f FE À ANNALES SCIENCES NATURELLES. —se— TROISIÈME SÉRIE. LOOLOGIF. PARIS, —— IMPRIMERIJE DE BOURGOGNE KT MARTINET, rue Jacob 30. Z-D ANNALES DES SCIENCES NATURELLES COMPRENANT LA ZOOLOGIE , LA BOTANIQUE. L'ANATOMIE ET LA PHYSIOLOGIE COMPARÉES DES DEUX RÈGNES. ET L'HISTOIRE DES CORPS ORGANISÉS FOSSILES : RÉDIGÉFS POUR LA ZOOLOGIE PAR M, MILNE EDWARDS, ET POUR LA BOTANIQUE PAR NIV, AD. BRONGNIART ET J, DECAISNE, sq — Troisième Hérie. ZOOLOGTE. TOME SIXIÈME. PARIS. VICTOR MASSON, LIDRAINE DFS SOCIÉTÉS SAVANTES PRÈS LE MINISTÈRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE, PLACE DE L'ÉCOLE-DE-MÉDECINE, 1, 1846 ANNALES DES SCIENCES NATURELLES. PARTIE ZOOLOGIQUE. D Dm — RECHERCHES SUR L'EMBRYOGÉNIE DES MOLLUSQUES GASTÉROPODES, Par M. C. VOGT. ( Présentées à l’Académie des Sciences le ? mars 1846.) Les Gastéropodes paraissent offrir dans leur développement em- bryonnaire plusieurs types assez nettement tranchés. C’est ainsi que les énormes roues ciliées des embryons des Nudibranches, le sac vitellaire contractile des Limaces, et plusieurs autres faits analogues, pouront peut-être fournir des caractères zoologiques d’une haute valeur lorsque l’on sera en mesure d’embrasser d’un coup d'œil les modifications principales que présentent les diffé- rents types de développement. J'ai eu l’occasion d'observer en détail lembryogénie de l'Actéon vert (Æcteon viridis ); je me propose de l’exposer dans ce Mémoire , qui sera suivi de plusieurs autres , dans lesquels je m’occuperai de l’embryogénie de quel- ques autres espèces, si toutefois je trouve l’occasion de com- pléter des observations commencées, mais encore partielles. s r J'ai cherché à résumer, dans une introduction historique, les 6 VOGT. — SUR L'EMBRYOGÉNIE travaux qui ont été publiés jusqu'ici sur l’embryogénie des Mol- lusques gastéropodes. On verra que les résultats obtenus sont encore trop peu nombreux et trop isolés pour qu’on puisse en tirer des conclusions générales. J’ai indiqué ce qu'il y a d’essen- tiel dans les travaux des auteurs qui ont traité de ce sujet, et je crois n'avoir négligé aucun des secours que pouvaient me fournir les ouvrages sur l’'embryogénie. Je dois toutefois avertir que tous les faits que j'exposerai dans ce Mémoire ont été observés sur la nature sans aucune prévention. Tous les dessins ont été faits par moi-même à l’aide de la chambre claire. Je porte donc seul la res- ponsabilité et de l'exactitude des faits que j'énonce, et des dessins qui représentent mes observations. Deux de mes amis, MM. Herwegh et Ross, qui se trouvaient avec moi à Saint-Malo , ont bien voulu me seconder dans mes re- cherches et vérifier, jour par jour, les résultats que j'avais obte- nus , ainsi que l'exactilude de mes croquis. Enfin, ayant apporté des embryons et des larves vivantes à Paris, j'ai pu les faire voir à un grand nombre de naturalistes, parmi lesquels je ne citerai que MM. Milne Edwards, Valenciennes, Quatrefages, qui ont revu avec moi quelques points de l’organisation de ces larves, 1. INTRODUCTION HISTORIQUE, Les premières recherches sur le développement des Gastéro- podes remontent à l’année 1815 (1). L'auteur, M. Stiebel, décrit avec beaucoup de soin le mode d’accouplement, la ponte, les œufs du Lymnœus stagnalis. N trouve le vitellus composé d’une quan- tité de petits globules qui se désagrègent par la macération. Le troisième jour, se montre un point noir sur le côté du globe vitel- laire ; c’est sur ce point, qui sert de centre au mouvement de rota- tion , que M. Stiebel a porté toute son attention. Les organes se forment par turgescence et confusion des vésicules primitives qui composent le vitellus; ces vésicules deviennent plus grandes pen- (1) Stiebet, Ueber die Entwicklung der Teichhornschnecke (Sur le développement du Lymnée des étangs). — Deutsches Archiv fuer die Physiologie, von Meckel, & I, cabier 1V, p. d57, 1816, Annonce, L. [, cahier 3, p. 423, 1815. DES MOLLUSQUES GASTÉROPODES. 7 dant le cours du développement. En grandissant, elles se rem- plissent de petites vésicules, qui, à leur tour, croissent et se développent. On distingue , au septième jour, une saillie arrondie qui deviendra la tête. Les premiers rudiments des intestins ap- paraissent au treizième jour des deux côtés de la tête comme deux cordons en forme de rosaires. Les rosaires se transforment plus tard en tubes. Le cœur se voit au quinzième jour ; ce n’est qu'au vingtième qu'il a la forme d’une vésicule allongée. La co- quille parait au vingt-cinquième jour. M. Carus (1) n’a ajouté que très peu de faits au mémoire de M. Stiebel. Lui aussi reconnaît la structure cellulaire du vitel- lus , qui persiste bien plus longtemps, selon lui, dans la partie postérieure de l’animal que dans la tête, Il voit le cœur déjà au huitième jour; différence qui tient évidemment aux circon- stances particulières dans lesquelles les deux observateurs avaient placé leurs œufs. Les figures de M. Carus donnent une idée très nette du développement successif des organes extérieurs , tandis qu’elles sont fort incomplètes au sujet des viscères, sur lesquels M. Carus avoue n'avoir pas fait d'observations dans les premiers quinze jours. M. Grant (2) est le premier qui ait observé avec détail les em- bryons de plusieurs Gastéropodes marins. 11 décrit les œufs du Buccin ondé, indique le fractionnement du vitellus , la formation de l’enveloppe externe plus transparente, et celle d’une cavité buccale, dont l'entrée est garnie de cils vibratiles qui sont placés sur les bords de deux projections en forme d’entonnoir ; les roues ciliées se voient longtemps avant les pulsations du cœur, et fonc- tionnent encore après l’éclosion du jeune Buccin. (1) Carus, Von den aeusseren Lebensbedingungen der weiss und kaltblüligen Thiere (Sur les conditions extérieures de la vie des animaux à sang blanc et froid ). Mémoire couronné par l’Académie de Copenhague. Leipsick, 1824. (Lymnœus stagnalis.) (2) R.-E. Grant, On the existence and uses of ciliæ in he young of the gasteropodous Mollusca, and on the cause of the spiral turn of ânivalve shells (Sur l'existence et les usages des cils dans les embryons des Mollusques gastéropodes , et sur la cause de l'en- roulement en spirale des coquilles univalves ). — Edinburgh Journal of science, con- ducted by David Brewster, vol. VIT, p. 121, 1827, (Buccinum undatum, Purpura la. pillus, Trochus, Nerita, Doris, Eolis.) 8 VOGT. — SUR L'EMBRYOGÉNIE M. Grant a vu les mêmes roues ciliées dans les Purpura lapil: lus ; Trochus ; Nerita , etc., où les cils sont très longs. Les jeunes de Doris , Eolis ; etc., nagent très rapidement à l’aide de leurs roues. On à droit de s’étonner que M. Grant, après des observa- tions si bien suivies sur les parties ciliées, qu'il trouve identiques dans tous les Gastéropodes , ne soit pas arrivé à reconnaître la présence d’une coquille dans les Kolides et les Dorides. Cette découverte était réservée à M. Sars. On ne trouve, dans le mémoire de M. Lund (1), que quelques observations fort incomplètes sur des embryons nageant au moyen de cils vibratiles ; les embryons étaient enfermés dans une coque trouvée par lui sur les côtes du Brésil. M. Lund regarde les cils comme formant une houppe, sans doute parce que ses moyens de grossissement étaient trop faibles pour lui permettre de distin- guer des roues symétriques. M. de Quatrefages (2) esi le premier qui ait prononcé le mot de constitution cellulaire de la masse embryonnaire ; il prétend que le système nerveux se forme le premier, prenant sans doute les vésicules auditives pour les ganglions nerveux: il à vu l’aug- mentation des cellules , et croit avoir démontré , par ses obser- vations, que l'intestin se forme par écartement de cellules , et le foie par la réunion de deux moitiés, Le fractionnement du vitellus ; déjà indiqué par M. Quatre- fages, a échappé entièrement à M. Dumortier (3), qui n’en décrit qu’une seule phase, supposant qu'il avait affaire à un œuf infécond. Aussi les observations de M. Dumortier sur les premiers jours du développement paraissent-elles peu exactes. Il reconnait toutefois l'existence d’un gâteau embryonnaire, pourvu d'un hile, dans lequel il décrit deux vésicules transparentes, qui sortent plus tard (1) Lund, Recherches sur les enveloppes d'œufs des Mollusques gastéropodes pecti- nibranches, avec des observations physiologiques sur les embryons qui y sont conténus (Annales des Sciences naturelles, 2° série, t. 1, p. 84, 1834). (2) A. de Quatrefages, Mémoire sur l'embryogénie des Planorbes et des Lymnées (Annales des Sciences naturelles, 2° série, €, HE, p. 107, 1834). (3) Mémoire sur les évolutions de l'embryon dans le$ Mollusqués gâstéropodes , par B.-E. Dumortier (Nouveaux Memioires de l'Académie royale des sciences el belles-lettres de Bruxelles, t. X, 1837). Lu à la séance du 9 mai 1835. (Lymnætis ovalis.) DES MOLLUSQUES GASTÉROPODES. 9 du hile pour se perdre. Il décrit ces vésicules comme des goutte- lettes qui, au sortir du hile, s'étendent dans l’albumen au moment où l'embryoncommence ses rotations. Le départ de ces gouttelettes forme une fissure qui se remplit d’une cicatrice, laquelle plus tard est relevée en crête et formée de tissu cellulaire. Ge tissu formera le foie. Il s’agglomère dans le centre de l'embryon; la crête de la cicatrice a disparu. Dans l'embryon , formé de deux parties distinctes, M. Dumortier reconnaît des cellules secondaires enve- loppées dans des cellules primaires : il distingue une partie géla- tineuse ( podo-céphalique) devant former la tête et le pied ; plus tard, la coquille et la fente de la masse cellulaire, décrite par M. de Quatrefages. Il distingue en outre , à cette époque , un es- pace jaunâtre ; il ne sait si c’est la glande sécrétoire de l’ovi- ducte ou l'estomac. M. Dumortier décrit ensuite la transformation de la fissure cellulaire en canal intestinal ; l'apparition des veux , du cœur, du collier, du contournement en spirale, et enfin l’é- closion. L'œuvre de M. Dumortier à, selon nous, le grand mérite d’une observation scrupuleuse , mais malheureusement combinée avec une tendance à expliquer l’embryogénie des Mollusques par celle de la Grenouille, Cette préoccupation conduit l’auteur à des opinions souvent assez bizarres, ce qui n'empêche pas qu'il ne soit le premier qui ait formulé d’une manière nette et précise la constitution cellulaire de l'embryon, qu'il reconnait être sem- blable à celle de l'embryon végétal. Les observations de M. Laurent (1) portent surtout sur des em- bryons déjà très avancés de Limaces et d'Hélices. M. Laurent dé- crit une vésicule antérieure contractile, située au-dessus de la (1) Laurent, Faits pour servir à l'histoire du développement des animaux. Deuxieme article : De la vésicule ombilicale et de la rame caudale des embryons des Mollusques gastéropodes (Aniales françaises el étrangères d'analomie, t. 1, p. 265). — 1d. Obser- vations sur le développement des œufs dé la Limace grise et de la Limiace rouge(Comples- rendus, t. 1, p. 228, 1833). — Id. Troisième article: Exposé des résultats obtenus dans des rechérches sur les œufs et le développement des Limaces et autres Mollusques (Ann. franç., t. I, p. 133, 1838). — /d. Suite des observations sur le dévelop- pement des Limaces et auttes Mollusques gastéropodes (Comples-rendus, L. IV, p. 294, 1837). — 1d. Recherches sur la zoogénie (Ann. franç., t. LU, p. 242). 10 VOGT. — SUR L'EMBRYOGÉNIE tête, qu'il envisage comme la vésicule ombilicale , et une autre vésicule contractile située à l’extrémité de la queue, appelée par lui rame caudale. Ces deux vésicules rentrent dans le corps et dispa- raissent à mesure que les intestins se forment. La vésicule ombi- licale communique, d’après M. Laurent, immédiatement avec l'intestin. Le sang est poussé alternativement par les contractions de ces vésicules de l’une dans l'autre en passant par le corps. M. Laurent insiste beaucoup sur un filament qui se trouve dans l'œuf, et qui serait formé, selon lui, par le liquide épais et rempli de zoospermes qui est sécrété autour de l'œuf. t M. Pouchet (1) prétend que le vitellus des Lymnées se com- pose, au moment de la ponte, de six cellules accolées, fait certai- nement inexact, puisque l'observation se rapporte seulement à un moment précaire du fractionnement , dont M. Pouchet décrit plusieurs phases consécutives. M. Pouchet a vu en outre la vési- cule transparente décrite par M. Dumortier , et les oreilles situées derrière les yeux et contenant plusieurs otolithes. M. Sars (2), après avoir annoncé simplement quelques uns des faits nouveaux qu’il venait d'observer, a publié plus tard en détail ses observations sur le développement des Nudibranches (3). Il à observé l’accouplement et la ponte des œufs dans le Tritonia Ascani. Ces œufs sont d’un rouge clair ou jaune, et forment un cordon tordu de 10 à 18 pouces de longueur entouré d’une gaîne gélatineuse. Chaque œuf contient plusieurs vitellus, de 5 à 44. La vésicule de Purkinje, que M. Sars a vue dans les œufs avant leur sortie de l'ovaire, se montre encore le premier jour après la (1} Pouchet, Note sur la structure du vitellus des Lymnées (Annales françaises et ctrangères d'anatomie, t. Il, p. 253, 14838). — Jd. Note sur le développement de l'embryon des Lymnées (Comples-rendus de l'Académie des sciences, t. VIL, p. 86, 1838. Reproduit dans les Annales des Sciences naturelles , 2 série, t. X,p. 64, 1838). (2) M. Sars, Zur Entwicklungsgeschichte der Molluslen und Zoophyten (Sur le dé- veloppement des Mollusques et des Zoophytes). — Archives de Wiegmann, 3° année, vol. T1, p. 402, 1837. (Trilonia Ascanii, Æolidia bodoensis , Doris muricata.) (3) M. Sars, Beirag zur Entwicklungsgeschichte der Mollusken und Zoophyten (Mé- moire sur le développement des Mollusques et des Zoophytes ). — Archives de Wüieg- mann, 6° année, vol. [, p. 196, 1840, (Tritonia Ascanü, Æolidia bodoensis, Doris muricala, Aplysia quttata). DÉS MOLLUSQUES GASTÉROPODES. 6 ponte. M. Sars décrit et figure toutes les phases du, fractionne- ment, la première formation de l'embryon, qu'il compare à un sabot de cheval, et les mouvements rotatoires, qui commen- cent le dix -septième jour après la ponte. Poursuivant jour par jour le développement de l'embryon , M. Sars décrit successive- ment les organes rotatoires, la coquille qui entoure l'embryon, le pied avec son opercule, l’intestin, le foie et le manteau; il dit n'avoir pu voir le cœur, faute de grossissements suffisants. M. Sars rectifie une erreur dans laquelle il était tombé en décri- vant un animal nouveau sous le nom de Cirrhopteron , qu’il envi- sage maintenant comme un embryon de Gastéropode nouvel- lement éclos. M. Sars n’a pu garder les embryons en vie que quelques jours après l’éclosion. M. Sars annonce avoir vu le même développement dans une espèce d’Eolide, lÆolidia bodoensis : il a vu des vitellus mul- tiples dans le Scillæa pelagica, Aplysia quitata; tandis que l’Æo- hidia pulchella et le Doris rauricata ont des vitellus uniques dans chaque coque. M. Sars décrit en peu de mots le développe- ment de l’Eolide, de la Doride et de l’Aplysie, dont il constate les ressemblances. Les recherches de M. Sars se signalent par une grande exac- titude, par une concision précieuse et par des figures, sinon très bonnes, au moins très caractéristiques. Malheureusement ce savant s’en est tenu aux formes que présente l'embryon, les grossisse- ments dont il pouvait disposer n'étant malheureusement pas assez considérables pour les détails que demande l’embryologie. Mais M. Sars a fait ce que dans sa position un homme pouvait faire, et s’il a laissé encore à ses successeurs quelque chose à dire, c’est grâce à l'infériorité des moyens d'observation dont il pouvait disposer. Dans ses recherches additionnelles (4), faites avec un meilleur microscope sur les larves de Tritonia Ascanii, M. Sars insiste (1) M. Sars, Zusaelze zu der von mir gegebenen Darstellung der Entwickelung der Nudibranchien (Additions à la description du développement des Nudibranches, que - J'ai donnée auparavant). — Archives d'histoire naturelle de Wiegmann et Erichson , 11° année, 1° cahier, p. #4, 1845. | VOGT. — SUR L'EMBRYOGÉNIE d’abord sur la différence des cirrhes rotatoires et des cils vibra- tiles. Il a vu les cellules globulaires, les bulbilles sur lesquels les cirrhes sont implantés ; il a observé la bouche sous la forme d’une ouverture arrondie entourée d’un bourrelet annulaire. Il décrit les brides qui retiennent le manteau comme des cordons en rosaires. Il trouve deux moitiés du foie, de forme arrondie: il a vu le tourbillon des substances alimentaires dans l’estomac, sans pouvoir apercevoir les cils qui en sont la cause. M. Sars décrit également le grand muscle suspenseur de la coquille , ainsi que l’anus et la petite vésicule à côté de ce dernier. 11 à vainement cherché le cœur ; mais il est le premier qui ait reconnu la véritable nature des organes auditifs. Il a vu les yeux comme deux points noirs situés dans la nuque. Les recherches de M. Van Beneden sur l’embryologie des Aply- sies (1) n’ajoutent que peu de chose aux descriptions de M. Sars. M. Van Beneden décrit le fractionnement du vitellus , et il insiste sur l'apparition d’une et quelquefois de deux vésicules blanches, qui sortent du vitellus pour se perdre dans l’albumen. M. Van Beneden insiste sur la nature cornée de la coquille de la larve : il décrit l’opercule, ainsi que les cirrhes rotatoires, qu'il regarde comme les organes transitoires de la respiration. Les organes auditifs sont regardés par cet auteur comme des ganglions ner- veux. M. Van Beneden ne décrit point les intestins, et ses figures ne donnent aucun détail à ce sujet. Les recherches de MM. Van Beneden et Windischmann (2) sur les.œufs de la Limace grise contiennent une description détaillée de l’œuf et des études continues sur le développement de l’em- bryon. Les auteurs distinguent trois périodes : la première s'étend jusqu'à la formation du blastoderme ; la seconde, jusqu'à l'appari- tion du cœur ; et la troisième jusqu’à la rentrée du sac vitellin. On trouve mentionnée, avant le fractionnement du vitellus, qui est décrit avec soin, l’apparition de deux vésicules transparentes par- (1) Van Beneden, Recherches sur le développement des Aplysies ( Bulletin de l'Aca- démie de Bruselles, t. VIT, n° 11, p. 239, 1840). (Aolysia depilans.) (2) P.-J, Van Beneden et A-Ch. Windisechmann, Recherches sur l'embryozénie des Limaces (Archives de Miller, 1841, p. 136, faites en 1838). (Limax griseus.\ DES MOLLUSQUES GASTÉROPODÉS. 413 tant du vitellus pour se disperser dans l’albumen. Le vitellus devient plus clair à l'endroit où les vésicules sont sorties. Le corps de la limace se forme par l’épaississement d’une couche qui s’est organisée autour du vitellus. Celui-ci est com- posé de cellules et commence son mouvement de rotation. Deux tubercules naissent sur le blastoderme ; l’une se transforme en bouclier, l'autre devient le pied et la partie postérieure du corps. Cette partie va former la vésieule caudale (rame caudale de M. Laurent), qui a des contractions régulières alternant avec le sac vitellaire Les cils au moyen desquels l'embryon tourne sont surtout développés autour de la vésicule caudale et aux tentacules. Les auteurs mentionnent une vésicule placée en arrière de l’é- chancrure du pied, sur la ligne médiane, et qui ; pour eux , est le premier rudiment du système nerveux. Nous croyons que cette prétendue vésicule claire n’est autre chose que l’entonnoir buccal. Le sac vitellaire communique librement avec le canal intestinal. Le cœur est d’abord sphérique : il se sépare par un étrangle- ment médian en une oreillette et un ventricule. Le tube intestinal se forme de suite tout entier, se replie et dessine ses différentes parties. La vésicule caudale se flétrit et diminue à mesure que le sac vitellaire rentre dans le corps. L'oreille n’a été apercue par les auteurs que fort lard, après la prétendue formation du ganglion médian. 11 nous paraît que cette observation est peu en harmonie avec celles que l'on a faites sur les autres genres de Mollusques. Le Mémoire est accompagné de deux planches. M. Rathke (4) a recueilli surtout des observations sur les ‘pre- miers temps du développement du Lymnée des étangs , des Pla- norbes et des Hélices. Les détails qu’il donne concernent surtout le premier de ces animaux. (1) H. Rathke, Bemerkungen über die Entstehung einiger wirbellosen Thiere (Re- marques sur le développement de quelques animaux sans Vertêbres).—Notizen von Fro- riép, n° 517 (n° 14 du vol. XXIV, nov. 1842, p. 161). 1h VOGT. — SUR L'EMBRYOGÉNIE Les œufs du Lymnée sont composés d’abord de petits cor- puscules moléculaires jaunâtres , et d’une petite quantité de liquide. Le fractionnement commence quelques heures après la ponte, et détermine l’aspect framboisé du vitellus. Chaque ma- melon a une teinte jaunâtre qui est due aux corpuscules molé- culaires. Le centre devient plus clair, tandis que la périphérie conserve sa couleur. En écrasant le vitellus à cette époque, on le voit composé de trente à quarante cellules, qui sont entièrement égales en volume, et formées d’une enveloppe, d’un noyau cen- tral clair et nucléolé, et d’un contenu granuleux composé de cor- puscules moléculaires. La membrane vitellaire ne prend point part à la formation des cellules. Les noyaux ne résultent pas d’un dé- veloppement des taches germinatives, puisque l'œuf des Lymnées ne contient qu'une seule tache de cette nature. M. Rathke croit que les molécules jaunâtres se groupent en sphère, que ces sphères s’entourent d’une enveloppe cellulaire, et qu'après cela un des corpuscules moléculaires du centre se transforme en se gonflant et devient le noyau. Les cellules vitellaires deviennent de plus en plus nombreuses, et en même temps de plus en plus petites. Les plus petites occu- pent la périphérie, les plus grandes sont au centre de la sphère vitellaire, Les cellules augmentent par développement endogène ; dans chaque cellule-mère se forment quelques cellules nouvelles, en tout semblables à la mère, qui deviennent libres par résorption de l'enveloppe. Gela se fait dans les petites cellules de la péri- phérie comme dans celles plus grandes du centre, Les cellules ont un diamètre de 0,0009 pouce, quand le vitel- lus, encore sphérique, commence à tourner. La rotation est due à des cils placés sur les cellules. Le vitellus augmente aux dépens de l’albumen qui l’entoure ; il perd sa sphéricité; les cellules augmentent constamment par multiplication endogène, deviennent toujours plus petites et con- tiennent moins de corpuscules moléculaires, mais une plus grande quantité de liquide. Elles sont plus cohérentes, se fractionnent en lambeaux, lorsqu'on écrase le vitellus, s’aplatissent en formant DES MOLLUSQUES GASTÉROPODES. 15 des hexagones, et composent une enveloppe qui entoure les cel- lules plus grandes du centre. On peut nommer cette enveloppe le germe. Le germe se divise petit à petit en deux couches concentriques, qui adhèrent d’abord fortement ensemble, mais se laissent sé- parer facilement du centre vitellaire. La couche interne du germe, qui touche immédiatement au vitellus, est simple et composée de cellules beaucoup plus claires et bien plus grandes, qui sont peu aplaties. Le germe se divise par conséquent en deux feuillets, le feuillet séreux et le feuillet muqueux. Ce dernier donne naissance à l'intestin et se sépare de très bonne heure en deux portions, l'intestin et un appendice en forme de sac, à parois très minces, qui est un véritable sac vitellaire, entourant le vitellus. Le foie se forme au-devant du sac vitellaire, L'intestin se voit déjà en forme d’anse dans des embryons qui ne sont pas encore enroulés en spirale. Les cellules vitellaires jaunes présentent des métamorphoses surprenantes à l’époque où l’on peut déjà distinguer le germe. La couche moléculaire et l'enveloppe se perdent, il ne reste que le noyau clair (6° jour). Le nucléole se perd aussi, de sorte qu’à la fin le vitellus se compose de vésicules simples, membraneuses , remplies d’un liquide clair, jaunätre; les vésicules se perdent seulement quelques jours après l’éclosion. M. Lovén (1) a donné une courte notice sur des observations qui lui sont propres. Il a étudié le développement des genres Ely- sia, Lacuna, Cerithium, Eulima, Bulla, Bullæa, dont il indique les modifications. Il résume ainsi les résultats généraux de ses ob- servations : L'animal nage entouré d’une coquille externe nauti- loïde, porté par les cils vibratiles qui garnissent les bords épais du grand voile qui entoure la tête et qui est composé de deux lambeaux arrondis. Les tentacules manquent; les ommatophores sont plus ou moins visibles, même là où les veux ne sont pas encore formés. (1) Lovén, Bidrag til Kaennedomen af Molluskernas utweckling (Stockholm Vetenskaps Academie Handlingar, 1839, p, 227), Matériaux pour la connaissance du développe ment des Mollusques 16 VOGT. — SUR L'EMBRYOGÉNIE Le pied est toujours garni à la face postérieure d’un opercule, qué l'animal adulte doive le conserver où non. Le pied n’a pas encore de face plane; il est convexe en bas, et ne sert jamais comme organe de mouvement. En fait de viscères, on voit l'estomac avec le canal intestinal, qui s'ouvre du côté droit; le foie, comme un corps ar- rondi sur le côté gauche de l'estomac, un organe en forme de sac situé à droite près de l'ouverture anale, etde chaque côté, dans la base du pied, un corps rond, vésiculaire, avec un noyau, proba- blement l'oreille. Le cœur manque encore, mais il ne tarde pas à reparaître, ainsi que les yeux ; les vibracules s’allongent, la face reptante du pied se forme, et ce n’est qu'alors que le voile se perd. La planche donne des figures assez grossières d’embryons à l’état de larve de Lacuna vineta , Eulima distorta , Bulla truncata et Bullæu aperta. M. Lovén (1) cherche en outre à établir une ana- logie entre les embryons des Nudibranches. des Gastéropodes en général, et ceux des Acéphales. Un seul auteur, après M. Loyén , a étudié l’embryologie de l’Actéon. Le Mémoire de M. Allman (2), publié en septem- bre 1845, à l’époque où j'étais moi-même occupé de mes recher- ches sur ce sujet, ne m'a été communiqué qu'après mon retour de Saint-Malo. Les résultats obtenus par M. Allman sont d’ailleurs peu importants, et les figures qu’il donne de la larve au moment de l’éclosion sont tellement mal faites et si grossièrement exéeu- tées, qu'on a de la peine à les reconnaître, M. Allman a vu la co- quille nautiloïde, les roues, qu'il prétend être continues avec le pied, l’opercule et les oreilles, qu'il prend pour des yeux. Il n’a point vu la bouche ni l’œsophage: car, ce qu'il désigne comme ce dérnier, c’est le rectum. L'un de ses prétendus ganglions œsopha- giens est l'anus. Un petit Mémoire de M. Frey (3) ne contient que la confirmation (1) Lovén, Sur les embryons des Gymnobranches (4rchiv scandinavischer Beitraege zur Naturgeschichle, von Hornsehuch , 1'* partie, 1°" cahier, p. 154, tab. 1, 1845). . (2) G. Allman, On the anatomy of Acteon, etc. (Annals and Magazine of natural history, n° 104, septembre 1845, vol. XVI, p. 145). (3) Frey, Ueber die Entwicklung der Gchoerwerkzerge der Mollusken.—Sur le déve- loppement des organes auditifs des Mollusques (Archives d'histoire naturelle de M. Erichson , 11° année, 2° cahier du vol. [, p. 217, 1845). LE ” DES MOLLUSQUES GASTÉROPODES. 17 d'un seul fait, déjà énoncé par M. de Siebold, savoir : que le nombre des otolithes dans la vésicule auditive des Lymnées aug- mente à mesure que l'embryon se développe. Des dessins nombreux, qui ne sont pas encore publiés, nous ont été montrés par M. Milne Edwards. Ces derniers, qui ont trait aux embryons d’Aplysies, de Pleurobranches et de plusieurs autres genres de Mollusques, dont M. Edwards avait trouvé les œufs, ont offert une analogie frappante avec nos croquis, et cette concor- dance a dû naturellement nous donner quelque confiance dans l'exactitude de nos observations. M. de Quatrefages nous à com- muniqué également quelques dessins relatifs à des embryons observés en Sicile qui sont conformes aux nôtres dans leurs prin- cipaux résultats. Un Mémoire très complet sur l'anatomie et le développement d’une espèce de Tergipes, par un micrographe distingué, M. Nord- mana (4), ne m'est parvenu qu'au moment où mon Mémoire était déjà rédigé en grande partie. M. Nordmann a suivi l'embryon à travers toutes les phases de son développement; il a été assez heu- reux pour trouver des larves qui avaient quitté leur coquille, et dont la description complète ainsi une période de la vie à laquelle tous ses prédécesseurs avaient dû s’arrèter, faute d'observations. Les Annales des Sciences naturelles ayant donné une traduction de ce Mémoire dans le volume précédent, je n’entrerai pas dans plus de détails à ce sujet. Ce que je tiens à faire observer, c’est que le Mémoire de M. Nordmann n’est arrivé à Paris et ne m'a été com- muniqué par M. Milne Edwards que vers le 10 février, époque à laquelle mon Mémoire était prêt à être soumis à l’Académie, et que, malgré la date reculée des recherches et de leur commu nication à l’Académie de Saint-Pétersbourg, il m'a été impos- sible de consulter cet important travail avant d'entreprendre le mien. (1) Fersuch einer Monographie des Tergipes Fdwardsii, ete. Essai d'une Monogr:- phie du Tergipes Edwardsü. Recherches sur l'histoire naturelle et l'embryogénie des Nudibranehes, par Alexandre de Nordmann). Lu à l'Académie de Saint-Péter; [24 ol VOGF. — SUR L'EMBRYOGÉNIE rement le cas dans les cellules dont le contenu se liquéfie; ce qui parle en faveur d’une certaine action exercée par la membrane cellulaire elle-même. Les cellules périphériques ayant déjà été assez transparentes, l'effet de cette dissolution graduée des gra- nules se remarque mieux dans les cellules centrales, dont la masse s'éclaircit toujours davantage. Un peu plus tard , lorsqu'on peut déjà distinguer plusieurs organes de J'embryon ; les cellules em- bryonnaires se présentent sous une forme qui approche de celle qu'avaient les cellules primitives après la résorption de l’eau ; on y voit un noyau central circulaire et transparent, autour duquel sont groupés les granules , tandis que la membrane cellulaire est sé- parée du noyau par un balo transparent (fig. 17). Avant d'aller plus loin, je dois encore faire une remarque qui me paraît importante pour la question de la multiplication des cellules. Dans toutes mes observations sur l’Actéon et les élé- ments qui constituent les embryons de ce Gastéropode ; je n'ai jamais vu de jeunes cellules emboîtées dans une cellule-mère; je n'ai jamais pu observer dans ces embryons aucun phénomène qui eût pu faire croire que la multiplication des cellules a lieu par développement endogène de jeunes cellules, qui, en grandis- sant, font crever la cellule-mère pour se rendre indépendantes à leur tour. Or, le fractionnement s’accomplissant en deux jours , pendant lesquels le nombre des cellules se centuple, je prétends qu'il est physiquement impossible que ce mode de multiplication des cellules ait échappé à mes investigations , s’il existait réelle- ment. Quelque courte que soit la durée que l’on assigne à la formation et au développement d’une cellule naissante, on ne pourrait, si l’on adoptait ce mode de multiplication des cellules , se figurer les cellules embryonnaires de l’Actéon autrement que constamment remplies de jeunes générations en voie de développe ment. L’observateur ne devrait, par conséquent , rencontrer que des cellules emboîtées les unes dans les autres. Or, rien de tout cela n'a lieu, d’où je crois pouvoir conclure en toute confiance que , pendant toute la durée du développement embryonnaire de l’'Actéon, la multiplication des cellules ne se fait point par géné- ration endogène. DES MOLLUSQUES GASTÉROPODES, 99 Reprenant maintenant la série des changements extérieurs , je remarque que, dans une phase subséquente du développement, le disque produit par les cellules périphériques à encore augmenté de diamètre , tandis que le mamelon des cellules centrales montre maintenant une fente profonde (g) allant du bord au centre du mamelon, et divisant ce dernier de manière à lui donner la forme d’un fer à cheval. Le débordement du disque périphérique est considérable, et l’on remarque qu'il n’est plus aplati, mais un peu bombé vis-à-vis de la fente du mamelon (fig. 12). A mesure que les cellules diminuent de grandeur, la forme de la masse embryonnaire change aussi. La fente du mamelon (g) se prolonge de part en part; elle s’élargit un peu au milieu, de ma- nière que tout le mamelon central est divisé en deux parties ayant à peu près la forme de deux fèves tournées l’une contre l’autre par leurs parties concaves (fig. 13 et 14). La forme du disque périphé- rique a également changé. Il n’est plus rond; il présente au con- traire la figure d’un trapézoïde, dont les coins sont arrondis. Le plus petit côté du trapézoïde se trouve vis-à-vis de l'extrémité de la fente mamelonnaire ; le côté le plus long porte une entaille dans son milieu, qui correspond à l’autre extrémité de la fente mame- lonnaire. La convexité de la face du disque , qui se trouve vis-à- vis du mamelon central, est considérable , et l’on remarque que le disque a maintenant la forme d’une coupe ou d’une tasse , dans la cavité de laquelle serait recu le mamelon central avec sa fente, La moitié de la surface du mamelon est déjà entourée de cette manière par le disque périphérique. Ce qui se voit ici, c’est donc une tendance manifeste de la couche périphérique à se développer autour de la masse centrale, à l’envelopper et à former une véritable écorce autour de cette inasse, On peutcomparer cette formation, jusqu’à un certain point, à celle de la couche blastodermique dans les animaux supérieurs, qui entoure aussi, en se développant, tout le vitellus, de manière à former un véritable sac autour de ce dernier. Cette comparaison pourtant ne serait pas entièrement juste ; car la masse centrale ne joue pas seulement, comme nous le verrons plustard, le rôle d'une masse vitellaire ; elle se transforme mème pour former la grande 36 VOGT. -— SUR L'EMBRYOGÉNIE majorité des organes intérieurs. La signification de la fente mame- lonnaire résultera d'elle-même, par la suite, du développement de l'embryon. En assistant à sa formation, ainsi qu'au développement de la couche périphérique, on pourrait quelquefois être tenté de croire à une force qui, en courbant fortement la couche péri- phérique , aurait comprimé le mamelon , y occasionnant ainsi un pli ou une fente médiane, à peu près comme si l’on comprimait un chapeau à bord large et à tête arrondie, que l’on voudrait plier en deux. On peut très bien juger de l'extension de la couche périphérique , en placant la masse vitellaire de manière à voir la fente mamelonnaire plus ou moins de côté, la couche périphérique s'avancant de tous les côtés vers cette dernière , qui est opposée à son point de départ (fig. 13 et 14). L’accroissement de la couche périphérique autour de la masse centrale est extrêmement rapide ; au bout de quelques heures l'embryon se montre entouré d’un sac à parois épaisses, mais transparentes, à forme très nettement définie, au milieu duquel se trouve un noyau central plus opaque, mais qui est entouré de toutes parts par la couche périphérique. C’est au moment où cet enveloppement s'effectue définitivement qu'il faut placer la véri- table constitution de l'embryon: car on peut distinguer dès ce moment des parties et des systèmes d'organes différents, el même un mouvement vacillant , qui bientôt va devenir un mou- vement de rotation continuel. Mais il importe de décrire en détail les formes et les différentes parties qui constituent maintenant les embryons. Vu dans une certaine position (fig. 45), l'embryon conserve encore la forme d’un trapézoïde, mais la face entaillée a changé considérablement d'aspect. La partie moyenne du côté large du trapézoïde fait une saillie un peu bombée, séparée des deux angles par une petite rentrée. Des cils vibratiles assez iongs se sont développés sur les angles antérieurs du trapézoïde, et forment, dans cette position de l'embryon, deux houppes latérales (A). Les côtés postérieurs du trapézoïde n’ont point changé, si ce n'est qu'ils ont un peu arrondi leurs contours. La masse centrale, moins opaque qu'auparavant , répète à peu près les contours de la DÉS MOLLUSQUES GASTÉROPODES. 37 masse périphérique ; on remarque dans son milieu un espace py- riforme plus clair, semblable àuntrou(g), qui n’est autrechose que le reste de la fente longitudinale mamelonnaire que nous avons mentionnée plus haut. Un contour semi-circulaire, entourant ce trou, autorise à croire que la masse embryonnaire fait ici une saillie. La signification des différentes parties que nous venons de rentionner est plus facile à saisir, lorsqu'on observe l'embryon de profil (fig. 16). On remarque alors qu'il estcomposé de deux parties séparées par un étranglement circulaire peu marqué ; que la partie postérieure est d’une forme arrondie , tandis que la partie extérieure présente une figure quadrilatérale assez irrégulière. Nous anticiperons ici sur les résultats subséquents de l'observation, en appelant la partie arrondie (1) la partie abdominale de l'embryon, et la moitié quadrilatérale, la partie céphalique. Le bord dorsal de la portion céphalique, qui est légèrement incliné , est garni dans toute sa longueur de cils vibratiles qui, d'abord à peine perceptibles, ont bientôt atteint une longueur égale à l’épaisseur de la couche périphérique. Les cils sont plus longs vers les angles extérieur et postérieur du bord dorsal ; ils décroissent en longueur vers le milieu du bord dorsal. Les cils étant placés, non pas sur une simple rangée, comme le prouve une vue de la face dorsale ou ventrale de l'embryon, mais sur deux rangs latéraux , il s'ensuit que la face dorsale de la partie céphalique de l'embryon présente un large plateau , sur les deux bords duquel s’agitent les deux rangées linéaires de cils. Nous appellerons dorénavant ces deux rangées les organes rotatoires ou les roues(h), expression que l'examen d’embryons plusavancés jus- tiiera sans doute. Les deux côtés de la partie céphalique se rapprochent en se renflant vers la face ventrale, qui fait une saillie arrondie, peu marquée du reste, mais bombée de tous côtés. Le contour de cette saillie ventrale , que nous appellerons le pied (i), se voit à la face ventrale de l'embryon , sous la forme d’un demi-cercle om- bré, qui entoure le trou central. Le bord antérieur de la partie céphalique est tronqué oblique- 38 VO&T. -— SUR L'EMBRYOGÉNIE ment, et descend droit sur le pied ; une ombre légère indique que cette partie est faiblement déprimée. La pointe de cette dépres- sion, si l’on en continuait les contours, se trouverait placée dans le trou ovalaire que l’on voit au milieu de la partie céphalique. Cette dépression marque donc l’endroit où la couche périphérique s’est fermée au-dessus de la fente mamelonnaire, La partie abdominale de l'embryon est bien plus petite que la partie céphalique , dont nous venons de décrire les détails ; elle est simplement arrondie , sans autres accidents, et séparée de la partie céphalique par un étranglement circulaire assez profond , qui est surtout déterminé par la saillie du pied. On distingue donc, en résumé, dans cette ébauche d’embryon, les parties suivantes : deux organes rotatoires ou roues ciliées laté- rales(h), situées vis-à-vis d’un pied(i) en forme de mamelonarrondi, et séparées de ce dernier par une légère dépression à peine mar- quée. La partie céphalique est séparée de la partie ventrale, qui ne montre pas encore d'organes distincts (fig. 15 et 16), par un étranglement. On voit dans son centre le dernier reste de la fente mamelonnaire (g), sous forme d’un espace clair circonscrit. Nous avons démontré que l’espace pyriforme qui est si dis- tinct au milieu de la masse centrale de l'embryon n’est autre chose que le reste de cette fente mamelonnaire qui séparait la masse centrale pendant la phase précédente de développement. Cette fente paraissait résulter d'une certaine compression, d’un plissement de la masse centrale , peut-être aussi de la sortie d’une vésicule claire qui, en quittant le vitellus, va se perdre dans Palbumen environnant. Nous avons constaté que la couche péri- phérique, en enveloppant la masse centrale, tendait à se réunir au-dessus de cette fente, à l’opposite de son centre de dévelop- pement. Grâce à la persistance de cette fente , nous sommes en mesure de savoir où se trouve, sur l'embryon ébauché et enve- loppé de toutes parts par la couche périphérique, le point de départ de cette dernière, et quel côté de l'embryon correspond à la place où s'étaient formées, dans le vitellus fractionné, les quatre petites sphères transparentes qui ont donné lieu à la couche périphérique, En effet, l’enfoncement en entonnoir que DES MOLLUSQUES GASTÉROPODES. 39 nous avons remarqué à la face antérieure de la partie céphalique marque la ligne de réunion de la couche périphérique ; c’est par conséquent le point diamétralement opposé à cet enfoncement qui doit être le point de départ de la couche. Ce point est facile à trouver ; il est situé en arrière des roues, à peu près sur la ligne de jonction entre la partie céphalique et la partie ventrale, et même un peu en arrière de cette dernière sur la partie abdominale même. Ces rapports sont très importants à constater du moment qu’on veut arriver à la détermination de la fente , que nous avons appe- lée plus haut mamelonnaire, et que des observateurs superficiels pourraient confondre avec la ligne primitive que l’on remarque sur l’embryon ébauché des vertébrés. Or, la ligne primitive des embryons vertébrés est une formation superficielle, n’af- fectant que la couche périphérique, le feuillet séreux de ces embryons ; c’est l’axe d’où rayonne l'extension de la couche péri- phérique de l'embryon, la ligne centrale du développement em bryonnique. La fente mamelonnaire, au contraire, n’affecte point la partie périphérique, mais seulement la masse centrale de l’em- bryon de l’Actéon; elle est opposée au centre de développement de la couche périphérique et correspond à la ligne de jonction des extrémités de cette couche, Il n’y a donc pas la moindre analogie entre ces deux formations. Un autre point important à constater, selon nous , c’est l’homo- généité de toutes les parties qui constituent l’ébauche de l’em- bryon. Des détails de forme se laissent déjà reconnaître, alors que l’on n’apercoit encore aucune différence entre les éléments qui constituent ces organes. La couche périphérique est partout la même; prise sur la partie céphalique ou centrale , elle montre partout la même composition. Il en est de même de la masse centrale, qui forme un noyau également constitué, dans lequel on n’observe aucune trace de formation ultérieure. Ce fait nous paraît capital, et on n’en a peut-être pas assez fait ressortir toute l'importance. La masse dont doivent se former les diffé- rents organes, est là, accumulée, mais à l’état brut, et ce n'est que par la différenciation successive de cette masse que 40 VOGT. — SUR L'EMBRYOGÉAIE naitront les organes. Il n’y a donc ici ni développement centri- pète, ni développement centrifuge ; il y a ébauche brute et plus tard travail intérieur pour le groupement des éléments, qui d’a- bord étaient accumulés sans ordre apparent. L’embryon est main- tenant composé en entier de cellules exactement semblables les unes aux autres : seulement, celles de la masse intérieure sont plus opaques parce qu’elles contiennent une plus grande quantité de granules ; ces cellules opaques forment , dans l’intérieur de l'embryon, un seul amas distribué également dans la partie cé- phalique et dans la partie centrale. C’est de cet amas que naîtront les différents organes dont nous suivrons le développement, les intestins tout aussi bien que les organes des sens et le système nerveux central. On a voulu faire, dans ces derniers temps, une distinction ca- pitale entre les éléments vitellaires, qui servent à construire l'em- bryon. On à prétendu qu'il fallait distinguer deux espèces de vitellus là où l’on voyait des éléments différents ; que le vitellus générateur fournissait les bases de l’embryon, et que le vitellus nutrilif servait par transformation indirecte à la nutrition de l’em- bryon. Il y a également dans la masse vitellaire de lActéon, depuis une époque tres reculée de son développement, deux élé- ments très différents. Or, malgré cette diversité, les deux éléments concourent également à la formation de l'embryon , et la distine- tion que l’on avait établie n’est nullement applicable à l'animal dont nous nous occupons. C’est ici le cas de protester contre ces prétendues généralisations qui, loin de faciliter le progrès de l’embryologie, ne font, au contraire, qu’en entraver la marche. Les éléments d'embryologie comparée que nous possédons aujour= d'hui sont tellement imsuffisants, qu’il me parait impossible d’en déduire des lois générales , à moins de se croire doué d’une intui- tion prophétique. On se moquerait à bon droit de celui qui voudrait déduire des lois générales d'anatomie comparée d’une douzaine d’anatomies, quelquefois même très incomplètes ; et l’on oublie que nos matériaux en embryologie comparée s'élèvent à peine à une douzaine de monographies, dont les auteurs eux-mêmes ont toujours été les premiers à reconnaitre l'insuffisance. DES MOLLUSQUES GASTÉROPODES. ht 4. Développement de l'embryon dans l'œuf. Dans les pages précédentes, nous avons suivi l'embryon jusqu'à l'ébauche de ses organes principaux, qui, à la vérité, seraient difficiles à reconnaître si les observations ultérieures ne démon- traient leur nature. Nous avons vu l'embryon composé d’une partie céphalique , portant deux roues ciliées et un pied, et d’une partie ventrale, dont l’intérieur est encore homogène. La première modification porte sur la différenciation de la masse centrale, tant dans la partie céphalique que dans la partie ven- trale. Le pied s’allonge un peu plus et devient proéminent sous la forme d’une verrue arrondie et saillante. La masse centrale, opaque dans son intérieur, se groupe en plusieurs agglomérations arrondies, qui se rangent des deux côtés de la ligne médiane, de manière à laisser cette dernière plus transparente que le reste. En tournant l'embryon de manière à le voir ou par la face dorsale entre les deux roues (fig. 18), ou par la dépression en entonnoir de la face antérieure (fig. 19), on apercoit ces agglo- mérations arrondies des deux côtés de la ligne médiane, en même temps que l’on voit encore au fond un espace clair très réduit, qui est le reste de la fente mamelonnaire. Ge reste de la fente mamelon- naire est entouré lui-même d’une agglomération arrondie, qui démontre jusqu'à l'évidence que le groupement de la masse cen- trale sur les deux côtés de la ligne médiane n’est point une con- tinuation de la fente mamelonnaire. Ce groupement de la masse centrale se propage rapidement du pied vers le reste de la partie céphaliqe et dans la partie ven- trale. On remarque dans l'intérieur du pied trois paires de boules plus opaques, situées l’une à la suite de l’autre, dont la dernière est la plus considérable (fig. 18, 20). La masse centrale de la partie ventrale (!) commence aussi à se différencier à mesure que les trois paires de boules du pied se circonscrivent davantage. On voit apparaitre, au milieu de la partie ventrale , une fente qui se dessine toujours plus nettement et qui finit par diviser cette masse en deux moitiés latérales, qui d’abord sont encore adhérentes par leur partie antérieure (fig. 20, 2 VOGT. —- SUR L'EMBRYOGÉNIE 21). L’étranglement qui sépare la partie céphalique de la partie ventrale de embryon est beaucoup plus marqué, surtout par suite du prolongement du pied (1), qui est séparé de la partie ventrale par un profond étranglement. La dépression en entonnoir, qui se trouve à la face antérieure de la partie céphalique, est aussi plus accusée, de manière que les roues sont bien plus séparées du pied. Les roues ne forment plus deux lignes droites de cils, s’étendant sur les deux côtés de la face dorsale de la partie céphalique; pen- dant que les cils s’allongeaient, les rangées se sont courbées en forme de croissant dont la convexité est tournée en dehors; de sorte qu'en regardant l'embryon verticalement sur la dépression en entonnoir, on voit les deux roues former deux arcs latéraux, qui se joignent presque sur le dos , et entre lesquels s’avance, sur la face antérieure, le pied encore arrondi (fig. 2 +). Les cils ont augmenté de longueur ; ils sont en mouvement continuel, et le résultat de ce mouvement est la rotation non interrompue de l’em- bryon, dont nous parlerons tout-à-l’heure. La masse centrale de la partie céphalique s’est différenciée aussi de manière à former plusieurs agglomérations mal définies, dont une, médiane , entoure le reste de la fente mamelonnaire (fig. 18 et 21, g). Ces agglomérations se sont aussi groupées des deux côtés de la ligne médiane, de sorte que l’on a beau tourner l’em- bryon dans tous les sens, toujours la ligne médiane se montre plus claire et plus transparente que le reste du corps. Outre ces agglomérations de la substance centrale, qui ne forment que les ébauches brutes des organes , et auxquelles on ne saurait pas encore assigner de nom, on voit apparaître à cette époque le premier organe bien défini et bien circonserit , — l’or- gane auditif (k). En observant attentivement la troisième paire d’aggloméra- tions, qui se montre dans l’intérieur du pied, là où ce dernier se confond avec le reste de la masse céphalique , on voit au centre de cette agglomération un petit corps arrondi, brillant, ayant des con- tours très nettementaceusés (fig. 20). Ce petitcorps, qui, àtravers la masse embryonnaire , fait l'effet d’une petite vésicule très trans- parente , est d’une solidité bien plus grande que tout le reste de DES MOLLUSQUES GASTÉROPODES. h3 la masse embryonnaire , et en écrasant un embryon sous le com- presseur, il est facile de se convaincre que c’est réellement un otolithe, un globule solide, formé de chaux carbonatée, qui s’est déposé au centre de l’agglomération qu'il occupait. Une goutte d'acide acétique fait dissoudre ce pelit corps avec effervescence; en l’écrasant par une pression très forte, on peut le faire sauter en plusieurs segments. Cet otolithe est d’abord immobile, et je tiens à constater qu'il n'est pas déposé dans une vésicule, mais bien au contraire dans une agglomération solide de masse embryonnaire, qui ne se creuse et ne se transforme en vésicule qu'après le dépôt préalable de l’otolithe. C’est un point sur lequel je ne conserve aucun doute. J'ai pu très bien suivre l’accumulation successive de la masse centrale au point où doit se former l'oreille, et, par la com- paraison réitérée d’embryons à différents degrés de développement, me convaincre que cette agglomération est réellement d’abord solide et ne se creuse qu'après le dépôt de l’otolithe. Celui-ci, pour le dire en passant, est unique pendant toute la vie du mollusque ; il s'agrandit, mais il reste toujours globulaire. Ce n’est que dans des cas anormaux, que l’on voit dans les embryons d’Actéons deux otolithes dans une seule vésicule auditive. Les différents organes extérieurs, tels que les roues et le pied, sont déjà assez distincts au moment de l’apparition des otolithes. La couche périphérique entoure tous les organes avec une épais- seur égale ; la masse interne a commencé à se ballonner en diffé- rents groupes, indiquant les grandes masses que vont former les intestins. Le premier organe qui va se former après l'apparition des otolithes, c’est la coquille, dont l'accroissement rapide la rend bientôt capable de servir de retraite à l'embryon. L’embryon est done déjà à cette époque un être assez compliqué, et pour en rendre la description plus intelligible, nous croyons devoir ana- lyser séparément les différents organes, nous réservant de don- ner, dans la description des figures , l’histoire du développement avec les dates de l’apparition des organes, ll VOGY. — SUR L'EMBRYOGÉNIE a) Les organes rotatoires () Nous avons vu qu'à leur première apparition, les roues sont formées de deux rangées latérales de cils placées sur la face dorsale de la partie céphalique. Petit à petit ces rangées com- mencent à se courber en croissant, entourant ainsi un espace presque circulaire, qui se creuse toujours davantage à mesure que les rangées de cils se courbent et s'élèvent au-dessus du plan général de la partie céphalique. Les roues s’individualisent ainsi à mesure que leurs cils s’agrandissent ; elles se séparent toujours davantage de la partie céphalique, comme organes distincts, et for- ment à la fin deux bourrelets épais, semi-circulaires, qui sont placés sur des prolongements membraneux, et qui jouissent, comme ces derniers, d'une grande contractilité. Les roues forment alors, dans l’état de leur plus grande expansion , deux entonnoirs incomplets , interrompus vis-à-vis de la ligne médiane, et dont le bord externe est formé par un bourrelet courbé en arc. La courbure de ces bourrelets du bord se voit surtout bien lorsqu'on regarde les roues verticalement sur leurs entonnoirs (fig. 27). Les bourrelets commencent en arrière, tout près de la ligne médiane ; leurs extrémités antérieures, après avoir formé un demi- cercle, se recourbent en dedans, laissant ainsi entre elles un espace médian assez étroit. Cet espace médian forme la continua tion d'une rangée de cils placés sur la ligne médiane du pied , et qui descendent directement dans l'ouverture buccale. Celle-ci est située à l'extrémité des deux branches recourbées des bourrelets. L'expansion membraneuse qui forme les entonnoirs des roues, et dont les bords épaissis sont précisément les bourrelets, s’aper- coit à peine dans cette position de l'embryon (fig. 27), tandis qu'elle est très visible lorsque l’on observe l’embryon de profil (üg. 32, 10, 41, 43). On voit alors que, dans l’état de la plus grande expansion , le bourrelet forme une équerre double; qu'é- tant fixé sur la face antérieure de la racine du pied , au-dessus de l'oreille, il monte en haut, formant un arc, et redescend pour se fixer par son autre extrémité sur la face dorsale de l'embryon , DES MOLLUSQUES GASTÉROPODES. h5 au-dessus du bourrelet circulaire du manteau, dont nous parle- rons plus tard. On pourrait croire, au premier coup d’æil, que le bord interne du bourrelet est libre, et que, dans l’état d'expansion, il forme ainsi une anse; mais en observant plus attentivement, on s’aper- coit qu'une membrane assez transparente est étendue entre la face antérieure de la tête d’un côté, et le bord interne du bourrelet de l’autre. Dans cette membrane, on découvre des stries longitudi- nales, véritables faisceaux de fibres destinées à retirer les roues. Les roues ne se ressemblent presque plus lorsqu'elles sont complétement retirées. Toute la membrane formant l’entonnoir est tellement affaissée et rentrée en elle-même, que l’on ne peut l’apercevoir que cà et là, dans des endroits où le bourrelet ne s’est pas entièrement rabattu sur la face antérieure de la tête. Le bourrelet lui-même est couché à plat sur cette face, et plissé de manière à imiter assez bien les plis que font les articulations des doigts lorsqu'on ferme la main pour faire le poing. Le creux profond qui existait au milieu de l’arc que formait le bourrelet a disparu ; il n’est plus indiqué que par les plis que je viens de mentionner, et dont la direction est constante. Les extré- mités recourbées des bourrelets ont glissé en même temps en arrière, de facon à toucher presque l'extrémité postérieure, en cachant ainsi l'ouverture buccale. Vu de profil, le bourrelet se présente comme brisé dans son milieu, et cette apparence est quelquefois tellement forte, que l'on croirait le bourrelet composé de deux moitiés, une antérieure et une postérieure (fig. 25 , 35). Mais cette apparenee, causée uniquement par le pli que prend le bourrelet en se contractant, disparaît bientôt lorsque la roue se dilate. Les contractions et expansions successives des roues, soit en- tières , soit partielles, se font avec la plus grande rapidité. Les roues sont placées , chez l'embryon qui se retire tout-à-fait dans sa coquille, dans la partie bombée de cette dernière , entassées sur la nuque, repliées en deux, et les cirrhes dont elles sont mu- nies sont pelotonnés en un faisceau (fig. 35). Lorsque l'ani- mal veut faire sortir sa tête de la coquille , il allonge d’abord les AG VOGT. — SUR L'EMBRYOGÉNI£ cirrhes hors de l'ouverture, comme pour tàtonner (fig. 29); cet allongement est même fort considérable, et lorsqu'il se croit en sécurité, il abaisse le pied qui, par son opercule, fermait l'ouverture de la coquille, et dont les mouvements rappellent tout-à-fait ceux du marchepied d'une voiture : la partie cépha- lique se lève, les roues se gonflent, s'étendent hors de l’ouverture de la coquille, etexercent le mouvement méthodique de leurs cir- rhes, par lequel l'embryon et la larve se meuvent dans la coquille ou librement dans l’eau. Nous venons de décrire le développement de la forme des roues jusqu'au moment où l'embryon quitte son enveloppe ; ou plutôt jusqu’au dernier moment où nous avons pu observer les larves; car nous devons le dire dès à présent, la forme des roues ne nous a pas paru éprouver de changement pendant l'état de larve. On me demandera maintenant quelle est la structure de ces organes transitoires, dont il ne reste, dans l'animal adulte, au- cune trace , et dont je n’ai malheureusement pu observer le dé- périssement successif. Cette structure, qui se développe pas à pas avec la forme, est assez simple et facile à constater. Le voile membraneux qui porte le bourrelet et les cirrhes se montre manifestement fibreux, surtout dans les. moments d’ex- pansion complète. On voit alors des fibres droites , peu accusées, mais soudées avec la substance environnante, se porter de la base vers le bourrelet, évidemment pour contracter ce dernier, et le ramener sur la face antérieure de la partie céphalique de l'embryon (fig. 37, 41, 43). Le bourrelet lui-même est d'une structure beaucoup plus compliquée. On y remarque d’abord les cirrhes, qui, sur chaque roue, diminuent de longueur des deux côtés, vers le centre, de manière que les cirrhes antérieurs et postérieurs sont bien plus longs que ceux qui sont placés au milieu de la roue. Les cirrhes eux-mêmes peuvent atteindre, à l’époque de leur plus grand développement et lorsqu'ils sont tout-à-fait étendus, jusqu’à la longueur de l'embryon. Ils sont très flexibles, très minces et trans- parents. Le hasard seul a pu me fournir des renseignements sur la ma- DES MOLLUSQUES GASTÉROPODES. 7 nière dont les cirrhes sont implantés dans le bourrelet. On com- prend qu'une dissection soit impossible sur un être qui n’a pas même le dixième d'un millimètre de long; l’écrasement par le compresseur ne sert pas non plus à grand’ chose, puisque l'effort que l’on doit faire avec cet instrument , pour rompre la coquille, est si considérable, que tous les tissus sont écrasés et réduits en une pâte homogène, qui ne montre plus aucune trace de structure. Mais en laissant les embryons qui se trouvent sur le porte-objet pendant plusieurs heures dans la même goutte d’eau, ils finissent par mourir en s’asphyxiant, et déjà, avant la mort définitive, tous les tissus commencent à se désagréger. Les roues sont les pre-- miers organes qui se décomposent en se délitant, et qui fournis- sent ainsi les moyens d'étudier leur structure intime. On voit alors dans les roues, arrivées à l’état le plus avancé de leur déve- loppement, deux ou trois cirrhes réunis implantés sur une es- pèce de bulbille transparent, arrondi, dans l'intérieur du- quel on remarque un noyau très distinct, vésiculeux, entouré d’un bord noirätre fortement accusé. Les cirrhes qui sont im- plantés sur ces bulbilles n’ont pas perdu leur mouvement par l'effet de la désagrégation , et c’est un singulier spectacle que celui de voir nager au milieu du liquide ces bulbilles avec leur arrhes, qui se contractent et se plient avec la même énergie que s'ils dépendaient encore de l’animal. On ne peut donner une idée plus exacte de ces bulbilles qu’en les comparant à des ognons de fleurs de jacinthes ou de narcisses, dont les feuilles ont déjà atteint une certaine longueur, mais ne sont encore qu'au nombre de deux ou trois (1). (1) M. Nordmann a observé des faits analogues sur les embryons du Tergipes Ed- wardsi. Des particules vitellaires se détachent de tres bonne heure dans les embryons de cet animal, et, en continuant à se développer, ces agglomérations vitellaires finissent par constituer des bulbilles à cirrhes nombreux, qui même, d'apres M. Nordmann, se multiplient par fissuration. Je n'ai pas vu le développement indépendant de particules vilellaires détachées, tel que le décrit M. Nordmann; peut-être aussi cet auteur, voyant des cellules désagrégées, qui naturellement devaient se trouver toujours au même degré de perfection que les cellules encore adhérentes à l'embryon , a-t-i] été conduit à croire que ces particules désagrégées se développaient isolément. Quoi qu'ilen soit, M. Nordmann regarde cette formation de bulbilles à cirrhes, se mouyant isolé- AS VOGT. — SUR L'EMBRYOGÉNIE Le bourrelet tout entier, dont nous avons décrit la forme et l'é- tendue, est ainsi composé de bulbilles juxtaposés et soudés ensem- ble. Les noyaux des bulbilles se distinguent même sans désagré- gation, au milieu de ce tissu, comme une série de petits points clairs, arrondis et entourés d’un cercle assez accusé. Les con- tours des bulbilles, au contraire, ne sont pas visibles: ils parais- sent tous confondus en une seule masse. Il est, d’ailleurs, assez difficile d'observer les roues pendant que l’embryon est en pleine vie, les mouvements de ces parties étant tellement rapides, que l’on peut à peine les fixer attentivement pendant quelques moments. Les mouvements qu'exercent les cirrbes sont assez curieux à étudier, et il faut choisir pour cette étude le moment où l'embryon commence on achève ses mouvements, qui se font alors d’une ma- nière lente et saisissable, [l serait impossible de déterminer le genre de mouvement des cirrhes pendant qu'ils sont en pleine activité. La rapidité de leur action, l’ordre rigoureusement mathé- matique que suivent leurs inflexions, présentent alors l’image d’une roue qui tourne autour de son axe, et dont il est tout aussi diffi- cile d'analyser les différents éléments que de compter les tours d’une roue d’une voiture en marche rapide, Cette rapidité de mouvement augmente petit à petit, du moment où l'animal sort les roues hors de la coquille, et c’est ce moment, ou bien le re- trait, qu'il faut choisir pour l'observation. On voit alors les cirrhes s’agiter comme des lanières, et s’infléchir au premier tiers de leur longueur, à partir de leur point d'implantation. Comme ils sont placés au bord interne du bourrelet , les cirrhes s’infléchissent en dehors en frappant sur la face externe de la roue étendue , puis, après avoir ainsi frappé, ils se redressent subitement pour s’inflé- chir de nouveau. Le cirrhe qui se trouve le plus en arrière com- ment et à la manière d'un animal, comme une preuve de la génération spontanée ; et ces bulbilles à cirrhe qu'il appelle des animaux parasites, sont pour lui le Cosmella hydrachnoides. C'est contre cette conclusion que je crois devoir protester. Je crois que mes observations sur l'Actéon expliquent d'une manière très satisfaisante les observa- tions, d'ailleurs parfaitement exactes, de M. Nordmann. Les figures qu'il donne de son Cosmella ressemblent tout-à-fait aux bulbilles désagrégés tels que je les ai vus et montrés à plusieurs personnes, parmi lesquelles je citerai un des jeunes naturalistes de Paris, M, Em. Baudement. DES MOLLUSQUES GASTÉROPODES. h9 mence ce mouvement, qui se propage avec rapidité sur toute la série de cirrhes. Chacun d'eux s’infléchit à son tour pour frapper, et c’est la succession régulière et rapide de ces inflexions qui pro- duit l’image d’une roue ou d'une rangée de perles coulant autour de la roue d’arrière en avant. Le mouvement détermine un cou- rant qui suit le bord externe de la roue pour rencontrer celui de l’autre côté, dans la ligne médiane, La succession régulière des mouvements que nous venons de décrire est surtout frappante , lorsque l'embryon agite ses cirrhes en restant à la même place, ce qu'il fait souvent après qu'il est sorti de l'œuf, Les mouvements des cirrhes ne sont pas aussi réguliers lorsque l'animal nage, qu’il soit encore enfermé dans la coque de l’œuf, ou qu’il soit libre dans l'élément qui l'entoure. Les changements fréquents de position pendant la natation impliquent nécessaire ment aussi des variations dans les mouvements des cirrhes et dans la succession de leurs inflexions. Ces dernières même ne sont plus tout-à-fait verticales sur l’axe de la roue; elles deviennent plus où moins obliques, suivant la marche que l'animal veut suivre. Nous avons décrit dans les lignes précédentes les bulbilles qui. avec leurs cirrhes, composent le bourrelet des roues, lorsque celles-ci sont arrivées au plus haut degré de développement. On nous demandera comment les bulbilles et les cirrhesse développent. Nos observations sont encore incomplètes à cet égard. Nous avons vu que, dans les embryons où les roues commencaient à peine à fonctionner, ces dernières étaient composées de cellules absolument identiques avec les cellules embryonnaires qui se montrent dans toute la couche périphérique, et qu'il s'était développé , sur un des côtés de ces cellules , plusieurs appendices flagelliformes, qui se mouvaient à la manière des cils vibratiles. Peu à peu, ces appen- dices s’allongeaient, tandis que les cellules restaient à peu près les mêmes, ou se rapetissaient encore, de manière qu'un bulbille bien formé avait à peine la grandeur d’une cellule embryonnaire. Nous n'avons pu découvrir comment s'opère la première naissance des cirrhes , et les rapports intimes de ces lanières si allongées avec leurs bulbilles nous sont également restés cachés, Le cirrhe est bien 3° série. Zooz. T. VI. (Juillet 1846.) 4 i 50 VOGT. — SUR L'EMBRYOGÉNIE plus gros à la base que vers son extrémité, et il paraît que sa sur: face externe se continue immédiatement avec celle du bulbille. Le mouvement rotatoire des embryons n’est l’effet que des cirrhes des roues. Il n’y à, au commencement, que les roues qui possèdent des cils vibrants ; tout le reste du corps en est dépourvu. Les rotations sont continues pendant les premiers jours qui succè- dent à l’apparition des roues ; mais on aurait tort de croire qu'elles le sont toujours dans la même direction , et autour du même axe. Sur une douzaine d’embryons placés sous le champ du micros- cope, il n'y en a pas deux qui tournent exactement dans la même direction, et, en continuant l'observation pendant quelque temps, on s’apercoit facilement que les embryons suspendent de temps en temps leur rotation pendant un instant, pour la continuer ensuite dans un autre sens. Petit à petit cette influence de la vo- lonté, qui, à la vérité, est bien restreinte dans les premiers mo- ments de l'apparition des roues, s'accroît toujours davantage, et finit par prendre entièrement le dessus. L'embryon d’abord ne peut que changer la direction de sa rotation: mais on dirait qu'une force invincible le presse de la recommencer de suite, lors- qu'il s'arrête un instant. Peu à peu, ces arrêts deviennent plus prolongés, les changements de direction plus fréquents , et, à la fin, l'embryon se promène à son gré dans la prison étroile de sa coquille, s'arrête à volonté, se meut dans telle direction qu'il veut; en un mot, il est complétement maître de ses mouvements. Il n'est pas sans intérêt de remarquer que cet empire de la volonté sur les cirrhes se développe à mesure que les cirrhes eux- mêmes s'allongent. Lorsqu'ils sont encore, relativement aux cel- lules, dans les mêmes rapports que les cils vibratiles proprement dits, et lorsqu'ils ont tout au plus la longueur du diamètre de la cellule dont ils dépendent, les cirrhes se meuvent involontaire- ment et continuellement, comme les cils vibratiles; ce n’est que lorsqu'ils ont dépassé cette limite de longueur qu'ils commencent à être soumis à la volonté. C'est ce caractère qui nous a engagé à les appeler cirrhes plutôt que cils, désirant réserver ce dernier nom aux cils vibratiles involontaires, qui, comme nous le verrons, se trouvent aussi à la surface externe des embryons des Actéons. DES MOLLUSQUES GASTÉROPODES. 51 b) La coquille (m). La découverte d’une coquille chez les embryons des Nudibran- ches est de la plus haute importance pour la zoologie philoso- phique. Nous la devons à M. Sars, et elle fut bientôt éten- due à l4 plupart des genres appartenant à cette famille des Gastéropodes. J'ai pu suivre le développement de ce tégument durci depuis le premier moment de son apparition; mais je n’ai pas eu le bonheur de conserver mes larves en vie jusqu’à l'épô- que où elles doivent quitter la coquille, phase dont je n’ai pu saisir que les indices précurseurs. Tous les autres observateurs qui se sont occupés de l'étude des embryons des Nudibranches ont eu le même sort; les larves mouraient avant de quitter la co- quille, et ce ne sera peut-être qu’un heureux hasard qui mettra sur la voie, pour faire trouver une méthode qui permette de con- server les larves en vie, et de suivre ainsi le complément du dé- veloppement embryonnaire (1). Les premières traces de la coquille (m) apparaissent quelques heures seulement plus tard que les otolithes, et avant que le sac de l'organe auditif soit formé. Peut-être même que la coquille et les otolithes paraissent en même temps, ce qui est d'autant plus vraisemblable que la coquille, lorsque je l’ai vue pour la pre- mière fois, avait déjà acquis une certaine grandeur. Elle ressem- blait alors (fig. 22) à un godet, qui enveloppait de très près le fond de la partie ventrale, de manière à faire corps avec la couche périphérique. Sa transparence était telle, que l’on ne pouvait la voir sur l’embryon, qui tournait librement dans l'œuf; ce n’est qu'en le soumettant à des compressions réitérées et ménagées avec circonspection que l’on parvenait à détacher la coquille et à (1) MM. Lovén et Nordmann ont observé des états intermédiaires entre l'animal adulte et la larve encore enfermée dans sa coquille. Les individus qui ont servi à ces observations ont été recueillis en pleine mer sur des Fucus, sur lesquels les observa- teurs cités ont eu la patience de chercher, la loupe à la main , ces petits êtres à peine grands d'un dixième de millimetre. J'avoue que je n'avais pas songé à un pareil moyen de me procurer des larves de Nudibranches, et que même, maintenant que je le connais, je doute fort que je l'emploierai. 52 VOGT. — SUR L'EMBRYOGÉNIE saisir ainsi ses contours. Elle emprisonnait alors à moitié la partie ventrale de l'embryon, et montrait une grande élasticité en cédant longtemps à l'effet du compresseur ayant de se rompre. Quelques heures après seulement, les contours de la coquille se montraient déjà jusque vers la partie céphalique, de sorte que tout le ventre était compris dans le godet de la coquille (fig. 23), et le lende- main (fig. 25), on voyait une partie avancée par-dessus la portion céphalique, de sorte que tout l'embryon pouvait se retirer dans sa cavité interne, Le développement ultérieur de la coquille porte surtout sur l’a- grandissement et l’allongement de sa bouche, ou de cette partie en forme de capuchon dans laquelle la tête de l'embryon peut se retirer. Arrivée au terme de son développement, la coquille de l’em- bryon des Actéons présente la forme d’une coquille nautiloïde , dont l’enroulement n’est pas très avancé, et qui montre en même temps une certaine tendance à ne pas s’enrouler dans le même plan. La coquille ne fait en tout qu'un tour de spire, de sorte qu'il n’y a ni columelle, ni {ours embrassants. La partie postérieure est en forme de sac arrondi, un peu aplati latérale- ment; la partie antérieure est tronquée perpendiculairement. La bouche de la coquille (fig. 31, 34) présente une ogive très basse, mais assez large, formant presque un plein cintre, tandis que la base de l’ogive est presque horizontale. On re- marque pourtant que, sur le côté droit de la coquille , l'ogive se continue insensiblement en formant un arc convexe avec la base, tandis que, sur le côté gauche, ces deux lignes se rencon- trent en formant un angle, qui donnerait lieu à une élévation turriculée de la columelle, si la coquille faisait plusieurs tours de spire, ce qui indique aussi une certaine tendance à s'éloigner de l'enroulement nautiloïde , pour se rapprocher d’un enroulement héliciforme. La coquille des embryons n’est pas du tout calcaire, mais pa- raît plutôt une production cornée de la couche superficielle. Les acides n’attaquent pas cette coquille, dont l'aspect, de même que la cassure, semble indiquer une production cornée. En compri- mant l'embryon plusieurs fois avec ménagement. on parvient DES MULLUSQUES GASTÉROPODES. 53 souvent à faire éclater la coquille, et à la séparer ainsi par frag- ments du corps, auquel elle n’adhère que faiblement , vers les derniers temps dela vie embryonnaire. Traités par l'acide acétique, ces fragments ne dégagent point de bulles de gaz acide carbonique. La coquille peut être considérée, surtout pendant toute la durée de la vie intra-ovaire de l'embryon, comme un épi- derme qui s’est consolidé de manière à présenter une carapace complète. Elle ne se forme pas par adjonction successive de cou- ches nouvelles, comme la coquille d’un Gastéropode adulte ; on n'y voit pas de stries d’accroissement: elle est en contact immé- diat et intime avec la couche dermique superficielle de l'embryon. On voit, en effet, que toute la surface interne est tapissée par une couche mince et membraneuse, qui se détache insensiblement du corps de l'embryon en formant un sac dont la paroi externe est appliquée contre la coquille, Ce n’est que dans la nuque, derrière les roues, près de l'endroit où devront se former les yeux , dans la larve presque adulle , que cette couche membraneuse qui ta- pisse la coquille devient plus épaisse et se confond avec la masse du corps. C'est aussi en cet endroit, à peu près au même niveau que la base de l’ogive qui forme la bouche de la coquille, que cette dernière est le plus fortement attachée. C’est encore sur cette ligne que l'accroissement de la coquille s'arrête le plus long- temps, pour se porter ensuite au-delà de la tête, où elle est libre de -Loute adhérence avec la peau, et où elle forme une chambre ouverte, dans laquelle peut se retirer la partie céphalique de l'animal. Cette partie avancée de la coquille, ce capuchon, qui n’est point tapissé par la peau à son intérieur, peut se comparer à la partie libre de toute autre partie épidermique, de l’ongle, par exemple, et nous sommes convaincu que l'accroissement de la coquille a lieu comme celui de l’ongle. La coquille présente donc, lorsque l'embryon est arrivé au moment de l'éclosion, la disposition suivante : elle se compose de deux parties, l’une tapissée à l’intérieur par la peau , et présentant 1 forme d’un bonnet phrygien; la seconde , qui est un capu- chon avancé, libre, servant de retraite à la partie céphalique, et pouvant se fermer par le relèvement du pied et de son opercule, 5! VOGT. — SUR L'EMBRYOGÉNIE c) Le pied (i). Nous avons quitté le développement du pied au moment où cet organe commencait à se dessiner vis-à-vis des roues sous Ja forme d’une proéminence large, arrondie, dont le plan supérietir se con- tinuait avec le fond de l’espace circonscrit entre les deux roues, tandis que le plan inférieur de cette éminence était séparé, par un étranglement profond, de la partie ventrale de l'embryon (fig. 20 ét21). À la base de cette éminence, entre elle et la partie cé- phalique, se trouvaient les otolithes entourés de boules opaques , qui vont se changer en sachets auditifs. Une différenciation avait déjà commencé dans la masse même du pied. La couche péri- phérique transparente était séparée de plusieurs agglomérations opaques qui se voyaient dans l’intérieur de cet organe, vers sa face inférieure. Le pied (i) grandit très rapidement, surtout dans la direction longitudinale, Il se rétrécit vers sa base, avec laquelle il adhère au Corps, en s’allongeant considérablement , de sorte que bientôt on voit, au lieu d’une masse semi-circulaire, un organe plat, allongé, étiré au milieu, présentant un angle émoussé, et séparé nettement et distinctement du reste du corps. Les mouvements de cette plaque sont rapides, mais simples; ils se bornent à des abaissements et des relèvements. Les contours extérieurs du pied correspondent à ceux que présente l'ouverture de la coquille , de sorte qu'en relevant le pied, l'embryon peut fermer presque her- métijuement la bouche de la coquille : aussi voit-on, à chaque ébrahlemeñt du porte-objet, les embryons relever brusquement leurs pieds en se retirant dans la coquille , et les abaisser de nou- veau, lorsqu'ils croient le danger passé. Pour sortir de même que pour s’abaisser , le pied glisse sur la base horizontale de l’ogivé, come ühe planche que l’on fait glisser en l'avancant hors d’une fenêtre: et, lorsque l'embryon est parfaitement développé et qu'il se dispose à nager à l’aide de ses roues, le pied occupe une posi- tioh horizontale ou s'applique même en arrière, sut la surface bombée de la partie postérieure de la coquille. Le pied n'a pas cette flexibilité que l’on remarque dans d’au- DES MOLLUSQUES GASTÉROPODES. 99 tres parties de l'embryon. Il ne peut se contracter dans tous les sens ; comme les roues ; ses formes sont arrêtées par le dévelop- pement d’une lame cornée, transparente, rigide, qui recouvre toute sa face postérieure, et forme ainsi un opercule (n) ; très largement développé. Cet opercule a absolument la forme du pied : c’est donc une lame triangulaire, dont les deux côtés cour- bes se réunissent en avant en une pointe très émoussée, L'0- pereule est extrêmement mince et transparent ; il échappe pres- que à l'observation , lorsqu'on regarde l'embryon, de manière à voir le pied en face, soit d’en haut, soit d'en bas (fig. 31) ; mais il se distingue très nettement lorsqu'on place l'embryon de profil (fig. 25). On le voitalors sous forme d’une ligne fortement accusée, qui s’avance au-delà du pied, comme la pointe d’une fine aiguille. En observant le pied de face avec attention, on peut souvent saisir une ligne légèrement accentuée, comme une ombre à peine accusée , qui’entoure le pied, ce qui donne la certitude que l'oper- cule déborde le pied de tous les côtés. C’est à l’opercule que le pied doit sa rigidité ; le tout se comporte comme un sachet con- tractile, qu’on aurait cloué sur une planche solide, capable de se mouvoir seulement dans un sens, suivant une seule ligne de di- rection. L’opereule a juste la dimension du capuchon de la coquille dans sa partie reculée , de sorte que l'animal, en fermant la co- quille entièrement, se retire encore d’une certaine quantité dans la chambre avancée de la coquille. Si le plan inférieur du pied est ainsi protégé par une plaque rigide , quoique mince et d’une nature cornée , comme la coquille, * il n’en est pas de même de la face supérieure du pied. Nous avons déjà dit qu’on remarquait ici, dès le commencement, une sépa- ration très marquée entre la couche périphérique et la masse cen- trale opaque; cette différenciation augmente encore à mesure qu'un épithélium de cils vibratiles se développe à la surface supé- rièure du pied, et spécialement sur la ligne médiane de cette sur- face (fig. 25). Les cils vibratiles qui composent cette ligne médiane s'étendent sur toute la longueur du pied jusqu'en arrière, vers l'en- tonnoir de la bouche , d’où ils se continuent directement avec l’épi- thélium vibratile qui garnit toute l'étendue du canal intestinal, Ces 56 VOGT. — SUR L'EMBRYOGÉNIE cils sont courts et indépendants de la volonté ; ils sonten mouve- ment continuel, et même quand l'animal est retiré dans sa co- quille, et que les roues sont complétement tranquilles, on aperçoit toujours le tourbillon causé par le mouvement de cette ligne de cils vibratiles. * Je ne m'étenderai pas davantage sur la nature de ces cils et des éléments qui composent l’épithélium vibratile , le seul qui se voie sur toute la surface du corps de l'embryon. Le courant pro- duit par ces cils s’avance de dehors en dedans vers l’ouverture de la bouche, et nous avons souvent vu de petites particules entrai- nées de cette manière, Les cils vibratiles sont, comme nous verrons plus tard, les principaux organes de préhension que possède la larve : les roues, soumises à l'influence de la volonté, sont plutôt des organes de locomotion, tandis que le courant continuel pro- duit par les cils vibratiles entraîne les Infusoires qui servent de nourriture à la larve. Les cils, dont nous venons de décrire la position, ne servent, au contraire, nullement à la locomotion ; la natation de l'embryon est en pleine activité avant qu’ils se soient développés à la surface du pied. C’est cette profonde différence dans la fonction ainsi que dans la structure qui nous a porté à dis- tinguer les cirrhes placés sur les roues et les cils vibratiles, qui, dans les embryons d’Actéons, ne sont développés qu'à la surface du pied, et là seulement sur la ligne médiane. La couche superficielle du pied, sur laquelle reposent ces cils, jouit d’une grande contractilité, et, comme le plan opposé du pied est fixé solidement sur l’opereule, cette contractilité se trahit par des gonflements et des rétrécissements très considérables. Les agglomérations opaques de l’intérieur du pied sont comme fixées sur l’opercule; mais il se forme entre elles et la couche membra- neuse supérieure un espace très considérable, qui paraît rempli seu- lement de fluide. Ces gonflements successifs du pied se voient sur- tout bien iorsqu’on examine l'embryon de profil. Le pied se montre alors très aplati, pointu en avant el aminci graduellement vers son extrémité (fig. 32); la couche supérieure du pied repose im- médiatement sur les agglomérations opaques. Peu à peu, on voit ces (eux parties se séparer (fig. 29) el laisser entre elles un DES MOLLUSQUES GASTÉROPODES. 37 espace transparent qui occupe le milieu du pied (fig. 26, 25) ; à la fin le pied est tellement gonflé, qu'il paraît comme tronqué en avant, el qu'il reprend presque la forme arrondie et épaisse qu’il avait au début de sa formation (fig. 30). Le mécanisme de ces gonflements paraît être une espèce d’é- rection causée par l'injection du liquide qui remplit la cavité ventrale et qui baigne tous les organes intérieurs. L'opacité de la partie moyenne du corps m'a empêché de reconnaître de quelle manière la cavité du pied communique avec la cavité ventrale de l'embryon, si toutefois une pareille communication existe; mais le fait du gonflement par injection de liquide ne souffre aucun doute pour celui qui a vu comment, petit à petit, cet espace trans- parent du pied s'agrandit, et comment, par une seule contraction énergique de la couche supérieure, celle-ci s’affaisse sur la base du pied, en faisant disparaître l’espace transparent. Je ne pourrais pas dire que ces gonflements du pied fussent dans des rapports évidents avec les contractions et expansions assez considérables dont les intestins sont le siége:; il m'a semblé quelquefois que le gonflement du pied correspondait à une expansion de l'intestin ; mais d’autres fois aussi, ces deux phénomènes m'ont paru par- faitement indépendants l’un de l’autre. Des observations ultérieures démontreront peut-être une certaine analogie entre ces contrac- lions et érections alternatives du pied, avec le mode de circulation dans les embryons de Limace, et les contractions alternantes des vésicules placées aux extrémités du corps de ces embryons. Le développement de la structure intime du pied confirme ainsi d'une manière très nette ce principe de la différenciation succes- sive, qui semble présider à toutes les formations embryogéni- ques, à toutes les phases de développement de l'animal en voie de formation. Le pied, d’abord, n'est formé que de deux couches parfaitement distinctes, mais soudées ensemble : de la couche périphérique, ayant une épaisseur assez notable, et de la masse centrale, qui, d’abord homogène, s’est déjà divisée en plu- sieurs agglomérations. Les agglomérations, qui d’abord étaient seulement au nombre de deux paires dans le pied proprement dit (puisque dans la troisième paire , que nous avons mentionnée , se 58 VOGT. — SUR L'EMBRYOGÉNIE développent les otolithes), ces agglomérations augmentent petit à petit en nombre, probablement en se scindant successivement les unes après les autres. On voit, en avant de l'oreille, trois (fig. 29) ou même quatre paires de ces agglomérations (fig. 31), qui sont rangées le long des bords du pied , de manière à se cor- respondre. Ces agglomérations, du reste, ne changent pas d’as- pect pendant toute la durée de l’état embryonnaire, et nous dirons d’avance que leurs phases pendant la vie à l’état de larve nous sont restées en grande partie inexplicables. Quoi qu'il en soit, cette augmentation des agglomérations suffit pour démontrer qu'il y a aussi différenciation dans la masse centrale du pied. C'est ce que la couche périphérique démontre encore plus net- tement. Elle consiste d’abord en une seule couche parfaitement ho- mogène, composée de cellules telles que nous les avons décrites. Cette couche se scinde, sur toute la circonférence, en deux couches trèsdistinctes, dontilest facile de saisir les contours. La plüs supef- ficielle, la couche épidermique, se transforme à la face inférieure du pied en un opercule corné, à la face supérieure en uf épithélium vibratile. Au-dessous de cette couche épidermique se trouve üñe seconde couche , formée d’abord de cellüles dont on distingue facilement les noyaux, comme de pelites vésicules arrondies, très transparentes et nettement bordées par une ligne très accusée. Les noyaux persistent pendant tout le temps que l'embryon passe dans l'œuf : ils sont cachés dans une couche que l’on voit surtout dans les états de gonflements moyens (fig. 26 }, mais qui se confond presque avec les agglomérations opaques, lorsque le pied est affaissé. Le gonflement, arrivé à son maximum, n’est pas non plus favorable à l'examen de cette couche , puisqu’alors elle est telle- ment étirée, que l'on a de la peine à voir le contour qui la borde, Cette couche interne où dermique et la couche épidermique ont ensemble à peine l'épaisseur de la couche périphérique primitive; preuve évidente qu’en se développant, celle-ci s’est scindée en deux parties qui sont devenues deux couches dorénavant distinctes l’ane de l’autre. DES MOLLUSQUES GASTÉROPODES. 59 d) La peau et le manteau. Nous avons déjà, dans an paragraphe précédent , fait observer que la coquille desembryons d’Actéonsn’est, en réalité, autre chosé quan épiderme durci et transformé en une carapace cornée et continue. Nous avons fait voir également que cette coquille est toujours tapissée à l’intérieur par une couche de substance parti- culière formant une expansion membraneuse, dans laquelle nous reconnaissons la véritable peau. 11 paraît résulter des observa- tions que nous avons rapportées plus haut que cette peau est le résultat d’une transformation de la couche périphérique , que cette dernière s’est scindée , sur toute la périphérie du corps, en deux couches distinctes, dont l’extérieure est la coquille, l’intérieure le derme ou la peau proprement dite. Dans les premiers moments de cette scission, à l’époque de la première apparition de la coquille, la peau est encore de tous côtés en contact immédiat avec les viscères, ou plutôt avec les agglo- mérations opaques de la masse centrale, qui vont se transformer en différents viscères. Mais, petit à petit, à mesure que la scission s'opère, on voit la séparation s'effectuer entre la peau et le paquet de viscères qui y est enfermé. Le même phénomène que nous avons suivi pas à pas dans le développement du pied se repro- duit ici : il se forme une cavité qui sépare la peau des aggloméra- tions de la masse centrale. Dans le pied. cette cavité est restreinte, quoique occupant toute la surface du pied, et nous n’avons pu constater si elle communique avec la cavité générale qui se forme petit à petit dans la partie ventrale de l'embryon. Celle-ci n’est d’abord qu’un petit espace qui se montre cà et là, tandis que, dans d’autres endroits , les viscères sont encore étroitement appli- qués contre la coquille (fig. 23); mais ces espaces s’agrandissent peu à peu; les intestins subissent en même temps des contractions énergiques , et bientôt on les voit flotter librement dans une large cavité, n'étant retenus que par quelques brides contractiles (v) qui vont de la peau vers les intestins, et dont nous parlerons tout- à-l’heure, La cavité, ainsi formée, occupe toute l'étendue de la partie 60 VOGT. — SUR L'EMBRYOGÉNIE ventrale jusqu'au bourrelet du manteau (0), par lequel l'embryon est fixé à la coquille. Elle est remplie par un liquide incolore , trans- parent, dans lequel on voit flotter les intestins, qui peuvent ainsi occuper des positions diverses, se développer et se contracter à leur gré. On reconnaît surtout l'existence de cette cavité dans la partie dorsale de l’embryon, lorsqu'on l’examine de profil (fig. 25, 30, 32). On voit alors le bourrelet du manteau se prolonger obli- quement en arrière , depuis la base de l'ouverture de la coquille, et s'appliquer partout contre la paroi interne de celte dernière ; au-dessous de ce bourrelet on apercoit la cavité qui suit le contour de la coquille. Quelquefois les intestins sont tellement contractés, qu'ils ne touchent nulle part à la périphérie (fig. 30); mais le plus souvent le foie et la partie ventrale de l'estomac occupent la par- tie enroulée de la coquille, de manière à la remplir entièrement: dans ce cas, c'est seulement entre la partie dorsale des intestins et la coquille que se trouve la cavité (fig. 25, 26, 30), tandis que lorsque l'embryon est retiré dans sa coquille et que lesintestins sont fortement distendus, on en remarque à peine quelques traces (fig. 29) (1). Le bourrelet du manteau (o) se remarque surtoutbien lorsqu'on (1) Cette formation précoce d'une cavité générale remplie de liquide ne doit pas nous surprendre, depuis que nous savons qu'elle joue un rôle si important dans le systeme circulatoire des Mollusques adultes. Ici, dans les embryons, où tout l'appareil mécanique de la circulation manque encore entièrement, les vaisseaux sont remplacés par de grandes lacunes qui s'étendent entre les viscères et la peau , et dans lesquelles les ondulations du fluide nourricier dépendent des contractions variées des parties en- vironnantes. La circulation est donc uniquement lacunaire dans les embryons encore privés de cœur, et il est plus que probable qu'il y a une certaine opposition entre la cavité ventrale d'un côté et celle du pied de l’autre, et que le fluide nourricier est chassé de l'une de ces cavités dans l'autre par des contractions irrégulièérement alter- nantes. Ceci nous conduit à envisager autrement que l'ont fait nos prédécesseurs l'usage des organes natatoires, que l'on a désignés comme organes transitoires de res- piration, Si le caractère essentiel d'un organe respiratoire est de mettre en rapport , à travers une membrane, le fluide nourricier et l'élément ambiant , il est évident qu'on doit refuser aux roues la fonction respiratrice, qui paraît plutôt dévolue à la face su- périeure du pied, où le liquide contenu dans la cavité est enfermé simplement dans un sac membraneux, autour duquel est produit un courant continuel par l'agitation des cils vibratiles qui en recouvrent la surface. Cette hypothèse expliquerait à la fois les gouflements alternatifs du pied, et la communication de sa cavité avec le réservoir ge- néral, autour duquel Lx coquille empêche toute fonction respiratrice. DES MOLLUSQUES GASTÉROPODES. 61 place l'embryon de manière à l’examiner par sa face dorsale (fig. 28). On voit alors une accumulation épaisse de substance se dessiner sur la nuque, sous la forme d’un bourrelet légèrement courbé. Ce bourrelet est étroitement appliqué contre la coquille; il présente de petites rentrées sur ses bords et des plis peu profonds. dont l'aspect rappeile un peu celui d’un gros intestin. Vu de profil, le bourrelet s’étend presque en ligne horizontale , en arrière, de- puis la base de l’ogive que forme la bouche de la coquille. Il résulte par conséquent de là que le bourrelet est partout en con- tact avec la face interne de la coquille, à laquelle il adhère de toutes parts, et que cet organe ne doit être, en réalité, qu’un diaphragme assez épais, contractile, servant à fermer l'ouverture de la coquille, en séparant la chambre antérieure du capuchon, qui abrite la tête, de la chambre postérieure, dans laquelle sont logés les intestins. Cette manière de voir est encore confirmée par l'observation des mouvements que fait l'embryon en se cachant ou en sortant de la coquille. Le diaphragme s’abaisse avec lui lorsqu'il rentre dans la coquille, de sorte qu'on l’apercoit en avant des roues comme une espèce de capuchon, et que la partie postérieure des roues, la base du pied, les oreilles, sont cachées derrière le bourrelet, par lequel le diaphragme est attaché à la coquille. Ces mêmes organes se voient, au contraire, en avant du bourrelet, lorsque l'embryon sort sa tête hors de la coquille. Il en résulte par conséquent que les rapports de ce diaphragme et de son bourrelet sont absolument les mêmes que ceux que l’on observe dans le manteau des Hélices et Lymnées ordinaires. lei aussi le manteau est attaché à la co- quille par un bord épaissi, et se réfléchissant sur le corps, il forme un repli qui sert de capuchon, lorsque l’animal se retire dans la coquille, En observant les mouvements de l'embryon, il est facile de constater que le bourrelet dont nous parlons est réellement le bord réfléchi et épaissi de cette couche membraneuse qui tapisse l'intérieur de la coquille, et que c’est surtout par ce rebord que la coquille est attachée à l'embryon. Mais , outre ce bourrelet des- tiné à fixer le corps en entier, on trouve encore, dans la partie 62 VOGT. — SUR L’EMBRYOGÉNIE postérieure du corps, là où la cavité générale atteintson maximum de développement, des brides contratiles (v) en forme de fils, qui retiennent les intestins dans leur position, et qui, sans doute, peu- vent servir à retirer les intestins et à les approcher de la coquille, lorsque l'embryon veut se retirer. Ces brides sont ordinairement au nombre de trois, toutes placées dans la partie postérieure de l'embryon. Elles vont directement de la coquille vers la partie du corps qui se trouve vis-à-vis du point de leur insertion; mais elles paraissent changer de place, suivant la position qu'occupent les intestins, dont la mobilité est fort grande. Ces brides (fig. 25) se présentent sous forme de bandes étroites très päles, qui, par un épatement conique, tiennent à la face interne de la peau, et pré- sentent quelquefois, dans leur longueur, un ou deux renflements fusiformes et aplatis, dont je ne saurais indiquer la fonction. On observe surtout ces renflements, lorsqu'on place l'embryon de manière à le voir par le dos (fig. 28), tandis que, vu de profil, on aperçoit les brides seulement, sous forme de fils minces d'é- gale épaisseur. On peut conclure de là que les brides sont des bandeaux aplatis et épatés en certains endroits, qui tiennent, par une base élargie , à la face interne de la peau, et vont se fixer à la masse intestinale. J'ai cherché à me rendre compte de la structure intime de la peau, dont je viens de décrire l’arrangement et les rapports avec la coquille et le corps. Connaissant la structure si compliquée de la peau des Actéons adultes avec ses nombreux dépôts de pig- ment et de glandes de diflérentes formes, etc., je m'attendais à trouver quelque chose d’analogue dans les embryons. A cet égard, je dois l’avouer, mes prévisions ont été complétement trompées; je n’ai jamais pu voir dans la peau qu'une substance homogène , assez ferme et élastique, dans laquelle étaient répandus quelques rares petits corps globuleux, qui rappelaient les noyaux des an- ciennes cellules embryonnaires dont la couche périphérique était composée. J'ai fait remarquer plus haut que la coquille paraît aussi sans structure appréciable, qu’elle saute en éclats par la com- pression, mais qu’il est impossible d'y découvrir des éléments ulté- rieurs de composition. Il en est de même de la couche qui tapisse la DES MOLLUSQUES GASTÉROPODES. 63 coquille; je n’ai pu réussir à y découvrir autre chose que ce que j'ai indiqué. Je dois donc croire que les cellules de la couche pé- riphérique, tout en se scindant pour former d’un côté la peau, d’un autre côté la coquille, ont dû se fondre ensemble pour pro- duire un tissu homogène, qui, à la périphérie, s’est durci en co- quille, tandis qu’à l’intérieur il est resté gélatineux et contractile. e) Les intestins. Les organes de digestion et d’assimilation sont les derniers qui se dessinent nettement et distinctement dans les embryons des Actéons. L’extrème contractilité de ces organes, leur disposition entortillée, les changements qu’ils subissent pendant la vie em- bryonnaire, sont autant de difficultés que l’on ne peut vaincre que par des observations répétées el par des dessins multipliés, qui, en représentant les organes dans leurs différentes positions, en font reconnaître à la fin la véritable structure, Je puis dire qu'aucun point de l’organisation des embryons ne m'a coûté autant de temps et autant de travail ; ce n’est qu'après avoir eu recours à des essais plastiques, par lesquels je cherchais à reproduire ce que je voyais, que j'ai pu comprendre ce que j'avais sous les yeux. Cette étude était d'autant plus difficile que l’anatomie des Actéons adultes ne pouvait fournir aucun éclaircissement sur ce point, tant sont grandes les différences qui distinguent ces deux phases de Ja vie. Nous avons suivi la masse qui se trouve accumulée au centre de la partie ventrale de l'embryon jusqu’au moment où elle se scinde en deux agglomérations principales, qui occupent les deux côtés. Ces agglomérations paraissent d’abord d’égale gran- deur (fig. 20 et 21), mais bientôt on s’apercoit que celle du côté droit l'emporte considérablement sur celle du côté gauche, qui est beaucoup plus petite et qui s’arrondit bien mieux que celle du côté opposé. Nous traiterons successivement de ces deux agglo- mérations, et, empiétant ici sur les résultats d’une observation ultérieure , nous dirons que l’agglomération du côté gauche est Le foie, tandis que celle du côté droit se transforme en intestin. Le foie (p) se dessine de bonne heure sous la forme d’un globe presque parfait, arrondi de tous côtés, qui remplit la dernière extré- 6! VOGT. — SUR L'EMBRYOGÉNIE mité de la coquille et touche en avant à la base du pied. Dans quel- que sens que l’on tourne l'embryon, on voit presque toujours le foie sous la forme d’un corps rond, à peu près circulaire, sur lequel on remarque seulement une petite dépression du côté gauche et en dedans, au point où il s'applique contre l'estomac. Cette excava- tion donne au foie la forme d’une soucoupe très légèrement évasée et très épaisse, ou d’une balle aplatie, forme qu'il garde pendant toute la vie embryonnaire et même dans l’état de larve. Ce qu'il y a de plus curieux à suivre, c’est le développement du tissu dont est composé le foie, et la formation de la cavité interne qui survient pendant la vie larvaire. Le foie est d’abord opaque et composé d’une accumulation de ces cellules à contenu granulé, que nous avons décrites plus haut, et qui forment la masse centrale de l'embryon. Mais, immédiate- ment après s'être constitué en organe indépendant, un travail considérable s'établit dans cet organe , qui devient de plus en plus transparent. De petits grossissements font alors déjà recon- naître le foie par le contraste de sa transparence relativement aux accumulations opaques , qui se voient encore surtout dans la partie moyenne de l’embryon. Examiné sous de forts grossis- sements, le foie se montre alors composé d’une certaine quan- tité de cellules indépendantes et d’une grandeur colossale com- parativement aux éléments distincts qui se trouvent dansles autres organes. On voit ces cellules entassées les unes sur les autres avec une certaine régularité ; elles sont tellement grandes que sept ou huit occupent toute la circonférence du foie; dans quelque posi- tion que lon tourne l'embryon, l’on ne voit que ces six à huit cellules qui en entourent une autre occupant le centre (fig. 25,96, 29, 31). Il est évident cependant que l'organe n’est pas composé seulement d’une dizaine de cellules occupant la périphérie et en- tourant une cellule centrale; on voit, au contraire, les contours des cellules placées dans l’épaisseur du foie se dessiner comme des lignes légèrement ombrées au travers des cellules périphéri- ques. Cette fausse apparence d’une cellule centrale entourée d’une certaine quantité de cellules périphériques résulte nniquement de leur arrangement régulier, DES MOLLUSQUES GASTÉROPODES. 65 Les grandes cellules ne sont pas les seuls éléments qui consti- tuent le foie à cette époque. On voit, dispersées entre elles en assez grande quantité , de petites goutteleltes d'huile qui agrandissent petit à petit, el se laissent facilement reconnaître à leurs pro- priétés physiques. En croissant , ces gouttes d'huile ou de graisse liquide deviennent plus semblables aux cellules, mais elles sont toujours bien plus petites que ces dernières, et leurs contours beaucoup plus nettement accusés. Ce qu’il importe de constater, c’est que ces gouttes de graisse liquide ne se trouvent pas dans l'intérieur des cellules, mais sont librement dispersées dans les interstices. La structure du foie ne change pas notablement pendant la vie embryonnaire. Les grandes cellules transparentes qui le compo- sent augmentent en nombre tout en diminuant de volume. J’a- voue que je n’ai pu saisir le mode de développement dont ce changement est le résultat; ce que je puis dire, c’est que je Wai jamais vu de jeunes cellules emboîtées dans les anciennes d’où je conclus que ce mode de génération n'existe pas dans les cellules qui composent le foie. Je penche à croire que les cel- lales se soudent, qu'il s’en forme de nouvelles qui sont plus pe- tites, mais je ne saurais l’aflirmer positivement, tandis que la négation d’une génération endogène des cellules par emboîte- ment me paraît hors de doute pour le foie. Celui-ci reste solide pendant toute la vie embryonnaire , et l’on n’y remarque aucune trace d’une cavité, qui se forme plus tard, lorsque l'embryon a quitté la coque de l'œuf pour vivre à l’état de larve. L'observation du développement de l’intestin (s) offre des difii- cultés toutes particulières, d’une part à cause dela grande épaisseur du corps qui empêche de suivre l’œsophage, et de l’autre à cause des circonvolutions de l'intestin qui embrouillent l’observateur. La première phase du développement de l'intestin est une ac- cumulation de substance opaque, mal définie dans ses contours, occupant surtout le côté droit de l'embryon, et qui ne montre au- cune trace de cavité interne. Ce sont quelques agglomérations formées par les cellules granulées de la masse centrale, qui.con- fluent en avant avec les accumulations entassées dans la partie 3° série, Zooc. T. VI. ( Août 4846.) ÿ 66 VOGT. — SUR L'EMBRYOGÉNIE antérieure du corps et autour de la bouche (fig. 23). Ces agglo- mérations sont d’abord tout-à-fait solides, sans cavité inté- rieure: celle-ci ne se forme qu'à mesure que les contours exté- rieurs de ces masses ‘se dessinent mieux. Quelque temps après cette séparation de la masse centrale , on voit, derrière le foie et sur son côté droit, un organe en forme de poire (r), dont les parois paraissent d'abord assez opaques, mais s'éclaircissent bientôt et finissent par montrer un organe creux semblable à une cornue ou à une bouteille, dont le fond est tourné vers le foie , tandis que le goulot avance dans l'espace vide qui se trouve sur la partie dorsale de l'embryon. L’organe en bouteille est l'estomac: le goulot qui en part se développe en intestin. Nous suivrons chacune de ces parties dans son développement particulier. L’estomac (r), aussitôt qu'il se montre comme organe dis- tinct, est pyriforme. La partie renflée et arrondie est tournée vers la portion enroulée de la coquille, et s’avance dans l'enfon- cement que présente le foie sur sa face droite, de manière qu'en voyant l'embryon de face (fig. 31) ou de profil du côté gauche (fig. 25, 26, 29, 30, 33), on ne peut découvrir la partie élargie de l'estomac qu’à travers le foie transparent, tandis que l'embryon, couché sur le côté gauche et présentant la face droite, laisse très bien voir les contours de cet organe. Les parois de ce- lui-ci sont d’abord assez épaisses et opaques, de manière qu'il est bien difficile de se rendre compte de l'étendue de sa cavité inté- rieure (fig. 25); mais petit à petit ces parois deviennent plus transparentes, moins épaisses, la cavité intérieure s'étend da- vantage, et l’on voit alors que cette cavité correspond exacte- ment dans ses contours à la forme de l'estomac lui-même. L'estomac se continue en arrière dans un intestin (s), dont les parois présentent les modifications mêmes que nous venons de dé- crire. C’est d’abord un cylindre solide , qu'il est diflicile de bien analyser à cause de son opacité, mais qui devient creux comme l'estomac et finit par se transformer en un tube à parois trans- parentes assez épaisses , dont la cavité est la continuation directe de la cavité stomacale. Le trajet de ce tube intestinal change un DES MOLLUSQUES GASTÉROPOBPES, 67 peu pendant la durée du développement. Le tube est d’abord très court; puis, après avoir formé le goulot de la bouteille stomacale, il se replie sur lui-même pour monter obliquement en avant et en haut, où il se perd dans la masse épaisse qui forme le bourrelet du manteau. Dans ce moment, le canal intestinal avec l'estomac, re- présente (fig. 25) assez exactement la forme d’une cornue recour- bée, dont la base touche le foie , tandis que le col est fixé à la partie moyenne du corps. Gette position est celle qu’occupe l'intestin , lorsque les viscères sont en expansion et que la tête est sortie de la coquille ; mais, au moment où l'embryon se retire, l'intestin glisse en arrière dans le fond de la coquille, se redresse, s'applique le long de la courbe dorsale de la coquille , et remplit l'espace trans- parent qui, d'abord, avait été abandonné par lui. On comprendra très bien le mécanisme de ces mouvements, en comparant entre elles les figures 25, 26 et 31, dans lesquelles l'intestin occupe les différentes positions correspondant à l'expansion , au retrait et à la rentrée complète. L'intestin gagne en longueur à mesure que l'embryon se déve- loppe; la simple flexion en cornue se transforme, petit à petit, en deux véritables replis en zigzag, par lesquels l'intestin se porte vers l’anus. Après s'être dirigé pendant quelque temps en haut, suivant la courbe de la coquille, l'intestin se replie alors tout d’un coup, en revenant sur son trajet, et en se recourbant ensuite de nouveau pour monter vers l’ouverture anale. Toute cette partie recourbée de l'intestin s’applique si exactement contre l’autre et contre l'estomac , que très souvent l’une couvre l’autre, de sorte qu’en voyant l'embryon de profil , on pourrait croire que l'estomac se termine par une anse ou un cul-de-sac (fig. 29, 30). C’est en observant l'embryon dans des positions un peu obliques ou de face que l'on peut reconnaître la véritable disposition des parties. Je n'ai pu voir l'anus (g) que vers la fin de la vie embryonnaire ; je suis persuadé qu'il se forme peu de temps avant l’éclosion ; et je grois pouvoir affirmer en toute sûreté qu'il se montre , en tout cas, plus tard que l'intestin, Connaissant la position de l’anus, par mes recherches sur des larves plus âgées, je l'ai cherché dans des embryons très jeunes dont l'intestin avait encore toute son opa- 68 VOGT. — SUR L'EMBRYOGÉNIE cité, mais inutilement; et ce n’est que vers l’époque de léclo- sion que je l'ai vu sur le côté droit, derrière l'oreille, de telle sorte qu’une ligne qui continuerait le plan de l’opercule, en ar- rière, passerait par le milieu de cet orifice, qui se trouverait situé sur le bourrelet du manteau, par lequel l'embryon est retenu dans la coquille (fig. 31). L’orifice anal, une fois qu'il existe, n’est pas difficile à trouver ; l'embryon le tient souvent ouvert et béant. Il est alors creusé en entonnoir ; ses bords noirs et bien accusés, la transparence de son fond, à travers lequel on voit, surtout dans certaines positions, la cavité générale de l'abdomen, font remarquer de suite son orifice, que l’on chercherait en vain lorsqu'il est contracté. La partie postérieure de l'intestin , lorsque l'embryon est près d’éclore , se compose donc d’un estomac se terminant en un intes- tin recourbé, lequel s'ouvre dans un anus situé sur le côté droit du corps , dans le bourrelet réfléchi du manteau, par lequel la coquille est fixée au corps. La partie antérieure de l'intestin, l’æsophage (x) et la bouche (4), sont plus difficiles à étudier, surtout à cause de l’opacité des par- ties du corps que l’æsophage doit traverser. Le bourrelet du man- teau , avec les accumulations de substance animale qui s’y ratta- chent, dérobe le plus souvent l’æsophage à la vue, On l’aper- coit pourtant quelquefois, dans certaines positions (fig. 30), sous la forme d’un tube droit, en entonnoir, qui. depuis la bouche , descend directement dans l’axe longitudinal de l'embryon pour s'ouvrir dans l'estomac. Cette ouverture ne se trouve point dans le fond de l’estomac, vis-à-vis de l'ouverture intestinale; elle est au contraire assez rapprochée de cette dernière, sur la face anté- rieure de l’estomac, juste au milieu de sa longueur. La plus grande partie de l’estomac est donc un véritable cul- de-sac qui s’avance vers le foie, et dans lequel les aliments sont soumis à la digestion. La bouche de l'embryon (æ) est cachée profondément entre les deux branches recourbées des organes rotatoires, à l'extrémité postérieure du courant vibratile qui longe la ligne médiane du pied. Elle occupe exactement la place qui était occupée, dans DES MOLLUSQUES GASTÉROPODES. 69 le principe, par la fente mamelonnaire. Je dois avouer qu'il me reste des incertitudes sur les transformations que subit cette fente, pour devenir à la fin une véritable bouche presque cir- culaire et en entonnoir. Nous avons vu que cette fente était le résultat d’un plissement, d’une compression exercée sur la masse centrale par la masse périphérique qui l'entoure, et il nous a paru qu'elle occupait en haut, entre les organes rotatoires, une place vide, mais qui avait été envahie par les cellules périphé- riques. Cette place n’aurait-elle pas été couverte par la couche cel- lulaire périphérique , de sorte que la bouche aurait existé en premier lieu sous la forme d’une fente mamelonnaire? ou bien cette place s’est-elle couverte d'abord, et la bouche s’est-elle percée ensuite, lorsque l'intestin était en voie de formation? Il me serait difficile d'apporter des preuvestirées de l'observation directe en faveur de l’une ou de l’autre de ces opinions; je crois pourtant que la dernière est plus exacte, et voici pourquoi. En observant attentivement l'embryon lorsqu'il est à peine formé (fig. 21, 24), on voit très bien que l’aspect triangulaire ou rhomboïdal que pré- sente la fente mamclonnaire vue d’en haut ne résulte que de l’ar- rangement des agglomérations intérieures, qui sont séparées sur la ligne médiane. Vue de profil ou par le dos, cette fente produit simplement l'effet d’un espace plus clair, d’où se seraient reti- rées les agglomérations internes, et les contours de la fente, de quelque manière qu’on les regarde, présentent toujours quel- que chose d’indécis, de lavé , exactement comme si on les voyait à travers une certaine épaisseur de substance superposée. La couche superficielle paraît donc étendue par-dessus la fente. Aussi voit-on, en plaçant l'embryon de profil, la couche périphé- rique se montrer, sans aucune solution de continuité, à l'endroit où devrait s'ouvrir la fente en dehors (fig. 22) ; elle passe outre en s’infléchissant seulement un peu, mais sans présenter une forte dépression. J'ai étéencore confirmé dans ma manière de voir par l'étude des embryons d’une petite espèce de Doris, qui présente beaucoup d’analogie avec le développement des Actéons, quoique avec cer- laines modifications, qui feront peut-être le sujet d’un second 70 VOGE. — SUR L'EMBRYOGÉNIE Mémoire. La fente mamelonnaire, dans ces embryons de Doris, est très peu prononcée , et je ne l'aurais pas reconnue si je n'avais été prévenu préalablement par l'observation de l’Actéon ; la bouche, au contraire, est bien plus marquée dans les embryons de Doris , et ne se montre qu'au moment où l'intestin se dessine aussi dans tous ses détails. Ces observations me paraissent décisives; je crois donc pouvoir établir que la bouche se forme entre les roues à peu près à la même époque où les cavités de l’intestin se for- ment par écartement des cellules qui le constituent. Le développement des tissus dont l'intestin est formé est très andlogue à celui que nous avons observé dans les autres parties embryonnaires. Aussi longtemps qu’il constitue des masses 80- lides, opaques, l'intestin est aussi formé de cellules d’une seule espèce, grenues, et ressemblant en tout à celles des autres masses centrales. Mais, à mésure que les cavités internes se forment , les tissus changent d'aspect; ils deviennent transparents; et se scindent en deux couches parfaitement distinctes; un épithélitm vibratile interne et une couche épaisse externe, qui, sans doute, représente à la fois les membränes muqueuse et musculaire. L’épithélium vibratile qui couvre toutes les surfaces de l’in- testin, depuis la bouche jusqu'à l’anus, est un de ceux qui sont continuellement en activité, et non soumis à la volonté dé l’ani- mal. C’est un magnifique spectacle que de voir les petites parti- cules et plus tard les aliments tournoyer dans l’estomäc; sous l'influence d’un mouvement continuel de petits cils fins, qui pro- duisent l'effet d’un courant coulant constamment dans la même direction. Ce courant va dans l’æsophage de dehors en dedans, de la bouche à l'estomac: arrivés dans l'estomac, les aliments tournent dans un cercle, par l'effet du courant, longeant d’abord la paroi supérieure, du côté du foie, puis en revenant vers le pylore et le cardia par la face inférieure. L'intestin présente ; par la direc- tion du courant vibratile dans son canal, une chance d'erreur très grave pour l'observateur. Le courant va à l'inverse de la marche des aliments, de deliors en dedans, de l'anus vers l’es- tomac, de sorte qu’en voyant ce courant ét en n’observänt pas attentivemient l'anus et la disposition de l’æsophage , on court le DES MOLLUSQUES GASTÉROPODES, 7à risque de prendre l'intestin pour l’œsophage. Cette méprise à été, en effet; commise par M. Allman dans son Mémoire cité plus haut, et moi-même j'y étais tombé pendant un certain temps, jusqu’à ce que la marche des aliments dans l'intestin des larves écloses, et la vue de l’œsophage, m’apprirent à connaître la véri- table disposition de l’intestin. Les parois intestinales ne montrent plus d'éléments distincts une fois que la couche vibratile est parfaitement développée. On n’y voit qu’une substance transparente, parsemée de petits grains transparents , qui paraissent être les noyaux des cellules fondues ensemble , et que je n’ai plus réussi à désagréger. Ces grains ou noyaux deviennent de plus en plus rares pendant la vie embryon- naire. L’embryon qui approche de l’éclosion possède donc une bouche circulaire en entonnoir, un œsophage court, donnant dans un estomac spacieux , et un intestin replié, conduisant vers l’anus, situé à droite. Toute la surface interne est tapissée de cils vibrati- les, qui, dans l'intestin, déterminentun courant opposé à la marche progressive des aliments. L’intestin n’a aucun appendice , aucun diverticule ; le foie , étant un corps solide , ne communique pas avec sa cavité. f) Les organes des sens. Nous avons indiqué, dans les pages précédentes, l’apparition de l’otolithe au milieu d’une agglomération opaque et homogène, qui s'était formée de chaque côté dahs la base du pied. L’otolithe (4) grandit d’abord considérablement , maïs en conservaiit toujours les mêmes contours nets et accusés, la même forme globuülaire et la même transparence de son centre qui permet de le distinguer même avec des grossissenients très faibles. l’agglomiération qui l'entoure s’éclaircit petit à petit, et finit pat former une vésicule parfaitement sphérique, transparente; dans laquelle l’otolithe commence à osciller. On femarque en même temps, au centre de l’otolithe, uh point clair, d’une teinte faiblement jautiâtre, comme si le centre de cette sphère calcaire était liquéfié. L'otolithe, avec son point jaunàtre au cehtre et la vésicule trans- 72 VOGT. — SUR L'EMBRYOGÉNIE parente qui l'entoure, conserve la même forme et les mêmes proportions pendant toute la vie de l’embryon et de la larve, tout en s’agrandissant à mesure que l’embryon se développe. Il m'a paru seulement que, vers la fin de la période larvaire , la vésicule grandissait plus rapidement que lotolithe, de sorte que l’espace entre ces deux parties devenait toujours plus considérable. L’organe auditif ( je le nomme ainsi d’après M. de Siebold et tous les autres observateurs modernes, sans prétendre me porter garant de cette détermination) , l'organe auditif montre toujours une forme parfaitement sphérique, parfaitement isolée. Dans quelque position que l’on regarde l'embryon, on n’y découvre ja- mais ni tige, ni nerf, ni quoi que ce soit qui puisse indiquer une liai- son avec un autre organe, le système nerveux central, par exemple, dont on n’apercoit pas non plus de trace. J'ai souvent dirigé mes investigations sur ce point, parce que j'espérais pouvoir saisir le système nerveux, en suivant le nerf auditif, si toutefois ce nerf existait ; mais jamais je n'ai pu apercevoir la moindre trace d'un nerf qui allt se coller quelque part sur la vésicule auditive. Quant aux yeux, tous les embryons en étaient constamment dépourvus, etje crois pouvoir affirmer que réellement ils n'existent pas. J'ai pu suivre leur développement sur des embryons de Tro- chus nertloideus ; j'étais donc parfaitement renseigné sur la posi- tion qu'ils occupent dans les embryons des Gastéropodes et sur la manière dont ils se présentent chez ces embryons. 5. La larve. L’embryon parvenu au degré de développement que nous ve- nons de signaler est déjà presque trop grand pour le petit es- pace qui lui reste encore dans l'œuf. Ses mouvements sont gè- nés dans tous les sens ; il ne peut étendre ses cirrhes sans toucher partout à la coque. Des efforts multipliés font enfin rompre cette dernière , et l'embryon, délivré de sa prison , s’élance pour nager librement dans l’eau et pour se nourrir au sein de cet élément, Nous appelons cet état l’état de larve de l’Actéon. Nous n'avons malheureusement pas pu suivre toutes les transformations qui doivent nécessairement survenir pendant la vie de larve que mène DES MOLLUSQUES GASTÉROPODES. 73 Je jeune Actéon , car malgré tous les soins que nous avons pris, nos embryons sont morts avant de s'être détachés de leur coquille. 11 paraît que c’est là un des moments critiques dans la vie de ces embryons ; car tous les observateurs qui nous ont précédé ont eu à déplorer les mêmes pertes. Il nous reste maintenant à indi- quer d'une manière succincte les transformations successives que nous avons observées dans les différents organes pendant la vie de larve. Les roues (h) restent à peu près dans le même état que nous leur avons connu dans les embryons. Le bourrelet qui porte les cirrhes se détache davantage encore de là face antérieure de la tête, et la membrane qui s'étend entre lui et la surface du front devient plus large , ce qui donne plas d’ampleur à la roue lorsqu'elle est étendue. Le pied (à) reste aussi à peu près dans les mêmes conditions. Le nombre des aceumulations opaques qui s'étendent de deux côtés sur ses bords devient plus considérable encore qu'il n’était aupa- ravant , et l’on remarque très bien que ces agglomérations se di- visent successivement en plusieurs parties plus petites. [l en est pourtant deux, situées à peu près vers le milieu du bord du pied, qui conservent une grandeur assez considérable et des contours très nettement accusés, de sorte que, vus avec de petits grossisse- ments , ces deux organes sont presque aussi saillants , aussi visi - bles que les vésicules auditives elles-mêmes , au-devant desquelles ils sont placés. Ces deux organes, situés l’un vis-à-vis de l’autre, ont la forme d’une poire dont la pointe est tournée contre le bord du pied. Quelquefois même il m'a semblé que cette pointe avan- cait en dehors du bord latéral du pied comme un petit onglet ou comme une pointe cornée ; dans d’autres cas, cette disposition ne m'a pas paru aussi manifeste, de sorte que je ne suis pas bien sûr de n’avoir pas été le jouet d’une illusion d'optique. Je ne saurais indiquer ce que deviennent les accumulations de substances opa- ques et grenues que l’on observe dans le pied, et surtout de celles qui se distinguent si nettement par la forme de leurs contours et la manière dont ces derniers sont accusés. Je présume que toutes ces agglomérations vont former plus tard les différents organes 71 voGT. SUR L'EMBRYOGÉNIE qui, dans l'animal adulte, sont répandus dans l’appendice foliacé, que l’on à nommé le manteau de l’Actéon , organes qui appartien- nent surtout à l'appareil génital. Au reste, cela serait, que l’on ne comprendrait pas encore ce que deviennent les deux organes pyriformes que je viens de mentionner. Je ne dois pas oublier non plus une autre particularité que j’ai observée dans le pied de quelques embryons , savoir , des points verts qui se développent dans l’intérieur du pied (fig. 38, 39 et A0). J’ai vu sur l’un des côtés une des agglomérations, tout en s’éclair- cissant et devenant plus transparente , prendre une couleur verte, et bientôt après l’agglomération qui se trouvait vis-à-vis se colorer de la même teinte. Comme ce phénomène se présentait chez les pre- miers embryons que je soumettais à l'observation, et chez tous les embryons d’un même cordon sans exception, je croyais déjà avoir découvert les premiers rudiments des cœcums verts qui parcou- rent tout le corps de l’Actéon. Mais la coloration se borna aux deux agglomérations dans lesquelles elle s'était montrée d’abord ; elle ne se propagea pas dans les autres qui étaient situées à côté, et tout le phénomène resta stationnaire pendant toute la durée de la vie de larve. Ge qui m'étonna encore davantage, ce fut de voir qu'il n’y avait que les larves provenant d’un seul cordon qui mon- trassent cette particularité, dont les autres étaient dépourvues entièrement. Les räpports du manteau (o) et de la coquille (m) changent con- sidéräblement pendant les premiers temps de l’époque dont nous nous occupons ici. On se rappelle qu'au moment de l’éclosion lapeau adhérait complétement et de tous les côtés à la coquille, et qu'il y avait surtout un bord replié, que nous avons appelé le bourrelet du manteau, qui s’attachait fortement à la coquille en formant une espèce de diaphragme éntre la partie céphalique et la cavité ab- dominale. Ces rapports restent encore les mêmes pendaïit les pre- miers temps de l’état larväire. On remärque seulement que le bour- rélet devient de plus en plhs indépendant; el que sa partie dorsale surtout s’allonge considérablement en formant une espèce de toit dont le bord est appliqué contre la coquille. Vu de profil (fig. 37, 39 et 40), lenbryon présente alors daïs la région nucale un pro- DES MOLLUSQUES GASTÉROPODES, 75 longement considérable ayant la forme d’un tentacule assez gros et épais, dont la pointe s’applique contre la coquille. En tournant l'embryon de manière à le voir du dos, on peut se convaincre facilement que cette apparence d’un tentacule dorsal vient juste- ment de ce que l’on voit le diaphragme de profil ou en section. On voit très bien, lorsque l'embryon sort la tête hors de la coquille , que ce diaphragme est étendu, tandis qu'il se replie sur lui-même sous forme d’un S, lorsque l'animal se retire, laissant ainsi un espace dans lequel vient se loger l’anse repliée de l'intestin. Bientôt se manifeste aussi une autre formation particulière sur le pourtour externe du bourrelet. Un pigment noir (y) commence à se déposer tout le long du bourrelet, en formant un cerele plus ou moins completet continu. Ce pigment est composé de petits grains noirs , déposés probablement dans des cellules particulières , mais dont je n’ai cependant pas pu démontrer l’existence. Toutefois Ja présence de ce pigment m'a fait faire bien des recherches in- fructueuses. En le voyant accumulé ainsi dans la partie nucale sur un prolongement qui, de profil, se présentait presque comme un ommatophore ; en observant en même temps que ce pigment était quelquefois déposé autour de petites vésicules très transpa- rentes et très accusées ( probablement les noyaux des cellules pig- mentaires) ; sachant d’ailleurs que l’époque de l'apparition des yeux approchait, je croyais pouvoir suivre ici la formation des yeux de l’Actéon. Mon espoir fut décu ; au lieu de se resserrer sur des points distincts, je voyais le pigment s'étendre toujours da- vantage , et former une zone continue tout le long du bourrelet, dans laquelle je ne distinguais plus aucune partie saillante. Mes larves sont mortes dans cet état de développement, sans avoir d’yeux , et en ne possédant que les deux vésicules auditives, qui n'avaient pas changé d’aspect pendant toute la durée de l’état larvaire. Le développement du pigment fut bientôt suivi d’un autre phé- nomène encore plus remarquable, savoir, la séparation de la coquille d'avec le manteau. Mes embryons sont tous morts peu de temps après que cette séparation se fut opérée, La coquille ehtou- rail alors les larves comme une large gaine avec laquelle les larves 76 VOGT. — SUR L'EMBRYOGÉNIE n’adhéraient plus sur aucun point. Le manteau formait une seconde enveloppe beaucoup plus étroite autour des intestins (fig. 41 et 43). La cavité abdominale, qui était si spacieuse lorsque le manteau adhérait encore à la coquille, se trouva réduite à un très petit volume ; les brides qui allaient du manteau aux intestins étaient raccourcies de manière à être presque méconnaissables. Les larves n'étaient plus retenues que par l'ouverture étroite de la coquille, qui les serrait un peu autour de la partie moyenne du corps; mais je m'attendais à chaque moment à les voir quitter leurs coquilles pour devenir de véritables Mollusques nus. Cette joie ne m'était pas réservée, car toutes mes larves moururent avant d’avoir pu se séparer de leurs coquilles. J'aurais pu croire qu’elles m’avaient laissé les coquilles vides en grimpant plus loin et en s’attachant aux parois du verre et des plantes marines que j'avais dans ma petite mare artificielle; mais je devais bientôt reconnaître que toutes les coquilles avaient des otolithes dans leur cavités, preuve certaine que les animaux étaient morts et détruits par la décom- position. La forme de l'intestin (s) ne présente pas beaucoup de modifi- calions pendant la vie de la larve. Mais un point important à noter est celui du ereusement du foie (p), dont la cavité interne s'ouvre dans le fond de l'estomac. Nous avons quitté le foie sous la forme d’un organe solide composé de cellules assez petites et agglomé- rées, parmi lesquelles étaient répandues des gouttelettes d'huile ou de graisse liquide. Le foie présentait alors une légère excava- tion contre laquelle était appliqué le fond du cul-de-sac stomacal. Le tissu du foie devient de plus en plus grenu et opaque pendant la vie de la larve. On distingue bien encore dans l’origine de pe- tites cellules arrondies, d’un diamètre fort peu considérable, mais elles disparaissent bientôt pour faire place à une substance uni- formément grenue , dans laquelle je n’ai pu distinguer des élé- ments bien distincts. Pendant que cette transformation s’opé- rait, il se formait dans l’intérieur du foie une cavité d'abord peu considérable . mais qui augmenta de plus en plus de manière que bientôt le foie présenta la forme d’une soucoupe très profonde et assez épaisse qui avait l’air d'être posée sur le fond de l’estomac nt. : etat = DES MOLLUSQUES GASTÉROPODES. 1 comme une cloche circulaire. Gette cavité est en communication directe avec celle de l'estomac, et j'ai pu me convaincre de la manière la plus positive que les Navicelles, les Bacillaires et au- tres Infusoires qui servaient d'aliments à la larve passaient et repassaient de cette cavité dans l’estomac, et vice vers@, sans la moindre difficulté. . Les larves des Actéons se nourrissent, comme je viens de le dire , d’Infusoires , surtout de Navicelles, que j'ai vus bien sou- vent tournoyer dans l'estomac, où elles suivaient l’impulsion donnée par le courant des cils vibratiles. La cavité du foie est aussi tapissée dans toute son étendue de cils vibratiles, qui produisent également un tourbillon dans l’intérieur de cette cavité. Le passage de communication entre l’estomac et le foie est assez rétréci, et disposé de manière à présenter à peu près une hélice (fig. 38). J’ai vu bien souvent des Navicelles suivre cette hélice en tournoyant, entrer dans la cavité plus spacieuse du foie , y demeurer quelque temps en tournant autour des parois de cette cavité, retourner dans l’estomac, et s'engager à la fin dans le tube intestinal, au travers duquel ils étaient poussés vers l'anus pour être expulsés par cet orifice. La disposition du foie que je viens de décrire me paraît d'une importance assez grande , lorsqu'on la compare à celle d’un ani- mal adulte. On sait que le foie de l'adulte est composé de ra- mifications très nombreuses s'étendant dans tout le corps, et partant de deux troncs principaux, qui évidemment sont des ramifications des intestins, et qui naissent de l’estomac même, Or, nous voyons ici, dans la larve, un état qui annonce en quelque sorte la formation d’un appareil gastro-vasculaire tel que nous l'observons dans l’Actéon adulte. Le foie forme encore une masse compacte et continue ; mais il est creusé de manière à pouvoir recevoir des aliments, et à devenir ainsi un véritable diverticule de l'intestin lui-même. Je dois encore faire observer que le seul organe dans lequel j'ai vu des phénomènes de diffluence est justement le foie. La cavité de cet organe semblait considérablement rétrécie dans des em- bryons que je venais de soumettre à l'instant même à l’observa- 78 VOGT. — SUR L'EMBRYOGÉNIE tion; mais en laissant ces embryons longtemps dans la même goutte d’eau , je voyais, à mesure qu’ils commencaient à souffrir, la cavité s’élargir petit à petit, et à la fin devenir tellement grande que le foie ne présentait pour ainsi dire plus qu’un sac à parois membraneuses, presque aussi considérable que l'estomac lui- même (fig. 40 et 12). Résumé sur la période embryonnaire. L'embryon parvenu à l’époque de l’éclosion présente, d’après les observations que nous venons d’énoncer , une structure assez compliquée ; il existe déjà un grand nombre d’organes capables de soutenir, par le jeu de leurs fonctions , la vie isolée de la jeune larve. L’embryon est protégé par une coquille relativement assez dure , qui entoure toute la partie abdominale , et peut aussi rece- voir la partie céphalique ; celle-ci porte à sa partie antérieure deux organes puissants de locomotion , composés de cirrhes rotatoires qui obéissent parfaitement à la volonté. L'organe de locomotion de l’animal adulte, le pied, ne remplit pas encore sa destination future ; au moyen de son opercule, il sert plutôt à protéger l’ani- mal lorsque celui-ci est retiré dans sa coquille. Les organes diges- tifs sont déjà à un haut degré de développement ; ils se com-- posent d’une bouche en entonnoir, qui recoit le courant produit par les cils vibratiles placés à la face supérieure du pied. Un æsophage court s'ouvre dans un estomac spacieux, où les aliments sont soumis à une rotation continuelle par le moyen de cils vibra- tiles qui couvrent les parois stomacales. L’intestin, courbé en zig- zag, s'ouvre dans un anus situé à droite. Un foie considérable, creusé d’une cavité spacieuse, qui est en communication avec l'intestin , occupe le dernier tour de la coquille. Les organes de la vie de relation se bornent à l’existence de deux vésicules auditives, dont le centre est occupé par des otolithes considérables. On ne remarque encore aucune trace d’un système nerveux central, ni d’autres organes des sens. La peau est appli- quée étroitement à la coquille, et ne s’en sépare que plus tard ; des brides contractiles et un muscle puissant fixent les intestins DES MOLLUSQUES GASTIÉROPODES. 79 dans leurs positions respectives, tandis qu’un bourrelet circulaire, replié et épaissi , attache le corps tout entier à la coquille. On le voit, notre animal ne possède encore ni système circu- latoire, ni système nerveux central : il n’y a de développé que les appareils de locomotion et d’assimilation. Les organes de géné- ration manquent également ; ce qui ne doit pas étonner, puisque nous savons que c’est ce système qui se développe en dernier lieu dans tout le règne animal. L'absence d’un système nerveux central, ainsi que d’un cœur , peut au contraire surprendre ceux qui savent que, dans les Animaux vertébrés , ces deux organes sont au nombre de ceux qui se développent les premiers , et qu'ils existent toujours avant les organes d’assimilation. Si l’on consi- dère , en effet , la succession des divers organes dans l'embryon d’un Vertébré, on verra que ce sont les centres nerveux, ainsi que le centre du système osseux, qui apparaissent les premiers, et que les organes des sens, les yeux, les oreilles, etc., ne se montrent qu'après les centres nerveux. On sait également que le cœur succède au système nerveux central , et que le canal in- testinal est le dernier de ces trois systèmes qui se développe. Ici , dans nos embryons, tout est renversé ; les organes locomoteurs ont été les premiers à se dessiner définitivement, les vésicules auditives les ont suivis de près, et, après ces organes , le canal intestinal et ses dépendances sont venus prendre leur forme défi- nitive. Le système nerveux central n'existe pas encore; le cœur non plus. Je veux bien admettre que mes observations ne sont pas suffi- santes pour démontrer d’une manière absolue que le système ner.- veux central n’existe pas. En eflet, si l’on considère que le corps de l’embryon est justement très opaque dans les environs des vési- cules auditives ; que les masses circulaires qui entourent la bouche, que la base du pied et le bourrelet du manteau concourent tous à obseurcir cette partie du corps de l’embryon, et à la rendre impénétrable pour le microscope; si l’on tient compte de toutes ces circonstances, on conviendra sans peine que le système nerveux central peut avoir échappé aux investigations de l'observateur. 11 est vrai, d’un autre côté, que les ganglions cérébraux ont une cer- 80 VOGT. —- SUR L'EMBRYOGÉNIE taine dureté dans les Mollusques, que l’on peut écraser un Actéon adulte sous le compresseur , et qu'au milieu des tissus et des organes aplatis et rendus méconnaissables, le système nerveux central est parfaitement visible dans tous ses détails. J'ai traité mes embryons de toutes les manières, sans pouvoir me convaincre de l'existence d’un système nerveux central. Admettons néanmoins que cette négation ne soit pas fondée, que le système nerveux central existe, et qu’il existe même avant l'apparition des vésicules auditives; il n’en sera pas moins vrai que l’ordre d’apparition des organes auquel on est habitué dans les embryons des Vertébrés, se trouve entièrement renversé dans les embryons des Mollusques. Le cœur, en effet, ne peut échapper à l'œil de l'observateur ; ses contractions incessantes, ses mouvements perpétuels, le font distinguer au premier coup d’æil ; et je connaissais trop bien la position qu’il occupe dans d’autres embryons de Gastéropodes, pour ne pas savoir où diriger mes investigations. Je puis donc dire avec une parfaite certitude que le cœur n'existe pas au moment de l’éclosion des embryons d’Actéons. Tous les observa- teurs sont d’ailleurs d'accord sur ce point : tous ont fait égale- ment ressortir l'importance de cette apparition tardive d’un organe, qui paraît d’une si haute importance pour la vie de l’indi- vidu, et ce serait se refuser à l'évidence des faits que de prétendre que tous les observateurs se sont trompés également sur ce point. Je reviendrai encore sur ce sujet , qui paraît capital tant pour la zoologie systématique que pour les analogies qu'on doit recher- cher entre les différents embranchements du règne animal, et sur lesquelles M. Milne Edwards a déjà insisté avec beaucoup de justesse. Ce qu'il importe de faire remarquer, c'est que même les larves sont dépourvues de cœur et de circulation , ce qui ne les empêche pas de mener une vie très active. On les voit rarement en repos; conservées dans un bocal ou dans une mare artificielle, on les voit former un nuage qui s’élève du fond de l’eau vers la surface , en se tenant de préférence du côté de la lumière. Les roues sont alors dans une agitation continuelle , et l’on rencontrerait rare- DES MOLLUSQUES GASTÉROPODES. s1 ment une larve dans les premiers jours après l’éclosion qui n’eût pas l'estomac rempli de Navicelles et d’autres animaux infusoires dont elle se nourrit. Or, malgré cette vie active, malgré une nourriture abondante, ces larves sont dépourvues de cœur; celles que j'avais rapportées vivantes à Paris ont été examinées avec soin par un grand nombre de savants et de micrographes exercés, qui tous ont dû convenir de l’absence d’un cœur. Si nous essayons maintenant d'établir une comparaison entre l’organisation de la larve parvenue au plus haut point de dévelop- pement que nous ayons pu observer, et l’organisation de l'animal adulte, il faudra d’abord reconnaître que la coquille avec l’oper- cule sont destinés à tomber et à laisser l’animal à nu, recouvert seulement d’une peau molle, sans concrétion calcaire, Cette ten- dance est déjà indiquée par la séparation du manteau d’avec la coquille. Mais, en faisant abstraction même de ces incrustations durcies, nous n’en remarquons pas moins des différences extrême- ment importantes qui doivent être signalées. L’Actéon adulte a deux tentacules enroulés comme une feuille de papier. La larve porte presque au même endroit ces énormes organes de locomotion que nous avons appelés les roues. Maïs on aurait tort de croire que les roues vont se transformer en tenta- cules. Elles sont, au contraire, des organes éminemment transi- toires, comme l’ont prouvé les recherches de MM. Lovén et Nord- mann. Les tentacules se forment seulement après le dépouillement de la coquille, indépendamment des roues , et celles-ci vont dis- paraître sans laisser de traces de leur existence. Le pied de l’Actéon adulte n’est point séparé du corps. C’est une masse charnue qui s'étend à la face inférieure du corps, et au-dessus de laquelle sont situés les principaux organes de la di- gestion, de la circulation, les centres nerveux et les glandes ac- cessoires du système de la génération. Dans la larve, au contraire, le pied est un organe très nettement distinct, formant une saillie très considérable et parfaitement séparée du sac dans lequel sont enfermés les viscères. Cette organisation est donc entièrement différente ; pour que le pied de la larve se transforme, par une série de phases successives, dans celui de l'animal adulte, il faudra 3° série. Zoo. T. VI. (Août 1846.) 2 6 * 82 VOGE. — SUR L'EMBRYOGÉNIE que le pied se soude par sa face operculaire au sac viscéral, et que la face antérieure, qui porte dans la larve l’épithélium vibra- tile, devienne la face inférieure sur laquelle rampe l'animal adulte. Cette transformation doit être combinée encore avec un allonge- ment considérable du pied en arrière, pour former ce qu’on à ap- pelé dans les derniers temps la rame de l’Actéon, Dans la larve, le sac viscéral est d’une grandeur démesurée , relativement aux autres organes ; dans l’Actéon adulte, au contraire, toute la moitié postérieure du corps est formée par un appendice foliacé dans lequel sont cachés surtout les organes préparateurs des produits génésiques qui dans la larve ne sont pas encore développés, ainsi que les ramifications vertes du foie et de l'appareil gastro -vascu- laire. Or, je me tromperais fort, ou bien ce sont les accumulations opaques qui se trouvent vers la face operculaire du pied de la larve qui sont destinées à former plus tard les nombreux ovaires et testi- cules situés dans l’appendice foliacé de l'animal adulte. Si cela est vrai, comme tout me porte à le croire, la moitié postérieure du pied devra nécessairement, en s’allongeant et en s’élargissant considé- rablement, déborder le sac viscéral en arrière , et se transformer en appendice foliacé. Les organes internes doivent subir aussi des modifications très importantes. L'appareil buccal si compliqué de l’Actéon adulte , cette langue armée de dentelures cornées qui se trouve dans un appareil musculaire assez développé, ce foie ramifié à travers tout le corps que nous trouvons dans l'animal adulte, tout cela n'existe pas encore dans la larve qui est prête à se dépouiller de sa coquille; ces organes sont remplacés par un æsophage sans armure aucune, par un foie non ramifié,, formant une, seule masse creuse dans son intérieur. L'observation des larves de lAc- téon ne nous a rien appris sur la formation de la masse: buccale , mais je dois dire ici que j'ai pu faire sur ce point, dans les lar- ves d’une espèce de Doris, des observations qui tendent à démon- trer-que la langue se développe dans l’intérieur même de, cette grande cavité que nous avons désignée sous le nom d’estomac. IL parait qu'il se forme un diverticule dans la paroi latérale de cet organe , et que ce diverticule se développe petit à petit en DÉS MOLLUSQUES GASIÉROPODES. 83 formant à la fin un sac musculaire dans lequel est située la langue. Les observations qui précèdent contiennent plusieurs faits qui nous semblent propres à éclaircir quelques points du développe- ment des tissus, sur lesquels il existait encore des doutes parmi les observateurs. Nous avons vu quele vitellus en entier se transforme en embryon, qu'il n’y a pas dans le mollusque une distinction à faire entre la partie embryonnaire et un sac vitellaire. Nous avons vu aussi que le fractionnement est complet ; que les sphères ré- sultant du fractionnement sont toutes indépendantes les unes des autres, et se transforment peu à peu dans les éléments des tissus qui constituent l’embryon. Les observations que nous avons exposées démontrent le mode de transformation par lequel les sphères vitellaires , d’abord dépourvues d’enveloppes propres, se changent en cellules ayant toutes des noyaux distincts et des membranes cellulaires très reconnaissables. Nous avons déjà fait observer que ce mode de formation des cellules s'accorde entièrement avec les observations que nous avons faites précédem- ment sur le Crapaud accoucheur, et qui depuis ont été confir- mées par M. Kælliker, dans ses travaux sur le développement des Entozoaires et des Céphalopodes. Par contre , nos observa- tions ne s'accordent pas du tout avec la formule proposée par MM. Schleiden et Schwann surtout, et soutenue depuis par M. Rei- chert. Nos observations prouvent que tous les tissus de l'embryon des Actéons, sans exception, naissent de cellules, et de cellules parfaitement caractérisées ; elles prouvent en même temps que toutes ces cellules, sans exception, se forment d’une manière qui ne peut s’accorder avec la théorie de M. Schwann. Si nos observations confirment la transformation immédiate des sphères de fractionnement en cellules embryonnaires , elles contredisent en même temps d’une manière formelle la prétendue multiplication des cellules par développement endogène, On a dit, en effet, que les cellules animales ne se multipliaient jamais autrement que dans des cellules-mères , qui leur servaient d’abord d’enveloppe; que les noyaux qui se formaient en premier lieu servaient de centre à la formation des jeunes cellules. Ce mode de multiplication des cellules , si toutefois il existe dans la 8h VOGT. — SUR L'EMBRYOGÉNIE nature, ce qui ne me parait rien moins que prouvé , est dans tous les cas inapplicable au développement des tissus de l’Actéon. Je n'y ai jamais vu de cellules emboîtées les unes dans les autres. J'ai constamment trouvé des noyaux transparents dans les sphères de fractionnement ; mais je me refuse à croire, avec M. Kælliker et plusieurs autres observateurs , que la multiplica- tion de ces noyaux précède la multiplication des sphères, que ces noyaux servent de centres d'attraction, autour desquels viendraient se grouper les éléments vitellaires pour former ainsi les sphères. J'ai rapporté plus haut une observation relative aux vitellus en biscuit qui n’ont qu’un seul noyau transparent. Il est évident que, dans ce cas, le groupement sphérique des éléments vitellaires à précédé la formation d’un noyau dans son centre. Il faudrait ad- mettre une erreur positive dans l'observation , pour récuser ce résultat, qui prouve , à mon avis, que la préexistence d’un noyau central n’est pas la condition absolue du groupement sphérique des éléments vitellaires. En suivant d’un œil attentif les phases successives que parcou- rent les organes pendant le développement embryonnaire, on doit se demander dans quelle direction se fait ce développement , et de quelle manière les formes déterminées se constituent dans une matière d’abord homogène et sans aucune forme définie. Or, nos observations démontrent qu'il ne peut être question , dans le dé- veloppement du Gastéropode que nous avons examiné , d’une di- rection constante de développement ni du centre vers la périphé- rie, ni de la périphérie vers le centre, et que, bien au contraire, la nature travaille, pour ainsi dire , à la manière d’un statuaire qui fait d’abord des ébauches grossières, sauf à les finir plus tard dans tous leurs détails. C’est la différenciation continuelle qui pré- side au développement embryonnique qui seinde d’abord le vi- tellus uniforme en une masse centrale et une couche périphérique, et qui, plus tard, transforme chacune de ces masses en autant d'organes que l’embryon doit en posséder. On ne peut donc pas dire que le développement des organes marche du centre vers la pé- riphérie, ou de la périphérie vers le centre ; le développement est continuel sur tous les points , répandu partout dans le corps em- DES MOLLUSQUES GASTÉROPODES. 89 bryonnaire, faisant naître les organes dans des moments détermi- nés, mais par une longue suite de transformations insensibles , dont il est impossible de saisir le point de départ. Dans tous les organes que nous avons décrits, il serait impos- sible de noter avec précision le moment où ils se sont montrés ; des ébauches mal définies, vagues dans leurs contours , indéter- . minées quant à leur structure interne, précèdent la formation de ces organes, et il serait impossible de dire où finit l’ébauche et où commence la forme définie de l’organe. CONCLUSIONS. 1° L’œuf de l’Actéon se compose , immédiatement après la ponte, d’une membrane coquillière contenant un fluide albumi- neux lransparent, dans lequel nage le globe vitellaire. Le vitellus est dépourvu d’une membrane vitellaire particulière ; dans son centre se trouve un noyau vésiculaire rempli d’un fluide trans- parent. 2 Le fractionnement du vitellus commence immédiatement après la ponte. Il progresse par une série géométrique. 3° Les sphères vitellaires résultant du fractionnement sont dépourvues d’enveloppes membraneuses particulières. Elles ont toutes un noyau transparent et central, semblable à celui qui se trouvait dans le vitellus tout entier. l° La multiplication des noyaux transparents est la conséquence etnon pas la cause du fractionnement vitellaire. 5° Le fractionnement présente dans l’Actéon des particularités remarquables, À partir du fractionnement en huit sphères, il se forme deux séries de sphères, les unes opaques et grenues, les autres transparentes, 6° Les sphères opaques forment les parties centrales de l’em- bryon; les sphères transparentes sont destinées aux organes péri- phériques. 7° Les sphères résultant du fractionnement s’entourent de mem- branes propres, à partir du fractionnement en vingt-quatre sphères. Les sphères deviennent alors de véritables cellules. 86 TT voGr. — SUR L'EMBRYOGÉNIE 8° La théorie de MM. Schleiden et Schwann n'est nullement applicable à la formation des cellules qui composent les tissus de l’embryon des Actéons, 9° La multiplication des cellules par génération endogène n'existe pas dans l'embryon des Actéons. On ne trouve jamais de jeunes cellules emboîtées dans une cellule-mère. 10° Le vitellus tout entier se transforme en embryon; tous les tissus embryonnaires sont formés par des cellules, 11° L’embryon est constitué du moment que les cellules péri- phériques ont complétement englobé les cellules centrales. 12° Les organes de l’embryon se forment dans l’ordre appa- rent de succession suivant : les organes rotatoires et le pied ; les otolithes et les vésicules auditives; la coquille, le manteau et l'o- percule ; le foie et l'intestin. 13° Tout le développement embryonnaire se fait sans le con- cours d’un cœur et de vaisseaux. 14° Tous les organes de l’embryon se forment par différencia- tion de la masse embryonnaire d’abord informe. 15° Toutes les cavités, sans exception, se forment. par écarte- ment des cellules embryonnaires, réunies d’abord en masses so- lides. 16° Il n'existe ni développement concentrique ni développement centripète; la succession des phases embryonniques n'indique au- cune direction constante, ni dans la formation de l’ensemble, ni dans celle des organes en particulier, 17° Les Actéons parcourent une série de métamorphoses, par lesquelles ils passent de l’état de Mollusques conchyfères à celui de Mollusquesnus; ils vivent pendant quelque temps sous forme d’une larve fort différente de l'animal adulte. DES MOLLUSQUES GASTÉROPODES. 87 EXPLICATION DES FIGURES Signes conventionnels a, coque de l'œuf. m',capuchon de la coquille b, vitellus. n, opercule. c, tache transparente du vitellus. o, bourrelet du manteau d, sphères et cellules centrales. p, foie. e, sphères et cellules périphériques. g, anus. , noyaux transparents des sphères et +, estomac. des cellules. s, Intestin. g, fente mamelonnaire. t, œsophage. h, organes rotatoires. u, muscle suspenseur. i, pied. v, brides musculaires. k, vésicule auditive et otolithe. æ, bouche. l, partie ventrale de l'embryon. y, pigment noir du bourrelet du man- m, coquille. teau. PLANCHE 1, Fig. 4. Un cordon d'œufs en spirale, de grandeur naturelle , fixé sur une petite pierre. Fig. 2. L'extrémité d'un cordon d'œufs, grossi vingt fois, cinq heures après la ponte ; tous les vitellus ont commencé à se fractionner en quatre parties. On remarque à l'extrémité du cordon plusieurs coques vides, dans lesquelles il n'y a pas de vitellus. Fig. 3. L'œuf au moment de la ponte; le vitellus est parfaitement circulaire. On remarque vers l’un de ses bords la vésicule transparente, qui, quelquefois aussi, occupe le centre du globe vitellaire. Fig. 4. — Une heure après la ponte. — Le vitellus en voie de fractionnement. Il a la forme d'une mandoline ; une des parties présente un noyau transparent, qui ne s'est pas encore formé dans l'autre partie. Fig. 5.— Deux heures après la ponte. — Le vitellus est séparé en deux sphères, dont chacune possède un noyau central transparent. Fig. 6. — Quatre heures après la ponte. — Le vitellus fractionné en quatre parties. Fig. 7. — Dix heures après la ponte. — Le vitellus fractionné en huit sphères, quatre grandes et quatre petites. Ce vitellus est tourné de manière à montrer les petites sphères de profil. Fig. 8. Le même vitellus, vu de face, où l'on observe les quatre petites sphères placées en alternance avec les grandes sphères. Fig. 9. —Vingt-quatre heures après la ponte. Commencement du second jour. —- 88 VOGT. — SUR L'EMBRYOGÉNIE Fractionnement en vingt parties. Les sphères grenues ou centrales occupent encore la plus grande partie du vitellus ; tandis que les petites sphères trans- parentes ou périphériques paraissent faire hernie entre les sphères opaques. Fig. 10. Vitellus de la même époque, désagrégé par l’action de l'eau; toutes les cellules sont gonflées par l'absorption de ce liquice. On voit les noyaux trans- parents entourés par un précipité grenu et, à distance, par une large enve- loppe cellulaire. Fig. 41.— Trente-sis heures après la ponte Fin du second jour. — Les cellules périphériques se sont considérablement étendues ; elles débordent de tous les côtés les cellules centrales, au milieu desquelles on remarque une fente résul- tant de la compression exercée par les cellules périphériques. Fig. 12. — Commencement du troisième jour.— La fente est devenue bien plus considérable ; les cellules, tout en diminuant de grandeur, ont augmenté en nombre, et les cellules périphériques entourent déjà la masse centrale de plus de la moitié. PLANCHE 2. Fig. 13. — Fin du troisième jour. — La masse vitellaire a pris une forme irré- gulièrement trapézoïde; les cellules centrales forment un mamelon posé sur les cellules périphériques et englobé en partie par ces dernières ; une fente lon- gitudinale sépare ce mamelon en deux moitiés. . Fig. 14. Le même vitellus vu de trois quarts, pour montrer l'étendue que pos- sède la couche périphérique. Fig. 45 et 16. — Commencement du quetrième jour. — Premier rudiment de l'embryon. Le vitellus a la forme d'une poire étranglée à son milieu ; la couche périphérique forme un sac épais, entourant de toutes parts une masse centrale homogène. La fente mamelonnaire est considérablement réduite ; une opposi- tion s'est formée entre la partie céphalique et la partie ventrale de l'embryon ; les premiers vestiges des roues et du pied sont indiqués. — La fig. 15 montre l'embryon posé sur son extrémité ventrale; la figure 46 le montre de profil. Fig. 17. Cellules élémentaires de l'embryon de la figure précédente. Fig 48 et 49.— Midi du quatrième jour. — L'embryon est un peu plus avancé ; les masses centrales commencent à se différencier, a former des agglomérations qui se rangent des deux côtés de la ligne médiane. Fig. 20 et 24.— Fin du quatrième jour.— Les différentes parties de l'embryon sont encore mieux dessinées; la distinction entre la partie céphalique et la partie abdominale est tranchée ; les vésicules auditives, ou plutôt les otolithes, commencent à se former; la masse centrale de la partie abdominale se scinde en deux moitiés. — La figure 20 montre l'embryon de profil; la figure 21, d'en haut, vu perpendiculairement sur la fente mamelonnaire , le pied et les organes rotatoires. Fig. 22.— Cinquième jour Vue de profil d'un embryon dans lequel la coquille né hs a É DES MOLLUSQUES GASTÉROPODES. 89 a la forme d'un godet embrassant la moitié postérieure de la partie abdomi- nale. L'étranglement entre les pieds et la partie ventrale a augmenté ; l'otolithe se montre au centre de l’agglomération dans laquelle il se forme. La couche périphérique passe par dessus la fente mamelonnaire, sans y prendre part. Fig. 23. Le même embryon, quelques heures plus tard dans la même journée, et vu de la face dorsale, pour montrer la séparation médiane des agglomérations internes, et l'accroissement de la coquille qui enferme toute la partie abdomi - ‘ nale de l'embryon. Fig: 24. Le même embryon, dans la position de celui de la figure 21. Le pied est plus allongé et plus distinct: les roues sont séparées davantage comme or- ganes particuliers. Fig. 25. — Sixième jour. — L'embryon vu de profil, au moment où il se pré- pare à rentrer dans la coquille. Les roues sont plissées et les cirrhes contrac- tés, dé manière à former une espèce de cul d’artichaut. A la face inférieure du pied se montre un opercule devançant en pointe l'extrémité du pied ; un épi- thélium vibratile s’est développé sur la face supérieure de ce dernier. L'oto- lithe est entouré d'une vésicuie transparente ; la coquille a augmenté considé- rablement, en prenant une forme nautiloïde. Le foie, l'intestin, le muscle suspenseur de ce dernier, la cavité générale de l'abdomen, se sont différenciés les uns des autres; des brides transversales parcourent la cavité générale , en allant du manteau vers la masse intestinale. PLANCHE 3. Fig. 26. Le même embryon s'enfonçant davantage dans la coquille. Fig. 27. L'embryon vu dans la même position que dans les figures 21 et 24. On peut juger maintenant du progrès qu'a fait le développement des roues et du pied. Fig. 28. Un embryon vu du côté dorsal, pour montrer la disposition du bourrelet du manteau, des brides musculaires, de l'intestin et du muscle suspenseur de ce dernier. Fig. 29. — Septième jour. — Un embryon, presque entièrement retiré dans la coquille, s'apprête à s'élancer ; il a ouvert un peu l'opercule et allonge les cirrhes, comme pour lâter au dehors. Les intestins sont entièrement contractés et pressés les uns contre les autres. On ne distingue bien clairement que le foie et l'estomac. Fig. 30. Un embryon nageant, et sur le point de se retirer dans sa coquille. Le pied est extrêmement gonflé, les intestins en expansion complète, de sorte que l’on voit très bien l'insertion de l'œsophage dans l'estomac, et la commu- nication de l'intestin avec ce dernier. Fig. 31. — Huitième jour. — Un embryon vu de la face ventrale, pour montrer les rapports entre le pied, le foie, l'estomac, l'intestin, l'anus et la coquille 90 vogr.— SUR L'EMBRYOGÉNIE DES MOLLUSQUES GASTÉROPODES. Fig. 32. Un embryon, vu de profil, qui vient de contracter ses roues; tous les autres organes sont en pleine expansion. Fig. 33. — Neuvième jour. Éclosion. — Une larve, vue du côté droit, dans la- quelle on voit parfaitement tout le trajet du tube intestinal et les rapports des viscères avec la cavité générale de l'abdomen. Fig. 34. Une larve retirée dans sa coquille, et vue de la face ventrale. On y re- marque surtout l'étendue de l'opercule, les agglomérations du pied, et lesrap- ports entre le foie et l'estomac. Fig. 35. — Treizième jour, — Une larve, vue de pdf il, qui s'est entièrement retirée dans sa coquille ; tous les viscères sont confondus ensemble. On re- marque vers l’un des bords du pied une tache verte. PLANCHE /. Fig. 36. La même larve, vue de la face ventrale. Fig. 37. — Quinzième jour. — Une larve, vue de la face dorsale , montrant l'é- tendue de la coquille, la position des organes auditifs des deux côtés de l'æso- phage, tout le trajet intestinal, et la disposition du muscle suspenseur de l'in- testin. Fig. 38. Une larve dépouillée de sa coquille par des pressions réitérées , et vue de la face ventrale. Cette larve montre une paire symétrique de taches vertes dans le pied, et deux otolithes dans la vésicule auditive gauche, anomalie que je n'ai observée qu'une seule fois. Fig. 39 et 40. — Dix-huitième jour. — La même larve vue de profil, mais dans des positions différentes. Dans la figure 40, l'embryon est sorti entièrement de la coquille, tandis que, das la figure 39, l'intestin, replié sur lui-même, glisse derrière le bord du manteau, pendant que la partie céphalique se retire dans la coquille. Fig. 41, — Vingtième au trentième jour, — Une larve nageant , et prête à se dépouiller de-sa coquille. out le manteau s’est séparé de cette dernière, et forme un sac étroit qui entoure les viscères. Fig. 42. Une larve vue de la face dorsale, pour montrer l'étendue du pigment noir déposé sur le bourrelet du manteau. On voit l'entonnoir buccal par transpa- rence, au-dessous de la vésicule auditive gauche. Fig. 43. Une larve vue de trois quarts, par le dos, pour montrer le trajet du canal intestinal et les rapports de l'intestin avec le sac qui l'entoure. Fig. #4. Esquisse de l'intestin vu du côté du dos, et isolé des parties environ: nantes. M NOTE SUR LE DÉVELOPPEMENT DES TISSUS CHEZ LES BATRACIENS (1); Par M. KHŒLLIKER, (Présentée à l'Académie des Sciences le 13 juillet 1846.) 1. Le développement de l'œuf des Batraciens (Rana, Triton , Bufo, Bombinator) commence avec le sillonnement du vitellus, connu depuis longtemps, quant à ses formes extérieures, par les travaux de Prévost, Rusconi , de Baër et autres. La cause interne de ces curieuses métamorphoses est, comme je l’ai démontré ailleurs, la formation, dans l’intérieur du vitellus, de généra- tions de noyaux qui, en servant de centres d'attraction, déter- minent la division du vitellus en- globules toujours plus petits. Le premier noyau, qui est une vésicule remplie d’un liquide clair et contenant une molécule, apparaît peu de temps après la fécondation et la disparition de la vésicule germinative qui en est immanquablement la suite ; il se forme indépendamment des taches germinatives , et détermine la formation d’un premier globule de division. Peu de temps après, deux nouveaux noyaux se développent dans l’intérieur du premier , et l’on voit alors le premier globule se partager en deux, dès que cette nouvelle génération de noyaux est devenue libre par la résorption du premier. Puis ces noyaux en forment eux-mêmes chacun deux autres dans leur intérieur ; ceux-ci, devenus libres, détermi- nent une nouvelle segmentation du vitellus ; de telle sorte que l’on voit une génération de noyaux faire place à une autre plus nombreuse , et déterminer une division toujours plus grande de la masse vitelline, Quand, à la fin, ces globules à noyaux se sont formés en grand nombre, ils se métamorphosent en cellules en ac- quérant une enveloppe extérieure, ce qui a lieu presque en même temps que l’on apercoit les premiers vestiges de l'embryon. Poutes les cellules formées par la métamorphose des globules de (4) Les remarques suivantes sont un résumé d'observations qui seront publiées plus tard en détail 92 KŒLLIKER. — DÉVELOPPEMENT DES TISSUS division se distinguent parce qu’elles sont remplies des mêmes globules graisseux qui se trouvent dans le vitellus au moment de la fécondation ; je les nommerai, d’après M. Ch. Vogt (em- bryogénie des Saumons), cellules embryonnaires ou cellules pri- mitives (cellules grgano-plastiques de MM. Prévost et Lebert). 2. Les cellules de la corde dorsale ne se développent pas par l'agrandissement des noyaux des cellules embryonnaires qui forment le premier rudiment de cet organe , comme le prétendent MM. Prévost et Lebert, mais bien par un simple agrandissement de ces cellules. À mesure qu’elles croissent, elles perdent les glo- bules graisseux qui les remplissaient au commencement ; leurs noyaux s’agrandissent aussi, et, à la fin, on les trouve métamor- phosés en de grandes vessies remplies d’un liquide transparent sans granules , et contenant sans exception un noyau attaché à la paroi interne de la membrane cellulaire, et pourvu d’un grand nucléolule, — La gaine de la corde dorsale paraît se former par une sécrétion des cellules qui composent cet organe. 3. Les premières cellules de cartilage des larves des Batra- ciens ne sont autre chose que des cellules embryonnaires , comme l'a démontré M. Ch. Vogt dans son Embryologie de l’Ælytes obstetricans. Le développement ultérieur de ces cellules est le même que chez les cellules de la corde, c’est-à-dire que les cellules grandissent en perdant en même temps leur contenu graisseux, et forment à la fin un tissu de grandes cellules polygonales , très régulières, à membranes assez délicates, dont chacune contient un ou deux noyaux à nucléolules creux très apparents. Plus tard, l’on voit se former plusieurs générations de jeunes cellules dans l’intérieur de ces premières cellules de cartilage , dont les parois, en se soudant à celles de leurs cellules-mères, servent à consolider ces dernières , en sorte que les cellules de cartilage des larves plus avancées ont les membranes de plus en plus épaisses. L’accrois- sement des cartilages primitifs ne paraît tenir qu’à ces formations endogènes de cellules, qui, en s’agrandissant toujours avant de former elles-mêmes de jeunes cellules, doivent nécessairement déterminer un volume toujours plus grand de leur cartilage. Les carlilages des extrémités se développent parfaitement de la même CHEZ LES BATRACIENS. 93 manière que les cartilages du crâne : seulement , il est à remar- quer que les cellules qui les forment au moment de leur appari- tion ne contiennent point de globules graisseux. k. Les premiers globules sanguins ne sont autre chose que des cellules embryonnaires , identiques avec celles de tous les autres tissus. Bientôt ces cellules commencent à perdre leurs granules graisseux un à un, en acquérant en même temps une légère teinte jaunâtre , et alors elles manifestent ouvertement ce qu’elles deviendront plus tard. Leur transformation en vrais globules du sang s'opère par la résorption de tout le contenu graisseux , et par une coloration plus intense du liquide intérieur, tandis que leur forme , de ronde qu’elle était, devient allongée , et leurs noyaux plus apparents. Les globules sanguins primitifs se forment dans le cœur et dans les grands vaisseaux , et ne sont autre chose que les cellules centrales des premières ébauches de ces organes, Peu de temps après la disparition des branchies externes, on trouve dans le sang, chez les larves de Grenouilles, des globules lymphatiques incolores qui ont parfaitement le même aspect que les globules lymphatiques des animaux adultes, et se transfor- ment de la même manière en globules sanguins. 5. Les faisceaux primitifs des muscles du tronc et de la tête se forment de cellules embryonnaires, ceux des muscles des extrémités de cellules sans contenu graisseux. Ces cellules, en se rangeant en séries linéaires l’une à la suite de l’autre , se soudent en un tube dont la membrane est formée par les parois des cellules, le con- tenu par leurs noyaux , leurs globules et leur contenu liquide. Les fibres musculaires primitives se développent par une métamor- phose de ce contenu, soit tout alentour à la face interne de la membrane du tube (muscles des extrémités des larves de la Gre- nouille ; muscles des Tritons) , soit seulement d’un côté (muscles du troncet de la tête de la Grenouille) ; dans le premier cas, des noyaux des cellules, qui persistent très longtemps, se trouvent dans le centre du faisceau des fibres primitives ; dans le dernier, ils se trouvent à l’extérieur de celui-ci, entre sa superficie et la membrane du tube. — La membrane qui entoure les faisceaux primitifs des muscles, dont le développement vient d’être décrit , 9 KŒLLIKER, — DÉVELOPPEMENT DES TISSUS et ses noyaux, ne sont autre chose que le sarcolemma et les noyaux qui ont été décrits chez les muscles des adultes. 6. Vaisseaux sanguins. — Chez tous les Batraciens, mais principalement chez les Tritons et Bombinator, la formation des vaisseaux de la queue est assez facile à observer ; néanmoins les observations de Schwann, celles de Prévost et Lebert et celles de Platner, ont donné des résultats tout-à-fait différents. D’après mes recherches , tous les vaisseaux de la queue des larves des Batraciens ont originairement les caractères microscopiques des plus fins capillaires , c’est-à-dire qu’ils possèdent une mem- brane délicate parfaitement homogène, avec des noyaux accolés cà et là à sa face interne. Je n’ai pu suivre la manière dont se forment les premiers rudiments du grand tronc artériel et du tronc veineux, qui longent la face inférieure de la colonne verté- brale, que l’on peut nommer artère et veine caudale, parce qu’au moment de leur première apparition les tissus des larves sont trop opaques pour permettre une observation exacte ; mais j'ai remar- qué que ces deux troncs, qui aboutissent directement l’un à l’autre par une anse simple, s’allongent en arrière, à mesure que la queue des larves s'accroît, en poussant des prolongements qui, en se joignant à des cellules embryonnaires rondes, accumulées au- tour de l’extrémité postérieure de la corde dorsale, se soudent avec elles, de manière à ne former qu'une seule cavité. Les prémiers vaisseaux latéraux de la queue , qui ont la forme de simples arcs allant de l'artère à la veine, se forment par une jonction de pro- longeinents de l'artère et de la veine caudale avec certaines cellules allongées ou étoilées de la substance de la queue. Dès que ces arcs sont formés et perméables au sang, de nouveaux prolongements en partent, se mettent en contact avec de nou- velles cellules ramifiées, et forment avec elles des ares secon- daires. De cette manière, le réseau capillaire s'étend toujours plus loin à mesure que la queue s’élargit et s’allonge, et devient en même temps plus épais par la formation de nouveaux vaisseaux entre ses mailles primitives ; ces vaisseaux naissent soit de deux prolongements venant de deux vaisseaux voisins pour se souder entre eux, soit de prolongements semblables qui se joignent à des es CUEZ LES: BATRACIENS. 95 cellules ramifiées , identiques avec celles qui servent à former les arcs primitifs. Voilà brièvement le résultat de mes recherches ; il ne me reste que quelques mots à dire sur les cellules mention- nées, sur la manière dont les prolongements des vaisseaux se for- ment , et sur l'aspect du réseau capillaire primitif. Les cellules étoilées ou allongées qui servent à la formation des capillaires font partie des cellules étoilées si nombreuses dont Schwann fait déja mention en parlant de la formation des capil- laires dans la queue des larves de Batraciens. Ces cellules étoilées se forment par une métamorphose des cellules embryonnaires , et sont de nature très différente. Les unes, pourvues de beaucoupde prolongements, à l'instar des cellules à pigment noir ou jaune qui se trouvent à côté d'elles, ne se transforment jamais en vaisseaux, mais se trouvent chez les larves de tout âge; les autres, plus simples, en général pourvues seulement de deux à cinq prolonge- ments, servent à former les vaisseaux, et prennent aussi part au développement des nerfs et des vaisseaux lymphatiques , comme il sera exposé plus tard. Il est assez facile de distinguer ces deux classes de cellules étoilées ; mais pour ce qui regarde les varia- tions de la seconde classe, je n'ose prétendre être à même de les distinguer dans tous les cas les unes des autres, quoique leur aspect soit quelquefois assez caractéristique. Les prolongements des vaisseaux de la queue se forment de la manière suivante : premièrement, on apercoit un petit bourrelet conique, provenant d'un accroissement latéral de la membrane d’un vaisseau capillaire. Bientôt ce bourrelet s’allonge en forme de pointe, s’accroît de plus en plus en se courbant parfois dans un sens ou dans un autre, et forme un prolongement plus ou moins long , et généralement de très peu d'épaisseur , souvent même aussi mince qu'une fibrille du tissu fibreux. Au commencement , ce prolongement est parfaitement solide ; mais peu à peu, surtout après sa jonction , soit à une cellule étoilée , soit à un autre pro- longement ou à un vaisseau déjà perméable au sang , on le voit dévenir plus large : alors une cavité se développe dans son inté- rieur : cette cavité, en s’avançcant toujours depuis le vaisseau dont il a tiré son origine, et depuis la cellule à laquelle.il s’est 96 KŒLLIKER. — DÉVELOPPEMENT DES TISSUS soudé, ne tarde pas à le rendre creux dans toute sa longueur, perméable au liquide, et bientôt aussi aux globules du sang, L'aspect des vaisseaux capillaires est très remarquable , dès leur formation, par la grande inégalité du diamètre de leurs cavités ; celles-ci sont larges, là où se trouvent les corps des cel- lules qui ont pris part à la formation des vaisseaux, et très étroites dans les parties formées par les prolongements des cellules ou des vaisseaux. Peu à peu cette inégalité s’efface par l’accroissement des prolongements, et en même temps des courants de sang réguliers s’établissent, Quant à la structure des capillaires, il est évident, et prouvé par mes observations, que leur membrane est formée par la jonction des membranes des cellules étoilées , et que les noyaux attachés à la face interne de cette membrane ne sont autre chose que les noyaux de ces cellules, Les prolonge- ments qui naissent des vaisseaux déjà formés doivent être mis sur une même ligne avec les prolongements des cellules étoilées , et prouvent que les membranes de ces cellules ne perdent pas la faculté de s’accroître et de se prolonger, même après leur trans- formation en vaisseaux. Enfin, j'attirerai encore l'attention sur une preuve non équi- voque de la justesse de cet exposé du développement des vais- seaux sanguins capillaires, c’est-à-dire sur ce fait, que les premiers vaisseaux latéraux qui se forment chez les larves de la Grenouille possèdent tous, là où se trouvent leurs noyaux et les élargisse- ments que j'ai signalés comme les corps de leurs cellules primi- tives, une accumulation des mêmes globules graisseux qui se rencontrent dans toutes les cellules embryonnaires. Plus tard, ces globules sont résorbés, et laissent les vaisseaux parfaitement libres pour le passage du sang. Le cœur n’est originairement qu'un amas compacte de cellules embryonnaires sans aucune cavité. Plus tard , il se forme dans son intérieur un liquide dans lequel les cellules centrales na- gent ; en même temps l’on remarque les premières pulsations. Alors le liquide contenu dans sa cavité se change en sang par la métamorphose des cellules qu’il contient ; la cavité elle-même se met en contact avec les cavités des grands vaisseaux , et les cel- CHEZ LES BATRACIENS. 97 lules qui forment ses parois se transforment en fibres musculaires et fibreuses , ét en un épitélium. — Quant aux grands troncs des vaisseaux , il m'a été impossible de suivre leur développement pas à pas, comme celui du cœur ; pourtant j'ai vu que l'aorte et les veines caves et pulmonaires ne consistent au commencement que dans un amas de cellules identiques avec celles qui forment la première ébauche du cœur, et que plus lard ces cellules se transforment en fibres longitudinales et transversales. Les autres vaisseaux d’un diamètre moins grand, à l’exception de ceux de la queue, qui ont tous la structure des capillaires , paraissent, d’après mes observations, se former, les uns, de la même manière que le cœur, et ne consister primitivement que dans un cordon de cellules plus ou moins épais, qui se transforme en un tube par la sécrétion d’un liquide dans son intérieur ; les autres se développent évidemment par des séries simples ou doubles de cellules rondes, dont les parois se soudent tellement entre elles, qu’elles ne forment qu’un seul canal , composé d’une membrane homogène avec des noyaux de cellules épars. 7. Vaisseaux lymphatiques. — Je viens de découvrir les vais- seaux lymphatiques dans la queue des larves des Batraciens (Rana, Bufo, Bombinator et Triton), découverte d'autant plus intéressante , que les vaisseaux lymphatiques n’ont encore été vus etétudiés avecle microscope chez aucun animal durant sa vie. Mes observations m'ont mis à même de fixer beaucoup de points jusqu à présent complétement douteux ou inconnus touchant l’a- natomie et la physiologie de ces vaisseaux, savoir : la manière dont ils commencent dans les tissus des organes; leurs relations avec les vaisseaux sanguins ; la structure de leurs ramifications les plus fines que j'appellerai capillaires; leur développement ; la nature et le mouvement de leur contenu et leur contractilité. Les vaisseaux lymphatiques mentionnés sont situés dans le même plan que les vaisseaux sanguins , et se croisent en divers sens avec eux. Ils consistent : 1° en deux grands troncs longitu- dinaux, dont l’un (tronc lymphatique caudal inférieur) est situé entre et dessous l’artère et la veine caudale, l’autre (tronc lym- phatique caudal supérieur) entre les muscles dorsaux, vers leur 3° série. Zool. T. VI. (Août 1846.) 3 7 98 KŒLLIKER. — DÉVELOPPEMENT DES TISSUS bord supérieur ; 2° en une grande quantité de rameaux qui, en partant des deux troncs longitudinaux , s’enfoncent dans la partie supérieure et inférieure de la queue. Ces derniers, dont le nombre surpasse quelque peu le nombre des artères, se ramifient en forme d’arbrisseaux , et pénètrent aussi loin que les vaisseaux sanguins en différant essentiellement de ceux-ci par la rareté ou le manque total d’anastomoses entre eux, et par leurs terminai- sons en ramuscules pointus, tant soit peu ramifiés et d’un dia- mètre moindre que celui des plus fins capillaires. Tous ces vais- seaux lymphatiques, dont le diamètre égale plus ou moins celui des vaisseaux sanguins (1), ont essentiellement la même structure que ceux-ci, c’est-à-dire qu’ils sont formés d’une membrane homo- gène, à la face interne de laquelle sont accolés cà et là des noyaux aplatis; seulement cette membrane est beaucoup plus mince. Quant à leur forme, ils diffèrent notablement des vaisseaux san- guins par leurs nombreuses ondulations, par une grande quantité de sinuosités ou de vrais prolongements extérieurs et plus ou moins pointus de leur membrane , et par de fines granulations accu- mulées dans leur intérieur autour des noyaux. Cette différence est surtout très remarquable chez les larves moins avancées , et rend la distinction de leurs vaisseaux lymphatiques très facile ; plus tard, ces vaisseaux s’approchent plus des vaisseaux sanguins ; pourtant leur membrane garde toujours certaines rugosités et inégalités à sa surface , et n’acquiert jamais la surface lisse que possèdent les vaisseaux sanguins, même les plus jeunes. En outre , la distribution particulière des rameaux de second et troi- sième ordre , qui partent presque toujours à angle droit, et pos- sèdent une direction presque rectiligne, est un bon moyen pour reconnaître les lymphatiques. -— Je remarquerai encore, comme un point digne d'intérêt , qu'aucun des vaisseaux lymphatiques (1) Chez une larve de Grenouille, qui a perdu ses branchies externes depuis huit jours, le tronc lymphatique caudal inférieur mesure 0,012—0.045//, les rameaux qui en partent 0,006—0,012//”, l'artère caudale 0,016//, les rameaux qui en sortent 0,0045—0,012//. Chez les larves de Triton, de Bombinator et sur- tout de Bufo, le diamètre des vaisseaux lymphatiques est de beaucoup inférieur à celui des vaisseaux sanguins. CHEZ LES BATRACIENS. Lo de la queue des larves de Batraciens , pas même les troncs longi- tudinaux , ne possèdent de valvules dans leur intérieur, Le contenu de ces lymphatiques est limpide, clair comme de l’eau , et presque dépourvu de globules lymphatiques; au moins je n’en ai pas apercu plus de trois ou quatre durant de nombreuses observations, faites du vivant des larves. Outre ces globules, l’on trouve encore , mais aussi /rès rarement, de fins granules poncti- formes. Ces quelques observations m'ont mis à même d’étudier le mouvement de la lymphe , qui est très lent (à peu près douze fois plus lent que celui du sang dans les capillaires), mais con- tinu. La contractilité des capillaires lymphatiques peut être comparée à celle des capillaires sanguins , sans être pourtant aussi énergi- que. Comme ceux-ci, ils ne se contractent pas visiblement durant la vie, mais paraissent garder toujours à peu près le même dia- mètre ; seulement, après la mort des larves, on apercoit un rétré- cissement de leurs cavités qui, sans être aussi considérable que celui qui affecte en même temps les capillaires sanguins, dure -quelque temps, et fait enfin place à un nouvel élargissement, Le développement des vaisseaux lymphatiques décrits se fait par- faitement de la même manière que celui des vaisseaux sanguins ca- pillaires, c’est-à-dire par la jonction de cellules ramifiées entre elles et presque en même temps avec ces derniers vaisseaux. Je n’entre- rai point ici dans une description minutieuse de mes observations ; mais je me bornerai à mentionner quelques points d’un plus grand intérêt. Les cellules ramifiées, qui servent à la formation des lym- phatiques, et que l'on pourrait nommer lymphatiques, se dévelop- pent par une métamorphose des cellules embryonnaires, et sont assez faciles à distinguer des autres cellules ramifiées de la queue des larves, puisqu'elles ont l’aspect des dernières ramifications des capillaires Iymphatiques. Comme les capillaires lymphatiques ne possèdent presque point d’anastomoses , leur mode de formation consiste principalement dans la production de prolongements venant des vaisseaux déjà formés (en première ligne des deux troncs longitudinaux), et s’unissant à des cellules ramifiées, tan- dis qu’il est très rare de voir deux prolongements se souder entre 100 RŒLLIKER. — DÉVELOPPEMENT DES TISSUS eux en un seul rameau, Je dirai encore que, chez des larves moins avancées, les cellules ramifiées qui servent à la formation des vais- seaux lymphatiques, contiennent sans exception, outre un noyau, une assez grande quantité de globules graisseux analogues à ceux des cellules embryonnaires, lesquels globules se trouvent aussi sans exception dans les vaisseaux lymphatiques des premiers temps, et prouvent, presque mieux que tout autre fait, l’origine de ces vaisseaux. Un point qui m’a coûté beaucoup de peine à déterminer est la relation des capillaires lymphatiques avec les capillaires sanguins. Comme la plupart des physiologistes modernes, je partais de l'opinion que ces deux espèces de vaisseaux n’ont aucune com- munication entre eux, et ne forment point d’anastomoses : opinion qui, au premier abord, parut être confirmée parfaitement par mes observations sur les larves de Batraciens , dont les lymphatiques finissaient tous en apparence par des terminaisons libres, closes et sans relation avec les capillaires sanguins ; mais en examinant ces vaisseaux chez beaucoup de larves, durant leur vie, je fus bien étonné de les voir traversés cà et là par des corpuscules sanguins, tout-à-fait développés quant à la forme et à la couleur, qui ne pou- vaient tirer leur origine de ces vaisseaux mêmes, puisque l’ob- servation la plus exacte les montrait presque exempts de globules lymphatiques, et ne laissait apercevoir aucune forme intermé- diaire entre les globules lymphatiques et sanguins. Ce fait prouvé, je me mis à la recherche de communications entre les vaisseaux capillaires lymphatiques et sanguins, communications qui, comme on le sait, ont été admises par plusieurs anatomistes, puisqu'ils ont vu passer des injections des artères dans les vaisseaux lym- phatiques , et je pus bientôt me convaincre qu'il existe en vérité de pareilles anastomoses. Dans plusieurs cas, je vis sur des larves tuées des communications des lymphatiques capillaires les plus fins avec les dernières mailles des vaisseaux sanguins, et il me fut même possible de voir sur des individus vivants le trajet des cor- puseules du sang des capillaires sanguins dans les lymphatiques. = Ces anastomoses sont probablement toutes pathologiques. Un exa- men attentif des larves vivantes, très pénible à cause de leur viva- CHEZ LES BATRACIENS. 101 cité, m'a démontré que ces anastomoses, de même que des glo- bules sanguins dans les lymphatiques, ne se trouvent jamais quand le courant du sang est régulier ; on ne les voit que quand la cir- culation devient tumultueuse au microscope, par les circonstances extérieures défavorables dans lesquelles les larves observées au microscope avec des grossissements considérables sont immanqua- blement placées. Alors des extravasations nombreuses se forment surtout dans les vaisseaux de l'extrémité postérieure et du bord supérieur et inférieur de la queue ; les vaisseaux lÿmphatiques, très souvent accolés aux vaisseaux sanguins, ou se croisant avec eux, sont percés dans un ou plusieurs endroits, et recoivent les éléments du sang dans leur intérieur : on peut même voir s’éta- blir un courant assez régulier des vaisseaux sanguins dans les lymphatiques, si de pareilles larves sont placées dans un bocal d’eau pendant quelque temps, et réexaminées au microscope. Telle est, d’après mes observations, l'origine de la plupart de ces anas- tomoses, dont quelques unes se sont formées pour ainsi dire sous mes yeux ; néanmoins il se pourrait que l’une ou l’autre d’entre elles dût être envisagée d’une autre manière, non comme état pathologique, mais comme formation primitive anormale, ce qui pourrait être vrai surtout pour deux cas d’anastomose manifeste et non douteuse, où il me fut impossible de découvrir même les traces d’une extravasation antérieure ou d’une rupture des vais- seaux.— Quant aux globules sanguins observés dans les Iympha- tiques, je dirai que je leur ai découvert encore une seconde source, outre celle des anastomoses pathologiques mentionnées; ils pro- viennent aussi d’un reflux du sang des grandes veines dans les troncs principaux du système lymphatique, reflux que je n’ai pas été à même d'observer directement, mais dont l’existence me paraît démontrée par l’observation d’une grande quantité de glo- bules sanguins allant des deux troncs lymphatiques caudaux dans les dernières ramifications des lymphatiques de la queue, obser- vation qui peut être faite chez presque toutes les larves dont la respiration est gênée par le manque d’eau. En appliquant sur des larves vivantes une ligature autour de la tête, tout-à-fait devant le cœur, j’ai même pu produire artificiellement un pareil trajet du 102 KŒLLIKER. — DÉVELOPPEMENT DES TISSUS sang dans les lymphatiques, dont le résultat était très souvent une injection presque totale et très belle des lymphatiques de la queue par le sang. Je finis cet exposé des lymphatiques des larves de Batraciens, en résumant les faits principaux en peu de mots : 1° Les dernières ramifications des lymphatiques ont la même structure que les capillaires sanguins, excepté que leur membrane est plus délicate et pourvue de nombreux prolongements. 2% Les capillaires lymphatiques sont moins nombreux que les capillaires sanguins, se ramifient en forme d'arbre, ne formant presque point d’anastomoses, et se terminent en ramuscules libres et clos. 3 Il n’existe point d’anastomoses entre les capillaires sanguins et lymphatiques dans l’état normal; mais celles-ci se forment très facilement lorsque le sang s’extravase des vaisseaux. h° Le mouvement de la lymphe est beaucoup plus lent que celui du sang, et ne dépend point d’un mouvement péristaltique des vaisseaux lymphatiques, ni de contractions partielles. 5° La contractilité des vaisseaux lymphatiques est semblable à celle des capillaires sanguins, mais moins énergique. 6° La lymphe est inorganisée (sans globules) dans le commen- cement des lymphatiques, 7° Les capillaires lymphatiques se développent presque en même temps que les vaisseaux sanguins par la jonction de cellules étoilées; leur membrane égale une membrane cellulaire, et pos- sède la faculté de former des prolongements; leurs noyaux sont les noyaux des cellules étoilées, 8. Nerfs.— Les nerfs des larves de Batraciens sont très remar- quables et, au moins d’après nos connaissances actuelles, par- faitement uniques dans leur genre. Schwann (1) est le seul qui ait reconnu chez les larves du Crapaud une de leurs principales par- ticularités, c’est-à-dire leurs ramifications ; mais il semble que personne n’a ajouté grande foi à ses observations, parce que, en effet, il devait paraître trop paradoxal d'admettre chez ces larves (1) Microscopische Untersuchungen, p. 477. as CHEZ LES BATRACIENS. 103 une forme tout-à-fait particulière de nerfs, tandis que l’on savail que les nerfs des animaux adultes ne diffèrent en aucune manière de ceux des autres Vertébrés : néanmoins ces observations sont parfaitement justes. D’après mes recherches, les nerfs de la queue des larves de Rana, Bufo et Triton, se ressemblent tous dans leur forme, et diffèrent presque en tout point des nerfs des Ver- tébrés adultes, principalement par leurs ramifications , leurs ter- minaisons libres, leur extrême finesse et leur pdleur. En examinant le bord de la musculature de la colonne vertébrale dans la queue des larves qui ont perdu leurs branchies externes depuis peu de jours, on distingue, à quelque distance au-dessous de la peau, des fibres pâles, d’un diamètre de 0,001—0,002"”", qui entrent obliquement dans la partie supérieure et inférieure de la queue. En suivant ces fibres, on ne tarde pas à remarquer qu’elles ne sont autre chose que des nerfs qui, en se ramifiant de manière à former des rameaux toujours plus fins, s’avancent vers le bord inférieur et supérieur de la queue, en restant toujours entre la lame qui porte les vaisseaux sanguins et lymphatiques, et l’épi- derme , et finissent par des terminaisons pointues, aussi délicates que les fibres les plus déliées du tissu fibreux , c’est-à-dire de 0,0003 —0,0005/" de largeur. Voilà en peu de motsla direction que prennent ces nerfs. Quant à leur structure intime, je dois insister surtout sur la nature simple et parfaitement homogène de toutes leurs parties. Ni les troncs, ni moins encore les rameaux qui en partent, ne montrent aucune trace d’une composition de fibrilles ou de tubes plus minces, mais sont sans aucun doute parfaitement homogènes. Par-ci par-là on leur trouve des renflements d’une forme triangulaire ou fusiforme, situés très souvent à la place des bifurcations, et qui, examinés de plus près, se montrent être des noyaux ou des agrégations de petits granules. Quant aux terminaisons de ces nerfs, il est à remarquer qu'ils semblent tous destinés à la peau ; les uns finissent non loin-du bord supé- rieur et inférieur de la queue, les autres çà et là dans la peau. Pour les vaisseaux sanguins et lymphatiques de la queue, il m'a élé impossible de leur trouver des nerfs. Ces nerfs ramifiés et simples se forment en même temps que 104 KŒLLIKER, — DÉVELOPPEMENT DES TISSUS les vaisseaux par la jonction de cellules fusiformes ou étoilées , comme je puis le prouver par l'observation directe de pareilles cellules , soit libres, soit plus ou moins jointes à des ramifications nerveuses, par l'existence de noyaux dans les parties renflées des nerfs, et par la présence, chez des larves jeunes, d’une grande quantité de globules graisseux dans le voisinage des noyaux qui sont parfaitement de la même nature que ceux de toutes les cellules embryonnaires. Le nombre des nerfs est moins grand dans les larves plus jeunes ; il augmente de plus en plus par la formation d’anastomoses entre les divers troncs et leurs ramifications, qui naissent à peu près de la même manière que les anastomoses des vaisseaux sanguins, et par le développement de nouveaux troncs et rameaux se formant par la jonction de prolongements des nerfs déjà existants à de nouvelles cellules étoilées ou fusiformes. Tous ces troncs et rameaux d’une formation secondaire ont parfaite- ment la même structure que les nerfs primitifs déjà décrits ; seule- ment on ne Jeur trouve jamais de globules graisseux , puisque les cellules desquelles ils tirent leur origine n’en possèdent plus elles- mêmes , et appartiennent en partie à une génération nouvelle de cellules que l'on voit se former dans la substance de la queue, dans le plan même dans lequel sont situés les nerfs, Quant aux transformations ultérieures de ces nerfs , je n’ai pas encore pu les suivre dans toutes leurs phases , puisque mes larves n’ont pas encore atteint la fin de leur développement. Tout ce que je puis affirmer jusqu'à présent, c’est que : 4° Les nerfs primitifs ne tardent pas à s’accroître de beaucoup (du double , triple et plus) durant les progrès du développe- ment ; 2 Peu à peu ils développent en eux des tubes d’un diamètre de 0,0008 — 0,0012”, qui ont parfaitement l'aspect des fibres nerveuses fines du nerf sympathique, optique , du cerveau, etc. ; 3° Le développement de ces tubes procède très lentement des troncs vers les ramifications ; h° Les troncs et leurs rameaux plus forts, qui, dans les larves de jeune âge, sont tous simples, et composés d’une seule fibre très pâle, contiennent plus tard dans leur intérieur deux , trois CHEZ LES BATRACIENS, 105 ou plus de tubes d’une nature indubitablement nerveuse , d’où il paraît résulter qu’une fibre nerveuse embryonnaire peut déve- lopper en elle plusieurs des tubes nerveux dits primitifs ; 5° Plus le développement avance, plus les terminaisons libres des nerfs font place à des anses formées soit entre des fibres nerveuses retenant encore leur aspect primitif, soit entre des fibres dont le caractère nerveux est plus développé ; 6° Les tubes d’un caractère indubitablement nerveux, qui se développent un ou plusieurs dans les nerfs primitifs, accrois- sent aussi pendant le développement des larves, et ne paraissent point se bifurquer ou se ramifier ; pourtant , je dois avouer que je ne suis pas parfaitement sûr de ce dernier point, et que j'ai même cru apercevoir dans un cas une bifurcation d’un pareil nerf, Quant aux autres nerfs que ceux de la queue, il est très diffi- cile de suivre leur développement. Pourtant, j'ai observé des nerfs ramifiés et de la même structure que ceux de la queue dans la peau de l'abdomen. Quant aux troncs nerveux, je crois avoir vu que leurs tubes nerveux se développent de cellules allongées , qui, en se joignant entre elles, forment des filets nerveux minces et très pâles avec des noyaux, qui, en accroissant et en dévelop- pant une substance opaque dans leur intérieur, se transforment en vraies fibres nerveuses. Je finis cet exposé en désignant en peu de mots les résultats que la physiologie des nerfs peut tirer des faits que je viens de mentionner, Les larves de Batraciens sont très sensibles, comme il est facile de s’en convaincre par des expériences. Cette sensibilité existe déjà dans un temps où ieurs nerfs n’ont que des terminaisons libres, et ne sont formés que de ramifications de fibres parfaitement simples. Il dérive de ces faits : 1° que les anses des fibres nerveuses ne sont point des parties essentielle- ment nécessaires pour transmettre les sensations au cerveau, comme beaucoup de physiologistes l'ont cru depuis le temps où Valentin a publié ses belles observations sur le mode de termi- naison des nerfs; 2° qu’une seule fibre nerveuse peut transmettre en même temps diverses sensations au cerveau, fait que l’un de nos plus grands physiologistes, Volkmanr. vient de prouver pour 106 KŒLLIKER. — DÉVELOPPEMENT DES TISSUS les fibres du nerf optique, mais qui n’a point pu être démontré jus- qu'à présent pour les autres fibres nerveuses sensitives. — Enfin, je dirai encore que mes observations sont peut-être propres à jeter quelque lumière sur la fonction des prolongements des cel- lules ou corpuscules nerveux. Comme ces prolongements ont par- faitement le même aspect et la même structure que les nerfs pri- mitifs de la queue des larves des Batraciens, et se ramifient et se terminent aussi exactement de la même manière , l'on pourrait en conclure que ces prolongements sont de vraies fibres nerveuses, qui, au lieu d’être destinées à des organes extérieurs, servent à mettre en relation diverses parties du système nerveux lui-même, conclusion qui paraîtra encore plus vraisemblable, si l’on se rap- pelle que j'ai prouvé que certains prolongements des cellules ner- veuses ganglionnaires se transforment en fibres nerveuses fines. EXPLICATION DES FIGURES. PLANCHE 9, Fic. 1-4. Vaisseaux sanguins capillaires de la queue des larves de Rana , grossis 350 fois. Fig. 4. Vaisseaux d'une larve très jeune. a, capillairés perméables au sang. b, granules graisseux attachés à la membrane des capillaires, et cachant les noyaux. c, prolongement déjà creux d'un vaisseau capillaire, finissant en pointe. d, cellule ramifiée, à noyau et globules graisseux se joignant par trois pro- longements à des prolongements de capillaires déjà formés. e, globules sanguins, contenant encore quelques globules graisseux. Fig. 2. Capillaires d'une larve très Jeune. (Les lettres a-c ont la même signification que dans la figure précédente }) d, cellule ramifiée, se joignant à deux prolongements de capillaires déjà formés. e, deux prolongements de vaisseaux capillaires soudés ensemble. Fig. 3 et 4. Capillaires de larves plus avancées. a, capillaires perméables au sang. b, noyaux attachés à la face interne de leur membrane. e, corps des cellules ramifiées. d, noyaux de ces cellules. e, prolongements de ces cellules se joignant à des prolongements de vais- seaux déjà perméables au sang. CHEZ LES BATRACIENS, 107 f, prolongement d'un vaisseau. g, globules du sang. h, globules lymphatiques. Fi. 5-8. Vaisseaux lymphatiques capillaires de la queue des larves de la Grenouille, grossis 400 fois. Fic. 5-6. Lymphatiques de larves tres jeunes. Fig. 5. Partie d'une ramification d'un lymphatique de la lame inférieure de la queue. a, membrane des vaisseaux. b, prolongements de cette membrane. ce, granules graisseux attachés à la face interne de la membrane, et entou- rant les noyaux. d, deux prolongements de la membrane, soudes ensemble. e, terminaisons de ces vaisseaux. [, cellule ramifiée, à peine jointe à une pareille terminaison. g, cellules ramifiées , au moment de se souder aux capillaires lymphatiques déja formés. Fig. 6. Une autre partie des lymphatiques de la même larve. ( Les lettres ont la même signification que dans la figure précédente.) Fig. 7. Une partie du tronc lymphatique caudal inférieur d'une larve plus avancée, avec une partie d'un vaisseau qui s’y joint. (Les lettres a-e comme dans la figure 5.) [, noyaux attachés à la face interne de la membrane. g, globule lymphatique. Fig. 8. Une partie de la queue d'une larve de Grenouille, pour montrer la dis- position des vaisseaux lymphatiques (Figure schématique.) a, tronc lymphatique caudal inférieur. b, — — — supérieur. c, rameaux qui partent de ces deux troncs. d, anastomoses entre ces rameaux. e, corde dorsale. f, musculature de la queue. PLANCHE 6. Fig. 9. Nerf primitif de la queue d'une larve de Grenouille très jeune, grossi 400 fois. b, ramifcations du tronc principal émané de la musculature de la queue. c, parties élargies ou restes des corps des cellules primitives qui ont servi à la formation de ce nerf. d, noyaux de ces parties. e, globules graisseux. f, terminaisons libres des rameaux, non loin du bord de la queue 198 KŒLLIKER. — DÉVELOPPEMENT DES TISSUS DES BATRACIENS. Fig. 10. Deux nerfs primitifs de la queue d'une larve de Grenouille plus avancée, grossis 400 fois. (Les lettres b-f comme dans la figure précédente.) y, anastomoses entre les deux troncs et leurs rameaux. Fic. 41-16. Développement des faisceaux primitifs des muscles. a, sarcolemma. b, fibres primitives des faisceaux. c, noyaux avec nucléolules d, globules graisseux. Fic. 11-14. Muscles de la tête de la Grenouille. Fig. 11. Faisceau primitif d'une larve très jeune, consistant en une série de cellules rectangulaires soudées entre elles; les fibres primitives ne sont pas encore développées. Fig. 12. Faisceau primitif d'une larve plus avancée, dans lequel la résorption des globules graisseux et la formation des fibres primitives a commencé. Fig. 13. Faisceau primitif encore plus développé. Le contenu des cellules primi- tives a tellement diminué, que les noyaux vésiculaires à grands nucléoles sont devenus visibles. Les fibres primitives sont en plus grand nombre, et plus évidentes. Fig. 14. Section transversale du faisceau représenté dans la figure précédente. (Figure schématique.) Fic. 15 et 16. Développement des muscles de la tête du Triton. Fig. 15: Faisceau primitif vu de côté. Fig. 16 Section transversale de ce faisceau. {Figure schématique.) PLANCHE 7. Fig. 17. Plusieurs troncs de nerfs de la queue d’une larve de Grenouille, qui a poussé les extrémités postérieures, grossis 400 fois. a, tronc d'un nerf primitif, avec quatre tubes nerveux fins formés dans son intérieur. b, tronc pareil, avec trois tubes nerveux fins. c, rameaux des nerfs primitifs, à deux fibres nerveuses fines, d, rameaux à une fibre nerveuse fine. e, terminaisons des tubes nerveux fins. f, anses des tubes nerveux fins. g, rameaux des nerfs primitifs de diverse grosseur, qui n'ont pas encore développé de tubes nerveux fins dans leur intérieur. h, élargissements des nerfs primitifs. i, noyaux des nerfs primitifs. k, anastomoses des nerfs primitifs. !, terminaisons des ners primitifs. m, cellule fusiforme, à peine jointe à un ramuscule nerveux primitif, 109 OBSERVATIONS SUR LES MOUVEMENTS DU COEUR : Par M. DE MARTINO. (Extrait d'une lettre adressée par l’auteur à M. Milne Edwards.) La question de savoir si le baftement du cœur a lieu pendant la systole ou la diastole des ventricules m'a toujours paru fort intéressante. En exa- minant le fait, surtout chez les Reptiles, j'avais observé que c’est à l'instant de la diastole du ventricule que le cœur s'élève et imprime une secousse aux parois de la poitrine. Cependant, toutes les fois que j’es- sayais de répéter la même observation sur les Vertébrés à sang chaud, le grand désordre qui survient dans les mouvements du cœur, aussitôt que ce grand centre de l’économie animale est mis à découvert, me met- tait dans l'impossibilité de déterminer avec précision la coïncidence de la diastole des ventricules avec le battement du cœur. J'avais renoncé à poursuivre ces recherches sur les classes supérieures des animaux vertébrés, lorsque je considérai que, dans la seconde pé- riode du développement du Poulet, le cœur, en pulsation, pouvait of- frir les conditions les plus favorables pour résoudre cette question, de laquelle dépend l'interprétation de plusieurs phénomènes d’auscultation. Effectivement, dans cette période, le cœur se trouve en ectropie na- turelle et transitoire , et il est possible de l’observer battre régulière- ment , longtemps après qu'on a ouvert l'œuf. Pour soumettre celte considération à l'épreuve de l'expérience, j'ai choisi l'œuf au cinquième jour de l’incubation. £a division des trois parties du cœur, oreillette, ventricule et bulbe aortique sont alors bien déve- loppés anatomiquement et physiologiquement ; l'oreillette, mieux sépa- rée, se porte à gauche; le ventricule cordiforme se dirige à droite, et un étranglement plus profond (fretum Halleri) détache le bulbe aorti- que du ventricule : ces trois parties sont en outre recouvertes de leur masse musculaire, et se contractent successivement en trois instants bien distincts, premièrement l'oreillette, le ventricule après, et en der- nier lieu le bulbe aortique, comme dans le cœur des Reptiles. Le résultat de mes observations a été que, lorsque l'oreillette du cœur se contracte sur la portion de sang qu’elle a recu par les deux veines terminales , supérieure et inférieure , le ventricule entre en dias- tole, et rebondit instantanément en s’élevant à un tiers environ de milli- mètre au-dessous de la tête de l'embryon. Dans l'instant suivant, le ventricule se contracte et s’abaisse vers les lames ventrales. Par cette méthode on peut déterminer fort aisément que le cœur du poulet donne la secousse ou le battement pendant la diastole du ventricule , surtout si, après avoir ouvert l'œuf, on attend que ses pulsations deviennent un peu plus rares. 110 KROHN. — SUR LA GÉNÉRATION OBSERVATIONS SUR LA GÉNÉRATION ET LE DÉVELOPPEMENT DES BIPHORES (SALP4): Par M. KROHN. (Présentées à l'Académie des Sciences le 31 août 1846.) Une des découvertes les plus importantes, dont la physiologie s’est enrichie de nos jours, est sans contredit celle des remar- quables phénomènes observés chez plusieurs animaux inférieurs, et désignés sous le nom de propagation par générations alterna- tives. On sait que M. Steenstrup a l’incontestable mérite d’avoir le premier réuni, d’une manière ingénieuse , tous les faits qui se rattachent à ce sujet (1). En rapprochant les phénomènes obser- vés par Chamisso chez une seule espèce de Biphores (S. pinnata), des phénomènes analogues, étudiés dans d’autres groupes d’ani- maux, et en les généralisant, le savant professeur danois les à ainsi mis en lumière , et leur a donné toute leur valeur. Si ce rappro- chement a puissamment contribué à accréditer les vues de Cha- misso, tant de fois contestées, on ne peut nier cependant que, pour être mise hors de doute , cette opinion ne réclamât un plus grand nombre de preuves. Dans la pensée que toutes les ques- tions relatives à la génération des Biphores, et restées indécises jusqu'à ce jour, ne sauraient être résolues que par des recherches faites sur les lieux où ces animaux abondent, je me rendis en Sicile , où je consacrai plusieurs mois à étudier spécialement ces animaux. Je me réserve de donner prochainement plus de détails sur mes observations ; aujourd’hui je n’en communiquerai que les principaux résultats, ceux qui ont rapport ex-lusivement à la génération et au développement des Biphores. & Er. Des générations hétéromorphes chez les Biphores.— Confirmation des vues de Chamisso par l'étude de sept espèces. Tout Biphore est vivipare, et chaque espèce, comme l’a démontré Chamisso, se propage par une succession alternative (1) Ueber den Gencrationswechel in den niedern Thierklassen, 1842.—Consultez aussi le Mémoire intéressant de M. Dujardin, sur le développement des Méduses et des Polypes hydraires, inséré dans ces Annales (3° série, t. IV, p. 257). ET LE DÉVELOPPEMENT DES BIPHORES. 111 de générations dissemblables, L'une de ces générations est re- présentée par des individus solitaires ou isolés; l’autre, par des individus agrégés, réunis en groupes connus sous le nom de chaînes. Chaque individu isolé engendre un groupe d'individus agrégés, et chacun de ceux-ci produit à son tour un individu soli- taire. Les individus isolés sont donc multipares ; les individus associés sont donc unipares. Cette différence n’est pas la seule qui existe entre les deux générations alternantes : car si maintenant on compare les individus associés, représentant la génération agrégée, aux individus solitaires formant la génération isolée, on trouvera qu’ils diffèrent entre eux , non seulement sous le rapport de la conformation extérieure, mais encore par plusieurs particu- larités de l’organisation. Il faut donc entendre par espèce, l’ensemble des générations dissemblables, isolées et agrégées, qui se succèdent alternative- ment. Il conviendrait donc, pour déterminer chaque espèce, de ne conserver qu'un nom, qui comprendrait les deux états ou les deux formes provenant d’un même type, qu’on a considérées à tort comme constituant deux espèces distinctes, et auxquelles on a donné des noms spécifiques qui ne peuvent plus servir à désigner aujourd'hui que l’une ou l’autre des progénitures hétéromorphes. Mais je me réserve de discuter, dans un travail plus étendu, la valeur des noms que je choisirai. En rattachant l’une et l’autre génération à l'espèce à laquelle elles appartiennent, et en discutant les déterminations données par les autres observateurs, c’est à six espèces seulement que je rapporte tous les Biphores que j'ai étudiés, et pour lesquels j’ai pu confirmer la justesse des vues de Chamisso. Aux six espèces ainsi déterminées , il faut encore en ajouter une septième, sur la- quelle je dirai tout-à-l’heure quelques mots. On verra par le tableau suivant, dans lequel j'ai essayé d’embrasser d’un coup d'œil les deux formes dérivées d’une souche unique, et constituant par conséquent une seule et même espèce, que chacune de ces formes alternantes ou générations hétéromorphes, a été décrite sous un nom spécifique particulier. Jai marqué d’un astérisque deux formes que j'ai observées, et sur lesquelles je n’ai trouvé aucun renseignement dans les auteurs. ÉTAT SOLITAIRE. (PROLES SOLITARITA, Cuamisso. ] FA PREMIÈR S. democratiea, Forskal ( Descriptiones animal. in itinere orientali observats p. 113, tab. 36, fig. G). S. spinosa, Otto (Vova Acta Natur. Curiosor., tom. x1, p. 303, tab. 42). DEUXIÈM S. afrieana, Forsk. (/. «., p. 116, tab. 36, fig. C).—Caractérisé d’après un jeun individu encore pourvu du placenta et de l’éléoblaste. S. runeinata, Chamisso (De animalibus quibusdam e classe vermium Linneanas fasciculus 1 : DE SALPa, p. 14, fig. v, A, 2,0, D). CINQUIÈME LA S. scutigera, Cuv. (7. c., p. 18, fig. 4 et 5). S. vivipara, Péron et Lesueur (Voyage aux terres australes, AUas, pl. 31, fig. 3): S. gibba, Bosc (ist. nat. des Vers, t. XX, p. 179, pl. 20, fig. 5). S. dolium, Quoy et Gaim. (/. c., p. 575, pl. 90, fig. 1-8). L SIXIÈME 8. * — Très analogue à la génération isolée du B. pinné. (Voyez Chamisso, Z. €, p. 18, fig. 1, À et 2). SEPTIÈME S. cordiformis, Quoy et Gaim. (Z. @, p. 579, pl 88, fig. 7-11). ÉTAT AGRÉGÉ. (PROLES GREGATA, Cuamisso. ) . mucronata,. Forsk. (/. c., p. 114, tab. 36, fig. D). S. pyramidalis, Quoy ét Gaim. (Zoologie du Voyage de l'Astrolabe, p. 593, pl. 89, fig. 15-18). ESPÈCE. j, maxima, Forsk. (/.c., p. 112, tab. 35, fig. À). Forskalii, Lesson (Zoologie du Voyage de la Coquille, t. II, part. 1, p. 276, pl. 6, fig. 1). SPÈCE. IS: fusiformis , Cuvier (Wémoire sur les Biphores, p. 23, fig. 10). maxima, Varietas prima, Forsk. (/. c., tab. 35, fig. a 4 et a 2). S. runeinata gregata, Cham. (/. c., p. 19, fig. v, G, A, 1). SPÈCE. punetata, Forsk. (/. c., p.114, tab. 35, fig. C). | SPÈCE, . bicaudata, Quoy et Gaim. (2. c., p. 585, pl. 89, fig. 1-5). mephodea, Lesson (2. c., p. 275, pl. 5, fig. 1). “s. zonaria, Cham. (2. c., p. 12, fig. 1, À, P, C, D, E). » polyeratiea, Forsk. (/. c., p. 116, tab. 36, fig. F). 114 KROIEN. — SUR LA GÉNÉRATION Pour la septième espèce, on doit à M. Eschricht un Mémoire inséré dans les Actes de l’Académie de Copenhague (année 18/0). Je regrette vivement de n’avoir pu m'éclairer sur ce travail que par les belles figures qui l’accompagnent. M. Eschricht a examiné avec un soin consciencieux les embryons agrégés du B. cordi- forme ; il a reconnu que ces mêmes embryons, quand leur déve- loppement est assez avancé, présentent déjà les caractères propres au B. zonaire. Mais malheureusement les fœtus isolés des B. zonaires , examinés par M. Eschricht, étaient encore peu déve- loppés; ce qui l’a empêché de constater, chez l’espèce qui nous occupe, les vues de Chamisso. Ayant eu occasion de rencontrer des fœtus, dont le développement touchait à son terme, il m'a été facile de reconnaître leur conformité avec le B. cordiforme, et de compléter ainsi les recherches de M. Eschricht. En terminant ce paragraphe, je ne dois pas omettre de remar- quer que le B. À CÔTES (S. costata, Quoy et Gaim., /. c., p. 570, pl. 86, fig. 1-5), Dagysa strumosa, Banks (voy. Ev. Home, Lectur. of comp. anatom., tab. 71), que j'ai observé, quoique rarement, en Sicile, pourrait bien n'être que l’état isolé d’une espèce, dont le B. SUBÉPINEUX (S. Tilesii, Guv., L. c., p. 16, fig. 3), S. infundibuliformis, Quoy et Gaim., £. e , p. 587, pl. 89, fig. 6-7), que j'ai rencontré plus fréquemment , représenterait l’état d’a- grégation (4). (1) Le B. ferrugineux (S. ferruginea, Cham. L. c., p. 23, fig. x), S. confœderata, Forsk.. L. c., p. 445, tab. 36, fig. 4, S. socia, Bosc, L. e., p. 180, pl. 20, fig. 1, 2, 3, S. octofora, Cuv.? ! c., p. 20, fig. 7, S. lævis, Lesson, Zoolog. de La Coquille, p. 273, pl. 6, fig. 3, S. femoralis, Quoy et Gaim., 4. e., p. 517, pl. 88, fig. 1-5, ne diffère du B. bicaudé (voyez le tableau) que par l'absence ou le peu de déve- loppement de deux longs appendices mous, dont est muni le corps de ce der- ET LE DÉVELOPPEMENT DES BIPHORES. 115 $ IL. Modé de propagation propre à chacune des générations hétéromorphes, — Propagation par fonctions sexuelles. — OEuf et testicule. — Fécon- dation. Parmi les caractères qui distinguent les différentes générations de chaque espèce de Biphores , un des plus remarquables est celui qui nous est offert par la disposition des bandes musculaires, va- riable dans les deux générations , mais constante pour chacune d'elles. Aussi me suis-je laissé guider par l'observation de ce carac- tère , déjà bien appréciable dans les premières périodes du déve- loppement embryonnaire , pour arriver aux résultats que je viens de résumer dans le paragraphe précédent. Toutefois, malgré lim portance de ce caractère , il en est un plus essentiel encore , c'est le mode de propagation propre à chaque génération. En effet, les individus agrégés provenant de la génération isolée, naissent par gemmation dans la mère, sur un prolongement cylin- drique qu’on peut à juste titre appeler stolon prolifère (1), mais qui diffère des stolons observés chez d’autres animaux, en ce qu’il ne se montre jamais au dehors (2). Les individus isolés dérivant hier, et qui lui ont valu le nom qu'il porte. — C'est à tort que Forskal et Meyen (Acta nova Natur. Curiosor., t. XVI, Supplément) ont rangé le B. démocratique {Voyez le tableau) parmi les Biphores agrégés. Ces auteurs paraissent l'avoir confondu souvent avec le B. mucroné (voyez le tableau) dont il dérive, et qui de prime-abord présente quelque ressemblance , et se rencontre fréquemment avec lui. (1) C'est M. Eschricht qui a été le premier à reconnaitre la véritable signifi- cation de cette partie. (2) Avant que M. Milne Edwards eût publié ses excellentes recherches sur la génération des Ascidies sociales et composées (voyez Observations sur les Asci- dies composées des côtes de la Manche), on n'admettait chez ces animaux que le seul mode de propagation par œufs. M. Milne Edwards a démontré que ces animaux se propagent en même temps par des stolons plus ou moins ramifés, qui, produisant des germes, donnent naissance à de nouveaux êtres. Les Ascidies sociales n'étant pas englobées dans une masse gélatineuse, comme c’est le cas pour les Ascidies composées, leurs stolons se montrent toujours à nu ,'tandis que ceux des Ascidies composées restent nécessairement cachés dans l'enveloppe com- mune, et se rapprochent sous ce dernier rapport du stolon des Biphores. 116 KROHN. — SUR LA GÉNÉRATION de la génération agrégée sont , au contraire, produits par des pro- cédés plus compliqués ; ces procédés sont ceux que la nature a presque uniquement consacrés à la propagation des animaux dont l’organisation est supérieure à celle des Tuniciers. C’est donc par le concours des œufs et du sperme, en un mot au moyen des fonctions sexuelles , que se propagent les B. agrégés. C’est ce dernier mode de propagation, dont je m’occuperai en premier lieu , renvoyant au quatrième paragraphe tout ce qui a rapport à la propagation par bourgeons. Chaque individu des B. agrégés ne produit pendant toute sa vie qu’un fruit unique ; aussi, si on l’examine à une époque anté- rieure à la fécondation , on n’y rencontre qu’un seul œuf, et plus tard un fœtus (4). La fécondation de l'œuf unique que porte chaque individu de la communauté , doit avoir lieu immédiate- tement, ou du moins très peu de temps après la naissance des jeunes B. agrégés ; c’est donc avant la fécondation , c'est-à-dire pendant le développement des B. agrégés dans le sein de leur mère ou peu de temps après la naissance, qu’on pourra observer l'œuf. Pour bien indiquer la position qu'occupe l'œuf, et en général les autres parties des Biphores , il faut avant tout déterminer la situation des différentes faces que présente le corps d’un Biphore. D’après Chamisso, je nomme face supérieure, celle sur laquelle est situé le ganglion nerveux; la face opposée, occupée par le paquet ou nucléus viscéral et le cœur, sera donc l'inférieure. Quant à la distinction des extrémités antérieure et postérieure, je l’établis d’après les deux orifices , et je considère comme l’anté- rieure celle qui est occupée par l’orifice le plus large , et en même temps le plus rapproché du ganglion nerveux : d’ailleurs c’est en portant cette extrémité en avant que progresse l’animal. Ces diffé- rents points d’un corps presque parallélipipède , comme l’est celui d’un Biphore, étant déterminés , il est inutile d'ajouter quelle est la face qu’il faut considérer comme droite ou gauche. (1) Le B. zonaire offre cela d'exceptionuel, qu'il produit quatre à cinq fœtus à la fois. (Voyez le Mémoire cité de M. Eschricht.) Le B. subépineux (S. Tile- sit) m'a paru présenter la même particularité. ET LE DÉVELOPPEMENT DES BIPHORES. 117 On sait que le corps des Biphores est enveloppé par une couche tégumentaire, nommée manteau, tunique ou test par différents auteurs, et composée de cellulose, comme l’ont démontré les recherches récentes de MM. Lœvwig et Kælliker (voy. ces Annales, 3° série, t. V, p. 193). Au-dessous de cette couche , que j’appel- lerai tunique externe, se trouve la masse du corps de l’animal, tra- versée par la cavité respiratoire , et contenant les muscles, nerfs, vaisseaux, etc. ; je nommerai celte masse {unique interne. C’est dans l'épaisseur de cette tunique interne qu'est logé l'œuf, à une petite distance de la paroi interne de la cavité respiratoire. Il se dessine très nettement, chez les embryons, à une époque intermé- diaire entre le moment où ces mêmes embryons ne commen- cent qu'à apparaître sous la forme de bourgeons, et celui où leur développement sera terminé. C’est à cette époque que l'œuf est situé au-dessus du paquet viscéral, à l'extrémité postérieure du corps des embryons, et presque dans la ligne médiane. Il est pro- portionnellement si gros, qu’il soulève en cet endroit la tunique externe du corps, sous la forme d’une saillie globuleuse. Il est sphérique, et consiste en un vitellus contenant la vésicule et la tache germinatives, et revêtu d’une membrane assez épaisse, que nous verrons bientôt être comparable au calice des Oiseaux. Cependant les progrès du développement ne tardent pas à opérer un changement notable dans sa position ; car, si on l’examine à une époque où les embryons ont déjà atteint une forme beaucoup mieux déterminée, on le trouve placé sur la face droite du corps, derrière la pénaltième bande musculaire, et assez rapproché de la face supérieure. Cet endroit, que l'œuf ne quitte plus, correspond parfaitement à celui où aura lieu la formation du fœtus chez les jeunes Biphores fécondés. Il ne me reste qu’à parler d’une partie qui est en connexion intime avec l’œuf : c’est un cordon attaché à son pôle antérieur , qui, lui servant en quelque sorte de pédoncule, se porte d’ordi- naire presque horizontalement en avant , et ne semble être qu'un prolongement de la membrane qui recouvre le vitellus. A l’é- poque où l’œuf occupe l’extrémité postérieure des embryons, ce cordon est en proportion plus gros et plus court que dans les 118 KROUHN. — SUR LA GÉNÉRATION périodes subséquentes du développement des embryons agrégés, Je suis porté à le considérer comme étant le pédoncule nourricier. de la capsule ovarienne où membrane enveloppante de l'œuf. Ce cordon existe encore, tel que je viens de le décrire, jusqu’à l'é- poque de la fécondation; mais l'œuf, subissant à la suite de cet acte ses premières transformations, ce cordon ne tarde pas à disparaître bientôt. On voit que l'ovaire n’est représenté que par la membrane qui entoure l'œuf, et qui peut être comparée au calice chez les Oiseaux. Le testicule est, au contraire, très développé, mais il ne devient apparent qu'à mesure que l'accroissement des jeunes Biphores s'effectue, et n’acquiert son plus grand volume qu'aux approches de l’âge adulte. On le trouve toujours dans le voisinage de l’intestin; mais cette position varie un peu suivant les espèces, Tantôt occupant le centre du nucléus viscé- ral, formé, comme on le sait, par l’anse intestinale et ses appen- dices, on ne l’apercoit qu'à mesure qu’on enlève ces parties ; tantôt se montrant parfaitement à nu, c’est au contraire lui qui recouvre une plus ou moins grande portion de l’appareil digestif, C’est ce même organe , affectant, chez la génération agrégée du B. pinné et des espèces analogues (S. proboscidalis, voyez le ta- bleau), la forme d’un fuseau adossé à l'intestin, que Cuvier, Cha- misso et Meyen ont pris pour le foie. Le testicule est composé d’un plus ou moins grand nombre de canaux ramifiés, dont les derniers ramuscules se terminent en culs-de-sac. Tous ces canaux aboutis- sent à un conduit principal, qui, côtoyant la portion terminale de l'intestin, s'ouvre à côté de l'anus dans la grande cavité natatoire ou respiratoire , dont est traversé le corps des Biphores (1). L'existence de l'œuf et du testicule des Biphores agrégés étant ainsi démontrée, je terminerai ce paragraphe par quel- ques remarques relatives à la manière dont s'opère la féconda- tion. J'ai déjà annoncé que cet acte a lieu immédiatement ou peu après la naissance des jeunes Biphores. Mais je viens aussi de (1) Cette disposition de l'appareil mâle correspond donc, sous plusieurs rap- porls, à celle qu'on rencontre dans les Ascidies. (Voyez le Mémoire cité de, M. Milre Edwards ) ET LE DÉVELOPPEMENT DES BIPHORES, 119 faire voir que le testicule, grossissant en raison directe de l’accrois- sement des jeunes animaux, ne peutentrer en activité que beaucoup plus tard. Pour se convaincre de la fécondation précoce de l'œuf et du développement tardif du testicule, il suffit d'examiner un groupe d'individus qui auraient atteint à peu près le quart de la grandeur qu'ils présenteront à l’âge adulte. On verra alors que le développement du fœtus qu’ils renferment a déjà fait des pro- grès sensibles, tandis que leur testicule est encore peu volumineux et ne contient qu’une petite quantité de sperme en voie de matura.- tion. 1l résulte, de l’ensemble de ces faits, que les jeunes Biphores ne pouvant se suffire, le sperme destiné à féconder leurs œufs ne peut leur être fourni que par un autre groupe d'animaux de la même espèce, et dont le développement est beaucoup plus avancé. On ne saurait donc considérer les Biphores agrégés comme étant de véritables hermaphrodites, puisque chez ceux- ci la maturité du sperme coïncide avec celle des œufs, Cependant l'œuf et le testicule des Biphores agrégés existant dans un même organisme, quoiqu’à des époques éloignées, on ne peut nier que, sous ce rapport, ils ne se rapprochent des hermaphrodites, $ HI. Fœtus isolé. — Placeuta et éléoblaste. — Développement du fœtus isolé. Les embryons des Biphores, parcourant toutes les phases de leur développement dans le sein de leur mère , adhèrent à celle- ci à l’aide d’un organe dont l’usage est de leur fournir les élé- ments nécessaires à leur nutrition. Ces éléments étant puisés dans le sang de la mère, on conçoit aisément que les vaisseaux de celle-ci doivent entrer pour une grande part dans la composition de cet organe. Sa structure et sa forme varient selon le mode de propagation propre à chaque génération. La propagation s’opé- rant chez les Biphores isolés par gemmation, l’organe en question: n’est autre chose que le stolon prolifère, comme je vais le démon- trer dans le paragraphe suivant. Chez le fœtus isolé des Biphores agrégés, ce même organe est représenté par un corps en général rond , situé à la face inférieure du fœtus et fixé à la paroi interne 120 KROHN. — SUR LA GÉNÉRATION de la cavité de la mère, précisément dans l'endroit qu'avait occupé l'œuf. C’est ce corps auquel plusieurs naturalistes ont attribué avec raison les fonctions d’un placenta , et que je désignerai avec eux sous ce dernier nom. Le placenta est logé d'ordinaire dans la tunique externe du fœtus; sa structure est loin d’être bien connue. Sa substance oflre l’apparence d’une pulpe molle blanchâtre ou jaunâtre , parcourue par de nombreux vaisseaux. Il est lié à la tunique interne du fœtus, au moyen d’un pédoncule très court, formé par un prolongement que cette même tunique envoie au placenta pour l’envelopper de toutes parts. Les vaisseaux qui se distribuent dans l’intérieur de cet organe communiquent avec quatre troncs, dont deux font partie du système vasculaire du fœtus et les deux autres de celui de la mère. Ceux du fœtus, en descendant vers le placenta, traver- sent le pédoncule dont je viens de parler. L'un est destiné à conduire le sang du fœtus à cet organe, l’autre à le ramener vers le fœtus. Les deux troncs de la mère ayant des fonctions analo- gues, aboutissent à cet organe au point où il est attaché à la mère (1). Quant aux rapports réciproques, établis entre les vaisseaux du fœtus et ceux de la mère dans l’intérieur du placenta, il me paraît hors de doute qu'il n’existe pas de communication directe entre eux et qu’ils n’y sont que contigus, comme cela a lieu dans le placenta des Mammifères. Les corpuscules du sang du fœtus se distinguent de ceux du sang de la mère, parleur moindre grandeur et une régularité constante dans leurs formes. En observant la circulation du sang sous le microscope, il m’a toujours été facile de reconnaître que le courant remontant du placenta vers le fœtus, ne charrie d’autres corpuscules que ceux qui caractérisent le sang de ce dernier, tandis que celui qui, du même organe, descend vers la mère, ne contient que les corpuscules propres au (1) Chacun des deux troncs du fœtus, et chacun des deux troncs de la mère, remplit alternativement les fonctions d'une artère et celles d'une veine. Cette al- ternance est due, comme on le sait, aux changements périodiques que détermi- nent les contractions du cœur chez les Tuniciers en général, tantôt dans un sens, tantôt dans l'autre . ET LE DÉVELOPPEMENT DES BIPHORES. 191 sang de celle-ci. Il est donc évident que dans le placenta le sang de la mère ne se mêle pas à celui du fœtus, et que l'échange mutuel des éléments constitutifs entre l'un et l’autre s'opère par endosmose. ; On concoit qu’un organe aussi important qu'est le placenta doit se former dès la première période du développement embryon- naire. C’est ce qui a effectivement lieu, et, selon toute apparence, c’est même la partie qui se développe avant toutes les autres. Son développement correspond à celui du fœtus: plus celui-ci s’ac- croit , plus le placenta augmente de volume. Cependant les liens organiques qui unissent le placenta à la mère vontens’affaiblissant à mesure que la naissance approche, et lorsque le jeune Biphore vient au monde, il emporte avec lui cet organe qui avait atteint son plus grand volume pendant la dernière période du dévelop- pement. Le placenta reste encore longtemps en connexion avec le jeune être, mais il ne tarde pas à diminuer de volume. Enfin il disparait entièrement avant que la croissance de l’animal soit complétement achevée (1). Je dois parler maintenant d’un autre organe du fœtus, men- tionné par divers auteurs, et nommément par Chamisso et Meyen. C’est aussi une partie ronde, d’un aspect blanchâtre , placée sous le nucléus viscéral et derrière le placenta, et logée, comme ce der- nier, dans la tunique externe du fœtus. Son usage est entièrement inconnu. 11 paraît composé d’une multitude de faisceaux ou la- melles qui, en s’entrecroisant, circonscrivent des cavités cellu- (4) Je dois mentionner ici quelques particularités sur le placenta du fœtus du Biphore bicaudé Ce placenta, qui a la forme d'un cœur, est tout-à-fait separé du fœtus, étant logé dans une excavation particulière du corps de la mère , qui s'ouvre, par un large orifice, dans la cavité de celle-ci : il ne tient au fœtus que par le pédoncule dont je viens de parler. Ce pédoncule, d'abord court, atteint, à mesure que se développe le fœtus, une longueur si considérable, qu'on voit enfin flotter ce dernier librement dans la cavité de la mère, et être poussé çà et là par les mouvements qu'exécute celle-ci. Le fœtus, arrivé à terme, se détache du pédoncule et du placenta, de sorte que cet organe resle toujours en connexion avec la mère, el continue à décroître. Plusieurs de ces particula- rilés ont été déjà indiquées par MM. Quoy et Gaimard , qui ont aussi soupçonné avec raison que le B. seutigère (voyez le tableau) tire son origine du B. bicaudé. 122 KROHN. — SUR LA GÉNÉRATION laires, remplies d’un liquide huileux parfaitement clair, dont la masse est formée de gouttelettes. Les faisceaux ou lamelles sont parcourus par de nombreux vaisseaux, qui s'ouvrent dans deux troncs, au moyen desquels l’organe semble adhérer au nucléus. Meyen, trompé par de fausses apparences, a cru recon- naître dans cet organe la masse vitelline ou, pour mieux dire, le sac vitellin du fœtus. Mais cette opinion ne saurait être admise, parce que les embryons agrégés , dont on ne peut faire remonter l’origine à des œufs , en sont également pourvus. Les différentes phases relatives au volume que parcourt cet organe pendant lin- cubation du fœtus et après la naissance du jeune, correspondent en général à celles que suit le placenta. Mais son décroissement se faisant plus lentement, on en trouve encore les restes, longtemps après que le placenta a disparu. J’appellerai désormais cet organe éléoblaste ( elæoblastemum ). Le développement du fœtus des Biphores agrégés est de longue durée, car il ne s'achève qu'à mesure que la mère approche du terme de sa croissance (1). Malheureusement la marche des phénomènes génésiques est encore fort peu connue. Ne pouvant done , faute de matériaux suffisants, exposer ici l’ensemble de ces phénomènes, je me bornerai à communiquer sur ce sujet plu- sieurs résultats, qui peut-être ne manqueront pas d’intérêt. Quant aux premiers changements que subit l'œuf après la fé- condation, il m’a paru que la vésicule et la tache germinatives disparaissent d’abord, que l’œuf augmente de volume, qu'il perd la forme ovalaire et devient sphérique. Peu après, l'œuf ainsi transformé est remplacé par un corps rond, qui, en soulevant la portion de la tunique interne de la mère , précédemment super- posée à l'œuf, fait saillie dans la cavité de celle-ci sous la forme d’un mamelon. Ce corps n’est autre chose que le rudiment du placenta. Il est alors creusé d'une cavité en communication directe avec les deux vaisseaux de la mère , précédemment cités. (1) Il est à présumer que les Biphores agrégés périssent peu de temps après le part. Ils avaient donc deux fonctions à accomplir pendant leur développement : l'une était de produire et de former un nouvel être; l'autre, de féconder des géné- rations d'animaux nouveau-nés , semblables à eux sous tous les rapports. ET LE DÉVELOPPEMENT DES BIPHORES. 193 Ces vaisseaux sont à cette époque encore très étroits , mais ils ne tardent pas à grossir, à mesure que le développement fait des pro- grès. C’est par leur moyen que s'établit déjà un courant sanguin dans l’intérieur du placenta rudimentaire. Le sang de la mère, porté par l’un des vaisseaux dans la cavité, monte d’un côté vers son fond ou plancher, puis, en décrivant une courbe, descend de l’autre , pour retourner dans la mère par le vaisseau opposé. Le premier rudiment du fœtus ne se développe selon toute apparence qu'après le placenta. C’est un corps d’abord très pelit, qui se forme sur le sommet de-ce dernier organe et sous l’enve- loppe qui le recouvre; l'enveloppe n'étant, comme je viens de le faire voir, qu’une continuation de la tunique interne de la mère (1). Les organes ne tardent pas à apparaître dans cette masse rudi- mentaire de l'embryon; mais tout ce qui concerne leur dévelop- pement, pendant la première période, m'est resté presque en- tièrement inconnu. Cependant je suis porté à croire que la cavité respiratoire est une des premières parties à se former. La preuve en est que le fœtus, qui d'abord ne semblait représenter qu’une masse solide, devient bientôt évidemment creux. Immédiatement après, on apercoit les rudiments de la branchie et du ganglion nerveux, tandis que quelques autres parties, telles que le nucléus viscéral, l’éléoblaste et le cœur, ne deviennent distinctement perceptibles qu'un peu plus tard. L'éléoblaste est alors placé derrière le nucléus, et le cœur se contracte déjà, quoique lentement. C’est seulement lorsque le fætus acquiert une forme mieux dé- terminée, que les deux orifices du corps deviennent visibles, l’antérieur avant le postérieur. Le fœtus surpasse alors le placenta en volume, quoique cet organe depuis son apparition n’ait cessé de grandir. Le ganglion nerveux , qui se distingue de toutes les autres parties par son accroissement rapide, frappe la vue à cette époque, par son volume considérable proportionnellement aux autres organes; on en voit naître un grand nombre de nerfs. L'éléoblaste, dont le volume s’est accru considérablement , tend à se placer sous le nucléus. C’est aussi dans cette période qu’on (1) Cette enveloppe devient plus tard la tunique externe du fœtus. 194 KROHN. — SUR LA GÉNÉRATION distingue nettement les bandes musculaires, quoiqu'à un état encore imparfait. Chaque bande est alors représentée par deux portions latérales symétriques, et séparées entre elles par un large intervalle qui se trouve le long de la face supérieure du corps. Ce n’est que plus tard que ces deux portions se réunissent, pour ne former qu’une partie unique. Je ne veux pas omettre d’ajouter ici que, vers l’époque qui nous occupe, une transformation notable vient de s’opérer dans le placenta. La cavité qu'il contenait d’abord a fait place, en disparaissant, à cette substance pulpeuse et blanchâtre dont j'ai parlé en décrivant le placenta. À üne époque plus avancée, mais encore bien éloignée du terme du développement, le fœtus présente déjà une forme qui ne change que peu par la suite. Son volume est plus considé- rable par rapport à celui du placenta, qu'il ne l'était dans la période précédente. L’éléoblaste , quoique encore moins volumi- neux que le placenta , est placé maintenant derrière cet organe et ne tarde pas à l'égaler bientôt en grosseur. La distribution des vaisseaux dans les différentes parties du fœtus est devenue plus apparente, et on distingue en même temps les deux troncs, ren- fermés dans le pédoncule du placenta qui vient d’apparaître. C’est déjà à cette époque qu’on voit les contractions du cœur changer de direction périodiquement, et le sang par conséquent circuler de la même manière singulière que chez les Biphores adultes, Mais un autre phénomène , qui se manifeste à cette période, est encore plus remarquable. C’est la formation précoce du stolon prolifère, qui vient de naître tout près du cœur, sous la forme d’un petit bouton. Durant les périodes ultérieures du développement, la ressem- blance du fœtus avec l’animal adulte, aussi bien que l’accroisse- ment de son volume par rapport à celui du placenta, deviennent de jour en jour plus sensibles. Le fœtus , qui à l’époque précé- dente montrait déjà quelque indice de mouvement spontané , commence à contracter et à dilater son corps alternativement , comme le fait le Biphore adulte. Ges mouvements, faibles dès leur début, ne tardent pas à s’exécuter avec d'autant plus d'énergie que le fœtus louche de plus près au terme de son développe: ET LE DÉVELOPPEMENT DES BIPHORES. 195 ment. Le fœtus étant attaché à la mère, ces mouvements ne peu- vent le déplacer, et leur but unique est, sans doute, d’amener vers lui la quantité d’eau nécessaire à sa respiration. Quant au stolon prolifère , sa croissance pendant tout ce temps est si lente que, même à l'approche de la naissance, il ne représente qu’un fila- ment encore très délié et court. Cependant, en l’examinant de près, on aperçoit sur sa surface une rangée serrée de petites éléva- tions, indiquant les premiers vestiges des bourgeons, qui se transformeront par la suite en embryons. 8 IV. Propagation par bourgeons. — Différents modes d'agrégation des Bi- phores associés à l’âge adulte. — Stolon prolifère. — Germes et em- bryons. — Changements de position après la naissance. Après avoir résumé, dans les deux paragraphes précédents, tout ce qui est relatif à la propagation de la génération agrégée des Biphores, il ne me reste qu’à exposer le mode de reproduction prepre à la génération isolée. Mais avant d'aborder ce sujet, il est nécessaire d’entrer dans quelques détails sur la manière dont s'opère l'association des Biphores agrégés à l’âge adulte. Chaque groupe des Biphcres agrégés est composé d’un plus ou moins grand nombre d'individus de la même taille. Tantôt les individus sont groupés en série simple, circulaire , autour d’un axe commun : c’est le cas du Biphore pinné à l’état d’agrégation et celui des espéces voisines. Tantôt les individus sont rangés les uns à la suite des autres en deux séries longitudinales et parallèles, et disposés de facon que les individus d’une série alternent avec ceux de la série opposée. Ce mode d’association , formant ces lon- gues guirlandes flottantes connues depuis longtemps sous le nom de chaînes , est propre aux autres espèces. L’agrégation bisériale présente de nombreuses variations, sui- vant la diversité des formes, propres aux individus associés des différentes espèces. Mais quelque diversifié que soit ce mode d'assemblage, on peut en général distinguer trois types, aux- quels toutes les variations se réduisent. Le premier type est carac- 126 HKROHN. -— SUR LA GÉNÉRATION térisé par la position verticale des individus faisant partie d'uné chaîne , de sorte que les axes de leurs corps croisent l’axe de la chaîne à angle droit (.S. bicaudata, voyez le tableau. — S. ferru- ginea. Dans le second type, les corps des individus sont plus ou moins inclinés sur l’axe de la chaîne (S. mucronata.—S. T'ilesii ). Le troisième type se distingue par la position horizontale des individus, de facon que les axes de leurs corps sont plus ou moins parallèles à l'axe de la chaîne entière (S. maxima. — S. fusi- formis. —S. punctata. —S. zonaria ) (A). Dans chaque groupe, les individus sont si rapprochés les uns des autres, qu’il n'existe point d'intervalle entre eux, et que le groupe entier ne semble représenter qu’une masse uniforme. Les individus ne sont contigus que par la face inférieure et plus ou moins aussi par les faces latérales de leur corps; la face supérieure , celle où est placé le ganglion nerveux , et les deux orifices restent parfaitement libres. C'est ainsi, par exemple, que dans une chaîne dont les individus sont disposés verticalement ou oblique- ment sur l'axe, les individus de chaque rangée adhèrent à ceux de la rangée opposée par leurs faces inférieures, tandis que c’est par leurs faces latérales qu'ils sont unis à leurs voisins collatéraux. Mais quelque serrés que soient les individus les uns contre les autres, ce contact mutuel des surfaces n’aurait pas suffi à les maintenir dans leurs liaisons, si la nature n’y avait suppléé par d’autres moyens. Ge sont tantôt des appendices d’une grandeur considérable, tantôt de petites protubérances ou seulement des points circonscrits de la surface du corps, à l’aide desquels les in- dividus adhèrent entre eux d’une manière si solide, que c’est rare- ment sans quelque effort qu'on parvient à les désunir.Ces organes spéciaux et ces facettes d'attache, connus de la plupart des auteurs, ont été pris par quelques uns d’entre eux bien mal-à-propos pour des sucoirs. Leur nombre varie selon le mode d’agrégation. C’est ainsi que les individus associés du Biphore pinné et des espèces analogues, groupés en cercle, ne sont pourvus que d’un seul appendice très considérable qui , naissant de la face inférieure du (1) Meven, partant du même principe, était déjà arrivé à une distribution ana- logue des Biphores agrégés. (Voyez son Mémoire cité.) ET LE DÉVELOPPEMENT DES BIPHORES. 197 corps, ressemble tantôt à une crête (S. pinnala ), lantôt à une trompe (.$. proboscidalis. Voyez le tableau ). Le nombre des in- dividus formant un groupe circulaire est peu considérable, et c’est par les extrémités de leurs appendices, se rencontrant au centre du groupe, qu’ils sont unis entre eux. Chez les individus agrégés en chaînes, les organes d'attache sont représentés par les protubérances ou facettes que j'ai indi- quées, etleur nombre s'élève en général à huit. Quatre sont placés par paires sur la face inférieure de chaque individu, et servent à unir aux deux voisins de la rangée opposée. Des deux autres paires, l’une occupe une des faces latérales, l’autre la face laté- rale opposée. Elles sont destinées à lier chaque individu à ses deux voisins collatéraux. La position de ces organes varie suivant la forme des individus associés et suivant qu’ils appartiennent à l’an ou à l’autre des types établis (1°. Enfin, je ferai mention ici de deux prolongements du corps, qu'on rencontre chez la plupart des Biphores, agrégés d’après le troisième type (S. maxima.—S. fusiformis) ; l’un naît du bout antérieur, l’autre du bout opposé du corps, et tous les deux ont la forme d’une pyramide : c’est surtout au moyen de ces prolon- gements que les individus sont en contact les uns avec les autres. Nous avons vu, dans le paragraphe précédent, que le stolon pro- lifère montrait déjà les premiers indices des bourgeons avant la naissance du jeune Biphore isolé, quoiqu'il ne représentät alors qu'un filament encore très grêle et court. Il ne grandit après la naissance qu'à mesure que se développent les premiers bourgeons, et que leur nombre augmente par une addition toujours crois- sante de nouveaux germes , naissant les uns à la suite des autres. Fixé par l’une de ses extrémités au cœur de la mère, c’est tou- (1) Aucun individu ne peut se séparer spontanément du groupe dont il fait partie. IL est vrai qu'on rencontre souvent des individus libres , voguant dans les mers ; mais C'est toujours à une circonstance fortuite qu'est due leur séparation du groupe. Je suis même porté à admettre que la réunion en groupes est si néces- saire à l'entretien de la vie de chaque individu , qu'il ne tarde pas à périr si par hasard il vient à en être détaché. 128 KROHN. — SUR LA GÉNÉRATION jours par cette extrémité que le stolon produit de nouveaux germes. | L’accroissement des bourgeons , de même que la nutrition des embryons , ne pouvant se faire qu'aux dépens du sang de la mère, le stolon est construit de manière à admettre une quantité pro- portionnée de ce fluide. Il renferme, en effet, deux vaisseaux qui le parcourent dans toute sa longueur , et dont l’un m’a paru pro- venir du bout antérieur, l’autre du bout opposé du cœur de la mère. Il résulte de cet arrangement que le sang , poussé par les contractions de cet organe dans l’un des vaisseaux, retourne par l’autre, et on distingue très bien, à chaque fois que le cœur com- mence à se contracter en sens contraire, que les deux vaisseaux ne tardent pas à changer de rôle (4). D’après ce qui vient d’être dit relativement à la germination successive des bourgeons, il est facile de concevoir qu’en exami- nant le stolon à une certaine époque de son accroissement, on embrassera d’un coup d'œil la série complète des phases que parcourt chaque embryon , depuis son apparition sous la forme d’un petit bouton jusqu’à son terme. Craignant de n’être pas suf- fisamment compris, si je voulais détailler ici la marche des phé- nomènes génésiques , sans donner des figures représentant les différentes phases , je dois passer sous silence tout ce qui a rapport à ce sujet (2). Je remarquerai seulement , qu’abstraction faite des premières périodes du développement, il m’a semblé voir que les phases que parcourent les divers-organes correspondent à celles que présentent ces mêmes organes pendant le développement du fœtus isolé. Quel que soit le mode d’agrégation des Biphores associés à l’âge adulte, toujours leurs germes sont dès le principe disposés le long dustolon, en deux rangées parallèles, et de manière que les (1) M. Milne Edwards a démontré que les stolons prolifères des Ascidies so- ciales et composées . sont de même parcourus par deux canaux, dont l'un montre un courant sanguin ascendant, l’autre un courant descendant. (2) Je puis d'autant mieux m'en dispenser, que M. Eschricht me paraît déjà s'être acquitté de cette tâche d'une manière très satisfaisante. ( Comparez les planches IV et V du Mémoire cité.) ] ET LE DÉVELOPPEMENT DES BIPHORES, 129 germes d’une rangée alternent avec ceux de l’autre. Il s'ensuit que les embryons qui en naissent doivent nécessairement être disposés de la même manière (1). Les embryons sont toujours placés de manière à ce que les axes de leurs corps croisent l'axe du stolon à angle droit; ils adhèrent entre eux au moyen des organes d'attache, dont j'ai déjà fait mention en parlant de l’a- grégation des Biphores adultes. De même que le fœtus isolé , les embryons agrégés ne se déve- loppent que lentement; le développement de ceux qui, par exemple , tirent leur origine des germes formés les premiers , n’est terminé que lorsque la mère a presque atteint sa grandeur, On concoit aisément que le nombre des bourgeons ne cessant d'augmenter pendant tout le temps que la mère grandit, l’en- semble des germes et des embryons , ou la chaîne embryonnaire, acquiert enfin une longueur considérable. Logée dans la tunique externe de la mère, et adhérant au cœur de celle-ci à l’aide des vaisseaux du stolon , cette chaîne embryonnaire tantôt longe la face inférieure, et se porte directement en avant, pour se terminer avant d'atteindre l'extrémité antérieure du corps, comme chez la génération isolée du Biphore pinné et des espèces voisines; tan- tôt, comme chez la plupart des autres espèces , elle s’enroule autour du nucléus viscéral, en décrivant plusieurs tours de spire , et aboutit enfin à l'extrémité postérieure du corps. Si l’on examine la chaîne embryonnaire à cette époque , on voit que tous les embryons sont divisés en trois groupes très tranchés. Le premier groupe est formé par les germes et par les embryons encore peu développés qui les suivent. L'ensemble de ces em- bryons représente une série progressive des premières phases du développement embryonnaire ; mais le second groupe est com- posé d’embryons beaucoup plus développés, qui , étant tous de la même taille, n’offrent plus aucune trace de gradation. Ce second groupe est suivi d’un troisième groupe d’embryons arrivés presque (4) On voit, par là même, que l'association bisériale et alternante des Biphores agrégés en chaînes existe déjà dans cet état primitif. 3 série. Zoo. T. VI. (Août 1846.) ; 9* 130 KROHN. — GÉNÉRATION EL DÉVELOPP. DES BIPHORES,. à terme, et ne présentaht non plus aucune différence entre eux (4). On voit par là que c’est par groupes que les embryons, produits par le même stolon, sortent du sein de la mère, et que le groupe le plus développé est nécessairement aussi celui qui vient le pre- mier au monde. La conformité parfaite des individus nouveau-nés explique aussi pourquoi les animaux adultes sont toujours de la même forme et de la même grandeur. La chaine embryonnaire de la génération isolée du Biphore pinné et des espèces analogues ne présente jamais ces sections en groupes. Ici, au contraire , les phases du développement se suc- cèdent régulièrement, suivant un ordre progressif, dans toute l’é- tendue de la chaîne. C’est la raison pour laquelle les animaux nouveau-nés et groupés déjà en cercle, comme les animaux adultes, sont souvent quelque peu inégaux par rapport à leur taille; mais cette inégalité disparaît pendant la première jeunesse, J'ai déjà annoncé que la chaîne embryonnaire est logée dans la tunique externe de la mère. Pendant le premier temps de son accroissement, la substance de cette tunique l’enveloppe de si près, qu'il n'existe point d'intervalle entre elles ; mais à mesure que la chaîne embryonnaire grandit , il se forme autour d'elle , et prin- cipalement autour du groupe des embryons les plus développés , une cavité, qui se prolonge vers la superficie du corps de la mère, et s'ouvre au dehors par un large orifice. C’est par cet orifice que le groupe des embryons à terme est mis au monde. L'endroit où se forme cet orifice correspond parfaitement à l’endroit où se ter- mine la chaîne embryonnaire dans les différentes espèces ; ainsi, tantôt il est placé près de l'extrémité antérieure , tantôt sur l’ex- trémité postérieure du corps de la mère. — Au moment de leur naissance , les embryons se détachent de la portion du stolon qui leur servait de support, et qui finit par se flétrir et par dispa- raitre. Les embryons; comme nous l'avons vu , sont placés le long du stolon , de facon que l'axe de leur corps croise celui du stolon à (1) Voyez la planche IV du Mémoire de M. Eschricht, où ces trois groupes sont trés bien representes. | DE QUATREFAGES. — SUR LE GENRE MÉMIPSILE.. 131 angle droit. On conçoit aussitôt que cette position originaire doit ou persister dès la naissance pendant toute la vie, ou changer de direction, suivant que les individus nouveau-nés appartien- nent à l’un ou l’autre des trois types auxquels nous avons rap- porté tous les Biphores agrégés en chaînes (Joyez p. 125). Et en effet, chez les Biphores, associés d’après le premier des types établis, la position des individus reste telle qu’elle était à la nais- sance ; tandis que ce sont surtout les Biphores, agrégés d’après le troisième type, chez qui les changements de position dans le jeune àge sont le plus manifestes. La forme de la plupart de ces Biphores n’est pas encore accomplie, quand ils viennent au monde. C’est ainsi, par exemple, que les deux prolongements pyrami- daux, dont est muni le corps du Biphore birostré (S. maxima) et fusiforme (voyez p. 127), ne sont que très peu développés chez les individus nouveau-nés. L’accroissement de ces prolongements pendant la jeunesse est accompagné des changements notables dans la position, dont je viens de parler. Ainsi , lorsque ces pro- longements sont encore petits, le corps des individus est peu incliné sur l’axe de la chaîne. Cette direction devient d’autant plus oblique que les deux prolongements grossissent , et finit enfin par être parallèle à l’axe de la chaîne , quand ceux-ci ont atteint leur grandeur. À cette époque , le développement de ces Biphores est accompli. NOTE SUR UN GENRE D'ANGUILLULES MARINES POURVUES DE SOIES, HÉMIPSILE (HEMIPSILUS, No.) (1); Par M. A. DE QUATREFAGES, Les Anguillules , rangées d’abord parmi les Vibrions par Müller et par les naturalistes qui l'ont copié, ont été avec raison dans ces derniers temps retirées du groupe des Infusoires, et M. Dujardin entre autres les a placées parmi les Nématoïdes. Dans l'état actuel de nos connaissances , il me semble en effet que c’est bien le groupe auquel on peut les rapporter avec le plus de probabilité ; mais je crois en même temps que nous sommes encore loin de pouvoir nous prononcer sur ce point avec une entière cer- titude. Un des caractères les plus généraux des Nématoïdes est d’avoir le (1) De pusu, à demi, et Loéz, nu. 132 DE QUATREFAGES. — SUR LE GENRE HÉMIPSILE. corps entièrement nu, de ne pas montrer la plus légère apparence de soies. Eh bien, il existe des Anguillules ou du moins de petits Vers ayant la forme générale et l’organisation des Anguillules qui portent en même temps de véritables soies. C’est sur nos côtes de la Manche que j'ai trouvé , au milieu des touffes de Corallines, les petits animaux dont je parle. Leur taille est générale- ment de beaucoup supérieure à celle des espèces du même groupe dé- crites jusqu’à ce jour. La plupart sont très visibies à l’œil nu, et j'en ai rencontré de 8 millimètres de long sur au moins 1/4 de millimètre en diamètre. La forme générale de ces Anguillules ne présente rien de particulier. Un peu obtus en avant, le corps se renfle très légèrement dans son milieu, et se termine en pointe aiguë. Près de l'extrémité antérieure se trouvent six soies placées en cercle d’une manière symétrique autour du corps. Ges soies sont fortes, recourbées d’arrière en avant, et leur longueur égale à peu près le diamètre du corps. En arrière de ce cercle de soies, on voit sur la ligne latérale, de chaque côté, quatre soies séparées l’une de l'autre par un intervalle un peu moindre que le diamètre du corps. Ces soies latérales diminuent rapide- ment de longueur d’avant en arrière. Celles de Ja première paire sont à peu près semblables aux soies du cercle dont nous avons parlé plus haut ; celles de la quatrième paire forment, hors des téguments, une saillie à peine sensible. La trompe est forte et musculeuse ; elle occupe environ le quart de la cavité du corps. Son canal æsophagien est étroit, et s'ouvre dans un in- testin large, droit, qui vient déboucher en arrière à très peu de distance de l'extrémité caudale. Au point où se joignent la trompe et l'intestin, on trouve quatre corps glandulaires qui semblent déboucher dans l'æso- phage. L'appareil génital s'ouvre à peu près vers le milieu du corps. La verge est formée par un spicule unique recourbé. A sa base sont quatre poches à parois épaisses, deux grandes et deux petites; des muscles très appa= rents servent à le mouvoir. Là se bornent les renseignements que me fournissent mes notes et mes croquis. Is suffisent, ce me semble, pour motiver les réflexions que j'ai faites au commencement de cette note. Le Ver que je viens de décrire est bien une Anguillule, mais une Anguillule armée de soïes à sa partie anté- rieure. Pour lui conserver une place parmi les Nématoïdes, il faut le con- sidérer comme représentant dans ce groupe le type des Vers sétigères. Je proposerai donc d'en former un genre nouveau, qui deviendra proba- blement plus tard unefamille. G. HÉMrPSILE. Corps presque cylindrique ; queue aiguë, nue ; tête tron+ quée, arrondie, entourée d’un cercle de soies; la partie antérieure du corps portant des soies disposées par paires latérales, et décroissant de grandeur d’avant en arrière. G. HewrrsiLus. Corpore fere cylindrico ; caud& acutà, nudû ; capite truncata rotundato, setis circumdato ; parte anteriore corporis setarum paribus lateralium retro decrescentum armatt. 133 MÉMOIRE SUR LES FORMES DU CRANE DES HABITANTS DU NORD; Par M. le Docteur RETZIUS (|). Bien que le professeur Nilsson ait exposé de la manière la plus convaincante la nature et le mode de vivre des plus anciens ha- bitants du Nord, et bien qu'il ait répondu à tout ce qu'offre d’es- sentiel la question des différences dans la forme de leur crâne et dans celle du crâne des habitants actuels de la Suède, je me crois cependant obligé, autant par sa propre invitation, que par l’occa- sion favorable que nous offrent nos riches collections de crânes, à soumettre à une recherche et à une comparaison anatomique dé- taillée les crânes des peuples du Nord. Autant que je puis le savoir, on s’est peu occupé jusqu'ici de découvrir les particularités qui distinguent les crânes des diverses races européennes. Cette recherche est soumise d’ailleurs à de graves difficultés, en ce que les nations européennes, par l’effet de l’extension de leur développement et de l’activité de leurs rapports commerciaux, sont déja depuis des siècles en contact immédiat les unes avec les autres. Aussi doit-on faire plus d’attention à ce que les specimen qui doivent servir aux recherches soient d’une souche pure et sans mélange , de même qu’on doit éviter avec soin de mettre en ligne de compte les déviations de la forme type de la race qui sont in- dividuelles et qui sontsurvenues vraisemblablement sous l'influence de la civilisation et des croisements nombreux, ainsi que loutes les autres dissemblances. (1) Ce Mémoire fut présenté par le professeur Retzius à l'Assemblée des Natu- ralistes scandinaves de Stockholm, en 1842, et se trouve dans leurs Mémoires ( Forhandlingar vid de Skandinaviske Naturforskarnes tredja Môte, à Stockholm à d. 43-19. Juli 4842, S. 157-201); mais il a été publié aussi en un tirage à part. Son titre est : Om formen af Nordboernes Cranier ; af A. Retzius. Stock- holm, 4843 ; 45 pages grand in-8. Une traduction allemande en a été donnée, par le docteur Creplin , dans les Archives de Müller, 1845, n° 2, La traduction française que nous publions ici est de M. le docteur Courty. 3 série. Zooc. T. VE ( Seplembre 1846.) 1 9 134 RETZIUS. -- SUR LES FORMES DU, CRANE Le problème est de montrer ce qui est commun au grand groupe de chaque race; et lorsque les résultats offriront le plus de certitude, alors aussi on aura plus d'occasions d'établir de nombreuses comparaisons; j'ai donc rassemblé dans le but dont il s’agit une quantité de crànes suédois, tirés en partie des salles anatomiques, en partie des cimetières , et j'en ai rejeté les exem- plaires qui pouvaient être regardés comme d’une origine mé- langée ou étrangère, ainsi que ceux d’une forme anormale, etc. Le résultat le plus important de ces recherches sur les crânes suédois, c’est qu'ils présentent un alloñgement notable des lobes postérieurs du cerveau, en sorte que ces lobes, non seulement re- couvrenttout-à-fait le cervelet, mais ledépassent encore en arrière. Quant à leur comparaison avec les autres nations de l’Europe, j'ai dû me borner de préférence aux peuples voisins orientaux les plus rapprochés de nous : les Slaves, les Finlandais et les Lapons. Les crânes des Slaves offrent un raccourcissement tel des lobes postérieurs du cerveau, que ceux-ci ne couvrent le cervelet que tout juste, tandis qu'ils présentent un développementremarquable en largeur. Les crânes des Finnois ont un peu plus de longueur que ceux des Slaves dans les lobes postérieurs du cerveau, de manière toutefois à ne dépasser le cervelet que d’une quantité à peine sensible; mais leur développemeni en largeur, quoique plus grand que chez les Suédois, ne l’est pas encore autant que chez les Slaves. Chez les Lapons, les lobes moyens du cerveau parais- sent être un peu plus développés, tandis que les lobes postérieurs couvrent à peine le cervelet sur les côtés et présentent en largeur un développement encore un peu moindre que chez les Finnois. Les diflérences dans la configuration du visage ne sont pas sans importance pour la détermination des caractères nationaux, mais ils ont bien moins de valeur que la forme de la boîte céré- brale. Ils se bornent surtout à un développement plus ou moins grand de l'appareil maxillaire , dans lequel sont aussi compris les os jugaux. En général, chez les peuples européens , les mâchoires sont peu proéminentes ou peu déjetées en dehors. Chez les Euro- péens purs qui présentent une disposition contraire, il faut bien la considérer comme une déviation du type normal. DES HABITANTS DU NORD, 155 Ce devrait être aussi le lieu de rappeler ici que la même diflé- rence paraît exister dans le développement des lobes postérieurs du cerveau chez les peuples américains aussi bien que dans les diverses souches des habitants de l’Asie et de la mer du Sud ; tan- dis que les Africains, autant que je le sais , ont tous la tête étroite et allongée en arrière. Plusieurs des habitants de l'Asie et la plu- part de ceux de la mer du Sud, de l'Afrique et de l'Amérique, aussi bien ceux chez qui les lobes postérieurs du cerveau sont courts, que ceux chez qui ils sont longs, se distinguent par un dé- veloppement des mâchoires qui dépare les traits de leur visage et forme une proéminence tantôt en avant comme chez les nègres, tantôt latéralement comme chez les Groenlandais. Lorsque de telles différences nationales se rencontrent dans la forme, elles doivent marquer, autant que les témoignages fournis par les ca- ractères anatomiques peuvent avoir de valeur à cet égard, une différence fondamentale dans les rapports des races. On n’a ce- pendant pas donné, à ce qu’il me paraît, assez d'attention à ce principe. Aïnsi on trouve encore assez généralement que les nègres, qui ont des têtes longues, étroites, sont réunis aux Papous, chez qui elles sont courtes et larges : que les Groenlandais, qui ont des têtes longues, étroites, avec des mâchoires larges, sont portés dans une même classe avec les Lapons, dont les têtes sont courtes et les mâchoires petites; de même qu’on réunit encore générale- ment sous les noms de Caucasiques , Turaniens, etc., les Slaves, les Scandinaves , les Germains et plusieurs autres. Pour mettre ici sur la voie d’une rectification , j'ai fait un ta- bleau des races d’après la forme du crâne et des mâchoires. Je le communiquai dès l’année 1840 à notre académie royale des sciences; mais, n'ayant pas à ma disposition une collection sufli- samment riche de crânes des nations étrangères, je n'étais pas encore en état de l’éprouver complétement. Je le présente donc ici comme une esquisse et dans la vue de provoquer des objections ou des éclaircissements. Cette classification , qui ne comprend que les peuplades dont j'ai eu l’occasion d’examiner les cränes, est la suivante : 136 RETZIUS. — SUR LES FORMES DE CRANE Gaulois, Celtes. Bretons. Écossais. Germains. \ Scandinaves. OnTHOGNATHEÆ. DoLiCHOCEPHALE. mé : / Groënlandais. Plusieurs souches indiennes de l'Amérique du Nord et \ Procxaruæ (1). { du Sud, telles que Caraibes, Botocudes, etc. Nègres. : Nouveaux-Hollandais. PE te GENTES Slaves. pere et autres races tu- ORTHOGNATHÆ desques?. __ ‘ )Afghans. [ Perses. \Lapons, Jacutes, etc \ BRACUYCEPHALE. . ! | ; Tartares. Kalmouks. Mongols. Malais. PROGNATHEÆ. . 3 Ke | Plusieurs souches américaines du N. et du S., telles que | les Incas, Charruas, etc. \ Papous (2). Comme la plupart des caractères reposent ici sur un dévelop- pement plus ou moins grand des parties du crâne, il est nécessaire d'introduire des mesures dans les descriptions. J'en ai limité le nombre autant qu'il était possible, sans cesser toutefois d’être complet, et je me suis servi du mètre. Pour les crânes des Sué- (1) Ce terme est emprunté au docteur Prichard, qui l'a cependant employé dans un sens plus restreint pour exprimer la forme de tête des Africains , étroite et allongée dans le sens de sa longueur. (2) Depuis la publication de ce premier Mémoire, M. Retzins a étendu ses études aux crânes de plusieurs autres peuples de chaque partie du monde, ce qui lui a permis d'étendre aussi ses essais de classifications fondés, comme on vient de le voir, sur la longueur ou la brièveté du crâne, et sur la rectitude ou l'incli- naison antérieure de la face. On trouvera une partie des observations relatives à ce sujet ainsi qu'au développement du cerveau, qui s'y rattache d’une manière intime, dans les Froriep's Notizen, 1845, et dans les Archiv. für Nordische Na- turgeschichte von Hornschuch, 4845. Nous ne pouvons entrer dans de nouveaux DES HABITANTS DE NORD. 137 dois, je n'ai pas pris nes mesures sur toute ma collection, qui s'élève à deux ou trois cents crânes; mais j'en ai fait un choix d’après les mesures prises plusieurs fois sur cinq crânes, quatre détails sur ces différents Mémoires: mais pour compléter, autant que possible , celui que nous traduisons, nous allons placer sous les yeux du lecteur le tableau suivant, que le savant professeur suédois a bien voulu nous communiquer, lors de son dernier voyage à Paris : Europe. Suedois. Norwégiens, Danois. Allemands. Hollandais Anglais. Irlandais. Français, elc. Avares. Hongrois, Turcs. Lapons. Thschudes, Finnois (anciens Schythes ). Slaves. —__— Dolichocéphales orthognathes nn. > mm Brachycéphales orthognathes. . Asie, Hindous. Géorgiens. Samoïèdes. Tacoutes. Burates. Tschudes. Avares. Afghans. Turcs , Perses. Chinois. Japonais, etc. Calmoucks. Malais. Dolichocéphales orthognathes. Brachycéphales orthognathes. . mt Dolichocéphales prognathes. ls Brachycéphales prognathes. Mer du Sud. Tagalernes. Manilles. Australiers. Néerlandais. Amboiniens, Sandwich3, Malais. Otahitiens. Papous. Brachycéphales orthognathes. Dolichocéphales prognathes. Brachvcéphales prognathes A, me 138 RETZIUS. — SUR LES FORMES DU CRANE d'hommes, un de femme, et exprimant d'une manière généralé les rapports de forme qui existent dans tous ceux de Ja collection. Après avoir ainsi établi d’après eux mes mesures et mes descrip- Afrique. Nubiens. + ; Abyssiniens. Dolichocéphales orthognathes. . . . . . Me phales orthognathes rique Guauches. Tous les rameaux nègres. Caffres. Hottentots. Coptes. Dolichocéphales prognuhes um — Amérique. .Groënlandais et Esquimaux. / Kolouches. Tscherokéses. Chippevays. Iroquois. Hurons. ‘Amérique septent. | | * Tschickesahs. Cayugas. Ottogamis. Pollavalahmebs. Lenni Lenapes. Dolichocéphales prognathes. / PRÉ AUUE Botocudes. Caraïbes. Guarans. Aymaras. Huanches. | Lyapatagons. \ Le mérid. \ / F Natchez. Czecks. Sémioles. Euchées. Klatltonis. Joways. re septent. \ is mérid. ( Amérique septent. Brachycéphales prognathes. Charmas. Puelches. Araucanes. Nouveaux Péruviens. Astakers et Mexicains ? = Brachvcéphales orthognathes } Amérique mérid. . 1 Chincas et Péruviens? (Note du traducteur). D£S HABITANIS DU NORD. 139 tions , j'ai appliqué celles-ci à la comparaison des autres exem- plaires et j'en ai rejeté tout ce qui ne se trouvait pas alors constant ou général. Comme les cränes de femmes varient plus dans leurs dimensions que les crânes d'homme, je m'en suis tenu particu- lièrement à ces derniers comme étant l'expression la plus com- plète du type national. Les cränes de femmes des classes supé- rieure et moyenne sont en général beaucoup plus petits que ceux des campagnardes , ce qui provient apparemment de la différence dans leurs travaux et leur manière de vivre. Aïnsi on trouve dans beaucoup de cas des crânes de paysannes dalécarliennes aussi grands et aussi forts que des crânes d'hommes. Aussi dans la description des crânes de femme petits et de formes déliées, n'’ai- je tenu compte d’aucune mesure et ai-je décrit seulement leur configuration. Qu'il me soït permis maintenant d'aborder le véritable objet de ce travail : la description des crânes des Suédois comparés à ceux des peuples leurs voisins du Nord et de l'Est. 1. Crânes de Suédois. La forme de la boîte cérébrale vue par la partie supérieure est ovale. Sa plus grande longueur l’emporte d’un quart sur sa plus grande largeur, le rapport entre ces deux dimensions étant de 1000 à 773, ou presque de 9 à 7. En moyenne, la plus grande longueur (de la glabelle à la plus grande convexité de la tubérosité occipitale) est de 0190: la plus grande largeur en avant (entre les fosses temporales anté- rieures) , de 0,107; la plus grande largeur en arrière ( immé- diatement derrière les tempes), de 0",147; la plus grande cir- conférence du crâne (en passant sur la glabelle et la tubérosité occipitale), de 0",540 ; sa hauteur (du bord antérieur du grand trou occipital, du foramen magnum , à la partie la plus élevée du vertex), 0",135. Le contour de la plupart des crânes est en avant vers le front un peu tronqué transversalement; les éminences sourcilières sont en général très développées, par contre la boîte cérébrale se ré- trécit en arrière de sa plus grande largeur vers la nuque, et sa 140 RETZIUS., — SUR LES FORMES DU GRANE longueur est augmentée par l'existence d’une bosse occipitale très saillante , ayant la forme d’un angle arrondi. La plus grande largeur du crâne tombe le plus souvent au- dessous et un peu en avant des bosses pariétales, qui sont situées devant le commencement de l’occipital et plus sur les côtés de la boîte cérébrale, Souvent toutefois ces bosses manquent, ou bien elles sont arrondies et peu saillantes. La partie postérieure du pariétal et de la suture sagittale s’in- cline en arrière. L’angle supérieur de l’occipital est situé très bas ; les bords de la suture lambdoïde sur les parois latérales du crâne gagnent la surface de l’occiput. Les limites des points d'insertion des muscles du cou ( Lineæ semicireulares majores ) se réunissent sous un angle presque droit qui se trouve au-dessous et en avant de la bosse occipitale fortement développée. Get angle est habi- tuellement saillant, et forme chez les hommes adultes une protu- berantia occipitalis externa bien prononcée. Si on regarde la boîte crânienne par côté, la bosse occipitale se montre aussi fortement accusée, comme anguleuse et limitée supérieurement par une empreinte sur le sommet de la suture lambdoïde , dans le lieu où se trouvait la grande fontanelle. Cette empreinte fournit un caractère essentiel pour les crânes de cette forme. Par suite de cet allongement prononcé de l’occipital, le trou auditif externe est situé beaucoup plus en avant que dans les autres crânes dont il est ici question. Si on se représente un plan qui passe par les deux conduits auditifs externes et qui coupe à angle droit la ligne longitudinale du crâne, il rencontrera cette ligne longitudinale près du milieu; souvent il tombe juste au milieu, plus raremént en avant, et quelquefois en arrière de quel- ques millimètres. Il résulte encore de la longueur de l’occipital que les lignes semicirculaires temporales ne s’étendent pas en arrière aussi loin que dans les crânes où l’occipital est court ; mais qu’au contraire, comme l’angle mastoïdien du pariétal, elles sont tout entières sur les parties latérales du crâne et n’empiètent pas sur la face occipitale. 11 faut remarquer qu’en arrière ces lignes se séparent de la limite des points d'insertion des muscles tem- DES HABITANTS DU NORD. ti poraux, celles-ci étant plus rapprochées de la suture écailleuse et croisant transversalement l’apophyse jugale. Vu par sa face inférieure, le crâne des Suédois se distingue aussi par l’allongement de l’occipital, ce qui rend son contour elliptique. Pour évaluer cet allongement de l’occipital, menons une ligne droite entre les deux trous auditifs externes, Si alors sur cette ligne prise comme corde, on décrit un arc autour de la partie la plus élevée de l’occipital, la hauteur de l’arc sera à peu grès égale à la corde. fl est à remarquer que cette ligne touche le bord an- térieur du grand trou occipilal, et que l'arc commence en suivant le bord des apophyses mastoïdes. La distance entre ces deux émi- nences donne donc le moyen le plus facile de connaître la longueur de la corde , tandis que celle du bord antérieur du grand trou oc- cipital au point le plus élevé de cet os mesure la hauteur de l’arc. C’est en entier dans l’intérieur de ce segment d’arc que sont com- prises les surfaces où s’attachent les muscles du cou et qui sont limitées par les lineæ semicireulares majores. Cette surface (con- ceptaculum cerebelli ) sur laquelle repose le cervelet est chez les Suédois presque horizontale, ne descendant pas vers la partie cer- vicale de la tête, mais formant la base du cràne, et légèrement convexe. La bosse occipitale (fuber occipitale), qui est le concep- taculum des extrémités des lobes postérieurs du cerveau, est tout- à-fait derrière le bord du conceptaculum cerebelli. La forme du grand trou occipital où passe la moelle épinière est ovale; sa lon- gueur moyenne est de 0",036 et sa largeur de 0,029 ; sur quel- ques crânes il est anguleux en avant et en arrière; chez d’autres seulement en avant, ou seulement en arrière. Les apophyses mas- toïdes sont, dans la plupart des cas, grandes et fortes ; elles sont aussi creusées en dedans , dans le sens de leur longueur, d’une gouttière étroite, profonde, pour l'insertion du muscle digas- trique (incisuræ mastoideæ majores ). Les apophyses ptérygoïdes sont presque verticales. Tournons-nous de là notre attention sur la charpente osseuse de la face, nous trouvons que, vue d’én-haut , elle déborde peu le contour de la boîte cérébrale; ainsi les apophyses orbitaires 142 RETZIUS. — SUR LES FORMES DU CRANE externes sont petites, le bord inférieur de l’orbite est placé pres- que verticalement sous le supérieur, les tubérosités malaires (tubera zygomatica oss. zygom.) sont juste sous les apophyses sourcilières externes. Cette forme tient à ce que les mächoires sont médiocrement allongées ou étendues en avant. Les arcades zygomatiques vont, chez quelques uns, presque directement en ar- rière, et commencent à s'écarter près de leur insertion à l’os tem- poral ; chez d’autres elles forment un arc presque régulier, dont la plus grande convexité est au milieu. La distance entre les points les plus convexes des arcades zygomatiques est habituellement de 0,130 à 0,135, L’os jugal lui-même est aplati en dehors, arrondi supérieurement, grand et ayant une tubérosité jugale qui descend verticalement, par suite de quoi toute l’arête inférieure de l’arcade zygomatique est fortement contournée en S ; souvent une rainure naît de la rencontre avec l’apophyse malaire du maxil- laire supérieur. Le contour des cavités orbitaires varie dans sa forme. Chez quelques uns, il a la forme d’un rhombe à angles arrondis, obli- quement dirigé en dehors et en bas ; chez d’autres , d’un parallé- logramme à angles également arrondis. Ce contour est tantôt ovale, tantôt orbiculaire ; le plus souvent , enfin , il est incliné en dehors , à cause de l’abaissement de l’os malaire. L'intervalle entre les cavités orbitaires , qui renferme la racine du nez et l’ethmoïde , est en général large comme chez les autres races du Nord. Les dimensions de la circonférence de la base des cavités orbitaires sont si variables, qu’il ne paraît pas possible d’en donner la mesure. Le palais présente généralement une concavité élevée dans beaucoup de cas ; cependant on le voit aplati antérieurement, L’arcade dentaire de la mâchoire supérieure (Processus alveola- ris) a de la hauteur. La distance entre l’épine nasale externe et le bord alvéolaire varie de 0,020 à 0,025. Une ligne, tirée en arrière dans la direction du bord inférieur de l’arcade alvéolaire, tombe un peu au-dessous du sommet des apophyses mastoïdes, et dans le milieu de la branche montante du maxillaire inférieur : c’est là la cause’ que le visage est allongé. Sa longueur moyenne DES HABITANTS DU NORD, 145 chez les hommes, depuis l’union des os nasaux au frontal, jus- qu’au rebord alvéolaire de l’arcade dentaire supérieure , s'élève à 0,074. La fosse malaire est, sur la plupart des têtes, assez profonde. La mâchoire inférieure est haute et d’une forte structure ; sa hauteur est, chez la plupart, d'environ 0",075 de l’apophyse condyloïde à l'angle postérieur ; et d'à peu près 0",035 du bord inférieur de l’angle mentonnier au rebord alvéolaire. Celui-ci, dans lequel sont implantées les dents, le plus souvent dans une direction verticale, augmente par son élévation la hauteur du visage ; et, comme en même temps les angles postérieurs se por- {ent presque directement en arrière et sont sous la partie moyenne des apophyses jugales des temporaux , il en résulte que l'inter- valle compris entre les tubérosités jugales et l’angle maxillaire, et rempli par le masseter , est si long, que ces tubérosités elles- mêmes sont peu marquées. Les apophyses coronoïdes, auxquelles s’attachent les muscles temporaux , sont cachées le plus souvent en dedans des os malaires , en avant de la suture zygomatique, ce qui est une conséquence de la grandeur et de la forme de ces os. Le menton est fortement dirigé en avant, et parait pointu, com- paré à celui des Lapons. Les dents sont en général verticales , et ont de longues racines, En comparant cette description à celle d’un crâne suédois, que le Pr. Nilsson a donnée dans le premier cahier du Skandina- wiska nordens Urinvanare, tab. D, fig. 1, 2, 3, on trouve entre les deux la concordance la plus exacte. Quant à la question de savoir si ces formes ont un peu changé dans le cours des temps, on peut pour la résoudre observer les crânes qui ont été trouvés dans de vieux tombeaux. Je puis décrire ici un crâne de la contrée d’Upsala, qui a été trouvé dans la terre par M. Tottie , garde forestier général, et que le docteur Liedbeck , prosecteur , a eu la bonté de me communiquer. Dans le pays où le crâne a été trouvé, près du squelette qui lui appar- tient, on présume qu’il y avait anciennement un cimetière, et on n'y trouve pas moins de tertres et d’urnes funéraires que de sque- lettes ; ceux-ci sont couchés dans la direction de l’orient à l’ocei- 14h RETZIUS. — SUR LES FORMES DU CRANE dent à une profondeur d’une aune et demie, sans autre trace d'anciens restes. D’après l’opinion d’antiquaires distingués, la date de leur présence remonte au temps où on cessa de brûler les cadavres , et où le Christianisme fut introduit dans le pays. On peut donc en conclure que le crâne en question a été placé dans la terre depuis plus de 1000 ans, Il est remarquable par l’ovale allongé de sa forme , la beauté de sa voussure et du front, la rectitude de la ligne faciale, la longueur de l’occipital et la grandeur de la bosse occipitale. Il y a plusieurs années, M. le prieur Abraham Ahlquist envoya à l’Académie d'histoire et belles-lettres deux crânes, trouvés à Oland dans des tombeaux du moyen-âge. Je puis aussi en donner ici la description; ils ont tout-à-fait la même forme que celui dont je viens de parler. L'un d’eux a un cercle de vert-de-gris autour du coronal, provenant probablement d’une couronne de bronze ou de cuivre. Dernièrement, M. le comte Anckarsward a mis à ma disposi- tion, pour que je pusse les observer , quatre autres crânes suédois du moyen-âge. Ils se trouvaient dans un tombeau muré, à voûte basse, de l’église de Sorunde , dans laquelle les propriétaires de Follnas ont leur sépulture. Follnas à appartenu à la famille bien connue de Folkunga, et en a même tiré son nom à une époque - plus reculée, car il s’appelait d’abord Folkunganas. Après des ventes, qui sont consignées aux Archives, la propriété dut appar- tenir de 1251 à 19257 aux Folkunga Jean Philipsson, Jean Carlsson, Anund Thuresson et Thorkel Knutsson, qui périrent tous les quatre dans un combat, et, selon toute probabilité, furent enterrés à l’église de Sorunde. Toutes les autres tombes de famille à Sorunde ont des possesseurs connus , tandis que le lieu de la sépulture de Folkunga était ignoré avant la découverte de ce tombeau. Par les objets en métal travaillé, et les autres restes qu'on y a trouvés, on peut assurer que les personnes qui y étaient enterrées ont appartenu au plus haut rang. Un de ces crânes porte la marque d’un coup profond sur le frontal, probablement d’un. coup de hache d'armes, Tous ces quatre crânes, dont je puis montrer ici les plâtres, offrent la même beaulé dans la forme du DES HABITANTS DU NORD, 145 visage, dans l’ovale de la boîte cérébrale, la même force de l'oc- ciput, et les mêmes points d'insertion des conduits auditifs que dans ceux précédemment décrits. Deux fois j'ai recu des fragments de crâne trouvés dans d’autres tombeaux du temps de l’introduction du Christianisme, Ces fragments , qui sont conservés dans le Musée anatomique , ont précisément la même forme ovale. Dans une visite que je fis, en 1839, à l’église du cloître de Wreta, on me montra le cercueil de pierre où est enseveli le cadavre du roi Inge-le-Jeune. Il est bien connu que le roi Inge mourut en 1199. Le plateau de pierre qui recouvre supérieure- ment le cercueil y est si fortement attaché , qu’il n’en a probable- ment pas été séparé depuis qu’on y a placé le cadavre du roi. Dans ce couvercle , on a pratiqué , vraisemblablement aussi dès le principe, des ouvertures qui permettent de regarder dans le cercueil. En y regardant, je vis le crâne entièrement dépouillé et réduit aux parties osseuses. Comme il était couché sur le côté, je pus voir complétement le profil, et me convaincre que sa forme coïncide parfaitement avec celle déjà décrite des crânes suédois. De ces faits, recueillis des fosses de nos aïeux , on peut conclure que la forme de nos crânes est la même que celle des leurs, et que c’est pour nous un héritage que nous avons bien conservé. J'aurais bien désiré pouvoir dire aussi quelque chose des crânes de nos voisins, et en quelque sorte proches parents ; mais je ne possède que peu de matériaux sur ce sujet. J’ai pu observer seule- ment un crâne de Norwégien ; il a été trouvé près d’autres débris, épée de combat et armure, dans un ancien tombeau du diocèse de Berger. Le professeur Sven Lowen, qui visita cette contrée dans son voyage à Spitzbergen , apporta ce crâne ici, et en fit présent au Musée anatomique. Il a la forme ovale pure, exprimée peut- être plus fortement encore que dans les crânes suédois , et offre la même forme de visage. Il aurait vraisemblablement été facile d’avoir quelques crânes des salles anatomiques de Copenhague ; mais cette ville commer- cante et animée a été habitée et visitée depuis très longtemps déjà par des hommes de tant de pays et de races différentes, qu'il 3° série, Zooc. T. VE (Septembre 1846.) 2 10 146 RETZIUS. — SUR LES FORMES DU CRANE serait difficile de regarder de tels specimens comme probants. Il faudrait done que leur origine nous füt plus connue. Il en est de même de l’Allemagne, où des races différentes se sont supplantées si souvent l'une l’autre, où se sont établies des colonies de nations si diverses , et où encore aujourd'hui Slaves , Francs, Gaulois et Germains sont tellement mêlés entre eux, qu’on ne pourrait dis- tinguer que par des recherches très étendues ce qui appartient aux uns ou aux autres. Je recus l’an passé du docteur Wilde, à Dublin, un moule en plâtre du crâne d’Alexandre O’Connor , le prétendu dernier roi d'Irlande. Wilde regarde ce crâne comme un specimen de la forme crânienne des Irlandais. Je lui envoyai en échange un plâtre du crâne suédois antique que j'avais recu du professeur Liedbeck ; et, chacun de notre côté, nous fimes la remarque que ces deux crânes ont une forme tellement semblable , qu'il est difficile de pouvoir découvrir entre eux une différence. 2, Crânes de Slaves. Les crànes de Slaves qui se trouvent dans cette collection sont un de Czech , un de Polonais ét deux de Russes, J’ai reçu le crâne du Czech du professeur Presl à Prague ; celui du Polonais et un des deux Russes ont été donnés, moulés en plâtre, par M. le directeur supérieur Schwartz ; l'original du crâne polonais appar- tient au Musée anatomique d'Upsal ; le Russe se trouve dans la collection de feu le docteur Spurzheim. M. le professeur Lowen a eu l’obligeance de me communiquer l’autre crâne de Russe, qu'il a trouvé dans un tombeau russe à Spilzbergen. Ce nombre est certainement faible, et je ne me serais pas permis de fonder sur si peu de specimens des conclusions hasardées , si je n'avais eu, en outre , l’occasion d'observer les formes de tête extérieures d’un grand nombre de Slaves vivants. La boîte cérébrale, vue d’en haut, présente la forme d’un œuf, mais plus courte ou tronquée et arrondie en arrière (forma brevi- ter ovata). Sa plus grande longueur ne dépasse pas sa plus grande largeur, c’est-à-dire la postérieure de plus, de 1/8 ; de telle sorte que la première est à la seconde comme 1000 : 888, ou environ DES HABITANTS DU NORN. 4147 comme 8 : 7. Dans trois des crânes mentionnés, le contour se rapproche par sa forme d’un carré à coins arrondis, dont l’extré- mité antérieure est plus petite que la postérieure ; sur le quatrième, qui est d’un Russe , il se rapproche davantage de la forme ronde (forma ovato-rotundata). Quand on regarde la tête d’en haut, les os du visage paraissent , comme dans les têtes des Suédois, s’a- vancer un peu au-devant de l’origine du crâne. La plus grande longueur est d’à peu près 0",170 ; la largeur entre les fosses temporales antérieures de0",102 ; entre les points les plus convexes des pariétaux , derrière les tempes, de 0",151 ; le contour , en passant par la glabelle et la plus grande convexité de l’occiput, de 0,520 ; la hauteur varie de 0®,129 à 0,153, Les crânes slaves sont aussi un peu tronqués vers le front, et ont de fortes arcades sourcilières. La surface pariétale est large et peu bombée ; l’occiput ne s’allonge pas en une tubérosité occi- pitale étendue en arrière , mais il est plus incliné verticalement en bas vers les lignes semi-circulaires supérieures. Les bosses parié- tales sont au commencement de l’occiput ; celui-ci offre une grande surface peu bombée ou plane qui comprend la plus grande partie de la hauteur du crâne, et renferme la partie postérieure des pariétaux , l'extrémité postérieure de la suture sagittale , et toute la suture lambdoïde. Les lineæ semicireulares majores forment en conséquence de la manière la plus précise l’arête inférieure du bord tout-à-fait postérieur de l’occiput ou de la base du crâne. La voussure de l’occiput, immédiatement au-dessus de ces lignes, forme un are, dont la hauteur égale à peu près la moitié de la corde, menée , comme dans les crânes suédois, entre les trous auditifs externes , et passant par le bord du grand trou occipital. Ces lineæ semicireulares majores se réunissent sous un angle très obtus, ou se fondent l’une dans l’autre , selon une faible courbure. Par suite, la protuberantia occipitalis externa prend la forme d'une saillie transversale obtuse. Les deux surfaces intérieures, situées au-dessous de ces limites, et sur lesquelles reposent les hémisphères du cervelet, sont fortement convexes, et s'élèvent postérieurement de manière à empiéter sur la surface postérieure de locciput. Le point d'insertion du ligament cervical (crista 148 RETZIUS. — SUR LES FORMES DU CRANE occipilahs exæterna) monte aussi sur cette partie. Le grand trou occipital est de même forme et de même grandeur que sur le crâne des Suédois. La distance entre les apophyses mastoïdes est, sur l’un des crânes russes, de 0",140 ; sur un autre, de 0",135 ; sur le Polonais, de 0",198 ; sur le Czech , de 0",144. Vu de côté , le front, à cause des tubera frontalia, présente un profil qui se rapproche de la verticale ; cependant , sur un des crânes russes , il est fuyant en arrière. L’occiput est, comme il a été déjà exposé, tronqué, incliné, et sans bosse occipitale sail- lante. Le point d'insertion des conduits auditifs externes tombe en arrière du milieu de l’axe longitudinal de la tête. Les ouver- tures des conduits auditifs sont disposées comme dans les crânes suédois. Les apophyses mastoïdes sont grandes ; les lignes demi- circulaires du temporal se portent en arrière sur la face de l’oc- ciput. La forme du visage ressemble tout-à-fait à celle des Suédois ; cependant, dans tous les quatre crânes , les fosses malaires sont plates, et le bord inférieur des arcades zygomatiques est faible- ment contourné en S; les tubérosités jugales sont petites; les ouvertures des cavités orbitaires, qui ont une direction horizon- tale, sont quadrangulaires, à coins arrondis, et aussi grandes que chez les Suédois. Le rebord alvéolaire de la mâchoire supé- rieure est à peu près le même , ainsi que la forme et la grandeur de l’os maxillaire. La voüte palatine est, sur les quatre crânes, basse et plate en avant, descendant vers le rebord alvéolaire. Une ligne , menée postérieurement au rebord alvéolaire et un peu en arrière, passe sous le sommet des apophyses mastoïdes. L’aile interne de l’apophyse ptérygoïde est presque verticale, l’externe inclinée en dehors. Le maxillaire inférieur n’existe que dans un de ces crânes , celui du Czech; or il ne présente aucune différence avec celui des crànes suédois. Comme je l’ai déjà dit, je ne me serais pas permis d'établir approximativement, d’après ce petit nombre de crânes, les carac- tères généraux de la forme de tête des peuples en question , si je n'avais reconnu, sur une quantité de personnes vivantes apparte- DÉS HABITANTS DU NORD. 149 nant à la race slave, soit Russes, soit Polonais où Czechs , que la forme du crâne, telle que je l’ai décrite, est prédominante dans les points essentiels. Dans une visite que je fis au naturaliste bien connu de la Bohème , le professeur Jean Swatopulk Presl, qui est Czech , je lui exposai le résultat de mes recherches sur la forme du crâne des Slaves. Lui et un autre savant slave qui était pré- sent me permirent alors d'examiner la forme de leurs têtes ; Presl ayant vu la confirmation de mes données : « Je possède, répliqua- t-il, un crâne de Czech; s'il justifie vos résultats, je vous en fais présent. » Sa forme confirma parfaitement mon opinion , et je le recus de Presl en cadeau. Un autre fameux naturaliste, le profes- seur Jean-Baptiste Purkinje , à Breslau, qui est aussi Czech , et à qui j’exposai aussi ces idées, les justifia tout aussi pleinement. Si l’on considère encore que, sur deux à trois cents crànes de Sué- dois , trois ou quatre seulement se rapprochent de la forme slave, et que néanmoins aucun d'eux ne présente complétement ce qui constitue la forme fondamentale si semblable dans nos quatre crânes , on devra bien croire que cette forme est vraiment carac- téristique. Dans la Decas tertia de la Collectio craniorum diversorum gen- tium de Blumenbach, est inscrit et représenté de profil un «cra- nium Sarmato-Lithuani. » Dans la figure, l’occiput n’est pas si obliquement incliné que dans nos crânes slaves. Il offre un profil penché, arrondi, avec une faible {uber occipitale ; tout le crâne , et l'occiput en particulier, est court. Dans la description de ce crâne, le savant auteur dit qu'il l’a représenté, principalement pour montrer combien peu suffit la ligne faciale de Camper à con- stituer des caractères de crâne pour les races. Il fait remarquer que, si on regarde ce cräne de Sarmate par côté, et si on le compare à celui d’un Nègre du Congo, représenté à la 18° planche de cet ouvrage , ils offrent tous deux tout-à-fait le même profil ; tandis que la plus grande différence s’observe quand on les regarde tous deux par en haut. Le crâne du Nègre offre tous les traits qui caractérisent le Nègre, la boîte cérébrale comprimée latérale- ment, le front tubéreux, voûté; tandis que la tête de Sarmate, qui, au jugement de l’auteur, a appartenu à un homme vieux, est, 150 RETZIUS. — SUR LES FORMES DU GRANE « caput validissimum , valde crassum el ponderosum. » Le savant docteur Prichard a exprimé ainsi cette différence (1) : « J'ai pré- sentement devant moi le crâne d’un Nègre du Congo et celui d’un Polonais de la Lithuanie, dont les angles faciaux sont égaux. Si je compare cependant le crâne aplati et comprimé latéralement de l’Africain avec la tête carrée du Sarmate (2), je trouve entre eux une différence extraordinaire. » Je suis convaincu que Prichard a bien compris l'opinion de l’auteur, quoique la traduction soit si libre qu’on puisse supposer, avec fondement, que le traducteur a basé son jugement sur des recherches qui lui sont propres, relative- ment à la largeur du crâne, à la forme tronquée de l’occiput et du front du peuple en question; en un mot, à la forme carrée, comme l’a nommée Blumenbach aussi bien que Prichard. Je dois observer cependant que Prichard , dans la 3° partie de l'ouvrage cité, dans le chapitre sur les Caractères physiques des nations slaves, n’in- dique aucun signe distinctif qui les différencie du reste des Euro- péens. Ce que Blumenbach a compris ici sous le nom de Sarmate n’est pas clair. Ce que le traducteur a entendu par Slave est évi- dent, puisqu'il traduit ce mot par Polonais. Plusieurs partagent aussi l'opinion que les Lithuaniens sont au fond des Slaves. Pri- chard allègue même , d’après Adelung, que les langues des Li- thuaniens et des Slaves ont les trois quarts de leurs racines com- munes, et tels sont les motifs qui me font croire que c’est avec justesse que je considère le eranium Sarmalo-Lithuani de Blu- menbach comme confirmant mes conclusions sur la brièveté du crâne des races slaves. En conséquence, on peut admettre que la forme du visage, chez la race slave, diffère peu de ce qu’elle est en général chez les Européens, tandis que leur boîte cérébrale, par sa brièveté et sa forme plus ou moins carrée ou sphérique, diffère compléte- ment de la forme longue et ovale que Prichard assigne , en géné- ral, à la race indo-atlantique, et qui, d’après ce que j'ai démon- tré, est restée si bien conservée chez les Suédois. (1) Researches into the physical History af Mankind, traduit en allemand par Wagner, et en français par Roulin. (2) Prichard pense que les Slaves actuels descendent des Sarmates des temps anciens. DES JIABITANTS DU NORD, 151 Plusieurs écrivains soutiennent , au contraire , que les Slaves, les Scandinaves et les Germains lirèrent leur origine de la même souche, et il peut paraître hardi de fonder une autre opinion sur les différences de leur crâne. Cependant l’histoire elle-même parle de la différence nationale des Slaves, dès leur première appari- tion dans le v° siècle , quoique, comme on le pense, ils aient été très répandus en Europe longtemps avant que les écrivains en aient fait mention (1). Ce qui n’est pas moins concluant à cet égard, c’est la con- stance avec laquelle les Slaves, sous la domination étrangère, et dans leurs rapports si multipliés avec les autres races, ont con- servé en Allemagne leur nationalité. La preuve la plus évidente en est fournie en Allemagne par les Czechs , qui, depuis plus de 1000 ans en Bohême, et en rapport avec les Germains, depuis longtemps aussi sous la suprématie allemande, possèdent cepen- dant encore leur riche langage, leur caractère national et tous leurs traits distinctifs. Ceci montre qu'entre eux et la population allemande du pays s'élève une barrière que n’a pu abattre le temps , ni détruire la politique. Comme j'ai décrit parmi les crânes slaves deux crânes russes, je dois prévenir que j'ai considéré les Russes comme des Slaves , parce que la population russe se compose pour la plus grande partie de cette race qui, dans le cours des temps, est devenue do- minante dans la Russie d'Europe, soit par sa propre extension et son agrandissement , soit par son croisement avec les autres peuples plus anciens. Au sujet du crâne des Russes, Blumenbach et Isenflamm in- diquent aussi un point qui paraît se rapporter à la forme que j'ai assignée aux Slaves comme caractéristique. Je transcris ici un passage d’Isenflamm (Description de quelques têtes humaines de diverses races : A. d. Denksch. d. Phys. med. Soc. in Erlangen , Nürnb., 1813, s. 2) : « Blumenbach, en représentant et décri- vant une tête tschude , Dec. IV, p. 8, nous fait observer que sa forme tient le milieu entre la race caucasique et la race mongole, (4) Geschichte von Bœhmen, von E. Palacky. Prag., 1836, Bd. [, S. 56. 152 RETZIUS. — SUR LES FORMES DU CRANE comme il le remarque lui-même dans une note de son ouvrage , de Gen. hum. var., p. XXXIT, où il dit que beaucoup des têtes des nations russes, qu’il possède, ont plus ou moins quelque chose de la forme mongole, qu'il a eu souvent l’occasion d'étudier. » Or Isenflamm à été longtemps professeur à l’Université de Dor- pat, et a eu de bonnes occasions d'apprendre à connaître la forme de crâne des Russes. Par « quelque chose de la forme mongole , » il est donc clair qu’il faut entendre la brièveté de ces crânes ou leur rapprochement de la forma quadrata. Ajoutons encore que dans le magnifique F’oyage dans la Russie méridionale et la Crimée (cah. 13), du comte Anatole Demidof , se trouvent les descriptions et les figures de 9 crânes amassés dans le voyage en Crimée. Il y en a 5 du pays de Kertsch , 2 de Ialta, et 2 de Foedosia. Trois d’entre eux seulement ont une forme longue et ovale; on reconnaît qu’ils ont une origine an- cienne, et on pense qu’ils ont appartenu à des Grecs. Les autres six, qui sont aussi d’une haute antiquité, appartiennent aussi à la forme courte, à occiput élevé et carré. Sur l’un d’eux (pl. 10), l'occiput est un peu plus voûté que sur les autres, et ressemble sous ce rapport aux crânes finnois qui se trouvent dans notre col- lection. D'ailleurs , il n’a pas été possible à l’auteur de détermi- ner à quelle race ont appartenu ces crânes, la Crimée n'ayant pas été successivement habitée par moins de 14 races différentes, savoir : Cimbres, Alains, Madshiares, Khazares, Petshèges, Warages, Kumanes, Tatares, Bulgares, Circassiens, Arméniens, Juifs, Zigeunériens, Russes et Kosackes. 3. Crânes de Finnois. Cinq des crânes finnois que j'ai eu l’occasion d’observer me venaient, les uns de M. Ilmoni, professeur de médecine à Hels- ingfors , les autres de Bondsdorff, professeur d'anatomie à la même Université ; je me suis procuré du dehors un sixième crâne Finnois tout-à-fait caractéristique, par un artiste qui demeure ici, M. Stromer. Grâce aux données de ces messieurs , je suis sûr de l'authenticité de ces crânes, autant qu'il est possible en telle ma: tière. Tous les six crànes sont d'hommes. « DES HABITANIS DL NOKD, 153 Vue d’en haut, la boîte cérébrale a un contour ovoïdo-conique (forma cuneato-ovata), dont le grand diamètre l'emporte de 1,5 environ sur la plus grande largeur. Dans sa forme, ce contour a plus de longueur que n’en a la forme carrée assignée par les écrivains. Sa longueur moyenne est de 0",178 ; sa plus grande largeur est, en moyenne aussi, de 0",144 ; la largeur, à la partie anté- rieure des fosses temporales, de 0"“,100. En avant, le crâne est tronqué par suite de la position des rebords et des apophyses sourciliers, mais le front est bombé (frons fornicata). Les côtés temporaux de la circonférence sont presque droits, ce qui provient de ce que les tempes sontunies , plates. Les bossespariétales , très saillantes, forment chacune unangle en s’unissant à l’occiput, dont la courbure est plus grande que chez les Slaves, et forme presque le segment d’une sphère. La plus grande largeur est dans le voi- sinage des bosses pariétales. Une bosse occipitale particulièrement saillante ou anguleuse ne se rencontre sur aucun de ces crànes. La plus grande circonférence de la boîte cérébrale varie de 0,510 à 0,537; et peut être représentée en nombre moyen par 0",524. Vus par derrière , ces crânes présentent une surface occipitale presque carrée, qui paraît être un peu plus haute que large. Le côté supérieur de ce carré s’étend entre les deux bosses parié- tales, l’inférieur entre les apophyses mastoïdes, et les latéraux des bosses occipitales aux apophyses mastoïdes. Sur les crânes slaves, quelquefois la hauteur de l’occiput égale sa largeur ; sur les suédois, les bosses pariétales sont basses, aplaties, les apo- physes mastoïdes sont très en avant de l’occiput et n’appartien- nent pas du tout à sa circonférence. Sur cinq specimens , la suture sagittale offre dans une grande longueur une élévation ; remarque qu’on retrouve dans la seule notice qu’on possède jusqu'aujourd’hui sur le crâne des Finnois proprement dits, à savoir une lettre de feu le professeur Hueck à l’académicien Sjogren dans le Bulletin scientifique publié par l'A- cadémie impériale des sciences de Saint-Pétersbourg, tom. V, 154 RETZIUS, — SUR LES FORMES DU CRANE pag. 316. La partie postérieure de la suture sagittale se courbe en bas comme les pariétaux, sur la voussure uniforme , caracté- ristique de l’occiput des Finnois, que nous avons déjà mentionnée et qui forme presque un segment de sphère. Le sommet de la suture lambdoïde est placé plus haut que chez les Suédois, à peu près comme chez les Slaves. Les lineæ semi- circulares majores sont un peu plus bas que chez les Slaves, mais plus haut que chez les Suédois et se réunissent sous un angle obtus ou en formant un arc à faible courbure, qui, chez la plu- part, est situé un peu sur la limite postéro-inférieure de l’occiput. La protubérance occipitale manque sur cinq specimens et est petite sur le sixième. La plus grande convexité de l’occiput tombe dans son milieu , et ce milieu se trouve à la réunion des sutures sagittale et lamb- doïde. Par suite la partie de l'os occipital qui recouvre les lobes postérieurs du cerveau prend une position redressée et forme en- viron le 1/4 de la grande voussure arrondie de l’occiput. Comme, sur ces crânes, les apophyses mastoïdes forment les angles’infé- rieurs de l'occiput , les parties mastoïdiennes des temporaux sont aussi situées sur sa surface. La hauteur de l'arc qui est mené du bord des conduits auditifs autour de la plus grande convexité de l’occiput, égale environ les 3/4 de la corde du même arc. Le grand trou occipital est de même forme et de même dimen- sion que dans les crânes précédemment décrits. La crête occipi- tale externe est un peu élevée, mais droite et se dirigeant en haut, Les lineæ semicireulares minores sont fortement exprimées , ainsi que les apophyses jugulaires. Le conceptaculum du cervelet est manifestement développé et sur cinq specimens incliné vers le haut comme la partie postérieure de l’occiput. Les incisuræ mastoideæ pour l'insertion des muscles abaisseurs du maxillaire inférieur sont profondes et étroites. La distance entre les faces externes des deux apophyses mastoïdes varie de 0,124 à 0,135. Vu de côté, le front est arrondi, voûté , quelquefois sans bosses frontales, d’autres fois avec des bosses frontales peu développées. Les bosses sourcilières sont grandes et réunies en une glabelle DES HABITANTS DU NORD, 155 saillante. L'insertion des conduits auditifs tombe un peu en arrière du milieu du diamètre longitudinal. Leur forme et leur position est comme chez les Suédois et lesSlaves. La voussure de l’occiput, déjà décrite comme élant égale, sphérique, se présente, lorsqu'on la regarde de côté, sous l’aspect le plus caractéristique. La hauteur des crânes finnois varie de 0,135 à 0,147. La ligne de profil du visage est presque verticale. Sa hauteur, de la racine du nez au rebord alvéolaire, est sur cinq specimens, de 0",070, sur le sixième de 0",065. La distance entre les points les plus convexes des arcades zygomatiques varie de 0,198 à 0",145. Le bord inférieur de l’arcade zygomatique est presque droit à cause du peu de saillie inférieure de la tubérosité jugale. Le sillon sous l’apophyse jugale du maxillaire supérieur est faible, ‘et les fosses malaires sont peu profondes. Les ouvertures antérieures des cavités orbitaires sont quadrila - tères, presque rectangulaires et dans une direction à peu près ho- rizontale. Leur hauteur (0”,030) est un peu moindre que leur largeur (0",040); les angles sont arrondis, les fentes orbi- taires externes étroites. Les arcades zygomatiques sont dirigées chez la plupart en ar- rière et en dehors. Le palais, peu voûtéet plat en avant , descend par une surface inclinée vers le bord alvéolaire derrière les dents antérieures. La hauteur du maxillaire supérieur de l’épine nasale antérieure au rebord alvéolaire est sur cinq specimens de 0",020 ; sur le sixième de 0*, 014. Une ligne tirée en arrière du rebord alvéolaire du maxillaire supérieur, à la même hauteur et dans la même di- rection, passe par le sommet des apophyses mastoïdes. Je ne trouve aucune différence remarquable entre la forme de leur mâchoire inférieure et celle du même os chez les Suédois et les Slaves. Le menton est sur cinq specimens large et tronqué, sur un autre ilest pointu. Chez tous les six il présente, au milieu du maxillaire , une tubérosité qui s'élève vers le rebord: alvéolaire sous Ja forme d’une arèêle mousse. Les branches montantes sont larges ; l’angle postérieur est un peu incliné en dehors. Les apo- 156 RETZIUS. -— SUR LES FORMES DU CRANE physes coronoïdes descendent vers la branche horizontale en for- mant une forte crête qui marque le bord antérieur des points d'insertion des muscles buccinateur et masséter. La hauteur de la branche montante est de 0,070 ; celle de la branche horizon- tale de 0,035. Cette description des crânes finnois diffère sur plusieurs points de celle que Hueck en a donnée dans la lettre citée ci-dessus. Il parait cependant n'avoir va qu'un crâne de Finnois, et s’en être tenu surtout, comme la plupart des écrivains, d’après les descrip- tions de Blumenbach des crânes des diverses nations, aux détails relatifs aux os de la face. Par suite, nos données peuvent bien ne pas concorder parfaitement entre elles. Nous tombons cependant d'accord sur un point important, c’est que le crâne suédois a quelque chose de cunéiforme, que j'ai cherché à exprimer par le nom de cranium cunealo-ovatum. Hueck, dans un mémoire particulier, a signalé la forme du crâne des Esthes , proches parents des Finnois (de cranüs Estho- num, Dorpat 1838). Compare-t-on cette description de Hueck avec celle que j'ai donnée ici du crâne des Finnois, on y trouve des différences considérables, qui paraissent reposer cependant pour la plus grande partie sur la différence de nature des pays combinée avec des différences dans la manière de vivre, les rap- ports.sociaux, etc. L’Esthonie est un pays plat, tandis que la Fin- lande est, dans la plus grande étendue, montagneuse. Les Esthes ont été depuis plusieurs siècles des travailleurs soumis à de grands propriétaires et à des fermiers, tandis que les Finnois ont été , depuis d'anciens temps, libres et pour la plupart paysans propriétaires. Le temps où les Esthes se fixèrent sur la mer Bal- tique doit être très éloigné. Le professeur Rud. Keyser regarde comme probable que le peuple des côtes de la mer Baltique, que Pytheas nomme les Ostiaier, était les Esthes, comme les Aesti de Tacite. Finnois et Esthes ont été vraisemblablement séparés longtemps avant le commencement de notre ère, et -ont vécu depuis ce temps dans des rapports différents, quoique leur lan- gage ait encore tant de ressemblance qu’on doive regarder la langue esthe seulement comme une variété de la langue finnoise. DES HABITANTS DU NORD. 157 Hueck pense avoir trouvé que la forme carrée du crâne est domi- nante parmi les Esthes, et que si cette forme se rapproche de l’ovale, elle a cependant quelque chose d’anguleux; cette forma cuneala, dit-il, se rencontre rarement. Mais si je m’en tiens à ses belles planches sur les crânes des Esthes , celle particulièrement où est représenté le profil (pl. 2), je trouve une coïncidence parfaite entre ce profil et celui des crânes finnois, de même qu'avec ma description de ceux-ci; tandis qu’il diffère en plu- sieurs points de la description même de l’auteur. Sous ce rapport je crois donc pouvoir prendre au fond les traits principaux sui- vants de la description que j'ai faite, comme caractéristiques du crâne des Finnois. Les crânes des Finnois sont courts, ovoïdo-cunéiformes dans leur contour, à bosses pariétales grandes , élevées et reculées. [ls diffèrent de ceux des Slaves par l'étroitesse et la voussure sphé- roïdale de l’occiput , la rectitude et l’aplatissement des tempes et l'élévation des pariétaux le long de la suture sagittale. Ils diffè- rent de ceux des Lapons, comme nous le montrerons plus loin, par une structure osseuse plus forte , de plus grandes bosses sour- cilières, de fortes apophyses mastoïdes, un plus long profil de visage, ainsi que par la forme sphérique de l’occiput , la position plus en arrière des bosses pariétales et enfin l’élévation vers la partie postérieure de la suture sagittale. Il y à à peine un peuple européen sur l’origine et la descen- dance duquel ait été répandue jusqu’à ces derniers temps autant d’obscurité et sur lequel on ait émis autant d'opinions, que sur le peuple en question. La richesse de son langage , la beauté de ses anciennes poésies, et l'éclat, la bravoure et la fermeté de son ca- ractère national , attestent la grandeur de ses aïeux. Le professeur R. Keyser à Christiana, dans son excellent mémoire sur l’origine et la parenté de race des hommes du Nord {Samlinger til det Norske Folxs Sprog og Historie, Bavi., H, 2, Christiana , 1839), a répandu la lumière sur ce sujet. On voit, en effet, par son ex- position , que la Finlande actuelle a tiré son nom du peuple qui, avant les Finnois, a habité ce pays , à savoir les Lapons. Ceux-ci, dans les lemps reculés, étaient nommés Finnois, comme ils le sont encore aujourd’hui en Norwége : et les Finnois actuels étaient 158 RETZIUS. — SUR LES FORMES DU CRANE appelés T'schudes, comme les Esthes, de souche slave et liés à eux par la race. Le peuple connu dans les anciens historiens sous le nom de Scythes est aussi retrouvé. Keyser montre , en effet , de la même facon que les Scythes, qui vers la fin du y‘ siècle étaient le peuple principal du côté nord de la Mer Noire, se sont poussés plus loin vers le Nord , à travers les Germains et les Slaves , soit vers les contrées de l’Ural , soit vers les pays à l'Est du golfe de Bothnie et de la Baltique, en un mot que les Finnois actuels sont les descendants des anciens Scythes, si nombreux et si puissants. h. Crânes de Lapons. La forme du crâne de ce peuple nomade a été de temps en temps l’objet des recherches de divers anatomistes, et les crânes de Lapons manquent dans peu de Musées anatomiques de quel- que imporlance, On pourrait donc en conclure que la forme de ces crânes a été bien décrite et bien connue ; ce n’est cependant pas le cas. La cause en est probablement que personne , autant que je puis le savoir, n’a été jusqu'à présent en état d’observer à la fois qu'un ou que très peu de specimens. Blumenbach n’en avait que deux dans sa riche collection. La description qu’il en donne ne consiste qu’en quelques lignes , et elle exprime néanmoins des caractères qui ne sont pas tout-à-fait justes. Il s'exprime ainsi : « Caracteres primarü : Cranium proportione staturæ magnum. Habitus in totum, qualis mongolicæ varietati solemnis est. Cal- varia fere globosa. Ossa jugalia extrorsum eminentia. Fossa ma laris plaua. Frons lata. Mentum prominulum acuminatum. — Alia observata : Palati fornix complanatus. Fissuræ orbitales inferiores ingentes. Fossæ jugulares ultra modum diversæ magni- tudinis ; dextra amplissima. » Aujourd’hui, le Musée de l’Institut carolinien possède vingt- deux crânes de Lapons ; et il en posséderait huit de plus, si de temps en temps les échanges et les présents à d’autres Musées n’en avaient diminué le nombre. Des vingt-deux exemplaires qui s’y trouvent à présent, je me suis servi seulement de seize pour cette description , les autres étant d'enfants ou d’une authenticité incertaine , parce qu’on les a ramassés dans de vieux cimetières ; DES HABITANTS DU NORD, 159 par contre, je possède pour les seize premiers des données posi- tives sur le nom, l’âge, etc., des personnes à qui ils ont appar- tenu. Pour plusieurs de ces crânes, j’ai à remercier M. le docteur Lindstrom, médecin provincial, qui habite depuis longtemps Westerbott , et a eu souvent l’occasion de faire des recherches sur les individus de cette race dans des expertises médico-légales, D'autres viennent de M. le professeur Zetterstedt, du docteur Waldenstrom , médecin provincial, et du docteur Wretholm ; et quelques uns de mon gendre, l'ingénieur Wahlberg, qui était, dans l’hiver de 1835 , à Lulea-Lappmark, et qui fait maintenant un voyage dans le sud de l’Afrique, etc, Je ne puis remercier assez ces messieurs de la peine qu’ils se sont donnée pour enrichir le Musée de ces intéressantes pièces, dont le prix est rehaussé par les renseignements sur leur origine. La difficulté était d'autant plus grande que les Lapons sont ensevelis dans le même cime- tière avec les nouveaux habitants qui sont Suédois ou Finnois. On sait combien cette réunion de crànes dans un seul et même endroit rend les erreurs faciles. Vu d'en haut, le crâne des Lapons offre un contour, dont la forme se rapproche de la forme ovoïde courte du crâne des Fin- nois, tandis que les bosses pariétales sont grandes, et que leur éloignement est considérable ; mais la partie inférieure de l’occi- put est un peu inclinée en haut, et allonge cette forme en même temps que les régions temporales sont bombées , et l’arrondissent sur les côtés. Le regarde-t-on verticalement et un peu en avant, il présente une forme ovoïde inverse, très courte , un peu tron- quée. La face est, comme chez les autres peuples du nord de l’Europe, un peu saillante en avant du contour vertical du crâne. Parmi les seize crânes, il y en a trois de femmes; deux d’entre eux sont plus petits que les autres ; le troisième est aussi grand qu'un crâne d'homme. La plus grande circonférence est, sur le plus petit crâne qui à appartenu à une vieille femme , de 0",470 ; sur le plus grand crâne d'homme, de 0",540 ; sur quatre autres , il est de 0",525 ; en somme, elle est donc plus petite que chez aucune des races précédentes. La plus grande longueur est sur le plus petit crâne de 0",155 ; sur le plus grand , de 0",180 ; sur cinq crânes, ce diamètre est 160 RETZIUS. — SUR LES FORMES DU CRANE au-dessous de 0,170 : sept autres se rapprochent de ce nombre ; deux sont un peu au-dessus de 0",175; et deux , de 0",180. La grandeur moyenne de ce diamètre est donc plus petite que chez les Finnois, à savoir : 0",170. J'ai cru pouvoir prendre cette quantité pour nombre moyen, parce que le plus grand nombre des specimens le possèdent. La plus grande largeur ne tombe pas, comme chez les Finnois, entre les bosses pariétales ; mais au-dessous d'elles, et un peu au-devant, en partie sur les temporaux, en partie sur l’angle mastoïdien des pariétaux ; elle varie de 0",133 à 0",156. Sur douze crânes, ce diamètre varie seulement entre 0",140 et0",149; et sur cinq d’entre eux, il est de 0",147, nombre qui, mieux que tout autre, peut donc être regardé comme la moyenne. La plus petite largeur est sur le plus petit crâne de0",0914 ; sur le plus grand, de 0",105; sur neuf, elle est à peine de 0",100. Le diamètre longitudinal est donc à la plus grande largeur comme 1000 : 865, et l'emporte donc sur celle-ci d'environ 1/8 de sa longueur , et sur la plus petite d'environ 2/5. Sur treize specimens, la partie postérieure de l’occipital forme une bosse occipitale saillante un peu comprimée sur les côtés ; tandis que chez les Finnois, celle-ci est voütée d'une manière égale, autant vers en haut que vers en bas. La face postérieure de ces crànes présente, comme chez les Slaves et les Finnois, la forme d’un carré à angles arrondis , s’é- levant encore un peu vers la suture sagittale. Les deux angles supérieurs sont formés par les bosses occipitales ; les deux infé- rieurs par les apophyses mastoïdes. Sur la plupart, la distance entre les bosses pariétales est beaucoup plus petite que le plus grand diamètre transversal du crâne , qui, ainsi qu'il a déjà été dit, est entre les angles mastoïdiens des pariétaux ou la partie écailleuse des temporaux. La partie postérieure de la suture sagit- tale ou des os pariétaux est, à la vérité, inclinée en bas ; mais elle n’est ni aussi voûtée que chez les Finnois, ni dirigée en bas d’une manière aussi abrupte que chez les Slaves. Le sommet de la suture lambdoïde est un peu plus élevé que chez les Slaves et les Finnois, par conséquent aussi bien plus élevé que chez les Sué- dois, Sur douze de ces crânes se trouve une bosse occipitale petite. DES HABITANTS DU NORD. 161 dirigée fortement vers le bas, dont la courbureest différente de celle de la surface occipitale des autres. Les lineæ semicireulares majores sont un peu plus élevées que chez les finnois, se réunissent sous un angle très obtus, et sont faiblement exprimées; il n°y a pas de protubérance occipitale, Le conceptaculum cerebelli est en partie redressé , et se porte par suite sur la face postérieure de l'occiput comme chez les Slaves. Douze specimen présentent le long de la suture sagittale une élévation qui, toutefois, ne va pas en arrière comme chez les Fin- nois , mais qui, commencant sur le milieu du pariétal, se dirige en avant, et s'étend sur quelques crânes jusqu’à la partie supé- rieure de l'os frontal. Les lignes courbes temporales entrent dans le contour de l’occiput. Le grand trou occipital est elliptique ; sa longueur est d'environ 0",035 ; sa largeur, de 0",031. Sur neuf specimens, les apophyses articulaires de l’os occipital sont extraordinairement courtes et larges, sur quelques uns à peu près rhomboïdes, et très saillantes sur plusieurs autres. La crête occipitale externe est faiblement accusée ; les surfaces placées des deux côtés de cette crête (Concep- taculum cerebelli) sont fortement voûtées. Sur onze specimens, les fosses d'insertion des muscles digastriques (incisuræ mastoideæ majores) sont peu profondes, et par contre très larges et très ouvertes. Les lineæ semicirculares minores forment de petites crêtes dans le voisinage du trou occipital. Sur un seul specimen, les apophyses mastoïdes ont la grandeur moyenne qui leur est habituelle chez les Suédois, les Slaves et les Finnois ; chez tous les autres , elles sont petites. La distance entre les faces externes de ces apophyses varie entre 0,195 et 0",135, et est chez la plu- part de 0,130 ; quelquefois la fosse jugulaire droite est considé- rablement plus grande que la gauche. La hauteur de l’arc tiré des trous auditifs autour de la bosse occipitale est la moitié de la corde ou un peu moins. La partie horizontale de la grande aile du sphénoïde, qui recoit les lobes cérébraux moyens, est extraordinairement large et plate ‘les fosses moyennes cérébrales en dedans du cräne sont très larges). Les apophyses ptérygoïdes sont un peu inclinées en avant : 3° série, Zoo1. T, VE {Septembre 1846.) > 11 162 RETZIUS. — SUR LES FORMES DU CRANE leur aile interne est petite ; l’externe est large, et tournée en dehors; la fosse ptérygoïde un peu plate; l’ouverture , située entre le côté antérieur de l’apophyse ptérygoïde et l'os maxillaire supérieur (fissura spheno-palatina), est grande. Vu de côté, le front se présente, chez la plupart des sujets, incliné un peu en arrière , toujours cependant d’une petite quantité : sur trois , il est presque vertical. Le pariétal est hautement voüté , et va entre les deux bosses pariétales sur la surface de l’occiput. Le profil de l'occiput est, par suite de cette forme , différent de celui des Fin- nois, des Slaves et des Suédois. Chez les Suédois, il était longue- ment incliné et étroit ; chez les Slaves, brusquement incliné, large et plat; chez les Finnois, voûté en forme de sphère ; chez les La- pons, il est en général incliné ex abrupto en arrière et en bas vers le conceptaculum cerebelli, le plus souvent saillant, et formant , comme il a été dit, une faible bosse occipitale. La surface cérébel- leuse de l’os occipital se présente, particulièrement de côté, sous la forme d’une convexité ascendante , qui s’étend de la région interne des apophyses mastoïdes à la réunion des lineæ semicirculares majores. Les portions écailleuses des temporaux sont petites et bombées ; elles sont particulièrement saillantes à leur réunion avec les grandes ailes du sphénoïde. Les trous auditifs externes, qui chez la plupart des specimen sont arrondis, sont plus en arrière, mais dans quelques cas au milieu de l'axe longitudinal de la tête, La plus grande hauteur du crâne est, sur le petit specimen, de0",114 ; sur les deux grands, de 0",138 ; sur les autres, d’en- viron 0,199. Les bosses sourcilières de l’os frontal manquent habituellement ou sont peu développées. Presque tous les cränes des Lapons ont des parois minces, à insertions musculaires peu marquées, et peu de poids, La ligne de profil du visage diffère peu de celle des autres peuples européens du Nord; la hauteur de la racine du nez au rebord alvéolaire supérieur varie de 0",060 à 0®,071.Quelquefois lesos du nez sont saillants en avant ainsi que les dents ; en général les racines des dents et les alvéoles sont courtes. La distance entre les deux orbites est considérable comme chez les autres habitants du nord de l’Europe, Les ouvertures anié- DES HABITANTS DU NORD. 16: rieures des fosses orbitaires sont presque quadrangulaires , à angles arrondis , et présentent peu de différences entre la largeur et la hauteur, Seulement chez un petit nombre l'angle externe est un peu incliné en bas : chez ceux-ci , la largeur est d’environ 1/4 plus grande que la hauteur, En moyenne on peut prendre pour la largeur le nombre de 0,039 et pour la hauteur celui de 0",033, Le plus souvent les fissuræ orbitales sont extrêmement grandes, Les o$ jugaux sont petits et les arcades zygomatiques peu sail- lantes en dehors. L’apophyse malaire du maxillaire supérieur est par suite grande, et forme sur plusieurs des specimens une partie de la tubérosité malaire elle-même. L’échancrure en forme d’arc sous l’apophyse malaire du maxillaire supérieur, qui est en gé- néral profonde chez les Suédois , et qui paraît manquer sur les crânes slaves et finnois, existe à la vérité sur neuf crànes de Lapons , mais petite et peu profonde; elle manque sur les sept autres ; l’arête jugale de la tubérosité malaire s’élève en formant un arc faiblement saillant, concave inférieurement, Par suite, les antres d'Highmore sont plus étendus sur les côtés ; par suite aussi les fosses malaires perdent de la profondeur qu’elles ont habituel- lement sur les crânes suédois. À cause du peu de hauteur des os jugaux, l’arcade zygomatique ne couvre que dans peu de cas le sommet des apophyses coronoïdes de la mâchoire inférieure ; le plus souvent celui-ci se termine au-dessous de cette arcade; et par le même motif, le bord inférieur de l'arcade zygomatique est sur la plupart des crànes presque horizontal et rectiligne, sur quelques uns faiblement contourné en S. La plus grande courbure des arcades zygomatiques est formée par les apophyses jugales du temporal ; la plus grande distance entre leurs faces externes varie de 0",125 à 0",138; la moyenne entre ces deux nombres est 0",130 bien moindre par conséquent que chez les autres races du nord de l’Europe. Le rebord alvéolaire est bas; la hauteur de l’épine nasale anté- rieure jusqu'au bord alvéolaire varie de 0,010 à 0",020. La voûte du palais est aussi basse et particulièrement plate en avant, Une ligne tirée en arrière par l'extrémité inférieure du rebord alvéolaire du maxillaire supérieur, à la même hauteur et dans la même direction, passe, sur quinze specimens, par le trou au- 164 RETZIUS. — SUR LES FORMES DU CRANE ditif, sur un seizième par le sommet des apophyses mastoïdes. La mâchoire inférieure est le plus souvent petite. La branche horizontale est basse, aussi bien que sa branche montante ; son angle postérieur très obtus et déjeté en dehors; le bord inférieur de la branche horizontale dans la plupart des cas est convexe. La hauteur de la branche montante , du condyle à l’angle, varie de 0",058 à 0",043 ; la moyenne est de 0",047 ou de 0",048. Le rebord alvéolaire est pareillement bas. La hauteur de la partie antérieure de ce rebord à la tubérosité du menton varie de 0",020 à 0",035 , et chez la plupart est de 0",020 environ. Les racines des dents sont aussi courtes. Dès la première enfance, les crânes des Lapons se distinguent déjà de ceux des Suédois. J’ai dans ma collection le crâne d’une petite Lapone de deux ans. Sa longueur est de 0,147, sa lar- geur de 0",13/4 ; tandis que sur un enfant suédois du même âge, le crâne à (0",158 de long et 0",120 de large. Sur l'enfant suédois, les trous auditifs sont situés en avant de la partie moyenne, sur le Lapon en arrière ; la base occipitale très saillante chez le premier, courte chez le second ; chez le Suédois, le receptaculum cerebelli est inférieur ; chez le Lapon , il est plus postérieur qu’inférieur. De cette description on peut conclure que les Lapons, à l’in- verse des Suédois, appartiennent aux races à court occiput. Sous ce rapport ils appartiennent à la même division que les Finnois et les Slaves, mais se différencient de ceux-ci en ce que leurs crânes sont plus petits et plus minces, ont de petites apophyses mastoïdes et surtout des insertions musculaires faiblement exprimées, un occiput plus tronqué en arrière, avec une tubérosité occipitale courte située au bord inférieur de cetterégion et un peu comprimée sur les côtés, ainsi que des bosses pariétales placées plus en avant. Ils s’éloi- gnent d’ailleurs des crânes slaves par l'élévation du vertex, et des Finnois par la convexité des tempes qui ne sont point aplaties. Plusieurs ethnographes anciens et modernes, et parmi ces derniers le docteur Prichard, rangent les Finnois et les Lapons dans la même race, et les regardent tous deux comme les Abori- gènes du Nord. Mais la forme de leur crâne est contraire à cette opinion, de même que la différence de leur caractère national.’ Les Finnois, aussi bien que les Slaves et les Scandinaves, parais- DES HABITANIS DL NORD. 165 sent venir de pays qui étaient plus favorisés de la nature , à sa- voir, des contrées du Caucase ; tandis que les Lapons , aussi loin que la tradition ou l’histoire peuvent les suivre, ont toujours ha- bité le Nord. Le professeur Nilsson a montré que Tacite les nomme Æenni, de même que les habitants du Nord, depuis les temps les plus reculés , et aujourd’hui encore, les appellent Fin- "nois. Procope les appelle Seadiowo (en suédois, skridfinnar ) (Keyser, a. a. O., page 369) , et chez les Russes ils se nomment Lopari, comme chez nous Lapons. Aussi loin qu’on peut suivre ce peuple, on le voit toujours dans un degré inférieur de civilisa- tion, n'ayant jamais cultivé l’agriculture, toujours peu guer- rier, et repoussé par les autres nations qui l’ont dépossédé et se sont emparées de son territoire, On pense que les Lapons ont ha- bité, aux époques les plus reculées, une grande partie de la Russie. Dans son ouvrage classique sur les Aborigènes du nord de la Scandinavie , le professeur Nilsson a prouvé par des preuves si nombreuses que ies Lapons ont habité aussi le sud de la Suède, qu'il serait difficile d'établir sur de meilleurs fondements une opinion contraire, Il montre aussi que les Lapons n’ont pas tou- jours eu des rennes, ni partout où ils ont habité, mais qu'ils ont été chasseurs et pêcheurs : qu’autrefois ils ont eu une plus grande représentation ; ils ont possédé des chefs, tenu des assemblées po- pulaires , etc. Le professeur Rask pense qu'ils ont habité tout le Danemark (Nilsson, a. a. O, H.3,p. 12. Sans aucun doute, cette race, étendue sur de plus vastes pays, consistait en plu- sieurs souches différant par le mode de vivre, et en partie par les mœurs ; et de cela on peut déjà conclure qu’il a dû résulter quel- ques différences dans la forme du crâne. Les crânes des habitants primitifs, qui ont élé décrits par les professeurs Nilsson et Es- chricht, et que le premier déclare d’origine lapone, sont petits , peu développés, à occiput court, mâchoire inférieure basse, et insertion musculaire faible ; mais les apophyses mastoïdes sont plus grandes que celles des crânes de Lapons que j'ai décrits, et l’occi- put n’est pas si tronqué en arrière. Ces différences peuvent résulter cependant, comme je l’ai fait remarquer plus haut , de l'influence longtemps continuée d’habitudes différentes, de climats diffé- rents, etc. , ainsi que nous l'avons constaté pour les Finnois et les 166 REFZIUS. -— SUR LES FORMES DU CRANE Esthes. Jusqu'à présent, cependant, on ne connaît que peu de specimens de cränes des habitants du Nord : aussi serait-il bon de diriger, par le soin d’autorités compétentes, l'attention du publie sur la valeur scientifique de ces restes de l’antiquité et sur l’im- portance de les conserver. Les crânes et les squelettes que l’on détruisit dans l’année 1805, avec les tombeaux où ils furent trouvés, pour l’aplanisse- ment de l'Axewallaheide , auraient eu, si on les avait conservés, plus de valeur que plusieurs des objets de prix qui furent ramas- sés dans ce pays, et transportés à grands frais dans les musées. Yraisemblablement , dans plusieurs des collines qui existent en- core sur les champs nivelés, il y a beaucoup de tombeaux sem- blables qui, par suite des progrès de la culture , seront successi- vement aplanis, sans que le campagnard comprenne leur origine ni leur importance. Les Lapons étant regardés par Blumenbach, et par la plupart des ethnographes, comme parents des Mongols, que j'ai rappor- tés aux Gentes brachycephalæ prognathæ , il n’est pas hors de propos de dire aussi quelque chosé de ces peuples. Le Musée anatomique a recu depuis quelques années de M. Cherniaeff, professeur de botanique à Charkow, et grâce aux mesures de M. le professeur Wahlberg, un crâne de Calmouck avec l'étiquette suivante : « Cranium sexœus masculin gentis Cal- muccorum , desumhun anno 1833, a trunco hujus gentis sceleh inter mortuos derelictos haud humatosque, uti mos gentis est in de- sertis caucasicis ad fhumen Kyma districhi Quinquemontani ; eujus rei certus est doctor de Hoefft, quondam inspector rerum medicina- lèum qubernii Caucasiensis. » 5. Crânes de Calmoucks. Le crâne est d’une structure osseuse plus forte que ceux des Lapons , mais sa forme est semblable , sa longueur de 0,168, sa hauteur de 0,127. L'occiput est court, large, très proéminent inférieurement ; le conceptaculum cerebelli élevé ; la protubérance et la crête occipitales manquent. Les lineæ semicireulares majores de l’occiput se réunissent sous un angle très obtus ; tout l’occiput est très oblique, le côté droit étant porté en avant. Le sommet de DÉS HABITANIS DU NORD, 167 la suture lambdoïde est placé haut; le vertex est élevé dans le milieu , les bosses pariétales sont situées à la limite de l’occiput, Les apophyses mastoïdes sont étroites et grêles; la distance quiles sépare est de 0,130 ; les trous auditifs sont grands et ronds, la partie pierreuse des temporaux est petite. La portion montante de l’aile du sphénoïde , qui est située dans la fosse temporale, est grande, sa portion horizontale est petite. Le frontal s'incline fortement en arrière , est faiblement voûté et dépourvu de bosses frontales, tandis que les tubérosités sourcilières sont considéra- bles, et la glabelle saillante ; la largeur du front est de 0",097. Les orbites sont, par leur forme et leur grandeur, semblables à ceux des Lapons; il en est de même des fentes orbitaires et sphé- no-palatines ; les ailes ptérygoïdiennes sont aussi un peu inclinées en avant; les fosses malaires profondes sous des cavités orbitaires très excavées. Le rebord alvéolaire du maxillaire supérieur est grand , un peu proéminent, et son contour en forme de demi- cercle. La distance , entre les deux côtés, mesurée à la région de la troisième dent molaire, est grande, Gette largeur, qui, chez les Suédois, les Slaves, les Finnois et les Lapon , est égale et d'environ 0,060, est chez les Calmoucks de 0",0',0 ; par contre, la longueur de la voûte palatine n'est pas si considérable que chez ces peuples du nord de l’Europe. La distance entre la racine du nez et le bord alvéolaire est de 0",067; de l’épine nasale à ce même bord, de 0*,020. Les tubérosités malaires du maxillaire supérieur ne sont pas si grandes que chez les Lapons, sans inci- sure, mais avec un bord inférieur, en forme d’'S, presque hori- zontal. Les côtés externes des os jugaux forment chacun, en des- cendant des apophyses sourcilières externes, des surfaces inclinées en dehors et en arrière. La distance entre les tubérosités jugales est égale à la plus grande largeur de la boîte cérébrale , 0",143 , et large surtout en comparaison du front, dont la largeur est de 0",098. La plus grande convexité des arcades zygomatiques tombe dans leur milieu ; la plus grande distance entre elles est de 0",1/43. Les deux branches du maxillaire inférieur, l'horizontale aussi bien que la montante, sont basses. La hauteur de la première est en avant de 0",029; celle de la dernière de 0,058. Les angles 165 RETZAIUS. -— SUR LES FORMES DU CRANE postérieurs sont très obtus, le menton tronqué , les alvéoles pro- fondes sur les deux màchoires. Il en résulte que la plus grande différence entre la tète des Calmoucks et celle des Lapons consiste dans la grandeur et la largeur du maxillaire supérieur chez les premiers , la force de son apophyse jugale, la profondeur de sa fosse malaire, la saillie des os zygomatiques, et la force de la structure osseuse. Plusieurs ethnographes et physiologistes ont admis une pa- renté de race entre les Lapons et les Groënlandais ; c’est pour- quoi je crois devoir aussi dire quelque chose de ces derniers, dont le Musée nous offre deux crànes bien conservés. L'un est d’un homme d’Upernewik, en Westgroënland; l’autre probablement d’une femme de Nennese, en Ostgroënland ; tous deux apportés par le docteur Vahl. 6, Cränes de Groënlandais. Ces cränes ont une structure osseuse forte , des points d'inser- tion musculaire fortement développés, et un contour ovale, dont la longueur est de 0",190, la plus grande largeur de 0",140 , et ainsi presque égal à celui des Suédois; mais la largeur anté- rieure du front, qui, chez les Suédois, est de 0",107, est ici seu- lement de 0",097. Les deux crânes sont, si l’on peut Ss’exprimer ainsi , bossueux (tubéreux), particulièrement celui du Westgroën- land, et le maxillaire supérieur, les os jugaux et les arcades zy- gomatiques font une saillie considérable qui dépasse la circonfé- rence de la boîte cérébrale, Le grand trou occipital est grand et'elliptique; sa longueur est de 0°,042, sa largeur de,0",032. Sur un des specimens, l’atlas est soudé par une ankylose à l’occipital. Le conceptaculum cere- belli est grand , voûté et considérablement élevé; les lineæ semi- circulares de l’occiput se réunissent sous un angle obtus ; la bosse occipitale est ronde, sans proéminence, et comprimée sur les côtés. Le sommet de la suture lambdoïde est bas et très obtus: la partie postérieure du pariétal s'incline longuement vers la bosse vccipitale. La distance entre les deux trous auditifs est à peu près égale à celle qui sépare le hord antérieur du trou occipital de la plus grande convexité de la bosse occipitale. DES HABITANTS DU NORD, 169 Sur le crâne du Westgroënlandais il y à , à l'extérieur, à la suture sagittale, une forte élévation qui s’abaisse cependant un peu sur le pariétal ; sur un autre crâne elle est plus faible, et ré- side vers l'extrémité antérieure de la suture. Le front est bas, avec une faible élévation le long de la ligne moyenne , sans bosse frontale. Les lignes circulaires des tempes se portent très haut supérieurement vers le vertex, et postérieurement jusqu'auprès de la suture lambdoïde. Les trous auditifs, dont l'insertion tombe en moyenne en avant du milieu de la longueur du crâne. sont petits, et les conduits auditifs sont ronds jusqu’à l’anneau de la membrane du tympan. Les apophyses mastoïdes sont assez grandes ; elles sont distantes entre elles de 0”,125. La plus grande largeur du crâne, qui est de 0",135, tombe juste au- dessus des apophyses mastoïdes. Les fosses temporales Sont très profondes ; les ailes temporales du sphénoïde sont petiles et comme resserrées en avant de la place où les faces supérieures des temporaux soutiennent les lobes moyens du cerveau. Les Juga sphenoidalia forment de longues crêtes et pointes. Les por- tions pierreuses des temporaux sont grandes et plates; mais à leur réunion avec les ailes du sphénoïde, elles s’élèvent par suite de la convexité déjà mentionnée des lobes cérébraux moyens. Vu par devant , le front se montre étroit, les apophyses orbi- taires externes forment de fortes saillies latéralement, les tuhé- rosités sourcilières sont petites , la glabelie est élevée. Les os na- saux sont extrêmement étroits, quoique la distance entre les cavités orbitaires soit la même que chez les habitants du nord de l’Europe. Les cavités orbitaires sont grandes, dirigées oblique- ment, à angles arrondis, et à angle inférieur externe surbaissé ; les fentes orbitaires sont grandes ; la hauteur de la circonférence des ouvertures de l'orbite est de 0,038 ; sa largeur de 0,041. Le maxillaire supérieur est élevé ; de la racine du nez au bord alvéolaire , il y a 0",080; les fosses sphénoïdales sont larges ; les tubérosités jugales grandes, dirigées horizontalement, formant la moitié des arcades zygomatiques ; échancrées plus loin en forme d'arc à leur bord inférieur, descendant d’autre part sur le rebord alvéolaire ; qui est très large, sur un crâne de 0,080, sur un autre auquel manquent trois dents de devant , et dont par suite les 170 RETZIUS. — SUR LES FORMES DU GRANE alvéoles sont réunies, de 0",070. La distance entre l’épine nasale et le bord alvéolaire est de 0",0925. Le bord alvéolaire forme une large courbure ; telle que Blumenbach l’a décrite chez un Chi- nois, «osseum caput..…. præsertim autem singulari fere subglobosa rotunditate partis alveolaris maæillæ superioris notabile. est. » (a. a O., Dec. V., p. IL. ) La voûte palatine est basse et voû- tée, les apophyses ptérygoïdes inclinées en avant, petites : le vomer et les cornets bas. Après la proéminence arrondie du maxillaire supérieur , ce qui frappe le plus les yeux est la posi- tion des os jugaux. Leurs faces externes sont si inclinées de baut en bas et en dehors, qu’elles donnent à l'aspect de ces têtes, vues par devant, quelque chose de pyramidal. C’est pro- bablement cette forme qui a déterminé le docteur Prichard à ap- peler les formes de sa troisième classe du nom de pyramidales. Les arcades zygomatiques elles-mêmes sont fortes, convexes, sur- tout dans leur milieu; la plus grande distance de l’une à l’autre est de 0",145 ; elle est plus grande que la plus grande Ken de la boîte cérébrale, qui est de 0",138. Les branches montantes du maxillaire inférieur sont basses ; le menton est arrondi ; la distance entre les deux angles de la mä- choire est de 0",145 ; la hauteur de la branche montante est de 0,058 ; la hauteur du bord du menton au rebord alvéolaire est de 0",031. Ces rapports , qui s'accordent avec les descriptions qu'ont don- nées Blumenbach et autres des crânes des Groënlandais et des Esquimaux , montrent que ces crânes ont une forme étrangère aux crânes européens , où qu'ils sont un membre de la série des nombreuses races américaines. Il y a dans le Musée deux momies, dont le roi a fait présent, avec un crâne de la contrée de Titicaca: Les crânes de ces momies sont plus petits que ceux des Groën- landais ; mais ils ont aussi une forme ovale , et leur ressemblent d’ailleurs sous plusieurs rapports. L’habitude du corps de ces momies, appartenant vraisemblablement aux aborigènes du Pérou, est petite, et leur altitude, celle que plusieurs auteurs nous ont décrite chez de pareilles momies , à savoir : la position assise ; la tête inclinée en bas ; le dos voûté; les genoux ramenés vers la poitrine ; les bras pliés et serrés sur les côtés, Cette position était DÉS HABITANTS DU NORD, 171 aussi celle qu’avaient les squelettes trouvés dans les tombeaux de l’Axevallaheide ; l’un de ces crânes à la même saillie sagittale , Jongue , abaissée dans le milieu , qu'ont les crânes de Westgroën- landais. Tableau synoptique des mesures, SUÉDOIS. SLAVES. FINNOIS. LAPONS. (Longueur du crâne, de la gla- belle à la plus grande con- min, 0,155/ vexité de l'occiput. . . . .| 0,190 0,170 0,178 © max. 0,180) |Largeur du front entre la par- Umoy. 0,170 tie antérieure des fosses Po o7(r 0,091 temporales : . . . . . .. 0,107 0,102 FR ixa0 408] U maux, 0,1 00 l moy. 0,100! Largeur de l'occiput, ou larg. (iv, 0,132! la plus grande du crâne. .| 0,147 | 0,151 | 0,144 AE | moy. 0,147 81 min, 0,510 (mis. 0,470 Contourle plusgrand du crâne. | 0,542 re 0! es Lms.537 me. 0,526 Hauteur du crâne, du bord an- | be muy. 0,528 Kmoy. 0, 51 0 térieur du trou occipital au 2 (min, 0,120 (mir. 6,135 (ui. 0,414 VOTES dé des ce 0,135 max. 0,138 l max. 0, ME 0,1 ct 1 ETE 0.129 Î Largeur entre les apophyses mio, 0,123 (D114— 0, dis min. 0,124 | min, 0,425 mastoïdes, . . . . . .. qu dr F ne 01334 0,135 \iuns OMR AAQUN À muy. 0,420) Longueur du trou occipital, . | 0,035 l 0,035 ( 0,035 0,035 Largeur du même. . . . .. 0,029 0,032 0,032 0,031 Id. du visage entreles plusgr. ( min. 0,42 | min, 0,125] convex. des arcades zygom. ALLO AB dE gs) mx 0,138 Hauteur du maxill. sup. de la (0. 068— 0,070 | RE 0,130, racine du nez au rebord aly. | 0,077 0,071 (min. O .065 [ min. 0,060 Hauteur des ouvertures des ' 0,073 AUS 0,070 linux. 0,074! cavités orbitaires . . . . . 0,030 0,030 0,030 | 0,033 Largeur des mêmes. . . . . 0,040 0,040 0,040 0,039 H° de la branche montant du | max. inf., de la surf.art. du { min, 0,043) condyle jusqu'à l'angle . .| 0,075 0,060 0,070 or 0,058! Id. de la branche horizontale He 0. 047 au menton ; du bord du men- min. 0, 020! ton au rebord alvéolaire. .| 0,035 0,033 0,035 fous. 0,035 moy, 0,020 ADDITIONS AU MÉMOIRE PRÉCÉDENT; PAR M. LE D' CREPLIN. M. le professeur Retzius, dans la séance de l’Académie des Sciences de Suède du 20 mars 1844, a ajouté quelques obser- vations ayant trait à ce sujet, et qu'il avait faites plus tard. On les trouvera dans lOEfversigt af Hong 'etenskaps - Academiens Handlingar. Année 1, 1844, n° 3, p. 38- A1 ; et, en outre, tra- 172 RENZAUS. — FORMES DU CRANE DES HABITANTS DU NORD. duites par moi dansles Archive skandinavischer Beitræge zur N'a- turgeschichte, de C. Fr. Hornschuch, Th. 4, H. 4, p. 149-151. Il avait recu en effet , dans l’automne de 1843, du professeur Hyrtl , à Prague, un crâne d’Avare et deux crânes Czechs, exhu- més à Grafenegg , en Autriche ; et de M. Herzog , conseiller de médecine à Posen, deux crânes de Polonais. Le crâne d’Avare s'éloigne de tous les crânes asialico-européens connus par la hau- teur des bosses pariétales, la compression du front en arrière et la brièveté de l’occiput. 11 faut conclure de sa forme que les Avares , qui, d’après Schafarik (antiquaire slave), sont un peuple bâtard turc-ural, ont appartenu aux Gentes brachycephalæ ortho- gnathæ. Les caractères ethnographiques de ce crâne sont : « Occi- put court (diam. front. occip., 0,147), haut (diam. occip. ver- tical, 0",157) ; une ligne abaissée perpendiculairement de son point le plus élevé à travers la région des bosses pariétales tombe très en arrière de la partie de los occipital sur laquelle se trouvent les lignes demi-circulaires. La plus grande largeur (0",137) tombe juste en haut de la suture écailleuse du temporal. Le frontal, extrêmement haut et très penché en arrière, a au milieu (2 au-dessus des arcades sourcilières), une dépression transversale , et, immédiatement au-dessus d’elle, une tubéro- sité fortement saillante et également transversale; entre elleet les bosses pariétales est une nouvelle dépression transversale qui se trouve à la réunion des sutures sagiltale et coronale. Les arcades zygomatiques sont petites, peu saillantes ; le rebord alvéolaire du maxillaire supérieur petit, vertical; les ouvertures anté- rieures des cavités orbitaires rhomboïdales ; le palais très voûté ; les apophyses mastoïdes petites. » — L'opinion d'Edwards (voyez Morren, Mémoire sur les ossements humains des Tour- bières de la Flandre. Gand, 1832), que les crânes d’Avares trouvés par le comte Bruner à Krems, en Autriche, sont ana- logues aux crânes des Caraïbes et des anciens Chilènes, est com- battue par Retzius; ces deux derniers peuples appartenant , d’a- près lui, aux Gentes dolichocephalæ prognathæ. — Les deux crânes de Czech et de Polonais , ainsi que la forme de la boîte cérébrale d’un Slowake vagabond de Hongrie, lui ont offert les caractères attribués par lui à la race slave. Le professeur Van der Hæven a trouvé aussi la confirmation complète des données de Retzius, relativement aux crânesslaves, sur un crâne de Polonais, et douze crânes de Russes qu’il a eu l’occasion d’examiner minutieusement (woyez le OEfversigt, déjà cité, n° 4, p. 69; et les Archives sus-nommées, a. à. 0. p. 160). 175 ÉTUDES SUR LES TYPES INFÉRIEURS DE L'EMBRANCHEMENT DES ANNELÉS; Par M. À. DE QUATREFAGES. MÉMOIRE SUR LA FAMILLE DES NÉMERTIENS ( VEMERTE4). Les animaux qui font le sujet de ce travail n’ont attiré qu'assez tard l'attention des naturalistes, A l'exception de Borlase, qui, en 1758 (1), fit connaître une des espèces les plus curieuses de ce groupe, O.-F, Muller est le premier qui ait cherché à leur assigner une place dansle catalogue des êtres vivants. Dans son Histoire des Vers(2), dans son Prodrome(3) et dans sa Zoologie danoise (4), il décrivit et figura plusieurs Némertiens, qu’il réunissait aux Pla- paires détachées par lui du genre Fasciola. Vers la même époque, Rathke (5) et O. Fabricius (6), s’occupant du même sujet, firent connaitre sous la même désignation générique un certain nombre d’espèces nouvelles et y joignirent quelques détails sur leur orga- nisation, Montagu (7), Dugès(S), Leuckart (9), M. de Blain- (1) Corwal’s natural history, 1758. (2) Vermium lerrestrium et fluviatilium succincta historia, 1773. (3) Zoologiæ danicæ prodromus, 1776. (4) Zoologia danica, seu animalium Daniæ et Norvegiæ descriptiones et his- toria, 4779; et deuxième édition , 4788. (5) Jagttagelser henhærende tel Indvoldeormenes og Bladdyrenes naturhistorie af Rathke (Scrivter af Naturhistorie-Selskabet, 1779). (6) Veskrivelse over 4 lidet bekjendte Flad-Orme | Skrivter af Naturhistorie- Selskabet, 1778). (7) Description of several marine animals found on the south coast of De- vonshire, by George Montagu (Transactions of the Linnean Society of London, 1804). (8) Recherches sur l'organisation et les mœurs des Planariées (Annales des Sc. naturelles , A** série, 1828). — Aperçu de quelques observations nouvelles sur les Planarides et plusieurs genres voisins (Ann. des Sc. nat., 1"° série, 1830). (9) Breves animalium quorumdam maxima ex parte marinorum descriptiones, 1823 17h DE QUATREFAGES. — SUR LES NÉMERTES. ville (4), Delle Chiaje (2), Ehrenberg (3), Huschke (4), MM. Quoyt et Gaimard (5), Grübe (6), Johnston(7), Rathke(8), A.-S. OErs- ted(9), ont successivement accru le catalogue des espèces et publié divers faits relatifs à l'anatomie de ces animaux. Dans le courant de ce mémoire nous aurons maintes fois l’occasion de rappeler et de discuter ces divers travaux. e Mes recherches personnelles datent de 1841. Pendant mon séjour aux îles Chausey, j'eus occasion d'étudier par transparence quelques espèces qui se prêtaient parfaitement à ce mode d’obser vation, Le résultat de ce premier examen fut de me faire regarder les Némertiens comme un groupe très remarquable et qui méri- tait à tous égards l'attention des naturalistes. Mais ces résultats (1) Dictionnaire des Sciences naturelles, article Vers, 1828. (2) Memorie sulla storia et notomia degli animali senza vertebre del regno di Napoli, 1823. — Descrizione e notomia degli animali invertebrati della Sicilia cileriore osservali vivi negli, anni 1822-1830. (3) Symbolæ physicæ Decas prima, 1828. (#) Beschreibung und anatomie eines neuen an Sicilien gefundenen Meertwurms Notospermus drepanensis, H. (/sis, 1830). (5) Voyage de la corvette l’Astrolabe (Zoologie), 1833. (6) Actinien , Echinodermen , und Wurmer der Adriatischen und Mittelmeers , 1840. (7) Miscellanea zoologica (Magazine of s0ology and botany, 1837). (8) Beitræge zur vergleichenden anatomie und physiologie (Neueste schriften der Naturforschenden gesellschaft in Danzig, 1842). (9) Entwurf einer systematischen Eintheilung und speciellen Beschreibung der Plathwürmer, Â84%. — Les lecteurs allemands surtout auront facilement remar- qué qu'à l'époque où j'ai fait imprimer mes recherches sur quelques Planaires marines, je ne connaissais pas le travail ex professo que M. OErsted avait publié l'année précédente. Je saisis la première occasion qui se présente pour en expri- mer mes regrets. Bien que me trouvant en désaccord sur beaucoup de points avec M. OErsted , je n'en reconnais pas moins tout ce que son travail a de véritable valeur. Si je l'avais eu en ma possession, lorsque j'ai rédigé mon Mémoire, il m'aurait fourni des indications précieuses, que j'ai mises à profit pour celui-ci, et évité quelques doubles emplois : telle est, par exemple, la création du genre Éoli- dicère, qui n'est évidemment autre chose que le genre Thyzanozoon de Grübe, ete: Ces fautes et quelques autres de même nature, qui peuvent m'avoir échappé éga- lement, seront corrigées dans un ouvrage général que j'espère publier dans quel- que temps. DE QUATREFAGES. — SUR LES NÉMERTES. 175 se trouvaient en contradiction sur bien des points avec les opi- nions embrassées par mes devanciers. Ils ne présentaient d’ail- leurs encore rien de très complet. Je crus donc devoir me borner à prendre date par une note insérée dans le Bulletin de la Société Philomatique(A) et remettre à une autre époque la publication détaillée de recherches que mon intention élait de poursuivre. Les matériaux ne n'ont pas manqué pour exécuter ces projets. A Saint-Malo, à Saint-Vaast-la-Hougue , à Bréhat, j'ai trouvé de nouvelles espèces et complété mes premières observations, Au retour d’un de ces voyages , en 1842, j’apportai à Paris des animaux vivants, qui vécurent pendant plusieurs mois dans des vases remplis d’eau de mer ; et plusieurs personnes, entre autres MM. de Humboldt, Dumas, Duvernoy, Milne Edwards, Valen- ciennes, voulurent bien vérifier dans mon cabinet ce que mes ob- servations présentaient de plus essentiel. Les comptes-rendus de l’Académie des sciences (2), le rapport de M. Milne Edwards sur l’ensemble de mes travaux (3), la nouvelle édition du Règne ani- mal de Cuvier (4), ont déjà fait connaître quelques uns de ces ré- sultats. Depuis, j'ai pu étendre mes recherches à plusieurs autres espèces pendant mon séjour en Sicile, et là encore la plupart des faits que j'ai rencontrés ont été constatés par mes compagnons de voyage, MM. Milne Edwards et Blanchard. En résumé, j'ai examiné, en employant tour à tour la dissection ou l’observation par transparence, 32 espèces bien distinctes et certainement plus de 400 individus de toute dimension. Il m'est donc permis de dire que cette étude a été de ma part aussi con- sciencieuse que possible ; et je crois pouvoir espérer que mes con- frères en accucilleront les résultats avec quelque bienveillance, Quelques uns des faits que j'aurai à faire connaître, quelques (1) Séance du 27 novembre 1841 (L'Institut, AS41, p. 427). (2) 1843, deuxième semestre, p. #23. (3) Rapport Sur une série de Mémoires de M. A. de Quatrefages ; relatifs à l'organisation des'animaux sans vertèbres des côtes de la Manche (Comptes-rendus, séance du 45 janvier 1844. — Ann. des Sc. nat., 3° série, Zoologie, t. L). (4) Règne animal illustré (Zoophytes), 12° livraison, pl. 33 et 34, avec texte explicatif. 176 DE QUATREFAGES. — SUR LES NÉMERTES, unes des opinions que j'ai cru devoir embrasser s’accorderont peut-être mal avec leurs idées ; mais avant de les rejeter, j'espère qu'ils voudront bien vérifier par eux-mêmes et ne pas condamner sans examen un travail qui m'a occupé d’une manière toute spé- ciale pendant quatre campagnes sur le bord de la mer. Ce mémoire est divisé en trois parties. Dans la première, je fais l’histoire de la classification des Némertiens, j'indique les caractères qui me semblent devoir être assignés à ce groupe ainsi que les coupes génériques qui me paraissent les plus naturelles, je décris les espèces que j'ai eues vivantes à ma disposition et je rapporte ce que j'ai pu observer de leur histoire naturelle. La seconde partie est consacrée à la description anatomique , aux détails histologiques. Dans la troisième , j’expose quelques idées générales qui me paraissent ressortir de l’étude de ce groupe et des groupes voisins, et je cherche à me rendre compte de leurs affinités zoologiques (1). PREMIÈRE PARTIE. CLASSIFICATION, DESCRIPTION ET HISTOIRE NATURELLE, SI. Classification. Ainsi que nous l’avons vu plus baut, les premiers naturalistes qui ont décrit quelques espèces de Némertiens les ont placées parmi les Planaires, qui elles-mêmes ne formaient alors qu’un seul genre, Montagu, le premier, réunit au genre Gordius le Sea lang worm de Borlase (2) et une autre espèce voisine. Dix ans après, Sowerby (3) forma avec le même animal son genre Zanaria. En (1) Les planches citées dans ce Mémoire n'accompagnent pas toutes le texte des Annales : deux ont déjà paru dans le Règne animal. Un certain nombre doit faire partie d'une publication spéciale où MM. Milne Edwards, Blanchard et moi, réunirons tous les résultats de notre Voyage en Sicile, et à laquelle je renverrai sous la dénomination provisoire de Recherches anatomiques et physiologiques. (2) Loc. cit., p: 200: (3 Cité par OErsted, loc. cit, p. 79. DE QUATREFAGES. — SUR LES NÉMERTES. 177 1817, Oken le prit encore pour type du genre Borlasia (1), et Cu- vier créa, toujours pour cette même espèce, le genre Nemertes. Le nombre des divisions génériques ne tarda pas d’ailleurs à s'ac- croître. Renieri établit les genres T'ubulanus et Cerebratulus ; Delle Chiaje, les genres Polia et Balanoglossus ; Rolando, le genre Bonellia; Dugès, le genre Prostoma; MM. Quoy et Gaymard, le genre Ophiocephalus ; M. de Blainville, le genre Lobilabrum ; Ehrenberg , les genres Disorus, Micrura, Poly- slemma, Tetrastemma , Hemicyclia, Ommatoplea, Amphiporus, Notogymnus ; Leuckart, le genre Meckelia ; OErsted , les genres Cephalothrix et Astemma. La répartition des genres que nous venons de rappeler, leur position dans les systèmes de classification a dû nécessairement varier selon la manière de voir des divers auteurs systématiques, et cela d’autant plus facilement que , l'anatomie de ces animaux étant jusque dans ces derniers temps assez mal connue, les don- nées nécessaires à l’appréciation de leurs rapports naturels man- quaient presque toujours. Gmelin adopta le genre de Muller et le laissa parmi les Vers; il fut imité en cela par Bruguïère et par Lamarck qui, dans son Système des animaux sans vertèbres, ran- gea les Planaires parmi les Vers externes (2), et dans son Histoire des animaux sans vertèbres leur conserva à peu près la même place en les comprenant dans la seconde section de ses ’ers mol- lasses (3). Dès la première édition de son Règne animal, Cuvier sépara son genre Vémertes des Planaires. Il laissa ces dernières parmi les Zntestinaux parenchymateux , tandis qu’il rapporta les Némertes aux {ntestinaux cavitaires, tout en faisant observer que la seule espèce qu’il connaissait pourrait bien devenir le type d’un ordre nouveau (4). L'ancien genre Planaria, partagé en un grand nombre de groupes et réuni aux genres Gordius et Naïs, forme, comme on le sait, la classe des Turbellariés (T'urbellaria) de M. Ehrenberg. (1) Lehrbuch der Zoologie (Leipzick, 1815). (2) Syst. des anim. sans vertèbres, p. 330. (3) Hist. des anim. sans vert, t. LI, p. 176. (8) T. IV. p. 37. 3° série, Zoo. T. VE. (Septembre 1846.) 4 12 178 DE QUATREFAGES. — SUR LES NÉMERTES, Cette classe comprend deux ordres, les Dendrocæla et les Rab- docæla, et ce dernier est lui-même divisé en sections, celle des Amphistera , celle des Monosterea et celle des Amphiporina. Les animaux que nous comprenons dans notre famille des Mémertiens se trouvent répartis dans ces deux dernières divisions et réunis à des espèces avec lesquelles ils n’ont que peu ou point de rapport, ce qui s'explique très naturellement par l’état incomplet des no- tions scientifiques acquises à l’époque de la création de la classe des Turbellariés (1). Ainsi, la section des Monosterea comprend les familles 4 et 7, formées, la première par le genre Gordius seul, a seconde, par des divisions du genre Naïs, tandis que la fa- mille 5 (Micrura Ehr. ) renferme de véritables Némertiens (gen- res Disorus, Micrura et Polystemma) et que la famille 6 (Chi- lophorina Ehr.), est formée avec le genre Derostoma (Dugès) qui, sans s'éloigner beaucoup des Némertes , ne peut pourtant pas leur être réuni immédiatement (2). Dans la troisième section ( Amphi- porina Ebr. ) , la 8° famille ( Gyratricina Ehr. ) comprend les gen- res Orthostoma et Gyratriæ qui doivent très probablement être placés à côté des Dérostomes, tandis que les genres suivants, Tetrastemma, Prostoma, Hemicyclia, Ommatoplea, Amphi- porus sont de vrais Némertiens, qu’il aurait fallu placer dans la 9° famille (Vemertina Ehr.) à côté des genres Vemertes et Na- Logymnus. (1) On sait que l'existence de cils vibratiles, répartis à la surface du corps, était le caractère fondamental de cette classe, et ceci nous explique comment l'il- lustre naturaliste de Berlin avait cru devoir y comprendre les Naïs, animaux si différents des Planaires. J'ai montré depuis que l'on retrouvait ces mêmes cils vibratiles chez les Mollusques Gastéropodes et chez les Annélides Chétopodes. Dès lors ce caractère perd toute son importance. ( Mémoires sur les Mollusques Phlé- bentérés et sur les Planaires). (2) C'est un point sur lequel j'aurai à revenir plus tard. Certains Dérostomes de Dugès, réunis à quelques autres genres voisins, doivent former un groupe par- ficulier, intermédiaire entre les Planaires et les Némertes , répondant aux Den- 4rocæla d'OErsted. Peut-être publierai-je d'ici à peu de temps les faits que j'ai déjà recueillis sur ce sujet. Ici je me bornerai à dire, pour prendre date, que leurs systèmes nerveux et circulatoire ressemblent à ceux des Némertes, que leurs or- ganes génitaux les rapprochent des Planaires, tandis que leur appareil digestif diffère de ce qu'on observe dans ces deux groupes. DE QUATREFAGES. — SUR LES NÉMERTES. 179 M. de Blainville, dont l’article Vers parut la même année que les Symbolæ physicæ , forma l’ordre des Aporocéphalés ( 1‘ ordre du sous-type des Perentomozaires ou Subannélidaires) en réu- nissant tous les animaux que les anciens naturalistes avaient compris sous le nom commun de Planaires (1). Cet ordre lui- même fut partagé en deux familles (Térétulariés et Planariés) ; cette dernière comprenait les Planaires et les Dérostomes de Dugès avec deux autres genres (2). La première, celle des Téré- tulariés ( Teretularia, BI.) correspond à peu près à notre famille des Némertiens. Aussi aurions-nous conservé ce nom sans hésiter s’il n'avait renfermé une idée inexacte. M. de Blainville y place les genres T'ubulan, Ophiocéphale, Cérébratule, Borlasie, Bonel- lie, Lobilabre et Prostome. Dans la seconde édition du Règne animal, Cuvier conserva la répartition adoptée par lui dans sa première édition (3) ; mais, adoptant sans examen les idées de Dugès, il laissa les Prostomes parmi les Planaires. Il reconnut d’ailleurs les affinités qui unissent aux Némertes les T'ubulans, les Cérébratules et les Ophiocéphales. M. Delle Chiaje réunit dans la 6° section de ses {rticulata les genres Polia, Ophiocephalus, Prostoma et Balanoglossus. Il forme ainsi un groupe qu’il désigne sous le nom d’Annulosa Nemertea (h). M. OErsted partage son ordre des ’ers apodes en quatre sous- ordres : Nematoidina (Gordiea), Acanthocephalina (Sipuncu- lacea), Tremaloana et Cestoidina(5). Le troisième sous-ordre (4) Loc. cit., p. 530. (2) De ces deux derniers genres, l'un (Planoceros, BL.) est bien une vraie Pla- nariée ; l'autre, le genre Phænicure, a été établi par erreur. Le Phænicurus the- tidicola (Rudolphi), Vertumnus thetidicolu, Otto, n’est pas un animal. Les natu- ralistes que nous venons de citer ont pris pour des vers, parasites des Thétys, les appendices mêmes de ce Mollusque, appendices qui se détachent très facilement et se meuvent alors pendant très longtemps, comme s'ils jouissaient d'une vie indépendante. C'est M. Krobn qui le premier a reconnu ce fait. Nous avons pu- blié des observations analogues, recueillies en étudiant les Éolidiens. (3) Règne animal, 2+ édition, t. IX, p. 259. (4) Descrizione e notomia degli an. invert. (5) Loc. cit., p. 33. 180 DE QUATREFAGES. — SUR LES NÉMERTES. ( Trematodina OErst.) comprend deux tribus, celle des Hirudinées et celle des Planariées. C’est à celle-ci que se rattachent les Dé- rostomes de Dugès et autres genres voisins. Le quatrième sous- ordre (Cestoidina OErst.) correspond à notre famille des Némer- tiens et est partagé par OErsted en deux familles, celle des Némer- tiens ( Nemertina) et celle des Amphiporiens ( Amphiporina OErst.) (1). La première comprend les genres Cephalothrix, As- temma, Borlasia, Polystemma , Nemertes, Tetrastemma et Cere- bratulus. La seconde ne renferme que le genre Amphiporus. M. de Siebold a désigné sous le nom de Vers (fermes), son troisième groupe fondamental qui lui-même renferme les 6°, 7°, 8° et 9 classes (2). De ces quatre classes, la 7° ( Turbellarii Sieb.) est composée des Planariées ( Dendrocæi) et des Dérostomiens (Rhabdocæli). La 9° (Annulati Sieb.) est partagée en deux or- dres, dont l’un, le second (Chœætopodes Sieb.\, correspond aux Annélides errantes, Tubicoles et Terricoles des auteurs français ; dont l’autre , le premier ( {podes Sieb.), est partagé en deux sous- ordres, savoir les Némertiens (Nemertini Sieb.) et les Hirudi- niens (Hirudinei Sieb.) (3). Dans la classification adoptée par M. de Siebold, les animaux qui font le sujet de notre mémoire se trouvent ainsi séparés des Planaires par une classe entière, la 8° (Rotator Sieb.), et sont, au contraire, très rapprochés des Hirudinées. Le naturaliste dont nous parlons admet dans ses We- mertini les genres T'etrastemma, Polystemma, Micrura, Noto- spermus , Meckelia, Nemertes et Borlasia. On le voit, à mesure que l’on connaissait davantage les ani- maux dont nous parlons, on reconnaissait de plus en plus la né- cessité de les réunir en un groupe distinct. Les T'eretularia de M. de Blainville, les Annulosa Nemertea de Delle Chiaje , les Cestoidinæ d'OErsted , les VNemertini de Siebold sont au fond la même chose. Les détails dans lesquels nous allons entrer confir- meront pleinement cette manière de voir dans ce qu’elle a de (1) Loc. cit., p. 80. (2) Lehrbuch der vergleichenden anatomie von V. Siebod und Stanius Erste ab- theilung, p. #. (3) Loc. cit., p. 486. SP DE QUATREFAGES. — SUR LES NÉMEÉRTES, 181 général et montreront que les N émertiens sont réellement une des familles les plus naturelles qu’on puisse rencontrer. Les auteurs que nous venons de citer diffèrent seulement sur la place qu’elle doit occuper dans un système de classification naturelle; mais cette question, qui ne peut être résolue qu'après avoir acquis une connaissance aussi approfondie que possible des animaux qu'il s’agit de classer, sera traitée dans la troisième partie de ce travail. Parmi les auteurs que nous venons de citer, quelques uns n’ont tenu compte que des particularités extérieures dans la caracté- risation des groupes correspondants à la famille des Némertiens. Il est presque inutile de rappeler aujourd’hui combien cette manière d'agir en zoologie peut entraîner d'erreurs graves dans l'appréciation des aflinités naturelles. Nous imiterons donc ceux de nos devanciers qui se sont surtout préoccupés des caractères anatomiques. En donnant ici une caractéristique fondée sur les résultats de nos observations personnelles , nous renverrons à la troisième partie de ce travail pour la justifier. NÉMERTIENS. Système nerveux distinct composé de deux lobes latéraux réunis en dessus par une très petite commissure, en dessous par une large bandelette sous-æsophagienne, et donnant naissance à deux troncs nerveux longitudinaux isolés. Système circulatoire clos. — Circulation complète. Tube alimentaire simple : une trompe exsertile; un intestin aveugle. Sexes séparés. — Organes génitaux placés sur les côtés de la cavité abdominale, et occupant presque toute la longueur du corps. Corps entièrement lisse couvert de cils vibratiles. NEMERTEA. Systemate nervoso distinct, lobis duobus lateralibus gracili commis- surd susæsophagicd et villà subæsophagic latd conjunchs, nervis duobus longitudinalibus liberis instituto. Syslemate circulationis perfectæ clauso. 182 DE QUATREFAGES —- SUR LES NÉMERTES. Tubo cibario simplici, proboscide exsertili intestinoque cæco. Sexibus separatis ; testiculo ovartisve lateralibus, ad [ere totius corporis longitudinem productis. Corpore lævigato, ciliis vibratilibus obsito. La famille des Némertiens ainsi caractérisée est tellement na- turelle, qu’il est très difficile d’y introduire des coupes génériques reposant sur des caractères tranchés et constants. La présence ou l'absence des yeux ; le nombre et la position de ces organes; la séparation plus ou moins tranchée de la tête et du corps ; le plus ou moins de distance existant entre l’extrémité antérieure du corps et la terminaison de l’organe génital, tous ces caractères , employés par les naturalistes qui, avant nous, se sont occupés de ce groupe, sont tellement variables , qu’ils me paraissent pou- voir servir seulement à la détermination des espèces. J’avais cru d’abord , comme Johnston, avoir trouvé quelque chose de plus précis dans l'absence ou la présence d’un appareil stylifère, dont la trompe exsertile est ordinairement armée, dans lesmodifications de cet appareil. Mais à mesure que j'ai multiplié mes observa- tions , il m’a fallu encore renoncer à chercher ici des caractères génériques. Je me suis donc arrêté aux considérations suivantes , qui, jusqu’à présent, m'ont paru présenter la fixité désirable, bien que je ne veuille en rien préjuger de l’avenir. 1° Le système nerveux nous présente un premier moyen de division, en ce que les deux troncs qui partent des ganglions cérébraux sont tantôt entièrement latéraux, tantôt plus rapprochés de la ligne médiane. Si cette particularité se présentait dans un grand nombre d'espèces , si elle coïncidait toujours avec quelques autres modifications secondaires que nous exposerons plus tard, elle pourrait peut-être motiver la division des Némertiens en deux sous-familles. 2 Dans toutes les espèces qu'ont décrites mes devanciers, la bouche est terminale , bien que la plupart d’entre eux aient cru le contraire par suite d’une confusion sur laquelle nous reviendrons plus tard (1). Parmi les espèces nouvelles que j’ai étudiées, un (1) Nous nous contenterons de dire ici que ce qui a été généralement regardé comme la bouche n'est autre chose que l'orifice génital. DE QUATREFAGES. — SUR LES NÉMERTES, 183 petit nombre ont cet orifice placé à la face inférieure du corps. Jusqu'à présent, cette disposition me paraît très propre à carac- tériser un genre. 3° Les proportions générales du corps varient extrêmement parmi les Némertiens ; il en est qui, complétement développés, présentent une longueur égale à près de mille fois leur largeur ; chez d’autres, ces dimensions sont au plus dans le rapport de 25 ou 30 à 1. Parmi les premiers, il en est dont le corps est très aplati lorsqu'ils se développent librement, qui ont, en outre, l'habitude de former des nœuds souvent inextricables ; d’autres , au contraire , généralement moins allongés, moins déprimés , se replient et se pelotonnent, mais sans se nouer. Parmi les seconds, les uns ont les tissus remarquables par une extrême contractilité, qui permet au corps de prendre des formes très diverses; d'autres, au contraire, moins contractiles, présentent dans leur forme générale une plus grande stabilité. Ces différences nous ont servi à établir autant de coupes génériques ; mais nous reconnaissons sans peine qu’elles laissent à désirer , et, si les espèces que nous avons étudiées prennent assez facilement place dans ce cadre, nous comprenons qu'il est très possible que, des intermédiaires venant à être découverts, les limites de ces divisions demeurent assez difficiles à distinguer. Le tableau suivant fera comprendre plus aisément l’ensemble des considérations que nous venons d'exposer. - Bouche subterminale , inférieure. . Valencinie (Valencinia). Troncs | nerveux très aplati. . Borlasie entière- Corps très) (Borlasia). ment long. l plus où moins latéraux. potéhé | arrondi. . . Sépere . terminale. F js (Nemertes). NÉMERTIENS | . Fee : (Nemertea). \ Corps forme . . . Polie court. (Polia). | de forme peu \ variable . , Cérébratule | (Cerebratulus). , Troncs nerveux sublatéraux. . . . , . . . . . . OErstedie (OErstediu). 184 DE QUATREFAGES. —— SUR LES NÉMERTES. Des six genres dont se trouve ainsi composée notre famille des Némertiens, deux nous appartiennent en propre, et par leurs noms et par les espèces qu’ils renferment : ce sont les genres Valencinie et OErstédie. Les quatre restants correspondent plus ou moins à quelques uns des groupes établis par nos devanciers, et réunissent des espèces trop peu dissemblables pour pouvoir être séparées. Aussi, avons-nous cru pouvoir conserver des désigna- tions qui étaient avant nous dans la science , afin d'éviter de créer de nouveaux noms qui déjà nous semblaient multipliés outre mesure (1). La distinction des espèces est en général plus aisée que celle des genres ; cependant elle présente aussi ses difficultés, surtout lorsqu'il s’agit de reconnaître les espèces très imparfaitement (1) Parmi les genres proposés par les divers naturalistes que j'ai eu occasion de citer, il en est deux qui ne sont pas compris dans les appréciations précé- dentes; ce sont les genres Bonellia de Rolando, et Balanoglossus de Delle Chiaje. Ce dernier ne saurait appartenir à la famille des Némertiens, telle que je viens de la définir. Les détails donnés par le naturaliste napolitain sur les appareils respi- ratoire et circulatoire du B. clavigerus (Desc. e.not. deyl. an inv ;'t. IX, p. 127, pl. 5, fig. 3-9). le rapprocheraient des Annélides Errantes sous certains rapports, des Hirudinées sous quelques autres. Sans rien préjuger ici sur la place qui revient a cet animal, on doit, je crois, le regarder comme un de ces types de transition toujours difficiles à classer, et dont on ne peut apprécier les affinités réelles que par une étude très approfondie, J'en dirai à peu près autant des Bonellies. Les détails donnés par Rolando (Mém. de l'Ac. de Turin, t. XXVI, p. 539, fig. 1-7) laissent trop à désirer; mais les appendices intestinaux, les espèces de glandes placées près de la bouche, me font regarder sa B. viridis comme bien distincte de la famille des Némertiens. Pendant le séjour que j'ai fait à Milazo, où les Bonellies sont assez communes, j'ai fait tout ce que j'ai pu pour venir à bout de m'en procurer une entière; mais, profondément enfoncées dans les interstices de pierres soudées les unes aux autres par une sorte de ciment calcaire, elles ont toujours déjoué mes efforts. Je n'ai pu examiner que des portions assez considé- rables de la partie caudale. L'aspect et la nature des téguments, la contractilité, les mouvements de cette partie isolée , rappellent en effet ce qu'on voit chez les Némertes ; mais on comprend qu'il faudrait des observations bien autrement pré- cises pour pouvoir se former une opinion. Toutefois il me paraît probable que les Bonellies devront former une famille distincte , probablement voisine des Némer- tiens. L'examen du système nerveux, celui de l'appareil digestif, pourront seuls résoudre définitivement cette question. DE QUATREFAGES. — SUR LES NÉMERTES. 185 décrites par quelques anciens auteurs, Les principaux caractères que nous avons employés sont empruntés à la forme générale , à la couleur du corps, à l'existence d’une tête plus ou moins distincte, à celle de fentes ou de fossettes céphaliques, d'un ori- fice génital constant ou temporaire. Le nombre et le mode de groupement des yeux fournissent aussi de bons caractères spé- cifiques. Enfin , nous avons cru devoir tenir compte , surtout dans les genres nombreux en espèces, de la forme du cerveau, de l’absence ou de la présence d’un appareil stylifère placé entre la trompe et l'intestin , et des modifications de cet appareil. Indé- pendamment des ressources que ces considérations présentent pour la détermination des espèces, nous avons trouvé, par cet examen détaillé, l’occasion de montrer combien les groupes les plus naturels peuvent présenter de variations dans les caractères qu’on regarde généralement comme les plus constants. S II. Description (1). Genre VALENCINIE ( Valencinia). Bouche subterminale placée à la face inférieure de la tête. Ore subterminali , infero. Ce genre, qui ne compte encore que trois espèces , est jusqu’à présent très naturel. Les Valencinies sont nettement caractérisées par la position de la bouche, qui reste d’ailleurs parfaitement distincte de l’orifice génital. Celui-ci existe, et est très apparent dans les seules espèces connues. Chez toutes trois, la tête est séparée du corps, et ne présente ni yeux ni fentes latérales ; mais ces caractères, dont j'ai bien des fois reconnu la variabilité, pourraient très bien manquer dans d’autres espèces, qui n’en devraient pas moins être rapportées à ce genre. J’en dirai autant (1) Je ne parlerai dans ce travail que des espèces que j'ai pu observer vivantes par moi-même. Dans l'ouvrage général que j'espère publier sous peu, je rap- pellerai celles qui ont éte décrites par les autres naturalistes . el chercherai à leur assigner la place qui leur revient. 186 DE QUATREFAGES. — SUR LES NÉMERTES. de l’absence d'appareil stylifère. Chez les Valencinies que j'ai examinées, la trompe et l'intestin sont séparés seulement par un conduit très étroit, creusé dans une masse musculaire épaisse (1). Les Valencinies sont de taille assez considérable. Je les ai trou- vées dans les mêmes localités. Toutes trois sont terricoles, et se creusent dans les sables vaseux ou dans le sol des prairies de zostères des galeries souvent très sinueuses. 4. V. spcenpine (V. splendida, Nob.) (2). Capite distinceto trigono , rotundato , oculis et rimis destituto. Cette belle espèce, qui atteint jusqu’à huit ou dix pieds de long, est d’un fauve orangé brillant sur la partie antérieure du corps. À quelque distance de la tête, la teinte. devient tout-à- coup plus brune ; mais cette teinte sombre va en s’affaiblissant de plus en plus , et la partie postérieure du corps est presque de la même couleur que la tête. Même sur les échantillons conservés depuis longtemps dans l'alcool, et décolorés par l’action de la liqueur, on retrouve des traces sensibles de ces différences de teintes. Les faces dorsale et ventrale se ressemblent entièrement sous ce rapport. Le corps de la Valencinie splendide, bien développé, est presque plat en dessous, un peu arrondi en dessus. Lorsqu'elle contracte certaines portions, on les voit s’élargir , s’épaissir , se plisser , et il se forme alors sur la face dorsale un sillon irrégulier, médian. Plongée dans l’alcool , cette espèce, comme les suivantes, se rac- courcit beaucoup et devient complétement cylindrique. La tête est plus large que le corps , aplatie , et forme à peu près un triangle à angles arrondis. Je n’ai pu y reconnaître ni yeux ni fossettes (3). Elle présente en dessous sur son milieu un orifice circulaire, qui est la bouche. Un peu en arrière de cette ouver- ture , et très près de ce qu’on pourrait appeler le cou, se trouve l'orifice des organes génitaux , que j’ai vu chez tous les individus qu'il m'a été possible d'examiner. (1) Rech. anat. et phys., PI. 9, 6g. 5. (3) Rech. unat. et phys., PL 9, fig. 2. (2) Id., PI. 9, fig. 1. É Ra DE QUATREFAGES. — SUR LES NÉMERTES, 187 Cette espèce habite de préférence le sol fangeux que recou- vrent des prairies de zostères. Il est assez difficile de se la pro- curer entière à cause des sinuosités de sa galerie. Cette galerie est tapissée d’une sorte de fourreau, d’un aspect soyeux et nacré, très mince, et que l'animal forme par la sécrétion d’un mucus très abondant, Les individus que j'ai pris pendant les mois de septembre et d'octobre étaient presque toujours remplis d'œufs de 1/10 de millimètre de diamètre. Certains Némertiens, comme nous le verrons plus loin, vivent fort longtemps en captivité. Il n’en est pas de même de la Valen- cinie splendide, non plus que de ses congénères. Au bout de vingt-quatre heures, elle commence à se contracter , des étran- glements se manifestent sur plusieurs points du corps , et bientôt l'animal se morcelle en plusieurs fragments. J'ai trouvé cette espèce à Bréhat, où elle est d’ailleurs assez rare, 2. V. ornée (V. ornata, Nob.) (1). Capite distincto, fere semicireulari, oculis et rimis destituto. Cette espèce, très facile à reconnaître , est d’une taille moins considérable que la précédente ; du moins, les plus grands indi- vidus que j'aie trouvés n’avaient guère que six pieds de long. La teinte générale du corps est d’un rouge vineux sombre en des- sus et à la partie antérieure de la face ventrale, d’un jaune rougeâtre en dessous sur le reste du corps. Sur la ligne médiane, on voit à la face dorsale une ligne blanche , qui s’étend d’un bout à l’autre de l'animal. A la face ventrale, une ligne semblable commence en arrière de l’ouverture des ovaires. D’espace en espace, des anneaux blancs entourent le corps. Le premier de tous forme en dessous et en avant du pore génital deux espèces de chevrons (2). Ces anneaux sont de largeur inégale , et le nombre des anneaux étroits placés entre les anneaux larges va en augmentant d'avant en arrière. La tête (3) est presque demi-circulaire, sans yeux et sans (1) Rech. anat. et phys., PL. 10, fig. 1. (3) Id, PL. 10, fig. 2. (2) Zd.. PI. 40, 6g. 2. 185 DE QUATREFAGES. — SUR LES NÉMERTES. fentes latérales distinctes. En dessous, elle présente en avant de la bouche trois taches blanches triangulaires qui convergent vers cet orifice, et partent d’une ligne de même couleur qui entoure le bord de la tête. La bouche, percée au milieu de la tête, con- siste en une fente longitudinale , entourée d’un rebord blanc et marron. L’orifice génital présente vers ses bords les mêmes cou- leurs très affaiblies. Le corps de la Valencinie ornée est tout-à-fait plat, et ne pré- sente que d’une manière peu marquée , lors de la contraction, les renflements plissés etle sillon longitudinal que nous avons signalés dans l’espèce précédente. La Valencinie ornée est du très pelit nombre des Némertiens qui présentent extérieurement des traces d'annulation. Quelques uns des auteurs qui ont étudié ces animaux , et entre autres M. Delle Chiaje, caractérisent plusieurs espèces par l’épithète d’annulosæ. Je crois que ces naturalistes ont pris de simples plis accidentels, observés chez des individus contractés, pour de véri- tables anneaux ; du moins je n’ai rien vu de pareil chez quelques unes des espèces qu'ils avaient décrites, mais que j'observais vi- vantes et bien portantes. [l n’en est pas ainsi de la Valencinie ornée. Ici, même quand l’animal se développe librement, on voit, sur les bandes blanches larges , un très léger sillon à peine sensi- ble, et que notre dessin exagère plutôt qu'il ne l’atténue (4). Cependant, à l’intérieur, je n’ai rien observé qui me parût corres- pondre à cette apparence extérieure. J’ai trouvé cette espèce à Bréhat, où elle vit dans les mêmes lo- calités que la précédente. Ses habitudes sont aussi les mêmes, seulement je ne vois pas dans mes notes que ses galeries soient tapissées d’un tube membraneux. Montagu a décrit, sous le nom de Gordius annulatus (2), un ver qui présenterait de grandes ressemblances de couleur avec la Valencinie ornée. Cependant je suis porté à croire que ces deux espèces sont bien distinctes. L'auteur anglais ne parle pas de l'élargissement si remarquable de la tête, etcomme il a eu son (1) Rech. anat. et phys., PI. 10, fig. 3. 2) Transact. of the Linnean Sociely of London, t. VIL.- DE QUATREFAGES. — SUR LES NÉMERTES, 189 individu vivant, il me paraît difficile que cette particularité lui eût échappé. De plus, son G. annulatus avait été pêché à une grande profondeur, parmi de vieilles coquilles, ce qui accuserait des habitudes très différentes de celles que j’ai pu observer dans la Valencinie ornée. 3. V. LonGinosTRe (V. longirostris, Nob.) (1). Capite distincto, lanceolato, elongato, oculis et rümis destituto. La couleur de cette espèce est d’un blanc jaunâtre sur la tête, et cette teinte, légèrement prolongée sur la face dorsale, se change bientôt en une couleur rosée uniforme, qui se teinte un peu de jaune en arrière. La Valencinie longirostre ne paraît pas atteindre jamais la taille de ses congénères, du moins les plus grands individus que j'aie pu me procurer avaient à peine trois pieds de long. La tête (2) de là Valencinie A est lancéolée , très al- longée , et va en s’amincissant d’arrière en avant. A la face infé- rieure, on voit l'ouverture buccale très petite et ovalaire; l’ou- verture des organes génitaux est placée très près de la tête (3). Le corps de cette espèce est assez épais, déprimé, et sa coupé transverse représenterait assez bien une ellipse quand l’animal est entièrement développé. Pendant la marche, on voit des renfle- ments se former sur quelques points du corps, mais ilne se manifeste pas de sillon longitudinal. Lorsque l'animal se contracte, même avec assez peu d'énergie, il devient régulièrement cylindrique. C’est principalement à cette espèce que s'applique ce que j'ai dit plus haut de l’absence d’appareil stylifère. Entre la trompe et l'intestin (4), on apercoit une sorte d’anneau cylindrique épais , percé d’un canal étroit, qui met en communication les deux por- tions de l’appareil digestif. Cet anneau, comme nous le verrons dans la partie anatomique de ce mémoire, représente l'appareil souvent très compliqué que la plupart des Némertiens présentent sur ce point. (1) Rech. anat. et phys., PL. 10, fig. 3. (3) Zd., PI, 10, fig. 4. (2) 4d., PL 40, fig. 4. (4) Zd., PJ. 40, fig. 5. 190 DE QUATREFAGES. — SUR LES NÉMERTES. J’ai rencontré pour la première fois la Valencinie longirostre dans les îles Chausey ; je l’ai depuis retrouvée à Bréhat. Elle ha- bite les mêmes localités que les espèces précédentes, mais paraît ne pas rechercher autant qu’elles les terrains formés de sable fin et de limon. À Chausey surtout, je l’ai souvent rencontrée en creusant au milieu de cailloux et de sables grossiers. Cette espèce vit encore moins longtemps que les précédentes à l’état de capti- vité; souvent au bout de deux heures je l’ai vue se morceler dans mes vases. Elle est aussi bien plus difficile à obtenir entière à cause de son extrême fragilité. Presque toujours les individus que je suis parvenu à dégager se rompaient par le fait seul de la contraction, et ce n’est qu'après bien des tentatives inutiles que j'ai pu en apporter un exemplaire complet conservé dans l'alcool. &. V. poureuse (V. dubia, Nob.). Ce n’est qu'avec beaucoup d’hésitation que je place ici cette espèce, une des premières que j'aie examinées. Je l’ai trouvé à Chausey, en fouillant les sables vaseux où habitaient en grand nombre les Arénicoles ; mais je n’ai sur elle que quelques obser- vations peu complètes, et qui semblent impliquer quelque contra- diction, Aussi, tout en'les reproduisant, je crois devoir ajouter qu’on devra les vérifier à la première occasion, Cette espèce est rougeâtre, longue de deux à trois pouces. La tête, assez distincte (1), porte deux larges fossettes latérales, en avant desquelles se voient quatre petits yeux placés sur une seule ligne. En arrière des mêmes organes, on voit un groupe circu- laire de cinq à six yeux ; deux autres yeux beaucoup plus grands que les précédents sont placés sur la ligne médiane. Dans le croquis que je reproduis ici , la bouche est représentée comme étant subterminale. C’est un des points que je voudrais voir vérifier ; car ce caractère, qui m'engage à placer l'espèce dont nous parlons avec les Valencinies, me semble assez en con- tradiction avec le faciés général de l’animal, qui se rapproche plutôt de celui des Polies. (4) Rech. anat. et phys., PI. 9, fig. 64 I PE DE QUATREFAGES. — SUR LES NÉMERTES. 191 Lorsque j'étudiai cette espèce, la trompe fut vomie par l’ani- mal; elle se trouva ainsi extroversée, et j'ai dû mal interpréter à cette époque quelques unes des apparences qu’elle m'oflrit, et qui ne me tromperaient plus aujourd’hui. J'ai dessiné à l'appareil stylifère des espèces de dents transverses, et je présume que quelque désordre accidentel m'en a ici imposé, comme je crois qu’il est arrivé à Dugès , ainsi que nous le verrons plus loin. Genre BORLASIE (Porlasia). Gordius, Montagu. Linaria, Sowerby. Borlasia, Oken, Blainville, Ehrenberg, Johnston, Quoy et Gaimard, OErsted, Siebold. Nemertes, Cuvier, Milne Edwards, Ehreuberg, OErsted, Siebold, Quatrefages. Ophiocephalus, Quoy et Gaimard, Delle Chiaje. Polia, Delle Chiaje. Meckelia, Leuckart, Siebold. Bouche terminale; corps long , entortillé, noué, très aplati. Ore terminali; corpore longissimo, contortuplicato, ut plurimum in nodis involuto , tæniæformi. L'espèce qui sert de type à ce genre étant bien connue de tous les zoologistes et ne pouvant prêter au doute, on sera peut-être surpris de trouver dans la caractéristique l’épithète de {œæniæ- formi substituée à celle de subcylindrico ou de subtereti, que l’on trouve chez d’autres naturalistes. Mais je ferai observer que l'expression employée ici exprime le résultat d'observations faites sur plus de trente individus qui ont vécu plus ou moins longtemps dans mes vases d’eau de mer. Il est probable que les auteurs dont je parle n’ont eu en leur possession que des échantillons con- servés dans l’alcool. Aucune espèce de ce genre ne m’a montré d'appareil stylifère, 192 DE QUATREFAGES. — SUR LES NÉMERTES, A. B. »'Ancuererre (B. Angliæ, Oken) (1). Sea long worm, Borlase (2). Gordius marinus, Montagu (3). Lineus longissimus, Sowerby (4). Borlasia Angliæ, Oken (5), de Blainville (6). Nemertes Borlasüi, Cuvier (7), OErsted (8), Quatrefages (9). Capite distincto quadrato, rotundato , elongalo , rimis cephalicis, maæimis arctis instructo; oculis dubiis ; corpore lævigato. Cette espèce atteint quelquefois des dimensions gigantesques. Montagu nous apprend que les pêcheurs du Devonshire préten- dent en avoir vu de 30 yards de long (plus de 90 pieds). La plu- part des individus que j’ai rencontrés à Chausey, Bréhat ou Saint- Waast-la-Hougue étaient de 8 à 15 pieds; mais j’en ai trouvé de beaucoup plus longs. Celui qui m’a servi pour faire le dessin ci-joint n’aurait certainement pas eu moins de 35 à 40 pieds s'il eût été entièrement développé. Je le rencontrai sous une grosse pierre dans l’île de Tatihou, au plus bas de l’eau, pendant une forte marée d’équinoxe. La couleur de la Borlasie d’Angieterre varie du brun plus ou moins foncé, à reflets marrons et violâtres, jusqu’à un brun vio- lacé presque noir. Les faces ventrale et dorsale se ressemblent et portent également trois lignes plus foncées que la teinte générale, dont une occupe la ligne médiane. En arrivant à la tête, ces li- Règne animal (Zoophytes, PI. 33). Corn. nat. hist. (6) Article Vers, page 575, — Atlas du Dict. des Sc. nat., pl. 38, fig. 4, a,b, c,d. —: On reconnaît au premier coup d'œil que ces figures ont été dessinées d'a- près des individus contractés et très probablement conservés dans l'alcool. Le texte de l’auteur, parfaitement d'accord avec les figures, ne s'applique guère à l'a- nimal vivant. (7) Règne animal, 4"e édition, t. IV, p. 37, et 2° édition, t. III, p. 259. (8) Entwourf der Plathoürmep, p. 92. (9) Règne animal illustré (Zoophytes, 125 livraison, pl. 33). DE QUATREFAGES, — SUR LES NÉMERTES. 103 enes prennent une teinte plus noire, semblent se bifurquer, se joignent et forment deux angles médians, à pointe antérieure, compris entre deux lignes courbes latérales, La tête, quoique bien distincte du corps, est à peine un peu plus large que lui (4). Elle est allongée, presque quadrilatère , à bords latéraux un peu convexes ; son extrémité , brusquement tronquée, est blanche, et cette teinte pénètre en s’affaiblissant promptement entre les lignes foncées dont nous avons parlé. Sur les côtés, cette même couleur marque les bords des fossettes, qui sont ici très étroites, presque aussi longues que la tête , mais ne se prolongeant pourtant pas jusqu’à l’extrémité antérieure (2). OErsted place cette espèce parmi ses Némertes, qui sont carac- térisées par la présence d’yeux au nombre de huit ou seize, placés sur deux séries. Je n'ai pas vu ces yeux, mais il est possible que la couleur foncée du corps m'’ait empêché de les distinguer, et qu’ils soient visibles sur des individus de couleur plus claire. Le corps de la Borlasie d'Angleterre est plat comme un ruban de fil, et M. Duméril, qui a le premier retrouvé cette espèce re- marquable sur les côtes de France, a eu raison de la comparer à un lacet. Dans les mouvements divers que fait l’animal en con- tractant certaines parties de son corps, on voit, chez les grands individus, ces portions s’épaissir considérablement, s’élargir et présenter alors, de la manière la plus prononcée, les plis trans- verses et le sillon longitudinal dont nous avons parlé. Ce phéno- mène est peu ou point marqué chez lesindividus de taille moyenne, Mise dans l’alcool , la Borlasie qui nous occupe en ce moment, se contracte avec violence, devient cylindrique, excepté dans la partie antérieure, qui reste constamment un peu aplatie, et perd environ les 9/10 de sa longueur. Un individu qui, vivant, avait environ 4 pieds 8 pouces de long , s’est réduit ainsi à 5 pouces et quelques lignes. Le cerveau est d’une couleur rouge-foncé, qui se distingue chez l'animal vivant, àtravers les téguments et les couches musculaires du derrière de la tête, et mieux encore à travers l’extrémité pos- (1) Rech. anat. et phys., PI. AA. (2) 1a., PI. 3, fig: 9 3e série, Zool. T. VE. (Octobre 1846.) 1 13 19h DE QUATREFAGES. — SUR LES NÉMERTES. térieure des fentes céphaliques (1). Cette couleur se conserve même longtemps dans l’alcool ; car, chez des individus qui étaient dans la liqueur depuis plus de quatre ans, j'ai encore retrouvé, même à la bandelette qui unit les deux moitiés de cet organe ; une teinte gris delin rosé qui la distinguait facilement des tissus voisins. Chacun des ganglions latéraux semble être le résultat de la sou- dure d’un ganglion antérieur ovoïde, et d’un ganglion posté- rieur pyriforme, qui se prolonge pour former le tronc nerveux longitudinal (2). J’ai trouvé la Borlasie d'Angleterre à Chausey, à Saint-Vaast , à Saint-Malo, à Bréhat. Je pense qu’elle doit habiter sur tous les points des côtes de la Manche. Je l'ai toujours rencontrée sous des pierres. Elle s’y tient entortillée et pelotonnée. Les grands in- dividus surtout forment des nœuds réellement inextricables et dont la figure ci-jointe peut donner une idée. Lorsque l’animal veut changer de place, le peloton se dévide dans le domicile qu'il s'agit d'abandonner pour se reformer immédiatement sur un nouveau point, de telle sorte que jamais, je crois. l’animal ne se développe entièrement, 2. B. Camuuée (B. Camillea, Nob.) (3). Capite distincto, subovali, truncato, rimis minimis, rotun- datis et oculorum acervis quatuor instructo ; corpore supra ph- cato , quasi annuloso. Les dimensions qu’atteint cette espèce sont loin d’égaler celles de la Borlasie d'Angleterre. Au moins les plus grands individus que j'ai rencontrés n’avaient guère que à à 4 pieds de long. Les couleurs paraissent être ici très variables. J’ai trouvé des indi- vidus d’un gris bleuâtre, d’autres d’un roux sombre et d’autres entièrement rosés. Peut-être cette dernière variété pourrait-elle être considérée comme une espèce distincte, car les yeux n'étaient pas placés exactement comme dans les précédentes, mais ce caractère n’a pas assez de fixité pour que j'aie cru devoir en tenir (1) Rech. anat. et phys., PI. 9 et (2) 1d., PI. 42, fig. 2. PI. 14, fig. 7 (3) Zd., PI. 40, fig. 4. DE QUATREFAGES. — SUR LES NIÉMERTES. 195 compte. Dans la plupart des cas, le corps est d’une teinte jaune sale, tacheté sur la face supérieure de mouchetures brunes plus ou moins foncées. La tête (1) est irrégulièrement ovale, tronquée en avant, Elle présente de chaque côté üne fossette ronde, très petite. Cette fossette est entourée d’un groupe de 14 à 18 yeux bruns et très petits placés sur deux rangs. Un second groupe d’yeux de même cou- leur, mais un peu plus distincts, se voit en arrière du premier, Il se compose de 5 à 8 yeux assez régulièrement placés autour de l’un d’eux et de 3 ou 4 autres qui se portent obliquement en ar- rière et en dehors. Lorsqu'on examine à la loupe le corps de la Borlasie camillée, on pourrait croire au premier abord qu’il est sensiblement annelé. Les taches du dos laissent entre elles des lignes transversales assez régulièrement espacées et qui semblent un peu creusées. Mais je n'ai rien trouvé à l’intérieur qui püt justifier l’idée d'annulation , et je ne puis voir dans cette particularité qu’une affaire de plis et de coloration. Le cerveau de cette espèce est d’une couleur rouge moins fon- cée que chez la Borlasie d'Angleterre (2). Il semble résulter de la fusion de six ganglions réunis trois à trois pour former les deux lobes du cerveau. Les petits individus de la Borlasie camillée se prêtent assez bien à l'observation par transparence. La Borlasie camillée, quoique de bien moindre taille que l’espèce précédente , présente les mêmes habitudes , et son corps entièrement plat se nuance de mille facons. Chez les plus grands individus on trouve sur les points contractés de légères traces des plis transversaux et des sillons médians si prononcés chez la Bor- lasie d’Angleterre. Les autres ne présentent que de simples ren- flements aplatis et lisses (3). J’ai trouvé la Borlasie camillée à Saint-Vaast, où elle est commune, mais où elle paraît habiter une zone plus basse que V’espèce précédente. Presque toujours j’ai rencontré plusieurs in- dividus réunis et pelotonnés ensemble, au nombre quelquefois (1) Rech. anat. et phys., PI. 40, fig. 5. (3) 4d., PL 40, fig. #. (2) Fa, PL 49, fig. 4. 196 DE QUATREFAGES. — SUR LES NÉMERTES. de 10 à 15. Jetée dans l'alcool, cette espèce se contracte et se raccourcit, mais moins pourtant que la précédente, En même temps elle sécrète une grande abondance d’un mucus épais, gluant, qui adhère très fortement à l'animal et qu'on ne peut guère enlever sans arracher les couches tégumentaires d’où il suinte. La Borlasie camillée est une des espèces qui vivent le plus long- temps en captivité. Pendant mon séjour à Saint-Vaast, j'en avais toujours plusieurs individus dans mes vases , et l’un d’eux trans- porté à Paris y a vécu pendant plusieurs mois, ainsi que je le dirai plus bas avec quelques détails. 3. B. canmezuine (B. carmellina, Nob.) (1). Capite haud distincto, rümis parvulis planulis, instructo , oculis destitulo ; corpore lœævigato. Cette espèce, un peu plus grande que la précédente, présente sur le dos une couleur jaune, de plus en plus rougeâtre vers la partie postérieure du corps. Un faible grossissement sufñit pour reconnaître que cette teinte est due à de petites taches allongées, placées l’une près de l’autre sur un fond uniforme plus clair (2). La tête n’est pas distincte et l'extrémité antérieure se reconnaît seulement à sa largeur plus grande et à l'existence de deux petites fossettes à peine marquées (3). Je n’ai pas apercu d’yeux. Le corps n'offre rien de particulier. Il forme des nœuds assez compliqués et se renfle par place sans donner naissance à des plis prononcés comme chez la Borlasie d'Angleterre. J'ai trouvé cette espèce dans l’île Favignana, à l’ouest de Tra- pani en Sicile. Genre NÉMERTE (Vemertes). Gordius, Montagu. Linaria, Sowerby. Borlasia, Oken, Blainville, Johnston, Quoy et Gaimard, Ehrenberg, OErsted, Siebold. (1) Rech. anat. et phys., PLA2, fig. 4. (3) a, PL 12, fig. 5. (2) 14, PL 12, fig. 5. DE QUATREFAGES. — SUR LES NÉMERIES, 197 Nemertes, Cuvier, Ehrenberg, OErsted, Siebold. Ophiocephalus, Delle Chiaje. Polia, Delle Chiaje. Meckelia, Leuckart Siebold. Bouche terminale; corps long, entortillé, rarement noué, plus ou moins comprimé ou arrondi. Ore terminali ; corpore longo, contorto , rarius in nodis implicato, plus minusve compresso vel teretiusculo. Ce genre pourrait être sans inconvénient réuni au précédent. Cependant les espèces que j'y rapporte diffèrent des Borlasies par les proportions générales du corps et par leur facies. Elles sont de taille plus petite, linéaires, plus épaisses, plus arrondies. Bien qu'elles aient aussi l'habitude de se pelotonner, je ne les ai pres- que jamais vues former ces nœuds inextricables que présentent les grands individus du genre précédent. Plusieurs d’entre elles ont des appareils stylifères compliqués. 1. N. macmée (N. balmea, Nob.) (1). Nemertes gracilis, Johnston? (2). Capite haud distincto, oculorum serie frontali et duobus acervis lateralibus instruclo, rümis destituto; corpore planulato , cras- siusculo; proboscide styliferd. Cette jobe espèce atteint quelquefois un pied ou même dix-huit pouces de long. Ses couleurs sont assez variables, mais d’ordi- naire elle est d’un bleu azuré en avant, d’un jaune verdâtre ou brunâtre en arrière, et ces deux teintes passent insensiblement de l’une à l’autre. La tête (3), tout d’une venue avec le corps, est arrondie, Je n’y ai vu ni fentes ni fossettes. Elle porte en avant 8 à 10 points ocu- laires formant un fer-à-cheval interrompu sur la ligne médiane et dont chaque branche aboutit en arrière à un groupe de 9 à 19 yeux. Le pigment de ces organes est d’un brun foncé. (1) Rech. anal, etphys., PL 10, Gg. 6. (3) Rech. anal. et phys., PI. 10, fig. 7. (2) Loc. cil., pl. A7, fig. 4. 198 DE QUATREFAGES. -— SUR LES NÉMERTES. Le corps très grêle, déprimé, mais légèrement arrondi en dessus, forme, dans les mouvements de l’animal, des renflements aplatis cinq ou six fois plus larges que les parties voisines, tandis que leur épaisseur est à peine le double du reste du corps. Il m'a été souvent impossible de reconnaître l'existence de l’ou- verture génitale. J’en ai conclu que , comme chez beaucoup d’es- pèces , elle n’est que temporaire (1). Le cerveau (2) de cette espèce est très simple. Chaque lobe semble résulter de la fusion de deux ganglions réunis en une masse pyriforme assez régulière, de couleur jaune ocracée. La bande- lette qui les réunit est étroite et incolore. J'ai vu partir de la partie antérieure de chaque lobe quatre troncs nerveux, dont le second , en comptant de dedans en dehors, était bien plus gros que les autres et ne tardait pas à se bifurquer. La trompe et l'intestin ont à peu près le même diamètre (3). Ils sont séparés par un appareil stylifère allongé et d’un diamètre un peu plus considérable. Le stylet est long , composé de deux par- ties bien distinctes(h), ses glandes sont très apparentes. Les capsules où se développent les stylets sont au nombre de deux et renferment jusqu’à seize de ces pièces en voie de formation (5). J’ai trouvé la Némerte balmée à Bréhat, où elle est assez com- mune, surtout dans les fentes des rochers placés au-dessous du Petit Fort. Elle vit assez bien en captivité, et j'en ai conservé pen- dant près d’un mois dans un vase rempli d’eau de mer. Pour peu qu'on l'irrite , elle sécrète une mucosité gluante qui forme bien- tôt une masse dont le volume égale et dépasse même souvent celui du corps qui la fournit. Cette particularité se rencontre du reste (1) Si les naturalistes qui ont pris pour une bouéhe la grande ouverture placée près de l'extrémité antérieure de la Borlasie avaient examiné d'abord des espèces analogues à celle-ci, ils n'auraient certainement pas commis une des erreurs les plus accréditées sur l'organisation de ces animaux. (2) Rech. anat. et phys., PI. 12, fig. 3. (3) Ia., PI. 10, fig. 3. (4) 14., PI. 10, fig, 9. (5) Id., PI. 2, fig. 10 —Les détails ci-joints ne seront facilement compris que par les personnes qui voudront bien lire ce que j'ai dit de ces divers organes dans la partie anatomique de mon travail. DE QUATREFAGES. — SUR LES NÉMERTES. 199 aussi chez quelques Annélides Errantes et entre autres chez cer- tains Lombrinères. L'espèce que je viens de décrire est très voisine de la Nemertes gracilis de Johnston, peut-être même y a-t-il identité : cependant les proportions générales du corps sont très différentes, à en juger par la figure donnée par le naturaliste anglais, qui, faite d’après le vivant, mérite toute confiance. Une Némerte balmée d'un dia- mètre égal à celui que M. Johnston donne à sa Nemertes gracilis, aurait eu au moins 2 1/2 à 3 pieds de longueur. En outre, la forme de la tête, la disposition des yeux ne sont pas tout-à-fait les mêmes, et ces derniers surtout forment des groupes plus nom- breux et plus allongés. Aussi je crois devoir jusqu'à plus ample examen regarder ces deux espèces comme distinctes. 2. N. Axronxe (N. Antonina. Nob.) (1). Capite distincto, longiore , oculorum acervis duobus biseriatis et ri- mis obliquis instructo ; corpore planiusculo : proboscide inermi. Cette espèce est de taille un peu moins considérable que la pré- cédente, au moins à en juger par les échantillons que j’ai pu ob- server. Elle est tout entière d’une couleur rouge lie de vin assez uniforme d’une extrémité à l’autre. La tête (2) se distingue du corps par un diamètre un peu plus considérable , mais se prolonge beaucoup en avant. Près de son origine, elle présente deux fentes garnies de très longs cils vibra- tiles et placées de chaque côté comme autant de demi-cheyrons qui se prolongent un peu en dessous. De chaque côté de la tête on trouve un groupe allongé, composé de 20 à 25 yeux placés assez régulièrement sur deux lignes. Le corps, d’un diamètre assez égal, est proportionnellement plus court que dans la Némerte balmée. 11 est aussi plus plat et ses renflements sont plus nombreux lorsque l'animal est en mar- che. Sous ce rapport, l'espèce dont nous parlons en ce moment se rapproche quelque peu des espèces que nous avons réunies dans le genre suivant. L (1) Rech. un. et phys., PL 13, fig. 4. (2) 1d., PL 13, ig.2 200 BE QUATREFAGES. — SL LES NÉMÉRIES. Le cerveau de la Némerte antonine présente une forme assez caractéristique (1). Il se compose de deux lobes allongés , semi- ovalaires, réunis par une commissure presque aussi longue qu'eux-mêmes. De chaque lobe part en avant un tronc unique très gros , d’où se détachent les nerfs de la tête. La trompe, d’un calibre sensiblement moins large que l’intes- tin, n'est séparée de ce dernier que par un rétrécissement très étroit et en forme d’entonnoir (2). J’ai trouvé la Némerte antonine à La Torre del l’Isola, et sur quelques autres points des côtes de Sicile. Elle habite les inter- stices que laissent entre elles les coquilles de Vermets, qui, dans ces localités, forment tout autour des rochers une sorte de trottoir. 3. N. rénoxée (N. peronea, Nob.) (3). Polia bivittata? Delle Chiaje (#). Capie paululum distineto, antice ovato, oculis inæqualibus ins- truclo, rimis destituto ; corpore filiformi, sublereli ; proboscide inerni ? Cette espèce plus longue, mais bien plus grêle que la précé- dente, présente antérieurement une couleur jaune-clair , qui passe en arrière au brun rosé, Deux lignes d’un violet foncé partent de l'extrémité antérieure, et règnent d’une extrémité à l’autre sur toute la face dorsale. La tête (5), quoiqu’à peine plus large que le corps , est néan- moins assez distincte et presque ovale ; elle porte trois yeux iné- gaux de chaque côté. Le postérieur, bien plus grand que l’anté- rieur, le médian beaucoup plus petit. Je n’ai apercu ni fentes ni fossettes. Le corps, très filiforme, s’atténue insensiblement en arrière. Sa forme est peu variable, et ses renflements soni à peine marqués quand l'animal est en marche. (1) Rech. anat. et phys., PL. 13, fig. 3. (4) Loc. cit., PI. 409, fig. 25. (2) 1d., Pln3, fig. 6. (5) Rech. anat. et phys., PL 13, fig. d 3) 14°, PI 13 fig. à DE QUATREFAGES. — SUR LES NÉMÉRIES, 201 Les lobes du cerveau consistent en deux gros ganglions ova- laires (1), d'où se détachent des troncs postérieurs renflés à leur origine. J’ai compté trois paires de nerfs antérieurement; la bandelette de communication est étroite et fortement échancrée. Je ne trouve rien dans mes notes relativement à l'æsophage. Il est probable que, comme dans l'espèce précédente, il est dé- pourvu d'appareil stylifère ; car, s’il en eùt été autrement, cette différence entre deux espèces aussi voisines, et que j'étudiais si- multanément, n’eût pas manqué de me frapper. La Némerte péronée habite les mêmes localités que la précé- dente. M. Delle Chiaje a figuré, mais sans la décrire, une de ses Polia sous le nom de P. bivittala. À en juger par le dessin , elle pourrait avoir de grandes analogies avec la Némerte que nous venons de décrire. Peut être est-ce la même espèce. Genre POLIE (Polia). Planaria, O.-F. Müller, O. Fabricius, Gmelin, Lamarck, Cuvier (1° édit. du Règne animal). Prostoma, Dugès, Ehrenberg, Blainville, Cuvier, Delle Chiaje. Polia, Delle Chiaje. Borlasia, Johnston, Quoy et Gaimard. Nemertes, Johnston. Disorus, Ehrenberg. Micrura, Ehreuberg, Siebold. Amphiporus, Ebrenberg, OErsted. Polystemma, Ehrenberg, OErsted, Siebold Tetrastemma, Ehrenberg, OErsted, Siebold. Hemicycliu, Ebrenberg. Ommatoplea, Ehrenberg. Lobilabrum, de Blainville. Meckelia, Leuckart, Siebold. Cephalothriæ, OËrsted. Astemma, OErsted. Bouche terminale: corps moius long que dans les genres précé- (1) Rech, anat. el phys., PL, 14, lig. 5. D 202 DE QUATREFAGES. — SUR LES NÉMERTES. dents, beaucoup plus variable, plus ou moins aplati; ouver- ture génitale souvent temporaire ? Ore terminali ; corpore breviusculo, proteo, plus minusve compla- nalo ; aperturd genitaii sæpe temporarid ? Le genre Polia, tel que nous venons de le définir, est de beau- coup le plus nombreux de la famille des Némertiens. Il renferme toutes les espèces petites ou de taille médiocre, décrites par les anciens auteurs sous le nom de Planaires, et celles chez qui les naturalistes modernes ont avec raison signalé les singuliers chan- gements de forme, dont j'ai essayé de donner une idée dans quelques unes de mes figures. Toutes ces espèces ont un facies plus facile peut-être à reconnaître qu’à décrire , et sous ce rapport, le groupe dont nous proposons ici l'adoption est réellement très naturel. Un petit nombre d'espèces, que leurs quatre points oculi- formes auraient fait placer dans le genre Tetrastemma , font ce- pendant exception. Très petites, assez arrondies , d’égale dimen- sion dans toute l’étendue du corps, qui est en outre beaucoup moins contractile, et par conséquent beaucoup moins variable que chez leurs congénères, elles pourraient, à la rigueur, former un sous-genre. Mais la dénomination de ce petit groupe devrait être changée, car, parmi les espèces très protéiformes, il en est qui n’ont aussi que quatre yeux. Du reste, je n’ai pas cru de- voir former cette sous-division, à laquelle on arrive par des degrés presque insensibles, et qu’il aurait été assez difficile de caracté- riser nettement. 1. P. opaque (P. opaca, Nob.) (1). Capite subdistineto , truncato, oculorum serie laterali undique dis- tinclo, rimis magnis instructo ; corpore longiusculo, plano , proleo. Cette espèce, une des plus grandes du genre, est d'une cou- leur noire très foncée qui la rend en apparence très opaque: ce- (1) Rech. anat. et phys., PL 1%, fig. 1,2 et 3. DE QUATREFAGES, — SUR LES NÉMERTES. 203 pendant une compression, même modérée, suffit chez les petits individus pour pouvoir distinguer assez nettement les organes intérieurs. La tête (4), un peu plus large que le corps, est tronquée brus- quement en avant ; elle porte de chaque côté quatre yeux rou- geätres placés sur une seule ligne. Les fossettes latérales sont grandes , allongées , et leurs bords forment une saillie assez pro- noncée. Le corps, entièrement développé, est assez long, aplati, et s’atténue insensiblement d'avant en arrière. Il est très contractile , êt quand l’animal rampe sur un plan, il présente des renflements aplatis comme dans la figure 2. Si l’on tourmente l'animal, il se contracte encore davantage , et prend alors la forme représentée dans la fig. 3. Dans cet état, on le prendrait facilement pour une grosse Planaire, d'autant plus que dans ces divers change- ments le corps augmente toujours beaucoup plus en largeur qu’en grosseur et reste plat. Le cerveau (2) est petit; les deux lobes sont réunis par une com- missure très large ; tous deux portent une tache rosée à la par- tie antérieure. La même couleur se voit dans la partie qui corres- pond à l’origine des troncs nerveux longitudinaux, et ceux-ci conservent cette teinte sur une étendue plus longue que d’ordi- paire ; le reste du cerveau est incolore et transparent. Je ne trouve dans mes notes aucun détail relatif à la trompe ; je pense, d’après cela, qu’elle devait être armée d’un stylet, et que l’appareil stylifère devait ressembler plus ou moins à celui de la Polie mandille que je décrirai plus loin ; car, à l’époque où je fai- sais ces recherches, je croyais toutes ces espèces pourvues d’un appareil analogue , et son absence m'aurait certainement frappé. J'ai trouvé la Polie opaque dans l’île de Tatihou, près de Saint-Vaast, lors d’une très forte marée, et au plus bas de l’eau. 2. P. manoizze (P. mandilla, Nob.) (3). Capite distinclo, subovato, oculorum disparium acervis quatuor et (1) Et. ant KA URe PL.44, fig. & (3) Id., PL 16, fig. 1. (2) Id., , fig. 5. 20% DE QUATREFAGES. —- SUR LES NÉMERTES. rinis parvulis rotundis instructo : corpore planiuseulo, proteo : proboscide styliferd. Cette espèce est d’une couleur rosée, passant légèrement au jaune vers la partie postérieure. En avant, on distingue à l’œil nu, près de l’extrémité antérieure, une tache rouge très appa- rente. C’est le cerveau qu’on apercoit par transparence à travers les couches tégumentaires et musculaires. Complétement déve- loppée, la Polie mandille atteint rarement 3 pouces de long. La tête (1) est distincte, irrégulièrement ovalaire, tronquée en avant. Elle porte deux petites fossettes circulaires et peu pro- fondes. En avant de ces fossettes, on trouve un groupe de cinq à six yeux bruns très petits ; en arrière vient un second groupe de trois yeux de même couleur , plus grands et placés en triangle. Chaque lobe du cerveau (2) semble résulter de la fusion d’un ganglion ovoïde antérieur superposé à une masse pyriforme qui se prolonge en arrière pour former les troncs nerveux. Toutes ces parties sont d’un rouge carmin, à peine lavé de jaune. J’ai dis- tingué en avant quatre nerfs principaux se portant vers la tête. La Polie mandille est, comme la précédente, remarquable par sa grande contraclilité. Lorsqu'on l’arrête avec la pointe d'une épingle , elle se ramasse et ressemble alors à une Planaire jaune rougeätre, marquée en avant d’une tache rouge et présentant sur la ligne médiane une ligne légèrement foncée (3). L'appareil stylifère est très complet (4) ; le stylet est composé de deux pièces distinctes, et l’on voit à droite et à gauche deux poches styligènes contenant deux ou trois stylets en voie de for- mation. J'ai trouvé la Polie mandille à Saint-Vaast, où elle est assez commune sous les picrres placées dans les courants d’eau qui sortent des parcs à huîlres. Depuis, je l’ai rencontrée dans di- verses autres localités analogues. (1) Rech. anat. el phys., PL. 15, fig. 2. (4) Régne animal, Zoophytes, PL 34, (2) Id . PI. $, fig. 1. big. 1, et Rech. «nat, et phys, 3) en 1 ns à 1 PI. 5, fig, 3. DE QUATREFAGES. — SUR LES NÉMERTES. 205 3. P. cHaxGranTE (P. mutabilis, Nob.) (4). Capite minime distineto, oculorum acervis quatuor seriatim dis- positis instructo, rimis destituto: corpore insigniter proteo ; » < proboscide styliferd. Cette espèce n’a guère plus de 1 1/2 pouce de long ; sa couleur est uniformément rosée. Le cerveau se voit par transparence à la partie antérieure. La tête (2) est peu distincte, et se termine en pointe mousse ; je n’y ai vu aucune fente ou fossette. Les yeux forment de chaque côté deux séries : la première, de4 ou 5 yeux ; la seconde, de 3 ou 4, Ces derniers sont un peu plus grands que les yeux antérieurs. Le corps, à peu près de même diamètre dans toute sa longueur , est plat, et remarquable par les changements de forme qu'il pré- sente. Les renflements résultant de la contraction ont quelquefois un diamètre quinze à vingt fois plus grand que celui des étran- glements qui les séparent (3). Le cerveau (4) ressemble beaucoup à celui de l’espèce pré- cédente. Bien que je n’aie figuré ici que trois nerfs antérieurs , je pense qu’il doit s’en trouver au moins quatre sur ce point. A ce sujet, je ferai remarquer qu'il est quelquefois difficile de recon- naître exactement le nombre de ces troncs antérieurs , et que je n'ai jamais figuré que ceux que j'avais nettement distingués. Aussi ce caractère ne peut-il avoir une valeur réelle que lorsque la disposition de ces filets présente quelque circonstance toute spéciale ; leur nombre ne doit être considéré, à proprement parler, que comme le résultat d'observations qui souvent ont dû être in- complètes. La trompe porte un appareïl stylifère analogue à celui de la Polie mandille, et pourvu, comme chez cette dernière, de deux poches styligènes. Jai trouvé la Polie changeante dans les mêmes localités que l'espèce précédente, (1) Rech, anat. et phys., PLA5, fig. 4. (3) d., PL. 15, fig. 4, B. (en, PI AS; Me. 5: 4) Id., PI, 45, fig. 6. 4 5 2 206 DE QUATREFAGES. — SUR LES NÉMERTES: 4. P. cuauque (P. glauca, Nob.) (1). Capite distincto, oculorum acervis quatuor disparium instructo , rümis destituto ; corpore proteo, complanato ; proboscide styliferd. Cette espèce, un peu plus grande que la précédente , est d’un vert obscur sur tout le corps. La tête seule est un peu plus claire , et les lobes du cerveau se voient très distinctement à travers les téguments. La tête (2) est assez distincte du corps, irrégulièrement qua- drilatère. Je n’ai vu ni fentes ni fossettes. Les yeux forment de chaque côté un groupe antérieur de cinq à six yeux très petits, disposés assez régulièrement en angle droit. Plus en arrière, on trouve deux autres yeux beaucoup plus grands. Le corps est aplati, atténué en arrière, très variable de forme, mais moins pourtant que chez la Polie changeante. Le ganglion antérieur des lobes du cerveau est arrondi, et presque confondu avec celui d’où partent les grands troncs ner- veux (3). La bandelette de communication est assez large. Le cerveau entier est d’un rouge foncé, surtout dans quelques parties et sur le bord de ses deux lobes. La trompe est armée d’un stylet, et pourvue de deux poches styligènes. Cette espèce pourrait, au premier coup d'œil , être confondue avec la Borlasia olivacea de Johnston (4) à cause de sa couleur ; mais elle en diffère par la position et le nombre des yeux , aussi bien que par l’armure de la trompe. La Polie glauque se trouve à Saint-Vaast, où elle est d’ailleurs assez rare ; elle habite sous des pierres dans le voisinage des parcs à huîtres. 5. P. enrumée (P. fumosa, Nob.) (5). Capite non distincto, oculis quatuor et rimis latis ovatis instructo : corpore planulo, proteo ; proboscide styliferà. (1) Rech. anat. et phys., PL. 15, Gg. 7. (4) Loc. cit, pl. 48, fig. 4. (2) Id., PL 15, fig. 9: (5) Rech. an. et phys., PL. 14, fig, 9. (3) Fa, PL 15, fig. 8: DE QUATREFAGES. — SUR LES NÉMERTES. 207 Cette espèce a presque les mêmes couleurs que la précédente ; mais sa taille est plus petite , et n’excède pas 1 1/2 pouce; le corps est, en outre, sensiblement plus grêle. La tête (1) est brusquement tronquée en avant; elle ne se distingue du corps que par la présence des yeux et des fos- settes. Les premiers sont petits, brunâtres, et placés deux à deux de chaque côté; les fossettes sont larges, elliptiques, évasées, et le bord en est sensiblement élevé. Le corps n'offre rien de particulier ; il est aplati et variable dans sa forme générale, par suite de divers mouvements de con- traction exécutés par l'animal. Le cerveau (2) est formé de deux lobes allongés , présentant dans leur milieu un étranglement peu prononcé, presque en con- tact antérieurement, de plus en plus écartés en arrière, et réunis par une bandelette large, très mince , et incolore. Les lobes eux- mêmes sont d’une teinte rosée assez prononcée. La trompe porte un stylet et deux poches styligènes. La Polie enfumée habite dans les fentes de rocher. Je lai trouvée à Saint-Vaast et à Bréhat, où elle est surtout très com- mune dans toute l’étendue du chenal appelé la Chambre. 6. P. min (P. filum, Nob.) (3). Capite haud distincto, oculis duobus instructo, rimis destituto : corpore filiformi, subtereti ; proboscide styliferà ? Cette jolie espèce atteint jusqu’à 3 pouces 4/2 de long ; elle est d’un rouge très vif dans toute son étendue. La tête (4) ne se distingue que par la présence de deux grands yeux brunâtres, entourés d’une teinte jaune qui se fond peu à peu avec la couleur générale du corps, et qui sont placés tout près de l'extrémité antérieure. Je n’ai point vu de fossettes, Le corps est entièrement filiforme , légèrement arrondi dans l'extension, aplati dans les renflements occasionnés par la con- traction. Celle-ci peut être portée assez loin pour que l’animal (1) Rech. an.et phys., PLA4, fig. 10. (3) 1d., PI. 14, fig. 6. (2) Za., PL. 44, fig, 41. (4) Hd, PL. 44, fig. 7. 208 DE QUATREFAGES. — SUR LES NÉMERTES, prenne la forme d’une petite Planaire d’un beau rouge car- min (1). Le cerveau (2) est formé de deux lobes en massue, inclinés Pun vers l’autre en avant, et réunis par une bandelette étroite et longue. Sa couleur est d’un gris légèrement rosé ; il est tout-à-fait diaphane. La Polie fil se trouve très souvent sur les coquilles d’'Huîtres et d’Anomies à Saint-Vaast , à Saint-Malo et à Bréhat. 7. P. À sac nouGe (P. sanguirubra, Nob.) (3). Capite distincto, oculis quatuor quadratim dispositis et rimis par- wulis rotundatis instructo; corpore filiformi, subtereti ; probos- cide styliferd? sanguine rubro. Cette espèce a les plus grandes ressemblances avec la précé- dente, et, au premier abord, on est entraîné à les confondre. Cependant, sa couleur est généralement moins vive, et tire plu- tôt sur un rouge jaunâtre ; sa taille est d’ailleurs à peu près la même, La tête (4) est bien distincte, et séparée du corps par un étran- glement prononcé. Les fossettes sont petites et arrondies. Les yeux, au nombre de quatre , sont placés deux à deux sur les côtés aux deux extrémités de la tête. s Le corps ressemble à celui de la Polie fil; il est peut-être un peu moins contractile. Le cerveau est presque entièrement semblable à celui de l'espèce précédente ; seulement, les deux masses principales, dont se compose chacun des lobes, sont ici peut-être encore plus confondues, et la bandelette de communication est plus mince et un peu plus allongée (5). Je ne trouve rien dans mes notes sur l’existence d’un appareil stylifère chez les deux espèces que je viens de décrire. J'en con- clurai, comme je l'ai fait plus haut, que cet appareil existe. Je crois d’ailleurs me le rappeler formellement. (1) Rech.an. et ph., PL. 14, fig. 6, B. (4) Zd., PL. 15, fig. 11. (2) 1, PI. 44, 6g 8. (5) Id, PL 15, fig. 12. (3) Id.) PI. #5, 168-m0: DE QUATREFAGES. — SUR LES NÉMERTES. 209 J'ai donné à cette espèce le nom de Polie à sang rouge, parce que c’est la première qui m’ait présenté cette particularité remar- quable ; mais, comme nous le verrons plus tard, ce n’est pas là un caractère exclusif. La Polie à sang rouge habite les mêmes localités que l'espèce précédente. 8. P. semsix (P. bembix, Nob.) (1). Capite haud distincto, obtuso, oculorum duplici serie undique in- struclo, rümis destitulo; corpore depresso, crassiusculo, proteo : proboscide styliferd. Cette espèce, d’un beau rouge ferrugineux , atteint jusqu’à 3 pouces de long. La tête (2) , toute d’une venue avec le corps, ne m'a montré ni fentes ni fossettes. Elle porte de chaque côté deux séries d’yeux, qui se rejoignent en avant sur la ligne médiane. Les yeux des séries externes sont plus grands que ceux des séries internes, Le corps est assez épais , d’un diamètre sensiblement égal dans toute son étendue , excepté en avant et en arrière, où il s’atténue un peu brusquement; la contractilité est extrême, et quand on tourmente l'animal, il se contracte de manière à prendre vérita- blement la forme d’une toupie (5). Les lobes du cerveau (4) semblent formés d’un ganglion anté- rieur pyriforme , soudé obliquement sur le ganglion en massue, d’où partent les troncs longitudinaux. La trompe , plus large que l’intestin , est séparée de ce dernier par un appareil stylifère assez court, dont lamoitié antérieure, très épaisse, renferme deux poches styligènes (5). La Polie bembix habite sur les côtes de Sicile, où je l’ai trouvée parmi des algues rapportées en draguant à une petite profondeur. Placée dans un vase.d’eau de mer, elle se meut non seulement en rampant sur le fond comme la plupart de ses congénères , mais encore en nageant dans le liquide à la manière des Sangsues. (1) Rech. anat. etphys., PI. A7,fig.2. (4) 1d., PL 14, fig. 4. (2) La, PL. A7, fig. 3. (5) Ja, PL AT, fig. 4. (3) Ia, PL. 47, fig. 2, B. 3e série. Zoor. T. VE, (Octobre 1846 ) 2 : 14 210 DE QUATREFAGES. — SUR LES NÉMERTES,. 9. P. viozacée (P. violacea, Nob.) (1). Capite distincto , oculorum acervis quatuor instructo, rimis desti- tuto ; corpore planiusculo, proteo ; proboscide styliferd ? La couleur de cette espèce est indiquée par le nom que je pro- pose de lui donner. Cette couleur s’est toujours montrée la même pour les individus que j'ai pu examiner; elle est d’un gris de lin violacé sur tout le corps, légèrement lavé de vert en avant, où se voient en outre deux points rouges dus à la transparence des téguments, qui permettent d’apercevoir les lobes du cerveau. La tête (2) est bien distincte, sans fentes ni fossettes, Les yeux, bruns et assez grands, forment de chaque côté deux groupes , le plus antérieur de quatre , le second de trois points oculaires, Je ne trouve dans mes notes, relativement au cerveau de cette espèce, aucun détail, si ce n’est qu'il ressemble à celui de la Polie mandille. Je ne trouve pas non plus de notes relatives à la trompe ; mais j'en conclurai qu’elle doit être armée d’un appareil stylifère sem- blable à celui de l'espèce qui me servait alors de type (P. man- dille). J'ai trouvé la Polie violacée à Saint-Vaast, où elle est assez rare. 40. P. rourprée (P. purpurea) (3). Borlasia purpurea?, Johnston (4). Nemertes purpurea?, OErsted (5). Capite haud distincto, sex oculis instructo, rimis destituto ; corpore plano , proteo ; proboscide inermi ? La couleur de cette espèce est très variable, Johnston l’a figurée et décrite comme étant d’un rouge pourpre. Les individus que j'ai rencontrés présentaient une teinte verte plus ou moins foncée. Leur longueur ne dépassait guère 2 pouces. (1) Rech, anat. et phys., PI. A7, fig. 4. (4) Loc. cit., pl. 48, fig. 3. (2) 1d., 4 16, fig. 16. (5) Loc. cit, p. 9. (3) Z., PI. 46, fig. 5. : : DE QUATREFAGES. — SUR LES NÉMERTES. A1 La tête (1) n’est nullement distincte, et ne présente ni fentes ni fossettes. Les yeux sont placés au nombre de trois, de chaque côlé, en série latérale ; souvent celui du milieu est plus grand que les deux autres. Le cerveau (2) est, proportionnellement aux dimensions de la tête, d’un volume au moins double de ce qu’on voit ordinaire- ment chez les autres espèces. On peut en juger facilement en com- parant la figure ci-jointe aux autres dessins qui reproduisent les mêmes parties ; on y distingue très nettement les cavités ventri- culaires , dont nous parlerons ailleurs. C’est avec quelques doutes que je rapporte l'espèce actuelle à la Borlasia purpurea de Johnston. Les caractères extérieurs se ressemblent assez ; toutes les deux ont trois yeux placés à peu près de même , et manquent également de fossettes ou de fentes céphaliques. Mais d’un autre côté, Johnston, en placant son espèce parmi les Borlasies, dont le caractère est de ne pas avoir le stylet à la trompe , me semble s’écarter de ce que j’ai vu chez la mienne; toutefois, mes notes ne sont pas assez précises sur ce point essen- tiel, et provisoirement au moins je réunirai les deux espèces. J'ai trouvé la Polie pourprée à Bréhat dans des fentes de rochers. 44. P. gérée (P. berea, Nob.). Capite haud distinclo, oculorum acervis quatuor instructo, rimis destituto; corpore plano , crassiuseulo , proteo ; proboscide styli- ferd. Cette espèce, de même taille que la Polie mandille , ressemble encore à cette dernière par la teinte générale du corps, qui est seulement plus blanchätre. La tête (3), dépourvue de fentes et de fossettes, porte quatre groupes d’yeux, Le groupe antérieur de chaque côté forme un arc de cercle de cinq à six yeux placés près du bord de la tête. En arrière se trouve le second groupe composé de quatre ou cinq yeux inégaux, irrégulièrement réunis. Le corps ressemble à celui (4) Rech. anat. et phys., PI. 16, fig. 6. (3) Id., PI. 45, fig. 43. (2) 14, PL 16, fig 6. 9212 DE QUATREFAGES. — SUR LES NÉMERTES. à de la Polie mandille pour la forme générale ; il est peut-être un peu plus épais. Le cerveau (1) ressemble assez à celui de la Polie mandille , mais les ganglions antérieurs de chaque lobe sont peut-être plus forts. Il est d’une couleur orangée plus ou moins teintée de rouge, qui permet de reconnaitre plus facilement sa structure. La trompe est armée d’un stylet, et présente deux poches sty- ligènes (2). J'ai trouvé cette espèce à Bréhat sous les pierres placées de manière que la marée montante ou descendante les enveloppe de courants parfois très rapides. 12. P. numeue (P. humilis, Nob.) (3). Capite haud dishincto, oculis quatuor quadratim dispositis et rimis obliquis instructo: corpore plano , proteo; proboscide stylifer. Cette espèce, d’une couleur jaune-brunâtre plus ou moins fon- cée, atteint une longueur de 4 à 5 pouces. La tête (4) n’est nullement distincte; elle porte quatre yeux, formant un quadrilatère rectangle assez régulier. Entre l’œil an- térieur et l’œil postérieur , de chaque côté, se trouve une fente courbée d’arrière en avant qui atteint presque la ligne médiane sur le dos , et s’étend en dessous jusque vers le premier tiers de la face ventrale. Le corps est plat et protéiforme , mais moins que chez plusieurs des espèces précédemment décrites. Le cerveau que nous représentons ici, quelque peu déformé et élargi par la compression (5), présente à chaque lobe les deux portions ordinaires. La bandelette est assez étroite, et médiocre- ment épaisse. La trompe est à peu près du même diamètre que l’intestin ; elle porte un appareil stylifère , où je n’ai trouvé qu’une seule poche styligène placée à droite (6). (1) Rech. anat. et phys., PI. 45, fig. 14. — Ce dessin représente le cerveau eomprimé. (4) Id, PI. 16, fig. 3. (2) 1d., PI. 16, fig. 4. (5) PL 45, fig. 7. (3) Zd., PI. 16, fig. 2, (6) Rech. anat etphys , PL 16, fig, 4. DE QUATREFAGES. — SUR LES NÉMERTES., 2115) J’ai trouvé la Polie humble dans les bancs de Vermets de La Torre dell’ [sola sur les côtes de Sicile, 13. P. counonxte (P. coronata, Nob.) (1). Capite haud distincto , oculis quatuor quadratim dispositis et rimis duplicibus instructo ; corpore filiformi, subplano, paululum pro- teo ; proboscide styliferà. Cette espèce, d’un bleu verdâtre pâle, atteint à peine 2 pouces de long. La tête (2) est de même diamètre que le corps, et nullement distincte ; elle porte quatre yeux disposés en rectangle , et deux fentes ou fossettes larges et en quelque sorte doubles, qui pour- raient au premier abord faire croire que la tête est distincte. Sur le milieu de la face supérieure , entre la paire antérieure et la paire postérieure d’yeux, se trouve une large bande transverse de pig- nent violet, moins large que la tête elle-même. Le corps est filiforme , légèrement aplati ; il forme pendant la marche de l’animal des renflements allongés, qui ne sont jamais bien considérables (3). Le cerveau (4) présente les parties ordinaires , et, dans chaque lobe, les ganglions antérieur et postérieur sont très intimement soudés, excepté sur le bord externe où leur distinction est très marquée ; la couleur est d’un rose sale très léger. La trompe (5) est un peu plus large que l'intestin lui-même, et est pourvue d’un appareil stylifère, qui présente ceci de parti. culier que le stylet est placé très en arrière, tandis que les poches styligènes, au nombre de deux, occupent leur place habituelle à la partie antérieure de l'appareil. J'ai trouvé cette espèce à Bréhat, où elle habite en grand nombre les fentes de rochers de certaines localités. (1) Rech. anat. et phys., PI. 13, fig, 6, (4) Zd., PI. 13, fig. 9. (2) 14, 3 13, fig. 7 (5) a., PL. 43, fig. 8. (3) Ja, PI. 13, fig. 6. 21/ DE QUATREFAGES. — SUR LES NÉMERTES. 14. P. venmicue (P. vermiculus, Nob.) (1). Capite haud distincto, oculis quatuor rimisque parvis instructo ; corpore fiiformi, subplanulo ; proboscide styliferd. Cette espèce, d’un rouge jaunâtre , n’a guère qu’un pouce ou un pouce et demi de long. © La tête (2), confondue avec le corps, porte quatre yeux disposés par paires. Entre l'œil antérieur et l’œil postérieur , de chaque côté s'étend une traînée de pigment violacé qui vient entourer le dernier. Deux petites fentes ciliées placées sur les côtés s'étendent obliquement sur la face dorsale et la face ventrale entre les deux paires d’yeux. Le corps, très grêle, peu variable de forme, est légèrement aplati. Le cerveau (3) n'offre rien de particulier, quant à la disposition de ses parties ; il est entièrement incolore. La trompe , du même diamètre que l'intestin, porte un appa- reil stylifère, dont les poches styligènes , au nombre de deux, se présentent souvent comme étant l’une supérieure, l’autre infé- rieure , tandis que dans toutes les autres espèces on les voit tou- jours placées latéralement (4). J’ai trouvé la Polie vermicule à Bréhat, dans les mêmes loca- lités que la précédente ; elle est bien moins abondante. 45. P. cexruse (P. pulchella, Nob.) (5). Capite haud dislineto, oculis quatuor quadratim dispositis in- struclo, rimis destitulo ; corpore plano, proteo ; proboscide styli- ferd. Cette espèce, d’un à deux pouces de long , est sur le dos d’une couleur presque bleue, qui passe au vert jaunâtre aux extrémités et sur les côtés du corps ; sur le milieu de la tête est une bande transverse de couleur violet foncé. ) Rech. anat. et phys., PLA4,fig.12. (4) Zd., PL. 14, fig. 14. » (1 (2) Ia, PL A4, fig. 13. (5) Z., PL. 16, fig. 7. (3) Zd., PL. 14, Gg. 15. DE QUATREFAGES. — SUR LES NÉMERTES, 915 La lête (1) n’est nullement distincte. Elle porte quatre yeux dis- posés en rectangle ; la bande violette sépare la paire antérieure de la paire postérieure, Le corps, assez large pour la longueur, est plat et assez variable de forme, sans présenter pourtant une contractilité com- parable à ce que nous ont montré certaines espèces. Le cerveau ne présente rien de particulier. La trompe (2) est armée d’un appareil stylifère, dont le stylet, occupant la partie moyenne, est assez éloigné des deux poches sty- ligènes, mais moins cependant que dans la Polie couronnée. J'ai trouvé cette espèce sur divers points des côtes de la Sicile, et entre autres à La Torre dell Isola et à Favignana. Elle habite parmi les Corallines et autres plantes marines de petite taille. 16. P. paron (P. baculus, Nob.) (3). Capite haud distineto, attenuato, oculis quatuor fere quadratim dispositis instructo, rimis destituto; corpore tereti, paululum proleo ; proboscide styliferd. Cette espèce, d’un pouce et demi de long, est d’une teinte légèrement jaunâtre en arrière , presque incolore en avant. Latête(A), sans être distincte du corps à son crigine, s’atténue, et présente un diamètre beaucoup moindre dans la plus grande portion de son étendue. Je n’y ai point apercu de fentes ni de fossettes. Elle porte quatre petits yeux disposés par paires ; ceux de la paire postérieure sont plus écartés que ceux de l’antérieure. Le corps est arrondi , un peu renflé à sa partie postérieure. Le cerveau n'offre rien de particulier. Les parties constituantes de chaque lobe sont assez distinctes. Il est parfaitement incolore. La trompe, un peu plus forte que l'intestin, est armée d’un stylet, et porte deux poches styligènes (5). J’ai trouvé cette espèce à La Torre , à Favignana, à Milazzo, parmi les plantes marines qui se plaisent près du rivage. (1) Rech. anat. et phys., PI. 16, fig. 8. (4) Zd., PL. A7, fig. 9. (2) Ja., PL. 16, fig. 9. (5) Ja, PI. 47, fig. 10. (3) Zd., PI. 17, fig. 8. 216 DE QUATREFAGES. — SUR LES NÉMERTES. 17. P. armée (P. armata, Nob.) (1). Capite haud distincto, oculis quatuor quadratim dispositis in- structo, rimis destituto ; corpore sublereti, minime proleo ; pro- boscide styliferd, quatuor perulis styligenis insigni. Cette petite espèce n’a guère que 5 à 6 millimètres de long; elle est transparente, et légèrement jaunätre dans toute son étendue. La tête (2), toute d’une venue, porte quatre yeux placés rectan- gulairement. Je n’ai rien vu qui ressemblât à des fentes ou à des fossettes. Le corps arrondi et de dimensions à peu près égales dans toute son étendue, est bien moins contractile que dans les es- pèces précédentes, et ne présente que des traces de renflements quand l’animal est en marche. Le cerveau n’a rien de remarquable : il est entièrement inco- lore et transparent. La trompe est d’un diamètre beaucoup plus fort que l’intes- tin (3) ; son appareil stylifère présente quatre poches styligènes , caractère que je n’ai rencontré que dans cette seule espèce. Le stylet est placé entre les deux poches postérieures. J’ai trouvé la Polie armée sur les côtes de la Sicile, à La Torre dell Isola. 18. P. quanmoceiuée (P. quadrioculata, Nob.) (4). Nemertes quadrioculata, Johnston (5). Tetrastemma varicolor ??, OErsted (6). Capite haud distincto, oculis quatuor quadratim dispositis instructo , rimis destituto; corpore subtereti, non proteo; proboscide styli- fer , und tantum perulà styligert insigna. Cette espèce, plus courte, mais proportionnellement un peu plus grosse que la précédente, est à peine jaunâtre. (1) Rech. anat. et phys., PI. A7, fig. 5. (4) Id., PL 16, fig. 10. (2) Id, PI. A7, fig. 6. (5) Loc. cit., pl. A7, fig. 4. (3) 14, PI. A7, fig. 7. (6) Loc. cit, p. 85, fig. 41 et 44. DE QUATREFAGES. — SUR LES NÉMERTÉS. 917 La tête (1) fait suite au corps, dont elle ne se distingue que par la présence de quatre yeux placés rectangulairement. On n'y voit ni fentes ni fossettes. Le corps est arrondi , d’égales dimensions partout, brusque- ment tronqué aux deux extrémités, et ne formant que de très légers renflements pendant la marche, Le cerveau, transparent et à peine rosé sur quelques points, présente d’une manière bien nette les diverses parties qui le composent (2). La trompe est plus petite que l'intestin. Son appareil styli- fère (3) ne m'a jamais montré qu’une seule poche styligène pla- cée à gauche de l'animal. La Polie quadriocellée est assez commune à Saint-Vaast, à Saint-Malo. Elle à été trouvée par Johnston sur les côtes d’An- gleterre. OErsted rapporte à cette espèce son T'etrastemma varicolor , qui présenterait trois variétés (7°. F”. lacteoflavescens; T. F. ni- gropunctatus : T. F. lineatus, linea media longitudinali alba. Cette dernière serait, selon le naturaliste danois, la Planaria dorsalis d’Abildgaardt). Il est difficile, faute de détails suffisants , de sa- voir jusqu'à quel point ces rapprochements sont fondés. Genre CÉRÉBRATULE (Cerebratulus). Cerebratulus, Renieri, Delle Chiaje, de Blainville, Cuvier, OŒrsted. Tubulanus, Renieri, Delle Chiaje, de Blainville, Cuvier. Ophiocephalus, Quoy et Gaimard, Delle Chiaje, de Blainville, Cuvier. Notospermus, Huschke, Siebold. Notogymnus, Ehrenberg. Polia, .Delle Chiaje. Borlasia, OErsted. Nemertes, ŒÆrsted. Meckelia, Grübe. Bouche terminale ; corps en général assez court, peu contractile, peu variable, plus ou moins aplati. ( ( 1) Rech. anat.et phys., PL. 16,fig.11. (3) 1d., PL. 16, fig. 12. 2) Hd, PI. 16, fig. 13. 215 DE QUATREFAGES. — SUR LES NÉMERTES. Ore terminali; corpore breviusculo, non proteo, plus minusve complanato. Les espèces que je rapporte à ce genre ont le corps générale- ment assez large relativement à leur longueur. Elles présentent aussi plus d'épaisseur que celles du genre précédent; mais ce qui me semble surtout les caractériser, c’est une bien moins grande contractilité, d’où il résulte que, placées dans l'alcool, elles con- servent mieux leurs formes réelles. Du moins c’est ce que j'ai pu observer dans les espèces que j'ai examinées, et qui devront servir de type au genre Cérébratule , tel que je propose de l’adopter. 1. C. épais (C. crassus, Nob.) (1). Capite non distincto, oculorum plurimorum seriebus quatuor et rümais latis instruclo ; corpore crasso, planato, utrinque alte- nualo : proboscide inermi. Cette belle espèce, de quatre à cinq pouces de long sur un demi-pouce de large, est en dessus d’un fauve-brun plus clair vers les bords, et parcourue d’une extrémité à l’autre par deux bandes obscures mal terminées, qui prennent naissance derrière les fossettes de la tête, En avant de ces mêmes organes, on trouve également deux bandes latérales d’un brun foncé, et une troi- sième, médiane, qui n'arrive pas jusqu'aux fossettes. Les côtés du corps sont d’un blanc violacé, La face inférieure est d’un rose assez vif, plus sombre vers la ligne médiane. La tête (2), arrondie en avant, ne se distingue du corps que par la présence des yeux et des fossettes. Les yeux forment quatre groupes allongés qui convergent en avant. Les groupes externes comptent près de trente yeux très petits, les groupes internes dix-huit à vingt yeux un peu plus grands. Les fossettes sont larges, presque triangulaires , et placées vers l’extrémité postérieure de la tête. Le corps de cette espèce est épais, plat; son diamètre trans- versal diminue insensiblement vers les deux extrémités. Pendant (1) Rech. anat. et phys., PL. 46, fig.1#, (2) 1d., PL 16, fig. 13. DE QUATREFAGES. — SUR LES NÉMERTES, 219 la marche où quand on l’arrête, il se ride et augmente quelque peu en largeur et en épaisseur, mais sans jamais présenter rien qui rappelle les renflements, même des Borlasies ou des Valen- cinies. Dans les lobes du cerveau, le ganglion antérieur est très con- sidérable relativement au ganglion postérieur d’où partent les grands troncs longitudinaux (1). La trompe est séparée de l'intestin par un simple étrangle- ment , où je n’ai aperçu aucune espèce d'armes, Nous remarque- rons encore que le sang de cette espèce est d’un beau rouge vineux. Le Cérébratule épais habite entre les tubes entrelacés de ver- mets, sur les côtes de Sicile. Il est assez abondant, surtout à La Torre dell’ Isola. 2. C. newanquasce (OC: spectabilis, Nob.) (2). Capite haud distincto, oculorum seriebus duabus et rimis latis in- struclo; corpore plano; proboscide falciculà denticulatd instructà. Cette espèce, d’environ deux pouces et demi de long sur une ou deux lignes de large, a le dos d’une couleur brun clair, par- couru d’une extrémité à l’autre par quatre lignes brunes qui com- mencent près de l'extrémité antérieure, et dont les deux externes, plus larges et plus foncées, sont interrompues par les fossettes. Les bords du corps sont blanchâtres , et la face ventrale présente une teinte grisâtre, La tête (3) n’est pas distincte ; les yeux, au nombre de huit, forment de chaque côté une série en avant des fossettes. Celles-ci sont larges, peu profondes, et placées sur la face supérieure. Le corps a des dimensions à peu près égales dans toute son étendue. Il est plat, peu épais, et assez brusquement terminé en arrière, La trompe, séparée de l'intestin par un étranglement, porte pour arme une plaque cartilagineuse, courbée en forme de lame (4) PL 45, fig. 6. (3) 1a., PI. 47, fig. 43. (2) Rech. anat. et phys., PI. A7, fig. 12. 220 DE QUATREFAGES. — SUR LES NÉNERTES. et denticulée (1). Je regrette vivement d’avoir égaré le dessin représentant la manière dont cette pièce élait placée dans l’ani- mal vivant ; mais je crois me rappeler que la plaque disposée autour de cette espèce d’œsophage était enfermée dans les tissus et que les dents seules faisaient saillie au fond de la trompe. J'ai trouvé le Cérébratule remarquable dans les mêmes loca- lités que l'espèce précédente à La Torre dell’ Isola. 3. C. pépniné (C. depressus, Nob.) (2). Capite haud distincto, rimis et oculis (?) instruclo; corpore depresso, tœæniæformi, non proteo ; proboscide inermi. Cette espèce, de trois à quatre pouces de long sur environ deux lignes de large, est en dessus d’un violet clair, coupé trans- versalement par des bandes plus foncées qui n’atteignent pas jus- qu'aux bords. A la partie antérieure se voit une large bande blan- che aussi large que le corps. La face ventrale est d’un blanc grisätre. La tête est arrondie, entièrement confondue avec le corps. Je ne trouve rien dans mes notes relativement à l'existence des yeux ni des fossettes. Le corps est aplati en forme de ruban , sensiblement rétréci en arrière, et ne forme que de légers élargissements pendant la con- traction. Le cerveau présente les parties composantes ordinaires ; mais les troncs nerveux longitudinaux, au lieu de se détacher du gan- glion postérieur, semblent prendre naissance au milieu même du lobe cérébral , qui se prolonge en une masse arrondie en arrière de cette origine. La trompe n’est séparée de l'intestin que par un étranglement peu prononcé. Je n’y ai trouvé aucune arme, Cette espèce a le sang rouge et rempli de globules distincts également colorés. Je l’ai trouvée à La Torre dell” Isola dans les mêmes localités que les deux espèces précédentes. (1) Rech. anac. et phys., PI. 10, fig. 7: (2) Id., PL. 17, Gg. 44: DE QUATREFAGES. — SUR LES NÉMERTES, 291 &. C. cénicusé (C. geniculatus, Nob.) (QE Polia geniculata, Delle Chiaje (2). Notospermus drepanensis, Huschke (3). Notogymnus drepanensis, Ehrenberg (4). Nemertes geniculata, OErsted (5). Meckelia annulata, Grübe (6). Capite haud distincto, rimis et oculis (?) instructo; corpore lœvi, planiusculo, minime proteo:; proboscide inermua. Cette espèce, de 5 à 8 pouces de long sur 2 à à lignes de large, est en dessus d’un vert-pré uniforme, interrompu par des bandes blanches transversales, qui ont fait croire à des articula- tions dont il n'existe en réalité aucunes traces. Il paraît que quelques individus présentent sur la nuque une tache orangée. (Huschlke. ) La tête est confondue avec le corps et porte sur les côtés deux fentes assez marquées, Le corps, aplati, mais légèrement arrondi en dessus , s’atténue insensiblement d'avant en arrière, La trompe ne possède ni appareil stylifère ni aucune autre espèce d'armes. Cette espèce a été découverte par M. Delle Chiaje sur les côtes de Naples. Tous les naturalistes qui sont allés en Sicile l’y ont éga- lement rencontrée, et pour mon comple j'en ai vu des individus à La Torre dell’ Isola, à Favignana et à Milazzo. Genre OERSTÉDIE ((rstedia). Deux troncs nerveux longitudinaux sublatéraux ; bouche termi- nale ; corps cylindrique. Duobus restibus nervosis longitudinalibus sublateralibus : ore ter- minali ; corpore cylindrico. Ainsi que nous l'avons indiqué plus haut, les espèces que nous (4) Rech. anat.etphys., PLAT, fig. A1. (4) Symb. phys. (2) Loc. cit., t IN, p.126; t.V,p.110. (5) Loc. cit., p. 94. PI. 39, fig. 4; pl. 405, fig. 40. (6) Loc. cit., p. 48, pl. 7. (3) Jsis, 4830, pl. 7, fig. 4, 2 et 3. 299 DE QUATREFAGES. — SUR LES NÉMERTES. réunissons ici s’éloignent des autres Némertiens par un caractère qui porte sur le système nerveux, c’est-à-dire sur l'appareil or- ganique, dont l'importance nous paraît surpasser celle de tous les autres. A ce titre elles devraient peut-être former un groupe plus élevé qu’un simple genre. Cependant elles ressemblent tellement, sous tous les autres rapports, aux autres espèces de cette famille, que nous croyons devoir ajourner jusqu’à de plus amples recher- ches la séparation des OErstédies en tribu ou sous-famille. La forme générale du corps, qui est bien réellement cylindrique dans les deux seules espèces connues, ne peut guère être prise en con- sidération, car dans les genres précédents nous ayons vu com- bien ce caractère varie d’une espèce à l’autre, bien que nulle part nous n’ayons rencontré de formes aussi décidément arrondies que celles des OErstédies, Nous en dirons autant de l’absence de fen- tes ou de fossettes qui reste jusqu’à présent un caractère commun aux espèces de ce genre. A. OE. racuerée (OE, maculata, Nob.) (1). Capite haud distinceto, oculis quatuor quadratim dispositis instructo, rümis destituto, luteo, olivaceo'; corpore tereti, non proteo, supra maculato, subtus ferrugineo ; proboscide styliferd. Cette espèce atteint de 3 à 3 pouces 4/2 de long sur 2 lignes de diamètre. En dessus elle est d’une couleur olivâtre, pointillée de brun sur la tête, d'une teinte brune tachetée de noir sur le reste du corps, qui présentè en outre sur la région médiane une ligne irrégulière blanche. Le dessous du corps est d’une couleur ocracée uniforme. La tête est entièrement confondue avec le corps. -Je n’y ai vu ni fentes ni fossettes, Les yeux, très petits, sont au nombre de quatre et disposés en rectangle, Le corps est parfaitement rond et va en diminuant peu à peu d'avant en arrière. Il ne présente que des renflements à peine marqués pendant la contraction. Le cerveau (2) se compose de deux lobes pyriformes irréguliers (1) Rech. anat. et phys., PLAT, fig. 15. (2) Jd., PI. A7, fig. 46. DE QUATREFAGES. — SUR LES NÉMERTES. 223 d’où se détachent en arrière les deux troncs longitudinaux. La trompe est armée d’un appareil stylifère et porte deux poches styligènes (1). L’OErstédie tachetée habite entre les racines de plantes ma- rines à Favignana et probablement dans d’autres points des côtes de Sicile, 2. OË. rumcore (OE. tubicola, Nob.) (2). Capite hauddistincto, oculis quatuor quadratim dispositis instructo, rümis destituto, luteo; corpore tereti, supra et infra maculato , non proteo; proboscide styhferd. Cette espèce, plus petite que l’autre, a tout le corps tacheté de brun et de jaunâtre ; la tête présente partout cette dernière teinte. La tête (3) ressemble à celle de l'espèce précédente. ‘Le corps est également cylindrique et de forme peu variable. Le cerveau est entièrement pareil. La trompe présente également un stylet et deux poches sty- ligènes. On voit qu’il y a entre ces deux espèces de très grandes res- semblances, Aussi les aurais-je réunies sans hésiter si je n’avais trouvé constamment la première libre, vivant à la manière des Siponcles, et si l’autre ne m'avait montré la plus grande tendance à se loger dans un tube. A peine était-elle depuis quelques heures dans mes vases, qu’elle était entourée d’une trame très fine, transparente, formée par la mucosite suintant du corps, et pré- sentant la forme d’un fourreau allongé dans lequel l'animal se mouvait avec assez d’agilité. Cette particularité de mœurs, qui se présente si rarement dans la famille des Némertiens, m'a paru assez caractéristique pour motiver la séparation que je propose. J'ai trouvé l’OErstédie tubicole dans les mêmes localités que l'espèce précédente. (1) Rech. anat. et phys., PL. A7, fig. 17. (3) Id., PI. A7, fig. 19. (2) Za., PI, 47, fig. 48. 29/ DE QUATREFAGES. — SUR LES NÉMERTES, S II. Aistoire naturelle. Les naturalistes qui se sont occupés de l’histoire des Némertes nous ont transmis fort peu d'observations sur leurs mœurs, sur leur manière de vivre. On comprend qu'il devait en être ainsi pour des animaux à mouvements assez lents et qu’on n’a guère ‘exa- minés qu’en passant, pour ainsi dire. Aussi, quelque bornés que soient les renseignements qui vont suivre, j'ai pensé que, portant sur un sujet encore si peu connu, ils pourraient présenter quel- que intérêt. Presque tous les Némertiens , comme on a pu le voir par ce qui précède, vivent ou sous les pierres ou dans les fentes de rochers. Les Valencinies seules, jusqu’à présent, paraissent habiter les sables très vaseux recouverts par des prairies de Zostères. Les OErstédies présentent une particularité de mœurs assez analogue, au moins à en juger par ce que j'ai pu voir des deux seules espèces connues. ; Les grandes espèces de Borlasies paraissent se trouver exclu- sivement sous les pierres et hanter les zones du rivage qui décou- vrent rarement. Du moins ce n’est guère que lors des grandes marées que j’ai trouvé en grand nombre la B. d'Angleterre et la B. camillée. Ce fait est assez d'accord avec ce que la plupart des auteurs nous disent des autres espèces qu’ils ont pu se procurer, et qui ont été le plus souvent rapportées par la drague de profon- deurs plus ou moins considérables. Malgré cette habitude, qui sem- ble indiquer des animaux aimant une eau pure ou souvent renou- velée , on peut très bien conserver ces Borlasies dans des vases, et j'en ai vu vivre assez longtemps dans une eau corrompue et devenue laiteuse, où périrent rapidement des Ophyures et des Os- cabrions que j'avais donnés pour compagnons à mes Némertiens. Tous les Némertiens que j'ai pu observer avec quelque suite sur les bords de la Manche me paraissent être essentiellement nocturnes. À Saint-Vaast, où j'ai conservé dans mes vases pen- dant longtemps plusieurs individus vivants et appartenant à diverses espèces, je les voyais, en général, demeurer fort tran- quilles durant toute la journée. La Polie mandille et une autre DE QUATREFAGES. — SUR LES NÉMERTES,. 225 espèce voisine faisaient seules exception. Maïs la nuit venue toutes se mettaient en mouvement, rampaient en tous sens sur les parois de mes vases et gagnaient la surface du liquide, ma- nœuvre que je ne leur ai jamais vu faire de jour. Au reste , j'ai pu reconnaître qu'une vive lumière leur faisait évidemment éprou- ver une sensation désagréable ; non seulement les individus bien portants, mais même des fragments isolés cherchaient à se sous- traire aux rayons de ma lampe concentrés par une lentille. La plupart des Némertiens, et surtout la Borlasie camillée , semblent se réunir volontiers en nombre quelquefois assez consi- dérable. J'ai trouvé jusqu’à quinze individus de cette espèce roulés et pelotonnés ensemble sous une seule pierre. Une fois, j'ai ren- contré une Borlasie d'Angleterre mêlée ainsi à des Borlasies camillées. D'ailleurs , les diverses espèces que je placais dans un même vase paraissaient vivre en très bonne intelligence , se grou- paient et se pelotonnaient ensemble pendant tout le jour, et lors- qu’elles se rencontraient dans leurs courses nocturnes, je n’ai jamais rien observé qui püût être pris de leur part pour un acte d'hostilité envers leurs congénères. Ainsi que je lai dit plus haut, certains Némertiens peuvent vivre longtemps dans des vases d’eau de mer. J’ai ainsi conservé pendant plus d’un an, à Paris, des Polies mandilles apportées de Saint-Vaast. Je les avais placées dans un flacon avec quelques feuilles d'Ulva lactuca , et ma petite mare artificielle s’étant établie sans encombre, ces animaux parurent y trouver tout ce qui était nécessaire à leur entretien. Je les ai vus maintes fois ramper le long des parois et darder avec assez de vivacité leur trompe armée d’un stylet aigu. Cette manœuvre avait très pro- bablement pour but d'atteindre les infusoires qui s'étaient déve- loppés en grand nombre dans mes vases et qui servent de nour- riture aux Polies. Du reste, elles S’attaquent aussi à des animaux plus forts et mieux armés. J'ai vu une fois une très petite Polie atteindre de sa trompe un Cyclope qui demeura immédiate- ment immobile et me parut être sucé sur place. Du moins la trompe de la Polie, après l'avoir enlacé, resta fixée sur son corps pendant plus d’un quart d'heure, Cette observation a de l'intérêt 3° série, Zooc. T. VI. (Octobre 1846.) ; 15 92926 DE QUATREFAGES. — SUR LES NÉMERTES, en ce qu’elle nous explique pourquoi l’on ne trouve jamais de résidu ni de détritus dans le tube digestif des Némertiens. Je n’ai pu vérifier par des observations directes si les Borla- sies, comme l'ont assuré plusieurs naturalistes, sucent bien réelle- ment les Anomies, mais le fait me parait très possible. Exigeant sans doute une nourriture plus abondante à raison de leur taille considérable, les espèces de ce genre paraissent plus difficiles à conserver à l’état de captivité. Cependant, j'ai eu pendant plus de six mois une B. camillée longue d’environ dix-huit pouces et vivant dans une mare artificielle semblable à celle dont je viens de par- ler. Pendant les premiers jours elle se montrait assez agile, mais bientôt elle devint paresseuse et ne fit plus que de rares excursions sur les parois de sa prison de verre. Au bout de deux mois elle restait presque constamment pelotonnée au milieu des feuilles d'Ulva lactuca qui entretenaient la pureté de l’eau où elle était plongée. Plus tard elle parut ne plus quitter cette position, et lorsque j'essayais en l’irritant de lui faire abandonner son gite, elle se contentait de se replier sur elle-même et de cacher au milieu des autres replis le point du corps que je touchais. Elle passa ainsi tout l'hiver de 1843 et une partie de l'été. Enfin elle finit par mou- rir et par tomber en putrilage. Dans les derniers temps de sa vie, ses dimensions avaient très sensiblement diminué. Je présume qu’elle mourut de faim. Du reste, il est assez dificile, en pareille circonstance, de re- connaître l'instant précis qui sépare la mort de la vie, ou du moins il faut admettre que ces mots, appliqués aux Vers dont nous parlons ainsi qu’à plusieurs autres animaux marins, sont loin d'avoir la valeur que nous leur attribuons en parlant d'animaux plus élevés, des Mammifères par exemple. Chez les Némertiens, la contractilité organique persiste dans les circonstances les plus fai- tes en apparence pour l’anéantir , et il est même quelquefois diffi- cile de reconnaître si cette contractilité est ou non dirigée par une sorte de volonté. Voici à ce sujet une observation des plus frap- pantes recueillie à Chausey. Je ne trouve pas dans mes notes le nom de l'espèce qui m'a présenté ces faits, mais il est probable, d’après la longueur de l'individu, qu'il s’agit de la Borlasie d’An- DE QUATREFAGES. — SUR LES NÉMERTES. 997 gleterre qu'on rencontre assez fréquemment sur les bords de ce petit archipel. Un individu de plusieurs pouces de long avait été oublié dans un bocal. Quand je m’en apereus, la tête était entièrement putréfiée. Le corps, étranglé par place, ne formait en apparence qu’un seul mor- ceau ; mais en le placant dans un vase à observations et y versant de l’eau, il se rompit en six fragmentsirrégulièrement étrariglés et comme segmentés. Il est évident qu’une véritable gangrène s'était déclarée sur plusieurspoints, et pourtant chacun des fragments iso- lés ainsi, plongé dans de l’eau de mer pure, se remit en mouve- ment. Bien plus, ils fuyaient évidemment la lumière, et les cou- rants déterminés par l’action des cils vibratiles changeaient de direction selonla marche de l'animal. Cette dernière circonstance me paraît digne d’attention. Elle établit une différence réelle entre le fait dont je parle ici et ce qu’on observe, par exemple, sur un fragment de branchie de Mollusque. Ici les cils agissent toujours dans le même sens. Y avait-il donc encore chez mes morceaux «de Borlasie quelque chose de semblable à la vie dans l’acception ordi- nairement donnée à ce mot? Au reste cette persistance de la vie est également remarquable dans les petites espèces. En placant des Polies sous le compresseur pour étudier certaines particularités anatomiques ou histologiques, il m'est arrivé bien des fois de les comprimer assez fortement. Alors les tissus semblaient entrer en diffluence. Les couches tégu- mentaires se décomposaient. Une mucosité abondante mêlée de granulations irrégulières suintait de tout l’animal. Quand je relà- chais la vis de mon instrument, je trouvais un corps flasque et sans mouvements , présentant toutes les apparences d’un cadavre. Eh bien, placé dans de l’eau fraîche, cet animal se gonflait peu à peu, reprenait ses dimensions premières, et souvent, au bout de quelques beures, pouvait se prêter à de nouvelles observations. Les faits que je viens de citer doivent faire présumer que, comme les Planaires, les Némertiens peuvent reproduire les parties per- dues par accident ou autrement et se multiplier par scission ar- tificielle. J'ai tenté plusieurs expériences dans ce sens, mais elles ne m'ont pas donné de résultats bien concluants, ce qui tient peut- 298 DE QUATREFAGES. — SUR LES NÉMERTES. être à ce qu'elles n’ont pas été poursuivies avec assez de persis- tance faute de temps. Par suite de la facilité avec laquelle l’eau de la mer se corrompt, les animaux marins sont bien plus difficiles que les espèces d’eau douce à placer dans des circonstances fa- vorables à la réussite d'essais de ce genre. Cependant j’ai vu une Polie mandille, dont le corps avait été fendu obliquement près de la tête, se porter très bien pendant plusieursjours. La cicatrisation paraissait presque complète et le lambeau sans tête détaché sur le côté m'aurait peut-être donné une Polie bicéphale si l’eau n'était venue à se gâter, ce qui entraîna la mort de l'individu en expé- rience, En coupant d’autres Polices vers le milieu du corps, je vis les parties antérieures continuer à vivre comme si elles n’eus- sent éprouvé aucun accident ; les parties postérieures donnè- rent pendant plusieurs jours des signes d’irritabilité et même de spontanéité. Mais, d’après ce que nous avons vu plus haut, ces faits n’ont rien que de très naturel. Une Borlasie , sur laquelle je pratiquai une opération semblable , parut à peine s’en aper- cevoir. La partie du corps la plus voisine de la section se contracta brusquement sur un espace de quelques lignes, mais la tête et la portion la plus antérieure de l’animal qui était alors en marche ne parurent rien sentir et continuèrent leur mouvement avec la même régularité qu'auparavant. L'eau douce exerce sur les Borlasies une action délétère très énergique. Placées dans ce liquide, on les voit sécréter une énorme quantité de mucus, s’agiter avec une apparence d'inquiétude, se contracter, et au bout de deux à trois minutes rester entièrement immobiles. La contractilité organique persiste pendant quelque temps encore, mais l’animalne manifeste plus l'intention de fuir. Si on replace alors l’animal dans de l’eau de mer, il revient lente- ment à lui. Un individu bien portant que je laissai exposé à l’action de l’eau douce pendant 1/2 heure ne commenca à redonner signe de vie qu'après deux heures d'immersion dans l’eau de mer. Gette expérience avait été faite dans l'après-midi. Le lendemain matin cetindividu s'était pelé sur plusieurs points du corps; il avait perdu la couche colorée de ses téguments. En outre, il présentait de nombreux étranglements, présage d'une division prochaine. On DE QUATREFAGES. — SUR LES NÉMNERTES, 229 voit que l’eau douce semble agir sur les Borlasies comme une sorte de poison, et non pas seulement à la manière d’un liquide qui, faute de quelque principe, déterminerait une espèce d’asphyxie. Dans ce qui précède, j'ai parlé à diverses reprises d’étrangle- ments plus ou moins prononcés, qui se montrent d’une manière irrégulière sur le corps de Némertes prêtes à périr. C’est un fait qui ne s’observe pas seulement chez les Némertiens, mais qu’on retrouve chez presque toutes les Annélides et que j'ai décrit avec détail chez la Synapte de Duvernoy. Toutefois il a peut-être ici une importance plus marquée , en ce que ces étranglements peuvent servir à reconnaître la nature de certains fossiles assez communs à Solenhoffen, et que j'ai cru pouvoir rapporter à des Némertiens et surtout à des Borlasies (1). On peut retrouver ces étrangle- ments sur les grands individus qui ont été mis dans l'alcool après avoir été conservés pendant quelque temps dans les vases où ils ont perdu une partie de leur vitalité. Chez les Borlasies, ces étranglements m'ont paru résulter de la rupture des fibres muscu- laires longitudinales, rupture qui permet aux fibres transversales d'agir avec plus d'énergie. Du moins les choses se passent bien évidemment ainsi chez les grandes Annélides , qui m'ont souvent présenté des faits entièrement semblables. DEUXIÈME PARTIE, ANATOMIE, SI. Zéquments. Nous distinguerons , dans les téguments des Némertiens, l'é= piderme cilié, le derme et la couche fibreuse, 4° Épiderme cilié. Le corps tout entier des Némertiens est cou- vert d’une couche homogène transparente, assez semblable à un vernis à demi fluide (2). C’est de cette couche que partent les cils vibratiles qu'OErsted a très bien vus et dont il à indiqué l’exis- tence comme un des caractères de son sous-ordre des Cestoïdiens (1) Société philomatique, séance du 14 avril 1846 (L'Institut, n° 644). (2) PL 42; 6g.4 et 2, a; PI. 18, fig. 4 et 4, a. 230 DE QUATREFAGES. -— SUR LES NÉMERTES, ( Cestoidea OErst. ) (1). Malgré les doutes exprimés à cet égard par un des naturalistes dont les observations sur les animaux in- férieurs ontle plus d'autorité (2), ce fait est très facile à vérifier sur les petites espèces qui se prêtent facilement à l’observation micro- scopique. Ces cils sont très fins, très petits et très serrés ; ils pré- sentent seulement des dimensions un peu plus considérables à la parlie antérieure du corps, tout autour de la bouche. Encore ce caractère n'est-il pas général. Presque toujours ils sont encore plus forts et plus longs sur les fossettes céphaliques (3), et quelquefois même, lorsqu'on ne trouve ni fentes ni fossettes sur les côtés de la tête, on voit sur la place ordinairement occupée par ces organes un bouquet de cils vibratiles plus longs que ceux du reste du Corps. La couche dont je viens de parler n’a guère plus de 1/300 de millimètre sur lesplus grandes Borlasies. Elle est plus mince encore dans les petites espèces des Polies. Les cils qui la couvrent sem- blent être en continuité avec elle. Je n’ai jamais pu la détacher isolément ; toujours j'entrainais avec elle des lambeaux apparte- nant aux couches sous-jacentes. 2 Derme. Sous la couche qui porte les cils vibratiles on trouve deux couches distinctes. La première (4) paraît formée par une substance presque en- tièrement homogène , transparente , assez semblable d'aspect à la couche précédente, mais présentant dans sa masse de nom- breuses cellules ou peut-être de simples vacuoles ovoïdes ou ar- rondies, dont le contenu réfracterait la lumière avec moins d’in- tensité que la substance au milieu de laquelle elles seraient creu- sées. Cette couche a environ 1/25 de millimètre d'épaisseur. La dimension des cellules où vacuoles varie de 1/60 à 1/250 de mil- limètre. Ces cavités sont en général plus grandes et plus abon- dantes à mesure qu’on les observe plus près de la surface externe des téguments. Au dessous se trouve une seconde couche qui me paraît être manifestement cellulaire. J'ai représenté ici le double aspect (1) Œrsted, loc. cit., p. 76. (3) PI 44, fig. et 7. (2) Siebold, loc. cit., p. 188. (4) PI. 13, fig. 4, b, et fig. 2. DE QUATREFAGES. — SUR LES NÉMERTES. 231 qu’elle présente selon qu’on l’examine par côté (1) ou perpendi- culairement aux couches tégumentaires(2). Dans le premier cas, on voit de grandes cavités assez irrégulièrement ovoïdes ou allon- gées, séparées par de minces cloisons ; dans le second cas, ces cavités présentent assez bien l’aspect d’une sorte de réseauà mailles elliptiques. J’ai cru plusieurs fois distinguer les parois propres de ces cellules accolées pour former les cloisons qui séparent les cavités. Ces cellules, placées sur deux rangs superposés, ont en- viron 4/70 de millimètre de hauteur ; leur largeur est très variable. 3° Couche fibreuse. Entre les couches tégumentaires que je viens de décrire et les muscles sous-jacents se trouve une couche fibreuse dont les fibres m’ont paru affecter, en général, une direction trans- verse (à). Cette couche envoie des prolongements à travers les précédentes jusque tout près de la surface du corps, et cette par- ticularité, qui m'avait échappé surles animaux vivants, se voit assez facilement sur les échantillons conservés dans l’alcool (4). Les détails que je viens de donner ont été recueillis sur la Bor- lasie d'Angleterre. À raison même de la taille de cette espèce et de l'épaisseur de son corps, j'ai dù employer pour mes observa- tions des fragments que j'enlevais et plaçais immédiatement sous le microscope. Quelque rapide que füt cette manœuvre, elle pourrait être soupconnée d’être pour quelque chose dans les résultats obtenus; car, chez ces animaux inférieurs , les tissus s'altèrent avec une rapidité incroyable. Mais dans des espèces appartenant soit à ce même genre, soit aux genres voisins , j'ai retrouvé des faits à peu près semblables. Quoique les diverses couches que j'ai décrites soient moins distinctes dans la Némerte balmée , on les y retrouve avec des caractères presque sembla- bles (5). Dans la Polie fil, on les reconnaît encore; mais ici elles sont bien plus confuses , et si l’observation avait d’abord porté sur cette espèce ou toute autre analogue, on aurait eu peut-être de la peine à les distinguer. En effet, nous retrouvons la première couche garnie de cils (4) PL 43, fig. 4,e",c. (4) PL 8, fig. # et 5. (2) PL 13, fig. 3. (5) PL 13, fig. 2. (3) PL 13, fig. 4 et fig. 4, d. 232 DE QUATREFAGES, — SLR LES NÉMERTES, vibratiles semblables en tout à celle de la Borlasie, si ce n’est qu'ici son épaisseur est à peine de 1/600 à 1/700 de millimétre (4) ; mais la seconde couche ne présente plus que des granulations à peine marquées (2). Les grandes cellules de la troisième et qua- trième couche ne paraissent plus également que des granulations de 1/200 à 1/300 de millimètre de diamètre assez irrégulières, plus faciles à distinguer que les granules qui forment la couche précé- dentes , mais ne montrant plus ni cavités ni parois distinctes (3). Enfin, la couche fibreuse se confond avec les couches musculaires sous-jacentes , dont nous parlerons plus loin (4). OBSERVATIONS. Parmi les naturalistes qui se sont occupés des Némertiens dans ces dernières années , Rathke et OErsted sont , je crois , les seuls qui aient cherché à reconnaître les diverses couches dont se compo$aient les téguments de ces animaux. Tous deux ont admis l'existence de téguments distincts; Rathke a même distingué deux couches , l'une muqueuse, l’autre dermique , et OErsted n’a rien ajouté à ces résultats. Si nous comparons la composition des téguments des Némer- tiens avec ce qui existe chez les Planaires, nous trouvons de grandes ressemblances. Il paraîtrait seulement que, chez ces der- : nières , la couche que j'ai indiquée comme la première de celles qui composent le derme des Borlasies manque entièrement. Rien non plus, du moins chez les espèces que j'ai examinées , ne rappelle la couche fibreuse ; mais peut-être en trouverait-on des traces dans les grandes espèces exotiques (5). Au reste, l'absence, chez les Planaires, de la première couche dermique, pourrait peut-être engager à regarder celle-ci comme appartenant réelle- ment à l’épiderme , qui alors présenterait chez les Némertiens une épaisseur assez considérable. Mais il est une autre circonstance qui établit une grande ressem- blance entre les téguments des Némertiens et ceux des Planaires, (1) PL. 43, fig. 4, a. (3) PL 43, fig. 4, (2) PL 43, fig. 4,0. (4) PL. 43, fig. & (5) Mémoire sur quelques Planariées marines (Annules des septembre 4845). ’ an ciences naturelles , DE QUATRELAGES, -— SUR LES NÉMERTES, 233 c’est la facilité avec laquelle ces couches se décomposent. Sans doute, chez les grandes espèces , elles résistent bien davantage; mais chez la plupart des Polies, qu'on peut si facilement étudier sous le microscope , on voil une compression même modérée, et suffisante seulement pour maintenir l'animal à peu près immobile, amener bientôt une désagrégalion des couches extérieures. De tout le corps exsude une matière d’abord transparente et homo- gène, bientôt mêlée de granulations, et qui n’est évidemment autre chose que la substance même des téguments qui entre en diffluence. Cependant ici la destruction marche avec moins de rapidité que chez les Planaires, et surtout que chez les espèces marines, dont quelques unes présentent , à cause de leur extrême facilité à diffluer, de véritables difficultés à l'observateur. Je crois devoir répéter ici une observation que j'ai déjà faite ailleurs, mais qui paraît n'avoir pas été suffisamment saisie par quelques naturalistes. En employant les mots épiderme et derme, je n’entends nullement leur donner la signification histologique qu'on leur accorde lorsqu'on parle des animaux supérieurs, des Mammifères par exemple. La couche extérieure qui enveloppe le corps entier d’un animal inférieur occupe la place de l’épiderme de l’homme ; cette circonstance suffit, ceme semble, pour que nous la désignions par un mot déjà connu, et dont l’acception se trouve précisée par les détails mêmes dans lesquels on entre sur sa nature et sa structure. Je crois parfaitement inutile de créer des mots nouveaux pour chaque modification plus ou moins censidérable de telle ou telle partie dont la position anatomique est d’ailleurs bien déterminée, Si une fois on entrait dans cette voie , il serait à craindre qu'on ne tombât dans le même excès que les botanistes, et qu'en assez peu de temps la langue de la science fût plus diffi- cile à apprendre et à retenir que la science elle-même. Une autre différence existant entre les deux familles que je com- pare en ce moment consiste en ce que les téguments des Némer- tiens ne m'ont jamais présenté ces espèces de piquants rigides, très différents des cils vibratiles, que j'ai vus chez plusieurs Plana- riées (1). Je n’ai pas non plus rencontré chez les premiers la (1) Loc. cit. PI. 4, fig. 414 et A7. 23/ DE QUATREFAGES. — SUR LES NÉMERTES, moindre trace des organes urticants que j'ai vus chez quelques Planaires (1), et qu’on retrouvera sans doute dorénavant chez plusieurs espèces où ils n’ont pas encore été signalés. SIT. Couches musculaires sous-cutanées. — Locomotion. Les couches musculaires sous-cutanées sont au nombre de deux, une externe, l’autre interne. 1° Couche musculaire externe, à fibres longitudinales. Immé- diatement sous la peau, on trouve chez les Némertiens une couche musculaire à fibres longitudinales, très facile à distinguer chez les plus grandes comme chez les plus petites espèces, mais d’un aspect assez différent dans ces deux cas. Dans la Borlasie, et à un grossissement de 200 diamètres (2), elle paraît se composer de fibres bien distinctes placées les unes à côté des autres, à peu près comme dans les muscles des animaux supérieurs. À un gros- sissement de 600 diamètres (3) , ces fibres présentent des traces obscures de divisions longitudinales ; mais ces apparences pour- raient fort bien n'être dues qu’à des accidents de compression ou de déformation, résultant des manœuvres nécessaires pour déta- cher et placer sous le microscope le lambeau que l’on examine, Le diamètre de ces fibres longitudinales est d'environ 4/100 ou 1/90 de millimètre. Bien que ces fibres examinées chez la Borlasie paraissent distinctes les unes des autres , je n’ai pu les isoler en leur conser- vant la forme à peu près cylindrique qu’elles présentent dans l’état normal. Toujours, en pareil cas, elles se sont comme étranglées en divers points , ont formé des espèces de chapelets irréguliers , tandis que les petits fragments isolés tendaient toujours à prendre une forme plus ou moins ovoïde (4). Nous trouvons donc ici un état particulier de l'élément musculaire, que je n’ai pas encore eu occasion de signaler chez les autres animaux inférieurs , Mol- lusques , Annelés ou Zoophytes, sur lesquels j’ai fait des obser- vations de même nature (5). (1) Loc. cit. PI. 8, fig. 9 et 40. (3) PL. 43, fig. 6. (2) PI. 43, fig. 5. (£) PL. 43, fig. 7. (5) Voir les Mémoires sur la Synapte, les Edwardsies , la Synhydre, l'Eleu- therie, etc. DE QUATREFAGES. — SUR LES NÉMERTES. 235 La couche musculaire que je viens de décrire se retrouve avec des caractères à peu près pareils dans la Némerte balmée (1); seulement les fibres déjà moins distinctes ne m'ont pas montré les mêmes apparences de stries longitudinales. Dans les Polies, elles sont encore plus confuses , et le plan musculaire qui résulte de leur réunion présente un aspect entièrement semblable à celui de la couche musculaire à fibres transverses (2). 2% Couche musculaire interne, à fibres transverses. Celle-ci paraît être à très peu près de même nature dans les plus grands comme dans les plus petits individus que j’ai observés ; elle présente cette modification de l'élément musculaire que j'ai appelée ailleurs Muscles en stries (3). Elle forme un plan transparent homogène où les fibres ne deviennent sensibles que par des jeux de lumière , et dont le dessin ci-joint donne une idée assez exacte. Les stries sont seulement plus vives, plus accusées dans la Borlasie (4) que dans la Polie fil, par exemple (5). OBSERVATIONS. Entre les deux plans musculaires que je viens de décrire se trouve une couche assez facile à distinguer sur les grands indi- vidus conservés dans l’alcool, et qui semble jouer le rôle d’une aponévrose. Elle envoie en outre des prolongements à travers les fibres du plan musculaire externe jusque près des téguments (6). L'existence distincte des couches musculaires que je viens de décrire est très facile à reconnaître non seulement sur les espèces qui se prêtent à l'observation microscopique , mais encore sur les grandes Borlasies. On peut ici les isoler facilement, soit sur le frais (7), soit sur les individus conservés dans l'alcool ; aussi MM. Rathke et OErsted ont-ils déjà signalé ce fait, mais sans entrer dans d’autres détails, M. Delle Chiaje, qui a fait une obser- vation analogue, a cru que la couche externe avait des fibres transversales, et l’interne des fibres longitudinales. 11 est probable (1) PL. 42, fig. (5) PI. 43. fig. 4. (2) PI. 43, fig. (6) PL. 8, fig. #et5, c. (3) Loe. cit. (7) PL 43, fig. 8, (4) PL. 13, fig. 19. 29 -_ 236 DE QUATREFAGES. — SUR LES NÉNERTES, que ce naturaliste aura pris pour couche musculaire externe la couche fibreuse, dont nous avons parlé plus haut, L'ensemble de ces couches présente une épaisseur assez con- sidérable, Dans une Borlasie d'environ 30 ou 35 pieds de long, et conservée depuis quatre ans dans la liqueur, je trouve que les parois du corps ont environ 1,5 millimètre d'épaisseur. Les couches mus- culaires figurent dans ce total pour plus de 4 millimètre ; le reste appartient aux téguments, Mais il faut remarquer que cette épais- seur s’est accrue considérablement par suite de la contraction de l'animal. Quant à l'épaisseur réelle sur le vivant, il est à peu près impossible de la mesurer directement, parce que toujours le point du corps où l’on fait une section se contracte sur-le-champ. Ce ne serait done que par des calculs , en lenant compte du rac- courcissement et du changement de forme des parties, qu’on pourrait déterminer approximativement l'épaisseur, soit des tégu- ments, soit des couches musculaires sous-cutanées. Observons d’ailleurs que, dans tous les cas, la couche à fibres transverses est beaucoup moins épaisse et moins forte que la couche à fibres longitudinales. Sans avoir pu précisément m'en assurer par l'observation directe, il ne me paraît guère probable que les fibres longitudinales forment des faisceaux étendus d’un bout à l’autre de l’animal. 11 m'a paru plutôt, surtout en examinant des animaux conservés dans l’alcool, que ces faisceaux s’attachent, soit directement, soit par l'intermé- diaire d’une sorte de tissu cellulaire très serré, à la couche fi- breuse des téguments, qui jouerait ainsi le rôle d’une sorte d’apo- névrose et appartiendrait plutôt à l'appareil musculaire qu'à la peau. Un des faits qui me paraissent venir le plus à l'appui de cette manière de voir, c’est la possibilité qu'ont tous les Némer- tiens de contracter isolément telle partie de leur corps qu'il leur convient. Lorsqu'une Borlasie se divise spontanément, c’est toujours la couche à fibres longitudinales qui se rompt la première, Il arrive assez souvent alors que les téguments et la couche à fibres trans- verses persistent, et de là résultent ces étranglements très pronon- cés, dont j'ai parlé déjà à diverses reprises. Lorsque la division DE QUATREFAGES. — SUR LES NÉMERTES. 937 est complète, les couches musculaires contractées agissent toutes deux pour ramener les téguments sur la plaie et pour diminuer le diamètre de celle-ci ; mais il reste au centre une petite ouver- ture , et de là ces apparences de ventouses ou d'ouvertures posté- rieures qui ont trompé tant d’observateurs. Les couches musculaires sont quelquefois assez difficiles à re- connaître et à distinguer dans les petites espèces, et l'on pourrait croire alors que l'élément musculaire forme chez elles un tout homogène. Il n’en est pourtant rien. Le meilleur moyen de s’en assurer consiste à ajouter d’abord quelques gouttes d’ammoniaque au liquide qui baigne l'animal. On voit aussitôt ses téguments entrer en diffluence et se dissoudre, tandis que les muscles résis- tent beaucoup mieux. Lorsqu'on juge que l’action de l’ammoniaque s’est exercée suffisamment, on ajoute quelques gouttes d'acide chlorhydrique, et les fibres se distinguent alors très nettement. Les couchesmusculaires que nous venons de décrire servent aux mouvements généraux de l’animal, et par conséquent à la loco- motion. Celle-ci s'exécute de trois manières diférentes. Quelques espèces , probablement destinées à vivre en pleine eau (Polia bembix) , se meuvent à la manière des Sangsues, en prenant un point d'appui sur le liquide par de grandes ondula- tions et des mouvements d’inclinaison tantôt à droite, tantôt à gauche ; mais la plupart des Némertiens jetés dans un vase vont au fond sans exécuter d’autres mouvements que quelques in= flexions assez lentes. Toutes les espèces rampent sur les plans solides à l’aide de contractions qui quelquefois changent complétement leur forme générale , ainsi que nous en avons figuré plusieurs exemples frap- pants (1). C’est même un spectacle très singulier que de voir la substance du corps s’accumuler ainsi sur un point , puis s’écouler pour ainsi dire par l’étranglement quelquefois filiforme qui sé- pare deux de ces dilatations. Cette sorte d'écoulementn’est d’ail- leurs qu’une apparence produite par dés contractions transverses qui se succèdent très rapidement dans le même sens, et dont la (4) Rech. anat, et phys., PL. 12, Ra, 1, 2, 3, 6, 7, 14,2. 238 DE QUATREFAGES — SUR LES NÉMERTES: disposition de l’appareil musculaire rend très facilement compte. Nous avons dit plus haut que ce phénomène ne se montrait de la manière la plus complète que chez les Polies. Les renflements plissés présentés par quelques grandes espèces tiennent évi- demment à la même cause, mais sont toujours moins forts pro- portionnellement que ceux dont nous venons de parler. Quant au sillon dorsal qui se montre en pareil cas chez quelques unes et surtout chez la Borlasie d'Angleterre, il nous paraît être dû à la résistance opposée à la dilatation trop étendue de certains points du corps par les brides intérieures et surtout par les attaches des organes génitaux, qui, étant probablement de nature ligamen- teuse, ne peuvent se prêter à des mouvements d’extension et de raccourcissement aussi étendus que les fibres musculaires. Les Némertiens présentent un troisième mode de locomotion très remarquable , surtout chez les grandes espèces des genres Valencinie, Borlasie et Némerte. Du milieu du peloton inextricable que forme le corps , on voit souvent l'extrémité antérieure sortir, et se porter en avant par un mouvement lent, mais régulier et continu, sans que l’œil puisse saisir la plus légère trace de contractions dans la portion qui chemine ainsi, et qui est alors dans un état d'extension complète (1). Le peloton se dévide ainsi peu à peu, et l'animal se développe tantôt en se collant aux parois du vase, tantôt en se déployant à la surface du liquide, où il semble ramper contre la couche d’air à la manière des Planaires et de presque tous les Mollusques aquatiques. Dans le cas dont nous parlons, des contractions, des ondulations très courtes , peuvent expliquer le mouvement , tant que la Némerte trouve un point d'appui solide ; mais, dès l’instant qu’elle est en entier plon- gée dans le liquide, cette explication devient évidemment insuf- fisante; et il faut, je crois, admettre , comme je l’ai déjà dit ail- leurs, que les cils vibratiles jouent ici le rôle essentiel dans l’acte de la locomotion. Les Némertiens exécutent les divers mouvements dont je viens de parler avec la même aisance apparente sur les deux faces du (1) Rech, anat. et phys:, PI. A4. DE QUATREFAGES. — SUR LES NÉMERTES. 239 corps: cependant il existe bien réellement pour eux une face ven- trale , sur laquelle ils se tiennent habituellement, et qui est recon- naissable chez plusieurs d’entre eux, soit à des différences de teintes, soit à l'existence d’un orifice génital. Baër et Dugès ont comparé la face inférieure du corps des Planaires au pied des Mollusques gastéropodes. Nous avons com- battu ce rapprochement dans le Mémoire relatif à l’organisation des Planariées marines , en faisant observer que personne encore n’a pu reconnaître de plans musculaires distincts sur cette por- tion du corps des Planariées. Il n’en est pas de même des Né- mertes, et, au point de vue où se sont placés les deux anato- mistes que je viens de citer, on pourrait assimiler les deux faces du corps des Némertes au pied des Gastéropodes. Dans les deux cas, on trouve deux couches musculaires distinctes, et toujours la couche à fibres longitudinales est beaucoup plus puissante que celle dont les fibres sont transversales. Mais je crois plus vrai de voir dans la disposition de l’appareil musculaire qu’on rencontre chez les Némertiens l’analogue réduit de ce qui existe chez les Annélides, où se trouvent également deux couches musculaires présentant des différences de puissance entièrement semblables. S IL. Cavité générale du corps. Considérées dans leur ensemble , les couches que nous venons de décrire donnent au corps des Némertiens sa forme générale et enclosent une cavité dans laquelle sont logés les viscères. Cette cavité est elle-même partagée en plusieurs parties distinctes, et de plus elle est tapissée par une couche organique spéciale qui envoie dans l’intérieur des prolongements et des brides plus ou moins compliquées. Enfin elle renferme un liquide qui présente parfois des caractères remarquables. 4° Divisions de la cavité générale. La portion de la cavité géné- rale correspondant à la tête est séparée du reste du corps par une sorte de diaphragme transversal à fibres perpendiculaires, im- plantées dans les couches sous-cutanées (1). L'existence de cette (1) PL. 8, fig. 4, d; PI. 9. 240 DE QUATREFAGES. — SUR LES NÉMERTES. cloison est assez difficile à reconnaitre sur les individus qu’on observe par transparence , mais la dissection des grandes espè- ces faite sur des individus frais ne laisse aucun doute à cet égard. Cette cloison est percée de plusieurs ouvertures qui laissent le passage libre aux troncs nerveux et vaseulaires aussi bien qu’au tube digestif ; il est placé immédiatement en avant de l'ouverture génitale (bouche des auteurs). La cavité céphalique ainsi dé- terminée m'a paru ne former qu’une seule chambre, si je puis m'exprimer ainsi, chambre qui renferme le cerveau, les nerfs céphaliques, les grandes anses vasculaires dont nous parlerons plus tard, et la portion antérieure du tube alimentaire. De plus, elle est traversée en divers sens par des brides et des muscles. Le reste de la cavité générale occupe tout le corps proprement dit; mais les cloisons verticales auxquelles sont suspendus les or- ganes générateurs le partagent en trois chambres distinctes, l’une médiane, qui renferme le tube digestif dans une portion de son étendue (1); les deux autres latérales, dans lesquelles flottent les ovaires ou les testicules (2), et qui à l’époque de la reproduction se remplissent d'œufs ou de zoospermes, 9 Couche qui tapisse la cavité générale du corps. Lorsqu'on fait une section transversale d’un Némertien, on reconnaît qu’indé- pendamment des couches musculaires sous-cutanées il existe à l'intérieur une couche assez épaisse et qu'on retrouve dans toute l'étendue du corps (3). Sur les grandes espèces, ilm’a paru qu’elle consistait en fibres disposées transyersalement ; mais ce qu'il y a de positif, c’est qu'elle envoie dans l’intérieur des prolongements en forme tantôt de lames, tantôt de simples colonnes charnues, qui vont s'attacher soit aux cloisons des organes génitaux, soit à ces organes eux-mêmes, Sur les petites espèces qu'on observe par transparence, on reconnaît également la couche dont nous par- lons; mais on ne peut y distinguer aucune trace de fibres. Elle paraît composée d’une matière homogène, finement globulineuse, (1) PL 8, fe. 1, ff etfig. £et 5, h; PI. 9, fig. 1. (2)PL 8, fig. 1, h,h, et Ag, 4 et 53 PI. 9, g. 1; PL 19, fig. 2; PI. 2, fig. 4 et 2. (3) PL 8, fig, £et 5, e. DE QUATREFAGES. — SUR LES NÉMERTES. 2/1 tapissant tout l’intérieur de l’animal, et envoyant aux organes in- térieurs des brides irrégulières anastomosées entre elles et pré- sentant toujours à leurs terminaisons des épatements plus ou moins prononcés (1). On dirait les muscles et les cloisons abdo- minales des Naïs et de quelques Annélides errantes microscopi- ques. Au reste, la nature musculaire de ces brides ne saurait être douteuse, car on les voit se contracter et se relâcher. Il est pro- bable que la couche tout entière d’où elles émanent est de même nature, et un des faits qui me portent le plus à le croire, c’est la manière dont cette couche se montre contractée sans plis chez les individus conservés dans l'alcool. 2° Liquide de la cavité générale. Lorsqu'on examine par trans- parence un Némertien propre à ce genre d'observations , on dis- tingue très facilement les grandes chambres longitudinales qui occupent toute la longueur du corps, et on reconnaît bien vite qu'elles sont remplies par un liquide charriant des corpuscules dont les mouvements permettent de reconnaître ceux du liquide lui-même, En général ce liquide m'a paru être incolore; mais chez quelques espèces qui ont le sang rouge, il ést lui-même d’une teinte très légèrement rosée, comme par exemple chez la Polia sanguirubra (2). Les corpuscules charriés par ce liquide sont généralement de forme assez irrégulière, transparents et incolores. Ils ressem- blent alors presque entièrement à ceux qu’on voit flotter dans la cavité du corps des Annélides errantes, Maischez quelques espèces ils offrent au contraire des formes régulières et des teintes assez vives. Dans la Polia sanguirubra, ils présentent une forme navi- culaire, sont d’une couleur rose bien plus prononcée que celle du liquide où ils sont plongés, et laissent voir dans leur intérieur un petit nombre de très petites granulations opaques (3). Leurs dimensions varient de 4/30 de millimètre de longueur sur 1/150 de millimètre d'épaisseur, à 1/40 de millimètre de longueur sur 1/300 de millimètre d'épaisseur. Dans le Cerebratulus de- pressus, ces corpuscules sont discoïdes, arrondis, comme fes- (4) PI. 42, fig. 4 ; PL. 43, fig.l#%. (3) PLA2, fig 4; PI Ge. 71 (2)P1.42, fig. 4! / 3° série. Zool. FT. VI. (Octobre 1846.) 4 16 242 DE QUATREFAGES. — SUR LES NÉMERTES. tonnés, ou, pour parler plus exactement , ils semblent résulter de la soudure de granulations restées distinctes sur les bords (4). Au centre est une tacherouge circulaire qui n’occupe pas toute l’épais- seur du disque et dont la teinte s’affaiblit du centre à la circonfé- rence. Leurs dimensions sont sensiblement les mêmes : ils ont en- viron 4/40 de millimètre en diamètre sur 1/150 de millimètre d'épaisseur. Dans la Polia bembix, ces mêmes corpuscules sont de forme lenticulaire, et n’ont guère que 1/125 de millimètre en dia mètre sur 1/300 de millimètre d'épaisseur (2). Les corpuscules du liquide du corps de cette dernière espèce m'ont présenté un phénomène assez singulier : leur couleur , lors- qu'on les examine isolément, est verdätre (3); mais lorsqu'ils viennent à se superposer , cette couleur change. Elle s’anime de plus en plus à mesure que le nombre des corpuscules traversés par la lumière augmente, et passe successivement par le jaune orangé , l’orangé rouge et le carmin presque pur (4). OBSERVATIONS. Les faits que je viens de signaler sont très faciles à reconnaître, soit sur les animaux vivants que l’on étudie par transparence , soit sur de grands individus morts récemment, et sur lesquels on pratique des coupes transversales. Ils sont un peu plus difliciles à constater sur des échantillons conservés dans l'alcool ; cependant, avec un peu d'attention, on peut vérifier l’exactitude de la plu- part d’entre eux , même dans ces circonstances défavorables. On comprend que, par suite de la contraction extrême de toutes les parties musculaires, la cavité centrale doit paraître exagérée, tandis que les brides contractiles , servant d’attache aux organes génitaux , les rapprochent des parois abdominales, et dissimulent presque complétement les cavités latérales. Cependant, avec un peu d'attention, on verra ces parties présenter bien réellement l'aspect que j'ai cherché à reproduire (5) ; on distinguera les trois cavités du corps. (1) PL. 44, fig. 8. (4) PL. 44, fig. 40. (2) PLM, fig. 9: (5) PL. 8, fig. 4 et 5. 3) PI. A1, fig. 9. DE QUATREFAGES. — SUR LES NÉMERTES. 243 La plupart des naturalistes ou ont négligé les détails dans les- quels je viens d’entrer , ou ont, ce me semble , mal interprété les faits. Presque tous ont regardé la cavité centrale comme le tube digestif, et c’est là une erreur sur laquelle j'aurai à revenir plus tard. OErsted , qui a donné la représentation d’une section trans- versale du Motospermus flaccidus (1), paraît ne pas avoir distin- gué les cavités latérales, ou les avoir regardées comme les organes génitaux eux-mêmes, à en juger par les deux figures qu’il donne un peu plus loin, et qui représentent les œufs et les zoospermes dans la portion du corps où il croit qu’ilsexistent (2). La cavité centrale est pour lui le logement d’un organe excitateur particulier , opi- nion que nous aurons à combattre plus loin ; et de plus, il figure, comme tube digestif, une quatrième cavilé à section presque semi-lunaire placée au-dessous de la précédente (3), et dont nous n'avons jamais trouvé de traces (4). La circonstance la plus essentielle, ce me semble , à noter ici, c’est que les Némertes, comme les Annélides , ont une cavité in- terne remplie d’un liquide particulier , liquide qui constitue à lui seul une grande partie du volume de l’animal. Il est difficile de croire que son rôle se borne à donner une forme à l'espèce de tube qui le renferme, et il me paraît bien certain qu'il joue dans la physiologie de ces animaux un rôle important. Chez les Némer- tiens il doit être plus particulièrement en rapport avec les fonctions de nutrition et de génération. Chez les individus robustes, les corpuscules que ce liquide charrie sont évidemment plus nombreux que chez les individus faibles. À l’époque de la reproduction, les (1) Loc. cit., PI. 3, fig. 54. (2) Loc. cit., PL. 3, fig. 54 et 56. (3) "| cit, PI. 3, fig. 54, c. (4) I me paraît cependant qu'on pourrait expliquer le dessin de M. OErsted en supposant qu'il a fait sa section de la hauteur du diaphragme horizontal dont nous par!erons plus loin, et qui forme un canal supérieur renfermant en effet Ja première portion de la trompe (pl. 8, fig. #). Chez quelques espèces, et sur les Borlasies fraîches , le canal qui est ainsi formé au-dessus de la cavité centrale est assez large ; mais cependant je l'ai toujours vu bien plus étroit que la cavité placée au-dessous et avec laquelle il se confond à peu de distance de la tête. Ce dernier fait est très facile à vérifier en disséquant dans loute sa longueur le tube digestif. DUT DE QUATREFAGES. — SUR LES NÉMERTES,. corpusculesse multiplient d’une manière très sensible. J'ai observé desfaits toutpareilschez les Annélideserrantes ; et lorsqu'on songe que ces cavités recoivent, ainsi que nous le verrons plus tard , des œufs non encore entièrement développés qui doivent y acquérir un volume proportionnellement très considérable, n’est-on pas conduit à regarder le liquide et les corpuscules dont nous parlons comme les agents immédiats, destinés à fournir aux produits des organes génitaux les matériaux nécessaires à leur complet déve- loppement ? Je n’ai pu reconnaître d’une manière certaine si les trois cavités dont j'ai parlé communiquaient ensemble et avec la cavité cépha- lique ; mais je suis porté à croire qu'il en est ainsi, au moins chez les espèces à orifice génital temporaire. Chez les petites Polies, on retrouve dans la cavité ou chambre médiane les corpuscules dont nous avons parlé plus haut. C’est là un fait dont je viens de m'’assurer encore tout récemment sur une espèce d’eau douce, Par conséquent, cette cavité ne me paraît pas devoir présenter de communication immédiate et directe avec le liquide ambiant, ou du moins cette communication, si elle existe, ne peut être continuelle. Quant aux espèces qui, comme la Borlasie d'Angleterre sur- tout, ont une ouverture génitale permanente et largement ou- verte, je ne saurais trop qu’en dire. Ehrenberg dit avoir vu que les Némertes rendent par cette ouverture une grande quantité de mucus, dont elles s’enveloppent lorsqu'on veut les saisir. Je n’ai jamais rien observé de semblable, et j'ai toujours vu la mucosité suinter de toutes les parties du corps ; mais d’un autre côté, lors- qu'on fend un individu conservé dans l’alcool , on ne trouve au- cune séparation entre l'ouverture et la cavité centrale. Il semble- rait dès lors que le liquide extérieur peut pénétrer librement dans cette dernière , tandis qu’il n'entre certainement pas dans les ca- vités latérales. IT y a donc là encore quelques recherches à faire, recherches qui, pour être décisives, doivent nécessairement porter sur des animaux vivants. Peut-être est-il permis de penser que chez ces espèces il existe quelque chose d’analogue à ce que nous montrent certains Mollusquek, dont la cavité abdominale com- DE QUATREFAGES. — SUR LES NÉMERTES, 245 munique avec l'extérieur par un orifice que l’animal peut ouvrir ou fermer à son gré (1). S IV. Appareil digestif. L'appareil digestif des Némertiens présente une uniformité de disposition remarquable. Chez tous on peut distinguer la bouche, la trompe, l'œsophage et l'intestin. Ces parties, formant un tube moins long que le corps, plus ou moins flexueux , recourbé d’ar- rière en avant vers sa terminaison , sont logées dans la cavité longitudinale moyenne , comprise entre les cloisons des organes reproducteurs. Les différences les plus considérables que présente cet appareil consistent en ce que l’æsophage est ou n'est pas armé d’un appareil stylifère, dont la disposition varie d’ailleurs dans les espèces qui en sont pourvues. Je n'ai trouvé ni glandes salivaires, ni foie, ni rien qui représentàt ces annexes du tube digestif ; enfin, contrairement à l'opinion professée par tous les naturalistes qui se sont occupés de l’organisation de ces animaux, il n’a été impossible de reconnaître l’existence d’un anus. J'espère que les faits exposés plus loin et la discussion de ceux qu’on pourrait leur opposer justifieront pleinement ma manière de voir. 4° Bouche. Vers le milieu de la face inférieure de la tête chez les Valencinies, à l'extrémité antérieure du corps chez tous les autres Némertiens que j'ai examinés , on trouve une ouverture généralement très petite , et autour de laquelle les cils vibratiles sont plus longs que sur le reste du corps (2) : c’est l’orifice buc- cal. Le tube alimentaire se continue ensuite en arrière dans une sorte de colonne charnue assez facile à distinguer par transpa- rence (3), et qu'on peut aussi isoler sans de grandes difficultés (1) On sait qu'un orifice de cette nature a été depuis longtemps signalé chez les Doris. Les expériences de MM. Milne Edwards et Valenciennes confirment son existence. Il me parait probable que l'ouverture signalée par M. Souleyet chez les grands Actéoniens de Nice, et qu'il a considérée comme un orifice pul - monaire , n'est autre chose que l’analogue du pore placé près de l'anus chez les Doris. (2) PLS, fig. 4; PI. 44, Gg. A1; PL. 40, fig. 2. (3)P12 8,0 6g: 45 PL 44, fig. 4; PI. 40, fig. 2. 246 DE QUATREFAGES. — SUR LES NÉMERTES. sur les grandes espèces. Cette colonne arrive à peu près jusque vers le milieu de la cavité céphalique, où elle se réunit à une masse musculaire, proportionnellement très considérable, for- mée par l’origine des couches appartenant à la trompe (1) pro- prement dite, et des muscles (2) qui, se portant obliquement en avant et sur les côtés , doivent avoir pour effet de rapprocher la masse dont nous parlons de l'extrémité antérieure du corps. D’autres muscles disposés en sens inverse (3), c’est-à-dire s’atta- chant autour de l'orifice buccal , et se portant en arrière et sur les côtés, doivent par leur contraction concourir au même résultat, en même temps qu'ils dilatent en tout sens l'orifice buccal. Cen’estqu'avec quelques difficultés que l’on reconnaîtlastructure de cette première portion du tube digestif, Si l’on cherche à l’i- soler dans les grandes espèces , il est presque impossible, à raison des attaches nombreuses dont elle est entourée , de la placer sur le porte-objet dans un état de conservation qui permette des ob- servations sûres. Parmi les espèces que j’ai observées par trans- parence , les unes , entre autres la Polia mutabilis, ne n’ont mon- tré qu'une colonne charnue très étroite, formée par une substance homogène transparente, que sillonnaient seulement vers sa base quelques fibres en stries extrêmement fines (4). Chez d’autres espèces d’une taille plus considérable , chez la Polia glauca par exemple , j'ai trouvé une disposition assez remarquable. De l’ex- trémité antérieure de la coloune partaient quatre bandes trans- parentes , bien distinctes, qui tournaient en spirale en se portant en arrière, et s’entre-croisaient ainsi plusieurs fois. Arrivées vers le bas de la colonne, elles se réunissaient, et formaient une gaîne _ fibreuse à fibres longitudinales (5). Il est probable que ce sont là autant de faisceaux musculaires, et que la disposition que nous venons de décrire a pour but de faciliter la dilatation très consi- dérable qu’éprouvent les parois de la bouche lorsque la trompe est lancée au dehors par l'animal. L'intérieur de cette première portion du tube intestinal est, (1) PI. 9, fig. 4; PL. 40, fig. 2 (4) PL. 10, fig. 2. (2) PL 9, fig. 4; PI, 40, fig. 2. (5) PL 10, fig. 3. (3) PI, 9, fig. 4, \ DE QUATREFAGES. — SUR LES NÉMERTES, 247 comme tout le reste, couvert de cils vibratiles (1); mais on n°y distingue pas les papilles, de dimensions souvent assez considé- rables , que nous trouverons dans la trompe et dans l'intestin. 2 Trompe. En arrière de la masse musculaire dont j'ai parlé plus haut commence la trompe proprement dite (2). Le diamètre tant intérieur qu’extérieur de cette seconde portion du tube ali- mentaire est beaucoup plus considérable que celui de la portion précédente, et la structure en est bien plus compliquée. Jusque dans les plus petites espèces, on voit naître de la masse qui leur sert de point d'attache deux couches musculaires à fibres longi- tudinales (3). Les fibres transversales ne sont que peu ou point appréciables chez les Polia filum, mutabilis et quelques autres; mais chez les espèces de plus grande taille on les voit former une couche intermédiaire (4). Les deux couches musculaires que je viens de mentionner ne sont pas immédiatement appliquées l’une sur l’autre. Elles sont au contraire bien distinctes et réunies seulement par un tissu trans- parent, homogène, qui forme un grand nombre de brides, de petites colonnes charnues très extensibles (5). Cette espèce de tissu cellulaire laisse aux deux plans musculaires l’indépendance d'action dont ils avaient besoin pour remplir leurs fonctions. En dedans des couches musculaires on voit une couche homo- gène transparente, et qui correspond , au moins par sa position , à la muqueuse intestinale des animaux supérieurs. Cette mem- brane est hérissée de papilles toujours très distinctes, et qui dans quelques espèces présentent des dimensions assez considérables, Nous citerons entre autresla Polia mandilla , V Artesia maculata et surtout la Polia coronata. Xci ces papilles, en forme de mamelons allongés (6), n’ont pas moins de 1/30 de millimètre de long sur 1/90 de millimètre environ d'épaisseur. Leur substance homogène très finement granulée se confond avec celle de la muqueuse elle- même. Elles sont d’ailleurs hérissées de cils vibratiles, (4) PL. 40, fig. 2. (4) PI. 42, fig. 3. (2) PL 8, fig. 1; PI. 9, fig. 4; PI.10, (5) PL 10, fig. 2. fig. 2. (6) Rech. an, et phys., PL. 43, fig, 10. (3) PI. 40, fig. 2, ef. 218 DE QUATREFAGES. — SUR LES NÉMÉRTES, La trompe , à partir de son origine, n’est pas libre et flottante dans la cavité médiane dont nous avons parlé. Dans la première portion de son trajet, elle est renfermée dans une sorte de canal formé par un plan de fibres qui forme une espèce de plancher à la face supérieure de cette cavité. Ce plancher commence au dia- phragme vertical dont nous avons parlé plus haut, et ses fibres sont transversales. C’est là un fait facile à reconnaître par la dissection chezles grandes espèces qu'on examine au moment de leur mort. Si l’on ouvre par la face abdominale un cadavre conservé dans l’al- cool et fortement contracté, le plan musculaire dont nous parlons se montre sous la forme d’un bourrelet faisant saillie dans l’in- térieur de la cavité centrale. Si l’on pratique une coupe trans- versale, ce bourrelet devient beaucoup plus distinct et présente une section irrégulièrement arrondie, dans l’épaisseur de laquelle on distingue deux ouvertures (1). L'ouverture supérieure, qui est de beaucoup la plus grande, est précisément le canal destiné à loger la trompe. On ne rencontre pourtant cette dernière en place qu'assez rarement, parce que pendant les contractions violentes qui accompagnent l’agonic des Némertiens elle a été ou rendue par la bouche, ce qui arrive presque toujours à certaines Polies (P. mandilla), où détachée à son origine et retirée dans l’abdo- men, ou enfin quelquefois rompue ct rejetée en partie au dehors, ce qui a causé plusieurs erreurs sur lesquelles nous reviendrons plus loin. ; Dans les espèces qui se prêtent à l'observation par transpa- rence, le plan musculaire dont nous parlons se reconnaît aussi, quoique avec quelque difficulté, surlout chez les plus petites. La direction de ses fibres, qui croisent à angle droit les fibres longitu- dinales du corps, produit pendant les mouvements de l'animal des illusions d'optique dont on a quelquefois peine à se rendre compte et qui sont presque toujours des effets de moiré (2). En arrière du plan dont nous parlons, on trouve encore sur une certaine étendue du corps des colonnes musculaires transversales qui maintiennent la trompe et une portion de l'intestin à la voûte (1) PL 8, fig. #. (2) PI 9, ga). | DE QUATREFAGES. — SUR LES NÉMERTES. 219 de la cavité centrale. Ces colonnes diminuent de nombre et de volume à mesure qu’on avance vers la partie postérieure du corps, et disparaissent presque entièrement vers le milieu du trajet du tube alimentaire. 3° OEsophage. En arrière de la trompe se trouve la portion du tube digestif que je propose de désigner sous le nom d’æso- phage. Bien que cette dénomination, je le comprends fort bien, ne soit pas à l’abri de toute critique, elle me paraît propre à dé- signer ce point, où l’on trouve toujours au moins un rétrécissement marqué , et qui sépare de l'intestin proprement dit les parties de l'appareil digestif qui, servant à la préhension des aliments, sont toujours plus ou moins dépendantes de ce qu'on peut assimiler à la bouche des animaux plus élevés (1). Dans la première partie de ce Mémoire, nous avons vu que l'œsophage est quelquefois très simple. Dans toutes les Valencinies et les Borlasies que j’ai examinées sous ce rapport, je l’ai vu formé par un épaississement considérable des parois, d’où résulte un rétrécissement de la cavité interne , rélrécissement qui correspond quelquefois à un renflement peu marqué à l'extérieur. C’est ce qu'on observe dans la Borlasia angliæ. Dans la F'alencinia longi- rostris, cette partie du tube digestif est distinguée de celle qui la précède et de celle qui la suit par deux étranglements annulaires , et la cavité très étroite est tout-à-fait cylindrique (2). Dans la Nemertes antonina , l'œsophage présente en quelque sorte la forme d’une bouteille renversée (3) ; sa cavité est également très étroite et à peu près uniforme d’une extrémité à l’autre. (1) Ce que je dis ici s'applique également aux Annélides. Bien que la trompe ait été considérée par quelques naturalistes comme une portion de l'in- testin,, je crois que cette manière de voir sera abandonnée par tous ceux qui au- ront examiné, même assez rapidement, la trompe de plusieurs espèces, de l'Eunice sunquinea, par exemple. Dans cette Eunice cet organe forme une sorte de cul-de- sac, et l'ouverture œsophagienne est placée vers la partie antérieure de cette poche. D'autres Annélides errantes m'ont montré des faits tout semblables. Ici on ne saurait douter que la trompe ne soit une dépendance de la bouche. (2) Rech. anat. et phys., PL 9, fig. 5. (3). Id., PI. 42, fig. 6. 250 DE QUATREFAGES. — SUR LES NÉMÉRTES, Parmi les quatre Gérébratules que j'ai pu examiner, trois m'ont présenté des faits analogues à ceux dont je viens de parler. Un seul, le Cerebratulus spectabilis, m’a montré dans cette partie une disposition d'autant plus remarquable, que je n’ai rien observé d’analogue chez aucun Némertien. L'œsophage est armé d’une plaque cartilagineuse courbée en forme de faucille, présentant d’un côté une sorte de manche épais, arrondi et se terminant en pointe à l’autre extrémité (4). Le bord convexe de cette plaque est armé de fortes dents recourbées et aiguës. J'ai dit plus haut comment, ayant égaré le dessin qui représentait la disposition des parties, je suis obligé de m'en rapporter sur ce point à mes souvenirs. Je crois me rappeler que cette pièce était logée dans l'épaisseur des tissus, à l'entrée de l’œsophage, et que les dents seules faisaient saillie daps l’intérieur. Dans la Némerte balmée, dans toutes les Polies que j'ai exa- minées , l’œsophage est très différent de ce que nous venons de voir. Toujours ses parois, très épaisses, présentent plusieurs étran- glements et renflements disposés quelquefois de la manière la plus élégante. De plus, on y rencontre un appareil stylifère qui mérite une attention spéciale. Chez toutes les espèces que je viens de rappeler, l’æsophage est séparé de la trompe et de l'intestin par deux étranglements plus ou moins prononcés (2). Avant d'atteindre l’étranglement antérieur, les parois de la trompe s'épaississent considérablement et l’ori- fice antérieur de l’æsophage est extrêmement étroit. Une dispo- sition analogue s’observe en arrière de l’œsophage, à l’origine de l'intestin. De plus, j’ai distingué autour de l’orifice antérieur, met- tant en communication la trompe et l’œsophage, un sphincter com- posé de fibres circulaires, et les fibres rayonnantes qui m'ont paru être indépendantes des couches musculaires ordinaires de la trompe (3). Entre ces deux points , l’œsophage présente dans sa forme , et (1) PL. 40, fig. 7. (2) Voir tous les dessins d'œsophage distribués dans les planches 9 à 17. (Rech. anat. et phys.) (3) PI. 9, fig. 2. DE QUATREFAGES. — SUR LES NÉMERTES. 251 d’une espèce à l’autre, des variations assez sensibles, dont les dessins ci-joints donneront une idée plus complète que ne pour- raient le faire les descriptions les plus minutieuses. On remarquera toutefois qu’au milieu de ces différences spécifiques on retrouve toujours le type général dont la Polia mandilla présente l’expres- sion simple et complète par ses deux masses distinctes (1), que sé- pare un étranglement assez prononcé, et qui ont chacune leur cavité propre communiquant ensemble par un canal étroit (2). La structure des parois de l’œæsophage diffère essentiellement de celle qu’on observe dans tout le reste du tube alimentaire, qu’on l’examine chez les Némertiens où il consiste en un simple étranglement, ou chez ceux de ces animaux où il offre la dispo- sition la plus compliquée. Ces parois présentent tout d’abord une apparence d'homogénéité et un pouvoir deréfraction qui leur donne presque l’aspect du cristal. Mais avec un peu de persévérance et en employant les macérations ou quelques réactifs chimiques tels que les acides chlorhydrique et acétique, on reconnaît assez faci- lement l'existence de fibres transversales. Quant à des fibres longitudinales appartenant à l’œsophage lui-même, je n’ai pu en distinguer. Les parois dont je viens de parler sont revêtues intérieurement d’une membrane continue avec la muqueuse de la trompe et de l'intestin, mais plus épaisse. Cette membrane m’a paru généra- lement lisse et dépourvue de cils vibratiles dans la cavité æsopha- gienne antérieure. Dans la cavité postérieure, au contraire, elle est souvent couverte de papilles (3) et présente des cils vibratiles. Mais ce que l'organe qui nous occupe en ce moment présente sans contredit de plus curieux, c’est l'appareil stylifère dont il est armé. Je vais décrire avec détail cet appareil tel que je l’ai ob- servé dans la Polia mandilla et la Nemertes balmea , et me con- tenterai de signaler ensuite les différences essentielles que j’ai ren-- contrées sur d’autres espèces. La pièce essentielle de cet appareil est un stylet composé lui- même de deux parties, la pointe et le corps. La pointe a tantôt la (A) PI. 9, fig. (2) PL, 9, fig. (3) PI. 9, fig. 2. 1 t© 292 DE QUATREFAGES, — SUR LES NÉMERTIES, forme d’un cône très eflilé, un peu renflé en fuseau, arrondi à sa base (1), mais le plus souvent celle d’un cône semblable, soudé à une petite sphère (2). Il est d’une substance solide, transpa- rente , réfractant fortement la lumière. Dans toutes les Polies, le corps est ovoïde, allongé, un peu plus épais en avant qu’en ar- rière, et ressemble à celui de la Polia mandilla (3). DanslaNemertes balmea, il est très allongé, renflé vers le tiers postérieur et s’épa- tant à son extrémité postérieure (4). Chez cette espèce on distingue une couche extérieure composée de la même matière que la pointe, etrenfermant une substance granuleuse beaucoup moins solide (5). Dansla Polia mardilla et les autres Némertiens, ce corps est formé seulement d’une matière granuleuse , évidemment moins dense que celle de la pointe, mais qui paraît acquérir plus de solidité vers la partie antérieure (6). Lorsqu'on place un de ces stylets isolés dans l’ammoniaque liquide, on voit le corps se dissoudre ou se désagréger dans sa plus grande étendue, La partie la plus voisine de la pointe persiste seule, et il reste une trame extrêmement légère. Lorsqu'on emploie l'acide hydrochlorique, au contraire, tout est dissous, ou on ne voit plus qu’une sorte de nuage très faible qui reproduit à peu près la figure du corps. On peut conclure de ces faits que le stylet tout entier est formé par une trame animale dans laquelle s’est déposé un sel calcaire dont la proportion va en augmentant d’arrière en avant, et dont la quantité est beaucoup plus considérable dans la pointe que dans le corps. Quoi qu'il en soit, le stylet est placé dans une poche creusée dans l'épaisseur des parois de l’œsophage. J'ai distingué dans la Nemertes balmea la membrane propre de cette cavité; mais je n'ai pu la reconnaître de même dans les Polies, bien qu’elle y existe aussi très probablement (7). La forme de cette cavité varie. Elle renferme en arrière une quantité plus ou moins con- sidérable d’une substance granuleuse, d’un aspect glanduleux, (1) Rech. anat. et phys., PI 10, Ge. 7. (5) Id., PI. 40, fig. 7. (2) PL 9, fig. 2. (6) Le, PI. 45, fig. 3. (3) PI 9, fig. 2:48 (7) PI. “à fig. 2: Rech. anal. et (4) Rech. anat. et phys., PI. A0, fig. 7. phys., PL 10, fig. 7. DE QUATREFAGES. — SUR LES NÉMERTES. 9253 dans laquelle s'enfonce le corps du stylet, et qui est probablement l'organe sécréteur de ce dernier. La poche dont nous parlons vient s’ouvrir en dessus et en avant de l’æsophage, sur le bord de l’orifice qui le fait communiquer avec la trompe. Sur les côtés de la poche qui renferme le stylet on voit dans les deux espèces dont nous parlons ici deux autres cavités dont les parois propres, très visibles chez la Vemertes balmea (A), ne peu- vent se reconnaitre dans la Polia mandilla (2). Chez toutes deux ces poches ou cavités renferment un corps granuleux, très trans- parent dans la Polie, demi-opaque dans la Némerte et d’un aspect glandulaire. Je suis très porté à le regarder comme un organe sécréteur destiné à produire un liquide venimeux pour les ani- maux que les Némertiens veulent attaquer ou contre lesquels ils peuvent avoir à se défendre. En effet, les cavités dont nous par- lons débouchent dans celle du stylet, et celui-ci doit toujours être baigné par le liquide que peuvent fournir les corps glandulaires qui nous occupent. Or, nous avons vu plus haut que les blessures faites par ce petit poignard étaient instantanément mortelles pour de très petits êtres comme les Entomostracés, effet qu'il serait difficile d'attribuer à une action purement mécanique, et qui nous paraît attester la présence d’un venin très actif. Au reste, dans un assez grand nombre d'espèces, je n’ai pu distinguer ni les glandes ni les cavités qui les renferment, soit qu’elles n’existent réellement pas , soit qu’elles se confondent à raison de leur trans- parence avec les tissus voisins. Le stylet et ses annexes immédiates que nous venons de décrire sont probablement susceptibles d’être portés en avant par deux bandes musculaires très fines, qui s’attachent à toute la partie postérieure de la cavité stylifère (3). On voit que l’action de ces muscles, en comprimant les cavités où se trouvent les glandes, doit faciliter le résultat que nous venons d'indiquer, en exprimant et en versant immédiatement dans la plaie le produit de ces organes sécréteurs, (4) Rech. anat. et phys., PI. 10, Gg. 7. (2) PL. 9, fig. 2 ; Rech. anat. et phys., PI. 15, fig. 3. (3) PL 45, fig. 3. 19 5h DE QUATREFAGES. — SUR LES NÉMERTES. Dans tous les Némertiens chez lesquels j'ai observé l’appareil que je viens de décrire, le stylet est placé au-dessus de la cavité æso- phagienne antérieure. Je n’ai rencontré qu’une seule exception que m'a présentée la Polia coronata. Xci le stylet correspond à la cavité postérieure et se trouve ainsi rejeté tout-à-fait en ar- rière(1). À côté de l'appareil que nous venons de décrire on trouve ce que j'ai appelé les poches styligènes. Ce sont des cavités ovoïdes plus ou moins allongées laissant apercevoir des parois propres dans la Nemertes balmea, paraissant creusées dans l’épaisseur des parois de l’æsophage chez les Polies. Ces cavités contiennent depuis 2 jusqu'à 15 ou 16 corps semblables à des pointes de stylet en voie de développement. Quelquefois, surtout chez la Mémerte balmée , on apercoit même un commencement de la tige du sty- let (2). Quelquelois aussi ces corps semblent prendre naissance sur quelques granulations qui rappellent l'organe glandulaire que nous avons regardé comme pouvant servir à la sécrétion de la tige du stylet. Ce qu’il y a de plus singulier, c’est que toujours ces corps, prenant naissance aux deux extrémités de la poche, sont opposés pointe à pointe (3). Les poches styligènes sont en général au nombre de deux, et placées à droite et à gauche du stylet. Telle est la disposition qu'on observe dans la Némerte balmée et dans la plupart des Polies. Cependant cette règle présente quelques exceptions remarqua- bles. Dans la Polia vermiculus, ces poches sont situées l’une au côté dorsal, l’autre au côté ventral de l'extrémité antérieure de l’œsophage (4). Dans la Polia armata , ces mêmes organes sont au nombre de quatre, et placés sur les côtés aux extrémités (1) Rech. anat, et phys., PL. 13, fig. 8. (2) Id., PI. 40, fig. 9. (3) Zd., Voir les planches, de 9 à 47. (Rech. anat. et pays.) (4) 1d., PI. 6, fig. 44. — J'ai retrouvé depuis un fait semblable sur une Polie qui habite les eaux douces; mais ici il m'a paru que la position anormale des poches styligères tenait à la contraction des parties, et que dans l'état de liberté elles étaient placées comme à l'ordinaire. Peut-être en est-il de même pour la Polia vermiculus. ri DE QUATREFAGES. — SUR. LES NÉMERTES. 255 de la première moitié de l’œsophage (1). Enfin, dans les Polia quadrioculata et humilis, nous ne trouvons qu’une seule de ces poches styligènes (2). &° Intestin. En arrière de l’œæsophage commence l'intestin pro- prement dit. Les couches qui entrent dans sa composition sont les mêmes que dans la trompe, si ce n’est que les couches mus- culaires sont proportionnellement beaucoup moins épaisses. Les papilles qu'on rencontre sur la muqueuse sont aussi d'ordinaire plus petites que dans la trompe, mais leur surface est, comme dans celles de cette dernière , toute couverte de cils vibratiles. L'intestin, en partie maintenu par les brides musculaires dont nous avons parlé plus haut, flotte dans la cavité moyenne (3) en formant denombreuses sinuosités ; mais il n’atteint pas l’extrémité postérieure de la cavité qui le renferme. Arrivé à une distance qui varie selon les espèces, vers le quart postérieur pour la plu- part, il diminue de diamètre, son calibre intérieur surtout se rétré- citrapidement et la muqueuse cesse d’être distincte. La cavité elle- même disparaît, et on voit l'intestinse replier etrevenir en avant en présentant l'aspect d'un simple cordon. A une certaine distance de ce point de rebroussement, ce cordon, qui n'offre plus de traces d’un canal inférieur, s'implante dans la paroi dorsale de la cavité abdominale et se confond avec les tissus voisins (4). Je viens de rapporter les faits tels qu’ils s’observent par trans- parence dans le plus grand nombre des cas. Déjà ils suffisent pour montrer que ce qu'on a admis jusqu'ici touchant l'existence d'un anus postérieur terminal ne saurait être exact. I1n°yapasdavantage d’anus dorsal. Quelques espèces présentent les particularités les plus propres à nous éclairer sur ce point. Dans l'OErstediaornata, par exemple, espèce que sa taille m'a permis de disséquer, j'ai vu le tube digestif adhérer à la paroi abdominale par un gros faisceau composé de fibres d’un aspect musculaire (5). En ouvrant cetintes- tin, je vis son canal intérieur se terminer brusquement en cul-de- sac (6). Icipourtant on pourrait dire qu'il existait peut-être un canal (1) Rech. anat. et phys., PLAT, fig. 7. (4) PL 8, fig. 1. (2) Zd., PL. 4, fig: #et 12. (5) PL 40, fig. 4 et 5. ) (3) PL 8, fig. 4. (6) PL 40, fig. 5. 256 DE QUATREFAGES. -— SUR LES NÉMERTES. que sa petitesse aurait dérobé à mes recherches ; mais cette erreur n’était plus possible dans la Polia coronata. Chez cette dernière espèce, le gros faisceau dont nous venons de parler se ramifie, les rameaux qui en partent s’attachent aux parois abdominales sur un espace assez considérable (1). Ici le tronc paraissait réellement musculaire. Je le voyais se contracter, et ses fibres bien distinctes semblaient se continuer avec celles de l’intestin. Mais les ramifi- cations elles-mêmes semblaient être purement tendineuses. Elles ne présentaient pas de mouvements propres et étaient seulement agitées par les ondulations du liquide. L’intestin se terminait également en cul-de-sac. Dans l'individu qui a servi à faire le des- sin ci-joint, l'intestin avait encore à son extrémité 1/10 de milli- mètre en diamètre, Les dernières ramifications du faisceau qui Jui servait d'attache avaient à peine 1/250 de millimètre. Tels sont les faits d’après lesquels je me crois autorisé à regar- der les Némertiens comme présentant un intestin aveugle, comme étant dépourvus d’anus. RÉFLEXIONS. Les naturalistes qui se sont occupés jusqu’à ce jour de l'or- ganisation des Némertes sont loin d’être d'accord sur appareil digestif. Fabricius a vu le véritable tube intestinal, et a reconnu sa nature; mais il a cru qu'il se terminait à l’ouverture ventrale, que nous avons déjà désignée comme étant l’orifice génital. Il à pourtant vu sortir et entrer la trompe (2) , et il est dès lors difficile d'expliquer son erreur ; du reste, il admet l’existence d’un anus postérieur terminal, Ehrenberg, Dugès, Johnston , Delle Chiaje, ont reconnu la position réelle de la bouche, et par conséquent aussi la nature réelle du tube digestif; mais tous ont admis un anus terminal. Cependant Dugès, dans le dessin qu'il donne de son Prostomum clepsinoides, à représenté l'intestin s’arrêtant vers le tiers postérieur (3). Johnston déclare même avoir vu plusieurs fois l’inéestin interrompu, et n’arrivant pas jusqu’à (1) PL 40, fig 6. (3) Loc. cit , PI, 47, fig. 5. (2) Loc. cit., p. 58, plu, fig: 2, 8. DE QUATREFAGES. — SUR LES NÉMERTES. 257 l'extrémité du corps. Il à figuré cette disposition sur la Vemertes melanocephala. Les auteurs que nous venons de citer sont ceux qui ont le plus approché de la vérité. Cuvier avait pris évidemment la tête pour la queue, et.cette erreur, reconnue par M. Duméril qui avait observé l'animal vivant, a été également relevée par M. de Blainville ; mais ce dernier a regardé l'ouverture génitale comme la bouche, et a admis l'existence d’un anus terminal (1). MM. Quoy et Gai- mard ont adopté en tout la manière de voir de M. de Blainville. Ratbke , tout en reconnaissant la nature d’une portion du tube digestif qu’il à retrouvé dans l’abdomen de sa Borlasie, a cru qu'il aboutissait à l'ouverture génitale. Il a décrit et figuré la trompe séparée de l'intestin par rupture et extroversée, comme un organe de tact (2) ; il a d’ailleurs admis l'existence d'un anus et d’une ventouse terminale, Nous avons dit plus haut que cette dernière erreur tenait sans doute à ce que l'individu examiné par lui s'était rompu peu avant son immersion dans l'alcool, ou par suite de cétte immersion même. En pareil cas, en effet, les parties, en se contractant, peuvent très bien simuler une sorte de ventouse, au centre de laquelie l’habile anatomiste que nous combattons en ce moment aura trouvé béante la cavité centrale où est logé le véritable intestin. Huschke et OErsted se sont encore plus éloignés de la vérité en regardant le tube digestif comme formant une dépendance de l'appareil génital. Huschke, trouvant dans la cavité médiane de son Votospermus drepanensis le canal alimentaire entortillé, crut que cet organe , qui était pour lui un pénis , avait pénétré dans ce qu'il prenait pour l'intestin, par suite de quelque rupture. Quant à OErsted , la détermination qu'il a adoptée l’a conduit à admettre l'existence d'une quatrième cavité , dont , ainsi que nous l'avons dit plus haut, nous n'avons pu trouver de traces. Tout en se trompant sur la détermination du tube digestif, OErsted a fort bien vu qu'il n'atteignait pas l'extrémité du corps, qu'il se recourbait , et que ses dernières parties étaient pleines. Il (4) Loc. cil., p. 575. (2) Loc, rit., fig: 8. 3 série, Zoo. T VE {Novembre 1S#6.) 1 17 258 DE QUATREFAGES. SUR LES NÉMERTES. à aussi reconnu la disproportion qui existe souvent entre la por- tion qui précède l'appareil stylifère et celle qui le suit. Cet auteur ne connaissait pas les planches que j'avais données de cet appa- reil, quand il a publié les siennes ; et cet accord entre deux observateurs, qui diffèrent d’ailleurs sur l'interprétation des faits, est la plus grande garantie de l'exactitude de ces der- niers. Parmi les auteurs que nous avons signalés, il n’en est qu’un petit nombre qui aient reconnu la distinction à établir entre les diverses parties de l'organe qui nous occupe , et qui aient vu l’ap- pareil stylifère. Dugès, le premier, en signala l'existence dans ses Prostomes ; mais il représente les stylets en voie de développement, comme formant de chaque côté une sorte de mâchoire destinée à retenir la proie, tandis que le stylet agirait à la manière d’un poignard (4). J'ai dit plus haut, en parlant de la f’alencinia dubia, qu'il me paraissait probable que c'était une erreur produite par la déformation des parties. OErsted, au contraire, et Johnston paraissent avoir bien vu l’æsophage et son appareil stylifère. Ce dernier s’est même servi de l’absence ou de la présence de cet appareil pour caractériser ses deux genres Nemertes et Borlasia ; mais on a pu voir que ce caractère manquait de fixité. Il est évident, en effet, que la Ve- mertes balmea (Nob.) est ou une Vémerte, comme nous le pen- sons, ou une Borlasie (2) : or, toutes les autres espèces de ces deux genres manquent d'appareil stylifère, tandis que celui de la M. balmea est très complet (3). Faudrait-il donc pour ce seul carac- tère l’éloigner des espèces auxquelles elle ressemble tellement par son facies, par ses habitudes, par l’ensemble de son organisa- tion? Nous n’avons pas cru devoir le faire, au moins encore. Peut-être, lorsqu'un plus grand nombre de Némertiens auront été étudiés avec le soin nécessaire, pourra-t-on mieux juger des affinités qui doivent servir à grouper les espèces, et peut-être (1) Loc. cit., PI. 3, fig, 41. (2) Bien entendu que nous donnons ici à ces deux noms de genre la valeur que nous leur avons attribuée dans la partie zoologique de ce travail. (3) Loc cit., t, XXEPI. 9; figb: DE QUATREFAGES, — SUR LES NÉMERTES, 259 alors la Némerte balmée devra-t-elle être éloignée des espèces dont la trompe n’a pas d'arme offensive ; mais jusqu'à cette époque, je crois qu’on pourra conserver le groupement que j'ai proposé. Si l’on compare les diverses déterminations proposées par les auteurs que nous venons de citer pour l'organe qui nous occupe, on reconnaitra que nous nous trouvons d'accord avec ceux qui ont le plus vu et étudié la nature vivante. Les opinions embrassées par Fabricius, par Rathke, tiennent évidemment à ce qu'ils ont examiné des individus incomplets , déformés par la contraction , et chez qui la même cause avait amené dans l’appareil digestif des solutions de continuité, L'erreur où est tombé OErsted , et que Siébold paraît disposé à accepter , est plus difficile à expli- quer. Jamais je n’ai rien vu qui püût autoriser à regarder comme üne dépendance de l'appareil sexuel le tube alimentaire des Né- mertiens, et les détails que je donnerai plusloin laisseront, j'espère, peu de doute à cet égard. La manière de voir embrassée par OErsted permet de com- prendre la possibilité de l’existence d’un anus terminal; mais cette possibilité n’existe plus dès l’instant qu'on reconnaît pour l’in- testin le tube flottant dans la cavité moyenne du corps : car, ainsi que nous l’avons dit, et comme l’a vu aussi OErsted lui-même, ce tube n’atteint pas l'extrémité postérieure. Il faut donc admettre que Dugès et ceux qui ont partagé son opinion n'avaient pas poussé leurs observations aussi loin que cela eût été nécessaire, et qu'ils n’ont en réalité vu qu’une portion de l’in- testin. Cependant, on pourrait croire aussi que Dugès entre autres a été induit en erreur par suite même de ses moyens d’observa- tion. Lorsqu'on comprime une Polie sans régler et modérer la pression , il arrive souvent que le corps se contracte en même temps que l'intestin est refoulé en arrière. J’ai vu quelquefois en pareil cas une rupture se faire, et l'animal se vider plus ou moins complétement en arrière. C’est probablement un fait de ce genre qui a trompé Johnston; mais, je le répète, toutes les fois qu'on agira avec précaution et dans des conditions favorables , on verra l'intestin se recourber avant d’avoir atteint l'extrémité du corps 260 DE QUATREFAGES. — SUR LES NÉMERTES. Mais si l'anus ne peut être terminal, n’existerait-il pas ailleurs, soit sur la face ventrale, soit sur la face dorsale ? J’ai cru d’abord qu'il en était ainsi. Le cordon simple qui termine d'ordinaire l'intestin, et qui lui sert d'attache, observé par transparence, soit sur des animaux vivants, soit après avoir été enlevé du corps des grandes espèces , avait laissé subsister des doutes dans mon esprit. Ge n’est qu'après des observations très multipliées, et sur- tout après avoir vu les dispositions que j'ai décrites dans la F'alen- cinia ornala et la Polia coronata, que j'ai acquis une conviction que partageront certainement tous ceux qui voudront bien répéter mes recherches avec le soin nécessaire. La grandeur relative des parties qui entrent dans la composi- tion du tube digestif des Némertiens n’a rien de constant, Dans le plus grand ombre des cas, la trompe est plus courte que l'in- testin, mais souvent aussi elle est remarquablement plus longue : dans la Polia vermiculus , par exemple, elle forme les 3/4 de la longueur totale. Le diamètre de ces deux parties varie aussi beau- coup ; il est plus considérable tantôt dans la trompe, tantôt dans l'intestin. On ne peut guère conserver de doutes lorsqu'on a observé plusieurs espèces vivantes, sur le rôle que joue l’appareil stylifère : c'est une arme offensive qui agit au moment où l’animal lance sa trompe. Johnston a vu cet organe sortir du corps, mais seule- ment par compression. Il à tenté vainement de provoquer le même phénomène en irritant l’animal ; cette manœuvre produit en effet un résultat tout contraire; il n’a pas réussi davantage en le plon- geant dans l'alcool. 11 est évident d’après cela qu'il n'a pas eu en sa possession la Polia mandilla, car cette espèce , jetée brusque- ment dans la liqueur, rejette presque toujours sa trompe qui se détache. La même chose m'est arrivée avec quelques autres espèces, entre autres avec le Cerebratulus crassus. Ce mouvement d’extroversion qui porte en avant et au dehors une partie du tube digestif s’accomplit seulement sur la trompe, et se propage d’arrière en avant, Le dessin ci-joint, fait d’après un animal agissant en pleine liberté, peut donner une idée de l'aspect que présentent alors ces parties (1). Deux causes me D) PH, fi 1. DE QUATREFAGES, —; SUR LES NÉMERTES, 251 paraissent concourir pour produire cet effet : d’abord la couche musculaire externe de la trompe, qui, par sa contraction, tend à tirer en arrière et à dilater le tube digestif: puis la poussée du liquide renfermé dans la cavité abdominale (4). On comprend que ces deux effets, agissant simultanément, doivent forcer la trompe à se déployer à la manière d’un doigt de gant. Du reste , ce mou- vement s'arrête toujours à la hauteur du stylet (2). J'ai appelé poches styligènes les cavités qu'on rencontre sur les côtés du stylet ; je les crois, en effet, destinées à sécréter des stylets qui viennent remplacer celui qu'un accident peut avoir enlevé. Les détails dans lesquels je suis entré plus haut rendent, ce me semble, cette manière de voir très plausible ; mais je n’ai rien pu observer directement qui indiquàt comment se fait ce remplacement. OErs- ted, qui regarde le stylet comme servant à l’excitation des organes génitaux, a pensé aussi que les poches styligènes étaient char- gées de tenir toujours prêts un certain nombre de ces instruments, mais il n’a pas pu plus que moi reconnaître comment les nou- veaux formés venaient se placer dans le lieu occupé par l’ancien. Peut-être la poche styligène se transporte-t-elle tout entière par suite de l’évolution des tissus quand l'appareil stylifère a été dé- chiré ; peut-être alors tous les stylets en voie de formation s’atro- phient-ils au profit d’un seul qui persiste. Si les conjectures que je hasarde ici sont exactes, il pourrait arriver que dans un moment donné on ne trouvät qu'une seule poche styligène chez un indi- vidu qui en possédait deux quelque temps auparavant , et, dans ce cas, le nombre de ces poches n’aurait plus évidemment, comme caractère zoologique , la valeur que je lui ai attribuée plus haut, (1) Les fonctions que j'assigne ici au liquide de la cavité générale se retrou- vent ailleurs que chez les Némertiens. Chez certaines Annélides errantes, il est exactement le même. Chez les Tubicoles, le liquide dont nous parlons, chassé par les contractions du corps dans les cirrhes de la tête, détermine leur extension. Chez les Rotateurs, c'est encore par un mécanisme tout semblable que l'appa- reil cilié est repoussé au dehors, On voit que ce liquide , si négligé jusqu'à pré- sent, joue dans la physiologie des animaux inférieurs un rôle des plus impor- Lants. (2) Rech. anat. et phys., PI. 17, fig. 47 262 DE QUATREFAGES. — SUR LES NÉMERTES, $ V. Appareil circulatoire, Les Némertiens possèdent une circulation complète. L'appareil servant à cette fonction forme un système de vaisseaux continus à parois propres très distinctes. Le liquide renfermé dans ces ca- naux est différent de celui qui baigne les cavités du corps. Nous reviendrons plus loin sur ce que ces faits ont à nos yeux de vrai- ment remarquable. 1° Vaisseaux. On trouve dans le corps des Némertiens trois vaisseaux : deux sont placés sur les côtés et un peu en dessous (1); le troisième est médian et dorsal (2). Ces trois vaisseaux se réunis- sent en arrière en augmentant de volume (3). Cette augmenta- tion est portée chez quelques espèces à un point tel que les vais- seaux semblent se confondre en une cavité commune occupant toute la largeur du corps ; toutefois c’est là un fait que je n’ose- rais affirmer. Les deux vaisseaux latéraux marchent d’arrière en avant jus- qu'au diaphragme qui sépare la cavité céphalique du reste du corps; ils traversent cette cloison musculaire , et pénètrent dans la tête en croisant les troncs nerveux près de leur origine (4). Le tronc vasculaire médian est placé, dans la plus grande partie de son trajet, immédiatement sous les couches musculaires sous- cutanées (5). Arrivé au plan musculaire que nous avons vu for- mer une gaîne particulière à la portion antérieure de la trompe, il pénètre dans son épaisseur, et suit un canal particulier placé sous celui de la trompe (6). Il pénètre ainsi dans la cavité cépha- lique : là il se bifurque : chacune de ses branches se porte laté- ralement jusque vers le point où les troncs nerveux croisent le vaisseau latéral ; puis elle se recourbe, forme autour du ganglion (1) PL 8, fig. 4; PL 9, fig. 1; PL 44, fig. 4. (2) PL 8, fig. 43 PL. 9, fig. 4; PI, 44, fig. 4. (3) PL 8, fig. 4; PI. 44. fig. 4. (4) PL 9, fig. 1 (5) PL 8, fig. 5, L. (6) PL. 8, fig. 1 et 4, 1; PI. 9, “fig. 4. DE QUATREFAGES. — SUR LES NÉMÉRTES, 263 cérébral un cercle presque complet, et revient s’anastomoser sur les côtés avec le vaisseau latéral (1). Les vaisseaux du corps ainsi réunis forment dans la tête une seule anse légèrement flexueuse , et d’un calibre plus considérable que celui des branches qui lui ont donné naissance (2); cette anse suit les contours de la tête , immédiatement au-dessous ‘des couches sous-cutanées. L'existence et la position des vaisseaux que nous venons de décrire se reconnaît très facilement chez certaines espèces qui se prêtent à l'observation par transparence et qui ont le sang rouge. Chez celles dont le sang est incolore, il est assez difficile d’abord de reconnaître la vraie disposition des vaisseaux autour du cer- veau. Mais quant aux autres détails, on les reconnaît sans peine, gräceaux contractions des vaisseauxeux-mêmes. Lorsqu’uneondée de sang arrive, elle en distend les paroïs, qui dessinent alors dans le corps de l’animal des lignes ondulées plus claires , et avec un peu d'habitude de* ces sortes de manœuvres on parviendra sans trop de peine à vérifier tous les faits que je viens de signaler. Les vaisseaux dont nous parlons ont bien certainementdes parois propres. C’est là un fait dont on peut s'assurer sur les grandes Bor- lasies , même conservées dans l’alcool. En faisant une coupe trans- versale à peu de distance de la tête, on voit la cavité annulaire des vaisseaux encore engagés dans les tissus, soit du plan musculaire dont nous avons parlé, soit de la couche qui revêt la cavité géné- rale du corps (3). On distingue tout autour une couche bien dis- tincte et qui leur appartient en propre. En pratiquant une coupe semblable vers le milieu du corps, on retrouve ces vaisseaux, mais libres et tenant seulement aux parois du corps par des brides comme ligamenteuses (4). Au reste, l’observation par transparence ne pouvait laisser aucun doute à cet égard. Plusieurs fois j’ai vu ces vaisseaux isolés au milieu des cavités latérales ou génitales ; je les ai vus serpenter parmi les cæcums des ovaires, se distendre ou se contracter alter- (1) PI. 8, Mg. API. 9, fig. 4° (4) PI. 8, fig. 5, lim,m; PI. 44, (2)Pl: 8, Gg45 PI: 9, fig. 1: fig. 3; c; PI. 19, fig. 4. 3) PL 8, fig. 4, Lm,m. 26/ DE QUATREFAGES, — SUR LES NÉMERTES. nativement (1). Dans les individus remplis d'œufs, j'ai trouvé le vaisseau dorsal quelquefois entièrement rejeté sur le côté ; j'ai vu aussi les œufs s’interposer entre le vaisseau et les parois du corps (2) : faits qui ne peuvent s'expliquer que par l'existence de parois propres et par une certaine liberté dés vaisseaux dans les cavités qu’ils parcourent. % Sang. Les vaisseaux que nous venons de décrire sont rem- plis par un liquide assez ordinairement entièrement incolore. Maïs dans quelques espèces ce sang est d’un rouge plus ou moins foncé, tirant quelquefois un peu sur le jaunâtre , comme dans la Polia sanguirubra (3) et le Cerebratulus depressus : d’autres fois d’un beau rouge vineux foncé, comme dans le Cerebratulus crassus. Quelquefois, mais bien plus rarement , cette couleur semble varier selon que le sang est accumulé en quantité plus ou moins consi- dérable. Dans la Polia bembixæ, par exemple , lorsque ce liquide est en lames minces, il est jaune-verdâtre ; il devient rouge foncé par l’accumulation. Il y a là, on le voit, un phénomène analogue à celui que nous avons signalé plus haut, du même ordre que ceux dont les physiciens ont signalé plusieurs exemples, et qui tiennent à une absorption plus ou moins complète de certains rayons du spectre par suite de la superposition des couches traversées par la lumière. Le sang des Némertiens ne m'a presque jamais présenté de globules ni même de granulations irrégulières, Dans les espèces à sang rouge, le principe colorant est dissous dans la masse comme chez les Annélides et certaines larves d'insectes. Je n'ai pas même retrouvé ici ces corpuscules à peine perceptibles par les plus forts grossissements, et que l’on apercoit dans le sang des grandes Anné- lides errantes, des Eunices, par exemple. La Polia bembix seule m'a montré des globules assez réguliers, et qui reproduisaient les phénomènes que j'ai signalés plus haut en parlant de ceux que renferme la cavité du corps. JIPL. 19; fig. de (3) PI. 12, fig. 1. / ue 04 2) DE QUATREFAGES. — SUR LES NÉMERTES. 265 RÉFLEXIONS. Les faits que je viens de rapporter me paraissent avoir pour les naturalistes qui se préoccupent des rapports des êtres entre eux un intérêt assez marqué. L'appareil circulatoire des Némertiens nous présente un exemple de dégradation des plus frappants, en ce qu'il est réellement un appareil circulatoire d’Annélide dont on aurait supprimé toutes les ramifications en ne laissant subsister que les troncs eux-mêmes. Nous retrouvons en effet ici le tronc médio-dorsal, les troncs latéraux inférieurs, et jusqu’à cette anse céphalique, jusqu’à ce cercle qui entoure le cerveau, et que pour notre part nous avons rencontrés chez toutes les Annélideserrantes que nous avons examinées sous ce rapport (1). _ Si je n’avais étudié que des espèces à sang incolore, je n’ose- rais aflirmer que les troncs vasculaires n’ont pas de ramifications. Mais il serait bien difficile qu'elles m'eussent échappé chez les Némertiens, dont le sang est aussi richement coloré que chez les Néréides elles-mêmes. Tous les naturalistes qui ont fait quelques observations de ce genre savent avec quelle facilité on aperçoit chez ces dernières, même chez les plus petites espèces, les rameaux les plus déliés, et il n’y a aucune raison, ce me semble, pour que le même observateur, employant les mêmes instruments, n’eût pas apercu ces ramifications chez les Némertiens comme chez les Annélides, si elles existaient dans les deux cas. Au reste, je dirai en passant qu'une des Annélides errantes que j'ai eu occasion d’é- tudier à Bréhat m'a présenté des faits presque entièrement sem- blables. 11 n'existait chez elle que les troncs principaux et un très petit nombre de branches d’un fort calibre ; les ramifications pro- prement dites avaient disparu. Ici encore la couleur très foncée du sang ne pouvait me laisser de doute, (1) C'est un fait anatomique que je crois être général chez tous les Annelés de ce groupe. Le cercle vasculaire dont je parle est même très gênant pour les observations par transparence, et permet rarement de distinguer le cerveau avec quelque netteté ; seulement, chez les Annélides errantes, il y a de plus un cer- tain nombre de branches qui passent soit dessus, soit dessous le cerveau ; mais leur disparition , chez les Némertes, n'est pas plus surprenante que celle des divisions vasculaires du reste du corps. 266 DE QUATREFAGES, — SUR LES NÉMERTES, Je n'ai apercu nulle part, dans le système circulatoire des Némertes, de parties qu’on püût appeler du nom de cœur. Chez quelques espèces, les points d’anastomoses sont plus dilatés , et peut-être ont-ils une action spéciale dans l’acte de l'impulsion du sang. J'en dirai autant de la dilatation observée en arrière. Mais il est bien évident pour celui qui a observé ces animaux en vie, qu'ici, comme chez les Annélides, les vaisseaux sont contrac- tiles dans toute leur étendue , ce qui rend inutile l’existence d’un cœur proprement dit, d'autant plus que, par suite de l’absence de ramifications fines, le sang n’éprouve pas de déperdition de force, comme chez les Annélides, Le mouvement du liquide dans l'appareil vasculaire des Némer- tiens diffère pourtant de ce qu'on voit chez les Annélides. Et d’abord il est à remarquer que, par suite des anastomoses du tronc médian avec les troncs latéraux, la circulation de la tête et celle du corps peuvent être indépendantes l’une de l’autre. Aussi ne se correspondent-elles pas toujours. J’ai vu, rarement il est vrai, l’anse céphalique se contracter seule, et le sang, passant d’un côté à l’autre , faire le tour de la tête. Plus souvent l’anse céphalique reste inerte, tandis que le sang afflue par un des vaisseaux du corps et s'écoule par les deux autres. Mais d'ordinaire voici comment les choses se passent. Un des vaisseaux latéraux donne une ondée dirigée d’arrière en avant. Le flot parcourt l’anse céphalique, et lorsqu'il a dépassé l’anastomose du côté opposé, le vaisseau dor- sal donne son ondée qui distend l'anse céphalique et s'écoule en partie à la suite de l’ondée précédemment fournie par un des vais- seaux latéraux, Au reste, ces mouvements n’ont rien de régulier dans leur succession, et le sang arrivè ou s’en va tantôt par un vais- seau tantôt par un autre, Il n’y a donc pas circulation régulière proprement dite, mais seulement oscillation du liquide sanguin. Plusieurs naturalistes ont parlé de l'appareil circulatoire des Némertiens. Pourtant il me paraît bien probable qu’il a échappé aux recherches de la plupart d’entre eux, au moins en grande partie. Tous ont regardé comme en faisant partie les ganglions du cerveau qu'ils ont pris pour des cœurs. Ehrenberg, Schultze, Huschke, Johnston, Delle Chiaje, Dugès, OErsted, sont tombés DE QUATREFAGES. — SUR LES NÉMERTES, 267 dans la même méprise, ce qui s'explique par la couleur inusitée du cerveau et des nerfs : aussi plusieurs d’entre eux déclarent-ils n'avoir pu reconnaître de contractions ni de dilalations dans ce qu'ils appellent le cœur et les vaisseaux. Ehrenberg , Johnston , Schultze, OErsted, sont très explicites à cet égard. OErsted ajoute qu’à une certaine distance du cœur (cerveau), il a perdu de vue les vaisseaux, qui semblent disparaître, C’est qu’en effet les troncs ner- veux latéraux qu'il a pris pour des vaisseaux perdent leur colora- tion à peu de distance de la tête et deviennent presque impossibles à distinguer au milieu des tissus. Dugès, qui a vu battre les vais- seaux de la tête, mais qui a cru également que les lobes du cerveau étaient des cœurs , a figuré les anses céphaliques d’une manière assez reconnaissable (1); cependant elles sont bien plus simples qu'il ne les représente, et surtout elles ne sont pas en continuité avec le cerveau. Le naturaliste de Montpellier a été trompé par la coloration de quelque nerf céphalique. Johnston, qui prit également les ganglions cérébraux pour des cœurs, n’a pu reconnaître les rap- ports du vaisseau dorsal avec ses vaisseaux latéraux (troncs ner- veuæ). 1l en est de même de Delle Chiaje. Ce dernier parle en outre de rameaux qui, se détachant d’une veine médiane , iraient se porter aux cæcums des organes génitaux. L’anatomiste italien a sans doute été trompé ici par les brides qui traversent les ca- vités du corps. Toutes ces opinions s'expliquent très bien du moment qu’on admet les faits tels que je les ai décrits. Mais pour bien com- prendre la disposition de ces parties, il faut connaître le système nerveux : aussi reviendrons-nous plus loin sur cette discussion. Ici nous ajouterons seulement que, même sur les espèces à sang in- colore, il est très aisé de suivre d’une extrémité à l’autre les véri- tables vaisseaux une fois qu’on les a aperçus, et que leurs con- tractions , leurs dilatations s’observent, en général , avec une extrême facilité. Pour ne pas avoir vu ces mouvements, il faut nécessairement que les naturalistes, qui nous ont précédé dans cette étude , n'aient pas vu les vaisseaux eux-mêmes. {1) Loc. cit., PI, 2, fig. 6. 268 DE QUATREFAGES, — SUR LES NÉMERTES. S VI. Appareil respiratotre. 11 m'a été impossible de découvrir chez les Némertiens d’appa- reil respiratoire spécial ; mais à en juger par l’analogie, cet appa- reil était ici inutile. Il était représenté par la surface tout entière du corps, dont la structure et les cils vibratiles rappellent précisé- ment l’organisation des organes respiratoires d’autres animaux. Nous avons vu, dans la première partie de ce travail, que chez certains Némertiens il existe sur les côtés de la tête des fentes ou des fossettes garnies de cils vibratiles plus longs que sur les autres points du corps, et où les téguments deviennent beaucoup plus minces, perdent leur pigment coloré et acquièrent une grande transparence. Dans la Borlasie d'Angleterre, entre autres, ces fossettes sont très grandes (1) ; mais en revanche elles Co complétement dans un très grand nombre d'espèces. Huschke est, je crois, le premier qui ait voulu voir dans ces fos- settes l'ouverture d’un appareil d'irrigation interne par où l’eau pourrait arriver dans des vaisseaux latéraux (troncs nerveux ). OErsted a adopté une manière de voir un peu différente ; pour lui aussi les fossettes servent d’orifice à des canaux qui pénètrent dans l'intérieur de la tête , mais ces canaux vont porter l’eau autour des cœurs ( ganglions cérébraux). A croit donc à l'existence d’un véritable appareil respiratoire interne, à des espèces de trachées aquifères. Ce naturaliste n’a eu à sa disposition que des espèces à sang incolore , et, croyant la couleur rouge du cerveau due au sang qui le remplirait, il a attribué à de l’eau ainsi introduite la transparence plus grande que prend la tête au moment où une forte ondée de sang arrive dans ses anses vasculaires, transparence qui est surtout sensible autour du cerveau à cause du cercle vas- culaire qui l'environne, Ratbke, qui avait reconnu la véritable nature du cerveau, a regardé les fossettes dont nous parlons comme des organes de tact. 11 a bien vu qu’elles n'étaient nullement ouvertes à l'intérieur. Pas plus que Rathke, je n'ai pu trouver d'ouverture à ces fos- (1) Rech, anat. et phys., PL 9, Gg. 7. DE QUATREFAGES. — SUR LES NÉMERTES, 269 settes, qui, lorsqu'elles existent, peuvent être plus ou moins pro- fondes, mais qui ne m'ont jamais paru communiquer avec l’inté- rieur. Ce qui a dû tromper OErsted, c’est l'existence des fortes branches nerveuses qui s’y rendent, et l’amincissement des tégu- ments (1). Nous reviendrons sur. ce sujet en parlant des organes des sens. Une des raisons qui, indépendamment de ce que nous enseigne l'observation, aurait presque suffi pour faire rejeter l’idée d’OErs- ted , c’est le peu de constance de ces organes. Plus que personne nous sommes convaincu qu'il faut être très réservé en appliquant à des animaux aussi dégradés que les Némertiens les principes de l’analogie, très bons peut-être pour les animaux supérieurs. Cependant il y a généralement un tel accord entre les appareils circulatoire et respiratoire, et dans une famille aussi naturelle que celle dont nous parlons il serait si fort en dehors de tous les faits de voir l’un de ces systèmes paraître et disparaître sans que l’autre éprouvât le moindre changement, que la qualité d’organe de respiration nous semblerait pour cela seul ne devoir être attribuée aux fossettes céphaliques qu'avec la plus grande réserve. Si c’est la surface entière du corps qui joue le rôle d’organe respiratoire , il s'ensuit que la respiration doit s'exercer principa- lement et plus immédiatement sur le liquide qui remplit les gran- des cavités quesur le sang lui-même, puisque celui-ci est renfermé dans des vaisseaux qui sont entourés par le liquide dont nous parlons. Cette conséquence obligée peut paraitre étrange au pre- mier abord ; cependant elle n'aura rien de bien surprenant pour les personnes familiarisées avec l'étude des «nimaux inférieurs. Parmi les Annélides errantes elles-mêmes, il s’en trouve qui nous présentent des faits entièrement semblables. $ VII. Appareil génital. Les sexes sont séparés chez les Némertiens. Chez les mâles et les femelles les organes génitaux sont entièrement semblables , occupent la même position et ne diffèrent que par les produits, œufs ou Spermatozoïdes. (1) PL 44 270 DE QUATREFAGES. — SUR LES NÉMERTES. 1° Ovaires et testicules. Nous avons dit plus haut que la cavité moyenne ou cavité abdominale du corps était séparée des deux cavités latérales par des espèces de cloisons verticales. C'est à ces cloisons qu’adhère l’organe reproducteur formé par une suite de cœcums plus ou moins digités, comme chez la Bor- lasie d'Angleterre (1), ou simples, comme dans le plus grand nombre des autres espèces (2). Les parois de ces ovaires sont gé- néralement assez épaisses, et leur transparence est souvent assez peu prononcée. Dans la Borlasie , elles paraissent formées de di- verses couches de cellules, et garnies extérieurement de cils vibratiles (3) ; cette structure rappelle un peu celle que nous avons décrite et figurée dans les Edwardsies (4). Hors du temps de la reproduction, on ne trouve dans les cæcums dont nous venons de parler qu’une liqueur plus ou moins opaline, et qui doit cette teinte à des corpuscules formés de gra- nulations irrégulièrement agglomérées. Les mâles et les femelles se ressemblent sous ce rapport. 2 OEufs. Lorsque les organes génitaux entrent en action, on trouve chez les femelles l'ovaire rempli d’un liquide où nagent des corps en apparence très différents les uns des autres. On y voit entre autres des sphères entièrement homogènes et diaphanes, tan- tôt isolées, tantôt plus où moins entourées de granulations (5). On y rencontre encore, surtout chez la Polia quadrioculata, des gouttelettes oléagineuses d’un beau jaune d’or. En général , ces organes ne renferment pas d'œuf complet et bien caractérisé. Ce n’est que dans les cavités latérales du corps qu’on peut ob- server ces derniers, et, dans plusieurs circonstances, chez un grand nombre d’espèces, je les ai vus à divers état de développe- ment. Quelquefois, chez la Polia quadrioculata , par exemple, je trouvais les moins avancés comme enchâssés dans les mailles du tissu lacuneux ; mais le plus souvent ils flottent pêle-mêle dans ) (2) PL 40, fig. A; PL. 44, fig. 2; PI.49, fig. 4 (3) PL. 12, fig. 4. (&) Ann. des Sc. nat., t. XVIII, PI, 2, Gg. 10 ) (1) PL 40, fig. 8. (5) PL. 44, fig. 2. DE QUATREFAGES. — SUR LES NÉMERTES. 971 cette cavité, entre les cœcums et les parois du corps (1). On distingue très aisément chez eux le vitellus proprement dit, dont l'enveloppe propre échappe longtemps aux regards de l’observa- teur , et la vésicule de Purkinje toujours plus ou moins apparente; mais je n’ai pu reconnaitre de tache de Wagner, peut-être par suite du défaut de transparence. Lorsque les œufs ont acquis tout leur développement , ils far- cissent pour ainsi dire le corps entier , et quelquefois refoulent entièrement en haut et en avant l'intestin qui se contracte et semble tendre à s’atrophier. En même temps, ils effacent presque complétement la cavité médiane (2). Pressés alors les uns contre les autres, ils perdent la forme sphérique , et se groupent comme nous l'avons représenté ici (3). A cette époque , la mem- brane enveloppante est bien distincte, et on peut même la croire séparée du vitellus par une couche très mince de matière transparente. Le nombre et le volume de ces œufs varie avec les espèces. Nous avons représenté ici une Polia quadrioculata dans un moment où les œufs n’avaient pas encore pris tout leur développement, Dans les Borlasies, dans les Némertes, le nombre en est bien plus considérable , et leur volume est bien moindre relativement à ce- lui du corps de l’animal. Une évaluation approximative me ferait porter à sept ou huit mille au moins le nombre des œufs dans une Némerte balmée de taille moyenne. 3° Spermatozoïdes. Les Némertiens mâles nous présentent des faits très semblables à ceux que nous venons de voir chez les femelles, A l’époque de la reproduction , on voit chez la Nemertes balmea les cæcums testiculaires se remplir de granulations de di- vers diamètres, tantôt isolées, tantôt groupées, et réunies en masses arrondies (4); mais je n’y ai pas rencontré de Spermatozoïdes entièrement développés. La même observation s'applique à la a ps) £ = ge” og 19 © >= à ; PL 9, fig. 3 et 4; PI. 44, fig. 4. 272 DE QUATREFAGES. — SUR LES NÉMERTES. Polia baculus et au Cerebratulus crassus , dont j'ai trouvé aussi les Spermatozoïdes. Ce n’est que dans les cavités latérales du corps que j'ai vu ces derniers bien caractérisés; mais là encore ils se mon- trent à divers états de développement, depuis des masses granu- leuses, assez semblables à celles qui remplissent les ovaires, jusqu'à des aggrégats de Spermatozoïdes pourvus de leurs queues (1), et jusqu'à des Spermatozoïdes isolés. Le développement des Spermatozoïdes relativement au volume du corps m'a paru comparable à ce que nous avons dit des œufs. Dans une des Polia baculus mâles que j'ai examinées , le tube digestif était également refoulé en haut et en avant, et la cavité où il flotte presque entièrement effacée. Les Spermatozoïdes des Némertiens n’ont encore été décrits que par OErsted, qui à figuré ceux de son Notospermus flaccidus (2). Il les représente comme ayant une forme naviculaire allongée et étant dépourvus de queue. Ceux que j'ai vus dans les trois espèces mentionnées plus haut sont très différents ; ils ont tous un corps et une queue extrêmement fins, et qui, pour être distingués, sur- tout chez la Polia et le Cerebratulus, ont exigé l’emploi d’une très forte lentille n° 10 de Nachet. Chez la Némerte balmée, j'ai pu reconnaître l’existence de cet appendice à l’aide d’une des excellentes lentilles n° 9 de George Oberhaüser (3). Les Sper- matozoïdes de la Nemertes balmea ont le corps allongé, étroit, presque également atténué aux deux extrémités (4). Ge corps a à peine 1/150 de millimètre de long sur 4/450 de millimètre en diamètre ; la queue est d’une longueur presque double. Dans la Polia baculus et le Cerebratulus crassus, le corps est presque pyriforme , et a tout au plus 1/200 de millimètre de long; la queue est environ deux fois plus longue. (4) PI. 9, Gg. 6; PI. 42, fig, 2. (2) Loc. cit., PI, 3, fig. 55. (3) Je me servais, dans les deux cas, de l'oculaire n° 3 du grand microscope de Gzorge Oberhaüser. (4) PI. 9, fig. 6. — Le graveur a représenté ce corps en général trop renflé antérieurement, DE QUATREFAGES. — SUR LES NÉMERTES. 273 Ces Spermatozoïdes conservent leurs mouvements caracté- ristiques assez longtemps après être sortis du corps de l’animal. La première fois que je les aperçus, ce fut dans un grand vase de verre où j'avais placé une Némerte balmée prise dans le milieu du jour. Il était alors sept heures du soir. Le sperme éjaculé for- mait au fond du vase un nuage d’un blanc mat, lequel consistait uniquement en Zoospermes, les uns libres, les autres encore réunis en petits groupes. Au bout de quatre heures , le nuage s’é- tait dissipé , et les Spermaiozoïdes s'étaient répandus dans tout le liquide , dont la masse pouvait être évaluée à au moins deux litres. Une goutte de ce liquide, de 2 millimètres de diamètre , prise à la surface , dans le point le plus éloigné de l'endroit où avait eu lieu l’éjaculation , renfermait environ cinquante Spermatozoïdes ; leurs mouvements, très vifs dans l’eau de mer, cessaient presque instantanément par l’addition de l’eau douce. Le lendemain, à huit heures du matin , ils étaient encore très actifs ; mais, dans la journée , ils périrent tous, soit que leur somme de vitalité fût épuisée , soit que le manque de renouvellement du liquide accélé- rât ce qu'on pourrait appeler leur mort (1). RÉFLEXIONS. Parmi les animaux qui forment la famille des Némertiens , le nombre des mäles paraît être de beaucoup inférieur à celui des femelles. Sur au moins cent cinquante individus examinés à l’é- poque de la reproduction, j'ai à peine rencontré cinq à six mâles : et Sur trente-quatre espèces que j'ai étudiées à l’état vivant, je n’ai vu lès mâles que de trois seulement. Il est presque inutile de faire remarquer qu'une disproportion plus considérable encore , entre les individus des deux sexes, a déjà été signalée pour certains (1) J'emploie ces expressions pour faire comprendre que je ne regarde nulle- ment les Spermatozoïdes comme des animaux proprement dits, mais seulement comme des espèces d'organes pouvant conserver une certaine somme de vitalité après s'être séparés de l'appareil où ils ont pris naissance. Cette manière de voir ne m'est d'ailleurs pas personnelle et est aujourd'hui celle de la plupart des z00- logistes français : MM. de Blainville, Edwards, Duvernoy, ele., l'ont professée depuis longtemps. 3° sérte. Zooz. T. VE. (Novembre 1846.) 18 » 274 DE QUATREFAGES. — SUR LES NÉMERTES. Intestinaux ; au reste, je ne serais pas surpris de voir ce fait se généraliser, À mesure que l’organisation se dégrade chez les ani- maux inférieurs , il semble que le sexe femelle prédomine davan- tage. Déjà, sous ce rapport, les Annélides errantes présentent une tendance assez manifeste, et, autant que mes recherches me permettent d’en juger, les mâles y sont sensiblement moins nom- breux que les femelles. Le nombre considérable des œufs qu’on rencontre chez les fe- melles, l’envahissement du corps entier par ces produits de l'ovaire , le refoulement presque complet de l'intestin, nous ex- pliquent peut-être une des opinions qui ont été émises sur des ani- maux très différents des Némertiens, mais qui leur ressemblent, sans doute , par leur grande fécondité, On sait que quelques natu- ralistes ont regardé la Filaire de Médine comme une sorte de sac ou de capsule ovigère. Il est probable que chez cet Intestinal, comme chez nos Némertes, les œufs ont seulement rempli momen- tanément la cavité entière du corps, et empêché de distinguer les autres organes. Des considérations analogues expliqueront peut- être aussi d’une manière très simple ce que quelques helmin- tologistes nous ont appris sur des capsules ovigères animées et vivantes. Le développement des œufs chez les Némertiens me paraît mériter de fixer un instant l'attention. Il me semble évident qu'ils se forment dans les cæcums, dont j'ai désigné l’ensemble sous le nom d’ovaires. Les petites sphères homogènes transparentes me paraissent n'être autre chose que les vésicules de Purkinje encore isolées. Les granulations qui viennent les recouvrir sont les pre- miers rudiments du vitellus ; mais aussi il est bien évident que ces œufs n’achèvent pas leur développement dans l'organe où ils ont pris naissance, et qu'ils n’acquièrent toute leur perfection que dans la cavité latérale du corps ; aussi est-il facile d'expliquer l'o- pinion vers laquelle semble pencher Johnston , qui se demande si ces cœcums ne seraient pas une dépendance des organes de la digestion. Les Spermatozoïdes nous présentent des faits tout semblables. Eux aussi commencent à se montrer dans les cœcums, ou, pour DE QUATREFAGES. — SUR LES NÉMERTES. 975 parler plus exactement, c'est là que naissenl les masses qui se résoudront plus tard en Spermatozoïdes (1). Lorsqu'on examine seulement ces cœcums génitaux même er pleine activité, il est bien diflicile, pour ne pas dire impossible, de reconnaître si l’on a sous les yeux un organe mâle ou un organe femelle. Les granulations régulières ou irrégulières qui les rem- plissent se ressemblent presque entièrement. Il faut que ces masses tombent dans la cavité latérale pour y acquérir leur caractère propre par un développement ultérieur, On peut bien dire que chez les Némertiens les organes générateurs se ressemblent non seulement par leur position, par leur forme , mais encore jusqu'à un certain point par leurs produits. En d’autres termes, on peut dire que les œufs et les Spermatozoïdes ont chez ces animaux, dans les premiers temps de leur apparition, des ressemblances très grandes qui ne s’effacent que plus tard. La plupart des auteurs qui se sont occupés de l’organisation des Némertiens ont reconnu la vraie nature des organes génitaux. Mais aucun , excepté Johnston, n’a parlé du rôle important que jouent ici les deux cavités latérales du corps. Dugès a cru que les cœcums communiquaient au dehors par des ouvertures latérales. OErsted a embrassé la même opinion et a même figuré ces ouver- tures (2). Probablement ces deux naturalistes auront été trompés par quelque rupture. Je reproduis ici un dessin copié rigoureuse- ment d’après ce qui s’est passé sous mes yeux (3). On verra qu'il est impossible de croire à une communication des cœcums avec l'extérieur. Au reste, comme je l’ai dit plus haut, OErsted paraît ne pas avoir vu les cavités latérales , et dès lors il a dû être plus (4) J'ai fait connaître des faits semblables chez les Annélides (Comptes-rendus de l'Académie des Sciences, séance du 28 août 1843). Les détails que j'ai recueillis depuis cette époque me permettront de compléter ce que j'ai dit à ce sujet quand il me sera possible de publier mes recherches sur les animaux de cette classe. (2) Loc. cit., PI. 3, fig. 54. (3) PI. 42, fig. 2. — Les téguments se sont rompus ; les couches musculaires sous- jacentes ont fait hernie au dehors et, en se divisant , ont laissé s'échapper des masses z00spermiques qui se résolvent en Spermatozoïdes. 276 DE QUATREFAGES. — SUR LES NÉMERTES. facilement trompé par un accident de la nature de celui que j'ai retracé ici, S VIII. Système nerveux. Le système nerveux des Némertiens est parfaitement caractérisé et très facile à reconnaître sur les espèces qu’on peut étudier par transparence. Quelques précautions suffisent pour le trouver aussi sur les grandes espèces dont la taille permet d'employer la dissec- tion. Chez la Borlasia angliæ on peut sans trop de peine le mettre à découvert et reconnaître ses principales dispositions même chez des individus conservés depuis longtemps dans l'alcool. Cet appareil, d’ailleurs très simple, est composé d’un cerveau et de deux troncs latéraux , fournissant de nombreux filets à la tête et au corps. 1° cerveau. Le cerveau des Némertiens se compose de deux ganglions souvent considérables comparativement au volume de la tête, placés dans la cavité céphalique des deux côtés de l’æso- phage (1). Ces deux masses principales sont réunies par une ban- delette qui passe sous l’œsophage (2) et dont les dimensions tou- jours très considérables varient d’ailleurs selon les espèces (3). Un très petit filet, passant d’une masse à l’autre par dessus la trompe , complète le collier œsophagien (4). De.ces deux masses principales partent en avant les nerfs cé- phaliques. Le nombre des troncs varie, et sans doute aussi dans bien des circonstances n’ai-je pu les distinguer tous. En général il m'a paru que les rameaux médians se portaient vers la trompe etvers la portion du tube digestif que j'ai désignée sous le nom de bouche. En dehors de ces rameaux, un certain nombre se dirige vers les yeux. Enfin les plus extérieurs, quelquefois d’un volume considérable, se portent vers les fossettes céphaliques ou vers la place qu’elles occupent quand elles existent. Chacun des ganglions latéraux dont je viens de parler semble être essentiellement formé de deux masses qui se seraient soudées 1. 8,-fig. 14et2; PI. 9, fig. 4. (1) P ) PI. 9, fig. Let 3. )Y ) PI \ (2 (3 Mig Er anat. et phys., planches 9 à 17, et Ja planche 45. (4 DE QUATREFAGES. — SUR LES NÉMERTES, 277 el plus où moins confondues en chevauchant un peu l’une sur l’autre de dedans en dehors (1). De la portion antérieure et interne partent surtout les nerfs qui se rendent à la tête. La portion pos- térieure et externe donne naissance aux troncs nerveux latéraux et à quelques filets qui se portent vers la trompe (2). Lorsqu'on dissèque une grande Borlasie , on reconnaît que le cerveau proprement dit est renfermé dans une sorte de dure-mère fibreuse fort épaisse et qui fournit, soit aux troncs latéraux, soit aux nerfs de la tête, des gaînes fibreuses très fortes (3). Chez les petites espèces, cette enveloppe ne peut d'ordinaire se distinguer, La substance du cerveau elle-même est transparente, diaphane, légèrement globulineuse. J'ai cru reconnaître dans l’intérieur des ganglions, soit enexaminant descerveaux de Borlasie coupés trans- versalement, soiten comprimant avecprécaution certaines espèces, que chacun de ces ganglions présentait un ventricule très petit relativement à la masse (4). Par les mêmes moyens j’ai cru distin- guer dans la bandelctte qui les unit deux faisceaux de fibres, qui à leur entrée dans les ganglions divergeraient en se portant l’un en avant, l’autre en arrière (5); mais je n’oserais trop compter sur l’exactitude de ces observations que leur difficulté rend un peu incertaines. Chez un grand nombre de Némertiens, mais non pas chez tous, le cerveau est plus ou moins coloré. Nous avons insisté sur ces différences dans la première partie de ce travail. Cette coloration, lorsqu'on examine les animaux par transparence, semblerépandue dans la masse entière et ne pas s'arrêter à l'enveloppe. Ce qui me semble militer en faveur de cette opinion, c’est que la coloration est quelquefois bornée à certaines parties du cerveau comme dans la Polia berca (6) et la Polia opaca (7). 2% Troncs nerveux latéraux.Ges troncs nerveux se détachent du cerveau en arrière, se portent immédiatement sur les côtés, tra- versent le diaphragme vertical dont nous avons parlé et règnent (1) Voyez les planches de 9 à 17, (4) Rech. anat. etphys., Pl.15,fig. 44. Rech. anat. el phys. (5) 1d., PL. 15, fig. 44. (2) PL 8, fig. 1. (6) 1d., PI. 45, fig. 14. (2) PL. 43, fig. 9. (7)1d., PL. 44, fig. 5. 278 DE QUATREFAGES. — SUR LES NÉMERTES. d'une extrémité à l’autre du corps (1). De ces troncs partent d'espace en espace des filets qui se portent probablement aux couches musculaires, mais que je n'ai jimais pu suivre assez loin pour être certain de ce fait. Dans ce trajet, les troncs dont nous parlons sont placés entre la couche musculaire à fibres longitudinales et la couche muscu- laire à fibres transversales ; mais ils paraissent y être entourés d’une enveloppe propre. On peut aisément s’assurer de ce fait par une simple coupe d’une Borlasie conservée dans l’alcool. On voit très distinctement sur les côtés la tranche de ces nerfs qui se distinguent à la première vue des tissus voisins (2). Je n'ai distingué le long de ces troncs primitifs aucune trace de véritables ganglions. Seulement les filets qui en partent sont assez irrégulièrement épatés à leur base, et quelquefois on pourrait croire qu'il ÿ a là une sorte de renflement; mais cette particula rité ne se reproduit pas d’une manière constante (3). La coloration du cerveau se prolonge quelquefois sur les troncs nerveux, mais jamais elle ne s'étend à une grande distance de leur origine, Quant aux filets nerveux qui en partent, je les ai presqué toujours trouvés entièrement incolores. Dans la Polia berea, ils présentent la teinte orangée qui caractérise le cerveau lui- même (4) : aussi est-ce dans cette espèce que j'ai pu les voir avec le plus de précision. RÉFLEXIONS. De tous les auteurs qui se sont occupés de l’organisation des Némertiens, M. Rathke et moi sommes les seuls qui ayons regardé comme appartenant au système nerveux l'appareil que je viens de décrire, Dès la fin de 1841, j'avais communiqué à la Société Philomatique , et inséré dans le journal l’Institut, un extrait des observations que je venais de faire sur ce sujet pendant mon sé- jour aux îles Chausey (5). Rathke, en publiant l’année suivante 1) PLS, fig. d: PI. 9, fig. 1. (3) PL. 9, fig. 1. (2) PL 8, fig. 4 ét 5. (4) Rech. anat. et phys., PL 15, fig. 14 >) Séance de la Société philomatique, 27 novembre 1844, (L'Institut, n° 416.) ( (2) (é DE QUATREFAGES. — SUR LES NÉMERTES, 279 son Mémoire sur la Borlasia (1), n’a certainement pas eu connais- sance de cette Note, et néanmoins nous nous trouvons être pleine- ment d'accord sur tous les points essentiels, Il y a là, j ’ose le croire, une garantie pour ces résultats. M. Rathke a décrit et figuré de la manière la plus nette les deux masses latérales, et la bandelette ou commissure sous-æsopha- gienne. Les petits filets qui représentent la commissure sus-æso- phagienne lui ont échappé. Pour quiconque aura essayé de dissé- “quer des Némertiens , cette omission n’aura rien d’extraordinaire, Dans le courant de mes recherches, j'avais bien entrevu ces filets ; je les avais même réproduits dans quelques croquis, mais toujours j'avais cru reconnaitre en définitive que ce n'étaient que des brides semblables à celles qu'on trouve dans plusieurs autres points. Cependant les résultats auxquels m'avait conduit l’étude des Planaires, ceux surtout que l’examen des Vers intestinaux venait de donner à M. Blanchard, firent naître des doutes dans mon esprit, M. Blanchard voulut bien, à ma prière, rechercher s’il n’existerait pas de bandelette supérieure ; et sur une Valencinie, il trouva le filet supérieur dont j'ai parlé plus haut, Sans doute, l’existence de cette commissure supérieure diminue ce qu’aurait eu d’étrange un cerveau, composé seulement de deux masses latérales et d’une bandelette sous-æsophagienne (2). Toutefois, le système nerveux des Némertiens n’en est pas moins très remarquable, surtout lorsqu'on le compare à ce qui existe chez les types voisins et chez les Annélides. En effet, le système nerveux des Animaux pleuronères dérive de celui des Annélides , et celui-ci consiste essentiellement en un cerveau ou masse ven- trale sus-æsophagienne formée de deux lobes accolés, et en une chaîne ventrale, par conséquent sous-æsophagienne. (1) Beitræge zur Vergl. anat. und phys. (Neuste schrif. der Naturforsch. gess. in Danzig 1842.) (2) On avait attribué à tort cette disposition au système nerveux des Lingua- tules. M. Blanchard vient de s'assurer que ces [ntestinaux, si remarquables sous tant d'autres rapports, possèdent un véritable cerveau d'Annelé et un collier æso- phagien complet, indépendamment de la portion sous-æsophagienne qui avait seule été vue jusqu'à lui. 250 DE QUATREFAGÉS. — SUR LES NÉMÉRTES. Dans les Branchiobdelles et les Péripates , la chaîne ganglion- naire est remplacée par les cordons latéraux ; mais le cerveau per- siste avec ses caractères essentiels de forme et de position. Dans les Planaires et les Distomes, on peut dire que la portion antérieure de la chaîne ganglionnaire est allée se souder aux gan- glions cérébroïdes pour constituer le cerveau, qui reste sus-æso- phagien. Chez les Nématoïdes , le cerveau se partage en deux portions, et chaque lobe se porte sur les côtés à la rencontre des ganglions sous-æsophagiens qui restent d’ailleurs distincts. Des bandelettes ou commissures placées au-dessus et au-dessous de l’æsophage complètent le collier nerveux : ces commissures sont d’ailleurs égales. — M. Blanchard a développé ailleurs ces considérations , que je ne présente ici qu’en abrégé. C'est avec ce système nerveux des Nématoïdes que celui des Né- mertiens présente le plus de rapports. Chez eux aussi, un ganglion sous-æsophagien se réunit de chaque côté à un des lobes du cerveau pour former une des deux masses latérales; mais ici, c’est dans le cerveau que la séparation semble être la plus complète. Les lobes ne sont unis que par de très grêles filets, tandis que ce qui persiste des ganglions sous-æsophagiens est réuni par une forte et solide commissure. Les masses nerveuses , qui, dans les autres groupes , tendent à se concentrer au-dessus de l’æsophage , ten- dent ici à se centraliser au-dessous. Ajoutons que chez les Néma- toïdes, le système nerveux est excessivement réduit, tandis que le volume des masses centrales, celui des nerfs latéraux, celui même des troncs céphaliques , est vraiment remarquable chez les Némertiens. Je viens de dire que Rathke et moi avions seuls reconnu la disposition du système nerveux ; en effet, le plus grand nombre des naturalistes est très explicite sur ce point. Dugès, qui con- fondait dans la même famille les Planaires et les Némertiens (Prostomes, Dug.), à appliqué à ces derniers ce qu'il avait cru trouver chez les premières. Bien plus, comme j’ai essayé de le faire voir dans mon Mémoire sur les Planariées marines (1), la (1) Mém, sur quelques Planariées marines (Ann. des Sc. nat., t. IV, p. 129). DE QUATREFAGES. — SUR LES NÉMERTÉS, 281 circulation, qu'il avait bien vue dans les Prostomes, l’a confirmé dans les erreurs où l'avait entraîné l’examen des Planaires. Il à d’ailleurs regardé le cerveau comme un double cœur , et cru à des communications qui , ainsi que je lai dit plus haut, n’existent bien certainement pas. Johnston , qui, lui aussi, a regardé le cerveau comme un cœur, à néanmoins admis l’existence d’un système nerveux distinct. Il a cru trouver un cerveau, d’où partiraient en rayon- nant un grand nombre de filets; il a placé ce centre nerveux à quel- que distance de la tête, à la face inférieure de l'animal {1). I n'y a là, nous croyons pouvoir l’assurer , aucun organe qui ait des rapports même éloignés avec le système nerveux ; mais l’anato- miste anglais a sans doute été trompé par une particularité que nous avons plusieurs fois observée. Sur les petites espèces qu'on examine par transparence , l'ouverture génitale présente souvent l'aspect que nous reproduisons ici (2): et si on compare notre figure à celle de Johnston , on verra sans peine que ce qu’il ap- pelle le cerveau n’est autre chose que cette ouverture elle-même , et que ses filets nerveux sont les stries produites par les fibres musculaires divergeant en tout sens autour de l'ouverture. Quant aux autres naturalistes qui se sont occupés de cette question , ils ont tous pensé que le système nerveux n’était pas distinct chez les Némertiens. Cet appareil est, au contraire, presque toujours le plus facile à reconnaître ; mais c’est cette fa- cilité même qui paraît avoir amené la méprise que nous avons si- gnalée plus haut. Elle a fait regarder comme appartenant à la cir- culation les centres nerveux eux-mêmes. Quant à cela, je ne puis que répéter ce que j'ai dit ci-dessus. La confusion se comprend sans peine chez les espèces dont le cerveau et le sang sont égale- ment sans couleur ; elle est encore possible chez les espèces qui ont un cerveau coloré et un sang incolore, mais.elle est impos- sible lorsqu'on examine des espèces qui ont le sang d'un rouge très prononcé, et le cerveau plus ou moins incolore (Polia sangui- rubra). (4) Loc. cit., PL. 18, fig 2 (2) PI. 44, fig. 11 252 DE QUATREFAGES. — SUR LES NÉMERTES. S IX. Organes des sens. Je regarde comme organes des sens, dans les Némertiens , les yeux et les fossettes garnies de cils vibratiles que plusieurs espèces portent sur les côtés de la tête. 1° Yeux. — Chez le plus grand nombre des Némertiens , les : points colorés qu’on trouve en grand nombre sur la tête , et d’or- dinaire à sa partie antérieure, peuvent laisser des doutes sur leur nature. En détachant avec toutes les précautions possibles le pigment qui les forme, je n’ai longtemps apercu au-dessous ni cristallin, ni rien de semblable ; seulement les tissus, dans ce point, paraissent plus clairs et plus transparents. Sous ce rap- port, les yeux dont je parle rappellent exactement ce que Dugès a décrit chez les Planaires, Cependant, parmi les nerfs qui se dirigent vers l’intérieur de la tête, j'en ai toujours trouvé un certain nombre qui se portaient évidemment vers ces groupes de points oculaires. Plusieurs fois, je les ai suivis jusqu'aux téguments placés au-dessous. Dans une Nemertes camillea , j'ai cru reconnaître assez distinctement qu’a- près avoir pénétré dans les couches sous-tégumentaires, un de ces filets s'épatait largement, et que l’espèce de lentille qui résultait de cette disposition correspondait à trois des points oculaires pla- cés autour de la fossette ciliée (1). La première trace d’une organisation plus reconnaissable a été offerte par plusieurs individus de la Polia coronata. Ici, au milieu de la tache pigmentaire, se voyait un espace plus clair, entouré d’un cercle diffus plus foncé, autour duquel le pigment coloré for- mait des rayons plus ou moins réguliers (2). Cet aspect, que j'ai cherché à reproduire ici avec toute la fidélité possible , rappelle parfaitement à l'esprit l'effet que produirait une lentille presque sphérique cachée sous une couche colorée translucide. Cependant je n’ai pu encore sur cette espèce distinguer nettement le cris- tallin. Plusieursespèces m'ont depuis présenté desfaitssemblables. Il n’en a pas été de même dela Vemertes antonina. Lei le doute (4) PI. 44, fig. 3. (2) Pl. 14,,6e. 44 DE QUATREFAGES. —- SUR LES NÉMERTES. 283 n’était plus permis. Jai vu bien distinctement chacun des filets qui se détachaient sur le côté externe des gros troncs nerveux céphaliques (1) se continuer jusqu'aux points colorés. La gaîne fibreuse du nerf semblait alors se dilater en une cupule cylindri- que, au milieu de laquelle on voyait évidemment un cristallin en- touré de pigment, mais dont l’existence se manifestait par la teinte plus claire dela portion antérieure (2). Lasubstance nerveuse sous la forme d’un filet très grêle aboutissait à cette masse pig- mentaire et s’épatait en augmentant beaucoup de volume (3). L'examen de lOErstedia maculata m'a permis de faire des obser- vations analogues (4). 2 Fossettes céphaliques. Nous avons dit plus haut que ces fos- settes placées sur les côtés de la tête étaient plus ou moins pro- fondes , parfois remplacées par de simples houppes de cils vibra- tiles un peu plus longs que ceux du reste du corps ; enfin que d’au- tres fois on n’apercevait rien de particulier dans la place qu’elles occupent d'ordinaire. J’ai vu très souvent et chez presque toutes les espèces des brides d’un volume quelquefois considérable par- tir de ce point, mais ce n’est que dans mes dernières recherches et sur un petit nombre d'espèces que j'ai pu distinguer nettement ces brides , reconnaître à la fois leur nature et leurs rapports avec le système nerveux. Chez la Polia bembix j'ai vu un très gros nerf se détacher du tronc latéral près de l’origine de ce dernier et remonter en ser- pentant jusque vers la fossette correspondante. Là il s’épatait lar- gement, devenait finement granuleux, et sa substance restait très distincte des couches musculaires et autres (5). Dans la Polia humilis , la disposition était à peu près la même. Seulement le nerf dont nous parlons partait de la masse anté- rieure du cerveau, et, arrivé à la fossette, il se divisait en trois ou quatre filets distincts qui s’épataient isolément contre les couches sous-cutanées restées très distinctes (6). Dans la Nemertes peronea, le nerf partait en arrière de la même (1) Rech. anat. et phys., PI. 13, fig. 3. (4) Rech. anat.et phys., PL. 15, Gg.16, 2) PI. 484, fig. 2. 5) PI. 44, fig. #4. (2) PI. 44, fig (5) PL 44, fig. 4 (3 7e 3) PI.44, Gg: 2 (6) PI. 4%, fig. 284 DE QUATREFAGES. — SUR LES NÉMERIES. masse cérébrale, et, arrivé aux parois du corps, s’épatait contre un organe adhérent à ces dernières. Get organe, de forme ovoïde, sem- blait présenter dans l’intérieur une cavité remplie probablement d’un liquide qui réfractait la lumière moins que la substance de l'organe lui-même (1). Enfin dans le Cerebratulus crassus , le nerf, partant du même point que dans l’espèce précédente, aboutissait à un organe à peu près pareil. Celui-ci était également appliqué contre les parois du corps. Dans l’épaisseur de ces dernières, se trouvait un espace un peu plus clair, comme si l’organe ovoïde eût envoyé là un pro- longement cylindrique qui arrivait jusqu'aux téguments propre- ment dits (2). RÉFLEXIONS. En parlant des fossettes céphaliques, je viens de décrire ce que j'ai observé; j'ai cherché dans mes dessins à représenter exactement ce que j'avais sous les yeux. Il serait difficile de conclure d’une manière positive sur la nature de ce petit appareil. Mais l'existence d’un nerf s’épatant comme nous voyons que le font ces agents de la sensibilité et des perceptions dans les appareils sensitifs d’un grand nombre d’autres animaux, m'a fait adopter l'opinion que j'ai embrassée. Serait-ce être trop hardi que de voir ici un organe ressemblant de loin, il est vrai, à l'organe auditif des Mollusques ? les faits présentés par le Cerebratulus crassus et la Nemertes pe- ronea prêteraient peut-être quelque probabilité à cette opinion. Je ne puis guère partager la manière de voir de Rathtke, qui a cru que c'était un organe de tact. Rien dans la manière d’agir des Némertes, que j'ai tant de fois observées vivantes, ne vient à l'appui de cette doctrine. Encore moins puis-je embrasser l’idée d'OErsted dont j'ai parlé plus haut et qui regarde les fossettes comme des ouvertures et les nerfs qui y arrivent comme des canaux destinés à porter l’eau autour du cerveau. Je ne crois pas que l’habile naturaliste que je combats ici se füt laissé aller à cette manière d'envisager les faits s’il n’avait été entraîné par ce qu'il croyait avoir reconnu de la nature du cerveau. 1) PI. 44, fig. 5. (2) PL 14, fig. 6. DE QUATREFAGES. — SUR LES NÉMERTES. 285 Quoi qu’il en soit , s’il peut rester des doutes légitimes relati- vement à la détermination organique des fossettes céphaliques, je ne pense pas qu'il puisse en être de même pour les points co- lorés de la tête. Ce sont bien réellement des yeux, mais des yeux très simplifiés, très dégradés, réduits peut-être dans bien des cas à une rétine (épatement du nerf) pour laquelle une portion des téguments légèrement modifiés et protégés par le pigment joue- rait le rôle de cristallin. Dans ce cas, il est très probable que la perception des images n’est pas possible , et qu’elle est remplacée par une simple appréciation confuse de la lumière et des ténè- bres. Mais dans la Nemertes antonina nous trouvons un œil pres- que aussi bien caractérisé que chez les petits Mollusques Gastéro- podes et possédant probablement une organisation semblable. Ici je crois qu’il peut y avoir perception des images. Au reste, on se rappellera peut-être que les Planaires marines nous ont montré dans l’organisation de leurs yeux des différences tout aussi tran- chées que celles que nous venons de signaler (1). TROISIÈME PARTIE. CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES. — ANALOGIES ET AFFINITÉS ZOOLOGIQUES. $ I. Considérations yénérales. Il m'est permis d'espérer, après l'étude longue et conscien- cieuse que j'ai faite des Némertiens, qu'on reconnaîtra l’exactitude des faits et des idées que je viens de faire connaître touchant leur organisation. S'il en est ainsi, cette organisation me semble être des plus remarquables. 1° Les Némertiens sont évidemment des représentants dégradés d’un type plus élevé. Or, en général , dans les faits de dégradation que nous connaissons jusqu'ici, on voit un ou plusieurs des appa- reils organiques se simplifier , tandis que les autres conservent leur importance première où même prennent plus de développe- 1) Loc. cit., p. 177. 286 DE QUATREFAGES. — SUR LES NÉMERTES. ment pour suppléer à l'insuffisance où à l'absence des appareils frappés de dégradation. Les appareils respiratoires et digestifs , par exemple, semblent dans bien des circonstances se développer d’autant plus que l’ap- pareil circulatoire subit de plus grandes réductions. 11 me suffira de rappeler ici au souvenir des zoologistes ce qui existe chez les Insectes, les Arachnides et les animaux phlébentérés appartenant aux trois embranchements des Mollusques, des Annelés et des Rayonnés. Il n’en est pas de même des Némertiens. Chez eux tous les ap- pareils essentiels de la vie animale subsistent encore, mais tous y sont simultanément réduits à leur plus simpleexpression et comme dégagés de toute partie accessoire. L'appareil digestif n’est qu’un boyau terminé en cul-de-sac ; le cerveau , un double ganglion, envoyant à chaque moitié de l'animal un tronc nerveux sans liaisons avec le tronc correspondant; l'appareil circulatoire n’a conservé que ses gros troncs chargés de remplir en même temps les fonctions de cœur et dépourvus de ramifications ; l'appareil re- producteur, malgré la place qu’il occupe dans le corps, ne consiste qu’en desimples poches, De toutes les grandes fonctions animales, une seule paraît manquer d’un appareil spécial. La respiration est probablement dévolue tout entière aux téguments. Mais on sait que chez les animaux les plus élevés eux-mêmes la peau joue un rôle dans l’accomplissement des phénomènes respiratoires, que ce rôle acquiert une importance d'autant plus considérable qu’on se rapproche davantage des types inférieurs ; et l'exception présentée par la respiration chez les Némertiens, relativement aux autres fonctions, est par conséquent plus apparente que réelle (4). 2% Cettesimplicité d'organisation est une preuve nouvelle d’une (1) Cette disparition complète de l'appareil respiratoire chez des animaux où la circulation existe encore et s’accomplit dans des vaisseaux clos n’en est pas moins essentielle à noter en présence des théories que quelques naturalistes ont essayé de propager dans ces derniers temps. C'est un exemple de plus qui prouve que, tout en concourant à un but unique, les grandes fonctions organiques jouissent d'une certaine indépendance , et que, par exemple, les appareils qui servent à leur accomplissement ne sont nullement solidaires les uns des autres. DE QUATREFAGES. — SUR LES NÉMERTES. 287 de ces vérités générales , que les travaux de plusieurs naturalistes modernes et surtout d'Ehrenberg tendent à faire pénétrer chaque jour davantage dans la science , savoir que la grandeur d'un ani- mal inférieur ne préjuge rien touchant le plus ou moins de compli- cations de son organisation, non plus que sur le rang qui lui revient dans nos classifications. Une Borlasie de trente pieds de long représente le volume de bien des millions de Rotateurs. Pourtant chez ces derniers la machine animale est cent fois plus compliquée que chez elle, et ces êtres microscopiques sont certainement beaucoup plus élevés dans l'échelle des êtres que les Némertiens. 3° Toutefois les dimensions d’un animal me paraissent n’être pas toujours sans influence sur son organisation ; mais cette influence, souvent difficile à apprécier, semble s'exercer en quelque sorte dans l'intimité même des organes. En voici un exemple. Chez les animaux les plus élevés en organisation, et qui dé- rivent d’un type peu variable, les éléments organiques paraissent être assez indépendants, quant à leurs dimensions, des variations de la taille ; il y a par exemple peu de différence entre le diamètre de la fibre musculaire élémentaire chez l’Éléphant , le Bœuf et la Souris. Les Insectes nous présentent des faits analogues ; le nombre des fibres musculaires diminue, mais leurs dimensions ne s’écartent guère de limites assez peu distantes. L'étude des Némertiens conduit à des résultats bien différents. Les appareils organiques paraissent présenter le même degré de complication chez les Borlasies et chez les plus petites Polies, mais les éléments de ces appareils subissent une dégradation évidente. Les tégu- ments, par exemple, présentent le même nombre de couches chez la Borlasia angliæ (A), chez la Nemertes balmea (2) et chez la Polia filum (3); mais les éléments dont se composent ces couches ( cellules, cavités, fibres ) deviennent de moins en moins distincts. Ainsi, de deux choses l’une : ou bien leurs dimensions diminuent au point que nos instruments peuvent de moins en (4) PL 43, fig. (2) PL. 42, fig. (3) PI. 43, fig. = D > 288 DE QUATREFAGES. — SUR LES NÉMERTES. moins les isoler les uns des autres ; ou bien ils tendent à se fondre les uns dans les autres, et, dans ce cas, la modification serait bien plus profonde encore que dans la première hypothèse. Les muscles nous présentent des faits du même genre ; les fibres longitudinales du corps, bien distinctes chez la Borlasia angliæ, finissent dans les petites espèces par disparaître presque complé- tement. EL J'ai déjà fait connaitre des résullats semblables que m'avait fournis l'étude des Annélides (1) ; mais ici on pouvait dire que la variabilité des éléments organiques dépendait de la variabilité du type lui-même ; car les Eunices et les dernières Annélides errantes examinées étaient loin d’appartenir à la même famille. Chez les Némertiens, au contraire, le type reste intact. Les appareils orga- niques n’éprouvent aucune simplification, la taille seule diminue , et dès lors il me semble diflicile de ne pas reconnaître chez ces animaux l'existence d’un certain rapport entre cette diminution et les modifications subies par les éléments de l'organisme. l° Dans les divers Mémoires que j'ai publiés, j'ai toujours indi- qué avec soin les modifications présentées par le tissu musculaire : c’est en effet celui qui se prête le mieux aux recherches de ce genre, et un de ceux qui m'ont présenté les degrés les plus divers d'organisation. Les Némertiens nous ont montré à ce sujet quel- ques faits assez remarquables. Je rappellerai surtout ces grandes fibres longitudinales des Borlasies qui, très apparentes à l'œil , ne se laissent pourtant pas isoler les unes des autres, et dont les fragments se déforment dès qu'on les sépare de la masse. Je n'avais pas encore rencontré cet état particulier de l'élément musculaire ; cependant les muscles qui servent à mouvoir les pi- quants dans quelques Oursins m'ont offert quelque chose d’ana- logue. Du reste, nous retrouvons ici, comme nous l’avons déjà signalé bien des fois, l'élément musculaire présentant dans un même in- dividu des états très différents. Sans répéter ce que j'ai dit plus baut , je rappellerai qu’à côté des muscles longitudinaux à fibres (1) Comptes-rendus, séance du 30 octobre 1843.—L fnstitul, n° 514, p. 370. DE QUATREFAGES. — SUR LES NÉMERTES. 289 distinctes, nous avons trouvé des muscles transverses, dont la structure fibreuse ne se trahit plus que par de simples stries ; puis des brides intérieures, dans lesquelles je n’ai pas même distingué ces traces d’une organisalion longtemps regardée comme essen- tielle aux organes musculaires. Ces faits, quoique observés chez les animaux inférieurs , nous paraissent avoir une valeur physio- logique générale , et peut-être trouvera-l-on à en faire l’applica- tion jusque chez les animaux les plus élevés. 5° Ilm’est peut-être permis d'espérer qu'après les détails que j'ai donnés plus haut, personne ne mettra plus en doute l'existence du système nerveux chez les Némertiens. 11 me semble qu'après les recherches d'Ehrenberg et celles que j'ai publiées ;il doit en être de même pour les Planaires. En rapprochant de ces résultats ceux que l’étude des Intestinaux vient de donner à M. Blanchard , nous voyons qu’à mesure qu'on examine plus sérieusement les animaux inférieurs on voit de plus en plus diminuer le nombre des groupes regardés jusqu’à présent comme dépourvus de nerfs. Je suis bien convaincu qu'il reste encore beaucoup à découvrir dans cette voie, et sans rien préjuger de l’avenir, je crois qu’il viendra un moment où ce nombre sera très restreint, et borné peut-être aux êtres chez qui, comme chez les Éponges, tous les tissus se confondent en une substance d'apparence homogène. 6° Depuis longtemps on sait que , chez les Articulés proprement dits (Insectes , Crustacés, etc.), le cercle circulatoire est incom- plet. Les travaux de MM. Milne Edwards et Valenciennes ont récemment étendu à tout l’embranchement des Mollusques les résultats auxquels m'avait conduit l'étude de la circulation chez les Gastéropodes Phlébentérés , et démontré que là aussi le cercle circwatoire n’est pas fermé , que le sang s’épanche dans la cavité générale du corps. Chez les Annélides, au contraire , ce cercle est complet ; le sang circule dans un système de vaisseaux clos sans interruption (1). Nous venons de voir qu’il en est de même (1) Je fais d'ailleurs pour les Annélides les mêmes réserves que pour les ani- maux Vertébrés, En effet, dans une note communiquée à la Société philomatique, j'ai montré que, chez ces derniers eux-mêmes, les dernières ramifications vascu- laires pourraient fort bien n'être que des canaux sans parois propres (L'Institut, 3° série. Zooc. T. VE {Novembre 1846.) ; 19 290 DE QUATREFAGES. — SUR LES NÉMERTES. chez les Némertiens. D'autre part, M. Blanchard a découvert un système vasculaire également clos chez les Nématoïdes et les Trématodes. Tous ces faits tendent évidemment à agrandir l’in- tervalle que l’on croyait exister entre les Annelés Articulés et les Annelés proprement dits. L'existence d’un appareil circulatoire complet semblerait devenir un des caractères les plus constants de ces derniers. On objectera sans doute aux réflexions précédentes l'exception que présente jusqu’à ce jour la famille des Planariées. ei, je ferai remarquer d’abord que nous ne connaissons pas encore à beaucoup près toutes les modifications de ce dernier type. Il est bien évident pour moi que la Planaire dont M. Focke nous a fait connaître l’anatomie (1) est un animal très différent des Planaires mariues ou d’eau douce que j'ai pu observer. Parmi ces dernières même, il en est qui, à en juger par les caractères extérieurs seuls, semblent devoir présenter desmodifications anatomiques, dontl’ob- servation pourra seule nousrévéler l'importance, La Planariaviga- nia de Dugès, par exemple, possède, indépendamment des pores génitaux , une ouverture extérieure qui pourrait bien donner accès dans un système de canaux pénétrant dans l’intérieur. D’un autre côté, la ressemblance parait être si grande entre les Distomes et les Planaires, qu’il serait possible qu’au moins certaines d’entre 16 mars 1845). Les résultats que l'étude de la circulation des Poissons a donnés à MM. Natalis Guillot et Robin sont déjà venus confirmer une partie de mes pré- visions. Or j'ai observé chez l'Eunice sanguine des faits analogues , que j'espère pouvoir publier dans quelque temps. Je me contenterai de citer ici comme exemple ce que j'ai vu dans les organes respiratoires soit de celte espèce, soit de plu- sieurs autres, Le sang y arrive, il est vrai, par des vaisseaux ; il s'en éloigne également dans des tubes à parois propres. Mais entre ces deux systèmes yascu- laires se trouve une solution de continuité , et, en sortant des vaisseaux afférents, le sang tombe dans un tissu purement lacunaire, où il estrepris par les vaisseaux efférents. J'ai observé des faits du même genre sur le tube digesüf de certaines es- pèces appartenant à la même classe d'Annelés. (1) PL Ehrenbergü, Focke (Ann. der Wiemer Museums der Nuturgeschichte, 1836). OErsted place cette espèce parmi ses Ahabdocæla ; cependant elle diffère sous bien des rapports des espèces que, provisoirement au moins, je crois devoir réunir aux principales de ce groupe. Il est évident que les Ahabdocæla devront plus tard être encore subdivisés. DE QUATREFAGES. — SÛR LES NÉMERTES. 294 ces dernières possédassent un appareil vasculaire semblable à celui que M. Blanchard a trouvé chez les Trématodes. M. Blan- chard croit pouvoir présumer qu'il en est ainsi, d’après quelques résultats qu’il a déjà obtenus. Dans le cas où cette prévision viendrait à être confirmée, devrait- on regarder cet appareil vasculaire comme répondant compléte- ment à l'appareil circulatoire décrit par Dugès? Je ne le pense pas. Je crois avoir démontré que ce naturaliste avait pris les lacunes mêmes du corps pour des vaisseaux sanguins. Sans revenir sur toutes les raisons que j’ai données ailleurs, il me sufira de rap- peler que Dugès croyait à une communication entre son appareil circulatoire et les oviductes, commiunication qui existe en effet entre ces derniers organes et le système lacunaire du corps (1). 7° Dans la première partie de ce travail , nous avons dit com- ment, sous l'influence d’une compression trop prolongée, les Némertiens entrent en diffluence, L’ammoniaque, même en petite quantité, produit le même résultat. Déjà les Planaires et les Gastéropodes nous avaient présenté des faits semblables (2). Parmi les nombreux Tergipédiens que j'ai eu occasion d'observer, il en est chez qui ce phénomène se prononce avec autant de faci- lité que chez les Planaires marines les plus délicates (3). Quelques instants après que la désagrégation a commencé, tous les organes, tous les tissus sont entièrement confondus, et absolument mécon- naissables. Le cerveau et les principaux troncs nerveux persistent souvent seuls, et cette circonstance m'a permis de reconnaître quelques détails qui m’eussent échappé sans cela. Or, tous les animaux dont nous parlons ont les téguments formés à peu près de même. Ni les uns ni les autres ne présentent extérieurement une couche résistante ou coriace pareille à celle qu’on trouve chez les Annélides, par exemple, ou même chez les Rotateurs. Il (1) Mém. sur quelques Planariées marines. (2) Mémoires sur quelques Planariées marines , sur l'Éolidine , sur les Gastéro- podes Phlébentérés (Ann. des Sc. nat.). (3) La diffluence se manifeste bien plus facilement chez les espèces marines que chez les espèces d'eau douce, au moins à en juger d'après ce que j'ai vu plu- sieurs fois chez les unes et les autres. 209 DE QUATREFAGES. — SUR LES NÉMERTES. nous paraît probable d'après cela que partout où manquera cette couche solide extérieure , chez tous les animaux dont l’épiderme (c’est-à-dire la couche la plus extérieure) présentera la même délicatesse que chez les Planariées , les Némertiens et les Tergi- pédiens, on verra, dans les circonstances semblables ou analogues à celles dont nous avons parlé, la diffluence se montrer avec plus ou moins de facilité. Si nous insistons sur ce qui touche à ce phénomène, c’est qu'il nous semble avoir une importance plus grande que celle qu’on lui a attribuée jusqu'ici. Qu'est-ce en effet que la diffluence tant qu'elle se borne aux téguments ? Rien autre chose qu’une sécré- tion exagérée. La substance qui exsude alors de tous les points de l'animal ressemble entièrement au mucus qu’il produit lorsqu'on l’irrite. Seulement, on y trouve en plus grand nombre les granu- lations ou les cellules qui entrent dans la composition des tégu- ments. Ces faits, je dois le dire, me semblent venir grandement à l’appui de la théorie des sécrétions proposée en premier lieu par Henle et Goodsir. La composition des téguments des Mol- lusques, des Planaires,, celle surtout des Némertiens, offre une ressemblance très grande avec celle de certaines membranes sé- crétoires, des muqueuses par exemple. Nous voyons la sécrétion se faire sous nos yeux à l'extérieur de ces animaux. Pourquoi ne se ferait-elle pas de même à l’intérieur chez d’autres? S'il en est ainsi, certaines sécrétions exagérées, comme celles, par exemple, qui accompagnent la dyssenterie, la dernière période de plu- sieurs affections graves, elc., ne seraient autre chose que de véri- tables phénomènes de diffluence. La différence de stabilité des tissus explique d’ailleurs suffisamment la différence d'intensité avec laquelle ces phénomènes agissent dans les deux cas sur le reste de l'organisme, 8° J'ai déjà à diverses reprises dans le cours de ce Mémoire et, ailleurs (1) attiré l'attention des naturalistes sur la cavité géné- rale du corps, sur le liquide qu’elle renferme , et sur le rôle im- portant que ce liquide joue dans la physiologie des animaux infé- (4) Note sur le sang des Annélides, Ann, des Sc. nat. Juin 4846. DE QUATREFAGES. — SUR LES NÉMERIES. 295 rieurs. Je crois qu'on admettra désormais assez facilement que , chez ceux de ces animaux dont les téguments n’ont que peu ou point de résistance , il a une importance réelle pour l’accomplis- sement de certains mouvements généraux ou partiels, et qu'il est en rapport direct avec les fonctions de reproduction. Chez les Mollusques, chez les Articulés, ce liquide est en tout semblable au sang , ou mieux n’est autre chose que le sang lui-même épan- ché dans la cavité générale du corps et dans l’ensemble des la- cunes sous-cutanées ; mais, chezles Annelés proprement dits, les deux liquides, sans communications directes, sont bien distincts, au moins analomiquement , si l’on peut s'exprimer ainsi. La différence est-elle aussi grande en ce qui touche aux fonc- tions de ces deux liquides ? Je ne le crois pas, et l’observation de ce qui existe chez les Annélides errantes m'a depuis longtemps conduit à cette conséquence , si bien confirmée par ce que nous venons de voir chez les Némertiens. En effet, on voit chez les Annélides le développement de la ca- vité générale du corps, celui de l’appareil respiratoire et celui de l'appareil vasculaire, présenter une sorte de balancement très remarquable. Chez les Eunices , l'appareil vasculaire est extrème- ment développé , les branchies nombreuses sont parfaitement ca- ractérisées. En revanche , la cavité abdominale est peu considé- rable ; par conséquent , il y a chez les Eunices beaucoup de sang pouvant respirer facilement, et peu de liquide abdominal. Au contraire, dans les espèces inférieures de la classe des Annélides, les branchies disparaissent, l'appareil circulatoire décroît sous le rapport du calibre de ses troncs principaux et sous celui de leur nombre. Alors on voit la cavité abdominale s’agran- dir proportionnellement d’une manière marquée. Il y à ici peu de sang; ce sang ne recoit plus l’action de l'air que d’une manière médiate; mais, en revanche, le liquide abdominal augmente et en quantité et en importance. Chez plusieurs Annélides errantes , le liquide abdominal peut seul respirer directement, et s’il m'était resté quelques doutes sur ce point, les faits présentés par les Némertiens les auraient évidemment fait cesser. Ici, nulle part, les vaisseaux ne sont en 294 DE QUATREFAGES, — SUR LES NÉMERTES. rapport immédiat avec la surface respiratoire ; toujours , ils sont plongés dans le liquide abdominal, auquel revient par conséquent la fonction de respiration. Il est donc évident que l’importance physiologique de ce li- quide s’est ici énormément accrue aux dépens de l'importance du sang lui-même. Il représente à la fois le chyle , car les produits de la digestion lui sont transmis immédiatement à travers les parois du tube digestif ; la lymphe , car il recoit tous les produits internes de l’organisme ; le sang enfin, au moins sous plusieurs rapports, car nous avons vu plus haut qu’il était l'agent direct de la nutrition des œufs, et, comme lui seul d’ailleurs baigne les couches musculaires du corps, c’est encore lui qui doit être chargé de les nourrir. Nous venons de voir, en outre , que la respiration s’exerçait immédiatement sur lui. En présence de ces faits, on est réellement conduit à se demander ce qui reste au sang de ses fonctions primitives , à douter que le liquide renfermé dans les vaisseaux mérite réellement ce nom. S IL. Affinités zoologiques. Avant les progrès que la science vient de faire tout récemment dans la connaissance de l’organisation des animaux inférieurs , il était assez difficile de se faire une idée nette des rapports existant entre le groupe des Némertiens et les groupes plus ou moins rap- prochés. Aujourd’hui on peut, je crois, embrasser jusqu’à un cer- tain point l’ensemble de ces rapports, comme je vais essayer de le faire. Toutefois je ferai remarquer qu’en donnant ici un apercu de mes idées sur ce sujet, je suis loin de vouloir les présenter ” comme définitives. Mon intention est bien plutôt d'appeler sur ce point l'attention des naturalistes et de provoquer de nouvelles re- cherches propres à éclaircir de plus en plus l’histoire de ces grou- pes, jusqu’à présent si peu connus. M. Milne Edwards, on le sait, a proposé depuis quelque temps de partager le grand embranchement des nnelés en deux groupes principaux où sous-embranchements, savoir , les Ærticulés et les V'ers. Dans le cours qu’il a fait cette année au Jardin des Plantes, il a développé plus complétement ses idées relativement à la classifi- DE QUATREFAGES. — SUR LES NÉWERTES, 205 cation de ces derniers. Pour lui les /’ers sont eux-mêmes composés de deux groupes qu'on pourrait caractériser par la position des cordons nerveux , réunis sur la ligne médiane dans le premier , isolés et latéraux dans le second. Voici la distribution de ces deux groupes : VERS. ET Nr ANNÉLIDES. PLEURONÈRES. Annélides proprement dites. Péripates. Scoléides. Malacobdelles. Hirudinées. Trématodes. Rotateurs. Helininthés { I a estoïdes. Dans cette classification , le groupe des T'rématodes correspond à la classe des Turbellariés de M. Ehrenberg, d’où l’on à écarté les Gordius et les Naïs (1) et à laquelle on a rattaché les Tréma- todes proprement dits. Cette dernière adjonction est pleinement justifiée par les travaux de M. Blanchard sur l’organisation des Vers intestinaux (2). La classe des Trubellariés ainsi comprise me semble devoir être adoptée comme représentant en effet l’état ac- tuel de la science. Quant à la division de cette classe, elle présente encore d'assez grandes difficultés. Remarquons d’abord qu’elle renferme des ani- maux dont les uns ont les sexes réunis ( Trématodes, Planariés, Dendrocalis) ; d’autres chez lesquels les sexes sont séparés (Némer- tiens). C’est d’après cette considération que M. Milne Edwards à séparé des Annélides proprement dites (Ænnélides Errantes et Tubicoles ) , les Scoléides ( Ænnélides terricoles où au moins les Lombriciens (3). La même raison devra-t-elle nous faire partager (1) MM. de Siebold et Dujardin ont depuis longtemps indiqué la nécessité de cette suppression. Nous avons vu plus haut les raisons qui avaient pu guider M. Ebrenberg, lorsqu'il composa sa classe des Turbellariées ; mais nous avons dit aussi qu'elles ne pouvaient plus être acceptées , aujourd'hui que le nombre des animaux ciliés s'est accru. (2) L'Institut, n°° 645 et 646. (3) Je fais ici cette réserve parce que, parmi les Annélides regardées comme Terricoles, 11 en est chez qui je crois les sexes séparés : du moins c'est ce que me portent à croire quelques observations faites sur les Clymènes. 296 DE QUANREFAGES. —- SUR LES NÉMERLES. en deux classes le groupe des Turbellariés ? Peut-être un jour sera- t-on en effet conduit à agir ainsi, mais pour le moment je crois suffisant de la diviser en deux sous-classes. La première de ces sous-classes se compose d'animaux appar- tenant à deux types distincts. Les premiers sont les Trématodes et les Planaires, Si desrecherches ultérieures viennent de montrer chez ces dernières un appareil vasculaire semblable à celui que M. Blanchard a trouvé dans les Douves, je ne verrai aucune raison pour les séparer les unes des autres. Ge seraient deux grandes fa- milles du même ordre. Déjà il résulte des faits acquis qu’il existe de telles affinités entre ces deux groupes, qu’on peut tout au plus les regarder comme deux sous-ordres distincts. J’adopterais comme second ordre de cette première sous-classe les genres et espèces appartenant au type des Rhabdocæla. Ge que j'ai vu chez un certain nombre de ces animaux me permet de les regarder comme formant un véritable intermédiaire entre le type des Planaires et celui des Némertes. Ils ont des premières la dis- position générale des organes génitaux , la réunion des deux sexes, les organes des sens parfaitement caractérisés (1). Is empruntent aux secondes la simplicité du canal digestif, lequel toutefois est ici généralement très ample , la disposition des appareils vasculaire el nerveux (2). Au reste, ce que j'ai pu observer de l’organisation de ces animaux, tout en autorisant, je crois, ma manière de voir actuelle, m'a fait penser aussi qu'on avait probablement réuni dans ce groupe des êtres très différents. Aussi fais-je pour l'avenir de très amples réserves, et suis-je prêt à profiter de tous les pro- grès qu’une étude attentive pourra amener (3). (4) Dans une espèce voisine du genre Vortex, j'ai trouvé des stylets solides à la verge, des yeux pourvus d'un cristallin parfaitement distinct, etc. (2) Un Dérostome d'eau douce, assez commun aux environs de Paris, m'a * montré des canaux latéraux et un médian, visibles au moment de l'ondulation . disposés dans le corps comme chez les Némertes. Dans quelques espèces marines, J'ai trouvé des deux côtés de la trompe deux gros ganglions disposés comme chez les Némertes, et d'où partaient les troncs latéraux, etc. (3) Je crois, par exemple, très possible que certains Rhabdocælés ne soient autre chose que de jeunes Némertes ou de jeunes Planaires, DE QUATREFAGES. — SUR LES NÉMERIES. 297 La seconde sous-classe des Turbellariés n'aurait jusqu’à présent qu'un seul ordre, pour lequel je proposerai le nom de Miocælés (Miocæla Nob. ) emprunté au peu de développement de l'appareil digestif (1). La famille des Némertiens, dont je viens d’essayer de faire l’histoire, en serait, au moins pour le moment, le type fon- damental. La classe des Turbellariés se trouverait donc composée de la manière suivante : CLASSE. SOUS-CLASSES. ORDRES. hote ramifié. . Dendrocælés { nl. Turbellariés Monoïques. PRE pra simple. . Rhabdocæles (Rhabdocæla). TURBELLARIÉS . | \ \ Turbellariés Dioiques . , . . . . . . ne 0 Miocælés (Miocwæla). EXPLICATION DES FIGURES. PLANCHE 8. Fig. 1 et la. Polie mandille vue par transparence. (Ces deux figures n'en forment, a proprement parler, qu'une seule. La Polie mandille, dont elles représentent l'organisation, est censée repliée, et la partie moyenne du corps dépassant le format de la planche, on n'aperçoit que la partie antérieure (fig. f) et la partie postérieure (fig. I#). Les lettres ont donc la même signification pour toutes deux.) a, orifice buccal, — b, bouche. — c,c,c, trompe. — d, œsophage muni d'un appareil stylifère. — e,e,e.e, intestin. — e',e', terminaison de l'intestin , qui se change en un simple ligament, se recourbe d'arrière en avant, et revient s'attacher à la paroi de la cavité intestinale. — f,f,f, chambre longitudinale moyenne ou intestinale, renfermant la trompe, l'intestin, et se prolongeant au- delà du point où se termine ce dernier. C’est cette cavité que la plupart des auteurs ont prise pour le tube digestif lui-même. — g,g,g, ovaire ou testicule. Ces deux organes, mâle ou femelle, se ressemblent entièrement et ne diffèrent que par les produits.— A,h,h, chambres longitudinales latérales ou génitales, dans lesquelles flottent les cæcums ovariens ou testiculaires, et qui, a l'époque de la reproduction, se remplissent d'œufs ou de spermatozoïdes.—i, anse vas- (4) De pers, diminuer, et 51e, intestin. 298 DE QUATREFAGES. — SUR LES NÉMERTES. culaire céphalique.—k, point de jonction du vaisseau latéral avec une des deux branches du vaisseau médio-dorsal.— l,1,l, vaisseau médio-dorsal se divisant, à son entrée dans la cavité céphalique, en deux branches qui contournent cha- cune un des lobes du cerveau avant d'aller se réunir au vaisseau latéral m,m,m. Ces vaisseaux , isolés dans tout leur trajet et ne fournissant aucun rameau , se réunissent en outre à l'extrémité postérieure en ». — 0,0, lobes du cerveau, fournissant en avant les nerfs céphaliques, et'en arrière les gros troncs laté- Taux p,p,p,p, qui règnent tout le long du corps, en fournissant à droite et à gauche des filets qu'on n'a pu indiquer ici. — q, diaphragme musculaire ver- tical qui sépare la cavité céphalique du reste du corps. — r, diaphragme mus- culaire horizontal, qui forme à la première portion de la trompe un canal par- ticulier placé au-dessus de la chambre longitudinale médiane. (Voir la fig. IV.) Fig. Il. Portion antérieure de l'OErstedia maculata. — Le but de cette figure est de montrer la disposition du système nerveux chez les OErstédies. Les troncs longitudinaux , au lieu d'être entièrement latéraux , se rapprochent ici de la ligne médiane. a, orifice buccal,— b, trompe.—c,c, ovaires.—d,d, cerveau.— e.e, troncs longitudinaux donnant naissance à de nombreux filets. Fig. LIT. Cerveau de la Valencinia splendida, d’après un individu conservé depuis quatre ans dans l'alcool. — Ce dessin a été fait par M. Blanchard. a,a, lobes du cerveau.—b, commissure inférieure large et épaisse.—c, com- missure supérieure extrêmement mince et grêle. — d, nerfs céphaliques. — e,e, troncs longitudinaux du corps. Fig. IV. Coupe de Borlasia Angliæ, faite sur la première partie du trajet de là trompe ; d'après un individu de 30 à 35 pieds de long, conservé dans l’alcool depuis quatre ans. a, couches tégumentaires colorées. — b, couche musculaire à fibres longitu- dinales , traversée par des fibres rayonnantes partant de la couche c, qui joue en quelque sorte le rôle d'aponévrose. — d, couche musculaire à fibres trans- versales, présentant de même des fibres rayonnantes partant de la couche e.— ff, chambres longitudinales latérales où flottent les ovaires ou testicules g,g. — h, chambre longitudinale moyenne. — à, trompe renfermée ici dans son canal particulier, formé par le plan musculaire k. (Par suite de l’action de l'al- cool et de la contraction de l'animal, ces parties sont très déformées. Sur le frai, ce canal est très déprimé, et le diaphragme forme un plan horizontal à | fibres transverses.) — !, vaisseau médio-dorsal, avec une enveloppe propre.— m,m, vaisseaux latéraux, où mieux latéro-inférieurs , avec leurs enveloppes propres. — n,n, troncs nerveux latéraux, avec leurs enveloppes propres, Fig. V. Coupe de la méme Borlasia Angliæ, pratiquée dans le voisinage du point où la partie terminale de l'intestin se recourbe et revient en avant, après s'étre transformée en une sorte de ligament.—On retrouve presque les mêmes parties, mais leurs proportions sont différentes. Le diaphragme horizontal a disparu, DE QUATREFAGES. — SUR LES NÉMERTES,. 299 et l'intestin à est placé dans la cavité de la chambre longitudinale moyenne. On voit en ’ la coupe du ligament terminal de l'intestin. Les vaisseaux {:m,m, ne sont plus logés dans l'épaisseur des tissus ; les couches musculaires ont di- minué considérablement d'épaisseur : les troncs nerveux #,n, montrent Lou- jours leurs enveloppes propres PLANCHE 9. Fig. L. Portion antérieure de la Borlasia camillea, vue par transparence. a, orifice buccal.— b,b, fossette céphalique garnie de cils vibratiles.— c,c, lobes du cerveau réunis par une large bandelette sous-æsophagienne, et sem- blant résulter eux-mêmes de la fusion de plusieurs ganglions. — d,d, troncs nerveux longitudinaux donnant des filets aux couches musculaires et aux or- ganes intérieurs.—e,e,e,e, nerfs céphaliques. On n'a pas mis de lettre aux nerfs qui partent du cerveau pour se reudre au diaphragme vertical — f,f, groupes des yeux. — g,g,g, anse vasculaire céphalique.— /,{, vaisseau médio-dorsal se bifurquant à son entrée dans la cavité céphalique, pour donner les branches k,k, qui entourent le cerveau , et viennent se réunir en h,h, aux vaisseaux latéraux iii. —m,m,m,m, diaphragme horizontal, formant le canal propre de la pre- mière portion de la trompe 0,0.—n,n,n, ovaires ou testicules, dont les cæcums flottent librement dans les chambres latérales. L'espace compris entre les cloi- sons qui portent ces organes générateurs constitue la chambre longitudinale moyenne où est placé le tube digestif. N. B. J'ai cherché à rendre dans ce dessin, d'une part, le mouvement ci- liaire qui s'observe dans toute l'étendue du tube digestif, et, d'autre part, un effet de moiré, résultant des mouvements indépendants des fibres musculaires du corps et du diaphragme horizontal, croisées à angle droit. Ce dernier phéno- mène, quelquefois très prononcé, pourrait facilement tromper les personnes non prévenues , et leur faire croire à l'existence d'organes ou d'appareils dont il n'y a en réalité aucune trace. Fig. IT. Appareil stylifère de la Polia mandilla. a, portion de la trompe.— b, portion de l'intestin. — c, premier renflement æsophagien. — d, second renflement æsophagien. (Ces deux portions sont d'un tissu dans lequel les forts grossissements font voir des fibres transversales très serrées ; mais leur aspect est plutôt cartilagineux que musculaire.) —e,e, canal æsophagien présentant des dilatations et des étranglements dont le disposition varie d’une espèce à l'autre.—f, cavité propre du stylet complétement formé g. —h,h, glandes qui accompagnent le stylet (glandes vénéneuses ?).—i,i, cavités renfermant des stylets en voie de formation (perulæ styligenæ). Fig. HE, IV et V. Développement progressif des masses spermatiques et des sper- matozoïdes. — Dans la figure V, les spermatozoïdes, quoique encore agrégés, sont déjà pourvus de leurs queues. 300 DE QUATREFAGES. — SUR LES NÉMERTES, Fig, VI. Spermatozoïdes complétement développés. Ces quatre dernières figures ont été faites d'après la Nemertes bulmea, el à un grossissement de 500 diamètres. PLANCHE 10. Fig. I. Polie émettant sa trompe, qui est à demi extroversée. a,a,a, trompe.— b, appareil stylifère. — cc, intestin. Le mouvement d'ex- troversion s'exécutant d'arrière en avant, on comprend sans peine que le stylet doit venir se placer en e. Fig. IT. Origine de la trompe chez la Polia mutabilis. — 300 diamètres. a,a, couches tégumentaires. — b, muscles qui se rendent aux côtés de la tête. — c, bouche.— d,d, point d'où partent les muscles d'attache, et où com- mence la trompe proprement dite. (Voir les figures 1 des Planches 8 et 9.) — e, couche musculaire interne. — f, couche musculaire externe. — g,g, üssu lâche qui sépare ces deux couches, qui m'a paru être de nature musculaire, ou qui du moins est très élastique. Fig. IL. Structure de lu portion buccale du tube alimentaire dans la Polia glauca. — 300 diametres. L'entrecroisement des bandes musculaires en spirale explique l'élasticité extrême de cette portion du tube digestif. J'ai observé quelque chose de très semblable dans la structure de la trompe chez les Rhabdocæliens marins. Fig. IV. Valencinia ornata ouverte par sa face inférieure, à partir de l'orifice génital. a, orifice buccal qui, dans ce genre seul , est inférieur et non pas terminal. — b,b, trompe. — cc, intestin se terminant brusquement en d’ par un gros faisceau musculaire (?). (Voir la figure V.) — ee, organes génitaux. Fig. V. Terminaison de l'intestin dans l'espèce précédente. a, cavité de l'intestin se terminant brusquement en cul-de-sac. — b, fais- ceau fibreux ou musculaire d'attache. Fig. VI. Terminaison de l'intestin dans la Polia torquata. a, cavité de l'intestin se terminant en cul-de-sac en «’.— b, faisceau mus- culaire ou fibreux , qui ici se ramifie avant de se fixer aux parois de la cavité abdominale. Fig. VIT. Pièce dentée qui remplace le stylet dans le Cerebratulus spectabilis. Fig. VIIT. Cœcums génitaux de la Borlasia Angliæ. PLANCHE A1. Fig. I. Polia quadrioculata en état de gestation. On voit par cette figure comment les œufs, après avoir pris naissance dans les ovaires, tombent dans les cavités ou chambres longitudinales latérales du corps, s’y développent, et envahissent peu à peu toute la cavité abdominale, en DE QUATREFAGES. — SUR LES NÉMERTES. 301 refoulant en avant l'intestin qui primitivement atteignait à peu près le tiers postérieur de l'animal. Fig. IL. Ovaires d'une Nemertes balmea en état de gestation. a, couches tégumentaires. — b, cavité ou chambre latérale, renfermant des œufs à divers degrés de développement, et traversée par les brides musculaires ou tendineuses d, — c,c, ovaire dont les cœæcums flottent dans la cavité ova- rienne, et renferment des granulations dont la plupart ne sont que des œufs dans le premier âge. Fig. III. OEufs et vaisseau de la Polia sanguirubra de couleur naturelle. — 250 diamètres. a,a,a, œufs dont on distingue bien les enveloppes, le vitellus et la vésicule de Purkinje. — b, vaisseau latéral. — c,c,c, brides qui le maintiennent en place. Fig. IV. Développement des masses spermatiques dans la Nemertes balmea.—300 diamètres. Ces figures et celles de la planche 9 complètent l’histoire du développe- ment des Spermatozoïdes. Fig. V. Spermatozoïdes de la Polia humilis. — 1,200 diamètres. Fig. VI. Spermatozoïdes de la Polia baculus.—4, 410 diamètres: B, 1,200 dia- mètres. Fig. VII. Corpuscules des cavités du corps de la Polia sanguirubra. — 310 diam. Fig. VIII. Corpuscules des cavités du corps du Cerebratulus depressus.—31 0 dia- mètres. Fig. IX. Corpuscules des cavités du corps de la Polia bembix.—250 diamètres. Fig. X. Les mêmes, vus à un grossissement de 750 diamètres. — Cette figure montre comment la superposition de ces globules donne naissance à des teintes très différentes, par suite de l’inégale absorption des rayons du spectre. PLANCHE 192. Fig. 1. Portion de la cavité ou chambre longitudinale latérale renfermant les or- ganes génitaux chez la Polia sanguirubra. — 180 diamètres. a,a, épiderme cilié.— b,b, couches du derme.— c,c, couches musculaires. (Pour éviter de surcharger la figure, je n'ai représenté que les couches à fibres longitudinales). —d,d, cavité génitale dans laquelle flottent les cæcums de l'or- gane reproducteur f,f. Cette cavité présente en outre des corpuscules flot- tants d,d, le vaisseau latéral e,e, et des brides qui, des parois du corps, se rendent aux organes reproducteurs. Fig. II. Portion de la méme cavité chez une Nemertes balmea male. — 400 dia- mètres environ. a, épiderme cilié. — b, couche granuleuse (appartenant au derme ou à l'é- piderme ?). — c,c’, les deux couches cellulaires du derme. — d, plans mus- culaires du corps, faisant par la rupture des téguments X une hernie e. (C'est probablement quelque accident de ce genre qui aura fait croire à Dugès et à 302 DE QUATREFAGES. — SUR LES NÉMERTES, OErsted qu'il existe sur les côlés du corps des ouvertures par où sortent les produits des organes générateurs.) — f,f, testicules renfermant des masses spermatiques en voie de développement , mais toutes fort peu avancées. — 9,9, masses de Spermatozoides flottant dans la cavité du corps, placées par conséquent chez les mäles comme le sont les œufs chez les femelles. Indépen- damment de ces masses, cette même cavité renfermait un nombre immense de Spermatozoïdes désagrégés et entièrement développés, dont une partie s'é- chappe par l'ouverture k, et forme l’amas indiqué en h,h,h. Fig. HIT. Structure des parois du tube digestif dans la Borlasia Angliæ. — 200 diamètres. On retrouve ici les parties que nous avons déjà indiquées plus hant, savoir, les deux couches musculaires 4,b, qui m'ont ici montré de plus des traces de fibres transversales ; le tissu lâche élastique qui les réunit c. J'ai de plus mar- qué les papilles de l'intérieur d, qui sont elles-mêmes hérissées de cils vibra- tiles, et les fibres e, qui sont peut-être un peu trop multipliées (1). Fig. IV. Structure des ovaires ou testicules d'une Borlasia Angliæ dans l'état de vacuilé. — 300 diamètres. a, couche extérieure garnie de cils vibratiles. — b, couches d'apparence celluleuse. — c, cavité de l'ovaire ou testicule rempli d'un liquide incolore où flottent des corpuscules composés de granulations agrégées. PLANCHE 13. Fig. [. Couches tégumentaires de la Borlasia Angliæ, vues de profil. — 250 dia- mètres. a, épiderme cilié. — b, première couche du derme (ou bien seconde de l'é- piderme ?). — c,c', seconde et troisièmes couches du derme. — d, couche fi- breuse à fibres transversales, — e, couches museulaires, Fig. II. Première couche du derme, vue perpendiculairement au plan qu'elle forme. — 250 diamètres Fig. IIL. Seconde couche du derme, vue de la méme manière. — 250 diamètres. Fig. IV. Couches composant les parois du corps de la Polia filum. — 600 diam. a, épiderme cilié.— b, première couche du derme. — c, couche granuleuse représentant les deux couches celluleuses de la Borlasie.—d, couche fibreuse. e, couches musculaires. — f, couche amorphe tapissant l'intérieur de la cavité viscérale. — g, brides qui se portent dans l'intérieur des cavités viscérales.— En comparant cette figure à la figure T, on voit que le nombre des couches tégumentaires est le même dans les Borlasies et les Polies, mais que les élé- ments de ces couches ont diminué de grandeur, et tendent même à se con - fondre. (1) En copiant ce que j'avais sous les yeux, j'aurai pris probablement pour des brides distinctes les débris divisés de ces brides; du moins, sur les individus conservés dans l'alcool , elles paraissent beaucoup plus rares el en même temps plus fortes, DE QUATREFAGES. — SUR LES NÉMERTES. 303 Fig. V. Couches musculaires du corps de la Borlasia Angliæ. — 200 diamètres. On voit que les fibres longitudinales sont bien plus distinctes que les fibres transversales Fig. VI. Fibres longitudinales du corps de la Borlasia Angliæ.— 600 diamètres. A ce grossissement, ces fibres se montrent comme des faisceaux composés de fibres en stries. . Fig. VII. Fibres longitudinales du corps de la Borlasia Angliæ, qu'on a tenté d'i- soler. — 300 diamètres. + On voit comment ces fibres se déchirent en fragments qui se déforment et ue conservent nullement la forme cylindrique. Fig. VIII. Couches musculaires du corps de la Borlasia Angliæ, séparées l'une de l'autre sur le vivant. Cette préparation, très facile à faire même sur les individus conservés dans l'alcool, avait pour but de montrer que les parois du corps des Némertiens ne sont pas composées d'une seule couche homogène. Fig. IX. Origine d'un nerf dans le cerveau de la Borlasia Angliæ. a,a, substance du cerveau. — b, nerf prenant son origine au milieu de la substance cérébrale par un faisceau de fibres convergentes. — c,c, dure-mère fibreuse. L'existence de cette dure-mère est très facile à constater, même chez les individus conservés dans l'alcool. PLANCHE 14. Fig, 1. OEil de Polia torquata. — 250 diamètres. Fig. IT. OEïl de Nemertes antonina. — 300 diamètres. Fig. IT. Groupe de trois yeux de la Borlasia camillea. — 300 diamètres. Un seul nerf m'a paru venir s’épater sous les trois taches pigmentaires. Fig. IV. Cerveau et fosselles céphaliques de la Polia bembix. a,a, lobes du cerveau. — b,b. troncs longitudinaux du corps.— c,c, organe cihé. — d,d, nerf qui se rend à cet organe et vient s'épater au dessous. Fig. V. Cerveau de la Nemertes peronea. Dans cette figure, ainsi que dans les deux qui suivent, les lettres ont la même signification que dans la figure précédente. On remarquera qu'ici le nerf qui se rend à l'organe cilié se termine par une sorte de capsule qui rappelle, quoique de loin, l'organe auditif des Moliusques, Fig. VI. Les mémes parties dans le Cerebratulus crassus. La remarque que nous venons de faire s'applique également à cette figure. De plus, on dirait que de cette capsule part un prolongement qui traverse les couches musculaires sous-cutanées. Fig. VII. Les mémes parties dans la Polia humilis. Ici le nerf qui se rend à l'organe cilié m'a paru se diviser en trois branches ayant d'atteindre les couches sous-culanées. 304 E. FORBES. — SUR LES MÉDUSES. CLASSIFICATION DES MÉDUSES PULMOGRADES DES MERS BRITANNIQUES ; Par M. E. FORBES, L'auteur propose de grouper toutes les Méduses britanniques en deux classes, celles à capuchon et celles à ocelles nus. Le premier de ces caractères se com- bine avec un système reproducteur remarquable et comparativement compliqué, et un appareil gastro-vasculaire ramifé.Toutes les Méduses pulmogrades à ocelles nus ont des vaisseaux simples, à l'exception d'une forme générique nouvelle et magnifique , qui est le type d'une sous-section. Le reste constitue trois groupes naturels, ainsi qu'on le verra par le tableau général suivant, qui présente la clas- sification des Méduses pulmogrades britanniques. fre SECTION. — Yeux encapuchonnés; système gastrovasculaire ramifié, Aer Genre, Ahisostoma (Cuvier), 4 esp. R. Aldrovandi, 9e = Cassiopen (Peron), 1 esp. C. lunulata, 5e — Pelagia (Peron), 1 esp. P. cyanella. Une des Méduses les plus belles et les plus phos- phorescentes de l'Europe : prise sur la côte du Cornwall, 4e — Chrysaora (Veron), { esp. C. hysoscella. üe — Cyanea (Peron), 2 esp. €. capillata el C. Lamarkii, Ge —1 Medusa (Linn., Escholiz; Aurelia, Peron), 2 esp, M. aurita et M. crucinta, IL: SECTION. — Pulmogrades à ocelles nus. Are FAMILLE. Vaisseaux anaslomosés, ro _ Willsia (esp. uouvelle, W. stellata), foudé sur une jolie petite Méduse à six ovaires éluilés et vaisseaux unastomosés. Elle aboude dans la Manche et sur les côtes de l’Ecosse, 2e FAMILLE. Vaisseaux simples ; ovaires roulés et bordant l'estomac pédoncule, 8e — Turris (Lesson; Eirene, Escholtz), 2 esp. T. digitale, d'O,, Fabiicius (Zelland), et 7. neglectæ, Lessun, le Cyanea couinea. de Davis, Manche, Méduses lrès remarquable- ment organisées el très voisines des Aclinies, . 9e — Saphenia (Escholtz), 1 esp. $. dinema, Peron, Devonshire, Zelland, Ave — Oceania (Peron), Tiara, Les-on), 4 esp., l'une d'elles étant le Geryonia octona de Fle- ming ; les 5 autres sont nouvelles. Ge FAMILLE. Vaisseaux simples, ovaires sur le lrujel des vaisseaux sur la suus-ombrelle, a. À huit vaisseaux. Me -— Æquorea (Perou) ou peut-être mérilant un nom nouveau, À esp., commune sur la côte d'Irlande : c'est le Melicertum campanulatum d'Ebrenberg (non celui d'Eschollz), Oceania octocostata de Sars, Thaumantias Milleri de M, Landsborough, et Æquorea octocostala, Lesson, Elle a de lougs vvaires juunes. 12e — Circe (Mertens). Huit petits ovaires, 1 esp, C. rosea. Zelland. Nouvelle. b. A quatre vaisseaux, 43e — Thaumantias (Escholiz). Quatre ovaires, ovés, en massue ou linéaires; estomac court. 19 esp. britanniques, dunt 12 sont nouvelles el inédites, et toutes distinctes les unes des uulres. 14e — Mabberia (nouv.), fondé sur une singulière petite Méduse remarquable par ses ovaires extrémement | res, su longue trompe et le développement du bulbe oce re, à l'extrémité aussi bien qu'à la base de chaque tentacule, $, Halterata, Cornwall, 15e — Geryonia (Peron), 1 esp. nouv. G, appendiculata. Manche, 16° — Tima(Escholiz?), Ÿ. Bairdii de Johnston, Côtes orientales d'Ecosse. 4e FAMILLE. Vaisseaux simples ; ovaire en mavière de pédoncule. Gemmipare, A. Pédoncule à lobes latéraux; tentacules fasciculés, 17e — Bugainvilliu (Lesson, Hippocrene, Brandt). À 4 fuscicules de tentacules, 5 esp., dont 2 nouv. 18e — Lizzia (noôuv. à 8 fuscicules de tentucules et lobes inégaux au pédoncule) fondé pour le Cytalis oclopunctala, Sars, qui, avec deux autres espèces inédites, habitent les mers de Zetlund, B. Véduncule renflé ; tentucules nou fusciculés, 19e . — Moodeeria (nouv.), 4 esp. des Hébrides. C. Pédoncule allonge ; tentacules non fascicules. a, À quatre teutacules. 20e — Sarsia {(Lesson), 4 esp. britanniques, b. À un seul tentacule seulement développé. 2te — Sleenstrupia (nouv.), 5 esp. En tout il y a 50 espèces de Pulmogrades britanniques qui sont connues de M. Forbes, en excluant les formes douteuses et les variétés. Sur ce nombre, 45 avaient seulement été considérées comme anglaises, et les autres, à l'exception de 5, étaient inédites. (Annals of Nat. Hist., octobre 1846, p. 284.) 305 CATALOGUE RAISONNÉ DES FAMILLES, DES GENRES ET DES ESPÈCES DE LA CLASSE DES ÉCHINODERMES, Par MM. L., AGASSIZ et E. DESOR; PRÉCÉDÉ D'UNE INTRODUCTION SUR L'ORGANISATION, LA CLASSIFICATION ET LE DÉVELOP- PEMENT PROGRESSIF DES TYPES DANS LA SÉRIE DES TERRAINS : Par M. L. AGASSIZ. INTRODUCTION. La classe des Échinodermes a été circonscrite dans ses limites actuelles par G. Cuvier ; mais cet illustre zoologiste n’a pas fait une étude détaillée de ces animaux, et il s’est borné à résumer, dans son Règne animal, les connaissances acquises par ses devanciers sur les différents genres dont elle se compose. C’est à Lamarck que l’on doit l’'énumération la plus com- piète des espèces connues jusqu’à lui. Plus tard, MM. Defrance, de Blain- ville , Miller, Goldfuss et Charles Desmoulins ,en ont encore augmenté le nombre dans leurs ouvrages. Cependant d'importants travaux sur lor- ganisation des Échinodermes avaient déjà paru à cette époque, et une révision des genres, basée sur une connaissance plus complète de l'orga- nisation, devenait de jour en jour plus nécessaire. Les matériaux s'étaient accrus dans les musées; la persévérance des géologues à recueillir, dans toutes les couches qui composent l'écorce de notre globe, les débris des êtres organisés qu’elles renferment, avait enrichi les collections d’une foule d'espèces fossiles indéterminées. Ce fut alors que j'entrepris d'en étudier les caractères , et dès 1835 je publiai un Prodrome d’une monographie des Échinodermes (1) qui excita suffisamment d'intérêt pour donner naissance à différents travaux monographiques et à de nombreuses recherches ana- tomiques plus ou moins étendues. Après être resté étranger, en appa- rence du moins, pendant assez longlemps , à ces éludes, c’est avec un sentiment de reconnaissance que je rappelle l’assentiment avec lequel mes premiers essais ont été accueillis par MM. Ed. Forbes, Ed. Gray et J. Müller dans les publications récentes qu'ils ont faites sur les Astérides. Ayant constamment profilé des circonstances favorables dans lesquelles mes travaux sur les Poissons fossiles m'ont placé pour l'étude des fossiles en général, je puis aujourd'hui présenter un résumé du travail d’en- semble que j'ai fait sur les Échinodermes en général et sur les Échinides en particulier, et dont j'ai déjà publié quelques monographies, de concert avec MM. Valentin et Desor. (1) Prodrome d'une Monographie des Radiaires où Échinodermes , dans les Mém. de la Soc. des Sc. nat. de Neuchâtel, Tome I, 3° série Zoo. T. VE. (Novembre 1846.) 4 20 306 AGASSIZ ET DESOR. Matériaux de ce travail. Les matériaux sur lesquels ce travail repose sont épars dans les prin- cipaux Musées et dans les principales collections particulières d’Alle- magne, de Suisse, d'Angleterre et de France, comme je l'ai indiqué d’une manière plus détaillée dans mes monographies. Tout récemment encore, j'ai été à même d’en faire une nouvelle révision sur uve échelle très con- sidérable, M. Valenciennes ayant bien voulu mettre à ma disposition, avec sa libéralité habituelle , les immenses matériaux renfermés dans les gale- ries du Jardin du Roi. J'ai pu comparer ainsi directement, avec les es- pèces des galeries de zoologie, celles des galeries de géologie et celles de l'École des Mines, dont j'ai dû la communication à MM. Cordier et Élie de Beaumont, et celles de MM. Michelin, d'Orbigny, d'Archiac et Graves, en même temps que M. Desmoulins m'envoyait de Bordeaux tous les types de sa collection que j'ai désiré étudier, M. Sismonda toutes les espèces du Musée de Turin décrites par son frère, et M. Requien la vaste collection du Musée d'Avignon. Enfin, en même temps que je recevais le nouveau travail de MM. Duben et Koren sur les Échinodermes de Scandinavie, M. Desor rapportait du Nord une grande partie des espèces décrites dans cet ouvrage remarquable (1). En sorte que pendant plusieurs mois il y a eu à Paris un congrès d'Échinides, renfermant des exemplaires types de presque {outes les espèces décrites jusqu’à ce jour, et un très grand nombre d'espèces nouvelles qui ont été comparées directement les unes aux autres , et non pas seulement d'aprés des souvenirs, des notes et des dessins, Ces comparaisons m'ont permis d'apporter dans mon travail un degré de précision auquel je n'aurais jamais pu atteindre s*ns cela , el de rectifier une foule d'erreurs dans les déterminalions faites d'après les des- criptions ; et dans l'identification des espèces de différents terrains ou de différentes localités. Ces détails, qu'on pourrait taxer d'insignifiants en eux-mêmes, n’ont paru importants à signaler, parce qu'ils donnent la mesure du degré de confiance que mérite mon (ravail, et qu'ils me fournissent une occasion d'exprimer ma reconnaissance envers les personnes qui m'ont fourni d'aussi précieux matériaux. Importance de l'étude des Échinodermes. Malgré leur pelitesse et le rôle en apparerce insignifiant que jouent les Echinodermes dans la nature, ces änimaux ont une grande importance pour appréciation des phénomènes génétiques généraux relatifs à l'éta- blissement successif du rêgne animal à la Surface de nôtre globe. Cette importance, ils la doivent. d’un côté, à leur organisation compliquée, ét, de l’autre, à leur présence dans tous les étages de la série des terrains fos- silifères. Sans rappeler ici ce qu'il y a de bien connu dans l’histoire de leur (1) Ofversigt af Scandinaviens Ethinoderiner af M} W. von Dübén och J. Koren. — Mém. de l'Acad, des Se. db Stockholm, 1846. CATALOGUES RAISONNÉ DES ÉCITINIDES. 307 organisation, je me bornerai à faire remarquer que l'étude des espèces fossiles est féconde en résultats intéressants pour la-connaissance des mo- difications que la structure de ces animaux a subies dans la série des temps. En effet, l'enveloppe solide des Échinodermes n’est point simplement une production des téguments qui entourent la masse générale du corps: c'est, au contraire, une charpente solide très compiiquée et intimement liée à tous les principaux organes. C’est ainsi que l'ouverture de la bouche et les altaches des mächoires, lorsqu'elles existent, sont fixées aux pièces antérieures ou inférieures du test lui-même; c'est ainsi que l'anus tra- verse un groupe de plaques particulières placées diversement dans les différentes familles; c'est ainsi que des appendices locomoteurs , souvent très puissants, sont articulés à la surface extérieure des enveloppes so- lides ; c'est ainsi que le test présente des points d'attache à tous les or- ganes mous, qu'il forme à l’intérieur des cloisons tantôt simples, tantôt compliquées, destinées à protéger les circonvolulions de l'intesün, à séparer la cavité buccale du reste du corps, à entourer les organes respi- ratoires, et à donner passage à de nombreux tubes par lesquels l'animal communique avec l'extérieur; c’est ainsi que les ovaires et les testicules traversent des plaques particulières, que l'on chercherait en vain dans d’autres classes. Il n’y a pas jusqu'aux yeux, ces organes si importants, qui ne soient développés chez la plupart des Échinodermes, et logés dans de véritables orbites ou enfoncements percés dans des plaques particulières que traverse le filet nerveux de l'organe de la vue. Une enveloppe solide extérieure, qui est aussi intimement liée aux systèmes d'organes les plus importants à la vie, doit refléter d’une manière bien complète Les modifica- lions de l’organisation intérieure, et présenter, dans les détails de sa struc- ture, des caractères d'une haute importance, appréciables dans les espèces fossiles comme dans ies espèces vivantes, Il y a plus : aucune classe du règne animal ne présente dans ses détails une localisation plus précise des par- licularités qui distinguent ses types. Les moindres petits pores, les moin: dres petits Lubercules, leur arrangement , leur position , les rapports qui existent entre eux et les plaquettes qui les portent, tout se répète avec une admirable constance dans les différentes espèces d’un même genre, et des modifications qu’à la première vue lon pourrait croire sans impor- Lance acquièrent, convenablement étudiées, la valeur de caractères géné- riques importants. Aussi rien ne paraît plus difficile à faire qu'une bonne description d'Échinodermes, tant il y a de détails à observer, et tant la nature à mis d'ordre et de méthode dans leur arrangement. Mais ce n’est pas par les détails seulement que ces animaux se montrent étonnamment diversifiés ;il n’y a pas jusqu'à leur orientation dans les mi- lieux qui les entourent qui ne varie d’une famille et même d’un genre à un autre, C’est ainsi que certaines Holothuries sont couchées sur le flanc, la bouche en avant et l'anus en arrière , et ont ainsi une véritable extré- mité antérieure et une postérieure , un ventre , un dos et des côtés , ce qui esL assez contraire aux idées que l’on se fait ordinairement des animaux rayonnés ; {tandis que, chez les Cidarides, la bouche est en bas, l'anus en Fair et la périphérie tellement régulière, qu'il faut avoir recours à 208 AGASSIZ ET DESOR. des détails minutieux de leur structure pour y reconnaitre des {races de parité. Les Spatangues et les Clypéastres présentent des formes et une orientation intermédiaires entre les Cidarides et les Holothuries. L’anus, reporté en arrière, indique bien Fextrémité postérieure; l'alongement du corps permet bien de distinguer le côté droit et le côté gauche ; mais la position de la bouche , qui n’est pas toujours à l'extrémité antérieure du corps,et qui reste même encore subcentrale chez les Clypéastres, obscureit l'analogie qui existe entre la face supérieure de ces animaux ct le dos des Holothuries, et, à plus forte raison, celle de la face inférieure. Chez les Astérides , la position habituelle du corps est la même que chez les Cidarides, tandis que chez les Crinoïdes, chez toutes les espèces fixes, du moins, les rapports sont complétement renversés : l'animal, attaché au sol par une lige surgissant d'une de ces faces, s'étale en rayonnant dans tous les sens ; mais, à l'inverse des Étoiles de mer, la bouche est lournée en haut et l’anus s'ouvre à côté de la bouche. Du reste, Ia flexibilité de la tige de la plupart des Crinoïdes leur permet de se pencher dans tous les sens et de prendre, par conséquent, {outes les attitudes possibles vis-à-vis des milieux ambiant(s. À cet égard encore, les Crinoïdes occupent le der- nier rang parmi les Échinodermes, puisque la position respective de leurs organes vis-à-vis de leur entourage n’est pas même fixée. IL résulte de là que les Echinodermes, malgré le rang inférieur qu’ils occupent incontestablement dans la création, sont cependant plus propres à nous fournir des renseignements sur les modifications qu’a subies cette classe tout entière dans la série des temps géologiques, et sur la valeur de ces modificalions , que ne le peut, par exemple, le test des Mollusques, quelque diversifié qu'il soil. Aussi ne douté-je pas que la connaissance des Échinodermes n’acquière avant peu une très grande valeur pour l’his- toire des révolulions de notre globe, valeur qu'elle a déjà acquise pour moi, et que j'espère faire apprécier par les résultats Qu travail que je vais présenter. D'ailleurs, leur fréquence dans les couches de la terre, l'état parfait de conservalion dans lequel on les trouve fréquemment, la fixité de leurs caractères , l'élégance et la diversité de leurs formes, les recom- mandent d’une facon toute particulière à l’attention des géologues, et leur fréquence sur nos côtes devrait être un puissant stimulant pour en- gager les zoologistes à étudier, d’une manière encore plus complète qu’on ne l'a fait jusqu'à présent , leur organisation remarquable et les phases de leur développement, sur lequel nous ne possédons encore malheureu- sement aucune donnée complète. Division des Echinodermes. La classe des Échinodermes se divise très naturellement en trois ordres, savoir : 1° les Stellérides, 2° les Échinides, et 3° les Holothurides , caracté- risés de la manière la plus générale par leur forme extérieure , qui cor- respond à des parlicularités d'organisation de première importance. La forme étoilée des Stellérides semble rattacher cet ordre , d’une manière plus particulière, aux autres animaux rayonnés, ef leur assigner un rang CATALOGUE RAJSONNÉ DES ÉCIHINIDES. 309 inférieur dans la classe, que justifie également l’ensemble de leur organi- sation (1). Ce sont aussi les premiers qui apparaissent à la surface du globe; ils sont à peu près les seuls représentants de toute la classe dans les ter rains de transition, y compris l’époque houillère, Au premier abord, on pourrail être tenté de scinder les Échinodermes éloilés en deux et même en {rois ordres distincts; cependant, quand on les examine altentivement, on ne saurait méconnaitre une étroite liaison entre les Astérides propre- ment dites, les Ophiures et les Crinoïdes. En effet , les différences si tran- chées qui semblent exister entre eux, lorsqu'on compare les Crinoïdes et les Astérides, s’effacent pour ainsi dire complétement lorsqu'on tient compte des modifications que ces formes extrêmes présentent dans le groupe des Ophyures et des Euryales. Dans l'extension que je lui assigne ici , l'ordre des Stellérides comprend des animaux tartôt libres, tantôt fixés au sol par une lige plus ou moins longue. dout le corps est entouré de plaques en partie mobiles entourant une cavité centrale, munie d'une ouverture médiane, la bouche, el sou- vent d’une seconde ouverture, tantôt opposée à la première, tantôt juxta- posée , qui est l’anus. Des appendices plus où moins détachés se prolon- gent en forme de rayons autour de ce centre, el forment tantôt de simples prolongements de la cavité principale, tan{ôt des bras distincts et arti- culés, et même des rayons ramifiés et très compliqués. Dans les genres dont la cavité centrale est neltement circonscrite , les bras se détachent en forme d'appendices plus mobiles, mais aussi en rapport moins direct avec les systèmes d'organes intérieurs : tels sont les Crinoïdes. Chez d’au- tres, les bras, bien que distincts de la cavité centrale, sont cependant composés de plaques qui se lient encore étroitement à la cavité centrale: ce sont les Ophiures. Enfin, les prolongements étoilés des Astéries ne sont plus que des sinus de la cavité centrale. Rapports qui existent entre les différents ordres d'Échinodermes. M. J. Muller affirme, dans son grand travail sur les Astéries, que le caractère qui distingue le plus nettement ces animaux des autres Échino- dermes consiste dans un squelette intérieur, une sorte de colonne verté- brale , sur laquelle les plaques solides du squelette extérieur seraient fixées. Il affirme même que l'on n'observe rien de semblable chez les Échinides, dont la charpente solide est tout extérieure. Mais cette as- serlion est erronée, et le savant anatomiste de Berlin me parait avoir complétement méconnu l’analogie qui existe entre les ambulacres des Oursins et le sillon inférieur des rayons des Étoiles de mer. Cette analogie est cependant des plus complètes, car on y remarque le même arrange- ment des plaques, les mêmes ouvertures pour le passage des pédicelles, les mêmes rapports avec la plaque oculaire qui se trouve à leur sommetetavec Pappareil maslicatoire qui est à leur base. EH n'y a pas jusqu'aux plaques ambulacraires qui ne supportent la comparaison malgré leur plus grand (1) Lamarck est allé jusqu'à séparer les Encrines des Échinodermes, pour les ranger parmi les Polypes. 310 AGASSIZ ET DESOR. nombre. Quant au disque anal, il est beaucoup plus élendu, mais cela se conçoit aisément si on à égard à l'extension que prend, dans les Etoiles de mer, la région très étroite circonscrite par les plaques ocellaires et gé- nitales des Échinides. L'analogie des Astéries et des Oursins est même si complète, qu'on pourrait appeler les premières des Oursins ouverts et aplatis par derrière, el vice versä les Oursins des Étoiles de mercontractées et renflées en forme de sphère. Celte conformité des Oursins et des Étoiles de mer me fait douter de l'exactitude des observations qui placent les fi- lets nerveux qui se rendent aux yeux, à la face inférieure ou extérieure des ambulacres chez les Étoiles de mer, tandis qu'ils longent la face inté- rieure du test chez les Oursins. A la suite des Stellérides, on place tout naturellement les Échinides. Comme les Stellérides, ces animaux ont le corps entouré de plaques solides, mais ces plaques ont acquis une plus grande fixité. Leur nombre est déterminé: elles forment constamment dix zones de plaques dis- posées par paires, dont les unes sont perforées, tandis que les autres sont entières. Ces plaques, qui alternent d'une manière constante, sont dispo- sées de manière à former un corps sphéroïde, tantôt globuleux , tantôt allongé et plus ou moins aplati. Des plaques d’une nature particulière entourent la bouche, qui est placée au centre d'irradiation des dix zones, tandis que l'anus s'ouvre dans une autre direction, soil en arrière , soit à l’opposite de la bouche. La gradation qui existe entre les Échinides et les Stellérides est évidente ; ee sont bien les mêmes éléments constitutifs qui se retrouvent dans les deux groupes, comme cela s’observe, en général, chez les animaux d’une même classe. Mais, tandis que les Stellérides présentent des combinaisons très variées, et un arrangement qui n’est fixé que dans certaines parties, tandis que d'autres se multiplient pour ainsi dire à l'infini, ce qui est tou- jours un caractère d'infériorité, les Échinides nous offrent une fixité dans leur charpente qui prouve que, chez ces animaux, les caractères propres à la classe se sont circonscrits dans des limites déterminées et constantes. Néanmoins les Échinides ont encore une forme rayonnée bien évidente, La bouche est le centre autour duquel tous les organes sont disposés. Les appareils qui l'entourent, et auxquels elle s'attache, se consolident les premiers , et, au moyen de rapprochements basés sur la position du corps madréporique et des ouvertures génitales, il est toujours facile de rame- ner à une position identique les zones de plaques des Échinides et les rayons des Astéries , et de retrouver une tendance à la disposition bilaté- rale chez les Étoiles de mer les plus régulières en apparence , non moins que chez les Spatangues les plus allongés. Accroissement des Echinides. S'ilest facile de saisir ces rapports, il n’est pas aussi aisé de se faire une juste idée du mode d'accroissement d'animaux sphéroïdes ou étoilés ayant un nombre de rayons déterminé , et une enveloppe extérieure com- posée de pièces solides dont le nombre va en augmentant. A défaut d'ob- CATALOGUE RAISONNÉ DES ÉCHINIDES. DIE servalions directes, j'ai pu lirer quelques inductions, sur ce sujet , de la comparaison de nombreux individus de différente taille, de Ia méme es- pèce, et je me suis assuré que ce sont les extrémités opposées du corps qui se consolident les premières; c'est-à-dire chez les Échinides, d'un côté la bouche, et de l'autre les plaques génitales et ocellaires qui for- ment comme les deux pôles de la sphère. Les plaques de la périphérie augmentent d'aborden volume et en nombre autour de la bouche, et, à mesure que lOursin grandit, c’est entre les plaques déjà formées d’un côté , et les plaques génitales el oculaires de l'autre, qu'il s’en forme de nouvelles. En d’autres termes, et si l'on se fonde, dans cette comparai- son, sur la position particulière que présente Fanus chez les Cidarides, c'est la région antérieure qui se développe la première, et c’est à l’ar- rière du corps que se forment les nouvelles divisions, à peu près de la même manière que se forment et se multiplient les anneaux chez les An- nélides et les Helminthes, d'après les belles observations de MM. Milne Edwards et Eschricht. Quant aux Astéries, il est évident que la plaque impaire, qui se trouve à l'extrémité de chaque rayon, et dans laquelle est logé l'œil, est identique avec la plaque ocellaire qui se trouve au sommet de chaque ambulacre des Échinides. On sait également que c’est près de l'angle compris entre les rayons que s'ouvrent lesovaires. Quoi de plus naturel, dès lors. que de chercher les nouvelles plaques en dessous de ces points? Et c'est, en effet, entre la plaque ocellaire et les pièces déjà formées que se développent les nouvelles plaques ambulacraires des As- téries , tandis que les plaques interambulacraires se forment sur les cô- tés, ce qui laisse quelque incertitude sur les rapports des deux séries de plaques interambulacraires qui bordent chaque côté d'un ambulacre. Il y a donc encore une difficulté à résoudre sur ce point particulier dans les rapprochements que nous venons de faire, rapprochements que lon est, naturellement tenté de poursuivre jusque dans les moindres détails de lorganisation, lorsque l'analogie est si frappante dans son ensemble. Les Échinides au point de vue géologique. L'existence des Échinides dans la série des terrains remonte à l'époque de la déposition du terrain carbonifère. Ils sont donc postérieurs aux Stellérides, auxquels ils succèdent dans l’ordre de leur gradalion orga- nique (1). Je vais essayer de résumer, dans leur plus grande généralité, les (1) Le peu de renseignements nouveaux que j'aurais à présentér sur les Holo- thuries m'engage à ne pas m'étendre sur ces animaux, qui paraissent exclusive ment propres à la création actuelle, bien que la mollesse de leur enveloppe ne permette pas de nier d'une manière absolue leur existence à une époque anté- rieure à la nôtre. Je me bornerai à faire remarquer que, par l'arrangement des ambulacres en séries verticales , surtout chez les Pentactes. les Holothuries se rattachent de la manière la plus directe aux Échinides , bien que leur forme al- longée et l'absence de plaques solides dans l'enveloppe de la plupart d'entre elles o12 AGASSIZ ET DESOR. faits relatifs à leur ordre de succession dans la série des Lerrains les mieux constatés jusqu’à ce jour. On ne remarquera sans doute pas sans quelque surprise l’analogie qui existe à cet égard entre les Échinodermes et les Poissons fossiles. Ayant développé ailleurs, d'une manière très détaillée, les résultats de mes recherches sur ces derniers animaux (1), je me bornerai à rappeler ici le fait le plus général que j'ai déduit de ces observations, c’est qu'une classification naturelle, basée sur l'étude de l’organisation, établit dans ces deux classes le rapport le plus intime entre la gra- dation zoologique des types et leur ordre de succession dans la série des terrains, ou, en d’autres termes, que larrangement zoologique le plus naturel est l'expression la plus générale de l’ordre géologique, et vice versà, l'ordre de succession génétique, l'indication la plus sûre des vraies affinités naturelles. Et s’il en est ainsi des Échinodermes et des poissons, il est plus que probable qu’il en sera de même de toutes les classes du règne animal : aussi ce résultat me parait-il devoir ouvrir une nouvelle ère aux études zoologiques. On ne saurait du moins douter, dès à présent, que cette méthode de contrôler la zoologie par la paléontologie et la paléontologie par la zoologie ne fasse prochainement découvrir une foule d’affnités restées inaperçues, et qui élèveront l'étude des fossiles au rang d’une science complémentaire de la zoologie , comme la physiologie est le complément de l'anatomie. En effet , la paléontologie n'aura pris le rang qui lui est dù dans les sciences naturelles que lorsqu’elle se posera pour but de nous faire connaître le développement du règne animal dans son eusemble , avec autant de détails qu’on a cherché à étudier, dans ces derniers temps, l'histoire du développement individuel des espèces. On se ferait cependant une fausse idée de établissement successif du règne ani- mal à la surface du globe terrestre, si l’on concluait trop rapidement du résultat général que je viens d'énoncer, à une gradation progressive de chacun des types particuliers des classes auxquelles j'ai fait plus parti- culièrement allusion. Au contraire, l'étude détaillée de ces animaux dans toutes leurs ramifications nous a appris que, dans cette marche générale vers un développement progressif, chaque groupe secondaire, pris isolé- ment, présente des particularités dignes de toute notre attention, et pro- pres à nous éclairer sur les tendances qui se manifestent dans ce travail génétique. Malheureusement nous n’avons encore aucune donnée sur le dévelop- pement embryologique des Oursins (2) etdes Holothuries, et les rensei- gnements que nous possédons sur celui des Étoiles de mer sont restreints à un espace trop court de leur existence pour qu'il nous soit possible d'éta- leur donnent une ressemblance assez frappante avec certains Vers, et leur assignent, à n’en plus douter, le plus haut rang dans la classe des Échinodermes. (1) Recherches sur les Poissons fossiles, vol. I. (2) On annonce, comme devant paraître prochainement, un travail sur l'em- bryologie des Oursins, par M. de Baër, D. CATALOGUE RAISONNÉ DES ÉCHINIDES, 515 blir, dès à présent, des rapprochements entre les phases de ce développe- ment et l’ordre de succession géologique de ces animaux, comme nous l'avons fait pour les poissons. Néanmoins les faits géologiques sont assez significatifs à eux seuls pour nous faire entrevoir des résultats très impor- tants pour la physiologie, dans une étude embryologique détaillée des Échinodermes. Dans tous les cas, ces faits coïncident avec les résultats auxquels les zoologistes se sont le plus généralement arrêtés, quant à leur classification. C’est ainsi que les Échinoäermes éloilés. qui, comme nous l'avons vu plus haut, sont la souche primitive de toute la classe, et en même lemps son ordre inférieur, commencent leur développement dans les terrains les plus anciens par une foule de genres et d'espèces qui, à bien des égards, nous paraissent de beaucoup supérieurs à leurs représen(ants actuels. L'étude des végétaux fossiles a déjà mis en évidence des faits analogues. Il suffit, pour s’en convaincre , de rappeler les Fougères, les Lycopodia- cés, les Équisétacés des terrains houillers, et de les comparer aux re- présentants actuels de ces familles. Sans généraliser dès à présent ces observations, on pourrait considérer ces prototypes de la classe des Échi- nodermes comme des êtres synthétiques, précurseurs de tous les autres * types, et participant, à ce titre, à la fois des caractères propres de l'ordre auquel ils appartiennent , et rappelant, par les particularités mêmes qui les distinguent de leurs représentants actuels, les modifications survenues dans l’organisation de cette classe qui, lorsqu'elles se prononcent d’une manière plus intense à une époque postérieure, donnent lieu à l’établis- sement d’autres ordres bien nettement tranchés. Sous ce point de vue done, les premiers. Échinodermes, les Crinoïdes des terrains de transi- tion, sont les Stellérides les plus élevés. L'état de conservation d’un grand nombre d’entre eux ne permet pas de douter qu'ils n'aient tous une bou- che et un anus distincts, ce qui n’est plus le cas d’un grand nombre d’As- téries des temps géologiques modernes et de l'époque actuelle. Les Crinoï- des paléozoïques affectent des formes sphéroïdales, comme les Échinides, leurs supérieurs , pour passer plus tard à la forme nettement étoilée des Étoiles de mer proprement dites, auxquelles personne n'hésite à assigner un rang inférieur à celui des Oursins. À un seul égard, les Crinoïdes an- ciens sont inférieurs à tous les autres Échinodermes, c'est qu'ils sont constamment adhérents au sol, et entièrement dépourvus d'yeux, qui existent même chez les Astéries. Mais, peu à peu , ces formes primitives disparaissent , de nouveaux types viennent successivement remplacer les plus anciens, si bien qu’à la fin les Crinoïdes pédiculés se trouvent réduits à deux genres, qui sont associés, dans l’époque actuelle, à une infinité de geures entièrement détachés du sol, et qui ont complétement perdu l’ana- logie extérieure que les Crinoïdes anciens avaient avec les autres groupes de la classe. Quelques exemples feront mieux saisir la vérité de ces résul- tats. Les Cystidées et les Échinocrinites pourraient facilement être con- fondus avec des Oursins ; or ils sont exclusivement propres aux lerrains de transition. Les Comatules, au contraire, qui sont des Crinoïdes libres, n'ont de représentants fossiles que dans les terrains jurassiques. Il en est 314 AGASSIZ ET DESOR. de même des Ophiures el des Astéries proprement dites. En revanche, ces dernières sont très nombreuses dans la création actuelle, comme nôus l'ont appris les beaux travaux de MM. Gray, E. Forbes, J. Müller et Tros- chel, sur cette famille. Une étude plus complète du développement des Comatules confirmera sans doute aussi les vues ingénieuses que M. de Buch à émises sur les rapports qui existent entre les phases de ce déve- loppement qui sont déjà connues maintenant, et les différentes modifica- tions du type des Crinoïdes. Les Echinides au point de vue zoologique. Ces résuitals généraux conserveraient toute leur valeur, alors même que lon séparerait définitivement les Crinoïdes des Ophiures ct des Asté- ries, Comme familles indépendantes. H en serait alors de ces derniers comme des Plectognathes vis-à-vis des Ganoïdes; pour être plus nette- ment séparés, ils n'en apparaîtraient pas moins dans l’ensemble de la classe comme les successeurs et les remplaçants les uns des autres, dé- viant seulement plus ou moins de la souche primitive, et prenant peu à peu leur rôle d’une manière plus ou moins complète. L'ordre des Échinides forme un groupe très naturel par ses caractères * anatomiques , bien qu'il présente des modifications de forme assez consi- dérables. On remarque chez eux une gradalion organique très sensible et facile à saisir, qui consiste surtout dans la transformalion successive du type sphérique des vrais Oursins en une forme plus ou moins allongée , telle qu'elle se présente chez les Spatangues, passant par de nombreux intermédiaires, tantôl déprimés, tantôt renflés, avec une tendance à un déplacement marginal des principaux centres de structure. Ces modifica- tions offrent des moyens faciles de subdiviser les Échinides en familles na- turelles. Dans mes premiers travaux sur ces apimaux, j'en ai distingué trois, fondées essentiellement sur la position relative de ia bouche et de anus. Dans les Échinides dont la forme est parfaitement symétrique et rayonnée, la bouche est exactement centrale, et les rayons organiques qui sy rattachent sont tous également développés, convergents vers l'extrémité opposée, au centre de laquelle se trouve l'anus, constamment entouré de cinq orbites qui alternent avec les cinq plaques génitales. Chez ces animaux , la bouche et l'anus sont exactement opposés, et occu- pent, pour ainsi dire, les deux pôles d'un corps sphérique. La position normale de l'animal en marche est verticale, la bouche en bas et l'anus en l'air. La famille des Clypéastroïdes conserve une position semblable; la bouche est centrale où à peu près, tandis que l'anus, abandonnant le sommet opposé vers lequel convergent les ambulacres et les organes géni- taux, avee lesquels les orbiles alternent comme dans les vrais Échinides, s'ouvre de côlé, tantôt à la face supérieure, tañtôt à la face inférieure ou sur le bord même. Il est facile dès lors, malgré Ja forme plus ou moins circulaire de ces animaux, de déterminer Faxe antéro-postérieur; car il est évident que lon doit considérer comme postérieure la région CATALOGUE RAMSONNÉ DES ÉCHINIDES. 515 anale, et cela d'autant plus que lanus est percé entre les deux séries de plaques d’une aire interambulacraire . de telle sorte qu’un plan tracé par le milieu de la bouche et de l’anus coupe le corps en deux moiliés symétriques. Nous verrons plus bas que cette famille, telle que je l'ai établie dans mon lProdrome, comprend deux {ypes distincts, qu'il faudra séparer à l'avenir. Chez les Spatangoïdes, la forme allongée devient plus sensible: Paxe antéro-postérieur se reconnait immédiatement à l'allongement de l’ani- mal lui-même , et à la position des deux ouvertures du canal alimentaire qui se trouvent aux extrémités opposées du corps. En effet, chez ces Our- sins la bouche n’occupe plus le centre de la face inférieure; elle est, au contraire , placée en avant, sous Le bord antérieur, tandis que l'anus est en arrière, tantôt en dessus, tantôt en dessous du bord postérieur. Mal- gré ce déplacement de la bouche, les rayons du corps divergent encore régulièrement à partir de l'ouverture buccale, et se réunissent à la face supérieure, comme chez les Clypéastroïdes. Ici aussi, les ambulacres, les orbites, les pores génitaux convergent vers un même centre , tandis que l'anus est percé entre les plaques interambulacraires postérieures. J'ai fait remarquer plus haut que les Clypéastroïdes, tels que je les ayais d’abord circonscrits, constituent un groupe composé de deux types dis- tincts. En effet , les vrais Clypéastres ont de fortes mâchoires armées de dents acérées , tandis que les Échinonées et les Nucléolites en sont com- plétement dépourvus. Ce fait m'a conduit à examiner de nouyeau la va- leur des caractères empruntés à la dentition, dont M. Charles Desmoulins s'est déjà servi si avantageusement dans la distinction de plusieurs gen- res (1), et j'ai reconnu que les particularités que l’on observe dans l'ap- pareil masticatoire des différents genres munis de dents peuvent toutes se rapporter à deux types distincts. Chez les Cidarides, les mâchoires sont composées de nombreuses pièces verticales, suspendues au centre de lou- verture buccale, au moyen de muscles vigoureux qui s’attachent, d'un côlé, à la face extérieure du côté maxillaire, et, de l’autre, à des auri- cules saillantes qui surgissent de la face interne du pourtour solide de lorifice buccal. Indépendamment des cinq dents, les mâchoires se com- posent de trente pièces, dont vingt sont réunies par paires, soudées deux à deux et embrassant une dent, tandis que les dix autres sont appliquées au-dessus et entre les pièces paires, qu'elles servent en même temps à réunir et à faire mouvoir. Chez les Clypéastroïdes , le système dentaire est beaucoup plus simple, les mächoires ne se composent que de dix pièces soudées par paires , sur le milieu desquelles sont fixées les cinq dents. Ces mâchoires reposent elles- mêmes sur dix supports surgissant à la face interne du fest, et sur les- quels elles pivotent à l’aide d’unepetiterotule intermédiaire. Il n'y a done, chez les Clypéastres, ni pièces accessoires paires aux mâchoires, ni pièces intermédiaires au-dessus des pièces paires. Tout l'appareil est réduit à (1) Etudes sur les Échinides , par Charles Desmoulins (Actes de lu Soc. Linn. de Bordeaux, 1. VII) 216 AGASSIZ ET DESOR. des lames horizontales, triangulaires, sur l'angle desquelles les dents font saillie. Que ces lames maintenant soient minces et simples, ou que leurs bords soient renflés et feuilletés, peu importe en général ; car tou- jours est-il que les mâchoires des vrais Clypéastres, celles des Laganes, des Scutelles, des Échinocyames, des Fibulaires et de tous les genres qu’on en a démembrés, sont conformées de la même manière, el adaptées à leur usage d’après un plan différent de celui des Cidarides. Je pense dès lors que ces genres doivent constituer une famille distincte à laquelle je conserverai le nom de Clypéastroïdes, tandis que j'en sépare les Échino- nées, les Nucléolites, les Échinolampes, les Cassidules , les Discoïdées et les Galérites, qui tous sont dépourvus de mâchoires, et constitueront à l'avenir une famille à part pour laquelle je propose le nom de Cas- SIDULIDES. Division des Echinides en familles. Il résulte de cette comparaison que l’ordre des Échinides comprend maintenant quatre familles, dont deux munies de dents et deux édentées : les Cidarides et les Clypéastroïdes d’un côté, les Cassidulides et les Spa- tangoïdes de l’autre. Si maintenant nous examinons plus en détail les rap- ports des différents membres de ces familles entre eux , et avec les ordres voisins, nous ne pourrons méconnaître une liaison plus intime entre les Astérides et ies Cidarides, liaison qui se trahit par la forme rigoureuse- ment rayonnée de ces derniers, auxquels il faut dès lors assigner le rang inférieur dans l'ordre des Échinides. Et quant aux Cidarides eux- mêmes, nous les subdiviserons en quatre tribus : les vrais Cidarides, à test épais, portant de lourds et gros piquants, quelquefais elavellés , et sou- vent granuleux, ayant des dents simples, des mâchoires ouvertes, des ambulacres très étroits, et deux rangées de gros tubercules perforés sur les aires interambulacraires. Les Salénies, qui se distinguent par un écusson apicial d’une structure tout-à-fait particulière. Les vrais Échi- nides (1), à test mince, à dents trilamellées, à {ubercules à peu près d'égale grosseur sur les aires ambulacraires et interambulacraires , et à piquants subulés el finement striés ou écaillés. Enfin les Échinomètres , qui ont tous les caractères des vrais Échinides, mais qui s’en distinguent par leur forme oblongue et par la position oblique de leur axe antéro- postérieur. Ce caractère exceptionnel des Échinomètres est peut-être une première tendance vers l'allongement régulier de l'axe du corps, qui est si nettement marqué chez les Spatangues. Dans ce cas, les Échinomètres mériteraient d'occuper le premier rang dans la famille des Cidarides. Une considération géologique, qui n'est pas sans importance, tend à confirmer cette supposition, c’est l’ordre de succession dans lequel les vrais Cidarides (1) Le groupe des Échinides peut se subdiviser en deux sections : les Échi- nides proprement dits, dont les pores sont disposées par triples paires obliques {dont le genre Échinus est le type), et les Échinocidaris, dont les pores sont par simples paires (les Diadèmes, Échinocidaris, etc.). CATALOGUE RAISONNÉ DES ÉCHINIDES. 317 apparaissent au milieu des terrains. On connaît des Diadèmes dans le mus- chelkalk et dans le lias, de vrais Cidaris et des Pédines dans l’oolithe infé- rieure, dans le trias et même dans le calcaire carbonifère; mais les vrais Échinides ne descendent pas même jusqu’au lias, et il n'existe qu’un très petit nombre d'Échinomètres fossiles dans les terrains tertiaires, tandis que les espèces vivantes sont très abondantes. Or, comme nous avons déjà reconnu si souvent une coïncidence surprenante entre la gradaltion orga- nique des animaux et leur ancienneté relative, on ne saurait raisonnable- ment douter que si les Échinomètres présentent des caractères exception- nels dans l’ordre des Échinides, c'est à raison du rang qu’ils occupent. Nous avons déjà fait remarquer, en commençant , que l’ordre des Échi- nides, dans son ensemble, rappelait, dans un degré supérieur d’organisa- tion, le type des Crinoïdes des terrains les plus anciens. Cette ressemblance, tout extérieure dans son ensemble, et qui, prise dans sa généralité, ne rappelle que la forme globuleuse de la couronne de ces anciens fossiles , se montre plus particulièrement dans les vrais Cidarides, qui, comme nous venons de le voir, occupent le rang inférieur parmi les Échinides. En effet, dans aucune famille d'Échinides, les plaquettes des interambu- lacres ne sont plus hautes comparativement à leur diamètre périphéri- que; dans aucune autre famille, ces plaquettes ne sont plus distinctes ; enfin, nulle part, les ambulacres n’occupent moins d’espace à la surface même du corps. Ces rapprochements ne sont donc pas des exagérations philosophiques, mais bien lexpression d’une ressemblance réelle de types, d'ailleurs fort éloignés, résultant sans doute du mode de réalisa- lion de la pensée créatrice , qui s'est manifestée successivement dans des types qui en sont l'expression partielle. C’est un fait digne de remarque , que la constance des formes dans tous les genres de la famille des Cidarides. Cette uniformité rend la distinction des genres et des espèces fort difficile ; elle est telle, dans plusieurs, qu'à moins de comparaisons directes et très altenlives, on parviendrait à peine à saisir leurs caractères distinctifs. C’est bien ici le lieu de faire remar- quer combien on est éloigné de la vérité, lorsqu’on considère les divisions même les plus naturelles de nos échafaudages systématiques comme des groupes d'égale valeur, et lorsqu'on admet que les genres et les espèces doivent être basés sur des caractères également nets et tranchés dans toutes les divisions du règne animal. Il est des familles que l’on pour- rait appeler familles par séries, où les espèces paraissent si étroitement liées entre elles, que leur rapprochement en genres distincts semble parfois une violence faite à la nature; et, cependant, si l'on consi- dére la constance de ces petites différences dans certaines limites , on doit reconnaître qu’elles ont une valeur tout aussi grande que certains caractères saillants et tranchés sur lesquels reposent les genres dans les familles plus fortement dessinées. Il y a plus : non seulement les genres constituent des groupes de valeur inégale, et séparés inégalement les uns des autres par les différences qui les distinguent, mais encore les espèces d’un même genre sont loin d’avoir les mêmes affinités entre elles. Il est même peu de genres qui ne comptent certaines espèces très voisines à 313 AGASSIZ ET DESOR. côté d'autres espèces plus nettement séparées ; en sorte que, pour rendre exactement toutes ces gradations dans les affinités naturelles des êtres organisés , il serait nécessaire de multiplier les coupes bien au-delà de ce qu’on a l'habitude de faire, et d’assigner à ces coupes une valeur déter- minée , dans leur hiérarchie, pour exprimer, autant que possible, l’é- tonnante diversité que la nature présente dans la filiation des êtres organisés. Comme nous venons de le voir, le groupe des Clypéastroïdes se rap- proche de celui des Cidarides par la position de la bouche, qui se trouve au milieu de la face inférieure, dans une position plus ou moins cen - trale, et par la convergence des ambulacres vers le sommet de la face supérieure, qui est opposée à l'ouverture buccale, Il y a seulement cette différence fondamentale, que l’ouverture postérieure du canal alimen- taire est reportée en arrière, que le système dentaire est plus simple et suspendu d’une autre manière, et, enfin, que la forme générale du corps n'est ni sphérique, ni même régulièrement circulaire ; car les dia- mètres antéro-postérieur et transverse sont toujours nettement accusés , sans que le premier soit toujours prépondérant. [1 y a, er effet, des Cly- péastroïdes dont le diamètre transverse l'emporte sur le diamètre longitu- dinal ; il y en a d’autres où c’est l'inverse. Quelques uns sont très bombés, même ovoïdes, landis que d’autres sont très aplatis : leurs bords sont parfois arrondis , mais le plus souvent comprimés, échancrés, et même dentelés et perforés. Cette diversité des contours semble indiquer, chez les Clypéastroïdes, uné absence de précision dans le plan même de leur organisation, qui se trahit parfois par des monstruosités, par défaut et par excès, et même par des difformités qui sont fort rares dans d’autres familles. C’est ainsi qu’on rencontre parfois de vrais Clypéastres à quatre et à six ambulacres , et des variations de forme très remarquables dans la même espèce. C'est ainsi que les Scutelles sont souvent difformes, et les échancrures et les perforations des Mellites, des Encopes et des Lobo- phores très irrégulières. Il n'y a pas jusqu’à la position de l'anus qui ne varie dans la même espêce, jusqu’à se trouver tantôt au-dessus, tantôt au-dessous du bord postérieur, ou dans le bord lui-même. Dans cette fa- mille , les espèces sont aussi difficiles à distinguer que dans celle des Ci- darides , mais pour des raisons bien différentes: c’est qu’elles varient à tel point, que l'on parvient à peine à tracer les limites de l'amplitude de ces variations , tant elles sont grandes ; tandis que, chez les Cidarides, il y a des différences à peine saisissables entre les espèces les plus distinctes, et, néanmoins, ces légères differences sont d’une constance admirable. D’après ce que je viens de dire de l'instabilité des caractères chez les Clypéastroïdes, on ne doit pas s'attendre à voir celte famille se fractionner en tribus naturelles. En effet , quelque grandes que soient les différences qui distinguent extérieurement les genres Rotula, Arachnoïdes et Fibula- ria, il est évident qu'ils appartiennent tous au même type, et qu'ils se rattachent les uns aux autres par une série de genres intermédiaires; les Fibulaires passent aux vrais Clypéastres par les Échinocyameset les La- ganes, comme les Scutelles perforées et dentelées s’en rapprochent par CATALOGUE RAISONNIÉ DES ÉCIINIDES, 319 celles à contours simples. Nous ne croyons dès lors pas possible d'établir des subdivisions naturelles dans la famille des Clypéastroïdes , malgré les différences assez notables qu'elle présente dans son organisation, qui nous montre des genres chez lesquels l'appareil masticatoire est renfermé dans une cavité distincte de celle qui contient les intestins, tandis que, dans d’autres, ces organes ne sont pas séparés. Dans d’autres genres, il y a de simples piliers entre ces deux régions. Enfin, chez les uns, les parois du test sont simples, tandis que, chezles autres, on y aperçoit des canaux très compliqués. L'existence de la famille des Clypéaslroïdes ne remonte pas à un âge bien reculé ; elle apparait avec les premiers terrains tertiaires, et c'est dans la création actuelle qu’elle domine et que-les espèces sont le pius diversifiées. La grande diversité des formes vivantes me semble un fait analogue à celui que présente la famille des Ammonites à la dernière épo- que de son existence dans les terrains crélacés, où lon voit apparaître une foule de genres bizarrement enroulés à la suite des espèces si régu- lières el si parfaitement symétriques des terrains les plus anciens. La famille des Cassidulides , séparée des Clypéastroïdes à cause de la conformation particulière de la bouche, qui est dépourvue de mà- choires et de dents, comprend encore us nombre considérable de genres el d'espèces assez différents pour être groupés en deux tribus. Chez tous, la boucbe.est centrale et l'anus marginal, tantôt supérieur, Lantôt infé- rieur. Néanmoins, la famille des Cassidulides se divise naturellement en deux groupes bien distinets, dont l’un a les ambulacres composés de pores simples , tels que les Galérites, les Discoïdées, les Holectypes, Les Carato- mus, les Pyrines, les Échinonées, etc ; c’est mon groupe des Échinonéides: L'autre, au contraire, a les ambulacres pélaloïdes, comme les Clypéas- troïdes ; tels sont les Cassidules, les Nucléolites, les Clypeus, les Échino- lampes , ele., dont je fais mon groupe des Nucléolides. Ces différences établissent de prime abord des rapports multiples entre les Cassidulides et les autres familles de l’ordre des Échinides. Ainsi les Galérites se ratta- chent aux Dysaster et aux Ananchytes de la famille des Spatangoïdes par les Hyboclypes, tandis queles Échinolampes rappellent d’un côté les vrais Spatangues, et de l'autre les vrais Clypéastres. Les deux groupes de la famille des Cassidulides apparaissent simuliané- ment dans les couches de la terre, Ainsi nous trouvons dans l’oolite inférieure des Clypeus et des Pygurus associés à des Holectypes et à des Hoboclypes. Ici aussi, les formes rondes précèdent les formes allongées, puisque des Clypeus on passe successivement aux Échinolampes, et des Holectypes aux Galérites et aux Pyrines. Les deux groupes ne se maintiennent pas avec la même persévérance ‘ dans les époques suivantes. Tandis que le groupe des Nucléolides prend un développement considérable dans les terrains terliaires où nous voÿons apparaitre les genres Echinolampas et Pygorhynchus, remarqua : bles par leur dimension , le groupe des Galérites disparait, au contraire, presque complétement , si bien qu’il n'a plus qu’on seul représentant dans l’époque actuelle, le genre Échinoncus. 320 AGASSIZ ET DESOR. La famille des Cassidulides a aussi de son côté quelques rapports avec les Cidarides. Certains:genres, tels que les Pygaster et les Holectypes, rappellent par leur forme les vrais Echinus. Leurs tubercules, plus sail- lants que ceux des Clypéastroïdes, sont distinctement mamelonnés, et forment des séries verticales; leur bouche est circulaire, et son pourtour entaillé de manière à imiter la forme du support des mâchoires, et à pro- duire dans le moule une empreinte analogue à celle des dents. Toutefois ces ressemblances sont plus apparentes que réelles; car, en réalité, l'ap- pareil masticatoire leur manque, et l'anus, au lieu de s'ouvrir à l’opposite de la bouche, se trouve reporté dans l'aire interambuiacraire impaire. L'analogie est plus frappante entre les Cassidulides et les Clypéas- troïdes. A ne considérer les Échinolampes et les Clypéastres que par leurs formes extérieures, on pourrait être tenté de les réunir, et des auteurs d’un grand mérite, comme Lamarck et Goldfuss, les ont en effet réunis; mais s'ils avaient su que les Échinolampes sont entièrement dépourvus de dents, tandis que les Clypéastres sont munis d’un appareil mastica- toire formidable , ils auraient probablement devancé MM. de Blainville, Gray et Desmoulins dans le rétablissement de ce genre. En effet, les Échinolampes , les Cassidules et les Nucléolites ne différent que trés peu dans les traits principaux de leur organisation. Leurs formes mêmes se répètent, et la constance des caractères qui leur sont communs ne fait que nous montrer d’une manière plus évidente combien les positions bizarres qu’affecte l'anus dans les genres Clypeus, Nucleolites, Pyqurus, etc., sont secondaires dans cette famille, si bien qu’elles méritent à peine d'être prises en considération dans l'établissement des genres. Dans cette tribu, comme dans la précédente, nous remarquons que les formes circulaires des Clypeus et des Pygurus précèdent, dans la série des ter- rains, les formes plus allongées des Échinolampes. La famille des Spatangoïdes, enfin, paraît devoir occuper le rang le plus élevé dans l'ordre des Échinides. La’forme strictement étoilée des Cida- rides, qui ne subit qu'un allongement peu sensible dans quelques Clypéas- troïdes et quelques Cassidulides , fait place ici à une symétrie paire {rés évidente. L'un des cinq rayons affecte même ordinairement une structure différente des quatre autres, dont la parité ressort dès lors d'une manière encore plus frappante. Les ouvertures génitales sont souvent réduites à quatre , et même à deux. La bouche n’occupe plus une position centrale, et , bien qu'elle soit encore le centre d'irradiation des différents organes, elle est reportée vers l’extrémité antérieure du corps, où elle occupe néanmoins toujours une position inférieure, tandis que l'anus, placé à l'extrémité opposée, s'ouvre tantôt en dessus, tantôt en arrière, tantôt en dessous. Lamarck avait divisé les Spatangoïdes en deux genres, les Ananchites el les Spatangues ; le premier comprenait toutes les espèces dont lPanus est infra-marginal, et le second celles dont l’anus est supra-marginal. Ce- pendant, il est aisé de s’apercevoir que ces deux genres renferment des types très différents, surtout celui des Spatangues; aussi l’ai-je fractionné depuis longtemps en plusieurs genres, me fondant principalement sur Ja CATALOGUE RAISONNÉ DES ÉCHINIDES. 321 forme et la structure des ambulacres. Ces coupes, dont quelques unes pouvaient paraître arbitraires dans l’origine, ont été validées de la ma- nière la plus salisfaisante par les recherches de MM. Krobhn et Desor sur les pédicellaires. Ces organes ne sont pas répartis sur la surface en- tière du test , comme chez les Echinus; ils sont, au contraire , réunis en zones ou cordons flexueux, qui se distinguent dans plusieurs espèces par une coloration particulière. Lorsque l'Oursin est dépourvu de ses pi- quants , ces zones se présentent à la surface du test sous la forme de ban- delettes, en apparence lisses; mais, si on les examine à la loupe, on s'aperçoit qu'elles sont composées de très petits granules, de véritables tubercules, sur lesquels s’arliculent les pédicellaires. Ces bandelettes, que j'appelle avec M. Desor fascioles , ne sont donc pas un caractère insigni- fiant, puisqu'elles correspondent à des organes particuliers, et sans doute importants dans l’organisalion de ces animaux. Tous les Spatangoïdes n’ont cependant pas des fascioles , et il est digne de remarque que ce soient précisément les plus anciens dans la série des terrains qui en sont dépourvus, savoir : les Holaster, les Toxaster, les Ananchytes et les Dysaster,c’est-à dire précisément les genres qui se rap- prochent le plus des Cassidulides. Or, ces mêmes genres se distinguent aussi par une disposition particulière des tubercules, qui rappelle celles des Galérites. Les Dysaster sont ceux qui s'éloignent le plus des vrais Spatangues, si bien que j'ai longtemps conservé des doutes sur la place qu'il convenait de leur assigner dans la méthode. A la forme allongée des Spatangoïdes , ils joignent certains caractères qui les rapprochent jusqu’à un certain point des Cassidulides, tels que la forme de la bouche, qui n’est pas bilabiée, mais subpentagonale, et la structure des ambulacres à la face inférieure. D'un autre côté, leur test mince et leurs ambulacres disjoints, qui ne sont qu’une exagération de ce que nous voyons dans les Holaster et les Ananchytes, m'engage à les ranger de préférence dans les Spatangoïdes, dont ils sont en quelque sorte le prototype. Ce sont les seuls Spatangoïdes jurassiques. Ces rapprochements entre les types des différentes families montrent qu'indépendamment des caractères zoologiques , chaque époque géolo- gique a son caractère prédominant, empreint sur tous les représentants d’une classe, Ce caractère, que l’on pourrait appeler le caractère de l'é- poque, quoique d’une appréciation difficile , nous montre que l'étude d’une classe n’est complète que quand elle embrasse successivement toute la diversité des formes dans les genres et les espèces qui la composent, toutes les particularités de sa structure dans l’ensemble de son organisa- lion, toutes les phases de son développement depuis la formation du germe jusqu'au terme de l'accroissement de l'individu , l’ordre de succes- sion de tous ses Lypes dans la série des terrains, enfin, les rapports qui existent entre l’organisation, le développement et l'ordre de succession , sans parler des mœurs, sur lesquelles nous n’avons encore que peu de données , et des données très peu précises. L'étude détaillée du mode d'établissement successif de toutes les classes 3" série. Zooc. T, VE (Décembre 1846.) 1 21 329 AGASSIZ ET DESOR. à la surface du globe , montre à elle seule, de la manière la plus évidente, combien l’idée d'une série simple et unique des êtres vivants exprime imparfaitement les rapports variés qui les unissent. La diversilé de la na- ture de ces rapports est déjà elle-même une preuve de l'impossibilité d'un arrangement linéaire , je ne dirai pas de tous les animaux, ni même des espèces d’une classe et d’une famille; j'irai plus loin, et j'affirme que toute tentative d'un arrangement linéaire des espèces d'un seul genre quelque peu nombreux doit nécessairement fausser les affinités, et, dans cette assertion , je m’appuie sur les considérations suivantes : c’est que si nous ne voulons avoir égard qu'aux rapports d'organisation, nous ob- tenons des séries différentes suivant que nous rangeons les espèces d’a- près des considérations empruntées au syslème nerveux, aux organes locomoteurs, aux organes de la circulation et de la respiration, aux or- ganes digestifs, ou aux organes reproducteurs. En effet, si nous voulions réunir les Échinodermes qui ont des yeux et ceux qui n’en ont pas, nous placerions, d’un côté, les Astéries et les Échinides , et, de l'autre, les Ho- lothuries et les Crinoïdes, Si nous tenons compte, d’une manière exclusive, de la faculté dese mouvoir, nous séparerons les Crinoïdes fixes des espèces mobiles, bien qu’elles n’offrent aucune différence essentielle. Si nous nous en rapportons plus particulièrement aux ambulacres, nous réuni- rons les Astérides , les Échinides, les Holothuries, auxquels nous oppo- serons les Ophiures et les Comatules. Si nous insistons sur les formes du canal alimentaire , nous réunirons les Comatules , les Oursins et les Ho- lothuries avec certaines Astéries, qui ont le canal alimentaire percé aux deux bouts, pour en séparer celles qui ont une bouche sans anus. Enfin, si, négligeant l'organisation, comme le font tant de zoologistes, nous avons plutôt égard aux ressemblances extérieures, à l’aspect général , nous courrons continuellement le risque de prendre des analogies pour des affinités. Alors les Cystidées de l’ordre des Crinoïdes nous paraîtront plus voisines des Cidarides que des Comatules et des Ophiures; alors les Cassidules seront plus voisins des Spatangues que des Galérites, et, dans Ja confusion de ces faux rapprochements, nous ne saurons plus appré- cier la valeur des influences de l’époque d'apparition ; nous ne saurons plus peser la valeur individuelle des caractères d’une classe d’après la gradation de ses types; nous ne saurons plus apercevoir les déviations , plus ou moins persistantes, dans un développement d’ailleurs rigoureu- sement déterminé. En un mot, à la place d’une méthode naturelle, qui tient compte de tout, même de ce qui paraît le moins naturel, nous pla- cerons les vues étroites de nos décisions arbitraires. Distribution géographique des Échinides. Quant à la distribution géographique des Échinodermes, j'ai peu de chose à en dire. Les renseignements que l'en trouve dans les collections sur la patrie de ces animaux sont trop vagues pour mériter notre con- fiance et pour servir de base à un travail complet. Il est cependant quel- ques faits qui me paraissent dignes de fixer lattention. CATALOGUE RAISONNÉ DES ÉCHINIDES, 3923 Et d’abord, il existe des Échinodermes sur tous les points du globe qui sont recouverts par les eaux de la mer; on doit dès lors s'attendre à trouver leurs débris fossiles dans (ous les terrains marins. Les espèces d’une organisation inférieure sont plus abondantes dans les régions froides que celles qui occupent un rang plus élevé, si toutefois l'on a égard au nombre total d’Échinodermes qui habitent la contrée. A cette occa- sion, je ferai remarquer que la présence des Crinoïdes pédiculés dans les mers tropicales, est un fait d’un ordre tout différent, qui se lie à la prépondérance de ces animaux dans les époques antérieures à la nôtre, pendant lesquelles la température était plus élevée. Il en est du Penta- crinus de la Guadeloupe et des Crinoïdes des terrains de transition et de l’époque secondaire , à peu près comme des Hippopolames, des Tapirs, des Éléphants de notre époque et des Paléothérium, des Mastodontes, et de tant d’autres genres éleints des terrains tertiaires. Les espèces sont circonscriles dans des limites très étroites, à en juger du moins d’après la distribution de celles qui habitent nos côtes, et qui différent de la mer du Nord à la Méditerranée, el même sur des espaces plus restreints encore. Les espèces qui ont l'aire de distribution la plus étendue présentent parfois des différences assez notables, selon leurs dif- férentes stations. Ces différences et leur mode de répartition sont de na- ture à faire supposer que ces animaux sont autochtones des lieux qu'ils babilent , que leurs limites géographiques variept peu, et que les espèces ont dû, dés l’origine, embrasser toute l'étendue des régions qu'elles occu- pen! maintenant. Celte localisation ne s'étend pas seulement aux espèces; il y a des genres entiers qui sont circonscrils dans des bassins limités. On peut même dire qu’en général les genres ont une répartition restreinte, dans ce sens du moins que ceux qui sont le mieux caractérisés ne comptent pas des espèces dans {toutes les zones. Puissent ces indicalions fragmentaires faire voir combien il reste en- core à faire, même dans l'étude des classes qui paraissent le mieux connues ! Les pages suivantes renferment Ja caractéristique des familles et des genres de l'ordre des Échinides, avec l'énumération de toutes les espèces connues, tant vivantes que fossiles, avec l'indication de leurs caractères distinctifs, lorsqu'il s’agit d'espèces nouvelles ou imparfaitement con- nues. J'ai en outre cité la meilleure figure connue de toutes les espèces vivantes et fossiles. Le nombre des genres que je suis parvenu à distin- guer s'élève déjà à plus de quatre-vingt-dix, dont un tiers environ est inédit ou du moins très imparfaitement caractérisé dans mes publications anté- rieures. Le nombre des espèces que je connais aujourd’hui d'une manière complète s'élève à peu près à un millier, sans compter quelques cents fossiles dont je n’ai pu examiner que des fragments ou des exemplaires très imparfaits (4). (1) La plupart de ces espèces ont été dessinées avec des analyses suffisam- 321 AGASSIZ ET DESOR. J'ai indiqué dans le catalogue suivant, à côté de chaque espèce, l’ha- bitat, et, si c’est un fossile, le gisement, avec l'indication de la collection où elle se trouve. Pour les espèces fossiles, j'ai eu soin de signaler non seulement la formation, mais aussi l'étage dont ils proviennent, toutes les fois que je possédais à cet égard des renseignements suffisants. J'ai adopté plusieurs des noms proposés dans ces derniers temps par des géo- logues spéciaux. J’adopte ainsi le nom de »rarnes vésuliennes , proposé par M. Thurmann, pour la couche à Osrea acuminata de V'oolite infé- rieure ; le nom de ferrain séquanien du même auteur, pour le dépôt de calcaire intermédiaire entre le kimméridien et le corallien , qui jusqu’à présent n'avait pas été spécifié ; enfin le nom de /errain danien, proposé par M. Desor, pour le pisoolit de Picardie et les étages supérieurs de la craie du nord de l’Europe. On trouvera à la suite de ce catalogue un tableau géographique et géo- logique, où les espèces vivantes d’un même terrain sont rangées sous un même chef, en sorte que l’on pourra d’un seul coup d'œil se faire une idée du caractère particulier de la faune des Oursins dans un terrain ou sous une latitude quelconque. L'habitat pour les espèces vivantes, et le gisement pour les espèces fos- siles, est indiqué dans un alinéa à part à la suite de la description, avec le musée ou la collection où l'espèce se trouve. Voici la clef des abréviations géologiques. Tert, Tertiaire. Port]. Portlandien. Cale, gr. Calcaire grossier. Séquan. Séquanien. Terr. numm. Terrain nummulitique. Kimmer. Kimmeridien, Terr. crét. Terrains crétacés. Coral. Corallien. Cr. bl. Craie blanche. Argov. Argovien. Dan. Danien. Oxford. Oxfordien. Terr. pisool. Terrain pisoolitique. Kellov. Kellovien. Cr. chlor. Craie chloritée. Ool. inf. Oolite inférieure. Cr. marn. Craie marneuse. Vésul. Vésulien. Marn. néoc. Marnes néocomiennes. Marn. vésul. Marnes vésuliennes. . Néoc. Néocomien. Ool. ferrug. Oolite ferrugineuse. Térr. jurass. Terrains jurassiques. Les chiffres aècompagnés de majuscules , placés à la suite des noms d'auteurs dans les espèces fossiles, indiquent les numéros d'ordre de la collection de Moules du Musée de Neuchâtel. Cette collection existe en outre au Muséum de Paris, au Musée britannique, aux Musées de Berlin, de Turin, de Montpellier, chez MM. Michelin à Paris, et Charles Desmoulins à Bordeaux, etc. ment détaillées pour les faire reconnaitre, même lorsqu'on n'en possédera que des fragments. Ces dessins, qui forment un atlas de 400 planches, sont malheu- reusement si nombreux, que leur publication trop onéreuse paraît devoir être différée indéfiniment. CATALOGUE RAISONNÉ DES ÉCIHINIDES. 329 CATALOGUE DÉS ESPÈCES, DES GENRES ET DES FAMILLES D'ÉCHINIDES. FAMILLE DES CIDARIDEN, Forme circulaire. Bouche centrale, située à la face inférieure, fermée par une membrane (la membrane buccale) qui est tantôt nue, tantôt couverte d'écailles. Anus opposé à la bouche, s'ouvrant entre un anneau de plaques composé de dix pièces, savoir : de cinq plaques génitales et de cinq plaques ocellaires alternant entre elles. Le diamètre antéro-pos- térieur est indiqué par le corps madréporiforme , qui se confond avec la plaque génitale impaire. Le test est orné de tubercules disposés en séries, portant des baguettes de forme très diverse, et quelquefois fort longues. Appareil masticatoire très compliqué (connu sous le nom de lanterne d'A- ristote), composé de pièces nombreuses, dont les principales sont les pyramides, les faulx , les compas et les dents proprement dites. Sur le pourtour de la bouche, à la face inférieure, se trouve un cercle de pièces osseuses destinées à supporter la lanterne, et que l’on désigne sous ie nom d’auricules. Gnoure pes CIDARIDES pProPREMENT pirs. Test épais. Tubercules interambulacraires peu nombreux, très gros, crénelés et perforés, portant des piquants d’un volume considérable. Pores disposés par simples paires. Dents en forme de gouttière, sans ca- rène à la face interne. Pyramides de la lanterne ouvertes dans le haut. 1. CIDARIS Lam. (Acass.) Forme circulaire, aplatie en dessus et en dessous. Test épais. Aires. ambulacraires étroites, égalant en largeur à peine le quart des aires interambulacraires, couvertes de petits tubercules très serrés, auxquels correspondent de petites soies aplaties. Pores disposés par simples paires. De très gros tubercules perforés sur les aires interambulacraires, portant de lourdes baguettes tantôt lisses, tantôt rugueuses ou épineuses. Plaques génitales grandes, pentagonales, toutes égales. Plaques ocellaires pe- tites,triangalaires. Bouche circulaire , sans entailles. Membrane buccale 921 AGASSIZ LL DESOR. couverte d'écailles imbriquées, sur lesquelles se prolongent les pores ambulacraires. Lanterne puissante, composée de pyramides massives dont les branches ne sont pas réunies an sommet. Dents canaliculées, sans ca- rène à la face interne. Ce genre se divise naturellement en deux types : dans l’un les {ubercules sont lisses, dans l’autre crénelés à leur base. PREMIER TYPE. — Z'ubercules à base lisse non crénelée. Ce type comprend des espèces vivantes, des fossiles du terrain de transition, du trias, de la . craie et des terrains tertiaires. imperialis Lamk. Espèce caractérisée par ses gros tubereules à base fort large, entourés de granüles trés saillan{s. Piquants d'apparence lisse, finement granu- leux, plissés au sommet. D’un violet foncé. Mers australes (Quoy et Gaimard), Nouv.-Hollande, mer Rouge.— Mus. Paris. Hystrix Lamk.-Leske Tab, 39, fig. 2. — Gualt. Tab. 108, fig. D. Méditerranée. — Mus. Paris et Avignon. papillata Flem. Brit. Anim., p. 477. — Leske Tab. 7, fig. B. C. — Düb. et Kor. Acad. Stockh. 1844, p. 255, Tab. 9, fig. 25.— Cidaris borealis Düb. et Kor. tbid. 1844, p. 114. N'est peut-être qu'une variété du C. Hystrix. Côtes d'Evosse et de Norwége. — Mus. Stockholm. Desmoulins. Stokesii Agass. Diffère du C. Hystrit par sa forme plus aplatie ; les tubercules sont plus enfoncés , et l’espace granuleux, entre les gros tubereules , plus large. Baguettes fusiformes, grèles. D'un rouge très vif. Méditerranée. — Stokes. Mus. Paris et Soleure. Thouarsii Val. (Muséum). Aires ambulacraires étroites , composées de quatre rangées de granules , dont les deux internes sont à peine développées. Base des tubercules large. Espace granuleux intermédiaire entre les rangées, étroit. Gra- nules assez apparents, peu serrés. Piquants subeylindriques , enflés , très granu- leux, rappelant ceux du C. Blumenbachii. Californie, (Neboux.) Gallopagos. — Mus. Paris. Danae Agass. Très petite espèce , à piquants subulés : ceux de la face inférieure et du milieu du corps sont recouverts de granules linéaires assez apparents; ceux de la face supérieure sont lisses. Californie. (Neboux.) — Mus. Paris, tribuloides Lamk. Leske Tab, 7, fig. 4, var. maxima. Aires ambulacraires com- posées de six rangées de granules, dont les internes sont très petites et très ser- rées. Tubercules petits, à zone lisse étroite. Espace granuleux intermédiaire entre les tubercules, très large, à granules très serrés. Piquants subulés , cou- verts de fines stries granuleuses, mais sans aspérités. Océan indien, île de Cuba. — Mus. Paris, D'Orbigny. École des Mines. metularia Lamk. Leske;Tab. 37, fig. 3. Espèce un peu moins tuberculeuse que le C: tribuloides. Piquants cylindriques , finement granuleux, anuelés de blanc et de brun. Seychelles, Ile-de-France (Rousseau), îles Salomon , golfe du Mexique?. — Mus. Paris. Michelin, CATALOGUE RAISONNÉ DES ÉCGHINIDES. Fi 21 ca pistillaris Lamk.— Encycl. méth. Zooph. PI. 137. — Grande espèce à piquants subulés, effilés au sommet, ornés de granules en séries. Seychelles (Rousseau), Ile-de-France (Mathieu), — Mus. Paris. baculosa Lamk.— Descript. Égypt. Zool. Tab. 7, fig. 1. — Mich. Mag. Zool. Tom. 1V, PI. 8 — Ambulacres composés de deux rangées externes de gra- nules assez apparents , et de quatre internes très pelites, à peine visibles à l'œil nu, et assez espacées. Base des grands tubercules allongée transyersalement : l’es- pace granuleux intermédiaire entre les rangées est très large. Granules très serrés. l'iquants garnis d’aspérités en forme d’épines, subulés à la face supérieure, tron- qués à la face inférieure, mouchetés de rose sur la collerette. Mer Rouge (Savigny), Ile-de-France (Sonnerat).— Mus. Paris. Lima Val. (Muséum.) Ambulacres composés de six rangées de granules. De très gros tubereules, rappelant ceux du C. imperialis; mais les tubereules secondaires qui entourent leur base sont beaucoup plus petits. Piquants très longs , renflés à la base , atténués vers le sommet, tachelés de rose à l'articulation. Ile de Bourbon (M. Brévu). —Mus. Paris. Krohnii Agass. Espèce à piquants assez voisins de ceux du C. Laéulosa, mais comprimés, et plus épineux. Seychelles. (Rousseau.) — Mus. Paris. anmulifera Lamk. Grande espèce à piquants allongés, comprimés, annelés de blanc et de rose, pointus au sommet, à l'exception de ceux de la face supérieure, qui sont cupulés. Nouvelle-Hollande. (Péron.) — Mus. Paris. tubaria Lamk. Espèce remarquable par ses piquants trés épineux, tachés de blanc et de rose. Malacca. (Eydoux et Souleyet,) — Mus. Paris. verticillata Lamk.—Encycl. méth. Zooph. PI. 436, fig. 2 et 3.—Base des tuber- uules petite, entourée de granules serrés. Point de granules miliaires entre les rangées de tubercules. Piquants verticillés, à lexception de ceux qui entourent la bouche, qui sont subulés. Mers australes, (Péron et Lesueur, Quoy et Gaimard.)— Mus. Paris. École des Mines. Michelin. Especes fossiles. clavigera Kœnig.—M 37. M 38. M 39. M 47.—Icon. foss. sect.—Deluc, Tom. 1v, p. 467, Tab. 12. — Leske p. 134, Tab. 46, fig. 2 et 3. — Park. Org. Rem. 11, PI. 4, fig. 1 et 21. — Agass. Cat, syst. p. 10. — Cidaris margaritifera Auct. — Tubercules serrés, contigus par leur base. Zone granuleuse intermédiaire large. Piquants très caractérisés par leur forme clavellec. Cr. bl. inf. de Kent, Lewes, Brighton, Dieppe, Fécamp, Trichateau (Oise), Evreux. — Mantell, d Orbigny, Michelin, Deluc. punetata Rœm.— Q 27. Q 32. — Cidaris vesiculosa, Agass. (non Goldf.) Foss. crét., in Mém. Soc. Neeuh. r, p. 141. — Cat. syst. p. 10.— Echin. suiss. 11, p. 66, Tab. 21, fig. 11-19. — Cidarites variabilis Koch et Dunk. Néoc. du Merdasson, près Neuchâtel, Censeau (Jura), Périgueux, Saint-Dizier 328 AGASSIZ LT DESOR. Argile de Hills (Hannovre). — Mus. Neuchâtel. Dubois, Marcou, d'Orbigny, Rœmer. regalis Goldf. Petref. p. 116, Tab. 39, fig. 2. Dan. (Maëstricht). — Mus. Bonn. secptrifera Mantell. — 5 b.— Geol. of Suss. PI. 47. — Park. Org. Rem, 11, PI. 4, fig. 2, — Agass. Cat. syst. p. 10. — Tubercules entourés de gros bourrelets granuleux. Zone granuleuse intermédiaire , large et déprimée. Piquants subulés, couverts de petits granules en série. Cr. bl. de Reims, Dieppe, Meudon, Beauvais, Calne, Sussex, Angoulême. — Michelin, Graves, Duval, Deshayes. Mus. Paris. vesiculosa Goldf.—86. T 18.—(non Agass.) Petref. p. 120, Tab. 40, fig. 2.—Park. Org. Rem. m1, Tab. 4, fig. 3.—Zones granuleuses intermédiaires, larges ; mais les bourrelets qui entourent les tubercules paraissent moins saillants , et les tuber- cules eux-mêmes sont moins espacés que dans le C. sceptrifera. Les piquants ne sont pas subulés à leur extrémité, et leurs granules sont moins fins. Cr. chlor. de Villiers-sur-Mer et du Havre, Essen sur la Rœhr. — D'Orbigny. Mus. Paris et Bonn. Cr. bl. de Royan, Talmont, Kent, Beauvais.—-D'Archiac, Michelin, Graves. Vendocinensis Agass. Grande espèce à tubercules très rapprochés et à mamelons très étranglés et subcrénelés. Terrain crétacé de Vendôme. —- hirsuta Marcou. Espèce voisine du C. Hystrix ; mais les granules recouvrant les espaces intermédiaires entre les gros tubereules sont plus petits et disposés en séries horizontales. Piquants cylindriques armés de fortes épines. Néoc. de Censeau, Saint-Dizier. — Marcou, d'Orbigny, Michelin. venulosa Desor.—T 16.—Grande espèce voisine du C. marima, mais sans créne- lures et à ambulacres un peu plus étroits. L'espace miliaire entre les plaques interambulacraires est finement granulé , et les granules sont disposés de manière à simuler des veinules horizontales. Dan. (nord de l'Europe). — Mus. Copenhague et Paris. Forchhammeri Desor. — Hising. Leth. suee. Tab. 20, fig. 2.— Se distingue par les granules irréguliers et allongés qui entourent les tubercules. Dan. (Cale. de Faxoe), Pisol. de Vigny.—Mus. Copenhague, École des Mines, École normale de Paris. subsimilis Münst, Beytr. 1841, p. 40, Tab, 3, fig. 2. Saint-Cassian, — Münster. Liagora Münst. Beytr. 1841, p. 41, Tab. 3, fig. 5. Saint-Cassian. — Münster. venusta Münstr. Beytr. 4841, p. 4, Tab. 3, fig. 4. Saint-Cassian. — Münster. Gerana Bronn in Münstr, Beytr. 1841, p. 42 Tab. 3, fig. 7. Saint-Cassian. — Münster. pentagona Bronn in Münstr. Beytr. 1841, p. 42, Tab, 3, fig. 8, Saint-Cassian, — Münster, CATALOGUE RAISONNÉ DES ÉCHINIDES. 329 subpentagona Braun in Münst. Beytr. 1841, p. 42, Tab, 3, lig. 9. Saint-Cassian. — Münster. subnobilis Münstr. Beytr. 1841, p. 42, Tab. 3, fig. 10. Saint-Cassian. — Münster. Münsteriana Kon. An. foss. p. 35, Tab. E, fig. 2. Cale. carbonifere de Visé. — Koninck. Piquants à facette articulaire lisse, dont Le test est inconnu (4). Colocynda Agass.— 89. 91.— Cat. syst. p. 10.— Piquant très renflé, en forme de pelit œuf, avec une tige assez grêle. Surface couverte de très fines stries à peine sensibles. Cr. bl. de Meudon. — Michelin. pleracantha Agass. — X 74. — Cat. syst. p. 10. — Trés voisin du C. Colocynda, mais moins renflé. N'est peut-être qu’une variété. Cr. bl. de Meudon. — Deshayes. velifera Bronn. — 84. — C. pisifera Agass. Cat. syst. p. 10. — Petit piquant de même forme que le précédent ; mais la surface est couverte d'aspérités qui, vues à la loupe , se présentent sous la forme d épines en séries. Cr. chlor. d’Essen sur le Rœhr. — Bronn. Cydonifera Agass. Voisin du C. Colocynda, mais plus court et plus arrondi. Stries granuleuses et ondulées très fines. Néoc. de Saint-Auban (Var). — D'Orbigny. sibberula Agass. Voisin du C. cucumifera, mais à mamelons plus irréguliers. Cr. de Cassis (Bouches-du-Rhône). — Michelin. cornifera Agass. Voisin du C. clunifera et du C. ovifera, mais plus court, Néoc. d'Orgon, Salève. — Mus. d'Avignon. Favre. cyathifera Agass.— 90. X 72.— Cat. syst. p. 10.— Piquant cylindrique , évasé au sommet, couvert de très petits granules en séries verticales , qui confluent sous la forme de plis saillants au sommet. Cr. de Saint-Aignan et Tours. — Michelin. clunifera Agass, — S 33. S 35. S 40. P 33. — Foss. crét. in Mém. Soc. neuch. 1, “p. 122, Tab. 14, fig. 46-18. — Echin. suiss, 11, p. 68, Tab. 21, fig. 20-23, — Cat. syst. p. 10. — Desml. Tabl. syn. p. 336. Néoc. du canton de Neuchâtel , Grasse, les Lattes (Var), Malle, Saint-Auban (Var). — Dubois. Mus. Neuchâtel. Necocomensis Marcou. Piquants fortement canaliculés, généralement comprimés, avec de petites dentelures à la face inférieure. Néoc. de Censeau. — Marcou. (1) Une partie de ces piquants correspond sans doute à des tests connus et décrits sous d'autres noms, Il convient néanmoins de les distinguer sous des noins particuliers aussi longtemps qu'on ne connaitra pas leurs véritables rapports. 320 AGASSIZ ET DESOR. catenifera Agass, — S 19.— Cat. syst. p. 10. — Echin. suiss. 11, p. 79, Tab, Aa, fig. 23, Calcaire alpin, Surenen. — Mus. Berne. Strobilus Agass.— M 19. X 100. — Cat. syst, p. 10.— Ces piquauts ressemblent à des cônes de sapin ; la collerette est courte et lisse ; la surface présente une gra- nulation très serrée, méandriforme, et quelquefois grossièrement linéaire. Cr. bl. des Pyrénées. — Deshayes. subnuda Agass. — S 50.— Cat. syst. p. 10.— Piquant lisse et plissé seulement au sommet. Anneau articulaire distinct. Terr. crét. de Gap. — Deshayes. Jouannetii Desml. — X 75. — Tabl. syn. p. 336. — Cidaris eurynacantha Agass. Cat, syst. p. 10.— Piquant cylindrique, élargi vers son extrémité, recou- vert de granules irréguliers. Point de collerette. Cr, — Michelin. spinosissima Apgass. Piquant cylindrique, muni de fortes épines du côté ex- terne. Les épines ont jusqu’à 2 millimètres de longueur ; la face interne en est dé- pourvue. Cr. chlor. — Deshayes, leptacantha Agass. Petit piquant cylindrique, grêle , recouvert de fortes épines plus serrées que dans le C. spinosissima. Terr. crét. Hauteville, — Michelin. spinulosa Agass. Voisin du C. sceptrifera ; mais les épines du piquant sont moins confluentes. Cr chlor. du Mans. —Mus. Paris (gal. géol.), Michelin. filamentosa Agass, — R 21. — Piquant voisin, par sa forme, du €. sceptrifera ; mais ses granules sont plus gros, moins serrés et plus ronds. Terr. crét. — Mus. Bâle. punetatissima Agass. — X 18.— Cat. syst. p. 10. — Rappelle par sa forme le C. Blumenbachii ; maïs les granules sont plus petits, et le col moins grêle. Néoc. de Grasse (Var). — Mus. Berne, Avignon. Buchii Münst. in Gold. Petref, p. 121, Tab. 4, fig. 5. Saint-Cassian. — Münster. remifera Münstr. Beytr, 1841, p. 43, Tab. 3, fig. 12. Saint-Cassian. — Münstér. Haussmanni Wissm,in Münstr. Beytr. 4841, p. 4%, Tab. 3, fig. 14. Saint-Cassian. — Münster. Wissmanni Desor.— Cidaris spinosa Münstr. Beytr. 1841, p. 44, Tab. 3, fig. 16. Saint-Cassian. — Münster. cingulata Münstr. Beytr. 4841, p. 44, Tab. 3, fig. 17. Saint-Cassian. — Münster, Ce © ess CATALOGUE RAISONNÉ DES ÉCHINIDES. semicostata Münst. Beytr. 1841, p. 45, Tab. 3, fig. 20. Saint-Cassian. — Münster. serobieulata Braun in Münstr Beytr. 1841, p. 45, Tab. 3, fig. 21. Saint-Cassian, — Münster. dérsata Braun in Münstr. Beytr. 1841, p. 46, Tab. 4, fig. 1. Saint-Cassian. — Münster. alata Agass. — X 7. X 8. X 11. X 14. X 22. X 93, X 26.—Echin. suiss. 11, p. 74, Tab. 21a, fig. 5. — Cat syst. p. 10. — Cidarites dorsatus Bronn. Saint-Cassian, Buchenstein (Alpes). — Mus. Berne. Roœmeri Wissm. in Münstr. Beytr. 1841, p. 47, Tab. 4, fig. 3. Saint-Cassian. — Münster. Wzæchteri Wissm. in Münstr. Beytr. 1844, p. 48, Tab. 5, fig. 22. Saint-Cassian. — Münster, DEUXIÈME TYPE. — Zubercules à base crénelée, comprenant des espèces des terrains oolitiques et triasiques. Blumenbaehii Münst. — S 27. S 32. S 39. S 97. — in Goldf. Petref. p. 117, Tab. 39, fig. 4.—Agass. Cat. syst. p. 9.—Echin. suiss. 11, p. 57, Tab. 20, fig. 2-7. Coral. Fringeli, etc. (Jura Soleurois), Chagnes, Verdun, Saint-Mihiel, Vaches- Noires, Franville. — Gressly, Michelin, Deslongchamps. Coral. blanc de Hoggerwald. — Gressly. Var. Cidaris Parandieri Agass. — S 2%. — Cat. syst. p. 410. — Echin. suiss. 11, p. 58, Tab. 20, fig. 1. Coral. de Besançon. — Parandier. Mus. Neuchâtel. Var. minor : Cidaris crucifera Agass.—S 25. S 34.— Cat, syst. p. 10— Echin. suiss. 11, p. 61, Tab. 21, fig. 1-4. Coral. de Besançon. — Dudressier. marginata Goldf. — M 60. — Petref. p. 118, Tab. 39, fig. 7. — Agass. Cat. syst. p. 9. Coral. d’Angoulin, près la Rochelle, Jura supérieur de Heidenheim. — D'Or- bigny. Mus. Bonn. coronata Goldf. — 85. — Petref. p. 419, Tab. 39, fig. 8. — Agass. Cat. syst. p. 9. — Echin. suiss. 11, p. 59, Tab. 20, fig. 8-17. Coral. Fringeli (Jura soleurois), Calne, la Rochelle, Puiseux (Ardennes).— Mi- chelin, d'Orbigny. — Mus. Neuchâtel et Berne. Syn. : Cidarites monilifera Goldf. — 37. — Petref. p. 118, Tab. 39, fig. 6.— Agass. Cat, syst. p. 9. Coral. Sirchingen. Terr. jurass. de la vallée de la Birse. — Mandelslohe. Var. minor : Cidarites propinqua Münst. — R 29, — in Goldf, Petref. p. 118, Tab. 4, fig. 1. — Agass. Echin. suiss. 11, p. 62, Tab, 21, fig. 5-10. Coral. envir. de Besançon, évèché de Bäle, Randen, Sirchingen. Calc. de Frie- derichshall. — Dudressier, Mandelslohe, Walchner. Mus. Bâle et Bonn. baculifera Agass. Echin. suiss. 11, p. 80, Tab. 21a, fig. 12. -— Test voisin du €, Blumenbachii ; mais les tubercules sont moins enfoncés. Piquants subulés, Séquanien de Rædersdorf, Salins, Besançon, Porrentruy.—Gressly, Marcou. 392 AGASSIZ ET DESOR. gigantea Agass. Echin. suiss. 11, p. 66, Tab. 21a, fig. 22, Coral. des environs de Besançon. — Dudressier. copcoides Agass.— 92. 93.95. X 62, R 93. R 94.— Cat. syst. p. 10.— Tubercules fortement crénelés. Piquants très larges en forme de grandes rames, qui diffèrent des rames du C. spatulu par l'absence de fortes épines à la base. L'espèce est très voisine du C. gigantea. Oxford. de Latrecey (Haute-Marne), Kellov. de Châtillon-sur-Seine.—Deshayes, Michelin. maxima Münst. in Goldf, Petref. p. 116, Tab, 39, fig. 1. Terr. jurass. supérieur de Bayreuth. Coral. de Saint-Mihiel. — D’Archiac. Münster. Orbignyana Agass. — 10. P 21. P 22, P 23. M 66. — Cat. syst. p. 10. Var. Cidaris tripterygqia Agass. Cat. syst. p. 10, — Cette espèce est extré- mement voisine du €. maæima , et peut-être identique ; cependant les piquants que Goldfuss assigne à son espèce sont différents. Kimmer. la Rochelle, Villersville, Montfaucon (Meuse), Lavoncour ( Haute- Saône). — D'Orbigny, Marcou, Mus. Paris (gal. géol.). miranda Desor.— T 61.— Rappelle un peu le C, coronata par sa forme et ses très gros tubercules obtusément crénelés ; mais les ambulacres ne sont composés que de deux rangées de granules contigus. L’espace granuleux intermédiaire entre les gros tubereules est large, et les granules très apparents. Coral. d'Angoulin. — D'Orbigny. occulata Agass. Echin. suiss. 11, p. 63, Tab. 24, fig. 13-17. Coral, inf. de Salins (Jura) des environs de Metz. Coral. de la vallée de la Birse, Randen pres Schaffouse. Coral. de Spitzhut, Hannover. -— Marcou, Gressly, Rœmer. Mus. Bâle. elegans Münst. in Goldf. Petref. p. 118, Tab, 39, fig. 5. Var. C. læviuscula Agass. Echin. suiss. 11, p. 64, Tab. 21a, fig. 48-20. Terr. jurass. Bayreuth. Coral. de l'évêché de Bâle et du Randen, pres Schaffouse. — Münster. Mus. Bâle. nobilis Münst. in Goldf. Petref. p, 117, Tab. 39, fig. 4. — Desml. Tabl. syn, p. 328. — Agass. Echin. suiss. 11, p. 65, Tab. 21a, fig, 21. Du Randen, canton de Schaffouse, probablement du Coral. — Mus. Bâle. grandævus (Goldf. in Alberti Monogr. p. 96. — Tubercules fortement crénelés à la base des mamelons. Piquants cylindriques, gréles et lisses. Muschelkalk du Wurtemberg. — Alberti. subcoronata Münst. Beytr. 1841, p. 40, Tab. 3, fig. 1. Saint-Cassian. — Münster. Blainvillei Desmar. — V 27. — Espèce à tubercules petits et nombreux, à zone granuleuse large ; très voisine par son aspect du C. baculosa, mais en différant par ses tubercules crénelés. Terr. jurass. — Brongniart. CATALOGUE RAISONNÉ DES ÉCHINIDES, 339 Piquants à facetre articulaire crénelée, dont Le test est inconnu (A). Schmiedelii Münst. — P 40. -- Goldf. Petref. p. 120, Tab. 40, fig. 4. -- Agass. Cat. syst. p. 10. Terr. jurass. Dischingen. — Münster. spatula Agass. — P 41. — Cat. syst. p. 10. — Echin. suiss. 11, p. 79, Tab. 21a, fig. 24. Coral. des environs de Besançon, Chätillon-sur-Seine, Dijon. Oxford. sup. de Champagnol. Oxford. inf. de Percy le-Grand (Haute-Saône). -— Dudressier, Michelin, Defrance, Marcou. Var. Cyphacantha, Agass. — S. 77. Oxford. de Normandie. Arg. de Honfleur. Coral. de Sirchingen (Jura wurtemb.).— Mandelsiohe, Deslongchamps, Deluc. heteropleura Agass. — X 16. — Cat. syst. p. 10. — Piquant cylindrique, épi- neux, très voisin de celui que Goldfuss attribue au €. nobilis, Tab. 39, fig. 4 k. Terr. jurass.? de Suisse. pustulifera Agass. — X 15. X 17. — Cat. syst. p. 10. — Echin. suiss. 11, p. 75, Tab. 21a, fig. 7. Coral. de Besançon, Salins. — Dudressier, Marcou. cueumifera Agass. — X 13. — Cat. syst. p. 10. — Echin. suiss. 11, p. 70, Tab. 21, fig. 27. Coral. de Besançon, la Rochelle, Arnay-le-Duc (Côte-d'Or), Montmédy, Chà- tillon-sur-Seine. — Dudressier, Michelin. Mus. Bâle. subspinosa Marcou. Piquant de la forme du C. cucumifera, mais couvert de pus- tules en forme d’épines, formant des rangées très serrées. Les granules ne sont . pas réunis par des filets. Coral, inf. de Salins. — Marcou. cinamomea Agass.—P 65.— Cat. syst. p. 10.— Echin. suiss. 11, p. 78, Tab. 214, fig. 43, Terr. jurass. des env. de Besançon. — Dudressier. filograna Agass. — 94, 96. X 9. — Cat. syst. p. 10. — Echin. suiss. 11, p. 77, Tab. Aa, fig. 11. Oxford. de Suisse, Nantua et Saint-Maixent. Coral. de l'évêché de Bâle, — Mus. Bâle. cladifera Agass. — M 75. —Cat. syst. p. 10. — Echin. suiss. 11, p. 75, Tab. Aa, fig. 8. Coral. de Besançon, Salins, Sonderbuch (Albe Wurtembergeoise).-- Dudressier. Marcou, Mandelslohe, megalacantha Agass, — M 71. — Cat. syst. p.10. — Très gros piquant carré ou polygone, couvert d’aspérités en séries irrégulières. Coral. de l'île de Ré. — D'Orbigny. (1) Une partie des piquants ci-dessous seront sans doute rapportés quelque jour à leurs véritables espèces. 330 AGASSIZ ET DESOR. trigonacantha Agass. — P 66. — Cat. syst. p. 10. — Echin, suiss. 11, p. 74, Tab. 21a, fig. 6. Terr. jurass. de Besançon. — Dudressier. meandrina Agass. — X 12. — Cat. syst. p. 10.— Echin. suiss. 11, p. 70, Tab. 21, fig. 28. Coral. du Jura soleurois (Hugi). — Gressly. Mus. Soleure. cristata Agass, — P 64, — Cat. syst. p. 10. — Goldf. Tab. 39, fig. 4 f. — Piquant cylindrique, caréné. Coral. de Besançon. :— Dudressier. tricarinata Agass. — P 67. — Cat. syst. p. 40. — Goldf. Tab, 39, fig. 4e. — Se distingue par sa forme triangulaire très accusée. Coral. de Besançon. — Dudressier. Orobus Agass.— M 46.-— Cat. syst. p. 10.— Petit piquant très renflé, d'apparence lisse, quoique très finement strié à la loupe. Cale. à polyp. Ranville. — E. Deslongchamps. hastalis Desor. — T 92. — Graad piquant comprimé , à fines arêtes onduleuses composées de petites épines. Oxford. de Latrecey (Haute-Marne), Kellov, Percy-le-Grand (Haute-Saône), Chätillon-sur-Seine (Côte-d'Or).—Deshayes, d'Orbigny, d'Archiae, Mus. Par, aspera Agass. Echin. suiss. 11, p. 69, Tab. 1, fig. 29-30. Coral. du Jura francais et suisse, Fringeli, Wahlen (canton de Soleure). — Gressly. spinosa Agass. Echin. suiss. 11, p. 71, Tab. 214, fig. 1, Coral. du Fringeli (canton de Soleure), de Normandie, du Roc des Trois-Monts et d'Amoyé, du nord de l'Allemagne. — Gressly, E. Deslongchamps, horrida Mer. Agass. Echin. suiss. 1, p. 72, Tab. 214, fig. 2. Ool. ferr. des cantons de Bâle, Soleure et Argovie, Albe wurtembergeoïise, la Roche, pres Salins. — Gressly, Marcou. Mus. Bâle. liasina Marcou. Piquant grêle, cylindrique, couvert d’épines assez fortes, mais uniformes. Lias moyen (marnes à Gryphea cymbium) de Salins — Marcou. Phillipsii Agass. Espèce voisine du C. spinosa, figurée dans Phillips Geol. of York. Tab. 2, fig. 3. Argile de Speeton.— Phillips. constrieta Agass. Echin. suiss. 11, p. 72, Tab. 21a, fig. 3. Coral. des environs de Besançon et de la Rochelle, — D'Orbigny. glandifera Goldf. —V 25.—Petref. p.120, Tab. 40, fig. 3. —Agass. Echin. suiss. 1, p. 76, Tab. 21 a, fig. 9.1 Coral, du mont Terrible, au Randen, près Schaffouse, Jura allemand, environs de Bâle, Salins, comté de Nice. — Marcou Mus. Neuchâtel, Bâle et Turin, ET CATALOGUE RAISONNÉ DES ÉCITINIDES, 33 earinifera Agass. — S 74. — Très gros piquants, de la forme du €. glandifera, avec de gros plis au sommet. Terr. jurass.? de Salève, — Deluc. acuminifera Agass. Voisin du €. glandifera ; mais les plis sont plus espacés. Oxford. du départ. de la Meuse. — Mus. Paris (gal. géol.). cerviealis Agass. Echin. suiss. 11, p.77, Tab. 21a, fig. 10. — N'est probablement qu’une variété du C. Blumenbachii, à collerette très haute, Coral. des chaînes du Jura (Soleure), de Sirchingen.—Gressly, Mandelslohe. alsatica Agass. Echin. suiss. 11, p. 78, Tab. 21a, fig. 14. Séquan. de Rædersdorf. — Gressly. biformis Münostr. Beytr. 1841, p. 43, Tab. 3, fig. 13. Saint-Cassian. — Münster. trigona Münstr. Beytr. 1841, p. 4%, Tab. 3, fig. 45. Saint-Cassian. — Münster. decorata Münstr. Beytr. 1841, p. 45, Tab. 3, fig. 22. Saint-Cassian. — Münster. flexuosa Münstr, Beytr. 1841, p. 4%, Tab. 3, fig. 18. Saint-Cassian., — Münster. Braunÿii Desor. — Cidaris catenifera Münst. Beytr. 1841, p. 45, Tab. 3, fig. 23, Var. Cidaris baculifera Münstr. Beytr. p. 46, Tab. 3, fig. 24. Saint-Cassian. — Münster. Espèces tertiaires dont on ne connaît que les piquants. Avenionensis Desml. — S 14. S 22, — Tabl. syn. p. 336. — Cidaris stemma- cantha Agass. Cat. syst. p. 10. - Echin. suiss. 11, p. 73, Tab. 2Aa, fig. 4. Molasse de la Chaux-de-Fonds, les Angles, près Avignon (Vaucluse), environs de Rennes, Saint-Paul-Trois-Châteaux. — Nicolet, Mus. Bâle et Paris (gal. géol.). serraria Bronn Hal. Piquant cylindrique , comprimé , avec de fortes dentelures sur les côtés. La surface du piquant est tantôt ridée, tantôt lisse. Lé Terr. pisool.? de Castel-Arquato. — Bronn. Belone Agass.—X 61.— Cat. syst. p. 10.—Piquant subuliforme, d'apparence lisse, mais finement strié à la loupe. On pourrait l’attribuer à un Cyphosome, n’était sa tête articulaire, qui est lisse. Point de collerette. Tert. de Valmondois. — Deshayes. rosaria Bronn. Piquant cylindrique, couvert de dentelures sporadiques assez fortes, répandues sur toute la surface du test. Collerette très Jongue; facette arti- culaire crénelée. Terr. pisool. de Castel-Arquato. — Bronn. priomata Agass. Piquant gréle, couvert de crénelures proportionnellement très fortes, formant sept ou huit rangées longitudinales. Terr, numm. de Biaritz. — D'Archiae, Deshayes. 396 AGASSIZ ET DESOR. limaria Bronn, Piquant cylindrique, recouvert de très petits granules en séries longitudinales. Terr. pisool.? de Castel-Arquato. — Bronn. acicularis d’Arch. Piquant voisin de ceux du C. coronata, mais à collerette très étroite. Terr. numm. de Biaritz. — D'Archiac. serrata d'Arch. Piquant plat comme le C. Schmiedelt, avec des crénelures sur les bords. Terr. numm. de Biaritz, — D'Archiac. semiaspera d'Arch. Mém. Soc. géol. Fr. Tom. 11, p. 201, Tab. 7, fig. 18. — Piquant court, du type du C. Blumenbachii, mais à épines plus saïllantes. Colle- rette très étroite. Terr. numm. de Biaritz. — D'Archiac. subularis d’Arch. Mém. Soc. géol. Fr. Tom. 11, p. 201, Tab. 7, fig. 17.— Piquant subulé, à fines stries perlées. Terr. numm. de Biaritz. — D'Archiac. Ineurvata E. Sism. App. Ech. foss. Piem. — Cidarites vesiculosa E.Sism. (non Goldf.) Ech. foss. Piem. p. 50, fig. 10.—Type du C. Hystrix. Tert. de la colline de Turin. — Mus. Turin. Münsteri E. Sism. App. Ech. foss. Piem. — Cidarites marginata E. Sism. (non Goldf.) Ech. foss. Piem. p. 49, Tab. 3, fig. 8. — Type du €, sceptrifera. Tert. de Turin. — Mus. Turin. Desmoulinsii E. Sism. App. Ech. foss. Piem.—Cidarites Blumenbachii E. Sism. (non Münst.) Ech. foss. Piem. p. 49, Tab. 3, fig. 41. — Voisin du C. metularia. Tert. d'Asti. — Mus. Turin. Zea-Mays E. Sism. App. Ech. foss. Piem.—Parait être le même que le €. Desmou- linsii. Tert. de Turin. — Mus. Turin. hirta E. Sism. App. Ech. foss. Piem. — Cidarites nobilis E. Sism. (non Münst.) Ech. foss. Piem. p. 48, Tab. 3, fig. 7.— Très belle espèce à rares épines, voisine du C. serraria Br. Tert. sup. de l'Astésan. Tert. moyen de Turin. — Mus. Turin. Signata E, Sism. App. Ech. foss. Piem.— Cidarites nobilis E. Sism. (non Münst. Ech. foss. Piem. p. 48, Tab. 3, fig. 6. — Très belle espèce à épines peu saillantes et réunies par un filet. Tert. sup. de la coll. de Turin. — Mus. Turin. variola E. Sism. App. Ech. foss. Piem. — Cidarites pustulifera E. Sism. (non Agass.) Ech. foss. Piem. p. 80, Tab. 3, fig. 9. Tert. de Turin. — Mus. Turin. CATALOGUE RAISONNÉ DES ÉCHINIDES. 337 11. GONIOCIDARIS Desor. (PL 15, fig. 1.) Ce genre a tous les caractères des vrais Cidaris ; mais il en diffère par la présence d'impressions ou de creux angulaires aux angles des plaques ambulacraires et interambulacraires. Il est aux Cidaris ce que les Tem- nopleurus sont aux Echinus. On n’en connait encore que deux espèces vivantes. geranioiïdes Desor.— Cidaris geranioides Lamk.—Encycl. méth. Zooph. PI. 136, fig. 4. — De petites impressions angulaires à la jonction des plaques. Piquants rugueux, subulés ; ceux qui entourent l’anus, cupuliformes. Port Western, Nouvelle-Irlande et Nouvelle-Hollande. —Mus. Paris. Quoyi Val. (Mus.) Les impressions angulaires sont plus grandes que dans le G. ge- ranioides. Piquants épineux. Nouvelle-Hollande, — Mus, Paris. ir. HEMICIDARIS Acass. Forme circulaire, généralement aplatie à la face supérieure, rarement sabconique. Pores ambulacraires disposés par simples paires. Ambula- cres étroits, garnis de tubercules moins gros que les interambulacres, et quelquefois de simples granules. De gros tubercules interambula- craires perforés et créuelés, portant de fortes baguettes clavellées et lisses. Bouche grande, avec de profondes entailles sur son pourtour. Diffère des vrais Cidaris par les tubercules qui sont à la base des aires ambulacraires, et par les entailles de la bouche. Toutes les espèces sont fossiles, des terrains oolitiques et néocomiens. erenularis Agass. — 6 b. M 14. M 31. M 36. P. 63. — Cat. syst. p. 8. — Echin. suiss. 11, p. #4, Tab. 19, fig. 10-12, et Tab. 48, fig. 23 et 24. — Cidarites crenu- laris Lamk. ur, p. 59. — Goldf. Petref. p. 122, Tab. 40, Gg. 6. — Diadema cre- nularis Desml. Tabl. syn. p. 312. Coral. du Jura suisse et français, Châtelcensoir, Commery, Angleterre, etc. Coral. de la Rochelle. Forest -marble de Spitzhut (Hannover), Ranville, — Gressly, Dudressier, Rœmer, Michelin, d'Orbigny, Deslongchamps. Mus. Neuchâtel et Lausanne. mitra Agass. — M 13. M 15. X 97. Q 30. — Cat. syst. p. 8, — Echin. suiss, 11, p- 48, Tab, 17. fig. 7-9. Portl. de Saint-Nicolas, près Soleure (calc. à Tortues), — Gressly. Kœnigii Agass. — R 37.— Diadema Keænigii Desml. Tabl. syn. p. 312.— Espèce très voisine de l’'H. mitra, mais un peu moins haute, et de plus grande taille. Kimmer. de Boulogne-sur-Mer. — Desmoulins, Michelin. alpina Agass.—100.—Cat. syst, p. 9. — Echin. suiss. 11, p. 52, Tab, 18, fig. 19-22. Calc. jurass. sup. de Gesné et des Ormonds (canton de Vaud), — Escher de la Linth, Mus. Berne, 3° série, Zooz. T. VI. (Décembre 1846.) 2 29 19 335 AGASSIZ ET DESOR, Stramonmium Agass. — M 4. X 21. X 98. — Cat. syst. p. 8. — Echin. suiss. 11, p. 47, Tab. 19, fig. 13 et14. — Cidarites Hofmanni Rœm. Séquan. de Rædersdorf (Soleure), de la vallée de la Birse, Pfeffingen. Portl. de Haheneggelsen (Hanovre). — Gressly, Rœmer, Mus. Zurich. mammosa Agass.— M 61.— Cat. syst. p. 8. — Espece renflée, à très gros tuber- cules. Ambulacres très flexueux. Coral. de la Rochelle. — D'Orbigny. Thurmanni Agass, — M 33. M 34. X 82. -- Cat. syst. p. 8. — Echin. suis. 11, p. 50, Tab. 19, fig. 1-3.— Diadema Requienii ? Desml. Tabl. syn. p. 314. Kimmer, du Banné près Porentruy, environs de Salins, Jura soleurois. Calc. alp. à l'ouest du Simmenthal. — Gressly, Marcou, Thurmann, Escher de la Linth, Michelin, Mus. Avignon. Piquants: Cidaris pyrifera Agass. — X 6. P 30. — Cat. syst. p. 10. — Echin. suiss. 11, p. 71, Tab. 21, fig. 24-2*. Kimmer. du canton de Soleure, du Banné pres Porentruy.—Gressly, Mus. Bâle, ovifera Agass. — X 73. P 32, P 34. P 55. P 51». P 54. P 57. — Cat. syst. p. 10. — Espèce voisine de la précédente; mais les piquants sont un peu plus gros. Coral. de la Rochelle (Charente-lnf.), Pouilly en Auxois. — D'Orbigny. angularis Agass. -— M 45. M 52. M 53. — Cat. syst. p. 8. — Echin. suiss. 11, p. 51, Tab. 19, fig. 4-6. Séquan. du Jura soleurois, vallée de Laufon. — Gressly. depressa Agass. — X 55. R 44. — Cat. syst. p. 8. — Espèce plate, subconique, à ambulacres non flexueux. Forest-marble de Ranville. — Deshayes. pustulosa Agass. — 99, M 9. M 51. — Cat. syst. p. 8. — Grande espèce subconi- que, très granuleuse à la face supérieure. Ool. iuf. de Langrune, — Deslongehamps. diademata Agass.— 83. M 5.— Cat. syst. p. 8. — Echin. suiss. 17, p. 49, Tab. 19, fig. 15-17. Séquan. de la vallée de la Birse, Jura soleurois, Besançon, Salins.. — Gressly, Dudressier, Marcou, Mus. Lausanne, Lamarckii Agass.— R 46. S S3.— Diadema Lamarcelkii Desml. Tabl. syn. p. 316. — Diadema Meriani Agass. Echin. suiss. 11, p. 19, Tab. 17, fig. 44-48. — Tuber- cules proportionnellement petits. Ambulacres renflés à la face inférieure, avec des tubercules disunets jusqu’au sommet, Oxford.? du Boulonnais , Jura suisse. — Michelin, Mus. Avignon et Bâle. lævis Desor. Espèce très voisine de l'H. Lamarckii; maïs les ambulacres sont moins apparents et moins renflés à la face inférieure. Craie de Gabillou (Oise). — Graves. Lybica Desor. — T 14. — Espèce assez voisine del’H. Lamarcki ; mais les tuber- cules interambulacraires sont cependant plus petits à la face supérieure. Terr. crét. d'Égypte. — Mus. Paris et Avignon, École des Mines, Var. inflata. Craie des Martigues, — Michelin. Mus. Avignon. DCE ne CATALOGUE RAISONNÉ DES ÉCHINIDES. 389 radians Agass. —T 66. — Espèce voisine de l'H. Lamarcki., Les tubercules sont cependant plus saillants, les ambulacres sont plus étroits et ont de plus gros tuber- cules, La bouche est sensiblement plus grande. Kellov. Chauffour et Courgains, — Rouault, Michelin. minor Agass.— M 77.— Cat. syst. p. 9. — Se distingue entre tous les Hemicidaris par ses tubercules très espacés, dont il n’y a que deux ou trois dans une rangée. Terr. jurass. de France. — Michelin. Patella Agass. — S28. — Cat. syst. p. 9. — Echin. suiss. 11, p. 53, Tab. 18, fig. 15-18. Néoc. des environs de la Chaux-de-Fonds (canton de Neuchâtel). Néoc. inf. de Fauteuil près Grenoble. — Renaud-Comte, Mus. Chaux-de-Fonds. undulata Agass.— X 1.— Cat. syst. p. 9.— Echin. suiss. 11, p. 52, Tab. 18, fig. 25 et26, — Les piquants seuls sont connus. Coral. du Fringeli, Jura soleurois. — Gressly, Mus. Soleure. granulata Mérian. — R 47. — Petite espèce , très distincte de toutes les autres. Les tubercules ambulacraires sont si petits, qu’ils différent à peine des tubercules miliaires. Les tubercules des aires interambulacraires sont très espacés, Terr. jurass. -- Mus. Bâle graciosa Desor. Les tubercules ambulacraires sont excessivement petits et n’aug- mentent pas à la face inférieure. Oxford. du Boulonnais. — Marcou. buccalis Agass.—T 65.— Bouche très grande. Pores dédoublés par trois paires à la face inférieure. Tubercules en deux rangées simples , avec quatre petites rangées accessoires à la base. Pores complétement simples à la face supérieure. Infra-lias de Berrias (Ardêche). — Mus. Avignon. Admeto Desor. — Cidaris Admeto Bronn in Münstr. Beytr. 181, Tab. 3, fig. 3. Saint-Cassian. — Münster. regularis Desor. — Cidaris regularis Münstr. Beytr. 1841, p. 41, Tab. 3, fig. 6. Saint-Cassian. — Münster, linearis Desor. — Cidaris linearis Münstr. Beytr. 1841, p. 45, Tab. 3, fig. 19. Saint-Cassian, — Münster, IV. ACROCIDARIS Acass. Forme subconique. Test épais. Aires ambulacraires presque aussi larges que les interambulacraires , et pourvues dans toute leur longueur de gros tubercules perforés et crénelés. Pores simples. Un gros tuber- cule perforé sur chacune des plaques génitales paires. Bouche très grande, faiblement entaillée. Baguettes cylindriques, unies, Diffère des Hemicidaris par ses larges aires ambulacraires , des Diadèmes par son test épais et sa grande bouche, et de tous deux par ses plaques géni- tales. Toutes les espèces sont fossiles, des terrains oolitiques. 340 AGASSIZ LT DESOR. mobilis Agass. — X 2, X3.— Cat. syst. p. 9. — Echin. suiss. 11, p. 32, Tab. 44, fig. 16 et 17. Coral. d’Angoulin prés la Rochelle, de Hoggerwald (canton de Soleure), — D'Orbigny, Gressly. formosa Apass.—Q90.—Cat. syst. p.9.—Echin. suiss. 11, p. 29, Tab. 44, fig. 10-42. Séquan. de Saint-Sulpice (canton de Neuchâtel), val Saint-Pons près de Nice.— — Lesquereux. Var. minor — Q 85. — Acrocidaris minor Agass. Cat. syst. p. 9.—Ech. suiss. 11, p. 30, Tab, 14, fig. 7-9. Jura sup. des environs de la Chaux-de-Fonds. — Renaud-Comte. Séquan. du Jura neuchâtelois, Salins. — Marcou, Mus: Neuchâtel. striata Agass. — X 4.—Cat. syst. p. 9. — Espèce subconique, moins bombée que la précédente, mais du reste très voisine. Ool. inf. de Langrune (Normandie). tuberosa Agass. — Q 91. — Cat. syst. p. 9. — Echin. suiss. 11, p. 31, Tab. 14, fig. 13-15. Terr. jurass. sup. du canton de Neuchâtel. — Mus. Neuchâtel. v. ACROPELTIS Acass. (PI: 15, 68728.) Ce genre a tous les caractères extérieurs des Acrocidaris, jusques et y compris la structure des plaques génitales. Il n’en diffère que par un seul caractère : c’est que les tubercules, au lieu d’être perforés et crénelés, ont le col lisse et sont imperforés. On n’en connaît encore qu’une espèce, qui est fossile. sæquitubhereulata Agass. — Q 99. — Cat. syst. p. 42. — Les tubereules des aires ambulacraires sont à peu près aussi gros que ceux des aires interambulacraires. Coral. d’Angoulin près la Rochelle. — D'Orbigny. vi. PALÆOCIDARIS Dssor. Ge genre , dont on ne connaît encore que des plaquettes isolées et des piquants, diffère des vrais Cidaris en ce que les mamelons des tubercules ont à leur base un second renflement annulaire. Point de crénelures à la base du mamelon. Piquants striés ou épineux. Les espèces connues appartiennent au terrain de transition. Nereï Desor. — Cidaris Nerei Münst. Beytr. 1841, p. 40, Tab. 3, fig. 6. — Konk, An. foss. p. 34, Tab. E, fig. 1. Argile anthraxifère de Tournay, Regnitzlosau. — Koninck. Proteñ Desor. — Cidaris Protei Münst. Beytr. 1841, p. 40. Argile anthraxifère de Tournay. — Münster, Koninck. prisea Desor. — Cidaris prisca Münst. Beytr. 1844, p, #1. Tubercules très grose Piquants à six carènes. Argile anthraxifère de Tournay. — Münster. CATALOGUE RAISONNÉ DES ÉCHINIDES, all Gnoure nes SALÉNIES. Ce groupe se compose d’'Oursins en général petits, ayant l'apparence des Cidarides proprement dits, mais qui s'en distinguent par un écusson d’une structure particulière placé au sommet du disque, et composé des plaques génitales, des plaques ocellaires, et quelquefois d’une plaque impaire que j'appelle la plaque suranale. Ambulacres étroits. Tubercules très gros, tantô{ perforés, tantôt imperforés. Pores ambulacraires dispo- sés par simples paires. vi. SALENIA Gray. Oursin de petite taille, ordinairement renflé. Test épais. Disque api- cial grand, circulaire, à pourtour ondulé, composé de cinq plaques génitales, de cinq plaques ocellaires et d’une plaque suranale, placée au bord de l'ouverture anale, de manière à rendre l’anus excentrique en avant. Aires interambulacraires très larges, portant un petit nombre de gros tubercules crénelés, mais imperforés Aires ambulacraires très étroites, munies de nombreux tubercules très serrés. Bouche ronde, à pourtour entaillé. Pores simples. Toutes les espèces sont fossiles, de la formation crétacée. personata Agass.—P 70. X 48.— Monogr. des Salénies, p. 7, Tab, 1, fig. 1-8,— Cat. syst. p.11. — Cidaris personata Defr. Var. Salenia petalifera Agass.—P 71. P 73.—Monogr. des Salén. p. 9, Tab.1, fig. 17-24. — Cat. syst. p. 11. — Echinus petaliferus Desml. Etud. Echin. p. 304 — Defr. Dict. Sc. nat. Tom. xxxvrx, p. 101. Cr. chi. du Mans, Minorque, du cap la Hève, Longleat. Talmont, — Gal. géol. du Mus. Paris. Deshayes, Brongniart, Defrance. scutigera Gray. — 36. — Agass. Monogr. des Salén. p. 42, Tab. 2, fig. 1-8. — Cat. syst. p. 11. — Echin. suiss. 11, p. 89, Tab, 23, fig. 1-5. — Cidaris scutiger Münst. in Goldf. Petref, Tab. 49, fig. 4a et b. Gault d'Angleterre, de Kehlheim.— Brongniart, Deshayes, Derrencés Münster. Mus. Paris. (Gal. géol.) gibba Agass. — Q 79. — Monogr. des Salén. p. 13, Tab. 2, fig. 9-16.— Cat. syst. p. 11. Cr. chlor. de l'ile d'Aix (embouch. de la Char.). — Michelin, d'Orbigny. geometrica Agass.— P 68. P 72.— Monogr. des Salén. p. 11, Tab. 1, fig. 25-32, — Cat. syst. p. 11. Craie inf, de Saintes (Char.-Inf.). — D'Orbigny, Deshayes. areolata Desor. — Cidarites areolatus Wahlb, Act. Soc. Ups. vin, Tab. 3, fig. 4 et5. — Hising. Leth. suec. Tab. 26, fig. 1. — Espèce plate, à large disque, Cr. bl. de Balsberg (Scanie). — Hisinger. trigonata Agass. — X 35. X 58. — Monogr. des Salén. p. 14, Tab. 2, fig. 17-24. Cat. syst. p. 11. Craie des environs de Tours. — Michelin. al2 AGASSIZ ET DESOR. scripta Agass. — P 74. — Monogr. des Salén. p. 8, Tab. 1, fig. 9-16.— Cat. syst. p. 11. Craie. — Mus. Paris. folium-querei Desor. Espèce très voisine du S. scutigera ; mais les tubercules secondaires qui entourent les gros tubercules sont moins nombreux et plus sail- lants. Les plaques"sénitales ressemblent à des feuilles de chêne, par suite des im- pressions de leurs sutures. Néoc. de Billecul (Jura). — Marcou. rugesa d'Arch, — T 91. — Diffère du S. personata par ses tubercules, qui sont plus gros. Craie tufau de Tourtia. — Soc. géol. de Fr. Deshayes. minima Desor. Très petite espèce à large disque uni. Sutures lisses. Craie de Ciply. — Michelin. Studeri Agass. — X 5. — Cat, syst. p. 11. — Espèce renflée. Trois ou quatre tu- bercules dans une rangée. Gault de la Perte-du-Rhône, — Mus. Berne. heliophora Desor. -- V 18. — Se distingue par les ornements particuliers de son disque , qui sont disposés comme des rayons autour de plusieurs centres. Craie de Maëstricht, Ciply. — Deshayes. vus, PELTASTES Acass. Disque apicial circulaire , à bord ondulé, composé, comme celui des Salénies, de onze plaques, dont cinq génitales, cinq ocellaires et une suranale; mais cette dernière, au lieu d’être placée en arrière, comme dans les Salénies, l’est en avant, ce qui rend l’anus excentrique en arrière. Les autres détails du test sont les mêmes que dans les Salénies. Se trouve fossile dans les terrains de la formation crétacée. acanthodes Agass. — X 57. — Peltastes pulchellus Agass. Monosr. des Salén. p.27, Tab. 5, fig. 4-8. — Cat. syst. p. 11. — Echinus acanthodes Desml. Tabl. syn. p. 302. É Craie de Grasse (Var). Cr. chlor. du Mans. — Studer, Deshayes. Galeries géol. du Muséum. marginalis Agass. — X 47b, — Monogr. des Salén. p. 29, Tab. 5, fig. 9-16.—-Cat. syst. p. 11. Craie de Caussols (Var). Cr. chlor. de Fouras. — Michelin. stellulata Agass. — X 47, Q 6%. — Salenia stellulata Agass. Monogr. des Salén. p. 15, Tab. 2, fig. 25-32, — Cat. syst. p. 4. — Echin. suiss. 11, p. 90, Tab. 93, fig. 6-10. Néoc. des environs de la Chaux-de-Fonds. Gault de Wiltshire. — C. Nicolet , Defrance. punetata Desor. — Q 65. — Salenia areolata Agass. (non Cidarites areolatus CATALOGUE RAISONNÉ DES ÉCHINIDES. 7/B] Wahlenb.) Monographie des Salén. p.16, Tab. 3, fig. 4-8. — Cat. syst. p. 11. — Echin. suiss. 11, p. 90, Tab. 23, fig. 11-45. Néoc. du Roc (Coulon). Marn. néoc de Haute-Rive, près Neuchâtel (Suisse), Censeau (Jura). — Mus. Neuchâtel. Dubois de Montpéreux, Marcou. IX. GONIOPHORUS Acass. Forme renflée, aplatie sur les deux faces supérieure et inférieure. Disque apicial pentagonal, composé, comme celui des Salénies, de cinq plaques génitales, de cinq plaques ocellaires et d’une plaque suranale, mais orné, en outre, de côtes anguleuses qui s'étendent sur une partie considérable du disque. Tubercules interambulacraires très gros et peu nombreux, crénelés et imperforés. Tubercules ambulacraires petits et très serrés. Diffère des Salénies uniquement par les côtes anguleuses de son disque. Ne comprend que des espèces fossiles de la formation cré- tacée. lunulatus Agass. Monogr. des Salén. p. 30, Tab. 5, fig. 47-24. Cr.chlor. du cap de la Hève. — Lesueur. apiculatus Agass, — X 37.— Monogr. des Salén, p. 32, Tab. 5, fig. 25-32.— Cat. syst. p. 11. — N'est probablement qu’une variété de la précédente. Cr. chl. des environs du Havre. — Mus. Paris. x. ACROSALENIA AGass. Disque apicial plus petit que dans les Salénies, mais composé des mêmes éléments, savoir : de cinq plaques génitales, de cinq plaques ocellaires, et d'une plaque suranale qui est quelquefois double. Diffère des Salénies en ce que les tubercules sont crénelés et perforés. Toutes les espèces sont fossiles, des terrains oolitiques. PREMIER TYPE. — Aires ambulacraires très étroites et flexueuses, com- posées de petits fubercules très serrés.” tuberculosa Agass, — X 45. X 56. — Cat. syst. p. 9. — Tubercules gros et peu nombreux , au nombre de trois ou quatre dans une rangée. Aires ambulacraires composées de deux rangées flexueuses de petits granules très serrés. Coral. de Saint-Mihiel. — D'Orbigny, Deshayes. aspera Agass. — M 78. — Cat. syst. p. 9, Tab. 18, fig. 6-10. Marues portlandiennes de Courtedoux, pres Porrentruy (Jura bernois).—Gressly, Thurmann. DEUXIÈME TYPE. — Aires ambulacraires plus larges, à tubercules moins serrés , non conliqus. spinosa Agass,— M 84. M 87.— Cat. syst. p. 9,— Echin. suiss. 11, p. 39, Tab, 18, o4 AGASSIZ ET DESOR. fig. 1-5.— Tubercules interambulacraires très apparents, diminuant très rapide- ment de grosseur à la face supérieure. Forest-marble de Ranville. Oxford. de Gravelotte près Metz. — Michelin. Var. major : — R 50, — Var. lævis : — P 12.— Acrosalenia lœvis Agass. Cat. syst, p. 9. Kellov. de Marolles près Mamers. — Deslonchamps. complanata Agass. — M 73. — Espèce plus aplatie que le À. spinosa. Les gros tubercules s’étendent jusqu’au sommet. Marn. vésul. de Poligny (Jura). — Deskhayes, Marcou. x GONIOPYGUS Acass. Forme circulaire, subconique. Disque apicial très solide, à pourtour anguleux, composé de dix plaques, dont cinq génitales et cinq ocellaires. Point de plaque suranale. Bouche très grande. Tubercules imperforés, sans crénelures à leur base. Baguettes clavellées. Pores disposés par simples paires dans toute leur longueur. Toutes les espèces sont fossiles , de la formation crétacée. ‘ peltatus Agass. — Q 50. Q 66. — Monogr. des Salén. p. 20, Tab. 3, fig. 9-18. — Cat. syst. p. 11. — Echin. suiss. 11, p. 92, Tab. 23, fig. 16-22 — Salenia peltata Agass. Foss. crét. in Mém, Soc, Neuch. 1, p. 140, Lab. 14, fig. 13-15.— Echinus peltatus Desml. Tab]. syn. p. 304. Néoc. du Jura neuchâtelois. — Mus. Neuchâtel. Var. minor : — Q 58. — Goniopygus intricatus Agass. Monogr. des Salén. p. 21, Tab. 3, fig. 19-28. — Cat. syst. p. 11. — Echin. suiss. 11, p. 93, Tab. 93, fig. 23-31. C’est le jeune âge du G. peltatus. Néoc. du canton de Neuchâtel. — Dubois de Montpéreux. Je me suis assuré que les impressions plus ou moins fortes qui existent sur les sutures des plaques, et que j'avais prises pour des caractères spécifiques, varient ou dis- paraissent avec l’âge. Menardi Agass. — X 51. Q 62,— Monogr. des Salén. p 22, Tab. 23, fig. 29-36.— Cat. syst. p. 11.—Echinus Menardi Desmar. in Defr. Diet. Se. nat. Tom. xxxvir, p. 101, Cr. chlor. de l'ile d'Aix, à l'embouchure de la Charente.—D'Orbigny, Defrance, Brongniart, Var major : — Q 63. —Goniopyqus globosus Agass. Monogr. des Salén. p.24, Tab. 4, fig. 9-16. — Cat. syst. p. 11. Cr. chlor. du Mans. — Michelin. Bronnii Agass, —S 29,—Cat, syst. p. 11.— Espèce voisine du G. Menardi , mais plus déprimée, Cr. marn. d’Essen sur la Rœhr. — Bronn. heteropygus Agass. -— X 49. — Monogr. des Salén. p. 23, Tab, 4, fig. 1-8,— Cat, syst. p. 11. Cr. des environs de Tours. — Deshayes. major Agass. — X 29. — Monogr. des Salén. p. 25, Tab. 4, fig. 17-22, — Cat. syst. p. 11 (1). Craie inf. du port des Barques, près de la Charente. — D'Orbigny. CATALOGUE RAISONNÉ DES ÉCHINIDES, 3ljo Gnoure nes ÉCHINIDES. Test mince, Tubercules nombreux tantôt perforés, tantôt imperforés, portant des piquants grêles et subulés. Pores disposés tantôt par simples paires, tantôt par paires multiples, obliques ou en arcs. Dents tricaré- nées munies d’une carène saillante à la face interne. Mâchoires moins massives que dans les Cidarides, Les branches des pyramides sont réunies en arc au sommet. x. ASTROPYGA Gray. Forme circulaire ou subpentagonale , aplatie à la face inférieure. Test mince, Ambulacres enflés, étroits, portant de fines saies très longues au lieu de baguettes. Au moins quatre rangées de gros tubercules perforés et crénelés dans les aires interambulacraires. Baguettes grèles et anne- lées. Pores ambulacraires disposés par simples paires. Bouche grande, sans entailles. Auricules composées de deux piliers non réunis. Lanterne très développée. Les pyramides sont fortement échancrées entre leurs deux branches montantes. Dents pourvues d’une carène à la face interne. Toutes les espèces sont vivantes. Diffère des Échinocidaris par sa forme aplatie et par ses tubercules crénelés et perforés. radiata Gray. — Cidaris radiata Leske p.116, Tab. 44, fig. 1.— Lamk. Encycl. méth. Zooph. PI. 140, fix. 6 et 8. — Grande espèce plate , à ambulacres renflés. Des zones lisses en zigzag au sommet des aires interambulacraires. Origine inconnue. — Mus. Paris. pulvinata Agass. — Cidaris pulvinata Lamk.— Espèce voisine de l'A. radiata ; mais les ambulacres sont moins renflés , et les zones lisses des aires interambula- craires beaucoup plus étroites. Origine inconnue, — Mus. Paris, École des Mines. calamaria Agass. — Cidaris calamaria Lamk. — Diadema calamarium Gray.— Espèce plus petite et moins plate que les deux précédentes. Piquants annelés de brun et de blanc. Amboine (Hombron et Jacquinot). — Mus. Paris. Desorii Agass. Très grande espèce renflée, à ambulacres trés saïllants, recouverts de granules nombreux et sans disposition régulière. Zones poriféres très larges. Piquants subulés. Mer Rouge (Botta). — Mus. Paris. spinosissima Agass. — Diadema spinosissimum Mich, — Espèce voisine de la précédente, Les ambulacres sont légèrement renflés. Les tubercules sont très serrés. Les zones porifères sont moins larges et les tubercules plus serrés que dans l'A. Desorii. Ile Maurice, Zanzibar (Rousseau), — Michelin. Mus. Paris. subulavis Agass. — Diadema subulare Agass, Prodr. — Diadema Desjardinsit 346 AGASSIZ EL DESOR. Mich. dans Guér. Mag. Zool Tom. 11, PI. 7. — Espèce remarquable par ses très gros tubercules qui s’élévent jusqu’au sommet des aires interambulacraires. Ile Maurice (Desjardins), Seychelles et Zanzibar (Rousseau). — Michelin. Mus. Paris. xt. DIADEMA Gray. Forme circulaire. Test mince. De gros tubercules crénelés et perforés sur les aires ambulacraires, comme sur les aires interambulacraires. Baguettes cylindriques , annelées et fort longues. Bouche grande, sans entailles. Auricules disjointes. Lanterne conformée comme celle des Astropyga. Tubercules interambulacraires formant tantôt deux, tantôt quatre rangées. Diffère des Asfropyqa par les gros tubercules des aires ambulacraires. Se trouve dans toutes les formations, depuis le lias jus- qu'à l’époque actuelle. PREMIER TYPE. — Deux rangées de tubercules interambulacraires sans rangées secondaires. europæum Agass. Les tubercules ambulacraires sont aussi gros que les tubercules interambulacraires ; les uns et les autres sont très espacés. Piquants très grêles, tachés de violet et de blanc, avec un rebord frangé à la collerette. Palerme. — Michelin. Mus. Paris. Espèces fossiles. rotulare Agass. Foss. crét. in Mém. Soc. Neuch. 1, p. 139, Tab. 14, fig. 10-12. — Echin, suiss. 17, p. 4, Tab. 46, fig. 1-5. Néoc. de Neuchâtel, Salève, Censeau, Nozeroy (Jura), Mouthe (Doubs). —Mus. Neuchâtel. A. Favre, Marcou. Bourgueti Agass. — Q 84. — Echin. suiss. 11, p. 6, Tab. 16, fig. 6-10. — Diadema ornatum Agass. Koss. crét. ete. p. 139 (non Cidaris ornatus Goldf.).— Cat. syst. p. 8. — Bourguet, Traité des Pétrif. PI, LIT, n. 340 et 345. Marn. néoc. de Neuchâtel, Morteau, Censeau, Tchieffrain (Aube).—Mus. Neu- châtel. Marcou, Michelin. Lues Agass, — X 27. M 88, — Echin. suiss. 11, p. 8, Tab. 16, fig. 11-45. — Cat. syst. p. 8, Gault de la Perte-du-Rhône, Molasse de la Chaux-de-Fonds (remanié du Gault), Balerme (Orne). — Michelin, Nicolet. Rhodani Agass, — S 73. S 90. — Echin. suiss. 11, p. 9, Tab. 16, fig. 16-18. Gault de la Perte-du-Rhône. — Mus. Genève, Mayor de Genève. dilatatum Agass. — 97. 98. — Echin. suiss. 11, p.10, Tab. 16, fig. 19-21. Urachhorn (Oberland bernois), Castel-Gomberto. — Mus. Berne. Beaumont, æwquale Agass. — S 80. — Echin, suiss. 11, p. 18, Tab, 17, fig. 36-38, Ool. inf. des environs d’Aarau ? Kellov. des environs de Quingey.— Mus. Bâle. Zschokke, Marcou. priscum Apgass.—P 6.—Echin. suiss, 11,/p. 21, Tab. 17, fig. 11-15.—Cat. syst. p. 8. Coral. du Fringeli (canton de Soleure), de Nantua et des environs de Salins. — Mus. Neuchâtel. Bernard, Marcou. CATALOGUE RAISONNÉ DES ÉCHINIDES, 347 Placenta Agass. Echin. suiss. 11, p. 22, Tab. 17, fig. 16-20. Coral. du Fringeli (Soleure), Lagern (Argovie). — Gressly. mamillatum Agass. — M 70. — Cidaris mamillata Rœm. -- Diadema spinosum Agass. Cat. syst. p.8. — Se distingue par ses tubercules très saillants. Coral. de la Rochelle et de Hildesheim. Kimmer. de Verdun. — Deshayes, Rœmer. superbum Agass. - M 92. — Echin. suiss. 11, p. 23, Tab. 17, fig. 6-10. Oxford. de Suisse, Vaches-Noires (Normandie), du mont Vohayes (chaîne du mont Terrible). — Mus. Paris (Gal. géol.). Gressly, Michelin, Deshayes. homostigma Agass. Echin. suiss. 11, p. 24, Tab. 17, fig. 1-5. Oo! inf. de la Chaux-de-Fonds. Marn. vésul. de Romange pres Dôle. — C. Ni- colet, Marcou. macrostoma Agass. Echin. suiss. 11, p. 10, Tab. 16, fig. 22-26. Néoc. de la Chaux-de-Fonds, Censeau (Jura). — C. Nicolet, Marcou. florescens Agass.— 52. M 98.— Echin suiss. 11, p. 17. Tab. 17, fig. 26-30, — Cat. syst. p.8. Coral. de Besançon, Normandie. — Dudressier, Deshayes. ornatäm Agass. — M 80. — Diadema indifferens Agass. — Cat. syst. p. 8. — Cidarites ornatus Goldf. Petref. p. 123, Tab. 40, fig. 10. Cr. marn, d'Essen sur la Rœhr, Villers-sur-Mer, Longleat. — Mus. Bonn. Michelin, d'Archiac. Michelini Agass. — P 37. — Cat. syst. p. 8. — Espèce renflée; tubercules égaux, mais plus serrés que dans le D. ornatum. Cr. chlor. de Villers-sur-Mer. — Michelin. afline Agass Echin. suiss. 11, p. 14, Tab. 17, fig. 54-58. Terr. jurass. (Doubs). — Renaud-Comte. pusillum Agass. — Echinus pusillus Münst. in Goldf. Petref, p. 125, Tab. 40, fig. 14. Du sable marneux tertiaire d’Astrupp, près Osnabrück. — Mus. Bonn. complanatum Agass. — M 9%. — Echin. suiss. 11, p. 16, Tab. 17, fig. 31-35. Kellov. de Ranville, Marolles, Balerme (Orne). Coral. d'Urach. Oxford. d'Alen- çon. — Michelin, Mandelslohe, Deshayes. conformis Agass.—4 crosalenia conformis Agass. Echin. suiss. 11, p. 40, Tab. 18, fig. 11-14. Porti. des environs de Porrentruy. — Gressly. tenue Agass. — X 34. — Cat. syst. p. 8. — Forme circulaire. Test mince. Très peu de tubercules miliaires entre les tubercules principaux. Cr. chlor. de Villers-sur Mer. — Deshayes. insæquale Agass. — X 4%. — Cat. syst. p. 8. — Forme anguleuse. Tubercules petits, uniformes et nombreux. Espaces intermédiaires entre les tubercules, lisses. Diffère du D. superbum par ses tubercules plus serrés. Kellov. de Marolles-les-Baux (Sarthe), Lifol (Vosges). — Michelin, d'Orbigny, d'Archiac. textum Agass. — M. 86.— Cat. syst. p. 8. — Forme subconique. Tubereules peu 348 AGASSIZ LT DESOR. saillants. Un trés pelit nombre de tubercules miliaires. Voisine, du reste, du D. superbum et du D. inæquale, Oxford. de Normandie. — Deslongchamps. distinetum Agass. — X 43. — Cat. syst. p. 8. — Les tubercules sont entourés d’une granulation très fine et très serrée, Les sutures des plaques sont très distinctes. Terr. crét.? France, — Deshayes. humile Agass. — M 89. — Cat. syst. p. 8. — Espèce trés comprimée , à gros lu- bercules. Craie de Normandie. — Mus. Neuchâtel. seriale Agass. — Q 53. — Cat. syst. p. 8. — Leym. Mém. Soc. géol. de France, Tom. ur, p. 378. PI. 24, fig. 1. Infra-lias. Chätillon-sur-Chessy (Rhône). — Michelin, globulus Agass, — Q 54. — Cat. syst. p. 8.— Leym. Mém. Soc. géol. de France, Tom. ur, PI. 24, fig. 3, Jafra-lias du mont d'Or près Lyon (Rhône). — Michelin. minimum Agass. — Q 59.— Cat, syst. p. 8.— Leym.Mém. Soc. géol. de France, Tom, ru, PI. 24, fig. 4. Lias de France. microporum Agass, — M, 76. — Cat, syst. p. 8. — Leym. Mém, Soc. géol. de France, Tom. ur, PI. 24, fig. 2. Lias de Pouilly en Auxois, Stenay (Meuse). Bruntrutana Desor. Espèce à tubercules petits, uniformes et peu serrés. Quelques tubereules secondaires entre les rangées principales des aires interambulacraires. Kimmer. du Banné (Porrentruy). — Marcou. annulare Agass. Petite espèce plate, à bouche très grande. Cr. chlor, du Mans. — Mus. Paris (gal. géol.), Michelin. arematum d'Arch. Deux rangées de tubercules interambulacraires très petits à la face supérieure, Base des tubercules fortement plissée, Tubercules miliaires con- fluents. Terr. numm. de Biaritz. — D'Archiac. subangulare Agass. — M 91. S 81. — Echin. suiss. 11, p. 149, Tab. 17, fig. 21-23. Cat. syst. p. 8. — Cidaris subangularis Goldf. Petref. p. 422, Tab. 40, fig. 8. — Rœm. Ool. p. 26. ü Var. Diadema sulcatum Agass. — X 46: — Cat. syst. p. 8. Coral. de la vallée de la Birse (Suisse), Blochmont, Weissenstein, Muggendorf, Salins, Normandie, Sirchingen, Albe wurtembergeoise. Saulce-aux-Bois , Forest-marble de Normandie. — Mus. Bâle. Gressly, Dubois, Marcou , Des- longchamps, Mandelslohe. Archiaei Desor. — T 62. -- Espèce voisine du D, subangulare , mais circulaire, Les tubercules sont aussi sensiblement plus petits. Cr. chlor, de Beaumont près d'Angoulême. — Michelin, d'Archiac. Sinaicum Desor. Espèce voisine du D. Archiaci, mais plus plate ; les tubercules sont aussi plus petits. Aucune trace de rangées secondaires. Terr. crét. du Sinaï, — Mus. Paris. CATALOGUE RAISONNÉ DES ÉCHINIDES. 349 depressum Agass.— Q 56.— Cat. syst. p. 8. — Tubercules ambulacraires et inter- ambulacraires d’égale grosseur. Face supérieure plane. Point de tubercules secon- daires. Ool. inf. de Sainte-Honorine, Ranville, — D'Orbigny. &@rasii Desor. Les tubercules interambulacraires sont sensiblement plus gros que les ambulacraires. Point de rangées secondaires. Néoc. inf. de Fauteuil près Grenoble. — Alb. Gras. Heberti Desor. Les tubercules sont très éloignés et par conséquent peu nombreux ; ceux des aires interambulacraires sont sensiblement plus petits que ceux des aires ambulacraires. Tert. d'Orglande, Valognes. — Defrance, Michelin, DEUXIÈME TYPE. — Z'ubercules interambulacraires disposés par séries mul- tiples, dont deux rangées principales flanquées de rangées secondaires. Turearum Rumph. Tab. 14, fig. 8 — Cidaris diadema Lamk. — Espèce renflée, à tubercules interambulacraires saillants. Piquants annelés de brun et de jaune. Antilles (M. Plée), ile de France. — École des Mines, Mus. Paris. Savignyii Mich. dans Guér. Mag. Zool.— Descript. Egypt. Zool. PI. 6. — Diffère du D. Turcarum en ce que les aires interambulacraires sont enfoncées au som- met. Les tubercules sont moins saillants, et les épines, très longues et noires, at- teignent jusqu’à un pied de long. Mer Rouge (Botta), Seychelles (Rousseau), Zanzibar (Rousseau), Bombay (Roux), Madagascar (Vilmorin). — Mus. Paris. Michelin. Lamarekii Rouss. Petite espèce voisine du D. Savignyii, à piquants très longs, verdâtres. N'est peut-être que le jeune âge du D. Savignyii. Zanzibar (Rousseau). — Mus. Paris. Espèces fossiles. pseudodiadema Agass. — M 69.S 31. — Echin. suiss. 11, p. 11, Tab. 17, fig. 49, 50 et 52.— Cidarites pseudodiadema Lamk. Anim. s. vert. 111, p. 59. —E. Des]. Encycl. 11, p. 497. — ? Echinus germinans Phill. Geol. Yorks. Tab. 3, fig. 15. — Diadema ambiquum Vesml. Tabl. syn. p. 316. l Coral, de Besançon, canton de Soleure, Saint-Mihiel, la Rochelle. —Dudressier, Michelin, d'Orbigny, Mus. Bâle, Desmoulins. hemisphærieum Agass. — X 25. — Cat. syst. p. 8. — Echin. suiss. 11, Tab. 17, fig. #1 et53. — Diadema transversum Agass. Desml. Tabl. syn. p. 316.—Diffère du D, pseudodiadema par les rangées secondaires de tubercules , qui sont moins développées sur les aires interambulacraires. Séquan. de Rædersdorf (Haut-Rhin), des environs de Salins. Jura neuchâtelois de Vieux-Saint-Remy (Ardennes). — Mus. Neuchâtel. Marcou, Deshayes. Ruppelli Desor. — T 13. — Espèce voisine du D. pseudodiadema ; mais les tuber- cules sont moins gros et plus égaux. Terr, crét, d'Égypte. — Mus. Paris. 390 AGASSIZ ET DESOR. Nysti Desor, — R 48. — Du type du D. pseudodiadema; mais les tubercules sont d'égale grosseur dans lesrangées secondaires comme dans les rangées principales. Craie de Belgique, — Koninck. tetragramma Agass.— P 20.— Echin. suiss. 11, p. 15, Tab, 47, fig. 39-43.— Cat. syst p. 8. Terr. jurass. de Besançon. — Dudressier. Kleinii Desml.—X 34. R 25. R 33.—Tabl. syn. p. 314.—Cidarites Kleinii Desmar. — Diadema polystigma Agass, Cat. syst. p. 8.—Cidarites miliaris d'Arch. Mém. Soc. géol. Fr. 11 Cr. sup. à Hippurites de Royan (Gironde), Périgord, Soulaye (Aude). Craie de Cognac, de Goudon (Lot). -- Desmoulins, Michelin. granulare Agass. Espèce voisine du D. Kleinii, ayant la méme forme laganoïde, mais seulement deux rangées de tubercules principaux, sans rangées accessoires. Cr. chlor. du Mans. — Mus. Paris (gal. géol.). Michelin. TROISIÈME TYPE. — Sous-genre TerraGramma. — Aw moins quatre rangées de tubercules principaux dans les aires interambulacraires. Les pores se dédoublent fréquemment à la face supérieure. planissimum Agass.— M 62.— Cat. syst. p. 9.— Echin. suiss. 11, p. 26, Tab. 14, fig. 1-3. Portil. (cale. à Tortues) de Soleure. — Gressly. variolare Agass.— X 35. M 68.— Cat. syst. p. 9,— Cidarites variolaris Brongn. Diadema variolare Agass. Prodr.—Les tubercules interambulacraires s’étendent jusqu’à l'anus. Les pores sont dédoublés près du sommet. Gault de Grandpré (Ardennes). Craie des Alpes : Fablen. Craie inf. de Saintes (Charente). — Mus. Paris, Zurich, Neuchâtel. Brongniarti Agass. — X 33. — Cat. syst. p. 9. — Echin. suiss. 11, p. 25, Tab. 14, fig. 4-6. — ? Cidaris variolaris AI. Brongn. in Cuv. Oss. foss. PI. M, fig. 9. Gault de la Perte-du-Rhône, Clar, Escragnolles.—Mus. Neuchâtel. d'Orbigny. subnudum Agass. — R 27. Les tubercules interambulacraires disparaissent en partie près du sommet. Pores dédoublés, Cr. chl. du Havre, Saintes (Charente-Inférieure). — Mus. Paris (gal. géol.). Malhosii Agass. — T 63. — Quatre rangées de tubercules à la face inférieure, mais dont les internes seules s’élèvent jusqu’au sommet; les externes arrivent jusque un peu au-dessus du milieu. Craie à Hippurites des Corbières, de Soulaye, Amérique méridionale (Roulin). — Mus. Avignon, Michelin, Deshayes. Roissyi Desor. — T 21. -— Grande espèce plate, à six rangées de tubercules sur les aires interambulacraires. Cr, chlor. de Gacé, — Mus. Paris, D'Archiac. Pieteti Desor. Espèce plate. Au moins quatre rangées de tubercules; les rangées internes s’élevant seules jusqu au sommet. Les tubercules sont perforés, mais à peine crénelés. Néoc, de Censeau. — Marcou. CATALOGUE RAISONNÉ DES ÉCHINIDES. 301 xIV. HEMIDIADEMA Acass. Ce genre diffère des Diadèmes par un seul caractère, c’est que les aires ambulacraires ne sont composées que d’une seule rangées de tuber- cules, rugosum Agass. Très petite espèce. Les tubercules ambulacraires sont aussi gros et même plus gros que les tubercules interambulacraires. Grès vert de Grandpré (Ardennes). — Deshayes. xv, CYPHOSOMA AGass, Test circulaire , également aplati à la face supérieure et à la face infé- rieure. Pores disposés par paires simples formant des séries onduleuses. Aires ambulacraires pourvus de tubercules aussi gros que les aires inter- ambulacraires. Les tubercuies sont crénelés, mais non perforés; ils forment deux rangées de tubercules sur chaque aire. Bouche ronde et très légèrement entaillée. Diffère des Diadèmes en ce que ses tubercules sont imperforés. Toutes les espèces sont fossiles , et limitées jusqu'à pré- sent aux terrains crétacés. Milleri Agass. — M 56.— Cat. syst. p. 11.— Park. Org. Rem. m1, Tab. 3, fig. 10. —Echinus Milleri Desmar.—Cidarites granulosus Gold. Petref. p. 122, Tab. 40, fig. 7. — Diadema granulosa Agass. Prodr. — Se fait remarquer par ses tuber- cules relativement très grands. Cr. bl. Kent, Havre, Westphalie, Montolieu (Drôme), Rugen. — Mus. Bonn et Coppenhagen, Michelin, Hagenow. corollare Agass.— Park. Org. Rem. nr, PI. 1, fig, 7.— Echinus corollaris Lamk. — Mant. Tab. 17, fig. 2. — Echinus tuberculosus Defr. Dict. — Espèce aplatie, à tubercules uniformes. Se trouve fréquemment à l’état de moule intérieur. Cr. du Périgord, de Talmont, Royan. — Desmoulins , Defrance, d'Orbigny. Michelin, Mus. Paris. Tiara Agass. — X 260, M 6. — Cidaris Tiara Hagenow.— C. magnificum Agass. Cat. syst. p. 11. — Tres belle espèce à tubercules égaux. Très peu de tubercules miliaires entre les tubereules principaux. Cr. bl. de Kent, Meudon, Rügen.—Michelin, Mus. Paris, Brongniart, Hagenow. rugosum Agass. — M 67. — Cat. syst. p. 11. — Se distingue par ses tubercules très apparents, qui diminuent sensiblement près de anus. Forme subpentagonale. Cr. bl. inf. de la Fleche, Saintes (départ. de la Charente), Vendôme. — D'Or- bigny. circinatum Agass.— M 74. R 43.— Cat, syst. p. 11.— Echinus circinatus Lamk. — Se distingue du C. T'iara par sa forme plus renflée et ses tubercules miliaires plus grossiers. Craie du Périgord, de Royan, de Tours. — Mus. Paris. Desmoulins, Michelin, d'Orbigny. 352 AGASSIZ CT DESOR. Beaumonti Agass.— X 91. S 82.— Cat. syst. p. 14. —Espèce voisine du C. Tiara, mais plus plate. Tubercules saillants. Craie de Plaisance. — Élie de Beaumont. suleatuim Agass. —T 64. — Les tubercules de la face supérieure sont sensiblement plus petits que ceux de la face inférieure. Des sillons transverses entre les pla- quettes , comme dans les Temnopleurus. Un sillon évasé vertical au milieu des aires interambulacraires. À part cela, voisin par sa forme du C. crrcinatum. Cr. chlor. de Saint-Christophe (Indre-et-Loire). — D'Orbigny. Delamarrei Desh. Exp. Alg. — Voisin du C, circinatum, mais subeonique. Aires interambulacraires légèrement déprimées. Craie à Hippur. de Biskra en Algérie, entre Betna et Alcantra (prov. de Con- stantine). — Elie de Beaumont, Deshayes. perfectum Agass. — X 77, — Cat. syst. p. 11. — Espèce très plate. Se distingue de ses congénères par la finesse extrême de ses tubercules miliaires très serrés. Cr. bl. de la Flèche, Strehla.— D'Orbigny, Deshayes, Michelin, Geinitz. ornatissimum Agass.—R 28.— ? Cidaris variolaris Goldf. (non Brongn.) Petref. p. 123, Tab. 40, fig. 9. — Diffère du €. Tiara par le dédoublement des pores à la face supérieure, et par la présence de tubercules secondaires assez développés à la face inférieure. Cr. bl. d'Angleterre, Plaener. — Deluc, Mus. Bonn et Paris (gal. géol.). tenuistriatumn Agass. — M 72. — Cat. syst. p. 11. — Espece à trés petits tuber- cules, ce qui lui donne une apparence {rès peu rugueuse. Cr. bl. de la Flèche (Sarthe). — Mus. Paris (gal. géol.), d'Orbigny. regulare Agass.— P 69. — Cat. syst. p. 11. — Les tubercules ambulacraires sont exactement aussi gros que les tubercules interambulacraires, ce qui donne à cette espèce une apparence très homogène. Bouche grande, Cr. bl. dela Flèche, Tours. Craie de Vendôme.— Mus. Paris, D'Orbigny, d’Ar- chiac. difficile Agass. — X 78. — Cat. syst. p. 11. — Espèce assez renflée, à tubercule relativement très petils, surtout dans les aires ambulacraires. Les plaques coro- nales sont bien séparées, par suite dela disposition linéaire des tubercules miliaires. Craie de France. — Michelin. cribrum Agass. — M 29. M 30. — Cat. syst. p. 11. — E. Sism. Ech. foss. Nizza, p, 62, Tab. 2, fig. 14-16. — Espèce subconique, à bouche trés grande. Zones pori- fères très flexueuses. Craie de Plaisance. Craie sup. du comté de Nice. — Elie de Beaumont, Mus. Turin. subgranulatum Agass. — M 50.— Cat. syst. p. 11 (sous le nom de C. regulare). — Voisin par sa forme du C. regulare ; mais il en diffère par le très petit nombre de ses tubercules miliaires. Craie. — Mus. Neuchâtel. radiatum Agass.— Cidarites radiatus Hæningh. in Goldf. p. 125, Tab, 40, fig. 13. Cr. marn. d'Essen sur la Rœhr,— Mus. Bonn. dimidiatum Agass. Petits piquants subulés, lisses, les uns fusiformes , les autres comprimés, ayant une sorte d’anneau au-dessus de la collerette. Cr. chlor. du Mans (Sarthe), — Michelin. CATALOGUE RAISONNÉ DES ÉCIINIDES. 399 xvr. ECHINOCIDARIS Desur. (PI. 15, fig. 3.) Forme subconique, peu élevée. Test mince. Tubercules à base lisse, imperforés au sommet. Pores disposés par simples paires tout le long des ambulacres. Anus recouvert de quatre plaques d'égale grandeur. Deux rangées de tubercules sur les aires ambulacraires, et au moins quatre sur les aires interambulacraires ; mais souvent les rangées ex- ternes s'étendent seules jusqu’au sommet, tandis que les internes dis- paraissent à la face supérieure. Baguettes cylindriques , finement striées. Bouche très grande. Membrane buccale nue, à part les dix plaquettes des tubes buccaux. Auricules disjointes. Appareil dentaire comme dans les Diadèmes. Une carène à la face interne des dents. Diffère des Dia- dèmes par ses quatre plaques anales, par ses piquants lisses, ct en ce que les tubercules sont imperforés, au lieu d'être crénelés et perforés. PREMIER 1YPE. — Sous-genre Acamres Agass. — Tubercules disparaissant en partie à la face supérieure des aires interambulacraires. punetulata Desml, — Echinus punclulatus Lamk.— Au moins quatre rangées de gros lubercules dans les aires interambulacraires, Les extérieures seules attei- gnent le sommet. Couleur rose. Des Antilles, Sénégal. — Mus. Paris, Schmidt, Michelin. stellata Desml. — Echinus stellatus BL. — Petite espèce déprimée qui se dis- tingue par la présence d’une éloile au sommet du disque , dont les rayons se pro- Jlongent sur les aires interambulacraires. L'e très gros tubereules comme dans les- péce précédente , mais qui persistent davantage à la face supérieure. Des iles Gallopagos (Stockes). — Mus. Paris et Neuchâtel. Duafresnii Desml. — Echinus Dufresnii BI. — Espèce subconique ; les tubercules sont plus petits que dans les espèces précédentes, Coloration verte. Cumana (Antilles). — Mus. Paris, Michelin. spatuligera Agase. — Echinus spatuliger Val. Voy. Vénus. Zool. PI. 5, fig. 2. — Grande espèce subconique. Au moins huit rangées de tubercules interambula- craires à la face inférieure, lesquels s’amoindrissent et disparaissent en grande partie à la face supérieure. Piquants spatuliformes autour de la bouche. Coquimbo (Gaudichaud). — Mus, Paris. loeulata Desml. — Æchinus loculatus BI. — Petite espèce plate, voisine de PE. stellata. Manche, la Rochelle, -— Michelin, Desmoulins, Mus, Paris, 3° série. Zoov. T. VI. (Décembre 1846.) 3 23 55 AGASSIZ ET DESOR. DEUXIÈME TYPE. — Sous-genre Trerraryeus Agass. — T'ubercules interambu- lacraires recouvrant toute la surface du test. pigra Agass. — Echinus niger Molina, Hist. nat. du Chili, p. 175. — Echinus purpurascens Val. Voy. Vénus Zool. PI. 5, fig. 4. — Echinus pustulosus Desml. (non Lamk.).—Tubercules très gros ; la rangée externe des tubercules interam- bulacraires se maintient jusqu’au sommet, Coquimbo, Païta (Gaudichaud). — Mus. Paris, d'Orbigny, Mus. Neuchâtel. mquitubereulata Desml. — Echinus æquituberculatus BI, -- Echinus neapo- litanus Delle Chiaje. -- Grande espèce subconique , remarquable par ses tuber- cules d’égale grosseur. Palerme et Algérie. — Mus. Paris et Neuchâtel. pustuiosa Agass. — Zchinus pustulosus Lamk.—Espéce très voisine de E. æqui- tuberculata ; plus déprimée. Les tubercules sont moins saillants. Brésil. — Mus. Paris. grandinosa Agass. — Echinus grandinosus Val, Voy. Vénus Zool. PI. 14, fig. 1. — Très voisin de VE. œquituberculata ; cependant les tubereules sont plus sail- lants, et les ambulacres légérement costulés. Carthagène (Amérique), Pérou (Gaudichaud). — Mus. Paris. XVI, ECHINOPSIS Acass. (PI. 15, fig. 5-6.) Petits oursins renflés, subconiques. Aires ambulacraires à peu près aussi larges que les interambulacraires, et ornées, comme celles-ci, de ‘ tubercules perforés, mais non crénelés. Bouche petite avec de faibles en- tailles. Diffère des Diadèmes par l'absence de crénelures aux tubercules. Se trouve fossile dans la craie et les terrains tertiaires. PREMIER TYPE. — lores disposés par simples paires. elegans Agass. — X 28. — Cat. syst. p. 9. — Echinus elegans Desml. Tab. syn. p. 300. — Espèce renflée, Tubercules serrés et très apparents, quoique petits. Terr. numm. de Royan (Gironde), Sainte-Maure-sur-Loire. Cale. gr. inf. de Saint-Estèphe (Médoc). — Desmoulins. latipora Agass. — X 40. P 19. — Cat. syst. p. 9. — Les zones porifères sont larges , les tubercules petits , et les granules miliaires relativement petits. La sé- paration des plaques esttrès distincte. Craie de Villers (Orne). — Mus. Avignon. contexta Agass. — M 6%. — Cat. syst. p. 9. — Espèce un peu plus renflée que la précédente, dont elle n’est peut-être qu’une variété. Craie du département de l'Orne. — Deshayes. depressa Agass, — M 49. M 63. — Cat. syst. p. 9. — Espèce plus plate que la précédente. Les tubercules principaux sont moins serrés dans les aires ambula- CATALOGUE RAISONNÉ DES ÉCITINIDES, 3599 craires ; les tubercules miliaires sont aussi moins nombreux. Du reste , trés voi- sine de VE. latipora. Craie de Pouilly (en Auxois). — Michelin. pusillus Rœm. Kr. form. — Très voisine de VE, contexta, sinon identique. Craie de Gehrden (Hanovre). — Rœmer. DEUXIÈME TYPE. — Pores disposés par triples paires obliques. Gacheti Agass. — V 12, — Echinus Gacheti Desml. Tabl. syn. p. 300. — Grande espèce très haute. Tubercules petits et assez serrés, formant deux rangées dans les aires ambulacraires et dans les aires interambulacraires. Tert. de Blaye. — Desmoulins. XVII, ARBACIA Gray. (PI. 45, fig. 44.) Petits oursins subsphériques. Test recouvert de nombreux petits tu- bercules, à base lisse et sans perforation, formant des rangées multiples sur les aires interambulacraires, et quelquefois aussi sur les aires ambu- lacraires. Pores disposés par simples paires. Bouche circulaire sans pro- fondes entailles. Appareil génital étroit, en forme d’anneau. Diffère du genre Échinopsis, dont il a la forme générale, par ses tubercules à base lisse. Les espèces sont fossiles des terrains crétacés et tertiaires. PREMIER TYPE. — Deux rangées de tubercules principaux accompagnées de tubercules moins gros. monilis Agass.—X 68.—Echinus monilis Desmar. in Defr. Diet. Sc. nat. xxxvir, p.100. — Arbacia globosa Agass. Cat. syst. p. 12. — Les tubercules ne sont pas tous d’égale grosseur, mais il y a deux rangées de tubercules principaux sur les aires ambulacraires et interambulacraires. Tert. Saint-George-la-Mine près Doué (Maine-et-Loire), Broyes (Oise), des falu- nières de Sainte-Maure (Touraine). — Michelin, Mus. Paris, Deshayes. conjuneta Agass. — Q 98. — Cat, syst. p. 12. — Diflère de l'A. monilis par ses tu- bercules qui sont un peu allongés dans le sens vertical, Craie du département de l'Orne. — Deshayes. Spads Desor. Petite espèce voisine de l’A, conjuncta, à tubercules miliaires très serrés ; deux rangées de tubercules principaux. Pliocène du Monte Mario, près de Rome. — Verneuil. depressa Agass, — X 38. — Cat. syst. p. 12. — Espèce plus plate que l'A. moni- lis. Il y a deux rangées de tubercules principaux à côté des rangées secon- daires dans les aires interambulacraires. Néoc. de Neuchâtel, — Beyrich. alutaceaAgass. — Echinus alutaceus Goldf. Petref. p. 425. Tab. 40, fig. 15. Du sable marneux des environs d’Essen. — Mus. Bonn. 2906 AGASSIZ LT DESOR. DEUXIÈME TYPE. — Tubercules uniformes sur toute la surfuce du test. granulosa Agass, — X 39. — Cat. syst. p.12. — Echinus granulosus Münst. in Goldf. Petref. p. 425. Tab. 49, fig, 5. — Les tubercules forment des séries hori- zontales qui comptent jusqu’à seize tubercules dans une aire interambulacraire, et quatre ou six dans une aire ambulacraire. Cr. chlor, de l'île d'Aix, Chute Farm, le Mans, Kchlheim sur le Danube. D'Or- bigny, d'Archiac, Mus. Bonn. coniea Agass. — P 52». — Cat. syst. p. 12. — Espèce voisine de l'A, granu- losa ; mais plus haute et plus conique. Cr. chlor. de Villiers (Calvados). — Deshayes. Pilos Agass. — Q #7. — Cal. syst. p. 42. — Echin. suiss, 11, p. 94. Tab. 93, fig. 32-36. Néoc. du canton de Neuchâtel. — Mus. Neuchâtel. &lobuius Desor. Espèce globuleuse, à tubercules égaux, disposés comme dans l'A. granulosa, mais moins nombreux. Il n’yÿen a guère que douze rangées dans les aires interambulacraires. Terr. crét. — Alb. Gras. xIX. EUCOSMUS Acass. (PL 45, fig. 12-13.) Ce genre a tous les caractères des Arbacia du premier {ype, la même forme renflée et le même aspect finement granuleux. Il en diffère par un seul caractère, c’est que les aires ambulacraires sont extrêmement étroites, etne portent qu'une seule rangée de tubercules. Les pores sont disposés par simples paires. On ne connaît encore qu'une seule espèce qui est fossile. dccoratus Agass. Petit oursin de forme subconique. Jura supérieur des Laegern. — Mus. Neuchâtel. xx, COŒLOPLEURUS Acass. ‘ Forme déprimée, généralement allongée, à peu près comme chez les Échinomètres. Test mince. Pores simples dans toute leur étendue. Les tubercules des aires interambulacraires ne dépassent pas le milieu du test. La partie supérieure en est dépourvue, excepté chez quelques espèces où les rangées secondaires de tubercules s'élèvent jusqu’au som- met en affectant quelquefois la forme d’épines. Diffère des Echino- cidaris par sa forme et par ses tubercules spiniformes. Toutes les espèces sont fossiles, desterrains tertiaires. cauis Agass, — X 41. — Cat, syst. p. 42, — Zchinus equis Val, — Encycl, méth, CATALOGBE RAISONNÉ DES ÉCINNIDES. 397 Zooph. PI. 140, fig. 7 et8. - Echinus stellatus Defr., Diet. se. nat. — Cidaris coronalis KI. — Les séries secondaires des tuberenles interambulacraires sont très peu accusées ; leur forme est régulière. Tert. numm. de Biaritz, d'Espagne. — Michelin, Deshayes. radiatus Agass. — X 42. — Cat. syst. p. 12. — Les séries secondaires des tuber- cules interambulacraires sont aussi développées que les séries principales, Calc. gr. de France. — Deshayes. Agassizii d'Arch. Mém. Soc. géol., Fr. 2 sér. Tom. 11, p. 205, Tab. 7, fig. 2. — Espèce voisine du C. equis. Les espaces nus des aires interambulacraires sont ornés de lignes en zigzag. Terr. numm. de Biaritz. — D'Archiac. spinosissimus Agass. Entre les rangées principales et les rangées secondaires des tubercules interambulacraires est intercalée une série d’épines très acérées. Cale. gr. de Paris. — Deshayes. xi, CODIOPSIS Acass. (PL. 15, fig. 14 et 15.) Test renflé, très élevé, subcirculaire ou subpentagonal. Pores disposés par simples paires. Tubercules sporadiques perforés, mais à base lisse, saillants seulement à la face inférieure. Le reste du test est lisse, et pré- sente une structure finement plissée lorsqu'on l’examine à la loupe. Bouche moyenne, sans entailles profondes, N'est connu qu’à l’état fossile, dans les terrains crétacés. Doma Agass. — X 31. X 71. — Cat. syst. p.13. — Codiopsis simplez Agass, Cat. syst. p. 13 (Exempl. usé du Cod'opsis Doma). — Echinus Doma Desmar. in Defr. Dict. Sc. nat. xxxvir, p. 101. Cr. inf. de Tourtia et Tournay (Belgique), Coudrecieux (Sarthe). Cr. chlor. le Mans (petite forme). — Michelin, Mus. Paris (gal. géol.). Je n'ai pas pu m'assurer si les petits Codiopsis du Mans sont identiques avec le C. Doma de Tourtia, ni trouver des différences suffisantes pour les distinguer. Outre la taille, qui est très petite dans les exemplaires du Mans, je trouve la forme un peu plus haute et des tubercules isolés sur tout le test; mais il paraît qu'ils tombent avec l'âge. xxtr, MESPILIA Dessor. (PI. 15, fig. 17.) Les aires ambulacraires et interambulacraires sont nues dans leur par- tic médiane, et seulement bordées de tubercules sur les côtés, à l'ex- ception de la face inférieure qui est très tuberculeuse. Tubercules petits. Des pores angulaires à la jonction des plaques coronales , comme dans les Temnopleurus. Pores ambulacraires disposés par séries verticales multiples. Auricules fermées; cercle auriculaire peu élevé. Membrane 395 AGASSIZ ET DESOR. buccale nue, très fortement plissée. Appareil masticatoire conformé comme celui des Echinus , mais plus grêle. globulus Agass. — Echinus globulus Lion. — Echinus versicolor Val. — Cidaris granulata Leske, p. 152. Tab. 11, ffig. €. r.—Forme renflée. Partie nue des aires interambulacraires de couleur verdâtre. Zone tuberculée des mêmes aires rouge ainsi que les ambulacres. Plaques génitales et anales tuberculifères, petites. Pi- quants annelés de blanc et de rouge. Tonga-Tabou (Quoy et Gaimard), — Mus. Paris. xx. MICROGYPHUS AGass. (PI. 15, fig. 10.) Pores disposés par doubles paires obliques. Tubercules sporadiques tous d’égale grosseur, et limités au milieu des plaques coronales, tandis que le bord de ces mêmes plaques est nu. De petits pores angulaires à la jonction des plaques dans les ambulacres, aussi bien que dans les interam- bulacres, plus grands autour de l’anus que plus bas. maculatus Agass. — Espèce renflée. Plaques coronales hautes; les espaces nus sont plus grands que les espaces tuberculeux et d’une teinte rosée. Pores angu- laires excessivement petits, à peine visibles. Couleur rose. Origine inconnue. -— Mus. Paris, Michelin, École des Mines. Rousseaui Agass. — Grande espèce renflée. Espaces nus entre les plaques inter- ambulacraires , d’un beau violet. Mascate (Rousseau), — Mus. Paris et Francfort. zigzag Agass. — Petite espèce renflée. Les espaces nus sont moins larges et plus nombreux que dansle M. Rousseaui. Origine inconnue (Quoy et Gaimard). — Mus. Paris. xxIV. SALMACIS Acass. (PL. 45, fig. £.) Forme circulaire, subconique. Pores ambulacraires disposés par doubles paires. Tubercules crénelés, mais non perforés, formant plu- sieurs rangées verticales, qui se présentent sous la forme de séries hori- zontales régulières sur chaque plaque interambulacraire. De petits creux ou pores ( pores angulaires) à la jonction des plaques coronales. Quatre plaques anales finement granulées, ainsi que les plaques génitales et ocellaires. Bouche petite. Membrane buccale nue. Auricules minces, tranchantes, se touchant par leur base, et fermées au sommet. Appareil masticatoire construit comme dans les Diadèmes et les Échinocidaris à l'exception du compas qui se termine en spatule tronquée. Piquants “courts, cylindriques et finement striés. Il y a des espèces vivantes et des espèces fossiles. CATALOGUE RAISONNÉ DES ÉCHINIDES. 999 bicolor Agass. — Test renflé. Au moins dix rangées de tubercules dans les aires interambulacraires formant des lignes horizontales régulières, Sutures des plaques distinctes. Pores angulaires petits. Piquants très fournis, d’une teinte orange, annelés de blanc à la face inférieure. Bombay (Roux), mer Rouge. — Mus. Paris. sulcatus Agass. — Des lignes transversales assez distinctes indiquent les sutures des plaques coronales. Au moins six rangées de tubercules sur les aires inter- ambulacraires et quatre sur les aires ambulacraires, Pores angulaires très mar- qués, de forme triangulaire. Piquants très fins, annelés de blanc et de vert. Philippines. — Mus. Paris, Deshayes, Michelin. virgulatus Agass. — Espèce voisine du S. sulcatus, mais plus petite et à tuber- cules moins nombreux. Piquants violets (n’est peut-être que le jeune du $, sul- catus). Ceylan (Renaud). — Mus. Paris, rarispinus Agass, — Forme subconique. Tubercules trés petits. Sutures des plaques peu apparentes. Pores angulaires trés petits. Piquants peu fournis, an- nelés de blanc et de rouge. Détroit de Malacca (Eydoux et Souleyet), Singapour (Hombron et Jacquinot). — Mus. Paris. varius Agass. — Espèce trés voisine du S. rarispinus, mais moins conique. Les tubercules sont aussi plus nombreux. Pores angulaires très petits, à peine visibles. Singapour (Hombron et Jacquinot). — Mus. Paris. Dussumieri Agass. — Forme déprimée. Tubereules plus saillants et plus serrés que dans les autres espèces. Bouche enfoncée. Mers de Ja Chine (Dussumier), Singapour. — Mus. Paris. globator Agass. — Petite espèce très renflée. Pores angulaires très petits. Deux _ rangées de tubercules sur les aïres ambulacraires et sur les aires interambula- craires. Origine inconnue. — Deshayes. Espèces fossiles. Pepo Agass. — T 35. — Grande espèce très renflée, voisine par sa structurs du S. varius. Le milieu des aires interambulacraires est dépourvu de tubercules. Tert. Palerme. — Agassiz. Vandeneckei Agass.— Espèce intermédiaire, quant à sa forme, entre le S. raris- pinus et le S. sulcatus. Terr. numm. Fontaine-du-Jarrier, montagne de la Palarea. — Vandenecke. xxv. TEMNOPLEURUS AGass. (PL 15, fig. 9.) Forme circulaire et subconique. Deux rangées principales de tuber- cules interambulacraires crénelés, mais non perforés. Des impressions profondes correspondant aux sutures des plaques dans les aires ambu- 360 AGASSIZ LI DESOR. licraires, aussi bien que dans les aires interambulacraires, mais seule- ment à la face supérieure. Pores ambulacraires disposés par triples paires. Appareil masticatoire vigoureux. Auricules basses et grêles. Ce genre diffère des Salmacis par ses impressions quilui donnent une appa- rence sculptée. On n’en connait que des espèces vivantes. toreumatieus Agass.— Cidaris toreumaticus Klein.—Echinus sculptus Lamk.— Voy. Venus Zooph. PI. 1, fig. 4. — Forme subconique. De fortes impressions transversales séparant les plaques coronales. Bombay (Roux). A l'état de pétrification dans la mer Rouge (Reynaud), île Karrak, golfe Persique (Leclancher). — Mus. Paris (gal. géol.). Reynaudi Apgass. Différe du T. toreumaticus par ses incisions transversales, qui sont beaucoup plus marquées sur le côté interne que sur le côté externe des aires. Piquants finement striés, annelés de blanc et de rose. Ceylan (Reynaud), Malacca (Eydoux et Souleyet). — Mus. Paris. WWoodii Agass. Très petite espèce remarquable par le prolongement en forme de mufle de l’appareil anal qui est entouré d’une étoile, dont les rayons empiètent sur les aires interambulacraires. Du crag d'Angleterre. — Agassiz. bothryoides Agass. — Cidaris bothryoides Leske. PJ. 11, fig. m. — Impressions très profondes, séparées par les tubercules dans les aires interambulacraires, de manière qu'il y en a quatre rangées dans les aires interambulacraires, et deux Geofoy: par 1 M. Los Durour . . . 5 Cet RULES 207 MOLLUSQUES. Recherches sur l'embryogénie des Mollusques Gastéropodes ; par M. C. Voer. 5 Observations sur la génération et le développement des Biphores (Salpa ); DAME IRROEN S.à Mise et 0e °C EC HD ZOOPHYTES. Classification des Méduses pulmogrades des mers britanniques : par M. E. Fonses. . 304 Catalogue raisonné des familles, des genres el des espèces de la classe. des Echinodermes ; par MM. L. Acassiz et E. Desor (1”* partie : Famille des Cidarides). Précédé d'une introduction sur l’organisation, la classifica- tion et le développement des types dans la série des terrains ; par M. L. RENE nn CPP AN rm le le le dt . 305 38/ TABLE DES PLANCITES, TABLE DES MATIÈRES PAR NOMS D’AUTEURS. AGcassiz et Desor. — Catalogue raisonnédes familles, des genres et des espèces de la classe des Echinodermes (1"° partie : Fa- mille des Cidarides ). Précédé d'une introduction sur l'organi- sation, la classification et le dé- veloppement des types dans la série des terrains. Créuin, — Additions au Mémoire de M. Retzius sur les cränes des habitants du Nord DEsor. — Voy. Agassiz. Durour (Léon).—Histoire des mé- tamorphoses du Scathopse noir de Geoffroy Fonses. — Classification des Mé- duses pulmogrades des mers bri- tanniques. KoœzLixer. — Note sur le déve- loppement des tissus chez les Batraciens. Kroux.— Observations sur la gé- nération et le développement des Biphores Sas Manrino (de).— Observations sur les mouvements du cœur. Quarneraces (de). — Note sur un genre d'Anguillules marines pourvues de soies, Hémipsile. . — Mémoire sur les Némertiens. Rerzius — Mémoire sur les for- mes du crâne des habitants du Nord... s Vocr.— Recherches sur’ embr yo- génie des Mollusques Gastéro- podes . « TABLE DES PLANCHES RELATIVES AUX MÉMOIRES CONTENUS DANS CE VOLUME, Prancnes 1. __=—__— D © = © © FIN DU 2 | Embryogénie de l'Actéon. Développement des tissus. Organisation des Némertiens. Oursins, Lypes génériques. . Métamorphoses du Seathopse nigra. du Subula atripes. du Cassida maculata. SIXIÈME VOLUME, 91 . 110 …. 409 131 173 . 133 11 Ann. der Seine. nat. 3° Serie oo. Tom. 6. PL.1. Embryogenéæ de l'Ackon 2 logé dat Vlémend mp Ann. des Setenc: nab. 3° Jére. Ti US Zoo. Tom. 6. PL. 2. Embryogéné de l'Acton. L lügt dot N lémond ünpr Pool. Tom. 6.1.3. Ann des Jetene. nat 3° Serie CET À 28. Lmbryogerte de l'Acteon. C gt. dt Ann. des Jane. nat. 3° Jerce Eee n 38. aol. Tom.6 LL 4. Lméryogéne de VAcean L. Hbgt dat. nn 2 * Ô Delo ares raniquu d ô ne. Zool. Tom 6 PLE der Jrrene. nat. 0 Serie o î è K 10 PAS V d f 4 ë LS LS eZ d _— É (3 v : ô . c 15 F0 g VS: 7 £: x d i d ) « Gi Û è F “ TS 24 ÿ 1 d lg \ 0 90 e + = 7 “x Wuscles Développement des 1P720 el des Ann dar Srine-nat, 'irte. Zemdoppement des Myfi. Ne Réal env | Zool Tom. 6 T1 8.) Ann des Jeiene. nat. 3f Serie . les. ver 1 rgarwalon des Nomand. imp. De D dt Ann.des Jeter. nab. 3° Sert. De Q del | Organisation des Nemerters. nn - Lourgeoir Zool. Tonv.6 Pl.10 . Les. emer: Organisation des Nhémond imp. ë $ Ÿ S $ $ $ fdol Thm.6 l'E » Ann der Senc. rat. 3ère. | Organisation des Nernertes Ni Rémond imp He Q dl. ; ti à EN À 17 = À æ 2 LPS È eo a 5 x ee Fe . Loungeoër se. De Quel Ann. der Setens.nat. 3° Jerée . Zool.Tom.6.Pl.12. 2 | | | | | | [ | ñ | ü 1 / | : | £ ji | NN TE | | IV. TI, | | c ) { TT d UE AREA RE à \ Vryanisalon des 2 Vemertens A lémond imp. z + Ann.des Seine. nat. 3#Jrie . Organisation des Nemertens. Nhémond imp. Inn. der Jeteno. nat. . 27, Li 4 Foot .Zom. 6 Pl.z (2 £ G 6 2 ; ë ë b ” Organisaon des Nemertens V Zémond imp Ae 0: doi ol Tom 6 PL. à Anndes Suenc rat. 3*Serce 22 les Echinides vivants el. fosst Anh des Secenc nat 3" Serie tool Tom. 6 PI 16 dela Harpe So Dest at li d'apres nature pur Dickmann (Agassie et Desor Sd Ann.des Scene. nat. 3° Série Zoot .Tom.6.Pl Foot .Ton.6 .Pl.17 000000000006) 100000 27m 2-1. Mitamorphoses de Seathopse nigra 22-27. Metamorphoses du Subula aitripes. 22-25 Metamorphoses du Cassida maculata. Vermont np x M Ce À NS de CEE pes ” ET at CNRC NS L " TT ANUS g a PROS ARS É ; ne a? C4 ” : Ç - 4 7 > e : 5 we # { } " SEL J “ a, CLS Le . '