j' HA) KA * vil a QE unes du ui Men ni {] h RAR ro ENTIE f At | a EE “1 AMIE AE Ge rt ( FRE Aa Ë RER ne de ü ? SA NE PS HORS Nine ni (i rat 27) AO # d : da PARTNER DIRE ‘1 HN ZA fer MAR EE tetuvar Me Ÿ Hi ï ne 1: : ANR Vtt \ ! VU HAT de 4 ne a, 1 Pat 4e Qu é (AU ÿ # AA ETAT ns 1 ù pi re CARPE 1 ql FHLELAENTS f HENTATTOUUR { AA Fi) Re BOJEU SE HE = ÉPSRSTE à APCE dat, RIT EN FN Eee PRO RTE f EN ft sit Repeg LE il PATES ji } \g ANNALES DES SCIENCES NATURELLES NEUVIÈME SÉRIE ZLOOLOGIE 19SUSS au FX \ ANNALES +2 DES CIENCES NATURELLES CA ZOOLOGIE COMPRENANT L'ANATOMIE, LA PHYSIOLOGIE, LA CLASSIFICATION ET L'HISTOIRE NATURELLE DES ANIMAUX PUBLIÉES SOUS LA DIRECTION DE M. EDMOND PERRIER TOME III PARIS MASSON ET C'°, ÉDITEURS LIBRAIRES DE L ACADÉMIE DE MÉDECINE 120, Boulevard Saint-Germain 1906 SE Le #2. . 82° ANNÉE. — IX° SÉRIE T. IL. N°4. ANNALES DES SCIENCES NATURELLES ZOOLOGIE COMPRENANT L'ANATOMIE, LA PHYSIOLOGIE, LA CLASSIFICATION ET L’'HISTOIRE NATURELLE DES ANIMAUX PUBLIÉES SOUS LA DIRECTION DE M. EDMOND PERRIER TOME IL. — N° 1 (Ce cahier commence l'abonnement aux tomes III et IV) PARIS MASSON ET Ci, ÉDITEURS LIBRAIRES DE L'ACADÉMIE DE MÉDECINE 120, BOULEVARD SAINT-GERMAIN (vi) 1906 PARIS, 30 FR. — DÉPARTEMENTS ET ÉTRANGER, 32 FR. Ce cahier a été publié en février 1906. Les Annales des Sciences naturelles paraissent par cahiers mensuels Conditions de la publication. des Annales des sciences naturelles NEUVIÈME SÉRIE BOTANIQUE Publiée sous la direction de M. Pa. VAN TtEGHEM. L'abonnement est fait pour 2 volumes gr. in-8, chacun d'environ 400 pages, avec les planches correspondant aux mémoires. Ces volumes paraissent en plusieurs fascicules dans l'intervalle d’une année. ZOOLOGIE Publiée sous la direction de M. Epmonp PERRIER. L'abonnement est fait pour 2 volumes gr. in-8, chacun d'environ 400 pages, avec les planches correspondant aux mémoires. Ces volumes paraissent en plusieurs fascicules dans l'intervalle d'une année. Prix de l'abonnement annuel à chacune des parties, zoologie ou botanique Paris : 30 francs. — Départements et Union postale : 32 francs. ANNALES DES SCIENCES GÉOLOGIQUES Dirigées, pour la partie géologique, par M. HÉBERT, et pour la partie paléontologique, par M. A. Micne-Enwarps. TomEes I à XXII (1879 à 1891). Chaque volume tre ten EEE LE NTS Cette publication est désormais confondue avec celle des Annales des Sciences naturelles. Prix des collections : PREMIÈRE séRiE (Zoologie et Botanique réunies), 30 vol. (/?are). DEUXIÈME SÉRIE (1834-1843). Chaque partie, 20 vol. 250 fr. TROISIÈME SÉRIE (1844-1853). Chaque partie, 20 vol. 9250 fr. QUATRIÈME SÉRIE (1854-1863). Chaque partie, 20 vol. 9250 fr. CINQUIÈME SÉRIE (1864-1873). Chaque partie, 20 vol. 250 fr. SIXIÈME SÉRIE (1874 à1835). Chaque partie, 20 vol. 250 fr. SEPTIÈME SÉRIE (1885 1894. Chaque partie, 20 vol. 300 fr. HuiTiÈME SÉRIE (1895 à 1994). Chaque partie, 20 vol. 300 fr. GÉOLOGIE, 22 VOIES OMPPENEN RER SEL AERN LR ES 330 fr. LE GELASIMUS TANGERI CRUSTACÉ D’ANDALOUSIE MOEURS ET CHASSE UTILISATION DES PHÉNOMÈNES DE L'AUTOTOMIE ET DE LA RÉGÉNÉRATION DES PINCES (1) Par le D' MARCEL BAUDOUIN (de Paris) a —— "———.]"." "|" "CC AAA $S [. — RoLE D'UN CRUSTACÉ DANS UNE COUTUME ANDALOUSE. En avril 1888, revenant du Maroc, nous faisions un séjour à Séville, la capitale de Andalousie, à l’occasion de la foire célèbre qui y a lieu au moment de Pâques. Et nous étions à peine arrivé dans la ville que nous fûmes très intrigué, ainsi que notre compagnon de voyage, M. le D' Paul Mantel, actuel- lement praticien à Saint-Omer, par un spectacle qui s’offrit nombre de fois à notre vue, au cours de nos longues promenades à travers les rues, très encombrées alors, de la cité en fête. De temps en temps, au coin d'une ruelle, nous rencontrions, en effet,une femme assez âgée, entourée de jeunes Andalouses aux costumes éclatants, et offrant, blottie dans l’angle rentrant d'une maison, une marchandise très spéciale aux passants et aux désœuvrés du quartier. | Dans un large panier, très analogue à celui qui sert à porter la sardine à lusine sur la côte vendéenne, et qu'on appelle panier «sémerette», cette femme vendait soit de grosses paltes de Crustacés, assez semblables à des pinces d'Écrevisses. (1) Ce mémoire, qui date en réalité de 1889, n’a été rédigé définitivement qu'en 1903, à la demande du professeur Bouvier. ANN. SC. NAT. ZOOL. LE 9 MARCEL BAUDOUIN soit de très grosses Crevettes, d'un volume très notablement supérieur à celui de notre Crevette rouge (Palæmon serratus) (1). Nous comparèmes immédiatement ces marchandes aux « hirondelles d'hiver » parisiennes (les marchands de marrons classiques) ou aux débitants de « plaisirs » de nos plages à la mode, en voyant les accortes Andalouses croquer à belles dents Crevettes ou pattes de Crustacés, achetées, en grande quantité et à chaque instant, au cours de leurs promenades. Nous fûmes aussi très frappé par le nombre considérable de vendeuses rencontrées en deux ou trois jours, et surtout _par le contenu des paniers. Chacune d'elles avait, en effet, sur les bras, deux paniers, très vastes el abondamment pourvus. Si bien qu’à ce compte-là on devait débiter, dans Séville, pen- dant la foire, des milliers et des milliers de pattes de petils Crustacés ! Ce commerce semblait d’ailleurs aller à merveille. Tout en parcourant cette foire si curieuse, mon ami et moi, nous devisions gaiement sur l'énorme massacre « d'Écrevisses », que devait nécessiter pareille coutume ! Quelles hécatombes ne fallait-1l pas pour assurer une consommation aussi formi- dable de grosses pattes ? Jene pus m'empêcher alors de faire une remarque à mon compagnon de voyage : « Mais, que diable les Espagnols font-ils du corps et surtout de la queue de toutes les Écrevisses (à ce moment, je n'avais pas reconnu encore l'espèce de l'animal), dont ils grignotent les pattes avec tant de plaisir? » Je m'étonnais, au demeurant, de les voir préférer à la partie caudale, — si appréciée des élégantes et des gourmets de Paris, et dont la chair, plus charnue et plus délicate à la vérité, est plus facile à décortiquer de son enveloppe calcaire —., des pattes plus ou moins biscornues, qui, malgré leur volume assez notable, ne représentaient pourtant qu’une quantité bien peu importante de tissu musculaire, c'est-à-dire d’un aliment de digestion facile ! + #4 + Ne trouvant, à nous deux, aucune explication à cette curieuse habitude, nous nous résolùmes, en désespoir de cause, (4) Nous n'insisterons pas ici sur ces Crevettes d'Espagne, car nous n'avons pas pu les étudier, ni à cette époque, ni depuis 1888. — D'ailleurs, on n’en vendait ainsi qu'une quantité très restreinte. LÉ GELASIMÜS TANGERI 3 à demander, malgré la difficulté pratique de l’entreprise, à l'une des marchandes des renseignements sur le problème qui depuis quelque temps hantait notre esprit et le mettait à la torture. Cette brève conversation, en français et en espagnol, nous renseigna d'ailleurs, quoique nous ne parlions en aucune facon la dernière de ces langues! Mais, grâce à notre habitude... des voyages el à nos souvenirs classiques, nous pûmes en tout cas deviner ce qu'on nous avait répondu en espagnol, la question avant été posée en français à quelqu'un qui n'en comprenait pas un traître mot! Aussi partimes-nous très contents de cette interview-express. Nous avions pu saisir, en effet, qu'il ne s'agissait pas d'Écrevisses, mais d’un Crabe, d'assez petit volume. Partant, nous n avions plus à nous préoccuper de cette maudite queue, qui, la veille, nous tracassait tant. D'autre part, on nous avait dit — chose qui nous intéressa très vivement — qu'on ne sacrifiat pas du tout les animaux, fournissant ces quantités imnombrables de pattes (par suite, la question des corps élait par là même résolue) : on les laissait vivre tranquil- lement sur les lieux où on les prenait, après les avoir cons- clencieusement dépouillés toutefois de leurs maîtresses pattes. Le corps du Crabe ne constituant pas une partie marchande de vente assurée, on ne s’en embarrassait pas inutilement! Comme sa chair n'était nullement appréciée dans toute 'Anda- lousie, on l'abandonnait à lui-même, sur la grève où il vivait, sans même prendre la peine de le tuer! Les Crustacés ne demandant qu'à vivre, les pattes repous- saient vite (suivant une loi de nature, très connue des natura- listes pour cet ordre zoologique). Et, l’année suivante, le même animal offrait au pêcheur une nouvelle patte, fort présentable et pouvant faire encore bonne figure au marché et dans les rues de la sémillante Séville, malgré sa légère déformation et ses qualités culinaires un peu inférieures. Ces données étaient fort intéressantes, sinon très précises ; elles nous suffirent pour l'instant. Nous avions l'explication de l'absence du corps des Crabes en Andalousie. Nos bêtes se promenaient encore, sur les petites pattes qui leur restaient, À ._ MARCEL BAUDOUIN là-bas, aux bords de l'océan Atlantique, au voisinage de Cadix (1), à l'embouchure du Guadalquivir : pattes que d’ail- leurs on ne leur avait gracieusement laissées que parce que leur volume minuscule Les rendait impropres à la consomma- tion, et parce que leur exploitation n'aurait pas fourni un profit assez SÉTIEUX. Nos Crustacés attendaient donc la repousse de leurs pinces, -fort paisibles au demeurant, mais sûrs du sort qui leur était réservé dans un avenir très prochain. Je n’ai pas besoin de dire qu'à la réflexion tout cela me parut d’abord assez incroyable. En tout cas, c'était nouveau pour moi, indiscutablement, quoique Je connusse très bien alors les phénomènes de l’autotomie et de la régénération des membres chez les Crustacés (2). Mais les attraits archéologiques de l'antique patrie mau- resque me firent bientôt oublier Crabes et Crevettes, et la bizarre industrie qui consistait à amputer tous les ans au prin- temps un animal fort inoffensif. Mon ami et moi, nous conti- nuâmes à parcourir l'Espagne, et abandonnâmes à leur sort nos nouvelles connaissances carcinologiques des rives du Guadal- quivir | Depuis cette époque, n'ayant pas eu l'occasion de retourner ni à Cadix ni à Séville, je ne leur ai pas rendu une nouvelle visite. EL c'est pour moi un chagrin immense... * NOR De retour à Paris, quelques mois après, je relisais mes notes de voyage, lorsque cette histoire de Crabes d'Andalousie me revint à l'esprit. Jy réfléchis longtemps; puis Je résolus d'en avoir le cœur net et d'approfondir l'affaire. Et de cette nquête, déjà ancienne, — puisqu'elle remonte à plus de quinze ans ! — il est résulté une trouvaille assez inattendue, dont le lecteur appréciera certainement lintérêt, s’il veut bien parcourir encore les lignes qui vont suivre. (1) Séville est peu éloigné de Cadix, comme l'on sait. (2) M. Léon Frédéricq avait publié, deux ans seulement auparavant, son beau travail dans la Revue scientifique, 1886. LE GELASIMUS TANGERI h) Pour me documenter de façon certaine, J'écrivis à l’un de mes confrères de Grenade (1), médecin fort instruit, M. le D' Arnau, médecin de l'Hôpital provincial des Niños expositos, le priant de me procurer tous les documents possibles, concernant celle coutume andalouse et l'animal qui fournissait la friandise si appréciée des Sévillanes ! J’insistai auprès de lui, commentant avec force détails cette habitude si originale, et lui racontant l'épisode de voyage à laquelle je viens de faire allusion. Les résultats de cette demande dépassèrent toutes mes espérances, car mon distingué correspondant, après de patientes recherches, m adressa des notes très précises sur la question, et des pièces zoologiques que Je possède encore (2). à x x $S Il. —— Erune pu CRUSTACÉ D'ANDALOUSIE. Détermination. — Le Crustacé, dont on vend les pinces à Séville, dont nous possédons plusieurs exemplaires très bien conservés et entiers, et dont nous donnons plus loin deux photographies (Fig. 1 et 2), pour montrer l'aspect de ses faces supérieure et inférieure, est le mâle d'une espèce très spéciale. Elle est très rare en Europe, mais assez abondante dans Île sud de l'Espagne, puisqu'elle y est assez commune au niveau du golfe de Cadix, à l'embouchure du Guadalquivir et du Guadiana. C'est le Gelasimus Tangeri, qui à été trouvé d’abord sur la côte du Maroc, aux environs de Tanger, c’est-à-dire presqu’en face, sur la côte africaine, par Eydoux en 1834, et qui semble remonter un peu vers le Nord. (1) Grenade est, on le sait, une autre grande ville de l’Andalousie. (2) En raison de leur rareté, je les ai données récemment à mon maitre, M. le professeur Bouvier, pour les Laboratoires du Muséum d'Histoire natu- relle de Paris. 6 MARCEL BAUDOUIN Distribution géographique (Historique). — L'histoire de cet animal est fort courte. M. F. Eydoux, embarqué à bord de La Victoire, se trouvait à marée basse au fond de la rade de Tanger, lorsqu'il rencontra, à l'embouchure d’une petite rivière (1), un très grand nombre de Crabes, cachés dans la vase. Rapidement, les matelots de La Victoire, les récoltant en abondance, en firent une ample provision et s’en régalèrent. M. Eydoux, après avoir étudié ce Crustacé, découvrit qu'il avait affaire àune espèce nouvelle eten rédigea la description (2) dès novembre 1834 (3). Mais, n'ayant pu observer que des mâles (on n’en avait pas pris d’autres sur le rivage marocain, parce que les mâles seuls montrent leurs pattes à l'entrée des terriers que cette espèce se creuse dans la vase), il ne figura que ce sexe dans son travail de 1834, puis dans un article, qu'on cite toujours, mais qui ne parut qu'en 1835 (4), et qui par conséquent est postérieur d'un an à la brochure de 1834. | Aucune des espèces de Gelasümus, décrites dans l'Histoire naturelle des Crustacés de A. Milne-Edwards, publiée de 1834 à 1840, n'avait été jusque-là trouvée en Europe, et même en Afrique. Pourtant le IF volume de cet ouvrage qui traite de ce genre n'avait paru qu'en 1837; et c’est dès 1834 qu'Eydoux avait signalé le Tangeri au Maroc (comme l'a dit À. Milne-Edwards lui-même dans le mémoire que nous cite- rons plus loin)! Mais le travail d'Eydoux n'étant pas publié encore en 1834 (sans doute époque de la rédaction de ce I° volume), tout s'explique. Toutefois, dans le III volume de (1) À noter ce détail. (2) Le Catalogue de la Bibliothèque de la Feuille des Jeunes naturalistes (fase. 12) cite, en effet : F. Eydoux, Description du Gelasimus Tangeri, 1834, 1 pL., 4 pages, n° 15465. (3) D’après un catalogue de librairie que nous avons sous les yeux, F. Ey- doux, en 1868, aurait publié une autre petite brochure intitulée : Sur un Géla- sime des côtes de Tanger, 1868, in-8°, 1 planche coloriée. (Livre introuvable.) (4) Eydoux, Magasin de Zoologie de Guérin, Paris, 4835, t. Il, pl. XVIL, cl. VI, p.29. — Nombre d'auteurs (Heller, etc.) se sont trompés pour cette indica- tion bibliographique. Il s’agit de l’année 1835, et non pas de 1839 : ce qui avance de quatre ans (cinq en réalité) la publication d'Eydoux, et a bien son importance ! 11 s’agit bien de la planche n° XVII, et non de la planche XIV, comme cela est indiqué à la table de 1838. L'erreur provient sans doute de ce que la table de cette revue n’a paru qu’en 1838. LE GELASIMUS TANGERI 7. son traité (p. 561), À. Milne-Edwards disait déjà, dans un chapitre sur la distribution géographique des Crustacés (extrait de son mémoire des Ann. des sc. nat., 11° série, t. X, p. 129) : « Ici (c'est-à-dire en Méditerranée), les Catométopes tendent à devenir plus nombreux; et quelques genres, qui appartien- nent presque exclusivement aux régions équatoriales, com- mencent à se montrer : les Ocypodes, les Gélasimes, et les Phyllosomes, par exemple. » Il ajoutait : « Les Ocypodiens, passage entre les Crabes de terre et les Brachyures ordinaires, s'étendent plus loin que l'Équateur, mais sont extrèmement rares dans les pays tem- pérés. On ne les trouve plus dans les latitudes élevées (p. 583)... Les Gelasimus se voient dans les pays chauds, mais ne dépas- sent que peu ou point le 35° degré de latitude (p. 587). » Or, il est bon de noter, de suite, que si Tanger est au-dessous du 36° degré, 1l est au-dessus du 35°! Pourtant, dans le tableau de la distribution géographique des Décapodes, qu'il donnait à la fin de son article des Annales des sciences naturelles de 1838 (t. X, p. 161), A. Milne-Edwards ajoutait, pour la région méditerranéenne : « Gelasimus Tangeri. Région méditerranéenne : détroit de Gibraltar. are. C’est le seul Ocypodien d'Europe (1). » Dès ce moment, on le voit, l'auteur connaissait donc la découverte d'Eydoux, vieille de quatre ans d’ailleurs, et sa publication, ayant déjà trois ans de date. Lucas (2), dès 1840, à écrit, à propos des Crustacés d'Afrique : « Je ferai remarquer que, pour la tribu des Ocypo- diens, elle n’est pas représentée en Algérie, bien que cepen- dant quelques genres de cette tribu habitent l'Afrique. Mais, jusqu'à présent, ils n'ont encore été trouvés qu’en Égypte et sur la côte de Tanger. » Il est évident, pour nous, que ces mots s'appliquent au Gelasimus Tangeri, dont la description venait d’être publiée par Eydoux. (1) Cette phrase s'explique mal à cette place, car, à cette époque, on ne connaissait que la station de Tanger, qui est africuine. L'auteur avait-il donc appris déjà qu’on avait trouvé du G. Tangeri à Cadix, fait qu'il n’a cité qu’en 18527 — Mais Cadix, ce nest pas le détroit de Gibraltar! Peut-être le mot « Cadix » est-il une rectification de ce dernier mot, trop vague? (2) Lucas, Histoire naturelles des animaux articulés d'Algérie (Explor. scient, de l'Algérie, 1840-43). 8 MARCEL BAUDOUIN En 1852, dans son beau travail sur les Ocypodiens, M. A. Milne-Edwards (1) cite l'espèce nouvelle créée par Eydoux, en dit quelques mots, et ajoute, pour la première fois, à la station du Maroc, celle de Cadir (Espagne). Cette addition était fort importante, car Eydoux avait écrit : Le Gelasimus Tangeri à été trouvé sur la côte de l'empire du Maroc, dans la rade de Tanger. Cette ville, située au détroit de Gibraltar, à l'entrée même de la Méditerranée, est une localité qu'il importe de noter, car jusqu’à présent aucun Gelasimus n'avait été mentionné comme provenant de la Méditerranée. Tous ceux que l’on possède viennent de l'Océanie, de la mer des Indes, d'Amérique, ou de la mer Rouge. Cest dans cette dernière (2), et non dans la parte de la Méditerranée qui borde l'Égypte, que M. Ruppel a trouvé le Gelasinus tetra- gonon (figuré dans le voyage de la Coguille, par Guérin, qui existe également dans l'Inde. » La localité imdiquée cette fois par Milne-Edwards semblait prouver que l'espèce T'angeri était en réalité une forme océa- nique, plutôt qu'une espèce méditerranéenne; et c'est ce que les observations ultérieures ont d’ailleurs démontré, comme nous allons le voir. On s'explique dès lors son apparition à Tanger. Elle aurait été très difficile à comprendre, si elle avait eu lieu primitivement en ce pays; mais, en réalité, elle n'est ie la conséquence du voisinage de Che car le G&. T'angeri n'a pas été encore rencontré, à ce que nous ral plus avant dans l'Est, malgré l'affirmation de Heller, rapportée plus loi. D'autre part, Cadix et l'embouchure du Guadalquivir, loca- lité que nous donnons ici pour la première fois, ne sont pas la imite supérieure du Gelasimus Tangeri. X faut donc modifier la phrase de Milne-Edwards, et dire que les Gelasimus ne dé- passent pas désormais Le 37° degré de latitude. Ces remarques n'ont pas pour but d'indiquer que le genre Gelasimus n'existe pas dans la Méditerranée. En effet, d’après (4) A. Milne-Edwards, Mémoire sur la famille des Ocypodiens (Ann. des Sc. nat., Paris, 3° série, XVII, 1852-1853, p. 151, pl. IV, fig. 21). (2) À l’époque où Eydoux écrivait, il n’était pas encore question, bien en- tendu, du canal de Suez; el il n’y av ait aucune CORAN entre la mer Rouge et la Méditerranée. LE GELASIMUS TANGERI 9 Heller (1), il y à un autre Gelasümus dans le sud de l'Europe. C'est le Gelasünus courclatus, qu'on trouve dans le mer Noire à Odessa (Milne-Edwards, 1832, p. 146). Dans un tableau, à la fin de son ouvrage, Heller ajoute, en 1863, qu’on trouve le G. Tangeri dans la Méditerranée (Mittel- meer) et dans « Lusif. Province. » (2). C'était possible, mais nullement démontré encore (3), croyons-nous (4), par des faits indiscutables. En tout cas, ces stations nous sontinconnues, même aujourd hui, en dehors de celles déjà citées. M. Felix de Brito Capello, en 1873, a mentionné le premier le G. Tangeri en Portugal (5). Il dit textuellement dans son mémoire : « Nome vulgar : Bocas. Hab. : Algarve. » Ce qu'on peut traduire, ce nous semble, par ces mots : Nom vulgaire Bocas (c'est-à-dire Gueule); habite la contrée dite Mesa c’est-à-dire la région du cap Saint-Vincent. Comment se fait-11 qu'on appelle Bocas le G. Tangeri, dans lP'Algarve ? N'y a-tal point là confusion ? Nous dirons, en effet, plus loin, qu’on le trouve aux PBocas de la Isla, près Cadix. Ce qui explique peut-être le texte de de Brito Capello. En 1877, le même auteur (6) a publié un autre travail sur le même sujet et y à cité aussi le G. T'angeri ; mais nous n'avons pas pu encore consulter ce second mémoire. J.-V. Carus (7), qui éerit G. T'angieri (sic), au lieu de Tanger (Eydoux), a donné, comme distribution géographique, en 1885 : (1) GC. Heller. Die Crustaceen des südlichen Europa (Crustacea podophthalmia). Wien, 1863, W. Braumuller, p. 101. (2) Dans le texte, il y a seulement : « Cadix, Küste von Maroceo ! » (3) D'ailleurs, Heller s’est trompé en attribuant à Milne-Edwards la création de l'espèce Tangeri. Il faut écrire G. Tangeri Eyd., comme l'a dit A. Milne- Edwards lui-même dans son mémoire. (4) Dans le traité si pratique de Heller, professeur de zoologie à l'Univer- sité de Vienne, publié en 1863, nous n'avons trouvé qu'un résumé de l'article d'Eydoux et des quelques lignes de Milne-Edwards. Jusqu'à cette époque, aucun travail, hormis ceux que nous avons cités, n’avait été consacré au Gelasimus Tangerti. (5) Felix de Brito Capello, Lista dos Crustuceos decapodios de Portugal, exis- tentes no Museu de Lisboa |[Jorn. de Sc. math., phys. e natur. (Acad. Real das sciencias de Lisboa), 1873, XV, juillet (Pour cette 1° édition, voy. p. #1). Secunda ediçäo, Lisboa, 1883, p. 233-240 (Voy. p. 236)|. (6) Felix de Brito Capello, Catalogo dos Crustaceos de Portugal (Jorn. de Sc. math., physic. e natur., Lisboa, 1877, février, n° XX). (3) J. V. Carus, Prodromus Faunæ Medilerraneæ; pars I : Arthropoda. Stutt- gart, 1885, p. 522. 10 MARCEL BAUDOUIN « Atlanticum : litora Africæ occidentalia, Brasiliæ. Habit Tanger, Cadix, Litora Maroccana (Guérin) (1) (an revera Medi- terranea ?) ». Ces indications sont très précieuses, car, outre qu'elles confirment les localités données par Eydoux (Tanger) et par Milne-Edwards (Cadix) (2), elles montrent que le Gela- simus Tangeri est vraiment une espèce atlantique, puisqu'on le retrouve à la fois sur le littoral de l'Amérique du Sud, au niveau du Brésil, et sur la côte occidentale d'Afrique, au-dessous du Maroc. Si, en Europe, le G. T'angeri est loujours mal connu, 1l n'en est pas tout à fait de même en Afrique. En effet, sans parler à nouveau du Maroc, nous devons dire que M. Balthazar Osorio l'a signalé, dans ce pays, aux îles Saint-Thomé et das Rolas, possessions portugaises de l'Afrique occidentale, d’après les collections du Muséum d'histoire naturelle de Lisbonne. Il y à plusieurs individus, mâles et femelles, envoyés par MM. d’An- chieta, H. Capello et Apparicio, et provenant de la Barre du Dande, de Benguella et de Lobito, ainsi qu'il l’a signalé dans un mémoire de 1887 (3). Le même auteur, l’année suivante (4), l’a mentionné à Bis- sau ; et des exemplaires mâles et femelles (5), provenant de cette localité, ont été envoyés au Muséum de Lisbonne par M. Pi- menta. M. F. Newton l’a aussi recueilli à l’île du Prince (6) et a adressé au même musée des types ndles et femelles, pêchés dans la baie de Santo-Antonio. Ce Crustacé porte le nom de (1) I doit y avoir là une erreur. L'auteur a dû confondre Eydoux et Gué- rin, parce que Eydoux a publié son premier mémoire dans le journal de Gué- rin. Nous ne croyons pas, d’autre part, que Eydoux ait trouvé leG. Tangeri au Maroc, en dehors de la rade de Tanger. (2) Carus devait ignorer les lravaux de de Brito Capello, car il ne parle pas du Portugal. (3) Balthazar Ozorio, Liste des Crustacés des possessions portugaises d'Afrique occidentale dans les collections du Muséum d'Histoire naturelle de Lisbonne |Jorn. de Sc. math., phys. e natur. (Acad. Real das sciencias de Lisboa, 1887, XLIV, février), Lisboa, 1887, p. 220-231. Voy. p. 226]. (4) Balthazar Osorio, Liste des Crustacés des possessions portugaises d'Afrique occidentale dans les collections du Muséum d'Histoire naturelle de Lisbonne [Jorn. de sciencias mathematicas, physicas e naturaes, Lisboa, n° XLVII, 1888]. — Tiré à part, 1888, p. 1 et 5. (5) À noter encore la présence de femelles, Eydoux n'ayant étudié que des mâles à Tanger. (6) L'ile du Prince se trouve dans le golfe de Guinée. LE GELASIMUS TANGERI 11 C'apt dans ce pays (1), d'après notre aimable confrère de Lis- bonne, M. le D' Balthazar Osorio, qui a bien voulu d’ailleurs, dès 1889, nous écrire à ce propos. En 1889, dans un autre travail (2), M. Balthazar Osorio a signalé le G. Tanger à Praia-Almoxarife (île de Saint-Thomé, Afrique centrale), d’après des mâles rapportés de là-bas par M. Newton (3). Dans ce travail, il mentionne d’ailleurs un mémoire de Miers (4), que nous n'avons pas pu consulter, et duquel il semble résulter que le G&. Tangeri à élé trouvé par cet auteur dans l’île de Gorée. Depuis que cet article a été préparé (1889), nous avons appris enfin que A. Nobre avait signalé en 1896 (Les zones lhtiorales des côtes de Porto. Congrès des Pêches maritimes des Sables d'Olonne, 1896, p. 157) le Gelasimus Tangeri à Tavira et à Villa Real de Santo-Antonio, dans l’Algarve (Por- tugal). Cette constatation prouve qu’en réalité cette espèce remonte encore plus haut que nous le pensions en 1889, puisqu'on la trouve à l’ouest de l’embouchure du Guadiana, au sud du Por- tugal, tout près du cap Saint-Vincent. Nobre prétend qu'elle est « très répandue en ce point sur les terrains vaseux, à dé- couvert à basse mer, et qu'elle y vit dans des trous pratiqués dans la vase » ; 1l la place dans la zone swb-terrestre de Vaillant. Mais il n'a fait ainsi que contrôler les assertions de F. de Brito Capello, qui avait déjà mentionné le G. T'angeri dans l'Algarve, et les remarques faites par nous en 1889 pour les environs de Cadix. A ces données sur la distribution géographique du Gelasimus T'angeri, 1 faudrait ajouter ce qui à trait au Gelasimus perlatus (4) Capa, en portugais, signifie « cape, manteau ». Ef, en effet, la carapace du Gelasimus Tangeri ressemble assez à la cape d’un toréador! (2) Balthazar Osorio, Nouvelle contribution pour la connaissance de la faune car- cinologique des îles Suint-Thomé et du Prince [Jorn. de Sc. math., phys. e nat., Lisboa, 2° série, n° 2, 1889]. — Tiré à part, p. 133. (3) Dans ce mémoire, B. Osorio identifie le G. Tangeri avec le G. perlatus d'Herklots (Voy. plus loin). (4) Miers, Crustac. from Goree Island [Ann. and Mag. of nat. Hist., fifth ser., vol. VILLE, p. 262]. 12 MARCEL BAUDOUIN de Herklots (1), car, d’après les auteurs modernes (J.-V. de Man (2), B. Osorio (3), etc.), il y a très probablement identité -entre ces deux espèces. Toutefois, comme À. Milne-Edwards (4) croyait à des animaux distincts (en raison de la forme de la « grosse main », qui est beaucoup moins développée), nous n'insisterons pas outre mesure (5), n'ayant pas sous les yeux les pièces à conviction; et nous nous bornerons à ajouter que le Gelasunus perlalus a été rencontré aussi dans PAfrique méri- dionale, à Boutry (Guinée), sur la côte atlantique. J. de Man précise el dit « Golfe de Guinée ». (1) Herklots, Addimenta ad Faunain carcinologicam Africæ occidentalis, 1854, NS DANCE CE (2) J. V. de Man, On some new or imperfectly known podophtalmous Crusta- cea of the Leyden Museum [Notes from the Royal zoological Museum of the Netherland at Leyden, t. I, 1879, p. 66]. (3) B. Osorio, loc. cit., 1889. (4) À. Milne-Edwards, Ann. des Sc. nat., 1852, p. 151. (5) Pourtant, il nous semble utile de donner ici les pièces du procès en français, car elles n’ont été publiées jusqu’à présent qu’en latin et en anglais. Voici d’abord la description textuelle d'Herklots, qui fut rédigée en latin : « Le thorax est plus large en avant qu'en ‘arrière et est couvert de petits grains ; le front se prolonge entre les antennes en un lobe arrondi ; les pinces sont granulées à l'extérieur, les doigts de la longueur de la main. Largeur du thorax : en avant 33 millimètres, en arrière 21 millimètres; longueur, 25 millimètres. Le thorax est entièrement grenu et perlé (gemmatus). La convexité latérale est couverte de grains disposés en ordre et très fins; les grains des parties inférieures sont plus gros. Le haut du front commence sur les côtés, à angle presque droit, puis il s’allonge un peu ; au-dessus du point de greffe des an- tennes, il forme un sinus pénétrant et, entre les antennes, il s'allonge brus- quement en une lame inter-antennale semi-circulaire ; sous les antennes, une pointe émoussée ; derrière celle-ci, on trouve une petite saillie couverte de petites granulations spiniformes dans le canal oculaire. Les pédoncules des yeux dépassent un peu en longueur la troisième partie du thorax ; les « canthus » sont sous-dentelés à la marge inférieure granulée. Le bras de la plus grande pince, chez les mâles adultes, forme un triangle dont l’angle supérieur est arrondi (rotundato), le côté inférieur plan; tous les angles à granulations; le carpe est couvert de granulations; la pince a une largeur qui dépasse un peu la plus grande du thorax. Le carpe est comprimé ; à la base il est lobé dans sa partie supérieure, et couvert de granulations à l'extérieur. Les doigts sont comprimés, avec granulations morcelées; à la marge extérieure, celles-ci sont presque en forme d’épines ; à la face interne, lisses; pince avec granulations. La plus petite pince, chez les mäles, n’atteint pas le dernier article des pattes de devant. Les bras imitent la forme de fémurs ; carpe convexe en haut, à sommet aigu, doigt courbé, côtés couverts de poils. Les fémurs des pattes sont triangulaires, à angles convexes; les convexités sont couvertes de granu- lations; l'angle supérieur est subspinifère, les côtés supérieurs interne et externe couverts de granulations. Tibias à l'extérieur unicarénés; aux LE GELASIMUS TANGERI 43 + + + De ce que l’on sait aujourd'hui du G&. Tangeri, 11 est permis d’en conclure qu’en réalité ce doit être la station de Cadix, loca- lité très favorable au développement de cet animal, qui doit être le point de départ (1) de celle de Tanger, cette espèce étant d’origine atlantique. Il est par suite regrettable (2) qu'on lui ait donné le nom de Tangeri, qu'il faut conserver pourtant, quoique celui de perlatus, d'Herklots, serait tout aussi justifié (s’il n’était pas postérieur et S'il était démontré que les deux dénominations soient vraiment synonymes : ce qui paraît bien être exact, malgré l'opinion de Milne-Edwards). Le mieux serait donc d'en trouver un autre, ne préJugeant en rien de la localité africaine, par exemple celui d'atlanticus. seconde, troisième et quatrième pattes, la carène est également granulée, et lisse à la cinquième. Chez les jeunes, le thorax est moins granulé; les carènes des fémurs el des tibias sont crénelées ; cependant, j'ai vu un spécimen unique d’adulte mâle, sans femelle adulte. Plusieurs spécimens mesuraient 18 millimètres de lar- geur, 12 millimètres de longueur; s’il est prouvé que cette grosseur est cons- tante, j'ai alors des signes pour l’âge. Des différences feraient admettre une nouvelle espèce. Recueilli près de Boutry (Guinée). » Voici comment Jj. G. de Man a apprécié cette description d'Herklots, dans le travail cité précédemment : « Celle espèce est positivement alliée de près, peut-être mème identique, au Gel. Tangeri (Eydoux, Mug. de Zool., février 1835, p. 47). Herklots avait seule- ment en sa possession un seul mâle, adulte, dont la grosse pince est seule- ment un peu plus longue que la carapace ; nous avons pourtant reçu ensuite des spécimens adultes, provenant de la même localité, la côte de Guinée, dont la grosse pince est beaucoup plus longue, presque aussi longue que celle du Gel. Tangeri. Ces spécimens ont pour le reste une ressemblance frappante avec le mâle décrit par M. Herklots, et qui figure encore dans la collection. Mais cette question est toujours pendante, parce que nous n'avons pas de spé- cimen type du Gel. Tangeri. » En présence de ces remarques et de la figure d'Herklots, nous n'hésitons pas, en ce qui nous concerne, à nous ranger à l'opinion de G. de Man et d'Osorio, et à croire que le G. perlatus n’est autre que le Tangeri. (1) Pour qu'en Andalousie on mange encore, dans les conditions que l’on sait, es pinces de ce Crustacé, il faut que cette coutume soit fort ancienne. Ce qui démontre, de façon indiscutable, que le Gelasimus Tangeri est connu à Cadix depuis très longtemps, peut-être depuis des siècles ! (2) Voir notre réflexion sur la dénomination des espèces animales, à propos d'un parasite de la Sardine. (M. Baudouin. Nouvelles obs. sur le LerNoxenicus, copépode parasite de la Sardine; in Bull. d. Mus. d'Hist. Nat., Par., 1905, p. 299-300. 14 MARCEL BAUDOUIN Mais ce serait aller contre les usages ; et nous n'insistons pas, laissant à de plus compétents le soin de résoudre ce petit problème de nomenclature zoologique. Legenre GE LASIMUS.— Le genre GeLasimus (1) n'a été bien étudié, avec des détails suffisants, que par A. Milne-Edwards dans son Histoiredes Crustacés et dans son mémoire de 1852. D'après lui, ce genre fait partie de la tribu des OcYPoDIENS (Ozv, agile; modos, pied), qui vivent presque toujours sur les plages, sy creusent des terriers, et sont remarquables par la vitesse extrême (d’où leur nom) (2) avec laquelle ils courent : ce qui leur permet de regagner très rapidement leur habitation souterraine à la moindre alerte. Cette tribu ne se compose d’ailleurs que de deux genres : Ocypodes et Gelasonus. Les Gelasinus (3) se distinguent des Ocypodes par leur cornée transparente, qui est très petite et arrondie (au lieu d’être très grande et ovalaire), qui n’occupe pas le quart de la longueur du pédoncule oculaire, et qui ne commence que tout auprès de son extrémité, tandis que, dans l’autre genre, elle occupe au moins la moitié de lalongueur des pédoncules oculaires, et com- mence très près de la base de ces tiges. Pour nous en tenir aux pattes, rappelons seulement que (1) Gelasimus vient du mot l'eAtsuos, qui, en grec, signifierait curieux, d'après le Dictionnaire de d’Orbigny.— En réalité, l'ekéomos veut dire risible ou ridicule, car il vient de l'eléw, rire. l'ehasua signifie d’ailleurs le rüre. — Ce qui a fait donner ce nom générique à la première espèce découverte, c'est une certaine façon de tenir la grosse pince chez le Gelasimus pugilata, comme nous le di- sons plus loin, façon qui vraiment suscite le rire. Ce genre a été créé par Latreille. (2) On connaît Le rodas oxvs *AyuMeus d'Homère ! (3) Bibliographie générale des Gelasimus : Sans rappeler ici les travaux de Latreille, Milne-Edwards, Peters, Lucas, ni ceux des créateurs d’espèces nouvelles, Bosc, Smith, Desmaret, Rumph, Ruppell, etc., ni ceux précédemment mentionnés, citons les plus récents : Kingsbey (J. S.), Revision of the Gerasimr. Proc. Acad. nat. Sc., Phil., 1880, 135-152; 453-155. De Man (J. G.), On some species of Gerasimus Latr., and Macrophthalmus Latr. (Notes Leyd. Museum, vol. IL, note 13, 67-72). Packard (A. S.), Notes on Gerasimus Puenax Smith, and of Alpheus (Amer. Natural., octobre 1881, XV, 784-789). Wright (J. M.), Fiddler-Crabs (GeLasimus). (Amer. Nat., XXI, n° 5, 415-418.) Alcock (A.), On the habits of Gerasimus ANNuLIPES Edw. (Ann. of nat. Hist., 1892 (6), X, nov., 415-416 [Reprint : Marine Survey of India]). — Habits of Gera- SIMUS ANNULIPES (J. R. Microsc. Soc., London, 1893, p. 1, 36). LE GELASIMUS TANGERI 15 À. Milne-Edwards à écrit pour le genre Geasimus: « Les pattes- mâchoires externes ont la même formeque chez les Ocypodes. Les patles antérieures sont en général très petites et très faibles chez la femelle ; mais, chez le mâle, l’un de ces organes acquiert des dimensions énormes. Tantôt c'est du côté droit, tantôt du côté gauche, que l’on trouve la grosse pince, qui est quelquefois deux fois aussi grande que le corps. Les pinces de la petite patte sont élargies et lamelleuses vers le bord et un peu contournées ; celles de la grosse patte sont arquées, élevées et faiblement dentées sur le bord. Les pattes suivantes sont médiocres. » Les Gelasimus, d'après Milne-Edwards, se divisent en #rois groupes, d’après la forme de leur front. 1° Ceux à front linéaire, lrès étroit entre les yeux, et non élargi en dessous ; 2° Ceux à front spalulé, c'est-à-dire linéaire entre les yeux et . dilaté au-dessous ; 3° Ceux à front large, entre les veux et se rétrécissant au- dessous. Ceux d'Europe, d'après Heller, entrent dans la première et la deuxième catégorie, car il les divise ainsi : a) Céphalothorax lisse (glatt), front très petit entre les yeux : G. coarctalus. b) Céphalothorax très fortement grenu (starkgekürnt), à front large entre les yeux... : Gelasimus Tangeri. L'espèce TANGE RIT. —Eydoux a longuement déerit les carac- lères zoologiques de l'espèce Tangeri; et on les trouvera dans son mémoire. Milne-Edwards, de son côté, en 1852-1853, a figuré l'animal mâle (PI. 4, fig. 21) et a affirmé que cette espèce se distingue de toutes les autres par la disposition de la face supérieure de la carapace, qui, au lieu d’être lisse, comme d'ordinaire, est entièrement couverte de fortes granulations. Bornons-nous à citer ici ce qu'Eydoux a dit de la partie qui nous intéresse le plus, à savoir les pattes. l MARCEL BAUDOUIN Pattes. — « Les pieds sont de la couleur de la carapace, mais plus pâles aux extrémités. Ils présentent quelques points gra- nuleux disposés en lignes à la face inférieure de la jambe, et leurs tarses sont comprimésetgarnis àleurs bords de poils assez longs et assez serrés. » La diagnose latine d'Eydoux nous parait un peu plus précise, quoique vague ; et nous croyons devoir la reproduire : « Chela dextra maris validissima, lutea; carpo granuloso, digitibus angustis, depressiculis, arcualis, intra subdentatis. Chela simis- tra (1), minima, rubra ; digitibus obverüs, cochleare Lermi- natis. Pedibus depressis, villosis, subtuberculatis, brunneo viridibus, pallidioribus ; genubus rubris ». Eydoux a ainsi décrit la grosse patte : « La grande pince, qui seule en est dépourvue (de poils) (2), est placée, ainsi que nous l'avons vérifié, tantôt à droite, Lantôt à gauche. Elle nous a fourni quelques bons caractères pour la distinction de notre espèce. » Cette première remarque est fort importante. Ainsi donc, la grosse palte serait tantôt à droite, tantôt à gauche, chez Île : Tangeri, comme d’ailleurs chez les autres Gelasümus (Milne- Edwards) ! | Or voici ce que nous avons constaté nous-même. Sur les quatre exemplaires mâles de G. Tangeri que nous possédons à Paris (nous n'avons qu’un seul exemplaire du sexe féminin), il yen à deux qui ont la grosse pince à droite, el deur qui l'ont gauche. C'est donc une proportion de 100 p. 100 : ce qui revient à dire (comme pour le sere, puisqu'il n°y en a que deux également !) qu'il y à à peu près égalité de réparlilion pour les côtés. (On sait que, chez l'homme, il naît toutefois 105 garçons pour 100 filles.) Dans ces conditions, il est fort difficile de dire aujourd'hui pourquoi la moitié des (elasimus Tangeri sont droitiers, et les autres gauchers (3); mais ce fait est à retenir pour l'étude bio- logique de la gaucherie ! (4) I y a là une erreur, puisque, comme Eydoux le dit lui-même plus loin, la place de la grosse pince varie de côté. (2) Ceci est une inexactitude ; il y a des poils, très drus, mais peu longs, du côté du doigt mobile. (3) Évidemment, notre chiffre de quatre exemplaires est trop restreint pour Ésnrun : LE GELASIMUS TANGERI 17 Eydoux a ajouté : «Les doigts sont très longs, courbés, étroits, el ne présentent de tubercules qu’à leur bord correspondant. Le doigt fire dépasse le ; mobile et est un peu plus large que celui-ci. n'a sur son poignet que quelques points en sail- lie assez rares. On ne remarque ni sur ses bords, ni sur la jambe et la cuisse, les dente- lures si caractéristiques Fig. 1. — Gelasimus Tangeri (Eydoux), prove- A Ge ed imiter sunus Maracoani ». d'un Mäle. Nous verrons plus loin ce qu'il faut penser de cette description trop brève. quand nous décrirons les pièces desséchées que l’on vend en Andalousie. Ajoutons seulement que les petites pinces des femelles sont sem- blables à la petite pince de la patte antérieure des mâles, mais peut-être un peu plus petites, quoique le corps de la femelle soit au moins aussi gros que celui du mâle. La description d'Ey- doux aurait besoin d’ail- leurs d’être refaite pour le mâle, et complétée pour la femelle, qu'il n'a o ) Fig. 2. — Gelasimus Tangeri (Eydoux). — Face. pas vue. Mais ce n est inférieure d'un Mâle. pas avec nos cinq exem- plaires seulement qu'on peut entreprendre ce travail de revision. Nous nous bornons à dire que la queue (abdomen) de la femelle est très large et qu'elle recouvre toute la face inférieure du avoir une valeur statistique quelconque; mais, ces animaux étant rares à Paris, nous avons cru cependant pouvoir utiliser les données que nous pos- sédions à ce point de vue. Des recherches ultérieures s'imposent donc, pour élucider ce problème très intéressant. ANN. SC. NAT. ZOOL. INR 18 MARCEL BAUDOUIN corps ; elle a 2 centimètres comme largeur maximum. Ses arti- cles augmentent de hauteur du premier au septième, qui est le dernier, et qui a une forme différente de celle des autres (Fig. 3). Fig. 3. — Gelasimus Tangeri, Eydoux.— Face inférieure d’une Femelle. — Légende: A, abdomen très élargi, à sept articles (1 à 7; G, et D, premières pattes, droite et gauche; O et O0’, yeux) droit et gauche; 1, Coxopodite ; 2, Basipodite ; 2’, Ischiopodite, soudé au n° 2; 3, Méropodite ; 4, Carpopodite; 5, Propodite ; 6, Dactylopodite. Moœurs. — D'après les données que, personnellement, nous avons pu recueillir en Espagne, le Gelasimus Tangeri est appelé en Andalousie « Écrevisse de mer ». Rien d'étonnant dès lors à ce que nous-même, à Séville, en 1888, nous ayons cru un instant avoir affaire à des Écrevisses vulgaires (Astacus), avant tout examen des pinces, bien entendu (1). On le trouve surtout aux Bocas de la Isla (2), point voisin de Cadix, où il y en a de grandes quantités. Là, le Crustacé vit dans les parties les plus élevées de la plage ; et, dans le pays même, il porte le nom de Barritela. Le terrain où il se tient est fangeux. Son habitation est représentée par un trou cylindrique, de 4 centimètres de diamètre au plus, assez pro- (1) En Espagne, on croit encore qu'il s’agit d'une « variété du genre Asla- cus gammarus de Linné ». (Extrait textuel d’une lettre de l’un de nos corres- pondants.) (2) Bocas signifiant « bouche, gueule », et Isla «île », ce mot veut dire « Bouche de l'Ile », c'est-à-dire, sans doute, île de l'embouchure du Gua- dalquivir (?). LE GELASIMUS TANGERI 19 fond et dirigé verticalement à la partie superficielle seulement, car celle direction se modifie bientôt brusquement pour devenir plus où moins oblique. Il résulte de cette disposition qu'il est très difficile de parvenir à voir le fond de ce conduit (1). À. Milne-Edwards avait déjà dit d’ailleurs : « Les Gelasimus vivent dans des trous, près du bord de la mer et s’y trouvent, à ce qu'il paraît, par paires. M. Marius de Troie a observé que le mâle se sert de sa grosse main pour boucher l'entrée de sa demeure ». Peut-être la pince reste-t-elle seule émergée du trou, alors que le corps y est enfoncé tout entier, de façon à pouvoir saisir (organe préhenseur), sans le moindre danger pour l'animal, toutes les proies qui passent à portée (2)? Peut-être aussi cette main n'est-elle qu'un organe fouis- seur (3), développé par la nécessité de creuser un terrier, et ne sert-elle en réalité qu’à cette opération, réservée au mâle? Mais, étant donné ce que l’on sait des habitudes des Gelasi- mus, dits Crabes appelants, « parce qu'ils ont l'habitude sin- (1) Les Gelasimus, comme les autres Ocypodiens, doivent être voisins du Polygrapsus marmoratus Fabr. (Grapsus varians Edw.), qui est aussi un Crabe « de vitesse ». La preuve c'est qu’en Vendée, et à Croix-de-Vie en particulier, on l'appelle « Le Coureur ! » Mais ces Polygrapsus, ne vivant que sur les rochers plats des plages, n’ont pas de très grosses pinces ; # surtout toutes les deux sont de même dimension. Le Carcinus mœnas est aussi un Crabe de la zone subterrestre, et un Crabe « de vitesse ». Mais il vit aussi bien dans le sable que dans la boue, ne creuse pas de trous, et n’a pas une pince plus développée que l’autre. (2) Jean Carol {Au Puys Rouge; in Temps, 19 août 1896) a consacré quelques lignes intéressantes à un crabe de Madagascar, qui doit être proche parent de notre Gelusimus : « Autour de cette caisse, solennelle au milieu des sables, errent des Crabes très particuliers, qui, paraît-il, foisonnent sur la côte occidentale de Madagas- ar. Leur carapace est peinte de couleurs variées et vives, transparaissant sous une engobe qu'un bon céramiste envierait. Ils se distinguent encore des Crabes de chez nous par la dimension exagérée de leur pince gauche, d’ail- leurs plus colorée, plus lumineuse que tout le reste de l’armure. Cette pince, dont la nature a doué les seuls mâles, brille comme un fanal, et, me dit un naturaliste, ces astucieux animaux s’en servent pour attirer leurs femelles. Les Crabes de Madagascar ont des moyens de séduction d’où il ressort qu'ils con- naissent l'éternel féminin !» Pour mon compte, je ne crois guère à une patte jouant ainsi un rôle d'ordre purement sexuel ! (3) Cette grosse pince serait alors à rapprocher des membres antérieurs de la Gryllotalpa ou Courtilière, insecte fouisseur bien connu; mais, alors, pour- quoi est-elle unique, et non bilatérale? 20 MARCEL BAUDOUIN gulière de tenir toujours élevée leur grosse pince en avant du corps, comme s’ils faisaient le geste d'usage (1) pour faire appro- cher quelqu'un » (2), il nous semble qu'on ne doit pas voir dans cette partie du membre un instrument exclusivement /ows- seur, mais plutôt un organe de préhension et d'attaque. C'est peut-être pour pouvoir courir plus facilement (n'ou- blions pas que les Gelasimus sont des Ocypodiens, c’est-à-dire des « pieds agiles ») que ces crabes tiennent leur grosse patte en l'air. En effet, s'ils ne procédaient pas ainsi, 1ls seraient obligés, en raison de son poids, de la traîner sur le sol : ce qui entra- verait notablement leur marche. Quoi qu'il en soit, il paraît établi, dans les diverses suppo- sitions, que c’est la fonction qui a créé l'organe et un exercice répété spécial qui a amené le développement exagéré de cette seule patte ! | Le Gelasimus Tangeri vit exclusivement au niveau de l’eau de mer, mais dans les points les plus bourbeux et les plus élevés de la côte, dans la région qui correspond à celle habitée sur les côtes vendéennes et bretonnes par le Carcinus mænas. De la sorte, ses trous sont de suite découverts, dès que la mer descend. Chasse. — Ceux qui s'adonnent à Cadix à la «chasse » (ce terme est moins impropre ici que celui de « pêche ») de ce Crustacé connaissent très bien ses habitudes. Ils devinent faci- lement les dimensions de la grosse pince (et par suite sa valeur marchande) à la forme des trous que les Crabes font dans la vase; ce calcul leur évite, par suite, des recherches qui reste- raient sans profit réel. Pour prendre le Gelasimus Tangeri, on use de deux procédés. Ou bien, on lance, de loin, des poignées de boue sur l’orifice du Crabe, alors qu'il est sorti et en promenade sur le rivage, de façon à lui couper la retraite; ou bien on détruit avec les (1) C’est surtout le Gelasimus pugilutor Bosc, le type du genre pour le con- tinent américain, qui a cette coutume. Il est surtout abondant, d'ailleurs, à peu près à la même latitude que le Tangeri, car on l'observe par milliers dans la Caroline. (2) Ils ont l’air de faire constamment le salut militaire. LE GELASIMUS TANGERI 21 doigts le trou de l'animal jusqu’à ce qu'on ait atteint le fond, car l’animal y reste souvent caché (1). Une fois le G. Tangeri pris, on lui arrache sa pince, que l’on désigne dans le pays sous le nom de Carrasqueña. Puis on le laisse en liberté. Si, l'année suivante, on vient à capturer le même Crustacé, on constate que la patte cassée a repoussé. D’après l’un de nos correspondants d’Espagne, les choses ne se passeraient pas tout à fait ainsi; mais nous ne garantissons pas la véracité du fait qu'il rapporte, car nous n'avons pas pu le vérifier nous-même, bien entendu. (Il aurait fallu faire plusieurs voyages en Espagne ou habiter les lieux pendant plu- sieurs années.) Il dit textuellement à ce propos : « Quand le Crustacé est repris un an ou deux après, on lui arrache la patte opposée (elle aurait donc grossi dans l'intervalle, pour rernplacer celle qui avait été cassée, car, sans cela, elle ne serait pas mar- chande et on ne l’arracherait pas) ; puis on l’abandonne à nou- veau, el ainsi de suite (2) ». Quoi qu'il en soit, qu'il s'agisse toujours de la même patte, gauche ou droite (ce que nous croyons), ou alternativement des pattes droite et qauche (comme nous l’a écrit notre correspon- dant), dans le point où une grosse pince a été cassée, il se produit foujours, chez le Barriteta (3), une excroissance ; et bientôt apparaît une patte semblable, quoique un peu plus (1) Ce mode de capture est très comparable à celui qui sert à la pêche de quelques Mollusques (Solen, Donax, etc.) sur les côtes françaises de l’Atlan- tique. (2) Si ce phénomène de remplacement par suppléance (comme celui par repousse) était réel, il serait fort remarquable. Mais nousinsistons sur ce point : Nous ne l’avons pas constaté en Espagne, pendant notre séjour à Cadix, l’ignorant en 1888. — Pourtant Eydoux et Milne-Edwards disent qu'ils ont vu, chez les mâles, la grosse patte tantôt à droite, tantôt à gauche, comme nous l'avons signalé nous-même plus haut. — Cette alternance serait-elle donc due à la chasse ou à un traumatisme accidentel? Notre correspondant serait-il donc dans le vrai? — C’est une question à élucider sur place, mais insoluble pour nous. (3) Nous avons dit, en effet, que cet animal s'appelait, en Andalousie, Bar- riteta. Ce mot signifie baril, tonneau. D'ailleurs le Gelasimus est un Crabe plutôt arrondi que cubique, et qui a une certaine analogie avec cet objet, car, comme dit Eydoux : « Clypeo lato, rotundato ; angulis lateralibus obtusis ». Une pêcheuse de crabes de Vendée, à qui nous montrions un Gelasimus Tangeri, s’est écriée spontanément : « Mon Dieu, comme ces « chancres » sont ronds ! » 99 MARCEL BAUDOUIN petite et irrégulière, qu’on peut appeler Patte de première re- pousse. Quand on arrache celle-ci, au bout d’un an, on l'appelle vul- gairement, dans le pays, Zapatera. La pince nommée Carrasqueña (1), étant plus belle et plus volumineuse, est plus charnue. Par suite de son développement plus considérable et de la plus grande finesse de ses chairs au point de vue gustatif, elle est, en conséquence, plus estimée des consommateurs, et se vend plus cher dans les rues de Séville et en Andalousie que la Zapatera (2). Économie domestique. — 1 est intéressant aussi de dire com- ment on fait cuire les pinces du Gelasimus Tangeri (3). Cette préparation culinaire est très simple et est analogue à celle qu'utilisent nos ménagères pour les Crabes et les Crevettes. On place les dites pattes dans de l’eau douce, que l’on fait bouillir pendant longtemps, en prenant soin qu'aucune des pinces ne dépasse le niveau du liquide : ce qui la ferait nowcir et lui enlèverait toute valeur! Il est nécessaire d’écumer fré- quemment l’eau de coction, afin que les pattes restent bien propres et aient meilleur goût. La cuisson terminée, on les sépare du liquide et les laisse sécher. C'est à l'état sec qu'on les livre à la consommation publique : ce qui les différencie des Crevettes vendues cuites et des Écre- visses mangées en buisson en France. Et, en réalité, dans le sud de l'Espagne, elles constituent, non seulement un aliment commun dans les rues à Séville pen- dant la foire, mais un hors-d’œuvre, très connu et très appré- cié sur toutes les tables bourgeoises de l’'Andalousie. De plus, (4) Carrasqueña signifie « rude, âpre au toucher ». Cette dénomination est sans doute en rapport avec le caractère générique du G. Tangeri, c'est-à-dire la présence de nombreuses granulations calcaires sur sa carapace et sur la grosse pince. (2) Zapatero signifie cordonnier. Il est possible que le nom de Zapatera n'ait pas pour origine Zapatero, mais Zapa seulement, qui veut dire « pioche, ongle », et « peau de chien de mer, imitant le chagrin ». La patte de première repousse est, en effet, irrégulière comme une peau de chagrin. (3; H L., dans le Dict. d'Hist. natur. de d'Orbigny, [article GÉLASIME, p. 50, t. VI, 1" partie], prétend « qu’on ne mange point » ces crabes. — Certes, on ne mange pas les corps; mais ce mémoire prouve le contraire, au moins en ce qui concerne l'Espagne et la grosse pince! ongiratnis co lt LE GELASIMUS TANGERI 93 là-bas, on les mange comme les marrons à Paris, comme les bonbons un peu partout, à titre de passe-temps, parce que, mal- gré le volume considérable des pattes, il n'y a qu'une pelite quantité de substance musculaire dans leur intérieur : ce qui fait durer le plaisir plus longtemps! Il est indiscutable, d'ail- leurs, que c'est un manger savoureux, très goûté dans le sud de l'Espagne. S III. — EXPLICATION DE LA COUTUME ET DE L UTILISATION CULINAIRE DU PHÉNOMÈNE BIOLOGIQUE DE LA RÉGÉNÉRATION APRÈS AUTOTOMIE. I. RéGénérATION. — Ainsi donc, les chasseurs de G. Tangeri utilisent, sans s’en douter, le phénomène biologique de la repousse des membres, c'est-à-dire de la régénération, quand ils s’attaquent à un animal dont la patte a été arrachée les années précédentes. Mais celte utilisation est consciente pourtant, en ce sens qu'ils savent très bien que cette patte de première repousse a moins de valeur commerciale et culinaire que la pince naturelle. Pour nous, il est bon de pousser plus Loin les choses et de tenter de résoudre certains problèmes qui se présentent de suite à l'esprit à propos de cette question. Ainsi, par exemple, celle du temps nécessaire pour la régéné- ration de la patte de première repousse ; celle de la possibilité de plusieurs repousses successives ; celle de la transformation en pince par suppléance de la petite patte antérieure de gauche, quand la grosse patte de droite a été perdue ou inversement, etc. I. Historique. — Mais, avant d'aborder ces problèmes com- plexes, qu'on nous permette un mot d'historique. Comme l’a fait judicieusement remarquer M. P. Hallez (1), c'est de Réau- mur qui paraît avoir signalé le premier le fait de la régénéra- tion des membres chez les Crustacés (2). (1) Paul Hallez, Un mot d'historique à propos de l’amputation réflexe des paties chez les Crustacés [Bull. scient. du Nord, sept.-oct. 1886, n° 9-10, p. 342]. (2) Mémoire de l'Académie royale des Sciences, Par, 142, in-4°, p. 226 [Sur les diverses reproductions qui se font dans les Écrevisses, etc]. Traduction : Vom Wiederwachsen der Glieder an Krebsen, etc., unter anderen îhrer Füsse und Schalen [K. Akad. de Wiss., in Par., 4712; Ablandl., 1753, IV, 35-51, 1 pl.. 24 MARCEL BAUDOUIN « J'ai pris, dit-il, des écrevisses, auxquelles je coupai une jambe. Je les renfermai dans un de ces bateaux couverts, que les pêcheurs nomment boutiques …. Comme je ne les laissois point manquer de nourriture, j'avois lieu de croire qu'il se feroit chés elles, une repro- duction pareille à celle dont je cherchois à m'’assurer.... Au bout de quelques mois..., je vis de nouvelles jambes, qui occupaient la place des anciennes que je leur avois enlevées... » Et, le fait constaté, de Réaumur cherchait à en déterminer les conditions fondamentales. « Le temps nécessaire pour la reproduction n’a rien de fixe... Ces jambes naissent et croissent plus ou moins vite, selon que la saison est plus ou moins favorable; les jours les plus chauds sont ceux qui avancent le plus la formation et leur accroissement... Une autre circonstance est l'endroit où la jambe a été cassée !.. C’est lorsque l’on coupe la jambe près de la quatrième jointure qu'elle se reproduit plus aisément. Et, ce qui est digne de remarque, c'est que c’est aussi là que les jambes se cassent naturellement. Ce n'est pas dans la jointure même que la jambe se casse... Si on tient une écrevisse par la patte, et de même si on tient un crabe, l'effort que ces animaux font pour se retirer, détache souvent (1) leur jambe... Si l’on va considérer quelques jours après les écrevisses dont on a coupé une jambe..., on trouvera. que les jambes qu'on avait coupées sont toutes cassées dans la jointure qui est proche de la quatrième; comme si les écrevisses ins- truites que leurs jambes reviennent plus vite, lorsqu'elles sont cassées en cet endroit qu'ailleurs, avaient eu la prudence de les y rompre. » IT. Détails du phénomène. — Tout le phénomène biologique dont nous avons à parler est donc compris dans ces lignes admi- rables de l’un de nos compatriotes (2), naturaliste trop oublié! 1° Temps nécessaire à la repousse. — Le temps nécessaire à la régénération à été étudié, comme on vient de le voir, d'abord par de Réaumur, pour l'Écrevisse. D'après M. S. Chantran (3), qui a refait des expériences sur le même animal, l'Écrevisse (Astacus fluviatilis), les grosses pattes ne se régénéreraient que fort lentement. Trois mues seraient nécessaires ; mais, à la quatrième mue, les membres (1) C'est érès rarement qu'il faut dire, comme nous y insistons plus loin, quand on ne pince pas l’animal. — A noter que de Réaumur cite les Crabes, au même titre que les Ecrevisses. (2) de Réaumur a habité la Vendée. (3) Chantran (Samuel), Nouvelles observations sur le développement des Écre- visses [C. R. Acad. des Sc., Paris, 18714, t. LXXIIL, 2° part., p. 220]. LE GELASIMUS TANGERI 25 régénérés auraient toutes leurs forces. Toutefois, dans la pre- mière année de leur existence, les membres des Écrevisses repousseraient en soixante-dix Jours seulement, tandis que, pour les adultes, il faudrait à la femelle trois à quatre ans, et au mâle un an et demi à deux ans, car le mâle adulte mue deux fois par an, et la femelle adulte une seule fois. Il faut conclure de là que la régénération est surtout en rap- port avec les nues des animaux. En ce qui concerne le Gelasimus Tangeri, nous n'avons aucune donnée, — car on ne l’a pas étudié à ce point de vue, — et on ignore tout de ses #nues. Mais, en les supposant sem- blables à celles des autres Crabes, on peut admettre que la repousse demande un temps qui n’est peut-être pas celui indi- qué par les Andalous. 2° Nombre de repousses. — La pince peut-elle repousser une seconde fois? Et, dans l’affirmative, oblient-on une Zapatera, de qualité encore inférieure? — Ce sont là des questions que nous n'avons pas pu scientifiquement résoudre, mais qu'il serait bon d'étudier sur les lieux mêmes. Aussi engageons-nous les zoologistes portugais et espagnols à les élucider, car elles sont fort dignes d'intérêt. En tout cas, il nous semble bien avoir vu, à Séville, des pinces encore plus déformées que la Zapetera de première repousse que nous figurons ici (Fig. #4), et qui devaient être des pattes de seconde, ou même de froisième repousse. Et, si nos souvenirs sont exacts, nous croyons bien qu'on nous à parlé de tout cela à Séville; mais c’est un point à revoir, bien entendu, dans le pays même. Depuis Spallanzani (expériences sur la queue de la Sala- mandre), on sait d’ailleurs que la repousse est possible quatre à six fois de suite chez les Batraciens. Il doit en être de même, problablement, chez les Crustacés, «& fortiori. 3° Forme de la patte de repousse. — Pour le Gelasimus Tan- geri, on ne connaît pas, d'autre part, les détails du phénomène de la repousse; et je ne pourrais ici insister davantage, sans entrer trop nettement dans le domaine de l'hypothèse. Toute- fois, J'ai quelques données sur les résultats oblenus, car Je pos- sède un exemplaire, desséché il est vrai, de patte de première repousse, provenant d'une marchande, et appelée Zapatera 26 MARCEL BAUDOUIN (Fig. 4, 7 et 8) ; Et, en la comparant, d'une part, à un exem- plaire de Carrasqueña, recueilli dans les mêmes conditions (Fig. 4, 5 et 6), d'autre part aux pinces des exemplares entiers de G. Tangeri, qui viennent de Cadix (Fig. 4), et enfin aux descriptions nie et À. Milne-Edwards, rap- portées plus haut, il est possible de Do quel- ques remarques intéres- santes. Carrasqueña. — La patte desséchée, désignée sous le nom de Carras- queña, est tout à fait com- parable, bien entendu, à la patte d'un Gelasimus Tangeri, conservé dans l'alcool. La seule partie intéressante à étudier est le point où s'est fait la cassure, c'est-à-dire l’ex- trémité interne du membre détaché de l'animal (Fig. 5 Fig. 4. — Face inférieure d'un Gelasimus Tangeri, et face supérieure ou externe et6). Sur la PRÉ LE et d’une Carrasqueña et d'une Zapatera. possédons, il est facile de [D'après une photographie des pièces : >: : ; rapportées d'Espagne et déposées au voir qu il Y 8 bien eu là HSE fracture, et non désarticu- | lation simple, car la cara- pace de la patte est indiscutablement brisée. Cassure d'autotomie. — La cassure, un peu irrégulière, cor- respond à la pièce qu’on désigne en anatomie topographique des Crustacés sous le nom de seconde pièce de la patte à pince des Crabes (Fig. 1 et 3), et qui est formée en réalité par la sou- dure calcaire des articles deux et trois (ischiopodite et basipodite). Cette cassure est-elle simplement traumatique? Nous ne le ‘pensons pas, malgré son irrégularité, et quoiqu’elle ne corres- ponde pas (rès exactement et complètement à la soudure du basipodite de lischiopodite, comme L. Frédéricq l’a noté pour le Carcinus mœnas. Mers à Du de pe. LE GELASIMUS TANGERI 97 Pour nous, c’est pourtant bien une cassure awtotomique; mais elle siège au milieu du Dasipodite où à peu près, au niveau de la face interne, et à l'union du basipodite el de l’ischiopodite à la face externe, comme nous avons essayé de le préciser d'une façon schématique sur les dessins ci-joints (Fig. 5 à 9). Zapatera. — La Zapa- tera, ou patte de première repousse, que nous possé- dons,se distingue vraiment très peu de la Carrasqueña; etles différences ne sontpas aussi grandes qu'on pour- rait le supposer, quand on pense qu'il s’agit là d’une patte régénérée! Disons d’abord que, pour Fig. 5. — Patte primitive de G. Tangeri [Car- RASQUENA]. — Face exlerne. — 2, basipodite ; 2", ischiopodite; a, soudure de 2 et 2'; G, ligne d’autotomic; D, partie extrême du basipodite détachée par autotomie: ec, partie restant attachée au corps par le coxopodite ; F, bord antérieur; E, D, bord postérieur ; C, pince; B, doigt fixe; À, doigt mobile; 3, méropodite; 4, carpopodite; >, propodite; 6, dactylopodite (doigt mo- bile). cette pièce, comme pour la précédente, la cassure paraît bien être d'ordre autotomique. En tout cas, elle a exacte- ment les mêmes caractères, et siège au même endroit, de façon précise. Et l’extré- mité interne des Carras- queña et Zapatera est vrai- ment identique, à mon avis. Forme de la pince. — I] n'en est pas ainsi pour tous les autres podites : ce qui se comprend de reste, les diffé- rences devant être d'autant plus accentuées que les par- ües sont plus volumineuses Fig. 6. — Patte primitive de G. Tangeri [Car- RASQUENA]. — Face inlerne. — Même légende que pour la Figure 5. — m, ñ, 0, Saillies granuleuses de la face interne. Toutefois les 3° et 4° articles sont encore à peine différents; les granulations sont moins nom- 28 MARCEL BAUDOUIN breuses et moins volumineuses sur la Zapatera, dans le 3° article au bord interne moins saillant. Les 5° et 6° articles (pince à doigts fixe et mobile) sont plus distincts. La main de la pince (Fig. Tet8, C) dans la Zapatera, est plus petite de façon notable, et séparée en dehors du doigt fixe Fig. 7. — Patte de première repousse Fig. 8. — Patte de première repousse [ZAparERA]. — Face externe. — Même [ZAPATERA|. — Face interne. — Même légende que pour la Figure 5, légende que pour la Figure 5. par une encoche arrondie très nette ; elle est aussi moins granu- leuse à la face externe (Fig. 7), surtout au niveau des saillies de la face interne (Fig. 8,7, n, 0) (où l’on ne retrouve presque aucune granulation). Le doigt fire a un bord postérieur plus courbe et est plus large ; et le doigt mobile est un peu plus court et moins aplati, et moins finement dentelé en avant. Il résulte des descriptions précédentes qu'en réalité la patte de première repousse n’est pas aussi malvenue que le pen- saient les anciens auteurs (1) ; et cela confirme les observa- tions de Chantran sur les Écrevisses, qui a constaté que les grosses pattes de repousse, après la 4° mue de l’animal, ont la même forme que les primitives. Toutefois la différence est réelle et suffisante, puisque les clients des chasseurs anda- lous ne s'y trompent pas! Mais cela tient sans doute à ce que ces derniers n’attendent pas toujours la formation com- plète du membre de repousse, avant d'’amputer à nouveau leur proie. N'ayant noté aucune différence entre la Carrasqueña figurée et les pinces de gros Gelasimus Tangeri entiers, nous nous (4) Art. GÉNÉRATION, Dict. encyclop. des Sc. méd., p. 433. LE GELASIMUS TANGERI 29 bornons à ajouter que la description d'Eydoux est par trop brève et qu'il n’a pas assez insisté sur ce qu'il appelle la « saillie du poignet » ; comme le montre la Figure 4, il y à là une disposition très caractéristique, qui est à retenir pour la dia- gnose des espèces. 4° Fonction de la patte de repousse. — En ce qui concerne le retour de la fonction dans les organes de repousse, S. Chantran =) e .. Ÿ Fig. 9. — I. — Face interne de la base de la grosse patte de Gelasimus Tangeri, d’après nature avec Grossissement. —1, coxopodite, articulé avec l’abdomen (Abd), en x et z (z, saillie articulaire, permettant le mouvement de bascule) ; 2, basipo- dite ; y,y', articulation des pièces 1 et 2; 2, ischiopodile soudé au basipodite sui- vant ligne cd; 3, troisième article (méropodite) de la patte I0. — Ile, deuxième patte, avec coxopodite; e,g, articulation des articles 3 et 2. — AB, ligne d'autotomie (partie interne); BD, ligne d'autotomie (partie externe); 2a, partie du basipodite, qui se détache, 20, partie de la même pièce qui reste attachée au corps. II. Face interne de l'extrémité interne d’une Carrasqueña [Patte de G. Tangeri, arrachée par autotomie]. — Même légende. III. Face externe d’une Carrasqueña. — o, cavité de la patte au niveau du point de l’autotomie ; à, point où la ligne d'autotomie rejoint en dehors la soudure cd de l’ischiopodite et du basipodite;, D, point où elle se rapproche notablement de eg. a constaté, pour les membres comme pour les yeux de l'Écre- visse (1), qu’elle revient parfaitement chez les sujets d’un an. Quand l'animal a deux ans, la fonction est moins parfaite ; et, chez l'adulte, la fonction ne revient pas toujours. Pour les pinces, cette question n'a pas d'intérêt, pas plus pour le G. Tangeri que pour les autres Crustacés, car la fonction ré- (4) S. Chantran, loc. cit., 1873. 30 MARCEL BAUDOUIN apparait évidemment très vite et presque toujours dans de bonnes conditions. 5° Remplacement par suppléance. —1W nous resterait à discuter ici le fait, déjà signalé plus haut, de la présence de la grosse pince tantôt à droite, lantôt à gauche, et qu'on pourrait être tenté d'expliquer par un phénomène de suppléance, se produi- sant dans la petite patte antérieure, quand la grosse a été perdue : les articles de cette petite patte se {ransformant, se développant outre mesure, et produisant une pince, pour remplacer celle qui vient de disparaitre ! Mais, malgré ce que nous a écrit notre correspondant d’Es- pagne à ce propos, Jusqu'à nouvel ordre, nous ne pouvons admettre un tel processus, qui vraiment serait trop beau, au moins pour la théorie de l’évolution. Nous ne pouvons donc ici qu'engager les zoologistes d’Andalousie à faire une enquête extrèmement sérieuse sur cette donnée, et à essayer de la vérifier expérimentalement sur les lieux. Il ne faut pas, en effet, oublier qu’on est toujours à la recherche de l'explication de la variation de situation de la grosse pince chez les Gela- simus et certains Crustacés (Callianasse, elc.), fait vraiment très digne d'attention, autant au point de vue de la physiologie du système nerveux (1) que de l'anatomie pure. IT. — AUToTOMIE DES PATTES. — On dit, en Espagne, qu'on « arrache » la grosse patte du Gelasimus Tangeri. Mais, en réa- lité, est-ce bien le mot arrachement qu'il faut employer ici? Nous ne le pensons pas, quoique nous n’ayons pas assisté nous-même à la chasse de cet animal; aussi n’hésitons-nous pas à adopter la théorie suivante : «Il est des plus probables que la pince du Gelasimus T'angeri se sépare du corps par autotomie spontanée (car 11 n’y a pas désarticulation), plutôt que par frac- ture traumatique simple. » Expliquons-nous sur ce cas particulier, sans définir (ce qui (4) D'ailleurs, Milne-Edwards a expressément noté que, dans toutes les es- pèces de Gelasimus, il y a des droiliers et des gauchers. — Cette constatation: montre que la variation dans la situation de la pince ne doit pas être en rap- port avec un traumatisme, accidentel ou voulu, et causé dans ce dernier cas par l’industrie qui s’est développée à Cadix, autrement dit la perte très fréquente de cette pince. LE GELASIMUS TANGERI 31 serait inutile ici) les mots précédents. Certes, l’autotomie est rare par simple éraction (1), pour les grosses pattes aussi bien que pour les petites, d’après les travaux publiés sur cette ques- tion, et nos propres expériences (2). Certes, les Carrasqueña et Zapatera, que nous avons sous les yeux (Fig. 4), ne sont pas très démonstratives à ce point de vue, car elles montrent une fracture un peu irréqulière de l’article (Fig. 4, 5 à 9), et non une cassure très nette (comme si elle était faite à la guillo- line), ainsi qu'on l'observe d'habitude. Mais, il est certain qu'il n’y à pas là désarticulation ; 11 s’agit d'une cassure de l'enve-" loppe calcaire, en un point qui est à peu près celui de l'auto- tomue classique, comme nous l'avons signalé plus haut. Un grand nombre d'animaux ont la faculté de reconstituer une partie de leur organisme, c’est-à-dire de se régénérer. Mais ici nous ne nous occupons que de ce qu'on appelle la régénération complémentaire totale d’un membre ou rédintégration. Or, on sait, depuis longtemps, que, chez les Vertébrés, aucun organe ne peut se régénérer qu'à la condition qu'il en reste une partie sur place. Il est, par suite, probable qu'il en est de même chez les Crustacés, et en particulier chez le Crabe que nous étudions, et qu’il n’y a là régénération que parce qu'il y a eu d'abord autotomie véritable. | (1) Les chasseurs andalous, d'ailleurs, ne font peut-être pas que « tirer » sur la grosse pince ; ils doivent faire un mouvement de forsion, qui peut jouer le même rôle que l’écrasement ou le pincement; et, dès lors, les G. Tangeri s’amputent, avant que la désarticulation ait pu être obtenue. C’est encore là, du reste, un point à élucider sur place, car nous ne formulons ici qu'une idée théorique. (2) Pour mon compte personnel, dès 1886, je me suis livré à des expériences d'autotomie sur des Crabes (C. mœnas) à Croix-de-Vie (Vendée); et voici les quelques remarques que j'ai pu faire alors : 4° Pour que le Crustacé brise lui-même sa patte, il faut, non pas seulement la tenir entre ses doigts pour l'empêcher de s'enfuir, non pas seulement l'at- tacher (comme l’a dit M. Frédéricq en 1886); cela ne suffit pas (quoique Huxley ait à tort prétendu le contraire pour l’rcrevisse) : il faut prendre soin de pincer notablement la patte (ce qui réussit toujours, surtout si l’on appuie assez fort pour écraser la carapace calcaire). Quand la pression est forte et subite, très brusque, c’est-à-dire quand l’animal est impressionné à limproviste, immédiatement il lâche sa patte et se sauve, surtout quand on opère sur la première patte. 2° De plus, il ne faut pas pincer en un endroit quelconque de la patte. La pression sur le dernier article et la moitié externe de l’avant-dernier ne pro- duit absolument rien (cela sans doute parce que l'innervation n’y est que très imparfaite.) [Remarque de H. de Varigny, 1886.] 32 MARCEL BAUDOUIN En tout cas, voici quels arguments on peut mettre en avant pour soutenir cette idée : ce qui revient ici à plaider la cause de l’autotomie, rendue déjà très probable par l'examen précé- demment fait des Carrasquena et Zapatera. 1° L'amputation spontanée de la pince est connue chez les Paqurus Bernhardus (de Varigny, 1886), Prirerudi, ançqulatus, et callidus ; et, d'autre part, F. Frédéricq (1886) a écrit : « Les formidables pinces des gros Crabes tourteaux (Plalycarcinus pagurus) tombent avec la même facilité que les membres grêles des Araignées. » Rien d'étonnant dès lors à ce qu’elle existe pour la patte à grosse pince des Gelasimus. 2 Ce qui doit nous faire admettre que, dans le cas du G. Tangeri, il y a autotomie et non désarticulation, c'est quil survit, et que sa patte repousse. S'il survit, c’est qu'il n ya pas hémorrhagie mortelle, et par suite probablement pas fracture traumatique, mais bien autotomie, qui, comme on le sat, esl le processus hémostalique par excellence chez les Crustacés (Frédéricq). 3° Chez les Crustacés, la patte de repousse, a dit Frédéricq, «est greffée sur le moignon de l’ancienne, au milieu du deurième article. C'est done également là que se fait la rupture chez l'animal vivant ». Cette phrase à elle seule prouve que, si chez le Gelasimus Tangeri, 1 y a repousse (ce qui est indiscutable), c'est que la pince primitive est tombée par ce mécanisme, et non par traumatisme, c'est-à-dire par fracture simple. — La remarque de de Réaumur, précédemment citée, plaide également en ce sens. C'est d’ailleurs M. Chantran qui paraît avoir affirmé le pre- mier que, pour les yeux de l'Écrevisse au moins (1), il est néces- sare, Si l'on veut voir la régénération se produire, de laisser subsister la base du pédoncule oculaire. D’après lui, quand l'arrachement est total, 1 n’y a aucune repousse. Dans ces conditions, comme les récents travaux sur l’ampu- tation spontanée montrent que la repousse des pattes n’a lieu que dans les cas de brisure aulotomique, et comme, dans (1) S. Chantran, Expériences sur la régénération des yeux chez les Écrevisses [G. R. Acad. des Sc., Paris, 27 janvier 1873 ; An. in Journ. d'Anat. et Phys., 1873, p. 250]. | LE GELASIMUS TANGERI Ja l'espèce, les pinces repoussent toujours, il nous semble qu'on est forcé, « posteriori, d'admettre pourle G. Tangeri une véritable autotomie, provoquée par la prise de l’animal, qu'on tire au demeurant plus ou moins violemment par la pince. Il résulte de cette remarque que les chasseurs andalous uüilisent en réalité l’autotomie, qui est, scienüfiquement, le phénomène primordial et indispensable pour que la régénération ait lieu. k x *# Conczusions. — C’est, je crois, la première fois qu'une telle utilisation est signalée dans un but commercial et culinaire; et c'est cette constatation qui nous paru présenter un intérêt assez grand pour justifier l'étendue donnée à cette note. Ce mémoire est d’ailleurs destiné surtout à provoquer des recherches com- plémentaires dans tous les points où vit en abondance le Gela- simus Tangeri. De là à songer à une sorte de Carcinoculture (qu’on nous pardonne ce néologisme, qui se comprend de lui-même) dans des parcs ad hoc sur le bord de l'Océan et les endroits propices, — au moins en Andalousie, où la vente des pinces estassurée, — il n'y avait qu'un pas; et nous l’avions déjà franchi dès 1888. Je suis stupéfait de constater que les Andalous n’y aient pas songé encore | * x *# Comment se fait-1l que tout ce que nous venons de raconter n'ait jamais atüré l'attention des naturalistes espagnols? Nous avouons ne pas le comprendre; mais cela tient sans doute à ce qu'ils n’ont pas attribué le moindre intérêt scientifique à cette coutume gastronomique, qui doit pourtant être citée dans des romans ou dans des publications relatives aux traditions locales. Notre ignorance de la littérature « folkloriste » d’Andalousie nous empêche d'aller plus loin dans cette voie; et nous aban- donnons encore ces recherches bibliographiques aux archéo- logues locaux, beaucoup mieux placés que nous pour les mener à bien. ANN. SC. NAT. ZOOL. Ill, 3 mn {à ik on jus Are | M” ù + ans sr 5 se d : ee Ua | AO ne wi £ de ru FT de DIE sl x ri F ss APTITUDES ET MOUVEMENTS DES ANNÉLIDES ESSAI DE PSYCHO-PHYSIOLOGIE ÉTHOLOGIQUE Par GEORGES BOHN DOCTEUR ES SCIENCES, FACULTÉ DES SCIENCES DE PARIS PREMIER MÉMOIRE. — FAITS (!) INTRODUCTION En février 1901, je terminais un « essai de physiologie évo- lutive, éthologique et phylogénique », intitulé « Des mécanis- mes respiratoires chez les Crustacés Décapodes », par les con- clusions suivantes : « des quantités infinitésumales de certaines substances chimiques apparaissant dans le milieu extérieur ou dans le milieu intérieur, souvent à la suite de variations ther- miques mperceplibles, modifient d’une façon considérable les mécanismes musculaires, et, par suite, les mécanismes respira- toires.… ; finalement des variations morphologiques sont sou- vent la conséquence de variations chimiques infiniment petites », et j'ajoutais : « on voit, d’après cela, que Je considère l’évolu- tion d'un Crustacé comme le résultat à la fois des influences physico-chimiques (molecular action, physiogénèse) et des in- fluences mécaniques (molar action, kinétogénèse), et je suis loin d'être de l'avis de Cope, le chef de l’école néo-lamarckienne, qui admet que l’évolution d'un animal relève surtout de la kinéto- génèse; chez l'animal, comme chez la plante, l'évolution est avant tout physiogénétique. » (1) Les mémoires suivants RTE la coordination des faits et les interprétations. 30 GEORGES BOHN En formulant ces conclusions, j'ai été victime d’une confu- sion de langage : j'ai employé les mots physiogénèse et kinélo- génèse dans des sens différents de ceux que leur avait attribués Cope; et je dois tout d’abord ici signaler mon erreur; Je le dois d'autant plus qu'elle à échappé à la plupart de ceux qui ont lu mon travail, et tout naturellement à ceux qui l'ont combattu le plus, — je dis : naturellement, cax ceux qui n’ont pas compris ce que j'avais essayé de faire étaient précisément ceux qui ne connaissaient pas les travaux et les idées de Cope et, d’une façon générale, étaient restés étrangers aux questions de philosophie évolutionniste. Quand on essaie d'expliquer les formes présentées par les êtres vivants, on peut chercher, ou simplement quels ont été les agents modificateurs des formes, ou, en outre, d’après quels mécanismes ceux-ci ont agi. Les agents modificateurs des formes peuvent être des agents chimiques, mécaniques, physiques, aussi bien chez les animaux que chez lés plantes. Les mécanis- mes d'action de ces agents peuvent se ranger dans deux grandes catégories : 1° la modification porte simultanément sur les diverses cellules, elle entraine une variation chimique de la matière vivante (physiogénèse) ; 2° la modification se transmet à des masses de cellules, elle entraîne une variation mécanique des divers appareils (linétogénèse) ; les modifications kinétogéné- tiques sont surtout présentées par les animaux qui possèdent le üssu musculaire et le tissu nerveux et chez lesquels une action locale peut entraîner la modification de tout un ensemble. Dans mon travail sur la respiration des Décapodes, je me suis efforcé d'expliquer les formes : j'ai recherché les causes modificatrices et les mécanismes de leur action; les faits et les enchainements de faits que j'ai donnés subsistent, mais, je dirais maintenant : « l’évolution du Crustacé, comme l'évolution du Mamnufère, est avant tout kinétogénétique ». Le Crustacé et le Mammifère possèdent une musculature développée, en rapport avec un squelette très important, externe dans le premier cas, interne dans le second. Le Dantec, à qui l'on doit d'avoir montré l'extrême importance de la distinetion entre la physiogénèse et la kinétogénèse, a insisté sur l'influence du squelette sur la fixation des formes : à toute variation de la ATTITUDES ET MOUVEMENTS DES ANNÉLIDES 37 composition chimique du protoplasma devrait correspondre une variation de forme, mais le squelette s'oppose passivement à celte variation. La physiogénèse devant entraîner facilement des modifications de forme là où le squelette est réduit à son mini- mum, il m'a paru intéressant de rechercher quelle à pu être la part de la physiogénèse dans l’évolution d'un Annélide? Je suis arrivé à la conviction que l’évolution de l’Annélide est aussi bien physiogénétique que kinétogénétique. Toutefois, je ne m'occuperai ici que des modifications qui relèvent de la kiné- togénèse, plus faciles à étudier que celles qui relèvent de la physiogénèse et qui donneront lieu, je l'espère, dans la suite, à d’autres mémoires. J'étudierai, non plus les mécanismes respiratoires comme pour les Crustacés, mais les mécanismes locomoteurs, c’est-à- dire que je cherchera la solution d’un problème un peu plus complexe. En effet, si les plantes et les animaux sont soumis aux mêmes agents (chimiques, mécaniques, physiques), lesanimaux, contrairement aux plantes, peuvent, par leurs mouvements, se soustraire dans une certaine mesure à cerlaines influences ; les procédés qu'ils emploient pour se soustraire à ces influences sont variés : chez les Crustacés, 1l en est de très simples, ceux que jai étudiés, et qui consistent en des changements de sens du courant respiratoire; chez les Annélides, je considérerai les variations incessantes et multiples des mouvements de trans- lation, et Je serai conduit à faire plutôt une étude « psycho- logique » qu'une étude « physiologique »; mais je limiterai la psychologie de ces animaux inférieurs à l’étude de l’ensemble des modifications molaires immédiates que lorganisme subit sous l'influence des variations chimiques, mécaniques, physi- ques, du milieu extérieur; ainsi, je pourrai faire cette étude psychologique par des méthodes vraimentscientifiques, je pourrai constater des faits précis et indiquer d'une façon rigoureuse les conditions dans lesquelles ils se sont produits; je ne me laisserai pas entraîner à idéaliser ces faits, et je ne les cataloguerai pas sous des noms empruntés au langage psychologique humain, d'autant plus que la psychologie humaine a été souvent elle- même idéalisée. Chez les animaux, le problème de la variabilité des formes peut devenir très complexe, car sa solution dépend 38 GEORGES BOHN de la solution même du problème psychologique dont les difficultés ont rebuté souvent aussi bien les métaphysiciens que les positivistes. Depuis Lamarck, la psychologie est devenue la base de la science de l’évolution ; avec les néo-lamarckiens, elle en est encore la base. Edmond Perrier montrait récem- ment qu'il faut chercher, avec Lamarck, les causes des modifi- cations d'un organisme dansle fonctionnement psycho-physiolo- gique de cet organisme et que la structure du corps est liée au fonctionnement, aux mœurs, à l'intelligence : « La sensibilité éveille l'intelligence; celle-ci, à mesure qu’elle s'étend, com- mande aux membres des mouvements de plus en plus en har- monie avec le genre de vie que les circonstances ont imposé à l'animal ; les organes s'adaptent de plus en plus complètement à ce genre de vie, ils fournissent à l'intelligence des renseigne- ments plus précis, grâce auxquelsson acuité s'accroît; ils devien- nentpourelle desinstruments plusdocilesse prêtant àdenouveaux perfectionnements qui ont leur répercussion sur les habitudes intellectuelles. » Cet enchaînement complexe de phénomènes, comme Je l’ai déjà fait observer dansle Pulletin de l'Institut in- ternational de psychologie, ne peut être bien compris que par ceux quise sontoccupésde psychologie comparée, qui ont expérimenté ou réfléchi au sujet de la sensibilité des animaux, des mouve- ments qu'elle entraîne chez eux, des associations de sensations et de mouvements, de l'évolution de l'intelligence, des habitudes et de leur transmission héréditaire. Connaissant la complexité du problème psychologique, je me suis limité, comme je l'ai dit plus haut, et je serai prudent dans les conclusions à tirer des faits (mémoires suivants). Dans son ensemble, mon travail sera un essai de psycho- physiologie éthologique. Je viens d'indiquer son objet; je veux insister maintenant sur la méthode que j'ai suivie, éar ce n’est pas celle de la plupart des physiologistes et des psychologues. Ceux-ci et ceux-là sont dominés par la conception anthropomor- plaque : ils sont restés médecins ou moralistes, je dirai plus, médecins ou moralistes aux vues étroites: ils voient l'homme partout, l’homme dans les animaux les plus inférieurs, comme ATTITUDES ET MOUVEMENTS DES ANNÉLIDES 39 si les manifestations d’un organisme aussi complexe que l’or- ganisme humain étaient les mêmes que celles d’un organisme unicellulaire, comme si les mots créés pour désigner les pre- mières pouvaient désigner les secondes. Si la biologie est une science si peu avancée, si elle n’est actuellement qu'un chaos de faits non coordonnés, il faut bien le reconnaître, c’est qu’elle a été arrêtée dans son évolution par la conception anthropo- morphique; aujourd'hui, on réagit, et c’est heureux pour l’homme lui-même, car les plus grands progrès de la médecine et de la science de la morale sont dus à des savants dégagés de la conception anthropomorphique : Pasteur aurait-il soupçonné et découvert le monde des Bactéries, s'il avait cherché dans tous les êtres les manifestations mêmes de l’homme? Je me suis toujours efforcé de voir la vie sous tous ses aspects, de suivre l’évolution de toutes les manifestations vitales depuis les êtres les plus simples jusqu'aux plus compliqués, de détermi- ner les variations fonctionnelles entraïnées par les divers habi- tats. À la suite de Cope, J'ai cherché à expliquer par ces varia- tions incessantes les variations de forme. IL existe une multitude de descriptions d’Annélides, dues à la patience admirable d’un grand nombre d’observateurs; je me suis appliqué à comprendre quelques-unes des formes décrites, celles que J'ai pu observer moi-même. À ce point de vue, mon travail n’est qu'un essai : il est fort incomplet, comme le travail sur les Crustacés, et je suis le premier à me rendre compte de ses imperfections; mais la science se fait par approximations successives : m'élant engagé dans une voie nouvelle, mes approximations sont encore forcément gros- sières. HISTORIQUE Dans ces derniers temps, les Annélides ont été, en dehors de la systématique déjà poussée très loin, l’objet d’un très grand nombre de publications : la théorie évolutionniste est venue donner un intérêt particulier à l'étude de ces animaux, qui sont maintenant considérés par tous les zoologistes comme très voisins de la souche ancestrale des Vers, des Arthropodes, des Mollusques, des Vertébrés… des Échinodermes. Mais parmi ces travaux, les uns (la plupart) ne concernent que la mor- phologie, les autres (quelques-uns) ne concernent que la physiologie; certains renferment çà et là quelques détails étho- logiques; bien qu’on trouve dans presque tous des esquisses de l'arbre généalogique des Annélides, presque aucun n’a été inspiré par les idées néo-lamarckiennes et n’a cherché à expli- quer la morphologie par la physiologie et la physiologie par l'éthologie. Un certain nombre de familles d’'Annélides ont donné lieu à des monographies. En 1887, Eisig donna, in Faunaund Flora des Golfes von Neapel, la première : « Die Capitelliden » ; ce travail, qui contient une foule de faits biologiques intéressants, par sa grande valeur philosophique, a provoqué la publication d’études du même genre, en apparence du moins, car il na jamais été vraiment imité. Ces études monographiques sont : 1° les Syllidiens, par Malaquin [1893]; 2° les Phyllodociens, par Gravier [1896]; 3° les Aphroditiens, par Darboux [1899| ; 4° les Ampharétiens, par Fauvel [1897]; 5° le Chétoptère, par Joyeux- Laffuie [4890]; 6° les Serpuliens, par Soulier [4891]; les trois premières familles offraient cet intérêt particulier d'être voi- sines de la souche ancestrale présumée des Annélides. Ces tra- vaux sont presque purement anatomiques : toutefois, dans la ATTITUDES ET MOUVEMENTS DES ANNÉLIDES 41 thèse de Malaquin, on trouve des détails biologiques sur la respiration, sur les divers modes de reproduction ; dans la thèse de Darboux, à côté des recherches anatomiques et d'observations physiologiques sur les élytres et sur les diverticules de l'intestin (organes les plus caractéristiques du groupe), une place considé- rable est faite d’une part à l’éthologie, d'autre part à l'étude de la morphologie externe. Je dois signaler à ce propos le haut intérêt des Études de Morphologie externe chez les Annélides de Mesnil [1899]. Quelques mémoires de Fauvel, par les considérations étholo- giques qu ils renferment, ont été lus par moi avec profit (entre autres : 1900, 1903); le mémoire sur le tube des Pectinaires est biologique, et il m’amène à citer le fort joli mémoire de Watson [1895] sur la construction du tube de la Panthalis Oerstedi. Deux thèses ont été consacrées à la physiologie des Annélides. Bounhiol à étudié leur respiration 1902), mais, dans ses re- cherches expérimentales, il a tenu compte d’une façon défec- tueuse des diverses conditions de vie réalisées dans le milieu extérieur (Voy. Bohn, 1908, c et d). Ferronnière [4904}, au contraire, s’est parfaitement rendu compte de l'importance du point de vue éthologique (Faune supra littorale) ; son travail con- tient une foule de faits intéressants, d'idées suggestives, d’une certaine importance pour la résolution du problème psycholo- gique, dont Je parlais dans l’Introduction. Ferronnière observe ce qui se passe lorsque l’on change les conditions de vie d’un Annélide : 1l obtient des réponses nouvelles par des excitations nouvelles, des échanges nouveaux pour un milieu nouveau ; parfois les réactions sont insuffisantes ou mal dirigées et la mort survient; mais, grâce à ces réactions, l'animal peut aussi parvenir à un nouvel état d'équilibre et continuer à vivre : 1l regagne le milieu normal, il acquiert une protection efficace contre les influences néfastes, ils’acclimate. L’acclimatation peut se produire sans entraîner des changements bien appréciables, ou bien en entraînant des modifications sensibles tant dans les mouvements de l'organisme que dans la composition des tissus. « Les modificalions des mouvements entraineront forcé- ment, dans une certaine mesure, l’atrophie de certains muscles 49 GEORGES BOHN devenus inutiles, le développement en force de certains autres toujours en activité ; des contractions ou des attitudes devenues habituelles amenant des ankyloses, des atrophies ou des défor- mations ; des usures, des irritations des téguments, etc. Tandis que les modifications des échanges amèneront des changements dans la composition des tissus, dans le fonctionnement des glandes, dans les pigments, etc.; certains organes ne fonction- nant plus entreront en régression d’une facon quelconque; tandis que d’autres, fonctionnant trop ou anormalement, réagi- ront séparément comme l'organisme entier lui-même. En résumé, nous aurons Modification, non seulement physiologique, mais anatomique de l'espèce... » (p. 403). On le voit, Ferron- nière, lui aussi, à compris toute l'importance du problème de l'explication physiologique des formes. Son travail est un essai, el par suite une approximation encore grossière, mais 1] con- duira certainement à des approximations plus rigoureuses ; par son intérêt et par les travaux qu'il suscitera, il comptera parmi les essais les plus utiles à la biologie. Il APERÇU SUR L'ORGANISATION ET LE FONCTIONNEMENT DES ANNELIDES. S 1. — INDIVIDUALITÉ MORPHOLOGIQUE ET PHYSIOLOGIQUE. Dès que l’on aborde l'étude morphologique ou physiologique d'un Ver annelé, on est conduit infailhblement à se demander si ce Ver est formé d’individualités distinctes, — s'il constitue lui-même une individualité? En voulant répondre à cette double question, on risque fort de faire fausse route, d'être vic- time d'illusions créées par le langage, car le mot #7dividualité est précisément un de ces mots qui ont été employés dans de multiples acceptons différentes, qui figurent à la fois dans divers vocabulaires : ceux des morphologistes, des anatomistes, des histologistes, des physiologistes, des psychologues, des embryologistes, des éthologistes.… L’individualité désigne un tout, mais un tout n'est forcément qu'une notion toute relative, ne dépendant guère que de celui qui l’envisage ; lindividualité morphologique est différente de l'individualité embryogénique [Bohn, 4892]. Au point de vue auquel je compte me placer ici, il serait surtout intéressant de considérer l’individualité physiologique ; mais on peut l’envisager elle-même de bien des façons différentes. Hæckel distingue trois ordres d’indi- vidualités physiologiques, qu'il appelle du nom de bions : les bions actuels, les bions virtuels, les bions partiels. « Le hion actuel, c'est l'individualité physiologique que présente l’indi- vidu morphologique arrivé à la dernière phase de son dévelop- pement, c’est l’individualité physiologique définitive (adultes). Le Dion virtuel, c'est l'individualité physiologique de lindi- vidu morphologique pris dans l’une quelconque des phases 44 GEORGES BOHN qu'il traverse pendant son évolution: c'est l'individualité physiologique transitoire (embryons, larves). Le bion partiel, c’est l’individualite morphologique d’une partie de l'individu morphologique, qui, détachée de l’ensemble auquel elle appartenait, est susceptible de mener pendant un certain temps une vie indépendante sans pouvoir toutefois recons- ütuer l'individu complet. » Ces distinctions montrent qu'en envisageant l'individualité physiologique, on envisage en même temps lindividualité morphologique (tous les bions) et lindividualité embryogénique (bion virtuel) ; remarquons qu'un bion partiel peut devenir virtuel, s'il est susceptible de régé- nérer le bion actuel. Certains auteurs distinguent l’individualité physiologique de l’individualité psychologique, comme si le mot psychologie avait une signification précise et s’opposait à celui de physiologie. Lorsque l'ont voit de longs Euniciens, formés de centaines d’anneaux, qui se mordent, avec les mâchoires buccales, les anneaux postérieurs, on est tenté, tout en recon- naissant à ces Vers une individualité physiologique (établie par les communications sanguines), de nier leur individualité psy- chologique. Nous risquerions fort, si nous nous placions sur ce terrain dangereux, de ne point faire avancer la question. Il est préférable de classer les faits bien observés dans un ordre logique sans se préoccuper de les faire rentrer dans des catégories le plus souvent factices. Je vais rappeler ici une série de faits relatifs aux Annélides et reconnus par tous. 1% Fair. — Le corps de l’Annélide, arrivé à son complet déve- loppement, est constitué par la succession linéaure de parties fonda- mentalement semblables entre elles, les segments, mérides 0 zoonites, mas susceptibles de se différencier de manière à constituer diverses régions du corps. 2° Fair. — Le corps de l’Annélide, au cours de son développe- ment, se constitue progressivement par l’adjonction à une partie initiale et indivise (la future têle) de parties indivises (les futurs segments), qui se forment successivement, suivant certaines lois, et se diff érencient presque aussitôt après leur formation. *ATTITUDES ET MOUVEMENTS DES ANNÉLIDES 45 « Les Annélides sont au moment de leur éclosion réduits à leur tête ; cette tête, qui n'est plus tard qu'un segment de l'animal comme les autres, vit à l’état d'individu parfait et se suffit complètement ; elle engendre tous les autres segments... Il est intéressant de voir combien peu de segments suffisent dans certains cas pour que l’Annélide présente déjà tous les caractères du genre auquel il appartient. Les Néréides adultes n'ont guère moins d’une centaine d’anneaux ; les larves sont déjà reconnaissables, présentant des mâchoires, des antennes, des soies de Néréides alors qu’elles ne sont encore formées que de cinq ou six anneaux. Ce petit nombre d’anneaux, bien carac- térisés, suffit pour constituer un individu... Chez les Anné- lides sédentaires dont le corps est divisé en régions distinctes, chacune de ces régions acquiert une individualité et se déve- loppe indépendamment des autres parties ; ainsi chez les Téré- belles, la région thoracique qui porte les branchies ne commence à se développer [par intercalation d’anneaux] que lorsque l’ani- mal possède déjà 38 à 40 segments. » J'ai remplacé dans cette cilation, extraite des C'olonies animales de Ed. Perrier, certains termes spécifiant l'individualité des segments par d’autres ; ainsi je ferai dans ce premier mémoire, {ant que J'exposerai impartialement les faits; aussi, quand par la suite Je montrerai que ces faits conduisent forcément à la {héorie coloniale, on ne pourra pas me reprocher d’avoir été guidé par une idée préconçue. 3° Fair. — Le corps de l’Annélide peut se partager ou être divisé en tronçons, qui, en général, continuent à vivre un certain lemps, el qui, souvent même, régénèrent le corps entier. Les trois premiers faits sont relatifs à l’individualité définitive (bion actuel), à Vindividualité passagère (bion virtuel) et à l'in- dividualité partielle (bion partiel) d'un Annélide, mais, dans leur énoncé, je n'ai pas fait intervenir ce mot indimdualité, inutile et dangereux. Les trois faits suivants sont relatifs égale- ment à l'individualité de l'Annélide : ils concernent les moure- ments associés, les mouvements transnus, les mouvements partiels présentés par l’Annélide. 46 GEORGES BOHN 4° Fair. — Les mouvements présentés simultanément par les divers segments du corps sont en général associés, coordonnés de manière à avoir une résultante efficace (dans la suite, on verra qu'il n’en est pas forcément ainsi). Cela est assez nécessaire dans une chaîne rectiligne. « Les deux segments terminaux jouissent d’une certaine indépen- dance; s'ils sont libres de toute adhérence avec le sol, ils peuvent se rétracter sur eux-mêmes, se replier dans tous les sens, sans réagir sur les anneaux intermédiaires ; mais il suffit qu'un de leurs points devienne fixe, même temporairement, pour que tous les anneaux de la chaîne ressentent nécessaire- ment les moindres mouvements des parties situées entre eux et le point fixe. Tout mouvement de contraction du premier seg- ment, en arrière de ce point, a pour effet de ramener vers lui la chaîne entière des anneaux ; tout mouvement d'expansion refoule, au contraire, cette même chaîne en arrière. Que l’un des deux segments terminaux se déplace, il traîne nécessaire- ment après lui tous les autres et les force à se déplacer de la même quantité; quant aux segments intermédiaires, aucun de leurs mouvements ne peut passer inaperçu pour le reste du corps, qu'ils se resserrent ou s’étalent, ils rapprochent ou écartent inévitablement tous les segments entre lesquels ils sont compris. » [Ed. Perrier, Colonies.]| 9° Fair. — Toute déformation subie par un segment est, en général, subie immédiatement après par le segment immédiatement antérieur ou par le segment immédiatement postérieur, et ainsi de suile. C’est ce que Ed. Perrier indique nettement dans ses Colonies animales, non seulement pour les mouvements externes, mais encore pour les mouvements internes : « Entre les diverses cavités des segments, les communications s'établissent d’elles- mêmes ; tous les fluides sont mis en commun ; la moindre pres- sion exercée par l’un des individus détermine aussitôt en eux des mouvements qui se transmettent, sans aucune déperdition de force, d’un bout à l'autre de la chaîne. » J'ai décrit récem- ment les ondes musculaires, respiratoires et locomotrices, qui se transmettent dans la paroi musculaire cylindrique du corps des ATTITUDES ET MOUVEMENTS DES ANNÉLIDES 47 Annélides, souvent d’une extrémité à l’autre, dans un sens ou dans l’autre [Bohn, 4902]. Ces mouvements peuvent être déter- minés facilement par une excitation chimique, mécanique, physique, qui porte en un point ; en ce point, l’onde se forme el se propage en général dans un seul sens à la fois, sans que le système nerveux ganglionnaire semble intervenir, car chez une Sangsue, par exemple, les ondes subsistent même si on enlève les ganglions nerveux de la chaîne ventrale, si on sec- tionne les vaisseaux et saigne l'animal [Bohn, 1903]. 6° Fair. — Toutefois, chez certains Annélides sédentaires (Géphyriens), comme chez beaucoup d’Invertébrés d’ailleurs, la contraction musculaire provoquée peut rester localisée en un point du corps. Ceci m'a conduit à distinguer dans mes recherches (première approximation) trois sortes de réactions motrices : 1° réactions locales ; 2° réactions transmises par voie musculaire (ondes mus- culaires, 5° fait) ; 3° réactions transmises var voie nerveuse (T° fait). 1° Fair. — L'impression nerveuse d’un segment peut déterminer un mouvement d’un segment distant. Dans certains cas, par exemple, l'impression d’une ombre par les organes visuels céphaliques peut entraîner un mouvement ondulatoire très net des anneaux postérieurs (Voy. plus loin). La transmission des impressions nerveuses peut être envi- sagée à deux points de vue : 1° prédominance de certains seg- ments sur d’autres (hiérarchisation) ; 2° étendue de la transmis- sion d'une impression. 8° Farr. — En général, ce sont les impressions nerveuses des segments antérieurs provenant du milieu extérieur qui sont trans- muses aux autres segments, quelquefois ce sont celles des segments postérieurs. Inversement, vers ces mêmes segments se transmettent une foule d'impressions provenant de l’activité musculaire des diverses régions du corps. « Les segments ne sont pas absolument équivalents entre eux ; l’un d'eux, le plus ancien, s’est trouvé, de ce chef, investi 48 GEORGES BOHN _des fonctions de mouvoir et de nourrir l'embryon..., obligé de chercher et d'ingérer la nourriture, on pourrait presque dire d’avoir l'initiative, c’est lui qui détermine l'avant du corps. Seul il peut choisir la route à suivre, aller en avant et reculer, modi- fier l'allure générale, accélérer et ralentir les mouvements ; il doit être à chaque instant informé des dangers que peut courir chacun des autres segments : à lui doivent aboutir toutes les impressions, à lui de les apprécier et de réagiren conséquence.….; le segment antérieur devient prédominant au point de vue des fonctions de relation, il devient /a tête. » |Ed. Perrier, Colomes. | 9° Fair. — Souvent, quand le corps est très lonç, les impres- sions du segment antérieur ne se transmettent pas dans toute la lonqueur du corps. On peut interpréter les faits précédents en considérant, avec Ed. Perrier, le corps d’un Annélide comme une colonie linéaire d'individus qui ont bourgeonné les uns sur les autres. Chaque segment serait un de ces individus, d’où le nom de zoide, de méride, qui lui est attribué dans la théorie coloniale. Les zoïdes, ou individualités morphologiques composantes, se seraient dif- férenciés physiologiquement, et en même temps se seraient intégrés, c'est-à-dire se seraient unis, se seraient subordonnés les uns aux autres, pour former par leur connexion, leur coopé- ration, leur hiérarchisation, une individualité physiologique, voire même psychologique, l'Annélide. | On a essayé d'interpréter les faits autrement : lAnnélide serait #n tout, qui, par nécessité physiologique, se serait par- lagé en comparliments distincts. Cette nécessité physiologique serait, ou bien une nécessité de nutrition, ou bien une nécessité locomotrice. La nécessité d’une nutrition abondante pourrait entrainer des plissements du tube digestif; mais cela ne s’ob- serve pas en réalité. Je rejette, d'autre part, l'opinion d'après laquelle Ia segmentation du corps est déterminée par la loco- motion ; Jai montré, et je montrerai dans les mémoires qui suivront celui-ci, que la segmentation est une gêne pour les mouvements de natation et de reptation. ATTITUDES ET MOUVEMENTS DES ANNÉLIDES 49 2. — CONSTITUTION ET FONCTIONNEMENT D UN SEGMENT DU CORPS (zoïpe), n'après Ep. Perrier | Traité de Zoloogie, Masson |. I « Un segment de Polychète type «le plus primitif » etle plus complexe] porte, de chaque côté, lorsqu'il présente son maxi- mum de complication (fig. 1) : 1° deux rames pédieuses ou para- podes (P), dans lesquelles sont implantées des sotes locomotrices ; 2 un cure ventral placé immédiatementau-dessous du parapode ventral; 3° un cure dorsal (C) placé au- dessus du parapode dorsal : 4° une branchie (Br) située sur le dos, en dedans du cirre dorsal. L'absence sur toute la longueur du Corps Fig. 1. — A oo de Zoologie. de l’un des cirres, ou de tous les deux, celle de la branchie s'observent fréquem- ment. » La paroi de chaque segment est constituée par les couches suivantes : 1° une cuficule; 2° un épiderme ; 3° un derme; 4° une membrane basale ; 5° une couche de fibres musculaires circulaires ; 6° une couche de muscles longitudinauxr (interrompue); 7° un revêtement péritonéal. Le tissu museulyre est entremèêlé de hissu conjonclüif; suivant les régions, lun ou Pautre peut prédominer. Les mouvements propres à chaque segment sont dus à la contraction de la couche musculaire à fibres circulaires, peu épaisse et continue (variations de diamètre du cylindre, resser- rements suivis de dilatations) et à la contraction de muscles obliques, à savoir : 1° muscles moteurs des acicules et des soies ; 2° muscles moteurs des parapodes; ces derniers partent de la ligne médiane ventrale, les uns au niveau de la cloison anté- rieure du segment, les autres au niveau de la cloison postérieure, pénètrent dans la cavité du parapode et s'y élalent de manière à en tapisser complètement les parois; 1ls peuvent ainsi porter les parapodes, soit en avant, soit en arrière, el aussi, en rétré- ANN. SC NAT. ZOOL. Ill. 4 90 __ GEORGES BOHN cissant le segment par leur contraction, faciliter son allonge- ment momentané durant la locomotion. Les segments sont séparés par des cloisons plus où moins complètes que franchissent les quatre faisceaux formés par les muscles longitudinaux. S 3. — DIFFÉRENCIATION DES SEGMENTS. Les segments peuvent se différencier. La différenciation porte surtout sur les organes des sens, sur les branchies, et sur les parapodes. 1° Organes des sens. — Ils se différencient surtout sur les segments antérieurs (tentacules tactiles, yeux..….). 2° Branches. — Les branchies n'existent guère que chez les Polychètes. Ce sont des digitations formées par le plissement des téguments du corps, traversées par un courant sanguin, mais qui n’ont qu'un rôle accessoire dans la respiration, comme il à été reconnu depuis très longtemps. Je les considère surtout comme des organes sensoriels ou moteurs jouant un rôle impor- tant dans les courants respiratoires (que Je n’envisagerai ici qu'au deuxième plan). Très souvent l’épithélium des branchies est clié (Spio, Aricia…) ; chez ces formes les branchies sont des filaments simples; chez les Euniciens et les Térébelliens, on passe progressivement des branchies simples aux branches ramifiées. Chez les Arénicoles, les branchies sont bien dévelop- pées sur les segments de la région moyenne du corps, tandis que chez les Térébelles, les Serpuliens, elles sont céphaliques. 3° Parapodes. — Les parapodes présentent des variations considérables chez les Polychètes mêmes. L'un d'eux peut faire défaut \Sylidiens, nombreux Phyllodociens et Euniciens) et par- fois tous les deux sont indistincts. L'un d'eux peut se différen- cer par rapport à l’autre; je montrerai que ce fait est capital au point de vue de la locomotion. « Chez beaucoup de formes d'Anrélides tubicoles, il en est ainsi : la rame dorsale, quand elle existe, est ordinairement tuberculiforme, la rame ventrale est encore en forme de pinnule chez les Sabellarides et les Ampharétiens, mais chez les Arénicoles, les Maldaniens, les Térébelliens et les Sabelliens, elle est transformée en un bowr- ATTITUDES ET MOUVEMENTS DES ANNÉLIDES )1 relet allongé transversalement, qui porte de nombreuses soies en forme de crochet ou des plaques chitineuses dentées et qu'on appelle pour cette raison le {ore uncinigère. La rame ven- trale se transforme également en tore uncinigère dans la région postérieure du corps des Capitellidés, dont les parapodes dorsaux sont tubercuhiformes et rétractiles ou même peuvent affecter la forme de véritables tores, quelquefois confondus sur la ligne médiane d'un certain nombre de segments (Notomastus late- riceus) » [Traité de Zoologie de Ed. Perrier]. Les Annélides tubicoles sont caractérisés souvent aussi par des renflements symétriques ventraux dans chaque segment (bouchers ventraur); ceux-ci sont dus à ce que dans la couche musculaire le Uissu conjonctif prend un grand développement ; il est entremêlé de cellules glandulaires. Je rechercherat les raisons mécaniques qui déterminent la formation de ces boucliers ventraux et la transformation des parapodes en tores uncinigères ; les frottements agissent, comme chez les Crustacés, sur la chitinisation ; les pressions s'exerçant sur le Lissu musculaire amènent son remplacement par du tissu conjonctf; cela rappelle la transformation progressive de cer- tains muscles en tendons, constatée par Anthony chez les Vertébrés. S 4. — DIVERSES RÉGIONS DU CORPS. Parfois les segments différenciés peuvent se grouper en régions parfaitement distinctes: tête, thorax, abdomen. Chaque région à une certaine indépendance par rapport aux autres ; ainsi chez les Térébelliens, où le thorax, qui apparaît tardive- ment, est une région différenciée en vue d’une nécessité loco- motrice. Quand tout le corps ou quand une région du corps est très différenciée, le nombre total des segments ou le nombre des segments qui constituent la région tend à devenir fixe. $ D. — VARIATIONS DU NOMBRE DES SEGMENTS. Le nombre des segments, sauf chez les Hirudinés, varie à e) 1 l'intérieur d'une même famille d’une espèce à l’autre, et dans b2 GEORGES BOHN une même espèce d’un individu à l’autre, comme l'indique le tableau suivant, relatif aux Annélides les plus communs de nos côtes : Phyllodociens tes eee 41 à 900 Phyllodoce laminosa........ 485 900 (de St-Joseph). HÉSIONIENS EE rec eRre 19 48 EyYcoriIdiEnsE RP PERRECRRRREr » 140 Aphroditiens Pre ter RCTrRE 25 20% Polynoe scolopendrina....... 53 82 (de St-Joseph). Euniciens. Nes OR 22 458 SPLOtITEN EN EE EEE CAN 47 234 NephthYdien SRReEEEE ECS 94 150 GiNCérIEN se RME RNA 161 410 APICIENS 2 ASE PEN PR LEE 200 375 Méldaniens FMPEMERE ARE RANES 20 29 (sétigères). Cirratuiens termes Re r 84 355 Térébelliens: 5222802 Rien ne » 275 DÉPDUIIENS 5. PACE REPARER 34 630 Chez certains Vers de terre, le nombre des anneaux continue à croître pendant toute l'existence. Dans quelques familles de Polychètes (Aphroditiens, Hésio- miens, Maldaniens...), le nombre des segments tend à se fixer ; il devient caractéristique des espèces chez les Hirudinées ; là, l'intégration des anneaux est poussée au maximum et la régé- nération est faible. J'aurai à rechercher les agents chimiques et mécaniques qui favorisent la formation des segments ou l’arrêtent. 11 APERÇU SUR L'HABITAT ET LE GENRE DE VIE DES ANNÉLIDES S 1. — CLASSIFICATION ÉTHOLOGIQUE DES ANNÉLIDES. La classification des Annélides est une classification étho- logique. / Re à HAE (A. errants (Phullodoce, ...). bas marins POLYCHÈTES........ } A. sédentaires (Sabella, ….). GÉPHYRIENS. Annélides d'eau douce ou terrestres......, OLIGOCHÉTES. | Annélides parasites... HiRUDINÉES. ATTITUDES ET MOUVEMENTS DES ANNÉLIDES 53 Je montrerai dans ce mémoire que les familles de PoLycnères sont souvent caractérisées par un genre de vie spécial. 9. — DISTRIBUTION BATHYMÉTRIQUE DES ANNÉLIDES MARINS. U7£2) La distribution des Annélides marins, suivant les profon- deurs, a donné lieu à des controverses ; 1l en a été de même au sujet de la distribution des Algues; ce n’est pas surprenant, car ces deux questions sont connexes l’une de l’autre. C’est ce dont paraît s'être rendu compte Fauvel, qui étudie la distribution des Polyehètes sur les côtes de Cherbourg [1900/. « À propos d’AI- gues, je dois faire remarquer, dit-il, que la théorie classique de la succession graduelle des Algues vertes, brunes et rouges, à mesure qu'on descend du niveau supérieur des marées vers la haute mer, ne se vérifie nullement aux environs de Cherbourg. Ainsi Pelvetia canaliculata, qui est une Algue brune, se trouve à un niveau beaucoup plus élevé que les Ulves, et peut rester plusieurs jours à sec. Dans une même mare, on peut recueillir à la fois des Laminaires, des Cystosira, et beaucoup d’autres Algues brunes, avec des Algues vertes telles qu'Ulra, Entero- morpha, Cladophora, en compagnie d’Algues rouges : RAodhy- mena, Nitophyllum, Corallines, etc... Les mares à Lihotham- num, à riche végétation d’Algues de tous les groupes, peuvent exister à un niveau découvrant à toutes les marées, lorsqu'elles sont creusées au sommet de rochers assez élevés. La seule con- dition est quelles soient étanches, que l’eau ne vienne pas à s'écouler à mer basse. Ce n’est done pas l'intensité de la lumière qui intervient dans la distribution bathymétrique des Algues vertes, brunes et rouges. Ces dernières, les formes calcaires spécialement, ont besoin pour vivre d’être constamment immer- gées. Si des mares étanches leur fournissent ces conditions, elles s’y développent, même à un niveau très élevé et très éclairé : sur les grèves, où l’eau n’est pas retenue dans des euvettes rocheuses, elles ne dépassent guère le niveau des très basses mers. Lorsqu'une fissure se produisant permet à l'eau d'une mare à Lithothamnium de s’écouler pendant la marée basse, ceux-c1 ne tardent pas à périr ainsi que les Corallines. » Ces faits sont très intéressants et pourront avoir des consé- 04 GEORGES BOHN quences très importantes pour la Biologie marine, à la condition que l’on cherche leur signification. Tout d’abord au lieu de dire que les formes calcaires ne peuvent vivre que dans certaines conditions, il serait peut-être préférable de dire que dans cer taines conditions d'habitat les Algues se sont mises à sécréler du calcaire. Par conséquent, il serait intéressant d'analyser la succession des phénomènes qui conduit à la calcification et qui est beaucoup plus complexe qu'on pourrait le croire au premier abord : d’autres facteurs que la succession de limmer- sion et de l’émersion interviennent certainement dans le triage des espèces; je serais assez tenté de croire que le degré de renouvellement de l’eau joue un rôle capital. Jai attiré l'attention depuis longtemps déjà [1898, aet b, 1899, 1901, a, d, etc.] sur l'existence dans la mer, à diverses profon- deurs, de colonies constituées par des formes spéciales d'Algues et d’Animaux (Crustacés, Annélides..….) : — aux environs de Saint-Vaast-la-Hougue, 1° à marée basse, entre les Fucus ser- ratus et les Laminaires, mares à Corallines (©. oflicinalis el Jania rubens); 2° à une profondeur de 20 à 25 mètres, parmi les fonds à coquilles d'Huîtres trouées, tlots occupés par des Algues rouges calcaires, les Croix-rouges où Liüthothamnium ; — à Cherbourg et en beaucoup de points de la côte de Bretagne, à divers niveaux (le plus élevé, au-dessus des Fucus ou à leur limite supérieure), mares à Lithothamnions ; — à Marseille, 1° le long des Iles, au niveau de la surface libre de l’eau, un « trottoir coralligène », sorte de bourrelet calcaire formé par des Algues, Melobesia corallina, Liüthophyllum incrustans, L. cristatum, Am- pluroa, Corallines, au-dessous desquelles se trouvent des Cys- toseires, au milieu desquelles se rencontrent parfois des Dictyota, des Halyseris, ete.; 2° à 20-25 mètres, en bordure des prairies de Posidonia, des graviers coralligènes et à Bryozoaires (Broundo des pêcheurs marseillais). Toutes ces colonies paraissent être en relalion avec des acei- dents de terrain, fosses et dépressions, hauts fonds, bordures d'îles, — en des points ayant des orientations déterminées, — accidents qui viennent modifier les mouvements divers qui se . produisent dans la masse d’eau et par suite le renouvellement du milieu aquatique. D'une façon générale, Pruvot [1897] avait Se ATTITUDES ET MOUVEMENTS DES ANNÉLIDES Do insisté sur ce fait que les différentes zones bathymétriques ne doivent pas être attribuées uniquement aux différences de temps d'immersion par la marée, car elles se retrouvent, moins nette- ment il est vrai, dans la Méditerranée, malgré l'absence de ma- rées. « Cette cause, toutefois, pour ne pas être unique, n’en a pas moins une très grande importance; mais il faut y Joindre la dis- tribution de la lumière, l’état d'agitation plus ou moins grand, et, par suite, l’état d'aération de la mer et les mouvements plus ou moins violents des eaux. Je ne parle pas de la différence et de la nature des eaux, qui influent sur Le facies dans le sens hori- zontal. » [Ferronnière, 49014.] Ceei explique plus ou moins les accidents locaux de la zone littorale, et aussi ceux des profon- deurs. Les différences dans les mouvements de l’eau peuvent entrat- ner des variations chimiques. C'est sur celles-ci que j'ai essayé d'attirer l'attention dans une série de notes, de mémoires, d’ar- ticles parus depuis 1898 ; j'ai constaté en effet que l’eau qui baigne les « colonies coralligènes » a des propriétés toutes spéciales : action colorante sur certains réactifs (phtaléine du phénol, tein- ture de tournesol), action spasmodisante sur les muscles, action sur les cils vibratils. Comment se sont réalisées ces modifications locales de la composition chimique de l'eau de mer ? H est difficile de répondre à cette question pour le moment; des recherches expérimentales seraient nécessaires pour se rendre compte de l'influence de l'agitation mécanique de l'eau sur sa composition chimique; j'ai entrevu plus nettement les réactions des orga- nismes vis-à-vis de l’eau de mer: absorption de CO? par certains organismes, rejet de AZEF par les Algues rouges, formation de carbonate d'ammoniaque dans les organismes, formation de carbonate de chaux, réactions simultanées dans l’eau de mer... La faune spéciale des mares à Lithothamnions à été bien décrite par Ferronnière, qui compare la faune des mares de Bre- tagne à celle des mares de Normandie [Caullery et Mesnil, 1898] et à celle des trottoirs coralligènes du golfe de Marseille Marion, 1883], et surtout suit, avec beaucoup de sagacité, l'évolution des faunes des mares supra-littorales; il distingue : 1° mares à salure variable, à faune peu riche (Oligochètes, quelques Serpuliens.…); 2 mares à salure peu variable, à faune d'autant plus riche qu’elles sont plus profondes et plus abritées (Serpuliens, Nereis 56 GEORGES BOHN longipes, Capitella capitata,..…); quand leau est tout à fait à l'obscurité, il se développe de nombreux Spongiaires, où se trouvent diverses espèces d’Annélides, qui ne remontent pas d'ordinaire si haut; 3° mares à Lithothamnions, caractérisées par l'apparition progressive d’Algues incrustantes ; la faune en Annélides est la suivante : SYLLIDIENS RENE Divers Syllis. RAT Diverses Eulaliu. PHYLLODOCIENS . . L à Phyllodoce laminosa (très rare). HÉSIONIENS ....... Kefersteinia cirrata (rare). LYCORIDIENS....... Diverses Nereis. : Pholoe synophthalmica et minutu (rare). APHRODITIENS .... À Polynoe fuscescens. | Sthenelaïs idunae (rare). SPIONIDIENS........ Diverses Polydora. ç Dodecaceria concharum. | Cirratulus filiformis (?) ‘ Polycirrus hematodes et caliendrum. TÉRÉBELLIENS... ,.. Terebella sanguinea. l Polymnia nesidensis. Fabricia sabella. Mera pusilla. Potamoceros triqueter. Spirorbis borealis. CIRRATULIENS.... SERPULIENS Il y a des variations avec les saisons, la profondeur, etc. La considération des mares à Lithothamnions est des plus importantes ; elle nous montre comment un accident local peut venir modifier la distribution bathymétrique des Algues et des animaux, comment des animaux que l’on rencontre habituelle- ment dans les fonds peuvent vivre près de la surface. La distri- bution bathymétrique des Annélides admise par Ehlers [1874] n'est vraie que pour des localités restreintes. Les Annélides se distribuent plutôt par habitats. S 3. — DIVERS HABITATS DES ANNÉLIDES. Les habitats sont caractérisés, ou bien par le relief environ- nant et la nature de l’eau (mares à Lithothamnions, estuaires saumâtres, marais salants...), ou bien et surtout par la nature du substratum : rochers, sable, vase, zostères, coquilles, tubes. ; il y à à tenir compte, — pour les rochers, de leurs carac- tères pélrographiques, de leur dureté, de l’état de la surface, ATTITUDES ET MOUVEMENTS DES ANNÉLIDES Où des anfractuosités et des fentes, du contenu de celles-ci (limo- neux ou non)..., — pour le sable, du degré de mobilité, de la profondeur, de l’état d'humidité, ete. Je m'efforcerai dans ce travail de déterminer avec autant de précision que possible les facteurs chimiques, mécaniques et physiques, qui caractérisent les divers habitats. S 4. — DivERS GENRES DE VIE. Aux divers habitats correspondent divers genres de vie : vie errante parmi les rochers, vie nageuse,.….. vie migratrice dans le sable, vie fouisseuse proprement dite, vie tubicole, vie com- mensale, vie dans les coquilles... ; ce premier mémoire, com- prenant les faits, sera en somme un erposé de l’évolution des genres de vie et des modes de locomotion. III ANNÉLIDES ÉTUDIÉS - 1 LOCALITÉS DANS LESQUELLES ILS ONT ÉTÉ ÉTUDIÉS Voici la liste des espèces sur lesquelles ont porté mes obser- valions : SYLLIDIENS . . a. PHYLLODOCIENS .. Le HÉsroNIENS se LYCORINIENS... .. APHRODITIENS ( ( 15-AT. Harmothoe (Trois espèces). 18. 19 . Syllis (Divers). Le viridis Müller. . Eulalia (Deux autres espèces). à Phyllodoce laminosa Say. . Eteone foliosa Qfg. . Kefersteinia cirrata Kef. Ophiodromus flexuosus D. Ch. . Lipephile cultrifera Gr. . Nereis pelagica L. . Praxithea irrorata Mor. Leontis Dumerilii À. KE. . Hediste diversicolor Müller. Nereilepas fucata Say. Nychia cirrosa Pallas. . Lagisca extenuata Gr. . Polynoe scolopendrina Say. Lepidonotus squamatus L. . Aphrodite aculeata L. Sigalion squamatum D. Ch. . Stheneluïis idunæ Rathke. 28 GEORGES BOHN [0] À Lumbriconereis tingens Kef. ae 26. Maclovia gigantea Gr. Eunicrens......... (27. Lysidice ninetta À. E. 28. Marphysa sanguinea Mont. 29. Eunice Harassü À. E. ( 30. Nerine foliosa À.E. SPIONIDIENS. ...... 31. Nerine Girardi fe. l 32. Scolecolepis vulgaris Mer. ( 33. Nephthys Hombergü À. E. NEPHTHYDIENS. .. ) 34. N. cæca Fabr. 35. N. cirrosa Ehl. RE 36. Glycera gigantea (le. Choses ee 31. Glycera convoluta Kef. 38. Aricia Cuvieri À. E. ARICIENS,. ........ 39. Aricia fœtida Clp. ( 40. Scoloplos armiger O. K. Müller. ARÉNICOLIENS, . . ... kil. Arenicola marina L. ( 42. Clymene lumbricoides Qfse. MALDANIENS. .. 43. Leiochone clypeata S. J. ( 44, Petaloproctus terricola Qfe. CAPITELLIENS. . .... 45. Notomastus latericeus Sars. OPHÉLIENS. ....... 46. Travisia Forbesi Johnst. SABELLARIENS. . . . .. 47. Hermella alveolata Sax. FLABELLIGÉRIENS. .. 48. Stylarioides plumosa O. K. Müller. + (49. Cirratulus filiformis Kef. CIRRATULIENS.. t 50. Audouinia tentaculata Mont. AMPHICTÉNIENS..... 34. Pectinaria belgica L. 52. Amphitrite Edwardsi Qfe. 53. Amphitrite gracilis Gr. — À. gelatinosa Kef. TÉRÉBELLIENS. . .... 54. Terebella lapidaria L. 55. Lanice conchylega Pallas. 56. Polymnia nebulosa Mont. 57. Sabella pavonina Say. 58. Bispira volutacornis Mont. : 60. Branchiomma vesiculosum Mont. DERPULIENS ....... 61. Dasychone Bombyx Dalyell. 62. Serpula vermicularis L. 63. Spirorbis borealis Dand. 64. Potamoceros triqueter L. 65. Lumbricus herculeus Sax. OLIGOCHÈTES . ... 66. Allobophora terrestris Rosaex Say. 67. Allobophora fætida Eisen. CR (68. Echiurus Pallasi. dés ce AVE ( 69. Phascolosoma. 70. Nephelis octooculata Bergm. 71. Aulostoma quio Braun. 12. Hirudo medicinalis Raï. , 73. Glossiphonia complanata L. | 5 | 59. Spirographis Spallanzani. Ye FHIRUDINÉES . .... On le voit, parmi les Annélides marins, J'ai laissé de côté : 1” Loutes les formes vivant exclusivement dans les fonds (difti- ciles à observer dans les conditions normales et vivant dans des ATTITUDES ET MOUVEMENTS DES ANNÉLIDES 09 eaux ayant une composition chimique spéciale) ; 2° les formes qui caractérisent les « colonies coralligènes », et dont lévo- lution dépend beaucoup plus de la physiogénèse que de la kiné- togénèse. Dans son catalogue des Annélides des Côtes de Dinard, le baron de Saint-Joseph |[1887-88, 1894] décrit 207 espèces; parmi celles-ci, 100 peuvent être rencontrées sur le rivage (50 exclusivement) ; j'en ai observé 64. Pour cela, je me suis rendu sur les côtes de Dinard elles- mêmes, etj'ai séjourné pendant une partie des vacances de 1903 à Saint-Jacut-de-la-Mer, dontla pointe s’avance vers les Ehbiens, archipel d'une richesse extraordinaire en Annélides. Mais depuis de nombreuses années (1896 à 1903), je fréquen- tais Les laboratoires de Saint-Vaast-la-Hougue (1) et de Wime- reux, et y observais les Annélides, d’abord simultanément avec les Crustacés, puis seuls. J'ai donc fréquentéles lieux classiques pour l'étude des Anné- lides ; 1° Saint-Malo-Dinard (Audouin et Edwards, 1834 (2); Île baron de Saint-Joseph, 1888-1894) ; 2° Saint-Vaast-la-Houque (Keferstein, 1862; R.-E. Clapa- rède, 1863 ; de Quatrefages, 1865 ; Ed. Grube, 1868 ; Edmond Perrier et ses élèves : Gravier, Fauvel,... ; baron de Saint- Joseph, 1895) ; 3° Boulogne- Wimereur (de Quatrefages, Giard et son élève Darboux, Malaquin, 1889-90). | IV ANNÉLIDES DITS PRIMITIFS SYLLIDIENS, PHYLLODOCIENS, HÉSIONIENS. Je considérerai tout d'abord des formes qui ont conservé des stades larvaires certaines particularités du genre de vie et de (1) Je remercie vivement M. Malard, sous-directeur, pour le zèle qu'il a mis à me diriger dans la recherche des Moules de Sue Vaast. (2) Dates de publication. 60 GEORGES BOHN l’organisation, et qu’on s'accorde en général à envisager comme les formes « les plus primitives », que l’on connaisse actuelle- ment dans le groupe des Annélides. Je laisserai de côté pour le moment les Syilidiens, qui vivent comme je l'ai dit dans des conditions chimiques un peu spéciales, et qui, sous des influences complexes, ont subi des modifications morpholo- giques très remarquables. S 1. — PryYLLoDocIEns. Constitution. — Voici [extraites de la thèse de Gravier, 1896] les particularités morphologiques les plus caractéristiques. — Le corps se compose de segments tous semblables entre eux, sauf les extrêmes ; l’uniformité de ces segments se poursuit chez un grand nombre d'espèces sur des centaines d'anneaux (plus de 800 chez les Phyllodoce laminosa Sav.). Les segments sont séparés par des constrictions régulières et présentent souvent du côté du dos une bande transversale surélevée ciliée; ces ceintures cilées incomplètes vues par Malmgren et Garstang peuvent être considérées comme un caractère larvaire persis- tant (= larves d’Ophyotrocha puerilis). — Les parapodes sont uniramés comme chez d’autres formes « primitives » aussi, les Syllidiens (non mûrs), les Sphérodoriens, beaucoup d’Hésio- niens; ils sont compris chacun entre deux cirres, dorsal et ventral, de forme caractéristique (lamelles) ; chez PAyllodoce, le cirre dorsal offre sur la face postérieure une épaisse bande ciliée (Williams). — La tête (prostomium) présente 1 ou 2 paires d’yeux, au moins 2 paires d'antennes tactiles (plus parfois 1 antenne médiane), 1 paire d'organes nucaux. Les pre- premiers segments du mélastomium présentent une conden- sation très grande et portent des cirres tentaculaires, sortes de parapodes tactiles (Savigny). Le pygidium est muni de cirres anaux tactiles. L'épiderme contient de nombreuses cellules glandulaires susceplibles de sécréter du mucus en quantités considérables ; les cils dessinent des bandes dont la disposition m'a paru beau- coup plus complexe que celle signalée par les auteurs. La couche des fibres musculaires circulaires est peu développée, ATTITUDES ET MOUVEMENTS DES ANNÉLIDES GI surtout sur la face ventrale ; les faisceaux longitudinaux sont moins développés sur celte face et se réduisent progressive- ment à mesure qu'on s'approche de Pextrémité postérieure du corps. — L’œil offre un degré de perfection remarquable, qui rappelle seulement celui des Alciopiens, Annélides pélagiques. En dehors des antennes et de divers tentacules, les cirres et certaines régions des parapodes offrent une grande sensibilité tactile. | Habitats et genres de vie. — On trouve des Phyllodociens sur le littoral à divers niveaux, même aux plus élevés. Dans la baie de Sable-Menu, où les rochers ont une pente faible, Fer- ronnière à (rouvé : Dans les endroits hu- a. Dans les ( Au niveau des Pelvetia et au-) ÆEulalia mides; surtout dans rochers. À dessous (avant les Fucus). \viridis(t.c.)) les fentes contenant une boue sablonneuse. Paneles rs Au niveau de ( Eulalia viridis Sous les pierres ? Ulva: (remplaçant, — pallida. el blonneux. ) : | : | les Pelvetia). — fusceseens. | dans les fentes. Au même niveau, il n'a pas trouvé de Phyllodociens dans les galets, le gros sable, le sable fin, la vase. S'il n’en à pas trouvé dans les mares à salure variable, même si les variations sont faibles, il en a trouvé dans les Eulalia viridis. Mares à Lithothamnions — pallida. et bancs d'Hermelles. — fuscescens (r.). Plyllodoce laminosa (x. r.). Bancs de Mytilus edulis. Eulalia viridis (t. e.). Contrairement à certaines Néréides, les Phyllodociens ne supportent pas la dessalure et n'ont aucune tendance à gagner les eaux douces. Âu contraire, ils ont tendance à gagner les fonds : ainsi l'Æ£udlalia viridis, si commune dans les fentes des rochers couverts de Pelveliu, à la surface des rochers où sont fixés des Balanes, sur les cailloux où poussent les Ulves, se rencontre à tous les niveaux qui découvrent dans les grandes marées, et aussi dans les fonds de coquilles d'Huitres trouées où l’on promène la drague; il en est de même pour beaucoup d’autres espèces. Gravier, qui fait la même remarque, ajoute : « L’extrème abondance des Phyllodociens dans les dragages 62 GEORGES BOHN semble indiquer que ces animaux qui nagent avec autant de facilité que d'élégance, grâce à leurs cirres foliaires, véritables rames natatoires, se déplacent surtout en rampant à la surface des corps solides ; les soies jouent un rôle important dans ce mode de locomotion ». C'est là l'unique indication de cet auteur relativement à la locomotion des Vers qu'il étudie. Si la plupart des Phyllodociens, très thigmotactiques et plus ou moins sensibles à la lumière, se trouvent parmi les rochers et les cailloux, on rencontre l’£teonefoliosa, aux organes visuels en voie de réduction, dans le sable fin, à une faible profondéur, avec des Glycères et des Nephthys. Différenciations générique et spécifique. — De Saint- Joseph (1888) décrit sur les côtes de Dinard 25 espèces apparte- nant à 6 genres, dont les 3 principaux sont: Phyllodoce, Eulalia, Eteone. Le genre Eulalia comprend à lui seul 14 espèces, assez peu différentes les unes des autres, beaucoup de création ré- cente, la plupart trouvées dans les dragages. C’est aux espèces de ce genre si polymorphe que je m'adresserai tout d’abord pour éludier la locomotion des Phyllodociens. Étude d’une Eulalia supra-littorale à corps grêle et court (63 segments). — Aftitudes et mouvements. — 1° cas : sur un support. — 1° Le corps nettement aplati repose toujours par le ventre sur le support; si la tête se renverse, tout le corps se renverse, c’est-à-dire que la torsion d’une région par rap- port à une autre, accidentelle, imposée par le support, n’est que momentanée. 2° Les segments antérieurs peuvent présenter des mouve- ments allernatifs d’allongement et de raccourcissement, accom- pagnés souvent de mouvements de flexion dans des directions multiples. À la moindre alarme, toute la région antérieure se rétracte pour subir presque aussitôt après une élongalion dans une nouvelle direction. Si l’eau est agitée, le corps peut se con- Lracter au maximum et rester adhérent aux parois rocheuses, sans doute grâce à la sécrétion muqueuse. À la suite d’une période d’immobilité ainsi provoquée, le Ver présente de nouveaw des mouvements des anneaux anté- rieurs, mais les premières tentatives d'élongation sont suivies presque immédiatement d'une rétraction brusque (phéno- ATTITUDES ET MOUVEMENTS DES ANNÉLIDES 63 mène qui rappelle la sortie saccadée d’un Annélide tubicole). La tête, avec ses deux gros yeux et des tentacules très sen- sibles, dirige le mouvement. La déformation commence à partir de la tête et se propage en arrière; mais ce sont les seg- ments 8 à 14 qui subissent les variations de longueur maxima ; c’est à ce niveau également que la flexion est le plus pro- noncée ; au niveau même de la tête, les phénomènes moteurs sont complète- ment absents : celle-ci est une sorte de gouvernail. 3° Le corps tout entier peut être parcouru par des mouvements d'ondulation, sinusoidaux, lrès régu- liers : la longueur d'onde est assez faible, l’ampli- tude aussi, et elle décroît Fig. 2. — Mouvements des Phyllodociens; 2 et 3. 5 ; Eulalia supra-littorale; 4. Eulalia viridis; à mesure que l'onde se 5. Eteone foliosa. propage. En général, les ondes ont lieu dans un plan parallèle au plan du support, et se propagent d'arrière en avant; elles semblent faciliter la reptation due aux mouvements décrits dans la région antérieure ; sous l'influence de certains excitants, la lon- gueur et l'amplitude des ondes auymentent simultanément et la vitesse de propagation s'accroît sensiblement; quand les seg- ments antérieurs s'arrêtent, de nouvelles ondes, qui se propa- gent d'avant en arrière, viennent interférer avec les premières, et bientôt l'animal s'arrête ou même recule. Quand il est au repos, à des intervalles de temps assez espacés, on voit s’es- quisser sur le corps des ondes qui se propagent d'avant en arrière, mais qui ont lieu dans un plan perpendiculaire au plan du support, le plan sagittal, et qui chez beaucoup d’au- tres Annélides produisent assez nettement un courant res- piratoire, 2° cas. — Dans une masse liquide. — 4° La natation peut se substituer à la reptation, le corps de l'animal quittant le sup- port; mais alors le corps n'offre plus aucune orientation 64 GEORGES BOHN régulière, et le ventre vient assez facilement en haut. Tandis que la région antérieure reste subrectiligne, les ondes qui se propagent dans le reste du corps d'arrière en avant ont une plus grande longueur et une plus grande amplitude que dans les cas précédents, et déterminent la propulsion nécessaire pour l'élévation de lAnnélide dans l'eau. Mais si dans ce mouve- ment la tête vient heurter un support ou la surface libre de l'eau, le sens de propagation des ondes change : le Ver recule ou se laisse couler au fond, pour se mettre de nouveau à ramper. Dans tous les cas, la natalion n'est que temporaire el exige rapidement un repos sur le fond. Résumé (fig. 2) : 1. Repos sur support. Corps sinueux. De temps en temps, ondes dorso- ventrales (resp.), grande longueur, faible amplitude. 2. Marche sur support (orientation par rapport au support). / Allongements, raccourcissements, flexions \ des s. antérieurs (reptation). a. M.lente, C.sinueux. { Ondes latérales (locomotrices), faible lon- / gueur, faible amplitude. \ Balancement des parapodes. Allongements, raccourcissements des s. anté- rieurs (reptation). Ondes latérales (locomotrices), plus grande lon- gueur, plus grande amplitude. \ Balancement des parapodes. 3. Natation dans le liquide (Pas d'orientation). c. C. rectiligne. Ondes latérales (locomotrices), grande longueur, grande amplitude. PA Meranide Cure el HET APR Les mouvements ondulaloires jouent un très grand rôle dans le fonctionnement des Vers annelés : ils peuvent servir à la respiration (ondes dorso-ventrales), et à la locomotion (ondes latérales). À mesure que les ondes locomotrices augmen- tent de longueur el d'amplitude, elles acquièrent une force plus grande de propulsion, et la reptalion, due aux mouvemenis des anneaux antérieurs, perd de plus en plus de son importance. La marche lente est une marche dans laquelle les anneaux antérieurs traînent les autres anneaux, plus ou moins passifs ; le corps est sinueux et épouse assez exactement les contours du support sur lequel il progresse, recherchant constamment un contact (M1. thigmotactique). Dans la marche rapide, le corps, plutôt poussé par les ondes des anneaux postérieurs que ATTITUDES ET MOUVEMENTS DES ANNÉLIDES 69 traîiné par les anneaux antérieurs, acquiert déjà une certaine indépendance par rapport au support (marche natatrice). Cette indépendance est complète quand l’ondulation de la partie postérieure du corps détermine une force propulsive qui l'em- porte sur le poids de l'Annélide (diminué de la poussée) : natation. I n’est point besoin pour expliquer celle-ci de faire intervenir le mouvement des cirres foliaires, auquel Gravier attribue la natation : ces organes se balancent mollement au gré de l'eau et n’ont manifestement aucun rèle dans la natation. Les ondes déterminent enfin les arréts et lesreculs : alors de nou- velles ondes, qui se succèdent souvent et se propagent en sens inverse, interfèrent avec les premières. Causes modificatrices des mouvements. — Les variations de la longueur et de l'amplitude des ondes peuvent avoir lieu pro- gressivement ou brusquement sous l'influence d’exeitations variées. Celles-ci agissent surtout sur les extrémités antérieure et postérieure, et sont, ou des excitations mécaniques, ou des excilalions lumineuses. Une excitation mécanique qui porte sur l'extrémité cépha- lique détermine le plus souvent la rétraction des anneaux anté- rieurs, suivie d’une élongation dans une nouvelle direction, et des ondes antéro-postérieures qui interférent avec les ondes postéro-antérieures (changement de direction, arrêt, recul,. Une excitation mécanique qui porte sur l'extrémité postérieure accroit la longueur et l'amplitude des ondes qui naissent à cette extrémité (augmentation de vitesse + natation). L'agita- tion de l'eau peut entrainer l'un ou l'autre effet (arrêt ou natation). | L'excitation lumineuse agit de même : sous l'influence d’une augmentation de l'intensité de l’éclairement, la région anté- rieure s’allonge et se raccourcit alternativement, se dirige dans de multiples directions {comme si elle était à la recherche de de quelque chose), les contractions musculaires étant plus énergiques ; il en est de même au niveau des segments posté- rieurs et les ondes qui s’y forment ont une plus grande lon- gueur et une plus grande amplitude ; les mouvements de rep- lation et les mouvements de natation se font plus vite et avee moins de régularité. Si l’éclairement ne porte que sur . ANN. SC. NAT. ZOOL. Il, © 66 GEORGES BOHN l'une des extrémités, l'effet est plus net, la reptation ou la natation l'emportant. Sur un fond non uniformément éclairé, l'£ulalia, à la imite de séparation de lombre et de la lumière, recule si elle se dirige vers la lumière (ondes interférentes), accélère son mouvement si elle se dirige vers l'ombre (l'accélération commence à 1 centimètre avant la l- mite de séparation, les ondes postéro-antérieures devenant plus intenses) ; dans l'ombre le mouvement se ralentit (par- fois arrêt, repos); dans la lumière, 1l s'accélère (+ nata- lion). Résumé. PORTANT SUR LES SEGMENTS | PORTANT SUR LES SEGMENTS. EXCITATION. . : > ANTÉRIEURS. POSTERIEURS. 1. Excitation mécani-| Rétraction du-\ Chang‘ de|Ondes p. a.) Augmen- que. rable ou non.{ sens. plus intenses! tation de Ondes interfé-(ArrèL. etp. longues.) vitesse. rentes (a.p.)/Recul. Excitation lumineuse. 2. Augmentation de l'é- clairement. a. Lumière à dis- tance. Rélraction. )Arrèt. Ondes inter LfRecul. rentes (a. p.). k b. Dans la lumière] Mouvements de repta-| Ondes p. a. plus intenses même. tion plus intenses. et plus longues. TT "| Augmentation de vitesse, si les deux mouvements ne se contrarient pas. 3. Diminulion de l'é- clairement. a. Ombre à dis-| Ondes postér. | Augmen- tance. plus intenses! tation de ce Me) vitesse. b. Dans l’ombre|Mouvements de reptation | Ondes p. a. moins in- même. moins intenses. tenses et plus courtes. ©, Em — —" Diminution de vitesse. 4 La lumière a sur l'Annélide deux sortes d'effets : des effets toniques (b), et des effets tropiques (4); dans ce dernier cas une tache lumineuse ou une tache d'ombre semble être perçue à distance : les mouvements se renversent ou bien augmentent ATTITUDES ET MOUVEMENTS DES ANNÉLIDES 07 de vitesse, et le Ver recule, fuyant la lumière, ou se précipite dans l'ombre. Étude des Eulalia littorales à corps grêle et long. — Les Eulalia recueillies dans les rochers qui ne découvrent que dans les grandes marées (! ou 2 fois par quinzaine) sont impres- sionnées surtoutpar les excitants mécaniques et peu par l'exci- tant lumineux. Dans l'habitat normal, la marche est constam- ment {higmotactique. Au repos, même sur une surface plane et unie, le corps est contourné, sinueux, comme à la surface des rochers. L'excitation due à l'agitation de l’eau et celle due à l'augmentation de léclairement n'entrainent plus, comme dans le cas précédent, des mouvements coordonnés des divers segments (marche rapide, natation, modes de locomotion d’ailleurs inutiles et dangereux). Si l'on soumet les £wlalia des niveaux inférieurs à ces excitations, on n'obtient que des mouvements désordonnés. La lumière a un effet fonique, exci- tant : le corps se contourne irrégulièrement ; parfois, tandis que l'extrémité antérieure exécute des mouvementsde reptation désordonnés, l'extrémité postérieure s’enroule en hélice (fig. 3), dans quelques cas, le corps presque tout entier subit cet enrou- lement. À la limite de l'ombre et de la. lumière, on n’observe aucun effet tropique : siles contournements du corps font péné- trer par hasard l'Annélide dans l'ombre, après un repos plus où moins prolongé, celle-ci reprend la marche igmotactique ; mais elle peut rester très longtemps dans la lumière, où, après une période d'excitation en général assez longue, la fatigue se manifeste; sielle est dans l'ombre, elle peut repasser dans la lumière. Étude, à divers niveaux, de l'Ewlalia viridis (corps grêle et long). — L'Æwlalia viridis offre la particularité intéressante de vivre, en grande abondance, à tous les niveaux, et, par consé- quent, elle permet de se rendre compte d’une façon très nette de l'influence de l'habitat. Comme les précédentes, elle est très thigmotactique. Le corps est étroitement appliqué sur les rochers ; comme il est assez long, il peut se trouver à la fois sur plusieurs faces différem- ment orientées, en sorte que diverses régions du corps peu- vent être tordues les unes sur les autres ; sur une surface plane 68 GEORGES BOHN et unie, le corps adhère très bien et se déplace suivant une ligne exclusivement contournée (fig. 4) et même certaines ré- gions du corps peuvent tourner sur leur axe par rapport aux voisines. Le thigmotactisme explique les migrations de ces animaux : en suivant les parois rocheuses et se laissant guider par des sensations lactiles, où bien ils peuvent descendre à d'assez grandes profondeurs (aquariums), ou bien ils peuvent sortir de l'eau et se promener même le long des parois verticales humides, en décrivant toujours des sinuosités. L'£ulalia vuidis peut subir l'influence de la lumière, mais, sauf chez certains individus supra-littoraux, les mouvements provoqués par cet agent physique sont désordonnés. Une aug- mentation d'éclairement excite l’'Annélide qui subit des con- tournements variés, mais au bout d’un certain temps la fatigue survient et se manifeste par un entortillement irrégulier du corps sur lui-même; cet entortillement se produit instantané- ment si lon fait passer brusquement le Ver d'une lumière vive dans l'ombre : la fatigue provoquée par l'excitation lumineuse ne devient apparente que lorsque lexcitant dispa- rait (faligue latente et fatigue manifeste). Un certain nombre d’excitations sont capables de déterminer le déroulement du corps d'autant plus facilement que celui-ci a duré quelque temps (repos); ce sont : 1° lagitation de l’eau (Pextrémité antérieure se met à ramper jusqu'à ce qu'elle arrive dans un endroit tranquille) ; 2° une pression exercée par un caillou, par exemple, sur une région quelconque du corps (lextrémuité antérieure se mel en mouvement, même si le caillou repose sur les segments moyens); 3° une augmentation brusque d'éclairement. Le Ver excité par la lumière se repose quand il pénètre par hasard dans une ombre : dans un vase dont une partie est éclairée et dont l’autre partie est dans lombre, les Eulalia viridis ne tardent pas à se rassembler dans lombre, mais cela n'a pas lieu forcément; j'ai montré qu'il n°y à pas là phototarie 1903, f|. Cependant on observe chez cer- tains individus supra-httoraux des #rourvements coordonnés ; quelquefois, lorsque la tête arrive à quelques millimètres d’une wa ÈS ATTITUDES ET MOUVEMENTS DES ANNÉLIDES 69 ombre, les mouvements deviennent plus réguliers et le Ver se dirige nettement vers l'ombre. Résumé. 1. Influence de la lumière. ( 1° Mouvements désordonnés. 20 (Au bout d'un certain temps) entor- tillement de la fatigue. DADDSCULITÉ SRRPERMRETER TE Mouvements thigmotactiques. ce. Diminution brusque d’é- Entortillement (fatigue latente se ma- clairement CARMer n nifeste). d. Augmentation brusque d’é- Déroulement, si repos ; ou excitation des ClOTÉMELR RENE LEE mouvements, si marche. Parfois mouvements coordonnés vers e. Limite lumière et ombre... | l'ombre, chez individus supra-litto- au. AU TERMINER EURE 2. Influences mécaniques. { Déroulement ou 4 entortillement. PRESSION ae EN AE Déroulement. NONAONATERNEAU ERRrEEE Suivant intensité. Les mouvements perdent facilement leur coordination : les sensations de contact el de pression sont les véritables guides de l'animal ; la lumière fatigue très rapidement ces Annélides, qui vivent dans les anfractuosités des roches à l'abri de la lumière. Étude de l’'£teone foliosa. — Ce Phyllodocien a un habitat assez particulier : il vit surtout dans les endroits où l’eau est courante à mer haute, à la partie superficielle d’un sable meuble; il se trouve fréquemment en compagnie des Glycera convoluta et des Nephthys cæca. W Ss'insinue dans le sable grâce à un mouvement ondulatoire qui parcourt tout le‘corps d’arrière en avant, et qui est consüilué par une rultilude d'ondes de très faible lonqueur et de très faible amplitude. Quand il est posé sur le sable, la région antérieure seule entre d'abord en activité ; le mouvement ondulatoire, d'abord limité à l'avant du corps, s'étend progressivement vers l'arrière, ou plus exac- tement : les ondes se propagent toujours d’arrière en avant, mais le point de départ recule progressivement. La marche est assez rapide ; la trajectoire légèrement ondulée (fig. 5). Si l'animal quitte le sable, il se trouve exposé à l'agitation de l'eau et à la lumière et le corps se contourne ; il s’enroule et se déroule alternativement, comme dans le casde l'£ulalia viridis : 10 GEORGES BOHN mais ces mouvements alternatifs d'enroulement et de déroulement se sont coordonnés : ils se succèdent rapidement et intéressent successivement, toujours dans le même ordre, les diverses régions du corps :1ls produisent la natation. Gelle-crest des plus curieuses et rappelle celle des Glycères : une boucle hélicoïdale se propage d’une extrémité à l’autre du corps (fig. 5) ; j'étudierai cette natation avec celle des Glycères. Conclusions relatives aux Phyllodociens (1).— Les Phyl- lodociens sont particulièrement intéressants au point de vue auquel je me suis placé, parce que : 1° le corps, composé d’un nombre très variable de segments, est d’une homogénéilé par- faite ; 2° ils habitent dans les diverses zones bathymétriques, au milieu des rochers et rarement dans le sable (Æ7eone foliosa). Grâce à l’homogénéité du corps, on peut analyser facilement les mouvements ; de plus, dans les rochers, ces Vers ont acquis une sensibilité très grande, variable avec la profondeur, et on peut étudier ainsi aisément les influences modificatrices des mouvements. 1° Les mouvements sont, ou des mouvements réguliers, ou des mouvements irréguliers. Les mouvements réguliers sont :4) les mouvements de repla- : ton de la partie antérieure du corps ; 4) les mouvements de natation (ondulatoires). Ces deux sortes de mouvements se super- posent dans la marche : la reptation domine dans la marche lente ou {higmotactique, la natation l'emporte dans la marche rapide ou nalatrice. Les ondes quise propagent le long du corps sont, non seule- ment des ondes locomotrices, mais encore, dans certains cas, des ondes respiratoires; alors, au lieu d’être latérales, elles sont dorso-ventrales. Les parapodes, encore peu com- pliqués, ne jouent qu'un rôle peu important dans la marche. Les cirres aplatis ne jouent aucun rôle dans la natation. (1) J'ai peu étudié les Phyllodoce ; ils présentent la marche thigmolactique, la marche natatrice et la natation; lorsqu'ils nagent par une ondulation par- tant de la région postérieure, toute la région antérieure, arquée el rigide, est mue constamment d’un léger mouvement d’oscillation autour de l'axe longitu- dinal; un léger mouvement d'hélice accompagne donc le mouvement sinusoi- dal ; le corps peut se renverser. La lumière ne produit guère que des mouve- ments désordonnés. ATTITUDES ET MOUVEMENTS DES ANNÉLIDES 71 Les mouvements irréguliers consistent en des entortillements et en des enroulements, qui peuvent se régulariser chez l'Eteone foliosa pour produire une nalation particulière. 2° Les influences mécaniques dominent : les Phyllodociens se laissent guider par des sensations de contact et de pression. L'influence de la lumière peut agir aussi, mais elle varie avec les habitats. 4) Si le Ver est habitué aux contrastes de l'ombre et de la lumière (f. supra-littorale), la lumière, qu'elle ait un effet tonique ou un effet tropique, détermine des mouvements réguliers. Transformation d'un mouvement régulier en un autre mouvement régulier. Marche thigmotactique = m. natatrice > nata- tion. { Reculs vis-à-vis de La lumière. t Mouvements ondulatoires vers les ombres. Effet tonique... .... Effets tropiques...... b) Si le Ver n'est pas habitué à ces contrastes, la lumière, par son effet tonique, détermine des mouvements d'autant plus irréguliers que le corps est plus long, et une falique qui se manifeste au bout d’un certain temps par un entortillement où un enroulement hélicoïdal ; ceux-ci se produisent presque infailliblement quand le corps de l'Annélide passe de la lumière dans l'ombre. c) Si le Ver vit dans le sable, près de sa surface, les mouvements irréguliers se régularisent pour la natalion. Ainsi la lumière semble présider quelque peu à l’évolution des modes de locomotion. : S2. — HÉsronIEnSs. Les Hésioniens offrent de grandes affinités avec les Syllidiens et les Phyllodociens d’une part, avec les Néréidiens d'autre part. Je n'ai étudié que deux formes assez différentes l’une de l'autre : 1° Une forme grêle, vivant dans les rochers, la Xe/er- steumia curata Kef.; 2° une forme trapue, vivant dans la vase, l'Ophiodromus fleruosus D. Ch. Étude de la ÆXefersteinia cirrata Kef. — Voici, d'après de Saint-Joseph |1888|, quelques-uns de ses traits caractéristiques. «Elle à ! centimètre de long, 36-40 segments en tout, le corps fragile et presque incolore, la tête à peu près carrée, avec une 79 GEORGES BOHN paire d'antennes et une paire de palpes, deux paires d'yeur, dont les deux antérieurs beaucoup plus gros el seuls mumis de cristallins.… La tête est entourée par8 paires de cirres tentacu- laires, minces, longs, articulés, naissant dans les premiers segments qui sont très étroits... Les segments. bien détachés les uns des autres, ont un long cirre distal mince, à la base duquel sont placés des acicules droits, ce qui indique une ame supe- rieure rudimentaire..…. De la rame supérieure sort un éventail de 20 soies. » Les ÆXefersteinin se trouvent, d’après de Saint- Joseph, assez communément dansles dragages, mais à la pointe de Saint-Jacut je les ai trouvées en abondance dans la zone des Balanes, sur les cailloux et dans les mares que laisse la mer en se retirant ; à Saint-Vaast, M. Malard en a trouvé parmi les Balanes également, dans le détroit du Rhun. Jai étudié seulement les Æefersteinia supra-littorales. Or, ces Kefersteinia se comportent exactement comme les Eulalia de 63 segments que l’on trouve dans le même habitat. L’allure est sensiblement la même, la structure aussi. Ces Anné- lides marchent et nagent : dans la marche, les mouvements de reptation des segments antérieurs sont accompagnés d’ondula- tions un peu irrégulières qui se propagent d’arrière en avant ; dans la natation, les ondulations, plus régulières, sont plus accentuées. Ces Annélides offrent une grande sensibilité aux variations de l’éclairement ; si l'intensité lumineuse augmente, les ondes s’accentuent ; si une ombre se trouve à une distance comprise entre quelques millimètres et un centimètre, les ondes s’accentuent aussi, la région antérieure s’orientant vers l'ombre, et le Ver se met à nager vers celle-ci ; résultat ana- logue si l’on projette une ombre même légère sur les veux de l'Annélide ; dans les creux mêmes des rochers, les plus minimes variations de l’éclairement déterminent l'effet tonique et l'effet tropique. Quand on les excite mécaniquement, les Xe/ersteinia se replient irrégulièrement, Étude de l’Ophiodromus flexuosus D. Ch. — Cet Annélide, assez commun, areçu des noms variés et a été placé dans divers genres, Nereis fleruosa D. Ch. (1824), Oxrydromus fasciatus Grube (1855), Sfephania flexuosa Clp. (1870), Podurke flexuosa M. et B. (1875), St. fleruosa Panceri (18735), Ophio- ATTITUDES ET MOUVEMENTS DES ANNÉLIDES fa dromus flexuosus Marenz (1875). Giard [1886|, qui donne cette synonymie, a fourni de curieux détails sur ce Ver et sur deux espèces voisines : l'Ophiodromus vittatus Sars (1862), des côles de Norvège, et l'Ophiodromus Hermanni Giard (1882), trouvé par lui aux Glénans. La première espèce, mise en doute par Marenzeller, est admise par Grube : elle différerait surtout de l'Ophiodromus flexuosus par la coloration; on la trouverait à Roscoff, mais de Saint-Joseph doute que ce soit bien elle. De Saint-Joseph [1888 et 1898] à trouvé l'Ophiodromus flexuosus une seule fois aux environs de Dinard, dans le sable vaseux sur la plage de Saint-Enogat, et une seule fois aux environs de Concarneau {cap Coz) dans une galerie creusée par une Synapla. D'après Giard, il à été trouvé par Claparède dans les sillons ambulacraires de l'Astropecten aurantiacus où il accompagne souvent lAcholoe astericola, et par Grube el Marenzeller dans les mêmes conditions sur les A. aurantiacus. plalyacanthus, et sur la Luidia ciliaris. X est donc en général commensal des Échinodermes : or, précisément, lOphiodromus Hermann est commensal d’un animal apparenté aux Echino- dermes, le falanoglossus Robini (var. du B. claviger). Giard à ce sujet fait la remarque suivante : « Les Astéries et Les Balanoglossus ont des sécrétions si particulières et d'autre part la ressemblance entre St. fleruosa et St. Hermanni est si grande que je n’ai pu m'empêcher de trouver dans l’éthologie de ces deux Annélides un argument de plus en faveur de la parenté des Entéropneustes et des Échinodermes ». Pendant les mois d'août et septembre 1903, j'ai trouvé l'Ophiodromus flexruosa en excessive abondance dans la vase des Zostères, à la Colombière et aux Ehbiens, dans les environs de Saint-Jacut ; Je l'ai trouvé le plus souvent dans les galeries de la Terebella Edioardsi, ébroitement appliqué contre le corps de cet Annélide, mais je l'ai trouvé aussi dans des tubes de C/ymene lumbricoides. Il semble que l'Hésionien, qui est un excellent nageur, doive quitter fréquemment les galeries habitées pour rentrer dans d'autres galeries un peu au hasard des circonstances. Les observateurs avaient été frappés depuis longtemps par ses mouvements très vifs el serpentiformes. | L'ornementalion, fort jolie et très caractéristique, semble 14 GEORGES BOHN être corrélative du mode de mouvement. Je rappellerai que chez d’autres auimaux, quand les mouvements sont serpenti- formes, le corps présente souvent de distance en distance des bandes transversales colorées d’une façon particulière : certains Poissons, Serpents, Iguanes... Ier chaque anneau présente sur un fond vert-olive des stries et taches d’un bleu clair formant un élégant dessin ; de distance en distance, ce dessin bleu s’altère et des taches de même couleur empiètent sur le fond vert, en sorte que tout l'anneau parait sous l'aspect d'une bande transversale bleu pâle; ce sont les anneaux : Max 6:10 2A5k128 0097 030018 EST 0] 4 { 3 3 1 1 1 le maximum de modification de coloration correspond à l'anneau 23 : à parur de celui-ci en allant, soit vers l’avant, soit vers l'arrière, les bandes s’affaiblissent et se rapprochent (comme lindiquent les chiffres inscrits en dessous — nombre des anneaux intermédiaires). Ce qui semble prouver que l'ornementation est fonction en quelque sorte de la locomotion, c'est que la longueur des ondes correspond à ces écarts. Sans doute, par suite du genre de vie (galeries dans la vase), les Ophiodromus ressemblent beaucoup à des Néréides. Giard en trouvant l'Ophiodromus Hermann Vavait appelé Anoplo- nereis, el déjà avant lui Della Chiaje avait désigné notre Ophiodromus fleruosus sous le nom de Nereis flexuosa. Mas Giard avait tout de suite reconnu que l'Annélide trouvé n'avait aucun des caractères essentiels de la famille des Lycoridiens. I] signale les affinités des Ophiodromus et des Podarke. « Ces derniers ont Loutefois, d'après Eblers, une démarche bien diffé- rente qui tient peut-être à leur petite taille. Is nagent en ligne droite au lieu de présenter les mouvements serpentiformes des Opliodromus. De plus, les pieds présentent un petit groupe de soies simples à la base du cirre dorsal. Ce groupe de soies simples correspond évidemment, disent Marion et Bobret- sky, à une rame dorsale atrophiée ou en voie de formation ; aussi sommes-nous disposé à rapprocher des Podarke (exclus P. agilis Ehlers) Le Stephania flexruosa de Claparède, qui possède ATTITUDES ET MOUVEMENTS DES ANNÉLIDES 19 le même nombre d'appendices antérieurs, dont Le facies rappelle d'une manière étrange l’une des espèces du genre d'Ehlers, mais qui porte une véritable rame dorsale de soies simples : on peut considérer cette rame comme une exagération du faisceau dorsal des Podarke el 1 conviendrait peut-être den’employer le lerme Stephania que pour désigner une section du groupe... » Il y a là des considérations du plus haut intérêt au point de vue de Pévolution des modes de locomotion et des organes loco- moteurs. On va voir en effet chez les Néréidiens, qui vivent fréquemment dans des tubes cylindriques, le développement parfait des 4 parapodes, sous l'influence sans doute d’exeitations mécaniques répétées suivant diverses génératrices. Les Stepha- ria ne seraient que des Podarke adaptés à la vie dans des tubes cylindriques, et ayant acquis, avec le genre de vie, l'allure des Néréidiens et quelques-unes de leurs particularités morphologiques. Voyons les modes exacts de locomotion de l'Op/hiodromus flexuosus. Cet Annélide peut marcher contre une paroi grâce aux ondulations de son corps qui entrainent le balancement des parapodes; la replation est réduite au minimum ; les ondes, latérales, progressent habituellement d'arrière en avant, mais elles peuvent progresser en sens imverse et l'animal marche alors à reculons:; c'est [à une particularité que présentent beaucoup d’Annélides commensaux. Si, pendant la marche normale, on excile les segments antérieurs, le Ver recule et peut faire ainsi un assez long trajet, les ondes se dirigeant vers l'arrière ; par- fois le corps se fléchit sur lui-même et l'animal se retourne. Si, au contraire, on excile les segments postérieurs, les ondes normales acquièrent une plus grande amplitude et la vitesse de propagalion augmente. L'Annélide' peut alors se mettre à nager et en général 1l se renverse : le ventre est dirigé en haut contre la surface de leau ; si en nageant le Ver vient butter contre un obstacle, ilrebondit en quelque sorte et se met à nager en sens inverse, ou bien il se retourne. Cette natation est Lrès remarquable ; elle a attiré l'attention des divers obser- valeurs. Au sujet de l'Ophiodromus viltatus, Grube s'exprime ainsi : «Il nage très rapidement en serpentant, comme je lai observé également pour l'Oxydromus fasriatus, et même peut 76 GEORGES BOHN S'élancer hors de l'eau contre les paroïs du vase où on l'a placé. » La lumière exalte les mouvements de natalion ; mais on n'observe aucune réaction bien nette à la limite de l'ombre et de la lumière, aucun mouvement dirigé vers l'ombre ou la lumière. Conclusions. — Les Hésioniens constituent en quelque sorte des formes intermédiaires curieuses entre les formes d'Annélides que lon considère comme les plus primitives et des formes plus spécialisées telles que les Néréidiens que Je vais étudier. V LYCORIDIENS Gr. (NÉRÉIDIENS Qfs. = Les Lycoridiens ou Néréidiens, un peu plus spécialisés que les Annélides précédents, offrent un intérêt plus grand encore. Comme les Phyllodociens, ils ont un corps homogène, et 1ls ha- bitent dans les diverses zones bathymétriques, — contrairement à eux, ils s'adaptent aux habitats les plus variés : rochers (fentes et anfractuosités), pierres (intersüices), vase des zostères, sable vaseux du littoral, eaux saumâtres, coquilles... et, subissant les influences saisonnières et celle des gonades, ils perdent leur homogénéité et prennent la forme hétéro-néréidienne. Grâce à eux, on peulse rendre compte d’une façon très nette de l’in- {luence des habitats et de l'influence des saisons sur les Annélides. Constitution. — La constitution desLycoridiens offre de gran- des analogies avec celle des Phyllodociens. J'insisterai sur les caractères différentiels. Le nombre des segments varie dans des limites plus étroites, et, en général (espèces indigènes), ne dépasse pas 140. Les parapodes, au lieu d’être uniramés, sont le plus souvent biramés, chaque rame étant garnie de soies composées et d'un acicule; au-dessous de la rame ventrale se trouve un cirre, au-dessus de la rame dorsale un autre cirre. La différenciation de cet appareil locomoteur est ici remar- quable, et elle offre des variations suivant Les espèces, et dans une espèce suivant les individus, et dans un même individu suivant les régions et les périodes de l’existence (forme sexuelle) ; ATTITUDES ET MOUVEMENTS DES ANNÉLIDES TA ces variations portent, d'après de Saint-Joseph, sur le plus ou moins grand développement de la languette dorsale des pieds. ou sur le nombre des languettes de la rame dorsale, où sur la position plus ou moins terminale occupée par un cirre dorsal au- dessus de la languette supérieure de la rame dorsale et sur la forme des soies. Certains auteurs ont essayé d'établir, mais sans grand succès, une classification des Lycoridiens sur ces varia- üons (1) : dans certains cas, cependant, elles peuvent consti- tuer de bons caractères spécifiques. La tête est munie de 4 yeux, 2 antennes, 2 palpes assez gros; le segment suivant porte 4 paires de cirres tentaculaires. Les formations ciliaires paraissent moins importantes, mais, en revanche, le système musculaire est très développé : le corps est toujours vigoureux. Différenciations générique et spécifique. — Le nombre des espèces indigènes est assez restreint; les caractères sont assez tranchés pour que l’on ait créé presque autant de genres et de sous-genres que d'espèces. À Saint-Vaast, tabt clas- sique pour les Annélides, Keferstein, Claparède, de Quatrefages, Grube, de Saint-Joseph, Fauvel | voir Fauvel, 4896] ont trouvé à eux tous 13 espèces que l’on répartit dans 9 genres et sous-genres;. les plus communes appartiennent au genre Nereis Cuv. et à 6 sous-genres ; ce sont : Leontis Dumerilu À. E., Lipephile cultrifera Gx., Praxithes irrorata Mer., Nereis pela- gica L. (= N. procera Ehl.), Nereilepas fucata Sax., Hediste diversicolor Müller. Chez toutes, d’après le Traité de Zoologie de Ed. Perrier, les pieds sont biramés avec 2 languettes supérieu- res et 1 inférieure, et les cirres sont simples. Chez Les Leontis, les paragnathes cornés ont une disposition pectinée; chez les autres, le paragnathes, séparés et coniques, ontdes dispositions variables que lon doit examiner avec soin lorsque lon fait de la spécification. La différenciation des parapodes entre également en ligne de compte: voici, toujours d’après Ed. Perrier (Traité de Zoologie), les particularités les plus intéressantes au point de vue de ce travail. (1) La meilleure classification parait être celle de Kinberg; elle est faite au moyen des par agnathes; tous ces Annélides ont en effet: une trompe exsertile armée de dents et de denticules. 18 GEORGES BOHN : Rame supérieure des pieds grandissant graduelle- . Leontis (Dumerilii)...... ment d'avant en arrière, et arrivant à dépasser inférieure: Lipephile (cultrifera).... Tous les pieds semblables. Rame supérieure sensiblement plus longue que Praxithea (irrorata) ..... linférieure. Pieds se modifiant légèrement d'avant en arrière. D once UE ( Languette supérieure de la rame dorsale plus ‘ ‘°° { grande que les autres. Dans une grande partie du corps, languette supé- Nereilepas (fucata)....... | rieure de la rame dorsale, soit brusquement, soit graduellement, plus longue que les autres. j Nereilepas à rames dorsales égales, divisées en trois ° | languettes. Hediste (diversicolor) . Habitats et genres de vie. — Les habitats, je l'ai déjà dit, sont variés; mais, en général, à chaque espèce, du moins dans une localité, correspondent un habitat et un genre de vie bien caractérisés. Les Lipephile cultrifera, cependant, paraissent assez vaga- bondes. Je les ai trouvées fréquemment parmi les rochers, dans les fentes, les interstices, les cavités à divers niveaux (Saint- Vaast, Saint-Jacut); d'après Ferronnière, on les trouverait dans les mares à Lithothamnions avee diverses autres Néréides (N. longipes…). Mais je les ai trouvées aussi dans la vase des zostères. La couleur, les’allures changentavec les habitats, ce qui explique les dénominations nombreuses que cet Annélide a reçues (Nereis margaritacea M. Edw., N. Beaucoudrayi Kef., N. cœrulea Johnston, N. bilineata Qfe., N. fuloa Qfg., N. venti- labrum Qfg...); souvent la teinte est verte. La Nereis pelagica, plus rare, vit fréquemment aussi sous les pierres, mais plutôt à des niveaux inférieurs; on la trouve aussi dans les crampons des racines de Laminaires et dans le sable caillouteux. La Prarithea irrorata vit en abondance dans le sable vaseux des zostères, quelquefois en compagnie de la Zipephile cultrifera. On la distingue de cette dernière espèce par la distribution des dents et denticules et par Paspect : rouge brique, piqueté de blanc (glandes), corps moins cylindrique, partie postérieure fragile, cirres tentaculaires longs [de Saint-Joseph, 4888]. Cet Annélide se trouve dans la vase dans des conditions mécaniques toutes spéciales : 11 vit dans un tube qu'il sécrète rapidement ATTITUDES ET MOUVEMENTS DES ANNÉLIDES 719 el y progresse; en aquarium, ce tube peut se fixer sur les parois de verre, sur les Algues ; dans la nature, ilse fixe parfois sur des cailloux ou des Algues. D'après de Saint-Joseph, il en serait de même pour la Leontis Duinerili, qui, aux environs de Dinard, est ramenée en abon- dance par le chalut (7-8") et par la drague, mais qui est exces- sivement rare sur le rivage. On la trouve parmi les touffes de Rytiphlæa, auxquelles adhère son tube membraneux et trans- parent. Enfin, l'habitat est tout à fait déterminé pour les deux der- nières espèces. L'ÆHediste diversicolor vit dans des galeries creu- sées dans la vase et quiviennent s'ouvrir verticalement au dehors, à la limite supérieure de la zone supra-littorale, dans de l’eau plus où moinssaumâtre. La Nereilepas fucata est la commensale bien connue des Bernard-lErmite. Mécanismes locomoteurs et respiratoires des Lycori- diens. — Chez les Néréides, les mouvements ondulatoures sinusot- daux jouent un rôle capital. Is peuvent se produire dans deux. plans différents, comme je l'ai signalé déjà chez quelques Phyllodociens : dans le plan sagittal et dans le plan perpen- diculaire qui sépare la région dorsale de la région ventrale. Les mouvements sinusoïdaux qui ont lieu dans le plan sagittal ne se produisent que quand l’animal est en repos; ils ont lieu d'avant en arrière et sont de faible amplitude; ils sont limités à une région du corps et n'ont qu’une durée temporaire; la fréquence et l'intensité varient avec l'habitat et le degré de pureté de l’eau; je leur attribue un rôle respiratoire. Les mouve- ments sinusoïdaux qui ont leu dans le plan séparant la région dorsale de la région ventrale déterminent en général la loco- motion; ils se propagent d’arrière en avant et, dans certaines circonstances, ensensinverse ; ilsont, en général, une plus grande amplitude; ils intéressent la presque totalité du corps et durent autant que la locomotion qu'ils déterminent ; leur inten- sité varie avec l’état mécanique de l’eau et l’éclarement. La marche el la natation sont en général sous la dépendance des mouvements ondulatoires latéraux. Dans la marche, l'amplitude et la longueur des ondes sont très faibles ; leur propagation entraine un balancement inces- 30 GEORGES BOHN sant des purapodes : ceux-ci, en venant s'appuyer sur les parois du tube et de la fente où se trouve l'Annélide, servent en quel- que sorte de leviers propulseurs. Par suite, en général les mouve- ments de replation n'ont plus qu'un rôle tout à fait accessoire : MOUVEMENTS SINUSOÏDAUX RESPIRATOIRES. Pendant le repos. Dans le plan sagittal. Sur une région limitée du corps. D'avant en arrière. Durée temporaire pendant le repos. Intensité el modalité variables avec l'habitat et l’état chimique de MOUVEMENTS SINUSOÏDAUX LOCOMOTEURS. Pendant la locomotion. Dans un plan perpendiculaire au plan sagittal. Sur la presque totalité du corps. D'arrière en avant; renversements possibles. Durée totale de la locomotion. Intensité et modalité variables avec l’état mécanique de l’eau et l'é- clairement. l’eau. toutefois, chez les Néréides qui vivent dans les rochers (Liep- plule cultrifera) les segments de la région antérieure peuvent subir des allongements et des raccourcissements, des flexions, parfois des rotations autour de l'axe, et, prenant appui sur le support, trainer derrière eux le reste du corps. On peut dis- tinguer chez les Néréides trois sortes de marches : 1° la marche thiygmotactique (sur les rochers), dans laquelle la région anté- rieure rampe, le corps ondulant légèrement; 2° la marche pédieuse (dans les Tubes et les fentes), dans laquelle le balance- ment des parapodes sous l'influence de l’'ondulation du corps détermine la progression; 3° la marche natatrice (sur les fonds lisses), dans laquelle Ta propulsion sur le fond est détermi- née presque uniquement par les ondes, plus amples et plus longues. Dans la natation, la progression des ondes développe seule la force propulsive, Vamplitude et la longueur des ondes deve- nant très grandes. Mais 11 v a des variations. Si beaucoup de Néréides présentent un mouvement serpentiforme bien net, les Liepplale cultrifera, qui n’ont pas la marche natatrice, ont une nalation bien particulière : le corps, courbéen S (fig. 6) et légè- rement tordu autour de laxe longitudinal (fragment d'hélice), oscille légèrement autour de cet axe, un peu à la facon d’une MASSON ET C*, EDITEURS LIBRAIRES DE L'ACADÉMIE DE MÉDECINE — 120, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, PARIS (VI°). NOUVELLE PUBLICATION. ANNALES DE PALÉONTOLOGIE PUBLIÉES SOUS LA DIRECTION DE Marcellin BOULE PROFESSEUR DE PALÉONTOLOGIE AU MUSÉUM NATIONAL D'HISTOIRE NATURELLE Les Annales de Paléontologie paraissent tous les irois mois dans le format in-4 carré.— Les 4 fascicules annuels forment un volume d'au moins 20 feuilles in-4 et 20 planches. Des clichés dans le texte, schémas au trait, reproductions de fossiles en phototypie compléteront l'illustration. ABONNEMENT ANNUEL : Paris et Départements... 25 fr. — Étranger............. 30 fr. Sommaire des Fascicules I et IE (Janvier 1906) Fossiles de Patagonie. — Les Attitudes de quelques animaux, par ALBERT Gaupry. Paléontologie de Madagascar. I. — Fossiles de la Côte orientale, par M. Boure et A. THEVENIN (avec 2 plunches). II. — Sur Quelques Gisements nummulitiques de Madagascar, par RoBErT Douvircé (avec 1 planche). à Les Grands Chats des cavernes, par MarceLuin Boure (avec 4 planches). Types du Prodrome de Paléontologie stratigraphique universelle de d'Orbigny (avec 2 plunches). © ——— © ——————————— TABLE DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE CABIER Le Gelasimus Tangeri, crustacé d'Andalousie, par le D° Marcez BaupouIn. Corgeiz. — Imprimerie En. Créré. 82° ANNÉE. — IX° SÉRIE | LT) TONER 0eme ANNALES DES SCIENCES NATURELLES Z2OOLOGIE COMPRENANT L'ANATOMIE, LA PHYSIOLOGIE, LA CLASSIFICATION ET L’'HISTOIRE NATURELLE DES ANIMAUX PUBLIÉES SOUS LA DIRECTION DE M. EDMOND PERRIER TOME Il. — Nes 2, 3 et 4 PARIS MASSON ET C'*, ÉDITEURS LIBRAIRES DE L'ACADÉMIÉ DE MÉDECINE : 120, BOULEVARD SAINT-GERMAIN (VI£) 1906 # AN Paris, 30 FR. — DÉPARTEMENTS ET ÉTRANGER, 3%FR Ce cahier a été publié en mars 1906. . + Les Annales des Sciences naturelles paraissent par cahiers mensuels. Nes a. Conditions de la publication des Annales des sciences naturelles NEUVIÈME SÉRIE BOTANIQUE Publiée sous la direction de M. Px. VAN TtEGHEM. L'abonnement est fait pour 2 volumes gr. in-8, chacun d'environ 400 pages, avec les planches correspondant aux mémoires. Ces volumes paraissent en plusieurs fascicules dans l'intervalle d’une année. ZOOLOGIE Publiée sous la direction de M. EpmMoND PERRIER. L'abonnement est fait pour 2 volumes gr. in-8, chacun d'environ 400 pages, avec les planches correspondant aux mémoires. Ces volumes paraissent en plusieurs fascicules dans l'intervalle d'une année. Prix de l’abonnement annuel à chacune des parties, zoologie } ou botanique Paris : 30 francs. — Départements et Union postale : 32 francs. ANNALES DES SCIENCES GÉOLOGIQUES Dirigées, pour la partie géologique, par M. Hégerrt, et pour la partie paléontologique, par M. A. Miie-Enwarps. Tomes I à XXII (1879 à 1891). Chaque OUEN REA ATP EEE 15 fr. Cette publication est désormais confondue avec celle des Annales des Sciences naturelles. Prix des collections : PREMIÈRE SÉRIE (Zoologie et Botanique réunies), 30 vol. (are). DEUXIÈME SÉRIE (1834-1843). Chaque partie, 20 vol. 250 fr. TROISIÈME SÉRIE (1844-1853). Chaque partie, 20 vol. 250 fr. QUATRIÈME SÉRIE (1854-1863). Chaque partie, 20 vol. 250 fr. CINQUIÈME SÉRIE (1864-1873). Chaque partie, 20 vol. 250 fr. SIXIÈME SÉRIE (1874 à 1885). Chaque partie, 20 vol. 250 fr. SEPTIÈME SÉRIE (1885à 1894. Chaque partie, 20 vol. 300 fr. HuITIÈME SÉRIE (1895 à 1994). Chaque partie, 20 vol. 300 fr. GÉOLOGTE, 22 NOMME EMERET TELE ANSE CRT OUSNRPr 330 fr. ATTITUDES ET MOUVEMENTS DES ANNÉLIDES 81 godille, et la progression se fait ainsi. L'explication de ce mode de locomotion si singulier est fournie par l'étude de la natation de certaines formes hétéronéréidiennes (de la Nereilepas fucata par exemple) : pendant la progression des ondes latérales d’ar- rière en avant toute la partie antérieure du corps reste rigide et oscille légèrement autour de son axe longitudinal : le mouve- ment de godille s'ajoute au mouvement serpentiforme ; suppo- sons que le mouvement serpentiforme ne dure qu’un instant, Juste le temps nécessaire pour imprimer au corps la forme d'un S, une fois le corps devenu rigide. le mouvement de godille pourra suffire pour produire la propagation. | On observe tous les passages entre les divers modes de loco- motion. SE SIDE D D PE DL PT 4er Mode. Marche thigmotac-|Repta-| Ondulations tique. tion. faibles. 22 — Marche pédieuse. — Balt des parapodes. 3 — — natatrice. Ondulations moyennes. 4e — Natation serpenti- Ondulations forme. fortes. 5e — Nat. serpentiforme — Oscillat. autour —+- hélicoïdale . axelongitudinal. 6° — Natationhélicoïdale. C: rigide, on- — dulé ettordu. Étude des Néréides vivant parmi les rochers. — Je pren- drai comme exemple les Lipephile cultrifera, vivant dans les rochers supra-littoraux, et qui ont une allure assez semblable à celle des Phyllodociens du même habitat. Les modes de locomotion sont surtout le premier etle sixième : marche thigmotactique et natation avec mouvement de godille ; le sens de la locomotion ne change guère; les mouvements respiratoires sont fugitifs et peu accentués [après 10 minutes d'arrêt, longueur d'onde — 1 centimètre, rythme — chaque 3 secondes). En somme, chez les Lipephile cultrifera, contraire- (1) J'ai étudié en 1903 les mouvements des Hétéronéreis mâles et femelles que l’on trouve dans les coquilles des Pagures; ces deux sortes de formes ont été vues par de nombreux observateurs, malgré ce que semble penser M. L. Fage en 1904 (Bull. du Muséum, p. 485), qui prend la peine bien inutile de discuter une hypothèse émise par Harrington. ANN. SC. NAT. ZOOL. ru ACC 89 GEORGES BOHN ment aux autres espèces de Néréides, les mouvements sinusoï- daux n’ont qu'une importance secondaire. Il est facile de don- ner une explication éthologique de ce fait. Les Lipeplale vivent parmi les rochers sur des surfaces excessivement accidentées ; or, sous l'influence de la propulsion des ondes sinusoïdales, la tra- jectoire est rectiligne; p. €., si ces Annélides nageaient en ser- pentant à tout instant, ils subiraient des heurts et serarent arrêtés. Les Lipephile ont pris l'habitude de ramper à la surface des corps qu'ils rencontrent, de se laisser guider par les sensa- lions de contact et de pression ({higmotactisme.) La région an- térieure où s'effectuent les mouvements de reptation guide en quelque sorte le Ver ; cette région peut subir les déformations les plus considérables : variations de longueur, Jlexions, rota- tions ; l'orientation de cette région a lieu par rapport au support et non par rapport à la pesanteur : l'animal peut se renverser sur lui-même, subir facilement une rotation de 180°. On retrouve également les rotations dans la natation : outre les légères rota- tions alternatives à droite et à gauche qui produisent la propul- sion (godille), des rotations plus considérables peuvent amener un changement de l'orientation générale du corps qui est en train de nager. Le thigmotactisme est très considérable chez les Zipeplile cultrifera. Un attouchement, une pression déterminent les mouvements de reptation et de recherche de l'extrémité anté- rieure, quel que soit le point attouché ou comprimé. . L’Annélide contourne les cailloux. les coquilles, et il suffit de déposer délicatement un caillou sur l'extrémité postérieure du Ver en repos pour qu'instantanément l'extrémité antérieure se melte en mouvement et recherche le caillou. Cependant la lumière à sur les Lipephile des rochers supra- littoraux une action importante. Cet Annélide est érès sensible aux variations d’éclairement : la moindre variation peut pro- duire un changement d'allure. Une augmentation transforme la marche thigmotactique en une natation hélicoïdale (godille) ; une diminution a l'effet inverse; dans une plage éclairée, le Ver nage en ütubant quelque peu; dans l'ombre, s’il n’est pas protégé, 1] rampe avec aclivilé, mais celte activité est locali- sée, comme on le sait, dans la région antérieure, la région pos- ATTITUDES ET MOUVEMENTS DÉS ANNÉLIDES 83 térieure restant inerte ou presque; aussi, lorsque la Néréide à pénétré par hasard dans une ombre, elle y reste en général. Dans un cristallisoir, les Lipephile des rochers supra-littoraux se groupent rapidement dans les ombres; il faut voir là, comme je l'ai déjà indiqué, le résultat d’un effet tonique de la lumière ou d’une grande sensibilité différentielle. Quelquefois même, mais dans des cas très rares, 1l y à un effet tropique : à une cer- taine distance d’une ombre, les mouvements natatoires sont plus énergiques et le Ver se dirige vers ombre. Dans les zones plus inférieures, la sensibilité aux variations d’éclairement devient moins grande : in°y à plus jamais d'effets tropiques, mais les effet toniques sont le résultat de plus grandes variations d'éclairement; l’Annélide quitte assez facilement une ombre pour une région éclairée, lorsque le hasard le pousse à y péné- trer. Cest là la règle pour les Zipephile cultrifera des zostères et pour les Prarithea wrorata du même habitat. Étude des Néréides vivant dans la vase des zostères. — La Prarilhea irrorata à un genre de vie assez différent de la Lipephile cultrifera. Elle vit dans des tubes muqueux rectilignes ou légèrement sinueux qu'elle sécrète. Quand on brise avec pré- caution un bloc de cette terre noire toute pénétrée des racines etrhizomes des Zostères, on retire les Prarithea enveloppées de sortes d’étuis ou linceuls filamenteux; ces étuis ne sont que les fragments de galeries, sensiblement horizontales sauf dans leur portion initiale, et qui s’infléchissent au contact des cailloux. En aquarium, l’Annélide s'enfonce dans le sable, mais ne tarde pas à cheminer dans un plan horizontal en sécrétant à mesure un tube muqueux; s'il n'y a pas de sable, il applique son corps contre les parois, à un niveau quelconque et sécrète un tube horizontal plus long que le corps; ensuite, 1l y chemine, sortant rarement. | La plupart du temps, les Praxithea irrorata vivent dans des tubes; ce n’est qu'accidentellement qu'elles sortent pour nager, où que, ne retrouvant plus le tube abandonné, elles fouissent ou adhèrent à une paroi en sécrétant un nouveau tube. Dans le tube, le mode de locomotion est le deuxième in- diqué dans le tableau ci-dessus : sous l'influence d’un léger mouvement serpentiforme, les parapodes, aussi bienles ventraux 84 GEORGES BOHN que les dorsaux, oscillent, et, prenant appui sur les parois du tube, agissent comme des leviers. Dès que l'animal sort, les ondes s’agcentuent (3° mode de locomotion) et le Ver progresse grâce à la propulsion due à la propagation des ondes ; les para- podes d’ailleurs prennent difficilement appui sur la surface des rochers et sur les surfaces lisses (verre, porcelaine...). Un rien transforme la marche natatrice en natation (4° mode de locomotion) : la Prarithea nage facilement en serpentant et cela parfois pendant un temps assez considérable. Dans son tube, l'Annélide a des attitudes variées. Souvent le corps est disposé longitudinalement dans une partie horizon- tale et ne présente aucune torsion : les cirres très longs forment un faisceau dirigé en avant de la tête, et, doués d’une excessive sensibilité, ils avertissent en quelque sorte l'animal des dangers. Sous l'influence d’un choc, de certaines excitations lumineuses, le Ver peut reculer, des ondes latérales se produisant d'avant en arrière, mais 1l peut aussi se retourner; pour cela, la région antérieure se fléchit de 180° sur le reste du corps, de manière à s'appliquer contre lui; mais, en même temps, elle subit une ro- tation de 90° autour, de son axe longitudinal, de manière que sa face ventrale vienne s'appliquer par exemple sur le QE er) côté gauche du reste Len) du corps (fig. 7); d’au- tres fois la région an- térieure et la région qui précède subissent l'une et l’autre, en sens contraire, des rotations de 90° et les c régions dorsales vien- nent s'appliquer par exemple l’une contre l’autre. Dans ce dernier cas, il y à Lorsion de 180° d’une partie du corps sur l’autre. Cette torsion peut se produire même quand il n'y a pas de flexion : il en résulte une attitude que j'ai retrouvée chez d’autres Annélides tubicoles et que j'expliquerar. 6 Fig. 6 à 8. — Lycoridiens, ATTITUDES ET MOUVEMENTS DES ANNÉLIDES 89 Quand l’eau du tube s’altère par suite de la respiration, le Ver peut changer de position comme Je viens de lPindiquer, mais souvent aussi il reste en place et présente les mouvements respiratoires caractéristiques (longueur d'onde — 2 centimètres, amplitude assez prononcée, — chaque 2 s. environ); plus le tube est étroit, plus les mouvements respiratoires sont éner- giques : ils peuvent déterminer un courant d'eau très appré- ciable dans le tube, d'avant en arrière. On peut résumer les différences d’allure de la Prarithea irrorala et de la Lipephile cultrifera de la manière suivante : Praxithea irrorata. Lipephile cultrifera. Dans tube, marche pédieuse (2). Sur rochers, marche thigmotacti- que (1). Sur sable, marche natatrice (3). Dans eau, natation sinusoïdale (4). Dans eau, natation hélicoïdale titu- bante (6). Dans tube, marche directe ou inverse. | Sur rochers, marche directe. Flexions de 1802. Flexions (irrégulières de la ré- Rotations de 90° et de 180o. Rotations ! gion antérieure. Ondulations respiratoires énergi- Ondulations respiratoires faibles ques et fréquentes. et fugaces. Chez les Prarithea wrorata, beaucoup moins thigmotactiques que les Lipephile cultrifera, les mouvements, les attitudes, l'orientation sont beaucoup plus réguliers que chez les Lipephile dont les mouvements, les attitudes, l’orientation sont imposés en grande partie par le support à la surface très 1rré- gulière. IL y à aussi entre ces deux sortes d’ Annélides une différence dans la sensibilité à la lumière. Les Praxithea, peu habituées aux contrastes de l'ombre et de la lumière, sont peu sensibles aux variations d’éclairement. Quand elles sont au dehors du tube, elles passent indifféremment dans l'ombre et dans la lumière, restent indifféremment dans l'ombre et dans la lumière. Toute- fois, quand ellessortent dutube, ellessont beaucoup plus impres- sionnables : en franchissant la limite de séparation de l'ombre et de la lumière, elles peuvent subir un recul vis-à-vis de la lumière ; aucune ombre portée ne détermine . rétraction (elles ne sont pas shioptiques) . Ce dernier fait est très important, car il nous montre que /es 86 GEORGES BOHN réactions vis-à-vis dela lumière varient suivant les sensations tactiles etmusculaires ressenties par l'animal. Étude des Néréides vivant dans la vase des estuaires. — Lorsque les Néréides qui viventdansla vase des zostères quittent leur tube, elles se trouvent sous une épaisse couche d’eau ; 1l n'en est pas de même pour les Néréides qui vivent dans la vase des estuaires, les Hediste diversicolor. Les premières étaient peu sensibles aux variations d’éclairement, les secondes, du moins quand elles se trouvent sous une mince couche d'eau sat- mâtre, ont une sensibilité lumineuse extrême, et les mouvements du corps sont fonction en quelque sorte de l’éclairement. Les Hediste diversicolor présentent trois modes de locomotion : 1° la marche pédieuse, 2° la marche natatrice, 3° la marche sinusoïdale. On observe tous les passages entre ces trois modes de locomotion : la longueur des ondes augmente graduellement (le nombre diminuant par conséquent) et l'amplitude s’accroil d'une façon très considérable (fig. 8). Marche pédieuse. Grand nombre d'ondes. Très faible amplituie. Marche natatrice. 8-7 ondes. Amplitude moyenne. ÿ Natation. 3-2 ondes. Très grande amplitude. Certains excitants transforment la marche en natation : ce sont desexcitants mécaniques (attouchements, chocs, agitation de l’eau), des excitants chimiques (changement brusque de composition de l'eau), mais surtout des excitants lumineux (augmentation de l’éclairement, ombres situées à distance). IL y à à tenir compte des habitats variés ; dans l'estuaire de l'Arguenon, au bord du château du Guildo, on trouve des Hediste dans trois milieux différents : 1° sur le fond vaseux, sous une épaisse couche d’eau marine, 2° dans des nappes d’eau saumâtre peu profondes, 3° dans des ruisselets d'eau douce. Dans le premier milieu, la Néréide offre une assez grande indit- férence vis-à-vis de l’éclairement : les quelques réactions observées sont dues à un effet {tonique de la lumière. Dans le deuxième milieu, la sensibilité à la lumière devientplus grande, les changements d’allure sont provoqués par des variations d’éclairement sur le fond plus faibles que dans le cas précédent (sensibilité différentielle plus grande) ou par des perceptions ATTITUDES ET MOUVEMENTS DES ANNÉLIDES 87 d'ombre à une certaine distance (phototarie négative) ; comme chez les Phyllodociens supra-littoraux, la perception par les yeux d’une ombre située à une certaine distance provoque des mouvements ondulatoires qui naissent à la partie postérieure du corps et qui déterminent une propulsion vers l'ombre. Dans le troisième milieu, la sensibilité à la lumière devient subite- menttrès faible, sans que toutefois l'irritabilité vis-à-vis des autres agents (mécaniques, chimiques) se trouve affaiblie. I y a là un point bien mystérieux de la physiologie des Annélides supra-littoraux . Étude des Néréides Den dans les coquilles. — La Nereilepas fucata, commensale des Pagures, présente des para- podes bien développés (marche pédieuse). Je renvoie pour l'étude des sensations tactiles et musculaires, seule importante, à un mémoire publié dans le Bulletin del ie al psycholo- qique [Bohn, 4904]. Conclusions relatives aux Lycoridiens. — Comme Je l'ai déjà dit plus haut,le grand intérêt des Lycoridiens est de montrer d’une facon très nette l’influence de l'habitat sur les mouve- ments et sur les réactions vis-à-vis de la lumière. 1° {nfluence de l'habitat sur les mouvements. — Dans la grande majorité des cas, les Néréides vivent dans des fentes et dans des tubes diversementorientés, par suite la région dorsale se trouve à peu près dans les mêmes conditions mécaniques que la région ventrale; c’est peut-être là la raison des doubles parapodes : ceux-ci se développeraient suivant les 4 génératrices, deux ven- trales, deux dorsales, qui subissent pendant la locomotion les frottements les plus intenses ; à cet égard M. Malard m'a signalé un fait bien curieux : lorsque les Nerelepas fucata régénèrent la partie postérieure de leur corps, il arrive que les parapodes se développent suivant 3 génératrices; or, les Nereilepus se lrouvent à l'extrémité de la coquille dans des con- ditions mécaniques spéciales, le corps tendant à prendre, par suite des compressions, une forme triangulaire ; 1l n’est donc pas étonnant que ce soit Le long des arêtes du prisme triangu- laire que les parapodes tendent à se différencier. Au point de vue de l’habitat, les Néréides peuvent se classer de la facon suivante : 88 GEORGES BOHN { Lipephile cultri-! tp , pr oN . Per l Marche \ Natation hélicoï- 4° N. des rochers. £ fera. : : 1. . « { thigmotactique. dale oscillante. Nereis pelayica. 2° N. vivant dans) Praxithea irrorata. } Marche pédieuse. (Natation sinusoï- destub.muqueux.) Leontis Dumerilii. Ÿ Marche natatrice. ! dale. 39 N. vivant dans des galeries, sous eaux saumâtres. Hediste diversico- { Marche pédieuse. | Natation sinusoï- lor. Marche natatrice. } dale. ! Natation sinusoï- | . dale + hélicoï- Nereilepas fucata. | Marche pédieuse. / dale (f.hétéroné- / réidienne). 4° N. vivant dans } des coquilles. / Chez les Néréides qui vivent dans des tubes, on observe une modification progressive des parapodes d'avant en arrière : 1l ne serait pas impossible qu'il y ait là encore une influence du mode de locomotion sur la forme. 2 Influence de l'habitat sur les réactions vis-à-vis de la lumière. — Au point de vue de la distribution bathymétrique, les Néréides peuvent se ranger de la manière suivante : EFFETS EFFETS RECULS. TROPIQUES. TONIQUES. 10N.desestuaires.|Hedistediversicolor. | Très nets. » Tr.intenses. TT Dans eaux saumâtres. 20 N. des rochers|Lipephile cultrifera. Rares. » Assez nets. supra-littoraux. 3° N. des zostères.|Lipephile cultriferu. 0 Reculs . Faibles. Praxithea irroratu. dans tubes. 40 N. des Laminai-| Nereis pelagica. 0 » Rien d'inté- res et des fonds|Leontis Dumerilii. ressant. (20-25 m.) Nereilepas fucala. Les Néréides de la première catégorie, et quelquefois celles de la deuxième, peuvent percevoir les ombres à distance, comme les Phyllodociens supra-littoraux. Toutefois, les Praxithea irro- rata, lorsqu'elles sont dans des tubes, peuvent présenter des reculs vis-à-vis de la lumière. Les effets toniques vont en s’affaiblissant avecla profondeur ; l'excitation lumineuse transforme plus ou moins facilement la marche en natalion, la fatigue qui résulte de cette excitation se ATTITUDES ET MOUVEMENTS DES ANNÉLIDES 39 manifeste, lorsque le Ver pénètre dans l'ombre, par un ralentis- sement des mouvements ou par un arrêt, ce qui augmente rapidement, comme je l'ai montré [4903f}, la proportion des individus qui se trouvent dans l'ombre. Les Hediste, tant par suite deseffets tropiques que des effets toniques, se rassemblent rapidement dans les ombres ; les Lipephile cultrifera quittent rarement les ombres dans lesquelles elles ont pénétré par hasard, surtout quand elles y trouvent quelque abri; les Prari- thea entrent dans les ombres et en sortent facilement. VI APHRODITIENS Les Aphroditiens offrent de grandes analogies avec les Lyco- ridiens etpeuvent facilement être mis en parallèle avec eux. Malgré qu'ils vivent dans les habitats les plus variés : rochers, pierres, vase des zostères, sable, fonds divers, tubes d’autres Annélides, ete., et qu'ils présentent des aspects assez diffé- rents, il semble qu'ils se rattachent tous à des formes modifiées assez profondément par la we dans des lubes en commun avec d'autres organismes : les allures, les mouvements, sont chez toutes les espèces sensiblement les mêmes, et, malgré le poly- morphisme apparent, il y à une unité d'organisation remar- quable. D'ailleurs, ce groupe nous est maintenant admirable- ment connu grâce à l'excellente thèse de Darboux [1899), à laquelle nous ferons les emprunts nécessaires pour la compré- hension des divers mouvements et attitudes. Constitution. — Le nombre des segments varie dans des limites très étendues [25 à 204, de Saint-Joseph, 4888); chez les espèces vermiformes, il est très considérable et varie suivant les individus | Polynoe scolopendrina, 53 à 82]; dans les espèces à corps trapu, 1l est faible et présente une constance remar- quable |{Lepidonotus squamatus, 25]. — Le caractère le plus saillant est la présence d’appendices nouveaux, les élytres. « Le rôle, dit Darboux, que Joue lPélytre dans la morphologie et la physiologie de l’animal est si considérable qu'il paraît naturel 90 GEORGES BOHN de réunir dans un même ensemble les Annélides qui en’ sont pourvus ; l'étude anatomique de ces formes ne peut que Jus- üifier cette opinion :1l n'y à, somme toute, entre les genres divers que des différences de détail, les ressemblances nom- breuses qui portent sur les traits essentiels de l'anatomie per- mettent de dire qu'il y à, pour les Annélides à élytres, un type d'organisation parfaitement net, etqui d’ailleurs leur est propre. Les Aphroditiens (sensu Smarda) forment donc une famille naturelle. » Darboux à montré que l'élytre n’est pas un cirre dorsal aplati ; les deux organes peuvent coexister, mais le déve- loppement de l’élytre a poureffet d’entraver l’évolution du cirre ; il en résulte que les anneaux successifs portent soit des élytres, soit des cirres dorsaux. Les élytres sont des organes exelusive- ment épidermiques ; ils ont divers rôles : protection, entretien d’un courant d’eau sur la face dorsale, incubation, produetion de lumière. — Le parapode est birème, c'est-à-dire que toutes les parties essentielles, mamelons sétigères, soies et cirres, sont aussi bien développées à la rame dorsale qu'à la rame ventrale (exception faite pour les segments pourvus d’élytres). — La têle porte des antennes en nombre variable, deux palpes, une ou deux paires d’yeux ; la plaque sous-céphalique est une dépen- dance du premier segment somatique et devient parfois une protubérance ventrale ({ubercule facial) . Glassification. — « La présence des élytres caractérisant la famille considérée dans son ensemble, il paraît naturel, dit Darboux, d'accorder à leur mode de répartition une importance considérable. C'est là en effet un caractère essentiel qui à été employé par Kinberg et Grube pour la délimitation des tribus. L'étude des formes aujourd'hui connues permet de dire que, en employant concurremment avec les précédents des caractères üirés de la nature des soies, simples ou composées, l’on arrive à définir nettement des ensembles naturels où tribus. » On peut faire intervenir aussi le nombre des appendices céphali- ques, le mode d'insertion des antennes, la structure des para- podes. Voici, d'après Darboux, les caractères des tribus qui ren- ferment les espèces indigènes que J'ai étudiées. Nota. — Dans la partie antérieure du corps les S. à élytres etles S. pourvus de cirres alternent régulièrement. ATTITUDES ET MOUVEMENTS DES ANNÉLIDES 01 Tous les segments postérieurs pour- / Hermioninæ (yeux pédonculés, {tuber- vus de cirres. cule facial). Ou entre deux segments à élytres, au . moins deux pourvus de cirres. Pas de soies composées. \| Polynoinæ (yeux sessiles). Tous les segments postérieurs à | élytres. Sigalioninx. Soies composées. \ On s'accorde aujourd’hui à considérer les Polynoinæ comme Aphroditiens se rapprochant le plus des formes primitives du groupe, et Darboux a été conduit à donner le tableau suivant (que je simplifie) : Sigalioniens. Hermioniens. Polynoe. ) Lagisca. Lepidonotus. Harmothoe. Les formes les plus primitives seraient les Harmothoe. Genres de vie et habitats. — L'extension bathymétrique est, d’après Darboux, aussi considérable que possible. «On Îles trouve depuis le niveau de l’eau jusqu'aux plus grandes profon- deurs où l’on ait rencontré des Annélides, et c’est là un carac- tère qu'ils ne partagent qu'avecles seuls Polychètes sédentaires. » Si, sur nos côtes, on trouve danslazone littorale des Harmothoe, la Lagisca extenuata, le Lepidonotus squamatus, le Sthenelaïs idunæ et le Sigalion Matlildæ, V' Aphrodite aculeata se drague dans les fonds de 20 à 25 mètres. Mais aucun de ces animaux n'est localisé dans la zone littorale : PHarmothoe impar et l'Aphrodite aculeata, par exemple, ont été draguées à plus de 900 mètres de profondeur. Les curieuses Panthelis ont été trouvées à 900 mètres dans la Méditerranée. Entre 1800 et 3600 mètres, le Challenger à récolté six espèces ; trois autres ont élé rencontrées entre 4500 et 5500 mètres. Les Polynoïniens, que l’on considère comme les formes les plus primitives, sont en général commensales où parasites, de Spongiaires, de Cælentérés, de Mollusques, de Tuniciers, mais surtout d'Échinodermes et d'Annélides (Serpuliens, Térébelliens, Arénicoliens, Chétoptériens, Cirratuliens..…). Darboux a trouvé 92 GEORGES BOHN à Cette : Lepndonotus clava Mont., Lagisca extenuata Gr., Har- mothoe impar Jonhsion... dans des amas en bouquets formés par les tubes calcaires de deux Serpuliens ; à maintes reprises, il a rencontré ces diverses formes dans des tubes calcaires vides. De même, de Saint-Joseph [1888] à trouvéune Lagisca extenuata dans un tube de Serpula vermicularis. Darboux a constaté que la Lagisca ertenuata et V'Harmothoe impar, à Wimereux par exemple, vivent en grande abondance sous les pierres à la côte. « Comme laplupart des Aphroditiens, ils sont lucifuges et ne doivent chercher dans les bouquets de tubes de Serpuliens qu'un abri contre une lumière trop vive pour elles à la faible profondeur où on les rencontre. » Les Harmothoe sont le plus souvent commensales des Térébelliens et des Arénicoliens. La Nychia cirrosa est commensale de l'Amphatrite Edivardsi (avec l'H. imbricata) et du Chétoptère. Le Lepidonotus squamatus, qui est si abondant sous les pierres, à été trouvé par Malaquin dans un tube vide de ZLanice conchyleqa. J'ai rencontré aux environs de Saint-Jacut la Pol/ynoe scolopendrina constamment associée à la Polymnia nebulosa, dans 1e même tube arénacé, et je n'ai jamais constaté qu'elle sécrète elle-même un tube (ceci est à rapprocher des observations d’Audouin et de Edwards, et de celles de Mac-Intosh). Les Polynoïniens, le plus souvent commensaux, vivent avec leurs hôtes dans les zostères ou dans les endroits rocheux. Les Hermioniens errent sur des fonds vaseux ou sur du sable co- quillier. Les Sigalioniens se trouvent enfoncés à quelques centi- mètres de profondeur dans des sables grossiers, légèrement vaseux (pas de galeries apparentes). Attitudes et mouvements des Aphroditiens commensaux (Harmothoe, Nychia cirrata, Polynoe scolopendrina). — Ayant étudié avec soin les attitudes et les mouvements de diverses espèces d'Harmothoe et de la Nychia cirrosa, ayant constaté que ces attitudes et mouvements résultent manifestement du genre de vie (tubes, eau chargée de produits d’excrétion), et ayant retrouvé ces attitudes et mouvements chez les Aphroditiens non commensaux, J'étais arrivé à la conclusion que tous les Aphroditiens avaient dù mener à l’origine la vie commen- sale, Aussi ai-je été heureux, lorsque j'ai voulu me mettre au ATTITUDES ET MOUVEMENTS DES ANNÉLIDES 03 courant des conclusions des travaux de morphologie, d'ap- prendre que les zoologistes descripteurs et les anatomistes élaient arrivés à une conclusion analogue et voyaient dans les Harmothoe commensales des formes voisines de la souche originelle. Observations sur diverses Harmothoe. — J'ai trouvé à Saint- Vaast et à Saint-Jacut diverses Harmothoe, dans des tubes de Terebella Edivarsi, de Lanice conchyleqa…, elles se sont toutes comportées de la même façon. Je les ai observées dans les tubes mêmes qu’elles habitent dans la nature {tubes de Téré- belles fendus longitudinalement dans des blocs de la terre noire des zostères, tubes de Lanice conchyleqa.……), et aussi dans des tubes de verre, dont la surface interne n’est guère plus lisse que celle des tubes naturels. 1° Les Harmothoe sont toujours étroitement appliquées, par leur face ventrale, contre les parois internes du tube cylin- drique ; 2° Elles progressent, le ventre appliqué contre la paroi du tube, par un léger mouvement serpentiforme qui fait basculer les parapodes (marche pédieuse) ; 3° Elles peuvent progresser dans les deux sens, s'avancer et reculer dans la galerie, le sens de propagation des ondes laté- rales changeant facilement ; le moindre attouchement portant sur les appendices céphaliques détermine le recul; une exci- tation portant sur l'extrémité postérieure accélère la marche normale. Il y a là une adaptation manifeste à la vie dans des galeries, une conséquence de la nécessité de fuir d'un côté ou de l’autre, si un ennemi survient. (Cependant l'animal se retourne parfois); 4° Elles progressent dans des galeries ayant toutes les direc- tions possibles et adhèrent parfaitement aux parois verticales constituées par des lames de verre humides; dans des tubes de verre verticaux, elles montent et descendent aisément ; 5° Quand elles se déplacent contre la paroi d’un tube, elles suivent souvent une ligne hélicoïdale (trajectoire du mouve- ment), au lieu de suivre une des génératrices du cylindre (fig. 9); 6° Il en résulte pour ces animaux une attitude fréquente : 04 GEORGES BOHN le corps est légèrement contourné en hélice, mais ne repré- sente qu'un fragment de tour; cette attitude persiste même en dehors des tubes ; 7° L'attitude et la marche hélicoïdales sont surtout très nettes chez les individus qui AE habitent les tubes étroits D de la Lanire conchyleqa ; dans chaque tube vertical la Térébelle effectue de fré- quents mouvements de ro- talion, et le parasite suit ; d’ailleurs pour passer à frottement entre la paroi du tube et le corps de l'hôte, le Fig. 9 à 12. — Aphroditiens. mouvement hélcoïdal est le plus favorable (une vis s'enfonce plus facilement qu’une pointe). Observations sur des Nychia cirrosa, trouvées dans des tubes d'Arénicoles. — Les mouvements et les attitudes sont les mêmes ; les mouvements ondulatoires peuvent être très rapides (déplacement = 1 centimètre à la seconde), et ils se produisent facilement dans les deux sens grâce à l'extrême sensibilité des régions postérieure et antérieure. Dans des tubes verticaux, ces Vers montent et descendent, la tête en haut; ils peuvent se retourner quand on place le tube sens dessus dessous, afin de ramener la tête vers le haut; si le niveau de l’eau baisse, le corps descend, la tête en haut, de manière à être toujours submergé. Le ventre repose toujours sur la paroi du tube et le corps a une légère tendance à la torsion hélicoïdale. Comme les Harmothoe, les Nychia s'adaptent à la vie sous les pierres, et essaient de s’enfouir dans le sable. Observations sur des Polynoe scolopendrina. — J'ai trouvé constamment ces Polynoe dans les tubes de la Polymnia nebu- losa. Cet Annélide se comporte essentiellement comme les pré- cédents, mais, comme le corps est très long, la torsion héli- coïidale du corps est plus apparente : le plus souvent, le corps dessine à l’intérieur du tube un demi-tour d’hélice, le ventre est appliqué contre la paroi du tube, le dos contre l'hôte. ATTITUDES ET MOUVEMENTS DES ANNÉLIDES 95 Attitude hélicoïdale des Aphroditiens. — Celle attitude est fréquente chez les Aphroditiens. Watson à consacré un joli mémoire [1895] à un curieux Annélide, la Panthelis, qui _sécrète elle-même le tube qu’elle habite ; ilsemble que cet Anné- lide ait fréquemment cette attitude. Très souvent la sole ven- trale pédieuse des HR est une Sunsoe gauche à con- tournement hélicoïdal.. Ceite attitude n’est pas absolument spéciale aux A phroditiens. On l’observe chez les Néréides qui sécrètent des tubes à la façon des Panthelis : la Prazxithea wrorata dans son tube muqueux a le corps légèrement tordu sur lui-même : 180° d’une extrémité à l’autre (un demi-tour d'hélice). J'aurai à rapprocher ces phénomènes de torsion de phé- nomènes analogues observés chez les Térébelliens et les Sabelliens. Vie des Annélides précédents en dehors des tubes. — Quand l'hôte sort de son tube, ce qui à lieu fréquemment lorsqu'il s'agit d’Arénicoles, de Térébelliens (Polyrnia nebu- losa), le parasite sort aussi : les Arénicoles creusent de nouvelles galeries, les Térébelles, grâce à l'extrême sensibi- lité tactile des tentacules, retrouvent facilement des galeries abandonnées; il en est de même pour les Harmothoe et les Nychia : 1 suffit d'en placer un certain nombre dans des cuvettes où sont dressés verticalement des tubes de verre pour que ces tubes soient occupés par les Annélides. Mais si on leur fournit des pierres, ils peuvent venir se loger sous celles-ei : toutefois ils semblent préférerles rochers construits par des orga- nismes qui déversent dans l’eau environnante leurs produits d’excrétion ; comme l’a indiqué Darboux, ils recherchent les amas de tubes de Serpules, pénètrent souvent dans ces tubes quand ils sont vides, mais Je crois qu'ils sont guidés plus par des sensations d'ordre chimique que par des sensations lumi- neuses, tous ces animaux étant peu influencés par les variations d’éclairement. Dans la nature, on trouve fréquemment des Æarmothoe, des Nychia cirrosa, des Lagisca extenuata non commensales ; cela paraît être la règle pour le Zepidonotus squamalus. Celui-ci se déplace par un mouvement ondulatoire, l'onde 96 GEORGES BOHN étant parfois aussi longue que le corps ; au repos, celui-ci peut présenter diverses attitudes : S, demi-arc à concavité droite ou gauche (fig. 10)... Le ZLepidonotus est très thigmotac- tique : il s'applique sur le bord des cailloux, des coquilles, et pénètre toutes les fois qu'il rencontre un orifice circulaire. Quand il vit dans la zone supra-littorale, il est assez sensible aux variations de l’éclairement : il se repose fréquemment dans les ombres portées ; il n'y a pas d'effet tropique net. Attitudes et mouvements des Aphroditiens qui se dépla- cent sur les fonds vaseux. — Ces Aphroditiens ne peuvent être observés que dans des conditions anormales (1). Chez l’Aphrodite aculeata, la sole pédieuse se contourne souvent et le contournement est hélicoïdal; les parapodes jouent maintenant un rôle considérable : ils s'élèvent et s'abaissent alternativement et de plus oscillent d'avant en arrière ; en somme, ils effectuent un mouvement compliqué. Un certain nombre d’appendices fonctionnent en même temps de chaque côté, mais les mouvements ne sont pas syn- chrones : il semble que des ondes se propagent d’une extrémité à l’autre. Attitudes et mouvements des Aphroditiens qui vivent enfouis dans le sable grossier (Sigalion squamatum, Sthe- nelaïs idunæ). | 1° Sigalion squamatum. — Hors le sable, cet Annélide se contourne diversement (fig. 11); mais il ne tarde pas à s’enfouir par un procédé tout parüculier. Grâce aux mouve- ments incessants des parapodes qui rappellent ceux de lAphro- dite aculeata, en tous les points où le corps repose directement sur le sable, celui-ci est creusé par les parapodes qui agissent comme des sortes de pelles : le corps s’affaisse dans le creux et disparaît bientôt. 2° Sthenelais idunæ. — Hors du sable, le corps se con- tourne en général (fig. 12); la lumière très vive n'a guère d'influence sur le corps contourné, mais toute diminution d'éclairement entraîne quelques réactions motrices non coor- (1) On remarque que j’ai exclu dans ce fravail les formes des profondeurs : Rite on les ramène à la surface, leurs manifestations ne sont plus nor- ATTITUDES ET MOUVEMENTS DES ANNÉLIDES 97 données. Quand le corps est rectiligne, 11 peut subir la rotation hélicoïdale, si fréquente chez les Aphroditiens. Sur un support plan, le corps s'avance avec un mouvement serpentiforme, mais il oscille constamment autour de laxe longitudinal. L’enfouissement se fait par la tête : le corps se déroule plus ou moins et la tête s'engage dans le sable: les ondes latérales se propagent d’arrière en avant assez lente- ment (7 dans la longueur du corps, faible amplitude), et elles s'accompagnent de mouvements rotatoires des parapodes, comme dans les cas précédents, ce qui facilite l’enfouisse- ment (déblaiement du sable) ; parfois, comme chez le Sigalion, certaines régions du corps s’affaissent dans le sable avant que la région antérieure soit bien engagée. Natation chez les Aphroditiens. — J'ai rarement ob- servé la natation chez les Aphroditiens. J'ai vu des Harmothoe se détacher du support et se mettre à nager quelques instants. Voici comment de Saint-Joseph [1888] décrit La natation de l'Halosydna gelatinosa M. Sars. « Rien n'est plus gracieux que cet Annélide, lorsqu'il nage en ramant avec ses pieds, agitant ses larges élytres comme des ailes et avançant rapide- ment en ligne droite, ses longs cirres flottant de chaque côté du corps. » On le trouve dans les grandes marées, dans les trous creusés au milieu de la vase des herbiers par les Nérines, el il présente des bandes brunes transversales, et par consé- quent rappelle un peu l'Ophiodromus flezuosus, mais c’est un Aphroditien : les élytres s'élevant et s’abaissant, surtout les parapodes effectuant les mouvements qui entrainent la m arche chez lès Aphrodites, l'enfouissement chez les Sigalions, et 1er La natation. Mouvements respiratoires chez les Aphroditiens. — «Il est facile, dit Darbôoux [1899}, sur un Aphroditien en repos, de constater que chaque élytre s'élève et s'abaisse alternative- ment et que le mouvement se produit successivement sur les paires successives, de la première à la dernière; le résultat est facile à prévoir : 1l se produit sur la face dorsale un cou- rant d’eau continu, assez vif, et c’est par suite dans un milieu externe sans cesse renouvelé que se trouvent placées les bran- chies [ymphatiques de Ia face dorsale. » ANN. SC. NAT. ZOOL. Il, 7 98 GEORGES BOHN Cette observation, rapprochée de celles que J'ai faites sur des Phyllodociens et sur les Néréidiens, peut conduire à des consi- dérations importantes. Chez les Phyllodociens et les Néréidiens, il y à des mouvements respiratoires, qui sont des ondulations sinusoïdales du corps qui se propagent d'avant en arrière dans le plan sagittal. Lorsqu'un Annélide vit dans un tube (Praxithea iwrorata), l'eau ne tarde pas à subir une altération chi- mique et les mouvements augmentent d'intensité; on obtient le même résultat en plaçant le Ver dans de l’eau impure (CO?, divers produits d’excrétion). Chez un Annélide qui a pénétré dans un tube occupé par un autre animal, les mouve- ments respiratoires doivent, sous l’influence de l’intoxication qu'entraine le commensalisme, devenir plus intenses ; mais on conçoit diffilement qu'un Ver puisse rester adhérent à une paroi verticale lorsqu'il subit des ondulations sagittales. Le mou- ment a donc dû peu à peu se limiter à la paroï dorsale, et il en est résulté une différenciation spéciale des faisceaux muscu- laires qui se rendent à cette paroi; les téguments dorsaux, d'une part tiraillés par les contractions musculaires, d'autre part en contact plus ou moins intime avec l'hôte et éprouvant de ce fait des excitations mécaniques et chimiques, ont pu développer des élytres; et bientôt le mouvement ondulatoire sagittal s’est localisé dans ceux-ci. Conclusions relatives aux Aphroditiens. — 1° Les Aphro- ditiens peuvent être considérés comme des Annélides primitifs adaptés à la vie tubicole et commensale. Ce genre de vie est encore celui d'un grand nombre d'espèces, appartenant la plu- part à la tribu des Polynoinæ, mais il arrive très souvent que ces Aphroditiens quittent leur habitat le plus habituel pour mener la vie errante ; commeils sont habitués à subir les intoxi- cations d'origine organique, ils finissent par rechercher celles-ci : 1ls se laissent entraîner à occuper les anfractuosités des rochers construits par certains organismes, à descendre dans les fonds où s'accumulent les produits d'excrétion des ani- maux vivants et les produits de décomposition des cadavres ; ceci peut expliquer dans une certaine mesure la présence des Aphroditiens (Hermionæ) dansles fonds et les abysses ; quelques formes enfin, en marchant sur le sable, se sont laissé engloutir ATTITUDES ET MOUVEMENTS DES ANNÉLIDES 99 dans la masse mouvante etont adopté un nouvel habitat(Sigalio- ninæ). 2° La vie dans les eaux toxiques a déterminé un arrèt de croissance du corps : le nombre des segments est relativement restreint, et il est particulièrement réduit chez les formes com- mensales ou des profondeurs ; les individus qui ont pénétré dans le sable ont été soustraits par cela même aux intoxications [comme Je l'ai indiqué à diverses reprises, 4904, b, d, e| etla croissance du corps à pu reprendre et se manifester par l'adjonc- ion à la partie postérieure du corps d’un nombre variable de segments. 3° La situation contre les parois de tubes diversement dirigés exige une adhérence parfaite à ces parois : la région ventrale a lendance à se transformer en une sole pédieuse, tandis que les mouvements respiratoires sagittaux, nécessités par l’intoxi- cation, se localisent sur la face dorsale et entraînent la différen- cation des élytres. 4° La progression est serpentiforme, et il en résulte, comme chez lOphodromus fleruosus, lorsque le corps a un nombre fixe d’anneaux, Papparition de bandes transversales différem- ment colorées. La trajectoire sur la surface interne du tube habité est une hélice, dont le pas de vis est très long; 1l y a là, au point de vue mécanique, un avantage pour l'animal qui essaie de s'insinuer entre la paroi du tube et le corps de l'hôte. Aussi, l’une des attitudes fréquentes des Aphroditiens, même en dehors des tubes, est l'attitude hélicoïdale (fragment d’un tour d’hélice). 5° Dans la progression, les parapodes jouent un rôle très con- sidérable; ils ont une musculature assez complexe et ils effec- tuent des mouvements de rotation assez compliqués; ceux-ci aident à la marche dans les tubes et sur Les fonds vaseux, mais déterminent l’enfoncement quand le Ver s'engage dansle sable, et la natation quand il se détache du support. 6° Les extrémités antérieure et postérieure du corps offrent une sensibilité tactile très considérable (appendices céphaliques, cirres anaux); l'animal recule facilement sous l'influence des excitations céphaliques. La lumière à peu d'influence sur ces Annélides, qui se lais- 100 GEORGES BOHN sent guider surtout par des sensations d'ordre chimique. Tou- tefois, chez les Lepidonotus supra-littoraux, on observe des effets de fatique lumineuse et peut-être aussi des effets tropiques (p/0- totarie négative) . VII EUNICIENS On réunit sous le nom d'Euniciens un certain nombre d’es- pèces qui présentent des caractères assez variables; la plupart n’ont que des pieds uniramés, et, à ce titre, paraissent moins différenciés que Les Néréidiens et les Aphroditiens à pieds bira- més; les habitats, au premier abord, paraissent assez variés, mais, en réalité, les ressemblances entre les diverses espèces sont uniquement adaptatives et résultent d’une vie fousseuse, non tubicole, dans de l’eau filtrée par le sable. Caractères. — Le nombre des segments est en général très considérable. Les pieds sont dans la majorité des cas uniramés il ÿ a assez souvent des branchies plus ou moins ramifiées sur la plupart des segments. La tête est ordinairement munie d'yeux, la trompe non exserlile présente un appareil maxillaire très caractéristique. Classification. — Voici, d’après le Traité de Zoologie de Ed. Perrier, les principaux caractères des quatre tribus et ceux des espèces étudiées. Lumbriconereinæ. Pieds uniramés ; pas de branchies. Lumbriconereis tingens. à Protoméride sans appendice. Maclovia gigantea. Lysidice ninetta. Trois Me (Parfois placée à côté des Eunice.) Stawrocephalinæ. Pieds biramés ; pas de branchies ; 1 p. antennes; 1 p. palpes. Lysaretinæ. Pieds uniramés; cirre branchial; 2-3 antennes. Eunicinæ. Pieds uniramés ; cirres dorsaux et branchies; antennes. Hyalinæcia Grubii. Sept antennes et deux palpes. Marphysa sanguinea. DJ J 6 Eu antennes. Eunice Harassii. s Eunicinaæ Habitats et genres de vie. que parmi les Lumbriconereinæ, on trouve des espèces qui vivent dans le sable. ATTITUDES ET MOUVEMENTS DES ANNÉLIDES 101 Le Lumbriconereis tingens et la Maclovia gigantea paraissent tout à fait adaptés à la vie fouisseuse : le corps est vigoureux, la cuticule épaisse, à reflets irisés, le protoméride, conique, n est pas muni d'appendices ; on trouve ces espèces dans le voi- sinage des rochers; une espèce de Lumbriconereis Voisine de celle-ci à été trouvée parmi les coquilles d'Huîtres trouées. La Lysidice ninetta vit surtout dans les zones supra-littorale et littorale, mais la drague peut la ramener. L'Hyalinæcia Grubii, que je n'ai pas observée, d’après de Saint-Joseph [1888] vivrait dans le sable compact, et le corps, rond en avant, aplati en arrière, occuperait un tube très mince de sable coquillier fin. Le tube serait droit et ouvert aux deux bouts : cela paraît un fait exceptionnel parmi les Euniciens. La Marphysa sanquinea, au corps long et plat, très vigoureux, vit dans le sable en bordure des rochers et dans les fentes : le corps épouse plus ou moins exactement les contours des parois rocheuses. L'Æunice Harassü, seule, parait vraiment s'être affranchie du sable : on la trouve en abondance dans les rochers, dans les crampons de Laminaires, au milieu des tubes de Ser- puliens, dans les coquilles d'Huîtres trouées, à l'intérieur de coquilles variées. En résumé, la plupart des Euniciens vivent dans le voisinage des rochers ou dans leurs fentes, au milieu du sable ou du sable vaseux qu'ils agglutinent plus ou moins au moyen d'une sécrétion abondante (j'ai constaté, comme l’a fait de Saint- Joseph, que la Maclonia gigantea mise dans l’eau rend celle-ci gélatineuse). Tous sont très thigmotactiques. Mouvements et attitudes des Euniciens qui vivent dans le sable. — J'ai observé des Lumbriconereis tingens, des Maclo- via gigantea et des Marphysa sanquinea, recueillis au milieu du sable, dans le voisinage des rochers. Hors du sable, tous ces Annélides restent entortillés d'une façon irrégulière (une seule fois le corps d'une Marphyse s’est enroulé suivant une spirale régulière); les mouvements des diverses parties du corps, fort long, ne paraissent pas coordonnés. Si la tête rencontre un obstacle, un caillou, elle cherche à s’insinuer dans une fente et, à défaut, elle glisse contre une paroi; l’élongation progressive de la partie antérieure du corps, due à une extension des 102 GEORGES BOHN anneaux antérieurs se propageant vers l'arrière, amène forcé- ment le déroulement de la partie postérieure, mais souvent le corps comprimé dans sa partie moyenne ou dans sa parle postérieure subit l'élongation dans ces régions. Toute pression s’erercant sur un anneau quelconque en déter- mine l’élongation el progressivement celle des anneaux qui suivent ou qui précèdent ; en effet le Ver peut s'engager dans le sable par son exlrémité postérieure. Mouvements et attitudes des Euniciens qui vivent dans les fentes des rochers. — Les contournements de la Lysidice ninetta sont très variés aussi, et l'élongation se produit de la même façon sous l'influence des pressions : l’élongation peut être excessivement considérable et arriver progressivement à intéresser presque tout le corps, sauf les anneaux postérieurs ; tout anneau qui s’allonge semble prendre appui sur les anneaux contractés qui le précèdent; une rétraction brusque est pos- sible. Ici toutefois, les mouvements sont plus coordonnés et la lumière à une influence : à la suite d'une augmentation d'éclairement, le corps s'enroule à la facon de celui des £teone foliosa, c'est-à-dire en formant une boucle en un point: celle- ei en se déplaçant d'une extrémité à l’autre du corps détermine la natation ; le corps qui nage sous l'influence de léclairement s'arrête en général quand il pénètre dans une ombre : c’est là une manifestation générale de la fatigue chez les Annélides. Mouvements et attitudes des Euniciens qui vivent à la surface des corps anfractueux. — La locomotion est essen- tellement la même que dans les cas précédents, mais le corps se laisse guider presque uniquement par des sensations de con- tact. Quel que soit Le point du corps d'un Euwnice Harassii que l’on comprime, le corps de l’Annélide se contourne pour venir épouser les contours de l’objet qui détermine la pression; dès que le Ver a quitté son support, on observe une ircoordination motrice très nette. Les Eunice Harassü contournent les coquilles, pénètrent à leur intérieur, vivent dans leurs cavités, ce qui explique les cas de conmensalisme étudiés par Gravier [1900]. Conclusions relatives aux Euniciens. — 1° Les Euniciens ATTITUDES ET MOUVEMENTS DES ANNÉLIDES 103 vivent dans le sable au contact ou au voisinage des parois ro- cheuses; ils sont très thigmotactiques. 2° Le corps est très long et présente souvent des branchies : ce sont là des caractères que l’on retrouve chez beaucoup d'An- nélides qui vivent dans le sable. 3° Le corps subit des contournements variés ; sous l'influence d'une compression, une région s’allonge et l’élongation se pro- page progressivement aux parties voisines. Il y a là un mode tout spécial de propagation : on ne retrouve plus guère les mouvements sinusoïdaux observés si fréquemment dans les familles précédentes. 4° La Lysidice ninetta des rochers supra-littoraux peut se déplacer le long des parois humides et peut nager dans l’eau : la natation rappelle celle de l’Eteone foliosa et celle des Glycères. 5 L'Eunice Harassu S'affranchit du sable et recherche les corps anfractueux : racines de Laminaires, tubes de Serpules, coquilles vides ou habitées (commensalismesignalé par Gravier). VII VUE D’ENSEMBLE SUR LES PHYLLODOCIENS, HÉSIONIENS, NÉRÉIDIENS, APHRODITIENS ET EUNICIENS. Les cinq familles que je viens d'étudier à un point de vue assez nouveau, le point de vue éthologique, sont caractérisées parune assez grande homogénéité du corps. Dans chaque famille, les habitats et les genres de vie sont assez variés, mais cela n’est qu'une apparence qui résulte sans doute de la tendance qu'ont ces Annélides àerrer et à émigrer. guidés la plupart par des sensations de contact et de pression, quelques-uns ou bien par des sensations lumineuses ou bien par des sensations d'ordre chimique. En réalité, chaque famille est caractérisée par un genre de vie particulier. 1° Les Phyllodociens rampent à la surface des rochers et nagent dans les nappes d’eau limitées par ceux-ci. 2° Certains AMésioniens, les Néréidiens, les Aphroditiens auraient été façonnés par la vie tubicole ; les uns et les autres 104 GEORGES BOHN en ondulant à l’intérieur de tubes auraient acquis, sous lin- fluence de contacts mécaniques, des doubles prapodes. 3° Les Aphroditiens, en faisant cireuler l'eau impure des tubes qu'ils habitent par des ondulations de la paroi dorsale, auraient acquis, sous l'influence de contacts mécaniques et d'excitalions chimiques, des élytres. 4° Les Euniciens, sans abandonner complètement les rochers, auraient cherché dans le sable une protection contre les intoxi- cations chimiques. Les modes de locomotion varient : Phyllodociens. Reptation à la surface des rochers, aidée par des mouve- ments sinusoïdaux. Natation sinusoïdale. Hésioniens. Néréidiens. Marche ondulatoire dans les tubes. Natation sinusoïdale. Aphroditiens. Marche ondulatoire et pédieuse dans les tubes habités. Euniciens. Enfouissement dans le sable et glissement contre les pa- rois rocheuses, par élongation progressive. Tandis que dans les quatre premières familles les mouve- ments sinusoïdaux sont très fréquents (locomotion et respira- tion), chez les Euniciens ils sont remplacés par d’autres mou- vements (élongation progressive) adaptés à la vie fouisseuse. D’autres influences que les influences mécaniques ont agi sur ces Annélides. 1° Influences lumineuses. —KEllesse sont exercéessurles formes supra-littorales. en particulier sur celles qui vivent dans des cuvettes rocheuses. Les Phyllodociens et les Hésioniens (Æe/fer- steimia cirrata) qui vivent dans ces conditions ont le corps très grêle et une sensibilité extrême aux variations d’éclaire- ment. La lumière a produit sans doute sur eux un arrêt de développement. 2 Influences chimiques. — Les Aphroditiens, commensaux et libres, vivent en général dans les eaux chargées de produits d’excrélion, ce qui explique leur présence dans les abysses ; les Euniciens, au contraire, en s’enfouissant dans le sable, se sont soustraits à une foule d’influences toxiques. Tandis que, chez les Aphroditiens, on voit s'accentuer une tendance pré- ATTITUDES ET MOUVEMENTS DES ANNÉLIDES 105 sentée déjà par les Néréidiens, celle au raccourcissement du corps, chez les Euniciens on observe la tendance inverse ; de plus, les branchies, rudimentaireschezles Aphroditiens (situées sous l'appareil filtrant constitué parles élytres), prennent souvent chez les Euniciens un développement remarquable; j'ai montré [49014, d et e} qu'une branchiene peut se développer que lorsqu'il n'y a pas de spasmes toxiques vasculaires. Les Euniciens, soustraits aux intoxications, soustraits à la lumière, placés dans des conditions mécaniques spéciales, ont une allure caractéristique ; mais 1l semble que le groupement soit artificiel, qu'il résulte des convergences adaptatives et de la persistance des caractères primitifs. Telle à été aussi ma con- clusion au sujet des Crustacés fouisseurs, les Corystidés. On a voulu voir dans les Euniciens la souche originelle de beaucoup d'Annélides, comme on a voulu voir dans les Corystidés la souche originelle des Crabes ; je repousse également l’une et l'autre opinion ; ily achez les Vers comme chez les Crustacés des illusions dues à des adaptations communes auxquelles 1l ne faut pas se laisser prendre. IX ANNÉLIDES QUI VIVENT DANS LE SABLE 1. — GÉNÉRALITÉS. A Beaucoup d'Annélides se sont engagés dans le sable et y ont trouvé une protection contre les intoxications chimiques et parfois contre les radiations solaires. Le fait est accidentel dans les familles dont l'étude précède. Adaptation à la vie dans le sable chez les Annélides déjà étudiés. — 1° PAyllodociens. — L’'Eteone foliosa, seule, vit dans le sable meuble à la partie superficielle ; elle s'y insinue grâce à la propagation le long du corps d'ondes très courtes et très peu accentuées ; quand elle en sort, elle se met, sous lin- fluence de Ta lumière, à nager au moyen de contournements hélicoïdaux. 106 GEORGES BOHN 2° Hésioniens et Lycoridiens. — La vie tubicole dans le sable vaseux est assez fréquente, mais les conditions mécaniques et chimiques ne sont pas les mêmes que dans le cas où le Ver est plongé directement dans la masse sableuse. 3° Aphroditiens. — Ceci se reconnaît très nettement chez les Aphroditiens, car, sibeaucoup vivent dans des tubes, quelques- uns sont enfouis directement dans le sable : tels les Siga- lion et les Sienelaïs qui en marchant sur le sable s'y en- foncent d'autant plus facilement que les mouvements des parapodes déterminent le creusement. 4° Euniciens. — Comme je l’aiindiqué, les Euniciens seraient des Annélides appartenant à diverses familles primitives et qui se sont adaptés à la vie fouisseuse, sans subir de modifications morphologiques importantes. Tandis que les Phyllodociens et les Aphroditiens des sables ne vivent guère qu’à la surface, ont le corps souvent très grêle (Eteone foliosa, Sigalion squamatum) et présentent des mouve- ments sinusoïdaux, les Euniciens peuvent s’enfoncer assez pro- fondément, ont le corps en général vigoureux, et ne présentent plus de mouvements smusoïdaux. Adaptation complète à la vie dans le sable. — Une foule d’autres Annélides se sont adaptés à la vie dans le sable et ont subi des transformations morphologiques plus profondes. Ce sont : | 1° Les Nérines (Spionidæ), les Nephthys etles Glycères, quisou- vent ne s’enfoncent pas très profondément dans le sable et qui ont conservé plus ou moins les mouvements sinusoïdaux ; 2° Les Ariciens qui rappellent les Euniciens par le genre de vie et l’allure ; 3° Les Arénicoles, les Capitelliens ei les Maldaniens, qui pré- sentent une différenciation toute spéciale de l'appareil locomo- teur (tores uncinigères) : 4° Les Ophéliens, presque immobiles ; 5° Les Pectinaires, les Hermelles, qui habitent des tubes de sable dressés, mobiles ou immobiles. ATTITUDES ET MOUVEMENTS DES ANNÉLIDES 107 S 2. — NÉRINIENS (SPIONIDÆ). Caractères. | Voir Mesnil, 1899, b.]— Taille variable. Pieds ordinairement biramés avec soies simples. Branchies cilées du côté interne et du côté dorsal; dans chaque segment, ligne ciliée transversale, réunissant les deux branchies, quand elles existent, mais particulièrement développée chez les formes privées de branchies (Spiophanes). Prostomium peu impor- ant ; certaines espèces aveugles ; expansions antenniformes el pas de véritables appendices ; deux longs cirres tentacu- laires couverts de papilles. Habitats et genres de vie. — Les Polydores creusent les roches calcaires, les Nérines vivent dans les galeries à l’intérieur du sable vaseux, les Srcolecolepis el les Magelona sont souvent enfouis dans le sable fin, même à la limite supérieure de l’eau. Allures: — Tel est en particulier le cas du Scolecolepis (Spio) vulgaris Mgrn, que l’on trouve communément à Wimereux, dans le sable, presque à sec. Il y pénètre par un mouvement ondulatoire de l'extrémité antérieure ; en même temps, ilagglu- üne le sable : en quelques minutes le corps est entouré d'une sorte de fourreau ; sous l’eau, très souvent l'extrémité posté- rieure, non munie de branchies, reste au dehors et s'agite. L'Annélide erre fréquemment, décrivant dans lesable des sinuo- silés à une très faible profondeur. Outre les ondes de faible longueur qui se propagent dans la région antérieure d’arrière en avant, et qui provoquent l’enfouissement, on observe. parfois des ondes de plus grande longueur qui se propagent d'avant en arrière, et qui rappellent les ondes respiratoires des Phyllodociens et des Lycoridiens. S 3. — NEPHTHYDIENS. € Caractères. — À première vue, l'aspect est celui des Lyco- ridiens. Le corps est homogène ; les parapodes sont biraméset assez compliqués (deux faisceaux de soies, une lame molle, un cirre, à chaque rame, et une branchie sous la ramesupérieure). Mais la région céphalique est, comme chez les Nériniens, 108 GEORGES BOHN moins différenciée : protoméride petit, avec 2-4 antennes; 2 cirres tentaculaires. De plus, la trompe exsertile est très grande et différenciée. Habitat. — Les espèces indigènes (N. Homberqu, N. cæca, N. cirrosa) vivent dans le sable côtier, jamais à une grande profondeur. | Locomotion. — Mode général. — C'est toujours par des ondulations latérales que le corps progresse (mouvement sinu- soïdal). Au moyen de ces ondulations l'Annélide nage, pénètre dans le sable, progresse à l’intérieur de la masse sableuse. Natation. — Le mouvement natatoire est un mouvement sinusoïdal régulier ; les ondes se propagent d’arrière en avant, en augmentant un peu d'amplitude ; la région antérieure reste rigide et constamment dirigée suivant la trajectoire. Pénétration dans le sable. — Toutes les fois que ja tête vient butter contre un obstacle quelconque, l'amplitude des ondes augmente ainsi que leur longueur, et la force propulsive devient très grande. Si l'obstacle est une masse desable, sous l'influence de cette force, le corpss'y engage. Progression dans le sable. — 1* cas; la region antérieure seule est engagée. — La région postérieure, tout à l'heure si active, devient inactive ; les ondes qui ont diminué d'ampli- tude et de longueur ne se propagent plus que dans la région antérieure. — 2° cas; tout le corps est enseveli. — Il en est encore de même, et la locomotion rappelle celle du Scolecolepis vulgaris, Sens de propagation des ondes. — Les ondes progressent tou- jours d’arrière en avant ; /a locomotion ne se fait que dans un sens, contrairement à ce que l’on observe chez les animaux lubicoles. Etendue sur laquelle les ondes se propagent. — Les ondes apparaissent dans la région post-céphalique d’abord tout près de la tête, puis un peu plusen arrière, et ainsi de suite : /e point de départ des ondes recule progressivement vers Parrière ; dans le sable ce point dedépart ne recule guère, mais dans l'eau il peut atteindre rapidement l'extrémité postérieure du corps (d'où natation). Aucune excitation portant sur la région cépha- lique ne détermine directement la formation d'ondes à l’extrémité postérieure. ATTITUDES ET MOUVEMENTS DES ANNÉLIDES 109 Excitations qui entrainent la formation des ondes. — La plu- part des excitations mécaniques portant sur la région anté- rieure du corps provoquent le mouvement ondulatoire, mais les excitations lumineuses n’ont guère d'influence. Attitudes. — En dehors du sable, le corps prend une direc- tion rectiligne ou subreetiligne (légèrement arquée ou ondu- leuse) etne subit jamais de contournements en U ou de con- tournements hélicoïdaux ; en général l'orientation est dorso- ventrale. Dans le sable, le corps peut progresser en profondeur suivant une direction oblique, mais rapidement il tend à prendre une position sensiblement horizontale ; toutefois, sous l'influence de secousses imprimées au sable, 1l fuit en profon- deur et tend à prendre une direction voisine de la verti- cale; à mesure que le sable se dessèche, 1l s'enfonce éga- lement. $ 4. — GLYCÉRIENS. Caractères. — Le corps cylindrique est composé d’un grand nombre d’anneaux peu différents les uns des autres. Chez les Glycera, les pieds sont biramés, mais les rames s'unissent à leur base en un pédoncule commun ; suivant les espèces, le nombre et la forme des languettes varient et les branchies sont absentes ou plus ou moins développées. Le protoméride annelé à une conformation très spéciale; la trompe est très protractile et très longue. Habitat. — On trouve les Glycères dans Le sable caillouteux près de la surface. Attitudes (fig. 13, 4). — Sur le sable. — Sur le sable, le plus souvent le corps s'enroule en une Zélice dont les tours se tou- chent ; l’'enroulement est sénestre ou dextre; l'axe de lhéhice est vertical ou horizontal. Ceci s'observe particulièrement chez la Glycera convoluta. Le corps peut alternativement se dérouler et s’enrouler, et il en résulte des mouvements variés ; au lieu de 4 ou 5 tours, il n’y en à plus que 3, 2, 1 ; mais à ce moment, le corps s’affaisse sur le support el présente une boucle en son milieu où à une des extrémités; alors, l’autre extrémité peut s’enrouler, souvent en sens inverse; si bien que l’une des extrémités peut avoir un 110 GEORGES BOHN enroulement dextre alors que l’autre extrémité à un enroulement sénestre. Dans certains cas, le corps peut prendre une attitude recti- ligne ou subrectiligne ou en S, mais il est tordu légèrement sur son axe, la rotation de “111: d'une extrémité tarNantee DODURE (o/0 pouvant être de 180° ou de 360° (1/2 ou 1 tour). el ji. Ainsi les attitudes chan- gent conslamment, grâce ds DD Q. à: l{° un contournement ; hélicoïdal plus ou moins Cr | complet; 2° à des rota- tions plus ou moins pro- noncées sur l'axe longi- tudinal du corps; 3° à Fig. 13. — Glycère. ; à des déplacements de l’axe d’enroulement. Rarement l’enroulement a lieu dans un plan. Mouvements. — Outre les mouvements qui entraînent les changements d’attitude, le Ver effectue des mouvements pour pénétrer dans le sable, pour y progresser et pour nager. Pénétration dans le sable (fig. 13, b). — Elle se fait très promptement : l’extrémité antérieure du corps enroulé se détache de la spire, explore à peine le sable, projette sa trompe, et, par une élongation rapide, pénètre comme une flèche. Ceci se répète plusieurs fois de suite, l’'élongation portant chaque fois sur une région située plus en arrière, région qui vient se dérou- ler ; chaque anneau pénètre dans le sable, /a face dorsale en haut. Cet enfouissement rappelle celui des Euniciens ; mais il semble qu'il y ait ici encore une légère tendance à l’ondulalion sinusoi- dale de l'extrémité antérieure engagée dans le sable : cette extrémité avance en oscillant légèrement. Marche dans le sable. — Dans la nature, la Glycère, qui vit dans le sable caillouteux, ne pénètre jamais profondément; le corps, sans doute par suite des résistances offertes, dessine tou- Jours une ligne un peu irrégulièrement onduleuse. Natation (Mig. 13, c). — Parfois le Ver sort spontanément du ATTITUDES ET MOUVEMENTS DES ANNÉLIDES 111 sable et vient nager dans l’eau ; l'agitation mécanique peut pro- duire cette natation qui est des plus curieuses. Dans la natation, on observe trois phénomènes simultanés : 1° une boucle hélicoïdale se transporte d’une extrémité à l’autre du corps, déjà reformée à une extrémité lorsqu'elle disparait à l’autre ; l’'enroulement de la boucle peut avoirlieu, tantôt dans un sens, tantôt dans l’autre; la progression de cette boucle peut avoir lieu d’arrière en avant ou d'avant en arrière; 2° en avant de la boucle, le corps, tordu légèrement suivant son axe longi- tudinal, tourne dans son ensemble autour de cet axe qui n’est autre que l'axe prolongé de l’hélice (réduite à un tour); 3° cet axe, primitivement horizontal, peut se redresser, ce qui explique que les Glycera convoluta s'élèvent comme des volutes dans l’eau. La natation, qu'on arrive à analyser en étudiant les attitudes de l'animal, est donc une natation hélicoïdale : comme dans une vis qu'on enfonce, chaque tour se propage et l’axe longitu- dinal avance en tournant sur lui-même ; mais ici, c’est une vis plus compliquée, plus perfectionnée, une #$ vivante. Dans certains cas, la boucle qui s’est propagée jusqu’à l'avant, ne s’'évanouit pas, les boucles qui continuent à se former à l'arrière viennent se placer à sa suite, et la natation s'arrête, ‘ le corps étant enroulé suivant une hélice à tours contigus. $ 5. — ARICIENS. Caractères. — Le corps est très allongé, hétérogène. Pieds biramés modifiés comme constitution et comme emplacement (plus ou moins dorsaux); branchies. Protoméride très petit, pointu, le plus souvent sans antennes. Trompe courte, sans dents. Les Aricia n’ont ni antennes, ni yeux. Habitat. — Les Ariciens vivent exclusivement dans le sable. Attitudes et mouvements. — Le corps, très long, est con- tourné de façon irrégulière. Les mouvements des diverses régions du corps ne sont guère coordonnés; l’enfouissement et la propagation dans le sable se font par élongations sueces- sives; la région antérieure est toujours la plus active. En somme, ces Annélides, très modifiés par la vie dans le sable, ont l'allure des Euniciens. 112 GEORGES BOHN S 6. — VUE D'ENSEMBLE SUR LES SPIONIDÆ, LES NEPHTHYDIENS, LES GLYCÉRIENS ET LES ARICIENS. Tous ces Annélides ont des parapodes biramés etle corps homo- gène ou peu hétérogène. Mais tandis que les Spionidæ et les Neph- thydiens ont encore lesmouvements serpentiformes, si fréquents dans les familles dites primitives, les Glycériens et les Ariciens ont sensiblement les mêmes modes locomoteurs que les Euni- ciens (élongations), la région qui s’allonge prenant appui surla région immédiatement postérieure encore contractée et enrou- lée; la natation hélicoïdale des Glycères rappelle la natation de la Lysidice ninetta; sous l'influence de la vie fouisseuse, la struc- ture des anneaux se modifie dans ces deux dernières familles : chez les Glycériens, les deux rames sont portées par un pédon- cule commun ; chez les Ariciens, les deux rames très modifiées sont reportées du côté de la face dorsale. Chez les Glyeères et les Ariciens, les mouvements d’élongation s'étendent à la majeure partie du corps qui s'avance en prenant appui sur l'arrière. S7. — VuE D'ENSEMBLE SUR LES ARÉNICOLIENS, LES MALDANIENS ET LES CAPITELLIENS. Dans ces familles, au contraire, les mouvements d’élongation se localisent dans les régions extrèmes et se répètent dans ces régions au lieu de se répéter dans les régions successives et de plus en plus postérieures; le corps, en grande partie passif, est traîné en quelque sorte par les anneaux antérieurs ou par les anneaux postérieurs. Chez tous ces Annélides, il y à des Zores uncinigères qui résultent de la action du corps par une région limitée et qui facilitent cette traction ; Le corps est divisé en ré- gions. Il peut y avoir natation {contournements du corps des Arénicoles.) LA | $ 8. — ARÉNICOLIENS. J'ai déjà consacré plusieurs notes et un mémoire aux Aréni- coles [4901, b et c; 1902, a; 1903, b}. Je rappellerai ici que le corps est divisé en trois régions distinctes : deux régions ATTITUDES ET MOUVEMENTS DES ANNÉLIDES 113 extrêmes très actives, nettement segmentées, fortement pigmen- {ées; une région moyenne, relativement passive, à dissépiments en grande partie détruits, peu pigmentée et seule branchifère ; le nombre des segments est déterminé ; les bandes uneinigères sont très bien différenciées; la tête est peu spécialisée : pas d'antennes, pas de cirres tentaculaires. Je rappellerai, en outre, qu'on observe chez ces Annélides deux sortes de mouvements : 1° des mouvements respiratoires; 2° des mouvements locomo- teurs. Des ondes respiratoires progressent à l’intérieur même de la paroi du corps et se traduisent extérieurement par une sorte de bourrelet annulaire; elles se propagent surtout le long de la région branchiale dans un sens ou dans l’autre; le Ver monte et descend dans la galerie grâce au jeu des anneaux anté- rieurs ou à celui des anneaux postérieurs qui s’allongent et se raccourcissent alternativement. Cette galerie est très souvent verticale : c'est là la tendance générale chez les espèces de la zone supra-littorale. $ 9. — MALDANIENS. Caractères. — Le caractère Le plus apparent est l'extrême dé- veloppement des bandes uncinigères, qui forment des bourrelets transversaux fort saillants portant des soies à crochet. Pas de branchies. Région céphalique peu différenciée ; pas d'antennes. Segment anal transformé en un disque de forme variable. Habitats. — Les C/ymene lumbricoides ont un habitat tout à fait particulier; on les trouve dans les zostères, contre les rochers, au bord des « chaudrons », presque toujours sur le trajet d’un courant d’eau (à Saint-Vaast-la-Hougue, mare d'Ovit, Cavat, etc.) ; elles habitent des tubes construits avec des fragments de coquilles, des petits cailloux, des filaments de racines..….; à une courte portion verticale fait suite une portion horizontale irrégulièrement sinueuse. Les Lane clypeata se rencontrent bon dans | dans le sable vaseux; chaque individu occupe un tube sableux de forme assez irrégulière. Les Petaloproctus terricola sont très abondants dans le détroit compris entre la pointe de Saint-Jacut et les Ehbiens, dans les ANN. SC. NAT. ZOOL. III, 8 Aus GEORGES BOHN endroits où le sable, peu épais et meuble, recouvre des bancs d'argile ; le tube, d'abord vertical, s'engage dans l’argile où 1l devient sinueux. Locomotion dans un tube. — J'ai observé l'Annélide (Clymene lumbricoides) dans un tube arénacé dont les parois pré- sentaient quelques brèches permettant de voir l'animal, ou bien dans un tube de verre. La progression s’est faite de la même facon dans les deux cas, tantôt vers l'avant, tantôt vers l'arrière. Finalement, l’une ou l’autre extrémité du corps sortait par un des orifices du tube, en subissant des flexions variées accompa- gnées de rotations légères autour de l’axe longitudinal du corps; dès qu’en effet le corps n’est plus soutenu par le tube, il subit des contournements variés. Locomotion postérieure. — L’'Annélide recule très aisément dans son tube, grâce aux mouvements des anneaux postérieurs. Les anneaux actifs sontles8 derniers. En partant de la région anale pour aller dans la région postérieure du corps, on ren- contre tout d'abord 3 uncinigères faibles, w, puis un uncinigère très accentué, U; cet uncinigère partage la région active en deux parties : une partie postérieure (terminale) composée de 4 anneaux assez courts et ne subissant que de faibles variations de longueur; une partie antérieure composée de 4 anneaux très longs dans le maximum d'extension, très courts dans le maxi- mum de contraction. Soient : AU SIREN SNS NS ENCRES les 8 anneaux actif numérotés en commençant par la partie postérieure. Voici les phénomènes successifs que l’on observe dans la marche postérieure : 1° L'anneau 1, par son extension, recule un peu; puis . l'anneau 2 se comporte de même, en refoulant vers }l'arrière l'anneau 1 ; puis l'anneau 3... ef ainsi de suite... ; finalement les anneaux 1 à 8 sont en extension, et, tandis que l'extrémité antérieure du 8° n’a pas bougé, l'extrémité postérieure du 1” a fortement reculé. ATTITUDES ET MOUVEMENTS DES ANNÉLIDES 110 2° L’anneau 1 se contracte, puis l'anneau 2, puis l'anneau 3: puis l'anneau 4; toute la région en arrière de U, U étant fixe, se trouve contractée ; l'extrémité anale se trouve reportée un peu en avant. 3° Le mouvement progressif de contraction atteint les an- neaux suivants: 5,6, 7, 8, mais, U étant toujours fixé au même point, et la région 5-8 se raccourcissant, tous les autres an- neaux du corps, presque complètement passifs, sont traînés vers l'arrière ; le point d'appui devant être très solide, après la contraction de 5 l’uncinigère qui le limite en avant se fixe comme U, après la con- nn ds traction de 6 l’uncinigère qui le limite en posReure; avant se fixe comme les précédents; il faut remarquer que tous les uncinigères de cette région sont précisément très déve- loppés. IL y à là un appareil de traction extrêmement bien différencié : les segments sont grèles, un peu comme des cordes de traction ; les uncinigères forment des bourrelets extrêmement saillants armés de crochets fixateurs. MONET | ED CIAT ES BTE 5 GOSTNES OR EIRE SR CRE TS Locomotion antérieure. — Le mécanisme est le même; mais, en même temps que les anneaux antérieurs avancent, ils subis- sent des rotations sur eux-mêmes, tantôt dans un sens, tantôt dans l’autre; quand l'animal s'engage dans le sable, ces rota- üons facilitent le forage ; en réalité, comme je lai dit, elles exis- tent aussi dans la locomotion postérieure, mais beaucoup moins prononcées : l'animal peut reculer une fois qu'il est dans un tube façonné, mais il ne peut pas forer le sable par son extré- mité postérieure. Rotations. —Ces rotations sont très intéressantes à considé- rer, on les retrouve chez la plupart des Annélides qui restent à étudier. Si une Clymène est dans un tube de verre, il suffit de faire 116 GEORGES BOHN tourner ce tube de 180° sur lui-même pour amener la rotation des anneaux antérieurs; peu à peu, les anneaux situés plus en arrière prennent la même position. S 10. — CAPITELLIENS. J'ai étudié un seul Capitellien, le Notomastus latericeus. Chez cette espèce les uncinigères sont de véritables tores dorsaux et ventraux, confondus, au niveau d’un certain nombre de segments, sur la ligne médiane. Le mécanisme de la locomotion est essentiellement le même que dans les familles précédentes. 11. — OPHÉLIENS. C7> J'ai étudié également une seule espèce, la Travisia For- besu. Cet Annélide, composé d'un petit nombre d’anneaux, peut s’élirer par l’une ou l’autre extrémité; mais elle reste presque à la surface du sable et ne progresse guère : les pieds sont en quelque sorte atrophiés ; le protoméride et le deutomé- ride forment une région effilée en avant de la bouche. Des ondes, respiratoires sans doute, se propagent d'une extrémité à l'autre du corps, comme chez certains Géphyriens, comme dans la région moyenne du corps des Arénicoles ; il y a là des res- semblances adaptatives très nettes. S 12. — PECTINAIRES. Les Pectinaires sont de curieux Annélides qui habitent un tube conique, ouvert à ses deux extrémités et souvent incurvé, et qui peuvent le traîner partout avec elles. Récemment Fauvel 11903) à consacré un intéressant mémoire aux mœurs de ces animaux, dont les affinités ne paraissent pas encore bien établies. « La Pectinaire ne quitte son tube que pour mourir, mais pendant sa vie elle se meut à Pintérieur au moyen des milliers de dents acérées de ses wncini (soies à crochets aviculaires) qui Senfoncent dans la membrane interne et lui permettent de se haler. Elle peut sortir au dehors près de la moitié antérieure de son corps pour fouir le sable avec des peignes, formés par ATTITUDES ET MOUVEMENTS DES ANNÉLIDES : 117 les grandes soies dorées de ses palées céphaliques. — Inquiétée, elle se retire complètement dans son tube et se maintient solidement accrochée aux parois, au moyen de ses pinnules uncinigères, avec une telle force qu'on la briserait plutôt que de l’arracher de son étui protecteur. Dans cette position sa plaque céphalique semi-cireulaire et ses palées serrées les unes contre les autres forment un opercule obturant complètement la grande ouverture... » J'ai constaté que la progression dans le tube se fait par un mécanisme analogue à celui de la locomotion des Arénicoliens et des Maldaniens ; j'ai observé, comme chez ces derniers, de très curieux mouvements de rotation de l'extrémité céphalique favorisant d’une manière sin- gulière le forage du sable: si les peignes sont par exemple | en bas, une rotation de 120° “_- à 4 peut les amener à gauche, Fig. 15. — Pectinaires. puis une nouvelle rotation de 160° en sens inverse peut les amener à 40° à droite (fig. 15) Si l’on place la Pectinaire dans son tube horizontalement à la surface du sable, on la verra progresser horizontalement, par un mouvement de va et vient (avancées et reculs) combiné à un mouvement rotatoire oscillant, et creuser une gouttière dans le sable ; à un moment donné, la gouttière se transforme en un tunnel dont la direction se rapproche de plus en plus de la direction verticale : à mesure que le tube s'enfonce dans le sable, 1l se redresse. J'ai constaté 11902, «] la propagation dans les parois du corps d'ondes respiratoires, soit dans un sens, soit dans l’autre, et rappelant celles que j'ai observées également chez les Aréni- coles. Fauvel à confirmé mes observations. Ainsi, sans doute par suite du genre de vie commun (vie à l’intérieur du sable dans des galeries ou des tubes verticaux), il y à de curieux rapprochements à faire entre les Arénicoles et les Pectinaires. La prédominance des caractères adaptatifs dans certaines familles rend très difficile la détermination de leurs affinités: tel est le cas des Pectinaires, tel est aussi celui des Hermelles. AE NN LAN < ad nd 118 GEORGES BOHN S 13. — HERMELLES. Je laisserai pour le moment de côté le cas des Hermelles, comptant consacrer à ces Annélides un mémoire à part, afin d'essayer de débrouiller la part des influences mécaniques et celle des influences chimiques. Jai en effet écarté de ce travail, comme je lai dit plus haut, toutes les familles où ces dernières influences prédominent. S 1%. — VUE D'ENSEMBLE SUR LES ANNÉLIDES DES SABLES. Chez les Annélides la progression dans le sable peut se faire par deux mécanismes différents : 1° par des ondulations sinusoï- dales du corps ; 2° par des élongations el raccourcissements aller- nalifs de certaines régions, accompagnés fréquemment de rotations ; les régions qui subissent les déformations locomo- trices peuvent être des régions quelconques, ou bien peuvent être les régions terminales du corps, la progression pouvant avoir lieu aussi bien dans un sens que dans l’autre. Il semble que la progression sinusoïdale dans une masse sableuse entraîne la différenciation de parapodes doubles, comme d’ailleurs la progression sinusoïdale dans un tube. Mais cette progression est au point de vue mécanique bien inférieure à l'autre progression, qui se substitue le plus souvent à la pre- mière, et peut entraîner la différenciation des {ores unci- nigères. Élongations et raccourcissements alter- natifs (+ rotations). Ondulations sinusoïidales. a. Modifications morphologiques peu accentuées (f. dites primitives). Qqs. Phyllodociens (Eteone foliosa). | Euniciens. Qqs. Aphroditiens (Sigälion, Stenelaïs). b. Modifications morphologiques plus accentuées. Spionidæ (Nériniens). Glycères. Nephthys. | Ariciens. c. Modifications morphologiques très accentuées (régions). Arénicoles. Capitelliens. ( Maldaniens. Ophéliens. l Pectinaires. ATTITUDES ET MOUVEMENTS DES ANNÉLIDES 119 Les modifications morphologiques entraïnées par la vie dans le sable peuvent être plus ou moins accentuées. a. Quelques Annélides ont abandonné les rochers ou les tubes d’autres animaux pour le sable ; ils ont conservé les ondu- lations sinusoïdales, ne s'engageant qu’à une faible profondeur dans le sable meuble ; ils se rattachent nettement à des familles connues (Phyllodociens, Aphroditiens). Les Euniciens, au contraire, formes peu spécialisées, pré- sentent le second mode de progression, et ne se rattachent pas à des familles connues : ils ontconservé des parapodes simples. Sans doute ce sont des formes d'origines variées, qui se ressem- blent par suite du genre de vie commun. b. Ici, comme chez certains Euniciens, on assiste à la réduc- üon de la région céphalique : le protoméride devient petit, les antennes disparaissent plus où moins, le deutoméride se réunit au segment précédent et porte au maximum deux cirres tentaculaires. A mesure que le Ver peut s’enfoncer plus profondément dans le sable, les mouvements serpentiformes prennent une moindre importance et les parapodes, primitivement biramés, subissent des modifications assez considérables : chez les Gly- cères, les deux rames sont portées par un pédoncule commun; chez les Ariciens, elles sont très modifiées et reportées du côté de la face dorsale. c. Quand les mouvements alternatifs d’élongation et de rac- coureissement sont localisés dans les régions terminales et permettent la locomotion, sinon l’enfouissement, dans les deux sens : 1° le corps, bien que vivant dans le sable, se rac- courcit plus ou moins ; 2° des bandes uncinigères se différen- cient. Le corps présente maintenant une série de régions dis- tinctes ; la tête est peu différenciée. Chez les Annélides des sables, les branchies se rencontrent fréquemment, sauf toutefois dans les régions particulièrement actives. Dans le groupe c, les dissépiments ont tendance à dispa- raître et disparaissent parfois (région moyenne des Aréni- coles) : e’est sur ces dissépiments en effet que s'inséreraïent les muscles obliques qui contribuent chez les Annélides à produire 120 GEORGES BOHN les mouvements sinusoïdaux. Les mouvements respiratoires sinusoïdaux sont remplacés fréquemment par des ondes en forme de bourrelets circulaires. Enfin, chez les Annélides des sables, il peut y avoir nata- tion, grâce à des contournements variés du corps (Glycères, Arénicoles)… x CIRRATULIMORPHES (F. MEsnir). S 1. — GÉNÉRALITÉS. F. Mesnil, discutant la position systématique des Flabelligé- riens et des Sternaspiens |1899, «|, à proposé de donner le nom de Cirratulimorphes à tout l'ensemble formé par les Cirratu- liens (+ Cténodriliens), les Flabelligériens, les Térébelliens, les Ampharétiens et les Amphicténiens (Pectinaires) : le carac- tère saillant de tout le groupe étant peut-être la présence d’un corps cardiaque dans le vaisseau dorsal. Les CIRRATULIENS sont un peu à part; Je ne les étudierai pas pour le moment, l'évolution de ces Annélides ayant été soumise très manifestement à des influences chimiques : ils vivent dans le sable vaseux, dans les mares à Lithothamnions, et subissent les curieuses métamorphoses si admirablement décrites par Mesnil et Caullery [18981. Les FLABELLIGÉRIENS ont des affinités discutées ; j'ai observé les Stylarioides plumosa qui vivent dans les fentes vaseuses des rochers. «Le corps, dit Mesnil 1899), est couvert de papilles de formes diverses qui souvent retiennent des matières étran- gères et constituent une sorte de fourreau à l'animal ; l’extré- mité antérieure, avec les deux palpes et les branchies assez nombreuses, se trouve dans une sorte de cage formée par les soies capillaires des premiers anneaux métastomiaux, extrè- mement longues et qui se relèvent en avant. » C’est là un appareil foreur ; comme chez les Pectinaires, la région anté- rieure avance et recule alternativement, en subissant des rota- üons ; mais 1l ne faut voir là sans doute qu'une ressemblance ATTITUDES ET MOUVEMENTS DES ANNÉLIDES 191 adaptative ; les soies des anneaux antérieurs ont pris sans doute leur grand développement grâce aux frottements répétés contre le sable vaseux ; les peignes des Pectinaires auraient une origine analogue. Les Térébelliens, les Ampharétiens et les Amphicténiens semblent former un ensemble assez homogène. J'ai déjà étudié des AMPHICTÉNIENS, indiquant vaguement comment les Pectinaires se rattachent aux autres Annélides des sables ; je laisserai de côté les Ampharétiens, Annélides assez rares vivant dans la vase et les profondeurs ; mais Je vais étudier avec quelques détails la famille si curieuse des Térébelliens. $ 2. — TÉRÉBELLIENS. Je vais essayer de montrer que l’on doit considérer les Térébelliens comme étant essentiellement des Annélides errants, forant le sable, revêtant d’un enduit de ciment les parois des galeries qu'ils creusent et où ils se déplacent ensuile. Caractères. — Le corps présente trois régions : la tête, le thorax et l'abdomen ; le thorax est l'appareil de traction du corps, la tête est l'appareil foreur et celui qui fabrique le ciment, l'abdomen est une portion peu active et qui, étant soustraite plus où moins aux intoxications, peut prendre un développement assez considérable. Le thorax présente : 1° des lores uncinigères latéraux portant des soies en forme de «r0- chets aviculaires munis de rangées transversales de denticules : 2° un cerlain nombre de boucliers ventraux formés par un issu fibreux résultant de la transformation du tissu muscu- laire et par du tissu glandulaire. La tête, constituée par le protoméride et le deutoméride plus ou moins confondus, porte des faisceaux de longs filaments très contractiles qui peu- vent saisir les grains de sable et les amener à une sorte de lèvre inférieure glandulaire ; il y a des branchies où pas. Le nombre des segments est assez variable; il y en a une cen- taine chez les Amphaitrite et les T'erebella, de 75 à 163 chez l'Amphaitrite gracilis, mais beaucoup plus chez la Lanice conchy- lega, qui vit dansle sable, 225-275, et plutôt moins chez les 122 GEORGES BOHN Polycirrus qui vivent à une certaine profondeur fixés sur des touffes de Rytiphlæa. Classification. — Les espèces indigènes se répartissent [de Saint-Joseph, 1894] en : Amphitritea Mgr., ou Térébelliens branchiés ou Hétérotérébelliens. Polycirridea Mgr, ou Térébelliens abranches. Habitats. — Ce dernier groupe comprend les Polycirrus, qui vivent, comme je viens de le dire, dans les fonds, au milieu des toulles de Rytiphlæa ou de vieilles coquilles trouées et que je n'ai pas étudiés, vu que je ne pouvais pas réaliser autour d’eux les conditions normales d'existence. Les Amphitritea comprennent des espèces qui vivent, comme les précédentes, à une certaine profondeur, dans des tubes fixés sur des Ayliphlæa pinnastroides : Scione maculata Dal., Nicolea venustula Mont., et que je n'ai pas étudiées, et des espèces lit- torales : Amplhitrite Edwardsi Qfe. A. gracilis Gr. (—T. gelatinosa Kef.). Terebella lapidaria L. Lanice conchylega Pallas. Polymnia nebulosa. L'Amplitrite Edrvardsi vit dans les zostères qui découvrent dans les grandes marées et habite des tubes en U; elle paraît assez sédentaire. L’A. gracilis S'enfouit entre les pierres dans la vase. La T'erebella lapidaria it dans les fentes des rochers et sous les pierres. La Lanice conchylega it à divers niveaux, jusque dans les régions explorées par la drague; dans le sable des plages, elle occupe de longs tubes verticaux ; dans les régions qui ne décou - vrent pas ou qui découvrent rarement, le tube est horizontal et adhère à des Algues, ou bien il est sinueux et adhère à des rochers. La Polymnia nebulosa, enfin, vit parmi les rochers qui décou- vrent dans les grandes marées et quelquefois plus profondé- ment; elle se construit sous les rochers et les pierres des demi- tubes arénacés. D'une facon générale, un même Térébellien peut vivre dans ATTITUDES ET MOUVEMENTS DES ANNÉLIDES 193 les habitats les plus variés; cela tient à ce qu'en général un Térébellien mène une vie errante. Étude d’un Térébellien sédentaire, l'Amphitrite Eduvardsi. — Ce superbe Annélide vit dans des tubes en U creusés dans la vase deszostères; lorsqu'il est placé sur un fond de sable, on observe rarement son enfouissement ; de plus, dans les condi- tons défectueuses de l'observation, il retrouve difficilement le tube abandonné ; quand il est dans son tube, il peut venir étaler au dehors le panache de ses filaments céphaliques et la touffe de ses branchies; mais à la moindre alarme, il recule, progres- sant très rapidement en arrière. Mécanisme de la progression en arrière. — Contrairement à ce qui se passe chez les Capitelliens et les Arénicoliens, l'extrémité postérieure, longue, grêle, souvent enroulée sur elle-même, ne Joue aucun rôle; les segments thoraciques sont seuls actifs aussi bien dans la progression en arrière que dans la progression en avant. 16 segments portent des bandes uneimigères latérales très accusées; soient : PE Gt US DA SU MC 16 2 ces segments en commençant par le plus antérieur. Voici ce que l’on observe lorsque l'Annélide est placé dans un tube : 1° Quand on excite faiblement l'extrémité céphalique, les 8 pre- miers segments uncinigères, qui portent des plaques ventrales, se contractent, de 1 à 8, les 7 premières bandes uncinigères se rapprochant de la 8° qui est immobile ; cette contraction locale est momentanée : elle est suivie bientôt d’une élongation qui ramène l'extrémité céphalique à sa position primitive. 2° Quand on excite cette extrémité plus fortement, tousles seg- ments thoraciques se contractent successivement, de 1 à 16, et se rapprochent ainsi du 16° segment qui est fixe. Toute la région antérieure (thoracique), contractée et fixée aux parois du tube, sert de point d'appui pour l'élongation des anneaux postérieurs, qui se fait progressivement d’arrière en avant, jusqu’à ce qu'elle ait atteint le°8° segment thoracique; parfois elle se poursuit en avant de ce segment, toujours fixe, 124 GEORGES BOHN produisant une légère projection en avant de l'extrémité cépha- lique. ADM AUS PAS UE MIS T6 HÉROS LAS C0 STAR Li 402: 3-4 OCR 0 102 MS MMS MIE TA 223. 14005006 PT RO MMM: 4220418 PALIER T..,42%9 04/5008 09 10 AA SITE ET Chez la Terebella lapidaria, le mécanisme de la progression en arrière est analogue : la région thoracique se condense et se dilate alternativement ; la condensation a lieu vers le dernier segment, qui resle alors fixe; la dilatation à lieu en arrière du premier segment, qui reste alors fixe : en sorte que tout le corps est repoussé vers l'arrière. ei, on observe nettement des rotations et des ondes respiratoires en forme de bourrelets cir- culaires. Étude d’un Térébellien fouisseur, la Lanice conchylega. — Dans la nature, on rencontre cet Annélide dans des conditions assez variées : dans le sable qui peut se dessécher, 1l occupe des galeries verticales parfois très profondes, et 1l est probable que lAnnélide peut quitter son tube et nager lorsque la mer est haute; au bout d’un certain temps, il rechercherait l'entrée d’un tube vide, ou bien, après un travail de fouille, en construi- rait un autre; mais dans certains cas, il se laisserait entraîner par les courants vers des régions plus profondes, parmi les ro- chers parexemple, et construirait alors des tubes sinueux contre la pierre ou des tubes horizontaux sur le fond. En aquarium, en effet, la Lanice conchyleqa peut se compor- ter de multiples façons. 1° Lorsqu'elle sort de son tube, elle peut s’enrouler en hélice à la façon desGlycères, sur une plus ou moins grande longueur, à partir de l'extrémité postérieure ; elle peut se dérouler de façon à ne plus présenter qu'une boucle hélicoïdale, qui, en se dépla- çant, produit la natation; de plus, dans cette natation, le corps se balance légèrement à droite et à gauche (rotations oscillantes), un peu à la façon des Lipephile. 2° Placée sur une épaisse couche de sable, elle se met à fouir et creuse une galerie sinueuse plus ou moins longue qui, au bout d’un certain temps, se redresse en un puits vertical, surmonté lui-même bientôt par une cheminée de forme conique de quel- LE AR ATTITUDES ET MOUVEMENTS DES ANNÉLIDES 195 ques centimètres de hauteur; mais dans une eau agitée, celle-ci se déchire; souvent plusieurs puits verticaux surmontés de cheminées peuvent être construits sur une galerie sinueuse. 3° Placée sur une mince couche de sable, elle construit à sa surface un tube sinueux dans un plan horizontal; mais, au con- tact d’un caillou, les sinuosités épousent les contours du corps solide. %° Dans un puits vertical, l'Annélide a toujours tendance à avoir la région céphalique en haut, et, au moyen de ses tenta- cules préhenseurs, 1l allonge constamment le tube vers le haut, d’où la cheminée décrite précédem- ment; la région céphalique monte et descend alternativement, grâce au mécanisme indiqué pour les Amplhtrite et les Terebella (élongations m1 et condensations du thorax), mais, en même | temps, il y a des mouvements de rotation très nets (fig. 16). 5° Dans une galerie horizontale, le Ver allonge sa galerie du côté de la région céphalique, et cela tant que les tentacules ren- contrent des grains de sable; dans le cas contraire, le corps sort en partie Jusqu'à ce que les filaments rencontrent du sable ; mais, si ceux-ci n’en trouvent pas, l'animal rentre dans son tube, se retourne bout à bout et va en chercher à l’autre extré- mité du tube. Étude d’un Térébellien errant, la Po/ymnia nebulosa. — J'ai trouvé ce Ver en extrême abondance, près Saint-Briac, à l'extrême pointe de Flet, vis-à-vis les Ormelettes, sous toutes les pierres : au milieu d'Éponges et d’Ascidies variées, ils occupaient destubes extrêmementfragiles, formés de fragments de coquilles et de grains de sable à peine agglutinés ; ces tubes étroitement appliqués contre les rochers, longs et sinueux, parfois ramifiés, n'étaient constitués en réalité que par des demi-cylindres, la paroi du rocher complétant la paroi arénacée. J'ai vérifié les faits indiqués par de Saint-Joseph [1894], à savoir que le Ver peut se retourner dans le tube en pliant son corps en deux, et peut y reculer par des mouvements saccadés et rapides : ce mouvement de recul se fait toujours par le même mécanisme; 1l constitue une des caractéristiques des Téré- belliens. 6.—Lanice. 126 GEORGES BOHN Le Ver sort de son tube très rapidement, et, au moyen des filaments qui forment une chevelure déployée et qui s’allongent et se rétractent alternativement, le corps erre parmi les rochers et reste quelquefois suspendu à toutes ces cordelettes. IL y à là un nouveau mode de locomotion, que l’on retrouve chez un certain nombre de Térébelliens. La Polymnia, enfin, peut re- trouver facilement, au moyen de ses tentacules, lorifice du tube abandonné. Natation chez les Térébelliens. — Les Térébelliens peuvent nager. J'ai déjà cité l'exemple de la Lanice conchyleqa. De Sant- Joseph [1894] signale que la Micolea venustula abandonne faci- lement son tube pour nager, en serpentant, dans les cuvettes; la même observation aurait été faite en mer par Michaelsen à Kiel. Ces faits s'ajoutent aux précédents pour appuyer l'opinion que les Térébelliens sont des Annélides essentiellement errants. Conclusions relatives aux Térébelliens. — 1° Les Térébel- liens sont des Annélides essentiellement errants; il est même possible que l'Amphitrite Edivardsi quitte son tube lorsque la mer est haute et qu’elle retrouve l’orifice d'entrée grâce à l’exces- sive sensibilité tactile des tentacules, se comportant en cela comme les Polymnia nebulosa et les Lanice conchyleqa. 2° Les Térébelliens sont souvent nageurs, un peu à la façon des Glycères. 3° Les Térébelliens, plus ou moins fouisseurs, sont caractéri- sés par des tentacules céphaliques, qui, en général, saisissent les grains de sable etles amènent sur une espèce de lèvre infé- rieure qui les agglutine en ciment ; ces tentacules, lorsque leurs extrémités se fixent aux rochers, peuvent déterminer la trans- lation du corps. 4° Une fois dans leurs galeries, les Térébelliens s’y meuvent facilement; ils marchent à reculons avec une rapidité souvent très grande, par saccades successives : la région thoracique est presque seule agissante; elle se dilate et se contracte alterna- tivement, le point d'appui étant placé différemment suivant les cas; l'appui résulte de la fixation des crochets des tores unci- nigères et de l’adhérence des boucliers ventraux glandulaires. Pendant l’immobilité, des ondes respiratoires annulaires par- courent le corps. ATTITUDES ET MOUVEMENTS DES ANNÉLIDES 1951 En résumé, les Térébelliens, nageurs, fouisseurs, tubicoles, ont une physionomie assez différente des Arénicoliens et des Capitelliens : le mode de locomotion est fondamentalement le même (allongements et raccourcissements successifs de certaines régions accompagnés de rotations); mais chez les Térébelliens il n’y à qu'une région vraiment active, aussi bien dans la marche directe que dans la marche inverse, la région thoracique, qui est hautement différenciée, avec ses tores uncinigères, ses crochets, ses boucliers ventraux; l'extrémité postérieure du corps qui perd de son activité peut subir, au milieu du sable, une crois- sance supplémentaire. Si les Térébelliens ressemblent aux Pectinaires, cela tient au genre de vie commun : vie errante, fouisseuse, tubicole; dans le même habitat, les Lanice conchyleqa et les Pectinaria belgica se comportent sensiblement de la même façon : dans les deux cas, en particulier, le tube est vertical, surmonté d’une cheminée très fragile ; les rotations, les ondes annulaires ont le même caractère. ; XI SABELLIENS. Les Sabelliens ne constituent qu’une section parmi les Serpu- liens ; j'étudierai seulement les espèces voisines des Sabelles, car les espèces voisines des Serpules, calcigènes, vivent dans des conditions chimiques toutes particulières. Les Sabelliens sont les Annélides tubicoles par excellence : la région céphalique s’est transformée en un appareil sensitif et moteur remarquable; par la constitution générale du corps, ils se rapprochent des Térébelliens, et quelques-uns encore mè- nent une vie vagabonde et peuvent nager. Caractères. — Les Sabelliens sont caractérisés surtout par leur panache céphalique ; la description de ce panache ne nous intéresse pas ici. Outre la région céphalique, formée par la réunion du protoméride et du deutoméride, le corps com- prend encore un thorax en général assez court et un abdomen très long ; deux caractères très curieux sont à noter : 1° l’inver- 1238 GEORGES BOHN sion dorso-ventrale des organes externes dans la région (hora- cique ; 2° l’asymétrie de celte région. Ici encore, comme chez les Térébelliens, c'est la région thoracique avec ses crochets qui est vraiment caractéristique. Je signalerai enfin le si//on coprogoque médian qui change de face au niveau du thorax. | Habitats et genres de vie. — Les Sabelliens habitent un tube formé de mucine, parfois transparent, parfois recouvert de vase, de sable, de fragments de coquilles. Dans le sable, aux endroits où il ÿ à un courant d’eau, on trouve les Sabelles proprement dites : Sabella prvonina Sav., Bispira volutacorris Mont., Spwograplis Spallanzan, la Sabella pavonina peut êlre ramenée par la drague et lé chalut, le tube est souvent fixé à des touffes de Æytiphlæa [de Sant- Joseph, 1894. On rencontre également à la côte : les Pranchiomma vesicu- losum Mont., et les Dasychone Bombyx Dal. J'ai trouvé des Branchiomma dans les grandes marées, — sous les pierres, sous les rochers, parmi les Éponges, les Tuniciers, — dans le sable, — dans la vase des zostères, — c’est-à-dire, en somme, dans des habitals assez variés ; en aquarium, en effet, cet Annélide peut sortir facilement de son tube, peut nager, pour ensuite s’insinuer parmi les corps anfractueux ou dans le sable, agglutinant en un tube très grossier les corps qui l’en- vironnent ; on rencontre de pareils tubes assez fréquemment dans la nature, et 11 semble que les choses se passent de même. Le tube parcheminé des Dasychone Bombyx est fixé pareille- ment aux coquilles, aux Algues, même aux tubes de la Pispura volutacornis [de Saint-Joseph, 1894. De Saint-Joseph signale enfin que les Jasmineira elejans de St-J. etles Myricola Dinardensis de St-J. ramenées fréquem- ment dans les dragages, avec les coquilles d'Huitres (elles vivent entre les lamelles de ces coquilles), peuvent quitter facilement leur substratum habituel pour nager, la tête la première, en serpentant. Divers mouvements présentés par les Sabelliens. — Soulier [4891) à observé et décrit certains de ces mouve- ments : ATTITUDES ET MOUVEMENTS DES ANNÉLIDES 129 1° Mouvements alternatifs d'entrée et de sortie, accompagnés de flexion : 2° Mouvements de rotation, très remarquables : 3° Mouvements brusques de rétraction. J'éludierai ces divers mouvements avec plus de soin, et, en outre, les mouvements suivants : 4° Mouvements respiratoires : 9° Mouvements de dégagement du corps et de natation. Mouvements de progression, directs ou inverses, dans le tube. — J'ai observé surtout ces mouvements chez le Branchiomma vesiculosum, et J'ai pu me rendre compte que chez les Sabelliens le mécanisme est sensiblement le même que chez les Térébelliens. Quand lPAnnélide recule, les segments thoraciques et les premiers segments abdominaux se contrac- tent successivement d'avant en arrière, de manière à entraîner une rétraction de toute la région antérieure du corps, puis les mêmes segments s'allongent successivement d’arrière en avant, en prenant appui sur les segments plus antérieurs, encore contractés, refoulant par suite tout l'abdomen vers larrière. AM CRUE PE 11e 800 ANSE QE ANAL ET 2 3 4 La région thoracique, qui sert d'appui pour le refoulement du corps en arrière, est munie, comme la partie antérieure du thorax chez les Térébelliens, de crochets et d'écussons ventraux. Mouvements de rotation. — Les mouvements de rota- tion présentent des caractères un peu différents suivant les espèces : 1° Sabella pavonina. — Is sont extrêmement accentués et fréquents chez les Sabella pavonina ; is ont lieu, tantôt dans un sens, tantôt dans l’autre, les changements de sens se pro- duisant très irrégulièrement ; quelquefois iis se produisent très fréquemment (rotations oscillantes) ; quelquefois, presque d’une traite, le Ver effectue trois tours et demi sur lui-même (fig. 17). | 2 Spirographis Spallanzani. — Toutes les fois que l’on fait tourner le tube sur lui-même de 180°, le corps tend à tourner ANN. SC. NAT. ZOOL. ill, 9 130 GEORGES BOHN du même angle, et la rotation s’accomplit toujours si le tube est disposé horizontalement ; si l'on maintient fixe le panache, c'estle tube lui-même qui tourne autour du corps. 3 Bispira volutacornis. — Sans doute à cause de la forme étranglée de la section du tube, il est très difficile de provoquer les mouvements de rotation. x° Branchionma vesiculosum. — Les mouvements de rota- tion ont été bien déerits par Soulier [4891]. Les rotations s'accomplissent fréquem- ment pendant que la région antérieure sort ou pendant qu'elle reutre. Fig. 17. — Sabella. 5° Dasychone Bombyr. — Le Ver sort facilement de son tube, tout d’abord par suite du déploiement même de l'éventail, ensuite par des flexions alternatives du corps à gauche et à droite ; or, les flexions sont accompagnées de rotations, la rotation ayant lieu du côté qui devient concave. Mécanisme de la rotation. — Les segments actifs sont les segments thoraciques ; la rotation accompagne fréquemment la progression en avant ou en arrière due aux mouvements de ces segments. Ce sont les mouvements des parapodes thora- ciques insérés d’une façon asymétrique qui déterminent les rotations ; ces mouvements peuvent se produire en dehors de toute locomotion. Si l’on détache la tête et le thorax de l’abdomen et si on supprime le panache, le tronçon antérieur du corps ainsi mutilé placé dans un tube continue à effectuer les rotations; on ne peut donc pas admettre une torsion du thorax sur l'abdomen, ni une rotation sous l'influence du panache. Mouvements brusques de rétraction. — Quand on porte une excitation sur la région céphalique, il se produit une con- traction successive des divers anneaux, d'avant en arrière, sur une étendue variable, parfois sur l'étendue totale du corps; si plusieurs excitations se succèdent, à chaque fois le nombre des segments intéressés devient moindre ; ceci explique la sortie en dehors du tube par saccades successives. ATTITUDES ET MOUVEMENTS DES ANNÉLIDES 131 La vitesse avec laquelle la contraction des anneaux se pro- page le long du corps est tellement grande qu'on s’est préoc- cupé de chercher le mécanisme de propagation. « Lorsqu'on la touche, la Pispira volutacornis à des contractions brusques comme les Myxicoles. Friedländer pense que ces mouvements, qui s'étendent à tous les segments, sont réglés par des fibres tubulaires colossales » [de Saint-Joseph, 4894]. Mouvements respiratoires. — C'est sur le corps extrème- ment contractile de la Pispua volutacornis qu'on observe le plus nettement les ondes respiratoires. En un certain point du corps, une dilatation en forme de bourrelet circulaire de 1 centimètre de long se produit et se propage dans un sens ou dans l’autre. Je prendrai un exemple : Pendant dix minutes de suite, les ondes apparaissent cons- tamment à la portion antérieure de la région abdominale, et se propagent très lentement d'avant en arrière, sur le pre- mier tiers de l'abdomen, puis sur les deux premiers tiers. Dans le détail, voici ce qui se passe : les quatre premiers segments ab- dominaux se contractent et par suite leur diamètre augmente, d'où la formation d’un bourrelet; ensuite, les mêmes anneaux s’allongent, les anneaux suivants se contractent, et ainsi de suite. Le point de départ des ondes peut avoir lieu plus en arrière. Tout à coup, l'extrémité postérieure s’agite un peu, et des ondes naissent à cette extrémité pour se propager en sens in- verse : leur vitesse de propagation est assez rapide (20 secondes pour parcourir les deux tiers de l'abdomen); ces nouveaux mouvements durent quinze minutes. Les mouvements reprennent d'avant en arrière, avec une vitesse moindre (20 secondes pour parcourir le tiers de lab- domen). Chez les Branchiommu, les renflements sont asymétriques. Mouvements de natation. — On les observe particulière- ment bien chez les Branchiommea : 1° L'Annélide sort de son tube par des mouvements de flexion latérale combinés à des rotations (rotations oscilla- toires) ; 152 GEORGES BOHN 2° Une fois l’Annélide sorti, les mouvements de flexion s'accentuant et étant loujours accompagnés de rotations, la natation se produit; c’est une natation hélicoïdale oscillatoire. Conclusions relatives aux Sabelliens. — Les Sabelliens ressemblent aux Térébelliens et présentent essentiellement les mêmes mouvements qu'eux; ils sont plus complètement adaptés à la vie tubicole : les mouvements de rétraction et les mouve- ments respiratoires sont beaucoup plus nets. XII VUE D’ENSEMBLE SUR LES ANNÉLIDES POLYCHÈTES Les Annélides Polychètes présentent deux modes essentiels de locomotion : 1° locomotion par ondulations sinusoïdales latérales ; 2° locomotion par élongalionsetl raccourcissements alter- nalifs de certaines régions. ANNÉLIDES PRÉSENTANT DES EE mm 6 = Mouvements d’élongation et de Mouvements sinusoïdaux, M ‘ements de deux sortes. soïdau Aouvements de deux so A RER Annélides des rochers et des sables. Hésioniens. Phyllodociens. Euniciens. Lycoridiens. Aphroditiens. Annélides des subles. Nériniens. Glycériens. / Arénicoliens. Nephthydiens. Ariciens. Maldaniens. : Capitelliens. Pectinaires. : Térébelliens. Serpuliens. Dans les deux catégories, les mécanismes respiratoires sont “également différents; la plupart des Annélides de la première catégorie présentent des mouvements respiratoires sinusoïdaux, ATTITUDES ET MOUVEMENTS DES ANNÉLIDES 13 ayant lieu d'avant en arrière dans le plan sagittal; chez la plupart des Annélides de la dernière catégorie, le courant res- piratoire est produit par la propagation dans un sens ou dans l’autre d'un bourrelet annulaire qui se déplace dans le tube occupé par l'animal comme une sorte de piston. La vie tubicole se rencontre aussi bien dans l’une et l’autre catégorie : quelques Hésioniens, un certain nombre de Lycori- diens, la plupart des Aphroditiens dans la première catégorie ; — surtout les Maldaniens, les Pectinaires, les Térébelliens, les Serpuliens, dans la seconde catégorie. Des Annélides comme les Nériniens (1° e.) et les Euniciens (2° c.) ne sont pas du tout tubicoles : ils errent dans le sable ou à sa surface, répan- dant autour d'eux une sécrétion abondante qui agglutine plus ou moins les grains de sable dans les régions qu'ils traver- sent. Il faut remarquer en outre que la vie errante se con- cille avec la vie tubicole : les Lycoridiens quittent leurs tubes pour nager, de même les Térébelliens ; j'ai indiqué que, contrairement à ce que l’on pense, ces Annélides sont essen- üellement errants. Les Annélides de la première catégorie acquièrent rapide- ment une physionomie à part; tandis que chez les Phyllodo- ciens, les parapodes sont encore simples, chez les Hésioniens, on voit se différencier une rame dorsale, et chez les Lycori- diens, les Aphroditiens, les Néridiens, les Nephthydiens, les parapodes sont plus ou moins différenciés. Chez les Annélides qui abandonnent le premier mode de locomotion pour le second, les parapodes, primitivement biramés, se modifient : les deux rames tendent à se fu- sionner. Dans la dernière catégorie, on a réuni sous le nom d'Euni- ciens toutes les formes qui possèdent des parapodes simples ; toutes les autres formes sont caractérisées par la différen- ciation de bourrelets uneinigères. Chez les Arénicoliens et les Maldaniens, les régions actives sont les régions terminales ; elles fonctionnent alternativement suivant le sens de la pro- gression ; chez les Térébelliens et les Serpuliens, quel que soit le sens de la progression, la région active est le thorax; celle région possède, outre les {ores uneinigères munis de crochets 134 GEORGES BOHN puissants, des boucliers ventraux glandulaires, qui permettent sa parfaite adhérence au support. La différenciation des parapodes biramés paraît en relation avec les mouvements sinusoïdaux ; celle des bourrelels unci- nigères est en relation avec les tractions et les refoulements dus à la condensation et à la dilatation de certains anneaux. L'influence de l'habitat sur le mode de locomotion et par suite sur la forme est manifeste. Lorsque les Annélides vivent dans les rochers, leurs mouvements sont serpentiformes; dans le sable, ces mouvements n’ont pas tardé à se perdre et le deuxième mode l'a emporté sur le premier. D'après l'étude que j'ai faite, on ne peut élablir aucune série généalogique, mais on peut démolir celles établies : J'ai indiqué plus haut pourquoi les Euniciens ne doivent pas être consi- dérés comme la souche originelle des autres Annélides des sables (1). La physiologie a ceci d’utile, c'est de nous montrer nettement les illusions créées par les ressemblances adaptatives. XIII OLIGOCHÈTES Je prendrai comme exemple celui des Vers de terre, et je ferai quelques extraits du mémoire [1901, f] que j'ai consacré à la locomotion de ces animaux. Chez ceux-ci on observe le second mode de locomotion déerit chez les Polychètes : éongations et condensations alternatives de cerlaines régions ; ici la région active est la région antérieure ; chez quelques espèces qui progressent dans les deux sens elle peut être aussi, à certains moments, la région postérieure; tout le reste du corps est entraîné passivement. € I suffit d'examiner quelques instants un Ver de terre pour reconnaître qu'il se meut d’arrière en avant uniquement par le jeu de ses anneaux antérieurs, 1 à n, et cela quelle que soit la nature de la surface de reptation (surface plane ou cylin- ul 2 A L} r . Fr . r LA . (2) J ai de même, dans un travail antérieur, démoli les arbres généalogiques des Crustacés, sans en établir d’autres. ATTITUDES ET MOUVEMENTS DES ANNÉLIDES 135 drique, terre ou pierre) et qu'il s'agisse d’un Ver « canalisa- teur » ou d’un Ver « sédentaire ». « La figure 18 représente les temps principaux de la repta- ton d’un Ver de terre. 1% Zemps. — Les anneaux antérieurs, { à n, se détachent du sol progressivement d'avant en àärrière; quand vient son tour, l'anneau p s'appuie sur l'anneau p + 1, se redresse légèrement et s’allonge re- poussant devant lui la série des anneaux p-1 à 1. Sou- vent nr — 9, ce qui signifie que toute la région prégémitale subit une élongation (cette 9 élongation est maxima vers le milieu de la région, au ni- ‘4 | veau de l'anneau 5 ou 6) qui la rend rigide et lui permet VEN Modifications successives de la ie partie antérieure du corps dans la repta- de s'insinuer dans la terre tion d'un Ver de terre. (deuxième ligne de la figure). 2° temps. — Les anneaux { à n se condensent dans l’ordre même où ils se sont allongés, la tête constituant un point fixe vers lequel sont entraïnés passivement tous les autres anneaux : une bande de papier glissée transversalement sous le Ver est alors entraînée en avant, qu’elle corresponde à la région pré- cltellaire ou à la région post-clitellaire ; les anneaux de la queue n'adhèrent même pas en général au support. » Ceci a lieu dans tous les cas de progression en avant, et en particulier chez les Vers canalisateurs (Lumbricus herculeus Hoffm. et Allobophora terrestris Say). Souvent ces Vers apla- tissent leur extrémité postérieure pour progresser en arrière : l’aplatissement permet aux anneaux d’adhérer plus fortement -au sol. « Il faut noter que si l’on détache cette queue par sec- tion transversale, elle se meut en se dirigeant vers l'avant par le jeu des anneaux les plus antérieurs du segment coupé, et il est curieux de signaler que la locomotion de ce segment peut se faire aussi bien sur la face dorsale que sur la face ventrale 136 : GEORGES BOHN et que les soies ne jouent par conséquent qu'un rôle accessoire dans la progression, » XIV HIRUDINÉS J'ai décrit les principaux mouvements des Hirudinés dans deux notes 4904, f, 4902, a}. Voici les principaux faits que jai mis en évidence. Les Hirudinés présentent deux sortes de mouvements : 1° Des mouvements de 7eplalion, dus, comme chez les Vers de terre, à l'allongement et au raccourcissement des divers zoonites ; (ne 2° Des mouvements d’ondulation, assez variés d’ailleurs. Mouvements de reptation. — 1° Sangsue médicinale Raï. « Elle présente deux modes de reptation : une reptation pro- prement dite el une fausse reptation au moyen des ventouses. « La replalion véritable se fait par une combinaison des mouvements d'extension et de contraction des divers zoonites qui avoisinent la région clitellaire; pour bien la comprendre, il faut faire la remarque fondamentale suivante : quand un zoonite est contracté, il présente, surtout sur la face ventrale, des raies transversales saillantes munies elles-mêmes de papilles dis- posées diversement et qui favorisent l’adhérence de ce segment sur le support. « La figure 19, demi-schématique, représente une Sangsue en train de ramper au Of ant 4.5 rimomenthoutle corpsra atteint son maximum Fig. 19. — Sangsue en train de ramper pendant d'extension on voil se la période du mouvement d'extension. différencier dans la par- üe antérieure quatre ré- gions, &, b, c, d, alternativement formées de zoonites contrac- tés et de zoonites allongés ; la région € correspond aux orifices génitaux et est celle que les auteurs conviennent d'appeler chitellaire; elle joue un rôle important dans la reptation. « Celle-ci, èn effet, comprend les temps suivants : Le ATTITUDES ET MOUVEMENTS DES ANNÉLIDES 137 1° temps. — La région «à d, alors contractée dans sa tota- lité, se détache du sol, comme cela a lieu chez les Vers de terre, l’élongation croissant de & à b et décroissant de 0 à d. 2° lemps. — Cette région ad s’abaisse vers le sol de manière à amener en son contact successivement Les régions & et €. 3° temps. — Dès que la région c repose sur le sol, sous l’in- fluence sans doute d’un réflexe à point de départ cutané, elle devient un centre de condensation pour les anneaux immédia- tement avoisinants, et un point d'appra pour les régions à el d qui s'allongent, amenant là projection de la tête en avant et sou- vent un léger recul de l'extrémité postérieure du corps (si la ventouse postérieure était fixée, elle peut se détacher). 4° temps. — Les régions à et d se contractent successive- ment, d'avant en arrière, à la manière des Vers de terre, et le corps de PAnnélide avance sur le support. « Ainsi, chez la Sangsue médicinale, la reptation se fait fondamentalement par le même mécanisme que chez les Vers de terre ; seulement, on distingue très manifestement dans la moitié antérieure du corps : 1° plusieurs zones d’élongation, b et d, qui existent peut-être moins visiblement chez quel- ques espèces de Lombrics ; 2° une zone c, à zoonites en général contractés, peu actifs, et qui, grâce à une ornementation téqu- mentaire assez parfaite, constitue une zone d'adhérence sub- antérieure (chitellaire), véritable point d'appui pour les zoonites situés en avant et ceux situés en arrière ; les zoonites de la moitié postérieure du corps ne jouent aucun rôle actif dans la reptation. « Il n’en est pas de même de la fausse reptation, au moyen des ventouses, qui à été bien étudiée (Voy. Gratiolet) ; celle- ci devient la règle chez la Sangsue noire (Awlastoma qulo Braun). 2 Aulastome. — « Chez cette Sangsue, en effet, la repta- tion véritable semble un mode de locomotion tombé en dé- suétude; les téguments, qui n’offrent plus que des contacts acer- dentels avec le support, sont d’une ornementation fable. Cet Annélide mène surtout une vie fixée, et /a ventouse postérieure, qui est primitivement un organe, non de locomotion, mais de fixation, devient un point d'appui pour l'animal. 138 GEORGES BOHN « Très souvent l’Aulastome vorace est fixée par cette ven- louse, et se comporte d'une des deux façons suivantes : ou bien le corps subit une élongation et constitue une tige douée d'un léger mouvement ondulatoire, qui à vraisemblablement pour résultat le renouvellement de l’eau autour de l'animal; ou bien il présente des déformations variées qui entraînent le dé- placement de la tête, celle-ci semblant chercher Paliment. « L'élongation dans le premier cas, les déformations dans les seconds cas sont produites par les élongations et les défor- mations successives des divers zoonites depuis le plus antérieur jusqu'à ceux qui constituent la ventouse postérieure ; celle-ei n’est done ici encore que laboutissant d'une série de mouvements et non le point de départ. « Quand Pélongation du corps a atteint une valeur maxima, la ventouse postérieure, par suite de la contraction successive d'avant en arrière des zoonites allongés, se détache et se rap- proche de la bouche fixée (ventouse antérieure); ce n’est là qu'une modification du dernier temps de la reptation ordinaire (rétraction plus forte ventralement que dorsalement). 3° Clepsines. — « En général, les Clepsines sont les plus sédentaires des Hirudinées ; Moquin-Tandon signale que cer- laines espèces « aiment à se balancer, fixées par la ventouse anale et tenant le corps un peu raide »; J'ai constaté que la Glossiphonia complanata L. se comporte fréquemment comme l'Aulastome ; dans la replation qui se fait au moyen de ven- touses, celles-er se rapprochent en général complètement l’une de l’autre. » Mouvements d'ondulation. — Mouvements respiratoires. — « Les mouvements d'ondulation se rencontrent chez toutes les Sangsues, el sont d'autant plus accentués que celles-ci devien- nent plus sédentaires ; ils ont pour conséquence habituelle le renouvellement de l’eau autour de l'animal (mouvements respn- raloires), mais peuvent aussi entraîner la natation. « Quand une Sangsue médicinale repose par sa région cli- tellaire, les extrémités antérieure et postérieure, qui subissent des élongations et des raccourcissements successifs, présen- tent souvent des mouvements ondulatoires, plus prononcés du côté de la queue qui s’aplatit; dans ces conditions, les ATTITUDES ET MOUVEMENTS DES ANNÉLIDES 139 ventouses ne sont pas fixées, et il faut bien peu de chose pour que les mouvements respiratoires se transforment en mouve- ments de natation. Ces derniers ont été bien décrits parGratiolet. Quand une Aulastome ou une Clepsine est fixée par sa ventouse postérieure, le corps offre un mouvement ondula- toire surtout prononcé dans la région antérieure ; chez une Clepsine complètement fixée, une onde se propage presque con- stamment entre les deux ventouses. » Mouvements de natation. — Les mouvements de natation ne sont ici en quelque sorte que des mouvements respiratoires exagérés : 1ls consistent en des ondulations sinusoïdales, ayant heu dans le plan sagittal de l animal, accompagnées le plus sou- vent de rotations. Pendant la natation, le corps de la Sangsue s'aplalit dorso-ventralement, surtout dans la région postérieure, et prend la forme d'un ruban ; 1l progresse grâce à un mouve- ment d’ondulation qui se propage dans toute sa longueur, mais qui est beaucoup plus accentué au niveau des zoïdes posté- rieurs. L'onde musculaire est due à des variations de courbure des divers zoïdes, et quelquefois à une rotation des zoïdes les uns sur les autres autour de l'axe du corps. «Si un anneau tournait d’un angle © par rapport au plan horizontal, si l'anneau contigu tournait d’un angle ©’ par rap- port au précédent, et ainsi de suite, la propagation de l’onde serait du type hélicoïdal, et si plusieurs ondes semblables se propageaient successivement à travers le corps de lanimal, celui-ci, plus ou moins contourné en une sorte de vis, subirait à la fois une translation d'ensemble et une rotation sur lui-même. Ces mouvements hélicoïdaux ne semblent pas rares chez les Sangsues, soit qu'ils se produisent toujours dans le même sens (propagalion rotative), soit qu'ils se produisent alternative- ment dans un sens ou dans l’autre (propagation oscillante). C'est grâce à ces mouvements que le Ver peut en nageant changer son orientation générale. « Quand le Ver cesse de ramper pour nager, le plus souvent il commence par nager le dos en haut et le ventre en bas: mais au bout d’un temps variable, il finit par se retourner et par nager la face neurale en haut. » k 140 GEORGES BOHN CONCLUSIONS (1) Dans ce mémoire, J'ai rassemblé de nombreux faits, la plu- part nouveaux. 1° J'ai décrit les attitudes et les mouvements d'un grand nom- bre d’Annélides : les trajectoires ont des formes très variées, mais les divers points du corps peuvent effectuer, par rapport à elles, des oscillations transversales ou longitudinales et sou- vent des rotations. J'ai signalé l’extrème fréquence des attitudes etdes mouvements hélicoïdauxr (natation de certaines Néréides, de la Glycère, de la Sangsue; marche des parasites dans les tubes ; enfouissement du Stylarioides plumosa et de la Pecti- paire ; va et vient des Térébelles et des Sabelles, etc., ete.). Depuis deux ans, Jennings à décrit de pareils attitudes el mouvements chez les Infusoires et les Rotifères, et J'ai moi-même éludié les mouvements hélicoïdaux de certaines larves. Tout ceci s'explique par l'avantage que présentent, au point de vue mécanique, les mouvements en hélice sur les autres. 2° J'ai montré l'influence dynamogène des agents méca- niques, physiques et chimiques du nulieu extérieur, et en par- iculier j'ai étudié systématiquement l'influence de la lumière sur les Annélides, et j'ai mis en évidence le fait suivant : sous l'influence d’une augmentation de l’éclairement (princi- palement des yeux), la longueur et l'amplitude des ondes locc- motrices latérales augmentent, et avec elles la force propul- sive. ; Depuis deux ans, j'ai été conduit à faire une étude très complète du phototropisme des Vers et des Mollusques (Mémoire de l'Institut général psychologique, À, p. 1-110, avril 1905). 3° J'ai montré que les mouvements sont en relation avec l'habitat et surtout avec le genre de vie ; lorsque le Ver s'adapte à la vie dans le sable, les oscillations transversales (mouve- (1) J'ai dû modifier légèrement les conclusions primitives, pour indiquer quelques conséquences auxquelles j'ai été conduit depuis le dépôt de ce mé- moire (janvier 1904). ATTITUDES ET MOUVEMENTS DES ANNÉLIDES 141 ments sinusoïdaux) sont remplacées par des oscillations longi- tudinales (mouvements d’élongation). 4° J'ai indiqué l'influence morphogène des mouvements : tandis que les mouvements sinusoïdaux entraînent manifestement la - différenciation des doubles parapodes, les mouvements d’élon- salion et de raccourcissement entraînent dans certaines régions du corps la différenciation des fores uncinigères et celle des boucliers ventraur. Les élytres, les branchies sont en relation également avec le mode de vie ; la longueur du corps également; mais dans ces divers cas les influences chimiques interviennent à côté des influences mécaniques; ainsi les formes courtes d’Annélides sont celles qui vivent dans des milieux toxiques et aussi celles dans lesquelles la région postérieure devient aussi active que la région antérieure (Aphroditiens commensaux, Arénicoliens, Capitelliens, Hirudinées). Il faut être très prudent dans les considérations de cet ordre, et éviter de tomber, comme l'a fait Anthony, dans des explications trop simplistes, où les réactions chimiques sont exclues. 5° Ces considérations sur la genèse des formes m'ont enfin conduit à des considérations du même ordre sur la genèse des couleurs : la variété des teintes chez les Annélides dépend non seulement du degré de toxicité de l’eau dans laquelle ces ani- maux vivent, mais encore du degré d'activité de la région du corps considérée; J'ai signalé en particulier que les formes parasites et tubicoles (Ophiodromus, Harmothoe, ete.) présentent une coloration métamérique, les bandes diversement colorées correspondant aux nœuds et aux ventres du mouvement ondu- latoire qui se propage le long du corps (1). J'ai l'intention, dans les mémoires qui suivront, d'examiner avec détails Les divers points sur lesquels je viens d'attirer (1) J'ai indiqué précédemment, dans mon livre sur l'Évolution du pigment (4901, a}, que la pigmentation est influencée beaucoup plus par les intoxi- cations externes et internes que par la lumière; on trouvera d’une façon générale mes idées sur le pigment dans ce livre, et aussi dans la thèse de Mandoul parue dans les Annales des sciences naturelles (t. XVIIL, p. 225-468), ce qui n’est pas étonnant puisque près de cinquante pages de mon livre y ont été reproduites, parfois même presque textuellement (en particulier dans le cha- pitre VI, p. 366), sans indication d'origine. La conclusion de Mandoul est toute- fois différente de la mienne, et se trouve par suite en contradiction avec ce qui est dit dans les passages qu'il a reproduits de mon livre. “a 142 GEORGES BOHN l'attention, et de discuter des conclusions que je me suis bien gardé de formuler d’une façon nette et absolue dès maintenant. Les phénomènes biologiques sont en général d’une extrême complexité; dans ce travail, comme dans les précédents, j'ai cherché à montrer cette complexité. INDEX BIBLIOGRAPHIQUE (') 1892. Bou (G.), De l’individualité (cours de M. Giard). Revue encyclopédique, 45 juillet. 1898 a. In., De l'absorption de l’anhydride carbonique par les Crustacés Déca- podes. C. R. Soc. de Biol., 5 novembre. 1898 6. In., Variations des échanges gazeux chez les Crustacés Décapodes, sui- vant la saison, l'habitat, la taille des animaux. C. R. Soc. de Biol., 5 novembre. 1899. Ip., De l'importance de l'ammoniaque comme facteur éthologique. C. R. Soc. de Biol., 4 novembre. 1901 a. 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In., Contribution à la psychologie des Annélides. Bull. de l’Institut in- ternational psychologique, 2° année, n° 4, p. 317-325. 1903 a. In., Sur l'indépendance fonctionnelle des zoïdes d’un Annélide, à pro- pos de phénomènes de rotation présentés par les Hirudinées. Bull. du Muséum, 1903, n° 1, p. 26-30. 1903 b. In. , Recherches biologiques sur les sous Bull. du Muséum, 1903, n° 2, p. 62-73, 2 figures. 1903 c. In., Les conditions normales de la respiration chez les animaux ma- rins. C. R. Soc. de Biol., 28 février. 1903 d. In., Des localisations respiratoires chez les Annélides. C. R. Soc. de Biol. > 1 Mars. 1903 e. In. , Actions tropiques de la lumière. C. R. Soc. de Biol., 21 novembre. 1903 f. 1n., Sur le phototropisme des Artiozoaires inférieurs. C. R. Acad. des Sc. 28 décembre. 1904. Id., L'évolution des connaissances chez les animaux marins littoraux (2° Mémoire). Bull, de l’Inst. gén. psychologique, n° 2, p. 190-213. 1902. Bounuror (J.), Recherches biologiques expérimentales sur la respiration des Annélides Polychèles. Ann. des Sc. natur. (3), 8° série, t. XVI, 132 pages. (1) La bibliographie se trouve close à la date du 22 janvier 1904 (dépôt du mé- moire)- 144 INDEX BIBLIOGRAPHIQUE 4898. Cauzcery et Mesuir, Les formes épitoques et l’évolution des Cirratuliens. Ann. de l'Université de Lyon, fasc. XXXIX, 198 pages. 1898. Darpoux (1.-G.), Recherches sur les Aphrodiliens. Thèse Faculté des Sc. Paris, 276 pages, in Bull. scient.de la France et de la Belgique, XXXWI, -p. 1-274. 187%. Hs Beiträge zur Kenntniss der Verticalverbreitung der Bôrstenwür- mer im Meere. Zeit. f. Wiss. Zool., XXV. 1896. FauveL (P.), Catalogue des Annélides Polychètes de St-Vaast-la-Hougue. Bull. Soc. linn. de Normandie, 4° série, 92 vol., 2e fase., p. 121-146. 1897. Ip., Recherches sur des Ampharétiens. Thèse Faculté des Sc. de Paris, 212 pages; in Bull. scient. de la France et de lu Belgique, t. XXX, p. 227-489. 1900. 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Pruvor, Essai sur les fonds et la faune de la Manche occidentale (côtes de Bretagne), comparés avec ceux du sole du Lyon, etc. Arch. de Zool. expér., 3° série, V. 1891. SOULIER, Études sur quelques points de l'ébatodie des Annélides tubi- coles de la région de Cette. Thèse, 1894. 4895. Warson (A. T.), Observations on the Tube-Forming Habits of Panthalis OErstedi. Reports upon the Fauna of Liverpool Bay and the neighbou- ring Seas, IV, p. 328-345. ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE (OGÉAN ET COTES DE PROVENCE) Par M. le Baron de SAINT-JOSEPH. INTRODUCTION Comme continuation du travail que J'ai publié en 1898 (1), je donne ici le résultat de quelques recherches faites à Saint-Jean-de-Luz en 1901, 1902 et 1905 au commencement d'octobre et à Cannes du 18 septembre au 8 octobre 1903. Aux matériaux réunis par moi dans ces deux localités, J'en ai joint d’autres recueillis par M. Adrien Dollfus à Saint- Raphaël, en juin 1902, que Je n'ai pu examiner que conservés dans l'alcool. Je le remercie d’avoir eu l'amabilité de me les communiquer. SAINT-JEAN-DE-LUZ. Il y a à ajouter aux 51 espèces indiquées précédemment (loc. cit., p. 221) les 13 suivantes : Ehlersia sexoculata Ehl. (Dans les Litho- Odontosyllis fulqurans Clpd. (Id., à Sainte- thamnion, à Sainte-Barbe). Anne). (1) Les Annélides Polychètes des côtes de France (Manche et Océan) (Ann. des Sc. nat., 8° série, t. V, 1898, p. 209-464, et pl. XILI-XXIIT). — A la liste des 60 espèces de Concarneau (p. 217), il faut ajouter les 10 suivantes que j'y ai ramassées pendant un court séjour en 1900 : Grubea clavata Clpd. — Polynoe Scolopendrina Sav. (pointe de la Jument). — Sthenelaïs boa Johnst. (ibid). — Sigalion Mathildæ Aud. et Edw. (ibid.). — Phyllodoce papulosa St-Jos. (anse de Kersos). — Eunice torquata Qfg., dont un exemplaire de 40 centi- mètres (pointe de la Jument). — Eunice Harassii Aud. et Edw. (ibid.). — Ophe- lia bicornis Sav. (Beg Meil). — Subellaria alveolata L. (ibid.), — Spirorbis bo- realis Daud. (anse de Kersos). Je trouve aussi le Loxosoma annelidicola P. van Ben. et Hesse sur la Leiochone clypeata St-Jos. ANN. SC. NAT. ZOOL. it, 40 146 : DE SAINT-JOSEPH. Harmothoe Synaptæ N. S. (Pointe de|Chætoplerus variopedatus Ren. Un petit Sainte-Barbe). Psammolyce àrenosa D. Ch. (Id.). Phyllodoce bruneo-viridis St-Jos. (Id.). Eteone foliosa Qfg. (Id.). * Goniada emerita Aud. et Edw. (Id.). Dodecaceria concharum OErst. (1d.). Notomastus exsertilis N. S. (Sainte-Barbe et Sainte-Anne). exemplaire de 70 millimètres dans l'al- cool avec 9 segments à la région anté- rieure, > à la région moyenne et 18 à la région postérieure (1d.). Nicolea venustula Mont. (Id.). Polycirrus hæmatodes Clpd. (Rochers de la Goureppe, à Biarritz). Dasychone bombyx Daly. (Id.). Parmi elles, je décrirai l'Harmothoe Synaptæ, la Psammolyce arenosa, la Goniada emerita, le Notomastus exsertilis, puis je reviendrai sur quelques autres espèces déjà décrites dans mon mémoire antérieur. CANNES ET SAINT-RAPHAEL. Les espèces recueillies dans ces deux endroits sont au nombre de 93, dont 53 se retrouvent à Dinard, ce qui prouve combien la faune des Annélides de la Méditerranée et celle de Dinard ont de points de contact. Quoique beaucoup de ces espèces aient été décrites dans mes travaux précédents, je reviens souvent sur ces descriptions pour permettre de relever les différences, en général légères, quiexistent selon que l'espèce habite la Méditerranée, la Manche ou l'Océan. Ces 93 espèces sont (1) : Syllis (Haplosyllis) hamata Clpd. Syllis (Typosyilis) variegata Gr. Syllis (Typosyllis) prolifera Kr. Syllis (Typosyllis) Krohnii Ebl. Syllis (Typosyllis) vittata Gr. Ehlersia sexoculala Ehl. Syllis gracilis Gr. Xenosyllis scabra Ehl. Pionosyllis longocirrata St-Jos. Eusyllis lamelligera Mar. et Bobr. Syllides longocirrata OErst. Odontosyllis gibba Clpd, Odontosyllis ctenostoma Clpd. Grubea pusilla Duj. Grubea clavata Clpd. Grubea tenuicirrata Clpd. Autolytus ornatus Mar. et Bobr. Autolytus pictus Ehl. Autolytus prolifer O. F. Müll? Hermione hystrix Sav. nec Blv. Pontogenia chrysocoma Baird. Lepidonotus clava Mont. Hacmothoe spinifera Ehl. var. Lang. Harmothoe areolata Gr. Harmothoe lunulata Clpd. Lagisca extenuata Gr. Sthenelaïs minor Pruv. et Racow. Euphrosyne foliosa Aud. et Edw. Chrysopetalum debile Gr. Hyalinæcia tubicola O. F. Mäüll. Eunice Harassii Aud. et Edw. Eunice Claparedii Qfg. Eunice vittata D. Ch. Eunice torquala Qfg. nec Pruv. et Racov. Eunice Siciliensis Gr. Nematonereis unicornis Gr. Lysidice Ninetta Aud. et Edw. Lumbriconereis Funchalensis Kbg. Lumbriconereis coccinea Ren. Arabella St-Hilairii D. Ch. Staurocephalus rubrovittatus Gr. Nereis pelagica L. (1) Les noms de celles qui existent à Dinard sont imprimés en caractères ordinaires et les autres en italique. LES ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. Nereis diversicolor O.-F. Müll. Nereis rubicunda Ehl. Nereis irrorata Mgr. Ceratonereis punctata N. S. Perinereis cultrifera Gr. Platynereis Dumerilii Aud. et Edw. Phyllodoce nana N.S. Phyllodoce splendens St-Jos. Eulalia pallida Clpd. Eulalia viridis O.-F. Müll. Eulalia (Pterocirrus) macroceros Gr. Eulalia (Pferocirrus) microcephala Clpd. Mystides (Protomystides) bidentata Lang. Lacydonia miranda Mar. et Bobr. Hesione pantherina Risso. Kefersteinia cirrata Kef. Podarke agilis Ehl. Glycera tridactyla Schmarda. Glycera tesselata Gr. Dodecaceria concharum OErst. Sclerocheilus minutus Gr. Ophelia radiata D. Ch. Polyophthalmus pictus Duj. Johnstonia clymenoïdes Qfg. Petaloproctus terricola Qfg. Sabellaria alveolata L. 147 Sabellides octocirrata Sars var. Mediter- ranea Marion. Amphitrite rubra Risso. Amphitrite gracilis Gr. Terebella lapidaria (Kähl.) L. Nicolea venustula Mont. Lanice conchilega Pallas. Polymnia nebulosa Mont. nec Johnst. Polymnia Nesidensis D. Ch. Pista cristala O.-K. Müll. Thelepus triserialis Gr. Polycirrus caliendrum Clpd. Polycirrus aurantiacus Gr. Spirographis Spallanzanii Viv. Potamilla reniformis O. F. Müll. Amphiglene Mediterranea Leydig. Dasychone lucullana D. Ch. Chone collaris L. Myxicola parasites Qfg. Serpula vermicularis L. Hydroides uncinata Phil. Filograna implexa Berk. Spirorbis cornu arietis Phil. Vermiliopsis infundibulum Lang. Pomatostèqus polytrema Phil. Apomatus similis Mar. et Bobr. ANNÉLIDES DE SAINT-JEAN-DE-LUZ. FAMILLE DES APHRODITIENS Sav. s. sér. TRIBU DES POLYNOINA Gr. GENRE HARMOTHOE Kbg. Mgr. s. ext. HARMOTHOE SYNAPTEÆ N. S. PI. 1, fig. 1-6. Un seul exemplaire trouvé dans la baie de Saint-Jean-de-Luz, à Sainte-Barbe, fixé sur une Synapta. Le corps incolore, long de 16 millimètres dans l'alcool, sur une largeur à peu près uniforme de 5 millimètres, soies et cirres compris, compte 36 segments sétigères. Les cirres anaux manquent. Les segments du milieu du corps sont quatre fois plus larges que hauts. La tête, très rouge, presque aussi large que haute (0°°,5), se compose de 2 lobes en ovale allongé, séparés l’un de l’autre par un sillon profond qui s'étend du bord antérieur du premier segment sétigère à la base de l'antenne médiane d’où chacun des lobes s’écarte en formant un angle (fig. 1). Les 148 DE SAINT-JOSEPH. 2 veux antérieurs sont placés en avant tout à fait sur les côtés et les 2 veux postérieurs tout à fait en arrière à la base de chaque lobe. Les 2 antennes latérales, brunes, sont courtes (0"",42), avec peu de papilles. Il ne reste que la base de l'antenne médiane. Les palpes lisses, incolores, épais, longs de 0"*,80, se terminent en pointe effilée. Les cirres tentaculaires, avec quelques rares papilles, longs de 0*",72, sans renflement, ont une large tache brune qui précède la pointe filforme incolore. La rame supérieure des pieds (fig. 2) est un petit mamelon en cône obtus dans lequel s'enfonce un acicule et d’où sortent 3 à 5 soies dorsales. Aux pieds sans élytres, au-dessous du tubercule dorsal, s'élève un ceirre dorsal en tout semblable aux cirres tentaculaires. La rame inférieure qui se termine par un petit processus cirriforme où pénètre l’acicule, a un éventail de soies et un cirre ventral glabre, à base piriforme et à pointe effilée, à peu près moitié moins long que le cirre dorsal. Les soies dorsales (fig. 3), courtes, légèrement recourbées en arrière, finissant en pointe obtuse, un peu moins larges que les soies ventrales dans leur partie la plus large, sont cou- vertes jusqu’au bout de rangées transversales de très fines épines. | Les soies ventrales (fig. 4), au nombre de 35 environ, se ‘terminent par une pointe très peu recourbée, en regard de laquelle se dresse une épine droite. La partie convexe de la soie est garnie de plusieurs petites écailles superposées, assez transparentes, striées en long (fig. 5). Lorsqu'on l’examine de face, on voit que ces écailles sont disposées par paires de chaque côté de la soie qui à 0**,011 de large, tandis que de côté et à plat elle a 0,016. Toutes ces soies sont de même forme, mais de tailles différentes. Les 10 supérieures ont 17 écailles avant la pointe, les 15 médianes en ont 12 et les 10 inférieures 8. Les élytres, recouvrant tout le dos, colorés en brun pâle seulement du côté le plus rapproché de la ligne médiane dor- sale, quelquefois légèrement festonnés au bord externe, sont au nombre de 15 paires, réparties comme elles le sont d'ordinaire chez les Harmothoe, au dos des segments 2, 4, 5, 7, etc. Ils sont LES ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 149 mous, rappelant ceux de l’'Halosydna gelatinosa Sars, à bords absolument lisses, et n'ayant qu'un groupe de très petits (0°*,009 de diamètre) tubercules cylindriques entre l’attache élyiraire et le bord antérieur de l’élvytre (fig. 6). Ils sont tous orbiculaires ou suborbiculaires, sauf une échancrure peu marquée au bord antérieur, avec un diamètre de 2 millimètres environ, excepté la première paire qui est plus petite. Les papilles ventrales sont imdistinctes. L'H. Synaptæ appartient à ce groupe d’Harmothoe commen- sales : A. Ljungmani Mgr. (H. Macleodi Me Int.), H. Mar- physæ Me Int., H. Zetlandica Me Int., Æ. lunulata D. Ch., H. picta St-Jos., FH. arenicolæ St-Jos., qui ont pour caractères communs : 1° des élytres unis au bord et plus ou moins parse- més de très petits tubercules; 2° des papilles en petit nombre aux appendices cirriformes de la tête et des pieds; 3° des papilles ventrales assez indistinctes (sauf chez À. Marphysæ et H. lunulata). L'H. Synaptæ diffère des autres espèces commensales par la forme de sa tête, par l'absence de papilles aux cirres ventraux, par ses élytres mous (1). Ses soies dorsales sont en petit nombre et courtes comme chez A. Marphysæ, mais chez celle-c1 elles finissent en pointe fine. Elles sont plus minces que les soies ventrales comme chez H. Marphysæ. Chez H. Zetlandica (où elles se terminent en pointe nue), chez A. Ljungmanti et H. picta, elles sont au contraire plus grosses que les soies ventrales; chez H. arenicolæ et H. lunulata, elles sont de même force. Les soies ventrales de l'A. Synaptæ sont sem- blables à celles de A. Zetlandica, H. Ljungmani, H. lunulata et À. arenicolæ. Chez H. picta, la pointe terminale est plus recourbée et plus écartée de l’épine qui lui fait face. Chez I. Marphysæ, À y a des soies ventrales supérieures et infé- rieures non bifides. | M. Darboux (2), signale sans aucun détail, un Lepidonotus commensal des Synapta aux îles Glenan, à Concarneau et à Roscoff. (1) I n’y en a de mous que chez H. Zetlandica. (2) Darboux, Recherches sur Les Aphroditiens (Trav. de l'Inst. z0ol. de l'Univ. de Montpellier, etc., Mémoire n° 6, 1899, p. 14). , 150 | DE SAINT-JOSEPH. TRIBU DES SIGALIONINA Cr. Genre PSAMMOLYCE Kbg. PsamMMoLycE ARENOSA D. Ch. (1). Psammozyce ARENOSA Claparède, Annél. du golfe de Naples, p. 102, et pl. V, fig. 3. ? SicacroN HERMINIæ Audouin et Milne- Edwards, Recherches pour servir à l'hist. nat. du litt. de Ia. France, t. II, 1834, p. 107, et pl. I A, fig. 1-6. 9 PSAMMOLYCE HERMINIÆ Quatrefages, Hist. nat. des Annél., t.I, p. 283. PI. I, fig. 7-23, et pl. IL, fig. 24-31. Plusieurs exemplaires recueillis à marée basse enfoncés dans le sable vaseux sous les pierres à Sainte-Barbe. Animal moins lent et plus fragile que la Sthenelaïs boa Johnst. (Sthenelaïis Idunæ Rathke), se roulant en spirale au repos et nageant en serpentant. Un exemplaire entier de 203 segments a 190 millimètres de long sur 12 millimètres de large (soies et pieds compris), un autre à 197 segments, 200 millimètres de long sur 13 de large et 5 millimètres à l'extrémité postérieure. Les plus petits exemplaires ont 90 millimètres. Le corps (2) du côté dorsal et les élytres sont complètement recouverts de grains de sable agglutinés, de couleur grise. Les élytres, sauf ceux de la 1” paire, laissent le dos convexe à découvert, et comme la couche de sable des élytres est plus épaisse que celle du dos, celui-ei sur les côtés est surplombé par eux. Le ventre plat, parcouru sur la ligne médiane par un profond sillon longitudinal, est partout d'un brun clair ou quelquefois d'un brun foncé seulement dans le tiers ou le quart antérieur du corps. Il a une apparence veloutée que lui donnent de nombreuses papilles n’agglutinant pas le sable et dont il sera question plus loin. La tête ronde, petite (0**,75 de diamètre) (fig. 7), a de chaque côté 2 yeux noirs, reposant sur le cerveau rouge, l’un au- dessus de l’autre. Les 2 yeux antérieurs, plus gros que les postérieurs, sont placés tout à fait sur le côté, presque au- (1) Sigalion arenosum Delle Chiaje, Descr. e notomia degli anim. inverte- brati, etc. Naples, 1841, in fol. t. V, p. : et 107 ett. VII, pl. XCOVILL, fig. 4-5. (2 ) Voir Claparède, loc. CHE DIE V, fig. LES ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. MS dessous de la tête; les 2 postérieurs sont un peu moins latéraux. Au niveau des yeux est implanté un cône de 1! milli- mètre de haut qui forme la base de l'antenne médiane subulée, longue aussi de 1 millimètre. _ Lorsqu'on examine l'animal du côté dorsal après avoir enlevé la 1 paire d’élytres qui recouvre entièrement la tête, la partie postérieure de celle-ci est masquée par le bord antérieur du 2° segment ; l'antenne médiane etsa base dépassent seules, ayant l'apparence d'un stylet de Némertien armé (1). De chaque côté de la tête et l’enserrant de près en la domi- nant, se dressent les 2 pieds du 1% segment (segment buc- cal) (fig. 8); à chacun d’eux, du côté le plus rapproché de la tête, est accolée l'antenne externe dont l'extrémité s'en détache sous forme d'un petit cirre sans article basilaire, long de 0°°,30 (2). Le pied proprement dit a un cirre dorsal avec article basilaire, long en tout de 1*°,30, plus haut que l’an- tenne médiane, et en arrière, du côté le plus éloigné de la tête, un cirre tentaculaire ventral presque aussi long (1*°,20) que le dorsal et à long article basilaire. Quoiqu'il n’y ait qu'un seul aei- cule pénétrant dans l’article basilaire du cirre tentaculaire dor- sal, le pied n’en à pas moins une rame dorsale avec un faisceau de soies et une rame ventrale avec un autre faisceau bien dis- tinct. Celui de la rame dorsale qui s'élève entre l'antenne externe et le cirre tentaculaire dorsal, se compose de soies simples finissant en pointe un peu recourbée en avant (fig. 9). Le faisceau de la rame ventrale entre les 2 cirres tentaculaires comprend encore quelques-unes de ces soies auprès du cirre tentaculaire dorsal, puis à leur suite un grand nombre de soies simples plus minces, à longue pointe filiforme (fig. 10). Ce sont ces dernières qu'on retrouve seules et sans mélange d'aucune autre à la rame dorsale de tous les pieds. La tige de ces soies simples des deux formes vue de côté, paraît bordée d'épines; mais, lorsqu'on l’examine de face, on voit que ces (1) Audouin et Milne-Edwards donnent une bonne figure de la tête et des. trois premiers segments (loc. cit., pl. 4 À, fig. 1) de la Psammolyce (Sigalion) Herminiæ qui est bien probablement la même que la Ps. arenosa. En tous cas, cette partie du corps est tout à fait semblable à celle de la Ps. arenosa. (2) Voir Pruvot et Racovitza, Faune des Annélides de Banyuls (Arch. de Zool. expér., 3me série, t. LL, 1895, p. 459). 152 DE SAINT-JOSEPH. prétendues épines sont des cornets superposés, finement striés au bord, ouverts d'un côté de la tige de la soie, fermés de l'autre, et renfermant de petites particules vaseuses (fig. 11). Au-dessous et en arrière de chacun de ces 2 premiers pieds, du côté ventral, s'élève un palpe dont la cuticule est couverte de stries transversales très fines, long de 4°*,50, et se termi- nant en pointe effilée. [lest indépendant du pied et se rattache à la base de la tête. Une membrane mince placée en arrière de sa partie inférieure ne l'entoure que partiellement: elle se pro- longe en avant entre le cirre tentaculaire ventral et la tête, pour y former le cuilleron céphalique qui ne dépasse pas le bas de l’article basilaire du cirre tentaculaire dorsal. La paire de pieds du 2* segment (1° élytrigère) (fig. 12) vient se dresser en avant contre la 1* paire; chacun d'eux se compose d’une rame dorsale arrondie sans cirre dorsal et d’une rame ventrale conique plus forte, plus haute, annelée sur sa face postérieure, ce qui rappelle le pied de l’ÆHesione pantherina Risso. Chaque anneau est marqué d'une bande brune transversale et cette disposition se retrouve à toutes les rames ventrales des pieds suivants. La rame dorsale à un acicule et une touffe épaisse de soies simples comme celles de la rame ventrale du 1° pied. La rame ventrale a un acicule et des soies composées incolores dont la tige épaisse de 0,02 est garnie de nombreuses rangées de denticules en spirale ascen- dante et dont l’article très grêle est long de 0**,2 et bidenté (fig. 13). Il y a donc deux sortes de soies à ce pied et non pas une seule comme le dit Claparède. Le cirre ventral (cirre buccal de Kinberg) ayant près de 2 millimètres de long, est beaucoup plus long que ceux des segments suivants et dépasse même les cirres tentaculaires. La 1" paire d’élytres est fixée au dos de ce 2° segment par 2 élytrophores, en forme de coupe ovale allongée, qui sont beaucoup plus rapprochés de la ligne médiane dorsale que ceux des autres segments élvtrigères. Sous le bord de la coupe le plus rapproché de la rame dorsale, sort une petite branchie qui est ciliée du côté interne, longue de 0°*,48 sur 0"°,24 de large à la base, sac creux digitiforme, rappelant les branchies de certains Glycériens et Capitelliens, où pénètre le liquide cavitaire. LES ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 153 La 3° paire de pieds est encore un peu dirigée en avant. Elle à, au niveau de l’élytrophore du #* segment, un cirre dorsal (fig. 14), long de 2**,40 dont moiüé pour l’article basi- laire qui est long et massif avec une cuticule épaisse. Tout contre le cirre du côté le plus rapproché de la rame dorsale, sort la branchie semblable à celle du segment précédent; puis viennent 3 cténidies (cf. fig. 19) : la 1" au-dessous de la bran- chie, la 2°°, la plus importante, à mi-chemin entre la branchie et la rame dorsale, la 3*° sous la collerette charnue qui entoure la rame dorsale. Cette rame basse et arrondie qui à 3 ou 4 papilles filiformes au bord antérieur, est très dominée par la rame ventrale. Celle-ci, moins conique et plus tronquée qu'au 2*° segment, a le bord antérieur garni de papilles fihformes recouvertes de vase brune, plus nombreuses et plus longues qu'à la rame dorsale. Du côté le plus rapproché du eirre ventral qui n'a plus que 1 millimètre de long et dont l’article basilaire porte quelques papilles filformes, 1l y a 15 à 20 soies composées semblables à celles de la rame ventrale du 2%° segment. Elles sont suivies du côté de la rame dorsale de 7 à 8 soies jaunes de même forme mais dont la tige et l’article sont trois fois plus forts. Ce qui est très remarquable à ce pied, c’est la présence d'un cirre dorsal qu'on ne rencontre à aucun des autres segments sans élytres où le cirre dorsal est remplacé par un tubercule. Audouin et Milne-Edwards avaient déjà figuré ce cirre dorsal du 3*° segment chez la Psammolyce (Sigalion) Herminiæ (1), sans en parler dans le texte, pas plus que ne le fait Quatre- fages. Grube le signala chez la Ps. rigida Gr. (Pelogenia anti- poda Schmarda d’après Ehlers Neuseel. Annel. 190%) (2), etchez la Ps. umbonifera Gx.? (3). Je l'ai retrouvé chez un exemplaire de Ps. arenosa venant de Naples. Il à échappé à Claparède pour cette espèce. Peut-être a-t-il échappé aussi à Kinberg (DNPo AC RDEMBEt EN E (2) Grube, ea. einig. von G. Ritter von Frauenfeld gesamm. Annel. und Gephyreen des Rothen Meeres (Verh. der Zool. bot. Gesells. in Wien, 1868, p. 631 et pl. VII, fig. 1). — Annul. Semper. (Mém. Ac. de Saint- Pélerstourge 7e série, t. XXV, n° 8, in-4°, 1878, p. 55) (3) Annelidenbeute von S. M. ë, Gazelle (Monats. der k. Akad. der Wiss. zu Berlin. Berlin, 1877, in-8, p. 521). 154 DE SAINT-JOSEPH. pour la Ps. Petersi Kbg. (1) et la Ps. flava Kbg. (2) et à Me Intosh pour la Ps. occidentalis Mc Int. (3) et la Ps. Fijiensis (4) Mc Int. Il y aurait des recherches à faire pour savoir s’il ne s’agit pas là plutôt d’un caractère générique que d'un caractère spécifique. Au 4% segment qui à une paire d’élytres, les papilles fil- formes des 2 rames sont plus nombreuses et plus longues et le cirre ventral à une dent latérale au sortir de sa base sur laquelle s'élèvent 4 à 5 longues papilles filiformes. Les soies de la rame dorsale en nombre très considérable débordent derrière la rame ventrale en formant un éventail qui s'étend jusqu’au cirre ventral; elles sortent du bord de la collerette de la rame dorsale et sont disposées en demi-cercle autour d'un mamelon brun où fait saillie l'extrémité de l’acicule (fig. 15). Le demi- cercle est ouvert du côté qui touche à la rame ventrale. Les soies de la rame ventrale sont les mêmes que celles du 3° seg- ment, mais il vient s’y joindre 9 à 10 grosses soies jaunes à tige lisse et article bidenté (fig. 16). Au 5° segment, les soies ventrales incolores à article bidenté ont l’article grêle etla hampe renflée en avantavec 5 à 6 rangées de denticules (fig. 17). Au 6% segment qui n’a pas d’élytres, l'élytrophore est rem- placé par un tubercule dorsal rectangulaire au-dessous duquel sort la branchie du côté le plus rapproché de la rame dorsale. Au 8*° segment, quelques-unes des grosses soies jaunes ont une épine droite au-dessous du eroc terminal de la serpe (fig. 18). Quand cette épine est brisée, la serpe a tout à fait la fig. 3A de Claparède. Le pied acquiert bientôt sa forme définitive (fig. 19). La branchie placée sur le dos au-dessous de l’élytrophore (elle est au-dessous du tubercule dorsal pour les pieds sans élytres) domine le creux qui la sépare de la rame dorsale et qui est garni de 3 cténidies sur ses 3 faces. La rame dorsale est telle (1) Kinberg, Eugenies Resa Zoologi. Annulata, Stockholm, 1858, in-4°, p.31, et pl. IX, fig. 43. (2) Ibid., p. 31, et pl. IX, fig. 44. (3) Mc Intosh, Report on the Ann. Polych. collected by H. M. S. Challenger, t. XIL, p. 146. (4) Ibid., p. 148. LES ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES CÔTES DE FRANCE. 155 me qu'elle à été décrite pour le 4*° segment avec un buisson de soies simples toujours les mêmes, formant unéventail quis’étend du côté ventral jusqu’au cirre ventral. La rame ventrale tron- quée qui la domine à une touffe de papilles filiformes, couvertes de vase brune, comme celles des élytres, mais moins longues, à son extrémité au-dessus de la rame dorsale et une autre à son extrémité du côté du cirre ventral; entre les deux touffes, le bord de la rame, par devant et par derrière, est garni de papilles fili- formes isolées. Elle est annelée par derrière, ainsi que nous l'avons vu, et parsemée de petites verrues brunes. Par devant, elle est blanche, comme la rame dorsale, avec une bordure de pigment brun et de petites papilles filiformes à la partie anté- rieure et sur les côtés. Le cirre ventral, long de 1 millimètre, a une dent latérale au sortir de sa base sur laquelle s'élèvent de longues papilles filiformes. Dans la partie la plus rapprochée de la rame dorsale ily a 5 ou 6 soies jaunes à article long de 0°®,33 non bidenté et hampe avec quelques rangées transver- sales d’épines à la partie antérieure (fig. 20), puis viennent 10 à 12 grosses soies jaunes à article beaucoup plus massif, plus court, non bidenté (fig. 21), et hampe ayant quelquefois des stries transversales assez indistinctes ; enfin 7 à 8 soies inco- lores beaucoup plus minces àlong article mince bidenté comme celle qui a été figurée pour le 5*° segment (fig. 17), avec cette seule différence que la hampe est lisse. Les articles des soies composées et surtout la petite épine inférieure des articles à serpe bidentée sont extrêmement fragiles et caducs, ce qui peut donner lieu à bien des erreurs pour les soies si variées de la Ps. arenosa. Le segment anal se termine par 2 cirres anaux grêles, inco- lores, très cadues, longs de 0,55, garnis de quelques petites papilles longues de 0*",02 (fig. 22). Il y a des élytres aux segments, PAR, 100-129 80/ebtous les suivants, un cirre dorsal au 3%, et un tubercule dorsal, homologue de l’élytrophore, au segment 6 et aux autres qui n'ont pas d’élytres. Tous les segments sans exception, sauf le 1°”, ont une branchie. Les élytres, d’une consistance cartilagineuse, ne sont pas caducs et ne recouvrent pas la rame ventrale des pieds. Lors- 156 DE SAINT-JOSEPH. qu'on en a enlevé le sable, ils apparaissent comme étant d'un brun pâle ; en dessous, ils ont un reflet nacré. La 1" paire seule recouvre tout le dos; Les élytres de la 2*° paire laissent entre eux un espace de ! millimètre qui va peu à peu en augmentant et atteint 5 millimètres au milieu du corps. La 1" paire d’élytres du 2*° segment qui cache entièrement la tête et la 1" paire de pieds, est de forme différente des autres : suborbiculaire, de plusgrande taille (3%*,60 à 4°°,50 sur 3 milli- mètres) et recouverte de grains de sable sur toute sa surface. Le bord est garni partout de petites papilles transparentes finis- sant en pointe obtuse, hautes de 0**,07 sur 0°*,02 entremêlées de quelques papilles plus basses en massue et d’autres plus hautes (0°*,12 à 0,28) et plus larges terminées par une cupule d'un diamètre de 0°*,085 qui agglutine les grains de sable. On en trouve sur toute la surface de l’élytre. Enfin il y à, au bord pos- térieur, une protubéranceen massue haute de 0**,36 sur 0°°,24 couverte de petites papilles transparentes. Toutes ces différentes papilles de l’élytre el la grosse protubérance sont parcourues par un filet nerveux central. La 2*° paire d'élytres du #*° segment (fig. 23), plus large (3%°,60) que haute (2**,15), est réniforme comme toutes les suivantes. La partie antérieure de l’élytre qui est recouverte par l’élytre précédent est parsemée de tubercules porifères et libre de grains de sable. Tout le reste de l’élytre en est chargé. Le bord extérieur est garni de quelques petites papilles sem- blables à celles de la 1 paire et surtout de papilles à cupule dont les plus longues atteignent 0,4 (fig. 24); la grosse protubérance se retrouve au bord postérieur. Mais du côté interne apparaît une échancrure profonde qui s'ouvre entre 2 lèvres, l’une épaisse et arrondie qui termine le bord antérieur de l’élytre, l’autre mince et plus allongée qui termine le bord postérieur. Cest sur ces 2 lèvres, Surtout celle du bord posté- rieur, où elles sont plus fortes, que sont accumulées, plus qu'ailleurs, les papilles à cupule et que le sable est amassé en plus grande quantité. Jusqu'à la fin du corps, les élytres conservent cette forme ; les appendices seuls varient. À la 3° paire d'élytres du 5” segment apparaissent, en haut du bord externe, 8 à 10 longues papilles filiformes isolées et jux- LES ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 157 taposées. Leur nombre {20 à 30) et leur taille (1 millimètre à 1,50) augmente peu à peu aux élyires suivants, puis elles sont disposées par groupes de 3, 4 ou 5 naissant chacun d’une saillie du bord externe (fig. 25). Parcourues par un filet nerveux cen- tral, elles sont recouvertes de vase brune et de petites algues filamenteuses, incolores, microscopiques. La grosse protubé- rance du bord postérieur devient moins globuleuse et sa tige s'allonge de sorte qu'elle a une vague ressemblance avec un Polypite de certains Hydroïdes gymnoblastidés. La peau du dos de la Psammolyce est d’un brun clair. Les grains de sable qui la recouvrent et la cachent dans la parte laissée libre entre les élytres, sont agglutinés par des papilles à cupule comme celles des élytres, un peu moins hautes ; ici elles sont disposées par groupes de 4 à 12 sortant d’un petit tronc commun plus ou moins haut et plusou moins large (fig. 26). La peau du ventre dans la partie antérieure du corps, est cou- verte de petites papilles piriformes, longues de 0°*,09 (fig. 27), mêlées de quelques papilles filiformes courtes (0"®*,12) qui n’at- teignent toute leur taille que sur les côtés près des pieds. Plus loin ces papilles plus longues existent sur toute la surface du ventre; aucune d'elles n’agglutine le sable. La trompe au repos est reliée à la bouche par un pharynx qui forme de nombreux replis sur les côtés et jusque dans l’ouver- ture de la trompe ; il la coiffe, lui servant de gaine, lorsqu'elle est extroversée. Cylindrique, d’un diamètre de 4°, quelquefois fortement comprimée sur les côtés et alors comme aplatie. la trompe à 13 millimètres de long et atteint le 23*° segment. Elle est précédée d’une couronne de 22 papilles en forme de lan- guettes dont 11 dechaque côté d’un pli placé sur chacun des deux côtés de l'anneau circulaire qui leur sert de base. Les papilles voi- sines du pli sont plus basses que celles qui se trouvent au-des- sus des mâchoires et qui atteignent 0**,90 de haut. Elles sont toutes creuses et contiennent une assez grande quantité de granulations noires dont plusieurs d'une certaine dimension (1). Les mâchoires, hautes de 4 millimètres sur 1 millimètre de (1) Kinberg donne une bonne figure de l'entrée de la trompe de la Psam- molyce flava Kbg. qui est tout à fait semblable à celle de la Ps. arenosa (Fre- gatten Engenies resa, etc., loc. cit., pl. X, fig. 65). 158 DE SAINT-JOSEPH. large à la base (fig. 28), sont disposées en regard les unes des autres, 2 sur la ligne médiane dorsale de la trompe et 2 sur la ligne médiane ventrale, les pointes dirigées les unes contre les autres pour saisir la proie. La trompe à cuticule épaisse et à muscles circulaires et radiaires très puissants est complètement rigide. Elle se rétrécit à son extrémité postérieure pour former un ventricule long de 1°*,50 où la paroi interne n’est plus hisse comme dans la trompe, mais formée de colonnes longitudinales de tissu épithélial renfermant, comme les papilles de l'entrée de la trompe, des granulations noires. Revêtues d’une cuticule très épaisse (0"*,04), elles servent peut-être à broyer les aliments, ainsi que le pense M. Darboux (1). L’intestin fait suite à la trompe et au ventricule. Il y est fixé par des lobes digitiformes, aplatis mais saillants, composés de fibres musculaires très fines, appliqués contre la paroi externe du ventricule et de la trompe, sur une hauteur de 3 millimètres environ (fig. 29). Il yen a 2 du côté dorsal, 2 sur les côtés et 4 du côté ventral formant une couronne qui embrasse la trompe. L'intestin envoie au-dessous de la trompe un repli qui lui donne du jeu lorsqu'elle s'évagine. On peut observer une disposition à peu près semblable des relations de la trompe et de l'intestin chez la Stheneluïs boa Johnst. et le Lepidonotus clava Mont. À tous les segments intestinaux, il débouche de chaque côté dans l'intestin par une boutonnière, un long canal qui passe au- dessous de la couche des muscles longitudinaux dorsaux, et remonte vers le dos pour aboutir à un cæcum en forme de tête d'oiseau, logé sous l’élytrophore ou le tubercule dorsal, non loin de la branchie (fig. 30). Le canal long de 1"",80 sur 0°®,14 de diamètre, et le cæcum long de 0"*,84 sur 0"%,42 dans sa partie la plus large, sont colorés en brun par le tissu glandu- laire qui revêt leur paroi interne (fig. 31). La cavité du corps des femelles mûres est remplie d'œufs rouges d’un diamètre de 0"",18 ; celle des mâles, d'une masse blanche de spermatozoïdes. La Ps. Herminiæ Aud. et Edw. est bien probablement la même que la Ps. arenosa; mais en l'absence de description (1) Recherche sur les Aphroditiens, 1 vol. in-8°, 1899, p. 215. LES ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 159 suffisante et l’exemplaire type d'Audouim et Milne-Edwards n’existant plus, il est difficile de se prononcer d’une manière absolue. Il convient toutefois de remarquer que Milne-Edwards et Quatrefages ne parlent ni d’yeux à la tête, ni de papilles aux pieds. Quant à l'espèce décrite sous ce nom, quoique avec doute, par Me Intosh (1), elle ne me semble pouvoir être assimilée mi à la Ps. Herminiæ Aud. et Edw. n1 à la Ps. arenosa, car elle a les 3 1" paires d’élvtres cachant tout le dos dont la partie anté- rieure n'est pas recouverte de grains de sable et, de plus, les soies sont différentes. En comparant un exemplaire de Ps. arenosa venant de Naples avec les exemplaires de Saint-Jean-de-Luz, la seule différence que Je relève, c’est que ces derniers ont le corps plus massif. FAMILLE DES EUNICIENS senst Gr. Euxice KinsEerGr Ehl. (2). À la marée d’équinoxe de septembre 1905, près de la Pointe de Sainte-Anne, exactement à l'endroit où J'avais déjà pris en avril 1897 un exemplaire incomplet de ce bel annélide, j'en vis 3 dont je pus en saisir un entier, mais coupé en deux morceaux. Comme le font les Callianasses et les Gebia dans la vase, l'animal se creuse dans le sable vaseux et au milieu des pierres et des roches, un long canal tortueux, d'un diamètre de 20 muilli- mètres environ, qu'il enduit d’une mince pellicule lui permet- tant d'y circuler avec une grande rapidité. Aussi est-il très difficile de lui couper la retraite et presque impossible de ne pas le briser. Cet exemplaire entier, qui a en tout 1 mètre 23 et 458 seg- ments, est plus jeune que l’exemplaire incomplet de 1897, à en juger par la largeur du corps qui n’atteint que 10 millimètres, pieds compris, jusqu’au 6% segment à collier dorsal blanc et (1) On the Annelids of the Porcupine expedition of 1869 and 1870 (Trans. Zool. Soc., t. IX, 1876, in-4°, p. #10, et pl. LXXXIII, fig. 10-16). (2) Voir Annélides Polychètes des côtes de France (Ann. des Sc. nat., 8° sé- rie, t. V, 1898, p. 254-266 et pl. XIV, fig. 40-44). 160 DE SAINT-JOSEPH. 15 millimètres à partir de là. Cette largeur décroît peu à peu à partir du 350°° segment environ pour ne plus avoir que 5 à 6 millimètres, puis 3 milimètres seulement, tout à fait à la fin du corps qui se termine par un segment anal à anus dorsal et cirres anaux subulés entièrement bruns, longs de 8 millimètres. Les segments, très serrés à partir du 40%° avant-dernier, n’ont plus que 0°*,5 de haut. Les cirres dorsaux bruns sont terminés par une pointe fine subulée blanche. Sauf aux 3 1°* segments branchifères, ils sont plus courts que les branchies, mais c’est l'inverse à l'extrémité inférieure du corps. Les cirres ventraux à partir du 6*° segment ont tous la même forme jusqu’à la fin du corps où ils deviennent seulement plus petits. Depuis le 8*° segment, il y a un rudiment de branchie sans filament, qui atteint 2 millimètres de long au 12*°. Au 13*° segment (11*° sétigère), les branchies Ole en formées ont déjà 20 filaments ; leur taille et le nombre des filaments va peu à peu en augmentant (36 à 40) pour diminuer progres- sivement et tomber à 1 ou 2. Aux 35 avant-derniers segments la branchie n’est plus qu'un simple filament et aux 5 derniers un petit mamelon. Les cirres dorsaux n’ont plus alors que 2 millimètres de haut. Les branchies rougies par le sang sont recourbées en forme de crosse, la convexité de la crosse tournée vers la tête. Elles sont animées d’un curieux mouvement continuel rythmique d’arrière en avant dirigé vers la tête, actif quand l'animal est vivace, se ralentissant peu à peu quand il dépérit et pouvant servir alors à apprécier son degré de vitalité. Au 160°° segment, le pied a une branchie de 6 millimètres de haut avec 28 filaments, un cirre dorsal de 3**,60, 2 gros aci- cules noirs, 15 à 20 soies en ciseau lacinié (ces soies persistent aussi nombreuses presque jusqu'à la fin du corps), 10 soies simples en cimeterre, 17 soies composées, 1 soie aciculaire ven- irale et un cirre ventral. La soie aciculaire apparaît au 50° segment, demeure appa- rente jusqu’au 20% avant-dernier et reste Has dans le Le aux suivants. | Pour tout le reste (coloration, tête, soies, mâchoires, etc.); LES ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 161 je ne puis que renvoyer à la description que J'ai déjà donnée. LE. Kinbergi se trouve aussi à la pointe de Sainte-Barbe, où je n'ai pu en saisir qu'une partie postérieure longue de 11 centimètres. Dans le voisinage était un Jeune (ancienne E. purpurea Gr.). Les branchies sont en forme de crosse comme chez les adultes. À Trieste (1), l'E. Kinberqgi, qui y a 1 mètre de long sur 1 centimètre de large, se trouve en abondance à une assez grande profondeur, vivant dans des trous comme à Saint-Jean- de-Luz. Elle en est chassée par les grands froids ou par les gros temps, et alors elle est Jetée sur le rivage, brisée en mor- ceaux. C'est dans ces conditions que Quatrefages en a recueilli des tronçons dans la baie de Saint-Jean-de-Luz. LUMBRICONEREIS IMPATIENS Clpd. (2). À la pointe de Sainle-Barbe, un exemplaire entier de 34 cen- mètres de long sur 3 millimètres de large et 416 segments. Brun foncé à reflets métalliques dans la partie antérieure du corps, brun très clair dans la partie postérieure. Les soies à limbe strié disparaissent vers le 55° segment. Le support de la mâchoire supérieure est moins long que celui que J'ai figuré pour l’exemplaire du Croisic et ressemble à celui que représente Claparède. FAMILLE DES HÉSIONIENS Gr. HESIONE PANTHERINA Risso. PI. IL, fig. 32-33. Dans l'intestin d’une A. pantherina, j'observe une fois des Grégarines dicystidées (Selenidium ?\ longues de 0"",21, avec entoplasma grisâtre, s’avançant la partie antérieure inclinée en avant, et la redressant brusquement pour l'incliner de nouveau (fig. 32). Les myonèmes ne sont bien accusés que dans la partie antérieure (fig. 33). Jamais je n'ai vu de mouvements de ce genre chez aucune autre Grégarine. (1) Graeffe, Übersicht der fauna des Golfes von Triest. X. ;Vermes, p. 4 (Arbeiten aus der Zool. stat. in Triest, t. XV, 1905). (2) Voir Annélides des côtes de France, loc. cit., p. 279 et pl. XV, fig. 62-68. ANN. SC. NAT. ZOOL. ONE 1 On. : Pr Y 0 162 DE SAINT-JOSEPH. Crawley (1) est porté à attribuer la progression des Gréga- rines à des mouvements musculaires, mais il s'agirait de mou- vements transversaux presque insensibles. Léger constate aussi des mouvements de contraction brusques chez le Lithocystis Schneideri pendant sa phase gréga- rinienne (2). FAMILLE DES GLYCÉRIENS Gr. GENRE GONIADA Aud. et Edw.; Ebhl. rev (incl. Leonnatus Kbg.). Gonrapa EMERITA Aud. et Edw. (3). Ajouter à la bibliographie : GonIADA EMERIFTA Goodrich, On the Nephridia of Polychæta, II. Glycera and Goniada (Quart. Micr. Journ., n° 163. nov. 1898, p. 452-454, et pl. XXXV, fig. 33-40). PI. IL, fig. 34-36. Quatre exemplaires bien entiers trouvés dans la baie de Saint- Jean-de-Luz à la pointe de Sainte-Barbe, en septembre 1902 (4), dans le sable vaseux entremêlé de cailloux. Le 1" exemplaire de 320 segments a 360 millimètres de long, dont 90 pour la 1” région et la région intermédiaire (2”° région) et 270 pour la 3%. La 1°” région à 65 segments et 7 millimètres de large, rames comprises ; la région intermédiaire, 19 seg- ments et 8 millimètres de large; la 3*°, 236 segments et 10 millimètres de large, sauf à la fin du corps qui n’a plus que 5, puis 3 millimètres. Le 2*° exemplaire de 300 segments a 350 millimètres de long, dont 90 pour la 1* et la 2% région, et 260 pour la 3”. Le nombre des segments dans la 1" et la 2° région, et leur largeur dans chaque région sont les mêmes que dans le cas précé- dent. (1) The progressive movement of Gregarines (Proceed. of the Acad. of Nat. hist. of Philadelphia, t. LIV, 1902, p. & et pl. I et Il). (2) Léger, Études sur le “Lithocystis Schneideri (Bull. scient. de la France et de la Belyique, t. XXX, 1897, p. 250). (3) Voir Annélides Polychètes des côtes de Dinard, 3° partie (Ann. des Sc. at., 1e série, t. XVII, 1894, p. 33 et pl. Il, fig. 43-50). (4) Jusque-là cette espèce ne se trouvait pas à Saint-Jean-de-Luz. LES ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 163 Le 3*° exemplaire a 305 segments et 300 millimètres de long, dont 60 pour les 2 1"% régions et 240 pour la 3%. La 1° région a 65 segments et 6 millimètres de large, la 2% 21 segments et 7 millimètres de large, la 3*° 219 segments et 10 millimètres de large. Le 4*° exemplaire a 300 segments et 300 millimètres de long, dont 80 pour les? 1"* régions et 220 pour la 3%. La 1" région à 66 segments et 5 millimètres de large, la 27° 19 segments et 5 mil- limètres de large, la 3*° 219 segments et 8 millimètres de large. Sauf aux segments antérieurs et postérieurs du corps, qui sont beaucoup plus bas, les segments de la 1" et de la 2° région ont 0,5 de haut, et ceux de la 3° 1 millimètre. Les rames sont donc plus écartées les unes des autres dans la 3% région que dans les 2 premières. Le corps est d’un rose uniforme, devenant gris dans l'alcool et se termine par 2 cirres anaux minces, subulés, longs de 2 millimètres, placés sous l’anus dorsal. Au repos, l’animal s’enroule souvent en spire pyramidale (15 tours de spire pour celui de 360 millimètres). Lorsqu'il nage, il s'avance en ramant en ligne droite, d’un mouvement très régulier, à l’aide des rames puissantes de la 3% région. Dans cette région, sauf pour un des exemplaires, chacune des rames a 3°*,5 de large (7 millimètres pour les 2) et le corps 3 millimètres. La G. emerita projette moins souvent et moins violemment sa trompe cylindrique que la Glycera qgigantea Qfg. Les pieds des 3 régions sont tels que je l’ai dit, sauf que les cirres dorsaux et ventraux, au lieu d’être épais, courts et massifs, comme Je les ai décrits et figurés (1), dénaturés dans l'alcool, sont des lamelles minces et foliacées, se rapprochant des cirres des Phyllodociens. Dans la 3" région, le cirre ventral est relié par une carène de tissu mince à la petite protubérance qui existe, dans cette région seulement, entre le pied et la ligne médiane longitudinale ventrale. Je donne les figures rectifiées d’un pied de la 1" et de la 3° région, d’après l'animal vivant (fig. 34-35). (1) Annél. des côtes de Dinard, loc. cit., pl. IL, fig. 43-44. 16200 DE SAINT-JOSEPH. Les dissépiments commencent avec la 3*° région du corps. La partie antérieure de la trompe a 35 millimètres de long, la partie postérieure 25 millimètres, et l'estomac, tapissé de villosités brunes, 15 millimètres. Dans la partie antérieure, le nombre des chevrons varie ; 1l est de 13 de chaque côté pour l’'exemplaire de 360 millimètres et de 9 pour celui de 300 milli- mètres. À l'entrée de la partie postérieure, les 2 grosses mâchoires à 3 dents, assez rapprochées l’une de l’autre du côté ventral, sont séparées par 25 petits paragnathes superposés par 2 ou par 3. Du côté dorsal, où l’espace entre les 2 mâchoires est trois fois plus grand, il y a 30 petits paragnathes disposés en une rangée unique. Quelques-uns des paragnathes ont la forme représentée dans la figure 36. Les hématies ont 0"*,021 de diamètre. Les œufs sont dans la 3*° région. En septembre 1905, les exemplaires de G. emerita sont plus nombreux à Sainte-Barbe qu'en 1902 et j'en trouve aussi à la pointe de Sainte-Anne. Ils sont tous uniformément gris et non rosés comme en 1902 et renferment des œufs de 0",24 de diamètre. Draguée à 44% mètres de profondeur dans l'expédition de la Pola. FAMILLE DES CIRRATULIENS V. Carus. AUDOUINIA TENTACULATA Mont. (1). PI. IL fig. 37-41. Les œufs rouges ont 0,10 de diamètre; les spermatozoïdes blanes sont remarquablement petits (0""0021 de long). Comme endoparasites de l'intestin, je trouve : 1° D'assez nombreuses Ulivina elliptica Ming. (2) (Sycia inopinata Léger), Grégarines tricystidées que je trouve aussi dans lesexemplaires de Dinard, longues en moyenne de 0"*,15 sur 0**,09 de large dans la partie la plus large. Elles sont (1) Voir Annélides Polychètes des côtes de Dinard, 3° partie (Ann. des Sc. nat., 12e série, t. XVII, 1894, p. 48, et pl. LL, fig. 55-57), et ajouter à la biblio- graphie : Cirratulus tentaculatus Mont., Mc Intosh, Marine Annelids (Poly- chæta) of South Africa (Marine invest. in S. Africa, t. INT, 1903, p. 68). (2) Mingazzini, Sulla distribuzione delle Gregarine polycistideæ (Atti della À. Accad. dei Lincei, 4e série, t. VIT, 1er semestre, p. 236 et 2 figures). LES ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 165 immobiles, à épicyte épais, et entoplasma à granulations grises avec noyau (fig. 37-38). Aucune n’a son épimérite. Je n'y vois pas de Metchnikovella Caull. et Mesn., comme celles que figure Léger (1) 2 Des Selenidium, Grégarines dicystidées, longs de 0°°,1% à 0*®,38 sur 0°*,0084 à 0"®,016 de large au milieu du corps, se rapprochant du Selenidium du Cirratulus cirratus O.F. Müll. figuré par Caullery et Mesnil (2), et du Platycystis (Selenidium) Léger de l'Audouinia (3). Ils progressent en se tordant len- tement (fig. 39). Le noyau allongé est très distinct; les myo- nèmes longitudinaux du corps le sont un peu moins. L'épi- mérite est en forme de goulot de bouteille (fig. 40) ; la partie postérieure du corps est effilée. 3° L'Anoplophrya Brasil Léger et Duboseq (4), infusoire que j'ai décrit très sommairement pour l'Awdouinia tentaculata de Brest (5) en le rapportant avec doute et sans le nommer au genre Opalina Purk. et Val. Elle a 0°*,12 de long sur 0°*,06 de large, le corps tronqué un peu obliquement en arrière, un gros macronucléus allongé, un micronucléus le plus souvent invisible et une rangée longitudinale de 4 à 5 vacuoles (fig. 41). Elle est plus massive que l'Opalina lineata de l’'Heterocirrus Marioni St-Jos., qui est sans doute aussi une Anoplophrya et qui, ovale et non tronquée en arrière, a 0**,14 de long sur 0**,037 de large. D Anoplophryinæ sont bien distinctes des Opalininæ (6) (1) Recherches sur les Grégarines (Tablettes z00log., t. 11, 1892, pl. V, fig. 14). (2) Sur quelques parasites internes des Annélides {Miscellanées bio. dédiées au professeur Giard, etc., in-4°, 1899, p. 83, et pl. IX, fig. 6). Voir aussi Caul- lery et Mesnil : Sur les Parasites internes des Annélides Polychètes, etc. (Assoc. franc. pour l'avancement des Sciences, Boulogne-sur-Mer, 1899, p. 491- 296). (3) Loc. cit. supra, pl. V, fig. 1. (4) Léger et Duboscq, Notes sur les Infusoires parasites. L. Les Astomata représentent-ils un groupe naturel? (Arch. de Zool. exp., notes et revue, n° 6, 1904, p. XOVIIT). — Mesnil, Compte rendu de cette note dans le Bulletin de (l’Institut Pasteur, t. IT, 1904, p. 702. — Léger et Duboscq, Anoplophrya Brasili (Arch. de Zool. exp., 4° série, t. 11, 1904, p. 337). (5) Anrélides Polychètes de la rade de Brest et de Paimpol (ann. des Sc. nat., 8° série, t. X, 1899, p. 181 et pl. VI, fig. 19). (6 ) Voir Schw eier, Mémoir e sur les Infusoirés ciliés endoparasites (en langue russe) pour tous ces infusoires parasites Astomata (Truv. de la Soc. impér. des Nat. de Saint-Pétersbourg, section de Zoologie, t. XXIX, liv. IV, p. 38, et pl. I, 1606 DE SAINT-JOSEPH. comme l'ont établi MM. Léger et Duboscq. Elles ont un gros macronucléus allongé qui occupe le centre du corps, un micro- nucléus souvent difficile à voir, des vacuoles, une très petite bouche antérieure rudimentaire, un mode de division trans- versale. Est-ce à la suite d’une division récente, que toutes les Anoplophryæ Brasili que j'ai observées avaient le corps tronqué en arrière, ou bien cette forme est-elle la forme nor- male? Je ne puis en décider, n'ayant pas vu d'animaux en état de division. Les Opalininæ semblent ne se rencontrer que chez les Batra- ciens, mais les Anoplophryinæ sont assez fréquemment para- sites de l'intestin des Annélides Polychètes et Oligochètes. Ainsi l’'Anoplophrya (Opalina) convera Clpd., chez une Phyllo- doce indéterminée, l'A. (Opalina) ovata Clpd., chez une autre Phyllodoce indéterminée (1), l'A. (Opalina) lineata Schultze, chez l’Heterocirrus Marioni St-Jos. et le Cirratulus filiformis Kef. (2), l'A. Brasili chez l'Audouinia tentaculata. M. Mes- nil a observé aussi (recherches inédites), dans d’autres espèces de Polychètes, des Anoplophrya dont il m'a montré une série de frottis colorés. Quant aux Oligochètes, Claparède (loc. cit., p. 155) trouve VA. (Opalina) Pachydrili Clpd., dans le Pachydrilus verru- cosus Clpd., l'A. (Opalina) filum Clpd., dans le Clitellio are- narius Müll. comme l'A. (Opalina) lineata Schultze, Vej- dovsky (3), une Anoplophrya très voisine de l'A. filum, dans l'Enchytræus qalba Moffm. A Cannes, dans l'intestin d’un Pontodrilus (Lumbricus) littoralis Gr. (P. Marioni E. Perrier), j'ai rencontré une Anoplophrya non du type allongé (A. filum), mais du type ovale, ayant 0*®,168 de long sur 0**,074 de large. fig. 14-24). — Voir aussi, sur le genre Opalina Bezzenberger, über infuso- rien aus Asiatischen Anouren (Arch. für Parasitenkunde, t. IL, 1904, p. 138, et pl. XI). (1) Claparède, Recherches anatomiques sur les Annélides, Turbellariés, Opalines et Grégarines observés dans les Hébrides (Mém. Soc. Phys. et Hist. nat. de Genève, t. XVI, 1861, p. 154 et 155). (2) Annélides des côtes de Dinard, 3° partie Loc. cit., p. 56 et 47. (3) Beitr. zur vergl. Morph. der Annel. Monographie der Enchytræiden, in-4°. Prag, 1879, pl. VLL fig. 9. LES ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 167 FAMILLE DES ARICIENS Aud. et Edw. (Sars, Mgr. rev.). GENRE ARICIA Sav. (Aud. et Edw. rev.). ARICIA CUVIERI Aud. et Edw. (1). Cette espèce, à Saint-Jean-de-Luz, est moins longue et plus rose qu'à Dinard. Elle n’a que 12 à 14 centimètres de long sur 5 millimètres de large et environ 240 segments dont 22 pour la région antérieure. Il y a des papilles ventrales dès les 3 ou 4 derniers segments de cette région, soit à parür du 19°*° ou 20”, puis sur les 3 à 5 premiers de la région sui- vante : 1 ou 2 de chaque côté du corps, sur les 19*° et 20°", 12 à 16 sur les 21% à 24%, ne formant pas ceinture complète, Housur les 25200007 On voit que ce qui distingue surtout l'A. Cuvieri de l'A. Latreillii Aud. et Edw., c'est que la première à une région antérieure plus courte et des segments papillifères moins nombreux, avec moins de papilles à ces segments. Genre SCOLOPLOS Blv. OErst. er. Sous-GENRE NAINEREIS Blv. senst Mesnil et Caullery (incl. Theodisca Fr. Müll.). NAINEREIS LÆEVIGATA Gr. (2). PI. IL, fig. 42-43. Je trouve des exemplaires de toutes les tailles de 8 à23 cen- timètres de long, ce dernier avec 323 segments; un autre qui a 14 centimètres dans l'alcool en compte 427. Le nombre des segments de la 1" région est variable. Les plus petits animaux mesurant 8 centimètres de long sur 3 millimètres de large en avant en ont 24. D’autres plus grands en ont 22, 28, 29, 51. Il y en à qui sont rouges en avant et non roses. Chez l'un d'eux, j observe 2 taches oculaires cervicales peu distinctes. (4) Voir Annélides Polychètes des côtes de Dinard, 3° partie loc. cit., t. XVIT, 1894, p. 91. (2) Aricia lævigata Gr. Voir Annélides Polychètes des côtes de France, loc. cit., t. V, 1898, p. 360. 168 DE SAINT-JOSEPH. Les ovaires forment de chaque côté du corps des amas de 5 millimètres de diamètre renfermant dans un lacis de vais- seaux très fins de nombreux ovules piriformes. Le segment anal festonné au bord a 3 cirres anaux ventraux épais, très courts (0*,18) et très cadues (fig. 42). La trompe de la N. læviqata que je n’avais pas vue évaginée chez un exemplaire unique en 1897, mais que j'ai pu observer depuis chez plusieurs exemplaires ramassés sous des pierres à Sainte-Barbe, me paraît mériter quelques détails. En sortant de la bouche, elle s'étale en larges plis devant la tête qu’elle dépasse beaucoup en longueur et surtout en largeur. Le bord antérieur est garni de longues digitations disposées autour de l’orifice par groupes de 2 ou 3, sortant chacun de 8 troncs assez semblables à ceux des branchies des Térébel- liens (fig. 43). Ces troncs, dont les digitations très extensibles dépassent seules l’orifice, font saillie à la surface externe de la trompe dans laquelle ils sont noyés. Entre chaque tronc, la membrane étant plus mince a un peu l'apparence d’une membrane palmaire de Serpulien. Chez l'animal vivant, les digitations pendent dans l’eau, longues de 7 à 8 millimètres, sortant de la bouche sans que la trompe soit évaginée en entier. Elles se rétractent beaucoup chez les animaux conservés à l'alcool et n’ont plus alors que 1**,50 de long. Renfermant 2 vaisseaux qui, comme dans les mêmes organes chez la Theodisca liriostoma Clpd. (1), se relient l’un à l’autre par un réseau de nombreux vaisseaux capillaires, elles semblent avoir des fonctions respiratoires ainsi que le pense Lo Bianco (2). Peut-être aussi servent-elles à attirer et à saisir la proie. La forme de la trompe ferait rentrer la N. lævigata dans le genre T'heodisca Fr. Müll. (3) si ce genre devait être maintenu; (1) Claparède, Annélides du golfe de Naples, p. 311. (2) Gli Annel. tubicoli trovati nel Golfo di Napoli (Atti dell. Accad. delle Scienze di Napoli, 2° série, t. V, n° 11, p. 25). (3) Cette trompe se rapproche moins de celle de la Theodisca anserina Clpd. (Glanures zoot. parmi les Annélides de Port-Vendres. Mém. de la Soc. d’hist. nat. de Genève, t. XVII, 2#° partie, 1864. Tirage à part, p. 45, et pl. IV, fig. 6 a et de la Theodisca liriostoma Clpd. (loc. cit., p. 311, et pl. XXIV, fig. 3) que de celle de la Th. aurantiaca Fr. Müll. (Einiges über die Anneliden fauna der Insel Santa Catharina, etc. (Arch. für naturg., 1858, pl. VL fig. 44). Cette dernière a, comme la N. lævigata, des troncs d’où sortent les digitations, mais, d’après la LES ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 169 mais, comme je l'ai indiqué ailleurs, je préfère ne pas donner à la forme de la trompe chez les Ariciens un caractère générique, ce qui fait disparaître les genres Theodisca et Anthostomu (digi- tations de la trompe pennées) Schmarda (1). Adoptant la clas- sification de Mesnil et Caullery (2), je crois qu'il faut ranger l'Aricia lævigata dont la rame ventrale n'a pas le bord fes- tonné, dans le sous-genre Nainereis Blv. sensù Mesn. et Caull. comprenant les Scoloplos à tête arrondie. FAMILLE DES CAPITELLIENS Gr. (Zalelminthea V. Carus). GENRE Noromastus Sars. NortomasrTus EXSERTILIS. N. S. PI. IL, fig. 44-47. Caractères distinctifs : Branchies rameuses exsertiles à partir du 27% segment abdominal environ. Taille considérable dépassant 1 mètre. Plusieurs exemplaires ramassés à Saint-Jean-de-Luz à la pointe de Sainte-Barbe et aussi au-dessous du château d’Abba- dia, à la pointe de Sainte-Anne, dans le sable vaseux entremêlé de cailloux. Très rouges, sauf à la partie postérieure du corps qui est incolore, se rompant très facilement en morceaux et laissant alors écouler le sang de la cavité du corps. Il m'a été impossible d'en recueillir un seul entier etje n'en ai que des fragments antérieurs, médians, ou postérieurs. Ils doivent atteindre une taille considérable, car j'en obtiens un fragment antérieur entièrement rouge, avec la tête, de 800 millimètres au moins sur 8 millimètres de large en avant et 784 segments, et une autre fois J'en trouve une partie postériéure mince, entièrement incolore, de 597 segments, longue également de 800 mulli- mètres (3). figure de Fr. Müller, ils semblent ne pas être noyés dans la trompe et en dépasser le bord. (1) Schmarda, Neue wirbell. thiere gesammelt auf einer reise um die erde 1853 bis 1857, t. I, 22e partie, p. 61, et pl. XXVIL, fig. 217. (2) Études de morphologie externe chez les Annélides. IV, Revision des Ariciens (Bull. scient. de la France et de la Belgique, t. XXXI, 1898, p. 140). (3) Lorsque je ramassai, en 1897, cette longue partie postérieure et plu- 150.1: DE SAINT-JOSEPH. Le corps rond aux 10 1°* segments thoraciques, devient légèrement quadrangulaire aux 2 derniers thoraciques et aux segments abdominaux où il est un peu bombé du côté dorsal. Aussi fragile que celui du Dasybranchus caducus est résistant, ila, chez les grands exemplaires (fig. 44), 8 millimètres de large aux 5 1° segments thoraciques, 5 millimètres aux seg- ments 6 à.10, 7 millimètres aux segments 11 et 12 et aux 1° segments abdominaux, puis 6, 4 et 2 millimètres à la fin. La tête charnue, conique, sans yeux apparents, se termine par une petite languette rétractile et la tête elle-même est rétrac- üle dans le segment buceal. Le thorax se compose de 12 segments dont le 1” (buccal) achète et 11 sétigères. Ils sont tous biannelés. Le segment buccal a du côté dorsal seulement, à l'anneau supérieur, un prolongement qui en est séparé par un sillon et qui ne s'étend pas du côté ventral (1). Il sert probablement à protéger la base de la tête, lorsque celle-ci sort du corps. La bouche s'ouvre du côté ventral du segment bucceal et livre passage à une grosse trompe globuleuse plurilobée deux fois plus large que le corps et dont la base (lorsque la trompe est extroversée) est couverte de papilles rondes de 0®®,10 de dia- mètre (2). Du sillon transversal qui sépare les deux anneaux des seg- ments 2 à 12 sortent de chaque côté du corps, reposant sur une grosse glande brune, un faisceau dorsal et un ventral de soies simples rétractiles. Semblables à celles du Dasybranchus caducus, mais moitié moins larges (0*%,0084) et moitié plus nombreuses (200 environ par faisceau), elles sont subulées avec un long limbe mince de chaque côté. Les 10 1° segments, chez les grands exemplaires, ont 4 milli- mètres de haut. La peau des segments 1 à 5 (ou 1 à6), y compris sieurs autres presque aussi longues, je n’avais pas encore vu de partie anté- rieure, et j'avais été tenté, à cause des branchies exsertiles, de les attribuer à une variété de Dasybranchus caducus Gr. (Voir Annélides des côtes de France, loc. cit., p. 391). (1) Eisig figure bien cette disposition chez le Dasybranchus caducus (Die Capi- telliden des Golfes von Neapel, in-fol., 1887, pl. XVL, fig. 1). (2) Eisig représente une trompe semblable chez le Notomastus (Tremomastus) -profundus Eisig (Loc. cit., pl. IL, fig. 5). LES ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 171 le prolongement du segment buceal, est quadrillée ; celle des segments 6 à 10 (ou 7 à 10), est lisse comme aux segments 11 et 12 qui n’ont plus que 1"*,5 de haut et qu'on pourrait presque confondre avec les segments abdominaux dont ils ont déjà la largeur et la forme légèrement quadrangulaire. L'abdomen, où disparaissent les soies limbées, se compose de très nombreux segments à peau non quadrillée. Ils ne sont pas biannelés; s’il s'y dessine des anneaux sous le ventre et quelquefois sur le dos, ils sont dus aux contractions du corps qui influent aussi sur la hauteur des segments variant de 1,75 à 0°,50. Chaque segment a 2 tores dorsaux et 2 tores ven- iraux avec crochets semblables à ceux du Notomastus lateri- ceus Sars (1). Leur tige est moitié plus mince (0",0084) que celle des crochets du Dasybranchus caducus et n’a qu'un renfle- ment au lieu de deux; de plus, la 1" dent qui surmonte la grosse se montre, vue de face, composée de 6 denticules au lieu de 8. Aux segments antérieurs de l'abdomen, les 2 tores dorsaux, longs seulement de 1 millimètre sur 0"",75 de haut, sont sail- lants comme chez tous les Notomastus, mais un peu séparés l'un de l’autre (2) par un intervalle très étroit qui va progressive- ment en augmentant à mesure qu'on s'éloigne vers l'extrémité postérieure et atteint 2 millimètres à 2°°,5. À ces segments anté- rieurs, les tores ventraux, beaucoup plus longs que les dorsaux quoiqu'ils remontent moins haut sur le dos que chez d’autres Notomastus, se terminent du côté le plus rapproché du dos par une poche respiratoire finissant en languette plus ou moins adhérente au corps, où pénètre le sang et dans laquelle les cro- chets ne continuent pas. L'organe latéral, petit mamelon bien apparent, lui fait suite immédiatement (fig. 45). Au 11% segment abdominal, chaque tore dorsal à 1°°,20 de long et 148 crochets et chaque tore ventral 4*°,80 de long et environ 500 crochets. Peu à peu, les tores dorsaux s’écartent davantage l’un de l’autre, les tores ventraux deviennent moins longs et à la suite (4) Voir Annélides des côtes de Dinard, 3° partie Loc. cit., p. 118, et pl. VE, fig. 153 et 154. (2) Chez les Notomastus que j'ai examinés (N. latericeus, N. lineatus Clpd., N. profondus Eisig), les deux tores dorsaux des segments antérieurs sont coa- lescents. 172 DE SAINT-JOSEPH. A de la rangée des crochets ventraux, entre cette rangée et la poche respiratoire, apparaissent vers le 27*° segment abdominal, sor- tant d’une large boutonnière (fig. 46), et persistant jusqu'à l'avant-dernier segment, des branchies rameuses exsertiles, ayant jusqu'à 20 branches semblables à celles que j'ai décrites chez le Dasybranchus caducus (1). Lorsque les branchies sont rentrées dans le corps, la respiration est encore assurée à tous ces segments par la poche respiratoire. Les branchies exsertiles seraient donc des auxiliatrices rendues peut-être nécessaires par la grande taille de l'animal. À la fin du corps, la peau est plus mince et presque transpa- rente du côté dorsal, puis les segments deviennent moins hauts (0"*,24) et moins larges (2 millimètres). L’anus rond terminal est rétractile dans le segment antéanal. Les globules du sang, qui mesurent 0"",0126 de diamètre, ren- ferment 3 à 5 conerétions brunes de 0"",0014 à 0"® 0020. Pour ce qui concerne les muscles, le cordon nerveux ventral et les organes latéraux, je renvoie à ce que j'en ai dit à propos du N. latericeus. Les organes segmentaires ne sont pas sembla- bles à ceux de cette espèce. Colorés en brun très foncé comme chez le Dasybranchus caducus par les granules pigmentaires dont sont bourrés leurs tissus, ils ont une forme sinueuse pareille à celle que figure Eisig (2) pour le N. lineatus. Je ne vois ni éléments sexuels, ni sacs génitaux, ni pores génitaux. Ces derniers que j'avais rencontrés chez le N. latericeus aux segments abdominaux antérieurs en haut de chaque segment au-dessous de l'organe latéral du segment précédent, y man- quaient du reste chez beaucoup d'exemplaires. Je trouve une fois dans l'intestin, une Doliocystis, avec son épimérite, longue de 0%*,47 sur 0"",063 de large (fig. 47). Je crois que pour la classification des Capitelliens,il faut pren- dre pour base, comme Eisig, le nombre des segments thoraciques et ne pas plus s'attacher qu'on ne l’a fait pour les Glycériens, aux branchies, caractère secondaire et souvent difficile à éta- blir quand il s’agit de branchies exsertiles. Le N. exsertilis a bien les caractères du genre Notomastus, à (1) Annél. des côtes de France. Loc. cit., p.390: (2) Loc. cit., pl. IL, fig. 23. LES ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 1173 la diagnose duquel on devra ajouter : présence possible de bran- chies exsertiles. Il sert de trait d'union entre les Notomastus etles Dasybranchus avec lesquels j'ai été amené plusieurs fois à faire des rapprochements. ILa, comme les Dasybranchus, des branchies exsertiles. Ses 2 tores dorsaux ne sont pas aussi près l’un de l’autre aux segments antérieurs abdominaux que chez les autres Notomastus et se rapprochent de ceux des Dasybranchus ; enfin, ses organes seg- mentaires quoique non flottants et fixés au corps me paraissent rappeler ceux du Dasybranchus caducus. FAMILLE DES MALDANIENS Sav. CLYMENE LUMBRICOÏDES Qfg. (1). PI. IL, fig. 48. Assez commune à la pointe de Sainte-Barbe. Les 8 premiers segments sont emboîtés les uns dans les autres. Il y à 4 paires d'organes segmentaires placés du côté ventral, de chaque côté du corps, au-dessous des bandelettes muscu- laires plates, transversales, bien séparées les unes des autres, comme les échelons d’une échelle, qui s’insèrent à une de leurs extrémités, près du cordon nerveux ventral, et à l’autre extré- mité à la paroi du corps. Ces organes segmentaires de forme allongée se trouvent dans les segments sétigères 4 à 8. Le pavillon vibratle de la 1" paire et la partie antérieure de la néphridie sont dans le 4*° segment, en arrière du 4% pied, et la partie postérieure de la néphridie se termine dans le 5°°, à la hauteur du 5"° pied et ainsi de suite pour Les 3 autres paires. Les néphridies, mamelonnées, de forme allongée (la 4°° paire, qui est la plus longue, et se termine en arrière du 8% pied, a 8 millimètres de long sur 1 millimètre à 1**,5 de large), adhèrent aux parois du corps. C’est l'organe de Bojanus de Cosmoviei (2). Son tissu, parcouru par un réseau très riche de (1) Voir Annélides Polychètes des côtes de Dinard, 3° partie Loc. cit., p. 134, et pl. VI, fig. 160-165. (2) Voir Cosmovici, Glandes génitales et organes segmentaires des Anné- lides Polychètes (Arch. de Zool. exp., t. VII, 1879 et 1880, pl. XX VII, fig. 9 c). 174 | DE SAINT-JOSEPH. vaisseaux fins, alimenté par le vaisseau latéral, se compose de cellules bourrées de granulations d’un brun foncé, qui sont sans doute des produits d’excrétion. Son axe est occupé par un canal vibratile qui débouche à l'extérieur par un pore percé dans une papille, à l’extrémité du tore uncinigère la plus rap- prochée de la ligne médiane ventrale (1). Dans l'intestin bourré de sable, je trouve un très petit Néma- toïde incolore, à peau lisse, le de 0"*,042 sur 0°*,012 de large, sans armature à la bouche qui s'ouvre en dessous et sans autre trace d'organisation qu’un tube digestif brunâtre recti- ligne (fig. 48). PETALOPROCTUS TERRICOLA Qfg. (2). PL. IL fig. 49-50, et PI. ILE, fig. 51-55 Je trouve à la fois chez le P. terricola : sur la peau, des Loxo- soma annelidicola Van Ben. et Hesse, que J'y avais observés à Brest (3); dans l'intestin, des Ulivina elliptica Ming. (Sycia ino- pinata Léger), et des Doliocystis Léger; dans le cœlome, la cu- rieuse Pterospora Maldaneorum Labbé et Racov. (4). Tous ces ecto et endoparasites coexistent assez souvent chez le même animal. Les Ulivina elliptica (Grégarines tricystidées) sont toutes sans leur épimérite et mesurent 0®*,084 de long sur 0**,024 de large (fig. 49). Les Dolocystis (Grégarines dicystidées) qui n’ont pas non plus leur épimérite, sont plus allongées et plus fortes (0**,30 de long sur 0°*,048 de large) avec un gros noyau à la partie antérieure (fig. 50). La Pterospora Maldaneorum (Grégarine monocystidée) que je ne rencontre ni dans la C/ymene lumbricoïdes Qfg. ni dans la (1) Orlandi donne une figure exacte de cette papille pour la Clymene Paler- mitana Gr. (Maldanidi del Golfo di Napoli, Genova, 1898, in-8°, pl. VI, fig. 55). "(2) Voir Annélides Polychètes des côtes de Dinard, 3e partie, loc. cit., p. 1#4, et pl. VIL, fig. 180-188. (3) Annélides Polyclietes de la rade de Brest et de Paimpol (Ann. des Sc. nat., 8° série, t. X, p. 182). (4 ) Labbé et Racovitza, Pterospora Maldaneorum N. G. N. S. Grégarine nou- velle, parasite des Maldaniens (Bull. Soc. de Zool., t. XXII, 1897, p. 92-97, et fig.). — Labbé, Das Tierreich, 1899, in-8, Sporozoa, p. #1. LES ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 175 Johnstonia clymenoïdes Qfg., ni dans la ZLeiochone clypeata St-Jos.. est plus souvent isolée qu'associée à une autre. A l’état d'extension, elle mesure de 0%*,138 à 0®%*,420 de long sur : 0°*,040 à 0*®,120 de large (fig. 51); mais nulle Grégarine n’est plus protéiforme. Tantôt c’est une boule d’où sortent tout d’un coup en avant 2 branches et de chaque branche 2 digitations, tantôt c’est un corps cylindrique, ovale ou trapézoïde, avec 2 branches et 1 ou 2 digitations, avec ou sans tige en arrière (fig. 52), le noyau restant à peu près au centre; tantôt il se produit en avant une longue tige où passe le noyau et d’où se détachent les branches avec leurs digitations. Les mouvements péristaltiques entraînent continuellement ï noyau et les granulations grises de l’endoplasme qui passent les unes par-dessus les autres. Quand la Grégarine dépérit, elle n’a plus que 0*®,10, les granulations sont beaucoup plus grosses et la membrane est à peine visible, mais les mouvements péri- staltiques sont toujours aussi vifs et poussent les granulations jusqu'à l'extrémité des digitations (fig. 53). Lorsqu'il y a association, l’un des deux zygotes me parait toujours plus rétracté que l’autre (fig. 54). Une fois, je vois le. plus gros des deux se détacher, entrainant avec lui une tige e qui semble formée de l’endoplasme de l’autre (fig. 55). Je ne suis. pas assez heureux pour rencontrer des kystes ni des spores. FAMILLE DES TÉRÉBELLIENS Gr., Mer. rev. TEREBELLA LapipARIA (Kähler) L. Ray Lankester (1) signala le premier un Rotifère qu'il ne: nomme pas, dans l’intérieur du corps des Synapta à Guernesey et à Herm. Je le retrouvai au Croisic en août 1880, sur la peau et non dans le corps de la Synapta inhærens. O.-F. Müll., en 1892, à Concarneau, sur la S. digitata var. Thompson Hera- path, puis à Arcachon et à Saint-Vaast, sur la S. digitata Mont. Zelinka (2) l’a décrit en très grand détail en lui donnant (1) Note on the Synapta of Guernsey and Herm, and a new DER Rotifer (Quart. Journ. of Microsc. sc., janvier 1868, p. 54 et fig.). (2) Studien über Räder thiere. Il. Der raumparasitismus und die anatomie: » 176 DE SAINT-JOSEPH, le nom de Discopus Synaptæ N. G. N.S. et Cuénot (1) ajouta quelques observations. À Saint-Jean-de-Luz, le D. Synaptæ vit sur la peau de la Terebella lapidaria, mesurant 0°*,18 à 0°" .,2% de long sur 0,06 de large, c’est-à-dire la même taille que celle que je constate aux exemplaires vivant sur les diverses Synapta. Les variations de longueur dépendent surtout du degré de contraction du Rotifère fixé par sa ventouse postérieure. Pisra CRETACEA Gr. (2). Chez cette espèce, les branchies sont souvent incomplètes. Ainsi chez un exemplaire, à la 1" paire, la branchie droite manque ; à la 2% paire, il y a une branchie à droite et un moi- gnon de branchie à gauche, et les branchies de la 3°° paire sont absentes. Les anomalies que j'ai relevées pour les plaques onciales du 8*° segment uncinigère sont fréquentes. Chez un exemplaire, il y à à ce segment une rangée simple rétrogressive, à laquelle il se mêle seulement 2 ou 3 plaques progressives qui commencent à dessiner la rangée alternante. Au 9°° segment uncinigère, elle est complète et là seulement le prolongement de la base disparaît. Le passage de la rangée simple à la rangée double se fait donc moins brusquement 1c1 que chez les autres Térébelliens. PoLyMnia NEBULOSA Mont. nec Johnst. PI. IL, fig. 56. L'intestin renferme souvent de nombreuses Doliocystis de 0°*,084 de long sur 0**,029 de large, les unes circulant sans épimérite, les autres encore fixées par leur épimérite dans une cellule épithéliale (fig. 56). À leur partie postérieure pend une membrane diaphane plissée, de 0"*,042 de long, dont les plis rectilignes ressemblent à première vue à des fibres très fines. Ce sont peut-être des traînées de ce que Delage et Hérouard (3) von Discopus Synaptæ N. G. N.S. (Zeits. für Wiss. Zool., t. XLVIL, 1885, p. 353 et pl. 30-34). (1) Commensaux et parasites des Échinodermes (Rev. biol. du Nord de la France, 1°N24892 1p-18); (2) Voir Annélides Polychètes des côtes de France Loc. cit., p.423, et pl. XXII, fig. 236-239. (3) Traité de Zoologie concrète, t. I, 1896, p. 259 et 261. LES ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. Var appellent la couche gélatineuse, transsudant du corps, et s’agglu- tinant pour former une membrane diaphane. Schewiakoff (1) pensait que la progression des Grégarines était produite par la protrusion de fibres gélatineuses. Est-ce de cela qu'il s’agit ici? Mais depuis le mémoire de Schewiakoff, on a constaté que les Grégarines ont des mouvements rétrogrades en sens inverse de l'extension des fibres, et ici ces fibres (si c'en sont réellement) se montrent même quand la Grégarine n'est pas encore libre. PoLyciRRUS HÆMATODES Clpd. (2). Dans des Lithothamnion aux rochers de la Goureppe, près de Biarritz, et à la pointe de Sainte-Barbe, à Saint-Jean-de- Luz. Je retrouve dans l'intestin des Nématoïdes endoparasites appartenant à l'espèce que j'ai décrite et figurée pour le Poly- curus caliendrum Clpd. (3). La distribution géographique des 64 espèces d'Annélides Polychètes que j'ai trouvées à Saint-Jean-de-Luz et qui sont toutes littorales, donne les résultats suivants : 8 ont une aire fort étendue : Lepidonotus clava Mont. Dodecaceria concharum OErst. Nereis pelagica L. Chæœtopterus variopedatus Ren. Perinereis cultrifera Gr. Nicolea venustula Mont. Platynereis Dumerilii Aud. et Edw. Potamilla reniformis O. F. Müll. Il y en a : 21 dans la Manche, l'Océan et la Méditerranée : Syllis (Typosyllis) prolifera Kr. 1 Johnstonia clymenoïdes Qfse. Syllis gracilis Gr. | Petalaproctus terricola Qfg. Odontosyllis fulqurans Clpd. Sabellaria alveolata L. (et aussi mers Trypanosyllis Krohnii Clpd. du Nord). Sthenelaïs boa Johnst. Amphitrite gracilis Gr. Lysidice Ninetta Aud. et Edw. Terebella lapidaria (Kähler) L. Phyllodoce splendens St-Jos. Polymnia nebulosa Mont. nec Johnst. Eulalia viridis O.F. Müll. (et aussi| Polycirrus hæmatodes Clpd. mers du Nord). Dasychone bombyx Daly. (et aussi mers Eulalia (Pterocirrus) macroceros Gr. du Nord). Audouinia tentaculata Mont. (et aussi| Salmacina Dysteri Huxl. mers du Nord). Pomatoceros triqueter L. (etaussi mers Aricia Cuvieri Aud. et Edw. (Idem). du Nord). (1) Uber die Ursache der fortschreitenden Bewegung der Gregarinen (Zeits. für wiss. Zool., t. LVIIE, p. 340 et pl. XX et XXI). (2) Annélides Polychètes des côtes de Dinard, 3%° partie, loc. cit., p. 240. (3) Ibid., p. 238, et pl. X, fig. 268-269. ANN. SC. NAT. ZOOL., 9e série. Had le 178 DE SAINT-JOSEPH. 8 dans la Manche et la Méditerranée : Odontosyllis ctenostoma Clpd. Nereis irrorata Mgr. (et aussi mers du Autolytus pictus Ehl. (et aussi mers du Nord). Nord). Goniada emerita Aud. et Edw. Lagisca extenuata Gr. Arenicola branchialis Aud. et Edvw. (4. Euphrosyne foliosa Aud. et Edw. Grubii Clpd.). Lumbriconereis coccinea Ren. 5 dans la Manche et l'Océan :. Halosydna gelalinosa Sars (et aussi mers du Nord). Harmothoe picta St-Jos. Phyllodoce laminosa Sav. Clymene lumbricoïdes Qfs. Leiochone clypeata St-Jos. 3 dans la Manche : Maclovia gigantea Gr. Eulalia pusilla OErst. (et aussi mers du Eteone foliosa Qfg. (Idem). Nord). 4 dans l'Océan et la Méditerranée : Diopatra Neapolitana D. Ch. | Lumbriconereis impatiens Clpd. Eunice Kinbergi Ehl. Dasybranchus caducus Gr. 2 dans l'Océan : Rance Old or Cote | Phyllodoce bruneo-viridis St-Jos. (Ar- cachon). 8 dans la Méditerranée : Ehlersia sexoculata Ehl. Hesione pantherina Risso. Psammolyce arenosa D. Ch. Nainereis lævigata Gr. Eunice torquata Qfg. Polyophthalmus pictus Qfg. Eulalia punctifera Gr. Pista cretacea Gr. 5 jusqu'à présent propres à Saint-Jean-de-Luz : Harmothoe Synaptæ N.S. Flabelligera Claparedii N.S. Perinereis longipes N. S. Notomastus exsertilis N.S. Phyllodoce bimaculata N.S. On doit remarquer que cette faune des Annélides Polychètes de Saint-Jean-de-Luz remonte souvent jusqu'à la Manche, rarement jusque dans les mers du Nord et que ses affinités sont plutôt méridionales. ANNÉLIDES DE CANNES ET DE SAINT-RAPHAEL FAMILLE DES SYLLIDIENS Gr. SYLLIS (HAPLOSYLLIS) HAMATA Clpd. (1). Plusieurs exemplaires trouvés par moi à Cannes à 70 mètres de profondeur au large de la Bocca et un exemplaire dragué à (1) Voir Annél. Polych. des côtes de Dinard, 1° partie (Ann. des Sc. Nat., LÉS ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 179 Saint-Raphaël par M. Brülemann à 30 mètres de profondeur, près du Lion de terre. Ces exemplaires de couleur orangée, longs de 3 à 4 centi- mètres, dont aucun n’a de stolon, sont semblables à ceux de Dinard. Seulement les cirres dorsaux ont plus d'articles et sont d’un tiers plus longs, atteignant 1**,80, ce quiles ferait rentrer dans la variété tentaculata Marion. Mais cette longueur des appendices est très variable même à Dinard, où elle va du simple au double selon les exemplaires, et ne me semble pas pouvoir servir de caractère distinctif. Marion rend bien la dislocation de la tête, lorsque la dent terminale de la trompe est projetée hors de la bouche (1). SYLLIS (TYPOSYLLIS) VARIEGATA Gr. (2). Dans une grosse éponge couleur lie de vin à la pointe de la Croisette, à Cannes. Elles ont 4 yeux et non 6 comme à Di- nard et les hexagones dorsaux sont de couleur plus foncée. SYLLIS (TYPOSYLLIS) PROLIFERA Krohn (3). À Saint-Raphael, au milieu des algues, à 2 mètres de pro- fondeur, 11 millimètres de long sur 0"*,85 de large et 58 seg- ments. Raie rose transversale à peine visible sur les segments antérieurs. Tête petite à 4 yeux (0"*,24 de large sur 0**,14 de haut). Palpes de 0°*,19, plus hauts que la tête. Tous les appen- dices de la tête et du corps sont minces et moniliformes et ce qui frappe c’est leur longueur par rapport à la largeur du corps. Les 2? antennes paires ont 0**,72 de long et 36 articles, Les cirres tentaculaires les plus longs 1 millimètre et 90 articles, les cirres dorsaux presque de même taille jusqu'au dernier tiers du corps, 50 articles; les cirres anaux de 0%*,70, 36 articles. La trompe avec la grosse dent placée dans le 1° tiers de la trompe, occupe 9 segments et le proventricule 6. 1e série, t. [, 1887, p. 142 et pl. VIL, fig. 5-8), et 4me partie (ibid., T° série, t. XX, 1895, p. 185). | (1) Marion, Dragages au large de Marseille (Ann. des Sc. Nat., 6m série, t. VILL, 1879, pl. XV, fig. 4 b). (2) Voir Annél. Polych. des côtes de Dinard, 1r° partie, loc. cit., p. 146. (3) Voir Annél. Polvch. des côtes de Dinard, 1"° partie, loc. cit., p. 147 et pl. VIL fig. 9-13. | 180 DE SAINT-JOSEPH. Le dernier tiers du corps est rempli d’ovules de 0*#,048 de diamètre sans qu'il y ait encore trace de stolon. À Cannes dans les Lithothamnion au nord de l’île Sainte-Marguerite, 1 exem- plaire dont la souche à 55 segments suivis d’un stolon de 13 segments remplis d'œufs violets dont 1l y en avait déjà aux 16 derniers segments de la souche (1). SyLLIS (TyPosyLis) Kronxir Ehl. (2). À Saint-Raphael, au milieu des algues, à 2 mètres de profon- deur. 13 millimètres de long sur 1 millimètre de large et 60 seg- ments ; une tache violette ronde termine de chaque côté du corps la raie transversale violette des segments antérieurs. Les plus longs cirres tentaculaires ont 32 articles, et le 1° cirre dorsal qui est plus long que les autres en a 44. Pour tout le reste, l'espèce de Saint-Raphaël est tout à fait semblable à celle de Dinard, de Saint-Vaast et de Concarneau. À Cannes, dans les Lithothamnion, au nord de Sainte-Marguerite. SYLLIS (TYPOSYLLIS) VITTATA Gr. (3). SyLLis vITTATA Marenzeller, Zur Kennt. der Adriat. Annel. (Si{zb. der K. Ak. der Wiss. zu Wien, 1874, p. 35, et pl. IL, fig. 2). — — Langerhans, Die Wurmfauna von Madeira (Zeits. für wiss. Zool., t. XXXII, 1879, p. 533). — AURITA Clpd., Claparède, Glanures parmiles Annél. de Port-Vendres, 1864, in-4°, tirage à part p. 79, et pl. V, nai 5. — Annél. du golfe de Naples, 1868, in-40, p. 1499, et pl. XIV, fig. 5. — — Marion et Bobretzky, Annél. du golfe de Marseille (Ann. des Sc. QUE 6me série, t. II, 1875, P- 17, et pl. I, fig. 3). Dans les algues calcaires fixées sur les rochers du rivage à Saint-Raphaël. Très jolie espèce chez laquelle les 3 raies transversales vio- lettes de chaque segment se trouvent sur tout le corps et non pas seulement aux segments antérieurs comme chez la S. Krohnu et la Trypanosyllis Krohnü, 1 millimètre de large, (1) J'ai trouvé au Croisic, dans une coquille de Dentale, au-dessous d’un Phascolion Strombi Mont. commensal, une Typosyllis prohfera. M. Brumpt (Sur le Phascolion Strombi, Arch. de Zool. expér., 3e série, t. V, 1897, p. 493) a observé dans les mêmes conditions un Syllidien, qu'il croit être une Typosyllis hyalina Gr. (2) Voir Annél. Polych. des côtes de Dinard, 4° partie (Ann. des Sc. Nat., ime série, t. XX, 1895,.p. 188/et pl. XT, fig. 2-3). (3) Grube, Actinien, Echin. und Würmer des Adriatischen und Mittelmeers. Kôünigsberg, 1840, p. 97. LES ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 181 25 millimètres de long, corps épais, 102 segments, quelques- uns des derniers manquant. Palpes divergents. Segment buccal formant uue bosse, mais moins accentuée que chez les Odonto- syllis. Toutes lessoies composées ont l'article unidenté et pectiné. Méditerranée, Atlantique. EucersrA sExocuLATA Ehl. (1). ExLERsIA SExOcuLATA Marion et Bobretzky, Annél. du golfe de Marseille (Ann. des Sc. nat., 6me série, t. II, 1875, p. 20/{. ï — — Marion, Dragages au large de Marseille (Ibid., t. VIII, 1879, no 7, p. 48, et pl. XV, fig. 3 et 3a). — — Marenzeller, Polychæten von Ostspitzbergen (Zoo!. Jahrb. Abth. für system., t. NI, 1892, p. 410, et pl. XIX, fig. 2). — — Giard, Le laboratoire de Wimereux en 1889 (Bull. scient. de la France et de la Belgique, t. XXII, p. 279). — corNuTA Langerhans, Die Wurmfauna von Madeira (Zeits. für wiss. Zool., t. XXXII, 4879, p. 537, et t. XL, 1884, p. 247). — — Me Intosh, Marine Annel. (Polychæta) of South Africa (Marine investigations in South Africa, t. III, 1903, Cape Town, in-80, p. 39). 2? SYLLIS — Rathke. Rathke fauna Norwegens (Nova acta Ac. L. C. nal. curios., t. XX, 1843, p. 164, et pl. VII fig. 12). PIN e — Malmgren, Annul. Polych., 1867, p. 161, et pl.VIIL, fig. 45. 9? — — Mc Intosh, On the structure of the Brit. Nemerteans and some new Brit. Annel. (Trans. Edinb. Soc.,t. XXV, 1869, in-40, p. 415, et pl. XVI, fig. 15). 9? — — Levinsen, Syst. overs. over de Nord. Annul. (Vidensk. Meddelser for 1883. Copenhague, 1884, p. 286). ? — — Soulier, Revision des Ann. de la région de Cette. (Trav. de l’Inst. zool. de l’Univ. de Montpellier, 2e série, Mémoire n° 44, 1904, p. 39). Un exemplaire jeune dragué à 50 mètres dans un fond de vase et de Bryozoaires, à Saint-Raphaël. Corps incolore dans l'alcool, de 7**,80 de long sur 0,5 de large, 69 segments en tout, 6 yeux dont les 2 antérieurs punc- tiformes. Appendices moniliformes : les antennes paires et les cirres tentaculaires les plus longs ont 18 articles, les cirres dorsaux 14 et seulement 8, puis 5, à la fin du corps. Les cirres ventraux sont subulés et de la même longueur que le pied; les 2 cirres anaux longs de 0"”",48. Les soies composées sont à article bidenté pectiné avec article long de 0"*,01%4 pour les unes, de 0%",023 pour les autres. De plus, à partir du 1* seg- ment sétigère, 1l S'y joint { ou 2 soies différentes caractéris- tiques à long article très mince, pectiné, de0"",10, dont la pointe filiforme est bidentée, ce que je n'ai vu, comme Marenzeller, (4) Syllis sexoculata Ehlers. Die Borstenwürmer, p. 241 et pl. X, fig. 5-7. 182 DE SAINT-JOSEPH. qu'avec les plus forts grossissements (1). L'article devient trois fois moins long vers le 54% segment et la soie disparaît aux 5 derniers. Une soie simple dorsale fine se montre aux 14 der- niers segments. La dent est placée tout en avant de la trompe qui occupe 7 segments, le proventricule occupant les 4 suivants. Je trouve à Saint-Jean-de-Luz dans les Lithothamnion un petit exemplaire jeune de 3 millimètres de long sur 0"°,12 de large -et 29 segments sétigères. Les cirres dorsaux n’ont que 9 articles. Il y a 1 petit cirre anal impair à 2 articles. Commel’ont remarqué Levinsen et Marenzeller, il est difficile, avant de nouvelles recherches, d’assimiler l'£Al. seroculata à l'Ehl. cornuta de Rathke. Cette dernière, d’après Malmgren, est de taille plus forte et n’a que des soies unidentées. La S. cor- nuta des Hébrides décrite par Mc Intosh à 25 millimètres et des soies bidentées. Elle se rapproche done, sous ce dernier rapport, de l'ÆAl. sexoculata et si la S. cornuta de Rathke et de Malmgren a des soies semblables, ilfaudrait peut-être, malgré la différence de taille, confondre les 2 espèces. D'un autre côté la S. cornuta, du moins la variété Aystrir Me Int. du Porcupine a des cirres ventraux en languette (2) et l'EA/. seroculata des cirres ventraux subulés. Méditerranée, Atlantique, Mers du Nord ? SyLLIS (Syllis s. str. Lang.) cRacicis Gr. (3). SyLLIS GRACILIS Webster, Annel. Chæt. of the Virginian coast (Trans. of the Albany Inst., t. IX, 1879, p. 17). — — Gravier, Annél. Polych. de la mer Rouge (Nouv. Arch. du Muséum, 4me série, t. II, 1900, p. 150, et pl. IX, fig. 4). — Stolon femelle de S. gracilis (Ibid., p. 151, et pl. IX, fig. 5-6). — — Mesnil, Sur un cas de régénération de la partie antérieure du corps chez un Syllidien (Comptes rendus de la Soc. de Biol. Séance du 9 mars 1901). — — Soulier, loc. cit. supra. Mémoire n° 14, p. 31. Claparède, dans ses Glanures zootomiques parmi les Anné- lides de Port-Vendres, se contente de dire que les stolons sexués de la S. gracilis ont la forme ordinaire. Langerhans présumait (1) Marenzeller donne des figures exactes de toutes ces soies. (2) Me Intosh, Notes on the Gatty marine laboratory at Saint-Andrews (Ann. of. nat. Hist., 7n°e série, &. IX, 4902, p. 297). (3) Voir Annél. Polych. de Dinard, 1"° partie, 1887, p.158 et 4me partie, 1895, p. 190 et pl. XL, fig. 4-7. — Ajouter à la bibliographie les ouvrages ci-joints, et à l'habitat : Mer Rouge. LES ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 183 que ces stolons avaient la forme Zoida. M. Gravier en donna la preuve en décrivant la forme épitoque femelle d’une S. gracilis de la mer Rouge. Cette forme, je l'ai trouvée aussi à Cannes dans une pierre calcaire ramassée à 4 mètres de profondeur à la pointe de la Croisette. Elle ressemble beaucoup, sauf sous Le rapport des soies, à celle que j'ai décrite pour la Syllis alternosetosa St-Jos. (1). Elle a 8 millimètres de long sur 1 millimètre de large en avant et 32 segments dont 31 sétigères et l’anal. La tête à peu près ronde, un peu plus large que haute, avec 4 yeux énormes, a 3 antennes vaguement articulées. Elle est suivie immédiate- ment d’un 1* segment qui a de chaque côté un cirre dorsal à 10 articles, une soie ypsiloïde, une soie à article bidenté (2), et un cirre ventral en languette plate long de 0**,4. Les cirres dorsaux et ventraux restent semblables à tous les segments; mais il y à des combinaisons variables pour les soies : du 2*° au 4% segment, 2 soies ypsiloïdes et 1 soie à article bidenté; du Dani O LE 12 S0IES ypsiloïdes et 2 soies à article ; du 11*° au 17%°, 1 soie ypsiloïde et 3 soies à article; du 18% au 31%, 4 à 5 soies à article sans soie ypsiloïde. La longueur des articles des soies composées est assez variable. Du 2*° au 30*° segment, il apparaît au-dessous du cirre dorsal un faisceau de nom- breuses soies natatoires dont la pointe très fine et flexible se recourbe facilement en crochet, comme l’aremarqué M. Gravier; elles sont accompagnées d’un acicule fin recourbé en arrière. Le segment anal achète a 2 longs cirres anaux moniliformes à 24 articles et un petit nd impair inarticulé. Le corps est bourré d'œufs gris. XENosYLLIS sCABRA Ehl. {3). XENosyLLIS scasra Marion et Bobretzky, Étude des Annél. du golfe de Marseilie (Ann. des Sc. nat., 6me série, t. II, 1875, p. 26). — — Langerhans, Die Wurmfauna von Madeira Iter Theil (Zeëés. für wiss. Zool., t. XXXII, 1879, p. 548. — IVter Theil (Ibid., t. XL, 1884, p. 248). (1) Voir Annél. Polych. de Dinard, 1° partie, 1887, p. 153. (2) Ces deux sortes de soies sont figurées exactement par Marion, Annél. de Marseille (Ann. des Sc. nat., 6% série, t. Il, pl. IL, fig. 6). (3) Syllis scabra. Ehlers, Die Borstenwürmer, p. 244 et pl. XI, Fe 1-3. 184 DE SAINT-JOSEPH. Même habitat que la précédente à Cannes. Le corps, de couleur jaune, long de 3°*,72 sur 0**,48 de large sans les appendices vers le 10° segment, est presque moitié moins large aux 1°* et aux derniers segments. Îl a 53 segments en tout. Le côté dorsal, les flancs et les 2 cirres anaux très courts (0"*,050 sur 0"*,037) en palette sont couverts de petits tuber- cules. Ehlers décrit exactement la tête et le 1° segment. À tous les segments suivants, les articles des cirres dorsaux massifs, au nombre de 5 à 8, semblent emboîtés les uns dans les autres. Les cirres ventraux sont extrêmement petits, les soies, à article unidenté. La trompe chitineuse est inerme ; le proventricule de forme presque globuleuse estsuivi d’un ventricule triangulaire sans poches latérales qui débouche dans un premier renflement de l'intestin auquel succèdent de grands cæcums latéraux comme chez les Eurysyllis (1) et les Trypanosyllis. Ces cæcums colorés en jaune vif pourraient faire prendre à pre- mière vue la X. scabra pour une Trypanosyllis cœliaca Clpd. Comme le remarquent Marion et M. Gravier (2), le genre Xenosyllis Mar. et Bobr. se rapproche du genre Eurysyllis Eh]. par sa forme massive, ses mouvements lents, la brièveté des cirres ventraux, les tubercules dorsaux du corps, la forme du proventricule, du ventricule sans poches latérales et des cæcums intestinaux. | Marion se refuse à assimiler, comme le fait von Marenzeller, la Pseudosyllis brevipennis Gr. à la Xenosyllis scabra (3). Méditerrannée, Atlantique. PronosyLzis LONGocIRRATA St-Jos. (4). Plusieurs exemplaires à Cannes dans des Lithothamnion fixés à des paquets d'herbes à 4 mètres de profondeur au nord de l'ile de Sainte-Marguerite. (1) La figure que je donne (Ann. Polych. de Dinard, 1"° partie, pl. IX, fig. 71) de cette partie du tube digestif chez l’Eurysyllis paradoxæa Clpd. s'applique exactement à la X. scabra. (2) Annél. Polych. de la mer Rouge (Nouv. Arch. du Muséum, 4*° série, t. I, 1900, p. 144). (3) Annél. Polych. des côtes de Dinard, 1'° partie, loc. cit., p. 187. (4) 1bid., p. 160 et pl. VIIL, fig. 24-29. LES ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 185 EusyLuis LAMELLIGERA Mar. et Bobr. (1). Même habitat que la précédente, à Cannes. SYLLIDES LONGOCIRRATA OErst. (2). Même habitat que les précédentes, à Cannes. L'espèce de Cannes qui à 4 millimètresde long et 37à43 seg- ments sétigères diffère de celle de Dinard en ce que le corps estcoloré en jaune comme celle de Norvège (OErsted), de Marseille (Marion et Bobretzky) et de Madère (Langerhans). Les palpes sont presque coalescents. La soie dorsale simple apparaît dès le 1°* segment sétigère. Lessoies composées ont l’article bidenté. Oponrosyeuis G1BBA Clpd. (3). Même habitat que les précédentes, à Cannes. OponTosyLLis CTENOSTOMA CIpd. (4). Assez nombreuses à Cannes dans les éponges et les pierres calcaires près de la pointe de la Croisette. Couleur jaune ; intes- tin orangé; œufs violets. Un exemplaire à Saint-Raphaël, dans les algues calcaires du rivage au Lion de terre. GRUBEA PUSILLA Duj. (5). À Cannes, dans un morceau de bois rongé par les Tarets. GRUBEA CLAVATA Clpd. (6). À Cannes, dans les Lithothamnion au nord de l'ile de Sainte- Marguerite. GRUBEA TENUICIRRATA CIpd. (7). A Cannes, même habitat. (4) Voër Annél. Polych. de Dinard, p. 169. (2) Ibid., p. 165. — Ajouter à la bibliographie : Webster and Benedict, The Annelida chœtopoda from Eastport, Maine (Annual report of the commiss. of fish and fisheries for 1885. Washington, 1887, in-8, p. 717). (3) Voir Annél. Polych. de Dinard, 4"° partie, loc. cit., p. 173 et pl. VIE, fig. 40. (4) 1bid., p. 177. (3) Lbid., p. 203 et pl. X, fig. 77-78. — Ajouter à la bibliographie : Soulier, loc. cit. Mémoire n° 14, 1904, p. 15. (6) Ibid, p. 200 et pl. X, fig. 75-76. (7) Sphærosyllis tenuicirrata Claparède, Glanures parmi les Annélides de Port-Vendres, 1864, in-4°. Tirage à part, p. 87 et pl. VE, fig. 2. 186 DE SAINT-JOSEPH. AUTOLYTUS ORNATUS Mar. et Bobr. (1). À Cannes, dans des pierres calcaires au nord de l'ile de Sainte-Marguerite. AuroLyrus pIcrus Ehl. (2). À Cannes, un exemplaire non mûr dans une grosse éponge couleur lie de vin, à la pointe de la Croisette ; à Saint-Raphaël, plusieurs dans des algues calcaires du rivage au Lion de terre: ? AUTOLYTUS PROLIFER O. F. Müll. À Cannes, dans des Lithothamnion au nord de l’île de Sainte- Marguerite, je trouve un Auwtolytus de 62 segments, long de 7 millimètres sur 0"*,42 de large, pieds compris, de couleur rose très pâle uniforme. La tête a 4 Yeux assez gros, presque coalescents, et 3 antennes dont la médiane, plus forte et plus longue que les latérales, à 1 nullimètre de long. Les cirres tentaculaires les plus longs du 1* segment ont 0*",36 comme les 2 antennes latérales. Le cirre dorsal du 2° segment (1* séligère), presque aussi long que l'antenne médiane, a 0,84, celui du 3" segment 0"",14 et les suivants tous très courts, 0"*,075 ; les cirres anaux ont 0%,12. À tous les pieds il y a 6 à 7 soies composées d'Autoly- tus dont une est remplacée à partir du 42% segment par une soie à article en alène. La trompe qui à 1 millimètre de long et décrit une seule circonvolution, est couronnée de 10 dents égales ; le proventricule à 40 à 42 rangées de points gris. Après le 42*° segment on voit quelques petits œufs gris très peu nombreux de 0"®,04 de diamètre. Il n’y a pas d’autres signes d’épitoquie que la grosseur des veux. Cette courte description répond à peu près, sauf qu'ici les concrétions de la peau manquent, à celle que donne Lan- gerhans (3) de l’Awtolytus prolifer, assimilé par lui à l'A. Hes- (1) Voir Annél. Polych. de Dinard, 1" partie, 1887, p. 100 et pl. X, fig. 98-99. (2) Ibid. p. 222 et pl. XL, fig. 100-105. (3) Die Wurmfauna von Madeira. te" Theil (Zeits. für Wiss. Zool., t. XXXII, 1879, p. 576 et pl. XXXII, fig. 29). LES ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 187 peridum Clpd. (1). Von Marenzeller (2) fait des réserves à ce sujet, admettant bien que l’Autolytus de Langerhans est le même que celui de Claparède, mais demandant de nouvellesrecherches avant de lui donner le nom d’A. prolfer, cette espèce d'O. F. Müller ayant été jusqu'iei insuffisamment étudiée. FAMILLE DES APHRODITIENS Sav. s. s#r. HERMIONE HysTrix Sav. nec BI. (3). HERMIoNE aysrrix Drasche, Beitr. zur entwick. der Polych., Ilter Heft : Entw. von Her- mione hystrix. Wien, 1865, in-80. = — Jourdan, Structure histologique des téguments et appendices sensi- ‘tifs de l'H. hystrix et Polynoe Grubiana (Arch. de Zool. expér., 2me série, t. V, 1887, p. 91, et pl. III et IV). — —- Mc Intosh, À Monograph of the Brit. Annel. II Polychæta. Ray Society, in-fol., 1900, p. 264, et pl. XXIV, fig. 7, pl. XXXVI, fig, 9, 41, 13. 14, pl. XXXVII, fig. 4-8. PI. LT, fig. 57. À Cannes, dans des touffes de racines de Posidonia Caulini Kœnig près de l’île de Sainte-Marguerite et à Saint-Raphaël (M. Adrien Dollfus) dans un dragage à 50 mètres de profondeur. L'espèce des côtes de Provence me paraît semblable à celle de Dinard. 40 à 55 millimètres sur 15 millimètres de large et 34 seg- ments. L'A. hystrix ayant été si souvent décrite, j'indiquerai seule- ment quelques particularités relevées chez un exemplaire de 40 millimètres en insistant surtout sur la répartition dessoies. dans les 1° pieds. Les palpes longs de 82%,5 terminés en pointe, sont garnis de très courtes (0,021) papilles en forme de bâtonnets, assez espacées les unes des autres. L'’antenne médiane, longue de 5 millimètres, a un article terminal spatulé comme les cirres tentaculaires, les cirres dorsaux et ventraux. C'est à l'extrémité de cet article terminal que vient s'épanouir le tronc nerveux qui forme l’axe de la tige de l'antenne et des cirres. Les cirres. (1) Annél. du golfe de Naples, p. 216 et pl. XIV, fig. 1. (2) Die Polych. der Bremer Expedition nach Ostspitzhergen. (Zool. Jahrb. Abth. Systematik, t. VI, p. 423). (3) Voir Annél. Polych. des côtes de Dinard, 22° partie (Ann. des Se. Nat., Tae série, t. V, p. 1888, p. 146). — Ajouter à la bibliographie les ouvrages ci- joints. 188 DE SAINT-JOSEPH. dorsaux, qui sont un peu plus courts aux segments antérieurs, atteignent plus loin 7**,20 dont 0"*,30 pour l'article ter- minal. Le cirre ventral du 2* segment (cirre buccal de Kinberg) a 2 millimètres de long, tandis que les autres n’ont que 0"",84. Il y a 15 paires d’élytres aux segments 2, 4,5, 7, 9..., 25, 28,31 dont la 1"et la dernière plus petites que les autres. La cuticule des élytres est couverte de très petits polygones entremêlés de pores d’un diamètre moyen de 0°®,01 (fig. 57). Le 1” segment qui se dresse de chaque côté de la tête et qui est porteur des 2 paires de cirres tentaculaires dont le plus long est aussi long que l'antenne médiane, a un pied uniramé avec un seul Hu. et de nombreuses soies capillaires plates et unies finissant en pointe fine et dirigées en l’air. Tousles autres pieds sont biramés. Au 2*° pied. au-dessous de l’élytre, à la rame dorsale, ou de soies a simples recourbées en arrière ; à la rame ventrale conique 2 ou 3 soies en andouiller jaunes, avec 10 à 11 épines à la plus longue branche ; il s’y joint au-dessous 25 à 30 soies pennées plus fines bien figurées par Claparède (1). Elles ne sont pas à la rame dorsale comme le dit Me Intosh. Au 3° pied, le cirre dorsal est accompagné des mêmes soles qu'à la rame dorsale du 2°° et en outre de 4 à 5 soies recourbées plus grosses, plus longues, parsemées de très petits tubercules qui à l'extrémité de la soie deviennent assez nombreux el assez serrés pour y former un bouton d’où sort quelquefois la pointe de la soie (2). Les soies ventrales sont les mêmes qu'au 2%° segment. Aux 4"*et5""pieds (élytrigères) les soies dorsalessontlesmêmes qu'au 3%, mais le nombre des soies boutonnées augmente; à la rame ventrale, les soies pennées ont disparu pour ne plus repa- raître et les 3 à 4 soies à andouiller n’ont plus que 4 à 5 épines à la branchela plus longue. Au 6% pied (cirrigère) les soies dorsales restent les mêmes et à la rame ventrale les soies à andouiller n’ont plus que 2 épines. AuT*° pied (élytrigère) apparaissent à la rame dorsale, au- (1) Annél. du golfe de Naples, pl. L, fig. 2c. (2) 1bid., pl. I, fig, 24, 28. 15, à LES ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 189 dessus des autres, les grandes (1**,50) etfortes soies en flèche (1) d'un brun très foncé, avec un étui renfermant la flèche qui a 4 barbelures d’un côté et 5 de l’autre dirigées versle bas. Ces soies, au nombre de 12 à 14, se retrouvent à tous les segments élytrigères suivants, sauf le dernier et manquent aux pieds cirrigères. Au-dessous des soies dorsales des pieds élytrigères, il se mêle à la vase des soies feutrantes incolores, capillaires, longues et extrêmement fines qui contribuent à l'y retenir; elles ne recouvrent pas le dos. GENRE PONTOGENIA Clpd. Ehl. rev. PoNToGENIA cHRYsocomA Baird. (2). PoNTOGENIA cHRysocoMA Claparède, Annél. du golfe de Naples, p. 58, et pl. I, fig. 3. — — Marion et Bobretzky, 1tude des Annél. du golfe de Mar- seille {Ann. des Sc. nat., 6me série, t. IL, 1875, p. 3). — — Grube, Annul. Semperiana (Mém. Acad. des Sc. de Saint- Pétersbourg, Te série, t. XXV, n° 8, 1878, p. 20). — _ Jourdan, Téguments et appendices sensitifs de l'Hermione hystrix, etc. (Arch. de Zool. expér., 2me série, t. V, 1887, p. 99, et pl. IIL, fig. 3). APHRODITE ECHINUS Qfs., Quatrefages, Hist. nat. des Annel., t. I, p. 499, et pl. VI, fig. 5-7. PL. IL, fig. 58-68. Au sud de l’île de Saint-Honorat et dans le feutrage des débris de rhizomes de Posidonies qui forment des banquettes le long du rivage, sous le phare d’Agay. En général 34 segments et 30 millimètres de long sur 10 mil- limètres de large, y compris les soies, à la partie médiane du corps qui est plus large que les deux extrémités. Le dos est bombé, le ventre plat. La coloration, d’un brun clair du côté ventral, est d’un brun plus foncé du côté dorsal, ce qui est dû aux soies dorsales et à la vase retenue sur les élytres par les soies feutrantes. Les grosses soies dorsales recourbées des 2 pieds de chaque segment se rejoignent, formant un berceau (1) Annél. du golfe de Naples, pl. I, fig. 2r. (2) Hermione chrysocoma. Baird, Contributions towards a monograph of the species of Annel. belonging to the Aphroditacea, etc. (Journal of proceed. Linn. Soc. of London. Zoology, t. VIL, 1865, p. 178). 190 DE SAINT-JOSEPH. au-dessus du dos. Chez les animaux jeunes, le ventre et les soies sont plus clairs (1). Les élytres distribués comme chez l'Hermione hy ystrir (sauf peut-être, comme nous le verrons, au 2*° segment) sont imbri- qués et se croisent sur le dos. Outre une très grosse tache brune au-dessus de l’élytrophore, ils ont des taches plus petites: et des traînées de granulations brunes. Ils sont ovales (4 milli- mètres de large sur 5 millimètres de haut), à bord uni, sauf une seule échancrure au côté interne non loin de l’élytrophore (fig. 58). La cuticule est couverte de petits polygones comme chez l'Hermione hystrir, mais ici elle est parsemée, non de points, mais de tuberculestransparents hauts de 0",014à 0,017. Plus épaisse sur presque toute la surface de l’élytre que sur le bord uni qui en forme le contour, elle vient s’y profiler en franges plus ou moins arrondies ou pointues (fig. 59). La tête saillante et globuleuse (fig. 60), cachée par les 2 ély- tres du 4*° segment, à peu près aussi large que haute (1 mulli- mètre dans l'alcool), se termine de chaque côté du front par 2 ommatophores dont chacun porte 2 yeux noirs, placés l’un derrière l’autre. Tantôt ils sont de même taille, tantôt l’anté- rieur est le plus gros. Entre les 2 ommatophores s'élève l’an- tenne bien décrite et figurée par Claparède, longue de 2**,75. Les 2 palpes ont 4 millimètres de long (à peu près moitié moins que chez l’Hermione hystrix). Cylindriques et finissant en pointe, ils sont couverts de bâtonnets longs de 0",03. Le tubercule facial, prolongement des téguments et couvert de papilles, est placé sous les palpes. Au 1* segment, les 2 pieds uniramés encadrent la tête et portent chacun 2 cirres tentaculaires dont le supérieur presque aussi long que l'antenne médiane et l’inférieur moitié moins long. Ils sont accompagnés de soies très nombreuses, avec un seul acicule, droites, minces (0°,0084), plates, unies au bord, incolores et se terminant en pointe fine (fig. 61). Ces cirres tentaculaires, ainsi que les cirres dorsaux des segments cirri- (4) Voir, pour la forme du corps chez les Pontogenia, la figure que donne Ehlers de la Pontogenia sericoma Ehl. Florida Anneliden. (Memoirs of the Mus. of compar. Zool. at Harvard College, t. XV, 1887, pl. VIL fig. 1), mais chez celle-ci, Les soies dorsales ne recouvrent pas tout le dos, comme chez P. chryso- coma. LES ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 191 gères et les cirres ventraux ont 4 articles comme l’antenne médiane : le 1° basilaire, à base large, le 2% moitié moins large et le plus long des #, le 3*° deux tiers moins long et moitié moins large que le 2%, le 4% très court ét encore plus mince en forme de dé à coudre. L'article basilaire de tous ces appendices, prolongement du tégument, est couvert, comme le corps, de verrues transparentes, pédonculées, presque toujours recou- vertes de vase. Ces verrues du tégument, qui ont de 0**,042 à 0®* 10 de haut, ont été décrites et figurées par Jourdan. Le 2% segment, biramé comme les suivants, a à la rame dorsale des soies semblables à celles du 1” et à la rame ven- trale conique environ 20 soies pennées comme chez l'Hermione hystrix (fig. 62) et au-dessus d’elles 4 soies fourchues fortes et brunes bien figurées par Quatrefages (1). Chez quelques exem- plaires, ces soies sont plus grêles, et d’un Jaune elair rappelant celles de l'A. hystrir (fig. 63). Le cirre ventral (cirre buccal de Kinberg) est deux fois plus long (1*°,56) que ceux des segments suivants. Il m'est impossible de retrouver chez aucun exem- plaire l’élytre frangé rudimentaire signalé par Claparède. Cette paire d’élytres, à l'inverse des autres, est-elle très caduque ? Au 3° segment (cirrigère), à la rame dorsale, au-dessus de quelques soies feutrantes qui existent très nombreuses à tous les segments suivants et dont nous parlerons, apparaissent rangées les unes derrière les autres et dominant le dos, environ 18 grosses soies plates, recourbées en cimeterre avec 5 ou 6 crans au bord convexe, figurées par Claparède (2). Le eirre dorsal grèle, long de 1°°,75, est placé à leur suite; puis vient une touffe de soies capillaires, dirigées au-dessus de la rame ventrale, semblables à celles des 2 1° segments, mais plus courtes et toujours couvertes de vase. La rame ventrale est semblable à celle du 2* segment avec les soies pennées et les soies fourchues, mais le cirre ventral n'a plus, comme aux segments suivants, que 0**,70 de long. Au 4°° segment (élytrigère), la rame dorsale, du côté le plus rapproché du dos, à de très nombreuses soies feutrantes (Loc. cit, pleNE, “Mig: (2) Loc. cit., fig. 38. 192 DE SAINT-JOSEPH. recouvrant entièrement l'élytre. Ces soies très longues sont de 2 sortes : les unes très fines, incolores, assez vaguement articulées, larges de 0”,0028, terminées en crosse (fig. 64), les autres d’un jaune clair, se terminant en pointe, semblables comme largeur à celles du 1* et du 2*° segment, mais beaucoup plus longues. Au-dessus de ce feutrage s'élèvent les grosses soies brunes, recourbées en cimeterre. Il Y en à un 1” groupe de 20 environ, disposeés en cercle (fig. 65), autour d’un centre commun. Hautes de 3**,5 à 5 millimètres, elles ont souvent 12 à 15 crans et sont suivies d’un 2*° groupe de 15 à 18 soies semblables mais près de moitié plus courtes, également dis- posées en cerele et moins recourbées vers le dos; les crans sont moins distincts à la partie convexe étant souvent cachés par la vase. Au-dessous de ce 2% groupe, et plus près de la rame ventrale, il y a enfin une touffe de soies capillaires, courtes, incrustées de vase comme au 3*° segment. La rame ventrale conique, couverte de papilles a 4 grosses soies four- chues d’un Jaune très foncé. Les soies pennées ont dis- paru (1). La forme des pieds et la disposition des soies persistent jusqu'à la fin du corps telles qu'elles viennent d’être décrites pourle 4** segment. Seulement aux segments cirrigères (au 14%° par exemple) (fig. 66), le cirre dorsal grêle à 4 articles, de lon- gueur assez variable (2°*,5 à 4 millimètres), est placé non pas sur la même ligne que les soies, mais un peu en arrière entre les 2 groupes de soies en cimeterre. A partir de l'entrée de la bouche, la peau plus épaisse forme un bourrelet (mundpolster) trapézoïde, couvert de plis longi- tudinaux s'étendant jusqu’au 5"° segment. La trompe cartilagineuse, inerme, descend jusqu'au 15%° seg- ment. L'entrée en est garnie de papilles plates, violettes, en forme de pétales de fleur, longues de 0%°,36 sur 0°*,06 de large (fig. 67). Elles sont rangées sur de nombreuses lames de tissu conjonctif longitudinales, parallèles, longues de 4 milli- mètre, serrées comme les feuillets d’un livre. Dans chacune de ces lames s’enfoncent 7 à 8 tiges qui ont plusieurs branches (4) Voir dans Quatrefages (loc. cit., pl. VI, fig. 5) la figure d’un pied ély- trigère. LES ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 193 dichotomiques d’où sortent les papilles formant un bouquet de 15 à 20 pour chaque tige (fig. 68). Les œufs ont un diametre de 0®,18. Méditerranée. LEpinoNotTus cLava Mont. (1). À Cannes, au sud de Saint-Honorat et au Batiguier. À Saint- Raphaël, un exemplaire de 25 millimètres sur 5 millimètres de large, dragué à 15 mètres de profondeur dans les zostères et un autre plus petit dans les algues calcaires des rochers du rivage au Lion de terre. Claparède (2) donne une figure exacte de l'animal entier, qui est de couleur plus claire que l'espèce des côtes de l'Océan. HARMOTHOE spinirera Ehl. var. Lang. (3). À l’est de l’île de Sainte-Marguerite, dans des Lithothamnion fixés sur des Posidonies et dans un gros Madrépore, à 4 mètres de profondeur. Cette espèce est bien semblable à celle de Dinard. Un exemplaire a 7 millimètres de long; un autre 8 millimètres sur 1*°,75 de large et 36 segments. HARMOTHOE AREOLATA Gr. (4). ANTINoE Nogiuis Ray Lankester, On some new British Polynoina (Trans. Linn. Soc. of London, t. XXV, 1866, in-40, p. 375, et pl. LI, fig. 4-9). HARMOTHOE AREOLATA Claparède, Annél. du golfe de Naples, p. 71 et pl. IL, fig. 5. — — Malaquin, Les Annél. Polych. des côtes du Boulonnais (Revue biol. du N. de la France, t. II, 1890. Tirage à part, p. 18, et pl. VI, fig. 1-2). — — Mc Intosh, À monographe of the Brit. Annel. Part. II, Poly- chæta (Ray Society, 1900, in-fol., p. 349, et pl. XX VII, fig. 15; pl. XXX, fig. 3; pl. XXXII, fig. 17: pl. XXXIIL, fig. 3; pl. XXXIX, fig. 17-19). PI. IL fig. 69-70. Sous le phare d’Agay sur le rivage et au nord de l’île de Sainte-Marguerite, par 3 mètres de fond, dans une pierre calcaire, 2 exemplaires, l’un de 25 millimètres sur 7 millimètres (1) Voir Annél. des côtes de France (Ann. des Sc. Nat., 8%e série, t. V, 1898, p. 225 et pl. XIIL, fig. 2-8). (2) Suppl. aux Annél. du golfe de Naples, pl. I, fig. 2. (3) Voir Annél. Polych. des côtes de Dinard, 2e partie, loc. cit., t. V, 1888, p: 171. (4) Voir Annél. des côtes de Dinard, 2e partie, loc. cit., p. 169. : ANN. SC. NAT. ZOOL., 9e série, DS 19% : DE SAINT-JOSEPH. de large et 37 segments, l’autre de 20 millimètres de long sur 5 millimètres de large et 36 segments. Mc Intosh donne une description très détaillée de cette es- pèce. Il a retrouvé à Herm l’Antinoe nohlis, qui est bien l'A. areolata de Grube, 1860. Ce qui m'avait empêché de les réunir, c’est que l'A. nobilis a des cirres dorsaux en quenouille, tandis que l'espèce type de Grube, celle de Claparède et la mienne de Dinard n’en avaient pas ; depuis lors Malaquin et Me Intosh dans leur dernier travail, n’en ont pas non plus constaté. Mais Mc Intosh observe avec raison que la forme de ce cirre est va- riable. Ainsi je trouve à mes exemplaires de Cannes la forme en quenouille (fig. 69) et à des exemplaires de Naples, sem- blables à ceux-ci pour tout le reste, des cirres à peu près ordi- naires (fig. 70). Ces cirres sont de couleur blanche. Les élytres colorés en brun violacé sur leur bord externe ont des aires polyédriques de toutes les formes et de dimen- sions très différentes, de chacune desquelles s'élèvent au bord externe de grosses épines chitineuses recourbées, précédées d'une carène violette, et au bord interne des tubercules inco- lores. La 1" paire est ronde (1*",20 de diamètre), avec de grosses protubérances bien figurées par Me Intosh (1) et qu'on ne retrouve plus aux élytres suivants. Ceux-ci, ovales et vague- ment réniformes, hauts de 2°*,40 sur 1**,92 de large, sont exactement représentés par Ray Lankéster (2), sauf qu'il ne montre pas suffisamment les longues franges marginales qu'in- dique Claparède (3). Il y a 20 papilles à l'entrée de la Horn Manche, Méditerranée. Harmornor Lunucara D. Ch. (4). PoLYNoE LUNULATA Claparède, Annél. du golfe de Naples, p. 63 et pl. I, fig. 1. PI. IL, fig. 71-72. Sous le phare d'Agay, dans des fissures de pierres calcaires, 4) Loc“eit., pl Le fig."3. 2) Loc. cit:, fig. 5 3) Loc.\cit, fig. 5 ) Polynoe nn. Delle Chiaje, Descriz. e notomia, etc., pl. 144, fig. 5-6, fide Clpd, LES ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 195 2 exemplaires, dont un rempli de petits œufs de 0"*,072 de diamètre. 25 millimètres de long sur 4 millimètres de large et 37 seg- ments en tout. Le dessin brun des élytres diffère un peu de celui que figure Claparède (fig. 71) et du reste n’est pas exac- tement le même à tous les élytres. La tête est brune comme la base des 3 antennes (fig. 72). Les 2 yeux antérieurs, placés en avant, sont tout à fait latéraux et ne peuvent se voir en dessus. Les palpes glabres ont 1°°,50 de long; l’antenne médiane à 1"%,20 comme les 2 cirres tentaculaires les plus longs et les cirres dorsaux. Les 2 antennes paires sont excessivement pe- tites (0**,25) et de la taille des cirres ventraux, à part ceux du 2°° segment (cirres buceaux) qui sont trois fois plus longs. La base épaisse des cirres dorsaux est de couleur blanche. Tous les appendices, sauf les palpes, sont garnis de papilles peu nombreuses. Chaque pied a 12 à 15 soies dorsales et 40 à 45 soies ventrales, dont les inférieures moitié plus courtes que les supérieures et à peu près de même longueur que les soies dorsales. Celles-ci sont plus larges que les ventrales. Elles sont toutes deux bien figurées par Claparède, sauf qu'il représente les soies dorsales comme étant moins larges que les ventrales. L'entrée de la trompe est couronnée de 18 papilles. Il ya des papilles ventrales du 3*° au 32°° segment séligère. Méditerranée. LAGiScA EXTENUATA Gr. (1). Dans un gros Madrépore, à 4 mètres de profondeur, au nord ‘ Sainte-Marguerite, un exemplaire de 25 millimètres de long et 40 segments. Les élytres n’ont pas les verrues rondes margi- nales observées chez les L. extenuata de Dinard et de l'Océan, mais seulement desbâtonnetsbruns, tels queles figure Von Maren- zeller. STHENELAIS MINOR Pruv. et Racov. (2). Un seul exemplaire jeune dragué à 50 mètres, dans un fond de vase et de Bryozoaires, à Saint-Raphaël. (1) Voir Annél. des côtes de Dinard, 2e partie, loc. cit., p. 180 et pl. VII, fig. 52-54. — Annél. des côtes de France, loc. cit., p. 237. (2) Pruvot et Racovitza, Matériaux pour la faune des Annél. de Banyuls (Arch. de Zool. expér., 3%e série, t. LIT, 1895, p. 465 et pl. XX, fig. 111-121). 196 DE SAINT-JOSEPH. Corps incolore de 12 millimètres de long sur 1°*,20 de large, pieds compris sans les soies, terminé par 2 cirres anaux grêles de 1*°,44 de long, 68 segments en tout. : Tête ronde à # yeux placés sur le tiers antérieur, de chaque côté de la base de l'antenne médiane ; les 2 yeux de chaque paire sont superposés et à peine séparés l’un de l’autre. L’an- tenne impaire manque et 1l n'en reste que la base et les 2 cté- nidies latérales ; les palpes ont 1"*,44 de long. Première pare de pieds dirigée vers le haut, encadrant la tête. À chacun d’eux est accolée une des petites antennes laté- rales de la tête, en forme de languette, du côté le plus rapproché de la tête, et le côté le plus éloigné porte un cirre tentaculaire ventral long de 0**,29. Le cirre tentaculaire dorsal manque, et il n’en reste que la base large dans laquelle est engagé l’acicule unique du pied, qui est indistinctement biramé. Entre la petite antenne et le cirre ventral, soies simples, fines, cré- nelées au bord, qu’on retrouve seules aussi à la rame dorsale de tous les segments suivants. Enfin, se reliant en dessous à chacun des pieds par une membrane mince, se dressent les 2 cuillerons céphaliques digitiformes inclinés l’un vers l’autre et formant presque un arceau au-dessous de la tête. Au 2% segment (1* élytrigère), la 2% paire de pieds est net- tement biramée, avec des soies composées à article à la rame ventrale. Les pieds sont complets à partir du 5% segment. Longs de 0®®,48 sur 0°",23 de haut, ils sont presque cylindriques avec 2 rames un peu divergentes, contenant chacune un acicule. La rame dorsale à sa partie supérieure porte soit un tubercule dorsal, soit un élytrophore de la base desquels se détache une branchie ciliée, longue de 0**,10 à laquelle font suite sur le dos de la rame 3 cténidies. La rame se termine en avant par 3 sty- lodes garnis à leur extrémité de petites papilles (1). Les soies simples semblables à celles du 1 pied décrivent un demi-cercle autour de l’acicule, comme je l'ai décrit chez la Psammolyce arenosa D. Ch. La rame ventrale a un cirre ventral long de 0%*,25 avec petite proéminence en forme de dent sur sa face dorsale, (1) Voir Pruvot et Racovitza, pl. XX, fig. 112, LES ANNÉLIDES POLYCHETES DES COTES DE FRANCE. 197 près de sa base; ellese termine en avant par 3 stylodes à papilles. Les soies émergent sous 3 membranes de formes différentes (bractées parapodiales de Pruv. et Racoy.) : la supérieure tronquée obliquement, la médiane en pointe, et l’inférieure tronquée; l’état de conservation de l’animal ne me permet pas de voir si elle est crénelée au bord. Les soies sont toutes composées à article en serpe bidentée : les unes plus longues et finissant en pointe très fine et cependant bidentée, ont 4 pseudo-segments à la serpe et 4 à 7 denticules à la partie supérieure de la hampe, les autres ont 2 ou 3 pseudo-segments ou seulement 1 avec 4 à 7 denticules à la hampe, beaucoup plus fins. Les soies à un seul pseudo-segment ont la serpe plus courte, plus forte et plus recourbée. Il n’y à pas une seule soie simple à rangées de den- ticules en spirale, comme on en observe à la rame ventrale de presque toutes les Sthenelaïs. Élytres aux.sesments 2,-4,,5, 1... 19 et; à parir. du 20% à tous les segments, minces, incolores, recouvrant tout le dos, parsemés de grains de sable à tous les segments élytrigères, orbiculaires au 2*° segment, puis légèrement échancrés au bord antérieur (1), ayant alors 0**,60 de large sur 0°*,72 de haut, et ensuite réniformes, bordés du côté externe d’environ 27 papilles plates, longues au plus de 0**,06, entremêlées ou non de très petites papilles rondes à poil tactile. Ils sont couverts de tuber- cules hauts de 0°",014 et larges de 0**,015 à la base. Les grains de sable doivent être agglutinés par une substance sécrétée, car il n’y à pas de papilles à cupule pour les retenir comme ner la Psammolyce arenosa. La trompe au repos se prolonge jusqu’au 16% segment, et les 2 mâchoires se trouvent à la hauteur du 5°*°. Méditerranée. FAMILLE DES AMPHINOMIENS Sav. EuPHRosy\E roLiosa Aud. et Edw. (2). Eupxrosyne ForiosA Marion et Bobretzky, Étude des Annél. du golfe de Marseille (Ann. des Sc. nat., 6me série, t. II, 1875, p. 10). (4) Loc. cit., pl. XX, fig. 119. (2) Voir Annél. des côtes de Dinard, 2e partie, loc. cit., p. 190 et ajouter à la bibliographie les ouvrages ci-joints. 195":# DE SAINT-JOSEPH. Eurnrosyne roLrosa Horst, Contrib. towards the Knowledge of the Annel. Polych. Amphinomidæ (Notes from the Leyden Museum, t. VIIT, 1886, p. 172). — New species of the genus Euphrosyne from the Si- boga-expedition with a table of the species hitherto known. (Ibid., t. XXIII, 1901, p. 122). — — Mc Intosh, Some points in the structure of Euphrosyne (Quart. Microsc. Journ., 1894, p. 53-66, et pl. VI et VII). — A Mo- nograph of Brit. Annel. II. Polychæta. Ray Society, in-fol. 1900, p. 234, et pl. XXIV, fig. 3; pl. XXXV, fig. 1, 3, 15-18. _ — Goodrich, The nephridia of Polych. Amphinomidæ (Quart. Mi- crosc. Journ., 1900, p. 712, et pl. XLII, fig. 40). — — Racovitza, Lobe céphalique et encéphale des Annél. Polych. (Arch. de Zool.expér., 3%e série, t. IV, 1896, p. 186 et pl. I ctIf, fig. 7-18). 5 PIN ee; À Cannes, dans les pierres calcaires et les Lithothamnion, près du rivage et dans un dragage à 70 mètres de profondeur au large de la Bocca, plusieurs petits exemplaires de 4,5 à 7 millimètres de long, les uns rouge cinabre, les autres presque orangés, semblables à l'espèce de Dinard, avec le cirre médian placé entre la 2° et la 3° branchie. Mais les rameaux des bran- chies, au lieu de se terminer par un gros bourgeon, ont seule- ment l'extrémité obtuse précédée d’un renflement (fig. 73), ce que Grube avait déjà constaté chez son Æ. Mediterranea et ce que j'observe aussi chez les Euphrosynes de Naples. Peut-être faudrait-il, de l'espèce de Grube, qu'il avait assimilée à l'Æ. /o- liosa, faire une variété Mediterranea. Manche, Atlantique, Méditerranée. FAMILLE DES PALMYRIENS Schmarda. CHRYSOPETALUM DEBILE Gr. (1). PALMYRA (PALMYROPSIS) EVELINAE Clpd. Claparède, Glanures zoot., parmi les Annél. de — — = Port Vendres. Tirage à part, 1864, in-4°, p. 126 et pl. VII, fig. 6. — — — Quatrefages. Hist. nat. des Annel., t. II, p. 655. CHRYSOPETALUM FRAGILE Ehl. Ehlers, Die Borstenw. 1864, p. 81, et pl. IL, fig. 3-9. — Claparède, Annél. du golfe de Naples, p. 107. — — Marion et Bobretsky, Étude des Annel. du golfe de Marseille. (Ann. des Sc. nat.. 6me série, t. II, 1875, p. 9). — — Langerhans, Die Wurmfauna von Madeira (Zeits. für wiss. Zool., t. XXXIII, 1879, p. 278, et t. XL, 1884, p. 254). — DEBILE Racovitza, Lobe céphalique et encéphale des Annél. Polych. (Arch. de Zool. expér., 3 série, t. IV, 1896, p. 209, et pl. II, fig. 27, pl. IV, fig. 28-33). PI. [V, fig. 74. Dans une pierre calcaire draguée à l’est de l’île Sainte-Mar- (1) Palmyra debilis Grube, Beschr. neuer oder wenig bekannt. Annel. (Archiv für naturg., 1855, p. 90 et pl. IE, fig. 3-5). LES ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 199 guerite, un seul exemplaire de 6 millimètres de long sur 0"",72 de large et 39 segments en tout. Couleur jaunâtre. La description de l'animal entier, faite par Ehlers, est excel- lente ; elle a été complétée par M. Racovitza, en ce qui concerne la tête pour l'organe nucal cilié. L'’antenne impaire a 0**,04 de haut ; les 2 antennes paires ont 0"*,16, les 2 deux palpes cylindriques, épais et tronqués, 0"*,084 sur 0°*,048 de large. Les 2 1°* segments, presque fusionnés, ont chacun une paire de cirres tentaculaires, longs de 0**,3 et seulement quelques soies en palée. Au 3° segment, comme aux suivants, les palées en éventail, dont les plus larges ont 7 côtes, recouvrent le dos (comme les soies en cimeterre chezles Pontogenia) et les côtés; les soies en serpe hétérogomphe apparaissent. Celles-ci ont une hampe sem- blable à celle des soies de Néréides et un article mince unidenté, dentelé au bord comme celui des soies de Syllidiens, long de 0°*,056. Le cirre dorsal recouvert parles palées à 0,3 de long, et les cirres ventraux moitié moins. Le segment anal achète, haut de 0**,10, est terminé par 2 très petits cirres anaux ventraux sans base, grêles et trans- parents, longs de 0**,03 parcourus par une fibre nerveuse (fig. 74). Ehlers a pris sans doute pour les cirres anaux les eirres dorsaux du segment antéanal. | | Le sang est vert. A la base des pieds, j'observe, comme Eblers, des trainées de pigment rouge qui pourraient bien indi- quer des organes segmentaires vus par transparence. Le Chrysopetalum occidentale Johnson (1) semble différer fort peu du C. debile. Méditerranée. FAMILLE DES EUNICIENS sensû Gr. HyaciNogcrA TuBicoLa 0. F. Müll. (2). DANÉTEANSe Plusieurs exemplaires dragués à Saint-Raphaël, à 50 mètres (4) Johnson, À preliminary account ofthe marine Annel. of the Pacific coast with description of new species (Proceed. of the California Acad. of Sc., 3%esérie, t. L, neo 5, p. 161 et pl. V, fig. 15-16, pl. VI, fig. 17-19). (2) Voir Annél. Polych. des côtes de France, loc. cit., t. V, 1898, p. 242 et pl. VII, fig. 30. je 200 DE SAINT-JOSEPH. dans un fond d'algues et de Bryozoaires. Habitant un petit tube transparent de 50 millimètres de long et 2 millimètres de diamètre, dont M. Watson a décrit les valvules intérieures (1). Corps long de 35 millimètres et large de 2 millimètres à 2" 5, pieds compris; 106 segments. Dos bombé aux deux tiers antérieurs du corps qui s’aplatit et devient plus mince à la fin. Antennes les plus longues ayant 5 millimètres et atteignant, rabattues sur le dos, le 10*° segment. Cirres ventraux bien déve- loppés aux 3 1° sétigères, s’arrondissant au 4°°, devenant un simple mamelon aux 5° et suivants, puis disparaissant. Cirres dorsaux à tous les segments avec très fins acicules dans leur base. Lèvre dorsale du pied disparaissant presque dès le 7*° séti- gère. Lèvre ventrale plus importante persistant jusqu’au 22°° à 27°. Branchie en lanière simple, longue de 0°°,72, appa- raissant au 20%, mais en général au 24*° ou 25° sétigère, atteignant sa plus grande longueur (7 millimètres) vers le milieu du corps, manquant aux 3 derniers segments et n'ayant plus que 0°",084 de long aux segments précédents. Aux trois derniers segments rien que des rudiments de cirres dorsaux et de soies. Segment anal apode et achète presque globuleux avec 2 cirres anaux longs de 4 millimètres (sur un exemplaire j'en observe 3 comme chez l'Hyalinæcia rubra Lang.). Au 1° pied, 6 soies jaunes et fortes pseudo-articulées (2) avec lames dissectrices, # soies simples, fines et transparentes, en ciseau lacinié, comme il y en a à tous les segments, sauf les 3 derniers ; toutes les lanières sont de longueur égale. Au 2°° pied, 2 soies pseudo-articulées et soies limbées ; aux 3°° à 22%°, rien que des soies limbées et des soies en ciseau lacinié. Aux 23*° à 27° pieds apparaissent 2 soies simples aciculaires à 2 crocs avec lame dissectrice (3) persistant jusqu’à la fin du corps. Chez 2 exemplaires ne différant en rien des autres sous les autres rapports, la répartition des soies subit des modifications dans les derniers segments. Chez l’un, les 2 soies aciculaires sont (1) Watson, Observ. on the habits of Onuphidæ and on the internal struc- tures with which they fortify their homes (Trans. Liverpool Soc., t. XVII, 1903, p. 303 et pl.). (2) Langerhans, Die Wurmfauna von Madeira (Zeits. für wiss. Zool., t. XXXIU, 1879, pl. XV, fig. 26.b). (3) Ibid., fig. 26 e. LES ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 201 remplacées aux 14 derniers par 3 soies composées à article en serpe bidentée à capuchon (1), accompagnées d'une seule soie limbée sans soies en ciseau pectiné. Chez l'autre, pour les 15 derniers segments, il y en a d’abord 7 avec 1 soie aci- culaire, 2 soies composées à serpe bidentée, 2 sotes limbées et { en ciseau pectiné, puis 5 avec 3 soies articulées et 1 lim- bée, et enfin 3 antéanaux avec rudiments de soies articulées. Mâchoire inférieure semblable à celle que figure Langerhans (loc. cit., fig. 26 a). Màchoire supérieure semblable à celle que figure Ehlers s (2), avec les modifications suivantes : la 2*° paire de mâchoires (dent d'Ehlers) à 12 denticules à gauche et à droite ; la paire impaire 12 denticules ; la 3°° paire de mâchoires (sägeplatten d'Ehlers) 7 dents à gauche et 5 ou 6 à droite. Les œufs des exemplaires mûrs ont un diamètre de 0"",24 ils sont entourés d’une membrane vitelline traversée par de très fins canalicules verticaux (zona radiata) ; la surface est couverte de nombreuses fossettes qui ont Dpe EnCe de pores fig. 75) (3). L'espèce de Saint- nue se rapproche plus de celle de Madère, décrite par Langerhans, que de celle de l’Adriatique, décrite par Ehlers. Eunice Harassnr Aud. et Edw. (4). Pruvot et Racovitza, Matériaux pour la faune des Annélides de Banyuls (Arch. de Zool. expér., 3me série, t. III, 1895, p. 384, et pl. XVII, fig. 48-58, et XVIII, MS: RE PL. LV, fig. 76. Un exemplaire jeune de 50 millimètres de long sur 2**,5 de large, avec 115 segments, dragué par M. Dollfus à Saint- Raphaël, dans un fond de zostères de 15 mètres. La 1" paire de branchies en lanière simple est au 4” segment séligère (chez un autre elle n’est qu'au 6°). La soie aciculaire Jaune encapuchonnée apparaissant au 36° segment (fig. 76) est de forme différente de celles de l'Eunice Claparedu, ce qui est à (1) Ibid., fig. 26 d. (2) Ehlers, Die Borstenwürmer, pl. XIIL, fig. 12. (3) Voir sur les œufs d'H. tubicola : Bergmann, Untersuchungen über die eibildung bei Annel. und Cephalopoden (Zeits. für wiss. Zool., t. LXXIIT, 1902, p. 279-288 et pl. XVII, fig. 1-19). (4) Voir Annél. Polych. des côtes de Dinard, 2r° partie, loc. cit., p. 197 et pl. VIN fig. 59. 202 DE SAINT-JOSEPH. ajouter aux différences déjà signalées entre les deux espèces. Mais il faut observer que la forme de l’extrémité de ces soies aciculaires d'Euniciens varie sensiblement selon la position dans laquelle on les examine. Un autre exemplaire trouvé par moi à Cannes, au sud de Pile de Saint-Honorat, dans une pierre calcaire, à 27 millimètres de long sur 1°°,50 de large, et 88 segments. Tous ces exemplaires, comme deux autres à peu près de même taille venant de Saint-Honorat, ont au plus 3 ou rare- ment 4 filaments branchiaux aux branchies ; les 10 à 30 der- niers segments sont abranches. Les taches pigmentatres noires de la base du cirre dorsal se montrent au 10%°-12°%° segment et persistent jusqu’à la fin du corps. Euxice CLaparEnir Qfg. (4). PIS tte nnE À Cannes dans les Lithothamnion, près de l’île de Sainte- Marguerite, à 3 ou 4 mètres de profondeur, un petit exemplaire de 10 millimètres de long sur 1 millimètre de large, comptant 49 segments. Corps de couleur acajou tirant sur le violet avec colliers blancs au 3%° et au 6*° segments et petite raie blanche transversale antérieure aux autres. Tête à peine bilobée. Antenne médiane moniliforme à 4 articles ayant chacun un anneau brun à leur base : les autres antennes à 3 articles. Cirres tentaculaires et cirres dorsaux non moniliformes à 2 arücles. À parür du 13"° segment sétigère les cirres dorsaux sont inar- ticulés. 1* segment aussi haut que 2 segments du corps; 2**° segment moitié moins haut que ces segments; 3*° segment (1° sétigère) avec très peu de soies. Les cirres dorsaux de ce segment et des 2 suivants ont 0"*,30 de long et sont plus longs que les autres, comme le remarquent Pruvot et Racovitza. Cirres ventraux à base globuleuse devenant subulés au 14°° segment sétigère. À partir du 5%° segment sétigère les soies, toujours accompagnées de 2 acicules noirs, deviennent plus nombreuses : au faisceau supérieur 4 à 5 soies en cimeterre, (1) Quatrefages, Hist. nat. des Annel., t. IL, p. 656. — Voir pour bibliogra- phie et pour comparaison avec l'Eunice Harassi Aud. et Edw., et l'E. torquata Qfg. : Annél. des côtes de France, loc. cit., p. 271 et 272. LES ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 203 1! ou 2 soies transparentes en forme de eiseau dont le bord est découpé en plusieurs lanières avee une de ces lanières plus longue que les autres à l'extrémité d’un seul côté (1); au fais- ceau inférieur 8 à 9 soies composées à serpe bifide encapu- chonnées, telles que les figurent Pruvot et Racovitza (lor. cit. fig. 74). Soie aciculaire simple noire bifide avee capuchon (ce qui tient peut-être au Jeune âge de l'animal) apparaissant au 14% segment sétigère et persistant jusqu’à l’avant-dernier. Branchie en lanière simple du 3%° au 18° segment sétigère; Le reste du corps en manque. 4 cirres anaux dont 2 dorsaux à 4 articles longs de 0®",40 et 2 ventraux inarticulés très petits (0er, 94) Un autre exemplaire, trouvé par M. Adrien Dollfus à Saint- Raphaël, dans les algues calcaires du rivage au Lion de terre, a 0 millimètres de long sur 2°°,5 de large, avee 116 segments. La description précédente est applicable, sauf les modifications suivantes : les 2 lobes de la tête sont beaucoup plus accusés, tous les appendices sont moniliformes ; l'antenne médiane a 11 articles, les autres 8, les cirres tentaculaires et les cirres dor- saux 4; 1] y à 3 acicules jaunes minces et flexibles dans la base des cirres dorsaux, longs de 0**,72 ; la soie aciculaire simple, noire, bifide, apparaît au 29% segment (fig. 77); la branchie a une lanière simple au 3° sétigère, puis 2 filaments de olabn 202 dut? au32 JetteniniNtseul du 33*° jusqu’au 24*° avant-dernier où cessent les branchies. Les 2 cirres anaux dorsaux, longs de 1**,90, ont 7 articles, et les 2 ventraux, longs de 0"",24 sont imarticulés. Méditerranée. EuxicE ToRQUuATA Qfg. nec Pruv. et Racov. (2). Trois exemplaires dont deux incomplets trouvés à Cannes, dans des touffes de racines de Posidonies par 3 à 4 mètres de profondeur, près de l’île de Sainte-Marguerite, et un exemplaire ramassé par M. Brôlemann à Saint-Raphaël, au Lion de terre. (1) Pruvot et Racovitza trouvent une lanière longue d'un côté, et une moins longue de l’autre. (2) Quatrefages, Hist. nat. des Annel., t. I, 1865, p. 312. — Voir Annél. des côtes de France, loc. cit., p. 266 et pl. XIV, fig. 45-54. 204 DE SAINT-JOSEPH. Tous sont plus petits (le plus long a 13 centimètres sur 4 milli- mètres de large) que ceux que j'ai récoltés à Saint-Jean-de-Luz. On peut leur appliquer la description que j'ai donnée de ces derniers. Il y a donc un seul collier blanc au 6” segment, 2 cirres anaux seulement ; les soies (sauf celles en ciseau lacinié), les mâchoires sont semblables. Mais à cause de la moindre taille, 1l y à moins d'articles aux appendices de la tête et du corps et moins de filaments aux branchies (2 à 4 au 1* segment bran- chifère et 6 au plus ensuite) et les segments abranches sont plus nombreux à la fin du corps. Ainsi un exemplaire en a 14. La présence des branchies à un plus ou moins grand nombre de segments postérieurs doit dépendre de l’âge et de la taille de l'animal, car je trouve à Concarneau en 1900 un très grand exemplaire de 400 millimètres, qui a encore 2 filaments branchiaux au 4% avant-dernier segment et à qui il reste encore une branchie en lanière aux 3 segments antéanaux. J'observe à Cannes les différences que J'avais signalées entre l'E. Claparedü etV\E. torquata, sauf une seule : les deux espèces ont la soie en ciseau lacinié avec une lanière plus longue d’un côté. Y aurait-il là un caractère suffisant pour établir une variété de VE. Claparedn ? D'après la description précédente de ces exemplaires Jeunes des trois espèces : Æ£. Harassü, E. Claparedu, E. torquata, en la comparant à celle qui à été si souvent donnée des exem- plaires adultes, on peut juger des changements qui se pro- duisent avec l’âge et la taille, comme je l'avais déjà indiqué pour l'E. Harassü de Dinard. Les articles des appendices de la tête et du corps sont moins nombreux ou à peine indiqués. Les branchies ont moins de filaments et s'arrêtent à des segments plus éloignés de l'extrémité du corps. Les soies aciculaires appa- raissent à des segments plus rapprochés de la tête. Méditerranée, Atlantique. Euxice virraTa D. Ch. (1). Mc Intosh, Notes from the Gatty laboratory St-Andrews : on the British Eunicidæ (Ann. of nat, hist., Tne série, t. XI, 1903, p. 558). À Cannes, un exemplaire mâle dans une pierre calcaire à (1) Voir pour la description et la bibliographie : Annél. Polych. des côtes de France, loc. cit., p. 272 et pl. XIV, fig. 55-59. LES ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 205 4 mètres de profondeur, au nord de l’île Sainte-Marguerite et 2 exemplaires jeunes ramenés dans des paquets de faubert trainés à 70 mètres de profondeur au large de la Bocca. L’exemplaire mâle à 63 millimètres de long sur 4 millimètres de large en avant et 122 segments. Les bandes rouges et roses sont vivement colorées; de plus, il y a une raie blanche dor- sale à chaque segment et, dans la dernière moitié du corps, 3 raies blanches ventrales fines. Les branchies commencent au 3° sétigère avec 2 filaments, atteignent leur maximum de 9 filaments vers le 15"° sétigère et disparaissent au 43". L'antenne médiane, longue de 6 millimètres, atteint le 12*° segment. Les 2 exemplaires plus Jeunes et moitié plus courts ont moins de filaments aux branchies et moins de segments branchifères. Moins colorés que le grand exemplaire, ils ont le ventre d'un blanc nacré uniforme. Ce qui me paraît caractériser cette espèce, c'est, en dehors de la coloration, la grande vivacité des mouvements, la longueur de l’antenne médiane et la soie aciculaire trifide, forme qu’on rencontre surtout chez les Eunice exotiques. L'espèce des côtes de la Grande-Bretagne aurait, d’après Mec Intosh, moins de filaments aux branchies et plus de seg- ments branchifères que celle des côtes de l'Océan et des côtes de Provence. A l'habitat que j'ai déjà indiqué pour l’£. wittata, 11 faut joindre les côtes du Japon (1). Evnice siciciensis Gr. (2) Eunice SrciLiensis Ehlers, Die Borstenwürmer, 1864, p. 353, et pl. XVI, fig. 1-7. — — Grube, Die insel Lussin, 1864, p. 79. — Annul. Semperiana (Ménr. ac. des Sc. de Saint-Pétersbourg, Tme série, t. XXV, n° 8, 1878, p. 161). — — Claparède, Annél. du golfe de Naples (Supplément, 1870, p. 27, et pl. IL, fig. 5). — Langerhans, Die Wurmfauna von Madeira Ilter beitrag (Zeits. für wiss. Zool., t. XXXIII, 1879, p. 294). — — Ehlers, Zur Kennt. der Ostafrikanischer Borstenwürmer (Nachr. der Gessels. der Wiss. zu Güttingen, 1897, p. 169). — — Gravier, Annél. Polych. de la mer Rouge (Nouv. Arch. du Mus., 4me série, t. Il, 1900, p. 261, et pl. XIIL, fig. 78-79). (1) Moore, Polychæta from the coastal Slope of Japan and from Kamchatka (Proceed. of the Acud. of nat. Sc. of Philadelphia, 1903, p. 435). (2) Grube, Actinien, Echinodermen und Würmer des Adriat. und Mittel- meers, 1840, pet. in-4°, p. 83. 206 DE SAINT-JOSEPH. Eunice Srcizrexsis Fischli, Polychæten von Ternate (Abh. der Senkenb, nat. Gessels., t. XXV, no 1, p. 103, 4900). Treadwell, The Polych. Annel. of Porto Rico (U.S. fish commission Bulletin for 1900, vol. II, Washington, 1901, p. 196). — — Crossland, The marine fauna of Zanzibar and British Fast Africa etc. The Polych., part III (Proceed. Zool. Soc. of London, 1904, t. L, Part I, p. 323, et pl. XXII, fig. 8). © — Apriarica Schm. Schmarda, Neue wirbell, thiere Gesammelt..…., etc. Leipzig, in-40, 1861, p. 124, et pl. XXXII, fig. 257. TæniIA (Clpd. Claparède, Glanures Zoot. parmi les Annél. de Port-Vendres, tirage à part p. 120, et pl. IV, fig. 11. ? — EBRANCHIATA Qfo. Quatrefages, Hist. nat. des Annel., t. I, p. 316. — Grube, Be- merk. über Annel. des Pariser Museums (Arch. für Naturg., 1870, p. 296). PL. IV, fig. 78-81. 9 , L'Æunice Siciliensis se trouve en abondance à.Cannes par 3 à 4 mètres de profondeur, à la Croisette, à Sainte-Marguerite, à Saint-Honorat, au Batiguier et au phare d’Agay dans les grosses pierres calcaires où elle se fore des trous étroits et tortueux. On la trouve aussi dans les Madrépores à 70 mètres de profon- deur au grand large de la Bocca. Dans ces conditions et à cause de l'extrême fragilité de sa partie postérieure, il est bien difficile d'en obtenir un exem- plaire entier. La très grande majorité de ceux que je récolte, a 16 à 23 centimètres de long sur 3**,5 à 4 millimètres de large. Mais d’autres quiont plus de 7 millimètres de large doivent atteindre une taille considérable, à en juger par des tronçons de 20 centimètres du milieu du corps, gorgés d'œufs et sécrétant un mucus très abondant. Le corps, rosé en avant, sauf la tête et le segment buccal d'un brun clair, quelquefois pointillé de blanc, coloré ensuite en vert très foncé par l'intestin (1), est incolore aux derniers segments. Autant la région antérieure est résistante, autant la région postérieure est fragile et molle. La région verte com- mence en général du 20°° au 30° segment branchifère. La tête et les 2 1° segments sont ronds; les segments sui- vants, bombés du côté dorsal et plats du côté ventral, devien- nent aplatis des deux côtés lorsqu'ils prennent la couleur verte. La largeur est à peu près la même partout sauf aux 3 1°" et aux 30 à 40 derniers segments qui sont plus étroits. Dans la région postérieure colorée en vert foncé, 1l y a du côté dorsal et du (1) De là vient la coloration verte de l'alcool dans lequel on les conserve. LES ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 9207 côté ventral des segments, un bourrelet transversal saillant. Deux exemplaires entiers ayant: l’un 23 centimètres sur 4 mil- limètres delargeet 473 segments, l’autre, 16 centimètres sur 3°*,5 de large et 378 segments, rappellent complètement la figure que donne Ehlers de son Æunice leucodon (1). Chez le premier exemplaire, le segment buceal a 1 millimètre de haut et le 2*° segment portantles eirres tentaculaires 0°®,5. Quant aux suivants jusqu'au 140% environ, ils n’ont que 0"*,18, puis dans la région verte, 0**,54 et tout à fait à la fin du corps 0°*,10. La tête, nettement bilobée (2), a 2 palpes frontaux superposés. et soudés à 2 palpes labiaux épais. Les 5 antennes sont très indistinctement articulées ; la médiane rabattue sur le dos, atteint le 5*° segment chez les jeunes et le 2% seulement chez, les autres. Les 4 antennes latérales sont plus courtes. Deux veux noirs ronds avec cristallin sont placés de chaque côté, entre les bases des deux antennes latérales. Je n’observe que dans les. antennes, les sphérules signalées aussi par Claparède dans les. cirres tentaculaires et dorsaux. Ce sont des coques jaunes de 0**,22 de diamètre, renfermant quelques granules bruns. Quel- quefois, J'en trouve aussi dans le liquide cavitaire. Le segment buccal est nu. Le 2° porte les 2 cirres tentacu- laires courts, unis, qui ne couvrent que la moitié postérieure du 1”. Au 3% segment, les pieds sont plus rapprochés du ventre: qu à tous les autres; ils ont un eirre dorsal, un cirre ventral et seulement 4 soies limbées très fines accompagnées d’un acicule qui peuvent facilement échapper à l'observation et sortent entre 2 lèvres rudimentaires. Le 4*° pied et les suivants, bien latéraux et peu saillants, ont 2 faisceaux de soies et un acicule, sortant d'un mamelon arrondi. Comme il n°v a pas d’ ue fins à la ESe du cirre dorsal (3 (3 ), ils sont nettement uniramés. Le cirre dorsal uni, cylindrique et subulé, à 1 millimètre de: long dès le 1* segment jusqu'au 6*° ou 7°: 1l a encore 0°°,60: jusqu'au 30° à 35%, puis il décroît et n’atteint plus que 0"*,24 (1) Enlers, Die Polychæten des Magellanischen und Chilenischen Strandes. Berlin, 1901, in-4°, pl. XVL, fig. 1. (2) Voir Claparède, loc. cit., fig. 5. (3) Je n’en observe pas plus que Claparède, ce qui est contraire à l’ opinion d'Ehlers. 208 DE SAINT-JOSEPH. = aux segments où apparaissent les branchies et, diminuant pro- gressivement, il finit par n'être plus guère qu’une papille pour revenir à 0,14 et 0**,30 de long aux derniers segments bran- chifères et aux segments abranches. . Le cirre ventral est seulement moitié moins long que le cirre dorsal au 1” segment ; il est bien net et de même forme aux 4 segments suivants ; au 6°, 1l n'atteint plus que 0"*,24 delong, puis il devient très court (0**,18 à 0°®",10) et conique, sortant d'un coussinet ventral épais, long de 0"®,5, fixé au corps, par- couru par un riche réseau vasculaire où on voit affluer le sang, et servant à la respiration. Ce coussinet disparaît à peu près aux derniers segments et le cirre ventral est alors un peu plus long. Les soies qui sortent du pied forment, sauf au 1” segment, 2 faisceaux : l'un supérieur, de soies simples, minces, recour- bées en arrière, bordées d’un côté par des plissements simulant des denticules (fig. 78) (il y en a 4 au 6° segment); l’autre infé- rieur, de soies falcigères incolores, à serpe bidentée recouverte d'un capuchon dont les bords ont des stries transversales (1) (il y en à 10 au 6"° segment). La serpe qui a 0"%,042 de haut aux segments antérieurs et 0®",01 de large, n’a plus que 0**.,030 de haut à la partie postérieure du corps, mais 0**,01% de large, et paraît alors plus trapue. Les 2 faisceaux sont séparés l’un de l’autre par un seul acicule d’un jaune foncé, finissant en pointe noire légèrement recourbée, faisant saillie hors du corps. Il n'y à ni soies en ciseau lacinié, ni soies aciculaires. Les aci- cules faisant saillie tiennent lieu probablement de ces der- nières. Les branchies rouges (fig. 79), qui ne sont partout qu'une lanière simple, apparaissent à la base du cirre dorsal, aux 108%", 116*°,119*° ou 126*° segment, selon la taille des animaux. Elles ont d’abord 0**,36 de long pour atteindre bientôt 0*®,45, puis 1°%,44 (2) et diminuent aux derniers segments branchifères où le cirre dorsal redevient plus long. Elles disparaissent aux 40 à 25 derniers segments du corps où les pieds sont plus minces. Au segment anal apode, l'anus dorsal est cilié et il y a (1) Voir Claparède, loc. cit., fig. 5 c. (2) Chez les gros exemplaires incomplets dont il a été question, elles ont jusqu'à 22m 75. LES ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 209 2 paires de cirres ventraux superposées : l’une plus épaisse et plus longue (0%*,75), l’autre plus courte (0°°,25). Le saore (fig. 80), plus large et plus haut que la mâchoire supérieure qu'il embrasse, se compose des 2 pièces Juxtaposées. Ces 2 pièces en calcaire qui reste entièrement blanc chez les jeunes, se colorent en noir chez les autres, à partir du point où cesse la symuohyvse jusqu’à leur extrémité postérieure. Elles sont divergentes en avant et en arrière. En arrière, elles se ter- minent en pointe; en avant, elles ont chacune la forme d'une gouge découpée au bord en denticules, et dont la concavité est tournée vers la mâchoire supérieure. Cette forme de gouge sert peut-être à l'animal pour forer ses trous dans les pierres. La mâchoire supérieure qui à les pièces ordinaires des mâchoires d'Eunice, est exactement représentée par Elhlers (1); seulement, pour les animaux de Cannes, le support est noir comme les autres pièces et la petite pièce impaire de gauche me pu avoir 2 denticules. La 2°° paire ‘dent d'Ehlers), qui n'a que 2 grosses dents de chaque côté, assez séparées l’une de l’autre, est ce qu'il y a de plus Re dans la mâchoire supérieure. À partir du 30°° à 50” segment branchifère, 1l y a, sauf à la fin du corps, à chaque pied, à la base du cirre dorsal, sous la cuticule, même chez les exemplaires sans éléments sexuels, une grosse tache noire à peu près ronde, mais s'étendant quelque- fois assez loin sur le dos, qui se résout en très petits (0**,0028 à 0°®,0042) granules pigmentaires d'un brun très foncé, formant une masse compacte dans laquelle ni sur le vivant, ni sur les coupes, je ne découvre de cristallin ni de bâtonnets. La tache pigmentaire ronde repose sur un disque de 0**,25 de diamètre environ, composé de grosses cellules plus ou moins polygonales (fig. 81), déjà vu par Ehlers (Borstenw., pl. XVI, fig. 17, 18). Je ne trouve pas d'individus mâles, mais seulement des tron- cons de gros individus femelles avec des œufs verts de 0°",14 de diamètre. Un très grand exemplaire de Naples incomplet venant de la station zoologique, a 38 centimètres de longsur 4 millimètres 1) Die Borstenwürmer. vol. XVI, fig. 4. ANN. SC. NAT. ZOOL., 9e série. il, 14 TU DE SAINT-JOSEPH... de large en avant et 3 millimètres en arrière et 488 segments; il doit y manquer une assez longue portion de la fin du corps. Le segment buccal à 2 millimètres de haut, le 2*° 1 millimètre et les suivants 0*°,5, puis 1 millimètre du la région bran- chifère. L’antenne médiane à 6°°,5, les cirres tentaculaires ont 1**,5. La 1" paire de branchies en lanière simple paraît au 186*° segment d'abord courte, puis atteignant peu à peu 2°*,5 et n'ayant plus ensuite que 1**,60 ; le cirre dorsal à alors 0**,18 et le cirre ventral 0**,14. Les soies sont semblables à celles décrites ci-dessus, mais il y a3 acicules aux segments anté- rieurs. Dans la région du. corps colorée en vert, chaque segment a un bourrelet dorsal épais et 2 bourrelets ventraux plus minces. Ce n’est qu'avec doute que j'assimile, comme Eblers,lÆ. {ænia Clpd. à VÆ. Siciliensis, Claparède ne partageant pas sur ce point l'opinion d'Ehlers. Il ne la partage pas davantage pour l'assimi- lation de lÆ. Schizobranchia Clpd. qui a, en effet, un certain nombre de branchies bifurquées, des soies en ciseau lacimié et des soies aciculaires, caractères qui manquent à l'£. Siciliensis. Parmi les Eunice dont les branchies partout en lanière simple n'apparaissent qu’à un segment très éloigné de la tête, on peut rapprocher de VE. Siciliensis, VE. Cariboea Gr. OErst., mais celle-ci a, comme l’'£. Schizsobrancha, des soies en ciseau laci- nié et des soies aciculaires, d’après Langerhans (1). Les suivantes, qui n’ont aucune de ces deux sortes de soies, lui tiennent de plus près. Ce sont : Eunice valida Gray. (2) qui ne s’en distingue que par la forme de la tête, des soies simples et de la mâchoire inférieure. Les exemplaires étant incomplets, on ne peut dire s'il y à 2 régions et des taches pigmentaires à la 2°° région. Eunice leucodon Ehl. (3\ qui n’en diffère guère que par la bordure blanche de quelques pièces de la mâchoire supérieure et l'absence de taches pigmentaires. Elle paraît être une variété locale de l'£-. Sicihensis. (1) Die Wurmfauna von Madeira, IV#" beitrag (Zeüts. für wiss. Zool., t. XL, 41884, p. 256 et pl. XV, fig. 14). (2) Gravier, Annél. polych. de la mer Rouge (Nouv. Arch. du Muséum, Ame série, t. IL, 1900, p. 264 et pl. XIE, fig. 80- -82). (3) Ehlers, Die Polychæten des Magellanischen und Chilenischen sirandes. Berlin, 1904, in-4°, p. 128 et pl. XVI, ie 1-10. ! | 3 LE v LES ANNÉLIDES POLYCHÈTES DES COTES DE FRANCE. 211 Eunice (Palolo) viridis Gray (1) qui s’en rapproche par la forme de la tête, des pieds et des mâchoires, et par sa partie postérieure si différente de l’antérieure. Mais elle a les antennes et les cirres tentaculaires nettement articulés, des soies simples un peu différentes de celles de V'Æ. Siciliensis et des soies com- posées brunes. Quant aux taches pigmentaires de la 2°° région du corps, elles sont placées sur la ligne médiane ventrale et ce sont, d'après Spengel et Hesse, des organes de vision, des yeux ventraux (Bauchaugen). Elles se rapprochent des taches pigmen- taires du stolon acéphale de l'Haplosyllis hamata Clpd. qui sont des yeux, d’après Albert (2) et Malaquin (3), mais ne me sem- (1) Gray, An account of Palolo, a sea worm eaten in the Navigator Islands. {Proceed. Zool. Soc. of London, t. XV, 1847, p. 17). Gray établit le genre Palola pour l’espèce Palola viridis N. S. Le nom véritable serait donc Palola et non Palolo employé par presque tous les auteurs. — Mac Donald, On the extern. anatomy and nat. hist. of the genus of Annel. named Palolo by the Samoans and Tonguese and Mbalolo by the Fijans (Trans. Linn. Soc. of London, t. XXII, 1858, p. 237, et pl. XLI). — Ehlers, Die Borstenwürmer, 1864, p. 367, et pl. XVI, fig. 17-18. — Whitmee, on the habits of Palola viridis (Proceed. Zool. Soc. of. London, 1875, p. 497). — Spengel, Oligognathus BRonelliæ (Mitth. aus der Zool. stal. zu Neapel, t. Il, 1881, p. 42, en note). — Powell, Remarks on the struc- ture and habits of the coral reef Annelid (Journ. Linn. Soc. of London, t. XVI, 1883, p. 393). — Mc Intosh, Report on the Annel. polych. collected by H. M.S. Challenger (Report Zool., t. XIE, 1885, p. 257 et pl. XVII, fig. 20-21). — Krä- mer, über die Korallenriffe von Samoa nebst einen anhang über die Palolo- wurm von Collin, 1897, in 8°. — A. Agassiz (Silliman's Journ. of Sc., 1898, p. 123). — Friedländer, über die sogennanten Palolowurm (Biol. Centralblatt, ‘15 mai 1898). — Caullery et Mesnil, Les formes épitoques et l’évolution des Cirratuliens, in-8°, 1898, p. 153. — Ehlers, über Palolo (Eunice viridis Gr.) (Nachr. von der K. Gesells. der Wiss. zu Gôültingen Math. Phys. klasse, 1898, _p- 400). Seule description scientifique de l'animal. — Krämer, Palolountersu- Arr.des Se.rat. 9 Micolet, ta. diteurs . € 3 a Masson et C° S'Joseph, del -L'Tafontaine , Paris. na - < S : i À : à è È : N : ë à Sd à de ESS Ù & RAR ie See . ; à a or or RARES LE D LS] Sn = À Ê : ë , D ë . & : Ds] | Ÿ S u | +. | ; | l { . ES | PRRRREEIUUERA RE EREO RW (nv He, ‘4 nu ral. 9 € Jerze: eZ Ann des St 2 re COTE Nicolet, Hth. diteurs. ue re. Masson et C* StJoseph, del. Ip. L Lafontaine , Paris ANR. des Se. nat. 97S erLe.. Î RTE IEEE, >> 1 BREST 2 SŸ Joseph, del. Masson et CŸ, éditeurs. Tmp.L.lafontaine, Paris. Zool._ TI. PL.: Nicolet, hith D1 MASSON ET C°, ÉDITEURS LIBRAIRES DE L'ACADÉMIE DE MÉDECINE — 120, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, PARIS (VI°). VIENT DE PARAITRE Mission de Segonzac Explorations AU MAROC (Dans le Bled es Siba) PAR Louis GENTIL DOCTEUR ÈS SCIENCES MAITRE DE CONFÉRENCES A LA SORBONNE, MEMBRE DE LA MISSION OUVRAGE PUBLIÉ SOUS LE PATRONAGE DU COMITÉ DU MAROC Un volume petit in-4 tiré sur beau papier couché, et richement illustré de 223 figures d’après des photographies originales............... PARAITRE Le Maroc, ce pays autour duquel s’agitent de si graves discussions, est à peine et très partiellement connu. Malgré les nombreuses explorations, la plupart fran- çaises, dont il a été l’objet, il conserve tout l'intérêt des contrées neuves, tout l'attrait des pays mystérieux. Le Bled es Siba, la région insoumise, le domaine du Prétendant, demeurait jusqu’à ce jour pour l'Européen une terre presque vierge, beaucoup plus impénétrable que la plupart des régions du Centre Africain. — C’est à poursuivre son étude et son exploration que s’est consacrée la Mission de Segonzac, organisée par le comité du Maroc et patronnée par plusieurs Sociétés scientifiques. L'ouvrage que nous présentons au public comprend le récit de quatre voyages effectués consécutivement dans le Bled es Siba par M. Louis Gentil, membre de la Mission, l’un dans le Nord du Maroc, les autres dans le Haut-Atlas. Dès son retour, M. L. Gentil a tenu à exposer le résultat scientifique de ses études. _ Au prix d'artifices sans nombre, sous le costume d’un musulman modeste, s’efforçcant de passer inaperçu, l’auteur s’est appliqué à parcourir des régions tout à fait inconnues. Non seulement il a traversé très rapidement les pays Mahkzen déjà étudiés, mais encore il a eu soin, dans le Bled es Siba même, de s'écarter des itiné- raires déjà suivis par des explorateurs tels que le vicomte de Foucauld et le marquis de Segonzac. C’est ainsi qu'il a parcouru, sur une étendue d'environ 300 kilom., le flanc méridional du Haut-Atlas, dans la vallée du Sous et la vallée du Draa et qu'il est parvenu à explorer le massif du Djebel Siroua qui forme le trait d'union entre la haute chaine et l’Anti-Atlas, et qui n'avait été aperçu que de loin, grâce à son altitude de 3000 mètres et ses crêtes neigeuses, par les explorateurs Rohlfs, Hooker, Thomson et de Foucauld. Cet ouvrage présente donc, surtout à l'heure actuelle, une importance de premier ordre et offre au public scientifique une ample moisson de renseignements inédits, tant géographiques que géologiques ou botaniques. TABLE DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE CAHIER Attitudes et mouvements des Annélides, par GEORGES BON. Les Annélides polychètes des côtes de France (Océan et côtes de Provence), par M. le baron de Sainr-Josepx. CorBerr. — Imprimerie En. Créé. RE ——————pZ ee, 82° ANNÉE. — IX° SÉRIE T. III. Ns 5 et 6. EE”, ANNALES SUIENCES NATURELLES ZOOLOGIE COMPRENANT L'ANATOMIE, LA PHYSIOLOGIE, LA CLASSIFICATION ET L’HISTOIRE NATURELLE DES: ANIMAUX PUBLIÉES SOUS LA DIRECTION DE M. EDMOND PERRIER TOME IL. — Nes 5 et 6 PARIS MASSON ET C'*, ÉDITEURS LIBRAIRES DE L'ACADÉMIE DE MÉDECINE 120, BOULEVARD SAINI-GERMAIN (VIC) NO 1906 \ mm Paris, 30 FR. — DÉPARTEMENTS ET ÉTRANGER, 32 FR. Ge cahier a été publié en mai 1906. Les Annales des Sciences naturelles paraissent par cahiers mensuels. Conditions de la publication des Annales des sciences naturelles NEUVIÈME SÉRIE BOTANIQUE Publiée sous la direction de M. PH. VAN TIEGHEM. L'abonnement est fait pour 2 volumes gr. in-8, chacun d'environ 400 pages, avec les planches correspondant aux mémoires. Ces volumes paraissent en plusieurs fascicules dans l'intervalle d'une année. ZOOLOGIE Publiée sous la direction de M. Epmonb PERRIER. L'abonnement est fait pour 2 volumes gr. in-8, chacun d'environ 400 pages, avec les planches correspondant aux mémoires. Ces volumes paraissent en plusieurs fascicules dans l'intervalle d'une année. Prix de l'abonnement annuel à chacune des parties, zoologie ou. botanique Paris : 30 francs. — Départements et Union postale : 32 francs. ANNALES DES SCIENCES GÉOLOGIQUES Dirigées, pour la partie géologique, par M. HégBerT, et pour la partie paléontologique, par M. A. MizxE-Enwanps. Tomes I à XXII (1879 à 1891). Chaque volume rer Rer 15 fr. Cette publication est désormais confondue avec celle des Annales des Sciences naturelles. Prix des collections : PREMIÈRE SÉRIE (Zoologie et Botanique réunies), 30 vol. (are). DEUXIÈME SÉRIE (1834-1843). Chaque partie, 20 vol. 250 fr. TROISIÈME SÉRIE (1844-1853). Chaque partie, 20 vol. 950 fr. QUATRIÈME SÉRIE (1854-1863). Chaque partie, 20 vol. 250 fr. CINQUIÈME SÉRIE (1864-1873). Chaque partie, 20 vol. 250 fr. SIXIÈME SÉRIE (1874 à 1885). Chaque partie, 20 vol. 250 fr. SEPTIÈME SÉRIE (1885 à189%,. Chaque partie, 20 vol. 300 fr. HUITIÈME SÉRIE (1895 à 1994). Chaque partie, 20 vol. 300 fr. GéoLogis, 22 volumes #00 4.2... 0 ÉD ad 330 fr. EXPLICATION DES PLANCHES. 257 Fig. 85. Soie en serpe hétérogomphe courte du 302° segment (groupe infé- rieur de la rame ventrale). X 430. Fig. 86-89. Forme hétéronéréidienne mâle de Mereis rubicunda. Fig. 86. Tête (les palpes sont rabattus en dessous et les cirres tentaculaires ne sont pas représentés). X 20. Fig. 87. 1ne pied. X 54. Fig. 88. 38me pied (192€ de la 22° région). X 54. Fig. 89. Segment anal vu du côté dorsal. X 54. Fig. 90-93. Ceratonereis punctata N.$, Fig. 90. Partie antérieure. X 23. Fig. 91. 18e pied vu par derrière. X 80. Fig. 92. Soie en serpe hétérogomphe. X 235. Fig. 93. Segment anal. X 20. PrancaE V. Fig. 94-95, Ceratonereis punctata N.S. Fig. 94. Trompe extroversée vue du côté dorsal. X 12. Fig. 95. Trompe extroversée vue du côté ventral. X 12. Fig. 96-98. Phyllodoce nana N. S. Fig. 96. Partie antérieure. X 56. Fig. 97. Cirre ventral. X 56. Fig. 98. Soie. X 400. Fig. 99-103. Eulalia (Pterocirrus) microcephala Clpd. He pied AC Fig. 100. Soie vue de côté. X 355. Fig. 101. Papilles de la partie antérieure de la trompe au repos. X 64. Fig. 102. Papilles de la partie postérieure de la trompe au repos. X 64. Fig. 103. Fragment de la tunique interne du ventricule. Fig. 104-105. Sabellides octocirrata Sars var. Mediterranea Marion. Fig. 104. Plaque onciale thoracique vue de face. X 850. Fig. 105. Plaque onciale abdominale vue de face. X 1000. - Fig. 106. Nicolea venustula Mont. Fig. 106. Ulivina elliptica Ming. avec son épimérite, Grégarine parasite de l'intestin de N. venustula. Fig. 107-108. Polymnia nebulosa Mont. nec Johnst. Fig. 107. Selenidium dont l’épimérite est encore dans une cellule épithéliale (a) de l'intestin X 300. Fig. 108. Selenidium costatum Siedl. X 290. Fig. 109. Amphiglene Mediterranea Leydig. . 109. Spermatozoïde. X 200. Fig. 110-111. Hydroides uncinata Phil. Fig. 110. Dent du bord de l’entonnoir avec son crochet, vue de profil. X 30. Fig. 111. Epine cornée du centre de l’opercule. X 24. Fi (eje) Fig. 112-113. Hydroides Norvegica Gunn. var. Trypanon Clpd. Fig. 112. Épine cornée du centre de l'opercule vue du côté qui est tourné vers l'intérieur de la couronne. X 50. Fig. 113. Opercule. X 17. ANN. SC. NAT. ZOOL., 9e série. 1) 4e D 258 DE SAINT-JOSEPH. Fig. 114. Hydroides lunulifera Clpd. Fig. 114. Épine cornée du centre de l’opercule. X 28. Fig. Fig. Fig. Fig. Fig. Fig. 115-417. Vermiliopsis infundibulum Lang. 415. Ocelle de branchie. X 420. 116. Opercule (espèce de Saint-Raphaël). X 9. 117. Opercule (espèce de Cannes). X 9. Fig. 118-119. Pomatostequs polytrema Phil. 118. Soie du 1°" segment thoracique vue de profil. X 700. 119. Fragment de la même, vue de face. X 700. TABLE DES MATIÈRES INTRODUCTION ee cie ciemee ANNÉLIDES DE SAINT-JEAN-DE- ILDPATE RES MORE SEE TE EURE 47 FAMILLE DES APHRODITIENS Sav. SR SUR A marie ie lere ele Dee est Pelle 147 Harmothoe synaptæ N. S........... 147 Psammolyce arenosa D. Ch......... 150 FAMILLE DES EUNICIENS sensù Gr. 159 Eunice Kinbergi Ehl................ 159 Lumbriconereis impatiens Cipd...... 160 FAMILLE DES HÉSIONIENS Gr... 161 Hesione pantherina Risso........... 161 FAMILLE DES GLYCÉRIENS Gr... 162 Goniada emerita Aud et Edw....... 162 FAMILLE DES CIRRATULLIENS V. (CNRS TR RONA ANS EEE 164 Audouinia tentaculata Mont........ 164 FAMILLLE DES ARICIENS Aud. et Edw. (Sars, Mgr. rev.)............ 167 Aricia Cuvieri Aud. et Edw......... 167 Naïinereis lœvigata Gr.............. 167 FAMILLE DES GAPITELLIENS Gr.. 169 Notomastus exsertilis N. S....... EL 2 AIO) FAMILLE DES MALDANIENS Sav. 173 . Clymene lumbricoïdes Qfg ......… 173 Petaloproctus terricola Qfe......... 174 FAMILLE DES TÉRÉBELLIENS Gr. MOT CURE AN en or 475 Terebella lapidaria (Kähl.) L....... 175 SU CROUMOANÈE ES os ooccbeodonoue 176 Polymnia Onebulosa Mont. nec . JORNS CEE RRRPNMALERE ne e 176 Polycirrus hæmatlodes Clpd......... 177 DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE DES AN- NÉL. PorycH. DE SAINT-JEAN-DE-Luz. 177 ANNÉLIDES DE CANNES ET SAINT- ENAIDETAE LEA AREA IE ere 178 Pages. FAMILLE DES SYLLIDIENS Gr..... 178 Syllis (Haplosyllis) hamata Clpd.... 178: — (Typosyllis) variegata Gr... 179 — — prolifera Kr...... 179 — — Krohnii Ehl...... 180\ — — DOCLITIG EEE 480 Ehlersia sexoculata Ehl............ 481 SUUUS TNA CU SRE ENTER ARR 182 Xenosyllis scabra*Ehl............... 183 Pionosyllis longocirrata St-Jos...... 184: Eusyllis lamelligera Mar. et Bobr... 185 Syllides longocirrata OErst.......... 185: Odontosyllis gibba Clpd............ 185- — clenostoma Clpd....... 185 Grubea pusilla Duj................. 185 SN a tinClsserocssooocos 185. — tenuicirrata Clpd........... 185 Autolytus ornatus Mar. et Bobr..... 186 = ECO DIN Ces castle cad 186: — prolifer O. F. Müll.....…. 186 FAMILLE DES APHRODITIENS Sav. SSP anneuoecoobocdben one Eu D 187 Hermione hystrix Sav. nec Blv....... 187 Pontogenia chrysocoma Baird....... 189 Lepidonotus clava Mont... ......... 193 Harmothoe spinifera Ehl var. Lang.. 193 — CTEDIL TONER ERREUR 193 — lunulata D. Ch.......... 194 Lagisca extenuata Gr............... 195 Sthenelaïis minor Pruv. et Racov.... 195 FAMILLE DES AMPHINOMIENS SAV ANA ae ce D AR ML ENV Les clal ee 197 Euphrosyne foliosa Aud. et Edw.... 197 FAMILLEDES PALMYRIENS SCRMArTO PART EPP 198 Chrysopetalum debile Gr........... 198 FAMILLEDES EUNICIENS sensù Gr. 199 Hyalinæcia tubicola O. F. Müll..... 1199 Eunice Harassüi Aud. et Edw....... 201. D a pa e LAOI RENE 202 — tLorquata Qfg. nec Pruv. et RACONTER ee RUN AMAR UR 203 Eunice viltata D. Ch... 204 MUSICIENS ACT EEE RES ner 205 260 Nematonereis unicornis Gr.......... Lysidice ninetta Aud. et Edw...... Lumbriconereis funchalensis Kbg..…. coccinea Ren........ Arabella St-Hilairii D. Ch.......... Staurocephalus rubrovittatus Gr. FAMILLE DES LYCORIDIENS Gr. NeRAS Role le 66 020022020800 — diversicolor O. F. Mäüll.....…. — Hier PIN soceosoobco ROUE NSP Co occoccousocon Ceralonereis punciala N. S......... Perinereis cultrifera Gr............. Platynereis Dumerilii Aud. et Edw. FAMILLE DES PHYLLODOCIENS Gr. PfyllodocemnanaiN MS Er EEE — splendens St-Jos........ Eulalia pallida Clpd................ Se os MOIS L5 64 sas000touc — (Pterocirrus) macroceros Gr. — .(Pferocirrus) microcephala (Eh ne Re er LEA AS Mystides (Protomystides) Didetiale Dane MER ERA RG ECR PNR Lacydonia miranda Mar. et Bobr... FAMILLE DES HÉSIONIENS Gr... Hesione pantherina Risso.......... Kefersteinia cirrata Kef............ Podane Gois Binlsssccesossoesce FAMILLE DES GLYCÉRIENS Gr... Glycera tridactyla Schmarda....... ESS ELLE LA RENAN FAMILLE DES SCALIBREGMIDÉS. Sclerocheilus minutus Gr :.......... FAMILLE DES OPHÉLIENS Gr. (incl. Polyophthalmiens Qfg.)..... Ophelia radiata D..Ch 000. Polyophthalmus pictus Din eat ah Ebter o FAMILLE DES GAPITELLIENS Gr. Dasybranchus: caducus Gr.......... FAMILLE DES MALDANIENS Sav.. Johnstonia clymenoïides Qfg........ Pelaloproctus terricola Qfg......... FAMILLE DES SABELLARIENS (Aer- Mel LLENS AOL) PCT EERPERE Sabellararalueolatan PANNE FAMILLE DES AMPHARÉTIENS Gr. Sabellides octocirrata Sars var. Medi- tanranenMATION ER PAPER FAMILLE DES TÉRÉBELLIENS Gr. Mon. Peblr Ca Ve CAS 2 ATASRAAUES 19 19 Ro RO RO RO RO ho © Œ GC CO 1 -I D © NO © NO 19 N os 9 À DE SAINT-JOSEPH. Pages. Amphitrile rubra Risso............. 235 — OT LCUIS ARTS ERRRE 236 Nicolea venustula Mont............. 236 Lanice conchilega Pallas............ 231 Polymnia nabulosa Mont. nec Johnst. 237 — MeSLTENSIS AD ACER EE 238 Pista cristata O. F. Müll............ 238 Thelepus triserialis Gr.............. 239 Polycirrus caliendrum Clpd........ 240 Polycirrus aurantiacus Gr.......... 240 FAMILEE DES SERPULIENS Burm. Gr. Semper. char. emend......... 240 Spirographis Spallanzanii Viv...... 240 Potamilla reniformis O.F. Müll.... 241 Amphiglene Mediterranea Leydig... 241 Dasychone Lucullana D. Ch........ 241 Chone colliers DAME 28300000 243 Myxicolasparasites\O is 00 244 Serpula vermicularis L...,......... 245 Hydroides uncinata Phil............ 245 Filograna implexa Berk............ 248 Spirorbis cornu arielis Phil......... 248 Vermiliopsis infundibulum Lang.... 9249 Pomalostequs polytrema Phil....... 252 Apomatus similis Mar. et Bobr...... 252 DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE DES ANNÉL. PozycH. DE CANNES ET SAINT-RAPHAEL. 253 PARASITES DES ANNÉLIDES POLY- CHETES DE SAINT-JEAN-DE-LUZ ET CANNES. Grégarine (Selenidium ?) d'Hesione DOI NCE Mas à dolacs s hahoacec oc 161 Ulivina elliplica Ming. Grégarine d'Audouinia tentaculata.......... 164 Selenidium Sp. idem. MONS Anoplophrya Brasili Léger et Dubosq CDS SSSR RER DO 0 0 DU 165 Doliocystis, Grégarine de Notomastus CROIS ao de ge dt dos codec ec 472 Nématoiïide de Chmene lumbricoï- CSA STE S BCRE dcr ete Ha tcre 174 Loxosoma annelidicola P. Van Ben. et Hesse de Petaloproctusterricola. 174 UlivinatelliphiccondPENRIEE PRNIE TE 174 DOlO CUS SNA ENORME RENTE CRE 174 Pterospora Maldaneorum Labbé et RAGOVS VrlePausenbeses6ocsbenscauc 174 Discopus Synaplæ Zelinka, ROUGE ectoparasite de Terebella lapidaria. AT5 Doliocystis de Polymnia nebulosa.. 4176 Némaloïide endoparasile de Polycir- PUS EMALOTIES NN SIP EION ENT PEEE 477 Ulivina elliptica de Nicolea venus- IG nu LAN SFR ERNERPE 286 Selenidium costalum Sied. de N. ve- nustula et Polymnia nebulosa..... 237 Ulivina elliplica de P. nebulosa..…... 237 SeleniUMISp -UIderU RE EEE 237 EXPLICATION DES PLANCHES, .......... 254 RECHERCHES SUR LES ORGANES SEGMENTAIRES DES ANNÉLIDES POLYCHÈTES Par LOUIS FAGE AVANT-PROPOS On décrivait, autrefois, très simplement l'organe segmen- taire des Annélides polychètes : un tube, cilié intérieurement, s’ouvrant dans la cavité générale par un pavillon, et débou- chant à l'extérieur par un petit pore, situé latéralement. Cette conception est restée longtemps dans la science comme une sorte de schéma, s’adaptant, avec de légères modifications, à tous les types connus. Bientôt, cependant, Ed.Mevyer démontrait que cet organe, si simple, était en réalité composé de deux parties bien distinctes, le pavillon et la néphridie proprement dite. Et, plus récemment, Goodrich, dans une suite de travaux fort remarquables, éta- blissait que chez les Annélides errants, la néphridie pouvait revêtir les formes les plus diverses, et que, dans certaines familles, elle se trouvait close dans le cœlome, portant à sa surface des cellules d'aspect entièrement nouveau qu'il appela les solénocytes. D'autre part, il constatait que le pavillon avait, avec le tube exeréteur, des rapports tout différents, suivant qu'on s'adressait à tel ou tel groupe, à des individus jeunes ou à des. individus sexuellement mûrs. Ainsi, à la conception simpliste que se faisaient les anciens auteurs de l'organe segmentaire, a succédé l’idée que celui-ci 262 LOUIS FAGE était au contraire très polymorphe et d'une extrême com- plexité. Frappé des variations si grandes d’un même organe, dans une série aussi limitée, j'ai entrepris des recherches métho- -diques sur l'appareil excréteur des Annélides polychètes errants, m'efforçant d'examiner, pour chaque famille, le plus grand nombre d'espèces possible, espérant ainsi trouver un lien entre toutes Les formes qu'il peut revêtir, et retracer, en quelquesorte, les priucipales étapes de son évolution. J'ai pu me procurer les types suivants : PHyLLODOCIENS. Phyllodoce Paretti Blainv. _ laminosa Sav. — mucosa OErst. ÆEulalia viridis Müll. — pallida Clp. — punctifera Gr. Notophyllum polynoïdes OErst. NEPHTHYDIENS. ‘Nephthys Hombergii Aud. et Ewd. — agilis Lang. = cirrosa Ehl. — cæca Fabr. GLYCÉRIENS. - Glycera convoluta Kef. — alba Rathke. — tesselata Gr. — gigantea Qfg. + Goniada emerita Aud. et Edw. SYLLIDIENS. : Typosyllis prolifera Kr. « .Odontosyllis ctenostoma Clp. — fulgurans Clp. “Typanosyllis zebra Gr. — Krohni Clp. - Pterosyllis spectabilis Johnst. Pædophyllax claviger Clp. — veruger Clp. Pionosyllis pulligera Krohn. ‘Grubea tenuicirrata Qfg. Sphærosyllis histrix Clp. Procereastea nematodes Lang. Autolytus pictus Ehl. Myrianida fasciata Miln.-Edw. HÉSIONIENS. Hesione pantherina Risso. Kefersteinia cirrata Kef. Ophiodromus flexzuosus D. Chia. Oxydromus propinquus Mar. et Bob. (Magalia) Syllidia armata Qfg. LycoRIDIENS. Nereis diversicolor O. F. Müller. — irrorata Mgr. — guttata Clp. — fucata Sav. — pelagica L. Perinereis cultrifera Gr. Platynereis Dumerilii Aud. et Edw. Eunereis iongissima Johnst. EunrcrExs. Eunice (sp. ?). — torquata Qfg. — Harassii Aud. et Edw. Hyalinæcia tubicola Müller. Lysidice ninetta Aud. et Edw. Marphysa sanguinea Mont. — Bellii Aud. et Edw. Lumbriconereis Latreillii Aud. et Edw. — impatiens Clp. Nematonereis unicornis Gr. Staurocephalus rubrovittatus Gr. APHRODITIENS. Aphrodite aculeata L. Hermione histriz Sav. Polynoe scolopendrina Say. Lagisca extenuata Gr. Lepidonotus squamatus L. — clava Mont. Hermadion pellucidum Ehl. ORGANES SEGMENTAIRES DES ANNÉLIDES POLYCHÈTES 263 Harmothoë setosissima Sax. AMPHINOMIENS. Sthenelaïs fuliginosa Clp. — idunæ Rathke. . Sigalion squamatum D. Chia. CHRYSOPÉTALIENS. Pholoë synophthalmica Clp. Chrysopetalum fragile Ehl. Euphrosyne foliosa Aud. et Edw. Je prie M. Edmond Perrier, le savant directeur du Muséum d'Histoire naturelle, de vouloir bien agréer l'expression de ma profonde reconnaissance, non seulement à cause de la large hospitalité que j'ai reçue dans ses deux laboratoires de Saint- Vaast et de Paris, où ce travail a été achevé, mais aussi parce que je dois à mon éminent maître les utiles conseils qui m'ont déterminé à l'étude des sciences naturelles. M. le professeur Pruvot à droit à ma plus vive gratitude. Je n oublierai pas l'excellent accueil que j'ai trouvé en son labo- ratoire de Banyuls, ni l'honneur qu'il m'a fait en acceptant de juger la thèse que Je présente à la Faculté. Je tiens à exprimer mes sincères remerciements à M. Ch. Gravier, qui m'a donné l’idée de ce travail, et dont j'aisi souvent mis à contribution la connaissance approfondie des Annélides. C'est grâce à M. Auguste Pettit, chef des travaux d'Histologie au Muséum, que toute une partie de mes recherches à pu être menée à bien. Avec une extrême complaisance, il m'a initié à la technique microscopique, et depuis n'a cessé de me guider dans mes études. Je garde Le précieux souvenir de son concours et de sa sympathie. La plupart des Annélides, que j'ai eus entre les mains, ont été étudiés sur place, soit au laboratoire maritime de Saint- Vaast-la-Hougue, soit au laboratoire Arago, à Banyuls-sur-Mer. Quelques individus m'ont été envoyés vivants à Paris par M. Malard, auquel je suis heureux d'adresser mes remerciements. Le présent mémoire est divisé en deux parties. Dans la pre- mière, Je passe en revue les différentes familles de Polychètes errants, en décrivant le plus complètement possible leur organe segmentaire et les modifications qu'il subit à l’époque de la reproduction. La seconde partie, d'une portée plus générale, est consacrée à la recherche des homologies respectives de la néphridie et du pavillon cilié avec les organes correspondants des autres néphridiés. 264 LOUIS FAGE TECHNIQUE J'ai employé concurremment la dissection ou la dissociation, l'examen par transparence et la méthode des coupes en série. Le procédé, qui de beaucoup m'a donné les meilleurs résultats, et qui dans bien des cas devient indispensable, est la dissection fine. Ce n’est pas, à vrai dire, le plus facile : les Polychètes errants sont, en général, sinon de petite taille, du moins extrêmement étroits, et une certaine habitude, qui ne s’acquiert qu’à la longue, est nécessaire pour isoler leurs néphridies. Je prenais un animal vivant, et après lui avoir enlevé trois ou quatre segments, je mettais ceux-ci dans de l’eau de mer, sous le microscope, ou mieux sous la loupe binoculaire. Avec des aiguilles très fines, J'ôtais le tube digestif et j'écartais les tégu- ments. Bientôt, à un assez fort grossissement, je ne tardais pas à apercevoir un tourbillon du liquide ambiant, occasionné par le mouvement des cils vibratiles de la néphridie. Il suffisait alors de débarrasser celle-ci de ses attaches avec les muscles ou le dissépiment pour l’observer, fonctionnant encore. Afin de faciliter ces recherches, j'ai injecté dans le cœlome, surtout pour les Nephthys et les Glycères, soit de l'encre de Chine, soit du carmin. Quelque temps après, quand on ouvre l'animal, on constate que les poudres colorées se sont rassem- blées dans l’organe phagocytaire juxtaposé à la néphridie. Un moyen plus rapide encore de déceler celle-ci, consiste, l’animal étant ouvert sur la ligne médiane dorsale et privé de son tube digestif, à ajouter à l’eau de mer, dans laquelle se fait l’observation, quelques gouttes d’une solution aqueuse concen- tirée de Neutralroth. Au bout de peu de temps, les téguments, les muscles deviennent roses, tandis que la néphridie se colore en rouge vif, grâce aux nombreux grains de’ ségrégation qu’elle contient. Ce procédé a donc l'énorme avantage de mettre du même coup en évidence cette particularité structurale du tube excréteur. J'ai d'ailleurs largement employé les colorations vitales. Et, pour l'étude particulière des solénocytes, j'ai fait usage, sur le ORGANES SEGMENTAIRES DES ANNÉLIDES POLYCHÈTES 265 üssu frais, de coloration totale de la néphridie, obtenue après ou sans fixation, par le carmin ou le vert de méthyle. L'examen par transparence est Le plus souvent rendu iImpos- sible par la grande quantité de pigments dont sont remplies les cellules épidermiques. Cependant, ce mode d'investigation m'a été utile, particulièrement chez les Syllidiens, qui se prêtent mal à la dissection. Enfin, la méthode des coupes, en même temps qu'elle servait à contrôler les résultats obtenus d'autre part, m'a permis de faire une étude histologique assez complète de l'organe segmentaire. Pour l’anatomie microscopique, j'ai employé de préférence, comme fixateur, une solution de sublimé à saturation dans l’eau de mer additionnée de 5 à 10 p. 100 d’acide acétique. Cette proportion d'acide acétique est nécessaire pour faciliter la pénétration du fixateur à travers la couche de mucus qui entoure extérieurement l'animal. La liqueur de Bouin, celle de Tellyes- niczky m'ont également donné de bons résultats. Pour des recherches histologiques plus précises, Jj'isolais l'organe à étudier et Je le plongeais dans le liquide de Lindsay ou de Flemming, ou bien encore, dans certains cas (organes ciliés), dans le liquide de Merkel, auquel j’ajoutais une trace d'acide osmique. Les inclusions ont été faites à la paraffine, et les coupes pra- tiquées au microtome. L’adhérence sur la lame était obtenue, comme le recommande Henneguy, par une solution de gélatine à 1/500 dans l’eau. Le carmin aluné, l'hématoxyline ferrique, et après fixation aux liquides osmiés, le rouge Magenta ou la safranine sont les colorants que J'ai employés le plus fréquemment. Les colorations plasmatiques étaient faites soit avec le vert lumière, soit avec l'orange G. J'ai eu recours enfin à des méthodes spéciales pour la mise en évidence du réticulum des organes phagocytaires, et des vésicules de sécrétion. Le le lu apparaît nettement sur les coupes, quand les pièces ont macéré dans une solution faible de bichromate de potasse, ou simplement dans du liquide de Merkel. J'ai obtenu la coloration élective des vésicules de sécré- tions en traitant mes coupes selon les indications de Weigert. 266 LOUIS FAGE HISTORIQUE Les observations relatives aux organes segmentaires des Annélides polychètes se trouvent répandues dans un si grand nombre de mémoires, qu'il nous à paru impossible d'analyser, en tête de ce travail, tout ce que nos devanciers ont écrit sur la question. Nous retiendrons seulement, dans ce premier cha- pitre, les travaux qui offrent un caractère de généralité, nous réservant d’ailleurs, à propos de chaque famille étudiée, de compléter les indications bibliographiques à son sujet. Il faut remonter jusqu’en 1858 pour trouver le nom d'organes segmentaires dans la science. À cette date, parut un mémoire de Williams (1858), dans lequel l’auteur décrit et figure un organe segmentaire chez un grand nombre d’'Annélides. C’est un tube cilé, communiquant avec l'extérieur par ses deux extrémités. Ce tube peut être ramifié comme chez l’Aphrodite ; ou bien, comme chez les Térébelles, sur lui vient se greffer un canal supplementaire s'ouvrant dans le cœlome. Williams à considéré ces organes comme jouant un rôle prépondérant dans la formation des éléments sexuels. Ce serait dans le tube, d’après lui, que prendraient naissance les œufs et les spermatozoïdes pour tomber ensuite dans la cavité générale. De là, après maturation complète, ceux-ci seraient repris par les organes segmentaires pour être évacués au dehors. Ces fonctions, quelque peu compliquées, avaient attiré l’atten- tion de de Quatrefages (1865), qui, tout en acceptant l'existence de ces organes, bien qu'il n’ait jamais réussi à les mettre en évidence, se montre sceptique sur le rôle que leur assigne leur inventeur. « Lorsqu'on considère, dit-il, ce courant d’eau, sans cesse renouvelée, à l’intérieur d’un tube à parois minces, sur lesquelles viennent se ramifier de nombreux vaisseaux, il est difficile de ne pas songer aux moyens analogues, si souvent mis en œuvre, dans le but d'hématoser le sang. » Cependant Ehlers (1864-68), dans le chapitre des Borsten- würmer, consacré à l'étude des organes segmentaires, maintient l'opinion qui fait de ceux-ci des canaux au service de la géné- ORGANES SEGMENTAIRES DES ANNÉLIDES POLYCHÈTES 267 ration. Il a même vu, chez quelques formes, des modifications se produire à l’époque de la reproduction : « die Form der Segmentalorgane kann sich zur Zeit der Geschlechtsthätigkeit verändern, vielleicht durch gesteigertes Wachsthum der Wan- dungen, jedenfalls durch passive Ausdehnung, welche durch die Anhäufung von Eiern oder Samen im Binnenraume des Organs veranlasst wird. Diese Ausdehnung kann einen solchen Grad erreichen, dass die beiden Segmentalorgane eines Seg- mentes, wenn sie mit Geschlechtsproducten im hôchsten Maasse geladen sind, den ganzen segmentalraum anfüllen ». Mais, ces organes n’ont-ils pas d’autres fonctions ? L'auteur se le demande ; il est porté à croire qu'avant la maturité sexuelle, ils servent soit à la respiration, comme le pensait de Quatre- fages, soit à l'excrétion, suivant que le courant se fait dans le tube de dehors en dedans, ou de dedans en dehors. Avec: Claparède (1868), la notion d'un rôle excréteur Joué par l'organe segmentaire se précise. « Les anciens auteurs, ajoute-t-il, qui connaissaient au moins les ouvertures des organes seementaires, ainsi Tréviramus, qui les décrit chez les Aphrodites, ainsi Delle Chiaje, qui les admet chez tous les Annélides et qui les mentionne chez plusieurs, les anciens auteurs, dis-je, attribuaient aux organes segmentaires une fonction tout autre. Ils les considéraient comme servant à l’in- troduction d’eau dans la cavité périviscérale. Cette opinion ne peut plus être soutenue. La direction du mouvement ciliaire dans le calibre du tube s’y oppose, comme aussi ce fait que l'ouverture interne de l’organe segmentaire paraît faire défaut dans certains cas. » Claparède ne nie pas que ces organes puissent servir à conduire au dehors les éléments sexuels mûrs, mais il ne l’admet (1873) qu'avec beaucoup de réserves. Il pense, en tout cas, que, comme « 1ls existent dans les segments antérieurs de bien des Annélides, chez lesquels les ovules et les zoospermes ne pénètrent jamais dans cette région », ils doivent avoir d’autres fonctions; une partie seulement des organes segmentaires se chargeraient du rôle d'appareil efférent de la génération. Ainsi, peu à peu, depuis Williams et de Quatrefages, avec Ehlers, Claparède, se dégage ce fait que l’organe segmentaire 268 LOUIS FAGE sert à la fois à l’excrétion et à l'expulsion des produits sexuels. Les données anatomiques deviennent en même temps moins vagues. Déjà les Borstenwürmer renferment des dessins, incom- plets il est vrai, mais souvent exacts, et Claparède nous fournit des indications très précieuses, principalement au sujet des Alciopiens, des Euniciens et des Lycoridiens. Désormais, les auteurs signalent dans leurs travaux, chaque fois qu'ils Le peuvent, la présence et la forme de l'organe seg- mentaire. Tous ces renseignements isolés, qu'il faut chercher surtout dans des études faunistiques, trouveront leur place au cours de ce travail. Nous devons toutefois une mention spéciale aux mémoires de Semper et de Balfour qui ont tenté tous les deux, presque en même temps, un rapprochement entre l'appareil exeréteur des Annelés et celui des Vertébrés. Semper (1875-76) fut frappé de la ressemblance que présen- tent les organes rénaux des embryons de Squales avec ceux des Annélides. Dans l’un et l’autre cas, à chaque segment corres- pond un tube rénal, s’ouvrant à l’intérieur par un pavillon vibratile; mais, tandis que chez les Annélides chaque organe s ouvre isolément au dehors, c'est dans un canal commun que les reins segmentaires des Squales viennent aboutir. Cette ressemblance ‘n’est que passagère ; bientôt, le rein des Séla- ciens se transforme et acquiert ses caractères définitifs. Sem- per considère donc le système excréteur des Annélides comme marquant une étape embryonnaire de celui des Ver- tébrés. C’est aux mêmes conclusions qu'aboutit Balfour (1876). Deux ans plus tard, Hatschek (1878) publiait le curieux développe- ment du Polygordius, ce qui rendait le parallélisme encore plus frappant puisque, là aussi, il était question de néphridies provi- soires. Aussitôt Balfour (1885) élargit sa théorie. Reprenant une idée émise par Fürbringer (1878), il écrit : « The excretory organs of the Platyelminthes are in many respects similar to the provisional excretory organ of the trochosphere of Polygordius and the Gephyrea on the one hand, and to the Vertebrate pronephros on the other; and the Platyelminth excretory organ with an anterior opening might be regarded as ORGANES SEGMENTAIRES DES ANNÉLIDES POLYCHÈTES 269 having given originin to the trochospherorgan, whil that with a posterior opening may have done so for the Vertebrate pronephros ». Bien qu'Hatschek soit très affirmatif sur l'existence d'un double canal longitudinal en rapport avec la néphridie lar- vaire, et se fragmentant pour donner naissance aux organes segmentaires de l'adulte, le fait, on le voit, peut prendre une telle importance au point de vue phylogénétique, qu'une confirmation en serait nécessaire, d'autant plus que ce stade intéressant à complètement échappé à Fraipont (1887). « Je n'ai pu, dit-il, assister à la formation de ces deux canaux longitudinaux du ‘tronc. Quand Jai observé les premiers organes segmentaires du tronc chez la larve, ils étaient déjà isolés les uns des autres, dans chaque somite. » Depuis Williams, beaucoup d'auteurs, au cours de leurs travaux, avaient consacré quelques lignes à la description des organes segmentaires, mais aucun ouvrage d'ensemble navail encore été publié sur ce sujet. Cosmovici (1879) voulut combler cette lacune. Il étudia plus spécialement le groupe des Annélides sédentairesdont il passe en revue quelques- uns des principaux types, et, parmiles errants, dit quelquesmots des organes segmentaires des Séhenelais Idunæ Rathke, Nereis bilineata D. Chia., Marphysa sanguinea Mont. Pour lui, l'organe segmentaire se compose de deux parties bien dis- ünctes : une partie glandulaire à fonction excrétrice qu'il appelle l'organe de Bojanus, et le pavillon vibratile, auquel il réserve le nom d’organe segmentaire proprement dit. Il résume ainsi les conclusions de son mémoire : « Chez les Annélides sédentaires on trouve deux sortes d'organes : 1° des corps de Bojanus variant suivant les genres et les espèces quant à leur nombre et à leur disposition; 2° des organes _Segmentaires, offrant les mêmes variations, tantôt indépen- dants, lantôt venant s'attacher sur les corps de Bojanus, et empruntant à ces derniers leurs ouvertures extérieures ; leur fonction étant de recueillir les produits de la génération flottant dans la chambre viscérale et de les verser au dehors. » Chez les errants il n’a rien vu de semblable au corps de Bojanus des sédentaires : « l'organe segmentaire nous 970 LOUIS FAGE paraît consister en un tube plus ou moins long, surmonté d’un pavillon très large, cilié, à deux lèvres, qui le met en communication avec la cavité du corps ; ce tube s'ouvre à l'extérieur par un pore. Chaque paire d'organes segmen- taires n'est en communication qu'avec l'anneau qui la con- tent ». Le mémoire de Cosmovici a été très violemment attaqué, surtout lorsque des travaux ultérieurs parurent, qui mon- trèrent que la plupart des faits invoqués par l’auteur pour justifier sa théorie, étaient inexacts. Néanmoins nous verrons, bien que ceci puisse paraître paradoxal, que, si la partie anatomique du travail de Cosmoviei doit rester dans le domaine historique de la science, il y aurait peu de chose à changer à ses conclusions pour les mettre en accord avec ce que nous savons actuellement sur la morphologie des organes segmentaires. | | Eisig, après avoir décrit dans un premier mémoire (1879) les organes segmentaires des Capitelliens, leur consacre, dans la belle monographie qu'il a faite de cette famille (1887), un grand chapitre, suivi de considérations générales sur l'appareil excréteur des vers. Les organes segmentaires, dit-il en substance, servent à la fois à l'expulsion des produits génitaux et à l’excrétion. Dans le premier cas, la néphridie s'adapte presque toujours à sa nouvelle fonction. La plupart de ces modifications temporaires se traduisent par une augmen- tation de volume de l'organe tout entier ou seulement d’une de ses parties. Quant à la fonction excrétrice, elle est double : « die Nephridien haben daher eine doppelte Function, nämlich erstens die, die durch das Blut ihren Drüsenzellen zugeführten Vorstufen von Excreten in endgültige, durch die Nephridiumkanäle zu eliminirende Excrete überzuführen, und zweitens die, vermôge der Trichter (und denselben Kanäle) feste, in anderen Nierenorganen zur Ausscheidung gelangte endgiltige ŒExcrete aus dem Cülom herauszu- schaffen ». Ainsi Eisig attira de nouveau l'attention sur les modifica- tions que peuvent subir les organes segmentaires au moment de la reproduction, et montra que le pavillon vibraüle ORGANES SEGMENTAIRES DES ANNÉLIDES POLYCHÈTES 271 servait à recueillir, outre les produits sexuels, les excreta solides de l'organisme. Cunningham (1888), après une critique un peu vive, peut- être, de la théorie de Cosmovici, passe en revue les organes segmentaires des Arenicola marina L., Curatulus cirratus O.F. Müll., Nerine cwratulus, D. Chia., Nerine coniocephalus Johnst., Lanice conchilega Pall., Pectinaria belgica (Pall.) Nereis virens Sars. Partout, sauf chez la ÂMereis, le large pavillon de la néphridie donne passage aux éléments génitaux. Pour celle-ci, le seul mode de dissémination sexuelle paraît être la déhiscence des téguments. Le néphrostome trop étroit et le tube néphridial fortement contourné s'opposent matériel- lement à l'accès des œufs ou des spermatozoïdes. De même, Ed. Meyer (1886-88) s’est principalement occupé des Annélides sédentaires, mais les conclusions qui se déga- sent de ses études sont tellement importantes qu'il est néces- saire que nous les signalions. L'auteur décrit chez les séden- taires deux sortes de néphridies, les néphidies thoraciques et les néphridies abdominales, différant anatomiquement et physio- logiquement. Les premières ont un néphrostome étroit, un tube néphridial très développé et jouent un rôle uniquement dans la sécrétion : les deuxièmes, munies d’un large pavillon que prolonge un court canal cilé, servent surtout de conduits vecteurs, à l’époque de la reproduction. | Trautzsch (1889) pensa pouvoir établir aussi chez les Aphroditiens une distinction entre les néphridies anté- rieures et les néphridies postérieures. Celles ci, correspondant aux néphridies abdominales des sédentaires, perdraient leur rôle excréteur au moment de la reproduction pour servir seulement de conduits vecteurs; alors que les néphridies antérieures resteraient toujours excrétrices. Nous verrons ce qu'il faut penser de cette opinion. En étudiant le développement de la Polymnia nebulosa Mont., Meyer a constaté que la larve possédait une néphridie cépha- lique close du côté interne, ne communiquant pas avec la cavité générale. Puis les ébauches des néphridies défini- tives apparaissent sous la forme de cordons cellulaires pleins qui, se développant de plus en plus, vont à la rencontre du 22 LOUIS FAGE rudiment du pavillon. Celui-ci à pris naissance aux dépens de l'épithélium péritonéal. L'organe segmentaire aurait donc deux ébauches bien distinctes. « Durch diesen rein anatomischen Befund und noch mehr den ontogenetischen Entwicklungs- modus, den wir bei Polymnia nebulosa kennen gelernt haben, ist die Angehôrigkeit der Nephridialtrichter zum Perito- neum sicher gestellt.. Die Lage ferner derganzen schlauchfôr- migen, excretorischen Theile zwischen Peritoneum und Leibeswand, so wie ihre von den Trichteranlagen unabhängige Bildung aus eben so gelegenen Zellen in der Larve, lässt die Vermüthung zu, dass die Nephridialschlaüche einem retro- peritonealen Gewebe entstammen und somit von den Peri- tonealtrichtern morphologisch verscheiden seien. » Et l’auteur est ainsi amené à se demander si les pavillons ciliés et les tubes néphridiaux ne sont pas chacun une unité morphologique, dont l'association formerait l’organe segmen- taire tout entier. Goodrich, dans son mémoire de 1895, répond catégori- quement à la question, et montre que jusqu'à présent on à confondu sous le nom de néphridie deux organes totalement différents quant à leur origine et quant à leur fonction : la véritable néphridie, essentiellement excrétrice, et le pavillon, correspondant morphologiquement au conduit génital. On peut donc dire que nos connaissancés précises sur les néphridies et leur signification morphologique datent des travaux de Mever pour les sédentaires et de Goodrich pour les errants. Celui-ci, de 1897 à 1900, publia une série d’études sur les néphridies des Polychètes, quine sontque laconfirmation de la théorie soutenue par lui en 1895. Il montra que, chez certains types, la néphridie est normalement elose el que, seulement au moment de la reproduction, elle communique avec le cœlome par un large pavillon chargé de recevoir les produits sexuels. C’est à lui également que nous devons la découverte importante des solénocytes, ces curieuses cellules, comparables aux flammes vibratiles des Rotifères et des Pla- thelminthes. PREMIÈRE PARTIE CHAPITRE PREMIER PHYLLODOCIENS Les premières indications relatives à l'organe segmentaire des Phyllodociens nous sont données par Huxley (1856). Dans une courte notice sur la Phyllodoce viridis il indique la présence d’un petit canal ciliés’ouvrant directement à l'extérieur, à la base du pied. ï Claparède, beaucoup plus tard (1863), signale chez une Phyllodoce, d'espèce indéterminée, une capsule blanchâtre, qu'il figure au voisinage du parapode. L'auteur ne se prononce pas d’une manière catégorique sur la signification de cet organe, mais il y a tout lieu de croire qu'il s’agit simplement d’une glande pédieuse, bien développée, et facilement visible par transparence. Ehlers (1864) se montre également peu renseigné sur les organes segmentaires des Phyllodociens. Il est d’ailleurs très bref à ce sujet: « ich vermüthe, dass die segmentalorgane in den hohlen Trägern der Ruckencirren oder in der Ruderbasis liegen ». Tout était donc encore à faire sur ce point, lorsque Gravier (1896) entreprit ses recherches sur les Phyllodociens. Il étudia avec grand soin leurs néphridies, et atüra particulièrement l'attention sur les modifications considérables qu’elles subissent à l’époque de la reproduction. Malheureusement l’auteur, n'ayant pu les observer sur le vivant, ne reconnut pas la pré- sence des solénocytes. C'est à Goodrich (1900) que nous devons la description de ces intéressantes cellules. II les figure chez la PAyllodoce Paretti ANN. SC. NAT. ZOOL., 9e série. 1, 18 274 LOUIS FAGE Blainv., la Phyllodoce laminosa Sav., et l'Eteone siphonodonta D. Chia. Il montre que la néphridie des individus immatures est normalement close dans le cælome et que, secondairement, en même temps que les cellules sexuelles, se développe un pavillon cilié, servant à l'expulsion des produits génitaux. Mes recherches ont porté sur un grand nombre de types, choisis parmi les trois genres : Phyllodoce, Eulalia, Noto- phyllum. J'ai examiné plus spécialement la Phyllodoce Paretti Blainv., la Phyllodoce laminosa Sav., la Phyllodoce mucosa OErst., l'Evlalia viridis Müll., l'Evlalia pallida Clp., 'Eulalia punctfera Gr., le Notophyllum polynoïdes OErst. Pour la plupart, les Phyllodociens sont des Annélides très étroits et, par conséquent, d’une dissection pénible. M’étant cependant rendu compte que la méthode des coupes était insuf- fisante pour étudier l'anatomie fine de l'organe segmentaire, j'ai dû recourir à des dissections pratiquées sous la loupe et à des dissociations sous le microscope. C’est ainsi seulement que j'aï pu mettre en évidence les différentes formes de solénocytes qui terminent la néphridie, et leur rapport avec celle-ci. Considérée dans son ensemble, la néphridie des Phyllo- dociens est fort simple. C’est un tube, légèrement sinueux, partant d'un pore néphridial, ventralement situé, à la base du parapode, et cheminant parallèlement à l’axe du corps, tout en se rapprochant peu à peu du plan médian de l'animal. Il ren- contre le dissépiment, le traverse et se lermine dans l'anneau précédent par un bouquet de solénocytes. Cette disposition générale se retrouve dans toutes les formes que j'ai examinées à ce point de vue. Les différences que l’on rencontre portent uniquement sur des variations de détails, et principalement sur les ramifications terminales de l'organe. De telles néphridies se trouvent au nombre d’une paire dans chaque anneau du corps, sauf dans les premiers et les deux ou trois derniers. Le nombre des segments antérieurs dépourvus de ces organes, bien que n'étant pas constant, est toujours réduit. L'Eulalia viridis Müll. en possède à partir du troisième séligère ; il en. est de même pour le Nofophyllum polynoïdes OErst. Seuls, parmi les Polychètes errants, quelques types de ORGANES SEGMENTAIRES DES ANNÉLIDES POLYCHÈTES 275 Syllidiens ont des organes excréteurs dans les premiers seg- ments du corps. Je vais décrire en détail l'organe segmentaire de l'£wlalin ridis Müll., espèce très commune, principalement sur les bords de la Manche; je passerai ensuite à l'examen des différentes formes qu'il m'a été possible de me procurer. Si l’on dissèque avec soin une Æulalia viridis Müll. jeune, alors que les produits génitaux ne sont pas encore formés, on peut voir, sous une très forte loupe, à chaque segment, l'extrémité de la néphridie flotter libre- ment dans le cœlome., La néphridie est ou bien simple, ou bien rami- fiée; mais, dans ce cas, le nombre des ramifi- cations, très variable, n'est que rarement su- périeur à trois. Chacune de ces ramifications, | examinée à un fortgros- Fig. 1. — Extrémité terminale de la néphridie sissement (fig. 1), se de l'Eulalia viridis Müll. Vue de face. x 574. montrecomme étantune terminaison en eul-de-sac du tube néphridial. L’extrémité en est renflée, arrondie, et légèrement aplatie sur ses bords, de manière à prendre de profil (fig. 2) une forme lenticulaire très accusée. Le plus grand diamètre peut atteindre 50 y. De chaque extrémité partent, en éventail, un grand nombre de tubes rigides qui viennent aboutir à une masse cellulaire plus ou moins compacte, ce sont les solénocytes. La forme des solénocvtes est tout à fait caractéristique. Ils ne sont pas isolés les uns des autres, mais soudés par leur protoplasme. Quelques- uns peuvent être indépendants ou réunis trois ou quatre en un même groupe. On voit alors qu'ils se composent chacun d’un noyau, entouré d’une couche peu épaisse de cytoplasme, le tout jJuché au sommet d’un long tube, à l’intérieur duquel s'aperçoit un flagellum mobile. Les tubes, hyalins, transparents, tra- 276 LOUIS FAGE versent la paroi de la néphridie et s'ouvrent dans la cavité néphridiale. Ces tubes sont creux; à leur intérieur se trouve un long flagellum, inséré au voisinage du noyau et qui bat d’un mouvement hélicoïdal. L’extrémité des flagellums pénètre dans la néphridie et y détermine un remous incessant. À chaque tube flagellifère correspond un noyau. Le meilleur moyen pour le mettre en évidence sur le tissu frais, consiste à ajouter quelques gouttes d’une solution de vert de méthyle à l’eau de mer dans laquelle baigne l'organe. Aussitôt, au sein de la masse cyto- plasmique, d’une épaisseur moyenne de 10, se dessinent des noyaux nom- breux, mesurant 6 w de diamètre, et se colorant intensivement en vert. Si l’ac- tion du colorant se prolonge, on voit - également le flagellum intratubulaire F - prendre une teinte verte très nette au voisinage du noyau. Ce flagellum paraît s'insérer directement sur le noyau, comme c'est le cas pour nombre de cellules, et, en particulier, pour les Fig. 2 — ŒExtrémité ter choanocytes de certaines éponges. L’a- minale de la néphridie de Re cs l'Eulalia viridis Müll. Vue Vidité considérable du noyau des solé- Si PrORREASU nocytes pour les colorants basiques, rend difficile l'étude des détails de sa structure. Il m'a été impossible de retrouver le centrosome ; il eût été pourtant désirable d'indiquer ses rapports avec le flagellum. Les karyosomes sont petits, mais serrés les uns contre les autres et extraordinairement nombreux. De plus, on constate la présence d’un véritable nueléole acidophile, bien individualisé. | Les tubes flagellifères, mesurant 20 à 25 y de longueur, sont réunis à leur tiers inférieur par une mince membrane implantée sur la néphridie, à la manière d'une crête ondulée. Cette mem- brane, extrèmement transparente, semble jouer un rôle de soutien. De sa base partent de longs cils vibratiles, qui s’insi- nuent entre les solénocytes, les dépassent même, et, par leur mouvement rapide, déterminent autour d'eux un courant ORGANES SEGMENTAIRES DES ANNÉLIDES POLYCHÈTES 277 continu. Le liquide ambiant est ainsi toujours renouvelé au contact des solénocytes. Sur le vivant, le protoplasme des solénocytes apparaît forte- ment granuleux, renfermant çà et là des vésicules très réfrin- gentes, probablement de nature excrétrice. Après un examen attentif, on le voit sillonné en tous sens de petites bandes plus claires, s’anastomosant entre elles, et donnant l'illusion com- plète d’une sorte de trophospongium, ou d’un réseau de cana- licules intracytoplasmiques. En réalité, ces pseudo-canaux correspondent aux interstices qui séparent les noyaux, lesquels donnent, par transparence, une opacité plus grande à certains points du cytopiasme. Le rouge neutre ne décèle aucun grain de ségrégation dans les solénocytes, mais, en revanche, en montre une quantité énorme dans la tête de la néphridie. D'ailleurs, à cet endroit, l'aspect du protoplasme est tout autre. Au lieu d’être clair, transparent, il est très opaque, et renferme de nombreuses inclusions vertes, jaunes, dénotant une activité excrétrice intense. Ces mêmes particularités se retrouvent, mais en moins grand nombre, sur tout le trajet du tube néphridial. On le suit aisément dans la dissection grâce au mouvement des cils vibra- tiles qui battent à son intérieur. Les cils sont d’une longueur considérable; ils atteignent quatre à cinq fois l'épaisseur de la paroi de la néphridie et sont dirigés dans le sens du courant qu'ils déterminent, c'est-à-dire de l’intérieur vers l'extérieur. Leur mouvement régulier, hélicoïdal, est tout à fait comparable à celui des flagellums intratubulaires des solénocytes. En coupe (PI. VE, fig. 1), l'extrémité terminale de la néphridie se montre comme étant un syncitium à noyaux nombreux, dont le cytoplasme est entièrement rempli de grains d’exerétion volumineux, les uns acidophiles, les autres basophiles. Les noyaux mesurent 6 w en moyenne el sont riches en chro- maline. Le tube néphridial lui-même, vu en coupe transversale (PI. VE, fig. 2) a une structure complexe. Sa lumière, intracellulaire, est bordée d’une couche protoplasmique renfermant des granu- lations extrêmement fines. Près de la basale se trouve une rangée continue de petits bâtonnets. très fortement colorés, 978 LOUIS FAGE serrés les uns à côté des autres, et orientés normalement à elle. Maziarski (1903) a signalé, dans la néphridie du ver de terre, des formations analogues, qu'il identifie au protoplasma supe- rieur de Prenant (1899), de même que les bâtonnets d'Hei- denheim du rein des vertébrés supérieurs. Les cils de la néphridie ont des racines banales qui se confondent avec le réüculum spongioplasmi- que. Les noyaux sont rares sur les coupes. Au moment de la matu- rité sexuelle, l'organe seg- mentaire se modifie entière- ment. La dissection montre que la néphridie commu- nique alors avec le cælome, par l'intermédiaire d’un large pavillon cilié (fig. 3). C’est un entonnoir profond, de section sensiblement ovale, et tapissé, à son intérieur, de cils vibratiles nombreux et très actifs. Les lèvres du pavillon sont réfléchies, et dessinent quatre lobes régu- liers, recouverts de cils plus longs. Cet organe vient se mettre en contact avec le- tube néphridial et s’accole intimement à Lui. Il est la continuation de l’épithélium cœlomique lui-même, et se .. . présente comme une simple Fig. 3. — Organe segmentaire de l’Eulalia : < ; sue viridis Müll. < 260. invagination de celui-ci. Le: tube néphridial acquiert un diamètre beaucoup plus considérable dans la partie voisine du pore externe, puis, à la moitié de son parcours environ, il fait un léger coude; sa lumière communique, à cet endroit, librement avec celle du pavillon. Il continue son trajet, mais. ORGANES SEGMENTAIRES DES ANNÉLIDES POLYCHÈTES 279 se trouve complètement soudé au pavillon, et compris dans la paroi même de celui-ci. Extérieurement, il n’est plus visible et se devine seulement par le mouvement particulier de ses cils et l'aspect granuleux de son protoplasma. Enfin, on voit émerger, de la paroi extérieure du pavillon, la tête de la néphridie por- tant les solénocytes. Ceux-ci sont tout à fait normaux et n'ont subi aucune dégénérescence. Au point de vue histologique (PI. VE, fig. 3 et 4), le pavillon est formé de cellules légèrement obliques par rapport à l’axe du canal qu’elles délimitent. Ces cellules ont un noyau ovale, bien développé, à nombreux Kkaryosomes et à nucléole distinct. Le protoplasme offre un aspect très finement granuleux, mais est surtout remarquable par le nombre des racines cihaires qu'il renferme. Quelquefois, elles ne paraissent nullement orientées, mais, la plupart du temps, elles ont une disposition régulière et des plus caractéristiques. Elles prennent naissance en un point voisin de la basale, et, de là, s'épanouissent en éventail, pour se terminer chacune à une granulation basilaire, située sur le plateau de la cellule. Les cils vibratiles s’insèrent sur ces granulations. | J'ai parlé de cellules, cependant les limites interceliulaires sont parfois difficiles à mettre en évidence et peuvent être masquées par les racines ciliaires abondantes qui se super- posent à elles, et déterminent une striation du protoplasme. Les noyaux sont régulièrement placés et l’on ne peut consi- dérer la lumière du pavillon comme intracellulaire. : La membrane péritonéale fait au pavillon une légère enve- loppe, discernable seulement à ses noyaux aplatis. Fréquemment, on rencontre des spermatozoïdes ou des œufs engagés dans le pavillon et entraînés, par le mouvement des cils vibratiles, vers l'orifice de sortie de l'organe segmentaire. Le passage des spermatozoïdes est aisé ; mais, pour l’expulsion des œufs, le tube néphridial subit une dilatation considérable de ses parois, l'émission en est beaucoup plus lente. L’aspectetlastructure del’organesegmentaire varient peuchez lesPhyllodociens. Cependant, il est bon de signaler quelques parti- cularités intéressantes, caractéristiques des espèces considérées. 280 LOUIS FAGE La néphridie de l’Eulalia pallida Clp. se termine par une seule branche portant des solénocytes (fig. 4). Ceux-ci se rapprochent beaucoup de ceux de l'£ulalia viridis Müll. ; 1ls Fig. 4. — Extrémité terminale de la néphridie de l'Eulalia pallida Clp. x 450, ont 7 à 8 u, portés au sommet de tubes flagellifères mesurant 15 y de hauteur en moyenne. Les tubes traversent la paroi de la tête de la néphridie, qu'ils dépassent même du côté interne, faisant saillie dans la cavité né- phridiale. Tous ces détails sont très bien visibles par transpa- rence, on voit même l'extrémité libre des tubes osciller régulière- ment sous l’action vibratoire du flagellum intratubulaire. Les solénocytes sont presque tous soudés entre eux par leur partie protoplasmique formant une masse compacte très réfringente. Je n’ai pas aperçu de membrane de soutien réunis- Fig. 5. — Extrémité terminale de l'organe segmentaire de l’'Eulalia punctifera. Gr. x 20 sant entre eux les tubes des soléno- cytes par leur base. N'ayant eu à ma disposition que des exemplaires jeu- nes d'Eulalia pallida Clp., je n'ai pu étudier les détails de structure du pavillon. L'Eulalia gpunctifera Gr. nous montre une disposition nouvelle des solénocytes. La néphridie (fig. 5) n’est pas ramifiée, mais légèrement recour- bée à son extrémité, et les soléno- cytes sont implantés seulement d'un côté de la néphridie. Cette disposition est très intéressante car nous la re- trouverons présque identique chez la Goniada emerita Aud. et Edw., dans ‘une famille bien éloignée de celle des Phyllodociens. Au moment de la maturité sexuelle, se forme un pavillon cilié ORGANES SEGMENTAIRES DES ANNÉLIDES POLYCHÈTES 281 qui se met en contact avec la néphridie. Il est en tout point semblable à celui qui se forme à la même époque chez l'Euwla- la vuidis Müll., et affecte avec la néphridie les mêmes rapports. Parmiles Phyllodociens le genre Notophyllum à une physionomie bien à part ; avec ses pieds bira- més, ses larges cirres dor- saux aplatis, recouvrant complètement le dos, comme le feraient des élytres, il nous apparaît bautement différencié. Ce- pendant sa néphridie dif- fère fort peu de ce que nous avons vu chez le genre Eulala. Fig. 6. — Extrémité terminale de la néphridie du Notophyllum Polynoïdes OErst. x 500. La néphridie du Notophyllum polynoïdes OErst. ne se ter- mine pas par une partie renflée formant une sorte de tête; l’extrémité de la néphridie est ici (fig. 6) simplement un cul-de-sac du tube néphridial, dont le diamètre a augmenté insensiblement jusqu’à ce point. Les solénocytes sont placés en éventail au sommet de la néphridie ; les tubes flagellifères, réunis à leur base par une membrane de soutien formant crête, sup- portent les masses cellulaires plus individua- hsées, divisées en petits groupes renfermant deux ou trois noyaux; à certains endroits les solénocytes sont même isolés. Ces solénocytes ont une particularité remarquable (fig. 7), ils sont hérissés de petits poils très courts et très nombreux. Vus à un fort grossissement, ces poils ont l'aspect de petites épines 2 ee ASE es ls, É 7 ‘) fe Fig. 7, — Solénocyte du Notophyllum polynoïdes OErst. x 3000. légèrement renflées à leur base. La signification de telles productions est assez embarrassante. En tout cas, on ne sau- 289 LOUIS FAGE rait les assimiter à des cils vibratiles; examinés sur le vivant, alors que le flagellum battait normalement, je les ai toujours vus immobiles. Il faudrait peut-être voir là quelque chose d’analogue aux prolongements piriformes, qui surmontent les solénocytes de la Nephthys Homberqu Aud. et Edw., ou encore aux prolongements protoplasmiques du néphrostome des Lyco- ridiens. | Le pavillon, qui apparaît à l’époque de là reproduction, est large, abondamment cilié. Gravier (1896); qui a étudié le Fig. 8. — Extrémité terminale de la Fig. 9, — Extrémité termi- néphridie. de la Phyllodoce Paretti nale de l’organe segmen- Blainv. x 330. taire de la Phyllodoce Pa- relti Blainv. X 56. pavillon du Notophyllum alatum Langerhans, dit que les cils vibratiles, au lieu de former une sorte de duvet, sont groupés par bouquets sur le plateau de chaque cellule. Le fait est moins apparent chez le Notophyllum polynoïdes OErst. C’est dans le genre PAyllodoce que la néphridie accuse le plus de variabilité. La PAyllodoce mucosa OErst. représente Je type déjà décrit chez les ÆEulalia et le Notophyllum polynoïdes OErst. ; la néphridie se termine par des solénocytes disposés en éventail. Mais la Phyllodoce Paretti Blainv. (fig. 8), comme le réprésente Goodrich (1900), a une néphridie abon- damment ramifiée. Le canal néphridial, après avoir traversé le dissépiment, se divise en un grand nombre de petits canaux. Chacun d’eux se termine en cul-de-sac au sommet de lobes saillants sur lesquels sont insérés les solénocytes. Ceux-ci sont indépendants les uns des autres ; leur tube flagellifère traverse directement la paroi de la néphridie. Outre son grand ORGANES SEGMENTAIRES DES ANNÉLIDES POLYCHÈTES 283 volume, le fait le plus caractéristique de l'organe excréteur de cette espèce est l'absence des longs flagellums externes qui, chez tous les autres Phyllodociens, déterminent, par leur mouvement continu, le renouvellement du liquide de la cavité générale au voisinage des solénocytes. L'évacuation des produits génitaux se fait par l’intermé- diaire d’un énorme pavillon vibratile (fig. 9) qui se joint à la néphridie. Ce pavillon à près d’un demi-millimètre de diamètre ; aussi rencontre-t-on souvent à son intérieur deux ou trois œufs qui s'y sont engagés en même temps. Les racines ciliaires, particulièrement développées, donnent un aspect strié à l’en- semble de l'organe examiné en coupe (PI. VI, fig. 4). La Phyllodoce laminosa Sav. est si \oisine de la PAyllo- doce ParettiBlainv., que l’on serait tenté de la considérer comme une simple variété de celle-ci ; et pourtant leurs néphridies diffèrent complètement. Le tube néphridial de la Phyllodoce lami- nosa Say. (fig. 10) + © LECRCNRE 73 Re D ie Le É, s'épanouit à son enr A À extrémité en quatre et Fig. 10. — Extrémité terminale de la néphridie de la lobes, larges et apla- Phyllodoce laminosa Sav. X 150, is. A la face supé- rieure de chacun d’eux etle long des dépressions qui lesséparent, sont implantés des solénocytes, disposés les uns derrière les autres, en rangées sensiblement régulières, entre lesquelles battent extérieurement de longs flagellums. Leur forme est uni- que dans la famille des Phyllodociens et ne rappelle celle d'au- cun organe de ce genre précédemment étudié chez les autres espèces. Les cellules dont ils sont formés sont groupées par paires, et reposent directement sur la néphridie elle-même. Elles ne sont donc pas supportées par les tubes flagelhfères. Ceux-ei s'attachent au sommet de la cellule qui se prolonge 284 LOUIS FAGE par une partie protoplasmique recourbée. Les deux cellules sont soudées par leur base, leurs noyaux restant indépendants. Nous verrons les solénocytes disposés d’une façon analogue chez la Glycera unicornis Sav. et chez les Nephthydiens. On peut déjà se rendre compte de la grande variété de forme de ces solénocytes, et par conséquent de leur peu de valeur au point de vue des affinités réciproques des diffé- rentes espèces entre elles. Le pavillon vibratile apparaît au même moment et dans les mêmes conditions que chez la Phyllodoce Paretti Blainv. En résumé, l'organe segmentaire des Phyllodociens à un double rôle. Il est avant tout un organe excréteur; secondaire- ment, il se met au service de la génération et devient alors un véritable conduit vecteur des produits génitaux. Mais au moment où s’accomplit cette nouvelle fonction, des modifica- tions se produisent, qui aboutissent à la formation d'un pavillon génital se greffant sur la néphridie. Des phénomènes analogues se passent chez les Alciopiens, et bien que je n'aie pu me procurer aucun représentant de ce groupe, j'ai pensé qu'il n'était pas sans intérêt de rapprocher les observations de mes devanciers sur cette tribu, des faits que je viens d'exposer, relatifs aux Phyllodociens proprement dits. | Hering /1860) donna d’abord une description assez rapide de l'organe segmentaire des Alciopiens, qu'il reprit avec un peu plus de détails en 1892. Mais Claparède (1868) avait déjà étudié soigneusement l'Asterope candida VD. Chia. et l’Alciope cantrainü Clp., et avait reconnu chez les exemplaires mûrs, au voisinage des néphridies postérieures, la présence d’une large poche qu’il prit pour une vésicule séminale. C'était en réalité le pavillon génital, comme le montra Greeff (1877) quelques années plus tard. Cet auteur vit chez un mâle mür de la Rynchonerella fulgens (1885) les spermatozoïdes franchir l'orifice interne du pavillon. | Goodrich (1900), enfin, a fait une remarquable étude de l'appareil excréteur de tous ces types pélagiques. Chez la Vana- ORGANES SEGMENTAIRES DES ANNÉLIDES POLYCHÈTES 285 dis formosa Clp., la néphridie se compose d’un long tube cilé intérieurement, clos dans le cæœlome et portant des solé- nocytes sur environ la moitié de son parcours ; la même dispo- sition se retrouve chez l’Alciope cantrainü Clp., mais ici la . néphridie est ramifiée et les solénocytes sont groupés à l’extré- mité de chacune des branches terminales de l'organe. Ils sont de même forme que ceux des autres Phyllodociens ; leurs tubes flagellifères remarquablement longs, étroits et de dia- mètre égal sur toute leur étendue, traversent la paroi du canal néphridial, faisant saillie dans la lumière et portent des cellules rondes, granuleuses, soudées en partie par leur protoplasme. Des cils vibratiles battent extérieurement entre Les solénocytes. Chez l’Asterope candida D. Chia., dont la néphridie est très voisine de celle de la Vanadis formosa Clp., Claparède avait entrevu les solénocytes, sans comprendre leur relation avec le tube excréteur. « La particularité, dit-1l, la plus remarquable de cet appareil consiste dans l'existence de touffes de longs poils raides, insérés sur la surface externe du boyau. Ces touffes se présentent surtout à la surface de l’anse en forme de boucle, mais on ne peut les suivre au delà, jusque vers le milieu de la longueur du boyau.... On pourrait songer à des faisceaux de brides fort ténues, destinées à maintenir l'organe en position. Ceux qui ne verront que la planche pourront aussi penser à des régimes fasciculaires des zoospermes ; mais pour celui qui a vu des zoospermes véritables et mobiles à côté de ces poils raides, la confusion n’est pas possible un instant. » Cependant, Keferstein (1861), qui semble également avoir aperçu ces « touffes de poils », chez l’A/ciope Renaudn Aud. et Edw., a dù les prendre pour des spermatozoïdes, et les ayant observés chez une femelle, il en a conclu à l’hermaphro- disme de cette espèce. En même temps que les cellules sexuelles se développent, les pavillons génitaux font leur apparition. L’épithélium cœælomique qui revêt la face antérieure du dissépiment, des- sine vers la néphridie une légère concavité, qui s’accen- tue graduellement. Ces poches septales, recouvertes de cils vibratiles, deviennent de plus en plus profondes et, lorsque la maturité sexuelle est complète, elles se soudent 28000 LOUIS FAGE au canal néphridial et entrent en communication avec lui. En résumé, l'organe segmentaire des A/ciopinæ subit les mêmes modifications que celui des Phyllodocinæ et devient capable, au moment de la reproduction, de servir de conduit vecteur aux produits génitaux. Pour les Lopadorhynchinæ, nous ne possédons qu'une courte description de la néphridie du ZLopadorhynchus, faite par Meyer (1890). Il1ne signale pas la présence de solénocytes et dit simplement que la néphridie se termine par un entonnoir cilié, largement ouvert dans le cœlome. Probablement, Meyer n'a eu affaire qu'à des individus adultes, et de nouvelles recherches amèneraient aussi vraisemblablement la découverte des solénocytes dans cette Lribu. CHAPITRE II NEPHTHYDIENS Les organes segmentaires des Nephthydiens sont longtemps restés méconnus. Leur découverte date seulement de 1897, époque à laquelle Goodrich leur consacra un mémoire. Cet auteur étudia avec soin la Nephthys scolopendroides D. Ch., et dit quelques mots de la Nephthys cæca Fabr. 11 décrivit leur curieuse néphridie à solénocytes, de forme si particulière, et montra les rapports qu'elle affecte avec l'organe cilié qui lui est annexé. Stewart (1900) compléta plus tard le travail de Goodrich et signala, pour la première fois, l'amas de phagocytes à la base de l’organe cihé. Il injecta à une Nephthys du carmin et de l'encre de Chine et vit les phagocytes, ayant incorporé ces par- ticules solides, être entraînés par le mouvement des cils à la base de l'organe cilié, au point où celui-ci est en contact avec la néphridie. D’après lui, ces phagocytes traverseraient la paroi du tube néphridial, pour tomber dans sa lumière et être expulsés. La même année, Goodrich (1900) fit de nouvelles recherches et constata, én effet, la présence de ces amas phagocytaires. ORGANES SEGMENTAIRES DES ANNÉLIDES POLYCHÈTES 287 Toutefois, 1l reste muet sur le rôle singulier que joueraient, d'après Stewart, les phagocytes dans l’excrétion des particules insolubles. Mes observations ont porté principalement sur deux espèces : la Nephthys Homberqu Aud. et Edw.etla Nephthys agilis Lang. J'ai examiné également quelques exemplaires de la Nephthys _cirrosa El. L’organe segmentaire de la Nephthys Homberqu Aud. et Edw. Fig. 11. — Organe segmentaire de la Nephthys Hombergii Aud. et Edw. X (fig. 11) est compris tout entier dans la partie du cœlome, délimitée par les muscles longitudinaux ventraux, les muscles obliques et la paroi du corps. Mais, chez ces animaux, les mus- cles sont extrèmement développés et la cavité néphridienne ainsi délimitée se trouve elle-même subdivisée en deux loges par la présence de muscles obliques dorsaux et de muscles obliques ventraux, allant respectivement à la rame dorsale et à la rame ventrale du parapode. C’est peut-être à cause de ce grand développement du système musculaire, que les néphri- dies, pourtant assez volumineuses, ont échappé longtemps à l'attention des naturalistes. Le pore excréteur est situé sur la face ventrale de l’animal, à la base du parapode. De là part le tube néphridial, très étroit et difficile à isoler. Il monte d’abord parallèlement à la paroi du corps, puis s’infléchit en dedans et va s’accoler à la face pos- 2838 | LOUIS FAGE térieure du dissépiment qu'il traverse bientôt, pour se terminer dans l’anneau précédent par un certain nombre de ramifica- tions, recouvertes de solénocytes. L'organe cilié est situé sur la face antérieure du dissépiment, étroitement uni au tube néphridial, dont il cache en partie les ramifications. Annexé à l'organe cilié, se trouve un organe phagocytaire bien développé, où sont réunies les particules solides qui flottent librement dans le cœlome. Toute cette partie de la cavité générale est parcourue par de nombreux vaisseaux (1), se rendant soit à la branchie, soit aux téguments, et offrant des rapports constants avec l'organe segmentaire. Celui-ci est presque entièrement placé sur le trajet du vaisseau ventro-pédieux qu'il suit assez exactement jusqu’au vaisseau ventro-laléral ; et, dans l'angle formé par ce vaisseau et le vaisseau dorso-ventral, se trouvent les branches terminales de la néphridie. Il y a donc là une disposition tout à fait ana- logue à celle que décrit Stewart pour la Nephihys cæca Fabr. Les segments antérieurs sont dépourvus de néphridies; je ne les ai pas vus apparaître avant le dixième sétigère. Si l’on examine une Nephthys par la face ventrale, même à l’aide de forts grossissements, il est impossible de voir le pore néphridial. Il n’y à trace d'aucune papille, mais on peut obser- ver, à la base du parapode, au point d’attache de celui-ci avec le soma, un pli assez prononcé des téguments : c’est à cet endroit qu'aboutit le tube néphridial. La communication avec l'extérieur est d’ailleurs toute virtuelle. Le tube néphridial est très étroit ; mais à mesure qu'il s'éloigne de la paroi du corps, pour se rap- procher du plan sagittal de l'animal, il augmente de volume et atteint bientôt 43 y de diamètre, c'est-à-dire un diamètre presque égal à celui du vaisseau ventro-pédieux qu'il côtoie. Ses parois sont très minces, bourrées de grains d’excrétion diversement colorés, lui donnant une teinte générale brun ver- dâtre. On aperçoit très facilement sur le vivant le mouvement hélicoïdal des cils, disposés par touffes, semblables à de longs flagellums. Le tube néphridial est formé d’un syncitium à noyaux rares et (1) Cf. Jacquet, 1886. ORGANES SEGMENTAIRES DES ANNÉLIDES POLYCHÈTES 289 à protoplasme fortement granuleux. Sa structure est donc nor- male, et, sans aucun doute, il doit être considéré comme un tube à lumière intracellulaire. Peu après avoir traversé le dissépiment, la néphridie aborde l'organe cilié. Elle passe en dessous de lui, si intimement accolée à sa face inférieure, qu’elle fait, pour ainsi dire, corps avec lui. À ce moment, le tube néphridial n’a plus que 10 à 11 Fig. 12. — Branches terminales d’une néphridie de la Nephthys Hombergi Aud. et Edw. x 400. de diamètre, mais bientôt il se ramifie en plusieurs branches. Du côté dorsal, les ramifications sont peu distinctes, seul est visible le panache terminal qui dépasse l’organe cilié. Bien que le nombre des ramifications ne soit pas constant et varie suivant l’anneau considéré, d’une manière générale (fig. 12) on peut dire que le tube néphridial, à la hauteur de l'organe cilié, se divise en deux branches : l’une qui n’est que son prolongement, et l’autre se greffant latéralement sur lui et d'un diamètre moindre. Chacune de ces branches, à son extré- mité, porte trois nouvelles ramifications, sur lesquelles sont implantés les solénocytes. Ceux-ci ont une forme très caracté- ristique (fig. 13) rappelant un peu celle des solénocytes de la ANN. SC. NAT. ZOOL., 9%e.série. Il, 19 9 — 90 LOUIS FAGE Phyllodoce laminosa Sav. Ce sont de hautes cellules mesurant 20 y, groupées deux à deux ; leur base est renflée, surmontée d’un col étroit plus ou moins allongé. Ce col se recourbe à son extrémité et se sépare en deux branches très courtes, dont chacune donne naissance à un tube étroit et transparent, con- tenant à son intérieur un long flagellum. Ces tubes rigides, probablement formés d’une substance voisine de la chitine, se dirigent perpendiculairement au canal néphridial, dont ils tra- versent la paroï. Les longs flagel- lums qu'ils contiennent, animés d’un mouvement très rapide, pénètrent et se prolongent dans sa lumière. Toute cette partie de la néphridie est d’ailleurs parti- culièrement riche en grains d’ex- crétion. On y observe en outre, à 1. intervalles sensiblement réguliers, Ho ES de larges vacuoles. Chacune des branches terminales de la né- phridie porte une double rangée de ces cellules, disposées de telle facon qu'elles sont l’une en face de l'autre, sépa- rées par la lumière du canal où aboutissent leurs tubes flagel- lifères. h La partie cytoplasmique des solénocytes est remarquable par son aspect spongieux. Çà et là, se trouvent des vacuoles d'une réfringence extrême, et qui se colorent en rouge vif par le Mew- tralroth. Le col est plus granuleux et porte de petits prolonge- ments piriformes, qui semblent riches en produits de ségré- gation. Les noyaux ovales occupent la base renflée des solénocytes et, sur le vivant, se colorent rapidement et d’une manière dif- fuse par tous les colorants basiques, notamment par le vert de méthyle et le carmin. Sur les pièces fixées aux liquides osmiés, tels que le liquide de Lindsay ou de Flemming, et colorées par la safranine ou le rouge Magenta, on aperçoit très nettement les karyosomes petits et extrêmement nombreux. À chaque tube flagellifère correspond un noyau ; aussi sur les coupes, se montrent-ils accolés deux par deux. Quand parfois les soléno- ORGANES SEGMENTAIRES DES ANNÉLIDES POLYCHÈTES 291 cytes forment des groupes de trois cellules, on trouve alors trois noyaux. Nous avons vu qu'il en était de même chez les Phyllo- _dociens. Il est donc permis de considérer les solénocytes comme formés de cellules isolées, secondairement soudées par leur protoplasme. La néphridie des Nephthydiens ne communique avec le cœlome que par l'intermédiaire des solénocytes ; c’est une néphridie close, et les excreta solides, libres dans la cavité générale, ne peuvent emprunter cette voie pour être expulsés à l'extérieur. Mais, tout contre le tube néphridial, sur la face antérieure du dissépiment, se trouve l'organe cilié (fig. 11). Exactement situé à la naissance du vaisseau ventro-pé- dieux, ilest volumineux et très apparent, grâce à sa couleur d’un blanc nacré. Comme l’a remarqué Goodrich (1897), il a la forme d’une coquille de Pecten, légèrement convexe. Sa face supérieure est entièrement creusée de sillons pro- fonds, garnis de eils puissants et sé- parés par des arêtes bien nettes, ornées | de petites dentelures. Tous les sillons Re 2 g 1e que, de l'or viennent converger en un même point. ie Tu SRE La face inférieure, concave et non >»x190. ciliée, est en contact avec le tube né- phridial qu'elle englobe même parfois dans sa paroi. Sa structure est fort simple; en le mettant sous le micro- scope et en faisant agir un compresseur, on distingue déjà, sur le tissu frais, un réseau de fibrilles foncées, parcourant la masse plus claire du cytoplasme. Une coupe tangentielle de l'organe montre leur orientation (fig. 14). Les côtes saillantes qui se trouvent à la face supérieure sont formées par une charpente spongioplasmique, composée de fortes trabécules acidophiles, s’'anastomosant entre elles, et dirigées parallèlement à l’axe des sillons. Dans la partie plus profonde, au contraire, les fibrilles sont disposées perpendiculairement à l'axe des sillons et parallèlement au bord libre de l'organe cilié. Les interstices, délimités par ce réseau, sont comblés par un hyaloplasme abon- 292 | LOUIS FAGE El dant. Les noyaux sont rares, allongés, pouvant atteindre 21 y. et pourvus d’un gros nucléole de 3 à 4 uw, nettement acido- phile. Le mouvement des cils vibratiles, qui tapissent la face supé- rieure de l'organe cilié, est extrêmement rapide. De telle sorte. que tous les déchets de l’organisme, passant dans leur voisinage, sont entraînés par eux, canalisés dans les sillons, et finalement. aboutissent au point de convergence de ceux-ci. À cet endroit, se trouve l'organe phagocytaire. Dans son premier mémoire sur la Nephthys scolopendroïdes D. Chia., Goodrich avait omis de. le signaler. Stewart répara cette omission, mais se contenta d’in- diquer que les amibocytes du cœlome, chargés de produits de: désassimilation, étaient alors entraînés à la base de l'organe: cilié. Comme nous l'avons vu, Goodrich reprit la question et décrivit cet organe comme une sorte de sac, formé par l’épi- thélium péritonéal, dans lequel viendraient s’accumuler les. cellules mortes. En réalité, 1l ne s’agit pas seulement d’un amas. accidentel de phagocytes, mais bien d’un véritable organe, déjà hautement différencié, et qui joue un rôle important dans. l’économie de l'animal. Il est très facile à distinguer. En général, presqu’aussi volumi- neux que l'organe cilié, 1l a, de plus, une teinte jaunâtre due aux nombreuses inclusions de toutes sortes qu'il contient. Sa forme est irrégulière, sensiblement arrondie ; ses connexions. avec l'organe cilié sont des plus étroites. Les deux formations sont unies par des tractus conjonctifs, dépendant de l’épithé- lium cœlomique. Sa structure est complexe; en coupe (PI. VI, fig. 5) il se montre formé par une trame conjonctive à mailles. larges, occupées par de nombreuses cellules à contour mal défini et à protoplasme granuleux, fortement acidophile. On y trouve en outre de vrais leucocytes à granulations basophiles, mesurant 12-13 #. Leur noyau, presque toujours excentrique, est très colorable. Les granulations apparaissent en rouge après. la coloration Magenta-Lichtqrün; elles sont petites et très nombreuses, répandues dans tout le cytoplasme, sauf à la péri- phérie où se dessine un mince liséré vert. Enfin, de place en place, disséminés au milieu des autres cellules, se distinguent de gros macrophages. La plupart du temps, on observe dans leur ORGANES SEGMENTAIRES DES ANNÉLIDES POLYCHÈTES 293 < 315. sillons de plus en plus profonds (fig. 39). Au contact du pavil- lon il se continue avec lui de telle sorte que les sillons dont il est parcouru se réfléchissent à l’intérieur du pavillon, dimi- nuent peu à peu de hauteur et finalement disparaissent à la base de celui-c1. Je crois qu'il est possible de comparer cette modification du dissépiment à celle qui aboutit à la formation des organes ciliés que j'ai décrits chez quelques Annélides, et plus particulière ment aux organes ciliés des Nephthydiens et de certains Hésioniens, qui ont tous des rapports étroits avec le dissé- piment. En coupe (PI. VIF, fig. 38), le pavillon se montre formé de cellules à limites peu nettes, cependant reconnaissables à leur ORGANES SEGMENTAIRES DES ANNÉLIDES POLYCHÈTES 399 plateau légèrement convexe. Les noyaux sont allongés, sans nucléole apparent; le protoplasme, absolument clair à la partie basale, devient granuleux dans la partie distale de la cellule. Les cils vibratiles, relativement courts, serrés les uns contre les autres, sont disposés sur toute l'étendue du plateau et non par touffes comme dans la néphridie. À chaque cil correspond une granulation basilaire, à laquelle fait suite une racine cilaire. Les racines ciliaires convergent toutes vers l'axe de la cellule, dessinant une sorte d’éventail, puis se continuent par une seule racine (quelquefois deux), plus ou moins sinueuse, qui aboutit à la basale, perd peu à peu son affinité pour les colorants basiques et devient acidophile. La partie du dissépiment, voisine du pavillon, a sensible- ment la même structure. Le evtoplasme est plus granuleux, les racines cillaires se continuent plus nombreuses jusqu'à la basale. Quelquefois, au lieu d’une seule granulation basilaire, j'en ai vu deux réunies par un mince bâtonnet. La néphridie de l’Hermione hystrir Sav. est constituée de même facon que celle de l'Aphrodite aculeata L., mais elle fait son apparition dès le cinquième sétigère ; la coloration jaune est très intense. Le pavillon offre les mêmes rapports avec le dissépiment. Pocynoinæ. — Les Polynoïniens proprement dits ont une néphridie bâtie sur un type identique (fig. 40). Le pore externe est très visible, porté au sommet d’uné papille saillante, à la base-du pied. Généralement, une légère constriction annulaire divise le tube néphridial en deux poches, dont les parois sont fortement plissées, de manière à augmenter la surface excré- trice. Le pavillon, incolore, presque blanc, ne peut se con- fondre avec la néphridie qu’il termine ; comme celle-ci, 1l est revêtu intérieurement de cils vibratiles courts et très denses, battant d’un mouvement régulier vers l’orifice de sortie. Dans les différentes familles examinées jusqu'ici, lépiderme qui avoisine le pore externe de la néphridie subit toujours quelques modifications, le plus souvent peu importantes. Dans la tribu qui nous occupe, l’épiderme, au contraire est profon- dément modifié, au point de former une véritable papille épaisse, au centre de laquelle passe le tube néphridial. Chez la 360 LOUIS FAGE Lagisca extenuata Gr. cette papille (fig. 41) acquiert un tel déve- loppement qu’elle fait saillie à la base du parapode, comme un cirre ventral; il en est de même pour le Polynoë scolopen- drina Sax. Elle est encore plus volumineuse chez le Lepidonotus clava Mont. (fig. 42) et ornée exlérieurement de côtes ré- gulièrement disposées. Sa structure est simple, (PI. VII, fig. 39), elle est formée par l'épiderme lui-même dont les cellules se montrent hautes, sous la cuticule. En dessous, se trouve un tissu lâche, très épais, dont les cellules ont des limites indistinctes, et au centre duquel passe la lu- mière du tube néphridial, limitée par une membrane Fig. 40. — Organe segmentaire de la Lagisca Fig. 41. — Papille néphridiale de la extenuata Gr. X 14. Lagisca extenuata Gr. X 190. acidophile, qui supporte les cils vibratiles nombreux: On peut voir le mouvement de ceux-ci sur le tissu frais, à l’aide d’un compresseur. La papille néphridiale n’a pas toujours la même importance; ainsi, chez l’'Hermadion pellucidum Ehl. (fig. 43), elle est réduite à un petit tubercule, mais a la même constitution. La néphridie, d'abord étroite etincolore, ne tarde pas à augmenter de volume tout en se rapprochant du plan médian du corps. En même temps, elle prend une teinte jaune brun très accusée. La pre- mière partie de son lrajet est presque rectiligne, puis elle con- tourne les muscles obliques. À ce moment, son diamètre est déjà considérable et ses parois très minces s’affaissent, déter- minant des plis profonds et irréguliers dans la cavité néphri- ORGANES SEGMENTAIRES DES ANNÉLIDES POLYCHÈTES 361 diale elle-même. La figure 40, PI. VIT, empruntée au Lepidonotus clava Mont., peut donner une idée de ces plissements, très importants si on les considère comme adjuvant à l'excrétion. Et il n’est pas douteux que le liquide cavitaire qui a pénétré par le pavillon, est en contact plus intime avec les parois de l'organe ainsi disposées, qu'il ne le serait si celles-ci, demeurant rigides, limitaient un espace trop grand. Le tube néphridial change alors brusquement de direction pour regagner la paroi latérale du corps. Le coude qu'il dé- crit délimite une nouvelle poche, aussi énergiquement plissée que la première et disposée symétriquement. le] Fig. 42. — Papille néphridiale du Lepido- Fig. 43. — Papille néphridiale de notus clava Mont. x 190. l'Hermadion pellucidum Eh]. x 190. Un lambeau de la néphridie, observé vivant sous le micro- scope, se montre sillonné de petites rides longitudinales etcom- plètement revêtu sur sa face interne de cils vibratiles. Sa cou- leur jaune est due au grand nombre de grains d’excrétion qu'on y trouve. Ils sont déjà visibles sans aucune préparation, mais deviennent beaucoup plus apparents après l'emploi du Neu- tralroth. Is sont surtout abondants dans la région moyenne de la néphridie. La structure histologique du syncitium néphridial est sem- blable à celle que j'ai décrite au sujet de l'Aphrodite; je dois dire cependant que je n'ai pu mettre en évidence avec autant de netteté l’armature ciliaire des Polynoïniens. Chez le Polynoë scolopendrina Sav., du côté de la basale se trouvent des forma- üons fibrillaires sinueuses, sur la signification desquelles je ne puis me prononcer. La néphridie, avant d'aborder le dissépiment qui la sépare 302 LOUIS FACE de l'anneau immédiatement antérieur, se resserre de nouveau et peu à peu perd sa coloration. Elle se continue par un tube assez étroit qui traverse le dissépiment et s’épanouit en un pavillon vibratile. Celui-ci ne prend jamais un bien grand développement. Chez la Lagisca ertenuata Gr, il est taillé en bec de flûte, chez le Lepidonotus clava Mont. (fig. 44), il est plus largement ouvert, une de ses lèvres se pro- longe directement avec le dissépi- ment. Je n'ai pas observé toutefois que celui-ci subisse une différencia- lion quelconque à son voisinage comme je l'ai indiqué pour les Hermioninæ. Les cils du pavillon sont plus robustes et plus rapprochés que ceux de la néphridie ; leur mou- vement très rapide détermine un remous bien visible à son ouverture. Sa structure, analogue à celle des autres pavillons vibratiles, très diffé rente de celle de lanéphridie, atteste une tout autre origine. 6 SIGALIONINÆ. — L’organe segmen- Fig. #4. — Extrémité terminale {aire des Sigalioninæ est encore plus de l'organe segmentaire du ; s Lepidonotus clava Mont. <130. simple que celui des autres Aphro- ditiens. C'est à peine s’il décrit quel- ques sinuosités sur son parcours, et ses parois ne forment aucun pli comparable à ceux qu’on rencontre dans la néphridie des Polynoïniens. L’orifice de sortie ne peut se voir extérieurement; chez la Pholoë synophthalmica Clp., il est percé à même l’épiderme sans modification importante de celui-ci. Chez la Sthenelais fuliginosa Clp., 1 n’y a pas non plus de papille, mais l'épi- derme forme à l'extrémité du tube excréteur une sorte de manchon qui fait légèrement saillie en dessous du pied. Du pore externe, la néphridie gagne les muscles longitudinaux ventraux et passe au-dessus d'eux. À ce moment, sa section est presque circulaire, et sa couleur d’un beau jaune d’or. Elle con- ORGANES SEGMENTAIRES DES ANNÉLIDES POLYCHÈTES 363 tinue son trajet presqu'en ligne droite, puis se recourbe vers l'extérieur. Dans cette portion, son diamètre est plus considé- rable, elle forme une véritable poche dont les parois renferment une quantité plus grande de grains d’excrétion. À part cette différence, la structure de la népridie est partout la même. L'entonnoir terminal (fig. 45), d’un blanc nacré, est porté à l'extrémité d’un tube à diamètre étroit et particulièrement long. IL est évasé en forme de coupe, mais ses bords ne sont point réfléchis. Les cils qui battent à son inté- rieur gardent une disposition identique (s dans le tube qui lui fait suite, puis le revête- ment cililaire passe insensiblement à celui de la néphridie. En coupe, on remarque que les noyaux des cellules qui le composent absorbent avec une grande intensité les colorants basiques, alors que les noyaux de l’épithé- lium néphridial conservent une teinte plus päle. D'ailleurs, bien que le pavillon existe 8,7 Pevion son déjà chez les formes dépourvues de pro- füuliginosa Clp. x 130. duits génitaux, nous allons voir qu'il ne peut être considéré comme faisant partie de la néphridie, au même ütre qu'un néphrostome, et qu'il représente le pavillon génital des autres Polychètes. ke e Et mn OUT LRHEETN (LIL Ai Es 12 me | || 0. En résumé, l'organe segmentaire des Aphroditiens est pro- fondément différent de ceux que nous avons étudiés jusqu'ici. Il s'en distingue par son diamètre le plus souvent considérable, : par le peu d'épaisseur de ses parois, les plissements que font celles-c1, les cils qui le tapissentet leur mouvement rythmique, et enfin par la présence en tout temps d’un pavillon génital en communication constante avec la néphridie. En effet, au mo- ment de la reproduction, l'organe segmentaire ne subit aucune modification importante. Le pavillon attaché au dissépiment, üent ses lèvres béantes et, par le jeu des cils vibratiles, les sper- matozoïdes ou les œufs y pénètrent. La cavité néphridiale spa- cieuse ne Larde pas à être remplie d'éléments génitaux qui sont expulsés au dehors en passant par le pore externe. Le pavillon 304 LOUIS FAGE fonctionne done comme un pavillon génital et, de plus, il en a l'aspect et la structure. Chez l'Aphrodite nous avons vu quil était particulièrement différencié, de même chez les représen- tants des autres tribus ; il tranche toujours, par sa couleur d'un blanc nacré ou transparent, sur la néphridie proprement dite, que les grains d’excrétion teintent d'un jaune vif. Les cils qui le revêtent sont d’une autre nature que ceux de la néphridie. Plus courts, serrés les uns contre les autres, leur mouvement est plus rapide. Enfin, les coupes nous le montrent constitué de cellules distinctes, très rapprochées, et non plus formant un syncitium à noyaux plus ou moins abondants. Ainsi, c’est bien un pavillon génital qui termine la néphridie des Aphroditiens et, comme chez les Polychètes sédentaires, il apparaît de très bonne heure. Nous possédons peu de renseignements sur le développement des Aphroditiens. Häcker (1895), cependant, qui a étudié le développement d’un Polynoë, a vu les néphridies de embryon. D'après la figure que donne l’auteur, il est facile de se ren- dre compte que ces néphridies communiquent avec la cavité générale par une ouverture très réduite. Il est possible qu'à ce stade, le pavillon ne soit pas encore formé et que seul le néphro- stome existe. Le fait que le pavillon génital se forme avant la maturité sexuelle ne doit pas nous surprendre si on le con- sidère comme le résultat de l'accélération embryogénique. Nous avons vu que chez les gemmes sexuées de Syllidiens, ce pavil- lon se forme également d'emblée, alors que pour les individus non stolonifères son apparition se fait graduellement et seule- ment à l’époque de la maturité sexuelle. Ce sont, croyons-nous, des phénomènes de même ordre qui méritent d’être rapprochés et sur lesquels nous nous étendrons plus longuement à la fin de ce travail. APPENDICE L'organe segmentaire des Palmyriens et des Amphinomiens, présente la même particularité que celui des Aphroditiens : le pavillon génital et la néphridie sont constamment associés et communiquent entre eux, même chez les formes immatures. ORGANES SEGMENTAIRES DES ANNÉLIDES POLYCHÈTES 365 Ce caractère, d’une si grande importance, me permet, je crois, — étant données les affinités qu'ont entre elles ces trois familles — d'étudier comme appendice à la famille des Aphro- ditiens l’organe segmentaire du CArysopetalum fragile El. et de l’'Euphrosyne foliosa Aud. et Edw. CHRYSOPÉTALIENS Ehlers (1864) est le seul auteur qui se soit occupé des organes segmentaires du Chrysopetalum. 1 n'ose affirmer d’une manière certaine leur existence, il ne les a pas vus. Mais dans les segments postérieurs remplis d'œufs, il croit avoir aperçu ceux-ci sortir par un orifice qui serait le pore externe de la néphridie : « Es traten nämlich an diesen Segmenten die Eier durch eine auf der Rückenfläche der Ruders, nicht weit von dessen Basis entfernte Offnung aus, und diese halte ich nach der analogen Bildung bei den Aphroditeen für die äussere Mündung des Segmentalorganes. » On se souvient qu'Ehlers plaçait à tort dorsalement le pore néphridial des Aphro- ditiens. | | En réalité, la néphridie des Chrysopétaliens s'ouvre au dehors par un petit orifice situé un peu en arrière du ceirre ventral. De là, elle se continue sous la forme d’un tube à diamètre étroit et peu variable jusqu'au dissépiment antérieur qu'elle traverse pour se terminer dans l’anneau précédent par un pavillon vibratile. Le tube néphridial est à peine sinueux ; 1l s'élève d’abord au- dessus des muscles longitudinaux ventraux, puis une légère in- flexion l’éloigne du plan de symétrie de l'animal et lui fait décrire un arc de cercle à concavité externe. a str re his ique est particulièr intéressante à La structure histologique est particulièrement intéressante cause de la grande quantité de grains d’excrétion que contient son cytoplasme et à cause de la nature de ceux-e1. En dehors des granulations de petite taille fortement acidophiles et analo- gues à celles que l’on rencontre dans la néphridie de presque tous les Polychètes, on trouve aussi des grains d’excrétion volu- mineux, le plus souvent sphériques, atteignant parfois la gros- 3006 LOUIS FAGE seur du noyau. Ils n'ont absorbé aucun colorant, et conser- vent la teinte jaunâtre qu'ils avaient sur le vivant. Les noyaux, assez rares, sont sphériques et à karyosomes très fins. La néphridie diminue de diamètre avant de traverser le dissépiment, et finalement se soude au pavillon génital accolé à la face antérieure de celui-ci (PI. VIT, fig. 41). Le pavillon, pro- portionné à la capacité de l'anneau qui le contient, est forcément réduit. Salèvre inférieure est peu saillante et sa lèvre supérieure, légèrement recourbée, se prolonge avec le dissépiment. Son _protoplasme est homogène, quelque peu fibrillaire ; les noyaux, de forme ovalaire, sont si rapprochés les uns des autres qu'ils semblent se toucher. L'organe segmentaire, tel que Je viens de le décrire, se trouve aussi bien chez les jeunes que chez les individus pourvus de produits génitaux. Le pavillon vibratile qui, on le voit, a la valeur d’un pavillon génital, termine toujours la néphridie. AMPHINOMIENS Ehlers (1864) a donné une description singulière des organes segmentaires des Amphinomiens. Chacun d'eux se composerait d’un long canal à deux branches accolées, s'ouvrant dans la cavité du corps à l'extrémité de la branche inférieure, et à l'exté- rieur par un orifice situé au bord de la branchie. La figure qui accompagne le texte, relative à l'£uphrosine racemosa Eh]., ne permet pas non plus de se faire une idée de l'organe que l'auteur à pris pour la néphridie. D'après Mac Intosh (189%),les organes segmentaires seraient également placés sous la paroi dorsale du corps, avec le pore néphridial non loin de la branchie. Mais la néphridie, de grande taille, s’'étendrait sur deux ou trois segments, figurant un tube bilobé, qui se terminerait intérieurement par un pavillon recouvert de eils. Goodrich (1900), très bref au sujet de la famille qui nous occupe, représente exactement l'organe excréteur de l'Ewphro- sine foliosa Aud. et Edw., mais il se trompe en plaçant le pavillon cilié dans le même segment que la néphridie. En ORGANES SEGMENTAIRES DES ANNÉLIDES POLYCHÈTES 307 réalité, le pavillon traverse le dissépiment et s'ouvre dans l'anneau précédant immédiatement celui qui content l’ou- verture externe de la néphridie à laquelle il appartient. Les Amphinomiens sont peu nombreux sur nos côtes, et je n'ai pu me procurer que l’Ewphrosine foliosa Aud. et Edw., en quantité suffisante pour en entreprendre l'étude. L'organe segmentaire de l'Ewphrosine foliosa Aud. et Edw. est situé, dans chaque anneau, sur le plancher de la cavité géné- rale, entre la chaîne nerveuse ventrale et la chaine nerveuse latérale (PI. VIT, fig. 42). Le tube excréteur estrelativement long, et les dissépiments étant très rapprochés, il est obligé, pour accomplir son parcours dans un seul segment, de décrire une courbe très accentuée. Il se termine par un large pavillon cilié. Les Amphinomiens n'ont pas de papilles néphridiales, et l'organe segmentaire débouche au dehors par un petit orifice, marqué seulement extérieurement par une invagination légère de l’épiderme, au-dessous du faisceau de soies ventrales. Le tube excréteur, après le pore externe, attemt rapidement son plus fort diamètre etse dirige en avant vers le plan de symétrie de l'animal, suivant un trajet sensiblement horizontal. Puis il se redresse et, après avoir traversé le dissépiment, s'infléchit de nouveau en avant, diminue de diamètre, pour remonter ensuite se souder au large pavillon terminal dont l'ouverture est dirigée vers l'extrémité postérieure du corps. On voit donc, en effet, que la plus grande partie de l'organe segmentaire se trouve dans l’anneau qui précède le pore externe; en consé- quence, le pavillon, au lieu d’être accolé au dissépiment, se trouve reporté environ au milieu de l'anneau. Le syncitium néphridial n'offre rien de remarquable à con- sidérer, si ce n’est le grand nombre de noyaux dont il est pourvu et son revêtement ciliaire uniforme. Le pavillon est extrèmement profond, très effilé à sa base, il va en s’élargissant peu à peu et a exactement la forme d'un entonnoir. Les bords sons évasés et sa lèvre inférieure se réfléchit légèrement de manière à constituer de petits rebords. Son protoplasme fibril- laire est très acidophile. Les noyaux qu'on y trouve sont 368 LOUIS FAGE allongés, très colorables. Les cils vibratiles sont disposés comme dans tous les pavillons génitaux et forment à sa sur- face interne un duvet continu. Dans les exemplaires complètement mûrs, l'organe segmen- taire ne subit aucun changement. Bien que je n’aie pas observé l'émission des produits sexuels, il ne paraît pas douteux qu'elle s'opère par l'organe segmentaire. Le pavillon est très largement ouvert, les spermatozoïdes peuvent y pénétrer facilement, les anses que décrit le tube excréteur ne sont pas assez accusées pour être un obstacle au passage des éléments génitaux. Au surplus, le pavillon qui termine l'organe est un véritable pavillon génital, absolument normal et qui comme chez les Aphroditiens, apparaît d'emblée, en même temps que la néphridie, occupant déjà la place qu'il doit avoir au moment de la maturité sexuelle. PE DEUXIÈME PARTIE Remarques sur la morphologie de l'organe segmentaire. Après avoir passé en revue les différentes formes de l'organe segmentaire dans les principales familles de Polychètes errants, je vais essayer maintenant d'étudier la néphridie et le pavillon génital au double point de vue de leur homologie respective avec les organes correspondants des autres Néphridiés et de leurs relations réciproques. J'espère ainsi qu'il sera possible, en partant des types les plus simples, de suivre l’évolution de l'appareil excréteur dans ses transformations multiples, et d'apprécier sa valeur phylogénétique. Auparavant, il est nécessaire de résumer brièvement les faits les plus importants mis en lumière dans les chapitres précédents : Les Phyllodociens possèdent une néphridie composée d'un simple tube, clos dans le cæœlome et portant à son extrémité un bouquet de solénocytes. Au moment de la reproduction se forme un pavillon génital qui débouche à plein canal dans le tube excréteur (fig. 3). La ponte s'opère alors par l'organe segmentaire. Les Nephthydiens ont également une néphridie close, pourvue de solénocytes, mais constamment associée à un organe cilié de forme particulière, qui n'entre jamais en communication avec elle, et conduit seulement les particules solides du cœælome dans un organe phagocytaire qui lui est annexé (fig. 11). La ponte n’a pas été observée. La néphridie des Glycères est globuleuse dans sa partie prin- cipale, constituée par une masse protoplasmique indivise, perforée intérieurement de canaux communiquant entre eux, sans ouverture dans le cœlome; elle porte des solénocytes à sa surface. Un organe cilié se trouve en tout temps accolé à elle, ANN. SC, NAT. ZOOL., 9° série. it, 24 310 LOUIS FAGE mais à aucun moment ilne se joint à la néphridie; il contribue à la formation d'un organe phagocytaire (fig. 17). La ponte n'a pas été observée. Par contre, l'organe segmentaire des Goniades est identique à celui des Phyllodociens et se comporte demême à l'époque de la reproduction (fig. 23). Le tube excréteur, légèrement arqué, des Syllidiens s'ouvre dans la cavité générale par un petit néphrostome. Chez les formes mûres, celui-ci est remplacé par un large pavillon gé- nital (PI. VI, fig. 11). La ponte s'opère par l'organe segmentaire. Des faits analogues ont été décrits pour le plus grand nombre des Hésioniens (Ophiodromus flexuosus D. Chi., Oxy- dromus propinquus Mar. et Bob., Kefersteinia cirrata Kef., Syllidia armata Mar. et Bob.). La Néphridie de l'Hesione | pantherina Fisso, fortement contournée, se termine par un néphrostome légèrement spécialisé et demeure exclusivement excrétrice (PI. VIT, fig. 29). Non loin de lui se trouve un organe cilié, à la base duquel est placé un organe phagocytaire (fig. 28). La ponte n’a pas été observée. Les Lycoridiens ont un appareil excréteur semblable à celui de l'Hesione pantherina Risso, encore plus contourné et muni d'un néphrostome bien individualisé (fig. 29). L’organe cilié, dorsalement situé, est présent déjà chez le jeune (fig. 34). La ponte se fait par rupture des téguments. Enfin, chez les Euniciens, les Aphroditiens, les Amphi- nomiens, les Chrysopétaliens, la néphridie, généralement simple, se termine toujours par un pavillon génital bien déve- loppé, et sert, à la fois à l’excrétion et à l'évacuation des produits génitaux, sans modifications appréciables (fig. 38 et40). Comme 1l est facile de s’en rendre compte par ce rapide aperçu, dans toutes les familles considérées, à côté de l'organe excréteur — la néphridie proprement dite se trouve le pavillon génital, qui tantôt existe d'une façon permanente, tantôt ne fait son apparition qu'avec des cellules sexuelles, et qui, en un mot, évolue d’une facon indépendante. Me réser- vant de traiter plus lard les transformations du pavillon génital et ses rapports avec la néphridie, j'envisagerai celle-e1, dans ce premier paragraphe, uniquement en tant qu'organe excréteur. ORGANES SEGMENTAIRES DES ANNÉLIDES POLYCHÈTES 9311 La Néphridie. — Bien que les Annélides polychètes, dont j'ai entrepris l'étude, forment une série assez limitée, on voit combien sont grandes les variations qui affectent leur système néphridial. Des familles voisines, des genres et parfois des espèces, qui ont entre eux une affinité évidente, possèdent dans leur appareil excréteur des différences notables. Les divergences les plus considérables et aussi les plus importantes portent sur la manière dont la néphridie se termine dans le cœlome. En faisant abstraction de certains détails, qui seront examinés ultérieurement, on peut cependant classer les néphridies selon trois types bien caractérisés. Dans un premier groupe (type 1) comprenant les Phyllodociens, les Nephthy- diens et les Glycériens, celle-ci est close dans la cavité générale et possède des solénocytes; dans un second groupe (type 2), où viennent se placer les Syllidiens, les Hésioniens et les Lyco- ridiens, elle communique directement avec le cæœlome par un simple néphrostome plus ou moins différencié ; enfin, dans un troisième groupe (type 3), dont font partie les Euniciens, les Aphroditiens, les Amphinomiens, les Chrysopétaliens, elle se continue par un pavillon génital. Le type 3 ne saurait nous occuper pour le moment, nous le considérerons comme reproduisant d’une façon permanente un stade auquel aboutissent les types 1 et 2 seulement à l'époque de la reproduction. Étant donné que ceux-ci sont susceplbles de revêtir secondairement la forme 3, c’est assu- rément qu'ils sont plus primitifs ; il nous reste donc à recher- cher si la néphridie d’un Phyllodocien se rapproche davantage du type ancestral que celle d'un Syllidien et si ces deux for- mations sont homologues. L'embryogénie, si précieuse pour répondre à ces questions, se trouve malheureusement peu précise sur ce point parti- culier. Cependant c'est à elle encore que nous allons avoir recours. Chez tous les Néphridiés (1) (Rotifères, Bryozoaires, Brachiopodes, Gastérotriches, Vers annelés, Plathelminthes, Entéropneustes, Mollusques, Tuniciers et Vertébrés), chaque (1) Cf. Perrier, Traiti de Zoologie. 312 LOUIS FAGE fois que les néphridies larvaires ou pronéphridies ont pu être observées, elles se sont montrées sous la forme de tubes, simples ou ramifiés, clos dans le cælome. Parmi les Polychètes, les Terebellidæ, les' Ampharetidæ, les Amplictenidæ ont chez la larve une néphridie s'ouvrant à l'extérieur, mais dépourvue de pavillon vibratile. Pour la Polymnia nebulosa Mont., d’après Mever (1886), son extrémité interne est formée d’une seule cellule concave et ciliée, sur- montée extérieurement d’un fouet vibratile. Ces organes appa- raissent au nombre d'une paire dans la cavité générale primi- tive; leur développement, également étudié par Meyer (1888) chez le Psygmobranchus protensus Phil., se fait aux dépens de deux cellules mésodermiques soudées et allongées en fuseau. L'une la plus grande, à protoplasme finement granuleux et à noyau ovale, est la cellule excrétrice; l’autre, beaucoup plus petite, sera la cellule terminale. Lorsque les néphridies défini- tives se sont constituées, les néphridies larvaires se résorbent. Celles-ci sont disposées d’une manière tout à fait semblable chez la Perinereis cultrifera Gx., et demeurent encore à ce stade dans une larve à 6 segments. La pronéphridie du Polygordius mérite une mention spéciale à cause de son aspect particulier et des travaux dont elle à été l’objet. Hatschek (1878), Fraipont (1887), Goodrich (1900), Meyer (1901), Woltereck (1904), ont successivement contribué à la faire connaître. Elle est ramifiée et chacune des branches se termine par une ampoule close, au sommet de laquelle se trouve un noyau volumineux. De là partent, en nombre variable, des tubes creux faisant saillie extérieurement et réunis entre eux par une membrane. Ces tubes contiennent à leur intérieur un flagellum qui se prolonge dans la lumière du canal néphridial. Ce sont donc en réalité des solénocytes, possédant cette particularité remarquable de n'avoir qu'un noyau pour plusieurs tubes flagellifères, alors que dans tous les autres cas, chaque tube, chaque cil, correspond à un noyau. La présence de solénocytes dans les néphridies larvaires n’est pas un faitisolé, nous les retrouvons encore chez les Échiures et chez la PAoronis. | Hatschek (1880) à vu apparaître, chez la larve de l'Échiure, * ORGANES SEGMENTAIRES DES ANNÉLIDES POLYCHÈTES 319 au-dessus des stries mésodermiques, vestiges de la segmen- tation ancestrale de ces animaux, par conséquent dans la cavité céphalique, une paire de néphridies d’abord simples, puis ramifiées, dont il décrit ainsi le mode de terminaison : « Vorne endet das Excretionsorgan mit einer kleinen soliden Anschwellung, die im Vergleich zu dem dunkelkôrnigen Proto- plasma der zarten Canalwandung von hellerer Beschaffenheit ist. Vondieser hellen Endanschwellung geht eine feine verästelte Faser aus, die einem Ausläufer der verästelten Mesodermzellen ähnelt ». La figure jointe à la description ne laisse aucun doute sur la nature de ces cellules terminales : ce sont de véri- tables solénocytes normaux, analogues à ceux des Phyllo- dociens. Ces néphridies cessent de fonctionner quand les reins définitifs sont formés; elles perdent leurs cils, leur lumière s'oblitère, et finalement elles disparaissent. Masterman (1896 et 1897), qui observa le premier les néphridies céphaliques de l'Actinotroque, les décrit comme un petit bouquet de canaux ciliés, serpentant dans une masse cellulaire et s’ouvrant par autant d'entonnoirs. R. Menon (1902) les vit et les figura avec beaucoup plus de netteté ; il les repré- sente closes dans la cavité collaire et surmontées de cellules semblables aux cellules de Boveri du rein de l'Amphioxus. En effet, Goodrich (1903) montra que ces deux formations n'étaient autres que des solénocytes typiques. Les néphridies définitives, d’ailleurs, différemment constituées, appartiennent au tronc el ne se forment que plus tardivement. Parmi les Oligochètes, Vejdovsky (1884) signale des pro- néphridies chez la ÆRhynchelmis limosella Hoffm., la Nas chinquis Müll., le Chætogaster diaphanus Gruith., l'ŒÆlosoma tenebrarum Vejd., et partout il les représente comme de délicats tubes cillés se terminant en cæcum. De même, Bergh (1888), au sujet du Criodrilus, est très affirmatif : «Es findet sich bei den Embryonen von Criodrilus ein Paar Urnieren, die aus durchbohrten Zellen zusamengesetzt sind, die vorn neben dem OEsophagus blind geschlossen aufangen und in der Kopfhôühle dem Darmepithel dicht anliegen ; sie verlaufen von hier im Bogen gegen den Rücken und nach hinten, biegen dann wieder nach der Ventralseite um und mün- 314 LOUIS FAGE den seitlich am Kôrper aus ». Les néphridies définitives se forment aux dépens d’initiales mésodermiques spéciales. Pour les Hirudinées, l'existence de néphridies provisoires est la règle. Signalées pour la première fois par Rathke (1862) chez la Nephelis, puis chez l'Hürudo par Leuckart (1863), et étudiées successivement chez différents types par Robin (1875), Sem- per (1876), Bütschli (1877), Fürbringer (1879), enfin par Bergh (1885), ét plus récemment par Sukatschoff (1900), elles sont le plus souvent en forme d’anse repliée sur elle-même, et se terminent en cul-de-sac par une ou deux cellules, ornées extérieurement de prolongements protoplasmiques qui achè- vent de les rendre tout à fait comparables aux cellules termi- nales de la néphridie des Plathelminthes. Cependant, aucun cil n'y à été trouvé et Sukatschoff se demande si la cation n existait pas à un stade très jeune qui n’a pas été observé, etil ajoute : « Aus diesem Grunde halte sich daher die môgliche Existenz der Flimmerung in den Urnieren von Neplelis für noch nicht sicher widerlegt, und dies um so weniger, weil die Flüs- sigkeit in dem Innern des Kanals sich doch wohl bewegen muss und die Urniere zweifellos eine äussere Offnung betsizt ». Quoi qu'il en soit, la pronéphridie ne persiste pas chez l'adulte, les néphridies définitives se forment plus tard aux dépens de deux initiales mésodermiques que Bürger (1902) appelle « Nephroblast » et « Trichterzelle ». Ainsi, dans toutes les classes qui constituent le sous-embran- chement des Vers annelés, la néphridie de la larve est sans communication directe avec la cavité céphalique, dans laquelle elle est située. Chez les Mollusques nous retrouverons les mêmes dispositions primitives. Les pronéphridies ont été observées dans les groupes de Gastéropodes les plus divers et chez un bon nombre de Lamellibranches, notamment chez le Teredo par Hatschek (1880*), chez la C'yclas cornea par Stauffacher (1897) et plus récemment chez la Dreissensia polymorpha par Meisenheimer (1901).Ce dernierauteura montré quelereinlarvaire étaitaveugle et se terminait par une cellule ciliée portant une flamme vibra- üle typique. Les ramifications secondaires qui peuvent se produire, augmentent encore la ressemblance de ces organes ORGANES SEGMENTAIRES DES ANNÉLIDES POLYCHÈTES 375 avec le système excréteur des Platodes. Nekrassov (1899) était arrivé aux mêmes résultats, en ce qui concerne la Lymnée, et lui-même (1899) avait déjà constaté des faits analogues parmi les Pulmonés, aussi bien Basommatophores que Stylomma- tophores. Il paraît donc impossible de refuser un caractère primitif à la néphridie close, étant donné que dans tous les cas où la larve a été étudiée à ce point de vue, ses néphridies se sont toutes montrées ainsi constituées. Parmi les Polychètes, les Phyllodo- ciens, les Glycériens et les Nephthydiens ont conservé chez l'adulte ce type primitif, légèrement modifié par la présence de solénocytes, etencore avons-nous constaté que certaines proné- phridies en étaient pourvues. L'homologie de l'appareil excréteur de ces trois familles avec celui de la larve ne peut être mise en doute. Bien plus, on retrouve aussi ce type primitif dans la majorité des Néphridiés. Le Dinophilus qui, bien qu'étant déjà une forme dégradée, possède cependant de nombreux caractères ancestraux, notam- ment une moelle ventrale double, des anneaux ciliaires sur les segments du corps, une gouttière ventrale ciliée, a une néphridie de Plathelminthe, soupconnée d’abord par Korschelt (1882), puis décrite et figurée par Weldon (1886) et par Meyer (1887) (fig. 46). L'Histriobdella, rangée également parmi les Archiannélides, d'après Fœttinger (1884) et Haswell (1900),a Fi8: 46. — Néphridie du Dino- È Me à s philus gyrociliatus, d’après. une néphridie tout à fait analogue. Meyer. Un Lombricien, d'espèce indéter- minée et probablement nouvelle, est cité par Rosa (1903) comme ayant une néphridie typique de Rotifère, s'étendant sur une centaine de segments environ. Enfin, la néphridie d’un grand nombre d’ Hirudinées n n'a pas d'ouverture interne. Quant aux Gastérotriches, aux Rotifères, aux Bryozoaires endoproctes, aux Plathelminthes leur appareil excréteur est D 10 0 LOUIS FAGE fondamentalement identique, formé d'un tube généralement ramifié, terminé par des flammes vibratiles. Chez l'Amphioxus lui-même, on trouve encore la néphridie larvaire. Les tubes néphridiens métamériques, découverts indé- pendamment par Weiss (1890) et Boveri (1890), s’ouvrent chacun dans la cavité péribranchiale par un petit orifice corres- pondant au pore externe; mais n'ont aucune ouverture dans la cavité cælomique. Ils sont hérissés de longues cellules pédi- culées, les Fadenzellen de Boveri (1892), que Goodrich démontra (1902) être des solénocytes. Que tous ces organes, qui, malgré leur diversité, peuvent être ramenés facilement à un schéma commun, soient homo- logues aux néphridies céphaliques, cela ne fait de doute pour personne. Mais alors, il convient de se demander s'ils sont aussi homologues aux néphridies définitives, ouvertes dans la cavité générale, à celles des Syllidiens, des Hésioniens et des Lycoridiens par exemple, ou bien seulement aux néphridies larvaires de ces différentes familles. Bergh (1885), prenant pour base le système excréteur des Platodes, conclut à l’homologie de celui-ci uniquement avec la néphridie larvaire des Annélides (1), et, obligé de donner une signification aux organes segmentaires définitifs de ceux-ci, il les considère comme représentant originairement les conduits vecteurs des Platodes, auxquels serait dévolu ultérieurement un rôle excréteur. Il s'appuie sur ce fait que les néphridies lar- vaires sont situées dans la cavité céphalique qui n’est nullement homologue au cœlome dans lequel s'ouvrent les néphridies définitives, de même que les néphridies des Plathelminthes ne s'étendent pas dans un véritable cœlome, mais seulement dans des lacunes correspondant à la cavité générale primitive. De plus, dit-il, les néphridies définitives se développent indépen- damment des néphridies provisoires, qui disparaissent à un stade très jeune. Sans doute, la cavité dique n'est pas homologue au (1) I ne faut pas oublier qu'à l'époque où Bergh publiait son mémoire, les néphridies closes à solénocytes des Annélides étaient inconnues, et qu'il envi- sageait seulement les néphridies ouvertes dans la cavité générale. ORGANES SEGMENTAIRES: DES ANNÉLIDES POLYCHÈTES 371 cœlome, mais il est des cas nombreux où les pronéphridies n'y sont pas exclusivement cantonnées. Ainsi, comme le fait remar- quer Beddard (1888), Vejdovsky (1884) figure la néphridie lar- vaire de la Rhynchelmis, traversant le dissépiment et pénétrant dans le deuxième somite, par conséquent dans la cavité géné- rale. Il en est de même pour les Lumbricus, les Acanthodrilus, les Criodrilus, chez qui les pronéphridies peuvent occuper les deux ou trois premiers segments du corps. Les Hirudo ont trois paires de néphridies larvaires ; les Glossosiphonia en ont deux. Sans parler des Polychètes (Phyllodociens, Nephthydiens, etc.), on ne peut refuser aux Rotifères une cavité générale libre, bien délimitée, et cependant, ils ont, de l'avis même de Bergh, des néphridies homologues à celles des Plathelminthes. Tout au plus, pourrait-on dire que les néphridies définitives closes, appartiennent, encore chez l'adulte, à la cavité blasto- cœlienne, faisant seulement hernie dans le cœlome, communi- quant physiologiquement avec lui, mais non morphologique- ment. Le fait serait démontré, s'il était possible de mettre en évidence le revêtement péritonéal au niveau des solénocytes ou des flammes vibratiles. Sur les coupes, traitées par les procédés usuels, aucune trace du péritoine n’est visible à cet endroit (1). Quand bien même, il serait prouvé que l'extrémité terminale de la néphridie ne pénètre pas dansle cæœlome et conserve sa posi- ton primitive dans la cavité blastocælienne, aucun argument ne pourrait en être tiré en faveur de la non-homologie de ces néphridies avec les néphridies à néphrostome, puisque celles-ci occupent incontestablement la même situation dans le corps de l’adulte et s’en distinguent seulement par la présence de ce néphrostome. | Les partisans de la théorie de Bergh profitent aussi de l’igno- rance où nous sommes le plus souvent des relations qui peuvent exister entre les néphridies provisoires et les néphridies défini- üves dans le développement embryogénique. En effet, d’une part chez les Plathelminthes, les Bryozoaires, les Rotifères, ete., et même chez les Phyllodociens et les autres Polychètes. à (1) La méthode des imprégnations au nitrate d'argent donnerait peut-être de meilleurs résultats, bien que l'extrémité terminale; si délicate, de la néphri- die se prête mal à de telles manipulations. 318 LOUIS FAGE néphridies closes, nous ne connaissons pas de pronéphridies, et d'autre part, dans les cas où celles-ci nous sont connues (certains Polychètes, Géphyriens, Oligochètes, Hirudinées, Mollusques) nous les voyons disparaître de bonne heure, pour être remplacées par des néphridies définitives, d'aspect différent et possédant un orifice interne. L'insuffisance des travaux d’embryogénie sur les Annélides est notoire, cependant, nous en savons assez pour lever cette objection. On sait que la néphridie céphalique du Polygordius aveugle est terminée par des solénocytes et que la néphridie définitive est ouverte par un néphrostome. Or, Hatschek (1878) a vu, Meyer (1901) et Woltereck (190%) l'ont confirmé, que, lorsque la trochosphère commence à bourgeonner, se forme une seconde néphridie (première néphridie définitive), ter- minée de la même façon que la pronéphridie, c’est-à-dire, par des solénocytes. Goodrich (1900), qui rapporte le fait, ajoute : « That this second nephridium is strictly bomologous with the third Fe Ne nephridium of the succeding segment there can a be no reasonable doubt. And so we are inevi- près Meyer. tably led to the view that head-kidneys and posterior nephridia form on homologous series of organs, a conclusion also reached by Meyer, and in favour of which I have argued in a previous pa- per (1895) ». D'autre part, Meyer (1886) nous représente la néphridie embryonnaire de la Perinereis cultrifera Gxr., d’abord close dans la cavité générale, puis acquérant un néphrostome par Fig. 48. — Once ir simple ouverture de son extrémité terminale erne de la néphri- die d’un jeune indi- (fig. 47 et 48). Pulirfere Ge, da, Voilà donc deux cas très nets où la né- près Meyer. phridie définitive, ouverte dans le cœlome, dérive directement de la néphridie provisoire normalement close. Et, d’ailleurs, celle-ci peut dans cer- tains cas posséder un néphrostome. Ainsi, Goodrich (1900) ORGANES SEGMENTAIRES DES ANNÉLIDES POLYCHÈTES 3719 a décrit et figuré chez la larve pélagique de l’Arénicole, une néphridie dont le néphrostome, bien visible, se trouve bordé de prolongements protoplasmiques offrant une grande ressem- blance avec ceux des Lycoridiens adultes. Et Hoffmann (1899) dit au sujet des reins cephaliques de l'Al/obophora putris : « die Anfangstelle der Urniere liegt in der Kopfhôhle in die sie deut- ich mit weiter Offnung eimmündet. Wir haben es alzo mit einer offenen Urniere zu thun ». Or, de même que l’on ne peut nier l’homologie du rein céphalique de l’Allobophora avec les autres pronéphridies, de même 1l paraît difficile de se baser sur l’exis- tence d’un néphrostome pour nier une homologie évidente entre la néphridie d’un Syllidien et celle d’un Phyllodocien. Y aurait-1l donc une différence si considérable entre une néphridie elose et une néphridie à ouverture interne? Si cette Fig. 49. — Schémas représentant les termes de passage (c), entre la néphridie d'un Plathelminthe (a), la flamme vibratile (b), et le néphrostome (4), d’après Lang. différence existait, elle ne pourrait être que dans le mode d’ex- crétion; au point de vue morphologique, il suffit de jeter un coup d'œil sur la figure 49, empruntée à Lang (1903), pour se rendre compte qu'entre ces deux types, le passage est aisé. La physiologie de l'appareil excréteur d’un Plathelminthe, par exemple, est aisée à comprendre, au moins dans ses grandes lignes. Le mouvement rapide de la flamme vibratile interne détermine un aspiration du liquide cœælomique, qui ne peut 380 LOUIS FAGE arriver dans la lumière du tube néphridial qu'après avoir traversé le cytoplasma. Celui-ci retient au passage les produits de désassimilation que nous apercevons ensuite sous la forme de vacuoles ou de grains de sécrétion, ou plutôt de ségrégation (segreqare, choisir), c’est véritablement un choix que fait le cytoplasme entre les substances utiles et celles qui sont élimi- nées. S'il s’agit d'une néphridie ouverte, bien que des expé- riences précises manquent qui montreraient le passage direct du liquide cælomique dans le tube néphridial, il y à tout leu de croire que ce phénomène se produit. La situation des als, la nature et la direction de leur mouvement suffiraient à l’expli- quer. Mais là, également, on trouve une élaboration cytoplas- mique intense, au niveau du néphrostome, qui indique très nettement une action osmotique aussi caractérisée que dans le cas précédent. Même lorsque le néphrostome s’élargit, comme chez les Lycoridiens, il possède toujours de nombreux grains de ségrégation, jusque dans les prolongements cytoplas- miques dont il est bordé. Nous sommes donc en droit de con- clure que, pas plus au point de vue physiologique, qu’au point de vue morphologique, la néphridie à néphrostome ne doit être séparée de la néphridie close, ce sont des formations par- faitement homologues et appartenant toutes deux à la même série que les pronéphridies, l'une, toutefois, se rapprochant davantage du type primitif. Dans le groupe restreint des Annélidés polychètes errants, dont nous avons entrepris l'étude, la simple flamme vibratile, caractéristique de la néphridie provisoire, n’est plus présente dans la néphridie définitive de l'adulte. Celle-ci se montre déjà évoluée, nous la voyons soit pourvue de solénocytes, soit ouverte par un néphrostome. En effet, les solénocytes ne peuvent pas être considérés’ comme des éléments faisant partie originairement de la néphridie. Leur présence marque plutôt un perfectionnement de l’organe, bien qu’on le trouve chez les larves de l'Échiure, de la PAoronis et du Polygordius. Nous ignorons complètement quelle est leur genèse, s'ils ne. sont que des cellules péritonéales modifiées, ou s’ils sont sim- ORGANES SEGMENTAIRES . DES ANNÉLIDES POLYCHÈTES 381 plement des cellules néphridiales individualisées, spécialisées en vue d’une excrétion plus active. Le péritoine est susceptible de fournir des éléments excréteurs, cela n’est päs douteux ; néanmoins, je ne crois pas qu'il faille interpréter les soléno- cytes comme des dérivés péritonéaux. Les tubes flagellifères percent le parenchyme néphridial de part en part, et péne- trent jusqu'à la lumière du canal excréteur. Cette disposition fort singulière devient inexplicable si l’on admet que les solé- nocytes sont des cellules étrangères à la néphridie. Au con- traire, on voit que les flammes vibratles des Plathelminthes et des larves d’Annélides ou de Mol- lusques, la plupart du temps sont portées par une seule cellule (fig. 50). Or, si, comme il arrive quelquefois, au lieu d'une cellule unique terminale, 1l s’en trouve plusieurs, elles tendent à devenir indépendantes. Geer est déjà visible chez un Némertien, le Drepanophorus crassus dont Bürger (1895) figure la néphridie, et devient évident quand on s'adresse aux DE pronéphridies des Pulmonés. IT résulte terne du rein céphalique des recherches de Meisenheimer (1899), Menennanne” ‘Pr que chez les Pulmonés basommato- phores, la pronéphridie se termine par une seule cellule ciliée, tandis que chez les Pulmonés stylommatophores, le nom- bre des cellules terminales est variable. Or, dans ce cas, par exemple, chez l’Arion emprricorum (fig. 51), mieux encore, chez la Limax agrestis (fig. 52), les deux cellules sont totale- ment indépendantes, font saillie au sommet de la néphridie et ont chacune leur flamme vibraüle. Leur noyau, entouré d'une masse de protoplasme assez épaisse, n’est plus relié à la néphri- die proprement dite que par une sorte de tube cytoplasmique très mince, dans lequel passent les cïls. La différence est si petite entre de telles cellules et de véritable solénocytes, que nous avons de bonnes raisons de croire à l'identité d’origine de ces deux formations. Physiologiquement, le solénocyte se comporte comme la cellule terminale d’une néphridie close. Le flagellum intratu- 382 LOUIS FAGE bulaire, par son mouvement incessant, détermine une aspi- ration du liquide ambiant, qui passe par osmose à travers le cytoplasme, extrêmement vacuolaire. Le noyau, qui fixe avec une intensité si frappante les colorants basiques, est d’une richesse remarquable en chromatine, peut-être en rapport avec la fonction excrétrice de la cellule à laquelle il appartient. Les produits d'élaboration du cytoplasme trouvent accès dans la lumière de la néphridie par l'intermé- diaire des tubes flagel- Fig. 51. — Extrémité interne de la néphridie Fig. 52. — Lxtrémité interne du céphalique de l'Arion empüricorum, d'après rein cCéphalique de la ZLimax Meisenheimer. agrestis, d’après Meisenheimer. lifères. Ceux-e1, nous l’avons vu, traversent le syncitium lui- même. Il existe de nombreux exemples de cellules ou même de plasmodes, possédant des canaux intracytoplasmiques, mais dans le cas qui nous occupe, il s’agit de cellules, fixées à la surface d’un syncitium par un prolongement creux qui perfore celui-ci. Une pareille disposition est, je crois, unique, il était juste d'y insister. La substance dont sont formés ces tubes à l'aspect de la chitine ; Je dois dire, cependant, qu'ils sont dis- sous par la potasse, et qu'ils ont les réactions colorantes du protoplasma. Les solénocytes qui paraissent avoir conservé la forme la plus simple, se rencontrent dans la famille des Phyllodociens. Chez la Phyllodoce Paretti Blainv., chez l'Eulalia viridis Müll. on trouve souvent des solénocytes isolés, formés d'une cellule portée au sommet d’un tube flagellifère. Plus fréquemment, les solénocytes sontsoudés par leur cytoplasme, mais la présence ORGANES SEGMENTAIRES DES ANNÉLIDES POLYCHÈTES 989 d’un noyau par lube (1) et par flagellum prouve que cette soudure est secondaire. Elle s'opère néanmoins toujours, à des degrés différents, de telle sorte que les solénocytes eux-mêmes n' échappent pas à cette particularité tout à fait remarquable, qu'ont les organes excréteurs, d’être composés de cellules fusionnées, formant un syneitium (2). La forme des solénocytes, nous Pavons vu, est extrêmement variable, non seulement dans les différentes familles, mais encore d'un genre, d’une espèce à l’autre, ainsi ceux des Goniades ne sont pas comparables à ceux des Glycères, et, parmi celles-ci, la Glycera alba Rahtke, la Glycera unicornis “Sav., la Glycera convoluta Kef., ont chacune un type de solé- nocyte différent. Ce polymorphisme ne semble-t-il pas montrer aussi que le solénocyte est vraiment une acquisition nouvelle de la néphridie? Par une évolution parallèle, la néphridie acquérait chez. d’autres types une ouverture dans le cæœlome. Le néphrostome le.plus rudimentaire est celui des Syllidiens ; la lèvre inférieure, qui seule est ciliée, porte une véritable flamme vibratile, en tout comparable à celle des Plathelminthes. L’ÆHesione pantherina Risso possède un néphrostome plus large, mieux individualisé ; les complications sont encore plus grandes chez les Lycoridiens, les flagellums externes du pavillon sont insérés sur des prolon- gements protoplasmiques. Ces flagellums ne se présentent pas comme de véritables cils; leurs mouvements très lents, irré- guliers, s'exerçant dans tous les sens, leur grande longueur, leur épaisseur font plutôt penser à des cirrhes ou à des tenta- cules préhenseurs. Doit-on les considérer comme résultant de la soudure de plusieurs cils, bien que leur forme cylindrique les distingue au premier abord des cils composés ? Doit-on sim- plement en faire des pseudopodes très grèles, oscillants, ana- logues à ceux qui se développent chez un assez grand nombre (1) I n'y aurait exception que pour les solénocytes du rein céphalique du Polygordius. (2) Bergh (1901) a cependant mis en évidence, au moyen d’imprégnation au nitrate d'argent, des limites intercellulaires dans la néphridie du Lumbricus hercuieus. Le même procédé n'a donné aucun résultat pour les Oligochètes limicoles. 384 LOUIS FAGE d'amibes : le Dactylosphærium radiosum Ehrbg., d’après Bütsehli (1878 et 1880), le Podostoma filigerum, d'après Claparède et Lachmann (1858), et l'Arcuothrir Balbian Hallez, d’après Hallez (1885)? Cette dernière interprétation, quoique hypo- thétique, est d'accord avec ce que nous savons du rôle de ces flagellums et cadrerait avec l'opinion généralement admise qu'il ne faut voir dans le cil vibratile qu'un pseudopode modifié. Les complications du néphrostome marchent de pair avec celles de la néphridie. Celle-ci n'étant chez les Syllidiens qu'un simple tube presque rectiligne, qui, chez l'Hésione, décrit déjà quelques circonvolutions, et, chez les Lycoridiens, devient vontourné et complètement enroulé sur lui-même. Cela seul serait une preuve évidente que le néphrostome appartient à la néphridie et n’est pas surajouté, comme c’est le cas pour le pavillon génital. | Dans les néphridies à solénocytes, nous trouvons les types correspondants à ces différents stades, d'un côté chez les Phyl- lodociens, les Nephthydiens et les Goniades, et de l’autre chez les Glycères. En somme, la néphridie primitive est devenue, chez les Annélides, la souche commune de deux types d’égale valeur : le type à solénocytes et le type à néphrostome, qui tous deux ont subi ultérieurement une évolution parallèle. Le parallélisme entre ces deux formations se poursuit encore plus loin, jusque dans les modifications dont elles sont le siège à l’époque de la maturité sexuelle. Le pavillon génital. — Chez les Phyllodociens, les Goniades, les Syllidiens et le plus grand nombre des Hésioniens, nous avons vu qu'au moment de la reproduction, la néphridie com- munique directement avec le cælome, non plus au moven d'un simple néphrostome, mais par un large pavillon cilié. Cet organe à un aspect et une structure totalement différents du tube excréteur, auquel il vient se souder lorsque l'animal est déjà adulte. Il est incolore ou d’un blanc nacré uniforme, tandis que la néphridie est toujours teintée de diverses façons, soit en brun, soit en vert, soit en jaune. Les cils qui revêtent celle-ci sont en général très longs, disposés sans ordre, isolés ORGANES SEGMENTAIRES DES! ANNÉLIDES POLYCHÈTES 385 ou groupés en faisceau ; chacun d’eux est animé, pour son propre compte, d’un mouvement hélicoïdal caractéristique. Au contraire, les cils du pavillon diffèrent profondément de ces flagellums, ils sont courts, trapus, répandus uniformément à la surface de l’épithélium etse meuvent dans un même plan. Enfin, la néphridie est formée par un syncitium (1) à lumière intra- cellulaire, et dont les noyaux sont plus ou moins rares. Le protoplasme révèle une grande activité excrétrice, il contient de nombreux grains de ségrégation et souvent des vacuoles. Le pavillon, en revanche, n'a rien d’un organe glandulaire, il est composé de cellules bien distinctes, généralement étroites, et serrées les unes contre les autres. Leur protoplasme ne renferme aucune inclusion, on y trouve seulement des racines ciliaires remarquablement développées, qui, partant des gra- nulations basilaires des cils, s’enfoncent dans le cytoplasme en convergeant vers l’axe de la cellule. Les racines ciliaires sont quelquefois visibles dans la néphridie, mais plus diffici- lement, c'est qu'avant tout, Le tissu néphridial est un tissu glan- dulaire à structure, par conséquent plus complexe que le pavillon, qui n'est, lui, qu'un simple épithélium vibrant. | Non seulement cet organe, par tous ces caractères, ne peut être confondu avec la néphridie, mais si l’on étudie la manière dont 1l se développe, on voit que par son origine il doit encore en être séparé. Chez la Polymnia nebulosa Mont., Ed. Meyer (1887) déerit de la manière suivante l’origine de ces deux for- mations. La première indication du pavillon est une traînée de noyaux qu'on observe au voisinage du péritoine. On voit bientôt les cellules auxquelles ils appartiennent s’ordonnancer et former un pli d'abord vertical dans la cavité générale, qui ne tarde pas à s’infléchir en arrière, en formant ainsi la lèvre supé- rieure de l’entonnoir encore aveugle. Mais la pointe de cette sorte d’invagination continue à s’accroître et s’unit finalement au rudiment du canal excréteur. La lèvre inférieure de l’en- tonnoir prend naissance, d’une manière indépendante, d’un (1) Il faudrait faire exception pour les néphridies abdominales de la majo- rité des Polychètes sédentaires. Mais on sait que ces néphridies n’ont aucun rôle excréteur, et sont déjà transformées en conduits vecteurs des produits gé- nitaux. ANN. SC. NAT. ZOOL., 9° série. TI 26 386 LOUIS FAGE autre repli péritonéal. En un mot, le pavillon doit être consi- déré comme une simple différenciation de la lame péritonéale antérieure du dissépiment. Le canal glandulaire fait son appa- rition, soit en même temps, soit plus tard, sous la forme de cellules placées à une certaine distance des ébauches du pavillon, ayant une position rétro-péritonéale très nette. Ces cellüles se disposent en un cordon plein qui arrive au contact de la pointe de l’entonnoir, tandis qu’une lumière se creuse à son intérieur. Le pavillon vibratile et le tube excréteur prennent donc nais- sance aux dépens de deux couches différentes de tissu, ce que Meyer exprime en concluant : « dass die Nephridialschläuche einem retroperitonealen Gewebe entstammen und somit von den Peritonealtrichtern morphologisch verschieden seien ». D'ailleurs, lorsque le pavillon se forme seulement chez l'animal adulte, au moment de la maturité sexuelle, nous retrouvons dans son développement les mêmes stades décrits par Meyer dans l’ontogénie de la Polymnia nebulosa Mont. Il se montre toujours comme étant une dépendance du péritoine et, lors- qu'il est définitivement constitué, conserve encore des attaches avec lui. Bien que nous manquions de base pour édifier la phylogénie des Annélides polychètes, les types primilifs ayant vraisembla- blement disparu, les auteurs sont généralement d'accord pour considérer les Polychètes errants comme se rapprochant plus que les sédentaires des formes ancestrales. Or, précisément chez les Phyllodociens, les Goniades, les Syllidiens, les Hésio- niens, l'apparition du pavillon est tardive. Nous sommes àinsi amené à penser, la phylogénie et l’ontogénie nous aidant, qu'originairement, la formation du pavillon est liée à l'appa- rition des produits génitaux. On sait que, pour la plupart des Annélides, les cellules sexuelles prennent naissance aux dépens du péritoine lui-même. Gravier (1896), entre autres, qui à étudié avec soin l'ovogenèse et la spermatogenèse des Phyllodociens, à montré que le péri- toine subit à ce moment des modifications considérables. « Les cellules, dit-il, généralement minces et aplaties, deviennent de hautes cellules épithéliales, prismatiques ou cylindriques. Leur ORGANES SEGMENTAIRES DES ANNÉLIDES POLYCHÈTES 387 plasma est granuleux et clair, leur noyau volumineux. Elles restent cependant disposées en une seule rangée. A cet état le péritoine se prépare à former les éléments génitaux. » Ces modifications ne sont-elles pas exactement les mêmes que celles qui annoncent la formation du pavillon? II suffit de se reporter aux chapitres précédents pour constater l'identité complète de ces processus. Mais, d’un côté, les cellules péritonéales donnent des œufs ou des spermatozoïdes, et, de l’autre, elles deviennent simplement ciliées. | Or, Kolossow (1893) et, tout récemment, Prenant (1905) admettent que l'acquisition des cils en certains points du péri- toine des femelles d’'Amphibiens (1) serait due à l'irritation mécanique produite par les œufs accumulés dans la cavité abdominale. Bornons-nous, pour le moment, à constater ce fait important, que la formation des produits génitaux peut amener, du même coup, là différenciation d’une parie du péritoime en un épithélum vibratile. Celui-ci, continuant à s'accroître, s’invagine, arrive au contact de la néphridie et se met en communication avec elle. Les produits génitaux qui ont achevé leur maturation sont évacués au dehors directement _par cette voie (2). (1) On sait, en effet, que le péritoine des femelles d'Amphibiens arrivées à maturité complète, est susceptible de former des îlots de cellules columnaires ciliées, que Neumann et Grunau (1875) ont montré provenir, par division, des grandes cellules plates du péritoine. (2) On admet généralement que la formation des produits génitaux a lieu chez les Annélides à des époques déterminées (surtout au printemps et à l’au- tomne). Étant donné que jamais je n'ai rencontré un individu possédant un pavillon génital, et dépourvu de cellules sexuelles, je devrais en conclure ou bien que ces animaux ne survivent pas à la ponte, ou bien qu'après avoir accompli son rôle, le pavillon se résorbe pour se reformer ensuite à une nou- velle maturité. Le pavillon est un organe volumineux, qui occupe une grande partie de la cavité segmentaire, et, si rapide que puisse être sa disparition, 1E paraît diffi- cile qu’elle s'effectue sans qu'il soit possible d’en déceler les traces. Or, dans les nombreuses coupes, pratiquées chez des animaux recueillis à différentes époques de l’année, pas une fois je n’ai pu constater ce phénomène. D'ailleurs, dans certains cas (Phyllodociens) la néphridie fait corps avec le pavillon et la disparition de celui-ci entrainerait fatalement celle de l'organe excréteur. D'autre part, si les Syllidiens, en raison des modifications profondes qu'’en- traine chez eux la maturité sexuelle, doivent être considérés comme des formes incapables de survivre à l'expulsion des produits génitaux, il n’en est plus de même de la majorité tout au moins des Phyllodociens (PAyllodoce .Paretti, Ph. luminaria, ete.) et des Goniades (Goniada emerita), qui atteignent 388 LOUIS FAGE Ainsi, une corrélation évidente existe entre l'apparition des cellules sexuelles et la formation de leur conduit évacuateur. Les exemples de corrélations organiques ou fonctionnelles sont nombreux, mais se ramènent presque tous à des influences d'ordre chimique, qu'un organe glandulaire exerce directement ou indirectement, par l'intermédiaire du système nerveux, sur un ou plusieurs tissus, ou seulement sur une autre glande (cf. le remarquable article de Gley sur la Corrélation, 1895). Les organes génitaux — les seuls qui nous intéressent en ce moment — exercent, sans doute, grâce aux sécrétions internes qu'ils déversent dans le sang, une influence considérable sur l'organisme. Déjà, en 1889, Brown-Séquard réussissait à mettre en évidence leur action « dynamogénétique » sur les centres nerveux, et, depuis, les expériences confirmatives se sont multipliées. Ils peuvent aussi agir sur un organe voisin; par exemple, les sécrétions testiculaires jouent un grand rôle dans les hypertrophies de la prostate, eelles-ci sont enrayées par la castration. En général, la corrélalion n’est jamais plus étroite et l’on se borne à enregistrer la dépendance plus ou moins grande de telle fonction de tel organe par rapport à tel autre. Chez les Annélides, au contraire, la production des éléments génitaux par le péritoine amène celui-ci à donner naissance à un organe nouveau : le pavillon cilié. Il me paraît difficile de trouver, entre deux organes, une relation plus intime que dans ce cas où l’un, en se formant, entraine de ce fait la formation de l’autre. L'époque de son apparition, son rôle, font donc du pavillon vibratile un organe entièrement lié à la fonction reproductrice, un véritable conduit génital; mais il ne conserve pas dans toutes les familles ces rapports primitifs avec le tube excréteur. C’est une taille considérable, incompatible avec une existance de courte durée. Enfin, tous les exemplaires de grande taille, à quelque époque de l’année qu'ils aient été examinés, se sont toujours montrés avec des œufs ou des sper- matozoïdes à différents états de développement. | Je crois donc être autorisé à conclure que, parmi les Annélides dont le pavillon se forme seulement à l’époque de la reproduction, si les uns ne sur- vivent pas à ‘la ponte, les autres sont capables de produire des cellules sexuelles d'une façon permanente. | ORGANES SEGMENTAIRES DES ANNÉLIDES POLYCHÈTES 389 ainsi que chez les Euniciens, les Aphroditiens, les Amphino- miens, les Chrysopétaliens et la presque totalité des Annélides sédentaires, le pavillon se forme d'emblée, en même temps que la néphridie, à la place du néphrostome, de telle sorte que le conduit génital se trouve déjà présent chez le jeune. Parmi les Svyllidiens, qui rentrent dans la catégorie exa- minée précédemment, nous avons cependant vu un cas ana- logue : les stolons acquièrent d'emblée une néphridie à large pavillon, alors que celui-ci, dans les individus non stolo- nifères, n'apparaît qu'au moment de la reproduction. Si l’on remarque que les stolons se forment par un bourgeonnement très rapide, qui nécessite une accélération dans le développe- ment des organes, on est amené à considérer la soudure pré- coce du pavillon et de la néphridie (caractéristique des Euni- ciens, Aphroditiens, etc.) comme résultant d’une accélération embryogénique (1). Je me hâte d'ajouter que, étant donné le peu de documents que nous possédons sur le développement des Annélides, cette interprétation ne peut avoir que la valeur d'une hypothèse, solidement étayée, toutefois, par des obser- vations précises. Enfin, chez les Nephthys, les Glycères, l'Hesione pantherina Risso et les Lycoridiens, le pavillon qui, comme dans les cas précédents, coexiste toujours avec la néphridie, ne commu- nique Jamais avec elle et évolue dans un tout autre sens. Pour ne point préjuger de sa valeur, je lui ai jusqu'ici constamment donné le nom d’organe cilié. C’est qu'en effet, il se distingue, au prémier abord, à la fois par son aspect et par son rôle. Chez l’'Hésione, les Nephthys et les Lycoridiens, on le trouve constitué par une lame péritonéale rubanée ou triangulaire, creusée de sillons nombreux et profonds, séparés par des côtes saillantes qui portent de longs cils vibratiles. Au point de vue histologique, ils se composent d’un syncitium à gros noyaux et dont le cytoplasme possède une charpente spongioplas- mique particulièrement nette. L'organe cilié des Glycères se rapproche davantage d'un pavillon; il est formé de cellules distinctes, disposées sur une seule rangée et reste en relation (1) Cf. La Tachygenèse, Ed. Perrier et Ch. Gravier, 1902. 390 : LOUIS FAGE avec lepéritoine de la face antérieure du dissépiment. Cepen- dant, on voit qu'il est parcouru par de fines stries con- vergentes représentant les sillons dont je viens de parler. Si dans ce cas il apparaît manifestement comme l'homologue du pavillon génital, on ne peut non plus lui refuser cette homo- logie alors même qu'il a une structure autre et qu’il n’est plus juxtaposé à la néphridie. En effet, d'une part l'aspect et la structure caractéristiques des organes ciliés se retrouvent, nous l'avons vu, dans la lèvre inférieure du pavillon de l’Aphrodite et de l'Hermione, et nous avons rencontré d'autre part, dans la famille des Hésioniens, tous les termes de passage (0p/io- dromus, Kefersteinia, Syllidia) entre le pavillon et l'organe cilié indépendant (Hésione). Ces deux formations ont néanmoins des rôles bien différents. Le pavillon recueille les produits génitaux et, par l’intermé- diaire de la néphridie, les conduit à l'extérieur; l'organe cilié qui n’a, au plus, avec le tube excréteur, que des rapports de contiguité demeure simplement un appareil vibratile, destiné à réunir les particules solides flottant dans le cœlome. Il est intéressant de rechercher les causes qui ont pu amener ce changement complet de fonctions. Chez tous les Polychètes, que nous avons étudiés jusqu'ici, l'organe seg- mentaire ne sert à l'expulsion des cellules sexuelles que dans les cas où le pavillon peut emprunter le concours du tube excréleur. [Il paraît donc indispensable pour cela que celui-ci soit apte à livrer passage aux produits génitaux. Si, pour des raisons que nous allons envisager, il en devient matériellement incapable, le pavillon se trouve isolé et ne peut, à lui seul, effec- tuer la ponte. Ceci ressort avec une grande netteté de l'étude attentive des organes segmentaires des Hésoniens. Nous avons vu en effet que dans cette famille, lorsque la néphridie est formée d’un tube simple, à peine arqué, au moment de la reproduc- üon, le pavillon génital normalement constitué (Ophiodromus, Oxydromus) ou l'organe cilié qui en tient lieu (Xefersteinia, Syllidia) se soude à elle et contribue à la ponte. Au contraire, chez les genres Hesione, Tyrrhena, qui possèdent un appareil exeréteur très compliqué, l'organe cilié reste indépendant. Il l'est bien davantage dans la famille des Lycoridiens où la spé- ORGANES SEGMENTAIRES DES ANNÉLIDES POLYCHÈTES 9391 cialisation de la néphridie est encore plus considérable. Ainsi les complications du tubenéphridial sont susceptibles d'aboutir à Pindividualisation du pavillon génital et à son autonomie. Parmi les types à solénocytes, ce qui se passe chez les Glycériens (Goniades d’une part, Glycères de l’autre) fournit une nouvelle preuve à cette interprétation. Quant aux Neph- thydiens, leur néphridie, il est vrai, est relativement simple et pourrait se comporter à l’époque de la maturité sexuelle comme celle des Phyllodociens. Il ne faut pourtant pas oublier que chez ces derniers, le pavillon n'apparaît qu'avec les produits génitaux, tandis que chez les Nephthydiens il se forme en même temps que la néphridie, et que si, dès ce moment, il entrait en communication avec elle, les solénocytes n’auraient plus leur raison d’être, la néphridie possédant une large ouverture dans le cœlome. Quand bien même la disposition qu'on rencontre dans cette famille serait due à une autre cause qui nous échappe, la proposition que j'énoncçais plus haut garderait toute sa valeur, puisqu'elle découle de l'observation de faits positifs et incontestables. Quoi qu'il en soit, que deviennent ces organes qui ont ainsi acquis leur indépendance? Ils sont encore trop rudimentaires, ne possèdent pas d'ouverture externe et, par conséquent, ne peuvent servir de conduit vecteur. Dans ces conditions, étant donné qu'ils sont déjà présents chez le jeune, on conçoit aisé- ment que le mouvement des cils dont ils sont revêtus, attire seulement les produits de déchet, les excréta insolubles qui passeront à leur voisinage. C’est ainsi que se comportent les urnes des Synaptes et des Sipunculiens, que Cuénot (1902) a heureusement rapprochées, sous le nom d'organes agqlutinants, des capsules néphridiennes des Hirudinées et des Annélides qu'il appelle les organes cilio-phagocytaires. En effet, tandis que chez les Synaptes et les Sipunculiens, comme l’a justement remarqué cet auteur, les particules ingérées sont transformées en un plasmode agglutiné, rejeté ensuite dans le cœlome, elles sont au contraire incorporées chez les Annélides par un organe complexe, formé, en grande partie de phagocytes. Je l'ai vu surtout bien développé chez les Nephthydiens et l’Hesione 399 | : LOUIS FAGE pantherina Risso. Sa structure, comparable à celle du tissu lymphoïde, comprend une trame conjonctive dans laquelle sont inclus différents types de cellules. La trame est extrêmement nette sur les coupes traitées convenablement ; elle est de nature cellulaire, ce qui semble devoir être général pour le tissu réti- culé, d’après les travaux récents et en particulier ceux de Weidenreich (1902), de Laguesse (1903) et de M" Drzewina (1905). Quant aux cellules juxtaposées au réticulum, ce sont des amibocytes analogues à ceux du cœlome, des macrophages, caractérisés par leur grande taille, les inclusions qu'ils renfer- ment et leur noyau excentrique ; enfin des leucocytes à granu- lations basophiles. Chez les Glycères viennent encore s'ajouter les cellules à ferment de Goodrich. Ce sont, on le sait, des organes hautement différenciés et qui ont, de plus, un carac- tère permanent. Les pavillons modifiés ont, de ce fait, un rôle très important et bien défini; ils purgent la cavité générale des particules solides qui y flottent librement, et les dirigent vers les organes phagocytaires chargés de les transformer. Cependant, si telle est la manière dont ils se présentent dans les quatre dernières familles que nous venons d'envisager, là ne s'arrête pas leur évolution. Chez les Capitelliens (cf. Eisig, 1887), nous voyons le pavillon devenir capable à lui seul d'effectuer la ponte, et alors, au lieu d’un même organe servant à la fois à l’excrétion et à l'évacuation des produits génitaux, nous avons une néphridie qui demeure exclusivement excrétrice, et un conduit génital propre. Les Clistomastus correspondent, au point de vue de l'organe segmentaire, au stade des Lycori- diens : le pavillon ne s'ouvre pas à l'extérieur, et les cellules sexuelles s’échappent aussi par rupture des parois du corps. Mais chez les Tremomastus, le Dasybranchus caducus, le Noto- mastus latericeus, le pavillon, situé dorsalement, possède une ouverture spéciale. De même, parmi les Cirratuliens, la Dode- caceria concharum OErst, d'après Caullery et Mesnil (1898), a, dans chaque segment de l'abdomen, des pavillons génitaux qui communiquent directement au dehors. Ces organes, désormais complètement indépendants des néphridies, ne se reproduisent plus métamériquement dans ORGANES SEGMENTAIRES DES ANNÉLIDES POLYCHÈTES 393 tous les segments du corps quand les produits génitaux sont localisés, ou quand :il existe un passage facile d'un anneau à l’autre. Ainsi les Capitella, dont les œufs et les spermatozoïdes prennent naissance uniquement dans la partie antérieure de l'abdomen, n’ont que deux pavillons situés dans le 8° ségment. Et chez l’'Owenta, où Gilson (1896) (cf. aussi Watson, 1901) à signalé la présence de « valves septales », on trouve deux paires de pavillons pour le mâle et une seule pour la femelle, dans le 6° métamère. Nous arrivons insensiblement aux conduits déférents des Oligochètes, localisés, comme les glandes reproductrices, dans un seul segment. Et d’ailleurs, l’évolution des conduits éva- cuateurs se fait de même façon que pour les Polychètes. Les ŒÆlosoma qui ont les néphridies les plus simples sont les seuls à ne pas avoir de canaux déférents, les néphri- _dies du segment génital accomplissent ce rôle à l’époque de la maturité. Les Lumbricimorpha dont le tube excréteur est si compliqué, en sont au contraire pourvus. Chez les Oligochètes d’eau douce les néphridies disparaissent dans le segment reproducteur pour être remplacées par des conduits Sénitaux. De cela il résulte que les canaux évacuateurs des Oligochètes correspondent, non pas à la néphridie des Polychètes, mais au pavillon génital. | En résumé, l'évolution du pavillon tir les Annélides se présente de la facon suivante : 1° Il se développe primitivement avec les Sn génitaux, se soude à la néphridie, et l’organe segmentaire, ainsi formé, sert tout entier à la ponte (Phyllodociens, Goniades, Syllidiens, la plus grande partie des Hésioniens). L'organe segmentaire peut se former d'emblée (stolons de Syllidiens, Euniciens, Aphroditiens, ete.). 2° Probablement en raison des perfectionnements de la néphridie dans le sens excréteur, qui la rendent matériellement incapable de livrer passage aux produits génitaux, le pavillon devient indépendant. Trop rudimentaire encore pour servir de conduit vecteur, il forme ce que nous avons appelé les organes 394 LOUIS FAGE ciio-phagocytaires (Hesione, Lycoridiens, Glycériens, Nephthy- diens, Clistomastus). 3° Il acquiert une ouverture propre et devient dès lors un véritable conduit génital, prenant place à côté de la néphridie, (Tremomastus, Dasybranchus caducus, Notomatus latericeus). 4° Par suite de la localisation des glandes génitales ou de l'existence de larges communications entre les différents anneaux, le nombre des conduits génitaux se réduit (Capitella, Orwvenia, Oligochètes). Maintenant que nous avons étudié séparément la néphridie et le pavillon, dans leur origine et dans leurs transformations successives, nous pouvons réunir en un même tableaules deux parties constituantes de l'organe segmentaire, de façon à avoir un coup d'œil d'ensemble sur les modifications qu’il subit chez les différents types. FORMES À NÉPHROSTOME. FORMES A SOLÉNOCYTES. La néphridie reste exclu- Oligochètes. sivement excrétrice. Le pavillon assure, à lui Capitella. seul, la ponte. | Capitelliens. La néphridie reste exclu- Lycoridiens. sivement excrétrice. Le pavillon forme un organe cilio-phagocy- taire. Hesione. N N à Sédentaires. N Syllidia. Glycériens. Nephthy- | diens. L'organe segmentaire,| Euniciens, composé d’un pavillon etc. Goniades. soudé secondairement | à la néphridie, sert| Stolonsde tout entier à la ponte. | Syllidiens. Syllidiens. Ophiodromus. Phyllodociens. N ZA LAN DIE Néphridie larvaire. ——_—_——————.——————_—__—————————Zp—Z— EE I ORGANES SEGMENTAIRES DES ANNÉLIDES POLYCHÈTES 399 Nous voyons en examinant ce tableau qu'il est facile de passer par des transitions insensibles de la néphridie larvaire primitive à l'organe segmentaire double des Oligochètes. Mais c'est uniquement cette évolution graduelle que j'ai voulu tracer ici, et non pas un arbre généalogique des Annélides, basé sur l'appareil excréteur. Bien que la phylogénie de ce groupe soit des plus obscures, il est certain que les Lycoridiens et l'Hesione pantherina Risso n’ont de commun que la disposition de la néphridie, et que les Glycères sont aussi loin des Nephthys que les Phyllodociens des Goniades. Cela prouve combien l'organe segmentaire, si variable, est d’un faible secours pour l'établissement d’une classification rationnelle. Comme il arrive souvent, on trouve, chez des formes primitives, une néphridie très évoluée, alors que chez des formes plus élevées en organisation, elle reste encore au stade primitif. Certains auteurs donnent au type ancestral des Annélides un parapode_ biramé alors que d’autres considèrent le parapode uniramé comme plus primitif; dans le premier comme dans le second cas, nous avons des néphridies simples et des néphridies com- plexes (Nephthydiens, Néréidiens, — Phyllodociens, Euniciens). Les difficultés ne disparaissent pas quand on veut rechercher à l’aide de la néphridie, les affinités non plus des familles entre elles, mais même des embranchements entre eux. Lang, qui fait des Platodes les ancêtres des Annélides, se base en grande partie sur le fait que chez eux la néphridie larvaire est repré- sentée, à l’état adulte. Or, rien n’est moins certain que cette descendance. Les Hirudinées, en particulier, apparaissent bien plus comme des Oligochètes dégradés que comme des formes dérivant directement des Planaires ; et quant aux Archianné- lides, qui serviraient de passage entre les Hirudinées et les Annélides, il est permis de se demander si ce ne sont pas encore, pour la plupart, des types dégradés. Cependant, les classifications devant, autant que possible, être basées sur l’ensemble des caractères, on aurait tort de ne tenir aucun compte de l'appareil excréteur, mais je ne crois pas qu’il faille lui attribuer une trop grande importance. 396 LOUIS FAGE RÉSUMÉ ET CONCLUSIONS L'organe segmentaire des Annélides polychètes se compose de deux formations bien distinctes : la néphridie etle pavillon. J'ai étudié, aussi complètement que possible, dans la première partie de ce travail, ces deux organes chez un grand nombre d'espèces des principales familles d'Errants. 1° J'ai montré que les Phyllodociens proprement dits ont un organe segmentaire tout à fait comparable à celui des Alcio- piens. La néphridie, simple ou ramifiée, est close dans le cœælome, recouverte de solénocytes de forme différente suivant que l’on s'adresse à tel ou tel type (PAyllodoce laminosa Saw., Eulalia viridis Müll., Eulalia punctifera Gr., Notophyllum polynoïdes OErst.). Au moment de la reproduction, le pavillon apparaît, se met en communication avec le canal néphridial et sert alors de conduit vecteur. 2° La néphridie des Nephthydiens porte également des solénocytes, dont la disposition varie avec les espèces consi- dérées (Nephthys Hombergü Âud. et Edw., Mephthys agilis Lang). Le tube excréteur est accolé à ün organe cilié, en forme de coquille de Pecten, creusé sur sa face convexe de profonds sillons. C’est le représentant du pavillon, auquel est juxtaposé un organe phagocytaire bien défini, que j'ai décrit en détail. J'ai constaté la présence d’un réticulum, dansles mailles duquel se trouvent des amibocytes, des macrophages et des leucocytes à granulations basophiles. J'ai observé des karyokinèses nombreuses dans ce tissu, ce qui m'a conduit à émettre l’hypo- thèse qu'ouire son rôle phagocytaire, il pourrait aussi contribuer à la formation des amibocytes libres. L'organe segmentaire, qui ne subit aucune modifi cation à la maturité sexuelle, est impropre à effectuer la ponte. 3° Chez les Glycères, la néphridie est plus complexe, c’est une masse protoplasmique globuleuse, parcourue par un réseau de canalicules de taille et d'importance différentes, communi- quant entre eux, et allant aboutir à un tube excréteur très court, qui s'ouvre ventralement à l'extérieur. La surface externe de la _ ORGANES SEGMENTAIRES DES ANNÉLIDES POLYCHÈTES 397 néphridie estrecouverte de solénocytes, qui accusent encore une extrême variabilité de forme (Glycera tesselata Gr., Glycera alba Ratkes, Glycera unicornis Sav.). Le pavillon est une simple invagination de la lame péritonéale antérieure du dissépiment, arrivant au contact de la masse néphridiale, sans toutefois communiquer avec elle. Le fond de cette invagination est occupé par un organe phagocytaire, renfermant surtout des amibocytes, des hématies, entraînées par le mouvement des cils, des macrophages. Les particules solides flottant dans la cavité générale, sont incorporés par cet ogane, digérées par les cellules dont il est formé, et probablement le produit de leur digestion pénètre par osmose dans la néphridie pour être excrété par celle-ci. | L'organe segmentaire, ne se modifiant pas au moment de l'apparition des cellules sexuelles, celles-ci ne peuvent être évacuées par cette voie. Au contraire, chez les Goniades, qui appartiennent cepen- dant à la même famille, la néphridie que j'ai pu observer sur le vivant, est beaucoup plus simple, comparable à celle des Phyllodociens. Le tube néphridial, à son extrémité, se renfle en massue et porte quatre rangées parallèles de solénocytes, qui n'ont aucune analogie avec ceux des autres Glycériens. J'ai observé, à l'époque de la reproduction, les premiers stades de la formation du pavillon, aux dépens des cellules péritonéales. Celui-ci, entièrement développé, s'ouvre dans le canal excréteur et conduit au dehors les produits génitaux. 4° La néphridie des Syllidiens se présente sous la forme d’un tube, légèrement arqué, cilié intérieurement, s’ouvrant dans le cœlome par un étroit néphrostome, et à l'extérieur par un pore ventralement situé, à la base du parapode. Au moment de la ponte, le néphrostome est remplacé par un large pavillon, et le tube néphridial augmente considérablement de diamètre. Ces modifications se produisent d'emblée dans les stolons, résultat d’un bourgeonnement rapide. La ponte a lieu par le moyen de l'organe segmentaire. Dans certains cas les modifications atteignent seulement les individus mâles. Il en est de même aussi chez quelques Spio- nidiens. 398 LOUIS FAGE 5° Certains Hésioniens (Ophiodromus fleruosus D. Chia., Oxydromus propinquus Mar. et Bob., Kefersteina cirrata Kef., Syllidia armata Mar. et Bob.) se comportent, au point de vue de l'organe segmentaire, de la même façon que les Syllidiens. La néphridie de lHesione pantherina Risso, au contraire, : ne subit aucune modification et se trouve inapte à remphr le rôle de conduit vecteur. Son néphrostome possède des flammes vibratiles qui empêchent toute particule solide de pénétrer dans son intérieur ; de plus, le tube néphridial est très fortement contourné, pelotonné sur lui-même. Près du néphrostome se trouve un organe cilié, correspondant au pavillon de l’'Ophio- dromus flexuosus D. Chia., mûr; celui de la Xe/fersteinia et celui de la Syllidia forment le passage entre le pavillon de l'Ophio- dromus et l'organe cilié de l'Hésione. J'ai décrit enfin l'organe phagocytaire de l'Hesione, son réticulum cellulaire et les _élements qu'il contient. 6° La néphridie des Lycoridiens est encore plus évoluée, elle consiste en une masse ovoïde, d’un blanc jaunâtre, par- courue par un tube étroit, fortement contourné. De la partie antérieure se détache un canal assez long, qui porte le large néphrostome à prolongements protoplasmiques ciiés, et de la partie postérieure part le tube de sortie qui aboutit au pore Externe. L'organe cilié est situé entre les muscles longitudinaux dor- saux et la paroi du corps; mais je ne crois pas qu'il y soit joint un véritable organe phagocytaire, différencié. J'ai également étudié l'organe segmentaire des formes hétéro- néréidiennes. Il subsiste tel que je l'ai décrit chez les formes immatures, sauf chez l’Heteroneis de la Platynereis Dumerilii Aud. et Edw. où 1l subit une dégénérescence pigmentaire. Mais dans aucun cas 1l ne sert à la ponte, la néphridie est trop spé- cialisée pour livrer passage aux produits génitaux, et l’organe cilié trop rudimentaire pour accomplir à lui seul cette fonction. T4) 7° Les Euniciens, les Aphroditiens, les Amphinomiens, les Chrysopétaliens ont un organe segmentaire comparable à celui d'un Syllidien mûr, c’est-à-dire composé d’un tube excréteur qui s'ouvre toujours dans le cælome par un large pavillon d’ori- ORGANES SEGMENTAIRES DES ANNÉLIDES POLYCHÈTES 399 gine péritonéale et sert à l'expulsion des cellules sexuelles. J’ai examiné les variations, peu importantes d’ailleurs, de l'organe segmentaire dans les principales tribus d'Euniciens et d’Aphro- ditiens. Ainsi, au point de vue de la néphridie proprement dite, deux types différents sont représentés chez les Añnélides : la néphridie close et la néphridie à néphrostome. Dans toutes les classes qui forment le sous-embranchement des Vers annelés, la néphridie larvaire est une néphridie close, aussi bien chez les Polychètes que chez les Oligochètes et les Hirudinées; 1l en est de même pour les Mollusques. Cette néphridie larvaire est homologue à la néphridie définitive du Dinophilus, de l'Histriobdella, des Gastérotriches, des Bryo- zoaires endoproctes, des Plathelminthes, des Phyllodociens, des Nephthydiens et des Glycériens. Ces trois dernières familles sont donc, parmi les Polychètes, celles dont la néphridie se rapproche le plus de la forme primitive. Elles en diffèrent seu- lement par ce fait que leur extrémité terminale n’est pas seu- lement formée par des flammes vibratiles, mais par des soléno- cytes. Or les cellules terminales du rein céphalique de la Limax agrestis et de l’Arion empiricor nous fournissent un terme de passage, entre le solénocyte et la flamme vibratile. J'ai montré, d'autre part, que n1 au point de vue morpholo- gique, ni au point de vue physiologique, la néphridie à néphrostome ne doit être séparée de la néphridie close ; elles appartiennent toutes deux à la même série que les pronéphridies. et en dérivent. Chez les Annélides la néphridie larvaire à ainsi donné nais- sance d'une part aux formes à solénocytes, et de l’autre aux formes à néphrostome, toutes deux susceptibles de perfection- nements et de modifications ultérieurs. Le pavillon est totalement différent de la néphridie par son aspect, sa structure et son origine. Sa formation est liée primi- tivement à l'apparition des cellules sexuelles. J'ai insisté sur la corrélation étroite qui existe entre ces deux phénomènes : la production par le péritoine des éléments génitaux est suivie de l'apparition du pavillon, qui provient de l’épithélium cœlo- 400 LOUIS FAGE mique. Probablement en raison d’une accélération dans le développement, cet organe peut se former d'emblée chez le jeune, soit joint à la néphridie et communiquant avec elle, soit isolé, quand celle-ci, spécialement adaptée à la fonction excré- trice, devient incapable de livrer passage aux cellules sexuelles. . Dans ce cas, s’il est trop rudimentaire pour servir à lui seul de conduit vecteur, il forme ce que nous avons appelé les organes cilio-phagocytaires, destinés à purger le cæœlome des produits de déchets, des excreta solides, qui y flottent librement. S'il est mieux développé et possède une ouverture externe, il devient un véritable conduit génital. : Ainsi, dans les différentes. familles d'Annélides, l'organe segmentaire subit, indépendamment des affinités zoologiques, une évolution spéciale dont les termes ultimes sont repré- sentés, d’un côté par la néphridie larvaire et de l’autre par la néphridie, doublée d'un conduit génital propre, des Oli- sochètes. INDEX BIBLIOGRAPHIQUE 4887. 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D, dissépiment. ép, épiderme. fl, flammes vibratiles. g, grains de ségrégation. k, karyokinèses. l. b, leucocytes à granulations basophiles. m. |. d, muscles longitudinaux-dorsaux. s, membrane de soutien. N, néphridie. n, noyau. ne, néphrostome. 0, œufs. ; P, pavillon génital. p, pore externe. per, péritoine. Ph, organe phagocytaire. pr, prolongements piriformes. r, racines Ciliaires. S, solénocytes. sp, Spermatozoïdes. t, tube néphridial. t. d, tube digestif. {. f. tube flagellifère. PLANCHE VI Fig. 1. — Coupe longitudinale oblique de l'extrémité terminale de la néphridie de l’Eulalia viridis Müll. Coloration au Magenta-vert lumière. Gross. 1000. Fig. 2. — Coupe transversale du tube néphridial de l'Eulalia viridis Müll. Coloration au triacide d'Ehrlich. Gross. 1000. Fig. 3. — Coupe longitudinale oblique du pavillon génital et de l'extrémité de la néphridie de l’Eulalia viridis Müll. Coloration au triacide d’Ehrlich. Gross. 250. Fig. 4. — Coupe d’une partie du pavillon génital de la Phyllodoce Paretti Blainy. Coloration carmin vert lumière. Gross. 1000. Fig. 5. — Coupe d’une partie de l'organe phagocytaire de la Nephthys Hom- bergii Aud. et Edw. Coloration au Magenta-vert lumière. Gross. 250. Fig. 6. — Division mitotique des cellules de l'organe phagocytaire de la Nephthys Hombergii Aud. et Edw. Coloration au Magenta-vert lumière. Gross. 1000. EXPLICATION DES PLANCHES 409 Fig. 7. — Coupe de la Néphridie de la Glycera tesselatu Sav. Coloration au Magenta-vert lumière. Gross. 1000. Fig. 8. — Coupe de la masse néphridiale de la Glycera convoluta Kef. Coloration au Magenta-vert lumière. Gross. 250. Fig. 9. — Coupe transversale du tube néphridial de la Typosyllis prolifera Kr. immature. Coloration au Magenta-vert lumière. Gross. 1000. Fig. 10. — Coupe transversale du tube néphridial de la Typosyllis prolifera Kr. g* Coloration au Magenta-vert lumière. Gross. 500. Fig. 11. — Coupe du tube néphridial et du pavillon génital de l’Odontosyllis ctenostoma Clp. © . Coloration au Magenta-vert lumière. Gr. 500. Fig. 12. — Coupe transversale de la néphridie de la Pterosyllis spectabilis John. ©. Coloration au triacide d'Ehrlich. Gross. 500. Fig. 13. — Coupe transversale du pavillon génital de la Pterosyllis specta- ie Johnst ©. Coloration au lriacide d Exlich. Gross. 500. Fig. 14. — Coupe longitudinale d’un segment du Spio Martinensis Mesnil ©. Caloneite au carmin-vert lumière. Gross. 90. Fig. 15. — Coupe longitudinale d'un segment du Spio Martinensis Mesnil Œ. Coloration au carmin-vert lumière. Gross. 90. Fig. 16. — Coupe d’une partie de l'organe phagocytaire de l’Hesione panthe- rina Risso. Coloration au Magenta-vert lumière. Gross. 250. (Pie 17 Coupe d’une partie de l’organe phagocytaire de l’Hesione Landes ina Risso, après macération dans le liquide de Merkel. Coloration au Magenta- vert lumière. Gross. 500. Fig. 18. — Phagocyte de l'Hesione pantherina Risso. Coloration au Magenta- vert lumière. Gross. 1000. Fig. 19. — Coupe transversale du néphrostome de la Perinereis cullrifera Gr. Coloration au Magenta-vert lumière. Gross. 250. Fig. 20. — Coupe longitudinale d’une partie de la néphridie de la Perinereis cultrifera Gr. Coloration au Magenta-vert lumière. Gross. 250. Fig. 21. — Coupe transversale de la partie terminale du tube néphridial de la Perinereis cultrifera Gr. Coloration au Magenta-vert lumière. Gross. 250. Fig. 22. — Coupe d'une partie de l’organe cilié de la Perinereis cultrifera Gr. Coloration à l'hématoxyline ferrique-orange G. Gross. 1000. Fig. 23. — Coupe d’une partie de la néphridie de la forme hétéro-néréidienne de la Platynereis Dumerilii Aud. et Edw. Coloration au carmin-vert lumière. Gross. 500. PLANCHE VII Fig. 24. — Coupe longitudinale de l'extrémité terminale de la néphridie de la Goniada emerita Aud. et Edw. Coloration au carmin-vert lumière. Gross. 250. Fig. 25. — Coupe de l’épiderme de la Goniada emerita Aud. et Edw., passant par le pore néphridial. Coloration au carmin-vert lumière. Gross. 250. Fig. 26. — Coupe longitudinale du pavillon génital, en voie de formation, de la Goniada emerita Aud. et Edw., ©, incomplètement müre. Coloration au carmin-vert lumière. Gross. 250. Fig. 27. — Coupe transversale du pavillon génital, en voie de formation, de l'Oxydromus propinquus Mar. et Bob., ©, incomplètement müre. Coloration au Magenta-vert lumière. Gross. 500. Fig. 28. — Coupe longitudinale d’une partie du tube néphridial de la Kefers- teinia cirrata Kef. Calle ation au Magenta-vert lumière. Gross. 250. Fig. 29. — Coupe longitudinale du pavillon génital de la Keferstenia cirrata Kef. Œ. Coloration au Magenta-vert lumière. Gross. 250. 410 EXPLICATION DES PLANCHES Fig. 30. — Coupe transversale de l'organe segmentaire de la Syllidia armata Qfg., G', au point où le pavillon génital communique avec la néphridie. Coloration au Magenta-vert lumière. Gross. 500. Fig. 31. — Coupe longitudinale d’une partie de la néphridie de l’Hesione pan- therina Risso. Coloration au carmin-vert lumière. Gross. 250. Fig. 32. — Coupe frontale d’un segment du Séaurocephalus rubrovittatus Gr., au niveau du pore externe de la néphridie. Coloration au carmin-vert lumière. Gross. 250. Fig. 33. — Coupe longitudinale d’une partie du tube néphridial du Lumbrico- nereis impatiens Clp. Coloration au Magenta-vert lumière. Gross. 250. Fig. 34. — Coupe longitudinale oblique du pavillon génital du Lumbriconereis Latreillii Aud. et Edw., ©. Coloration au Magenta-vert lumière. Gross. 250. Fig. 35. — Coupe longitudinale oblique du pavillon génital du Lumbriconeireis Latreillii Aud. et Edw., immature. Coloration au carmin-vert lumière. Gross. 250. ù Fig. 36. — Coupe longitudinale oblique du pavillon génital de l'Eunice (sp.?) Gt incomplètement mür. Coloration au carmin-vert lumière. Gross. 250. Fig. 37. — Coupe d’une partie de la néphridie de l’Aphrodite aculeata L. Colo- ration au Magenta-vert lumière. Gross. 500. Fig. 38. — Coupe d’une partie du pavillon génital de l’Aphrodite aculeata L. Coloration au Magenta-vert lumière. Gross. 500. Fig. 39. — Coupe longitudinale de la papille néphridiale du Lepidonotus clava Mont. Coloration au carmin-vert lumière. Gross. 250. Fig. 40. — Coupe transversale du tube néphridial du Lepidonotus clava Mont. Coloration au carmin-vert lumière. Gross. 250. Fig. #1. — Coupe longitudinale du pavillon génital du Chrysopetalum fragile Ehl. Coloration au Magenta-vert lumière. Gross. 500. Fig. 42. — Coupe longitudinale de deux segments consécutifs de l’Euphrosine foliosa Aud. et Edw. Coloration au carmin-vert lumière, Gross. 90. Anre. des Se.naë. 9% S ETLE.. RS, KE Mets SUR 22 Masson Fhrlastre, del. Zap L. Karrmanski, lit}. 20 SRE T4 | Die des Se.nat.9® Serre. Phlastre, del. = NE EP. DRE JS Phulastre, del. FOOT RT; 7 TAN TE) Te ( Ù MU > EAN Fa) LS) Te PES cs Does Æ 10 € T1 " 00,0 2 ae Æ0 VIe : 7: AE JS éditeurs. Karmanski, lith. Imerlaires. ne, Paris. Le nr. des Senat. 9°Sere Phulastre, del. 0 \ 7° À LUE] NOECUA PANAYA da T1 Karmansla, lith: i 13 sl TABLE DES MATIÈRES Pages. LAVANDE DIR D PO SEP me M nano elaese alalee He 0 NUE an ae nan PME RUR A PE (ca Sir 261 MéCRNIQUE AMRNESRNR Ne Ae. RIRR En A tn EL 26% Historique ....... DES DORE NOÉ dE EN RAN Re MEN due 266 PREMIÈRE PARTIE DANOnRREE LC M END LU LIOUOGIENS SEA NA Ne Rene SES sat 213 — DONNER ENS SRE SE RAM ee DEA CU UNS 286 — IL. — Glycériens. SM CLV CRE SN At re a A IR A 296 SG OI ES NE NS) tn 308 — INA Sins eee PU REC NN A EI ca a PR 312 — VE ÉSIONAENS EE REC EaRE An nee A UE ARE ARTS AMEN at ee 321 — VÉLO OMIAEN SR RAS EE Ne PNA EE NE Re A 331 — VD EU NIGER Le AN AR Re EUR RS ANT Ne ne 347 a VE AD Tr OTIENS EST APN AR en AR RNR Gate 352 AIPPENDICE OL O DELA UENS RCE CE NO Ce es 365 AND AIROMAENS AE SANS NEA RES ter Une 366: DEUXIÈME PARTIE REMARQUES SUR LA MORPHOLOGIE DE L'ORGANE SEGMENTAIRE..........-...... 369 Résumé ConclusIonse 222 Lila RAR RSR Re Re ee Er 396 Index SDibHO TA DAIQUER RAP ARE Tan Re en ne 401 Explicatondesiblanenes.71) RU AS RU ere PR enr ur 408 St proue ANRT EN ne set NI S) A ra Le < * SEL ET M PO DT O0 D RES Te PA RAD OTAE FES Tu SN RRENITAION TABLE DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE VOLUME Le « Gelasinus Tangeri », crustacé d’Andalousie, par le D' Marcez Bau- HOUINR CRD ARIS) EPP ne SR A AT Ras RE es 1 Attitudes et mouvements des Annélides, par GEORGES BoHx............. 35 Les Annélides polychètes des côtes de France (Océan et côtes de Pro- Mence} parMleiBarontde SAINTJOSEPH AR REVIENT 145 Recherches sur les organes segmentaires des Annélides polychètes..... 261 TABLE DES PLANCHES CONTENUES DANS CE VOLUME Planches I à V. — Annélides polychètes des côtes de France. Planches VI et VIL. — Organes segmentaires des Annélides polychètes. Conger. — Imprimerie Evo. Créré. mf #40 un me geo ia vue den ee Le plus sérieux © Le mieux informé © Le plus complet SR Le mieux illustré © Le plus répandu DE TOUS LES JOURNAUX DE VULGARISATION SCIENTIFIQUE LA NATURE REVUE DES SCIENCES et de leurs Applications aux Arts et à « l'Industrie JOURNAL HEBDOMADAIRE ILLUSTRÉ DIRECTION SCIENTIFIQUE : L. DE LAUNAY Professeur à l'École supérieure des Mines E.-A. MARTEL Ancien Vice-Président de la Commission centrale de la Société de Géographie J. LAFFARGUE Ingénieur-électricien Licencié ès sciences physiques. RÉDACTEURS EN CHEF : E.-A. MARTEL — J, LAFFARGUE Chaque Numéro comprend : SEIZE PAGES GRAND IN-8 COLOMBIER tirées sur beau papier couché, luxueusement illustrées de très nombreuses figures, contenant plus d: 12 articles de vulgarisation scientifique, clairs, intéressants, variés, signés des noms les plus conaus et les plus estimés. UN SUPPLÉMENT DE 8 PAGES illustré, comprenant : Les Nouvelles scientifiques, recueil pré- cieux de toutes les informations relatives aux sciences et à l'industrie. Sous la rubique Science appliquée, la description des petites inventions nouvelles et des appareils inédits (photographie: électricité, outil- lage d'amateur, physique, chimie, etc.), pratiques, intéressants où curieux. Des conseils d'Hygiène simple et sérieux, Des recettes et procédés utiles variés et pratiques. Des récréations scientifiques toujours ingénieuses. Une bibliographie des ouvrages scienti- fiques- La boîte aux Lettres, par laquelle les milliers d'abonnés de Za Nature correspondent entre eux et signalent les faits intéressants qu'ils ont pu observer. C'est aussi sous cette rubrique que la Direction répond, avec une inlassable complaisance et une compétence rarement en défaut. aux demandes les plus variées des abonnes. Le Bulletin météorologique de la semaine: Aux besoins scientifiques toujours croissants de notre époque, seule LA NATURE Sait répondre aussi bien, aussi complètement Les abonnements partent du A de chaque mois ; le journal forme 2 volumes par an commençant le 1er décembre et le 1er juin. PRIX DE L'ABONNEMENT PARIS DÉPARTEMENTS UNION POSTALE WUnian tee rester 20 fr’ UT An a Pat 25 fr. UN ane RER ER EE 26 fr SR TD coco ooobee 10 fr SIRAMIOIS PEER EEE 12 50 SIXAN OISE EE ET EE 143 fr On s’abonne aux bureaux de LA NATURE, 120, boulevard S'-Germain, Paris ET CHEZ TOUS LES LIBRAIRES TABLE DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE CAHIER Les Annélides polychètes des côtes de France (Océan et côtes de Provence), par M. le baron de Saint-Josepx (Fin). Recherches sur les Organes segmentaires des Annélides Polychètes, par Louis FAGe. TABLE DES PLANCHES CONTENUES DANS CE CAHIER Pc. VI Er VII. — Organes segmentaires des Annélides Polychètes. Cor8err. — Imprimerie En. Créré. ae HSONIAN INSTITUTION LIBRAR [LÉ 9088 01355 173 SM LL 3 Il 4