0 nur s ENT IR) ? 17! LS Te TRS Le + * ' 1 (ER æ n 4 Dr7 pe LE Me [ae Es a VE » =. [ n ANNALES SCIENCES NATURELLES. SECONDE SÉRIE TOME Il. IMPRIMÉ CHEZ PAUL RENOUARD, RUE GARANCIÈRE, N. D. ES st SE ANNALES DES SCIENCES NATURELLES COMPRENANT LA ZOOLOGIE, LA BOTANIQUE, L'ANATOMIE ET LA PHYSIOLOGIE COMPARÉES DES DEUX RÈGNES, ET L'HISTOIRE DES CORPS ORGANISÉS FOSSILES ; RÉDIGÉES POUR LA ZOOLOGIE PAR MM. AUDOUIN ET MILNE-EDWARDS, ET POUR LA BOTANIQUE PAR MM. AD. BRONGNIART ET GUILLEMIN. Geconde Série. TOME SECOND. — ZOOLOGIE. PARIS. CROCHARD, LIBRAIRE-ÉDITEUR, PLACE DE L'ÉCOLE DE MÉDECINE, N. 13. 1834. rer «AsgiraTOs 44 Jbaabie 13 LAON AUAQ EU "AAON MIO Aa HE FA rt FA HIÈROT PP EAQ #07 LUS rte # * . fun MIO SE D'aton à DER ons de alt 7 A 1681 ci ANNALES DES . SCIENCES NATURELLES. PARTIE ZOOLOGIQUE. ADD 0@0000 000002100800 7000000m00080P06081607 0608 080616080817 1S0SvSi802ce Rapport /ait à l'Académie des Sciences sur un mémoire de M. Coste, intitulé: Recherches sur la génération des Mam- mifères. Par MM. SerREs, IsiDORE GEOFFROY-SAINT-HILAIRE, et DuTROoCHET, rapporteur. Ce mémoire , dont le titre semble indiquer des recherches générales sur la génération des mammifères, ne contient dans le fait que des recherches sur l’ovologie du lapin. L'auteur an- nonce ce mémoire comme un premier travail qui doit être suivi par d’autres travaux du même genre. Après avoir étudié l'œuf dans l'ovaire, il le suit dans l'utérus et il décrit les divers phé- nomènes de développement qu'il y subit. IL n’y a pas très long-temps que l’on s’accorde généralement à reconnaître, que les femelles des mammifères ont des œufs ana- logues à ceux des ovipares. Leur découverte est cependant déjà ancienne dans la science, car elle remonte à Graaf, qui découvrit de véritables œufs dans les cornes de l’utérus des lapines fécon- dées. Il chercha à découvrir ces mêmes œufs dans l'ovaire, mais ses recherches, à cet égard, ne furent pas couronnées de succès. On sait que les ovaires des femelles mammifères présentent des 6 Coste. — Géneration des Mammifères. vésicules de différentes grosseurs et remplies d’un liquide albu- mineux. Ces vésicules qui avaient été vues antérieurement, par beaucoup d’anatomistes, furent considérées par Graaf comme de véritables œufs. Cependant comme il lui fut facile de reconnaître que ces œufs prétendus étaient, environ, dix fois plus gros que ceux qu'il avait trouvés danslutérus de la lapine fécondée, iladmit que les œufs dans l'ovaire, renferment une autre matière qu'ils perdent en passant dans l’utérus, ce qui fait qu'ils deviennent plus petits. Ceci était une erreur sans doute, mais elle n’était pas bien éloignée de la vérité. Avant d'aller plus loin, jetons ici un regard sur la structure de l'œuf de l'oiseau observé dans l'ovaire. L'œuf de l'oiseau dans l'ovaire est contenu dans une capsule (ou calice), dans laquelle il est complètement libre ou exempt d'adbérences. Cette capsule s'ouvre lors de la maturité de l'œuf pour le laisser échapper, et le pavillon de l’oviducte s’en empare. La structure de l'œuf de l'oiseau, pendant qu'il est encore dans l’ovaire,a été dévoilée dans ces derniers temps, par les recherches de Baër et de Purkingé. Le premier a vu qu'il existe, au milieu de la matière émulsive du jaune, une petite cavité qui communique par un canal avec la partie extérieure de l’œuf, là où se trouve la cicatricule. Purkingé a vu que dans cet endroit il se trouve une vésicule un peu aplatie, fort petite et remplie d’un liquide dia- phane. Cette vésicule qui parait être venue du centre du jaune à la surface, par le canal dont nous venons de faire mention, ne s'observe que dans les œufs encore contenus dans la capsule de l'ovaire, elle a complètement disparu dans les œufs parvenus dans loviducte. Purkingé émet dans son ouvrage (1) l’idée que cette vésicule est rompue par les contractions de l’oviducte et que la lymphe épanchée dans la cicatricule sert, par son mé- lange,avec la substance que cette cicatricule contenait, à former . le colliquamentum à granules blancs qu’on y observe. Mais dans une note mise au second paragraphe de sa dissertation, note qui paraît avoir été ajoutée après coup et au moment de l'impression, Purkingé revient sur l’idée qu'il vient d'émettre, et il dit qu'il lui paraît actueliement plus vraisemblable que la vésicule qu'il a (r) Simbola ad ovi avium historiam ante incubationem , 1830. CosTE. — Généruton des Mammiferes. 7 découverte forme le blastoderme, et queses deux hémispheres s'étendent en double membrane. Le blastoderme, en effet, com- posé de deux membranes supcrposées, peut être considéré comme une vésicule aplatie et dont les deux hémisphères ont été mis en contact.Cette opinion, à laquelle s'arrête Purkingé, mérite un sérieux examen. Cela doit engager à faire de nouvelles recher- ches sur le sort qu'éprouve la vésicule de Purkingé apres la fé- condation. Si les faits étaient confirmatifs de l'opinion de cet auteur, il en résulterait que l'animal serait primitivement une simple vésicule dont la première transformation serait un apla- tissement en deux segmens de sphère emboités, car le blasto- derme qui serait ainsi produit, est véritablement l'animal futur tout entier encore en germe et voisin de la forme sous laquelle il a commencé à exister. Revenons actuellement à lx recherche de l'œuf des mammi- fères dans l'ovaire. Chaque vésicule de Graaf ne pouvait évidem- ment être comparée qu’à la capsule qui renferme l'œuf de Poi- seau. C'était donc dans sa cavité qu'il fallait chercher le véritable œuf de la femelle mammifère. C’est ce que firent, les premiers, MM. Prévost et Dumas qui publièrent leurs observations sur cet objet en 1825, dans leur troisième mémoire sur la génération. Ayant ouvert une vésicule de Graaf dans l'ovaire d’une lapine ils recueillirent le fluide qui s’en écoula , et l'ayant examiné au mi- croscope ils trouvèrent nageant librement dans ce liquide un petit corps oviforme qui leur parut devoir être l’œuf véritable. Cependant ils observèrent qu'il était plus petit et plus opaque que les œufs qu’ils avaient trouvés dans les cornes de l'utérus de la lapine, en sorte qu'il put rester dans leur esprit quelques doutes à cet égard. Plus tard, Baër répéta ces observations et, ayanttoujours trouvé ce corps oviforme dans la vésicule de Graaf, il émit la singulière idée que cette vésicule était un œuf conte- nant un autre œuf. L'œuf des mammifères était ainsi, selon son expression assez singulièrement mathématique, un œuf élevé à la seconde puissance. eût été plus conforme à la vérité de con- sidérer la vésicule de Graaf,comme une capsule ovarienne qui, au lieu de ne contenir que l'œuf tout seul, comme cela a lieu chez l'oiseau, contient de plus un liquide dans lequel nage ce 8 Coste. — Génération des Harmimifères. œuf. Tel était l’état de la science, lorsque M. Coste a commencé ses recherches sur ce même objet. Il trouve constamment dans chaque vésicule de Graaf le petit corps oviforme que les précé- dens observateursavaient vu avant lui; mais plus heureux qu'eux, il découvrit dans ce petit corps oviforme des particularités d’or- ganisation qui achevèrent de lui démontrer ce que l’analogie in- diquait déjà: savoir que ce petit corps oviforme était véritable- ment l'œuf de la femelle mammifère observé dans l'ovaire et avant la fécondation. M. Coste ayant extrait un de ces œufs, d’une vésicule de Graaf, chez une lapine fraichement tuée et l'ayant soumis au microscope il y découvrit dans le voisinage de sa surface un champ transparent circulaire qui se détache nette- ment sur le corps opaque de cet œuf.Ce champ transparent circu- laire paraît être une vésicule diaphane dont la position, la forme et l'aspect sont en tout identiques à ce qu'on observe chez la vé- sicule de Purkingé, dans l'œuf des oiseaux. Ici l’analogie paraît évidente, autant du moins qu’on peut la constater entre des objets microscopiques. Il ne parait donc point douteux que le corps oviforme flottant dans le liquide que contient la vésicule de Graaf ne soit véritablement un œuf. Cet œuf, rempli d’une matière opaque, analogue à la matière du vitellus de l'oiseau, est enveloppé par une membrane diaphane dont le microscope fait voir l'épaisseur par transparence sur la circonférence de l'œuf. Voila tout ce que l'observation apprend ici; cependant M.Coste reconnaît à cet œuf une organisation plus complexe, ainsi que nous allons le dire tout-à-l’heure. Vingt-quatre heures après l’accouplement M. Coste a trouvé des œufs dans l'utérus d’une lapine. Ils étaient d'une extrême petitesse , on ne pouvait les voir qu’avec une forte loupe: trans portés sous le microscope ils ne présentaient aucun vestige de ce champ transparent circulaire, que nous avons dit plus haut, attester la présence de la vésicule de Purkingé. Ainsi cette vésicule disparait lorsque l'œuf est arrivé dans l'utérus de la lapine, comme elle disparait lorsque l'œuf de l’oiseau est arrivé dans l'o- viducte. C’est un nouveau point d’analogie, qui achève de prou- ver que c’est véritablement la vésicule de Purkingé, que M. Coste a découverte dans l'œuf de la lapine contenu dans Povaire. COSTE. — Génération des Mammifères. 9 Le troisième jour après l’accouplement M. Coste a trouvé de cinq à sept œufs dans les cornes de l'utérus: ils avaient acquis le diamètre d’une ligne environ ; on les voyait à l'œil nu, ils n’adhé- raient point du tout à l'utérus, en sorte qu'on les faisait mou- voiren soufflant dessus. Un de ces œufs étant placé dans l’eau dans un cristal de montre, on voit qu’il est presque transparent et il ne paraît posséder qu’une seule membrane enveloppante. Mais bientôt il se manifeste un phénomène qui dévoile ici l’exis- tence de deux membranes.Cet œuf contient un liquide organique plus dense que l’eau dans laquelle il est plongé, il ne tarde donc pas à se développer un phénomène d’endosmose. L'eau s'intro- duit au travers de la membrane extérieure de l’œuf, et son in- troduction décolle de cette membrane une autre membrane qui était exactement appliquée sur sa face intérieure et qui, par conséquent, ne pouvait être aperçue. On voit alors que l'œuf est composé de deux membranes, l’une extérieure, très diaphane, Vautre intérieure qui paraît granuleuse et demi transparente. M. Coste désigne la membrane extérieure par le nom de 77em- brane vitelline, et ayant reconnu par des observations subsé- quentes qne la membrane intérieure est l’analogue de la mem- brane blastodermique de l'œuf d'oiseau, il lui a imposé ce même nom. Cette membrane blastodermique enveloppe déjà tout le vitellus dont la matière est devenue transparente, en sorte que ce développement correspond pour son étendue à celui que l'on n’observe, que du 12° au 14° jour de l’incubation dans l'œuf de la poule, ce qui peut s'expliquer, par la considération de l'énorme différence, qu'il y a entre le vitellus microscopique de la lapine et le gros vitellus de la poule. Or M. Coste admet, et nous venons de le dire, sans preuves suffisantes, que cette même membrane blastodermique existe dans l'œuf encore contenu dans l'ovaire et qu’elle y enveloppe tous les vitellus. Nous avons vu cet œuf de l’ovaire plongé dans l’eau y demeurer sans rendre aucunement apparente cette membrane blastodermique que M. Coste prétend y exister et que l’endosmose décolle et rend si promptement apparente chez l'œuf de lapine pris dans l’utérus. Ainsi l'observation ne dé- montre point du tout ici l'existence de la membrane blastoder- 10 cosre. — Généralion des Marnmifères. mique et le corps opaque que contient l'œuf ne parait être autre chose que la matière du vitellus. M. Coste admet que la membrane diaphane qui revêt exté- rieurement l’œuf de lapine pris dans l'utérus est la même que la membrane diaphane qui revêt extérieurement l'œuf pris dans l'ovaire. Cette assertion nous parait très fondée et nous devons dire ce qui nous détermine à adopter cette opinion. Le vitellus de l'œuf d'oiseau possede dans l’oviducte et après la ponte deux enveloppes membraneuses que recouvre laïbu- men. La membrane intérieure vient de l'ovaire , c’est la mem- brane vitelline. La membrane qui la recouvre est la membrane chalazifère , acquise par l'œuf dans l’oviducte. Cette dernière membrane est inorganique, elle est formée par la condensation d’un fluide sécrété. Il ne paraît pas en être de mème de la mem- brane vitelline qui vient de l'ovaire. Cette membrane paraît jouir de la vie, car elle contracte adhérence intime avec les organes vasculaires qui deviennent en contact avec elle pendant Pincu- bation , et elle se confond organiquement avec eux, tandis que ces mêmes organes vasculaires refusent complétement de con- tracter union avec la membrane chalazifère avec laquelle ils se trouvent aussi en contact. On trouve à la fin de lincubation des débris chiffonnés auprès du vitellus qui en a été dépouillé. C’est ce que l’un de nous a précédemment démontré.Or comme il ne peut s'opérer d'union organique qu'entre deux tissus vi- vans et organisés, il en résulte que la membrane vitelline qui enveloppe l'œuf dans l'ovaire et qui le suit dans l'oviducte ou dans l’utérus est une membrane organisée et non une fausse membrane. Nous avons vu, en suivant les observations de M. Coste que la membrane diaphane qui enveloppe dans les premiers temps l’œuf pris dans l'utérus se comporte comme la membrane vitelline de l'œuf d'oiseau, elle se confond par adhé- rence avec les tissus vivans qui l’avoisinent. Ainsi il ne nous parait pas douteux que la membrane qui enveloppe extérieure- ment l’œuf de la lapine dans l'utérus ne soit la membrane vitel- line qui enveloppait ce même œuf dans l'ovaire. Cette membrane que nous considérons comme organisée ne possède cependant point de vaisseaux, mais la membrane blastodermique n'en con- coste. — Génération des Mammifères. II tient point non plus dans les premiers temps et n’en est pas moins organisée. La présence des œufs dans l'utérus de la lapine et la structure de ces œufs, avaient été constatées il y a plus de cent-cinquante ans par Graaf. Cet observateur ne trouva les œufs dans l'utérus que soixante-douze heures après l’acconplement, il les vit en- core plus distinctement du quatrième au septième jour de la gestation. IL vit que ces œufs, remplis d’un liquide diaphane, n’adhéraient point à l'utérus, et qu’on les faisait mouvoir facile- ment rien qu’en soufflant dessus. Il vit qu'ils possédaient deux tuniques d’une extrême ténuité. Ce résultat, ajoute-t-1l, pourra paraitre incroyable, mais il m'a été démontré très facilement au moyen d’une petite industrie. Graaf ne dit point quelle est cette industrie au moyen de laquelle il est parvenu à voir très facile- ment les deux tuniques de l'œuf; il nous paraît évident que cette industrie est la même que celle au moyen de laquelle M. Coste, est parvenu à mettre en évidence ces deux mêmes tuniques. Nous avons dit que c'était en plongeant ces œufs dans l’eau , la- quelle s'introduit alors par endosmose dans l'œuf, et sépare la membrane blastodermique de la membrane vitelline. Le sixième jour après l’accouplement, l'utérus, qui jusqu'alors n'avait présenté aucune modification apercevable , commence à offrir, dans l'endroit où il correspond à l'insertion des vais- seaux, la tuméfaction de deux saillies parallèles de sa membrane interne, saillies dont la direction longitudinale suit celle de l'axe longitudinal de la corne de l'utérus. C’est dans cet endroit que s'arrêtent et que se fixeront plus tard les œufs qui ont ainsi une place d'élection. Graaf avait aperçu ce phénomène qu'il a noté en disant que le huitième jour de la gestation , les œufs quon ne pouvait plus séparer de l'utérus, avaient leur enve- loppe plus rouge à l'endroit de l'utérus où aboutissent les vais- seaux hypogastriques. D'après les observations de M. Coste , c’est le septième Jour que l’on commence à apercevoir les premiers linéamens du corps de l'embryon; ils ne consistent encore qu'en une tache constituée par des nuages de granules. Cette tache existe à la face externe de la membrane blastodermique , ou dans la super- 12 cosTE. — Géneration des Mammifères. ficie de son tissu. On distingue la ligne longitudinale, suivant laquelle sera dirigé l'axe cérébro-spinal de l'embryon, et on voit que cet axe est toujours placé suivant l'axe longitudinal de la corne de l’utérus. Le huitième et le neuvième jour , l'embryon a acquis un plus grand développement, ses formes générales commencent à se dessiner. Alors la membrane vitelline devient intimement adhé- rente à la membrane blastodermique, en sorte que l’introduc- tion de l’eau par endosmose ne peut plus désormais les séparer. Elles se réunissent en un seul tout organique. Dans le même temps l'utérus produit par sécrétion autour de chaque œuf une fausse membrane , ou une membrane adventive et inorganique qui a été désignée par Baër sous le nom de membrane corticale, nom que M. Coste adopte provisoirement. Cette membrane ad- ventive, qui mériterait peut-être plutôt le nom d'enduit, n'est point comme l'a pensé Baër une transformation de la membrane que l'œuf a apportée de l'ovaire. Elle finit par se dissoudre et par disparaître à une époque avancée de la gestation. La membrane blastodermique forme une poche vésiculeuse qui, lors du développement de l'embryon, reste à-peu-près tout entière en dehors de son abdomen, lequel ne recele que son pédicule par lequel elle est unie à l'intestin. Ce pédicule n’est point visible chez le lapin, cette poche appendiculaire cesse alors de porter le nom de membrane blastodermique , elle prend le nom de vésicule ombilicale chez les fœtus des mammi- fères. Cette vésicule a, chez le lapin, un volume très considéra- ble par rapport au volume de l'embryon, qui, le ventre tourné vers elle, est enfoncé dans sa portion déprimée : cette dépres- sion augmente graduellement, en sorte que le fœtus en s’enfon- çant de plus en plus dans cette dépression , dont la profondeur augmente sans cesse, tend à s’en faire une double coiffe sembla- ble à celle que forme un bonnet de nuit d'homme enveloppant la tête. La vésicule ombilicale ainsi invaginée en elle-même offre alors deux voûtes inégales emboïitées et qui sont séparées par un liquide diaphane et visqueux. La quantité de ce liquide in- terposé diminue progressivement, et les deux voütes, se rappro- chant sans cesse , finissent par arriver en contact et enfin par ] COSTE. — Génération des Mammifères. 13 se souder intimement. Alors le fœtus, avec son amnios, qui est son enveloppe immédiate, se trouve environné par deux mem- branes organiques formées par la plicature invaginée de la vési- cule ombilicale. Cette vésicule, tant qu’elle est simplement mem- brane blastodermique, ne possède point de vaisseaux et n’en est pas moins une membrane organique vivante. Ses vaisseaux apparaissent vers le neuvième jour de la gestation, ils appar- tiennent, comme on sait, aux vaisseaux omphalo-mésentéri- ques. M. Coste pense, et cela nous parait évident que la voûte interne de cette vésicule invaginée reçoit seule ces vaisseaux, et que la voûte externe de cette même vésicule n’en reçoit point. Toutefois il est bon de faire observer que, vu l’adhérence in. time qui finit par confondre ces deux voûtes emboitées en une seule membrane, les vaisseaux de l'une doivent être également les vaisseaux de l’autre. L'enveloppement du fœtus lapin par une membrane que nourrissent les vaisseaux omphalo - mésentériques, avait été vu il y a long-temps par Needham et par Daubenton ; feu M. Cuvier a constaté ce fait d'une manière encore plus positive et c'est véritablement à lui que l’on doit de savoir que c’est la vésicule ombilicale qui, par sa plicature, enveloppe ici le fœtus ; mais il ne paraît point avoir vu cette plicature et cet en- veloppément s'opérer. M. Coste a été plus heureux à cet égard. Ila vu et nous avons vu avec lui les diverses phases de cet en- veloppement du fœtus lapin par la vésicule ombilicale. Ce phé- nomène, qui est commun à tous les rongeurs, est, jusqu'a ce jour, un phénomène exceptionnel qui ne se rencontre que dans cette famille de mammifères. Les deux membranes orga- niques vasculaires ou non vasculaires, qui enveloppent au de- hors de l'amnios, le fœtus de ceux des autres quadrupèdes dont on à étudié l’ovologie , ont une autre origine. C’est vers le neuvième jour que l’on commence à apercevoir l’amnios qui est détaché du corps de l'embryon par l'interposi- tion d’un liquide. M. Coste considère cette membrane comme un épiderme qui aurait été soulevé : cette opinion n'est appuyée sur aucune preuve. Vers le dixième jour de la gestation on voit naître la vessie 14 cos:E. — Géneralion des Mammifères. ovo-urinaire qui sort de la région hypogastrique du fœtus. M. Coste évite avec raison de donner à cette vessie Le nom d'allantoide , car, ainsi que l’a fait remarquer l'un de nous, la poche urinaire fœtale, à laquelle on a donné le nom d'allantoide chez les ruminans, n’est point l’analogue exact de la poche uri- naire fœtale que M. Coste désigne avec l'un de nous sous le nom de vessie ovo-urinaire. L’allantoïde n’est que la doublure intérieure de la vessie ovo-urinaire et l'existence de cette dou- blure , ou n'est pas constante , ou n’est pas toujours aperceva- ble, tandis que la vessie ovo-urinaire existe certainement tou- jours chez le fœtus des mammifères, comme chez le fœtus des oiseaux. L'observation de la naissance et de l’évolution de la vessie ovo-urinaire, chez le fœtus lapin est certainement un des faits les plus curieux de l’ovologie des mammifères et c'est un fait neuf, Ce fait avait pu être supposé par l’analogie du même fait chez le poulet, mais il est heureux d’avoir pu le constater directement. Au reste cette vessie ovo-urinaire du fœtus lapin, ressemble parfaitement à celle du poulet, mais son évolution n'offre que la première partie de celle du poulet, elle cesse d'amplifier sa cavité lorsqu'elle n’a acquis encore qu'une assez faible dimension. Alors le fœtus lapin enfermé dans une dépres- sion de sa grosse vésicule vitelline, pourvu d’une petite vessie ovo-urinaire qui n’a point de plicature , ressemble tout-à-fait au poulet observé vers le cinquième jour de l'incubation, ainsi que l'a dit feu M. Cuvier. La vessie ovo-urinaire du fœtus lapin n’est point destinée à l'envelopper par sa double plicature , ainsi que cela a lieu chez le poulet. A peine élancée hors de l'abdomen, cette vessie ovo-urinaire du fœtus lapin, s’'aplatit par son fond en contact avec l'utérus et lui devient adhérente. Ses parois s’é- paississent considérablement, et cet aplatissement constitue le placenta. Ainsi ce dernier est véritablement une sorte d'hy- persarcose de la vessie ovo-urinaire. Ici la nature, prise pour ainsi dire sur le fait, confirme ce que l’un de nous à annoncé depuis long-temps relativement à la nature et à la formation du placenta. Cette partie importante de l’organisation fœtale, n’est point à proprement parler , un organe sui generis; c'est, comme nous venons de le dire, une sorte d’Aypersarcose de la vessie cosre. — Génération des Mammifères. 15 ovo-urinaire , hypersarcose qui est ici dans l'ordre normal de la nature. La vessie ovo-urinaire du poulet reçoit les mêmes vaisseaux que le placenta simple où multiple des fœtus des mammifères ; ces vaisseaux sont les deux artères et la veine ombilicales. La similitude des vaisseaux indiquant nécessairement la simi- litude de l'organe auquel ces vaisseaux, se distribuent il en ré- sultait , ainsi que l'an de nous l’a dès long-temps établi, que le placenta simple ou multiple est une portion développée de la vessie ovo-urinaire du fœtus. Cette vérité à éprouvé le sort de la plupart des vérités nouvelles, desquelles Fontenelle disait spi- rituellement que ce sont des coins qu’il faut faire entrer par le gros bout; elle a été généralement méconnue. L'observation di- recte la confirme aujourd'hui. La vessie ovo-urinaire ne forme ici que le placenta tout seul, au-dessous duquel il reste une petite portion de sa cavité qui ne s'oblitère point; elle ne donne point naissance à ces deux enveloppes fœtales, observées chez le fœtus de plusieurs autres genres des mammifères, enveloppes qui reçoi- vent dans la totalité ou dans quelques portions seulement de leur étendue les mêmes vaisseaux que le placenta, c’est-à-dire, les vaisseaux ombilicaux, ce qui atteste qu’elles appartiennent comme lui à la vessie ovo-urinaire. La même vessie ovo-urinaire est un prolongement, une exten- sion de la vessie du fœtus ou plutôt ces deux poches organiques n'en constituent véritablement qu’une seule qui étant étran- glée à la sortie de l'abdomen , se divise en deux lobes, lun fort petit dans l’origine et qui constitue la vessie urinaire pro- prement dite, l’autre beaucoup plus grand et qui constitue la vessie ovo-urinaire. Ainsi c’est véritablement par la vessie que le fœtns des mammifères s'implante à l'utérus et se nourrit. La naissance et le développement de la vessie ovo-urinaire doivent nécessairement apporter du changement dans la posi- tion primitive du fœtus. Cette vessie se portant vers l’un des cotés du fœtus, fait que ce dernier qui jusqu'alors avait eu le ventre tourné vers sa vésicule ombilicale déprimée, et le‘dos tourné vers la paroi voisine de l'utérus, éprouve une demi- révolution ; il se trouve alors avoir le dos tourné vers la vésicule 16 costr. — Génération des Mammifères. ombilicale déprimée et le ventre tourné vers la paroi voisine de l'utérus. Ce changement de position s'opère du dixième au treizième jour de la gestation. Les œufs de la lapine sont complètement libres d’adhérence à l'utérus pendant les cinq ou six premiers jours de la gestation. Le fœtus rudimentaire que contient chacun d’eux ne puise donc sa matière nutritive que dans les fluides sécrétés par l'uté- rus, car la petite quantité de matière vitelline que contenait l'œuf dans l'ovaire, a disparu dés les premiers jours ; elle a servi au développement précoce et rapide de la membrane blasto- dermique, ou de la vésicule ombilicale : cette vésicule ne con- tient plus ensuite qu'un fluide muqueux dont la quantité s'ac- croit pendant un certain temps, ce qui prouve que c’est un fluide sécrété et non un fluide alimentaire. C’est l’analogue du fluide muqueux qu'on trouve dans le vitellus du poulet, après que toute la matière émulsive a été absorbée; la nutrition du fœtus par les fluides sécrétés qui environnent l'œuf dans l'uté- rus est donc ici un fait incontestable. Ce fait avait déjà été établi par l’un de nous, d'après des observations faites sur la gestation de la brebis. C’est ainsi également que se nourrissent les fœtus, de la vipère qui n’ont aucune adhérence vasculaire avec les oviductes qui les contiennent. Il n’existe chez le fœtus qu’un seul réservoir de matière alimentaire, c’est le vitellus ou la vésicule ombilicale , et ce réservoir , qui diminue graduelle- ment, finit par s’épuiser. L’allantoïde , ou plutôt la vessie ovo- urinaire dont Je fluide intérieur augmente sans cesse de volume dans les premiers temps de la gestation, n'est donc point un réservoir de substance nutritive , ainsi que l'ont pensé deux auteurs modernes, car nous ne regardons point comme une preuve de la validité de cette opinion , ce que dit l’un d'eux de l'existence d’une matière féculente dans l'allantoïde du poulet. Il a pris le carbonate de chaux que contient l'urine du poulet, comme celle de tous les oiseaux, pour de la matière féculente. En outre, si ces auteurs avaient été plus familiers avec l’'ovolo- gie des quadrupèdes , ils auraient vu que l’allantoïde qu'ils pré- tendent avoir découverte chez le fœtus humain , ne peut point se trouver à la place qu'ils lui assignent. Si, en effet, ils ont cost£. — Génération des Mammifères. 17 voulu parler de l’allantoïde proprement dite , telle qu'elle existe chez les ruminans, elle devrait être contenue entre deux membranes dépendantes de la vessie ovo-urinaire; si c’est de la vessie ovo-urinaire elle-même qu'ils ont voulu parler , celle-ci se trouve ailleurs et à l’état de transformation formant spécia- lement mais non exclusivement le placenta. L'ovologie des mammifères, quoique cultivée depuis long- temps, est, pour ainsi dire, une science nouvelle. Des erreurs, des théories fausses ont entravé et entravent encore sa marche. Cette science ne pourra faire des progrès certains qu’en s’ap- puyant sur beaucoup d’observations faites sur les œufs et les fœtus du plus grand nombre possible de mammifères. Ce n’est que de cette manière que l’ovologie humaine pourra nous dé- voiler tout ce qu'il y a encore d’obscur dans les phénomènes qu’elle présente ; car une bonne philosophie nous apprend que l'étude de l'anatomie des animaux. est le complément né- cessaire de l’étude de l'anatomie de l'homme, si l’on veut s’éle- ver à ces vues d'ensemble qui sont si satisfaisantes pour l'esprit, en même temps qu'elles fournissent un secours si puissant pour la solution de certains problèmes qui ne seraient point expli- qués par la seule anatomie humaine. Ainsi, pour nous en tenir à l’ovologie qui nous occupe actuellement, il faudra que tout anatomiste qui s'occupe de l’ovologie, ne perde point de vue ce fait posé par notre grand naturaliste Cuvier , que le fœtus possé- dant deux poches membraneuses appendiculaires, savoir la vé- sicule ombilicale et l’allantoïde ou plutôt la vessie ovo-urinaire, il s'enfonce dans la plicature invaginée de l’une ou de l’autre de ces deux poches, et s’en forme ainsi une double enveloppe membraneuse : c'est là le fondement de toute l’ovologie des mammifères qui ont une gestation. La monographie de l'ovologie du lapin que nous offre au- jourd’hui M. Coste et qui est l’objet de ce rapport, est faite avec l'esprit philosophique dont nous venons d'exposer les prinei- pes. Il a mis en usage la connaissance raisonnée des progrès que la science ovologique à faite dans ces derniers temps. Sans doute cette monographie laisse encore quelque chose à desirer , sans doute les faits qu'elle renferme ne sontpas tous nouveaux, Zool. 2 18 À. DUGÈS. — Sur les Acariens. mais parmi eux se trouvent plusieurs découvertes fort impor- tantes que nous avons vérifiées avec leur auteur. Il a décrit avec plus de précisiontet de détail qu'on ne l'avait fait avant lui les divers phénomènes qui se succèdent depuis l'œuf considéré dans: l'ovaire jusqu’au complet établissement des enveloppes fœtales dans l'utérus. Par ces observations une analogie com- plète se trouve établie entre l'œuf d'oiseau et Fœuf du mammi- fère quant à leur plan fondamental. D'après ces considérations nous pensons que le travail de M. Coste mérite l'approbation de l'académie. Nous avons l’hon- neur de lui proposer d'encourager cet observateur à continuer des recherches dont la science éprouve aujourd'hui plus que jamais le besoin pour arriver à la solution d’une question aussi remplie d'intérêt, et nous regrettons que les usages de l’acadé- mie ne nous permettent pas de lui proposer d'aider l’auteur dans ces recherches dispendieuses; nous lui proposons en outre de décider que son mémoire sera imprimé dans le recueil des savans étrangers. | RecusrRCues sur l’ordre des Acariens. Par Ant. Ducës. Troisième Mémoire. (1) ARTICLE PREMIER. Kiemarques sur la famille des Gamases. (3° famille de l'ordre.) Composée entierement d’animalcules parasites, cette famille offre un groupe très naturel qui se lie néanmoins par quelques (x) Pour les deux mémoires précédens, voyez t, 1, p. 5 et 144. A. DUGÈS. — Sur les Acariens. 19 variations de forme dans les organes de la manducation, avec le dernier genre de la deuxième famille, celle des Hydrachnés d’une part, et d'autre part avec le seul genre constituant la qua- trième famille, celle des Ixodés. Des palpes libres, filiformes, c'est-à-dire à articles à-peu-près égaux en épaisseur, et variant assez peu en longueur, courbés parallèlement en dessous et de longueur médiocre, point d’yeux, des pieds parasitiques, c’est-à-dire dont le dernier article est mou, flexible, terminé par une caroncule ou une membrane lo- bée, et par deux griffes; voilà leurs caractères communs. GENRE l°° Dermanysse (1) Dermanyssus. Nobis. Ce genre offre avec le suivant tant d’affinité, qu'il n’est pas étonnant que plusieurs de ses espèces aient été confondues avec les Gamases; mais ce n’est que par un examen superficiel qu’on a pu les réunir aux acares proprement dits, ou même à d’autres genres bien plus disparates encore. Ce qui caractérise surtout le Dermaysses parmi les genres de la même famille, c’est la mollesse de leur peau, la forme aiguë de leur lèvre, et leurs mandibules perforantes ; c'est ce dont on prendra une idée plus complète dans les détails suivans, empruntés principalement à une espèce bien commune, mais incomplètement étudiée jus- rs, qu'ici. Le DERMANYSSE DES OISEAUX (nobis) parait être le même animal que lAcarus gallinæ de Géer ( t. vu, pl. 6, fig. 13 }, 4carus hirundinis d'Hermann (apt. I, 13), le Pou de pivoine et le Pou d'une sorte d’émérillon de Lyonet. ( Mém. mus. , t. xvur, pl 5, fig. 11 et 12), le Gamasus gallinæ et le G. hirundinis de La- treille (règne animal), le Smaride des petits oiseaux selon M. Du- méril(Dict. sc. nat. et Atlas). Peut-être, sous ces dénominations, a-t-on compris des espèces un peu différentes de la nôtre; mais, à en juger par les figures, nous pouvons croire qu'il y a lu moins identité de genre (2). Le nôtre se trouve en toute saison (1) d'epus peau, vuasw je pique. (2) Les deux figures de fyonet citées plus haut diffèrent assez l'une de l'autre pour faire 2. 30 A. DUGÈs. — Sur les Acariens. dans les cannes creuses qui servent de perchoir aux petits oi- seaux chanteurs(linotte, chardonneret, verdier, etc.), que nous conservons en cage. Dans ces cavités profondes, le Dermanysse des oiseaux vit en peuplades nombreuses; mais il s’en échappe furtivementila nuit, très probablement du moins, pour aller sur les oiseaux endormis, sucer le sang dont se montrent remplis les organes digestifs chez tous les individus jeunes ou adultes. “C'est ce sang qui donne à ces animaleules leur couleur foncée, purpurine ou brune. Dans les mêmes retraites , se trouvent une multitude de dépouilles ou peaux blanches , assez fines pour dé- composer la lumière, et attestant des mues assez multipliées. Dans cet amas se voient aussi des œufs incolores, éllipsoides, égalant à-peu-près en longueur la cinquième partie de l'animal adulte qui n’a guère qu'un tiers de ligne au plus. Ces œufs pa- raissent grossir en mürissant, et prennent graduellement,comme ceux des araignées, la forme du petit qui va naïitre. Le nouveau né a six pieds seulement; son ventre est beaucoup plus allongé, plus renflé que celui des individus qui, avec la même taille ont déjà leur quatre paires de membres ambulatoires; ces derniers, plus sveltes, plus agiles, et dont le ventre est dépassé de beau- coup par les pieds postérieurs, sont encore pellucides et inco- lores comme les premiers ; mais ils ne tardent pas à aller char- ger leurs estomacs de la nourriture qui les colore en rouge vif d'abord, puis terne, puis brunâtre, à mesure qu'il s’altère et se digère davantage. J'ai fait éciore les œufs ; j'ai vu apparaître en- suite la paire de pieds d’abord en déficit, et j'ai acquis la cérti- tude que c'était la plus postérieure. C’est deux jours après l’é- closion que ces pieds se sont montrés assez brusquement après s'être complétés sous la peau à travers laquelle je les ai vus (par aplatissement et écrasement graduel) situés sous l'abdomen et repliés, le tarse en avant, derrière la troisième paire. C’est un changement de peau qui les met en hberté ; ils ont alors la même croire à une différence d'espèce; mais peut-être n’y a-t-il que différence de sexe, le deuxième animaleule étant plus petit, plus arrondi que le premier serait un mâle. Lyonet dit seulement qu'il a pu ouvrir la pince qui termine le bras mandibulaire; il ne dit pas si elle était à mor- dans égaux et denticulée comme chez les Gamases; il ne serait pas impossible pourtant que son pou de l'émérillon appartint à ce dernier genre. A. DUGES. — Sur les Acariens. 21 longueur proportionnellement aux autres que chez l'adulte. Dans ces mêmes demeures j'ai trouvé des couples d'adultes réunis: comme de Géer l’a vu pour les Ixodes comme pour les Diplodon- tes, c’est-à-dire ventre à ventre, le mâle en dessous, et emporté par la femelle qu’il embrasse et dont il dépasse l’'abdomen:, de la moitié du sien. Ce mâle est beaucoup plus petit, un peu plus velu que sa compagne; il a les pattes plus grandes et plus grosses proportionnellement : il a surtout des mandibules bien diffé- rentes, au pointmême que je les eusse pris pour des individus de deux espèces, sans l’accouplement dans lequel je les ai main- tes fois surpris. Chez l’un et l'autre, le corps est ovalaire, déprimé, un peu plus large en arrière, quelquefois légèrement échancré à sa par- tie postérieure, et évidé latéralement (pl.7, fig. 1). Outre la couleur brune que leur donnent deux gros et longs cœcums latéraux, dont on peut observer à la loupe les mouvemens péristaltiques, on remarque encore vers le milieu du corps, une tache blan- che, ordinairement en V, formée par les dernières portions des sacs digestifs remplis d’excrémens; et en effet, des excrémens d'un blanc laiteux, mêlés d'un peu de noir, couvrent, sous forme de petits points, les parois de leurs habitations, et je les ai vus sortir de l’anus. Cette petite ouverture est en dessous et en ar- rière; l'orifice génital est sans doute-situé beaucoup plus en avant. Dans les pattes se montrent des prolongemens:tubuleux du canal intestinal, mais qui sont bien rarement, et jamais en entier, remplis du sang avalé; ce sont.des cœcums qui ne re- çoivent peut-être que la partie nutritive des alimens. Une dis- tribution analogue a été observée chez les Nymphons, par M. Milne Edwards. La transparence de la peau et la rareté des poils qui la hé- rissent, permettent d'observer ces particularités, et de recon- naître aussi de nombreuses trachées, rameuses et prenant leur origine de plusieurs troncs nés d’un stigmate ouvert derrière l'insertion des dernières. pattes. De ces pattes, les deux antérieures sont toujours les plus lon - gues et les plus grosses ( même immédiatement après l'éclo- sion), et servent de tentacules; toutes ont leur 7° article muni 22 A. DUGÈS. — Sur les Acariens. d’une caroncule membraneuse bilobée et de deux crochets; le 6° article plus long que les autres; le 3°, ou la cuisse, plus gros qu'aucun et assez long ; la hanche renflée et probablement mo- bile. (fig. 4.) La bouche constitue une sorte de tête mobile attachée sous le bord antérieur du corps; elle est composée, 1° d’une lèvre triangulaire, pointue en avant ét portant les deux palpes; 2° de ces palpes dont le deuxième article est le plus fort, le cin- quième, le plus petit et accompagné d’une courte et grosse soie, mobile, située en dehors (fig. 2) : 3° de deux mandibules qui, chose bien remarquable dans cet ordre d'animaux, diffèrent d’un sexe à l’autre, et rattachent à-la-fois les Dermanysses aux Acariens à mandibules en aiguillons, et à ceux à mandibules en pinces. Cette circonstance est une de celles qui m'ont le mieux prouvé l'imperfection d’une nomenclature fondée sur la forme des mandibules seulement. Chez le mâle (fig. 2) on peut voir dans le corps, et faire sortir de la bouche, deux bras charnus et comparables à ceux des Gamases, composés principalement de deux articles dont le dernier se termine en dedans par une pointe fixe, et supporte en dehors un troisième article mobile, étroit, corné et rougeâtre ; c'est un très grand ongle aigu, tran- chant, falciforme et ondulé, destiné évidemment à percer et non à saisir. Chez la femelle (fig. 3), ces deux bras fort ré- duits, peu séparables, peu ou point exsertiles, portent une lame élargie à la base, subitement rétrécie en forme d'épée. Ces deux lames, droites et accolées, rappellent celles des Rhyn- cholophes et des Hydrachnes, il faut une forte pression pour les désunir; une pression modérée en fait saillir simultanément la pointe hors de la bouche. Cette bouche ou bec, assez peu saillante chez le Dermanysse des oiseaux, l’est bien davantage chez le DERMANYSSE DE LA CHAUVE-SOURIS (fig. 5), que nous avons trouvé sur le vespertilio murinus. I] est ici presque aussi long*que les palpes ; et repré- sente aussi une sorte de tête mobile, à base large, ovalaire ou sub-pentagonale, insérée entre les deux premiéres hanches et portant les palpes; puis rétrécie en forme de gaine fendue en dessus, et servant à conduire deux lamelles aiguës, fines et A. DUGÈS. — Sur Les Acariens: 23 tranchantes. Je n’ai probablement étudié ainsi que. la bouche de la femelle, car je ne soupçonnais pas alors les difiérences dont il a été parlé plus haut, et je choisissais les plusgros indi- vidus : cette réflexion peut s'appliquer aux autres espècés dont il sera question ci-après. Celle-ci a le corps plus régulierement ovale que la précédente, elle est de méme un peu aplatie et hé- rissée de quelques poils raides et de longueur médiocre ; elle offre les mêmes particularités de coloration , la même forme de pattes, et des proportions analogues. Il n’est done pas possible de la confondre avec les autres parasites des mêmes animaux : peut-être est-ce la Tique de la chauve-souris de Geoffroy , le Pou de la chauve-souris de Baker? mais cé n’est pas le Stéropte de Léon Dufour. Peut-être faudrait-il regarder comme constituant deux es- pêèces particulières les Dermanysses que j':i rencontrés, mais trop superficiellement examinés, il y a;.plusieurs années, sur deux couleuvres. L'une de ces couleuvres, qui se rencontre aussi en Afrique, comme le prouve une excellente figure contenue dans la Des- cription de l'Égypte, et qui au Muséum de Paris est indiquée sous le nom de couleuvre à tête de geriette, est commune en Languedoc; un individu d'assez grande taille, que j'ai gardé en domesticité (1). pendant plusieurs mois, a péri épuisé par ces parasites nichés sous ses écailles, et que j'ai vainement tent de détruire par divers moyens. Si j'en jüge par d'anciens cro- quis, bien que fort voisin du Dermanysse avium, celui-ci aurait eu le bec plus fort et plus allongé, les hanches plus renflées , le corps plus régulièrement elliptique, la caroncule des tarses tri- lobée. L'autre couleuvre était le natrixj les parasites se trou- vaient jusque dans sa bouche. Ceux-ci étaient plus petits que les premiers, plus durs, plus velus; les dernières paires de han- ches étaient beaucoup plus écartées en:travers. Il faudrait re- voir ces. objets avee plus d'attention que. je ne pouvais leur en donner alors. J'ai plus soigneusement examiné les deux espèces suivantes. (1) C'est celle dont j'ai parlé dans mon mémoire sur la déglutition des reptiles, en la nom : mant à tort coluber esculapü, (Ann. des Sc. nat. ,1. xx, p. 388 ét 294; pl. 46, fig. 17 et 18.) 2 A. DUGÈS. — Sur les Acariens. Jusqu'à présent c’est sur la peau des animaux vertébrés que nous avons vu les Dermanysses chercher leur nourriture, il n’en est pas ainsi de ceux dont nous allons parler. Sur les feuilles de liseron que j'avais recueillies en raison du grand nombre de Tétranyques dont elles étaient chargées, je trouvai aussi un certain uombre de Dermanysses du liseron (nobis), ils marchaient librement sur l’eau où ces feuilles trem- paient par leurs pétioles : leur taille, leur forme générale, celle des pattes et des palpes étaient semblables à ce que nous dit des Dermanysses avium ; mais leur couleur était d’un gris verdätre , et en effet l'intestin, et même ses prolongemens dans les pattes jusqu'au sixième article, étaient remplis d’une matière verte. Cette matière était-elle le résultat d’une succion opérée sur la feuille même ou sur les Tétranyques? Cette dernière opinion sera confirmée par les mœurs de l’espèce dont la description va suivre. Celle qui nous occupe était pourvue d’un bec large et court, contenant deux fortes lames. Le D. pe L'orIBATE (nobis ) s'est trouvé logé en assez grand nombre dans les nids de l’Oribates castaneus. Il est aussi grand , aussi agile que les précédens ; plat, marbré de gris et de blan- châtre, échancré latéralement, élargi en arrière. Les cœcums et leurs prolongemens dans les pattes , étaient pleins d’une ma- tiére de couleur grise. Pattes antérieures proportionnellement fort longues; palpes velus ; la lèvre a la moitié de leur longueur ; la compression fait saillir, chez les plus grands individus, deux lames longues, étroites et qui se courbent fortement en sortant du bec. « GENRE II. Gamase, Gamasus. Latreille. Des plaques cornées sur le corps, des bras mandibulaires terminés en pinces didactyles et à mors dentelés , une lèvre tri- fide distinguent surtout les gamases des dermanysses ; ils ont comme eux le corps entier, obovale, aplati, et les cœcums dis- tribués de la même manière ; les pieds ont la même forme et les mêmes proportions ; la deuxième paire est souvent épaisse, la première grèle et allongée. A. DUGÈS. — Sur les Acariens. 25 À ce genre, qui représente surtout le genre Acarus d'Her- mann, et auquel le Gamasus coleoptratorum L.. servira de type, il faut rattacher les Macrochèles et même un Siro de Latreille’, qui n’en diffèrent en aucune façon ; les figures d’'Hermann, où ilreprésente les bras mandibulaires allongés par la compression et saillans hors de la bouche, ont trompé le savant collabora- teur du règne animal, et nous nous en sommes assuré sur les espèces même qu'il cite, comme on le verra dans les détails subséquens. Lyonet avait bien précisé cette circonstance repré- sentée dans la figure du Gamasus cossi, qu'il nomme Pou de la chenille des bois du saule ( Mém. mus., tome xvinr, pl. 6, fig. 11). S'il faut augmenter ainsi le nombre des espèces du genre gamase, il faut aussi en retrancher un certain nombre que Latreille y a introduites, soit d’après des ressemblances extérieures comme le Dermanysse des oiseaux, dont il a été déjà question , et le Ptéropte de la chauve-souris, dont nous parlerons plus bas, soit d’après des observations bien fautives, comme le Tétranique tisserand et autres. Le GAMASE DES COLÉOPTÈRES ( Æcarus fucorum, de Géer, tome vu, pl. 6, fig. 15) est bien connu, mais assez mal carac- térisé; ce qui le distingue surtout, c'est d’avoir le dos couvert de deux plaques blondes, séparées par un sillon transversal et dont la postérieure, triangulaire, est de moitié plus petite que l’antérieure (fig. 26 ); la peau blanchâtre, molle, qui sépare ces plaques, ou les entoure se montre plus ou moins largement selon la plénitude de l'abdomen ; en dessous (fig. 17) il n’y a de corne qu'une plaque allongée à-peu-près triangulaire entre les insertions des six premières pattes. Les poils du corps et des pattes sont courts et peu nombreux. Je les ai trouvés quelque- fois aplatis et courbés comme chez certains Trombidions, Rhyn- cholophes,etc. Les hanches antérieures sont insérées à une petite distance de celles de la deuxième paire ; les pattes qu’elles sup- portent sont tentaculaires, longues et grèles, mais terminées néanmoins par un tarse parasitique. Les palpes sont médiocres, armées de la soie mobile, mentionnée déjà pour les Derma- nysses ; ils servent principalement à nettoyer les mandibules, petite opération dont nous avons été plus d’une fois témoin. La 26 A. DUGÈS. — Sur les Acariens. lèvre estlarge; elle embrasse les bras mandibulaires quand ils sortent, et se termine par une pointe médiane et deux crochets latéraux. Les bras mandibulaires ont une pince courte, simple, un peu dentelée, à mordant mobile placé en dessus ; ils sont formés essentiellement de deux articles en partie charnus et qui peuvent rentrer l’un dans l’autre comme des tubes de lunettes. La pince est fort comprimée et assez aiguë pour percer comme une lancette, quand ces deux mordans sont serrés. La bouche est recouverte en dessus d’une sorte de labre triangulaire com- parable à l'avancement que nous avons vu chez les Érythrés et autres Acariens. Ce Gamase cherche à fuir, quand on saisit les coléoptères qu'il suce; il court alors avec rapidité; en hiver, on le trouve sous les pierres (1): et là, sans doute, il vit de quelques autres acarides; jai vu du moins de petits Trombidies dévorés par le Gamase testudinaire. Sur les mêmes coléoptères ( Bousiers, etc. \, et souvent en compagnie du précédent, mais ordinairement pas groupes distincts, on trouve aussi le GAMASE BORDÉ, probablement la- Carus marginatus qu Hermann (apt. vr, 6) dit avoir été trouvé sur le cerveau d’un homme. Je l'ai pris une fois sur une mou- che, dont il suçait le cou. Les pattes antérieures qu'Hermann figure sans article caronculé, en ont un, mais grele et rudimen- taire. Ce gamase est couvert d’un têt ou bouclier enté sur le dos et de couleur brun-marron; la peau molle ét blanché lui forme une bordure de largeur variable; sous le corps il'a trois plaques cornées assez grandes, surtout la postérieure ; celle-ci est presque elliptique transversalement, la moyenne est sémi- lunaire, l’antérieur irrégulièrement hexagonale, à bords échan- crés. La lèvre est étroite allongée, trifide , non embrassante; les bras mandibulaires sont armés d’une pince noïrâtre, longue, à mordans étroits courbés, dentelés. À la base du mordant mo- bile est inséré un petit appendice pareil à celui que nous avons figuré d’après une autre espèce ( G. crassipes ). (x) Il est à remarquer que presque tous les Gamases se flétrissent el meurent peu d'heures après avoir été séparés de l’insecte ou de la pierre où ils avaient élu domicile, à moins qu'on ne les conserve dans un vase humide, On sait que les bousiers et même les bourdons sur lesquels ils vivent, habitent des demeures souterraines. A! DUGES. — Sur les Acariens. 27 LE G. TESTUDINAIRE, que je crois avoir aussi observé, diffé- rerait fort peu du précédent; mais la lèvre m'a paru plus large et ses crochets latéraux brisés en trois articles. Hermann les a ainsi figurés dans son Acarus crassipes (11,6 et 8; 1x , R.). J'ai trouvé aussi le GAMASE CRASSIPÈDE, comme le testudinarius , sur un coléoptère, mais je ne lai pu examiner que mort et flétri ; j'ai conservé les figures de l'extrémité d'une des mandi- bules et du petit appendice bilobé qu’elle portait , une des pièces est lamelleuse, l’autre cylindroïde et armée de deux petites soies (fig. 6). J’ignore quelle est la nature de cet appendice, mais c’est évidemment l’analogue de ce singulier cirrhe, partant du même point, dans le Gamasus savigny ( Acarus savigny, Audouin }, figuré dans la description de l'Égypte ( Arachnides, pl: o, fig. 4). Un autre Gamäse, auquel conviendrait également bien le nom de crassipède, nous a offert d’autres particularités intéressantes ; nous le nommerons GAMASE TÉTRAGONOÏDE, en raison de la forme de son corps : il est brunâtre, écailleux (fig. 28). La deuxième patte est aussi très renflée; la cuisse surtout est trés grosse et porte un fort éperon crochu; le sixième article atté- nué porte aussi une grosse épine recourbée. Les caroncules membraneuses des tarses sont trilobées ( fig. 32 ). Les hanches des deux pattes antérieures sont mobiles ; la deuxième est fort large. Le labre est large , bien visible, presque carré; les palpes ont un premier article long et courbé, le cinquième fort petit et accompagné d'un stylet ou grosse et courte soie ; le quatrième article est grand et porte un appendice comme bifurqué ou plutôt composé de deux portions, une très courte, en griffe, l’autre obtuse et courbe (fig. 29). Cet organe, qui n'existe peut-être pas dans les deux sexes, rappelle bien la disposition des organes sexuels chez les araignées mâles. D'un autre côté, il a de l’analogie avec les appendices que nous avons déjà vus aux mandibules de plusieurs autrés espèces et qui rappellent le cirrhe mandibulaire des Galéodes. Ces derniers n’existent point ici; les bras mandibulaires (fig. 30) sont terminés par une pince courte, très comprimée, à mordans peu courbés et dont l’un n'a qu'une dent saillante ; l’autre (le mobile, fig. 31) étant 28 A. DUGÈS. =— Sur les Acariens. au contraire bien garni de dentelures inclinées en arrière. Ces deux espèces ne sont pas les seules dont la deuxième patte offre cette monstrueuse grosseur ; je la retrouve chez le GAMASE GÉANT ( nobis) recueilli au Brésil par M. Saltzmann, naturaliste zélé qui l’a pris sur le Copris mimas vivant. Cet aca- rien , grand comme l’Ixode ricin de nos pays, est brun et écail- leux en dessus ; il a en dessous plusieurs plaques; mais le pour- tour du corps est revêtu d’une peau molle, un peu velue, à poils cylindriques. Chez l'animal desséché toutes les parties de la bouche étaient repliées en dessous; un labre mobile, écail- leux en couvrait la base. La lèvre semblait formée de deux portions latérales, écailleuses; les palpes filiformes et écailleux m'ont paru simples. Les pattes étaient composées de six articles écailleux et bruns, terminés par un septième blanchâtre, cu- tané, flétri, en forme de massue, mais sans griffes apparentes ; sans doute elle étaient rétractées dans les caroncules, car ces griffes ne manquent jamais , bien que Hermann ne les ait pas toujours représentées. Le sixième article était le plus long de tous, le deuxième le plus gros, excepté à la deuxième paire qui avait en totalité une grosseur considérable ; la première paire était longue et grèle comme chez le G. tétragonoïde , celui des coléoptères , etc. Je puis ajouter encoreici trois espèces de Gamases, trouvés sous les pierres durant la saison froide. Tous trois sont assez petits. Le premier G. LAGÉNAIRE ( nobis ) est allongé, fort rétréci, vers l'insertion des pattes antérieures, de couleur blonde, mais fort transparent et permettant souvent de voir ses cœcums en forme d'X complexe, contenant une matière rouge, probablement due à d’autres acarides dévorés par celui-ci. Les poils sont assez nombreux, spatulés ; le bec saillant; le labre large et trapé- zoïde ; la lèvre pointue avec deux crochets latéraux simples mais mobiles; les palpes à premier article long et courbe, à dernier très petit et accompagné d'un stylet velu lui-même, ce qui prouve que ce n’est pas une simple soie ; la pince des man- dibules est noirâtre et fort longue, à mordans étroits, courbés, dentelés ; un pore à la base du mordant mobile; pattes compa- rables à celles du G. coleoptrorum , les antérieures grèles , hé- A. DUGÈS. — Sur les Acariens. 29 rissées de longues soies, comme chez le G. testudinarius, et à tarse rudimentaire ; ses hanches longues et mobiles. Le G. courr (nobis) est fort petit, d’un rouge canelle, terne et opaque. Il ressemble au précédent par les pattes, les poils, la lèvre, les palpes; 1l est de même rétréci en avant, mais beaucoup plus large et plus court; la carapace, brune de son dos, est di- visée en deux plaques comme chez le G. des coléoptères ; man- dibules à pinces assez courtes, denticulées et crochues; deuxièmes pattes plus grosses que les autres. Le G. arRONDI ( nobis ) est petit, raccourci, rougeâtre et velu comme le précédent; mais son dos écailleux n’a pas de sillon transversal, et il est régulièrement atténué mais non resserré en avant; d'ailleurs il a les pattes assez courtes, coniques, gros— ses, surtout la deuxième paire ; les antérieures sont longues, mais non grèles , et terminées par un pinceau de poils raides et deux griffes sans caroncules ; les tarses des autres sont à caroncules bilobées et à double griffe. Les palpes ont le stylet voisin du cinquième article ; leur deuxième article est le plus long; les mandibules sont médiocres, leurs mordans étroits et courbés. Cette espèce se rapproche un peu de celle qui constitue à elle seule le genre suivant : Genre IT. Uropode, Uropoda. Latr. Nous n’en connaissons qu'une seule espèce, l’Acarus vege- tans de de Géer (t. vu, pl. 7, fig. 15-19 ). Cet auteur l’a assez bien figuré et lui a reconnu des pattes caronculées et deux pal- pes courts et infères. Il lui assigne aussi comme caractère, et Latreille en a fait de même, un fil ou support à l'anus. Cepen- dant il avait bien reconnu que ce fil était caduc, que l'animal pouvait s’en détacher ; on ne conçoit point, après cela, com- ment il a pu croire que c’est là une sorte de trompe , un canal par lequel l'animal prendrait sa nourriture, soit de l’insecte même sur lequel ilvit en parasite, soit de quelqu'un de ses sem- blables sur lesquels sont parfois implantés ses pédicules, de sorte qu'il résulte de l’ensemble de ces Acariens une sorte de grappe appendue à l'un des membres ou à l'abdomen d’un coléoptère, 30 a. DuGÈs. — Sur les Acariens. Cette importance, accordée à un filament tout-à-fait acci- dentel et d’excrétion , a dù nécessairement tromper les obser- vateurs qui ont pu rencontrer l'Uropode sans cette appendice ; aussi Hermann est-il tombé dans une erreur évidente, non pas au sujet de son Acarus spinitarsus que Latreille croit à tort devoir rapprocher des uropodes , mais bien à l’occasion de son Motas- pis cassidens (pl. 6, fig. 2) qui n'est certainement point un Oribate.Son erreur est venue en partie de ce qu'il n’en à pas bien observé les tarses, ni aucun des organes de la bouche. de Géer n’en connaissait que les palpes, et. Latreille n’a qu'hy- pothétiquement accordé des mandibules en pinces aux Uro- podes, mes descriptions et nos figures suppléeront à ces notions imparfaites. J'ai trouvé l’unopope vÉGÉTANT fixé par son pédicule sur plusieurs coléoptères fouisseurs; je l'ai trouvé libre sous les pierres, durant la mauvaise saison. Ce pédicule est un filament corné, raide, élastique quand il est sec, mou , flexible dans l'eau mais sans s’y dissoudre ; on n’y voit ni cavité, ni fibres, ni rien de vraiment organisé. Fixé fortement sur les tégumens du coléoptère par un empâtement, il en offre un autre au bout opposé, et celui-ci recouvre exactement une ouverture trans- versalement oblongue, située au-dessous du bord postérieur du corps et qui parait être l'anus, comme chez les Gamases (Hg. 27). Ce ne serait donc pas là une matière soyeuse, j£lée par des organes spéciaux, comme le pensent quelques naturalistes , mais des excrémens visqueux et desséchés dont l'animal peut aisément se débarrasser par une nouvelle excrétion ; c’est effec- tivement de son côté même qu'il se détache du pédicule qui reste adhérent au coléoptère. Un large bouclier demi-transparent, lisse, convexe, de cou- leur brune, de forme un peu ovale (représenté trop circulaire par Hermann, trop pointu en avant par de Géer) couvre le dos et sert au besoin de protection à tous ses membres qui se re- tirent sous cet abri au moindre danger ( fig. 33 ). On voit alors que les pattes sont resserrées et fléchies en formant chacune un anneau presque complet, le tarse en avant. Ces pattes assez courtes, grosses, conoïdes ont toutes un A. DUGÈS — Sur les Acariens. 31 sixième article bien plus long que les autres et un septième ca- ronculé et à deux griffes (fig. 34 ). Les antérieures sont les plus longues ; elles sont tentaculaires, le sixième article est hérissé d’un pinceau touffu de soies, dont une plus forte se prolonge aussi beaucoup au-delà des autres, et parmi lesquelles se cache le septième article très grèle, assez long, et à griffes peu ou point visibles. La cuisse de cette patte est grosse et longue; le trochanter plus gros encore, de même qu'aux autres pieds. Les hanches sont rondes, enfoncées, con- tiguës d'avant en arrière, écartées de la ligne médiane. Leur insertion occupe en étendue les deux tiers ou les trois quarts de la longueur du corps. La bouche est serrée entre les deux hanches antérienres. En dessus on n’aperçoit rien de cette bouche; seulement quand. l'animal marche, on voit saillir le bout des poils, pliés ou demi brisés qui forment une houppe sur le dernier article des palpes ; ces deux palpes peuvent même être vus en partie, quand on les redresse par la compression. Pour les voir com- plètement, aussi biéen que les mandibules, il faut écraser l’'U- ropode. C'est ainsi que j'ai reconnu que les palpes sont filiformes, as- sez, courts ; les mandibules intérieures, en forme de bras com- parables à ceux des Gamases, mais dont le deuxième article est long, atténué et terminé par une pince très petite, très com- primée, dont le doigt mobile est courbe et aigu. C’est un point d'anatomie bien difficile à voir et qui trompe souvent l'œil, quand, par exemple, la mandibule présente la pince à l'observa- teur par le bord et non par le plat. Genres IV et V. Ptéropte et Argas. N'ayant point examiné les animaux qui les constituent, je ne puis les établir que sur l'autorité d'autrui; malheureusement le premier de ces genres ne peut être appuyé sur des notions complètes relativement aux organes de la manducation. Établi par M. Léon Dufour, pour un acaride à pattes caronculées, à palpes filiformes, et dont le dernier article est le plus long de 32 A. DUGÈES. — Sur les Acariens. tous , il comprend évidemment, et l'animal trouvé par ce savant zoologiste, sur le vespertilion murin { Ann. Sc. Nat., mai 1832 ), et celui que M. Audouin a observé sur le grand fer-à-cheval (Ann. Sc. Nat., avril 1832), et celui enfin que Hermann avait pris sur la noctule { pl. 1, fig. 14 ) et qu'il nomme Æcarus ves- pertilionis, Gamasus vespertilionis de Latreille.Ces trois animaux sont-ils d’une seule et même espèce ou en représentent-ils trois différentes? c’est une question qui demande de nouvelles obser- vations. Une étude plus complète des mandibules ajoutera aussi à la certitude des caractères génériques , car tout ce qu'on en sait jusqu'à présent, c’est que Hermann a cru les voir et qu'il les représente comme un mamelon armé d'un onglet (pl. 9, fig. G). Quant aux Argas de Latreille (Rhyachoprion d'Hermann), ils appartiennent à la famille des Gamasés, par leurs palpes fili- formes, mais se rapprochent beaucoup des Ixodes par la lon- gueur de la lèvre et des mandibules et les dentelures de l’une et de l’autre. Leurs pieds sont à peine caronculés ou bien les caroncules sont très rétractiles; toutes choses dont nous ne Jugeons que sur les figures d’Hermann et celles de la description de l'Égypte. On peut voir, dans ce dernier ouvrage ( 4rachn. pl 1x, fig. 13 ), un acaride à six pattes désigné sous le d’Ixode de Forskahl, mais qui a des palpes filiformes; on peut croire que c'est une larve d’Argas : on peut porter , avec M. Audouin, le même jugement sur le Caris de Latreille : toutefois , en réflé- chissant qu'il a été trouvé sur une chauve-souris, peut-être se- rait-on plutôt porté à regarder le Caris comme larve d’un Pté- ropte. L'insertion des pieds, latérale et non infère et centrale, comme chez les argas, la position terminale du suçoir, etc., au- toriseraient encore cette conjecture que ne détruirait ni la forme du corps, si souvent différente de la larve à l'adulte , si variable même, à ce qu'il paraît, chez le ptéropte parfait, ni la forme du suçoir qui change aussi quelquefois du tout au tout dans la succession des âges comme nous l'ont prouvé les trombidions et les hydrachnes. A. DUGÈS. — Sur les Acariens. 35 ARTICLE II. Famille des Ixodés (quatrième famille de l'ordre des Acariens). Comme tous les acariens parasites, les Ixodés paraissent pri- vés du sens de la vue, et l’on ne peut regarder comme des yeux les tubercules figurés sur le Corps ventru de certains Ixodes , dans la description de l'Égypte ( Ar., pl 9, fig. 10 et 12), car leur situation même leur dénie ce titre, puisque c’est tou- Jours sur la partie la plus avancée, sur une sorte de corselet quand il en existe, que sont portés les yeux des acarides. Or, ce corselet existe ici; il est constitué par une plaque cornée au devant de laquelle est le suçoir, et qui représente ainsi la tête des insectes. Les espèces du genre Ixode commencent à devenir nombreu- ses; M. Audouin en a fait connaître plusieurs indigènes : l'ou- vrage sur l'Égypte en a publié d’exotiques, et l’on est loin d’a- voir fait, sur ce sujet, des recherches complètes dans les con- trées lointaines. Plus tard, sans doute, il y faudra établir des coupes , et nous réclamons à l'avance pour l’une d’elles le nom de Cynorrhæstes, donné à tout le genre par Hermann. Sans en- trer dans de plus longs détails sur ces généralités, nous renver- rons à notre gerera pour les caractères de la famille, et nous décrirons seulement, avec quelque soin, la structure d’une es- pêce que nous n'avons vue nulle part indiquée ou caractérisée suffisamment, bien qu’elle ne soit ni rare ni petite. Peut-être est-elle propre au midi de la France ; peut-être at-elle été con- sidérée seulement comme une variété de l’Ixode réticulé ; on peut croire, en effet, que de Géer l'avait en vue quand il a dit, en parlant de son Acarus reduvius, que les uns sont rougeûtres, les autres ardoisés. L'xope.PLomBÉ ( nobis ) (fig. 7) s'attache sur les chiens et les quitte quand il est complètement repu; il acquiert alors une forme ovale, un peu aplatie, comparable à celle d’une petite fève ; sa longueur est de cinq lignes; sa surface lisse ; luisante, Zoo. 3 34 A. DUGÈs. — Sur les Acariens. d’un gris plombé, sans aucune tache, ni marbrure; il devient rouge brun dans l'alcool. À jeun il ressemble à une graine flé- trie, plissée longitudinalement, mais sans crénelure sur les bords. Les plis qu'il présente alors et qui s’effacent en partie par la distension, répondent exactement aux poches cœcales de la cavité digestive, et en examinant de jeunes individus à demi vidés, nous avons pu en reconnaître parfaitement la dis- position, vu la demi-transparence que prennent alors les in- tervalles des cœcums ( fig. 8 ). On voit ainsi que ces poches sont oblongues, au nombre de douze ; huit grandes dirigées en ar- rière, quatre plus petites dirigées en avant, et partant d’un centre commun. Leur disposition et celle des sillons cutanés qui les circonscrivent pourrontsans doute, dans un examen com- paratif, fournir des lumières pour la caractéristique des espèces. Outre ces sillons, la peau, vue à la loupe, présente encore, comme Lyonet l'avait remarqué dans une autre espèce ( Mém. mus., t. xvitr), une foule de stries parallèles comparables à celles de la peau de l’homme dans la paume des mains, au bout des doigts, etc. On y voit de plus quatre ouvertures qui méritent une mention spéciale. Deux sont latérales, situées vers le milieu du corps, formées d'une plaque cornée, brune, ovale, fendue longitudinalement au milieu; c'est un stigmate bien vu par de Géer, Lyonet et M. Audouin : deux autres sont médianes et inférieures; l’une, située un peu plus en arrière que le milieu du corps, arrondie et entourée d’un bord brun, est l'anus; l’autre, plus petite et sans rebord coloré, est l’orifice génital. J'ai remarqué que la situation est variable ; l'individu est-il plat et vide, l'orifice est au niveau de la deuxième et même de la troisième paire de hanches ; l'intestin est-il fortement distendu, cet orifice est re- poussé au-devant de la deuxième paire et par conséquent se rap- proche de la bouche. Je dois dire pourtant que j'ai trouvé la première disposition très marquée seulement chez des individus fort jeunes et la deuxième chez de grands individus; peut-être l’âge ou même le sexe entre-t-il pour quelque chose dans ces différences. Quoi qu’il en soit, cette proximité de l'organe sexuel et de la bouche explique comment on a pu croire que les ixodes 4. puGÈs. — Sur les Acariens. 5 CC rendaient leurs œufs par cette dernière ouverture (Chabrier), ou que les mâles enfonçaient leur sucoir dans la vulve des fe- melles (de Géer). Les pattes sont insérées en dessous et sur les côtés du corps à distances à-peu-près égales, la dernière un peu plus en avant que le niveau du stigmate: les antérieures sont les plus longues, les postérieures viennent ensuite. La hanche, brune et cornée comme les autres articles, est un peu élargie, adhérente au corps : à celle de la première patte est endehors une forte épine dirigée en arrière. Le troisième et le sixième articles sont les plus longs; ce dernier s’amincit pour supporter le septième (fig. 12 ); mais il ne na point paru segmenté comme le décrit M. Audouin dans d’autres espèces. Quant au septième on sait qu'il est formé d’une caroncule épaisse et pédonculée et de deux grandes griffes très courbées. Une sorte de tête brune, écailleuse et triangulaire occupe en dessus le devant du corps; elle est formée de plusieurs pièces (fig. 9): 1° la plaque déro-céphalique (a), pentagonale, à angle postérieur arrondi, à milieu convexe, à bords latéraux relevés, articulés en avant avec le bec : 2° ce bec, offrant d’abord un support quadrilatère (b) plus large que long, et qui rappelle le labre des Erythrées, des Gamases, pour sa partie supérieure, la pièce basilaire du crâne des insectes pour sa partie inférieure. Il est marqué en dessus de trois saillies longitudinales. Au-de- vant de cette pièce vient une sorte de toit formé par les deux palpes écartés seulement à leur base et laissant voir ainsi une petite portion des mandibules. Les palpes engaîinent même les parties latérales de ces mandibules et recouvrent en dessous la lèvre avec les cils longs, raides et serrés qui partent transversa- lement de leurs bords inférieurs et se rencontrent sur la ligne médiane. On y distingue aisément (fig. 10 ) trois pièces (ou ar- ticles ) mobiles, larges et concaves ; une quatrième, restée ina- perçue jusqu'ici ,est au contraire arrondie et glandiforme; c’est l'article terminal; il est légèrement velu, et ne se voit bien que du côté du bord inférieur. Ces palpes s’écartent et laissent à nu la lévre et les mandibules, quand l'animal enfonce le bec dans la peau du vertébré auquel il s'attache. 36 A. DUGES. — Sur les Acariens. Les mandibules (fig. 11) sont plus complexes qu'on ne Fa généralement pensé. Elles sont en forme de bras exsertiles (1) comme chez les Gamases ; le premier article est charnu, blanc, caché habituellement dans l'épaisseur du labre ou support du bec (2) ; le deuxième est corné et brun ; il se voit à découvert, en écartant les palpes ; son extrémité antérieure est terminée en partie par une lame tranchante bien distinguée par M. Au- douin , et en partie articulée avec la troisième pièce qui repré- sente l'onglet, le mordant mobile de la pince des Gamases ; cet onglet est mobile en effet, crochu et dentelé sur son bord; c'est la partie dentelée en scie que M. Audouin a notée comme distincte de la précédente, mais dont la mobilité a échappé à ses investigations. L’épaisseur même du bras mandibulaire m'avait déjà prouvé qu'il devait contenir des muscles et porter une pièce mobile. L'inspection et la dissection ne m'ont plus permis le doute. La lèvre (fig. 11), qui reçoit en dessous les mandibules , est écailleuse, mais pâle et transparente, allongée, concave, en cuiller ,un peu rétrécie, même à sa base , lisse et marquée d’un sillon longitudinal er dessus, c’est-à-dire du côté concave, garnie en dessous de nombreuses et courtes dentelures dirigées en arrière, faisant peu de saillie vers les bords et ne donnant point à l'organe cette apparence de scie figurée pour quelques autres espèces (Lyonet, Audouin). Ces dentelures n’en sont pas moins aptes à retenir le suçoir fixé dans la plaie ; aussi n'ar- rache-t-on point le parasite sans enlever au moins une portion d’épiderme qui reste quelque temps entre les palpes et le bec proprement dit. (x) De là la longueur inégale observée par M. Audouin entre les deux mandibules. (2) Dans ce support se trouvent aussi, au milieu des chairs, deux pièces cornées principales que je crois être les tendons des muscles moteurs de la lèvre. A. DUGÈS. — Sur les Acariens. 59 ARTICLE III. Famille des Acarés (cinquième famille de l'ordre ). On sait que sous le nom d’A4carus, Linnée avait compris tous les animaux de l’ordre des acariens et même quelques autres; ce genre avait été considérablement restreint depuis, et tout en l’élevant au rang de famille, nous le restreignons bien da- vantage encore à limitation de Latreille, puisque nous ran- geons, comme lui, dans le genre Gamase une bonne partie des animalcules à pinces mandibulaires que Hermann nommait Acarus. La famille des Acarés comprend des acariens à pieds caronculés, à mandibules chélées, à palpes très difficilement visibles et adhérens à la lèvre. En considérant la différence du genre de vie, nous avons été portés à penser que ce groupe d’acariens devait se diviser en plusieurs genres; et en effet nous en voyons un certain nombre vivre en parasites sur des insectes ou des mollusques (pou du limaçon ? Lyonet ), d’autres sur des animaux vertébrés , d’autres enfin se nourrir de substances végétales ou animales desséchées. * De là trois sous-divisions qui cadrent assez bien avec des carac- tères de conformation extérieure. Genre 1x. Hypope, Hypopus. Nobis. Les animalcules de ce genre, auquel appartiennent peut-être le Pou du limaçon de Lyonet et lAcarus muscarum de de Géer (pl. 7, fig. 2 )ont un sucçoir étroit, pourvu de deux soies rigides, dirigées en avant et paraissant composé d’une lèvre sondée aux palpes. Les mandibules nous sont jusqu'ici inconnues. La seule espèce que nous ayons pu étudier, et encore d’une maniere insuffisante n’en ayant eu qu'un seul individu, c'est V'HYPOPE SPINITARSE (nobis) Acarus spinitarsus d'Hermann (v1,5). Je l'ai trouvé sur un hister dont il parcourait lentement la surface inférieure. Le corps est ellipsoïde , aplati, lisse et de couleur brun-pâle, avec une demi-transparence et une consistance d'écaille. Les 35 A. DUGÈS. — Sur Les Acariens. pieds antérieurs sont les plus longs; les autres dépassant à peine, ou même pas du tout, la circonférence du corps. Néan- moins on compte à tous sept articles distincts, successivement décroissans jusqu’au sixième qui est le plus mince, mais aussi le plus long de tous; le septième est à caroncules et à griffes ; les autres sont hérissés de poils raides, mais peu nombreux. Les hanches fort larges, presque contiguës sur la ligne médiane, forment de chaque côté deux groupes bien distincts, mais peu éloignés l’un de l’autre. Derrière chacune des hanches posté- ricures, On voit un point pellucide (stigmate ? ) Deux soies mobiles , saillant au-devant du bord antérieur, étaient tout ce qu'on pouvait voir de la bouche à l’état libre : par l’écrasement, J'ai vu qu'elles partaient de l'extrémité d’une pièce mobile , en forme de parallélogramme , à milieu membraneux et à bords épais, comme dans la lèvre à palpes soudés des acarés propre- ment dits. Je n’ai pu trouver d’autres palpes , ni apercevoir les mandibules qui, sans doute, étaient cachées à l’intérieur du corps. Ginre IL. Sarcopte, Surcoptes. Latr. Latreille avait refondu, avec le genre Æcarus, celui-ci dont il était le créateur ; il nous semble qu'on doit le conserver pour les espèces d’acarés qui vivent en parasites sur les animaux à sang chaud , et dont on peut voir la caractéristique dans notre genera. Nous devons avouer que c’est seulement sur les figures et les descriptions de M. Raspail et de de Géer , et sur de fortes analogies , que nous établissons une partie de cette caractéris- tique et que nous placons les Sarcoptes dans la famille des aca- rés; il ne nous a pas été possible encore de les étudier par nous-même. Nous nous bornerons donc à avertir le lecteur que l’Acarus exulcerans de Linnée, Acarus scabiei de de Géer, celui, enfin, dont M. Raspail a donné la figure , n'est pas Le Ciron de la gale humaine, animalcule fort rare et d’une existence probléma- tique, mais bien celui de la gale du cheval. Nous devons aussi parler ici d’une espèce de Sarcopte nou- vellement établie par M. Turpin, et qu'il dit avoir trouvée dans les galles corniculées des feuilles du tilleul; malheureusementles figures tracées par cet habile dessinateur n’ont point été pu- 9 A. DUGÈS. — Sur les Acariens. 39 bliées, et nous ne connaissons de ses descriptions que des ex- traits insuffisans, quelques explications verbales que nous te- nons de son obligeance nous ont appris néanmoins que ce n’é- tait pas sur une analyse complète de la bouche que ce naturaliste distingué avait basé la diagnose, qui dès-lors a dù nous paraitre bien incertaine. Nous avons fait nous-mêmes des recherches nombreuses depuis que la végétation a reproduit et les feuilles et les galles du tilleul sans rencontrer , dans ces dernières, aucun Acarien; nous n'y avons pas vu davantage les petits vers que Réaumur y a trouvés quelquefois ; et cependant nous les avons examinées depuis leur première origine jusqu’à leur complet dé- veloppement. Un mot de Réaumur nous a mis sur la voie d’une explication quinous paraissait d’abord assez plausible :«Quand ces galles vieillissent, dit-il, il s’y fait quelque ouverture ou quelque fente par laquelle des insectes étrangers s’introduisent; j'ai vu, par exemple, des 7nites qui s’y étaient nichées(t. n11, p. 51r ). » Ces ouvertures, dont il parle, ne sont pas difficiles à trouver quand on suit le développement de cette galle ; c’est d’abord un petit soulèvement au-dessus d’une fossette au-dessous de la feuille où se développent des filamens qui en remplissent bientôt l'inté- rieur et en bouchent l'entrée; mais de très petits cirons peuvent, quand la galle a grandi, franchir cette barrière qui reste tou- jours entrouverte, et là, à l'entrée même, nous avons vu le Te- tranychus telarius déposer quelques-uns de ses œufs; ses petits naissans ne peuvent-ils pas s'introduire et se multiplier dans un lieu où il n’a pu pénétrer lui-même? Il devenait donc assez pro- _ bable que c’étaient là les hôtes que M. Turpin y avait rencon- trés; mais M. Auguste de Saint-Hilaire qui a eu, comme rappor- teur de la commission chargée du mémoire en question le des- sin sous les yeux, qui a donné dans son rapport même des dé- tails descriptifs assez amples, et qu'il a bien voulu nous éclaircir encore verbalement, n’a point reconnu d'identité entre le sarcopte de M. Turpin et le Tétranique que nous lui avons pré- senté en nature.(1) (x) Voir à ce sujet de nouvelles observations de M. Dugès qui paraîtront dans le prochain numéro. 40 LA. DUGES. — Sur les Acariens. GENRE III. Acare, Acarus. Latreille. Rien que l'acaRE DOMESTIQUE de de Geer (t. vu, pl. v, fig. 1-8) soit depuis long-temps connu et qu'il ait été assez passablement figuré quant aux apparences extérieures dans plusieurs ouvrages et notamment (sous le titre de ciron de la galle) dans le Duc- tionnaire des Sciences médicales et celui des Sciences naturelles, nous croyons devoir donner ici une description complète de ce type du genre Acarus sur lequel nous avons fait des observa- tions assez minutieuses. Le corps mou, pellucide, renflé, luisant et d’un blanc nacré, garni de poils rares et longs, offre un corselet bien marqué et formant à-peu-près son quart antérieur. Les pattes et le bec pa- raissent écailleux, brunâtres. L'insertion des hanches se fait en deux groupes séparés, mais non très distans comme chez les Sarcoptes ; elles sont fort gros- ses, fixes et rapprochées de la ligne médiane ; le 6° article est long et mince; le 7e est caronculé, membraneux , de Geer en a bien distingué les griffes qui n'ont toujours paru engagées dans la membrane cordiforme de la caroncule ( fig. 16, 17, 18°) qui est sessile; le 3e article, ou la cuisse, est plus long et plus gros que ceux qui l'avoisinent. Les pattes antérieures sont remarquables par leur grosseur chez le mâle qui est plus petit et plus agile que la femelle; la 3e paire est la plus grele de toutes et la plus courte, c’est le con- traire chez la plupart des Sarcoptes. Le bec esten forme de tête conoïde, on y trouve deux grosses mandibules (fig. 13 ) confusément aperçues par quelques ob- servateurs et que j'ai pu séparer et examiner à loisir ; elles se composent d'un article mou, rétractile et intérieur, d'un 2f ar- ticle renflé, non rétractile,semblable au mordant fixe de la main d’une pince d’écrevisse, et enfin d’un mordant mobile pareil au pouce de ce crustacé; ces mordans sontcourts etdentelés (fig. 15). Ces grosses pinces peuvent s’'avancer isolément ou simultané- ment, s'écarter où se rapprocher comme elles le sont dans l’état de repos, formant alors comme un toit au-dessus de la lèvre, . A. BUGÈS. — Sur les Acariens. 41 Celle-ci, quadrilatère, allongée, échancrée au bout, amincie en avant et au milieu ( fig. 14 ), épaisse sur les bords qui sem- blent cornés et articulés, nous a paru résulter de la soudure d’une lèvre proprement dite et de palpes filiformes à 4 ou 5 ar- ticles. La figure que nous en donnons est d’une scrupuleuse exactitude, et nous avons fait du moins tous nos efforts pour éviter les illusions d'optique si faciles à un grossissement aussi considérable; car il faut un bon microscope pour faire ces re- cherches qui dépassent de beaucoup la portée des loupes ordi- naires, Beaucoup de naturalistes ont vu, comme nous, l'accouplement des Acares domestiques. De même que les Sarcoptes, c’est par l'ex- trémité du corps et bout à bout qu'ils s'unissent. Les œufs, les petits à six pattes setrouvent abondamment avec les adultes dans la poussière du vieux fromage, et ici comme pour les Dermanys- ses et tous les autres Acariens à métamorphose , c’est la 4° paire qui paraît se développer plus tardivement que les autres. De Geer a cru pourtant que c'était la 3e; s’il fallait un argument de plus que l’analogie avec les Dermanysses, nous ferions voir que l4- carus chelopus d'Hermann traine déjà cette énorme paire de. pieds qui est la 3° chez lui comme chez l’Acarus passerinus de de Geer; or le premier, qui est hexapode, paraït être la larve du second. Nous dirons quelques mots encore de lA{carus dimidiatus d'Hermann (vi, 4) que j'ai observé réellement, et qui m'a servi à confirmer une partie des observations que m'avait fournies son congénère, telle que l'existence d’un corselet distinct, le rappro- chement central de l'insertion des hanches, la forme en pince des mandibules, déjà bien connue d'Hermann et assez bien re- présentée dans ses planches, et de plus la lèvre palpigère qui lui a échappé. Les palpes soudées offraient quelques poils en dehors. Le bec était fléchi en dessous; la 4° paire de pattes aussi grèle que la 36; le dernier article de tous présentait une conformation bien remarquable; la caroncule était sessile arrondie, pellucide, et il en sortait une seule griffe ou crochet mobile, et très re- courbé, bien plus fort que ne sont ordinairementles deux ongles des acariens parasites; Hermann a donné de cette disposition une 42 A. DUGÈS. — Sur les Acartiens. mauvaise figure, mais qu'il est facile de corriger d’après ce que Je viens de dire. ARTICLE IV. Famille des Bdellés ( sixième de l'ordre ). Bien que certains caractères, comme la structure et la posi- tion extérieure des mandibules, le bec en forme de tête, le cor- selet distinct, etc. , rapprochent les Bdellés des Acarés, peut-être leur trouverait-on plus d’affinité encore avec les Trombidiés, sur- tout depuis la découverte d’un nouveau genre appartenant à cette famille, et dont il sera question plus loin en forme d’addi- tion au présent mémoire. La présence des yeux et leur disposi- tion semblable à celle des Erythérés, la forme des pieds compa- rable à ceux de l'Erythræus cornigerus, en particulier, la forme des mandibules chez les Scirus, comparable aussi à celle des Ery- trées, leurs palpes assez voisins de ceux des Raphignathes et des Mégamèeres, et plus encore de certains Hydrachnés, etc.; voilà des points de contact, peut-être plus intimes que ceux qui nous avaient primitivement déterminés dans le classement actuel , et qui devraient faire reporter entre la première et la deuxième de l’ordre des Acariens, la famille qui va nous occuper ici. Palpes longs et antenniformes, mandibules terminées en grif- fes ou en pince, bec en forme de tête, allongée, un corselet, des yeux; tels en sont les caractères communs. Nous y établissons deux genres, en nous fondant, surtout, sur la structure des mandibules et la forme des palpes. Genre I. Scire, Scirus. Hermann. Cette dénomination conférée par Hermann à toutes les espèces de la famille que nous établissons ici, et rejetée par Latreille, nous servira à comprendre une partie seulement de ces espèces. Le Scirus setirostris d'Hermann (11, 12, et1x, T), l'espèce nou- 4. DUGÈS. — Sur les Acariens. 43 velle que nous allons décrire, énoncera suffisamment les parti- cuiarités qui distinguent ce genre du suivant (voir d'ailleurs le genera). Le scire ÉLaPue (nobis), (fig. 38), est fort petit, d’un rouge de carmin, à reflets irisés ; il se trouve sous les pierres, dans les lieux humides; il marche habituellement avec assez de lenteur ; mais st on le touche, il court à reculons avec une extrême rapi- dité , habitude qui lui est commune avec les Bdellés et d’autres Acariens. Le corps, mou et renflé, est divisé en deux parties par un sil- lon qui circonscrit un corselet que je n'avais pas d'abord aperçu (1); il faut donc rectifier sur ce point le caractéris- tique du genera. Sur ce corselet se voit de chaque-côté un oil arrondi , noirâtre ; une longue soie transversale, vibratile, part du voisinage, sinon de la surface de cet œil même ; deux autres soies se dirigent longitudinalement en avant, parties de la face dorsale du corselet, comme les éminences de plusieurs oribates ; des poils bien plus courts partent de quelques points du ventre, et chez quelques individus cette partie a montré en arrière deux papilles obtuses. Les pieds ne diffèrent guère pour l'insertion et pour la forme de ce que nous verrons chez les Bdellés. Le bec, renflé à sa base, bientôt atténué après la naissance des palpes, n’a pas ce support globuleux qu'a donné Hermann à son Scirus tenuirostris ; 1 est composé : 1° d’une lèvre trian- gulaire, épaisse, qui n’a guère, en longueur,.que la moitié du bec même ; »° de deux mandibules dont l’adossement constitue seul la moitié la plus avancée de ce bec. La lèvre porte deux palpes écartés, forts et longs (pl. 8, fig. 58), à cinq articles, dont le deuxième est le plus gros, les autres vont successivement en décroissant d'épaisseur jusqu’au dernier qui est courbé, aigu, et porte deux épines; on en-voitune aussi sur le premier, le troisième et le quatrième articles. Cette disposition aussi bien que la grandeur des palpes , et l'habitude qu’a ce petit animal de les tenir fort souvent courbés, rejetés en haut et en (1) Aussi la figure 22 offre-t-elle de l'inexactitude sous ce rapport comme sous celui du palpe et du nombre de ses articles. { Poir la figure additionnelle. ) o 44 A. DUGÈS. — Sur les Acariens. arrière, lui donne l'aspect qui lui a valu son nom spécifique. Le dernier article a été pris par Hermann, dans son Scire tenui- rostre pour une soie terminale, comme celle des Bdellés; il est probable qu'il y a eu erreur sur ce point. Les mandibuies (fig. 39), épaisses à leur base , singulièrement amincies en avant , sont terminées par un ongle mobile, épais , très crochu et se fléchissant en dessus. GENRE II. Bdelle, Bdella. Latreille. Ce nom anciennement appliqué aux sangsues avait été, mal- à-propos sans doute, restitué à la sangsue du Nil par M. Savigny ; M.Moquin-Tandon, pour éviter des équivoques, l’a remplacé par celui de Zmnatis pour l'hirudinesusdit,et nous pouvons, en con- séquence, conserver à un genre d'acarien , le nom devenu clas- sique, malgré l’inexactitude de la signification et l'inopportunité de Péaploi qu'en avait fait Latréille. Le corps des Bdelles est aussi mou, renflé, à corselet conoïide, et portant aussi une soie transversale, mais fort mince et fort courte; il y a deux yeux de chaque côté (1). Le bec saillant et triangulaire, est composé comme celui des Scires, mais la lèvre égale en longueur les mandibules à l'état de repos. Cette lèvre comprimée entre deux verres, se bifurque d’abord légèrement, puis son bout s’épanouit en une double caroncule garnie de barbes et qui rappelle le panache du Rhyncholophes. Les palpes ont toujours cinq articles, le premier fort court et globuleux en partie masqué par l'épaisseur de la lèvre, quand on ne la dé- gage pas par la compression , le deuxième fort long , le troisième et 1e quatrième très courts , le dernier long, Eflndri ls ou en massue , et portant deux grosses soies terminales et mobiles. Les mandibules épaisses à leur base, un peu atténuées vers le sommet dans plusieurs espèces, ont été généralement prises pour des pièces simples, piquantes et tranchantes , ce qui ne s'accordait guère avec leur forme. C’est effectivement une 8 grosse pince à mordant, très petite chez la plupart : ainsi, chez (x) Voir les figures d'Hermann. » A. DUGÈS. — Sur les Acariens. 45 la BDELLE VULGAIRE, la Bdelle rouge de Latreille, la mandi- bule atténuée ne porte qu'à son extrémité un petit onglet aigu , tranchant, mobile et opposé à une pointe semblable à lui (fig. r9 et 20). Dans une espèce à pieds bleus et à corps rougeûtre, BDELLE COERULIPÈDE (nobis), le museau ou bec est plus court, plus gros ; aussi les mandibules sont-elles épaisses, mousses et à mor- dans robustes dont le mobile est un peu plus court que l’autre (fig. 21). Il est probable que Hermann eût bien reconnu cette conformation , s’il eût anatomisé Le suçoir de son Scirus latiros- tris. IL aurait suffi d’ailleurs d'observer avec quelque attention les mœurs des unes ou des autres, pour reconnaitre à leur bec autre chose que des instrumens piquans. Enifermée avec une Podure, la Bdelle vulgaire, quand elle est affamée, se préci- pite sur celle-ci, la #20rd, la tire par les pattes, lui arrache des flocons de poils écailleux, et enfin la suce en la saisissant par le cou, etc. Les hanches de Bdelles sont à peine séparées, plus néan- moins en certaines espèces: ce que leurs pattes présentent de plus remarquable , c’est la longueur du septième article qui est effilé et rappelle parfaitement les proportions du sixième, chez les Acarés et les Gamasés ; on serait tenté de croire ,en consé- quence, que ceux-ci manquent d’une des pièces communes aux autres acariens , et que leur septième article ne représente en réalité que la paire de griffes de ceux-ci; cela devient d’autant plus probable que cette paire de griffes se montre portée sur une portion molle, protractile, et accompagnée d’appendices, chez lErythrœus cornigerus , et que, chez les Bdelles, les griffes sont de même portées sur un pédicule charnu et membraneux , sur une véritable caroncule. C’est là, du moins , une disposition qui se rapproche de celle des aranéides qui ont 8 articles à toutes les pattes. Tout ce que nous savons sur la reproduction, dans cette fa- mille, c'est que les Bdelles naissartes ressemblent aux adultes , mais n’ont que six pieds. Nous les avons trouvées quelquefois en réunions peu nombreuses, grandes et petites, dans les anfrac- tuosités d’une pierre, recouvertes d’un toile sur laquelle elles 46 A. DUGÈS. — Sur les Acariens. marchaient sans difficulté; mais nous n’avons pas eu la certitude = A , . r que cette toile ne fût pas l'ouvrage de quelque araignée ; car on en trouve souvent aux mêmes lieux. ARTICLE V. Famille des Oribatés (septième de l'ordre). Les Acariens de cette dernière famille se lieraient aussi bien aux Acarés qu'aux Bdellés par leurs mandibules et leur seg- mentation ; ils rappellent même les Gamasés par leur cuirasse écailleuse, et c’est aussi par ce caractère qu'on peut les regarder comme établissant un point de contact entre l'ordre qui nous occupe et celui des Phalangiens , comme nous l'avons fait voir dans nos considérations générales ; nous n'avons ici qu'un seul genre, celui des Oribates de Latreille; mais tout doit nous por- ter à croire à la nécessité de le subdiviser comme Hermann l'avait déjà fait. Le nom de Notapsis, qu'il donnait à tout le genre, devra dès-lors appartenir seulement à l’une de ses divi- sions. Il ne sera possible de les bien établir que quand on con- naîtra plus complètement les organes de la manducation (1) chez toutes les espèces ou du moins chez les types principaux. Le nombre des griffes et même le degré de segmentation du corps ne nous paraissent pas suffire Jusqu'à présent à cêt effet. Ceux que nous avons observés sont le NWotuspis clavipes, le castaneus , Valatus d'Hermann ; et je rénvoie aux figures de son ouvrage (apt., pl. 4et7), en ce qui concerne les formes extérieures, bien que son clavipède ait été représenté avec dés pattes trop longues, un corselet trop rétréci, des apophyses latérales trop détachées, un rang de soies circulaires sur le dos, tandis qu'elles y sont sûr deux lignes longitudine (fig. 4o°), etc. (1) Ainsi, par exemple, chez le clavipède, la lèvre est bifide, le dernier article du palpe est plus court que l’avant-dernier : chez le châtain, le dernier est plus long que l’avant-dernier , et la lèvre est sinueuse, maïs non bifide en avant, ele, etc. A. DUGÈS. — Sur les Acariens. 47 J'en ai aussi trouvé plusieurs qu'il ne m’a pas été possible de rapporter exactement aux espèces déjà suffisamment connues, un entre autres d’un noir mat et fort petit, mais qui n’a pas été suffisamment étudié; il a, au-devant d’un abdomen arrondi, un corselet petit, triangulaire, surmonté de deux cornes allongés, plates, dirigées en dedans, en avant et en bas ; particularité qui ne lui est pas exclusive, mais qui a été observée par de Géer dans plusieurs autres espèces de même que par nous. Un autre qui ressemblerait assez au Notaspis corynopus d'Her- mann est noirâtre, à corps ovale, offrant une pointe latérale entre la troisième et la quatrième patte, déprimé et inégal en dessus le corselet qui ressemble en gros à celui du clavipède, est remarquable par les deux appendices mobiles en forme de mas- sue, qu'il porte au lieu où d'autres offrent des épineuses immo- biles ou dirigées en avant; celles-ci sont au contraire dirigées en travers ; les articles des pattes sont renflés; le crochet terminal simple, au premier abord est formé de l’apposition de plusieurs pièces à ce qu'il m'a paru. Une longue soie part de l’extrémité du pied antérieur. De grosses soies courbes font une double anse au-devant du museau et une autre derrière l’abdomen. Nous avons examiné avec plus d'attention une autre espèce plus curieuse et sans doute nouvelle, l'Oribates dasypus , oRsarTe TATOU ( zobis ); il est gros comme un grain de moutarde, d’un brun chätain tres lisse, arrondi, mais un peu comprimé et plus large en arrière qu’en avant. Quand on le saisit et qu’on l’exa- mine à la loupe, on voit que cette carapace globuleuse n’est interrompue qu’en bas et en avant, dans un quart au plus de sa surface ; dans le creux qui existe en cet endroit, l'animal retire les pattes et les couvre en grande partie sous son corselet mobile , oblong et qui forme alors une sorte de couvercle à la boîte représentée par la carapace. Les pattes, courtes relative- ment au volume du corps, sont conoïdes et terminées par un seul crochet fort grand et très courbé; le sixième article est assez long, les autres fort courts; le troisième gros et allongé; tous d'une venue et non claviformes comme chez le plus grand nombre des autres Oribates; les derniers sont garnis de longues soies qui font de chaque patte une sorte de pinceau; aussi le 48 A. DUGÈS. — Sur les Acariens. nom de dasypus convient-il à cet acarien ,tant à cause de cette circonstance que de la manière dont il s’abrite sous son têt. Les palpes ressemblent beaucoup à ceax de l'O. castaneus. Leur deuxième article est plus court et plus mince ; tous sont hérissés de quelques soies ; ses mandibules sont également deux grosses pinces à mordans robustes et dentelés. J'ai trouvé sept à huit œufs oblongs dans le corps de lindividu qui a été écrasé pour l'étude des détails. Il a été trouvé dans les Ardennes. Arrétons-nous maintenant sur la description de lorrBare CHATAIN (Hermann), le premier, que nous ayons étudié, et qui nous ait procuré des notions positives sur l’organisation de la bouche. L'appareil buccal est séparé du plastron ventral et des hanches antérieures par un sillon transversal; il est tout-à- fait infère; aussi n’en a-t-on qu'à peine reconnu les palpes dans quelques espèces (de Géer, tome vrr, pl. 8, fig. 1, 2; Hermann, apt. pl. o,U), et les mandibules n’ont-elles été que devinées par Latreille. Il se compose des mêmes parties que chez les autres Acariens, savoir : 1° une lèvre large, triangulaire, obtuse, un peu festonnée à son angle antérieur qui avoisine le bout du museau ou pointe antérieure du corselet ; 2° deux palpes attachés sur les côtés de sa base, fusiformes et à cinq articles, dont le premier très petit, le deuxième gros, seuflé, faisant en longueur presque la moitié de tout le palpe ; les autres s’atténuent progressivement; mais le dernier est un peu olivaire et plus allongé que les précédens; ils sont tous velus en dehors seulement ( pl. 7, fig. 24); 3° deux mandibules en pince d’écre- visse à mors dentelées, crochues , cachées par la lèvre (fig. 25 ). Nous avons parlé du plaston ventral; toute la région inférieure est écailleuse en effet comme chez les insectes coléoptères ; elle porte, en arrière, une ouverture très visible, c’est l'anus ; une autre ouverture, sans doute génitale, se voit derrière et pres- que entre les hanches postérieures. Un sillon transverse sépare les deux paires de hanches postérieures des deux paires anté- rieures; ces hanches sont rapprochées de la ligne médiane, assez grosses ; 1l en est de même du deuxième article des pattes ou trochanter, qu'on ne voit point en regardant l'animal en- A. DUGÈS. — Sur les Acariens. 49 dessus ; la cuisse est très renflée, la jambe l’est un peu moins; le cinquième, le sixième et le septième articles bien moins en- core ; les deux derniers sont fort longs ; chaque membre est terminé par trois grands ongles ou crochets; c'est par défaut d'observation suffisante que Hermann père a mis cette espèce parmi celles qui n'ont qu'un crochet terminal. La carapace, brune et souvent noirâtre, n’est pas, ainsi que Hermann semble le donner à entendre, détachée du dos comme les élytres soudées de certains coléoptéres, des gibbies par exemple ; c'est la peau du dos durcie séparée seulement du plastron abdominal par un espace de peau molle, blanchître, cachée dans l’état ordinaire, mais élargie en forme de bande, quand l'abdomen est distendu par des œufs. Cette carapace, très bombée en arrière, est séparée, par un sillon transversal très profond, d'un corselet conoïde et imparfaitement sous-di- visé lui-même en deux parties. De la postérieure partent deux grosses soies ou cornes plates, aiguës, dirigées en avant, et à la base de chacune desquelles j'ai vu une tache obscure qui pourrait être une paire d’yeux cachée sous ne peau cornée et translucide. Sous la partie antérieure est située la bouche. J'ai trouvé, à la surface de quelques grosses pierres, dans des creux capables de contenir un pois, les nids de l'O. châtain ; ils étaient plus ou moins exactement fermés par une croûte mince de matière papyracée et d’un gris sale. Là étaient ras- semblés une quarantaine d'individus adultes, dont les plus grands n'avaient toutefois qu'une demi-ligne de longueur ; il s'y trouvait aussi AgucouD de peaux blanchâtres et des petits dont la plupart, n'ayant qu'un quart des dimensions de l’a- dulte ,en avaient pourtant toutes les formes; ils étaient seule- ment un peu aplatis; leurs yeux, bien visibles à cause de la demi-transparence du corps qui m’a permis d'observer d’autres détails d'organisation, étaient d’un gris bleuâtre. D'autres, plus petits encore ,et un peu plus aplatis, n'avaient que six pattes, et ces pattes étaient moins élégamment renflées que celles de l'a- dulte, onguiculées du reste de la même manière, Les deux paires antérieures s'attachaient également sous le corselet qui portait deux gros yeux bien détachés par leur couleur d'ardoise sur II. Zoo. — Juillet, 4 5o A. DUGÈS. — Sur les Acariens. un fond châtain clair. Là aussi se trouvait enfermé un hôte dangereux sans doute, le Dermanysse des oribates dont nous nous sommes occupé dans un des articles précédens. ARTICLE VI. Additions aux deux premiers mémoires. L'approche de l'hiver, époque à laquelle les acariens, vaga- bonds ou parasites, durant l'été, viennent se cacher sous les pierres et ne se sont pas encore enfoncés dans de trop pro- fondes anfractuosités, m'a permis d’en observer un grand nom- bre , d'en tudier plus complètement quelques-uns déjà connus, - d'en rencontrer d'autres qui m’avaient échappé jusque-là. C’est surtout pour la famille des Trombidiés que j'aurai ici à faire quelques additions importantes ; j'y procéderai le plus succinc- tement possible. 1° Genre Mégamere , Megamerus. Nobis. Palpi unguiculati, longi, bert; corpus constrictum ; coxæ dis- tantes ; pedes gressores, femore maximo (præsertim quarti cruris ). 7% _Articulo brevi. Larvæ hexapodæ, adulto similes. Megamerus {ongipes ; Trombidium longipes, Hermann. Y. inflatus , nobis; Tr. macropus? Hermann. M. ovalis, nobis. — M. celer ; Tromb. celer, Hermann. M. roseus, nobis. — M. castaneus , nobis. — M. fallax , nobis. Dans mon premier mémoire, je laissais soupçonner, pour le Trombidium longipes d'Hermann, la nécessité prochaine d'établir un nouveau genre ( pag. 29), et déjà ce genre compte d’assez nombreuses espèces. Ce qui le caractérise surtout, c’est un corselet plus ou moins nettement dessiné, des mandibules en pinces, des palpes assez semblables à ceux des Raphignathes et des pattes insérées et terminées à-peu-près comme chez les Té- tranyques ; aussi avions-nous placé parmi ceux-ci le Trombidium A. DUGES. — Sur les Acariens. hr celer d'Hermann qui se rattache au présent genre. Ce genre de: vrait, en conséquence, être placé au voisinage de ces deux autres , et ce avec d'autant plus de raison , que la mandibule des Tétranyques et des Raphignathes, peut-être considérée comme une pince à mordans fort inégaux , ainsi que nous le démontre: rons dansles additions subséquentes, et que les pieds des Raphi- gnathes ne diffèrent pas autant de ceux des Tétranyques et des Mégamères que je l'avais cru d’abord. Ces derniers courent avec beaucoup de vitesse et sautent quelquefois ; la force de leur cuisse et surtout de la postérieure, explique cette particularité. Plusieurs sont certainement: car- nivores ; mais il en est, dont l'intestin coloré en vert, atteste qu'ils se nourrissent de végétaux et surtout, je crois, de Cryp- togames, de la matière verte qui enduit les pierres humides par exemple / Meg. inflatus et ovalis ). J'ai trouvé, pour plusieurs espèces, des œufs blancs et des petits à six pattes, dont les pos- térieures étaient insérées assez loin des moyennes. Le M. LONG1PÈDE , que je n’avais d’abord trouvé que dans le nord , a les mandibules didactyles comme le M. celer et les han- ches en deux groupes ; mais les deux postérieures ensemble et distantes des deux antérieures. A Paris, privé de mon micros- cope et de la plupart de mes instrumens, je n'avais pu éviter quelques erreurs que j'ai rectifiées à Montpellier. Je crois bien du moins que c’est la même espèce qui a servi aux premières observations et aux subséquentes. Le MÉGAMÈRE ENFLÉ a un corselet bien séparé, un ventre très convexe , obovale ; il est de couleur isabelle, et tantôt ses bords sont transparens, tantôt c’est le milieu qui offre une ligne lon- gitudinale ou en Y de couleur blanche; quelquefois il est vert : tout cela dépend du degré de plénitude des organes digestifs et de la mature des matières qu'ils renferment. Les palpes, les mandi- bules, les cuisses sont comme chez les Mégamères les mieux caractérisés ; les pattes antérieures sont aussi démesurément lon- gues et grèles que chez le longipède ; elles sont blanchâtres et assez molles. Ce Mégamère est fort petit; on le trouve ordi- nairement en peuplades assez nombreuses, quelquefois isolé ; j'en ai vu de plus gros et dont le corps égalait la tête d’une pe- £ | | | 5 A. DUGÈS. — Sur les Acariens. tite épingle; c'étaient sans doute des femelles. Tous ont deux petits yeux blancs sur le côté du corselet. On retrouve ces mêmes yeux blancs sur les angles antérieurs du corselet du M. ovaLE qui se rapproche du précédent par la forme renflée de son corps; mais il diffère, par là même, de tous les autres. Le corselet n'est marqué que par une ligne enfoncée qui le circonscrit et en fait un triangle à pointe pos- térieure et plus ou moins déprimé selon la plénitude ou la va- cuité du ventre (pl. vin, fig. 43). Le corps est noir avecun mélange variable de rouge vif ; les petits sont tout rouges, et le noir pa- rait dépendre de la couleur de l'intestin rempli de matières vé- gétales , de la croûte verte des pierres humides que ces animal- cules raclent avec activité. Les pattes et le bec sont rouges. Les pattes antérieures sont les plus longues, mais dépassent peu la longueur du corps (fig. 43); les cuisses sont partout longues aussi, mais non renflées comme dans les autres Mégamères, et les insertions des hanches sont en deux groupes, mais assez peu éloignés. Les griffes sont très grandes et il y a entre elles une papille mobile. Ce qui réunit surtout cet animal à ses congé- nères, c’est la forme allongée et la liberté des palpes ( fig. 44 ), bien que je n’ai pas vu d’ongle au quatrième article; c'est aussi la forme de la lèvre et des mandibules qui sont armées d'unpetit crochet mobile, très courbe, opposé à un mordant conique et droit ( fig. 4 ). Les Mégamères sont, le plus souvent, en nombreuses familles, mais courant, çà et là, avec peu de vitesse. J'en ai trouvé de rassemblés dans des anfractuosités garnies d’un réseau rare de fils soyeux dans lesquels ils se suspendaient. J'ai vu quelquefois a l'abdomen de ceux-ci une papille volumineuse et subpédiculée. J'en ai rencontré enfin qui, deux ou trois fois plus gros que les | autres, leur ressemblaient cependant sous tous les rapports. | Étaient-ce là des différences accidentelles ou sexuelles ? fau: | drait-1l les regarder comme spécifique et ériger encore un genre | de plus entre les Tétranyques et les Mégamères ? c'est un soin | que je laisse à d’autres. Le M. cHaTAIN à un corselet distinct, le corps élargi en avant, sept à huit soies à la queue , le corps brun ; les pattes rouges, | | A. DUGÈS — Sur les Acariens. 53 lesantérieures un peu plus longues que le corps; les yeux blancs; ilest fort petit et n'est pas raré; nous l'avons trouvé souvent en société. Il diffère peu du celer , à part la couleur des pattes et le nombre des soies caudales ; enfin la rareté des poils sur le corps. Le M. cérirs est celui que nous avons plus particulièrement anatomisé; il avait été figuré déjà, si jé ne me trompe, mais grossièrement par Hermann (11,14); on peut voir dans nos dessins la forme et les proportions du corps et des membres (pl: var, fig. 46 et 48 ); il est d'un gris jaunâtre ; hérissé de poils parmi lesquels on remarque trois soies terminales. La lèvre est bifide (fig. 47);les mandibules à ongle mobile, allongé, pointu et peu courbé (fig. 49 ). Le mécawire rosé est beaucoup plus grand encore (demi-ligne de long pour le corps seul }, assez rare et ordinairement isolé, très agile et carnivore. L'intestin est brunûtre, le reste du corps d’un rose sale. Les yeux latéro-antérieurs sont d’un gris ardoisé. Pour la forme il ressemble au précédent, mais les membres sont encore plus robustes et le corps plus hérissé; plusieurs de ses grands poils sont aplatis. Les mandibules sont très fortes (fig. 5o), en pince d’écrevisse , à mordans très courbes et aigus; les palpes grands, à grand appendice, à griffe longue, fine et peu courbe, ils sont le plus souvent pliés en dessous, comme chez tous les Mégamères. Le dernier article des tarses est court, mais élargi; les deux griffes très fortes et crochues ; on peut se faire une idée de tout cela, en exagérant un peu les figures re- latives à l'espèce précédente. Enfin j'appelle M. rromPrur un Mégamère assez grand aussi, d'un noir velouté avec une tache blanche sur le dos, des yeux rougeñtres où blancs, saullans, placés au-dessus de l'insertion de la deuxième patte ou un peu plus en arrière, des pattes et un bec rouges, un corps élargi en avant, épaulé, aplati, sans corselet bien distinct, et simulant ainsi le Tétranyque majeur, dont nous parlerons plus loin. Du reste, il a les palpes, les cuisses , etc. des Mégamères; ses mandibules ont le mordant mobile très courbé, vraiment crochu (fig. dr). 54 A. DUGÈS. — Sur les Acariens. 2° Genre Pachygnathe, Pachygnathus. Nobis. Palpi conici,'vix unguiculati ; mandibulæ crassæ , chelatæ ; corpus integrum , anticè attenuatumn ; coxæ distuntes ; pedes gressorü, 6° articulo longissimo, 7° brevissimo ; antici. lon- gtores et crassiores. Ce genre est fondé sur une seule espèce, mais qui ne peut être évidemment rapporté à aucune de celles que nous avions précédemment étudiées. Le PACHYGNATHE VELU ( nobis ) est fort petit, punctiforme; nous l'avons trouvé en assez grand nombre, en automne, sous les pierres humides, où il marche avec assez de lenteur. Il est de couleur roussâtre ; les poils plats, courbés, courts, et assez nombreux qui le couvrent, lui donnent à la loupe un aspect velouté qui le fait ressembler aux Trombidions (fig. 52 ). Les palpes et les pattes sont hérissés de poils courts et raides. Le sixième article des tarses (fig. 55) a l'aspect d’un chardon à carder. Le corps est renflé, épaulé, rétréci en avant, presque comme chez les Smaridies; cette portion rétrécie porte deux gros yeux saillans et brunâtres. Les insertions des pattes sont de chaque côté en deux groupes peu distans et peu éloignés de la ligne médiane; les antérieures sont beaucoup plus fortes et plus longues que les autres ; viennent ensuite les postérieures; celles de la deuxième paire sont les plus petites ; toutes sont conoïdes, épaisses et si peu longues, que la postérieure ne dé- passe pas le bout du ventre; toutes ont une cuisse assez renflée, un sixième article fort long, un septième fort court et mince, comme chez les Tétranyques, les Mégamères et mème les Ra- phignathes, quoique j'eusse cru d’abord pour ces derniers à une conformation toute différente ; il n’y a que deux grandes griffes sans caroncules apparentes , et cependant ce petit animal mar- che fort bien sur le verre. Le bec est sallant; les palpes courbés, serrés contre la lèvre, dont ils ont à-peu-près deux fois la longueur (fig. 53), conoiïdes, assez semblables en gros à ceux des Tétranyques, mais A. DUGÈS. — Sur ies Acariens. 55 un peu plus longs et ayant leur premier article beaucoup plus considérable qu'aucun des autres. Ces palpes s'agitent, quand l’animal marche. Les mandibuléssont en pince à mordant mobile rebroussé, pa- rallèlement à lacourbure du mordantimmobile (fig. 54). Elles ont une base très épaisse et sont trés volumineuses , relativement à da taille de l’animalcule : quand on le presse entre deux verres au foyer du microscope, ces mandibuies s’échappent aisément en rompant les parois de la lèvre ou de la cavité buccale. 3° Additions au genre Tétranyque et Raphignathe. J'ai déjà dit que de nouvelles observations sur le Raphignathe très rouge, m’avaient prouvé que ( à part les grosses et longues soies, que nous avons dit caractériser les pieds tisseurs) leurs tarses ressemblaient à ceux des Tétranyques, dont ils différent du reste par la longueur du sixième article et par la brièveté du troisième, et plus encore par la longueur des palpes et par l'in- sertion des hanches non distantes et disposées en fer à cheval continu, en y comprenant l'insertion de la lèvre. Le rapprochement des hanches postérieures et antér'eures sépare aussi les Raphignathes des Mégamères (surtout du M. ovale auquel ils ressemblent davantage) et des Pachygnathes. Con- jointement avec ces trois genres, ils formeraient du reste un groupe assez naturel; aussi pourrait-on diviser la famille des Trombidiés en deux sections, l’une des longitarses comprenant les Trombidions, Érythrées, Smaridées et Rhyncholophés; l'autre des brevitarses comprenant les quatre genres nommés ci-des- sus (1). Ainsi se trouverait aussi tranchée la question de savoir si l'animal, trouvé une fois par nous sur le sureau, mais mal- (x) On les distinguerait de la manière suivante : | Brevipalpes. RTE $ Mandibules piquantes. . .Tétranyque. Brévitarses. . de — en pince.....,Pachygnathe. | Longipalpes.. e 3 —— piquantes. + .Raphignathe. Taomurprés. F à LE — en pince.,,...Megamere, « De da . (Longirostres......,....Smaridie. br Mandibules piquantes. ; Brevirostres. . ........ -Rbyncholophes. L Mnäibètes L'erochet à Corselet ne terne Frombidion. ‘dà Corps entier.,...,.:. Erythrée. 56 A. DUGÈS. — Sur les Acariens. heureusement mutilé (Voy. premier mémoire, p.22) appartenait où non au genre Raphignathe ; la longueur du septième article des tarses prouve que non, etje me suis assuré depuis , en re- voyant mes notes, que ce ne pouvait être que l'Erythræœus arni- gerus, dont nous reparlerons un peu plus loin. A l'espèce déjà décrite, nous en ajouterons une nouvelle, le RAPHIGNATHE HISPIDE ( 2obis) aussi petit que le ruberrünus au- quel il ressemble du reste beaucoup, mais il est très velu. Je lui ai trouvé à la partie postérieure du corps, deux papilles qui semblent indiquer des habitudes analogues à celles des Tétra- nyques. Si J'ajoute ici une espèce à ce genre, j'en retrancherai une autre : le Trombidinn lapidum de Hammer ne me paraît pas lui appartenir, et je me persuade qu’il n'est autre que notre Tetra- ayChus cristatus ; la longueur des pattes, celle des cuisses, l’'écartement des insertions des hanches , la brièveté des palpes, le corselet, la forme et la couleur du petit et de l'adulte, tout m'en à convaincu ; seulement, je n’ai pas vu que les yeux fussent composés de trois ocelles comme le dit Hammer. Quant aux œufs à couvercle radié, que cet écrivain leur attribue (Voy. apt. d'Hermann, pl. vir, fig. 7, 8,R, S), je les ai assignés à des Raphignathes, et je crois encore avoir eu pour cela de bonnes raisons ( premier mémoire , p. 23 et 24 ):j'ai même conservé les œufs rouges et ronds du Tétranyque crêèté , et j'en ai vu sortir le petit hexapode rouge si semblable à la première figure d’Ham- mer. Mais de nouvelles observations m'ont rejeté dans le doute : 1° dans des lieux où se trouvaient ces œufs blancs étaient en grande abondance, pas un Raphignathe et beaucoup de Tétra- nyques, soit de l'espèce du crêté, soit d’une toute voisine; 2° ce dernier, que je nomme Tétranyque ténuipède, contient souvent dans son intérieur des yeux rouges et ronds comme ceux du crêté , mais un individu écrasé par mégarde à l’entrée du tube de verre, où je l'avais introduit, contenait un œuf blanc, aplati et à couvercle radié. Pourrait-on croire que les œufs sont revêtus tantôt d’une enveloppe calcaire et tantôt seulement d’une membrane dans la même espèce? ou bien les œufs blancs n’appartiennent-ils qu’au Tétranyque ténuipède et EE — A. DUGÈS. — Sur les Acariens. 57 au Raphignathe et ne se recouvrent-ils de leur croûte qu'au mo- ment de l’éclosion ? Dans l'appareil mandibulaire des Raphignathes , mieux exa- miné ; j'ai reconnu plus d’analogie que je ne l'avais cru d’abord avec celui des Mégamères et autres Trombidiens; le double bulbe charnu est composé de deux corps mandibulaires presque soudés et prolongés en pointe longue et sétacée ; c’est le mor- dant fixe de li pince; l’acicule est lé mordant mobile. Il faut en dire autant des mandibules des Tétranyques ; seu- lement ici le mordant fixe est très court,et le mobile ou l’acicule est très long. Chez le Tétranyque crêté, cet acicule est tres courbé dès sa base, mais élastiqué et pouvant sans doute se redresser au besoin pour sortir davantage dela bouche (fig. 56). Cet animalcule m'a offert quelques remarques nouvelles ; il a souvent le corps partagé en deux par un sillon transversal qui lui forme un corselet, mais ce sillon s’efface quand le corps est très rempli; les yeux sont rougeûtres ; latéro-antérieurs, plus visibles latéralement que en dessus; le peu de poils dont il est garni sont plats, en feuille même, et le corps porte en avant six appendices courts, épais, mobiles et bien distincts des palpes. Le TÉTRANYQUE TERMIPÈDE, dont il à été parlé ci-dessus, a des couleurs plus ternes encore (fauve et noirâtre) que le crêté au- quel il ressemble pour la forme du corps et des membres; seulement il n’a point de rebord anguleux, ni de corselet dis- tinct. Les pattes sont plus grèles encore, mais dans les mêmes proportions. Les palpes sont également droits, gros et courts, peu visibles en dessus; les mandibules ont absolument la struc- ture ci-dessus décrite, aussi bien que la lèvre qui les renferme. Ces notions nouvelles sur la structure dés mandibules, m'ont permis de rattacher au genre Tétranyqueuneespèced’assez grande taille, T. aaseur (zobis, pl. 1x, fig. 57), dont la forme se rap- proche aussi beauconp de celle du T. crêté, sans en avoir non plus les rebords anguleux; dos plat, strié transversalement, épaulé, un peu prolongé en avant et hérissé de quelques soies, soit en avant, soit autour; deux rangées longitudinales en dessus; bec en dessous, d’un beau rouge ainsi que les pattes, et une 58 A. DUGÈS. — Sur les Acariens. tache au milieu du dos; le reste d’un beau noir; deux yeux rou- geâtres ou blancs, latéro-antérieurs. Au milieu de l’'abdomen.en dessous, une vulve rouge, bilabiée, d'où la compression fait sortir deux tubes courts et incolores. Pattes antérieures plus longues que les autres, cuisses longues partout, sixième article aussi, septième rudimentaire à deux griffes et une papille oli- vaire (fig. 58). Palpes gros et courts à peine courbés, à troisième article plus long que les autres(fig. 59): mandibules composées chacune d'un corps épais, terminé par un cône surmonté d’un ongle pointu; à la base du cône s'articule un grand mordant mobile, étroit, recourbé (fig. 60), représentant parfaitement en petit le long acicule du Tétranyque crèté. Dans le corps; J'ai trouvé une douzaine d'œufs ronds et rouges. En raison des cou- leurs, on peut, au premier coup-d’œil, le confondre soit avec les plus grands individus du Mégamère ovale, soit avec le Méga- mère trompeur, dont la taille se rapproche un peu de la sienne, mais qui est plus allongé, etc. Je crois devoir aussi reporter au genre Tétranyque, l’Acarien que j'ai indiqué ailleurs sous le nom de 7rombidium glabrum, (pl var, fig. 61)(1°* mém., p. 39) dont les tarses sont bien évidem- ment ceux du présent genre (fig. 62, 63), et auquel nous avons découvert deux papilles (fillière, en arrière du corps. Il n’a d’ail- leurs pas d’avant-train, et seulement un sillon transversal se montre par moment sur le dos; sa forme rappelle d’ailleurs celle du T. caudé. Il porte deux yeux blanchâtres sur l'avance du tronc qu'il offre comme la plupart des Tétranyques. Ses palpes (fig. 64) sont moins serrés sur le bec que dans les congénères que nous lui assignons ici; du reste ils sont assez courts et co- noïdes. Les mandibules (fig. 65) ont l’ongle mobile bien plus grand proportionnellement, qu'il ne l'est chez les Trombidions; il ressemble assez à celui du T. major, mais est encore moins prolongé et sans mordant fixe à l’opposite. Les deux pointes font simultanément saillie hors du bec quand on comprime l'animal. On voit que cet animalcule pourrait faire le passage des Tétra- nyques aux Trombidions; mais qu’il diffère plus de ces derniers que des premiers. En le transportant dans un genre dont les espèces sont peu velues en général, nous ne pouvons lui lais- A. DUGES. — Sur les Acariens. 59 ser son premier nom spécifique ; nous l’appellerons Tetranichus trombidinus, TETRANIQUE TROMBIDIEN (nos). 4° Addition au genre Smaridie. (1°** Mémoire, p. 34.) J'ai trouvé, en automne, deux individus d’une espece bien moins grande que celle que j'ai décrite au lieu cité; celle-ci, SMARIDIE VILLEUSE (nobis), est d’un rouge vif, ayant le bec (dans l’état de repos), les palpes, les pieds et le corps, à peu de chose près, de même forme et de même proportion que la pa- pilleuse; mais toutes ces parties sont couvertes de poils longs et aplatis comme des feuilles de graminées; sur les derniers ar- ticles des pattes, les poils sont raides et serrés en brosse. Les yeux sont bruns et situés vers le devant du corps qui n’offre pas une avance bien saillante; le bec au contraire forme un cône allongé, très saillant entre les palpes qu'il porte; il est velu et ne s’est point déployé par la compression, il s’avan- çait seulement un peu au dehors. Les palpes étaient au contraire susceptibles d’élongation; leurs articles semblaient rentrer un peu lun dans l’autre, le dernier surtout dans le qua- trième; aussi leur épaisseur était-elle assez notable, et leur aspect claviforme dans l’état de rétraction. Dans le bec j'ai bien reconnu la pièce en cuiller et les deux lancettes mandibulaires décrites ailleurs. 5° Remarques ad di ionnelles pour les genres Erythrée et Rhyn- cholophe. Nous avons trouvé ici, en automne et au printemps, l'E. cor- nigerus, que nous n'avions vu jusque-là que dans les départe- mens septentrionaux. Durant l'hiver chaud que nous venons de traverser, il nous a été possible même d'acquérir des lumières sur le développement de cette espèce et d’une autre. Les Ery- thrées cornigères ne paraissent pas devenir parasites dans leur jeune âge; je les ai trouvés de couleur rouge orangé, avec'six ou huit pieds, et de taille variée, depuis la plus petite jusqu'à 6o A. DUGÈS. — Sur les Acariens. la plus grande, conservant d’ailleurs, à part le nombre des pieds, tous les caractères de l'adulte, les palpes, les mandibules, les hanches, les appendices du tarse, etc. Parmi ceux dont les pieds étaient déjà au nombre de huit, les deux postérieurs étaient quelquefois tres grèles et très courtes comme s'ils n’eussent pas encore acquis tout leur développement; la troisième paire était mémeaussi proportionnellementmoindrequ’à un âge un peu plus avancé. Un de ces jeunes à huit pattes, conservé quelques jours dans un tube, y a filé un réseau lâche de soie très fine à laquelle il s'est suspendu; les pattes se sont alors raidies et dirigées en avant; l'animalcule devenu immobile s’est constitué nympbhe. Il y à donc ici, comme pour les Rhyncolophes, plusieurs mues ou métamorphose très peu complètes. J'ai aussi trouvé un très petit E. ignipède à huit pieds. Ces pieds étaient fort grands de même que les palpes, relativement au corps dont la partie postérieure surtout était fort réduite; il était de couleur orangée, terne, rugueux, hérissé; du reste tout semblable à l'adulte. Cette forme avec une si petite taille appuie encore nos conclusions, relativement au genre de vie des Ery- thrées dans leur jeune âge: ils sont, à ce qu'il parait, vagabonds dès la sortie de l'œuf, et pendant leur accroissement, comme ils le sont encore, arrivés à leur dernier degré de développe- ment. Depuis la publication de mes recherches sur les Trombidiées, j'ai aussi trouvé des Ryncolophes à six pattes; ils étaient à peine perceptibles à l'œil nu, et de couleur fauve rougeâtre. A la loupe et surtout au microscope, il était facile de lés récon= naître à leur abdomen presque globuleux , à leurs longues pattes terminées par un article renflé, à leurs poiis plats, longs et courbés; à leurs yeux rouges latéro-antérieurs, et au nombre de quatre. Le corps se rétrécit en avant au niveau de l'insertion des deux premières paires de pattes; la troisième insérée beau- coup plus en arrière, est plus longue que les autres. Les tro- kanters sont renflés, ovalaires, les autres articles longs et grèles, excepté le dernier qui ressemble à celui de l'adulte, et porte également deux griffes, plus une papille entre deux. Au devant du corps, est un bec épais, mobile en forme de - A. DuGÈS. — Sur les Acariens. Gt tête, un peu comme dans la larve des Hydrachnes; il porte deux grandes palpes dont le quatrième article est atténué, long, cro- chu; le cinquième rudimentaire, mais trés hérissé. Dans le mu- seau mobile sont contenues deux mandibules fort différentes de celles de l'adulte; elles m'ont offert exactement la même con- formation que celles des Trombidions ; c’est-à-dire qu’elles étaient composées d'un corps épais et d’un onglet fort crochu. Cette différence entre la bouche de la larve et celle de l'adulte, peut jeter quelques lumières sur la structure du suçoir de plu- sieurs autres larves d'Acariens; elle est surtout importante à pour nous, comme établissant l’identitéentre desorganes dont la forme est si dissemblable, qu'on aurait peine à en reconnaître l’iden- tité, sans les nombreuses preuves que donne l'étude des ana- logies et les degrés intermédiaires de transformation dans des espèces différentes. EXPLICATION DES PLANCHES 7 ET ÿ. Praxcue VII, Figure 1. Dermanysse des oiseaux vu en dessous. Fig. 2. La lèvre du mâle très grossie et comprimée; elle porte un des palpes, et ilen sort une des mandibules. Fig. 3. Une des mandibules de la femelle. Fig, 4. Une des pattes antérieures. Fig. 5. Le corps et le bec du Dérmanysse de la chauve-souris vus en dessous avec les deux hanches antérieures seulement, pour laisser mieux voir les intestins pleins de sang. : Fig. 6. Extrémité d’une des mandibules du Gamase crassipède. Fg. 7. Ixode plompé vu en dessus; grandeur naturelle. Fig. 8. Le même grossi avec les intestins peu distendus, vus par réfraction à la loupe; jeune individu. Fig. 9. Partie antérieure du même très grossie, vue en dessus; toutes les parties du bec en place. a, plaque dero-céphalique ou du corselet. 4, le support du bec, pièce basilaire. €, les palpes entre lesquels se voit une petite portion des mandibules. Fig. ro. Un des palpes détaché et vu de côté, de maniere à laisser voir le bout de son 4*ar- ticle, Fig. 11. La pièce basilaire vue en dessus, les deux mandibules écartées pour laisser voir la lèvre dont on aperçoit les dents à travers son épaisseur en raison de sa transparence; @, trait ponctué représentant le premier article des mandibules caché dans le support du bec; 8, article libre, ce, ongle mobile et dentelé. Fig. 12. Extrémité d’une patte; 6° et 7e articles avec les ongles et la caroncule. Fig. 13. Partie antérieure du corps de l’Acare domestique ou mitte du fromage, vu en des- sous et offrant : 1° les deux mandibules écartées ; 2° la lévre qui les cache en partie; 3° les deux paires de hanches antérieures. Fig. 14. La lèvre très grossie avec les deux palpes. 62 A. DUGÈs. — Sur les Acariens. Fig. 15. Une des mandidules très grossie. Fig. 16. 6° et 5° arlicles d’une des pattes antérieures, allongées. (1) Fig. 19. Les mêmes dans la rétraction. Fig. 18. Même article d’une des parties postérieures. Fig. 19. Une des mandibules de la Bdelle vulgaire. Fig. 20. Extrémité plus grossie de cette mandibule. Fig. 21. Mandibule de la Bdelle cœrulipède. (2) Fig. 22. Corps, bec et palpes du Scirus elaphus ; figure imparfaite et qu'il faut rectifier d'a- près l'inspection de la figure 38 à la planche suivante. Fig. 23. Extrémité d’une de ses mandibules. (Voyez la fig. 39.) Fig. 24. Un palpe de l’Oribate châtain. Fig.25. Une de ses mandibules. Prancee VIII. Fig. 26. Gamase des coléoptères vu en dessus; on voit, entre les palpes, le labre et les mandibules un peu avancées, sur le dos, les deux plaques écailleuses. Fig. 27. Le même vu en dessous. On voit, entre les palpes, la lèvre avec ses deux crochets, et les mandibules qui la dépassent un peu; derrière elle est une plaque stérnale et la double rangée des hanches, | Fig. 28. Gamase tétragonoïde vu en dessus; les mandibules avancées. Fig. 29. Extrémité d’un des palpes. Fig. 30. Une des mandibules. Fig. 31. Son mordant mobile plus grossi. Fig. 32. Extrémité d’une des pattes. Fig. 33. Uropode végétant vu en dessus, palpes étendus. Fig. 34. Une mandibule. Fig. 35. Son extrémité plus grossie. Fig. 36. Ge et 7e articles d’une patte, vus de profil. Fig. 37. 6€ et 7° articles d’une patte de l’Acare dimidié; profil, Fig. 38. Scire élaphe vu en dessous sans les pattes; les palpes dirigés en avant comme ils le sont quelquefois. Fig. 39. Une de ses mandibules vue de profil. Fig. 40. Oribate clavipède vu en dessus; on ne voit que l'extrémité des cuisses qui sont très courtes, aux 2 paires de pattes antérieures; on voit une partie du trokanter aux 2 paires posté- rieures. Fig. 41. Lèvre avec un palpe. Fig. 42. Ce palpe détaché et grossi davantage. Fig. 43. Mégamère ovale vu en dessus ; les palpes ployés en dessus et serrés contre le bec. Fig. 44. Sa lèvre avec un palpe. Fig. 45. Une mandibule. Fig. 46. Mégamère célère en dessus ; un palpe ployé, l’autre étendu. Fig. 47. Sa lèvre. Fig. 48. Un palpe. Fig. 49. Une mandibule. Fig. 5o. Mandibule du Mégamère rosé. (r) Cette figure porte, par mégarde, le numéro 10, déjà employé pour le palpe. Le lecteur rectifiera facilement l'erreur. (2) Le numéro de la figure a été omis à la gravure. A. DUGES. — Sur les Acariens. 63 Fig. 51. Mandibule de Mégamère trompeur. Fig. 52. Pachygnathe velu, vu’ en dessus, Fig. 53. Un palpe. Fig. 54. Une mandibuie. Fig. 55. Extrémité d’une patte; profil. Fig. 56. Une mandibule de Tétranyque crêté. Fig. 57. Tétranyque majeur vu en ‘dessus. Fig. 58. Dernier article d’une de ses pattes. ‘Fig. 59. Un palpe. Fig. 60. Une mandibule. … Fig. 61: Tétranyque trombidien vu en dessus. Fg. 62. Extrémilé d’une patte vue de face. Fig. 63. Idem de profil. Fig. 64: Un palpe. | Fig. 65. Une mandibule. 22° Norte sur la découverte des ossemens fossiles de l'Iguanodon, dans la formation de Glauconie Sableuse (Lower green sand), per M. Gidéon Mantell, membre de la société royale de Lon- dres. (Extrait d’une lettre adressée aux rédacteurs par l’au- teur.) Maidstone, une des villes les plus belles et les plus importantes du comté de Kent, en Angleterre, est située sur les bords de la rivière Medway, à environ trente-cinq milles de Londres. Le terrain qu’on y rencontre immédiatement au- dessous de la terre végétale.est un limon, marne diluvienne ou argile, danslaquelle on a découvert des dents et des os de chevaux , de cerfs et d’eléphans, et au- dessous de cette couche se trouvent cachés des bancs très étendus de pierre cal- caire et de grès, qu’on exploite beaucoup pour divers usages domestiques. Ce cal- caire est généralement connu dans le pays sous le nom de Kentish Rag. Ce fut dans une des carrières ainsi exploitée et située à une petite distance sud-ouest de Ja ville, qu’eut lieu la découverte des ossemens dont il va être question, Les ouvriers ayant fait éclater un grand bloc de cette roche, remar- quéreut au milieu des fragmiens un nombre considérable d'os; le propriétaire de la carrière , M. Binsted,, ayant été informé de cette circonstance, fit rassem- bler aussitôt avec soin tous ces débris et parvint à replacer dans leurs rapports primitifs presque tous les morceaux du bloc, puis il enleva, à l’aide du ciseau , les parties pierreuses qui cachaient les os situés près de la superficie. La nou- velle de ceite découverte se répandit bientôt et attira chez M. Binsted un grand nombre d'amateurs; mais aucun de ceux-ci n'ayant pu l’éclairer sur la nature des ossemens ou sur l'animal dont ils provenaient, il s’adressa à l’auteur pour en ob- tenir des renseignemens plus satisfaisans. Etant ctrangerfà l'anatomie comparée , M. B. ne put donner tous les détails néces- 64 G. MARTELL. — Sur l’'Iguanodon. saires pour éclairer M. Mantell, et quelque temps après celui-ci se rendit à Maidstone pour examiner, par lui-même , ces objets curieux. Ces débris consistaient en un nombre considérable d’es des membres porbears d’un à ti de très grande taille, répandus dans la pierre sans aucune régu- larité; à peine deux d’entre eux étaient juxta-posés, Ils sont beaucoup Endirés mais ne sont pas frustres. La pierre qui les empâte est un calcaire arénacé reu- fermant en abondance les coquilles marines qui se trouvent communément dans la formation de glaucenie sableuse ( lower green sand), savoir des Trigonies, des Gervillies, des Térebratules, des Ammonites, etc. Les os mentionnés ci-des- sous étaient suffisamment dénudés pour être déterminés, et on en apercevait beaucoup d’autres qui n’étaient que partiellement visibles, mais qu’on pourra mieux étudier par la suite. Deux fémurs , Vun montrant ses deux extrémités et des vestiges d’un petit trochanter sur le côté tibial du corps de los. Longueur treute - trois pouces (anglais ); Un tibia long de trente pouces; Un fragment de péroné placé près du tibia; Plusieurs os du métatarse et des phalanges ; Deux phalanges unguéales d'une forme un peu aplatie et ressemblant à cel- les d’une tortue de terre. La plus grande a quatre pouces de long et deux et demi de large à sa base ; Des fragmens de grands os plats qui appartenaient probablement au bassin ; Des vertèbres caudales et lombaires ; celles-ci ont les caractères ordinaires aux vertèbres fossiles des sauriens, leurs deux faces étant Icgèrement déprimees. Les vertèbres les plus grosses sont beaucoup comprimées. De nombreux fragmens de côtes, dont l’une présente une double terminaison, comme celles du crocodile. Une portion d’une dent et Kitspression d’une autre , appartenant sans aucun doute à lTguanodon; Un os long d'environ vingt-huit pouces et semblable à celui représente plan- che 1v, fig. 1 ei 2 de la géologie du sud-est de l Angleterre, et détermmé comme étant une clasicule de l'Iguanodon. A l'exception des phalanges unguéales tous ces os ressemblent à ceux de YIguanodon, trouvés à 7i/gate - Forest, et l’existence des dents avec les os confirme les résultats déduits des découvertes précédentes, et sur des portions détachées du squelette. Il est à remarquer qu'on n’a découvert aucune trace des mâchoires de l'Iguanodon; tôt ou tard, cependant, comme l’observait M. Cuvier dans une lettre adressée à l’auteur : & Il est impossible qu’on ne trouve pas un «jour une partie du squelette même , où des portions de mâchoires portant des « dents. » M. Mantell évalue la longueur probable de l'individu d’où provenaïent ces os, à environ soixante-quinze pieds. Brighton, 26 juin 1834. GEORGE DE MUNSTER. — Sur les Clymènes. 65 Mémoire sur les CLymÈnes(r) et les GoniaTiTEs du calcaire de transition du Fichtelgebirge ; Par le comte Grorce DE Munster. (2) Traduit de l'allemand par M. Domnaxoo. Depuis la publication de mes observations sur les rapports géognostiques des Ammonées et des Nautilacés en Allemagne, jai eu l’occasion d'examiner plusieurs individus complets, provenant du groupe le plus important et le plus ancien de ces êtres, c'est-à-dire de celui des Clymènes et des Goniatites du terrain de transition, et ‘de rectifier, après un examen ap- profondi, mes idées sur ces animaux actuellement perdus et qui appartenaient à l’ancien monde. Il est si difficile d'obtenir des individus complets ayant les cloisons apparentes, que sans une attention soutenue, il est presque impossible de se préserver de l'erreur. Mais ce qui est encore plus rare, c’est de trouver des individus où le siphon soit reconnaissable, vu qu'il est, dans les Clymènes comme dans les Goniatites, si ténu, et qu’il se trouve placé si près du têt, qu'il demeure ordinairement invisible dans le moule de marbre compacte, même quand celui-ci est poli, et qu'on ne saurait le distinguer que dans des individus décomposés ou remplis de matière terreuse. Aussi ai-je pris d’abord des Clymènes pour des (1) L'auteur leur avait donné d’abord le nom de Planulites ; mais pour éviter probablement toute confusion avec les déterminations de M. de Lamarck , il a préféré plus tard celui de Clymènes. Ce choix ne me semble pas plus heureux, parce qu'il présente également l'inconvé- nient d'un double emploi, M. Savigny ayant désigné sous ce nom un genre d'Annélides que M. Cuvier a rangé parmi ses Abranches sétigères. 11 y a quelque temps que j'ai cru devoir si- gnaler ce fait à l'attention de M. de Münster à Payreuth; mais n'ayant pas reçu de réponse de ce savant, je n'ai pas osé substituer un autre nom à la famille de Mollusques dont il a enrichi la science et dont la dénomination lui appartient exclusivement. ( Note du traducteur. ) (2) Bayreuth, 1832. IL, Zoor. — Août, La 66 GEORGE DE MUNSTER. — Sur lès Clymènes. Goniatites et des Goniatites pour des Clymènes. Cette dernière erreur a été surtout occasionée par les Goniatites à lobes éten- dus, arrondis et souvent si peu satllans qu'il est à peine pos- sible de les distinguer. Cette particularité les rapproche telle- ment des Nautilites, que, quand le siphon ou le lobe dorsal n’est point visible, on peut prendre les uns pour les autres , surtout si l’on veut adopter pour base dans la détermination, le nom- bre et la disposition des lobes et des selles, comme on le fait pour les Ammonites des terrains plus récens. L'un et l’autre de ces genres et surtout les Clymènes, sont jusqu’à présent si peu connus, que je me suis décidé à en faire figurer les espèces qui se trouvent dans le calcaire de transition aa pied du Fichtelgebirge, du moins celles dont je possède des individus plus ou moins complets, et à en publier les figures accompagnées des descriptions et des éclaircissemens qu'elles exigent. On trouve ces fossiles dans plusieurs carrières de calcaire et de marbre, au pied du Fichtelgebirge, conjointement avee beaucoup d’Orthocères, de Trilobites, etc.; mais ce n’est que dans les couches inférieures du calcaire de transition qui re- posent sur l'argile schisteuse ( Thonschiefer ),et principalement à Heinersreuth, seigneurie de Lerchenfeld, près de Stadtstei- nach, et aux environs de Hof. Dans les couches supérieures de ces contrées, dans la roche appelée calcaire de montagne (Berg Halk) qui renferme beaucoup de Productus, de Delthiris, etc., je n’ai trouvé jusqu'ici ni Clymènes , ni Goniatites. $ A. CLYMÈNES. Les espèces du Fichtelgebirge que j'ai examinées ont les ca- ractères suivans : Le siphon étroit se trouve constamment à la partie ventrale du cône spiral où il perce les cloisons qui se rétrécissent en entonnoir ; les tours de spire sont libres, jamais enveloppés en entier , le dernier et une partie de l’avant-dernier sont dépour- vus de cloisons:1Les bords du disque cloisonnaire présentent des ondulations ou des lobes latéraux simples à angles obliques, GEORGE be Munster. — Sur les Clÿmènes. 6 et des selles dorsales et latérales arrondies; les contours des uns et des autres ne sont point denticulés, ni déchiquetés. Le siphon n'étant ordinairement pas visible, c’est au moyen dela selle dor- sale que l’on peut distinguer les Clymènes des Goniatites, ces der- niéres ayant toujours un lobe dorsalsur la ligne médiane du dos. D’après M. Léopold de Buch (1), c’est la position du siphon à elle seule qui établit une différence entre les Nautilacés et les Ammonées , les premiers ayant le siphon au centre des cloisons, tandis que les dernières ont sans exception un siphon dorsal. Ainsi puisque les Clymènes se distinguent des uns et des autres, par un siphon ventral, elles peuvent être séparées des autres Nautilites connus, avec plus de raison queles Goniatites ne l'ont été des Ammonites, et former désormais un genre à part. Je n'ai pas trouvé jusqu’à présent dans le calcaire de transition du Fichtelgebirge des Nautilites proprement dits ayant le siphon au centre des cloisons, tels qu'on en trouve onze espèces dans les différentes formations plus récentes et méme dans le Mountain-li- mestone, en Angleterre, en Écosse et en Irlande, d'après le Miné- ral Conchology de Sowerby. Je n’ai pas non plus trouvé de Cly- mènes dans des terrains plus récens que le calcaire de transition. Les Clymènes du Fichtelgebirge se divisent en deux sections principales : L Clymènes à lobes peu courbés et arrondis. IL Clymènes à lobes latéraux simples et anguleux et à selles arrondies. I. Clymènes à lobes peu courbés et arrondis. 1. Clymenia la vigata, nobis. PL 1, fig. 1., af. — Cette espèce provient de la carrière de calcaire gris foncé de Schu- belhammer près de Heinersreuth, où elle atteint souvent de un jusqu’à sept pouces de diametre. Ordinairement le têt est en- tiérement lisse; on tronve cependant des échantillons qui indiquent, par des impressions très légères, des espèces de stries. D'une forme discoïde , elle n’est presque pas enroulée et présente, dans son état d’intégrité, de huit à neuf tours despire, (x) Voyez Annales des sciences naturelles, 1°* série, €. 29: Cu 68 GEORGE DE MUNSTER. — Swr les Clymènes. tant dans les petits, que dans les grands échantillons. Dans ceux de ces derniers qui ont sept pouces de diamètre, le dernier tour de spire est tres large et comprimé , tandis que l’avant-dernier donnerait une coupe presque circulaire de moitié moins large, en sorte que l’on croit voir, dans ce cas particulier, une espèce distincte. La large selle dorsale est peu profonde et courbée en arc ; les cloisons sont souvent usées vers le dos et alors la selle parait moins profonde, Le lobe latéral simple, arrondi, s'incline d’une manière peu prononcée pour se relever ensuite à la même hauteur, de sorte que son jambage ventral dépasse la hauteur de la selle dorsale. Le siphon ventral qui perce le disque cloi- sonnaire se rétrécit un peu, et paraît n’atteindre que la moitié de la loge, ainsi qu'on peut le voir dans la coupe longitudinale de l’avant-dernier tour figuré sous la lettre f. a, est un individu complet , ayant son têt, le quart desa gran- deur naturelle ; sur le second tour de spire, on a tracé une ligne pour indiquer l'endroit où commencent les cloisons. b. Le mème individu vu de profil. c. La selle dorsale avec ses lobes latéraux. d. Un fragment d'un tour de spire moyen, sans têt et présen- tant les cloisons qui sont au nombre de treize à quinze dans l'avant-dernier tour. ; e. Coupe transversale de quelques tours de spire dont le premier est poli et le second creux pour montrer le siphon qui plonge en entonnoir. 2. Clymenia pygmea, nobis. pLI, fig. 2, a.-d., provenant de la carrière de marbre de Geigen près de Hof, et de Schubel- hammer. Cette espèce ressemble tellement à la précédente, que je suis encore en doute si elle n’en est pas une variété. On trouve ce fossile assez souvent près de Hof à l’état terreux, mais il se décompose sur-le-champ ; ce n’est que rarement qu'on le ren- contre à Schubelhammer. Dans l’une et l’autre de ces localités, il est toujours tres petit : à peine a-til de une à six lignes de dia- mètre. Il diffère surtout de la Clym. lævigata par des renflemens annulaires du têt et par le petit nombre des tours de spire, car il n'en a que cinq, tout au plus six, dont l’avant-dernier ren- : GEORGE DE MUNSTER. — Sur les Clymènes. 69 ‘ferme onze loges. La selle dorsale et les lobes latéraux sont à-peu-près les mêmes dans les deux espèces, mais un peu plus arqués dans le C. pygmea. a , b. Individu adulte. d. Jeune individu. c. Une cloison. 3. Clymenia angustiseptata, nobis. pl. T, fig. 3., a, 6, c. de Schubelhammer où il est très rare. Le têt est couvert de faibles stries ondulées ; sa forme , plutôt discoïde que ronde, est com- primée, de sorte que les flancs sont plutôt aplatis que bombés. Tous les cinq tours de spire sont, il est vrai, apparens, mais les trois quarts des quatre premiers étant enveloppés ,on n'en voit réellement qu'un quart. Les cloisons sont si rapprochées les unes des autres que l'on en compte, à chaque tour de spire, au moins de trente à trente-six. La selle dorsale forme une courbe très peu profonde; sur les flancs les lobes plongent si peu, qu'ils paraissent presque plans, et ne se relèvent que faiblement vers le ventre. a, b.Individu, moitié de sa grandeur naturelle, ayant son tèt sur la partie dépourvue de cloisons ; la moitié du dernier tour de spire manque. c. La cloison. 4. Clymenia compressa , nobis. pl. I, fig. 4, lettres a, b,c, de Schubelhammer. Cette espèce ressemble beaucoup à la précé- dente, quant à la forme et au volume ; cependant on ne saurait les confondre, parce que la CL. compressa est plus comprimée , que dans de jeunes individus, qu’elle n’a que la moitié de l’épais- seur de l’autre, qu’elle a le têt tout-à-fait lisse, et enfin que les cloisons plus fortement courbées sont si distantes les unes des autres, que le dernier tour cloisonné de la spire n'en compte que quinze. Parmi les quatre ou cinq révolutions de la spire, les tours les plus intérieurs sont tellement enveloppés qu'on n'en distingue que la cinquième partie. La selle dorsale forme une courbe profonde; les lobes laté- raux sont également arqués et se relèvent ensuite pour former la selle ventrale, ainsi que le montre la figure c. a; b, est Vindivida le plus grand que l’on ait trouvé jusqu'a présent réduit de moitié; 1l conserve son têt, quoique l'on y ait 70 GEORGE DE MUNSTER. — Sur les Clymènes. indiqué quelques-unes des cloisons. Il manque de la moitié du tour de spire non cloisonué,. . 5. Clymenia inflata ,nob. pl. I. fig. 5. a, b. On trouve cette es- pèce rarement à Schubelhammer; elle a quatre pouces de dia- mètre ; le têt qui est lisse a souvent vers le bord ventral deux lignes d'épaisseur. La forme de l’ensemble est presque aussi discoïde que globuleuse. Les toursépais de la spiresont très arron- dis , soit latéralement, soit sur la carèñe. Les deux tiers du flanc de l’avant-dernier tour sont enveloppés. Cette espèce parait avoir en tout de quatreà cinq tours de spire; comme ses tours intérieurs perdent rapidement en épaisseur, ils forment un large ombilic à varois élevées. Dans l'individu unique de ma collection, les cloisons com- mencent à peine au second tour de spire qui est en partie enve- loppé, ce qui fait que l'on ne peut distinguer que partiellement les lobes faiblement infléchis ; comme une partie du tour de spire est enlevée, on peut distinguer lesiphon ventral, Les bords extérieurs de l'ouverture manquent. a, b. Individu réduit, avec son têt, sauf à l’avant-dernier tour de spire où il a été enlevé pour mettre les cloisons en évidence. IT, C/ymènes à lobes latéraux simples et anguleux et à selles arrondies. 6. Clymenia planorbiformis, nob. pl. L. fig. 6. a, b, c. de la carrière de calcaire gris foncé de Gattendorf près de Hof, où cette espèce a depuis un demi jusqu'à deux pouces de diamè- tre. Le têt est couvert de stries annulaires très fines et très. ser- rées, qui sur le dos présentent un arc dirigé en arrière. Ce fossile est discoïde, très peu enveloppé, ayant constamment dans des individus complets, de huit à neuf tours de spire, qui diminuent insensiblement de volume et dont chacun possède treize cloisons assez espacées. Il est dans son ensemble si aplati, que les tours internes ne sont qu’un peu moins saillans que les externes. GEORGE DE MUNSTER. — Sur les Clymènes. 71 La selle dorsale profonde et arrondie imite un peu la forme conique et a des inflexions latérales. Le lobe latéral aigu, peu élevé, a le jambage dorsal presque vertical, un peu penché en dedans , et le jambage ventral s’é- lève par une courbe faiblement arquée. a,b.Individu complet. c. La cloison. 7: Clymenia undulata, nob. pl. IL. fig. 1. a — c. de Schubel- hammer près Heinersreuth , où cette espèce qui a un ou deux pouces de diamètre, n’est pas rare. Le têt a sur les côtés des stries simples, onduleuses, saillantes, rapprochées ; les sillons qui les séparent ont la même largeur que les stries ; le dos très déprimé, est limité des deux côtés par deux filets linéaires sail- lans, entre lesquels on voit des stries très courbées , Semi-Cir- culaires, dirigeant leur convexité en arrière, stries qui ne corres- pondent point avec les stries latérales, et qui sont entre elles tantôt rapprochées et tantôt distantes. Ce fossile discoïde , très peu enveloppé, n’a dans les individus les plus grands et les plus complets que cinq tours de spire, qui décroissent avec rapidité, et dont ceux qui sont cloisonnées renferment de treize à qua- torze cloisons. L'ouverture présente au milieu des deux flancs, un lobe saillant. La large selle dorsale, peu arquée, a des deux côtés une faible inflexion ; vient après , au milieu des deux flancs, le lobe latéral aigu , ayant le jambage dorsal vertical , et le jambage ventral légèrement relevé en arc. La hauteur de la spire, sa largeur et son épaisseur, sont exactement indiquées dans la figure. Le siphon ventral est construit de la même manière que dans la Clymenia lævigata; souvent il laisse dans l'intérieur de la coquille un filet délié, qui forme une espèce de carène sur le dos des tours de spire précédens ; carène que l’on serait tenté de prendre pour le siphon dorsal d’une Goniatite ; il est cependant si peu adhérent, qu’on peut aisément l'enlever, sans endom- mager aucunement le têt. a, b, Individu complet ayant son têt. c. La cloison. 72 GEORGE DE MUNSTER. — Sur les Clymènes. PI. IL. fig. 3. a. Un individu dépourvu du têt et du tour de spire non cloisonné; les cloisons sont apparentes. Fig. 3. . Le même individu vu de profil, pour montrer la cavité en entonnoir et lesiphon. Fig. 3. c. Moule de cette cavité. 8. Clymenia sublævis, nob. pl. L fig. 7. a, b. de Schubelham- mer. Le têt est lisse, et ce n’est que rarement que l’on y aperçoit des traces de stries. Au reste cette espèce, quant au volume et à l'aspect, au nombre des tours de spire et des cloisons , à la forme des lobes, et du siphon, ressemble à la C/ymenia undu- lata à un tel point que je ne l'aurais citée que comme une va- riété lisse de l’espèce, si la rotondité du dos ne m'eût paru un signe important de distinction. Des recherches ultérieures décideront si elle ne doit pas être réunie à la Clymenia undu- lata. a, b. Individu complet. 9. Clymenia inæquistriata ,nob. pl. IL. fig. 2. a, b, c. de Schu- belhammer et de la carrière de marbre gris de Gattendorf près de Hof. Cette coquille a été décrite et figurée par M. Léopold de Buch, dans un mémoire sur les Lens et les Goniatites, Berlin 1832, page 46. pl. IT, fig. 10, 11 (1), sous le nom d’4m- monites inæquistriatus, dénomination au choix de laquelle j'ai peut-être donné lieu moi-même, l'ayant antérieurement nom- mée Goniatites inæquistriatus. Ce n’est que tout récemment qu'ayant trouvé des individus dont le siphon ventral et la selle dorsale étaient en évidence, je me suis convaincu que c'était une Ciymene. Cette coquille de trois à trois pouces et demi de diamètre, a sur les flancs de faibles plis onduleux, dans l'intervalle desquels on distingue deux à trois stries très déliées. Le dos déprimé est comme dans la Clymenia undulata, limité aux deux angles de la dépression par des filets linéaires, entre lesquels des stries très courbées dirigent leur convexité en arrière. Discoide, peu (x) Voir aussi Annales des sciences naturelles, 1° série, 1, xxx, p. 74, pl. 11, fig. 10, 11. , ‘ ——— GEORGE DE MUNSTER. — Sur les Clymènes. 73 enveloppée, cette espèce a dans des individus complets , six tours de spire qui décroissent rapidement. Plus d'une révolu- tion entière, les cinq quarts, et même un tour et demi sont, comme dans les espèces précédentes, dépourvus de cloisons ; les tours qui en ont, en comptent de quinze à seize. Les lobes de l'ouverture et le siphon ventral sont les mêmes que dans la Clymenia undulata. Ta selle dorsale est aussi large, mais un peu plus haute. Le lobe latéral est plus aigu et plonge plus profondément, ce qui fait que le jambage ventral se relève plus brusquement. a. Individu complet , réduit d’un tiers, ayant son têt et le lobe de l'ouverture. b. Fragment grossi du double. c. La cloison. Ce n’est que très rarement que l’on rencontre dans la carrière de Schubelhammer,une variété qui, en apparence, est lisse, mais qui , vue à la loupe, présente des stries déliées , onduleuses et très rapprochées; cependant les plis n'existent point. Cette Cly- mène semble servir d’intermédiaireentre les Clymenia sublævis, linearis et la Clymenia inæquistriata; dans ma collection, elle porte le nom de C/ymenia sublinearis. 10. Clymenia lineuris , nob. pl I. fig. 8. a, b. de Schubelham- mer. À l'œil nu, le têt parait être lisse, mais vu à la loupe, on y distingue des stries courbées, linéaires, très déliées, qui lais- sent entre elles un intervalle où deux à trois stries semblables auraient pu trouver place. Le dos déprimé , limité par des filets saillans, a comme la Clymenia undulata, des stries semi-circulai- res dont la convexité est dirigée en arrière; mais ces stries sont si distantes les unes des autres, que ce n’est qu'après avoir compté six stries latérales, que l’on rencontre une strie dorsale. Cette coquille discoïde, encore moins enveloppée que lestrois espèces précédentes, reste toujours plus petite qu’elles, n'ayant communément que d'un demi-pouce à un pouce et rarement un pouce et demi de diamètre. Les tours de spire, au nombre de sept, même dans les plus petits individus, décroissent len- lement, 94 GEORGE DE MUNSTER. — Sur les Clymènes. Le nombre de loges paraît être de treize à quatorze. La forme de l'ouverture , celle des lobes et du siphon ventral, est la même que dans le Cl/ymenia undulata. Quoiqu'’elle paraisse appartenir, avec les trois espèces précé- dentes, à un seul et même groupe, elle en diffère cependant par le nombre et la forme des tours de spire et desstries. a. Individu complet, adulte, vu latéralement, b. Le même individu vu de profil, pour montrer les stries du dos et les filets décrits dans la C/ymenia undulata. 11. C/ymenia parvula, nob. pl. IT, fig 4, a, b, de la car- rière de marbre rouge brunâtre de Elbersreuth, près de He:i- nersreuth. Cette espèce rare , qui reste toujours petite, n’a que deux àtrois lignes de diamètre. Le têt a des plis fins, courbés, irréguliers qui s'élèvent sans interruption en cône sur le dos ‘voûté, en présentant le sommet en arrière. Cette Clymène discoïde , non enveloppée, compte cinq tours de spire qui décroissent lentement. Il n’a pas été possible de déterminer avec précision la forme des lobes ni celle de l'ouverture sur les deux petits individus que l’on a trouvés jusqu’à présent. C’est la seule Clymène que l’on ait rencontrée jusqu'ici dans Ja carrière de marbre d’'Elbersreuth si riche en fossiles. a, b. Individu grossi du double, sa grandeur naturelle est placée au dessous. 12. Clymenia serpentina, nob. pl. IE, fig. 1, a, b, c. de Schu- belhammer , où elle est rare. Les individus adultes ont quatre pouces de diamètre. f Les stries du têt diffèrent beaucoup de celles des autres espèces. Des plis aplatis forment vers le milieu des flancs un angle obtus, avec des jambages recourbés en arrière. Entre ces plis, il y a beaucoup de stries linéaires très déliées. Vers le dos, les plis s’ar- rétent devant un faible sillon placé à une ligne de distance de la ligne médiane du dos, qui devient alors un peu tranchant par le rapprochement des deux flancs. C’est sur le dos que l'on aperçoit les stries déliées, se recourbant en arrière en forme de coupe. Cette coquille discoïde , peu enveloppée, a de neuf à dix tours GEORGE DE MUNSTER. — Sur les Clymènes. 75 de spire, dont ceux qui sont cloisonnés comptent jusqu’à quinze cloisons. Le pourtour de l'ouverture est pourvu, comme dans les espèces précédentes , de lobes proéminens. La selle dorsale hautement voüûtée, se rétrécit à son sommet, ayant des inflexions prononcées sur ses deux côtés. Le lobe la- téral qui se termine en pointe, n'est pas aussi haut que dans les espèces précédentes , et son jambage dorsal est moins vertical, Le jambage ventral atteint la même hauteur que la selle dorsale. a, b. Individu complet réduit d’un quart, c. La cloison. 13. Clymenia striata, nob. pl. IT , fig. 5. et pl. IL, fig, 2, 3, et 4. Cette espèce présente cinq variétés différentes, savoir : A. Clymenia costellata ; nob. pl. II, fig. 5, a, b, c. de Schu- belhammer. Le têtde cette Clymène qui a deux pouces de diamètre, a sur les flancs des côtes ou des plis falciformes, qui s’aplatissent vers le dos et finissent par disparaître insensiblement. Dans les tours de spire internes, on ne les aperçoit qu’à l'ombilic; entre ces côtes il y a des stries saillantes très déliées, à peine visibles à l'œilnu, qui, à quelques lignes de lombilic, se bifurquent et se dirigent sans interruption sur le dos déprimé, en se recour- bant en demi-cercle en arrière. Dans les moules, ces côtes font naître des sillons en forme de faux. La forme de cette coquille est plutôt discoïde que globuleuse, Les tours de spire dont cinq sont apparens, gagnent assez rapi- dement en hauteur; le dernier très large, ne laisse apercevoir qu'un quart des tours internes qui ont de treize à quatorze cloisons. : Les bords de l'ouverture sont falciformes à l'instar des côtes. La selle dorsale courbée en demi-cercle, a des deux côtés un enfoncement en forme de lobe, qui aux deux angles forme un coude aigu ; le lobe latéral est profond, son jambage dorsal plonge presque verticalement avec une faible cambrure; le jambage ventral est d’abord plus aplati et se termine par une forte courbure; vient ensuite une selle latérale large mais peu arquée , qui plonge fort en avant vers l'ombilic. 76 GEORGE DE MUNSTER. — Sur les Clymènes. Le siphon ventral est absolumentle même que dans la C£ un- dulata. a, b. Individu complet. c. La cloison. B. Clym. striata, nobis, pl. II, fig. 3. a, à, c. de Schu- belhammer. Des stries déliées, simples, tranchantes et onduleuses qui couvrent le têt, forment sur le dos arrondi un arc circulaire dont la concavité est dirigée en avant, et se replient ensuite sur les flancs en arrière à la même profondeur. Les individus que l’on a trouvés jusqu'ici n’ont qu'un pouce et demi de diamètre ; au reste, ils ressemblent à la CL. costellata pour la forme et le nombre des tours de spire et des cloisons; les lobes et les selles en diffèrent aussi bien peu. On serait tenté de croire que ce sont de jeunes individus de la première variété, chez lesquels les stries s’amincissaient et les côtes se formaient à mesure qu'ils avançaient en âge. C. Clym. semistriata, nob.: pl. HI, fig. 4. On lavait pris d’abord pour une Goniatite, et M. de Buch, dans le travail que nous avons cité, en fait encore mention sous le nom d’Æmmoni:- tes semistriatus. Ce fossile provient également de Schubelham- mer. Ce n’est réellement que le moule des deux variétés précé- dentes ; dès que le têt disparaît, on aperçoit sur les flancs des sillons fortement arqués qui sont probablement des indices d'accroissement ; des stries proprement dites, ne se voient que sur le dos, mais jamais sur les flancs, ce qui m'a déterminé d'abord à lui conférer le nom de G. semistriatus. D. Clym. plana, nob.: pl. IH, fig. 2. de Schubelhammer. Ce fossile se distingue par son tét qui est presque lisse, car on n’y aperçoit que des vestiges de côtes ou destries; il paraît ceperi- dant qu’elles n’ont disparu que par suite de la décomposition des couches extérieures du têt. E. Clym. umbilicata, nob.: de la même localité. Le dernier tour de spire est plus épais et pas aussi large que les autres, qui formentun ombilic assez profond; le têt est lisse. Ayant trouvé plusieurs individus de chacune de ces variétés , et les ayant comparées entre eux, j'ai acquis la certitude que tou- GEORGE DE MUNSTER. — Sur les Clymènes. 77 tes les cinq, bien qu’extérieurement différentes, appartenaient à une espèce principale, à laquelle je donne collectivement le nom de Clymenia striata. 14. Clymenia ornata, nob. Nouvèlle espèce provenant de Schubélhammer, qui se distingue par l'élégance des dessins du têt, et qui atteint à peine le diamètre d’un pouce. Le têt est pourvu de larges côtes saillantes qui cessent vers le dos, où l’on voit une dépression canaliforme. Des stries tranchantes et on- duleuses s'étendent sans interruption sur tout le pourtour du têt, et arrivées sur le dos étroit et bombé, s’infléchissent très peu en arrière. Cette espèce discoïde , peu enveloppée, présente quatre tours de spire qui prennent en hauteur un accroissement assez rapi- de. Le bord de l'ouverture répond à la forme des stries. On n’a pas encore déterminé avec précision les lobes et les selles. RÉCAPITULATION DES CLYMÈNES I. A LOBES PEU COURBÉS ET ARRONDIS. … . Clym. lœvigata. nob. 2. — . pygmea. nob. 3. — angustiseptala. nob. 4. — compressa. nob. 5. — in/lata. nob. IL. À LOBES LATÉRAUX SIMPLES ET ANGULEUX, ET À SELLES ARRONDIES. 6. Clym. planorbiformis. nob. 7. — undulata. nob. 8. — sublævis. nob. ge. — inæcquistriata. nob. 10. — linearis. nob. 11. — parvula. nob. 12. — serpentina. nob. 13 — striala. nob. Var. a. costellata. » b. striata. » c. sernistriala, 78 GFORGE DE MUNSTEn. — Sur les Clymènes. » d. plana. » e. umbilicata. — ornata. nob. _ ES B. GoniaTires. Goniatitea (de Haan.\ Les Goniatites du Fichtelgebirge qui me sont connues ont les caractères suivans : Le siphon étroit est placé sur le dos du cône spiral. Dans son état d'intégrité, le dernier tour de spire est, ainsi qu'une partie de l’avant-dernier, dépourvu de cloisons; viennent ensuite les . cloisons, dont les bords présentent des sinus (lobes et selles de formes semblables), qui sont ou faiblement ondulées, ou lin- guiformes, ou anguleux, Ni ces lobes, ni ces selles n’ont de contours déchiquetés ou dentés; ils sont au contraire toujours simples et non divisés. Comme on apercoit rarement le siphon, c’est le lobe dorsal qui fournit le moyen le plus sûr de distinguer les Goniatites des Clymènes dont le dos porte sur la ligne médiane une selle dor- sale, et jamais un lobe dorsal. De la même manière que ce lobe se porte en arrière sur le dos, on observe dans les Goniatites à têt strié, que les stries se courbent dans la même direction rétrograde, comme dans les Clymènes et les Nautilites, tandis que dans les Ammonites proprement dites, des terrains moins anciens, les stries dorsales se portent en avant. Les tours de spire sont ou entièrement enveloppés par le dernier , ou bien plus ou moins apparens. M. de*Haan forme deux familles fondées sur ce caractère; mais la transition est si insensible qu’il serait tout aussi difficile d'établir’ à la rigueur une ligne de démarcation entr'elles qu’entre les Ammonites et les Orbulites de Lamarck, qui se trouvent dans les terrains moins anciens. La forme et le nombre des lobes et des selles fournissent un moyen plus certain de grouper les Goniatites du Fichtelgebirge. Aussi admettons-nous , comme dans les Clymènes de la même localité, deux sections principales : I. Goniatites à lobes simples, peu courbés et arrondis, GEORGE DE MUNSTER. — Sur les Clymènes. 79 IT. Goniatites à lobes anguleux ou linguiformes, ayant un, deux ou trois lobes latéraux. Comme les Goniatites du calcaire de transition du Fich- telgebirge conservent souvent un têt assez épais, les cloisons sont rarement apparentes. Aussi pour les distinguer doit-on commencer par enlever avec soin le têt, ce qui rend très diffi- cile la subdivision naturelle des Goniatites d’après le nombre et la forme des lobes. Il y a en outre, entre ces deux sections, des transitions insensibles , et il y a même une espèce qui participe de l’une et de l’autre, ayant dans les tours de spire internes les cloisons de la première section, tandis que les derniers tours de spire présentent des lobes profonds en forme d’en- tonnoir. I. GONIATITES A LOBES SIMPLES, PEU COURBÉS ET ARRONDIS. Dans le Fichtelgebirge il n’y a que peu d’espèces de cette section et encore ne les rencontre-t-on que rarement. Leur grande ressemblance avec les Nautilites a été cause que ces fossiles sont si peu connus jusqu'ici et que, dans plusieurs col- lections , on les a pris pour des Nautilites. Nous devons leur connaissance plus intime à M. Léopold de Buch qui, dans son Mémoire sur les Goniatites ( Berlin 1832), en a figuré et décrit cinq espèces. Il est probable que dans les onze espèces de Nau- tilites du Mountain limestone, publiées par Sowerby, il y a aussi des Goniatites de cette section. À ma connaissance, au- cune des espèces décrites par M. de Buch ma été trouvée jusqu'à présent dans le Fichtelgebirge; celles qu’on y a rencon- trées me paraissent donc inédites. 1. Goniatites latus, nob. de la carrière de marbre gris de Gattendorf, près de Hof. Le têt converti en calcaire, paraît avoir été lisse. Cette Gonia- tite discoïide, enveloppée aux trois quarts, de trois pouces de diamètre , a le dernier tour de spire très large; les flancs , peu voûtés, ont à-peu-pres la même inclinaison vers l'axe , que vers le dos. L’ombilic est peu profond. Quoique ayant quelque res- 80 GEORGE DE MUNSTER. — Sur les Clymènes. semblance, en général, avecle Goniatites Noesserathi,Goldfuss, (de Buch Loc. cit. pl. 1, fig. 6,7,8), converti en pyrite, prove- nant de Dillenbourg, cette espèce est cependant proportionnelle- ment plus aplatie, et ses flancs ne s’inclinent point vers le dos, ce qui fait que sa plusgrande épaisseur n’est pas à lombilic, mais au milieu du tour de spire. Dans l'unique échantillon que je possède, on ne voit pas dis- tinctement le lobe dorsal. La faible courbure des lobes latéraux, simples .et légèrement arrondis, ressemble à celle du Goniati- tes Noeggerathi (de Buch. Loc. cit. pl. F, fig. 6). 2. Goniatiles angustiseptatus, nob. de la carrière de marbre gris foncé de Dürrewaid près Geroldsgrün. Je n’en ai pu ob- tenir jusqu'à présent qu'un seul fragment, qui malheureu- sement a été poli, et d’après lequel cette Goniatite paraît avoir eu une forme elliptique. Son volume doit avoir été con- sidérable, vu qué le tour de spire interne, qui était cloisonné, avait trois pouces et demi de hauteur. L’épaisseur du cônespiral était de plus d'un pouce. Comme l’on peut reconnaître trente cloisons dans les trois- quarts d’un tour de spire, il en résulte qu’à chaque révolution entière, on en comptait quarante. 3. Goniatites ovatus, nob. pl. IV, fig. 3, a-d. 11 parait que cette espèce est l'£Z/ipsolites ovatus de Sowerby, Miner. Conch. pl. 27. Elle provient de la carrière de calcaire brun rougeûtre de Gattendorf, où elle atteint un diamètre de un jusqu’à six pouces. On la trouve aussi dans le calcaire de transition de Schleitz. Cette Goniatite comprimée, entièrement enveloppée et dépourvue d’ombilic, a le têt lisse. Une vingtaine d'échantillons que j'ai examinés, avaient tous, sans exception, une forme elliptique de telle sorte, que la lon- gueur dépassait d’un quart la largeur. Le lobe dorsal est étroit, infundibuliforme , plus de deux fois plus profond que large. La selle dorsale courbée en arc presque semi-circulaire, est aussi profonde que large et plonge vers un lobe latéral de même vo- lume qui se rétrécit un peu à son extrémité, et qui remonte ensuite pour former une selle latérale plus grande , et fortement arquée. Par le développement de ses lobes, cette espèce se rap: h | l Il L GEORGE DE MUNSTER. — Sur les Clymènes. 81 proche de la section suivante des Gomiatites. Ses tours de spire sont au nombre de six , dont le dernier et la moitié de l’avant- dernier ne sont point cloisonnés; les autres comptent de trente-trois à trente-quatre cloisons. a, b. Individu réduit de la moitié de la grandeur moyenne vu latéralement, et du côté du dos. c. La cloison ; il est à remarquer que le lobe latéral a été représenté trop étroit. d. Coupe d'un individu incomplet de grandeur naturelle. 4. Goniatites hybridus, nob. pl. II, fig. 5. a, b, c, de la car- rière de marbre rouge clair de Hurtigwagen près de Gerlas, aux environs de Geroldsgrün. Je n’ai pu avoir jusqu’à présent qu'un individu endommagé de cette singulière Goniatite, sur lequel cependant les signes ca- ractéristiques sont si évidens et diffèrent à un tel point de ceux des autres Goniatites connues, que je n'hésite aucunement à en faire une espèce distincte, quoique je doute encore s'il appar- tient à la première ou à la seconde section, vu qu'il réunit les lobes caractéristiques de l’une et de l’autre. Il est entierement enveloppé , d’une forme elliptique allongée, au moins d’un tiers plus long que large. On y apercoit cinq tours de spire, dont le dernier et la moitié de l’avant-dernier sont dépourvus de cloi- sons; les autres ont des loges étroites, au nombre de trente dans chaque tour. Dans cette espèce, le lobe dorsal qui plonge en touchant le siphon, est cyathiforme, environ deux fois plus profond que large. La selle dorsale arrondie, un peu moins large que le lobe dorsal, s'incline ensuite vers l'axe, en for- mant un arc très étendu, de telle sorte qu'il devient impossible d'y distinguer soit un lobe latéral supérieur et inférieur , soit un lobe ventral. Dans le tour de spire cloisonné , qui approche le plusde l'ouverture, on voit évidemment un lobe latéral aigu, infundibuliforme, très profond. Dans l'individu figuré, ce tour de spire est si endommagé, que l’on ne peut voir ni le lobe dor- sal , ni la selle dorsale, ni le jambage ventral du lobe latéral. a. Individu de grandeur naturelle, vu de côté. b. Le méme individu vu du côté du dos. €. La cloison. IL, Zoor, — Aoït. 6 82 GEORGE DE MUNSTER. — Sur les Clymènes. 1. GONIATITES À LOBES AIGUS OU LINGUIFORMES. A. Goniatiles entièrement enveloppes , à un seul lobe lutéral aigu , infundibuliforme. 5. Goniatites undulosus, nob. pl. IV, fig. 5. a, b, c, d. de Gattendorf près de Hof. Le têt est couvert de stries très déliées, distantes les unes des autres ; elles sont onduleuses, et sur le dos se replient en arrière en entonnoir. Ce fossile est presque sphéroïdal , tout en s’appro- chant de la forme elliptique, aplati, entièrement enveloppé, sans ombilic et ayant à peine un pouce de diamètre. Le petit lobe dorsal est infundibuliforme, peu saillant, pas plus profond que large; la selle dorsale forme un arc étendu; vient ensuite le lobe latéral qui est du même volume que le lobe dorsal ; son jambage ventral, après avoir formé une courbe égale à celle de la selle dorsale sur la moitié du flanc, va rejoindre la suture en se penchant légèrement vers l'intérieur. On ne voit aucun vestige ni d’un second lobe, ni de lobes auxiliaires. Les lobes aussi bien que les selles sont peu développés, tant dans les der- uiers tours de spire, que dans ceux qui les précèdent, ce qui fait que cette Goniatite se rapproche beaucoup de la section pré- cédente. Dans un individu qui a été poli, on voit cinq ou six tours de spire, dont ceux qui sont cloisonnés ont environ vingt loges. a, b, c. Individu de grandeur ordinaire, ayant conservé son têt, vu de divers côtés. d. Ta cloison. 6. Goniatites sublævis, nob. pl. IV. fig. 4, a, b, c. de Gat- tendorf ; on le trouve aussi dans le calcaire brun de transition de Schleitz. | . Le têt lisse montre rarement des vestiges de stries ayant l’ap-! parence de stries d’accroissement. Cette Goniatite, quant à la | forme, diffère très peu de la précédente, quoiqu'elle. semble |} devoir atteindre un plus grand volume. La différence principale consiste dans la forme des lobes. GEORGE DE MUNSTER. — Sur les Clymènes. 83 Le lobe dorsal, en forme d’entonnoir , est en proportion plus grand que celui du Gon. undulosus. Ta selle dorsale décrit un arc dont les extrémités tendent à se rapprocher ; la paroi laté- rale plonge du double plus bas queda paroi dorsale, ce qui fait que le lobe latéral, en forme d’entonnoir, devient lui-même deux fois plus grand que le lobe dorsal. Il est à parois égales, d’où il résulte que la selle ventrale est de la même hauteur que la selle dorsale, et qu’elle forme un arc fortement voüté avec la paroi ventrale très étendue. Sans cette différence des lobes, j'aurais réuni le Gon. undu- losus et le Gon. sublævis en une seule et même espèce, car il y a aussi entre eux analogie parfaite dans le nombre de leurs tours de spire et de leurs cloisons. a ; b. Individu de grandeur moyenne. c. Bord du disque cloisonnaire. 7. Gontatites globosus , nob. pl. IV. fig. 6, a, b, cc, d, e. de Gattendorf près Ge Hof. Des stries d’accroissement, distantes les unes des autres, se dirigent de l'axe vers Le dos et finissent par disparaitre. Cette Goniatite qui est entièrement enveloppée et qui a de trois quarts à un pouce et demi de diamètre, présente différentes variétés ayant la forme tantôt sphérique, tantôt cylindrique, tantôt elliptique. À son axe elle est pourvue d’un ombilic profond. Le lobe dorsal infundibuliforme est à-peu-près aussi profond que large. La selle dorsale décrit un arc semi-circulaire, dont la paroi latérale est un peu plus courte que la paroi dorsale, de sorte que le lobe latéral, également infundibuliforme, ne plonge pas aussi bas que le lobe dorsal. La paroi ventrale du lobe latéral s'élève par une légère courbe deux fois plus haut que la selle dor- sale. Sur un individu qui a été poli, on distingue de huit à neuf tours de spire, dont le dernier etla moitié del’avant-dernier sont dépourvus de cloisons. Les autres comptent jusqu’à vingt loges. a; b. Individu de forme elliptique, de grandeur moyenne, ayant son têt. c. Individu de forme cylindrique. d. Individu de forme sphérique. e. Cloison dont la forme est identique dans les trois variétés. 0° 84 GEORGE DE MUNSTER. — Sur les Clymènes. Le dessinateur a représenté le lobe latéral un peu trop pro- fond. 8. Goniatites sublinearis, nob. pl. IV. fig. 7. a, b, c. de Gattendorf près de Hof. Cette Goniatite de deux pouces et demi de diamètre, est cou- verte de stries très fines et très rapprochées ; elle est presque sphérique, un peu comprimée , entièrement enveloppée et dépourvue d’ombilic. Le lobe dorsal est cyathiforme, très étroit, et au-delà de deux fois plus long que large. Les deux selles dorsales réunies forment ensemble un grand arc semi-circulaire qui embrasse la moitié de l'épaisseur du cônespiral, et qui est partagé en deux parties égales par l’étroit lobe dorsal, de telle manière que la paroi dorsale de la selle tombe presque verticalement. Le lobe latéral est infundibuliforme, large, un peu plus profond que le lobe dorsal. La-selle ventrale décrit aussi un arc semi-circulaire à pa- rois assez égales, mais elle est d’un tiers moins profonde que la selle dorsale. Le dernier tour de spire est deux fois plus large que l’avant- dernier. Cette Gouiatite a un tour et demi de spire dépourvu de loges; chacun des autres tours compte de quatorze à quinze cloisons. à a, b. Individu complet réduit de moitié. c. La cloison. Y. Goniatites linearis, nob. pl. V. fig. 1. a, b, c, d. de Geï- gen près de Hof et de Schubelhammer. & Les stries du têt, le volume et la formeextérieure sont absolu- ment les mêmes que dans le Goniatites sublinearis , dont cette espèce diffère pourtant essentiellement par la disposition des lobes et par la largeur du dernier tour de spire. Le lobe dorsal, trois fois plus profond quelarge, plonge vers le lobe suivant en forme de langue. La selle dorsale, très concave, décrit une courbe semi-circulaire, un peu moins profonde que large , et occupe le tiers du flanc; sa paroilatérale est plus courte que sa paroi dorsale correspondante qui se recourbe en dedans, d’où il résulte que le lobelatéral aigu, infundibuliforme, est aussi plus court quelelobe dorsal. La selle ventrale forme un arc semi-circulaire, un peu GEORGE DE MUNSTER. — Sur les Clymènes. 85 relevé d’un côté, et qui occupe les deux tiers du flanc; elle est aussi profonde que la selle dorsale. Le dernier tour de spire n’est que d'un tiers plus large que lavant-dernier ; un tour et demi est dépourvu de cloisons, les autres en comptent de douze à treize. a, b. Individu complet réduit de moitié. c. La cloison, d’après un individu de grandeur naturelle. d. Fragment qui présente les stries linéaires dans un individu de grandeur naturelle. 10. Goniatites subsulcatus , nob. pl. V. fig. 2. a, b, c, d. de Schu- mer et de Gattendorf. Cette coquille sphérique, plus ou moins comprimée, entière- ment enveloppée , pourvue d’un ombilic très petit, atteint jus- qu'à deux pouces de diamètre, et a le têt complètement lisse. Sur le moule interne on voit à chaque révolution spirale de trois à quatre profonds sillons dont on ne distingue sur le têt qu’une faible impression. Le lobe dorsal linguiforme , deux fois et demie plus profond que large, plonge jusqu’à la selle dorsale (r), qui ne diffère au- cunement de celle du Gon. linearis. Le lobe latéral infundibuli- _ forme, renflé des deux côtés, devient presque linguiforme ; aussi profond que large, ila les mêmes dimensions que le lobe dor- sal (2). La selle ventrale arquée est de la moitié plus large que la selle dorsale. Cette coquille ne paraît avoir que cinq tours de spire , dont le dernier et la moitié de l’avant-dernier ne sont point cloisonnés ; chacun des autres a de douze à quatorze loges, | a, b. Individu complet ayant son têt, réduit de moitié. c. Avant-dernier tour de spire d'un moule interne, de gran- deur naturelle, montrant les sillons et les cloisons. d. La cloison, chez un individu de grandeur naturelle. 11. Goniatites sulcatus, nob. pl. IV. fig. 1. a, b, c. de Schubel- hammer. ; Sur le têt lisse de chaque tour despire, on aperçoit trois im- (*) L'auteur entend probablement la selle dorsale de la cloison précédente. (Note du tradusteur.) (2) Ces trois derniers caracteres sont peu distincis dans la figure. (Id: m.) 86 GEORGE DE MUNSTER. — Sur des Clymènes. pressions en gouttière qui forment sur le moule de profonds sillons. Cette coquille est comprimée, sphérique, entièrement enveloppée; sans avoir un ombilic profond, proprement dit, elle a vers le milieu, autour del’axe, une dépression qui le rem- place, de manière que le dos légèrement arrondi est plus large que l’axe, ce qui est en opposition avec ce que l’on voit dans la plupart des Goniatites à forme sphérique. Le lobe dorsal étroit , aigu, linguiforme, est à-peu-près trois fois plus long que large; la selle dorsale est profonde et étroite, arrondie à sa partie su- périeure , latéralement courbée en dedans et deux fois plus lar- ge que le lobe dorsal. Le lobe latéral a absolument la même forme, profondeur et largeur que le lobe dorsal (1); sa paroi ventrale se termine en une grande courbe qui s'élève et qui oc- cupe les deux tiers du flanc. | Cette Goniatite, tout récemment trouvée, varie en volume de- puis deux lignes jusqu’à un pouce et demi de diamètre. De ses huit ou neuf tours de spire, le dernier et la moitié de l'avant-dernier , ne sont pas cloisonnés; chacun des autres a de treize à quatorze loges. a, b. Individu de grandeur naturelle ayant son têt , mais dé- pourvu de la partie non cloisonnée. c. La cloison. 12. Goniatites divisus, nob. pl. IV. fig. 8. a—c. de Gatten- dorf et de Geïigen près de Hof. Cette Goniatite, d’une jusqu’à huit lignes de diamètre, abonde dans ces deux localités ; elle se trouve spathifiée dans un calcaire gris foncé, qui, étant poli, en est tout tacheté. Le têt est couvert de stries linéaires très déliées. Sur le flanc, il y a trois gouttières profondes qui divisent la coquille en trois compartimens presque égaux. Ces gouttières qui, vers l'ombilic, présentent le plus de profondeur, finissent par disparaitre vers le dos. Dans les tours de spire internes, on ne voit quelquefois que deux gouttières. Cette coquille est sphérique , plus ou moins comprimée sur les flancs, entièrement enveloppée et pourvue d’un petit ombilie. (x) Dans la figure, on a représenté le latéral un peu plus long que le dorsal. (Note du traducteur.) GEORGE De MuNsrer. — Sur les Clymènes. 87 Ses lobes la distinguent essentiellement des sept espèces pré- cédentes de cette section, qui toutes ont des selles dorsales ar. rondies, tandis que celle-ci a , à côté du lobe dorsal large, aigu, infundibuliforme, des selles dorsales aiguës , également de la même forme et qui sont aussi larges que profondes. Le lobe latéral a pareillement la forme d'un entonnoir et pré- sente le même aspect et le même volume que le lobe dorsal , à la différence près, que la paroi ventrale se courbe en demi-cer- cle et donne par là à la selle ventrale la forme d’un arc qui sé- lève par une de ses extrémités , et qui occupe les deux tiers du flanc. Elle a de huit à neuf tours de spire ; ceux qui sont cloison- nés , ont de quatorze à quinze loges apparentes. a, b, c. Individu complet, de grandeur ordinaire, vu de trois côtés. d, La cloison. e. Fragment grossi pour faire voir les stries. B. Goniatites entièrement enveloppées , à deux lobes latéraux. 13. Goniatites Münsteri. de Buch. pl. V. fig. 3. a,b, c. et L.. de Buch, sur les Goniatites; pl. I, fig. 5, p. 65 (de la traduction française }, de Schubelhammer, où on trouve cette espèce très rarement. Son têt est tout-à-fait lisse et épais. Entièrement en- veloppée, elleaunombilicen entonnoir, qui devient si étroit que : l’on ne distingue rien des tours internes; sa forme est presque sphérique et comprimée des deux côtés. Les individus adultes et complets, peuvent avoir de trois à quatre pouces de diamètre. Ainsi que les deux lobes latéraux, le lobe dorsal est lingui- forme, étroit, deux fois plus profond que large , et il atteint un peu plus que les trois quarts dela profondeur du lobe latéral supé- rieur. La selle dorsale pluslarge que le lobe dorsal est arrondie à sa partie supérieure. Le lobe latéral supérieur , linguiforme , est plus large et plus profond que le dorsal. La selle latérale est un peu plus hante et plus large que la selle dorsale, dont elle a la forme arrondie, Le latéral inférieur plonge vers le milieu du flanc, un peu plus bas que le latéral supérieur ; sa paroi ventrale se courbe 88 (GEORGE DE MUNSTER. — Sur les Clymènes. ensüite en arc pour traverser la seconde moitié du flanc jusqu'à la suture, en s’inclinant légèrement vers l’intérieur ( lombilic). Dans l'individu que j'ai sous les yeux, il n’est pas possible de déterminer le nombre des tours de spire. Les cloisons sont si distantes les unes des autres, que l’on en compte à peine de neuf à dix dans un tour de spire. a ,b. Individu de grandeur moyenne, réduit de moitié, ayant son têt. c. La cloison. 14. Goniatites planidorsatus, nob. du calcaire brun de transi- tion de Gattendorf. Cette espèce est tellement comprimée que sur trois quarts de pouce de diamètre, elle n’a que deux lignes d'épaisseur. Son têt, quoique uni, fait voir à la loupe des stries d’accroissement ondulées et irrégulières ; elle est discoïde, entie- rement enveloppée, ayant à son axe un large ombilic dont le bord, dans quelques individus, est surmonté de petits tuber- cules; le dos est parfaitement aplati. Cette espèce n’a qu’un seul lobe latéral qui est infundibuli- forme; quant aux autres lobes et aux selles, on ne peut pas les distinguer sur les individus que je possède. 15. Goniatites orbicularis , nob. pl. V.fig. 4. a,b,e. CetteGoniatite provenant deSchubelhammer, que j'avais prise d'abordpourunesimple variété du Goniatites Münsteri, présente, àaunobservateurattentif, des différencessiimportantes que j'aidû l'en séparer. Ce fossile a, à la vérité, aussi un têt épais, lisse, il est de la même taille et tout aussi complètement enveloppé que dans le G. Münsteri, mais il a une forme beaucoup plus sphérique; quoique de la même hauteur, il est de moitié plus large ;le dernier tour de spire dépasse de beaucoup latéralement en épaisseur les tours précédens ; l’ombilic dès son origine est très étroit, sans avoir l'ouverture en entonnoir; l'axe est plutôt bombé que comprimé. Ses lobes, qui ont la même disposition que dans le G. Münsteri, au lieu de se terminer en pointe, sont arrondis au sommet et sont plutôt cyathiformes que lingui- formes. Les cloisons sont aussi plus rapprochées, de sorte qu'on en compte de douze à treize dans chaque tour de spire. Les deux individus qu'on a trouvés jusqu'ici, ont des carac- GEORGE DE MUNSTER. — Sur les Clymènes. 89 tères identiques et ne présentent rien qui puisse autoriser à les considérer comme un passage au G. Munsteri. a, b. Individu réduit comme le précédent. c. La cloison. 16. Goniatites contiguus , nob. pl. IV. fig. 2. a, b, c. provient aussi de Schubelhammer À têt lisse, entièrement enveloppé et ressemblant, quant à sa forme, au G. Münsteri dont ils’éloigne néanmoins tout autant que le G. orbicularis ; cette espèce est dépourvue d’ombilic; à en ju- ger parles trois individus trouvés jusqu'ici, elle est constamment d’un tiers plus petite que les deux espèces précédentes, dontelle diffère aussi par la taille et le rapprochement des lobes. Le dorsal court etétroitest à-peu-près de moitié plus profond que large. La selle dorsale, deux fois aussi large quele lobe dorsal, est arrondie à sa partie supérieure. Le latéral supérieur, presque linguiforme et très pointu, est deux fois plus profond que le dorsal; sa paroi latérale est d'un quart plus haute que la paroi dorsale. La selle laté- rale étroite et arrondie, qui occupe exactementle milieu duflanc, est d’un tiers plus haute que la selle dorsale. Le latéral inférieur, étroit, infundibuliforme, est d’un tiers plus court que le latéral supérieur ; la selle ventrale déployée en arc, n’occupe pas tout- à-fait la troisième partie du flanc jusqu’à la suture, et se penche faiblement vers l'axe de la coquille. Dans quelques individus, les parois dorsales des lobes laté- raux supérieurs se rapprochent tellement, qu’elles semblent délimiter les bords du dos par deux lignes droites longitudinales. Dans quelques jeunes individus de ma collection, ce rapproche- ment des lobes n’a pas lieu complètement. Les cloisons sont cependant encore assez distantes les unes des autres, et on en peut compter de douze à treize sur chaque tour de spire. a. Individu privé du dernier tour de spire et d’une partie du têt, b. Région dorsale du même individu. c. La cloison. 90 GEORGE DE MUNSTER. — Sur les Clymènes. C. Goniatites non enveloppées , à trois lobes latéraux. 17. Goniatites speciosus, nob. pl. V. fig. 5. a, b, c. de Schubelhammer et d'Elbersreuth. L. de Buch, sur les Goniatites , p. 97, pl. Il. fig. 7 (de la tra- duction française). Cette grande et belle Goniatite présente plusieurs variétés et atteint un diamètre de six à dix pouces. Non enveloppée, beaucoup pius haute que large, aplatie, elle a de quatre à cinq tours de spire, dont l'accroissement en hau- teur est assez rapide. Le dernier tour, plus un quart de l’avant- dernier, sont dépourvus de cloisons; les autres en comptent chacun jusqu’à trente. Dans de grands individus adultes, le dernier tour de spire est ordinairement large et tout uni, tandis que les tours précédens portent sur leurs flancs de trente-cinq à quarante-deux côtes ou plis, simples et larges, saillans vers la suture, et finissant par disparaître sur le dos uni et peu courbé. La description exacte des lobes dans cette section des Goniatites du Fichtelgebirge, exige une grande attention, car leur forme ne demeure pas tou- jours invariable ; les lobes des tours internes diffèrent quelque- fois de ceux des tours externes, et cette différence devient en- core plus sensible quand la coquille est altérée ou roulée. Les lobes, même du dernier tour cloisonné d’un grand individu complet, ne sont pas toujours parfaitement identiques. Le lobe dorsal est infundibuliforme, large et court ou bien étroit etpro- fond, mais toujours beaucoup plus court que le premier latéral. La ele dorsale est aiguë , conique, et ordinairement aussi large que haute. Le premier lobelatéral est aigu, infundibuliforme , sa paroi dorsale 11a que la moitié de la profondeur de sa paroi ventrale qui s’élève à une première selle latérale de forme an- guleuse, et deux fois aussi haute que la selle dorsale. Le second lobe latéral, infundibuliforme, très aigu, est le plus grand de tous; il plonge d’un tiers plus bas quele premier latéral et il est presque trois fois plus profond que le lobe dorsal ; sa base est aussi beau- coup plus large, sans être cependant aussi large que le lobe est profond. Sa forme d'entonnoir est souvent un peu modifiée GEORGE DE MUNSTER. — Sur les Clyrnènes. O1 par l'existence d’un coude inférieur. La seconde selle latérale, également anguleuse, atteint à-peu-près la hauteur de la pre- mière selle dorsale. Le troisième lobe latéral plonge ensuite jus- qu’à la moitié de la profondeur du second, et se relève par une courbe peu prononcée vers la région ventrale, où il se Joint à la suture. a, b. Individu de grandeur ordinaire réduit au quart de sa grandeur naturelle, c. La cloison où l'on à figuré le lobe d orsal un peu trop large et un peu trop court. 18. Goniatites subarmatus, nob. pl. VI. pes . a, bd, c. de Schubelhammer. Cette rare et belle coquille, de rs pouces de diamètre, est presque discoïde, nullement enveloppée; elle a huit à neuf tours de spire qui prennent un accroissement lent en hauteur et dont ceux qui sont cloisonnés présentent au moins de vingt à vingt-cinq loges. Le dernier tour dépourvu de cloisons, presque lisse, n’offre que de faibles vestiges de côtes ou de tubercules, qui deviennent de plus en plus apparens dans les tours précédens;les tours internes ont chacun de vingt-qua- tre à vingt-huit côtes inégales et plissées, dans l'intervalle des- quelles on observe des stries déliées, suivant la même direction. Les côtes sont très irrégulières, garnies de tubercules ou d'épi- nes plus ou moins grandes. Le lobe dorsal étroit, infundibuli- forme, est trois fois aussi profond que large, et plus de deux fois plus profond que le premier lobe latéral. La selle dorsale, anguleuse, est aussi large que haute;sa paroi latérale est de moitié plus petite que sa paroi dorsale. Le pre- mier lobe latéral est infundibuliforme, très court , beaucoup plus large que profond; son sommet tombe en dehors du bord dorsal de la spire; sa paroi latérale est plus élevée que sa paroi dorsale. La première selle latérale, anguleuse, est plus haute que la seconde et que la selle dorsale. Le second lobe latéral, le plus grand de tous , est long , étroit, presque D dioune ; il plonge plus bas que le lobe dor- sal, et est trois fois plus profond que le premier latéral. Ses deux parois sont quelquefois un peu courbées en dehors. La 02 GEORGE DE MUNSTER. — Sur ies Clyrnènes. seconde selle latérale est étroite et anguleuse, ayant sa paror ventraie de moitié plus petite que sa paroi dorsale. Le troisième lobe latéral est infundibuliforme, deux fois aussi profond que le premier , et de moitié plus court que le second latéral. a, b. Individu complet, réduit au quart. c. La cloison. 19. Goniatites maximus, nob. pl. VI. fig. 2. « Je n'ai pu détacher qu'un fragment de cette très grande Go- niatite, qui a plus d’un pied de diamétre et qui était engagée dans un bloc de marbre compacte de la carrière de Schubelhammer. À en juger d’après ce fragment, le têt épais des derniers tours de spire est lisse, etle dos est aigu. Il paraît cependant que dans les tours internes , le dos devient plus arrondi. La forme anguleuse du large dos me porte à considérer cette Goniatite comme une espèce particulière. Ses lobes ont sous plusieurs rapports de l’analogie avec ceux du Goniätites subarmatus ( voir pl. VI, fig. 2, c ) à la différence près, que le sommet du premier lobe latéral ne tombe pas sur l'angle du dos , mais tombe tout-à-fait sur le flanc de la spire. En faisant une section dans un plan vertical , on aperçoit un lobe ventral. 20. Goniatites planus , nob. pl. VI. fig. 3. a, b, c. de Schu- belhammer. Quoique cette Goniatite offre, quant à sa forme extérieure, quelque ressemblance avec le Goniatites speciosus, on peut cependant la distinguer par des caractères essentiels. Elle n’at- teint qu'un diamètre de deux à trois pouces; elle est très com- primée, à tel point que les tours internes n’ont à peine qu’une li- gne d'épaisseur. Le dos est arrondi, les flancs de ses quatre ou cinq tours de spire ne sont point bombés, mais entièrement aplatis. Le têt est couvert de stries très déliées, rapprochées, irrégulièrement onduleuses, laissant voir de distance en distance des vestiges de rides qui suivent les mêmes sinuosités. Le lobe dorsal est presque cyathiforme, deux fois aussi pro- fond que large. La selle dorsale a la même forme renversée, mais elle est un peu plus large et plus arrondie. Le premier lobe latéral est également plus profond et plus large que le dorsal. GEORGE DE MUNSTER. — Sur les Clymènes. 93 La selle latérale estexactement comme la selle dorsale; cepen- dant sa paroi ventrale est un peu plus haute que sa paroi dor- sale. Le second lobe latéral, le plus long et le plus large de tous, a plus que les autres une forme d’entonnoir; la dimen- sion de sa base égale presque celle de sa profondeur. La selle ventrale a la même hauteur et la même largeur que le second lobe latéral ; mais sa paroi ventrale est courbée en dedans. Le troisième lobe latéral infundibuliforme, se termine en pointe ; à la moitié de sa hauteur, il se coude pour se pencher vers la région ventrale. En général, les trois lobes latéraux sont loin de présenter, quant à leur volume, les différences que l’on observe dans les autres espèces qui constituent cette section des Gonia- üutes. Dans le dernier tour de spire cloisonné, on compte de vingt à vingt-deux loges. a, b. Individu moitié de la grandeur naturelle. c. La cloison. 21, Goniatites spurius, n0b. d'Elbersreuth et de Schubelham- mer. Elipsolites compressus? Sowerby, pl. XXX VIII. Cette grande Goniatite, de six à huit pouces de diamètre, forme le passage entreles Goniatites speciosus, subarmatus et planus; elle a la forme du premier, les cloisons du. second, et les stries du dernier. Dans de grands individus, le têt épais des derniers tours de spire est lisse, tandis que les tours internes présentent des plis sinueux entre lesquels ont voit des stries déliées. Les jeunes individus conservent ce caractère, même dans les derniers tours de spire. Cette coquille a quatre ou cinq tours de spire, qui prennent un accroissement rapide en hauteur; le dernier tour, plus un quart de l'avant-dernier, sont dépourvus de cloisons; les autres comptent de trente-six à quarante loges étroites. Les plis sinueux se présentent tantôt sous l'aspect de fortes côtes , tantôt comme des saillies aplaties; dans quelques indivi- dus, les plis, même des tours intérieurs, sont imperceptibles, au point que ces individus paraissent lisses, et c’est alors qu'ils ressemblent à l'EZ/ipsolitescompressus de Sowerby, pl. XXXVIIT. Le dos du dernier tour de spire est déprimé, ou au moins très 94 GYORGE DE MUNSIER. — Sur les Clymènes. peu arrondi; dans les tours précédens, il est un peu concave, de façon à présenter une gouttière peu profonde. Le lobe dorsal, la selle dorsale et le premier lobe latéral, ainsi que la selle qui le suit, ont le même volume et la même forme que ceux du Goniatites subarmatus; le second lobe latéral est proportionnellement un peu plus large , et sa paroi ventrale est plus courbée; la selle ventrale est aussi un peu plus large. Mais ces différences disparaissent dans les tours internes qui ne sont plus aussi larges, de sorte qu'on pourrait aisément confondre ces deux espèces , si dans le Goniatites subarmatus, Vaccroisse- ment des tours de spire n'était pas deux fois moins rapide, et sile nombre des loges n’était pas d'un tiers moindre que dans l’es- pèce qui nous occupe. Des recherches ultérieures sur des échan- tillons complets, décideront si le Goniatites spurius devra sub- sister comme une espèce particulière, ou bien sil doit ap- partenir à une de celles de cette section que nous venons de décrire. Indépendamment des espèces décritessous les n°’, 12,13, 14, 15 et 16;, nous croyons devoir placer aussi dans cette section l'espèce suivante : 22. Goniatites binodosus, nob. pl. V. fig. 6. a, b. de Schu- belhaminer. Cette coquille se distingue des autres espèces par deux ran- gées de tubercules, placés sur les flancs comprimés de la spire, qui n'est pas large. © Jusqu’à présent on n’a trouvé que le fragment qui a été figuré, et qui est recouvert d’un têt épais, ce qui rend les cloisons in- visibles. Le dos est très peu courbé. Une section transversale du tour de spire donne une forme quadrangulaire à-peu-près équi- latérale. Outre les espèces que nous venons de décrire et de figurer, jai dans ma collection plusieurs individus, provenant du Fichtelgebirge, qui ne sauraient être placés dans les espèces précédentes. Comme leurs lobes ne sont point distincts, il est douteux à quelle section ils appartiennent. GEORGE DE MUNSTER. — Sur les Clymènes. 95 III. ESPÈCES DOUTEUSES. 1. Goniatites annulatus, nob. pl. VI. fig. 4. du calcaire gris- noir de Regnitzlosau près de Hof. L’individu que je possède est très petit; quoique le tour de spire non cloisonné manque, on compte cependant six à sept tours qui prennent un accroissement lent; l'intérieur ayant été converti en spath calcaire, les cloisons ne sont plus apparentes. On voit sur chaque révolution spirale vingt-quatre à vingt-six côtes saillantes, annulaires, et chacune est accompagnée de trois ou quatre stries plus faibles. La forme de la coquille est discoïde ; elle n’est pas enveloppée; les flancs et le dos sont cir- culairement arrondis. Fig. 4. Individu grossi. 2. Goniatites subnodosus, nob. pl. VI. fig. 5. de la carrière de iwarbre d'Elbersreuth. On n’a trouvé jusqu'ici de cette Goniatite qu’un seul individu, très petit, qui par sa forme extérieure, ressemble au Goniatites carbonarius. de Buch. pLIT, fig. 9” (1 ) Letêt est cependant dé- pourvu de stries et les AE au bord interne (près de la suture) sont proportionnellement plus prononcés et moindres en nombre , puisque dans une révolution spirale, il n’y en a que de onze à douze, tandis que de petits individus du Gonia- titles carbonarius en présentent de vingt-quatre à vingt-cinq. Le dos, qui n’est pas aussi large que dans le Goniatites carbo- narius, est plus aigu, comme dans le Goniatites Becheri. ( de Buch, pl. IT, fig. 2.) (2). Il parait que cette espèce demeure constamment très petite, puisque les débris du tét uni sont très épais. L'individu que je possède présente non-seulement les tours internes , mais aussi le dernier tour non cloisonné. Fig. 5. Individu grossi, dont les tours internessont recouverts par la roche. (1) Voy.t. XXIX, Ann. des sc. nat. (a) 1bidem. 96 GEORGE DE MUNSTER. — Sur les Clymenes. 3. Goniatiles compressus, nob. du marbre rouge-brun d'El- bersreuth, où je n’ai trouvé jusqu'ici qu'un petit individu; mais jen ai rencontré plusieurs de grandeurs différentes, de trois à quinze lignes de diamètre, dans la mine de Martenberg, près d’Adorf, pays de Waldeck, où cette Goniatite abonde dans un dépôt de fer oligiste lithoïde, (Rofheisenstein). L'individu provenant d’Elbersreuth, présente des stries déliées, sinueuses, qui ne sont visibles qu’à La loupe; tandis que ceux de Marten- berg ont le têt et le moule intérieur parfaitement lisses, Cette coquille est comprimée, très enveloppée et discoïde ; son ac- croissement en hauteur est excessivement rapide , tandis que son accroissement en épaisseur est minime. Malgré toutes les re- cherches, il a été impossible de découvrir sur les moules des traces de lobes; ce n’est que dans un tour de spire fracturé que l'on peut distinguer deux lobes latéraux séparés par une large selle latérale, ce qui semblerait autoriser à placer cette espèce dans la section IL, B. 4. Goniatites gracilis, nobis. de la carrière de marbre gris- noir de Schwarzenbach am Wald. Sur un petit morceau de marbre poli, on voit douze individus que j'ai pris d’abord pour le G. divisus mais après un examen plus attentif, je n’ai pas pu trouver la moindre trace de gouttière. Le Goniatites gracilis n’aaussi que quatre à cinq tour de spire, tandis que le Goniatites divisus en a de huit à neuf; ce dernier a, dans chaque tour cloisonné, vingt loges, tandis que le premier n’en a que quatorze ou quinze. Les lobes ne sont pas apparens. J'ai reçu de plusieurs autres carrières de marbre, et des échantillons polis, et des fragmens de diverses espèces que je me réserve de décrire et de figurer , lorsque j'aurai obtenu des indi- vidus mieux conservés. D'ici là les descriptions que je viens de donner pourront être complétées ou bien même rectifiées, et elles feront, en temps et lieu, partie de l'ouvrage sur les fossi- les de M. Goldfuss. J'ai trouvé dans les étages inférieurs du calcaire de transition du Fichtelgebirge, indépendamment des objets décrits dans ce Mémoire et qui consistent en GEORGE DE MUNSTER. — Sur les Clymènes. 97 14 espèces de Clymènes (1) 26 » de Goniatites (2), LES FOSSILES SUIVANS. 1» Serpule, 4 » Encrines, 27 » Gardiacées, 11 » Myuülacées, Malléacées et autres bivalves non déterminables, ES Térébratules, 8 » Patelles, à edélé Natices, Evomphales et Cirrus, Turritelles Turbos et autres espèces de Phytiphages (Lamk. ), sans aucune espèce de Zoo- phages ( Lamk.) (3), = RE Bellerophes, 22 » Orthocères, 14 » Trilobites Total 158 espèces trouvées. RÉCAPITULATION DES GONIATITES. FA LOBES SIMPLES, FAIBLEMENT SINUEUX ET ARRONDIS. 1. Goniatites latus. nob. 2 — angusliseptatus, nob. KL. — ovatus, nob. % — hybridus, nob. (1) Le mémoire original porte ici, par faute d'impression, 15 espèces de Clymènes , tandis qu'il n’y en a que 13 de décrites dans le texte. Dans la traduction il y en a 14 de décrites par suite d'une communication particulière faite au traducteur par M. de Münster, (Note du traducteur.) (2) Par suite d’une communication particulière faite au traducteur par M. de Münster, il y a 26 espèces de Goniatites décrites dans la traduction, au lieu de 25 que présente le mémoire original, (Note du traducteur. ) (3) Je répète ici une observation que j'ai déjà faite, c'est que, après avoir étudié avec soin dans ma collection 160 espèces de Tr anciennes que le Lias, je n'y Zoophages. IT, Zoor, — Août, achélipodes (Lamk), appartenant à des formations plus ai reconnu que des Phytiphages (Lamk.) et jamais de véritables (Note de l'auteur.) “ en) GEORGE DE MUNSTER. — Sur les Clymènes. IT. À LOBES AIGUS QU LINGUIFORMÉS. A. Entièrement euveloppées, à un seul lobe lateral anguleux , infundibuli- forme. 5. Goniatites undulatus. nob. 6. — sublœuws, nob. 7- — globosus, nob. 8. — sublinearis, nob. 9. — linearis, nob. 10. — subsulcatus, nob. TRE — sulcatus, nob. 12. — divisus, nob. B. Entièrement enveloppées, à deux lobes latéraux. 13. Goniatites Minsteri de Buch. 14. — planidorsatus, nob. 19: — orbicularis, nob. 16. — contiguus, nob. C. Non enveloppees, à trois lobes latéraux. 17. Goniatites speciosus, nob. 18. — subarmatus, nob. 19. — Maximus, nOb. 20. — planus, nob. 21. — spurius, nob. 22. _ binodosus, nob. IIT. EsPÈCEs DOUTEUSES. 23. Goniatites annulatus, nob. =$ 24. — subnodosus, nob. 25. — compressus, nob. 26. — gracilis, nob. EXPLICATION DES PLANCHES. PI. I. Fig. 1. a-f. C1. lævigata, n. de Schubelhammer. Fig. 2. a-d. — pygmea, n. de Geïgen, près de Hof. 3. a-c, — angustiseptata, n. 4« GC. — compressa, D. de Schubelhammer. Fig, 5. ab. — inflata,, n. 6. a-c. — planorbiformis , n. de Gattendord, près de Hof. | cronGE pe muwsrir. — Sur les Clyméènes. 99 Fig. 7. a-b. — sublævis, n. LR UN ART) de Schubelhammer. Pi. IL. Fig, 1. a-c. — undulata, n. Fig. 2. a-c. — inæquistriata, n. Fig. 3. a-c. Moule des Clymènes undulata subiævis et linearis. Fig. 4. a-b. CI. parvula, n. d’Elbersreuth. Fig. 5. a-c.— striata, variété costellata, n. PI. III. Fig. 1. a-c. — serpentina,n. Fig. 2. — siriata variété plana, n. de Schubelhammer. Fig. 3. dc. — striata, n. Fig. 4. — striata variété semistriala , n. Fig. 5. a-c. Gon. hybridus, n. de Hurtigwagen. PLOIV Fig. x. ac) — HET n. LA di Namiert Fig. 2. a-c. — contiguus, n. Fig. 3. ad. — ovalus, n. Fig. 4, @-c. — sublævis, n. | Fig. 5. a-d. —- undulosus, n. » de Gattendorf. Fig. 6. a-e. — globosus, n. Fig. 7. ac. — sublinearis, n. ' Fig. 8. ae. — divisus, n.de Geigen et de Gattendorf, PI, V. Fig. 1. ad. — linearis, n. de Geigen et de Schubelhammer. Fig. 2. ad. — subsulcatus, n. de Gattendorf et de Schubelhammer. Fig. 5. a-c. pti Docs tn D re 19 PHP UD Pal Fig. 4. a-c. — orbicularis, n. { Fig. 5. a-c. — speciosus, n. d’Elbersreuth et de Schubelhammer. Fig, 6. a-b. — binodosus, n. de Schubelhammer. PI, VI, Fig, x, a-c. — subarmatus, n, de Schubelhammer, Fig, 2, — maximus, n. de Schubelhammer, réduit de moitié. Fig. 3. a-c. — planus, n. de Schubelhammer. Fig. 4. — anoulatus, n. de Regnitzlosau, Fig, 5. — -subnodosus, n. d’Elbersreuth. Lerrre de M. Polydore Roux adressée à M. LE BARON DE FE- russAc et datée de Bombay, 15 juin 1832.(1) Monsieur, « La lettre que j'eus l'honneur de vous adresser au moment où j'allais me rendre à Cosseyre vous faisait part de mes recher- ches en Egypte. Aujourd’hui arrivé à Bombay, je profite du (1) Nous apprenons avec un vif regret que M. Roux a succombé aux fatigues de son voyage. IL est mort à Bombay, le 12 avril 1333, Les connaissances varices, Je zèle ardent et les aima- 7. Le 100 P. ROUX. — Lettre à M. le B. de Férussac. départ du premier navire pour vous donner un apercu de mon itinéraire depuis Kéné jusqu'au lieu d’où je vous écris. « Après cinq jours de marche dans le désert, notre caravane arriva à Cosseyre(1). Quelques Sirlis et quelques Gangas que je vis, tant que nous étions encore dans le voisinage du Nil, sont les seuls oiseaux que je rencontrai. Pas un reptile, pas un coléoptère, à peine quelques J’anessa cardui, lépidoptère cosmo- polite que j’apercus voltigeant sur quelques plantes desséchées par un soleil continuellement ardent. Durant la nuit, aucun cri de mammifères, aucune chauve-souris, aucun oiseau nocturne qui me décelàt la présence de quelque être vivant dans ces lieux de silence et de désolation. Sous le rapport de la zoologie cette partie du désert n'offre donc rien à l'étude, absolument rien. Mais la géologie y est pleine d'intérêt : les granits, les syenites, les porphyres, les quarz herborisés, les serpentines, sy mon- trent avec une variété de couleurs et une profusion d’accidens bien admirables pour celui qui n'aurait encore étudié ces pro- ductions minérales que dans son cabinet. La route que l’on suit et que bordent des montagnes toutes primitives qui composent le désert, s'étend ainsi jusque auprès de Cosseyre. Aux appro- ches de cette ville se montrent alors de belles montagnes cal- caires où l’on reconnaît bien distinctement les soulèvemens d'une premiere formation et les superpositions horizontales de plusieurs autres. Mais ici à Cosseyre c’est encore le désert dans toute la force de l'expression : aucun jardin, aucune végétation n'entoure Cosseyre. Aussi point de mammifères, point d’oi- seaux , à peine quelques Véophron perenoptère et quelques Mi- lans noirs ; aucun insecte : partant, une côte aride et inhabitée qui n'offrirait rien aux investigations du naturaliste si la Mer- Rouge n'était pas là pour le dédommager. En effet, on se ferait difficilement une idée de l’abondance et de la variété des pro- ductions de cette mer, dont les eaux toujours pures et souvent tranquilles favorisent si bien l'accroissement des animaux qui y bles qualités de ce savant naturaliste lui méritent les regrets de tous les amis d’une science à laquelle son voyage eût été certainement très profitable. II laïsse plusieurs ouvrages importans inachevés. On doit espérer que le journal de son voyage aura été conservé. (1) Où nous attendait le bateau à vapeur anglais /e Steamer. r. Roux. — Lettre à I. le B. de Férussac. 1OI pullulent. Les poissons, les crustacés et les mollusques y sont aussi nombreux que variés; le champ le plus étendu et qui peut surtout offrir le plus d'objets d'étude est sans contredit la classe des Polypiers. Parmi les flexibles, presque tout est nouveau. J'ai malheureusement trop peu de temps séjourné sur les différens points des côtes de cette mer, soit à Cosseyre, Jedda et Moka pour qu'il m’ait été permis d’en consacrer beaucoup à l'étude de ces productions animales, qu’on ne peut bien observer que sur le frais, Cependant je me suis appliqué à recueillir un bon nombre de crustacés et quelques coquilles. Je rapporte l'animal de la Houlette (Pœdum) et celui du Magile, mollusque singulier, où j'ai reconnu un opercule corné. C'est à Jedda que je me suis procuré ces deux testacés. « Les environs de Moka sont aussi d’une aridité désespérante et semblables à la plupart des autres côtes de la Mer-Rouge. Ce n'est qu’à 36 milles de cette derniere ville que sont les planta- tions de café auxquelles elle doit sa célébrité; je regrette de n'a- voir pu m'y rendre. Sans doute que ces champs et les monta- gnes qui confinent avec le pays d’Yemen, si peu connu, qu'en- tourent de toutes parts des déserts immenses qui le séparent du reste de la terre, doivent renfermer des productions des trois règnes pleines d'intérêt. J'ai vu à Moka une mouette et une es- pèce de merle qui n'étaient inconnus, et j'en rapporte un moi- neau qui n'est ni la Fréngilla domestica, qu'il y remplace, ni l’hispaniolensis et la cisalpina de Temnuinck, ni l'espèce d’E- gypte. Je ne lai plus retrouvé à Macala sur la côte de la mer d'Arabie , et encore moins à Bombay, où vit l'espèce d'Europe. La géologie, la minéralogie n’y offriraient pas moins d’intéres- santes observations; Moka est presque entièrement bâti avec des laves qu'on tire d’une montagne que les Arabes désignent sous le nom de Giebel asouet ; la montagne noire. « Le 8 mars je passais le détroit de Babel-Mandel; j'aperçus la côte d’Abyssinie en même temps que celle d'Arabie. Nous longeämes l'ile plate qui resserre ce passage; mais , comme sur la plupart des autres îlots, point de végétation, un sol sec, aride et brülé, telle est ici la côte , telle elle est tout le long de l’Arabie- Heureuse, depuis le Cap Aden jusqu'au Cap Fartash. Nous 102 P, ROUX. — Lettre à M. le B. de Férussac. aperçümes plus d'une fois des traces évidentes d'anciens volcans dont la lave avait coulé jusqu'à la mer : vers l'horizon de la côte s’élevaient en amphithéâtres de très hautes montagnes sans vé- gétation. Le 10 nous jetämes l'ancre devant Macala. Quelques jolis échinodernes , quelques coquilles connues, quelques lépi- doptères que j'ai retrouvé plus tard dans l'Inde , une mélanie et deux crustacés nouveaux dont un du genre Lygia, sont les seuls objets qu'il me füt permis de recueillir. Les végétaux que j'ob- servai à Macala étaient semblables au petit nombre de ceux que j'avais rencontrés à Moka : c'était encore ici toute la végétation de l'Egypte , des palmiers dattiers et point de cocotiers. « Vers la latitude de 1/4 degrés nous quittâämes ces côtes ari- des et désertes, et franchimes en peu de jours, grâce à quel- ques gouttes d'eau réduites en vapeur, l’espace de mer qui nous séparait de Bombay. Je n’entreprendrai pas de vous dé- crire quelle sensation délicieuse j'éprouvai en voyant toutes les montagnes des îles qui environnent la baie de ce nom, cou- vertes de bois jusqu’à leur cime, et plongeant dans la mer leurs pieds ombragés par des forêts de mangiers. Attristé depuis long-temps par l'aspect de la plus grande stérilité, je contem- plais avec ravissement ce luxe de végétation qui m'était in- connu. Je me promettais d’amples collections entomologiques. Mais deux ou trois courses détruisirent sous ce rapport meses- pérances du moment. Le sol était partout brülé par les rayons d’un soleil éclatant que quelques jours nuageux n'avaient pas même tempéré depuis cinq mois; et trois devaient encore s'é- couler sans que la terre, en proie à une canicule dévorante, fût arrosée par aucune pluie bienfaisante. Cependant dans les bois quelques ronces, des mangiers , quelques autres arbres de la saison, et l'innombrable et immortelle famille des palmiers , conservaient encore leur feuillage. Or, les mois de mars , d'avril et de mai correspondent parfaitement à notre saison d'au- tomne en France, époque où les récoltes en entomologie, par exemple, sont les moins fructueuses. C’est ce qui m'est arrivé pour cette partie de l'histoire naturelle. J'ai cependant employé mon temps à explorer quelques localités de la chaine des Gattes. J'y ai observé et recueilli quelques coquilles et crustacés d'eau Pr. Roux. — Leitre à AI. le B. de Férussac. 103 douce sans doute nouveaux, quelques poissons peut-être dans le même cas. En mammifères, oiseaux et reptiles, je n’ai rien trouvé qui ne me füt connu ou qui ne me paraisse l'être. Le sol de cette partie de l'Inde et de toutes les îles qui avoisinent Bom- bay, telles que l'ile Eléphant, Canenjar, Salsette, etc., est un trapp riche en rognons de quarz, en géode , et où se trouve abon- damment disséminée de la zéolithe; un calcaire de transition recouvre ces rochers. Cette composition géologique paraît être celle de toute la chaine des Gattes, jusqu'au cap Comorin. Le détritus de ce trapp a fourni à la suite des siècles une sorte de vase qui trouble l’eau de la mer à plus de cent milles au large. Certaines baies, quelques rades en sont tellement inondées qu'on ne peut se permettre d’y pêcher à la drague ni à la senne. Par conséquent, point de polypiers, peu de crustacés, encore moins de ces échinodermes , de ces mollusques nombreux qui se plaisent dans les eaux pures parmi les rochers que décorent des ulves ou des fucus, mais que n’a point envahi une impur: vase. Les poissons de plage, des genres Solea, Lichia, des athe- rines, des Clupées, et une espèce de Votopterus , sont assez com- muns; mais peu de Spares, point de Serranus, ni de Labres, ni de Lutjans. Les bords dela côte sont pourtant peuplés de crus- tacés des genres Gelusima et Ocypoda ; dans l’eau on rencontre fréquemment la Matuta victor , plusieurs Portunus et Lupa, et entre autres la Lupa sanguinolenta. La mer rejette sur le rivage beaucoup de débris de Cardium ringens, de Solen et de Placuna. Ce n’est toutefois qu'avec peine que je me suis procuré cette dernière coquille dans des localités où , à la marée basse, l'eau en repos s’éclaircissant , il m'était permis de les voir posées à plat sur le sable, et non enfouies, comme on aurait pu le pen- ser, J'en ai rapporté l'animal, et j'ai observé qu'elles avaient constamment pour commensal une nouvelle espèce de Pinno- thère très aplatie. J'ai peint , étant encore vivant, un assez bon nombre de Salicoques nouveaux qui abondent dans les mar- chés, Les productions marines sont donc ici peu variées. La cause en est dans la nature dæ fond de la mer qui baigne cette côte des Indes. On nv'a assuré qu'il en était à-peu-près de même sur toute la côte de Malabar et sur celle de Coromandel. Tant 104 A. DUGÈS. — /Vouvelles observ. sur les Acariens. pis. Je vais toutefois m'en assurer en me rendant à Ceylan, que je compte explorer pendant quelques mois. J'irai probablement visiter Pondichéry , Madras et Calcutta. C’est de cette dernière ville que j'aurai l'honneur de vous écrire avant de m’élancer sur les monts Hymalayats, où j'espère enfin faire quelque chose pour la science, qui m’a conduit si loin de ma patrie. NouveLres observations sur les Acariens, extraites d'une lettre adressée aux rédacteurs, par M. Ducis. .. Je vousenvoie ici quelques remarques relatives à un des ob- jets dont il est question dans mon dernier mémoire sur les Aca- riens (1), et qui me paraissent assez importantes. A l’occasion du genre Sarcopte, j'ai dit que j'avais vainement cherché dans les galles du tilleul celui que M. Turpin ÿ a trouvé en abon- dance. Depuis cette époque, il y a eu des pluies abondantes , et j'ai profité des premiers beaux jours pour chercher sur le peu- plier noir les galles dont M. Auguste de Saint - Hilaire m'avait parlé. J'en ai trouvé , non sur le peuplier, mais sur le saule blanc; celles-ci sont plus petites, plus rondes que celles du tilleul, vertes ou rougeûtres , et couvertes de duvet à l'extérieur; elles font saillie au-dessous et au-dessus de la feuille, mais plus de ce dernier côté que de l’autre. Comme celles du tilleul, elles sont ouvertes en dessous par un pertuis qu'obsturent incom- plètement les filamens villeux qui en occupent aussi l’intérieur. A l'intérieur toutefois ces filamens sont ici peu abondans; aussi ai-je pu facilement y découvrir en quantité les acarides de M. Turpin. Je les ai alors cherché de nouveau dans les galles du tilleul , et je les y ai trouvés aussi. Avais-je mal cherché d’a- bord , ou bien les acarides n’y étaient-ils pas encore? N’en sont- ils que les hôtes tardifs, comme je le disais précédemment? Je (x) Tom. 11, p. A. DUGÈs. — Nouvelles observ. sur les Acariens. 105 pencherais plutôt pour la première supposition , et cependant, aujourd’hui encore, quand j'examine les galles tout-à-fait nais- santes, je n'y vois rien qui en explique la production; peu d’a- carides, pas d'œufs, rien que quelques poils et un soulèvement de la feuille. Quant à celles qui sont plus avancées, j'en trouve les parois souvent toutes couvertes de ces prétendus Sarcoptes; ils sont fort petits, blanchâtres, vermiformes, et je ne doute pas que ce ne soit quelqu'un d'eux que Réaumur à aperçus, et qu'il dit avec raison ne se bien distinguer des filamens végétaux que par les mouvemens. Le corps est effectivement très allongé, conoïde, terminé en pointe obtuse , armé de deux grosses soies. Quelques autres soies , longues et raides, hérissent les flancs : En avant ce corps qui se fléchit par des mouvemens vermicu- laires est plus renflé et terminé par une sorte de tête conique sur les côtés de laquelle on voit deux paires de pattes insérées sous un corselet peu distinctes. C’est sans doute sur cette forme extérieure , sur cet habitus que Latreille avait déterminé Sar- copte, cet animalcule , quand les figures lui en furent soumises par M. Turpin; mais une recherche plus minutieuse, quoique fort difficile en raison de l’excessive petitesse de l'animal, nous a appris : 1° que le suçoir conique est flanqué de deux palpes gros, courts, appendiculés, semblables à ceux du Tétranyque; 2° que de ce suçoir sort quelquefois (une fois) par compres- sion, une lamelle courbe, étroite et longue; 3° que les pattes sont de sept articles, dont le troisième, ou la cuisse, est le plus gros et le plus long, et le septième au contraire fort réduit, fort court, et probablement terminé par deux griffes, mais certai- nement point par une caroncule. Or, si nous considérons la forme des palpes, des mandibules et des pieds, nous devrons classer cet Acarien dans la famille des Trombidiés, près des Té- tranyques, et, d’une autre part, le nombre des pieds nous prouve que ce n’est qu'une larve et non un acarien parfait; car il n'en à que deux paires, et les autres larves en ont même or- dinairement une de plus. Mais alors d’où viendraient les œufs qu'on trouve aussi dans les galles? Nul doute pour nous qu'ils u'y soient déposés par des individus adultes qui viennent y faire leur ponte lorsqu'ils sont déjà un peu grands, La libre en- 106 A. UGS, — /Vouvelles observ. sur les Acariens. trée de ces galles, que nous avons bien constatée, leur permet sans doute de s’y introduire, comme elle permet aux animaux nouvellement passés à l’état parfait d’en sortir. Ce dernier point nous est prouvé par les faits suivans : 1° Nous avons vu beau- coup de ces petits êtres devenus immobiles, changés en chry- salides aHongées , dans lesquelles on voyait déjà le corps se rac- courcir en abandonnant les extrémités de son long étui cutané ; 2° nous avons vu deux ou trois fois dans les galles de petits acariens à huit pattes , blancs, courts, agiles, ayant tous les caracteres (palpes et pattes) des Tétranyques. Or, ces petits res- semblaient parfaitement à des Tétranyques plus grands, rou- geàtres , et que nous avons trouvés aussi plusieurs fois dans des galles volumineuses. Ces Tétranyques n'étaient point de la même espèce que celui du tilleul nommé tisserand, et qui habitait le revers des mêmes feuilles avec ses œufs et ses petits, courts et hexapodes; il était d’une taille beaucoup moindre et en diffé- rait par quelques détails de forme et par la couleur verdatre chez l’un , rouge clair chez l’autre. Il reste sans doute encore beaucoup de vague dans cette fi- liation des prétendus Sarcoptes et des Tétranyques; il en reste aussi sur la part qu'ils ont à la production des galles qu’ils ha- bitent; mais ce que nous en disons ici pourra déjà mettre les observateurs sur la voie, et j'aime mieux saisir cette occasion de donner ces détails, quelque incomplets qu’ils soient, que d'attendre des résultats plus précis d'observations qu'il ne m'est pas possible en ce moment de multiplier autant qu'il serait né- cessaire. Montpellier, le r2 juin 1834, ‘ EXPLICATION DE LA PLANCHE. PI. XI. A. fig. r. L'Acaride des galles du tilleul excessivement grossi, vu du côté du dos. Fig. 2. Coupe d’une petite galle du saule blanc avec les Acarides qu’elle contient et les fila- mens qui en obstruent l’orifice, le tout considérablement grossi, Fig. 3, Grandeur naturelle de cette petite galle. A. DE QUATREFAGES. — Our les Planorbes et les Lymnées. 107 Mémorre sur l’embryogénie des Planorbes et des Limnées, Par M. ARMAND DE QUATREFAGES, (Docteur en médecine et ès-sciences. ) Les Limnées et les Planorbes pondent leurs œufs en paquets de 4 à 5 millim. de diamètre transversal, et de 10 à 30 mill. de longueur. Ces paquets sont enveloppés d'une membrane trans- parente, unie dans les Limnées , striée dans les Planorbes, et qui, quelquelois, comme dans ces derniers et le Limnée des étang, offre une résistance assez considérable, Cette membrane sert de fourreau à une masse glaireuse, homogène, parfaite- ment transparente , et d’une consistance analogue à celle d’une gelée dans le Limnée ovalaire, plus ferme dans le Limnée des étangs. Celle qu'on trouve dans les Planorbes est légèrement brunûtre, filante et renfermée dans les mailles d’un tissu trans- parent, d’où elle s'écoule quand on divise la masse. ce qui lui donne une certaine analogie de structure avec le corps vitré. Les œufs sont disséminés irrégulièrement et en nombre varia- ble dans cette matière glaireuse; j’en ai compté jusqu’à 72 dans un paquet d'œufs appartenant au Limnée des étangs. (1) Ces œufs présentent une forme ovoide plus ou moins allon- gée, selon les espèces; leur volume varie entre 1,7 mill. de dia- mètre longitudinal (Planorbe, L. ovalaire, L. des marais), et 2,2 mil. (L. des étangs). Ils se composent d’une membrane assez résistante, parfaitement transparente, servant d’enveloppe à un liquide hyalin, très fluide, non filant, que les réactifs m'ont démontré être composé d’albumine presque en totalité. La mem- brane adhère par une espèce de hile à la matière glaireuse; ce hile est adhérent à un point ordinairement opposé à celui où l’on découvre le germe. La transparence des humeurs et des (1) On voit que les masses d'œufs des pulmonés aquatiques ne peuvent entrer dans aucune des divisions établies par M. Lund, dans son beau mémoire sur les enveloppes des œufs, de mollusques marins, inséré daus les Annales des Sciences naturelles ; nouvelle série, zoologie , Lx, p.84. 108 A. DE QUATREFAGES. — Sur les Planorbes et les Lymneées. membranes de tout ce système persiste jusqu’à la naissance du petit mollusque. Ces espèces de paquets sont fixés d'ordinaire aux jorfts et au- tres herbes aquatiques qui bordent les pièces d’eau fréquentées par ces animaux. Ceux des Planorbes sont en général plus en- foncés et fixés sur des pierres , quelquefois même sur la coquille de quelques-uns d’entre eux. Ceux qui font le sujet de ces ob- servations ont été recueillis vers la fin de l'hiver, sur les bords du canal du midi à Toulouse; ils ont été conservés dans des vases pleins d’eau provenant des fontaines de la ville (eau de la Garonne filtrée ). Les progrès de leur développement ont été à-peu-près les mêmes que ceux des œufs laissés dans les cir- constances ordinaires, bien que ces derniers aient eu à sup- porter au printemps des alternatives très variées de froid et de chaud. OEurs pu LIMNÉE OVALAIRE. J'ai soumis à mes observations six paquets d’œufs de ce pul- moné. Plusieurs d’entre eux , au moment où je les ai recueillis, ne montraient aucune apparence de germe, bien que le fait ait prouvé qu'il existait. Ne pouvant préciser l'époque de la ponte, je daterai du jour où j'ai aperçu les premiers rudimens de l'em- bryon. Je rapporterai les observations concernant les deux au- tres espèces de Limnée et de Planorbe (PI. cornæus) à celles-ci, leur développement embryonnaire n’offrant que peu ou point de différence. | (1% jour.) On aperçoit vers les grosses extrémités de l'œuf trois ou quatre globules assez gros( ;; mill.), ovalaires, d'a- bord séparés, mais qui, au bout de quelques heures, se grou- pent irrégulièrement. En les examinant avec attention, on voit qu’ils renferment dans leur intérieur d’autres globules beau- coup plus petits (globulins ). (2e jour.) Le nombre des globules augmente, mais sans chan- ger d'aspect. Ils forment une espèce de gâteau irréguliérement festonné, un peu moins transparent au centre que sur les bords; on voit que là il y a déjà superposition de globules, tandis que A. DE QUATRÉFAGES. — Sur les Planorbes et les Lymnées. 109 sur ces derniers ils ne sont encore qu'accolés les uns aux autres. (3° jour.) L'aspect du gâteau est toujours le même; seule- ment il augmente peu-à-peu et envoie en tous sens des prolon- gemens irréguliers formés d'un seul globule qui ne tient à la masse que par un seul point. (4° jour.) Au lieu d'un seul point opaque, on en distingue trois ou quatre d’une couleur qui commence à tirer sur le rouge brun; les bords sont toujours transparens , et l’on voit encore, quoique moins parfaitement, les globules qui les forment. Les globules paraissent avoir augmenté de volume. (5° jour.) Le gâteaus’accroit toujours ; il est moins irrégulier ; la couleur rougeätre prend une teinte un peu violacée, et les points opaques qu'on distingue se disposent circulairement Les bords se foncent sur quelques points; on ne distingue plis les globules, et la masse entière semble formée de molécules arrondies beaucoup plus petites (- mill.) jointes ensemble par une matière d’un aspect nuageux. En écrasant l'œuf, toutes ces parties se délaient dans le liquide qui les baigne. Il n’y a pas encore cohésion. (6° jour.) Les irrégularités du gâteau ont presque entièrement disparu; en les plaçant sous la lentille de manière à le voir de profil, on distingue des globules pareils à ceux que nous avons observés les premiers jours, et qui paraissent s'élever de son centre en se dirigeant vers l’intérieur de l'œuf; mais, pressés les uns contre les autres , ils ont formé un tissu cellulaire à lar- ges mailles et assez irrégulier. Le nombre de ces globules aug- mente rapidement; ils se développent au centre en poussant les premiers formés vers la circonférence où se passe le même phé- nomène que nous avons déjà observé. Les grandes cellules dis- paraissent, et à leur place on trouve cette substance nuageuse, semée de globules assez rapprochés ; du matin au soir cette sub- stance environne tout le tissu cellulaire de nouvelle formation, et semble se continuer avec le gâteau. En même tempsles bords de ce dernier se soulèvent et se détachent de la membrane ova- laire. (7° jour.) Le gâteau est entièrement détaché de la membrane 110 A. DE QUATREFAGES. — Ôwr les Planorbes et les Lymneées. qui revêt l’ovule ; il est un peu revenu sur lui-même; ses bords sont festonnés, et il se continue avec la substance qui enve- loppe tout l'embryon. Les points opaques se sont réunis et for- ment vers son centre un espace circulaire de couleur violacée, parsemé de stries qui semblent irradier vers la circonférence. L'embryon, jusqu’à ce jour immobile, se meut continuellement par un mouvement de cuibute assez rapide d'avant en arrière (1). Son corps, irrégulièrement arrondi avec une profonde échan- crure, ne présente qu'une masse homogène, formée de cellules transparentes , et renfermant toujours des globulins. Ces cellules sont très grosses; quelques-unes ont jusqu’à + de mill. Les glo- bules que renferment ces dernières sont plus nombreux, mais non plus gros que ceux que l'on voit dans les cellules moindres. (8° jour.) Le corps du petit mollusque commence à se con- tourner en spirale; on remarque dans son intérieur un boyau irrégulier, partagé en deux portions par deux cellules qui sont encore réunies, allant presque d’une extrémité à l’autre de l’em- bryon, et se distinguant des cellules qui l'environnent en ce qu'il ne renferme pas de globulins; son extrémité supérieure se dirige vers l’espace circulaire violacé que nous avons vu ré— sulter le jour précédent de la réunion des points opaques. Le centre de cet espace est aujourd’hui transparent , ne présentant qu'une teinte très légère, tandis qu'autour de lui règne un an- neau qui s’est assez étendu pour occuper les deux tiers du gà- teau; celui-ci est mamelonné à sa partie supérieure ; l’inférieure est lisse; il brunit légérement jusque sur ses bords; à droite et à gauche du boyau dont nous avons parlé, et vers le tiers infé- rieur de l'embryon, on distingne deux points opaques d'un brun verdàtre; ce sont les premiers rudimens du foie, comme le boyau l’est de l’œsophage et du tube digestif, comme ce que nous avons appelé le gâteau, l'était du collier nerveux et de la masse de la bouche qui commence aussi à se développer. En écrasant l'œuf on s'aperçoit que toutes ces parties, excepté le (x) M. Lund qui, dans son mémoire, parle du mouvement de l’embryon dans le Limnée des étangs , le compare à celui d'une planète tournant sur son axe; d’après ce que nous venons de dire, nous ne saurions admettre cette comparaison. A. DE QUATREFAGES. — Sur les Planorbes et les Lymnées. 111 collier nerveux, n'ont encore aucune consistance et se résolvent en globulins. (9° jour) Les cellules ne sont presque plus visibles; les deux portions symétriques du foie s’avancent l’une vers l’autre et,se joignent sur la ligne médiane; les deux bouts du tube digestif, aperçus la veille , se soudent; leur paroi intérieure paraît plus régulière ; le pied se montre à la Se postérieure de la masse de la bouche ; le limbe se prononce; à sa partie antérieure s’é- lèvent deux petits chapelets de globules, de la même couleur que le cerveau où ils prennent naissance; ces chapelets longent l'œsophage et vont se réunir vers sa partie inférieure pour for- mér un nouveau ganglion. La forme de l'animal se caractérise de plus en plus. (10° jour.) La coquille commence à paraître sous la forme d'une pellicule très peu consistante, et qu’on ne voit que très difficilement; de nouveaux filets nerveux s'élèvent du collier œsophagien, semblent traverser l'animal entier , et forment des anastomoses qui le partagent par des espèces de zones assez ir- régulières. Le pied semble adhérer à la coquille. Le corps entier présente une très légère temte jaunâtre. (11€ jour.) Les cordons nerveux sont très gros, relativement à la masse entière de l’animal ; les tentacules se montrent sous la forme de petits mamelons à la base desquels on distingue à perne les yeux. (12° jour.) Le pied est détaché de la coquille, qui n’est en- core qu'une simple membrane ; mais très distincte; le petit mol- lusque commence à ramper contre les parois de son œuf. (23° et 14° jours.) L’animal rentre et sort de sa coquille, qui commence à s'encroûter à la partie postérieure ; lès tentacules s'allongent; la bouche se distingue, quoique avec peine. Le corps perd un peu de sa transparence, et les organes intérieurs se des- sinent mieux; on reconnaît très bien le foie et quelques por- tions d’intestin ; les battemens du cœur deviennent sensibles ; j'en ai compté 45 par minute. (15° et 16° jours.) Les tentacules ont rapidement grandi; ils sont plus long, proportions gardées, que dans l'adulte; la bou- che se dessine mieux ; l'animal se promène dans son œuf, qu'il 112 A. DE QUATREFAGES. — Sur les Planorbes et les Lymnées. remplit aux trois quarts environ; sa couleur se fonce de plus en plus, bien qu'il conserve en partie sa transparence. La co- quille acquiert plus de solidité; le bord seul en est encore mem- braneux. (19e et 18e jours.) L'œuf se déchire sans que l'animal l’aban- donne pour cela; il se trouve ainsi en communication directe avec la masse glaireuse, dont il était jusque-là séparé; on le voit remuer ses mächoires; je n'ai pu cependant reconnaître s’il ou- vrait réellement la bouche. (19° et 20€ jours.) Naissance. Le petit mollusque abandonne son ovule, se fraie un chemin dans l'humeur qui l'enveloppe, et sort par les fentes de la membrane extérieure; il est de la grosseur de l’œuf qui le renfermait; son pied est blanchâtre; sa coquille très légèrement verdâtre, mais toujours transparente, laisse apercevoir les organes qu’elle renferme; elle est fort grande pour l’animal qui l'habite, et quand ce dernier est en mouvement, elle avance au-delà de sa tête ; elle forme une spi- rale et demie. Le cœur, dont on distingue très bien le mouvement, se con- tracte moins souvent que durant le séjour dans l’œuf; je n’ai compté que 38 pulsations par minute; la systole se fait d’une manière brusque, et l'organe revient lentement à l’état de dias- tole. Il est très difficile de distinguer les Limnées et les Planorbes les uns des autres dans les premiers temps de leur existence embryonnaire; ce n’est guère que du douzième au quatorzième jour qu’on peut les déterminer avec quelque certitude; au reste, le développement de tous ces mollusques suit absolument la même marche. La couleur qui caractérise le Planorbe com- mence à paraître vers le douzième jour ; à sa naissance il est rougeàtre; sa coquille est moins transparente que celle des Limnées, et ne dépasse pas sa tète pendant la progression, comme celle de ce dernier. Vers le 16° jour , la masse glaireuse qui enveloppe les œufs commence à perdre de sa consistance et se ramollit peu-à-peu ; la membrane qui la revêt se plisse et se fendille en plusieurs endroits; c’est par cette voie que sortent les petits mollusques, / A. DE QUATREFAGES. — Sur les Planorbes et les Limnées. 113 ainsi que je l'ai dit plus haut, après avoir mis quelquefois deux jours à faire ce trajet. IL paraît que dans les premiers temps qui suivent leur naissance, ils se nourrissent de cette espèce de gelée, car j'en ai conservé de vivans pendant prés de deux moïs et demi, tandis que des individus adultes de même espèce, placés dans les mêmes circonstances, n’ont pu vivre au-delà de trois semaines à un mois. Cette gelée et la membrane qui l’en- veloppe ont encore pour but de mettre les ovules et les em- bryons à l’abri des chocs extérieurs et des attaques de leurs ennemis. Dans une masse d'œufs de Planorbes dont la membrane ex- térieure était déchirée , j'ai trouvé des naïs et des planaires qui s'étaient creusé des espèces de canaux. Cette masse d'œufs con- tenait beaucoup d'ovules vides ; deux ou trois seulement m'ont donné des petits. Au moment de leur sortie de l’œuf, les Limnées et les Planor- bes ne paraissent pas sentir bien vivement le besoin de respi- rer ; ils restent souvent 36 à 48 heures avant de venir à la sur- face de l’eau, et pendant tout ce temps on ne peut distinguer leur cavité pulmonaire , qui devient très visible aussitôt qu'ils y ont donné accès à l’air. Au reste, un mois après leur nais- sance , ils peuvent encore rester plus de 24 heures, soit dans l'eau, soit dans l’air, sans être obligés, comme les adultes, de changer d’élément. Dans un paquet d'œufs de Limnées des marais, qui contenait 45 ovules, j'en ai trouvé plusieurs qui présentaient deux, trois, et Jusqu'à cinq germes. Le développement de ces œufs anomaux n'a présenté rien d'extracrdinaire jusqu'au moment où les glo- bules, premiers rudimens du collier nerveux, ont disparu; mais là il s'est arrêté, et tandis que les œufs unigermes du même pa- quet m'ont tous donné de petits Limnées, sur 7 de ceux-là que J'avais laissés sans y toucher, pas un ne s’est développé; quel- ques-uns seulement ont poussé vers l’intérieur de l’ovule, une espèce de cône irrégulier , formé d’un mélange de globules et de globulins. IL Zooc, — Aout, 8 114 A. DE QUATREFAGES. — Sur les llanorbes et les Limnées. RÉFLEXIONS. Bien des choses me paraissent dignes de fixer l'attention des naturalistes dans cette embryogénie des pulmonés aquatiques; et d’abord considérons l'œuf lui-même formé d’une seule mem- brane et d’une seule humeur homogène; cette disposition me paraît d'autant plus remarquable que chez les animaux placés bien plus bas dans l'échelle on retrouve les deux humeurs, l’al- bumen et le vitellus; peut-être pourrait-on la ramener au type général en considérant l'espèce de gelée dans laquelle sont dis- séminés les ovules, comme partie intégrante de l’œuf propre- ment dit; dés-lors, un de ces paquets formerait un œuf unique, mais à plusieurs germes; cette disposition , assez rare dans les êtres organisés appartenant au règne animal, est très commune, comme on le sait, dans les végétaux où les fruits qui contiennent plusieurs germes ont été appelés polyspermes ; ici la matière glaireuse dont nous avons parlé serait en quelque sorte l'ana- logue du péricarpe; cependant, pour que l’analogie fût com- plète, il faudrait qu'un ovule, séparé de cette matière, püt se développer et donner naissance à un nouvel être, comme le font le pépin de la poire et celui de la pomme; or, c'est ce qui n’a pas lieu: Des ovules isolés se sont arrêtés dans leur dévelop- pement ; bien que tenant encore à une petite quantité de gelée; cependant, quand j'en séparais deux ou trois de la masse entière, et qu’ils étaient bien entourés de glaires, les germes croiïssaient, mais plus lentement. Ce fait, joint à la position du germe dans l'ovule, m’a porté à considérer la gelée dont il s’agit, comme jouant pour tous les ovules le rôle du blanc, tandis que ces der- niers seraient le vitellus. Cette opinion me paraît encore corro- borée par la ressemblance des rôles que jouent ces diverses substances pendant la vie embryonnaire. La plupart des naturalistes avaient regardé jusqu'à ces derniers temps, le système vasculaire comme étant le premier à se déve- lopper dans l'embryon. MM. Prevost et Dumas, puis MM. Coste et Delpech ont démontré la préexistence de système nerveux chez les oiseaux ; nous avons vu qu'il en était du même dans les À. DE QUATRMEAGES. — Sur les llanorbes et les Limnées. 115 mollusques, où les ganglions œsophagiens ont été les premiers à paraître et ont servi de base au développement de l’étre entier. Je n’ai pu distinguer si le grand ganglion inférieur ( cerveau proprement dit) se montrait avant ou après les ganglions laté- raux; tout me porte à croire, au contraire, que ces diverses parties se sont développées simultanément; mais à coup sûr, elles ont précédé l'apparition des ganglions inférieurs et des nerfs latéraux ; ainsi, en rejetant du moins, pour ces mol- lusques , les opinions d'Ackermann , de Meckel, de Béclard et de M. Serres, nous serions conduit à nous rapprocher de celle de Tiedemann ; on sait que ce physiologiste admet la prégénèse du cerveau. Sans admettre dans tous ses détails la théorie du développement vésiculaire, telle que M. Raspail l’a exposée dans sa chimie organique, on trouve, dans ce que j'ai dit de l’em- bryogénie des mollusques, bien des faits qui semblent l’ap- puyer; nous avons vu en effet trois ou quatre globules se mon- trer en premier lieu ; ces globules, en renferment d’autres qui, à leur tour, prennent de l'accroissement, distendent les pre- miers et ainsi successivement jusqu’à la formation d’une masse vésiculaire, homogène (tissu cellulaire) présentant d’une ma- nière presque complète, la forme du petit mollusque. Ces cel- lules, que j'appellerai élémentaires, naissent au centre du germe; les dernières venues chassant leurs aïînées vers la cir- conférence, voilà le développement excentrique de M. Serres. La détermination de la forme est bien antérieure à la texture et à la composition des organes, et ainsi se trouve vérifiée une des lois de formation découvertes par Meckel. Bien que le cœur ne soit devenu visible qu'à une époque fort avancée, je pense qu'il s'était développé bien avant ce moment ; mais la couleur du sang et la transparence des parties, ne m'ont permis de le distinguer que lorsque ses contractions ont com- mencé à être sensibles. Les mêmes raisons m'ont empêché de suivre les progrès du reste du système vasculaire et de vérifier si l'apparition des veines précède ici comme ailleurs celle des artères ; au reste, je pense que l’analogie ne permet pas de mettre ce fait en question. Le seul organe sur lequel j'ai pu constater les lois de symé- 8. 116 A, DE QUATREFAGES. — Sr des Planorbes et les Limnées. trie et de conjugaison de notre illustre anatomiste M. Serres, est le foie ; peut-être cet exemple n'est-il pas assez concluant pour nous permettre d'en généraliser l'application. La formation des cavités et des divers conduits que présen- tent les êtres organisés, a fait naître un grand nombre d’hypo- thèses ; Meckel, Muller les regardent comme le produit de l’enroulement d'un feuillet primitivement unique; M. Serres pense qu'ils sont formés par la soudure de deux feuillets laté- raux; selon M. Raspail, qui a généralisé l'opinion émise par quelques botanistes célèbres, ce ne sont que des cellules dilatées ou allongées. D’après ce que j'ai vu se passer sous mes yeux, je les considérerai comme résultant dans certains cas, de l’écarte- ment des cellules, comme de véritables lacunes que ces der- nières laisseraient entre elles et qui se régulariseraient plus tard par suite des lois qui président à l'organisation des êtres vivans. Il est évident, d’après ce que j'ai décrit et la figure que je donne des premiers rudimens du tube digestif dans les Limnées, qu’il n'y à ni enroulement, ni accollement de feuillets ; nous savons que la propriété caractéristique des cellules, surtout à cette époque de la vie embryonnaire, est de servir, en quelque sorte de matrice à d’autres cellules ( globulins) qui se développent dans leur intérieur ; or, on ne les trouve pas dans ces cavités prêtes à se réunir pour former le tube digestif, tandis que dans les cellules environnantes, on les distingue parfaitement ; ces cavités ne sont donc pas des cellules. La forme même qu'elles affectent à leur origine et qui ne saurait résulter ou que de la- bouchement de cellules voisines, ou que de leur écartement, est encore un argument en faveur de mon opinion; car, dans le premier cas, il est probable qu'il resterait des traces des cloisons intermédiaires;enfin ,je ferai remarquer que cette manière d’en- visager la formation du tube digestif , est parfaitement d'accord avec ce que nous avons observé du développement des cellales élémentaires qui naissent au centre pour se porter à la circon- férence, Ce même fait m’a permis de vérifier l'observation de Meckel, savoir que le tube digestif est primitivement formé de. plusieurs pièces qui se joignent bout à bout; il est encore fort remarquable que les extrémités sont les premières à paraitre, A. vx QUATREFAGES. — Sur les Planorbes et les Limnées. 117 et que c’est vers le milieu de l'embryon que l'on voit la jonction s’opérer. Enfin jattirerai l'attention des naturalistes sur la formation de la coquille et son incrustation pendant le séjour du petit mollusque dans l'œuf. M. Lund a fait remarquer avec raison que cette formation n’a pas lieu dans l'embryon de la même manière que dans l'adulte, où la coquille est sécrétée couche par couche parles bords du manteau; cependant, comme elle s'accroît en épaisseur aussi bien que dans les autres dimensions, je suis porté à croire que da surface entière de cet organe con- serve sa propriété pendant toute la vie de l'animal ; cette opi- nion est confirmée par le clivage que l’on peut faire subir aux coquilles des Anodontes qui ont acquis une certaine épaisseur. J'ai cherché à constater la présence des sels calcaires dans le liquide albumineux qui environne l'embryon dès son appari- tion , et dans [a gelée qui enveloppe tous les ovules; je crois l'y avoir reconnue, mais, à Coup sûr , ils ne s'y trouvent pas en assez grande abondance pour fournir à la formation d’un aussi grand nombre de coquilles; il faut dès-lors admettre que ces sels sont extraits de l’eau dans laquelle baignent les paquets d'œufs , et qui traverse successivement les deux membranes et les deux humeurs , pour aller revêtir te petit mollusque de son enveloppe protectrice. Résumé. « Un paquet d'œufs de Limnées ou de Planorbes doit être considéré comme l’analogue d'un fruit polysperme, comme un œuf multigerme dans lequel la gelée commune remplace le blanc (albumen), et où le liquide de l’ovule joue le rôle du jaune (vitellus). Le système nerveux est le premier à se développer, et dans ce système, le collier œsophagien est le premier à pa- raître, Les cellules élémentaires naissent au centre de l'embryon pour se porter à la circonférence; donc les organes de la péri- phérie sont les premiers à se montrer ( développement excen- trique ). 118 A. DE QUATREFAGES. — Sur les Planorbes et les Limneées. Le tube digestif se forme par écartement des cellules élémen- taires. La matière calcaire qui sert à l’incrustation de la coquille provient du liquide dans lequel le paquet d’ovules est plongé; cette dernière conclusion aurait néanmoins besoin d'expérien- ces directes que la saison trop avancée ne me permet plus de tenter. EXPLICATION DE LA PLANCHE 1, B. Fig. 1. OËuf de Limnée ovalaire grossi. Fig, 2. Zdem de L. des étangs. Fig. 3. Idem de Planorbe corné. Fig. 4. Zdem de L. des marais, contenant cinq germes. Fig. 5. Limnée ovalaire au premier jour. Fig. 6, Idem — troisième jour. Fig. 7. Idem — cinquième jour. Fig. 8. Idem — sixième jour. Fig. 9. Limnée des marais multigerme dans le courant du troisième mois. Fig. 10. Limnée ovalaire, septième jour. Fig. 11. Face inférieure du gâteau. Fig. 12. Limnée ovalaire, huitième jour. Fig. 13. dem neuvième jour. Fig. 14. Face inférieure du gâteau. Fig. 15. Limnée ovalaire , dixième jour. Fig. 16. dem douzième jour. Fig. 1x7. Planorbe à la même époque. > Q-—— Descriprion de trois espèces nouvelles de coquilles vivantes du département des Pyrénées orientales ; lue à la société philo- mathique de Perpignan. (1) Par M. FARINES. ( Extrait ) TI. Uxro Pranensis, Noe. Description. Coquille subéquilatérale, oblongue, épaisse, re- couverte d’un épiderme très noir, épais, luisant, à stries ré- gulières ; son nacré intérieur est mat et couleur de chair dans diverses parties; sommets excoriés; le bord inférieur est un peu échancré vers le tiers postérieur et les valves déprimées (1) Brochure in-8° accompagnée d’une planche lithographiée à Perpignan, 1834. FARINES. — /Vouvelles espèces de coquilles. 119 dans cette partie. Cette dépression est d’autant plus prononcée que les sujets sont moins larges et plus épais ; bord dorsal pres- que rectiligne ; bord antero-dorsal très peu oblique, légèrement courbe ; bord antérieur arrondi, obliquant légèrement en ar- rière; bord antéro-basal courbe, obliquant fortement en arrière ; bord basal horizontal, rectiligne sauf un léger sinus vers son milieu ; bord postéro-busal courbe,subanguleux, très court; bord postérieur très légèrement courbe, subtronqué ; bord postéro- dorsal un peu long, oblique, légèrement courbe. Longueur : 8 centimètres 2 millimètres; hauteur : 4 centi- mètres 8 millimètres; épaisseur : 3 centimètres 2 millimètres. On a prétendu que cette Unio n’est qu’une belle variété de VU. littoralis ; cependant, après avoir minutieusement comparé ces deux coquilles et avoir mis en parallèle leurs caractères les plus minces, leur éloignement m’a paru tellement tranché, la différence si évidente et prouvée par un si grand nombre de caractères, que toute analogie a disparu pour moi, et il m’a été impossible de me rendre à cette opinion. Voici le résultat de l'examen comparatif que j'ai fait de VU. Pianensis avec l’'U. littoralis, et l’U. tetragona , ces deux espèces m’ayant paru les seules des Unio de France avec lesquelles on puisse la comparer. L'U. Pianensis se distingue des deux autres : 1° En ce que la lame interne de son test n’est point nacrée ni brillante, mais mate et semblable à de la pâte de porcelaine sans vernis ; 2° En ce que son intérieur est d’une couleur de chair bien franche , au lieu de tirer sur le jaunâtre comme le nacre de l'U. subtetragona, ou sur le bleuâtre et le brunâtre, comme celle de VU. lttoralis ; 3° En ce qu’au lieu d’être très inéquilatérale, elle est sub- équilatérale. Aucune espèce de France ne peut lui être comparée sous ce rapport ; 4° En ce que, quelles que soient les nombreuses variétés d’allongement de l’U. littoralis, sa charnière forme toujours une courbe régulière qui suit le contour dorsal des valves. Dans VU. Pianensis , au contraire, la ligne de la charnière est beau- 120 FARINES. — Mouvelles espèces de coquilles. coup plus horizontale, quoique brisée par un angle vers son milieu. Il en résulte que les crochets de l’U. Pianensis sont plus saillans que ceux de la littoral ; 5° En ce que le système de charnière est à-la-fois beaucoup moins robuste proportionnellement, et beaucoup plus saillant dans l’U. Pianensis que dans les deux autres espèces ; 6° En ce que la position des dents de la charnière ( caractère essentiel) est presque exactement parallèle aux bords dorsal et basal, tandis qu’elle est très oblique dans les deux autres es- pèces. Il suit de là que la dent double (valve gauche) est sil- lonnée verticalement dans l'U. Pianensis, tandis que ces mêmes sillons sont dirigés très obliquement ( et souvent même presque parallèlement aux bords dorsal et basal, dans les variétés très allongées de VU. Zittoralis) dans les deux autres espèces. La méme remarque comparative s’applique aux sillons de la dent simple ( valve droite ) ; 7° En ce que la dent simple est réellement triangulaire et aiguë dans l’U. Pianensis, tandis qu’elle est seulement subtriangulaire et très obtuse dans les deux autres espèces ; 8° En ce que la forme générale, toujours ovale plus ou moins allongée dans l’U. littoralis , ovale arrondie subtétragonale dans PU. subtetragona est, ovale transverse et subparallélipipédique dans la mienne ; 9° En ce que la subéquilatéralité de l’'U Pianensis, caractérise fortement son facies extérieur ; 10° En ce que son épiderme est noir et non brun comme celui de VU. lütoralis, noir et non vert comme celui de l'U. subtetragzona ; 11° Enfin, en ce que son épiderme est relevé de rides épaisses et régulièrement espacées, tandis qu’elles sont irrégulièrement entassées ou séparées dans l’U. lüttoralis. L'épiderme est presque lisse dans l’U. subtetragona. Hab. Pia, village à une lieue N. N.-E. de Perpignan, dans le ruisseau qui porte le nom de cette commune. Quoique ce canal recoive les eaux de la rivière de la Tet, comme les autres canaux d'irrigation des environs de Perpignan, c’est le seul jusqu'ici où j'aie trouvé cette coquille et encore dans une seule partie, de- FARINES. — Nouvelles espèces de coquilles. or puis Pia jusqu’au Vernet; au-dessus je n’y ai pris que PU. litto: ralis: Un fait digne de remarque, c’est que les Unio qui, en général , se plaisent de préférence dans les eaux courantes, se trouvent ici au contraire abondamment dans les eaux dormantes et vaseuses, et que nos rivières le Tech, la Tet et l’Agly qui sont assez rapides n’en contiennent point ou fort peu, tandis qu’elles sont abondantes dans la Baste et pas rares dans les eaux stagnantes des fortifications ; par opposition, j'ai trouvé l_4{n0o- donta cygnea dans le Tech, au-dessous d’'Elne, dans un lieu sablonneux , et l’on sait que cette coquille aime’ les eaux tran- quilles et les fonds bourbeux. Utilités. L’U. Pianensis est édule, elle est beaucoup moins coriace que l’U. Zittoralis; les cureurs de canaux en mangent en quantité sans en être incommodés: ils prétendent que son odeur est différente des autres r2ouscles , nom qu'ils donnent aux Unio , et qu’elle a un goût de viande bien marqué ; mais c’est probablement la couleur carnéenne de l’intérieur et qui est très intense lorsqu'on en retire l’animal, qui, agissant sur l’ima- gination , leur fait attribuer au sentiment du goût l'impression produite par le sens de la vision. J'en ai mangé sans prévention, et la seule remarque que j'aie pu faire, c’est qu’elle m'a paru un peu moins dure que l'U. littorals. IL Heux Dresmourixsnr, Nos. Cette coquille appartient au sous-genre Hélicelle de M. de Férussac ; elle est voisine par sa forme de l'A. cornea et de l'H. Alpina, mais elle s’en éloigne essentiellernent par la forme de la bouche, dont le péristome est continu ; sous ce dernier rap- port, elle se rapproche davantage de l’AÆ. lapicida qui, par sa caréne, fait partie des Caracolles avec laquelle on ne peut par conséquent la confondre. Description. Solide, transparente, couleur de corne claire ou blanc sale, légèrement fasciée, striée longitudinalement ; ouver- ture un peu ovale, presque orbiculaire, caractère qui la distin- de l’/. cornea, qui a l'ouverture beaucoup plus ovale et dont le péristome forme un angle un peu droit à son bord gauche; ce 122 FARINES. — {Nouvelles espèces de coquilles. caractère est saillant, si on met ces deux coquilles l’une à côté de l’autre ; péristome continu, blanc, réfléchi ; ombilic un peu évasé, très profond ; spire aplatie, mais un peu moins que celle de VX. cornea. Hauteur : 6 millimètres ; diamètre : 14 millimètres ; diamètre en hauteur de l'ouverture, pris de la réunion antérieure des deux bords à la jonction postérieure du péristome : 6 milli- mètres ; diamètre en largeur : 5 millimètres. Hab. Les endroits frais et gazonnés de la montagnedesAlbères; elle a été trouvée, pour la première fois, près des ruines de l’ancienne abbaye de Notre-Dame de/ Castel. IT. Hecix XatartTn, Nos. De toutes les Hélices de France, la seule qui ait des rapports avec celle-ci, est l'A. arbustorum. Mais un caractère qui éloigne toute analogie entre ces deux coquilles, c’est que celle-ci est simplement perforée et appartient au sous-genre Hélicogène de M. de Férussac, tandis que l’Æ. Xatartii est ombiliquée et, comme l'A. Desmoulinsit, doit être rangée parmi les Hélicelles du même auteur. Description a l’état adulte. Test solide, de couleur jaunâtre tirant sur le vert, brunâtre et comme rôtie, surtout sur le tour inférieur de la spire qui est marqué d’une bande brune, clair- semé de taches jaunes plus nombreuses vers la partie postérieure de la coquille; ouverture semi-ovale ; péristome blanc peu réfléchi ; trou ombilical moyen et un peu masqué par la colu- melle : cette coquille est très striée et comme cotelée par des replis très saillans qui sont probablement des restes d'anciens péristomes; ces stries, beaucoup plus apparentes en-dessous qu’en-dessus de la coquille, constituent un caractère distinctif entre cette hélice et lÆ. aroustorum. La spire, quoiqu'un peu convexe, est beaucoup plus aplatie et sa grosseur beaucoup moins variable que dans les différentes variétés de l’Æ. arbustorum. Dars le jeune âge, cette coquille est transparente, fragile, d’une couleur jaune verdâtre, unie, sans bande brune ni taches jaunes, profondément striée; son ombilic est en grande partie FARINES. — Nouvelles espèces de coquilles. 125 recouvert par la columelle ; au fur et à mesure qu’elle avance en âge, elle acquiert de la solidité, se fonce en couleur, l'om- bilic se développe et se découvre. Hauteur : 11 millimètres ; diamètre : 18 millimètres ; diamètre en hauteur de l'ouverture pris de la réunion antérieure des deux bords à la disjonction du péristome : 10 millimètres; diamètre en largeur : 8 millimètres. Hab. Sur toute la chaine des Pyrénées-Orientales , à une élé- vation d'environ 1200 mètres au-dessus du niveau de la mer, particulièrement du côté de Prats-de-Mollo , au lieu dit o Coll de las molus. OBSERVATIONS sur le DRAGONNEAU (1); Par M. CHARVET, Professeur à la Faculté des Sciences de Grenoble. M. Charvet a découvert dans les eaux courantes des environs de Grenoble deux espèces de vers qui appartiennent au genre Dragonneau. Il les a désignés par les noms des localités dans lesquelles il les a rencontrés, Claix et Risset. Voici ce qui résulte de ses pbservations : Le mâle du dragonneau de Claix a de huit à dix pouces de longueur, le corps grèle, cylindrique, de couleur brun-rougeà- tre , aminci vers les extrémités, dont l’antérieure se termine en un bout arrondi; l'inférieure bifurquée forme deux mamelons conoïdes latéraux. La femelle est plus grosse que le mâle, a de dix à douze pouces de longueur, de couleur fauve-clair ou jaunâtre. L'extrémité postérieure est divisée en plusieurs lobes courts. Le dragonneau de Risset est moins long ; le mâle n’a guère que quatre pouces delongueur , la femelle de quatre à cinq. Ces vers ont été désignés par Linnée sous le nom générique de Gordius. Gmelin, et plus tard Lamarck et Cuvier, séparé- rent les Gordius en deux genres, les Filaires et les Dragonneaux, (x) Ce Mémoire est imprimé en entier dans les nouvelles annales du Muséum d'histoire na— turelle de Paris, L'extrait que nous en donnons est emprunté au journal l’/nstitut, rédigé avec talent par M. Eugène Arnoult. 12/ CHARVET, — Observations sur le Dragonneau. d’après la considération que les premiers sont des vers para- sites vivant dans d’autres animaux, tandis que les Dragonneaux sont des vers extérieurs. Mais cette distinction de genre ne pa- raît pas fondée , ces vers sont indifféremment extérieurs ou in- térieurs. Ils paraissent doués d’une très grande sensibilité. On commence à les rencontrer dans les premiers jours d'avril. Ils se tiennent ordinairement entortillés à quelque brin de jonc, tantôt isolés , tantôt par paquets de trois ou quatre formant des nœuds inextricables, d’où le nom de Gordius. Ils ne se mon- trent que pendant la nuit. A l'œil nu la peau du Dragonneau paraît lisse et vernissée ;. mais, examinée à la loupe, elle est uniformément chagrinée et percée d'un grand nombre de pores. ‘ Le muscle cylindrique qui forme presque tout l'animal est creusé dans sa longueur d’une cavité centrale simple chez le mâle, double chez la femelle par l'existence d’une lame mem- braneuse longitudinale. Ces deux tubes, distincts en avant, se confondent en arrière où la cloison de séparation manque; ils contiennent un liquide blanc laiteux qui sort par jet lorsque l'on ouvre la femelle avant la ponte. À mesure que cette époque approche, la matière blanche s’épaissit et finit par acquérir as- sez de consistance pour sortir entre les trois lobes terminaux de la queue en longs cylindres blancs qui jaunissent un: peu et deviennent très fragiles. Si l’on comprime cette matière entre deux plaques de verre et qu’on l’examine avec des verres gros- sissans, on voit qu’elle est composée de grains arrondis tous semblables, unis entre eux par une glaire demi-transparente, et qui ne peuvent étre que des œufs. La fécondité de ces êtres doit être prodigieuse, car on compterait des milliers d'œufs dans un pouce de cordon , et chaque| femelle en donne plusieurs pieds. À ces observations de M. Charvet nous joindrons quelques détails extraits d’une lettre de M. Jacobson à M. de Blainville. « Un enfant de 13 ans, venu des côtes de la Guinée à Co- penhague, se plaignait de douleurs à la cheville interne de la jambe droite. Un abcès sy forma, et lorsqu'il fut ouvert, on en retira un ver, le Filaria medinensis, qui avait presque une aune de longueur , sur une épaisseur d’une + ligne. La couleur CHARVET. — Observations sur le Dragonneau. 125 était entièrement blanche, la peau lisse, les deux extrémités légèrement pomtues. « La lancette ayant fait par hasard une petite ouverture au corps de l'animal, il en sortit une matière blanche que je pris pour des œufs,; mais, en l'examinant au microscope, je vis avec le plus grand étonnement que cette humeur n’était composée que d’une quantité innombrable de petits vers pleins de vie, cylindriques , tout-à-fait transparens, et qui se mouvaient d’une manière extrêmement vive. En faisant des incisions en différen- tes parties du corps de mon Flaria, j'en fis sortir par la pres- sion une masse innombrable de ces vermicules, de sorte que je pense que tout le corps de cet animal en est rempli. Ces ver- micules ont vécu pendant plusieurs heures dans un tube rem- pli d'eau. On aperçoit des viscères dans l’intérieur de leur corps. La peau montre dans quelques-uns de leurs mouvemens des rides ou plis circulaires assez prononcés pour que le corps sem- ble quelquefois être articulé. » M. Jacobson se demande en terminant si ces animalcules sont bien les petits du Dragonneau, ou bien si le Dragonneau ne serait qu'un tube ou un fourreau rempli de vermicules. RECHERCHES ANATOMIQUES sur un fœtus de baleine , par M. Roussez DE VAuzÈèME (communiquées à l’Académie des Sciences, 1° septembre 1834). (1) Voici les résultats du travail de M. Vauzeme : « L'orifice extérieur de l’évent est hermétiquement fermé par un tampon conique dont la pointe se perd insensiblement dans la membrane muqueuse. En partie adhérent, ce tampon agit à la manière du liège qui bouche un flacon. Il n'existe aucune trace de l'appareil compliqué des poches qu’on observe dans le Marsouin ; ce qui prouve que ces dernières ne sont pas néces- saires à la projection du fluide expulsé qui, chez les Souffleurs, ne passe point de la bouche dans l’évent, comme je m'en suis convaincu en mer par des observations directes Plus bas on re- (+) Cet extrait et le suivant ont paru dans le journal /'/nstitue. 126 r. ve vauzèMEe. — Recherches sur un fœtus de baleine. marque la fente oblongue des cavités nasales avec des anfractuo- sités qui reçoivent à travers la lame criblée de l’etmoïde les filets nerveux provenant des bulbes olfactifs. La trompe d’Eus- tache s'ouvre dans des cellules dont les unes correspondent à l’o- reille moyenne, et les autres s’étendent jusqu’à la base du crâne. Un peu au-dessus de la glotte, on voit de chaque côté, sur la membrane muqueuse, trois ou quatre ouvertures communi- quant avec des conduits anfractueux, dirigés vers l’origine de la langue et à la partie supérieure du cartilage thyroïde. Là, ces conduits, après avoir formé des cavités plus grandes, se pro- longent dans l'épaisseur même du cartilage, pour aboutir infé- rieurement à un canal qui accompagne la trachée-artère et se perd dans la poitrine. Deux poches musculo - membraneuses existent sur les côtés du cartilage thyroïde; lorsqu'on les ouvre, on aperçoit deux soupapes mobiles qui établissent une commu- nication entre ces poches et les cellules thyroïdiennes. Ces der- nières n’ont aucune ouverture dans le larynx qui, recevant l'air par la glotte, le conduit directement dans la trachée-artère. « D’après cette disposition anatomique, un fluide quelconque peut passer de l’évent par les cellules dont il vient d’être parlé, s’'accumuler dans les réservoirs latéraux du cartilage thyroïde et être poussé par contraction dans la poitrine, suivant les be- soins de l’animal. Cet appareil accessoire, propre à analyser Fair dans l’eau, ou plutôt le recevoir en nature, doit servir à expli- quer la submersion prolongée des Baleines. « La caisse du tympan contient une vessie qui se gonfle en insufflant de l’air ou de l’eau par la trompe d’Eustache. Le man- che du marteau remonte vers l'articulation de la mâchoire. Le conduit auditif externe est clos vers sa partie moyenne par un tampon de forme olivaire très développé chez les adultes. Le cerveau ne remplit pas la cavité du cräne. Les bulbes olfactifs se prolongent dans les fosses etmoïdales, divisées par un repli membraneux derrière lequel je n’ai pas trouvé d’apophyse crista galli, comme chez les Delphinus delphis. « Le poumon droit est plus volumineux que le gauche; celui- ci présente vers son extrémité supérieure une poche d’une assez grande capacité. Le cœur est aplati , la veine cave très large, et R. DE VAUZÈME. — Aecherches sur un fœtus de baleine. 127 l'aorte pourvue à sa partie postérieure d’une double rangée d’ar- tères intercostales. Cette disposition établit encore une différence entre la structure de la Baleine et celle du Marsouin, où l'aorte ne présente en arrière qu’un seul rang d’artères volumineuses. « Le foie se divise en deux lobes, dont le gauche descend plus bas que le droit. L’estomac est bilobé, le paquet intestinal affaissé et comme frangé. Point de cœcum; mais il y a derrière le rectum un espace vide qui permet son ampliation. Le rein droit est irrégulièrement quadrilatère, le gauche pyriforme. L'uretère droit se contourne avant de s’insérer avec son congé- nère, prés de l’urètre, à la base de la vessie qui est oblongue et se continue dans le cordon ombilical. « Je n'ai rien à dire sur la région génitale et anale qui a été figurée par M. Geoffroy Saint-Hilaire. » Essai sur une nouvelle théorie du bassin, par M. Desvienes. { Communiqué à l’Acad. des Sciences, 18 août 1834.) Voici comment M. Desvignes résume lui-même sous forme aphoristique les principales idées contenues dans son travail. « 1. En philosophie anatomique il n’y a point d’os, mais un squelette ; le travail de l’ossification ne peut servir de base à la théorie des analogues. « 2. La position des organes n’a pas de valeur absolue ; elle est subordonnée à l'énergie et à la succession du développement. « 3. La formation n’est qu'un moyen accessoire de détermi- nation; elle est en rapport avec la connexion de position et le développement spécifique des organes. « 4. La théorie des analogues ne possède point de moyen essentiel de détermination ; elle doit se baser, soit sur la posi- tion, soit sur la fonction, soit sur toutes deux à-la-fois. « à. La théorie des analogues ne forme qu’une partie de l'a- natomie philosophique; elle exige pour complément la raison d'existence de la variété. « 6. La raison d'existence se fonde sur ies lois du développe- ment et sur la succession du développement. «7. Les lois du développement peuvent être ramenées à trois 198 DESVIGNES. — Nouvelle théorie du bussin. primordiales : la spécialité d'évolution, la subordination du dé- veloppement, et le balancement des organes. « 8. Ces lois sont en rapport avec la connexion vasculaire, et se découvrent par l'appréciation de la valeur, soit primitive, soit secondaire des artères. « 9. La valeur d’une artere s'établit par son calibre, sa direc- tion et la distance qui la sépare du cœur. « 10. Le bassin considéré philosophiquement présente trois parties principales : l’ilium , le pubis et l’os marsupial. « 11. Ces parties ont leurs analogues dans l'épaule : Pilium ré- pond au scapulum, le pubis à l'os coracoïde , et los marsupial à la clavicule. « 12. La formule générale d’un bassin est : épaule à scapulum solide et peu mobile, à os coracoïde fortement développé et à clavicule atrophiée. « 13. L’ischium est une anastomose osseuse entre le pubis et l'ilium qui survient lorsque le bassin est fortement incliné et ré- clame de la solidité. « 14. L’ischium ne saurait se développer à l'épaule, et n’existe ni dans les Poissons, ni dans les Reptiles, ni dans l’Autruche d'Afrique. « 15. L'ilium a son plus grand développement dans les Oi- seaux , et son plus petit dans les Reptiles. « 16. Les os pubis ne sont séparés sur la ligne médiane que dans les Oiseaux et dans quelques Poissons. « 17. Les os marsupiaux se dirigent du pubis à l’épine ilia- que inférieure. Dans les Reptiles ils sont attirés en haut, et la réunion au pubis ne se fait que par un ligament ou une pièce osseuse. Dans les Salamandres, les Didelphes et les Morotre- mes, l'os marsupial est en connexion avec le pubis, mais est détaché de lilium. Dans les Mammiferes l'os marsupial n'existe pas; il est représenté par le ligament de Fallope. « 18. Le bassin est perpendiculaire à la colonne vertébrale dans les Reptiles et les Amphibiens (les Grenouilles exceptées ), oblique dans les Mammifères , et presque parallèle dans les Oi- seaux. « 19. Les Poissons en général ont les os du bassin situés dans un même plan parallèle à la colonne vertébrale. » FHRENBERG. — Classification des Infusoires. 129 CLassiricarion nouvelle des Infusoires , fondée sur leur orgarusalion. Par M. EHRENBERC. Dans les deux Mémoires sur les Infusoires dont nous avons donné précédemment la traduction ou l'extrait (1), M. Ehrenberg ne s’est pas borné à étudier la structure intérieure des animalcu- les, il a fait aussi l'application des connaissances ainsi acquises àla classification de ces petits êtres. Le tableau méthodique qu'il a joint à son premier mémoire ( Académique des Sciences de Ber- lin 1830), n'étant qu'une première ébauche qu'il a depuis per- fectionnée, il nous a paru inutile d’en parler ici, si ce n’est pour dire que toutes les grandes divisions sont les mêmes que celles que ce savant adopte aujourd’hui. Dans le second mémoire inséré dans le volume suivant du même recueil académique, M. Ehren- berg a donné non-seulement le tableau des coupes queses belles observations l’ont porté à établir parmi les infusoires, mais il a dé- crit aussi les genres et les espèces nombreuses qu’il a eu l’occasion d'examiner. Enfin plus récemment, dans le grand ouvrage que ce naturaliste publie en commun avec M. Hemprick sous le titre de Symbolæ physicæ seu icones et descriptiones animalium ever- tebratorum sepositis insectis, etc., il a présenté un Synopsis générique de sa nouvelle méthode fondée, non pas sur les formes extérieures , mais sur l’organisation des infusoires. C'est l'extrait de cette classification que nous allons reproduire. L'auteur divise d'abord les petits êtres réunis, par Muller, sous le nom d'Infusoires en deux classes , les Phytozoaires po- lygastriques et les Phytozoaires rotateurs; les premiers sont fissipares et présentent dans l’intérieur de leur corps des vési- cules stomacales tantôt isolées, tantôt réunies par un tube in- (1) Voyez Partie zoologique , tome 1, pages 129, 199, 226. Il, Zoor.,, — Septembre, 9 150 EHRENBERG. — C/assification des Infusoires. testinal; les autres ne se reproduisant point par division, mais par des œufs, présentent un canal intestinal simple et analogue à celui des animaux articulés; enfin, ils portent des organes rotateurs qui n'existent jamais chez les premiers. CLASSE DES PHYTOZOAIRES POLYGASTRIQUES. Animaux sans vertèbres, apodes, ayant quelquefois une queue, nageurs, ayant très souvent des cils vibratiles ourotateurs épars; point de cœur, des vaisseaux extrêmement ténus , réticulés , hya- lins et dépourvus d’un mouvement propre; ayant souvent des yeux rudimentaires formés par du pigment rouge, etindiquantun système nerveux non apparent; ayant une bouche nue ou cou- ronnée de cils vibratiles, et communiquant avec plusieurs ven- tricules non réunis par un intestin (chez les Anentérés ), ou bien se continuant avec un tube alimentaire polygastrique (chez les Entérodelés); le pharynx apparent et en général sans armature ; point de branchies ; les organes de la génération fili- formes , réticulés et granuleux ; point d’organe mâle distinct; enfin, se reproduisant par des divisions spontanées. Ie LÉGION. ANENTÉRES. Anentera. Bouche en communication avec plusieurs vésicules stoma- cales ; point d’anus ni de tube intestinal. 1x ordre. Nus. Nuda. 2. ordre. Currassés Loricata. Corps dépourvu d’enveloppe. Corps pourvu d’une enveloppe. 1e section, GYMNIQUES. Gymnica. Corps point cilié; bouche tantôt ciliée tantôt nue; point de prolongemens pseudopédiformes. EHRENBERG. — Classification des Infusoires. 137 $. Gyuniques nus. Gymnica $ I. GYMNIQUES CUIRASSÉS. nuda. Gymnica loricata. a FamIzce. MonaDines. Monadina. 1" FAMILLE. CRYPTOMONADINES. Cryp- tomonadina. Corps monomorphe ( c’est-à-dire ayant Enveloppe membraneuse , subglobu- une forme stable et n’étant pas protéen ), leuse et ovale. reproduction ayant lieu spontanément A, Simples. par une division transversale simple. a. Point d'yeux. A. Point de queue &* Bouche ciliée. a. Point d’yeux. G. Cryptomonas. a* Bouche tronquee terminale et a** Bouche nue. dirigée en avant lors des mou- vemens natatoires. a* + individus solitaires, jamais réunis en groupes. Cr Mrs! B. Composés ou se reproduisant par des divisions internes, G. Pandorina, G. Gyges. aa. Ayant un œil rouge. * G. Lagenula. a* + + Individus solitaires dans le jeune âge, puis amon- celes en tas désagréables, enfin redeyenant libres. G. Uvella. at +++ Individus solitaires 4 dans le jeune âge, se di- visant crucialement et se résolvant en une espèce d’a- mas d'individus. G. Polytoma. a** Bouche droite , tronquée, et dirigée en divers sens lors des mouvemens de natation et de tournoie- ment de l’animal. G. Doxococcus. a*** Bouche oblique , sans bords et bilobée, G. Clilomonas. aa, Ua œil unique rouge. G. Microglena. , 132 B. Une queue. b. Corps cylindrique. G. Bodo. bb. Corps anguleux. G. Urocentrum. 2° FAMILLE. VIBRIONIENS. Ÿ’ibrionia. Corps allongé, monomorphe (ne se gonflant pas, mais se fléchissant seule- ment par la contraction) et se divisant spontanément en beaucoup de parties. bouche terminale? A. Corps filiforme, cylindrique, se courbant par ondes. G. Vibrio. B. Corps filiforme, rigide et se roulant en spirale. b. La spirale roulée en cercle. G. Spirodiscus. bb. La spire en hélice. G. Spirillum. C. Corps oblong, fusiforme ou fili- forme , n’étant ni évidemment on- dulé, ni roulé en cercle, ni en spirale. G. Bacterium. 3° FAMILLE. ASTASIENS Astasiæa. Corps allongé , devenant phymorphe par la contraction, souvent cylindri- que ou fusiforme et se divisant spon- tanément dans le sens longitudinal, ou obliquement. À. Point de vestiges d’yeux. G. Astlasia. B. Des yeux rudimentaires bien dis- tincts. b. Un seul œil. EHRENBERG. — Classification des Infusoires. \ 2° FAMILLE. CLOSTERINES. Closterina. Enveloppe ronde, lorsqu'elle est à l'état rigide, se séparant spontanément en deux ou quatre parties par des divi- sions transversales et ouverte aux deux bouts. G. Closterium. EHRENBERG. — Classification des Infusoires. 133 b* Corps pourvu d’une queue. G. Euglena. b** Corps dépourvu de queue. G. Æmblyophis. bb, Deux yeux. G. Distigma. 2. section, EÉPiTRIQUES. Epitricha. Gorps cilié ou garni de soies : la bouche tantôt ciliée tantôt nue; point de prolongemens pseudopédiformes. EPÉTRIQUES NUS. Æpetricha ÉPÉTRIQUES CUIRASSÉS. Epitric- nuda. cha loricata. 4° raAMicce. Cycrinines. Cyci- 3e FAMILLE. PERIDINIENS, Peri- dina. dinæa. A. Corps garni de cils vitratiles. A. Simples. a. Les cils distribués par rangées G. Peridinium. simples, longitudinales ebcircu- BP, Composés ; Se reproduisant par laires. des divisions intérieures et la C. Cyclidium. rupture de l'enveloppe. aa. Cils épars partout. b. Point d’yeux. G. Pantotrichum. D* Enveloppe comprimée (quadrangulaire ). B. Corps dépourvu de cils, mais » 3 DRUR G. Gonium. garni de soies non vitratiles (les a cils de la bouche non compris.) b** Enveloppe globuleuse. G. Chætomonas. b** + Giles. G. Polvox. bb** + + Tentacules. G. Sphærosira; bb. Ocules, G. Eudorina. 134 ranewseec. — Classification des Infusoires 3° section. PSEUDOPODIENS. Pseudopodia. Corps pourvu de prolongemens pseudopédiformes variables. PSEUDOPODIENS NUS. Pseudopo- PSsEUDOPODIENS CUIRASSÉS. dia nuda. Pseudopodia loricata. 5° FAMILLE. AMOEBIENS. #mæbe. Leramze., Bacrccarrens. Bacillaria: G. Amæba. Enveloppe se divisant spontanément avec l'animal. A: Libres, jamais fixés. a. Solitaires ou bien agloméres. a* Enveloppe plus longue quelarge. G. Navicula. a** Enveloppe plus large que longue, : G. Euastrum. aä. Reunis en formes de rubans, polymorphes; les individus con- servant quelques mouvemens libres, sans se détacher; cuirasse également épaisse partout et prismatique. G. Bacillaria. aaa. Réunis en faisceaux et non polymorphes, ensuite désunis. G. Fragilaria. aaaa: Réunis en éventail, sans pied; cuirasse plus épaisse en avant qu’en arrière, G. Exilaria. B. Fixés dans le jeune âge, ensuite libres. B. Sessiles. G. Synedra. bb, Pédicules, souvent dichotomes, par ramification; corps rétréci inférieurement , cunéiforme. G. Gomfonema. bbb. Pédiculés, souvent dichoto- mes , corps rétréci à ses deux = extrémités, subfusiforme. G. Cocconema. * EHRENBERC. — Classification des Infusoires. 135 bbbb. Pédiculés, réunis en éven- tail, et souvent dichotomes. G. Echinella. 5€ FAMILLE. ARCELLIENS. Arcellina. Enveloppe non divisée. À. Enveloppe urcéolée. G. Dijflugia. B. Enveloppe scutelliforme. G. Arcella. I: LÉGION. ENTÉRODÉLÉS. Ænterodela. Une bouche et un anus distincts s’ouvrant dans un intestin autour duquel sont groupés les vésicules stomacales. 4e section. ANOPISTHES, Ænopisthia, Bouche et anus contigus. ANOPISTHES NUS. Anopisthia nuda. 6e rave. VoRTICELLINES. Vorticellina. A. Corps pédicellé, fixé, ensuite dé- taché, devenant souvent dicho- tome, a. Pédicule se contractant en spi- rale, simple ou rameux. a* Pédicule solide, le muscle in- térieur peu distinct. G. Porticella. a** Pédicule tubulaire, le muscle intérieur souvent distinct, de- venant arborescent par les divi- sions spontanées de l'animal. a** + Animalcules d’un même groupe similaires. G. Carchesium. ANOPISTHES CUIRASSÉS, ÆnOpise thia loricata. 6e FAMILLE. Orarvoines, Ophridina: À, Corps entouré de gélatine et point pédicelle, G. Ophrydium. B. Corps renfermé dans une gaine membraneuse, b, Pedicelles. b* Gaîne sessile; corps pédicellé. G. Tintinnus. b** Gaine pedicellée, G. Cothurnia. bb. Non pédicellés. G. Vaginicola. 136 a** +-Les animalcules dissem- blables sur le même arbuscule. G, Zoocladium, aa. Pedicule ne se contractant pas en spirale, rigide, sans tuyau intérieur, simple ou rameux. G. Epistylis. B. Corps non pédiculé et libre. Bb. Cils disposées en une couronne simple. G. Tricohdina. bb. Cils disposés en une couronne spirale conduisant à la bouche. G. Séentor. EHRENBERG. — Classification des Infusoires. 5e Section. ENANTIOTRÈTES. Enantiotreta. Bouche et anus terminaux et opposés ; reproduction s’effectuant par des divisions transversales. ENANTIOTRÈTES NUS. Ænantio- treta nuda. 7° rAMuLE. Encæeutes. Enche- lia. A: Bouche terminale, droite; ob- tuse , généralement garnie de cils; divisions spontanées transversales. a. Corps ni cilié ni garni de soies. a* Simples. G. Enchelys. a** Doubles. G. Disoma. aa. Corps pourvu de cils vibra- tiles. G. Holophrya. ” aaa. Corps garni de soies non vi- bratiles. ENANTIOTRÈTES CUIRASSÉS. Enantiotreta loricata. 7° FAMILLE CoLérrexs. Colepina. \ Enveloppe ovalaire ou cylindrique. G. Coleps. EURENBERG. — Classification des Infusoires. aaa* Subglobuleux. G. Actinophrys. aaa** Disciforme. G. Trichodiscus. B. Bouche terminale, mais obli- que, souvent ciliée. &. Corps non cilic. b* Point de prolongement forme de tête et de cou (l’ex- trémité antérieure peu ou point atténuée ). G. Trichoda. en b** Un prolongement en forme de tête et de cou. G. Lacrymaria: bb. Corps cilie. G. Leucophrys. 6e Section. ALLOTRETES. A{llotreta. Bouche et anus termitaux et opposés (comme chez les Énan< tiotrètes ); reproduetion s’effectuant par des divisions spontanées longitudinales et transverses; Allo= ALLOTRÈTES NUS. Allotreta ALLOTRÈTES CUIRASSÉS, tréta loricata. nuda. 8e ramrcze. Tracueues. Trachelina, 8° FAMILLE. Aseiiscines. Aspidiscina. 1P G. Aspidisca, Bouche inférieure, anus terminal. À. Bouche non armée. a. Point de cercle de cils distinct sur le front. a* Lèvre supérieure ou front al- longé , cylindrique ou dé- primé, et se prolongeant en forme de trompe étroite. G, Trachelius, 130 a** Lèvre supérieure courte , dé- primée et dilatce obliquement. G. Loxodes. a*** Lèvre supérieure comprimée, subcarénée ou renflée, point rétrecie. . G. Bursasia. aa. Front garni d’un anneau de cils. G. Phialina. B. Bouche garnie de crochets. G. Glaucoma. 9° FAMILLE. OPHRYOCERCINES. Ophryo- cercina. Anus inferieur ; bouche terminale. G. Ophryocercus. EHRENBERG. — Classification des Infusoires. 7° Section. KATOTRÈTES, Kalotreta. La bouche et l'anus point terminaux; reproduction s’effectuant comme dans le groupe précédent. KATOTRÈTES nus. Kalotreta nuda. - 10, FAMILLE. Kozpoprexs. Ko/podea. Corps glabre ou bien cilié, inerme. À. Sans yeux. a. Une trompe courte et rétrac- tile, àä* Corps cilié en partie seule- ment. G. Kolpoda. a** Corps cilié obliquement par- tout. G. Paramæcium. aa. Point de trompe. aa* Front et queue rétrécis. G. Amphileptus. KATOTRÈTES CUIRASSÉS. Æalo« treta loricata. 9e FAMILLE. Eurrorrexs. Euplota. Corps armé de crochets, des écus- sonné. A. Tête point distincte. G. Euplotes. B. Tête séparée du corps par un rétrécissement. G. Discocephälus. RATHKÉ, — Recherches sur l’_Æselle d’eau douce, 139 aa** Front oblong, queue rétré- cie. G. Uroleptus. B. Pourvus d'yeux. G. Ophryoglena. 11° FAMILLES OXYTRICHINES. Oxytri- china. Corps cilié et soyeux, ou armé de styles ou de crochets. A. Corps garni de soies; point de styles ou de crochets. G. Oxytricha. B. Des crochets, point de styles. G. Kerona. C. Des styles, point de crochets. G. Urostyla. D. Des styles et des crochets. G. Sylonichia. (La suite, contenant la classification des Rotateurs, au numéro prochain.) RecHERCHES sur la formation et le développement de l’Aselle d’eau douce ( Oniscus aquaticus Lin. ) Par M. Raruké. (1) Première période, $ IL. L'aselle d'eau douce met au jour des œufs, et se trouve au nombre des crustacés, dont la formation ne commence qu’en dehors du ventre de la mère, () Untorsuchungen über die bildung und Entwickelung der Wasser-assel der odes owriscus sQuaricus (Abhandlungen Zur Bildungs und Entwickelungs Geschichte des Menschen und der Thiere : von DA, Baruke, An-4° Leipzig, 1832, Erster Theil, p. 3, tab. r). 140 RATHkÉ. — Recherches sur l’Aselle d’eau douce. Ses œufs sont complètement sphériques, un peu plus petits que des grains de pavot. Chacun se compose de deux enve- loppes et d'autant de fluides. L'enveloppe extérieure est tout- à-fait transparente, lisse et d’une épaisseur assez considérable par rapport aux autres parties. Nous l’appellerons Chorion. En- tre la surface de l'œuf et le jaune qui occupe le centre, se trouve un intervalle que je suppose être occupé en partie par une sub- stance claire et fluide , analogue au blanc d'œuf chez les oi- seaux. Cette hypothèse, et la constante réunion des élémens du jaune, me font admettre encore une seconde membrane très ténue, qui correspond à la membrane du jaune des oi- seaux, et qui tient rassemblées toutes les particules de cette matière. Le jaune lui-même se compose d’un très grand nombre de grains , serrés les uns à côté des autres, tendre, plus ou moins sphériques , et de différentes grosseurs. La couleur du jaune va- rie, mais est uniforme dans les œufs d’une même portée ; tantôt ils sont vert de montagne, tantôt jaune de vin pale, tantôt jaune d’or. Du reste la variation de couleur des œufs n’est nulle- ment en rapport avec la teinte plus ou moins foncée de la mère. Dans des œufs déja mis au jour, je n’ai pu trouver la moin- dre trace de la vesicule de Purkinge. $ IL Les œufs, sortis des oviductes, sont cachés sur le champ par huit écailles, larges, minces, et demi transparentes, qui sont attachées deux à deux à la surface inférieure des quatre anneaux du corps de la mère, et qui peuvent être éloignées et rapprochées par des muscles particuliers. Ordinairement ces appendices repliés en dedans contre la surface de l'anneau auquel ils appartiennent, se couvrent en partieeux-mêmes. Lors- que les œufs y sont pondus, on trouve entre les écailles et la par- tie inférieure du corps une cavité close de tous côtés, qui est remplie entièrement par les œufs serrés les uns contre les au- tres. C’est là que les embryons se développent jusqu'à ce que leur forme soit devenue semblable à celle de leurs parens. Nous lappelierons à l'avenir cavité incubatotre. $ IT. Il paraitrait que les œufs arrivent dans cette cavité sans trace de germe, car j'ai examiné plusieurs aselles d'eau RATHKE. — Recherches sur | Aselle d’eau douce. 1h41 douce, dont tous les œufs ne m’ont rien présenté que je puisse prendre pour cette partie. Mais peu de jours après la ponte de l'œuf apparaît, sur une petite partie de la surface du jaune, une tache blanchâtre qui ressemble à un nuage léger, et ne laisse percer que vaguement la couleur du jaune; elle est circulaire , se perd vers la circonférence, et ne paraît pas avoir de limite bien déterminée. Dans peu de jours elle acquiert une plus grande épaisseur ; son milieu devient plus blanc et moins transparent, et, par un dépôt toujours croissant de matière plastique à sa circonférence, elle s'étend de plus en plus, et finit par envelopper complètement le jaune. Alors cette nouvelle partie de l'œuf, que nous appellerons blastoderme , forme nne membrane très tendre, composée d’une substance albumineuse, grenue et demi transparente; elle paraît tout-à- fait unie et plane à sa surface extérieure, tient fortement au jaune, et est presque partout d’une ténuité et d’une transpa- rence extrêmes; car ce n’est que la quatrième ou cinquième partie de cette membrane, et précisément celle où le blasto- derme a pris naissance, qui se distingue du reste par une épais- seur plus grande , et une moindre transparence. Jamais je n'ai remarqué dans les œufs de l’aselle d’eau douce que le germe, après s'être montré sous la forme d’un disque, se divisät en particules , qui se répandissent autour du jaune , se rapprochassent de nouveau après quelque temps, pour consti- tuer alors une blastoderme qui püt servir à la formation des embryons. Cela arrive cependant ainsi chez les araignées et les écrevisses de rivière, dont nos aselles sont très voisines. S IV. Dès que la blastoderme a enveloppé le jaune, la par- tie la plus tendre de cette membrane, celle qui a été formée en dernier lieu , se creuse vers le centre du jaune ( PI. IL. Cfig. 2), repousse les élémens de ce dernier , et présente au bout de peu de jours un large pli, dont les deux feuilles ou moitiés sont ser- rées l’une contre l’autre; ce pli, après avoir pénétré de plus en plus dans le jaune par un accroissement continuel du blasto- derme, arrive dans sa partie inférieure jusque près du centre du jaune, et se trouve alors enflé d’un côté comme une voile lé- gérement tendue, C'est elle qui divise l'un des hémisphères du 142 RATHRE. — Recherches sur lAselle d’eau douce. jaune en deux parties inégales (fig. 3-5). En général, la forme sphérique de cette substance n’a subi aucune altération ; car j'ai vu très peu d'œufs qui aient pris la forme d’un ovale pendant la formation de ce pli, et chez lesquels celui-ci se soit beaucoup plus rapproché de l'extrémité mince de l'œuf que de Pautre. Toutefois, quelle que soit la forme de l'œuf à cette époque, le blas- toderme représente toujours un sac fermé, rempli de jaune, res- semblant en quelque sorte à une cornue, ou à une calebasse, et dont une moitié est fortement appliquée contre l’autre. L’ex- trémité épaisse de ce sac figure la tête, l'extrémité mince la queue; la grande courbure désigne le côté du ventre, et la petite, formée par le pli décrit, le côté dorsal de l'embryon. $ V. Vers le temps où le pli pénètre de plus en plus dans le jaune, tout le blastoderme augmente d'épaisseur en s’appro- priant comme nourriture les liquides contenus dans l'œuf ; mais cet accroissement se manifeste surtout à la partie abdominale, c’est-à-dire à celle qui est située en face du pli. En effet, en cet endroit la membrane se modifie tellement qu'après peu de temps la tache nébuleuse, blanchâtre, circulaire et indistincte- ment déterminée dont j'ai parlé, se trouve remplacée par un an- neau blanchâtre assez large dont les extrémités se perdent dans le voisinage du commencement (ou du fond) du pli, et qui s'é- tend depuis un bout jusqu'à l’autre du sac blastodermal. Cet anneau occupe la grande courbure de ce sac, tandis que le pli en forme la petite; il s’élargit vers l'extrémité qui tient à la par- te épaisse du blastoderme ; et il se compose d'une masse très grenue, demi transparente, qui se coagule dans l'esprit de vin, : y perd sa transparence, et devient blanc de craie, Cet anneau est pour l'aselle ce que l'anneau primitif est dans l’œuf des oi- seaux. C’est lui qui donne naissance à la plus grande partie du corps et aux plus importans d'entre les organes. Les antennes et les mâchoires sont les premiers organes produits parmi ceux qui se forment à la surface extérieure de l'anneau, et que nos recherches puissent atteindre, car la petitesse de l’œuf nous empêche de le diviser avec le scapel de manière à voir les parties intérieures. Lorsque le pli a pénétré à-peu-près jusqu’au centre du jaune, RATHKÉ, — Recherches sur P Aselle d’eau douce. 143 et qu'on place l'œuf de manière que ce pli soit vertical, et que le milieu de l'anneau forme la partie inférieure du sac blasto- . dermal; qu’en outre la moitié la plus épaisse produite par lé pli soit tournée vers l'observateur; alors l’origine des antennes et des mâchoires se trouve du côté du blastoderme qui est en avant , ou en d’autres termes à la partie la plus large de l'anneau primitif. En haut se trouvent les origines des deux petites an- tennes : mais elles sont encore assez éloignées du commence- ment du pli blastodermal, ou, pour me servir d'une autre ex- pression, de l'extrémité épaisse du sac de même nom. Elles apparaissent comme deux bandes minces, courtes et placées symétriquement; elles dépassent extrêmement peu lanneau primitif, et divergent en une petite courbure vers le bas. Im- médiatement au-dessous se trouve une autre paire de bandes, un peu plus larges et beaucoup plus longues que les premières, mais qui ne s'avancent pas plus au-dehors. Elles sont encore plus distantes de axe de l'anneau, mais elles ont une direction semblable, et indiquent le commencement des grandes an- tennes. Entre ces deux bandes, et en partie aussi entre les deux petites antennes, on aperçoit une proéminence presque circulaire, petite et très peu sensible , qui n’est séparée des or- ganes précédens que par un sillon très mince et tres plat; ce sera la lèvre supérieure. Au-dessous de cette proéminence se trouve un autre sillon court, mince et plat, qu'on ne peut voir qu'avec un grossissement très considérable, qui se perd dans l'axe de l'anneau primitif; ce sillon recoit, tant à droite qu’à gauche , quatre autres sillons, encore plus courts et plus plats, et dont lun se trouve toujours à une petite distance sous l’autre, Chacun de ces derniers sillons est fait en forme de S, et placé de manière que la courbure intérieure est tournée vers le bas, l'autre vers le haut; à mesure qu'ils s’éloignent du sillon central, ils deviennent plus plats et se perdent insensiblement. Les parties situées entre ces sillons ressemblent à des bandelettes, et indiquent les origines des mâchoires ; la paire supérieure est celle des mandibules, les trois autres celles des mâchoires. Quant à la forme, toutes ces parties sont exactement sembla- bles , car elles représentent toutes des tables minces et irrégu- 144 RaTHKRÉ. — Recherches sur l’Aselle d’eau douce. lièrement quadrangulaires, qui a un des bords tourné vers l'axe, et qui, à partir de là, s’'amincissent et se perdent avec le reste du blastoderme. Ces tables sont cependant un peu diffé- rentes sous le rapport de leur grandeur , car les mandibules sont les plus grandes, et les mâchoires diminuent à mesure qu'elles sont placées plus bas. Du reste , les antennes et les mâchoires, et jy comprends la lèvre, occupent un peu plus que le quart de l'anneau primitif, et, d'après toutes les probabilités, les sillons qui se trouvent entre les premiers indices de ces parties, ne sont pas formés parce que la masse de cet anneau se tend et cède par endroits , mais bien plutôt parce qu'il se dépose à ces places plus de matière plastique qu’à d’autres. $ VI. En mème temps que les organes susdits se développent, et peut-être un peu avant, l'on voit paraître à côté des deux coins du pli blastodermal qui divise le sac en deux parties iné- gales, et à la partie antérieure de celui-ci, deux disques très petits et très minces, l’un à la droite, l’autre à la gauche du sac (fig. 5, d). Ils sont composés de la mème substance qui forme tout le sac du blastoderme, que nous pouvons appeler maintenant paroi du corps embryonnaire; chacun d'eux à d’abord la forme d’un triangle, et tient à la paroi susnommée par un de ses angles. Au bout de deux à trois jours il s’est changé au point de présenter une feuille trilobée qui, vue de côté, ressemble beaucoup à celle du siliodendrum tulipiferum , et qui est réunie par une tige au corpsde l'embryon. Si, après cette transformation, l’œuf est placé dans une position telle que les deux bouts du sac blastodermal soient dirigés en haut, et que les antennes etles mâchoires soient tournées vers l'obser- vateur , les deux plateaux se montrent obliquement allant de la partie antéro- inférieure à la partie posto -supérieure, et l’une des surfaces de la partie en forme de feuille est appliquée contre la moitié la plus petite du sac, comme s'ils voulaient l’'embrasser de leurs bras. $ VIL. Pendant que l'embryon se développe de plus en plus, comme nous venons de le décrire, il augmente de grosseur, ainsi que le jaune qu’il renferme. Il en résulte que la surface de l'embryon se rapproche de plus en plus de la surface de l'œuf, RATHKÉ. — Rechérches sur l’Aselle d’eau douce. 145 jusqu’à ce que l'intervalle qui se trouvait précédemment entre le chorion et le jaune, soit rempli, et jusqu’à ce que ces deux membranes se soient fendues. D’après toute vraisemblance l'accroissement de l'embryon se faitaux dépens du blanc, que je crois exister dans l'œuf, et qui, comme dans les œufs des oiseaux et de l’écrevisse de rivière, traverse peu-à-peu la membrane du jaune en vertu dela force qu’on appelle endosmose , et se trouve absorbé par le jaune. Du reste, il paraît que cette membrane du jaune, comme une partie du chorion, est absorbée successive- ment pour servir au germe, car vers le temps où l'embryon brise ces membranes, le chorion paraït beaucoup plus mince que lorsque le blastoderme commençait à se montrer. Deuxième période. $ VIII. Lorsque les membranes de l’œuf sont déchirées, le sac blastodermal rempli de jaune, ou plutôt l'embryon, en sort lentement , et s’en dépouille tout-à-fait. Dans le courant de quel- ques heures ou même d’un à deux jours, les deux moitiés du sac s’écartent ensuite, de manière qu’alors celui-ci res- semble complètement à une cornue. Les premiers indices des antennes, ceux des mächoires et les lames placées près de la petite courbure de l'embryon qui maintenant se redressent en arrière comme de petites ailes, sont encore les seuls organes que l'on distingue; on ne voit même pas de trace de la bouche et de l'anus. L’embryon ne donne pas le moindre indice des mouvemens volontaires. Par conséquent on peut lui accorder dans cet état une vie organique, mais non pas une vie animale. — L’aselle d’eau douce est donc de tous les animaux vertébrés et articulés dont nous connaissons le déve- loppement, celui qui sort de l'œuf dans l'état le plus impar- fait. $ IX. Lorsque l'embryon s’est dépouillé de ses enveloppes, il reste encore quelque temps dans la cavité incubatoire ; dans cette cavité, et sans se trouver en rapport immédiat avec la mère, il se développe jusqu'a ce que sa masse dépasse de huit fois au moins celle de l'œuf qui lui donna naissance, U, Zoo, — Septembre, 10 146 RATHRE. — Recherches sur l’Aselle d’eau douce. et il devient à-peu-près semblable à ses parens. En même temps il se forme dans cette cavité un liquide albumineux mais clair qui entoure les embryons et les enveloppe d'œufs vides, et les baigne sur toutes les surfaces; enfin ces enveloppes ne restent visibles que peu de temps ; peu-à-peu elles sont dis- soutes par ce liquide, dont je parlerai plus loin. $ X; Dés que l'embryon est débarrassé de ses enveloppes, les antennes et les mâchoires deviennent des organes détermi- nés, et en même temps a lieu la formation ‘des pattes et des branchies. Quant aux antennes, on voit d’abord que les bandes qui lés indiquaient grossissent et s'élèvent notablement au-des- sus de la surface du corps. Ensuite chacune de ces bandes s’en sépare de plus en plus, de sorte qu'à la fin elles n’y sont plus attachées que par leur extrémité intérieure. Lorsque la séparation a eu lieu, chaque antenne apparaît comme un cylindre de grosseur uniforme et un peu aplati : il est for- tement appliqué contre la paroi du corps, et quand l’on place l'embryon de manière que son petit arc est dirigé en haut, et son extrémité céphalique vers lobservateur ( situation que nous supposerons toujours), ce cylindre se trouve un peu courbé du haut en bas et d'avant en arrière (fig. 6, 8 et 9, aet b). Je crois que la formation ultérieure des mandibules et des mâchoires a lieu d’une manière semblable; seulement avec cette différence essentielle que les plaques qui les représentent sont moins grosses, et que leur séparation spontanée et partielle de la paroi du corps n’a pas lieu du dehors au dedans, comme pour les antennes, mais au contraire des bords épais et inté- rieurs de ces organes vers l'extérieur. La séparation des mâchoires et des mandibules se fait aussi sur une longueur beaucoup plus petite que celle des antennes, qu’on la considère d’une manière relative ou absolue. Du reste ces mâchoires, comme les an- } tennes, restent encore appliquées contre la paroi du corps long- temps après que leur séparaüon partielle est terminée { fig. 6, M #et.9- dira). La lèvre augmente un peu en hauteur vers la même époque, | | RATBkÉ. — Recherches sur l’Aselle d’eau douce. 47 et se change en un disque assez épais qui est un peu élargie vers son bord inférieur (fig. 8, c). Je n'ai pas pu m’assurer d'une manière positive si elle ne se sépare pas en partie de la paroi du corps à parür du bord inférieur , large et épais vers le haut. Plusieurs observations me portent à le supposer. Les paties, les branchies et les deux appendices fourches qui se trouvent à l'extrémité de la queue chez les aselles adultes, _paissent de la même manière que les mächoires et les man- dibules, soit quant à leur forme, soit quant à leur position ré- ciproque. Tous ces organes ont dans l’origine beaucoup de res- semblance entre eux et avec ceux déjà décrits. Ils ne se distin- guent guère les uns des autres que par leur grosseur, qui est d'autant moins considérable que chaque paire des membres en question est plus éloignée de la tête, ou, en d’autres termes, qu'elle est plus proche de l'extrémité amincie de l'embryon, qui conserve toujours la forme d’une cornue (fig.6, 8, 9, 10). Quels que soient les doutes que l'on ait conservés sur l’intime rapport qui existe entre les mâchoires et les pattes des animaux articu- lés, après les recherches de Savigny sur ce sujet, ‘et d’après les miennes sur des écrevisses naissantes, ils devront tomber tous si l'on examine avec soin le développement de l'aselle d'eau douce. | $ XL Poursuivons le développement de tous les organes dont nous venons de parler. Lorsque leur formation commence, le corps de l'embryon se contracte un peu dans toute sa longueur sur la limite où l'an- meau primitif se confond de chaque côté avec le reste de la paroi du corps ; il devient par conséquent de plus en plus étroit à sa surface inférieure, et à mesure que ce changement s’0- père , les arcs , formés par les différentes paires de mâchoires, de pattes et de branchies qui se touchent, représentent des seg- mens de cercles de plus en plus petits, tandis que les segmens du corps de l'embryon paraissent gagner en hauteur d’une manière xelative et absolue (Comparez fig. 7 et 10). Bientôt les mandi- bules et les mäâchoires, plus tard les pattes, et enfin les appen- dices de la queue, se séparent un peu de la paroi inférieure du ) Élémens d’Anat. génér. de l'homme , p.283, Paris, 1823, (3) Loc. cit., p. 268,6. 292. (4) Instit. physiol. (5) Manuel d'Anat. génér. descript. et pathol., traduit par A. S. L. Jourdan et G. Bres- chet, t., Paris, 1825. (6) Abhandlungen der Kænigl. Akad. , Zu Berlin, 1814; 1817 etc. (7) System der Histologie, À. +. (8) Loc. cit. (9) Loc. cit. (xo) Das menschliche Gefühl oder Organ des Getastes, nach den Abbildungen mchrerer , Beruehmten Anatomen dargestellt. Leipsick, 2814, in-fol. Recherches sur les appareils tégumentaires des animaux. 201 à l'épiderme (1) (Æd è in realtà la stessa epidermide nox pxrru- craTA, etc.), qui est formé, selon lui, par l’agglomération des globules de sang privés de fibrine et desséchés. Il faut arriver à ces derniers temps pour trouver quelque re- cherche satisfaisante sur les perforations de l’épiderme et sur les canaux sudorifères. Le mémoire d’Eichhorn (2) sur ce sujet est d’un haut intérêt, quoique ce physiologiste ait commis plu- sieurs érreurs et qu’il n'ait pas reconnu la véritable disposition de ces canaux sudorifères, qui présentent des spirales. Il les croit eoniques, à ouverture infundibuliforme, et d’un diamètre assez large pour recevoir un crin. (i) (rx) Osservazioni sulla struttura del l’epidermide umana, Memoria de Stefano Delle Chiaje , p. z6, Napoli, 1827. Voyez le quatrième volume des actes académiques de l’Institut d’encouragement des Sciences naturelles, où ce mémoire est inséré, (2) Des exhalations qui se font par la peau, et des voies par lesquelles s’opèrent ces exhala- tions. Voy. les Arch. de Meckel. (3) Tel était pour nous l’état de la science, lorsque nous avons entrepris, il y a quatre ans, de nouvelles recherches sur la structure de la peau. Avant de communiquer les résultats de nos propres travaux à l’Académie des sciences, dans le mois de janvier de cette année 1834, nous avions, au fur et à mesure que nous rencontrions des dispositions inconnues , fait part de ces découvertes à la société philomatique, nous les avions montrées ou nous en avions parlé à beaucoup d’anatomistes et de physiologistes francais ou étrangers, à MM. Tiedemann, Jacobson, Lauth, Retzius, et à plusieurs membres de l’Académie des sciences. C’est sans doute à ces communications , qui se sont propagées , qu’il faut attribuer les travaux récens de plu- sieurs anatomistes allemands, M. Retzius nous écrivait dernièrement que , pendant son dernier voyage en Allemagne en 1833“, il avait fait connaître quelques-uns des principaux résultats de nos * Nous plaçons ici la déclaration faite en Allemagne par M. le professeur Retzius relative- ment aux canaux sudorifères. ORIGINAL. TRADUCTION. Bufolge ber Meife weldhe id voriges Sabr A la suite d’un voyage que je fisl’an dernier burd mebrere europäifche Lânber madte, und auf ber id unter anbern Orten Paris und Bres- fau befudÿte , mo id) 3euge der Unterfudungen ele in biefen beiben Orten über die Organiz fation ber Haut angeftellt worden, gewefen, bin id) aufgeforbert worben, mid) über bas Berbalten , in bem bdiefe Berjuche moglicher Si à : 4 . MBvife feben Éonnten , zu éufern, Mas id in Ce ue je sais et ce que je pense à ce sujet : du- biefer Sade mweif und glaube ift folgenbes. rant mon séjour à Paris, dans les mois de mai, MBübrend meineé Aufenthalté su Paris in den juin et juillet, mon honorable ami et collègue dans plusieurs contrées de l'Europe , et pen— dant lequel je visitai entre autres villes Paris et Breslau, où je fus témoin d'expériences ten- tées sur l’organisation de la peau, on m’en- gagea à douner mon avis sur le rapport qui aurait pu exister entre ces recherches. Voici 202 MM. G. BRESCHET ET ROUSSEL DE VAUZÈME. investigations, et qu’il avait appris que des savans s’occupaient du même genre de recherches, et qu’ils avaient obtenu des résultats analogues à quelques-uns des nôtres. Dans une des notices de M. Froriep arrivée, depuis peu à Paris (mai 1834), on voit, pour le n° de décembre 1833, l'in- dication des travaux de M. Wendt; c’est aussi dans le mois de décembre que nous noussommes inscrits à l’Académie des Sciences pour lire notre travail et présenter nos dessins. Nous avons fait Monaten Mai, Suni und Suli ergablte mir mein bochgeebrter Sreunb. und Gollege Brez fhet, bafer mit Unterjudungen über bie Baut befhaftigt mûre, und baf er eigne Eanale für ben Shveif in berfelben gefunden, Œnde Suli geigte er mir die Seidnungen gu einem Juffaée biertber, auf melchen id bie fpiralz formigen Canale, welde burd ben Corpus Malpiabii, in die Epidermis geben, fab. AIS id nachber im Monat September nad Bres: lau Éam, fab ich biefelben Bildbungen in einer füvali erfdienenen Differtation vom Berrn Dr. A. WBenbdt, fo ivie auch in Natura barges ftellt von bem dafigen Entoecer derfelben, dem Profeffor Purfinge, in einer Sufammen£unft ber anatomicozgoologifchen Geffion, mabrenb der Serjammiung beutfcher Ârate und Naturz forfcher im vorigen Serbft. Mad den Schlüfz fen welche id thcils aus ber Ungleibeit der Darftclungsweife, theils aus der Unglcidheit der Scichnungen, theils aus anbern Grünben maden fonnte, find biefe Unternebmungen gang unabbängig von einanber vorgenommen worden, obne bañ die fit mit benfelben befhafz tigenben Naturforfcher von einanber gevuft bâtten. Sowobl Brefchet als PurÉinge waren feit langer 3eit und auf ungleiden TBegen mit Unterfudungen über die Haut befhäftiat gewez fen. PurÉinge batte nad aller WBabrfbeintich= Écit diefen Gegenftanb zur nâbern Unterfuchung gufolge der unbeutlidhen Angaben welche man vorber über bie fogenannten elaftifchen Spiral: faben in ber Haut batte, mit Hülfe emifcher Sittel vorgenommen; Brefchet fdhien zu feiz nen Œntoeungen gufolge einer Unterfudbung ber bien Hornbedetung beim TBallfijche gez Éommen gufeyn. Shre Arbeiten und Berdienfte ftchen meines Eractens in feiner Verbindung miteinandber, und nad) meiner libergeugung ift die Entocung der Spiralgefafe von ibnen beiden, obne da einer von dem andern gemuêt bâtte, gemadt morben, eben fo iwie die Lymphs gefafe von Rubbe® in Schweben, von Câjalz pinus in Stalien und Bartholin in Copenhagen Breschet me montra qu’il s’occupait de re- cherches sur la peau, et qu’il avait découvert des canaux particuliers pour la sueur. Vers la fin de juillet, il me présenta les dessins d’un mé- moiresur ce sujet, et j'y vis les canaux en spirale * traversant le corpus Malpighii et l'épiderme. Lorsque, ensuite au mois de septembre, je vins à Breslau, je trouvai des parties analogues repré- sentées dans une dissertation tout nouvellement publiée par M. le docteur A. Wendit, et je vis ces parties en nature, présentées par l'inventeur, le professeur Purkinje, à la section anatomico- zoologique, lors de la réunion des naturalistes et médecins allemands, qui eut lieu lautomue dernier. D’après les conclusions que je puis ti- rer, soit de la différence dans la manière d’ex- poser lesujet, soit de la dissimilitude des figures, soit enfin d’après d’autres raisons , ces recher- ches ont été entreprises indépendamment les unes des autres, sans qu'aucun des naturalistes qui s’y sont livrés aient eu le moindre rap- port entre eux. MM. Breschet et Purkinje s'occupaient depuis long - temps, et par des voies entièrement différentes , d'expérien- ces sur la peau. M. Purkinje, déterminé par l'incertitude qui régnait sur ce qu’on appelait les spires élastiques de la peau, a abordé l'examen approfondi de ce sujet par des moyens chimiques ; M. Breschet paraît avoir été conduit à sa découverte par l'analyse de l’é- paisse enveloppe cornée de la baleine. Leurs travaux et leur mérite n’ont , d’après moi, au- cuue relation, et ma conviction est que la dé- couverte des vaisseaux spiriformes a été faite par tous les deux , sans que l’un connût les tra- vaux de l’autre; de même que les vaisseaux lymphatiques furent découverts simultané: ment par Rudbeck en Suède, par Cæsalpinus en Italie, par Bartholin à Gopenbague, sans qu'ils aient communiqué entre eux; mais parce que le sujet appartenait aux problèmes de leur époque. Je puis d'autant mieux déclarer ici Recherches sur les appareils tégumentatres des animaux. 203 cette lecture dans le mois de janvier *. Ce jeune médecin, dont les recherches sont postérieuresaux nôtres, a travaillé sous la direction de M. Purkinje; l’épiderme seul paraît avoir occupé ces anato- mistes **; et quoique nous ayons découvert les uns et les autres les canaux en spirale , nous seuls avons assigné l’origine de ces canaux et reconnu le corps glanduleux qui sécrète la sueur. L'on verra d’ailleurs qu’il y a plus d’une différence dans les résultats de nos études. MM. Aiph.Wendt et Purkinje signalent des filamens disposés en spire dans l'épaisseur de cette couche cornée(mais ils sembleraient avoir regardé d'abord ces spires comme solides et ne formant nullement des vais- seaux ***. Monro, comme nous l’avons dit, avait aussi aperçu sous le premier feuillet de l’épiderme des filamens dignosés en spiraies ; il leur attribuait une nature nerveuse. Fontana fait mention de canaux contournés sans s'arrêter à déterminer leur caractère, et M. de Humbodt, loin de les considérer comme des vaisseaux ou des nerfs, croit qu’ils résultent des plis de la peau. M. Wendt et Purkinje n'auraient douc rien ajouté à ce qu'on savait déjà. S’ils ont d’abord regarde ces filets autrement que nous l’avions dit, cela tient à leur manière différente de procéder, Jamais nous n'avons soumis la peau à la coction pour pouvoir convenablement découvrir et observer les tubes en spires, tandis que ces anatomisies versent de l’eau bouillante sur la peau, avant de l'examiner au microscope, Cette espèce de coction doit oblitérer le conduit central de ces filets en spires : voilà ce qui explique la différence des résultats. Cependant M. Wendt dit dans un autre passage et dans les conclusions de son opuscule, que ces filamens ont un canal à leur centre ****, Tout en finissant par croire à l’existence d’un canal dans ces filets, M. Wendt est porté à les comparer, pour leurs fonctions, aux follicules sébacés de la peau, et il dit qu’ils sécrètent la sueur comme les follicules sébacés séparent la matière grasse du tissu cutané *****. M. Wendt considère ces filets creusés d’une cavité comme étant les organes glanduleux les entbecft worben, one baÿ fie bon einander cette conviction que je l'ai énoncée déjà à Bres- wuften, ba der Gegenftand gu den Problemen lau, le 22 septembre 1833 , dans la session ibrer 3eit gebôrte. Diefe Meinung fann id um anatomico-zoologique doni j'ai parlé. fo viel eber hier aufern , da ich fie fchon in der Stockholm, rer juin 1834, Sufammen£unft zu Breflau in der ermäbnten anatomico=Zoologifhen Seffion bes 22, ep. A. RETZIUS, tembers 1833, mittheilte, PROFESSEUR D'ANATOMIE. Gtodholm, ben 1, Suni 1834. Anbdr, Retzius, Profefjor der Anatomie. * Analyse d'un premier mémoire sur la structure et les fonctions de la peau , etc. , lue à l'A- cadémie des Sciences le 27 janvier 1834, etc., par G. Breschet et Roussel de Vauzème. ( Voyez la Gazette médicale, mois de février 1834.) *“* De Epidermide humand. *** Filorumstructura, sectionedescripta, explorata ,simplex , granulosa vel polyposa nobis visa est; tamen a muco malpighiano minori pelluciditate differt. Duabus striis nigris a latere termi-— hantur, inter quas massa pellucidior apparet ; non aulem canalem quemdam filorum certe de- monstrant quum eædem in crinibus non canali, sed luci diverse fractæ ortum debere videantur, page 25. %*#* Tamen filaomnino cava esse, — Fila elastica, oculisarmatis conspecta, canal omnino si- millima videntur; tamen, num luci diverse fractæ, an internæ cavitati ortum debeat hæc forma, non facile distingui potest. Eichhornius canalem se diffidisse contendit, quod idem vero expe- rimentum nos ipsi repetere frustrà studuimus, quum filum semper dilaceraretur, ita ut, quo- modo Eichhornius sectionem perfecerit, omnino nesciamus, p. 28. "**** Sicut folliculi, qui sebum, ia fila, quæ sudorem seceraunt, pro glandulis simplicibus habenda essent , nisi fortassé existeret quædam essentialis differentia inter folliculos sebaceos et fila sudorifera, $ 40, P. 28. 204 MM. G. BRESCHET ET ROUSSEL DE VAUZÈME. CHAPITRE IV. Appareil d'inhalation considéré dans les organes técu- PP mentaires. Pour étudier convenablement cet appareil, il faut enlever une couche mince de l’épiderme, le plus extérieur (1), le choisir mou, blanc, comme friable; mettre cette couche sur un mor- ceau de verre avec quelque gouttes d’eau, et, après s'être bien assuré qu'il n’y a aucun corps étranger et qu’on agit sur l’épi- derme pur, en opérer la dilacération avec des instrumens à pointes courbes. Les conduits inhalans paraissent alors situés sous la couche la plus superficielle de l’épiderme sous la forme de radicules isolées, répandus dans le tissu corné, et, après s'être anastomosés entre eux plusieurs fois, pénètrent dans le derme par l’infundi- bulum des papilles, près des canaux sudorifères. Tous ces troncs vasculaires, symétriquement disposés danses fissures interstitiel- les, qu’ils traversent, communiquent dans le derme, au-des- sous des papilles, avec des canaux formant un plexus commun, couché à angle droit des sillons. Nous déclarons que, malgré plus simples; par cette idée, ou plutôt par cette présomption, il se rapproche de l'opinion que nous avons émise sur l’origine de la sueur; mais il ne paraît pas avoir connu le renflement ou corps glanduleux auquel aboutit chaque canal , et qui est pour nous la glande sudoripare. Ces savans se taisent sur tous les autres points de la composition de la peau qui ont fait l'objet de nos études, Dans un voyage que nous avons fait tout récemment en Allemagne, nous avons eu l'avantage d'exposer, à Stultgart ( septembre 1834 ), devant le congrès des médecins et des naturalistes, et particulièrement devant un grand nombre des principaux anatomistes de l’Europe, tels que MM. Tiedemann, Oto, Froriep, Strauss, Rapp, Arnold, Lauth, Lobstein, Duvernoy, Leuckart, Erhmann, ete., ete., les résultats de nos recherches sur la structure de la peau, et personne n'a contesté l’antérivrité de nos travaux et de nos découvertes. (1) Nous considérons ici comme épiderme toute l'épaisseur de la couche cornée qui est si- tuée au-dessus du derme et qui est traversée par plusieurs organes. Le feuillet le plus extérieur de cette substance cornée constitue la cuticule ou l’épiderme proprement dit de beaucoup d’au- teurs. ne Recherches sur les appareils tégumentaires des animaux. 9205 tous nos efforts, nous n’avons pu voir qu'un petit nombre de fois cet aboutissant des inhalans de l’épiderme; quoique nous ayons la certitude de l’avoir bien vu, et assez distinctement pour le dessiner, nous devons nous borner à indiquer notre ob- servation , sauf erreur. Ces vaisseaux, d’une ténuité extrême, ramifiés en formant des anses dans une substance dure, élastique, résistante, se brisent avec une grande facilité, et l’on n'en trouve guère que des frag- mens épars. Vus au microscope, la couieur en est blanche et argentine (1); à travers les parois de ces petits tubes, on aperçoit souvent des espèces de diaphragmes, qui prouvent, sinon une identité parfaite , du moins une analogie de structure avec les vaisseaux lymphatiques ou les veines ; quelquefois ils sont noueux, d’autres fois lisses et unis, mais en général peu élasti- ques. On peut apercevoir avec une loupe très faible, et même à l'œil nu, ces vaisseaux, en grattant la surface de l’épiderme; ils sont parfois fort longs et secs , et ressemblent à de petits poils très fins. Pour apercevoir l’entrée de ces vaisseaux dans le derme, il faut soulever légèrement l’épiderme, comme pour étudier les canaux sudoriferes; alors, avec le secours de la loupe, on voit que tous les canaux hidrophores sont accompagnés d’un vais- seau inhalant, et ces parties sont unies d’une manière intime près du derme. Le vaisseau inhalant s’en sépare bientôt, de sorte que le canal sudorifère entre dans la matière cornée par la cloison inter-papillaire, tandis que le vaisseau inhalant diverge du côté de la cloison épidermique, plus en relief, laquelle correspond aux sillons du derme. Eu examinant au microscope cesdeux organes, on en voit aussi- tôt la différence : le canal sudorifere est plus gros, et couvert de petites lames imbriquées, mou, pelotonné, serpentant , élastique; le vaisseau inhalant est lisse, argentin, droit ou légèrement courbe, traversé par un canal central visible qu'interrompent imparfaite- ment de petites cloisons. Si l'on sépare avec trop de violence du derme la couche épidermique, les vaisseaux inhalans se brisent (1) Figure 19; fig. 20; fig. 2r. 200 MM. G. BK£SCHET ET ROUSSEL DE VAUZÈME. etil ne reste plus queles canaux sudorifères qui peuvent s’allonger considérablement. Ce qui peut encore servir à distinguer ces deux ordres de conduits, si différens d’ailleurs, c’est que les tubes inhalans, diaphanes, ont des ramifications anastomotiques, par- fois comme plexiformes; les canaux sudorifères n’en présentent jamais. Une expérience qui semblerait indiquer que ces canaux'inha- lans ont une communication directe avec le système capillaire sanguin artériel ou veineux, et qu’ils ne correspondent pas aux vaisseaux lymphatiques est la suivante : Si l’on fait une injection fine dans l’artère principale d’un mem- bre, cette injection s'arrête au derme, comme cela nous est tou- jours arrivé ; alors si l’on coupe la peau en dédolant, et sil’on presse avec un scalpel, de dedans en dehors la partie injectée, on voit les canaux inhalans du tissu corné se colorer en se ramifiant et s’'anastomosant entre eux jusque sous la couche la plus superfi- cielle de l’épiderme. Les canaux sudorifères et les inhalans ne peuvent se disséquer dans toute leur étendue, à cause de la ré- sistance du tissu corné ; mais les uns se voient en fragmens sous la loupe, les autres en totalité par le moyen des injections. Nous avons retrouvé ces vaisseaux inhalans avec leurs ca- ractères distinctifs dans la peau du nègre et dans celle de Pélé- phant. Nous avons constaté leur présence dans la peau de la ba- leine, du marsouin, des orvets, des tortues, de plusieurs poissons; ils existent même dans les tuyaux et les barbes des plumes, dans les piquans du hérisson, véritable épiderme transformé. Quelles que soient les couleurs du tissu corné, les canaux ab- sorbans, les nerfs et les canaux sudorifères sont toujours blancs. Nous avons constamment rencontré ces canaux inhalans dans le tissu corné de toutes les peaux que nous avons observées, tissu dans lequel, jusqu'à ces derniers temps, la présence de vaisseaux quelconques avait été niée. Mais la nature de ces ca- naux pourra être contestée. Si ce ne sont pas des canaux absor- bans, que sont-ils? nous ne pensons pas qu’une différence de struc- ture avec les vaisseaux lymphatiques du centre soit une raison de refuser à ces conduits du tissu corné la faculté absorbante. Tout ce aui est en dehors du derme présente un aspect particulier : les Recherches sur les appareils tégumentaires des animaux. 207 nerfs, par la manière dont ils se terminent, les canaux sudori- fères en spirale n’ont pas d’analogues dans les autres tissus animaux. La solidité apparente des vaisseaux absorbans, leurs contours, leur union entre eux et leurs ramifications semblent appropriés au tissu qu'ils doivent parcourir. Des lymphatiques mous et tremblotans auraient été en désaccord avec la matière cornée, dont la nature est éminemment dilatable et compressi- ble. Cependant, ces caractères appartiennent bien plutôt à ces ca- naux considérés dans leur état. de vacuité, que lorsqu'ils sont distendus par une injection. Alors ils ressemblent à des vais- seaux lymphatiques ou à des capillaires veineux. Jusqu'à présent, nous savons comment s'opère le tact ; les nerfs sont connus. Nous savons que, dans le derme, le système vasculaire sanguin proprement dit ne va pas au-delà des organes sécré- teurs et papillaires, et que la matiere de la transpiration est sé- crétée et exportée par l'appareil diapnogène. Nous verrons bientôt comment se sépare la matière cornée. En procédant ainsi par voie d'exclusion, nous arrivons à conclure que les ca- naux qui rampent dans le tissu corné ne peuvent être que des inbalans ; d’abord parce que leurs anses radicales prolongées jus- que sous la couche la plus superficielle de l'épiderme, et leur tex- ture, les assimilent aux lymphatiques,ensuite parce que l’absorp- tion étant une des propriétés manifestes de la peau, nous n’y trouvons pas d'autre organe qui puisse remplir cette fonc- tion, (1) N'ayant pu voir le commencement précis des radicules lym- phatiques dans la peau, nous pensons que labsorption a lieu par l’imbibition préalable du tissu corné, Si nous avons pu sui- vre les canaux hidrophores jusqu’au dehors, et découvrir leurs orifices à l’extérieur, il n’en a pas été de même pour les canaux dont nous parlons. Ces conduits, étudiés par nous avec le plus grand soin et l'attention la plus soutenue, se continuaient d’une (x) L'existence de ces canaux absorbans est reconnue aussi par les anatomistes célebres dont le nom fait depuis long-temps autorité. Nous avous reçu du professeur Tiedemann un morceau de tissu cutané pris sur un cadavre humain, On voit sur cette portion de peau, au-dessous de la cuticule, un lacis de vaisseaux très déliés, et que M. Tiedemann nous a assuré ètre des vaisseaux lymphatiques ; nous parlerons ailleurs de cette préparation, 208 MM. G. BRESCHET ET ROUSSEL DE VAUZÈME. part avec un plexus inextricable de canaux semblables à eux, et parfois ils ne paraissaient être qu'une anse plus saillante que les autres flexuosités de ces conduits plexiformes; mais quant à leur terminaison à la surface extérieure de la peau, jamais nous n'avons pu les conduire jusque-là, et sur ceux dont nous aper- cevions l’extrémité dans l'épaisseur de la substance cornée con- stituant le corps muqueux, nous n'avons jamais pu nous assu- rer s'ils se terminaient par une ouverture ou s'ils étaient imper- forés et en cul-de-sac. Leur disposition très fréquente en arcades anastomatiques semble démontrer qu'ils ne finissent pas en présentant une bouche-béante. La terminaison des vaisseaux absorbans dans l'intestin où ils pompent le chyle, n’a pas été mieux vue que celle des vaisseaux inbalans de la peau. Il y a certainement identité dans le mode de terminaison et de fonction des vaisseaux des deux tégu- mens. Si l’on consulte les auteurs, on tombe dans un chaos de con- jectures et d’hypothèses, et l’or reconnaît que toutes nos notions sur les voies de l'inhalation sont aussi obscures que celles que nous avions sur l'exbalation cutanée. On suppose en gé- néral que l’absorption se fait à la surface du derme, et qu'elle se continue dans les réseaux capillaires, veineux et lymphatiques, soit avec les vaisseaux lymphatiques seuls, soit avec les veines dont ils seraient ainsi l’origine. Haase (1) a observé que quand on a injecté un vaisseau lymphatique de la peau, si on re- pousse le mercure vers la racine du vaisseau, on le fait sourdre à la surface libre. Les canaux que nous avons observés dans l’é- piderme sont-ils les capillaires séreux que Bichat admettait au-delà des capillaires sanguins? mais ils ne nous ont pas paru provenir manifestement de ces vaisseaux. Nous avons long-temps cherché la terminaison des canaux in- halans pour pouvoir en connaître tous les caractères, et pour acquérir la certitude que nous ne les confondions pas avec les canaux sudorifères; mais nos investigations, variées sous (x De vasiscutis et intestinorum absorbentibus. Plexibus Iymphat belvis hum, annot. anotom, ; Lips. 1 786.-chap. 2. p. 4. Recherches sur les appareils tégumentaires des animaux, 209 toutes les formes, n’ont jamais pu nous amener à la découverte de prétendues bouches terminales de ces canaux absorbans, comme nous étions parvenus à voir les orifices extérieurs des conduits sudorifères. Nous avons donc été forcément amenés à douter que les canaux inhalans eussent des ouvertures à l'extérieur, des suçoirs ou orifices béans au-dehors, comme en présentent les conduits lacrymaux. Cette circonstance dans la disposition de ces canaux paraît d’abord peu importante, et ce- pendant eile se rattache à la doctrine de toutes les absorptions. En réfléchissant à ce que nous disent les physiologistes sur le mécanisme de l’absorption ,nous voyons qu’en faisant résulter cette fonction d’une action de prendre ou de pomper les molé- cules des corps par des orifices ouverts, ils ne sont jamais partis de notions anatomiques exactes et rigoureuses. Aselli, le pre- mier, vit les vaisseaux lymphatiques des intestins, et pensa qu’ils y pompaient le chyle par une succion comparable à celle des sangsues (1). Bartholin (2) et Olaüs Rudbeck (3), qui découvri- rent les absorbans des autres parties du corps, partagèrent l’o- pinion d’Aselli sur le mode d'action de ces vaisseaux. Malpi- ghi (4) pensait que les vaisseaux inbalans avaient pour orifices les follicules intestinaux.J.G.Haase (5) a cru que les ouvertures de ces vaisseaux se trouvent dans les pores où se fait aussi l’exhalation, et que l’obliquité de insertion de ces pertuis les rend difficile- ment apercevables. Après avoir fait une injection dans les vais- seaux absorbans, il fit passer par une marche rétrograde, le mercure dans ces vaisseaux, en les comprimant avec le manche du scalpel. C’est aussi le moyen que nous avons employé pour rendre visi- bles les ramifications des canauxinhalans dans le tissu corné :après avoir injecté l'artère principale d’un membre, nous avons pressé (x) De lactibus , sive de venis lacteis, dissert. Mediol, 1627. « Ad intestina instar hirudi- pur orificia horum vasorum hiant, spongiosis capitulis. » (2) Vasor, Lymph. hist, nova, — Cap. vr. (3) Nova exercitatio exhibens ductus hepaticos aquosos, et vasa glandularum serosa. — Cap, var, (4) De glandulis conglobatis, etc. (5) De vasis cutis el intestiaorum absorbentibus plexibusque lymph. pelvis hui. Auuotat, anatomicæ, — Lips. 17986, ehap, 11, p. 4. II, Zooc. — Octobre. 14 210 MM. G. BRESCHET ET ROUSSEL DE VAUZÈME. de proche en proche le tissu pour faire parvenir la matière colo- rée jusque dans les canaux de l'épiderme. Si véritablement nous n'avons pas produit de solution de continuité, cette expérience, nous le répétons, prouve que les canaux inhalans ne com- muniquent pas avec le système lymphatique général, mais bien avec le système capillaire, et elle devient favorable à l'opi- nion de M. Magendie qui considère les veines comme les agens principaux de l'absorption. Ou bien si l’on veut faire de ces canaux inhalans des organes distincts du système sanguin et les rapprocher des vaisseaux lymphatiques, il faut admettre que l'absorption, bien qu’elle soit exécutée par un ordre. particu- lier de vaisseaux, ces organes ne sont réellement qu’une va- riété du système veineux avec lequel ils sont toujours en com- muunication, soit qu'ils aient parcouru, séparément dans ce sys- tème, un espace assez considérable, soit qu'ils w’aient fait qu’un chemin très court, comme les canaux exhalans de la peau ou méme encore les vaisseaux, admis par M. Lauth, entre l'utérus et le placenta, vaisseaux contre l'existence desquels M. Carus a exercé sa critique. J. N. Lieberkübn (1), ayant étudié les lactés dans les villosités intestinales, pensait que, dans chacune de ces villosités, il entre un rameau lacté garni de valvules, plusieurs artérioles, une ou plusieurs veinules, et probablement un nerf, vu la sensibilité exquise de ces villosités. Ce vaisseau lacté se renfle pour former une petite ampoule ovalaire (2), au sommet de laquelle on aper- coit au microscope, une ouverture et quelquefois plusieurs pertuis (3). Les artères et les veines se ramifient en serpentant autour de cette ampoule, et quelques rameaux de ces vaisseaux paraissent la perforer. Lieberkühn injectait les vaisseaux san- guins avec soin pour faire ses recherches, mais il ne faisait par- (1) Joannis Nathanael Lieberkuhn. — Dissert. anat. physiolog. De fabricà et actione villo- rum intestinorum tenuium hominis. Amstelodami, 1560. (2) Ramusculus vasis lactei ($ 2,n. 1 ) extenditur in ampullulam vel vesiculam ovulo haud absimilem, in cujus apice foraminulum quoddam exiguum microscopio detegitur. — $ 111, p. 4. (3) Quod autem unum saltem adsit foraminulum in cujusvis ampullulæ apice, certo examine mibi constat : interdum tamen, licet rarissimè, plura, ut in papillis mammarum, vidisse me- mini, p. 5. Recherches sur les appareils tégumentaires des animaux. 211 venir artificiellement aucune matière dans les vaisseaux lactés, se contentant de nourrir les animaux avec du lait, ou de faire boire de cette liqueur à des personnes mourantes. (1) Les expériences de Haase (2) portent à croire qu'il avait, par la pression, fait rompre les vaisseaux lymphatiques cutanés, injectés avec du mercure, et que ce métal avait passé dans les canaux sudoriferes. Il faisait en effet avancer le mercure injecté dans les lymphatiques sous-cutanés, en le poussant avec le manche du scalpel, et l’on en voyait sortir les globules par les pores extérieurs de la surface de la peau. Ce qui semble démontrer la justesse de notre observation critique, c’est que Haase dit que ces orifices se voient dans les pores où se font en même temps les exhalations, et que la disposition de ces orifices est oblique. Tout ce que rapporte ici notreauteurestapplicable parfaitement aux canaux hidrophores, comme on peut s’en assurer en lisant notre description de ces conduits. Haller ne considérait pas les paroles de Lieberkühn, comme démonstra- tives, et il doute de l'existence des orifices (3). Rom. on Hedwig (4) représente ces villosités d’une manière analogue à l'idée qu’en avait Lieberkühn ; mais une autorité que nous pou- vons opposer à l'opinion de Hedwig, est celle de Rudolphi (5) qui a examiné les villosités intestinales sur un grand nombre d'animaux, et qui affirme n’y avoir jamais découvert de vais- seaux sanguins, ni de canal, ni d'orifices à l'extrémité, et qui rejette ces derniers comme inutiles. Il ne paraît pas avoir ob- servé les villosités pleines de chyle, car il n’en parle pas. Rudolphi a suivi le même procédé que Hedwig, pour exami- ner les villosités, et il a obtenu des résultats tout contraires. (x) Moribundis aliquoties, ubi hæ conditiones aderant, lac copiose potandum dedi, et ferè semper successit experientum, p. 3: — Vidi séparata tunica vasculosa, in sede villosæ hanc respiciente , lacteum abire in ampullulam caseo plenam, p..5. (a) De vasis cutis, etc. — Loc. cit, (3) Elementa physiologiæ, t. vrr. (4) Disquisitio ampullarum Lieberkuhnii physico-microscopica, Lipsiæ 1799. (5) Anatomisch-physiologische abbandlungen ; Berlin 1802. Uber die Darmzotten. « Je n'ai jamais trouvé d’orifice sur les villosités intestinales de l’homme , quoique je les aie examioées sur un grand nombre de sujets différens,»— Des willosités intestinales , troisième mémoire de Rudolph. 212 MM. G. BRESCHET FT ROUSSEL DE VAUZÈME. Hedwig a représenté les villosités de neuf animaux différens savoir : celles de l'homme, du cheval, du chien, de la poule, de l'oie, de la carpe, du chat, de la souris et du veau. De ces neuf figures, trois seulement présentent les prétendus orifices, et c’est sur les flocons intestinaux de l’homme, du cheval et de Joie. Sur quarante-quatre villosités de l’homme dont il donne la figure, iln’y en a que cinq ou six sur lesquelles on apercoive les orifices. Pourquoi les autres villosités représentées dans la même direction, n'offrent-elles pas aussi ces pertuis? Nous pouvons en dire autant pour les figures des villosités du che- val et de l’oie, et celles des grandes villosités de l’intestin de la poule et du chien n’en indiquent aucune ! Ces singuiarités signa- lées par Rudolphi, lui font élever des doutes sur lexacti- tude des observations d'Hedwis. Lieberkühn aussi, tout en admettant des orifices aux villosités intestinales, à fait figurer ces franges sans indiquer d'ouverture: Rien jusqu'ici, suivant les paroles de Rudolphi, ne démontre l'existence d’un orifice au sommet des villosités. Ces prétendus orifices ne seraient-ils pas une erreur d'optique, et ne savons-nous point que Della Torre a considéré les globules du sang comme des anneaux! Dans un autre endroit, Rudolphi dit : «J'ai déjà fait remarquer dans un premier mémoire, que je n'avais pas trouvé d’orifices dansles villosités intestinales, je ne fes ai pas rencontrés davantage depuis cette époque. » En voyant maintenant que les villosités manquent sur beaucoup d'animaux, peut-être sur la plupart d’en- tre eux, et qu’au lieu de ces villosités, il existe des éminences légères, de petits plis , il faut avouer que ces prétendus orifices ne sont pas nécessaires; car chez tous les animaux qui n’ont pas ces villosités, l'absorption se fait pourtant aussi bien sans orifices sensibles; pourquoi donc cela n’aurait-il pas lieu pour les villosités ? Si la tunique interne de l’intestin forme ici d’autres prolongemens, cela n'exige pas non plus des changemens aussi considérables, et nous avons toujours pour nous l’analogie de l'absorption qui s'opère sur toute la surface du corps sans ori- fices manifestes. {1) (x) Quelques observations sur les villosités intestinales par Ch, Asmond Rudolphi. Recherches sur les appareils tégumentaires des animaux. 213 Les observations de notre célèbre ami le professeur Rudol- phi nous paraissent rigoureusement exactes sous le rapport de l'absence de tout orifice à l'extrémité des villosités, et sur ce point nos observations, déjà très nombreuses et très variées, sont d'accord avec les siennes; mais quant à ce qu’il dit de l’ab- sence de vaisseaux sanguins artériels et veineuxsur les villosités, nos injections nous ont démontré qu'il s’est trompé. C’est ce que nous prouverons dans un autre mémoire en traitant de la structure des membranes muqueuses. Nous sommes sur ce point en parfaite harmonie avec MM. Doellinger et E. A. Lauth, et nos dessins faits d’après nos préparations, confirment pleinement ce qu'ils ont observé. Une opinion qui se rapproche beaucoup de la présomption que nous avons sur l’origine des canaux inhalans, est celle de Blumenbach (1), qui pense que le commerce ou la communi- cation qui peut exister entre les villosités intestinales et Les vaisseaux lactés se fait par l'intermédiaire du tissu-lamineux, et, suivant nous, c’est par l'intermédiaire de la mucositéou du tissu épidermique que l'absorption s'exécute, et que la matière arrive au,contact avec les canaux lymphatiques. Hewson (2) n’admet pas les ampoules des villosités comme l'a entendu Lieberkühn, mais il ne dit rien de bien clair et de bien satisfaisant sur les orifices des inhalans. Une fois il a cru reconnaitre sur un iléon, les artères et les veines étant injectées, que les villosités étaient cylindriques, spongieuses et poreuses à leur extrémité. Ces porosités sont regardées par lui comme les orifices des absorbans. Une autre fois il vit ces orifices tres distincts et vides. Hewson, dans ces diverses recherches, n'avait d'injectées que les veines et les artères, tandis que les vaisseaux lactés étaient vides, ce qui fait dire avec raison à Cruikshank et à M. E. A. Lauth, que ce n’est que par conjecture que Hewson a pu considérer les pores comme les orifices des vaisseaux chy- lifères. Cependant il raconte ailleurs que, sur des poissons, il (x) Instit, physiol., 6 426. (2) Experimental inquiries. — P, 2. Containning a description of Iymph., syst. in the hum. subj. and in other animals. Foy. aussi Guilielmi Hewsoni opera omnia, Latinè vertit et notas addidit. S, T. van Wynpersse. Lugduni Batav. 1795. 214 MM. G. BRESCHET ET ROUSSEL DE VAUZÈME. était parvenu à faire passer du mercure dans les petits vaisseaux lactés des villosités intestinales, et que même, il fit arriver ce métal jusque dans la cavité des intestins. Dans cette circon- stance, il ne put pas reconnaître si ces orifices étaient garnis de valvules ou non. Pour faire cheminer le mercure de cette sorte, il a fallu le pousser dans un sens contraire au cours du chyle, et nous pouvons appliquer ici à Hewson, ce que nous avons dit du procédé de Haase. M. Fohmann (1) ne croit pas non plus qu'on puisse regarder les expériences de Hewson, comme des preuves à l'appui de l'opinion que les vaisseaux lymphatiques sont pourvus d’orifices béans à leur origine, car le mercure que l’anatomiste anglais vit couler dans l'intestin, avait été chassé violemment par la pression des paroïs vasculaires. Une femme, après ses couches, mourut subitement à la suite de convulsions, vers cinq heures du matin, bien qu’elle füt en parfaite santé le soir précédent, car elle avait mangé de bon appétit à son souper. Leslactés furent trouvés gonflés d’un chyle formant un coagulum solide; plusieurs des villosités en étaient également remplies et ressemblaient à autant de vésicules blan- châtres. Cruikshank, qui rapporte ce fait, dit qu'il fit, dans cette occasion, les observations suivantes (2): 1° Les villosités étaient si pleines de chyle, qu’on ne put rien voir des ramifica- tions artérielles et veineuses; le tout paru comme une vésicule blanche, sans aucune ligne rouge, aucun pore ou orifice quel- conque. 2° D’autres villosités contenaient aussi du chyle, mais en petite quantité; les ramifications des veines étaient nom- breuses, et prévalaient par leur rougeur sur la blancheur des villosités. 3° Dans quelques centaines de villosités, on vit un tronc de lactés formant des branches radiées ou commençant par elles. Les orvfices de ces vaisseaux étaient très distincts sur la surface de la villosité, aussi bien que les vaisseaux eux-mêmes. Les lactés étaient pleins d’un fluide blanc, et il n’y avait qu'un seul de ces troncs pour chaque villosité. 4° La cavité spongiense (x) Sur le mécanisme de l'absorption, d’après la disposition anatomique du système lÿmpha- tique des poissons. (2) Anatomie des vaisseaux absorbans du corps humain, ete. traduit de l'anglais par Petit- Radel, p. 123. Paris, 1787. Recherches sur les appareils tégumentaires des animaux. 215 dont parle Lieberkühn, paraît n'être évidemment que la mem- brane celluleuse commune qui lie les artères, les nerfs et les lactés ensemble. 5° Les orifices sur les villosités du jéjunum étaient au nombre de quinze ou vingt pour chaque villosité, ainsi que le constata W. Hunter. Les lactés paraissaient naïtre par de petits orifices qui appartenaient aux branches radiées, les- quelles s'unissent pour former un vaisseau. (1) Il faut suivant M. E. A. Lauth, que Cruikshank ait fait ses observations sur des intestins affectés de quelque maladie, parce qu’elles sont contraires à tout ce qu'ont vu les anatomistes qui depuis lui se sont occupés du même genre d’étude, et le langage, etle caractère bien connu de Cruikshank, ne permettent pas d'élever le moindre soupçon sur sa véracité. Scheldon a cru voir les villosités sous des formes très variées, mais le plus souvent bulbeuses; il lui a semblé quelquefois dis- tinguer les orifices au sommet des ampoules, mais il ne les a plus aperçus lorsqu'il a examiné chaque villosité séparément, de sorte qu'il élève des doutes sur l’existence de ces orifices. (2) A. Meckel représente les villosités intestinales par une lan- guette étroite, dépourvue d'artères ; l'injection les colore par simple transsudation ou imbibition; les orifices n’existent pas et ils sont incompatibles avec la disposition foliacée des villosi- tés. (3) Alb. Meckel a représenté les villosités pourvus de vaisseaux à leur base, et si les injections paraissent imparfaites ou irrégu- lières, il faut attribuer cette apparence à l’imperfection de l'in- jection, ou à ce que les vaisseaux se sont vidés en partie après l'opération faite et lors du déplacement de la pièce et des mouve- mens imprimés à la préparation. Les deux anatomistes de notre époque qui sont universelle- ment considérés comme les plus habiles dans l’art d’injecter les vaisseaux capillaires, Prochaska et Doœllinger s'expriment d’une (1) Anatomie des vaisseaux absorbans du corps humain, traduit de l'anglais par Petit-Radel, p. 123, London 1789. (2) The history of the absorbent system., Londou 1784. (3) Uber die Villosa des Menschen und ciniger Thiere, von A. Meckel, Deutsches Archiv. für die physiologie, p. 163, 1819. 216 MM. G. BRESCHET ET ROUSSEL DE VAUZÈME. manière claire et positive sur l'existence et le mode de termi- naison des vaisseaux des villosités intestinales, mais il ne font aucune mention d'orifices béans sur ces éminences qui ont mérité à la membrane muqueuse le titre de membrane veloutée. G. Pro- chaska dit que les plus petits vaisseaux se terminent les uns dans les autres, sans que le microscope puisse permettre d’aperce- voir aucune interruption. (1) J. Dœllinger a porté desinjections dans les vaisseaux intestinaux de plusieurs animaux, et il a examiné au microscope les villo- sités; il a toujours parfaitement distingué les veines et les artères qui se distribuaient sur les flocons intestinaux, et, sur tous les points, il a vu ces deux ordres de vaisseaux s’anastomoser entre eux un grand nombre de fois par leurs rameaux les plus déliés, en formant , sur la villosité, un réseau admirable ,sans qu'aucune radicule, seterminât isolément sans s’anastomoser avecune autre, et sans constituer une arcade ou une maille. Nulle part notre cé- lèbre anatomiste ne fait mention d’orifices sur ces villosités, etses excellentes figures, n’indiquent aucune espèce d'ouverture. (2) Si nous en croyons Mascagni, les tissus ne seraient que des p'exus de vaisseaux lymphatiques et la trame elle-même du corps animal consisterait en un réseau de vaisseaux absorbans; mais nulle part il ne s'explique clairement sur le mode d’origine et sur les orifices de ces vaisseaux: Mascagni est trop exclusif pour que son opinion soit une autorité aussi puissante qu'elle le serait sans cette circonstance, surtout s’il faisait reposer sa manière de voir sur des observations matérielles (3). Il pré- (x) Fines arteriarumapertiin internà tunicà ventriculi et intestinorum nulli quoque confirman- tur, quia vasa minima continuo tractu et sine interruptione ibidem procedentia per microscopium observare licet , neque injectiones per arterias factæ, in cavum ventriculi et intestinorum , sine vasorum læsione penetrant, nisi nimis tenues fuerint , et per vasa transsudaverint; quare humo- rum in ventriculum et intestina secretionem transsudatione per vasorum poros peragi, mullum probabile est; quod ob parietum vasorum tenuitatem et nuditatem facile et abunde fieri potest. Eadem via, quà humores ex vasis in intestinorum et ventriculi cavum penetrant, etiam quidquam ex cavo ventriculi et inteslinorum vi affinitatnm ad sanguinem pervenire posse experimenta suadent. — Disquisitio anat. physiol. organis corporis humani ejusque processus vitalis, p. 106 et 107, Viennæ, 1872. < (2) De vasis sanguiferis quæ villis intestinorum tenuium hominis brutorumque insunt, Mo- nachii, 1828. (3) Prodroma della grande anatomia, chap. r. Voyez aussi Fodera. Recherches expérimentales sur l'absorption et l'exhalation, etc. Paris, 1824, p. 15. Recherches sur les appareils tégumentaires des animaux. 217 tend aussi, et contradictoirement à Bichat, que les artères abou- tissent constamment aux veines et qu'il n’y a pas de vaisseaux exhalans. Comme Cruikshank, M. Ern. Alex. Lauth a eu l’occasion d'examiner peu d’instans après la mort , le corps d’une femme qu’une rupture d’un sac anévrysmal, de la crosse de l'aorte, fit périr peu d'heures après avoir fait un repas. Il trouva les villo- sités intestinales distendues par le chyle, ayant la forme d’un ovoïide pointu , un peu recourbé à son sommet. Ces villosités, soumises aux plus forts grossissemens des lentilles du microscope, offrirent leur extrémité libre, rugueuse, mais jamais on ne put parvenir à y distinguer d’orifices. (1) Depuis la publication de son Æssai sur les vaisseaux lym- phatiques, en 1824, M. Lauth a continué ses recherches sur les villosités intestinales, pour y apercevoir les orifices décrits par Lieberkühn, Cruikshank, Bleuland et autres , mais sans succès. Il n’a jamais pu voir que des rugosités, ou des granu- lations à leurs extrémités, sans orifices libres. « Cependant, j'ai examiné (c’est M. Lauth qui parle) des villosités dans différens états, sur l’homme et le chien, les unes vides, les autres à moi- tié remplies de chyle, d’autres gorgées de ce fluide, et compa- rativement j'ai examiné des villosités injectées, tant sur l’homme que sur divers animaux. Je ne sais donc comment expliquer cette contradiction ; à moins qu’on ne veuille admettre que les intestins, examinés par les anatomistes nommés ci-dessus, waient été dans une condition pathologique ; car les recherches de Cruikshank, surtout, sont exposées avec candeur. Je pense en conséquence que le résultat de mes recherches ne peut servir qu’à établir la présomption de la non-existence des orifices en question, parce qu’une observation positive ne saurait être ren- versée par des observations négatives. » (2) La plus grande incertitude règne donc encore sur le mode d’origine des vaisseaux lactés et sur l'existence ou la non-exis- (x) Essai sur les vaisseaux lymphatiques, ete., p. 18, Strasbourg, 1824. (2) Mémoire sur divers points d'anatomie, par E, À, Lauth, p. 15. — Voyez Mémoires de la société d'histoire naturelle de Strasbourg, 1. 1. 218 MM. G. BRESCHET ET ROUSSEL DE VAUZÈME. tence d’orifices sur les villosités, communiquant avec un canal qui aboutirait à un vaisseau lacté. Bichat aurait mieux fait de descendre à la simple observation, que de déclamer contre l'anatomie de structure, la seule qui puisse nous guider en physiologie et en anatomie pathologique. Nos connaissances sont bien moins claires et bien moins précises encore à l'égard du mode d’origine des vaisseaux lym- phatiques de la peau; car tout ce que disent les anciens et les modernes n’est pas fondé sur une observation rigoureuse , et le plus souvent on a cherché à deviner et non à découvrir par tous les moyens que l'anatomie met à notre disposition. Ces. recherches sont, il est vrai, difficiles et l'on peut aisément se tromper ; aussi, dans cette ébauche des prerniers résultats de nos études, nous exposons simplement ce que nous croyons avoir vu, mais nous ne prétendons pas avoir toujours été exempts d'erreur. Nous citerons, à l’appui de notre présomption de l'absence d'orifice des vaisseaux lymphatiques à la surface extérieure de la peau, ce que dit un des anatomistes modernes des plus ha- biles et des plus profonds, qui fait, depuis bien des années, une étude toute spéciale de la disposition du système lympha- tique, c’est M. Fohmann. «Si les vaisseaux lymphatiques avaient des orifices béans, le mercure, lorsqu'on l’injecte dans les vaisseaux des valvules des intestins de la raie et du loup marin, devrait s’en écouler par le seul fait de sa propre pesanteur ; mais c’est ce qui n’a pas lieu ». Malgré les nombreuses injections que M. Fohmann a faites sur ces parties, jamais, lorsque les vaisseaux n’avaient pas éprouvé de déchirures, il n’a vu un seul globule mercuriel se montrer à la surface interne de l'intestin. Il n’a jamais été pos- sible à ce célèbre anatomiste de découvrir les orifices béans des lymphatiques dans les raies, etc., où l’on peut cependant ob- server parfaitement les lymphatiques de la membrane mu- queuse à l'œil nu, ce qu’on ne peut faire sur d’autres poissons. C’est pourquoi M. Fohmann pense que ces orifices n'existent pas. À l'égard de l’origine ou des terminaisons des vaisseaux Îymphatiques des poissons qu’il a examinés, ils se Recherches sur les appareils tégumentaires des animaux. 219 comportent de la même manière, quelques différences qu'ils présentent d’ailleurs dans leur trajet. 7{s finissent en cul- de-sac, formant des vaisseaux d’un plus grand calibre qu’on ne les trouve plus loin, à quelque distance de leur origine, dans lesquels on distingue une face externe, couverte d’un tissu analogue au cellulaire, par le moyen duquel ils tiennent aux parties environnantes. (1) Il résulterait des 6bservations anatomiques de M. Fohmann, que les vaisseaux lymphatiques, dans tous les tissus, ne sont pas pourvus d’orifices béans à leur origine, mais qu'ils se ter- minent en cul-de-sac représentant, dans la plupart des parties du corps, des poches ou dilatations qui offrent une surface interne lisse, et une autre plus ou moins semblable à du tissu cellulaire, laquelle est différente dans les diverses parties du corps. Le tissu lâche et semblable au cellulaire qui couvre la face externe des origines des vaisseaux lymphatiques, établit une connexion entr'elles et les autres systèmes qui entrent dans la composition des organes. Ce tissu forme, en quelque sorte, une éponge qui couvre l'extérieur des lymphatiques, exerce l'absorption sur les matériaux susceptibles d’être résorbés et les conduit aux parois minces du système vasculaire. Cette manière de considérer les vaisseaux lymphatiques et l’espèce de gangue, au milieu de laquelle ils sont plongés, vient à l'appui des idées de M. Magendie (2) et de M. Fodera {3), sur le mode d'exécution de l'absorption, qu'ils considèrent comme une véritable imbibition. On a dit contre cette opinion, qu’en admettant ce mécanisme pour l'absorption, il faut accorder à tous les vaisseaux la fa- culté absorbante ou la faculté de limbibition. Les veines, les artères et les vaisseaux lymphatiques seraient donc indistincte- ment des vaisseaux absorbans,et qui plus est l’imbibition n'aurait plus de terme, car de proche en proche, les fluides, en imbibant (x) Fohmann, Du Mécanisme de l'absorption, d'après la disposition anatomique du sys- tème lymphatique des poissons. Heidelberg, 18279. (2) Mémoire sur le mécanisme de l'absorption dans les animaux à sang rouge et chaud, bulle- tin de la Soc. philom., t, 1, n°1. (3) Recherches expérimentales sur l'absorption et l'exhalation, Paris, 1824. 220 MM. G. BRESCHET ET ROUSSEL DE VAUZÈME. nos tissus, pénétreraient tout le corps, et dès-lors, il ne serait plus nécessaire d’avoir des conduits spéciaux pouf le sang, pour la lymphe, etc. Ce mode de circulation peut exister dans lesanimaux dont l'organisation est très simple ou rudimentaire; mais dans les animaux supérieurs, cette imbibition doit avoir des limites, etc.; il faudrait alors admettre une sorte de faculté élective ou une facilité d’imbibition plus grande dans les lymphatiques et les veines que dans les autres tissus. Raisonner ainsi ne serait-ce pas retomber dans les suppositions, les hypothèses, et procéder comme le faisaient les anciens physiologistes? 11 vaut mieux s'en tenir aux faits et surtout à ceux dont l'anatomie nous donne connaissance ? Ces objections contre la théorie de l'imbibition sont plus spé- cieuses que solides, et nous pourrions aisément en faire sentir la faiblesse, si nous traitions ici de l’histoire de l'absorption. Nous laissons à M. Magendie le plaisir de réfuter ce raisonnement. L'on pourrait, en considérant l’imbibition comme un phéno- mène de capillarité, dire que l'ascension des liquides au-dessus du niveau du milieu, dans lequel plonge le tube capillaire, est fort bornée. Le liquide que doit prendre le vaisseau lymphati- que ou veineux, par son extrémité en cul-de-sac doit être dans la sphère d'activité du tube capillaire, c’est-à-dire qu'il faut que l'ascension du liquide, par le tube capillaire ou par le tissu organique représentant, par son imbibition, ce tube ca- pillaire, arrive jusqu’au vaisseau lymphatique ou veineux et ne puisse pas dépasser ce niveau. Quoi qu'il en soit, les faits observés par M. Fohmann sont en opposition avec ce que disent Monro et Hewson, qui veulent que les vaisseaux lymphatiques soient pourvus dans les endroits où ils prennent naissance, d'ouvertures béantes par lesquelles ils absorbent. La description que donne Monro de ces ouver- tures sur la tête des raies, démontre suffisamment qu’il s’est trompé et qu'il a pris les bouches extérieures des conduits mu- queux, pour des orifices de vaisseaux absorbans. Nous parta- geons à cet égard l'opinion de MM. Cuvier, Fohmann et Lauth. Quant aux expériences de Hewson, nous sommes aussi de l'avis de M. Fohmann. On ne peut pas les regarder comme des Recherches sur les appareils tégumentfaires des animaux. 221 preuves à l'appui de l'opinion que les vaisseaux lymphatiques sont pourvus d’orifices béans à leur origine, car le mercure que Hewson vit couler dans l'intestin, avait été chassé violem- ment par la compression des parois du vaïsseau. (1) Le paragraphe où Béclard (2) parle de l’origine des vaisseaux lymphatiques, est plein de candeur et de cette philosophie du véritable savant : ë « L'origine des vaisseaux lymphatiques est invisible et incon- nue ;..... cette origine, par des orifices béans à la surface des deux tégumens et des membranes séreuses , dans les aréoles du tissu cellulaire et dans la substance des organes, admise d’après des considérations et des expériences du même genre, n’est pas mieux constatée. Il faut savoir douter. » (3) Jusqu'à M. Fohmann (4;, les vaisseaux lymphatiques n’avaient été reconnus dans la peaude l'homme que par Haase (5), mais par un procédé considéré comme défectueux. M.E. A. Lauth (6), en injectant les vaisseaux lymphatiques de l'extrémité inférieure droite d'un homme mort d'anasarque, fut assez heureux pour remplir de mercure les ganglions de l’aine du même côté, des- quels ganglions partaient et des branches de communication avec les vaisseaux absorbansdu pénis, et d’autres vaisseaux anastomoti- ques, se dirigeant en travers, immédiatement au-dessous de la peau de l’aine, etc. Plusieurs rameaux se remplirent par voie rétro- grade dans la peau de laine et dans celle de la partie supérieure et interne de la cuisse gauche. — A l’aine et à la partie interne de la cuisse où les lymphatiques s'étaient ramifiés jusque dans le tissu méme de la peau, on voyait au premier abord des taches grises qui, examinées avec soin, n'étaient qu’un réseau de vais- seaux lymphatiques de la plus grande ténuité. Par la macération (x) Fohmann. — Loc, cit. (2) Élémens d'anatomie générale ou description de tous les genres d'organes qui composent le corps humain. Paris, 1823, (3) $ 464, p. 407. (4) Mémoires sur les vaisseaux lymphatiques de la peau, des membranes muqueuses, sé- reuses , du tissu nerveux et musculaire, ete., p. 13. Liège, r833. (5) De vasis cutis et intestinorum absorb., plexib. lymph, pelvis humanæ annot, anat, Lips. 1986. (6) Essai sur les vaisseaux lymphatiques. Strab. 1824. 222 MM. G. BRESCHET ET ROUSSEL DE VAUZÈME. de la peau , on parvint à enlever l’épiderme ; alcrs les lymphati- ques, mis à nu, se présentérent en tel nombre qu'on n’aurait pas pu y placer la pointe d’une aiguille sans en intéresser quel- ques-uns. Cette injection faite par M. E. À. Lauth, prouve deux cho- ses : 1° l'existence des vaisseaux lymphatiques dans le tissu cuta- né ; 2° la possibilité de les injecter par voie rétrograde sans recou- rir au procédé suivi par Haase on par M. Fohmann, procédé par lequel on peut justement présumer que les vaisseaux lympha- tiques sont lésés, et M. Fohmann ne conteste pas la possibilité du fait (1). Enfin, on peut dire encore que l'injection obtenue par M. Lauth tend à démontrer l'absence de toute valvule dans les réseaux des vaisseaux lymphatiques les plus déliés ou que ces valvules ont peu de résistance, M. Lauth ne vit aussi qu’un réseau anastomotique sans aucune branche isolée, terminale, présentant un orifice ou bouche absorbante. La description donnée par Mascagni (2) des vaisseaux lympha- tiques de la peau paraît résulter bien plutôt d'idées générales et spéculatives que de la simple observation anatomique ;et, en re- gardant les vaisseaux lymphatiques comme l’élément constitutif de tous les tissus, Mascagni a Ôté à l'autorité de son nom une grande partie de sa valeur. Les idées trop exclusives ne pouvant jamais être l'expression rigoureuse de la vérité. M. V. Fohmann (3) admet six parties distinctes dans la peau: 1o la couche sous-jacente du derme, ou le panicule adipeux; 2° la couche interne du derme caractérisée par les mailles fi- breuses; 3° la couche du réseau vasculaire, qui se compose de vaisseaux lympathiques, de la derniere distribution des vais- seaux sanguins et des nerfs, réunis par un peu de matière ani- male ; 4° la couche de ce réseau uniquement formée des der- nières ramifications des vaisseaux lympathiques; 5° le mucus de Malpighi; 6° l’épiderme, (x) Mémoire sur les vaisseaux lymphatiques de la peau, des membranes muqueuses , séreu- ses, du tissu nerveux et musculaire, p. 6. Liège, 1833, (2) Prodromo della grande analomia, cap. r. (3) Mémoire sur les vaisseaux lymphatiques de la peau, etc. p. 1. Recherches sur Les appareus tégumentaires des animaux. 223 Les mailles fibreuses occupent la partie interne du derme, tandis que les vaisseaux et les nerfs s’'épanouissent à la face externe pour y former un réseau vasculaire qui se confond avec la matière animale , et donne naissance aux saillies décrites par les auteurs sous le nom de tissu papillaire , mais que M. Fohmann regarde, avec Gaultier, comme de simples prolongemens du réseau vasculaire, à l’instar des villosités des membranes mu- queuses. Car ce réseau sécréte le mucus de Malpighi, la con- densation produit lépiderme. Lorsque l'injection des vaisseaux lymphatiques de la peau a été heureuse, les vaisseaux se présentent, selon M. Fohmann, en quantité si considérable qu’il semble que le derme en soit formé entièrement. Ces vaisseaux en s’anastomosant entre eux, forment un lacis, s'étendent des deux côtés du derme, percent en tous sens cet organe, et en recouvrent les deux faces de telle sorte qu’on ne peut y enfoncer la pointe d’une aiguille sans léser un ramuscule d’une ténuité extrême à la face externe du derme; ils augmentent en dimension à mesure qu'ils se rapprochent de sa face interne. Ce plexus lymphatique n’est pas pourvu de valvules semblables à celles que l’on observe dans les branches de ces vaisseaux en dehors des organes. On ne trouve à leur place que des rétrécissemens, ou des valvules d'une forme irrégulière et si peu développées qu’elles ne peuvent em- pêcher le mercure de se répandre en tous sens, lorsqu'on le fait parvenir dans un de ces rameaux. Les valvules régulières n'appartiennent qu'aux branches et aux troncules. Outre ces valvules imparfaites, le lacis vasculaire contient çà et là de pe- tites poches qui sont des dilatations de vaisseaux, correspondant le plus souvent à leurs points de jonction (1). Les fluides ren- fermés dans ce lacis peuvent être transportés, selon les circon- stances , dans des directions très variées. On n’aperçoïit point de radicules pourvus de bouches à la manière des points lacrymaux et nulle part des racines à extrémités libres n’ont été con- statées. Quoique les vaisseaux lymphatiques aient dans leurs disposi- (1) Folimann, loc, cit, p.2. 224 MM. G. BRESCHET ET ROUSSEL DE VAUZÈME. tions anastomotiques les plus grandes analogies avec les vais- seaux sanguins de la peau, car comme eux ils forment des réseaux , il arrive un point où les lymphatiques dépassent les artères et les veines, et constituent seuls la dernière couche du réseau (1). Jamais M. Fohmann n’a pu parvenir à faire sortir le mercure contenu dans les vaisseaux lymphatiques jusqu’à la face externe de l’épiderme , ou si cette sortie était produite ,c’est qu’alors le derme avait été lésé. M. Fohmann pense que si les vaisseaux lymphatiques pompent par des bouches absorbantes les fluides dont le transport leur est confié, ces orifices d'absorption ne peuvent exister que sur les parois latérales, et ils doivent avoir une bien grande capilla- rité, puisqu'ils refusent passage au mercure. (2) M.B. Panizza, qui a comme M. Fohmann, publié dans ces derniers temps (3) de beaux travaux sur le système lym- phatique, professe des opinions sur le mode d'origine de ces vaisseaux , qui s'accordent avec ce que nos études anatomiques nous ont démontré. M. Panizza parle d'un fait anatomique plu- sieurs fois constaté, et qui prouve que l'épiderme n’est pas formé de vaisseaux lymphatiques comme l'avait prétendu Mascagni, entrainé à admettre cette hypothèse d’après des observations microscopiques fallacieuses, ou par une préoccupation qui le portait à voir partout des vaisseaux absorbans. Une injection très fineayant été faite par M. Panizza, dans le réseau lympha- tique superficiel du gland, puis l’épiderme ayant été enlevé, on vit que cette membrane ne présentait aucune trace de vaisseaux lymphatiques. Il ne s’écoula aucune goutte de mercure lors de la séparation de cet épithélion ; ce qui serait arrivé , siles vaisseaux lymphatiques de la peau se fussent étendus jusque dans l’épiderme. Les vaisseaux lymphatiques des membres abdomi- naux de l’homme ont été plusieurs fois injectés, et l'injection (x) Fohmann, loc. cit. p. 3. (2) Fohmann, loc, cit. p. 3. (3) Osservazioni antropo-zootomico-fisiologiche, di Bartolomeo Panizza. Pavia 1830. Voyez particulièrement le mémoire intitulé : Ricerche anatomico-fisiologiche sulla cuti- cola e sulle membrane mucose. p. 83, capitolo vr. Voyez aussi : Sopra il Sistema linfatico dei Rettili, Ricerche zootomiche, Pavia, 1833, Recherches sur les appareils tégumentaires des animaux. 595 était si heureuse que ces vaisseaux formaient un réseau très fin dans le chorion , sans que le mercure soit jamais parvenu dans l'épiderme, même dans celui de la plante du pied qui, en raison de son épaisseur, devrait offrir un plus grand nombre de vais- seaux que partout ailleurs. Nous ne trouvons pas ces expériences aussi concluantes que le pense M. Panizza. D'abord l’épiderme et toute la couche cornée sus-dermique, quel’on nomme corpsmu- queux de Malpighi, réseau muqueux, etc.,sont d’une structure parfaitement identique. Comme Haase, MM. Lauth, Tiedemann et Fohmann, nous avons observé des vaisseaux dans ce corps muqueux sans nous aider de linjection, et nous croyons pouvoir les rapporter à l’ordre des lymphatiques. Nous dirons seulement que la couche la plus superficielle du corps mu- queux ou tissu corné, constituant, l’épiderme , est dépourvue de ces vaisseaux qui ne s'étendent pas jusqu’à cette couche. Ils sont plus profondément situés dans une substance parfai- tement semblable à celle de l'épiderme. Cette disposition est une preuve que ces vaisseaux ne Souvrent pas au dehors, mais elle ne dit rien quant à la nature de l'épiderme. Spb M. Panizza l'opinion d'après laquelie on admet des orifices béans à l'extrémité des vaisseaux lymphatiques n’est fondée, ni sur l'injection des cadavres, ni sur les observations faites avec le microscope des parties transparentes des animaux vivans, telles que les poumons de la grenouille et du lézard , la mem- brane des ailes de la chauve-souris, les viscères de la sala- mandre , etc. Ici, notre sentiment est en parfait accord avec celui du savant professeur de Pavie. Avant de terminer ces considérations sur les vaisseaux 1ym- phatiques de la peau, il ne sera peut-être pas sans intérêt d’in- diquer la manière dont nous avons procédé pour les injecter Tantôt ces injections ont été faites en introduisant le tube dans un vaisseau lymphatique de la jambe, et le mercure est succes- sivement parvenu jusque dans le réseau cutané de J’aine, comme l’ont obtenu Haase et M. E. A. Lauth, mais il ne faut pas comp- ter sur une réussite constante par ce mode de procéder. Tantôt le tube rempli de mercure a été porté directement dans le tissu cutané sur le point méme où nous desirions étudier les vaisseaux II Zoor., — Octobre. 15 220 MM. G. BRESCIHET ET ROUSSEL DE VAUZÈME, lymphatiques, et pour être plus sûrs d'arriver dans ces vaisseaux et non dans les capillaires sanguins, nous avions préalablement poussé une matière colorée très fine dans les artères, afin de la faire parvenir jusque dans les réseaux vasculaires sanguins les plus déliés. (Voyez PI. 12.) La méthode d’injecter les vaisseaux lymphatiques employée par M. Fohmann, celle dont les anatomistes se servent assez généra- lement aujourd’hui, est la suivante : Ils détachent en partie un morceau de peau, et, le saisissant entre le pouce et l'index, ils y enfoncent une lancette bien affilée, de manière à percer horizon- talement le tissu, puis ils introduisent dans cette petite ouverture un tube mince de l'appareil de Sæœmmerring pour les injections mercurielles,-et avec le. manche d’un scalpel ils exercent des pressions légeres pour faire passer le mercure danslesdiverses ra- mifications du vaisseau traversé par l'instrument. M. Fohmann a injecté par ce procédé la peau du scrotum, du pénis , du gland , du sein ,et le mercure s'est répandu non-seulement dans le lacis du derme, mais aussi dans les troncules qui s’en détachent pour se jeter dans les glandes du cou, de l’aisselle et de la région inguinale. Nous avons déjà vu que Haase , le premier, avait injecté les lymphatiques de la peau , et que par des circonstances heureuses notre ami M. E. A. Lauth avait été le second à réussir dans ces injections (1). Haase procédait par voie rétrograde, et le mercure pénétrait dans la peau de la partie supérieure et interne de la cuisse et de laine. Le réseau. injecté par M. Jauth était beaucoup plus riche, et les vaisseaux plus serrés ‘que celui dont Haase a donné l’image, car son dessin ne montre en effet qu’une espèce d’arborisation, tandis que sur la pièce préparée par M. Lauth on voit un véritable plexus situé sous l’épiderme, et tellement abondant en vaisseaux qu'on ne peut distinguer aucun point qui ne soit occupé par ces canaux d'apparence métallique. Depuis l'indication de Fohmann sur la manière d’injecter les lymphatiques, M. Lauth a, dans diverses circonstances, injecté les vaisseaux absorbans de la peau du scrotum, du pénis, etc. en 1} Essai sur les vaisseaux lymphaliques, Strasbourg, 1824, p. 13. Rechereces sur Les appareils tégumeniaires des animaux. 227 introduisant directement et au hasard le tube dans les vaisseaux les plus superficiels du derme, et c’est ce qu'il a fait plusieurs fois devant nous pendant l'automne de 1833 lorsqu'il était à Paris. Depuis lors nous avons fréquemment répété ce mode de préparation dans notre laboratoire de la Faculté de médecine, et nous l’avons montré à nos élèves. Nous venons d'apprendre de M. le professeur Cruveilhier, que depuis long-temps il em- ploie un procédé analogue. Ces injections ont été pratiquées sur diverses parties de la peau de la surface du corps de l'homme, et comme Fohmann, nous les avons toujours faites heureuse- ment sur la peau de plusieurs familles de vertébrés. Elles réus- sissent parfaitement et produisent un très bel effet. M. Lauth dit avec justesse (1) que sur la peau du scrotum on remarque un plexus de vaisseaux lymphatiques d’origine uni- forme , duquel partent d'espace en espace des troncs valvuleux qui vont s'unir aux vaisseaux lymphatiques plus profonds et de telle façon qu'on finit par parvenir aisément à injecter une grande étendue de la surface du scrotum par une injection pratiquée par un seul point, en ayant la précaution de lier les vaisseaux qui se portent dans la profondeur des tissus à mesure qu'ils se rem- plissent de mercure. On remarque au contraire sur les autres parties de la surface de la peau qu’on ne réussit à distendre qu'une portion tres circonscrite du réseau d’où part un vaisseau efférent. Celui-ci étant lié, si l’on s’obstine à vouloir forcer le mercure dans le même lieu pour parvenir à injecter des portions des réseaux voisins , on produit le plus souvent des déchirures. Sur les points de la périphérie du corps, autres que le scrotum, les vaisseaux lymphatiques forment des réseaux plus fins et plus serrés. À des espaces très rapprochés (3 ou 4 lignes), ces réseaux se terminent dans un troncule valvuleux efférent. Nulle part lon ne voit de terminaison par un vaisseau unique, et comme nous, M: Lauth ne paraît pas avoir jamais observé des bouches ou orifices à ces vaisseaux lymphatiques. Nous devons à la générosité de M. le professeur Tiedemann de posséder des échantillons d'injections au mercure de tous les F (1) Correspondance particulière. 228 MM. G. BRESCHET ET ROUSSEL DE VAUZÈME. organes que M. Fohmann a représentés sur ses planches (1), et bien que par la dessiccation les vaisseaux lymphatiques s’altérent et perdent plus ou moins de leurs formes et de leurs apparences naturelles , il est cependant facile de reconnaître l’exactitude que M. Fohmann a apportée dans la confection de ses dessins. (2) C’est d’après les procédés indiqués que nous avons injecté les pièces qui ont servi de modèle à M. Chazal pour représenter la disposition des vaisseaux lymphatiques de la peau de la région de laine, du scrotum, du prépuce et du gland sur ün très jeune enfant dans les vaisseaux artériels duquel nous avions préalable- ment poussé une matière colorante. (Voy. pl. 12, fig. 37-38-30.) Sur d’autres sujets nous avons injecté les vaisseaux lympha- tiques du scrotum, de la mamelle, etc. Enfin , nous avons fait représenter sur la même planche (Voyÿ.pl. 12) une petite portion de la peau d’un enfant qui était mort de la petite -vérole. Une injection artificielle des plus heureuses existait dans le réseau capillaire sanguin et nous devons la pièce qui a servi de modèle au dessinateur, à notre illustre ami le professeur Tiedemann. Dans nos injections directes du réseau lymphatique cutané, nous pouvions parfois faire parvenir sans difficulté et par une douce pression le mercure sur une étendue assez grande du la- cis vasculaire, mais d’autres fois le passage au-delà de certaines limites était difficile et même impossible. Alors, si nous augmen- tions l'effort de pression , il se faisait un épanchement du métal, sans doute par une rupture de quelque point du réseau vascu- laire lymphatique. Cette circonstance tend à prouver que le la- cis de vaisseaux si déliés n’est pas dépourvu de valvules, mais qu’elles sont inégalement répandues, rares dans quelques points, nulles, ou incomplètes ou peu résistantes dans d’autres, et qu’en- fin, sur certaines parties, elles forment des barrières insurmon- tables et ne permettent pas aux fluides de circuler en sens di- vers et surtout en sens rétrograde. L’enlèvement de l’épiderme après l'injection mercurielle n’a jamais donné lieu à l’écoule- ment du mercure , et l'examen des parties a permis de recon- naître que les voies distendues par le mercure étaient distinctes (1) Mémoire sur les vaisseaux lymplätiques de la peau, etc. Liège, 1833. (2} Nous avons déposé ces échantillons dans le Museum de la Faculté de médecine, Zecherches sur les appareils tégurnentaires des animaux. 229 de celles dans lesquelles la matière colorée était parvenue. On peut d’ailleurs , à l'œil nu comme à la loupe, reconnaitre qu’il existe dans la disposition du réseau vasculaire sanguin et dans le réseau des vaisseaux lymphatiques des différences qui ne per- mettent pas de confondre ces deux ordres de canaux. Ces vais- seaux paraissent former des plans distincts sitnés dans l’épais- seur du corps muqueux, autour des papilles , des tiges lamel- leuses de la substance cornée et des canaux sudorifères ; c’est à travers les mailles de ces lacis que passent tous ces organes. Les canaux inhalans que nous avons découverts et isolés dans leur état de vacuité entre le derme et le dernier feuillet épider- mique, paraissent être les mêmes organes que ceux dans lesquels sur d’autres pièces nous avons pu faire parvenir du mercure. Si dans cet état de vacuité et de dessiccation nous n’avons pas pu reconnaître aussi bien la disposition rétiforme de ces vais- seaux, c’est que nous ne pouvions faire nos observations avec le microscope que sur un fragment de peau très petit et sur lequel chaque tige vasculaire avait été isolée par la rupture de ses bran- ches latéraies anastomotiques, dont on pouvait quelquefois re- connaître encore des vestiges. Un médecin italien, qui a publié plusieurs mémoires impor- tans sur les sciences anatomique et physiologique, M. Mojon, à qui nous avions fait connaître les principaux résultats de nos in- vestigations sur la structure de la peau etsur la disposition des vil- losités et des origines des vaisseaux lymphatiques, rédigea pour nous une note dans laquelle il déposa son opinion sur ce point important d'anatomie. Sous plusieurs rapports ses idées diffèrent tellement de ce qui est généralement admis, et de ce que nous avons observé que nous croyons devoir consigner ici les ren- seignemens que nous devons à son obligeance,. « Ayant (1) placé des vaisseaux lymphatiques sur une plaque de verre, et les ayant incisés dans toute leur longueur, j'ai reconnu à l’aide du microscope, que ce que les anatomistes regardent comme des valvules, n’est autre chose que des sphincters, lesquels sont formés par des fibres cir culaires qui (x) De la structure des vaisseaux lymphatiques , par B. Mojon, professeur de physiol fie et de médecine à Gênes, (Note manuscrite) Paris, 1833. 230 MM. G, BRESCHET ET ROUSSEL DE VAUZÈME. diminuant d'espace en espace le calibre des tubes iymphatiques, donnent ainsi lieu aux nodosités que l’on remarque à leur exté- rieur. Ces rétrécissemens sont surtout très visibles, lorsqu'on injecte les vaisseaux lymphatiques avec un liquide quelconque; on les aperçoit aussi très distinctement, quand ce système est dans un état variqueux, comme dans la leucophlegmatie. Si l'on tiraille les deux bouts d’un vaisseau lymphatique vari- queux, les nodosités extérieures disparaissent presque entière ment, ainsi que les prétendus replis valvuleux internes. « La membrane fibreuse des vaisseaux lymphatiques dont parle assez exactement Mascagni, n'a paru formée par un plus grand nombre de fibres qui vont en ligne directe d’un étrangle- ment à l’autre, que par celles dont la direction est plus ou moins oblique; cet entre-croisement fibrillaire forme un tissu particulier. « Les fibres longitudinales ont leurs deux bouts attachés aux fibres transversales, lesquelles constituent, selon ma manière de voir, les sphincters ou rétrécissemens d'espace en espace des vaisseaux lymphatiques. Ainsi les fibres longitudinales, en se contractant, rapprochent un sphincter de l’autre, tandis que les fibres obliques en diminuent le diamètre. « Au moyen de ce mécanisme physico-vital, le fluide qui pé- nètre un vaisseau lymphatique, irrite la portion du vaisseau qu'il remplit. Cette portion se contracte sur elle-même, diminue l'étendue de sa cavité, et le fluide qu’elle contient est obligé d'avancer, en traversant le sphincter ouvert, et ainsi successive- ment. Ce mouvement péristaltique se fait à l’instar de celui des intestins. « On observe ce mouvement vermiculaire très distinctement dans les vaisseaux lactés mésentériques des animaux, qu'on examine anatomiquement deux où trois heures après leur avoir donné de la nourriture. « En admettant cette organisation des lymphatiques, on peut aisément expliquer le mouvement rétrograde, admis par Dar- win et autres physiologistes, des fluides contenus dans le sys- ième absorbant, ce qui serait incompatible avec un appareil vasculaire pourvu de valvules. Recherches sur les appareils légumentaires des animaux. 231 LA « Si le système des vaisseaux lymphatiques était valvuleux, en ouvrant dans toute sa longueur un de ces vaisseaux , il pré- senterait parfois plus de deux croissans parallèles, d'espace en espace, l'un à droite, l’autre à gauche, comme il arrive lors de la section des veines, parce que cette section ne tombe pas tou- jours daus l’intervalle séparant les deux valvules, Ces prétendus eroissans valvulaires, s'ils étaient de véritables valvules à l’in- star de celles des veines, ne se comporteraient pas d’une maniere différente de celle de ces vaisseaux, et c’est ce qu’on ne voit Das. « La difficulté qu’on rencontre quelquefois à injecter les vais- seaux lymphatiques dans une direction contraire à celle du fluide qui les parcourt, est due à ce que les espaces vasculaires situés entre les sphincters et le relâchement des parois de ces vaisseaux lorsqu'ils se remplissent de la matière de l'injection, se distendent et ferment ainsi l’ouverture du vaisseau. « J'ai injecté mille et mille fois le système lymphatique avec des liquides différemment colorés, et je n'ai jamais vu aucun épanchement de cés liquides, ni dans le tissu cellulaire, n1 dans le parenchyme des viscères, à moins qu'il ne se füt opéré quel- que rupture d’un vaisseau. Cela me portérait à croire que les lymphatiques n’ont aucun orifice béant à leur origine, et que l’action absorbante se fait par imbibition à travers la porosité de leurs rameaux les plus déliés, à l'instar d’une éponge. « Une fois que le liquide à pénétré par ce moyen dans la cavité des branches les plus déliées de ces vaisseaux, il s’'avance dans les troncs plus gros par le moyen du mouvement péristal- tique. « Je crois aussi que toutes les sécrétions se font par exsuda- tion à travers les parois des vaisseaux capillaires, qui, en péné- trant dans les glandes, forment une grande partie de leur parenchyme. « Ainsi l'on peut dire que les matériaux des différens fluides qui circulent dans toute la machine animale, n’y pénètrent et n'en sortent que par énbibition et par exsudation. « Cette doctrine me paraît avoir quelque analogie avec lopi- nion des pores inorganiques admis par Mascagni. Peut-étre lé- 0 : MM. G. BRESGHET ET ROUSSEL DE VAUZÈME. lectricité animale joue-t-elle un grand rôle dans ce mouvement centripète et centrifuge des fluides à travers tout notre corps. C'est peut-être aussi l'électricité qui rend plus perméables les tissus membraneux dont sont formés les capillaires lymphati- ques et sanguins, et qui donne lieu à leur action absorbante et exhalante. » Voilà une série de propositions tellement contraires à tout ce que les anatomistes ont dit jusqu'à présent, qu'il nous a paru important de confirmer ou d’infirmer par un nouvel exa- men, ce qu'avance M. le professeur Mojon. Les valvules des vaisseaux absorbans découvertes par Rud- beck (r)et par Bartholin (2), décrites et représentées par Ruysch (3), ont été examinées par un si grand nombre d’ana- tomistes célèbres, tels que Nuck (4), Cruikshbank (5), Hew- son (6), Mascagni (7), Fohmann , Lauth, Panizza, etc., que ce point d'anatomie semblait ne laisser ni lacune, ni incertitude dans la science. Bien que Th. Bartholin (8) eût observé et décrit les valvules des vaisseaux lactés, c’est cependant à Ruysch {9) qu'on doit la pre- mière bonne description de ces replis. Avant lui, Pecquet (10) les avait entrevues sur le canal thoracique, et il en parle dans son livre publié en 1651; mais la découverte des valvules des vais- seaux lymphatiques appartient à Olaüs Rudbeck; il les fit repré- senter avec les vaisseaux eux-mêmes sur deux planches qui parurent en 1655, et trois ans auparavant, il les avait vues (3) Insid. Struct., p. 91-128. (2) Vasa lymphat. Brutor., p. 46, etc. (3) Dilucidatio valvul. in vasis lymph. et Lacteis, ete. Hagæ. Comit. 1665 in-4° cum figuris. (4) Adenographia, ete. cap. 6; pag. 67. (5) Anat. des vaisseaux absorb. du corps humain, p. 136. (6) Experimental inquiries, containing a description of the lymph. Syst. in the human subj., ete. (3) Vasorum lÿmphat. corp. humaui historia et iconographia. Senis 1787. (8) De vasis lymphaticis. Cap. V. Methodica vasorum Jymphaticor. descriptio. Luyd. atav, 1669. (9) Dilucidatio valvul, in vas, Jymphaticis. Hagæ comitis. 1665. (ro) Experimenta nova anatomica. Joan. Pecqueti Diepæi.Parisiis, 1651, in-4°, Sur la pre. fig. de la premspl. I indique les valvules du canal thoracique du chien; m, m, m. Recherches sur les appareils tézumentaires des animaux. 233 pour la première fois en Hollande, et en 1662, il les montra à la reine de Suède. En vain, Bartholin prétendit-il à la gloire de cette découverte, Van Horne fit reconnaitre les droits de Rudbeck. (1) Ces mêmes parties, vues et revues par tous les anatomistes qui ont cherché à perfectionner l’histoire des vaisseaux lym- phatiques, surtout par Mascagni, ont été représentées constam- ment de lamême manière, et les valvules comme dépendantes du repli de la membrane interne (2). Il était. bien étonnant que tous les anatomistes s’accordassent sur un fait matériel, et que M. Mojor füt le seul à avoir vu différemment. Nous crüûmes ne pouvoir répondre à son appel qu’en faisant l'injection de ces vaisseaux et en disséquant ces organes. C’est ce que nous avons exécuté et répété plusieurs fois avec MM. Robecchi et Kuhn jeune, qui nous aident depuis long-temps dans nos recherches anato- miques. Nous leur en adressons ici de publics remercimens. Ayant introduit le tube chargé de mercure dans un vaisseau lymphatique entre le premier et le second os du métatarse, nous avons obtenu non-seulement l'injection des vaisseaux lymphatiques de la jambe et de la cuisse, mais encore celle des ganglions du pli de l’aine, de la région iliaque, et des troncs nombreux, considérables, placés dans la même région, en connexion avec l'artère et la veine iliaques externes. Enfin , le mercure est parvenu jusque dans le canal thoracique. Pendant l'injection, nous avons voulu à plusieurs reprises nous assurer sil était possible, soit avec le doigt, soit avec le manche du scalpel, de faire descendre le mercure dans une direction opposée à celle du sens des valvules, et nous avons reconnu qu’à la jambe et à la cuisse, on pouvait faire revenir le mercure de haut en bas, c’est-à-dire dans une direction contraire à celle qu’il avait suivie, mais dans une étendue fort bornée. On rencontrait bientôt un obstacle à ce mouvement (1) Barth. Epist. medicinal. cent, 2. Epist. 48. (2) Prodromo della grande anatomia, seconda opera postuma di Paolo Mascagni. Firenze. 1819, p. 8. Voyez aussi J. Fr. Meckel, — Manuel d’anat. génér. et patholog. Traduit de l’al- temand par À, 3, L. Jourdan et G. Breschet, t. r. Paris 1825. Béclara. Klémens d'anat, gén. p. 410, Paris 1928. 234 MM. G. BRESCHET ET ROUSSEL DE VAUZÈME. rétrograde du mercure, et cette résistance ne pouvait pas être surmontée sans un effort tel que parfois le vaisseau n’en füt rompu. Ces obstacles à tout mouvement rétrograde du métal liquide existaient à une distance d'environ un pouce les uns des autres. Nous avons ensuite détaché quelques troncs de ces vaisseaux bien remplis de mercure , soit à la jambe, à la cuisse, dans la région iliaque, soit méme des portions du canal thoracique, et on les à soigneusement dépouillés de tout tissu cellulaire am- biant. Ces vaisseaux lymphatiques de calibres variés offraient des bosselures et des rétrécissemens, mais sans régularité, et ne pouvaient donner aucune idée que le vaisseau était formé d’une suite de cônes empilés les uns sur les autres (Voy. PI. 12 ). Ces bosselures et ces rétrécissemens étaient assez distincts quand les vaisseaux étaient frais; mais ils le devenaient bien plus encore, lorsque les vaisseaux avaient été desséchés. Après avoir obtenu la dessiccation de plusieurs de ces troncs pris à la jambe, à la cuisse, à la région iliaque, ainsi que sur le canal thoracique ( Voy. pl. 12) nous les avons fendus longitudinalement, puis ils ont été examinés avec soin à la loupe et sous le microscope. Sur tous les vaisseaux, nous avons reconnu distinctement des valvules comparables, sous le rapport de leur forme et de leurs dispositions, aux valvules sygmoïdes de l’origine de l'aorte et de l'artère pulmonaire; comme elles comparables à des paniers de pigeon, pour employer une ex- pression vulgaire, et dépendantes d’un repli de la membrane intérieure du vaisseau. Sur les vaisseaux bien desséchés, le mercure était renfermé dans une poche profonde à orifice supé- rieur, et dont le fond arrondi était dirigé en bas. Nous n'avons constamment rencontré que deux valvules sur les points correspondans et occupant toute la’ circonférence interne du vaisseau. A la bifurcation du canal thoracique, sur Île point d'origine des vaisseaux lympbatiques du plus grand diamètre, nous n'avons point reconnu de valvules véri- tables. La distance entre chaque paire de valvules n’est pas la même pour tous les vaisseaux et dans toutes les régions du corps. En général, on peut affirmer qu’elles sont moins rap- Recherches sur Les appareils tégumentaires des animaux. 235 prochées dans les petits vaisseaux que dans ceux d'un plus gros calibre. Pour les premiers, la distance entre deux paires de valvules est d’un pouce environ. Ce qui correspond par- faitement à la résistance que nous avions éprouvée en vou- lant faire rétrograder le mercure. Nous pouvons aussi in- férer de cette disposition des valvules, que chaque rétrécis- sement qu'on voit à l'extérieur d’un vaisseau lymphatique, ne correspond pas à la présence de deux valvules, puisque le plus souvent les rétrécissemens sont très rapprochés. Peut-être sont-ils dus à la forme globulaire du mercure, plutôt qu’à la disposition et à la structure des vaisseaux. Si l’on cherchait à séparer ces valvules du reste du vaisseau , on voyait qu’elles se continuaient avec la membrane interne, dont elles n'étaient que des replis permanens, disposés conmme une sorte de draperie, soulevée et retenue dans deux points de la circonférence du vaisseau , et abandonnée à elle-même dans le reste du contour de ce canal. Chaque valvule est formée de l’'adossement de deux feuillets de la membrane interne, et ces replis ne sont point circulaires ou en anneau, comme il le faudrait si opinion de M. Mojon était déduite de l’observation. Il en est de même des fibres souns-jacentes à ces replis valvu- laires : ni la loupe, ni le microscope n’ont pu nous laisser apercevoir ces faisceaux de fibres si artistement disposés, d'après l'opinion de Mascagni ou d’après celle de M. Mojon. Il n'existe, en effet, aucun sphincter, aucun plan de fibres circulaires dis- posées de distance en distance pour faire contracter les vaisseaux lymphatiques et les fermer comme une bourse. Si l'on tiraille par ses deux extrémités un vaisseau lymphatique de plusieurs pouces d’étendue, on peut bien faire disparaître les bosselures ou les nodosités de sa surface, mais jamais l’on ne peut détruire les valvules, parce que ce sont des choses tout-à-fait différentes les unes des autres, Nous n’avons pu varvenir à distinguer rien de semblable à ce que dit M. Mojon, relativement aux fibres longitudinales dont les deux bouts seraient attachés aux fibres transversales constituant, suivant lui, des sphincters ou rétrécissemens d'espace en espace. 236 MM. G. BRESCHET ET ROUSSEL DE VAUZÈME. Nous avons aussi exprimé comment la marche rétrograde du mercure pouvait s’opérer dans les vaisseaux lymphatiques d’un certain calibre. Jamais cette rétrogradation ne peut s’éten- dre plus loin que l’espace limité par deux paires de valvules. Cependant , si dans cet intervalle il existe des branches laté- rales, alors le liquide passe dans les vaisseaux voisins; mais là encore, il s'arrête dès qu’il rencontre des valvules. Toutefois nous avons vu que sur les réseaux les plus fins, les choses arrivaient un peu différemment : tantôt le mer- cure ne pouvait être chassé que dans des limites fort res- treintes, et tantôt il pouvait parcourir, en divers sens, un espace assez considérable. Ici, sans doute, les valvules ont une disposition différente de celle que nous avons observée sur des vaisseaux d’un plus gros diamètre, ou bien les valvules sont plus rares ou elles sont moins complètes. M. Mojon ne dit pas sur quels animaux il a entrepris ses re- cherches et quel calibre avaient les vaisseaux sur lesquels il a fait ses observations et ses expériences. Pressés par les circon- stances, nous nous sommes bornés à vérifier ses assertions sur les lymphatiques du corps humain, et les résultats obtenus par nous sont contraires aux prétentions du professeur de Gênes. Cependant, nous avons déclaré que dans les réseaux les plus déliés des lymphatiques cutanés, on peut parfois imprimer au mercure des directions variées. Nous dirons aussi que les val- vules étant placées à des distances inégales entre elles ou plus ou moins rapprochés suivant les parties , on peut dans certains cas imprimer en apparence au mercure une marche rétro- grade dans une certaine étendue, laquelle est toujours fort limitée. Ainsi , les valvules sont très près les unes dés autres dans les vaisseaux lymphatiques des tuniques'intestinales. Elles le sont moins dans ceux du mésentère, et moins encore si on les exa- mine sur les absorbans des membres inférieurs. On sait aussi que les vaisseaux lymphatiques de plusieurs animaux sont dépour- vus de valvules. C’est ce que:M. Fohmann (1) a observé sur les (x) Anatomische Untersuchungen über die Verbindang der Saugadern mit den Venen. — Heidelberg, p. 51-35-49. Recherches sur les appareils tégumentaires des animaux. 237 vaisseaux des intestins grèles du lion et de plusieurs carnivores. Dans les tortues (1) et les poissons (2) ces valvules manquent entièrement ou sont trés faibles. Haller (3) put injecter les vais- : seaux lympbatiques du poumon par la partie supérieure du ca- nal thoracique, et Marchettis insuffla tous les vaisseaux absor- bans d’un animal par le réceptacle du chyle (4). Il n’est pas très rare de rencontrer dans les troncs lymphatiques des val- vules comme annulaires, formées par la réunion de deux val- vules qui, ayant moins de hauteur que les valvules ordinaires, ne fermerit pas totalement la lumière du canal (5). Cette dispo- sition anormale paraît se rapprocher un peu de celle dont parle M. she et cependant elle en diffère essentiellement, car elle n’est qu’un développement incomplet , un état snaaeriliet Enfin, la seule inspection de la direction des valvules prouve qu’elles servent à empêcher la rétrogradation vers les branches, des fluides contenus dans les vaisseaux lymphatiques (6), comme le veut Darwin et après lui M. Mojon. Si M. Mojon a fait ses recherches sur l'espèce humaine ; nous sommes élonnés d’avoir obtenu des résultats entièrement oppo- sés à ceux qu’il indique. Nos investigations viennent simplement confirmer tout ce qu'ont avancé les anatomistes qui ont le plus contribué à faire connaître la disposition du système lymphati- que (7). La spéculation anatomique créée par M. Mojon n'étant pas admissible , sa théorie physiologique de la circulation de la lympbhe et du chyle, reste sans appui et croule d'elle-même. L’anatomie étant essentiellement une science de faits, il faut s'attacher à les bien observer, à les bien connaitre, et se borner à dire ce que nos sens nous ont appris. Etablir des systèmes phy- siologiques sur des aperçus ou des suppositions anatomiques, (x) Panizza.— Sopra il sistema linfatico dei rettili. Pavia 1833.— W. Hewson. An account of the lymph. Syst. in amphibious animals. philosoph. trans: 1769. (2) W. Hewson, An account of the lymph. Syst, in the fish.— Philosoph, transact. 1769, p. 204. (3) Cruikshank.-— anat, des vaiss, absorb. trad, de l'anglais par Petit-Radel. Paris, cos page 144. (4) Lauth, 1, e. Voyez Haller, W. Hunter et Cruikshauk, p. 144 {5) Ibid. 1, c. (6) Ibid. L, e, (7) Voy. la pl. 12 , que nous avons donnée pour répondre à M. le professeur Mojon. 238 MM. G. BRESCHET ET ROUSSEL DE VAUZÈME, c'est bâtir sur le sable et s'exposer à voir son édifice renversé par la première observation faite avec rigueur, par un esprit de vérité, Il résulte de ces considérations sur l’origine des vaisseaux inhalans, que ce point d’anatomie n’est pas encore suffisamment éclairci. Si l’on, n’a pas pu facilement s'assurer du mode d’ori- gine des lactés à la surface des intestins, il doit être bien plus difficile encore de déterminer d’une manière rigoureuse com- ment se comportent les vaisseaux absorbans dans le tissu corné de la peau. On nous pardonnera donc notre réserve. Nous parle- rons peut-être plus positivement en traitant de la structure des membranes muqueuses, parce qu'à cette occasion, nous répéte- rons nos recherches,nous varierons nos expériences et nous par- viendrons, il faut l’espérer, à trouver la solution de cette ques- tion d’un haut intérêt. Nous avons bien moins prétendu , par ces nouvelles recherches , à remplir la lacune présentée par la science , qu’à la signaler, afin d'engager les anatomistes qui s’oc- cupent en ce moment de l'étude des vaisseaux lymphatiques, à dissiper tous les doutes qui obscurcissent encore ce point de nos connaissances anatomo-physiologiques. Il faut tont attendre de l’habileté de MM. Fohmann, Panizza, Lauth, etc. (La suite à un prochain cahier.) Recnercres sur l'anatomie comparée des animaux inverlébré s PREMIER MÉMOIRE. Que sont par rapport aux vertébrés et à l’homme les animaux invertébrés ? . Par M. SERRES. Que sont par rapport aux vertébrés et à l'homme les animaux invertébrés? Comment se correspondent, comment se lient les deux embranchemens dont se compose le règne animal? Cette serres. — ARapport entre les verlébres ei les invertébrés. 230 question, dont on a cherché la solution à diverses époques des sciences anatomiques et physiologiques , a abouti à une scission définitive entre les animaux de ces deux grandes coupes. L’ana- tomie comparée descriptive et la zoologie différentielle devaient inévitablement produire ce résultat, comme inévitablement aussi l’application des principes et des règles de l’anatomie transcendante et de l’embryogénie doivent nous conduire à l'appréciation des rapports qui lient ces êtres les uns aux autres. Néanmoins la tâche est des plus difficiles. Les difficultés qu’elle présente sont de deux sortes ; les unes naissent du sujet lui-même; les autres ont leur source dans les principes qui ont dirigé l'esprit dans les recherches zootomiques. Quant aux premieres elles dépendent principalement de la variabilité des animaux invertébrés; cette variabilité ne se décèle pas seulement par la diversité infinie de leurs formes, la diver- sité et le contraste de leur structure extérieure ; elle est de plus profondément empreinte dans tous les organismes qui entrent dans leur composition. Ces organismes, ainsi que les appareils, changent du tout au tout non-seulement de classe en classe, mais souvent aussi de genre en genre et de famille en famille. Quel contraste avec la société d'organisation des mammifères, des oiseaux, des reptiles et même des poissons, considérés d'une manière générale ! Remarquez aussi que le même antagonisme se trouve dans l’anatomie comparée et la zoologie! Comparez en effet la fixité des descriptions des appareils organiques des vertébrés à lin- fixité des descriptions des appareils des invertébrés! Comparez le peu de variation des classifications des premiers aux varia- tions sans nombre et continuelles de la distinction méthodique des invertébrés, et vous verrez se réfléchir dans la science ces deux caractères opposés : la mobilité des organismes chez les uns , et leur presque immobilité chez les autres. L'imperfection de l'anatomie comparée et de la zoologie des invertébrés ressort donc de la nature même des êtres qui composent cet embranchement. Il en ressort aussi que des principes hypothétiques dont l'ap- 24o SERRES. — Rapport entre les vertébrés et les invertébrés. plication chez les vertébrés n'avait produit que de légers incon- véniens, en ont eu de très graves chez les invertébrés. Le principe préexistant qui supposait tous les organismes, tous les êtres pré- formés ; le développement centrifuge qui, contrairement à la manifestation des faits, les faisait développer du centre à la cir- conférence, l’absence des règles de formation qui dérivait de ces pseudo-principes ; enfin toute cette zoogénie mystique fondée a priori et sur des faits incomplets, ne pouvaient manquer d’aug- menter la confusion et le désordre que l’on remarquait chez les invertébrés. En comparant d’après ces vues les deux embranchemens du règne animal, on se trouvait arrêté dès les premiers pas ; d’un côté on avait des êtres trop simples; de lautre des êtres trop compliqués. Tout paraissait différent entre eux, car tout l’est en effet du point où l’on se plaçait pour faire les observations; on ne s’occupait pas de leurs rapports, et d’après ce qui vient d’être dit, on ne pouvait s’en occuper: tout rapport suppose en effet une analogie; or, pour entrevoir cette analogie , il aurait fallu pouvoir élever l'organisation des invertébrés, ou abaisser celle des vertébrés. Ce fut de cette manière et entraïnée pour ainsi dire de con- séquence en conséquence que la philosophie préexistante de la nature fut amenée à voir des hiatus infranchissables d’une classe à une autre; ce qui justifié en grande partie chez les vertébrés, ne se trouva plus juste pour les invertébrés. Ce fut de cette manière qu’elle désespéra et renonça à établir une échelle de graduation organique dans le règne animal, et qu'un peu trop hâtivement peut-être elle la déclara impossible. Ce fut toujours d’après les mêmes vues qu’elie rejeta comme chimérique l'exis- tence d’un être ou d’un groupe d’êtres qui püt servir de lien, d’intermédiaire où de passage de l’organisation d’une classe à celle de la classe qui la précède ou qui la suit. Cette dernière proposition, qui devint une espèce de champ clos où se renferma la zoologie différentielle, est encore vraie en plusieurs points quand on la borne aux vertébrés adultes ; mais elle perd ce caractère si on l’applique aux animaux inver- tébrés. J'en citerai pour exemple le groupe des Cirripèdes; ces SERRES. — Rapport entre les vertébres et les invertébrés. 241 animaux, composés des Anatifes, des Balanes, etc., errent en- core de classe en classe, et la méthode ne peut parvenir à leur assigner définitivement le rang qu'ils doivent occuper. Enfin, rien de commun ne pouvant exister entre les deux embranchemens, les développemens des invertébrés furent dé- clarés incompatibles avec ceux des vertébrés. On supposa qu’ils devaient se faire, et on vient d'affirmer dernièrement qu’ils se font d’après des règles différentes de celles qui président au développement des vertébrés : conclusion qui contraste d’une manière étrange avec les recherches organo-géniques des bota- nistes qui à chaque pas confirment sur le règne végétal les prin- cipes et les règles de formation et de déformation du règne animal ! Ainsi s’est élevé le mur d’airain qui a séparé jusqu’à ce jour l’un de l’autre les deux embranchemens du règne animal. Cependant qu’est-il résulté de cette scission pour la physiolo- gie générale ? Il en est résulté que les invertébrés tenus à dis- tance des vertébrés ont disparu des études modernes sur la vie; ilen est résulté que malgré les richesses immenses acquises depuis Haller sur la zoologie et l'anatomie comparée des in- vertébrés , le champ de la physiologie s’est rétréci, et nous en sommes encore à ne pouvoir refaire son grand ouvrage. Est-ce la faute des zootomistes? est-ce la faute des physiologistes? Peut- on diviser la vie comme on à divisé les animaux? Fera-t-on une physiologie pour les vertébrés et une autre pour les invertébrés ? Là s’est arrêté le système préexistant; il n’a pu méconnaître l'unité de la vie dans le règne animal; il n’a pu méconnaitre, et hâtons-nous de le dire, il n’a point méconnu sa graduation dans les deux embranchemens ? Or, considérée dans son ensemble, la vie n’est que l’orga: nisation en action ; reconnaître la graduation des phénomènes par lesquels elle se manifeste, n'est-ce pas avouer tacitement la graduation des organismes? Comment séparer ici l'effet de sa cause? D'uu autre côté comment lier la cause à ses effets, puisque les animaux invertébrés ont une organisation si descendue, et les vertébrés adultes une organisation si élevée, que tout rap- II, Zoo, -— Octobre. 1Ô 242 Serres. — Rapport entre les vertébres et les invertébrés. prochement, que toute comparaison entre eux est presque ren- due impossible? Comment suppléer par la méthode à cette in- compatibilité apparente des faits? Comment saisir des rapports qui au premier aperçu semblent ne pas exister ? La difficulté serait insurmontable si la nature était réellement telle qu'avec ses suppositions et ses hypothèses la science ac- tuelle nous l’a faite. Mais si au contraire on a opéré sur une nature artificielle, si au lieu d’embrasser la généralité des faits on n’en a considéré qu’une partie , et si la partie négligée est celle précisément qui renferme les données du problème, on conçoit que la question change tout-à-fait de nature, etque son insolubilité pourrait bien n'être qu’une attestation de l’imperfec- tion de nos connaissances, et de nos méthodes d'investigation , en anatomie générale et comparée. Or, c’est ce qui est. Dans la supposition que l'embryon était la miniature ou la répé- tition exacte de l’animal parfait, on avait négligé l’embryologie, on avait délaissé comme inutile l’immensité des faits dont se com- pose l’embryologie comparée des animaux vertébrés, pour s’en tenir uniquement aux faits de leur anatomie arrêtée dans ses développemens. Qui ne voit les conséquences de ce délaisse- ment? Qui ne voit qu'en procédant de cette manière on n’a trouvé et on ne devait trouver que des élémens incompa- rables ? Cette conséquence sera mieux appréciée encore dans ses causes'et dans ses résultats , si les faits simples de l'embryologie des vertébrés nous reproduisent passagèrement les faits sim- ples et permanens des animaux invertébrés. En faisant rentrer les premiers dans la science d’où jamais ils n'auraient dû être exclus, nous pouvons donc espérer de replacer cette partie de l'anatomie comparée sur ses véritables bases, et nous sommes au moins assurés de lui fournir des élémens comparables. Cette certitude nous est acquise par Fapplication que nous avons faite de ce principe à l'anatomie comparée des vertébrés; les lois de l’ostéogénie, l'anatomie comparée du système ner- veux , les mémoires d'anatomie transcendante que nous avons publiés et qui servent de base à la théorie du développement excentrique ne sont en effet autres que des faits d’embryologie, seRREs. — Rapport entre les vertébrés et les invertébrés. 243 comparés aux faits permanens provenus des vertébrés adultes et liés entre eux par leurs analogies et leurs rapports. Le premier et le plus important de ces faits, c'est que tous les organismes se développent de la circonférence au centre, qne tous étant primitivement pairs, viennent se réunir sur la ligne médiane pour former un organisme impair. Le second, et aujourd’hui nous pouvons dire le moins in- contesté de ces faits, c'est que tout organe, de même que tout organisme , de même que tout animal vertébré, suit dans ses développemens une marche progressive et ascendante qui le conduit au terme où définitivement il doit s'arrêter. Le troisième de ces faits généraux qui dérive du second, c'est que l'embryon d’un vertébré supérieur traverse plus où moins rapidement des formes organiques auxquelles s'arrêtent les ver- tébrés qui lui sont inférieurs ; d’où il suit que la grande diffé- rence, la différence capitale des vertébrés réside, dans le plus ou le moins de métamorphoses que subissent leurs orga- nismes. En descendant des vertébrés aux invertébrés, la nature chan- gera-t-elle de plan, d'ordre et de méthode? Les règles de for- mation et de développement seront-elles changées par le fait de la simplicité des organismes de ces animaux? Qn sera porté au doute si l’on considère que ces règles’, cette méthode, et l'ordre général des développemens organiques, sont complète- ment effacés chez les vertébrés adultes; il n’en reste que des traces si faibles que, pour les établir, il a été nécessaire de les étudier à l’époque descendue de leur propre organisa- tion , c'est-à-dire au moment où, par la simplification de leurs organismes, les vertébrés descendent eux-mêmes au niveau des invertébrés. La nature nous offre ainsi par l’embryogénie l'expérience que nous avons dit qu’il était impossible à l’art d'imiter. Quand, à l’aide de ces données et avec les ressources four- nies par cette méthode et ces procédés, on vient à approfondir, comme nous l'avons fait depuis plusieurs années , l'anatomie comparée des invertébrés, on voit les expériences sur lesquelles est basée la théorie du développement excentrique se répéter 16. 24 serres. — Rapport entre les vertébres et les invertébrés. chez eux avec des circonstances encore plus favorables que chez les vertébrés. Rien n’y manque de ce qui peut les rendre déci- sives. Ce qui chez ces derniers s'opère intérieurement et avec une rapidité qui en rend l'observation très difficile, s'exécute extérieurement chez les premiers , et s'exécute le plus souvent avec une lenteur qui permet à l'observateur d’en calculer tous les temps, d’en mesurer toutes les variations. Ainsi les organismes des invertébrés se développent tous de la circonférence au centre, comme le font ceux des jeunes em- bryons des vertébrés; tous sont rapprochés ou amenés au point de contact en vertu des règles de symétrie et de conjugaison ou de coalescence. Comme chez les jeunes embryons, la structure des inverté- brés est constituée principalement et presque uniquement par les tissus élémentaires, dont les transformations les varient et les diversifient, comme elles diversifient et font varier entre eux les embryons des vertébrés. Les grandes variations que présentent les embryons des ver tébrés, les changemens nombreux qu'ils subissent dans le cours de leur vie embryonnaire, répètent et reproduisent les varia- tions infinies des animaux invertébrés. Si l’embryologie des vertébrés était assez avancée, et si d’a- près les procédés de la zoologie différentielle on les divisait en classe, genre et espèces, on verrait cette classification des embryons reproduire les principales coupes et les divisions principales des animaux invertébrés. Plus on se rapprocherait de l’âge primitif des embryons, plus on en multiplierait les es- pèces et les genres , comme cela existe pour les infusoires, les polypes et en partie pour les annélides. Ge résultat est une conséquence du développement excentrique des uns et des autres, Dans un âge plus avancé, les caractères différentiels des em- bryons sont fournis par le balancement alternatif de leurs princi- paux organismes,notamment pour les systèmes nerveux, sanguin et respiratoire, et c’est aussi sur le balancement de ces systèmes que reposent les caractères distinctifs des coupes les plus élevées des animaux inveriébrés, SERRES. — Rapport entre les vertébrés et les invertébrés. 245 De même que chez les vertébrés, les invertébrés supérieurs traversent dans leurs périodes de formation, les organisations permanentes des invertébrés inférieurs; ces derniers sont des embryons permanens des premiers. Ainsi les infusoires, les polypes, les annélides, et une partie des mollusques, sont des points d’arrêt de l'organisation et de la structure à laquelle s'élèvent les arachnides et les crustacés supérieurs, comme les poissons et les reptiles, sont des points d'arrêt des organismes plus compliqués des oiseaux, des mammi- fères et de l’homme. Cette ascension et cet abaissement des organismes se répète également dans les diverses classes des deux embranchemens : du premier au dernier des mollusques, de la première à la der- nière des annélides, du premier au dernier des crustacés, il existe une dégradation successive et beaucoup plus marquée que celle que l’on observe du premier au dernier des poissons , du premier au dernier des reptiles, du premier au dernier des mammifères. Tout se tient, tout se lie dans les deux embran- chemens. c La vie et l’organisation des invertébrés correspondent donc à l’organisation et à la vie embryonnaire des vertébrés. Mais ce qui est très remarquable dans la vie d’un grand nombre d'inver- tébrés, c’est qu’elle s'exécute avec des conditions organiques que nous qualifions de monstrueuses chez les vertébrés, parce qu’en effet les invertébrés inférieurs sont souvent des mons- truosités vivantes par rapport aux invertébrés supérieurs. Ainsi une partie des polypes sont arentériques où sans canal intestinal ; une autre ne présente que la partie antérieure de ce conduit; tels sont les alcyons, les gorgonnes, les véretilles, les cornullaires, les pennatu les , etc. Ain&i les acéphales sont privés de ce que l’on nomme Tête chez les invertébrés ; un très grand nombre méme dans les classes élevées est privé de cœur. Ces mutilations, ces privations d'organes sont incompatibles avec la vie extérieure des vertébrés :un acéphale, un fœtus privé de cœur ou de canal intestinal meurt en venant au monde. Mais avant d'y entrer il a eu sa vie propre dans l'utérus; il ya 246 serres. — Rapport entre les vertébrés et les invertébrés. parcouru une vie particulière; en un mot il a déjà consommé une vie d'animal invertébré. Tout le monde sait en effet qu'avant de venir à la lumiere toutes les monstruosités des vertébrés sont vivantes dans l’uté- rus ; mais ce que l’on sait bien moins, ou même ce que l’on ne sait pas du tout, parce que jusqu’à ce jour les observations n’ont pas été dirigées vers cet objet, c’est qu'il y a pour ces diverses monstruosités une échelle de viabilité utérine à laquelle sont assujétis les êtres anomaux des vertébrés. Ainsi un fœtus privé de cœur vit moins long-temps dans Pu- térus qu’un autre privé de tête, comme ce dernier à son tour périt plus promptement qu’un troisième auquel il ne manque que l’encéphale.Sans nous arrêter ici à la graduation de cette via- bilité qui nous menerait trop loin, nous dirons qu’elle parait assujétie à un certain ordre. En général, elle est en raison in- verse de l’importance des organismes frappés par la monstruo- sité ; elle paraît survenir plus promptement quand l’anomalie frappe les organes impairs, tandis qu’elle peut se prolonger non- seulement dans l’utérus, mais au-delà dans les cas où les organes pairs sont seuls affectés. À quelles conditions est soumise la durée de la vie des inver- tébrés? Aux mêmes, ou à-peu-près aux mêmes que la durée de la vie des embryons défectueux des vertébrés. Tant que les or- ganismes centraux ne se développent pas ou ne se développent qu'imparfaitement, leur vie n’est que passagère et fugitive ; elle ne prend un caractère de fixité que quand apparaissent les ap- pareils nerveux et circulatoires, et surtout quant des organes symétriques viennent en régulariser l’action des deux côtés de l'animal. L’échelle de la durée de ces êtres correspond à i'é- chelle de la viabilité utérine des embryons dégradés. Les invertébrés n’étant qu’une embryogénie vivante, le phy- siologiste peut à volonté développer chez eux toutes les défec- tuosités organiques qui distinguent les inférieurs des supérieurs. Non-seulement par ces expériences on fait reculer artificielle- ment une espèce d’un point supérieur à un autre point inférieur. Mais en descendant ainsi un animal, on abrège sa vie, et on l’a- brège d'autant plus à mesure que les mutilations ou les sous- sERREs. -— Rapport entre Les vertébrés et les inverlébrés. 247 tractions des parties se rapprochent du centre. Cette échelle ex- périmentale est en rapport avec l'échelle naturelle de leur via- bilité. Enfin le phénomène le plus curieux de l'organisation et de la vie des invertébrés est sans aucun doute celui de lassociation de certains d’entre eux. La vie commune n’est qu’une addition des vies individuelles, comme l'animal associé n’est qu’un com- posé d’une multitude d'animaux aggrégés. Or cette aggrégation ue s'opère que par des modifications organiques imposées à chaque composant. L’individu libre offre des parties qu'il perd par son association ; d’où il suit que l'être composé n’est pas une multiplication identique des êtres simples qui se sont réunis; c'est un être nouveau tout différent de ce qu’il serait si chaque composant avait conservé toutes ses parties. L’embryogénie des vertébrés et des invertébrés montre que tout est association dans la nature; les organes composés pro- viennent d'organes simples qui se sont réunis chez l'embryon, et qui, en se réunissant, ont comme les animaux élémentaires déposé quelques-uns de leurs caractères propres. Cette proposi- tion, qui s'applique à tous les organismes composés des verté: brés jusqu'aux enveloppes animales de leur embryon n’est nulle part plus rigoureusement l’image de l’association des inverté- brés que dans l’embryogénie de la duplicité monstrueuse. Ici comme chez les invertébrés, deux êtres simples se réunis- sent pour former un tout unique et commun ; mais pour former cette association chaque individu se dépouille de quelque-par- tie pour Ja sacrifier au tout. Un animal double n'est pas un double animal; c'est un être nouvean quitient la moyenne entre les composans qui le forment. J'ai exposé dans un autre ouvrage les règles de cette nouvelle organogénie des vertébrés anomaux. La discordance que l’on observe entre les invertébrés et les vertébrés n’est donc que relative; elle est incontestable si lon compare les invertébrés aux vertébrés adultes. Mais 1 on les considère pour ce qu’ils nous paraissent être, des embryons per- manens et si l’on compare leur organisation à l'embryogénie des vertébrés, on voit les différences s’effacer, et de leurs analogies. on voit maitre une foule de rapports inaperçus. : 248 SERRES. — Rapport entre les vertébrés et les invertébres. Le plus curieux, comme aussi le plus important de ces rap- ports, est celui qui se manifeste dans les régénérations succes- sives dont les invertébrés sont susceptibles. On sait d’après nos recherches qu’un animal élevé dans lé- chelle organique ne parvient à occuper ce rang qu’en passant par les rangs intermédiaires qui le séparent des animaux placés au-dessous de lui. L'homme ne devient homme qu’en traversant des organisations passagères qui le rapprochent d’abord des pois- sons; puis des reptiles, puis des oiseaux et des mammifères. On conçoit que nous aurions de ce fait une démonstration rigou- reuse, si nous pouvions reproduire par la synthèse ce que l’ana- lyse anatomique a mis hors de doute. Or, ce qui ne peut se faire chez les vertébrés à raison de la complication de leurs organismes devient possible chez les in- vertébrés à cause de la simplification de leur structure et de la régénération des parties qui en est la conséquence. Supposons un annélide dont la formation soit élevée comme celle du lombric de terre : si nous suivons ses métamorphoses diverses depuis la sortie de l’œuf jusqu’à son développement complet, nous le verrons dans la première période se rappro- cher de l’organisation d’un polype nu, dans la seconde 1l par- viendra à l’organisation d’une hélianthoïde ; dans la troisième il reproduira la structure de l’arénicole qui l’avoisine; dans la qua- trième enfin il deviendra ce qu’il doit rester sa vie durant. Si maintenant nous soumettons le lombric de terre aux expé- riences de régénération, nous le verrons à la suite des pre- mières expériences redevenir arénicole; puis hélianthoïde à la suite des secondes; puis enfin polype à la suite des troisièmes, De cette manière il parcourera en se dégradant, mais en sens in- verse, la même série de transformations qu’il a déjà traversée en se développant. Ces expériences et l'appréciation des résultats que nous ve- nons d’énoncer feront l'objet d’un mémoire particulier. COUERBE. — Our le cerveau. 249 Rapport Jait à l'Académie des sciences sur un Mémoire de M. Couerse, relatif uu cerveau considéré sous le point de vue chimique et physiologique; par M. Dumas. (Séance du xr août 1834.) L'Académie nous a chargés, MM. Thenard , Chevreul et moi de l'examen du Mémoire de M. Couerbe, qui est partagé, ainsi que l'indique son titre, en deux sections; l’une chimique, l’autre purement anatomique. Cette dernière partie, ne conte- nant aucune observation nouvelle, nous n'avons pas cru néces- saire de réclamer l’adjonction d'un anatomiste à la commission. Nous l'avons laissée de côté, pour concentrer notre attention sur la partie neuve de ce travail, celle qui a pour objet l'analyse chimique du cerveau. C’est donc sur elle seulement que nous allons fixer l’attention de l’Académie. Pour qu’on puisse apprécier plus facilement les observations de l’auteur, un court historique des expériences chimiques dont le cerveau a été l’objet nous parait indispensable ici, en nous bornant toutefois, à ceux des chimistes qui ont réellement introduit quelque notion nouvelle dans cette difficile étude. Sans remonter à une époque trop ancienne, à laquelle des connaissances imparfaites encore sur la nature des matières animales, ne permettaient pas d'exécuter une analyse utile du cerveau, nous rappellerons d’abord un Mémoire de Fourcroy, publié en 1793, qui a servi réellement de point de départ à toute saine recherche sur ce sujet. Il fait bien connaître la na- ture générale du cerveau et prouve que cet organe renferme beaucoup d’eau, une matière analogue à l’albumine et divers phosphates, IL fait voir que cet organe n’est point alcalin, comme le sang et la bile. A ces notions générales, qui sont vraies et qui réfutaient des erreurs graves accréditées alors, Fourcroy ajoute deux faits essentiels. Il signale lexistence d'une certaine 250 COUERBE. -— Sur le cerveau. quantité de soufre dans le cerveau humain, qui, par sa com- bustion, lui a fourni en effet de l'acide sulfurique. Il fait voir en outre, qu'en traitant le cerveau humain par l’alcool, on en retire un corps analogue à la cholestérine des calculs biliaires. Dix ans plus tard, Jordan fit voir que le cerveau soumis à lincinération donne de l'acide phosphorique libre, qu’il ne renfermait point à l'état frais. Cette observation incomplète ne pouvait fixer l'attention, le fait étant de nature à s'expliquer par des circonstances très ordinaires, telles que la présence d’un peu de phosphate d’ammoniaque dans le cerveau. En 1812, Vauquelin éclairé par des recherches qu'il avait faites avec F'ourcroy sur la laite de carpe, retrouva dans le cer- veau des phénomènes que cette matière leur avait présentés, et fut conduit à l’une des observations les plus importantes que l’on ait eu l’occasion de faire en chimie animale. Il découvrit , en effet, que le cerveau renferme du phosphore en nature ou au moins du phosphore qui n’est ni à l’état de sel, ni à celui d'acide ,‘et qui des-lors doit être uni aux élémens de la matière animale, comme l’un de ses principes. Non-seulement Vau- quelin fit connaître l'existence du phosphore dans le cerveau en général, mais il parvint à isoler des autres matières que ren- ferme cet organe, deux substances grasses, dans lesquelles le phosphore se trouve confiné. Vauquelin fit voir que le cerveau, le cervelet, la moelle allongée et les nerfs ont à-peu-près la même composition, et présentent tous du moins la matière phosphorée caractéristique. lus tard, M. John, dans un travail très étendu, s’efforça de prouver que la substance phosphorée est particulière à l’homme; les diverses cervelles d'animaux soumises à ses expériences ne lui ayant jamais offert les effets si tranchés que l’on observe à cet égard, dans le cerveau humain. Cette assertion n’est pas d'accord avec les expériences de Vauquelin , desquelles il résulte que la matière phosphorée se retrouve dans la cervelle de veau, par exemple. Vue en grand et dans ses rapports avec la physiologie, lana- lyse du cerveau n'avait rien appris de plus. Le travail de M. Couerbe vient se rattacher aux précédens = COUERBE. — Sur le cerveau. 291 d’une manière intime, et semble destiné à présenter sous un nouvel aspect ces faits déjà si dignes d'intérêt. D'après ce jeune chimiste, le cerveau renferme diverses ma- tières grasses qui sont à-la-fois phosphorées comme l’a vu Vau- quelin, et sulfurées, comme on pourrait dire, que l'avait entrevu Fourcroy. Il contient, en outre, de la cholestérine, ainsi qu’on aurait pu le présumer d’après les observations de ce dernier chimiste. k Mais, suivant M. Couerbe, le phosphore est un élément d’une bien haute importance, car sa juste proportion est absolument indispensable au libre exercice des fonctions intellectuelles. En excès , il engendre la folie; s’il vient à manquer, on tombe dans lidiotisme, ou plutôt, pour nous servir ici d’un langage plus réservé, l'analyse ne perçoit d’autre différence qu’une variation dans les quantités de phosphore dans le cerveau de l’idiot, de l'homme sain et du fou. Ainsi, rangeant les cerveaux selon les quantités de phos- phore qu'ils renferment, on aurait: 1° celui du fou; 2° celui de l’homme sain; 3° celui de l’idiot; 4° celui des animaux, où John n’en trouve que des traces ou même point du tout; ce qui exige confirmation. Personne ne sera surpris que votre commission ait cherché à peser avec maturité les preuves sur lesquelles sont établies des assertions d’une si haute importance. Elle pense que les expériences de M. John ont besoin d’être revue avec soin, pour mettre hors de doute l'absence du phosphore, dans le cerveau des animaux. On aurait le droit d'exiger que par des expériences plus nombreuses, il füt bien démontré que les variations du phosphore dans l'homme sain ne sont pas susceptibles d’attein- dre, par excès ou par défaut, les quantités que M. Couerbe regarde comme étant caractéristiques de l’état de folie ou d’idiotisme. Or, il est évident que si l’assertion de M. John exprime un fait absolu très facile à vérifier, la proposition énoncée par M. Couerbe repose sur des rapports qui ne peuvent s'établir que par des moyennes exigeant des analyses beaucoup plus nombreuses que celles qui semblent avoir été faites par l’auteur. 252 COUERBE. — Sur le cerveau. Votre commission n’a pas dù considérer comme un travail qui fût dans ses obligations la série nombreuse d'analyses qui était nécessaire pour arriver à la connaissance de la vérité sur ce point. Elle a dü se borner à faire ressortir toute l'importance de cette question et à fixer sur elle l'attention des chimistes. Laissant de côté maintenant cette discussion, pour laquelle les matériaux nous manqueraient bientôt, nous allons fixer l'attention de l’Académie sur une partie du mémoire de M. Couerbe, qui est plus positive, plus finie, et qui forme vé- ritablement le corps de son travail. C’est l'étude et l'analyse des matières grasses du cerveau. L'auteur n’en reconnaît pas moins de cinq parmi lesquelles quatre seraient à-la-fois chargées de soufre, de phosphore et d'azote; la cinquième n’est pas moins remarquable, quoique privée de ces trois élémens, puisqu'elle est identique avec la cholestérine ou matière grasse des calculs biliaires. Parmi les quatre premières, il en est deux qui sont isomé- riques, c’est-à-dire qui ont la même composition. Il est à desirer que l’auteur donne en détail les résultats analytiques surles- quels il appuie cette opinion. L'auteur désigne ces deux sub- stances sous les noms de Céphalote et d'Eléencéphol. Celle qu’il nomme Cérébrote , en diffère à peine, et contient seulement — de carbone et = d'hydrogène de plus que les deux précédentes. Enfin, celle qu'il nomme Stéaroconote contient beaucoup moins de carbone et beaucoup plus d'azote, ainsi que l'indique le tableau suivant : Cholestérine. Cérébrote. Céphalote et Eléencéphol. Stéaroconote. Carbone. 84,9 67,8 66,36 59,8 Hydrogène. 12,0 11,1 10,03 9,2 Oxigène, 3,1 13,3 15,86 17,3 Azote. » 3,4 3,25 9,3 Phosphore, CAT 2,54 2,4 Soufre. »” 2 1,96 2,0 100,0 100,0 100,00 100,0 Nous allons donner les caractères que l’auteur assigne aux substances qu'il a reconnues dans le cerveau humain. COUFKEE. — Sur le cerveau. 253 Cérébrote. — Elle est infusible, ne tache pas le papier, ne se dissout pas dans l’éther. Après dessiccation , elle devient friable et peut se pulvériser. L'alcool bouillant la dissout très bien, mais l'alcool froid en prend peu; les alcalis ne la saponifient point. Dans la cérébrote d’un cerveau sain, l’auteur a trouvé 2, 3 pour 100 de phosphore. Dans celle du cerveau des aliénés , il a trouvé de 3, 4 à 5 p. 100 de phosphore. Il en a trouvé moins, au contraire, dans la cérébrote extraite du cerveau d’un idiot ou des cerveaux des vieillards. Céphalote.—Cette matière, qui diffère à peine de la précédente par la composition, est soliäe, brune, insoluble dans l’eau, in- soluble dans l'alcool , mais soluble dans vingt-cinq fois son poids d’éther froid. Elle se ramollit par la chaleur, mais ne devient jamais bien fluide ; elle est élastique à la manière du Caoutchouc. Les acides agissent difficilement sur cette substance, mais les alcalis la saponifient. Il est à regretter que l’auteur n'ait pas fait connaître la nature des acides résultant de cette saponifi- cation. Cette étude est du plus haut intérêt, car elle seule peut nous éclairer sur l’état où se trouve le phosphore dans ces com- binaisons singulières. Stéaroconote. — Celle-ci est infusible, fauve, insolubie dans l'eau, l'alcool ou l'éther bouillans, mais soluble dans les huiles. L’acide nitrique la convertit en un produit cristallisable. Eléencéphol. — Cette substance entièrement semblable à la cé- phalote, quant à la composition, en diffère beaucoup par ses propriétés; elle est liquide, rougeâtre, d’une saveur désagréable, soluble dans l’éther en toutes proportions et soluble aussi dans l'alcool bouillant. Cholestérine. — Cette matière, que l’auteur désigne sous le nom de cholestérote , est selon lui entièrement semblable à la cholestérine des calculs biliaires. Il est fâcheux que l’auteur, en changeant la désinence du nom déjà adopté, la remplace par une autre qu'il applique à trois corps azotés, sulfurés et phos- phorés, qui ne paraissent avoir aucun rapport avec la cholesté- une que cette nomenclature en rapprocherait. La cholestérine cérébrale, aperçue par Fourcroy, avait été 25/4 COUERBE. — Sur le cerveau. retrouvée par Kuhn, qui pourtant ne semble pas l'avoir bien reconnue; l'analyse élémentaire que vient d'en faire l’auteur lève tous les doutes sur son identité avec celle des calculs biliaires, et montre qu’elle ne renferme pas de phosphore, quoiqu’on l'ait cru, faute de l'avoir convenablement purifiée. La cérébrote pure avait été obtenue par Kuhn, qui n'avait fait qu’entrevoir la céphalote ; la stéaroconote est une matière nouvelle ; l'éléencéphol était déjà connue de Vauquelin. IL serait long et inutile de décrire le procédé que l’auteur emploie pour séparer ces cinq matières. Il repose sur l'emploi de l'alcool ou de l’éther, soit à froid , soit à chaud. C’est surtout par l'emploi de l’éther qu'il se distingue de ses devanciers. Depuis que Vauquelin a fait voir qu'il existe dans le cerveau des matières grasses phosphorées, il était à desirer : 19 Qu'on en fit l'analyse élémentaire ; 2° Qu'on chercht le rôle physiologique de ces corps ; 3° Et, enfin, qu'on essayàt de fixer l'opinion sur l’état du phosphore dans ces substances, en étudiant sur elles l'effet des réactifs. (1) Le travail de M. Couerbe paraît complet sur la première question. Quant à la seconde, il donne des indications qui méri- tent d’être suivies avec le plus grand intérêt. Relativement à la troisième, vos commissaires regrettent que l'auteur ne l'ait pas traitée. Considérant que l’auteur fait mieux connaître le nombre et la nature des matières grasses du cerveau; qu'il en donne la com- position élémentaire; qu'il y prouve le présence du soufre (2) qu’on n’y soupçonnait pas, vos commissaires ont l'honneur de vous proposer d'accorder une place dans le recueil des savans étrangers à la partie chimique , c’est-à-dire à la deuxième section du mémoire soumis à leur examen. (x) I! serait curieux, par exemple, de chercher ce que devient le phosphore dans la sa- ponification de la céphalote, Passe-t-il dans les acides ou dans un produit analogue à la glycérine ? (2) C'est M. Chevreul qui a indiqué, le premier, la présence de l’azote dans la matière grasse cérébrale qu’on a appelée cérebrine. BOURIOT. — Nerf facial du Marsouin. 255 Exraair d'un rapport fait à l’Académie des Sciences par M. Diu- MERIL sur un mémoire ayant pour titre : Considérations sur le nerf facial et sur son influence dans Pacte de la respiration chez le Marsouin ; Par M. BourJOT SAïINT-HILAIRE. L'auteur, dans ce mémoire, donne une description très dé- taillée de la forme, de la disposition toute particulière des os qui entrent dans la composition des fosses nasales, et de l’ar- rangement quils ont subi dans les parois des cavités qu'ils constituent ; puis 1l décrit l’appareil musculaire , les deux lèvres mobiles’de l'orifice nasal externe, la double poche charnue et le mécanisme des soupapes qui la ferment. Tous ces faits étaient connus; mais , sous quelques rapports, ils n'avaient point en- core été étudiés avec autant de soin et de détails. C’est surtout sur l'origine, la distribution et les fonctions des nerfs qui se terminent dans ces appareils, que les commis- saires signalent des observations tout-à-fait nouvelles, qui vien- nent confirmer d’une manière positive les usages attribués par M. Charles Bell à la portion dure de la septième paire. On sait que ce physiologiste considère la septième paire ou nerf facial comme spécialement destinée à produire ou à faire concorder les mouvemens de la respiration dans les parties supérieures ou faciales de l'appareil. Or, dans le marsouin, les rameaux destinés aux muscles chargés de faire mouvoir ces singulières narines , se trouvent extrêmement développés. Il résulte des expériences et des observations de Bell, que la respiration s'opère sous l'influence réunie de quatre paires de nerfs qui proviennent tous d’une même région de la moelle épi- mére , où ils semblent naître sur une seule rangée régulière. 256 BOURIOT. — Nerf facial du Marsoun. Ces nerfs sont : 1 le spinal accessoire; 2° le pneumo-gastrique, 3° le glosso-pharyngien ; 4° le facial ou portion dure de la sep- tième paire. M. Bourjot Saint-Hilaire a trouvé dans les cétatés une pleine confirmation des prévisions de Bell. En effet, le nerf facial, après sa sortie du crâne, au lieu de s’étaler comme chez l’homme et chez les autres mammifères , en filets nombreux qui se dis- tribuent au nez, aux lèvres , au menton et au cou, se continue sous la forme d’un très gros cordon plexiforme, saus donner une seule branche, jusqu'à l'endroit qui correspondrait à la commissure des lèvres: et là , au lieu de se distribuer dans ces parties et au museau antérieur , il remonte contre sa direction première en faisant avec son tronc un angle trés aigu pour se jeter, non sous la peau, mais dans les muscles profonds et puis- sans qui agissent sur les poches à eau et qui déterminent la dila- tation et le resserrement des évens, dans le mécanisme parti- culier qu'ils sont appelés à exécuter pour lacte de la respi- ration. Les commissaires ont eu sous les yeux les préparations qui ont servi à l’auteur pour son mémoire, et reconnu l'exactitude de tout ce qu'il avait avancé ; ils regardent ce fait anatomique comme venant à l'appui de lune des découvertes de la physio- logie moderne, et proposent en conséquence que la parie du travail de M. Bourjot qui se rapporte à la description du nerf facial, soit insérée dans le Recueil des savans étrangers. 1. CHRISTOL. — Dugong fossile. 257 Mémo sur. le Moyen Hippopotame fossile de Cuvier, replacé au genre des Dugongs, (1) Par M. Jures DE CHrisror, L 2 Secrétaire de la Société d'histoire naturelle-de Montpellier. Däns ses recherches sur les ossèemens fossiles, Cuvier avait établi, avéc quelques doutes néanmoins, une espèce détruite d Hippopotame , qu il désignait sous le nom de Moyen Hippo- pôtane fossile, et qu'il ne connaissait que par quelques débris découverts ét donnés au cabinet du Roi, par M. Dübuisson, conservateur du cabinet d'histoire daéitetté dé la ‘ville de Nantes. "Ces débris éonsistent en une molaire isolée, et en une portion de mâchoire inférieure contenant la derniere et la pénultième molaire. On en voit lés dessins, fig. 9, pl. vi, du tom.'#* des Recherches sur les ossemens fossiles, dessins re- produits dans nos planches, fig. 1, et de grandeur naturelle, figure 2 et 3 (pl 13 )" | Cuvier remarque avec justesée , qu’rdépendamment de leur pétitéssé, cès dents ont des caractères particulièrs dans lèurs formes : 15'elles'n'ont point de collet ou rebord saillant autour de leur basé; 2° les disques de leurs couronnes ne présentent pas dé trèfles aussi distincts que ceux de l'Hippopotame , ce sont plutôt des lobes plus larges en dehors et ‘un peu plus échancrés que de véritables trèfles ; 3° la dernière n'a pas un talon aussi lon- gitudinal et aussi simple que la dernière de l Hippopotame com- Mmun, maïs seulement trois tubercules formant un talon trans- verse, comme dans la pénultième. À ces caractères, différens dé ceux de l’Hippopotame, je puis ajouter, dès à présent, d’après le dessin mémé de Cuvier et d’après dés molaires absolument semblables qui sont à ma disposition, que /4 der- (1) Voyez le rapport fait à l'Académie des Sciences, sur ce travail, par M. F. Cuvier, Ann. des Sc, nat., 2t sérié, Zool., t, 1, p. 282. 11, Zoo, — Novembre, 17 253 J. CHRISTOL. — Dugong fossile. nière de ces molaires n'a que deux racines, V'une antérieure, comprimée d'avant en arrière, l’autre postérieure, occupant les deux tiers de la longueur de la dent. Dans ces dernières molaires d’Hippopotame vivant ou fossile que j'ai pu examiner, J'ai toujours reconnu une division des racines entièrement différente. Ayant fait scier plusieurs portions de màchoire d'Hippopotame fossile, afin de dégager les racines de la der- nière molaire inférieure, j'ai vu constamment qu’à chaque lobe de la couronne correspondait une racine séparée des autres; ces racines sont au nombre de cinq ; il y en a d’abord quatre ran- gées deux à deux, de manière qu'une paire soit devant l’autre en travers, puis il y en a une cinquième en arriere , laquelle correspond au talon de la couronne. J'insiste sur ces circon- stances, parce que les divisions des racines me paraissent four- nir, dans beaucoup de cas, des caractères plus importans qu’on ne le pense généralement. M. Frédéric Cuvier me paraît avoir senti cette importance de la forme des racines; aussi, dans son ouvrage sur les dents des mammifères, a-t-il soin de si- gnaler les modifications que les racines éprouvent dans les divers genres. Les doutes que toutes ces différences avec l'Hippopotame font naître sur la détermination de l’animal fossile qui les pré- sente, ont été partagés par Cuvier lui-même; aussi n’hésite-t-il pas de convenir que l'établissement de ce Moyen Hippopo- tame ne sera démontré que lorsqu'on en aura trouvé les inci- sives et les racines. Or, c’est la un résultat auquel on ne peut espérer de parvenir, car de nouvelles pièces m'ont donné la preuve la moins équivoque que ce Moyen Hippopotame est un mammifère marin du genre des Dugongs; et que, par consé- quent, il ne peut avoir ni canines ni incisives à la mâchoire inférieure adulte. Les sables marins supérieurs de Montpellier m'en ont fourni une mâchoire inférieure, contenant trois mo- laires absolument identiques, dans leurs moindres caractères , à celle de Nantes; il n’y aurait peut-être entre ces dernières et les miennes qu’une faible différence de grandeur, moindre même que celle qui existe entre divers individus de la grande espece d’hippopotame fossile. Fa forme de la mächoire, de e 1. CHRISTOI. — Dugong fossile. 259 Nantes, dans ce quien est conservé, rentre parfaitement dans la forme de la mienne, et, autant que. je puis en juger par le dessin et par la description qu'en donne Cuvier, on y voit, comme dans la mienne, un très grand canal maxillaire, et le trou mentonnier qui, par son excessif développement, est ca- ractéristique dans le Dugong. J'ai fait représenter à moitié grandeur.ma mâchoire fossile de Dugong, vue en dessus, fig. 4, et.de profil, fig. 5. Pour en faciliter la comparaison, je donne, fig. 6, la mâchoire du Du- gong de Daubenton, et fig. 7, la tête du Dugong de MM. Diard et Duvaucel. Dans le dessin de la mâchoire du Dugong de Dau- benton, dont je n’ai indiqué les contours que par des lignes ponctuées, j'ai placé des ombres à la partie qui correspond à ma portion de mächoire fossile. On peut s'assurer par là que cette! partie ombrée correspond entièrement à ma portion de mâchoire fossile, fig. 5. + Les molaires de cette dernière sont au nombre de trois seu- lement et la série est complète, puisque le bord alvéolaire de la mâchoire, qui est très bien conservé, ne montre aucune trace d’alvéole ni en avant ni en arrière de ces molaires; s’il y en a eu plus @e trois, ce n’a pu être que dans le jeune âge; à létat adulte le nombre habituel des molaires a dû être de trois; aussi voyons-nous qu'il en est ainsi dans le Dugong vivant et dans la mâchoire, de Nantes (1). Cuvier dit bien qu'il y a dans celle-ci, à part les deux dents en place; les racines d’uné troi- sième et l’afvéole d’une quatrième ; mais je serais porté à croire, d’après l'examen de ma mâchoire où la troisième molaire est entière, que cette quatrième alvéole du morceau de Nantes appartient à la troisième molaire , dont un tronçon seulement et non les racines complètes, serait encore en place; en sorte que” ce qui a paru à Cuvier une quatrième alvéole complète ne serait, selon moi, qu’une portion d’alvéole dépendant du tronçon de troisième molaire encore en place: H serait possible L (x) Dans le Dugong, le nombre des molaires inférieures est de cinq de chaque côté; mais les ahltériéures tombant de très bonne héure, il n’en reste plus qué deux ou trois en arrière. La tête du Dugong, de Daubentoni ; ne porte que trois molaires! 260 © J. CHRISTOL. — Dugong fossile. toutefois que cette mâchoire, ayant appartenu à un sujet plus jeune que la mienne, portât effectivement quatre molaires. Ma dernière molaire, représentée de grandeur naturelle, fig. 8,a le même nombre de lobes que celle de Nantes, et porte, comme elle, un talon transverse (#), formé de trois tubercules ou mamelons disposés en triangle ; le mamelon moyen étant en avant des deux autres placées sur une même ligne en travers de la dent; comme dans la molaire, de Nantes, il n’y a dans celle-ci que deux racines, l’une en avant, l’autre en arrière. Les disques de la couronne sont irréguliers et ne présentent pas de trèfles distincts comme dans l'Hippopotame. Cette molaire étant un peu plus usée que celle de Nantes, les deux lobes placés en travers au devant du talon commencent à se confon- dre, parce qu'ils sont usés presque jusqu’à leurs bases qui se touchert. Dans la molaire, de Nantes, fig. 2, ces deux lobes étant à peine entamés à leur sommet, ne pouvaient encore être confondus ensemble; mais ils l’auraient été inévitablement par la suite , si la dent avait eu le temps de s'user davantage ; c’est ce qui est arrivé dans la pénultième, de Nantes. Ma pénultième (même fig.8) est très usée; néanmoins, d’après les divisions que les lignes d’émail établissent sur sa surface triturante, on peut juger que la couronne à dù être divisée en quatre lobes rangés par paires ( a, b ), l'une au-devant de l’autre, et suivis d’un talon transverse (t) à la partie. posté- rieure, absolument comme dans la pénultième, de Nantes; si le talon de cette dernière porte deux tubercules, c’est qie la dent n’était pas encore usée au point qui, plustard, aurait opéré la jonction de ces tubercules. La molaire isolée, de Nantes, que je représente fig. 3 et qui est aussi une pénultième, étant plus usée, montre les deux tubercules du talon réunis en un seul disque, les deux lobes de chaque paire, où colline transverse, s’y trouvent aussi confondus, par suite de la détrition, et for- ment, sur la couronne, deux disques bordés d’émail, irrégu- liers, allongés transversalement, et placés l’un au-devant de l’autre en travers de la dent; ces disques transverses se joignent par leur milieu, et complètent ainsi la ressemblance de notre pénultième avec les deux pénultièmes, de Nantes. 3 CHRISTOL. — Dugong fossile. 261 Ma première molaire ou antépénultième, encore plus usée que les deuxautres par suite de sa position en avant, ne diffère de la pénultième qu’en ce qu'elle ne porte aucune trace de talon; je n’aipas cru devoir la faire dessiner séparément, on peut du reste la distinguer parfaitement sur la mâchoire, fig. 4. Dans aucune de ces molaires, les disques ne montrent de dis- position à former de véritables trèfles, et cependant elles sont loin d’être arrivées à ce point d’usure qui, dans l’'Hippopotame, ne permettrait plus de reconnaître la forme des trèfles; dans au- cune non plus il n’y a de collet ou rebord saillant autour de la base. Les racines sont au nombre de deux, l’une en avant, l’au- tre en arrière, simples supérieurement , et bifurquées à leur ex- trémité. À l'exemple de Cuvier, je donne, dans le tableau sui- : vant, les dimensions de mes molaires et de celles de Nantes en regard des dimensions des molaires de l’'Hippopotame vivant et de la grande espèce fossile. Ma dernière molaire, fig. 8, est longue de . . . o0,"026 La dernière, de Nantes, fig. 2, de(1). . . . . 0, 030 La derniere de l'Hippopotame vivant, de . . . o, 064 La dernière de OMS PE te réste du Muséum de Paris, dé: . . Ms Lies ca Où ED Dans quatre dernières molaires yHibbobotdhe fossile de ma collection, de. . . . . . . o, 065 Ma pénultieme, fig. 8, est longue de . . . . . 0,025 La pépultième, de Nantes, fig. 2, de. . . . . 0, 028 Mon antépénultième, fig. 4, de . . . . . . o,o18 Au moyen des dents, de Nantes, et de celles de Montpellier, on peut facilement former une description rigoureuse des molaires denotre animal, description d’autant plus complète qu’elle embrassera tous les degrés d’usure que peuvent présenter ces dents. Je vais l’entreprendre, afin de faciliter aux naturalistes, qui auraient à leur disposition des dents semblables , les moyens de les reconnaître à tout degré d'usure. (x) 1] doit y avoir erreur dans le texte de Cuvier, relativement aux dimensions des dents de Nantes, car dans le dessin de grandeur naturelle, fig. ro et rx de la planche vi du t. 17 de Ouvier , je trouve des dimensions pareilles à celles de mes molaires. 26 J. CHRISTOL, — Dugong fossile. Le nombre des molaires persistantes est de trois. 1° Elles sont plus longues que larges ; surtout les dernières; 2° leur couronne (fig. 2,3,8 et4) se compose de deux collines (a,b), placées l’une au-devant de l’autre, en travers de la dent, et formées chacune de deux lobes adossés ; les Iches de lacolline antérieure(æ) parais- sent moins séparés que ceux de la colline postérieure (b);il peut se faire encore au’entre les deux lobes de cetté dernière colline il y ait un troisième lobe ou tubercule peu distinct; 3° ces mo- laires présentent à leur partie postérieure un talon transverse (éj assez considérable à la pénultième, et encore plus étendu d’a- vant en arrière dans la derniere, où il est formé de trois tuber- cules ou mamelons disposés en triangle, le tubercule du milieu étant placé en avant des deux autres. Par la détrition, les lobes de chaque colline transverse se transforment en disques allon- gés, bordés d’émail et placés en travers de la dent; ensuite à mesure que la couronne continue à s’user, le disque dela pre- mière co!line transverse se joint au disque de la seconde colline transverse ; plus tard, le talon se réunit au disque qui le ne cède, et enfintous Ra disqurs formés par les lignes d’émail , s’é- tendent de plus en plus jusqu’à ce qu'ils se confondent en une surface aussi étendue que la dent qui est alors entièrement usée; 4 elles n’ont point de collet ou rebord saillant autour de leur base; 5° les disques de leurs couronnes ne présentent pas de trèfles distincts comme ceux de l’'Hippopotame, ce sont plutôt des lobes plus larges en dehors et un peu échancrés que de vé- ritables trèfles ;6° la dernière n’a pas un talon aussi longitudinal et aussi simple que la dernière de l'Hippopotame, mais seule- ment trois tubercules formant un talon transverse comme: dans la pénultième. Les racines sont au nombre de deux, l’une en avant, l’autre en arriére, simples supérieurement et bifurquées à leur extré- mité ; la racine postérieure de la dernière molaire est très forte et occupe les deux tiers de la longueur de la dent. D'après l'identité absolue des dents, de Montpellier, avec celles de Nantes, il est bien démontré qu’elles se rapportent à l'animal que Cuvier a appelé Moyen Hippopotume fossile. M. Frédéric Cuvier, qui à vu ces pièces dans ma collection, a reconnu en | J. CHRISTOL. — Augong fossile. 203 elles le Hoyen Hippopotame de Cuvier; je dois dire néanmoins, que, quoiqu'elles aient singulièrement fixé son attention, il n’a pas eu le temps de les étudier assez pour que je puisse me pré- valoir entièrement de son assentiment. A cette époque non plus, bien que je me trouvasse fort embarrassé de la formede ma mà- choire, j'étais tellement préoccupé de l’idée qu’elle appartenait au Moyen Hippopotame, à cause de l'identité de ses molaires avec celles de Nantes, que je n’avais pas songé à en contester la détermination ; ce n’est que lorsque j'ai entrepris de la décrire que je me suis aperçu de l'erreur ; je me suis bientôt convaincu qu'elle ne pouvait en aucune façon être rapportée au genre Hippopotame, et ce n’est qu'après y avoir longuement réfléchi que je me suis décidé à la rapporter au genre des Dugongs. D’après Cuvier, les molaires inférieures du Lamantin sont plus longues,que larges, surtout les dernières. Elles presentent toutes deux collines transversales et un talon à la partie postérieure, qui devient assez considérable à la dernière et à la pénultième; les collines transversales, avant d’être entamées, offrent deux ou trois petites pointes mousses, ensuite, à mesure qu’elles s’u- sent par la mastication, elles montrent deux lignes bordées d’é- mail , qui s’élargissent jusqu’à ce qu’ellés se confondent en une surface aussi étendue que la dent, qui est alors entièrement nsée. Tout cela convient àmes molaires, de Montpellier, tout aussi bien qu'à celles de Nantes. M. Frédéric Cuvier ajoute, à eette descrip- tion des molaires de Lamantin, queies racines sont au nombre de deux, l’une en avant, l’autre en arrière, simples d'abord, mais qui s’élargissent et se bifurquent à leur extrémité. C’est là en- core une circonstance queje retrouve dans mes molaires. Maintenant, si l’on considère que mes molaires, ainsi que cel- les. de Nantés , sont au nombre de trois seulement , tandis que la série est de cinq au moins dans l'Hippopotame; que, de même quedans le Lamantin, il n’y a point de collet ou rebord saillant qui entoure la base, comme cela a lieu dans l’Hippopotame ; que, . de même que dans le Lamantin, iln’y a pas de trefles sur la cou- ronne, comme cela à lieu dans l'Hippopotame; que les racines sontau nombre de deux, de:mème que dans le Lamantin, au lieu d'être au nombre de cinq dans la dernière, comme elles le 264 1. GHRISTOL. — Dugong fossile. sont constamment dans l’Hippopotame; que leur couronne ést divisée en collines transversales et en talon comme dans le La- mantin, et que le talon de la dernière est moins longitudinal et plus compliqué que dans l'Hippopotame , on ne pourra s'empè : cher de convenir que les doutes émis par Cuvier sur la détermi- nation de l’animalde Nantes ne soient bien fondés et qu'en dé- finitive cet animal, qui est le même que celui de Montpellier, né doive appartenir à un genre voisin des Lamantins. En passant à Pexamen des caractères de la mâchoire qui porte ces molaires, on n’hésitera pas à la replacer à son véritable genre, au genre des Dugongs qui effectivement est très voisin de celui des La- mantins. N ‘à Camper avait depuis long-temps signalé l'extrême ressern- blance du Dugong avec le Lamantin ; Cuvier assure que ces deux genres sont: aussi voisins qu’un genre puisse l'être d’un autre; l’analogie-entre eux devient encore plus grande, lorsqu’on étu- die le Lamantin dans le jeune âge , puisqu'il porte alors, comme le Dugong, deux incisives à la mâchoire supérieure. Cette der- nière observation et beaucoup d’autres du même genre , doit plusieurs me sont propres, se lient d’une manière remarquable aux belles observations de M. Geoffroy-Saint-Hilaire; pour le mo- nent ,il me suffira de: montrer que cette analogie entre le Du- gong et le Lamantin, encore plus frappante dans le Lamantin du Sénégal que dans le Lamantin d'Amérique, devient plus mani- feste dans le Dugong fossile, puisque ses molaires, en s'éloignant un peu des formes qu’elles affectent dans espèce vivante; se rapprochent très sensiblement de la forme des molaires du La- mantin. La mâchoire elle-même montre la même analogie en se rapprochant de celles du Lamantin du Sénégal. Privé de tout moyen de comparaison effective, je dois me bornef à indiquer simplement ce rapprochement; tout me porte à croire, néan- moins, que, sil était en mon pouvoir d'ajouter à la description et aux dessins de la mâchoire du Lamantin donnés par divers au- teurs, l’observation directe de cette pièce, je ‘ne serais point forcé de m'arrêter à un résultat aussi vague. Le point essentiel de la question étant de démontrer que les débris de l'animal de Montpellier, rigoureusement semblables à J. CHRISTOL. — Dugong fossile. 265 ceux de l'animal de Nantes, dont Cuvier a fait un Hippopotame, serapportent an Dugong et non à l'Hippopotame, je suis naturel-’ lement conduit, dans ma description ; à en poursuivre la com- paraison avec l’Hippopotame, afin d’en signaler les différences. Ayant déjà rempli cette tâche pour les molaires, je vais la conti- nuer pour la mâchoire. Quoique les deux branches horizontales de ma mâchoire, fig. à, ne soient pas complètes, on reconnait facilement, par la di- rection de celle qui est entière et par ce qui reste de l’autre, qu’elles ont’ dù converger fortement vers l’extrémité antérieure comme dans le Dugong. Dans l’'Hippopotame, ces deux bran- ches (fig: 9)se maintiennent parallèles dans toute leur étendue ; elles ne sont pas plus écartées à leur extrémité postérieure qu'à leur réunion à la’symphyse, Cuvier ne manque pas de signaler ce caractère important; dans le Dugong , au contraire, l'écarte- ment dela partie postérieure des branches horizontales est très considérable ; antérieurement elles se réunissent en pointe pour former la symphyse, qui est étroite et allongée, particularité que jerretrouve exactement dans ma mâchoire: Dans l’Hippopotame, l'extrémité antérieure de la mâchoire, vue en dessus, est dilatée en dehors de chaque côté {c, ©, fig. 9). Ce’renflement latéral'est produit par les alvéoles énormes des canines qui se déjettent en dehors. Dans ma mâchoire, ati con- traire, la symphyse (fig: ;) va én se rétrécissant de plus en plus jusqu'à son extrémité ;:et l’onvoit qu’il n’a pu y avoir de cani- nes; car, outrequ'il n’y a aucune trace d’alvéoles, ce qui ne manquerait pas d’éxister, si la mâchoire eût appartenu au genre hippopotame ; la terminaison en pointe de la symphyse ne laisse pas une place suffisante ponr loger des canines , etsurtout pour des canines aussi grosses et aussi écartées qu'elles devraient l’é- tre dans nne espèce quelconque d’'Hippopotame; en l’attribuant awDugong qui, à l’état adulte , n’a ni canines ni incisives , tout rentre dans l’ordre. | En continuant à examiner ma mâchoire en dessus ( fig. 6» on aperçoit à la base antérieure et interne de l’apophyse coronoîïde, un peu en arrière de la dernière molaire, un trou formé: par une arcade 'osseuse très forte (A), et semblable à celle qui se 266 3. CHRisroL. — Dugong fossile. trouve sur le condyle de l’humérus des Félis. J'ignore si ce trou existe également dans les Dugongs vivans. Cuvier ne le men- tionne pas, et il n’est pas marqué dans le dessin de, Dau- benton. En examinant le profil de ma mâchoire (fig. 5), on voit que le bord inférieur est excessivement concave. Dans l'Hippo- potame, l’angle inférieur de la mächoire donne bien un cro- chet qui correspond à la partie postérieure de la courbure de ma mâchoire, mais en avant, il n’y a pas la grande courbure qui. est ici formée par le renflement du dessous de la symphyse; on retrouve exactement ce caractère dans le Dugong et dans le Lamantin du Sénégal, avec cette différence, il est vrai, qu'il est moins prononcé dans ce dernier, surtout.en ce qui concerne la courbure postérieure de l'angle inférieur. Vue de profil, la symphyse de la mâchoire est très déclive d’arrière en avant (a, 6), comme dans le Dugong(fig. 6 et 7). Dans l'Hippopotame, cette partie se relève sensiblement. Le canal maxillaire est très grand; il s'ouvre un peu en avant de l’antépénultième molaire, et forme à l'extérieur un énorme trou mentonnier (4 fig. 5), qui se continue en gouttière pro- fonde recourbée en bas. Cette grande étendue du trou menton- nier caractérise le Dugong. L'ouverture interne du canal maxil- laire est très large et très évasée. Les branches horizontales ont leur face externe convexe, et leur face interne concave, de manière qu'en rapprochant par la pensée la branche droite de la branche gauche, et faisant toucher les bords opposés de l’arcade dentaire, la série des molaires se trouverait comme suspendue au centre d'une voûte, et ferait, pour ainsi dire, l'office de clef. Le morceau de mâchoire, de Nantes (fig. 1), est trop endom- magé pour qu’il soit possible d’en poursuivre bien loin la com- paraison avec la mâchoire, de Montpellier ;néanmoins, on peut voir par le prolongement et par la direction de sa partie anté- rieure, qu'il devait y avoir ure symphyse allongée et déclive comme dans la mienne. En dessous, on aperçoit très bien, et Cuvier Je signale dans sa description, le canal maxillaire (#2) qui est proportionnellement plus grand qu'il ne devrait l'être dans 3. CHRISTOL. — Dugong fossile. | 267 un Hippopotame. En arrière de la dernière molaire; ‘on voit un trou (A) qui, s’il n’est pas dù à une cassure accidentelle, doit être celui que j'ai indiqué dans ma mâchoire. Les caractères que je viens de signaler, dans la comparaison de, ma mâchoire fossile avec celle de l'Hippopotame, étant pour la plupart communs au Dugong et au Eamantin du Séné- gal, je n'aurais prouvé autre chose que la non-identité de ma mâchoire avec celle de l'Hippopotame, mais je n'aurais pas décidé à qui du Dugong ou du Lamantin elle devrait être rapportée. En outre, les molaires de mon animal se rapportant par leurs caractères au Lamantin plutôt qu’au Dugong, il faudrait mon- trer encore pour quel motif je donne la préférence aux carac- tères de ressemblance que ma mâchoire présente avec celle du Dugong ; je vais éclaircir successivement l’une et l’autre'de ces questions. Et, d’abord , quoique dans le Dugong et dans le Eamantin du Sénégal, le band inférieur de la mâchoire soit très concave, il l'est encore plus dans le premier et surtout: à sa partie pos- térieure, Or, c’est là ce que je retrouve dans mamâchoire ; dont le bord inférieur forme presque le crochet enarrière( fig. 5, c), comme dans l’Hippopotame; dans le Dugong, la branche ho- rizontale est plus haute à proportion, et moins allongée d'avant en arrière que dans le Lamantin; je retrouve ce caractère dans ma mâchoire. Dans le Lamantin, la symphyse est plus allongée et la partie antérieure est moins déclive, parce que la mâchoire supérieure ne se recourbe pas vers le bas comme dans le Du- gong (fig. 7), ma mâchoire; au contraire ,a sa partie symphysée relativement peu allongée comme dans le Dugong, et sa partie antérieure est.très déclive de a en b pour s’accommoder à l'in- clinaison correspondante-de la mâchoire supérieure. C’est en cela que je trouve la raison la plus péremptoire de ma détermi- nätion, commeje le montrerai tout-à-l'heure. Dans Je Dugong, comme dans ma mâchoire (fig. 5), le trou mentonnier est unique etse continue en avant sous la forme d'une profonde gouttiere recourbée en bas ; dans toutes les espèces de Lamantin, ce trou est multiple, moins grand que dans le Dügong , et n'a pas la méme forme; Dans le Dugong, comme dans ma mâchoire, ce 268 J. CHRISTOL. — Dugong fossile. trou s'ouvre un peu en avant au-dessous de l’antépénultième molaire ; dans le Lamantin, le premier des trous est placé beau- coup plus en avant. La supériorité que, dans ma détermination, j'accorde aux caractères de la forme de la mâchoire sur les caractères des dents, qui sont en général si importans dans la classification des mammifères, est entièrement basée sur /e principe de la corrélation des formes ; la déclivité de la partie antérieure de la symphyse de ma mächoire, son peu d’étendue d’arrière en avant me donnent, et la courbure de la mâchoire supérieure, et la mesure de son développement, et l'existence de deux grosses incisives dont le développement est en relation intime avec le grand développement des intermaxillaires qui les por- tent. Or, comme c'est le Dugong seul qui présente cette con- formation M. (fig. 7), c'est bien à lui qne doit se rapporter une mâchoire dont la forme est telle qu’elle entraîne nécessairement cette conformation du maxillaire supérieur. On ne contestera Pas, Je pense, qu'il ne soit plus rationnel de concevoir lexis- tence d’un Dugong ayant des molaires semblables à celles du Lamantin, que l'existence d’un Lamantin qui aurait uné tête et une mâchoire inférieure semblable à celle du Dugong. Ajoutons à. ces observations que, dans le même gisement où j'ai trouvé la mâchoire de Dugong, se trouvaient aussi d’autres os offrant évidemment les caractères propres à ce genre. Reste maintenant à décider si le Dugong, de Montpellier, se rapporte à une espèce inconnue ou à une espèce vivante. Quel- que peu considérables que soient les débris caractérisés que J'en ai recueillis, ils me paraissent suffisans pour résoudre cette question, que ne pouvaient éclaircir les vertèbres et les côtes que l'on trouve dans nos sables marins, et qui, avant mes recherches, étaient inconnues dans nos contrées. Les molaires ont des caractères qui les distinguent à-la-fois des espèces vivantes du Dugong et du Lamantin; la dernière porte un fort talon formé de trois tubercules ou mamelons placés en triangle, disposition qui ne se montre ni dans les Dugongs, ni dans les Lamantins vivans, et qui est constante dans mon espèce fossile, puisqu'on la retrouve tout aussi bien J. CHRISTOL. — Dugong fossile. 269 dans les molaires de Nantes, que dans celles de Montpellier. En l'absence de tout moyen de comparaison effective , je me vois dans l'obligation de prendre pour base de mes détermi- nations, les descriptions des-dents du Dugong et du Lamantin, telles que les donnent les naturalistes. Je ne puis m'empécher néanmoins de soupçonner quelques différences, d’abord entre les molaires de divers Dugongs, et ensuite entre les molaires du Lamantin du Sénégal et celles du Lamantin d'Amérique. Cuvier ne donne des dessins de molaires que d’un seul Dugong, où elles me paraissent différentes de celles du Dugong de Dau- benton. M. Frédéric Cuvier n’en donne que d'une espèce de Dugong et de Lamantin, en sorte que je suis forcé de rester dans l'incertitude sur ce point. Il est peu vraisemblable néan- moins que si les dents des diverses espèces de Lamantin vivant n'étaient pas sensiblement différentes des molaires de mon Dugong fossile, Cuvier eût été jusqu'à la méconnaitre dans la mâchoire de Nantes. On peut donc regarder comme infiniment probable que les dents du Dugong fossile diffèrent de celles des espèces connues de Lamantin, quoiqu'il y ait entre elles un grand nombre de caractères communs. Quant aux rapports des molaires fossiles avec célles den Du: gons vivans, il faut convenir qu’ils sont présque nuls. Camper, Daubenton , Cuvier et M. Frédéric Cuvier s'accordent tous à reconnaître au Dugong des molaires simples et coniques ; la dernière seule serait formée de deux cônes adossés; suivant Daubenton elles seraiènt mêmes dépourvues d’émail, particula- rité qui me paraît fort difficile à admettre. Il suffit de jeter un coup-d'œil sur les molaires fossiles du Dugong (fig. 1,2, 3,4, 5et 8), pour être bien convaincu que lesantérieures ne sont ni coniques ni simples ; leur division en talon , en collines formées de deux lobes, la multiplicité des ra- cines, excluent toute idée de simplicité dans les formes. Je dois faire observer néanmoiris qu’en rapprochant la supposition , que me paraît vouloir admettre M. Frédéric Cuvier, de l'existence de deux espèces distinctes de Dugong , d’un fait rapporté par Cu- vier, il serait permis de suupçonner que les molairés de quelques Dugongs vivans ne sont pas sans analogie avec celles de l'espèce 270 1. CHRISTOL. — Dugong fossile. fossile: Cuvier rapporte que feu Péron , l’un des voyageurs les plus instruits qui aient fait des collections d’histoire naturelle lui soutenaitavoir rapporté des dents d’Hippopotame des Mo- lusques ; quand il les montra, Cuvier reconnut que c’étaient des dents de Dugong. Le nom de Vache-marine ayant été donné par les Hollandais et par d’autres peuples à l'Hippopotame aussi bien qu’au Dugong , il serait possible, comme le pense Cuvier, que Péron ait été trompé par cette homonymie ; cependant sa qualité de: voyageur-naturaliste et de voyageur très instruit, jointe à la facilité qu'il a probablement eu de voir dans ses voya- ges ou dans les collections, des dents d'Hippopotame, me por- terait à croire qu'il n'a commis cette méprise que parce qu'ilau- rait trouvé de la ressemblance entre les dents du Dugonget celles de l'Hippopotame. Comment, si ces dents eussent été simples et coniques, les eût-il prises pour des molaires d'Hippopotame qui sont rectangulaires et: très compliquées ? Il est probable que celles de son Dugong, par leur physionomie, lui ont rappelé les formes des dents d'Hippopotame!, formes qu’en effet les dents du Dugeng fossile rappellent au point que Cuvier a pu s'y mé- prendre. Quoi qu'il en soit dela cause de l'erreur de Péron ; il faut reconnaître que mes molaires de Dugong diffèrent ‘essen- tiellement de celles des Dugongs connus jusqu’à présent. Au Moyen Hippopotame fossile; Cuvier fait succéder dans ses descriptions une quatrième espèce d'Hippopotame qu'il désigne dans son Tableau général des Animaux fossiles sous le nom d’Hippopotamus Dubius. Cette espèce d'Hippopotame, plus pe- tite que le cochon , ne lui est connue que par quelques molaires isolées, découvertes par M. Jouannet, de Bordeaux, dans un beau calcaire près de Blaye, département de la Charente, etrepré- sentées fig. 12-17 et fig. aan pl. VII du tome I: des Re- cherches. Cuvier ne dit pas précisément en quoi ces molaires différent de celles de son Moyen Hippopatame; il trouve seulement qu’el- les sont plus petites et que deux d’entre elles offrent d’un côté un trèfle assez bien marqué; l'inspection seule du dessin qu'il en donne suffit pour montrer que cette assertion n’est pas hors de toute contestation. Il y a loin de ces apparences de trèflés 1. CHRISTOL. — Dugong fossile. 27 aux véritables trèfles des molaires d’Hippopotame , qui sont uni- quement formés chacun par une seule colline marquée à sa face externe de deux sillons verticaux; dans les molaires de Blaye, au contraire , la disposition peu marquée à former des trèfles, ne peut être admise qu’autant qu'on fait entrer dans la composition de chacun de ceux-ci les deux collines opposés et même le talon , élémens distincts quine sontpoint compris dans les trèfles de l'hippopotame; en sorte que, tandis que dans l'Hippopotame chaque colline séparée donne son trèfle ; il fau- drait ici la réunion de deux collines pour produire l'apparence d’an seul trèfle. En définitive, ces molaires, qui réellement ont de grands rap- ports avec celles du Moyen Hippopotame de Cuvier, rentrent assez bien dans les formes générales des molaires du Dugong, de Nantes et de Montpellier. Les unes appartiendraient à la mà- choire inférieure, les autres nn peu différentes appartiendraient probablement à la mâchoire supérieue. Si elles sont plus petites que celles de Nantes et de Montpellier , cela peut tenir, soit à ce qu’elles seraient des molaires de lait, soit à la place plus avancée qu’elles auraient occupé dans la mâchoire. Il estinutile de rappeler que dansles mammifères les dents antérieuressont généralement plus petites que les postérieures , et précisément dans ma màâ- choire de Dugong fossile (fig. 4), la molaire antérieure est juste de la même grandeur que celle de Blaye. Les molaires (fig. 16 et 18) de Cuvier me paraissent être des pénultièmes ou des antépénultièmes, composées comme les pénultièmes de Nantes et de Montpellier de deux collines lo- bées et transverses, suivies d’un talon à la partie postérieure. La premiére de ces dents est peu usée, mais la seconde , que nous représentons fig. 10, l’est à-peu-près au point de la pénul- tième isolée de Nantes (fig. 3). Il suffit de jeter un. coup-d’œil sur ces molaires pour reconnaître que les élémens anatomiques y sont les mêmes, quoique la physionomie des contours, souvent variable d'un individu à l’autre, soit un peu différente; au fond iby a toujours, comme dans lesautres molaires de Dugongs fos- “siles, deux collines transverses (a, b), suivies d’un talon transver- sal(t), à la partie postérieure. Ce que j'ai dit de ces molaires 272 1. CHRISTOL. —Dugong fossile. s'applique également à celles que Cuvier représente fig. 15,17, 19 et 20. Dans l'intérêt des naturalistes qui desireraïent vérifier mes observations sur la pl. VIT, tom. l°* des Recherches, je, dois prévenir que Cuxier, qui me parait n'avoir pas fixé son atten- tion'sur la division de ces molaires en collines et en talon, les a indifféremment placées en divers sens, de manière que les nues présentent le talon en avant, les autres.en arrière. Il en agit de même à l'égard de la molaire isolée de Nantes de la fig, 11, dont il a placé la talon à la gauche de l'observateur , tandis qu'il est à droite dans la correspondante des dessins (fig. 9 et 10). En ayant soin de retourner plusieurs de ces dessins et les plaçant tous dans le même sens, on saisit plus facilement les A pEReus qui existent: eritre toutes ces, dents. Quant aux molaires des fig. 12 et 13 de Cuvier, comme clés ne diffèrent sensiblement des autres que par l’absence du taloir, je les: considère comme des molaires supérieures ; le Lamantin eneffet n’a plus de talon à ses molaires supérieures ; et, puisque notre Dugong fossile a des molaires inférieures si approchantes de celles du. Lamantin , il n’est pas étonnant que ses molaires supérieures participent. de la même ressemblance. Ce qui doit éncore les faire considérer, comme des molaires supérieurès, c'est qu’en général dans les. herbivores et principalement dans les Pachydermes, les molaires supérieures sont moins allongées d'avant en arrière que les inférieures. Un autre caractère-que Je trouve dans l’une de ces molaires, fig. 13 de Cuvier,.et qui me confirme dans l'opinion qu’elle appartient à la mâchoire supé- rieure , cest qu’elle porte trois racines, l'une au bordiinterne, | les deux autres au bord externe, Or, comme c’est la un caractere que M. Frédéric Cuvier signale dans les molaires supérieures du | Lamantin, ilest probablé qu'il doit aussi se retrouver dans les | moiaires supérieures de notre Dugong fossile: -::::0 sonve | Ces dents, pas plus que celles de Nantes et de Montpellier , ne portent de collet ou rebord saillant autour de letir base;-en | les rapportant au genre Hippopotame , Cuvier exprime les mé- | -mes doutes que pour l’espèce précédente, et termine-sa descrip- | tion en disant : Cependant je dois prévenir, comme pour l es-| 1. CHRISTOL. — Dugong fossile. 273 pèce de Nantes, qu'il faut attendre d'autres cas pour porter ur Jugement définitif. Le desir de rendre à ce grand homme une entière justice, me porte à faire ressortir peut-être plus que sa rencmmée n’en a besoin, le soin qu'il a d'exposer son incertitude sur des déter- minations qu'il était impossible de rendre plus exactes tant qu'on n'avait pas trouvé des parties mieux conservées que celles qui étaient à sa disposition. Le nom seul qu'il a donné à lun de ces Hippopotames { Hippopotamus Dubius), montre bien d’ailleurs qu'il ne réclamait pas pour cette détermination la même confiance que pour les autres grands résultats auxquels l'avait conduit l'application des principes qu’il a développés avec tant de génie; et cette méprise, si toutefois on peut l’appeler ainsi, loin de porter atteinte à la certitude du grand principe sur lequel reposent toutes ses déterminations, le principe de la corrélation des formes dans les êtres organisés, en montre toute Ja fécondité, puisque en dernier résultat c'était à un Pachyderme qu'étaient attribués ces dents d'espèce inconnue, et qu’en effet elles se rapportent à un Pachyderme, car les Lamantins et les Du- gongs, quoique formant un groupe très voisin des Cétacés ordi- naires, sont de véritables Pachydermes marins. Dans l’un de mes précédens mémoires j'avais rapporté à l’une des petites espèces d’'Hippopotame fossile ma mâchoire de Du- gong ; j'avais en cela suivi la détermination de Cuvier; aujour- d’hui que j'ai pu étudier à fond la question , je m’empresse de signaler l’erreur dans laquelle j'étais tombé. En résumant les faits principaux que j'ai développés dans ce travail, je crois pouvoir considérer comme suffisamment établi 19 que la portion de mâchoire et la molaire isolée de Nantes, dont Cuvier a fait ur Moyen Hippopotame fossile, appartiennent au même animal que la mächoire de Montpellier; 2° que si Cuvier les a attribuées au genre Hippopotame, ce n’est qu'en exprimant les doutes les plus formels à cet égard, et qu'il eut sans doute rectifié les conséquences qu’il a cru pouvoir tirer de l’analogie que ces molaires présentent avec celles de l'Hippopo- tame, s'il eût eu à sa disposition des pièces plus complètes que celles de Nantes; 3° que la mâchoire, de Montpellier, se rap- H Zoor. — Novembre. 18 274 J. CHRISTOL. — Dugong fossile. portant au genre des Dugongs (ce qui est démontré par la con- vergence en avant de ses branches horizontales, par la terminai- son en pointe de sa symphyse allongée, déclive d’arrière en avant et recourbée en bas, par la grande courbure de son bord inférieur, par l'étendue et la forme du trou mentonnier; il s’en- suit que la mâchoire, de Nantes, qui porte des molaires rigou- reusement semblables à celles de la mâchoire de Montpellier, appartient aussi au Dugong, et que dés-lors il faut rayer du tableau des espèces fossiles, le Moyen Hippopotame fossile de Cuvier, dont l'existence ne repose que sur les molaires de Nan- tes; 4° que la même rectification s'applique, quoique avec moins d’évidence, à l’Hippopotamus Dubius, qui rentre également dans le genre des Dugongs; 5° que le Dugong fossile, que je nom- merai Halicore Cuvierü, distinct par la forme de ses dents des espèces vivantes de Dugong ,a les plus grands rapports par la forme de celle-ci avec le Lamantin. A part la màchoire qui fait le sujet de ce travail , je possède depuis plusieurs années diverses pièces qui se rapportent au genre Dugong, et qui ont été trouvées dans nos sables marins supérieurs à quelques pas seulement de la mâchoire; ce sont deux côtes, deux vertèbres dont une lombaire et l’autre dor- sale, deux humérus et un os du bassin: toutes ces pièces sont entières et bien caractérisées; elles sont du reste pétrifiées comme tous les os de nos sables marins, et annoncent un ani- mal long d'environ huit pieds. Les deux côtes sont moins larges, moins épaisses, et par conséquent bien moins fortes que celle de Lamantin dont nos sables fourmillent; elles sont plus effilées, et offrent une espèce d'angle ou coude très prononcé à la moitié de la longueur de leur bord postérieur ; elles ont une entière ressemblance avec les côtes de Dugong, dont Cuvier donne les dessins. Leur lon- gueur , en suivant la courbure externe est de 0",55. La ver- tèbre lombaire est une quatrième, son corps est ovalaire, presque plan en avant, sensiblement concave en arrière; ses apophyses transverses sont aussi larges que le corps, épaisses, longues, arquées vers le bas et en avant ; elles sont marquées à leur extrémité d’une facette articulaire destinée à Pattache T. CHRISTOL. — Âugong fossile. 275 des os du bassin. Ses apophyses articulaires antérieures ‘sont moins allongées que dans l'espèce vivante, elles sont moins éle- vées au-dessus du corps de la vertèbre dont elles sont à peine séparées. La distance de l’extrémité d’une apophyse transverse à l’autre, en suivant la courbure, est de 0" 33. La vertèbre dorsale a son corps un peu en forme de cœur à pointe mousse, ses apophyses transverses courtes , très fortes, avec nne facette costale à l'extrémité; une autre facette costale est marquée sur le corps; les apophyses articulaires sont, comme celles de la lombaire, plus courtes que dans lespèce vivante. La distance d'une apophyse transverse à l’autre est de 0",13. Les apo- physes épineuses de ces deux vertébres sont verticales, ce qui les distingue du Lamantin où elles sont inclinées en arrière. L’humérus diffère très peu de celui de lespèce vivante, son corps est en forme de prisme triangulaire, tordu, étranglé dans son ! milieu, dilaté à ses deux extrémités, solide et non fistuleux à l’intérieur; la poulie est à gorge simple, et disposée un peu obliquement; la cavité olécranienne est de forme sémi- lunaire et très peu profonde; la crète deltoïdale, quoique très arquée, ne forme pas à sa partie supérieure un crochet aussi marqué que dans l'espèce vivante. La largeur de la tête infé- rieure est de 0",06, la longueur de lhumérus de 0,155. Des Balanes (balanus miser) adhérent à sa face antérieure, ce qui montre clairement que cet os a long-temps séjourné dans la mer, dépouiilé de parties molles, avant d’être recouvert par les sables. Cette observation, jointe à beaucoup d’autres dont l'exposition ne peut être développée dans ce mémoire, annonce que l'accumulation des sables, qui forment de puissantes as- sises en dessous et en dessus du point où j'ai recueilli cet os, n'est point due, comme quelques géologues l’ont supposé, à une invasion brusque de la mer sur nos continens, mais qu’elle s'est opérée successivement comme dans l’époque actuelle (1). (1) En émettant cette opinion sur un fait particulier, je suis loin de vouloir la généraliser en l'étendant à l'ensemble des formations marines des terrains tertiaires; je pense, au contraire, que l'opinion de MM. Cuvier et Brougniart sur les invasions et les retraites successives de la mer, peut seule rendre raison de plusieurs phénomènes d’alternance que nous présente l'étude 18, Dugong fossile. 276 J. CIHRISTOL. L’os du bassin est allongé, grèle, coudé vers le bas, et a quel- ques rapports, pour la forme, avec une clavicule humaine ; sa longueur est de 0",10. Cuvier, en signalant le Lamantin parmi les animaux fossiles, témoigne son étonnement de ce qu'on ne l'ait trouvé que dans des couches marines. Le Lamantin, observe-t-il, se rapprochant souvent des animaux qui vivent dans l’eau douce et sur ses bords , puisqu'il ne fréquente guère que les côtes, et qu'il re- monte assez avant dans les rivières et les lacs, il n’y aurait rien d'étonnant qu'on le retrouvât dans les couches qui recè- lent uniquement des débris d'animaux terrestres et d’eau douce. Cette remarque, qui m'a paru pouvoir être appliquée au Lamantin de Pézénas (1), peut en partie s'étendre au Du- gong qui fréquente aussi les rivages, où il vient paître l'herbe comme le Lamantin ; néanmoins, quoique Je sois porté à croire que le banc calcaire près de Blaye, où se trouvaient les molaires isolées signalées par Cuvier, appartient au terrain marin supé- rieur, ainsi que la couche de Nantes qui renfermait la portion de mâchoire ét la molaire isolée du Moyen Hippopotame de Cuvier, je ne puis indiquer d’une manière précise la formation dans laquelle se trouve le Dugong fossile que pour la seule localité de Montpellier où j'ai trouvé ma mâchoire. Ainsi que je l'ai précédemment annoncé, les sables où elle était enfouie appartiennent à l’assise la plus supérieure des terrains marins tertiaires; ils sont superposés à la molasse coquillière , et ré- cemment encore, j'ai eu occasion de montrer sur les lieux cette superposition à MM. Élie de Beaumont et Dufrenoy. Il est donc bien certain aujourd'hui que le Dugong, genre propre à la zone torride, habitait autrefois la Méditerranée, sur le rivage de laquelle nous retrouvons ses débris. Cuvier ne le connaissait pas à l’état fossile. M. Brongniart ne le cite pas non plus dans ses tableaux des corps organisés fossiles, en de ces terrains, alternance que l’on peut attribuer principalement aux soulèvemens et aux dislo- cations des diverses couches qui forment l'enveloppe superficielle du globe. (x) Voyez mon mémoire sur les mammiféres fossiles des bassins tertiaires de Pézénas et de Montpellier. JACQUEMIN. — Ostéologie de la Corneille. 277 sorte qu’il m'est permis de croire qu’avant mes recherches , on ignorait que le Dugong eût jamais vécu en Europe. (1) EXPLICATION DE LA PLANCHE 19. Fig. 1. Mächoire inférieure de Moyen Hippopotame fossile de Nantes (hippopotamus medius, Cuvier : Halicore Cuvieri, Nobis ). Fig. 2. Molaires du mème morceau, de grandeur naturelle, Fig. 3. Molaires isolées de la même espèce. Fig. 4. Mâchoire inférieure de Dugong fossile de Montpellier, (Halicore Cuvierii, Nobis.). Fig. 5. La même pièce, vue de profil. Fig. 6. Mächoire inférieure de Dugong vivant. Fig. 7. Tête de Dugong vivant. Fig. 8. Molaires du Dugong fossile, de Montpellier, de grandeur naturelle, Fig. 9. Mächoire d'Hippopotame. Fig. 10. Molaire d'Hippopotame fossile (hippopotamus dubius, Cuvier, Halicore, Nobis.) EXTRAIT DES RECHERCHES sur l'anatomie et la physiologie de la . Corneille (Corvus corone), pris comme type de la classe des oiseaux, présentés à l’Académie des Sciences, le 6. octo- bre 1334. Par M. Emie JACQUEMIN. Amené par mes études en zoologie à choisir Ja classe des oiseaux comme l’objet spécial de mes recherches, je me suis aperçu bientôt que la classification de ces animaux, fondée pres- que uniquement sur les considérations du bec et des pattes, ne pourrait suffire dans l’état actuel de lornithologie. C’est ce qui m'a engagé à tenter d'établir des bases plus rationnelles pour une nouvelle classification, en étudiant avec détail la structure d’un oiseau convenablement choisi pour type, ek en rapportant ensuite à son anatomie l’organisation des autres. Parmi les agens physiques du milieu ambiant, c’est l'air qui influe le plus puissamment sur le corps de l'oiseau; ce seront donc ses rapports avec ces êtres qui nous occuperont d’abord. (1) M. Marcel de Serres a depuis long-lemps annoncé ce genre d'après les débris détermines que je lui ai communiqués. 278 JAGQUEMIN. — Ostéologie de la Corneille. Non-seulement ce fluide baigne la surface du corps et pénètre dans la cavité pulmonaire par le jeu de la respiration; il traverse encore les poumons dans des points non déterminés, pour rem- plir huit poches pneumatiques ou aériennes dont la situation est telle qu’elles entourent les organes les plus volumineux de la cavité pectoro-abdominale, et qu’elles amènent de l'air, par des ouvertures particulières , non déterminées, dans les cavités osseuses du squelette. Par l'intermédiaire des sacs pneumatiques sous-scapulaire et sous-fémorale, l'air pénètre aussi dans lescellules sous-cutanées, et entre dans les tuyaux des plumes développées, sinon directement de ces cellules, au moins par le trou situé à la base des barbules. Enfin de toutes ces cavités, l’air revient au poumon pour être chassé au dehors. Il en résulte une sorte de circulation respiratoire qui présente quelque analogie avec la respiration trachéenne des insectes, et qui tend à diminuer le poids du corps, en desséchant les parties traversées par l'air (r). L'activité vitale, l’irritabilité des tissus, l'oxidation du sang, l’in- tensité de la couleur de ce liquide, l’énergie de la circulation, le degré de chaleur animale, la force des fibres musculaires , la marche plus ou moins rapide de la nutrition et des autres fonc- tions, etc., etc.; toutes ces conditions organiques et vitales sont d'autant plus énergiques et plus actives que l'influence de l'air sur l’être est plus intense. Après l'air, c’est la lumière qui influe le plus sur le corps de l’oiseau. La différence essentielle dans l'action de ces deux agens, c’est que la lumière n'agit pas comme l'air sur les or- ganes internes; mais qu'elle ne se borne à modifier la surface du corps, et à pénétrer les parties constituantes de l'œil. La modification principale qu'éprouve loiseau sous l'influence de la lumière , consiste dans la forme et surtout dans la coloration des plumes. M. Gloger ( dans le Mémoire qu'il vient de pré- (x) Le squelette du corvus corone que j'ai examiné en état parfaitement sec ne pesait que 25 grains. Un second qui avait été préparé depuis huit semaines, où par conséquent toutes les parties liquides n’étaient pas encore entièrement évaporées, pesait 26 grains 950. Le squelette de Pelicanus onocrotalus, qui a été examiné par plusieurs membres de l’ancienne académie des Sciences, ne pesait que 23 onces, Nous remarquerons que le squelette de ce palmipède est très pneumatique; qu'il présente un très grand nombre de trous qui percent dans tous les points les os qui le composent, et servent d’entrée à l'air qui remplit leurs cavités. TACQUEMIN. — Ostéologie de la Corneille. 270: senter à l'Académie de Berlin et de Paris, intitulé sur les modi- fications qu’éprouve l'oiseau par l'influence du climat) nous a démontré de manière à ne laisser aucun doute, que les indi- vidus d’une seule et même espèce d'oiseau, présentent des colorations différentes selon les climats qu’ils habitent, et qu’un seul et même individu, parmi les oiseaux de passage, change pendant presque toute l'année les couleurs de son vêtement, selon les divers climats qu'il parcourt. Il est certain que l'air et la lumière ne sont pas les seules influences physiques auxquelles l'oiseau se trouve soumis. La chaleur (1)et la pression atmosphérique, variables selon les dif- férentes couches de l’atmosphère, exercent une grande influence et amènent une série de phénomènes particuliers. Pour garantir l'oiseau contre les changemens brusques de température pendant ses voyages dans de hautes régions atmo- sphériques, la nature a enveloppé le corps des bons voliers d'une couche de plumes très serrées. Le rayonnement de cha- leur de son corps vers l'espace céleste est par là beaucoup ralenti, rayonnement qui sans cette enveloppe aurait été très considérable dans les hautes régions où il existe un froid de. 15 à 20°, tandis que la chaleur animale s'élève à 40 et 45°, ce qui fait une différence de 20 à 33. Comme l'air ne baigne pas seulement la surface du corps, mais pénètre aussi jusque dans l’intérieur des tissus (ce qui établit un contact beaucoup plus intime, et beaucoup plus propre à refroidir promptement le corps), il est plus que probable que la communication de ce fluide avec les poches pneumatiques n’a lieu que peu ou point dans les hautes régions; et nous croyons pouvoir admettre que l'oiseau, avant d'y arriver, remplit d’air toutes les cavités et po- ches aériennes de son corps, et qu’ensuite l'air est retenu dans ces réservoirs ou au moins qu'il y est rarement renouvelé, de telle sorte que ce fluide, une fois échauffé par le corps, con- tribue à entretenir la chaleur propre de l'animal. (1) Consultez, sur là nature de la chaleur et de la lumière, mon Extrait de la philosophie de la nature de Oken, dans la Minerve, choix de mémoires étrangers, no 1. Chez Grochard, Paris, rue de l’École de Médecine, n° 13. 280 JACQUEMIN. — Ostéologie de La Corneille. L'animal, privé de ses parties molles et fluides, nous pré- sente ses parties solides ou son squelette. Quoique le squelette soit de toutes les parties qui entrent dans la composition du corps la plus solide et la plus résistante, c’est cependant celle qui, pendant son développement, est le plus esclave des autres, et celle dont la forme et la consistance dépend le plus des parties environnantes. Tous les tissus organiques formés à l’origine par la condensation ou solidification des liquides, parviennent généralement d'autant plus tard à leurentier développement que leur consistance s'éloigne davantage de leur état de fluidité originaire. Le squelette est donc une des dernières parties qui achève sa formation; il est, par conséquent, susceptible d’être modifiée jusqu’à un certain point, et pendant un certain temps , par les autres parties du corps déjà plus avancées dans leur développement. C’est dans ce sens que M. Carus établit une comparaison forte ingénieuse, en disant : comme les boule- versemens etles déformations nombreuses que présentent les couches superposées, qui composent le globe terrestre, attes- tent la révolution que ce globe a anciennement subi, le sque- lette nous trahit les phases de développement que le corps a anciennement parcouru. Mais lorsque les parties solides ont achevé leur développement, des rapports inverses s’éta- blissent peu-à-peu. Les parties molles s'endurcissent successi- vement; elles expulsent les liquides qui diminuent en quan- tité, et elles conduisent par ce changement de nature, d’une manière fort simple, à la destruction de l'être. La séparation des parties élémentaires du squelette, après la mort de l’ani- mal, est aussi long que sa formation. Le squelette, nourri d’une manière lente par des matières terreuses principalement , est la partie la moins vivifiée du corps. Chez l'oiseau cepen- dant où par sa pneumaticité il donne lieu à une série de phénomènes particuliers, il prend une nouvelle activité. L'ensemble des parties solides des animaux, considérée dans la série zoologique, nous présente trois systèmes différens : 1° Le système des parties solides végétatives. — Il recouvre plus ou moins completement la surface du corps de l'animal , sur laquelle il croit comme les végétaux sur le sol, avec cette IACQUEMIN. — Ostéologie de la Corneille. 281 différence fondamentale que sa nourriture est déjà préparée par le corps de l'animal. Les formes qu'il affecte, sa consis- tance, sa coloration, son utilité pour l'être sont des plus multi- pliées et des plus variées. Il n’y a de bien constant que sa fonction générale de servir partout, à garantir contre les in- fluences physiques du milieu ambiant, et de s’affaiblir jusqu’à des faibles traces. à mesure que le troisième système solide, le squelette proprement, dit se développe dans la série animale. Les parties qui le composent sont les anneaux des insectes, les coquilles, les écailles, les carapaces, les poils, etc., etc. Chez l'oiseau , il parvient à un développement très remarquable; il y constitue les plumes, dont les barbes sont si effilées et si mer- veilleusement organisées. La corne qui recouvre le bec et les pattes lui appartient également. Ces parties se forment de ia ma- nière suivante : des substances fluides se déposent dans des cel- iules préalablement existans; de telle sorte qu’une fois déposés leur accroissement ne peut avoir lieu, que par addition de nou- velles couches sur la face interne des anciennes, et non pas par développement des couches existantes. La différence essen- telle qu’elles présentent, comparées aux parties cartilagineuses, dérive de leur exposition à l'air qui les durcit, en les privant d'une grande partie de leur eau constituante. Lorsque chez les animaux supérieurs, la substance nerveuse a été bien garantie par le squelette proprement dit, le système solide cutané devient inutile, et se réduit successivement à ne plus consister presque que dans l’épiderme et dans quelques poils. Le sys- tème solide viscérale, au contraire, se développe de plus en plus à mesure qu’on monte dans la série. 2° Le système des parties solides vicérales. — Le milieu ambiant touche l'animal, non-seulement par sa surface interne, mais encore d’une maniere très intime par sa surface interne. Les alimens, introduit dans le corps, sont en contact immé- diat avec le canal digestif; l'air entre dans la cavité respira- toire, baigne ses parois, et pénètre jusque dans les plus petites mailles du poumon. Nous verrons plus tard, que chez l'oiseau, il s'avance encore dans la cavité pectoro - abdominale, y remplit de grands réservoirs, perce les os pour entrer dans 282 JACQUEMIN., — Ostéologie de la Corneille. leur cavité, et baigne en général presque tous les tissus du corps. L'animal doit donc présenter des parties assez solides et assez résistantes pour s'opposer à cette action du milieu am- biant, et garantir son corps contre ses influences. C’est dans ce but qu'il se forme une série de pièces solides dont l'ensem- ble constitue le système viscéral. Les tubes qui enveloppent une sorte d’intestin chez les coraux, les pièces solides qu’on rencontre dans l'estomac des bivalves, dans l’œsophage des annélides, des gastoropèdes, des oursins, des holothuries; les os dans le cœur de certains animaux; enfin, les arcs bran- chiaux, l'os hyoïde et la trachée-artère, chez les animaux d’une ordre supérieur, sont les diverses parties qui constituent ce système. Chez le corvus corone, il se compose de l'os hyoïde et de la trachée-artère. Le premier (Voyez pl. xv, fig. 5) présente une pièce moyenne nommée le corps de l'os; elle est précédée par une autre pièce tres allongée, cylindrique, comme la langue qu’elle porte. À l'extrémité postérieure du corps s’articulent les deux cornes de l'os; celles-ci sont d’une longueur très consi- dérable. Entre les cornes se voit une apophyse cartilagineuse trés prolongée qui sert à soutenir le larynx supérieur. La trachée-artère présente deux larynx très simples, dont l’un supérieur et l’autre inférieur, une série d’anneaux et deux bronches. 3° Le squelette proprement dit. — Si on appelle les deux sys- tèmes dont nous venons de parler, le premier cutané , le second viscéral, on pourrait appeler celui-ci nerval. Il n’a de commun avec les deux systèmes précédens, que de protéger les parties molles; mais il n'entre pas en contact immédiat avec le milieu ambiant. Les organes qu’il reuferme sont les plus délicats; ce sont la substance nerveuse d’une part, et les organes respiratoires, digestifs et génitaux de l’autre. La première, siège des facultés intellectuelles, règne dans la partie supérieure de lêtre, placée dans un canal, formé, comme nous le verrons bientôt, par la réunion des arcs supérieurs des vertèbres. Les autres sont con- tenus dans le canal beaucoup plus grand et moins cemplet, formé par les appendices inférieures ou les côtés des vertèbres. Outre les fonctions dont nous venons de parler, le squelette a encore JACQUEMIN. — Ostéologie de la Corneille. 283 pour usage de servir de point d'insertion au système muscu- laire. C’est surtout sa face externe qui remplit cette fonction. Dans les deux systèmes précédemment considérés, il n’y a rien de semblable. Les relations entre le squelette et le système musculaire, c’est-à-dire, entre l’organe passif du mouvement et l'organe actif, sont fixes et déterminées; le mouvement, résul- tant de l’action commune de ces deux systèmes, dépend prin- cipalement des points d’insertions des muscles. Les élémens constitutifs du squelette sont l’albumine, le car- tilage et le phosphate de chaux. La structure cristalline qui prédomine dans les parties solides des êtres inférieurs, disparaît à mesure qu'on monte dans la série animale; le squelette devient de plus en plus le résultat du travail des forces vita- les, et non plus l’effet d’un simple départ de matières terreuses par molécules cristallisés. Aussi, une fois formé, ne reste-il pas stationnaire dans son développement, comme chez les mol- lusques et tous les animaux placés au-dessous d’eux dans la série zoologique, où le système des parties solides ne s’accroit que par de nouvelles couches qui viennent s'appliquer sur la face interne des anciennes; mais il est sans cesse occupé de se reformer dans toutes ses parties. Originairement formé par le dépôt de molé- cules terreux dansles interstins des tissus moux et riches en vais- seaux sanguins, les parties solides sont toujours animées par le mouvement moléculaire qui se continue pendant toute l'existence de l'être, apportant continuellement des nouveaux molécules pour remplacer ou pour augmenter le nombre des anciens. L’addition des molécules terreux transforme d’abord les parties molles en cartilage. Ensuite, il se forme des points d’os- sifications dans des endroits déterminés qui indiquent le nombre primitif des parties osseuses. À mesure que l’ossification fait des progrès, ces points se réunissent et constituent les os, tels qu'ils existent chez l'être adulte, os dont la plupart sont compo- sés et résultent de la réunion de plusieurs points d’ossification. On voit, par conséquent, l'importance de l'étude sur la marche, du développement et du nombre des points d’ossification, par lesquels chaque os commence sa formation , afin de dévoi- ler autant qu’il nous est possible, la véritable nature de chaque 284 JACQUEMIN. — Ostéologie de la Corneille. pièces qui entre dans la composition du squelette. C’est ainsi que les vertébres proprement dit naissent par quatre points d'ossification : deux pour les arcs latéraux, un pour l’apophyse supérieure, et un pour le corps de la vertèbre. Chacun de ses points se développant indépendamment des autres, et d’après des lois déterminées. Il n’y a aucun inconvénient à considérer, en ana- iomie, chacun de ses points comme un os primitif, et la pièce osseuse qui résulte de leur réunion, comme une pièce com- plexe. On verra par la suite que cette manière d’envisager le squelette deviendra de plus en plus nécessaire, à mesure qu'on s’accoutumera de considérer les parties solides d’un animal dans leur harmonie avec l’ensemble des systèmes solides qu'offre le règne animal. On peut envisager le squelette sous deux points de vue diffé- rens : 1° En considérant le squelette depuis la pointe du bec jusqu’à l'extrémité de la queue, comme une série de vertèbres juxtaposées, lesquelles, selon les fonctions qu’elles accomplis- sent, ont pris un développement différent; 2, en admettant deux parties principales dans le squelette: le tronc ou partie central et les extrémités ou rayons, et en parlant successivement des diverses parties qui les composent, selon la méthode suivie ordinairement jusqu'ici. Cette dernière manière de considérer le squelette, s'accorde plus avec le mouvement de loiseau, et une foule de phénomènes avec lesquels il est en relation directe, tandis que la première que nous préférons, est plus simple, plus philosophique, et plus en harmonie avec le déve- loppement de l’ensemble des parties solides qu'offre la série animale. Nous l’étudierons en suivant successivement ces deux méthodes. Le squelette du corvus corone est parfaitement symétrique ; une coupe, faite suivant sa ligne médiane, le divise en 34 par- ties paires situées sur les deux côtés du corps, et en 47 im- paires placées le long de la ligne médiane. Les cartilages sont très rares chez l'oiseau; on n’en trouve pas même sur toutes les facettes articulaires. L'ossification est tellement énergique et prompte qu’elle attaque même le système musculaire. JACQUEMIN. — Ostéologie de la Corneille. 285 Il y a peu d'animaux chez lesquels la différence, entre la fixité de certaines parties et la mobilité de certaines autres, soit aussi marquée que chez l'oiseau. Le tronc se trouve fixé au milieu , et les parties mobiles partent de lui dans des directions déterminées. Le tronc est formé en haut par les vertèbres dorsales , lom- baires et sacrées, enfin par les os du bassin, qui sont l'ilium, l'ischion , le pubis et le sacrum. Ses deux parties latérales sont formées par les côtés réunis à l’aide d’apophyses sur leur face postérieure, et sa portion inférieure enfin est formée par le sternum. Les parties mobiles où les extrémités sont formées en avant par la partie antérieure de la colonne vertébrale, terminée par la tête qui est composée de vertebres plus développées et jouit de la plus grande mobilité. Sur les deux côtés du corps se voient les extrémités antérieures et postérieures, et la partie terminale est formée par la queue. Parmi ces parties mobiles, les extrémités postérieures et la queue agissent comme antagonistes par rapport au cou et la tête; pendant la station et la locomotion elles tiennent, comme des contre-poids, le tronc en équilibre. Pendant le vol, les extrémités antérieures sont surtout en mouvement; tandis que le cou et la tête, les extrémités postérieures et la queue ser- vent principalement à modifier ou à diriger le mouvement im- primé au corps par le choc des ailes. Comme c’est la longueur, le volume, et la forme des diver- ses parties du squelette qui déterminent essentiellement l'énergie du mouvement, puisque ce sont les os qui par leurs inégalités, leurs apophyses, déterminent la force du système musculaire; il est très nécessaire de se faire une idée juste de leurs propor- tions réciproques. Les régions principales où s’attachent un grand nombre de muscles importans, sont pour la tête sa partie postérieure ; l'occipital qui occupe cette région indique par les inégalités nombreuses qu'il offre la force et le nombre des muscles aux- quels il sert de point d'insertion. De toutes les parties qui composent le squelette, ancune 286 TACQUEMIN. — Ostéologie de la Corneille. n'atteste plus visiblement l'influence énergiqne du système musculaire que la colonne vertébrale proprement dit. Chacune de ses petites apophyses paraît avoir été formée par lossifica- tion, qui aurait agi primitivement dans le sens de la direction du muscle. Le sternum, os très large, pourvu d’un brechet très fort, annonce des puissances musculaires fort développées, suscepti- ble de donner à l'aile qui choque l'air une impulsion très éner- gique. Une autre région pour l'insertion des muscles, c’est la face externe du bassin. L’ilium , Pischion et le pubis présentent des surfaces très étendues, pourvues des prolongemens très considérables, qui servent de points d'attache à un grand nombre de muscles très puissans. Les os de l'épaule, qui d’ailleurs correspondant aux os du bassin, présentent pour l'insertion des muscles une région qui n’est pas moins étendue. Les régions du corps qui n’offrent pas de muscles sont rares chez l'oiseau, elles se réduisent presque à la face supérieure du crâne et à la partie postérieure et supérieure du bassin. La tête, comme chacun le sait, peut ètre divisée en deux parties : le crâne et la face. Parmi les os qui entrent dans la composition du cràne, se range le frontal (pl. 14, fig. x et pl. 15, fig. 6), les pariétaux , l’occipital, le sphénoïde et le temporal, auquels on peut ajouter encore la lame verticale de l’ethmoïde qui s’avance entre les orbitres, et sert à les, séparer. Outre la fonction commune, à tous ces os de garantir la masse centrale du système nerveux, le temporal et l’ethmoïde ont encore celle de servir de siège aux organes de l'audition et de lolfaction. Les os du crâne, comparés aux os de la face, sont en rap- port comme un et demi à peu-près. Tous les os du crâne ont une texture ceiluleuse, sauf la seule exception des parties osseuses des organes de Paudition. Le rocher, si compacte chez un très grand nombre d’animaux, est tout spongieux et rempli d’air chez le corvus corone. Les os du crâne ne présentent qu'une surface externe et une surface in- terne, tandis que les os de la face qui sont plus nombreux, plus mobiles, plus articulés et plus arrondis en présentent de tous les côtés. TACQUEMIN. — Ostéologie de l1 Corneille. 287 Les dimensions et les formes de la cavité crânienne (pl. xrv, fig. 1x) sont indiquées généralement parlant par la forme externe du crâne. On divise le plus naturellement cette cavité avec Vicq d'Azyr., Tiedemann, etc., en deux parties principales, dont l’une supérieure et antérieure reçoit le cerveau, et l’autre postérieure plus petite renferme le cervelet. Elles sont séparées par une crète osseuse tres saillante (cc), formée par les grandes ailes du sphénoïde, la partie orbitaire du frontal, et par le rocher. A l'extrémité antérieure de la grande cavité crânienne sortent les nerfs olfactifs (e). La petite cavité, traversée par une crête osseuse saillante, se subdivise en quatre petites loges. Deux plus grandes que les autres sont placées sur les côtés (bb); elles renferment les couches optiques; entre elles et un peu en avant, se trouve la protubérance cérébrale, placée dans un petit enfoncement correspondant à la selle turcique de l’homme (z). La quatrième loge enfin est la plus grande; elle reçoit le cervelet avec le commencement de la moelle épi- nière (#); elle est placée immédiatement en avant du trou occipital. Après avoir envisagé le squelette sous un point de vue géné- ral, nous allons maintenant entrer dans les détails et le consi- dérer suivant sa composition par vertèbres. Du squelette sôus le point de vue de sa composition par vertèbres. Pour concevoir comment toutes les parties qui composent le squelette ne sont effectivement que les diverses pièces d’un certain nombre de vertèbres profondément modifiées suivant les fonctions qu’elles remplissent, il faut d’abord préciser ce que nous entendons par le mot vertèbre. Prenons, par conséquent, une vertèbre complète parmi celles que le squelette de l'oiseau nous présente, c’est-à-dire, une des vertèbres dorsales pourvue des vraies côtes, et voyons qu’elle est sa composition : cinq parties essentielles au moins constituent cette vertèbre; le * corps au milieu (a fig. 11, pl. xv), deux ares sur les côtés diri- 288 TACQUEMIN. — Ostéologie de la Corneille. gés en haut, le plus ordinairement réunis, formant un anneau complet (b), deux ares (ou côtes) dirigés en base (cc), et réunis avec une petite colonne vertébrale composée de cinq vertébres intimement réunis, constituant le sternum. Les apophyses et autres appendices que le vertèbre peut nous présenter (tels que les nageoires des poissons et les ailes des insectes), ne sont pas essentielles pour la détermination de la vertèbre. Mais ces ap- pendices étudiés dans la série animale nous offrent les lois sui- vantes qu'il est important de signaler pour comprendre l’orga- nisation du squelette de l'oiseau dans son harmonie avecl’ensemble des pièces osseuses des animaux. 1° L'insertion de ces appen- dices sur les vertèbres se fait dans des points déterminés. En réduisant la vertèbre à sa plus simple expression qui est un cercle, les points d'insertion pour ces appendices se trouvent en a, b,c,e, f et d, figure 12 pl. 15. Nous citerons pour exemple les pieds et les pattes insérés dans les points 4 et f les ailes des insectes attachées en c et en e; les nageoires dorsales des pois- sons fixés dans le point a et les anales dans le point à. Les vertèbres étant des corps qui dans leur origine dépendent entièrement de la substance nerveuse primitiveraent existante qu'elles sont venues protéger, ne peuvent être déterminées que d’après la considération de cette substance. D'ailleurs le système nerveux, base la plus solide pour la classification des êtres animés, doit être préférée lorsqu'il s’agit de distinguer les différentes parties qui composent le corps d’un animal. Guidé par cette doctrine fondamentale, dont Cuvier a tiré un si graud parti pour la distribution des animaux dans son ouvrage classique « le règne animal», nous déterminons la vertébre d’après les considéra- tions sur l’organisation et les fonctions de la portion de la sub- stance nerveuse qu’elle renferme. Le nombre de vertèbres est nécessairement déterminé par ce- lui des ganglions nerveux; la vertèbre elle-même n'étant au fond que la partie protectrice d’un ganglion; le nombre des ganglions et celui des nerfs auxquels ils donnent naissance dépend des organes plus ou moins nombreux qu'ils vivifient. Comme les or- ganes principaux animés par le système nerveux sont les sens, nous partageons avec M. Oken l’ensemble des vertébres en cinq JACQUEMIN. — Ostéologie de la Corneille. 289 parties correspondantes aux cinq sens. La tête présentant à elle seule quatre sens, celui de la gustation, de l’odorat, de l’audition et de la vision, nous en partageons les os en quatre vertèbres. Le cinquième sens celui du toucher, étant répandu sur tout le reste du corps, nous comprenons dans cette cinquième division toutes les autres vertébres et nous les subdivisons suivant leurs fonc- tons et celles de la portion nerveuse qu’elles renferment. A. Des vertèbres encéphaliques. Le grand développement du cerveau a nécessité un dévelop- pement correspondant dans le système osseux. Il en est résulté que detoutes les vertébres, celles qui composent latête sont les plus compliquées et le plus difficiles à étudier. La voûte qu’elles forment en haut pour recevoir la masse principale de la sub- stance nerveuse est très grande chez le corvus corone. Comme elles ne se réunissent point verticalement avec les vertèbres cer- vicales, le trou de l’occipital est porté plus vers la base du crâne que cela n’a lieu dans les classes précédentes de la série animale. Les vertèbres encéphaliques renferment comme nous venons de le voir, la masse centrale du système nerveux et les quatre premiers sens ; elles ont dû par conséquent se modifier profon- dément afin de se rendre propre aux fonctions élevées qu’elles sont destinées à remplir. À I. De la vertèbre nasale. C’est la première vertèbre du squelette; elle occupe l’extrémité antérieure de la tête. Sa fonction principale est de servir à la mastication, de recevoir et de protéger les organes olfactifs et les nerfs qui s’y rendent. C’est elle qui forme la mandibule su- périeure, un des agens principaux de la mastication. Les pièces qui composent cette vertébre sont: le vomer (pl. 14, fig. 7, n n) et l’ethmoiïde qui en constituent le corps, les maxillaires supé- rieurs, les naseaux et l’inter-maxillaire qui forment son arc su- périeur. Le lacrÿmal peut être considéré comme son appendice. Tous les os qui la composent sont pneumatiques; ils reçoivent l'air de la cavité nasale ou bien par des communications cellulaires, avec la vertébre suivante, c’est-à-dire la frontale. L’angle facial 11, Zoor, — Novembre, 19 290 JACQUEMIN. — Ostéologie de la Corneille. que forme cette vertèbre au point de jonction d’une ligne tirée du trou occipital à la pointe du bec avec une seconde ligne se portant de cette pointe à la face supérieure de la tête en suivant sa ligne médiane, ne présente que vingt-deux degrés. Les muscles de la face qui se maintiennent chez tous les mam- mifères (les monotrèmes font seuls exception), chez un grand nombre de reptiles et de poissons, disparaissent ou ne laissent que de faibles traces chez les oiseaux. Je n’entre pas ici dans tous les détails sur l’organisation, la forme, les fonctions et le mode de développement de chacun des os qui compo- sent cette vertébre, ainsi que je les ai donnés dans le mémoire dont je fais ici l'extrait; je remarquerai seulement que le vomer (pl. 14, fig. 7, r n), placé dans le fond de la cavité nasale, sert à lattache de la membrane pituitaire. 11 constitue le prolongement antérieur de la lame du palatin qui se recourbe sur le rostrum sphénoïdal. Ses deux parties symétriques sont intimement réunies en bas. Il ne reçoit pas d’air; ses lames sont minces et opaques. L’ethmoide (pl. 14, fig. 7, £. pl. 15, £. 3, d.) est un os très com- posé, placé au milieu de la mächoire supérieure, près de son articulation avec le crâne. Il est formé d’une lame verticale qui s’avance entre les deux orbites (f), d’une lame horizon- tale (4) engagée entre les os propres du nez et le frontal, et des trois cornets ethmoïdaux qui seuls restent le plus souvent à ’état cartilagineux. L’os maxillaire superieur (pl. 14, f. 7, r) est un des os le plus volumineux de la tête et après la mâchoire inférieure le plus considérable parmi les os de la face. Il occupe tout le bord infé- rieur de la mandibule et présente sur sa face externe une série de petits trous pour la sortie d’autant de vaisseaux. Les os propres du nez (pl. 14, f. 6, à, pl. 15, f. 3, e) sont deux petites lames minces qui forment le bord postérieur des narines. Ils présentent trois apophyses ou prolongemens : le processus nasi en haut et en avant, le processus maxillaris superior en bas et le processus frontalis en haut et en arrière. Ce dernier seul est pneumatique; il reçoit l’air par communication avec le fron- tal et l'ethmoïde. TACQUEMIN. — Ostéologie de la Corneille. 207 Le Zacrymal ( pl. 14, fig. 6, n ) occupe la partie antérieure de l'orbite. Il est assez volumineux, d’une forme quadrangulaire et très boursouflé. Après avoir séparé le lacrymal du crâne, il part uu petit osselet distinct sur sa face qui regarde la cavité nasale. Cet osselet présente une forme allongée; il est sans com- munication cellulaire avec le lacrymal, et présente à son extré- mité supérieure un petittrou pneumatique par lequel il tire l'air. Je ne crois pas que les anatomistes aient fait attention jusqu'ici à ce petit osselet. L'inter-maxillaire (pl. 14, fig. 6, p. fig. 7, p.) occupe la par- tie supérieure du bec. C’est un os long et grèle qui se soude de très bonne heure avec celui de l’autre côté et avec les maxil- laires supérieurs. Il se développe d'avant en arrière. Il. De la vertèbre frontale. Sa fonction principale est de recevoir et de protéger les organes de la vision et les grandes hiémisphères cérébrales. Elle se com- pose de la partie antérieure du sphénoïde qui en constitue le corps, de la lame verticale et postérieure de l’ethmoïde et du frontal; en bas elle porte les palatins. Toutes les parties qui la composent sont pneumatiques à l'exception des palatins et de la lame verticale de l’ethmoïide qui sont chez le corvus corone des os très minces et sans diploé. Ils reçoivent l'air du réservoir placé sous les yeux qui a son tour est en communication avec la caisse du tympan à l’aide du syphonium. A sa partie posté- rieure elle est percée d’un trou pour le passage du nerf optique. Le frontal (pl. 14, fig. 6, a, fig. 10, pl. 15, fig. 3, a), double à l’origine, se sonde de tres bonne heure en. un seul os, qui est le plus étendu du crâne, dont il occupe la majeure partie de la face supérieure. Sa partie postérieure (pars frontalis) recouvre les grands hémisphères cérébraux et sa partie anté- rieure (pars orbitalis anterior) constitue la partie supérieure de l'orbite. Les limites de cet os sont en avant la lame horizontale de l'ethmoïde, les os propres du nez, les lacrymaux et la lame verticale de l’ethmoïde. La réunion de ces 05 entre eux est mo- 19. 292 TACQUEMIN. — Ostéologie de la Corneille. bile, elle permet un petit mouvement à la mâchoire supérieure à cause de la minceur de lames osseuses qui s’adaptent pour for- mer cette articulation. En arrière, le frontal est en rapport avec les pariétaux, et sur les deux côtés il forme par sa portion or- bitaire postérieure la partie supérieure et postérieure de l'orbite. L'air lui arrive par des communications avec les pariétaux. Le palatin (pl. 14, fig. 6, m 7,g) occupe le plancher supé- rieur de la cavité buccale; il est recouvert par la membrane muqueuse de la bouche. C'est un os plat pourvu d'un prolonge- ment postérieur qui s'articule d'une manière mobile avec le ros- trum sphénoïdal et d’une apophyse antérieure quitient au vomer. Son articulation postérieure et mobile se fait à l’aide d'une lame osseuse qui forme concurremment avec celle de l’autre côté, d’abord la partie inférieure du canai nasal et qui se recourbe en- suite sur le rostrum sphénoidal, sur lequel elle glisse lors du mouvement de la mâchoire supérieure. II. De la vertèbre pariétale. Elle est composée de la partie postérieure du sphénoïde qui en constitue le corps, des grandes ailes de cet os, de la partie externe du temporal et des pariétaux; en bas elle porte, comme appendice, l’omoiïde. Eile forme une voûte très développée, qui contient la partie postérieure du cerveau, et une partie du cer- velet ; enfin elle concourt aussià la formation de l’orbite dont elle constitue une grande partie de la paroi postérieure. Tous ses os sont pneumatiques, à la seule exception de l’omoïde; ils tirent l'air de la caisse du tympan, à l’aide du trou inférieur percé dans cette caisse. Cette vertèbre est traversée par le nerf hypo- glosse. Le sphénoide(pl. 14, fig. 6, g. fig. 7,pl.1 5, fig.4) est l'os le plus in- terne de la tête, celui qui est en communication avec toutes les parties du crâne. On le trouve sur la face inférieure du crâne ou il sert à soutenir le cervelet et les couches optiques, à former la paroi postérieure de l'orbite et à réunir le cräne avec le bec à l’aide de sa longue apophyse antérieure. Il est composé d’une JACQUEMIN. — Ostéologie de la Corneille. 203 partie moyenne ou corps et de deux aïles (alæ lateralis) ; cet os est très pueumatique principalement dans son corps et le ros- trum sphénoïaal. Les pariétaux (tab. 1, fig. 6, b. fig. 8, a) sont deux os très aplatis, quadrangulaires, recouvrant la partie postérieure du cerveau. L’omoëide (ossa communicantia, ossa omoïdea, Herissant.) pl. 14, fig. 6, fig. 7, K.) est placé derrière le palatin, entre ce der- nier os et l'os carré, Son extrémité antérieure se termine par une petite lame osseuse concave qui s’applique intimement sur le rostrum sphérnoïdal. L’extrémité postérieure qui s'articule avec l'os carré présente peu avant sa terminaison une apophyse sur sa face inférieure. 1V. De la vertèbre occipitale. C’est la dernière vertèbre de la tête, dont elle occupe la partie postérieure. Elle est composée du basilaire qui en constitue le corps, de la partie interne du temporal et de l’occipital; en bas elle porte l'os carré avec le jugal et la mâchoire inférieure. C’est la plus compliquée des vertèbres de la tête. Sa direction encore verticale chez les poissons et les reptiles devient tellement oblique chez l'oiseau qu’elle forme, avec l'axe longitudinal de la tête, un angle de presque 45°. L'occipital (pl. 14, fig. 6, c. fig. 7, a. fig. 11, fig, 8,b.), un des os les plus importans du crâne, se trouve à l’extrémité postérieure de la tête. H est composé chez l'adulte de deux parties : de l'occipital proprement dit et du basilaire (pars basilaris). Chez l'embryon et le jeune oiseau il présente cinq parties : la protubérance occipitale, les deux parties latérales, la partie articulaire et le basilaire. Il est percé au milieu par le trou occipital. L'air lui arrive immédiatement de la caisse du tym- pan. Le temporal (pl. 14, fig. 6, d. 7, h. pl 15 , fig. 2) se compose de deux parties principales, lune externe et l'autre interne : la premiére est lisse extérieurement et pré- sente une apophyse tres allongée (processus temporalis); la se- 294 IACQUEMIN. — Ostéologie de la Corneille. : conde, ie rocher, est inégale, et cachée dans l’intérieur du crâne; elle renferme les organes internes de l'audition. L'intérieur de l'oreille nous présente trois cavités : la caisse du tympan, l’anti-vestibulum et le vestibule. L’osselet de l’ouïe (co- lumella) est placé dans l’anti-vestibulum; examiné sous la loupe on voit un ou plusieurs trous pneumatiques à son extrémité supérieure, et un canal dans son intérieur qui est rempli d’air. La même chose existe chez un très grand nombre d'oiseaux (sinon chez tous à l’âge adulte), il est certain que cela contribue beaucoup à la perfection de ce sens. La paroi postérieure de l'anti-vestibulum est percée par le trou découvert par Galvani (1), et destiné à conduire de Pair dans la cavité placée entre les ca- naux demi-cireulaires. L’os carré (pl. 14, fig. 6, fig. 7, d. fig. 8, c. pl. 15, fig. 3, b.) sert à l'articulation de la mâchoire inférieure avec le crâne. Il présente supérieurement l’apophyse temporale et l’'apophyse orbitale : c’est par un trou percé dans le premier de ces apophyses qu'il reçoit l'air de la caisse du tympan. Son extrémité inférieure présente également deux apophyses dont la plus volumineuse s'articule avec la mâchoire inférieure et l'autre avec Le jugal (os malæ.) pl. 14, fig. 6, t. fig. 7, t. pl. 15, fig. 3, c). Ce dernier est un os long et grèle qui passe au-dessous de l'œil, et sert à réunir l'os carré avec le maxillaire supérieur. Il n’est pas pneumatique. La mâchoire inférieure (pl. 14, fig. 6, s, pl.15, fig. 6) est l'os le plus volumineux de la tête, et l’un des plus mo- biles du squelette. Les cinq pièces qui le composent originai- rement se réunissent de très bonne heure. Son extrémité pos- térieure présente une facette articulaire et une apophyse tres développée sur sa face interne, laquelle est pourvue d'un ou de plusieurs trous pneumatiques qui reçoivent l'air de la caisse par l'intermède du siphonium (pl. 15, fig. 1, f). Ce dernier est un petit tuyau ou canal osseux qui s'étend entre la caisse du (x) Ilest à remarquer que cette ouverture , après avoir élé trouvée chez l'aigle par Galvani, a été presque entièrement négligée par les anatomistes. M. Tiedemann, qui en parle, nie son existence dans le genre Corvus, où il se présente cependant très distinctement après qu’on a ouvert l’antivestibulum. (Voy. sa Physiologie et anatomie des oiseaux.) JACQUEMIN. — Ostéologie de la Corneille. 209 tympan et le trou de la mâchoire inférieure dont nous venons de parler. Dans les squelettes préparés avec peu de soin, il est ordinairement enlevé. B. Des vertèbres du reste du COTps. Ces vertèbres sont généralement moins com pliquées que celles de la tête. Les arcs supérieurs qui par leur réunion forment le canal pour la moelle allongée sont très développés dans la ré- gion cervicale, pectorale et ventrale; ils s’affaiblissent dans la région caudale et finissent par un état rudimentaire dans la dernière vertèbre caudale. Les apophyses latérales existent depuis la seconde vertèbre cervicale jusqu’à l’avant-dernière vertèbre caudale; elles sont plus développées dans les régions pectorale et abdominale. Les apophyses inférieures n’existent que dans les régions mobiles de la colonne vertébrale, notamment dans les points où cette co- lonne fait des courbures, c’est-à-dire dans la partie supérieure du cou, dans la partie antérieure de la région pectorale et dans la région caudale. Les apophyses supérieures se contre-balan- cent avec les inférieures; c’est-à-dire qu’elles sont surtout bien développées dans les points où les premières n'existent pas, comme dans le milieu du cou et sur les vertébres dorsales. Les vertébres lombaires et sacrées présentent dans leur réunion intime un fait très remarquable en ce qu’on y voit une ten- dance, dans la substance nerveuse comme dans le système osseux, à produire un second renflement , celui de la tête étant le pre- mier. En remontant la série animale c’est chez l'oiseau que la colonne vertébrale quitte pour la première fois d’une manière décisive sa direction simplement horizontale; elle présente des courbures ou des ondulations parfaitement analogues et cor- respondantes en situation et en nombre à celle de cette co- lonne chez l’homme; elle s'élève même à la verticalité dans sa partie cervicale. Les appendices vertébraux consistent en vraies côtes au nombre de cinq, en fausses côtes au nombre de deux ou trois et en côtes rudimentaires existant sur toutes les vertébres cervicales, où elles sont attachées aux apophyses laté- 296 JACQUEMIN. — Ostévlogie de la Corneille. rales et concourent à la formation du canal latéral et enfin en ex- trémités, dont deux antérieures et deux postérieures. Les vertebres du corps se subdivisent suivant les systèmes d’or- ganes qu'elles renferment. Les principaux de ces systèmes sont formés par les organes de la respiration, par ceux de la digestion et enfin par ceux de la génération:les régions qu’ils occupent s’ap- pellent la poitrine, l'abdomen et le bassin. Nous avons par con- séquent des vertèbres pectorales, abdominales et pelviennes. Les vertèbres cervicales Hg gen aux pectorales, et celles de la queue aux pelviennes. 1° Des vertèbres pectorales. Elles se subdivisent en vertèbres cervicales au nombre de (R en vertèbres brachiales, livrant passage aux nerfs brachiaux au nombre de cinq, et en vertébres pectorales proprement dites; qui portent les vraies côtes; leur nombre est de cinq. *. Des vertèbres cervicales. Ces vertèbres sont avec les caudales, dont nous parlerons plus tard, les plus simples du squelette. Elles sont composées es- sentiellement d’un corps situé à leur partie inférieure et de deux arcs supérieurs qui se réunissent et forment un anneau complet. Telle est l'organisation de l’atlas ou première vertèbre cervicale, La seconde vertèbre cervicale se complique un peu plus; elle présente trois apophyses supérieures, une moyenne et deux la- térales: son corps tend également à produire une apophyse in- férieure qui reste encore très courte. Dans la 5° et la 4°, l'apo- physe inférieure devient très prononcée; il se forme de plus deux apophyses latérales antérieures. Chacune d’elles porte une face articulaire et un rudiment de côte dirigé d’avant en arrière sur sa partie postérieure. A vec ces deux apophyses latérales commence le canal latéral destiné à loger les vaisseaux et les nerfs cervicaux. La 5° vertèbre porte un prolongement inférieur; les deux apophyses postérieures et latérales augmentent en longueur : la même chose a lieu pour la 6°, la 7°, la 8° et la 9°, avec la différence que toute la vertèbre devient successivement plus ramassée, les apophyses postérieures el latérales plus courtes et les rudimens costaux JACQUEMIN. — Osiüléblogie de la Corneille. 297 plus longs. Toutes les vertèbres cervicales sont pneumatiques sice n’est l’atlas. Leurs trous aériens sont placés dans le canal latéral; ils sont cachés par les apophyses correspondantes et ne sont visibles pour la plupart que lorsqu'on regarde dans ce ca- nal d’arrière en avant. **, Des vertèbres brachiales. Elles sont toutes très courtes, et se distinguent essentielle- ment des dernières vertèbres cervicales en ce qu’elles présentent une apophyse inférieure très développée. Les rudimens de côtes qu’elles portent s’allongent successivement à mesure qu’on se rapproche de la poitrine au point que la dernière vertèbre bra- chiale porte déjà une fausse côte très développée. Les apophyses latérales antérieures qui portent les côtes ru- dimentaires sont très allongées surtout daus les trois dernières. Les nerfs brachiaux très volumineux s’échappent par les trous laissés dans leurs intervalles : ce sont ces cinq vertèbres qui for- ment la courbure que le corps présente dans cette région; toutes sont très boursoufflées d'air, et présentent des trous aériens tres développés, rangés le plus ordinairement par groupes dans les canaux latéraux de ces vertébres. ***, Des vertèbres pectorales proprement dites. Elles se distinguent principalement des autres vertébres par leurs apophyses dorsales très larges et soudées les unes aux autres dans les vieux individus et par les vraies côtes qu'elles portent. Toutes sont privées d’apophyses inférieures, la première seule fait exception. Leurs apophyses latérales sont élargies et aplaties; les canaux qu'elles présentent dans la région dorsale sont formés par les deux apophyses supérieures des côtes. Ces dernières sont minces, très aplaties, et pourvues, sur leur bord postérieur, de longs prolongemens qui montent sous un angle aigu en haut et en arrière. 11 est à remarquer que ces prolongemens naissent par des points d’ossification particuliers. Toutes ces parties sont pneumatiques; les trous pour le corps de ces vertébres sont percés dans ses parois latérales : ceux pour les côtes se trou- vent sur Ja face interne et supérieure de ces os. L'air leur arrive immédiatement des poumons. 208 JACQUEMIN. — Ostéolo je de la Corneille. 2°, Des vertèbres abdominales. Ces vertèbres sont peu nombreuses chez le corvus corone ; leur nombre se réduit à quatre. La première porte la fausse côte postérieure; les autres ne présentent ni côtes, ni apophyses in- férieures. Leurs corps sont istimement réunis et forment un os qui augmente de volume d’avant en arrière. Cette même aug- mentation se remarque aussi dans le canal formé par ces ver- tébres et dans la substance nerveuse qu’il renferme. M. Tte- demann confond ces vertèbres avec les vertèbres sacrées, tan- dis que Meckel, avec lequel nous sommes d'accord, les en sépare. Lesapophyses latérales sont très fortes et intimement réu- niesavec l'os iliaque. Toutes ces vertèbres sont très pneumatiques; l'air leur arrive par des trous nombreux percés dans le corps et sur les apophyses latérales. 3° Des vertèbres pelviennes. Elles se divisent en vertèbres sacrées et en vertébres coxi- giennes. *, Les vertèbres sacrées. Elles sont très simples et au nombre de sept. Elles ne pré- sentent qu'un corps, un anneau supérieur et des apophyses la- térales grèles. Toutes sont réunies intimement entre elles et avec la lame horizontale du sacrum. Le canal qu’elles forment pour la moelle épinière diminue de volume d'avant en arrière. L'air leur arrive de la poche pneumatique sacrée qui occupe une grande partie de la cavité interne du bassin, au moyen des trous percés dans leur corps entre les apophyses latérales. **, Des vertèbres coxigiennes. Ces vertèbres au nombre de sept sont les plus simples et les moins développées de toutes. Elles se composent d’un anneau et de trois apophyses dont les deux latérales sont très déve- loppées. Elles servent d'insertion à des muscles très forts; leur canal interne, servant à recevoir la partie postérieure de JACQUEMIN. — Ostéologie de la Corneille. 299 la moelle épinière, est très étroit. Les quatre dernières présentent seules des apophyses inférieures, qui vont er augmentant d'avant en arrière. La dernière de ces vertèbres présente une forme toute particulière : elle n’est composée que du corps muni d’une lon- gue apophyse supérieure et renfermant une cavité dans laquelle la moelle épinière vient se terminer par un grand nombre de ramifications. Cette pièce singulière est le résultat de la réunion de 3 à 7 petits rudimens de vertèbres qu’on trouve fort distinc- tement chez les corbeaux très jeunes. Il nous reste maintenant à dire quelques mots des os de l'épaule, du bassin et des extrémités. La poitrine, siège de la respiration, étant très développée dans toutes les parties qui la composerit, les extrémités pectorales le sont également. L’arc formé par les os de l'épaule se réunit infé- rieurement aux vertèbres sternales ; mais en haut il ne tient plus à la colonne vertébrale comme chez les lézards et les tortues. Il se compose de l’omoplate, de la vraie et de la fausse clavicule. Lorsque dans la série ornithologique les os de ces arcs s’affai- blissent, c’est toujours la vraie clavicule qui commence, et c’est elle aussi qui disparaît entièrement chez le casoar et l’antruche, comme cela a lieu chez les crocodiles; tandis que chez les mam- mifères c’est l'inverse qui se remarque. Les os du bassin (pl. xiv, fig. 4.) qui correspondent aux os de l’épaule forment également deux arcs, mais qui restent ou- verts en bas, parce qu'il n’y a pas chez l’oiseau de colonne ver- tébrale abdominale correspondante à la sternale à laquelle ils puissent se réunir. Ils se composent de l'os iliaque, du pubis et de l’ischion. Le punbis présente beaucoup d’analogie avec les côtes. Ces osvsont tous assez longs. Leur direction est presque horizontale, faisant un angle très aigu avec celle de la colonne vertébrale. Chez l’Autruche seule, les pubis se réunissent en bas et chez le Ahea americana ce sont les ischions. La colonne vertébrale sternale se compose de cinq vertèbres intimement réunies chez l'animal adulte. Chacune de ces verte- bres se compose d’un corps, d’une apophyse inférieure (le bre- chet) et de deux prolongemens latéraux, pourvus chacun d’un appendice qui est l’apophyse caudale. La colonne vertébrale ab- 300 JACQUEMIN. — Ostéologie de la Corneille. dominale et pelvienne n'existe pas chez l'oiseau, comme chez le crocodile. Chez l’autruche seulement le prolongement cartilagi- neux situé à l'extrémité postérieure du sternum et un autre pro- longement de la même nature dirigé en avant et attaché au point de la réunion des deux pubis sont les faibles traces de cette colonne. Dans aucune classe les extrémités n’ont pris un développe- ment aussi considérable par rapport au tronc que dans les oi- seaux. M. Heusinger a essayé de démontrer l'existence de cinq doigts chez l'oiseau; ce qui est sans doute très difficile attendu qu’on n'en compte jamais plus de trois. L’humérus (pl. xiv, fig. r, E), qui manque encore chez les poissons, devient chez les oiseaux un des os les plus considérables du squelette. Son intérieur est. complètement rempli d'air; c'est même lui qui de tous les os est le premier pénétré par ce fluide. Le bras se compose de trois parties : la supérieure est simple, c’est l’'humérus; la moyenne comprend deux os, le cubitus et le radius; la troisième en pré- sente trois, qui sont les doigts. Cette dernière partie se subdivise elle-même dans le sens longitudinal en trois autres : le carpe, le métacarpe et les phalanges. La succession des subdivisions est moins régulière dans les extrémités inférieures (pl. xiv, fig. 5). Leur partie supérieure se compose du fémur, la moyenne du tibia et du peroné; ce dernier est rudimentaire. Entre ces deux parties se place la ro- tule. Mais la troisième partie est privée du tarse proprement dit. Le métatarse qui est très développé en remplit la fonction. Le nombre des phalanges est progressif, comme chez les reptiles de 2, 3, 4 et 5, en commençant par le pouce. Aussitôt que ma position me le permettra j'envisagerai le sys- tème musculaire, autre partie des organes de la locomotion, sous le même point de vue. Je démontrerai comment ce système, par ses fonctions et par ses attaches, confirme en détail la division du squelette en vertèbres; comment la distribution du système nerveux et vasculaire dans les diverses parties du corps se rattache à cette doctrine. Enfin à la suite de ces considéra- tions je ferai ressortir les avantages que cette doctrine présente pour létude de l'anatomie et de la physiologie. LA TACQUEMIN. — Ostéologie de la Corneille. 3o1t EXPLICATION DES FIGURES. PLANCHE XIV. La figure 1 représente le sternum et le bras'gauche vus par la face inférieure. . le sternum, 4. son corps, 8. le crista-sternalis, c. apophyse antérieure, d. apophyse postérieure, e e. deux échancrures, f. spina sternalis; à fausse ciavicule, D. cette même clavicule représentée séparément, vue par sa face interne, a. apophyse claviculaire, b, apophyse scapulaire, c. apophyse supérieure, d. concavité, e. face d'articulation, J. trous pueumatiques ; 3. clavicule, B. moitié droite de ce même os représenté séparé- ment, vu sur sa face interne, a. petite lame, 2. apophyse fausse clavicule, c. apo- physe scapulaire, 4, trous pneumatiques; 4. l’omoplate. 8, ce même os séparé , vu sur sa face interne, a. apophyse scapulaire , 4. apophyse claviculaire avec le trou pneuma- tique; 5. rotule scapulaire (patella scapulæ Jacq.); E. Vhumérus, a. tête d’articula- tion, #. apophyse supérieure, c. apophyse inférieure, d, trous pneumatiques suppo- sés vus par transparence, e. et f. deux tètes d’articulation, g. trous pneumatiques, h.eti. apophyses supérieure et inférieure; 7. radius; 8. cubitus : à. l'olécrane; b etc. deux apophyses, d. et e, deux faces d’articulation, f. trous pneumatiques, g. et A, deux apophyses , £. face d’articulation ; 9. os radical du carpe (os carpi radiale), a. et b. deux facettes d’articulation; 10, os cubital du carpe (os carpi cubitale ulnare); 11. le pouce, composé de deux phalanges a. et b.; 12. le métacarpe, composé de deux parties, le radial ( pars metacarpi radiale ) a. et le cubital (pars metacarpi cubitale) b., tète et face d'articulation, c., d. et e. deux apophyses; f. et g. faces d'articulation; 13. pre- mière phalange du second doigt; 14. seconde phalange de ce doigt; 15, première phalange du troisième doigt. Fig. IT. Côtes ducôté gauche, vues par la face interne : a. tête, 8. apophyse, c. prolonge- ment postérieur (kamulus), d. trous pneumatiques, e. e. e. e. apophyses costales, J. trous pneumatiques, Fig. JIL. Le bassin divisé suivant sa ligne médiane : a. ischion, . pubis, c. sacrum, d. ver- tèbres lombaires, e. canal pour la moelle allongée, qui présente un renflement dans cette région, f. échaucrure ischiatique, g. foramen oblongum, 4. trou oval, , cavité cotyloïde pour le fémur, #. trous pneumatiques, Z. ramifications de l'extrémité terminale de la moelle épinière dans l’intérieur de la dernière vertébre crurale, m. partie de l'os iliaque. Fig. IV. Le bassin vu sur sa face interne : a. l'os iliaque, 2. l'ischion, c. le pubis, d. le sa- crum , e. foramen oblongum , f. trou oval, g. trou pneumatique, L. vertèbres sacrées avec leurs apophyses. Fig. V. La jambe désarticulée, 1. fémur pourvu de deux trous a et b, 2. tibia et ‘pé- roné : a. et b, apophyses, c. trou pneumatique, 4. péroné, e. canal osseux, et p- faces d'articulation; 3, métatarse : a. et #. deux apophyses dont la postérieure percée d’un trou, c. face d’articulation pour la première phalange du pouce, d.et e. facettes d'articulation, Le reste sont des phalanges dont le nombre est de 5, 4,3 et 2 en commençant par l’interne. Fig. VI. La tête désarticulée vue du côté gauche : a. frontale, 8, le pariétal, c. l’occipital, d. temporal, J. 'ethmoïde, g, sphénoïde, h, os carré, i. nasaux, 4. omoïde, m. pa- 302 Fig. Fig. Fig. JACQUEMIN. —— Ostéologie de la Corneille. latin, #. lacrymal, p. l'intermaxillaire, r. maxillaire supérieur, s. maxillaire infé- rieur, £. jugal, . sortie du nerf olfactif, w. sortie du nerf optique. VII. La tête désarticulée, vue par en bas : a. occipital, 4. sphénoïde, €, c. entrée de la trompe d'Eustache, d. os carré, g. palatin, L. temporal, À. omoïde, 7. vomer, p. in- termaxillaire, r. maxillaire supérieur, £. jugal , o. entrée de l’éreille. VIII. La tête désarticulée, vue par derrière : a. pariétal, à. occipital, c.c. os carré, d. d. mâchoire inférieure , e. e. siphonium. IX. Les cavités internes du crâne; les pariélaux, b.une partie du frontal et de l’occipital a été enlevée : a. cavités pour les gands hémisphères, 2. cavités pour les couches op- tiques, c. c. crêtes qui séparent ces deux cavités, d. une seconde crête saillante, e. sor+ tie du nerf olfactif, z. sortie du nerf optique et cavité pour la protubérance cérébrale , w, sortie de la cinquième paire ou du nerf facial et auditif, v cavité pour le cervelet , m. trou occipital. Fig. X. Le frontal, vu sur sa face interne : a. 4. cavités pour les grands hémisphères céré- Fig. Fig. Fig. Fig. Fig. braux, à. trous creusés par le nerf olfactif. XI. L’occipital détaché, vu sur sa face interne : a. a. deux faces qui touchent le cer- veau , 2. cavité pour lé cervelet, d. d. deux lames osseuses qui font la paroi postérieure de la caisse du tympan. PLANCHE XV, 1; représente la moitié droite de la tête, vue sur sa face interne : a. cavité pour les grands hémisphères, 4. cavité pour la protubérance cérébrale, c. cavité pour le cer- velet, d. trou pour Ja sortie du nerf optique, e. trou dans la lame verticale de l’eth- moïde, f. siphonium, g. vomer, L. palatin, é. omoïde, 2. Le temporal détaché, vu sur sa face interne : a. entrée du nerf auditif, 2. le lima- çon, c. face contre laquelle s'applique le cerveau, d. apophyse orbiculaire. 3. La tête désarticulée, vue d’en haut : a. le frontal, à. os carré, c. jugal, d. lame horizontale de l’ethmoïde, e. nasaux, f. intermaxillaire, g. maxillaire supérieur. 4. Le sphéuoïde, vu sur sa face interne : a. cavités pour les couches optiques , 2. ca- vités pour la partie postérieure des grands hémisphères , c. cavité pour la protubérance cérébrale, d. rostram sphénoïdal. 5. Os hyoïde : a. a. corps de l'os, à. sa partie linguinale, c. c. ses cornes , d. l’apophyse intermédiaire aux cornes. 6. Mâchoire inférieure , vue sur sa face interne : a. apophyse postérieure, 2. facette d'articulation, c. apophyse externe, d. apophyse interne, e. trou pneumatique. 7. L’osselet de l’ouie grossi : &. et 2. deux apophyses, c. trou pneumatique, d. corps traversé par un canal, e. disque qui ferme le trou oval. 8. Les organes osseux de l'audition détachés des os et du diploë qui les entoure, a. caisse du tympan, 2. entrée dans l'anti-vestibulum, c. le limaçon, d. un canal, e.f. et g. les trois canaux demi-circulaires. 9. Le basilaire représenté séparément; sa lame inférieure a été enlevée afin de montrer ses parties internes : a. trompe d'Eustache , à. canal osseux pour le passage de la pre- mière branche de la cinquième paire, c. limaçon, 4. entrée dans l'oreille interne, e. temporal , /. commencement du rostrum sphénoïdal , g. trou occipital. 10. Les organes osseux de l'audition dégagés de tout ce qui les entoure ; et l'anti- vestibulum ouvert : a. caisse du tympan , 2. trou de Galvani, percé dans la paroi pos- R. OWEN. — Sur l’Ornithorynque. 305 tériéure de l’anti-vestibule, c. limacon, d. osselet de l’ouie, e. anti-vestibule J. boules (ampullæ), g. hk. i. canaux demi-circulaires. Fig. 11, destinée à représenter les parties élémentaires qui entrent dans la composition d’une vertèbre complète. Fig. 12; indique les points d'insertion des diverses extrémités que présentent les animaux. OsERVATIONS sur les jeunes de l’ornithorhynque, extraites d’une lettre adressée à M. Araco, par M. Owen, lues à l’'4cadémie des sciences, le 3 novembre 1834. (1) Les résultats de mes recherches faites en 1830 et 1832 , sur les glandes mammaires de l’Ornithorhyncus paradoxus , m'ont conduit irrésistiblement à des conclusions opposées à celles que M. Geoffroy Saint-Hilaire a adoptées sur les fonctions de ces or- ganes. J'espérais, en les présentant au monde savant, que non- seulement l’exactitude logique de ces conclusions, mais la vérité des faits sur lesquels elles étaient basées, seraient soumises à un PP RE examen. Je n'ai pas été moins étonné que d’autres naturalistes, de trouver que M. Geoffroy Saint-Hilaire , bien involontairement sans doute, a supprimé mon principal argument; celui tiré des phases observées dans le développement des glandes en ques- tion, et qu'il m’ait attribué des omissions (2) qui n’existent point dans mon mémoire imprimé dans les Transactions philoso- phiques. Par exemple, il y est dit que la disposition des uretères est semblable à celle des tortues, et la figure jointe, la montre également. Qu'il me soit permis, avant d’examiner la validité des derniers argumens et raisonnemens sur les marsupiaux édentés (les mo- notrèmes de Geoffroy), de faire connaître les circonstances qui m'ont conduit à ces recherches. Ayant eu l'honneur d’être char- gé, par le Collège royal des chirurgiens, de composer un cata- (x) M. Owen a lu à la Société zoologique de Londres (séance du 13 mai 1834 ) le mémoire dont cette lettre contient l'extrait, (x) En parlant de mon travail, M. Geoffroy dit: « Beaucoup de faits sont passés sous silence : 1° la vessie urinaire; etc, (Sur les glandes abdominales de l'ornythorhynque, 1833.) , 504 R. OWEN. — Sur l’Ornithorynque. logue descriptif du muséum Huntérien, je me suis toujours ef- forcé d'ajouter à la série des pièces laissées par son immortel fondateur , quelques préparations relatives aux questions qui intéressent le plus les physiologistes d'aujourd'hui. Ce fut dans cette intention que je saisis la première occasion de disséquer, en 1828, une femelle d'Ornithorhynque , afin d'examiner et de préparer les glandes, auxquelles la description de Meckel et les observations de Geoffroy avaient donné un si grand intérêt ; cette dissection et d’autres.'que mes amis, en Australasie, m'ont mis à même de faire, m'ont conduit à la découverte de la cor- respondance des phases de développement des glandes mam- maires avec celles des ovaires, qui peut seulement être expli- qué par la théorie mammaire. L’injection des glandes , l’obser- vation de ia manière dont les conduits lactifères convergent vers un aréole qui, comme je l’ai pensé alors, correspondrait en grandeur à la bouche du jeune animal, et la découverte des glandes mammaires, dans l’Echidné, furent le résultat de ces re- cherches. Les objections soulevées contre la théorie qui regarde les glandes abdominales des Monotrèmes, comme analogues aux glandes mammaires des autres mammifères, proviennent de l'influence des deux hypothèses suivantes : La première, que ces animaux forment une classe distincte des vertébrés ; et la seconde, que l’oviparité est incompatible avec la lactation. La première de ces deux opinions a été mise en avant par Lamarck, avant qu'on connüt les glandes maramaires dans les Mono- trèmes, et la non-existence supposée de ces glandes, fut en quelque sorte confirmée par l’analogie de certaines parties de leur squelette avec celui des reptiles, et par la structure de leurs appareils génitaux. Mais ces deux systèmes sont de ceux qui of- frent le plus de variation dans les mammifères, et par consé- quent sont les moins capables de fournir des caractères de classe. Maintenant, examinons les Monotrèmes par des systèmes d'organes plus essentiels et plus constans. Si nous prenons les organes respiratoires , par exemple, le type des diverses classes de vertébrés peut être représenté ainsi : R. OWEN. — Sur l’'Ornithorynque. 305 Mammiféres. . . . poumons thoraciques, libres ou flottans; Oiseaux. . . . . . poumons thoracico-abdominaux, fixes; Reptiles. . . . . . poumons thoracico-abdominaux, libres: Poissons. . . . . . branchies. Dans les monotrèmes, quel type trouvons-nous ? Rien de particulier, ni d’anomale, dans le système respiratoire, la struc- ture des poumons est celle des mamnifères; leur diaphragme est entier. Si nous prenons le cœur, nous trouvons dans les mammifères que cet organe est composé de deux oreillettes et de deux ven- tricules, avec une aorte gauche permanente; dans les oiseaux, de deux oreïllettes, de deux ventricules ét d’une aorte droite persistante ; dans les reptiles (1), de deux oreillettes, d’un ven- triculé et de deux aortes persistantes ; et dans les poissons, d’une seule oreillette et d’un seul ventricule. Dans les Mono- trèmes, nous avons les deux ventricules , les deux oreillettes et l'aorte qui se courbe au-dessus de la bronche gauche. Il est vrai qu'ils approchent du type ovipare, en ce qu'il y a deux veines caves supérieures, et qu'il n’ÿ a pas d'ouverture pour la veine coronaire dans l'oreillette droite; mais les Monotrèmes nous offrent cette disposition anomale, en commun, avec les marsupiaux et plusieurs rongeurs. Si, en poursuivant cette comparaison , nous examinons la trachée artère et le larynx, dans la théorie de la nature ovipare de l’'Ornithorhynque, et que nous demandions si la règle d’Aristote est conformée à leur égard, et si la déviation du type des mammiféres, est démontrée par l'absence de l’épiglotte, les monotrèmes répondront néga- tivément; car dans ces animaux ; l’épiglotte est très développé proportionnellement, et ferme un larynx supérieur. Les reins dé l’Ornithorhynque sont-ils caractérisés par l’homogénéité de leur substance, par des conduits’'arborescens, et par une double circulation veineuse? Rien de semblable : ces organes sont con- struits sur le même type que celui des mammifères, ils sont si- tués comme dans ces derniers, très haut dans l'abdomen, po- (1) Dans le erocodilus lucius et erocodilus acutus, es ventricules communiquent ensemble ; dans les amphibies à branchies persistantes , les oreillettes sont séparées. Il, Zoo. — Novembre, 20 306 R. OWEN. — Sur l’Ornithorynque. sition qui, comparée avec celle des reins des ovipares, peut être attribuée au développement utérin du fœtus. Il serait inu- tile de pousser plus loin la concordance entre les monotrèmes et les mammifères; de la poursuivre, par exemple, dans le sys- tème nerveux, ou dans le système tégumentaire, après la com- paraison savante qu'en à fait M. de Blainville. Nous sommes donc autorisés, d’après toutes les analogies phi- losophiques d'organisation, à ranger les glandes qui, chez les Monotrèmes, remplissent les fonctions mammaires, dans la même catégorie que les glandes lactifères des mammifères les plus élevés; et nous pouvons naturellement nous attendre que cette nouvelle série de glandes présentera divers degrés de com- plication dans le graupe des vertébrés qu’elles caractérisent, et que leur état, le moins compliqué, se rencontrera dans les Mo- notrèmes. L'opinion des plus grandes autorités, dans la science, a été que la lactation et la génération vivipare, sont essentiellement coexistans. Ainsi, Cuvier remarque que la question relative au mode de génération des Monotrèmes, sera résolue lorsqu'on aura bien déterminé la nature de leurs glandes abdominales, et feu M. Latreille s'exprime ainsi, après avoir parlé des mammi- fères : « Tous ceux ‘les animaux) dont nous traiterons désor- « mais, sont ovipares ou Ovo-vivipares, et par conséquent dé- « pourvus de mamelles. » La même idée se trouve exprimée : dans les nombreux écrits contre la théorie qui considère les glandes abdominales des Monotrèmes, comme des glandes mam- maires; les argumens, en faveur de la génération ovipare de l’Ornithorhynque, sont à chaque instant présentés pour soute- nir que ces glandes ne sont pas des mamelles, et qu’elles sont destinées à sécréter du muse, du carbonate de chaux, du mu- cus, ou toute autre substance , enfin, que le liquide que M. Geoffroy croit être incompatible avec sa théorie favorite de la génération monotrémique. Si la génération ovipare, rigoureusement définie, consiste dans ce fait que le fœtus n’est pas attaché par un placenta, aux parois de l'utérus, mais reste séparé de ce dernier par sa mem- brane la plus extérieure, alors, non-seulement les monotrèmes, LR OWEN. — Sur l’Ornithorynque. 507 mais tous les autres marsupiaux diffèrent du reste des mam- mifères, par le caractère important d’une generatio oviparo, manifestés par la modification ovo-vivipare. Mais, comme ils ont tous des glandes mammaires , ils forment, dans la série des mammifères, la sous-classe r2ammalia ovo-vivipara. Dans la brochure ci-jointe se trouve une analyse de mon mémoire sur le germe de FOrnithorhyncus paradoxus, auquel je dois ajouter les observations suivantes. La nature de la nourriture d’un animal nouveau-né, dépend de sa propre constitution et de ses forces. Ainsi, que le jeune Ornithorhynque soit aveugle, il sera conséquemment incapable de suivre ses parens däns l’eau , et de retourner au nid. Il s’en- suivra qu'il ne peut être nourri par du mucus répandu dans Veau. Mais l'existence des mêmes glandes dans nne espèce ter- restre et fossoyeuse, l’Echidnée exige à peine qu’on ait recours à cé nouveau fait corroboratif. Dans le jeune Ornithorhynque , l'appareil mandibulaire pré- sente une modification de structure, et une différence dans ses proportions qui le rendent propre, à la succion; la langue , au lieu d’être logée très en arrière dans la bouche; atteint à l’ex- trémité des mâchoires : ces dernières sont molles et flexibles, et l'ouverture de la bouche est précisément de la même étendue que l’espace vers lequel tous les conduits lactifères de la mère, convergent. Devons-nous alors être surpris de trouver dans l'estomac du lait coagulé? ce lait, je l'ai soumis at microscope comme l'avait demandé M. Geoffroy, et les derniers globules ont été distinctement aperçus. Ainsi, les jeunes Ornithorhynques que j'ai examinés, montrent qu'ils sont des mammifères par la nature de leur première nourriture , aussi bièn que par leurs poumons, leur diaphragme, leur éniglotte, leurs reins lombaites avec leurs vaisseaux arté- riels sécréteurs, leur verge perforée, et la nature pileuse de leurs tégumens. On trouve cependant dans le jeune Ornithorhynque, des ves- tiges d’une proéminence sur la mandibule supérieure, analogue à celle qui, dans les oiseaux, est employée à rompre la coquille à la fin de l'incubation. On pourrait tirer de là des conclusions 20, 508 R. OWEN., — Sur l'Ornithorynque. sur le mode de génération; et comme j'ai toujours considéré la question des mamelles, indépendamment de celle de la géné- ration, je suis prêt à accepter toute déduction que l'on peut tirer de cette structure. Mais l’incubation exige une structure particulière de l'œuf : c'est-à-dire un grand vitellus, produit ex- clusif de l'ovaire et des chalazes, pour assurer au germe une po- sition rapprochée du corps échauffé de la mère. Il reste à dé- montrer que ces conditions sont remplies dans l’œuf de l’or- nithorhynque. Mémoire sur les Monothrèmes, par M. Grorrroy-SAINT-HiLaiRe. Dans la séance du 24 novembre, M. Geoffroy a présenté à l'Académie un Mémoire sur les monothrèmes extrait d’un ou- vrage sous presse intitulé : Études progressives d’un naturaliste, faisant suite à ses publications dans les quarante-deux volumes des Annales et Mémoires du Muséum d'histoire naturelle. Dans ce mémoire M. Geoffroy reproduit avec plusieurs des commu- nications qu'il avait faites sur ce sujet à l'académie des sciences la lettre de M. Owen, lue le 3 novembre dernier (voyez ci-dessus page 303 ), et il y joint des notes soit pour répondre aux objec- tions qui lui sont adressées par le naturaliste anglais, soit pour redresser quelques faits ou combattre quelques déductions. Ainsi, à l’occasion de la comparaison établie par M. Owen entre la structure du cœur et des gros vaisseaux chez les dif- férentes classes de vertébrés, M. Geoffroy fait la remarque suivante : « Depuis la publication du Tableau de la circulation du sang chez le fœtus de l'homme, par M. Martin Saint-Ange, et celle d'un autre ouvrage du même auteur couronné par l’académie des sciences, on ne saurait être trop circonspect en énonçant les généralités sur le cœur des animaux vertébrés, telles qu’on les trouve dans une foule d'ouvrages. Le fait avancé que les reptiles ont le cœur uni-ventriculaire est un point non entié- rement applicable à tous les reptiles qui respirent l'air en na- ture. M. Owen ne donne qu’à demi cette considération restric- G. SAINT-HILAIRE. — Sur les Monothrémes. 509 tive à l’égard des crocodilus lucius et acutus qu’il cite en note. Le cœur tout-à-fait séparé en ses deux ventricules chez les Cro- codiles formait un fait déjà observé par Panitza, suivant une réclamation assez tardive qu’il en a faite dans les journaux de médecine de Paris. « Ce n’est point seulement à cet égard, poursuit M. Geoffroy, que je me trouve en dissentiment d'observations avec M. Owen; Je pense même, par exemple, que, relativement au cœur et à ses vaisseaux, il ne met pas les Monothrèmes à leur place parmi les ovipares et assez près des plus élevés des reptiles, des Crocodiles, par exemple. Il n’y a de cœur uni-ventriculaire proprement dit, que chez les batraciens et leurs analogues qui vivent dans l'eau. Les ophidiens ont les deux ventricules plus ou moins distincts à cause des valvules compliquées, et parce que leur cloison mé- diane n’est pas fermée dans tous les points. Nous venons de dire qu’elle l’est entièrement chez les crocodiles. Mais avec ces difté- rences, au confluent, s’en joignent d’autres plus fortes et dans un degré proportionnel à l’égard des troncs au sortir du cœur. Quelques-unes de ces différences en ce qui concerne les Mono- thrèmes sont indiquées par M. Owen, mais non toutes, princi- palement dans leur degré d'influence. Il est vrai qu’il rapproche les Monothrèmes du type ovipare, du moment qu'il leur re- connaît deux veines-caves supérieures, et qu'il déclare que dans lOrnithorhynque il n’y a pas d'ouverture pour la veine coro- paire. « Voici ce qu'a remarqué à cet égard M. Martin Saint-Ange, en examinant le jeune ornithorhynque : la veine cave supérieure gauche, après avoir contourné le cœur, s'ouvre dans le point où la veine cave inférieure débouche dans l'oreillette droite; la veine cave supérieure droite se rend comme de coutume dans l'oreillette droite; et les branches de la veine coronaire se réu- nissent en un tronc qui contourne la veine cave inférieure, et va s'ouvrir dans le confluent veineux qui précède immédiatement l'oreillette droite. Notre jeune Ornithorynque était à cet égard dans un développement d’adulte : ni trou botal ouvert, ni canal artériel encore subsistant. « Or; existe-t-il chez un mammifére deux veines caves dispo- 510 G. SAINT-HILAIRE. — Sur les Monothrèmes. séescomme nous venons de le voir; le mélange du sang s’effec- tue emwplus grandes proportions lorsqu'il est à l’état de fœtus. Cette généralité, remarquée par M. Martin Saint-Ange est un fait propre à lOrnithorhynque; muis en outre, cette ouverture de la veine coronaire manquant, dit M. Owen, à l'égard de l'oreillette droite, il y est néanmoins suppléé au moyen d’un versement à trés courte distance dans une portion de la veine cave. Cette différence est de peu de valeur pour la circulation de l'adulte ; mais, chez le fœtus, il n’en est pas de même, puisque le sang provenant de la veine cave inférieure passe en plus grande quan- tité dans l'oreillette gauche par le trou de Botal : d’où un mélange plus grand ici que chez les mammiferes, puisque le versement des coronaires se fait dans le vestibule de la veine cave infé- rieure. « Les Ornithorhynques à mélange des sangs, aux doubles vei- nes caves supérieures, et à veine coronaire, dans la circonstance ici décrite, contiennent donc des rapports importans de circu- lation, les menant plus sur les reptiles que sur les mammifères. « Or, voilà ce qui surgit de tout cela: pendant que les Mo- nothrèmes inclinent de cette manière vers les reptiles, les Cro- codiles, avec leur cœur bien doublement ventriculaire,'s'avan- cent par là vers les mammifères. Ce sont de part et d'autre des actes de développement du même rang, plus ou moins ‘incom- piets, plus ou moins arrêtés, ou au contraire plus ou moins pro- longés et portés à un maximum d'action. « La théorie de l’unité de composition organique recueille ces considérations comme lui apportant autant de manifestations encore inaperçues de la persistance de ses règles toutes-puis- santes. » A l’occasion de quelques réflexions de M. Owen sur la subor- dination des caractères qui peuvent être pris pour base dans une classification, M. Geoffroy remarque que l’auteur paraît ne pas assigner un rang assez élevé à ceux qui sont tirés de l’organisation sexuelle. « Il y a, dit l'honorable académicien , unité de relations et nécessité d’harmonies réciproques dans toutes les parties des systèmes, et quand l’un baisse, il en est de même de tous. L’au- teur me parait aussi insister beaucoup trop sur la conformation G. SAINT-HILAIRE. — Sur les Monothrèmes. 511 _ analogique des reins, des poumons, des tégumens. Ce serait une objection à me présenter, si je parlais de transporter les mono- trèmes vers la fin de la série des vertébrés; ce que j'ai voulu a été seulement d'indiquer qu’ils se séparent tout autant des mar- supiaux que des vrais mammifères, d’ailleurs pour les suivre et pour précéder la classe des oiseaux; et je dis cela au sujet des marsupiaux avec intention, afin d’avoir occasion de placer ici mon doute sur l’assertion par laquelle il termine : « que l'œuf de « l'Ornithorhynque se développe d’une manière toute différente « de celui des ovipares proprement dits, et qu’il offre sous ce « rapport beaucoup d’analogie avec ce qu’on rencontre dans les. « didelphes. » (Temps 26 novembre.) Sur les NarciNEs, nouveau genre de raies électriques , ‘suive dun Synopsis des raies électriques en général ; Par le docteur F. HEenze. (1) Parmi les raies électriques connues des naturalistes, les es- pèces qui habitent la Méditerranée et les côtes de l'Europe ont presque seules occupé l'attention. Les formes extérieures des espèces exotiques n’ont été décrites que d’une manière incom- plète par Gronovius et par Bloch, et leur organisation inté- rieure nous est presque entièrement inconnue. Afin de faire cesser la confusion qui régnait dans la synonymie de ces pois- sons, M. Olfers publia en 1831 une dissertation contenant la révision de toutes les espèces mentionnées par les auteurs, et dans le travail que nous annonçons ici, M. Henle s'occupe de la structure intérieure aussi bien que des caractères extérieurs de ces animaux, Ce naturaliste a constaté que le Torpedo Bra- siliensis d'Olfers , et plusieurs autres espèces, s'éloignent beau- coup des Torpilles marbrée et ocellée, tant par leur forme extérieure que par la composition de leur squelette, et ces dif- férences l'ont conduit à établir pour les premiers un genre nouveau sous le nom de Narcine, tandis qu'il conserve aux derniers celui de Zorpedo. I] désigne en même temps la petite (x) Uber Narcine e'ne neue gettung electrischer Rochen, etc, brochure in-4° avec 4 planches lithographiées. Berlin 1834, 512 F. HENLE. — Sur les Narcines. famille formée par ces deux genres sous le nom de Torpilliens ( Torpedines ). à L'auteur compare avec beaucoup de détails les caracteres ex- térieurs des Narcines et des Torpilles proprement dites; il s'é- tend ensuite sur la description de leur squelette cartilagineux dont les principales pièces sont figurées dans une de ses plan- ches, et 1l résume de la manière suivante ses observations. Dans ces deux genres : 1° Le corps est nu, sans écailles ou sans piquans. 2° Les nageoires abdominales naissent immédiatement der- rière les pectorales, de manière qu'elles sont en partie recou- vertes par l'insertion de ces dernières ( l'animal étant supposé couché sur l'abdomen). 3° Le queue est plus charnue que chez les autres raies, à l'ex- ception des Rhinobates: elle est large, un peu aplatie à sa base, et arrondie en arrière ; enfin elle est pourvue d’une seule ou de deux nageoires sur la face dorsale , et d’une troisième, de forme triangulaire, qui la termine. 4° La valvule nasale présente quatre faces, son bord inférieur est libre dans toute sa largeur (et non réuni à la mâchoire su- périeure dans son milieu ). 5o Les dents sont des crochets pointus, creux, à base élargie. 6° L’arc scapulaire n’est pas soudé aux vertèbres dans le point où il croise la colonne vertébrale, mais il est placé dans la chair sans adhérence avec d’autres cartilages. Ce caractere distingue les raies électriques des autres raies. 7° L'espace compris entre le crâne , les branchies et la na- geoire pectorale est occupé de chaque côté par l'organe élec- trique. Cet organe est composé d’un grand nombre de petits prismes triangulaires ou hexagones, dont l’axe se dirige de la face ventrale vers la face dorsale de l'animal. Les prismes eux-mé- mes sont composés de lamelles transversales, placées exacte- ment les unes sur les autres. Les différences essentielles entre les deux genres dont nous traitons sont les suivantes : pour faciliter la comparaison , nous les présentons en regard: F. HENLE. — Sur les Narcines. GENRE Narcine. 10 La paroi inférieure du crâne se prolonge plus en avant que la supérieure; sa forme est celle d’une plaque étroite chez plusieurs de ces poissons, et élargie comme une pelle chez d’autres; elle est presque aussi longue que le reste du crâne. 2° Les surfaces articulaires du crâne avec la colonne vertébrale se trouvent placées immediatement sur les deux cô- tes du trou occipital. 3° Il existe des cartilages ptérygoï- des simples dans la paroi antérieure du trou destine à la sortie de l’eau. 4 L’apophyse ptérygoïde est réuni avec le cartilage pterygoïdien. 5° IL existe des cartilages palatins dans l'æsophage. 6, [1 y a des cartilages dans les lèvres. 7° Les mächoires sont fortes, larges et peu courbees. 8 Les dents sont placces sur une plaque qui n’occupe pas toute la lar- geur de la fente buccale, dont le bord antérieur est convexe et se recourbe au dehors sur le bord de la mâchoire, de manière qu’on en voit une partie lors- que la bouche est fermée. 9° Les dents sont disposées en quin- conce. 10° Il existe une valvule interne des lèvres; elle est développée ou rudimen- taire. 11° Le frein de la valvule nasale est formé d’un repli de la peau qui entoure la bouche comme un cercle, La bouche est susceptible de s’avan- cer. 12° Les fentes des yeux etles trousser- vant à la sortie de l'eau sont placés près 313 Genre Tonrrirre. La paroi inférieure et la paroi supé- rieure du crâne se réunissent en avant et se terminent par deux crêtes sail- lantes et courtes entre lesquelles se trouve une ouverture qui conduit dans l'intérieur du crâne. Les surfaces articulaires sont à l’ex- trémité de deux apophyses étroites qui naissent de chaque côte sur le bord du trou occipital. Au lieu de cette disposition il y a une chaîne composée de trois petits cartilages. L’apophyse ptérygoïde est un carti- lage séparé. Ces cartilages manquent. Ces cartilages manquent. Elles sont étroites, minces et très re- courbées en avant. Les dents ne s’avancent pas sur le bord de la mâchoire; elles occupent toute la largeur de la fente buccale. Elles ont une forme oblongue; le côté le plus long est parallèle avec le bord des mâchoires. Manque (?). Le frein de la valvule nasale naît sur le bord antérieur de la mâchoire supérieure. La bouche ne peut pas s'avancer à cause de la tension de ce petit faisceau. Les fentes des yeux sont à quelque distance des trous servant à la sortie 314 l'un de l’autre, Ces derniers sont fine- ment dentelés, ou bien ils sont lisses. 130. Les quatrièmes cartilages. de chacun des trois derniers arcs bran- F. HENLE. — Sur les Narcines. de l’eau. Le bord de ces derniers pri- sente 5 à 9 prolongemens coniques;, Tous les arcs branchiaux présentent. quatre pièces. Le quatrième de chaque arc s'articule avec le bord: antérieur de l’os hyoïde profond. chiaux se réunissent de chaque côté en un seul cartilage, qui est articulé avec l'os hyoïde profond. 14. Les deux tiers latéraux de l'ar- ceau scapulaire se dirigent presque en ligne droite d’avant en arrière. Ces mêmes parties et la moyenne se dirigent transversalement; elles sont un peu recourbées en avant. La seconde partie de l’opuscule de M. Henle se compose d’un synopsis de la famille des Torpilliens. L’extrait suivant donnera une idée précise de ce travail. TORPEDINES. > . . . . LA Discus rotundatus nudus. Pinna ventralis pectorali approximata. Cauda car- nosa , basi depressa, apice cylindraceo, pinna dorsali simplici vel dupliei, ter- minali triangulari. Valyula nasalis quadrangularis, margine libero. Dentes acumi- nati. Apparatus electricus inter cranium , branchia et pinnæ pectoralis marginem internum , columellis constans, quarum superficies terminales per cutem trans- lucent. ‘ 1. G. TorpEno. Discus rotundatus, antice subtruncatus. Pinna caudalis duplex. Rictus amplus in superficie abdominali non prominens, neque protactilis. Dentes, maxilla mar- gimem non excedentes , basi oblonga, maxillæ margini parallela. Frenulum val- vulæ nasalis ex labiï superioris margine anteriori oriundum. Oculi a spiraculis remoti. 1. 7°. ocellata Rud. 2. 7. marmorata Risso. — 7°. punctata — Nar. À. T. marmorata. Ra- finisque Schmaltz. — Raja dorso dypterigio Gronov. * Var. B. T. Galyanii Risso. — T. immaculata Rafin. Var. C. 7! Panthera Mus. Berol. Var. D. T. Pardalis Mus. Ber. Var. E. 7! Sinus persici Kampfer. Var. F. fossile. G. 2. Narcins. Discus subrotundus, ellipticus vel angulatus, antice rotundatus productusve, Rictus angustus, protractilis, cartilaginibus labiorum propriis instructus. Dentes, ultra maxillæ marginem euli labiali insidentes, per quincuncem dispositi. Frenu- lum valvulæ nasalis e plica cutis, os ambienti, oriendum. Oculi spiraculis ap- propmquati. A. Pinna dorsalis duplex. Lamina dentifera apice elliptico ultra maxillæ marginem prominens. Valyula labialis interna in sola maxilla superiori. F, HENLE. — Sur les Narcines. ETES 1. M. Brasiliensis. — 7. Brasiliensis Olfers ( Henle, 1. 1, fig. 1-2.) 2. N. Timlei. — T. Timlei Bloch. ( Henle, pl. 2, fig. 1.) 3.. NV. indica Sp. nov. (pl. 2, fig. 2.) B. Pinna dorsali unica. Frenulum valvulæ nasalis cartilagine cylindrica suf- fultum. Dentes maxillæ marginem vix excedentes. Valvula labialis interna in utraque maxilla. 1. N. Capensis. — Raja Capensis Li; — Bloch.— 7' Campensis Olfers ( Henle, pl. 3. f.1.) Species dubia. N. dipterygia. — R. dipterygia Bloch. — 1! dipterygia OWfers. ( Henle. pl. 3, f. 2.) Ins. Sedis. 1. Torpedo ocellata Quoy et Gaimard. 2. Raja ocellata, n. 1 ( Temeree) Russel. — R. Muculata Shaw. 3. Raja ocellata, n. 2. ( Nalla Temeree) Russel. — R. Bicolor Shaw. Rapport annuel sur les travaux de la Société d'histoire na- turelle de l'ile Maurice pendant le courant de l'année 1833 ; Par M. Juzien Desranpins, secrétaire et membre fondateur. MamnirÈères. — Un Cachalot, probablement le Macrocephale (Physeter macrocephales Linn. Gmel.) est venu s’échouer sur le récif voisin de l’//e aux Roches, vis-à-vis l'embouchure de la Grande Rivière du port Sud-Est le 13 octobre 1832. M. Julien Desjardins , que sa position favorisait, s'est rendu sur le rivage, et là ila pu se procurer plusieurs dents de deux pouces et demi de longueur, quelques côtes de plus de 5 pieds de long et une dou- zaine de vertèbres appartenant à diverses parties de la colonne vertébrale, Cet animal pouvait avoir 35 pieds. Il avait été har- ponné quelques jours auparavant dans les parages des îles Sey- chelles. Le même membre a lu dans une autre séance quelques re- marques sur plusieurs mammifères de cette île, et particulière- ment sur la léthargie du Tanrec (Erinaceus setosus Lin. Gm.) qu'il a suivie à différentes époques sur plusieurs sujets. Ce som- meil hivernal avait été mis en doute par plusieurs naturalistes, et particulièrement par M. Prunelle, professeur à la Faculté de médecine de Montpellier, qui dit que « les espèces qui vivent 316 5. pesrarDiws. — Soc. d’Hist. nat. de l’ile Maurice. « dans la zone torride n’y sont point sujettes, et ne l’éprouvent « qu’en passant sous des latitudes plus froides ». (1) Ce sommeil a cependant lieu à l'ile Maurice lorsque le ther- momètre n’est pas au-dessous de + 20° centig., et même lors- qu'il marque 26°. Oiseaux. — Parmi le petit nombre d’espèces d'oiseaux qui ha- bitent à Maurice, deux ont été signalées dans le courant de cette année par M. Julien Desjardins, et elles appartiennent à l’ordre des Echassiers. Le premier de ces oiseaux, ,que les chasseurs connaissent sous son vrai nom de Pluvier, appartient au genre Linnéen de Charadrius, et au sous-genre Ædicnemus Cuv. — Il luia imposé, en habitant, l’épithète de Nesogallicus , c’est-à-dire de l'Ile-de-France. L'autre appartient aux Bécasses proprement dites de Cuvier, et il a cru pouvoir lui donner le nom de Bécasse élégante (Sco- lopax elegans), parce que, différente des autres espèces de ce genre, celle-ci a des formes gracieuses. Sa légèreté, sa vivacité, contrastent étrangement avec cet air stupide qu'ont générale- ment les bécasses, particularité produite par la position de l'œil vers l'arrière de la face. Dans la Zécasse élégante V'œil est situé comme dans la généralité des oiseaux. Les chasseurs de l'ile appellent cet oiseau Alouette de mer. Poissons. — Dans le premier rapport annuel que j'ai eu lhon- neur de soumettre à la Société , les poissons n’occupent qu'une très petite place : deux seuls paragraphes leur sont consacrés. Dansle rapport de l’année suivante cette classe d'animaux occupe un plus grand nombre d'articles ; et dans celui de la troisième année douze espèces des mers de cette ile ont été analysées avec de grands détails. L'année qui vient de s’écouler a été encore plus abondante en descriptions ichthyologiques, car MM. Liénard père et fils, et M. Julien Desjardins, les mêmes et les seuls membres qui () Recherches sur les phénomènes et sur les causes du sommeil hivernal de quelques mam miferes. (Ann. du musée d'hist. nat., à. xviri, 21. 1811.) 3. DESTARDINS. — Soc. d’Hist. nat. de l'ile Maurice. 31 7 les deux années précédentes se sont occupés de cette classe, ont donné depuis un an dix-neuf descriptions d’espèces dont quelques-unes déjà connues dans d’autres localités n’avaient cependant pas été indiquées comme existant aussi dans nos mers. M Liénard père a fait connaître avec quelques détails un poisson de la famille des Percoïdes et du genre Plectropome, que les pêcheurs appellent dans notre île Sincillia. C’est un poisson très rare sur nos côtes, qui a des mœurs solitaire. , et.qu'il est défendu de vendre au marché d’après un avis du chef de la police, sous la date du 8 avril 1829, parce qu’on assure qu’il est vénéneux. La partie molle de sa dorsale est très élevée ; ses pièces oper- culaires sont fortement armées. Sa couleur est uniformément brune; les nageoires sont d’une couleur plus foncée encore, excepté les pectorales, qui sont d'un rouge orangé, ce qui a décidé notre collègue à l’appeler P/ectropome à pectorales oran- gées. Il se place entre le Plectropome melanoleuque Cuv. et Val. 11.388, et le P. Aiguillonné, Cuv. et Val. VI. 523. Ses nombres sontiD..8;, :14::415,8, Von sb. Pr qu Ge 17 Le même membre a décrit un Holacanthe qu’il appelle Ho- lacanthe argenté, assurant que l'espèce est nouvelle. Ses nom- bres sont : D. 12. 17. A. 3, 17. P. 16, etc. 1l est remarquable par une quantité de petites lignes sinueuses, argentées qui oc- cupent principalement le milieu du corps. Deux bandes jaunes et deux autres noires dont une est oculaire et les autres sur la face, distinguent encore ce poisson, que notre collègue avait reçu de Batavia. M. Elisée Liénard n'ayant pas trouvé parmi les espèces du grand genre Labre qui sont décrites dans le Dictionnaire des Sciences naturelles, ‘un poisson du sous-genre Chicline, que nos pêcheurs appellent Castor, en a fait une description dé- taillée. 11 ne lui a pas donné de nom, pensant que ce poisson ( dont les couleurs sont très agréablement disposées) pourrait se trouver mentionné dans d’autres ouvrages. Ses nombres sont : D 0 10. 1,5. À. 3,8: P. 211,073. C'est le même motif qui a conduit notre collègue à faire sim- 318 5. pEssaRDiNs. — Soc. d’Hist. nat. de l’ile Maurice. plement une description d'un Æcheneis, dont de disque offre 25 paires de lames. Cette espèce, qu'il y a peude temps nous aurions appelée la Remora, à 36 rayons à l'anale et 37 à la dorsale. Enfin, M. Elisée Liénard a fait encore connaître une Murène qu'il a cru pouvoir appeler Murène à dorsale jaune ; ä cause de cette nageoïre, qui ressemble à un ruban jaune placé le long du dos de éét'animal. Ce qui contraste très agréablement avec la couleur du corps, qui est d’un beau noir d'ébène. Ce qu'il y y a d'assez singulier, c’est que notre collègue assure que cette Murène a été prise bien loin en dehors des récifs de notre île, et comme il l'observe fort bien, les Murènes habitent cepen- dant ordinairement le long des côtes à peu de profondeur, et ne s’écartent pas du trou qu’elles ont choisi pour demeure. M. Liénard père ayant reçu de Passandara, endroit situé à la côte occidentale de Madagascar, une collection de poissons, en a dréssé un petit catalogue accompagné de descriptions plus ou moins détaillées, selon limportance des espèces. Parmi r3 de ces espèces qui ont été soumises à la société ; 6 sont connues depuis long-temps. Ce sont : 1° Le Therapon esclave. 2° Le Percis à 6 ocelles. | Cuvier 3° Le Scolopside de ghanam. et 4° Le Denté à queue en filet. | Valenciènes. 5° Le Drépane peigné. | 6° Le maquereau pneumato- phore Laroche. Ann. du mus. XIII. Les autres poissons qu'il a fait connaître sont : 1° Un Gal qu'il suppose être le Zeus Gälus. Bloch... 2° Un Caranx semblable à la Carangue de notre ile. 3° Un Thérapon dont la couleur est un gris argenté, avec des bandes plus ou moins foncées et disposées en sens divers sur le corps et les nageoires, et ayant deux taches noires sur la dorsale. : 4° Une Diacope qui approche beaucoup de la Diacope axil- laire ; 5e Une Gorette qu'il est porté à croire nouvelle. Sa couleur J. DESIARDINS. — Soc. d’Hist. nat. de l’ile Maurice. 319 est d’un blanc argenté, avec des taches brunes. Ses nombres sont : D. 12, 14. V. 1, 5, P.16. C. 17. A. 3.7. 6 Un Pristipome qu'il appelle Pristipome à bandes verti- cales. Ces bandes sont grisätres et reposent sur un fond argenté. Ses nombres sont: D. r2, 14. À 3,9. V. 1,5. 7° Enfin un Diagramme dont les nombres sont : D. 13, 21: A. 3, 8. V. 15. P. 17. C: 19. I est d’un gris cendré et a tout le corps couvert de taches rondes d’un jaune orangé. Ses joues sont armées de six bandes longitudinales de la même cou- leur; sur la dorsale on voit deux rangées de taches d'un jaune pâle. Pour terminer tout ce que j'ai à dire sur les poissons, je cite- rai l’espèce de Tetrodon que M: Julien Desjardins à décrit sous le nom de Tetrodon à face bleue (Tetrodon facies tæruleata) qui habite dans nos mers, et qu'il s’est procuré à l’anse du Bambou. Ses nombres sont : D. 15. A. 19. P. 14. C. 14. I est remar- quable par les deux grandes taches bleuâtres que l'on remarque de chaque côté de la face , et par les tégumens à base étoilée, au milieu de laquelle se projette une pointe très aiguë. Ces té- gumens ou plutôt ces épines sont disposées sur 26 rangées si- tuées de chaque côté au-dessous des pectorales. Insectes. — M. Gadot , membre correspondant à Madagas- car , a adressé à la Société plusieurs lettres et un mémoire sur un insecte de l’ordre des Hémiptères, et qui appartient au nou- veau sous-genre Aphrophont , C'est-à-dire Porte-écume. Je ne sache pas qu'aucun auteur lait encore indiqué comme se trouvant à Madagascar, et d’après ce que M. Gadot nous va écrit, il paraît qu'il y est très commun, et que dans le mo- mént le plus chaud dé la journée , il exsude une si grande quantité d’écume et d’eau qu'il suffit de quelques heures seule- ment pour remplir plusieurs bouteilles en ayant soin de re- cueillir toute l'eau qui s’écoule des branches et des feuilles d’un des müriers où ces insectes se tiennent ordinairement par cen- taines. M. Gôgot a eu l'attention d'accompagner son mémoire de 320 J. DESTARDINS. — $0c. d’Hist. nat. de l’ile Maurice. plusieurs de ces insectes et d'une bouteille de cette eau qui finit par prendre une teinte jaunâtre quelques heures après. Vers.—La nature est si riche en espèces et elle possède tant de moyens pour les conserver que le naturaliste doit faire des re- cherches jusque dans les viscères les plus cachés des grands animaux, afin de découvrir s’il n'existe pas d’autres êtres qui vi- vent à leurs dépens. C'est après des examens multipliés de ce genre que M. gatoues Desjardins a rencontré dans un de ces animaux si utiles à l'homme, le bœuf, une multitude de vers intestinaux parenchy- mateux qu’il rapporte au genre Distoma de Cuvier et de l'£n- cyclopédie méthodique , et qu'il présume avec bien des raisons être le Faciola hepatica Linn., et quoique ce soit généralement dans le foie des animaux qu’on la trouve , celle-ci habitait par myriades dans l'estomac d’une vieille vache , et principalement dans la partie de ce viscère appelée la Panse. Lemêmemembre a eu occasion d'observer presque en même temps dans un autre animal domestique, le cochon , une quantité pour le moins égale de Cysticerques du tissu cellulaire Bremser (Tœnia cellu- losa Linn. Gmel.), que d’autres encore appellent fort justement hydatides du cochon. Cet animal, après avoir été écorché, lais- sait voir une si grande quantité de cette ladrerie qu'il était dif- ficile de poser le doigt sur une partie elconque de la tête, - du tronc et des extrémités sans toucher”quelques-unes de ces vessies pleines d’eau qui étaient de la dimension d'une très grosse lentille et d’une forme ovoïde. On lit dans presque tous les ouviages d'économie rurale et domestique, et on le pense généralement, que les femelles de ces aninfaux à qui l’on a pratiqué la castration , et que l’on appelle dans les colonies Sennea , sont exemptes de cette ladre- rie; mais le cas dont il s’agit dément cette assertion , puisque le sujet était une truie châtrée depuis quelque temps. «29 A MM. G. BRESCHET ET ROUSSEL DE VAUZÈME. — Recherches, etc. 321 Recuercues analomiques et physiologiques sur les appareils tégumentaires des animaux. Par MM. G. Brescuer et ROUSSEL DE VAUZÈME. . Suite du Premier Mémoire. (1) CHAPITRE V. APPAREIL BLENNOGÈNE (2) OU PRODUCTEUR DE LA MATIÈRE MUQUEUSE. Il est essentiel pour bien étudier cet appareil d’avoir une peau fraiche, injectée en rouge par le sang. Lorsque le derme est blanc naturellement, ou par l'effet de la macération dans de l'eau ou dans de l'alcool, on ne distingue rien. Du reste, mêmes _ préparations que celles que nous avons déjà indiquées. Tranches fines suivant la longueur et en travers des sillons. Nous avions primitivement nommé cet appareil kératogène ou générateur de la matière cornée; mais ayant ensuite reconnu que cette matière est primitivement un mucus, lequel est le même , soit dans sa nature , soit dans son mode de production, et à la peau et surlesmembranes muqueuses, nous avons préféré désigner ces organes sous le nom de b{ennogènes. La matière muqueuse de la peau s’unit bientôt après sa sécrétion à une matière colorante, d’où résultent les teintes diverses de la corne, des poils, des cheveux, des écailles, des plumes, etc. En observant la peau de dedans en dehors, nous trouvons: 1° Dans le derme : 1. Un appareil Zlennogène composé d'une glande sécré- (1) Voyez page 167. (2) De f24%4, mucus, et de evo, j'engendre, HU, Zoor, — Décembre. 322 MM. C. BRESCHET ET ROUSSEL DE VAUZÈME,. toire; d’un canal excréteur du produit sécrété, on matière muqueuse devenant matière cornée par la dessiccation; 2. Un appareil CAromatogène composé d’un parenchyme sécréteur, de canaux excréteurs du produit de la sécrétion (corpuscules squammiformes) ; a° Hors du derme et comme résultat du mélange des deux sécrétions : 1. a matière cornée, ou l’épiderme; 2. Les poils, les cheveux, les plumes , les cornes, les sabots, etc. 1° Appareil blennogène. À la base du derme(r),on aperçoit de petites glandes rougeà- tres qui, examinées au microscope ou à laloupesimple, paraissent bosselées, inégales, sillonnées par des vaisseaux sanguins (2). Elles sont enveloppées d’une membrane celluleuse assez lâche, dans une atmosphère de petites vésicules adipeuses, transpa- rentes, entassées comme de petites perles. Du sommet de cha- cune de ces glandes part un canal ou tube qui traverse toute l'épaisseur du derme, et va s'ouvrir dans la profondeur des sil- lons qu'on y remarque. Ce canal est enveloppé par une mem- brane celluleuse, diaphane, qui se prolonge des contours de la glande. On voit des vaisseaux ou filamens capillaires adhérer au tube et à l'organe glanduleux dans lequel nous avons remarqué souvent qu’un vaisseau assez considérable entrait par la base. Les canaux forment le plus souvent une colonnade régulière dans l'épaisseur du derme. Quelquefois les glandes sont placées à des hauteurs fort inégales, et paraissent communiquer entre elles par des canaux intermédiaires (3). Les rangées de canaux excré- teurs correspondent à la longueur des sillons, c’est-à-dire qu’elles (1) Fig. 36, pl. ro. (a) Fig. 25, pl 10. , (3) Fig. 36, pl. 10. Recherches sur les àppareïls tégumentaires des animaux. 323 sont perpendiculaires au plan du parenchyme sécréteur de la matière colorante ou organe chromatogène dont nous allons parler. 2° Appareil Chromatogène. (1) Il est situé à la partie extérieure du derme, dans la profon- deur des sillons, au-dessous et entre les lignes saillantes papil- laires (2). Sa partie supérieure est surmontée (3) d’une grande quantité de tubes excréteurs assez courts, qui aboutissent au fond des sillons, où des tubes nombreux excrètent une matiere particulière. Sa face inférieure est hérissée de vaisseaux capil- laires et en rapport avec les tubes excréteurs des glandes blen- nogènes. Sa structure est aréolaire, spongieuse , résistante. Ce paren- chyme et ses canaux excréteurs rougissent avec une grande fa- cilité, parce qu'ils sont essentiellement vasculaires ; ils forment une limite que dans l’état régulier le système artériel ne franchit jamais et où il cesse d'exister en y apportant son dernier tribut. Nous faisons abstraction des vaisseaux nourriciers des papilles qui s'élèvent un peu plus haut. Lorsqu'on déchire ce tissu, on y trouve une infinité de petits filamens d’où s’échappent des écailles ou corpuscules incolores en très grande quantité. Ce réservoir des écailles n'existe nulle part ailleurs dans le derme. On peut donc regarder ce tissu parenchymato-glanduleux comme un organe particulier formé d’une substance propre, dans la- quelle pénètrent des vaisseaux capillaires artériels et veineux, et duquel sortent des canaux excréteurs qui aboutissant au même point que ceux de la glande blennogène, versent dans le mucus de cette glande les granulations du pigment, ou la mätière colorante proprement dite. 3° Produits excrétés. Ces produits sont l'épiderme ou la matière cornée. Nous 1) De zou, couleur, et de 2240, j'engendre, (a) Fig. 15, 31, 32, 36, pl, 10, (3) Fig. 32, 33, pl. 10. SET MM. C. BRESCHET EF ROUSSEL DE YAUZÈME. allons d'abord l'examiner dans son ensemble, telle qu'elle se présente dans la peau du talon, ensuite nous en ferons l'analyse. On isole du derme la couche épidermique par l’immersion dans l’eau chaude ou par la macération. La face inférieure de cette couche, qui constitue la totalité de l’épiderme, se montre avec des nsalités qui représentent la forme du plan extérieur du derme, de la même manière qu'un masque en plâtre, moulé sur la figure d’une personne, porte l'empreinte de ses traits. Cette surface est désignée sous le nom de canevas réticulaire de Malpighi. Nous y distin- guons deux cloisons : lune plus en relief, ou dermique, rem- plit les sillons du derme, et y adhère par des prolongemens issus des tubes excréteurs des organes chromatogène et blen- nogène. C’est par elle que le tissu corné se produit et se renou- velle. En séparant la couche cornée, on éprouve toujours une résistance assez forte lorsqu'on extrait cette cloison des sillons du derme, à cause des racines qu’elle semble y projeter, quoi- qu'il soit rare de les apercevoir , parce qu’elle se détache le plus souvent d’une maniere nette, comme si elle n’était que posée dans la profondeur du sillon. Sur les parties latérales on voit de petits trous qui donnent passage aux vaisseaux lymphatiques. L'autre cloison, que nous nommons interpapillaire, occupe l'intervalle que laissent les papilles bifides, et se prolonge dans ies enfoncemens infundibuliformes et les interstices au- tour des canaux sudorifères et inhalans. On remarque tou- jours sur les bords de cette cloison des espèces de déchirures produites par les fragmens flottans des canaux sudorifères. A droite et à gauche de cette cloison se trouvent des trous ou es- pèces de gaines, dans lesquels pénètrent obliquement les papilles nerveuses. La matière cornée qui circonscrit ces ouvertures, se fixe aux deux cloisons, lesquelles ressemblent à une charpente qui soutient cette curieuse structure. A la face supérieure de l’épiderme on remarque des lignes, saillantes légèrement toñcentriques ou parallèles , que séparent les sillons (1 " Examinées à la loupe, ces lignes présentent alter- (1) Fig. 2, pl. 9. Recherches sur les appareils tézumentaires des animaux. 325 nativement de petites éminences papillaires, et des fissures ou iégeres dépressions qui contiennent les orifices des canaux hi- . drophores. Il y en a ordinairement de quatre à six par ligne; il est facile de voir que les lignes saillantes ont une disposition imbriquée, de manière que dans les mouvemens de contrac- tion, à la main surtout, elles avancent les unes sur les autres comme les écailles de poisson ou de serpent, tandis que par le mouvement d'extension, elles s’écartent et laissent à décou- vert le fond des s'llons. La peau présente cette disposition manifestement imbriquée dans les endroits qui forment des plis comme à lavant-bras, au pli du jarret, à l’aine, etc. La matière cornée chez l’homme est d'un blanc mat, élas- tique, essentiellement hygrométrique et transparente. L'étude de cette matière présente des difficultés presque insurmonta- bles qui exigent la patience la plus opiniâtre. Elle rebondit sous le scalpel comme le caoutchouc. Molle, elle se gonfle et ne laisse rien apercevoir; sèche, elle s’écaille et blanchit, au moindre contact, sous la plus faible pression. PabdErne de la baleine, formé sur de plus grandes proper- tions, devient par conséquent plus facile à analyser ; nous allons le décrire d’abord, afin d’en tirer des lumières propres À éclai- rer l’histoire de la peau humaine. : La matière cornée est sécrétée par un appareil spécial et paraît s'organiser comme les fausses membranes; c'est pour- quoi, à limitation de Bichat, qui a donné le nom de tissu à l'épiderme, nous croyons pouvoir lui conserver cette dénomi- nation. , Le tissu épidermique (1) de Ya peau de la baleine (2), vu dans son ensemble, est lisse, uni, spongieux, et ordinairement de couleur d’ardoise foncée. Considéré à l’œil nu , et de dehors en dedans, on y reconnait deux couches , lune externe, parallèle au plan du derme; l’autre composée de fibres droites, perpen- (1) Fig. 6, pl. 9 rt (2) Sous ce nom dites épidermique ou tissu situé au-dessus du Brune, nous compr'enons et l'épiderme lui-même et les couches de matière cornée qui reposent sur le derme. La cuticule proprement dite n’est que la couche la plus superficielle de ce tissu épidermique. 3:56 MM. G. BRESCHET ET ROUSSEL DE VAUZÈME. diculairement placées entre le derme et la couche extérieure, On voit aussi paraître à travers l'épaisseur diaphane de ce tissu noir, les sommets des tiges blanchâtres des papilles nerveuses, enveloppées de leurs gaines. La face inférieure est criblée d’ou- vertures pour le passage des petits cônes papillaires. (1) Les deux couches ont en épaisseur : 1° Couche horizontale. . . . . . 1 ligne. 2° Couche perpendiculaire. . . . . 3 idem. TOI. VEUT ON ET PARA ANR Û Le derme ayant 10 lignes, la (2) peau prise sur la tête de l'animal, près des évents, a 14 lignes d'épaisseur. Voilà tout ce que présente à l'œil nu cet épiderme sans le secours des loupes et du scalpel. Pour analyser le corps épidermique il faut prendre une fibre perpendiculaire, très fine, et la placer, au foyer &e la'loupe, sur un verre légèrement humecté. On voit alors que ce tissu est composé de petits corps squam- miformes imbriqués , sur une trame celluleuse très fine (3). Ces écailles se détachent avec une grande facilité, et ce sont elles qui teignent l’eau en noir sous l'apparence de granulations. (4) Considérée isolément, lécaille a pour ainsi dire la forme d’une raquette ou d’une spatule à bords mousses. On y distingue deux faces colorées en noir dans le tiers supérieur de leur éten- due; un bord libre légèrement arrondi, et un pédicule rétréci et blanchâtre. Pour bien les étudier, il faut prendre un peu de matière noire à la base des fibres près du derme, et la remuer dans quelques gouttes d’eau sur un verre. Une fibre de matière cornée, réduite par la dissection à son état le plus simple et vue au microscope, est formée d’une série d’écailles, ou cônes apla- tis, insérés les uns dans les autres. Chaque pièce squammeuse, (x) Fig.8, pl. 9. «2) Sur d’autres parties du corps, les proportions ne sont pas les mêmes (3) Fig. 23, 24,25, 36, pl. ro. (4) Fig. 29. 28, 31, pl. ro. Recherches sur les appareils tégumentaires des animaux. 327 pyriforme, s'applique sur celle qui suit, et se trouve recou- verte un peu par celle qui précède, à la manière d’un cône ou pomme de pin. Cette fibre est élastique, assez résistante; néan- moins les pièces articulées qui la composent, s’en détachent, et, comme nous l'avons vu déjà,- peuvent être étudiées iso- lément. On voit très bien sur de la peau de baleine le point d’origine de la matière cornée, à cause de la couleur noire de l’'épiderme, qui tranche sur la blancheur du derme(r). Elle remplit tout l’espace qui n’est pas occupé par les papilles. La matière noire est excrétée un peu avant de paraître hors du derme, c’est-à-dire qu'une demi-ligne environ avant sa sortie nous la trouvons en- fermée dans une capsule ou membrane dermique, au fond de laquelle se remarquent de: petits mamelons blanchäâtres et fila- menteux qu’elle embrasse étroitement; ce sont les canaux excréteurs du parenchyme chromatogène. Le développement se fait de dedans en dehors. La matière qui vient de se former presque à l’état muqueux, chasse devant elle les couches supérieures qui se solidifient peu-à-peu. Ce phénomène a lieu par une expulsion sticcessive d’écailles et de mucus, dont les couches les plus extérieures sont toujours les plus anciennes, les plus compactes et les moins distinctes. Actuellement que nous connaissons l’origine, le développe- ment et la structure de la fibre cornée élémentaire, il nous sera facile d'en faire dériver toutes les variétés de formes que présente le tissu épidermique. Supposons plusieurs de ces fibres sortant du derme en ligne droite, serrées l’une contre l'autre à la manière d’une claie, nous aurons une membrane; disposons- les en cercle, nous aurons un cylindre, une gaine de papilles, ün fourreau pour les garantir. Que les fibres surgissent du derme en masse (denso agmine), il en résultera un tissu épais, compacte, qui remplira l'intervalle des papilles. Si, arrivées à une certaine hauteur, ces fibres se courbent à angle plus ou moins ouvert, on aura le corps stratifié, parallèle au derme, car la dissection démontre que ces couches sont produites par (1) Fig. 28, pl. 10. 328 MM. G. BRESCHET ET ROUSSEL DE VAUZÈME. l'inflexion des fibres perpendiculaires (1). La dissection démon- tre aussi que toutes les formes épidermiques indiquées ci-dessus, sont engendrées par la fibre élémentaire, base primitive et invariable du tissu corné. La gaine que cette matière fournit aux papilles est formée d’un tissu moins blanc que les tiges nerveu- ses. Il est grisâtre et l’on y voit au microscope des écailles beau- coup moins nombreuses et moins colorées que dans le tissu corné proprement dit; il y a prédominance de la trame celluleuse ou muqueuse. Cette gaine se moule parfaitement sur les contours des papilles cylindriques , striée vers le haut, cannelée vers la base, telle que se présente la disposition des tiges nerveuses, et c'est ce qui détermine aussi la forme des canaux creusés dans l'épaisseur du tissu corné. Dans la couche horizontale, les fibres étant d’autant plus pressées qu’elles s’éloignent davantage de leur point d'origine, les écailles sont moins distinctes ettres diffi- ciles,pour ne pas dire impossibles à détacher (2); c’est pourquoi cette partie, quoique fort noire, ne communique à l’eau aucune teinte, parce qu’elle n’y est pas dissoute en squammules. L’adhérence croissante et toujours plus intime des couches exté- rieures les unes avec les autres, explique la formation des feuil- lets épidermiques assez nombreux que la macération fait déta- cher successivement, et dans lesquels la forme imbriquée se dessine d’une manière assez manifeste. La pression du milieu dans lequel vit l'animal, celle de l'air ou de l’eau n’est proba- blement pas étrangère à la formation de ces membranes. Elles sont percées pour le passage des matières qui doivent être excrétées. Après avoir parlé précédemment des organes producteurs de la matière cornée chez l’homme, nous avons décrit les for- mes extérieures de l'épiderme ou produit excrété ; mais lorsqu'il s’est agi de sa structure, partie obscure et difficile à observer, nous avons cru devoir intervertir l’ordre et analyser d’abord l'épiderme de la peau de la baleine, qui, par son développement extraordinaire, est un acheminement naturel à la connaissance du tissu épidermique chez tous les vertébrés, QG) Fig 26, pl. 10. mr ge (2) Fig. 26, pl. ro. Recherches sur les appareils tèégumentaires des animaux. 329 Ayant accompli cette tâche et l'esprit étant mieux préparé, nous allons reprendre l'étude de la peau humaine. Structure de la matière cornée chez l’homme. De même que nous avons découvert dans le derme les or- ganes sécréteurs servant à la production de cette matière, de même en la décomposant nous distinguerons les élémens fournis par chacun de ces organes l’appareil blennogène et l'appareil chromatogène. Pourétudier cette matière, ilfautl’examinerälaloupe,en plaçant dans un peu d’eau une partie friable de l’épidermele plusextérieur, ou le gluten muqueux qui se trouve à la surface du derme. En dis- sociant ces fragmens avec la pointe d’un scalpel,on voit flotter,au milieu des débris des vaisseaux inhalans et des canaux sudoriféres, une infinité de corpuscules amorphes (1) en apparence, parce que la violence qu’on a employée pour les extraire les a souvent divisés, ou bien les a laissés réunis deux à deux, ou deux moitiés adhérentes ensemble. Mais on peut rapporter à un trapèze irré- gulier la forme générale de ces écailles : elles ont une certaine épaisseur, et sont plus ou moins striées, blanches et transpa- rentes, imbriquées les unes à côté des autres; elles sont placées sur un canevas aréolaire très mince. On reconnaît facilement dans les écailles de la matière cornée le produit de l'organe chromatogène , et dans la trame pellucide qui les supporte, le mucus de l'organe glanduleux blennogène n’est plus amorphe. Pour voir l’origine du tissu corné dans les sillons du derme, il faut préparer une tranche fine du derme injecté en rouge, et Yon apercevra que là où s'arrête le sang dans les tubes excré- teurs , là commence le dépôt de la matière cornée. Cette sépa- ration est très manifeste sur la peau de la baleine, comme nous l'avons déjà remarqué, à cause de la couleur blanche et noire du derme et de son produit. La matière cornée, d’abord excré- tée muqueuse, fluide, se moule, couche par couche, autour des papilles, enveloppe et protège les canaux sudorifères , les (5) Fig. 36, ( 1, 10, 330 MM. G. BRESCHET ET ROUSSEL DE VAUZÈME. vaisseaux inhalans, après avoir contracté une densité d’autant plus grande qu'elle devient plus extérieure. Pour en bien con- naître le développement, il faut prendre un morceau de peau du talon, la faire macérer dans de l’eau, et en couper une tranche en travers des sillons. Si la macération a été suffisante, on voit des feuillets de matière cornée partir du centre du sillon comme d’une tige commune, et se développer à droite et à gauche sur les saillies papillaires qu’ils enveloppent (1). La tige centrale de ces sillons représente les stries linéaires et les feuil- lets latéraux, les couches d’accroissement qu’on remarque si bien sur les coquilles de mollusques, les écailles de poisson, les ongles, etc. Il est inutile d’insister davantage sur ces choses, qui sont une répétition de ce que nous avons vu sur la baleine. Ces deux tissus se développent d’après les mêmes principes ; les différences consistent uniquement dans la variété des formes. Le tissu corné chez le nègre est partout noir, excepté à la paume des mains et à la plante des pieds. Cette dernière partie présente cependant quelques nuances légères de coloration, sur lesquelles Gaultier a établi ses divisions futiles. Sa structure est la même que chez larace humaine blanche, dans la partie noire de la peau; les écailles sont en spatules colorées sur le bord libre, comme chez la baleine. Au talon, qui est blanc, la forme en est polygonale irrégulière : ces écailles sont incolores. Vue à la loupe, la peau du reste du corps, chez le nègre, ne paraît pas entièrement noire comme à l’œil nu ; on aperçoit que la matière colorante, née autour des papilles, dans les sillons, les dessine en formant des aréoles dont le milieu semble étre blanc, parce que le tissu nerveux blanc paraît à travers la trans- parence de l’épiderme. La trame aréolaire qui supporte les écailles est toujours blanche. Sa structure est la même dans le marsouin, le dauphin, que chez la baleine. Sur un morceau de peau qui présentait alterna- tivement des raies noires et des raies blanches, les écailles étaient noires dans un cas et incolores dans l’autre. Nous avons examiné la peau de la trompe de léléphant, et (1 Fig. 36 ,1pl. 10. Recherches sur les appareils tégumentaires des animaux. 331 nous avons reconnu les couches successives et imbriquées de l’épiderme issu des sillons, et coiffant les tubercules papillaires. La peau des serpens, formée par des prolongemens imbriqués du derme, est revêtue par une couche mince de tissu corné épidermique. Ce tissu est visiblement perforé de pores exhalans, et composés de squammules plus ou moins colorées suivant l'es- pèce de serpent, et suivant la partie du corps qu’on examine. En divisant la carapace des tortues en deux parties, on voit que la peau ossifiée recouvre la colonne vertébrale, et que ces deux organes, peau et système osseux, quoique unis, sont par- faitement distincts (Il y a une couche mince de derme qui sépare les os de la peau). L’épiderme est composé des mêmes élémens que déjà nous avons signalés ailleurs. Dans les poissons, le derme mince et uni, très adhérent aux muscles, ne s'élève pas en cônes inclinés comme chez les ser- pens; le canevas épidermique dessine chez quelques-uns les ‘contours d’un parallélogramme ou d’un losange, d’où sortent les grandes écailles proprement dites et le mucus coloré. (Les écailles solides des poissons faisant partie des organes de la peau , nous en ferons l’histoire avec celle des poils, des plumes, des cornes, des sabots, etc. ) Le tissu épidermique des poissons est mou et comme pul- peux, né de la base de l’écaille qu’il couvre dans la moitié de son étendue ; il est parsemé de points noirs ou peints de couleurs très variées; l’eau dans laquelle on l’agite se couvre bientôt de petites paillettes brillantes : ce sont les écailles colorées qui se détachent. De plus grands développemens seraient inutiles; ce que nous venons de dire suffit pour démontrer que l’épiderme de ces animaux est composé des mêmes élémens que celui de l'homme. Ici se termine cet aperçu rapide et succinct de Phistoire de la peau, telle que nous l'avons comprise par nos dissections et nos recherches avec le microscope. Après en avoir décomposé une à une les parties constituantes, il est facile de remettre cha- que chose à sa place, et d’embrasser d’un coup-d’œil tous les compartimens de cette machine complexe. 1° Le sang.versé par les capillaires artériels dans le paren- 332 MM. G. BRESCHET ET ROUSSEL DE VAUZÈME. chyme sécréteur de ia sueur et repris par les veinules, aban- donne comme produit la matière de la transpiration sensible ou insensible ; 2° les inhalans s'imbibant, à la surface du derme ou dans l’intérieur de l’épiderme des fluides étrangers, des molécules de décomposition, pour les verser dans les canaux lymphatiques et dans les veines; 3° les nerfs, placés à la périphérie du corps comme des sentinelles avancées, recevant les impressions tac- tiles; 4° la matière cornée, sécrétée et moulée autour des pa- pilles et des canaux inhalans et sudorifères, étant elle-même un organe du toucher, de défense et d'ornement, et surtout un corps hygrométrique qui se pénètre plus ou moins, selon sa densité, des fluides avec lesquels il est en contact, et devenant ainsi un des premiers organes de l'appareil de l'absorption ou de limbi- bition , dont il règle l’exercice; 5° le derme, dont il est possible actuellement de se faire une juste idée, soutenant, isolant et protégeant les ins.rumens fragiles de ces fonctions multiples. Ainsi l'anatomie de la peau est une introduction nécessaire à l’histoire des fonctions complexes de l'appareil cutané. Par elle on comprend le mécanisme de ces fonctions, et la physiologie pro- cède d’une manière rigoureuse et positive, tandis que sans con- naissances anatomiques exactes, l'histoire des fonctions de la peau n'était qu’une série d’hypothèses ou de suppositions que rien ne venait infirmer ou confirmer. Lorsqu'on lit dans les ouvrages classiques les plus estimés le chapitre relatif aux fonctions de la peau, on reconnaît l'insuffisance de nos connaissances et l’in- certitude de tout ce qu'on considère comme constituant la science. Mais pouvons-nous affirmer que nous n’ayons pas commis d’erreur, et que tout ce que nous croyons avoir reconnu est bien réel et bien exact? Nous savons que le microscope prête aux illusions des sens et de l'esprit; nous savons que le sujet est ardu, et que l'analyse anatomique du derme offre d'immenses difficultés ; c’est pourquoi nous ne donnons nos recherches que comme un aperçu, et nous sentons l'indispensable nécessité de soumettre cette matière à un nouvel examen, avant d'admettre définitivement notre opinion et de la donner comme immuable. Les organes accessoires de la peau, tels que les plumes, les poils, les cornes, les sabots , etc., n'ont pas été examinés ici, parce que Recherches sur les appareils tégumentaires des animaux. 333 nous poursuivons encore nos recherches sur ce sujet. Nous ignorons si le poil, par exemple, naît, comme on le dit, dans un repli de la peau, ou s’il n’est pas plutôt sécrété par les organes glanduleux qui existent à la base du derme. Deux raisons nous feraient pencher vers cette dernière opinion. 1° Nous avons cru remarquer queles cheveux ont leurs bulbes logés dans des gaines symétriquement disposés au commence- ment du derme ; 2° la peau du talon est dépourvue de production pileuse; mais les organes glanduleux sécréteurs y existent en grand nombre. N’est-il pas probable que la matière cornée, qui ailleurs se convertit en cheveux ou en corne, est employée ici au développement extraordinaire de la couche épidermique? Ce qui vient à l’appui de cette idée, c’est l'observation générale faite depuis long-temps que le corps épidermique est d'autant plus mince que le système pileux est plus abondant, et vice vers. Nous avons vu que la matière cornée épidermique est sécré- tée fluide ; que ce fluide est, par sa constitution, identique au tissu corné le plus dur, et qu'il se solidifie peu-à-peu à mesure qu'il s'éloigne, couche par couche, de son point d’origine. Les ailes scarieuses des papillons commencent par n'être, dans la chrysalide, que de petits points muqueux : c’est le passage de l’état fluide à l’état solide, qui, chez l'homme, a été considéré comme un corps particulier, le pigmentum et le réseau mu- queux de Malpighi; mais ce réseau n’existe pas par lui-même ; il n'exprime que la transition de la matière cornée-à la forme solide, et l'empreinte qu’elle reçoit des inégalités de la surface dermique; on pourrait comparer le corps muqueux dans ses rapports avec l’épiderme à de la cire récemment fondue, dont une moitié serait encore liquéfiée par la chaleur, et l'autre déjà condensée par le froid extérieur. De plus, cette observation est contraire à l’idée de Gall, qui considère le mucus épidermique comme une couche de sub- stance grise étendue sur le derme, et nécessaire à l’innervation tactile. Nous pensons que cette prétendue substance cérébrale ne serait pas placée dans des conditions très favorables, puis- qu'elle agirait en dehors du névrilème et seulement à la base 334 MM. G. BRESCHET ET ROUSSEL DE VAUZÈME. des papilles, dont le corps et le sommet s'élèvent toujours plus ou moins haut dans le tissu corné. Si le corps muqueux a été considéré comme sensible et vasculaire, c'est qu’une lésion de la peau, si petite qu'elle soit, ne peut l'atteindre sans blesser les tiges nerveuses, leurs vaisseaux propres, ou ceux du derme; d’où effusion de sang et production de douleur; mais par lui- même le corps muqueux est insensible, et n’admet ni nerfs ni vaisseaux sanguins propres. On a attribué à Malpighi la découverte de la véritable com- position du tissu corné. Ce micrographe célèbre a désigné, sous le nom de Corpus reticulare (1), ce que d’autres, depuis lui, ont appelé Rete glutinosum Malpighianum , et ce mot de Rete a tellement trompé la plupart des anatomistes et des physiolo- gistes, qu'ils ont cru que le Corpus reticulare était un réseau vasculaire, un lacis de veines, d’artères et de Iymphatiques. Bi- chat lui-même est tombé dans cette erreur, et il s'exprime sur ce point plus explicitement encore que ses prédécesseurs. Ce- pendant Malpighi n’a jamais dit que le corps réticulaire fût formé par des vaisseaux : il parle en plusieurs endroits de son livre Sur l’organe du tact (2) d'une substance muqueuse dont la den- sité varie, et qui est appliquée sur les corps papillaires, dont elle est pénétrée et traversée ; ce sont ces perforations indiquées par Malpighi qui ont fait croire à l'existence d’un réseau (3). Mal- pighi disserte sur la matière cornée de manière à démontrer qu'il la connaissait bien ; il compare avec raison les éminences cornées de.la langue du bœuf aux sabots du même animal et à ceux des solipèdes. Enfin il avait pressenti plutôt que consta- té l'existence des canaux sudorifères. (4) (x) Marcelli Malpighii, etc. opera omnia. In-folio. Londini, 1687. (2) De externo tactus organo, exercitatio Epistolica , p. 23. (3) Undè valdè congruum est censere, fibras perforatas, quibus nerveæ papillæ sensim soli- diores redditæ ad extimam usque superficiem feruntur; unà cum mucosa, et nervea exsiccala materia , qua enata inter fistulas spatia replentur, ungulæ compositionem constitéere, p. 25. (4) Post hanc evellendum sese obtulit reticulare corpus , ejusdem altitudinis, ac aliàs in lin gua observavimus , cujus crebris foraminibus continentur, non solum sudoris vaseula, sed iu- numeræ penè pyramidales papillæ : hæ autem emergunt à subjecta cute, sub protraclis euim singulis rugis, quæ in cuticula, et rete protuberant , bini papillarum ordines parallel per lungum Gueuntur in quorum medio dispersa locantur sudoris vasa, ete, , p. 25. Recherches sur les appareils téçumentaires des animaux. 335 Les paroles de Ruysch sont trop peu précises, et ses figures trop imaginaires, pour donner une idée exacte du corps réticu- laire; cependant on voit qu’il le considère comme une matière que les papilles nerveuses traversent et perforent. (1) Meckel Pancien a étudié avec soin le corps réticulaire sur le cadavre d’un Nègre : il pense que partout où l’épiderme est étendu sur la peau, on trouve au-dessous une membrane mu- queuse, qui, dans les Nègres, est noire ou d’un brun très foncé ; c’est cette membrane à laquelle Malpighi a donné le nom de réseau, estimant que c'était une véritable membrane, et que les nerfs et les autres vaisseaux en perçaient les mailles. Par la ma- cération, cette mucosité située entre la peau et l'épiderme le ramollit, puis se dissout; elle ressemble, en se ramollissant, à la mucosité pituitaire. Cette matière muqueuse, brune ou noire dans les Nègres, n'existe pas partout en même quantité. Elle est parfois si molle qu'on peut l’enlever avec un couteau. Elle s'épaissit dans l'alcool, et prend alors la forme d’une membrane; mais considérée ainsi au microscope, ce n’est point une mem- brane d’un tissu continu : en se desséchant, la matière s’est réunie en lames noires plus ou moins épaisses. Miscible à l’eau, la macération finit par la détruire, et alors l’épiderme se détache. Cette matière muqueuse couvre partout les petits mamelons de la peau; les poils quien sortent passent à travers, et il est assez probable que Les vaisséaux exhalans se terminent au-dessous , et au-dedans d'elle; l'injection cependant ne laisse apercevoir au- cun vaisseau qui la traverse. Cette mucosité noire, située au- dessous d’une peau blanche, ne paraît pas à Meckel l’ancien être sortie des vaisseaux cutanés, par sécrétion; mais il est plus pro- bable qu’elle y a d'abord été jetée jaune, et par son séjour sous lépiderme elle y est devenue noire. Il repousse l’idée de Santo- (r) Vix ac ne vix quidem in conspeetum venit dictum hoc corpus Reticulare, nisi post maceralionem in spirilu vini : vixque demonstrari potest :vulgari encheiresi, ét communi dis- secandi modo, mult minus papillæ pyramidales, particulæ , quas anatomiæ professores sieco quasi pede in dissectionibus transire solent, quamvis studiosis medicinæ scitu et visu adeû ne- cessariæ censendi sint, propler earum usum, quem præstant, ut neutiquam in administrationi= bus anatomicis præsertim privatis, sint negligendæ. Ruysch, opera omaia, t. 11, pag. 9. Res- ponsio Fred, Ruysch. ad Joh. Gaubium. 336 MM. G. BRESCHET ET ROUSSEL PE VAUZÈME. rini (1), par laquelle il attribue au foie la sécrétion de la liqueur noire. Quant à la nature cribleuse de la membrane muqueuse, telle que Malpighi la décrite, elle n'a, suivant Meckel, d’autre fondement que les petites élévations qu’on observe dans les endroits où aboutissent les extrémités des mamelons, car d’ailleurs la mucosité enduit partout la peau d’une manière uni- forme. (2) Les figures de B. S. Albinus, représentant le corps réticu- laire (3), sont bien supérieures à celles de Ruysch; et les consi- dérations dans lesquelles entre l’anatomiste hollandais démon- trent qu'ilavait étudié la structure de la peau avec plus de soin et de succès que ne l'avait fait son compatriote, dont on a beaucoup trop vanté les procédés anatomiques, et surtout ceux pour l'in- jection des vaisseaux sanguins : il considère cependant comme distincts la cuticule et le corps réticulaire, et indique la plante du pied de l’homme pour bien voir cette différence. Le corps réticulaire ne présente pas de véritables trous, æais des fos- settes, des gaînes qui contiennent les papilles, comme l'épée est renfermée dans son fourreau (4). Les orifices de ces cavités ne sont pas arrondis, mais anguleux, de grandeurs différentes en- tre eux, et leur arrangement ne présente rien de régulier ou en quinconce comme dans les figures de Ruysch. Lorsque le corps réticulaire est très coloré, les fossettes ou dépressions va- ginales ressemblent beaucoup plus à des perforations, parce que dans ces points la teinte est moins foncée, l'épaisseur du tissu étant moins grande. G. A. Gaultier (5) considère le corps muqueux réticulaire comme composé de quatre parties distinctes, en commençant. de dedans en dehors; ce sont : 10 les vaisseaux sanguins, unis (1) Observationes anatomicæ, cap. v. G xr. (a) Recherches anatomiques sur la nature de l’épiderme et du réseau qu’on appelle malpr- ghien (Mémoire de l’Académie royale de Prusse , tome 1x, année 1753 ). (3) B.S. Albini. Academicarum annotationum, etc. Leidæ, 1754, vol. x, hb. 1, Voy. pl.r, fig. 1,2,3,4,5. (4) Cap. 1r. De cognitione et distinctione cuticulæ et reticuli, etc. 1. 1, p. 21.—"T. run, fig. 3. (5) Recherches anatomiques sur le système cutané de l’homme, ete. Paris, 1811. in-4 avec fig. | Recherches sur les appareils tèégumentaires des animaux. 335 par un tissu blanc, contigus au derme,admettant une matière qui colore les tégumens; 2° un tissu blanc formant une couche uni- verselle ( couche albide ); 3° les gemmules, petits corps colorés en brun chez les Nègres, et d’un blanc opaque chez Européen. 4° une couche blanche contiguë à la cuticule (couche albide superficielle). Gaultier avait entrevu certaines dispositions ; mais n'ayant pas pu faire ses recherches sur différens animaux, et principalement sur des cétacés, il n'avait pas pu donner à ses observations la rigueur et l’exactitude desirables; de là est résultée la confusion. Ainsi sa première couche est composée des organes de sécrétion de la matière cornée, de la matière colo- _ rante et des vaisseaux sanguins qui servent à ces sécrétions; sa couche albide paraît être l'enveloppe propre des papilles ner- veuses, et peut-être les filets nerveux eux-mêmes, dont ne parle pas Gaultier. Les gemmules ne sont que les couches fournies aux papilles par le corps muqueux réticulaire, et qui lui forment des enveloppes. Enfin la couche blanche, contiguë à la cuticule ou couche albide superficielle, n’est que cette matière muqueuse réticulaire moins colorée que dans les couches profondes. Gaultier aurait pu faire une cinquième couche, ou la couche épidermique, car il la distingue, sans doute à tort, du tissu muqueux aveclequel il y a identité de nature, pour en faire un organe à part, la cuti- cule.On doit reconnaitre ici que Gaultier ne parle pas du système nerveux, que presque tous les anatomistes, et surtout Malpighi et Winslow ont vu dépasser le derme; il ne dit rien sur le mode de terminaison des nerfs, et ne s'explique pas sur leur mode de terminaison à la peau. Le principal organe des sens et le plus généralement répandu, le corps muqueux réticulaire, sui- Mant Gaultier n’a pas d’orifice apparent pour donner passage à des mamelons ou papilles, lesquels, dans le sens que Malpighi les décrit, n’existent pas (1). 1 fait partir du sommet des bour- geons sanguins de petits tubes qui viennent s'ouvrir dans les alvéoles des doigts, et il regarde ces tubes comme des canaux exhalans. Gaultier a encore ici été à côté du vrai; mais s'il a eu (r) Page 22. Il Zoor. — Décembre. CE 338 MM. GC. BRYSCHET ET ROUSSEL DE VAUZÈME. raison d'admettre ces canaux, il s’est trompé en les faisant partir des bourgeons sanguins et en les représentant droits. Le génie observateur de M. Dutrochet se retrouve dans le peu de lignes qu'il a écrites sur la structure de la peau, comme dans tous ses autres ouvrages, et nous devons regretter qu’il n'ait pas entrepris pour tout le systèmecutané cequ'il a faitsur la structure et la génération des plumes (1). La peau des animaux vertébrés offre, suivant M. Dutrochet, de l'extérieur à l’intérieur, les couches suivantes : 1° L'épiderme, 2° les tégumens cornés des papilles, 3° la couche de matière colorée, et les deux dernières couches, quel- quefois séparées, très souvent confondues, et parfois dans un état de mollesse qui ne permet pas de les distinguer l’une de Pautre; elles forment ce qu’on appelle le corps muqueux; 4° la mem- brane épidermique des papilles; 5° la couche papillaire, émi- nemment vasculaire et nerveuse; 6° le derme. Nous n’avons aucune observation bien sérieuse à faire sur cette manière de considérer la structure de la peau ; nous ferons seulement remarquer que M. Dutrochet n’est pas entré assez profondément dans son sujet, parce que, si telle avait été son intention, il aurait certainement découvert les canaux hidro- phores, le mode de terminaison des lymphatiques, la structure des corps papillaires, celle des glandes qui sécrètent la matière cornée et la matière colorante, etc. Il a judicieusement séparé la substance, cornée de la matière colorante, bien qu’elles soient le plus souvent mêlées ensemble. L’enveloppe cornée reçoit ordinairement sa couleur de la matière colorante avec laquelle elle est en contact; mais aussi, dans bien des circonstances, elle reste incolore, sans qu'il soit possible d’en apercevoir la cause. (2) La désignation sous laquelle J. F. Meckel décrit le réseau mu- queux vasculaire démontre déjà qu’il le considère comme com- posé de vaisseaux; et en effet il dit que c'est une substance muqueuse à demi fluide, parsemée d’une innombrable quantité (1) Observations sur la structure et la régénération des plumes, avec des considérations gé—, nérales sur la composition de la peau des animaux vertébrés. Paris, 1819. (2) Dutrochet, p. 344. Recherches sur les appareils téjumentaires des animaux. 330 de vaisseaux capillaires sanguins (1). Nous ne pouvons pas par- tager l'opinion de ce savant anatomiste, sil considère ces vais- seaux Comme appartenant en propre au corps muqueux , et l'ex- pression de réseau muqgueux vasculaire semble le faire croire. CHAPITRE VI. APPAREIL CHROMATOGÈNE, OU ORGANES DE SÉCRÉTION ET D'EXCRÉTION DE LA MATIÈRE COLORANTE. Le réseau muqueux de Malpighi a aussi été désigné comme le siège unique de la matière colorante, laquelle sérait sécrétée par le prétendu réseau vasculaire, et conservée en dépôt semi- diffluent; mais l’analyse du tissu corné et la connaissance de son mode de production, nous permettent de présenter, d’après les faits, une théorie de la coloration de la peau beaucoup plus satisfaisante que celle qui règne dans les écoles. Nous avons remarqué que si la peau est noire ou blanche, le bord libre des écailles est tacheté de noir ou de blanc. Le pédicule de l’écailie et le canevas cellulaire où il s'implante conservent toujours la couleur blanche, ainsi que les parties qui entrent accidentelie- ment dans la composition de Fépiderme, telles que les tiges nerveuses, les tubes sudoriferes, les canaux inhalans. Les écailles sont donc les seuls organes en qui réside le siège de la colo- ration. Naturellement nous avons dù comparer. cette disposi- tion du tissu corné avec les ailes si connues des Lépidoptères , et nous avons trouvé une ressemblance d'autant plus frappante que les ailes sont elles-mêmes une sécrétion épidermique. Les écailles des papillons, colorées, pédiculées, sont implantées sur une espèce de nervure centrale, ce qui nous permet de penser | que le réseau délié auquel adhèrent les écailles de la pean hu- maine est aussi une trame contenant des canaux propres aux écailles ; ce qui est évident sur la baleine. Ayant examiné par curiosité quelques fleurs au microscope , | (x) Manuel d'anatomie générale, descriptive et pathologique, traduit de l'allemand par À, J. L. Jourdan et G, Breschet, t. 1,p. 470, $ 380. | 340 MM. G. BRESCHET FT ROUSSEL DE VAUZÈME. nous vimes que ces tableaux naturels, si riches et si variés, étaient le résultat d'une marqueterie de petits utricules de forme et de couleurs différentes suivant les espèces : ainsi un pétale de rose est composé de petits utricules en pavé, unico- lores; la primevère a des écailles polygonales irrégulières, la vio- lette les a relevées en saillie; la giroflée , imbriquées comme des écailles de poisson , etc. Autant qu'il est permis de comparer le règne animal au végé- tal, nous pouvons dire que le siège et le mode de coloration ont des analogies dans les deux règnes. Il nous paraissait piquant de poursuivre cette comparaison entre la coloration des végétaux, et surtout la coloration des fleurs et les teintes variées des enveloppes tégumentaires des animaux. Déjà nous avions senti qu’il existait quelque analogie entre les canaux hidrophores disposés en spirale et certaines fibres végétales, ce qui nous portait à penser qu’à mesure qu’on descend dans l’organisation animale des tissus les plus sensibles ou les plus vivans, aux tissus de moins en moins organisés, on ar- rive à des TA MUANE de structure qui établissent un point de contact entre les deux grandes sections des êtres organisés, et l'on trouve entre certaines parties de l’animal le plus élevé dans l'échelle zoologique et les végétaux, une analogie comparable à celle qu’on a tant de fois signalée entre les animaux les plus simples et les végétaux. Mais comment s'opère la coloration? 1° Ilest présumable que la forme de l’écaille ou de l’utricule joue un rôle quelconque dans la production de ce phénomène. Le nègre et les cétacés, qui ont la peau noire, auraient-ils une écaille de forme identique (en spatule)? Celle de l’homme euro- péen a la forme d’un trapèze. De plus, nous venons de remar- quer que les petites pièces articulées qui composent les pétales, différent suivant la couleur qu'ils représentent et l’espèce de fleur dont ils font partie. Cette forme a peut-être une action spé- ciale pour décomposer la lumière à la manière d’un prisme. 2° Il ÿy a une autre considération, qui probablement n'est pas étrangère à la création de la couleur, c’est que l’écaille se trouve par son pédicule en communication plus ou moins Recherches sur les appareils tegumentaires des animaux. 341 rapprochée avec son organe sécréteur et alimentée par une vé- ritable circulation de fluide. Cela est évident pour les fleurs dont les utricules contiennent un liquide, et se prouve, chez les animaux, par cette observation, que les cheveux, les poils, etc. se ternissent et changent quand l’animal est malade. Or, dans ce cas, les écailles pourraient être considérées comme des organes agissant d’une manière spéciale sur le fluide qui est en contact avec leur pédicule par le moyen de la trame aréolaire sur laquelle il s'implante. Ces organes auraient la faculté, inhérente à leur tissu, de nuancer les couleurs et d’en assimiler certaines combinaisons qui leur sont propres. Quoi qu'il en soit, les couleurs sont rangées avec art dar de petits compartimens , de manière à produire une véritable illu- sion d'optique. Si on regarde un pétale de primevère rouge, le soir au microscope, éclairé par une lampe, cette fleur ressemble à ces illuminations en verres de diverses couleurs, chaque utri- cule a l'aspect brillant d’un petit godet coloré. En résumé, les fleurs, comme les papillons et les animaux. en. général, doivent les nuances des couleurs dont ils brillent à la forme et à la disposition des paillettes qui ornent leur épiderme. Les plumes du paon, les ailes dorées du colibri, peuvent être considérées comme des fleurs animales, puisque le système dé coloration est le même dans les deux règnes organiques. On ne doit pas dire que la nature a des pinceaux et une palette; elle ne peint pas, elle compose des mosaïques artistement combinées pour produire les plus merveilleux effets. Si, comme nous le présumons, les écailles de Ja peau du nègre diffèrent de celles du blanc, et si la différence de forme en produit une dans la couleur, ce point d'organisation expli- quérait, peut-être, dans les deux races, la dissemblance de co- loration sans avoir besoin de recourir à l'influence si contestée du soleil. Cet astre peut bien basaner plus ou moins la peau, mais il n’a pas la puissance de changer le type primitif des étres; le nègre est noir d’une manière absolue, par la même raison que Européen est blanc. 1 y aurait donc dans les races hymaines des différences dans 342 MM. G. BRESCHET ET ROUSSFL DE VAUZÈME. la forme des écailles comme on en voit dans celles des poissons et des reptiles, circonstance qui n'avait pas encore été indiquée, et qui n’est pas sans intérêt pour le physiologiste comme pour le zoologiste. Mais cet arrangement des petites écailles ne pourrait consti- tuer que des différences de formes, il faudrait toujours admet- tre une matiere colorante particulière, et cest cette matière que nous croyons être sécrétée par le parenchyme glanduleux superficiel dont nous avons donné la description. Au-dessous de cet organe et de ses canaux excréteurs, il n'existe pas de matière colorante. Le derme est blanc ou n’est coloré en dessous que par le réseau vasculaire dont nous avons parlé , et qui ressemble à du tissu érectile. Tous les organes qui naissent du derme ou qui le traversent sont incolores et restent incolores. Mais à partir du second organe de sécrétion avec le- quel communiquent les canaux excréteurs des glandes profon- des, que nous considérons comme sécrétant la matière mu- queuse, on remarque ja production d’une matière colorante, et nous avons plusieurs fois aperçu des globules colorés dans quelques-uns des canaux qui sortent de cet organe glanduleux; canaux qué nous considérons comme des conduits excréteurs de la matière colorante. Il s'opère donc une modification parti- culière de la snbstance muqueuse dans ces corps glanduleux de la couche supérieure par l’adjonction d’une matière colorante, granuleuse, qu’elle soit noire ou cuivrée ou de toute autre cou- leur, ce qui démontre que la matière muqueuse et la substance colorante sont, en principe, deux choses distinctes, quoiqu’elles ne soient jamais isolées l’une de l’autre, lorsqu'elles constituent le tissu corné épidermique. Chez certains animaux, le tissu corné se charge de matière calcaire, se soude, et forme une espèce de prison solide, dans laquelle Panimal est renfermé. Il est facile de concevoir com- ment le mucus corné sous-jacent, développé en couches succes- sives et poussé par l'accroissement du corps, peut occasioner la rupture de l'enveloppe cornée ancienne et se trouver prêt à la remplacer chez l'homme et chez beaucoup d’animaux. La mue a lieu en tout temps au moyen du détritus de lépiderme, qui se | Recherches sur les appareils tégumentaires des animaux. 345 détache, et surtout au printemps, par des exfoliations farineuses. La surface de la peau est sillonnée de lignes affectant des figures géométriques, fixes pour chaque partie du corps et rela- tives aux mouvemens qui doivent s’y opérer : ainsi on les voit formant des cercles concentriques à la pulpe des doigts, si- nueuses dans la paume des mains, en losange au poignet, imbri- quées au pli du bas, etc. Il faudrait observer ces lignes et les éminences qu’elles circonscrivent dans toute la surperficie du corps de l’homme et des autres animaux, en établir linvariabi- lité suivant les parties, et convertir ces observations en lois, de manière qu'une forme et un mouvement étant donnés, on sut, @ priort, la disposition qu'y doit affecter la peau. Cette enveloppe étant moulée en relief sur le derme, on pourrait y lire exactement la situation relative de chaque partie consti- tuante de la peau, et en tirer des conséquences utiles à la phy- siologie humaine et comparée, ainsi qu’à la pathologie. Tous les organes placés à la surface du derme ayant une di- rection oblique, la disposition de tous les épidermes est néces- sairement imbriquée. Il suffit, pour s’en assurer, de considérer l’implantation des poils. On voit, d’après la structure bien connue de l’épiderme, que ce n’est pas une matière inorganique, ou un mucus expulsé mé- caniquement; c'est, au contraire, un tissu d’une organisation assez compliquée , lié aux importantes fonctions de l'exhalation et de l’absorption, par la faculté qu’il a de se laisser pénétrer par les liquides, et cette imbibition ou Æadosmose semblerait étre le premier degré ou le point de départ de l'absorption sur les surfaces cutanées et muqueuses, servant d’enveloppe protectrice au système nerveux et à tout le reste du corps; mais la vie dont il jouit est pourainsi dire végétative. L'absence de nerfs propres le rend insensible; il se colore, exhale et absorbe à la manière des végétaux. Si on a pu dire impunément que l’épiderme était une matière morte, c’est le remettre en honneur que de l’élever au rang des tissus végétaux. En consultant l’histoire de la science relativement à la structure de la peau et particulierement à la nature de l'épi- 544 MM. G. BRESCHET ET ROUSSEL DE VAUZÈME. derme et aux causes de sa coloration, nous voyons une telle divergence d'opinions, des idées si vagues, plutôt spéculatives que déduites de l'observation, qu'il est impossible d’en tirer aucun parti. C’est ainsi que les anciens et principalement Vé- sale (1) ont désigné l’épiderme sous le nom d’efflorescence de la peau : Morgagni le considérant comme la surface extérieure du corps, en fait une iameille comprimée par l'air (2). Suivant Boerhaave il résulte de la réunion des vaisseaux exhalans (35); en- fin Ruysch veut qu'il soit l'efflorescence des papilles nerveuses (4). Ant. de Leeuwenhoek (5) se borne à indiquer la disposition squammeuse de la peau et à parler de la sécrétion plus ou moins abondante qui se fait sous ses écailles, sans chercher à déter- miner la nature de l’épiderme. Considérant le réseau Malpighien comme une liqueur mu- queuse épaissie en forme de membrane, par l'exposition à l’air, c'est par son épaississement , et son durcissement que la même liqueur produit l’'épiderme selon A. Haller (6). Cette opinion a aussiété celle de Garengeot. Meckel l'ancien affirme que la couleur de l’épiderme des négres est cendrée, tirant un peu sur le noir. Quelques auteurs comme Malpighi et Littre, ont avancé qu’il était blanc; Meckel a de la peine à comprendre ce qui a pu leur donner cette idée: car cet épiderme mis dans de lesprit de nitre neblanchit pas, il y devient jaune; cette opinion avait déjà été détruite par les expériences de Ruysch, Albinus, Winslow et Haller (7) qui déclarent tous que l’épiderrne des nègres est cendré, comme il l'est en effet. Néanmoins Santorini(8) et Morgagni(9), d’après (3) De humani corporis fabrice à, liv. 11, cap. 5 (2) Adversar. 11. Animadvers. 3. (3) Instit. rei medieæ, cum comment. Halleri. — Vol. 111. p. 535. (4) Thes. anat. 11 et thes, 1x. N° 39. (5) De Squamis in ore; cute decidente, etc. Arcana naturæ detecta. t. z1. p. 50. — Lugd. Batav. 1720. (6) Ant. Leeuwenhoek, dès l'année 1683, avait décrit cette nature écailleuse de la peau. « In literis meis, datis pridie iduum septembris 1683 , dixi, quo modo cuis nostra squamis sit obsita. » etc, (7) Comment. in instit. Boerhaasii, vol. rxr, p. 555. N. D. (5) Obs. anat, cap. p. 2. (9) Anim, xv, a — Recherches sur les appareils tégumentaires des animaux, 345 une expérience ancienne, et Ruysch (1) lui-même décrivent lépiderme comme noirâtre. Ces savans ont peut-être considéré l’épiderme, lorsque la membrane muqueuse ÿ était encore adhérente. Mais quand on a fait dissoudre cette membrane par une longue macération et qu'on l’a raclée et détachée de l’épiderme, celui-ci manifeste sa couleur cendrée. Il y a done une différence essentielle entre la substance de la peau, celle de l’épiderme, et de la membrane muqueuse; ce que démontre suffisamment la diversité de leur couleur et de leur nature. Peut-on dire avec Leeuwenhoek, que l’épiderme soit d’une structure écailleuse? cet habile homme paraît avoir été trompé par des portions d’épidermes détachées des diverses parties du corps. On ne saurait voir d’écailles à l’'épiderme le plus épais de la plante du pied et de la paume des mains, qui est seulement formé de couches posées les unes sur les autres d’un épiderme durci et pareil à de la corne. (2) J. Fr. Meckel l’ancien prétend aussi que la couleur de l'épi- dérme des nègres, démontre au premier coup-d’œil, qu'il est entièrement distinct de la peau et qu’on ne saurait le prendre pour la surface cutanée durcie, car on voit une peau parfaite- ment blanche, sous la mucosité noire et sous l’épiderme qui est une substance particulière, tout-à-fait différente de la peau. Son insensibilité est une preuve, suivant Meckel, qu’il ne doit pas être pris pour une production des papilles nerveuses, car Vaccroissement d'épaisseur de l’épiderme n’augmente pas sa sensi- bilité. D'ailleurs la couleur des nerfs est blanche chez les nègres comme chez les autres hommes, tandis que leur épiderme est noir, Il n’est pas non plus la réunion de petits vaisseaux exha- Jlans, car c’est un tissu continu, et sans aucune ouverture. (3) J. Fr. Meckel (4) partage l’opinion de son aïeul sur l’insensi- (x) Thes. anat, 11, ap. v. n. 12. (2) Rech. anat, sur la nature de l’épiderme et du réseau qu’on appelle Malpighien, par Meckel. Mém. de l’Acad. roy. des Sciences de Berlin, t. 1x, année 1753. (3) Recherches anatomiques sur la nature de l'épiderme et du réseau de Malpighi. ete. Mém, de l'Académie roy. de Berlin, t, 1x, année 1755. (4) Manuel d'Anatomie générale, descriptive et pathologique par J. F. Meckel, traduit de l'allemand par A. 3. L, Jourdan et G. Breschet, — T, 1, p. 470, $ 380, 381, Paris, 1825. 346 MM. G. BRESCHET ET ROUSSEL DE VAUZÈME. bilité de l’épiderme, et il le regarde comme dépourvu de vais- seaux et de nerfs; il le distingue du réseau muqueux vascu- laire. Sur un négrillon, Camper (1) a reconnu 1° que la peau par elle-même est parfaitement blanche; 2° qu’ensuite vient une seconde membrane appelée tissu réticulaire, et que celle- ci est noire, brune, rouge de cuivre ou jaune. Cette mem- brane est couverte d’une autre couche qui est la sur-peau , que W. Hunter (2) a comparée à un émail ou à un vernis légérement étendu sur le feuillet coloré, et destiné à le con- server. Cette membrane colorée est formée de l’entrelace- ment des vaisseaux capillaires de la peau, et il est facile d’en apercevoir distinctement les fibres à la main et au pied, en sou- levant avec attention l’épiderme après une longue putréfaction de la peau, ou après qu’on l’a fait bien tremper dans de l'eau chaude. On n’y a jamais découvert de vaisseaux sanguins qu'on puisse remplir par injection, quoiqu’on ait prétendu le contraire. Ruysch a nié l'existence de ces vaisseaux et Hunter ne le# a jamais trouvés, quoiqu'il ait vu les fibres dont l’entrelacement forme en courant de Ja peau à l’'épiderme, un réseau qui res- semble à une toile d’araignée, dont il a même donné la figure dans son mémoire (red. observ. and. ing. t. 2. pl. x. fig. x p. 52). Gaultier (3) distingue la cuticule du corps muqueuxréticulaire, auquel elle adhère. Elle est formée de plusieurs couches super- posées. La couche qui correspond aux bourgeons est dense et brunâtre; celle qui correspond aux sillons, résiste moins aux instrumens ; elle est plus blanche. Il ne dit rien de sa nature. G. Prochaska n’a jamais pu faire parvenir de l'injection dans les ongles, les poils et l’épiderme (4), dans la peau il n’a pas non plus pu injecter le corps muqueux de Malpighi, et cela devait être ainsi, puisque ce corps n’est pas vasculaire. (5) (x) OEuvres de Pierre Camper qui ont pour objet l'hist, natur., la physiol. et l’anatom. comparée. T, 11. (2) Med. observ. and inq. t. 2. p. 48. (3) Recherches anatomiques sur le système cutané de l’homme, ete., p. 14. Paris, 12811. (4) In ungues, pilos et epidermidem nunquam injectio penetral, qua de causà nullum ynquam ruborem suscipiunt. (5) Disquisitiones anat. physiol. erganismi. — p. 97. Viennæ, 1812. Recherches sur les appareils téçumentares des animaux. 347 On voit sous l'épiderme, suivant Béclard, des filamens très bien décrits et représentés par W. Hunter qui les regardait comme des vaisseaux de la sueur; ils avaient été notés par Kaau quien avait la même opinion. Bichat et Chaussier les considèrent aussi comme des vaisseaux exhalans et absorbans. Mais on n’est pas encore parvenu à les injecter, et l’inflammation qui rend la peau si vasculaire, ne les colore pas sensiblement. Cruikshank pense que ce ne sont pas des vaisseaux , mais des prolongemens exces- sivement fins de l'épiderme qui tapissent les plus petits pores du derme. Suivant Seiler ce sont des rudimens de follicules sébacés et de bulbes de poils. On a dit que l’épiderme était composé d’écailles imbriquées, mais c'est une apparence trompeuse d’après Béclard : il consiste en une membrane plane et continue. Il est transparent et d’une couleur légèrement grisâtre. Dans les races colorées, il participe à la couleur de la peau, mais il est moins foncé que le corps muqueux. Ni irritable ni sensible, il est de toutes les parties du corps, celle qui est douée de la fofce de formation la plus active, et résulte dela concrétion d'un fluide exhalé à la surface de la peau ; continuellement renou- velé, jamais résorbé, mais détruit à l'extérieur à mesure qu'il est produit à la surface interne. Produit, suivant Béclard d’une exsudation ou excrétion du derme, c’est la surface endurcie du corps muqueux; de sorte que depuis le derme jusqu’à la surface libre de l'épiderme, il y a une dégradation successive d'organisation et de vitalité qui fait de l’épiderme une sorte de vernis, (1) M. de Blainville (2) regarde lépiderme comme une matière cornée, rejetée à la surface de la peau, assez souvent lisse ou formant des amas dans certains endroits, d’où résulte ce qu'on nomme des écailles, etc. Il ne lui accorde ni vaisseaux ni nerfs; produit par une exsudation de matière cornée, il est une sorte d’excrétion. M. de Blainville dit avec grande justesse que l’épiderme ne se reproduit plus lorsque le derme a été dé- truit, Nous donnerons ailleurs la raison de cette particularité. (1) Béclard, p. 280 et suiv. (2) De l'organisation des animaux, ete. 348 MM. G. BRESCHET ET ROUSSEL DE VAUZÈME. Le docteur Mojon (1) soutient que l’épiderme est de nature organique, et qu'il a des propriétés vitales quoiqu’on n'ait jamais pu y découvrir de vaisseaux sanguins, et bien que Ruysch n’ait pu en pénétrer le tissu avec son injection. Cette membrane est le résultat d’une opération organique et nutritive, comme tous les autres tissus. Si l’épiderme était insensible, pourrait-il ab- sorber certains liquides et en repousser d’autres, sans être doué d’une sensibilité élective particulière ? comment sans lui accorder une organisation et une sensibilité, expliquer les diverses alté- rations morbides auxquelles il est sujet, quoique parfois sa sensibilité soit très obtuse; n’en donne-t-il pas des marques non équivoques, dans quelques circonstances de maladie? Il est lié au corps muqueux par de petits filamens cellulaires, par les dernières ramifications des vaisseaux exhalans et par les racines des absorbans. Ces parties entrelacées de mille manières diffé- rentes, et uniespar une matière albumineuse, forment le tissu de l'épiderme dont la face externe est écailleuse. L'importance de l'épiderme est telle que tous les êtres organisés sont pourvus de cette pellicule.(2) Les raisons de M. Mojon sont plus spécieuses que solides, et il n’en est pas une qui puisse résister à un sérieux examen. M. Delle Chiaje (3) fait dériver l’épiderme d’une origine à la- quelle avant lui personne n’avait songé; mais si la pensée peut paraître ingénieuse, les raisons données par le physiologiste napolitain ne sont pas démonstratives et conséquemment peu convainquantes. Notre célèbre naturaliste pense que l’épiderme est formé par l’agglomération des globules du sang privés de fibrine et desséchés. Dans une nouvelle édition de son mémoire sur lépiderme, où M. Delle Chiaje cite notre travail sur la structure de la peau, présenté à l'académie royale des sciences, ce savant donne plus de développemens à son opinion sur la nature de l’épiderne. (x) Osservazieni notomico-fisiologiche sull’epidermide. Genova, 1815. Seconda edizione. Genova, 1820, (2) E tale l'importanza dell’epidermide che tutti gli esseri organici tanto animali, che vege- tabili ne sono dotati, etc. p. 2r. (3) Osservazioni su la struttura dell’ epidermide umana, etc, Napoli, 1825. Recherches sur les appareils tégumentaires des animaux. 39 L'épiderme placé sous la lentille du microscope de Dollond, a paru à M. Delle Chiaje, de même quil avait paru à M. de Humboldt, formé d’une membrane simple continue, avec des traces de porosités, à cause des éminences et des dépressions produites par les papilles. Cette membrane serait composée de mailles plus ou moins rapprochées, de forme à-peu-près orbicu- laire, ou d’une série de petits espaces limités par des filets entre lesquel on observe les globules du sang, qui paraissent comme autant de petites vésicules presque transparentes et jaunâtres, et qui, ayant entre elles beaucoup d’affinité, s’attirent pour for- mer des anneaux, chacun desquels , selon l'opinion de Poli, ré- sulte de la réunion de 5 ou 6 follicules ou vésicules. L’épiderme, à la vérité, n’est pas poreux, mais seulement dans certains points il est plus distendu et plus diaphane à cause des papilles , ce qui pourrait faire croire à l'existence des porosités. Les mailles de l’épiderme sont ordinairement de forme orbiculaire, mais quelquefois aussi trapézoïdes ou carrées : leur circonfé- rence est formée par les filets ou plexus innombrables diverse- ment ramifiés. Voilà la disposition de l’épiderme dans les points où existent les papilles qui le soulèvent, mais il y a quelque diffé- rence de structure dans les autres parties du corps. En effet, une partie de l’épiderme du bras qu’on a enlevée avec la pom- made de tartre stibié, et placée sous la lentille n° 1 du micros- cope de Dollond, s’est présentée composée d’une membrane très mince, diaphane, parsemée de globules sanguins de la circonfé- rence desquels on voyait partir, en forme de rayons, plusieurs filets courts et flexueux. M. Delle Chiaje nie tout-à-fait l’existence de toute espèce d'organes vasculaires dans l’épiderme, les vaisseaux de Hunter et de Boerhaave, les vaisseaux exhalans et absorbans de Bichat et de Chaussier, les prolongemens minces de Cruikshank que Mascagni avait pris pour des vais- seaux lymphatiques. Notre auteur cite, à l'appui de son opinion contre l'existence des vaisseaux sanguins, Haller, Meckel et Panizza. Il a fait des recherches sur l’épiderme qui recouvre la morsure des cousins ou des punaises, de même que sur l’épider- me des enfans affectés de rougeole ou de scarlatine, et il n’a 550 MM. G. BRESCHET ET ROUSSEL DE VAUZÈME. jamais pu y découvrir ni rougeur, ni anastomose des vaisseaux, ni aucune communication avec le réseau de Malpighi ou avec les vaisseaux des papilles cutanées. Ni le scalpel, ni lemicroscope, n’ont jamais pu démontrer l’existence des nerfs dans l’épiderme qui est par conséquent tout-à-fait insensible. Quant aux canaux exhalans et absorbans et aux pores épidermiques, l'observation exacte, suivant Delle Chiaje, en dément l'existence, et proba- blement ces organes ont été confondues avec les espaces que présentent les mailles à travers lesquelles passe la lumière. Ayant examiné l'endroit dans lequel pénètre le poil à travers l’é- piderme, j'ai toujours vu, dit M. Delle Chiaje , une espèce d’en- tonnoir qui démontre que l’épiderme est dans ce point soulevé par le sommet du poil, qui en est recouvert dans toute sa lon gueur. L’épiderme, indépendamment du réseau de Malpighi, doit être considéré comme divisé en deux lames dont lexterne est plus mince que l’interne. La génération de l’épiderme dépend tout-à-fait du réseau de Malpighi : de sorte qu’il peut être con- sidéré comme un produit actif de l’économie animale, formant le premier degré de l’organisation, et ayant, de même que les liquides, les seuls élémens des parties organiques, c’est-à-dire les globules du sang et la substance albumineuse très coagulable qui forme ses mailles. (r) Nous avons déjà vu que dans ces derniers temps, M. le pro- fesseur Rapp avait attribué la production de la matière cornée à des corps qu'il considère comme des canaux excréteurs, et qui pour nous sont des tiges nerveuses. Notre pensée en apercevant pour la première fois ces filamens nombreux situés dans l'épaisseur du corps épider- mique ou tissu corné de la peau des cétacés, fut de les con- sidérer comme des organes sécréteurs; leur apparence gra- nuleuse sous le microscope et les lames successives ou petites vésicules dont ils semblaient être formés, venaient encore for- tifier notre présomption, qui a été partagée par quelques-uns de nos amis qui ont fait le même examen. Mais une dissection plus attentive nous fit connaître que toutes ces petites tiges (1) Opuscoli fisico-medici di G. Delle Chiaje. Napoli 1833, p. 113, — Osserv su la struttura della epiderme umana. Recherches sur les appareils tégumentfaires des animaux. 351 étaient des fourreaux de substance cornée, et que nous avions pris l'enveloppe pour l’organe lui-même. Les tiges renfermées dans ces étuis sont blanches, elles tirent leur origine de l’épais- seur du derme lui-même et s'élèvent à la hauteur de plusieurs lignes dans le tissu corné de la peau de la baleine. On voit des nerfs les pénétrer; elles ne sont percées à leur centre d’au- cun canal, n’offrent aucun pertuis à leur extrémité, paraissent striées dans toute leur longueur et composées d’un faisceau de très petits filamens; enfin elles ne tirent leur origine d’aucun renflement , d’aucun organe glanduleux. Si c’étaient des canaux excréteurs, pourquoi ne se termineraient-ils pas à la face extérieure du derme; pourquoi les verrait-on coiffés d’un capu- chon corné, dense, résistant? Cette première enveloppe, la plus immédiate, devrait être la plus molle, diffluente, et c’est ce qui n'existe pas. Si l’excrétion du corps muqueux ou matière cornée liquide, se faisait par l'extrémité de ces tiges, le tissu corné ne sérait pas d'autant plus dur qu’il s'éloigne davantage du derme pour se rapprocher du dernier feuillet épidermi- que. Ces tiges sont-elles des poils avortés? Nous avons déjà dit que les poils ont toujours une bulbe ou une extrémité dermique renflée, espèce d’organe de sécrétion, ce qu’on ne voit pas à l’origine de ces tiges. D'ailleurs, dans l’homme et les animaux, on voit à côté d'elles les poils avec leurs bulbes, et leur dispo- sition est bien différente. Ce qui paraîtrait donner quelque force à l'opinion que ces tiges sont des poils avortés, c’est qu’on les trouve au maximum de leur développement chez les cétacés, dont la peau est presque glabre , ainsi que sous le sabot des so- lipèdes et des ruminans , et ne peut-on pas comparer cette peau des cétacés à l'enveloppe cornée très épaisse de l'extrémité des membres des herbivores? analogie déjà indiquée par Steller(r), comme nous l’avons déjà dit : « Au lieu d’épiderme, le Lamantin du nord porte une espèce d’écorce ou de croûte épaisse d’un pouce, composée de fibres ou de tubes serrés, perpendiculaires (1) Acad, petropol, novi commentarii, t. 11, p. 294, etc, Voyez aussi G. Cuvier, ossemens fossiles, t. v, p. 1, art. 1v, p.256, 352 MM. G. BRESCHET ET ROUSSEL DE VAUZÈME. à la peau. Cette écorce singulière est si dure que l'acier peut à peine l’entamer, et quand on est parvenu à la couper, elle ressemble à l’ébène par son tissu compacte aussi bien que par sa couleur. Ces fibres s’implantent dans la véritable peau par autant de petits bulbes, en sorte que lorsqu'on arrache l'écorce, la surface qui tenait à la peau est toute chagrinée, et celle de la peau elle-même est réticulée par autant de fossettes que l'écorce offre de tubercules. La surface extérieure de l’écorce est inégale, raboteuse, fendillée, et ne porte aucun poil, comme il était aisé de s’y attendre; car on conçoit que les fibres qui la composent ne sont que des poils soudés ensemble pour former une espèce de cuirasse. On peut dire en un mot que cet animal est com- plètement armé d’une substance semblable à celle des sabots du cheval ou du bœuf, ou de la semelle de l’éléphant et du chameau, armure qu’on voit aussi dans la grande baleine, etc. » C’est cette idée de Steller qui a, plus tard, été reproduite, déve- loppée et généralisée. Nous nous bornerons à dire que les bulbes dont parle Steller n'existent pas, que la peau des cétacés n’est pas entièrement dépourvue de poils, car il en existe sur la tête, près des évents et{quelques-uns vers les lèvres, et que ces poils sont tout différens des tiges cachées dans l’épaisseur de la sub- stance cornée de la peau. Dira-t-on aussi que sur la langue du bœuf et de beaucoup d’autres animaux, où ces tiges se voient également, où elles se continuent avec les nerfs, et où elles sont, vers leur extrémité, bien recouvertes par des couches cornées plus ou moins épaisses,suivant que ces papilles sont des- tinées à servir au {act ou au goût, dira-t-on que ces tiges ne sont là encore que des poils avortés, parce que la langue est glabre comme la peau des cétacés? Dira-t-on que sur les membranes muqueuses où il n’y a pas de poils non plus, toute la matière muqueuse n’est formée que par des poils avortés? Car, avec un esprit peu rigoureux, si l’on donne carrière aux analogies, où bor- neront-elles leurs courses vagabondes! Mais ue pourra-t-on pas dire encore : Si ces tiges sont de véritables nerfs produisant les papilles, à quoi peuvent-elles servir dans l'épaisseur du tissu corné de la peau des cétacés et sous le sabot des solipèdes, des ruminans, etc.? Nous répondrons à cette objection que la re- —— Recherches sur les appareils tégumeniaires des animaux. 353 cherche des causes finales dans l’étude des sciences à tou- jours été considérée comme une méthode mauvaise et peu philosophique. Constatons d’abord les faits, nous verrons en- suite à les expliquer. Mais s’il fallait absolument donner une explication, ne pourrions-nous pas dire queles cétacés dépourvus a-peu-près de membres, leurs levres étant garnies de fanons, ces animaux ne possédent pour pouvoir juger de la présence des corps et des différences de température des milieux dans lesquels ils sont plongés, que la surface cutanée générale? 11 leur fallait une enveloppe cornée, solide, unie à un corps gras, huileux, qu'on trouve abondamment sous le derme, pour pouvoir résister à l’action du liquide dans lequel ils sont plongés, et qui sans cette disposition, produirait une espèce de macération ou de prompte altération de la peau , comme on le voit sur la surface de notre corps lorsque nous sommes restés pendant quelques heures dans un bain. Mais avec une cuirasse aussi résistante, il convenait de multiplier les papilles, de leur donner un plus grand développement, plus de longueur, pour douer cette peau d’une sensibilité dont la matière cornée n’était pas suscep- tible. Quant aux papilles si nombreuses sous les sabots des herbivores, à laplante du pied des carnassiers,des plantigrades;etc., n'est-ce pas aussi vers ces parties que sur tous les animaux l'appareil nerveux a le plus grand développement? Chez l’homme, la paume de la main, la plante du pied, la pulpe des doigts, n'offent-elles pas un appareil de sensibilité tactile plus parfait que partout ailleurs ? Pour dernières raisons, nous dirons que malgré tous nos soins nous n'avons pu reconnaitre dans ces tiges blanches de la peau des cétacés des canaux excréteurs, comme l’a soupçonné M. Rapp, qui a peut-être confondu les enveloppes cornées des papilles avec les tiges elles-mêmes. Notre ami M. M. E. Lauth(1}, dont on connaît la rare habileté anatomique, n’a pas été plus heureux que nous pour distinguer des canaux excréteurs dans ces filamens. Enfin, une raison que nous considérons comme péremptoire - (x) Correspondance particulière, | 1. Zoo. — Décembre, 23 354 MM. G. BRESCHET ET ROUSSEL DE VAUZÈME. c'est que nous avons trouvé d’autres organes pour la sécrétion de la matière muqueuse ou cornée, que cet appareil est complet, et qu’il a pour annexe un autre petit appareil chargé de fournir la matière colorante. Maintenant si nous faisons un semblable examen historique sur l’état de la science relativement à la matière colorante de la peau, considérée sous le rapport de sa nature et de son mode de production, nous voyons que les idées ne sont pas plus arrêtées que sur la nature de l’épiderme. Aristote (1) dit que la couleur noire des Maures ne doit être attribuée qu’à l’ardeur du soleil (2), Galien soutient, dans son livre de la nature, que cette idée ingénieuse est vraisemblable. Pline rapporte, d’après l’autorité d’autres écrivains , qu'il y avait en Thessalie un fleuve dont les eaux teignaient en noir la peau des hommes et des animaux et faisait crêper les cheveux. Ce sont là de véritables fables. Santorini pense que la matière colorante de la peau est sé- crétée par le foie, et, dans les maladies, il croit trouver un rap- port de coloration entre la teinte de la peau et celle du foie ou de la bile sécrétée par cette glande. Chezles Éthiopiens la peau (le derme)est blanche, la cuticulenoire,maisle corps réticulaireest en- core bien ti que l’épiderme(3). Quoique le réseau muqueux appartienne à la cuticule, suivant Albinus, cependant il croit ces deux parties distinctes par leur épaisseur, leur densité, leur co- loration, non-seulement dans la race nègre, mais encore dans la race blanche, et il place la matière colorante dans le réseau mu- queux(4). Il parait, selon Camper(5), que la température du climat que l’homme habite est cause de la couleur de son teint; maisil | dut se passer plusieurs siècles avant qu’une race d'hommes blancs, transpor tée sous la zone torride, devint Parents noire, ainsi que l’a fort bien remarqué Buffon. Ce n’est donc rien prouver que de dire que la peau des Européens ne prend pas (r) Sect. x, 6 65. (2) Camper, p. 459, t. 1. (3) Observationes anatomicæ, Jo. Domin. Santorini. — Cap. 1. $ r, 11. in-4°. Lugduni Batavor. 1739. (4) Acad. annotat. Lib. x, c. 11 et dissert, de sede et causs, color. Æhiop. icon. B. D. (5) OEuvres de Pierre Camper, t. 11. Recherches sur les appareils tégumentaires des animaux. 355 une teinte parfaitement noire, même en restant pendant fort long-temps dans les Indes Orientales ou Occidentales. Il y a trop peu de temps que nos colonies dans les pays chauds existent, pour juger de l'effet que doit produire, à cet égard, le séjour des Européens dans ces contrées. Selon Camper, il est probable que nos neveux y deviendront parfaitement noirs, s'ils continuent à y habiter consécutivement pendant plusieurs siècles; comme il est à croire que les nègres d’Angola deviendraient également blancs s'ils demeuraient sans interruption en Europe pendant le même espace de temps. Une comparaison prise parmi les ani- maux peut, suivant notre auteur, aider à éclaircir ce fait. Pen- dant l'été, les lièvres sont gris en Suède et en Russie, et d’un blanc de neige pendant l'hiver, ainsi que Linnæus (1) l'a re- marqué. Gaultier reconnait que le fluide colorant de la peau, a comme les autres fluides, une source, une existence intérieure, mais il n'indique pas où est cette source. Malpighi a bien dit que le siège de la matière colorante des Éthiopiens est dans le corps muqueux réticulaire, Eu < ce n’est pas là que se forme ce pig- ment ; le corps muqueux n’est qu’un lieu de dépôt. Gaultier va plus loin en déclarant que la sécrétion s'opère dans de petits appareils d'organes communs à toutes les variétés de l'espèce humaine. Puisqu’il parle de ces organes, pourquoi ne les decrit- il pas et n’en'assigne-t-il pas le siège ? Ces organes colorans sont, sur la peau, associés à ceux des poils et des fluides sébacés. Il aurait été plus exact de dire qu'ils four- nissent de la matière colorante aux poils, parce que ces poils se ‘revêtent d’un surtout de substance muqueuse épidermique et que partout la matière colorante est versée dans le corps mu- queux. Nous prouverons ailleurs que cette matière colorante n'a pas de rapports ou que de très éloignés avec le fluide sébacé. Gaultier a vu un nègre, sur la peau duquel on avait ap- pliqué un vésicatoire , que la surface de la plaie était rouge sans pigmentum, et que le lendemain un petit point noir se mani- (1) Fauna Suecica, p. 8 23. 356 MN. G. BRESCHEE ET ROUSSEL DE VAUZÈME. festa autour de chacune des ouvertures qui donnent passage au poil. Cette observation a fait penser que c’est par l'ouverture du derme, qui livre passage aux poils, que l’excrétion du pigmen- tum s'opère. Nous avons dit, dans notre partie descriptive, que l'appareil sécréteur de la matière colorante correspond à la couche ex- terne du derme, laquelle couche est formée par un lacis de vais- seaux sanguins; qu'au-dessus se trouvent le corps muqueux for- mant l’'épiderme; et que ce lacis vasculaire,de même queles petites glandes chrormatogènes , laissent passer à travers leur tissu, ou à côté d’elles, les corps papillaires. Une irritation vive par un épispastique dénature le corps mu- queux , l'enlève, met à nu le lacis vasculaire surmontant le derme, et de là résulte la manifestation de la teinte rouge. Mais à mesure que l’irritation s’apaise, le corps muqueux est de nou- veau sécrétée, et bientôt la matière colorante vient se mêler à cette substance cornée diffluente. (r) Suivant Béclard, le corps muqueux est une couche très mince de tissu cellulaire à demi liquide, qui revêt la surface pa- pillaire du derme, la sépare de l’épiderme, adhère intimement à l'une età l’autre, et devient le siège de la coloration. Cette couche a l'apparence d’un réseau , mais n’est point percée. Ceux qui n’ont admis que deux membranes à la peau, l’ont regardée comme la partie profonde de l'épiderme; ce corps muqueux paraît consis- ter en un liquide plastique ou un tissu cellulaire à demi orga- nisé. Le sang et les injections n’y montrent point de vaisseaux; des liquides y pénètrent pourtant; mais ils semblent y être contenus dans des interstices particuliers; on n’y aperçoit pas de nerfs non plus, et c’est par une pure allégation que Gall l’assimile à la substance grise du cerveau. Cette membrane forme un vernis humide qui revêt la surface papillaire et vascu- laire du derme ; elle est le siège de la couleur, et celui des pro- ductions cornées, écailleuses, etc.; dans quelques cas elle paraît être composée de plusieurs couches superposées (2). Le pigment (x) Gaultier, Recherches anatomiques sur le syst; cutané de l'homme, etc, Paris, 1811. (2) Béclard, Anat, gén. p. 2 75. 3or. Recherches sur les appareils tégumentaires des animaux. 357 de la peau a donc son siège principal dans le corps muqueux , et souvent dans sa couche moyenne; mais les surfaces externe du derme, et interne de l’épiderme surtout , y participent aussi un peu. Les anatomistes antérieurs à Malpighi, et quelques-uns depuis lui, en placent le siège entre ces deux membranes, sur- tout dans la dernière. La matière colorante existe dans les hommes de toutes les races, excepté les Albinos; cependant ce n'est guère que dans les Nègres qu’on peut la voir bien distinc- tement du reste de la peau. Malpighi avait seulement annoncé que la couleur de la peau avait son siège dans le réseau muqueux. Littre avait essayé, mais en vain, d'obtenir la matière colorante séparée, en soumettant la peau du Nègre à la macération pour gonfler le corps muqueux, et isoler ainsi l'épiderme du derme. Gaultier a assigné pour siège spécial, à la matière colorante, la couche moyenne du corps muqueux, qu'il décrit sous le nom de gemmules. I semble plutôt que le pigment résulte de globules colorés disséminés dans le corps muqueux. La matière colorante de la peau est très analogue à celle du sang; elle paraît être sé- crétée de cette humeur, et passer des vaisseaux de la surface du derme dans le corps muqueux, où elle est dans une sorte d’imbi- bition. Divers phénomènes morbides portent à croire qu’elle y est sans cesse renouvelée par une déposition et une résorption continuelles. Les observations chimiques de Davy, de Coli et autres, ont démontré ce que Blumenbach avait avancé depuis long-temps, que le pigment de la peau est principalement formé de carbone. (1} < M. de Blainville (2) considère le pigmentum comme une des principales parties constituantes de la peau. Placé au-dessus du réseau vasculaire, ce pigment forme une couche presque dif- fluente, composée de grains agglutinés les uns aux autres, sans continuité organique entre eux; C’est une sorte de membrane artificielle qui est exhalée par les parois mêmes des vaisseaux veineux. Ce que dit ici M. de Blainville est bien supérieur à tout ce qu’avaient avancé ses prédécesseurs, seulement il accorde aux (x) Béclard, Anatomie générale, p. 277. (2) De l'organisation des auimaux où principes d'anatomie comparée, T. r, p. 34. Pa- vis 1822 . 358 MM. G. BRESCHET ET ROUSSEL DE VAUZÈME. veines une fonction de sécrétion qui est possible, mais qui n’est pas démontrée, M. de Blainville a été bien près de ce que nous considérons comme étant la vérité, car c’est dans ce plexus vasculaire que nous plaçons les organes glanduleux chargés de séparer la matière colorante. Notre opinion diffère donc très peu de celle du savant que nous venons de citer, seulement nous attribuons la production du pigmentum à des organes spe- ciaux de sécrétion, situés au-dessus du derme ou près de sa face extérieure. L'opinion de MM. G. Cuvier et Ch. Valencienne vient cor- roborer la nôtre sur le mode de production, le siège et la dispo- sition organique de la matière colorante. Ils attribuent au derme de sécréter, sous les écailles, cette matière d’un éclat métallique argenté, qui rend tant de poissons si brillans; elle se compose de petites lames polies comme de l'argent bruni, qui se laissent enlever par le lavage, soit de la peau , soit de l’écaille dont elles vernssent la face inférieure; il se sécrète aussi de cette matière chez beaucoup de poissons, dans l’épaisseur du péritoine et des enveloppes que le péritoine fournit à certains viscères, particu- lièrement à la vessie natatoire. (1) PATHOLOGIE. Cette partie importante, que nous n'avons pas eu le temps d'étudier suffisamment, devra compléter l’histoire de la peau, et nos hôpitaux nous fourniront de nombreuses occasions pour ces recherches. Nous avons dit qu'au-delà du derme dans l'épaisseur du tissu corné, il n’y a point de réseau vasculaire sanguin; ce qui le prouve, c'est que dans les ampoules des vésicatoires , qui soulèvent tout le tissu corné, on ne trouve qu’une sérosité albumineuse produite par la rupture des vaisseaux lymphatiques, des canaux sudori- fères et des canaux excréteurs du mucus; nous pensons que les cantharides agissant sur les organes sécréteurs de la peau d’une (x) Hist. natur, des poissons. Liv, 2°, chap. 6, p. 483. Recherches sur les appareils tégumentaires des arimaux. 359 manière spéciale, analogue à celle qu’elles opèrent sur les voies urinaires , en activant la sécrétion au point d’occasioner la rupture des vaisseaux, mais elles ne produisent aucun effet sur l'épiderme ; elles attirent le sang dans le canevas érectile du derme, qui s’en débarrasse par une sécrétion abondante. La rougeur de la peau dans l’inflammation ordinaire est Île résultat de la transparence du tissu corné. En effet, on ne la voit rougir que dans les parties où ce tissu est fort mince; l’'in- flammation ne colore jamais en rouge les couches épaisses de la plante des pieds, ni les callosités accidentelles, si ce n’est par ecchymose ou extravasation du sang. D’après la structure connue de la peau, il est certain que le derme ne reste étranger àaucune maladie cutanée, quelque légère qu'elle soit, et que tous les organes dont il se compose peuvent être affectés isolément, c'est-à-dire que l’un d’eux prédomine tou- Jours dans le développement dessymptômes. Ainsi les desquam- mations furfuracées des exanthèmes et les diverses espèces d’ich- thioses pourraient être envisagées comme ayant principalement leur siège dans les organes sécréteurs de la matière cornée, car l'épiderme se détache écailles par écailles ou quelquefois par plaques; parce qu’un nombre plus ou moins considérable d’é- cailles est agglutiné par le dessèchement de la matière. Les affections de la matière cornée proprement dite doivent présenter des formes squammeuses différentes, suivant les di- verses parties où elles établissent leur siège, sans pour cela changer de nature; car la forme et les usages de certaines ré- gions du corps déterminent dans l’arrangement des écailles, dans la disposition des lignes, etc., des modifications pour ainsi dire locales, qui n’influent en rien sur la nature des organes sécré- teurs et du produit sécrété. Dans la dartre squammeuse humide du docteur Alibert, on voit une sécrétion plus abondante de la matière cornée qui conserve son caractère diffluent, son appa- rence muqueuse, qui parfois devient puriforme. C’est cette : matière qui, condensée, constitue les larges squammes appar- tenant à une période de cette maladie, dont le siège semblerait être dans les corps glanduleux sécrétant la matière muqueuse qui plus tard devient la matière cornée, 36 MM. G. BRÉSCHET ET ROUSSEL DE VAUZÈME. Il faudrait donc, avant d'examiner une affection cutanée cir- conscrite, connaître parfaitement la structure de la peau saine en cet endroit même, afin de découvrir, s’il est possible, au mi- lieu du détritus des croûtes, l'organe principalement affecté. Nous avons trouvé, dans nos recherches, des canaux sudori- feres dont l’orifice extérieur était élargi et corrodé; nous avons vu les organes glanduleux situés dans le derme, endurcis etcomme squirrheux. Les canaux inhalans doivent présenter aussi dessymp- tômes propres aux maladies lymphatiques. Le derme est-il en- vahi en partie ou en totalité, alors sans doute on doit voir se développer des ulcères d’un aspect plus ou moins repous- sant, .etc...etc., etc. Si on parvenait à localiser les maladies de la peau, et nous en concevons la possibilité, c’est-à-dire si l’on pouvait, prenant pour guide l'anatomie, indiquer le siège de chaque maladie cu- tanée, ce serait un véritable progrès pour la médecine et pour l'anatomie pathologique. Dans les plaies superficielles, la pellicule cicatrisante marche presque toujours de la circonférence au centre, et les bourgeons dits charnus sont insensibles à la cautérisation. En voyant com- ment l’épiderme s’avance progressivement sur le test d’un coro- nule implanté dans la peau d’une baleine, on peut se faire une idée de la manière dont marche la cicatrice, de la circonférence vers le centre de la plaie, lorsqu'elle trouve un point d'appui sur les bourgeons cornés qui s'organisent avec elle, Cette cicatrice part de tous les points des couches les plus inférieures de l’épi- derme voisin, en se rapprochant; à ces couches s’en ajoutent suc- cessivement d’autres, jusqu’à ce que la pellicule nouvelle ait atteint le niveau de l’épiderme environnant. Les bourgeons dits sanguins sont insensibles parce qu'ils appartiennent à la matière muqueuse épidermique. Dans les plaies avec perte de substance, lorsque le derme est détruit, on voit néanmoins se former une cicatrice aux seuls dépens du tssu corné environnant resté in- tact. Aussitôt que la pellicule cicatrisante peut trouver un point d'appui sur les bourgeons vasculaires qui remplissent le fond de la plaie, ou même sur une surface esseuse, elle s'étend d'un bord à l'autre par le même procédé que l'épiderme qui Recherches sur les appareils tégumentaires des animaux. 361 couvre les écailles de tortue ou les coquilles de mollusques : c'est ce qui constitue les cicatrices de mauvaise nature et faciles à déchirer. L’albinisme , les taches blanches de la peau, les colorations différentes du pélage, du plumage, et les changemens de teinte de toutes ces parties par l'effet de la mue, des maladies ou de l’âge, ont beaucoup embarrassé les physiologistes. Comment les poils deviennent-ils blancs dans le lieu où il y a eu une plaie? pourquoi une plume a-t-elle des teintes différentes dans telle ou telle partie de son étendue? pourquoi le piquant du porc-épic a-t-1l alternativement des zones blanches et des zones brunes ou noires? pourquoi la fourrure de beaucoup de mammifères car- nassiers, ruminans, solipèdes, etc., a-t-elle une coloration diffé- rente dans les diverses parties du corps? etc., etc. La connaissance de l'appareil sécréteur du pigment, et la situa- tion de cet appareil, donne la raison de tous ces phénomènes. La sécrétion peut dès l’origine ne pas se faire, et cette circon- stance est un véritable arrêt de développement ; alors il y a Æbi- nisme. On sait que chez le fœtus la coloration n'existe pas encore, et qu’elle appartient aux dernières phases de la vie intra-utérine. Dans la race nègre, cette sécrétion du pigment cutané ne se fait qu'après la naissance. Le pigment de la choroïde n’existe pas non plus, et les yeux du fœtus sont alors rouges comme ceux d’un Albinos. Cette sécrétion est-elle peu abondante, les yeux, de roses qu'ils étaient, deviennent bleus, et les poils et les cheveux sont blonds; la sécrétion est-elle plus abondante, les yeux sont plus colorés, et la peau, ainsi que le système pileux, prennent une teinte plus foncée. L'âge, les passions, l’état de gestation, les maladies peuvent diminuer, suspendre etc. cette sécrétion ou la rendre plus abondante dans telle ou telle par- tie, De même, et par une disposition originelle, telle ou telle partie de la surface des tégamens extérieurs peut sécréter plus ou moins de ce pigment, lequel peut varier dans ses teintes. Cette sécrétion peut être intermittente, ce qui explique les zones des piquans du porc-épic, ou bien si dans les plaies et les ulcères les organes sécréteurs ont été détruits, les poils qui _ reviennent restent blancs, parce que le poil nait d'une couche 362 MM. G. BRESCHÉT ET ROUSSEL DE VAUZÈME. bien plus profonde que celle qui fournit le pigment, et l’on sait que la partie qui avoisine le bulbe n’est jamais colorée. La reproduction du tissu corné se fait de dedans en dehors. Si on coupe une plume de l'aile d’un oiseau, elle repousse, mais conserve toujours son extrémité tronquée; si au contraire la plume tombe, il s’en développe une autre, complète dans toutes ses parties; c’est pourquoi, lorsque les écrevisses ont perdu un fragment de patte , on dit qu’elles s’arrachent le moi- gnon restant afin qu'il en repousse une entière, C’est ainsi que sont renouvelés les cornes, les sabots, les ongles, etc. Delle Chiaje a considéré les écailles de la peau comme des globules de sang desséché : cela peut être; mais ces globules ont passé par un organe qui les a façonnés et mis en place, après leur avoir donné un pédicule et imprimé une couleur. Si nous ne sommes pas dans l'erreur, l'anatomie du système cu- tané vient d’être refaite en entier par nous : le derme exploré avec une rigoureuse etpersévérante attention, nousa montré en grande partie son organisation, nous y avons découvert des organes jus- qu'alors inaperçus ; nous y avons vu la marche et la terminaison des nerfs; la fin ou le commencement des vaisseaux sanguins; les organes sécréteurs de la sueur ; l'origine des vaisseaux inhalans; nousavons étudié la nature et le développement d’une matière d’abord muqueuse, devenant ensuite une matière cornée; nous avons démontré la perméabilité de l’épiderme, et donné une nou- velle explication des couleurs naturelles des animaux. Il faudrait, pour compléter ce travail, étudier les parties accessoires de la peau (cryptes et phanères); examiner les membranes muqueuses et approfondir une infinité de questions qui n’ont été qu’ébau- chées : ce sujet est immense. Il yaurait de plus une nomenclature à faire, et nous avons essayé de la créer, sans tenir beaucoup à son adoption. Condillac a eu raison en disant qu’une science doit se réduire à unelangue bien faite, mais pour composer cette langue, il faut supposer que cette science est arrivée à sa dernière per- fection, et ici nous ne faisons que des études, nous ne donnons qu'un aperçu de nos premières recherches; les mots que nous : Recherches sur les appareils tègumentaires des animaux. 363 avons créés ne doivent donc servir qu’à nous faire mieux com- prendre et à éviter l’ennui des périphrases. La peau, considérée dans son ensemble, forme un tout comme enveloppe générale du corps (membrane tégumentaire); elle n’est pas un organe, mais bien une série d'appareils, parce qu’elle renferme une multitude d'organes dont les actions sont distinctes les unes des autres. Cette circonstance de fonctions diverses doit lui faire refuser le titre d'appareil simple, parce que les organes qu’elle contient ne tendent pas tous à l’accomplissement de la même fonction ; mais il ne faut peut-être pas pousser si loin la ri- gueur scolastique. Disons cependant que c’est une chose remar- quable en anatomie que tant d'organes divers, et pour ainsi dire étrangers les uns aux autres, soient rassemblés dans le même tissu, le derme,modification particulière des tissus fibreux ou albuginés. Cette modification n'appartient qu'à la peau, dans laquelle on pourrait ainsi ne voir qu’un tissu proprement dit, renfermant une partie des appareils sensitif, circulatoire, sécrétoire et ab- sorbant. Pour résumer tout ce que nous avons exposé dans cet essai, qui n’est qu’une ébauche de nos premières recherches(1r); nous disons que l'enveloppe tégumentaire extérieure, considérée dans les animaux vertébrés, nous a représenté : 1. Un premier organe formant la trame et la base de toutes les autres parties : le der- me ; 2. Des organes de sensibilité, appareil révrothèle (corps papillaires ); 3. Des organes d'exhalation, 1° appareil diapnogène , (canaux sudorifères ou hidrophores) ; Parties’"essentielles et constantes. 4. Des organes d'inhalation (vaisseaux inhalans ou absorbans) ; 5. Des organes producteurs de la matière cornée (appareil Zlennogène ) ; 6. Des organes producteurs de la matière co- loraute (apparal chromatogène ). (1) Nous sommes les premiers à sentir et à reconnaitre que ce travail est encore fort impar- 364 MM. G. BRESCHET ET ROUSSEL DE VAUZÈME. 2° f{ x. Poils, cheveux, crins, soies, laine, ele ; 2. Piquans, cornes, écailles, plumes , ongles, à Parties accessoires sabots, etc. ; (Phanères et Cryptes de M. de Blainville. (x) | 3. Follicules muqueux, adipeux, sébacés, elc. CONCLUSIONS. Il résulte de toutes ces recherches, par lesquelles nous avons essayé d'aborder quelques-unes des questions les plus difficiles de l’anatomie et de la physiologie, que nous avons confirmé des prévisions ou des premiers faits déjà signalés par d’autres observateurs, et que nous avons donné la solution de plusieurs questions touchant des points sur lesquels la science n’offrait que des hypothèses. Ainsi nous avons vu que : 1° Il existe réellement un appareil d'exhalation composé de canaux hidrophores ou sudorifères disposés en spirale, ou- verts à la surface de la peau par une de leurs extrémités, et correspondans par l’autre extrémité au derme , dans un corps parenchymateux ou glanduleux (appareil diapnogène ). 20 Les canaux inhalans sont situés dans le corps muqueux constituant les couches épidermiques; que ces canaux absor- bans paraissent être dépourvus d’orifices à leur extrémité; 3° Le milieu, dans lequel ces canaux absorbans se répandent, est au-dessus de la surface externe du derme; fait. Cependant il a exigé de nous de nombreux essais, beaucoup de temps et de patience. Mais pour le rendre tel que nous l’aurions desiré, il nous aurait fallu plusieurs années. Sachant que d’autres personnes s'occupent du même genre de recherches, nous avons cru devoir prendre date pour ce que nous avions déjà vu et constaté. Cette communication ne nous empêchera pas de continuer nos études, et nous pourrons profiter des critiques et des conseils des savans, car notre but est de découvrir la vérité. (x) Notre second mémoire sera consacré à la description de ces parties accessoires, et dans un troisième nous traiterons de la structure des membranes muqueuses, structure jusqu'ici trop peu étudiée et très peu connue; nous terminerons enfin ce travail anatomique par des considérations physiolugiques, déduites de nos expériences, sur les fonctions de la peau et | des membranes muqueuses. Recherches sur les appareils tégumentaires des animaux. 365 4° La matière muqueuse qui, en se durcissant, forme les _ diverses couches épidermiques, est produite par un appareil particulier composé d’un organe principal, comparable à une glande, correspondant, à la partie la plus profonde du derme, et d’un canal excréteur (appareil Blennogène ). 5° L’épiderme ou tissu corné résultant de cette sécrétion et de son mélange avec la matière colorante, est traversé par les canaux sudorifères, les canaux inhalans, les papilles nerveuses, etc. Les deux derniers ne s'ouvrent pas au dehors. 6° Un second appareil, situé vers la superficie du derme, est chargé de la sécrétion de la matière colorante ou pigment (appareil Chromatogène). Cet appareil se compose aussi de glandules et de petits canaux excréteurs ; 7° La matière sécrétée par cet appareil va se mêler à la ma- tiére cornée diffluente ou corps muqueux de Malpighi, ainsi qu’à ses dépendances pour les coiorer. 6 8° L'épiderme résultant de la sécrétion de la matière mu- queuse, et de son mélange au pigment ou matière colorante, est disposé par couches successives. De cette disposition résultent les écailles de la couche superficielle ou épiderme de beau- coup d'auteurs. 9° L'appareil de la sensibilité se compose à la peau de pa- pilles ou éminences conoïdes formées essentiellement par les extrémités nerveuses, enveloppées par des couches épidermi- ques, et les filets nerveux parvenant sous ces gaines nou- velles, se dépouillent de leur névrilème, et finissent en s’anas- tomosant entre eux pour former des arcades. 10° Dans ces papilles pénètre un petit vaisseau sanguin, bien inférieur par son volume aux filets nerveux qui sont très ap- parens. 11° Les filets nerveux, quoique se séparant du névrilème pour pénétrer sous les gaines épidermiques, conservent une | membrane propre. | 12° Le derme est une trame fibreuse et vasculaire, dans la- quelle sont contenus les organes de sécrétion et le commen- , cement de leurs canaux excréteurs, l’origine des canaux exha- | Vans et beaucoup de vaisseaux lymphatiques et sanguins. Ces 366 MM. G. BRESCHET ET ROUSSEL DE VAUZEME. derniers correspondent principalement aux deux faces de ce derme, surtout à la face interne, et forment là des réseaux nombreux, une sorte de tissu érectile. Les vaisseaux san- guins ne pénètrent pas dans le corps muqueux ou substance cornée, et au-delà du derme, on ne voit de vaisseaux san- guins que dans les papilles, encore sont-ils très déliés, en petit nombre et difficiles à distinguer; mais on aperçoit, à l’aide de l'injection et de verres grossissans, des vaisseaux lymphatiques à la face externe du derme, dans les premières couches du corps muqueux et sur les contours des papilles, disposés en ré- seaux dont les mailles sont plus ou moins serrées, sans qu'on puisse leur reconnaître d’orifices de terminaison. EXPLICATION DES FIGURES. PLANCHE O. Fig. 1. indique le procédé le plus avantageux pour étudier la peau, Un scalpel bien affilé en détache un feuillet le plus mince possible. Fig. 2. Pied d'homme vu par-dessous (1). 4. face externe de l’épiderme au talon ; 2. lignes saillantes papillaires que séparent des fissures transversales (c) au milieu desquelles sé trouve un pore sudatoire ou orifice extérieur d’un canal hidrephore; d. sillons parallèles aux lignes saillantes; E, face intérieure de l'épiderme , moulée sur le derme: et soulevée; f. série de trous qui reçoivent les papilles ; g. petite cloison interpapillaire, ou saillie de la matière cornée interposée entre deux papilles bifides et percée de trous pour le passage des canaux sudorifères dont on voit quelques-uns (4), sous forme de fils, pénétrer dans les infundibulum du derme; i. grande cloison, plus en relief que la précédente, reçue dans les sillons du derme. J, face extérieure du derme ; . lignes saillantes hérissées de papilles, le plus souvent deux à deux, et entre lesquelles on aperçoit des ouvertures (/) par où sortent les caraux sudorifères et entrent les vaisseaux inhalans ; m. sillons du derme où se débouchent les canaux excréteurs de la matière cornée. NW. face intérieure du derme criblée de trous pour le passage des vaisseaux san- guins, nerfs , glandes et vaisseaux lymphatiques. O. couche adipeuse, sous-jacente au derme. Fig. 3. fragment de la face inférieure de l’épiderme en contact avec le derme. Cette figure est la mème que celle de Ja lettre Æ dans la figure précédente, mais vue sous une forte loupe et desséchée ; une couche supérieure de matière a été enlevée, pour mieux montrer les (x) Jusqu'ici les études de la peau ont été représentées par échantillons carrés, dont l’es- prit ne peut saisir les rapports. Pour éviter cet inconvénient, nous avons figuré un talon entier composé d’après nature, en observant la forme et la situation respective des parties, mais sans égard pour le nombre. S'il eût fallu par exemple, offrir aux yeux la quantité précise de papil- les qui se trouvent au talon, la planche entière éût été loin d'y suffire. Pour l’intelligence des rapports, entre des objets si nombreux dans leur petitesse ; nous avons été forcé de composer ainsi plusieurs autres figures. Recherches sur les appareils tégumentaires des animaux. 367 perforations. C’est le canevas réticulaire de Malpighi; a. cloisons saillantes reçues dans les sillons du derme, percées latéralement de petits trous pour le passage des vaisseaux lymphatiques ; 2. cloisons interpapillaires’ perforées par les canaux sudorifères ; c. trous qui servent de gaîne aux papilles. Fig. 4. a. groupes de papilles humaines vues au microscope ; #. derme. Fig. 5. a, a. papilles humaines enveloppées dans leurs gaînes. B. matière cornée épidermique ; c. derme. Fig. 6. capuchon ou enveloppe propre d’une papille humaine. Fig. 7. morceau de peau de baleine ; a. derme; 2. épiderme noir composé de deux couches, l'une 2 c parallèle au derme et extérieure, l’autre 4 perpendiculaire au derme et à la couche précédente. Fig. 8. peau de baleine ; a. derme ; #. une partie de la matière cornée a été séparée du derme de vive force , et reste comme entr’ouverte , pour faire voir la grande quantité de pa- pilles nerveuses qui se dégagent de leur enveloppe comme d’un fourreau; le reste, c, montre les papilles libres et flottantes. Fig. 9. peau de baleine, Pièce composée et grossie dans des proportions idéales pour indiquer le trajet et la disposition des papilles dans la matière cornée; a.derme ; 4. épiderme, c. matière cornée coupée au niveau du derme qui est sillonné de lignes blanches et noires. Les lignes blanches donnent issue aux nerfs, les lignes noires à la matière cornée; d, trois nerfs qui surgissent des lignes blanches ; e. matière cornée coupée un peu plus haut pour montrer que les nerfs coupés sont cannelés vers leur base, on y aperçoit l’orifice d’un petit vaisseau; f: nerfs coupés encore un peu plus haut, près la couche horizon- tale. On voit la forme circulaire de la gaine blanche qui les entoure; g. dernière couche épidermique détachée, sous laquelle paraît la tête inclinée des papilles nerveuses, dans leur position normale; k. face externe de la matière cornée ou épidermique. Fig. 10. a, a. tiges nerveuses ou papilles de la peau de baleine grossies : leur base est élargie et cannelée; 2. papille avec sa gaîne. Fig. 11. papille de baleine lacérée en lanières fibreuses. Fig. 12. papille de baleine sous le plus fort grossissement du microscope. On voit des stries qui se joignent à l'extrémité en demi-arceaux concentriques. Fig. 13. a , papille de baleine dans sa gaine propre (b); celle-ci est entourée d’une espèce de gangue de matière cornée plus épaisse (c); d. épiderme recouvrant la tête blanche de la papille. Fig. 14. représentant l'appareil qui constitue le sens tactile chez l’homme; a. nerf entrant dans le derme où il devient capillaire; à. son entrée dans la papille ; c. névrilème fourni par le derme ; d. l'enveloppe propre du nerf; e, couche plus ou moins épaisse de ma- tière cornée , organe de protection. PLANCHE 10. Fig. 15. organe sudorifère; a. derme ; 6. organe sécréteur glanduliforme vu quelquefois en ma- nière de sac oblong entouré d'un chevelu très fin; e, canal excréteur en spirale qui passe entre les papilles, traverse la matière cornée épidermique et débouche dans les pores de la peau. Fig. 16. fragmens des petits filets , ou canaux sudorifères, qu’on apérçoit en écartant du derme la couche de matière cornée, vus au microscope ét grossis. Fig. 17. a. couche épidermique dont une partie de la surface à été enlevée. On voit au milieu des lignes transverses les trous & par où passent les canaux sudorifères. 368 MM. G. BRESCHIET ET ROUSSEL DE VAUZÈME. Fig. 18. a. canal des vaisseaux Jinhalans; 6. papilles; c. matière cornée. Les rameaux qui viennent du côté de l’épiderme s’abouchent dans le tronc commun. Fig. 19. a. vaisseaux inbalans dans le tissu corné de l'homme, Fig. 20. un fragment de ces vaisseaux, grossi davantage. Fig. ar. vaisseaux inhalans, tels qu'ils ont été vus sur le tissu corné épidermique d'une trompe d’éléphant. Fig. 22. a. organe sécréteur de la matière muqueuse; #. son canal excréteur ; c. vaisseau san- guin ; d. petits grains blanchâtres qui l’entourent. Fig. 23. a. une fibre simple de matière cornée grossie, appartenant à la baleine , composée d’écailles placées les unes au-dessus des autres sur un tissu muqueux aréolaire très fin. Fig. 24. écaille seule, colorée en noir au sommet, blanche vers le pédicule d'insertion. Fig. 25. plusieurs écailles réunies et formant une trame. Fig. 26. figure composée; a. derme de baleine; b,6. papilles; c, c. petits canaux excréteurs des écailles; d. fibre naissant de ces canaux et se courbant au-dessus de ces canaux pour former la couche horizontale épidermique. Fig. 27-28. matière cornée de la baleine telle qu'elle se présente à la vue, et indiquant la for- mation de la couche horizontale par la courbure des ïbres perpendiculaires. Fig. 29. coupe et disposition naturelle de la peau dans le conduit auditif externe de la baleine ; a. derme; à. cylindre de matière cornée engrèné dans le derme; c. nerfs pénétran dans les cannelures du cyindre; d. trajet des nerfs dans la matière cornée jusqu’à ia couche la plus externe; e, conduit auditif. Fig. 30. peau humaine ; a. derme; 4. papilles; c. matière cornée soulevée eu 4 pour faire voir son origine dans les sillons du derme entre les papilles. Les prolongemens déchirés correspondent aux canaux excréteurs de l’appareil chromatogène. Fig. 31. écailles de la matière cornée de l'homme, délayées dan l’eau. On y voit des fragmens de canaux sudorifères et de vaisseaux inhalans. Fig. 32. a. organe chromatogène déchiré en deux endroits , 4 et c, pour faire voir la sortie des écailles qui s’y forment et les vaisseaux filiformes dont cetorgane se compose; d. petits ca- naux excréteurs qui se déchirent quand on enlève la matière cornée; e. organe sécréteur du mucusqu’il verseau-dessus de l'organe chromatogène; f. état fluide dela matière cornée, c'est-à-dire, pigmentum ou écailles flottant au milieu du mucus ; g. eouches de matière cornée qui se stratifient à droite et à gauche comme les barbes d’une plume et se con- densent à mesure qu’elles deviennent plus extérieures. Fig. 33. un des aspects du derme humain vu sous la loupe et coupé suivant la longueur des sil- lons; a. vaisseaux sanguins qui se couvrent de filamens capillaires, en pénétrant dans le derme; 4. nerfs qui se capillarisent; c. glandes muqueuses placées à des hauteurs inégales et anastomosées entre elles. Leurs canaux excréteurs pénètrent jusqu'à la ma- tière cornée; d. canaux sudorifères en spirales , e. fragmens de vaisseaux couverts de radicules ; f. une infinité de vaisseaux ou nerfs capillaires; g. organe chromalogène surmonté de ses canaux excréteurs; À. papilles. Fig, 34. a. papilles nerveuses ; . les mèmes coupées près du derme et retournées pour montrer l'ouverture correspondante à chaque papille, par où pénètre la pulpe nerveuse et les vaisseaux sanguins. Fig. 35. Peau de la trompe de l'éléphant. a. derme; à. papilles nerveuses; c. matière cornée. Fig. 36. composition d’une figure synthétique ou Schema de la peau humaine; a. derme; b. matière cornée épidermique; c. vaisseaux et nerfs qui entrent dans le derme ou qui en sortent; d. intervalle rempli par les filameas capillaires ; e. papilles nerveuses; f. organe sudorifère; g. son canal excréteur spiroïde qui traverse le derme, passe derrière les Recherches sur les appareils tésumentaires des animaux. 36 LP} 5 9 papilles et se fait jour dans un des pores de l’épiderme; À. vaisseaux inhalans, naissant de la couche la plus extérieure de la matière cornée, se: ramifiant et s'anastomosant avant de pénétrer dans ie derme par lés ouvertures qui donnent passage aux spires de l'organe sudorifère ; z. organe chromatogèné, ou sécréteur des écailles: On n’en voit qu'une partie coupée, parce qu'il s'étend suivant la longueur des sillons. Ses canaux excréteurs s'ouvrent dans les sillons, entre deux rangées de papilles; y: organe sécré- teur du mueus ; À. son canal excréteur aboutit dans les sillons du derme entre les pa- pilles. Là ce mucus mêlé d'écailles, d’abord fluide, se solidifie par eouches successives à droite et à gauche, comme on ie voit sur la coupe de la peau faite en travers des sil- lons (Z.) ; mais dans Ja section longitudinale , #2. ces couches présentent des séries de lignes droites superposées comme les feuillets d'un gâteau. C'est aussi de cette manière que le tissu corné se décompose par la maäcération, La face supérieure de l’épiderme présente des sillons ; ». qui répondent à ceux du derme, et des lignes saillantes papillai- res, o. séparées par des fissures transversales, p. au fond desqueiles se trouvent les po res des canaux sudorifères. PLANCHE T2. Fig. 37. Réprésente la région inguinale d'un jeune enfant, le pénis avec le prépuce fendu pour laisser apercevoir le gland et le scrotum. à. a, ganglions Jlymphatiques de la re- gion inguinalez . 2. vaisseaux lymphatiques afférens , venant se términer dans ces ganglions ; €. c. Ces mémes vaisseaux lymphatiques, mis à découvert sur la région in guinale, pour montrer leur cours dans le tissu cellulaire sous-cutané, d:1d. d. ces nimes vaisseaux pénétrant dans etissu de la peau et s'y ramifiant, en formant un réseau à mailles 1rès serrées ; €. e. e, réseau formé par les vaisseaux lymphatiques cutanés ; ces vaisseaux sont situés sur la face extérieure du derwe, et:sont couverts'par l’épiderme ; | S:$. branches artérielles distendues par une matière colorée, afin de s'assurer, dans l'injection des vaisseaux lymphatiques, que les vaisseaux distendus par le mercure sont bien des vaisseaux lymphatiques et non des vaisseaux sanguins : la terminaison des vais- seaux aux ganglions lymphatiques prouve aussi que ce sont des lymphatiques; g. 9. pré- puce incisé vers $a partie supérieure, pour laisser voir sa face interne, sur laquelle on distigue un très beau réseau de vaisseaux lymphatiques dans l'épaisseur du tissu cutané, k. k. réseau lymphatique dans le tissu de la membrane muqueuse qui recouvre le gland. Fig. 38. Elle représente le pénis du même enfant avec le prépuce fendu, vus de face. &. a. vais- seaux lymphatiques de la peau du pénis, et communiquant par leurs extrémités avec le réseau du prépuce; b. b. réseau des vaisseaux lymphatiques injectés au mercure, de la peau du prépnce, vus par sa face interne; c. réseau des vaisseaux lymphatiques de la surface du gland. Fig. 39. Portion de la peau du serotum du méme enfant; le réseau d'une teinte claire a. @, est formé par les vaisseaux lymphatiques ; les vaisseaux arborcscens et d’une teinte foncée b. b. sont des artères, Les objets sont grossis. Fig. 40. Portion de la peau du serotum d'un sujet adulte; 2. 8. 6. réseau des vaisseaux lympha- tiques injectés au mercure et mis à découvert par l'enlèvement du premier feuillet épider- mique; 4. a. a. le même réseau avec les vaisseaux lympbatiques qui s’y rendent pour le former, Ici la couche épidermique n’a pas été enlevée ; où aperçoit çà et là quelques poils sortant de la peau. Une ligne droite c. c. indique la coupe de l’épiderme. Fig. 41. Portion de peau du sein d'une jeune femme prés du mamelon. On voit les vaisseaux LU. Zoor. — Décembre, 24 350 Sur les appareils tégumentaires des animaux. lymphatiques formant un réseau entre le derme et l’épiderme. Les vaisseaux, de gran- deur naturelle, ont été injectés au mercure. Fig. 42. Portion du canal thoracique, prise à la hauteur de la crosse de l'aorte, pour montrer très distinctement la disposition des valvules. a, a. portion de ce canal dans ses pro- portions naturelles, ouverte sur toute sa longueur pour laisser voir les valvules. à. sec- tion de cette même portion du canal thoracique, mais grossie pour faire mieux voir la manière dont se comporte la membrane interne du vaisseau pour produire les valvules. Fig. 43. Vaisseau lymphatique de la région iliaque, et de grosseur naturelle, ouvert pour mon- trer la disposition par paires des valvules a. a. a. Fig. 44. Vaisseau lymphatique de la partie interne de la cuisse, de grandeur naturelle , ouvert sur sa longueur pour montrer la disposition des valvules a. a. , formées par la membrane interne. Fig 45. Portions de vaisseaux lymphatiques pris à la partie interne et antérieure de la cuisse d’un homme adulte. a.a. portions de vaisseaux lÿmphatiques injectés au mercure , puis desséchés ; 2. 2. fraction du vaisseau a. a., et représentée trois fois plus gros que nature ; &. c. même vaisseau desséché, ouvert sur sa longueur, et du même diamètre que le vaisseau à. &, Ces deux figures ont été faites pour montrer la disposition des valvules à l'extérieur et à l'intérieur du vaisseau. On peut reconnaître sur la figure c. c. que ces valvules sont disposées par paires ; qu'elles sont régulières, symétriques, en forme de panier de pigeon comme les valvules syg- moïdes de l’origine de l'aorte et de l'artère pulmonaire. Ces valvules sont manifesta- ment formées par la membrane interne du vaisseau , et ne dépendent pas d’un resserre- ment ou étranglement de toute l'épaisseur du tube vasculaire, par un sphincter muscu- laire, comme on l’a prétendu dans ces derniers temps. Fig. 46. a. a, vaisseau lymphatique du même sujet et de la même région du corps, de gros- seur naturelle, vide et frais; 2. b, portion du même vaisseau grossi. Fig. 47. Le même vaisseau; @, a. frais et injecté de mercure. à. b. portion du même vaisseau grossi. Fig. 48. Portion de peau injectée d’un enfant mort de la variole. Fig. 48’. La même préparation : jes objets sont représentés doubles de leur grosseur. Ces. deux figures ont été faites d’après une préparation qui nous a été envoyée par M. le professeur Tiedemann. —_— “chiite GE —— — | | | | | kHRENBERG. — Classification des Infusoires. 371 CLASSIFICATION des infusoires, par M. EnRENBERG. Suite. (1) CLASSE DES ROTATEURS. Rofatoria. Animaux sans vertèbres, rayonnés, apodes souvent caudife… res, nageurs, exécutant des mouvemens de rotation à l’aide d'organes ciliés particuliers. Point de cœur, mais un vais- seau dorsal et des vaisseaux transversaux hyalins bien distincts et sans mouvemens propres. Point de branchies distinctes. Plu- sieurs ganglions nerveux pharyngiens (cérébraux), en général un anneau cervical et un nerf abdominal visibles. Très souvent des yeux colorés par un pigment rouge.Canal alimentaire distinct et simple ; quelquefois un estomac et d’autres fois des appendi- ces cœcales ; pharynx presque toujours armé de mâchôires por- tant souvent des dents. Organes sexuels distincts, hermaphro- dites. Reproduction ovipare et vivipare, et non fissipare. 1°" ordre. ROTATEURS NUS. 2° ordre. ROTATEURS CUIRASSÉS. Nuda. Loricata. 1" section. Moxorroqurs. Monotrocha. Couronne de cils simple et entière, point variable. MoxorroQuEes nus. ]Vuda Mo- MoOnOrROQUES CuIRASSÉS. ZLo- notrocha. ricala monotrocha. 17° FAMILLE. IOHTHYDINA. A. Point d’yeux. a. Corps glabre. (1) Voyez page 129. Ld 372 EHRENDERG. — Classification des [nfusoires. a* Queue non bifurquée, tronquée et flexible. G. Ptygura. a** Queue bifurquée et très courte. G. Ichthydium. aa. Face dorsale du corps garnie de soies. G. Chœtonotus. B. Deux yeux (queue non bifurquée). G. Glenophora. 2° section. SCHIZOTROQUES. Schizotroche. Couronne de cils simples, divisée par lambeaux d’une manière variable. ScaizoTROQUES NUS. /Vuda schi- ScuizOTROQUES CUIRASSÉS. Lori- zotroçha. cata schizotrocha. 1" FAMILLE. MAGALOTROCHA. 1°° PAMILLE. FLASCULARIA. A. Un œil unique (queue simple). A. Point d’yeux (enveloppe du corps G. Microcodon. gelatineuse ). B. Deux yeux qui s’effacent avec 3, Organe rotateur bilobé ou quadri- âge. lobe. G. Megalotrocha. G. Lacinularia. aa. Organe rotateur multifide. aa* Organe rotateur à 5 divisions; mandibules dentees. G. Stephanoceros. aa** Organe rotateur à 6 ou à 8 di- visions; mandibules non dentees. G.. Floscularia. B. Deux yeux, s’effaçant avec l'âge (enveloppe du corps membraneuse et granuleuse ; organe rotateur bi- lobe ou quadrilabé ): G. Melicerta. EHRENBERG. — Classification des Infusoires. 570 3° section. PoLYTROQUEs. Polytrocha. Plusieurs petites couronnes de cils. PoLyTROQUES nus. Nuda Poly- PoLYTROQUES CUIRASSÉS. Lori- trocha. 1"° FAMILLE. HYDATINA. À. Point d’yeux. a. Mandibules dentées. G. Hydatina. aa. Mandibules non dentees. aa* Bouche droite terminale. G. Euteroplea. aa** Bouche oblique, inférieure. G. Pleurotrocha. B. Un œil unique. b. OEil frontal, queue bifurquée. G. Furcularia. bb. OEïl dorsal. bb* Queue simple, garnie de soies. G. Monocerca. bb** Queue bifurquée. bb** + Cils frontaux similaires. G. Notommaia. bb**++ Cils frontaux non simi- laires. bb. ** +42 des cils et des styles. G. Synchæta. bb ++ > Des cils et des crochets. G. Scaridium, C Deux yeux. c. Yeux frontaux. c* Queue bifurquée. G. Diglena. cata Polytrocha. 1" FAMILLE. EUCHLANIDOTA. A. Point d’yeux. a. Cuirasse déprimée (queue bifur- quée ). G. Lepadilla. aa. Cuirasse comprimée. aa* Queue simple, G. Monura. aa** Queue bifurquée. G. Colurus. B. Un seul oil. b. Cuirasse déprimée. b* Queue simple. G. Monosty la. b** Queue bifurquée. G. Euchlanis. bb. Guirasse gonflée ou anguleuse, bb* Queue soyeuse et simple. G. Mastigocera. bb** Queue bifurquée ou trifur- quée. bb** + Point de cornicule. G. Salpina. bb** ++ corniculée. G. Dinocharis. C. Deux yeux (frontaux). c. Tête nue. G. Metopidia. ce. Tête encapuchonnée. G. Stephanops. 354 EHRENBERG. — Classification des Infusoires. c** Queue simple (front garni de D. Quatre yeux frontaux. deux cirres ). G. Squamnelta G. Triarthra. ec. Yeux dorsaux. cc* Queue simple. G. Rattulus. cc** Queue bifurquée. G. Distemma. Ÿ. Trois yeux. d, Un œil dorsal et deux frontaux. J. Evsphora. : dd. Les trois yeux dorsaux. | G. Norops. E. Plusieurs yeux. e. Yeux disposés en un cerele unique sur le cou. G. Cycloglena. LR ee. Yeux réunis en deux groupes cer- vicaux. G. Theorus. &® section. ZrcoTroQUuEs Zygotrocha. Deux petites couronnes de cils. ZYGOTROQUES nus. Nuda Zygo- ZxcorroQuESs currassés. Lorica- trocha. ta Zygotrocha. 1"° FAMILLE. PHILODINOEA. 17° FAMILLE. BRACHIONÆA. A. Point d’yeux. A. Point d’yeux. : , RAT G. Noteus. a. Queue bifurquée et côrniculée B, Un seul œil. (une trompe frontale ). b. Point de queue. G. Callidina. s (+ A RE ; ; » bb. Queue bifurquée , flexible. aa. Queue bifurquée; non corniculée. G:°BrtEhhor aa* Roues céphaliques portées sur C. Deux yeux (frontaux). des bras frontaux !très longs “ G. Pterodina. EHRENBERG. — Classification des Infuscires. (point de prolongement fron- tal en forme de trompe ). G. Hydrias. aa** Roues céphaliques sessiles et latérales (point de prolonge- ment frontal ). G. Typhlina. B. Deux yeux. b. Yeux frontaux. b* Queue bifurquée et portant deux paires de cornes (d’où il résulte que la queue présente six poin- tes) un prolongement probosci- dien frontal. G. Rotifer. b** Queue trifide et garnie d’une seule paire de coruicules {ayant par conséquent 5 pointes), un prolongement frontal. G. Actinurus. b*** Queue bifurquée et sans cor- picules (simplement fourchue); point de prolongement frontal. G. Monolabis. bb. Yeux dorsaux, (Queue bifurquée et portant deux paires de cornicules; un prolongement frontal.) | G. Phylodina. 375 376 G. BRESCHET. — Système vasculaire des Cétacés. Rapporr fuit à l'Académie des Sciences par M. Durnéril, sur un Mémoire intitulé: Description d’un organe vasculaire découvert dans les cétacés, suivie de quelques considérations sur la res- piration chez ces animaux et chez les amphibies, Par M. G. BRreEscHiT. Le sujet des recherches auxquelles l'auteur s’est livré est des plus intéressans pour la physiologie, comme il est facile de le comprendre quand on réfléchit aux circonstances obligées de l'existence d’un animal mammifere forcé de passer toute sa vie sous l'eau, ou étant dans un état continuel d’iramersion. Comme les cétacés jouissent de la faculté de plonger long-temps, souvent à de grandes profondeurs, et que cependant toute la masse de leur sang doit passer par leurs poumons, il résulte de cette cir- constance, qui d’une part s'oppose au renouvellement de l'air atmosphérique, et qui d’une autre exige une circulation com- plète et continue, que les actions chimiques et vitales nécessaires à l’hématose pourraient être momentanément arrêtées. Telle est la difficulté qui se présente à résoudre dans ce pro- blème physiologique, dont les données acquises par la conmais- sauce de l’organisation des autres mammifères et même des oiseaux s'accordent si peu avec le fait que les marsouins, les cachalots, les baleines peuvent constamment ; et à volonté, sus- pendre l'acte de leur respiration. Pendant cet espace de temps, prolongé quelquefois au-delà d’une demi-heure, op doit penser que l’oxigération pulmonaire ne peut plus s’opérer; mais si cet effet avait lieu, il s’ensuivrait que la majeure partie du sang artériel passerait à l’état veineux, et exercerait bientôt l'influence la plus funeste sur toutes les fonctions vitales, principalement sur le système nerveux, et par suite sur la motilité : il y aurait asphyxie et mort de l'animal. Cependant ce fait se passe autrement, et comme ce résultat ét ait devenu inexplicable, avec l'organisation connue de tous les autres mammifères, on a, par analogie, supposé diverses modi- c. BRESCHET. — Système vasculaire des Cétaces. 377 fications dans les organes circulatoires chez les cétacés; mais quand on a recours à l’observation directe pour les vérifier, on a reconnu que toutes ces hypothèses, plus ou moins ingénieuses, étaient fausses et même impossibles. M. Breschet vient jeter sur ce sujet obscur une lumière vive et tout-à-fait nouvelle. Ayant eu occasion de disséquer plusieurs marsouins (Delphinus Phocæna), il a reconnu chez ces animaux une disposition particulière dans la marche et la terminaison insolites des artères intercostales. Ces vaisseaux présentent véritablement dans leurs intrications bizarres, mais régulières, une série d'organes tout-à-fait spé- ciaux à la race des cétacés. Hunter, en 1787, avait reconnu l'existence de ce plexus dans la baleine; mais il n’avait pour ainsi dire fait que les indiquer, sans en poursuivre la terminaison. Desmoulins les avait aussi éntrevus ; mais il les avait considérés comme des veines. M. Breschet, par des injections'heureuses et des recherches anatomiques qu’il a poursuivies avec succès, est parvenu à faire connaître parfaitement leur distribution, qu'il a développée et fait figurer de grandeur naturelle par des dessins en couleur, exécutés sur des pièces injectées; il a rédigé à ce sujet le savant mémoire qu'il a présenté à l’Académie, et dont nous allons donner une idée générale, car une analyse complète exigerait beaucoup de détails. On sait que les cétacés n’ont pas de cou apparent que les sept vertèbres de cette région qui existent chez presque tous les mam- mifères, sont ici réduites à une excessive ténuité, de manière à ue former qu’un seul os; de sorte que la tête semble supportée par la poitrine. La cavité de cette dernière région, d’ailleurs fort développée, est cernée en arrière par le diaphragme , latérale- ment par les côtes, vers le dos par la colonne vertébrale, et en- dessous par le sternum. Les poumons remplissent presque en- tièrement sa capacité, et même, lorsqu'ils sont très gonflés, ils se portent en avant jusque sous le crâne, en passant par l'ou- verture que laissent entre elles les premieres côtes. Quand on a ouvert la poitrine et enlevé les poumons, on voit sous les plèvres, dans toute la région dorsale de l’un et de l'autre côté, une masse de vaisseaux disposés par lobes réguliers, cor- 378 G. BRESCHET. — Système vasculaire des Cétacés. respondans à chacune des côtes et simulans des vermicalations. Ce sont autant de plexus de vaisseaux grèles dont le calibre reste absolument le même, malgré les sinuosités et les replis sans nombre que leur canal présente dans toute sa longueur. Ces masses vasculaires sont produites par les artères intercos- tales qui naissent de la région postérieure de l'aorte pectorale, comme chez les autres mammifères. Non-seulement ces artères plexiformes existent ainsi sous la plèvre, mais elles pénètrent dans le canal rachidien , et elles s'étendent dans le crâne par le trou occipital; on les retrouve aussi en-dehors de la poitrine, dans les espaces intercostaux sous les muscles du dos, où ils forment des plexus d'apparence glan- duleuse. Ces vaisseaux flexueux ne sont pas retenus par un tissu fibreux ; il est facile de les dépelotonner, bien différens en cela de la texture qu’on retrouve dans la rate, dans les corps caverneux et dans les autres tissus érectiles. M. Breschet s’est assuré que ces vaisseaux tortueux ne se sub- divisent ou ne se ramifient presque pas, et qu'outre leur termi- naison capillaire dans les veines, les seules communications directes qu’ils offrent par anastomoses sont celles qu'il a re- connu exister avec les ramifications des artères vertébrales et les carotides. Voilà donc une organisation tout-à-fait propre aux cétacés. Aprèsavoir décritavec les plus grands détails cette disposition anatomique, l’auteur du mémoire développe son opinion sur les usages de ces organes, et il donne, ainsi que nous allons les faire connaître, ses explications physiologiques. Ces masses flexueuses de vaisseaux artériels peuvent être considérées comme des réservoirs détournés des déversoirs du sang ( Diverticula sanguinis), destinés à admettre et à conserver pur une grande quantité de sang oxigéné ou artérialisé, pour le restituer à la circulation générale à l’époque où l'animal, plongé sous l’eau, ne pourra plus exécuter l'acte de la respiration, ou quand il aura épuisé l’oxigène de la portion d’air qu’il avait inspiré avec force au moment où il allait plonger. Dans cette hypothèse, M. Breschet suppose que l'air contenu dans ces pou- mons fait agir la masse de ceux-ci comme un ressort qui appuie _ G. BRESCHET. — Système vasculaire des Cétaces. 379 sur les vaisseaux flexueux, afin de faire rétrograder le sang qu'ils contiennent dans le tronc de l'aorte descendante, qui se rend alors dans les régions sous-diaphragmatiques, et par con- séquent dans les grands agens du mouvement qui sont les mus- cles de la queue; mais d'autre part, une portion de ce sang ainsi détourné pénètre dans les artères vertébrales et dans les caro- tides, pour fournir à l’encéphale du sang oxigéné, et par consé- quent afin de subvenir à l’innervation générale. (1) (x) Nous croyons devoir joindre ici les conclusions du Mémorre de M, Breschet , parce que dans un rapport il est presque impossible de parler de toutes les parties d’un travail de cette nature, tandis que dans les conclusions de l’auteur on doit trouver l’indication de tous les points importans de son œuvre, Voici les conclusions du Mémoire de M. Breschet : « 1° Ilexiste dans la cavité thoracique des Cétacés des masses vasculaires considérables qui forment des plexus volumineux ; 2° Ces masses vasculaires sont situées entre la face interne de la paroi thoracique et la plèvre costale ; elles n’ont point d’euveloppes particulières ; 3°, Ces organes sont artériels, car ils proviennent de branches artérielles qui sortent de l'aorte ; 4° Quoique les principales masses de ces plexus vasculaires artériels soient dans le thorax, cependant plusieurs appendices sortent de la poitrine vers son sommet, pour se porter entre les couches musculaires du dos. Plusieurs protongemens de ces réseaux plexiformes parviennent jusqu’à la base du crâne et s’enfoncent dans cette cavité par le trou occipital. D’autres prolon- gemens pénètrent par les trous de conjugaison, jusque dans le canal rachidien ; 5° Les Cétacés sont dépourvus de veines azygos proprement dites, situées dans la poitrine ; mais à l'intérieur du canal rachidien, on aperçoit ces veines, formant deux troncs veineux de grosseur inégale entre eux, et qui reçoivent les veines intercostales, lombaires, caudales, etc. Ces deux veines azygos se réunissent vers Ja partie supérieure du canal, et uu tronc unique, qui perce à droite la paroi de la poitrine, et va s'ouvrir dans la veine cave supérieure. Tout le système veineux est considérablement développé chez les Cétacés. Les divers systèmes orga- niques sont pénétrés de veines gorgées de sang ; ; . 6° Les plexus artériels décrits dans ce Mémoire ne sont pas destinés à neutraliser les effets de la pesanteur de l’eau qui presse par le corps des cétacés ; | 7° Nous les considérons comme recevant et gardant en réserve une grande quantité de sang artériel qui revient dans l'aorte lorsque l'animal est sous l'eau et que la respiration ne peut plus s’exécuter ; 8° Ce retour du sang daus l'aorte est produit par la pression de ces plexus entre le pou- mon distendu par l'air et les parois de la poitrine rendues fixes. Cette circonstance de l’exis- ténce de ces pléxus dans le thorax et celle de leur compression pour ramener le sang dans Vaorte, explique pourquoi la veine azygos n’est pas située dans le thorax; 9° Ces plexus artériels doivent être considérés comme des diverticula sanguinis, apparte- fant aux appareils circulatoire et respiratoire ; ils donnent aux Cétacés la faculté de rester quelque temps sous l'eau sans avoir besoin de respirer l'air atmosphérique. » ( Les rédacteurs. 380 LE PLEZ. — ÆA{nalcmie du Marsouin. Telles sont les conséquences de ces recherches curieuses d'anatomie comparée. Nous répéterons que l’auteur de ce mé- moire a présenté un travail très important sous les différens points de vue historique, anatomique et physiologique de la respiration des cétacés; que cette dissertation savante mérite , ainsi que nous avons l'honneur de vous le proposer, d’être insérée en entier parmi les mémoires de savans étrangers que publie l'Académie. RAPPORT VERBAL sur une lettre de M. 1x Piez, D. M. à Saint- Germain-en- Laye, relative à l'anatomie du marsouin; lu à la séance de l’Académie royale des sciences du lundi 8 fe- vrier 1835. L'Académie, dans une de ses dernières séances, a renvoyé à l’éxamen de M. Serres et de moi, une lettre qui lui avait été adressée par M. le docteur Le Piez. L'auteur de cet écrit ayant eu connaissance par les journaux de l'extrait du rapport que nous avions fait sur un mémoire de M. Breschet, relatif à une organe vasculaire découvert dans les cétacés, a cru devoir saisir cette occasion de communiquer, à l’Académie quelques observations sur le même sujet. Elles lui ont été fournies par un marsouin femelle qui avait échoué vivant sur le rivage avec un petit, que des nêcheurs affirmèrent avoir vu téter sa mère. Plusieurs circonstances étrangères au mémoire de M. Breschet, sont relatées dans cette lettre: c’est la présence dans l'utérus d'un fœtus de 10 à 11 pouces de longueur ; quelques détails sur le la- ryux, observé trop légèrement, et relativement à la véritable dis- position duquel l’auteur ne paraît pas avoir eu connaissance des descriptions et des figures publiées sur ceite organisation bizarre qui explique si bien, cependant, le mode de déglutition sous l’eau, ainsi que le mécanisme des évens par lesquels s’ope- rent en même temps le rejet de l’eau par une force hydrodyua- mique et plusieurs actes de la respiration pneumatique. LE PIEZ. — Anatomie du Marsouin. 58£ ‘Le point principal sur lequel la lettre de M le docteur Le Piez a dû exciter l'attention et l'examen de vos commissaires, est le suivant : adoptant l'opinion émise par quelques auteurs, il re- garde la veine azygos, qu’il a trouvée, dit-il, très dilatée, comme un véritable réservoir dans lequel le sang veineux peut séjour- ner impunément et rester en dépôt jusqu'à ce que l’acte de la respiration étant reproduit, ou redevenant libre, permette à ce sang d'arriver dans les poumons pour y reprendre ses pro- priétés artérielles. Il'est vrai, messieurs, que dans le rapport que nous avons eu l'honneur de faire à l'Académie sur le mémoire de M. Breschet, nous ne sommes point entrés dans des détails suffisans , et que, en particulier, nous n’y avons pas présenté l'analyse des para- graphes 18 et 19 de ce mémoire, dans lesquels l’auteur fait re- marquer la singulière disposition de ce qui tient lieu de cette veine azygos; car il a dit positivement que ce vaisseau n’est plus à sa place ordinaire, et qu'il ne se voit pas dans la cavité de la poitrine; circonstance importante , puisque la veine , sans cette disposition , aurait été comprimée par l'effet des dilatations qu’é- prouvent les poumons et les plexus artériels pendant la forte inspiration qui précède très probablement l'action de plonger; enfin, que par une structure anatomique toute particulière, les veines qui semblent tenir lieu des azygos sont situées dans le canal rachidien , et que le tronc principal de ces vaisseaux, ainsi que l’a fait représenter M. Breschet dans les planches jointes à son mémoire, traverse la paroi de la poitrine du côté droit vers la quatrième côte, pour venir s’aboucher dans la veine jugulaire du même côté et constituer ainsi la veine-cave supérieure. Il résulte donc pour vos commissaires que la lettre de M. Le Piez énonce deux circonstances qu’il n’a pas assez bien obser- vées : la première, sur la structure du larynx, puisque les Cé- tacés n’ont pas d’épiglotte; et la seconde, sur laquelle en parti- culier nous devons notre opinion, c'est que la disposition de la veine azygos est tout-à-fait différente de ce qui existe chez les autres mammifères, ainsi que l’a très bien fait connaitre M. Breschet. Nous n'aurions pas exprimé cette opinion d'une maniere 382 LE PIEZ. — Ænatomie du Marsouin. aussi positive, si quelques-uns des journaux qui rendent habi- tuellement compte de nos séances n'avaient inséré l'extrait de Ja lettre de M. Le Piez dans leurs colonnes, en lui donnant ainsi une sorte de crédit scientifique. Osservarions sur le Cou de l'Aï( Bradypus tridactylus Lin. ), par M. Taomas Berr. (Extrait). (1) Le nombre nominal des vertèbres cervicales dans les classes des mammifères est, comme chacun le sait, de sept ; dans le cha- mean et dans la girafe où le cou est si long et si flexible ,on n’en trouve pas plus que chez les cétacés où la portion du corps com- prise entre la tête et le tronc, mérite à peine le nom de cou. Les anatomistes citaient cependant une exception à cette règle; car chez l’aï ils en comptaient neuf. Les recherches plus récentes de M. T. Bell, prouvent que ce paresseux si singulier par ses mœurs et par d’autres particula- rités de structure ne présente pas cette anomalie. Ce naturaliste a constaté que les deux vertèbres que l’on considérait comme étant la huitième et la neuvième vertèbres cervicales, sont pour- vues de petites côtes et doivent dès-lors être regardées comme appartenant à la région dorsale; mais ces deux premières paires de côtes sont libres par leurs extrémités antérieures et mobiles. Cette disposition avait déjà été soupçonnée par Cuvier et Meckel , mais n'aurait pu être encore constatée si l’auteur n'avait eu à sa disposition un squelette frais de l’aï. Dans la planche qui accompagne cette note, la portion cervicale de la colonne verté- brale ainsi qu’une portion de thorax se trouvent représentées, et montre les deux paires de fausses côtes en question, (1) Transactions of the zoological society of Londan, vol. x, part. 11, p. 113, tab. 15. FIN DU DEUXIÈME VOLUME. | TABLE DES MATIERES. — D — Rapport fait à l'Académie des Sciences sur un mémoire de M. Coste, inti- tule : Recherches sur la génération des Mammifères , par MM. Ser- res, Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire, et Dutrochet, rapporteur. . . 5 Recherches sur l’ordre des Acariens, par Ant. Dugès (troisième memoire). 18 Note sur la découverte des ossemens fossiles de l’Iguanodon, dans la for- mation de Glauconie sableuse (Lower green-sand), par M. Gidéon Maniell, membre de la Société royale de Londres (extrait d’une lettre adressée aux rédacteurs par l’auteur). . . . . . . . . . . . . . 63 Mémoire sur les Clymènes et les Goniatites du calcaire de transition du Fichtelgcbirge; par le comte George de Munster . . . . diiten 09 Lettre de M. Polydore Roux adresste à M. le baron de Férussac, et datce de Pombays15 jnm88321. 1 avsictose sde Made au voue io D Nouvelles observations sur les Acariens, extraites d’une lettre adressée aux rédacteurs or M: Dugès sue Al ane 22) D molle eobtecyvrs DE Memoire sur l’embryogénie des Planorbes ct des Limnées ; par M. Armand DO airefanes. . (ui. « « lie 1 a a M Mn: ro? Description de trois espèces nouvelles de coquilles vivantes du départe- ment des Pyrénées-Orientales; par M. Furines . . . . . . . . . 118 Observations sur le Dragonneau; par M. Charvet. . . . . . . . . . 1923 Recherches anatomiques sur un fœtus de baleine; par M. Rousel de Vau- mme .0. DUMONT. EC DOI (TOSTAT M SN Me. . à 1925 Essai sur une nouvelle théorie du bassin; par M. Desvignes . « . . . 127 Classification nouvelle des Infusoires, fondée sur leur organisation; par à à Me : ie + . Lan et 371 Recherches sur la formation et le développement de l’Aselle d’eau douce (Oniscus aquaticus Vin.); par M. Rathké. . . . . . . + . . . 139 Rapport fait à l'Académie des Sciences sur un mémoire de M. le dactenr Charles Leblond, relatif à un embryon monstrueux de la poule ordi- A Dipe nl. . …suntiinéendotonbmen. !. -Ù - . 156 Rapport verbal fait à l'Académie des Sciences sur une Introduction à l'En- tomologie de M. Lacordaire ; par M. Duméril. . . . . . . . . . 161 Mem. della Societa italiana , etc. — Mémoires de la Société italienne des sciences siégeant à Modène ; tome xx, deuxième fascicule des Mémoires de physique (annonce) . . . x 00 162 Rapport verbal fait à l'Académie des Sciences sur un ouvrage de M. F.-J. Pictet, de Genève ; ayant pour titre : Hecherches pour servir à l’his- loire et à Panatomie des Phryganides ; par M. Duméril. . . . . 164 Recherches anatomiques et physiologiques sur les appareils tégumentaires des animaux; par MM. G. Breschet et Roussel de Vauzéme . 167 et 321 Recherches sur l'anatomie comparée des animaux invertébrés; par To OO A), L!. .". 9288 Rapport fait à l'Académie des Sciences sur un mémoire de M. Couerbe, relatif au cerveau considéré sous le point de vue chimique et physiolo- I Un De + © 0 00 384 Table des matières. Extrait d'un rapport fait à l’Académie des Sciences par M. Dumérii, sur un mémoire ayant pour titre : Considérations sur le nerf facial et sur son influence duns l’acte de la respiration chez le marsouin, par M. Bourjot Saint-Hilaire. . . . . ... . . . + . . + : ... si ha Mémoire sur le Moyen Hippopotame fossile de Cuvier, replacé au genr des Dugongs ; par M. Jules de Christol. . . ue ve DRE Extrait des recherches sur l'anatomie et la physiologie de la Corneille (Corvus corona), pris comme type de la classe des oiseaux ; présenté à l’Académie des Sciences le 6 octobre 1834, par M, Emile Jacquemin. 277 Observations sur les jeunes de l'Ornithoryaque , extraites d’une lettre adres- sée à M. Arago par M. Owen ; lues à l'Académie des Sciences le 3 no- vembre 1834 . . « . . dt ne de de ane A dit 27 D 9 303 Mémoire sur les Monothrèmes, par M.Geoffroy Saint-Hilaire. (Extrait). 308 Sur les Narcines , nouveau genre de raies electriques; suivi d'un synopsis des raies électriques en général; par le docteur P. F. Henle (extrait). 311 Rapport annuel sur les travaux de la Sociète d'Histoire naturelle de l'ile Maurice pendant le courant de l’année 1833; par M. Julien Desjardins. 315 Rapport fait à l'Académie des Sciences par M. Duméril, sur un mémoire intitulé : Description d’un organe vasculaire découvert dans les Cé- 257 tacés , eic., par M.'"Brescher, +... +. 2 . "376 Rapport sur une lettre de M. Le Piez relative à l'anatomie du Marsouin ; par M. Duméril : . . . « . . DÉRNNA LINE CESR ETRSS . « 380 Observations sur le Cou de l’Aï; par M. Thomas Bell. (Extrait). . . . 382 « TABLE DES PLANCHES RELATIVES AUX MÉMOIRES CONTENUS DANS CE VOLUME. Planche 1. 2. : * | Clymènes et Goniatites. 5. 6. 7. g. | Acariens. … Anatomie de la peau. 11. A. Acariens. #. Développement des planorbes et des limnées. C. Développement des aselles. 12. Anatomie de la peau. 13. Dugong fossile. #1 Ostéologie de la Corneille. e dns ©. Lois dt Gé L … Ann: des Jenc: rt. 2 Serre LP Puménit Di! Clymenesr, ' Zoot. Tom: 2. PL.I .: Crochard Æidrit Zoot. Tom. 2, PL 2. Jerre, Te RC. TU. 2 Ann. des Ji: IT L Pumenit Dir! _—. RE TOC ES YINCTLON, Ci LP Pumént Dir! Zool. Tom: ’ , , . Clymenes el Conratitesr. Re ago Én ne nt 2e Bol ons PL Contatilesr. ; nf —— + A « La s / : “ 3 L x % “ _ ’ 1 À ‘ | # VON ETS + À 3 - L Duménit Dir! d 2 SRE CNTENNTENS Contatiles. DL Dies ere rech ait | | F s e ] L Gien rm! — “ 4 sé ‘ £ + 1 - ! É : i à 44 = » n 4 k : k | \ a De ? UT 4 sn 1 il : \! ge ee ! L— ,+ 1 (4 PUS a ta à 1 : De dE « ‘4 *( ré 4 , is = “1 L 1 4 x * — 4 N s ( Al { tdi 4° DAT. “ Zool: Tom: 2 PL. 6. ie LE Cole à. 4 fu tr Æ rech Contaldes, Zool. Tom. 2. PL 7- Qi 23 dcartens. Zool.' Tom. 2. PE 8. Lartenr. Payne Da! En ; ! bat a lu : PS « . —< d … . . ” u 1 + : - * ES } : _ . 4 NT) ‘ t Ê =. “ Me. ME 5 ul A Ed 2 ls Fe ueg 707 La tes Sn - ÿ22 PYUT Of jp png 3 dog pour Ê s2P YU “ref ‘vod »} op onuojvu by oc By Gly (re) «vod »} 0p oO} Up LP V2 17/4 off jdn proue or by Gb { L Al nt rie A LE Li ce PT V4 & \ AAA ANA : PME CS N È à d'a PAR De - es | / M dd: dd ‘ G ‘tue Jo d oz 28 Jerre des Stone nat. nn. 3 Fi ü ÿ + LS 3 N = à g Ÿ ÿ : * + S =? LE ss & E = = - È k | e Ë : 3 Ÿ { ë è 4 = : Y x Ÿ | $ } * ‘ Pa Ve . NN l à E EN S LS S a = + bi ES S & » Ann. des Jetnc. nat 2° Serie . Zool. Tom. 2, PL. v dut | Qourgphger dt À Luride das gallas du tilleul. Y Œufi de Plnorbes et lnnées. € deve - loprement de CAselle [Onisousr aguatius Z ] nd dit Ann der éenc » DO Verte k à 3 - _ x û vence ru ere ; ZOO TON LOL LON à cena wèp o DU ÿ 0 » Dugong, fossile re. Ann. des Jtienc. nat. 2° dérie Zoo. Tom. 2.Pl14. Ortéoloqie de la orneulle \ A 1 + ” ni à ÿ Zoot. Tom. 2.Pl 19. un. des Jeiene. nat 2° Jéri&. \ d : Fig. 2 € Aile lacguernin at. nat del! As LUE Tor & RS , Vas ENT APEN GET % Lo W # e ü NV» 1 à 1 : M —. + + à Fi fe ar Ni: fort +7 = = à sf 3 . - : ’ L = * ‘ ne. Auf > * Ca + | È \ . = E + v = : de $ Les L2 . F t 141 , . : * x ‘ £ Li D S È ; : É : - = + ‘4 ; L ) LR: A L | n . « = D “ : L lei n \ 4 . L2 F x ‘ C1 0 CA en # ä a dia A H F" ; L U ï L , . L Ps : L æ A ! —… d ‘ : ‘ {0 “ x L " \ : F ' : 7. . d ". È h L 4 À . al : æ - , D: - . rh LA se £ AL « a CS LA : 4 L | : ' . # . + L ‘ MUR ?, : : : a Le € Î Î 4 + L 4 \ L + à LA A - | . AM “ 4 5 # … (4 | La SN UN LA es, + DIRAIT Fi NW du UN RÉUNIE Pau }| 15/8) 4 Reis F4 fit £ RAnE ? fr Al ETAT