelia neglecta Aimé Schn...... bicornis Sav. nec D. Ch., nec OHrSL nec: Cosm sh, 40

! Genre Travisia Johnst........

Travisia Forbesii Johnst.......... Genre Polyophthalmus Qfs. Polyophthalmus pictus Duj FAMILLE DES CAPITELLIENSGr. Genre Dasybranchus Gr.....

Dasybranchus caducus Gr........

FAMILLE DES ARÉNICOLIENS ALTO PRE I DE CR EN AR CRIS

Genre Arenicola Lmck....... Arenicola branchialis Aud. et Edw. FAMILLE DES MALDANIENSSav. Genre Johnstonia Qfz........ Johnstonia clymenoides Qfg FAMILLE DES AMMOCHARIENS Genre Owenia D. Ch

Owenia fusiformis D. Ch FAMILLE DES SABELLARIENS. Genre Sabellaria Lmck

….....

Made CKorenr Mori... 2 20. Urospora Lagidis N. S. Gregarini-

FAMILLE DES TÉRÉBELLIENS RAMIGT. PEULE 4. NS cie

Sous-famille des Amphitritea Mor.

Genre Amphitrite O0. F. Müll. Megr.rev., Von Marenz. char. auct.

Amphitrite Johnstoni Mgr........

463

Pages

464 __: DE SAINT-JOSEPH.

Pages Genre Pista Mgr. Von Marenz. char. auct re AT 423 Pista.crelabet Gr EEE 423 Genre Thelepus Leuck. Mgr. SENSU AMPLI GTS Lee ere 427 Thelepus cincinnatus Gr... 427

FAMILLE DES SERPULIENS Burm. Gr. Semper. char. emend. 429

TRIBU DES SABELLIDES........ 429 Genre Spirographis Viv. Qfg. LED AOIp A CELL VAUCE ETENR ROSE 429

Spirographis Spallanzanii Viv... 429

Pages

Genre Myxicola H. Koch char. EME. NET ES AT AUOEENRERE 433 Myxicola infundibulum Ren...... 433 TRIBU DES SERPULIDES........ 440 Genre Serpula L............. 440 SOUS-GENRE HYDROIDES Gunn...... 440 Hydroides Norvegica Gunn....... 440 Genre Ditrupa Berk.......... 443 Ditrupa arietina O. F. Müll...... 443 DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE........ 447 EXPLICATION DES PLANCHES........ 451

TABLE DES MATIÈRES

CONTENUES DANS CE VOLUME

L. Bonpas. L'appareil digestif des Orthoplères. Études morpholo- giques, histologiques et physiologiques de cet organe, et son impor-

once pour à classification des Orthoptères....:2:.::...:...... 1 Baron pE Saint-Josepn. Les Annélides polychètes des côles de re Menche ch Océan). 6eme". Per AE ER. 209

TABEE DES PLANCHES

CONTENUES DANS CE VOLUME

Planches I à XIE. L'appareil digestif des Orthoptères. Planches XIIT à XXIIL. Annélides polychètes des côtes de France.

CORBEIL. [mprimecrie Ep, CRÉTE.

FAT À La gt duo ; à y GANT “3 Ke he + AE ee ÿ is ÿ Lt Que Se , 4 LINE pu Fe LAN LA NN s A de | ME } e CM 1 (92 7 £ ae PP CN ROUTE PAT PNNES 7 ti 3 * : Ch he Las * 4 * 3 4 # De EN ES EN = ar ul Ve 1 LA» LA EE UD, che ARR 2 rte { 3 à x x L È THERE Ut s | je ve L n J Es Ê L CR UNE EEE LG hier M hr D OU NE DU Us HE PATATE s x NUS È LT à PROPRES. f FIL ë : . é L L à 3 A a \ a 2 ou LE US Le ie Lee 1 Q on . 1 1 Fi F { e: ? ÉPFÉR HANNUE b À | | LS PINOT UT RAGE Htc Def < 7 È ï : » Li 3 PA , | #13 DE RUE 1 he ii Er É à 4 . Tr a: « Er + 4 f F La MES , Lu: L FA PL x y PO TE AT éa fi # PAR INER DE ane DT L : L

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64 ANNÉE. VIII SÉRIE. T. V. N°1.

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Ce cahier commence l'abonnement aux tomes V et VI.

PARIS MASSON ET C* ÉDITEURS

LIBRAIRES DE LACADÉMIE DE MÉDECINE

120, BOULEVARD SAINT-GERMAIN

1897

Paris, 30 FR. DÉPARTEMENTS ET ETRANGER, 32 FR. Ge cahier a été publié en octobre 1897

Les Annales des sciences naturelles paraissent par cahiers mensuels,

Conditions de la publication des Annales des sciences naturelles HUITIÈME SÉRIE

BOTANIQUE

Publiée sous la direction de M. Pn. VAN TIEGHEM.

L'abonnement est fait pour 2 volumes, chacun d'environ 400 pages, avec les planches correspondant aux mémoires.

Ces volumes paraissent en plusieurs fascicules dans l'intervalle d’une année.

ZOOLOGIE

Publiée sous la direction de M. A. MiznE-EpwaRps.

L'abonnement est fait pour 2 volumes, chacun d'environ 400 pages, avec les planches correspondant aux mémoires.

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Prix de l'abonnement à 2 volumes : Paris : 30 francs. Départements et Union postale : 32 francs.

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Dirigées, pour la partie géologique, par M. HÉéBerr, et pour la partie paléontologique, par M. A. MicNE-EpwaRps. L'abonnement est fait pour un volume d’environ 300 pages publié en plusieurs fascicules dans le courant d'une année.

Prix du volume :

Paris : 15 fr. Départements : 16 fr. Union postale : 17 fr. Le tome XXII est publié.

Prix des collections.

PREMIÈRE SÉRIE (Zoologie et Botanique réunies), 30 vol. {Æare) DEUXIÈME SÉRIE (1834-1843). Chaque partie, 20 vol. 250 fr. TROISIÈME SÉRIE (1844-1853). Chaque partie, 20 vol. 250 fr. QUATRIÈME SÉRIE (1854-1863). Chaque partie, 20 vol. 250 fr. CINQUIÈME SÉRIE (1864-1873). Chaque partie, 20 vol. 250 fr. SIXIÈME SÉRIE (1874 à 1885). Chaque partie, 20 vol. 250 fr. SEPTIÈME SÉRIE (1885 à 1894), Chaque partie, 20 vol. 250 fr.

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Paris, 30 FR. DÉPARTEMENTS ET ÉTRANGER, 32 FR. Ce cahier a été publié en janvier 1898 Les Annales des sciences naturelles paraissent par cahiers mensuels.

Conditions de la publication des Annales des sciences naturelles HUITIÈME SÉRIE

BOTANIQUE

Publiée sous la direction de M. Pr, VAN TIEGHEM.

L'abonnement est fait pour 2 volumes, chacun d'environ 400 pages, avec les planches correspondant aux mémoires. Ces volumes paraissent en plusieurs fascicules dans l'intervalle

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L'abonnement est fait pour 2 volumes, chacun d'environ 400 pages, avec les planches correspondant aux mémoires. Ces volumes paraissent en plusieurs fascicules dans l'intervalle

d'une année.

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L'ANATOMIE, LA PHYSIOLOGIE, LA CLASSIFICATION ET L'HISTOIRE NATURELLE DES ANIMAUX

PUBLIÉES SOUS LA DIRECTION DE

M. A. MILNE-EDWARDS

TOME V. Nos 4, 5, 6.

LIBRAIRES DE L'ACADÉMIE DE MÉDECINE

120, BOULEVARD SAINT-GERMAIN

1897

PARIS MASSON ET C', ÉDITEURS

PARIS, 30 FR. DÉPARTEMENTS ET ÉTRANGER, 32 FR.

Ce cahier a été publié en février 1898

Les Annales des sciences naturelles paraissent par cahiers mensuels.

GA sudiste —_ VIlle SÉRIE. T. V. 4, 5, 6.

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Conditions de la publication des Annales des sciences naturelles HUITIÈME SÉRIE

BOTANIQUE

Publiée sous la direction de M. Pur. VAN TrEeGuEM.

L'abonnement est fait pour 2 volumes, chacun d'environ 400 pages, . avec les planches correspondant aux mémoires.

Ces volumes paraissent en plusieurs fascicules dans l'intervalle d'une année.

ZOOLOGIE

Publiée sous la direction de M. A. MiinE-EpwaRps.

L'abonnement est fait pour 2 volumes, chacun d'environ 400 pages, avec les planches correspondant aux mémoires.

Ces volumes paraissent en plusieurs fascicules dans l'intervalle d'une année.

Prix de l'abonnement à 2 volumes : Paris : 30 francs. Départements el Union postale : 32 francs.

ANNALES DES SCIENCES GÉOLOGIQUES

Dirigées, pour la partie géologique, par M. HégBerr, et pour la parlie paléontologique, par M. A. MicNE-Epwanrps. L'abonnement est fait pour un volume d’environ 300 pages publié en plusieurs fascicules dans le courant d'une année.

Prix du volume : Paris : 15 fr. Départements : 16 fr. Union postale : 17 fr. Le tome XXII est publié,

Prix des collections.

PREMIÈRE SÉRIZ (Zoologie et Botanique réunies), 30 vol. /Æare) DEUXIÈME SÉRIE (1834-1843). Chaque partie, 20 vol. 250 fr. TROISIÈME SÉRIE (1844-1853). Chaque partie, 20 vol. 950 fr. QUATRIÈME SÉRIE (1834-1863). Chaque partie, 20 vol. 250 fr. JINQUIÈME SÉRIE (1864-1873). Chaque partie, 20 vol. 250 fr. SIXIÈME SÉRIE (1874à 1885). Chaque partie, 20 vol. 250 fr. SEPTIÈME SÉRIE (1885 à 1894). Chaque partie, 20 vol. 250 fr. Ghoroeïr, 22 volumes, 1: . 4, PAS RE 330 fr.

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