ÿS 5 + W à: ANNALES DES SCIENCES PHYSIQUES rr NATURELLES, D’AGRICULTURE ET D’INDUSTRIE. P F4 Pi ss hrs A IA drsstsit ste 2528 =à PRE EYON. — IMPR, DE BARRET, PLACE DES TERREAUX, 20. RQ ANNALDMO SCIENCES PHYSIQUES ET NATURELLES, D'AGRICULTURE ET D'INDUSTRIE, PUBLIÉES PAR Jin Societe rovnle d'Hariculture, cte,, de oon. & TOME li. MARS 1810. LYON, CHEZ BARRET, LIBRAIRE-ÉDITEUR, PLACE DES TERREAUX , PALAIS Des ARTS, 19 cl 20. SAVY , LIBRAIRE-ÉDITEUR, QUAI DES CÉLESTINS , 48. PARIS, CHEZ L. BOUCHARD-HUZARD , LIBRAIRE-ÉDITEUR, RUE DE L'ÉFERON, 2. en AHPT 5 . + ce LLC — Ce ANNALRO SCIENCES PHYSIQUES ET NATURELLES, D'AGRICULTURE ET D'INDUSTRIE, Jia Sociste ropule d'Harieulture, ete, de Tivon. TOME li. ——— D 0 99 -———— MARS 1840. > EE) ee —— ——— Pro So: Agrie. Lan, IT US PAL coupe LEE RE. 42 / DOM SP TE OLA L CHEZ DBANMEZL, MIEEAINRE EEELEUN ; PLACE DES TERREAUX , PALAIS DES AnTs, 19 et 20. SAVY , LIBRAIRE-ÉDITEUR, QUAI DES CÉLESTINS , #6. PARIS, CHEZ L. BOUCHARD-HUZARD , LIBRAIRE-ÉDITEUR, RUE DE L'ÉPERON, JL. ANNALES DES SCIENCES PHYSIQUES ET NATURELLES 1 D'AGRICULTURE ET D'INDUSTRIE, Ma Societe rounle D'Hariculture, ete, de Jlvon. Fe TOME lil. MARS 1520. LYON, CHEZ BARRET, LIBRAIRE-ÉDITEUR, PLACE DES TERREAUX , PALAIS DES AnTS, 19 et 20. SAVY , LIBRAIRE-ÉDITEUR, QUAI DES CÉLESTINS , 48. PARIS, CHEZ L. BOUCHARD-HUZARD , LIBRAIRE-ÉDITEUR, RUE DE L'ÉPERON, 1. Le + = » | FÉ er * r PE si F EN 1 Lo ne er sie 7, ; ARE PR à AT | 5 AR: à 4 M LU FES ne 1 at Rare S hitiitesmn, >= % : æ Ç=0 CN LOS 0 Là PE EE Lohe ei End à ÊPE ÉPATUE Me 2e LT | 2 N ae LE” le { (4 nm ? TT fr . _ … « . ge + du _ : … w j (A ART DES BRISES LE JOUR ET 6 NUIT AUTOUR DES MONTAGNES, PAR M. J. FOURNET, PROFESSEUR À LA FACULTÉ DES SCIENCES DE LYON. (Extrait de la Météorologie du Uassin du Rhône. ) Considérations générales et observations préliminaires. Depuis long-temps la météorologie possède un certain nombre de faits qui échappent, pour ainsi dire, à l’atten- tion, parce qu'ils ne sont pas groupés de manière à con- stituer un corps scientifique; dans cette classe on peut ranger les espèces de marées périodiques auxquelles est assu- jettie l'atmosphère des pays montagneux. Plusieurs observa- teurs ont déjà signalé quelques-uns de leurs effets ; cepen- dant je ne connais que la Physique du globe de M. Saigey dans laquelle la question ait été pressentie d’une manière purement générale ; mais la forme succincte de ce traité permettant le doute, faute de preuves à l'appui de la théo- rie, J'ai cru devoir adjoindre ici, aux exemples déjà signalés par d’autres, ceux que mes excursions m'ont fait découvrir. Pendant celles-ci, je me suis encore attaché, autant qu'il peut dépendre d’un voyageur , à reconnaître les anomalies FIRE 1 2 DES BRISES DE JOUR ET DE NUIT ou les modifications que les vents généraux et les accidents du sol introduisent dans la marche ordinaire du phénomène ; enfin, ces études m'ont amené à en développer une explica- tion nouvelle. Je suis loin de prétendre pour cela que celle qui a déjà été donnée par M. Saigey soit inexacte; mais, plusieurs effets pouvant concourir au même but, il peut être d'un cer- tain intérêt de connaître les divers moyens que la nature met en usage pour la réalisation de ses vues : aussi, seront-elles mises toutes deux en regard, et l’une pourra être considérée comime le complément de l’autre. Ces oscillations se traduisent en brises, dont l'intensité varie suivant les localités ; mais, en général, elles acquièrent leur maximum d'énergie lorsqu'elles sont forcées d’enfiler des es- paces étroits, tels que les vallées, les gorges, les défilés; c’est mème dans ces circonstances qu'elles ont, depuis long-temps, fixé l'attention : par exemple, en Alsace, à l'embouchure de Ia grande vallée de Münster, chaque soir , pendant les journées calmes et chaudes, on observe un de ces courants, dont l'é- coulement continue toute Ja nuit, de manière à répandre , jusqu'à une assez grande distance, dans les plaines de Col- mar, unc fraicheur, dont j'ai eu maintes occasions de res- sentir l’agréable effet à la suite des excursions entomolo- giques de ma jeunesse. I recoit, dans la langue du pays, le nom de Thalwind , ou vent de vallée : dénomination que l’on doit conserver, parce qu'elle exprime très-bien le principal résultat du phé- nomène. Un autre vent analogue, qui a aussi été signalé depuis un temps immémorial, est celui qui se manifeste sur le territoire de Nyons, dans le département de la Drôme, où il est connu sous le nom de Pontias. D'après M. Gras et les autres auteurs qui en ont parlé, tous les jours, à 9 ou 10 heures du soir, en été, et dès 6 heures, en hiver, ce vent froid se fait sen- D AUTOUR DES MONTAGNES. E ür en sortant d'une gorge étroite, profonde, sinueuse, qui se prolonge sur près de deux lieues, en aboutissant, d'une part, dans les plaines du Rhône, près de Nyons, et, de l'autre, dans une vallée très-large, encaissée au milieu des montagnes de la Drôme. Ce vent s’accroit progressivement pendant tonte la nuit jusqu’au lever du soleil; mais, sitôt que cet astre à paru sur l'horizon , il décroit, et cesse enfin entiè- rement lorsqu'au bout de quelques heures ses rayons ont ac- quis assez de force pour échauffer la terre. Il est beaucoup plus froid et plus violent en hiver qu’en été, et la température qu'il amène est quelquefois telle, qu'on l’a vue congeler la vapeur aqueuse de l'atmosphère ; même en été, cette fraicheur est encore assez prononcée pour être très-sensibie dans les matinées. Malgré sa constance re- marquable, il éprouve des interruptions ou des ralentisse- ments, suivant que les circonstances deviennent plus ou moins favorables à son établissement. Ainsi, pendant les ac- cablantes chaleurs estivales, lorsque la terre, échauffée par un soleil brülant, n’a pas le temps de se refroidir dans le court intervalle des nuits, il parait comme étouflé ; il en est de même lorsqu'il pleut ou que le ciel est couvert de nuages pendant toute la nuit, ce qui est rare à Nyons. Les neiges , au contraire, paraissent avoir une grande influence sur sa production, car il ne s’est pas fait sentir dans les hivers 1639 et 1640, où il n'y en eut point. On concoit, d’après cela, qu'il ne parcourt pas toujours le même espace ; en hiver, ou bien immédiatement avant et après les pluies, il descend quelquefois jusqu'au Rhône , après un trajet de 1 lieues; mais, en été, ou lorsque le temps est serein, ses promenades sont plus courtes et ne s'étendent qu'à une lieue au-dessous de Nyons ; il y a même des nuits qu'il dépasse à peine la ville. Il ne règne point dans les régions supérieures de l’atmo- 4 DES BRISES DE JOUR ET DE NUIT sphère, ni même au-dessus des coteaux qui avoisinent Nyons; en sorte qu'il semble s’écouler tout entier par le défilé à l'en- trée duquel la ville est bâtie. La largeur de ce courant dé- pend également de la température : dans les temps ordi- naires, elle n'excède pas une demie ou trois quarts de lieue, ainsi qu'on peut s’en assurer par l'agitation des feuilles sur cette étendue, pendant que le calme règne partout ailleurs ; le matin, la rosée couvre souvent les arbres d’un verger, et, dans le pré voisin, elle a été secouée par le Pontias ; il s'é- largit principalement dans les temps humides. Son souflle n’est pas parfaitement égal ; il offre des renfle- ments périodiques d'intensité, qui se succèdent à quelques mi- nules d'intervalle, et ces renflements sont surtout sensibles lorsque le vent du midi vient entraver sa sortie ; il s'échappe alors par bouflées irrégulières, et avec d'autant plus d’impé- tuosité qu'il est plus retenu. On le sent encore quand on re- monte le défilé pour entrer dans la gorge supérieure ; mais sa force va toujours en décroissant à mesure qu'on s'élève, et il disparait presque entièrement lorsque , après 2 ou 3 kilo- mètres de marche, on est arrivé au rocher qui limite le terri- toire d’Aubres. Ce n’est pas ici le cas de rappeler St Césaire allant cher- cher le vent de la mer dans un de ses gants pour le jeter contre un rocher, qui, s’entr'ouvrant au choc, laisse écouler le Pontias, ni les autres fables dont ce phénomène nocturne a été l'objet; mais j'insisterai spécialement sur une circon- stance dont la connexion de réciprocité avec celui-ci n’a pas assez fixé l'attention des observateurs, bien qu'ils en aient si- gnalé les détails. Dans la même vallée, mais un peu plus haut, il s'élève ordinairement vers le milieu de la journée un vent froid, appelé la Fésine, c'est-à-dire mauvais vent, qui, remontant la rivière d'Eygues, franchit le défilé où le vil- lage des Pilles est bâti, et se perd dans une vallée plus large AUTOUR DES MONTAGNES. 5 qui lui succède ; il augmente de violence à mesure que la chaleur devient plus forte. On doit donc voir ici deux effets périodiques opposés , sa- voir : un vent nocturne et un vent diurne, contraires l’un à l’autre suivant les heures de la journée, et agissant dans des circonstances locales susceptibles de se prêter avec le plus d’eflicacité à leur développement. La suite fera mieux sentir l'importance de l’extension que je viens de donner au phénomène de Nyons. La vallée d'Eygues n’est pas la seule de ce département qui soit susceptible de manifester ces courants d’air : à Saillans, où le bassin de la Drôme est très-rétréci, il règne un vent éga- lement frais, que l'on nomme Solore, et qui suit le cours de la rivière. D’après Chorier, lorsqu'il souffle avec violence, c'est un présage de pluie assuré : on en cite encore de parcils à Cha- teauneuf-de-Bordette, à Bénivai, à St-Mai et à Venterol, loca- lités qui sont toutes situées à l'étranglement d’une vallée ou à l'entrée d’une gorge. Dans un voyage que j'ai eu occasion de faire dans le Vercors, durant les premières journées du prin- temps de l’année 1858, j'en ai aussi ressenti d’analogues au débouché des gorges de Ste-Eulalie et de St-Laurent-en- Royans, et leur effet était d'autant plus prononcé, qu’alors Les plaines environnantes se trouvaient déjà fortement échauf- fées, tandis que la masse d'air descendant, la nuit, des som- mités neigeuses subalpines possédait une température très- basse, en sorte qu'il suflisait de quelques pas pour passer d'une atmosphère tiède dans une zône presque glacante. Jusqu'à présent il n'a été question que d'effets très-pro- noncés à cause des circonstances locales, mais on se trom- perait si l’on croyait qu ils sont uniquement propres aux seules dépressions profondes du sol; quelques passages des voyages de de Saussure nous démontrentqu'ils appartiennent à toutes les déclivités, à toutes les rampes, et qu'ils se manifestent 6 DES BRISES DE JOUR ET DE NUIT jusque sur les plus hautes sommités. C'est par ces vents ver- ticaux qu'il explique quelques anomalies des mesures baro- métriques prises dans les vallées resserrées ; c'est en vertu de la même cause qu'il a vu des papillons ent rainés Jusque auprès des dernières cimes du Mont-Blanc, où ils expiraient de la fatigue d'une longue lutte ; c’est enfin ainsi que, pendant les belles nuits de sa mémorable station sur le col du Géant, son hygromètre marchait constamment au sec; ilvoyait alors, dans la soirée, les vapeurs se condenser et descendre d’abord à son niveau, où elles produisaient en passant a rosée et l'humidité du soir ; ensuite elles continuaient de descendre et de s’entasser dans le fond des vallées, et, pendant ce temps, l'air ambiant de la cime s'épurait et se desséchait de plus en plus. Cette action était tellement prononcée que la plus grande sé - cheresse qu'il ait trouvé durant ses quatorze jours d'observation a régné pendant la nuit; savoir, 66°,3 de l'hygromètre à mi- nuit, et même seulement 52°,5 à 4 heures du matin; et, certes, ce n'était pas la chaleur qui occasionnait cette siccité, car, à minuit, le thermomètre indiquait seulement 0°,13 au-dessus de la glace fondante, et, même à 4 heures du matin, il mar- quait — 0°,50. Cependant cette nuit si sèche sur le col du Géant était très-humide à Chamouni , où toute la vapeur at- mosphérique semblait s'être précipitée. Réciproquement pour le jour, il se formait quelquefois dans le fond de l’Allée-Blanche des nuages, qui, le matin, lorsque le soleil réchauffait les flancs de la montagne, suivaient leur pente ets’élevaientensuiterapidement au-dessus du point culminant. Ainsi, peu à peu l'air de la vallée se saturait, et les nuages qui se formaient conservaient leur nature tant qu'ils y demeu- raient renfermés; mais, dès qu'ils étaient montés au-dessus de ces parois et qu'ils se trouvaient dans un espace libre , ils se divisaient en filaments, qui, semblables à ceux d'une houppe AUTOUR DES MONTAGNES. | de cygne qu'on électrise , paraissaient se repousser mutuel- lement en produisant des tournoiements et des mouvements si bizarres, si rapides et si variés, qu'il serait impossible de les décrire. Ces brouillards diurnes venaient souvent troubler ses observations et influencer fortement son hygromètre, même quand le temps était partout ailleurs de la plus parfaite sérénité. Les observations de de Saussure recoivent une importante confirmation par les résultats suivants que M. Maurice, de Genève, a consigné dans son Résumé météorologique pour l’année 1836. Dans la période des trente années écoulées depuis 1796 jusqu'à 1825, on a obtenu à Genève, pour la moyenne hy- COMME SE < SA PINS LOF AN TEME: 82009 Tandis que, dans la série des sept années écoulées depuis 1826 jusqu'à 1835, elle ne s’est élevée quà S0°,09 Réciproquement au St-Bernard, pendant l'espace des huit années écoulées depuis 1818 à 1825, les het As 820: 9 À Tandis que, pour l'espace des dix années sui- NAS DOME un 5 Ge CM MSN, MES 60, RE observations ont donné . . . . . Or, dans la première série de Genève, on tenait compte des résultats du lever du soleil , époque qui devait être for- tement influencée par l’accumulation nocturne des vapeurs dans la région basse où la ville est située , tandis que, dans la seconde série, il n'a plus été fait d’autres observations dans la matinée qu'à 9 heures, instant où l’effet inverse devait déjà être prononcé. De même au St-Bernard, la première série comprend les époques du lever du soleil, nécessairement moins humides sur l’Alpe que les moments de 9 heures du matin, midi et 3 heures du soir de la seconde série, pour lesquelles l'as- cension périodique diurne devait nécessairement produire un 8 DES BRISES DE JOUR ET DE NUIT maximum hygrométrique. M. Maurice a cru ne pouvoir expli- quer ces différences autrement que par des dérangements de l'instrument ; mais, comme on le voit, elles sont enticre- ment d’accord avec la loi du balancement périodique de lat- mosphère dont nous recherchons les effets. Muni de ces diverses données et de plusieurs autres qui trouveront plus naturellement leur place par la suite, je pensai qu'un phénomène aussi prononcé ne devait pas être particulier à certaines localités, bien qu'il püt étre plus in- tense dans les unes que dans les autres en raison des dispro- portions locales des températures, et je portai d’abord mon attention sur les montagnes lyonnaises. Vallée de l’Azergue. Dès mon arrivée à Chessy, en 1834, je pus observer à loisir que, par les temps calmes , en hiver comme en été, les fumées des fonderies s’étalent chaque soir , après le coucher du soleil , au-dessus des prairies basses qui séparent les usines du village, et que là, elles forment une nappe continue, plus ou moins permanente , et élevée d'une trentaine de mètres environ au-dessus du sol. Celle-ci se raréfie de plus en plus en descendant la vallée, au point de n'être plus perceptible, entre Chessy et Chätillon, autrement que par son odeur sul- fureuse, et le vent nocturne, qui l’entraîne presque insensible- ment dans le principe, acquiert une certaine force vers les 10 heures du soir. Même après les journées durant lesquelles l'atmosphère a été fortement agitée par les vents généraux, la tranquillité qui survient assez ordinairement dans la soirée , au moment du crépuscule , permet encore, au moins momentanément , la production du phénomène. Les observa- tions sur le vent diurne présentent une plus grande incerti- AUTOUR DES MONTAGNES. 9 tude; car trop de causes contribuent à troubler alors l'équilibre de l’air; et, d’ailleurs, le fort évasement de la vallée , son in- flexion vers les fonderies et sa ramification avec le vallon de Glay semblent s'opposer à la production d'un courant régulier au milieu de causes perturbatrices provoquées par la présence du soleil ; aussi ferons-nous abstraction des cas très-rares où ce calme a paru permettre aux fumées de se replier en amont. Le phénomène du vent descendant de nuit est connu des habitants de Chessy, qui saveni fort bien le distinguer d’aver le vent d'Ouest supérieur , dont la direction est la même en vertu de l'orientation de cette partie de la vallée. Ce dernier amène toujours la pluie, tandis qu'ils considèrent la brise nocturne comme un pronostic de beau temps ; maïs cette dé- duction, qui se retrouve dans d’autres pays, comme nous le verrons encore par la suite , a le défaut d'être trop générale ; car, d’après mes études, la brise est plus saillante que de cou- tume quand le vent du Sud commence à régner dans les parties élevées de l'atmosphère , et alors il est assez rare que la pluie ne survienne pas le lendemain matin ou peu de temps après. Les cultivateurs ont fait une autre observation qui parait se lier intimement au phénomène en question, et voici en quoi elle consiste. Dans les premiers jours du printemps, lorsque les feuilles des plantes tendres commencent à pousser et que le temps est clair, il survient assez fréquemment, vers l’époque du lever du soleil , une gelée qui détruit cette végétation naissante. Elle est connue sous Je nom particulier de gelée du prin bros ( premières pousses ). Eïle exerce ses ravages plus spéciale- ment dans les lieux bas ; circonstance qui ne peut s'expliquer que par les effets combinés du rayonnement nocturne et du froid des régions plus élevées amené vers les parties infé- ricures par les brises descendantes ; car le rayonnement seul 10 DES BRISES DE JOUR ET DE NUIT doit agir avec la même énergie sur les hauteurs que dans les fonds. Cette observation coïncide d’ailleurs parfaitement avec celle du Pontias, congelant la vapeur atmosphérique par son action frigorifique. | J'ai encore été témoin, au-dessus de la vallée d’Azergue , d'un effet des vapeurs aqueuses analogue à celui que de Saussure a signalé pour les Alpes, mais que je crois essentiel de décrire à cause des différences qui existent entre nos deux résultats. Le 3 août 1838 , le ciel étant fortement nuageux au-dessus des plaines et des montagnes, le vent, dont l'allure impétueuse variait du Sud à l'Ouest et au Nord, se fixa enfin dans la soirée sur ce dernier rhumb; j'arrivai alors, vers les 5 heures, à Sainte-Paule , village situé sur le cap qui termine la chaine beaujolaise , et dominant , avec sa hauteur absolue d'environ $00 mètres, d'une part, le bassin de la Saône, et, de l’autre, Ja dépression bosselée qui environne Chessy. Les nuages , qui, durant le jour, avaient naturellement erré suivant tous les caprices du vent, sans observer aucune distri- bution régulière , prirent successivement l'allure du vent sep- tentrional , en s’alignant sous la forme de longues colonnes d'épaisseur égale et couchées parallèlement les unes aux autres avec une remarquable symétrie. Peu à peu ces trainées s’amin- cirent ; dégénérèrent en pommelures, puis en flocons rudi- mentaires ou cirrhi, qui, à leur tour, se dissolvant complète- ment , laissèrent le ciel dans un état de pureté parfaite quelque temps après le coucher au soleil. Le vent du Nord perdait son impétuosité à mesure que cette dissolution s’effectuait, et ne se manifesta plas que par une agitation douce et agréable qui m'invita à rester sur le plateau, où Je pus jouir, jusqu'à 1 1 heures du soir, d'une de ces belles nuits qui ne sont accordées qu'aux explorateurs des régions montagneuses. L'effet dont je jouissais alors était d'autant AUTOUR DES MONTAGNES. 11 plus saillant qu'aussi long-temps que le crépuscule me le permit, je voyais, pour ainsi dire, à côté de moi toutes les parties supérieures de l'atmosphère des plaines demeurer couvertes de vapeurs tellement épaisses, que, de ma station, elles ressemblaient à des nuages. Cominent expliquer cette différence autrement qu'en admettant que le reflux des mon- tagnes ramena dans la soirée, vers les parties basses, les va- peurs que le flux avait élevées durant le jour ; entrainement dont l’action ne put se faire sentir au zénith des plaines. Ce- pendant les observations de M. Clerc constatent que la lune parut à son tour, avec tout son éclat, au-dessus de Lyon, vers les 10 heures; mais aussi, le lendemain matin, dès les 6 heures, le ciel de Lyon était de nouveau vaporeux , tandis que celui des hauteurs demeura limpide jusque vers 10 heures , époque à laquelle la transparence matinale y fut aussi détruite par l’envahissement graduel du nible (1) de la plaine. Ce dernier effet de dissolution des vapeurs atmosphériques, en retard sur l’abaissement occasionné par les montagnes; et, par conséquent, indépendant de celui-ci, est, pour ainsi dire, périodique dans les soirées calmes, et se manifeste aussi bien au-dessus des continents que sur la vaste étendue des mers. Les marins l'expriment à leur manière en disant que La lune mange les nuages. Mais mettons de côté la voracité de notre satellite, pour nous rendre raison du fait en nous basant sur les lumières de la saine physique , et, pour cela , résumons d'abord tous les détails qui le caractérisent, en supposant une journée même très-couverte. On peut observer qu'alors, en général, vers l'heure du cou- cher du soleil, c'est-à-dire moins tard en hiver qu’en été , les nuages éprouvent presque infailliblement une diminution dans leur densité, au point de disparaître entièrement, ou de laisser (1) On entend par nible une atmosphère vaporeuse. Celle expression lyonnaise devrait être introduite dans la météorologie, à cause de sa concision, 12 DES BRISES DE JOUR ET DE NUIT au moins des éclaircies bien plus nombreuses qu’il n'en exis- tait quelques moments auparavant. Cette dissolution peut dès- lors rester permanente toute la nuit; mais ordinairement, après un temps dont la durée est variable , les nuages reparaissent en plus où moins grande quantité, suivant les circonstances. Or, ce fait, qui constitue le proverbe des marins et que j'ai vérifié par une multitude d'observations ; ne peut, je le crois du moins , s’expliquer que de la manière suivante. La vapeur aqueuse étant plus légère que l'air , son mélange avec celui-ci doit se comporter de la même manière que deux gaz inégalement denses , tels que l'acide carbonique et l'oxi- gène , ou l’oxigène et l'hydrogène qui, placés chacun dans une éprouvette , seraient renversés l'un sur l’autre. Dans cette opération il y aura , à la vérité, mélange, mais un mélange inégal, en ce que le gaz le plus pesant dominera dans l’éprou- vette inférieure, et le plus léger, dans le vase supérieur. Ceci admis, on concevra que, durant le jour, la vapeur élas- tique légère doit tendre constamment à gagner les régions su- périeures, où elle alimente les nuages; mais, dès que le soleil cesse d’échauffer la terre, l'évaporation d'en bas s’arrète, et les nuages, n'étant plus entretenus par cette subvention conti- nuelle, demeurent seuls en prise avec les derniers rayons, qui, traversant encore obliquement l'atmosphère , leur communi- quent assez de chaleur pour les dissoudre ; ensuite la décli- naison de l’astre augmentant de plus en plus , cette cause de dissolution cesse à son tour d'exercer son influence, et le froid de la nuit peut ramener à l’état vésiculaire les vapeurs momen- tanément dissoutes. Ainsi donc, les vapeurs tendent à disparaître du ciel vers l’époque du couchant, en vertu de deux causes bien différentes, suivant qu'elles s’exercent sur les plaines ou sur les monta- gnes ; l’une est mécanique, l’autre physique ; l’une dérive des inégales dilatations de l'air entre les dépressions et les AUTOUR DES MONTAGNES. 135 aspérités du globe, et l’autre, d'un simple effet de chaleur plus long-temps entretenu aux limites de l'atmosphère que sur la surface terrestre ; et je me réserve de faire l'application de ces principes au phénomène des variations horaires du baro- mètre, dans lequel ils jouent un rôle important. Ces dévelop- pements nous entraineraient en ce moment trop loin de notre sujet. Vallée de la Brevenne. Les observations que M. l'abbé Chirat, professeur d'histoire naturelle au séminaire de Ste-Foy-l’Argentière , a bien voulu faire à ma demande, suffisent pour établir que la vallée de la Brevenne présente aussi ses brises nocturnes ; et je crois de- voir me borner à résumer ici textuellement les extraits de notre correspondance à ce sujet. « Un vent, ditl, que je n’oserais dire particulier à notre vallée, est celui que nos gens nomment l’#loup de vent, ou peut-être Loup de vent ; c’est moins un vent qui soufile qu'un courant d'air qui se fait sentir en descendant le cours de la Brevenne, et cela, avec plus d'énergie au niveau de la rivière que sur les coteaux voisins. « Il règne plus fortement en janvier et en février que dans le mois de décembre, qui est ordinairement nébuleux; il est aussi sensible en été. Dans cette dernière saison, il semble se lever à peu près vers le coucher du soleil, et continue jus- qu'à 8 heures du matin , de manière à avoir acquis toute sa force avant le lever de cet astre ; il est alors assez intense pour que les cultivateurs puissent en profiter pour venter leur blé quand ils n’ont pu le faire le soir. « Il rafraichit sensiblement l’atmo-phère ; et il y a une différence marquée entre les froids qu'il produit et ceux qui proviennent de l'invasion du Nord; car ce dernier n'occa- 14 DES PRISES DE JOUR ET DE NUIT sionne que des abaissements de température, croissant progressivement demi-degré par demi-degré , tandis que l'Aloup de vent fait descendre le thermomètre subitement de 3 à 4 degrés, en sorte que nos froids les plus vifs se font sentir pendant qu'il règne. C'est aussi dans ces moments qu'on jouit des plus belles nuits, et, dans la matinée sui- vante, la campagne offre le plus d'éclat; l'atmosphère est limpide, et elle demeure telle si le Nord gagne; mais, en général, F'Aloup amène toujours dans les bas-fonds du serein ou une rosée froide et abondante , signe de changement de temps en hiver comme en été; car le vent du Sud vient or- dinairement après, vers le milieu du jour, avec ses nuages pluvieux, à moins que, dès les 8 ou 9 heures du matin, le Nord n’envahisse l'atmosphère. » Ces détails étant suffisants pour mon but, je me décidai à chercher un autre champ d'exploration. P P F'allée du Gier. Au premicr aspect il paraissait naturel de supposer que les vents de vallée devaient se reproduire dans celle du Gier, car, d’une part, elle est dominée par la grande masse du Pilat, et, d'un autre côté, sa partie inférieure est fortement étranglée ; cependant mes premières questions à ce sujet ne me valurent que des renscignements assez incertains. Pour trancher la dificulté, je gnettai une journée favorable, qui se présenta le 2 mars 1839; car le vent du Sud, ne souf- flant que faiblement, annoncait une nuit calme. Je me rendis à St-Chamond , où j'arrivai vers les 4 heures du matin; le froid était très-vif, une gelée blanche couvrait le sol : le nible continuait à remplir l'atmosphère comme la veille; il pro- duisait en ce moment un magnifique halo autour de la lune; AUTOUR DES MONTAGNES. 15 et le vent de nuit descendait la vallée avec une certaine rapi- dité , ainsi que je l'avais espéré. Je continua d'observer celui-ci dans la matinée, et je vis que, dans cette saison où le soleil se lève encore tard , l'im- pulsion descendante persistait jusque vers les 9 heures du matin; mais alors la famée des fours à réverbère, qui jusque- là inclinait vers les plaines du Rhône, devient verticale ou penchée tantôt en amont , tantôt en aval, oscillations qui se répétèrent continuellement jusque vers les 10 heures du matin, où son renversement fut décidé. Dès ce moment , la somme des vapeurs et des fumées de la vallée, prenant un cours as- cendant, S'allongea en couche épaisse, qui ne tarda pas à former des plaques nuageuses adhérentes aux flancs du Pilat, et celles- ci ne disparurent qu'après midi, sous l'influence de la forte radiation solaire.Cette nouvelle allure du courant de la vallée, favorisée par le calme général de l'atmosphère , se maintint jusqu'au soir, et persista quelque temps après le coucher du soleil ; mais bientôt l'incertitude de la matinée se manifesta de nouveau ; la fumée de l’amadou prit son cours de côté et d'autre , et enfin, vers les 10 heures du soir, la direction re- devint uniformément descendante comme dans la nuit pré- cédente. Je demeurai deux jours entre Rive-de-Gier et St-Chamond pour continuer ces observations , et elles s’accordèrent dans leurs résultats généraux ; ainsi, même givre, même nible qui ne s'élevait complètement que vers midi; même tendance vers les flancs du Pilat de préférence à toutes les autres as- pérités de l’encaissement de la vallée, et, pendant ce temps, le vent du Sud général dominait en plein sur le Rhône, ce qui n'empêchait pas que l’aspiration perpendiculaire ne se fit sentir depuis Givors. Les observations précédentes ont été faites pendant le règne d’un vent méridional ; il n'était donc pas sans impor- 16 DES BRISES DE JOUR ET DE NUIT tance d'apprécier l'effet que pouvait produire le vent du Nord, et, en cela, j'ai été admirablement servi dans les jour- nées des 15, 16 et 17 février 1840. Le 15, à 7 heures du matin, le ciel était uniformément couvert ; il avait plu dans la nuit précédente, et l'atmosphère du bassin du Rhône était vaporeuse. Il tomba encore quelques gouttes à Givors vers 8 heures 1 [2, puis des éclair- cies commencèrent à se montrer en divers points par suite de l'impulsion septentrionale qui commençait à se faire sentir ; cependant ces raréfactions nuageuses ne furent sensibles au- dessus de Rive-de-Gier que vers 4 heures du soir, et la brise, qui avait été ascendante durant la journée, prit, à 6 heures1/2, la direction inverse, qu’elle conserva toute la nuit. Ces préam- bules d'un changement définitif dans l'allure des vents géné- raux furent suivis des phénomènes que nous allons décrire. Le 16, à 5 heures 1/2 du matin, le zénith de la vallée ne présentait plus que des cumuli nombreux ; la lune, près de son couchant, était brouillée, et la brise nocturne, toujours descendante; mais le ciel se purifia rapidement, en offrant la dégradation habituelle des nuages par leur passage à l’état de pommelures, puis à celui de cirrhi, si bien qu'à l'exception de quelques bandes légères orientées N-S et poussées par le Nord, il ne restait plus, vers 7 heures, aucune trace de va- peurs vésiculaires dans les régions supérieures de l’atmo- sphère. Par contre, la chute nocturne du gaz aqueux dans les parties basses était dénotée par une gelée blanche, par un brouillard léger, et surtout par la grande accumula- tion des vapeurs vers l’embouchure de la vallée, tandis que ses parties situées en amont étaient beaucoup plus transpa- rentes, sans présenter cependant cette limpidité parfaite qui est l’un des caractères essentiels de la domination du vent du Sud. Cependant la brise descendante redoubla graduellement AUTOUR DES MONTAGNES. 17 d'intensité, en produisant des bouffées trop fortes pour n'être pas le résultat d’une combinaison du vent de la vallée avec le Nord, réfléchi à la rencontre de la masse transversale du Pi- lat; et cette énergie s'accrut encore vers 10 heures du matin. Ce ne fut qu'à 1 heure du soir que l’action se modéra ; à 1 heure 1/4, les colonnes fumeuses des réverbères devinrent verticales, et, à 2 heures, le courant général était définiti- vement renversé en amont, de manière à se diviser en branches partielles, dirigées respectivement vers les cimes des montagnes du Pilat et de Riverie qui forment l’encaisse- ment du Gier. Cette circonstance était clairement démontrée par la marche bifurquée de la fumée des puits de l’Ile-d’Elbe, du Martoret, etc., placés en regard les uns des autres et à une certaine hauteur sur les rampes opposées de la vallée, tandis que celle des puits de la partie la plus profonde de sa concavité obéissait à une direction intermédiaire et chemi- nait dans le sens de son axe. Vers le milieu de cette journée , l'aspiration produite par les sommités avait aussi ramené les vapeurs des parties basses vers les parties supérieures de l'atmosphère; d’où il résulta que des cumuli plus où moins clair-semés et toujours poussés par le Nord passèrent de nouveau au zénith. À 5 heures, leur dé- générescence en pommelures régulièrement espacées devint manifeste; phénomène qui fut accompagné d’une diminu- tion sensible dans la force de la brise diurne, en sorte qu'à 6 heures, les colonnes de fumée étaient à peine inclinées en amont ; et ce ralentissement fut suivi de près par le retour nocturne; enfin, à 7 heures, le vent descendant était trè$-vif. Le soleil, qui avait disparu derrière l'horizon, laissait dès- lors les vapeurs supérieures en proie à l'influence frigorifique de la nuit, et le ciel, purifié pour quelques instants vers le moment du coucher, fut de nouveau tapissé de cumuli ; mais T, It, 2 d 18 DES BRISES DE JOUR ET DE NUIT ceux-ci ne purent résister à la continuité de l'entraînement du haut vers le bas; aussi leur densité était sensiblement dimi- nuée vers les 11 heures, et leur disparition complète s'opé- ra ensuite de telle sorte qu'il n'en existait plus de traces le lendemain au point du Jour. Cette série de phénomènes se reproduisit dans la Journée du 17 avec une exactitude remarquable, sauf les légères dif- férences qui pouvaient résulter d’une énergie un peu moindre dans la force des vents ; et, pour terminer, j'ajouterai qu'à ma sortie de la vallée, à 3 heures du soir, je trouvai celui du Nord complètement établi dans le bassin du Rhône, où il persista les jours suivants. En définitive, on doit voir que le vent septentrional a eu pour résultat d'occasionner un retard notable dans l’éta- blissement des brises diurnes; effet qui s'explique assez naturellement, comme on le verra plus loin, par le froid qu'il apportait contre les flancs élevés des montagnes, en sorte qu'il ne fallut pas moins qu'une radiation solaire sou- tenue pendant ces belles journées pour déterminer enfin l'a- spiration ascendante. Il est même à croire qu'elle eût été complètement oblitérée, si, à une apreté égale, s'était jointe l'influence d'un ciel fortement couvert, comme cela aurait pu arriver si le N-0 eut régné au lieu du Nord. Le règne exclusif du vent septentrional en question pen- dant quelques jours occasionna un refroidissement notable ; mais, le samedi suivant, 22 février, à 8 heures du matin, on put découvrir à la marche des cumuli que le Sud cher- chait à reprendre sa position ; cependant il demeura confiné dans les parties supérieures de l'atmosphère, où il dut échauffer les hautes cimes du Pilat, sans pouvoir tempérer au même degré les plaines et la vallée du Gier. Aussi la brise nocturne en fut complètement intervertie, et demeura ascendante durant les nuits des 22 et 23 février, comme elle AUTOUR DES MONTAGNES. ik le fut pendant la journée intermédiaire. Cet effet, remar- quable en ce qu'il est l'inverse du cas précédent, pourrait encore au besoin être invoqué à l'appui de la théorie que nous développerons plus tard. V'ersant occidental des Sauvages. Il ne suffisait pas d’avoir constaté que des courants d'air s'établissent à certaines époques sur le flanc oriental des mon- tagnes lyonnaises; un point de vue aussi restreint ne se serait pas prêté convenablement à une explication rationnelle des faits ; j'ai donc porté mon attention sur le versant opposé , et les résultats suivants m'ont convaincu que des vents analogues se lèvent aux mêmes heures, et, obéissant aux mêmes lois, divergent le soir en partant des sommiiés, ou, ce qui revient au même, convergent de part et d'autre, durant le jour, vers ces mêmes points ; en sorte que l'influence mé- téorologique des protubérances terrestres, par rapport aux dépressions ; se trouvait dès-lors clairement établie. Le 23 juin 1839, des vents assez variables avaient régné dans l'atmosphère. A 3 heures du soir, l'Ouest poussait les nuages dans les hautes régions, tandis que le Nord se faisait sentir à la hauteur de 1,408 mètres au-dessus du niveau de la mer, au sommet de Boucivre, près de Tarare. Le soir, à 7 heures, me trouvant à Pin-Bouchain, 1l avait tourné au N-O, et fut enfin remplacé par le calme habituel des soirées. J'étais alors à St-Symphorien-de-Lay, où, vers les 10 heures, par une belle nuit étoilée , le courant descendait de l’arète des Sauvages , ainsi que nous nous en sommes assurés avec: M. Beaulieu, professeur d’histoirenaturelle au collége de Lyon. Enexposant, parexemple, le pointenignition d’un morceau d’a- madou du côté des hauteurs, la combustion devenait bien plus 20 DES BRISES DE JOUR ET DE NUIT active que quand il était orienté vers la Loire; par la même raison, l'odeur de sa fumée se portait assez loin de ce côté, tandis qu'elle n’était nullement perceptible, même de près, pour celui de nous qui était placé au-dessus du vent. Je cite de préférence ces faits chimiques , parce qu'ils sont plus po- sitifs que la fraicheur que l’on ressent, dans ces mêmes cir- constances, sur la partie du corps tournée vers les montagnes; et j'ai ajouté d'autant plus d'importance à ces déterminations de St-Symphorien, que cette localité n’est pas située dans une gorge, mais sur le plan de pente général qui descend des sommités vers la Loire ; il est, d’ailleurs, hors de doute que l'écoulement du torrent aérien eût été bien plus sensible dans les dépressions voisines. Aux Sauvages même, sur l’arête culminante de séparation des deux versants Rhône et Loire, on peut quelquefois ob- server le phénomène diurne inverse, quand, dans les ma- tinées d'automne, les brouillards des parties basses s'élèvent de part et d’autre sous l'influence de la raréfaction solaire. Leurs lambeaux s'élèvent alors le long des flancs respectifs, et, se rencontrant sur la sommité , tourbillonnent dans l’atmo- sphère, en se confondant les uns avec les autres , et finissent par se dissoudre à mesure qu'il se dégagent de l'influence ré- frigérante du sol. Vallée de l'Ondaine. Pour terminer l'exposé des faits qui se produisent dans les montagnes lyonnaises, je dois encore faire connaitre les phé- nomènes particuliers à la vallée de l’Ondaine, qui est direc- tement opposée à celle du Gier. Elle présente une structure assez remarquable , en ce qu'étant assez resserrée dans ses parties supérieures, elle s’évase en forme de plaine ondulée AUTOUR DES MONTAGNES. 2 sur la gauche de Firminy, puis se trouve barrée brusquement, à son extrémité inférieure, par la ligne rocheuse de Rivoire, de Cornillon, de l'Hermitage, des Côtes Noires, des crêts de Tremat et d'Essumain; d’où il suit que les eaux de l'Ondaine: ne peuvent s'échapper vers la Loire que par une étroite fissure formant le défilé de la Noirie. Voyons maintenant ce qui résulte de cette configuration relativement à l’ensemble de la masse atmosphérique que laissent écouler les flancs du Pilat et les hauteurs avoisi- nantes. Elles entrainent les fumées des villages supérieurs de la Ricamarie et du Chambon, de manière à les étaler reguliè- rement vers les heures du crépuscule ; conformément à la loi générale; mais le courant descendant, étant arrivé à l'é- vasement de Firminy, ne peut pas s’'épancher d'une manitre directe vers la Loire, à cause du resserrement de la Noirie ; il est contenu, d’ailleurs, sur la droite, par la chaîne des col- lines qui s'étend depuis la Ricamarie jusqu'aux Côtes Noires, en sorte qu'il s’infléchit vers l'opposite, en longeant les bords de la plaine latérale formée par l'embouchure de la Gam- pille, et ce n’est qu'après avoir fait ce circuit qu'il revient an défilé de la Noirie : c’est ce que démontrent du moins les al- lures des fumées de Firminy, de Grand Fraisse et des Planches, dont les premières tirent vers le S-O, et les autres, successivement vers le N-O, puis vers l'Ouest. En un mot, ce courant aérien semble astreint à la loi que certains fleuves su- bissent dans les plaines placées vers leur embouchure dans la mer. Celle-ci, opposant une digue à leur impétuosité, les force à faire ces contours plus ou moins nombreux qui ont plu- sieurs fois servi de règle aux explorateurs des pays inconnus, pour savoir s'ils approchent ou s’éloignent des côtes mari- times. Telle est du moins l'explication qui m'a paru la plus naturelle des faits que j'ai pu observer, à plusieurs reprises, 29 DES BRISES DE JOUR ET DE NUIT dans les soirées calmes du mois de juin 1839 ; et Je laisse à des recherches plus multipliées le soin de perfectionner ce que mes courses passagères auraient pu me faire entrevoir d'une manière un peu incertaine. Ces observations m'ayant paru assez nombreuses pour ne laisser aucun doute sur l'existence des marées atmosphériques autour des montagnes lyonnaises, j'ai cru devoir reprendre l'étude de celles des Alpes, et je m'y suis principalement livré dans les mois d'août et septembre 1839, au milieu de mes autres explorations géologiques; celles-ci ayant pour but spé- cial l'étude des mines, on concevra que j'étais quelquefois sous terre dans certains moments importants; cependant la somme des faits recueillis étant suflisante pour combler les lacunes de détail, je ne fais mention de cette circonstance que pour éviter le reproche d’inexactitude qu'elles pourraient m'attirer. Vallée de la Maurienne. La grande vallée de la Maurienne fut la première qui fixa mon attention, et cela, à d'autant plus juste titre, que l'existence d’un vent diurne bien prononcé y avait déjà été signalée dans un important travail sur les températures de cette région intrà-alpine, dont nous sommes redevables au savant évêque du diocèse, Mgr Alexis Billiet; depuis, il a bien voulu me faire parvenir de nouveaux détails à ce sujet, et voici les caractères et les phases qu’il lui attribue. « Lorsque, dans la belle saison, le temps est serein, on éprouve dans ce pays, tous les jours, dès 9 à (0 heures du matin jusqu'à 5 ou 6 heures du soir, un vent régulier et sou- vent très-violent, qui rafraichit toujours, plus ou moins, l’at- mosphère. Il commence à se faire sentir aux environs d’Ai- AUTOUR DES MONTAGNES. 23 guebelle, vers l'embouchure de l'Arc dans le grand bassin de l'Isère , et se prolonge en amont, avec toute son intensité, jusqu’à Termignon, où la vallée commence à prendre une grande hauteur, et où, d’ailleurs, elle se bifurque pour consti- tuer les branches du Doron et de l'Arc supérieur. Il est aus- si moins sensible dans les ramifications latérales, surtout dans celles qui sont placées à angle droit de l'axe principal, tandis qu'il acquiert son maximum d'énergie au passage des défilés. Il dessèche l'air, irrite les nerfs, et les étrangers ainsi que les personnes d'un tempérament délicat s'y habi- tuent diflicilement. Si, au lieu d’être ascendant, il prenait une allure inverse, on devrait s'attendre à un changement de temps. « Sa direction près de St-Jean-de-Maurienne étant celle de cette partie de la vallée, e’est-à-dire N-S, on pour- rait quelquefois le confondre avec la bise noire, vent général du Nord ou N-O, ainsi nommé parce qu'il chasse de- vant lui de sombres nuages ; mais la durée ordinaire de ce- lui-ci est de 3 à 4 jours seulement, et il règne, surtout vers le mois d'avril, dans toutes les Alpes ainsi que dans le bassin du Rhône, tandis que le vent spécial de la Maurienne ne com- mence qu'à Aiguebelle, ou du moins n’existe pas simultané- ment en ce point et à Chambéry ; d’ailleurs, il n'est pas aus- si froid que la bise. » Complétons maintenant ces fruits d’une longue étude par quelques observations qu’il nous a été possible de recueillir en passant. Ce complément devait avoir deux buts essentiels : d'abord, la reconnaissance de l'existence d’un retour noc- turne , et, de plus, celui de sa prolongation dans les ramifi- cations latérales. Le 1% septembre 1838, j'eus le bonheur de faire l’ascen- sion du mont Thabor avec M. Elie de Beaumont et Sismonda. Durant notre mentée par le val Meynier, nous resseniimes 24 DES BRISES DE JOUR ET DE NUIT un courant médiocrement vif, qui suivait notre direction ; mais, quand nous eûmes atteint le sommet de la montagne, élevé de 3,172 mètres au-dessus du niveau de la mer, nous trouvimes un vent Sud supérieur, contraire au vent de la vallée. C'était à lui qu'il fallait attribuer la limpidné parfaite de l'atmosphère de ces hautes régions pendant cette Journée. Elle était telle, que chaque chaïnon des Alpes nous apparais- sait avec une pureté de forme remarquable ; aussi ne pou- vait-on méconnaitre, de notre station, ni les détails exté- rieurs du magnifique cratère de soulèvement de la Bérarde , ni les longues arêtes du système Viso, fuyant à perte de vue avec leur remarquable parallélisme entre elles et leur obli- quité non moins tranchée par rapport à la chaine des Alpes oc- cidentales. L'aspect des plaines du Rhône était bien diffé- rent : un vaste nuage les couvrait ; et, en consultant à mon retour les observations faites à Lyon par M. Clerc, je vis que le Nord y avait régné parallèlement à la même épo- que, et que son action réfrigérante condensait les vapeurs aériennes de ce côté. Cependant le courant qui nous avait accompagné le matin était indépendant de ces vents généraux, et ne doit être con- sidéré que comme une simple dérivation du grand flot de la Maurienne; car, après s'être affaibli dans la soirée, il se trouva remplacé assez rapidement, pendant le crépuscule , par Le calme à peu près complet que l’on remarque à la même époque dans la vallée principale : je dis à peu près complet, car si, durant la nuit, l'écoulement inverse ne fut pas assez rapide pour éteindre, par exemple, une chandelle, il n’était cepen- dant pas entièrement nul, ainsi que Je m'en suis assuré par les fumées, d’abord, à mon retour au village de Valmey- nier, et, enfin, à 10 heures du soir, à St-Michel, dans le bassin de l'Arc. Je rentrai dans la Maurienne le 20 août 1839, et, à mon a © AUTOUR DES MONTAGNES. 2 arrivée à Aigucbelle , vers les 8 heures du matin, la brise ascendante était déjà établie sous les influences réunies d’un soleil piquant, d’une température qui s’éleva, vers midi, à 19° centig., et d'un vent Sud qui amenait des cumuli au-dessus de cette partie des Alpes. Elle devancait évidemment son heure, et, sous ces rapports divers, elle offrait une grande analogie avec les faits déjà mentionnés, sous la date du 22 février, pour la vallée du Gier. Quoi qu'il en soit, les nuages, charriés par le Sud , ne présentaient rien de particulier au zénith même de la vallée , tandis que, dans le voisinage des masses gla- cées de la Magdeleine et des rocs de Grand - Charnier, ils formaient des stratus condensés , ayant complètement l’a- spect sombre et menaçant des nuées orageuses ; cependant ils se maintinrent à peu près sans variations durant le reste du jour, et ce ne fut que le lendemain 21 août, qu'ils ser vi- rent de point de départ aux neiges éphémères qui s’arrétèrent sur les hautes montagnes, ainsi qu'aux ondées dont nous fûmes assaillis pendant notre montée aux mines de Saint- George-d'Hurtières. Mais ces accidents devinrent plus rares après midi, et, dans la soirée, les nuages disparurent , en laissant un ciel radieux pour la nuit. Ces phénomènes des 20 et 21 août furent le résultat de l’envahissement de l'atmosphère par des vents très-variables; car les observations de Turin, de Genève et du Grand-St- Bernard établissent qu'ils se sont succédés dans l’ordre suivant, savoir : TURIN. ST-BERNARD. GENÈVE. EE Dates. Maun. Midi. Soir. Matin. Midi, Soir. Malin. Midi. 20 S-O N-O N-O NE NE NE NE NE 21 N-E NE EE -N-E NE N-E S-E Calme. 26 DES BRISES DÈ JOUR ET DE NUIT L’épuration subséquente du ciel cut pour résultat d’ame- ner une suite de belles journées , et, le 22 août, étant des- cendu à Eypierre vers les 11 heures du matin, je trouvai le vent ascendant diurne parfaitement régularisé avec une vivacité qu'il conserva jusqu'à 5 heures 1/2 du soir. Il ramena, autour des sommités glacées du Grand-Charnier et de la Magdeleine, des nuées noires et épaisses, tandis que le reste du zénith ne présentait que quelques légers cirrhi. A 6 heures 1/2, étant à la Chambre par une tempé- rature de 10°,2, la brise montante ne fut plus sensible qu'à la famée de l'amadou ; et enfin, à 10 heures du soir , à St-Jean-de-Maurienne , elle s'était convertie en bouffées alter- nativement ascendantes et rétrogrades. Aussi dans cette partie évasée du bassin , la température s'était maintenue jusqu'alors à 13°,0 centig. Elle était donc bien plus élevée que celle de la Chambre, et ne correspondait même pas avec le décroisse- ment qui aurait dû avoir lieu d’après l'observation du maxi- mum faite, à 3 heures de l'après-midi, sur les bords de l'Arc, à Eypierre , laquelle donna 18° centig. Indépendamment de cette cause d’anomalie , il faut encore croire que l'établissement du vent descendant régulier éprouve, dans cette localité, une certaine contrariété par l’en- trecroisement de trois directions de vallées , savoir : celle de l’Arvan, venant directement du Sud, celle de l'Arc inférieur , ürant vers le Nord, et celle de l'Arc supérieur, s’allongeant vers l'Est; entrecroisement dont l'influence deviendra plus évidente par la suite. La fatigue de la journée m'empêcha de prolonger pour le moment mes observations; mais le 23 , à 6 heures du matin, Je trouvai l'allure nocturne régularisée , et des rafales mo- mentantes augmentaient périodiquement l'intensité de la brise descendante. La journée fut magnifique, sans un seul nuage, et, à midi, AUTOUR DES MONTAGNES. AT le thermomètre, couché sur l'herbe courte et sèche de la côte du Rocheraï , dans une exposition directe au soleil , s'élevait à 499,3, quoiqu'il n’en indiquât que 19 à l'ombre et à deux pieds au-dessus du sol, malgré la réverbération d'une aussi haute température. Sous l'influence de cette chaleur, la raréfaction locale de l’air fut telle, que, de la hauteur des mi- nes; je pus observer , à l'agitation des arbres , que le vent du fond de la vallée était devenu ascendant avec une grande violence. La nuit vint , et, après quelques instants de repos, Je me mis en route pour Lans-le-Bourg. Dans ce voyage, com- mencé à 11 heures du soir, je pus ressentir à loisir, du haut de l’impériale de la diligence, l'influence des brises noc- turnes , dont l’eflet glacial était augmenté par les renflements momentanés d'intensité. Le conducteur de la voiture, que je questionnai à ce sujet, me dit que, durant l'été, ces vents étaient peu sensibles, mais que nous approchions des sai- sons d'automne et d'hiver où les fraicheurs allaient rendre leur action plus énergique. En coordonnant cette donnée avec celles de Mgr Billiet, on arriverait à cette conclusion très-re- marquable, que les brises périodiques de la Maurienne, insen- sibles en hiver durant le jour, acquièrent plus d'énergie durant la nuit, tandis que l'effet inverse aurait lieu en été ; circon- stance dont la possibilité, incontestable pour le moment, ne devra pas être négligée par les observateurs qui voudront continuer mes invesligations. Les vents nocturnes se manifestaient encore à Lans-le- Bourg le 24 août, à 8 heures du matin ; mais, à 8 heures 1/2, la température de l’air étant de 11°,5, le calme devint si com- plet que la fumée d’une cheminée retombait sur elle-même , en formant comme un vaste champignon ; et enfin, à 9 heures 3/4, les premières brises ascendantes se firent sentir lorsque j'étais à la moitié de la hauteur du chemin de la Ra- 28 DES BRISES DE JOUR ET DE NUIT masse. Elles persistèrent jusqu’à mon arrivée au débouché du col , où je me trouvai en butte à l’action d'un vent contraire venant du Sud, et connu des gens du pays sous le nom de Lombarde ; celui-ci soufflait avec tant de violence que les eaux du lac en étaient fortement agitées, et il me refroidit tellement que, malgré mon insensibilité pour les passages du chaud au froid , je me mis à grelotter comme si j'eusse été en proie à l'influence du plus rigoureux hiver. Cet effet, assez ordinaire dans les hautes montagnes, doit être considéré plutôt comme le résultat d'une évaporation activée par les vents que l'on y rencontre , que celui de la température qui y règne ; car, dans l'exemple que je cite, le thermomètre indiquait environ 14° centig. Pour compléter ces détails sur la Maurienne, j'ajouterai encore que Mgr Billiet m'a dit avoir observé que , dans cette année 1839, les vents ascendants n'avaient pas leur régularité ordinaire, et qu'ils se propageaient plus avant dans la nuit. D'un autre côté, en 1838, à la même époque , les effets du contraste lumineux entre la couleur rose des glaciers et le vert du ciel , aux instants du crépuscule et de l'aurore, étaient très-fréquents et très-prononcés , ce qui n'eut presque pas lieu en 1839 : ces circonstances sont à noter à cause de leur coïnci- dence avec une année aussi anomale que celle que nous venons de parcourir. Col du Mont-Cénrs. Dès le début de mes recherches , une observation de de Saussure avait fait naître en moi le désir d'étudier les effets de ces espèces de marées atmosphériques au Mont-Cénis. Le jour qu'il se trouva sur cette station, il soufflait des vents opposés en Savoie et en Piémont, et leur rendez-vous était dans le col , où les nuages arrivaicnt par les deux extrémités AUTOUR DES MONTAGNES. 29 opposées. On devait donc croire qu'il aurait dû en être bientôt rempli ; et cependant il n’en fut pas ainsi ; à mesure qu'ils y entraient, scit d'un côté, soit de l’autre, ils étaient soulevés par un vent verticai qui les faisait fondre et disparaitre entièrement, en sorte que, malgré la quantité qui ne cessait d'arriver, l'air demeurait toujours clair et transparent; mais le bassin finit par se refroidir ; le soir , le vent vertical cessa , et cette plaine élevée demeura couverte d’un brouillard extrêmement épais; enfin, ces vapeurs accumulées dans le haut de l’atmo- sphère retombèrent pendant la nuit, et il pleuvait encore le lendemain matin. D'après les renseignements que j'ai obtenus des habitants du pays , le fait signalé par de Saussure serait très-ordinaire en certaines années; et ils comparent les colonnes de nuages poussées par les vents opposés à la rencontre de deux armées qui, tantôt, s’avancant l’une contre l'autre, viennent se heur- ter, tantôt reculent pour revenir à la charge avec plus de furie un moment après. Les détails de ce phénomène cadraient, comme on le voit, assez exactement avec quelques-unes des circonstances d’un flux atmosphérique très-prononcé , et ils me firent sup- poser que le col du Mont-Cénis devait être une station très- convenable pour étudier les brises ; mais, dès mon arrivée, je pus reconnaitre qu'il n’en était pas ainsi. IL ne forme d’abord qu'un accident orographique de peu d'importance dans l'ensemble du système alpin qui l'envi- ronne ; des cimes beaucoup plus élevées le dominent , et leur effet doit être naturellement prédominant. D'un autre côté, il est situé entre les deux grandes vallées d'Oulx et de la Mau- rienne, qui n'y aboutissent point, et, par conséquent, il ne peut ressentir tout au plus que l'effet des dérivations latérales de la première par la profonde dépression de la Novalaise; car, le versant de la Maurienne, n’offrant aucun embranchement de ce 30 DES BRISES DE JOUR ET DE NUIT genre un tant soit peu notable, ne peut fournir qu'un apport entièrement insignifiant. Il constitue, en outre , une sorte de plaine élevée, dans laquelle vient déboucher la vallée subor- donnée du Petit-Mont-Cénis, qui elle-même doit jouer un rôle proportionné à ses dimensions. Enfin, placé en travers de la direction des vents dominants Nord et Sud, leffet des brises temporaires doit y être souvent annulé ; aussi ne sera-t-on pas étonné d'apprendre que le P. Dom Octavien, prieur de l'hos- pice, qui s'est quelquefois occupé d'observations météorolo- giques, m'ait assuré que larégularité des brises de la Maurienne n'existait plus dans ce col, où les vents les plus contraires se substituent quelquefois subitement les uns aux autres, et se heurtent en prenant la direction assignée par l'orientation de la dépression, quoique avec moins de violence qu’au Grand-St- Bernard , à cause de la moindre largeur de ce dernier bassin. La suite de mes observations fera voir que ces diverses circon- stances ont, en effet, beaucoup influé sur la périodicité des ma. rées atmosphériques locales ; cependant ces anomalies m'ont paru mériter d'être mentionnées , car leur étude entrait dans mon plan aussi bien que celle des phénomènes réguliers. La station que je choisis fut celle de l'hôtel de la Poste , vers la naissance du versant italien; et, comme je le disais, au moment de mon arrivée, le 24 août, à midi, la Lombarde souf- flait avec violence. Ce vent était-il général ou bien une simple brise locale ? Les observations de Turin, de Genève et du St- Bernard indiquent , il est vrai , pour cette journée , des vents N-E ; cependant je n'hésite pas à me prononcer pour le pre- mier cas, non-seulement à cause de sa violence, mais encore parce qu'il plongeait fortement sur le lac , dont il faisait dé- ferler les ondes contre la falaise gypseuse de son extrémité septentrionale. Le Mont-Cénis étant d’ailleurs placé plus au Sud que le Grand St-Bernard , le vent méridional devait naturelle- ment s’y faire sentir d'abord, et se propager ensuite par impul- AUTOUR DES MONTAGNES. 31 sion vers ce dernier point , où ilest effectivement indiqué dès 9 heures du lendemain matin. Cette même journée du 25 fut calme et légèrement vaporeuse à Genève, probablement parce que les deux vents opposés Nord et Sud s’y contrebalan- caient réciproquement, ou n’existaient que dans les hauteurs , en sorte que le méridional ne se manifesta dans ce bas-fond que le surlendemain 26, après avoir tourné par l'Ouest ; enfin, ce ne fut que le 28 , au soir , qu'il s’abaissa dans les plaines de Turin. Quoi qu'il en soit, la Lombarde s’apaisa graduellement vers les 5 heures 1/2 du soir, et devint très-peu sensible à 6 heures 1/2, au moment où les hautes cimes cessèrent d'être éclairées du soleil ; vers les 8 heures 1/2, une brise très- douce , tantôt ascendante, tantôt descendante, était venue le remplacer; à 9 heures, le courant descendant fut plus constant, mais tellement doux que l'onnes’en apercevail, pour ainsi dire, qu'à la fumée. Une agréable fraicheur s'était substituée à l’at- mosphère glaciale de midi, aucune rosée ne se condensa sur l'herbe ; et , enfin, cette nuit fut aussi pure que l’avait été la journée. Cependant le courant d’air nocturne , malgré sa ten- dance générale à s’écouler vers l'Italie , ne suivit pas invaria- blement cette route , et, de temps à autre, il rétrogradait par bouffées , dont une très-forte se fit sentir, entre autres, vers les 3 heures 1/2 du matin. Ces redondances prouvaient que la Lombarde, affaiblie par le calme ordinaire des nuits et par l'effet du reflux atmosphérique, n'était cependant pas entière- ment annulée ; aussi , le 25 août , dès que les rayons du soleil se furent un peu abaissés sur les montagnes, vers les 5 heures 10 minutes du matin, les oscillations rétrogrades devinrent singulièrement multipliées ; à 8 heures, le mouvement méri- dional était revenu vif et continu ; à 9 heures, il fut très-fort et rafraïchissant , et il continua jusqu'au soir, quoique avec moins d'énergie que la veille. Cette matinée du 25 avait été 32 DES BRISES DE JOUR ET DE NUIT aussi pure que les journées précédentes ; mais, vers { heure de l'après-midi, il se forma quelques petits flocons nuageux , isolés sur les cimes du côté du Piémont , qui successivement se développèrent contre les autres masses du Mont-Cénis, en for- mant une zône établie aux deux tiers de leur hauteur , en- tw’ouverte ca et là de manière à laisser entrevoir , par inter- valles, leurs sommets éclairés du soleil et sans le moindre nuage au-dessus d'eux. Enfin, vers 7 heures du soir , le voile devint complet et persista toute la nuit. Cette altération de la pureté de l'atmosphère fut accom- pagnée de quelques perturbations notables dans l'allure de la Lombarde ; en effet, à #4 heures1/2 du soir, avant que le soleil ne cessät de percer de temps à autre sur la plaine du Mont- Cénis , elle était déjà, non-seulement affaiblie comme la veille à la même heure, mais encore les gros lambeaux nuageux réunis autour de la Turre et des autres montagnes voisines, qui jusqu'alors cheminaient lentement dans le sens de la Lom- barde, se trouvèrent repoussés, par intervalles, en sens inverse par un vent du Nord , dont la couche devait être plus élevée encore que celle de la Lombarde, car une seule fois son souffle se fit sentir jusqu'au niveau même du lac, quoique les pulsa- tions rétrogrades fussent assez multipliées en haut. On peut donc en conclure que le vent méridional avait simplement soulevé son antagoniste, et que la nappe vaporeuse n’était autre chose que le résultat d’une condensation qui s’opérait au plan de contact. Il ne sera pas hors de propos de rappeler ici que c'était alors que le N-E régnait à Turin, et le S-O au Grand St-Bernard. Quoi qu'il en soit, les résistances qu'éprouvait dans la soirée cette tendance méridionale faisaient dire aux gens du pays que le vent du Nord, qu'ils désignaient sous le nom de vent de Savoie ou d'orage de Savoie, prendrait encore le dessus ; mais, malgré leur opinion , la Lombarde continua à régner durant AUTOUR DES MONTAGNES. 33 toute la nuit ; aussi ne fut-il pas possible d'observer les brises nocturnes au milieu de cette lutte ; tout le phénomène se ré- duisit au simple affaiblissement du vent dominant. Vallées de la Novalaise et d'Oulx. Le 26 août, à 7 heures du matin, je quittai le Mont-Cénis pour descendre en Italie ; la Lombarde ne ridait plus que fai- blement la surface du lac, et le soleil ne pouvait pas percer la näppe nuageuse qui s'était abaissée, durant la nuit, au tiers en- viron de la hauteur des montagnes du col; cependant, vers les 8 heures, ce voile fut déchiré, et les lambeaux, poussés par le vent méridional, laissaient voir et masquaient alternativement les sommités de la Ronche, de la Roche-Michel et de la Roche-Melon ; enfin, quelques gouttes de pluie tombèrent à midi. Quoique ce mouvement des nuages füt en harmonie avec la direction de la profonde dépression de la Novalaise, cepen- dant la persistance du vent du Sud depuis deux jours , doit faire admettre qu’ils n’obéissaient qu’à son action générale ; une marée ascendante un peu prononcée les eût soulevés au moins jusqu’au niveau des cimes, tandis qu'ils se maintenaient toujours au-dessous ; enfin, quoique dans les plaines de l'Italie le vent füt N-E, cependant le courant contraire était dès-lors complètement établi au Grand-St-Bernard et à Genève, en sorte que je ne tiendrai pascompte des bouffées montantes que je ressentis durant la descente. Maïs, vers 2 heures du soir, je trouvai à Suse une température de 25° et un vent très-vif , dirigé vers Exilles et le mont Genèvre, et suivant, par consé- quent , une allure perpendiculaire à celle de la Lombarde. II n’y a donc pas lieu de se refuser à croire que celui-ci ne fut un vrai vent de vallée; si, cependant , on conservait quelques doutes, je pourrais citer les résultats des observations du P. Dom T. I. 3 34 DES BRISES DE JOUR ET DE NUIT Octavien , qui, prévenu long-temps d'avance par Mgr Billict, a pu s'assurer que les vents diurnes ascendants sont aussi ré- guliers dans la vallée d'Oulx que dans la Maurienne , quoique ces bassins soient juxta-posés en affectant des directions con- traires ; circonstance qui nous fournit un nouvel exemple de l'indépendance réciproque des flux et des reflux atmosphé- riques des montagnes. Pour terminer cette suite d'observations , j'ajouterai que le 97 , dans les plaines de Rivoli, j'eus encore un ciel tellement nuageux , qu'il masquait complètement les sommités alpines; cependant il n’en tomba guère que quelques gouttes d’eau ; mais, le 28, l’averse qui se préparait de si longue main se dé- clara à Turin avec une force extrème ; le vent du S-0 s'y était abaissé , en perdant sa position du flanc occidental des Alpes ; il avait été refoulé par le N-E, qui envahit de nou- veau les stations de Genève et du Grand-St-Bernard, puis, pour- suivant le cours de ses progrès , reprit, dès le lendemain 29, sa position italienne, et domina seul dans toute l'atmosphère des deux versants de la masse des Alpes. Vallées d'Aoste et de Cogne. Je pus reprendre la suite de mes études au commencement de septembre. Ce fut dans la vallée d'Aoste , où J'avais été devancé par M. d’Aubuisson, qui, étant ingénieur des mines, en Italie, sous le gouvernement impérial , s’est livré à une intéressante suite d'observations faites au Monte-Grégorio , près d'Ivrée, et a consigné, entre autres, dans sa description géologique du département de la Doire , l'existence d'un cou- rant périodique diurne , qui se fait sentir tous les jours depuis 40 heures du matin, pour cesser au soir. Je n’avais donc plus qu'à m'occuper des détails de sa marche , tant dans la grande vallée que dans ses embranchements. AUTOUR DES MONTAGNES. 35 Le 5 septembre, j'y trouvai le vent ascendant établi comme de coutume ; et, vers 7 heures du soir, après avoir passé le défilé de Bard , les premières brises descendantes commen- cèrent à se faire sentir d'une manière irrégulière , à cause de l'heure peu avancée ; mais je les retrouvai encore telles à Ver- rès, où, durant la nuit , des brises inverses se manifestèrent par intervalles. Cette irrégularité me frappa d'autant plus, qu’en reprenant ma route, le 6 septembre, à 5 heures du matin, je pus obser- ver qu'elle n’existait pas entre Verrès et le mont Jovet, où le reflux était uniformément descendant. La cause de cette ano- malie locale et de la régularité ultérieure provient de ce que, dans l’intervalle entre Verrès et le mont Jovet, la vallée d'Aoste se présente avec une structure régulière et sans em- branchements latéraux notables , tandis que le premier point est situé à l'embouchure du val secondaire de Challant ; ilen résulte donc un confluent de deux courants , qui, se heurtant à angle droit, doivent nécessairement produire des tour- billons et, par suite , des bouffées irrégulières, comme nous en avons déjà entrevus à St-Jean-de-Maurienne ; ces apercus prendront, du reste, plus de consistance par la suite. C’est encore entre Verrès et le mont Jovet, dans la partie régulière de la vallée d'Aoste, que l’on peut observer particu- liérement la remarquable influence des brises diurnes sur le développement de la végétation. Ces courants y sont très- violents , et leur action sur les arbres touflus en dispose à la longue les branches de telle manière, qu'ils présentent au vent dominant un vaste développement de feuillage, tandis que l'exposition inverse ou nocturne en est presque dégarnie ; il en résulte une structure en forme de chevelure qui laisserait à nu le front d’un homme, pour retomber sur le dos en larges boucles ; aussi peut-on, sous ce rapport, les assimiler aux ani- maux d’un ordre inférieur , à ces polypiers des mers australes 36 DES BRISES DE JOUR ET DE NUIT dont la vitalité la plus forte se trouve dans les parties exposées aux courants qui leur apportent la nourriture, et qui, du côté opposé, s'obliterent de manière à prendre la forme con- cave d'un fer à cheval. Je continuai ma route vers St-Vincent et Châtillon, où j'arrivai vers 7 heures du matin. Dans cet intervalle , le bas- sin de la Doire s’élargit et change momentanément de direc- tion, de manière à devenir E-0. Malgré cet accident de configuration ; les fumées de ces villages formaient encore une vaste nappe, en apparence stagnante, établie à une faible hauteur au-dessus du fond de la vallée, et pro- longée à une assez grande distance en aval, où elle se perdait en se raréfiant de plus en plus; ce ne fut qu'à 9 heures 1/2 du matin, aux environs de Chambave , que les premières brises ascendantes arrivèrent, par un soleil pile et une température de 18°; et elles continuèrent à suivre leur direction jusqu'à notre arrivée près d'Aoste, qui eut lieu à 1 heure 1 /2 après midi; cependant , en approchant de ce point , j'observai des anomalies, qui continuèrent à se manifester dans la soirée jusqu'à Aimaville, bien que l'heure de l’interversion appro- chît , ou fût même arrivée. De nouvelles observations déci- deront s’il faut en attribuer la cause, purement accidentelle, à un vent d'Ouest qui aurait régné dans les hauteurs , d’après ce qui m'a été dit par l’aubergiste de Cogne , ou bien si la con- vergence des vallées des Grand et Petit-St-Bernard, domi- nées , d’un côté, par les masses du mont Vélan, du col de Fer- ret, et, de l’autre, par les glaciers encore plus hauts du Mont-Blanc, du Cramont et du Rutor, ne produirait pas des actions inégales d'un ordre permanent. Les observations météorologiques de Genève et du Grand- St-Bernard seraient en contradiction avec l’assertion de notre hôte , puisqu'elles indiquent des vents septentrionaux ; mais , ces stations n'étant pas précisément sur la latitude d'Aoste , AUTOUR DES MONTAGNES. Sy on ne pourrait pas la rejeter d'une manière absolue; et, mal- heureusement, celles de Turin , qui auraient pu décider la question , laissent une lacune pour ce jour. Quoi qu'il en soit, les incertitudes des environs d'Aoste n'eu- rent plus lieu lorsqu'après le coucher du soleil, nous péné- trâmes dans l’étroite gorge de Cogne : le vent y était réguriè- rement descendant, et suivait, par conséquent , la direction du S-E au N-0 qui se maintint jusqu'à notre arrivée au village, à 9 heures du soir ; alors elle dégénéra en une brise occiden- tale, qui peut encore s'expliquer par le vent d'Ouest douteux, aussi bien que par la position de l'endroit dans un évasement notable , formé par l’entrecroisement de trois hautes vallées , dont la plus importante, celle de Valinole , devait produire l'effet prédominant. Cependant , malgré cette explication , je répète que je suis loin de vouloir nier la possibilité dur “vent d'Ouest, car , d’abord, le soleil avait été pile le matin, puis, dans la soirée, le ciel fut alternativement couvert et dé- couvert , en somme menacant ; et, enfin, on verra, par les résultats thermométriques qui font partie de ces observations , que la température de la nuit présenta une anomalie ; heu- reusement ces pronostics n’eurent pas de suites ficheuses, ct le ciel s’épura complètement , en sorte que nous eûmes une journée magnifique pour le lendemain 7 septembre. A G heures du matin, nous nous mimes en route pour Îles mines , en suivant la gorge étroite et humide , arrosée par les cascades du Durtier; le vent descendant y était vif et glacial; mais, livré à des explorations géologiques ; je perdis de vue l'instant précis de son interversion , qui, cependant , suivit de près le moment où le bassin fut éclairé du soleil. Dans l’après- midi, ce courant, qui montait le long des flancs escarpés de la montagne, était devenu tellement violent, que je fus obligé de me tenir à une vingtaine de pas de distance de mon com- pagnon de voyage, M. l'ingénieur des mines, chevalier de 38 DES PRISES DE JOUR ET DE NUIT Melchioni, afin de ne pas nous aveugler par la poussière et les grains de sable que nos pieds soulevaient dans la longue et rapide descente par laquelle les mineurs font glisser le minerai, Un effet aussi extraordinaire ne pouvait évidemment être un résultat pur et simple d’un flux atmosphérique ; et je ne fus nullement surpris de voir les observations simultanées de Genève, St-Bernard et Turin s’accorder pour indiquer des vents septentrionaux , qui, venant s’engoufrer dans la vallée de Cogne , se combinaient avec le courant local ascendant , pour constituer la résultante en question. Le témoignage des habitants du pays suffit, d’ailleurs, pour confirmer l'existence d'une brise soufflant depuis 10 heures du matin environ jusqu’au coucher du soleil; ils la con- sidèrent comme émanant du Mont-Blanc par impulsion ; c'est celte montagne qui la leur envoie, disent:ils ; et il est de fait que la position de cette masse gigantesque à l'extrémité de leur horizon est bien de nature à inspirer l’idée d’une ac- tion météorologique ; mais , s'ils sont dans l'erreur sur la cause , le résultat, du moins, n’a pu les tromper, et les dé- tails suivants achèveront de le confirmer. En effet, à 5 heures 1/2 du soir , après mon départ du village , le vent avait perdu son äpreté , bien que je fusse alors engagé dans la partie resserrée qui encaisse le torrent de Cogne , et que le soleil éclairât encore les cimes. A 7 heures 1/2, il commença à devenir inverse, et, peu après, il devint tout-à-fait descendant d’une manière prononcée. Un renversement aussi brusque paraît propre aux gorges étroites; car la grande vallée d'Aoste présentait encore des brises ascendantes ; qui persistèrent , quoique sans intensité , jus- qu'à 9 heures du soir; j'ajouterai encore que cette même différence d'allure entre les courants des vallées principales et de Icurs subordonnées , confirme ce que J'ai déjà dit à l'occa- AUTOUR DES MONTAGNES. 39 sion des irrégularités qui se manifestent vers leur jonction. Le 8 septembre soir , je quittai Aoste pour retourner sur mes pas ; dès 7 heures , le vent de la vallée était devenu descen- dant à la hauteur de Villefranche, et demeura tel le reste de la nuit ; il acquit même à Nus, vers les 9 heures, assez d’in- tensité pour souffler une chandelle ; et je ferai observer en passant que , si l’on compare un résultat si prompt à l'incer- ütude du 6 et à la lenteur du 7 , on trouve que l'action aspi- ratrice est variable suivant les circonstances atmosphériques. Cependant la journée d'aujourd'hui fut, en apparence, aussi belle que celle de la veille ; les nuits furent de même absolu- ment pures , et l’une comme l’autre semblaient devoir se prêter avec une égale facilité au rayonnement nocturne ; il serait donc à désirer que quelques observateurs , fixés dans des positions favorables , voulussent bien se livrer simultanément à ce genre d'exploration, qui promet d'intéressantes déduc- tions météorologiques. En attendant mieux, Je dirai qu'une des causes qui aura pu contribuer à la promptitude du résultat du 8 fut, selon toute probabilité , l’arrivée du S-0 , qui est indiqué comme ayant régné alors à Genève ainsi qu'à Turin , et qui se mani- festa le lendemain matin au St-Bernard. Le 9 septembre , le vent nocturne de la vallée principale était encore descendant à # heures 1/2 da matin ; malheu- reusement, mon temps étant consacré à la visite des mines de St-Marcel , ce ne fut qu'à mon retour à Nusque je pus obser- ver qu'il était, comme de coutume , ascendant à 6 heures 1/4 du soir ; après quoi il se calma et ne souffla que par intermit- tences jusqu’à 9 heures du soir , instant où la fatigue m'em- pêcha de l’étudier davantage ; en revanche, je rappellerai ici-que les cultivateurs m’apprirent qu’à l’époque où les mines de cuivre de St-Marcel étaient encore exploitées , les fumées des grillages faisaient beaucoup de tort aux sarrasins et aux 40 DES BRISES DE JOUR ET DE NUIT légumineuses tendres cultivées autour de Fénis, village situé dans Le fond du bassin d'Aoste , à plus de mille mètres au-dessous des usines. Cet effet ne peut s'expliquer que par les brises nocturnes, qui entrainaient lentement avec elles les va- peurs sulfureuses , en les maintenant dans un état de conden- sation bien plus fatal à la végétation que la dissémination opérée par la violence et l'irrégularité des vents diurnes ; ceux-ci, d’ailleurs , rejetant les vapeurs acides vers les som- mités désertes ou couvertes de conifères et autres arbres robustes , ne leur laissent produire qu’un effet insensible. Le 10 septembre, la brise descendait régulièrement dans la matinée; mais, à Verrès, où J'arrivai vers 7 heures, elle était alternative, comme je l'avais déjà trouvée le soir et le matin des 5 et 6 septembre; cependant la somme princi- pale des courants était descendante, Un peu plus loin, la grande route serrant de près les es- carpements de la rive gauche de la Doire, je remarquai que le courant d'air descendant me frappait constamment sur le côté du visage tourné vers les hauteurs, et que la même cause faisait prendre à la fumée d’un cigare une direction oblique vers l’axe central de la vallée. Ce nouvel accident démontre que l’air tombe, pour ainsi dire, en cascades du haut des montagnes, et ne prend réellement la direction gé- nérale de la concavité qu’en approchant diagonalement de sa partie médiane ; qui est la véritable ligne suivant laquelle s'o- père l'écoulement. J'avais déjà fait une pareille observation dans la soirée de la descente de Cogne, mais alors je ne lui attribuais pas encore une pareille généralité. À 7 heures 1/2 du matin, dans le défilé de Bard, l'atmo- sphère ne conservait plus qu'une très-légère tendance à Ja descente : elle se manifestait par des intervalles de calme par- fait et d’agitation, auxquels succédaient des retours inverses aussi très faibles ; enfin, à 8 heures, l'ascension devint con- slante, et, à 9 heures, elle était vive. AUTOUR DES MONTAGNES. 41 Le temps était d'une chaleur accablante, le soleil pâle ; l'Ouest , le Sud-Ouest régnaient dans les plaines de Turin , ct le Nord, sur Les hauteurs comme sur le versant occidental des Alpes. Entre Carème et Settimo , j'observai des groupements de nuages autour des sommités latérales , lesquels s’accrurent dans la journée au point de simuler des nuages Oragcux ; cependant le zénith de la vallée restait pur. Ce phénomène s'était déjà manifesté la veille ; car alors, des hauteurs de St- Marcel, je voyais s'amonceler , sur les Alpes de Gressonney, des vapeurs très-denses ; elles étaient le prélude de ces épou- vantables orages qui devaient bientôt mettre fin aux séche- resses excessives de cet été en apportant la désolation dans le pays; et ces préambules d’une immense perturbation atmos- phérique se répétèrent journellement jusqu'au 12 septembre, Ja nuit venant chaque fois détruire l'accumulation vaporeuse du jour. Vallées de Gressoney et de la Sésia. Dans la soirée du 12, étant à Gressoney-la-Trinité, je vis les premiers éclairs du côté des cimes du mont Cervin et du Rothorn; cependant la nuit vint encore, avec ses brises descen- dantes, entrainer ces masses orageuses ; et, dans la matinée du 13, l'air était d’une telle transparence que tous les acci- dents de la structure du Lyskamm, ce magnifique annexe du Mont-Rose, paraissaient dans toute leur pureté. Je me déci- dai donc à traverser le pas d’Ollen ; mais les brises ascen- dantes , combinées avec le Sud-Ouest, qui dominait alors sur les Alpes depuis Genève jusqu'au St-Bernard , tandis que le Nord-Est régnait du côté de l'Italie, ramenèrent, vers les 9 heures, les vapeurs qui défilèrent par les gorges en tour- billonnant avec une imposante majesté, puis se réunirent au- tour des cimes, qu'elles masquèrent bientôt jusqu’à la hau- teur du chalet de Gabiette ; enfin, vers midi, la condensation 42 DES BRISES DE JOUR ET DE NUIT étant à son comble, la pluie commenca, les éclairs brillerent, le tonnerre se fit entendre dans le lointain, et, à mon arri- vée sur le sommet, vers 2 heures 1/2; je fus atteint par un grésil momentané. Les phénomènes qui suivirent élant ceux d'un orage, con- tinu la nuit comme le jour, et occasionné par la juxta-posi- tion de deux vents, l’un méridional , l’autre septentrional , je n'ai pas à m'en occuper ici; je me contenterai donc de dire qu'il ne cessa à Allagna que le 15, à 10 heures du soir, et qu’alors l'effet ordinaire des nuits fat encore de faire dispa- raitre si complètement les vapeurs, que le ciel était d'une pureté absolue le 16 septembre, à 6 heures du matin, par une température de 70,4. Mais peu à peu les vents ascendants ramenèrent les flocons nuageux des parties inférieures de la vallée, pour les porter vers les hautes cimes du Mont-Rose ; en même temps, une forte évaporation, produite par le retour du soleil, qui fit monter le thermomètre à 149,5, vers les onze heures du matin , occasionna de toutes parts comme une fumée dont les éléments se réunirent aux nuages; en sorte que, déjà vers les 10 heures, il était aisé de prévoir que cette apparence de beau temps n'aurait aucune suite. En effet, il plut à 1 1 heures, mais faiblement; ce ne fut qu'à 3 heures que laverse de- vint battante et accompagnée de nouvelles neiges, qui des- cendirent jusqu’au fond de la vallée d’Allagna, mais sans s'y maintenir. Cette pluie neigeuse ramena la température à 79° centig. vers les 5 heures du soir, moment où la pluie cessa sans que le ciel fut complètement épuré : il resta couvert de gros cumuli, qui, au commencement de la nuit, laissaient entrevoir çà et à quelques étoiles; à 7 heures du soir, le thermomètre indiqua 6°, par un veni supérieur Sud; cepen- dant les nuages s'amincirent peu à peu, en même temps qu'il se manifestait une brise descendante tellement fable AUTOUR DES MONTAGKNES. 43 qu'elle était presque douteuse ; cependant elle prit de l'éner- gie, et, dans la matinée du 17, le ciel était complètement purifié, à l'exception de quelques légers cirrhi très-élevés et poussés par le Nord. V'al Sésia, val Quarazza et val Anzasca. L'établissement du vent du Nord, le 17 septembre, me dé- cida à profiter de l’occasion pour quitter Allagna et franchir le pas de Turlo, malgré les neiges éphémères tombées les jours précédents; et, bien que le chemin ordinaire eut été bar- ré par les torrents, je n'eus pas lieu de me repentir de mon entreprise. Nous nous mimes donc en route, mes guides et moi, à 5 heures du matin, par une température de 3° centig. avant le lever du soleil , laquelle s’abaissa momentanément à 29,9 à l'instant où les nuages élevés furent dorés par les pre- miers rayons de l’astre. Il régnait alors dans le val Sésia une brise descendante très- prononcée, et, le vent septentrional supérieur ayant la même direction, on aurait pu croire que le tout n'était qu'un seul et même courant; cependant leur effet n'était pas combiné, car, vers les 6 heures du matin, les flancs élevés du Mont- Rose, déjà éclairés depuis une demi-heure environ, émettaient des vapeurs ascendantes, qui se groupaient tranquillement plus haut, autour de la cime culminante, sans être entrai- nées ni par le vent supérieur Nord, qui ne chassait devant Jui que des cirrhi très-élevés, ni par la brise descendante , qui se faisait encore sentir assez vivement dans le fond de la vallée. Ces résuliats opposés démontrent suflisamment que l'aspiration s’exercait déjà autour des hautes sommités, lors même qu'elle ne s'était pas encore propagée jusque dans les dépressions profondes. Les vapeurs en question augmentérent peu à peu, et for- 44 DES BRISES DE JOUR ET DE NUIT mèrent bientôt une vaste calotte hémisphérique , nettement agglomérée , qui couvrait entierement les parties les plus ardues de la montagne; et, seulement de temps à autre, une rafale septentrionale, entamant avec vivacité cette masse ho- mogène, en emportait quelques lambeaux, sans cependant altérer en rien son immobilité générale. Cependant, vers les 8 heures du matin, étant nous-mêmes déjà fort élevés sur la montée de Turlo, nous atteignimes le champ d'action du vent supérieur, qui, de son côté, paraissait s'être abaissé , car dans ce même moment la calotte nuageuse s'ébouriffa et fut dispersée ; mais cette chute de peu de durée n’empécha pas le flux vertical de se déclarer en plein, dès les 10 heures du matin, le long des rampes escarpées sur les- quelles sont établis les chalets de l’Alpe Faller ; aussi voyait- on alors les flocons des parties basses entraïnés vers les hau- teurs, tandis que les nuages proprement dits obéissaient à une impulsion contraire. À 1 heure 1/2 après midi, nous eûmes dépassé l’arête de Turlo; et nous pénétrions dans la vallée subordonnée de la Qua- razza, opposée à angle droit à celle de la Sésia , lorsque la con- densation nuageuse devint très-forte. De gros cumuli, à allure variable, ne laissèrent que des éclaircies rares ; et le tout fut accompagné d'un grésil momentané. Un résultat aussi intense tenait de près à un orage ; et, en effet, en consultant les obser- vations de Genève, du St-Bernard et de Turin , je trouvai que les vents Sud-Ouest, Ouest et Nord se disputaient dans cette journée l'empire de l'atmosphère ; mais le Nord l'emporta , et, dans la profondeur de la vallée de la Quarazza, je re- trouvai les courants verticaux, qui, tout en suivant d'une manière générale l'axe de la vallée, en déviaient cependant diagonalement , de manière à tendre de préférence vers les escarpements de la base du Mont-Rose. Cette attraction, occa- sionnée par l'influence prédominante de cette énorme masse, AUTOUR DES MONTAGNES. 45 est l’inverse de celle des cascades nocturnes déjà observées dans les vallées d'Aoste et de Cogne , et mérite par consé- quent d’être signalée. Une première visite faite, dans la soirée, aux mines d’or de Pestarena m'empècha de saisir l'instant critique du reflux ; je me contenterai donc de dire qu'à 4 heures , la brise était encore ascendante dans la grande vallée de Macugnaga ; qu'à 9 heures du soir , elle descendait avec vivacité, et qu'alors aussi, le ciel se purifia pour quelques heures, après avoir été plus ou moins nuageux toute l'après-midi. Val Anzasca. Le 18 septembre, à Pestarena, température 8°,8, à 6 heures du matin. Le ciel s'était voilé durant la nuit, mais seulement dans la région montagneuse ; car, au-dessous de cette nappe, je découvrais parfaitement, du côté de l’embou- chure de la vallée, le ciel plus pur, quoique vaporeux, des plaines de lltalie; c’est que le vent méridional était revenu sur les Alpes , tandis que le N-E régnait à Turin. Des lam- beaux nuageux demeuraient comme fixés à la moitié de la hauteur des contre-forts du Mont-Rose , et ils grossirent avec une telle rapidité, qu'à 10 heures du matin, la pluie revint par une température de 9°,4. à À midi , le stratus épaissi n’était élevé que d’une cinquan- taine de mètres au-dessus du fond de la vallée, et acquit un cours ascendant assez vif, en répandant une bruine presque continue, qui, de temps à autre, dégénérait en pluie sans averse. Ces chutes d’eau du matin et de l'après-midi n'ayant, du reste, apporté aucune neige nouvelle sur les hauteurs voi- sines , je suis porté à croire que les nuages étaient très-bas, et que probablement les hautes cimes du Mont-Rose se trouvaient éclairées du soleil, d'où dérivait la brise montante qui se 46 DES BRISES DE JOUR ET DE NUIT manifesta vers l'heure de midi, et son retour en sens inverse, vers 5 heures du soir , avec un entraînement très -lent de la nappe aquifère. Cependant, comme les vents orientaux ré- gnaient du côté de l'Italie durant le jour, et que la vallée est dirigée de l'Ouest vers l'Est , il serait bien possible que las- cension du jour füt provoquée par ceux-ci, tandis que le Sud- Ouest amenait de la neige au St-Bernard ; mais , malgré ces incertitudes, l'effet nocturne eut lieu comme de coutume; et, le lendemain 19 septembre, à 6 heures du matin, le ciel, passablement purifié, présentait des éclaircies espacées au milieu de nuages supérieurs poussés par le Sud. Les vapeurs inférieures se montraient,comme hier à pareille heure, adhérentes aux sommités; et, de même encore, malgré leur apparente immobilité , elles s’étendirent peu à peu dans la matinée, de manière à former un stratus, qui, vers les 10 heures, s’avanca avec une assez grande rapidité vers l’extré- mité supérieure de la vallée. Ce mouvement devint de plus en plus fort : à 1 heure, il fut assez vif pour que le voile en fut déchiré ; et les lambeaux , poussés par la brise , se dressèrent contre le Mont-Rose comme d'immenses colonnes irrégu- lièrement torses, qui, dans leur progression, en démasquaient successivement les divers points culminants. Ce transport oc- casionnait quelques ondées passagères lorsque des masses plus denses passaient au-dessus de Pestarena ; et le soir, entre 5 et 6 heures, le mouvement devint inverse , de telle sorte que, vers les 7 heures , avant d'arriver à Ponte-Grande , près de Bannio , le reflux était très-prononcé. Le 20 septembre , à 5 heures du matin, la pureté du ciel était sans égale; aussi je pus découvrir, pour la première fois, le magnifique ensemble du Mont-Rose ; son arête dorsale ne tarda pas à être éclairée par les rayons solaires , et les parties basses de la vallée ne recevant encore que la lumière diffuse, le courant nocturne se montra, dès 6 heures du matin , faible AUTOUR DES MONTAGNES. 47 et incertain , alternativement ascendant et descendant, parce que Ponte-Grande est situé au point de jonction des deux vallées d’Anzasca et d'Oloccia, ce qui reproduisait la circon- stance déjà observée à Verrès ; peut-être encore que le peu de largeur du bassin , sa faible extension longitudinale et la ma- nière dont il est dominé par un des plus grands colosses des Alpes, hätent, dans les belles matinées, l'instant du re- broussement; ce qui est certain , e’est que, dès 7 heures, la période ascendante était décidée, qu'à partir de ce moment, on vit de petits nuages parasites se former sur les flancs élevés de la vallée, et qu'ils étaient comme étirés dans le sens de l’action générale. Bassinÿ de la Toccia et & Simplon. J'arrivai à Pié-di-Mulera dans la même journée, vers les 10 heures, et près de là, dans la grande concavité de la Toccia , je trouvai déjà établi un courant vif, qui la remontait en se dirigeant vers les hauteurs du val Formazza. Les vents septentrionaux régnaient alors en Italie , tandis que le S-O continuait à dominer sur les Alpes; aussi, vers 11 heures, les parasites avaient prodigieusement grossi; leur couleur grise et leur apparence tuméfiée annoncaient de nouvelles averses, dont la chute commenca effectivement dans la nuit ; et elles m'assaillirent le lendemain matin , aux bords du lac Majeur. Cependant ces dispositions orageuses n'avaient pas encore altéré le flux diurne quand je quittai Vo- gogne à 3 heures de l'après-midi; mais mon départ m'em- pécha de donner suite à ces observations. Je revins à Vogogne pendant une nouvelle soirée de tonnerre et d'énormes averses , et, malgré cela, le lendemain 22 sep- tembre, à 5 heures du matin, le ciel était d'une pureté presque absolue. Le vent descendait alors en suivant la pente des plaines 48 DES BRISES DE JOUR ET DE NUIT encaissées de la Toccia , quoique la marche de quelques légers cirrhi indiquât qu'il régnait un vent contraire dans les parties supérieures de l'atmosphère ; à 7 heures 1/2, les vapeurs con- densées s’élevaient lentement le long des contre-forts alpins , tandis que l'axe du bassin était toujours enfilé par le même courant descendant; celui-ci se maintint identiquement, à 11 heures, à Domo-d’Ossola, à midi, à Crevola, puis dans la vallée latérale du Vedro ; et cette anomalie re- marquable devint de plus en plus prononcée à mesure que je m'élevai sur la route du Simplon, vers les parties supé- rieures de laquelle je fus atteint, à 7 heures du soir, par un vent Nord ou N-O , d’une extrême violence. Si la chaude Lombarde m'avait déjà glacé au Mont-Cénis, malgré sa température de 14° centig., l'effet fut bien autre- ment rude sous l'influence de celui-ci, qui, venant de raser les glaciers et les neiges du Simplon , m’apportait, avec le rayonnement nocturne , un froid de + 5° centig., tandis qu’à midi, j'avais eu à supporter le climat italien de Domo-d'Ossola. En définitive, c'était un vent général, qui, régnant à la superficie des Alpes, s'épanchait par-dessus les cols et les som- mités, d'où il se répandait dans les vallées, en dégénérant en fausses brises, dont l'allure était en contradiction avec celle des vraies brises diurnes ; mais , à ce vent élevé, était superposé un vent plus élevé encore ; car, à 11 heures, les cumuli du zénith de l'Ossola cheminaïient du Sud vers le Nord , et, du- rant toute l'après-midi , le ciel était pur sur les montagnes, tandis qu'il s'amassait de grands nuages sur les plaines de la Lombardie ; enfin, la violence du vent septentrional indi- quait assez qu'il était comme laminé , pendant son passage , entre les arêtes montagneuses, d’une part, et le Sud supérieur, de l’autre , et c’est en se dilatant à sa sortie de cette presse qu'il arrivait jusque dans les bas-fonds , oùil perdait d’autant plus son énergie , qu'il cheminait avec plus de liberté. On se AUTOUR DES MONTAGNES. 49 rappellera, d’ailleurs, que c'est presque toujours dans des circonstances analogues que se produisent les tempêtes pro- prement dites, comme j'ai déjà eu occasion d'en faire ressor- ür un exemple saillant, lorsque le vent du Nord vint envahir la grande dépression du Rhône , au début du rigoureux hiver de 1838. Ces faits divers , combinés avec ceux qui ont été observés au Mont-Cénis, sont d’ailleurs inconciliables avec l'idée de la production de ces venis généraux des deux versants des Alpes, par des raréfactions et des aspirations locales, en sorte qu'il ne reste plus d'autre explication à en donner que celle de leur propagation par impulsion. Simplon,; F'alais: Le matin, 23 septembre , à 7 heures, par un beau soleil, je quittai le village du Simplon, situé encore sur le versant italien , pour gagner le point culminant où est situé l’Hospice. La tempête du soir précédent avait cessé ; aussi, durant ce trajet, vers les 8 heures du matin, j'observai un vent ascendant très- vif, quoique intermittent , et, par conséquent , contraire au vent supérieur , qui, alors comme la veille , suivait une direc: tion N-O ou N-E , qu'il faisait prendre aux légers nuages plus élevés que les pics environnants. Ce vent ascendant peut donc être considéré comme le résultat d’une marée atmosphérique; mais il me fut impossible de l'étudier long-temps, car il s'effaca dès que j'eus atteint la partie horizontale du col, pour me laisser dès-lors en butte au vent supérieur. Sur le versant opposé , depuis midi jusqu’au soir ; les cou- rants montants étaient établis dans toutes les gorges que croise Ja route ; cependant , vers les 2 heures 1 J2 ; le vent supérieur avait tourné à l'Ouest ou au S-O, en déchirant, dans cette conversion, le voile nuageux qui s'était successivement établi 4 T. II, 50 DES BRISES DE JOUR ET DE NUIT au zénith des Alpes, sans que son opposition avec l'allure des brises de terre contrariit leur allure ; circonstance qui con- firme trop évidemment l'existence des marées autour du Simplon , pour qu'il soit nécessaire de nous y arrêter davan- tage. A mon entrée dans le Valais , leur direction était aussi na- turellement tournée vers les parties supérieures du bassin du Rhône ; enfin, vers 6 heures du soir, après le coucher du soleil, à l'embouchure de la Visbach , une brise descendait en suivant le cours du torrent ; ce qui démontre que dès-lors l'effet diurne était régularisé pour ce dérivé du Mont-Rose. Le 24 septembre, à 8 heures du matin, par un ciel pur, la fumée de Viége remontait déjà à l’étroite vallée de la Visbach, tandis que, dans le bassin du Fhône , la brise était encore descendante. Le moment d'incertitude commenca à s'y ma- nifester vers les 9 heures du matin; la direction ascendante se prononca d’une manière modérée à 10 heures, et devint très- vive à midi, auprès de Tourtmagne ; j'avais été prévenu, en quelque sorte , de cette interversion par les nuages parasites des hauteurs, qui, déjà quelque temps avant la période d'oscil- lation vague, obéissaient d’une manière décidée à l'impulsion diurne. Ce flux persévéra avec toute sa force jusqu'à mon arrivée à Sierre, vers les 4 heures du soir; mais, au coucher du soleil, étant à Sion, il s’affaiblit ; et, enfin, à 8 heures, les premières brises descendantes se firent sentir à Ardon. Les parasites du matin avaient augmenté durant la journée, de manière à former des nappes presque continues le long des deux chaines du Valais ; et, cependant, le zénith de la dé- pression demeura limpide, ou, du moins, ne fut traversé que par de légers cirrhi très-élevés, alignés du Nord au Sud ; ce qui nous donne une nouvelle preuve, à ajouter à tant d’autres, de l'effet réfrigérant que les hautes sommités exercent sur les vapeurs entrainées par les vents verticaux. AUTOUR DES MONTAGNES. 51 Suite du Valais; Martigny. Dans la nuit qui précéda le 25 septembre, le ciel s'était complètement purifié; la température de l'atmosphère ne sé: levait qu'à 8° vers 6 heures du matin, avant que le soleil n’é- clairit les cimes, et, ses rayons n’éprouvant aucun obstacle, la brise fut ascendante aux environs d’Ardon dès 8 heures du matin; elle demeura telle jusqu'aux environs de Martigny, où j'arrivai à 11 heures; mais, en approchant de ce point, je trouvai une complication, qui sera facilement comprise après le développement des particularités topographiques de la lo- calité. Martigny peut être considéré comme placé au centre d'une espèce d'étoile à trois branches, formées , l'une par le confluent des vals d'Entremont, de Bagnes, de Ferret et de Trient, et les deux autres , par les parties supérieures et inférieures de la vallée du Rhône, qui s’y brise presque à angle droit. Chacune de ces branches possède des propriétés spéciales, dépendant de leur configuration. Celle du premier sys- tème, formant un plan rapide, devra naturellement faire la fonction d'un aspirateur d'autant plus énergique, qu'il est surmonté par la série des cimes éternellement glacées qui s'étendent depuis le mont Vélan jusqu'au Mont-Blanc. Son effet s’exercera de préférence sur la branche du Rhône supé- rieur, d'abord, parce qu’elle lui est directement opposée, et qu'elle présente, de plus, un large évasement jouant le rôle d’une plaine; tandis que la branche inférieure, n'étant qu'un défilé oblique et profondément encaissé entre les dépen- dances des dents de Midi et de Morcles, ne peut que contri- buer à l'alimentation générale. | D'après ces détails, il sera facile de concevoir que j'ai dü 52 DES PRISES DE JOUR ET DE NUIT ressentir, aux approches de Martigny, des brises inverses à la marche naturelle, et qu'à Martigny même, elles étaient déci- dément tournées vers les sommités de Trient. Du reste, la dilatation de l'atmosphère ascendante, jusqu'alors compri- mée dans le défilé du Rhône inférieur, peut encore produire des tourbillons , dont l'effet immédiat doit être d’aggraver cette anomalie locale, et cela d'autant mieux, que le courant général éprouve une inflexion subite en passant d’un des cô- tés de l’angle dans l’autre. Ces premières observations faites, je montai aux mines de Chemin, dont l'exploration m’empêcha d'en reprendre la saite avant 5 heures du soir. Alors, vers le moment au soleil couchant et sur la Dranse , la marée était encore montante vers les massifs de Gétroz, tandis que, du côté de Martigny, elle se dirigeait vers le col de Trient , chacune de ces subdi- visions" du flot aérien s’établissant de préférence dans les dé- pressions les plus marquées du plan de pente général; mais, après quelques balancements d’une courte durée, cette allure changea ; les fumées du bourg de Martigny s’étalèrent dans leur combe, et celles de Martigny même s’allongèrent dans la large concavité du bassin du Rhône, de manière à former une nappe, dont la partie la plus notable remontait en suivant la branche supérieure du fleuve, et dont l’autre, plus courte, s'étendait vers la branche inférieure, sans qu'il füt cependant possible d'apprécier une ligne de séparation dans cet épan- chement angulaire. La journée avait été magnifique, sauf quelques légers cirrhi qui avaient paru dans la matinée, et qui ensuite s’ef- facèrent. De Martigny au lac de Genève. Le 26 matin, au soleil levant, la température était de 1,8 à Martigny, et les fumées de l'endroit se trouvaient AUTOUR DES MONTAGNES. 53 alors alignées fort au loin sur la rive gauche du Rhône supé- rieur ; le rôle partiel de cette branche comme plaine s'était donc prononcé fortement durant la nuit. Versles 6 heures 1/2, la nappe se souleva un peu, mais sans cesser de prendre le même cours ; enfin, à 7 heures 1/2 du matin, elle se renver- sa vers la vallée de Trient. En quittant cette localité pour me rendre à St-Maurice, vers 8 heures 1/2, je trouvai, dans la gorge du Rhône infé- rieur, un vent violent qui suivait la direction descendante. Sous son influence, l'atmosphère était d'une transparence et d'une pureté telles que les distances s'annulaient, les mon- tagnes se rapetissaient , les intervalles compris entre les flancs des vallées secondaires se trouvaient effacés, et l'on pouvait, pour ainsi dire, distinguer chaque couche des gigantesques dents de Midi et de Morcles ; cependant, vers 10 heures 1/2, la température de l'atmosphère étant de 16°,5, cette tem- pête commenca à dégénérer en une brise douce; puis vinrent les coups d'air ascendants, accompagnés d’une di- minution sensible dans la diaphanéité de l'atmosphère ; en- fin, vers midi, étant à St-Maurice, la marée montante était parfaitement régularisée et d’une certaine vivacité ; dernière circonstance que l'on devait, d’ailleurs, concevoir & priori, d’après l’étranglement de cette partie de bassin. La force du vent durant les premières périodes de la ma- tinée , et le retard notable du flux atmosphérique qui er fr? la conséquence peuvent encore s'expliquer, comme les tem- pêtes du Mont-Cénis et du Simplon , par une compression que le vent supérieur S-9, régnant au St-Bernard et à Genève, éprouvait en passant sous un vent septentrional qui dominait alors sur le versant italien : l’abaissement du Nord sur Ge- nève, à midi, confirmerait au besoin cette présomption. Vis-à-vis de Bex, la vallée du Rhône s'élargit pour former la large plaine horizontale qui précède ce lac. Deux vallées. 54 DES BRISES DE JOUR ET DE NUIT y aboutissent en ce point, savoir : d'une part, sur la rive droite, celle qui, passant par les salines , s'élève rapidement jusqu’au Mœuvran et aux Diablerets, et de l’autre, sur la rive gauche, celle d’Illiers, qui gagne le col de Golèze. Chacune d'elles soutirait de son côté les portions correspondantes de l'air du bassin ; car, à 2 heures 1/2, le thermomètre indiquant 189,8, je voyais les fumées de cette dernière se raréfier de plus en plus, à mesure qu'elles s’étendaient suivant la pente de leur encaissement, et la marche inverse des courants dans la vallée des salines, où je me trouvais alors, était trop sen- sible et trop soutenue pour laisser le moindre sujet de doute. Ces allures diamétralement opposées dans deux vallées si- tuées en regard l’une de l’autre fournissent une des meilleures preuves que l'on puisse citer en faveur de l’indépendance des flux et reflux atmosphériques ; car on ne peut concevoir au- cun vent général capable de produire un pareil résultat ; il deviendra encore plus saillant si je rappelle que, dans les mêmes instants, ces aspirations partielles ne dérangèrent nul- lement le courant de la large vallée du Rhône. Celui-ci se maintint même après que le soleil eut cessé d'éclairer la dent de Midi ; et les fumées des villages riverains, tels que Port-Valais, etc., s'étalaient alors en amont sous cette forme de longue nappe horizontale dont j'ai eu assez d'occasions de citer des exemples. Les habitants du pays la regardaient comme un pronostic de beau temps pour le lendemain ; mais ils ignoraient probablement l’anomalie de la matinée ; aussi, à 8 heures 1/2, après le début de la nuit, il se forma quelques nuages sur les Alpes ; ils s'agrandirent ensuite au point de constituer un stratus uniforme, qui voilait complètement le ciel dans la matinée suivante , et les pluies survinrent bientôt après. Cependant, malgré ces préparatifs d'un changement de temps qui commençaient à se manifester, comme je l'ai dit, à 8 heures 1/2 du soir, la brise descendante se faisait AUTOUR DES MONTAGNES. 55 sentir à Villeneuve ; et elle régnait encore, mais faiblement et d'une manière incertaine, vers 7 heures du matin, par une température de 13°,4; puis elle disparut pour faire place à une petite tempête du Sud qui nous accueillit sur le lac, le 27 septembre, vers les 10 heures du matin. Pour compléter cette série d'observations sur le Valais, j'a- jouterai que les bateliers de Villeneuve connaissent très-bien ces brises périodiques ; ils distinguent celle de nuit sous le nom de Wauderon, et celle de jour, sous celui de Rebas. Ce dernier commence généralement à soufiler, d’après leurs ob- servations , vers les 10 heures da matin, et l’autre, dès la tombée de la nuit. Vallée de l'Isère ( environs de Moutiers ). N'étant encore qu’au début de mes observations à l’époque où je parcourus la Tarentaise en 1838, et ignorant l’art de les faire d'une manière complète , je dois me borner à tenir compte des circonstances suivantes. Le 4 septembre, je partis de Moutiers, à 7 heures du matin, pour me rendre à Pezey. Dans les défilés qui encais- sent l'Isère jusqu'aux environs de Villette, régnait, comme d'ordinaire à pareille époque, un vent descendant vif, qui faiblit, vers les 8 heures, lorsque les rayons du soleil plon- gèrent entièrement dans la vallée, et prit ensuite son cours ascendant; il se maintint tant que je demeurai dans les resser- rements et tant que dura la matinée; mais, à mon arrivée dans le bel évasement d’Aime, je ne trouvai plus qu'un calme plat, d'autant plus pénible à supporter, qu'aucune agitation ne venait tempérer l'intensité de la réverbération à laquelle la limpidité de l'air me laissait en proie ; aussi Je puis dire sans exagération que, dans le cours de mes voyages, j'ai peu fait de marches aussi pénibles que celle à laquelle je m'étais 56 DES BRISES DE JOUR ET DE NUIT assujetti durant cette stagnation absolue de l'atmosphère. Cependant, vers 5 heures du soir, le soleil n'étant pas en- core couché, je trouvai, dès l'entrée de la gorge étroite et orientée N-S du torrent de Pesey, un courant descendant passablement fort. IL devancait évidemment son temps; aussi, le lendemain, le ciel était couvert et la pluie tomba. Il paraît donc qu'un vent du Sud supérieur détruisait la brise ascendante , soit en refoulant les courants partiels dont elle se compose , soit en amenant, dans les régions supérieures, des conditions météorologiques capables de faire équilibre aux causes agis- sant dans le bas. Leur effet devait être d'ailleurs facilité par le grand élargissement de la vallée de l'Isère ; circonstance dans laquelle l'énergie du mouvement de la colonne doit naturellement être diminuée par sa division sur une trop grande surface. À mon retour des hauteurs, le 9 septembre, à 2 heures du soir, j'entrai de nouveau dans les défilés précédents, où je re- trouvai le vent ascendant très-vif, bien que le temps füt cou- vert; et les habitants du pays m'apprirent qu'il y était ordi- naire, Ainsi done, certaines parties de cette vallée sont sujettes à présenter le phénomène des marées atmosphériques ; et, si elles sont moins prononcées dans les unes que dans les autres, on peut facilement rendre compte du fait par les différences considérables que présente la largeur du bassin en ses divers points, en sorte que, pour les étudier convenablement, il faudrait se poster, par exemple, dans les étranglements de St-Marcel, au-dessus de Moutiers, et non pas dans cette ville même, parce que les vallées de l'Isère, du Thoron et du Nant-de-Belleville, qui y aboutissent, doivent se contrarier réciproquement, en vertu de leurs inégales dimensions. Mgr Billiet, dont j'ai déjà eu occasion de faire ressortir les Le be 1 AUTOUR DES MONTAGNES. 5 obligeantes communications, a bien encore voulu prendre de nouvelles informations, desquelles il résulterait que, dans la Haute-Tarentaise, il existe un autre vent local, connu sous le nom de vent du Petit-St-Bernard. I se fait sentir 3 ou 4 fois par an, le plus ordinairement durant l'automne, en affectant une direction descendante de l'Est à l'Ouest, qui l'amène jusqu’auprès de Moutiers, où il vient se perdre. Ce qu'il offre encore de remarquable, c’est qu'il ne se fait sentir que sur le versant occidental de cette partie des Alpes, et non dans la vallée d’Aoste. IL est du reste sec, un peu chaud, tou- jours très-violent, et ne dure ordinairement que trois jours. La pluie ne tombe pas pendant qu'il règne, mais elle lui succède presque toujours immédiatement. Sous son influence, la chaine des Alpes, à l'Est, paraît comme couronnée par une série de petits nuages blancs, laineux , lisses, se tenant à demi cachés entre les aiguilles, sans s'élever plus haut; et le reste de l’atmosphère n’est ni entièrement serein, ni enué- rement couvert, mais plus ou moins nébuleux avec quelques éclaircies. Ces renseignements donnent prise à bien des conjectures. Ce ne peut être un reflux atmosphérique dans l’acception que nous avons donnée à ce phénomène : il offre, à la vérité , quelques-uns des caractères des vents méridionaux, dont il pourrait être dérivé par réflexion ; mais alors pourquoi est-il particulier à une saison donnée, et pourquoi ne se fait-il pas sentir à Aoste aussi bien que dans le bassin de l'Isère? Ces doutes mériteraient d'être éclaircis par de nouvelles études; car nous ne connaissons pas encore tous les eflets que le contraste des glaciers et des roches peut produire dans l'at- mosphère. D'ailleurs, combien de fois n'a-t on pas vu une circonstance, vague au premier apercu, conduire à des vues générales quand elle est développée par des recherches habi- lement dirigées; et qui pourrait mieux amener leur heureuse 8 DES BRISES DE JOUR ET DE NUIT réussite que l'excellent observateur auquel nous devons la connaissance du climat de la Maurienne ? En attendant ce succès, Je rapprocherai des effets précé- dents les observations suivantes, faites au mois de juillet, sur le col du Géant, par de Saussure : il sera facile de voir que leurs causes nous laissent dans la même incertitude, faute de détails circonstanciés sur les vents généraux qui ont régné durant cette station. « Presque tous les soirs, dit-il, vers les 5 heures, 1l com- menca à soufler un vent qui venait des pentes couvertes de neige qui nous dominaient au Nord et à l'Ouest. Ce vent, souvent accompagné de neige ou de grêle, était d'un froid et d'une incommodité extrêmes. Les habits les plus chauds, les fourrures même ne pouvaient nous en garantir: nous ne pouvions point allumer de feu dans nos petites tentes de toile ; notre misérable cabane, criblée à jour, ne se ré- chauffait point par le feu de nos petits réchauds ; le charbon ne brülait même, dans cet air rare, que d’une manière lan- guissante et à force d’être animé par le soufflet, et, si nous parvenions enfin à réchauffer nos pieds et le bas de nos jambes , nos corps demeuraient toujours glacés par le vent qui traversait la cabane. « Dans ces moments, nous avions un peu moins de regret de n'être élevés que de 1,763 toises au-dessus de la mer ; car, plus haut, le froid eüt été encore bien plus incommode. Vers les 10 heures du soir, ce vent se calmait , etc. » ————— ms À —————— AUTOUR DES MONTAGNES, 59 RÉSUMÉ. Les circonstances variées que nous venons de faire con- naître autorisent à tirer les conclusions suivantes. 1° Les aspérités du sol déterminent journellement un flux et un reflux atmosphériques, qui se trahissent par des brises ou des vents ascendants ct descendants, connus de temps immémorial, dans certaines localités, sous les noms de Thal- wind, Pontias, Vésine, Solore, Fauderon, Rebas, Vent du Mont-Blanc, Aloup de vent. 29 Ces courants d'air se développent au plus haut degré dans les concavités des vallées, mais sans leur être exclusive- ment propres, car ils se manifestent le long de toutes les rampes, et le courant des vallées n’est que la résultante des ascensions et des cascades latérales et partielles ( vallées de Cogne, d'Aoste, de la Quarazza, plan de St-Symphorien, Rive-de-Gier, Chessy ). 3° Le passage du flux au reflux, et réciproquement, est ra- pide dans les gorges étroites et aboutissant ; après un court trajet, à de hautes sommités ( vallées d'Anzasca , de la Sésia, de la Visbach, de Trient, de Cogne, de Val Meynier, Marti- gny, Simplon). Il est plus tardif dans les bassins généraux , où le flux n’est, en général, franchement établi qu’à 10 heures du matin, et où le reflux ne commence à être régularisé que vers les 9 heures du soir ( vallées du Gier, d'Azergue, de la Brevenne, de l'Arc, d'Aoste, de la Toccia, du Rhône supé- rieur ). L'intervalle entre les marées montantes et descen- dantes est rempli par des oscillations ou des redondances al- ternatives , et l'heure de cet intervalle critique varie avec les saisons. 49 Les vents de vallées sont réguliers dans les vallées ré- gulières, mais présentent des accidents vers leurs embran- 60 DES BRISES DE JOUR ET DE NUIT chements. Ces irrégularités peuvent se manifester suivant le mode d’emboitement des vallées, soit dans la période diurne (Martigny, Aoste ), soit dans la période nocturne ( Verrès, Bannio, St-Jean-de-Maurienne, Martigny, Firminy ). 59 La configuration des parties supérieures des vallées exerce encore une grande influence sur le phénomène , sui- vant les heures et les saisons ; ainsi , ils sont tantôt plus pro- noncés de jour que de nuit (Maurienne ), tantôt plus la nuit que le jour ( Pontias, Aloup de vent, Chessy ). Quel- quefois c’est l'hiver avec ses neiges qui est le plus favorable aux vents nocturnes ( Maurienne, Pontias ); d’autres fois c’est l'été, pour les vents de jour ( Maurienne ). Il serait curieux d'examiner, sous ce rapport , l'influence des cirques ellip- tiques qui forment les parties supérieures et terminales des vallées jurassiques et subalpines , comparativement aux ter- minaisons douces et insensibles des montagnes primordiales. Par exemple, dans la vallée de Joux, les alternatives de chaud et de froid sont si brusques, qu’on y éprouve quelque- fois des variations de 20 degrés en quelques heures, et que l'on a vu les faucheurs couper de la glace le matin avec leurs faux, tandis que, quelques heures après, le thermomètre y indiquait 38° au soleil. Il est impossible que de pareilles différences ne produisent pas des courants extraordinaires. 6° L'effet de ces marées est, en général, plus prononcé dans les vallées larges et profondes , et s’affaiblit dans les ramifi- cauions latérales (Maurienne, Aoste ); les effets s’affaiblissent encore quand le bassin devient une véritable plaine , capable de subvenir iune très-grande dépense où d’absorber une masse considérable. Ainsi, rarement le Pontias atteint le cours du Rhône; et, autour de Genève, les brises de la vallée dé l’Arve paraissent assez annullées pour n'avoir pas excité l'at- tention des habiles observateurs de cette ville; mais le fait serait à vérifier dès à présent. AUTOUR DES MONTAGNES. GI 1° Les vents généraux supérieurs peuvent, dans certaines circonstances, altérer le flot ou le jusant aérien ( Rive-de-Gier, Allagna, Aoste, Ossola, Martigny, Mont-Cénis ), ou bien les compliquer ( Cogne ) ; mais leur effet n'est pas toujours assez énergique pour les détruire entièrement ( Mont-Thabor , val Sésia ); quelquefois ils produisent un calme plat ( Taren- taise ). Il suit de là que les pronostics de beau temps déduits de la régularité de l’allure des brises sont souvent contredits par l'expérience ( vallée de la Brevenne , Chessy, Bex ). Ce- pendant , on peut dire qu'en général, le renversement des courants est suivi d’une pluie ( Maurienne ). 8° Les circonstances de température locale peuvent en- core annuler ces brises montagnardes : c’est ainsi que le Pontias cesse de soufiler lorsque, dans le court intervalle des nuits chaudes de l'été, la terre, échauffée par un soleil brû- lant, n’a pas le temps de se refroidir suffisamment. 99 En comparant le phénomène des marées autour des montagnes à celui des brises de terre et de mer qui se pro- duisent périodiquement le long des côtes, on voit qu'à la même époque où les vents diurnes de mer poussent les vais- seaux dans les ports, le flot aérien s'élève aussi de son côté autour des montagnes , et que l'inverse à lieu durant la nuit. Il suit donc de là que la totalité de l'atmosphère du bassin du Rhône doit être soumise journellement à un mouvement qui la porte de la mer vers le continent, et de celui-ci, vers les sommités du plateau de la France centrale, des Alpes et du Jura, après quoi elle retourne, durant la nuit, vers son point de départ. Mais la lenteur avec laquelle un mouve- ment quelconque se transmet dans une grande masse d'un fluide élastique efface, en partie, ces effets. Cepen- dant , cette annihilation n’est pas toujours complète ; et, dès ce moment, je suis porté à croire que les légers cou- rants qui se manifestent, autour de Lyon, dans les journées 62 DES BRISES DE JOUR ET DE NUIT que l'on peut considérer comme calmes d’ailleurs, ne sont que le résultat de ces oscillations, dont je développerai les effets dans une autre occasion. | 10° Les marées atmosphériques poussent avec elles les corps susceptibles de flotter ; c'est ainsi que, suivant les circonstan- ces, les fumées et surtout la vapeur d’eau vont se condenser, durant le jour, autour des hautes cimes ( vallées d’Aoste , de la Maurienne , de l’Ossola , d’Anzasca, de la Sésia, val d’I- liers, col du Géant, Valais, Pilat ), ou bien sont ramenées, durant la nuit, vers les concavités (Martigny, Chessy, St-Mar- cel, vallée du Gier, col du Géant, etc.). 11 suit de R que l'air se dessèche, durant la nuit, et devient plus humide, durant le jour, sur les hauteurs, tandis que l'effet inverse a lieu pour la nuit dans les concavités ( Genève, col du Géant, Ste-Paule ). Il est facile de voir d’après cela que ces marées doivent jouer un rôle important dans le développement des nuages parasites, et dans les phénomènes de la distribution des pluies et des orages. 110 L'air chaud des plaines, s'élevant durant le jour, tend à échauffer les vallées et les sommités ; mais cet effet est contrebalancé, en partie, par l'évaporation qu'il occasionne, en sorte qu'il peut dessécher et refroidir (Maurienne ). D'un autre côté, la brise nocturne tend à refroidir les vallées, en y portant le froid des régions supérieures ; de R, l'explication de la fraîcheur subite occasionnée par l’Aloup de vent, des congélations de vapeur d’eau occasionnées par le Pontias, des gelées printannières qui , à rayonnement égal , affectent plus particulièrement les végétaux des vallées. On pourrait en- core trouver dans ces marées l'explication de quelques-unes des anomalies de température que les voyageurs ont recon- nues, à diverses hauteurs, sur le flanc des montagnes. 129 Ces circonstances, combinées avec les précédentes, de- AUTOUR DES MONTAGNES. 63 vront ètre prises en considération dans les questions où il s’a- gira de discuter l'influence des vallées sur la santé ( créti- nisme, fièvres des vallées ). On ne devra pas oublier non plus que, réciproquement, dans la Bresse, les fièvres paraissent s'attacher plus spécia- lement aux habitations des collines. Nous rappellerons ici le singulier résultat des expériences faites dans ce pays par M. Barberet. Il en est résulté que des linges fixés sur les sommités se sont couverts de moisissures vertes, jaunes, livides et noires, tandis que les mêmes drapeaux se sont conservés intacts dans l'atmosphère des bas-fonds; et c'est probable- ment sur quelques considérations de ce genre qu'en 1773, M. le Tenneur a appuyé sa thèse ayant pour épigraphe : Magis amæna quam salubris in montium clieis habitatio. Dans tous les cas, il est facile de voir que la structure du sol doit jouer le principal rôle dans cette préférence que cer- taines maladies montrent tantôt pour les hauteurs ct tantôt pour les dépressions. Ces courants d'air exercent aussi une influence sur la végétation, en troublant sa symétrie naturelle ( Aoste, Mau- rienne ). 13° Les vents verticaux tendent à altérer les mesures des hauteurs prises barométriquement, et les formules laissent beaucoup à désirer sous ce rapport ( de Saussure, Deluc ). 14° Les marées atmosphériques des montagnes produisent, sur les vapeurs, des effets d'entrainement indépendants de leur dissolution périodique au-dessus des régions basses (Ste- Paule). Celle-ci a lieu aussi bien au-dessus de la vaste éten- due de l’océan que sur les continents ; en sorte que les varia- tions horaires du baromètre qui peuvent en dépendre ne sont pas liées directement aux phénomènes périodiques des régions montagneuses. La théorie de ces oscillations diurnes fera le sujet d’un autre travail. 64 DES BRISES DE JOUR ET DE NUIT 15° Ces recherches ont encore accidentellement mis en évidence : 1° La connaissance du fait, que les vents généraux Nord et Sud qui se disputent tour à tour la domination de l’espace compris entre les deux versants des Alpes occidentales , sont le résultat d’une impulsion (Simplon, Mont-Cénis, etc. ); et, 29 qu'il pourrait bien exister des vents alpins particuliers, d’une nature inconnue faute d’études suflisantes ; et nous ne pourrons mieux faire, à leur égard, que de renvoyer à ce que nous en avons dit d'après de Saussure et Mgr Pilliet. DISCUSSIONS THÉCRIQUES. Il ne suflisait pas d’avoir établi l'existence des marées aé- riennes, et l'on concevra facilement que le but de toutes ces recherches devait être naturellement d'en amener la théorie; mais, en cela, nous avons été devancés par M. Saigey, et voici de quelle manière il l'expose : « Concevons, dit-il, un plateau qui s'élève jusqu'au cen- tre de gravité de la colonne atmosphérique : si l'air vient à s'échauffer de 102,0 au niveau de la plaine, et proportion- nellement dans chaque tranche, on trouve, par le calcul, que le centre de gravité de l'air s'élève de 192 mètres; mais le sommet du plateau ne bougeant pas, la couche d'air, qui se trouve actuellement à la même hauteur, est plus pressée de tout le poids de ces 192 mètres d’air, c’est-à-dire de 9 mil- limètres et 1/3 de mercure. « Pour maintenir l'équilibre, il faudra que la pression augmente d'autant sur le plateau ; donc l'air y affluera des lieux environnants. Réciproquement, il est visible que quand l'air viendra à se refroidir, ce gaz refluera du plateau vers tous les lieux circonvoisins, en sorte que les courants mar- cheront en sens inverse. AUTOUR DES MONTAGNES. 65 « Il est évident aussi que, quand la pression augmentera sur le plateau, elle devra diminuer dans le voisinage, et/vice versà, puisque ces variations seront le résultat du transport d’une portion d’air , laquelle pressera alternativement sur le plateau et en dehors. « Sans aller plus loin dans le développement de ce fait, on peut le présenter sous la forme générale suivante : Tou- tes les fois que l’air se réchauffe, il afflue des lieux bas vers les lieux élevés; et il ne peut se refroidir, sans couler en par- tie des licux élevés vers les lieux bas. » Voilà donc une loi mathématique très-simple, qu'il s’agit de lier aux circonstances physiques ; et une première idée, à ce sujet, a été émise par M. Gras, à l’occasion du Pontias; mais elle ne satisfait pas à toutes les données de la question, car, faute d'avoir saisi la connexion qui existe entre le Pon- tias et la Vésine, il admet que le caractère le plus saillant de ce vent est de ne soufler que durant la nuit. IL pose donc en principe qu'en vertu des circonstances locales, l’air contenu dans la gorge de l’Eygues devient, du- rant la nuit, sensiblement plus froid que celui de la plaine adjacente , et qu'alors, l'équilibre ne pouvant subsister entre ces deux portions de l’atmosphère , la masse la plus rafrai- chie s'écoule, simplement en vertu de sa plus grande densité, du côté où se trouve la partie encore dilatée par la chaleur. Or, si, pour rendre cette explication applicable au phé- nomène diurne, nous supposions une variation totale de tem- pérature beaucoup plus grande sur les montagnes que dans les plaines, l’idée serait diamétralement opposée à l'expérience. En effet, les observations de l'inépuisable de Saussure faites simultanément au col du Géant, à Chamouni et à Gc- nève l’amènent à en conclure que le soleil agit avec beaucoup moins de force sur les sommités que dans les lieux bas, puis- que la différence entre le maximum et le minimum est beau- Tite 5 66 DES BRISES DE JOUR ET DE NUIT coup moindre sur les premières que dans les seconds ; et voici les résultats qu'il a trouvés dans le mois de juillet d Différence. Col du Géant. . . . 59,32 centig. Chaimoun:: Rae Genève: 1141 5628009 Des données analogues ont été obtenues en août 1821, en- tre le Mont-Cénis et Milan , par les ofliciers de l'état-major piémontais chargés de la mesure de l'arc du parallèle moyen; car les observations faites au lever du soleil et à 3 heures de l'après-midi, pendant 15 jours, leur ont fourni les moyennes suivantes : Matin. Soir. Différence. Hospice du Mont-Cénis. 11°,76 16°,82 5°,06 centig. Milan is cc On 10, 26-85, à On retrouve la même loi, si l'on compare entre elles les différences entre les maxima et les minima de Genève et du Grand-St-Bernard, puisqu’une période de 12 années four- nit les nombres de degrés suivants pour l'amplitude des excursions thermométriques dans chacune de ces stations : GENÈVE. ST-BERNARD. 1926... 0 RIT EE 490,00 1827. Sn UU 48 ,62 1e PE SR TO RE AU UE 1800 SR ST 43 ,49 1830. 2270 04 OÙ 42 ,50 1851. Mu 0 7-07 4 rrui be 1832, LAON je NT) 39 310 1853. SE 01:67 30 01 184: NS PATEANN GORE 18402 SUP. THE OU 7,00 DSHD EE 7 21 HO #1 ,90 { Moyenne. 47 ,18 40 ,64 AUTOUR DES MONTAGNES. 67 Ces chiflres paraïîtront sans doute assez nombreux pour ap- puyer la généralité de la proportion énoncée ; et, au premier apercu , ils semblent se prêter à l'application de la théorie qui a déjà été donnée à l'occasion du phénomène des brises du littoral maritime, dont l'analogie avec celles des montagnes doit être maintenant bien sentie ; c'est-à-dire que, sachant que l'on explique les brises de mer par les ruptures de l'équilibre atmosphérique, occasionnées alternativement le jour et la nuit par les fortes variations de température que subit lair des plaines, tandis que celui qui recouvre les mers en con- serve une beaucoup plus constante; on pourrait aussi être tenté de dire que, si, dès le coucher du soleil, la température s'abaisse proportionnellement davantage au-dessus d’une plaine que sur les hauteurs , la contraction doit faire affluer vers celle-là l'air de la région montagneuse , et que récipro- quement , durant le jour, l'atmosphère des plaines, s’échauf- fant davantage, doit tendre à s'élever ct produire les vents ascendants ; mais alors l'explication du fait serait en contra- diction avec celle des brises de terre et de mer, car si, dans les deux circonstances, on a, d’une part, une constante, et de l’autre, une variable , il ne faut pas non plus perdre de vue que leur position relative est inverse, en sorte que, si l’on concoit facilement que la raréfaction diurne de l'atmosphère continentale détermine l'aspiration d’un vent de mer, on doit aussi naturellement supposer que la même raréfaction diurne de l’atmosphère des plaines doit déterminer la chute de l'air froid et condensé des hauteurs, et, par suite, pro- voquer un courant descendant , résultat contraire à l’obser- vation. Il en serait de même pour le vent nocturne ; car, si alors la sommité se refroidit proportionnellement moins que la plaine, il serait possible, jusqu’à un certain point, d'admettre qu'elle doit maintenir l'air dans un état de dilatation quel- 0S DES LBRISES DE JOUR ET DE NUIT conque et provoquer un vent montant, comme la mer produit alors un vent de terre. Cependant , pour ce dernier cas, on peut concevoir aussi que l'énorme contraction de l'atmosphère des plaines l'emporte sur l’exiguité de la dilatation maintenue par les sommités, en sorte qu'en définitive, le courant serait encore descendant la nuit, comme il le serait d’ailleurs le jour. Il suit de là, que l'explication des brises littorales n’est applicable qu'à une partie du phénomène des marées aérien- nes montagneuses ; et nous sommes amenés à leur chercher une cause différente, en faisant le raisonnement suivant : Dès que le soleil commence à éclairer une cime, il déter- mine l'échauffement de sa surface, et, par suite, une raréfac- tion dans la couche d’air en contact. Celle-ci s'envole alors pour faire place à la tranche suivante, qui subit la même loi; en sorte que, de proche en proche, dans la matinée, l’aspira- tion tend à se transmettre jusqu’à la plaine ; cependant le so- leil s'abaisse aussi graduellement sur celle-ci, et dès-lors le résultat inverse aurait lieu, puisque la plaine s’échauffe plus que la sommité, s'il n’était prédominé par une cause plus énergique, qui résulte de l'élancement du cône montagneux dans la région atmosphérique. Ses flancs solides, opaques, à teintes plus où moins sombres, absorbent et répercutent avec force les rayons calorifiques, el échauflent, par conséquent, plus fortement la couche d'air ambiante que ne peut l'être une couche située à égale hauteur dans l'atmosphère dia- phane ; de là, une raréfaction , une ascension continue, et, par suite ; un flot montant qui lèche constamment la surface de la montagne. Il sufliva, pour se convaincre de l'intensité d’une pareille cause, de se rappeler la température de 49° trouvée sur l'herbe sèche de la côte du Rocherai, à St-Jean-de-Maurienne; et, d'ailleurs, pour mieux l’apprécier, j'ai encore fait les ex- AUTOUR DES MONTAGNES. 69 périences suivantes , à l’aide de thermomètres enveloppés de laine noire et blanche : MONT-CÉNIS. Hôtel de la Poste, à 5 mètres Dans un recoin de la route forte- au-dessus du sol, 25 août. ment échauffé du soleil, et à 2 pieds au-dessus du sol, 25 a. Midi, à Pombre, . . . . . . . . 450,80 1h. du soir, à l'ombre, poste. . . 139,00 Therm. blanc, au soleil. . . . . 25 ,50 Therm. blanc, au soleil. . . . . 33 ,09 Therm, noir, au soleil. . . . . . 28 ,00 Therm. noir, au soleil. . . . . . 51 ,40 Différence. . . . 4 ,50 Différence. . . . 4 ,4) Simpion , point culminant de la Tourtmagne , bords du Rhône , route, 23 septembre, entre 9 24 sept., heure et circonstances h. 1/2 et 10 k. du matin. atmosphériques à peu près iden- tiques à celles du Simplon. A l’ombre ,à 2 p. au-dessus du sol. 1°,8 A ROMPrE SE SA PMR ans 410,5 Au soleil , id. NC ADM AU ISOLER PINS HUE NE 15,2 Sur le sable grisàtre et humide . . 19 ,8 DRGEME DANCE 6 - - 0 188% Therm..blanc . 20 =. : . D 2S SD HUCEMENNOITAC ES MT AIUS- 08. JENRETe DSROMITHErMEANDIRN TS Me à erenerete 27,0 Différence. . . . 4,2 Différence. . . . #0 Ces résultats sont sans doute trop peu nombreux pour qu'il soit permis de les traduire en une loi quelconque ; mais ils suffisent pour établir le fort échauffement que les corps même placés à de grandes hauteurs au-dessus du niveau de la mer sont susceptibles d'éprouver sous l'influence solaire, et, par conséquent aussi , celle que doit éprouver la couche d'air en contact. Voyons maintenant ce qui a lieu durant la nuit. Les observations de Pictet, de Six, de Leslie, de Wells, et, plus récemment encore, de Marcet et Arago, ont sufl- samment mis en évidence que la couche d'air plus ou moins épaisse qui est en contact avec le sol éprouve, durant Ja nuit , un refroidissement local qui est en désaccord avee la loi du 70 DES BRISES DE JOUR ET DE NUIT décroissement général de la température, à mesure qu'on s'élève dans l'atmosphère. Cet effet, qui paraît être le résultat du refroidissement des parties solides de la surface terrestre par suite du rayonne- ment nocturne, est applicable aussi bien aux flancs inclinés d'une montagne qu'aux surfaces horizontales des plaines; et, d’après cela, nous dirons que, si, durant la nuit, celles-ci per- dent beaucoup de chaleur, les flancs d’une montagne en émettent aussi, et, dès-lors, l’air environnant se condense et tombe en vertu de l'augmentation de sa pesanteur spécifique, d’où naît, en dernière analyse, un reflux dont l'effet peut être aggravé, comme nous l'avons vu , par la forte contraction de la masse atmosphérique des bas-fonds. Il faut maintenant prévenir une objection grave qu'on pourrait faire d’après l'observation , tant de fois répétée, de la condensation nuageuse qui s'opère, durant le jour, dans le voisinage des sommités froides, laquelle n’a pas lieu au même degré au zénith des plaines ; elle prouve que les cimes exer- cent, même de jour, un effet réfrigérant ; et il serait permis d'en inférer que, loin de raréfier l'air affluent , elles doivent le condenser, et, par conséquent, annihiler son mouvement ascensionnel ; mais les considérations suivantes lèveront la difficulté. L'air chaud d'une plaine arrive, en général, vers les hau- teurs plus ou moins chargé de la quantité de gaz aqueux qu'il peut contenir à un degré de chaleur donné ; sitôt que cette température baisse par une cause étrangère, Ja vapeur est ramenée au point de rosée; mais la quantité de calorique nécessaire pour convertir l'eau en vapeur élastique n'est point perdue pour cela ; elle passe, en partie au moins, dans l'air, et celui-ci doit, par conséquent, conserver assez de raréfaction pour que son mouvement puisse continuer. Nous ne prétendons cependant pas que l'action des cimes AUTOUR DES MONTAGNES. pi froides, des glaciers et des neiges perpétuelles ne soit pas un obstacle à l'ascension de l’air ; mais, en cela, il faut encore ad- mirer la sage harmonie qui règne toujours dans la nature ; car, sans cette cause retardatrice continue, l'aspiration occasion- née par le flanc d’une montagne alpine de 3 à 4,000 mètres de hauteur produirait, dans les vallées étroites, des courants d'une telle violence, que les plus forts ouragans n’en donne- raient qu'une faible idée ; et, de même, durant la nuit, l'é- norme contraction de l'air des plaines occasionnerait l'effet inverse, si la constance de température des sommités ne ve- nait modérer l'énergie du jusant. Après avoir posé les lois générales, il n'était pas sans inté- rêt d'examiner divers cas particuliers; car on a déjà vu que l'état normal est quelquefois contrebalancé , ou même ren- versé par des causes éphémères, telles que des vents gé- néraux, etc. Ces circonstances deviennent palpables , si l'on compare les menus détails des observations faites entre deux points donnés : soient pris, par exemple, au hasard les divers mois de l’année 1836 ; ils donnent, entre Genève et le St-Ber- nard ; tantôt des variations de température moindres pour la hauteur que dans la plaine, tantôt des résultats contraires, comme on peut le voir par le tableau suivant, où le dernier cas est indiqué par le signe — , et l’autre, par le signe +. MOIS. GENÈVE. ST-BERNARD. DIFFÉRENCE. Jañviér.. ! 6°,95 6°,15 + : 0°,80 Février. ; 4: + 6 ,56 Da — 0,66 Meur APS SL: 8,97 10,57 — 2:,00 ANS ORNE, 8 ,53 122 —1, 01,69 Mar ra 21056 10 ,51 000305 JO RO UE 10 ,05 HE,91 72 DES BRISES DE JOUR ET DE NUIT MOIS, GENÈVE. ST-BERNARD. DIFFÉRENCE. Pole eee," To 40 7STU + 16 AGREE es «+, - LA OU 6 ,69 + 5 31 Septembre. . . 9,79 6 ,56 LE" TIR 25 Octobre. . . . 8 ,80 4,81 + 3,99 Novembre. , . 6,47 7 ,09 PPS Décembre, , , 4.89 4 ,90 — 0,01 L'examen de ce résumé permet de conclure que, durant cette annéc , les mois d'hiver ont du souvent présenter des marées inverses entre ces deux localités ; et des effets ana- logues paraissent aussi s'exercer dans la Maurienne, puisque la saison d'hiver y est peu favorable pour l'étude des brises diurnes ; cependant, on ne peut pas déduire de ces anoma- lies une loi générale relative aux saisons; car, d'abord, le mois de janvier présente une exception, et, d’ailleurs, les différences négatives hyémales, comparées aux résultats po- sitifs de l'été , sont tellement faibles, que l'on doit na- turellement être porté à n'y voir que de simples accidents momentanés, Ces apercus sont confirmés par les expériences compara- tives faites simultanément à St-Jean-de-Maurienne par Mgr Billiet, qui a bien voulu me seconder dans mes recherches, et au Mont-Cénis, où ma station était à l'hôtel de la Poste royale, dans un endroit aéré et à 5 mètres au-dessus de terre, en sorte que l'instrument se trouvait, autant que possible, à l'abri des échauffements extraordinaires du sol, aussi bien que de son refroidissement par le rayonnement nocturne; d’ailleurs, le vent régnant n’a pas pu porter les émanations du lac de ce côté. ST-JEAN-DE-MAURIENNE. Jours. 24 août. Id. Id. Id, Id. Id. Id. Id. Id. Id. Id. Id. Id. Id. Id. 1d. Id. Id. Id. Id. 25 août. Id. Id, Id. Id. Id. Id. Id. Id. Id. Id. Id, Id. Id. Id. Id, Id. Id. Id. Id. Id. Heures. Midi. 1,2 Minuit. 1 M. 12 © CG AI O Où 0 Er x CE à OÙ 19 bn Le 19 10 41 41/2 Midi 12 17925 1 1 422 2 1/2 5 AUTOUR T'her. c. 190,0 » DES MONTAGNES. 73 POSTE ROYALE DU MONT-CÉNIS. Ther. c. 150,00 La Lombarde est tès-énergique. 15 ,60 43 ,80 - 140,00 Maximum momentané. 15 ,70 135 ,70 15 ,40 12 ,90 10 ,20 La Lombarde se calme un peu, d’où suit le pe- 10 ,80 8 ,80 Le soleil éclaire encore la moitié des hauteurs. 7 ,70 Les cimes cessent d’être éclairées. 7 ,00 7 ,60 7 ,20] 7 ,60 6 ,80 6 ,40 6 ,70 6 ,70 Observations. lil accroissement momentané de 5 h. 1/2. Brises descendantes douces ; quelquefois contre-courant ascendant. Brise descendante plus soutenue. 5 ,40 Courant ascendant très-fort et momentané. » 4 ,40 Le soleil éclaire à peine les premières cimes. 4 ,50 Minimum. 4 ,40 d x ; 5 00 Le soleil s’abaisse sur les montagnes ; brise 2 . . . toujours alternativement contraire. » + 6 ,00 Colentièrement éclairé. 8 ,80 10 ,30 La Lombarde devient plus vive. 9 ,40 , rs. 10 .00 La Lomharde est devenue forte et rafraichit ? . . , . 15 .50 l'air; elle est cependant moins énergique ; Le qu'hier. 15 ,80 l 45 ,50 - 449,20 Llévation momentante. 15 ,00 Petits nuages se formant du côté du Piémont. 45 ,50) Variations assez brusques occasionnées par 4% ,00 les conps de vent ; les nuages augmentent. 15 ,50 14 DES BRISES DE JOUR ET DE NUIT Jours. Heures. Ther.c. Ther.c. Observations. 95 août. 4 950,3 119,20 } La Lombarde se calme, mais avec coups de Id. 4 1/2 » 10 Un vents seplenlrionaux. Id. 5 251,5 9 ,80 Le soleil se couche pour l’Hospice. Id. 5 172 » 9 ,50 Id. 6 24 ,2 10 ,30 Id. 6 472 ” 10 ,207 La Lombarde a régné toute la nuit et la Id. É 29205 10 ai: matinée suivanle. Id. 1 1/2 » 9 ,90 Le ciel est voilé et empêche le rayonnement Id. 8 20N2 9 ,80 nocturne. Id. 8 1/2 » 10 ,00 Id. 9 49,3 » Id. 9 4/2 » 10 ,00 Id. 10 18 ,1 » Id. 11 17 ,6 » Id. Minuit. 16 ,8 9 ,20 Ciel voilé. 96 août À M. 16 ,4 » F4. 4 14 ,6 Le Id. 5 14 ,1 » Id. 5 1/4 » 6 ,80 Minimum. Les nuages se sont abaïissés. Id. 6 14 ,0 1 ,50 Id. 6 1/2 » 8 ,00 Id. 7 » 9 ,20 La Lombarde continue. Si l’on compare actuellement les maxima et minima res- pectifs, on trouve : ST-JEAN-DE-MAURIENNE. MONT-CÉNIS. Dates. Heures. Max. et min. Diff} Dates. Heures. Max. et min. Dif. 2 août 55. M050 np Eat 14258. 44,00 go 70 25 août 4 M. 12 ,20 A NB août D 5° M ET NE 25 août 35. 25,50 1310 95 août 42 4/2 44 ,20 é 26 août 6 M. 14,00 11:50 9Gaou 5 4/2 6.,88.. D'où il suit que l'invasion de la Lombarde et sa violence ont occasionné , dans la première journée, une perturbation en vertu de laquelle la Maurienne a présenté de moindres écarts que le Mont-Cénis ; aussi cette station à Cté, comme nous l'avons vu, le théâtre d’une lutte constante entre les brises et le vent méridional. Dans les deux autres périodes, la Lombarde s'étant modérée , les lois ordinaires des varia- = hs AUTOUR DES MONTAGXNES. 15 tions respectives de la température ont repris leur empire, et, probablement aussi, les brises ont joué leur rôle. = Avant mon départ pour Cogne, je m'étais concerté, à Ivréc, avec M. le docteur Gatta, météorologiste zélé, qui me transmit les résultats suivants, que je mets en opposition avec ceux que j'ai obtenus au village. IVRÉE. COGNE. Dates. Heures. Max.et min. Diff Heures. Max. et Min. Dif. 1 septembre 5 1/2 M. 170,00 5 1/2 M. 19,20 js È 70,5 9o S: 24 ,50 2 1925. 17 ,00 É on Z septembre La vue de cette grande variation pour la hauteur rappel- lera, sans doute, le violent effet produit par le Nord durant cette journée, ainsi que lanomalie survenue la veille à Aoste. J'aurais désiré pousser plus loin ces rapprochements , à l’aide des comparaisons entre Genève et le Saint-Bernard ; malheureusement, les indications thermométriques de cette dernière station, sur lesquelles je comptais, sont incomplètes pour le mois de septembre ; cependant, quoique les résultats consignés plus haut laissent beaucoup à désirer ; je les crois de nature à appuyer ma proposition ; et il sera toujours fa- cile aux observateurs du pays de les varier au point d'arriver à en tirer quelques lois générales. D'un autre côté, comme les idées se développent et mü- rissent principalement par la facilité avec laquelle on peut les discuter, j'avais concu le dessein de réunir aux tableaux précédents les extraits météorologiques de Turin, qui m'ont été fournis avec le plus vif empressement par MM. Despines, inspecteur des mines, et de la Marmora , lieutenant-colonel de l'état-major du Piémont ; mais, tout calcul fait, indépen- damment des interruptions dans les séries du St-Bernard, je vois qu'à Genève, les vents du soir ne sont pas mentionnés, 76 DES ERISES DE JOUR ET DE NUIT AUTOUR DES MONTAGNES. et, si je suis bien informé, ils seraient presque toujours S-O, ce qui pourrait bien indiquer un vent descendant dérivé de la vallée de l'Arve; en outre, Turin ne possède pas d’observa- tions thermométriques nocturnes : mon but n'eüt donc pas été atteint. Cependant, malgré le regret que doivent inspirer ces lacunes, j'espère que ce travail offrira une importante ap- plication des anomalies dans le décroissement de la tempéra- ture atmosphérique, sur lesquelles M. Arago a si vivement fixé l'attention des physiciens par ses hautes instructions con- signées dans l'Annuaire du bureau des longitudes , et j'es- père encore en déduire successivement l’explication de divers phénomènes dont les causes sont demeurées obscures jusqu'à présent. HSE THÉORIE DE L'AMÉNAGEMENT DES FORÈTS , M. IMOIROT-EOMNET , (TROISIÈME SUITE.) a20090090000000000000000000000000900090000000000000000000000609 TITOD00000OVUUTTUUVUUUOUUUUUTOUUVIU0UUOUUUOUVUUDUTVUUUUTUOUOUOU T0 SECTION DEUXIÈME. EXAMEN COMPARATIF DES AMÉNAGEMENTS. $ I. — Explication du Tableau synoptique. Nous présenterons cette explication en parcourant dans le sens horizontal les 17 colonnes qui composent le tableau dont il s’agit, et en donnant successivement le commentaire du titre de chaque colonne. La 1° colonne ne renferme qu'un seul élément : c’est le nombre 100 hectares, exprimant l'étendue de la coupe prise pour type; il est entendu que cette surface est inva- riable , et que toutes les modifications que peut subir la forêt n’aflectent que les produits du sol, mais non le sol lui-même, qui conserve toujours son identité. La 2% colonne indique les périodes d’exploitabilité , c’est- à-dire les révolutions des aménagements divers que l’on sup- pose appliqués à la forêt-type. Nous avons annoncé que cette série de révolutions serait limitée à vingt termes , afin d'éviter la surabondance des détails. 18 DE L'AMÉNAGEMENT La 3° colonne est un extrait de la table empruntée à M. Cotta, et insérée plus haut, page 313,t. n°. Cette colonne présente l'échelle de production , ou la suite des accroisse- ments de volume que prennent d'année à autre les produits d'un hectare de bois de chêne de la 3° des classes de M. Cotta, traité selon la méthode des éclaireies ; nous sup- poserons que cet accroissement cesse à l’âge de 240 ans, c’est-à-dire qu'à cet âge, les arbres sont arrivés à la pé- riode de repos, voisine de celle du retour ou du dépé- rissement. La 4° colonne exprime la valeur vénale du mètre cube plein, valeur que jusqu'ici nous avons supposée uniforme, parce que cette ficuon simplifiait nos calculs sans en fausser les conséquences. Mais, maintenant qu'il s’agit d'établir un rapport réel entre les aménagements divers, nous allons ticher de nous placer dans le vrai, ou du moins dans le plus approximatif, en graduant les prix en raison des âges du bois. Nous estimons 14 fr. le mètre cube solide de taillis de 10 ans , et 25 fr. le mètre cube solide de futaie de 300 ans, et nous établissons, entre ces deux extrêmes, une gradation de valeurs qui se rapprocheront autant que possible de la moyenne des prix véritables, en restant plutôt au- dessous de cette moyenne qu’en s’élevant au-dessus. La 5° colonne donne le chiffre de la valeur d'un hectare de chaque àge, valeur qui résulte de la multiplication lun par l’autre des nombres consignés dans les deux colonnes précédentes. L’hectare de recru de 10 ans, offrantun produit matériel de 9"°c,80 , vaut évidemment , à raison de 14 fr. le mètre cube, la somme de 137 fr. L'hectare de 100 ans , offrant un produit matériel de 184"c,1%, vaut évidemment , à raison de 17 fr. 50 c. le mètre cube , la somme de 3,233 fr. L’hectare de 240 ans, offrant un produit matériel de 430"c,83, vaut évidemment , à 25 fr. le DES FORÉTS. 79 mètre cube , la somme de 10,771 fr. ; à partir de 240 ans, la valeur de l'hectare reste stationnaire , puisque le volume des arbres a cessé de s’accroitre. La 6° colonne indique l'étendue de la coupe annuelle dans chaque aménagement, étendue qui est de 10 hectares dans l'aménagement à 10 ans , de 1 hectare dans l'aménagement à 100 ans, de 33 ares 33 centiares dans l'aménagement à 300 ans; cette colonne exprime La possibilité de la forêt , ou plutôt la base de La possibilité, laquelle est nécessairement proportionnelle aux surfaces , dans notre forèt-type que nous supposons à l’état de parfaite homogénéité. La T° colonne énonce le chiffre du revenu que donnerait la forêt dans chaque aménagement. Dans celui de 10 ans, la coupe étant de 10 hectares, et la vaieur de l’hectare étant de 437 fr., il est clair que le revenu de la forêt serait de 1,370 fr. Il serait de 3,233 fr. dans l'aménagement à 100 ans, et de 3,590 dans celui de 300 ans; ce re- venu est égal au produit de l'étendue de la coupe par le prix de l'hectare parvenu à l'âge d’exploitabilité. La 8° colonne contient le chiffre du capital nominal de la forêt , c'est-à-dire du capital calculé sur le revenu d’après le taux de 4 p. se considéré comme le taux le plus courant des placements en fonds de bois. Dans l'aménagement à 10 ans, le revenu annuel étant de 1,370 fr., la forêt est représentée par un capital de 34,250 fr., dont l'intérêt à 4 p. %,0 est également de 1,370 fr. Dans l'aménagement à 100 ans , le capital nominal s'élève à 80,825 fr. pour un re- venu de 3,233 fr. Dans l'aménagement à 300 ans, le capital nominal s'élève à 89,750 fr. pour un revenu de 3,590 fr. La 9° colonne exige quelques détails. Nous savons que, dans tout aménagement, 1l existe, sous Ja forme de capital permanent, une réserve dont l’âge moyen 80 DE L'AMÉNAGEMENT est exprimé par la moitié du chiffre de la révolution de l'aménagement. Ainsi, la coupe âgée de 5 ans est la moyenne d'äge dans l'aménagement à 10 ans ; la coupe âgée de 10 ans est la moyenne d’ige dans l'aménagement à 20 ans ; la coupe âgée de 15 ans est la moyenne d'âge dans l’aména- gement à 30 ans; la coupe âgée de 20 ans est la moyenne d'âge dans l'aménagement à 40 ans, etc. Mais ces coupes, qui représentent la moyenne des âges, représentent-elles aussi la moyenne des valeurs ou des produits ? Les tables de M. Cotta nous fournissent sur ce point les données les plus positives. En divisant la somme des produits de toutes les coupes d’un aménagement par leur nombre, on trouve : que, dans l’aménagement à 10 ans, la valeur moyenne est repré- sentée par la coupe de 6 ans ; dans l'aménagement à 20 ans, par la coupe de 11 ans ; dans l'aménagement à 30 ans, par la coupe de 16 ans ; dans l’aménagement à 40 ans, par la coupe de 21 ans, ctc.; et enfin dans l'aménagement à 300 ans, par la coupe agée de 135 ans. La 10° colonne indique, d’après la table de M. Cotta , in- sérée page 317, le produit en mètres cubes pleins d’un hectare de chacun des âges désignés à la colonne pré- cédente. La 11% colonne indique les valeurs progressives du mètre cube ; valeurs conformes à celles qu'on trouve à la 4° co- lonne, sauf les légères différences qu'exigent les variations d'âge ; nous avons porté ici le prix du mètre cube de l’âge de 6 ans à 12 fr., au lieu de la valeur de 14 fr. donnée dans la 4° colonne au mètre cube de taillis de 10 ans ; nous avons porté le prix du taillis de 16 ans à 14 fr. 95 cent. , c'est-à- dire à une moyenne entre les prix indiqués à la 4° colonne pour Je taillis de 10 ans et pour le taillis de 20 ans, et A 4 de même pour les autres valeurs énoncées dans cette 115 colonne, DES FORÊTS. 81 La 12° colonne se comprend très-aisément : dans l'amé- nagement à 20 ans, par exemple, l'hectare moyen de la réserve immobilisée est représenté par le taillis de 11 ans, dont le produit, d'après la table de M. Cotta, est de 106,94, ce qu fait, à 1% fr. le mètre cube , une somme de 153 fr.; dans l'aménagement à 30 ans, la valeur de l'hectare moyen s'exprime par la somme 243 fr. ; dans l'aménagement à 40 ans, par la somme 348 fr. , ctc. La 139 colonne est le résultat de la multiplication des termes de la colonne précédente par le chiffre 100, qui exprime Île nombre d'hectares que contient la forêt. Dans l'aménagement à 20 ans, l'hectare moyen de la réserve per- manente valant 153 fr. , il est clair que la réserve totale pré- sente une valeur de 15,300 fr.; dans l'aménagement à 100 ans, l'hectare moyen valant 1,241 fr., la réserve permanente présente une valeur totale de 124,100 fr. ; dans l'aménagement à 300 ans, l'hectare moyen valant 5,319 fr., la réserve permanente présente une valeur intégrale de 531,900 fr. Nous nous rappelons que cetie réserve per- manente s'appelle aussi la richesse propre de la forêt. La 14° colonne exprime la valeur foncière de l'hectare dans chaque aménagement, la forêt étant supposée d'égale qualité dans toute son étendue. Cette colonne nous fait voir de nouveau que la valeur relative du sol varie selon les exploitabilités, et en raison in- verse de la durée des révolutions. Dans l'aménagement à 20 ans, le produit de l’hectare est de 327 fr. à chaque 20° année. Dans l'aménagement à 30 ans, le produit de l'hectare est de 559 fr. à chaque 30° année. Dans l'aménagement à 40 ans, le produit de l'hectare est de 821 fr. à chaque 40° année. Enfin, dans l'aménagement à 300 ans, le produit de l'hectare est de 10,771 fr. à chaque 300° année, Or, des calculs très-pénibles rer Le 6 82 DE L'AMÉNAGEMENT par les procédés vulgaires, mais faciles par les formules mathématiques , et plus aisés encore par l'emploi des tables de notre Manuel de l'estimateur des forêts (1), nous offrent le moyen de déterminer les valeurs foncières correspondantes à ces divers aménagements. Ces valeurs forment, dans la 4° colonne, une suite décroissante à partir de 285 fr. 26 cent., valeur de l'hectare dans l’aménagement à 10 ans, jusqu'à 08 cent., valeur de lhectare dans l'aménagement à 300 ans; ce qui revient à dire que le sol n'a plus aucune valeur capitale dans les aménagements très-prolongés. Toute- fois , il est certain que ce sol ne change pas de nature et ne perd rien de sa fertilité. Ainsi, parmi ces valeurs , décrois- santes depuis la première jusqu'à la dernière, une seule est vraie ; toutes les autres sont fictives ; mais cette valeur vraie, quelle est-elle ? c’est à coup sûr la plus élevée. Ainsi , la va- leur vraie d'un hectare du sol de notre forêt-type est exprimée par le chifire 285 fr. 26 cent. , qui correspond à l'exploita- bilité de 10 ans, c'està-dire à l’exploitabilité la plus restreinte parmi toutes celles que nous regardons comme possibles. Nous représenterons donc la valeur foncière d’un hectare de sol de la forêt-type par le chiffre 285 fr. 26 cent., quelle que soit la révolution de l'aménagement. La 15° colonne exprime la valeur totale du sol de la forêt, laquelle est égale, dans chaque aménagement , à 100 fois 285 fr. 26 cent., ou 28,526 fr. La 16° colonne présente la somme des deux éléments dont se compose ia valeur réelle et intégrale de la forêt, suivant l'aménagement auquel on l’a soumise. Dans l'aménagement à 10 ans, la forêt offre la réunion de 2 capitaux : (1) On trouve cet ouvrage chez Mme Ve Huzard , à Paris. DES FORÈTS. 83 Le 1%, représentatif du sol, et que nous savons être UT UNE Au Gp. 2e ds: a 28,536; Le 2°, représentatif de la richesse propre , ebque nous savons être de. | "2 * . . 5,124 Don ie MAR ARA ut 1.24,950 Dans l'aménagement à 100 ans, la forêt offre la réunion de 2 capitaux : Le 1%, représentatif du sol, et que nous savons être HERO AE iQque 01, 206 VOL ÿ juan SL fr. Le 2°, représentatif de la richesse propre, et que nous savons être de. . . . . . 124,100 Dovals urovos +3 40 Log 1459,626 Dans l’aménagement à 300 ans, la forêt offre la réunion de 2 capitaux : Le 1%, représentatif du sol, et que nous savons être I TES re nm OT RTreX Let Pis PSS AD AT. Le 2°, représentatif de la richesse propre , et que nous savons être de. : . . . . 531,900 HOTAL AUS PERTE ERPERT ON O0, 296 Ces sommes diverses forment la suite toujours crois- sante des valeurs capitales consignées dans la 16° co- lonne. La 17° et dernière colonne exprime la rente de la forêt , c'est-à-dire le rapport numérique qui existe entre le revenu annuel et le capital intégral ou réel : quelques exemples feront comprendre cette définition. Dans l’aménagement à 10 ans, le capital réel est de 34,250 fr. , valeur égale à celle que présente le capital no- minal, et constituée, par conséquent, comme celle-ci, sur le taux de rente ou d'intérêt de 4 p. °/,. Dans l’aménagement à 100 ans, le capital réel s'élève à 152,626 fr., tandis que le capital nominal n’est que de 84 DE L'AMÉNAGEMENT 80,825 fr. Le rapport du capital réel au revenu n’est donc plus de 4 p. Gas il s'exprime par un autre chiffre, que nous trouvons avec le secours de la proportion sui- vante : Le capital 152,626 fr. est au revenu annuel 3,233 fr. comme 100 unités du capital sont à un chiffre cherché. Ce chiffre est 2 fr. 12 cent. ; donc, la rente est descendue de 4 p.°/, à 2 fr. 12 cent. p. °/.. Dans l'aménagement à 300 ans, le capital réel s'élève à 560,426 fr., tandis que le capital nominal n'est que de 89,750 fr., à raison d’un revenu de 3,590 fr. Le rapport entre le capital réel ct ce revenu n’est donc plus 4 p. °/, ; il s'énonce par un autre chiffre, que nous trouverons à l’aide de la proportion suivante : Le capital 560,426 fr. est au revenu 3,590 fr. comme 100 unités du capital sont à un chifire cherché. Ce chiffre est 0,64 p. °/.. Donc, la rente de la forêt n’est plus que de 64/100° d'u- nité au lieu de 4 unités pour 100 unités. Après cette explication, qui nous parait devoir donner une idée nette des détails de notre tableau synoptique , aussi bien que de l'économie de son ensemble, nous passons à l'exposé des réflexions d'ordres divers que suggère l'examen attentif de ce document. $ 2. — Du revenu annuel et de la richesse propre des forêts, ou DE LA PRODUCTION FORESTIÈRE (1). Nous savons que le mot revenu appliqué aux forêts dé- signe le produit qu'on peut retirer annuellement de ces pro- priétés, sous la condition d'en maintenir la production à un (1) Voir les 7* et 132 colonnes du tableau synoptique. DES FORÈTS. 8 degré permanent. Ce revenu se recueille en matière et se convertit en argent ; c'est sous cette dernière forme que nous exprimerons de préférence le produit annuel des forêts, parce que cette forme se prête mieux qu'une autre aux combinai- sons du calcul et du raisonnement. L'influence de l'aménagement sur la production des forêts se reconnait au premier aspect de notre tableau synoptique. On y voit les produits annuels ou revenus croître d'une pé- riode à l’autre, et s'élever par gradation, à partir de la plus courte période possible jusqu'à la plus prolongée, depuis les premiers développements du bois jusqu'à la cessation abso- lue de tout accroissement. L'augmentation du revenu s'arrête à ce dernier terme, que nous supposons coïncider avec Îa 240 année de l’âge du bois : au-delà de cette révolation, le revenu diminue, mais en restant toujours bien supérieur à celui qu'offrent les aménagements à courtes révolutions. Rapprochons quelques chiffres empruntés à notre tableau. Dans l’'aménagementà 10 ans, lerevenuestde . 1,370 fr. Dans l'aménagement à 20 ans, lerevenuest de . 1,635 Dans l’aménagementà 30 ans, lerevenuestde . 1,863 Dans l'aménagementà 50 ans, lerevenuest de . 2,230 Dans l'aménagement à 100 ans, le revenu est de . 3,233 Dans l’aménagement à 140 ans, lerevenuest de . 3,947 Dans l'aménagement à 240 ans, lerevenuestde . 4,487 Dans l'aménagement à 500 ans, lerevenuestde . 3,590 Il est de toute évidence que, jusqu’à un certain terme, le revenu des forêts s'élève en raison directe de la durée des pé- riodes d'aménagement, et d’après une proportion que les données précédentes permettent d'assigner numériquement. Mais ce n'est pas seulement sur la quotité du produit annuel. qu'influe l'aménagement des forêts, c’est encore, et d'une manière beaucoup plus marquée, sur la quotité de cette pro- duction accumulée , sur la consistance de ce capital matérich 86 DE L'AMÉNAGEMENT . A que nous appelons ia richesse propre des forêts. Le tableau suivant nous donnera la mesure de cette influence. TABLEAU Offrant la comparaison du revenu et de la richesse propre dans divers aménagements. PÉRIODES REVENUS RICHESSES D'AMÉNAGEMENT. ANNUELS, PROPRES. 10 ans. 1,370 fr. 8,724 fr. 20 1,635 15,500 30 1,863 24,500 50 9,250 48,400 100 5,233 124,100 140 3,947 196,800 240 4,487 419,600 5,590 854,900 Dans l'aménagement à 140 ans, la forêt nous offre un re- venu de 3,947 fr., et une richesse propre de 196,800 fr., tandis que, dans l'aménagement à 10 ans, elle ne présente qu'un revenu de 1,370 fr., et une richesse propre de 5,724 fr. Le rapport des revenus est donc comme Î est à 3, et le rap- port des richesses, comme 1 est à 34, à peu près. Dans l'aménagement à 100 ans, la forêt nous offre un re- venu de 3,233 fr., et une richesse propre de 124,100 fr., tandis que, dans l'aménagement à 20 ans, elle ne présente qu'un revenu de 1,635 fr., et une richesse propre de 15,300 fr. Le rapport des revenus est donc comme 1 est à 2, et le rapport des richesses, comme 1 est à 8, à peu près. Dans l'aménagement à 240 ans, la forêt nous offre un re- venu de 4,487 fr., et une richesse propre de 419,600 fr., tandis que, dans l'aménagement à 50 ans, elle ne présente qu'un revenu de 2,230 fr., et une richesse de 48,400 fr. Le rapport des revenus est donc comme Î est à 2, et le rapport des richesses, comme Î est à 9, environ. DES FORËIS. 87 Dans l'aménagement à 300 ans, la forêt nous offre un re- venu de 3,590 fr., et une richesse de 531,900 fr., tandis que, dans l'aménagement à 30 ans, elle ne présente qu’un re- venu de 1,863 fr., et une richesse de 24,300 fr. Le rapport des revenus est donc comme 1 est à 2 , et le rapport des ri- chesses, comme 1 est à 22, à peu près. On ne se formerait donc qu'une idée bien incomplète de la production forestière, si l'on se bornait à la considérer dans le revenu que l’on obtient annuellement des forêts : ce serait, pour ainsi dire, apprécier une cause par le moindre de ses effets; ce scrait laisser sous le voile la face la plus intéres- sante du sujet qui nous occupe. La production forestière se manifeste par des revenus; mais elle se manifeste surtout par des capitaux accumulés, par des produits épargnés , analo- gues à ces valeurs que la puissance de l'intérêt composé créc dans une caisse d'amortissement. C’est à cette importante propriété des capitaux forestiers que nous faisions allusion lorsque, dans une note anté- rieure à cet écrit, nous énoncions les idées suivantes : « L'aménagement à pour effet non-seulement d'ordonner ou de régulariser, ou même d'améliorer la production fores- tière, mais encore d'accroître la puissance productrice du sol, en créant une sorte d'immeuble additionnel à l’im- meuble primitif ; résultat qui équivaut à une création de sol forestier. « L'aménagement, ou , si l’on veut, l’assolement des fo- rèts, donne naissance à des capitaux immobiliers, tandis que l’assolement des terres ne peut jamais produire autre chose que des revenus ou des valeurs mobilières : différence remar- quable, de laquelle il suit qu'une erreur dans la culture des bois doit avoir des conséquences bien autrement graves qu'une erreur dans la culture des terres; l’une est nécessaire- ment durable, l'autre n’est que passagère. » 88 DE L'AMÉNAGEMENT Rappelons ie premier des exemples que nous avons r'Écapi- tulés tout à l'heure. L'aménagement à 140 ans offre une ré- serve permanente où une richesse propre de 196,800 fr. PE un revenu de 3,947 fr. Qui ne voit, de prime abord, qu’ un pareil aménagement ne saurait appartenir qu à un très-riche propriétaire ? En effet, une réserve aussi considé- rable serait, d'abord, une impossibilité pour un petit proprié- taire, et, de plus, elle serait, relativement à lui, un véritable non-sens, car comment une réserve énorme serait-elle néces- saire à celui qui ne peut éprouver que des besoins très- limités ? Mais, en se plaçant au point de vue de l'intérêt général, on voit de suite que l'aménagement à longuc période est ce- lui qui présente le plus d'utilité. La forêt aménagée à 440 ans, tout en donnant un revenu trois fois plus considé- rable , offre une richesse propre à peu près 34 fois plus im- portante que celle de la forêt aménagée à 10 ans, c’est-à-dire une richesse égale à la somme des richesses de 34 forêts amé- nagées à 10 ans. Ainsi, au jour du besoin, le propriétaire de la première forêt pourrait disposer d'une ressource extraordi- naire, égale à la somme des ressources de 34 propriétaires de forêts semblables, dont l'aménagement ne s’élèverait pas au-dessus de la période de 10 ans. Un avantage non moins remarquable des aménagements à très-longues périodes, est celui que nous allons faire ressor- ür, et auquel on croirait difficilement , si la démonstration n'en était aussi positive qu'elle est facile. À partir de l'aménagement réglé à 240 ans, ou à l’âge du dernier accroissement des bois, nous voyons le revenu s’abais- ser à chaque révolution subséquente; mais, en même temps, nous voyons la richesse propre s’'accroître toujours dans une forte proportion. C’est ainsi que l'aménagement à 249 ans présente un reve- nu de 4,487 fr., et une richesse de 419,609; DES FORÈTS. 89 Que l'aménagement à 300 ans présente un revenu de 3,590 fr., et une richesse de 531,900 fr. Il suit de à que, si l’on ramenait cette seconde forêt dans les limites d’un aménagement à 240 ans, on recucillerait un capital de 112,300 fr., formant lexcédant de la richesse d’un aménagement à 300 ans sur la richesse d’un aménage- ment à 240 ans; tandis que, d’un autre côté, on élèverait le revenu de 3,590 fr. à 4,487 fr. Singulier privilége de l’im- meuble forestier, que celui d'offrir un accroissement dans le revenu comme la conséquence nécessaire d’une réduction dans le capital ! Sans se livrer à aucune supposition chimérique, on peut se représenter une forêt parvenue à un degré de produc- tion tellement élevé, que la soustraction de grandes va- leurs capitales serait suivie d’une augmentation dans le reve- nu annuel de la propriété. Nous avons tout lieu de penser que quelques forêts, soit du domaine, soit de la couronne, se trouvent dans un pareil état de prospérité. En revenant à la comparaison des éléments du tableau sy- noptique , nous ferons la remarque que les revenus s'élèvent à mesure du développement des périodes d'exploitabilité, et que cette progression ne s'arrête qu'à l’aménagement dont la révolution comprend toute la durée du grossissement des arbres : jusqu’à cette limite, il y a accroissement dans le revenu; mais il y a un accroissement bien plus sensible dans la richesse propre. L'aménagement à 240 ans est, dans notre échelle de production, le point culminant au-delà du- quel le revenu décroit. Toutefois, la richesse propre de la fo- rêt n'en continue pas moins à prendre une extension de plus en plus grande; en sorte que, quand même la révolution de l'aménagement serait assez prolongée pour qu'il y eüt baisse dans le revenu, cet aménagement aurait Loujours pour effet de créer une plus grande masse de richesse forestière. La di- \ 90 DE L'AMÉNAGEMENT minution du revenu serait bien plus que compensée par l’aug- mentation du capital. De ces observations découlent deux conséquences : la pre- mière, que les aménagements prolongés sont toujours profi - tables à la production matérielle des bois ; et la seconde, que la mesure de la production se trouve non-seulement dans le revenu, mais encore dans la richesse propre des forêts. Mais cette richesse propre, cette valeur accumulée est-elle susceptible d’être recueillie ? Souvenons-nous que cette richesse est le capital additif dé- posé chez le banquier, et dont l'objet est d'assurer le service annuel des rentes primitivement périodiques. C’est un dépot susceptible, comme tout autre, d'être retiré de la caisse du dépositaire, et de recevoir un emploi étranger à sa pre- mière destination. Et de même que ce capital a été formé une première fois, il peut l'être une seconde, une troi- sième, etc. ; mais alors, il faut renoncer au rapport soutenu ou uniforme, et se contenter d'un rapport progressif, dont le dernier terme coïncidera avec la reconstitution complète de l'aménagement. Nous n'avons pas le projet de traiter cette question de la possibilité de recueillir la richesse propre des forêts, c’est-à- dire de s'approprier le capital superficiel au bout de chaque révolution; question grave, qui ne tendrait à rien moins qu'à bouleverser dans ses bases notre système actuel d’aménage- ment, fondé sur la condition du rapport soutenu ; mais nous essaierons de poser la question, et d’en faire apercevoir la portée. Dans cette vue, nous représenterons, au petit tableau ci-après, les valeurs capitales des mêmes aménagements que nous avons déjà, il y a un instant, empruntés à notre tableau synoptique. DES FORÊTS. 91 TABLEAU Offrant la comparaison du capital réel ct du capital nominal dans divers aménagements. EXCÉDANT du capital réel sur le capital nomi- nal, ou portion inerte REVENU REVENU que manquant devrait donner à le capital | chaque hec- inerte tare au taux de CAPITAL RÉEL, | CAPITAL NO- PÉRIODES MIXAL, ou ou d'amé- | VALEUR VRAIE VALEUR de apparente inagement. de ’ à du 1 la forèt. la forèt. capital réel. de 4 p. 2/6. la forêt. fr, fr. 34,250 54,250 43,826 40,875 2,951 52,826 46,575 6,251 76,926 55,750 21,176 152,626 80,825 71,801 295,326 98,675 126,651 448,126 112,175 355,951 560,426 89,750 470,676 Prenons pour exemple l'aménagement à 100 ans, où le ca- pital réellement représentatif de la forêt s'élève à 1 52,626 fr., tandis que le capital déduit du revenu annuel n’est que de 80,825 fr. Le capital intégral renferme donc une fraction de 71,801 fr. qui n’ajoute rien au revenu, ct qui constitue, par conséquent, une valeur improductive, un capital inerte. Dans l'aménagement à 240 ans, le capital inerte s'élève jusqu'à 335,951 fr., et dans l'aménagement à 300 ans, ce capital s'élève jusqu'à 470,676 fr., c'est-à-dire jusqu'aux 4/5 de la valeur totale de la forêt. IL ne pourrait être tout-à-fait inutile de chercher à savoir s'il n’existerait pas un moyen d'utiliser ces capitaux, ou ces frag- ments de capitaux, qui, dans le mode d'exploitation en rap- port soutenu, ne fournissent aucun revenu : si ce moyen était découvert , un grand problème serait résolu : la production matérielle ct la production pécuniaire se trouveraient d’ac- 92 DE L'AMÉNAGEMENT cord dans la propriété forestière, comme elles le sont dans toutes les autres catégories d'immeubles. Le propriétaire par- ticulier pourrait pousser l'aménagement jusqu’à ses dernières limites; tandis que, maintenant, il ne le pourrait qu'en se ré- signant à posséder des capitaux dépourvas de force produc- tive, des valeurs absolument inertes. Mais la solution du pro- blème est-elle possible ? Cette solution serait trouvée , si, dans l'aménagement à 50 ans, par exemple, on parvenait à réaliser annuellement un produit de 847 fr. 04 c. sur l’ensemble de la forêt, ou de 8 fr. 47 c. par chaque hectare, indépendamment du produit de la coupe ordinaire; Si, dans l'aménagement à 100 ans, on vbtenait annuelle- ment un produit de 28 fr. 72 c. par hectare, ou de 2,872 fr. 04 c. sur l'ensemble de la forêt , mdépendamment de la coupe ordinaire ; Enfin, si, dans l'aménagement à 300 ans, on obtenait an- nuellement un produit de 188 fr. 27 c. par hectare, ou de 18,827 fr. 04 c. sur l’ensemble de la forêt, indépendam- ment de la coupe ordinaire. Les éclaircies successives remplissent justement une par- tie de l'objet que nous venons d'indiquer. Un aménagement bien ordonné procure chaque année un revenu principal, c’est celui que donne la coupe ordinaire; puis, un revenu ac- cessoire, c'est le produit des éclaircies. Si ce dernier revenu suflisait pour représenter entièrement l'intérêt du capital inactif, les particuliers pourraient élever des futaies aussi bien que l'État; mais le but n’est encore qu'indiqué ; reste à l'atteindre, ou du moins à en approcher d'aussi près que pos- sible, parune application sagement entendue de la méthode des cultures combinées (1), ou de celle de la sylviculture (2) : (4) Par M. Cotta, (2) Par M. Noirot giné, DES FORÊTS. 93 méthodes qui tendent, par des procédés divers, à un résultat de Ia plus haute importance, celui d’atténuer la portion inerte du capital forestier, et, par conséquent, de mettre les aména- gements les plus prolongés à la portée de toutes les fortunes. Dans le présent travail, nous ne traitons que de l'aména- gement réglé en vue d'une constante uniformité de produits. Ainsi, nous ne pousserons pas plus loin l'examen de la question que nous avons soulevée ; elle présente certainement un intérêt d'un ordre trop élevé, pour ne pas réclamer une étude à part et tout-à-fait approfondie : nous nous bornerons à montrer que, dans les aménagements à hautes périodes, il serait possible de substituer au mode d'exploitation en rap- port soutenu une autre forme d'exploitation que nous dési- gnerons par le nom de coupes récurrentes. En jetant les yeux sur le tableau synoptique, on y voit : 1° Que la forêt aménagée à 140 ans, par exemple, donne un revenu annuel de 3,947 fr., et présente une richesse per- manente de 196,800 fr. ; 2° Que la même forêt, soumise à l'aménagement de 80 ans, donnerait un revenu annuel de 2,816 fr., et offrirait une ri- chesse permanente de 90,100 fr. Pourquoi ne profiterait-on pas de l’excédant du premier de ces capitaux sur le second, en exploitant simultanément, ou du moins dans un intervalle de peu d'années, toutes les coupes agées de 80 à 140 ans, et dont la valeur totale serait de 106,700 fr. ? | On réaliserait un capital de 106,700 fr., sans réduire de plus d’un tiers le revenu de la forêt : ce revenu se relèverait ensuite, et serait rendu 60 ans plus tard à son premier ni- veau : il en serait de même pour le capital superficiel. Par ce procédé, on utiliserait la plus grande partie du ca- pital forestier que le système des exploitations uniformes condamne à l'inertie, et on régénèrerait périodiquement ce 94 DE L'AMÉNAGEMENT capital : toutefois, nous le répétons , il ne s'agit ici que d’un simple apercu, que d'une idée hasardée peut-être, mais qui nous semble cependant mériter de devenir l’objet de sérieuses méditations. Après cette digression, nous reviendrons au sujet spécial de ce paragraphe , en répétant la citation déjà faite de cette pensée de M. Dralet, « qu'il ne suffit pas d'enseigner à un propriétaire que certains bois ne doivent pas ètre exploités , par exemple, avant 25 ans, ni après 35 ans; mais qu'il lui importe de connaître précisément l'année dans laquelle il doit abattre ses taillis, parce que, s’il devance cette année, 1l perd de la quantité et de la qualité, s'il la laisse écouler, il perd un temps précieux. » De ces paroles, ainsi que de nos propres réflexions, nous avons tiré la conséquence, que c’est le chiffre rigoureux de l'exploitabilité qu'il est essentiel de rechercher pour résoudre d'une manière positive le problème de l'aménagement. Mais cette fixation mathématique de l'exploitabilité est- elle en effet aussi indispensable que nous avons été porté à le croire d'après l’autorité de M. Dralet, et d'après nos apercus particuliers ? Cherchons d’abord à bien savoir sous quel point de vue il peut être utile à un propriétaire de connaître au juste l’année dans laquelle il doit abattre son taillis. Est-ce sous le point de vue de la production matérielle ? mais nous savons, de manière à ne conserver à cet égard au- cune espèce de doute ; que la production matérielle la plus élevée ne s'obtient que quand le bois est arrivé à l'état de fu- taie, et même de haute futaie. Est-ce sous le point de vue de la production en argent ? mais les calculs les plus certains nous ont prouvé que la pro- duction pécuniaire la plus élevée suppose l'exploitabilité la plus restreinte possible, c'est-à-dire, suppose presque la négation de tout produit forestier. DES FORÊIS. 95 Scrait-ce, enfin, sous le point de vue d'une production composée ? mais il est parfaitement démontré que prétendre obtenir à la fois d’une forêt Le plus de matière et le plus d'ar- gent, c'est poursuivre une impossibilité, c’est vouloir aller à l'encontre d'une loi en vertu de laquelle ces deux éléments se repoussent et s’excluent inflexibiement. Ainsi, est-il question de trouver la période d'exploitabilité qui doit porter au maximum la production matérielle d'une forèt ? on sait, sans plus de recherches, que cette forêt doit être aménagée en futaie. Veut-on, au contraire, chercher lexploitabilité la plus productive en argent? on sait qu'il faut abattre le bois aussitôt que l'exploitation peut donner un produit de quelque valeur nette. Mais dire qu'une forêt doit être exploitée en futaie pour que la production soit le plus élevée possible, c’est énoncer un précepte bien vague, c’est laisser encore un champ bien large à l’arbitraire ou à l'incertitude : ne pourrait-on donner à cette règle une certaine précision ? Nous avons vu au premier chapitre que le produit maximum en matière s'obtient à des âges différents , selon les essences, mais que, dans les forêts de bois durs, ce maximum corres- pond à l’exploitabilité de 140 à 160 ans. Ce serait donc cette exploitabilité qu'il faudrait choisir, si l’on voulait déterminé- ment constituer une forût de bois durs en vue de la plus haute production matérielle. Si l'on admet qu'il y ait progression dans la valeur vé- nale du corps ligneux jusqu'au dernier accroissement des arbres, notre tableau synoptique nous fait voir que le plus haut produit annuel en argent correspondra au dernier terme de l'accroissement; terme que nous placons à la 240° année de l’âge des arbres ; ainsi, pour tirer de la forêt le plus haut produit annuel en argent, il faudrait établir l'aménagement sur une révolution de 240 ans. 96 DE L'AMÉNAGEMENT Pour saisir le point absolu de l'exploitabilité qui fait pro- duire à la forêt le plus haut revenu, il suflit donc de s'assurer que la futaic ne prend plus aucun aceroissement. Or, ce fait physique ne parait pas difiicile à constater, soit rigoureuse- ment, par des observations, pour ainsi dire, mécaniques; soit approximativement, à l'aide de pronostics qui trompent rare- ment un œil exercé. Nous nous permettrons ici d'emprunter à l'excellent livre de MM. Lorentz et Parade un passage qui complétera mieux que nous ne pourrions le faire notre pen- sée sur ce sujet (1). « La détermination rigoureuse de l’exploitabilité absolue d'un arbre ou d'une forêt entière est une question de calcul importante, mais qui ne saurait trouver place ici. Au surplus, l'observation attentive de la marche de la croissance des bois a fourni, à cet égard, des indications assez précises pour pouvoir suppléer au calcul dans un grand nombre de cas. « Les bois sont en bon état de végétation, et leur ac- croissement augmente progressivement lorsque les pousses annuelles sont fortes et allongées, le feuillage abondant ct d'un vert vif et brillant, l'écorce unie, les jeunes branches souples et relevées vers le tronc, l'extrémité de la cime fortc- ment saillante. « L'accroissement a atteint son point culminant et de- orient stationnaire aussitôt que les pousses annuelles sont plus faibles et moins allongées que celles des années précédentes, et que ia flèche de la cime est moins prononcée. « Le bois entre en relour ou en décroissance lorsque la cime n'offre plus qu'une tête arrondie, et lorsqu'on voit, en automne, les feuilles du sommet jaunir et tomber plutôt que celles des branches inférieures : cette décroissance devient très-marquée lorsque le bois commence à se couronner, c'est- à-dire lorsqu'il meurt quelques branches à la cime. (1) Traité de lu culture des foréts. DES FORÈTS. 97 « Le dépérissement est arrivé quand l'écorce se gerce profondément, se sépare du bois, et que, par les gercures, on apercoit des écoulements de sève ; quand les mousses, les li- chens, les agarics et les champignons s’attachent en grande quantité à l'écorce, et qu'on la voit marquée de taches noires et rousses, » IL est donc très-possible de réconnaitre, même avec une certaine exactitude, l’âge qui termine la période d’accroisse. ment d’une forêt; mais, pour juger de l'intérêt qu'on peut avoir à éviter toute méprise sur ce point, supposons qu'une observation mal faite nous induise en erreur, ou, mieux en- core, supposons que, négligeant toute observation sur Ja marche de l'accroissement des arbres, nous établissions un aménagement de 300 ans dans la forêt où tout accroissement cesse dès l’âge de 240 ans; que résultera-t-il de cette inad- vertance ? le revenu de la forêt, au lieu d’être de 4,487 fr., comme il l’eût été dans l'aménagement à 240 ans , ne sera que de 3,590 fr.; mais, en retour, le capital superficiel s’é- lèvera à 531,900 fr., au lieu de 419,600 fr. La réduction de 897 fr. sur le revenu sera donc compensée par l’acquisi- tion d'un excédant de 112,300 fr. sur le capital. IL est, dès-lors, bien évident que les procédés scientifiques ne sont nullement nécessaires dans les recherches relatives à la détermination de l’exploitabilité des forêts. En effet, quelle utilité pourrait-on trouver dans les mesurages conseillés par M. Varennes de Fenille? celle d’être averti du ralentisse- ment de la croissance des arbres? mais la conséquence à dé duire de ce fait, c’est qu'une éclaircie est devenue nécessaire, et non que le bois soit parvenu au point culminant de son accroissement. L'examen des scions ou branches terminales serait encore plus illusoire; car, lors même que cette observation serait possible, qu'enseigncrait-elle ? que l'accroissement en hau- T. fi 7 98 DE L'AMÉNAGEMENT teur est arrivé à sa limite extrême ? eh bien ! qu'importe que l'arbre ait cessé de s'élever, s’il continue à croitre en gros- seur, et, par conséquent, en volume comme en valeur ? Les études les plus rigoureuses sur l'accroissement des bois, celles, par exemple, de M. Cotta, ne peuvent aboutir qu'à faire connaître les progrès de l'accroissement en vo- lume. Or, il suflit de posséder les notions les plus élémen- taires de physiologie végétale, pour savoir que l’accroisse- ment en volume ne finit qu'au moment où l'arbre entre dans la période de repos, c'est-à-dire lorsqu'il est devenu futaie : on pourrait penser que, du moins, il est tout-à-fait essentiel de ne pas pousser l'exploitabilité au-delà de ce dernier terme, que la nature semble avoir voulu poser elle-même. Eh bien! nous venons de voir qu'en allant bien au-delà de cette bar- rière, on obtient cet effet, d’une réduction dans le revenu largement compensée par un accroissement dans le capital. De là cette conséquence, que, comme nous l’avons annon- cé page 330, la précision des tables de M. Cotta est indiflé- rente à la justesse des raisonnements fondés sur les données expérimentales de cet auteur. Les tables de ce savant forestier seraient inexactes dans tous leurs éléments , qu'il n'en serait pas moins démontré avec la dernière évidence Que, dans les forêts de composition homogène, l’exploita- bilité la plus prolongée sera toujours la plus productive en matière, pourvu que des éclaircies pratiquées périodique- ment favorisent l’accroissement des arbres jusqu’au terme fa- tal que la nature a imposé à chaque essence, suivant le sol et le climat. Toutefois, on apercoit deux limites infranchissables : Pour les laillis, c'est l'âge où les souches commencent à perdre de leur force de reproduction ; Pour les futaies, c'est l'âge où cesse la fécondité , et où commence le dépérissement. DES FORÈITS. 99 En nous renfermant actuellement dans la seule question du taillis, nous chercherons à savoir s’il ÿ aurait une utilité bien réelle à déterminer le chiffre exact de l’exploitabilité. Ce que notre tableau nous apprend sur ce point, c’est que, dans les taillis homogènes comme ceux qu'admet ce tableau, une exploitabilité donnée est plus productive que l'exploita- bilité inférieure, et moins productive que l'exploitabilité su- périeure. Mais, comme les périodes différent entre elles de 10 ou 20 ans, il serait convenable de savoir quels seraient, relativement à la production, les effets de variations d’ex- ploitabilité très-limitées, comme 5 ans, par exemple. Que notre forêt-type soit aménagée à 20 ans, elle donne- ra un revenu annuel de 1,635 fr. pour une richesse propre de 15,300 fr. Qu'elle soit aménagée à 30 ans, le revenu sera de 1,863 fr., et la richesse propre, de 24,300 fr. Nous pouvons supposer, sans erreur sensible, qu'un amé- nagement à 25 ans présenterait des éléments moyens entre ceux qui viennent d'être indiqués, et que nous allons mettre en regard les uns des autres. Dans l'aménagem. à 30 ans, le revenu est de 4,865 f. et la richesse propre de 24,300 f. Dans l’aménagem. à 20 ans, le revenu est de 4,635 f. et la richesse propre de 45,300 f. titéréeadr nainblong 1Bggu. 9,000 Demi-différences. . . . . 114 4,500 La conversion de l'aménagement de 20 ans en aménage- ment à 25 ans, ou de celui-ci en aménagement à 30 ans, n'aurait donc pas d'autre résultat que d'ajouter 114 fr. au re- venu annuel, et 4,500 fr. à la richesse propre de la forêt. La question de savoir si tel aménagement est plus produc- tif que tel autre, est donc d’un intérêt assez faible lorsqu'il ne s’agit, entre les périodes d’exploitabilité, que d’une diférence peu considérable. Toutefois, cette différence, si elle est as- cendante, indique toujours un degré plus élevé de pro- 400 DE L'AMÉNAGEMENT duction, lorsque, pourtant, la forêt est de nature homo- gène où simple. Mais, si le peuplement de la forêt est de nature compo- sée, comme dans le taillis sous futaie, il n'existe plus de rap- port nécessaire entre le chiffre de l’exploitabilité et le degré de production. Supposons qu'un taillis réglé à 20 ans se trouve surmonté d'un grand nombre de futaies réservées dans les exploitations antérieures, alors la période de 20 ans n'ex- prime plus l'âge réel du peuplement. La richesse propre de la forêt, au licu d’être de 15,300 fr. comme dans notre aménagement à 20 ans, peut s'élever peut-être au double, au quadruple. Admettons qu’elle soit de 60,600 fr., alors la fo- rêt, bien qu'aménagée à 20 ans, sera l’équivaient de notre aménagement à 60 ans. Son produit annuel ne sera done plus de 1,635 fr., mais de 2,402 fr., tandis que la forêt aménagée à 30 ans en taillis simple ne donnera qu'un reve- nu de 1,863 fr., au lieu de 2,402 fr., et n'offrira qu'une ri- chesse propre de 24,300 fr., au lieu de celle de 60,600 fr. qu'on trouve dans la forèt exploitable à 20 ans. La période d'exploitabilité ne détermine donc point néces- sairement le degré de production des forêts traitées en taillis sous futaie. Ainsi, nous nous sommes mépris, dès le début de notre travail, en posant le problème dans les termes sui- vants : 4 quel äge doit-on régler l'aménagement de telle fo- rêt donnée, pour en obtenir le produit le plus avantageux possible ? Nous aurions dù nous demander : 4 quel degré de production doit-on porter une forêt, pour en tirer le park le plus avantageux possible ? Nous avons vu que, dans les forêts simples, l'élévation de l'exploitabilité entraine l'élévation du degré de proûucuon, mais que, dans les forêts mixtes, une exploitabilité plus éle- vée peut correspondre à une production moindre : que suit-il de là? que la mesure vraie et constante de la production n'est DES FORÈTS. 107 point dans la période d’exploitabilité, mais dans l'expression: de la richesse propre, c’est-à-dire, dans le chiffre du capital additif, nécessairement proportionné au nombre et à la va- leur des rentes dont ce capital doit solder les intérêts. On se méprendrait donc, ce nous semble, en voulant rat- tacher l'exploitabilité à la production : ces deux choses ne sont corrélatives qu'accidentellement. La nature particu- lière de la consommation, telle est, selon nous, la circon- stance déterminante de la période d’exploitabilité. L'ige du bois se règle sur le degré d'accroissement que ce produit x besoin d'atteindre pour se trouver propre à l'emploi le plus gé- néral, et, par conséquent, le plus avantageux dans la localité; on ne trouve là, au surplus, qu'une application toute simple de ce principe fondamental d'économie publique qui prescrit d'ordonner la nature de la production en vue des exigences de la consommation. Cependant l'exploitabilité, même dans les aménagements en taillis sous futaie, exerce sur la production une influence qu'on ne saurait méconnaitre : toutes choses égales d’ailleurs, le taillis sera d'autant plus productif, et la futaie d'autant plus belle, que l'exploitabilité se rapprochera davantage du maximum relatif à l'essence et au sol. Ce maximum, que M. Dralet, en forestier expérimenté, a fixé à l’ige de 40 ans pour les espèces les plus longévives et pour les meilleurs fonds, ne peut être dépassé sans qu'il n'en résulte deux m- eonvénients : le premier, de rendre douteuse la régéné ration des taillis ; le second, de compromettre la bonne venue de la jeune futaie, dont les tiges, trop développées par rapport aux branches et aux racines, ne recoivent plus qu'une nourriture insuflisante depuis qu'elles sont privées de la salutaire in- iluence du massif qui les entourait. La conclusion que nous tirons de ce qui précède, c’est que, si l’on veut élever le degré de production matérielle 102 DE L'AMÉNAGEMENT d'une forêt, il fut de toute nécessité en accroître la richesse propre. Or, on accroit la richesse propre de diverses manières : Dans les forêts simples, en élevant la période d’exploi- tabilité ; Dans les forêts mixtes, soit en élevant la période d’ex- ploitabilité des taillis, soit en multipliant les futaies éparses, soit en faisant concourir ces deux moyens. Accroitre la production matérielle des forêts, c'est créer une plus grande somme de richesses naturelles ; d’un autre côté, accroître la valeur vénale des produits ligneux ; c’est augmenter la masse des valeurs d'échange, c’est créer aussi des richesses ; doubler, par exemple, la valeur vénale des produits d'une forêt (1), c'est arriver au même résultat que si, cette valeur restant stationnaire, on parvenait à doubler Ja production matérielle. On remplit le but que nous venons d'indiquer au moyen de combinaisons variées , qui réclament l'association des lu- mières du forestier et de celles de l'ingénieur. L’aménage- ment doit être établi dans les conditions les plus propres à favoriser le débit, à coordonner le mieux possible la produc- tion avec la consommation , à disséminer les exploitations, à proportionner sur chaque point l'importance des coupes avec les facultés du commerce local, à élargir le cercle des dé- bouchés et de la concurrence, à faciliter l’accès de la forêt par l'établissement de communications nouvelles, ou par le perfectionnement de celles qui existent : ces deux derniers points surtout sont du plus haut intérêt, ainsi qu'on en peut juger par la citation suivante. « Tel arbre des Alpes qui pourrit sur le sol vaudrait 600 fr. dans le bois de Boulogne : cette valeur ne représen- (4) Cet effet peut résulter d’une économie dans les frais de transport, et d’un sur- groit d’uctivité dans la consommation, DES FORÈTS. 105 terait que les frais de transport; et si, un jour, il n'en coù- tait que 500 fr. pour voiturer l'arbre des Alpes à Paris, cet arbre vaudrait alors 100 fr. dans la forêt où il est né. La va- leur d'échange des bois repose donc presque exclusivement sur la différence des frais de transport de la forêt au lieu de la consommation (1). » Ainsi, tout ce qui tend à diminuer la difficulté du trans- port des produits ligneux constitue une amélioration véri- table, opère un accroissement dans la valeur capitale des forêts : quant à savoir si l’économie de frais qui en résulte prolite au propriétaire forestier , ou au consommateur exclu- sivement , ou à tous deux suivant une certaine proportion, nous trouvons cette question résolue en ces termes dans un de nos meilleurs traités d'économie politique (2). «Une diminution dans les frais de transmission, ou dans ceux qui font passer la denrée des mains du producteur en celles du consommateur, peut avoir pour résultat d'opérer tantôt la baisse, tantôt la hausse du prix payé au producteur; mais, dans tous les cas, elle fera baisser le prix définitif sup- porté par le consommateur , et elle déterminera une aug- mentation dans le revenu net du producteur. » Résumé du présent paragraphe. 1° La production forestière dépend beaucoup plus de l'or- ganisation de l'aménagement que de la fécondité du sol. Une forêt est riche ou pauvre, non pas suivant qu'elle est si- tuée en bon ou mauvais sol, mais suivant qu’elle est bien ou mal aménagée. 2° Dans le système d'exploitation en rapport soutenu ou uniforme , une partie plus ou moins considérable du capital (1) Traité de la culture des forêts, page AZ. M. Noirot aîné. {2) Par M. Cournot. 104 DE L'AMÉNAGEMENT forestier semble perdu pour la production : il ne serait pas sans intérêt de chercher à savoir si cet état de choses peut être modifié. 39 La recherche de la période d’exploitabilité la plus utile doit se rapporter à la nature de la consommation, beaucoup plutôt qu'au degré de production qu'on désire ob- tenir des forêts. 49° Les limites absolues de l'exploitabilité se tirent de la nécessité de la régénération naturelle des forêts, et non d’une évaluation mathématique. 5° Une différence de 5 années entre deux périodes d’amé- nagement établit une différence assez légère dans les reve- nus, mais fort grande quant à l'avenir des futaies sur taillis. 6° La mesure certaine du degré de production ne se trouve que dans le capital superficiel ou la richesse permanente d'une forêt. Veut-on savoir laquelle de deux forêts est plus productive que l’autre ? il faut considérer, non les périodes d’exploitabilité, mais les richesses propres. 7° Toute amélioration doit avoir pour but immédiat d’en- richir le capital de la forût : l'augmentation du revenu ne peut être qu'une conséquence seconde ou médiate de l’amé- lioration. $ 3. — Du capital nominal et du capital réel, ou DES ÉLÉMENTS DE LA VALEUR VÉNALE DES FORTS (1). Par capital nominal, nous entendons la somme d'argent admise comme la représentation ou l'équivalent d'une forêt dont la valeur serait appréciée d’après le revenu annuel de la propriété, et sur le taux courant des placements immobiliers; (4) Voir les 8 et 16° colonnes du tableau synoptique. DES FORÉIS. 105 taux que nous supposons toujours de # p. °{, à l'égard des fonds boisés. Par capital réel, nous voulons exprimer la réunion ou la somme des deux capitaux constituants de la propriété fores- tière : le capital foncier et le capital superficiel, ou, en d'autres termes, la valeur intrinsèque du sol et la valeur de la richesse propre de la forêt. Quelques exemples aideront à saisir ces définitions. Dans l'aménagement à 20 ans, le revenu annuel étant de 1,635 fr. ,la forêt semble pouvoir ètre représentée par le capital 40,875 fr., tandis que sa valeur effective s'élève à 43,896 fr. Dans l'aménagement à 100 ans, le revenu annuel étant de 3,233 fr., la forêt semble pouvoir être représentée par le capital 80,825 fr., tandis que sa valeur effective s'élève à 152,626 fr. Dans l'aménagement à 200 ans, le revenu annuel étant de 4,410 fr., la forêt semble pouvoir être représentée par le capital 110,250 fr. , tandis que sa valeur eflective s'élève à 356,226 fr. Enfin, dans l'aménagement à 300 ans, le revenu annuel étant de 3,590 fr., la forêt semble pouvoir ètre représentée par le capital 89,750 fr., tandis que sa valeur effective s'élève à 560,426 fr. Ainsi, les forêts peuvent être l’objet de deux appréciations distinctes, toutes deux paraissant également fondées en rai- son, quoique différentes, et souvent très-différentes par leurs résultats : l’une se rapporte à une valeur fictive qu'on apercoit tout d’abord, l’autre, à une valeur réelle qu'on ne reconnait qu'à l’aide de la réflexion, et dont l'existence n’est pas soup- connée peut-être par plus d'un propriétaire de forêts. Pour mettre ces vérités en plus grande évidence , nous rapproche- rons, dans le petit tableau ci-après, les valeurs diverses que 106 DE L'AMÉNAGEMENT présentent les quatre aménagements comparés plus haut. TABLEAU COMPARATIF Des valeurs apparentes et des valeurs réelles dans divers aména- gements du tableau synoptique. VALEUR . = EXCEDANT PÉRIODES | APPARENTE VALEUR de TOTALE 4 de YRAIE D'AMÉNAGE- la forêt d déduite 4 la forëL. du revenu. la forêt. valeur apparente. ÉTENDUE LA VALEUR VRAIE de sur la fr. 2,951 71,801 245,976 470,676 a 2 S o © = — © [=] _ Ce tableau nous enseigne que le revenu annuel des forêts. ne doit pas être pris pour le fondement de la valeur capitale de ces immeubles. Une pareille base conduirait toujours à des évaluations atténuées, et d'autant plus frustratoires pour le vendeur de la propriété, que cette propriété présenterait plus d'importance. Notre forêt aménagée en futaie de 100 ans, par exemple, peut très-bien ne pas offrir plus de revenu qu'une forêt aménagée en taillis de 30 ans, mais qui serait parsemée d'une ancienne et riche réserve. L'une comme l’autre de ces forêts serait donc cédée pour le prix de 80,825 fr: si elle était vendue en raison de son produit annuel, et cependant l'ac- quéreur y trouverait très-réellementune valeur de 152,626 fr., c'est-à-dire une valeur presque double du prix d'achat. Le mode d'aliénation des forêts de l'État adopté dans ces derniers temps, el que l'opinion a accueilli avec une défaveur si marquée, était donc, de tous points , conforme aux vrais principes, Pour estimer un bois à sa juste valeur on doit dé- DES FORÊTS. 107 composer l'immeuble, évaluer, d'une part, {& superficie d'a- près l'inventaire exact de ses divers éléments, et de l’autre, le sol d’après le parti le plus avantageux qu'il soit possible d'en tirer, ou d’après l'emploi le plus productif qu'on puisse en faire ; ce qui présuppose la faculté de traiter la forêt à volonté, c’est-à-dire la faculté de la dénaturer, ou, pour se servir du mot propre, de la défricher. Remarquons, toutefois, que cette faculté n’entrainé pas tou- jours, à beaucoup près, la destruction de la forêt aliénée; il est même démontré que l'exercice de cette faculté est assez rare- ment réclamé par l'intérêt bien compris des propriétaires (1); mais ce qui annonce surtout que la tendance au défrichement des bois est moins prononcée qu'on ne le croit vulgairement, c'est qu'une foule de propriétaires qui pourraient, par des ex- ploitations prématurées, réaliser des transformations rétrogra- des, s’interdisent de toucher au capital de leurs forêts : or, cés transformations, dont l'utilité pécuniatre ne saurait être mise en doute, et que se refusent cependant les propriétaires, fort libres d’ailleurs de se les accorder, qu'est-ce autre chose si- non des destructions partielles de l'immeuble forestier , des défrichements plus où moins avancés, en un mot, des défri- chements inachevés ? Un exemple nous parait nécessaire pour faire comprendre cette dernière pensée : supposons que l'État aliène une forêt d'une consistance équivalente à celle dé notre aménagement à 100 ans ; Cette forêt vaudra en apparence. . . 80,825 fr. enataltéeht hot stloibers oimntevr set 1132626 Elle aura même une valeur encore plus élevée que ce der- nier chiflre si le sol est propre à former une très-bonne terre arable; mais, pour ne pas forcer l'hypothèse, admeltons que (1) L'auteur du présent travail s’est occupé de ce sujet dans un écrit particulier. 108 DE L'AMÉNAGEMENT ce sol rapporte autant en bois qu'il rapporterait en toule autre nature, et voyons ce qui doit, sinon sûrement, au moins pro- bablement, arriver sous l'empire de la clause prohibitive du défrichement. L'État qui aliène un immeuble simplement productif d’un revenu de 3,233 fr. ne peut prétendre qu'à un prix de 80,825 fr., au lieu de 152,626 fr. que vaudrait le même immeuble si la vente en était faite sans condition. La perte de 71,801 fr. que supporte le trésor, est un sacrifice qui a pour but de garantir à l'intérêt social la conservation de la fo- rèt dans son intégrité : mais l'acquéreur n’a-t-il aucun moyen d’éluder la disposition restrictive ? Il puisera dans la richesse propre de la forêt une valeur de 108,800 fr., en réduisant cette richesse au chiffre de 15,300 fr., c’est-à-dire en rédui- sant la forêt à l'état de richesse et, par conséquent, de produc- tion représenté par notre aménagement à 20 ans; de cette sorte la forèt ne donnera plus qu'un revenu annuel de 1,635 fr., au lieu du produit de 3,233 fr. qu'elle donnait auparavant. La puissance productive de la forêt sera donc diminuée de moitié; en d'autres termes, le capital sera diminué d’une moi- tié ; en d’autres termes encore, le défrichement aura retranché une moitié de la forêt. Cependant l'État aura souffert la perte d'un capital impor- tant, et la société n'en éprouvera pas moins tout le dommage que peut lui causer le défrichement de la moitié de la forêt. Ne pourrait-on concevoir ensuite une conversion de l'aména- gement de 20 ans en aménagement à 10 ans, et même à 5 ans, c’est-à-dire une réduction graduelle de l'immeuble fo- restier ? supposition d'autant plus admissible, que, comme nous l'avons appris, le produit en intérêts s'accroît à mesure que s’abaisse la production en matière : ne savons-nous pas; d'un autre côté, que la richesse propre des forêts constitue un immeuble superposé ? Si l'on réduit cet immeuble, si l'on en DES FORÊTS. 109 supprime une fraction, n’opère-t-on pas un véritable défri- chement ? on réalise une destruction partielle de l'immeuble forestier, analogue à celle qui résulterait de la suppression d’un ou plusieurs étages dans un édifice ; on retranche, enfin, quelque chose de Ja masse des richesses matérielles. Ainsi, on pourrait soutenir, non sans quelque apparence de raison, que la défense d’extirper les bois est plutôt nominale qu'effective, puisqu'il est très-permis d'opérer des transfor- mations dont les effets non-seulement ressemblent à ceux d'une tentative de défrichement, mais peuvent aller même jusqu'à rendre tout-à-fait indifférente pour la société la question de la conservation ou de la destruction finale de l'immeuble fo- restier. Toutefois, il est à observer que, loin de profiter de toute cette latitude, Za plupart des propriétaires particuliers ont à cœur de maintenir, et maintiennent en eflet leurs bois dans un état convenable de production. De cette remarque n'est-il pas permis de conclure qu'une force occulte, plus énergique que celle des lois, protége les forêts contre l'in- fluence des causes de destruction ; nous tächerons plus loin de découvrir cette force, puis nous essaierons de nous rendre compte de son mode d'action. Après avoir montré comment l’aliénation d’une riche fo- rêt de l'État peut et doit, dans l’ordre naturel des choses, être suivie d'un quasi-défrichement, nous examinerons en peu de mots la question de savoir si, au besoin, l'aliénation des fo- rêts de l'État ne pourrait pas être remplacée par une autre mesure, qui du moins n'aurait pas le grave inconvénient d’af- faiblir la puissance productive d'une importante fraction du territoire national. Supposons que le gouvernement veuille réaliser un capital de 20 millions destiné à un emploi d'utilité générale, comme l'ouverture d'un canal, l'établissement d’un chemin de fer, etc., et cherchons à savoir quel meilleur parti il au- rait à prendre pour se procurer cetle valeur. 110 DE L'AMÉNAGEMENT On n'en voit que deux : emprunter, ou vendre des fonds de bois. Admettons d'abord qu’il ait recours au crédit : il em- pruntera 20 millions, et consacrera aussitôt un fonds annuel de 200,000 fr. à l'extinction de sa dette; au bout de 35 ans, cette modique épargne , grossie progressivement des intérêts composés, formera un nouveau capital de 20 millions. A cet instant, l’État aura soldé sa dette, et il aura de reste le capi- tal emprunté primitivement. Sa richesse propre aura éprouvé un accroissement de 20 millions, dont aura profité égale- ment la richesse sociale. Passons à l’autre hypothèse : l'État n'emprüunte pas; il vend des bois pour 20 millions ; dès-lors il ne contracte aucune dette , mais il n’accumule aucune épargne. Sa condition de- meure stationnaire, tandis que, dans la supposition de l’em- prunt, elle se bonifie de l'addition d’un capital de 20 millions. Ce n'est pas tout : l’immeuble aliéné sera réduit à une va- leur moindre par les acquéreurs; l’atténuation sera peut-être de 10 millions : il y aura là une destruction de richesse im- mobilière pour 10 millions. En récapitulant ce qui vient d’être dit, on voit Que, dans le cas de l'emprunt, l'État ajoute 20 millions aussi bien à la masse des richesses générales qu’à sa richesse propre; Que, dans le cas de l’aliénation, l'État n'augmente point sa richesse propre, et qu'il diminue de dix millions la ri- chesse territoriale : différence entre les résultats, 20 millions en moins pour l'État, et 30 millions en moins pour la société. L'État peut donc s'enrichir par l'emprunt? nul doute, s’il place productivement le capital emprunté, et s’il prend de sages mesures pour assurer sa libération. L’amortissement, a dit un auteur, est un levier capable de changer la face du monde. L'État peut-il s'enrichir aussi par la vente des forêts ? les courtes réflexions qui précèdent permettent de répondre . . . . . . Q qu'en parcille occurrence , le micux qui puisse lui advenir DES FORÈTS, 111 c'est de soustraire le capital réalisé à la consommation impro- ductive, c’est-à-dire que la plus heureuse chance pour l'État c’est de ne pas dissiper sa richesse propre. Quant à la richesse territoriale , elle éprouvera toujours une altération propor- tionnée à l’amoindrissement que le capital aliéné est destiné à subir en passant des mains de l'État dans celles des parti- culiers; amoindrissement qui sera progressif si, par la suite des temps, l'immeuble descend de la haute propriété dans la moyenne, et de celle-ci dans la propriété inférieure. Nous n’ajouterons plus qu’une remarque sur ce sujet. On a fait valoir en faveur de l’aliénation un argument qui a obtenu le plus grand crédit, bien pourtant que cet argument n'eût d'autre base qu'une erreur pour ainsi dire palpable. On à dit : les bois aliénés seront dorénavant soumis à l'impôt foncier, dont ils se trouvent affranchis dans les mains de l'État; ce se- ra alors tout profit pour le trésor. Mais qu'est-ce que l'impôt ? c'est une fraction du revenu de la propriété; c'est, par exemple, une unité sur cinq unités de revenu. Après l’alié- pation d'une forêt, quatre unités du revenu entrent dans la bourse de l'acquéreur, et la cinquième est dévolue à l'État. Or, avant l’aliénation, cette unité profitait déjà à l'État , puisque le revenu intégral était versé dans ses caisses : la perception effective du trésor n’a donc point changé. 6 4. — Du revenu annuel et du taux de la rente dans la propriété forestière , ou DE LA LOI DES AMÉNAGEMENTS ({). Arr, 1%, — Notions théoriques sur les capitaux en générat. Nous devons apporter un soin particulier à bien faire sen- (4) Voir les 7e et A7 colonnes du tableau synoptique. 112 DE L'AMÉNAGEMENT tir toute l'utilité et toute la justesse de la distinction que nous établissons entre le revenu et la rente, deux mots que, dans l'usage habituel, on considère comme exprimant une seule ct méme idée, bien cependant qu'ils aient des acceptions absolu- ment distinctes ; mais la signification particulière de chacun de ces mots ne peut être saisie avec netteté que par les personnes initices à l'étude de l'économie politique, et familiarisées avec la langue que parle cette science peu vulgaire encore, et pour- tant non moins utile par ses applications, qu'intéressante par la nature de ses recherches. Le plus classique et le plus in- ielligible des auteurs qui aient écrit sur cette matière, M. Say lui-même, est-il compris par tous ses lecteurs lorsqu'il s’ex- prime en ces termes ? « L'action de la terre dans la production de tout ce qu'elle fournit à nos besoins ou à nos jouissances, peut se nommer le service productif de la terre. C’est le premier fondement du produit qu'elle donne à son propriétaire. « On connaît que la terre quoique cultivée ne donne aucun profit, lorsque aucun fermier ne veut en payer de fermage ; c’est une preuve qu'elle ne permet de retirer que les profits du capital et de l’industrie nécessaires à sa culture. « Le profit territorial dont il est ici question n'est point la même chose que la rente de la terre, qui est le rapport de son revenu avec son prix d'achat. Une terre qui ne donne par arpent que 1 fr. de profit, rapporte autant de rente qu'une terre qui donne 50 fr. par arpent, si chaque arpent de la première a coûté cinquante fois moins que chaque arpent de l'autre. » Un principe d'une haute portée, mais dont la parfaite compréhension ne peut être que le résultat d'une certaine étude , se trouve renfermé dans cette phrase : La rente n'est point la même chose que le profit ou le revenu. Ces deux éléments, malgré leur apparente identité, diffèrent essentiel- DES FORÈTS. 115 lement l’un de l’autre. Afin de donner à cette pensée l’évi- dence de la démonstration , commeéncons par définir, avec autant de clarté que possible, les notions qui se rattachent à chacun de ces deux mots : La rente, le revenu. La rente, selon M. Say, est le rapport du revenu avec le prix d’achat ; la rente exprime une proportion entre un ca- pital et son produit, entre la cause et l'effet de cette cause s elle ne peut dès-lors avoir d'identité avec l’un ou l’autre des termes comparés ; elle est donc d’une nature toute différente de celle du produit. La rente n’est qu'un chiffre, une valeur abstraite, et le revenu est un produit réel , une substance émanée d'un capital productif. Éclaircissons ceci par quel- ques exemples. Une terre qui donne annuellement un produit matéric] représentant une valeur de 120 fr. est vendue 3,000 fr. : voilà un revenu de 120 fr. qui provient d'un capital de 3,000 fr. Quelle est la rente correspondante à ce revenu ? Nous trouverons cette rente, c’est-à-dire que nous détermine- rons le rapport du revenu au capital, en faisant cette pro- portion : le capital 3,000 fr. est à 120 fr. comme 100 unités sont à un terme cherché : ce terme est 4. La rente est donc de # unités pour 100 unités, ou, selon l'expression consacrée, de #-p. °{,. On voit tout de suite que, relativement aux ca- pitaux numéraires, la rente n’est pas autre chose que ce qu'on appelle l'intérêt de l'argent. Si la terre dont il vient d’être question n'était vendue que 2,400 fr. au lieu de 3,000 fr., le rapport du capital au re- venu serait changé. Pour trouver le nouveau rapport, nous aurions recours à cette proportion 5 Le capital 2,400 fr. est à 120 fr. de revenu, comme 109 unités sont à un terme cherché, qui est 5. La rente serait donc de 5 p.°/, ; elle serait plus élevée que dans le cas précédent , et cependant le revenu n'aurait éprouvé aucune hi TJ. 114 DE L'AMÉNAGEMENT Ainsi , la rente est parfaitement distincte du revenu ; elle consiste dans le nombre d'unités de revenu que l’on compte par chaque centaine d'unités de capital. On concoit dès-lors que des rentes très-dissemblables peuvent correspondre au même revenu. En effet, nous venons de voir que les rentes 4 et 5 p. °/, correspondent au même revenu de 120 fr. Rien n'empêche d'admettre d’autres rapports, et, par conséquent, d’autres rentes pour un revenu constant ; mais on ne doit pas perdre de vue que le revenu seul est un produit véritable , un élément de richesse , tandis que la rente n'est qu'une vue de l'esprit, une simple donnée mathématique. Nous arrivons maintenant au revenu qui peut être défini : la somme des profits qu'on retire des biens qu'on possède ou qu'on exploite. Ces biens , quelle que soit leur nature , sont des capitaux. Mais les profits ou les produits que l’on retire des capitaux sont infiniment variés, et doivent l'être en effet, puisque leur destination est de satisfaire à l’infinie variété de nos besoins; destination qu'ils doivent remplir, à moins de cesser d'être des biens. Chaque moyen par lequel nous pouvons atteindre un but désiré a une valeur pour nous. Tout ce qui a une valeur pour nous , nous l’appelons une richesse, un capital. Chaque ca- pital doit tendre à un but, doit présenter une certaine utilité, sans quoi ce serait une chose dénuée de valeur, ce ne serait point un capital. « Pendant long-temps, a dit un auteur (1), on s’est fait de fausses idées de la nature des capitaux : il est inutile de ré: futer l'erreur de ceux qui n’accordent ce nom qu'aux masses de numéraire. Car personne n'ignore aujourd'hui que la terre, la possession d’une chate d'eau, celle d’une machine à (1) M. Adolphe Blanqui. DES FORÈTS. 115 vapeur, d'un ruisseau , d’une collection d’ustensiles aratoires ou d'animaux domestiques, sont des capitaux comme l'argent. Si ce métal a paru l'emporter sur les autres capitaux au point d'usurper ce titre pour lui seul , c'est qu'il facilite in- finiment les échanges, sans lesquels la production ne saurait avoir lieu. « Le capital d'un pays ne se compose donc point seule- ment de ses valeurs en numéraire, mais de toutes les autres. Les navires qui servent à son commerce ou à sa défense, les terres qu'il exploite pour sa subsistance, les fabriques qu'il entretient pour suffire à ses besoins ou à ses plaisirs, consti- tuent la richesse générale , la chose du monde la plus varia- ble, ét, par conséquent, la plus difficile à évaluer exactement, en dépit des essais qu'on a tentés sur ce sujet. » La richesse, en prenant ce mot dans sa plus large accep- tion, consiste donc dans l’ensemble de cette multitude de choses, de matières, de valeurs qui frappent incessamment nos regards, et que le travail met en œuvre pour en tirer des produits applicables à nos besoins. Les biens de toutes caté- gories, soit ceux que la terre nous dispense libéralement, soit ceux qui naissent des labeurs de l'industrie, contribuent à soutenir notre existence ou servent à l'embellir. Les uns, comme les produits directs du sol, nous procurent des jouis- sances matérielles ; les autres, comme les produits du talent où du génie , nous procurent des jouissances immatérielles : on doit ranger encore dans cette dernitre catégorie, ainsi que l'a dit M. Blanqui, les remparts des places fortes, les vais- scaux de guerre , les arsenaux, qui protégent la sécurité gé- nérale et garantissent l'indépendance de la nation. Les bi- bliothèques , les établissements scientifiques de tout genre sont encore des capitaux dont les produits, purement intel- lectuels, sont aussi nécessaires à l'existence de l’homme mo- ral que les produits matériels le sont à la vie de l’homme physique. 116 DE L'AMÉNAGEMENT C’est ainsi qu'à chacun de nos besoins correspond un ca- pital dont les produits sont spécialement affectés à la satis- faction de ce besoin. La prééminence relative des capitaux semble devoir se déterminer par le caractère plus ou moins impérieux des besoins auxquels ils se rapportent. Ainsi, les terres, qui fournissent les premiers aliments de l’homme, oc- cupent, à coup sûr, le plus haut degré de l'échelle ; et pour- tant que seraient les produits de l'industrie agricole, de cette nourricière du genre humain, si la société n'avait pas, dans sa marine , dans ses forteresses , dans le matériel des armes de guerre, des capitaux dont l'emploi, confié au cou- rage de ses soldats, assure au paisible cultivateur le libre exercice de ses facultés et l’entier développement de son travail ? Quelle dissemblance , toutefois , entre ces capitaux, que la réflexion nous montre comme tellement indispensables , que la société cesserait d'exister si les uns ou les autres étaient rayés du bilan de ses richesses ! Ceux-ci, tels que la terre, sont la source de produits que chaque année voit se partager entre le possesseur du sol et celui qui a acquis le droit de l’exploiter ; ceux-là, tels que les capitaux énumérés tout-à- l'heure, loin de donner naissance à quelques profits matériels, à quelques valeurs échangeables, ne sont , au contraire, qu'une cause de frais, une véritable charge. Cependant gardons- nous de dire que ces capitaux sont improductifs ; ces capitaux ne donnent pas des profits ou des revenus appréciables en argent ; on ne peut pas rechercher le taux de la rente pour ces capitaux, puisqu'on ne saurait assigner ex chiffres l'un des deux termes du rapport, dont la rente n’est que l’expres- sion. En un mot, ces capitaux ne donnent pas de rente, et néanmoins leur utilité, leur importance, leur nécessité même n'est l'objet d'aucun doute. A la vérité, ces capitaux ne don- nent pas de rente, mais ce n’est pas à dire pour cela qu'ils ne DES FORÈIS. 117: donnent pas de profits ; ils donnent des profits, et même de très-grands profits; autrement créerait-on ou conserverait-on des capitaux qui ne seraient qu’onéreux ? Ils sont assurément la source de grands profits; mais ces profits, non résolubles en argent, ne tombent pas dans le domaine du calcul positif; l'esprit seul peut en acquérir une juste perception. Ce sont là ces produits que les économistes ont nommés produits imma- tériels, et dont un des traits distinctifs est d'être consommés au moment même où ils sont créés, et de se refuser, par con- séquent, à toute accumulation. Il est donc des capitaux qui, sans donner de rente, sont néanmoins la source de produits d'une utilité telle, que, sans ces produits, on ne pourrait comprendre l'existence de la so- ciété; la richesse elle-même serait encore à créer. Nous avons rapporté les paroles d’un écrivain qui à dit que l'argent avait à tort usurpé pour lui seul le titre de capital, dû indistinctement à tout ce qui donne naissance à des pro- duits utiles. L'erreur où l’on est tombé à ce sujet est née de l'habitude de voir ee métal intervenir constamment dans les échanges qui ont pour but la création de nouvelles ri- chesses. Lorsqu'on voit l'argent jouer un role dans tous les actes de la production, on peut tristement croire qu'il en est lPunique agent. Si l’on va cependant jusqu'à comprendre que des capitaux peuvent être tout autre chose que des espèces métalliques, on demande au moins à quelle quantité de signes monétaires reviennent les produits de ces capitaux; et si l’on entend répondre que la valeur de ces produits n’est pas assi- gnable en argent, on aflirme alors, sans hésiter, que ces ca- pilaux sont improductifs. Cependant, si l’on pénètre au fond des choses, on trouve que les seuls capitaux improductifs sont ceux que lon con- somme stérilement. On voit des capitaux de tous les genres qui s’assortissent à tous nos besoins : les uns donnent une 118 DE L'AMÉNAGEMENT rente, les autres n’en donnent point ; mais tous figurent dans l'inventaire de la richesse sociale, tous constituent des biens. On a dit avec raison que la définition du bien et de la valeur dépend le plus souvent de nos idées et de nos opinions , qui déterminent plus ou moins la valeur des choses. De ce qu'un capital ne donne pas de rente, il ne faut donc pas conclure qu’il ne donne aucun profit. Ce capital donne des profits d’une nature ou d’une autre ; et si ces profits ne peuvent pas être représentés par une valeur pécuniaire, c'est uniquement parce qu'ils existent sous une forme immaté- térielle, et non point parce qu'ils n'existent pas du tout. On peut concevoir le plus parfait rapport d'égalité entre deux capitaux dont l’un serait pourvu d’une rente, et dont l’autre en serait entièrement dénué. Un exemple va nous démontrer cette vérité. Je veux fixer un capital de 100,000 fr., fruit des épargnes d’une carrière laborieuse : je puis le confier à un banquier, ou le placer sur obligation hypothécaire , et en tirer ainsi un taux de 5 p. °/, , un revenu annuel de 5,000:fr.; mais les risques que j’apercois dans le premier placement, et, dans le second, les ennuis d'une expropriation possible, me déterminent à préférer l’achat d’un domaine de 100,000 fr. qui ne me donnera qu'un revenu de 2,500 fr., à raison de 2 1/2 p. °{,. Je puis considérer alors mon capital comme fractionné en deux parties de 50,000 fr. chacune : la pre- mière est productive d’un revenu de 2,500 fr., et l’autre est productive de la sécurité que j'ai recherchée. Dans la première fraction de mon capital , je trouve une rente de 5 p. °{,, et, dans la seconde partie, il y a absence totale de rente, parce qu'en effet aucun rapport ne peut être assigné entre deux termes de nature entierement dissem- blable. Ainsi, le degré de la rente n’est point la mesure d’après laquelle on juge de la valeur des choses. Nous venons de voir DES FORÈTS. 119 deux capitaux de 50,000 fr. chacun, dont l’un donne une rente de 5 p. °},, tandis que l’autre n’en donne aucune, et cependant ces deux capitaux sont bien d’égale valeur ; car, pour peu qu'on suppose l’un inférieur à l’autre, il s'ensuivrait que je ne possèderais plus un capital de 100,000 fr., ce qui serait contraire à la réalité. IL serait donc absurde de préten- dre que l’un de ces capitaux est d’une moindre valeur que l'autre, et que ma fortune se trouve diminuée par suite de l'emploi que j'en ai fait. Une seule chose est changée , c’est le mode de production de mon revenu, qui se compose ac- tuellement de deux éléments, au lieu d’un seul dont il était primitivement formé. Il reste démontré, jusqu’à la dernière évidence, que la va- leur des capitaux est tout-à-fait indépendante de la rente, ct que cette valeur n’a point d'autre fondement que les produits, soit matériels, soit immatériels, dont ces capitaux sont la source. Mais, entre les capitaux qui ne donnent aucune rente ct les capitaux qui fournissent la rente la plus élevée, il existe une succession de degrés qu'il serait sans doute très-dificile de préciser, mais qu'on peut pourtant ramener à une certaine échelle assez simple. 11 suflit de jeter un coup-d'æil sur l'ordonnance générale des richesses, pour remarquer une gradation, une sorte d'hiérarchie entre les capitaux : les uns sont onéreux, les autres ne donnent aucune rente, d'autres enfin sont produc- tifs de rentes qui varient depuis zéro jusqu’à 20, 25 et peut- être 30 p. oh Sans entrer sur ce point dans des développc- ments qui sortiraient de notre cadre, nous distinguerons : 1° Les capitaux qui représentent les monuments publics, les palais , les édifices religieux , les hôpitaux, les ports, les routes, les remparts des places de guerre, etc., en général , tous ces capitaux qui , d'une part, ne rapportent pas d'argent ; et, de l’autre, sont d'une conservation dispendicuse ; 120 DE L'AMÉNAGEMENT 2° Les capitaux non productifs d'intérêt, mais dont la conservation n’a rien de dispendieux : ce sont ceux qui re- présentent la valeur des meubles, de l’argenterie, des ta- bleaux, des pierreries, etc. ; 3° Les capitaux placés dans les immeubles fonciers de toute nature : les terres , les prés, les vignes , les bois , etc., général : ces capitaux présentent divers degrés d'intérêt qu’on peut , en c'est-à-dire dans les propriétés foncières en moyenne , exprimer par le taux de 3 à 4 p. °/, ; 4° Les capitaux industriels, que nous subdiviserons en deux classes : les capitaux circulants dans les banques, dans les transactions commerciales d’un ordre inférieur, et qui, ayant des chances à courir, rapportent un intérêt de 6 à 7 p. °/,; puis les capitaux engagés dans les exploitations manufacturières , dans les hautes spéculations du commerce : ceux-ci, étant exposés à des risques plus graves , produisent un intérêt de 10 à 14 p. °J, ; 5° Enfin , les capitaux engagés dans les entreprises nauti- ques, qui, en raison des nombreuses chances de perte qu'ils ont à courir, rapportent un intérêt excessif, comme 20, 25 et peut-être jusqu’à 30 p. els , un intérêt enfin qui n’a point de limite déterminée. Cette variété de richesses se montre partout : elle est le résultat de l'association des hommes , ainsi que la condition fondamentale de leur existence en corps de nation. Dans cette multitude de capitaux de natures si diverses, on en voit qui produisent beaucoup d’argent, d’autres modérément , d’autres point du tout, et d’autres qui, au lieu d’en rapporter, en absorbent plus ou moins ; mais toutes ces richesses, sans exception, répondent à un besoin, exercent une action, remplissent un rôle nécessaire dans ce mécanisme à rouages si compliqués qu'on appelle l’organisation sociale. Dans le mouvement habituel et régulier des sociétés, ces DES FORÈTS. 121 capitaux se classent naturellement de la manière a plus con- venable, et suivant l'ordre qui établit les plus justes rapports entre les richesses et les besoins. S'il n’en était pas amsi , les capitaux éprouveraient des oscillations et des déplacements jusqu'à ce qu'ils fussent arrivés à l’état d'équilibre permanent, par suite d’une combinaison mieux entendue , c’est-à-dire par suite d’un classement normal. Nous essaierons de donner une idée d’un pareil classe- ment, à l’aide des catégories que nous avons formées tout- à-l'heure, et, pour caractériser plus positivement chaque es- pèce de capital, nous identifierons en quelque sorte le capital avec son possesseur naturel, ce qui nous donnera la série suivante : 1° Les capitaux onéreux , que nous représenterons par une citadelle qui couvre un point de nos frontières, et qu'il n’est donné qu’à l'État de pouvoir posséder. 2° Les capitaux improductifs, que nous représenterons par une galerie de tableaux créée par un opulent amateur des beaux-arts. 3° Les capitaux fonciers , que nous représenterons par une ferme que fera valoir l’agronome. 4° Les capitaux industriels ; que nous représenterons par une manufacture dont la possession est acquise au riche fa- bricant. 5° Les capitaux nautiques, que nous représenterons par un vaisseau marchand, propriété de l’armateur dont les spé- culations embrassent les deux mondes. Ces capitaux , distribués comme nous venons de le voir, se trouvent classés régulièrement ; tous recoivent l'emploi le plus utile, et donnent, par conséquent, la plus grande somme possible de profits ; non-seulement leur conservation est as- surée ,; mais encore leur amélioration : l'État ajoute quelques défenses extérieures à sa citadelle et la rend inexpugnable ; 422 DE L'AMÉNAGEMENT le possesseur de la galerie l’enrichit de nouveaux chefs- d'œuvre ; l'agronome s'efforce de fertiliser sa terre ; le ma- nufacturier perfectionne ses procédés de fabrication ; lar- mateur, enfin, trouve le moyen de rendre son navire plus fin voilier. Cette heureuse distribution des biens constitue l’har- monie générale , l’état durable et prospère des sociétés, en définitive , leur organisation normale, considérée du point de vue de l’économie politique. Supposons actuellement qu'une grande catastrophe, un événement puissant vienne à bouleverser cette situation , de manière à déplacer chaque capital, à le faire descendre d'un degré dans l’ordre que nous venons de tracer, et voyons un peu quelles seront les conséquences probables, on pourrait presque dire nécessaires, de cette perturbation. L'amateur de tableaux, devenu possesseur de la citadelle , s'empresse de la vendre pierre à pierre ; et, lorsqu'il l'aura démantelée, il consacrera un nouveau capital à satisfaire son gout dominant ; il achètera quelques tableaux , et recompo- sera au moins un simulacre de galerie ; mais quelle chétive valeur il aura réalisée auprès de celle qu'il a détruite ? L’agronome traitera la galerie comme l'amateur a fait la citadelle : il disposera des tableaux, dont il fait peu de cas ; il les donnera la plupart fort au-dessous de leur véritable prix, que d’ailleurs il est inhabile à apprécier : du faible produit d’une riche galerie, qui aura disparu sans retour, il achètera une autre ferme sur laquelle il reprendra le cours de ses expériences agricoles. Le manufacturier ,devenu agriculteur, néglige l'exploitation d'un capital étranger à ses habitudes et à ses connaissances : la propriété rurale, après s'être détériorée dans ses mains , sera vendue au-dessous de sa première valeur, et servira à solder l'achat d'une fabrique. Vient enfin l’armateur transformé en manufacturier : ac- DES FORËITS. 1923 coulumé qu'il était à réaliser des bénéfices de 20 ou 30 p. °/,, il ne se contentera plus d’un capital qui ne lui promet qu'une rente bien inférieure ; fatigué d’éprouver des mécomptes dans une industrie pour laquelle il se sent peu d'aptitude, il vend à bas prix sa manufacture, et va de nouveau affronter les ha- sards des navigations lointaines. Le déplacement des capitaux, leur translation d’une classe de la société à l’autre serait donc le signal de la confusion et de la ruine générale ; on ne verrait de toutes parts que des destructions de richesses, que des transformations dont le but serait d’approprier les capitaux aux besoins de leurs nouveaux possesseurs , mais dont l’effet serait d’être funeste à l'intérêt général. C’est ainsi qu'à la suite d’une tourmente politique qui a déclassé les richesses, on voit le génie de la destruction planer pendant quelque temps sur les nations et détruire tant de capitaux, fruits du temps , du travail et de l'épargne ! Les richesses, pour être telles, pour remplir leur destina- tion, doivent donc occuper dans l’ordre hiérarchique des pos- sesseurs un rang conforme à leur nature, une position déter- minée, c’est-à-dire qu’elles doivent être régulièrement classées; alors, elles sont pourvues de la plus grande somme possible d'utilité. Une cause vient -elle intervertir cet ordre , aussitôt une portion plus ou moins considérable de leur utilité se trouve anéantie ; la richesse sociale éprouve une diminution. Que l’obélisque du Louqsor, par exemple, au lieu de servir à la décoration d'une grande cité, au lieu d’être un monument public, descende dans la propriété particulière , à l'instant même une valeur de 4 à 2 millions disparait; ce capital important, et qui loutefois ne donne pas une obole de rente, ést réduit à l'imperceptible valeur d'un bloc de granit. Ce dernier exemple est une nouvelle preuve ajoutée à toutes celles dont nous avons étayé l'opinion, que ce n’est point la rente, mais le produit, soit matériel, soit immatériel, 124 DE L'AMÉNAGEMENT qui forme la base de la valeur des choses. Maintenant nous jelterons un rapide coup-d'æil sur la question de savoir si la richesse ou le bien-être d’un membre donné de la société, dé- pend du taux de la rente ou de la quotité du produit des ca- pitaux en sa possession ; question qui revient à celle-ci : le possesseur d’un capital à faible rente ne devrait-il pas, pour son plus grand bien , échanger ce capital contre une autre valeur qui lui offrit une rente plus élevée ? D'abord, on ne voit pas comment une simple peritatalioi de capitaux entre les membres de la société pourrait accroître la massé des richesses, ni comment, la richesse générale res- tant invariable, la richesse individuelle pourrait acquérir plus d'extension. D'un autre côté, s'il était vrai qu'il n’y eût que profit à placer sa fortune en capitaux à rente élevée, il en ré- sulterait cette absurde conséquence , que, comme on pourrait dire de chaque membre de la société qu'il eût pu placer plus fructueusement ses capitaux , et qu'ainsi il a éprouvé une perte considérable à ne pas le faire , on ne devrait voir que pertes de toutes parts. À ce compte-là, une nation, füt-elle arrivée au plus haut point de prospérité, semblerait ruinée de fond en comble. Ce serait donc une erreur de croire qu'on subit une perte quelconque, parce qu’on possède des capitaux à faible rente ; on ne ressent aucune perte réelle, on n’éprouve aucun dom- mage dans sa fortune , st l’on est assez riche pour posséder des capitaux de ce genre , et si l'on n’en possède que dans une proportion convenable ; lorsque ces deux conditions sont remplies, tout est dans le meilleur ordre possible : Les eapr- taux sont bien classés ; la richesse se développe progressive- ment ; tandis qu'au contraire, la richesse diminue de plus en plus , si les capitaux sont sortis des mains qui doivent nalu- rellement les posséder. DES FORÈÊTS. 125 Anr. 2. — Application des principes précédents aux capitaux forestiers. Après l'exposé de ces principes élémentaires , dont on ne tardera plus guère d’apercevoir l’étroite liaison avec le sujet de cet écrit, nous reprendrons le fil un moment interrompu de notre étude , en poursuivant l'examen du tableau synop- tique ; nous reproduirons ici les 2€, 7° et 17° colonnes de ce tableau, représentant, l'une la série des périodes d'exploitabi- lité, et les deux autres, les séries de revenus ou de rentes cor- respondantes aux aménagements divers. EXTRAIT DU TABLEAU SYNOPTIQUE. | RAPPORT PÉRIODES PRODUIT DU CAPITAL RÉEL , : de la au | RADEON EE PEUE REVENU DE LA FORÊT, COUPE ANNUELLE ou h ou taux de la rente d'aménagement. | revenu de la forêt. dans chaque aménagemt. ou fr. 4 3 3 3 2 2 D 2 2 2 4 4 4 4 | | sl Dans le deuxième paragraphe précédent , nous avons fait 126 DE L'AMÉNAGEMENT remarquer que le revenu annuel de notre forêt-type va sans cesse en s'élevant, à mesure que les périodes d'aménagement prennent plus d'amplitude. Le tableau synoptique montre, en effet, que cette progression ne s'arrête qu’à la limite extrême de l'accroissement des arbres , limite que nous placons hypo- thétiquement vers la 240% année. Au-delà de ce terme, le revenu est rétrograde ; mais la richesse propre de la forêt, c’est-à-dire le capital superficiel, n’en persévère pas moins dans un développement continu, et proportionnelle- ment beaucoup plus considérable que la réduction du revenu ; en sorte que la production matérielle est constamment ascen- dante, depuis l'aménagement le plus limité jusqu’à celui qui embrasse, dans sa révolution, toute la période d'existence des arbres les plus vivaces parmi ceux dont se compose un massif forestier. Mais , si la production forestière se présente sous l’aspect d'une suite incessamment croissante, à partir des aménage- ments les plus inférieurs jusqu'aux plus élevés, la rente , ou le rapport du revenu du capital réel , affecte une marche ab- solument contraire. Ce rapport s’abaisse , s'amoindrit à me- sure que la production atteint à un chiffre plus considérable, de manière que, quand ce chiffre est devenu un maximum, la rente est devenue un minimum : dans l'aménagement à 10 ans, la forêt se trouve constituée en capital productif d’une rente de 4 p. °/, ; dans l'aménagement à 60 ans, elle se trouve constituée en capital productif d’une rente de 2 fr. 69 c. p. °/,; dans l'aménagement à 140 ans, elle se trouve constituée en capital productif d'une rente de 1 fr. 15 c. p. °/, ; enfin, dans l'aménagement à 300 ans, elle est constituée en capital productif d’une rente de 0 fr. 64 c.p. ge La rente, en un mot, à partir de l'aménagement le plus restreint jusqu’au plus prolongé, présente une série de icrmes toujours décroissants , tandis que la production forme DES FORÈTS. 127 une série de lermes loujours croissants : contraste frappant ! qui n’est au surplus qu'une nouvelle manifestation de ce fait, vérifié déjà plusieurs fois, que, dans les forêts, il y à opposition perpétuelle entre ces deux sortes de production : la matière ligneuse et l'argent. Toutefois, le moment est venu enfin de préciser le sens de celte dernière phrase, et de déterminer clairement l'idée , jusqu'à présent un peu confuse, que nous avons eu l'intention d'exprimer chaque fois que, dans le cours de ce travail, nous avons parlé du désaccord des deux productions que l’on sol- licite des forêts. Supposons quatre forêts, A, B, G et D, de la même éten- due et de la même nature que notre forèt-type, puis admet- tons que les trois premières soient aménagées à 10 ans , et la quatrième , à 260 ans. Le tableau synoptique nous fait voir que ces forêts présentent les revenus et les valeurs capitales ci-après : La forêt À donne un revenu de 1370f. pour un capital réelde 34,250f. La forêt B donne un revenu de 1370f. pour un capital réel de 34,250f. La forêt C donne un revenu de 1370f. pour un capital réel de 34,250f. Toraz. . . . 4110f. pour un capitalréelde102,750f, La forêt D donneun revenu de 41491. pourun capitalréelde 482,496f. L'ensemble des trois premières forêts offre donc un revenu égal, à une très-petite différence près, au revenu de la forêt aménagée en haute futaie, et cependant la valeur capitale de ces trois premières forêts ne s'élève guère qu'à la cinquième partie de la valeur capitale de la dernière. Maintenant nous réunirons par la pensée, en un seul massif, les trois premières forêts, ct, en comparant ce massif à La quatrième forît, qui ne rapporte pas plus et vaut près de cinq fois autant, nous élèverons la question de savoir com- ment 1l peut se trouver un propriétaire pour posséder un 128 DE L'AMÉNAGEMENT immeuble d'une valeur aussi disproportionnément grande, re- lativement au revenu ; rien de plus facile à concevoir cepen- dant : c'est que, de même qu'il est des capitaux de constitu- tions diverses, il est des fortunes de tous les degrés, des pro- priétaires d’une haute richesse, des propriétaires d'une ri- chesse moyenne et des propriétaires d'une richesse inférieure. Eh bien ! la forêt en futaie sera possédée par un propriétaire de la première catégorie , et les trois forêts en taillis, par un ou par plusieurs propriétaires à richesse inférieure. Comparons actuellement , sous un autre point de vue, la forêt D avec l’une ou l'autre des trois premières forêts, c'est-à-dire comparons l'aménagement de 260 ans avec avec celui de 10 ans. Nous voyons au tableau synoptique , d'un côté , une forêt productive d'un revenu de 4,142 fr., et riche d’un capital superficiel de 453,900 fr., d'un autre côté, une forêt de pareille étendue et du même degré de fer- tilité, qui ne donne qu'un revenu de 1,370 fr., et n’est riche que d'un capital superficiel de 5,724 fr. De là, cette consé- quence égaiement juste pour tous les termes de notre tableau, ou pour l’ensemble du système forestier, c'est que, plus l’a- ménagement est élevé, plus le revenu annuel est considérable, et plus la richesse propre est importante. Or, le revenu an- nuel, c’est la production matérielle de chaque année trans- formée en argent ; d'où nous tirons ce corollaire remarquable : Les aménagements à longues périodes sont aussi favorables à la production en argent qu'à la production en matière. Et quoi ! nous serions-nous donc mépris jusqu'à présent , en annoncant que la forêt qui donne le plus de matière est celle qui rend le moins d'argent ? Par quelle singularité ces deux produits, que toujours nous avons trouvés en opposition, se montrent-ils tout-à-coup sous l'aspect d'une parfaite con- cordance ? qu'est donc devenue cette incompatibilité qui nous a constamment frappés , et dont les preuves les plus irrécu- sables ont établi la réalité ? DES FORÉTS. 129 Voici le nœud de cette étrange contradiction : nous nous sommes placé dès l’origine dans une hypothèse radicalement fausse, en supposant un taux de rente uniforme pour la pro- priété forestière en général. Nous avons dit : l'argent em- ployé en acquisitions de fonds de bois rapporte communé- ment # p. °/ , comme l'argent placé dans les fonds ruraux rapporte communément 3 p. °{, ; c’est-à-dire que nous n’a- vons admis qu’un seul taux de rente pour toutes les forêts sans distinction , tandis qu'au rebours de cette idée, chaque forêt est constituée sur un taux de rente particulier : dans telle forêt la rente est de 4 p: °/, ; dans telle autre, de 2 p. pes ; dans une troisième, de 1 p. 9/6 , et dans une quatrième, d’un chiffre moindre encore ; nous avons pensé que les forêts , ainsi que les autres immeubles, ne présentent qu'un seul ca- pital comme un seul revenu. Au lieu de cela, après avoir dé- couvert l'existence d'un double capital, dans la propriété fo- restière, pour un seul revenu, nous avons appris que ce double capital change de rapport avec le revenu , selon la forme de l’aménagement , et nous avons vu que cette variation peut être telle , qu'à une diminution dans le revenu corresponde un accroissement dans le capital. S'il était vrai que le taux de la rente fût uniforme , ainsi que nous l'avons cru jusqu'à l’instant où l’analyse de l'amé- nagement nous a averti de notre erreur, il suivrait de là que la forêt réglée à 60 ans, qui présente un capital réel de 89,126 fr., devrait, au taux de 4 p. °/,, donner un revenu de 3,665 fr., au lieu de 2,402 fr. ; que la forêt réglée à 240 ans, qui présente un capital réel de 448,126 fr., de- vrait donner un revenu de 17,925 fr. , au lieu de 4,487 fr. ; que la forèt réglée à 300 ans, qui présente un capital réel de 560,426 fr., devrait donner un revenu de 22,417 fr., au lieu de 3,590 fr. Dès-lors, cessons de nous étonner d’avoir pu dire que les aménagements sont d'autant moins productifs Te 9 130 DE L'AMÉNAGEMENT en argent, que leurs révolutions comprennent un plus grand cercle d'années. Nous étions sous l'empire d’un préjugé, qui nous a empêché d’apercevoir que la rente et le revenu sont des éléments très-distincts dans les capitaux forestiers ; tandis que, dans les capitaux monétaires, l'un peut être pris pour l'autre indifféremment. C'est l'effet de cette préoccupation habituelle qui fait croire que tous les capitaux sont constitués sur le même mode, parce que tous, en définitive, se résolvent en une somme d'argent. Actuellement que la constitution intime de l'immeuble fo- restier nous est enfin dévoilée, nous apercevons clairement le véritable rapport qui existe entre les deux éléments de la pro- duction. Ainsi, une vérité désormais acquise à la théorie des forêts, c'est que, contrairement à l'opinion commune, les forêts les plus productives en matière sont en même temps les plus productives en argent. Toutefois, ce sont aussi celles dont l'acquisition exige relativement le plus d'argent. Pour posséder ces forêts , il faut être relativement plus riché que pour en posséder de moins productives. Par exemple , pour acquérir notre aménagement à 260 ans, qui rapporte trois fois autant que l'aménagement à 10 ans, il faut non pas seulement un capital triple, mais un capital presque quin- tuple. En résultat , les aménagements à périodes élevées sont les plus productifs en argent tout comme en matière. Hs sont moins favorables, dira-t-on, à l'accumulation des intérêts : c’est encore là une erreur très-répandue , et qui pourtant n’ést rien de plus qu'üne absurdité. Comment pourrait-il arriver qu’un capital trois fois plus productif qu'un autre offrit moins d'é- léments d'accumulation que celui ci ? une pareille opinion ne mérité aucun examen. Mais on énoncerait une pensée juste , si l’on alléguait que le propriétaire d'une forêt à haute production et, par consé- DES FORÈTS. 131 quent, à faible rente, peut trouver un intérêt plus élevé dans un autre ordre de placement. Oui, sans doute , surtout si le placement à lieu dans la classe des capitaux hasardés. En sera-t-1l plus riche ? non, assurément. Il ne sera pas plus riche, parce que ces placements n'offrent un intérêt plus élevé qu'à raison des chances de pertes qui les menacent. Une partie plus ou moins forte de la rente est une véritable prime d’as- surance. Au surplus , tous les degrés de rente ne sont:ils pas égaux en valeur, quelque différents qu'ils soient en expres- sion ? Si tel mode de placement semble un instant plus avan- tageux qne les autres, les capitaux affluent de ce côté, ct bientôt la balance se trouve rétablie. De même que les fluides, les capitaux obéissent à une loi d'équilibre. Concluons que , pour un capital donné, la rente la plus utile n’est point celle dont le chiffre est le plus élevé, mais celle qui répond le plus complètement aux conditions d’un classement régulier. L'application de ces idées aux capitaux que l'aménagement forestier a pour objet de constituer se présente d'elle-même ; la rente la plus faible sera La plus utile, si la forêt est classée dans la haute propriété ; alors l'aménagement sera aussi pro- fitable que possible ; mais si la rente, quoique élevée déjà, ne l'est pas encore assez eu égard à la position de fortune du propriétaire, l'aménagement n’est pas le plus profitable pos- sible ; l’état de la forêt doit être modifié. Le classement normal des forêts, — telle est donc la loi fondamentale de l'aménagement, tel est le principe régula- teur de toute opération ayant pour but d'établir la propriété forestière sur des bases raisonnées, et dans une pensée d'a- venir. Arr. 3. — Conséquences du classement normal des forêts. Nous avons dit, il y a peu d'instants, que, quand les capi- 132 DE L'AMÉNAGEMENT taux sont régulièrement classés, ils se trouvent pourvus de la plus grande somme possible d'utilité, et nous avons fait voir (1) qu'un semblable état de choses, assure non-seulement leur conservalion, mais encore leur amélioration. Ainsi, c’est dans le classement que réside le principe de l'existence et de la propriété des forêts ; c’est un classement normal qui con- situe cette force protectrice de l'immeuble forestier que nous avons signalée plus haut, et dont l'influence est évidemment supérieure à celle de la législation elle-même, puisque, d'une part, cette influence provoque des améliorations que les lois ne sauraient commander, et que, de l’autre, elle prévient des destructions que les lois seraient impuissantes à répri- mer (2). Nous essaierons de tracer l’esquisse d’un classement nor- mal des forêts en général, en réduisant ce classement à quatre divisions ou classes principales, qui seront indiquées au tableau placé à la suite de l'explication succincte dans laquelle nous allons entrer. 1" CLASSE. Cette classe comprend : 1° la généralité des bois de par- ticuliers ; 2° la plupart des bois communaux ; 3° enfin, la portion la moins riche des bois domaniaux traités en tullis sous futaie. Le plus faible degré de production des bois de cette classe est représenté par notre aménagement à 10 ans, et le plus haut degré, par note aménagement à 60 ans. Il s'entend de soi-même que les bois des plus riches particuliers, ensuite ceux du commerce, et enfin ceux de l'État, occupent les de- grés supérieurs de cette première échelle, c'est-à-dire que ces (1) Page 1921. (2) Voir page 148. / DES FORÈTS. 135 bois se rapprochent plus ou moins de l’état de production fi- guré par notre aménagement de 60 ans. Considérée dans son ensemble et relativement aux autres divisions, celle-ci correspond à une production inférieure et à une rente maximum. 2€ CLASSE. Cette classe comprend : 1° les plus riches bois domaniaux traités en taillis sous futaie ; 2° quelques portions de bois des plus riches communes ; 3° le plus grand nombre des massifs de futaie possédés par l'État. Le plus faible degré de production des bois de cette classe est représenté par notre aménagement à 60 ans, et le plus haut degré, par notre aménagement à 240 ans. Considérée dans son ensemble et relativement aux autres divisions, celle-ci correspond à une production moyenne, ainsi qu'à une rente moyenne. 4° CHASSE. Cette classe se compose d’un certain nombre de massifs de haute futaie, dont les uns appartiennent à l'État, et les autres à la couronne. Les divers degrés de production dans cette classe sont re- présentés par nos aménagements de 140 à 240 ans. Considérée dans son ensemble et relativement aux autres divisions, celle-ci correspond à une production supérieure et à une rente faible. 4e CLASSE. Cette classe se compose d'un petit nombre de forêts , soit de l'État, soit de la couronne, aménagées en vicilles écorces. Les degrés divers de production dans cette classe sont représentés par nos aménagements de 240 à 300 ans. Considérée dans son ensemble et relativement aux autres 13% DE L'AMÉNAGEMENT divisions, celle-ci correspond à une production surélevée ou exubérante, et à une rente minimum. TABLEAU Offrant un apercu du classement normal des foréts de toutes catégories. ÿ AMÉNAGEMENTS L9 £ du . : e 8 ESIGNATIO! DEGRES DEGRES 4 DÉSIGNAFION TABLEAU SYNOPT. Le] » & E DES FORÈTS parlesqpels ASCENDANTS DESCENBANTS à on peut représenter 2 < ° à de de 2 PRES FRPORE la production < . = | à leurs possesseurs. ape la production la rente. s chaque classe E de forêts. 41° Les bois des particu- S liers en général ; Rente maximum 2 |20 d AS : de 4 p. °, à & La plupart des bois { Aménagements Podüe On me so lo =) communaux ; de one 2,69 p. Jo; en 2 5° Une grande partie des| 10 à 60 ans. 1 moyenne 3,54 + bois domaniaux traités p2/6 en taillis sous futaie. 1° Les plus riches bois domaniaux trailés en taillis sous futaie; Rente moyenne de à : 2 ° Quelques bois appar- | Aménagements A 2,49 p. °/o:à 5 tenant aux plus riches de FA 4,75 p. 9/0, en & communes ; 60 à 140 ans. . | moyenne 2,12 3° Le plus grand nombre P: °/o- de massifs de futaie possédés par l'Etat. è Rente faible de & (Un certain nombre de ; 17 EP 2 Aménagements À , 515 p. %o à massifs de futaie, ap- Production su- = PE P de Lo À p. °/0, ‘en © arlenant à lat o A Jéricure. ë _ atou à (440 à 240 ans. l moyenne 4,37 _ la couronne. P- Yo: . { Un peut nombre de fo- Rente minimum 5 } 7 rèts aménagées enf Aménagements bd PR de: 19p20 $ vieilles écorces, ap- de FRA ; 0,64 p. °/,, en à partenant ou à lEtat{ 240 à 300 ans. ° moyenne 0,82 5 ou à la couronne, P. °/0+ DE RE ET PP PRESS A LT RS EME STEP CT La classification présentée dans ce tableau est-elle établie arbitrairement, ou bien est-elle déduite de quelque considéra- tion positive ? DES FORÈTS. 135 Elle est fondée sur une considération très-positive, celle du taux de la rente. Quel est le but d’un particulier à fortune modique qui des- tine un capital à l'acquisition d’un fonds boisé ? C’est de placer immobilièrement ce capital , et de le placer au taux le plus avantageux possible. Notre forêt aménagée à 10 ans, productive d’une rente de 4 p. °f,, se classera donc naturel- lement dans les mains d’un petit propriétaire ; la forêt amé- nagée à 60 ans, qui n'offre qu'une rente de 2 fr. 69 c. p. °/,, se classera dans les mains du riche propriétaire, Pourquoi placons-nous les capitaux à faible rente dans les mains les plus riches ? Parce que, pour former de tels capitaux ou l’c- quivalent de tels capitaux , il faut posséder déjà de grandes S vec de grandes épargnes, et parmi les grandes accumulations, richesses. On ne peut réaliser une grande accumulation qu'a- les plus considérables sont nécessairement l’œuvre des capi- talistes qui disposent de la plus longue durée. Des valeurs épargnées et du temps, tels sont les agents de l'accumulation. Ainsi, l'État, qui est le plus riche des capitalistes, et qui ne connait pas de bornes à son existence, est le détenteur naturel des capitaux qui donnent la moindre rente. C'est d’après ces principes que nous avons compris toutes les forêts des particuliers avec le plus grand nombre de celles des communes dans notre première classe , où la rente varie de 4 fr. à 2 fr. 69 c. p. °{,. Très-peu de particuliers, même parmi les plus riches, conservent des capitaux d’un degré de rente inférieure à 2 fr. 69 c. p. °/, ; en sorte que nous avons dû mettre aux mains de l'État toutes les forêts dont la rente est inférieure à ce chiffre. Ainsi, les forêts qui, par leur taux de rente , viennent se ranger dans nos 2°, 3° et 4° classes, doivent appartenir à l'État, à l'exception peut-être de quelques fragments de notre 2° classe, qui peuvent encore appartenir à de riches communes. 156 DE L'AMÉNAGEMENT Nous trouvons donc, dans la loi du classement, la raison pour laquelle les forêts à haute production ne peuvent se rencontrer que dans le domaine de l'État. Une autre appli- cation de la même loi nous fournira la réponse à ces questions : Dans quel sens doit être dirigée l'administration des forêts de l'État? Est-ce dans le sens de l'accroissement de la pro- duction ? est-ce dans le sens de l'accroissement de la rente ? En d’autres termes , de quelle manière doit se résoudre , re- lativement aux forêts de l’État, le problème de l’aménage- ment le plus profitable possible ? Pour obtenir cette solution , il est nécessaire de constater d'abord la situation présente de ces forêts , puis d'indiquer l'état auquel on peut les conduire par l'adoption d'un système qui tendrait au développement complet de leur force pro- ductrice. Production actuelle des forêts de l'État. Dans le but de faciliter nos calculs, nous supposerons que la masse entière des bois domaniaux occupe une surface d'un million d'hectares (1), étendue dix mille fois plus grande que celle de notre forêt de 100 hectares , laquelle, sous le rapport du degré de fertilité, représente la moyenne des forêts de la France. Ce rapport de 10,000 pour 1 nous permettra de gé- néraliser les données que nous puiserons directement dans notre tableau synoptique , ou celles que nous conclurons du raisonnement. Îl nous suflira de multiplier par 10,000 tous nos résultats numériques , c’est-à-dire d'ajouter simplement quatre zéxos aux nombres que nous aurons obtenus. Les forêts dépendantes du domaine de l'État se composent principalement de taillis sous futaies, aménagés de 25 à 30 (1) Ce nombre s’éloigne très-peu du chiffre vrai. L'État possède à peine 114,000 hectares de bois, DES FORÈTS. 137 ans ; puis de quelques aménagements poussés jusqu'à 40 ans, et, enfin, d'une certaine masse de forêts traitées en futaies pleines. Nous croyons nous rapprocher du vrai autant que pos- sible, en assimilant l’ensemble de ces aménagements divers à un aménagement en demi-futaie de 60 ans ; aménagement dont l'application à notre forét-type constitue cette propriété dans les conditions d’un revenu de 2,402 fr., et d'une richesse propre de 60,600 fr. Multipliant ces deux expressions par 10,000 fr., ce qui revient, ainsi qu'il à été dit, à ajouter quatre zéros à chacun de ces nombres, on trouve que, dans la situation actuelle des forêts de l'État (1), Ces propriétés doivent donner un revenu annuel de 24 mill”’, Et présenter une richesse propre de . . . 60Gmill®. Tels sont (en négligeant les fractions de millions) les chiffres qui nous donnent la mesure approximative de la ri- chesse actuelle des forêts du domaine. Production possible des forêts de l'État. 17 Hyroruëse. — Supposons que toutes ces forêts soient un jour amenées à un état de production conforme à celui que représente notre aménagement à 140 ans, dont le re- venu est de 3,947 fr., et la richesse propre de 196,800 fr.; multipliant ces valeurs par 10,000 , on trouve que, dans un pareil état de production , Le revenu de ces forêts sera (en éliminant une fraction de mullian)itlel ou srice als : stiuhonge mob 39 millions, Et leur richesse propre, de . . . . 1,968 millions. 2° HyrornÈse. — Supposons que, beaucoup de forêts étant aménagées au-dessus de 140 ans, et quelques-unes à 300 ans, elles soient généralement arrivées à un état moyen de pro- (4) Le revenu d’achat est de 30,000 fr. 138 DE L'AMÉNAGEMENT duction, analogue à celui que représente notre aménagement à 240 ans : Le revenu de ces forêts serait d'à peu près. . 45 mill®s; Leur richesse propre serait de. . 4 milliards 196 mil. Lors même qu'un pareil état de prospérité ne pourrait être regardé que comme une hypothèse exagérée, comme une utopie à jamais irréalisable , il n’en serait pas moins certain que nos forêts domaniales sont susceptibles de fournir des pro- duits beaucoup plus importants que ceux qu’on en a obtenus jusqu'alors. La valeur de leur superficie permanente, en d’autres mots, de leur richesse propre, peut surtout acquérir la plus grande extension ; que serait ce si, comme nous avons cru en entrevoir la possibilité (1), on trouvait le moyen de recueillir, à chaque révolution de l'aménagement, une très- grande partie de cette richesse ? But auquel doit tendre l'aménagement des forêts de l’État. L'intérêt général de la société demande que chaque nature de biens, chaque classe de capitaux soit aussi productive que possible. Ainsi, pour nous renfermer dans une seule branche de production, celle des fruits de la terre , nous dirons qu'il est conforme à l’intérèt général que la portion du sol affectée à la culture des plantes céréales donne les produits les plus abondants ; que la portion occupée par les prairies, les vignes, les oliviers, etc., soit aussi productive que possible. Un prin- cipe proclamé par tous les économistes, c'est qu'on n’achète des produits qu'avec des produits ; de sorte que le peuple le plus riche est nécessairement celui qui recueille le plus de produits, soit naturels, soit industriels. D'une autre part, il est reconnu que toujours la consommation marche à côté de la production , et tend sans cesse À se niveler avec celle-ci ; de (4) Page 83. DES FORÈTS. 139 manière qu’en résultat, la nation qui est parvenue à créer le plus de produits est relativement la plus riche, la plus populeuse et la plus prospère. En appliquant ces considérations à notre objet particulier, nous en déduirons une conséquence aussi vraié que simple, c’est que l'intérêt général commande de porter la production des forêts à la plus haute limite pos- sible. . La société s'en est rapportée aux particuliers du soin de urer le meilleur parti des terres, des prés, des fonds ruraux en général. L'État ne possède aucune propriété de cette classe : quelle en est la raison ? Cette raison est aisée à trouver : c'est que, dans tous les immeubles autres que les bois, La rente est uniforme; le rapport du capital au revenu est le même, quel que soit d’ailleurs le degré de la production, Qu'un champ, par exemple , produise , à étendue égale , deux fois autant qu'un autre champ ; la valeur capitale du premier sera double de la valeur capitale du second. La production , dans cette espèce de fonds, peut donc s'élever sans qu'il en résulte un affaisse- ment de la rente , parce que le capital suivra la même pro- gression. Dans les forêts, les choses ne se passent point de cette manière : un revenu double peut supposer un capital décuple, ainsi que nous en trouvons la preuve dans le tableau synoptique , où les aménagements de 30 ans et de 300 ans présentent les rapports suivants : Dans le 4er, le revenu annuel est de 4,863 fr., et le capital réel, de 592,826 fr. Dans le 2, le revenu annuel est de 3,590 fr., et le capital réel, de 560,426 fr. Si, d’une part , il est clair qu'un fonds rural qui rapporte deux fois autant qu'un autre fonds de la même catégorie , convient aussi bien que celui-ci à tous les degrés de fortune, de l’autre , il est manifeste que la plus productive des deux forêts que nous venons de comparer, ne peut appartenir qu'au plus riche des propriétaires, à l'État. Sur quel fondement repose donc la conviction où l'on est 140 DE L'AMÉNAGEMENT généralement, que les particuliers savent tirer de la propriété forestière un parti bien plus avantageux que celui qu'en tire l'État lui-même ? Cette croyance a pour base la confusion d'idées que déjà nous avons fait remarquer. Les particuliers sont doués d’un tact parfait pour adopter le mieux possible le degré de la rente aux exigences de leur situation. Ils savent , au besoin , élever cette rente au niveau qui leur est le plus convenable ; mais une rente plus élevée n’est point l'indice d'un revenu plus considérable : elle est justement l'indice du contraire. Nous avons montré qu'il n’était pas impossible de porter le revenu de nos forêts domaniales jusqu'à. . 45 millions, Et leur richesse permanente jusqu'à. . . 4 milliards. Imaginons qu'au lieu de s’avancer vers cet état de haute richesse , qu'elles n'atteindront probablement jamais , mais dont elles peuvent, du moins, se rapprocher chaque jour da- vantage , nos forêts domaniales se trouvent instantanément transportées dans la propriété particulière. Nous pouvons représenter assez exactement l’état moyen auquel seraient amenées ces forêts au bout de quelque temps, en Îles comparant toutes à notre aménagement de 40 ans , cet aménagement tenant un assez juste milieu entre les bois qui s’exploitent à 8, 10 ou 15 ans, nécessairement dénués de fu- taies , et ceux d’une exploitabilité plus élevée , comme 20, 25 et 30 ans, et plus ou moins riches en futaies. Notre aménagement à 40 ans offrant un revenu de 2,052 fr., le million d'hectares de forêts aliénées par l'État ne donnera plus qu'un revenu d'à peu près 20 millions, au lieu des 24 mil- lions que cette masse de forêts rend présentement, au lieu des 45 millions qu'elle pourrait rendre dans l'avenir. Ce n'est pas tout : la richesse propre de notre forêt amé- nagée à #0 ans étant de 34,800 fr., il s'ensuit que cette ri- chesse pour le million d'hectares sera désormais réduite à DES FORÈTS. 141 348 millions, tandis qu'elle est présentement de 606 millions, tandis qu'elle peut s'élever jusqu'au chiflre de 4 milliards : quelle supériorité de la production que l'État peut obtenir de ses forêts sur celle qu'en pourrait obtenir la propriété parti- culière ! Maintenant nous apercevons clairement le motif pour le- quel l'État est propriétaire de bois : ce motif, c’est qu'aucun autre propriétaire ne peut tirer autant de profits que lui des fonds boisés ; et par ces profits, nous désignons l'argent tout aussi bien que la matière. Nous avons vu pourquoi l'État ne possède ni terres, ni prés, ni vignes; s’il possède des forêts, c'est uniquement par cette excellente raison, que, de tous les propriétaires, le gouvernement est celui qui a la puissance de ürer de ces fonds le parti le plus utile, le plus profitable pour la société. Le gouvernement serait sans doute le pire des cul- tivateurs pour les terres, les prés et les vignes; 1l est évidem- ment le meilleur des cultivateurs pour les forêts. Mais, remarquons-le bien, le gouvernement n'est le meil- leur des cultivateurs forestiers que parce qu’il peut posséder des forêts à l'état de haute production, état qui suppose le plus faible degré de rente. Le gouvernement n’est donc le meil- leur cultivateur forestier qu'à la condition de maintenir les forêts, ou de les constituer à un degré de rente tellement res- treint en général, que ce degré soit nécessairement incom- patible avec la fortune particulière même de l’ordre le plus élevé. Si cette condition essentielle n'était pas remplie, c'est-à- dire, si la production des forêts de l'État devait rester au ni- veau de la production des bois classés dans les premiers rangs de la propriété privée, il semblerait assez rationnel de s'en rapporter aux riches particuliers pour la conservation de ces immeubles : on ne verrait alors pas plus de raison pour que l'État fût propriétaire de bois, que propriétaire de prés, 142 DE L'AMÉNAGEMENT de terres, de vignes, ete. En un mot, si la richesse des forêts de l'État ne s'élevait pas au-dessus de la richesse des bois par- ticuliers, la loi générale du classement des capitaux se trou- verait méconnue dans une de ses grandes applications; une semblable anomalie serait nécessairement l'indice d'une si- tuation passagère, d'une transition à un ordre de choses plus régulier. L'État ne possède donc des forêts qu'à la charge de les te- nir ou de les élever à un niveau de production supérieur à ce- lui des forêts particulières, même les mieux administrées. Or, en mettant à part les massifs de futaie que possède l'État, on n'apercoit peut-être pas une disparate assez sensible entre le degré de production des forêts domaniales, et le degré de production des forêts de la haute propriété privée. Si cette ob- servation est exacte, comme nous le pensons, il en découle- rait celte conséquence, que le gouvernement doit, à l'avenir, administrer ses forêts de manière à les conduire, par un pro- grès constant, par des améliorations soutenues, vers un autre terme de production, et surtout de richesse propre. Ce dernier mot a été ajouté avec une intention que nous aurons bientôt justifiée. Les bois domaniaux rapportent ac- tuellement 24 millions ; dans les mains des particuliers , ils rapporteraient 20 millions : la différence entre ces chiffres est peu considérable. Ainsi, à n’envisager les forêts que sous le point de vue du revenu , que sous l'aspect rétréci d'un in- térêt purement financier, l'aliénation pourrait s'offrir comme une chose toute simple, s'il était vrai, cependant, que le ca- pital de ces forêts dût rester stationnaire entre les mains de l'État. Nous inférons de ces réflexions que, pour prévenir l’éven- tualité d’une mesure aussi déplorable que le serait une alié- nation des bois domaniaux, il importe d'imprimer une grande impulsion aux améliorations qu’appellent ces précieuses pro- DES FORÈTS. 145 prictés. Le moment semble venu d'abandonner le régime de la simple conservation, pour entrer décidément dans celui de la production, qui n’est autre chose que Le régime des appli- cations dirigées par la science. L'institution de l'école de Nanci a été le premier pas fait dans la voie du progrès ; mais d'autres créations ne sont pas moins nécessaires pour consti- tuer le service de l'administration sur les meilleures bases, c'est-à-dire sur des bases telles, qu'il soit évident pour tout le monde que le gouvernement est le meilleur des cultivateurs forestiers, non-seulement parce qu'il est Le plus riche, mais encore parce qu'il est le plus éclairé de tous les propriétaires de forêts. Nous insérerons ici, comme complément de ces idées, quelques observations qui ont fait l’objet d'une note rédigée antérieurement par l’auteur du présent travail, et qui était ainsi concue. « Une erreur capitale, et pourtant très-accréditée, c’est de croire que l'administration, lorsqu'elle aura achevé de régu- lariser l'aménagement des forêts, sera parvenue au terme de son œuvre de création, et qu'elle entrera dans une ère de re- pos, en même temps que les forêts entreront dans une période d'immutabilité. L'action créatrice de l'administration doit, au contraire, s'exercer d'une manière continue : elle se mon- tre sous des formes diverses, et selon l'état des forêts, en réalisant tantôt des transformations progressives, tantôt des transformations rétrogrades : la permanence indéfinie des aménagements paralyse les forces de la nature , et restreint la production dans des limites inférieures à celles qu'il est possible de lui faire atteindre. « L'administration elle-même doit inévitablement subir des transformations organiques : jusqu'à ces derniers temps, elle n’a guère été constituée qu'en vue de la conservation; elle commence à se constituer en vue de la conservation et de 144 DE L'AMÉNAGEMENT la production; plus tard, elle se constituera en vue de la con- servation, de la production et de l'exploitation, ces trois bran- ches de l'art forestier. Ce sera seulement après cette dernière modification que ses conditions d'existence se trouveront com- plètes, et que ses services seront élevés à leur maximum d'utilité : les traditions pratiques lui ont sufli dans la première de ces phases, les formules scientifiques lui seront indispen- sables dans les deux autres. » En résumé, la loi du classement détermine le degré rela- tif de production des forêts en général, et autorise à émettre cette proposition, à titre de vérité démontrée, que la produc- tion doit étre plus élevée dans les forêts des particuliers riches que dans les forêts des particuliers à fortune modique, plus élevée dans les bois des communes (1) que dans les bois des particuliers, et plus élevée encore dans les bois de l'État que dans les bois des plus riches communes. Pour réaliser cette gradation entre les diverses catégories de forêts, quel plan faut-il adopter ? Il faut, d'un côté, admi- nistrer les bois des communes dans le système d'une amélio- ration lente, mais continue, et, de l’autre côté, soumettre les forêts domaniales qui en sont le plus susceptibles à des trans- formations progressives sur une large échelle, sans cepen- dant imposer de privations au trésor, et sans porter une atteinte sensible aux ressources que réclame la consommation actuelle. Le moyen de concilier ce double intérêt, tout en élévant la propriété forestière vers un degré supérieur de richesse, est indiqué avec toute l'autorité du talent et de la raison dans le Traité de la culture des forêts, où nous puiserons encore celte citation : (4) Les communes en général sont plus riches que les particuliers en général, parce que la durée indéfinie de leur existence leur donne une pus grande force d’ac- cumulauion. DES FORÈTS. 129 Voici le nœud de cette étrange contradiction : nous nous sommes placé dès l'origine dans une hypothèse radicalement fausse, en supposant un taux de rente uniforme pour la pro- priété forestière en général. Nous avons dit : l'argent em- ployé en acquisitions de fonds de bois rapporte communé- nent 4 p. °/, , comme l'argent placé dans les fonds ruraux rapporte communément 3 p. °{, ; c'est-à-dire que nous n'a- vons admis qu'un seul taux de rente pour toutes les forêts sans distinction , tandis qu'au rebours de cette idée, chaque forêt est constituée sur un taux de rente particulier : dans srl forêt la rente est de 4 p. °/, ; dans telle autre, de 2 p. Pevs - dans une troisième, de 1 p. of , et dans une quatrième, d'un chifire moindre encore ; nous avons pensé que les forêts , ainsi que les autres immeubles, ne présentent qu'un seul ca- pital comme un seul revenu. Au lieu de cela, après avoir dé- couvert l'existence d’un double capital, dans la propriété fo- restière, pour un seul revenu, nous avons appris que ce double capital change de rapport avec le revenu, selon la forme de l'aménagement , et nous avons vu que celle variation peut être telle , qu'à une diminution dans le revenu corresponde un accroissement dans le capital. S'il était vrai que le taux de la rente fût uniforme, ainsi que nous l'avons cru jusqu'à Finstant où l'analyse de l'amé- nagement nous à averti de notre erreur, il suivrait de Rà que la forêt réglée à 60 ans, qui présente un capital réel de 89,126 fr., devrait, au taux de 4 p. Ph donner un revenu de 3,665 fr., au lieu de 2,409 fr. ; que la forêt réglée à 240 ans, qui présente un capital réel de 448,126 fr., de- vrait donner un revenu de 17,925 fr. , au lieu de 4,487 fr. : que la forêt réglée à 300 ans, qui présente un capital réel de 560,426 fr., devrait donner un revenu de 292,417 fr. au lieu de 3,590 fr. Dès-lors, cessons de nous étonner d'avoir pu dire que les aménagements sont d'autant moins productifs qi Ie 9 130 DE L'AMÉNAGEMENT en argent, que leurs révolutions comprennent un plus grand cercle d'années. Nous étions sous l'empire d’un préjugé, qui nous a empêché d’apercevoir que la rente et le revenu sont des éléments très-distincts dans les capitaux forestiers ; tandis que, dans les capitaux monétaires, l'un peut être pris pour l'autre indifféremment. C'est l'effet de cette préoccupation habituelle qui fait croire que tous les capitaux sont constitués sur le même mode, parce que tous, en définitive, se résolvent en une somme d'argent. Actuellement que la constitution intime de l'immeuble fo- restier nous est enfin dévoilée, nous apercevons clairement le véritable rapport qui existe entre les deux éléments de la pro- duction. Ainsi, une vérité désormais acquise à Ja théorie des forêts, c’est que, contrairement à l'opinion commune, les forêts les plus productives en matière sont en même temps les plus productives en argent. Toutefois, ce sont aussi celles dont l'acquisition exige relativement le plus d'argent. Pour posséder ces forêts , il faut être relativement plus riche que pour en posséder de moins productives. Par exemple , pour acquérir notre aménagement à 260 ans, qui rapporte trois fois autant que l'aménagement à 10 ans, il faut non pas seulement un capital triple, mais un capital presque quin- tuple. En résultat , les aménagements à périodes élevées sont les plus productifs en argent tout comme en matière. Is sont moins favorables, dira-t-on, à l'accumulation des intérêts : c'est encore là une erreur très-répandue , et qui pourtant n’est rien de plus qu'une absurdité. Comment pourrait-il arriver qu'un capital trois fois plus productif qu'un autre offrit moins d'é- léments d’accumulation que celui ci ? une pareille opinion ne mérite aucun examen. Mais on énoncerait une pensée Juste, si l’on alléguait que le propriétaire d'une forêt à haute production et, par consé- DES FORÈTS. 21 quent, à faible rente, peut trouver un intérêt plus élevé dans un autre ordre de placement. Oui, sans doute , surtout si le placement a lieu dans la classe des capitaux hasardés. En sera-t-il plus riche ? non, assurément. I] ne sera pas plusriche, parce que ces placements n'offrent un intérêt plus élevé qu'à raison des chances de pertes qui les menacent. Une partie plus ou moins forte de la rente est une véritable prime d’as- surance. Au surplus, tous les degrés de rente ne sont-ils pas égaux en valeur, quelque différents qu'ils soient en expres- sion P Si tel mode de placement semble un instant plus avan- tageux qne les autres, les capitaux affluent de ce côté, cet bientôt la balance se trouve rétablie. De même que les fluides, les capitaux obéissent à une loi d'équilibre. Concluons que ; pour un capital donné, la rente la plus utile n’est point celle dont le chiffre est le plus élevé, mais celle qui répond le plus complètement aux conditions d’un classement régulier. L'application de ces idées aux capitaux que l'aménagement forestier a pour objet de constituer se présente d'elle-même ; la rente la plus faible sera La plus utile, si la forêt est classée dans la haute propriété ; alors l'aménagement sera aussi pro- fitable que possible ; mais si la rente, quoique élevée déjà, ne l'est pas encore assez eu égard à la position de fortune du propriétaire, l'aménagement n’est pas le plus profitable pos- sible ; l’état de la forêt doit être modifié. Le classement normal des forêts, — telle est donc la loi gement , tel est le principe régula- teur de toute opération ayant pour but d'établir la propriété fondamentale de l’aména forestière sur des bases raisonnées, et dans une pensée d’a- venir. Ant. 3. — Conséquences du classement normal des foréts. Nous avons dit, il y a peu d'instants, que, quand les CApi- 132 DE L'AMÉNAGEMENT taux sont régulièrement classés, ils se trouvent pourvus de la plus grande somme possible d'utilité, et nous avons fait voir (1) qu'un semblable état de choses, assure non-sculement leur conservation, mais encore leur amélioration. Ainsi, c'est dans le classement que réside le principe de l'existence et de la propriété des forêts ; c’est un classement normal qui con- stitue cette force protectrice de l'immeuble forestier que nous avons signalée plus haut, et dont l'influence est évidemment supérieure à celle de la législation elle-même, puisque, d'une part, cette influence provoque des améliorations que les lois ne sauraient commander, et que, de l’autre, elle prévient des destructions que les lois seraient impuissantes à répri- mer, (2). Nous essaierons de tracer l’esquisse d'un classement nor- mal des forêts en général, en réduisant ce classement à quatre divisions ou classes principales, qui seront indiquées au tableau placé à la suite de l'explication succincte dans laquelle nous allons entrer. 17e CLassc. Cette classe comprend : 1° la généralité des bois de par- ticuliers ; 2° la plupart des bois communaux ; 3° enfin, Ja portion la moins riche des bois domaniaux traités en taillis sous futaie. , Le plus faible degré de production des bois de cette classe est représenté par notre aménagement à 10 ans, et le plus haut degré, par notre aménagement à 60 ans. Il s'entend de soi-même que les bois des plus riches particuliers, ensuite ceux du commerce, et enfin ceux de l'État, occupent les de- grés supérieurs de cette première échelle, c'est-à-dire que ces (1) Page 121. (2) Voir page 1148, DES FORÈTS. 135 bois se rapprochent plus ou moins de l’état de production fi- guré par notre aménagement de 60 ans. Considérée dans son ensemble et relativement aux autres divisions, celle-ci correspond à une production inférieure et à une rente maximum. 2° CLASSE. Cette classe comprend : 1° les plus riches bois domaniaux traités en taillis sous futaie ; 2° quelques portions de bois des plus riches communes ; 3° le plus grand nombre des massifs de futaie possédés par l'État. Le plus faible degré de production des bois de cette classe est représenté par notre aménagement à 60 ans, et le plus haut degré, par notre aménagement à 240 ans. Considérée dans son ensemble et relativement aux autres divisions, celle-ci correspond à une production moyenne, ainsi qu'à une rente moyenne. 3° CLASSE. Cette classe se compose d’un certain nombre de massifs de haute futaie, dont les uns appartiennent à l'État, et les autres à la couronne. Les divers degrés de production dans cette classe sont re- présentés par nos aménagements de 140 à 240 ans. Considérée dans son ensemble et relativement aux autres divisions, celle-ci correspond à une production supérieure ct à une rente faible. 4° CLAssE. Cette classe se compose d’un petit nombre de forêts, soit de l’État, soit de la couronne, aménagées en vieilles ccorces. Les degrés divers de production dans cette classe sont représentés par nos aménagements de 240 à 300 ans. Considérée dans son ensemble et relativement aux autres 134 DE L'AMÉNAGEMENT divisions, celle-ci correspond à une production surélevée ou exubérante, et à une rente minimum. TABLEAU Offrant un apercu du classement normal des foréts de toutes catégories. chaque classe de forêts. & AMÉNAGEMENTS 2 | DÉSIGNATION Na à DEGRÈS DEGRÉS 5 £ DES FORÈTS ÉpAULT ASCENDANTS DESCENDANTS 6 par rapport Adi :; 7 $ à leurs possesseurs, danë la production la rente. 2 19 Les bois des particu- liers en général ; 2° La plupart des bois communaux ; 39 Une grande partie des bois domaniaux traités en taillis sous futaie. 1° Les plus riches bois domaniaux trailés en taillis sous futaie ; 29 Quelques bois appar- He +0 Rente maximum F de 4 p. % 2,69 p. en rs: 3,34 Amé de FFC TIpuES Production in- féricure. 10 à à ans. dre Classe. Rente moyenne def Classe. 9e communes ; 50 Le plus grand nombre P+ %/0o- de massifs de futaie possédés par l'Etat. Rente faible de r. É P+ %/o: à -20/65en ne 1,37 DOVE Un petit nombre de fo- Rente minimum Un certain nombre de massifs de futaie, ap- partenant à PEtat ou à la couronne. Aménagements de 140 à 240 ans. Production su- péricure. . 2,49 p. CPE tenant aux plus riches psc 4,25 p° 9/55 en nai au SRE e à . ; 0? S 60 à 5 ans. rorenne. moyenne 2,42 5e Classe. © à RE; : : z rèts aménagées enff Aménagements me de, 4 p, °/o à E ce j : Production sur- RS <= vieilles écorces , ap- de FE À 0,64 p. °/,, en © ee AE élevée. = à parlenant ou à PEtat( 240 à 300 aus, moyenne 0,82 3 ou à la couronne, pen0/oe La classification présentée dans ce tableau est-elle établie arbitrairement, ou bien est-elle déduite de quelque considéra- tion positive ? _ DES FORÈTS. 155 Elle est fondée sur une considération très-positive, celle du taux de la rente. Quel est le but d'un particulier à fortune modique qui des- üne un capital à l'acquisition d'un fonds boisé ? C’est de placer immobilièrement ce capital, et de le placer au taux le plus avantageux possible. Notre forêt aménagée à 10 ans, productive d’une rente de 4 p. °/,, se classera donc naturel- lement dans les mains d’un petit propriétaire ; la forêt amé- nagée à 60 ans, qui n'offre qu'une rente de 2 fr. 69 c. P- CT se classera dans les mains du riche propriétaire. Pourquoi placons-nous les capitaux à faible rente dans les mains les plus riches ? Parce que, pour former de tels capitaux ou l’é- quivalent de tels capitaux , il faut posséder déjà de grandes richesses. On ne peut réaliser une grande accumulation qu'a- vec de grandes épargnes, et parmi les grandes accumulations, les plus considérables sont nécessairement l'œuvre des Capi- talistes qui disposent de la plus longue durée. Des valeurs épargnées et du temps, tels sont les agents de l'accumulation. Ainsi, l'État, qui est le plus riche des capitalistes, et qui ne connait pas de bornes à son existence, est le détenteur naturel des capitaux qui donnent la moindre rente. C'est d’après ces principes que nous avons compris toutes les forêts des particuliers avec le plus grand nombre de celles des communes dans notre première classe, où la rente varie +. à 2IE. 09 6: Dvd. Très-peu de particuliers, même parmi les plus riches, conservent des capitaux d’un degré de rente inférieure à 2 fr. 69 c. P: °/, ; En sorte que nous avons du mettre aux mains de l'État toutes les forêts dont la rente est inférieure à ce chiffre. Ainsi, les forêts qui, par leur taux de rente, viennent se ranger dans nos 2°, 3° et 4€ classes ; doivent appartenir à l'État, à l'exception peut-être de quelques fragments de notre 2° classe, qui peuvent encore appartenir à de riches communes. 156 DE L'AMÉNAGEMENT Nous trouvons donc, dans la loi du classement, la raison pour laquelle les forêts à haute production ne peuvent se rencontrer que dans le domaine de l'État. Une autre appli- cation de la même loi nous fournira la réponse à ces questions : Dans quel sens doit être dirigée l'administration des forêts de l'État? Est-ce dans le sens de l'accroissement de la pro- duction ? est-ce dans le sens de l'accroissement de la rente? En d’autres termes , de quelle manière doit se résoudre , re- lativement aux forêts de l'État, le problème de l’aménage- ment le plus profitable possible ? Pour obtenir cette solution , 1l est nécessaire de constater d'abord la situation présente de ces forêts , puis d'indiquer l'état auquel on peut les conduire par l’adopüen d'un système qui tendrait au développement complet de leur force pra- ductrice. Production actuelle des forêts de l'Etat. Dans le but de faciliter nos calculs, nous supposerons que la masse entière des bois domaniaux occupe une surface d'un million d'hectares (1), étendue dix mille fois plus grande que celle de notre forêt de 100 hectares , laquelle, sous le rapport du degré de fertilité, représente la moyenne des forèts de la France. Ce rapport de 10,000 pour 1 nous permettra de gé- néraliser les données que nous puiserons directement dans notre tableau synoptique , ou celles que nous conclurons du raisonnement. Il nous suflira de multiplier par 10,000 tous nos résultats numériques , c’est-à-dire d'ajouter simplement quatre zéros aux nombres que nous aurons obtenus. Les forêts dépendantes du domaine de l'État se composent principalement de taillis sous futaies, aménagés de 25 à 30 (1) Ce nombre s'éloigne très-peu dt chiffre vrai. L'État possède à peine 114,090 hectares de bois, DES FORÈTS. 1357 ans, puis de quelques aménagements poussés jusqu'à 40 ans, et, enfin, d'une certaine masse de forêts traitées en futaies pleines. Nous croyons nous rapprocher du vrai autant que pos- sible , en assimilant l'ensemble de ces aménagements divers à un aménagement en demi-futaie de 60 ans; aménagement dont l'application à notre forét-type constitue cette propriété dans les conditions d’un revenu de 2,402 fr., et d'une richesse propre de 60,600 fr. Multipliant ces deux expressions par 10,000 fr., ce qui revient, ainsi qu'il à été dit, à ajouter quatre zéros à chacun de ces nombres, on trouve que, dans la situation actuelle des forêts de l'État (1), Ces propriétés doivent donner un revenu annuel de 24 mil”, Et présenter une richesse propre de . . . 606 mill”. Tels sont (en négligeant les fractions de millions) les chiffres qui nous donnent la mesure approximative de la ri- chesse actuelle des forêts du domaine. Production possible des forêts de l'État. 17 Hypornëse. — Supposons que toutes ces forèts soient un jour amenées à un état de production conforme à celui que représente notre aménagement à 140 ans, dont le re- venu est de 3,947 fr., et la richesse propre de 196,800 fr.; multipliant ces valeurs par 10,000 , on trouve que, dans un pareil état de production , Le revenu de ces forêts sera (en éliminant une fraction de shillonh del on 2102.98 : #jnmbong. 0h ne 39 millions, Et leur richesse propre, de . . . . 1,968 millions. 2° HYPOTHÈSE. — Supposons que, beaucoup de forêts étant aménagées au-dessus de 140 ans, et quelques-unes à 300 ans, elles soient généralement arrivées à un état moyen de pro- (1) Le revenu d'achat est de 30,000 fr. 138 DE L'AMÉNAGEMENT duction, analogue à celui que représente notre aménagement à 240 ans : Le revenu de ces foréfs serait d'à peu près. . 45 millss; Leur richesse propre serait de. . 4 milliards 196 mil. Lors même qu'un pareil état de prospérité ne pourrait être regardé que comme une hypothèse exagérée, comme une utopie à Jamais irréalisable , il n'en serait pas moins certain que nos forêts domaniales sont susceptibles de fournir des pro- duits beaucoup plus importants que ceux qu'on en a obtenus jusqu'alors. La valeur de leur superficie permanente, en d’autres mots, de leur richesse propre, peut surtout acquérir la plus grande extension ; que serait ce si, comme nous avons cru en entrevoir la possibilité (1), on trouvait le moyen de recueillir, à chaque révolution de Faménagement, une très- grande partie de cette richesse ? But auquel doit tendre l'aménagement des forêts de l'Etat. L'intérêt général de la société demande que chaque nature de biens, chaque classe de capitaux soit aussi productive que possible. Ainsi, pour nous renfermer dans une seule branche de production, celle des fruits de la terre , nous dirons qu'il est conforme à l'intérêt général que la portion du sol affectée à la culture des plantes céréales donne les produits les plus abondants ; que la portion occupée par les prairies, les vignes, les oliviers, etc., soit aussi productive que possible. Un prin- cipe proclamé par tous les économistes, c'est qu'on n’achète des produits qu'avec des produits ; de sorte que le peuple le plus riche est nécessairement celui qui recueille le plus de produits, soit naturels, soit industriels. D'une autre part, il est reconnu que toujours la consommation marche à côté de la production , et tend sans cesse à se niveler avec celle-ci ; de (1) Page 83. DES FORÈTS. 159 manière qu’en résultat, la nation qui est parvenue à créer le plus de produits est relativement la plus riche, la plus populeuse et la plus prospère. En appliquant'ces considérations à notre objet particulier, nous en déduirons une conséquence aussi vraie que simple, c'est que l'intérêt général commande de porter la production des forêts à la plus haute limite pos- sible. La société s’en est rapportée aux particuliers du soin de tirer le meilleur parti des terres, des prés, des fonds ruraux en général. L'État ne possède aucune propriété de cette classe : quelle en est la raison ? Cette raison est aisée à trouver : c'est que, dans tous les immeubles autres que les bois, la rente est uniforme; le rapport du capital au revenu est le même, quel que soit d’ailleurs le degré de la production. Qu'un champ, par exemple , produise , à étendue égale , deux fois autant qu'un autre champ ; la valeur capitale du premier sera double de la valeur capitale du second. La production , dans cette espèce de fonds, peut donc s'élever sans qu'il en résulte un affaisse- ment de la rente, parce que le capital suivra la même pro- gression. Dans les forêts, les choses ne se passent point de cette manière : un revenu double peut supposer un capital décuple, ainsi que nous en trouvons la preuve dans le tableau synoptique , où les aménagements de 30 ans et de 300 ans présentent les rapports suivants : Dans le 4€r, le revenu annuel est de 4,863 fr., et le capital réel, de 52,896 fr. Dans le 2€, le revenu annuel est de 3,590 fr., er le capital réel, de 560,496 fr. Si, d’une part , il est clair qu'un fonds rurai qui rapporte deux fois autant qu'un autre fonds de la méme catégorie , convient aussi bien que celui-ci à tous les degrés de fortune, de l’autre, il est manifeste que la plus productive des deux forêts que nous venons de comparer, ne peut appartenir qu'au plus riche des propriétaires, à l'État. Sur quel fondement repose donc la conviction où l'on est 140 DE L'AMÉNAGEMENT généralement, que les particuliers savent tirer de la propriété forestière un parti bien plus avantageux que celui qu'en tire l'État lui-même ? Cette croyance a pour base la confusion d'idées que déjà nous avons fait remarquer. Les particuliers sont doués d’un tact parfait pour adopter le mieux possible le degré de la rente aux exigences de leur situation. Ils savent , au besoin , élever cette rente au niveau qui leur est le plus convenable ; mais une rente plus élevée n'est point l'indice d'un revenu plus considérable : elle est justement l'indice du contraire. Nous avons montré qu'il n'était pas impossible de porter le revenu de nos forêts domaniales jusqu'à. . 45 millions, Et leur richesse permanente jusqu'à. . . 4 milliards. Imaginons qu'au lieu de s'avancer vers cet état de haute richesse , qu'elles n’atteindront probablement jamais, mais dont elles peuvent, du moins, se rapprocher chaque jour da- vantage , nos forêts domaniales se trouvent instantanément transportées dans la propriété particulière. Nous pouvons représenter assez exactement l'état moyen auquel seraient amenées ces forêts au bout de quelque temps, en les comparant toutes à notre aménagement de #0 ans, cet aménagement tenant un assez juste milieu entre les bois qui s’exploitent à 8, 10 ou 15 ans, nécessairement dénués de fu- taies ; et ceux d'une exploitabilité plus élevée , comme 20, 25 et 30 ans, et plus ou moins riches en futaies. Notre aménagement à 40 ans offrant un revenu de 2,052 fr., le million d'hectares de forts aliénées par l'État ne donnera plus qu'un revenu d'à peu près 20 millions, au lieu des 24 mil- lions que cette masse de forcts rend présentement, au lieu des 45 millions qu'elle pourrait rendre dans l'avenir. Ce n'est pas tout : la richesse propre de notre forêt amé- nagée à 40 ans étant de 34,800 fr. , il s'ensuit que cette ri- chesse pour le million d'hectares sera désormais réduite à DES FORÈTS. 141 348 millions, tandis qu'elle est présentement de 606 millions, tandis qu'elle peut s'élever jusqu'au chiffre de 4 milliards : quelle supériorité de la production que l'État peut obtenir de ses forêts sur celle qu'en pourrait obtenir la propriété parti- culière ! Maintenant nous apercevons clairement le motif pour le- quel l'État est propriétaire de bois : ce motif, c’est qu'aucun autre propriétaire ne peut tirer autant de profits que lui des fonds boisés ; et par ces profits, nous désignons l'argent tout aussi bien que la matière. Nous avons vu pourquoi l'État ne possède ni terres, ni prés, ni vignes; s’il possède des forêts, c'est uniquement par celte excellente raison, que, de tous les propriétaires, le gouvernement est celui qui a la puissance de tirer de ces fonds le parti le plus utile, le plus profitable pour la société. Le gouvernement serait sans doute Le pire des cul- tivateurs pour les terres, les prés et les vignes: 1l est évidem- ment le meilleur des cultivateurs pour les forêts. Mais, remarquons-le bien, le gouvernement n’est le meil- leur des cultivateurs forestiers que parce qu'il peut posséder des forêts à l'état de haute production, état qui suppose le plus faible degré de rente. Le gouvernement n’est donc le meil- leur cultivateur forestier qu'à la condition de maintenir les forêts, ou de les constituer à un degré de rente tellement res- treint en général, que ce degré soit nécessairement incom- patible avec la fortune particulière même de l'ordre le plus élevé. Si cette condition essentielle n’était pas remplie, c’est-à- dire, si la production des forêts de l'État devait rester au ni- veau de la production des bois classés dans les premiers rangs de la propriété privée, il semblerait assez rationnel de s'en rapporter aux riches particuliers pour la conservation de ces immeubles : on ne verrait alors pas plus de raison pour que l'État fût propriétaire de hois, que propriétaire de prés, 122 DE L'AMÉNAGEMENT de terres, de vignes, etc. En un mot, si la richesse des forêts de l'État ne s'élevait pas au-dessus de la richesse des bois par- ticuliers, la loi générale du classement des capitaux se trou- verait méconnue dans une de ses grandes applications; une semblable anomalie serait nécessairement l'indice d'une st- tuation passagère, d’une transition à un ordre de choses plus régulier. L'État ne possède donc des forêts qu'à la charge de les te- nir ou de les élever à un niveau de production supérieur à ce- lui des forêts particulières, même les mieux administrées. Or, en mettant à part les massifs de futaie que possède l'État, on n'apercoit peut-être pas une disparate assez sensible entre le degré de production des forêts domaniales, et le degré de production des forêts de la haute propriété privée. Si cette ob- servation est exacte, comme nous le pensons, il en découle- rait celte conséquence, que le gouvernement doit, à l'avenir, administrer ses forêts de manière à les conduire, par un pro- grès constant, par des améliorations soutenues, vers un autre terme de production, et surtout de richesse propre. Ce dernier mot a été ajouté avec une intention que nous aurons bientôt justifiée. Les bois domaniaux rapportent ac- tuellement 24 millions ; dans les mains des particuliers , ils rapporteraicnt 20 millions : la différence entre ces chiffres est peu considérable. Ainsi, à n’envisager les forêts que sous le point de vue du revenu , que sous l'aspect rétréci d'un m- térêt purement financier, l'aliénation pourrait s'offrir comme une chose toute simple, s’il était vrai, cependant, que le ca- pital de ces forêts dût rester stationnaire entre les mains de l'État. Nous inférons de ces réflexions que, pour prévenir l’éven- tualité d’une mesure aussi déplorable que le serait une alié- nation des bois domaniaux, ilimporte d'imprimer une grande impulsion aux améliorations qu'appellent ces précieuses pro- DES FORËTS. 1435 priétés. Le moment semble venu d'abandonner le régime de la simple conservation, pour entrer décidément dans celui de la production, qui n’est autre chose que le régime des appli- cations dirigées par la science. L'institution de l'école de Nanci a été le premier pas fait dans la voie du progrès ; mais d'autres créations ne sont pas moins nécessaires pour consti- tuer le service de l'administration sur les meilleures bases, c’est-à-dire sur des bases telles, qu'il soit évident pour tout le monde que le gouvernement est le meilleur des cultivateurs forestiers, non-seulement parce qu'il est Le plus riche, mais encore parce qu'il est Le plus éclairé de tous les propriétaires de forêts. Nous insérerons ici, comme complément de ces idées, quelques observations qui ont fait l’objet d’une note rédigée antérieurement par l'auteur du présent travail, et qui était ainsi concue. « Une erreur capitale, et pourtant très-accréditée, c’est de croire que l'administration, lorsqu'elle aura achevé de régu- lariser l'aménagement des forêts, sera parvenue au terme de son œuvre de création, et qu'elle entrera dans une ère de re- pos, en même temps que les forêts entreront dans une période d'immutabilité. L'action créatrice de ladministration doit, au contraire, s'exercer d'une manière continue : elle se mon- tre sous des formes diverses, et selon l’état des forêts, en réalisant tantôt des transformations progressives, tantôt des transformations rétrogrades : la permanence indéfinie des aménagements paralyse les forces de la nature , et restreint la production dans des limites inférieures à ceiles qu'il est possible de lui faire atteindre. « L'administration elle-même doit inévitablement subir des transformations organiques ; jusqu'à ces derniers temps, elle n'a guère été constituée qu'en vue de Ja conservation; elle commence à se constituer en vue de la conservation et de 144 DE L'AMÉNAGEMENT la production; plus tard, elle se constituera en vue de la con- servation, de la production et de l'exploitation, ces trois bran- ches de l'art forestier. Ce sera seulement après cette dernière modification que ses conditions d'existence se trouveront com- plètes, et que ses services seront élevés à leur maximum d'utilité : les traditions pratiques lui ont sufli dans la première de ces phases, les formules scientifiques lui seront indispen- sables dans les deux autres. » En résumé, la loi du classement détermine le degré rela- tif de production des forêts en général, et autorise à émettre cette proposition, à titre de vérité démontrée, que la produc- tion doit être plus élevée dans les forêts des particuliers riches que dans les forêts des particuliers à fortune modique, plus élevée dans les bois des communes (1) que dans les bois des particuliers, et plus élevée encore dans les bois de l'État que dans les bois des plus riches communes. Pour réaliser cette gradation entre les diverses catégories de forêts, quel plan faut-il adopter? Il faut, d'un côté, admi- nistrer les bois des communes dans le système d'une amélio- ration lente, mais continue, et, de l’autre côté, soumettre les forêts domaniales qui en sont le plus susceptibles à des trans- formations progressives sur une large échelle, sans cepen- dant imposer de privations au trésor, et sans porter une atteinte sensible aux ressources que réclame la consommation actuelle. Le moyen de concilier ce double intérêt, tout en élevant la propriété forestière vers un degré supérieur de richesse, est indiqué avec toute l'autorité du talent et de la raison dans le Traité de la culture des forêts, où nous puiserons encore cette citalion : (4) Les communes en général sont plus riches que les particuliers en général, parce que la durée indéfinie de leur existence leur donne une p'us grande force d’ac- cumulation. | DES FORÈTS. 145 c La méthode de la futaie, disent MM. Lorentz et Parade, fournit les produits en matière les plus considérables et les plus utiles ; elle fait rendre aux forêts, comme telles, les re- venus les plus élevés , et elle conserve et améliore plus que toute autre la fertilité du sol : elle répond donc au plus haut degré à l'intérêt général. Il suit de là que l'État doit non-seu- lement conserver soigneusement les futaies qu'il possède , mais qu'il doit encore s'appliquer à en créer de nouvelles. Or, le moyen le plus prompt et le plus sûr pour atteindre ce der- nier but, c'est la conversion en futaie des taillis composés, de ceux du moins qui sont situés en bon fonds, et suffisamment peuplés de bonnes essences. Toute amélioration qui ne peut se faire sentir qu'après de longues années, doit avoir pour condition de ne point froisser les intérêts actuels, tant ceux des communes que ceux de l'État lui-même. Le principe qui interdit de dépasser la possibilité des forêts, trouve ici son réciproque ; car, s'il est injuste de faire tourner au profit des générations actuelles des produits qui ne devraient échoir qu'à leurs successeurs, 1l le serait au moins autant de refuser satisfaction à des besoins existants , afin de préparer l'abondance dans l'avenir. « Pour convertir en futaie un taillis composé, le problème à résoudre est donc de conduire la forêt à l’état de futaie exploi- table, sans que les revenus subissent de baisse sensible. Tou- tefois, pour apprécier l'opportunité des conversions en futaie sous la condition que nous venons d’énoncer , il ne faut pas toujours considérer dans leur abstraction les forêts que l’on v destine ; on doit, au contraire , les regarder comme partie d’un certain ensemble de forêts dont les produits alimentent une localité déterminée, ou, s’il est permis de l'appeler ainsi, un bassin de consommation. « Placé à ce point de vue élevé, on reconnaïtra souvent qu'un taillis composé peut être converti, quoique cette opéra- T. Ile 10 116 DE L'AMÉNAGEMENT tion doive amener, pour un certain temps, une baisse dans les produits particuliers de ce taillis ; car, pendant le même temps , les produits d’une autre forêt peuvent être mis en hausse , et ainsi, en définitive , la possibilité de la localité, tant en matière qu'en argent, ne se trouvera point altérée. » Ant. 4. — Coup-d'æil sur celle question : PouRRAIT-ON LAISSER AUX COMMUNES LA RÉGIE DE LEURS FORTS ? Nous venons de reconnaitre la direction qu'il est conve- nable d'imprimer à la gestion des forêts de l'État , gestion qui. à coup sûr, ne saurait ètre exercée que par un corps ad- ministratif. Nous avons remarqué, d’un autre côté, que lon doit conduire les bois communaux, par des progrès peu sen- sibles, mais persévérants, vers un degré plus élevé de produc- ion. Relativement à ceux-ci, une question toute particulière se présente ; c'est celle de savoir si la gestion de ces bois ne pourrait pas, sans inconvénient, être confiée aux communes elles-mêmes. Loin de nous la pensée que nous puissions traiter à fond ce point de haute administration ; cependant , tout en ne voulant qu’efileurer un sujet qui dépasse nos forces, nous tâcherons de montrer qu'il se lie par quelques rapports avec l'exposé de notre théorie. La gestion des bois communaux doit répondre à un double intérêt : celui de l'usufruitier , qui est de jouir , et celui du corps moral ou du propriétaire ; qui est de conserver. Si ces bois étaient soumis à la gestion de l’usufruitier, nul doute que celui-ci ne fût enclin à les gouverner dans le sens de Ja jouis- sance, c’est-à-dire en vue d'un accroissement de rente, ou, ce qui est la même chose, d'une réduction de richesse. On voit de suite qu'on ne saurait commettre à cet usufruitier la manutention d'intérêts qui sont en opposition directe avec les siens ; le danger serait d'autant plus grand de se confier à lui à cet égard, que dans les forêts deux choses sont extrémement DES FORÊTS. 147 faciles à confondre l’une avec l’autre, ou plutôt très-difficiles à démêler : des produits qui sont meubles et des produits qui sont tmmeubles ; en d’autres termes, des produits dévolus à l’'usufruitier, et des produits appartenant au détenteur de la propriété. Or, ces produits divers , qu'il est si essentiel de bien différencier, sont non-seulement semblables, mais exis- tent encore entre eux à l’état de mélange ou de combinaison. La gestion de toutes propriétés mobilières autres que les bois , peut et doit ètre livrée aux communes , parce que à, une démarcation se trouve physiquement et nettement tracée entre Île capital et les produits de ce capital : impossible de confondre des terres , des édifices , etc. avec les fruits de ces immeubles. Les revenus de ces fonds peuvent donc être percus par les communes elles:mêmes ; sans qu'aucune erreur soit à redouter ; maïs dans les forêts, il est au contraire très-aisé de se méprendre, ou, pour mieux dire, très-dificile de ne se mé- prendre pas, lorsqu'il s’agit de discerner les produits qui con- stituent des revenus et les produits qui constituent des capi- taux. Cette distinction exige des connaissances spéciales, qui ne peuvent être acquises que par l'étude des forêts. Si tous les bois communaux étaient traités en taillis simple, la possibilité étant une fois fixée par contenance, au moyen d’une division en coupes annuelles, les communes pourraient, sans aucun doute, administrer très-bien leurs propres bois , surtout sous la garantie d'une législation fortement répressive ; mais qu'est-ce que le produit , qw’est-ce que la richesse d’une forêt traitée en taillis simple ? C’est une faible partie de la ri- chesse et de la production qu'on peut obtenir des fonds boisés; c’est la preduction réduite à son minimum, tant sous Îe rap- port du volume que sous celui de l'utilité ; c’est le terme de production, enfin, qui occupe le degré le plus bas de l'échelle, tandis que la loi du classement impose aux bois des com- munes un état de richesse intermédiaire entre celui des bois 148 DE L'AMÉNAGEMENT -de particuliers et celui des bois de l’État : les bois commu naux doivent, conséquemment, être traités en taillis composé. Le mode de la production composée (taillis et futaie) étant d’une application forcée aux bois des communes , il est clair que la possibilité fondée sur la contenance n’est plus que d'un intérêt très-secondaire. La possibilité vraiment impor- tante est celle fondée sur le volume. La question n’est plus alors de savoir dans quel enceinte sera circonscrite la possibi- lité, c'est-à-dire de savoir quelle étendue de taillis exploitera la commune par chaque année, mais de savoir quel volume elle pourra prélever annuellement sur la masse des futaies, pour que, d’une part, la génération actuelle recueille tout ce qui lui appartient, et que, de l’autre, aucune atteinte ne soit portée au patrimoine des générations futures. Mais la détermination de la possibilité par volume est un art que les communes sont incapables de pratiquer. D'un autre côté, la loi ne pouvant point assigner de limites à cette possibilité, comme elle peut facilement en assigner à la pos- sibilité par contenance, il est de toute rigueur que ces limites soient fixées par un tiers, qui n’ait pas plus d'intérêt à les dé- passer qu'à rester en decà, et qui ait la capacité nécessaire pour tracer ces limites en parfaite connaissance de cause : cette mission, à la fois discrétionnaire et scientifique, ne peut être convenablement remplie que par une administration in- dépendante, et en même temps éclairée. Ant. 5.— Du déclassement des foréts. Un capital d’une nature mixte et d’une valeur totale de 100,000 fr., se compose de deux portions intégrantes, placées chacune à un taux particulier d'intérêt , savoir : Le fragment À, de 40,090 fr., donne, à 4 p. °/, un revenu de 1,600 fr. Le fragment B, de 60,000 fr., donne, à 2 p. °/,, un revenu de 1,200 fr. Totaux. . . . 100,000 fr. 2,800 fr. DES FORTS. 149 Ce capital rapporte donc un revenu de 2,800 fr.; c’est-à- dire que, dans son ensemble, il est constitué sur un taux de rente de 2 fr. 80 c. p. es Telle est, nous le supposons, la forme sous laquelle il existe dans les mains d’un riche par- ticulier. Ce capital est acquis au prix de 100,000 fr. par un autre détenteur qui, étant moins riche que le précédent , a besoin de tirer de ce capital une rente plus élevée. Pour parvenir à ce but, il a recours à un expédient très-simple : il augmente la portion la plus productive du capital aux dépens de celle qui rapporte le moins ; il réalise la modification suivante : Le fragment A, porté à G0,000fr., donnera, au taux de 4 p..°/,, un revenu de 2,400 fr. Le fragment B, réduit à 40,000 fr., donnera, au taux de 2 P-°/0, unrevenu de 800fr. Toraux. . . . 100,000fr. 3,200 fr. Le revenu se trouvera augmenté de 400 fr., et la rente sera élevée de 2 fr. 80 c. à 3 fr. 20 c. p. °/,. Une nouvelle transmission place ensuite notre capital dans les mains d'un particulier qui, étant moins aisé encore que le précédent, trouvera insuflisante une rente de 3 fr. 20 ce. p. °/,. Une seconde modification est imposée au capital , qui prend alors la forme suivante : Le fragment A, porté à 90,000 fr., donnera, au taax de 4 p. °/,, un revenu de 3,600 fr. Le fragment B, réduit à 10,000 fr., donnera, au taux de2p.°/,, un revenu de 200fr. Totaux. . . . 100,000fr. 3,800 fr. Cette fois, le capital se trouve constitué sur le taux de 3 fr. 80 c. p. °/, ; ce qui, en définitive, porte le revenu à 3,800 fr. au lieu de 2,800 fr. ; et toutefois ce capital, à la suite de toutes ces transformations, n'offre pas la plus légère variante dans sa valeur : il a conservé son identité. Mais une troisième mutation met notre capital dans les mains d'un particulier qui, par goût ou par position , exige de ses capitaux une rente de 5 p. pfrs. Celui-ci échangera le 150 DE L'AMÉNAGEMENT capital tout entier contre une somme d'argent de 100,000 frs qui lui rendra 5 p. SIA : il opèrera une aliénation. Nous venons de représenter les suites du déclassement d'une forèt. La portion de capital que nous avons désignée par la lettre B, n’est autre chose que la richesse propre ou le capital fongible de La forêt, capital que nous voyons décroitre à chaque déclassement, et qui ne peut diminuer sans que la production ne diminue en même temps. Passons à une application plus spéciale de notre théorie. Deux points d'économie forestière ont été incontestable- ment établis jusqu'ici : le premier, c'est que les massifs de futaie ne peuvent être créés que par l'État ; le second, c'est que les forêts de cette catégorie sont les plus productives tant en argent qu'en matière. En partant de là, nous examinerons quelle serait la destinée d’un massif de futaie que l’aliénation ferait passer du domaine de l'État dans le domaine particu- lier, ct que diverses mutations feraient descendre jusqu’au dernier échelon de la propriété. Le riche particulier devenu propriétaire de notre massif de futaie de 300 ans, peut très-bien s’'accommoder d’une rente de 2 fr. 69 c. p. °/, ; mais il ne conservera certainement pas un capital qui n'offre qu'une rente de 0 fr. 64 c. p. °/,. Que fera-til de cette forêt ? Il prélèvera un capital de 471,300 fr. sur la richesse propre , supposée de 531,900 fr., et la ré- duira ainsi au chiffre de 60,600 fr., qui suppose un aména- gement à 60 ans. La rente de l'immeuble sera élevée alors à 2 fr. 69 c. p. °{,, c’est-à-dire au taux que l'acquéreur a voulu obtenir. | | Faisons passer ensuite la forêt dans les mains d’un pro- priétaire de moyenne fortune : il n’est nullement probable que celui-ci s'arrange d’un capital qui ne rend que 2 fr. 69 c. p. °/,, tandis qu'il lui est facile de tronver des placements immobiliers à 3 ou 4 fr. p. °/,. Il réduira Ja forêt à l'aména- DES FORÈTS. 151 gement de 30 ans ou à un état équivalent, en retranchant 36,300 fr. de la richesse propre de la forêt, ce qui réduira cette richesse au chiffre de 24,300 fr. Qu'une troisième transmission place la forêt dans les mains d'un particulier à revenu restreint : celui-ci , voulant retirer un intérêt de 4 p. °/, de son capital , constituera un aména- gement à 10 ans ; la forêt alors sera réduite à la moindre ex- pression possible. Primitivement, cette forêt donnait un revenu de 3,590 fr., et renfermait dans sa superficie permanente unc richesse de 531,900 fr. Maintenant, son revenu n'est plus que de 1,370 fr., et sa richesse propre ne présente plus qu'une insi- gnifiante valeur de 5,724 fr. Trois déclassements ont sufli pour opérer cette métamorphose. Ces transformations ont produit sur l'immeuble forestier un effet analogue à celui d'un défrichement partiel ; d’un autre côté, elles n’ont rien ajouté à la fortune des particuliers qui ont tour-à-tour décomposé ce capital, afin de le faconner à leur convenance, et, finalement, elles ont amoindri la richesse territoriale de toute la différence entre une forêt qui représente un capital de 560,426 fr., et une autre forêt qui ne repré- sente qu'un capital de 34,250 fr. Du point de vue où nous sammes actuellement placé, il nous sera facile d'apprécier cette opinion, partagée par des hommes d'un mérite éminent, que la société peut, avec toute confiance, s'en remettre à l'intérêt privé du soin de la pour- voir de futaies de tous les âges et de toutes les dimensions ; d'où suivrait cette conséquence , que l’aliénation , en faisant passer les forêts de l'État dans le domaine particulier, ne pourrait, en aucune sorte, compromettre nos approvisionne - ments futurs en arbres propres aux objets de haut service. M. Mathieu de Dombasles lui-même s’est exprimé ainsi qu'il suit sur cet important sujet e 152 DE L'AMÉNAGEMENT «Tant qu'une futaic debout aura plus de valeur pour ce- Jui qui voudra la conserver pour en attendre les produits, qu'elle n’en aurait actuellement pour celui tenté d'y mettre la cognée, on peut être assuré qu’il y a dix chances centre une pour qu'elle ne soit pas abattue; car, s'il se rencontre un propriétaire pressé d'en réaliser la valeur, il se trouvera aussi des acheteurs disposés à spéculer sur sa conservation; mais il est évident qu'il faut, pour cela, que les bois de fort équarris- sage acquièrent une valeur qui se trouve dans un certain rap- port avec ceux de moindre dimension ; c’est cette proportion que l'on doit considérer comme le nivellement entre les bois de service de différents genres ; la concurrence seule suflira pour l'établir ; et c’est de ce nivellement que l'on doit atten- dre toute sécurité pour les approvisionnements en bois des âges à venir. » ( Annales de Roville, 8° livraison, 1832.) Ce serait donc, selon ce savant agronome, une certaine proportion entre le prix des bois d’après l’âge et les dimen- sions, ou, plus exactement, une certaine progression de prix favorable surtout aux bois de fort équarrissage, qui garanti- rait la conservation des futaies de la part des particuliers; mais celte progression a été admise dans notre tableau synop- tique, où nous avons gradné le prix du mètre cube depuis 14 fr. jusqu'à 25 fr.; et du reste, de quelque manière qu’on varie le tarif des prix, ou l'échelle d’accroissement matériel, on ne peut empêcher qu'une augmentation quelconque , Soit dans la valeur, soit dans le volume des produits d’une forêt, n’agisse sur le chiffre de la richesse propre et, par suite, sur le chiffre du capital réel, c’est-à-dire du capital qui exprime la valeur intégrale de la forêt : n'est-il pas, dès-lors, de la dernière évidence que rien ne sera changé au taux de la rente, puisque l'accroissement du revenu et l'accroissement du capital engagé sont deux effets parallèles, dont l’un en- traine nécessairement l'existence de l’autre ? Or, rien n'étant DES FORTS. 153 changé au taux de la rente, il est de rigueur que la forêt subisse les conséquences du déclassement (1). Ainsi, la société se laisserait entraîner à une fatale illusion, si elle comptait sur les particuliers pour l'éducation des fu - taies en massif. Les bois de particuliers n'offriront jamais que des futaies éparses sur les taillis; et l’importance de cette res- source pour une forêt donnée, sera toujours en rapport avec le rang que le possesseur de cette forêt occupera dans la hié- rarchie des fortunes. K 5. — Résumé général. La question qui a fait le sujet de ce travail, réduite à l'ex- pression la plus exacte et la plus simple, se présente sous la formule suivante : Trouver, pour une forêt donnée , l'aménagement le plus profitable possible ? L'aménagement sera le plus profitable possible, si la forêt est établie dans de telles conditions, qu'il en résulte un juste rapport, une sorte d'équation entre le taux de rente de cette forêt et Le degré de fortune de celui qui la possède. La même forêt doit donc être aménagée sur des bases différentes, selon qu'elle appartient à un particulier peu aisé, ou à un particu- lier riche , ou à un particulier opulent , ou à une commune, ou à l'État ; et, dans tous les cas, la production en argent sera proportionnelle à la production en matière. Les bois de particuliers ne peuvent être aménagés qu'en tullis, et, conséquemment , la plus longue période d’exploi- tabilité d’un bois de cette catégorie ne doit pas dépasser 40 ans. (4) On cherche les moyens d’arrëter le déboisement des montagnes. Il n’en est qu’un seul qui puisse avoir de l'efficacité : c’est de retirer les forêts de montagnes’de la pro- priété particulière , où elles se trouvent mal classées. L'État seul est assez riche pour conserver el améliorer des capilaux à rente presque nulle. 154 DE L'AMÉNAGEMENT Il en est de même des bois communaux , à l'exception de certaines forêts ou portions de forêts appartenant aux plus riches communes , et propres à être traitées en futaies pleines. Dans les bois particuliers, la production s'élève ou s'a- baisse suivant le degré de fortune du propriétaire de la forêt ; et, dans chaque degré de fortune, la production éprouve des oscillations dépendantes de la mobilité des fortunes particu- lières. Dans les bois communaux , la production doit encore se proportionner aux degrés divers de richesse, mais elle n'é- prouve que peu d’oscillations, parce que les fortunes commu- nales approchent de l’état de stabilité. Dans les bois domaniaux, la production doit tendre à s'é- lever de plus en plus; il est de rigueur, au moins , que cette production parvienne généralement à un niveau supérieur, à celui de la plus haute classe de bois particuliers , sinon les forêts de l’État se trouveraient exposées au danger de Palié- nation , c’est-à-dire au danger d'un déclassement désastreux pour la richesse du sol forestier, et fatal, par ro 6 pour la fortune publique. En toute hypothèse , le problème du meilleur aménage- ment peut se résoudre par une combinaison de chiffres. Un propriétaire qui a la conscience de sa position, sait quel est le moindre taux d'intérêt qu'il puisse demander à ses capitaux forestiers. Est-ce 2 fr. 69 c. p. °/, ? alors , la forêt doit être amenée à l’état de production représenté par notre aménage- ment de 60 ans (1); c’est-à-dire que la richesse propre y sera progressivement accumulée jusqu'à la valeur de 60,600 fr. e propriétaire a t-il besoin, au contraire, d'une rente élevée ? P ; ; (1) Cela ne veut pas dire que la forêt sera aménagée à 60 ans, mais que l’on y élévera une futaie sur taillis assez riche pour offrir l’équivalent d’un aménagement à 69 ans. DES FORÈTS. 155 alors il aliène sa forêt, ou, s'il ne l’aliène pas, 1l en réduit la richesse propre et, par suite, la production au taux représenté par notre aménagement de 10 ans. Le degré de richesse et de production d’une forêt est donc une conséquence de la position de fortune du possesseur : ce degré est ou doit être Le plus élevé possible dans les bois de l'État, moyen dans les bois des communes, inférieur dans les bois de particuliers. L'ige des produits, ou la période d’exploitabilité d’une fo- rêt, n'a que peu, ou même n’a point de rapports avec le degré de fortune du propriétaire ; ce qui détermine l’exploitabilité, c’est plus particulièrement le mode de débit ou d'emploi le plus avantageux qui soit offert à la production par la consom- mation locale. La période d’exploitabilité ne donne la mesure de la pro- duction que dans les taillis simples ou les futaies pleines ; mais dans les taillis sous futaie, deux forêts aménagées à la même révolution peuvent être très-différentes en production : dans l'une, la futaie sur taillis sera considérable, et dans l’autre, elle sera nulle. Ce qui toujours fait connaitre d’une manière certaine le degré de production , c’est le chiffre de la richesse propre. L'aménagement des forêts ne peut avoir que l'un de ces trois objets : Ou une transformation progressive ; Ou une transformation rétrograde ; Ou une simple régularisation. Une transformation progressive aurait la richesse privée , puisqu'elle a pour résultat de convertir des revenus ou des in- térêts matériels en capitaux immobiliers. Un écrivain a dit : « Le proprictaire qui rectifiera l’aménagement de ses bois dans le sens d’un accroissement de production , sera dédom- magé avec usure des privations momentanées qu'il s’impo- 156 DE L'AMÉNAGEMENT sera ; il fera l’un des meilleurs actes d'administration que l'on puisse attendre d’un père de famille (1). » Une pareille trans- formation, en effet, sera profitable à l'intérêt particulier toutes les fois qu'elle sera en rapport avec l’aisance du posses- seur de la forêt, et, dans tous les cas possibles, elle augmen- tera la masse des richesses générales. Une transformation rétrograde n’ôte rien à la richesse privée , lorsque la portion soustraite au capital primitif est employée reproductivement ; mais une conversion de cette nature diminue toujours la masse des richesses générales , puisqu'elle détruit un capital immobilier, puisqu'elle restreint la puissance productive d'une fraction du sol. Une simple régularisation d'aménagement, sans élever ni réduire la somme des richesses générales, est néanmoins de la plus grande utilité. Nous citerons une opinion qui a été exprimée sur ce sujet dans les termes suivants : « Une forêt non réglée, quelque bien régie qu'elle soit d’ailleurs , ne présente qu’une masse confuse ; où s’introdui- sent insensiblement mille abus. Ce serait même vainement que l'on aurait tracé une bonne division dans une forêt, si cette division n’était pas marquée d’une manière visible et permanente ; bientôt, sans ces précautions, on serait tenté de changer l’ordre établi, sous le spécieux prétexte d'améliorer : un premier changement en entraînerait un autre; et l’avi- dité, l'esprit d'innovation, ne trouvant plus ces barrières salu- taires , exerceraient leurs ravages dans le cercle entier des coupes (2). » Les transformations rétrogrades étant une suite inévitable du déclassement des forts , c’est-à-dire de leur translation à un degré inférieur de la hiérarchie de la propriété, il s'ensuit (4) M. Noirot ainé, dans le Traité de l’aménagement et de l'exploitation des bots, page 75. (2) Traité de l'uménagement et de l'exploitation des Lois, pages A1 et 61. DES FORÈTS. 157 . que tout ce qui peut amener ce déclassement est funeste à l'intérêt général. On peut établir en principe : 1° Qu'une prolongation d’exploitabilité est obligée dans les bois domaniaux, toutes les fois que la nature des forts le comporte , ainsi que le genre de consommation locale ; 2° Qu'une prolongation d’explortabilité est utile dans les bois des communes , lorsque la nature des forêts concourt avec la manifestation de la volonté communale pour autoriser ce changement ; 3° Qu'une pareille amélioration est utile et convenable dans les bois particuliers susceptibles de la recevoir, lorsque le propriétaire est dans la possibilité d’accumuler, et dans l'intention d'accumuler plutôt de cette manière que d'une autre. En résumé , — les données tout-à-fait fondamentales du problème de l'aménagement peuvent se réduire aux trois points suivants : 1° La classe hiérarchique dans laquelle se trouve placé le possesseur de la forêt : est-ce un particulier peu aisé ? est-ce un particulier riche ? est-ce un particulier opulent ? est-ce une commune ? est-ce l'État ? 2° Le degré de fertilité du sol et la nature de l'essence ; 3° Le mode de débit ou de consommation. Ces éléments permettent de déterminer : 1° Si le bois doit être aménagé en taillis ou en futaie ; 29 Quelle doit être la révolution , soit du taillis, soit de Ia futaie ; 39 A quel degré de production peut et doit s'élever la forêt. Conclusion finale. — Le problème du meilleur aménage- 158 DE L'AMÉNAGEMENT DES FORÊTS. ment pour une fort donnée, doit se résoudre de facon di- verse, selon le classement de la forêt, c’est-à-dire selon que cette forêt se trouve dans telles ou telles des circonstances que nous venons de mentionner ; c’est un problème à solution relative, et non point absolue, RAPPORT SUR L'ÉPIZOOTIE APHTHEUSE QUI RÉGNE DANS LE CANTON DE THIZY, Lu à la Société d'agriculture de Lyon le 42 juillet 1859 ; Dar M. 3-8. Magne, PROFESSEUR D'HYGIÈNE, DE BOTANIQUE ET DE JURISPRUDENCE A L'ÉCOLE VÉTÉRINAIRE DE LYON, — 4 e— Messreurs , Vous avez arrêté, dans votre séance du 98 juin , que vous infor- meriez M. le préfet de l'existence d’une épizootie qui règne dans le canton de Thizy. La sollicitude de notre premier magistrat a ré- pondu au zèle qui vous anime pour la prospérité de l’agriculture. Par sa leltre adressée le 2 du courant à M. le directeur de l'École vétérinaire de Lyon, M. le préfet m'a chargé d'aller dans la commune d'Amplepuis et dans celle de St-Jean-Labuissière , à l'effet d'examiner les caractères de l’épizootie , d'en rechercher les causes , de déterminer les moyens capables de la faire cesser , et d'indiquer à MM. les maires la conduite à tenir tant à l'égard des bêtes malades, que de celles qui pourraient être soupconnées con- tenir les germes de la maladie. J'étais chargé aussi , s’il y eût eu, un vélérinaire dans ces communes, de lui donner les instructions convenables, instructions que je devais communiquer à MM. les maires , qui en auraient surveillé l’exéculion. Après mon retour je me suis empressé d'adresser à M. le préfet un rapport sur l’épizootie. C’est ce rapport que je vais avoir l’hon- neur de vous communiquer, après y avoir fait, toutelois, des change- ments nécessités par l'addition de quelques détails que je n’ai pas cru devoir faire entrer dans une pièce administrative. Malheureusement, je n'ai pas pu m'acquilter de la partie de ma mission relative au vétérinaire. Il n’en existe pas dans ces com- munes. Des empiriques y exercent la médecine des animaux; et, 160 RAPPORT pour vous meltre à même de comparer le mal qu’ils font au bien qu'en attendent les propriétaires , je vous citerai un exemple de leurs remèdes externes , un autre de ceux qu'ils emploient à l’inté- rieur, et un troisième de leurs procédés chirurgicaux, Ils font laver la bouche, pour préserver les animaux de l’épizoo- tie, et pour faire cicatriser les aphthes quand la maladie existe, avec un mélange où l’on trouve du vinaigre, du vinaigre des quatre vo- leurs, de l’eau-de-vie camphrée , du campbre grossièrement con- cassé, du poivre, du poivre long, des aulx , du sel et de l’assa-fœ- tida. La tisane qu'ils composent n'est pas moins extraordinaire : elle est faite avec de la citronnelle ( artemisia abrotanum) appelée venin, de la poudre de fenugrec, de la poudre cordiale, de l’angé- lique, des mauves, de l'absinthe, du seigle en grain et du miel! Il est inutile de faire sentir la bizarrerie de ces recettes, où la mauve est placée entre l’angélique et l’absinthe. Je passe aux procédés chirurgicaux. Aussitôt qu'une bêle est atteinte de l’épizootie , les guérisseurs , confondant les aphthes qui viennent sur la membrane buccale avec le glossanthrax ou charbon à la langue, raclent la bou- che jusqu'au sang avec une pièce d'argent, et, pour faire sortir le mal du corps , ils pratiquent des incisions sur toutes les régions de la peau. J'ai vu chez M. Tholin, cultivateur près d'Amplepuis, des bœufs, des vaches auxquels on avait fait seize incisions : deux à chaque pied , deux sur les côtes, une de chaque côté, une à chaque avant-bras, une à chaque oreille et deux à la queue. Ce procédé est même mis en usage aux portes de votre cité. J'ai vu encore hier, chez un de nos honorables collègues, une vache affectée de l'épi- zoolie aphtheuse, à laquelle un guérisseur avait fait des incisions sur les côtes ; à la vérité, l'opération avait été faite à l'insu du proprié- taire , qui, ayant appris de quelle manière on avait traité la vache qui était devenue malade la première, n’avait pas voulu qu’on traitât les autres de même. Les règles de l'entretien et de l'amélioration des animaux do- mestiques ne sont pas mieux observées dans nos campagnes que celles qui doivent diriger le traitement des maladies. J'ai vu un tau- rillon de quinze mois, n'ayant ni formes, ni taille, ni race, qui couvre les vaches de plusieurs villages depuis cinq mois. Le pro- priétaire se félicite même de la puissance prolifique de ce mâle, qui avait coûlé 50 fr. à l’âge de dix mois; les vaches qu'il a sau- SUR L'ÉPIZOOTIE APHTHEUSE. 161 tées, me disait-on, ne reviennent jamais en chaleur. Le cultiva- teur qui emploie cet élalon m'a avoué cependant que des veaux issus d'un beau taureau pèseraient, en venant au monde, trente livres de plus que ceux qui proviennent de son reproducteur. M, le maire d'Amplepuis, qui était présent, m'a dit que des exemples semblables ne sont pas rares dans sa commune. Ce fait vient à l’ap- pui de la proposition dont vous a entretenu , dans une de vos der- nières séances, M. le conseiller Sauzey ; voire honorable collègue voudrait qu'à l'exemple de ce qui a lieu en Savoie, des étalons fussent placés dans les campagnes pour améliorer l'espèce bovine. En vous citant le fait que je viens de rapporter, je me demande s'il n’est pas à déplorer que les vétérinaires insiruits soient si rares dans nos campagnes ; s’il n'est pas permis d'espérer que des hom- mes connaissant l'action des agents hygiéniques et ayant appris l'influence des reproducteurs sur le produit de la génération, ren- draient de grands services, en faisant sentir aux cultivateurs, dans les rapports journaliers qu'ils auraient avec eux, l'avantage qu'il y a à entretenir convenablement de bounes races de bétail, Dénominations de l’épizcotie qui règne dans la commune d'Amplepuis et dans celle de St-Jean-Labuissière. La maladie qui règne actuellement dans le département du Rhône sous la forme épizootique, est connue sous les noms de bouche ulcérée, de bouche chancrée, de cocote, d'ulcéres à la bouche, d'épizootie aphtheuse , de maladie aphtheuse, d'aphthes , du mot aphthe, aphte, que l'on donne improprement (comme le fait obser- ver M. Favre, de Genève) aux phlyctènes qui surviennent à la bouche, aux mamelles et aux pieds des animaux malades. Cetle maladie est connue depuis long-temps, et elle a élé sou- vent observée. Les comptes-rendus de vos travaux en ont parlé plusieurs fois. En 1838 , elle a parcouru nos départements de l'Est, les montagnes du Jura, les bords du lac de Genève, cte. Cette année, elle règne aussi dans plusieurs localités, dans les environs de la capitale, dans les étables qui fournissent du lait à la ville de Lyon et dans des provinces plus méridionales (1). (41) Après avoir disparu pendant quelques mois des environs de Lyon, lPépizootie s’y est montrée de nouveau dans les mois de décembre et de janvier derniers, et il ÿ à encore dans ce moment (février 1849 ) des vaches malades, T. Il, 1 162 RAPPORT Apparition de l'épizootie dans les communes d'Amplepuis et de St-Jean-Labuissière. L'épizootie s’est déclarée le 8 juin à Ronchevol, commune de St-Viclor, département de la Loire, dans une ferme située près du département du Rhône. Du 8 au 15 juin, dans l’espace de huit ou dix jours, elle s'est montrée dans une autre ferme de la même com- mune , dans six étables de la commune d’Amplepuis et dans trois de celle de St-Jean-Labuissière. Les fermes qu’elle a envahies en si peu de temps n’occupent pas cependant un espace limité; elles formenl trois groupes de maisons, placés, l’un au sud-est , l’autre à l’ouest de la commune d’Amplepuis, et le troisième au nord de celle de Si-Jean-Labuissière. Tout le bétail des fermes où l'épizootie a pénétré en a été atteint dans l’espace de deux jours, ou de trois au plus. Etat des animaux qui en ont été atteints. La maladie attaque l'espèce bovine, les pores et les chèvres. Dans la commuue d'Amplepuis , il y a eu : chez Tholin , sur vingt têtes de bétail, 20 malades ; chez St-Lager, sur neuf, 6 chez Roche , sur quatorze , 12 chez Planche, sur une tête de bétail , 1 chez Buisselte , sur vingt-trois têles de bétail, 21 chez Comby, sur sept, 1 Dans la commune de St-Jean-Labuissière, il y a eu : chez Nothin, sur dix-huit têtes de bétail, 18 chez Marchand , sur sept, 7 chez Chirat, sur dix, 10 Dans les fermes de la commune de St-Victor, il yaeu: chez Margot, sur douze têtes de bétail, 10 chez Buissette, sur onze , 11 malades. Si nous comparons les animaux qui ont eu le plus d’aptilude à contracter la maladie , nous trouvons qu'il y a eu : 22 bœufs malades sur 22 ; T veaux sur 10 ; SR L'ÉPIZOOTIE APHTHEUSE. 163 60 vaches sur 61; 11 pores sur 15; 14 génisses ou taurillons sur 15; 9 chèvres sur 9. En résumé, il y a eu cent vingt-lrois malades sur cent trente- deux têtes de bétail. Causes. Cette épizootie ne peut pas être attribuée à une cause dépendant du régime , des aliments , des boissons, du travail, ni à une in- fluence atmosphérique tenant à la pesanteur, à la température ou à l'humidité de l'air, car elle s'est déclarée sur des animaux placés dans des circonstances les plus diverses. M. Tholin a eu les vaches moins malades que les génisses et que les bœufs (1); il attribue cela au petit lait qu’il donne aux premières, et à l'habitude qu'il a de les faire boire à l’étable. Maïs son voisin , M. Roche, a observé que les vaches à lait, quoique également abreuvées à la crèche , ont plus souffert que les autres besliaux. Les chèvres, dans toutes les fermes , ont été atteintes dès l'apparilion de l’épizootie, et ce- pendant elles en ont peu souffert. Les porcs sont, de tous les ani- maux, ceux qui ont élé le plus grièvement malades, et néanmoins sur les quinze que possèdent les fermes où la maladie règne, onze seulement en ont été affectés. De la Contagion. L'impossibilité d'expliquer le développement de l’épizootie par des causes morbifiques appréciables, ne doit-elle pas faire naître des doutes sur l'existence d’un principe contagieux ? et ce doute n'ac- quiert-il pas une certaine probabilité de l'invasion subite de la maladie se montrant , presque en même temps, dans plusieurs vil- lages éloignés les uns des autres et très-diversement situés ? Il est difficile d'expliquer , sans admettre la contagion , comment des cau- ses inapercevables , lentes , qui ne peuvent agir qu'en modifiant l'organisme à la longue, ont pu, à Francheville comme à Thizy, faire développer une maladie sur les dix-huit où vingt bêtes d’une (4) On a également remarqué dans la commune d’Alix, en décembre 1839, que la maladie a été, en général, plus grave dans les animaux de travail que dans les va- ; 5 >? à ches laitières, 164 RAPPORT ferme dans l’espace de quarante-huit heures ? Quelle serait la eause morbide, l'influence épidémique qui aurait produit la même maladie sur Les sommets du Jura, en automne 1838 , dans les environs de Paris , l'hiver suivant , sur les montagnes du Forez, dans les plaines du Dauphiné, ete., en 1839? Ne peul-on pas considérer la conta- gion comme démontrée , si, aux considéralions qui précédent, nous ajoutons que l'invasion de la maladie , dans presque tous les trou- peaux , a coïncidé avec l'introduction, dans ces troupeaux, d'animaux arrivant d’une foire tenue dans un pays infecté ? Buissette, fermier au domaine de Ronchevol, pense que la ma- ladie a été importée dans son élable par une vache qu'il a achetée à Ste-Colombe (Loire), el qui est devenue malade deux jours après. Les habitants de Bernisse sont persuadés qu’une vache conduile à la foire de Thizy le premier mercredi de juin, et devenue maiade deux jours après, a importé la maladie et l'a communiquée ensuile aux autres besliaux du village. Chirat, qui habite au nord de la commune de St-Jean-Labuissière, croit qu'un porc acheté à Thizy le premier mercredi de juin, et tombé malade le vendredi suivant, a infecté les autres bestiaux. Cetle opinion est probable. Le pore et les vaches de ce cultivateur sont logés dans la même habitation; et la vache qui est ia plus rapprochée de la place occupée par le pore malade , est celle qui a été affectée la première de lépizootic. D'après M. Tholin, la maladie aurait été introduite dans sa ferme par une vache qui, conduite à la foire de Cublize, où elle n’a pas été vendue , est devenue malade deux jours après. On explique aussi l'introduction de l'affection aphtheuse chez Roche par l'arrivée d’un animal sortant d’un pays infecté. A la vérité, tous les cullivaleurs ne peuvent pas se rendre compte de cette manière de l'introduction de lépizootie dans leurs étables. Nothin ne pense pas que son bétail aït communiqué avec des ma- lades; il croit que la maladie s’est développée spontanément sur ses animaux. Marchand, ne sachant pas à quoi attribuer l’épizoolie , ne concevant pas qu’elle y soit arrivée par contagion, se demande si la soif ne l’a pas fait naître; mais si le défaul de boisson ou des boissons malsaines produisaient la maladie, les besliaux des voisins de ce cullivaieur auraient éié malades plutôt que ceux de Buis- sette , de Comby, de Nothin, qui traversent plusieurs fois par jour un ruisseau où l’eau n’a pas encore manqué. SUR L'ÉPIZOOTIE APHTIEUSE. 169 Quoique tous les faits qui précèdent ne soient pas rigoureuse- ment coneluants , il est raisonnable d’en déduire que la maladie a été introduite chez Nothin et chez Marchand à leur insu, ou, du moins, qu'une fois développée sur une de leurs bêtes, elle s’est promptement communiquée aux animaux sains; çar une cause assez intense pour rendre malades tous les animaux d'une ferme dans l’espace de quarante-huit heures, ne trierait pas les villages , el échapperait difficilement à l'observation. Il y a quelques faits qui semblent contraires à la contagion. On a vu chez Roche une vache et un veau rester sains au milieu de quatre vaches infectées; chez St-Lager, un veau et deux pores, ct chez Margoton, deux pores n’ont pas contracté la maladie, quoiqu'elle régnât dans les fermes ; chez Bernisse, un veau de quatre jours et un faurillon de six mois ont résisté à l'infection qui a atlaqué vingt-une bêtes logées dans la même étable. Mais ces cas sont-ils assez nombreux et assez coneluants pour faire rejeter l’idée d'un principe contagieux ? On n’a jamais vu d'infection attaquer tous les individus sans aucune exceplion. Nous devons ajouter que la propagation de l’épizootie n'a lieu que par le contact soit des animaux sains avec les malades, soit de ceux-là avec la matière qui découle des aphthes des derniers. Nous avons vu des vaches saines qui, depuis deux ou trois semaines , passent lous les jours dans des chemins où passent également des vaches malades (1); nous avons vu les unes et les autres paître dans des pâturages séparés seulement par des haies, par des fossés, par D 0 . A . un chemin, sans que la maladie se soit propagée des bêles qui en étaient alteintes aux autres. Il est important de bien déterminer les caractères contagieux d'une épizootie; car il est aussi nuisible de les admettre s'ils n'existent pas, que de les méconnaître lorsqu'ils existent. Si, en (4) D’un autre côté, la science possède plusieurs observations qui prouvent que des animaux sains conlractent la maladie en passant sur un chemin où avaient passé des animaux malades. Jai moi-même recueilli, dans le mois de septembre dernier , sur la route de Villefranche à Beaujeu, des faits semblables : j’ai vu des troupeaux de moutons el de pores partis sains du lieu où ils avaient été formés, et ayant contracté la maladie en voyage. C’est même aux marchés de Vilefranche que Von attribue réapparition de la maladie à Frontanas, à Bagnols, dans le faubourg de Vaise, où ele s’est montrée plusieurs fois. 166 RAPPORT niant la contagion mal à propos, on s'expose à laisser propager les maladies , en l’admetlant sans nécessité on nuit aux relations s0- ciales, on paralyse le commerce par l'emploi des moyens d'isole- ment, et l'on reconnaît explicitement une certaine fatalité à laquelle les habitants de la campagne aiment beaucoup à ajouter foi. D’a- bord , elle leur permet d'expliquer des phénomènes que, sans elle, ils ne pourraient pas concevoir; ear il est infiniment plus facile de rattacher le développement d’une maladie à un germe qu’à l'influence, souvent occulte, des agents hygiéniques. Ensuite, ils ont dans la contagion un prétexte pour négliger les précaulions hygiéniques que réclame le bétail, et sans lesquelles tous les préservatifs el tous les moyens curatifs sont souvent inutiles (1). Usage du lait et de la viande. Le lait, la viande , le sang peuvent-ils communiquer la maladie ? Je pense que cette question ne peut sortir du cadre de vos travaux, et qu'il vous importe de savoir si des produits agricoles qui, dans certains eas, peuvent devenir d’une grande importance, doivent être ulilisés ou s’il faut les anéantir. Je n'ai vu qu'un chien qui fût atteint de l’épizootie, et il en souf- frait très-peu. M. Tholin me le citait pour me prouver que le lait des bêtes malades, dont il n'avait cessé de faire usage, ne communiquait pas le mal. Mon chien, me disait ce cultivateur , a léché le sang des animaux malades que nous avons saignés, il lèche le pus qui découle des exutoires, et cependant il n’a pas été atteint de l'épi- (4) A Pappui de la contagion, je citerai Pexlrait suivant d’un rapport que j'ai eu l'honneur d'adresser à M. le préfet du Rhône le 51 décembre 1839 : « D’après les renseignements qui m'ont été fournis par M. Louis, maire d’Alix, et par plusieurs propriétaires de cette commune , la maladie aurait été introduite dans leur village par des vaches conduites de Frontanas, de Bagnols à Alix, pour y être cou- verles par un taureau appartenant à Jean Blanc, C’est, en effet, dans Pétable de ce cultivateur que le mal a paru pour la première fois. M. Didier, vétérinaire à Chazay, qui à traité plusieurs animaux affectés de Pépizootie, pense qu’elle a été importée dans la commune de Charnay par une vache qui avait été conduite au laureau de Jean Blanc, dAlix. Parmi le petit nombre de ruminants qui, dans ce dernier village, n’ont pas été attaqués de Pépizootie, on cite les vaches laitières appartenant au petit sémi- naire, vaches qui, constamment nourries à létable , n’ont pas eu de communication avec les autres animaux de la localité. » SUR L'ÉPIZOOTIE APHTHEUSE. 167 zoolie, J'ai demandé à examiner ce chien, et j'ai trouvé à la face interne de la lèvre supérieure un uleère qui avait les caractères des aphthes; j'ai alors interrogé la vachère , qui m'a appris que, depuis quelques jours, le chien ne se porte pas si bien, qu’il mange moins qu'à l'ordinaire; j'ai examiné les chiens de quelques autres fermes, ils ne m'ont présenté aucun signe de maladie. Du fait que nous venons de rapporter, il ne faudrait pas induire que la viande des animaux atteints d’aphthes est dangereuse ; de ce que le pus et le sang cru auraient communiqué la maladie, il ne faudrait pas conclure que la viande cuite la donne aussi. De nom- breuses observations prouveraient le contraire. M. Chirat avait deux veaux malades qu’il a vendus à un boucher de Thizy; nous ayons su positivement qu'aux environs de Lyon, des propriétaires ont livré à la boucherie des vaches affectées de la maladie. M. Tholin a aussi vendu deux veaux qui ont été tués , et dont la viande a été consom- mée à Amplepuis. Nous n'avons pas appris qu'il fût résulté aucun inconvénient de l'usage de cette viande. Lorsque la maladie n’est pas très-grave, le lait n’est pas dange- reux. Plusieurs propriétaires l’ont employé à leur nourriture et à tous les besoins du ménage, comme celui des vaches qui jouissent d’une bonne santé ; d’autres l'ont fait manger aux pores, aux chiens; quelques-uns, effrayés des bruits que l’on faisait courir sur ses mauvaises qualités, n’ont pas voulu s’en servir même pour nourrir les animaux dès le début de la maladie, mais ils l’ont ensuite em- ployé à faire du beurre el du fromage; de sorte que tous les pro- priétaires qui ont eu des vaches malades en ont plus ou moins employé le lait comme aliment. La même chose a eu lieu dans les environs de notre ville, et aucun inconvénient n'est resulté de l'usage de ce liquide. Les personnes qui n’ont pas su qu'il prove- nait de bêtes malades n’ont pas même trouvé qu'il différât du lait ordinaire. Si des pores auxquels on a donné le lait des vaches at- teintes de l’épizoolie sont devenus malades à Ronchevol, d’autres animaux de la même espèce le sont devenus aussi sans en avoir mangé. Et dans toules les fermes où la maladie a régné , les veaux n’ont pas cessé de téter, quoique les vaches fussent malades , et ce- pendant il n'y en a eu que sept de malades sur dix, tandis qu'il y a eu vingt-deux bœufs sur vingt-deux, soixante vaches sur soixantc- une, ct quatorze génisses sur quinze. 168 RAPPOET Cependant , si l'épizootie aphtheuse est très-grave ou compliquée d’autres maladies, que les vaches souffrent beaucoup, le lait ne doit pas être utilisé. Dans ce cas, ce liquide n'ofire aucune des qualités qui le distinguent : il a perdu sa couleur, il n'est plus homogène et la chaleur le fait tourner. Tel devait être le lait de vaches atteintes d’une épizootie qui, en 1764, régna en Moravie; ce liquide produisait, d’après Savar , des douleurs de gorge et des aphthes aux personnes qui en faisaient usage, et il communiquait Ja maladie aux animaux auxquels on le donnait. Le feu estun moyen d'épreuve que tout le monde peut employer pour apprécier la bonté du lait; si ce liquide, étant frais, ne peut pas en supporter l'action sans être en partie coagulé , on ne doit pas même le donner aux animaux, Quand on a bien examiné tous les faits relatifs à l'action du lait et de la viande des animaux malades sur les animaux sains, on à de la peine à concevoir les bruits que la elameur publique fait cir- culer sur les qualités délétères de ce lait. Ces bruits se sont répan- dus dans les campagnes, malgré la facilité qu'on aurait eue de les démentir par des expériences. Les uns disent qu'à Lyon , les auto- rités ont défendu de laisser entrer dans la ville les veaux lorsque les conducteurs ne prouveraient pas que ces animaux fussent d'un lieu non infeelé; que la même mesure a été prise à Tarare , et que, de plus, il est défendu d'y exposer en vente du beurre; d’autres racontent que le lait a fait périr des chats, des chiens aux- quels on l'avait donné pour expérimenter. 11 m'a été facile de réta- blir la vérité sur ce qu'on disait de Lyon, que je venais de quitter ; j'ai su également que tout ce qu’on dit des mesures qui auraient élé prises par les autorités de la ville de Tarare est faux. Mais quelle a été l'origine de ces bruits, qu'il importe de démentir autant pour prémunir les cultivateurs contre la mauvaise foi des marchands, que pour rassurer les consommateurs sur des dangers qui n'exis- tent pas? Des spéculateurs ont-ils fait cireuler ces fausses nouvelles pour acheter à bon marché ? Ils ont réussi , car la valeur du beurre est descendue à Thizy de 85 centimes à 50, et Le prix des veaux a diminué dans les campagnes dans la même proportion, SUR L'ÉPIZOOTIE APHTHEUSE. 169 Symptômes de la maladie. La période d’incubation est très-courte. Buisselte, de Ronchevol, achète une vache , le 6 juin, à Ste-Colombe; le 8, elle est malade ; le 10 au matin , six autres animaux de la même espèce boitent de la jambe gauche postérieure (1), et le lendemain , le restant des bêtes de la ferme est atteint de la maladie. Chirat , d'Erfeuille, achète un pore à Thizy le 5 juin; le 7, cet animal est malade; le 9 , la vache qui est placée à côlé mange difficilement et ne marche qu'avec peine, et quarante-huitl heures après, toutes les autres bêtes de l'étable présentent des symptômes de l’épizootie. Chez les autres propriétaires où l’on pense que la maladie a été importée , le temps de l’incubation n’a pas été plus long. D'après plusieurs cultivateurs , l'éruption qui a lieu aux pieds, dans la bouche , sur les mamelles , est précédée d'un état de lan- gueur et de tristesse ; les animaux ont le poil terne, hérissé , la peau sèche, adhérente, le dos voüté et les quatre membres rapprochés du centre de gravité. Cet état dure peu de temps : il est bientôt rem- placé par une excitation fébrile , accompagnée de pandieulations , de contractions convulsives des muscles des membres et de l’appa- rition des ampoules. Dans presque tous les animaux, l’éruplion commence dans la bouche, et elle se fait ensuite aux pieds et sur le pis; mais les pro- priétaires remarquent presque toujours primitivement les phlye- tènes survenues entre les onglons , à cause de la boiïterie qu’elles occasionnent. Les ampoules de la bouche se présentent , dans les grosses bêtes à cornes, sous forme de gonflements beaucoup plus étendus en superficie que saillants , à cause, probablement, de la fermeté de l'épiderme buccal , qui est plus facile à détacher qu’à rompre; elles renferment un liquide visqueux , le plus souvent jaanâtre ; elles se remarquent sur toule l'étendue de la membrane buccale, notam- ment à la face interne de la lèvre supérieure et sur la langue ; elles sont quelquefois elair-semées , d’autres fois très-rapprochées , et (1) Buissette à observé que, sur tout son bétail, la maladie avait d’abord attaqué ce membre. 170 RAPPORT elles délachent alors de grandes plaques de la couche membraneuse qu'elles soulèvent. Si cette dernière parlieularité s’observe sur la langue, on dit que cet organe se déchausse. Cette bêle a perdu le bout de la langue, me disait St-Lager, de Jouasson, en me mon- trant un bœuf dont la pointe de la langue écorchée ne présentait qu'une vaste plaie. Les aphthes qui succèdent aux ampoules ont les bords irréguliers, pâles, le fond d’un rouge plus ou moins vif. L’e- ruption s'étend quelquefois sur le bout du nez. Dans quelques ma- lades, les ouvertures des naseaux sont presque obstruées par des croûtes, et le muffle en est recouvert. Ordinairement la bouche est écumeuse , et une bave plus ou moins fétide en découle en grande quantité. Les ampoules qui viennent aux pieds se montrent d’abord à la parlie antérieure de l’espace interdigite ; elles s'étendent ensuite en arrière, entourent même assez souvent la naissance de l’ongle, qu'elles délachent quelquefois. Quand cet accident doit arriver , on voit le bord supérieur de l’onglon se détacher vers les talons, et la séparation s’élend ensuite antérieurement. De tous les animaux at- teints de l’épizootie, les pores sont ceux qui ont le plus souffert des aphihes aux pieds. Les phlyctènes du pis sont peu apparentes, et, en général, peu graves ; toules les vaches en onteu; mais, chez quelques-unes , les propriétaires s’en sont à peine apercus. Aux ampoules succèdent de petites plaies superficielles, qui bientôt se couvrent d’une croûte rougeâtre, sous laquelle la cicatrice se forme facilement. Pendant la maladie, les mamelles sont douloureuses, et il est difficile d’en ex- traire le peu de lait sécrété, à cause des croûtes qui obstruent les mamelons et des mouvements qu’exécutent les vaches. Indépendamment des symptômes locaux que nous venons d’indi- quer, on observe dans l'exercice des fonctions des dérangements plus ou moins marqués, selon la gravité de la maladie et le tempéra- ment des malades. Quelquefois les animaux perdent l'appétit; le plus souvent cependant ils le conservent. Ils voudraient manger, mais ils n’osent pas saisir les aliments; ils ne les prennent qu'avec difficulté , et ils les rejettent même de la bouche après les avoir pris. La diarrhée a élé remarquée sur quelques sujets, principalement sur les veaux. La difficullé de marcher est presque loujours très-grande ; les SUR L'ÉPIZOOTIE APHTHEUSE. 171 pieds sont douloureux ; les animaux pictinent; ils se portent tantôt sur un membre, tantôt sur un autre. Dans la progression , ils choi- sissent avec précaution les parties du sol où l'appui peut se faire avec le moins de douleur. C’est surtout dans les pores que la marche est difficile ; ces animaux sont indolents , ils ne courent plus pour aller prendre leur nourrilure. Quelques vaches ont eu le dessous du ventre, le pourtour des yeux et les membres œdémateux. La sécrétion du lait diminue dès le début de la maladie. Quelques propriétaires ont remarqué que la diminution de ce liquide est plu- tôt en rapport avec la difficulté de manger qu'avec la gravité de la maladie; du reste, presque toujours les animaux qui ont le plus de peine à manger sont aussi les plus malades. Si les vaches ne sont que légèrement affectées de l’épizootie, le lait présente à peu près les caractères qui le distinguent dans l’état ordinaire (1), et, éprouvé au pèse-lait, il ne diffère pas sensiblement de celui qui provient d’une vache en santé. Cependant nous l'avons trouvé moins blanc , moins savoureux et devenant terne , plus épais par l’action de l’ammoniaque. Quand on a mis quelques gouttes de ce réactif dans du lait tiré d’une vache qui a des aphthes, ce liquide ressemble à de la colle de farine un peu claire; et, si on le verse, il paraît gluant comme une forte décoction de graine de lin. Le caillot qu’il forme sous l'influence de l'acide acélique est peu consistant , peu ferme. Lorsque la maladie devient très-grave , le lait perd sa couleur ; il est hétérogène, formé , même au moment où on le tire, d'un liquide visqueux el de grumeaux blanchâtres ; l'acide acétique n'y produit pas de cailiot, el la chaleur le solidifie. Marche, gravité et nature de la maladie. Lorsque l’épizootie aphtheuse pénètre dans un pays, elle y règne ordinairement long-temps; quelquefois elle se montre plusieurs an- nées de suite dans la même localité : elle a été observée dans plu- sieurs de nos départements en 1809, 1810, 1811 et 1812 (2). (1) Comme cela a lieu dans l’état ordinaire, il est le plus souvent acide au moment où il vient d’être tiré ; nous avons trouvé que celui de six vaches sur sepl rougissait la teinture de tournesol. (2) Elle s’est montrée dans les environs de Villefranche , dans le mois de juillet et et dans celui de décembre 18539; elle a régné aux portes de Lyon , à Vaise, en février, mars, et plus tard, en décembre 1839 et en janvier 4840. +172 RAPPORT La guérison des malades a ordinairement lieu huit ou dix jours après l'apparition des premiers symplômes. Chez quelques vaches et chez les chèvres, la maladie n’a duré que cinq ou six jours. Sur d’autres sujets, les pieds, la bouche restent long-temps douloureux; les ulcères, sans cesse irrilés, se cicatrisent difficilement. L'épizootie est très-rarement mortelle : sur cent vingt-trois ma- lades, un seul en est mort. C'était un veau, dont la maladie n’a été reconnue qu'une demi-journée avant la mort. Les symplômes ob- servés par le propriétaire sont des coliques, une bave écumeuse et des aphthes dans la bouche. Si ce veau est mort de l'épizootie, il est probable qu'il en était affecté depuis plusieurs jours lorsqu'on s’est aperçu de sa maladie. Dans les environs de Lyon, l'affection a été bénigne, el la gravité qu'elle a présentée est loin d'expliquer les craintes qui, dans le principe, ont engagé quelques propriétaires à vendre à très-bas prix leurs vaches au boucher. Lorsque la maladie a paru pour la première fois, elle a été con- fondue par les guérisseurs avec le charbon à la langue ou glossan- thrax, maladie beaucoup plus grave, contagieuse aussi, souvent mortelle, qui réclame un traitement prompt et énergique, tout dif- férent de celui qu’on doit employer contre les aphthes ; on l’a prise d’autres fois pour la limace, ou inflammation qui attaque la peau de l'espace interdigité. 11 ne faut pas confondre l'épizoolie qui règne actuellement avec la maladie aphtheuse sporadique : dans celle-ci, les aphthes, qu'on ne croit pas contagieux, limités à la bouche, sont presque toujours le symptôme d’une inflammation des premières voies, ou l'effet de certains aliments âcres, irritants. L’épizoolie qui règne en ce moment paraît être une affection spé- ciale, une maladie éruptive, dont le siége est le plus souvent limité à quelques parties de la peau et à la membrane muqueuse de la bouche. Comme certaines éruptions cutanées, elle est contagieuse; comme quelques-unes d’entre elles, « elle épargne les animaux qui en ont déjà été affectés » (Compte-rendu des travaux de l'Ecole vé- térinaire de Lyon, 1812, page 10 ) (1); comme elles, elle présente dans sa marche une période d’incubalion, une d’invasion, une d’é- ruption, elc. (4) Des observations et des renseignements recueillis depuis le mois de juillet nous ont prouvé que, lorsque Pépizootie aphtheuse reparail dans une localité, elle attaque les auimaux qui Pont déjà eue, SUR L'ÉPIZOOTIE APITHEUSE. 273 Cette maladie n’est pas toujours identique. Lafosse l’a vue, en 1763, 1764, régner sur les chevaux; elle en fit même mourir plu- sieurs. À la même époque, elle existait en Moravie, où les brebis en souffraient plus que les bêtes bovines; elle se communiquait même à l’homme, el des pores en moururent. Celle qui règne dans ce mo- ment à Amplepuis attaque les bêtes bovines, les chèvres et les pores; les chevaux et les bêtes à laine n’en sont pas affectés (1). Je n'ai vu qu'un chien qui en füt atteint. Traitement. L'épizoolie est très-rarement mortelle : abandonnée à elle-même, elle guérit généralement en peu de temps; cependant, par un trai- tement simple et peu dispendieux, on peut en abréger la durée et diminuer les souffrances des malades. Si quelques cultivaieurs ont fait usage de remèdes dispendieux, compliqués, fort peu conve- nables, d’autres, voyant que ces moyens étaient inutiles, en ont employé de plus rationnels. Pour indiquer le mode de traitement qui me paraît le plus convenable, je n’ai qu’à ordonner l'emploi de moyens dont je viens de voir l’efficacilé constatée par l'expé- rience. Aussitôt qu'on remarque quelques signes de la maladie sur un animal, lors même qu’il aurait conservé l'appétit et que la bouche serait encore saine, il faut le mettre à la diète, diminuer sa nourri- ture, supprimer les aliments secs, donner des soupes et des racines cuiles seules ou mêlées à de la farine. Les animaux doivent être pla- cés sur une bonne lilière, dans des étlables très-propres, plutôt chaudes que froides. Si la maladie débute par l’apparition des phlyelènes à la bouche, aux pieds, aux mamelles, la saignée est presque toujours ulile ; elle est même nécessaire si les malades ont le pouls plein, les yeux injectés. Si la maladie commence par des frissons, ainsi que cela a été souvent remarqué, que le poil soil terne, hérissé , la peau adhé- (1) Cette maladie qui, en 41858, épargnait aussi le mouton sur le Jura, l’a attaqué dans plusieurs autres localités. Le 29 septembre dernier, j'ai vu un troupeau de bêtes à laine du Limousin qui se rendait au marché de Villefranche (Rhône ), et qui avait contracté la maladie en route. 174 RAPPORT rente, il faut frictionner la surface du corps et soumettre les ani- maux à des fumigations aromatiques. — M. Tholin n'a pas employé ces moyens. Au premier symptôme qu'il a remarqué sur ses bœufs , illes a fait travailler jusqu'à ce qu'ils aient été en sueur; rentrés à l'étable, ils se sont reposés sur une bonne litière; l’éruplion des phlyetènes a eu lieu, et les malades ont élé soulagés. — Lorsqu’après les fumigations, la raideur du corps, des pandiculations, des con- tractions convulsives des muscles des membres, la fièvre, succèdent aux frissons, il faut pratiquer la saignée. C’est peu de temps après la saignée qu'il convient de placer un sélon ou un lrochisque au poitrail. Du côté de Thizy, on emploie, au lieu de la racine d’ellébore, celle d’orlie. Quoique les exuloires soient rarement conseillés dans la maladie aphtheuse, j'ai remarqué qu'ils avaient produit de bons résultats, et j'ai cru que je devais en recommander l'emploi, ne fûl-ce que pour empêcher qu'on ne pra- tiquât ces incisions barbares qui transforment les corps des ani- maux en de vastes plaies. On ne saurait trop s’élever contre la pra- tique de ces incisions, que les guérisseurs des environs de Lyon, du Beaujolais, du Charolais, etc. pratiquent contre loutes les maladies, et qui ne peuvent être utiles que sur les tumeurs charbonneuses, heureusement très-rares. Nous devons dire aux propriélaires de bestiaux que les effets dépuratifs (la révulsion ) que produisent des plaies faites sur les côtes, sur le dos, aux avant-bras, ete. sont plus sûrement obtenus au moyen des sétons ou des trochisques placés au fanon. Cette région du corps présente, par sa position sous la poi- trine et sa direction tout-à-fait déelive, par sa structure anato- mique riche en tissu cellulaire lâche, les conditions les plus favo- rables à l'écoulement des mauvaises humeurs, à la formation et à la sortie du pus. Dans les communes que nous avons visitées, on a fait un em- ploi abusif des moyens généraux dont nous venons de parler; les remèdes locaux que nous allons indiquer, employés à temps , suf- fisent pour arrêter les progrès de la maladie aphtheuse loutes les fois qu'elle ne présente point de complication extraordinaire. On ne remarque souvent les premiers symptômes qui paraissent dans la bouche que lorsque les phlyctènes sont ouvertes et les ulcères formés. Du reste, celles-là ne réclament aucun soin parti- culier ; on ne doit jamais, pour les ouvrir, frotter l’intérieur de la SUR L'ÉPIZOOTIE APHTHEUSE. 175 bouche avec un corps dur. Le frottement, utile pour nettoyer les pustules pleines de pus noirâlre, corrosif qui existent dans les cas de charbon à la langue, aggrave la maladie aphtheuse en irritant la bouche. IL en est de même des liqueurs irrilantes employées pour combattre les aphthes; elles peuvent convenir dans le cas de glos- santhrax, mais elles sont inutiles dans l’épizootie régnante. On ne doit employer contre les aphthes de la bouche et des naseaux que des lotions faites avee de l’eau tiède vinaigrée, ou avec de l'eau d'orge acidulée , ou des décoctions astringentes ( celles de feuiiles de ronce). L'acide sulfurique, l'acide hydrochlorique très- étendus d’eau, le vin chaud sucré ou miellé peuvent être utiles lorsque les ulcères sont pâles, blafards, et que la cicatrisation en est difficile. ; Les aphthes des mamelles ne réclament que des lotions fréquem- ment répélées. Outre les substances que nous avons indiquées pour lotionner la bouche , on peut laver le pis avec de l’eau dans laquelle on aura ajouté quelques gouites d'extrait de saturne. Il est dange- reux de se servir d’une épingle pour déboucher les mamelons, ainsi que les lailières le pratiquent assez souvent. Les aphthes des pieds sont les plus dangereux , car ils peuvent produire la chute des onglons. Pour prévenir eel accident, toujours grave, surtout dans les animaux de travail, il faut placer les ani- maux sur une bonne litière , tenir les pieds malades dans une très- grande propreté , et, dès l'apparition des premiers symptômes, faire usage des lotions astringentes ou acides que nous avons recomman- dées. L'onguent égyptiac est un dessicatif qui, élendu en petite quantilé sur les ulcères, produit presque constamment de très-bons effets. Si, malgré ces moyens, le mal fait des progrès , que l'ongle se décolle, il faut couper les parties détachées et panser les plaies avec de l’eau acidulée , ou avec l’onguent égyptiac. Si la maladie se prolonge au-delà de la durée ordinaire , que la cicatrisalion des aphthes de la bouche soit difficile , ïl faut donner aux malades, indépendamment des soupes et des racines cuiles, du regain, de l'herbe tendre ; on peut même les conduire dans des pä- turages dont l'herbe soit fine et longue , sauf à les y laisser peu de temps. 176 RAPPORT Traitement préservalif. Tous les médicaments employés comme préservatifs sont inu- tiles; ceux dont on fait usage ordinairement ont toujours été inef- ficaces et souvent nuisibles. Mais l'isolement des animaux doit être pratiqué avec soin. Si l'épizootie règne dans le voisinage , il faut veiller à ce que le bétail ne rencontre pas les troupeaux malades , qu'il ne passe pas dans les chemins où ces derniers viendraient de, passer. Il est même pradent d'éviter, autant que possible, de réunir les animaux, lors même que l'épizootie ne paraît pas les avoir at- taqués (1). Les habitants des communes où la maladie n'existe pas ne doi- vent pas fréquenter les foires; ils doivent surtout s'abstenir d'y aller pour acheter du bétail, et même d’y conduire le leur, de crainte de ne pas trouver à le vendre, et d’être obligés de le ramener avec les germes du mal. Aussilôt que la maladie se déclare , on doit écarter avec soin les animaux sains des malades. Malheureusement, l’épizootie se propage dans les étables, où elle pénètre avec une rapidité qui ne donne pas le temps d'agir. Il faut, lorsqu'elle règne dans le pays, visilet souvent les troupeaux, et, au premier signe du mal, séquestrer le malade. Peu de propriétaires ont assez d'emplacement pour aban- donner l’étable ordinaire à l'animal qu'il faut isoler, et mettre les bêtes saines dans un lieu non infecté. Presque toujours, c’est le malade qu’on place dans un endroit où le prineipe contagieux n'a (4) MM. les curés n'auraient -ils pas pu contribuer à propager la contagion, en faisant réunir dans la même étable les animaux de plusieurs propriétaires? Nous rappellerons à celle occasion les paroles adressées, en 1774, par un vénérable pré- lat, larchevèque de Toulouse, aux curés de son diocèse, au sujet d’une épizoolie : « Quelques-uns , leur disat-il, pour obtenir une bénédiction, qu'ils ne craignent pas souvent de confondre avec des remèdes humains, éxposeraient, par des sorties indis- crèles, où par la seule réanion, leurs bestiaux à la contagion. D’autres, contents de lavoir obtenue, négligeraient tous les préservatifs qui lenr sont offerts, et manque- raient ainsi à la Providence, qui n’aide l’homme qu'autant qu'il s’aide lui-même par son travail el par son industrie. I faudrait à d’autres des processions, des pélerinages qui, les détournant des soins de leurs ménages et de leurs cecupalions habituelles, ajouleraient encore à leur misère, et les exposeraient à rapporter la contagion des lieux qu'ils auraient fréquentés pour s’en garantir. » SUR L'ÉPIZOOTIE APHTHEUSE, 1 11 pas encore pénétré. Si l’on est obligé d'agir ainsi, il faut, au moins, après avoir fait sortir le malade, en bien nettoyer la place, laver la crèche, le ratelier, les murs avec de l'eau bouillante, ou avec du lait de chaux, sortir avec soin le fumier et faire une bonne litière. Faire régner une grande propreté, donner des aliments incapables d'irriler la bouche, faire des lotions acides sur les parties malades, pratiquer la saignée quand il y a fièvre, préserver les animaux sains de la contagion, sont les seuls moyens curatifs et préservatifs que l'on doive employer, T. I, 12 ae othnt Ai EM " RS pag aug pi: M LORS -T Lors 2 Mer Ash pe en: op bte ire ’ ; DS AMAT UN NOT er ’ Re Sri ram, Soterta Done ve: ONE or Lol se 4 EXPOSITION DE FLEURS ET D'AUTRES PRODUITS DE L'HORTICULTURE ET DE L'AGRICULTURE , D 'AA Crangere 4 Tardin ds Dfantes, Les 29, 50 et 31 mai 1840. PROGRAMME. La Société Royale d'Agriculture, histoire naturelle et arts utiles de Lyon a décidé, dans sa séance du 20 de ce mois, qu'elle ferait celte année sa troisième Exposition de fleurs. Elle a arrêté le pro- gramme suivant : Arr. 1°", Il y aura une Exposition publique dans l'Orangerie du Jardin-des-Plantes les 29, 30 et 31 mai. Tous les horticulteurs et amateurs de fleurs sont admis au concours. Les membres de la Commission sont seuls exceptés. On admettra à cette Exposition : 1° Des plantes en fleur ; 2° Des fruits remarquables par leur volume, par leur précocité, ou par d'autres qualités rares; 3° Des légumes distingués par leur nouveauté dans nos pays, par leur belle culture , ou par quelque qualité particulière ; 4° Des plantes et des graines nouvelles, des plantes céréales, four- ragères, textiles, tinctoriales, oléagineuses, médicinales et autres que l’économie rurale peut revendiquer comme utiles, et toute collection de graines qui présenterait de l'intérêt; 5° Des instruments et des meubles d’horticulture et d'agriculture ; 6° Des ouvrages rares ou nouveaux sur l’horticulture et la bo- tanique ; 7° Des gravures et dessins ; Des étoffes brochées ou autres, Des fleurs artificielles , qui seront des représentations exactes de plantes, 180 EXPOSITION Arr. 2. Les plantes non fleuries ne seront admises qu'autant qu'elles seraient remarquables. Anr. 3. La Société décernera des récompenses et des encourage- ments dans l’ordre suivant : 1° POUR LA PLUS NOMDREUSE ET LA PLUS RICHE COLLECTION DE PLANTES FLEURIES. 47 Prix : Une médaille d'or. 2° Première médaille d'argent. 3° Deuxième médaille d'argent. Accessit : Une médaille de bronze. 99 A LA PLANTE D’ORNEMENT, EN FLEUR, LE PLUS RÉCEMMENT INTRODUITE EN FRANCE. 4° Prix : Une médaille d'argent. Accessit : Une médaille de bronze. 30 A LA PLANTE FLEURIE LA PLUS ÉLOIGNÉE DE L'ÉPOQUE NATU- RELLE DE SA FLORAISON. 4° Prix : Une médaille d'argent. Accessit : Une médaille de bronze. 4° A LA COLLECTION DE GENRE QUI OFFRIRA LE PLUS D’INTÉRÊT ( Pélargonium , Rhododendron, Azalea, Bruyère, Magnolia, Rosier, Auricule et autres). 4er Prix : Une médaille d'argent. Accessit : Une médaille de bronze. 5° A LA PLANTE OU AUX PLANTES QUI, PAR LEUR DIMENSION, PAR LEUR BELLE VÉGÉTATION, DÉCÈLENT DE BONS PROCÉDÉS DE CULTURE. Prix : Une médaille d'argent. 6° A LA COLLECTION DE PLANTES REMARQUABLES ENVOYÉE DU LIEU LE PLUS ÉLOIGNE DE LYON. Prix : Une médaille d'argent. Indépendamment des prix annoncés , la Sociélé en accordera en- core si, parmi les objets exposés autres que les plantes , il en est qui méritent des récompenses. Il sera aussi décerné des mentions honorables. Arr. 4. Les exposants feront adresser leurs produits à l'Orangerie du Jardin-des-Plantes , au plus tard, le 27 maï. Ils en remettront une liste exacte. Chaque plante sera accompagnée d’une étiquette uniforme, bien lisible, portant son nom scientifique et son nom fran- gais. Au-dessus de chaque collection sera inscrit le nom du pro- DE FLEURS , ETC. 181 priélaire, à moins qu'il ne juge pas à propos de se faire connaître. Un membre de la Commission d'Exposition délivrera à chacun un récépissé de ce qu’il aura déposé. Arr. 5. Cette Commission, composée de treize membres, pronon- cera sur l'admission des objets présentés; elle les disposera dans l'ordre qu'elle jugera le plus convenable; elle veillera à ce qu'ils recoivent tous les soins nécessaires à leur conservation. La même Commission, agissant en qualité de jüri, prononcera sur le mérite des objets exposés , et désignera les exposants qui au- ront droit aux distinctions. Arr. 6. Une loterie de plantes ou d’autres objets exposés , DoNT TOUS LES BILLETS SERONT GAGNANTS, a été décidée par la Société dans le double but de propager le goût des fleurs, et d'offrir un en- couragement à ceux des exposants qui en font leur industrie. ze MONTANT TOTAL DES BILLETS PLACES SERA EMPLOYÉ EN ACHATS D’0B- JETS EXPOSÉS POUR FORMER LES LOZS. Le tirage aura lieu , en séance publique, dans le local même de l'Exposition, le lundi 1°" juin, après la distribution solennelle des récompenses. Arr. 7. Les objets exposés ne pourront être retirés, pour quel- que motif que ce soit, qu'après la distribution des médailles et le tirage des lots. Lyon, le 27 mars 1840. Le Président de la Société, Monrai. Le Secrétaire de la Société, Hénow. COMMISSION D'EXPOSITION. MM. Sec, Président ; Turarrair, Secrélaire ; LacÈène, Garior, Ducas, TERME, Jurie , Descnamrs. Hamon, Granpperrer, Muisanr, Bourcier, MAGne. Li 34 dé ri the nr! DC rs La eee de APERÇUS SUR QUELQUES PHÉMOMÉÈINES DES FILONS D'OR DE LA GARDETTE, PRÈS DU BOURG-D'OISANS (ISÈRE), ET OBSERVATIONS GÉNÉRALES SUR LA CLASSIFICATION DES FILONS : PAR M. GRAFF, DIRECTEUR DES MINES; e a/ Les branches des sciences naturelles qui sont encore jeunes présentent un caractère propre et qui prête un charme parti- culier à leur étude, en ce qu’elles offrent l'avantage de faire découvrir du nouveau, ou bien de faire acquérir plus de cer- tütude aux apercus encore trop incomplets pour être générale- ment admis. Il est, d'ailleurs, facile de travailler à leur déve- loppement par l'application de principes simples et jusqu'alors peu employés ; aussi, tout mémoire sur la géologie est encore utile lors méme qu'il ne traite que d'un sujet secondaire. La description de quelques gisements de minerai des départe- ments de l'Isère et des Hautes-Alpes, peut donc présenter quelque intérêt, soit qu'elle serve de terme de comparaison, soit qu'elle provoque des recherches analogues dans d’autres contrées. Dans ces derniers temps surtout, le cercle des connaissances systématiques sur les filons s’est beaucoup agrandi; 1l suffit, par exemple , de rappeler le travail publié en 1838 par le professeur Fournet , sous le titre de Cerconstances de la cris- tallisation dans les filons, dans lequel plusieurs faits sont considérés sous un point de vue nouveau, et dont lexplica- tion, rapportée à des phénomènes qui se passent encore sous Tr 1 15 184 APERCUS SUR QUELQUES PHÉNOMÈNES nos yeux, acquiert un haut degré de certitude : ce mémoire a donc étendu nos idées, et ouvert un champ nouveau pour les observations ultérieures. Il est cependant digne de re- marque que, parmi tant d'ouvrages sur les roches en général, il n'y en ait qu'un petit nombre sur les gisements métalli- ques, malgré l'intérêt qu'ils doivent présenter; et cette pénu- rie devient encore plus choquante si, abstraction faite de leurs rapports avec l’ensemble du développement du globe, on ré- fléchit seulement aux résultats que leur épuisement aurait sur la société et sur le maintien de la civilisation. Dans le mémoire de M. Fournet, il est surtout question des gisements dont les différentes matières ont été poussées simultanément, par une force agissant de bas en haut, vers la surface; la présente notice a, au contraire, en vue la des- cription d'un autre genre de filons qui se sont augmentés peu à peu, et ont, sans aucun doute, employé un temps plus ou moins long à leur formation; elle concernera le filon aurifère de la Gardette, gisement qui présente des phénomènes dont l'explication peut étre resserrée dans les limites d'une con- naissance positive. La mine d’or de la Gardette, située près du hameau du même nom dépendant de la commune de Villard-Eymond, est à 6 kilomètres au sud du PBourg-d'Oisans, à peu près à 550 mètres au-dessus de ce lieu, et peut-être à 1,290 mètres au-dessus de la mer. D'après M. Gueymard, elle est du nom- bre de celles qui, par arrêt du conseil d'état du 10 juin 1776, furent concédées à Louis X VIT, alors comte de Pro- vence ; cependant les premiers travaux dont elle fut l'objet remontent au commencement du siècle passé, et ils avaient été entrepris par des paysans qui les abandonnèrent bientôt, faute de fonds. En 1733, on fit de nouvelles tentatives d'après les ordres du roi ; elles n’eurent aucun succès. En 1765, les habitants DES FILONS D'OR DE LA GARDETTE. 185 de la Gardette en firent d’autres, dont le but réel était l’ex- iraction du cristal de roche; elles se bornèrent au percement d'une galerie longue de 11 mètres, et l’on trouva encore quelques traces d’or dans des cristaux de galène placés sur les aiguilles de quartz. Excité probablement par le mot or, un paysan du même endroit, nommé Garden, recommenca les recherches cinq ans plus tard, et il trouva réellement de l'or natif, dont il remit des échantillons à M. Pinelli, alors directeur de la mine des Chalanches. Celui-ci se transporta sur les lieux , mais ne put élablir l'identité entre les échantillons et le filon, et l’af- faire en resta là jusqu'en 1779, époque à laquelle le même Garden, qui avait poursuivi ses entailles, fit de nouvelles dé- couvertes. Il en porta le fruit à M. Schrciher, qui avait rem- placé Binelli. L'identité des échantillons avec le filon fut constatée, et bientôt M. Schreiber trouva lui-même de l'or natif dans les travaux qu'il avait ordonnés ; les essais doci- mastiques lui firent aussi reconnaitre la présence de ce métal dans les pyrites du filon. Un rapport détermina le comte de Provence à faire pour- suivre les travaux , et ceux-ci, commencés le 18 juin 1781, ont été continués sans interruption jusqu'en octobre 1788. Pendant cette époque, on s’est borné à des recherches soi- gneuses sur les affleurements, et aussi dans la profondeur vers l'Ouest, où l'on avait trouvé le plus d’or vers la partie supé- rieure ; mais on ne put pas les étendre à l’Est, vers le point N° 1 sur le dessin ci-joint (PI. I), parce que le filon s’y di- vise à la surface en plusieurs branches. M. Schreiber fit aussi faire d’autres travaux analogues à 100 mètres du mur du filon principal, sur une veine de quartz parallèle , plongeant presque perpendiculairement vers le Sud (Voir N° 34 et 35); et celle-ci, malgré sa ressemblance avec la masse principale, n’a jamais présenté d’or. Le plan donnant une idée plus exacte 186 APERCUS SUR QUELQUES PHÉNOMÈNES de ces travaux qu'une description ; je me borne à y renvoyer, en ajoutant seulement qu'à celte époque on trouva de tres- jolis échantillons, qui ne se sont maintenus avec une certaine constance que sur une longueur de 3,8 toises, à l'extrémité oc- cidentale de la galerie N° 22. Mais l'irrégulière distribution du métal, jointe à d’autres circonstances inconnues ; détcr- iminèrent l'abandon de la mine ; ct dès-lors, tout demeura suspendu jusqu'au commencement de 1838, époque à la- quelle une compagnie, dont le siége est à Paris, se constitua pour reprendre les travaux. Ce résumé impartial doit faire avouer que le gite aurifère n'a jamais été étudié assez exactement pour permettre de pro- noncer un jugement définitif sur les avantages de son exploi- tation ; car-un système de fouilles superficielles, convenable tout au plus pour des recherches de houille, ne peut pas s’ap- pliquer aux filons métalliques, et de plus, dans ces travaux , on a entièrement négligé la partie du filon qui, selon toute probabilité, se prolonge à l'Ouest sous le calcaire à bélem- nites. Si l'on considère, en outre, que les parties métallifères de la Gardette, dont le nombre et l'angle d'inclinaison ne sont pas encore bien connus , peuvent se comporter de la même manière que celles des filons cuprifères, à gangue quartzeuse, encaissés transversalement dans les terrains de Grauwacke, ct dans lesquels on rencontre cà et là des nodules productifs, mais d'une très-faible extension en longueur et en profondeur, on admettra sans doute aussi que, dans le champ oriental de le veine aurifère , il peut se trouver des rognons dignes d’être exploités, et qui n'ont pas été mis en évidence par les recher- ches précédentes. De là, une réunion de circonstances qui détermina la so- ciété actuelle à poursuivre le filon dans ses directions orien- tales et occidentales ; et elle fut assez heureuse pour ren- contrer, dans la galerie N° 2, de très-riches échantillons d'er DES FILONS D'OR DE LA GARDETTE. 187 alliés au tellure, que l'on n'avait point reconnus dans les travaux faits au jour. Espérons donc avec tous ceux qui s'intéressent à l'industrie des mines , que les recherches en- treprises avec circonspection auront un succès heureux ; mais notre but n'étant pas de décrire une exploitation ; nous nous bornerons à ce préambule historique, et nous allons nous at- tacher spécialement aux phénomènes que présente le filon. Celui-ci se trouve dans les montagnes escarpées qui con- süituent le versant gauche de la vallée du Bourg-d'Oisans, montagnes dont la masse est formée par une roche à laquelle M. Gueymard a , dans sa Hinéralogie du département, donné le nom de Protogine. À leur partie supérieure, apparaît un gneiss passant au schiste quelquefois talqueux , et l'on y re- marque des bancs dirigés du S-E au N-0, avec une incli- naison de 36 à 40° vers le Nord ; ils sont coupés par le filon, dont l'allure est, sur 7 à 8 heures, avec une inclinaison au Sud de 70 à 80°, et une puissance de 07,10 à 0,80. La roche encaissante laisse apercevoir en outre des fissures parallèles à la direction et à l'inclinaison du filon ; elles don- nent à la roche une structure rhomboïdale, et pourraient être facilement prises pour des séparations de couches, Au-dessus de la roche primordiale, prédomine un calcaire bélemnitifère passant du bleu sombre au gris cendré ; sa surface de contact est dirigée sur or. 2 à 4, avec une inclinaison de 25° vers l'Ouest. Le contraste des diverses couleurs de ses bancs, leur forte inclinaison, leur épaisseur variée, la hauteur de ses parois escarpées plus ou moins proé- minentes, présentent à l’observateur placé dans la plaine du Bourg-d'Oisans un profil gigantesque, rendu plus remar- quable encore par les zigzags que forment les plissements des couches. Non loin du contact du calcaire avec la roche primitive’, apparait en plusieurs points une roche amygdaloïde (spilithe), 188 APERÇUS SUR QUELQUES PHÉNOMÈNES dont la découverte est due à M. Gueymard. Quelle est sa dis- position? c’est ce qui n’a pas encore été éclairci. Il est ce- pendant vraisemblable qu’elle constitue un filon analogue à ceux des porphyres et des basaltes, que les études de M. le conseiller supérieur des mines de Beust ont fait ranger dans la même catégorie; et cette présomption est d'autant plus fondée , que le spilithe rencontre le calcaire et le traverse. Dans son voisinage, ce dernier perd sa texture schisteuse , devient plus compact et se trouve changé en véritable dolo- mie ; on peut même trouver des fragments de calcaire com- pact qui n'ont pas encore subi ce métamorphisme , en sorte que cet exemple confirme les observations de M. Léopold de Buch sur la transformation du calcaire compact en dolomie, après son dépôt, par l’action de roches plutoniques. J'ai plusieurs fois visité le filon avec M. Eugène Guey- mard, ct les surfaces de glissement ont surtout excité notre attention. On sait qu'on désigne par cette expression des plans plus ou moins polis, des espèces de miroirs sillonnés de stries parallèles et dirigées vers la profondeur. Les mineurs allemands leur donnent encore le nom de harnische , que J'on peut traduire par le mot cuirasse, parce que la partie polie est souvent métallique. Ces miroirs se trouvent dans la masse du filon dont ils suivent la direction. Ceux du filon aurifère de la Gardette alternent plusieurs fois l’un à côté de l’autre ; mais ils diffèrent en général des autres, en ce que les rayures de leur surface sont presque partout horizontales ( 3/4 — 1° Est), sur des longueurs de plus de 400 mètres, et celles-ci se montrent encore dans la partie occidentale sur une profondeur de plus de 80 mètres. Les miroirs sont ici parallèles aux différentes bandes de quartz qui composent le filon, et ont sans doute un rapport intime avec leur formation. Nous devons ajouter qu'indépendamment du parallélisme des différentes bandes de quartz, déterminé DES FILONS D'OR DE LA GARDETTE. 189 par les surfaces de glissement, on peut, même à l'œil nu, distinguer dans chacune d’elles une texture rubannée parti- culière , qui porte à faire conclure que, pendant la formation des bandes , il y a eu des intermittences assez longues pour permettre à la masse de quartz, déjà entrée dans la fente, d'acquérir un certain degré de dureté, d'où serait résulté l'impossibilité d'une liaison aussi parfaite que dans le cas d’un dépôt non interrompu. Du reste, l'explication de ce phéno- mène par un abaissement de température durant la forma- tion serait peu satisfaisante ; car, en l’admettant, on devrait reconnaître dans chacun des rubans des passages insensibles qui ne se montrent point dans le cas actuel. Je possède un de ces morceaux de filon, de 0,09 d'épaisseur, compris entre deux surfaces de glissement, dans lequel on distingue ciat- rement 38 de ces rubans dont l'épaisseur est presque égale. Pour en revenir aux surfaces de glissement, il faut encore remarquer que la masse du filon située vers le toit parait s'être déplacée dans la direction des rayures, puisque les deux plans contigus qui forment les miroirs laissent entre eux un espace encore ouvert ou qui s’est rempli postérieurement. Enfin , si l’on examine le filon avec attention, on trouve en plusieurs endroits, par exemple dans la galerie Gueymard et la galerie Panis, 8 à 10 de ces surfaces de glissement rap- prochées les unes des autres, et indiquant 4 ou 5 abaissements différents du toit. Voici donc de quelle manière nous conce- vons la formation du filon : il se forma d’abord une fente large de 0®,01 à 0",15, qui se tapissa simultanément au toit et au mur de quartz, contenant cà et là de la galène à grain fin, des pyrites de fer et de cuivre, du cuivre gris, de manière à être obstruée jusqu'au milieu par ces incrustations. Les parties métalliques s'y trouvent ordinairement en petites couches minces, parallèles aux bandes; parfois, n'étant pas assez abondantes pour former une lame suivie, elles ont 190 APERCUS SUR QUELQUES PHÉNOMÈNES été remplacées par le quartz. Dans tous les cas, le cuivre pyriteux ou les autres minerais plus rares sont simplement disséminés. A peine la fente fut-clle remplie, et sans que la matière introduite füt complètement solidifiée, comme on peut le sup- poser d’après l'aspect mat des surfaces de glissement, arriva un nouvel écartement; ct l'ouverture eut lieu par le milieu dans les parties épaisses du remplissage précédent, tandis que I où la puissance était moindre, elle s’est opérée quelquefois au toit, probablement parce qu'ici le remplissage avait été plutôt terminé et s'était même déjà endurci. Ce qui appuie cette hypothèse, c'est que le filon demeurant couché sur le mur pendant l’abaissement qui accompagna le nouvel écar- tement, le toit a glissé de manière que la roche qui le com- pose s’est sillonnée de rayures presque horizontales, identiques à celles que lon voit dans les bandes du filen. (Galerie Pa- nis, galerie Eugène. ) Le quartz qui compose les bandes isolées est tantôt blanc de lait, tantôt jaunûtre, et, dans ces cas, lorsqu'il est rempli de druses, il prend les nuances gorge de pigeon, ou bleuñûtre, ou verre de bouteille (hyalin enfumé ). L'or natif parait ap- partenir surtout à cette deuxième formation de bandes ; il se trouve dans les géodes du quartz cristallin , et toujours adhé- rent à celui-ci. La galène à grandes facettes s’est déposée en même temps que l'or qui en remplit les interstices de clivage. Le fer oxidé carbonaté manque aussi rarement dans cette deuxième bande ; il remplit les intervalles avec le spath cal- caire rougeûtre, ou forme des rubans de plusieurs lignes d'épaisseur. Le tellure a sans doute quelque affinité avec ce spath calcaire; car, jusqu'à présent, ils se sont toujours montrés associés ensemble ; l'un joue le rôle de Fautre, aussi bien que le sulfate de baryte qui ne paraït qu'en petite quantité. La déchirure du filon, sans doute plusieurs fois répétée ; DES FILONS D'OR DE LA GARDETTE. 191 à en juger d'après les rayures des surfaces de glissement ; était accompagnée chaque fois d’un glissement presque hort- zontal du toit, et avait lieu, ainsi que nous l'avons fait obser- ver plus haut, dans le moment où le remplissage du filon était encore susceptible de changer de structure par Ta com- pression; et cela est d'autant plus vraisemblable, que la com- pacité du quartz est, dans les différentes bandes, en rapport avec leur épaisseur. Plus elles sont minces, plus le quartz est compact; et il atteint son maximum dans celles qui n'ont que de 0®,001 jusqu’à 0",005 d'épaisseur; les autres présen- tent dans leur milieu un agrégat de cristaux, offrant entre cux des espaces vides. Je laisserai, du reste, de côté la question de savoir si c'est le volume de la masse ou son endurcissement déjà trop avancé qui a mis obstacle à une plus grande compression par frot- tement, ou bien s’il faut attribuer cette circonstance aux 1r- régularités plus ou moins grandes du filon. Le fait est que la pression n’a pas été égale partout, car j'ai trouvé des parties de filon, épaisses de 0,02 entre leurs deux surfaces de glis- sement, qui sont complètement frottées et polies d’un côté, tandis que, de l’autre, 11 n'y à d’usé que l'extrémité des cristaux. Les grandes druses remplies de belles pointes de cristal de roche qui se rencontrent dans le milieu du filon, peuvent 'aus- si ètre une conséquence de lPabaissement du toit ; car le filon forme cà et à de petites sinuosités suivant sa ligne d'inclinai- son, en sorte que, lors de Fabaissement du toit, une partie concave à pu se reposer contre une autre partie parecillement concave, demeurée immobile contre Le mwr; et de là, un ren- flement. Si, au contraire, une concavité du toit arrive en con- tact avec une convexité du mur, 1} en résulte une diminution dans la puissance du filon, où un étranglement ; il est clair, d'ailleurs, qu'entre ces deux extrêmes, il y a une foule de cas 192 APERÇUS SUR QUELQUES PHÉNOMÈNES intermédiaires, dont on peut observer un grand nombre dans le gisement. IL est une autre circonstance qui vient à l'appui de la for- mation successive du filon : c'est que l’on trouve dans les diverses bandes , et spécialement dans la seconde , des frag- ments détachés de la roche encaissante, ou bien des mor- ceaux frottés de la première, dont l'épaisseur ne dépasse jamais celle de la bande qui les renferme. Cette introduction de fragments d’un volume donné fait supposer que les écarte- ments n'avaient chaque fois qu’une dimension capable de les recevoir. D'ailleurs, jamais ils ne se touchent, même quand il y en a eu plusieurs les uns à côté des autres, comme cela arrive ordinairement dans d’autres filons ; ils sont, assez or- dinairement, enveloppés d’une pellicule de fer carbonaté ; et quand celui-ci manque, le quartz le remplace, sans former ce- pendant une auréole comme dans les analogues des filons d’Al- levard. Dans le cas où les surfaces de glissement sont paral- lèles aux salbandes, et que, pour une puissance de filon qui ne dépasse pas 0,08 à 0®,12, on en peut distinguer une di- zaine, on a une preuve évidente que l’abaissement du toit, qui était chaque fois accompagné d'un déchirement du filon, à duré encore long-temps après que le premier remplissage in- troduit dans le filon était déjà consolidé. Nous admettrons donc que, dans le filon de la Gardette, il y a autant de rem- plissages successifs qu'il y a eu d’abaissements divers du toit, en sorte que nous pourrons déterminer, avec toute l'exacti- tude désirable, l'âge relatif des différentes bandes et des mi- néraux qui y sont renfermés. Nous avons déjà dit que les sillons creusés sur les sur- faces de glissement sont parallèles dans toutes les bandes et presque horizontales ; cette disposition doit d'autant plus frapper ; qu'elle se rencontre sur une étendne de plas de 400 mètres. Il est, à Ja vérité, très - ordinaire de DES FILONS D'OR DE LA GARDETTE, 1935 voir, dans les filons, des surfaces de glissement dont les rayures ont une inclinaison moindre que celle du filon où elles se rencontrent; on a même vu, mais rarement, des sur- faces de glissement avec des rayures horizontales, quoique le filon füt incliné; et l’on a cherché à expliquer ces différences en admettant que la portion de montagne qui s’abaissait, a, dans les dernières périodes du mouvement, rencontré une ré- sistance assez grande pour occasionner une déviation dans la marche de l'abaissement, qui, pris dans son ensemble, avait lieu suivant la ligne de pente ; mais la répétition périodique et constante des bandes avec le parallélisme des rayures, dans toutes les surfaces de glissement, ne peuvent pas s’accorder avec celte explication , et cela d'autant moins, qu'il est ex- trémement vraisemblable que toutes les surfaces de glisse- ment des différentes époques dépendent d'une cause identi- que. Nous sommes donc obligés de chercher une autre explication, qui réponde mieux à la question. En maintenant le fait, que les surfaces de glissement sont résultées seulement du frottement du toit s’abaissant périodi- quement ; ayant égard, en outre, à l’action non douteuse des lois de la pesanteur, qui ne permettent pas d'admettre une chose directement opposée, c’est-à-dire un mouvement de montagne horizontal; nous sommes portés à croire que les rayures étaient disposées originairement suivant la direction du pendage du filon, etque ce filon, avec la roche encaissante, a été retourné dans un mouvement de soulèvement ou d’abais- sement général, après la formation des sillons, de telle sorte qu'ils sont arrivés dans la position horizontale où nous les voyons, après avoir eu primitivement la même inclinaison que Le filon; et d’après cela, il est nécessaire d'admettre que le filon à éprouvé, suivant sa direction, un mouvement de rotation de 90° à peu près. De semblables renversements de montagnes ne sont pas sans exemple dans les Alpes. Il suflit de rappeler, à 194 APERCUS SUR QUELQUES PHÉNOMÈNES cette occasion, qu'au-dessus d’Allemont, on trouve des surfaces de contact très-apparentes entre le schiste micacé et le schiste ardoisé, qui fait le passage au calcaire à bélemnites, dans les- quelles M. Gueymard, ingénieur en chef, nous à fait observer le premier que le schiste micacé a dû être retourné de 140 de- grés, si l’on suppose, toutefois, que ses couches étaient pri- mitivement horizontales. Ce changement de position de Ia roche encaissante du fi- lon aurifere de la Gardette, parait coïncider avec l’époque de soulèvement du calcaire à bélemnites, Imaginons ce calcaire, placé horizontalement sur les gneiss schisteux, amené à une inclinaison presque perpendiculaire par un soulèvement antérieur ; admettons, en outre, que les couches de gneiss, d'après la direction du filon, ont été élevées ou abaissées de 90° à peu près, et nous concevrons que les couches de cal- caire auront du arriver à peu près à leur position actuelle. Le spilithe que nous avons déjà signalé n’aurait-il pas eu une grande part à ce redressement, en agissant à peu près de la même manière que le mélaphyre, qui. d'après Léopold de Buch, serait la cause immédiate et déterminante du soulève- ment des Alpes? Cette hypothèse de la formation successive de beaucoup de filons, permet de concevoir que ecux qui ont une grande puis- sance ont pu se former dans des roches peu consistantes, sans qu'elles se soient pourtant brisées ; car les faits énumérés au sujet du filon de la Gardette indiquent clairement que le grand espace entre le toit et le mur n’a jamais été ouvert en une seule fois, mais que la fente s’est élargie peu à peu et pério- diquement , et qu'un remplissage suivait plus où moins im- médiatement cet écartement. Là où se fit une ouverture assez large pour que la masse du filon ne püt la remplir assez vite, nous trouvons aussi ordinairement des fragments provenant soit de 11 roche voisine, soit des parties plus anciennes du ft- DES FILONS D'OR DE LA GARDETTE. 195 lon ( galerie Brun ) ; en sorte que tous ces faits peuvent con- firmer, même pour les Alpes, le principe énoncé, autant que je le crois, par le consciller des mines Schmidt, à Siegen, sa- voir : « que la formation et le remplissage de beaucoup de filons ne sont pas l'œuvre d’un court espace de temps; que peut- être des siècles ou des milliers d'années se sont écoulés avant que les affaissements de la croûte de notre planète, commen- cés dans une certaine direction, se soient arrêtés. » On ne peut, d’ailleurs, pas nier que la plupart des flons qui doivent leur puissance à un accroissement successif, ne présentent ni celte alternance des matières de leur remplis- sage, ni cette régularité de la répétition des surfaces de glis- sement que l’on observe dans celui de la Gardette. La cause de leur irrégularité peut provenir de ce que l’abaissement pé- riodique du toit n'a aucun rapport direct avec l'époque du remplissage ; en sorte que la première fente était peut-être depuis long-temps remplie et la matière déjà durcie, lorsque le toit s’affaissa avec ou sans frottement. Il est probable qu'a- lors elle ne se rouvrit pas par le milieu, mais qu'il s’est for- mé, surtout dans la classe des filons adhérents à la roche en- caissante, des fractures en zigzag telles, que la premitre formation par bandes fut d'autant plus eflacée par l'introduc- tion des nouvelles substances, que ces phénomènes se sont reproduits un plus grand nombre de fois. IL est de fait que nous voyons des filons dont le remplis- sage affecte une tendance à la formation par bandes, comme, par exemple, quelques-uns de ceux d'argent et de cobalt des Chalanches, celui de la mine Ruine, près Sichilienne, les fi- lons de Grand-Clot ; tandis que, dans d'autres, comme nous l'avons déjà dit, la formation première par bandes est entiè- rement perdue. Est-on maintenant disposé à admettre avec nous que beau- coup de filons ont exigé un certain laps de temps pour leur 196 APERCUS SUR QUELQUES PHÉNOMÈNES formation ; on ne sera pas étonné de voir que les bandes 1so- lées, s’il en existe, puissent contenir des minéraux très-diffé- rents, comme cela arrive, par exemple, dans les veines des Chalanches appartenant au 3° système ; car celles-ci, dans leur complet développement , présentent du quartz, du fer carbonaté, du spath calcaire manganésifère, associés au co- balt, kupfernickel et antimoine argentifères; et ces substances sont superposées Îles unes aux autres. On reconnaitra, en méme temps, combien serait incertaine une classification des filons basés sur les substances de remplissage; car un filon A, d’abord rempli de quartz, et qui, à la suite d'une nouvelle ouverture, aurait recu du fer carbonaté, serait regardé comme contemporain avec un filon B de fer carbonaté; ce qui pour- rait être vrai pour le fer carbonaté du filon A, mais non par rapport à son premier remplissage composé de quartz : aussi ne serait-il pas étonnant de voir le filon A coupé par le filon B, dans le cas où ils se rencontreraient. Je rapporte ces faits, que j'ai observés dernièrement dans les mines des Chalanches, parce qu'il y a des géologues qui appuient leur principe de classification sur les remplissages partiels de même nature, et donnent trop peu de valeur à des circonstances subordon- nées que l’on ne doit pas négliger lorsqu'il n’y a pas de données plus certaines, telles que le parallélisme dans la di- rection, l’arrangement des différentes matières de remplis- sage, etc., etc. Dans l’autre méthode, celle de la classification des filons d'après les circonstances des intersections, on ne doit pas non plus dépasser certaines limites. Un filon À, par exemple, est coupé par un filon B sous une direction déterminée ; il n'y a aucun doute que, dans ce point d'intersection, le filon À ne soit plus ancien que le filon B. Mais si l’un de ces filons ou tous les deux, par suite d'un changement dans leur imcli- naison , se rencontraient encore à une plus grande profon- DES FILONS D'OR DE LA GARDETTE. 197 deur, de manière à présenter des dispositions inverses dans leur entrecroisement telles, que le filon B füt coupé par le filon A, on aurait une circonstance qui ne serait nullement ex- traordinaire d’après la théorie du développement successif de beaucoup de filons; car elle indiquerait seulement que, dans la première rencontre, la fente B, faite plus tard que la fente À, a été rapidement remplie, et que, dans la seconde ren- contre, la fente A n'était pas encore ouverte à son point de croisement par B, lorsque celui-ci était déjà formé. Il n'y à pas de doute que des circonstances semblables ne puissent se présenter aussi, suivant la direction des filons, en admettant que des filons, considérés dans leur longueur , puissent être complètement formés à une de leurs extrémités, tandis que l'opération continue encore vers l’autre. Cette circonstance se rencontrera indubitablement dans les filons observés avec soin : je possède un échantillon de Ja mine des Chalanches qui en offre un exemple. Elle est du domaine des faits qui reposent sur le principe que, pour la formation de beaucoup de filons, il a fallu un grand espace de temps. Admet-on ce principe que J'ai posé lors de l'examen du filon aurifère de la Gardette, alors on admettra aussi comme possibles et comme une conséquence naturelle une foule de phénomènes basés sur une formation plus ou moins rapide ou lente. Je ne suis entré dans tous ces détails que pour montrer avec combien de précautions on doit se mettre à l’œuvre dans l'étude des filons, si l’on ne veut pas s’exposer au danger de donner trop d'extension aux conclusions déduites des obser- vations; et, pour terminer ces réflexions, j'ajouterai que cette même étude, basée sur des principes solides et plusieurs fois mis à l'épreuve, doit être continuée et étendue ; qu’alors, non-seulement l’industrie des mines acquerra plus de solidi- té, mais qu’encore la science en tirera d'immenses avan- tages. Les phénomènes observés dans les filons sont les der- 198 APERÇUS SUR QUELQUES PHÉNOMÈNES ; ETC. niers signes modifiés, mais non entièrement changés, d'une langue autrefois écrite d’après des règles déterminées; et plus nous remontons dans l'antiquité, plus ces signes sont inintel- ligibles. Sous ce rapport, ils méritent d'autant mieux toute notre attention, que les circonstances qu'ils présentent se montrent encore parfois d'une manière immédiate dans les événements naturels qui se passent sous nos yeux. Il faut espérer, en oulre, qu'un jour l'observation des filons procurera de précieux documents pour l'étude comparative des roches; et leur application rigoureuse à beaucoup de faits qui uennent à l'origine et au développement de notre planète, fera baser sur des axiômes scientifiques ce qui ne repose encore que sur des hypothèses douteuses. Fonderie d’Allemont , le 12 octobre 1859. D3 LA GAUSS DE LA COLORATION EN ROUGE DES SELS GEMMES OU SELS DE MINE ; Pac A. Marcel de Berres, CORRESPONDANT DE LA SOCIÉTÉ ROYALE D’AGRICULTURE ; HISTOIRE NATURELLE ET ARTS UTILES DE LYON. —665-faipesse— M. Joly, professeur d'histoire naturelle à Montpellier, nous parait avoir démontré que la cause qui donnait aux eaux des marais salants une nuance rosée, souvent très-prononcée, ne devait pas être attribuée à un petit crustacé nommé artemia salina, mais bien à un nombre infini d’animalcules infu- soires de l’ordre des monades. L'espèce particulière à la- quelle cette coloration est due a été désignée par lui sous le nom de monas Dunalii , afin de rappeler que M. Dunal avait été le premier à reconnaitre que l’artemia salina n’en était pas la cause. Il nous a paru curieux, à M. Joly et à moi, de nous assu- rer si ce crustacé ou quelque autre analogue se trouverait dans les sels gemmes colorés en rouge, ou si cette nuance ne tiendrait pas, comme celle des eaux des marais salants, à la présence d’un grand nombre d'infusoires. Nous avons donc soumis de nombreux échantillons de sel gemme colorés en rouge à la lentille du microscope, après les avoir préa- lablement dissouts dans l’eau distillée. Ces échantillons nous ont paru présenter une infinité de corps organisés , dont les formes se rapprochent beaucoup de celles qu'après leur mort, prennent les animalcules infusoires découverts par M. Joly dans les eaux des marais salants , et auxquels il at- T. IX 14 200 DE LA CAUSE DE LA COLORATION EN ROUGE tribue leur coloration en rouge. Ces infusoires, lorsque es sels gemmes offrent la même nuance, ont aussi une couleur pourpre toute particulière. On en découvre également quelques-uns dans les sels de mine qi ne sont point colorés; mais alors ces infusoires ne présentent plus cette nuance pourpre qui caractérise ceux auxquels le sel doit sa couleur rouge. Nous n'oserions aflirmer que cette circonstance de non coloration des infusoires, et par suite du sel gemme où ils se trouvent , tint à la même cause qui rend les infusoires actuels tout-à-fait incolores dans certaines circonstances. En effet, aux premières époques de leur vie, ces animaux n'ont aucune nuance prononcée, quoiqu'ils finissent cependant par acquérir, en vieillissant, la belle couleur rouge qui les dis- tingue d'une manière bien tranchée. Quant à cette dernière, elle se perd souvent après la mort, par suite de l’altération qu'éprouvent souvent les infusoires. Nous cherchons maintenant à reconnaitre si les sels gem- mes qui offrent des nuances violettes ou verdâtres, ne de- vraient pas leurs couleurs à des animalcules infusoires d'une espèce différente , ou si elles ne tiendraient pas à des altérations particulières que ces corps auraient éprouvées. Cette dernière supposition est d'autant plus admissible , que ces animaux sont tout-à-fait incolores dans les sels gemmes blanchätres, comme les jeunes individus des espèces actuelles, ou ceux qui ont subi après leur mort des altérations assez considérables pour leur faire perdre leurs nuances rougeitres. Nous avons donc soumis au microscope un grand nombre de variétés de sel gemme provenant de localités diverses, dont les unes nous sont connues, et dont nous ignorons l’ori- gine des autres. Parmi les premières ; nous avons particuliè- rement examiné des sels provenant des mines de Wielictzka, du pays de Salzbourg, du Tyrol, de Moyenvic (France) et de Cardona (Espagne). Nous avons examiné comparative- DES SELS GEMMES OU SELS DE MINE. 201 ent les sels colorés de nos salines, ainsi que les sulfates de chaux qui se précipitent dans les réservoirs où l’on introduit l’eau de la mer pour la faire évaporer ; nous avons reconnu une très-grande conformité entre les corps organisés qui co- lorent les sels des temps actuels et ceux des temps géologi- ques. Les uns et les autres nous ont paru se rapporter à des infusoires du genre des monades, et d’une si extrême peti- tesse que, d’après un calcul approximatif, il en faudrait environ 900 millions pour couvrir une main d'homme d’une grandeur ordinaire. Non contents de ces preuves confirmatives de nos premières recherches , nous avons eu recours à des expériences chimi- ques pour nous assurer de leur exactitude. En conséquence , nous avons dissout une certaine quantité de sel gemme dans de l’eau distillée. Nous avons filtré la liqueur, et nous avons soumis au microscope le résidu laissé sur le filtre. Nous n°v avons plus trouvé de molécules inorganiques, mais seulement une quantité innombrable de corps, les uns sphériques (in- fusoires ), d’autres très-allongés, semblables à des bacilluria d’autres enfin rouges comme les précédents , de forme hexa- gonale ou polyédrique , sur la nature desquels nous ne som- mes point encore fixés. Serait - ce des carapaces siliceuses ayant appartenu à des animalcules de l’ordre des infusoires ? Le fait serait possible; car, en exposant à la chaleur du sel coloré, sa nuance n’a été que faiblement altérée. Cependant , ce qui prouve que la cause à laquelle est duc la coloration des sels gemmes tient réellement à ia présence des corps organisés, c’est que , dans l'expérience dont nous venons de parler, il s’est dégagé une odeur empyreumatique très-prononcée, et que le papier rougi de tournesol a passé au bleu d’une manière très-sensible. Ces expériences ont été faites sur la matière organique seule, et dégagée, autant qu'il a été possible, de toute matière inorganique. 202 DE LA CAUSE DE LA COLORATION EN ROUGE Un échantillon de sel gemme remis à M. Balard, qui a bien voulu contrôler nos expériences , soumis à une haute tem- pérature ; a sensiblement noirci et développé une odeur em- pyreumatique très-prononcée. Mais dans cette expérience, le papier de tournesol rougi n’a pas été ramené au bleu, ce qui tend à prouver que, dans cet échantillon, les substances vé- gétales étaient en plus grande abondance que les animalcules. IL nous a paru, enfin, que les sels blancs obtenus par dis- solution préalable, soit qu'ils proviennent de l’eau de la mer, comme sont tous ceux qu'on livre au commerce dans le midi de la France, soit qu'ils aient été extraits des couches terres- tres, ne renferment plus de traces de corps organisés. Il en est de ces sels comme de ceux que nous avons fait dissoudre dans de l’eau distillée ; les uns et les autres n’en offrent plus de vestiges, ces corps solubles restant sur le filtre ou se pré- cipitant , dans le premier cas, avec les autres matières qui ne peuvent se dissoudre. Nous avons cherché à nous former une idée de la quantité ou de la proportion de ces infusoires, eu égard à celle des masses de sel gemme les plus colorées dans lesquelles ils se trouvent avec le plus d’abondance ; il nous a semblé que leur volume formait à peu près le quart de celui du sel. Nous n'avons pas encore pu vérifier quel était leur poids comparé à celui du chlorure de sodium que ces animaux colorent. Il résulte donc de ces recherches que la cause de la colo- ration des sels gemmes est très-analogue , sinon identique, à celle que l’un de nous attribue à la nuance rosée que présen- tent parfois les sels et les eaux des marais salants du midi de la France; ce qui rattache encore le passé au présent par une ressemblance qu'il nous a paru utile de signaler. Nous nous occuperons incessamment de rechercher si la cause qui colore les sulfates et les carbonates de soude , soit des temps actuels, soit des temps géologiques , ne serait pas DES SELS GEMMES OU SELS DE MINE. 203 la même que celle que nous venons d’assigner aux sels gem- mes, qui, lorsqu'ils sont colorés, le sont ordinairement en rouge. Enfin, nous étudions maintenant les infusoires que M. Joly et moi avons découverts dans les sels gemmes, afin de nous assurer, autant qu'il nous sera possible, de leur iden- üité ou de leur dissimilitude avec les monas Dunali actuel- lement vivants. Lorsque ces recherches et d’autres que nous avons entreprises sur des sujets analogues à ceux dont je viens d'avoir l'honneur de rendre compte à la Société royale d’agri- culture de Lyon seront terminées, je m’empresserai de les mettre sous ses yeux, si ces observations, comme Je l'espère, ont pour clle quelque intérêt. Montpellier, ÂT janvier 1840. Depuis ces premières recherches, nous avons comparé les infusoires des sels gemmes avec ceux qui ont été découverts dans diverses substances minérales. Nous avons étudié, en premier lieu, ceux qui se trouvent dans la silice écumeuse de l'Islande ; nous y en avons reconnu de trois espèces : les uns sont arrondis (carapaces ), et semblables par leurs formes aux monas Dunalii lorsque ceux-ci sont morts; les autres semblent formés de disques rectangulaires accolés les uns aux autres, représentant assez bien la tige de l'encrinites briareus; enfin, les derniers se sont présentés à nous comme un amas de corpuscules rougeatres, très-analogues aux infu- soires des salines lorsqu'ils commencent à se décomposer. Ces corpuscules sont probablement des débris d'infusoires. Les infusoires des Xiesel quhr de Bohème, nous ont paru n'avoir aucune sorte de rapport avec les monades des sels gemmes: ils sont formés par des carapaces oblongues , finement striées. Quant aux tripolis de Bohème, ils nous ont 204 DE LA CAUSE DE LA COLORATION EN ROUGE offert également trois espèces de corps organisés comme Îa silice d'Islande ; seulement les corpuscules rougeitres y sont plus abondants que ceux reconnus dans cette dernière sub- stance ; ils sont en quelque sorte identiques, par leur aspect, aux monas Dunalii qui ont subi une décomposition presque totale ; fait dont nous nous sommes assurés en leur compa- rant ces infusoires conservés depuis long-temps dans des flacons. Nous avons cherché des infusoires dans une infinité de substances, et particulièrement dans les chlorures de sodium qui se montrent sublimés sur les laves et les scories rejetées par le Vésuve:; mais nous n’avons pas su y en voir. Il en a été de même de tous les tripolis, soit d'Auvergne , soit des côtes de Gênes, que nous avons mis sous la lentille du mi- croscope ; il en a été également des silex cacholons de Hon- grie et d’une grande quantité de limonites des localités les plus diverses que nous avons examinées. En effet, les fers li- moneux de Paris, de Cologne, de Bourgogne, de Thionville, des Pyrénées orientales, d’Espagne et d’une infinité d’autres lieux, ne nous ont offert aucun vestige de ces animaux; ce qui nous a d’autant plus étonnés , qu'on en a découvert dans plusieurs limonites. Nous avons enfin cherché à nous assurer si nous n’en dé- couvririons pas des traces dans des pierres d’aigle de divers lieux ; mais tous nos eflorts ont été infructueux. Il en a été également du carbonate de chaux qui tapisse, de ses belles houppes soyeuses , les cavités des calcaires quaternaires des environs de Montpellier ; mais nous en avons rencontré dans les calcaires cotoneux ( farine fossile) qui se trouvent entre les intervalles ou les fissures du calcaire grossier de la for- mation supérieure des environs de Paris. L'échantillon qui a servi à nos expériences avait été pris dans les fondations d’une maison alors en construction entre la rue Mirosménil et la rue de Bienfaisance. DES SELS GEMMES OU SELS DE MINE. 205 Cette substance nous a paru composée de cristaux en ai- guilles fines, mais moins allongées que les raphides du car- bonate de chaux de Montpellier, et d’un amas de corpuscules arrondis semblables à ceux précédemment décrits et qui pa- raissent être des infusoires décomposés. Enfin, les hydro-silicates de chaux, d’alumine ct de fer que déposent les eaux chaudes des bains d'Arles, près de leur sortie, sur les protogynes et les granites qu'elles traversent dans leur cours souterrain , ne nous ont pas plus présenté d'infusoires que la plupart des substances que nous avons soumises à notre examen. Aussi allons-nous nous borner à rechercher des infusoires dans les substances déposées par les eaux froides, soit douces, soit salées. Si ces observations peu- vent offrir quelque intérêt, nous nous empresserons de les soumettre à l’attention de la Société royale d'agriculture, qui a bien voulu accueillir nos premières tentatives dans ce genre de recherches, qui lient les temps géologiques à l’époque actuelle. Montpellier, 17 mars 1840. PU St las ; x A PTE Rs Fn à D'NCITE se Y A 14 FRS és sé " A no Û DE LA GÉNÉRATION DES INDIVIDUS NEUTRES CHEZ LES HYMÉNOPTÈRES, ET PARTICULIÈREMENT CHEZ LES ABEILLES ; PAR Gooko TRBVIRANDI MÉMOIRE TRADUIT DE L'ALLEMAND pan M. PIERRARD , GHEF DE BATAILLON DU GÉNIE, CORRESPONDANT DE LA SOCIÈTÉ ROYALE D’AGRICULTURE ; HISTOIRE NATURELLE ET ARTS UTILES DE LYON. ——————— — — ——"— — — — —"—— —_ — — —.—Z— —Z—— Ce champ ne se peut tellement moissonner, Que les derniers venus n’y lrouvent à gianer. LA FONTAINE. Dans l'étude de l’histoire naturelle, on rencontre souvent des objets qui, après avoir fixé pendant quelque temps Pat- tention générale, sont ensuite tombés dans l'oubli, ou, du moins, qui n'ont plus prêté qu'à de rares observations , soit parce que les observateurs se sont lassés de pousser plus loin leurs recherches, soit parce qu'ils ont pensé n'y plus rien dé- couvrir. Parmi ces objets, on doit comprendre le fait relatif à l'existence qui appartient exclusivement à certaines espèces d'hyménoptères dont les individus possèdent une industrie particulière, et qui, par leur organisation, s’éloignent autant des mâles que des femelles. On sait que, dans le règne ani- mal, cette particularité n'existe seulement que chez les in- sectes qui composent l’ordre des hyménoptères. Pendant les années de 1760 à 1780, il s’éleva de longues discussions sur la nature et l’origine de ces êtres, c’est-à-dire dans le but de savoir ce qu'ils sont et d’où ils proviennent. 208 GÉNÉRATION DES INDIVIDUS NEUTRES Le pasteur Schirach crut d’abord avoir découvert que la- beille ouvrière n’était autre chose qu'une femelle imparfaite, et qu'il n’y avait originairement aucune différence entre les deux. IL observa que le même œuf qui produisait une fe- melle lorsqu'il était placé dans une cellule spacieuse avec une abondance de nourriture attrayante, ne donnait plus qu'une abeille ouvrière quand il se trouvait placé dans des circonstances contraires, et que l’on pouvait, à volonté, faire éclore des reines , en transportant dans des cellules royales des œufs qui n’eussent dû produire que des ouvrières , et en fournissant de la gelée ou bouillie royale aux larves qui pro- venaient de ces œufs. En même temps que l’on révoquait en doute l'exactitude des observations de Schirach, on en fit et publia plusieurs autres dont les résultats concordaient avec les siens; puis, lorsqu'elles eurent encore été confirmées par les expériences subséquentes des deux Huber, on considéra la chose comme décisive, et l’on cessa dès-lors de les scruter. Cet objet me parut toujours d’une telle importance pour l'étude de la génération, que je me vis, pour ainsi dire, forcé de les soumettre à de nouvelles investigations. Je n’eus point, à la vérité, l'occasion de faire moi-même des expériences sur les ruches ; mais je pensai que le seul examen des observa- tions faites jusqu'à ce jour, et qu'une nouvelle et exacte dis- section des hyménoptères , ne seraient pas sans intérêt. Je soumis à un examen scrupuleux les principales observations qu'on avait faites à ce sujet sur les insectes les plus importants de cette classe; après avoir consacré vingt années à leur ana- tomie, et notamment à celle des abeilles , 1l en est résulté pour moi la conviction que, jusqu’à présent, le sujet des traités sur les hyménoptères est loin d'être épuisé; et c'est ce qui m'a déterminé à exposer les motifs de cette conviction à ceux que leur goût porte à l'étude de l’action des forces sur l'en- semble des êtres de la nature vivante. CHEZ LES HYMÉNOPTÈRES. 209 Il est d'abord certain que les hyménoptères neutres parti- cipent de la nature des femelles, ainsi que l’a prouvé M! de Jurine, fille du professeur génevois. L'exemple de M. Huber fils l'ayant déterminée à chercher des ovaires dans l'abeille ou- vrière, elle y découvrit des rudiments de cette partie dont elle a donné le dessin dans la 11° planche du tome IL des Nou- velles obseroations sur les abeilles, publiées par MM. Huber. J'ai pareillement trouvé des traces d’ovaires chez quelques abeilles ouvricres seulement , et non chez tous les individus; mais, Jusqu'à présent, je n'en ai jamais trouvé chez les bour- dons, ni chez les guépes neutres. Cette nature féminine des abeilles neutres et des insectes qui leur sont analogues se manifeste encore dans plusieurs autres parties de ces insectes. Les abeilles neutres se rappro- chent principalement des femelles en ce que, d’une part, leurs yeux composés sont plus petits, comparativement à la grosseur de leur tête, que chez le mâle, et, de l'autre, que l'espace occupé par leurs yeux simples est plus grand chez ce dernier. Chez l'abeille ouvrière, la naissance des pattes de der- rière est plus rapprochée de celles du milieu que chez le mäle; la première a, en outre, un dard et une vésicule à poi- son, dont celui-ci est dépourvu. Si l’on se bornait à un coup-d'æil rapide , ce qui précède pourrait faire considérer les individus neutres comme des fe- melles non développées, et l’on serait autorisé à attribuer la cause de cette imperfection de développement au manque d'une nourriture aussi abondante et aussi fortifiante que celle donnée aux larves des femelles; mais le peu de fondement de cette opinion peut être facilement reconnu par un examen plus approfondi. Dans tout le reste du règne animal, l'absence ou l'imper- fection de l'ovaire, chez une femelle, a pour résultat de la rapprocher du mâle et par sa forme et par ses penchants, de 210 GÉNÉRATION DES INDIVIDUS NEUTRES méme que la nature masculine paraît vouloir s'incliner vers la nature féminine dès que les testicules sont enlevés ou ar- rêtés dans leur développement. Or, ce cas n’est point celui que nous devons examiner ; et, d’ailleurs, quand l'abeille ou- vrière aurait plus de ressemblance avec la femelle qu'avec le mäle, elle ne s’en éloigne pas moins par les parties isolées de son corps que par ses penchants naturels. Cette différence dans les formes extérieures ne se borne point uniquement à une modification dans la dimension et dans la proportion des membres qui ne sont point liés à une fin plus élevée, et qui , seuls chez tous les autres animaux, sont le résultat d’une nourriture plus ou moins abondante et sub- stantielle ; mais cette différence provient encore d’une modi- fication de toute l’organisation , et se lie évidemment à un instinct différent et à d’autres rapports avec la vie extérieure. S'il est vrai que la nourriture à une influence marquée sur les penchants, une modification de ces derniers peut aussi en apporter une autre dans les organes qui leur correspondent; mais de pareils dérangements dans l'organisation primitive ne se montrent qu'après une suite de générations, et jamais dans les premiers individus. On ne pourrait pas ici argumenter de l'exemple des monstres, parce que presque tous ne le deviennent qu'après avoir été régulièrement engendrés, et ne sont, sans doute, devenus monstres que par l'effet d’une influence extérieure et accidentelle sur le germe renfermé dans l'œuf où dans ie sein de la mère. Nul monstre n’a de fin hors de lui-même, c'està-dire, ne peut se reproduire, et n’a de rapport avec les individus de l'espèce: et lorsque, dans la formation du fœtus, une Influence perturbatrice a détourné la force plastique de ses effets réguliers, sans toutefois l’affaiblir, cette force n’en donne pas moins au germe, considéré comme un tre isolé, une organisation aussi parfaite que possible; mais alors le but n'est véritablement atteint qu'en ce qui concerne la vie individuelle. CHEZ LES HYMÉNOPTÈRES. 211 Pour donner la preuve de ces propositions, il est nécessaire de déterminer, d’une manière plus précise qu'on ne l’a fait jusqu'à présent dans les ouvrages qui traitent des abeilles, les différences anatomiques qui existent entre les trois es- pèces d'insectes qui se trouvent dans une ruche, et notam- ment celle qu'il y a entre l'abeille ouvrière et la femelle, en tant que ces différences ont un rapport perceptible ou sensible avec leurs fonctions. Si l’on considère d’abord leurs antennes, on voit que, dans la structure de cet organe, l'abeille ouvrière s'éloigne autant de la femelle que du male. Pris dans un sens absolu, 1l est, chez ce dernier, beaucoup plus long et plus épais, tandis que, chez l'abeille ouvrière et chez la femelle , il est presque de même longueur et de même épaisseur. Mais, en observant dans le même organe, et à partir de sa base, le second membre ou la seconde articulation qui, dans ses rapports avec les autres parties, parait être d’une importance ma- jeure pour les fonctions ou le mode d'action des antennes, on remarque que ce second membre est aussi beaucoup plus long chez l'abeille ouvrière que chez la femelle, et surtout que chez le mâle, comparativement à ceux qui le suivent (1). On ne peut douter que cette modification de la structure des antennes ne soit due à ce que la trompe, organe indis- peusable à l'abeille ouvrière, qui parait exclusivement char- (1) On a prétendu aussi que le nombre de parties dont les antennes sont composées n’était pas le même chez les différents sexes de la famille des abeilles. Swammerdam ( Biblia nat., p. 581 ) en compte quinze chez labeille ouvrière , et onze chez le mäle. Réaumur ( Mémoire pour servir à l’histoire des insectes , 1. V, p. 527), en re- levant cette erreur, s’est trompé lui-même en donnant treize parties aux antennes chez le mäle, et douze chez labeille ouvrière, J’ai trouvé le méme nombre de parties, c’est- à-dire treize chez le mâle et autant chez les deux autres individus, en supposant loule- fois que les deux parties qui, chez le mäle, suivent le second membre fonctionnent séparément el forment deux parties, ce qui est difficile à vérifier. Dans le cas où cela n’aurait point lieu , les antennes du mäle ne seraient composées que de douze parties. 212 GÉNÉRATION DES INDIVIDUS NEUTRES gée de la récolte du nectar et de la préparation de la cire, est plus longue chez elle que chez le mâle et chez la femelle. La trompe, en effet, soit qu'on l’envisage dans un sens absolu, soit qu'on ne la considère que relativement à la dimension du corps, est plus longue chez l'abeille ouvrière que chez les deux autres sortes d'insectes. On remarque également que les poils qui, chez la femelle, garnissent les côtés de la trompe, sont plus longs que chez l'abeille ouvrière ; qu'en outre, chez cette dernière, la trompe va en diminuant de la base à l'extrémité bien plus que chez la femelle, et plus en- core chez celle-ci que chez le male. En considérant la structure des mâchoires de l'abeille ou- vrière, celle de ses glandes salivaires, celle de ses pattes de derrière, et, enfin, celle des anneaux de son ventre, on ne peut se refuser de croire que cet insecte ne soit seul destiné à récolter sur les fleurs le nectar ou les éléments du miel, à construire les alvéoles, et à préparer la cire qui sert à for- mer ces derniers. Les mâchoires de l'abeille ouvrière sont creuses, privées de dents, et garnies extérieurement d’une rangée de poils di- rigés vers la cavité des mâchoires. Chez la femelle et chez le male, on apercoit, sur le côté extérieur des mâchoires , une dent proéminente. La cavité dont on vient de parler est moins profonde et moins régulière chez la femelle, et elle manque entièrement chez le mäle ; enfin, les poils dirigés vers la cavité des mächoires n'existent ni chez le mâle, ni chez la femelle, quoique le côté extérieur en soit plus velu chez la femelle, et plus encore chez le mâle. Les machoires de l'abeille ouvrière et celles de la femelle ont presque les mêmes dimensions ; mais celles du mâle sont beaucoup plus petites que chez cette dernière. Chez les deux derniers indi- vidus, les mächoires ne sont que de simples organes pour la mastication , tandis qu'il est indubitable que, chez l'abeille CHEZ LES HYMÉNOPTÈRES. 213 ouvrière, elles sont bien moins organisées pour cette dernière fonction que pour travailler la cire. Quand les deux mi- choires se réunissent, leurs cavités se conviennent tellement ou coïncident si bien, qu'elles n’en forment plus qu'une seule entièrement fermée, et très-propre à contenir la cire prète à être mise en œuvre. Chez l'abeille ouvrière, un appareil bien plus considérable de glandes salivaires correspond à une plus grande longueur de trompe. J'ai déjà décrit ces organes dans deux mémoires particuliers (1), et j'ai démontré que c’est au moyen d'une liqueur qui s’y prépare et qui en découle, que la cire sécrétée par les peaux du ventre devient susceptible d’être ouvrée. Ce n'est que chez l'ouvrière que les glandes ont une pareille des- tination ; aussi leur volume devait-il être plus grand chez elle que chez les deux autres individus. Quand on voit l’abeille ouvrière voltiger de fleur en fleur, on s'aperçoit que ses pattes postérieures sont le plus souvent chargées de pollen ou de la poussière fécondante de ces fleurs. En examinant attentivement ces parties, on voit un enfon- cement sur la surface extérieure du tibia et du tarse, ainsi que des rangées parallèles et transversales de soies raides , pressées et placées les unes à la suite des autres sur la surface intérieure. Il y a long-temps qu'on a reconnu que ces soies for- maient de véritables brosses, à l’aide desquelles l’insecte ra- masse le pollen des fleurs pour le serrer ensuite dans les cavités de ses pattes, et que cet appareil appartient seul à l’a- beille ouvrière ; mais on n'a pas assez considéré que le prin- cipe d'une pareille déviation de l'organisation de l'ouvrière devait déjà exister dans le premier germe. (1) Mélanges de G.-R. et L.-C. Treviranus; Journal de physiologie , par Tiede- mann, G.-R. et L.-C, Treviranus, t. Il, page 69. 214 GÉNÉRATION DES INDIVIDUS NEUTRES Toutes les abeilles ont sous le ventre six plaques, dont les fonctions sont bien différentes chez les trois sortes d'indivi- dus (1). Chez l'abeille ouvrière, ces plaques sont principale- ment des instruments de sécrétion pour la cire, sécrétion qui s'opère particulièrement sur les plaques du milieu. Chaque plaque a la forme d’un quadrilatère curviligne dont les côtés ou parties postérieure et antérieure sont concaves, tandis que les côtés de droite et de gauche sont convexes; en outre, la partie postérieure est un peu plus large que l’antérieure. La peau de la plaque consiste en deux parties : l’une antérieure, et l’autre postérieure. Cette dernière partie, chevelue à l'ex- térieur, plus épaisse et moins transparente que l’autre, repose et se meut librement sur la partie antérieure de la plaque sui- vante, tandis que la portion antérieure se trouve engagée sous la plaque précédente. Jusque-là, les quatre plaques du milieu ont la même structure chez le mâle et chez la femelle ; mais la moitié de devant est infiniment plus mince et plus flasque chez l’ou- vrière que chez la femelle, et même plus mince que chez le male. Chez le premier de ces trois insectes , elle n'a point assez de consistance pour se maintenir étendue sans soutien; aussi remarque-t-on chez l'ouvrière deux cartilages spéciale- ment destinés à cette fonction. Le premier cartilage, ou ce- lui existant sur le bord supérieur, est placé transversalement au milieu de la plaque ; le second s'étend dans toute sa lon- gueur, suivant une ligne qui traverse la peau. Ces cartilages n'existent ni chez le male ni chez la fe- melle, parce que la partie supérieure des quatre plaques dont il s’agit est assez raide pour n'avoir pas besoin de soutien. Chez ces derniers, cette même partie présente l'aspect d'un (4) Swammerdam (4. a. 0., page 386 ) en compte sept; mais il a vraisemblable- ment considéré séparément la partie antérieure. CHEZ LES HYMÉNOPTÈRES. 245 réseau serré, formé par des glandes cartilagineuses , tandis qu'il n'existe rien de semblable chez louvrière. Il y a encore d'autres dissemblances dans les plaques du ventre de ces trois sortes d'individus ; néanmoins, comme elles sont d’une moindre importance, nous n'en parlerons point. Cette différence dans la conformation extérieure de ces plaques avait déjà fixé lattention de M. Huber fils CP)s mais ce naturaliste n'avait point considéré que ces différences étaient trop grandes pour n'être que le résultat d'une nourri- ture différente donnée aux larves. Si, chez l'abeille ouvrière et chez la femelle, les plaques étaient d’une structure et d'un tissu semblables, l’on pourrait en conclure que la sécrétion de la cire ne résulte que d’une imperfection du développe- ment des parties sexuelles, et attribuer cette imperfection au manque d’une nourriture abondante ; mais il est difficile de croire que, dans l’organisation des plaques, cette seule cause ait pu produire la modification nécessaire pour la sécrétion de la cire. On sait que, chez les abeilles et les hyménopières de cette famille , les femelles et les neutres sont les seuls qui soient pourvus d’un dard et d’une vésicule à poison. Swammerdam(2) découvrit que cette partie, qui est droite chez l’ouvrière, était recourbée chez la femelle ; et, plus tard , le célèbre Réau- mur (3) observa la même différence entre les femelles et les neutres des bourdons. Il remarqua, en outre, que, chez la fe- melle, la courbure du dard était dirigée vers le haut. J’ajou- terai qu’à l’aide d’une lentille grossissant cinquante fois, l'on peut apercevoir très-distinctement les six dents qui garnissent (1) Mouvelles observations sur les abeilles, par François Huber; 2€ édition, € I, page 42. (2) À. a. 0. , page 476. (5) Réaumur, À, a. 0., t. 1, page 28, D. ‘TE dr 216 GÉNÉRATION DES INDIVIDUS NEUTRES chaque côté de l'extrémité du dard d’une ouvrière. Chez la femelle, on trouve deux dents de moins de chaque côté ; mais, pour les distinguer, il faut faire usage d’une lentille deux fois plus forte. Voilà donc encore des dissemblances qui doivent exister déjà dans la formation primordiale de ces individus, et qui sont liées à un mode différent d'existence. En effet, l'accou- plement n'aurait pu s'effectuer avec un dard dont les dents eussent été trop fortes, et dont la courbure n’eût point été dirigée vers le haut. Il résulte de là que toute abeille ou- vrière est impropre à l'acte de la génération , et que les ob- servations d’après lesquelles on à avancé que des abeilles ouvrières se seraient trouvées fécondées , reposaient sur des erreurs. À ces raisons l’on peut encore en ajouter une autre, tirée de l'analogie des abeilles avec les bourdons. Il est constant que les femelles de ces derniers ne déposent point leurs œufs dans des cellules séparées, mais toujours disposées en tas dans des réservoirs irréguliers que les femelles construisent avec la même matière ou la poussière séminale des fleurs qui sert, plus tard, de nourriture aux vers provenant de l’éclosion des œufs (1). Cependant ces vers, qui recoivent une nourriture entièrement semblable, produisent également des femelles et des neutres. Aïnsi, puisque la différence entre la femelle et le neutre n'est pas aussi sensible chez les bourdons qu’elle l'est chez les mêmes individus ( la reine et l'ouvrière ) parmi les abeilles, il est donc d'autant plus probable que, chez ces dermières, le principe du sexe existe déjà dans le premier germe, et qu'il n’est point déterminé seulement postérieure- ment par le genre de nourriture donnée aux vers. Un examen plus sévère fait sentir combien sont peu satis- (1) Réaumur, À, à. 0., t. VI, mém. 1. CHEZ LES HYMÉNOPTÈRES. 2A4 faisantes les observations d’après lesquelles on a prétendu conclure la fécondité des abeilles neutres, et la possibilité d'une transformation des mêmes larves en femelles ou en neutres, suivant la dimension des cellules et la quantité ou la qualité de la nourriture. Schirach (1) fut conduit à son opinion par l'observation suivante : Une reine avait déserté sa ruche ; le lendemain, il trouva une nouvelle reine devant cette ruche, dans l’intérieur de laquelle il vit trois cellules royales construites depuis la disparition de l’ancienne reine ; mais, outre que cette narra- tion n'établit point d’une manière positive la fuite de la reine, rien n'empêche de supposer que celle trouvée le matin devant la ruche n’était pas la reine fugitive. Et lors même qu'il n’en eût point été ainsi, on pourrait toujours objecter que les al- véoles desquels il ne devait naturellement sortir que des ouvrières et des mâles, pouvaient aussi bien contenir des œufs de femelles. En effet, il n'est nullement probable que la quantité d’œufs destinés à produire des femelles füt bornée par la quantité de cellules royales, de manière que la reine n’en déposät jamais qu'un seul dans chaque cellule, puisqu’au contraire, l’on sait qu’à défaut d’un nombre suffisant de cel- lules royales, la reine place plusieurs œufs dans une même cellule (2). Si donc il est impossible de supposer une coïn- cidence préexistante entre le nombre d'œufs à pondre et celui des alvéoles royaux , à plus forte raison faut-il rejeter l’exis- tence d’une prétendue concordance entre le nombre de cel- lules d’une certaine espèce ct celui des œufs qui doivent pro- duire des mâles, des femelles ou des ouvrières. Après cette observation, Schirach renferma dans plusieurs petites caisses une certaine quantité de gâteaux de cire; ces (4) Expositions et expériences économiques de la Société des amateurs d’abeiles de la Haute-Lusace, pendant les années 1766 et 1767; 2 vol. in-8°. — Dresde, 4767. (2) Réaumur, 4. a. 0., 1. V, page 570, 218 GÉNÉRATION DES INDIVIDUS NEUTRES gateaux ; uniquement formés de cellules de la plus petite espèce, ne contenaient que des œufs ou bien des larves, ct jamais des deux à la fois. Il prit ensuite le soin d'y ajouter une douzaine d’abeilles ouvrières. Quand les cellules étaient occupées par des larves âgées de trois ou quatre jours, les ouvrières réunissaient deux ou trois cellules en une seule , dans laquelle, ainsi agrandie, elles ne laissaient alors qu'une seule larve vivante, qu’elles pourvoyaient d’une abondante nourriture. Cette larve se transformait constamment en reine; et l'expérience né réussissait point lorsque les cellules ne ren- fermaient seulement que des œufs ou bien des larves de deux en deux jours. Schirach parait avoir été pénétré de l'amour de la vérité, et l'on peut d'autant moins douter qu'il n'ait vu réellement ce qu'il affirme avoir vu, que Blassière, traducteur de son ouvrage sur l’A4rt de former des essaims, cite, dans la préface de sa traduction (1), des expériences qui concor- dent avec celles de l’auteur, au moins dans les points prin- cipaux. On peut supposer, avec fondement, que la reine avait déposé un assez grand nombre d'œufs royaux dans les cellules de la plus petite dimension, et que c'étaient les larves sorties des œufs de cette espèce qui se transformaient en reines. Bonnet (2) avait déjà fait cette objection ; aussi , dans sa ré- plique, Schirach lui fit observer qu'il avait trouvé aucune différence en comparant une larve renfermée dans une cel- lule de la plus petite espèce avec une autre larve placée par les ouvrières dans une cellule plus spacieuse. Bonnet paraît s'être contenté de cette réponse (3). Jusqu’alors on n'avait établi aucune distinction entre les (1) Histoire naturelle de la reine des abeilles, avec V Art de former des essaims; traduction de J.-J. Blassière, in-8°. — La Haye, 1771. (2) Œuvres de Ch. Bonnet, 1. NV, pag. 1, mém. À ct 2. (3) Recherches utiles de la Société des amateurs d'abeilles de la Haute-Lusace , t. 1, pag. 51. CHEZ LES HYMÉNOPTÈRES,. 219 chenilles des papillons males et celles des papillons femelles, quoique Lyonnet les eut disséquées, et cette distinction ne s'établit qu'après que M. Hérold eut prouvé, dans son Histoire du développement des papillons, que le germe des testicules était déjà distinct chez les unes, et que celui des ovaires l'était chez les autres. Pour se rendre raison de cette asser- tion, il faut, à la vérité, admettre que les ouvrières savent distinguer les larves qui doivent produire des femelles ; mais, sous quelque point de vue que l'on considère les abeilles ct l'instinct admirable qui les dirige, on ne peut s'empêcher de reconnaitre en elles des facultés extraordinaires qui ne doi- vent point faire hésiter pour leur accorder ce discernement. A ce sujet, Schirach donne une autre raison qui parait avoir élé prépondérante pour lui. Il réitéra son expérience plus de soixante fois sur la même ruche, et il eblint toujours le même résultat. Comment est-il possible, se demande-t-il, de mettre la main soixante fois de suite dans la même ruche précisément sur des œufs qui devaient produire des femelles ? Ce hasard n'aurait rien d’extraordinaire en admettant que la reine de cette ruche y avait pondu une grande quantité d'œufs de femelles. Mais, de même qu'il y a certaines années où la progéniture d'une reine consiste presque uniquement en mäles, pourquoi n’y en aurait-il pas d’autres où cette progé- niture donnerait naissance à une quantité extraordinaire de femelles? Au reste, si une ruche pouvait être multipliée à volonté, d’après la méthode Schirach , il y a long-temps que ce mode de multiplication eüt été généralement mis en pra- tique dans l'éducation des abeilles, et pourtant c'est ce qui n'a point eu lieu. Des auteurs contemporains de Schirach ct d'autres posté- rieurs à ce dernicr publièrent une suite d'expériences qu'ils prétendaient avoir faites sur la génération des abeilles, et émirent beaucoup d'idées nouvelles auxquelles ces expériences 220 GÉNÉRATION DES INDIVIDUS NEUTRES avaient donné lieu ; mais on trouve chez eux une telle ab- sence de connaissances zootomiques et physiologiques, et leurs opinions sont si incohérentes qu’elles ne méritent point qu'on s’y arrête. L'un d'eux (1) alla jusqu'à prétendre que l'abeille ouvrière était le véritable male ; l’autre (2) pré- lendit que la reine était le mâle, et qu’elle s’accouplait avec l'abeille ouvrière; enfin, un troisième (3) assura que l'abeille ouvrière avait un grand nez. On doit cependant en excepter les essais de M. Huber ( Francois ), qui, pour la plupart, portent l'empreinte d’un esprit vraiment ingénieux. El est à regretter que M. Huber füt malheureusement privé de la vue ; et, comme c'était son domestique ( Burnens ) qui faisait ses observations , celui-ci peut bien quelquefois avoir vu ce que son maitre désirait qu'il vit. La quatrième lettre de ses Observations sur les abeilles (4) donne le détail des investigations auxquelles, à l’aide de l'intelligent Burnens, il a soumis les découvertes de Schirach. Les détails donnés par M. Huber sur la manière dont les abeilles s'y prennent pour se procurer une nouvelle reine lorsqu'ils ont perdu la leur, sont si minutieux, et il explique avec une si grande précision le but de chacun de leurs tra- vaux, que l’on est tenté de croire que lui ou son domestique s'était transformé en abeille. Il raconte ensuite qu'ayant eu deux ruches qui, depuis quelque temps , étaient privées de leurs reines, et où, néanmoins, il s'était trouvé des œufs et des larves , son domestique employa onze jours consécutifs à examiner chaque abeille en particulier, en prenant la précau- (1)2E. Hérold. Conjectures sur la nature et l’origine des faux bourdons parmx les abeilles. — Nuremberg, 1774. (2) Réflexions sur les différents sexes chez les ubeilles, par un anonyme. — Bay- renth , 1787. (5) Unhoch , dans son Zntroduction & l’art de connaïtre et d’elecer les abeilles. — Munich, 1823, t. I, & 5. (4) T, 1,/p. 132. CHEZ LES HYMÉNOPTÈRES. 221 tion de ne point l'engourdir par la submersion dans l'eau ; et il ne s’en trouva aucune qui ne portât les caractères distincts de l’abeille ouvrière. On les enferma séparément dans des boîtes où l'on avait mis préalablement des gâteaux de cire, et plusieurs y pondirent effectivement des œufs qui ne produisi - rent que des males. Or, en supposant que son aide ait réelle- ment exécuté cette recherche, comme M. Huber le rapporte, il est plus vraisemblable de supposer que celui-là s'est trom- pé; que d'admettre qu’il n’a jamais confondu, par ci, par Le; une femelle avec une abeille ouvrière dans un travail qui s’est prolongé pendant l’espace de onze jours, durant lesquels cet aide n'aurait pris d'autre reläche que le temps nécessaire pour reposer ses yeux. M. Huber aflirme que lui et son do- mestique ont trouvé des ovaires et des œufs développés chez deux de ces ouvrières qu'ils prétendent avoir surprises au mo- ment de la ponte ; seulement les ovaires étaient plus petits que chez les femelles. Mais, outre qu'il est dificile d’ad- mettre que ce domestique füt doué de l'adresse nécessaire pour la dissection d’une abeille, il serait encore possible qu'il eut confondu des parties de la peau graisseuse avec des ovai- res. On disséqua d’autres abeilles ouvrières, et l’on s'apercut que les unes avaient des ovaires , tandis que les autres n’en avaient point. Relativement à Ia question de savoir pourquoi les parties sexuelles se développaient chez quelques ouvrières, M. Huber supposa que les abeilles fécondes naissaient à proximité des cellules royales, et que leurs larves recevaient alors une par- tie de la nourriture destinée aux larves des reines. Il fit, à ce sujet, exécuter par son domestique divers essais, qui répondi- rent tous à son attente. Il faut convenir que, parmi ceux qui se livrent à l'étude de la biologie ou des mœurs des insectes; il n'en existe aucun qui puisse se vanter de posséder un bonheur pareil à celui de M. Huber, pour F'art de deviner les 22 GÉNÉRATION DES INDIVIDUS NEUTRES secrets de la nature, et à celui de son domestique, pour l'art des expériences. La seconde partie des œuvres de MM. Huber contient ( pages 425 et suivantes ) la suite des observations faites en commun par Huber et son fils. En 1809, ils trouvèrent dans une ruche une espèce d'abeille dont la forme extérieure était semblable à celle de l’ouvrière, mais dont la couleur était plus noirâtre , et qui était en guerre avec les abeilles de la ruche, qui voulaient lexpulser. Ils présumèrent que cette espèce d'abeille dégénérée descendait de la mère commune de toute la ruche, mais que le motif de haine qu'elle inspirait aux autres abeilles provenait de ce que cette espèce étrangère se rapprochait davantage de la nature des femelles. Pour s'en convaincre, 1ls en firent disséquer quelques-unes par Mit de Jurine, qui y trouva réellement des ovaires. Il est évident que ces abeilles n'étaient autres que les abeilles pillardes, bien connues , dans lesquelles on trouve des principes d’ovaires, comme on en trouve dans les abeilles ouvrières communes. En reconnaissant d’ailleurs qu'il existe aussi une espèce moyenne entre la reine et l'ouvrière, cela ne confirmerait pas encore l'opinion de Schirach ; car les anta- gonistes de ce docteur, tout en lui concédant l'existence d’in- dividus intermédiaires entre la reine et l’ouvrière , peuvent supposer que le principe de la production de cette espèce in- termédiaire existe dans les premiers germes aussi bien que pour la formation des reines, des mâles et des ouvrières. En récapitulant tous les principes que l’on vient d'exposer, on en tire les conclusions suivantes : L'abeille ouvrière se rapproche de la nature de la femelle en ce qu'elle à des rudiments d’ovaires , un aiguillon el une vésicule à poison ; dans d’autres points, elle s'éloigne autant de la femelle que celle-ci s éloigne du male, et elle est inca- pable de s’accoupler et d'être fécondée. CHEZ LES HYMÉNOPTÈRES. 293 Les particularités de l'organisation des abeilles sont si grandes, et leur corrélation est si bien d'accord avec les fonc- tions qu'elles seules sont appelées à remplir, que non-seule- ment l'on peut aflirmer que ces propriétés doivent avoir leur origine dans le principe de l'existence, mais encore que; dans aucun cas, elles ne peuvent être produites par des influences qui auraient pu agir seulement après la naissance. Il existe vraisemblablement chez les abeilles une espèce de femelle ayant de l’analogie avec les ouvrières, et qui, par sa grandeur, diffère moins de ces dernières que n’en diffère la véritable reine. De plus, cette sorte de femelle est pro- duite par un œuf que la reine avait déposé dans une petite cellule, à défaut d’une quantité de cellules plus spacieuses ou semblables à celles qui servent de berceau aux véritables reines. Dans des circonstances peu fréquentes, c'est à une fe- melle de l'espèce dont on vient de parler que les abeilles d'une ruche privée de reine s'associent et restent attachées, lorsqu'elle est devenue féconde. Ce cas doit arriver rarement ; car , autrement, l’on ne verrait point, comme cela arrive ordinairement, les abeilles d’une ruche privée de reine se disperser et devenir pillardes. Brème, janvier 4829. boss 7 Aou bn, Poe “ re DESCRIPTION ET FIGURES ESPÈCES NOUVELLES D'OISEAUX-MOUCHES, PAR AY, Jules Bourcier, LE DE COSTA. Onwisur4 CosrÆ, PI. IT. (15° race, les Lucifers. Ysson.) Nous suivons la classification du savant M. Lesson comme étant la plus complète pour l’intéressante famille des êtres qui appartiennent à la classe des oiseaux-mouches présentant les couleurs les plus brillantes. Les oiseaux - mouches, ces vrais bijoux de la nature, ont spécialement fixé l'attention de quelques savants, et ils en sont dignes sous tous les rapports. Chaque jour de nouvelles espèces viennent augmenter nos richesses ornithologiques ; aussi, nous empressons-nous d'en porter à la connaissance des naturalistes plusieurs nouvelles qui nous sont récemment parvenues. Le de Costa, dont nous donnons la description ; peut, par son analogie avec le Barbe-Bleu et le Labrador, être placé dans les Lucifers, 15° race de Lesson. Il porte dans la forme toute particulière des premières rectrices un caractère qui semble être propre à toutes les espèces qui nous viennent de la partie occidentale de l'Amérique, que le de Costa habite. Voici sa description : Bec noir, allongé, mince, non recourbé , légèrement renflé vers son extrémité et terminé en pointe aigüe, un peu déprimé latéra- 226 DESCRIPTION ET FIGURES lement à sa base et garni de plumes dans cette même partie. Dessus du corps à légers reflets vert brillant ; poitrine blanche; flanes el ab- domen garnis de quelques plumes d’un vert brillant; aïles noirâtres- falciformes ; pattes noires; queue cordiforme ; ses deux premières reclrices très-étroites, arrondies et recourbées intérieurement vers l'extrémité. Les quatre rectrices suivantes, à barbules beaucoup plus larges , suivent la même courbure que les premières. Leur couleur est gris terne. Les couvertures sont larges , longues et d’un vert métallique. Longueur totale du de Costa, T8 mm. ; bec , 19 mm. ; queue , 25 mm.; ailes, 44 mm.; celles-ci dépassent la queue de 10 mm. environ. Sa patrie est la Californie ; son nom est celui de M. le marquis de Costa, de Chambéry, qui possède une très-belle collection d'oiseaux. Nous tenons l'individu que nous venons de décrire de M. Pardzudaki, de Paris. LE D'ALLARD. OnNisuy4a Azzarpt, PI. II. (AT race, les Emeraudes. Lessox.) De tous les oiseaux-mouches connus jusqu'à ce jour, cette espèce en diffère par la petitesse de son bec, surtout en pro- portion de sa taille ; cet organe est noir, droit et d'égale gros- seur à la base de son extrémité. Tête, dos et couvertures de la queue, vert métallique; parties inférieures roussâtres, glacées de vert doré ; gorge et devant du cou garnis de plumes écailleuses d'un beau vert émeraude. Une ligne de plumes rousses part des commissures du bec en s’allongeant sous l'orbite; nous avons déjà essayé d'expliquer sa destination dans la descriplion du Labrador (1). Queue en éventail, composée de dix rectrices très-larges, offrant des reflets d’un violet doré en des- sus, des teintes violacées bien plus vives en dessous ; ailes brunes et (1) Ænnules de la Societe royale d'agriculture, histoire naturelle et arts utiles de Lyon, 1859, 1. M, pag. 589, pl. VIL. DE TROIS ESPÈCES NOUVELLES D'OISEAUX-MOUCHES. 297 falciformes ; tarses noirs et dénudés. Bec, 11 mm, ; queue, 34 mm.; ailes, 50 mm. ; longueur totale, 83 mm. Sa patrie est Santa-Fé de Bogota. La femelle de cet oiseau est privée de la belle parure émeraude qui brille au cou du male ; cette partie est rousse, couleur qui se retrouve sur toute la partie inférieure du corps. Chaque plume est terminée par une tache d'un léger vert doré. Les plumes caudales sont moins larges et moins bril- lantes. PI. IV. Le nom que nous avons donné à cette nouvelle espèce est celui d'un des amateurs distingués de France, qui possède un des plus beaux cabinets d'histoire naturelle, comprenant tout ce que les trois règnes de la nature offrent de plus rare et de plus intéressant. Cette précieuse collection, commencée par le baron Feutrier, a cela de remarquable, qu'elle possède plusieurs animaux qui ont appartenu à Buffon, avec qui Feutrier était en relation. Ces collections , enrichies chaque jour et annotées par M. d'Allard avec une rare persévé- rance, attirent à Montbrison l'attention et la curiosité de tous les étrangers de distinction. Puisse cette légère marque de notre profonde estime prouver à ce naturaliste notre admira- tion pour une vie toute consacrée aux bienfaits , aux sciences et aux arts. LE JOURDAN. OrwIsuy4 Jorpani, PI. V. (21° race, les Queues étroites. Lessox.) Cette nouvelle espèce possède, comme les autres oiseaux- mouches, les formes délicates et la riche parure qui distin- guent le genre Trochilus de Linnée. La race dans laquelle nous placons cette espèce indique suffisamment quel est son caractère principal. Cet oiseau est remarquable par la forme et la disposition de sa queue. 228 DESCRIPTION ET FIGURES ; ETC. Le Jourdan, de même taille que le Langsdorff, offre les caractères suivants : Bec droit, court, mince, un peu renflé vers l’extrémité et de couleur noire, ainsi que les tarses. Le vert brillant colore unifor- mément la tête, le dos, les couvertures de la queue, le ventre et les flancs ; mais sa principale parure, c’est le plastron formé de plumes écailleuses, d’un violet chatoyant, se prolongeant sur les côlés du cou. Cette partie et la poitrine sont d’un blanc de neïge ; ailes courtes, noires, légèrement arrondies. Plumes caudales au nombre de huit ( bien que l'individu que nous déerivons et dont nous don- nons le dessin n’en possède que six), grêles, à baguettes lisses en dessous, très-résislantes et à barbules prenantes, relevées de bas en haut de couleur brune, excepté à la base intérieure des bar- bules des quatre rectrices médianes , qui est d’une belle couleur rousse. Ces rectrices ont une longueur de 12 lignes; les deux ex- térieures se terminent en pointe très-aigüe , et sont de moitié plus courtes que les précédentes. Cette disposition semble indiquer que les mœurs de notre oiseau présentent quelque analogie avec celles des pics qui, comme on le sait, se servent de leur queue comme d’un point d'appui. Sa longueur totale est de 70 mm. ; bec, 11 mm.; ailes, 34 mm.; queue, 21 mm. Le Jourdan habite la Trinité. Le jeune (PI. VI) diffère de l'adulte par sa gorge roux clair, semée de petites taches vertes. Les premières plumes du plastron commencent à se montrer sur les côtés et à briller de ce beau violet métallique qui fait l’ornement de l’adulte. Le nom de cette nouvelle espèce rappelle celui d’un de nos collègues et compatriotes, M. Jourdan, qui vient de rendre d'importants services à la science. C’est à lui que notre ville doit l’organisation de sa belle galerie de zoologie, dis- posée d’après sa savante classification , qui a pour base Île système nerveux. Plusieurs naturalistes nous ont déjà pré- cédés dans l'hommage que nous nous plaisons à lui adresser aujourd” hui. NOPP72 LAÏSS RÉSUMÉ L'ORGANISATION DES ANTHÈRES DES MOUSSES, DES HÉPATIQUES ET DES CHARACÉES, ET DE LEURS ANIMALCULES POLLINIQUES OU SPIRILLES ; PAR Ds SERINEB, æ Dès l’année 1834, M. Unger, botaniste allemand , pu- blia (1) une note sur la présence d'animalcules dans le pollen de quelques végétaux utriculeux. Cette découverte, quoique importante pour la physiologie végétale , fixa peu l'attention des naturalistes, qui se sont, jusqu’à présent , trop méfiés des observations microscopiques. Il est vrai qu’on à long-temps été privé de bons instruments, qu'il faut acquérir l'habitude de s’en servir, et surtout de préparer les échantillons à examiner. A ces difficultés s’est jointe, dans le cas présent, celle de saisir le moment de la fleuraison des Housses, des Hépatiques, etc., et ensuite de reconnaître les anthères de ces plantes. Malgré l'incertitude qui règne encore pour quelques ob- servateurs sur la nature de ces corps, voici le résumé des travaux qui ont été faits sur cette partie de la science : Depuis le premier travail déjà cité, M. Unger en a publié successivement trois autres (2). M. Meyen , professeur à Berlin, a communiqué, en 1838, (1) Ælgemein Lotanisches Zeitung, 1854, n° 10, pag. 145, avec une planche. (2) Ann. sc. natur. — Paris, 1839 , 2° série, t. XI, p. 257 à 278. 230 RÉSUMÉ SUR L'ORGANISATION à l'Académie des sciences (1) ses recherches sur le méme objet. M. le docteur #'erneck, naturaliste de Salzbourg , a fait aussi des observations microscopiques semblables. M. Ad. Brongniard s'est aussi livré à de pareilles recher- ches. Les travaux de M. Unger se sont portés principalement sur les anthères du Sphaigne à feuilles aigües ( Sphagnum acutifolium ). Il a trouvé que les anthères de ces plantes ont acquis leur parfait développement en automne. À cette époque, les rameaux supérieurs des Sphaignes sont renflés et rouges ; les anthères se rencontrent à l’aisselle des bractées, nom- mées aussi involucres. M. Unger en a détaché une branche en fleur, et, au moyen de recherches minutieuses, il est parvenu à séparer avec la pointe d’une aiguille quelques anthères, qui sont supportées sur des filets courts. Les observations faites à de forts grossissements ont dé- montré que l'anthère du Sphaigne aigu est composée d'une membrane interne, qu'à ces grossissements on à vue homo- gène (2), et sur laquelle sont disposées des utricules tellement pressées les unes contre les autres qu'on n’apercoit pas d'inter- valles (3). Elles se trouvent sur un seul rang et transparentes ; elles ne sont pas colorées par l'iode, tandis que celles des feuilles (qui contiennent des globules verts ) passent au brun. La membrane dont nous avons déjà parlé ne change pas de couleur. Ces anthères sont remplies d'un liquide mucilagineux qui, a une époque avancée, renferme des animalcules. Alors il a acquis sa plus grande consistance. Si alors on cest assez heureux pour ouvrir sous l’eau, avec (1) Ann. sc. nat., 2 sér. , t. X, p. 519 et 520. (2) Voir pl. VIT, fig. 5 a, de ce Résumé. = 5 (3) Voir pl. VIT, fig. 5 &, de ce Résumé. DES ANTHÈRES DES MOUSSES. 231 la pointe d’une aiguille, une anthère parvenue à son état par- fait de maturité, sans qu'elle éprouve aucun écrasement , on voit aussitôt tout ce qu'elle contenait s'échapper et se dissoudre dans l'eau. La dissolution s'arrête lorsque le liquide contenu dans l’anthère et l’eau se sont mis en équilibre. Ja- mais M. Unger n'a pu parvenir à faire éclater une anthère d'elle-même sous l’eau. A mesure que l'union des deux liquides s'opère, on aper- coit successivement des mouvements plus vifs, produits par des animalcules formés, 1° d’un corps plus ou moins ovoïde, 2° d'une trompe plus longue que leur corps. Cette trompe est grèle et filiforme; elle décrit une spirale d’un à cinq tours, selon les espèces ; elle offre une certaine solidité , car lorsque ces animalcules sont enlacés les uns dans les autres, et qu'ils font des efforts pour se dégager, on la voit se rompre. Leur organisation intérieure est encore inconnue ; on n’a pu observer aucun accroissement ni raccourcissement dans leur corps, qui est d’un vert pomme, ni dans leur trompe, qui est incolore et transparente; elle est roulée en anneau autour du corps dans l’état de repos, et en spirale pendant la locomotion. Ces animalcules ont aussi été vus dans l'utricule, mais chacun roulé sur lui-même (pl. VIT, fig. 4 a). Lorsqu'ils en sortent , c'est la trompe qui s’avance la première. Outre le mouvement spiral en avant, l'animal en décrit un autre du bout de sa trompe, en la portant tantôt à droite, tantôt à gau- che (1). Ils exécutent encore un mouvement brusque d’ar- rière en avant, probablement lorsqu'ils éprouvent une gêne, ou qu'ils veulent fuir rapidement. On n'observe guère de mouvements de recul , si ce n’est lorsque la trompe se trouve entrelacée avec celle de ses voisins. L'alcool , les acides , les narcotiques, l’iode font périr ces (1) Unger, Ænn. sc. nat., 1839, t. X, pl. X, fig. 4 (représentée par deux rangées divergentes de points ). — Sering., tésumé, pl. NI, fig. 4. T. IL, 16 252 RÉSUMÉ SUR L'ORGANISATION petits animaux , et alors leur trompe devient flasque , mais elle conserve toujours la disposition spiralée, quoique 1m- parfaitement. Les anthères des Housses paraissent avoir une grande ana- logie d'organisation avec les granules du pollen des végétaux d'un ordre supérieur. Dans les plantes fibrées, les parois, qui limitent le pollen, offrent deux membranes: l’une intérieure, homogène ; l’autre, extérieure, est formée d'utricules juxta- posées et superposées, tandis que les anthères des Mousses, avons-nous dit, ont aussi une membrane interne homogène , mais n’ont en dehors qu'une seule couche d’utricules. Les observations sur les animalcules polliniques ou spirilles se sont bornées jusqu'ici à trois familles : les Mousses, les Hépatiques et les Characées. Quelques recherches ont cependant aussi été faites sous ce voint de vue sur les végétaux fibrés. Tout porte à croire que l'on trouvera aussi dans leur pollen des corps semblables. Il est probable qu'ils jouent un rôle dans la fructification. Voici le nom des plantes dans le pollen desquelles on à observé les spirilles, et les auteurs des observations : MOUSSES.. Sphaigne à feuilles aiguës. (Ung. ) Polytrie commun. ( Ung. ) Funaire hygrométrique. ( Ad. Brongn. ) Hypne triquètre. Tortule des murailles. ( Ad. Brongn. ) Bry cuspidé. Bry ponctué. ( Ung. ) Polytric genévrier. ( Ung. ) Polytric à urne. ( Ung.) Polytric squarreux. ( Werneck. ) Polytric alpestre. ( Ung. ) Oligotric ondulé. ( Ad. Brongn. ) DES ANTHÈRES DES MOUSSES, 9233 HÉPATIQUES. Marchantie polymorphe. Grimaldie hémisphérique. CHARACÉES. Chara commune. Parmi ces quinze espèces de végétaux utriculés, six espèces d'animalcules polliniques ou spirilles paraissent pouvoir se distinguer les unes des autres. Nous en avons reproduit des figures d’après Unger et Meyen. Quelque peu avancées que soient ces recherches, nous avons essayé de tracer les diagnoses du genre, et celles des six es- pèces de spirilles les mieux connues ; elles serviront au moins à faire comprendre aux observateurs, qui continueront ces travaux, la nécessité d’être exacts dans les figures qu'ils en donneront, et les engageront aussi à en publier les descrip- tons. Sprice (1), Sprrizrum ( Ehrenb. ). Animaux microscopiques vivant dans le pollen de végétaux utri- culés. Corps ovoïde ou oblong, vert pomme, légèrement courbé , émoussé au moins à son extrémité poslérieure , qui avance la der- nière dans la locomotion. Trompe incolore, filiforme, plusieurs fois plus longue que le corps, autour duquel elle est lâchement roulée lorsque les animalcules sont renfermés dans les utricules, et en spi- rale, lorsque le liquide qu'elles renferment est étendu d’eau. ( Cette disposition en spirale se conserve même après la mort. ) $ 1. — Espèces observées dans les Mousses. 1. Serrize BrxosoaïRE ( Unger Algem : bot. zeit. : 1834, No 10 ; 8 Corps elliptique, arrondi également aux deux extrémités, terminé presque brusquement , en avant, par une spirale à trois tours. — (1) Prononcez Spi-ri-le ( animaux en spire ). Il faudra peut-être former un genre distinct des animaux microscopiques qui se trouvent dans le pollen des plantes un i- culaires, ou au moins une section bien prononcée ; car ceux-ci se meuvent avec la trompe toujours dirigée en avant. 234 RÉSUMÉ SUR L'ORGANISATION Observé en automne , dans le Sphaïgne aigu, par Unger, Ænn. sc. nat., 2 sér., t. XL, p- 257, pl. XL, fig. 1 et 2, a, bic, d,e,fg (1839). Sering., Résumé, planch. VIT, fig. 1 et 2, a,b,c,d,e,f, g, h. Animalcule du Sphaigne aigu , Meyen, Ann. sc. nat., sér. 2, t. X, p.318, planch. X, figur. 14, 15, 1838. Sering., Resume, pl. VIL, fig. a. Ces dernières figures citées représentent les animaux avec une forme oblongue, insensiblement rétrécie en trompe, tan- dis que le corps des animaux, représentés par Unger, est elliptique et émoussé également aux deux extrémités. 11 n’est pas probable que les anthères de la même espèce renferment deux espèces diffé- rentes. Peut-être Meyen n'en a-t-il pas saisi la forme rigoureuse. 2, S. pu Pozyrric couuux ( Ung. Ann. sc. nat., sér. 2, t. XI, pr. 274, pl. XI, fig. 3 et 4, a, b, c). Corps court, ovoïde, courte- ment prolongé par sa petite extrémité en trompe à deux spires. — Habite en mai le pollen du Polytric commun, et peut-être aussi celui du 2. gencorier, du P. à urne, du P. alpestre (1). Sering., Résumé, pl. VII, fig. 4, a, b, c. 3. S. ne La Fuxame nxeromérriqQue ( Meyen, Ann. sc. nal., sér. 2, i. X, p. 320, pl. X, fig. 18). Corps ovoïde sphérique, trompe à une seule spire. — Habite les globules polliniques de la Funaïre hygrométrique. Sering., Résumé, pl. VIT, fig. 7. — Cette espèce se distingue de toutes les autres par la brièveté et la grosseur de sa trompe, qui, dans l’état de repos, se courbe en cercle sur le corps. L'animaleule se présente alors comme une bague qui aurait un ren- flement à l’un des points de sa circonférence. 4. S. pe L'Hypne rriquÈrre ( Meyen, nn. sc. nat., sér. 2,t. X, p. 319. pl. X, fig. 16, 17 ). Corps ovoïde, court, se prolongeant en trompe à une spire ou une spire et demie, assez grosse d'abord, puis se terminant en pointe très-aiguë. — Habite les globules pol- liniques de l'Aypne triquètre. Sering. , Résumé, pl. VII, fig. 10, a, D. $ 2. — Espèce observée dans les Hépariques. 5. S. ne La Mancnantie rozymorpne ( Ung., Ann. sc. nal., sér. 2, t. XI, pag. 274, pl. XI, fig. 5, a, b,et 6 ). Corps court, ovoïde, terminé brusquement, par sa petile extrémité, en {rompe à trois (4) TL est plus probable que le pollen de chaque espèce de mousse a aussi son spi- rille- propre. DES ANTHÈRES DES MOUSSES. 235 spires. — Habite le pollen de la Marchantie polymorphe. Sering., Résumé, pl. VE, fig. 15, «, b (l'animal vivant), c, d,e, f (l'a- nimal mort et desséché ). Meyen, Annsssci nat: sér. 2, t. X, p. 319, pl. X, fig. 10, 11, 12. Sering., Résumé, pl VIT, fig. 8, a, D, c. $ 3. — Espèce observée dans les Characées. S. pe La Cuara commune (Meyen, Ann. sc. nat., (1838), t. X, p.319, pl. X, fig. de 1 à 8). Corps allongé, se terminant insensible- ment en longue spirale à quatre à cinq tours. — Habite les tubes polliniques de la Chara commune. Sering., Résumé, pl. VI, fig. 9, de a à j. Se distingue de toutes les espèces connues jusqu'à ce jour par sa longueur considérable et le nombre de ses spires. $ 4. — Espèces à peine connues. 7. S. pu Bay cusriné. ( Ung.) 8. S. pu Bryx ponctué. ( Ung. ) 9. S. nu Poryrric GENÉVRIER. ( Ung.) 10. S. pu Pozxrric À URNE. ( Ung.) 11. S. pu Poryrric ALPESTRE. ( Ung.) 42. S. DE LA ToRTULE DES MURAILLES. 43. S. DE L'OLIGOTRIC ONDULÉ. 44, S. DE LA GRIMALDIE HÉMISPHÉRIQUE. ( Ung. ) Te © —— BRPRICGATION DB LA PLANGUES REPRÉSENTANT L'ORGANISATION DES ANTHÈRES DES MOUSSES, DES MARCHANTIES ET DES CHARACÉES, AINSI QUE LES SPIRILLES DE LEUR POLLEN. Toutes ces figures ont été obtenues par des grossissements de plusieurs cents fois. Fig. 1. Fragment de paroi d'une anthère de Sphaigne aigu (Srua- GNUM AGUTIFOLIUM ). — &, &. Utricules extérieures , dis- posées en une seule couche et renfermant des globules verls. — D, b. Membrane interne. 236 Fig: Fig%3: Fig. 4. Piar5, Fig. 6. RÉSUMÉ SUR L'ORGANISATION , ETC. Spirille bryosoaire du Sphaigne aigu. — 4, b, c, d. Ani- maux vivants, nageant dans diverses posilions , avan- cant la trompe la première. — e, f, g, h. Animaux morts, entiers ou mulilés, mais dont les spires conser- vent toujours en partie leur position première. Partie supérieure d’une anthère de Polytric commun, gros- sie cent vingt fois. — a. Membrane homogène. — b. Couche unique d'utricules couvrant la membrane. — c. Utricules isolées. — 4. Plus petites utricules, unies par une substance mucilagineuse. Spirille du Polytric commun. — a. Animaleule renfermé dans l’utricule, — b. Le même sorti de l’utricule, maïs encore roulé sur lui-même. — c. Le même sorti de l'u- tricule et nageant. Spirillé de la Marchantie polymorphe.— a. L'animal encore «&. roulé sur lui-même. — b. Deux animaux nageant (les deux lignes de points indiquent les mouvements d'os- cillation que décrit quelquefois la partie antérieure de la trompe). — c, d, e, f. Animaleules desséchés et qui ont pris une nouvelle forme. Tube pollinique de Chara commune. — a*. Utricules renfermant des animalcules indistincts. — D. Animal- cules grossis trois cent cinquante fois et devenus visi- bles. — c. Animalcules sortant des utricules. — d,e, fs gs h,ti, j. Les mêmes nageant dans un liquide et dans diverses positions. Fig. 1. Spirille de la Funaire hygrométrique. Fig. 8. Spirille de la Marchantie polymorphe selon Meyen. — a. Animalcules ( grossis trois cent cinquante fois ) sor- tant des utricules. — 2. L'un d'eux nageant. — c. d’au- tres tués par l’iode. Fig. 9. Spirille du Sphaigne aigu selon Meyen ( diffère de celui figuré par Unger ). — «. L'animal en repos. — #. Le même nageant. Fig. 10. Spirille de l'Hypne triquètre d'après Meyen. — a. Utri- cule pollinique. — b. Animaleules encore roulés sur cux-mêmes, A a RAPPORT les Mimeons et sue ln Dolnille, SUJET QUE LE GOUVERNEMENT A DONNÉ A TRAITER AUX SOCIÉTÉS ROYALES D'AGRICULTURE ; POUR SERVIR À LA RÉDACTION DU CODE RURAL DONT ON VEUT DOTER LA FRANCE; Lu à la Société royale d'agriculture de Lyon. PAR M. CHARLES GARIOT, PROPRIÉTAIRE RURAL , MEMBRE DE LA SOCIÈTÉ D'AGRICULTURE DE LYON; ETC. Prenez-y garde ! avant de prononcer sur un sujet, avant de le juger, il faut Pétudier et le connaître dans tous ses détails. ———————————_———— ——————————————— …. — —— Messieurs, Je m'empresse , avec un sentiment de conviction qui , peut-être, me tiendra lieu de talent, d'aborder une des questions de la circu- laire de M. le ministre des travaux publics, de l’agriculture et du commerce. Votre commission du code rural, dont j'ai l'honneur de faire par- tie, s'étant divisé le travail pour répondre plus convenablement aux diverses questions de la circulaire, j'aurai, pour ma part, à vous en- tretenir aujourd'hui de celle qui m'est échue, relative aux pigeons ct à la volaille. La question est ainsi conçue : Æccordera-t-on au propriétaire la faculté de tuer en tout temps Les pigeons et la volaille sur sa pro- priété, lorsqu'ils peuvent y causer du dommage ? Vous savez tous, Messieurs, que nous comptons un nombre con- sidérable de races ou variétés principales de pigeons, avec lesquelles on s’est plu à faire toutes les variétés secondaires. Nous ne parle- rons que des deux races les plus remarquables, parce qu'elles seules 29 RAPPORT se rattachent plus spécialement à notre sujet ; je veux parler des pi- geons bisets ou fuyards et des pigeons domestiques , bien qu'à vo- lonté, on puisse changer une partie des mœurs des uns et des autres; car on parvient, sans beaucoup de peine , à rendre les pigeons do- mestiques fuyards, en ne leur donnant point à manger au colombier (ils abandonnent alors très-volontiers l’esclayage pour vivre en li- berté sous les lois de la nature ), comme on peut ramener à l'état de domesticité les bisets, en leur donnant régulièrement, pendant quelque temps, une nourrilure abondante , et surlout en les allé- chant avec du sel ou de l'urine , dont ils sont très-friands; ce qui doit nous forcer à croire que le pigeon biset n’est à la fois qu'un cap- tif volontaire et un déserteur vagabond de nos colombiers, et qu’en conséquence, il ne peut être réellement que la souche primitive de tous les pigeons connus. Quoi qu’il en soit des changements qu'on peut facilement ap- porter dans leurs mœurs , la question essentielle est de savoir s'ils sont nuisibles ou utiles à l’agriculture, et s'ils méritent toutes Les rigueurs dont ils sont depuis long-temps l'objet. Nonobstlant l’adage vulgaire, que, des moines et des pigeons, il ne faut point embarrasser nos maisons (à Dieu ne plaise, Messieurs, que je veuille faire, dans cette circonstance, quant aux moines, au- cune espèce d'allusion qui puisse donner prise à la moindre plai- santerie ), je veux faire en sorte de prouver seulement toute la fausseté de cette maxime ; par conséquent, je ne dirai rien des moines, mais je me consliluerai ici le défenseur des pigeons. Non, Messieurs, le pigeon n'est pas l'ennemi du cultivateur; tous les méfaits dont on l’accuse ne sont nullement fondés. C’est à tort qu'on a prétendu qu'il grattait la terre : il ne la gratte point, il ne la remue jamais; il n’est point de la classe des oiseaux pulvérateurs, tous les naturalistes instruits vous le diront. Je regarde comme une erreur grande de la part du jurisconsulte Merlin, ce qu'il nous dit, dans son #épertoire de jurisprudence , que le pigeon arrache le grain lorsqu'il commence à pousser. I y a plus de vingt ans que j'ai des pigeons chez moi; j'ai souvent l'ocea- sion de les voir, et surtout dans les champs, où j'aime à les ren- contrer, el je puis assurer que jamais je ne les ai vus se comporter de la sorte; et, en cela, je suis d'accord avec bien des agriculteurs. Il faut croire que M. Merlin était déplorablement prévenu et indis- SUR LES PIGEONS ET SUR LA VOLAILLE,. 239 posé contre cet oiseau de la féodalité, contre ce volatil plein de grace et d'élégance , contre ce modèle d'amour conjugal et de ten- dresse palernelle, qui semblait êlre encore, à l’époque où écrivait M. Merlin, le partage des seigneurs hauts justiciers et des nobles, propriétaires de terres en censive. Mais aujourd’hui que les pigeons se trouvent dans toules les classes de la société, ils paraissent moins dangereux ; et effectivement , Messieurs, il vous sera facile de vous en convaincre pour peu que vous vouliez les observer dans vos co- lombiers et sur vos terres. On les accuse encore de faire du dommage aux toitures et de dégrader les murs. Je n’ai jamais vu que mes toits eussent la moin- dre dégradation provenant de leur fait; seulement ils trouent et dégradent les murs séléniteux ou les murs empreints de salpètre, mais ils n'y touchent jamais quand vous leur donnez du sel dans le colombier , ou un pain fait d'argile pélrie avec de la saumure et quelques grains de sarrasin : il faut donc toujours avoir soin, quand on a des murs de cetie nature, de tenir les pigeons sa- iurés de sel. A l’époque des semailles, qui est le temps où les pigeons auraient le plus de dommage à faire, ils se contentent seulement de prendre sur la terre, avec une timidité extrême, les grains qui y sont visibles, que la herse a laissés, ne pouvant jamais tous les couvrir, tous les enterrer, et que d’autres animaux nuisibles auraient bientôt dévorés en pure perte, ainsi que le font les mulots, les musaraignes, les rats, les moineaux , ete.; et quand, par hasard, les grains restent sur icrre, l’agriculteur n’en profile pas davantage, puisque toujours ces grains avortent au lait, ou, s’il y a un commencement de germina- tion, la jeune plante ne vit pas long-lemps, attendu que ses radi- cules sont à nu sur terre et trop exposées aux intempéries. Il y a environ deux ans et demi que je voulus m’assurer ; en ne leur donnant point à manger au colombier, comment ils se compor- ieraient dans les champs. Ils allèrent d’abord dans les terres les plus rapprochées de la maison, puis, quelques jours après, volérent à une plus grande distance, et enfin, plus tard, s’écartèrent fort au loin et restèrent plusieurs heures avant de rentrer au pigeonnier; aussitôt après leur arrivée je fermai la trappe, je me saisis de deux paires, ayant soin d'en prendre autant dans les vieux que dans les jeunes ; je fis l'ouverture du jabot et du gésier, et j'eus lieu de re- 240 RAPPORT marquer avec plaisir que ces deux eslomacs contenaient plus de graines de plantes parasites de nos terres arables, comme du lolium perenne ou temulentum, du lathyrus, du vicia, du plantago et beau - coup de pelites feuilles oblongues du sedum album , de très-pelits escargots et quelques graviers ; et les grains de céréales y étaient toujours en bien moindre quantité. Notez que l'expérience fut faite immédiatement après la moisson et la récolte levée. La cuisinière , qui, plus d’une fois, a fait l’autopsie du pigeon, m'a dit que souvent, lorsqu'on négligeait de leur donner à man- ger, elle avait vu, en ouvrant leurs jabots, beaucoup de petites graines d'herbe, probablement de celles des plantes dont nous avons déjà parlé; d’où je suis obligé de conclure qu’ils sont plus utiles dans les champs que nuisibles. On a été plus loin. 11 y a des ob- servaleurs qui ont fort bien remarqué que les provinces où il y avait le plus de pigeons , étaient celles où les terres avaient le moins de plantes advenlices, et que c’est là, dans ces contrées, que le blé est le plus beau et le plus net, comme dans l'Auvergne, la Bour- gogne , la Bresse, et le Dauphiné. Voilà done ce qu'ils sont pour l'utilité; voyons maintenant ce qu'ils seront pour le produit, et s’il en vaut la peine. Les pigeons domestiques, bien nourris et soignés convenable- ment, pondeni tous les mois; mais ils peuvent ( en faisant entrer en ligne de compte le chapitre des accidents ) donner, année commune, de huit à neuf couvées par paire. Tout calculé, le produit net offre un bon tiers en bénéfice, non compris son engrais, appelé colombine, qui est très-estimé , et le devient encore aujourd’hui davantage, puisqu'il est reconnu que la colombine macérée et délayée dans l'eau peut remplacer avanta- geusemeni la gadouc ( matière des fosses d’aisances ), si convenable pour la confection de l’eau de lessive dont on se sert pour fabriquer l’engrais Jaufiret. Comme aliment , le pigeon a une viande délicieuse, d'une facile digestion ; elle fortifie, donne du ton et nourrit bien; elle convient aux eslomacs faibles, aux vieillards, aux personnes convaleseentes. Le bas du pigeon, qu'on nomme /& culotte, sera toujours regardé par nos gasironomes comme le morceau le plus délicat et Le plus suceulent à offrir. Sur les tables de luxe, la chair du pigeonneau biset, au prin- SUR LES PIGEONS ET SUR LA VOLAILLE. 241 temps, exhale un petit fumet aromatique si suave, si pénétrant, qu'il n'y à pas de bons dîners, chez nos amateurs à sens exercés, sans un plat de jeunes bisets rôlis. Ainsi que vous le voyez, Messieurs , les pigeons sont bien loin d'avoir mérité toute la sévérilé dont l'assemblée nationale a usé envers eux : elle a été, en quelque sorte, jusqu’à mettre leurs têtes à prix, puisqu’en 89, par son décret, il est dit : Si, au mépris de la loi, le propriétaire n'enfermait pas ses pigeons lorsque la commu- naulé a déterminé le-temps où ils ne peuvent plus sortir, c’est-à-dire aux époques des semailles et de la récolte, qu'arriverait-il? en ce cas , répond le déeret de l'assemblée nationale, ses pigeons se- ront regardés comme gibier, et chacun aura le droit de les tuer sur Son terrain. Aujourd’hui, la circulaire du ministre ajoute que cette disposi- tion est devenue insuffisante à raison de la variété des assolements. Mais, qu'est-ce à dire? Il est bien vrai que les assolements depuis lors jusqu’à nos jours se sont multipliés, mais ce n’est pas, il semble, un motif suffisant pour aggraver le sort des pigeons; cela ne change rien à la question. Pour compléter, dit-on, cette disposilion, on propose d'accorder au propriétaire la faculté de tuer les pigeons EN Tout TEMPS sur son terrain, du moment où ils peuvent y causer du dommage. Il aurait le même droit pour la volaille. Ah! ici, Messieurs, ne confondons pas. Je suis fort d'avis qu’on prenne cetle mesure sévère pour la vo- laille, puisque, bien entendu, vous ne comprendrez point le pigeon dans ce nom collectif, volaille ( tout oiseau de basse cour qu'il est ), et que vous n’entendrez par l'expression /a volaille que le coq et la poule, le dindon et la dinde, la pintade, et même le paon, oiseau de luxe, qui, effectivement (ces quaire espèces d'animaux ),gratient et arrachent, et les oies, les canards et le cygne, qui arrachent et fouillent seulement quand le erain a germé ; ils sont tous, à n'en pas douter, nuisibles aux céréales, aux prés, aux vignes et aux jar- dins; mais, quant aux pigeons! on ferait, à leur égard, preuve d'iguorance, d’ingratitude et d'injustice, puisqu'il est suffisamment prouvé aujourd'hui qu'ils sont uliles à l’agricuiture el que leur pro- duit est incontestable. Je demande done que celte mesure inique, révoltante, qu'on a voulu accorder à tout proprictaire rural de tuer les pigeons sur son 24% RAPPORT SUR LES PIGEONS ET SUR LA VOLAILLE. champ en les considérant comme gibier, ne lui soit point appliquée, et que, dans aucun temps, comme dans aucun cas, on ne donne le droit aux propriétaires de tuer les pigeons sur leur terrain. Non, ce droit ne leur sera point accordé ; nous demandons , au contraire, que ce prétendu droit qu'on a voulu leur donner soit ac- tuellement considéré comme un délit très-punissable ; qu'il y ait peine et amende pour celui qui se rendra coupable d'une pareille aclion (1). La peine et l'amende seront proportionnées soil au nombre de pigeons lués, soit à la récidive; et, subsidiairement , nous sollici- tons encore, pour cet utile oiseau, une défense expresse à tout chasseur de tirer dessus quand il en rencontrera même dans les bois et les champs les plus éloignés des habitations, puisqu'aujourd'hui le pigeon ne peut plus être assimilé au gibier. Les chasseurs, dans ce cas, pris en flagrant délit seront passibles de la même peine. (4) Postérieurement à ce rapport, la cour de cassation, nous assure-t-on, à rendu un arrêt conforme à l'esprit de nos conclusions. Si Parrèt existe, MM. les préfets donneront sans doute les instructions nécessaires à MM. les maires pour en donner connaissance à leur commune, et qu’ils sévissent contre les délinquants qui ne se conformeront pas à l'ordonnance. e ITOTICE SUR C.-J. DE VILLERS, MY, CG, Mulsunt, re Charles-Joseph de Villers, physicien et naturaliste, naquit à Rennes , le 24 juillet 1724, au sein de tous les avantages d’une heureuse position sociale; mais la mort, en le privant jeune encore de celle qui lui avait donné le jour, ne tarda pas à faire évanouir les espérances brillantes dont la fortune avait entouré son berceau. Son père convola à de secondes noces; la compagne nouvelle dont il fil choix, naturellement jalouse et impérieuse, ne put souffrir long-temps devant ses yeux les enfants d’une autre épouse; elle exigea leur expulsion de cet homme trop faible pour lui résister. Le jeune Charles , doté de trois écus pour subvenir à ses premiers be- soins, fut brutalement chassé du toit qui l'avait vu naître; il n’avait pourtant pas alors encore dix ans! Il se rendit à Paris chez une des amies de sa mère, et fut assez heureux pour retrouver près d'elle toule la tendresse dont son père le déshéritait; elle ne négligea rien pour son instruction : de son côté, il se montra digne des soins dont il était l’objet; on le voyait, au sortir de l’école, répétant les vers latins dont il avait dû meubler sa mémoire, ou charbon- nant les murs pour y retracer les calculs qui avaient fait le fond de la leçon de mathématiques. Ses progrès dans celle dernière science furent si rapides, qu'à treize ans il put tenir la place du professeur pendant toute la durée d'une maladie de celui-ci. Il devait être cu- rieux d'entendre ce jeune suppléant, forcé par l’exiguité de sa taille de monter sur une chaise pour être vu de ses auditeurs, et néan- moins commandant leur attention par l'ascendant de ses talents. A 244 NOTICE dix-huit ans, il ouvrit un cours de physique, et depuis cette époque, il enseigna publiquement cette science. Un événement douloureux vint , peu de temps après, meltre sa sensibilité à une épreuve cruelle : la mort lui enleva sa bienfaitrice. Malgré l'isolement dans lequel le laissait celle perte, rien ne sem- blait devoir l’éloigner de la capitale, où peut-être un avenir plus brillant encore lui était réservé , lorsqu'il entreprit, en 1753, un voyage à Lyon. Son séjour dans cette ville devait être de huit jours seulement; une circonstance heureuse l'y relint pour le reste de sa vie. Il avait rencontré, dans M°° veuve Maynard , un nouvel ange tutélaire ; il avait retrouvé près d’elle ces soins généreux dont les savants, les hommes de lettres et les arlistes, ordinairement oublieux des intérêts matériels, sentent plus que tous les autres le besoin. De Villers, né avec une âme noble, un cœur sensible aux bienfaits, éprouva de nouveau un de ces attachements vivaces qui survivent à la perte de l’objet qui les inspire. Long-temps après la mort de celte dame, à laquelle il se plaisait à donner le doux nom de mère, ses yeux se mouillaient de larmes de reconnaissance au souvenir de ses bontés. Libre, pendant quelque temps, de tout souci domestique, il put se livrer sans réserve au penchant qui l’entraînait vers les sciences. Une tendance générale commençait à diriger les esprits vers elles : les uns, sur les pas de Fontenelle, aimaient à porter leurs regards sur ces corps célestes qui roulent au-dessus de nos têtes; les autres, guidés par l'abbé Piuche, réservaient toute leur admiration pour les travaux de l’araignée, l’industrie de l’abeïlle ou les ruses du fourmi- lion. Le premier de ces auteurs avait fail aimer l'astronomie; le second avait contribué à répandre le goût de l’histoire naturelle : de Villers voulut inspirer celui d'une science non moins altrayante, et, en 1761, il publia ses Journées physiques, calquées sur le plan de ces deux écrivains. Déjà, dès 1753, l'Académie des Beaux-Arts de Lyon l'avait reçu au nombre de ses associés. Répandu dans le monde littéraire , il ne pouvait rester élranger à la querelle qui s’éleva bientôt après au sein de la société royale, Le P. Tolomas , un de ses membres , dans un discours de rentrée des élèves du collége, avait cherché à justifier la méthode d'enseignement adoptée par sa compagnie , méthode at- taquée dans l'encyclopédie. On prétendit même qu'il s'était laissé SUR DE VILLERS. 245 aller à des personnalités contre d'Alembert, auteur de l'article eri- tique. Or, ce dernier était membre de la même société; il demanda justice à ce corps savant de l'outrage reçu de la part d'un collègue. Les uns prirent parti pour les disciples de Loyola; les autres se rangèrent du côté des encyclopédistes. De Villers, à qui semblait juste la cause de ces derniers, se déclara en leur faveur; ainsi du moins paraît l'établir le post-seriplum d’une lettre de d'Alembert à Bourgelat, en date du 30 janvier 1755. Déjà réputé par son savoir et connu par ses écrits, ilne pouvait tarder à trouver place à l'Académie ; les portes lui en furent ouvertes en 1763. Il justifia plus tard eet honneur par l'hommage de nom- breux tributs ; nul, d’ailleurs, n’en était plus digne : il lisait toutes les langues de l'Europe , professait la physique avec distinction ;, et pouvait êlre compté au nombre âes mathématiciens habiles, et sur- tout des naturalistes distingués, dont Lyon possédait alors un assez grand nombre. Combien de fois, seul ou avec ceux dont les goûts élaient sym- pathiques, n’avait-il pas pareouru nos plaines si riches et si yariées, nos montagnes si intéressantes, pour leur dérober les nombreuses espèces de plantes qu'elles voient éclore! Quelquefois ces exeur- sions se prolongeaient au-delà des limites du Lyonnais. Un jour, entre plusieurs de ces amis de Flore, fut arrêtée une herborisation à la Grande-Chartreuse. L'abbé Castiglion, grand-vicaire de M. de Montazet, Le Clere de la Colombière, Latouretie , Tissier et quel- ques autres composaient avec lui cetle caravane , dirigée par le docteur Gilibert. Après avoir parcouru dans tous les sens le désert de St-Bruno, ces naturalistes prirent la route de Sappey et descen- dirent à Grenoble, ayant sous le bras, dans de volumineux porie- feuilles, les richesses végélales dont ils avaient fait la conquête. Le nombre de ces voyageurs, la singularité de leur costume, ces sortes de registres dont ils étaient chargés, tout contribua à aiguitlonner la curiosité des habilants de l’ancien Cularo, ei à mettre leur ima- gination en travail. On était alors à celle époque où le chancelier Maupeou essayail son fameux coup d’élai : on prit nos inconnus pour des huissiers de la cour venant instrumenter contre le parle- ment de la province, et, le soir, ils furent hués au spectacle où ils s'étaient rendus. Quelques mois d'explication suffirent pour tirer d'erreur le peuple grenoblois : des exeuses furent faites à nos sa- 246 NOTICE vants ; ils ne tardèrent pas à rire d’une aventure qui avait commencé par les déconcerter. Outre les personnes ci-dessus nommées, de Villers était lié avec tous les savants lyonnais de son époque. On pourrait citer, entre autres, le P. Lefèvre, oratorien érudit, de Laurencin, Montgolfier, l'illustre inventeur des aérostats , Courvoisier, le minéralogiste, et Commerson surtout, botaniste célèbre dont il avait suivi les pas. Un des plaisirs de de Villers était d'élever ces oiseaux au bril- lant plumage dont la voix docile apprend à redire quelques mots. JL en avait ordinairement sur sa fenêtre plusieurs dont le langage plus ou moins singulier attirait les regards des passants. Un jour, une actrice en tournée arrive à Lyon avec l'élève le plus savant dont il ait jamais été fait mention dans l’histoire des perroquets; il savait six ou sept passages d’opéras. Nolre savant n’en aurait pas dormi de long-lemps s’il n'avait pu avoir en sa possession ce phénix. Heureusement l'actrice voulut s’en défaire; il l’oblint pour vingt- cinq louis. Joyeux et fier de sa conquête, il emporte l'incomparable oiseau, en jouissant à l'avance de tout le plaisir qu'il se promet. Mais, hélas ! à peine cet exilé des bords du Gange se trouve-t-il avec de nouveaux visages , que son esprit et sa mémoire semblent l'avoir abandonné. Pendant quinze jours il ne fit entendre d’autres sons que les chants aigres et criards dont ses pareils assourdissent les échos des rivages indiens : son nouveau maître était désolé. Un jour, ce dernier, en regagnant son logis, entend de loin son perro- quet dont la voix percante lui semble plus désagréable encore. Animé de dépit, il hâte le pas, arrive chez lui, s’arme d’un pot d’eau et inonde l’insupportable criailleur. Mais, Ô surprise! ce der- nier, si sot ou si capricieux, recouvre tout-à-coup la mémoire, et se met à prononcer ces vers qui faisaient partie de son répertoire : Demandez-moi pourquoi, pourquoi cette colcre ? Ils étaient d’un si bon accord ! De Villers, aussi charmé que surpris, ne put retenir un éclat de rire : celle aventure s’ébruila; chacun voulut voir l'oiseau merveil- leux sur lequel une correction salutaire avait eu tant de pouvoir ; son maître reçut bientôt un si grand nombre de visites, qu'à la fin, il se vit forcé, pour en arrêter le cours, de revendre son perroquet. De toutes les parties de l'histoire naturelle, l'entomologie était SUR DE VILLERS. 947 celle vers laquelle son penchant le portait avec le plus d'entraîne- ment. Les mœurs des insectes, leur instinel admirable avaient fait naître en lui, pour l’étude de ces pelils animaux , une de ces douces passions qui sont la source de lant de jouissances. Sa jeune épouse, Mie Chantepinot, sympathisait avec tous ses goûts, s’associait à toules ses courses, partageait tous ses plaisirs et loutes ses fatigues. Il parcourut avec elle le midi de la France, pour enrichir sa collec- tion des espèces propres à ces chaudes contrées. Un jour, sur une des montagnes les plus élevées des Cévennes, elle fut frappée du vol insolite et de la couleur d’un blanc terne d'un papillon qu’elle semblait prendre pour l’Apollon : non, s’écria de Villers in- stinctivement, ce doit être la Mnémosyme; il l'avait devinée ! On ne connaissait pas encore la chasse au fauchoir, c’est-à-dire la manière de prendre les insectes, même les plus petits, en pro- menant rapidement sur les sommités des plantes un filet en capu- chon; néanmoins la compagne industrieuse de ce savant était par- venue à colliger une foule de ces animaux dont l’exiguité fail le désespoir des doigts peu exercés; elle savait les coller et les dis- poser sur des langues de papier avec un art merveilleux. C'est elle, principalement , qui confectionnait les boîtes de carton à double vitre destinées chacune à renfermer une espèce d’insecte. De Villers avait un cabinet meublé de haut en bas de ces sories de petites châsses, sur les tranches desquelles était inscrit le nom de l’indi- vidu qui s’y trouvait enclos. Que de temps et de palience n’avait-il pas fallu pour rassembler tous ces trésors ! Il est vrai qu'aucune occasion n’était négligée. Notre savant avait pour ami M. de Montri- bloud , possesseur d’un château situé à peu de distance de Lyon. Souvent il s’y rendait , et là, dès que les ombres commencaient à couvrir la terre, il allumait un cerlain nombre de flambeaux dans une des chambres le plus favorablement tournées vers les bois et les prairies , et altirait, par ce procédé peu usité encore, une foule de lépidoptères nocturnes, que l’œil de l'explorateur le plus exercé chercherait souvent inutilement pendant le jour. Les espèces nom- breuses qu’il se procura par ce moyen, lui permirent de fournir des matériaux précieux pour l'ouvrage qu'écrivait le P. Engramelle, ct dont M. Gigot d'Orey, fermier général , amateur éclairé des sciences, s'était chargé de faire les frais. | De Villers, pour se livrer à ses goûts avec plus de liberté, avait Ÿ: 10 17 248 NOTICE depuis quelque temps cessé de professer la physique , et avait même vendu ses nombreux instruments, moyennant une rente via- gère de deux mille livres. Menacé de perdre cette dernière, qui formait la plus large part de ses ressources , il se vit forcé de re- monter à nouveaux frais un autre cabinet et de recommencer ses cours, loujours suivis par de nombreux auditeurs. Les académies de Villefranche , de Marseille et de Rouen l'a- vaient successivement inscrit sur la liste de leurs correspondants. L'administration locale ajouta à ces marques d’estime un lémoi- gnage non moins flatteur : elle le chargea d’un cours public de ma- thémaliques, et mit à sa disposition, pour cet effet, une des salles de l'Hôtel-de-Ville. Rien, néanmoins, ne le détournait du projet, depuis long-temps arrêté dans son esprit, de publier la parlie entomologique des œu- vres de Linnée, en ajoutant aux descriptions des espèces connues du Pline du Nord, celles de tous les insecles découverts jusqu'alors par les naturalistes qui avaient marché sur ses traces. En 1780, il fit paraître le prospectus de cet ouvrage. Un riche négociant de Lyon, possesseur d'une collection rapidement grossie, grâce à de nombreuses relations, M. Imbert-Colomès, avait mis à sa disposi- tion tous les trésors de son cabinet. Le savant et respectable curé de Toussieux en Dauphiné, M. Villars, apportait aussi quelques pierres à l'édilice qu’il se proposait d'élever; maïs avant de le livrer au pu- blie, il voulait que le temps eût müri le fruit de ses travaux. En at- tendant , il exercait sa plume sur d’autres sujels, et apportait aux diverses académies dont il faisait partie la coopération d’un mem- bre laborieux. Un homme qui avait répandu son nom dans toute l'Europe par la découverte du magnétisme animal, exploitait alors la crédulité des habitants de la capiiale; les malades accouraient en foule aulour des baquets de Mesmer. De Villers, avec une modération de lan- gage qui fut généralement admirée, comballit, dans son Colosse aux pieds d'argile, la doctrine nouvelle, que frappait en même temps de mort les rapports de deux commissions chargées de l’examiner. Cependant l'ouvrage sur lequel devaient reposer ses principaux tilres de gloire touchait à sa fin : je veux parler de F £xtomologie de Linnée, dans laquelle il avait refondu Les parties de la Faune de Suède qui y ont rapport et aiouté les découvertes faites dans la SUR DE VILLERS. 249 science par Geoffroy, Scopoli, de Géer, Schranck, Fabricius et par lui-même. 11 mit la dernière main à ce travail en 1788. Son manu- serit élail en français; le libraire, pour s'en charger, exigea sa transeription en lalin, comme étant la langue le plus généralement employée parmi les savants. L'auteur se soumit à cetle condition, devant laquelle beaucoup d’autres auraient reculé, et, quelques mois après, son livre vit le jour sous le titre de Caroli Linnæi En- tomologia. Cette sorte de compilation offrit le recueil le plus complet publié jusqu’alors sur cette partie de l'histoire naturelle : mais elle ne réa- lisa pas toutes les espérances que donnait le talent du savant lyon- nais. On reprochera toujours à ce dernier de n'avoir pas utilisé les ressources indiquées par les méthodistes qui l'avaient précédé. Geoffroy, dans son admirable histoire des inscetes, avait signalé le moyen de les classer d’après les différences qu'offrent dans leur nombre les articulations des tarses; il avait, ainsi que Fabricius, élabli de nouvelles coupes génériques en harmonie avec l'organisa- tion extérieure et les mœurs de ces petits animaux; ces deux natu- ralistes, de même que de Géer et Scopoli, avaient indiqué des ca- ractères dont l'emploi pouvait être utilisé avec avantage : ne pas suivre les perfectionnements apportés par les nouveaux auteurs, c’é- tait faire rétrograder la science, ou vouloir qu’elle s’arrêtät au mo- ment où elle essayail ses premiers pas. À ces reproches, de Villers pouvait sans doute échapper facilement; mais c’eût élé alors son travail, et non celui du savant suédois, qu'il eût offert au public : or, son admiration pour Linnée était trop vive pour lui permettre de s’écarler de la voie tracée par ce génie : il aurait cru faire un ou- trage à la mémoire du grand homme en portant la main sur son ouvrage. Oh! combien la gloire du naturaliste lyonnais n’eût-elle pas été plus solidement établie, si, dégagé de celte crainte respectueuse, il avait essayé de travailler sur son propre fonds! si, agrandissant le cercle tracé par Geoffroy, il avait tenté, comme il en avait le projet, de décrire tous les insectes de France que ses explorations et ses re- lations nombreuses avaient mis à sa disposilion ! Quoi qu’il en soit, son travail ful recu à sa naissance comme un ouvrage ulile. Giorna en adopta la nomenclature dans son catalogue entomologique ; FAllc- magne surtout l'accucillit avec faveur; et, malgré le défaut de eri- 25 NOTICE tique et les imperfections qu'il est facile d'y trouver, il peut encore quelquefois aujourd’hui être consulté avec fruit. On doit, d'ailleurs, à cet auteur la découverte d’un assez grand nombre d'espèces ; dé- couverte dont l'honneur lui restera, quoique Fabricius et la plupart des écrivains plus modernes lui aient rarement rendu la justice d’a- dopter les noms imposés par lui. Après avoir livré au public le fruit de ses recherches, de Villers soupira aprés le repos. Il demanda à être inscrit sur la liste des vé- térans de l'académie, et ne prit plus aucune part aux travaux de ce corps savant. Déjà commençait à luire l'aurore de ces jours où le flambeau des sciences , des lettres et des arts allait pâlir devant les brandons de la discorde. On eût dit que, prévoyant l'avenir, il cher- chait à s'ensevelir dans une prudente obscurité; mais ses talents lui avaient fait un nom qu'il ne pouvait plus cacher dans l'oubli. Sa ré- putation ‘de mathématicien habile, les lunettes sorties des mains du célèbre opticien Dollon, dont il était possesseur, le firent appeler, lors du siège de Lyon, à concourir à la défense de la cité, en obser- vant, du haut de la côte de St-Sébastien, les mouvements de l’enne- mi. Mandé pour ce fait devant le général Doppet, après la prise de la ville, celui-ci, par un acte de clémence qui honore sa mémoire, se contenta de’conlisquer les instruments coupables, qui furent ex- pédiés sur-le-champ dans le Midi, pour être utilisés dans le siége de Toulon. Depuis cette époque, de Villers vécut dans la retraite. L'étude des sciences, qui avait fait le charme de sa vie, fut encore l’occupa- tion de ses dernières années, IL se chargea, pour être agréable à F.-M. Tissier, son maître en chimie, de la rédaction de l’Essai sur lu théorie des trois éléments, publié par ce dernier; mais il n’apposa plus son nom à aucun ouvrage. Son temps était partagé entre la lec- iure et un doux far niente. De l’une des croisées de ses apparle- ments silués sur le quai St-Clair , il aimait à considérer le tableau ravissant élalé sous ses yeux, et à jeter ses regards sur les champs de la Tète-d'Or, qu'il avait si souvent visités el que ses forces ne lui permellaient plus de parcourir, Il accueillait avec bonté les jeunes gens portés par leur goût vers l'étude de la nature, et celle-ci lui dut quelques admirateurs éclairés. Il servit, entre autres, de guide à un de nos conciloyens que l’entomologie regrette depuis long-temps de ue plus voir altaché à son culte , M. Bourgeois, dont la modestie à SUR DE VILLERS. 251 toujours retenu la plume, mais dont le nom se trouve inscrit hono- rablement dans les ouvrages d'Olivier. De Villers voyait s’avancer la vieillesse sans en éprouver les en- nuis, lorsque la mort vint blesser son cœur dans ses affections les plus chères en lui enlevant son épouse. Privé de cette seconde moi- tié de lui-même, son regard se porta avec inquiétude sur l'avenir de sa fille, unique appui de ses derniers ans, seul objet capable de l'attacher encore à la vie. Pour assurer à son enfant un sort plus heureux , il se résigna à un grand sacrifice; il songea à vendre sa collection d'histoire naturelle, fruit de tant de peines el de tant de soins, et son cabinet de physique, remarquable par le nombre et la beauté des machines, dont plusieurs étaient de son invention. Instruile de sa détermination, la cour de Russie lui fit faire des offres brillantes : l’état des finances à cette époque ne permettait pas à la ville de Lyon d’en faire l'acquisition; il préféra les céder à un de nos conciloyens à un prix modeste, plutôt que de les voir passer dans la main des étrangers. Cependant un témoignage de la voix publique devait lui laisser la douce consolation qu'il n'avait pas passé inutile sur la terre. Le gouvernement avait demandé à connaître les hommes du dé- parlement dignes d'avoir droit à sa bienveillance par leurs décou- vertes utiles (1), leurs services rendus à l’industrie; et une commis- sion de la Société des Amis du Commerce et des Arts, chargée de les désigner, proclamait, par l’organe de Dugas-Montbel, son rappor- teur, le nom de l'honorable vieillard à côté de ceux des Jacquard, des Jambon, des Bouchard et des Gensoul. Cet hommage flatieur fut le dernier adieu qu’adressait à de Villers (1) Le rapport citait, entre autres, les machines suivantes : 1° Le mouvement de l’année, présentant les trois mouvements du globe terrestre, dont deux d’occident en orient, pendant que Paxe se meut d’orient en occident. 2° Le mouvement de la ligne des absides lunaires en neuf ans, et celui des nœuds en dix-huit ans. 3° Le mouvement des planètes dans leurs ellipses respectives. 4° Les trois lois de Képler en expérience. 5° L’accélération des planètes dans leurs ellipses. 6° L’attraction des montagnes rendue sensible par la déviation d’un corps très-lé- ser, alliré visiblement par une masse de plomb mobile. T° La figure de la terre aplatie aux pôles par le moyen de cercles élastiques, aux- quels on imprime un mouvement circulaire. 252 NOTICE le monde qu'il allait bientôt quitter. Les infirmités, auxquelles il avait échappé pendant si long-temps , avaient fini par l’atteindre; elles attristèrent ses derniers jours, contribuèrent avec l’âge à affai- blir ses facultés , et abrégèrent pour lui le chemin de la tombe. Il mourut le 3 janvier 1810. Les productions de de Villers, la plupart restées manuscrites, son : 1° Journées physiques. Lyon, Deville, 2 vol. in-8°. 2° liecucil d'observations sur le Ver- Lion et sur la mouche en laquelle il se transforme. 3° Discours de réception à l'Académie. 1764. 4° Description d'une expérience des effets de l'électricité appliquée sur des parties affligées de paralysie, sans émotion du reste du corps. 1765. 5° Cours de physique pendant l'année 1166-68. 6° Discours prononcé à l'ouverture de la séance publique de l'A- cadémie du mardi 1% décembre 1767. 1° Eloge de l'abbé Greppo. 1767. © 8° Annales de l'astronomie, premier mémoire des recherches de l'esprit humain relativement aux progrès des sciences mathé- matiques. 1768. 9° Parallèle historique de Ticho-Brahe et de Copernic. 1770. 10° Parallèle historique de K'épler et de Gallilée. 1772. 41° Dissertation sur les révolutions des comètes et sur les divers degrés de leur rapprochement de la terre. ATT3. 12° Parallèle historique de J. Cassini et de Huygens. \TT4. 13° Examen de l'hypothèse de M. Euler sur l'électricité. 1775. 14° Compte-rendu d'un phénomène d'électricité opéré sur une pa- ralysie. 1771. 15° Prospectus d'une histoire générale des insectes de France, dé- crits et classés selon la méthode de Linnæus. 1780. 46° Compte-rendu des expériences faites sur l'air fixe. 1780. 17° Catalogue raisonné des instruments de physique qui composent le cabinet de M. de Montribloud. Lyon et Paris, 1782, in-80. 18° Le colosse aux pieds d'argile. Lyon, 1783. 19? Dissertation sur le fluide cause de l'ascension et du développe- ment des aëéroslats. 1T84. 20° Discours à l'ouverture de La séance publique Au mardi 30 août SUR DE VILLERS. 253 1785, contenant les éloges de MM. Mably, Pilastre du Rozier et Barthe, associés de la Compagnie. 210 Discours à l'ouverture de la séance publique de l'académie du mardi 6 décembre 1765. Réflexions sur les travaux et la vie laborieuse des natura- listes. Éloge de M. Thomas de l'Académie francaise, associé de celle de Lyon. 1785. 290 Dissertation sur l'acide élémentaire ct les phénomènes phy- siques qui en dépendent. 1785. (Avec Tissier. ) 23° Caroli Linnæi Entomologia , Faunæ Sueciæ descriptionibus aucta, curante Carolo de Villers. Lugdun. , Piestre et de la Mollière, 1789, 4 vol. in-8°, fig. Pepe pour peur LE » ni 5 Eunont “x ré of (h ro a me EST 7 srl Es aient pi fa: : poli sie,” se à l SC de phpatynie ponte Pons ! DEN ere Promcaté & Finééénire de set se drece pattique F Le fe dis sarl 2* décent 2207. "x de # loge ne Eubbd Greppoi VIE 1. ‘+ 4 | F Ét Louis 2% l'an nrnemue, roms lus pen Uqise 4 dus. jrehe | sd : RpPtaSt 1e ù M renén! a POUGTES des solences mi if UT EE il ue Fe de Lots Pre pa dpoétee: dt ses ice fol he: garde “drb. EÉ # é oi 4 Jà dires pu pit À Brshot ié Fri s à te T4 14 "a ire Us Rom. rone me rien à SH à AR RS ‘e réits map nul 3 æ PATES St : 1 DES CAUSES DE L'INSALUBRITÉ DE LA DOMSES., PAR JT, Le Docteur Vottex, © Dans les climats chauds ou tempérés , le desséchement du sol par l'évaporation des eaux stagnantes est toujours suivi du dégagement d’effluves délétères, qui altèrent plus ou moins la santé des habitants. Ainsi , tous les pays d’étangs sont insalubres, parce que, dans tous, une partie considérable du sol est chaque année mise à sec par les chaleurs de l'été. | Les funestes effets des marais ou des étangs (car, médi- calement parlant, les étangs sont de véritables marais ) ont été constatés dès la plus haute antiquité, comme on peut s’en convaincre par la lecture du Traité de l'air, des eaux et des lieux , dans lequel le père de la médecine a tracé un tableau si fidèle des maladies auxquelles sont en proie les habitants des contrées marécageuses. Et comme les mêmes causes, dans des circonstances iden- tiques, produisent nécessairement des effets semblables, il en résulte que les observations d'Hippocrate ont été confirmées T. 11 15 256 DES CAUSES DE L’INSALUBRITÉ par tous les médecins qui , depuis ces temps reculés, se sont occupés des maladies endémiques des pays marécageux. Ainsi, les écrits du vieillard de Cos nous apprennent qu'il y a plus de deux mille ans, les habitants des rives fan- geuses du Phase étaient sujets aux hydropisies , aux engorge- ments des viscères du bas-ventre , aux ulcères aux jambes, aux fièvres d'accès, etc. ; et la lecture des œuvres de Lancisi, de Lind, de Zimmermann, de Baumes, de Ramel, de Fo- déré, d'Alibert et de M. le docteur Monfalcon, nous prouvent que telles sont encore de nos jours les maladies qui affligent les malheureux qui végètent sur le sol empoisonné des marais Pontins , de la Sologne , de la Dombes et de toutes les con- trées marécageuses. Sans chercher à convaincre par des raisonnements ceux qui, de nos jours encore ; osent nier l'évidence , c'est- à-dire les résultats pernicieux des émanations marécageuses sur l'organisme humain , nous nous efforcerons, à l'aide de l'expérience et de faits bien constatés, d'apprécier à sa juste valeur le role qu’elles jouent dans la production des diverses maladies et surtout des fièvres intermittentes. Ces fièvres endémiques, dans la Dombes, atteignent cha- que année , dans certaine localité , le quart , le tiers et quel- quefois même la moitié de la population. Les décès, dans beaucoup de communes , dans presque toutes celles du cen- tre, l'emportent sur les naissances , ct cela dans une propor- tion variable, mais presque toujours en raison directe de l'étendue des étangs , à quelques exceptions près, qui tien- nent à des circonstances particulières, par exemple à ce que les vents emportent quelquefois ces émanations meurtrières à des distances assez considérables, et rendent ainsi très-in- salubres certains cantons où se remarquent cependant fort peu d’étangs. Ces maladies, la détérioration de l'espèce humaine dans DE LA DOMPES. 297 ce malheureux pays, et sa dépopulation toujours croissante , ont été attribuées à diverses causes , dont voici les princi- pales : aux étangs, aux marais, aux prairies marécageuses , aux jachères, à l'humidité du climat, à la nature du sol, à la flouve (anthoxantum odoratum ), à la mauvaise qualité des eaux dont s’abreuvent les habitants , à leur régime , et, enfin, à l'absence de toute précaution hygiénique. Nous nous eflorcerons d'apprécier le mode d'action ct l'importance relative de chacune de ces causes; puis nous in- diquerons les moyens qui nous paraïtront les plus propres à les faire disparaitre. Les étangs de la Dombes, comme tous les étangs de pé- che, ont été créés par la main des hommes ; ils sont l’œuvre de l'industrie. On a profité de la nature du sol, de la pente que présentent la plupart des vallons pour y élever des chaus- sées, afin de retenir les eaux et de former ainsi des lacs arti- ficiels dans lesquels on püt élever des poissons. Cette observation sur l’origine véritable des étangs est d'autant plus importante à constater, que c’est pour l'avoir méconnue que beaucoup d’auteurs, tant anciens que mo- dernes, se sont prononcés en leur faveur. Ainsi, c’est pour avoir cru que les étangs étaient d'anciens marais ou des flaques d’eau modifiés par l’art de telle ma- nière qu'ils ont pu être empoissonnés, que Revel , Collet, MM. Guerre, Rivoire, Nolhac et les autres apologistes des étangs ont été entraînés à soutenir qu'on devrait rendre des actions de grâces à ceux qui, les premiers, ont eu l'heureuse idée de tirer ainsi un parti fort avantageux de marais autre- fois improductifs et tout-à-fait insalubres, et que l’un d’eux , le docteur Vaulpré, est allé jusqu'à dire qu'on devrait leur élever des autels. Mais cette opinion erronée, qui sert à expliquer la diver- gence des idées, tombe devant la simple inspection des loca- 258 DES CAUSES DE L'INSALUBRITÉ lités où existent les étangs, devant la configuration et la na- ture du sol qu'ils occupent; partout, en eflet, les eaux de ces lacs ou réservoirs artificiels sont retenues par des digues ou chaussées, dans le centre desquelles on à ménagé des ou- vertures pour faciliter à volonté l'écoulement de ces eaux ; aussi toutes ces chaussées ont-elles été élevées dans des val- lons, dans les endroits qui présentaient une pente ou un plan plus ou moins incliné. D'ailleurs, si, dans quelques endroits peu étendus, disposés en forme de cuvette, on a pu à l’aide de canaux et de chaus- sées créer de véritables étangs en augmentant la masse de l'eau stagnante, on peut dire, d’une manière générale ; que jamais les marais proprement dits n’ont pu être convertis en étangs, parce que les eaux stagnantes, celles qui manquent d'écoulement, le sol n'étant pas incliné, qu'il soit argileux ou non, ne peuvent être empoissonnées , à moins que leur limpidité ne soit entretenue par un ruisseau; autrement leurs eaux se corrompraient, le poisson y périrait infailliblement, et les pèches qui ne s’opèrent que par une vidange complète seraient impossibles. Ainsi , toutes les fois qu’un sol argileux présente dans une grande étendue un bas-fond disposé en forme d’enton- noir , il en résulte un véritable marais où le poisson ne peut vivre, et qui, pour ètre défriché , exige ordinairement des travaux considérables. Or, dans ces cas qui sont fort rares , et dont le marais des Échets offre le seul exemple en Dombes, du moins sur une grande échelle, le sol desséché est en général très-fertile, et il y a plus d'avantage à le cultiver qu'à le convertir en étang. Ainsi, tout ou presque tout le sol de la Dombes qui aujour- d'hui est inondé, a été anciennement cultivé et pourrait l’être encore ; si l’on faisait disparaitre les chaussées qu'on éleva jadis à grands frais pour retenir les caux. DE LA DOMBES. 259 Elles s'écouleraient avec d'autant plus de facilité, que la Dombes n'est point, comme on l'a dit , une plaine privée de pente , puisque le plateau qui la constitue est élevé de trois cent soixante-dix pieds au-dessus du niveau du Rhône, de la Saône et de la rivière d’Ain, entre lesquels il est situé. Il s’abaisse dans son ensemble du sud-est au nord-ouest, c'est-à- dire dans une direction contraire aux trois grands cours d’eau que nous venons de désigner, et vers lesquels il forme de chaque côté un plan légèrement incliné. La Dombes représente si peu une plaine privée de pente , que M. Rivoire, dans son mémoire en faveur des étangs, dit que le plateau de la Dombes forme un promontoire de qua- tre cents pieds au-dessus des vallées qui l'enveloppent à l'est et à l'ouest ; qu'il est ainsi détaché du continent, ce qui l’ex- pose chaque année à de grandes sécheresses. On voit par là que les partisans des étangs sont loin d’être d'accord sur la topographie de la Dombes. « La pente du plateau, dit M. Puvis , est très-forte , plus forte qu’elle n’est en aucun pays de plaine, puisque la pente la plus faible, celle de la direction générale du plateau du midi au nord, celle qui existe depuis les points culminants du plateau de la Dombes, entre Chalamont et Meximieux, depuis le Montellier, point le plus élevé, jusque sur le plateau de Bresse à Bourg, est de cinquante-cinq mètres, pente de près de deux millimètres par mètre, quatre fois plus rapide que eclle du bassin du Rhône... On doit donc être tout-à-fait rassuré sur la pente nécessaire à l'écoulement des eaux. » Si telle n’était pas l'heureuse disposition du sol de la Dombes, si elle représentait, comme se le figurent les per- sonnes qui ne l'ont point visitée, un plateau dépourvu de pente, ayant des bords élevés, elle formerait un vaste marais dont les eaux, retenues par un sol imperméable, n'ayant au- cun écoulement, se corrompraient; elle serait incultivable et 260 DES CAUSES DE L'INSALUBRITÉ le poisson y périrait ; cet immense marais infect ne pourrait être assaini que par des travaux extraordinaires , lesquels , heureusement, sont tout-à-fait inutiles. Nous avons dit plus haut que, si l'on détruisait les chaus- sées élevées par la main des hommes, tout le sol de la Dombes pourrait être cultivé sans qu'il fût nécessaire de re- courir à de grands travaux pour opérer ce desséchement ; cela est évident, puisque tous les étangs sont ensemencés lous les deux ou trois ans; leurs eaux s'écoulent donc naturelle- ment par la seule pente que présente le terrain qu'ils occu- pent, et arrivent dans diverses rivières ou petits cours d’eau dont le pays est sillonné. Il serait d'autant plus convenable de rejeter ce mode d’assolement, seule cause de la misère et de la dépopulation du pays ( ainsi que nous espérons le dé- montrer ), que les raisons qui ont porté, il y a plusieurs sie- cles, les habitants de la Dombes à créer des étangs, n'existent plus, et qu'ils auraient, au contraire, aujourd'hui le plus grand intérêt à les détruire. Il est évident que les premiers qui eurent l'idée de conver- ür leurs champs en étangs l'ont fait dans l'espoir d'en obte- nir un produit plus considérable, ce qui était fort rationnel à une époque où les bras étaient rares et où les voies de com- munication manquaient totalement. On ne pouvait se défaire qu'à vil prix du peu de céréales produit par un sol peu fer- tile alors, parce qu'on ne savait pas encore lui donner un des éléments qui lui manquent, la chaux. On devait donc tirer un parti plus avantageux d'un produit qu'on obtenait sans aucun frais de culture, et qui s'écoulait avec beaucoup de fa- cilité alors que l'observance rigoureuse des jours maigres fai- sait partout rechercher le poisson. Il est peu important de remonter à Ja cause qui a pu diminuer la population de la Dombes avant la création des étangs; car il résulte bien évidemment des travaux aux- DE LA DOMBES. 261 quels se sont livrés MM. Varenne de Fenille , Monfalcon, Puvis, Digoin, Alexandre Bodin, etc. qu'elle a été ancienne- ment beaucoup plus peuplée qu'elle ne l’est de nos jours. M. de Fenille fait remonter la création des étangs à l'époque des croisades ; qui, ayant diminué le nombre des habitants, fut la cause, selon lui, qui détermina les grands propriétaires qui manquaient de bras pour cultiver leurs fonds à les convertir en étangs. « Ainsi, dit M. de Fenille, les pre- miers étangs sont dus à une dépopulation accidentelle ; les seconds, à la cupidité. A mesure que le nombre s’en est aug- menté, la population a déchu, et les terrains environnants se sont refroïdis et détériorés par approche. Plus les terres ont été dépréciées, plus il y a eu d'intérêt et de facilité à inonder des terrains appauvris, plus on en a noyé et plus la dépopu- lation a augmenté. » Suivant M. Digoin , il y eut dans le 40€ et le 11° siècles trois grandes causes de dépopulation : l'invasion des Barbares, les croisades et une famine inouïe, produite par des pluies extraordinaires. Mais quelles qu'aient été les causes qui ont amené la créa- tion des étangs, il est bien évident qu'elles n'existent plus au- jourd’hui que de nouvelles routes ont été tracées dans toutes les directions, que les produits peuvent s’exporter facilement, et que l'expérience à appris à fertiliser le sol argilo-siliceux à l'aide de la chaux et de labours profonds. Il nous sera facile de démontrer qu'il y aurait un avantage immense à aban- donner un mode d'assolement ruineux, à n’envisager la ques- tion que sous le rapport du produit brut, à plus forte raison si on la considère sous le point de vue hygiénique, puisqu'il ressortira des détails dans lesquels nous allons entrer que c'est à la création et à la mulüplication des étangs que lx Dombes , jadis florissante, ainsi que le prouvent les docu- ments historiques et les débris d'habitations qu'on rencontre à chaque pas, doit l'état de dégradation et de misère auquel elle est aujourd'hui parvenue. 262 DES CAUSES DE L’INSALUBRITÉ Les étangs de la Dombes sont tous insalubres; ils le sont d'autant plus qu'ils sont moins profonds, qu'ils retiennent moins l’eau, et que plus de plantes aquatiques et d'insectes y vivent et y périssent. Nous répétons qu'ils sont tous plus ou moins insalubres, même les grands étangs blancs, parce que tous présentent un plan incliné, et qu’une partie plus ou moins considérable de la surface du sol est toujours mise à découvert par les chaleurs de l'été. Il ne pourrait en étre autrement qu’autant que leurs bords, comme ceux de cer- tains lacs, seraient coupés à pic, et que leurs eaux seraient alimentées et maintenues limpides par des ruisseaux ou des rivières; dispositions que ne présente aucun des nombreux étangs de la Dombes. Or, il résulte du desséchement inévitable d’une portion plus ou moins considérable de la surface des étangs par la chaleur, la décomposition de matières végétales et animales, et de R , le dégagement d'émanations septiques, qui sont la cause presque exclusive des fièvres intermittentes endémiques dans ces malheureuses contrées. On ne voit, d'ailleurs, se produire dans ce cas que ce qui arrive toutes les fois que les eaux des rivières, des fleuves ou des lacs, ayant débordé, deviennent en partie stagnantes, et s'évaporent sur une surface un peu étendue; toujours alors on voit se développer des fièvres plus ou moins pernicieuses. Cette grande cause d’insalubrité, généralement reconnue, a plus d'activité dans la Dombes, le Forez, la Sologne et les autres pays à sol argilo-siliceux , parce que l'étendue des terrains submergés et mis à sec est là, proportionnellement, plus considérable que partout ailleurs, et que d’autres causes, que nous énumérerons plus tard, viennent encore lui donner une activité plus grande. Les marais contribuent aussi à l'insalubrité de la Dombes, mas dans une proportion infiniment moins considérable que DE LA DOMBES. 263 les étangs, leur surface étant mille fois moins étendue que celle de ces derniers. Le mode d'action des marais est le même que celui des étangs pour la production des fièvres d'accès, c’est toujours par le desséchement de leur surface en tout ou en partie, opéré par les chaleurs et par la décomposition des matères végétales et animales. IL est si vrai que c’est là la véritable cause de l'insalubrité des pays à sol argileux , et non pas l'humidité seule, comme le soutiennent les partisans des étangs, qu'il n'existe dans la Dombes que fort peu de fièvres intermittentes pendant l’hi- ver, alors que toute la contrée est recouverte par les eaux. C’est par cette raison que les vastes marais de la Pologne, de la Lithuanie, d'une partie de la Russie, que ceux où le Wolga et le Boristhène prennent naissance, ne sont point in- salubres, parce qu’ils ne sont jamais desséchés ; tandis que les marais de l’Inde, de l'Amérique méridionale, des Antilles et de tous les pays chauds, par une raison contraire, sont la cause de fièvres tellement pernicieuses, que plusieurs de ces contrées sont, pour ainsi dire, inhabitables, Ja décomposition des matières animales et végétales étant beaucoup plus active dans ces régions brülantes que dans les climats tempérés. Certainement l'humidité a sur l'économie animale une in- fluence , laquelle varie suivant diverses circonstances que nous allons indiquer; mais il est important de distinguer ce qui appartient, dans la production des maladies endémiques, à l'humidité seulement, c’est-à-dire à la présence d'une trop grande proportion de vapeurs d’eau dans l'atmosphère, de ce qui doit être attribué aux effluves que cette vapeur aqueuse üent en suspens dans les pays marécageux. L'air trop sec est nuisible, ainsi que Fair trop humide : le premier prédispose aux affections sthéniques, ou inflamma- 264 DES CAUSES DE L’INSALUBRITÉ tions, et exalte les facultés intellectuelles ; le second les af- faisse et cause les maladies asthéniques , celles du système lymphatique, les hydropisies, etc., surtout s'il est humide et chaud, car l'air froid et humide n'empêche pas les habitants des pays septentrionaux de jouir d’une santé parfaite, surtout lorsque cet air peut être chassé dans toutes les directions, comme cela arrive dans les vastes plaines que nous avons citées plus haut. La preuve, d’ailleurs, que l'air simplement humide n’est pas insalubre, c'est que, dans toutes les îles, même les plus éloignées des terres , par exemple, à l'ile Ste-Hélène, le cli- mat est sain, malgré l'humidité extrême dont l'air est im- prégné ; pourvu qu'il n'y ait dans ces 1les aucune eau stag- nante, aucune contrée marécageuse. De même sur les continents , l'air humide n'est pas insa- Jubre dans les pays de plaine lorsqu'il n’est arrêté par aucune montagne, surtout si l'exposition est au nord, comme l’est celle de la Dombes, dont le plateau s'incline du sud-est au nord- ouest. Aussi avons-nous été étonné de lire dans les mémoires de M. Groflier et de M. Guerre que des obstacles physiques empéchaient les mouvements salutaires des vents du nord et de l’est. M. Groflier attribue cet effet à des masses de bois; mais elles ne pourraient arrêter le vent du nord que dans les localités qui seraient au sud de ces mêmes bois et dans une étendue très-limitée. Il résulte, au contraire , de l'exposition inclinée au nord-ouest du plateau de la Dombes que les vents du nord s’y font sentir très-violemment, et que les moulins à vent y fonctionnent très-bien, ainsi que le prouve celui qui a été établi à Sure par M. Guichard , quoique MM. les doc- teurs Vaulpré et Groflier aient avancé, et que d’autres aient répété après eux qu'aucun moulin à vent ne pouvait réussir dans la Dombes; et c'était là un argument qu'on faisait va- loir en faveur de la conservation des étangs. DE LA DOMBES, 265 Mais si l'air humide est retenu dans une vallée étroite d’où il ne peut être déplacé par les vents parce que des montagnes élevées la dominent de toutes parts, comme on en voit des exemples dans les Alpes ou dans les Pyrénées , l'atmosphère de ces vallées, étant chaude ct humide dans l'été, froide et hu- mide dans l'hiver, n’engendre pas des fièvres intermittentes, mais détermine la constitution lymphatique, les scrophules, les goitres et le crétinisme , ainsi que l’a si bien démontré le professeur Fodéré. C’est donc l’air humide et non renouvelé qui relache tous les tissus, qui donne une sorte de flaccidité à toutes les fibres de l'organisme, qui occasionne le goître, et non pas les eaux provenant de la fonte des neiges, comme on le soutient encore de nos jours. Aussi les habitants des rives du Rhône sont loin de ressembler , quant au physique et au moral, à ceux qui peuplaient les terrains fangeux traversés par le Phase, qu'Hippocrate nous représente plongés dans un état d’apathie et de faiblesse si remarquable. Ils sont, au contraire ; fortement constitués , intelligents, pleins de vi- gueur et d'énergie, et ils ne sont point atteints du goitre, quoiqu'ils s'abreuvent souvent des eaux du Rhône, qui pro- viennent de la fonte des neiges et des glaciers des Alpes. L'air de nos rues étroites, renfermé entre des maisons ex- traordinairement élevées, est bien plus propre à déterminer le goître que l'usage des eaux du Rhône, pour les habitants des quartiers élevés et salubres de notre ville. Enfin, l’humi- dité habituelle de l'atmosphère de Lyon occasionne des catharres, des rhumathismes, des hydropisies, etc., et non pas des fièvres intermittentes , lesquelles, au contraire, y étaient très-fréquentes , surtout dans les quartiers du midi , avant que les marais de l’île Perrache n’eussent été comblés. On les voit encore de nos jours attaquer Îles habitants de celle partie de la ville lorsqu'après de grandes inondations, une certaine quantité d’eau est restée stagnante dans 266 DES CAUSES DE L’INSALUBRITÉ quelques portions de cette presqu'ile non encore envahies par les constructions, qui, heureusement, l'occuperont bien- tôt tout entière. Ainsi, nous croyons pouvoir dire avec MM. Fournier et Bégin : « C’est donc à la présence d’autres agents que l'hu- midité atmosphérique que l’on doit attribuer les maladies endémiques dans certaines contrées : or, ces agents ne sont autre chose que les émanations délétères des marais qu'elles renferment. Ainsi, toutes les contrées marécageuses sont annuellement le théâtre de diverses maladies qui paraissent à l'époque où les terrains marécageux sont mis à découvert. St l'on parcourt la plupart des pays qu'une insalubrité constante a rendus redoutables aux étrangers qui les fréquentent, et même aux habitants qui s’y sont acclimatés, on verra tou- jours des marais ou d’autres causes analogues donner l’expli- cation de ces phénomènes... Cayenne, si funeste aux Francais, creusée en forme d’entonnoir, ne fournit presque aucun écoulement aux eaux qu'elle recoit, et se trouve ainst recouverte de terrains marécageux qui l'infectent. Sur la côte orientale de l'Afrique, l'ile de Mozambique, qui sert de lieu d'exil aux criminels portugais, est tellement marécageuse, et par conséquent insalubre, que cinq à six ans de séjour y constituent pour les maiheureux qu'on y transporte une vie très-longue, etc. » Les ouvrages de Lancisi, de Lind, de Jon Sanclair, de Humboldt , de Pugnet , de Valentin, etc. con- tiennent une foule de faits qui prouvent que les fièvres inter- mittentes plus ou moins pernicieuses sont toujours dues, non pas à l'humidité plas ou moins chaude répandue dans lat- mosphère, mais à un véritable empoisonnement par des émanations marécageuses ; lesquelles ont, en général, une activité d'autant plus fumeste que la fermentation putride est plus active, c'est-à-dire qu'elle à lieu dans un climat plus brulant. DE LA DOMBES. 267 On voit que nous sommes loin d'admettre l'opinion de Giannini, qui avance, dans son Traité des fièvres, que « le miasme des marais semble un être imaginaire , et que si les lieux marécageux sont, comme il n'y a pas de doute, cause des fièvres intermittentes, c'est, pour ainsi dire, néga- tivement, en ne fournissant point suflisamment de source de stimulus aux systèmes vivants qui respirent dans leur atmosphère. » Cette théorie, qui a été adoptée par Ramel dans son ouvrage sur l’Ænfluence des marais sur la santé de l'homme et par quelques autres auteurs, est tout-à-fait contraire à l'observation, ainsi que nous nous sommes cefforcé de le démontrer plus haut ; aussi est-elle aujourd'hui générale- ment abandonnée ; surtout depuis les travaux de Rigaud de Lisle, de MM. Julia Fontenelle, Monfalcon, etc. Nous devons répondre à l'objection suivante, qui nous à été faite par diverses personnes, même par des médecins : Mais à y a partout des fièvres intermittentes. Sans doute on observe partout quelques fièvres intermittentes sporadiques , c'est-à-dire affectant isolément quelques individus , lesquelles peuvent tenir à diverses causes qu'il est inutile d’énumérer ici; mais les fièvres intermittentes qui atteignent épidémi- quement une partie plus ou moins considérable d'une popu- lation, n'existent que dans les lieux où des eaux stagnantes ont été évaporées. Voici, à cet égard, comment s'exprime M. le docteur Nepple, qui a long-temps exercé la médecine dans la Dombes : « La fièvre intermittente a été observée partout et dans toutes les saisons; mais elle ne s'est jamais développée d’une manière endémique ou épidémique que dans les contrées qui recèlent des marais ou des étangs, dans celles qui sont sujettes à être inondées, en un mot, dans les lieux où des 268 DES CAUSES DE L'INSALUBRITÉ masses d'eaux stagnantes sont susceptibles d’être corrom- pues ou bien évaporées de manière à laisser exposé aux rayons du soleil le sol qu'elles ont recouvert. Voilà un fait incontestable. » «Mais, ajoutent les apologistes des étangs, tout ce que vous avancez sur l'influence désastreuse des marais, nous vous l'accordons; mais on ne peut assimiler les étangs aux marais, surtout les étangs blancs et profonds , dont les eaux, agitées par les vents, conservent leur limpidité, même pendant les plus fortes chaleurs de l'été, et ne se corrompent jamais, puisque les poissons y vivent et y prennent un rapide accroissement. » Tous ceux qui ont écrit en faveur des étangs ont rapporté cette observation, fort juste du reste, que si les eaux des étangs étaient profondément altérées , le poisson y périrait , et l'ont donnée comme un argument sans réplique en faveur de leur opinion. Nous n'avons jamais prétendu que la partie profonde des étangs, que celle qui reste inondée pendant les chaleurs était insalubre ; nous soutenons, au contraire, que c’est la par- tie dont la couche d’eau ayant moins d'épaisseur, s’évapore et laisse le sol à découvert. Nous répéterons ici avec Alibert , dans son excellent Traité des fièvres pernicieuses : « Les étangs et les marais contribuent moins essentiellement à la production des fièvres intermittentes par la quantité d'eau qui stagne dans leur intérieur, que par le dépôt plus ou moins infect mis en contact avec l'atmosphère après la retraite ou l'évaporation de ces eaux. » Mais si la masse d’eau qui forme la partie profonde des étangs ne contribue pas directement à la production des fiè- vres intermittentes, bien loin d’être salutaire et d’assainir le pays comme on l’a avancé, elle est au contraire fort nuisible par l'immense quantité de vapeurs aqueuses qui s’en dégagent pendant les jours d'été, et qui retombent le soir sur le sol DE LA DOMBES. 269 lorsque, le soleil arrivant au-dessous de l'horizon , la tempé- rature se refroidit brusquement. Cette humidité froide , qui constitue ce qu'on appelle le serein, supprime la transpiration et nuit encore par les émanations délétères qu'elle tient en suspension. Le raisonnement de ceux qui soutiennent que les étangs dont les eaux conservent leur limpidité pendant les chaleurs ne sont point insalubres, serait concluant si les bords de ces étangs, comme ceux de certains lacs, étaient coupés à pic, si aucune partie de leur surface n’était mise à sec pendant l'été, et si, enfin, le niveau de leurs eaux était maintenu toujours à la même hauteur par le passage d’une eau courante ; mais cette heureuse disposition, ainsi que déjà nous l’avons indi- qué , n'existe pour aucun des étangs de la Dombes. Tous, au contraire, présentent une surface inclinée et une couche d’eau ayant en conséquence fort peu d'épaisseur, laquelle s'évapore toujours dans la belle saison , et laisse ainsi à découvert une grande portion de l'étang. Tout ce que nous avons dit des marais est donc parfaitement applicable à tous les étangs de la Dombes, qui sont, quoi qu'on en dise , de véritables marais. Cela est si vrai, qu’à la fin de l'été, il n’y a plus que que la moitié de la surface totale des étangs qui soit encore inondée ; ainsi, à cette époque de l’année , 4,000 hectares au moins de la surface du pays d’'étangs ont été desséchés, et sur cette étendue immense de terrain, des matières végétales et animales ont été décomposées , et restent là, pour ainsi dire, inertes, jusqu’à ce que des pluies chaudes viennent dé- layer ce vaste foyer d'infection qui, alors, altère l'air par les émanations les plus pernicieuses. Si l'on réfléchissait bien à ce que peut avoir de funeste sur la santé des habitants une cause délétère agissant sur une aussi immense étendue, non- seulement on se rendrait facilement compte de l'insalubrité des pays d'étangs, mais on serait étonné de ne pas voir leur 270 DES CAUSES DE L'INSALUBRITÉ dépopulation marcher plus rapidement encore. Heureuse- ment que la constitution des habitants s’habitue, pour ainsi dire , à cette cause incessante de destruction , puisqu'il est bien démontré que les maladies endémiques sévissent moins violemment sur les indigènes que sur ceux qui viennent d’un pays salubre, ainsi que l'avait remarqué Lancisi : at verd qui è puro cœlo ad palustres se conferunt eù deterits afficiun- tur, qu feliciori assueverint. Nous venons de dire que les étangs ne seraient pas insa- lubres s'ils présentaient des bords coupés à pics; mais cette disposition ne se rencontre dans aucun étang de pêche ; ils présentent tous un plan incliné et une ou plusieurs chaussées, et tous sont en partie desséchés dans l'été. Les idées de M. de Poncins, qui conseille d'encaisser l’eau des étangs au moyen de chaussées élevées, et de leur donner une profondeur telle qu'aucune partie de leur surface ne puisse se dessécher, n’ont été réalisées nulle part; elles sont même impraticables à cause des frais immenses qu’elles entraineraient. Enfin, la plupart des lacs eux-mêmes, quoique leurs rives soient dans plusieurs points coupées à pic, quoique leurs eaux soient maintenues limpides par une eau courante, présentent presque tous sur un point de leur circonférence une surface superficielle d'où les eaux se retirent après les chaleurs ; or, cette partie où l’eau avait peu de profondeur devient insa- lubre comme les étangs , et cause aussi des fièvres intermit- tentes souvent fort graves ; telle est la disposition du lac de Genève du côté de Villeneuve, du lac du Bourget du côté de Chambéry, du lac de Morat et de beaucoup d’autres qu'il est inutile de citer. Cette observation n'avait point échappé à Zimmermann : « Les fièvres, dit-il, sont très-communes en Suisse le long des rivières et des lacs ; elles prennent quelquefois le carac- tère de la plus grande malignité. Il en est de même, ajoute- DE LA DOMBES. 271 til, dans le Tyrol; chaque année l'Adige sort de son lit; les eaux qui se corrompent alors infectent l'air à un tel point, que les habitants aisés sont obligés de gagner les montagnes, d'où ils ne redescendent qu'à la fin de septembre. » On voit donc que l'eau stagnante , après son évaporation , qu'elle provienne d'un lac, d’une rivière ou d'un étang, pro- duil toujours les effets les plus funestes, lesquels ne peuvent ètre attribués à l'humidité scule, Ce qui a contribué à faire croire que l'humidité jouait un grand rôle dans la production des fièvres intermittentes de la Dombes, c'est qu'elles ne surviennent pas, en général, immé- diatement après la retraite des eaux et le desséchement d'une grande partie de la surface des étangs, mais alors seulement que des pluies sont venues délayer ces détritus de matières organiques, et que les effluves délétères qu'ils fournissent ont pu être élevés dans l'atmosphère par les vapeurs aqueuses qui leur servent de véhicule et qui les entrainent dans di- verses directions, où ils vont , suivant la nature des vents, porter la désolation ct la mort. Ainsi se trouve expliqué ce fait constaté par la plupart des auteurs et attesté par presque tous les habitants de la Dombes, que les lieux élevés non-seulement ne sont point à l'abri de la fièvre, mais qu'ils sont, en général, plus maltraités que les localités les plus basses. En effet, on concoit qu'après les pluies d'orage, les vapeurs aqueuses dilatées par la chaleur de l'été tendent à s'élever, et emportent ainsi les émanations marécageuses vers les points culminants où elles sont , pour ainsi dire, arrêtées St-André-de-Corcy, village situé sur un point plus élevé que St-Marcel, passait pour plus insalubre que ce dernier, quoiqu'ils fussent également entourés d’étangs; le premier est aujourd'hui moins maltraité par les fièvres, parce que les étangs qui lavoisinent ont été en partie desséchés. T. Il. 19 2U® DES CAUSES DE L'INSALUBRITÉ On peut en dire autant du château de Montribloux com- paré à celui de Sure; le premier, qui est placé sur un point culminant, était plus insalubre que le second, dont le sol est peu au-dessus du niveau de l'immense étang qui lui sert de cein- ture ; mais aujourd'hui les rôles sont changés ; c’est du chà- teau de Montribloux que les fièvres ont disparu , depuis que le propriétaire actuel a converti en belles prairies les étangs qui entouraient son habitation, tandis qu’elles continuent de sévir à Sure, qui , comme par le passé, est toujours environné d’eau. On sait que des expériences directes ont été faites par le docteur Barberet, il y a plus d’un demi-siècle, pour déter- miner comparativement la salubrité des bas-fonds et des co- teaux de la Dombes. On placa sur dix à douze clochers situés au point le plus élevé des mamelons les plus hauts, des draps flottants , tous de toile blanche de la même qualité , tandis qu'au fond des vallées les plus basses et les plus humides, on en disposa d’autres en nombre égal, étendus et soutenus par des perches, à la hauteur de trois ou de quatre toises ; tous restèrent dans la même position pendant un même nombre de jours et de nuits, et ce temps écoulé, ils furent examinés avec soin. On reconnut, 1° que les draps placés dans les bas- fonds et Les prairies marécageuses étaient imprégnés d'hu- midité , bien qu'il n’eût pas plu pendant leur exposition ; 29 que ceux des hauteurs étaient, au contraire, couverts de taches noires, jaunes, vertes, livides , qui attestaient le dépôt d'émanations délétères. La même expérience répétée plusieurs fois et dans diverses saisons, donna constamment le même résultat. M. le docteur Monfalcon, après avoir relaté les expériences de M. Barberet , ajoute qu'elles ne prouvent rien, sinon que la décomposition de air ou la précipitation des substances qui produisent des taches sur le linge, ne commence pas aux DE LA DOMBES. 273 licux d'où partent les émanations. Ces taches sont peut-être la partie active des effluves qu'on est parvenu à concentrer en faisant évaporer les vapeurs marécageuses recueillies à l’aide des procédés ingénieux de M. Rigaud de Lisle. On sait, par les expériences de M. de Gasparin, que ces efluves peu- vent communiquer la pourriture aux bêtes ovines ; ce qui est d'autant plus remarquable, qu’elles contrartent la même af- fection lorsqu'elles vont paitre dans les prairies marécageuses ou dans les étangs. EL est si vrai que c’est à l'influence des émanations délé- tères qui se dégagent de la surface desséchée des étangs que sont dues les fièvres endémiques en Dombes, qu'une bonne partie des habitants ont aflirmé qu'elles étaient beaucoup plus fréquentes pendant l'année d’évolage que pendant l'année d’assec. Cette observation n'est pas nouvelle, puisqu'on trouve dans un mémoire publié en 1683, par M. Brossard - Montanay , les réflexions suivantes : « Il seroit advantageux au tiers-état que l'imposition fut s'y grande sur le poisson, que la noblesse et l'église fussent contraincts de tenir en assec toujours leurs estangs, tant parce que l'air seroit meilleur au pays, et l’on n'y seroit subjet aux maladies, que parce qu'il abonderoit en foins, dont ils sont en disette, les meilleurs fonds pour prez et terres estant occupés par les eaux; et la province s’en peupleroit davantage. » On voit, par ce passage fort remarquable, qu'on a eu gran- demenit tort de traiter de novateurs imprudents ceux qui sou- tiennent aujourd'hui que les étangs sont la cause de l’insalu- brité de la Bombes ; qu'il conviendrait de les dessécher et de cultiver autrement les terres sur lesquelles on retient les eaux, puisqu'il y a bientôt deux siècles qu’on formait déjà les mêmes vœux, basés sur les conséquences désastreuses d’un mode de culture contre lequel on ne saurait trop s'élever, 274 DES CAUSES DE L'INSALUBRITÉ puisqu'on lui doit la détresse, toujours croissante, de ce malheureux pays. Le mal, en eflet, était bien moins grand à cette époque qu'il ne l'est de nos jours ;, puisqu'il est démontré que depuis lors le nombre des étangs a plus que décuplé. Aussi la dépopulation du centre de la Dombes ou du pays inondé a-t-elle été sans cesse en augmentant , et le nombre des décès l’a-t1l emporté constamment sur les naissances, tandis qu'une progression inverse se fait remarquer dans les communes de la circonférence, ainsi que le prouvent les tra- vaux statistiques que nous allons emprunter à M. le docteur Delorme et à M. Bodm. Si la Dombes se dépeuple toujours malgré les améliora- tions introduites dans le régime des étangs depuis un demi- siècle, améliorations bien constatées et bien décrites par M. Rivoire, lesquelles consistent principalement dans la des- truction presque complète des herbes marécageuses par un labourage de la surface entière des étangs immédiatement après l'écoulement des eaux, et dans une inondation plus générale de cette surface ; il faut reconnaitre que les étangs , quelles que soient les améliorations qu'on puisse introduire dans leurs aménagements, seront toujours insalubres, et que cette insalubrité est inhérente à ce mode d'assolement, quoi qu'on puisse tenter pour en diminuer la funeste influence. M. le docteur Delorme, qui habitait au milieu des étangs, à Chatillon-sur-Chalaronne, a publié, en 1811, une Topo- graphie médicale de l'arrondissement de Trévoux, dans laquelle il avance aussi que l’insalubrité de la Dombes a di- minué depuis 1786 , par suite d’une culture mieux entendue des étangs ; et cependant il arrive à des résultats statistiques qui prouvent que la mortalité fait chaque jour plus de progrès dans le pays mondé. Dans dix communes du centre de la Dombes , la popula- DE LA DOMBES. 9275 tion, pendant vingt-deux ans, à diminué d'un huitième, tandis qu'elle a augmenté d'un quart dans dix communes de la circonférence. D'ailleurs, les décès continuent de l'emporter sur les nais- sances dans toutes les communes du centre, malgré l’asser- tion contraire des apologistes des étangs, aux raisonnements desquels nous allons répondre par des chiffres. Il résulte d’un relevé des registres de l’état civil pris au greffe du tribunal civil de Trévoux que, sur cent dix com- munes, de 1820 à 1834, c'est-à-dire pendant une période de quinze années, dans trente-sept communes du pays d'étangs formant une agglomération de dix-huit mille deux cent cinquante-neuf habitants, la vie moyenne a été de vingt-cinq ans et demi, et la décroissance de la population, de onze et demi pour cent, et un décès annuel pour vingt-un individus. Tandis que, dans la circonférence, dans les communes non inondées, sur soixante-treize communes, ayant une popula- tion de cinquante-six mille six cent quatre-vingt dix-neuf habitants, la vie moyenne a été de trente ans et demi, l’ac- croissement de sept pour cent, et il y a eu un décès annuel sur trente-sept individus. Ces chiffres parlent haut, dit avec raison M. Alexandre Bodin : telle est la composition remarquable de l’arrondisse- ment de Trévoux ; bizarre assemblage de la richesse ct de la misère, du progrès et de la décadence, de Ja vie et de la mort. » IL est donc bien évident, d’après cette statistique toute ré- cente, que la dépopulation de la Dombes, ou du moins celle de sa partie centrale, continue malgré les améliorations introduites dans les aménagements des étangs. De tout ce que nous avons avancé plus haut, il résulte que l'humidité chaude de l'atmosphère, quoiqu'elle puisse con- 276 DES CAUSES DE L INSALUBRITÉ tribuer avec d’autres modificateurs hygiéniques à altérer en partie l'organisme des habitants, n’est pas la cause des fièvres intermittentes , lesquelles sont dues aux émanations des étangs, aux effluves délétères qui s'en dégagent ; effluves dont peu de personnes aujourd’hui contestent l'existence, ct dont nous allons essayer de faire connaitre la nature et le mode d'action. Nous ne nous arrêterons pas à réfuter l'opinion de Varron et de Columelle, quoiqu'elle ait été adoptée par quelques au- teurs modernes, entre autres par M. le professeur Grognier, et qui consiste à attribuer les fièvres d'accès à des myriades d'insectes invisibles qui, engendrés par les marais, s’introdui- raient avec l'air dans les poumons; rien, en effet, ne prouve l'existence de ces animalcules. Paracelse les attribuait à l'influence des astres; Sylvius de Leboë, à des vapeurs salines et sulfureuses qui se dégagent des marais et vicient l’air. Les humoristes ont pensé qu’elles étaient dues à la putréfaction des humeurs, occasionnée par la chaleur et l'humidité des pays marécageux. Dès que la chimie pneumatique eut découvert l’analyse des gaz, les fièvres intermittentes furent attribuées à ceux que la putréfaction des matières animales et végétales dégage des marais, au gaz hydrogène carboné , à l'acide hydrosul- furique, à l’azote et à l'acide carbonique. Le professeur Baumes, de Montpellier, croyait que ces fièvres étaient dues à une combinaison de ces divers prin- cipes; mais les expériences faites sur ces produits gazeux ont prouvé qu'ils ne pouvaient être la cause des fièvres intermit- tentes. En effet, l’analyse chimique des gaz faite par César Gattoni et Julia Fontenelle, a prouvé qu’il n’y avait pas de différence dans l'air des marais et ceux des hautes mon- iagnes. D'ailleurs, ces gaz ne se dégagent que lorsqu'on re- muc la vase des marais, ou bien encore dans les temps 19 DE LA DOMBES. ml orageux. Ainsi, nous admettons avec MM. Monfalcon ct Villermé que rien ne prouve que ces substances puissent causer les fièvres intermittentes ; elles ne se mêlent pas à l'air des marais dans une proportion telle qu'elles puissent devenir nuisibles. Ainsi, ces fièvres reconnaissent une autre cause. Depuis les travaux si intéressants de Rigaud de Lisle, de Vauquelin , de Julia Fontenelle et de M. de Gasparin , on admettait assez généralement que les gaz qui se dégagent des marais entraînent dans l'atmosphère une matière végéto- animale , dont la nature inconnue vicie Pair ct agit sur l'organisme, en déterminant un véritable empoisonnement miasmatique ; on pensait même que ces germes, que ces ef- fluves délétères ne sont pas identiques, qu'ils varient dans leur activité, suivant la qualité et la quantité des matières en putréfaction , suivant le degré d'humidité et de chaleur du climat. C'est ainsi qu'on cherchait à expliquer pourquoi ils produisent la peste en Égypte , la fièvre jaune dans d’autres contrées, et ailleurs les fièvres pernicieuses , ou simplement les fièvres intermittentes. a) Jusqu'à ces derniers temps, on avait pensé que ces effluves marécageux qui produisent les fièvres d'accès provenaient également de la décomposition des matières végétales et ani- males; mais M. le docteur Brachet a avancé le premier qu'ils sont produits seulement par la décomposition des substances végétales ; et il admet avec M. Audouard que les diverses fièvres continues typhoïdes sont dues à des émanations miasmatiques purement animales. Voilà les faits allégués par M. Brachet en faveur de son opinion : « J'ai vu des tanneries placées au milieu des foyers de l'in- fection intermittente ; j'ai questionné, et J'ai eu en réponse que cette maladie respectait l'établissement. J'ai long-temps fréquenté les amphithéâtres et les hôpitaux, jamais je n'y ai 278 DES CAUSES DE L'INSALUBRITÉ vu développer de fièvres intermittentes. J'ai cherché dans les auteurs, partout j'ai vu les épidémies du typhus naitre de l'infection miasmatique animale: et jamais les épidémies de fièvres intermittentes ne sont le résultat de l'encombrement des hommes ct des malades, ou de l’action des émanations putrides des substances animales! Les maladies épidémiques de Pantin, village placé sous le vent de la voirie de Belle- ville, aux portes de Paris, ne sont jamais des fièvres intermit- tentes. Les bouchers, les boyaudiers , les corroyeurs ne contractent point les fièvres intermittentes au milicu des émanations animales qui leur forment une atmosphère per- pétuelle. « Les foyers de la fièvre intermittente existent partout où des eaux stagnantes contiennent des substances organisées en putréfaction, substances qui ne sont que les débris des plantes qui croissent sur les bords ou dans la vase même de ces caux. Cela est si vrai que vous pouvez à volonté produire et arrêter les épidémies de fièvres intermittentes dans le village le plus sain, en y établissant dans les grandes chaleurs des routoirs et en les détruisant. Cet effet du rouissage du chanvre est une preuve convaincante que les fièvres intermittentes sont le produit des seules émanations des substances végétales en putréfaction. » Qui n'a eu l'occasion de vérifier les effets pernicieux du rouissage du chanvre, même dans les eaux courantes? Nous avons vu ces émanations de la décomposition de la matiere sommo-résineuse du chanvre , déterminer les fièvres inler- imiltentes les plus graves dans les localités les plus salubres, par exemple, dans les villages sur les bords du Surand. Enfin, si les émanations qui se dégagent des étangs de la Dombes sont si pernicieuses , c’est qu'il est évident qu'il se décompose dans leur intérieur une plus orande proportion de malicres végétales que dans Îes étangs des autres contrées; DE LA DOMBES. 219 en eflct, nulle part on ne rencontre une végétalion aussi ac- tive, ct qui s’'altère aussi promptement ; que celle de la brouille qu'ils produisent presque tous en si grande quan- üté qu'il ressemblent à des prairies plutôt qu'à de véritables étangs. L'insalubrité des rizitres, qui produisent sur les habitants qui se livrent à la culture du riz les mêmes effets que les étangs, est certainement le résultat de la décomposition des matières végétales , qui a lieu lorsque le sol qui avait été en- tièrement inondé vient à se dessécher. Dans l’état actuel de la science, il est impossible de déterminer positivement quelle est la nature des émana- tions marécageuses , de décider si elles sont purement vé- gétales où végéto-animales, mais on ne peut nicr leur existence ; elle n'est que trop prouvée par leur funeste influence. Dans toutes les contrées marécageuses, 11 existe des fièvres intermittentes, et on les voit disparaitre avec les caux stag- nantes qui les produisaient, ainsi que le prouvent les faits que nous allons rapporter. « Les fièvres intermittentes, dit Macquart, écrasaient les habitants de la partie basse de la Lorraine; les épidémies s'y mulüpliaient, et la province se dépeuplait de plus en plus : le terrain est desséché, la fièvre disparait ct on ne parle plus d'épidémie. « Une maladie pestilentielle ravageait tous les ans la ville de Bordeaux , au point que le parlement était obligé de se transférer à Libourne : le cardinal de Sourdis fait dessé- cher à ses dépens le vaste cloaque dont les émanations viru- lentes occasionnaient ces calamités, et la ville est délivrée de ce fléau terrible. « [y avait près de Stuttgard une grande étendue d'eau qui causait tous les ans nombre de fièvres très-dangereuses : 280 DES CAUSES DE L'INSALUBRITÉ on convertit ce terrain en une prairie agréable, et les fièvres n'y sont plus endémiques. » Zimmermann rapporte que Lancisi, touché des maux que les marais produisaient dans toute l'Italie, fit nettoyer le Tibre et dessécher les flaques : les maladies épidémiques ces- sèrent tout-à-coup de régner à Pesaro, à Bagnera et à Orvieto. C’est par de semblables services que ce grand médecin mérita le nom de Sauveur, qui lui fut donné à juste titre. Nous allons passer à des faits plus rapprochés de nous et propres à la Dombes , qui doit spécialement nous occuper; nous les emprunterons , en partie, au rapport fait par M. Puvis au nom de la commission d'enquête sur les étangs. « On nous à fait remarquer que Marlieux est moins mal- sain depuis que l'étang qui le touche a une année d’assec sur trois, au lieu d’être toujours en eau, et que c’est dans les an- nées d’assec que les fièvres sont plus rares. « La commune de St-André-de-Corcy, d’après la déclara- tion de ses habitants, voit augmenter ou diminuer sou insa- lubrité suivant que les étangs voisins sont en eau ou en assec. « Les habitants du château de la Saulzaie n'éprouvent point de fièvres lorsque les étangs de l’Allée et Berthet sont en assec, et ils en sont, au contraire , afiligés lorsque ces élangs sont en eau. « Le plus grand nombre des habitants de Villars s'est réuni pour déclarer que leur pays est moins malsain depuis douze ans que l'étang neuf a été desséché par M. Greppo. « M. Bodin ( Alexandre ) habite toute l'année , avec sa famille et de nombreux domestiques, le château de Montri- bloux, habitation jadis très-malsaine, et il s'y déclare très- rarement des fièvres depuis le desséchement de quatorze étangs voisins. La commune de Ste-Croix a desséché ses étangs, en même temps qu'elle a assaini son marais, et de- DE LA DOMBES. 281 puis cette époque , les naissances excèdent de deux à trois pour cent les décès, quand, auparavant, c'était la proportion inverse. Le maire de la commune de Villeneuve écrit, à la date du 3 février 1840 : « L’insalubrité qui résulte des étangs me semble tout-à fait incontestable. A l'extrémité nord du bourg de Villeneuve, à cent mètres à peu près du centre de ce bourg, se trouvait un étang appelé Lespinasse , d’une éten- due d'environ huit hectares : lorsque cet étang se trouvait en assec on apercevait peu de fièvres à Villeneuve; mais lorsqu'il était en évolage, chaque année, sur cent habitants, vingt-cinq ou trente avaient la fièvre. Depuis quinze ans, c'est-à-dire depuis que cet étang a été totalement desséché, on ne voit plus dans le bourg de Villeneuve ecs fièvres endé- miques qui, chaque année, désolaient la population de cette commune. » De tout ce que nous avons dit plus haut et de tous les faits que nous venons de rapporter, il résulte évidemment qu'on ne peut nier l'existence des émanations marécageuses ét leur funeste influence sur l'organisme; que ce n'est pas de la partie profonde des étangs que ces effluves délétères se déga- gent, mais bien de toute l'étendue du sol qui, chaque année, est desséché par les chaleurs de l'été ; que cette masse d'eau énorme, retenue par des chaussées souvent très-élevées, bien loin d’assainir le climat de la Dombes, le rend insalubre en répandant dans l'atmosphère une trop grande quantité de va- peurs aqueuses ; que cette humidité surabondante prédispose les habitants aux maladies asthéniques, et qu'elle n’est même pas tout-à-fait étrangère à la production des fièvres intermit- tentes , parce qu'elle s'élève dans l'atmosphère pendant le milieu du jour, pour retomber le soir lorsque la température se refroïdit ; ainsi, elle imprégne Le corps de l’homme, sup- prime la transpiration, et sert de véhicule aux eflluves, véri- tables cav:?s des fyres d'arrèe. 282 DES CAUSES DE L'INSALUERITÉ Aussi tous les observateurs ont remarqué que les émana- tions marécageuses agissaient avec beaucoup plus d'activité le soir ou la nuit qu'à toute autre époque de la journée , soit parce qu’alors elles sont plus condensées, soit parce que l'ab- sorption, qui devient plus facile pendant le sommeil, favorise leur funeste activité. Ainsi, on a vu des voyageurs périr en vingt-quatre heures pour s'être endormis aux bords des ma- rais pontins. Nous ne devons donc pas être étonnés de voir ressembler à des spectres ambulants les malheureux enfants qui, la nuit, conduisent dans les étangs le bétail étique qui va brouter cette misérable brouille (festuca fluitans) qu'on à osé appeler un précieux gramen , qui l'empêche tout juste de mourir de faim dans des lieux où il trouverait les plus gras paturages si l’on convertissait en prairies ces foyers d'infection. On voit que nous sommes loin d'admettre avec M. Grof- fier, que « les étangs sont nécessaires à l'homme et aux ani- maux pendant l'été, parce que l'évaporation qu'ils fournis- sent humecte et rafraichit l'atmosphère, prévient les maladies qui résultent de la chaleur et duhäâle; » ni, avec M. Nolhac, que « les maladies de la Dombes tiennent bien plus à la na- ture du sol et aux caux croupissantes dans les fossés, qu'aux étangs qui sont, au contraire, destinés à remédier aux causes délétères. » Pour comprendre combien de pareilles idées sont erro- nées ; il suflit de comparer à la Dombes l'état actuel de la Bresse, qui n’a plus d'étangs ; elles n'ont pas besoin d'autre réfutation. Le sort des bouviers dont nous venons de parler est tellement digne de pitié, que nous croyons devoir citer le passage suivant du rapport de M. Puvis : « Les bestiaux sont conduits dans les päturages par des enfants de douze à dix-huit ans ; ces malheureux, après avoir DE LA DOMPES. 283 passé la journée aux travaux de fa ferme, le soir, prennent un morceau de pain et conduisent dans les étangs les bœufs qui ont fini leur journée ; là, par tous les temps, de pluie, de froid, d'orage, sans abri, enveloppés quelquefois d’une mauvaise couverture, ils passent la moitié de la nuit couchés sur le sol ; en rentrant, ils trouvent la porte de la maison ouverte ; ils vont réparer leur fatigue avec une écuellée de soupe froide qui leur a été laissée ; ils gagnent à [a fin leur lit, où, après quelques heures, c'est-à-dire avant cinq heures du matin, ils sont éveillés pour recommencer le travail de la journée. On plaint avec raison les nègres des colonies, ajoute M. Puvis; on s'appitoie sur le sort des enfants employés dans les manufactures ; mais sont-ils donc aussi malheureux que ces pauvres enfants? Aussi leur mortalité est effrayante. » M. Puvis aurait pu ajouter qu'ils passent ensuite souvent la journée au milieu de la vase des étangs, occupés à presser les bœufs qui labourent ce sol détrempé , d’où les eaux vien- nent de s’écouler. Et l’on traite de novateurs tmprudents les hommes éclairés qui voudraient voir disparaître la cause de tant de misères ! Quant à la distance où peuvent s'étendre les émanations marécageuses , on concoit qu'elle doit varier singulièrement suivant l’état de l'atmosphère. Si l'air est calme, on croit qu'elles ne s'élèvent pas au-delà de quatre à cinq cents mè- tres ; peut-être leur propagation dans une direction horizon- tale ne va-t-elle pas même aussi loin: mais lorsque l'air est agité, lorsque le vent pousse ces effluves pernicieux, ils peuvent porter leur funeste influence à des distances consi- dérables , et causer ainsi des épidémies meurtrières dans des lieux qui sont fort éloignés des étangs. Ainsi, le marais et les étangs de Chatenay, situés à l'est du plateau de la Dombes, portent leur action délétère, lors- que le vent du sud-ouest soufile, sur les communes du littoral 284 DES CAUSES DE L'INSALUPRITÉ où il n'existe aucun étang ; on voit alors des fièvres intermit- tentes se déclarer à Bublane, Villette, Priay, Varambon et même jusqu'à Pont-d’Ain. Les étangs qui occupent la partie occidentale fournissent des effluves qui, portés par les vents du sud-est, traversent la Saône, et vont occasionner quelquefois des épidémies meur- trières dans les villages ordinairement si salubres du Beau- jolais et même du Miconnais; fièvres qui ont été attribuées, sans raison, par M. Vaulpré, aux engrais que les vignerons enfouissent dans leurs vignes. Dans les pays chauds, les émanations marécageuses ont une activité beaucoup plus grande encore; aussi leur influence se fait quelquefois sentir à des distances très - considérables. Ainsi, Valentin et Jon Sainclair ont vu des vaisseaux et des corps d'armée être atteints par ces émanations, quoiqu'ils fussent éloignés de plusieurs lieues des marais qui les pro- duisaient. Ces cffluves plus ou moins actifs, plus ou moins concen- trés, suivant une foule de circonstances qui tiennent à la nature, à la quantité des matières organiques en décomposi- tion, au degré de chaleur et d'humidité de l'atmosphère, agissent sur l'organisme par leur contact avec la peau, et surtout en s’introduisant avec l'air dans les organes de la respiration. Leur mode d'action intime sur nos tissus nous est inconnu, comme cela a lieu pour tous les actes organiques; nous ne connaissons que les résultats; ils agissent, sans doute, à la manière des poisons, par lintermédiaire du système nerveux, et déterminent ainsi une sorte de perturbation qui trouble les fonctions et produit les symptômes qui caractérisent les fiè- vres intermittentes. Suivant quelques auteurs, suivant M. Monfalcon, par exem- ple, ces effluves n’éprouvent jamais, avant de manifester leur DE LA DOMBES. 285 action, aucune incubation préalable, c'est-à-dire qu'ils ne peuvent, après avoir été absorbés, demeurer cachés dans le corps et manifester leur existence plus tard par l'explosion de la fièvre intermittente. Néanmoins , il est arrivé souvent que des individus n’ont contracté la fièvre tierce ou quarte , qu'après avoir traversé ou quitté un pays marécageux, depuis un temps plus ou moins long. « La disposition à une maladie endémique, dit M. Ferrus, peut être acquise dans le pays où elle règne, et pourtant la maladie ne se développe que long-temps après et dans un climat tout différent. Sur les bords de l’Escaut, près de son embouchure , les fièvres intermittentes tierces règnent con- stamment ; dans l'ile de Walcheren surtout , elles ont un ca- ractère pernicieux, et sont souvent fort meurtrières. « En 1811, ayant passé douze jours avec un détachement de trois cents chasseurs de la vicille garde, à Breskens (rive gauche ), et me félicitant de n'avoir eu pendant tout ce temps qu'un seul malade, je fus péniblement surpris lorsque, dès la première Journée de marche , dix chasseurs éprouvèrent une fièvre violente; le lendemain, il ÿ eut plus de vingt ma- lades avant d'arriver à Anvers ; et pendant les deux jours que nous passèmes dans cette ville, leur nombre s'éleva à près de quatre vingts, ofliciers et soldats ; tous étaient pris de fièvres intermittentes fort intenses et rebelles au quinquina ; quel- ques-unes ( ce qui n'est pas étonnant, car presque tous nous avions fait, en accompagnant l'empereur, des excursions dans l'ile de Walcheren ) prirent le caractère pernicieux des fièvres de Flessingue et furent promptement mortelles. La majeure partie resta stationnaire, et même après notre retour en France, ne disparut que lentement. Tous ceux qui purent reprendre leur service entreprirent la campagne de Russie, et eurent, dans le Nord, des rechutes auxquelles la plupart succombè- 286 DES CAUSES DE L'INSALUBRITÉ rent. Je ne fus, pour mon compte, atteint de la fitvre que sur les bords du Niémen, dans un pays fort sain, ct six mois après avoir quitté la Hollande. Ma maladie présenta néan- moins dans le début quelques-uns des symptômes pernicieux des fièvres de Flessingue ; ils furent de courte durée ; mais pendant quatre mois, rien ne put suspendre les accès ; quand ils disparurent , je restai, comme presque tous les malades des bords de F'Escaut, comme mes compagnons d'infortune, avec une phlegmasie chronique d'un des organes contenus dans l'abdomen , et avec un épanchement séreux dans cette cavité. » Les faits que nous avons empruntés au docteur Ferrus prouvent, de la manière la plus évidente, la possibilité d'une sorte d’incubation des effluves marécageux ; ils sont, du reste, parfaitement en harmonie avec ce que nous avons eu l'occa- sion d'observer nous-même sur les habitants des montagnes du Bugey qui vont moissonner dans les Dombes : ce n’est souvent qu'après eur retour dans leur propre pays qu'ils sont atteints de la fièvre dont ils ont contracté le germe pendant leur séjour dans le pays d’étangs. Quelques auteurs ont cru devoir attribuer aux prairies ma- récageuses une grande part dans la production des maladies endémiques de la Dombes ; mais ce qui tend à prouver leur innocuïté presque complète, c’est qu'il est beaucoup de loca- lités où abondent les prairies marécageuses et où il ne se dé- veloppe pas de fièvres intermittentes. Ainsi, les habitants de Bourg ne sont plus en proie aux fièvres d'accès depuis la dis- parition des étangs et des fossés fangeux qui entouraient la ville, et cependant on y remarque encore beaucoup de prai- ries marécageuses. Nous devons ajouter que les communes les plus malsaines n'ont point ou presque point de prairies marécageuses, tandis qu'elles abondent dans d'autres loca- lités qui ne sont presque pas insalubres. DE LA DOMBES. 287 Le docteur Monfrin a avancé, et on a répété après lui, que les brouillards qui s'élèvent des prairies basses, des taillis, et même des terres en jachère étaient plus nuisibles que les étangs : cette erreur mérite à peme une réfutation. Les brouillards apparaissent toutes les fois que l'abaisse- ment de la température condense les vapeurs aqueuses sus- penducs dans les couches d'air les plus rapprochées de la terre , et trouble sa transparence ; leurs effets ne sont autres que ceux d’un froid humide, quoiqu'ils répandent souvent une odeur infecte qui a contribué surtout à faire croire qu'ils étaient très-pernicieux. Ils sont quelquefois chargés de prin- cipes volatils irritants, qui peuvent ocecasionner des toux, des bronchites, ctc., et non pas des fièvres d'accès. Mais c'est principalement la nature argileuse du sol qu'on a accusée d’être la cause des fièvres intermittentes de la Dombes. Voyons ce qu'on doit penser de cette assertion. Le sol arable de la Dombes est, comme celui de la Bresse, formé par un mélange de silice et d'argile dans des proportions variables; il est complètement privé de l'élément calcaire; telle est aussi la composition du sous-sol, qui est plus compact , tout-à-fait imperméable, et dont l'épaisseur varie de deux à huit pieds. C'est donc le sous-sol argiteux qui, par son imperméabilité, rend possible l'assolement en eau sur presque toute l'étendue du plateau de la Dombes; c’est donc seulement parce qu'il retient l’eau à Ja surface du sol et parce qu'il s'oppose à son infiltration dans le sens perpendiculaire, qu’on a pu l’accuser d'être la cause de l'insalubrité de la Dombes, c’est-à-dire d'une manière tout-à-fait indirecte, car l'argile n’a évidem- ment par elle-même rien d'insalubre. Suivant M. le docteur Viilermé , les étangs à sol argileux se distinguent par une plus grande activité dans les effluves qu s'en dégagent. Si ce fait était bien constaté, on ne pour- T. Nr. 20 288 DES CAUSES DE L'’INSALURRITÉ rat l'expliquer que par la nature particulière des végétaux qui se décomposent dans les étangs dont le sol est argileux, et en aämettant encore que les émanations délétères varient suivant l'espèce de matériaux putréfiés d’où elles se déga- gent, ce qui, du reste, est probable, ainsi que l’a avancé M. le docteur Rochoux. On pourrait, d’ailleurs, avec M. Molle, donner de ce fait explication suivante : Puisque l'élément calcaire manque dans les sols argileux , il ne peut neutraliser les acides qui sont le résultat de la décomposi- tion des matières organiques. Mais il est inutile d'admettre ces explications, qui nous paraissent tout-à-fait insuflisantes, le fait lui-même étant loin d'être démontré. En effet, les étangs dont le sol n’est pas argileux ne sont pas moins insalubres que les autres ; tels sont ceux des départements de la Marne, de l'Aube, de la Meurthe, de l'Yonne, de de l'Indre, de la Nièvre et de la Haute-Marne, aux environs desquels on observe aussi des fièvres intermittentes. Mais, si elles y sont moins fréquentes que dans les pays à sol argileux, et si la santé des habitants y est en général moins détériorée, c'est que le nombre des étangs y est proportionnellement beaucoup moins considérable. D’autres, avec M. Rivoire, ont soutenu aussi que le sous-sol argileux était la cause principale de l’insalubrité de la Dombes ; mais ils ont expliqué d’une manière différente son influence désastreuse. Ainsi, M. Rivoire, après avoir admis que les étangs con- tribuent pour leur part à l’insalubrité du pays , ajoute que, bien loin d’en ètre la seule cause, ils n’y contribuent pas dans une proportion plus considérable que les autres genres de propriétés... Les émanations des prairies , des bas-fonds, des vernais, des terres en jachère, sont, à son avis, plus per- nicieuses que celles des étangs. « La couche arable, dit M. Rivoire, n'ayant que quelques pouces d'épaisseur, se laisse facilement pénétrer par les eaux DE LA DOMBES. 289 de pluie, lesquelles, arrivées à la couche argileuse compacte, sont arrêtées, y séjournent , forment une sorte de marais in- térieur , et ne s'écoulent que très-lentement et dans le sens horizontal seulement pour gagner la partie la plus déclive du sol, parce qu'il n’y a aucune infiltration verticale. Ces eaux, ajoute M. Rivoire, comme celles contenues dans la couche végétale, tiennent en macération et en dissolution une foule de débris animaux et végétaux ; ces débris, par Faction de la chaleur, se décomposent, entrent en fermentation, s'é- vaporent avec l'eau qui les tient en suspension , et se répan- dent dans l'atmosphère sous forme d’efliuves ou d’émanations moins humides, moins aqueuses, si l’on peut ainsi dire, mais bien plus délétères que celles des étangs. » - Nous avons cru devoir citer textuellement le passage ci-dessus du mémoire de M. Rivoire parce que son expé- rience donne beaucoup d'autorité à ses paroles; aussi ses opi- mions ont-elles été adoptées par tous les partisans des étangs, et cependant nous les croyons erronées, ainsi que nous allons essayer de le démontrer. Sans doute, le sous-sol, par sa nature argileuse, s'oppose à ce que les eaux de pluie puissent pénétrer verticalement au- delà du sol arable, et les force ainsi de gagner obliquement et horizontalement les parties les plus basses; c’est pour cela qu'on cultive en sillons ou en planches les sols argileux : mais c'est, selon nous, une erreur de croire qu'il existe, entre le sol arable et le sous-sol, une sorte de nappe d’eau ou marais intérieur, et qu'il puisse s’y établir une fermentation septique qui deviendrait la cause des fièvres intermittentes et des autres affections endémiques dans les pays à sol argileux. La décomposition des matières végétales et animales ne peut être nuisible qu'autant qu'elle a licu à la surface du sol, à Pair libre ; elle n'est plus dangereuse si l’altération de 290 DES CAUSES DE L'INSALUBRITÉ ces substances est soustraite au contact de l'atmosphère, à l'action du soleil. D'ailleurs, la preuve que l'eau qui imprégne la couche vé- gétale jusqu'au sous-sol n'est pas la cause des fièvres inter- iiltentes, c'est que les fièvres ne se montrent pas à la fin de l'automne et pendant l'hiver, alors que tout est couvert d’eau, mais seulement lorsque tout a été desséché par les chaleurs de l'été ; et à cette époque de l'année, il n'y a plus d’eau dans le sol arable , ni entre lui et le sous-sol, pas même la moindre humidité; pour s'en convaincre, 1l suflit de creuser avec une bèche; on voit alors que tout est sec, depuis la su- perficie jusqu’à la profondeur de plusieurs pieds. Ainsi, les fièvres qui surviennent au mois d'août ou de septembre ne peuvent être le résultat de cette prétendue fermentalion pu- tride intérieure. M. Puvis, qui admet aussi un marais intérieur, attribue cependant aux étangs la dépopulation de la Dombes. « Si nous voulons voir dans tout son jour, dit M. Puvis, la consé- quence du fatal assolement du sol inondé, comparons la par- tie qui forme le plateau de la Bresse proprement dite à la Dombes inondée. Le plateau de la Bresse est plus argileux ct plus insalubre peut-être que celui de la Dombes, et cepen- dant la Bresse renferme treize cents habitants par lieue car- rée, tandis que le sol inondé de la Bombes n’en à que trois cents, d’une population faible, maladive, quatre fois moins que le plateau de la Bresse. » Le prétendu marais intérieur serait donc bien loin d’être aussi insalubre que les étangs. D'ailleurs, l'expérience prouve que partout où les étangs ct les marais ont disparu, sur le sol même le plus argileux, partout aussi on a vu disparaitre les fièvres intermittentes. C’est ce qui est arrivé dans la Bresse, dont le sous-sol est for- mé par une argile bien plus compacte que celle de Ia Bom- DE LA DOMBES. 291 bes, où il n'y à plus ou presque plus de fièvres depuis la destruction des étangs. Les contrées argilo-siliceuses sont, en général, salubres, lorsqu'il ne s’y rencontre pas d'étangs ou de marais, pourvu que les eaux de pluie puissent s'écouler avec facilité ; teiles sont : une partie de la Normandie, presque toute la Preta- gne, le Perche, une partie de la Beauce et plusieurs provin- vinces de l'Allemagne, entre autres le Mecklembourg, qui, comme la Dombes, présente de grands réservoirs d'eau; mais ils ne causent aucune insalubrité , parce que tous sont entretenus par des eaux courantes; ainsi, ce ne sont pas des étangs dont une grande partie de la surface se trouve dessé- chée dans l'été, mais de véritables lacs contenant toujours la même quantité d’eau. On a dit que les terres arables en état de jachère contri- buaient aussi à rendre la Dombes insalubre. La jachère, qui accuse une agriculture fort arriérée ; ou plutôt un pays où les capitaux manquent, se rencontre encore dans plusieurs provinces de la France qui sont loin d’être insa- lubres. Nous croyons donc que la jachère est d’une complète innocuïté, excepté, peut-être , celle des pays d'étangs, par exemple, celle qu'on pratiqué après l'année d’évolage, lors- qu'on veut, comme on le dit dans la Dombes, laisser la‘terre à soleil ; 11 peut alors se dégager de ce sol trop hu- mide quelques émanations nuisibles. Aussi admeltons-nous avec M. Rivoire que Le pays serait beaucoup plus sain, st, par un assolement mieux entendu, les terres étaient con- stamment couvertes de récoltes quelconques, dont les plantes puseraient dans l'atmosphère l'humidité et l'hydrogène car- boné, el rendrait, en échange, de l'oxigène. Si l’on avait employé à labourer profondément, à se pro- curer des engrais et à amender le sol avec de la chaux, les sommes qui, depuis plus d'un demi-siècle ; ont été consa- 292 DES CAUSES DE L'INSALUBRITÉ crées à créer des étangs, la Dombes serait aujourd'hui une des contrées les plus riches de la France parce que son sol argilo-siliceux est profond , qu'il n'y manque que l'élément calcaire et qu'il est facile de le lui donner. Mais, objectent ceux qui croient à l'influence délétère de l'eau qui séjourne, suivant eux, entre le sol arable et le sous- sol, par vos défoncements profonds, à l'aide de la charrue Dombasle, vous ne faites qu'accroitre le mal, en retenant une plus grande masse d'eau à la surface ; vous rendez ce pays plus insalubre. Déjà nous avons répondu à cette objection , en prouvant qu'il ne peut y avoir de nuisible que l’eau qui est évaporée à la surface du sol ; ce qui n’arrivera plus, lorsque celui-ci sera défoncé à douze ou quatorze pouces, amendé avec la chaux et fumé convenablement. Les pluies pénètreront alors le sol avec facilité; il ne craindra plus autant les sécheresses, et l'humi- dité qui restera dans ce sol arable beaucoup plus profond fournira aux racines des trèfles , des froments, des pommes de terre, des betteraves et des plantes oléagineuses qui se succèderont pendant un assolement de cinq à six années, toute l'humidité qui est nécessaire à une vigoureuse végétation. Ces plantes, par leurs feuilles, verseront dans l’atmosphère une grande proportion d’oxigène, en même temps qu'elles absor- beront de l'azote, de l'acide carbonique, de l'hydrogène car- boné, etc. Ainsi, la jachère sera détruite, et le pays sera rendu et plus riche et plus sain. D'un autre côté, la chaux , ainsi que l'ont démontré les expériences de MM. Paradis de Raymondis, Ailliaud et Armand, et surtout les travaux plus récents et plus complets de M. Puvis, qui a donné le précepte et l'exemple ; la chaux, disons-nous, modifiera la nature de ce sol argileux , détruira la flouve et les plantes des sols marécageux, fera croître celles des terrains calcaires, et contribucra aussi, soit à enrichir, soit à assainir Je pays. DE LA DOMBES. 9293 La flouve (anthoxantum odoratum ) est tres - abondante dans la Dombes ; elle répand une odeur nauséahonde ; elle cause quelquefois des migraines ; c’est probablement cette odeur désagréable et sa présence dans les lieux où règne la fièvre qui aura fait penser à beaucoup d'habitants, et même à des médecins, entre autres à M. le docteur Monfrin, qu'elle pouvait occasionner les fièvres intermittentes. Nous pensons avec le docteur Monfalcon que c’est sans raison qu'on lui à attribué des propriétés malfaisantes qu’elle est loin de pos- séder, comme le prouvent d’ailleurs des expériences directes mille fois répétées ; ainsi, M. de Moyria-Maillat à pris la flouve en infusion , il en a respiré l'odeur pendant des sc- maines entières sans en être le moins du monde incommodé. La flouve , d’ailleurs, ne se rencontre pas dans la plupart des pays marécageux où les fièvres intermittentes sont endé- miques, par exemple, dans le Forez, dans la Sologne; Andry ne la cite pas dans la Flore de cette dernière province. M. le docteur Nepple a observé beaucoup de fièvres inter- mittentes dans des cantons fort insalubres, où l’on ne ren- contrait pas une plante de flouve. Ainsi, nous répéterons avec M. Puvis qu'on ne doit lui attribuer aucune part dans l'insalubrité de la Dombes. On a pensé que la mauvaise qualité des eaux dont s’abreu- vent quelquefois les habitants de la Dombes, pouvait étre pour beaucoup dans la production des maladies qui les attei- gnent. Sans doute, les eaux des marais, des étangs fangeux doivent être insalubres, parce qu'elles contiennent beaucoup d'animaux infusoires ; qu’elles sont plus ou moins chargées d'émanations végétales et animales ; mais il y a dans presque toutes les fermes des puits dont le fond repose sur la couche p1- de sable et de graviers, qui est inférieure à la croûte arg leuse, et dont l’eau est fraiche et de bonne qualité. L'eau de la plapart de ces puits se maintient au même 294 DES CAUSES DE L'INSALUBRITÉ niveau , et ne s'altère pas pendant les plus fortes chaleurs de l'été; la quantité en est la même , que les étangs voisins soient en évolage ou en assec; ce qui prouve qu'elles ne sont pas fournies par la filtration de l’eau des étangs à travers la cou- che argileuse. , D'ailleurs , l'argile ne peut évidemment par elle . même communiquer à l’eau aucune qualité malfaisante , quoi qu'en ait dit Linnée, qui attribuait aux eaux imprégnées d'argile les fièvres intermittentes des pays marécageux. Cette erreur bien évidente de ce grand naturaliste ( puis- qu'il n°y a pas de fièvres intermittentes dans les sols argileux où l’on ne rencontre ni marais ni étangs ) s'est néanmoins propagée jusqu'à nos jours, comme tant d’autres idées fausses émises par des hommes célèbres, et qui, par cela même, sont adoptées et répétées d’îge en âge, sans qu'on songe à les ap- précier à leur Juste valeur. L'expérience prouve même que l’eau des mares qui sont auprès de toutes les fermes dans les terrains argileux, ne nuit point au bétail qui s'en abreuve ; pourvu qu'on ait soin de curer ces mares et de ne pas y laisser pénétrer des eaux déjà corrompues. On a répété, dans divers mémoires , que l'architecte Vi- truve avait dit que la Bresse était une contrée marécageuse où les eaux causaient le goître ; mais les goitres sont fort rares dans la Dombes , tandis qu'ils sont on ne peut plus fréquents dans certaines vallées des Alpes et des Pyrénées , où ils sont le résultat de causes que déjà nous avons fait connaître; et dans ces vallées habitées par des crétins, on ne rencontre point de fièvres intermittentes. Voici ce que Vitruve a dit de plus applicable à la Dombes : Les marais les moins dange- reux sont ceux qui sont situés & une certaine hauteur, parce que leurs eaux peuvent être facilement écoulées; par celte raison, on pourra écouler, quand on le voudra, les eaux des marais ct des étangs de la Dombes. DE LA DOMBES. 295 Ainsi, nous pensons que les eaux dont s’abreuvent les ha- bitants de cette contrée ne contribuent que dans une propor- tion très-faible, ou même presque nulle, au développement des diverses affections qui y sont endémiques ; telle est aussi l'opinion du docteur Nepple, comme on le voit par le pas- sage suivant : « Au reste, les faits, mieux que tous les raisonnements , nous prouvent d’une manière péremptoire que l'eau, même celle d'assez mauvaise qualité, ne joue qu'un rôle secondaire dans la production endémique des pyrexies périodiques. Parmi le grand nombre d'individus occupés dans la manufacture de draps de MM. Aynard ( cette manufacture avoisinait le ma- rais de Sainte-Croix }, il n’en est pas un qui fasse un usage exclusif de l’eau ; beaucoup d’entre eux ne boivent que du vin pur ; l’eau qu'ils boivent est d'ailleurs de bonne qualité ; la plupart d’entre eux se nourrissent bien ; néanmoins, la fièvre y est endémique, surtout dans le batiment le plus rap- proché du marais. ce Le séjour dans ce bâtiment est si insalubre, que la fiévre n'y a pas encore épargné un seul de ses habitants. » Eh bien ! le batiment si insalubre à l’époque où M. Nepple écrivait le passage que nons venons de citer, ne l'est plus aujourd'hui que le marais de Sainte-Croix est remplacé par une belle prairie; et la commune de Sainte-Croix, dans la- quelle les décès lemportaient de beaucoup sur les naissances, voit aujourd'hui les naissances l’emporter d'un quart sur les décès ; enfin , l’état physique ct moral des habitants à changé complètement dans le court espace de huit années. Quant eu régime des Dombistes, il est en général peu substantiel et pas suffisamment animalisé, puisqu'ils se nour- rissent sartout de lait, de caillé, de gaufres de blé sarrazin ; qu'ils ne boivent que peu ou point de vin, et que, si les fer- micrs aisés en boivent les jours de foire où de marché, ils en 296 DES CAUSES DE L'INSALUBRITÉ prennent alors avec excès, ce qui leur est certainement plus nuisible qu’utile. Néanmoins, il faut convenir que leur pain est, en général, fait avec un mélange de farine de seigle et de froment; qu'ils font quelquefois usage de viandes salées; qu'ainsi, ils sont au moins aussi bien nourris que les paysans de plusieurs autres contrées de la France , que les habitants de la Bretagne, du Bourbonnais, du Morvan, etc., lesquels, cependant, ne sont pas en proie aux mêmes maladies, et présentent une tout autre constitution ; c'est qu'ils n’habitent pas au milieu des eaux stagnantes. Si le régime des habitants de la Dombes était plus analep- tique, leur organisme lutterait sans doute avec plus d'énergie contre toutes les influences délétères au milieu desquelles ils vivent, et auxquelles doivent être attribués leur état maladif habituel et les fièvres qui chaque année les accablent ; influences auxquelles, du reste, aucun régime ne saurait les soustraire entièrement, ainsi que le prouve l'expérience. Pour étayer cette proposition, nous emprunterons encore au docteur Nepple le passage suivant, parce qu'à des faits bien constatés, il n'y a rien à répondre : « Un grand nombre d'Auvergnats robustes viennent chaque année dans la Dombes pour défricher des bois et travailler à la confection des chaussées des étangs ; leur ré- gime est très-substantiel ; le vin ne leur manque jamais; leur pain est d'excellente qualité : en sont-ils pour cela moins su- jets à la fièvre ? nullement ; ils en sont même plus fréquem- ment atteints que les indigènes. » Ainsi, nous pouvons conclure que le régime des habitants de la Dombes n’a qu'une influence assez faible sur la pro- duction des maladies endémiques dans ce malheureux pays. Nous ne dirons que peu de mots sur les habitations, puisqu'il est de tonte évidence que les plus belles con- DE LA DOMBES. 297 structions ne sauraient soustraire les habitants à la funeste influence des émanations au milieu desquelles elles se trouvent situées. Aussi presque tous les riches propriétaires des divers châteaux de la Dombes résident toute l’année dans les grandes villes, et ceux qui veulent habiter leurs terres sont contraints de s’en éloigner pendant les mois de juillet, août et septembre, pour éviter les maladies qui y sont endémiques à cette époque de l’année. Le danger du voisinage des eaux stagnantes avait été reconnu dès la plus haute antiquité ; aussi Varron, Colu- melle et Vitruve conseillent-ils d’éloigner les habitations des endroits marécageux. Mais, pour se conformer à ce précepte, il faudrait abandonner tout le centre de la Dombes, puisqu'il est recouvert par les eaux de plus de 1,600 étangs, dont quel- ques-uns ont plusieurs licues de circonférence. On sait, du reste, que le conseil, non moins absurde qu'impraticable, d'i- nonder entièrement la Dombes et de la quitter, a été donné par des auteurs qui n’ont rien trouvé de mieux pour l'assainir. En attendant qu'on ait desséché la Dombes au lieu de l'i- nonder, ce qui serait plus praticable et surtout plus avanta- geux, il conviendrait, pour rendre aussi salubres que possible les habitations de ceux qui sont forcés de résider dans le pays, de les construire dans les lieux les plus secs et à une certaine distance des étangs, au midi de ces derniers plutôt qu’au nord, afin d'éviter la funeste influence des vents du sud. Il résulte des détails dans lesquels nous sommes entré en parlant des divers modificateurs hygiéniques qui peuvent al- térer la santé des habitants de la Dombes, que les étangs qui la recouvrent forment la plus importante de toutes les causes d’insalubrité ; que les marais viennent ensuite : mais, heu- reusement , ils ont fort peu d'étendue ; car ils seraient plus insalubres encore que les étangs s'ils occupaient unc large surface. 298 DES CAUSES DE L'INSALUERITÉ Les émanations marécageuses doivent étre considérées comme un véritable poison qui modifie l'organisme humain, soit en agissant à lextérieur sur la peau, soit en pénétrant avec les aliments pour aller se mettre en communication avec la muqueuse digestive ; mais sa véritable voie d’action est la muqueuse pulmonaire, dans laquelle il s’introduit avec l'air à chaque inspiration. Ces effluves délétères sont la cause principale des fièvres endémiques dans les contrées marécageuses. Si, à cette espèce d’empoisonnement miasmatique, dont l'influence ne se fait sentir d'une manière violente que dans certaines sai- sons de l’année, on ajoute l’action incessante de l'humidité, de l'air, d'une nourriture de mauvaise qualité ou trop peu substantielle, de l'absence de toute précaution hygiénique; on se fera une idée exacte des différentes causes dont len- semble modifie si profondément l'organisation des habitants de la Dombes et des autres pays marécageux, et leur donne cette constitution toute particulière qui en fait une classe d'hommes à part. Ainsi, les Dombistes sont , en général, d’une stature peu élevée ; leur peau est blafarde, terne, décolorée, leur face, bouflie, terreuse ; le tissu cellulaire est gorgé de sucs lym- phatiques ; le col est gros; toutes les glandes sont proémi- nentes ct prédisposées aux gonflements , les viscères du bas-ventre , le foie et surtout la rate se tuméfient fréquem- ment ; le tissu de tous les organes est ramolli, sans tonicité, sans ressort; les contractions du cœur sont sans énergie, le système musculaire, sans force ; l'influence nerveuse est, en général, languissante ; aussi leur marche est lente et comme chancelante ; leurs extrémités inférieures sont grèles, les ar- ticulations, volumineuses, et souvent ils sont atteints d'ulcères aux jambes ; a prédominence du système lymphatique sur le sanguin el le nerveux est très-prononcée; il en résulte une pré- DE LA DOMBES. 299 disposition très-marquée aux affections asthéniques, aux catar- rhes, aux hydropisies générales ou partielles , aux engorge- ments des viscères de l'abdomen. Toutes les causes délétères agissant avec plus d'énergie encore sur les enfants que sur les adultes, ces malheureux périssent dans une proportion effrayante pendant les pre- mières années de leur existence, ainsi que l'ont prouvé Îes recherches statistiques de M. Villermé, dans un excellent mémoire sur l'influence des marais sur la vie. Ceux qui ne succombent pas présentent un état d'atonie et d'affaiblissement général de toute la constitution ; is sont toujours valétudi- naires, d'autant plus que les fièvres d'accès qu'ils contractent presque chaque année viennent détériorer encore leur orga- nisation déjà si débile; s'ils ne périssent pas jeunes, s'ils ar- rivent à l'âge viril, ils sont en proie à une vicillesse anticipée, et ils meurent enfin sans avoir jamais joui de la plénitude de l'existence. On rencontre , il est vrai, dans la Dombes quelques con- sütutions privilégiées qui, une fois acclimatées, résistent à toutes les influences pernicieuses que nous avons énumé- rées , au milieu desquelles elles vivent, jouissent d’une bonne santé et parviennent à un âge très-avancé ; mais ce sont de très-rares exceptions à la règle générale. À mesure que la population diminue dans les communes du centre de la Dombes, les habitants des contrées voisines délaissent ce malheureux pays, plus funeste encore pour eux que pour les indigènes, qui, une fois acclimatés , se ressentent moins des influences délétères auxquelles ils sont exposés. Les habitants de la Dombes sc trouvent ainsi presque abandonnés à leurs seules ressources, el ne peuvent se pro- curer des manœuvres étrangers qu'à l'aide de très forts sa- laires ; qui leur sont trop onéreux, d'autant plus que 300 DES CAUSES DE L'INSALUBRITÉ l'accroissement général du bien-être fait partout augmenter le prix de la main-d'œuvre. Ainsi, la Dombes semble aujourd'hui une terre maudite, au milieu des progrès et des améliorations de tout genre qui caractérisent l'époque actuelle. Aussi pourrions-nous, avec quelque justice, accuser d’ineu- rie les divers gouvernements qui se sont succédé en France depuis un siècle, puisqu'ils n'ont rien fait pour retirer les habitants de la Dombes et des autres provinces maréca- geuses de l'état de misère et de dégradation où elles languissent. Nous en excepterions toutefois la Convention, qui, frappée de la détresse des pays d’étangs et de marais, signalée avec tant d'énergie par l'abbé Rozier, ordonna leur desséchement dans toute l'étendue de la France par la loi du 12 frimaire, an LE. Si cette loi , dont le principe partait de la philanthropie la plus éclairée, n'avait pas été exécutée avec tant de violence, si l’on n'avait pas voulu changer trop brusquement un état de choses qui ne devait l'être qu'avec beaucoup de mesure pour devenir réellement avantageux au pays, la Con- vention aurait bien mérité de la patrie et de l'humanité ; le bien qu'elle aurait fait par cette grande mesure d'hygiène pu- blique , qui aurait rendu à la santé et à une vie plus heureuse les habitants de plusieurs provinces de la France, aurait été une sorte d'expiation du sang innocent qu'elle avait fait répandre. Mais cette loi ayant été rapportée deux années après sa promulgation , le mal n’a cessé de s’accroïtre depuis , le nombre des étangs ayant été sans cesse en augmentant. Comment se fait-il qu'on songe à dessécher les marais de l'Algérie, qu'on ne craigne pas de dépenser des sommes considérables pour assainir un pays presque désert, tandis qu'on ne fait rien pour rendre salubre une province au centre DE LA DOMBES. 301 de la France, aux portes de la seconde ville du royaume ? province qui deviendrait une véritable Flandre, si seulement on ne la laissait pas périr sous un régime exceptionnel bien extraordinaire, puisqu'elle est encore régie par les anciens usages de la Dombes, trente-cinq ans après la promulgation du code civil. Si nous rappelons ici le code civil, c'ést que nous sommes convaincu qu'en faisant rentrer dans le droit commun ce genre de propriété, qui n'aurait jamais dû en sortir, on arri- verait, dans un espace de temps fort court, à la destruction de ces réservoirs insalubres, parce qu'il serait impossible que l'un des copropriétaires d’une série d’étangs , guidé par ses intérêts bien entendus, ne demandat pas la licitation ; et, si la licitation était accordée toutes Les fois qu'elle serait sollici- tée par l’un des copropriétaires , et si les droits de l’assec, de Pévolage, de paturage, etc. étaient établis d’après une ex- pertise, comme on le fait pour toutes les propriétés tombées dans l’indivision, les étangs disparaitraient bientôt , les pro- priétaires intelligents étant ainsi soustraits à l'impuissance sous laquelle ils gémissent depuis tant d'années, par le seul fait de l’inapplication des lois existantes à ce malheureux pays: Mais nous nous apercevons que nous sommes sorti de la question d'hygiène, dans laquelle nous aurions dû sans doute nous renfermer exclusivement, des hommes spéciaux ayant déjà traité la question des modifications à apporter aux lois qui régissent aujourd'hui la Dombes. Il est évident que l'état actuel des choses n'est plus tolérable ; et, puisqu'il est dé- montré que les étangs sont la cause de la misère et de la dé- population de la Dombes , il faut rendre possible leur destruction; et, si l’on juge la législation actuelle insuffisante pour arriver à ce résultat, il faut solliciter l'intervention d'une loi nouvelle. 302 DES CAUSES DE L’INSALUBRITÉ Quant aux marais, l'administration peut en ordonner le desséchement lorsqu'elle le jugera convenable; la loi de 1807 est pour cela tout-à-fait satisfaisante. Il est important de remarquer que, si les marais de la Dombes, qui tous pourraient être converüs en excellentes prairies parce que le sol présente partout une pente sufii- sante, sont encore incultes et de véritables foyers d’infecuon, il faut en accuser encore l'influence désastreuse des étangs, qui, ayant dépeuplé le pays et diminué, par conséquent, la valeur du sol, ont ainsi retardé le desséchement des marais, lequel suivra celui des étangs par le seul fait de l'intérèt des propriétaires ; qui seront assurés d’en tirer un avantage immense , comme Fa prouvé la destruction du marais de Sainie-Croix. Pour faire dispa raître les marais, de grands travaux d'art dispendieux et d'une exécution difficile sont tout-à-fait inu- üles, tous étant formés par des eaux de sources devenues slagnanies par l'accumulation successive des plantes qui, chaque année, se décomposent et. forment une espèce de tourbe qui a exhaussé le terrain dans quelques localités et l'a rendu fort inégal : il suflit de creuser des fossés ou tranchées pour faire écouler les eaux dans les cours d'eau les plus voisins. Pour dessécher les étangs, l'opération sera bien plus facile encore, puisqu'on les vide tous les ans ou tous les deux ans, pour les pêcher et les ensemencer, pour substituer lassec à l’évolage; 1 n'y aura qu'à détruire les chaussées qui retiennent les eaux. RAPPORT sUR L'ÉTAT DES SEMAILLES EN CÉRÉALES D'AUTOMNE, (1839.) PAR Me GHARLES BARIDUE Les semailles des graines d'automne n’ont pu se faire en entier dans ce département; tous les cantons qui en dépendent sont d'ac- cord sur ce point, que plus d’un tiers des terres qui élaient desti- nées à ces céréales est resté sans culture. Pour remplir cette lacune, nos agriculteurs ont pensé ne les ensemencer en trémois qu'à l'époque de celles déjà destinées à ce genre de récolte; ces semailles se finissent en ce moment. Pour les blés qui se sont trouvés semés avant les pluies conti- nuelles d'automne, beaucoup ont souffert du trop d'humidité, et ils ont péri dans bien des localités. Dans les terres où les eaux n'ont pas séjourné , les plantes ont été éclaircies par le gel et le dégel; ces intempéries seront cause d’une récolte très-ordinaire. Dans plusieurs cantons , les pommes de terre tardives ont man- qué. Leur trop grand séjour dans une terre très-humide, et le plus souvent inondée, en a fait pourrir la majeure partie. Lyon, 17 avril 1840. SAT LL 0 AE T. UE, 31 RAPPORT SUR L'ÉTAT DES SEMAILLES EN CÉRÉALES DE PRINTEMPS. (1840. ) PAR Mo GHARLES BAMID AA Depuis bien des années il n'avait été semé autant de céréales de printemps, au point que, dans un grand nombre de communes, les semences ont manqué, et le haut prix de ces grains a mis le pauvre cultivaleur dans la nécessité de ne pas semer. On pense généralement y suppléer par des pommes de terre. Les trémois qui ont été semés à la fin de février et dans les premiers jours de mars commencent à montrer une végétation convenable. Une chose qui préoccupe sérieusement tous les amis de la science agricole, et qu'il convient de signaler aujourd'hui au gouverne- ment, c'est le manque de bras dans les campagnes de notre dépar- tement, tandis que la population considérable de nos villes est souvent sans travail. Lyon, 16 avril 1840. SÉANCE PUBLIQUE DUT 1 JUAN 1840. EXPOSITION DE FLEURS ET AUTRES PRODUITS DE L'HORTICULTURE ET D’AGRICULTURE. LS Nr Le 1% juin, la Société royale d'agriculture, histoire natu- relle et arts utiles de Lyon a tenu sa séance publique dans l'orangerie du Jardin-des-Plantes, où venait d’avoir lieu l'Exposition des fleurs. La séance a été présidée, en l'absence de M. le Préfet, par M. Paret, conseiller de préfecture dé- légué. M. Chinard, premier adjoint, remplacant le maire, et M. le général baron Aymard , commandant de la division militaire, ont pris place au bureau. Les fleurs exposées, la distribution des prix, la musique mise à la disposition de la Société par l'obligeance de M. le général Aymard, justifiaient l’empressement du public qui se pressait dans la salle. La séance a été ouverte par un discours de M. le conseiller Paret. M. le docteur Montain, président de la Société, a pris ensuite la parole. M. Seringe, rapporteur de la com- mission d’Exposition , a lu la décision du juri sur les prix à décerner , dont la distribution a terminé cette solennité. Après la séance, on a fait le tirage d’une loterie que la Société avait organisée dans le but d'encourager les horticul- teurs marchands, et dont le produit, assez considérable , a été intégralement employé à l'achat d'une partie des fleurs exposées. T. IT, 22 DISCOURS DE M. PARET, PRÉSIDENT D'HONNEUR. MESSIEURS , Si l’on se bornait à admirer les fleurs qui, pendant plu- sieurs jours, ont orné cette enceinte, on serait d’abord frappé de l'idée que, sous notre climat, la plupart des végétaux qui les produisent ne peuvent croître qu'à l'aide de soins constants et coûteux, dans des serres chaudes, où, privés de l’action directe du soleil et des influences atmosphériques, ils perdent leurs propriétés utiles, et ne produisent, rarement encore, que des fruits sans saveur. On serait ainsi porté à croire que les efforts de l'industrie pour maintenir une température convenable à leur végétation, que les dépenses que ces soins entraînent, n'ont d'autre uti- lité que de satisfaire une vaine curiosité et de donner quel- ques distractions à des amateurs opulents. Mais les constructions de serres chaudes, les créations de jardins qui s’opèrent dans toutes les parties de la France, l'empressement que la population de notre cité a mis à vi- siter notre Exposition, prouvent que l'horticulture a déjà créé une distraction utile et générale pour toutes les classes de la société. Loin de moi, Messieurs, la pensée de réduire à ce résultat l'utilité de la culture des plantes exotiques; car chaque année nous prouve qu'avec de la persévérance quelques-unes d'elles SÉANCE PUBLIQUE. 307 s’acclimatent, prospèrent sur notre sol, et viennent accroître nos richesses alimentaires et industrielles ; chaque jour nous apprend que des végétaux cultivés pour la beauté de leurs formes ou de leurs fleurs ont des propriétés utiles , et que la plus humble plante recèle un mystère que l'expérience ou le hasard fait apparaître à l'observateur attentif. — Combien ne doit-on pas être encouragé dans toutes ces expériences en songeant que, récemment, un habile industriel a découvert dans l'écorce d’un arbre indigène , du châtaignier ( dont on croyait certainement connaitre toutes les propriétés ) un principe colorant et mordant, qui remplace avec avantage la noix de Galles, que nous allions chercher à grands frais à l'étranger ! Persévérez donc , Messieurs, dans les encouragements que vous donnez à l’horticulture , dans les essais que plusieurs d’entre vous ont entrepris ; vos efforts obtiendront d’utiles résultats, et atteindront un but du plus haut intérêt et qu'il est permis d’entrevoir. L'horticulture procure des plaisirs de chaque jour et pen- dant toutes les saisons; elle exige des soins assidus, minutieux, auxquels les amateurs se livrent avec passion ; elle crée ainsi une occupation constante et qui rend agréable le séjour des champs, que l’on fuit souvent pour éviter l'ennui d’une vie oisive. — On peut donc espérer que de riches propriétaires fixeront leur résidence à la campagne ; qu’ils veilleront en- suite à la grande culture de leurs propriétés, et y consacre- ront leur temps et leurs capitaux, qui permettront de mettre, dans les expériences sur les assolements et la naturalisation des plantes étrangères, la persévérance sans laquelle il n’est pas de succès en agriculture. Vous devez regretter, Messieurs, que cette séance ne soit pas présidée par l’habile administrateur qui a déjà contribué aux progrès de l’agriculture d'un département voisin; par son 308 SÉANCE PUBLIQUE. active intervention dans la grande question du desséchement successif des étangs. — Sous les auspices de M. le Préfet, votre réunion aurait offert un plus grand intérêt ; les récom- penses que vous allez distribuer auraient été d’un plus grand prix, et seul, je pourrai me féliciter de l'honneur que son absence m'a conféré. DISCOURS DE M. MONTAIN, PRÉSIDENT ORDINAIRE. MESSIEURS , Je ne chercherai pas à prolonger une juste impatuence. Les vainqueurs de cette innocente et brillante lutte attendent leurs couronnes, et vous désirez tous contempler encore ecs productions de la nature, embellies par l'intelligence et la main de l’horticulteur. J’essaierai seulement d’esquisser le but et l'utilité de cette Exposition, qui a attiré autour d'elle une si brillante réunion. Tous les travaux, tous les vœux de la Société royale d'a- griculture ont pour but l’encouragement et le perfectionne- ment de cette branche si importante de l'industrie sociale, et jamais peut-être époque ne fut plus favorable à ses progrès. Le fléau de la guerre ne ravage plus nos champs; les discor- des civiles ne foulent plus à leurs pieds les sciences, les arts et l'industrie. Le gouvernement répand sur l’agriculture les bienfaits de sa puissance ; nos autorités rivalisent de zèle pour favoriser nos efforts, et nos concitoyens concourent avec empressement à nos travaux et viennent en foule applaudir à nos succès. Notre belle patrie se signala toujours par son gout pour les fleurs et les charmes de la campagne. En effet, pourrait-1l en être autrement ? Lyon, placé dans un climat tempéré, en- richi par deux des plus beaux fleuves de l'Europe, entouré de sites délicieux . offrant ses vallées et ses coteaux aux in- 310 SÉANCE PUBLIQUE. fluences variées du nord, du midi, de l’orient et de l'occident, produit avec profusion une immense quantité de plantes ; les fleurs des Alpes et celles des contrées méridionales s'y trou- vent souvent réunies. Félicitons-nous donc de cette heureuse position, qui, tous les jours, devient plus saine et plus brillante par d’utiles et indispensables travaux; félicitons-nous de pou- voir cultiver et jouir de ces bienfaits de la Providence. En effet, lorsque, dans d’autres contrées, engourdies par les frimats, on ne voit que des arbres tristes et stériles, une végétation lente et retardée, nos coteaux sont déjà couverts de fleurs et d'une riche verdure. Quand le vent brülant du sud a desséché les champs des contrées méridionales, nos campagnes nous offrent encore la fraicheur du printemps avec les fruits de l'automne, et un abri délicieux contre les ardeurs du soleil. Ce goût si naturel, qui nous a été légué par nos pères et qui, heureusement , s’est propagé d'âge en âge, a des avantages que l’on ne saurait contester. Il concourt à la réputation, si bien méritée, de notre belle fabrique : le dessinateur y puise ces inspirations qui donnent à nos tissus cette valeur, cette supériorité, principales bases de notre riche industrie. Que l'on ne croie pas que, si nos artistes ne représentent pas tou- jours les formes naturelles de ces fleurs élégantes étalées à nos yeux, mais le plus souvent leurs riches couleurs ou des conceptions bizarres, même fantastiques, ils s’éloignent tout- à-fait de la nature; non : peut-être ne font-ils que ce qu'une main habile fait par la culture; ils devinent une destinée fu- ture; ils créent souvent, par un ingénieux caprice, ce que l'horticulteur, par son travail et son intelligence, pourra aussi créer un jour. Mais un avantage bien précieux encore, est celui qui se rapporte à la santé, le plus grand de tous les biens. C'est dans ce gout pour les fleurs, dans cette douce habitude de respirer souvent l'air pur des campagnes, que notre popula- SÉANCE PUBLIQUE. 311 ton laboricuse, que nos actifs industriels trouvent un moyen eflicace d'entretenir leur santé. Aussi, avec quel empresse- ment, après les travaux de la semaine, désertent-ils la ville pour se répandre dans les champs, y respirer le parfum des fleurs, et corriger les effets d’un travail souvent pénible et difficile ! Ainsi, dans ces temps anciens, lorsque les maladies épi- démiques ou contagieuses décimaient les populations, c'est encore au milieu des champs, surtout sur nos coteaux em- baumés par uue riche végétation, que nos aïeux allaient res- pirer un air pur et conservateur, pour échapper aux miasmes pestilentiels qui les menacaient, comme ces habitants de Rome dont parle Hérodien, qui, pour fuir les ravages de la peste, se réfugiaient au milieu des bosquets de lauriers. Mais, sans remonter à ces temps éloignés, rapprochons nos souve- nirs d’une époque bien désastreuse. Lorsque le fléau asiatique désolait nos contrées méridionales, l'air pur de nos cam- pagnes, notre riche végétation, dont l'influence salutaire s'étend sur notre ville en l’entourant de toutes parts, domi- naient, pour ainsi dire, la puissance des miasmes délétères et repoussaient au loin leur pernicieuse influence (1). Alors, le choléra, qui ravageait de si belles contrées, s’arrétait sur nos frontières; là se trouvèrent ses limites : il respecta notre belle cité, qui ouvrit ses portes hospitalières à toutes les infortunes, tandis que nos campagnes offraient un refuge salutaire aux habitants du Midi, fuyant les horreurs d'une mort doulou- reuse et presque certaine. Enfin, l'horticulture, cette brillante industrie qui est, pour ainsi dire, l'élément, le principe de toutes les branches de (4) Dans un discours public ( 1832 ), imprimé par ordre de l’administration des hô- pilaux, je démontrai cette influence salutaire, ainsi que celle de la combustion de la houille, réunies au desséchement des mares ; je cherchai aussi à prouver l’'inconvé- aient des arrosements trop abondants et mal dirigés sur la voie publique, etc. à à #2 SÉANCE PUBLIQUE. . l’agriculture , trouve, dans ces expositions, l'encouragement et le fruit de ses travaux , et le désir exprimé par mon hono- rable prédécesseur, M. Bottex, sera accompli : Lyon ne serä plus tributaire des pays lointains, et trouvera, dans les jar- dins et les serres de ses horticulteurs, des fleurs pour orner ses fêtes et inspirer ses artistes. Ainsi, le gout de l’horticulture n'est pas seulement un plaisir qui charme la vie, mais encore une nécessité qui sert à l'industrie et à la conservation de la santé. La Société royale d'agriculture, que j'ai l'honneur de pré- sider , se trouve heureuse de voir ses désirs accomplis. Elle n a qu'un regret, c'est de ne pouvoir décerner un plus grand nombre de couronnes ; car, dans ce brillant concours, il est peu de rivaux qui n’aient mérité une récompense. RRPPORT DE LA . COMMISSION D'EZXFOSITION DE FLEURS (1840). Messreurs, C'est pour la troisième fois que vous avez fait un appel aux hor- ticulteurs et aux agriculteurs, afin de réunir dans un même local les résultats de leurs nombreux travaux. Non-seulement leur zèle s'est maintenu, maïs il s’est accru. Ils sentent plus que jamais com- bien les exposilions de fleurs et de produits végélaux sont utiles pour répandre le goût des arts si importants qu'ils cultivent. Le local destiné les années précédentes à cette réunion s’est trou- vé trop petit celle fois; il a fallu y ajouter une serre, qui a recu les objets d'arts, les instruments et les machines, les fleurs coupées, les étoffes offrant des représentations exactes de plantes. En conséquence de votre arrêté du 27 mars 1840, relatif à l'Ex- position de fleurs et autres produits de l’horticulture et de l'agri- culture, votre commission d'Exposilion, après avoir disposé dans l’orangerie du Jardin-des-Plantes et dans la serre chaude les objets présentés, s’est réunie le 31 mai et le 1°" juin, afin de préparer son rapport pour éclairer ses décisions. Vous connaissez déjà, Messieurs, le résultat de son travail; voici les molifs qui l'avaient précédé : Votre commission a séparé en deux divisions les objets présentés. La première comprend les végétaux en vases. La deuxième les plantes coupées, les produits végétaux, les col- lections de bois, d’étoffes, les dessins, les gravures, etc. Le nombre total des exposants était de quarante-trois , dont vingt- deux pour la première section , et vingl-un pour la seconde. Quatre d’entre eux appartiennent à notre Société ; un seul fait partie du juri, et se trouve, par conséquent, exclus du concours. 314 SÉANCE PUBLIQUE. TABLEAU ALPHABÉTIQUE DES EXPOSANTS. 1e Giniston. Report 2 EXPOSANTS DE FLEURS. MM. Dewerson 2 Nombre d'espèces. JaARDIN-DES-PLANTES 120 MME AGuETTANT 65 SALIGNI 1 MM. Arwanp ( Etienne ) 166 VERDELET 1 BELuzE 90 VÉTILLARD DU RIBERT 1 Boucranzar (Jean-Marie) 16 SIT. — Instruments d'horticulture. Boucnanzar (Laurent) 18 MM. Gurcceruin (Jean) BoucnanLar (Pierre) 14 A Lurzer père 1 PE he Simon ( Henri ) 2 DerarouE 1 Dusosr 1 Coms ( Chartes ) 16 63. — Instruments d'agriculture. M€ Gurrzor ( Antoinette) 70 MM. Moncez k MM. Guizzor père 253 PT LacÈne 40 LaAchARME 50 $ 4. — Feurs en métal et meubles Lurzer père 60 de jardins. Marin Burpin et Cie Er NEVERS se Néranp aîné 119 65.— Dessins, Gravures, Plans Porzar 925 de jardins, Etoffes. Puorrer 18 ME Cuavanr 8 SÉNÉcLAUZE ( Adrien) 194 MM. Décraun 3 Srmon ( Henri ) 38 DucnÊne 1 VériziarD Du RIBERT 20 HexLAND 3 1,455 Lurzer fils 4 MarsrAT 8 2° Givisiotr. EXPOSANTS DE PRODUITS VÉGÉTAUX, TURE DE LyYoN 1 SocIÉTÉ ROYALE D'AGRICUL- DE COLLECTIONS DE BOIS, D'ÉTOFFES ; DE : é À $6.— Ruches, Vers à soie. MM. BonnarDez 2 Guizzor père 1 DESSINS, DE GRAVURES, ETC. SIer, — Produits végétaux. Nombre d'objets exposés. M. Boucnarn-JamBon 2 2926 Ce qui forme un total de 1,681 objets exposés. SÉANCE PUBLIQUE. 319 PREMIÈRE DIVISION EXPOSANTS DE FLEURS. Trois collections ont d’abord attiré l'attention du juri, comme supérieures aux autres par le nombre de leurs plantes rares, diffi- ciles à cultiver, et en pleine fleuraison. Ce sont celles de MM. Mani Bunni et C'°, à Vaise. Nénanp aîné, à Vaise. SénécLauze ( Adrien ), à Bourg-Argental. Elles présentent beaucoup d'égalité dans leur valeur et ont été mises sur la même ligne. En conséquence, votre commission s’est contentée de les elasser par ordre alphabétique. MM. CHARLES MARTIN BURDIN ET C°. La collection qu'ont exposée MM. Charles Marrin Bunnix et Ci se compose de cent soixante-dix-sept espèces (1), parmi lesquelles on distinguait les suivantes : Altingia excelsa. Clematis bicolor. Andromeda buxifolia. Coleonema pulchra. Ardisia adenthophylla. Dracocephalum gracile. Azalea sedifolia grandiflora. Epacris grandiflora. Danielzii. heteronema. Indica pulchra. microphylla. Bilbergia viridiflora. pulchella. Calceolaria Arlequin. Erica calix rubra. gloriosa. cerinthoïdes. Chorizema cordata. humea. Clematis azurea. mirabilis. (1) Daas cette collection, comme dans les autres, nous citons souvent des espèces jardinières plutôt que des espèces botaniques. Nous ne pouvons, d’ailleurs, en affir- mer la nomenclature, le temps ayant été trop court pour la vérifier. 316 SÉANCE PUBLIQUE. Erica purpurea. Pelargonium Lord Yneboroug. suaveolens. Moreanum. translucens rosea. Octavium majus. ventricosa coccinea. radiatum. Eriostemon buxifolium. Scoticum. Euphorbia Jaequiniflora. superbum. Evonymus Hamiltonii. Pimelea hispida. Fabiana imbricata. sylvestris. Gompholobium grandiflorum. Protea longifol. speciosa nigr. Grewillea longifolia. Rhododendr. arboreum splendid. robusta. triumphans. Glycine longeracemosa. Catawbiense. Kalmia glauca. hyacinthiflorum. latifolia. lacteum. Larix Deodora. Mielesii. Lasiopelalum purpureum. Stylidium fasciculatum. Metrosideros viridiflora. Swainsonia alba. Passiflora Kermesina. coccinea. Pelargonium Angelina. Syphocampyllus bicolor. Laconia. Verbena Nivenii. M. NÉRARD AINÉ (a Vas ). Parmi les plantes exposées par M. Néranp aîné , el qui s'élevaient au nombre de 168, nous ne pouvons nous dispenser de signaler surtout la Magnolia macrophylla, Pentstemon speciosum , Erica stellata, une collection de vingt-cinq espèces de PENSÉES vivaces à fleurs très-grandes et fort élégamment panachées , et enfin quel- ques plantes rares, mais non fleuries , telles que Caryota urens , ÆAraucaria lanceolata. Amarylilis vitlata, Calccolaria salviæfolia. Cactus Bonapartii (non f.). Sedling. Quillardeti. talisman. spceiosissimus. Cartonema pulchella. Calceolaria Arlequin. Citrus buxifolius (non fl. ). atropurpurea. Elychrysum proliferum. nova species. Erica baccans. rugosa. persoluta. SÉANCI Erica stellata. tubiflora. vestita. Erinus lychnidea. Euphorbia splendens. Gardenia florida. radicans. Gladiolus roseus. Grewillea acanthifolia. Houissia coccinea. Hovæa Celsii. Ilex laurifolia. Lechenaultia oblata. Leptospermum grandiflorum. Ligustrum Nepalense. Lilium linifolium. Lobelia bicolor. Lupinus polyphyllus. albus. Magnolia macrophylla. Melhania erythroxylon. Metrosideros acuminata. 5 PUBLIQUE, 947 Metrosideros floribunda. Nerium à odeur de violette. atropurpureum. nankin. Passiflora alata. Kermesina. Pentstemon speciosum. Pimelea hispida. lævigata. rosea. sylvestris. Polygala opposilifolia. Rhododendron hirsutum. Swainsonia alba. coccinea. coronillæfolia. Templetonia glauca. retusa. Verbena araniana. odoratissima. Twediana grandiflora. M. ADRIEN SÉNÉCLAUZE (1 Bourc-AncEnTaL ). M. Adrien Sénécrauze a amené de Bourg-Argental 194 espèces de plantes, qui, malgré l'éloignement et la chaleur qui régnait à l’époque de l'Exposition, sont arrivées en bon état. Dans le nombre se remarquaient surlout ses collections d'Æzalea, de Rhododen- dron , d'EÉrica. Il avait aussi une grande collection de Conrrères et d'autres plantes rares, mais qui, malheureusement, n'étaient pas fleuries. Amaryllis Johnsonii. Azalea amœænissima. atrorubens Anna. aurantiaca crispa. bizarre triomphant. calendulacea insignis. Azalea canescens. cerasina luteo-maculata, Clemencia. coccinea crispa. speciosa, cœrulea hilaris, 318 SÉANCE PUBLIQUE. Azalea concinna. Azalea mutabilis. cramoisi flamboyant, nitida. cuprea amæna. Pontica violacea. splendens. præcellentissima. decus hortorum. præstantissima. Delledo. princeps aurantium. elegans. pulchella. stricta. Reginæ Belgicæ,. tardica. rosea colorala. Eminens. rutilans. eximia. severa. hilarissima. splendens. hybrida cerasina. splendidissima. Celsii. staminea. Cornisii. sulfurea. Dunsfeldii. tardiflora violacea. Fredoy. tardive multiflore. Orloy. versicolor. selecla. viscosa crispa. Simninghi. Calceolaria Liberty. Smithi. Marcus Brutus. Spilzenberghi. Calothamnus Knigthi. Suknozka. Chironia baccifera (fruct.) Walnerii. Chorizema Bombea. Zielowski. cordifolia. Indica Augustana (nova). ilicifolia. lutea. Cineraria King. Smithi triumphans. Cytisus purpureus (fl. albo). læta rubicunda. purpureus (fl. roseo). Large orange. Diosma globuliflora. macrantha. Elychrysum atropurpureum. martirio Genio. proliferum. microphylla. spectabile. miniature. Epacris pulchella. mixla pulveritriumphans. tubæflora. venusta. Erica baccans. modesla. cylindriea superba. Mortiziana. Hartnelli. SÉANCE PUBLIQUE. 319 Erica hybrida conspicua. Rhododendron arbor. coronarium. nigrita. Catawbiense. rubra calyx. fl. pleno. virgala. hybridum. Lychnis flos cuculi (alba). hirsutum. Pimelea diosmæfolia. hyacinthiflorum. hispida. marinum album (noy.). intermedia. hybridum. sylvestris. nivale. Polygala attenuata. Ponticum album. Heisteri. elegans. latifolia. speciosum. Si la collection d'Azarea de 80 espèces ( jardinières ) de M. Séné- cLAUzE avait pu être appréciée à sa juste valeur, elle aurait frappé tous les regards; mais la chaleur excessive et lé transport l'avaient un peu altérée. Cependant plusieurs magnifiques individus étaient d'un grand éclat par leur taille, leur forme en ombelle et leur riche fleuraison. Ce sont les n°° 38 A. Coccinea speciosa ; 50 À. Cuprea splendens ; À. Martirio Genio; et 105 À. præcellentissima. La commission pense que M. Sénécrauze mérite un encouragement pour sa collection de genres. Espérons que le bon exemple que eet horticulteur ainsi que M. Goxpouix ont donné en engagera d'autres à venir embellir nos exposilions. M. GUILLOT PÈRE (4 LA Guizotière ). La collection de plantes de M. Gurizor père, composée de 254 espèces, est bien la plus nombreuse; mais elle présente un trop grand nombre de plantes sans fleurs. Nous croyons donc devoir la placer en seconde ligne. Elle se distingue par un bel individu d'Ælpinia nutans (ou Globba nutans ). Un autre, presque en fleur, de Musa coccinea, Cactus Eriesii, mamullosus , et par des collec- tions de genres nombreux en espèces rares. Abies nigra. Ardisia campanulata. Araucaria Brasiliensis. crenulala. excelsa. solanacea. imbricata. Azalea amabilis. 320 Azalea aurantliaca. archiduc. bipartlita. Buchingham. calendulacea floribund. grandiflora. superba, Celsii. coccinea grandiflor. violacea. cuprea eximia. fragrans. glauca. hybrida cerasina. cruenta. Dunsfeldii. tricolor. VISCosa. Cactées 30 espèces. Cupressus pendula. Sinensis. Dracæna arborea. Australis. Brasiliensis. congesla. Cordilini. Draco. elliptica. ferrea. fragrans. marginata. oyala. reflexa. Sinensis. terminalis. umbraculifera. undulata. Ficus Brasiliensis. SÉANCE- PUBLIQUE: Fieus Calactodendron. cerasifolia. Neumanni. pendula. pyrifolia. Grewillea acanthifolia, Manglesii. peclinata. Hibbertia Candollii. Juniperus Bermudiana. thuyoïdes. Laurus Camphora. Caroliniana. Cassia. Cinnamomea. Indica. Persea. salicifolia. trinervia. Musa coccinea. discolor. rosacea. Pinus Brucia. Canariensis. Cembra. Dorica. lanceolata. longifolia. Monterecia. Nepalensis. palustris. romania. Sinensis. Taurica. Rhododendron arboreum Smithi. Calawbiense nov. Caucasicum. Concinnum. SÉANCE PUBLIQUE. Rhododendron elegans. Fromontianum. frordosum. grandissimum. heterophyllum. hyacinthoïdes. hybridum. macrophyllum. magnificum. magnoliæfolium. Moreanum. nobleanum. Strelitzia Augusta nova. [EE 1 —— Strelitzia farinosa. juncea. reginæ. spathulata. Thuya australis. plieata. Zamia horrida. integrilolia. nitida. pungens. spiralis. tridentata. M. ETIENNE ARMAND ( 4 Ecuzrx ). Cette année, M. Arwaxo a présenté une collection plus nom- breuse qu'à la dernière exposition. Elle est formée de 166 espèces, dont 70 sont des Pelargonium , 13 Bruyères, ete. Anthocercis viscosa. Brunia radiata. Cactus Akermanni. phyllanthus. Clematis bicolor. Cineraria Chandleri. King. Conyza glutinosa. Cytisus purpureus. Diosma cordata. imbricata. squammea. Elychrysum argenteum. proliferum. spectabile. Epacris grandiflora. heteronema, Erica baccans, capitata. T. II, Erica cruenta. cylindrica. hybrida. margaritacea. persoluta alba. anglica, rosea. pubescens major. tubiflora. rubra. vestita fulgida. Eutaxia pungens. Fuchsia fulgens (en boutons ). Grewia Bœri. rosmarinifolia. Lechenaultia oblata. Ligustrum Nepalense. Melhanïa Erythroxylon. Metrosideros acuminata. 23 322 SÉANCE PUBLIQUE, Metrosideros floribunda. Pelargonium Mabire. Oxalis incarnata. Maïd of Athènes. Pelargonium Albion. Memnon. amabile splendens. Apollo. Babets Seedling. Belle renommée. Belle Sophie. Black Prince. Champion of Devon. Miroir de Vénus. Olympicum grandifl. superbum. Othello. Pelagineum superb. Princesse de Clèves. Reginum superbum maj. Chazelianum. Rottschildii. Chef-d'œuvre. Suziana. Corine. Taglioni. Diademat. miniatum. Van Bessau. Don Pedro. Victoria. FEdina. Victorine Leséble. Eve. Petunia Helen Mac Gregor. Gem. Pimelea lævigata. Glaudia. sylvestris. Gloriosum splendens. Polygala cordata. Hector. Dalmesiana. Hills cuped. mixta. Hovea Celsi. Rhododendron ferrugineum. illustre. Swainsonia coronillæfolia. Lord Moreton. purpurea. Lucifer. Syphocampilus bicolor. Me AGUETTANT ( monrée ne LA Boucze, 42). La collection de M€ Acuerranr était composée de 65 espèces , parmi lesquelles se remarquait surtout le Clyanthus puniceus. Crassula variegata. Daphne Thymelea. Erica coccinea. Erythrina laurifolia. Calceolaire Arlequin. Chironia frutescens. Clemalis azurea. Clyanthus puniceus, Crassula alba. coccinea. Gardenia grandiflora. Fabiana imbricata. SÉANCE Kalmia glauca. latifolia. Laurier-rose éclatant. Ragonot. Mesembryanthemum blandum: spectabile. violaceum., Passiflora Kermesina. PUBLIQUE: 323 Pelargonium Moreanum. Prince Orange, Reginæ. tricolor. Pimelea sylvestris. Polygala cordata. Rochea falcata. Rosier Reine blanche, Pelargonium diadema celestinum: Helenianum. Imperator perfect. Louise Marchand. Mégaléon. Thé Smith. Verbena araniana. venosa;: Vinca rosea. M. LUIZET PÈRE (rérmémsTe À ÉcuLiy ). La collection de plantes envoyée par notre collègue M. Lurzri se compose de 60 espèces bien fleuries, parmi lesquelles se distin- guent la belle Erythrina laurifolia, le Didymocarpus Rhexi , l'Alonzoa elegans , de nombreux Pelargonium , ete. Voici les prin- cipales espèces : Azalea secundissima. speciosa. Cactus Akermanni. speciosissimus. speciosus. Calceolaria Arlequin. Didymocarpus Rhexii. Erythrina laurifolia. Fuchsia globosa major. Jasmin triomphant. Pelargonium amiral de Rigny. Anna Bolena. aurantiac. majus. Barcleyanum. Belle renommée, Pelargonium Claudius cæsareus. delectum. diadematum rubescens. superbum. Haleni. inscriptum maximum. Jacquinianum. latilobum. Marie-Louise. Olympicum grandif. Burdinum. triumphans. Princesse d'Orange. Rhododendron Ponticum. Vinca rosea. 324 SÉANCE PUBLIQUE. Mme ANTOINETTE GUILELO'T ( montée ST-BARTRÉLENY ). La fraîche et élégante collection de Mme Guzor se compose de 60 espèces, inférieures en rareté à la précédente. Quatre très-beaux Nerium splendens et de gigantesques Pimelea decussata et Horten- sia alliraient d'abord l'attention, ainsi qu'un très-fort Camellia Sa- sanqua, ele. Voici les principales espèces de celle collection : Aster argophyllus. Jasminum revolutum. Cactus Akermanni. Magnolia fuscata. Quillardetti. Metrosideros alba. speciosissimus. mulliflora. Camellia Sasanqua. Mimosa cordata. Clethra arborea. Mimulus cardinalis. Dianella cœrulea. Myrsine Africana. Erica eylindriea ( très-forte ). Nerium splendens. Fuchsia grandiflora. Passerina filiformis. Gardenia Florida. Pelargonium coronarium. Gloxinia cœrulea. Olympicum Angelina. Gréwillea acanthifolia. Pimelea decussata. Grivelia aconitifolia. Plumbago cœrulea. Hortensia rosea ( var. cœrul.). Rosier thé beurre frais. Cette collection mérite une distinction particulière, à cause de la fraîcheur et de la belle fleuraison de ses plantes. M. HENRI SIMON ( 1 Vase, MONTÉE DE BALMONT ). La collection de M. Srmox est composée de plantes choïsies. Elle offre , entre autres, le Coleonema pulchra, Elychrysum spectabile, Erinus Lychnoïdes, Methania erythroxylon, etc.; en tout 50 espèces. Anthocercis viscosa. Erica cylindrica. Aotus villosus. Erinus lychnoïdes. Calceolaria sericea. Hoilsia coccinca. Citrus aurantium variegatum. Kennedia coccinea. Coleonema pulchra. Lasiopetalum solanaceum. Elychrysum spectabile. Lechanaultia formosa. Epacris heteronema. oblata. SÉANCE PUBLIQUE. 325 Melhania erythroxylon. Pelargonium inseriptum. Pelargonium amabile splend. Amiral Nelson. nec plus ultra. viridianum. amplissimum. Botardi. Pimelea sylvestris. Prostanthera violacea. M. PUPIER ( MONTÉE DE CHotraws ): Cet horticulteur a présenté une collection de plantes peu rares, mais bien fleuries et très-fraîches. Elle est remarquable par un très-beau Cédras, portant trois gros fruits. Amaryllis vittata. Cactus phyllanthus. Heliotropium Europæum. Jasminum revolutum; Citrus Aurantium. medica ( Cedral. ). Gardenia florida. Nerium splendens. Rosa Indica ( Bengale eerise ). mulliflora , ete. M. VÉTILLARD DU RIBERT (1 VenxaisoN). Un Camellia Leana superba et un Hæmanthus coccireus ; tous deux en fleur dans une saison où ces plantes fleurissent rarément, ont été présentés par M. Vérianr. Cet amateur mous paraît mé- riter une distinction. Nous lui devons encore l'introduction à Lyon d'une Æsclépiadée très-singulière, la Ceropegia elegans, qui, dans ce moment, est couverte de fleurs. M. VérizrarD a envoyé en outre de superbes individus en espèces fort rares , dont malheureusement un pelit nombre était en fleur. On y dislinguait : Ardisia crenata. Hæmanthus coccineus. Camellia Leana superba. Hernandia sonora. Cariota urens. Kennedia nigricans. Ceropegia elegans. Coœcropia pellata. Dracæna umbraculifera. Foureroya gigantea. Ces plantes ne sont pourtant Maranta zebrina. Rhododendr. arboreum, lætum superbum, Sparmannia Africana. qu'un échantillon des nombreuses 326 SÉANCE PUBLIQUE. et magnifiques espèces que M. Vériczan» cultive dans ses serres, à Vernaison, M. LAURENT BOUCHARLAT (aux CHaAnTREUx ). La collection de Pelargonium de M. BoucuarLar, composée de 78 espèces jardinières , est plus remarquable par la grande fraîcheur de sa végétation et par sa belle fleuraison , que par la rarelé des plantes. Elle fixe tous les regards; elle mérite une récompense. En voici les espèces les plus remarquables : Pelargon. Adèle Forster, Pelargon. illustre. Albion. inopinatum. Amilé sur maculé. invincible. Artabanes. Isidorianum. atropurpureum. Jacquinianum. Belle de Farci. Lancezarianum. Belle renommée. Lewi. Belle Sophie majus. Champion of Devon. Charles X. Charlemagne. Chef-d'œuvre. Comte Perroz. Comtesse de Rodon. Constantine. Couronne des pourpres. Daveyanum. Diadematum superbum. Diversum. docteur Stalley. Eve. Firmin, Forster rosea. Gazelle. Gem. Hericartianum double. Lord Ewington. Lord Nelson. Louis XIV. Louise Marchand. Lowds de perfection. Lucifer. Mabire. Mirandum. Olympicum superbum. Pelagineum superbum. Quatermio, Reginæ superbum. Roi des noirs. Speculum mundi. Triomphe des noirs. Triomphe Larche. Victoire Lezèble. Vuleain. M. Boucuarrar a obtenu de semis quelques belles variétés nou- elles, qu’il vient de dédier à plusieurs Lyonnnais. SÉANCE PUBLIQUE. 327 Voici les noms qu'il leur a donnés : P. CLémence (1): P. Maucexe (3). P. AuréLie (2). P. TurarFarr (4). M. FRANÇOIS BOURICAND (4 Vase). Un jeune horticulteur , élève du Jardin-des-Plantes de Lyon, M. Bourrcan», a exposé 14 espèces choisies. En tête de la liste doit être placé un très-bel individu du Ahodochiton volubile. Cette petite collection est remarquable par les plantes suivantes : Andromeda buxifolia. Petunia superba. Gardoquia multiflora. Pimelea linoïdes. Hermannia flammea. Rhodochiton volubile. Hypericum balearicum. Selago helendordiana. Nierembergia calyeina. Verbena Nivenii. Petunia Douglasii. sulfurea. montfordiana. Le Juri a regretié que M. Bouricaxn se soit fait connaître trop tard. (4) Fleurs grandes, nombreuses. Pétales d’abord blancs et devemant ensuite rosés ; trois inférieurs sans taches ; deux supérieurs très-larges, veinés vers le milieu de lignes pennées couleur cerise, à peine marquées d’une tache de même couleur vers le tiers supérieur. Feuilles en cœur, à sept lobes aigus, peu marqués et bordés de larges dents profondes. ( Dédiée à Me Seringe. ) (2) Fleurs grandes , nombreuses. Pétales couleur cerise clair ; trois inférieurs sans taches ; deux supérieurs plus foncés, veinés vers le milieu de lignes pennées pourpre foncé, sans taches au-dessus. Feuilles réniformes, à lobes obtus, aigument et régu- lièrement dentés. (5) Fleurs grandes , nombreuses , à pédicelles courts. Pétales violets ; trois infé- rieurs sans taches ; deux supérieurs plus foncés, veinés vers le milieu de lignes pen- uées pourpre foncé , sans taches au-dessus. Feuilles presque triangulaires, en coin à leur base, à cinq lobes obtus et finement dentés. (4) Fleurs grandes , nombreuses, à pédicelles assez allongés. Pétales rosés ; lrois inférieurs sans taches ; deux supérieurs fortement veinés de lignes pennées pourpre foncé, et portant vers le tiers supérieur une tache de mème couleur. Feuilles demi-cir- eulaires, comme tronquées à leur base, très-obscurément lobées et finement dentées, SÉANCE PUBLIQUE. Le) 9 we) M. CHARLES GONDOUIN, CHEF DES CULTURES AU FLEURISTE DE LA COURONNE , PARC DE Sr-CLocp. M. Gonpouin a envoyé une collection de Calcéolaires, des F'er- veines, une Eupatoire et une Linaire rares. Voici les principales : Calceolaria cleopatia. Eupatorium rugosum. Coronot. Verbena Buisti. enchanteuse. melendres superba. Gem. splendens. Junius. violacea superba. Marius Brutus. Linaria origanifolia. pardanthera. MM. JEAN-MARIE ET PIERRE BOUCHARLAT. La collection présentée par M. Jean-Marie BoucuarLar est peu nombreuse ; mais elle se distingue comme la dernière par la gran- deur de ses Pelargonium et leurs abondantes fleurs. Elle renferme quelques Cactus, des Mesembryanthèmes , des Jasmins. M. Pierre Boucrarzar y a joint l’élégant hosier pompon blanc qu'il avait déjà exposé en 1838. M. BELUZE ( sewrier DE LA DucuÈre , A VAISE ). M. Bezuze , qui se voue depuis peu à la culture des Aosiers, a présenté une vingtaine de variétés de Rosiers thés. M. DUBOST (4 Trévoux). M. Dusosr a exposé deux beaux Ærmeria læta en pleine fleur. M. DELAROUE. M. Deraroue a fait le sacrifice d'un bananier en fruit pour le pla- cer à l'Exposition; nous le prions d’en recevoir nos remercîments. M. LACÈNE {1 Ecuurx ). Nous terminons par la collection de l’un de nos collègues, M. La- SÉANCE PUBLIQUE. 329 cÈNE, qui eüt mérité une place distinguée dans notre énumération. si sa qualilé de membre du Juri ne l’eût mis hors de concours. La collection qu'il a présentée se distingue par la belle fleuraison de ses plantes, surtout par ses magnifiques XAododendron couverts de fleurs. Alstræmeria pelegrina. Pelargonium diadematum superb. Burchellia Capensis. franco-superbum. Cactus speciosissimus, mirandum. Canna Indica. Poiteanum. Erica tubulosa. radialum. Fuchsia globosa (très-grand ). superbissimum. Houstonia coccinea. superbum. Ligustrum Nepalense. Tasmanni. Pelargonium Babet Suddelengi. zonale reginæ. Belle renommée. Yetmannianum. Brictianum. Pititosporum Sinense. Carolinum. Polygala cordata. diadematum coccineum. Rhododendron Catawbiense. imperator, Ponticum. Personne n'a oublié sans doute que c’est M. Lacène qui a proposé nos expositions de fleurs. me EL” DAVYISION: EXPOSANTS DE PRODUITS VÉGÉTAUX. COLLECTIONS DE BOIS, DESSINS ; GRAVURES , ÉTOFFES , ETC: G 4%, — Fleurs coupées. M. LACHARME (4 14 Guiconère, ne De LA Croix, 18 )e NL. Lacnarue, successeur de M. PLanrrer , a exposé une collection de loses qui a fixé l'attention générale. En voici les espèces nou- velles ; elles étaient disposées sur un petit gradin portatif, qu'un amateur distingué de notre ville avait bien voulu prêter. Bengales. Aimé Plantier. (Blanche teintée d'abricot, exquise. 1640.) 330 SÉANCE PUBLIQUE. Don Carlos. (Jaunâtre. 1839.) Jacques Plantier. (Rose nuancé , beau port. 1840.) Madame Plantier. (Blanche, globuleuse. 1840. ) Miranda. (Blanche, à centre jaune. 1839.) Cent feuilles. Triomphe des cent feuilles. (Carné tendre. 1840.) Hybrides. Baronne Aymard. (Rouge feu superbe. 1840.) Hybrides remontantes à feuilles caduques. Clémence Seringe. (Forme et odeur des cent feuilles, rose ten- dre, beau feuillage très-luisant. 1840.) Reine de la Guillotière. ( Pourpre violacé, large, superbe. 1840.) Seringe. ( Cramoisi foncé, double, large. 1840.) Triomphe de la Guillotière. ( Pourpre carmin foncé , double, large. 1840.) Victorieuse Plantier. (Rose, nuancée. 1840.) Ville de Lyon. (Pourpre violacé. 1839.) Ile Bourbon. >ossu. ( Carmin vif. 1839.) Cardinal Fesch. (Rouge de violier. 1840.) Délice de la Guillotière. (Rose carmin. 1840.) Desgaches. (Rose vif superbe. 1838.) Descrivieux. (Rose vineux, large. 1839.) Duereux. ( Écarlale vif. 1840.) Enfant d’Ajaccio. (Pourpre cramoisi. 1840.) Françoise Plantier. ( Rose tendre. 1840.) Gantin. (Rose, forme de Renoncule de jardin. 1840.) Gloire de la Guillotière. ( 1840.) Grand Capitaine. ( Cramoisi pourpre. 1838.) Jean Kleberg. (Rose vif, large. 1840.) L'abbé Rozier. (Rose, forme parfaite. 1840.) Lacharme. (Cramoisi clair, superbe. 1840.) Louis Désarbre, (Carné superbe. 1840.) Méris. (Cramoisi écarlate. 1840.) SÉANCE PUBLIQUE. 331 Pierre de St-Cyr. (Carné argenté. 1840.) keine de Fontenay. (Rose brillant. 1840.) Retour de Ste-Hélène. (Carné cendré, superbe, forme et tenue parfaites. 1840.) Thiaffait. (Rose vif, forme parfaite. 1840.) Provins ponctués. Françoise Plantier. (Ardoisé maculé. 1840.) Thés. Anna Aymard. (Rose nuancé, superbe. 1840.) Clarisse Désarbre. (Blanche, à centre violacé, large. 1840.) Eugénie Desgaches (Rose superbe, forme parfaite. 1839.) Macarty. (Rose vif, large, belle forme. 1840.) Baronne de St-Joseph. (Jaune paille, large. 1840.) Mme de Villeran. (Rose tendre, large. 1840.) Mathilde (Blanche, nuancée de rose. 1840.) Me Scringe. (Blanche, nuancée de carmin. 1840.) Emma de St-Joseph. (Blanche, à centre jaune, large. 1840 ) Perle de la Guillotière. (Carnée, jaunâtre, perlée. 1840.) Reine de Bassora. (Rose nankin, large. 1838.) Soleil de l'Empire, ( Rose superbe. 1840.) Souvenir du 30 mai. (Jaune cuivré. 1840.) Triomphe de la Guillotière. (Jaune cuivré. 1840.) Triomphe de Lyon. (Cramoisi foncé. 1840.) Zoë Gantin. (Blanche, superbe. 1840.) M. POIZAT (4 VILLEURBANNE, ISÈRE ). La collection de M. Porzar présentait des /ris bulbeux. On y remarquait surtout le Xiphium fragrans, el une yariélé qui se rap- proche du Xiphium Papias. U a aussi envoyé diverses variétés de Pivoines. 62.— Produits végetaux. M. Sazrexr, horticulteur à Villeurbanne , a présenté un oignon remarquable parmi les variétés de l'espèce comestible. II le nomme Oignon pomme de terre. Si Von peut juger, d'après les caractères vagues assignés dans les ouvrages d'horticulture à l'Oignon patate ; 332 SÉANCE PUBLIQUE, c'est à celte variété que se rapporte celui de M. Sazrenr. Nous lui donnons le nom de Æ{lium Cepa sterilis (1). M. Ververer (Cité Napoléon) cultive depuis peu d'années une variété de Porreaux beaucoup plus belle que celles que nous voyons dans nos jardins potagers : il est à désirer qu’elle se répande. Elle est déjà signalée dans nos Ænnales (vol. Il, pag. 182) sous le nom de Poireau gros court. M. Boucrarp-Jameon a présenté à l'Exposilion un Melon canta- loup et du Raisin Magdeleine noir. M. Vériian pu Rigerr a envoyé aussi quelques grappes de Aai- sin blanc. M. le docteur Demerson (de Lons-le-Saunier ) a présenté des graines de Madia satioa, plante spontanée au Chili. Les indigènes préparent avec cette Synanthérée Yhuile de madi ou melosa. M. De- merson vous en a aussi envoyé. Elle est d’un beau jaune doré, d'une saveur très-douce et agréable, mais d’une odeur voisine de celle de Colza. Le Jarpin-nes-Pranres a exposé 120 échantillons de bois de pla- cage. Les lames sont appliquées le plus souvent sur le sapin; l'un des côtés est simplement raboté; l’autre est verni. Cette collection comprend aussi quelques pièces préparées afin de démontrer la for- mation des couches ligneuses et corticales et celle des branches. (4) Oignon de forme sphérique un peu déprimé (pl. VI, fig. 4). Pelliculte lisse, d’un beau rouge brun, luisante, relevée de fibres parallèles, également distantes les unes des autres, uniques charnues, égales en épaisseur, entourant 5 à 10 jeunes hour- geons (caïeux) (pl. VIT, fig. 2, 5, 4, 5) qui seuls se développent, tandis qu'il ne parait jamais de rameau floral. Ces bourgeons grandissent pendant Pété, dilatent continuellement Poignon, dont les tuniques ou enveloppes s’épuisent, el, à la fin de la saison, on trouve des oignons semblables à ceux qu’on a plantés. Les feuilles sont longues, cylindro-coniques, un peu comprimées du côté du centre. (PE. NUE, fig. 5, F*.) Celle variété, cultivée depuis vingt ans par M. Saligni, wa jamais fleuri. Elle réussit parfaitement dans le terrain sablonneux de la plaine des Broticaux, si propice à la cul- ture des Ziliacces, | Outre là certitude d'obtenir chaque année une récolte, cet oignon offre l’avantage d'être trés-doux, de se conserver le plus tard de tous (jusqu'à la mi-juin ). Ceux qui étaient exposés avaient été oubliés dans un grenier el n'avaient pas chcore pousse, SÉANCE PUBLIQUE. 333 Il a présenté aussi des graines d’une espèce de Luzerne venant du Chili el connue dans le commerce sous le nom d’#/falfa, qu'il doit à M. Vial. On dit qu’elle a bien réussi dans les sables de Bor- deaux, et qu’elle donne un fourrage plus abondant que la Luzerne ordinaire ( Medicago sativa ) (1). $ 5. — JZustruments d'horticulture. Deux des exposants ont apporté des perfectionnements à la greffe. M. Lurzer père, connu par ses améliorations dans la taille du pê- cher, qui lui ont mérité votre médaille d’or avant qu'il fût membre de la Société, a exposé un greffoir à gouges (pl. IX, fig. AB CDE) pour pratiquer facilement et vile la greffe en approche. M. Norserre avait déjà inventé un instrument à peu près semblable ( greffoir Noisette, pl. IX, fig. 1,2,3, 4) pour la greffe à la Pontoise, qui né- cessitait une extrême précision dans les deux entailles, puisqu'elles doivent exactement coïncider. M. Lurzer n'avait pas besoin d’une aussi grande précision; mais l’entaille demi-cireulaire ayant des avantages considérables et ne pouvant, avec les instruments ordi- naires, se pratiquer qu'avec peine sur Îes parlies latérales des arbres en espalier, M. Lurzer a été conduit par celte difficullé même à l'idée de son instrument (2). M. Simon (Henri) a exposé deux greffes, l’une de Daphne Indica, el l’autre de Daphne cneorum, enduites, depuis deux ans, avec une cire molle de sa composilion, qui échappe aux inconvénients de (4) Nous l'avons semée dans les environs de Lyon; aussitôt qu’elle aura fleuri et fructifié nous en présenterons la description. (2) Ce greffloir (pl. IX, fig. AB C D E) consiste en un manche (A) de 8 eentim. de long, sur 45 millim. de large et 40 millim. d'épaisseur. Le fer; fixé sur le manche (B), a 8 cen- üim. de longueur ; il est terminé par deux gouges adossées l’une à Pautre et recourbécs en dehors à leurs extrénrités. Ces gouges servent à entailler le sujet. Le manche ren- ferme une autre gouge presque droite (C }, destinée à rendre Pentaille correcte. L’en- taille concave une fois pratiquée, on dépouille d’écorce la portion de branche que lon vent y appliquer. On lie les branches soit à nu (D), soil en recouvrant la plus petite d’un demi-cyÿlindre de bois de surean. Cette opération serait faeilitée par la pinee que M. Gurcernux a exposée en 1858 ( pl. X, fig. 4,2) et qu'il a nomméc approche. Elle tiendrait fixes les parties mises en contact, et laisserait les mains libres pour faire les ligatures, 334 SÉANCE PUBLIQUE. celle qu'emploient ordinairement les pépiniéristes pour priver du contact de l'air les parties greffées. Ces inconvénients sont : 1° De se dureir à la température ordinaire; ce qui nécessite le transport d’un petit réchaud , de charbon et d’un vase dans lequel s'opère la liquéfaction ; 2° De s'appliquer quelquefois trop chaude pour les jeunes parties sur lesquelles on opère ; 3° De redevenir bientôt un corps assez dur, et de gêner quelque- fois le développement des parties sur lesquelles elle est appliquée, si on n’a pas soin de l'enlever à temps ; 4° Enfin, de s'écailler. La nouvelle cire à greffer ne nous a présenté aucun de ces incon- vénients sur les individus qui la portaient depuis deux ans. Pour s’en servir, il suffit de la prendre avec deux doigts, préalablement un peu graissés avec du saindoux , et de l'appliquer sur les parties restées à l'air. Cette opération est très-simple et rapide. Le corps gras ne sert qu'à empêcher la cire d’adhérer aux doigts. Il se trouve en si petite quantité qu'il ne peut nullement nuire aux parlies vivantes des plantes, Cette espèce d’enduit peut être aussi employée avantageusement sur les entailles des arbres délicals que l'on craint de laisser à l'ac- tion de l'atmosphère. M. Gurzzermin ( Jean ), chez M Antoinette Guizcor , a exposé une hotte plate à rayons qui peut recevoir 14 à 18 pots ordinaires, garnis de leurs plantes. Ces rayons sont placés obliquement sur un dossier plat ; des ficelles tendues devant chaque rayon consolident les pots de fleurs; deux traverses, de 20 centimètres chacune, fixées au bas des deux montants et servant de pieds, permettent de la placer debout sur le sol sans aucun autre appui. Quand elle est sur le dos, au moyen de bretelles, les pieds de la hotte se trouvent à 30 à 40 centimètres du sol. © (4. — Instruments d'agriculture. Quatre charrues ont été amenées à l'Exposition. L'une a été fabriquée par M. Moxcez, charron à Charbonnière. Cet instrument est fort simple et paraît solide. IL est, dit-on, em- ployé à Charbonnière, Craponne, St-Genis-des-Ollières, St-Loup,; SÉANCE PUBLIQUE. A St-Forget et à l'Arbresle. L’inventeur permet de l'essayer avant d’en faire l'acquisition. M. Révaup en a aussi exposé une; mais sa charrue est à double oreille, et celles-ci peuvent se baisser et s'élever alternativement au moyen d'une crémaillère. Elle a déjà fonctionné devant plusieurs comices, entre autres à Meyzicux. M. Perner, de St-Genis-Laval, a aussi exposé deux charrues : l’une, nommée charrue Perret, pèse 64 kilogrammes. L'autre est la charrue jumelle de notre collègue M. Revercnon. Elle fait de bons labours , présente un tirage modéré, et offre le grand avantage de pouvoir revenir sur le même sillon. C’est un in- strument éminemment avantageux pour la petite propriété. Cette dernière charrue est la seule que nous ayons vue fonctionner. 65. — Fleurs en métal et meubles de jardins. M. Vuzan» ( quai St- Antoine ) a fait fabriquer en laiton et expo- ser quelques plantes à grandes fleurs, comme : Agapanthus umbellatus. Erythrina cristagalli major. Agave Americana variegala. - Rhapis flabelliformis. Arum Dracunculus. Strelitzia reginæ. Caladium bicolor. Zinnia elegans. Cyperus Papyrus. Elles sont de grandeur naturelle et très-exactes de formes, mais un peu moins de couleurs. M. Vizzan» à aussi exposé en fonte divers produits de ses ateliers (pl. XI), parmi lesquels on remarque : Trois nouveaux modèles de bancs de jardins, avec des ornements gothiques ( pl. XI, fig. 1), arabesques ( pl. XI, fig. 2), ou de vigne; le siége et le dossier sont en bois de chêne, les pieds et les extrémités en fonte; les formes en sont très-élégantes; ils n’offrent pas l'inconvénient que présentent ceux entièrement en fonte, de conserver long-temps la chaleur et de présenter une surface rabo- teuse qui froisse les vêlements ; Des jardinières de salons, fondues et peintes de manière à imiler le jone (pl. XE, fig. B); Une collection de vases, soit de Médicis, soit en corbeilles riche- ment ornées (pl. XI, fig. A); 336 SÉANCE PUBLIQUE. De nombreux m#ascarons et divers modèles de dauphins groupés avee des roseaux, propres à servir de bouches aux fontaines (pl. XI, fig. C D). Une grande vasque en fonte, pouvant servir de jardinière ou orner le centre d'une pièce d’eau, se distinguait par ses formes pures el ses ornements de bon goût. Des barrières en fonte, légères et jolies, de 50 centimètres de haut sur 30 de large, destinées à entourer des gazons , ou à former de grandes corbeilles dans les jardins; Des fontaines de jardins, parmi lesquelles deux nouveaux modèles se distinguent par leurs riches bas-reliefs; ces fontaines. versent l'eau de trois côtés; derriere, on a pratiqué une porte, afin de pouvoir adapter à l’intérieur les tuyaux ou les robinets, et faciliter par la suite les réparalions nécessaires. Enfin, M. Virran» a exécuté des jets d'eau à mouvements qui ont constamment fixé l'attention du publie, tels que le double soleil (pl. XI, fig. N°), la nappe d'eau en voüte renfermant des fleurs (pl. XI, fig. K), la pomme d'arrosoir (pl. XI, fig. M), le gagne- petit (pl. XI, fig. L), dont les mouvements sont si naturels. Ces effets eussent élé plus remarquables si les dimensions et la pression de notre réservoir eussent été plus considérables. Les efforts qu'a faits M. Vicrarp méritent d’être soutenus. Aueun essai ne lui coûte, aucune difficulté ne le rebute. 6 G. — Dessins, gravures botaniques et plans de jardins. Le besoin de former des dessinateurs d'histoire naturelle, et par- ticulièrement de botanique, a engagé le juri à exciter par des en- couragements les jeunes dessinateurs et graveurs lyonnais à suivre celle nouvelle carrière. 11 a eru devoir leur donner pour modèles dans ce genre les dessins de M. Hexcann , de Genève, si frappants par le port des plantes, et surtout par leurs analyses. M€ Cnavanr mérite d'être encouragée pour le coloris vrai de ses aquarelles botaniques. M. Décnau», élève de M. Viszrr à l’école des beaux-arts de Lyon, se distingue par le goût et la netteté d'exécution de ses gravures en histoire naturelle. Une variété à épi compact du blé de Pologne, des- SÉANCE PUBLIQUE. 337 sinée par M. Heysan, et une planche d'analyses de fleurs qu'il a ex- posées, lui ont déjà mérité les saffrages des connaisseurs, M. Duenéne a exéculé au trait la figure de l'Aclianthus Maximi- liani. Cette gravure offre beaucoup de pureté et de hardiesse dans le simple trait qu'il en a donné, M. Lurzer, fils de notre collègue d'Écully, a exposé des plans de jardins, qui ont de l'élégance dans les dispositions des groupes. $ 7. — Étoffes en soie. Le temps n'avait pas permis aux fabricants lyonnais d'exposer celte année des étoffes en soie conformes aux conditions fixées par votre programme. Nous espérons que volre appel, connu dès cet instant, sera entendu des ingénieux fabricants de notre ville, et qu'il sera profitable à notre prochaine exposition. Cette année, elle s’est réduile, comme nous devions nous y altendre, à l’étoffe que la Société a fait fabriquer avec la soie pro- venant d’une éducation expérimentale de vers qu’elle a faite, et qu’elle a offerte à Sa Masesré La Reine des Francais. La soie a été filée chez M. Azexanpre. La pureté et la régularité des fils obtenus au moyen du croiseur mécanique de MM. Morer et Boururer, ont permis à MM. Marnevon et Bouvarp frères, qui ont bien voulu diriger la confection de cette étoffe, de donner une croisure plus forte, plus régulière, et de mélanger deux tons de nuance à peu près à la même hauteur. Ils ont su modeler et faire jouer, par des points comptés, les divers sujets du dessin, et donner de la richesse à l’en- semble de l’étoffe , sans rien lui ôter de celle que doivent avoir les beaux tissus de soie moins composés. Dans cette combinaison , le dessinateur a trouvé le moyen de rendre les plus petits détails. Ce genre d’étoffe se soulient, car les premières maisons de nou- veautés en donnent des commandes chaque année, et l'hiver pro- chain les Parisiennes élégantes en feront encore une de leurs plus belles parures. L'étoffe exposée présente un dessin de tiges et de feuilles de mûriers qui forme des compartiments sur lesquels reposent des vers à soie de tous les âges. M. Marsrar a exposé un grand tapis chinois, deux tableaux et des lés pour tenture. T. Ill. 24 © 338 SÉANCE PUBLIQUE. Le tapis, représentant différentes scènes chinoises, en satin bro- ché, est évidemment de fabrication chinoise. La soie qui y est em- ployée, par sa nature et son apprêt, les couleurs par leurs teintes, et le dessin par le cachet de sa composition, dénotent suffisamment son origine. De plus, il est certain qu’à l’époque de son introduction en France, aucune fabrique ne possédait de métiers disposés pour une exécution de dessin d'un développement aussi considérable; car, alors, les métiers à samples volants de M. Derassaize n'avaient pas encore élé inventés, et la Jacquard ne devait l'être que beaucoup plus tard. Les deux tableaux de péinture à la gouache et dorures au pinceau représentent également des sujets chinois, encadrés de fleurs de com- posilion chinoise, sur un fond blanc, et sont d’un tissu analogue à nos gros de Naples, dans un compte plus clair. Ces produits appar- tiennent encore à la Chine. Les lés pour tenture, dont l’un encadré, de 76 centimètres de largeur, et l’autre moins large, roulé, représentent des fleurs na- turelles brochées et unies, avec compartiments d’arabesques, sur fond satin bleu clair, et sont attribués à M. Decassaze; et toutefois M. Ber- 3ox, le Nestor de la peinture de fleurs à Lyon, contemporain des Derassazze, des Bonx, assure n’avoir connu aucun pinceau de son époque capable de productions aussi remarquables, si ce n’est celle de son prédécesseur à la classe des fleurs de l’école de St-Pierre. Ces tissus sont tous improprement désignés sous le nom de /am- pas, et sont des satins brochés. On ignore de quelle fabrique est sorti le tableau d’un bouquet de fleurs naturelles sur un fond cannetillé blanc , encadré d’une cou- ronne d’œillets sur fond bleu clair, formant un second fond à la composition. 6 8. — Ruches et vers à soie. M. Boxnan»ez ( rue Vieille Monnaie, 26 ) a exposé une ruche dont les parois de verre permettent de voir la position verticale des gâ- teaux de cire, et de distinguer la reine abeille, les mâles, les ou- vrières, et même leurs nymphes. (Bien conservés. ) M. Guicuor père a présenté des vers à soie sur des müriers, pour rappeler l'éducation qu'il a faite en plein air dans ses pépinières, en 1839, SÉANCE PUBLIQUE. 339 En terminant ce tableau des objets exposés sous vos auspices en 1840, votre commission, Messieurs, sent le besoin de déclarer de nouveau la supériorité de celte Exposition sur celles qui l'ont pré- cédée. Le zèle loujours croissant de nos horticulteurs , auxquels se sont joints des rivaux éloignés ; l’affluence du public, qui n’a pas cessé de remplir nos galeries; l’'empressement avec lequel près de quatre cents lots ont été acquis par des amateurs; enfin, la bienveil- lance qu'ont mise les autorités civiles et mililaires à seconder vos soins, doivent vous convaincre de l’activité féconde de vos Exposi- tions, et vous déterminer à renouveler solennellement cette fête des leurs. D'après l'arrêté de la Société royale d'agriculture , histoire natu- relle et arts utiles de Lyon, en date du 27 mars dernier, qui institue une commission pour prononcer, en qualité de juri, sur le mérite des objets présentés à l'Exposition de celte année, celte commission s’est réunie les 31 mai et 1°" juin, et, après un examen attentif et une mûre délibération, elle a décerné les prix aux concurrents dans l'ordre qui suit : Aer Concours. COLLECTION DE PLANTES FLEURIES, MÉDAILLE D'OR. MM. Marin Burnin, à Vaise, NérARD aîné, à Vaise, Sénéczauze (Adrien), à Bourg-Argental , Ex æquo (1). MÉDAILLES D'ARGENT. 1€ medaille. M. Guizuor père, à la Guillotière. (4) M. le Prérer ayant bien voulu tirer au sort le nom de celui de ces Messieurs au= quel appartiendrait la médaille, elle est échue à M. Nérarp aîné, 340 SÉANCE PUBLIQUE. 9° Médaille. M. Anwann, à Écully. 3° Médaille. M€ Acuerranr, à la Boucle. MÉDAILLES DE BRONZE. 1e Médaille. M. Lurzer père, à Écully. 2° Médaille. M Guirror (Antoinette ), à la montée St-Barthélemy. MENTIONS HONORABLES. 4re Mention. M. Simon ( Henri ), à Vaise. 2e Mention. M. Purrer, à la montée de Choulans. 3° Médaille. M. Boucaarzar ( Jean-Marie ). de Conconts, PLANTES D'ORNEMENT EN FLEUR LE PLUS RÉCEMMENT INTRODUITES EN FRANCE, MÉDAILLE D'ARGENT. Le prix n’a pas été décerné. MÉDAILLE DE BRONZE. M. Gonpouix (Charles ), à Sèvres, pour l’Eupatorium rugosum. M. Vérirann pu Risgrr, à Vernaison, pour la Ceropegia elegans. SÉANCE PUBLIQUE. 341 MENTION HONORAELE. M. Dusosr, à Reyrieux ( Ain), pour lÆ/rmeria læta. a 3c Concours. PLANTES LES PLUS ÉLOIGNÉES DE L'ÉPOQUE DE LEUR FLEURAISON, MÉDAILLE D'ARGENT. Ce prix n'a pas été décerné. MÉDAILLE DE BRONZE. M. Vériiaro pu Riserr, pour le Camellia leana superbe, Y H«- manthus coccineus, et du Aaisin blanc. MENTION HONORABLE. M. BoucnarD-Jauson, pour un Melon cantaloup et du Aaisin Mag- deleine noir. 4e Concours, COLLECTION DE GENRES, MÉDAILLE D'ARGENT. M. Boucuarrar (Laurent). Pelargonium. MÉDAILLES DE BRONZE. 1" Médaille. M, Sénécrauze ( Adrien). {zalea. 9° Medaille. M. Néranp aîné. lensces des monts ÆAltaï. 3° Medailte. M. Anuaxp. Pelargoniun. SÉANCE PUBLIQHE. [#4 Pa 19 Be Concours. PLANTES QUI, VAR LEURS DIMENSIONS ET LEUR BELLE VÉGÉTATION ; ANNONCENT DE BONS PROCÉDÈS DE CULTURE. MÉDAILLES D'ARGENT. 4" Médaille. M, Véricaro pu Riserr, pour les individus grands et vigoureux qu'il a présentés. 2° Médaille. M€ Guizor (Antoinette). pour la belle fleuraison de ses plantes. S& 6e Concours. COLLECTION DE PLANTES REMARQUABLES ENVOYÉES DU LIEU LE PLUS ÉLOIGNÉ DE &YON« DEUX MÉDAILLES D'ARGENT. M. Gonpouix ( Charles), à Sèvres, M. Sénécrauze ( Adrien ), à Bourg-Argental, Ex æquo (1). (EE FLBURS COUPÉLS: MÉDAILLES DE BRONZE. 1'e Médaille. M. Lacnarme, successeur de M. PLanrrer, pour sa collection de Roses: 2e Médaille. M. Derarove, à Reïlleux, pour un Bananier en fruit. 3° Médaille. M. Porzar, à Villeurbanne, pour sa collection d’Aris bulbeux. (4) Quoique moins éloigné, M. Adrien SÉNÉGLAUZE a élé mis au même rang que M. Charles Goxpouix à cause de la supériorité de sa collection, SÉANCE PUBLIQUE. OBIBES D'ARTS MÉDAILLE D'ARGENT. M. VicrarD, pour Fleurs en métal et Meubles de jardins. © DASSINS BE CRAVURES D'NMISTOLRE NATURBLELR DESSINS. 1re Médaille. M. Hexzan», de Genève, pour ses Analyses botaniques. 2e Médaille. os + SI M Caavanr, de Lyon, pour ses Peintures de fleurs et de fruits. GRAVURES. Médaille d'argent. M. Décuau», de Lyon, pour ses Gravures de botanique sur cuivre. Médaille de bronze. M. DucnÈne, de Lyon , pour une Gravure de botanique sur cuivre. © ELANS DB JARDINS, MEDAILLE DE BRONZE. M. Lurzer fils, à Ecully. PEÉSVIIE PLix Dix © 19 = (ad = © KO — Cxpliention DES PLANCHES. \ f) Oùexox parare. ( Ain cepa sterilis.) L'oignon entier, de grandeur naturelle. Le même, coupé verticalement. Coupe transversale pour montrer, dans ces deux der- niers cas, les jeunes bourgeons, ou caïeux, qui se développent du centre. Le même oignon se développant à l'air libre après avoir élé coupé. Le même, en végétation. Feuille jeune , coupée en travers, pour montrer sa forme et sa cavité. Grerroum Norserre , pour la greffe à la pontoise. Grefloir courbé , à lame triangulaire. Greffoir droit, à lame triangulaire; le manche sert d’étui aux diverses lames. Lame plus large. s En bas, entaille faite au sujet afin de recevoir la greffe, qui a été relournée pour montrer sa forme trian- gulaire, et qui doit s’ajuster dans l'entaille. ABC. Grerroi Lurzer, pour la greffe en approche. D. Greffe fixée avec un simple lien. E. Greffe fixée par un fragment de sureau et un lien. Pixez nommée approche, destinée à tenir en contact les parlies mises à nu, jusqu'à ce qu'on ait placé les ligatures convenables. SÉANCE PUBLIQUE. 345 PI XT Meugsr£s DE JARDINS Er JETS D'EAU, 1. Banc thyrse. 2. Banc à la grecque. A. Vase à la Médicis. G. Coupe pour fleurs. B. Jardinière. Fontaine. . Conque. Dauphins pour fontaine. PORS. Tuyau en tissu el pièces pour arrosage. Tout le reste de la planche représente des jets d’eau de diverses formes. S de #... #2: As, 4 Ya CRT UT rose hp 3 AU DK 525) 2 À »” £ so :190P VE “-, pion DUT 0e "à cn & MA Uri r si LE a CA de ; h L. 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Sous le rapport de la science ; nous étions persuadés qu'il n’y avait plus rien à faire ; M. Faujas de St-Fond, l'un de nos plus célèbres géologues, qui a séjourné plusieurs mois à Maëstricht, a publié l’histoire naturelle de cette montagne, avec de nombreux et beaux dessins des objets qu’il décrits et de savantes recherches sur leur origine. Ce travail ne nous semblait rien laisser à désirer : d’ailleurs, si la journée que nous consacrimes à cette excursion suflisait pour fixer cette localité dans notre mémoire , elle ne nous permettait guère d'y faire des fouilles fructueuses. Il n'y a qu'une demi-heure de marche de Maëstricht à la montagne de St-Pierre, qui est au sud de cette ville, entre la Meuse et la rivière de Jaar. Elle est très-escarpée des deux 348 EXCURSION côtés; mais les ravins qui la coupent offrent des routes faciles pour la gravir et la traverser. Le plateau qui la termine est recouvert de cailloux roulés, ovoïdes , de trois à six centimètres en général, quartzeux, blanchâtres en dedans, et teints d’une couleur de rouille à l'extérieur. M. Faujas évalua l'épaisseur de ce dépôt dans un creux occasionné par une mine qu'avaient faite les Autrichiens pendant ie siége du fort St-Pierre par l’armée francaise. La montagne de St-Pierre et les collines séparées aujour- d'hui par la vallée du Jaar, sont composées d'immenses couches de sable plus ou moins agglutinées par une pâte marneuse. Elles renferment une si grande quantité et tant d'espèces de coquilles et de débris d'animaux si différents, que, pour expliquer leur réunion , on est forcé de supposer que les uns appartenaient déjà à une formation plus ancienne, dont ils furent arrachés par le courant qui vint envelopper et pétrifier d’autres coquilles vivantes là où nous les trouvons. Un courant postérieur recouvrit ensuite tout le pays des galets rougeûtres dont nous avons parlé. Plus tard, d’autres courants creusèrent à gauche le vallon du Jaar, et, à droite, la plaine au bord de laquelle coule la Meuse ; ils laissèrent entre eux la montagne , de forme allongée, qui finit en pointe près du fort St-Pierre, où les eaux se réunissent encore. Les cavernes renommées de cette montagne different es- senticllement de celles des pays calcaires. Je dirai bientôt comment j'entends leur formation, sans recourir à laction des eaux de la mer pour entrainer les sables qui leur auraient offert le moins de résistance. Les premières, si riches en pé- trifications curieuses, n'offrent absolument point de ces con- crélions brillantes, de formes bizarres, qui tapissent les secondes. Il faut une sorte de courage pour pénétrer assez avant dans celles-ci : on est obligé d'y descendre avec À LA MONTAGNE DE ST-PIERRE. 349 des échelles de corde, de se traîner, de grimper dans des fis- sures étroites ; un faux pas peut vous précipiter dans un abime!.. Celles-là, au contraire, sont d’un très-facile accès ; il y en a qu’on pourrait parcourir en voiture ; mais elles se croisent en tous sens, se prolongent bien loin, et, comme dans les galeries des mines et des catacombes, on pourrait s’y égarer, même avec des flambeaux, si l’on n’était avec un bon guide. Celui que nous avions pris nous dit avec orgueil qu'il avait accompagné Napoléon! Il voulait nous expliquer les opérations du siége de Maëstricht, la position des troupes, les combats, l’attaque du fort St-Pierre... les souterrains nous intéressaient davantage. Il en connaissait parfaitement tous les détours, toutes les issues, nous fit suivre de longues galeries plus ou moins larges, avec des voûtes élevées, traver- ser des excavations immenses auxquelles aboutissaient diffé- rentes rues, des salles soutenues par des piliers et des arceaux qui semblaient taillés, et le sont en effet, puisqu'ils sont dus à une exploitation. IL nous fit passer dans la caverne où, pendant la guerre, plusieurs familles de paysans vinrent se réfugier avec leurs bestiaux et leurs provisions. Ils y avaient creusé des cellules séparées pour coucher, des étables pour enfermer leurs vaches et leurs porcs, et même un four pour cuire leur pain. Non loin de 1à, ils allaient chercher l’eau qui suinte d’un rocher. Nous vimes la caverne où s'établirent, pendant le siége de Maëstricht, nos chasseurs à cheval, qui sorlaient du sein de la terre bien réellement pour repousser les corps ennemis qui passaient au-dessus d’eux. Nous vimes aussi l'endroit où ils combattirent avec tant d'avantage les assiégés, qui, munis de flambeaux, voulurent descendre par les casemates , croyant surprendre l'armée francaise, 350 EXCURSION Notre guide nous raconta qu'une prétendue anachorète avait récemment passé plusieurs années dans un trou qu'il nous montra, dont elle ne sortait que lorsque la charité la laissait dans le besoin, ce qui arrivait rarement. Il connaissait bien, comme l'on voit, l’histoire et la géo- graphie souterraine de St-Pierre, et il aimait à parler. En géologie, il était moins fort; c’est tout au plus s’il savait qu'il y avait dans cette montagne des ossements et des coquilles, bien plus importants pour nous que la plupart de ses anec- dotes. Il nous fit remarquer seulement les couches mêlées de coquilles calcaires broyées, et d’autres dans lesquelles sont lardés des noyaux arrondis ou branchus, qui proviennent de madrépores divers. J’y choisis quelques échantillons , une pince de crabe et quelques fragments de polypiers, qui, s'ils n'ont rien de rare, n’en sont pas moins des souvenirs précieux pour moi. Depuis la publication de l’histoire natu- relle de St-Pierre, où se trouvent figurées et décrites des mà- choires et des portions de squelettes de crocodiles monstrueux, des carapaces énormes de tortues, des coquilles de toutes sortes, dont plusieurs ont leurs analogues dans nos mers, des madrépores nombreux, des bois de cerfs et d'élans, etc. On a découvert, et nous avons vu dans les musées hollandais, particulièrement à Leyde et à Harlem, de nouveaux fossiles très-remarquables. Cette montagne, un des derniers dépôts de l'Océan, offre, dans un espace restreint, la mine la plus féconde pour l'étude de la conchyliologie et de la zoologie. Attendons que ceux qui sont plus à portée de l’explorer pu- blient leurs découvertes ; ne nous occupons que des cavernes, que nous avons mieux examinées. M. Faujas veut que la première du côté du Jaar soit entiè- rement l'ouvrage de la nature, et que la seconde soit creusée par les hommes. Je ne fais point cette différence. Je distingue dans l’une et l’autre et dans leurs ramifications, le travail de A LA MONTAGNE DE ST-PIERRE. 351 la nature d’abord, puis le travail des hommes. On concoit que, dans l'origine, des vides se soient formés par le retrait des terres mélangées de débris d'animaux, qui se décompo- saient en partie, Le desséchement des masses, le dégagement des gaz et de l'eau vaporisée suflisent pour expliquer les cre- vasses ou grottes que l’on rencontre en différents pays ; celles du Pietersberg s'étendirent en tous les sens, excepté en pro- fondeur, parce que la pâte qui le forma fut déposée sur un terrain plus ancien. Les hommes, dans les temps les plus reculés , vinrent élargir et approfondir ces cavernes. IL y a sans doute des portions de grottes tout-à-fait naturelles, comme l’arceau qui sert d'entrée à la première d’après M. Faujas; mais, presque partout, j'ai reconnu la main des hommes. Les parois et les voûtes des salles et des galeries n'ont rien de régulier, parce que l'exploitation n'était pas régulière, que chacun travaillait comme 1l l'entendait ; on choisissait jadis, comme à présent, les pierres qui avaient plus de consistance ; on les tirait de toutes les dimensions ; les plus friables au-dessus et au- dessous se brisaient et occasionnaient des éboulements ; on sortait quelquefois de celles-ci, et du sable même, pour amender des terres argileuses ou trop compactes. Ces pierres si tendres, si faciles à tailler, durcissent à l'air avec le temps. Notre guide nous fit monter, pour jouir d'une belle vue , près d’une vieille bâtisse , appelée le château de César, dont on a fait une ferme. Les murs, qui nous parurent de construction romaine, l’église de St-Servais, qui était évi- demment un temple païen, la tour de l'horloge de Maëstricht, beaucoup de vieux édifices et les fortifications qui entourent la place, sont de cette espèce de grès. Si l'on y remarque quelques pierres en partie décomposées ou pourries , c’est qu'elles ne sont pas sur leur lit de pose, ou qu'elles appar- tiennent aux couches moins agglutinées. 352 EXCURSION Je terminerai ce mémoire par une observation qui parait avoir échappé au célèbre auteur de l'histoire naturelle de la montagne de St-Pierre, et à plusieurs de ceux qui l'ont visitée depuis. Je ne connais pas les ouvrages qu’ils peuvent avoir pu- bliés ; mais M. Patrin, qui les a résumés et qui cite cette mon- lagne comme le monument le plus curieux de la nature, ne fait aucune mention de ce qui n’a frappé : il est possible que j'y attache trop d'importance; les géologues en jugeront. On voit dans les escarpements des sortes de cannelures de 8 à 10 décimètres de large, à peu près perpendicu- laires , qui s'élèvent au-dessus ou à côté des cavernes. Dans l'intérieur de celles-ci, j'ai remarqué des trous ronds qui aboutissaient sous la voüte et traversaient la montagne. Ils ressembleraient à des puits si on les distinguait à sa sur- face ; mais ils sont remplis des mêmes galets qui la recouvrent. Dans la caverne qui est proche du château de César, un de ces trous de la voute est en partie vidé depuis peu, et les cailloux forment un tas au-dessous; ils achèveront de s'écouler par leur propre poids ; l'ouverture de part en part sera un puits au dehors, comme je Jai dit, et ressemblera à une cheminée vue de l’intérieur. Evidemment ces trous sont dus au retrait du grès, ainsi que je l'ai déjà expliqué, et à l'air qui s'en dégageait et s'élevait en colonnes pendant qu'il était à l'état pâteux ; plus tard, c'était de véritables évents, qui furent remplis par les galets charriés sur la montagne. Le poids de ceux-ci, l’eau et la gelée qui les pénètrent, ont causé les escarpements qui laissent comme des cannelures sur les parois perpendiculaires du rocher. Nous avions cheminé toute la journée et ne fumes pas fâchés de rencontrer notre voiture à Slavente, quoiqu'il n’y ait qu'une petite lieue de cet ancien couvent à Maëstricht. C'est aujourd'hui une guinguctie très-fréquentée par la jeu- nesse certains jours de fête ; on danse ; on se divertit sur les À LA MONTAGNE DE ST-PIERRE. 353 tombeaux des Récollets ! Les dalles qu’on foule aux pieds, les murs du monastère, sa cour taillée dans le roc, sont remplis de coquilles fracturées. C’est la montre de ce que viennent y chercher les naturalistes... une collection , un marchand des curiosités que renferme la montagne, des plans de ses labyrinthes , des outils, des flambeaux , des guides, seraient ici bien placés et, ce nous semble, une bonne spéculation pour le propriétaire actuel, qui convint avec nous avoir bien vendu quelques dents et quelques coquilles, quoique d’un débit moins journalier que les liqueurs. Ni lui ni personne, ici, ne se livre à la recherche des fossiles. Ce n’est que par hasard qu’en tirant des pierres, les ouvriers mettent de côté ce qui les frappe comme extraordinaire. Je me fis conduire chez l’un d'eux qui, me dit-on, avait recucilli quelques pétri- fications. Un autre amateur m'avait devancé d’un mois. J’ac- quis le peu qui lui restait : une vertébre et des fragments d'os, trois beaux peignes qu'on croirait vivants s'ils n’adhé- raient à leur gangue, de gros spatangues , une bélemnite translucide, une jolie térébratule, des gryphées, etc. Alais, juin 4840: LS Li À 29 re. US md ar TTC min 3 noi | Lane à ds Le à x pc not PANE) dE mie eee Dire fesse - CIE aus à \ PE 4 chtis SUR QUELQUES MIMERAIS CONTENUS DANS LA FORMATION DILUVIENNE DES ENVIRONS DE L'ARBRESLE , ST-GERMAIN ; NUELLES « PAR M. BORNE, MEMBRE CORRESPONDANT DE LA SOCIÉTÉ, Une partie de la surface des communes de l’Arbresle, St-Germain et Nuelles est recouverte par un terrain diluvien, remarquable en ce qu'il contient (1) : 1° Beaucoup de quartz hyalin ou calcédonieux , rarement homogène, souvent cloisonné, géodique et traversé de veines cristallines ; sa couleur est blanche, ou jaunätre, ou rose, quelquefois noire , et souvent ces teintes sont entremélées de manière à ce que les échantillons simulent l’agate; 2° Des blocs de porphyre offrant tous les passages de l'é- tat compact à l’état granitoïde; 3° Des fragments d’Amphibolithes et autres roches verdä- tres plus ou moins dures; 49 Enfin, du grès cristallin. Toutes ces roches se trouvent disséminées plus ou moins abondamment dans une terre diluvienne de peu d'épaisseur, et quelquefois le volume de leurs masses arrondies atteint près d’un mètre cube. Elles contiennent une grande variété d'espèces minérales, qui donnent un certain intérêt à la formation; et, parmi cel- (4) Je dois à M. Fournet la détermination de ce terrain, qu’il se propose de décrire dans un mémoire spécial, dont il a déjà fait connaitre tous les détails dans ses cours à la Faculté des sciences, 356 NOTE SUR QUELQUES MINERAIS. les-ci, je citcrai le cuivre oxidulé et carbonaté que Je trouvai en 1830, à Nuelles, engagé dans un bloc de quartz grenu rouge faisant partie d'un tas de ces pierres. Cette découverte me fit examiner, pendant plusieurs années, tous les débris analogues des environs. Enfin, en 1836, je rencontrai dans un mur en pierres sèches, voisin du lieu précédent, un bloc roulé, à peu près gros comme la tête , qui, étant brisé, me fournit les divers minerais suivants : La masse principale est composée de quartz blanc très-cris- tallin, criblé de géodes enduites de cuivre carbonaté vert; une partie de ce quartz est colorée tantôt par le cuivre, tantôt par le fer ; on y trouve, en outre, à l’état d'isolement et de pureté parfaite, le cuivre carbonaté bleu pulvérulent , tapissant les fissures du bloc ; le cuivre carbonaté vert, ou malachite, en petits nodules rayonnés ; des paillettes de cuivre natif d'un beau rouge et très-ductile ; du fer oxidé noir vitreux, et du péroxyde de fer hydraté combiné à la silice. Un autre échantillon , trouvé aux Mollières-sur-l’Arbresle, m'a fourni des cuivres carbonatés verts et bleus, unis à la baryte sulfatée et au quartz corné gris. Enfin, d'autres cailloux offrent du plomb sulfuré à petites facettes. En résumé, ces échantillons démontrent une destruction des affleurements de nos filons métalliques lors de la débâcle des eaux diluviennes ; elles en ont entraîné les débris à des distances plus ou moins considérables, et les ont déposés dans les dépressions de terrain inférieur, dont les moindres élé- valions circonscrivent entièrement celte formation. Il reste maintenant à déterminer à quels gites il faut rapporter ces éléments ; et l’on concoit que cette nouvelle étude, que je me propose de suivre avec persévérance, scra d’une haute im- portance géologique. en ce qu'elle nous fera connaître la route suivie par les eaux lors de leur écoulement. NOTICE SUR UNE MANIÈRE D'UTILISER LES PETITES SOURCES a POUR L'IRRIGATION DES PRES, PAR Us LB CONSBILEER JAEBB\) VICE-PRÉSIDENT DE LA SOCIÉTÉ. £Eù KT L'irrigation est, sans contredit, le meilleur et, pour ainsi dire, le seul moyen de rendre les prairies fertiles ; mais il faut qu’elle soit abondante et employée à propos. Les petites sources ofirent peu d'avantages : elles naissent et meurent presque en même temps ; souvent même elles sont plus nui- sibles qu'utiles; elles rendent marécageux le sol où elles sur- gissent et se perdent, tandis qu'à quelques pas au-delà, la terre reste aride et stérile. On remédie à cet inconvénient en les recueillant dans des réservoirs ; dont on lève la bonde lorsqu'ils sont pleins, ct desquels l’eau, pressée par son poids, s'écoule en gros volume par les canaux qu'on lui a ménagés, pour se répandre sur une plus vaste superficie. C’est là, incontestablement, une opération bien entendue : l'eau, nuisible par sa surabondance et sa permanence sur un étroit espace, féconde, au contraire, la prairie qu'elle arrose au loin ct par intervalles; mais cela exige la main du culti- valeur ct sa surveillance presque continuelle. Le réservoir se remplit dans un temps plus où moins long, suivant que la source donne plus ou moins abondamment, ce qui varie 358 NOTICE SUR UNE MANIÈRE D'UTILISER beaucoup : il importe cependant de le vider dès qu'il est plein, et de baisser la bonde dès qu'il est vide. M. Mathieu, propriétaire au château de Varennes, près Beaujeu, qui sait le prix du temps en agriculture, emploie, à cet effet, un procédé aussi simple qu'ingénieux , au moyen duquel la bonde de ses réservoirs , rendue en quelque sorte intelligente, se lève ou se baisse d'elle-même aussitôt que les réservoirs sont pleins ou vides. À l'extrémité supérieure du manche de Ja bonde, est assemblé un levier passant sur une barre transversale, qui lui sert de point d'appui, et terminé par un anneau , auquel est suspendu un vase en bois ou en fer-blanc. Ce levier est placé au niveau que doit prendre l’eau du réservoir à sa plus grande hauteur, et il est creusé en cheneau, de manière que le trop plein y prenne son écoulement et tombe dans le vase, qui, une fois rempli, forme au bout du levier un poids assez lourd pour soulever la bonde. Voilà la moitié du secret trouvé : la bonde se leve d'elle-même dès que le réservoir est plein, et le réservoir se vide. Mais comment cette bonde, soulevée par le poids du vase, s’abaissera-t-elle d'elle-même lorsque l'eau du réservoir sera écoulée? par un moyen plus simple encore que le premier. Le vase, placé à l'extrémité du levier, est percé, à sa base, de quelques trous d’une dimension telle qu'il s'en échappe beaucoup moins d’eau qu'il n’en recoit, de sorte que cette déperdition ne l’a pas empêché de se remplir. En soulevant la bonde , il descend et se place dans le canal de fuite des caux, et, comme il y est plongé, il ne peut se vider tant que l'eau s'écoule; mais le canal de fuite n’est pas plus tôt à sec, que l’eau qui remplissait le vase , et que rien ne retient plus, s'échappe par les trous percés à sa base ; et, en moins d'une minule, le vase est soulevé à son tour par le poids de la LES PETITES SOURCES, 359 bonde, qui, en retombant d'elle-même sur la pierre percée servant d'orifice au canal de fuite, ferme hermétiquement le réservoir. Ainsi, plus de sollicitude, plus de surveillance, point de temps perdu ; la bonde fonctionne d'elle-même ; le réservoir plein, à quelque heure que ce soit, se vide à l'instant; et la dernière goutte d’eau n’en est pas écoulée qu'il commence à se remplir de nouveau, pour se vider de même. J'ai vu fonctionner ce mécanisme, et je n'ai pas été moins émerveillé de sa simplicité que de l'effet qu'il produit : il n°y a pas de cultivateur qui ne puisse le confectionner lui-même; et la dépense n’en dépasserait pas dix francs. On se fera difli- cilement une idée de l'étendue de prairie qu’on peut ainsi améliorer avec un réservoir d'assez modique dimension ; en en dirigeant les eaux par masse, tantôt sur un point, tantôt sur un autre. Aussi M. Mathieu a-t-il converti en prés des terrains qu'on ne croyait pas avant lui susceptibles de ce genre de culture ; il lui suflit pour cela du plus mince filet d’eau. Souvent plusieurs réservoirs se trouvent échelonnés les uns au-dessus des autres. Le réservoir inférieur recueille et réunit les eaux échappées du réservoir au-dessus , et, comme lui, les jette une seconde fois par masse sur des parties où elles ne parviendraient pas sans cela. On comprend que ce mode d'irrigation ne peut guère être pratiqué dans la plaine; mais, sur les sols en pente, il est d'autant plus précieux qu’on n'y a presque que des eaux de sources , ordinairement peu abondantes, ct dont on tire, par ce moyen, un très-grand avantage. & > eat J'ai 1e LA - E » 1 _ Pr ni 4 AL A dE Se . R orties n° ip pe" ï Le ot she fanssteon ooûito l Hi +23 , pu | ds x ri A Mnus 2439 ontiore 5 agi 2 Le à =” gr À L'étr M M 5 À LUE si Fa Pi t tte | L Fe ES Û Le 9 rem 24 dieyote 0,201, + dsl sbmischpndgued ahéoso0 sifhsg auf Li à srunbua ob; 278 "2 Riu peter Drncle, lee pl k #. | 1} n L' te LH epnele 17" 4e AN] l'A 4 PL 10% REC l'É + nt Le RAPPORT SUR UN OUVRAGE INTITULÉ VICES RÉDHIBITOIRES ET DE LA GARANTIE VENTES ET ÉCHANGES D'ANIMAUX DOMESTIQUES, D'APRÈS LA LOI DU 20 mar 1838 , Erc.. PAR Ms ARBAUD DE DRAGUIGNAN, Lu à la Société d'agriculture de Lyon le 17 juillet 1840. Messieurs , La commission que vous avez nommée (MM. Sauzey , Lecoq. Rey el Magne, rapporteur ) pour examiner l'ouvrage que vous avait adressé M. Arbaud sur les vices rédhibitoires , m'a chargé de vous faire connaître le résultat de son travail. L'ouvrage de M. Arbaud, dédié à M. le préfet du département du Var, est précédé d’un extrait des registres des délibérations du con- seil général de ce département, qui nous apprend que, dans sa ses- sion de 1839, ce conseil a alloué au sieur Arbaud, à litre d’encou- ragement pour la publication de son 7 raité sur les vices rédhibitoires, dont il reconnaît l'utilité , une somme de deux cents franes. Dans une courte introduction, M. Arbaud nous fail connaître le but et le plan de son livre : il le divise en deux parties. Il traite, dans la première, des vices rédhibiloires et de la garantie dans les 362 DES VICES RÉDHIBITOIRES ET DE LA GARANTIE ventes et échanges des animaux domestiques, et les épizooties sont examinées dans la deuxième. De la garantie et des vices rédhibitoires. L'auteur commence la première partie par quelques considérations sur l'histoire de la ju- risprudence vétérinaire. IL fait ressortir les avantages qu'offrait l'art. 1641 du code civil, et il déplore, avéc raison, que tous les tri- bunaux n'aient pas voulu en adopter les principes. L'auteur fait bien ressortir les inconvénients des anciennes coutumes relativement à la garantie. Mais est-ce au code civil que nous devons en attri- buer le maintien jusqu'en 1838 ? non; car, si ce code ne les a pas formellement abrogées, il l'a fait implicitement, du moins en ce qui concerne la rédhibilion dans le commerce des animaux, en éta- blissant les principes si rationnels et si équitables des art. 1641 et 1648. IL est à regretter que des tribunaux, profilant de l’ambiguï- té que présente ce dernier arlicle , aient voulu continuer à rendre leurs jugements d’après les anciens usages des lieux. La loi du 20 mai 1838 est-elle préférable aux dispositions du code civil? Au lieu de publier cette loi, n’eût-il pas été plus sage d’abolir positi- vement les coutumes et usages par une loi spéciale, tout en décla- rant que les défauts cachés de la chose vendue qui rendent celte chose impropre à l'usage auquel on la destine doivent toujours être garantis par le vendeur, et que l’action en garantie, pour être rece- vable, doit être inlentée dans un délai bref, mais relatif à la nature du vice rédhibitoire? La nouvelle loi est très-positive; mais, en éta- blissant que certains défauts, qu’elle énumère, sont rédhibiloires toutes les fois qu’ils sont constatés dans le délai de neuf où de irente jours, elle peut faire rompre des marchés qui auraient dû être maintenus; tandis que, d’autres fois, les acheteurs se trouve- ront obligés de garder des animaux affectés de vices non apparents, graves, qui ne seront pas rédhibitoires, quoique ayant été cause d'une friponnerie de la part du vendeur, qui, les connaissant lors de la vente, aura usé d'artifice pour les cacher. Nous ne craindrions pas de nous tromper en avançant qne la loi du 20 mai 1838 aura bientôt soulevé contre elle plus de réclamations que n’en a jamais suscilé l'application de l'art. 1641 du code civil. N'avons-nous pas déjà vu des tribunaux, pour empêcher des injustices, admettre des cas rédhibiloires malgré cette loi, en déclarant que les bœufs gras ne sont pas des animaux domestiques compris dans l'espèce bovine ! DANS LES VENTES ET ÉCHANGES D'ANIMAUX DOMESTIQUES. 363 Après avoir rapporté la loi du 20 mai 1838, M. Arbaud en donne quelques commentaires, et rapporte quelques-uns des motifs admis par les oraleurs qui l'ont présentée ou soutenue. Les art. 3, 4 et 5 traitent de la durée de la garantic; ils établissent une différence entre intenter l’action rédhibitoire et provoquer la nomination d'ex- perts chargés de constater le vice. Cette distinetion résulte de l'art. 4, qui prolonge le délai accordé pour intenter l'action rédhi- biloire lorsque l'animal se trouve hors du lieu du domicile du vendeur, et de l’art. 5, qui dit : « Dans tous les cas, l'acheteur devra faire nommer un expert dans les délais de l'art. 3. » À la vérité, quelques tribunaux, entre autres la cour royale de Paris, n'ont pas admis celte distinelion, puisqu'ils ont arrêté qu'il suffisait que l'acheteur eût provoqué la nomination d’un expert dans le délai ac- cordé par la loi, et qu’il n’était pas nécessaire que l'assignation eût été donnée au vendeur. Malgré cette autorité, opposée, d’ailleurs, à la jurisprudence d’autres tribunaux, nous ne saurions trop recom-— mander le conseil que donne M. Arbaud, et répéter à ceux qui se- ront dans le cas d’intenter une action rédhibitoire, que, s'ils ne veulent pas être non recevables, ils doivent faire donner la citation dans les délais de l'art. 3 ou de l’art. 4, indépendamment de la no- mination de l’expert, qui doit toujours avoir lieu dans les délais de l'art, 5. Dans l'étude des maladies sous le rapport rédhibitoire , il faut, comme le dit M. Arbaud dans son introduction, donner toutes les notions propres à faire connaître les différentes maladies, en indi- quer avec précision les signes caractéristiques; nous ajouterions qu'il faut les comparer aux affections ayee lesquelles on peut les confondre. Il y a même quelques états morbides qui ne sont rédhi- bitoires que dans certains cas. La fluxion des yeux ne donne lieu à la rédhibition que lorsqu'elle est périodique, et alors, les symptô- mes en présentent trois périodes, qui la distinguent des ophthalmies simples. La pousse, le cornage ne sont rédhibiloires que lorsqu'ils sont chroniques et. qu'ils existent sans symplômes de maladies ai- guës des voies réparatoires. Pour atteindre le but qu'a indiqué M. Arbaud dans l'introduction de son ouvrage, il faudrait, à l'artiele de chaque maladie, donner ainsi Les indications nécessaires pour la faire connaître. Quant au traitement, il est inutile dans un livre où l'on ne veut traiter des maladies que sous le rapport de la rédhibi- 364 DES VICES RÉDIHIBITOIRES ET DE LA GARANTIE tion; et, s'il est avantageux d'indiquer les causes lorsqu'elles peu- vent contribuer à faire apprécier la nature d’une maladie, il est inu- tile de dire, à l’occasion de la fluxion périodique des yeux, que l'usage des plantes sèches, des graines rondes, des vesces, des fève- rolles, des pois, des fèves, produit cette maladie. On sait aujourd'hui que cette opinion, répétée depuis bien des années par la plupart des auteurs, est erronée : on ne saurait trop la combattre, car, malheu- reusement, nos cultivateurs, guidés par une fausse économie, sont très-disposés à l'admettre. Du reste, il suffit, pour connaître com- bien elle est peu fondée , de comparer, sous le rapport de la fré- quence de la fluxion périodique des yeux, les pays pauvres de mon- lagne, où les chevaux sont mal nourris, aux plaines fertiles de la Normandie, où les poulains recoivent des graines et des grains. Ces aliments, qui disposent, dit-on mal à propos, les chevaux à la plé- thore, forment, convenablement administrés, la seule nourriture capable de produire de bonnes et de belles bêtes de travail. M. Arbaud termine la première partie de son ouvrage en indiquant aux cultivateurs la marche qu'ils ont à suivre pour intenter l’action rédhibitoire ou prévenir un procès; il donne des modèles de quel- ques pièces judiciaires. Ce chapitre est très-précis. IL eût été diffi- cile de mieux faire en moins de mots. La garantie conventionnelle doit former un chapitre dans un ou- vrage sur la rédhibition. C’est un sujet indispensable dans un livre destiné aux fermiers, aux maîtres de poste, ele. Il faut prévenir les propriélaires qu'ils peuvent, lorsqu'ils achètent un animal, stipuler toules les conditions de garantie qu’ils désirent ; qu’ils ont le droit d'exiger que le vendeur prolonge le délai de la garantie légale, qu’il réponde de maladies ou de défauts non compris dans la loi, et qu’il garantisse l'existence de certaines qualités. Mais il importe surlout d'avertir les acheteurs que les garanties verbales, vagues, dont les marchands de chevaux et de vaches sont si prodigues, n’ont abso- lument aucune valeur; que les conditions d’une garantie conven- tionnelle valable doivent toujours être définies d’une manière bien posilive, et même être écrites et signées lorsque le prix de l'objet vendu dépasse cent cinquante francs. Il serait également nécessaire d’avertir les euliivateurs, les maîtres de poste, dans un ouvrage composé en vue de leur utilité, que, dans aucun cas, la vente des bêtes atteintes ou soupconnées affectées de DANS LES VENTES ET ÉCHANGES D'ANIMAUX DOMESTIQUES. 3065 maladies contagieuses ne peut avoir lieu; qu’ils ne doivent ja- mais exposer en vente des animaux qui sont dans cet état, et que, s’ils en ont acheté, ils ont le droit, non-seulement de faire pronon- cer la rédhibition, quelles que soient les conditions du marché, mais de faire condamner le vendeur à l'amende et à des dommages- intérêts. Des maladies épizootiques ou contagieuses. Dans la deuxième par- tie, après avoir dit un mot des effels généraux des épizooties et de leur contagion, l’auteur en examine plusieurs. A l'article de la cla- velée, il énumère les avantages de la clavelisation et fait connaître la manière de la pratiquer. Nous voudrions que nolre voix, réunie à la sienne, pût vaincre les préventions qui existent encore contre celte salutaire opération. M. Arbaud ne parle pas de plusieurs maladies qui, cependant, règnent souvent sous forme épizootique. Il ne dit rien des catarrhes qui attaquent si souvent un grand nombre d'animaux à la fois, ni de la pneumonie dile gangreneuse, pour laquelle la Société d'émulation du Jura vient de fonder un prix de huit cents francs, ni du sang de rate, maladie si fatale à plusieurs provinces, à la Provence, au Lan- guedoc, etc. ; il passe également sous silence les angines, les dys- senteries, etc. En terminant le tableau qu'il trace des épizooties, il recommande aux cultivateurs : « 1° de donner aux animaux une nourrilure saine; 2° de faire boire, autant que possible, des eaux pures; 3° d'isoler complètement, dès le début de la maladie, les bêtes malades de celles qui ne le sont pas; 4° d'éviter, autant que possible, les pâturages si- tués dans les bas-fonds ; 5° de donner aux animaux un logement propre, commode, aéré, et surtout bien sec. » Ces conseils sont sages : nous devons en recommander la pratique. Mais, donnés avec le vague inséparable des généralités , auront-ils toute l'efficacité qu'on aurait droit d'en attendre s'ils étaient prescrits, à l’article de chaque maladie, avec les modifications que doivent nécessiter dans la pratique les ressources des cultivateurs, et surtout la nature et les causes des épizooties ? Dans un traité sur ces maladies, surtout s’il est destiné aux maî- tres de poste, aux cullivateurs, aux officiers de cavalerie, l'étude des causes el du traitement préservalif doit former l’objet principal. Car c’est surtout à l'égard de ces affections qu’on peut dire : L/ est plus 366 DES VICES RÉDHIBITOIRES ET DE LA GARANTIE facile de prévenir le mal que de le guérir. Or, le traitement préserva- tif, peu dispendieux, s’il est indiqué avec discernement, est presque toujours efficace lorsqu'il est basé sur la connaissance des causes. Ajoutons que , si l'ouvrage doit être consullé par les autorilés, par les maires, il doit indiquer, à l’article de chaque maladie, les mesu- res sanitaires qu’on doit lui opposer selon la gravité et l’activité de la contagion. M. Arbaud examine les devoirs que la loi impose dans les cas d'é- pizooties aux propriétaires de bestiaux, aux maires, aux vétérinai- res , etc. Il traite ce sujet dans cinquante-deux articles, dont quelques-uns sont divisés en plusieurs paragraphes. Ce travail est un résumé des trop nombreuses mesures législatives rendues à l'oc- casion de l’épizootie qui a si souvent ravagé la France dans le der- nier siècle. Mais ces lois peuvent-elles être ulilement reproduites sans préciser les circonstances qui en réclament l'application? Ne faudrait-il pas bien préciser les cas dans lesquels il peut être per- mis de conduire une bête marquée qu’on rencontre dans un chemin, chez le juge de paix, pour qu'il la fasse tuer sur-le-champ et en sa présence ? dans quel cas il est nécessaire d'obliger les propriétaires de besliaux morts à creuser des fosses de près de trois mètres de profondeur ? Devons-nous encore rappeler des lois qui accordent aux dénonciateurs le tiers des amendes et une récompense propor- tionnée au mérite de la dénonciation ? qui ordonnent de tuer tous les chiens trouvés errants dans les lieux où règne une maladie con- tagieuse ? Nous ne devons pas non plus conseiller, comme une me- sure applicable a tous Les cas de contagion, un arrêt qui défend, sous peine de cinq cents livres d'amende, de traiter aucun animal atteint de maladie contagieuse sans en avoir, préalablement, obtenu l’auto- risation. Peut-on demander l’exéculion d’un arrêt qui défend de vendre ni veaux, ni génisses âgés de plus de dix semaines, ni au- eune vache qu’elle n'ait dix ans passés, sous peine de confiscation et de trois cents livres d'amende, sans indiquer les épizooties après lesquelles il convient d'exercer ces rigoureuses prohibitions ? Ces articles, rapportés dans l’instruction que donne M. Arbaud, se trouvent dans des arrêts rendus à l’occasion des grands ravages exercés en 1714,1746, 1770, etc. par des maladies qu'on n’observe heureusement plus que de loin en loin. Or, convient-il de recom- mander aujourd’hui, comme applicables à toutes les épizooties, des DANS LES VENTES ET ÉCHANGES D'ANIMAUX DOMESTIQUES. 307 mesures qui n'ont jamais été réellement pratiquées, et qu'on n'a conseillées que dans des cas extrêmes ? « Au lieu de recopier sans fin ces éternels règlements, dit M. Bernard dans une note placée à la fin de l'ouvrage que vous avez couronné , il me semble préfé- rable d’en faire connaître les dispositions générales dans l’ordre de développement des maladies contagieuses, en rappelant les prinei- paux arrêts qui les prescrivent. » Ces mesures législatives, souvent si contradictoires, ne seront rappelées avec fruit aux maires que lorsqu'on indiquera successive- ment celles qui se rapportent à la déclaralion, à la visite, au recen- sement, à l'estimation, au traitement, à l'isolement, à la marque, aux signaux, aux écriteaux et affiches, aux certificats, aux foires et marchés, aux bouchers et fournisseurs, aux écarisseurs, à l’occision, aux cuirs, aux laines, aux fosses, aux fumiers, enfin aux précau- tions qu'il convient de prendre après le règne des épizoolies, soit pour en empêcher le retour, soit pour repeupler la contrée en bes- tiaux. Et il ne suffit pas encore de faire connaîlre avec méthode les lois qui ordonnent ces mesures ; il est indispensable d'indiquer les maladies contre lesquelles il faut les appliquer. Sans cela, les hommes qui auraient à en faire usage n’ordonneraient-ils pas, à l'occasion de la gale, de la morve, de la pourriture, ete., des précautions tou- jours inutiles et souvent nuisibles au commerce, tandis qu'ils né- gligeraient d'agir dans les cas les plus graves, dans le typhus conta- gieux des bêtes à cornes, par exemple? Cette maladie n’esl pas même mentionnée par M. Arbaud, quoique des dix-neuf arrêts, or- donnances ou décrets rapportés dans son ouvrage et qui en occupent plus du tiers, quatorze aient élé rendus à l’occasion des rayages exercés par celte terrible maladie , et que deux autres, l'arrêt du 16 juillet 1784 et le décret du 1% octobre 1791, la comprennent implicilement. Si Le livre que nous examinons laisse à désirer sous le rapport pralique, il pourra être utile aux hommes qui veulent connaître les lois publiées en France à l’occasion des épizooties, et qui ne possè- dent pas les ouvrages spéciaux écrils sur ces maladies. Il renferme des arrêts du conseil, des arrêts de la cour du parlement, des dé- crels, des ordonnances, ele., dont les éditions originales, enfouies dans des archives, sont difficiles à trouver. Votre commission vous propose, à l'unanimité , de voler des remercîments à M. Arbaud pour l'offre qu'il vous a faite de son travail. Eur ve ALU LI ERTAA au en A À | k pu, METIER Eng sibhig OL, e ch 4 È rade v'vntaq Al 1 RUE “ti an) hote: 278. LS en vnapiba ti di | = sama-enl nier ane pliage #9 EL. aies à nent se ot nn te ES aug si oW 4% o à ' 418 a PAU pe : br Ve Lau + bare ee, ps Fe he ait Dur pre, uoumedop 99 9p soanmpno same xue nb rsuir FSA[LAI99 S9[ S9INO] R SO[QUA -OAUJ 919 JUQ IEUL 9P SIOU np xnoraud sanol sa *UHOSIIO[] EJ ANS Aa UTUPIOU Cpaouos ua uone]9$9a e] ans SIXANANTAT SA9 IQ AONANTANT “ANOHM QQŒ LNANALAVdAŒ AT SNVA 0Y8+ 4AŒ ALIOOHM V'I AA SHONAAVddV SAT ANS "XNOTQS so$euuop sop 9snvo sed BU 9jf9 ‘ JU9WSNAaINO ‘umf uo,nbsnf ojous v] ep auuop v snou ‘SIOF S1O4) sed ‘nb sono p iuo4 un, p soouSvdmo9oe sanofno] onbsaud 79 quo samd 527 “DATI 100] 100 S9N9S TEUI ap some so] € ouaued 11819 UO1]18)999A U] ‘UOSICIOF] EI op smol saormoud xny “uouoqedop np ojquosuo,] suep aonbreu -94 JP} 1U0S 95 ‘UOSIIOIF v[9p sn09 97 juepuod ‘mb SHNOLANASONLV SLNANTNTAA XAVAdIDNKIIA SAA KOILVOIARI “ojuessinsuv| n9d Un j18]9 UO1JP)959A CT “An9[f U9 SAAJU9 JUOS Sa]q S2] NO JUouIOu ne NOTLVLAIHA V'T aa NOILVALIS “Naf U9 21020 JUO8 SHAIPAP] S0T ‘Sol (% op o94np æeT ‘um ug RUURAATE a e oaunp vf ‘uunl u ‘Juaux -a[qeuoauos samof Gy ua 294940 159,5 uositio]} eq *s099€s9 xn9P S9p 94p1O] TAMS U SUIUIS 9P BU] -QUI 99 9P UOSIVAO]} CT “oguejaed 919 e uorjepuos9} er uml (8 NE 197 np 994 -9do 159,5 uositi0p} v'T 0787 NA *smol Qc te 06 2€ ‘EU UY -sanol gr IST TR EME ‘sinol 08 Y 8F °P 159 991np UT ‘JUAUP JUIWIQUQULUIOI NY *0[819$ np 19 TUOUOUF np A1pAIO,] ANS sUrEA op oBuejou 2) “sanol 63 % 08 2P 152 o94np e7 ‘eur op sanol saotuoid s91 sueq *AYIVNIAUO SAHAL NA I, SNIVU9 Saa NOSIVUO'TA V'T AG AAUNA LA ANÜOUA *’SNIVUN SAŒ NOSIVUHO'TX LUOddVA ANTISIOUL "HUHOAY "250$ PRN "JUOTUOL *SNIVU9 Aa S49 SX 26 OBSERVATIONS GÉNÉRALES SUR LES AUTRES PRODUITS DU DÉPARTEMENT DU RHÔNE. La récolte de toutes les céréales sera supérieure à une année moyenne, Les fourrages naturels ont donné des produits satisfaisants ; les artificiels seuls n’ont qu'une récolle ordinaire. Les colzas ne sont pas également beaux partout ; les résultats seront médiocres. Il s’est planté beaucoup de pommes de terre, de betteraves et de gros hortolage. La vigne, en général, offre les plus belles apparences. Lyon, 29 juin 1840. Signé, Cu. GARIOT, rapporteur, RÉSUMÉS DES OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES FAITES A ivRée (mémoxr) Ex 1857, 1833 Er 1859, PAR M. LE D: LORENZO-FRANCESCO GATTA. Les membres de la commission de publication des #nnales, péné- trés de l'importance du développement des observations météorolo- giques pour les progrès de la science , ont accueilli avec empresse— ment les résumés suivants, transmis par M. le docteur Galta, et elle désire vivement qu'il veuille bien continuer et perfectionner ces premiers aperçus. Déjà, sans doute, le bassin du Rhône possède d'excellentes et nombreuses séries, oblenues à Toulon, Marseille, Viviers, Genève, St-Jean-de-Maurienne, au Grand-St-Bernard, à Lyon, Berzé-la-Ville, St-Rambert-en-Bugey, ete., ete.; mais il restait à rattacher le ver- sant occidental avec le versant oriental des Alpes, la France à l'Ita- lie, et sous ce rapport, la position d'Ivrée se trouve faire, en quelque sorte, le pendant de celle de Genève. L'une et l'autre de ces villes sont siluées aux pieds de ces montagnes; cependant la station d'Ivrée, en regard des plaines de la Lombardie et au débouché de la vallée d'Aoste, est mieux démasquée que celle de Genève, dont l'horizon est borné, à l'ouest , par la chaîne du Jura. Ces circonstances pourront avoir quelque influence sur l'allure des vents dominants. Du reste, le cabinet d'observation de M. Gala est élevé de 268 mètres au-dessus du niveau de la mer, et de 13 mètres au-dessus du sol de la ville. Sa latitude septentrionale est de 45°,26", et sa longitude orientale, à partir du méridien de Paris, est de 5°,31”. i - ai: | L ff TARN | ‘tn | Lan i ve j % uk Po. es Sr Fr da D ms = Cut à ‘en ES PRET ravaäen ME senttetr ae pr re 2 HT Li PL Fate sys vel? MT EL Le Le, FI CAL o “atrao sossanas. sus suite ECC " : F Je A fre Re EEE à Me no Di AU - 1 —— — AC 02 1 y = — Noix à Bijoux. Porres Angélique de Bordeaux. Belle de Bruxelles. Beurre blanc. Beurré blanc des Char- treux ? Beurré dArdempont ? Beurré d'Arembert. Beurré de C'apiémont ? Beurre de Montmaure ? Beurré gris. Bezy de la Motte: Bon Chrétien d'Auckh. Bon Chrétien de Fer- nots. Bon Chrétien d'hiver. Bon Chrétien panaché. Caiillac. Chaptal. Cocodite ? Colmar. -_Crassane. Cuisse -dame. Cuisse-dame longue. de jardin. Haute-bonté. Lansac. Livre. Z 19 = —= —= 2 > — Porre Louise-bonne. Mansueite. Martin-sec. Martin-sire. Milan blanc. Orange d'hiver. Passe-Colmar. Bateau gris. Bobine ? Royale d'hiver. St-Germain d'hiver. Sieulle 2 Trésor d'amour. Pirgouleuse. Pones #p. Api noir. Caloille blanche. Catoille rouge d'automne. Caloille rouge royale. de Sibérie (M. Baccata). Double-rose. Glace d'Astracan. Passe-Pomme rose. Rambour franc. Reinette d'Angleterre. Reinette du Canada. Reinette francatus ? Reinette franche. Reinette grise. Grappe de Rausw Chasselas Choiseuil ? Chasselas de Fontai- nebleau. Chasselas Mornain. Chasselas oblong. 536 RAPPORT SUR LA SECONDE EXPOSITION 4 Grappe de Rarsin Chasselas rose. À Grappe de Raïsix Muscat noir. 1 Muscat blanc. Sorges poires. 1 Muscat d'Alexandrie. AMANDE INDÉTERMINÉE ? — Variélé de forme remarquable, à coque très-molle. L'Æmande des Dames (N. Duh., pl. 75) est très-allon- gée, celle-ci l’est encore davantage. Corine sasré. — Fruit curieux, qui ne diffère du Coing ordinaire que par les chinures dont sa peau est marquée. Porre BeurRé »’ArDemPponT ? — Arbre vigoureux; bois d'un brun rougeâtre , tiqueté de points blancs; bourgeons courts, grisâlres ; boutons gros, aigus , à supports courts; feuilles très-grandes , de forme variable , sans dentelures , à longs pélioles (5 à 6 centimè- tres). La plupart sont allongées , terminées en pointe; celles qui accompagnent les bourgeons à fruit sont plus fortes , plus grandes, presque orbiculées. Gros fruits , disposés par bouquets, ayant quel- que ressemblance avec le Coing, tout bosselés , souvent difformes. Le pédoncule est long (3 à 5 centimètres ), fort, brun dans le haut, verdâtre à sa base, qui est souvent charnue, implanté presque à fleur du fruit, entre des plis ou bosses. L’œil est à demi ouvert et situé au centre d’une dépression entourée de mamelons. La peau est d’un jaune verdûtre, unicolore, tiquetée de points verts, un peu rugueuse. Chair sucrée, mais fade, cotonneuse et filandreuse ; pe- pins peu nombreux, très-pelits, renflés , ovoïdes ; presque ronds, d’un brun clair, placés dans de vastes loges. Leur petitesse contraste avec le volume du fruit. Cette Poire est müre dans les premiers jours d'octobre et se conserve un mois au plus. L'arbre qui a donné ce fruit est planté à Sainte-Foy, dans la pro- priété de M. Doux. Il est greffé sur Coignassier et âgé de trente ans au moins. Crue ou cuite , la Poire est très-médiocre, pour ne pas dire mauvaise. Elle est grosse, belle, son parfum est agréable. Peut-être n'est-ce point le véritable Beurré d'Ardempont. Poire BeurRé DE Monrwaure ? — Gros fruit, ayant beaucoup d’ana- logie avec le Beurré d'Arembert pour la forme et la couleur. Sa chair est fondante , sucrée, maïs légérement âpre. Ce paraît être une bonne Poire. Pomme Roine ? — Cefruit , comparé avec celui décrit et figuré sous ce non dans le Vouveau Duhamel (pl. 267), nous a laissé quelques DE FRUITS ET DE LÉGUMES. Jon doutes. Le nôtre est beaucoup moins arrondi et plus tardif , müris- sant en septembre. C'est, du reste , une excellente poire , digne en tous points de la réputation faite à la Aobine par Laquintinye : « Son eau sucrée et parfumée charma tout le monde et particulièrement le premier prinee de la terre ; Louis XIV, et avec lui toute la mai- son royale. Elle est admirable en pâtes et en compotes. » Ce n'est pas cependant la Poire Louis X1F, celle que ce roi affectionnait par-dessus toutes, et qui est l'Épine d'été (Satin vert, Fondante mus- quée). MM. Poiteau et Turpin donnent à la Æobine les synonymes suivants : hoyale d'été, Overat, Muscat d'août. Pomme GLace p'AsrRacan. — Grosse, unie, luisante, d’un blanc jaunâtre , aigre , très-médiocre. Ce fruit est cependant recherché à cause de la transparence qu'il acquiert souvent. IL a recu plusieurs noms, tels que Pomme de cire, Transparente de Moscooie, Trans- parente de Zurich, Grosse pomme de Sibérie, Pomme d'Astracan. La collection de fruits de M. C. Chapuis était la plus nombreuse après celle de M. Blanchet. La Commission a remarqué ses Chas- selas oblong et Choiseuil ? et deux variétés de celui de Fontainebleau ; l'une portait le nom de Chasselas de Thomery, ee qui est une er- reur, puisque les deux noms s'appliquent indifféremment au même Raisin. Elle a distingué aussi , dans les Poires, la série des Beurrés, celle des Bons Chrétiens, les Cuisse-dames , parmi lesquelles il y avait une variété un peu plus grosse et plus allongée , et enfin les Poires Cocodite?, Haute-bonté?, Sieulle? et Robine?, qui sont rares autour de Lyon. M. Chapuis est le seul qui ait exposé des Sorbes, des Noix et des Amandes. M. DE LA ROUE, propriélaire à Reilleux ( Ain). 4 BerTerRaves. 4 Pomme Catillac. 2 Croux Cavalier. 2 Crassane. 2 pommé de Strasbourg. 2 Duchesse d'Angouléme. À Courcs jaune ou Potiron ro- 2 Pouwes Caloille blanche. main. 2 Calville rouge royale. 2 printanière ? 2 Reinette du Canada. 2 Poires Beurré blanc. 4 Grappe de Raisin d’Arlequin. Cource priNranièRE? — C'est une variété de la Courge Artichaut 538 RAPPORT SUR LA SECONDE EXPOSITION de Jérusalem. Nous ne savons ce qui a pu lui mériter l'épithète de printanière. Pomme CaLviLre ROUGE ROYALE, — Dans le département du Rhône et dans les départements voisins, il y a plusieurs variétés de Pomme Calville rouge que l'on confond assez facilement. Celle exposée par M. de La Roue est la Caloille rouge d'hiver (Bon Jard.), qui est connue dans nos environs sous le nom de Calvoille rouge royale. La chair, qui ne devient pas cotonneuse aussi souvent que celle des autres variétés, est rouge. Ce beau fruit se conserve faci- lement jusqu'en mars. Rarsin D'ARLEQuIN. — Les grains sont petits, inégalement bariolés de bandes noires ou blanches. Souvent la même grappe présente des grains panachés, à côlé de grains entièrement blanes ou noirs. Il n’est pas rare de voir pendre sur le même cep des grappes toutes blanches , d'autres toutes noires , et enfin des grappes à grains pa- nachés. La chair de ce Raisin est molle, fade; c'est un fruit très- médiocre , il n’a d’auire mérite que la bizarrerie qui résulte du mélange de ses deux couleurs. C'est à tort que dans plusieurs lo- calités on l'appelle Chasselas panaché, ce n’est pas un Chasselas; d'ailleurs il faut conserver cetie dénomination au Raisin décrit par M. Jacques (1). ,On évitera toute équivoque en lui conservant le nom d'Ærlequin , sous lequel il est connu en plusieurs endroits , et qui rappelle la bigarrure de ses grains. Il a été anciennement décrit sous le nom de Æaisin d'Alep, Raisin suisse. Cette collection, quoique peu nombreuse , se distinguait par le choix des fruits. Les Choux pommés ou cabus de Strasbourg, les Betteraves et le Potiron étaient très-gros; l'un de ces deux Choux pesait 14 kilogrammes, et l’autre 15. La Fique banane manquait à l'exposition d'octobre. C’est à M. de La Roue que celle du mois de juin 1840 devait la superbe tige de Bananier portant son régime. M. DÉFARGES, jardinier à St-Cyr-au-Mont-d’Or (Rhône ). 2 Grosses Nèries. 1 Porre Peurré gris. À Porre Beurre d'Arembert. 1 Bezy de la Motte. (4) Annales de Flore et de Pomone, année 1854-1855, pages 11 et 155; une figure accompagne la description. DE FRUITS ET DE LÈGUMES. 539 2 Points Bon Chrétien d'Auch. À Poire Courtpendu. 1 Bon Chrétien d'hiver. A Cusset. 2 Catillac. 1 Double-rose. 2 Crassane. 1 Fenouillet. 4 Cuisse-dame. 2 Panet. 3 Impériale à feuilles de 1 Petite-rose. chéne. 2 Reinette d'Angleterre. 2 Livre. 1 Beinette de Champagne. e | Louise-bonne. 8 Reinette du Canada. 2 Martin-sec. 1 Éeinette rouge. 2 Martin-sire. 1 St-Laurent. 2 Messire. Jean. 2 Winaigre. 2 Messire-Jean doré. 1 Grappe de Rusix Chasselas 1 Orange d'hiver. de Fontainebleau. 2 St-Germain d'hiver. 1 Mornain blanc. 1 Trésor d'amour. 1 Mornain rouge ? 1 Virgouleuse. 1 Muscat d Alexandrie. 4 Pouue Ambre. 1 Muscat blanc. 1 Api. 1 Muscat noir. 1 Bronderelle. 1 Muscat rose. 1 Calville blanc. 1 Muscat violet. 4 Caloille rouge d'au- 1 Persagne serree. tomne. 1 Rousse. 1 Caloille noir ? 1 Indéterminée ? 1 Cannelle. Poire Messrre-Jean poré. — Ce fruit, un peu plus jaune que le Messire-Jean gris, lui ressemble beaucoup du reste. La plupart des auteurs ont considéré comme une seule et même espèce les Messire-Jean blanc, gris et doré. Ils ont dit que les dissemblances qui servent à caractériser ces trois fruits, ne viennent que des diffé- rences d'âge et d'exposition des arbres. Cetle assertion a besoin d’être confirmée; la Commission appelle sur ce sujet l’attention des horticulteurs praticiens. Poume AmBre. — Arbre fertile, à rameaux souvent pleureurs ; jeune bois d’un vert jaunâtre, analogue à celui du saule, qu'on désigne dans nos campagnes sous le nom d'Æmbre; bourgeon ren- fé, blanchâtre , cotonneux. La feuille, portée sur un pétiole jau— T. HE, 38 A D 4# RAPPORT SUR LA SECONDE EXPOSITION nâtre assez long (2 à 3 centimètres), est ovale, rugueuse, blan- châtre et comme drapée en dessous , finement dentée sur les bords, Gros fruit sphéroïde, un peu plus large que haut, marqué de eûtes peu saillantes ; queue courte, située dans un creux profond , très- étroit. Comme elle adhère fortement à la branche , il est rare qu'elle ne se détache du fruit lorsqu'on le récolte. Œil fermé, presque à fleur du fruit ; peau lisse, verte, plus foncée vers la tête, parsemée de très-petits points d’un blane verdätre, moins gros et plus rap- prochés du côté de l'œil. Presque toujours une tache rousse tapisse la cavité au fond de laquelle le pédoncule s’insère. Chair fine, presque fondante, d’une saveur très-sucrée, sans acide; pepins placés dans des loges dilatées , assez petits, ovoïdes, bien nourris, bruns. La Pomme Ambre est mûre depuis novembre, et se con- serve jusqu’en février. Lorsque ce fruil est mûr, les pepins sont souvent libres ; alors, en agitant la Pomme , on entend le bruit qu'ils font dans les loges. Les pepins, dont le nombre varie d’un à quatre dans chaque loge , sont souvent insérés les uns au-dessous des autres, comme cela se voit dans les Coïings. Sur les bords et les parois internes des lo- ges, on remarque souvent une agglomération de petits points blanes, cotonneux, qui ressemble à de la moisissure. Nous eroyons l'arbre né dans nos environs; il y est assez répandu. Les personnes qui aiment les Pommes douces rechercheront la Pomme Ambre. Pomme Bronperezze. — Arbre vigoureux; bois d'un brun rougeà- tre, tiqueté de pelits points blancs; bourgeons gros, un peu aplatis, grisâtres, duveteux; boutons à fleurs gros, ovoïdes, d'un gris rou- geâtre, à supports gros et allongés; feuilles grandes, ovales ou obrondes, plus allongées autour des boutons à fleurs , blanchâtres et comme drapées en dessous, assez régulièrement dentées en scie; pétioles longs de 5 à 7 centimètres, pourpres. La nervure médiane, très-saillante en dessous , est de même couleur et drapée aussi. Gros fruit, un peu aplati, offrant des traces de côtes peu marquées; pédoncule assez long (3 à 5 centimètres), grêle, d’un brun clair, implanté dans une cavité assez étroite et profonde; œil à demi fermé, grand , situé dans une large dépression; peau lisse, fine, d’un vert jaunâtre , tiquetée de points roux. Les cavités du pédon- cule et de l'œil sont marquées de taches rousses , plus grandes au- tour du dernier. Chair fine, blanche ; eau abondante, sucrée, aigre- DE FAUITS ET DE LÉGUMES, A1 lette; pepins d'un brun marron, peu nombreux, placés dans des loges dilatées et communiquant souvent entre elles. Cette Pomme est müre en janvier et février. Ce bel et bon fruit est originaire de Poleymieux, On le cultive depuis long-temps à St-Cyr et dans quelques autres communes de notre département. Poume Cannezze. — Arbre fécond ; bois d'un brun rouge, tiqueté de petits points blancs, couvert d’un duvet grisâtre à l'extrémité des pousses de l’année; bourgeon aplati, gris, duvetleux ; feuille ovale- arrondie, crénelée, blanchâtre et drapée en dessous. Pétiole et ner- vure médiane rougeâtres; fleurs très-nombreuses: fruit de grosseur moyenne, sphéroïde, souvent allongé et presque conique, un peu renflé autour du pédoncule, qui est court et situé dans une cavité profonde, peu évasée ; œil à demi fermé et peu enfoncé au centre; d'une dépression assez grande ; peau lisse, d’un jaune blanchätre , pointillée de brun , teintée de rouge du côté du soleil, tachée de roux autour du pédonceule ; chair blanche, fine. sucrée, sans acide, parfumée; pepins três-nombreux, bien nourris, d’un brun clair. contenus dans de petites loges souvent trispermes ou quadrispermes; il n'est pas rare d'en trouver 42 à 15. bien conformés, dans une seule Pomme. Müûre depuis décembre jusqu'en mars. Cette bonne Pomme est très-commune à Lyon pendant l'hiver. Elle tire son nom de son goût qui, selon quelques personnes, a , lorsqu'elle est cuite, de l’analogie avec la saveur de la cannelie. Nous n'avons observé ce fruit que dans les campagnes qui nous avoisinent et sur les marchés des villes qui nous entourent, telles que St-Étienne, Givors, Trévoux, Villefranche, cite. Pouwe Cusser. — Arbre peu Cievé, rameux, tardif et fécend : bois d'un brun rouge ; tiqueté de points bianchâtres; bourgeons aplatis, pointus, gris et duveteux; boutons à fleurs d’un brun noi- râtre, renflés, terminés en pointe ; feuilles ovales, dentées en scie, d'un vert päle, et comme drapées en dessous; pétiole long de 4 à ÿ centimètres , rougeâtre ainsi qu'une partie des nervures qui font saillie en dessous. Les feuilles qui entourent les boutons et celles qui sont à la base du boïs de l’année, sont plus allongées et plus rétrécies à leurs deux extrémités. Fleurs nombreuses; beau fruit, sphéroïde ; pédoneule long de 2 à 3 centimètres, implanté dans une cavité étroite et profonde ; œil grand , fermé , situé au centre d'une ER RAPPORT SUR LA SECONDE EXPOSITION forte dépression; peau très-fine, lisse, très-brillante, d'un vert jaune, parfois marquée de raies plus vertes au pourtour du pédon- cule , souvent colorée d’un rouge vif du ecôlé du soleil, tiquetée de points saillants en blanc sur le rouge, légèrement teintée de roux dans la cavité du pédoneule; chair blanche, fine, sucrée, moins acide que celle des Reineltes ; pepin bien nourri, roux, de couleur plus foncée vers la pointe, souvent solitaire dans chaque loge. Cette bonne Pomme, qui se conserve long-temps, souvent au-delà de mars, ne se ride presque pas. L'arbre a été trouvé vers la fin du sièele dernier, dans une haie, à Combassanpu, commune de Poleymieux. Il portait d'abord le nom du territoire où il a été découvert; mais, par la suile, on lui donna celui du jardinier qui l'a trouvé, M. Cusset, dont les petits-fils ha- bitent encore Poleymieux. Ce Pommier est tellement lardif, qu'il paraît mort quand tous les auires sont couverts de fleurs; aussi est- il rare que la gelée empêche les fleurs de nouer. Les branches filent droit, mais comme l'arbre est très-fécond, la charge les fait incli- ner. Les fruits sont disposés par bouquets rapprochés. Les feuilles persistent plus long-temps que sur les autres Pommiers; souvent il y en a encore aux premières gelées. Le Pommier Cussel est très- commun à Poleymieux, à Saint-Cyr. Il faut le greffer sur franc. M. Armand, pépiniériste à Écully, en a greflé sur Paradis; ils ont végélé vigoureusement; mais, au bout de quatre ans, ils ne mon- traient encore aucun bouton à fruit. La Cusset est, sans contredit, une des meilleures Pommes et l'une des plus jolies. Elle mérite d'être répandue. Pomwe Paner. — Arbre fécond. Le jeune bois est d'un brun noi- râtre , tiqueté de petits points blanes, couvert d’un duvet grisâtre à ses extrémités. Petits bourgeons aplatis, tomenteux; boutons à fleurs renflés, coniques, obtus, grisâtres, à supporis courls. La feuille , portée sur un pétiole rougeâtre assez long (2 à 3 centimé- tres), est ovale, allongée, terminée en pointe, finement dentée sur les bords, couverte de duvet en dessous. Fruit de grosseur moyenne , aplati, plus renflé vers le pédoncule , qui est situé dans un enfoncement profond, très-évasé. ILest court, la Pomme étant en quelque sorle appliquée contre la branche. L’œil est grand, fermé, entouré de petits plis qui s’irradient au pourtour de la cavité au fond de laquelle il se trouve; la peau est lisse, d’un jaune ver- DE FRUITS ET DE LÉGUMES, 543 dâtre, lavée d'un rouge éteint du côté du soleil, parsemée de points lisses et jaunâtres dans la partie colorée , saillants et bruns du côlé de l'ombre. Dans l'enfoncement où est la queue , on remarque presque toujours une tache rousse. Chair grossière; eau peu abondante, sucrée, sans parfum; pepins assez gros , bien nourris, renflés, d’un brun foncé, contenus dans de petites loges. Ce fruit est mür en novembre et se conserve jusqu’en février. Nous pensons que la Pomme Panct a été trouvée dans le Mont- d'Or lyonnais, où elle est assez commune. Nous ne l'avons pas ren- contrée ailleurs. Ponme Sr-LaurenT. — Gros et très-bon fruit, anciennement connu. L’éelat de son coloris place celte Pomme au rang des plus belles. On la nomme quelquefois /teinette de St-Laurent-tu-Mont, de l’endroit où elle a été trouvée en Normandie. Elle est rare aux environs de Lyon. Pouue VinaieRe. — Arbre vigoureux; bois d'un brun rougeûtre, tiqueté de points d'un blane sale; bourgeons gros, gris, duveteux ; boutons gros, coniques, d'un gris brunâtre, à supports courts; feuille ovale-très-allongée, dentée profondément en scie, d’un vert pâle, et comme drapée en dessous , supportée par un long pétiole (5 à 7 centimètres), vert, teinté de rouge en dessous, ainsi que la nervure médiane ; gros fruit aplati; pédoncule court (1 centimètre), inséré dans une cavilé profonde, s'évasant pour faire place à la branche qui porte la Pomme et sur laquelle elle est appliquée; œil grand, fermé, tomenteux, entouré de petits plis ou bourrelets, situé dans une cavilé assez profonde; peau lisse, brillante, d’un jaanc roux vergeté de rouge, avec quelques points gris éloignés les uns des autres, plus colorée du eôlé du pédoncule; chair grossière, pleine d’eau, sucrée , aigrelette; pepins peu nombreux, renflés, bruns. Mürit l'hiver. Cette Pomme se ride peu dans le fruitier. Elle se conserve d'une saison à l’autre. Son nom vient de la saveur aigre qu’elle a avant sa maturité. Dans quelques endroits, on la connait sous le nom de Aeine-Bardet. La Commission pense qu'elle est particulière à notre département et à ceux qui l’avoisinent. RAISIN INDÉTERMINÉ ? — La grappe est petite , allongée. Les grains sont de grosseur moyenne, oblongs , blancs, peu serrés. Privée de 544 RAPPORT SUR LA SECONDE EXPOSITION documents essentiels, tels que la vue du cep, le goût du fruit, il a été impossible à la Commission de déterminer à quelle espèce on devait rapporter ce Raisin, qui, sous quelques rapports, se rappro- che du laisin Perle M. Défarges est celui de tous les exposants qui a présenté la plus nombreuse collection de Raïsins. Parmi ses Poires, la Commission a remarqué le Bon Chrétien d'Auch et le Bon Chrétien d'hiver. H suf- fit de placer ces deux fruits l’un à côté de l'autre, pour voir de suite à quel point se sont trompés les auteurs anciens, qui croyaient qu'ils provenaien! tous deux d'un même arbre, dont la Poire variait de forme selon la nature du sol, l'exposition, l’âge ou la vigueur du Poirier, Ces deux fruits constituent deux variétés bien distinctes, Le pre- nier est moins difforme et d’une qualité supérieure. Nous croyons aussi devoir signaler un synonyme sous lequel la Poire Livre est connue à St-Cyr, celui de Poire Encensoir; c'est sans doute à sa forme qu’elle doit ce nom. Plusieurs fruits exposés par M. Défarges sont lyonnais ou nés dans les départements voisins; tels sont les Pommes Ambre, Bronderelle, Cannelle, Cusset, Panet, Vinaigre. D’autres, au contraire , tels que la Reinette de Champagne et la Rei- nette rouge, quoique très-anciennement connus , sont rares dans nos environs, La première ressemble à une Aecinelte grise ; elle est de grosseur moyenne et d'une saveur fort agréable. La seconde , un des plus jolis fruits, est au-dessus de la moyenne pour la grosseur. Sa peau, jaune d’un côté, et, de l’autre , lavée d’un rouge vif poin- tillé de jaune, couvre une chair ferme, aïigrelelte, qui ne le cède en rien à la Àeinette franche. Ces bons fruits mériteraient d’être plus cultivés qu'ils ne le sont, car ils se conservent long-temps. La Double-rose qui figurait dans cette collection, était remarquable par sa grosseur insolite, et la Petite rose, par la vivacité de son coloris. La chair cassante de la dernière est estimée. Mue DEROUSSENT. Plusieurs grappes de Raïsix Chasselas de Fontainebleau. Ces Raisins étaient beaux; les grains espacés , bien mürs, colo- rés, encore fleuris, faisaient préjuger leur bonne qualité. D DE FRUITS ET DE LÉGUMES. J409 MM, KETTIMANN ET SEMON, pépiniéristes et fleuristes an plan de Vaise. Des Pouues pe rene Cône de pin. Les tubercules exposés par MM. Kelimann et Simon ont une grande analogie avec ceux des Pommes de terre Ananas, ou Pom- mes de terre Artichaut. Peut-être n'est-ce qu'une variation qui se- rait due à une différence de sol. Les espèces d'écailles ou saïllies qui entourent les bourgeons sont plus espacées , plus relevées. La peau nous a paru plus fine. M. LACÈNE, propriétaire à Écully, memhre de la Société royale d'agriculiure, histoire naturelle et arts utiles de Lyon. 1 Giraumon T'urban. 1 Grappe de Raïsin Caillabas. 1 Pècnx Vivete. 1 Mornain blanc. 1 Pomme Peurré d'Arembert. 1 Muscat d'Alexandrie. 2 Duchesse d Angoulême. Giraumon Tursax, — Cette Courge, qui se recommanée par sa belle couleur et par sa forme bizarre, a un autre mérite : sa chair est délicate, plus sucrée, moins aqueuse que celle du Potiron. Elle est préférable. Porre Beurré n'Aremsenr. — Beaucoup d'amateurs considèrent ce fruit comme la meilleure des Poires. Il est connu depuis douze ans au plus dans notre département, et se trouve déjà dans presque tous les jardins; sa maturité se prolonge d'octobre en décembre. La figure du Vouveau Duhamel (pl. 424) ne donne qu'une idée inexacte de cette Poire. Ce n'est pas sa forme habituelle, et quant à sa couleur, elle est totalement différente. On doit regretter de voir, dans ce magnifique ouvrage, les fruits assez généralement re- présentés avant leur maturité, ce qui donne une fausse idée de leurs couleurs. Porre Ducnesse n'AncouLËmEe. — Arbre très-fecond , presque aussi productif sur frane que sur Coïgnassier. Excellente Poire, origi- naire des environs d'Angers, müre en octobre. Elle tient des qua- lités du Peurré blanc et de la Crassane, et commence depuis einq à six ans à se répandre dans nos jardins. Le Vouoeau Duhamc! 546 RAPPORT SUR LA SECONDE EXPOSITION dit qu’elle a été , pendant on ne sait combien de temps, confondue avec les Poires à cidre, et que ce n’est que vers 1830 qu'on la re- marquée. Tout en rapportant que cette Poire a une bonne répulation , les auteurs observent qu’elle a la chair grenue et un peu grossière , ce qui n'est pas dans nos environs , où elle se montre constam- ment fine et beurrée. La figure ( pl 422) ne ressemble à la Duchesse d'Angouléme ni pour la forme, ni pour la couleur, elle n’a d’elle que le nom. Il faut que le sol et le climat de Paris aient beaucoup fait varier ce fruit, car, autour de Lyon, il est totalement diffé- rent, et l’on ne peut penser que des hommes aussi instruits que MM. Poiteau el Turpin l’aient confondu avec un autre. Rarsix Carszasas. — Belles grappes à grains noirs, arrondis, écar- tés, craquants. Le meilleur des Raisins noirs de table, selon Bosc. RaïsiN Monnain gLanc. — Il est assez difficile de distinguer à la vue seulement le Mornain blanc ou Chasselas Mornain du véritable Chasselas de Fontainebleau ; cependant le dernier a les grains un peu plus espacés, plus fermes, eroquants sous la dent, et d’une saveur plus sucrée. Du reste, ces deux variétés de Raisin se tien- nent par d’autres variétés intermédiaires si rapprochées qu'il est souvent fort difficile de les reconnaître. Raisin Muscar D'ALEXANDRIE. — Autour de Paris, ce Raisin muürit rarement. Nous sommes plus heureux; ses belles grappes mürissent assez bien à Lyon , et ses grains gros , allongés , prennent fréquem- ment une teinie rousse. Il faut ajouter à sa synonymie le nom de haisin de Calabre sous lequel il est connu ici. ( Passe longue mus- quée, Passe musquée, Raisin de Malaga.) M. Lacène s’est occupé d’une manière toute spéciale des arbres fruitiers. Ses collections de Pêchers surtout jouissent d’une répu- tation mérilée. Il avait, en exposant ses fruits, le double but de faire acte de présence dans un concours où chaque amateur étalait ses produits, et de rappeler le souvenir d’un homme distingué. Des Raisins, des Poires, groupés avec des fleurs, entouraient une pyramide de Dablias dédiée à la mémoire de M. Grognier, qui remplit pendant vingt-cinq ans les fonctions de secrétaire de la So- DE FRUIT ET DE LÉGUMES. 547 ciélé d'agriculture. La Société , en accueillant cel hommage, s’est associée à l'intention de M. Lacène. M. LBUIZET Gares, pépinicriste à Écully, membre de la Société d'agriculture, histoire naturelle et arts utiles de Lyon. 1 Cnou rave. 4 Poires Louise-bonne. 4 Cource massue. 4 M. le Curé. 18 Pécnes /Vivette. 4 Passe-Colmar. 4 Porres Angleterre d'hiver. 1 Pastorale d'hiver. 4 Beurré blanc. 4 Bochechouart ? 4 Peurré d'Arembert. 4 Royale d'hiver. 2 Beurré incomparable. 4 St-Germain d'hiver. 5 Bezy de la Motte. 3 Tonneau. 5 Planquet d'hiver. 4 Très-grosse de Bruxelles. 4 Bon Chrétien d'hiver. 4 Virgouleuse. 4 Charton ? Powmes pe Terre de Rohan. 5 Colmar. Indéterminée ? 4 Colmar souverain. 1 Assiette de Raïsix Isabelle. 4 Crassane. 4 Grappe de Raïrsix Chasselas rose. 4 d'Ardempont ? ! de la Terre-Promise? 1 Deux fois l'an. 1 Grenache ou Alicante. 4 Doyenné d'hiver. 1 Monstrueux de Decandolle. rA Dsse d'Angouléme. 1 Olivette blanche ? Pècue Niverre. — Les belles Pêches exposées par M. Luizet, dans un moment où ce fruit devient rare, ont vivement alliré l'at- tention du public. La Péche Nivette, Nivette veloutée où Feloutée tardive, qui mûrit vers la fin de septembre, est un fruit précieux, non-seulement par sa forme et son goût, mais encore par l'époque de sa maturité. Celte Pêche se maintient toujours à un prix élevé. Poire BEURRÉ INCOMPARABLE. — Gros bois, plus velu que celui du Catillac. Très-gros fruit, ovoide, renflé dans son milieu , un peu p) ? plus rétréci vers la queue que du côté de l'œil, ayant quelque ana- logie de forme avec la Duchesse d'Angoulème , mais un peu moins bosselé ; pédoncule gros, droit, assez long (2 à 3 centimètres), , 6 brun , implanté au milieu d'une petite cavité évasée ; œil grand , fermé , situé presque à fleur du fruit; peau un peu rude, jaunâtre, mouchetée de Laches rousses, si rapprochées qu'elles se touchent 548 RAPPORT SUR LA SECONDE EXPOSITION presque toutes; chair grenue, fondante , pleine d’une eau sucrée et parfumée; pepins souvent avortés, grands, aplatis, d’un brun rouge, noirâtres aux deux extrémités. Muürit en novembre. Cette Poire, la meilleure, ou l’une des meilleures, est encore peu répandue. Avant de la manger, il faut ôter la peau qui est un peu âpre. Parfois la colonne fibreuse qui va du pédoncule à l'œil, en contournant les loges, est graveleuse ; malgré cela, nous le répélons, c’est un excellent fruit. Poire Cnarton ? — Fruit moyen, ovoïde-arrondi , marqué parfois de côles peu senties, aussi large que haut, se rétrécissant assez brusquement vers le pédoncule, qui est long (3 centimètres), d'un brun clair, tiqueté de brun plus foncé, implanté dans un léger en- foncement bordé de petites éminences; œil moyen, fermé, pen- tagone, et situé dans un creux évasé peu profond; peau lisse, d'un vert clair, marquée de points plus foncés et colorés de rouge brique du côté du soleil. Poire très-tardive , bonne à manger crue en mars ou avril. Cette Poire porte le nom de la personne qui possède l'arbre dans sa propriété, à Écully. La Commission , ne pouvant déterminer ce fruit, lui a conservé le nom de Poire Charlton. Ne serait-ce point une variété de Bergamote ? Porre Cozwar souverain. — Très-gros fruit, peu bosselé, allongé, renflé vers sa tête, rétréci à son tiers supérieur; pédoneule assez gros, droit, court (2 centimètres ), d’un brun foncé, implanté dans une cavité peu profonde, évasée ; œil grand, fermé, situé dans un enfoncement évasé; peau lisse, jaune , unicolore, pointillée de roux, parsemée de petites taches rousses plus nombreuses, plus grandes au pourtour de l’œil et du côté de l'ombre; chair fondante, beurrée, un peu parfumée, mais légèrement âpre; pepins bruns, peu nombreux, allongés, à pointe recourbée et aplatie. Cette bonne Poire mürit vers la mi-novembre. Porre »'Arpewponr ? — C'est peut-être la Poire Délice d'Ardem- pont du Vouveau Duhamel. Ya description lui est applicable , mais la figure (pl. 258 ) est assez différente. Notre fruit est plus al- longé, plus renflé autour du pédoncule; il n’est pas de même couleur. Poire Deux rors L'an. — Fruit moyen, conoïde, presque aussi DE FRUITS ET DE LÉGUMES. 549 large que haut, ayant son plus grand diamètre vers son tiers infé- rieur. IL est arrondi du côté de l'œil et diminue graduellement vers la queue, qui est très-grosse , droite, assez longue ( 3 décimètres ), charnue à son implantation, qui se fait presque à fleur du fruit , au centre d'un pelit creux; œil grand , à demi fermé, situé dans une dépression très-évasée , peu profonde; peau lisse , jaune , ti- quetée de points roux plus nombreux et entremêlés de taches rous- ses du côté de l'œil; chair fine, fondante , beurrée, pleine d’eau; saveur agréable , ayant beaucoup de rapport avec celle du Peurré blanc; pepins avortés dans la seule Poire que nous ayons vue. Bon fruit, mûr dans les premiers jours de novembre. Porre Doxenné p’niverR. — Bois du Martin-sec ; fruit de la forme du Beurré blanc, maïs un peu moins gros ; pédoncule court, gros, souvent mamelonné à sa base, implanté jusqu'à fleur du sommet; œil fermé, peu enfoncé; peau fine, d’un jaune clair, mat, unico- lore, tachée et pointillée de roux; chair fondante, beurrée , aigre- lette; pepins marron clair, renflés, ovoïdes-aigus , pointus aux deux extrémités. Ce bon fruit mürit de novembre à janvier. La description du Doyenné d'hiver ou Bergamote de Päques du Nouveau Duhamel se rapporte assez bien à notre Poire; mais la figure (pl. 411) ne lui ressemble point. La gravure donnée par Rozier, quoique d’une exécution mauvaise, s’en rapproche davan- tage. On trouve dans les Ænnales de Flore et de Pomone, une fi- gure du Doyenné d'hiver, qui ne donne aucune idée de cette Poire. Poire Monsieur Le Curé. — Très-gros fruit, pyramidal, très-al- longé, près de moitié plus haut que large, un peu aplati et comme canaliculé sur un côté; le pédoncule très-gros, court (2 centimè- tres), d’un brun clair, tuberculé ou charnu à sa base, est implanté obliquement à fleur du sommet de la Poire ; l'œil est large, ouvert, élalé , situé dans un enfoncement peu profond, très-évasé; peau lisse , unicolore , d’un vert clair devenant jaune pâle à la maturité du fruit, finement pointillée de gris et marquée de laches rousses au- tour de l'œil ; chair beurrée, très-fondante, sucrée, musquée, saveur et parfum de l'£pine d'été; pepins bruns foncés, presque toujours avoriés, très-allongés, mal faits. Cette excellente Poire est mûre vers là mi-novembre. Poire Pasronase p’uiver, — Gros fruit, ovoide, arrondi vers l'œil F2 ns 550 RAPPORT SUR LA SECONDE EXPOSITION et diminuant assez brusquement du côté du pédoncule, qui est long de 2 centimètres, souvent charnu à sa base, implanté obliquement à fleur du fruit; œil au centre d'une dépression peu marquée, assez grand, ouvert, à sépales étroils, non élalés; peau jaune, lavée de rouge brique du côté du soleil, et tachée de points roux très-nom- breux, aussi gros que ceux que l’on remarque sur la peau du Bezy de la Motte; chair ferme, demi-cassante; eau peu abondante , su- crée, légèrement musquée; pepins bien nourris, larges, un peu aplatis, d’un brun clair, maculés de taches plus foncées. Mürit fin novembre. Ce fruit est rare dans notre département. M. Luizet tient l'arbre de M. Transon-Gombaud, pépiniériste à Orléans. Cette Poire nous a paru un peu différente de la Pastorale du Nouveau Duhamel (pl. 30), et pourrait bien être celle décrite sous ce nom par Du- hamel. Elle ne porte pas de tache rousse autour de la queue comme la première, et la queue est charnue à sa base comme la seconde. Poire Rocnecuouanr. — Fruit moyen, ovoïde, bosselé et ren- flé; le pédoncule long de 2 à 3 centimètres, droit, brun dans le Ù 8 , haut, vert à sa base, pointillé, est situé au centre d’une dépression ; »P , peu marquée; œil assez grand, à demi fermé , situé dans une ea- vité peu profonde, évasée; peau lisse, d’un jaune verdâtre, colorée en rouge du côté du soleil, pointillée de brun; chair beurrée, fon- dante, sucrée, parfumée, très-légèrement âpre; pepins d'un brun , » pa , 6 ? clair, allongés et terminés en pointe aiguë. Très-bonne Poire, mûre dans les premiers jours de novembre. M. Laporte-Toscan , propriétaire à Écully, amaleur distingué de bonnes espèces de fruits, a reçu ce Poiricr, sans désignation, de Rochechouart, près Limoges. IL lui a donné le nom du pays d'où il l'avait tiré. Porre rRÈs-crosse DE BRuxELLEs. — Arbre très-vigoureux; feuilles grandes. La Poire est la plus grosse de toutes, allongée, pyrami- dale, bosselée, renflée vers son tiers inférieur, se rétrécissant gra- duellement pour finir en pointe vers le sommet, et diminuant rapi- dement au contraire vers la tête pour former les éminences qui entourent l'œil. Elle a souvent plus de 10 centimètres de diamètre sur 18 de hauteur, le pédoneule compris; la queue est grosse. droite, courte (2 à 3 cealimètres ), brune, implantée obliquement ps DE FRUITS ET DE LÉGUMES. 291 à fleur du fruit; sa base est surmontée par un ou deux plis; œil grand, à demi fermé, situé dans une cavité peu profonde et peu étendue ; peau lisse, verte , rougeâlre du côté du soleil, tachée de brun autour du pédoncule, tiquetée de points bruns un peu sail- lants, nombreux surtout près de l'œil; chair grossière, coriace , âpre, quelquefois pierreuse entre les carpelles et l'œil ; pepins sou- vent avortés ou mal faits. Cette Poire, très-mauvaise crue, est ex- cellente cuite; elle se conserve presque tout l'hiver. La Trés-grosse de Bruxelles pèse souvent plus d’un kilogramme. Un propriétaire d'Écully en a récolté qui balancçaient un kilogramme 468 grammes ( 3 livres ). La plus grosse des quatre exposées par M. Luizet portait 38 centimètres de circonférence, Deux mois après avoir été cueillie, elle pesait 910 grammes. On comprend que cet arbre ne doit jamais être élevé sur haute tige, que le vent jetterait à bas tous les fruits avant leur maturité. 11 doit être greffé sur Coi- gnassier, et pour avoir des Poires énormes , il faut les soutenir aussitôt qu'elles ont alleint le tiers de leur grosseur. Dans une partie du département du Rhône, ce Poirier est connu sous le nom de St-Lezin. Le Nouveau Duhamel nomme ainsi deux Poires qui nous ont paru différentes. Celle qui porte une tache à l'insertion du pédoneule et qui est accompagnée d’un bourgeon et d’une fleur (pl. 27 ), ressemble beaucoup à notre Poire. La description eepen- dant ne s'y rapporierail pas entièrement, En effel, MM. Poiteau et Turpin disent que ce fruit mürit en novembre et se conserve à peine jusqu'à la fin de décembre, que ce n'est qu'une médiocre Poire à cuire; tandis que le nôtre se conserve facilement Jusqu'en mars et qu'il est très-bon cuit. Pommes DE TERRE INDÉTERMINÉES ? — M. Luizet n’en connait pas le nom. La Commision n’a pu le déterminer. Les tubereules sont jaunes, assez gros, allongés, arqués, un peu aplatis; la peau en est fine. Cette variété est très-bonne. Raisin Isareze (Witis Alexanderi). — La Vigne Isabelle donne une grappe noire, dont les grains arrondis répandent une odeur analogue à celle de la Framboise, et dont la saveur ressemble à celle du Cassis, Elle commence à se répandre dans les jardins. On a essayé de s’en servir pour communiquer un parfum agréable aux vins. IL est à désirer qu'on persiste dans ces tentalives et qu'on 552 RAPPORT SUR LA SECONDE EXPOSITION varie les proportions du mélange de ce Raïsin, car on doit arri- ver à de bons résultats, el jusqu’à ce moment les vins que la Vi- gne /sabelle a donnés, soit qu’on en ait employé les Raisins seuls, soit qu’on les ait mélangés avec moilié ou deux tiers d’autres, ont une saveur trop forte. M. Luizet a pressé quelques grappes de ce Raisin , et sans attendre la fermentation, il a mis le jus en bou- teille. Cette espèce de vin ou piquette , conservée depuis deux ans, est peu colorée; elle a gardé faiblement l’arôme du Aaisin Isabelle. Les fruits de M. Luizet étaient remarquables sous tous les rap- ports : beaux, bien étiquetés, dignes en un mot de la réputation mérilée de cet habile horticulteur. M. MARNET, propriétaire à Chaponost (Rhône ). 2 Onances Pampelmouse, — Très-grosses. M. NÉRARD Ai, pépiniériste et fleuriste, route du Bourbonnais, à Vaise. 4 Porre Belle de Bruxelles. 4 Powwe Reinette Safran. 1 Beurré Napoléon 2 4 Grappe de Raisin Muscat d'A- 4 Pouue Ananas. lexandrie. | Reinette muscat ? Porre BEURRÉ NAPoLÉON ? — Gros et beau fruit; de forme ovoïde, bosselé , renflé dans son milieu , plus étroit auprès du pédoneule qui est gros, droit, assez long (3 centimètres), implanté un peu obliquement dans un creux irrégulier, sur l’un äes côtés duquel on voit des bosselures qui surmontent la base de la queue. L’œil est à demi fermé , situé au centre d’un enfoncement profond dont les bords sont mamelonnés; la peau est lisse ,; jaunâtre , légèrement teintée de rouge d’un côté et pointillée de brun; chair cassante, sans parfum; pepins nombreux, d’un brun clair, gros, bien nourris. Mürit dans les premiers jours de novembre. Lorsque nous avons goûté le Beurré Napoléon, ïl était mal mûr et commençait à se gâler, ce qui nous a probablement empêché d'apprécier convenablement ses qualités. C’est la première fois qu'il fructifie chez M. Nérard. M. Auray . pépiniériste à la Duchère , qui, pour la première année aussi , récollait ce fruit, en apporta un le jour de la clôture de l'exposition. II paraissait à peu près de même ous) DE FRUITS ET DE LÉGUMES. 290 forme que celui de M. Nérard, mais la peau, plus fine, se rappro- chait davantage de celle du Beurré d'Arembert, et la chair était fondante , beurrée , très-sucrée. Si ce sont deux variétés différentes, comme cela nous a paru d’abord , elles sont très-voisines l’une de l'autre. Pouxe Rerverre Muscar? — Très-bon fruit, de grosseur moyenne, ovoïde ; peau d’un jaune roussâtre , rouge du côté du soleil; chair ferme, cassante , très-musquée. Mûrit en décembre (Reinette mus- quée ; Christ? ). Pouwe Rernerre Sarran. — Bon fruit de grosseur moyenne, aplati; peau lisse , d’un jaune rougeûtre , lavé de rouge vif du côté du so- leil; chair cassante , d'une saveur aigrelelte , relevée et musquée. Elle mürit en décembre , et peut, dit-on, se conserver jusqu’en mars. Des six fruits présentés par M. Nérard, quatre sont nouveaux dans notre département et s'annoncent comme bons. Quant à la Poire Pelle de Bruxelles et au Raïsin Muscat d'Alexandrie, ils avaient le mérite, l’un d'être parfaitement mûr et bien coloré, l’autre d'a- voir élé conservé au-delà de l'époque ordinaire de sa maturité ; en eflet, celle Poire, qui figurait aussi dans les collections de MM. Blanchet et Chapuis, mürit vers le 45 août, C’est un assez bon fruit quand il est mangé au degré de maturité convenable, mais il devient promptement cotonneux. M. POEZAT, pépiniériste et fleuriste à Vilieurbane ( Isère ). À Porre Beurré Thouin. 1 Pomme Duchesse d'Angouléme. 1 Bon Chrétien de Fernois. 1 Pouwe Reinette d Angleterre. 1 Citron panache. 1 Grexae jaune. M. Poizat, auquel l’horticulture est redevable de plusieurs fruits nouveaux , notamment de belles variétés de Cerises, introduit cha- que année des espèces rares. Les Poires Citron panaché et Beurré Thouïn ne sont pas répandues, quoique la seconde soit depuis long- temps connue et qu'elle ait été décrite par Van Mons. 554 RAPPORT SUR LA SECONDE EXPOSITION M. PONCET, horüculteur à la Guillotière, rue de la Croix, et rue des Marronniers, à Lyon. 4 Fruits du Maclura aurantiaca. 2 Porres /ndéterminces ? 4 Porre Beurré d Arembert. Plusieurs grappes de CnasseLas 2 Duchesse € Angouléme. de Fontainebleau. 4 Superfondante. Porre SurerFonpante. — Le port, le bois et le feuillage de cet arbre ont beaucoup d’analogie avec ceux du Gros rousselet ou Roi d'été. Le fruit est de grosseur moyenne, allongé, pyramidal, aminci vers la queue, arrondi du côté de l’œil. Il est fréquemment marqué sur une face par une rainure longitudinale, peu profonde, colorée parfois; la queue ou pédoncule est d’un brun clair, assez longue, presque loujours implantée obliquement , à fleur du fruit, souvent charnue ou tuberculée à son insertion de la même manière que le Passe-Colmar; Y'œil est régulier, ouvert , bien étalé, et montre les débris des élamines dans son centre; il est situé au milieu d'une dépression peu marquée ; la peau est fine, peu colorée, d’un jaune verdâtre uniforme, tiquetée de très-petits points bruns plus marqués autour de l'œil, près duquel leur agglomération forme souvent de petiles taches brunes; la chair est fondante, demi-beurrée , très- sucrée; les pepins, qui avortent le plus souvent, sont noirs, allon- gés, aplatis, mal faits. Bonne Poire, mûre dans les premiers jours de novembre. La Superfondante n’était pas connue dans notre département. Sa forme, sa couleur, et même son goût, la rapprochent de la Poire Monsieur le Curé. Elle est moins grosse , moins fondante et d’une saveur moins parfumée. Cependant, il n’y a pas entre ces deux Poires autant de différence qu'il en existe entre l'Epargne venant d'un arbre greffé sur Coignassier, planté dans un bon terrain, et l'Epargne venant d'un Poirier greffé sur franc, planté dans un ter- rain maigre. L'exposition de M. Poncet se distinguait par ses belles grappes de Chasselas à grosses graines, espacées, bien colorées et couvertes encore de cette fine poussière qu’on désigne sous le nom de fleur. Les fruits du Maclura aurantiaca, par leur forme sphéroïde, ma- melonnée , par leur couleur jaune verdâtre, attiraient les yeux de pr DE FRUITS ET DE LÉGUMES. 359 quelques personnes. Lorsqu'ils sont mürs, leur odeur est nauséa- bonde et leur saveur dégoûtante. La Poire Superfondante et celle dont le nom nous est inconnu , nous ont paru de bons fruits, qui mérilent d'être multipliés. M. POVET, pépiniériste à la Guillotiére. 4 Picne Pourprée tardive. Poire Doyenné gris. à Pormes Angélique de Bordeaux. Duchesse d'Angouléme. 1 Angleterre d'hiver. Martin-sire. Messire-Jean gris. Milan blanc. Bergamote d'automne. Pergamote panachée. Beurré blanc. Muscat l'allemand ? Orange d'hiver. Passe-Colmar. 1 1 1 1 1 1 Beurré & Arembert. 1 Beurré d'Argenson. 1 Beurré gris. Î Foyale d'hiver. Bezy de Chassery. 1 St-Germain d'hiver. Bezy de la Motte. 2 Trésor d'amour. Bon Chrétien d' Auch. 1 1 1 1 Î 1 1 Bon Chrétien d'hiver. Verte longue panachée. Virgouleuse. Poume Calville blanche. Calville rouge. Reinette d Angleterre. Éeinette d'automne. Bon Chrétien Napoléon? Catillac. Colmar. Dauphine ? > ù ù > où on is = = = = =) ù ù > Doyenné doré. Reinette verte. Pècne PourPrée TARDIVE. — Ce beau fruit, qui mürit vers la fin de septembre, diffère de la Chevreuse tardive, avec laquelle on le confond assez souvent. Le mamelon est moins saïllant, et la goul- tière, si marquée dans la Chevreuse, est à peine sensible dans la Pourprée tardive. Via peau est plus jaune du côté de l'ombre, d’un rouge plus foncé du côté du soleil. Du reste, ces fruits mû- rissent à la même époque et sont également irès-bons. La maturilé de cette pêche était très-avanccée, et la Commission n’a pu suffisam- ment la caractériser; car chacun sait combien il est difficile de distinguer les variéiés de pèches sur l'arbre, à plus forle raison lorsqu'elles en sont détachées. Les fruits étaient généralement bien choisis. Parmi les Poires, Te HE 39 556 RAPPORT SUR LA SECONDE EXPOSITION la Commission a distingué une Angélique de Bordeaux, d'une belle dimension; le Beurré d'Argenson et le Bon Chrétien Napoléon ? qui lui ont paru nouveaux dans le département; les Doyennés gris et doré, qu’elle croit issus d'arbres de même espèce, plantés dans des terrains de nature différente, et dont l’un serait plus vigoureux, mieux exposé ou plus âgé que l’autre. La feinette d'automne est une belle variété de la Aeinette grise. On la dit très-bonne et d’une facile conservation. M. SENATIER. 3 Cources Artichaut de Jérusalem. 3 Pasrèques communes. 1 Barbarine panachee. Les Pastèques de M. Senatier avaient des dimensions énormes. Les Courges Artichaut appartenaient à la variété dont le fruit est panaché de vert. La Barbarine est très-estimée; c’est le même fruit que l’on désigne aussi sous les noms de Courge longue à ban- des, Giraumon long de Barbarie, Concombre de Malte, Citrouille iroquoise. M. SERENGE, directeur du Jardin-des-Plantes, membre de la Société royale d'agriculture, histoire naturelle et arts utiles de Lyon. 2 Petites Counces orange, variété verruqueuse. 4 Grappe de Raisin de poche. Raïsix DE pocHE. — Grande grappe allongée, à gros grains irré- gulièrement arrondis, un peu serrés, de couleur rouge violacée, charnus. Ce Raïsin , que nous ne connaissions pas, vient d'Avignon. Il a été reçu par M. Seringe sous le nom de Aaisin prune; maïs la Commission ne pense pas que ce soit le fruit connu sous ce nom. Dans le département de l'Hérauit on l'appelle Raisin de poche, sans doute à cause de la dureté des grains qui permet de le mettre en poche sans risquer de l’écraser. Nous lui avons conservé celte dé- nomination. Quelquefois il devient énorme el pèse jusqu’à 3 ou 4 kilogrammes. Il est de qualité médiocre et ne mürit pas bien; mais il se conserve jusqu’en mars. Sa grosseur le rend précieux pour la décoration des desserts. On le dit bon en compote. DE FRUITS ET DE LÉGUMES. 59 > M. SIMON Jexn, pépiniériste à Vaise, route de Pourgogne. 4 Coixcs de Portugal. 1 Poire Sarrasin. 4 Grosse Nère. 1 Tonneau. 1 Pomme Bergamote d'automne. 1 Trésor d'amour. 2 Beurré blanc. 1 Trompe laquais. 2 Beurré d Arembert. ñ Virgouleuse. 2 Beurré gris. 1 Indéterminée ? 1 Bezy de Chaumontel? À Pomme Api. 1 Bezy de la Motte. 2 Caloille bâtarde. 3 Bon Chrétien d'hiver. 3 Calville blanche. 1 Bon Chrétien d' Auch. 2% Caloïlle rouge royale. 4 Catillac. 2 Court-pendu. 1 Chaptal. 2 Cusset. 1 Crassane. 1 Double rose. 1 Cuisse-dame. 1 Fenouillet. 1 Duchesse d'Angouléme. 1 Mignonnette. 2 Impériale à feuilles de 1 Reinette d Angleterre. chêne. 1 Reinette de Bretagne. 2 Messire-Jean gris. 6 Reinette du Canada. 2 Passe-Colmar. 1 Reinette franche. 3 Royale d'hiver. 4 Grappe de Raisin Bourdelas 1 St-Augustin ? blanc. 1 St-Germain d'été. 1 de Perracke. 6 St-Germain d'hiver. Poire Sarnr-GERMAIN D'ÉTÉ. — Fruit de même forme que le Saint- Germain d'hiver , un peu moins gros; sa peau est lisse, d’un jaune clair, sa chair est fondante, sucrée. 11 mürit dans le milieu du mois d'août. Le Saint-Germain d'été est rare autour de Paris et commun dans les environs de Lyon, où la beauté de la Poire, la fertilité de l'arbre l'ont fait répandre depuis long-temps; mais il est loin de mériter l'éloge qu’en font quelques personnes. Sa saveur est mé- diocre, il mollit assez promptement. Ordinairement, il est passé au mois d'octobre. Ce Poirier charge beaucoup et demande une ex- posilion chaude ; à l'ombre, son fruit mürit mal et n'est jamais bon. 558 RAPPORT SUR LA SECONDE EXPOSITION Pouxme CaLviire BATARDE, — Très-beau fruil, fortement coloré du côté du soleil. C’est une variété de la Caloille rouge, aussi belle , mais un peu moins bonne que la Calville royale; la chair est blanche. L'arbre est un des Pommiers les plus productifs , aussi le cultive-t-on de préférence à loutes les autres Calvilles , quoique son fruit soit inférieur. Le fait suivant, de notoriété publique, donne une idée de sa fécondité : Un propriétaire de la commune d'Écully (Rhône) , a récolté sur un seul arbre de Caloille bâtarde plus de sept hectolitres de Pommes (21 bichets mesure de Lyon). Pomme Mienonnerze. — Arbre très-fécond, fruit moyen, aplati, très-coloré et un peu rayé; chair douce, même avant son entière maiurilé, cassanie; assez commun et très-estimé dans nos cam- pagnes. Se conserve jusqu'en janvier. Powme Reinerre De BRErAGNE. — Le fruit étiqueté sous ce nom n'est pas répandu dans le département du Rhône. Il est de grosseur moyenne , aplati, fortement coloré de rouge d’un côté et pointillé de brun. On le dit très-bon , mais ne se conservant pas au-delà de décembre. Rarsin Bourneras BLanc. — Belles grappes à gros grains presque ronds, cassants, sucrés, müûrissant à peu près à la même époque que le Chasselas. Le Bourdelas blane est moins répandu dans les jardins que le Pourdelas noir. Des agronomes ont confondu ce Raisin avec le ’erjus, qui en diffère par son grain tout aussi gros, mais un peu plus allongé, d’une saveur moins agréable, et qui mûrit plus difficilement encore que le Muscat d'Alexandrie, avec lequel on le confond aussi quelquefois. Du reste, ces trois Raïsins, avant leur maturité, se vendent fréquemment pour faire le verjus. Rarsix DE PErracne. — Un pepin semé par les oiseaux dans le tronc pourri d'un vieux Saule a donné naissance à cette Vigne. Le Saule existait à Perrache , aux portes de Lyon, dans une haie. Un jardinier maraîcher , vers la fin du siècle dernier, remarqua le cep el le propagea. Cette Vigne est douée d’une végétation vigoureuse , elle charge beaucoup. La grappe, quoique plus grosse et plus courte, se rapproche de celle des Raisins Persagne eine mürit pas mieux. Les grains sont noirs, ronds, serrés. La chair est molle, peu su- crée, souvent acide. Le Aaisin de Perrache est très-productif, mais le vin qu’il donne esi de qualité inférieure. CR DE FRUITS ET DE LÉGUMES, 9299 Parmi les fruits que M. Simon a exposés , la Commission a sur- tout prisé ceux de notre localité peu connus ailleurs , tels que la Poire Saint-Germain d'été, les Pommes-Cusset et Mignonnette, le Raisin de Perrache. Mne WENDISCH. Cette dame a exposé trois belles Poires nommées Trésor d'a- mour. I est probable que la Poire que nous nommons ainsi, n’est pas la même que celle décrite par le Bon Jardinier (1). L'arbre est extrêmement fécond ; c'est à tel point que lorsqu'il est grelfé sur Coignassier , il arrive souvent qu'il se couvre de bourgeons à fruits et en donne à peine quelques uns à bois. La Poire est très-grosse , ovoide , renflée vers son tiers inférieur, toute parsemée de petits creux el de petites éminences qui lui donnent un aspect rugueux ; la queue est courte, grosse, implantée dans un petit enfoncement mamelonné ; l'œil est gros , fermé , situé dans une cavité profonde, étroile; la peau est lisse, rousse, marquée de jaune autour de l'œil et sur plusieurs points de sa circonférence. Elle est pointillée de gris; la chair est demi-cassante, aqueuse, douce, assez fade ; mauvaise crue , médiocre cuite. Elle se eueille vers la fin de sep- tembre , et se conserve lout au plus vers la mi-décembre. Souvent elle mollit à l’intérieur sans qu’on puisse le soupconner , si ce n'est à l'odeur agréable qu'elle répand alors, car elle reste ferme à l'ex térieur, ce qui lui a valu de quelque plaisant le nom de Poire à la coque. C'est, du reste, un très-beau fruit, ayant l’aspect d'une bonne Poire, etqui, par cela même, se vend bien sur le marché. Un jardinier des environs de Lyon , M. Mazet, avait à tort propagé cette espèce sous le nom de Beurré d'Anjou ; on l'a nommé aussi Jilogil. Quelques personnes la confondent avec la Bellissime d'au- tomne. Le Trésor d'amour est commun dans le département du Rhône ; il se trouvait dans la plupart des collections exposées. (1) « Trésor d'amour. Très-gros , renflé, jaune cilron , tendre, doux, trés-bon à cuire, Depuis décembre jusqu'en mars, mettre en entonnoir ou en contre-espalier et sur un treillage ( Bon Jardinier ). » - « Non ' a\ PAPAS A ri , \ n, 1 mu: EX: ‘re D musee lé NS Al UE “y HT du À A "1 brun a RCE à je PE ge FE ù | aan, pe 1 RATE ce 53 qe e Enr mn Pr ri, 7] : man Rs AE so 1 ar: denie stoiten. ne eat pi TT f nu |: ton , fe Se A 4 À RE sel” fa se à. an te CTP und, Ca ts + TIR TC LL NS UUESROESS CR | Rens . sie De MTL OT LONL EE SERRE MERE F:' |" SNS = fm ann Re CAE dr 5 © caféine Ge at >'adia * NUE nef RAM Sert; ou mar resrcrfilent A 4 ai É la + Age à yes DURE Ab armee 8 Mn 447 PR on Aube ah ae mlgal 4 LT à Ke x fe GARE #4 r- rames Ari “anal aibé smile rang es tnt dr — |: | © Enter Ds STAMS à ea pe SEE cesiépes aime à Ps once EUFE 1 ais MEDEE E SA NON der a nds fe ( 4 n . "+ v serie ste Race nas Üm AS Ko is 44 sels ur x she Ne re 3 Ant nee FA Le ee 0 ed er MEL hé mue | Ka BKRYRALTSE DES PROCÈS-VERBAUX. (année 1840.) Séance du 3 janvier 1840.— Présipence pe M. Moxraix. Parmi les pièces de la correspondance, se trouve un mémoire de M. Graff sur les Ftlons aurifères de la Gardette. Ce mémoire, écrit en allemand, est traduit en français par M. Lortet. — Le président prie M. Fournet d’en rendre compte. M. Hugues demande , par une circulaire autographiée, que la So- ciété s'adresse à M. le ministre de l’agriculture et du commerce afin d'obtenir les fonds nécessaires à l'acquisition d’une charrue et d’un semoir Hugues. 11 désirerait aussi que la Société nommât une com- mission pour rédiger un rapport à l’appui d’un plan proposé à M. le ministre pour la propagation , en France, de la culture en lignes par le semoir Hugues. MM. Gariot, Reverchon, Bouchard, qui ont fait usage du semoir Hugues, tout en rendant justice au mérite de cet instrument, s’ac- cordent à le considérer comme étant d’un usage difficile dans les terrains qui ne sont pas parfaitement meubles et unis, et d’un em- ploi désavantageux ou impraticable dans les terres caillouteuses, dans les sols argileux et humides. La Société passe à l’ordre du jour. M. Bottex propose de demander la création d’une chaire d'agri- culture à Lyon. La Société, après avoir discuté cette proposition, arrête que son président écrira à M. le ministre de l’agriculture et du commerce pour solliciter la création d’une chaire d'agriculture, et pour lui réi- térer la demande, faite précédemment, d'une chaire d'horticulture, qui serait annexée à la pépinière départementale. 19 EXTRAITS Séance du 10 janvier. — PRésinENcE DE M. MonrTaix. M. Montain expose une machine propre à mensurer les surfaces. Elle est de l'invention de deux ouvriers, qui désirent que la Société veuille bien examiner leur découverte, la constater. M. le président désigne une commission , composée de MM. Pravaz, Fournet et Thiaffait. M. Alexandre annonce qu’il a reçu une communication de même nature, et que l’ouvrier qui a fait une découverte qui paraît analogue à celle-ci veut prendre un brevet d'invention. Le secrétaire donne lecture d’une lettre de M. Lortet, qui de- mande que la Société s'adresse aux autorités pour en obtenir des mesures contre la destruction des oiseaux insectivores. M. Lortet fait ressortir les inconvénients de la chasse au fusil, et surtout de celle aux filets. Pour obvier aux dangers qui peuvent résulter de la destruction des petits oiseaux, il propose la saisie des filets dans notre département, comme cela se pratique depuis deux ans dans celui de l'Isère; la confiscation de tout le gibier aux portes de la ville dans le temps où la chasse n’est pas permise, c’est-à-dire à l'époque des nichées ; la confiscation en tout temps des petits oi- seaux, morts ou vivants. M. Lortet rapporte que, sous l'empire, un de nos premiers préfets employa ces moyens. M. Jourdan dit, à l'appui de cette proposition, que nos campagnes sont menacées d’un véritable fléau; qu'il y a de tous côtés un grand nombre de chenilles. La Société décide que copie de cette lettre sera adressée à M. le préfet, avec prière de prendre les mesures qu'il jugera convenables pour arrêter la destruction des petits oiseaux. Séance du 17 janvier. — Présence ne M. Monran. M. Deschamps lit une lettre de MM. Laurent ( pompier, rue Ste Hélène ) et Rossignol frères ( mécaniciens, rue de la Reine, 41). Ils prient la Société de nommer une commission dans le but d'exa- miner une pompe de leur invention. Elle réunit tous les avantages DES PROCÈS-YERBAUX. 3 des autres pompes, et peut en outre servir soit à combattre les in- cendies, soit à faire des arrosages, soil à élever l’eau à une grande hauteur. Enfin, selon les inventeurs, cette pompe est simple, solide, établie économiquement et à la portée de tous. — La commission nommée se compose de MM. Thiaffait, Deschamps, Repiquet, Pra- vaz, Seringe et Fournet,. M. Fournet lit un mémoire sur les Prises de jour et de nuil autour des montagnes. ( Voy. Ann., page 1.) Séance du 24 janvier. — Présinence DE M. Monran. La Société recoit une note manuscrite intitulée : Addition au mé- moire sur les Hippurites et les Sphérulites du département du Gard, par le baron d'Hombre-Firmas. Un dessin accompagne celle note, dont le secrétaire donne lecture. Elle est renvoyée à la commission de publication. Séance du 31 janvier. — Présinexce DE M. Moxraix. M. Marcel de Serres, correspondant, envoie un mémoire manu- serit sur Quelques animaux invertébrés des couches supérieures des terrains tertiaires marins supérieurs des environs de Montpellier. Ce travail est le complément d’un mémoire déjà inséré dans les Annales de la Société (1). M. Jourdan est prié d’en rendre compte. M. Deschamps présente, de la part de M. le docteur Gueyrard père, une belle variété de blé de printemps, nommée blé du Cap. Ce froment résiste bien à la sécheresse. Son épi est barbu , blan- châtre. Son grain, tendre, luisant , d’un blanc jaunätre, tient assez fortement dans les balles pour ne pas s’égrener, comme tant d'autres, quand on le moissonne à sa malurilé. Cette dernière qualité le pré- serve des attaques des moineaux. M. Gueyrard a récolté une petite quantité de ce blé ; néanmoins, il en offre des semences, et fait dépo- ser sur le bureau des échantillons de sa farine et du pain confectionné avec elle. Le pain est savoureux, quoiqu'il ne contienne pas de (4) Tome 1er, page 405. 4 EXTRAITS sel, et sa couleur, qui n’est pas très-blanche, tient probablement à un mauvais procédé de fabrication. La Société vote des remerci ments à M. Gueyrard, qui, depuis une dizaine d'années, s'occupe de la culture des diverses céréales, et spécialement des nombreuses variétés de blés. M. Tissier rappelle, à propos de la collection des céréales de M. Gueyrard , celle d’un ancien membre de la Société , M. de Mar- tinel, qui possédait quatre-vingls espèces ou variétés de froment, et qui , à la suite d’un hiver rigoureux, les perdit presque toutes. Les blés cultivés depuis long-temps dans notre département, furent les seuls qui résistèrent. M. Simon, marchand grainetier, envoie des graines de trèfle hy- bride (trifolium hybridum , Lin. ). M. Hénon dit que ce trèfle, spontané dans une grande partie de l'Europe, est anciennement connu; que toule la plante est glabre , la tige dressée, et les fleurs , d’un rose pâle, réunies en capitules sphériques; qu'elle a été figurée et décrite dans un ouvrage pério- dique publié l'an dernier (1). 1l ajoute que des agronomes la con- seillent comme un fourrage excellent. Les Anglais l’'emploient à la décoration des grands jardins ou des pares; ils la sèment en bordures. Séance du T février. — Présidence DE M. Moxranx. Une note sur le trèfle hybride, par M. Tissot, est renvoyée à l'examen de M. Seringe. Des discussions réglémentaires absorbent toute la séance. Séance du 14 février. — PRÉSIDENCE DE M. MonTanx. M. Rivière demande, par une lettre, que la Société nomme une commission pour examiner une machine de son invention destinée (4) Flore des serres et jardins de l’Angleterre, reproduction complète des ouvrages périodiques paraissant sons les titres de Botanical magazine et de Botanical register ct British flower garden réunis. — Paris, chez H, Cousin , rue Jacob, 25. — Prix, 60 fr, par an. — Janvier 1859. Bot. may. 5102. DES PROCÈS-VERBAUX. 5 à élever l’eau, et propre à irriguer des prairies planes qui seraient à proximité d'un cours d’eau. M. Bottex appuie cette demande. Le président désigne comme membres de cette commission MM. de St-Didier, Bouchard, Thiaffait, Seringe, Dugas et Pravaz. Sur la présentation de M. Guimet, le nom de M. Mondot de la Gorce, ingénieur en chef des ponts et chaussées, est inserit sur le registre d’expectalive comme candidat à une place de titulaire. Séance du 21 février. — PRÉSIDENCE DE M. MoxraIn. M. Tissier fait un rapport au nom de MM. Repiquet et Guillard père, chargés, d'après la demande de M. le préfet à la Société, d'examiner la manière de teiller et de rouir le chanvre de M. Mo- nin. 11 rappelle la machine de M. Christian et celle de M. Laforêt, ayant pour but le même objet. IL passe en revue les divers modes de rouir le chanvre, les mécaniques inventées pour remplacer ou simplifier le rouissage et le teillage. C'est en 1823 que M. Monin a fait connaître son procédé, et, depuis celte époque, il n’a cessé de travailler à le perfectionner. La commission s’est transportée à son domicile ( petite rue St-George , 7 }, où elle a vu fonctionner la machine. Elle a suivi, en plusieurs séances, les opérations jus- qu'au terme du rouissage parfait. Le rapporteur donne la descrip- tion détaillée de la machine, qui confectionne 75 kilog. de filasse par jour, et la marche des opérations du teillage et du rouissage par- fait. Des échantillons de chanvre teillé, de filasse peignée , sont mis sous les yeux de la Société. M. Monin voudrait fixer l'attention du gouvernement sur le perfectionnement qu’il pense avoir apporlé au rouissage ; et il aurait désiré que la commission prononcçät affirma- tivement qu'il a atteint le but qu'il se propose, ce qu’elle n'a pu faire, car il lui manque encore plusieurs données. Néanmoins, elle considère le procédé de M. Monin comme supérieur aux divers essais Lenlés jusqu’à ce jour. Elle propose de recommander l'au- teur à M. le préfet, pour que ce magistrat lui facilite un essai en grand dans les contrées où l’on cultive beaucoup de chanvre, de lin et d'autres plantes textiles. La Société approuve les conclusions du rapport. 6 EXTRAITS M. Pothon lit un mémoire sur l’une des plaies du commeree de Ia soie; sur l’abus de confiance, sur le vol dont quelques teinturiers se rendent coupables ; vol qui est souvent Lx source de fortunes sean- daleuses et qui frappe le commerce de plusieurs manières. En effet, la soie soustraite permel aux teinturiers infidèles de mettre leur prix à un taux assez bas pour que les teinturiers honnêtes ne puis- sent supporter la concurrence. Jetée sur le marché de notre place, cette soie éloigne celle qui vient du dehors. M. Pothon rapporte que M. Arnaud a trouvé un moyen très-simple de s’assurer de la fidélité des teinturiers, mais que plusieurs de ces derniers, outrés de voir leur conduile découverte, se sont portés à des violences, à des voies de fait envers M. Arnaud. Un procès est pendant devant les tribunaux. M. Pothon termine en demandant si la Société, qui prend un imté- rêt tout particulier à la prospérité de notre fabrique, ne jugerait pas convenable de livrer à la publicité les faits qu'il lui signale, afin d'engager les négociants à s'unir pour solliciler des mesures ur- gentes propres à prévenir le piquage d'once des teinturiers. IL in- dique un moyen facile d'arriver à ce but, en créant une police spéciale, composée de trois hommes et d'un commissaire de police, sous la direction de M. Arnaud. Il espère qu’en attendant que de pareilles mesures puissent être adoptées, les fabricants se réuni- ront, el qu'éclairés par le procédé de M. Arnaud, ils délaisseront les teinturiers convaineus de vol, et ceux qui éehappent à la justice en rejelant les soustractions sur leurs ouvriers; qu'ils ne se serviront plus que des teinturiers honnêtes qui ne recherchent que les béné- fices légitimes, et qui exercent sur leurs ouvriers une surveillance qui les met à l'abri de toute infidélité. ù M. Tissier dit que depuis long-temps le piquage d’once est con- nu; que tous ceux qui s'occupent de commerce savent que des teinturiers lévent la flotte, c’est le terme usité. Il apprend qu'ils y parviennent aisément par l’assouplissage des soies et par l'engalage; qu'ils arrivent ainsi à donner à la soie un poids souvent double de celui qu’elle avait d’abord; que cette soie non-seulement ne paraît pas allérée, mais que, passée sur la soude, elle est susceptible de prendre même les couleurs les plus tendres. I1 demande si le pro- cédéïde M. Arnaud consiste dans la manière &e lier les écheveaux. M. Pothon répond que la méthode de M. Arnaud est une simple règle de trois ; qu’il fait tremper dans la teiniure un petit écheveau DES PROCÈS-VERPAUX , 1 de soie d’un poids déterminé , et qu'il le compare ensuite avec la soie remise au teinturier et trempée dans la même teinture, La Sociélé a entendu avec intérêt la lecture du mémoire de M. Pothon, et l’a renvoyé à la commission des soies. M. J. Bourcier lit la description de nouvelles espèces d’oiseaux- mouches. Des figures accompagnent ce travail et représentent l'oi- seau-mouche de Costa ( Ornisma Costa ), l'oiseau-mouche d'Allard (©. Allardi ), Voiseau-mouche Jourdan ( O. Jourdani). M. Bourcier a dédié le dernier à M. Jourdan, directeur du cabinet d'histoire naturelle de Lyon , professeur de zoologie et d'anatomie comparée à la Faculté des sciences. Séance du 28 février. — PRÉSIDENCE DE M. Monraix. M. Parisel fait un rapport sur les tomes 35 et 36 des brevets d'in- vention expirés et publiés par le gouvernement. Après avoir énu- méré succinctement les brevets contenus dans les deux volumes, le rapporteur annonce qu'il n’analysera que ceux qui concernent l'a griculiure et l’industrie de la soie. Sous le premier rapport, M. Pari- sel examine l’'amputateur de M. Salavié, instrument desliné à la taille, au recepage et au londage des arbres élevés; — l’épurateur graminal de M. Demurger, qui sépare le bon grain du maïs à l’aide de l’eau; — une charrue mécanique d’un cultivateur de l'Alsace ; — la moissonneuse mécanique, qui brise la paille, coupe l’épi, le bat, et rend le grain vanné et prêt à être moulu; — le semoir Hugues.— M. Parisel termine cette partie de son rapport en exprimant le regret de ne pas rencontrer dans ces divers brevets de ces grandes amé- liorations que l’agriculture attend. Il regrette spécialement l'absence de la charrue-vapeur, déjà employée avec succès en Angleterre. Pas- sant a l’industrie de la soie, il mentionne un nouveau mélier à filer la soie; — l'emploi de la vapeur hydro-sulfurique pour l’étouffage des cocons ; — un brevet d'importation pour un nouveau métier destiné au tissage; — une machine à plier les étoffes, par M. Lantey- rès; — un métier plus apte aux dessins de petite dimension que celui qui est en usage, par M. Cote; — un nouveau métier à la Jac- quard, par M. Doguet ; — un métier brocheur, par M. Meynier; — 8 EXTRAITS le métier de M. Maiziat, qui reproduit sur un tissu des sujets de peinture et des morceaux d’écrilure. — Le rapporteur termine en désirant des améliorations qui amènent à un plus bas prix les tissus de soie et de laine. Il pense que la soie peut être immédiatement re- tirée du müûrier, et eile les expériences concluantes de M. Madiot. Quant aux tissus de laine, il est convaincu qu’on peut les établir sans chaîne ni trame , par application forte, sur un fond de caout- chouc, des filaments laineux teints, et cela avec une promptitude et une économie lelles, que le tissu différerait peu du prix de la ma- tière première. M. Hénon dit, au sujet des expériences faites par M. Madiot pour retirer de la soie de l'écorce du mürier, que, déjà long-temps avant M. Madiot, on avait fait des essais semblables; qu'Olivier de Serres avait consigné celle découverte, d'abord dans un opuseule imprimé en 1603 (1), et ensuile dans la seconde édition du Théâtre d'agri- culture et mesnage des champs (2), qui date de la même année. Il ajoute que Broussonet, qui publia en 1785 les opuscules de P. Richer de Belleval, y joignit le traitée d'Olivier de Serres sur la manière de travailler l'écorce du mürier blanc, et revendiqua, pour cet auteur, le mérile d'une découverte que d’autres s’appropriaient, M. Hénon se plaît à rendre justice aux travaux de M. Madiot et de quelques autres personnes; mais il exprime le regret de voir les découvertes des anciens tomber en oubli, et les expérimentateurs modernes perdre beaucoup de temps pour arriver à des résultats déjà connus. M. Magne lit quelques passages de la traduction d'un Essai sur l'analyse des sols, parle Rév. W. L. Rham , maître ès arts, vicaire de Winkfeld. La Société d'agriculture d'Angleterre a accordé un prix de 30 livr. sterl. à cet ouvrage. L'auteur déclare que ce n’est pas une analyse chimique du sol qu’il veut décrire , mais un simple examen pouvant suffire au cultivateur qui ne veut connaître la composition des terres que pour en apprécier la fertilité. « Chaque agriculteur (1) La secoxve ricnesse pv Mevrien-BLaxc. Qui se treuue en son escurce, pour en faire des toiles de toutes sortes, non-moius vtiles que la soie, prouenant de lu freille d'iceluy. Æ Paris, chez Anrananm Savéraix, ruë St Lacques, aux deux vipères. x.ncut, Æ{uec priuilege du Roy. Pelit in-8° de 27 pages, devenu très-rare. (2) Cinquiesme lieu. Chapitre xvi. La préparation de l’escorce du Meurier blanc, pour en fuire du linge et autres ouvrages. DES PROCÈS-VERBAUX. 9 praticien , dit M. Rham , avouera qu'indépendamment du elimat, de l'exposilion et d’autres circonstances locales, la fertilité d’une terre dépend plus de sa texture, de la division des parties constiluantes et de l’affinité pour l’eau qui en résulte, que de la quantité absolue des principes qui la composent. » IL cherche à reconnaître prinei- palement la grosseur relalive des parties dont le sol est formé, leur pature chimique, leurs propriélés hygrométriques et la quantité de matière organique unie aux substances minérales. Il recommande de prendre les parties du sol qu'on veut analyser en différents endroits de la propriété et à quelques pouces au-dessous de la surface, et de réunir ces parlies si elles diffèrent peu les unes des autres, pour avoir une moyenne sur laquelle on opère. La terre doit être soumise à l’action du feu ou du soleil jusqu'à ce qu’elle paraisse complètement sèche au toucher. On la pèse alors, et on la fait sé- cher davantage en la chauffant sur un feu ou sur une lampe. La chaleur ne doit pas être assez forte pour faire changer la couleur d'une spathule en bois sec avec laquelle on remue sans cesse pen- dant la dessication. Après cette opération , on pèse de nouveau pour connaître quelle était la quantité d’eau que la terre contenait, quoi- que sèche en apparence. Cette évaluation est Lrès-importlante , car les Lerres qui absorbent facilement l'humidité et celles qui la retien- nent sont les plus fertiles. Parmi les principes qui forment les sols ordinairement , nous trouvons en première ligne , sous ce rapport, l'humus , l'argile, ensuite la terre calcaire, et, enfin, le sable siliceux. La pesanteur spécifique d’un sol est une propriété qu'il importe aussi beaucoup de connaître ; elle peut faire préjuger la composition chi- mique de ce sol, et elle est même un indice précieux de sa fertilité. L'auteur décrit une manière très-simple d'obtenir la pesanteur spé- cifique d'une terre, el indique celles de plusieurs substances : — l’hu- mus pèse 1-3 ; l'argile, 2; la craie, 2-3 ; le sable siliceux, 2-6. — Ces chiffres démontrent que les sols les plus légers sont aussi les plus fertiles. M. Rham rapporle dans son travail plusieurs exemples qui confirment cetle proposition. Il fait remarquer que la désigna- tion vulgaire de léger appliquée à un sol sablonneux, n’exprime pas la pesanteur de ce sol, mais seulement la force nécessaire pour le labourer. Le procédé d'analyse est très-simple. IL consiste à passer la terre desséchée et bien divisée à travers trois lamis de plus en 10 EXTRAITS plus fins, de manière à obtenir, outre le gravier grossier qu'on doit avoir préalablement séparé , le sable un peu gros, le sable fin, le sable très-fin et la terre impalpable qui a traversé lous les tamis. On lave ensuite les trois premiers lols pour en enlever les particules très-tenues qui adhèrent au sable, et l'on verse les eaux du lavage sur la terre impalpable. IL faut avoir des vases très-profonds — des verres à quinquet dont une extrémité a été bouchée sont très- convenables, — et verser, dans l’un de ces vases, la terre qui doit être dans un état presque fluide; on agite avec force, on laisse re- poser un instant et l’on déeante. Il reste dans le tube une terre fine presque exclusivement formée d’alumine. Quant à la partie fluide, on la laisse déposer le temps nécessaire pour que les parties les plus lourdes forment un dépôt, et l’on décante de nouveau dans un troi- sième tube. Ces décantations doivent être renouvelées jusqu’à ce qu'on ail, d'un côté, loutes les particules visibles à l'œil nu, et de l'autre, toute la matière boueuse. Celle-ci est ensuile jetée sur un filtre. L'on obtient de l’eau claire, qui, évaporée jusqu’à siecilé , laisse un résidu formé des matières solubles du sol, — d’une es- pèce de gomme et de différents sels. — La partie restée sur le filtre constitue l’humus, formé de substances minérales et de matières ayant apparlenu aux êlres organisés. On reconnaît la quantilé des unes et des autres par la calcination qui transforme les parties or- ganiques en substances volatiles qui se dégagent. Le résidu soluble et l'humus doivent être pesés avec soin: plus ils sont abondants, plus était fertile la terre d’où on les a extraits. Quant aux trois qua- lités de sable, après qu'elles ont été séchées et pesées, elles doivent être traitées par l'acide muriatique étendu d’eau qui sépare le ear- bonate de chaux de la silice. M. Fournet cite, au sujet de ce mémoire, un travail de M. Ross, qui devail se coordonner avec les recherches de M. Erhenberg sur les animaux infusoires. Les observations microscopiques de M. Ross lui ont démontré qu'un pouce cube de terrain fertile renfermait des milliards d'animaux. M. Bineau pense que le procédé analytique de M. W. Rham est défectueux sous plusieurs rapports. IL est très-long, et ne lui paraît pas assez exact pour être utile dans la pratique. Le mode de dessi- ealion ne fournit pas de données assez justes sur les propriétés hy- grométriques du sol. La recherche du poids des substances solubles DES PROCÈS VERBAUX. 11 devient superflue, puisque l’on ne s’enquiert pas de la nature de ces substances. M. Magne répond que l’auteur anglais a prévu ces objections. I dit que son procédé est beaucoup moins long en pratique qu'il ne le paraît en lisant la description ; que le mode de dessicalion permet d'apprécier la tendance avec laquelle les sols attirent et retiennent l'humidité; que la connaissance des matières solubles est inutile à la pratique, et qu'il suffit d’en connaître la quantité , l'expérience ayant appris que la fertilité du sol se trouve en rapport direct avec elle. M. Parisel réclame pour la France le mérite d'avoir mis à la por- tée de tous les agriculteurs des procédés d'analyse propres à donner une idée de la nature du terrain. Il cite l'ouvrage de Chaptal sur la Chimie appliquée à l'agriculture (1). Il demande que la commission des prix veuille bien se souvenir, en temps opportun, de l’avan- tage qu'il y aurait à proposer pour sujet de prix un moyen simple et facile d'analyser les terres. MM. Monran, Président ; Héxon , Secrétaire général. — Re D Séance du 6 mars. — PRÉSIDENCE DE M. MoxrTanx. Sur la demande de M. le préfet, une commission est nommée pour rendre compte d’un ouvrage publié par M. Arbaud (2). Elle se compose de MM. Lecoq , Rey, Magne el Sauzey. Le secrétaire donne lecture d'un mémoire manuscrit intilulé De la cause de la coloration en rouge des sels gemmes ou sels de mine, par M. Marcel de Serres. Cette importante découverte est renvoyée à la commission de publication. ( Voyez Ann., page 199.) M. Montain annonce que M. Repiquet et lui ont vu une machine (4) 2 vol. in-89. — Paris, chez Mme Huzard , 4825. (2) Sur les vices rédhibitoires et la garantie dans les ventes et échanges d'animaux domestiques ; par M. Arbaud. — Draguignan, À vol. in-89. T.-I. 12 EXTRAITS à battre le blé; qu'ils la croient digne de l'attention de la Société. Une commission, composée de MM. Gariot, Thiaffait, Seringe, Dugas, de Bénévent et de Saint-Didier, est priée d'examiner cette invention, M. Dugas lit un rapport sur le Manuel élémentaire d'agriculture à l'usage des écoles primaires des départements du Midi, par M. le docteur Quenin, d'Orgon , ouvrage couronné par le conseil général des Bouches-du-Rhône. Le rapporteur analyse ce livre divisé en cinq parties. La première renferme les principes généraux, et traite des amendements , engrais et composis, des charrues en général, et, en particulier, de la charrue de Roville, dont il donne la figure et conseille l'usage. Il indique le moyen de reconnaître la nature des diverses terres. La seconde partie traite de la culture des cé- réales, des légumes , des fourrages , des plantes industrielles, ele. M. Quenin constate le triste résultat des récoltes céréales, qui, dans le Midi , ne donnent que cinq à six fois la semence. La troisième par- tie est consacrée aux végétaux ligneux, et principalement au mürier. L'auteur cile une douzaine d'espèces de muüriers ; les plantations de nains disposés en quinconce à quatre mètres en tous sens , lui paraissent les plus avantageuses. Il conseille aussi de planter des haies de müriers, et des müriers à hautes tiges autour des terres; il pense que la taille est la partie la plus difficile et Ia moins connue de la culture de cet arbre; il donne sur elle de précieux détails. Du mürier, l’auteur passe à la vigne, qui, dans le midi de la France, oceupe le cinquième des terres de la plus mauvaise qualité. Il parle des diverses méthodes en usage pour sa plantation, sa taille, ete. ; il eile comme avantageux, pour les petites propriélés surlout, l'u- sage de planter une rangée de ceps aulour des terres à blé. Ces vignes, bien aérées, profitent des engrais et des labours donnés à la terre. L'auteur parle aussi de la culture de l'olivier et des autres arbres fruitiers. La quatrième partie traite de l'éducation des ani- maux domestiques. En parlant des vers à soie, l’auteur déplore le peu de perfeclionnements apportés dans leur éducaiion , perfection- nements que la routine et les préjugés entravent encore. Il dit que cent livres de cocons pour une once de graines, dont les vers ont consommé vingt quintaux de feuilles , sont le plus beau produit ct s'obliennent rarement par les procédés ordinaires ; landis qu’il éva- luc au double , au moins, ces mêmes produits obtenus en suivant DES PROCÈS-VERBAUX. 13 les méthodes de MM. C. Beauvais et D'Areet. L'auteur décrit ces méthodes avec beaucoup de clarté; il en fait ressortir les avantages. M. Quenin consacre la cinquième et dernière partie de son travail aux divers modes de gestion et de comptabilité agricole ; il les ex- pose loujours avec la même clarté et la même concision. Le rap- porteur termine en fixant l'attention de la Société sur la nécessité qu'il y aurait à doter notre département d'un ouvrage semblable, adapté à notre localité ; il espère que cette proposition sera prise en considération , et croit que, si l’on adressait une demande à ce sujet à notre conseil général, il ne resterait pas en arrière des conseils généraux des autres départements qui ont fourni à leurs administrés les moyens de propager les bonnes méthodes en agriculture; il pense qu'en attendant , la Société devrait mettre la main à l'œuvre pour faire ce livre, ou, au moins, pour en provoquer l'exécution en le mettant au concours. M. Thiaffait rappelle qu'un des membres de la Société, M. Ga- riot , s'occupe depuis long-temps d’un travail de cette nature. M. Gariot, sur la demande qui lui est adressée au nom de la Sociélé, prend l'engagement de lui soumettre successivement les divers chapitres de son travail. M. Graff, directeur des mines , avait envoyé à la Société un ma- nuserit intitulé Æpercus sur quelques phénomènes des filons d'or de la Gardette, près du Bourg-d'Oisans (Isère), et Observations générales sur la classification des filons. Ce travail est écrit en al- lemand. M. Lortet a eu l’obligeance de le traduire, et M. Fournet en a donné lecture. ( Voyez page 183.) Seance du 13 mars. — Présinence pe M. Moxran. M. Seringe présente quelques graines d’une plante nouvelle. C’est une espèce de luzerne, qu’il nomme Æ{falfa , ou luzerne du Chili. On la dit d’une végétation vigoureuse et donnant d'excellents fourrages; elle a déjà été essayée l’année précédente dans les envi- rons de Bordeaux; on en a été satisfait. M. Seringe annonce que les personnes qui voudraient s’en procurer des graines, pourront # n A EXTRAITS s'adresser à M. Vial, de Lyon, qui en a recu une assez grande quantile. M. Dugas rend compte d’un mémoire sur les élangs, par M. Du- rand , vice-président de la Société d'agriculture de Montbrison. IL analyse ce travail et fait ressortir l'opinion de l’auteur, partisan de la conservation des étangs ; ensuile , M. Dugas émet son opi- nion personnelle sur celle grande question. Il résume les nombreuses brochures ou mémoires publiés sur la conservation ou la suppres- sion des étangs de la Bresse, et dont les auteurs conviennent, 1° que cerlains étangs sont insalubres, et d’autres point ou presque pas; 2° qu'une mesure générale et simullanée pour leur entier dessèche- ment sur toute la Bresse est presque impossible ; 3° qu’une indem- nité envers le propriétaire dont on dénalurerait la propriété est de toute justice ; 4° que le gouvernement, en cas qu’il ordonne le dessèchement, doit faire les travaux nécessaires pour l'écoulement des eaux. M. Dugas conclut de cet accord entre les parties dissi- dentes qu'il faut demander d’abord la suppression des étangs les plus insalubres, avec indemnités préalables, s’il y a lieu , et l'inter- venlion du gouvernement pour qu’il s’établisse comme médiateur dans les cas litigieux, pour qu'il dégrève de l'impôt, pour qu'il accorde des primes. Il parle ensuite des difficultés à vaincre et des dangers à éviter, si l'état veut exiger l’entier dessèchement des étangs. Il montre les habilants du Dauphiné venant de cinq à six lieues s’approvisionner d'engrais à Lyon, pendant l'hiver, tandis que ceux de la Bresse, qui manquent d’engrais et d'amendements , ne peuvent le faire à celte époque, pendant laquelle le repos des terres leur donne bien du temps, comme à tous , mais pendant la- quelle ils sont comme bloqués chez eux, n'ayant point de routes praticables. M. Dugas pense que, si le gouvernement ouvraïit en tous sens de bonnes voies de communication , cela suffirait pour opérer un changement très-avantageux au pays que l’on appelle la mau- vaise Bresse, et qui doit prendre un jour le nom de Bresse saine et Tertile. M. Alexandre, sans contester les avantages que le pays retire- rait des grandes voies de communication proposées par M. Dugas, ne pense pas que ce soil au gouvernement à se charger de pareils frais. M. Seringe lit un mémoire sur l'Organisation des anthères des DES PROCÈS-VERBAUX. 15 Mousses, des Hépatiques et des Characées, et sur leurs animalcules polliniques ou spirilles. (Voy. Ann., pag. 229.) M. Hénon rapporte qu’en examinant avec un fort microscope les grains polliniques de plusieurs plantes, telles que : ris persica , Ænémone coronaria, Lachenalia luteola » etc., il a remarqué que plusieurs de ces grains, placés dans l’eau , se déchirent sur un point de leur surface et qu'il en sort comme une espèce de poche ou sac, qui se rompt aussi, et laisse voir alors une grande quantité de petits corpuscules qui se meuvent quelques instants dans le liquide. 11 pense que ce sont des animaleules; mais il ne les a pas étudiés, son but étant seulement de déterminer la forme des grains de pollen. M. Jourdan dit que des naturalistes ont considéré les végélaux comme élant issus des animaux; que plusieurs regardent la plante comme un animal endormi. Il ajoute que la matière verdâtre que l'on remarque sur les eaux croupissantes , paraît êlre le point de départ de cette opinion; qu’en effet, cette matière est un animal dans le principe, et devient plus tard un végélal. Il cite aussi les balanes ou glands de mer, petits animaux à bras, sans yeux, sans tête, qui, dans les premiers temps de leur vie, nagent librement, courent après leur proie , en un mot, sont agiles, et qui, plus tard, lorsqu'ils deviennent adultes, se fixent pour loujours sur quelques corps sous-marins , où, renfermés dans un test solide et court, ils sont réduits en quelque sorte à l’état de sac stomachal. M. Magne appelle l'attention de la Société sur un article du Jour- nal d'agriculture pratique et d'économie rurale pour le midi de la France (1), intitulé De l'action de l'acide sulfurique sur la végéta- tion des plantes fourragères légumineuses , par L. Delord. L'auteur rapporte que, dans le département de la Dordogne, l'acide sulfurique étendu d’eau dans une énorme proportion, est employé avec succès pour remplacer le plâtre dont on saupoudre les trèfles. Il a arrosé avec ce liquide (800 à 1,000 parties d’eau, pour une d'acide sul- furique ) des champs de trèfle-farouche et de vesces. I a comparé le résultat obtenu avec ceux que lui ont donné le plâtre ou les cen- dres , et il Le trouve supérieur. Il cite aussi des personnes qui ont suivi son exemple et qui s’en louent. (1) Février 1840, page G2. — Cet article est emprunté au bulletin de la Société d'agriculture du Lot. 16 EXTRAITS M. Parisel invite les personnes qui voudraient répéter cette expé- rience à prendre de grandes précaulions, car il a essayé d'utiliser un sulfate acide de chaux, résidu d'une fabrique de bougies , et, bien qu'il l'ait étendu d’une grande quantité d'eau, les plantes sur lesquelles on l’a répandu ont été brülées. Ce sulfate acide saupoudre de chaux lui a fourni un sulfate de chaux entièrement neutre, et qu'il pense préférable au plâtre , car il retient obslinément des par- celles de corps gras. M. Seringe rappelle l’action de l'acide hydrochlorique sur les vieilles graines, dont il facilite la germination, et demande aux per- sonnes qui s'occupent de chimie s’il ne serait pas avantageux de faire usage de cet acide comme stimulant de la végélation. M. Lecoq cite l'usage où l’on est dans les environs d'Avesnes (Nord) de répandre sur les prés les fonds-d'huile étendus d’eau et mêlés aux urines des besliaux. On donne le nom de fond-d’huile au résidu de l'opération dans laquelle on brûle le mucilage de l'huile par l'acide sulfurique. Il rapporte aussi que l’on disperse sur les prairies une espèce de cendre noire, qui n’est autre chose qu'un mélange de carbones et de sulfure de fer. Exposé à l'air en forte masse, ce mélange s’enflamme de lui-même et se converlit en sul- late de fer. Lorsqu'on mélange les cendres noires avec de la chaux, ce qui se fait souvent, le sulfate de fer se transforme en plâtre. Ces cendres détruisent la mousse en activant la végétation des autres plantes. M. Lecoq pense que l’on doit peut-être attribuer ce double effet à la configuration diverse des feuilles de la mousse et des gra- minées , les cendres glissant sur ces dernières , tandis qu’elles sont arrêtées sur les autres. M. Tissier observe que l'emploi de l'acide sulfurique en agri- culture n'est pas nouveau, qu'il y a plus de vingt ans que l’on en parle. Une discussion s'engage sur la manière dont se comportent les acides carboniques, sulfuriques et hydrochloriques, les sulfates , carbonates et phosphates de chaux employés en agriculture. MM Bi- neau, Parisel , Magne, Jourdan, Seringe, Terme, y prennent part. M. Jourdan demande si la cornaille, reconnue pour être profi- table à la vigne, peut être indislinctement employée dans les terrains argileux ou siliceux. Il se plaint de ce que, dans un terrain de cet:e dernière nature, elle n'ait rien produit , tandis qu'elle a puissamment DES PROCÈS-VERPBAUX. hé agi dans une terre argileuse. 11 à remarqué aussi que cet engrais est plus nuisible qu'avantageux pour le gamé, et que le gros-plant s’en trouve très-bien. M. Gariol appuie l'observation de M. Jourdan. Il dit que la cor- paille n’est d'aucun avantage pour les vignes plantées dans un sol siliceux, surtout lorsque la saison est chaude et sèche. Quant au gros-plant , il dit que l’on sait depuis long-temps qu'il lui faut une terre forte , et que la cornaille est un excellent engrais pour lui. M. Sauzey attribue la courte durée du gamé à la surcharge des plants. Une commission composée de MM. Magne, Bineau, Parisel , Se- ringe , Jourdan, Gariot, est priée d'examiner l’action des acides sulfuriques et hydrochloriques sur les végétaux , et l'amendement dont M. Parisel a entretenu la Société. Séance du 20 mars. — Présinexce pe M. Mowrai. Le secrétaire donne lecture d'une lettre de M. Marcel de Serres, qui contient un supplément à ses recherches sur les Causes de la coloration du sel gemme. ( Voy. Ænn., page 203.) La Société décide qu’il y aura cette année une exposition de fieurs et d’autres produits de l'horticulture et de l’agriculture. M. de Fréminville fait un rapport sur le Vouveau système de che- mins de fer automoteurs de M. A. Peyret-Lallier (1). Selon M. de Fréminville, l’auteur de ce système aurait eu pour but la solution du problème suivant : Trouver le moyen d'utiliser en entier la force produite par la descente d’un fardeau sur un plan incliné, pour élever un fardeau semblable le long de la montée qui le précède, ayant un moindre degré d’inclinaison , et ainsi, sans interruption, sur de grandes lignes ondulées de montées el de descentes, de manière à obtenir une vitesse toujours égale, supérieure à celle pro- curée soit parles machines locomolives, soil par le système funiculaire sur des lignes horizontales ou d’une pente uniforme. — M. le rap- porteur expose les données sur lesquelles est basé ce système ; il (1) Paris, Guiraudet et Ch. Jouaust, 1840 ; in-8°. 18 EXTRAITS discute les chiffres. « 11 est certain, dit-il en terminant, que, si les moyens imaginés par l'inventeur satisfont à toutes les conditions du problème, la facilité qui sera prouvée par son système lui assure une haute prééminence sur tous les autres, et fera sillonner l'Europe entière par des chemins de fer en moins d’un demi-siècle; mais, jusqu'à ce que l'inventeur ait justifié d’un plein suceès par l'application matérielle de ses moyens, on ne peut qu'applaudir à son idée, qui nous semble renfermer encore beaucoup d’inconnues, et souhailer qu'il lui fasse au plus tôt subir l'épreuve de l'expérience que lui-même a sollicitée. » M. de Fréminville lit un mémoire dans lequel il expose une nou- velle théorie de la formation de la houille. Séance du 27 mars. — Présipence DE M. Moxrai. La Sociélé arrête le programme de l'exposition qui aura lieu à l'orangerie du Jardin-des-Planies les 29, 30 et 31 mai 1840, ( Voy. Ann., p. 179.) M. Pothon expose des modèles de nouveaux papiers-filets propres à déliter les vers à soie, et confectionnés avec une presse qui sert pour les métiers à la Jacquard. Il dit que déjà quelques éducateurs, notamment M. E. Robert, de Ste Tule, font usage de filets analo- gues, mais qu'il serait plus expéditif de faire les filets comme ceux qu'il présente. Selon l'estimation de M. Pothon, chaque emporle- pièce, de grosseur variée selon l’âge des vers, reviendrait à 300 fr.; mais, une fois ce premier déboursé fait, la dépense serait lrès- faible; le pied carré coûterail trois quarts de centime environ. M. Parisel demande si ce papier est facilement perméable. M. Pothon dit que des filets de papier ont pu servir à deux édu- cations; que, d’ailleurs, il serait aisé de les rendre imperméables à l'aide d’un savon récemment découvert, qui communique celle pro- priété au linge et au papier. Séance du 3 avril. — Priésipence dE M. MonrAIN. M. Durand fait un rapport sur un mémoire intitulé Coup-d'œil DES PROCÈS-VERBAUX. 19 sur l'agriculture de la Sicile, par M. le comte de Gasparin, pair de France (1). Après avoir tracé un rapide tableau de l’état misérable de ce beau pays qui fut le grenier de Rome, et qui, à part la côte orientale et le voisinage des villes, n’offre plus que l'aspect de la désolation, l’au- teur se demande quelle peut être la cause d’une misère aussi pro- fonde. A l’intérieur, presque toutes les terres sont incultes; le chardon et les plantes parasites disputent au froment la substance du sol sur lequel il a été jelé; aucune verdure ne couronne le som- met des monts; le bois est d'une excessive rareté; les moyens de communication sont peu nombreux; le peu de roules qui existent est dans un tel état qu’elles sont impraticables, et que le produit des terres devient presque nul par la difficulié de le transporter sur les marchés : on ne peut se faire une idée du dénüment et des souffrances des cullivateurs que par celle qu’on peut avoir de l’Ir- lande. Les enfants sont nus, les mères en haïllons; la faim assiége huit mois de l’année la cabane du paysan. « IL n’est pas rare de trouver des paysans morts de faim , dit M. de Gasparin; ces accidents n'oceasionnent ni élonnement, ni pitié : c’est l’état normal. » Quelles sont les causes d'un tel état de misère ? Ce sont : 10 les vices de la législation qui concentrent la propriété dans quelques mains, où elle s’amortit par les lois des substitutions; 2° l’'énormité de l'impôt, qui absorbe quelquefois de 30 à 60 pour cent de la va- leur des produits; 3° la rareté des capitaux; 4° l’oisiveté et l’apa- thie des grands propriétaires; 5° l'usage de baux très-courts ; 6° la mauvaise administralion de la justice, qui éternise les procès, re- pousse ou dédaigne la plainte du faible, et n’est point exemple de vénalite. EL cependant ce pays est ce qu'il fut autrefois; c’est la même terre, la même fertilité; le riz, le blé, la vigne, le mürier, le coton mème n’attendent pour produire au centuple qu’une main intelli- gente etlaborieuse; et ce peuple, dans la dégradation de la servitude, a conservé sa force et son énergie. L'importation des codes français suffirait pour faire de la Sicile le pays le plus riche de l'Europe, comme, par sa posilion, il serait un des plus puissanis. Puisse la (1) Paris, L. Bouchard-Huzard, mars 4840; in-8°. 20 EXTRAITS France ne pas l’apprendre un jour par les entreprises de l'Angleterre! M. Parisel lit une note sur un nouvel amendement, résidu d'une savonnerie. Il dit que, pour fabriquer en grand les savons durs, on a recours à la soude factice obtenue par le procédé de Leblanc. Celte matière, assez impure, laisse un résidu insoluble fort abon- dant. On le concevra en pensant que, pour saturer 100 parties d'huile de 13 à 14 parties d’alcali, il faut user 90 parties de soude factice. L'analyse démontre que le résidu sec est ainsi composé : Durrure de, calcium cab Carbonaie de chaise. nd CS CHAUX eAUSTIQUe EL. di. nt Gift chi Sulfate et carbonate de soude, carbonate de fer et perte 2 M. Parisel expose la théorie de la formation de ces diverses sub- slances. Lorsqu'elles sont entassées, elles développent une forte chaleur, Un thermomètre qui marquait 2° centig. au nord, s’est éle- vé rapidement à 50° centig., et s’y est maintenu avec tendance à hausser, lorsqu'on l'a enfoncé de 9 à 10 centimètres dans un tas de ce résidu. M. Parisel pense que cet amendement agira sur les végé- taux comme stimulant. IL propose de le renvoyer à la commission chargée d'examiner différents engrais. La Société accède à cette proposition. M. Montain cile des expériences faites à Oullins, par M. Des- champs, pour détruire les fourmis et la pyrale du pommier par le sulfure de chaux. 11 rapporte aussi quelques essais qui lui sont per- sonnels et qu'il a tentés avec cette substance, soit pour constater son action sur les végétaux, soit pour éloigner ou tuer les pucerons de l’artichaut. Les plantes n’en sont point incommodées , et les in- sectes disparaissent, Il termine en rappelant la belle végétalion des plantes qui bordent le ruisseau formé par la source sulfureuse d'Aix, en Savoie. Séance du 10 avril. — Présinence DE M. Monrax. M. le préfet adresse à la Société copie de l’arrêté de M. le minis- tre de l’agriculture et du commerce, en date du 28 mars 1840, qui crée dans la ville de Lyon une chaire d'enseignement publie et gra- DES PROCÈS-VERRAUX 241 tuit d'agriculture, et qui nomme professeur M. Nivière, membre correspondant de la Société. Il engage M. le président à s'entendre avee M. le maire de Lyon pour installer le professeur. M. J. Bourcier présente des graines de Polygonum tinctorium de la part de M. Jules Henry, propriétaire à Dardilly, qui cultive cette plante avec succès. Il en a récollé beaucoup de graines, et il en met à la disposition de M. le président pour les personnes qui désire- raient en faire un essai en grand. M. Bineau fait un rapport verbal sur un résumé des observations météorologiques faites à Ivrée, en Piémont, par le docteur Lorenzo Francesco Gatla ( Aiassunto delle osservoasionni meteorologiche epo- rediesi, anni 1837-38-39 ). IL montre les avantages qui peuvent ré- sulter d’observalions comparalives faites en divers endroits par des hommes instruits, tels que M. le docteur Galta, et demande le ren- voi de ce manuscrit à la commission de publication. M. de Fréminville lit un Mémoire sur la génération et la bitumi- nisation de la houille. U s'attache surtout à répondre aux objections faites par MM. Fournet et Bineau, et donne de nouvelles observa- tions à l'appui du mémoire sur le même sujet qu'il a lu dans la séance du 20 mars dernier. | MM. Monran, Président : Héxon , Secrétaire général. Séance du S mai. — Présibexce DE M. Moxtralx. M. Bineau réclame la rectification de quelques erreurs d'impres- sion dans les Recherches analytiques sur diverses eaux de l'intérieur de Lyon et des environs (1). M. Guimet rend compte de plusieurs ouvrages offerts à la Société par M. Mondot de la Gorce, ingénieur en chef des ponts et chaussées du département du Rhône. I examine d'abord deux extraits d’un (1) Æunales, LU, pag. 505. TL, pag. 510, lig. 5, ou lieu de 0,050, x faut lire 0,50. lig. 3, au lieu de 0,024, 11 faut tire 0,24. T, au lieu de 0,062 et 0,055, ol faut lire 0,532 et 0,215. lis. 22 EXTRAITS code de l'administration des ponts et chaussées (1). L'un traite de lout ce qui est relatif aux alignements et aux plantations le long des routes ; l’autre renferme ce qui a trait aux cours d’eau. M. le rappor- teur pense que c’est un grand service rendu par M. Mondot aux pro- priétaires et aux agriculteurs que de leur avoir présenté, dans un travail clair et précis, toutes les questions relatives aux chemins et aux cours d’eau, qui donnent si souvent lieu à des contestalions, à des procès, soit pour le droit d'usage, soit pour les servitudes cau- sées par leur écoulement. — M. Guimet analyse le contenu de deux autres ouvrages, l'un sur les chemins vicinaux de grande communi- cation (2), l’autre sur l'Economie dans les travaux publics et la ma- nière de comparer entre eux plusieurs projets présentés pour le même ouvrage (3). Lorsque le gouvernement veut faire exécuter un ou- vrage destiné à un service public, et qu’il en a arrêté le programme, on lui présente ordinairement plusieurs projets qui satisfont égale- ment aux conditions fixées, mais qui diffèrent quelquefois entre eux, en ce que les uns coûtent extrêmement cher et sont destinés à une très-longue durée , tandis que les autres coûtent beaucoup moins et doivent aussi durer moins long-temps. Pour établir une comparaison entre ces différents projets et juger quel est celui qui doit le mieux ménager les intérêts du trésor, on calcule à quelle somme s'élève pour chaque projet la dépense de la construclion première et de l'entretien annuel, augmentée des intérêls de ces fonds. Le but de l’auteur est de faire voir que ce mode de comparai- son des projets par l'intérêt des dépenses , très-convenable pour un parliculier ou pour une compagnie de spéculateurs, n’est pas géné- ralement admissible pour le gouvernement, et que ce ne sont pas les mêmes principes qui doivent diriger dans les deux cas. M. Mondot fait connaître une manière simple et expéditive de faire les caleuls dont il s’agit, et donne une formule algébrique au moyen de la- quelle, en substituant aux lettres les nombres qu’elles représentent dans chaque cas particulier, on trouvera le prix exact d’un ou- (1) Extrait d’un essai d’un code de l'administration des ponts et chaussées, des chemins communaux et des cours d'eau, N°S 4 et 2. — Paris, chez Carilian-Gœury. In-80. (2) Chemins vicinaux de grande communication. — Travaux neufs à exécuter par entreprise, — Devis général et cahier des charges. — Lyon, In-4°. (9) In-89, Extrait du Journal du génie cieil. DES PROCÈS VERBAUX. 23 vrage en fonction, de sa durée et des dépenses qu'il aura occasion- nées. Après avoir appliqué cette formule à des exemples, ce savant ingénieur observe que le calcul indiqué , bon pour un particulier, ne vaut rien pour le gouvernement, et que ce ne sont pas les mêmes règles qui doivent guider dans les deux circonstances. Lorsqu'il s’a- git, par exemple, d'une route, d'un pont, d’un canal, d'une église, d'un port, d’une place forte, ou de tout aulre grand établissement publie dont l'utilité ne saurait être bornée à un petit nombre d’'an- nées, on arrive, par le calcul, à des sommes représentées par un si grand nombre de chiffres que l'imagination s'y perd, et les compa- raisons qu'on essaie de faire entre elles deviennent en quelque sorte dérisoires. En effet , un centime, une fois placé à intérêts compo- sés et abandonné ensuile à lui-même , produirait au bout de mille ans un capilal d'au moins 15 sextillions (15,490,000,000.,000, 000,000 ). On ne peut se faire une idée de cette somme qu’en sa- chant que, le prix moyen d’un hectare de terrain étant de 100,000f., on aurait, avec le produit de ce centime, de quoi payer la surface entiere de plus de trois mille planètes de la grosseur du globe que nous habitons, y compris les terres et les mers. Qui pourrail, d’a- près cela, se figurer par quelle somme devrait être aujourd’hui re- présentée la dépense d'un monument anlique, celle, par exemple, que fit Auguste, lorsqu'il éleva sur le Gard le magnifique aquéduc destiné à perpétuer si glorieusement dans les Gaules le souvenir du séjour et de la grandeur des Romains. — Si Charlemagne avait pla- cé un liard à 5 0/p, et si les Français se partageaient aujourd’hui les fruits de celte heureuse conception, chaque français pourrait avoir en partage 645 milliards. — Les personnes qui persistent à vouloir que le gouvernement calcule les intérêts comme un simple particu- lier, ne doivent-elles pas déplorer que tant de rois, dont la France croit devoir bénir la mémoire, aient été s’imaginer que leur pays n'acquerrait des richesses et de la puissance qu'avec des communi- calions faciles entre toules ses provinces, des arsenaux , des ports, des places fortes? — Les résullats exagérés auxquels on est conduit en voulant cumuler les intérêls des intérêts, amènent certaines per- sonnes à vouloir faire compter l'intérêt simple des sommes em- ployées aux travaux publies. La formule générale se trouve alors très-simplifiée. Mais ce mode de calcul, qui fera abstraction des in- iérêts des intérêts, est toul-à-fait inadmissible ; ear il est évident © 24 EXTRAITS ; que, si l’on peut retirer l'intérêt d'un capital quelconque pendant une année, il n’y a absolument aucune raison pour qu'on ne retire pas également l’année suivante l'intérêt des sommes produites par ce premier intérêt pendant la première année. — M. le rapporteur. après avoir cité quelques passages , démontre la sagesse des vues de l'auteur, et termine en appuyant la candidature de M. Mondot , qui a exprimé le désir de faire partie de la Société. M. Pravaz, au nom d’une commission composée de MM. Fournet, Thiaffait et Pravaz, fait un rapport sur un nouvel instrument d'ar- pentage que le sieur Vabre, menuisier ( côte St-Sébastien, 1, Lyon), a présenté à la Sociélé. Au moyen de cet instrument, qui est fort simple, et suivant la méthode de M. Vabre, on peut, ayant choisi un point intérieur du polygone à mesurer, déterminer de là, sans déplacement et sans aucune mensuralion sur le sol, les lieux respec- tifs de tous les sommets de ce polygone et la longueur absolue de chaque côté. Ce système de mensuration, qui est ingénieux, a l’in- convénient de n'être pas d’une précision rigoureuse, et de ne pou- voir s'appliquer qu'à des surfaces peu étendues, 3 hectares environ. M. le rapporteur pense qu'il pourrait être utile aux agriculteurs, qui n'ont pas besoin d'une très-grande exactitude dans l'évaluation de l'étendue de leurs champs. Il propose d'adresser des remerei- ments à l’auteur. La Société adopte les conclusions du rapport. M. Dugas rend compte du Rapport de la commission d'enquête sur les étangs et l'assainissement de la partie insalubre du département de l'Ain (1). Cette commission, après un mür examen, a conclu que les étangs sont la principale cause de l’insalubrité du pays; que le premier, .le seul moyen de l’assainir, c’est le desséchement; mais elle repousse tout desséchement brusque , simultané , qui serait l'effet de la contrainte. Elle en propose un qui serail progressif, amené par la conviction et favorisé par les encouragements du gouvernement. — Les progrès de la culture amèneront le desséche- ment d’un grand nombre d'étangs: car ces étangs ont été élablis à une époque où le poisson avail, relativement aux autres denrées, (A) Bourg, chez Bottier, 1840. In-8°, — Ce rapport est signé par MM. Che- xrier-Corcelles, président, Bo‘tex, Hudellet, Pingeon, Jaëger, Thiébaud, secrétaire, M.-A. Puis, rapporteur. DES PROCÈS-VERBAUX. CEA mt une valeur beaucoup plus grande qu'aujourd'hui; par conséquent, ils sont d'un produit beaccoup plus faible. D'autre part, le besoin d'assainissement se fait sentir. Il y a trente ans, lorsque M. Piquet souleva la question du desséchement , il n’y eut pas en faveur de son opinion un seul propriélaire d’étangs; maintenant , ils se lèvent nombreux, bien convaincus que le desséchement est dans l'intérêt du pays. M. le rapporteur termine son travail en souhaitant que le conseil général du département de l'Ain seconde l'administration dans les efforts qu'elle tente pour cette grande amélioration terri- toriale. M. Fournet fait un rapport verbal sur les Essais de météorologie comparée fails à St-Rambert, dans le département de l'Ain, par M. Sauvanau. Il dit que ces observations lui paraissent d’une haute importance et méritent une place parmi Les publicalions de la Société. M. Fournet inserit le nom de M. Sauvanau sur le re- gistre d'expectative comme candidat à une place de membre corres- pondant. Séance du 15 mai. — PRÉSIDENCE DE M. Mona. L'ordre du jour porie les élections de membres titulaires et cor- respondants. La Sociélé procède d'abord à l'élection des titulaires. Il y a neuf candidats inscrits ayant rempli les formalités exigées par le règlement. Deux places seulement sont vacantes. M. Quin- son, propriétaire , conseiller à la cour royale , et M. Mondot de la Gorce, ingénieur en chef des ponts et chaussées du département du Rhône, sont élus, l’un dans la section d'agriculture, et l’autre dans la section d'industrie. La Société nomme ensuite cinq membres correspondants. Ce soni : M. Yvart, inspecteur-général des écoles vétérinaires et des bergeries royales, à Paris; — M. d'Hombre-Firmas, correspondant de l'Institut, à Alais (Gard ); — M. Geoffroy Saint-Hillaire (Isidore ), membre de l'Institut, professeur au Muséum d'histoire naturelle, à Paris; — M. Richard, docteur-médecin et vétérinaire , directeur de la ferme expérimentale de Lapeyrusse , près Aurillae ( Cantal Dé — M. Quesnin, propriétaire à Orgon ( Bouches-du-Rhône ). M. Bottex lit un mémoire intitulé Des causes de l'insalubrité de la Dombes. (Voy. Ann., pag. 255.) 26 EXTRAITS M. Dugas demande si M. Bottex ne pense pas qu'il y a commu nication entre les élangs et les puits de la Dombes. M. Bottex répond que presque lous les puits ont leur fond dans un lit de graviers et de galets situés sous la couche argileuse , et qu'il est rare qu’il y ait communication entre les étangs et les puits; que ces derniers conservent la transparence et le niveau de leurs eaux, quel que soit l'état des étangs voisins. M. de Fréminville croit qu’il est d’autres causes d’insalubrité que celles exposées par M. Bottex. Il cite la campagne de Rome, dans laquelle on ne peut, pendant les mois de juin, juillet et aôut, sortir le soir ou le matin sans s’exposer à des fièvres si dangereuses que l'on a des exemples de personnes qui ont succombé au bout de quatre jours. Pendant ces mois, la terre se dessèche souvent à deux mètres de profondeur ; tout est brûlé, et l'air qui s'élève du sol cre- vassé est pestilentiel, surtout lorsque l'été est sans pluie. M. Pelletier rapporte que le docteur Michel indique un moyen simple de se préserver de l'atteinte de ces émanations : c’est de porter un voile lorsque l’on veut sortir avant le lever, ou vers le coucher du soleil. M. Fournet dit que certains brouillards peuvent rendre une loca- lité insalubre. Il cite une vallée qu'il a habitée pendant trois ans. Elle était d’une apparence saine , et traversée par un cours d’eau. Tous les soirs, un brouillard s'élevait à dix mètres environ de hau- teur, et rendait l'air de celte vallée si dangereux que l'on était obligé de changer les postes de douaniers toutes les six semaines. Contrairement à l'opinion de M. Bottex, M. Fournet pense que la quantité d’eau versée par les sources du plateau de la Dombes se trouve en rapport avec la quantité d’eau qui tombe annuellement, et qu'il y a infiltration à travers le sol, probablement pendant l’hi- ver, par la contraction de l'air contenu dans l’argile. IL combat l’o- pinion qui attribue les sources de ce pays à une pression hydrosta- tique, comme celle qui donne lieu aux puits artésiens. Il démontre que ces eaux ne pourraient provenir que du Jura, et que cette chaîne de montagnes est séparée de la Dombes par la profonde vallée de l'Ain. M. Botiex ne partage pas l'opinion de M. Fournet. Il croit que les sources de la Bresse sont indépendantes de la quantité de pluie qui tombe: Il dit que la force des sources aurait dû augmenter depuis la création des étangs si elles étaient dues à l'infiltration, et que le DES PROCÈS-VERBAUX. 27 contraire a eu lieu pour la plupart, notamment pour la fontaine de Roye. D'anciens documents prouvent, en effet, que les eaux en étaient plus abondantes autrefois. Séance du 22 mai. — PRÉSIDENCE dE M. Mownranx. Parmi les pièces de la correspondance est une lettre de M. de Mirbel, professeur au Muséum d'histoire naturelle. Il annonce à la Société que le ministre du commerce et de l’agriculture a fait remettre au Jardin-du-Roi une certaine quantité de graines de Peganum har- mala, dont il envoie un kilo pour qu’elles soient distribuées entre les cultivateurs les plus zélés et les plus éclairés. M. de Mirbel y joint Fextrait d’une notice sur cette plante. — M. Gabel, professeur de chimie à l’université de Dorssat, a trouvé un moyen facile d'extraire des graines du Peganum harmala , plante indigène dans la Crimée , une teinture rouge, très-solide, qui paraît de nature à pouvoir rem- placer la cochenille. Les renseignements pris à ce sujetont confirmé ce fait; mais M. Gabel n’a pas fait connaître son procédé d'extraction. Plusieurs chimistes de Paris s'occupent dans ce moment à chercher un procédé facile et économique; si leurs expériences donnent un résultat satisfaisant, comme on a lieu de le croire, on se hâtera de le faire connaître. Le Peganum harmala est une plante vivace, qui ne donne sa graine que la seconde année; graine très-abondante, qni mürit au mois d'octobre; elle supporte également bien le froid et les fortes chaleurs; elle croît de préférence dans les steppes de la Crimée, aux lieux où il a existé autrefois de grands villages, dont le sol a été fertilisé par les cendres que les Tartares y jetaient, jointes aux déjections de leurs moutons, et dans ceux qui sont en- core fréquentés par ces animaux. M. Bonafous adresse une note manuscrite sur une nouvelle ma- nière de dessécher la betterave. La Société décide que cette obser- vation sera insérée textuellement dans son procès-verbal. Sur la dessication de la betterave par le froid. NOTE DE M. BONAFOUS. « Si l'ingénieux procédé de M. de Lirac, propriétaire dans le département de Vaucluse, pour dessécher la betterave par la chaleur # 28 EXTRAITS 2 solaire peut réussir dans les contrées méridionales , il est inappli- cable dans le Nord, et demande beaucoup de précautions dans ces premières contrées, où les pluies d'orage sont fréquentes et inat- tendues. « Nous nous sommes proposé, M. Payen et moi, de chercher pour les pays du Nord, d’ailleurs favorables à la culture de la betterave, quels seraient les moyens de dessicalion dont on de- vrait essayer l'emploi dans les campagnes. Et d'abord , nous avons songé à la congélation des racines , qui, désagrégeant les tissus, facilite l’évaporation de l'eau de végétation. Nos premières ten- tatives faites en Piémont sur des racines entières, nous ont prou- vé que le temps nécessaire pour la dessicalion à l’air libre serait irop considérable pour être opérée durant la gelée, et qu'après le dégel, les sues épanchés pourraient s’altérer promptement. Essayant alors d'exposer à la gelée des tranches obtenues au coupe-racine , nous avons obtenu, pendant les derniers froids qui ont régné à Pa- ris, une dessication assez avancée pour assurer la conservation, ou du moins permettre de compléter cette dessication dans un courant d'air plus ou moins chaud. Le sucre cristallisable contenu dans ces tranches n’avait subi aucune altération, ce qu’il est aisé de concevoir, puisque l'eau, qui détermine surtout les réactions nuisibles , avait été en grande partie éliminée sous une basse température. « Je m'empresse, en attendant que nous répétions nos expé- riences, de communiquer le résultat de ce premier essai à la Société d'agriculture de Lyon, dans le but d'appeler l'attention des expé- rimentateurs sur un procédé qui peut, en se perfectionnant, offrir de nouvelles ressources à l’une de nos plus belles industries. Ce mode de dessicalion aurait l'avantage de répandre dans les campa- gnes une parlie au moins de l'industrie du sucre, si féconde en résultats de plusieurs genres. Les cultivateurs prépareraient eux- mêmes une matière première facile à conserver, d'une assez grande valeur pour supporter des frais de iransport, et assez riche en sucre pour fournir, sans de grands soins, sans appareils coûteux, ce produit en abondance. » M. Sauzey présente un rapport sur la Reoue officielle des comices agricoles (1), ouvrage que M. le préfet a recommandé à la Société. (1) Revue officielle des comices agricoles et de toutes les institutions agronomiques, guide spécial des propriétaires, cultivateurs et marchands. — Paris, chez P. Didier. In-4°. DES PROCÈS-VERBAUX. 29 M. le rapporteur fait ressortir l'utilité de ee recueil, qui fournira aux comices agricoles les moyens de publicité qui manquent à la plu- part d'entre eux, et qui contribuera à faire connaître plus générale- ment les publications des sociélés agronomiques , ainsi que les découvertes qui intéressent l'agriculture. — Cette Revue paraît tous les mois. Chaque numéro est divisé en trois parties. La première renferme les actes officiels des sociétés, le compte-rendu de leurs travaux, le programme des prix qu’elles mettent au concours. La seconde est consacrée à l’agriculture pratique; et la troisième, sous le nom de Mélanges, renferme les nouvelles du mois , le cours des denrées. La dernière livraison de chaque année contient des plan- ches où seront représentés les instruments et les plantes dont on aura fait mention dans le volume. — M. le rapporteur conclut en demandant que la Société fasse un échange de publications avec l'administration de la Aeoue officielle, échange qui, en fournissant de riches matériaux au nouveau recueil, augmentera la publicité des Annales. M. Hénon lit une note sur une greffe en approche du pêcher. Il observa l'an dernier, avec MM. Reverchon et Gondouin, au potager de la couronne , à Versailles, une greffe que M. Grison, jardinier en chef de l'établissement, nommait greffe à l'anglaise. I en donne la descriplion : les baguetles approchées des sujets sont cou- pées et trempent, par leurs extrémités inférieures, dans des fioles pleines d’eau. L'approche et la ligature se font à dix ou douze cen- timètres au-dessus, et l'extrémité supérieure reste libre. Lorsque la reprise est bien constante, que les branches sont parfaitement soudées, on coupe la partie inférieure ou chicot. La reprise est fa- cile; la branche pousse vigoureusement. — M. Luizet, dont l’habi- leté dans la conduite des arbres fruitiers a souvent été signalée, emploie avec succès la greffe en approche pour regarnir les branches inférieures des pêchers; mais il ne se serl que des rameaux du sujet contournés et ramenés en bas et qui ne sont coupés qu'après la re- prise. La greffe citée par M. Hénon n'était employée que depuis deux ans seulement au potager de la couronne. Elle offre deux avantages : regarnir les bras d’un pêcher avec des rameaux d'un arbre éloigné, et donner du fruit presque de suite. M. Hénon ajoute qu'il a vu une branche greffée de l’année précédente qui portait deux pêches, et que M. Grison en montra une autre qui avait donné 30 EXTRAITS du fruit l'année même de la greffe. — On a essayé celte greffe sur l'abricotier, mais elle n’a pas réussi. M. Luizet dit qu'il ne croit pas que cette greffe soit connue dans le département. Il promet d’en faire l'essai. 11 rapporte aussi qu’il a vu depuis peu de jours un habile jardinier, M. Jarre, qui lui a communiqué une manière de greffer le pêcher en approche, non plus par juxta-position seulement, comme dans la greffe usitée or- dinairement et comme dans celle indiquée par M. Hénon, mais en plaçant la baguette entre les deux lèvres de l'écorce du sujet rele- vées et embrassanies. Séance du 29 mai. — PRÉSIDENCE DE M. MonTaIx. L'ouverture de l'Exposition de fleurs et d'autres produits de l'hor- ticulture et de l'agriculture ayant lieu ce jour, la Société s’est réu- nie à une heure après midi, dans l’orangerie du Jardin-des-Plantes. La séance a été consacrée à arrêter des mesures relatives à l'Exposition. Séance du 4 juin. — Présinexce DE MM. Monrasx ET SAUZEY. M. Thiaffait rend compte d’une visite qu'il a faite à la magnane- rie de M. Wetter, située auprès de Fontaines (Rhône). Il dit que dans cet établissement, un des plus beaux de France, on fait une éducation de quarante à soixante onces de graines. Il cite aussi les nombreuses plantations de müriers qui permettront à M. Weiter de doubler l'an prochain la quantité de ses vers à soie. M. Thiaffait engage la Société à nommer une commission pour visiter la magnanerie de M. Weter, qu’il considère comme une magnanerie modèle. M. le président désigne une commission. M. Rivière présente à la Société un relief en plâtre, qu'il propose comme modèle pour la distribution du sol d’une prairie. Il divise le pré par plates-bandes inclinées, larges de cinquante pieds chacune, DES PROCÈS-VERBAUX . 51 d'une longueur indéterminée, avec rigoles supérieures pour l'arro- sage, et rigoles inférieures pour recevoir l’execédant des eaux. M. Rivière fait lui-même la démonstration de son procédé. Il estime à 30 fr. par hectare , pour un sol plat, les frais de main-d'œuvre que nécessite le remuement des terres. Il présente, comme conséquence de cette opération, le desséchement des prai- ries marécageuses , et la répartilion convenable des eaux dans les prés qui sont inégalement arrosés. M. Rivière, en communiquant son procédé et en faisant offre gratuite du relief modèle, voudrait que la Société pût le répandre, et exigeât de tout propriétaire qui en ferait usage une somme de 50 fr. au profit des pauvres de Lyon. Une commission, composée de MM. Mondot de la Gorce, Gariot, Magne et Luizet, est chargée de faire un rapport sur le procédé de M. Rivière. Séance du 19 juin. — PRÉSIDENCE DE M. Mowraix, M. le préfet transmet à la Société la copie d’une lettre du ministre de l'agriculture et du commerce, de laquelle il résulte que le comité consultatif des arts et manufactures, appelé à se prononcer sur le rapport touchant un nouveau mode de rouissage proposé par M. Mo- nin, a reconnu que des procédés analogues au sien ont déjà été es- sayés sans résultats satisfaisants par plusieurs industriels ou méca- niciens ; et slatue qu'il y a lieu d'attendre , pour encourager cet inventeur, qu'une expérience plus longue ait consacré l’infaillibilité de ses moyens. Une lettre de M. L. Bellardi annonce l'envoi d'un mémoire sur les Gastéropodes fossiles du Piémont, Le secrétaire communique une lettre de M. Hurard, qui donne quelques renseignements sur la récolte des cocons dans le départe- ment de-Vaucluse, où il réside, Ce produit a été généralement bon. Le cours est de 4 fr. 50 e. le kil. La récolte a bien réussi dans les campagnes. À Avignon, dans l’intérieur de la ville, elle a presque complètement manqué, par la maladie des blanes, ou dragée ( mus- cardine ). Dans les villages, il y a eu quelque insuccès; mais, en 32 EXTRAITS rase campagne, aucune maladie n’a atteint les vers à soie. M. Hu- rard décrit les anciens procédés, en montre les vices, et annonce qu'ils commencent à tomber en désuélude. Il rapporte les efforts qu'il n’a cessé de faire pour propager les saines doctrines, et les obstacles qu'il a eu à surmonter. M. Mondot de la Gorce, au nom d’une commission nommée dans ha dernière séance, fait un rapport sur le procédé de M. Rivière. Ce procédé, qui ne présente rien de bien neuf, renferme quelques données inexactes; ainsi, par exemple, l’auteur estime à 30 fr. par hectare les frais occasionnés par le remuement des terres, tandis que les mêmes travaux, exéculés” par le gouvernement dans des cireon- slances à peu près semblables, reviennent à 190 fr. La commission désire que, sans donner suite aux demandes de M. Rivière, il lui soit adressé une lettre de remercîments pour sa communication. M. Dugas insiste pour que la Société ne contribue pas à propager une théorie qui n’est appuyée d'aucun fait pratique. Il souhaite que l'auleur, qui vient d’affermer plusieurs propriétés rurales, se livre à des expériences propres à démontrer l'excellence de sa méthode. La Sociélé adopte les conclusions du rapport. M. Magne lit un mémoire sur l'Oblitération des conduits par l'eau, M. Tissier, à propos de quelques observations de M. Magne qui touchent à la question des eaux dont s'occupe le conseil municipal de Lyon, dit qu’il serait à désirer qu’on püt éviter l’amoncellement des boues ou des glaces qui résulteront de la masse d’eau que l’on déversera dans nos rues, et qu’on s’occupât des moyens de faire disparaître l'eau aussitôt qu’elle serait versée sur la voie publique. M. Bottex pense que l'administration a élé arrêtée par la diffi- culté d'établir une pente convenable pour les égoûts. M. Mondot de la Gorce dit que le projet des égoûts a été étudié, que l'on peut leur donner la pente nécessaire ; que les déborde- ments du Rhône, occasionnés par les crues de l’Ain ou par les fontes de neige, étaient les seuls obstacles, mais qu'ils ne durent que deux ou trois jours, et que, pour qu'il en résultât un véritable inconvénient, il faudrait qu'ils coïncidassent avec de fortes gelées, tandis que, presque toujours, ils ont lieu pendant l'été. M. Parisel demande s’il y aurait avantage à conduire dans les ménages l'eau saturée d'acide carbonique; s’il n'y aurait pas, au = » DES PROCÈS-VERRAUX 33 contraire, un grave inconvénient à amener une eau ineruslante, qui obstruerait rapidement les conduits. Il pense qu'il conviendrait de faire passer celte eau dans des conduits rocailleux, où l’eau, en se heurtant, se dépouillerail assez de son acide carbonique pour cesser d’être incrustante. 11 ajoute que l'administration a toujours combi- né, avec le système d'amener les eaux, celui de faire disparaître l’excédant dans des ruisseaux placés sous les troltoirs ou dans des égoüts. M. Magne dit que la pente que l'on peut donner aux eaux étant très-faible, on ne pourrait, même en leur imprimant toute la vitesse possible, la débarrasser de la matière qui ineruste les conduits. M. Bineau dit que les diverses eaux que l’on veut réunir retiennent à différents degrés leur acide carbonique. Ainsi, celle de Roye dé- pose au sortir même de la source , de facon à fixer dans le fond de son lit les petits cailloux que l'on y voit, tandis qu'à Neuville, ce n’est qu'à une assez grande distance du point où elles apparaissent que les eaux forment un dépôt. Il eite, à ce sujet, un dicton popu- laire : « L'eau ronge la roue du premier moulin et entretient celle du second. » Ce n’est, en effet, que vers le second moulin que les eaux commencent à incruster. M. Magne pense que cela tient à la quantité plus ou moins grande d'acide carbonique contenue dans l’eau. M. Tissier parle d’un nouveau système de gravure typographique sur pierre, donnant des clichés à l'infini, et pouvant remplacer avec de grands avantages la gravure sur bois et sur cuivre employée dans la typographie. Ce procédé, qui a recu le nom de Zéssierographie. est de l'invention de M. Louis Tissier, ancien préparateur des cours de chimie de la ville de Lyon. M. Tissier expose une gravure oble- nue par le procédé dont son fils est l'inventeur. Elle est belle, et remarquable surtout par la pureté des traits. Elle représente une têle de Cléopâtre, copiée à la plume, sur pierre, par MM. Colette el Sanson, d'après la gravure au burin de Georges Wille. Séance du 26 juin. — Présinence DE M. Moxrax. M. Hénon présente à la Sociélé des tiges fleuries de l'Œnothera speciosa (Nutt). La grande fleur blanche de cette belle onagre;, 34 EXTRAITS originaire de la Louisiane, retient les sésies, ou sphinx, qui enfon- cent leur trompe dans les tubes de sa corolle. M. Hénon pense que c’est la pression du style contre les parois du tube de la corolle qui empêche ces insectes de retirer leur trompe. M. Bottex dit que, depuis la dernière séance, il a été visiter la fontaine de Roye; qu'il n’a point observé d'incrustations dans la source, qu'il n’en a vu que sur la seconde roue du moulin. M. Jourdan rapporte qu’il y a en effet peu de dépôts dans le bassin où se réunissent les eaux de Roye, mais que le dépôt de carbonate de chaux est considérable dans les conduits souterrains qui amènent l'eau de la source au bassin, et que, comme l’a observé M. Bineau; les petits cailloux adhèrent au fond du lit du ruisseau. Il ajoute que la commission des eaux a remarqué qu’à mesure que l’on se rappro- chait de Lyon , l’eau des sources formait des dépôts proportionnel- lement plus considérables. Une discussion s'engage sur les propriétés plus ou moins incru- stantes de diverses sources, sur la meilleure manière de conduire les eaux à Lyon, et sur les travaux entrepris antérieurement dans un but analogue. M. Magne demande que les faits rapportés soient précisés; que l'on indique quelle est la composition de l’eau, la manière dont elle surgit de terre et la pente des conduits. Il a avancé que plus la marche de l'eau est rapide, plus le dépôt est considérable; et il ne peut distinguer, parmi les faits avancés, quels sont ceux qui sont pour ou contre son opinion. M. Jourdan considère bien la marche plus ou moins rapide des eaux comme une des causes de dépôt; mais il croît que la quantité du liquide est d’une importance plus grande ; que les incrustations ont lieu en raison inverse du volume des eaux de la source. Il dit que l’eau qui suinte goutte à goutte oblitère souvent les conduits par où elle s'échappe. C’est pour cette raison que, dans plusieurs localités , à St-Just, par exemple, on est obligé, pour conserver quelques sources, de gratter de temps en temps les parois des voûtes où les eaux apparaissent par gouttelettes. Il cite un propriétaire qui, pour obvier à cet inconvénient, fit remplir de sable et de gravier une voule où les eaux arrivaient ainsi, et dont il ferma le devant avec de la terre plastique. Les eaux, qui n'étaient plus exposées au con- jact de l'air, se réunirent à la partie inférieure, où l'on avait eu le DES PROCÈS-VERBAUX. 35 soin de leur creuser un pelit canal, et couièrent en un seul jet. M. Magne convient qu’en effet le dépôt doit être plus considé- rable lorsqu'il y a un filet d’eau très-faible, parce que l'évaporation est plus grande; mais il insiste sur l'influence de la rapidité du cours d’eau. Il indique trois sources fournissant une quantité d’eau à peu près égale, et dont la rapidité est différente. La nature de l'eau lui a paru à peu près la même. Les incrustations sont plus épaisses, se forment plus vile dans celle des trois sources dont le cours est le plus rapide. M. Puvis pense que la présence de l'air et l'agitation de l'eau élant les deux causes qui influent le plus sur le dépôt de carbonate de chaux, il en résulte que le dépôt sera d’autant plus grand que le cours d'eau sera plus faible et plus rapide. M. Jourdan croit que la mise en contact de l'air avec l'eau est la principale cause des dépôts. Il rapporte que des racines et des cailloux qui coupaient des cours d’eau n’ont été recouverts d'au- cune incerustation tant qu'ils ont été à l'abri de l'air, et qu'ils s'en sont enduits dès qu’on les y a exposés. M. Jourdan pense qu'il se- rait convenable, pour amener l’eau à une grande distance, d'abou- cher bout à bout avec la source un canal artificiel, dans les mêmes conditions que le canal naturel. Alors les eaux, quoique incru- stantes, ne formeraient pas de dépôt, parce qu’elles n'auraient pas laissé échapper l'acide carbonique qu’elles contiennent. M. Puvis dit qu’il a eu occasion de faire ce dont parle M. Jour- dan, et que cela a bien réussi. M. Seringe lit quelques notes sur trois végétaux et sur un grefloir à gouges pour la greffe en approche, de l'invention de M. Luizet, membre de la Société. ( Voy. Ænn., t. IL, p. 333.) Il présente la plante fleurie, la graine et l'huile du Madia sativa , plante du Chili. M. Demerson, de Lons-le-Saunier, qui cultive cette plante, lui en a envoyé de l'huile, qui est d’un jaune doré, d’une saveur très-douce, maïs d’une odeur voisine de celle du colza. M. Seringe montre ensuite l'oignon patate ( Ællium cepa sterilis ) qui lui a été remis par M. Saligny, de Villeurbanne. ( Voy. Ænn., L. IL, p. 331.) Il termine en parlant de la reproduction singulière d’une espèce de fougère ( Cystopteris bulbifera ) au moyen de bulbes, ou bour- geons vivaces, que porte la partie foliacée de ses rameaux aériens qui sont annuels. 36 EXTRAITS Séance du 3 juillet. — PRÉSIDENCE DE M. MonTaIn. M. Thiaffait, contrairement aux opinions émises par MM. Bineau el Jourdan dans les séances précédentes, dit que les eaux de Roye sont peu incrustantes ; que l’on observe bien quelques dépôts dans le voisinage de la grande roue, mais qu'ils ne sont pas assez consi- dérables pour faire craindre l’obstruction des conduits. M, Fournet pense que l’on doit décidément considérer ces eaux comme inerustantes. Il cite à ce sujet l'opinion même de leurs par- tisans, qui les disent excellentes pour la teinture parce qu'elles sont calcaires. M. Thiaffait ne nie pas qu’elle ne contiennent du carbonate de chaux; maïs il affirme que ce n’est pas en quantité telle que l’on doive en redouter le dépôt. Il rapporte que M. Bottex et lui ont trouvé dans un jardin du voisinage, appartenant à M. Wetter ( Be- noît ), d'anciens conduits qui ne contenaient aucune trace d’incru- station. M. Magne demande si l'on sait combien de temps l’eau a coulé dans ces conduits et quelles sont les eaux qu’ils contenaient; car , dit-il, des tuyaux ont été placés à l'École vétérinaire depuis plu- sieurs années; ils n’ont jamais servi, et cependant il n’en faudrait pas conclure que les eaux de cette localité ne sont pas incrustantes. M. Magne désirerait que l’ancienne commission nommée pour faire _des recherches sur les moyens de prévenir les dépôts dans les con- duits, continuât ses travaux. M. le président observe que cette commission est dissoute de fait, puisqu'elle n'a pas donné suite à ses travaux. M. Hénon, comme membre de cette commission , rapporte que des circonstances majeures ont interrompu les expériences de la commission ; mais que les conduits en bois, de diverses essences, qu'elle avait fait faire sont, depuis cette année, placés au jardin botanique, et qu’il ne s’agit plus que d'attendre pour savoir comment leseaux s’y comporteront. Le secrétaire communique une lettre de M. le baron d'Hombres- Firmas, correspondant de la Société, qui annonce le prochain en- voi de notes prises dans un voyage qu'il vient de faire en Belgique et en Hollande. DES PROCÈS-VERBAUX. 37 La Société arrête qu'il sera inséré dans l'extrait des procès-ver- baux imprimé. qu’elle n’a point fait paraître dans ses Annales l'#d- dilion au mémoire sur les hippurites et les sphérulites du départe- ment du Gard, par M. le baron d'Hombres-Firmas, parce que celle nole avait déjà été publiée dans la Bibliothèque universelle de Genève et dans les Actes de la Société linnéenne de Bordeaux. La Société regrette que son règlement, qui ne lui permet pas de reproduire les mémoires qui ont déjà paru dans d’autres recueils, la prive ainsi d’un arlicle dont elle avait entendu la lecture avec un grand intérêt. M. Seringe donne lecture du rapport de la commission d'exposi- tion sur la dernière exposition de fleurs et autres produits de l'horti- culture et de l’agriculture. ( Voy. Ænn., t. IL, p. 313.) M. Guillard annonce que la Société d'agriculture de Mâcon se propose de faire une exposition de fleurs. M. Tissier montre un second essai de la Zissierographie. Celle gravure représente un arc de triomphe richement décoré, On aper- coit un paysage à travers les arceaux. Ce nouvel essai prouve que cette découverte peut s'appliquer tout aussi bien aux dessins ou études d'architecture et de paysage, qu'au dessin de la figure. La gravure a paru d'une belle exécution. M. Lacène présente à la Société des courtilières de différents âges. IL déerit le mécanisme de leurs pattes antérieures, armées chacune de deux espèces de scies larges et plates, appliquées l’une contre l’autre et jouant en sens inverse. À l’aide de cet instrument, elles bouleversent la terre et coupent les racines qui se trouvent sur leur passage. La courtilière fait son nid à huïtl ou dix pouces au- dessous de la surface du sol, avec de la terre qu’elle pétrit, et dont elle forme une boule un peu plus grosse que le poing et creuse dans le centre. Elle y dépose ses œufs. La mère se blottit au-dessous, De là, elle veille sur ses petits; et, de temps en temps, elle s'assure, en parcourant une galerie pratiquée horizontalement autour du nid, qu'aucun ennemi ne menace sa progéniture. Les petils sont très-nombreux. Des auteurs pensent que chaque nid en contient de deux à trois cents. M. Lacène dit qu'il en a compté rarement plus de cent. Lorsque les œufs sont éclos, les petits restent encore quelque temps renfermés , puis la mère pratique un trou pour les délivrer. Quelques personnes ont prélendu que souvent la femelle paie de sa vie l'amour qu’elle porte à ses petils; que ceux-ci la dévorent 38 EXTRAITS lorsqu'elle pénètre dans le nid. M. Lacène met sous les yeux et ouvre plusieurs de ces nids, qui renferment des œufs ou de jeunes insectes éclos depuis plus ou moins de temps. Il est facile à ceux qui en ont l'habitude de reconnaître, à la première vue du terrain, l'emplacement du nid de la courtilière; et, alors, on peut enlever la mère avec le nid en donnant rapidement un coup de bêche. MM. Moxran, Président ; Héwon , Secrétaire général. Séance du 1T juillet. — PRrésinENCE DE M. SAuZEY. M. Magne, rapporteur d'une commission composée de MM. Sau- zey, Lecoq et Rey, fait un rapport sur un ouvrage adressé à la So- ciété par son auteur, M. Arbaud (1). ( Voy. Ænn., t. II, p. 861.) M. Pothon lit une notice sur les plantations de müriers et sur l'éducation qu’il a faite à Ganay, dans le département de Saône-et- Loire. M. Hénon parle de quelques variétés de müriers, notamment de celle qui a été préconisée depuis peu sous le nom de M. Lou. Il la considère comme une variété sortie des semences du M. multicaule. M. Hénon dit en avoir obtenu plusieurs qui s’en rapprochaient tel- lement qu'il lui eût été difficile de les distinguer. Il pense que ce mäûrier n’est pas aussi robuste que d’autres variétés récemment ob- tenues, telles que celle qui a été dédiée à M. Seringe. Selon lui, le M. Lou existerait sous d’autres noms dans plusieurs pépinières, notamment à Tonelle, chez MM. Audibert frères. M. Parisel dit que, dans plusieurs endroits, notamment dans l'Ar- dèche, le M. Moretti a gelé cet hiver. M. Sauzey donne quelques détails sur une petite éducation de vers à soie qu'il a faite. Les résultats ont été très-beaux, quoiqu'il ne lui ait donné presque aucun soin. L'éclosion a eu lieu sur une couche où l’on avait placé la graine exprès. Les vers on élé nourris (1) Loi du 20 mai 1858, sur les vices rédhibitoires et la garantie dans les ventes et échanges d'animaux domestiques ; par M. Arbaud. — Draguignan, 4829, in-8°. DES PROCÈS-VERBAUX. 39 dans une orangerie assez grande, avee la feuille de différentes varié- tés de müriers. M. Sauzey tenait de M. Hénon une vingtaine de variétés du M. multicaule; et l’une d'elles, le M. Seringe, lui a paru de beaucoup supérieure aux autres. Une demi-once de graines de vers lui a donné #1 kilogrammes de cocons , qui ont été vendus à raison de 4 fr. 60 c. le kilogramme. M. Hamon dit que le pied de M. Seringe planté au jardin bota- nique de Lyon, n’a point souffert du froid pendant l'hiver; qu'il a conservé même les bourgeons de l'extrémité de ses branches. Séance du 1 août. — PRÉSIDENCE DE M. SAUZEY. Le secrétaire donne lecture d’une note de M. d'Hombres-Firmas sur la montagne de St-Pierre, ou Pietersberg , près de Maëstricht. ( Voy. Ann., t. IV, pag. 347.) M. Bellardi, qui envoie de Turin un ouvrage sur les gasléropodes fossiles (1) du Piémont, demande la collection des mémoires publiés par la Société, en échange de quatre cents coquilles fossiles. Sa de- mande est accueillie. M. Lecoq propose de demander à M. le ministre de l'agriculture et du commerce la création d’une ferme-modèle dans le déparle- ment du Rhône. Il développe sa proposition, en démontrant l'in- suffisance des publications relatives à l'économie rurale, des cours publics d'agriculture, des sociétés et des comices agricoles. M. Bottex appuie cette proposition, et voudrait qu'une demande motivée fût adressée à ce sujet à M. le ministre. Plusieurs membres , notamment MM. Sauzey, Tissier, Pelletier, Parisel, Magne, prennent la parole pour faire ressortir les avantages de cette proposilion et l'extension dont elle est susceptible, surtout en adjoignant la ferme-modèle à l'École vétérinaire. Une commis- sion, composée de MM. Bottex, Gariot, Seringe, est chargée d'exa- miner cetle proposition, de s’adjoindre à la commission nommée précédemment au sujet d’une demande de M. Magne , lendani à proposer à M. le ministre le transfert de l'École vétérinaire dans un licu plus convenable que celui qu’elle occupe maintenant. (4) Sgyio oritografico su'la classe dei Gasteropodi fossilè dei terreni tersiarii del; Piemonte, di Luigi e Giovani Michelloti, — Torino, tipografia reale, 4840. In-40, Fiz, 40 EXTRAITS M. Bineau, au nom de M. J. Bourcier, absent, expose la doctrine de M. Chevreuil relative au contraste simultané des couleurs. Il applique un même dessin découpé sur des papiers de couleurs di- verses, et montre que le dessin paraît d’une teinte différente, selon les couleurs avec lesquelles il est en contact. 11 montre aussi que des papiers coloriés el unis, que l’on compare en les mettant l’un à côté de l’autre, s’influencent réciproquement , et paraissent générale- ment plus foncés vers leur point de contact. Il conclut en proposant d'adresser une demande à M. le ministre pour obtenir de lui, dans l'intérêt du commerce de notre ville, que M. Chevreuil veuille bien passer, chaque année, un mois ou deux à Lyon, pour y donner quelques lecons sur le contraste des couleurs et sur l’art du teinturier. La proposition de M. J. Bourcier est adoptée. M. Seringe présente, de la part de M. E. Rey, professeur à l'É- cole royale des Beaux-Arts de Lyon, une Dissertation sur la pein- ture encaustique. M. Fournet est prié de rendre compte de ce mémoire manuscrit. M. Pelletier distribue des graines de mürier qui viennent de Canton. Son fils en a reçu une assez grande quantité du docteur Parker, missionnaire en Chine. 1l en céderait aux amateurs. M. Hénon dit que cette graine de màrier, qui est très-belle, doit être d'autant plus précieuse que nombre de variétés sont produites par des semences tirées de la Chine dans ces derniers temps , et que, quoi que l'on ait dit du mürier Lou et de quelques autres, il espère que l’on obliendra par le semis des variétés supérieures. Il ajoute, relativement au müûrier Lou, qu'il est déjà répandu en France, mais sous d’autres noms, tels que M. intermedia, Perrot- tet, — M. japonica, Audibert, — M. australis, Persoon , et qu'il craint le froid plus que beaucoup d’autres variétés récentes. M. Pelletier dépose sur le bureau un échantillon d’indigo, ob- tenu en Savoie du Poligonum tinctorium. M. Seringe propose de faire une exposilion de fleurs coupées , notamment de dahlias. Il dit qu'un grand nombre de jardiniers et d'amateurs la réclament, Après une discussion sur la nature des objets à admettre et sur l'opportunité de l'époque, la Société arrête qu'il y aura cette année DES PROCÈS-VERBAUX. 41 une exposition de fruits, de légumes remarquables et de fleurs cou- pées, telles que dahlias, roses, œillets, ete. MM. Sauzey, Vice-président ; Héxox , Secrétaire général. Séance du 21 août. — PRÉSIDENCE DE M. MonNTaIN. La Société reçoit une lettre de M. de Fréminville. Il cite des observations de M. de Saussure venant à l'appui de son système sur la formation des houilles. Il rapporte aussi qu’il a souvent ad- miré pendant les belles soirées d’élé, peu après le coucher du so- leil , des radiations crépusculaires très-sensibles, s'élevant presque jusqu’au zénith et réfléchies par le côté de lorient, durant envi- ron une demi-heure. Cet effet de lumière, causé peut-être par des nuages cachés assez loin derrière l'horizon, ou peut-êlre encore par des montagnes, n’est pas très-rare. M. Montain dépose sur le bureau une nouvelle boisson fer- mentée, faite sans suere et avec des plantes aromatiques. Plu- sieurs personnes la goûtent. Elle est limpide et mousseuse; sa sa- veur est agréable. L'inventeur a remis aussi à M. Montain les diverses substances qui composent celte boisson , parmi lesquelles on reconnaît à première vue des grains de coriandre , de raisin sec, des fleurs d'oranger, de mauve, de bouillon-blanc, de tilleul, etc. M. Deschamps, pharmacien, et MM. les docteurs Montain et Repiquet sont priés d'examiner cette liqueur sous le rapport de la salubrité. M. Gariot est chargé d'adresser à M. l’'intendant militaire un rap- port sur la siluation des récolles, que celui-ci a demandé. M. Tissier fait un rapport sur le programme des prix proposés par la société d'encouragement pour l'industrie nationale , dans sa séance du 14 mars 1840, et qui doivent être décernés en 1841, 42, 44, 46 et 47. Il retrace les succès obtenus par celte société, et rap- pelle que presque tous les sujets de prix proposés intéressent quelques-unes des industries lyonnaises. Il eite les plus importants. 19 4 EXTRAITS — Prix de 12,000 fr. pour le perfectionnement du système de na- vigation des canaux. On désire que le bateau fasse six lieues à l'heure, que le clapotage soit extrêmement modéré , et que le ba- teau puisse porter deux cents voyageurs et leurs bagages. — Dans un moment où la fourniture de neuf millions de litres d’eau est jugée convenable pour la ville de Lyon, les prix offerts pour la meilleure fabrication des tuyaux de conduite des eaux en fer, en bois, en pierre, devrait encourager les personnes qui se livrent à cette industrie. — Prix de 500 fr. pour la fabrication des briques. — Prix de 6,000 fr. pour des recherches sur la résistance des mé- taux soumis à diverses températures, et sur l'influence de la chaleur sur la cohésion de leurs molécules, depuis 15° +0 jusqu'aux degrés qui précèdent leur fusion. — Un prix sera décerné en 1842 à l'in- venteur d’une pompe d’alimentalion pourles chaudières des machines à vapeur. Un autre prix est offert pour des moyens de sûreté contre les explosions des machines à vapeur el des chaudières de vaporisation. — On propose un prix de 10,000 fr. pour le perfectionnement de la fabrication du sucre de betterave. M. Tissier rappelle les débats suscités par cetle branche de l'industrie ,; et pense que la Société d'agriculture doit s'intéresser à la fabrication du sucre indigène. 11 rapporte qu’à une époque encore peu éloignée, on payait le sucre jusqu'à 6 fr. le demi-kilogramme, et demande si la possibilité d’une telle hausse de prix ne doit pas trancher la question. Le jus froid de la betterave contient dix pour cent de sucre cristalli- sable : on n’en relire cependant que cinq à six pour cent dans les premiers mois qui suivent son arrachis , et trois ou quatre dans la suite. Il cile une expérience de Chaptal, l’introducteur de la eul- ture de la betterave en France, comme Margraf et Achard le furent à Berlin. Chaptal laissa en terre des belleraves jusqu’à la fin de no- vembre ; elles ne donnèrent plus de sucre , maïs du sel de nitre. — Un autre prix regarde la dessication de la betterave el son traite- ment après celle opération. La Société souhaite encore la conversion du sucre brut de la betterave en sucre raffiné sans le sortir de la forme, et un moyen saccharimétrique pour connaître la quantité de suere cristallisable. — Un prix de 1,500 fr. est proposé pour ja découverte de nouvelles carrières de pierres lithographiques. M. Tissier rapporte que, dans une excursion quil fit en Bugey pendant l'année 1816, il trouva à St-Ceyrin , dans la traversée DES PROCÈS-VERPAUX, #3 de Belley à Villebois et Serrière, par le lieu dit des Sept paroisses, un calcaire souvent dendrité , comme la pierre de Florence, à assises minces, et offrant parfois le caractère de la pierre de Papenheim , en Bavière. Depuis cetle époque , M. Febvre, de Belley, a exploité cette carrière. Dans une autre excursion à la perte du Rhône, M. Tissier a reconnu la pierre lithographique dans les murs en pierres sèches qui souliennent les terres. Il signale cette localité aux concurrents pour le prix proposé. — Prix de 3,000 fr. pour la désinfection économique des fosses d'aisances. — Remplacer, dans la composition des perles factices, le blanc d’ablette par les écailles d’auires poissons plus communs. Prix , 1,000 fr. — Amélioration du rouissage du lin et du chanvre. Prix, 6,000 fr. — Depuis plus de cin- quante ans on s'occupe de la panification de la pomme de terre. On l’oblient bien en la mélangeant avec d’autres farines, mais la sociélé d'encouragement voudrait qu'on employät la pomme de terre seule. Elle offre trois prix, de 2,000 fr. chacun. — Prix de 3,000 fr. pour le perfectionnement de la construction des fourneaux. A Paris , l’art d'économiser le combustible est déjà tel, que, malgré le prix de la houille , dont la poussière vaut 2 fr. 25 c., tandis qu'à Rive-de-Gier , elle ne coûte que 50 c., et malgré la distance, les verriers de Paris versent sur notre place des topettes et autres fioles à un prix plus modéré que ne le font les verriers de la Loire. — Prix de 3,000 fr. pour la fabrication en grand de creusets réfractaires qui subiront l'épreuve d’une fusion de trois à quatre kilogrammes de fer doux ou de têtes d’épingles, sans addition de carbone. — Prix de 1,000 fr. pour la transposilion des vieilles gravures sur la pierre lithographique. — Autre prix de 3,000 fr. pour le transport sur pierres de dessins, gra- vures et épreuves de caractères typographiques. M. le rappor- teur fait observer que la Zissierographie approche beaucoup du but proposé. Cette belle invention est antérieure à l'appel fait par la société d'encouragement. — Prix de 1,500 fr. pour l’encrage des pierres lithographiques par un moyen indépendant de la main de l'imprimeur. — Prix de 1,500 fr. à l'inventeur d’un procédé pour rendre incombustibles les substances organiques. — Deux prix de 4,000 fr. chacun , l’un pour le perfectionne- % 44 EXTRAITS ment de la photographie , et l’autre pour un procédé propre à recueillir sur papier des images photographiques exactes. — Prix de 2,000 fr. pour l'obtention d’une gélatine ayant les mêmes propriétés que la colle de poisson , et ne coûtant que 10 fr. le kilogramme. La colle de poisson , qui n'est autre chose que la vessie natatoire de l'esturgeon , enroulée en pe- tites masses ayant la forme irrégulière d'un fer à cheval, coûte de 15 à 20 fr. le demi-kilogramme. C'est la seule ma- tière qui ait parfaitement réussi dans la clarification de la bière facon de Paris et de Lyon. — L'iode, découvert en 1813 par Courtois , et le brôme, trouvé par Ballard en 1822, n'ont encore dans les arts qu'un emploi très-borné. M. Francois Tissier, à Brest, est le premier qui ait fabriqué en grand liode et ses produits. Une seconde fabrique s'est élevée à Cherbourg ; mais l'iode, et surtout le brôme , ont reçu peu d'extension dans leur emploi, même sur toiles peintes. La société propose un prix de 1,000 fr. pour la découverte de nouvelles manières d'utiliser ces substances. — Les végétaux contiennent 0,38 de carbone. On n’en obtient que 16 à 18 par les procédés actuels de carbonisation. La perte, comme on le voit, est trop considérable ; aussi la société offre un prix de 3,000 fr. pour un perfectionnement dans cette opération. On connaît déjà le charbon roux , ou fumeron, produit du bois fortement desséché et employé dans les hauts fourneaux. — L'amélioration dans les procédés de fabrication des faïences fines, dures, des grès cérames et de la porcelaine tendre, a excilé l’attention de la société d'encouragement. Elle offre un prix de 5,000 fr. à la découverte de la composition des Athocé- rames ,; et un aulre de 2,000 fr. à la fabrication des grès cé- rames fins, poterie de grès fin, analogue au stowne-ware des Anglais ; un prix de 3,000 fr. pour les grès cérames ressem- blant au Prown-stone ; enfin , un prix de 3,000 fr. pour l'imitalion de la porcelaine tendre anglaise. — Le blanchissage du linge est trop souvent abandonné à la routine : c’est pour éviter les inconvénients qui en résultent que la société a pro- posé plusieurs prix. Elle désire : 1° que les appareils soient simples et à la portée de tous les particuliers ; 2° que les procédés de lessivage par la vapeur soient perfectionnés ; 3° que DES PROCÈS-VERRAUX. 45 les tissus ne puissent être altérés par la vapeur et par les dis- solutions alcalines. Cette clause, à elle seule, comporte un prix de 2,000 fr.; 4° que la confection des roues et des autres usten- siles propres au lavage soient améliorés ; 5° que l’on perfectionne les appareils à sécher, plisser et repasser le linge. Des médailles seront accordées selon le mérite des perfectionnements. Déjà, auprès de Lyon, le docteur Rigollot a établi aux Brotteaux , rue Jacquard, une grande blanchisserie économique , et un autre par- ticulier a fondé un établissement du même genre au territoire de Barabant, commune de la Guillotière; ce qui permet d'espérer que les procédés de lavage perfectionnés deviendront bientôt populaires. — Un prix de 4,000 fr. pour la conservation des grains, leur netloyage , leur préservation de la carie, etc. — Les bougies à l'étoile, ou stéariques , dont quatre établis- sements existent à Lyon, sont d’un prix trop élevé. La Société offre une récompense de 4,000 fr. au fabricant qui aura livré au commerce 2,000 kilogrammes au prix de 2 fr. le kilo- gramme. Elle pose des conditions pour la qualité de ces bougies économiques. — On accordera des médailles pour l’établisse- ment en grand de glacières. — La Société décernera en 1842 un prix de 2,500 fr. pour la multiplication en grand des sang- sues. — En 1844 , elle distribuera des médailles à ceux qui auront fait des éducations de vers à soie dans les départements où celte industrie n’existait pas en 1830. — Un prix de 2,000 fr., un de 1,500 fr., un de 1,000 fr. , pour l'introduction des meilleurs procédés pour la filature des soies dans les départe- ments où cel art n'existait pas en 1830. — Deux prix pour la culture des arbres résineux sont mis au concours pour 1846. On propose, pour 1847, un prix pour la culture des terrains en pente. — Un prix est élabli en faveur de l'auteur du meil- leur mémoire sur l'origine et les progrès de l'association des douanes allemandes. — M. le rapporteur demande, en termi- nant, que la Société d'agriculture donne le plus d'extension possible au programme des prix proposés par la société d’en- couragement pour l'industrie nationale. M. J. Bourcier appuie la proposition de M. Tissier, et dési- rerait que l'on pût joindre à ce programme celui des prix proposés par la société industrielle de Mulhouse, qui, chaque aance, consacre à ces prix des sommes considérables. 46 EXTRAITS M. Seringe donne lecture d'un rapport de M. Fournet, char- gé, dans la séance du 7 août, de l'examen de la Dissertation sur la peinture encaustique. Après avoir analysé le travail de M. E. Rey, le rapporieur en fait l'éloge, et réclame pour ce manuscrit la publicité que la Société accorde à tous les travaux utiles. ( Voy. Ann., t. IT, page 431. ) L'ordre du jour porte l'élection de membres correspondanis. M. Hénon fait un rapport sur la candidature de MM. Audibert frères, et lit une ÂVotice sur l'établissement d'horticulture de To- nelle. (Voy. Ann. t. III, page 453. ) Le même membre fait un autre rapport, au nom de la commis- sion , qui a présenté M. Adrien de Jussieu, professeur au muséum d'histoire naturelle, membre de l'Académie des sciences, et M. Alize Raffeneau-Delille, directeur du jardin du roi, à Montpellier. M. Guillard rappelle les titres de M. Lequin. M. Tissier, chargé d'examiner un ouvrage de M. Bellardi, sur les Gastéropodes fossiles du Piémont, appuie la candidature de ce naturaliste étranger. M. Jourdan récapilule rapidement les travaux de M. Milne Edwards, membre de l'Académie des sciences. MM. Fournet, Magne et Lecoq ont présenté dans les séances précédentes les titres à la correspondance de M. Sauvanau. La Société procède par bulletins secrets à la nomination des correspondants. Sont élus : MM. À. de Jussieu, Delille, J.-H. Au- dibert , U. Audibert, Sauvanau , Milne Edwards, Bellardi, Lequien , Buisson. Séance du 3 octobre. — PRÉSIDENCE DE M. MonrTaix. Parmi les pièces de la correspondance se trouve une lettre de M. Rigollot neveu, docteur en médecine, qui appelle l'attention de la Société sur un établissement qu'il vient de fonder, rue Jacquard, aux Brotteaux, pour le blanchissage du linge et dans lequel il s’est efforcé de remplacer les mauvais procédés de la routine par des méthodes scientifiques, ayant pour but d'obtenir une exacte pro- preté et la conservation des lissus. Tout le monde sait que le blan- chissage ordinaire est irrégulier parce que la blanchisseuse ignore DES PROCÈS-VERBAUX 47 lé moyen d'obtenir ses lessives à un degré constant, et qu'elle s'en rapporte au volume des cendres pour en calculer la richesse; de la tant de lessives mal faites qui nécessitent, pour un nettoiement complet, l'action du batloir, de la brosse et des torsions réitérées. Une autre cause de l’imperfection des lessives, c’est l'impossibilité, avec les procédés ordinaires, d'élever suffisamment la température dans toute la masse du cuvier, parce qu’on agit avee un liquide en ébullition dont l’évaporation en plein air abaisse de suite la chaleur qui va toujours en diminuant à mesure que le liquide traverse le gâteau de linge, en sorte que la témpérature du liquide à la fin de la coulée ne dépasse pas 55 degrés centigrades. Une lessive de cinq degrés alealimétriques poussés à une température de 100 degrés centigrades , agit, pour le blanchissage , mieux qu’une lessive de 10 degrés alcalimétriques chauffée à 50 ou même à 60 degrés centi- grades. L’élévation uniforme de la température est donc un moyen cerlain de perfection pour le blanchissage; c’est encore le moyen le plus sûr pour détruire les miasmes morbides et les œufs des insectes qui s’altachent au linge. M. Rigollot a créé des appareils nouveaux pour le lessivage, pour le séchage et le repassage, en coordonnant leurs dispositions de manière à ce que la même ma- chine à feu les fasse mouvoir ensemble ou séparément suivant le besoin , et il est arrivé à des résultats satisfaisants. Il désire que la Société veuille désigner une Commission pour examiner sa blan- chisserie. Il donnera toutes les explications nécessaires pour con- cevoir les détails et l'ensemble de l'établissement industriel qu'il a formé. M. le président prie MM. Pravaz, Parisel, Rochet et Tissier d'examiner la blanchisserie créée par M. Rigollot, et d’en faire le sujet d'un rapport à la Société. M. Marcel de Serres, en communiquant à la Société Le programme des prix que la société hollandaise des sciences de Harlem propose pour 1842 , annonce le prochain envoi d’un travail sur les eaux rouges du bassin de carénage de Marseille. La Société d'agriculture et de commerce du Var, par l’intermé- diaire de son secrétaire, M. Michel, adresse à la Sociélé d'agricul- ture de Lyon quatorze échantillons de soie appartenant à divers filateurs. C’est le résullal d'un concours ouvert avant la récolte des cocons. La Sociélé du Var désirerait que la Société de Lyon voulut 48 EXTRAITS bien l'aider dans l'examen de ces soies, les elassât selon leur mérite et lui adressât un document explicalif à l'appui. M. le président désigne une Commission spéciale chargée de faire: un rapport sur ces soies. Elle est composée de MM. Mathevon, Paul Reverchon, Jules Bourcier et Pothon. Le reste de la séance est rempli par des questions de finances et par la discussion de plusieurs proposilions relatives, à l’exposi- tion de fleurs coupées. et de fruits, ouverte le 1 octobre et qui doit se clore le 4. Séance du 4 décembre. — PRÉSIDENCE DE M. Moxrain. Parmi les lettres adressées à la Société, il en est une de M. Che- vreul, de l'Académie des sciences, en réponse à la communication qui lui a été faite au sujet de l'arrêté pris dans la séance du 7 août. IL acceple avec plaisir, dit-il, toute mission qui lui serait confiée par M. le ministre de l’agriculture et du commerce sur la demande de la Société, et qui aurait pour but d'être ulile à l’industrie lyon- naise. Une autre letire, de M. Trolliet, médecin de l'hôpital civil d'Alger, annonce qu’un arrêté du gouverneur vient d'autoriser la créalion d’une Société agricole de l'Algérie. M. Trolliet, ancien pré- sident de la Société royale d'agriculture, histoire naturelle et arts utiles de Lyon, est nommé vice-président de la Société agricole de l'Algérie. M. Guillory aîné d'Angers demande, aussi par une lettre, des renseignemenis sur les plantalions faites dans les terrains en pente et dans ceux soutenus par des murs ou terrasses. M. Gariot est prié de répondre à cette lettre. La Société procède par bulletins secrets, à la nomination de membres correspondants, sont élus MM. Breschet, professeur à la Faculté de médecine de Paris, membre de l'Académie des sciences ; Fazy-Pasteur, propriétaire dans le canton de Genève, président de la classe d'agriculture ; Fulchiron, député du Rhône; Poortmann, naturaliste attaché au Muséum d'histoire naturelle à Paris. M. Fournet lit deux mémoires, l’un sur la soudabilité des mé- DES PROCÈS-VERBAUX. 49 taux et Sur le damassé d'or et d'argent ( xoy. Ann. t. HI, pag. 475 ) , et l'autre intitulé : Votes sur la cristallisation des sili- cales vitreux et sur la couleur bleue des laitiers. Va lecture de ces deux mémoires, dont l’un renferme une découverte importante et l'autre une série d'observations et d'expériences précieuses, est écoulée avec un grand intérêt. M. Rey est prié de faire un rapport sur un instrument nouveau, appelé Podomètre, à l'aide duquel le procédé de ferrure à froid peut être mis facilement en usage. M. le ministre de l’agriculture et du commerce, qui a envoyé cet instrument, y à joint un exem- plaire d'une brochure (1) contenant les indications nécessaires pour la mise en pratique du système de ferrure à froid. Séance du 11 décembre. — Présinexce pe M. Monrain. M. Seringe lit un rapport sur l'exposition des fleurs coupées qui a eu lieu en octobre ( voy. Ann. tom. III, pag. 489 ). M. Hénon lit un autre rapport sur les fruits et les légumes qui figuraient à cette même exposition. Il dépose sur le bureau des pommes 4pis étoilé, Vinaigre, Reinette rouge et Cannelle, ainsi qu'une Pomme de terre Cône de Pin (voy. Ann. tom. II, pag. 523 ). M. Jurie demande que la Société s'occupe d'une pomone du département. Cette proposition est appuyée et prise en consi- dération. La Société termine la séance par la révision du tableau de ses membres, Séance du 18 décembre. — Présipenxce DE M. MonTaix. M. Fournet donne lecture d’un Mémoire sur la Géologie de la partie des Alpes comprise entre le Valais et l'Oisans. (4) Considerations générales sur la maréchalerie , suivies d’un Exposé sur la mc- thode de ferrure podométrique à froid et à domirile, par M. Riquet, vétérinaire en premier au T° régiment de dragons, — Tours, Mame et Cie, 1840, in-8*. 50 EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX. Une lettre de M. Lequin, correspondant de la Sociélé, apprend que le Madia sativa a été semé en 1838 dans le département des Vosges, et qu'on en a oblenu des résultats satisfaisants. M. Tissier fait un rapport sur l'ouvrage intitulé : La géologie dans ses rapports avec l'agriculture et l'économie politique, par M. Nérée Boubée (1). M. le rapporteur trace rapidement l'analyse de cette brochure, dont l’auteur déplore le triste état de notre agriculture, comparalivement surtout à l'Angleterre. H croit que la supériorité agricole de ce dernier pays est due à Finstruction plus universellement répandue, aussi bien qu'à la plus grande abondance de capitaux. M. Nérée voudrait que le gouvernement français intervînt pour l'amélioration de notre sol, en créant des écoles d'agriculture, en faisant enseigner cette science dans toutes les écoles secondaires, en limitant le nombre des jeunes gens qui auraient la faculté de suivre les écoles spéciales supérieures , afin de forcer une parlie de la jeunesse à se livrer aux études agricoles et industrielles. IL pense qu’on pourrait faire travailler les soldats à amender les terrains infertiles. L'auteur croil que l'amélioration de nos terres improductives donnerait d'immenses produits. 11 dit qu’un capital de 1,630 millions employés de cette manière, donnerait, après cinq ans, un benéfice de plus de 40 millions, et au bout de cent années plus de 24 milliards. MM. Mowran, Président ; Héxox , Secrétaire géneral. (2) Seconde édition revue et augmentée. — Paris, 1840, in-8°. OUVRAGES RACUS PAR LA SOU PENDANT L'ANNÉE 4840, Annales de la Société d'agriculture, sciences, arls et commerce du Puy, pour 1837-1838, redigées par les secrélaires de la Société. — Au Puy, chez J.-B. Gaudelet, 1839, un vol. in-8°, fig. Annuaire de l'arrondissement de Falaise ; cinquième année, pu- blié par la Sociélé académique, agricole , industrielle et d’in- slruclion de cet arrondissement. — Falaise, Levavasseur, 1840, in-18. Apercu sur l'assainissement de Lyon, par L.-V. Parisel. — Lyon, 1840, in-8°. Catalogue de Dahlias, cultivés par E. Armand, fleuriste et pé- piniérisle à Écully, près Lyon (Rhône). — 1840, in-8°. Catalogue des arbres, arbrisseaux, arbusles et plantes cultivées dans les pépinières et serres des frères Audibert, à Tonelle, près Tarascon (Bouches-du-Rhône). — Deuxième partie; arbres, ar- brisseaux et arbustes de pleine terre, 1838. — Cinquième partie; jeunes plantes de semis pour former des pépinières, 1840, — Paris, chez M. L. Bouchard-Huzard, 2 broch. in -8°. Catalogue des graines potagères, des plantes aromatiques et médicinales qui se trouvent chez Bréon, successeur de M. Grandi- dier. — Paris, Pollet et Ci’, in-8°. Catalogue des oignons et bulbes à fleurs qui se trouvent chez Bréon, successeur de Grandidier, grainier, fleuriste et pépinié- riste, à Paris, pour 1840, — Paris, Pollet et C°, in-8°. Catalogue général de la librairie de L. Bouchard-Huzard, gen- dre et successeur de M®* Huzard, imprimeur-libraire. — Paris, septembre 1840, in-8°. Chenopodearum monographica enumeratio ; auctore A. Moquin- Tandon. — Parisis, apud P.-J. Loss., 1840, 1 vol. in-8°. 52 OUVRAGES RECUS PAR LA SOCIÉTÉ Comice agricole central du département de la Gironde. Rapport de la Commission chargée d'examiner la proposition de M. Hugues, relative au plan qu'il a soumis à M. le ministre de l'agriculture et du commerce pour la propagation en France de la culture en lignes par le semoir-Hugues. — Bordeaux, chez Deliège, in-4°, Comices agricoles; extrait des mémoires de la Société d’agri- culture, commerce, sciences et arts de la ville de Mende ( 1839- 1840 ). — Mende, J.-J.-M. Ignon, 1839, 1 vol. in-8°. Compte administratif des deux Hôpitaux civils de Lyon, pour l'année 1839, présenté au conseil d'administration de ces élablis- sements, par la Commission exécutive, le 26 août 1840. Lyon, Louis Perrin, 4 vol, in-4°, cart. Compte-rendu des travaux de l’Académie royale des sciences, belles-lettres et arts de Lyon, pendant l’année 1839, lu dans la séance publique du 25 juin 1840, par M. Terme, président. — Lyon, Louis Perrin, in-8°. Compte-rendu des travaux de la Société vétérinaire des dépar- tements du Calvados et de la Manche pendant l’année 1839. — Bayeux, in-68”°. Conseil général du département du Rhône. Section de 1840- 1841. — Lyon, Ve Ayné, 1840, in-8°. Considérations générales sur la maréchalerie, suivies d’un ex- posé de la méthode de ferrure podométrique à froid et à domicile, par M. Riquet, vétérinaire en premier au 7° régiment de dragons. — Tours, Mame et Ci°, 1840, in-8°. Coup-d’œil sur l'agriculture de la Sicile, par M. le comte de Gasparin , pair de France. (Extrait des mémoires de la Société royale et centrale d'agriculture. ) — Paris, chez Bouchard-Hu- zard, in-8°. De la garantie et des vices rédhibitoires dans le commerce des animaux domestiques, d’après la loi du 209 mai 1838, par J.-B. Huzard. — Paris, Bouchard-Huzard, 1839, in-18. De la nécessité d'une réforme financière en faveur de la pro- priété foncière et de l’agriculture, par B.-J. Legat, avocat à la Cour royale. — Paris, chez Delaunay, in-8°. De la taille du mürier, par Robinet. ( Extrait du Propagateur de l'industrie de la soie en France, février 1840.) — Paris, L. Bou- chard, 1840, in-8°. PENDANT L'ANNÉE 1840. 53 De l’économie dans les travaux publics et de la manière de com- parer entire eux plusieurs projets présentés pour le même ouvrage , par M. Mondot de la Gorce, ingénieur en chef au corps royal des ponts et chaussées. — Février 1840, in-8°. Département du Rhône. Chemins vicinaux de grande communi- cation. Travaux neufs à exécuter par entreprise. Devis général et cahier des charges. — Lyon, Boursy fils, in-4°. Des classes dangereuses de la population dans les grandes villes et des moyens de les rendre meilleures. Ouvrage récompensé en 1838 par l'Institut de France ( Académie des sciences morales et politiques ) , par H.-A. Frégier, chef de bureau à la préfecture de la Seine. — Paris, chez J.-B. Baillière, 1840, 2 vol. in-8°. Descriptions des machines et procédés consignés dans les bre- vels d'invention, de perfectionnement et d'importation dont la durée est expirée, et dans ceux dont la déchéance a été prononcée, publié par les ordres de M. le ministre du commerce. Tomes 37 et 38. — Paris, chez L. Bouchard-Huzard, 2 forts vol. in-4°, fig. Des insecles nuisibles à l’agriculture, observés pendant l’année 1839. Considérations particulières sur des larves dévastatrices des céréales. Mémoire lu à la Société d'agriculture, commerce, scien- ces et arts de la Marne dans la séance du 15 décembre 1839, par le docteur G. Dagonet, — Chälons-sur-Marne, chez Boniez- Lambert, 1840, in-8°. École auxiliaire et progressive de médecine , dirigée par M. Sanson (Alphonse), agrégé de la Faculté de médecine de Paris. Prospectus et règlement. — Paris, in-8”. Éloge historique de A.-F.-M. Artaud, prononcé en séance pu- blique de l’Académie royale des sciences, belles-letires et arts de Lyon, le 15 mai 1839, par J.-B. Dumas, secrétaire perpétuel. — Lyon, Barret, 1840, in-8°. Éloge historique de C.-A. Bouchet, ancien chirurgien-major de l'Hôtel-Dieu de Lyon, etc., lu à la Société de médecine de Lyon, le 30 décembre 1839, par le docteur Rougicr, secrétaire-général. — Lyon, chez L. Perrin, 1840, in-8°. Essai de la charrue à un seul soc de M. André-Jean , dans le domaine royal de Neuilly. Rapport par M. Aubert. — Paris, in-4°. Essai sur la taille et l’entretien du mürier pour les provinces du LV 54 OUVRAGES REÇUS PAR LA SOCIÈTÉ centre et du nord de la France, par A. Sénéclauze. — Bourg- Argental, 1840, in-8°. Établissement spécial pour le mûrier. Pépinières de Sainte- Agathe-la-Bouteresse, près Boën (Loire) , dirigées par M. Lebon. Prix courant pour l'automne 1840. — Montbrison, in-4°. Étude nouvelle des phénomènes généraux de la vie, par M. le docteur Gabillot. — Lyon, 1840, 1 fort vol. in-8°. Expériences sur la ventilation des magnaneries , par Robinet, professeur du cours sur l’industrie de la soie, correspondant de la Société royale et centrale d'agriculture , faites en 1839, à la ma- gnanerie-modèle départementale de Poitiers. — Paris, L. Bou- chard-Huzard, in-8°, fig. Exposé du système d'opérations et analyse raisonnée des statuts de la compagnie générale de boisement. — Paris , in-4°. Exposition de l’industrie française en 1839. Avis du jury du dé- partement de la Charente-Inférieure sur le mérite de divers objets présentés pour l'exposition des produits de l'industrie. — Paris, in-4°. Exposition des produits de l'industrie française. Rapport du jury central. — Paris, chez L. Bouchard-Fluzard, 1839, 3 vol. in-6°. Extrait du Code de l'administration des ponts et chaussées , des chemins communaux et des cours d'eau, par M. Mondot de la Gorce, N° 1 et 2. —- Paris, chez MM. Carillan, Gœury, 1831. Extrait du Moniteur du 31 août 1840, pour être inséré dans le bulletin de la Société d'agriculture. — Feuillet in-8°. Formalion de la soie chez la chenille du mûrier ( Bombyx mori, fabr. ). Description de l'organe producteur de la matière soyeuse ; examen microscopique de cette matière , par MM. J. Bourcier et Poortmann de Lyon. (Extrait des Annales de la Société séricicole, 3° N°, année 1839), in-8°, fig. Industrie séricicole. Deuxième rapport de la Commission char- gée de visiter la magnanerie de M. André-Jean, propriétaire à Villeneuve. — In-8°. Industrie séricicole. Notice sur la construclion de la magnanerie de M. André-Jean, lue à la Société d'agriculture de La Rochelle, dans sa séance du 23 mars, par M. le comte E. de St-Marsault. — La Rochelle, chez Mareschal, 1839, in-8°, fig. PENDANT L'ANNÉE 1840. 55 Instruction sur la culture du mûrier ; par Charrier père et fils, pépiniéristes à Bagnols (Gard). — 1840, in-8°, avec un prix courant des müriers. La géologie dans ses rapports avec l'agriculture et l'économie politique ; modifications graves à introduire dans notre système d'économie politique et notamment dans le cadre général de l'in- siruction publique ; par M. Nérée Boubée, seconde édition, revue et augmentée. — Paris, 1840, in-8°. Le batteur mécanique à fléaux rotatifs ; brevet d'invention de quinze ans. — Meaux, in-8°, fig. Lettre de M. le major Bronski , à la Société d'agriculture de La Rochelle. — In-6*. Loi du 20 mai 4838 sur les vices rédhibitoires et la garantié dans les ventes et échanges d'animaux domestiques ; par M. Arbaud, de Draguignan. — Draguignan, 1839, in-8°. Mémoire sur la filalure de la soie ; par M. Robinet; membre de l'Académie royale de médecine, professeur du cours sur l'indus- trie de la soie. — Paris, chez M7° Huzard, 1839, in-8°. Mémoire sur l'emploi du bain d'air comprimé, associé à la gym- naslique dans le traitement du rachitisme, des affections strumeu- ses et des surdités catarrhales, présenté à la Société de médecine de Lyon; par le docteur Pravaz, suivi d'un rapport approuvé par la Société de médecine de Lyon. — Paris, 1840, in-12. Mémoires d'agriculture, d'économie rurale et domestique , pu- bliés par la Société royale et centrale d'agriculture ; année 1838. — Paris, Me Huzerd, 1 vol. in-8°. Mémoire de l'Académie royale de Metz. Lettres, sciences, arts, agriculture ; 22° année 1838-1839. — Metz et Paris, chez Déra- che, 1839, 1 vol. in-8°, fig. Mémoire de la Sociéié royale des sciences, de l’agriculture et des arts de Lille; années 1838 et 1839. — Lille, imprimerie de L. Danel, 1839, 2 vol. in-80, fig. Mémoires et analyses des travaux de la Société d'agriculture, commerce, sciences et arts de la ville de Mende, chef-lieu du dé- partement de la Lozère ; 1837-1838. —_ Mende, Ignon, in-8°. Nécessité de s'occuper de la prospérité de l'agriculture, d’aug- menter ses produits ; obstacles qui s'y opposent; moyens de les surmonter; par le comte L. de Villeneuve. — Castres, chez Vidal, 1340, in-8°. mi: 40 56 OUVRAGES REÇUS PAR LA SOCIÉTÉ Note sur la culture et la multiplication du Bigonia grandiflora, Thunb ; par M. Pépin. (Extrait des Annales de la Société royale d'horticulture de Paris, tom. 24. ) — Paris, 1939, in-8°. Notes sur un canal d'irrigation et usinier de Jonage à Lyon, (rive gauche du Rhône) ; par M. À. Peyret-Lallier. — Paris, chez Henri, 1839, in-8° , cartes. Notice sur la construction de la magnanerie-modèle de M. An- dré-Jean. — La Rochelle, 1839, in-8°. Notice sur la houe à cheval et sur son emploi dans le départe- ment de la Charente-Inférieure, présenté à la Société d'agriculture ; par M. Bouscasse. — La Rochelle, chez F. Boutet, 1839, in-4°. Notice sur le mürier Perrottet où multicaule et ses variétés hybrides ; par MM. Audibert frères. — Prix courant des müriers et des arbres fruiliers pour 1840-1841, dans la pépinière de Tonelle, etc. — Une demi-feuiile. Notice sur les devoirs el travaux des comités et comices agricoles; par Garnier Poudre. — Beaune, Romand, 28 mai 1840, in-4°. Notice sur les effets de la gelée survenue du 15 au 26 mai au Jardin-des-Plantes de Paris; par M. Pépin. — Paris, in-8°. Notice sur les quatre éducations de vers à soie faites en 1839 dans le département de la Vienne, par MM. Millet et Robinet e: MM° Millet; suivie de la taille du mürier, par M. Robinet. ( Extrait des Annales de l'agricullure française ; mars, juin 1840.) — Paris, L. Bouchard-Huzard, 1840, in-8°. Notice sur l'utilité incontestable des étangs de la Dombes; par M. Boutier de Beauregard. — Lyon, 1839, in-8°. Nouveau chemin de fer automoteur; par M. A. Peyret-Lallier. — Paris, chez Guiraudet, 1840, in-8°. Observations de l’Académie royale des sciences, belles detiés et arts de Lyon, sur le mémoire publié au noin de la Commission exéculive de La Martinière, rédigé par une Commission composée de MM. Achard-James, Boullée, Grandperret, de Montherot , Tabareau et de Faprade, approuvées par la Compagnie dans sa séance du 26 novembre 1839. — Lyon, 1840, in-6°. Observations de la Société royale d’émulation et d'agriculture de l'Ain sur l'abaissement du droit d'entrée sur les besliaux étrangers. — Bourg, Boitier, 1840, in-8°. Observations d’un académicien de Lyon sur la seconde partie » PENDANT L'ANNÉE 1840. :ÿ du mémoire publié par la Commission exécutive de La Martinière, — Lyon, 1840, in-8°. Préfecture da département d'Eure-et-Loire; comice agricole de l'arrondissement de Chartres ; programme des concours de 1840. — Chartres, Félix Durand, in-4°. Prix courant des müriers du sieur Matthieu , directeur des pé- pinières du Pont-de-La-Verune, près et par Montpellier (Hérault). — 1 feuillet in-8°. Prix courant des müriers pour l'automne de 1840 et le printemps de 1841, chez Jaequemet-Bonnefond père et fils. — Annonay , in-4°. Prix courant pour l'automne 1840 et le printemps 1841, Louis Vasseur, inventeur des tables mobiles pour l'éducation des vers à soie, pépiniériste, cultivateur de müriers à Charmes (Ardèche). — Feuillet in-4°. Procès -verbal de l'installation de M. J.-F. Terme, maire de la ville de Lyon, et de MM. Reyre, Bodin, Arnaud, Bruyas, Martin (Pierre-Paul), Malmazet et Dunod, adjoints. — Lyon, V° Ayné, 1840, in-40. Programme des prix proposés par la Société d'agriculture , du commerce, sciences et arts de la ville de Calais. — Calais, Leroy, février 1840. Programme des prix proposés par la Société industrielle de Mulhouse dans son assemblée générale du 27 mai 1840, pour être décernés dans l'assemblée générale de mai 1841. — Mulhouse, 1840, in-8°. Programme des prix proposés par la Société d'encouragement pour l'industrie nationale ; dans sa séance générale du 11 mars 1840, pour être décernés en 1841, 1842, 1844, 1846 et 1847. — Paris, M" Huzard, 1840, in-4°. Programme des prix proposés pour 1841, par la Société royale des sciences, belles-letires et arts de Rouen. — In-4°. Projet d'un chemin de fer et d’un canal à bateaux rapides, de Bouc à l'embouchure du Rhône; suivi de considérations sur la navigation à vapeur du Rhône et sur l'importance du port de Bouc; ( par M. A. Peyret-Lallier ). — Paris, chez Guiraudet, 1839, in-8°. Carte, Projet d'une compagnie de chemin de fer de Saint-Étienne au 58 OUVRAGES RECUS PAR LA SOCIÉTÉ canal de Givors; par M. A. Peyret-Lallier. — Saint - Étienne, chez F. Gonin, in-8°. Prospectus, cosmographie ou réhabilitation du système du monde selon Ptolémée ; par M. Mestivier, seconde édition. — Or- léans, in-8°. Prospectus, école spéciale du commerce ; boulevard des Filles du Calvaire, à Paris. — In-8°. Prospectus et circulaire, conservation économique des grains, par le grenier mobile de M. Valery. — In-8°. Prospectus pour l’enseignement de la ferme expérimentale de Lapeyrusse, près Aurillac (Cantal). — In-8°. Quinzième supplément au catalogue des spécifications des bre- vets d'invention, de perfectionnement et d'importation (année 1839), imprimé par ordre de M. Cunin-Gridaine, ministre, secrétaire d'état de l’agriculture et du commerce. — Paris, Fain et Thunot, 1840, in-8°. Rapport de la Commission d'enquête sur les étangs et l’assai- nissement de la partie insalubre du département de l'Ain. ( Rapport signé par MM. Chevrier-Corcelles, président, Bottex, Hudelei , Pingeon, Jaeger, Thiébaud, secrétaire, M. A. Puvis, rapporteur. ) — Bourg, chez Bottier, 1840, in-8°. : Rapport fait à l'Académie royale des sciences, belles-letires et arts de Lyon, sur les honneurs à rendre à la mémoire du major-général Claude Martin , au nom d’une Commission composée de MM. Chenavard, Rey, de Ruolz et Polinière, auxquels se sont joints les membres du bureau : MM. Soulacroix, Achard-James, Dumas, Imbert, Breghot-du-Lut et Devillas, lu dans la séance publique du 25 juin 1840, par le docteur Polinière. — Lyon, Barret, 1840, in-8°. Rapport fait à la Société d'agriculture de La Rochelle, sur la coconière de M. le major Bronski, par la Commission chargée de visiler la magnanerie de M. André-Jean. — La Rochelle, 1839, in-8°. Rapport sur deux mémoires du docteur Pravaz, relatifs aux causes el au traitement des luxations congéniales du fémur, par le professeur Gerdy. — Lyon, Barret, 1840, in-8°. Rapport sur plusieurs mémoires de paléontologie, l'un de M. Jourdan, du 25 septembre 1837, sur un rongeur fossile des PENDANT L'ANNÉE 1840. 59 calcaires d’eau douce du centre de la France, considéré comme un type générique nouveau ( Z'heridomys ); les autres de MM. de Laïzer et de Parieu, du 28 janvier 1838 et du 7 janvier 1839, sur des ossements de rongeurs fossiles en Auvergne, rapportés à une nouvelle espèce d'Échimys , et à un genre nouveau ( Ar- chæomys ); commissaires : MM. Isidore Geofroy St-Hilaire , de Blainville, rapporteur ). ( Extrait des comptes-rendus des séances de l’Académie des sciences ; séance du 15 juin 1840.) — Paris, imprimerie de Bachelier, in-4°, 8 pages. Rapport sur un mémoire de M. Leymerie, ayant pour objet les terrains secondaires inférieurs du département du Rhône; commissaires : MM. Élie de Beaumont et de Bonnard, rappor- teur. (Extrait des comptes-rendus des séances de l’Académie des sciences; séance du 19 novembre 1838. ) — Paris, in-4°. Recueil chronologique des règlements sur les forêts, la chasse et la pêche , contenant les lois, ordonnances royales, arrêts de la cour de cassation, décisions ministérielles, et les circulaires et instructions administratives ; ouvrage publiés depuis 1815 jusqu'à 1837 inclusivement ; par MM. Baudrillart et Herbin de Halle, et continué, depuis celte époque, par une réunion d'employés su- périeurs de l'administration centrale des eaux et forêts; deuxième série , première livraison, année 1838 ; seconde livraison, 1839. — Paris, Arthur Bertrand et Bouchard-Huzard, 1840 , in-4°. Recueil de mémoires el d'observations de physique et de météo- rologie , d'agriculture et d'histoire naturelle , par le baron d'Hom- bres-Firmas. — Nimes, chez Balivet et Favre, 1838, 1 vol. in-8°, fig. Règlement de la Société centrale d'agriculture des Basses-Alpes. — Digne, in-8°. Renseignement sur la machine à battre les grains ; Mothés frères, de Bordeaux , avec un prix courant. — Bordeaux, Pechade, un feuillet in-4°. Réponse de M. P.-A. Lair, secrétaire de la Société royale d’agri- culture et de commerce de Caen, à une lettre de M. Mercier, député de l'Orne, sur la translation des courses du Pin à Caen. — 30 avril 1840, in-8°. Résumé des observations météorologiques faites à l'Observatoire de Lyon, pendant l’année 1839, par M. Clerc. — Une feuille. 60 OUVRAGES REÇUS PAR LA SOCIÉTÉ Saggio oritografico sulla classe dei gasteropodi fossili dei terrem terziari del Piemonte, di Luigi e Giovani Michelotti. — Torino, tipografia reale, 1610, in-4°, fig. Séance publique de la Société d'agriculture, commerce, sciences et arts du département de la Marne , tenue à Chälons le 30 août 1839. — Chälons, Boniez-Lambert, 1839, 1 vol. in-8°. Séance publique de la Société d'agriculture, commerce, sciences ctaris du département de la Marne ; tenue à Châlons le 3 sep- tembre 1840. — Châlons, Boniez-Lambert, in-4°. Seconda riunione degli scienziati italiani. — Torino , 1840 , in-4°. Serpe à tonture, par M. Pépin. — Paris, 1839, in-6°, fig. Société académique, agricole, industrielle et d'instruction de l'arrondissement de Falaise. ( Procès- verbaux des séances du 26 janvier et du 9 février 1840. ) — Falaise, Levavasseur , 1840, in-8°. Société d'agriculture de La Rochelle. Compte-rendu des travaux de la Société pendant les années 1838 et 1839 , lu à la séance du 16 novembre 1859. — In-8°. Sociélé d’agricullure de l'arrondissemer:t de Grenoble. — Gre- noble, chez F. Allier, 1839, in-8°, fig. Société d'agriculture et de commerce du département du Var. Industrie des soies. Rapport présenté à M. Lemarchand de la Fa- verie, préfet du département du Var; par M. Michel. — In-80. Société d'agriculture du département de Loire-et-Cher; séance annuelle du 30 août 1840. — Blois, E. Dezairs, 1840 , in-8°. Société d'agriculture, sciences et arts de Meaux. Publications de mai 1838 à mai 1839. — Meaux, chez Dubois, 1840, in-8°. Sociélé d'émulation du Jura. Programme d'un prix de 800 fr. proposé au concours pour le meilleur mémoire sur la maladie épizootique qui règne dans le déparlement et les moyens de la guérir. — Lons-le-Saulnier, 1840. Société des progrès agricoles. Chambre consullalive et conseil général d'agriculture. ( Extrait du Cultioateur, journal des progrès agricoles , avril 1840 ); par M. de La Chauvinière. — In-8°. Société des progrès agricoles. Économie politique. Aperçu sur les céréales. — Octobre 1839, in-8°. Saciété d'horticulture du département de Seine-et-Oise. Pro- PENDANT L'ANNÉE 1840. Gi gramme de l'exposition automnale des produits horticoles et des objets qui se rattachent à l'horticulture. — Versailles, Montalant- Bougleux, 1840, in-8”. Sociélé royale académique de Nantes et du département de la Loire-Inférieure. Rapport sur la machine anglaise à battre les grains, lu dans la séance du 8 janvier 1840. — Nantes, Cam. Mel- linet, 1840, in-8°, fig. Société royale d'agriculture et de commerce de Caen. Séance du 20 décembre 1839; présidence de M. Vautier. — Séance du 17 avril 1840. — Programme des deux concours ouverts par la Société en 1840. — Concours de labourage ; médailles d'honneur pour la bonne culture ; prix pour les domestiques et les servantes de ferme, dans le canton d'Évrecy (Calvados), le dimanche 6 sep- iembre 1840; séance du 19 juin 1840, présidence de M. Vaulier. — Caen, in-8°. Supplément au catalogue de graines des années précédentes, récollées au Jardin Botanique de Lyon en 1839, et offertes en échange, ( présentant la synonymie des céréales). — Lyon, in-4°. Tablettes historiques de l'Auvergne, comprenant les départe- ments du Puy-de-Dôme et du Cantal, par J.-B. Bouillel, N° 1. — Clermont-Ferrand , chez Pérol, 1840 , in-8°, fig. Traité de l'éducation des vers à soie et de la culture du mü- rier, suivi de divers mémoires sur l’art séricicole, par M. Matthieu Bonafous ; quatrième édilion , revue et augmentée, avec 5 plan- ches. — Paris, chez L. Bouchard-Huzard, 1840, un fort vol. in-8°. Traité général des eaux et forêts, €hasses et pêches. Première partie : recueil chronologique contenant les ordonnances, édils et déclarations des rois de France; les arrêts du conseil et des cours - souveraines ; des lois, arrêtés du gouvernement, décrets, ordon- nances du roi, arrêts de la cour de cassation , décisions ministé- rielles, circulaires et instructions administratives ; ouvrage publié jusqu’à 1839 inelus ; par M. Baudrillart, et continué, depuis cetle époque, par M. P.-E. Herbin de Halle. Seizième livraison, année 1836, second semestre. — Paris, chez Arthur Bertrand et M€ Huzard, in-4°. Visite à Fromont; par M. Pépin. — Paris, in-8°. 62 OUVRAGES REÇUS PAR LA SOCIÈTÉ PUBLICATIONS PÉRIODIQUES. Actes de l'Académie royale des sciences, belies-lettres et arts de Bordeaux. — Bordeaux et Paris, chez Ch. Lawalle, in-8°- ( 4° trimestre 1839. — 1er trimestre 1840. ) Annales agricoles , liléraires et industrielles de l'Arriége, for- mant la continuation du journal d'Agriculture et des Arts de ce département. — Foix, chez Pomiès frères, in-8°. ( Avril, juillet, oclobre 1839 ; janvier, avril, juillet 1840.) Annales de l’agriculture française contenant des observations et des mémoires sur touies les parties de l’agriculiure et des sciences accessoires, fondées par M. Teissier, etdirigées par M. L. Bouchard- Huzard. — Paris, chez L. Bouchard-Huzard, in-8°. (D’août 1839 à septembre 1840, novembre et décembre 1840.) Annales de la Société d'agriculture de l'Allier. — Moulins, chez Place et Bugeon, in-8°. ( De la 6° à la 12° livraison 1839, {re et 2° livraisons 1840 , 5°, 6° et 7° livraisons 1840.) Annales de la Société d'agriculture de La Rochelle. — La Ro- chelle, chez Mareschal, in-8°. ( N° 2, juillet 1840.) Annales de la Société d'agriculture, de sciences, d’arts et de belles-lettres, du département d’Indre-et-Loire. — Tours , chez A. Mame et Ci:, in-8°. (De juillet à décembre 1839, de mars à juin 1840.) Annales de la Société d'émulation du département des Vosges, — Épinal, chez Gley, in-8°. (Tom. IV, premier cahier. ) Annales de la Société séricicole, fondée en 1837 pour la pro- pagation et l'amélioration de l'industrie de la soie en France. — Paris, chez L. Bouchard-Huzard, in-8°. (3° N°, 1839. ) Annales de la Société économique d’agriculture, commerce, aris et manufactures du département des Landes. — Mont-de-Marsan, in-8°. ( N° 8, second trimestre. ) Annales provencales d'agriculture pratique et d'économie rurale, publiées sous la direction de M. Planche. — Marseille, chez A. Barlatier, éditeur, in-8°. ( De janvier 1839 à mars 1840, de mai à octobre 1840.) % Bibliothèque universelle de Genève ; nouvelle série. — Genève, ebez B. Glaser. Paris, chez Anselin, in 8°. (N°% 46, 47, 48 et 49.) PENDANT L'ANNÉE 1840. 65 Bulletin de la Soc iété agricole et industrielle du département du Lot. — In-8°. (Décembre 1839.) Bulletin de la Société d'agriculture de l'arrondissement de Gre- noble, in-8°. (3€ cahier, année 1839-1840.) Bulletin de la Société d'agriculture de l'Aveyron. — Rhodez, chez Carère aîné, in-8°. (Année 1839.) Bulletin de la Société d'agriculture du département de l'Hérault. — Montpellier, chez J. Tournelle aîné et Grollier, in-8°. ( D’avril à juillet 1840.) Bulletin de la Société industrielle d'Angers et du département de Maine-et-Loire. — Angers, chez Cosmier et Lachèse, in-8°. (N° 4, 5 et 6 de la 10° année. N° 1, 2, 3 et 4 de la 11° année.) Bulletin de la Société industrielle de Mulhausen. — Mulhausen, in-8°. (N° 61, 62, 63, 64,65.) Bulletin de la Société royale d'agriculture, sciences et arts de la Sarthe, rédigé par une Commission spéciale. — Le Mans, chez Mon- noyer, in-8°. (3€ trimestre de 1839; 1°* et 2 trimestres de 1840.) Bulletin de la Société royale d'agriculture, sciences et arts de Limoges. — Limoges, chez Chapoulaud, in-8°. (Juillet 1836, mars, avril et mai 1840.) Bulletin publié par la Société industrielle de l'arrondissement de St-Étienne. — St-Étienne, chez F. Gonin, in-8°. (6° livraison de 1839 ; fre, 2°, 3° et 4° livraisons de 1840.) Journal d'agriculture et d'horticulture rédigé et publié par le comilé central d'agriculture de la Côte-d'Or. — Dijon, chez Douiller, in-8°. (De janvier à septembre et novembre 1840.) Journal d'agriculture pratique, de jardinage et d'économie do- mestique, publié sous la direction de M. A. Bixio, par les rédac- teurs de la Maison-Ruslique. — Paris, in-8°. (Décembre 1839; janvier et février 1840, d'avril à octobre 1840.) Journal d'agriculture pratique et d'économie rurale pour le midi de la France ; publié par la Société royale d'agriculture de Toulouse. — Toulouse, chez Doladoure, in-8°. ( De novembre 1839 à mars 1840 ; de mai à novembre 1840.) Journal d'agriculture, sciences, lettres et arts, rédigé par des membres de la Société royale d'émulation de l'Ain. — Bourg, chez P.-F. Bottier, in-80. ( D'août à décembre 1839; de février à sep- tembre 1840.) 64 OUVRAGES REÇUS PAR LA SOCIÉTÉ Journal de la Société d'agriculture des Basses-Alpes. — Digne, in-8°. (2° semestre 1839.) Journal de la Société d'agriculture et de commerce du départe- ment du Var, publié sous la direction de M. Frédéric. Michel. — Draguignan, chez H. Bernard, in-80. ( De juillet à décembre 1839; de mars à août 1840.) Journal de la Société d'agriculture et des comices agricoles du département des Deux-Sèvres. — Niorl, chez Morisset, in-8°. (De janvier à novembre 1840.) Journal de la Société de la morale chrétienne. — Paris, chez MM. Treuttel et Wurtz, in-8°. (Juin 1839, janvier et ÉNeRs d'avril à novembre 1840.) Journal des vétérinaires du Midi ; recueil consacré à la chirurgie, à la médecine vétérinaire et à tout ce qui s’y rattache : sciences physiques, histoire naturelle, économie rurale, éducation et amé- lioration des animaux domestiques, ;anatomie, physiologie, etc. ; publié par M. Bernard, directeur de l'École vétérinaire de Tou- louse, chargé de la direction du journal et principal rédacteur, et MM. Gelé, Lafore, Rodet, Bareyre, Cruzel, Miquel. — Toulouse, chez V*° Corne, in-8°. (De décembre 1839 à mai 1840, de juin à novembre 1840.) Journal général de France. — Paris, in-fol. (16 mars 1840.) La Revue agricole, bulletin spécial des associations agricoles, sous la direction de M. Dutertre. — Paris, M. Debécourt, in-8°. (Septembre 1838, décembre 1839 ; de mars à juillet 1840, octobre et novembre 1840.) Le bon Cultivateur , recueil agronomique, publié par le comité central d'agriculture de Nanci et rédigé par M. Soyez-Willemel. — Nanci, À. Paullet, in-8°. (De janvier à septembre 1839; de novem- bre 1839 à septembre 1840.) Le Cultivateur, journal des progrès agricoles fondé en 1829, et adopté en 1835 comme bulletin du cercie agricole de Paris. — Paris, chez P. Renouard, in-8°. (Novembre 1839, de mars à octo- bre 1840.) Le Moniteur judiciaire de l'arrondissement de Lyon. — Lyon, in-4°. (27 août 1840.) Le Propagateur agricole du Cantal, journal consacré à l’étude de l’agriculture des pays de fourrages et d'éducation des animaux PENDANT L'ANNÉE 1S40. 65 domestiques , publié sous la protection de la Société mutuelle d'agriculture pratique. — Paris, chez M°° Huzard, in-8°. (Janvier, février, avril, juin, juillet 1840.) Le Propagateur agricole, journal d'économie rurale, publié par la Société mutuelle d'agriculture pratique. — Paris et Aurillac, in-8°. (Novembre 1839.) Le Propagateur de l’industrie de la soie en France, journal men- suel spécialement consacré à étendre et à perfectionner la culture du mürier, l’'éducalion des vers à soie et la filature des cocons, rédigé par une socielé de cultivateurs, d'éducateurs et des filateurs des départements du midi de la France ; directeur M. Amans Car- rier. — Rhodez, chez Carrère aîné, in-8°. (Décembre 1839, de fevrier à octobre 1840.) Le Propagateur du progrès en agriculture, recueil périodique de l'associalion pour la propagation en France de la culture en lignes, par le semoir Hugues. — Bordeaux, chez Hugues, grand in-80. (T° et 10 livraisons.) L'Hebdomadaire, revue générale de la semaine, spécimen in-fol. (Samedi, 4 juillet 1840.) Mémoires de la Société académique , agricole, industrielle et d'instruction de l'arrondissement de Falaise. — Falaise, in-8°. (1°T bulletin, année 1839.) Mémoires de la Sociélé d'agriculture, sciences, arts et belles-let- tres du département de l'Aube. — Troyes, chez Ath. Payn, in-8°. (4€ trimestre 1839 et 1°T trimestre 1840.) Moniteur de la propriété et de l’agriculture, journal des intérêts du sol, publié par une société de propriétaires agriculteurs. — Paris, in-8°. ( Décembre 1839.) Recueil agronomique, industriel el scientifique, publié par la Société d'agriculture de la Haute-Saône. —— Vesoul, chez L. Suchaux, in-8°. (4° livraison, juillet 1840.) Recueil agronomique, publié par les soins de la Société des sciences, agriculture et belles-lettres du département de Tarn-et- Garonne. — Montauban, chez Lapie-Fontanel, in-8°. (De septembre à décembre 1839, de février à juillet 1840.) Recueil de la Société libre d'agriculture, sciences, arts et belles-lettres du département de l'Eure. — In-8°. ( De juillet à dé- cembre 1839.) 66 OUVRAGES REÇUS PAR LA SOCIÉTÉ ETC. Revue mensuelle des comices agricoles et de toutes les institu- tions agronomiques ; guide spécial des propriétaires, cultivaleurs et marchands. — Paris, chez P. Didier, in-4°. (Avril, juin, juillet 1840.) Revue scientifique et industrielle, et compte-rendu de ce qui se publie de plus intéressant à l'étranger, sur la physique, la chimie et l’industrie, sous la direction du docteur Quesneville. — Paris, chez L. Hachette, in-8°. (Novembre 1840.) Revue sébusienne , journal mensuel de l'indépendance et des progrès. — Bourg et Nantua, in-8°. (Novembre 1839.) Société d'agriculture, sciences et arts d'Angers; travaux du co- mice horticole de Maine-et-Loire. — Angers, chez V. Pavie, in-8°. (N° 6, T et 8 du premier volume, N° 10 du second volume. ) Société d'émulation du département des Vosges, séant à Épinal ; connaissances usuelles, recueillies par la Société pour être adres- sées gratuitement à toutes les communes du département. — Épinal, in-8°. (Octobre 1839.) Société libre d'agriculture du Gard. — Nîmes, chez C. Durand- Belle, in-8°. (17€ et 18° bulletins, février 1840.) Société royale et centrale d'agriculture; bulletin des séances ; compte-rendu mensuel, rédigé par M. Soulange-Bodin, vice-secré- taire. — Paris, L. Bouchard-Huzard, in-8°. (Mars, avril, mai, octo- bre 1840.) TABLEAU DK LA SOCIÉTÉ ROYALE D'AGRICULTURE, HISTOIRE NATURELLE ET ARTS UTILES DE LYON, au 51 pécemere 1840. ——— 4 0 PBRESTESLEE 00 —— EE BUREAU. MM. Jarr O. :, préfet du Rhône, président d'honneur. Terme :&, maire de Lyon, second président d'honneur. Mowrax, docteur en médecine, président. Sauzex ‘#, conseiller à la Cour royale, vice-président. Hévox, directeur de la Pépinière départementale, secrétaire-géné- ral. Lecog, professeur à l'École royale vétérinaire, secrétaire-adjoint. Mussanr, bibliothécaire-adjoint de la ville de Lyon, secrétaire- archiviste. SEeriNGe, directeur du Jardin-des-Plantes, conservateur des ma- chines et instruments aratoires. Descnawrs, pharmacien, trésorier. MEMBRES "TITULAIRES PAR ORDRE D'ANCIENNETÉ DE NOMINATION. M. 1810. Perrerrer, docleur-ès-sciences, ancien pharmacien de pre- mière classe aux armées, rue Syrène, 2. GS 1810. 1812. 1817. 1818. 1821. 1822. 1825. 1829. 1830. 1831. 1832. TABLEAU DE LA SOCIÊTÉ MM. Sr-Dinrer (de), propriétaire, rue Vaubecour, 17. Lacène, propriétaire, place Louis-le-Grand, 11. Ranar», professeur à l'École royale vétérinaire. Ducas (Thomas) %#, propriétaire, rue Royale, 29. Descuaurs, pharmacien, rue St-Dominique, 15. Boucuarp-Jamson, ingénieur-mécanicien, rue Vaubecour, 2. Tenue :, docteur en médecine, maire de Lyon. Jaxsox :, docteur en médecine, ancien chirurgien-major de l'Hôtel-Dieu, place du Concert, 9. FRéMINVILLE (de), propriétaire, rue du Plat, 8. Goxw, chimiste-teinturier, quai St-Benoît, 51. Coste :%, conseiller à la Cour royale, rue St-Dominique, 13: Tagareau x, ancien capitaine du génie, doyen de la Fa- culté des sciences. PruneLze, ancien professeur de la Faculté de médecine de Montpellier, ancien membre de la Chambre des députés, place de la Miséricorde, 12. Ganior, propriétaire à Francheville, rue du Bœuf. Bénevexr (de), propriétaire, rue du Bœuf, 34. Puvis, ingénieur en chef des mines et usines, cours d'Her- bouille, 1. DupasquieR jeune, architecte, rue St-Joseph, 3. Borrex, docteur en médecine, rue Neuve, 7. Jurre, conseiller à la Cour royale, quai Humbert, 13. Maruevox, négociant-manufaclurier, port St-Clair, 26. Guizranp père, inspecteur émérile de l’Université, montée du Gourguillon, 31. Monrain, docteur en médecine, ancien chirurgien-major de la Charité, place des Célestins, 7. Serince, directeur du Jardin-des-Plantes, professeur de botanique à la Faculté des seiences. Hamon, jardinier en chef du Jardin-des-Plantes. Buisson, pharmacien, rue Louis-le-Grand. Duran», conseiller à la Cour royale, place des Corde- liers, 2. Merer, manufacturier, quai Pevrollerie, 91. 1833. 1834. 1835. 1536. 1837. 1838. ROYALE D’AGRICULTURE. 69 MM. Renaux, chimiste-manufacturier, place Henri IV, 43. Héxox, directeur de la Pépinière dépariementale, cours Trocadéro, 7, aux Brotteaux. Muzsanr, naturaliste, bibliothécaire-adjoint de la ville, port Neuville, 42. Maexe, professeur à l'École royale vétérinaire. RevercaoN 4, négociant et propriétaire, rue de la Monnaie. Panisez, manufacturier, place des Carmes, 14. GRanDPEerRET, propriétaire, rue du Plat, 3. GraNDiEan, mécanicien , rue Ste-Hélène, 6. Duquarre, notaire honoraire, rue Latourette, 12. Jourpan #:, docteur en médecine, directeur du Muséum d'histoire nalurelle, professeur de zoologie et de phy- siologie à la Faculté des sciences, rue Clermont, 1. Lrcog, professeur à l'École royale vétérinaire. Turarrar, propriétaire, passage Thiaffait, 3. Guiner %, manufacturier, rue de La Martinière, 5. Gexsouz “£, docteur en médecine, ancien chirurgien-major de l'Hôtel-Dieu, place Touis-le-Grand, 1. Praucr, juge de paix, à St-Cyr. Pravaz, docteur en médecine, directeur de l'institution orthopédique, montée St-Laurent, 5. Bouncrer (Jules), négociant, port St-Clair, 19. ALEXANDRE , propriétaire, avenue du pont de la Guillo- tière, 1. Rocaer, directeur de la compagnie d'éclairage au gaz, à Perrache. Bineau, professeur de chimie à la Faculté des sciences, rue du Garet, 9. Fourner, professeur de géologie et de minéralogie à la Fa- culté des sciences, place Sathonnay, 2. Iueerr, docteur en médecine, rue du Pérat, 18. Dupasquier aîné, docteur en médecine, montée des Carmé- lites, 11. Lurzer (Gabriel) , propriétaire et pépiniériste, à Écully. Rey, professeur-adjoint à l'École royale vétérinaire. Sauzey +, conseiller à la Cour royale, rue des Marron- niers, 6. 10 1838. 1839. 1840. TABLEAU DE LA SOCIÉTÉ MM. Gurzzar fils, chef d'institution , montée du Gourguillon , SH PS Repiquer, docteur en médecine, rue de la Gerbe, 10. Poruox, fabricant, rue du Garet, 3. Cninarp , docteur en médecine, rue des Farges, 51. Monpor DE La Gore x, ingénieur en chef des ponts et chaussées du département du Rhône, rue Perrache, 16. Quinsox, conseiller à la Cour royale, rue de Boissac, 8. ASSOCIÉS VÉTÉRANS. MM, Lawoix, pharmacien, à la Guillotière. Berzer De Sr-Trivier, propriétaire, rue de la Charité. Moinrère (le comte Othon de), président de l’administra- tion de la Pépinière départementale place Louis-le- Grand, 21. Guerre, ex-bâtonnier de l'Ordre des avocats, rue des Céles- tins, 4. Dusar des Alines, propriétaire, place Louis-le-Grand, 24. Révon, propriétaire, rue Confort, 15. Acger ëh, président de chambre à la Cour royale, rue du Plat, 6. Trssrer, pharmacien, ancien professeur de chimie, place des Capucins. Czerc 3, rue de Pavie, 1. Dans la séance du 15 décembre 1837, la Société a décidé que ses Membres titulaires et vétérans scraient répartis, sui- vant la nature de leurs travaux, en trois sections égales, sous les dénominations suivantes : 1° Section des Seiences physiques et naturelles ; 29 Section d'Agriculture ; 3° Sec- tion d'Industrie. Sciences. MM. PELLETIER, RarnarD. Jansox. Cosre. TABAREAU. Borrex. MonTaIN. SERINGE. Merck. Hévox. Muzsanr. JouRDAN. Lecoo. TuraAFFAIT. BInEAu. Fournet. IMBERT. Dupasquier aîné. Rey. Gurzcann fils. CrinanD. T. IT, ROYALE D'AGRIGULTURE, 1 pe TABLEAU DES SECTIONS. MEMBRES TITULAIRES. Agriculture. MM. Sr-Diprer (de). LacÈne. Ducs. Boucaarp-Jameon. TERME. FRÉMIN VILLE (de ). PRUNELLE. Garior. Béwzvenr (de). Jun. Hamon. Durann. MAcne. GRANDPERRET, Duquarre. GeExsou.. Bourcrer. Lurzer. SAUZEY. Quixsox. Industrie. MM. Descaawrs. Gonix. Puvis. DupasquiEeR jeune. Marnevon. GuriLarD père. Buisson. RENaAux. REVERCHON. ParisEL. GRANDJEAN, GuIMET. Praurr. Pravaz. ALEXANDRE. Rocner. RePIQuET. Porno. MonpoT DE LA Gorce, ASSOCIÉS VÉTÉRANS. MM. BELLET DE ST-TRIvIER, Monrère (de). GUERRE, Duzrar des Alines, Réwonp, ACHER. MM. Lanorx, Tisster, Fa — Î nT Ÿ TABLEAU DE LA SOCIÉTÉ ASSOCIÉS CORRESPONDANTS. MM. Auonisert (J.-Hyppolite), propriétaire et pépiniériste, à Tonelle (Bouches-du-Rhône ). Aunigerr (Urbain) #, propriétaire et pépiniériste, à Tonelle ( Bouches-du-Rhône ). Aupouix, membre de l'Institut, professeur au Muséum d'histoire na- turelle, à Paris, Basrer, pharmacien, à Orange ( Vaucluse ). BaricLar, pharmacien, à Mäcon ( Saône-et-Loire ). Bezza O. x, directeur de la ferme expérimentale de Grignon ( Seine-et-Oise ). Berzarpr, naturaliste, à Turin. Bernarnp, directeur de l'École royale vétérinaire de Toulouse ( Haute-Garonne ). Berraaur, ingénieur en chef des ponts et chaussées, à Châlons (Saône-et-Loire ). Bzor (Sylvain) :#, sous-préfet de Villefranche ( Rhône ). Boxarous ( Matthieu ) #, correspondant de l'Institut, directeur du Jardin royal d'agriculture, à Turin. Bonpy (comte de) C. :%, à Paris. Bourier de Beauregard, propriétaire ( Aïn ). Borne, pharmacien, à l’Arbresle ( Rhône ). Braver, docleur en médecine, à Annonay (Ardèche). Beegrsson, propriétaire, à Falaise ( Calvados ). Brescuer O. #, professeur à la Facullé de médecine de Paris, membre de l’Académie des sciences. Burssox, propriétaire, à Bron ( Isère }. Cannozce (Aug.-Pyr. de) ‘#, associé étranger de l'Académie des sciences, à Genève. Car, pharmacien, à Paris. Carrier ( Amans ) :# , seerétaire-général de la préfecture de l'Avey- ron, à Rhodez. Cavexne , ingénieur en chef des ponts et chaussées, à Paris. Enavuis pe Monriavizze, membre de la Chambre des députés. Cuaruerron :%, au Bois-d'Oingt ( Rhône). ROYALE D'AGRICULTURE. 7? [e®) MM. CnaAvanNE, professeur, à Lausanne (Suisse). Cuesxez (de) %, à Montpellier ( Hérault ). Cior-Bex %, médecin, directeur de l'École de médecine d'Abou- Zabel, en Égypte. Deurre ( Alize Raffeneau) Æ, directeur du Jardin du roi, à Mont- pellier, professeur à la Faculté de médecine. Devecrer, professeur de mathématiques, à Lausanne (Suisse ). Dusoucnace DE BRANGUES , propriétaire, à Brangues. Dusoucnace, propriétaire, à Grenoble (Isère). Dusnuxrauzr, chimiste-manufacturier, à Paris. Dururrs de Maconex, propriétaire, à Bordeaux ( Gironde). Favre, médecin-vétérinaire de la république de Genève. Fazx-Pasreur, président de la classe d'agriculture de Genève. Fuzcriron :&, député du Rhône. GarcranD, pépiniériste, à Brignais (Rhône ). Garnten, bibliothécaire-adjoint de la ville d'Amiens (Somme ). Gasparin ( Adrien de) C. :#, pair de France, à Paris. Gaspranin (Auguste de) #4, membre de la Chambre des députés, à Orange (Vaucluse ). Gayrar, docteur en médecine, à Oullins (Rhône 5 Gexsouz (Justin), agriculteur, à Peyzieux ( Ain). Georrroy-Sr-Hrirarre (Isidore), membre de l'Académie des scien- ces, professeur au Muséum d'histoire naturelle, à Paris. -GérAnDo (baron de) O. #, conseiller d'étal, à Paris. Goxpouix (Charles), chef des cultures au Fleuriste de la couronne, parc de St-Cloud (Seine-et-Oise). Gras (Scipion ), ingénieur des mines, à Grenoble (Isère). Guéuin, docteur en médecine, à Avignon ( Vaueluse ). Guzrrar, à Rive-de-Gier (Loire). Guizarp (Achille) docteur-ès-sciences, près d'Issoire (Puy-de- Dôme). Guxéraxr, docteur en médecine, à Lons-le-Saulnier (Jura). Hamowr, directeur de l'École vétérinaire d'Abou-Zabel , en Égyple. Hanzan», naturaliste, à Philadelphie ( États-Unis ). HénicarD pe Taurx ( vicomte le) ©. :#, ingénieur en chef des mines, à Paris. Housres-Finuas (baron d') #, correspondant de l'Institut, à Aluis (Gard). 1 PSN TABLEAU DE LA SOCIÈTÉ MM. Hueuss, avocat, à Bordeaux (Gironde). Huzan» fils #, médecin-vétérinaire, à Paris. Jacos %, vétérinaire en premier au 11° de dragons. Jussieu (Adrien de) #4, membre de l'Académie des sciences, pro- fesseur au Muséum d'histoire naturelle, à Paris. Lui ‘#, conseiller de préfecture, à Caen ( Calvados). LavazerTe, propriétaire, à Grenoble ( Isère ). Laviexe, sous-préfet, à Belley (Aïn). Lecog, professeur de minéralogie , à Clermont (Puy-de-Dôme). Lequin (Auguste-Louis ), régisseur de la bergerie royale de Lahaye- vaux, près de Neuchâteau ( Vosges ). Leuricon pe Tnorienx #, dépulé du Rhône, président du comice agricole de Vaugneray. Leymerte, professeur de minéralogie et de géologie, à Toulouse. Lezair (comte de) % 4, à Clermont (Puy-de-Dôme ). Lorrer, propriétaire, à Oullins (Rhône). Maemeco (de), près le Puy (Haute-Loire). Mancez pe Serres, professeur à la Faculté des sciences de Montpel- lier (Hérault). Mann aîné #, docteur en médecine, à St-Rambert (Aïn). MarrTin-Burnin, pépiniériste, à Chamberi. Marrmieu De Domsasee ‘#, directeur de la Ferme-modèle de Roville {Meurthe ). Morer-n'Augenron, membre de la Commission forestière des Pyré- nées, à Toulouse (Haute-Garonne ). Muxe-Enwarps, membre de l'Académie des sciences, à Paris. Mozz, professeur d'agriculture au Conservatoire royal des arts et métiers, à Paris. Muner, propriétaire. Murauox :&, capitaine d'artillerie, au Hâvre (Seine-Inferieure ). Niviène ( Césaire ), professeur d'agriculture, à Lyon. Nozc :%, professeur d’éloquence, à Paris. Nornor (Louis), naturaliste, à Dijon (Côte-d'Or). Oucras (vicomte d'), propriétaire, à Oyonax ( Ain). Pazmrerr, botanisie, à Milan. Pérns, chef de l'École botanique au Jardin du roi, à Paris. Périer, président du tribunal civil, à Trévoux (Aïn). ROYALE D'AGRICULTURE. 15 MM. Perrer-laicter ( Alphonse), propriétaire à St-Etienne (Loire). Prenrarp :, chef de bataillon du génie, en retraite, à Verdun (Meuse). Poxcins ( marquis de) :#, maire de Feurs (Loire). Poorruanx, naturaliste au Muséum d'histoire naturelle, à Paris. Posuez DE VERNEAUX, propriétaire, à Paris. Puvis ( Maximilien) :%, ancien officier supérieur d'artillerie, à Bourg (Aïn ). Quesxx, propriétaire, à Orgon (Bouches-du-Rhône ). Raïsarp, docteur en médecine, à Annonay ( Ardèche ). Rawsureau (comte de) , pair de France, préfet du département de la Seine, à Paris. Revizron, mécanicien, à Mäcon (Saône-et-Loire ). Ricæanp, docteur en médecine et vétérinaire , professeur à l’École royale des haras, au Pin. Rorser, juge de paix, à Meyzieux (Isère ). Roswx ( de), à Valenciennes ( Nord). Rozrer, docteur en médecine, à Heyrieux (Isère ÿ "Rosrères (de), à Brignay (Rhône). Sainr-Marrix ( de ), professeur de chimie, à Turin. Saroz, vétérinaire, à St-Pétersbourg. Sauvanau, propriétaire, à St-Rambert ( Ain). Secuix, chimiste-manufacturier, à Annonay (Ardèche). SxzvesrRe (baron de) :%, membre de l’Institut, à Paris. Tuczrasue, directeur du jardin Litta, à Lainate ( Lombardie ). Tessier, manufacturier, à Valleraugue (Gard). Taxésaucr DE BerNeaup, homme de lettres, à Paris. Tissor, propriétaire, à Beauregard (Ain). Trocau %, membre du Conseil supérieur d'agriculture, à Belle-Ile- en-Mer (Morbihan ). Tnozuier %, médecin de l'hôpital civil, à Alger. Vazzor, docteur en médecine, professeur d'histoire naturelle, à Dijon (Côte-d'Or). VaperGa DI CIvRoNE (comte), à Turin. VarenNNe-FEnILLE ( de ) #, à Bourg (Ain). Var, médecin-vétérinaire, ancien professeur à l'École royale vé- térinaire d'Alfort, à Paris. 76 TABLEAU DE LA SOCIËTÉ ROYALE D'AGRICULTURE. MM. Viza, directeur de la monnaie, à Turin. Viner &:, docteur en médecine, professeur d'histoire naturelle, à Paris. Voceur, vétérinaire au 7° régiment d'artillerie. VWarox, docteur en médecine, à Carpentras (Vaucluse). Yvarr 2%, inspecteur général des Écoles vétérinaires et des berge- ries royales, à Paris. TABLE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS DES ARTICLES CONTENUS DANS CE VOLUME. D anne MM. Bonne, page 355. Borrex, p. 255. Bourcrer (Jules ), p. 225. Fourner, p. 1, 475. Garior, p. 237, 303, 304, 369, 473, 474. Gartra (Lorenzo-Francesco), p. 371. Grarr, p. 183. Héxon, p. 453, 5923. Howeres-Frrmas (baron d'y, p. 347. Macxe, p. 159, 361, 419. Marcez DE Serres, p. 199, 481. MoxtTaix, p. 309. Muzsanr, p. 243. Nornor-Bonner, p. 77. Parer, p. 306. PrerranD, p. 207. Rey (Étienne), p. 431. SAUVANAU, p. 373. SAUZEY, p. 357. SERINGE, p. 229, 313, 489. Trévinanus, p. 207. AT TABLE DES MATIÈRES. Des brises de jour et de nuit autour des montagnes; par M. J. Fourner. sde EURE hi: Essai sur la théorie de l'aménagement des forêts ; ; par M. Normor-Bonner. Troisième suite et fin. Rapport sur l’épizootie aphtheuse qui règne dans le canton de Thizy; par M. J.-H. Mac. Exposilion de fleurs et d’autres produits de l'horticul- ture et de l’agriculture, à l’orangerie du Jardin-des- Plantes, les 29, 30 et 31 mai 1840. — Programme. Apercus sur quelques phénomènes des filons d’or de la Gardette, et observations générales sur la classifi- cation des filons; par M. Gnrarr. De la cause de la coloration en rouge des sels gemmes ou sels de mines ; par M. Marcez DE SERRES. De la génération des individus neutres chez les hymé- noptères, et particulièrement chez les abeilles; par G.-R. Tréviranus, traduit de l'allemand; par M. PrésRien COR T.. Or HR - é Description et figures de trois espèces sataeiés d'oi- seaux-mouches; par M. J. Bourcrer. . . Résumé sur l’organisation des anthères, des mousses, des hépatiques, des characées et de leurs animal- cules poliniques ou spiriles ; par M. SEriINGe. Rapport sur les pigeons et sur la volaille; par M. C. GarIoT . Notice sur C.-J. de Villers : ; par ] M. E. _. Des causes de l'insalubrité de la Dombes ; par M. le docteur Borrex. Pages. 1—76 717—158 159—177 179—181 183—1958 199—205 207— 223 225— 228 229236 237—242 243—253 255—302 TABLE DES MATIÈRES. Rapport sur l’élat des semailles en céréales d'automne (1839); par M. C. Garror. 19 Rapport sur l’état des semailles en céréales de prin- temps (1840); par M. C. Garror. Séance publique du 1€r juin 1840. UT Exposition de fleurs et autres produits de l'horticulture et d'agriculture , p. 305. — Discours de M. Paret, président d'honneur, p. 306. — Discours de M. Montain, président, p. 309. Rapport de la Commission d'exposition de fleurs (1840), p: 515. Excursion à la montagne de Saint-Pierre ou Piéters- berg, près de Maëstricht; par le baron d'Hougres- Firmas . DURS MORT NP Note sur quelques minerais contenus dans la forma- tion diluvienne des environs de l’Arbresle, St-Ger- main, Nuelles; par M. Bone. En Notice sur une manière d'utiliser les petites sources pour l'irrigation des prés ; par M. Sauzer. Rapport sur un ouvrage intitulé : Des vices rédhibitoi- res et de la garantie dans les ventes et échanges d'animaux domestiques , d'après la loi du 29 mai 1838; par M. Arbaud; par M. Macxe. : Troisième rapport sur les apparences de la récolte de 1840 dans le département du Rhône. — Floraison des grains ; par M. C. Garior. ; . Résumé des observations météorologiques, faites à Ivrée (Piémont) en 1837, 1838 et 1839 ; par M. le docteur Lorenzo-Francesco Garra. AUS Essai de météorologie comparée; par M. Sauvanau. à De l'oblitération des canaux parcourus par l’eau. — Examen des moyens proposés pour conduire à Lyon les eaux de Fontaines, etc. ; par M. Macxe. Dissertation sur la peinture encaustique; par M. E. Rex. Notice sur l'établissement d’hortieulture de MM. Audi- bert frères, à Tonelle; par M. Héxow. ; Quatrième rapport sur la situalion des récoltes en Pages 303 304 305—345 HA 399 355— 356 351—359 361—367 369—370 371 313—418 419—430 431—451 453—472 80 TABLE DES MATIÈRES. grains et autres farineux dans le département du Rhône en 1840 ; par M. C. Garror. si RE Observation à l'appui du travail sur les dise en grains, failes en 1840 dans le département du Rhône ; pad TCainror. . . 7. VON: co: nr Sur la soudabilité des métaux et sur le damassé d’or d'argent ; par M. J. FourNeT. . > De quelques animaux invertébrés des eouches supé- rieures des terrains tertiaires marins supérieurs des environs de Montpellier; par M. Marcez DE Serres. Rapport sur la seconde exposition de fleurs et de fruits de 1840 ; par M. Serines. Mo ht Rapport sur l'exposition de fruits et de légumes des 1, 2, 3 et 4 octobre 1840 ; par M. Héwox. Extraits des procès-verbaux (année 1840 ). Ë Liste des ouvrages recus par la Société pendant l’année RAD RS de oc He sul Tableau des membres de la Société au 31 décembre 1840, : : «7 1Slo #E Table alphabétique 7 auteurs ‘té articles contenus dans ce volume : , . . .. re Table des malières contenues dans le troisième volume. Errata . NOTE SPORE EN TErE RS TE Observations météorologiques, faites à l'observatoire dé Lyon (1840) par M. Crerc. — 4 Tableaux. Pages 473 474 475—480 481—488 489— 592 52355 1— 50 51 — 66 GTR E 71 18 — 80 81 ERRATA. TOME IT, PAGE 910. Ligne 3, au lieu de 0,030 , lisez : 0,30. Ligne 3, au lieu de 0,024, lisez : 0,24. Ligne 7, au lieu de 0,062 et 053, lisez : 0,332 et 0,273. EXTRAITS DES PROCÈS-VERBAUX. Page 50, ligne 21, au lieu de quarante à soixante, lisez : trente- neuf à quarante. TOME III, PAGE 226. Ligne 9, après métallique. lsez : calotte, joues et devant du cou recouverts de plumes écailleuses d’un reflet bleu d'acier bruni; les plumes des joues sont étroites et allon- gées, 15 mm. . 1 Ta , | W : en ne 1 Yk: 109.0 à h date ns 22 va #7 dr } LÈCE : 1? n'Œtt D 2618722200 FARINEUX COMPARAISON QUANTITÉ | POIDS MOYEN COUV AU RERRR DU PRODUIT 274 + "el AT (9 | ET DE FARINEUX ” Le heelolitre AVEC LA CONSOMMATION. vieux grains de | EE —— m— À restant à la date ; chaque espèce les du I pour de grains : ore listilleries es 1er septembre è passagers. | asseries des besoins Excédant. Délieit. dans jus autres annuels. le département. de 1840. sages. non compris de la récolte kilogrammes 995,556 . 119,556 15 697,855 657,875 66 556,033 95,633 110,800 | 83,500 66,292 18,205 14,608 579,800 395,500 39,927 54,997 18,036 14,036 2,810,204 2,125,02% TAT DES RÉCOLTES EN GRAINS ET AUTRES FARIN FAIT UX N 1840 DANS LE DEPARTEMENT DU RHONE. PhoDUIt CONSOMMATION COMPARAISON QUANTITÉ POIDS MOYEN rOPELATION ESPÈCES nec = s = = pu enoëUIr SNL PATITE d'un QUANTITÉ APPROXIMATIVE D'MECTOLITRES DE GRAINS ET DE FARINEUX licetolitre À on compil quanriré | Nomone | sounne paoowr | "UPUIT TOTAL ANNUELLEMENT x AYEG LA CONSOMMATION: vieux grains de DE crAINS à de fo de Fos de RE = f=—— | restant à la date o moyenne | ue ji semence par ï RL | Æ de chaque espèce es dc semence |re meltiplies héctare Pour ||L nourritarella nourriturel Pour M aplueries roTaU Ler septembre de grai et de fariaeu Her ; la nourriture eue | ; dt récolte pachechre, | nee 1810 le farineu le iaque | des lex des besoins À Excédant. | Déficit. dns de la récolte en 4840 PTE animaux | semences anaucls le département de 1840 a ————— | ————— ——| | |" —— | ——— lei 18,000 2472 5 re 8 154,000 de toutes | 45,000 12,500 75 Méteil 4,000 ° 12 5 ] 10 10,000 NE 687,854 | . | 340,000 ins | | Scigle - 21,700 212 512 42 12 260,400 207,155 | | 45,900 l'orge 2,500 5 7 10 11 27,500 45,142 | 15,500 7,500 | 90,000 140,800 Sarrasin 2,100 112 | 4 5 1 13,700 13,142 | 20,000 66,202 Maïs el millet 100 2 10 10 9 5,600 17,405 " 800 . 1 h Avoine 5 9 11 19 186,000 » 555,000 | 46,500 = 579,500 Légumes 3068 500 c 10 8 10 5,000 58,927 - 1,000 » 39,927 Autres menus grains 100 o 40 9 10 5,000 14,956 5,500 800 = 18,036 - 14,056 " " a F= ru F_ ! Toraux 65,100 1 15 472 | 81 | 5 685,200 î 1,928,096 | 574,600 | 429,650 | 00,000 | 2,810,204 . 2,195,024 12,500 205 Les pommes de lérre auraient donné un produit plus qu'ordinaire sans l'inondation elle trop d'humidité des ue Quant aux clihlaignés, la récolte en est supérieure à celle d - OBSER! LE MOIS DE JANVIER 1840. a j ANT À CGLE. is l; : LUXE. |k £ (3 Z K DeGh. De 9 h. | De midi | De 3 h. | De 6 h. À té 3 6h. 9h. M | À à9h. | à midi, à3h. à 6h. à 1 $ =. Es] © À LE 8 |A. Re Ë l NU) 1 748,82| 748,65| TAE |S-E D Nuageux. | Soleil. Soleil. Soleil. Brumeux. à g | 2 747,19] ‘747,21 74 |S H Brumeux. | Brumeux. [Nuageux, [Nuageux. [Brouillard à 1 3 148,54, 748,62] T4 |S {Brumeux. | Brumeux. |Pluie. Nuageux. Brouillard 1 44 745,14| 744,14| 74 |O Brouillard | Brouillard [Brouillard !Brouillard [Brouill. # N. L ll 5 758,61| 139,02] 74 |S HBrouill. Pluie. Pluie. |Soleil. Pluvieux. 19h. | | GË 759,90] 742,02] TÉEIN-E Ï Nuageux. | Nuageux. | Nuageux. [Cl'au zén.|Cl'au zén.) 40° s. |È ll 7 145,24] 743,51] 214 IN ÉCIair. Clair. Soleil. Soleil. Etoilé. il SA 747,72] 748,56] ZT4EIN À Nuageux. | Nuageux. [Cl'auzén. Clr au zén.|Etoilé. 1 9 749,15| 749,68) T4EIN-E À Etoilé. | Soleil. Soleil. |Soleil. Etoilé. 10 152,66| 755,33 TE 'N { Brumeux. | Neige. N. abond.'Neige. Brumeux. À 414 756,60] 757,58] TE N FBrumeux. Brumeux, [Nuageux. [Nuageux. |Nuageux. à a 156,92! 756,42] 7 EN Nuageux. |Nuageux. [Nuageux. Nuageux. |S. étoiles. P. Q. | HN) 15 753,92] 753,90| 7 S-0 É Nuageux. Nuageux. |Soleil. Soleil. S. étoiles.f à 8 h. EP 751,59| 751,04 T4 |S ÉProuillard Nuageux. |[Soleil. Nuages. |Dég., bru.Ë 17° m. | 4) 15 755,50! 754,411 7 |S BBrouillard Brouillard |Soleil. Soleil. Brouillard£ Périgée.} A4GA 749,40! 747,90) 74 |S M Brouillard Brouillard |Pluie, élviens. Brumeux. ÿ 1 A1ZA 745,87] 742,55| 740 |S-O K Brouillard Brouillard [Pluie. Pluie. Pluie. d H184 745,51] 746,61! 74 IN ÀL. sans ét. Erumeux. |Soleil. Soleil. Nuageux. Ë il H| 19 749,49] 749,45] 7 S i Nuageux. |Nua., sol. Nuag,.,sol. Soleil. PI. lanuit.B P. L. 1208 749,50] 750,21| 74) 1S-0 À Nuageux. Nuageux. [Nua. , sol. |Soleil. Nuageux. # à Oh. |k 1191 750,25] 749,95] 740 |S-O À Nuageux. |Nuagaux. [Nuageux. | Nuageux. [Le nuag. 53° m. | 994 751,92! 752,67| 25 |S Nuageux. ! Soleil. Soleil, Sans sol. |Nuagenx. À È 19254 751,81] 752,66] T5D!S-O Ê Nuageux. Nuages. |Soleil. Soleil. S. étoiles.f F 1214 748,24) 747,10) 74) |S-O F Nuageux. [Nuages. [Soleil. Soleil. fÉtoilé. 1 2 741,84| 745,00| 74D!S-0 H Nuageux. [Nuages. |Soleil. Soleil. Étoilé. À à 96% 744,49| 744.18| 740 |S-0 Ë Pluie. Nuages. |[Nuageux. [Nuageux. |S. étoiles. D. Q. 27% 742,18] 742,68] 740 |S-0 É Nuageux. [Nuages. |Soleil. Nuageux. |Pluvieux. À à 1 h. 9284 747,38| 148,76| T4| |s À Nuageux. |[Nuag.,sol.|Soleil. Nuageux. |Pluie. 55° s. |k 294 744,80| 744,76] T4 |S MPluvieux. [Pluvieux, [Nuageux. |Pluie. Cr.d.Rhô. Apogée.|| 504 747,06} 747,26] 74| |S ÉBrouillard Brouillard |Soleil. |solei. Pluie. ( 11514 742,62] 741,16) TA |s Nuageux. [Nuageux. |Soleil. Nuageux. | Pluie. À: | | s. 125182,95/25188,55,2517 | k à IN. 54, 34, 3 3 |: M. 717,85] 748,01| 74 i l L SR PS _— = \ | BAR OBSERVATOIRE. 1 Somme des observat. dfom- Latitude B, 470 45° 5750 Nombre des observ. du|3ÿ. Longitude , 90 99 3525 Moyenne des observ. d Hauteur du baromètre au-dessus de la. A l'apogée lunaire, mer, 199,20. Au périgée lunaire, OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES , l'AITES À L'OBSERVATOIRE DE LYON, PENDANT LE MOIS DE JA BAROMETRE THERMOMÈTRE CENTIGRADE HYGROMETRE VENTS VENTS à La resrénarune AU SORO ET À L'OMBRE DE SAUSSURE. SUPÉRIEUNRS INFÉRIEURS. =: DeGli a9h A midi 6h munir De 9 li e Dosh. | beGh. [A De Midi à Fri imeux. |Urunieux, |Nuageu Soleil Soleil. Z FTT TARA Brumeus. |Brumeux. [Pluie Drouilland {Brouillard [Brouillard LB Urouill eux. S . [cirau aôn, |Oleau réa |Solit. |Étoilée n Clean an, [Etoile Eoilû So | Etoilé Bruneux. [Nc abond Brumoux | Nuogoux, [A ° S. étoites Nungeux ï 1 S. étoiles Mrouilland | bég., bru. Brouillard Brouillard Brouillard Brouillard {Brouillard |Pluis L: sans ét us. [Soleil Nusgoux:/|Nune, soi sol.)Solil . [Nüagoux sol, [Soleil |Nuagaux uageux {Soleil ÿ ans sol [Nuages |S Soleil ET SA 17, 18, Ti 30,0% PEELEELELLZ] re PEPEEELEEET AE EEELEELELILLT] 139,92) TAB 45 748,35 749,05] TA9,51 749,00) PEL ÆETETIETETE] FTERTEGG PAL ETETILEEEEEEEEELT p. 0 Pluvioux, “il sol. (Soleil, | . [Pluie 55». |Î Pluvieux Nuageux Grd.nto | 'Apogée | Brouillard |Bro Soleil. [S Pluie Nuagoux. [Nuogeux. |Solcil, PELLE EEEELILErEE EEE REA EE L EPT ELLE EEEEE ET coco AA AN AA AN AU A AN EE ST A D A AI EU ET ET vannu TARDE TAT,65) IAROMÈTRE. THERMOMNÈTRE TIYGROMÈTRE, PLUVIOMÈTRE Soumo desobsersat. du mois, 13005018 Somme dés observat. du mois, Somme des observ. du mois, 14508, L'épaisseur de la couclio d'eau tam Latitude B, nbre des obsers noi, Nombre des observ. du mois, Nombre des observ. du mois, 186, hée dans ce mois est de 0,055. Longitude Hauteur du baromlre a mer, 190,20. oyenne iles blirerv: du mois, Moycone des cbserv. dumoïs, 78,00 À l'apogée lunsire, Au périgée binaire | 747,90 Moyenne des obicrv. du mois , OBT LE MOIS DE 2L22D227D2'2 HDHONæ=HXOIE © 1 © 2OZ222H222222220vAN0 ES à & CE ARORTRTRIRI & 0 Le CSI S SU ES O1 CI Où A © OOOmOE To © © © © [ © Somme Nombre Moyenne roi, A Paposg Au péri Pluvieux. Pluie. Nuageux. Pluie. Nuageux. Nuageux. Pluie. Pluvieux. Nuageux. Brumeux. Cl au zén. Brumeux, Nuageux. Brumeux. Nuageux. Nuageux. Nuageux. Nuageux. Brumeux. Nuageux. Nuageux. Nuageux. Nuages. Nua. lune. Nuages. Nuages. Nuages. Nuages. Nuages. De9h. à midi. FÉVRIER 1840. CIEL. De midi à 35 h. 6 h. 2 —_——_—_—_—_—_— | —————————— | ——_——_— | ———— ——_————_——_—__— ——. — — De5h.à| De 6 h.à LUNE. Nuageux. |Soleil. Nuageux. [Nuageux PI., neige. Nuageux, | Nuageux. [Nuageux. Nuageux. |Pluvieux, |Soleil. Nuageux. N. L. Pluvieux. [Nuageux. |Nuageux. [Nuageux. Êle 3,a2h. Nuageux. |Nuageux. | Nuageux. 18 soir. Pluie. Nuageux, | Nuageux. Pluvicux. [Nuageux, |[Nuageux. Nuageux. |Soleil. Nuageux. ; Nuageux. |Un peu sol Nuageux. |Lune, ét. Nuageux. |Soleil, Soleil. L. ét; n: P. Q. Brumeux. |Soleil. Nuageux. !Brumeux À le10,à4h. Brumeux. |Soleil. Soleil, Nuageux. 24° soir. Nua., sol.|Nua., sol.|Sans sol. |Quelq. ét. EPérigée. Soleil. Soleil. Sans sol. [Nuageux. Nuageux. [Nuageux. [Nuageux. [Nuageux. Nuageux. |Soleil. Soleil. Nuageux. Nuages. |Soleil. Soleil. Belle lune. P. L. Nuageux. |Soleil. Soleil. Belle lune.f le 17, à2h. Soleil. Soleil. Sans sol. [Nuageux. 13° soir. Sans sol. |Soleil. Soleil. Etoiles. Nuageux. |[Nuageux. [Nuageux. |[Nuageux. Nuageux. |Soleil. Soleil. Soleil. Soleil, Nuageux. Soleil. Soleil. Soleil. Apogée Soleil. Soleil. Nua. , sol. D. Soleil. Soleil. Soleil. le25,à 11h Nua. , sol. |Soleil. Soleil. 10° matin. Soleil. Soleil. Soleil. Soleil. Soleil. Soleil. Latitude , Longitude , Hauteur du baromètre au-dessus mer, 199,20. OBSERVATOIRE. 459 45 99 997 5150 CLEA: 929 19 de la OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES, FAITES À L'OBSERVATOIRE DE LYON ; PENDANT LE MOIS DE FÉVRIER 1840. BAROMETRE THERMOMÈTRE CENTIGRADE HYGROMEÈTRE VENTS VENTS LA TEMPÉRATURE Au nono DE SACSSCRE. suréniEURs INFÉRIEURS Pr DeGh,à | De9b, | Demiià oh x midi Nuageux Nu j o Pluvieux Musicux Nuageux Nuageux Nuageux Brumeux Brumeux. [Soleil Nuv., sol. |Nua,, s01 PPIPETELEELEE PEXEEPEELEETEZ] Soleil Soleil TA Nusgeux. Nuageux Soleil elle lune Soleil 2222 AU UN ET UT ST EU ET RE ETES Etoiles Nu (Clair, ét S PTEFELPEEEEEEE S ELELELEEEEEEL ELLE EEELÉE TEE ET DRE ETTEREREEE Nuages Ê 5 Lune NES ë Soleil. Etoiles Nua, , sol. |Clair, lune Soleil. [Etoi ; #ol Soleil. [Etoilus Soleil Soleil. Étoiles Soleil. Soleil. Soleil. |Hellos ét AT AT APT ET ET EU EU EN EU ET EN ET ET ET ET à RAT ET DT ET ÉEEFELEE PEEEELGEEFEEEEE: CEETELCEEEFEEEEE eee er er 746,56| FRERE ï 21600,1 9 21594,18 2079 1966] 2112 EE 9, 29 29 |1901|1292|120 144,83 15! 744,65 Tir] 678] 6360] 785 BAROMÈTRE THERMOMÈTRE HYGRONÈTRE. PLUVIONÈTRE. Somme des olisery. din mois, 129571,83 Somme des observ vis, 761,85 Sommedes observ. du mois, Nombre des observation 174, Nombre des observations, A74 Nombre des observations, Moyenne des obséryations, 66 Moyenne des observations, 4,38 Moyenne des observations, À l'apogée lunaire Jà Au périgée lunaire OBSH LE MOIS DE MARS 1840. eut hhvous 64 2 D DR eV. ie Pat D AGE EE NA rer ur » 1 = À tu" Cod | | LUNE. rer L RE IE FX a 5 À DcGh.àa | De9h. | De midià| DeSh.à | De 6 h. à 1 6 9h Mi Lot mie SR 6 h. 9h. JR i ei | | 18 746,58] 746,57 1 N Brumes. [Brumes. |Nua., sol.|Soleil. Nuag., ét. 2h 748,00| 741,50] 7TŸIN-OË Nuageux. [Nuageux. Nuageux. [Nuageux. [Nuag., ét. j! 54 Z745,176| 745,07 Si N ÉBrameux. |Soleil. Soleil. Soleil. Nuag., éL.R 44 744,14] 746,95] TAÏE Nuageux. [Nuageux. |Nua., sol./Soleil. Etoiles. À N.L. 5 152,64| 753,19| TAlE Brumeux. [Nuageux. |Soleil. Soleil. Etoiles. le 4,à4h. 68 2755,49| 753,52] 73|0 KE Brumeux. [Brumeux. |Soleil, Soleil. Etoiles. K 25° matin. 1h 255,52] 155,50] 71]S ÉBrumeux. [Brumeux. Nuages. |Soleil. Lune. Périgée. 84 256,51] 757,25| T7AIN ÉBrumeux. [Nua., sol. |Soleil. Soleil, Lun. brum ON 756,05] 755,86] ZAIN Br. forte. |Sol. rouge | Soleil, * Soleil. Lune , éL. H10N 751,62! 751,32 : N MBrumes. |Soleil. Soleil. Soleil. Lune, ét. À P.Q. al 146,81| 746,03] TAIN H Brumeux. [Sans sol. |Sans sol. [Nuageux. |Tout nuag.lle 40, à 41 h.| 42 141,40] 748,18| 7 N-0Ë Brumeux, [Sans sol. [Sans sol. [Sans sol. [Nuageux. f 28? soir. A5 748,71] 748,90| 7AÏN ÉBrumeux. [Sans sol. |Sans sol. |Soleil. Belle lune. 144 746,93] 746,58| TZAÏN ÉBrumeux. |Sans sol. |Sans sol. |Pet. pluie.|S. étoiles. 158 745,93] 745,90] 7AÏIN Brumeux. [Sans sol. |Saus sol. |Sans sol. |Tout nuag.f A16N 741,80| 741,26] 7ZAÏN EBrumeux. [Sans sol. |Sans sol. [Sans sol. |L., nuag. k AT 742,75] 245,10] TAÏN Nuageux. |[Nua., sol.|Soleil. Soleil. Nua., lun.B A8 745,45] 145,40] TZAÏN Nuageux. [Sans sol. |Soleil. Soleil. Nua., lun.} PAT 194 740,00! 758,45] TDIN-OË Nuageux. |[Nua. , sol. |Soleil. Soleil. Nua., lun.f le 18, à 4h.E 90 744,10| 745,16] TAÏN ÉProuillard [Pluvicux. |Pluie fine. |Soleil. Belles ét. 8 50° matin. |È ! 24 748,56] 749,17| TAÏN #Brumeux. |Brumeux. |Neige. Soleil. Nuageux. È ( MON22 750,20) 749,91| TAÏIN Neige. [Neige [Neige [Neige Nuageux. | { 258 746,55] :45,50| TA|E Neige. Neige. Neige. Neige. Neige. Apogée. A 24 749,48| 142,62] TAIN Neige. Neige. Neige. Soleil. Etoiles. ( 258 745,10| 745,00] TAÏN Gel. forte.|Nuages. Nuages. |Soleil. Clair. \ 268 74,52 745,14] TAIN Nuageux. [Nuageux. |Sans sol. |Neige. Neige. JRENTE 9TA 745,84] 745,91] TAIN Nuageux. [Nua. , sol. |Nua., sol. Nuageux. |Nuageux. À le26,à7 h. |k | 284 745,88] 7143,80| TAIN Nuageux. |Soleil. Soleil. Soleil. Etoiles. À 4’ matin. [À j 208 740,46| 740,40| TAÏN ÉNuageux. |Soleil. Soleil. Soleil. Etoiles. | 50 742,60| 745,10] TA IN Nuageux. [Sans sol. |Sans sol. [Nuageux. [Nuageux. k L BAR 745,83| 145,84) 7AÏN HBrumes. [Soleil. Soleil. Nua. , sol. [Nua., ét. S. 125150,86/23154,94 N 51, 51, | M. 746,80| 746,95 I OBSERVATOIRE. Somme des ol Latitude , 45° 45 5750 Nombre des o Longitude, 20 99%33 15 Moyenne des droi, Hauteur du baromètre au-dessus de la Au périgée lu mer, 199m,20. A l'apogée luDuest, 240 5. BAROMETRE à LA TEMPÉRATURE THERMOMÈTRE CENTIGRADE HYGROMÈTRE CIEL, PEPELEEEEEEPELELE LEE PTE Z222222222122127=222 DPEEELLPEPEPEEEETET g PEL EMELLEEPEEEEEE EE EE PET # m PEREMEPFEPELEELEEE PELLE PELLE EE TE 2242222222 PPEEEEEEEEEEEEETErEEEEE PPPEETFEE] PEPEEEEFLEEFEEEEE ZA22 2222022 ZA22222 20 2727 ol. |Pet, pluie sol. | Sanstrol Sans sol Soleil Soleil Soleil [Sans sol. |Neige sole|Nün, , sol S De midi} De5h.ù | DeGh.h 4 5 h üh 9h NN x ol Nuags, él N-OÏN t} -G[N-O Nuageux ux Nuok, ët N [x | Soléiteo [Nuages ét N-EIN E|N-E! sol. [Soleil Etoile E Là E | Soleil. Bioile NN o|x-0 Etoiles o lo si Lune S-E LA s. [Lun brun) | Soleil, Lune, ét FE) Soleil, |[Lune, ét pu N Toul nuag 18,75) Sa Bell lune S. étoiles Tout nu L., nu: Nun., Nua,, lun: Nus,, lun Hellea ét Eoile Clair Noige Nusgeux Etoiles Eoiles Nuageux Nun,, ét 5150 40! 5, 746, Nombre BAROMÈTRE, “mois, 158843,22 dés o! sen aliOns , 486, Moyenne des olkervations , 746,86 Au pénigée lunaire 753 ée lunaire, 7H THENMOMÈTRE, erv.dumois, 789,70 HNGNOMÈTRE Somme des obsorv. du mois Nombre des observations, Moyeune des observations, Somme des ob: Nombre des 0! oyeanc des observatio L'épaisseur de la eouchi tombée pendant ce mois a Gligaes 65 du pied de roi, Aiguille simantéc, déclinaison ouest , Fr du baroinétre ODANT LE MOIS D'AVRIL 1840. DeGh. | De 9h. | De midi | De 5 h. àa9 h. à midi, 25h. à 6h. Ü Brumeux. [Sans sol. |Nuageux. [Nuages. |S. étoiles. { Nuageux. [Sans sol. |Soleil. Soleil. Nuageux. À A Soleil. Soleil. Soleil. Sol.,nuag. |Etoiles. 4 Pluie. Pluie. Pluie forte Pluie. Pluie. ANuages. |Soleil. Soleil. Soleil. Nuageux. Ë f Nuageux. |Soleil. Soleil. Nuages. Nuageux. A Nuageux. [Sans sol. |Pluie. Nuages. |Lune. À Nuageux. |Pluie. Soleil. Nuages. Nuageux. À Nuageux. |Sol. pàle. Sol. päle. [Nuages. |Nuageux. K 4 Nuageux. Nuageux. | Sans sol. |Soleil. Nuageux. Ë : d Nuaseux. [Sans sol. Sans sol. Soleil. Etoiles. À H Nuages. |Soleil. Soleil. Nuages. Nuageux. Ë Nuages. |Soleil. Soleil. Soleil. Lune. 4 4 Nuages. [Soleil. |Soleil. |Soleil. À A Nuageux. [Nuages. Nuageux. |[Nuageux. Nuageux. Ë A Clair. Soleil. |Soleil. Soleil. Etoiles. À N Nuageux. |Soleil. Nuages. |Suleil. Nuag., él.E : {Nuages. |Soleil, Soleil. Soleil. Noir. Ë à Nuages. Nuag.,sol. Nuag.,sol. Nuag.,sol. Nuageux. Ë A Nuages. |Soleil. Tonnerre. Pluie fine. [Nuageux. à Soleil. Soleil. | Soleil. Soleil. Etoiles. Ü Soleil. Soleil. | Soleil. Soleil. Etoiles. d Soleil. Soleil. |Soleil. |Soleil. Etoiles. ASoleil. (Soleil. (Soleil. (Soleil: Etoiles. À A Soleil. Soleil. Nuages. Tonnerre. Nuageux: £ Nuages. |Soleil. Soleil. Soleil. Etoiles. Æ K Nuages. [Soleil. Soleil. Soleil. Etoiles. A Nuages: [Soleil. Soleil. Soleil. Etoiles. A Nuages. |Soleil. Soleil. Soleil. Etoiles. Ü Soleil. Soleil. Soleil. Soleil. Etoiles. ——— CS = [=] Où S DS n DEEE EESu 1 © w DAXUNNRONO RAIDE SA SE 2 os OÙ QI OI HS € © QE Lo æ 9 © O1 L O1 © O1 O1 O1 Où RO Ur Ur RO Oo x Ur Ur C O1 Où I EH RO I © HSE fl 7 7 7 Z T T zh 2 T 7 si 7 T 7 7 gi nr 7 T ISSN SET S HHDSeRDMOStR ——— PERUERDÉEDESN (r] TN RE PR ER EE ® OBSERVATOIRE. Somme des obser! tom Latitude, 450 45° 4730 Se ". obs Dm ,035 ; Longitude ; 90 99° 5375 Gyenneiges obst;, Hauteur du baromètre au-dessus de le À l'apogée lunair mer, 199m,90. Au périgée lunair OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES , FAITES À L'OBSERVATOIRE DE LYON ; PENDANT LE MOIS D'AVRIL 1840. BAROME' THERMOMÈTRE CENTIGRADE HYGROMETRE VENTS VENTS LA TEMPÉRATURE AU NonD ET À L'ouenE DE SAUSSURE. soréniEuns INvÉRIEUNRS 0. DeGh, | De 9h. | De mit Deül 39h, [à midi »9h 16. 57 | 52 | 54 | 6 s | 1 Sans sol Nuages 40 51 | 65 Saus sol. |Sole Soloil 78 2 3 F Soleil, {Sole [Sol sauag. lEtoites a 3 “e : Pl | Pluie Pluie s 66 [Soleil ÎAu Soleil, h Sans sol ñ Lu Pluie, ï Nungcux Sol: pale ph Nuageux Nuageux 6 Nusgoux Sans sol. [Sans sol. [Soleil, Etoiles Soleil. [Soleil ages. [Nuageux Soleits [Soleil oluil. [Lune Soleil. |Soteit. |Soteil Nuagout, [Nuages. INungeux. Nuageux, [Nuageux Clair Soleil [Soleil Soleil. Etoiles Soleil. [Nuages |Sutcill |[Nung Soleil. [Soleil sol Nung. 50 Tonnerre Soleil Soleil. Solcil Soleil. [Soleil Soleil, Soleil Soleil : Tonnerre Nuages, Soleil Soleil Nuages , Soleil Etoiles. Nu Soleil. Etoites Soleil. Etoiles. Soleil toiles. | 742,07 10,88 14,20 45,65 BAROMÈTRE THERMOMÈTRE HYGROMÈTRE. PLUVIOMÈTRE OBSERVATOIRE. Somme des obsenat, du mois, 4115083,25 Soume des observat. du mots, 491%,85 Somme des observ. du mois, 9544, L'épaisseur de la couche d'eau tom- Latitude ; Le A eu Nombre dex ohsery, du mois, 155, Nombre dés observ. du mois , it, Noinbre des abserv. du mois, 149, bée dans ce mois est de Om,095 Longitude ; £ Le Moyenne des observ. du mois, 749,47 Moyeone des obserr. du mois, 12,69 Moyenne des observ. dumois , 64904 = 45 lignes 52 du pied de roi. Hauteur du baromètre au-dessus de Le A l'apogée Junaire , 742,45 ‘ mer, 199,20. 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