Oh fui. ANNALES SCIENCES NATURELLES QUATRIÈME SÉRIE ZOOLOGIE CAT MM À LE AZ CLAUITEUU Lo a —— 4 [a © parus = Imprimerie de L. MARTINET, rue Mignon, 2. UTAY 2404198 Z-b. ANNALES DES SCIENCES NATURELLES COMPRENANT LA ZOOLOGIE, LA BOTANIQUE L'ANATOMIE ET LA PHYSIOLOGIE COMPARÉE DES DEUX RÊGNES ET L'HISTOIRE DES CORPS ORGANISÉS FOSSILES RÉDIGÉES POUR LA ZOOLOGIE PAR M. MILNE EDWARDS POUR LA BOTANIQUE PAR MM. AD. BRONGNIART ET J. DECAISNE QUATRIÈME SÉRIE ZOOLOGIE TOM Le VIII ) £ Q SEM: Fou LIBRAIRIE DE VICTOR MASSON PLACE DE L'ÉCOLE-DE-MÉDECINE 1597 ss gi a ae Anti ETES ER ARE ADN ga Rue LILTCTAR LES ” « ; » 4 ER ET Y caRese = É nasisnt à 118 ed ana MA M AT | us 2 PL CU EURE. A, À "AMEL 1 TA VHAIAOM dA 4 41 # ne DT VEUT 2 | à a À 4 . 2 "4 di: »0 100% nn LI { TR \ L2 . F- A di AOL MOT E AO MIARNMET— CON . î FT + LAS] _ autganeau ii ob ee At 1) Le” ps ; t l « Le Ha Lu » FAI RS | * . r'À tin ot Mig ss. Fe 0 ANNALES DES SCIENCES NATURELLES PARTIE ZOOLOGIQUE FRAGMENTS D'ANATOMIE ENTOMOLOGIQUE, Par M. Léon DUFOUR. Dans mes vieux ans, je vois, avec une satisfaction mêlée de quelque amour-propre, que l'anatomie des insectes est en grande voie de progrès , et que l’on a sagement compris ce complément de la science entomologique. Encore quelque demi-siècle dans cette direction, et l’on pourra, remaniant les matériaux accumulés par le scalpel, établir des règles ou des lois sur cés petits mais cu- rieux organismes, qui défient, en diversités viscérales et en mer- veilles physiologiques, les classes des animaux supérieurs. La nature, dans un but de savante pondération, a su compenser ses grandes productions par le nombre des petites, et j'ai déjà dit ailleurs que si l’on mettait dans un des plateaux de la balance les Vertébrés et dans l’autre les Invertébrés, ceux-ci lemportéraient. Malgré une organisation qu'on s'accorde à taxer de privilégiée, je ne me fais point illusion sur le térme plus ou moins prochain d'une vie qui compte soixante-dix-huit hivers. Je me décide donc à rassembler et à mettre au jour les bribés entomologiques répan- dues dans des dossiers dont quelques-uns sont semi-séculaires. Dans l’imminence du naufrage, il faut s'empresser de placer son plus précieux trésor dans le canot de sauvetage. À d’autres le soin de recueillir, de rajuster, de- compléter ces lambeaux scienti- fiques. 6 L. DUFOUR. Après ces lignes échappées à une improvisation qu'excuse ma passion entomologique invétérée, j'entre en matière. SUR L'APPAREIL DIGESTIF ET LES OVAIRES DU NEMOPTERA LUSITANICA. En juillet 1854, je me livrai à Madrid à l'anatomie de ce frêle et élégant Névroptère, qui, à cette époque de l’année, abonde dans les pares royaux du Pardo el de Casa de Campo, aux environs de celte capitale. Malgré les nombreux individus sacrifiés au scalpel, le hasard a voulu que je n’aie rencontré que des femelles tantôt plus, tantôt moins avancées dans la gestation. Ainsi que dans les insectes en général, les mâles éclosent avant les femelles, et meurent peu de temps après avoir rempli leur mission propagatrice, tandis que les femelles, dépositaires des produits de la fécondation et chargées des soins de la progéniture, doivent, de toute nécessité, avoir une existence bien plus prolongée. I] était sans doute trop tard quand je me pris à chasser les Némoptères, dans l'intention de soumettre les deux sexes à la dissection ; de là une grande lacune pour com- pléter cette anatomie. J'avais done indéfiniment ajourné ma publi- cation, lorsque de nouvelles réflexions m'ont décidé à ne point laisser inédites mes recherches, en attendant que d’autres trouvent l'occasion de combler cette lacune. Nous savons bien peu de choses sur les habitudes et le genre de vie des Némoptères. Je crois que ces insectes sont sinon noc- turnes, du moins crépusculaires ou lucifuges. Dans le jour, sur- tout quand le soleil est vif et ardent, on ne les aperçoit qu'en les dépistant des broussailles ou des herbes touffues où ils s'abritent, et leur vol est de courte portée, de manière qu’on les prend facile- ment au filet. C’est donc au scalpel à nous révéler, par l'étude de la compo- sition de la forme et de la structure des organes, quelques actes de la vie de cet animal. FRAGMENTS D'ANATOMIE ENTOMOLOGIQUE. 7 Et d'abord je n'ai pas été peu surpris de n'apercevoir dans ce Névroptère que des trachées tubulaires ou élastiques, et encore assez rares. J'ai bien trouvé, dans le thorax seulement, quelques trachées plus larges, gonflées, comme utriculaires , mais loin d’être membraneuses et d'un blane mat, comme celles qui carae- térisent les ballons ou bulles aérostatiques ; elles avaient le luisant nacré, et appartenaient évidemment par leur texture à l’ordre des trachées élastiques ou à filet spirale. Ces conditions relatives à la rareté et à la nature de celles-ci nous expliquent la brièveté et la lenteur du vol des Némoptères. Dans un travail présenté à l'Académie des sciences en 1855, et inséré dans les Annales des sciences naturelles (4), j'ai fait connaître le fait négatif fort extraordinaire, fort insolite, de l'absence d’un système nerveux appréciable dans le Némoptère. Depuis cette pu- blication et dans la même année, afin d’abriter ma conscience contre toute idée de remords, j'eus recours à l’acuité de la vue et à l'habileté des études microscopiques de mon ami le docteur La- boulbène, qui, dans une visite qu'il me fit à Saint-Sever, disséqua en ma présence deux individus du Némoptère que je conservais encore dans l'alcool, et qui dataient tout au plus d’un an. Non- seulement il ne parvint point à saisir un ganglion ou un tronc ner- veux, mais il soumit à ma plus forte lentille microscopique, dans l’eau d’un verre de montre, les lambeaux des divers lissus dissé- qués, sans pouvoir y découvrir le moindre vestige d’un filet ner- veux. M. Laboulbène me quitta avec la convichion que l’appareil sepsilif du Némpotère était insaisissable, et il a formulé cette néga- tion dans une note insérée dans les Annales de la Société entomo- logique. A. APPAREIL DIGESTIF. Les investigations les plus altentives et les plus scrupuleuses pour découvrir dans le Némoptère des glandes salivaires n’ont eu qu'un résultat négatif. Cependant j'ai posilivement constaté l’exis- tence de ces glandes dans plusieurs Névroptéres qui avoisinent ce (1) 4° série, t. IV. 8 L. DUFOUR. genre dans le cadre classique, comme le Myrméléon, V Hémérobe, l'Osmyle. Le canal alimentaire est, comme celui de la plupart des Né- vroptères, droit, et seulement de la longueur du corps de l’insecte. Sa texture est éminemment délicate, et on la dirait purement membraneuse. L'æsophage, plus fin qu’un cheveu, est très difficile à isoler. Il se dilate aussitôt en un jabot oblong qui renferme une pulpe brune, et celle-ci s’observe pareillement dans l’æsophage. Un peu avant la contracture qui sépare le jabot du ventrieule chylifique, il existe une bourse latérale oblongue, de configuration variable sui- vant son degré de plénitude. C’est là une véritable panse qui existe aussi dans les genres cités plus haut. Mais on n’y rencontre aucun vestige de gésier, quoique ce dernier soit bien visible dans les trois genres que je viens de nommer. L'absence de cet organe distingue anatomiquement le Némoptère de ces derniers; elle indique en même temps, ainsi que la nature des contenta où le microscope ne reconnait aucune molécule solide, que notre Névroptère doit se nourrir d’un ali- ment liquide. Le Névroptère chasse vraisemblablement ou le soir, ou la nuit, les Moucherons tendres, les petites Tipulaires qu’il tri- ture, qu'il broye pour en avaler les sucs, à peu près comme le font les Araignées. Le ventricule chylifique, plus particulièrement enfermé dans la cavité abdominale, est gros proportionnellement au reste du canal digestif, cylindrique, lisse à l’extérieur, où une bonne loupe aper- çoit des traits superficiels ou d’imperceptibles plis, sans doute pro- duits par desrubans musculeux annulaires. Ce ventricule renferme un liquide jaune et non brun, qu'il faut attribuer à la présence de la bile. Cet organe m'a plusieurs fois présenté en arrière une con- traction, suivie d’une dilatation dont l'ampleur est variable. Celle-ci n’est qu'accidentelle, et dépend de quelque condition di- geslive difficile à préciser. L'intestin suit comme d'ordinaire la valvule ventriculo-intesti- nale. Je ne lui ai pas trouvé de distinction en gréle et en gros, ainsi que cela se voit dans le plus grand nombre des insectes. Il FRAGMENTS D’ANATOMIE ENTOMOLOGIQUE. 9 est droit, filiforme, plus où moins rempli d’une pulpe excrémen- titielle d’un brun chocolat. Dans quelques circonstances, j'ai trouvé à son origine une dilatation, que je considère aussi comme acci- dentelle. Les vaisseaux hépatiques sont, ainsi que dans l'Osmyle, le Myrmiléon et l Hémérobe, au nombre de huit bien comptés, libres, flottants par un bout, implantés par l’autre au bourrelet terminal du ventricule chylifique, quatre en dessus et quatre en dessous. Leur grosseur les rend faciles à mettre en évidence. Je les ai tou- jours trouvés incolores ou diaphanes, ce qui tenait sans doute à l'absence complète de la bile. B. DES ovAIRESs. Chaque faisceau ovarien du Némoptère consiste en un sac cen- tral oblong, à parois fines, diaphanes, submembraneuses, à la pé- riphérie duquel s'implantent d'une manière assez che une dizaine de gaïnes ovigères courtes et pluriloculaires. Je n'ai jamais vu à ces gaines qu'un seul œuf à terme, mais fort gros, subglobuleux et blanc. La gaine au-dessus de cet œuf offre un court chapelet de locules rondes, et se termine en avant par un filet presque invi- sible, et la convergence de ces filets aboutit à un ligament suspen- seur commun, fixé dans l’intérieur du thorax comme d'ordinaire. Les œufs à terme tombent donc libres dans le sac central où je les ai souvent trouvés, et attendent ainsi l’occasion d’être suecessive- ment pondus, je ne sais quand, je ne sais où. Le Némoptère a le même nombre de gaînes ovigères que l'Osmyle ; mais les gaines de ce dernier sont libres dans le faisceau allongé qu'elles forment, et aboutissent en arrière à un calice court. Ainsi il n’exisle pas un sac central comme dans le Né- moptère. Je le déclare avec sincérité, je n'ai pu voir que fort incomplé- tement les parties, qui, de la base de l'ovaire, se portent à l’orifice extérieur de la génération. Ainsi je n'ai vu ni l’oviduete, ni la poche copulatrice , ni la vulve avec ses accessoires. Je lègue ce complément, ainsi que tout l'appareil génital mâle, à un scalpel 10 L. DUFOUR. plus heureux que le mien, Je signalerai seulement l'existence au col de chaque ovaire d’une petite bourse oblongue, dont je ne con- nais point les attributions. Après un séjour dans l'alcool, pendant trois semaines, de quel- ques Némoptères que j'avais apportés de Madrid à Saint-Sever pour continuer mes dissections, je retirai du sac ovarien des œufs assez développés, pour m'autoriser à penser qu'ils devaient être à la veille de la ponte lorsque j’asphyxiai ces femelles. Une bonne loupe me permit d'observer à ces œufs une réticulation formée par de petites aréoles arrondies ; je remarquais en même temps que ces œufs, que je croyais simplement subglobuleux , étaient aplatis en dessous ou tronqués, suivant leur plus grand diamètre. Ces deux traits, la réliculation et la troncature, sont-ils l'effet de cetle courte macéralion dans l'alcool ? Je ne le crois pas. Oss. Par ses appareils de la respiration, de la digestion et de la génération, le Némoptère serait bien mieux placé près de l'Osmyle et de l’Hémérobe que de la Panorpe, où Latreille, trompé par le prolongement de la tête, l'avait colloqué. EXPLICATION DES FIGURES. PLANCHE 1. (Toutes ces figures sont considérablement grossies.) Fig. 4. Appareil digestif du Nemoptera lusitanica. — u, portion occipitale et yeux ; b, æsophage renflé en jabot; e, panse latérale: d, ventricule chylifique ; eeee, les huit vaisseaux hépatiques ; f, intestin; g, dernier segment dorsal de l'abdomen. Fig. 2. Portion postérieure du ventricule chylifique. — a, étranglement observé dans quelques individus; b, intestin parfois renflé à son origine. Fig. 3. Portion de l'appareil génital femelle, — a, un ovaire avec ses gaînes ovigères ; b, ovaire presque dépouillé de ses gaînes ovigères pour mettre en évidence le sac ovarique central; e, ligament suspenseur des ovaires ; dd, pe- tite bourse oblongue. Fig. 4. Un œuf à terme, vu par sa région dorsale pour mettre en évidence sa réticulation. Fig. 5. Autre œuf placé de manière à faire voir sa troncature. FRAGMENTS D'ANATOMIE ENTOMOLOGIQUE. Al II. SUR LE SYSTÈME NERVEUX DU BZRACHYDERES LUSITANICUS. Dans mon anatomie des Coléoptères, qui commence à être de vieille date, 1824, je n'avais qu'effleuré la question du système nerveux daus cet ordre d'insectes. Depuis lors, des travaux ont été publiés sur ce même sujet par Audouin, Newport, Burmeister, Joly et par moi-même. Mais M. Émile Blanchard a surtout enrichi la science d’un mémoire spécial sur le système nerveux des Coléoptères (Ann. sc. nat., 3° sér., t. V, p. 275; 1848). Le Brachyderes lusitanicus est un Charansonite brévirostre qui abonde, dans notre sud-ouest, sur les sommités du Pin maritime et sur le Chéne Tauzin. Son appareil sensitif m'a présenté quel- ques {raits exceplionnels pour le moment , et qui méritent d'être connus. Un de ces traits est l'absence de ganglions dans la cavité abdominale, et leur présence presque exclusive dans le thorax. Mais ce n’est pas là tout ce que les ganglions de ce Charansonite offrent d'original ; leur nombre , leur configuration , leur siége, leurs attributions physiologiques, ont aussi des particularités inaperçues jusqu'à ce jour. Examinons séparément le cerveau et les ganglions. Arr. [®, Du cerveau. Je me suis déjà formellement expliqué dans divers écrits sur la préférence à accorder à cette dénomination de cerveau sur celles de ganglions cérébroïides, de ganglions sus-æsophagiens, données par beaucoup d'auteurs. Dans l'insecte comme dans les autres animaux, le cerveau est la source des nerfs sensoriaux, le centre des sensations, le réflecteur des volontés. Il y aurait injustice et violation flagrante du principe de la conformité organique à dénier le nom de cerveau aux animaux articulés. Quand on ouvre le crâne du Brachyderes à sa partie supérieure ou syncipitale, de manière à enlever avec circonspection les frag- 12 L. DUFOUR. ments tégumentaires de cette région, sans déranger les parties contenues, on aperçoit un tissu blanc, lisse, pulpeux, occupant tout l’espace compris entre les deux yeux; c’est à une partie du cerveau proprement dit. Si vous affranchissez complétement célui- ei de sa boîte crânienne, en comprenant dans cette exfoliation les cornées oculaires, cet organe, obéissant à son expansibilité textu- rale, revêt une forme, un volume, et une apparente composition fort dissemblables à ce qui existait dans sa situation normale , attendu que, dans ce dernier cas, toutes les parties sont très rap- prochées, pour pouvoir être contenues dans une si petite enceinte. Il n’est pas besoin de dire que ces changements de configuration et de volume ne sont propres ni au Brachyderes, ni aux autres in- sectes; ils s’observent dans la dissection de beaucoup de grands animaux sans en exelure même l'Homme. Les microtomistes n’ont pas en général tenu compte de ces remarquables différences de configuration avant et après la dissection. Il sera donc essentiel que le lecteur, pour une juste appréciation physiologique et ico- nographique du cerveau de notre Brachyderes, reporte son esprit vers cette situation normale dont je viens de parler. Le cerveau , aussitôt après sa complète énucléation du crâne, est bilobé. Ces lobes dans l'animal vivant doivent être hémisphé- riques ; mais par l'effet de l’expansibilité cadavérique, en se dé- jetant chacun de son côté, ils deviennent divergents, s’élalent horizontalement, ainsi que le représente la figure que j'en donne, et paraissent ventrus. Chaque lobe aboutit au globe oculaire qui lui correspond ; celui-ci est hérissé d’une multitude infinie d’optiques ocellaires, se rendant au réseau des yeux composés de l’insecte. Mais ces lobes cérébraux ne viennent pas simplement fondre leur substance avec celle des globes oculaires. Avant de pénétrer dans ceux-ci , j'ai parfaitement constaté que la substance médullaire se divise en trois, ou parfois quatre nerfs, à peine distincts, parce que tout aussitôt ils pénètrent dans la masse pulpeuse, d’où nais- sent les optiques ocellaires. De l’entre-deux antérieur des lobes cérébraux partent les deux nerfs antennaires ; ceux-ci ne naissent pas précisément du bord de cette traverse médullaire , mais de son disque supérieur, Au FRAGMENTS D'ANATOMIE ENTOMOLOGIQUE, 13 contraire, la paire des nerfs buccauæ, bien plus petite, prend son origine au-dessous de ce bord. C’est entre ces deux paires de nerfs et dans la ligne médiane que passe l’œæsophage. Arr. Il. Des ganglions et des nerfs qui en naissent. Je redis encore que les ganglions du Brachyderes sont enfer- més dans le thorax, et qu'il n’y en a aucun dans l'abdomen (4). Du bord postérieur du cerveau naissent les deux cordons ra- chidiens, qui tout aussitôt embrassent l'æsophage pour constituer le collier æsophagien. Chacun de ces cordons présente à son ori- gine comme un petit bulbe se dérobant facilement à l'œil, et dé- pendant de la substance du cerveau. On compte dans le thorax cinq ganglions, dont le troisième, plus grand que les autres, résulte de la soudure de deux de ces centres nerveux. Il n’est pas toujours facile de régler les attribu- tions de ces ganglions. Dans le plus grand nombre des insectes, il existe trois ganglions dans le thorax, et chacun d’eux fournit une paire de nerfs cruraux aux pattes correspondantes ; de là les dénominations significatives de ganglions prothoracique, mésothoracique et métathoracique. Celte technologie subit dans le Brachyderes des modifications qui ren- versent la règle. Le premier ganglion occupe réellement le prothorax, peut-être un peu plus rapproché que d'ordinaire de la tête. Mais il ne saurait mériter légitimement l'épithète de prothoracique, comme on va le voir. Il est assez grand, arrondi, lenticulaire, bien dessiné ; mais positivement il ne fournit point des nerfs cruraux à la première paire de pattes qui s'articule au prothorax. Ce fait négatif m’a tour- menté longlemps, et me tourmente même encore. (4) M. Blanchard (1. c.), qui a étudié le système nerveux dans un grand nombre de Charansonites, leur attribue des ganglions abdominaux formant une seule masse allongée ou piriforme, etc. Le fait négatif du Brachyderes sur ce point semble contredire l'assertion de M. Blanchard. Nous verrons plus tard que ces deux opinions pourraient se concilier. Al L. DUFOUR. Je sais bien que ce ganglion existe dans beaucoup de Coléo- ptères ; je sais aussi que c’est là le ganglion que M. Blanchard désigne sous le nom de frontal ; mais ce n’est certainement pas le ganglion frontal de Lyonet. Rien à mes yeux ne justifie cette dernière dénomination. Et quoique M. Blanchard, peut-être vaguement inspiré par Lyonet, dise : Le ganglion frontal est lou- jours placé en avant du cerveau, il est très positif que c’est tout le contraire dans le Brachyderes où ce ganglion est situé en arrière du cerveau, puisqu'il occupe le prothorax, et qu’il a pour connec- tif avec l’encéphale le double cordon rachidien qui forme le collier œsophagien. Mais ce qui a lieu de m’étonner, c’est que M. Blan- chard, dans son explication des figures, donne le nom de frontal au ganglion tout à fait identique par sa situation avec celui tout rachidien du Brachyderes dont je viens de parler, et qu'il se trouve ainsi en contradiction avec Je signalement qu'il lui assigne. Cet auteur a done commis ou une flagrante erreur de synonymie, ou une bien malheureuse inadvertance. J'ai longtemps cru que ce premier ganglion n'émettait aucun nerf, et ce n’est qu’à la quinzième autopsie que ma loupe, obsti- nément serupuleuse, parvint dans une heureuse préparation à lui découvrir de chaque côté un nerf, mais un nerf nullement en rapport de grosseur avec les nerfs cruraux. Ce nerf a une finesse plus que capillaire, et, au lieu de se porter transversalement vers l'origine des pattes antérieures, il est récurrent, et s'avance vers les muscles nombreux qui attachent et emboîtent la tête dans le prothorax. Je suis loin d’être fixé et sur le nom technique à donner à ce ganglion qui s’observe dans beaucoup de Coléoptères, et sur la synonymie à lui attribuer. Je le répète, il est incontestablement rachidien, et il forme le premier nœud de la chaîne ; on ne saurait par conséquent le rapporter ni au ganglion frontal de Lyonet, ni au ganglion stomalo-gastrique de Brandt et d’Audouin. Le deuxième ganglion thoracique du Brachyderes siége dans le mésothorax ; il a une forme insolite, tout à fait nouvelle pour moi; il est profondément bilobé. Libérés de leur captivité tégumentaire, ses lobes, normalement rapprochés et contigus dans l'être vivant, FRAGMENTS D’ANATOMIE ENTOMOLOGIQUE. 15 prennent leur essor, s’étalent à l’instar du cerveau, deviennent disuncts et distants l’un de l’autre, et s’atténuent à leur extrémité pour former un nerf crural. Mais, remarquez-le bien, ce nerf erurai n’est point destiné à la seconde paire de pattes articulée au mésothorax ; la bizarrerie se poursuit. Ce nerf, au lieu de se diri- ger transversalement, se dévie, s'incline en avant, devient insen- siblement récurrent, pénètre. dans le prothorax , et va se distri- buer à la première paire de pattes. Ainsi ce deuxième ganglion est mésothoracique pour son siége et prothoracique pour sa paire de nerfs, qui va distribuer la sen- sibilité et le mouvement aux pattes antérieures. La découverte de cette distinction anatomique et physiologique devint pour mon esprit une sorte de baume, au moins pour me confirmer et m’ex- pliquer l'absence des nerfs cruraux dans le premier ganglion. Le troisième ganglion thoracique a aussi son originalité. Plus grand que les autres et brièvement ovalaire ou elliptique , il est évidemment formé par la soudure de deux ganglions séparés en deux parts égales par une fine rainure transversale et droite, aboutissant de chaque côté à une échancrure petite, mais bien visible, qui établit encore la démarcation latérale des deux moitiés. Ce double ganglion m’a paru siéger dans le métathorax; mais comme dans de semblables dissections, il est fort difficile de ne point violer les rapports respectifs des organes et des tissus qui les avoisinent; comme d’ailleurs deux autres ganglions ont aussi leur siége dans le métathorax, il est possible, ilest même probable que, dans l’état normal, ce double ganglion soit limitrophe, c’est-à-dire en partie dans le mésothorax et en partie dans le mélathorax. La rainure transversale, indice positif de la soudure, se trouverait sur la frontière de ces deux départements du thorax. Quoi qu'il en puisse être, la moitié antérieure de ce ganglion émet deux paires latérales de nerfs de fort calibre : l’une posté- rieure est la crurale destinée aux secondes palles; l’autre anté- rieure, et de même force, a une destination qui m'est, je l'avoue, inconnue. La moitié postérieure de ee même ganglion soudé ne fournit qu'une seule paire de nerfs du calibre des précédents : ce sont les cruraux des troisièmes pattes. 16 L. DUFOUR. En résumé, en mettant à l'écart le premier ganglion qui ne fournit point de nerfs cruraux, et en dédoublant le ganglion soudé, nous retrouvons dans le thorax du Brachyderes, comme dans ce- lui de beaucoup d'insectes, le nombre normal de trois ganglions émettant trois paires de nerfs cruraux pour aulant de paires de pattes. Mais le cachet de l'originalité n’en subsiste pas moins et dans leur siége insolite, et dans leur configuration spéciale ; de plus, il reste encore une paire de nerfs à parti prendre. J'udicent peritiores ! J'ai dit plus haut implicitement que le métathorax renfermait, indépendamment du ganglion soudé et à nerfs cruraux, deux autres ganglions. C’est de ceux-ci que j'ai à parler. Le premier de ces ganglions est fort petit, arrondi, comme rudimentaire , et sans le moindre nerf qui y prenne son origine. Ce serait comme un nodule rachidien ; mais il a évidemment les connectifs ordinaires avec le ganglion qui le précède et le ganglion qui le suit. Le deuxième est assez grand, ellipsoïdal ou en navette, fort rapproché du précédent. Il fournit une paire latérale de nerfs qui se dirigent vers les viscères du ventre, et semblent plus partieu - lièrement affectés au canal digestif; il termine la chaîne rachi- dienne; il s’atténue en arrière en un cordon nerveux d’un fort calibre simple jusque vers le milieu de la cavité abdominale , où il se divise en deux fortes branches subdivisées à l'infini formant les nerfs génitaux. Avant cette division primaire , ce cordon ou tronc émet deux paires symétriques de petits nerfs. Aux yeux d’un entomotomiste pratique, ce ganglion ellipsoïdal a tout l’aspect d’un ganglion abdominal ; non-seulement il en a les fonctions par les nerfs qu’il produit, mais il n’est pas très rare de le trouver dans la cavité de l'abdomen, soit que les tractions de la pince l’y aient entrainé , soit qu’il y ait été momentanément logé par certains actes vitaux. Sa forme en navette, dont le grand diamètre est suivant l’axe du corps, doit favoriser son passage dansle détroit thoraco-abdominal. C’est cette circonstance de loco- mobilité, qui peut concilier, comme je l'ai dit plus haut, l'opinion de M. Blanchard avec ce que je viens d’exposer. FRAGMENTS D'ANATOMIE ENTOMOLOGIQUE. 17 Du reste, un scalpel prudent rencontre toujours ce ganglion dans le métathorax, qui, en définitive, est son habitat normal. EXPLICATION DES FIGURES. PLANCHE À. : (Toutes ces figures sont considérablement grossies. ) Fig. 6. Appareil sensitif du Brachyderes lüsilanicus. — aa, les deux lobes du cerveau étalés, divergents, ventrus ; bb, globes oculaires hérissés par les op- tiques ocellaires; ce, nerfs antennaires; dd, nerfs buccaux; e, œsophage passant sous le cervau ; ff, cordons rachidiens bulbeux à l'origine, formant le collier æsophagien ; g, œsophage suivi du jabot; k, origine du ventricule chy- lifique; #, premier ganglion thoracique avec une petite paire de nerfs récur- rents : kk, deuxième ganglion à lobes étalés, terminés par les nerfs cruraux des premières pattes ; L1, troisième ganglion formé par la soudure de deux autres ; mm, nerfs cruraux de la deuxième paire de pattes; nn, une paire de nerfs à destination inconnue; 00, nerfs cruraux de la troisième paire de pattes ; p, quatrième ganglion très petit, métathoracique ; gq, cinquième ganglion, elliptique ou en navette, métathoracique ; r r, une paire de nerfs destinée aux viscères abdominaux ; ss, deux paires de petits nerfs naissant du cordon ra- chidien ; tt, nerfs génitaux. Fig. 7. Portion encore plus grossie de la tête du Brachyderes dont le tégument syncipilal a été enlevé. — aa, cerveau à deux hémisphères contigus ; bb, nerfs antennaires; ce, yeux; dd, cordons rachidiens, sortant du trou occipital ; e, portion de l'æsophage et du jabot. — À, accolade embrassant les limites du thorax; B, mesure de la longueur naturelle du Brachyderes. £* série, Zoo, T, VILS, (Cahier n° 4.) 2 2 \ HISTOIRE DE L'ORGANISATION ET DU DÉVELOPPEMENT DU DENTALE, Par le D" IH. LACAZF-DUTUIERS , Professeur de zoologie à la Faculté des sciences de Lille. (Suite et fin.) TROISIÈME PARTIE. Mœurs du Dentale. Les mœurs et les rapports du Dentale doivent nous occuper dans les deux dernières parties de ce travail, car l’histoire d'un animal pour être complète doit non-seulement présenter, à côté des données anatomiques et physiologiques, les faits que l'étude des mœurs peut nous fournir , mais encore les notions qui résument surtout aux yeux des naturalistes toutes les autres, celles qui nous conduisent à la connaissance des rapports zoologiques. Les détails qu’on va lire sont le résultat d’une observation di- recte; je puis les donner, je crois, en toute confiance , car c’est moi-même qui ai péché les animaux durant deux étés, et je les ai observés pendant près de deux années entières. Le Dentale abonde sur les côtes nord de la Bretagne ; mais cela ne fait pas que l’on puisse l'avoir facilement dès que l’on arrive sur les grèves. Il faut savoir, en effet, où et comment il vit, sans cela on aurait beau chercher, l’on arriverait à trouver des coquilles roulées par la mer; mais voilà tout. Le désir très vif que j'avais d'étudier cet animal me fit recher- cher avec patience là où j'avais rencontré le plus grand nombre de coquilles roulées, car c’était l'indice certain de l'existence du Dentale dans ces parages. Mais quelques naturelles, quelques longues et persévérantes que fussent mes recherches, je ne trouvai et ne découvris rien. Une mer un peu agitée me fit cependant MOEURS DU DENTALE. 19 rencontrer un individu vivant, et cela me permit d'observer les mœurs et toutes les conditions d’existence. En le recueillant , je vis qu'il faisait des efforts pour pénétrer dans le fond de mes vases ; je l’abandonnai au milieu de l’une de ces pelites flaques d’eau qui restent entre les fueus ou les zostères à marée basse, et je le vis peu à peu s’enfoncer dans le sable. Dès ce moment, je compris que l'animal isolé et libre que j'avais trouvé était une exceplion, et que c'était dans le sol des grèves mêmes qu'il me fallait désormais chercher, absolument comme pour les Acéphales. Mais ceux-ci décèlent leur présence par leur trou, et les pêcheurs qui les prennent pour faire des appâts savent très bien distinguer en quel point de la grève ils doivent fouiller pour arriver à leur but. Or c’était là un second point à éclaircir, et l’étude du Dentale vivant que j'avais me montra qu'il ne s’ensablait pas profondé- ment, qu'il ne faisait point un trou au fond duquel il restait ; aussi avais-je résolu de gratter le sable des grèves avec une petite houlette ou un rateau. Mais en agissant ainsi, la fatigue devenait très grande, et je ne trouvais guère que sept, dix, douze animaux par marée, Je dus changer de manière, et peu à peu les observa- tions biologiques s’ajoutant, ma pêche ne fut bientôt qu’une pro- menade agréable. L'animal ne s'enfonce pas vertiealement ; il est ordinairement dans la position où il a été représenté de grandeur naturelle dans ce travail (4), et il avance incliné à peu près à 45 degrés. Ce- pendant il faut dire que cela dépend un peu de la qualité du sable; il ne peut vivre dans la couche vaseuse, noirâtre et souvent fétide , qui est habituellement sous la première couche arénacée des plages ; aussi devient-il plus horizontal, quand l'épaisseur de la couche de sable diminue ; dans ce dernier eas, il est presque toujours plus difficile à trouver : car il est complétement caché , et rien ne révèle sa présence. Le plus habituellement, dans les vases remplis d’un sable choisi un peu gros où je le faisais vivre, il laissait paraitre, au-dessus du 1) Voyez Ann. des sc. nat, 4° série, Zoo, 1. VI, pl, 11, fig. 4, Y , P 20 H. LACAZE-DUTHIERS. niveau du fond de 4 à 2 millimètres de sa coquille, bien souvent néanmoins, son extrémité pointue affleurait exactement la surface du sable. Ces raisons font comprendre comment il se fait que le Dentale est facilement roulé par la vague, qui le met bien vite à uu pour peu qu’elle soit agitée. Ce n’est pas à dire cependant qu’une fois sorti du sable et laissé à sec par la marée, il ne s'enfonce bien vite de nouveau; au contraire, cela a lieu tout de suite; il fait saillir son pied, l’enfonce, et, dans quelques instants, il se relève, et semble alors planté dans la grève. Quand on conserve les animaux, il es assez diflicile de recon- naître au fond du tube les individus morts de ceux qui sont encore vivants, et je mettais à profit cette particularité pour faire le choix. Je plaçais sur un fond sablonneux humide une grande quantité de Dentales, ceux qui ne s’enfonçaient pas étaient bien près de mourir ou morts ; le triage se faisait ainsi tout seul sans aucune difficulté. Lorsque l’eau manque par le retrait du flot, et que la surface du sable est découverte, le Dentale s’ensable entièrement et dispa- rail; cela arrive bien moins souvent quand il est complétement immergé. J'ajoute une remarque qui s'applique à tous ou à la plupart des animaux qui s’ensablent ; ce fait général est important pour les recherches d'histoire naturelle; il a frappé les zoologistes, j'en suis sûr, et sans doute il est bien connu; on m’excusera done si je l’in- dique , une répétition peut quelquefois être utile, par cela seul qu’elle appelle l'attention sur une particularité qui facilite les re- cherches. C’est d’ailleurs un fait d'observation que j'ai reconnu moi-même, ne l'ayant vu indiqué nulle part; il est tout à fait pratique, et par cela même mérite d’être pris en considération. Le moment le plus fructueux pour trouver à marée basse les animaux qui habitent les grèves est celui qui se rapproche le plus de l'instant où la marée remonte. On comprend pourquoi; lorsque la mer baisse, beaucoup d’eau reste encore dans le sable, et quel- que temps encore les animaux ensablés sont dans des conditions ou ils peuvent vivre sans gêne ; mais bientôt, à mesure que la marée descend davantage, l’eau s'écoule aussi, et quand le niveau est très bas, le plus bas possible, c’est-à-dire quand la marée va MOEURS DU DENTALE. 91 remonter, la grève commence à se dessécher, et les animaux sen- tant le besoin de l’eau se déplacent, et cherchent un endroit plus humide. C’est à ce moment que la pêche devient fructueuse pour toutes les espèces ensablées ; à quelque classe qu’elles appartien- nent, toutes décèlent leur présence par des sillons et des mouve- ments du sol. Les Lutraires, les Bucardes, les Mactres, les Solens, se fon reconnaitre alors avec la plus grande facilité, les derniers même sortent complétement de leur trou, et l’on peut les ramasser couchés sur le sable. J'ai trouvé des Siponcles très beaux et très volumineux qui sortaient de la grève, et cela au moment où la marée me chassait, et me forçait à abandonner les recherches, Le Dentale ne fait point exception à ce que je viens de dire; aussi le voil-on labourer le sable. D'abord il ne fait qu’un petit sillon facile à reconnaître, que l’on confond aisément avec celui de la Pandore ; celle-ci cependant ayant une de ses valves plane, tan- dis que l’autre est convexe, décrit toujours une petite courbe; ce signe m’empêchait de confondre et de fouiller le sable inutilement. C'est donc d’abord par son sillon dans le sable que les Dentales accusent leur présence; mais plus tard, c’est la coquille elle-même qui sembie plantée dans la grève, et qu’il est facile de reconnaître ; plus tard encore , c’est la coquille tout entière qui parait, car, après s'être redressé, l’animal tombe sur le sable. Dès que j’eus reconnu ces faits, il me fut facile de trouver sans peine jusqu’à deux cents individus dans une seule grande marée. Mais ce n’est pas indislinctement et dans tous les points que vit le Dentale; il faut trouver encore les petites localités d’une plage qu'il habite de préférence. La plage de la Combière , au milieu du groupe des Hébiens, à quelques lieues à l’ouest de Saint-Malo, m'a paru être un point où le Dentale vit et se multiplie beaucoup. Cette plage, située au nord de la pointe de terre ferme, à l’est de l’île de la Colom- bière, au sud-ouest et à l’ouest de la grande île des Hébiens, entourée de petites roches particulières, qu'on nomme dans le pays la grande el la petite Margattière, Foirrouse, les Pièttes, Couïet, etc., est sablonneuse dans la partie la plus élevée du côté de l’est; elle va en pente vers l'ouest, vers la Colombière, et se 29 HW, LACAZE-DUTHIERS. couvre là de prairies marines très belles formées par les Zostères, qui ne découvrent qu'aux marées basses très grandes des nou- velles ou pleines lunes. C’est sur la limite des prairies que j'ai rencontré le plus souvent les Dentales, surtout sur le bord des inégalités qui sont dues aux ilots de Zostères ; on croirait que der- rière ces petits monticules d’un demi-pied de haut les Dentales trouvent un abri. Lorsque les vagues plus grandes et plus agitées de la marée des syzygies de la lune se retirent plus loin, les Dentales sortent du sable pour chercher l’eau, la marée les surprend et les roule sur la grève ; aussi, au second et troisième jour, et même bien avant, les Dentales se trouvaient en grand nombre derrière les points qui, plus élevés, déterminaient des remous de la vague. A l’époque où j'observais, il y avait derrière la grande et la petite Margattière, et près de Couïet, des points où des petits ruisseaux s’élablissaient par suite de l'écoulement des eaux infiltrées dans le sable, et laissaient à la basse mer une élévation, derrière la- quelle j'ai trouvé toujours beaucoup de Dentales ; il faut bien croire que leur présence dans ces points était due à la cause que je viens d'indiquer , l'entrainement par les courants, car, dans les autres moments, la mémechose ne se produisait pas. Dans les mortes mers et les faibles grandes marées, bien que les points que j'indique fussent découverts, je n’y trouvais jamais rien (1). Le Dentale est done un animal qui vit relativement à d'assez grandes profondeurs,et qu'on ne devra espérer rencontrer qu'au moment où les marées sont fortes. (4) Les cartes marines publiées par le ministère de la marine m'ont partieu- lièrement servi pour me guider au milieu du groupe des petites îles des Hébiens; la position de la Plage de la Colombière y est surtout parfaitement indiquée. Quelques bancs de sables plus élevés changent seulement de place, et ces faits ne peuvent en rien amoindrir la valeur de ces cartes merveilleuses d'exactitude. M. Beautemps-Beaupré a rendu, sans doute, de très grands services, par ses tra- vaux, aux navigateurs; mais il est d’un secours immense aux naturalistés explo- rateurs ; car avec ces cartes, sur lesquelles il a eu le bon esprit de conserver les nome principaux donnés par les habitants du pays, il est impossible de ne pas reconnaître jusqu'aux moindres rochers. Pour quiconque voudrait établir la géographie zoologique de nos côtes, il y aurait dans les cartes un cadre tout fait. MOEURS DU DENTALE. 93 Le sable dans lequel il s'enfonce de préférence est un peu gros : dans celui qui est très fin, je n’en ai jamais trouvé. Les animaux que j'ai longtemps conservés vivants paraissaient se trouver très bien du sable formé de débris de coquilles ; le sable fin se putréfiant très vite en dessous, les animaux y mouraient avec une grande rapidité. Les faits que je viens d'indiquer montrent suffisamment que le Dentale n’habite point un tube comme beaucoup d’Acéphales, mais qu'il se déplace au contraire à chaque instant. La facilité avec laquelle il vit et résiste aux changements doit porter à penser qu'il se trouve dans beaucoup de parages, et que si sa présence n’a pas été plus soigneusement indiquée, c'est qu’on n’a pas connu son mode d'existence, et par suite sa présence. J'ai pu étudier avec soin une foule de particularités anatomiques, en raison de cette facilité à supporter {ous les changements , faci- lité qui , il faut le dire , a dépassé de beaucoup mes espérances et mes prévisions. Ainsi quelques Dentales ont fait, vivant dans des carafes, sans même changer d’eau, deux voyages considérables : de Saint-Malo j'en ai porté dans le midi de la France. De la même localité, j’en ai apporté à Courseules en Normandie, de là à Paris ; quelques-uns ont survécu longtemps, et ont fait de Paris à Lille deux fois le voyage dans un flacon avec un peu de sable, et puis ils ont vécu, du mois de septembre 1854 au mois d'avril 4856, de dix-huit à vingt mois. On à vu comment il fallait comprendre la pénétration du Den- tale dans le sable; je n'y reviendrai pas; je rappellerai seulement que les lobes latéraux de son pied en se dilatant jouent le rôle de véritables grappins , dé telle sorte que lorsque l’animal se contracte après avoir dilaté son pied, tout son corps doit se rap- procher du sommet et avancer. Je ne puis trop comprendre d’après ces faits la phrase suivante du travail de M. Clark. Après avoir parlé du pied, il ajoute : « And » also to climb and secure its food from the stems of the foramini- » ferous polypieria. » Si l’animal ne s’ensable, il ne peut se déplacer. ’ 24 H. LACAZE-DUTHIERS. L'entrée de l’eau dans la coquille, sa sortie, ainsi que celle des excréments et des produits de la génération, ayant donné lieu à des dissidences d'opinion, j'ai dû chercher à connaître exactement ce qui en était. Il ne me parait y avoir aucun doute possible : l'entrée de l'eau a lieu par le sommet et sa sortie par la base. L'embryogénie fournit des faits incontestables ; c’est ainsi que, sur des embryons, on voit les particules que charrie l’eau traverser le tube du man- teau, du sommet vers la base. Sur les adultes, il est facile d’obser- ver aussi les mouvements dans le même sens. Ainsi les œufs que viennent de pondre les femelles restent souvent accumulés en tas à côté du sommet par lequel ils sont sortis, et l’on voit après quel- que temps qu'ils sont rentrés dans le tube, l'ont traversé de nou- veau, car ils tombent par l'ouverture de la base. Il suffit d'ailleurs de considérer l'animal ensablé, pour comprendre qu'il ne laisse au-dessus du sol son extrémité postérieure qu'afin de pouvoir respirer toujours une eau pure. Cependant il n’est pas douteux aussi que le Dentale ne renvoie par l'extrémité postérieure et ses exeréments et les particules qui l'embarrassent ou le fatiguent, et enfin les produits de la géné- ration. Quand je plaçais dans des cuvettes, assez peu profondes, des Dentales avec du sable et seulement un peu d’eau, la coquille se trouvait soit au niveau de l’eau, soit un peu au-dessous ; et j'étais frappé de la véritable pluie de petites gouttelettes qui entouraient la base de la cuvette, ou qui étaient sur ses bords. Je ne tardai pas à remarquer que l'animal lançait quelquefois un petit jet d’eau; d’après cela, il ne peut faire de doute que l'animal ne puisse re- jeter par son extrémité postérieure l’eau qui est dans le tube de son manteau. D'une autre part, j'ai assisté maintes fois à la ponte et à la sper- matisation, et toujours j'ai vu les produits qui sont rejetés en arrière, être lancés d’une manière active du côté du sommet. C’est par jels saccadés, interrompus par des sortes de mouvements d'expiration, que l’on voit toujours sortir les œufs et le nuage blanc formé par la liqueur séminale. MOEURS DU DENTALE. 25 Je crois qu'il faut expliquer de la manière suivante l’expulsion en arrière des produits. Cette explication n’est pas une hypothèse ; elle est le résultat de l'observation directe. Les Dentales qui pondaient dans les assiettes étaient faciles à suivre et à observer, et toujours , lorsque le jet avait lieu, le pied rentrait brusquement. Cet organe jouait dans l’intérieur du manteau le rôle d'un piston, et toutes les fois que l’animal voulait se débar- rasser des produits tombés dans la cavité de son manteau, il le rentrait brusquement et chassait l’eau et le reste au dehors. Il ne me parait pas contestable que ce même mécanisme ne puisse être employé pour rejeter les excréments ; mais je ne pour- rais l'affirmer, car le Dentale en rejette fort peu, etje n'ai pu direc- tement reconnaître le fait. Quant à la nourriture, elle doit être apportée probablement de deux manières à la bouche. Le courant d’eau qui va du sommet à la base passe d’abord en dessous du corps; puis, arrivé au talon du pied, remonte de chaque côté sur le dos, et passe * près de la bouche; il est donc tout naturel de penser que l’eau puisse charier des matières alimentaires qui, en passant devant la bouche, soient saisies. Mais, d'un autre côté, je crois aussi que les tentacules peuvent, en s’introduisant entre les grains de sable, aller chercher et prendre les petits Foraminifères et autres êtres qui vivent en si grand nombre dans les grèves de la mer. Je ne puis donc partager l'opinion de M. W. Clark relativement à la distinction absolue qu'il établit touchant la sortie des matières fécales : sans doute, le courant respiratoire peut les entrainer vers la base; mais certainement aussi elles peuvent être rejetées brus- quement par le mécanisme que j'indiquais plus haut. Quant aux fonctions d’innervation, voici ce qu'il est facile d'observer : Le Dentale ressent l'impression de la lumière; on le voit faire rentrer son pied, si l'on fait tomber sur lui un rayon de soleil. La même chose s’observe quand on approche un flambeau, l'animal rentre dans sa coquille ; et cela se rapporte bien à une particularité de mœurs. I se déplace pendant la nuit, surtout au commencement. J'avais 26 H. LACAZE-DUTHIERS. remarqué, le soir quand j'écrivais mes notes, que les animaux, placés dans des assiettes, faisaient entendre un petit cliquetis par- ticulier. En observant avec soin, je reconnus que leur pied en faisant des efforts pour pénétrer soulevait la coquille, que celle- ci en retombant et choquant assiette produisait le bruit. Pobservai alors les animaux pendant longtemps, ceux surtout placés dans des conditions presque naturelles, et je reconnus bien- tôt que c’élait aussi pour eux le moment du déplacement. Je né veux cependant pas dire quele mouvement n’ait lieu qu’à un seul moment, que l'immobilité soit complète dans le jour ; mais il me paraît incontestable que c’est surlout pendant la nuit que les Den- tales entrent en activité. La reproduction présente aussi quelques faits dignes de re- marques. L’accouplement n’existe pas ; cela devait être, puisqu'il n’y à pas d'organes extérieurs de la reproduction; il n’y a pas même rapprochement des individus. Il est trop facile d'observer le Dentale, et d'étudier les moindres détails des conditions biolo- giques, en raison même de la facilité avec laquelle il se prête à toutes les exigences de l'observation, pour que l’erreur puisse être possible à cet égard. Je plaçais les Dentales dans des assiettes blanches ; c’etaient les vases qui m'avaient paru préférables, et je les abandonnais à eux- mêmes en ayant soin de renouveler l’eau. Après quelques jours , j'avais presque à coup sûr des pontes, et constamment elles avaient lieu dans la journée entre deux et cinq heures. Cependant j'en ai eu quelques-unes à diverses heures; mais presque toujours il m'a paru, dans ce dernier cas, qu’une forte insolation en avait été cause, Quand je voulais observer la sortie des œufs et leur évolution embryonnaire, je commençais à me préparer pour trois ou quatre heures , n'ayant jamais obtenu d'œufs après cinq heures du soir quoique cependant plusieurs centaines de Dentales eussent ponde à diverses époques des mois d'août et septembre. Les œufs et le sperme sortent à peu près au même momen ue la journée et de la même manière , par l’extrémité postérieure de MOEURS DU DENTALE, 27 la coquille. La femelle accumule les premiers à son extrémité, et ne les lance pas au loin; elle les fait sortir par intervalles, et par le mécanisme qui va être indiqué; leur volume et leur teinte foncée les fait reconnaitre facilement sur le fond blanc de l'assiette ; ils semblent unis entre eux, mais très lichement, par un peu de mueus. Le mâle, à des intervalles rapprochés , lance son sperme, à un ou deux pouces, comme un nuage blanchätre formant de longues fusées; il est facile, dans la position où ont été placés les animaux, d'observer ce qui se passe ; il y a véritablement comme une sorte d’éjaculation qui se répète plusieurs fois. On voit le pied sortir un peu au delà du bord libre du manteau, puis rentrer brusquement ; à ce mouvement correspond le jet vif de la matière séminale, et cela se répète plusieurs fois de suite ; évidemment la semence sort des glandes génitales, s’accumule dans le manteau, et est rejelée poussée par le pied, comme par un piston. Il y a beaucoup plus de vivacité dans les mouvements du mäle que dans ceux tout à fait semblables qu'exécute la femelle pour se débarrasser des œufs. De même que ceux:ei semblent réunis parune matière visqueuse, de même le sperme forme, pendant quelque temps, un nuage épais dans la direction où il a élé lancé. Si, avec une pipette, on va puiser au milieu du jet, on trouve le liquide fourmillant de myriades de spermatozoïdes extrêmement vifs. Mais après quelque temps, les œufs deviennent libres, et les nuages de sperme disparaissent ; l'eau est un peu blanchâtre, et, à ce moment, partout elle présente des milliers de spermatozoïdes d’une vivacité incroyable. L’agilité de ces petits êtres est telle que l'on ne peut les suivre dans le champ du microscope où ils passent comme des traits. On le voit, la fécondalion est ici, comme dans la plupart des Acéphales, abandonnée au hasard. Le mâle d'un côté, la femelle de l’autre, lancent les produits dé leurs glandes génitales, et ces produits se rencontrent ou ne se rencontrent pas, absolument comme chez les plantes dioiques où le pollen tombe et est em- porté par les vents au hasard dans telles ou telles directions. Qu'un 28 H. LACAZE-DUTHIERS, vent soit contraire, et les pieds femelles resteront inféconds; de même ici qu’un courant d’eau soit contraire, et la femelle ne pro- duira rien. Les œufs ne se développeront pas. On comprend l'utilité des mouvements si vifs que présentent les spermatozoïdes , puisqu'ils doivent aller chercher au loin l'œuf et le féconder. Je veux enfin, en terminant, montrer encore une fois que les produits de la génération sont toujours rejetés par l'extrémité pointue de la coquille, et qu’en même temps il y a bien un cou- rant de ce sommet à la base. Quand les animaux sont ensablés, on ne voit jamais un animal complétement couvert émettre sa semence et ses germes; toujours son sommet fait saillie au-dessus du niveau du sable, et toujours l'œuf et le sperme sont rejetés de la même manière. L'époque de l’année, pendant laquelle m'ont paru se reproduire les Dentales, est du commencement d’août à la mi-septembre ; je n'ai point d'expériences dans les mois de juillet et de juin ; peut- être dans ces mois les animaux peuvent-ils déjà se reproduire, cela me semble même probable; mais je ne saurais rien affirmer, n'ayant pas alors placé les Dentales dans les conditions où je les mis plus tard. QUATRIÈME PARTIE. Rapports zoologiques du Dentale. Les travaux anatomiques et physiologiques, si intimement unis entre eux, doivent toujours conduire à l’histoire naturelle propre- ment dite. Ils doivent toujours nous faire arriver à la zoologie ; ils doivent servir à grouper, à classer méthodiquement les ani- maux; car le but vrai, le but réel de tout fait anatomique , c’est la démonstration des rapports naturels des êtres. Nous devons done mettre à profit les détails qui précèdent, chercher à apprécier les rapports du Dentale, et à juger de la place qu'il doit occuper dans les cadres zoologiques. Longtemps on s’est demandé : Le Dentale est-il un Mollusque ? RAPPORTS ZOOLOGIQUES DU DENTALE. 29 Cette question étant résolue affirmativement, il convient aujour- d'hui de rechercher autre chose. Il faut apprécier des rapports d’un ordre différent; il faut se demander si le groupe établi pour lui, spécialement pour lui, doit être conservé; et comme une réponse négative ne peut être douteuse, il faut voir si les divi- sions classiques existant déjà doivent le recevoir, ou bien s’il est nécessaire d’en créer de nouvelles destinées à donner une idée exacte de sa position zoologique. Enfin on peut rechercher s’il a des rapports éloignés avec les êtres des embranchements voisins. Aujourd'hui donc plus de doute, le Dentale est un Mol- lusque. Cette opinion, entrevue par Savigny, a été démontrée par M. Deshayes en 1825 ; elle a été confirmé de nouveau, en 1849, par le travail de M. Clark. Voyons comment on a classé le Dentale ; voyons si les opinions des naturalistes sont en rapport avec les faits que l'anatomie et la physiologie nous ont présentés. De Blainville (4) est le premier qui ait assigné à cet animal une place méthodiquement choisie parmi les Mollusques. Guidé par l'interprétation de M. Deshayes, sur la nature des filaments placés du côté du dos et dans le voisinage de la bouche, il créa, dans la sous-classe des Paracéphalophores hermaphrodites , un premier ordre spécialement destiné à recevoir le Dentale ; il lui donna le nom de Cirrhobranches , en raison même de la signification phy- siologique et de la forme des filaments décrits comme branchies. L'on sait que la classe des Paracéphalophores dans la classification de de Blainville correspond à peu près aux Gastéropodes de tous les auteurs; en sorte que le Dentale était ainsi un Gastéropode. Mais, par une erreur anatomique, il fut placé dans une sous-classe dont le caractère était l'hermaphrodisme. Cette erreur le faisait ainsi entrer dans la division qui renfermait les Patelles, les Fissurelles, les Cabochons, etc. La distribution méthodique de de Blainville date de 1825 ; et cependant, dans l’édition du Règne animal publié en 1830, Cuvier continuait à placer le Dentale dans les Annélides tubicoles, mais (4) Voyez Manuel de malacologie, où l'article Mozrusove de cet auteur dans le grand Dictionnaire d'histoire naturelle en 60 volumes, t. XXXII, p. 286. 30 H. LACAZE-DUTIHIERS. avec doute, et en indiquant les travaux qu'il y avait à faire pour arriver à connaitre les véritables rapports zoologiques. Le Dentale n'ayant occupé à peu près aucun naturaliste de- puis 1825 jusqu’à 1849, les doutes de Cuvier persistèrent. Cepen- dant ceux des auteurs qui admettaient les opinions de M. Deshayes, regardaient le Dentale comme un Mollusque, en conservant pour lui seul une division spéciale. C’est ainsi que M. von Siebold (4), dans son Manuel d'anatomie comparée, conserve le nom créé par de Blainville; mais il l’ap- plique à une famille, au lieu de le donner à un ordre. Le Dentale est le type des Cirrhibranches, première famille des Tubicoles, troisième sous-ordre des Gastéropodes , premier ordre des Cépha- lophores. Il se trouve ainsi dans la classification du savant alle- mand placé non loin des Vermets et des Magiles , et il est éloigné au contraire des Patelles, des Fissurelles et des Cabochons. En 1849, M. Clark (2), reprenant l'anatomie du Dentale, et n'étant nullement d'accord, comme on l’a vu, dans ses interpréta- tions avec M. Deshayes, devait évidemment s'occuper des rapports zoologiques. L'examen des caractères que lui fournissaient l’ana- tomie et la physiologie le conduisait à admettre que le Dentale est une modification du type gastéropode, et qu'il forme l’un des pre- miers anneaux , si ce n'est le premier de la chaîne des Gastéro- podes ; qu'enfin il a des analogies avec les Acéphales et avec les Annélides. Ces analogies, ces ressemblances, avaient déjà frappé les auteurs précédents, leurs classifications en font foi; mais dans le travail de M. Clark, pas plus qu'autrefois, elles ne sont basées sur des faits exacts. C’est ainsi que l'analogie, très éloignée avec les Annélides, a son point de départ pour l’auteur anglais dans la coloration du sang des prétendues branchies. Or il n’est pas douteux que le foie n'ait été pris pour les branchies, et que la couleur de ce dernier n'ait été regardée comme appartenant au sang. C’est le système nerveux qui faitrapporter le Dentale au type Mollusque gastéropode; or l’auteur n’a connu que deux gan- (1) Voyez Anatomie comparée, t. 1, p. 294. — Siebold, traduction de MM. A. Spring et Th. Lacordaire, (2) Voyez loc, cit, RAPPORTS ZOOLOGIQUES DU DENTALE. 31 glions : l’on verra que c’est le système nerveux qui nous fait au contraire rapprocher le Dentale des Acéphales. S'il faut le ranger dans les Gastéropodes, c’est encore pour l’au- teur anglais, en raison de la perfection de l'appareil de la cireula- tion. On a vu que l’imperfection même de cet appareil nous avait paru l’un des points très remarquables de l'histoire physiologique du Dentale. De même que de Blainville avait pris pour guide, dans sa clas- sifieation , le travail de M. Deshayes, de même MM. Forbes et Hanley (1) dans leur Histoire des Mollusques d'Angleterre, s'ap- puyant sur les observations de M Clark, ont placé différemment le Dentale que les auteurs antérieurs ; ils admettent la division générale des Gastéropodes , telle qu’elle a été proposée par M. Milne Edwards en 1848; et dans les Gasteropoda prosobran- chiata, ils établissent successivement différentes familles dans l'ordre suivant : les Chilonidæ, les Patellidæ, les Dentalidæ, les Calyptræideæ, les Fissurellidæ, les Haliotidæ, etc. Celle citation suffit pour faire connaitre les rapports généraux admis par ces auteurs qui considèrent le Dentale comme une tran- sition entre la forme de la Patelle et celle de la Fissurelle ; peut- être semblent-ils penser qu’il serait mieux de le placer entre les Oscabrions (Chitons) et les Patelles. Enfin M. F. Troschel (2), dans le Manuel de zoologie, assigne au Dentale une position à peu près semblable à la précédente; il le place dans les Gastéropodes eyclobranches, quatrième sous-ordre, qui ne renferme que les familles des Patellina, des Chitonideæ et des Cirrhobranchiata. Les idées de M. Deshayes se trouvent re- produites dans cet ouvrage, bien qu'il date de 1858. Telle est la position assignée au Dentale par les auteurs. Je ne parle point des opinions antérieures au mémoire de M. Deshayes; elles se trouvent relatées dans le travail du savant conchyliolo- giste, et on pourra les y consulter. (1) Voyez À History of British Mollusca and their Schells, by prof, Edwards Forbes and Sylvanus Hanley, Dentalidæ, t, IL, p. 446. (2) Voyez Handbuch der Zoologie. Vierte Auflage nach dem Handbuche von Wiegmann und Ruthe, von Franz Troschel und Jobann Rutbe, 1853. 82 H. LACAZE-DUTHIERS. La division la plus naturelle des Mollusques est celle qu’a pro- posée M. le professeur Milne Edwards. Ce savant naturaliste partage le groupe des Mollusques en deux sous-embranche- ments : les Mollusques proprement dits et les Moltuscoïdes. Dans les premiers se trouvent des types sur lesquels on est généralement d'accord : tels sont les Céphalopodes, les Ptéropodes, les Gastro- podes, les Acéphales. Voilà des divisions plus ou moins étendues, mais sur lesquelles aujourd’hui on s'entend. Nous n’avons trouvé dans les caractères que l’organisation a pu nous fournir aucune raison pour rapprocher le Dentale des deux premiers ordres, non plus que du sous-embranchement que M. Milne Edwards a nommé Molluscoïde où se trouvent les Ascidiens et les Bryozoaires. Puisqu'il n'existe nulle ressemblance, il n’y a pas de rapports pos- sibles. H ne reste donc que les Gastéropodes et les Acéphales. Le Den- tale doit-il être dans l’un ou dans l’autre de ces ordres? Voilà à quoi se réduit la question. Prenons les faits anatomiques et physiologiques, faisons-en la somme, établissons leur valeur respective, et voyons par ce travail comparatif lequel de ces deux groupes est celui qui doit le recevoir. Nous appelons Gastéropode non pas seulement un animal ayant sous son abdomen un muscle servant à ramper, à se mouvoir, car à ce litre un Acéphale deviendrait un Gastéropode , mais bien un être dont tous les organes sont asymétriques; dont les ori- fices digestifs s'ouvrant plus ou moins près l’un de l’autre, ne sont jamais dans un même plan médian ; dont l'appareil génital présente un grand développement, surtout dans ses parties accessoires, comme celles qui servent à l’accouplement ou à la ponte ; dont les organes des sens sont le plus souvent développés et portés sur une tête; dont le système nerveux général est aussi un peu dévié latéralement, rejeté sur le côté par l’une de ses parties, et par conséquent asymétriquement disposé; enfin dont les or- ganes de la respiration et de la circulation se trouvent presque généralement placés sur l’un des côlés de la ligne médiane. Il y a sans doute des exceptions à ce plan général du Gastéropode, RAPPORTS ZOOLOGIQUES DU DENTALE. 33 car dans tous les groupes la nature a établi des dégradations, qui nous font rencontrer toujours des exceptions à côté de ces types que notre esprit aime à créer uniques. Le Dentale se présente-t-il avec ce caractère auquél |la forme de la coquille, la disposition du muscle s’ajouteraient encore pour donner le dernier cachet à la forme gastéropode ? Dans presque tous les Gastéropodes , quelque dégradés qu'ils soient, on trouve le plus souvent une partie antérieure dévelop- pée, el formant une tête plus ou moins caractérisée par des ten- tacules ou autres organes des sens. Ici, rien de semblable : on ne peut évidemment trouver dans le bulbe buccal (1) l’analogue de la tête du Gastéropode; c’est tout au plus si l’on pourrait dans son ensemble le prendre pour l’analogue d'une bouche prolongée en une trompe et entourée de franges labiales. Le système nerveux (2) pris dans son ensemble s’est montré très régulier et sans trace de distorsion ou de transport d’une partie de lui-même sur l’un des côtés du corps, Dans le système musculaire et locomoteur (3), on trouve non- seulement peu d’analogie, mais, au contraire, des caractères diffé- rentiels. Les deux muscles rétracteurs du corps sont parfaitement symétriques, jamais cela n’a lieu pour les Gastéropodes. Le pied (4) ne ressemble nullement à cet organe dans aucun des sous-ordres des Gastéropodes ; il est entièrement différent. Quant au manteau (5),nous ne le voyons guère soudéen un tube dans les Gastéropodes, au moins en dessous du pied et du corps. C'est, au contraire, au-dessus qu’il forme, dans quelques cas, une voûle, ou mieux un cul-de-sac. Les organes de la sécrétion urinaire, ou les corps de Boja- nus (6), sont ici symétriquement disposés ; cela n'arrive pas dans les Gastéropodes. (4) Voy. Ann. des sc. nat., à° série, ZooL., t. VI, p. 237, pl. 8, fig. 241, ab, ll, b). (2) Zbid., p. 360, pl. 13. (3) Jbid., p. 357, pl. 41. (4) Ibid, p. 352, pl. M4. (5) Zbid., p. 320, pl. 14. (6) Jbid., t. VIX, p.188, pl. 6, fig, 4, H. #* série, Zoo. T, VII, (Cahier n° 4.) 4 3 3 IH. LACAZE-DUTDIERS. De même ceux de la reproduction (4); toutefois on à vu que, si la glande génitale était semblable des deux côtés du corps, son canal excréteur était simple, impair, et s’ouvrait du côté droit, comme cela a lieu habituellement chez les Gastéropodes. Quant aux appareils secondaires, organes copulateurs, glandes acces— soires, etc., dans ces derniers, luxe véritable par la multiplicité et la variété des formes; dans le Dentale, au contraire, rien. La respiration et la cireulation (2) sont bien incomplètes. Dans cette dernière fonction, on pourrait tout au plus retrouver quel- ques analogies secondaires, bien secondaires, bien éloignées avec le groupe des Gastéropodes que M. Kôlliker a nommé les Anangiés. Les deux parties de Forganisme qui permettraient seules un rapprochement entre le Dentale et le Gastéropode sont la coquille, le tube digestif, mais ce dernier dans une seulement de ses parties. On sait que, dans beaucoup de Gastéropodes, la bouche est garnie d'un repli soutenu par un cartilage, et hérissé de pièces cornées denliformes. Cet appareil, dur et résistant , constitue une langue râpeuse, caractéristique de beaucoup de groupes. Les Anangiés où Mollusques nus, souvent désignés sous le nom de Phlébentères, et les Patelles, les Oscabrions, ete., elc., présentent une langue fort complexe et fort développée. Le Dentale est abso- lument dans le même cas, et si l’on ne considérait que sa langue (3), à coup sûr, on en ferait un Gastéropode. M. Lovén à publié un travail ayant pour but de donner des prin- cipes propres à grouper et à classer les Gastéropodes d’après les dents de leur langue. Il a pensé que, pour Pétude des fossiles, cette connaissance serait pleine d’intérêt et d'utilité, puisque, à Vaide d’une pièce cornée, on pourrait arriver à déterminer plus exactement la position zoologique d'êtres éteints depuis longtemps, en ajoutant ainsi à la matière fournie par le {est une nouvelle in- dication tirée de l'appareil digestif. D'après ce qui vient d’être dit, on doit voir que le Dentale s'éloigne des Gastéropodes. Cela deviendra bien plus évident plus (1) Voyez Ann. des sc. nat., 4° série, t. VIL, p. 473, pl. 5, üig. 1 (ab). (2) Zbid., p. 5, pl. 2, 3, 4. (3) Zbid., t. VI, p. 325, pl. 11, Gg,4, pl. 42, RAPPOR®S ZOOLOGIQUES DU DENTALE. ‘39 tard ; il y aurait donc danger à donner trop de valeur à un seul caractère, car on pourrait placer dans un groupe des êtres :qui appartiendraient à un autre. (Qu'on le remarque, ce n'est que parles parties solides de leur organisme, et €’est une chose curieuse, que le Dentale peut être rapporté au groupe des Gastéropodes. Sa coquille (1) offre une ressemblance de structure frappante avec ce.que nous montrent les Patelles. J'ai déjà insisté sur ces faits assez longuement pour m'y point revenir. Quant à la forme extérieure, la coquille des Fissurelles peut être avec quelque raison rapprochée de celle du Dentale. Elle est, en effet, conique, percée à son sommet d'une ouverture; toute la différence apparente consiste dans (a longueur, tou si lon veut dans Ja hauteur du cône, qui dans un cas est bien moindre que dans l’autre, relativement au diamètre transversal. 11 y a un inté- ressant sujet de recherche dans l’embryogénie de la Fissurelle. Ainsi dans les êtres adultes, les différences sont faciles àsaisir : la cavité respiratoire.est abdominale dans de Dentale, elle est dorsale dans/la Fissurelle.l:y aurait done à rechercher comment.se forme cet orifice dela coquille dela Fissurelle, eteomment ou aux dépens > bb? ; done l'ascension du manomètre sera moindre que b° LŸ, ce sera b#bÿ. Pour les secondes successives, on verra donc les ascensions aller en diminuant et les descendantes en augmentant, offrant entre elles des différences de plus en plus petites, jusqu'à ce que l'oscillation soit régulière (ses maxima et minima étant fixes). A ce moment, l'oscillation sera une petite fraction de ce qu'elle eut été sans les frottements en Æ; en outre, sa moyenne sera aussi celle entre les points a et b. En effet, lorsque les oscillations seront régulières, et que l’ascen- sion et la descente du niveau du tube seront égales, il faudra né- cessairement que les forces appliquées du côté du tube et du côté du réservoir soient égales; elles le seront quand le niveau du tube sera au milieu de ab. Soit M ce milieu, quand la colonne À B agira pour l'ascension, elle n’aura comme force que la différence de hauteur des niveaux, et comme b M = 1/2 À B, sa force d'ac- tion, pour faire monter le liquide dans le tube, sera égale à celle que bM lui-même aura dans le second instant pour produire la descente, quand le réservoir sera en B. Théorème second. Avec l'instrument précédemment décrit, les hauteurs manomé- triques seront proportionnelles au temps pendant lequel la pression agira ; c'est-à-dire que Ja hauteur à laquelle le manomètre restera avec de petites oscillations régulières sera à la hauteur qu'il aurait, dans le cas d'équilibre sous la pression continue, comme les temps d'application de la force sont à la durée totale de l’expé- rience, Cela revient à démontrer que, si la pression agit pendant deux %° série. Zooz. T. VIII. (Cahier n° 6.) 5 23 35h J. MAREY. — RECHERCHES HYDRAULIQUES secondes et cesse pendant une seconde, la hauteur manométrique sera les deux tiers de la hauteur d'équilibre. En effet, quand la colonne sera arrivée au point où les oseilla- tions seront régulières (où les ascensions et les descentes seront égales), il faudra que la force qui produit l'ascension soit deux fois moindre que celle qui produit la descente. A celte condition seu- lement, l'inégalité de force compensera celle de durée. Mais la force qui produit l'ascension n’est autre chose, avons-nous dit, que l'excès de la hauteur du réservoir sur la hauteur manométrique : soit done ÆV (même figure), le niveau du manomètre, d'après le théorème précédent, la force ascensionnelle sera égale à aW, etbN sera la hauteur manométrique, ou force qui produit la descente. Ces deux forces, au point de vue de leurs effets, seront dans le rapport de À à 2; mais comme l'effet produit par la pression d’une colonne liquide est proportionnel à la hauteur de cette colonne (1), on aura pour les mesures, de a et de bN, la pro- portion suivante : GNEN EN 12 ce qu'il fallait démontrer. I. Le sphygmographe, inventé en Allemagne d’après la des- cription donnée par M. Vierordt (2), est un levier à bras inégaux : le plus court est soulevé à chaque battement de l'artère; le plus long trace, sur un cylindre de papier tournant, des courbes variées suivant la forme du pouls. Nous nous sommes servi de cet instrument avec de légères modifications, comme on ya le voir d’après la description de l’ap- pareil qui nous a servi à étudier à la fois les tensions moyennes et les caractères des pulsations, sur trois points différents d’un tube élastique traversé par an liquide, sous l'influence d'impul- sions intermiftentes. (1) Dans le cas d'écoulement par les tubes capillaires, le produit de l’écoule- ment est proportionnel à la charge (loi de M. Poiseuille). (2) Bulletins de la Société médicale allemande, 1857. SUR LA CIRCULATION DU SANG. 399 Description de l'appareil (pl. 7, fig. 6). Soit un tube de caoutchoue aa a, dont l'extrémité 0 s'adaple à la boule impulsive (décrite fig. 3), et dont l'autre extrémité 0", ori- lice d'écoulement, peut recevoir des ajutages de différents dia- uètres. Le tube aaa est en rapport à la fois avec trois manomètres compensaleurs destinés à prendre sa tension en différents points, et qui, dans la figure, sont placés les uns à côté des autres sur des plans parallèles. On retrouve sur chacun d'eux les différentes pièces indiquées comme constituant le manomètre compensateur ; seulement le tube capillaire a été contourné pour donner moins de bauteur à l'appareil. Les niveaux des colonnes mercurielles se notent sur un papier gradué que l’on place derrière les tubes (fig. 8). La seconde partie de l'appareil se compose d’un sphygmographe, que nous avons construit d'après la descriplion donnée ci-dessus ; seulement nous y avons adapté trois leviers l', À, F, de telle sorte que la pulsation puisse être prise à la fois sur trois points du même tube. Un support S, monté sur la tablette T, porte les trois leviers, à l'extrémité de chacun desquels est une petite masse pesante por tant une pointe écrivanle, A chaque mouvement du levier, produit par une augmentation de tension dans le tube, la pointe vient tracer une ligne sinueuse sur un cylindre de papier €, mis en mouvement par un mouve- ment d'horlogerie H. Le papier employé est gradué par des lignes qui se coupent perpendiculairement, et dans lesquelles les lignes horizontales servent à compter les hauteurs, et les lignes verticales les durées des pulsations. Si l’on suit le {rajel du tube, on voit qu'après l'extrémité o il est en communication avec le manomèêtre n°4 qui prend sa ten- sion; immédiatement après, il passe sous le levier sphygmosgra- phique L' qui écrit la pulsation correspondante; puis le tube se continue pendant un assez grand (rajet, après quoi il revient vers le manomètre 2 qui prend encore sa tension, En quittant le second 396 J. MAREY. — RECHERCHES HYDRAULIQUES manomètre, le tube passe sous le levier Æ qui écrit la pulsation. Après un assez long trajet, le tube revient enfin au manomètre 3, puis au levier l?, pour aller se terminer par l’ajutage d'écoulement. Nous allons voir qu'avec cet appareil on peut connaitre en cha- eun des points du tube la tension moyenne el la forme de la pulsation. Ce que nous avons dit plus haut du mode d'action du mano- mètre compensateur suffit pour faire comprendre comment il prend la tension moyenne. Pour ce qui est de la forme de la pulsation, deux choses sont à considérer dans la manière dont elle se traduit : 4° le levier oscille, et, si le cylindre C'était immobile, ia pointe écrivante tracerait des lignes sensiblement verticales (4) ; 2 le cylindre tourne, et, si le levier était immobile, la pointe tracerait une ligne horizontale (fig. 9) a aa”. Quand le cylindre et le levier se meuvent en même temps, il en résulte des lignes obliques, qui se rapprochent d'autant plus de la verticale que le levier va plus vite, ou que le cylindre tourne plus lentement. Réciproquement, ces lignes se rapprochent d'autant plus de la ligne horizontale que le levier va moins vite ou que le cylindre tourne plus rapidement. Cela posé, on conçoit que le cylindre tournant d’un mouvement régulier, si les leviers ne se meuvent pas d’un mouvement semblable, les tracés décrits par chacun d’eux différeront plus où moins sensiblement. Enfin si l'oscillation se fait d’un mouvement inégal, accéléré ou diminué, la ligne tracée ne sera plus une oblique, mais une courbe concave en haut dans le premier cas, convexe dans le second. Première expérience. Recherches sur les variations dans la tension d'un tube prise sur trois points de son trajet (pl. 7, fig. 8). Lo Si le tube est fermé en o’ et qu'on fasse agir la pression seule du vase de Mariolte, l’équilibre s'établit dans toute son étendue, (1) Ces lignes verticales se voient sur les fig. 9 et 414, dans lesquelles une im- pulsion a été donnée, le cylindre ne tournant pas encore, pour bien s'assurer que les pointes écrivantes sont sur la même verticale, SUR LA CIRCULATION DU SANG, 397 el les niveaux des trois manomètres sont les mêmes; ils se trou- vent sur la ligne nn horizontale. 2 Si l’on ouvre l’orifice d'écoulement 0’, les niveaux manomé- triques baisseront inégalement, et d'autant plus qu'ils sont plus près de l’orifice d'écoulement (c’est À une conséquence de Ja loi de Bernoulli sur les tensions piézométriques); dans ce cas, la ligne qui joint ces niveaux sera représentée par a, oblique descen- dante. 3 Si l’on remplace l’ajutage par un autre plus étroit, en vertu de ce que nous savons de l’influence des obstacles, les niveaux s’élèveront, et cela d'autant plus qu'on les prend plus près de l'orifice d'écoulement. La ligne des niveaux est alors en b, et l'on voit qu'elle s'élève d'autant plus au-dessus de la précédente a, que l'on est plus près de l’orifice d'écoulement. Un troisième ajutage, plus étroit encore, relèvera encore plus la ligne des niveaux qui sera en €, et l'élévation portant toujours davantage sur les mano- mètres les plus voisins de l’orifice d'écoulement, la ligne des ni- veaux se rapprochera de plus en plus de l'horizontale nn, qu'elle attendra tout à fait, lorsqu’à force d'augmenter l'obstacle on aura tout à fait supprimé l'écoulement. 4° Si l’on replace l’ajutage le plus gros (celui qui a fourni la ligne a), et qu'on fasse agir pour l'écoulement du liquide les im- pulsions intermittentes de la boule B (fig. 3); au bout de quelque temps, la ligne des niveaux sera portée en «’ (les lignes ponctuées indiquent les niveaux obtenus sous l'influence des pressions addi- tionnelles). On remarquera que la ligne a’n’est point parallèle à a, mais que chaque point de a'est d'autant plus élevé au-dessus du point correspondant de a, que l’on observe plus près de l’orifice d'entrée. Conclusion. — Cela prouve que la nouvelle force, due à une impulsion additionnelle, se répartit de la même manière que la pression seule du réservoir le faisait tout à l'heure, c’est-à-dire suivant les lois de Bernoulli, de telle sorte que l'effet de cette force est d'autant plus grand qu'on se rapproche davantage de l'orifice d'entrée. 5° Si l'on emploie successivement des ajutages de plus en plus 358 J. MAREY. — RECHERCHES HYDRAULIQUES étroits, comme on l’a déjà vu pour les expériences sur les niveaux dans le cas d'écoulement sous la pression du réservoir, on verra de même les niveaux s'élever de plus en plus, en se rapprochant de plus en plus de la ligne horizontale pour correspondre aux lignes a’ b c', et lorsque l'obstacle à l'écoulement sera absolu , les niveaux seront tous les mêmes, et se trouveront sur la ligne hori- zontale n'n’. Deuxième expérience. Recherches sur la nature et les caractères de la pulsation en différents points d’un tube élastique (fig. 9). Une pulsation, telle qu'elle est représentée par le sphygmo- graphe, nous offre à considérer différents éléments, qu'il est im- portant de séparer pour leur étude : 4° Son moment d'apparition ; 2 La période d'augment et la nature du mouvement qui la produit ; 3° La fin de la période d'augment ou le summum de la courbe ; h° La période de déclin et la nature de son mouvement ; 5° La fin de la pulsation. 1° Moment d'apparition. Le moment de l'augmentation dans la tension d’un tube, qui était auparavant uniforme, est traduit au sphygmographe par la déviation de la ligne tracée; celle-ci, qui était horizontale a a! a” pendant le repos du levier, devient oblique, ascendante, mais avec des degrés d’inclinaison différents. Le point précis où se fait ce changement de direction est plus ou moins facilement saisissable à l'œil, suivant le degré d'obliquité de la ligne tracée ; il est d’antant plus facile à saisir, que la ligne oblique ascendante s'éloigne davantage de l'horizontale. Dans certains cas de concavité de la ligne d’ascension, la première partie de la courbe se confond presque avec l'horizontale, ce qui rend très difficile la perception de son début. Ajoutons à cela que, si la force qui produit celte augmentation de tension est faible d’abord, puis prend de l'intensité par suite SUR LA CIRCULATION DU SANG: 399 de sa continuité même, en produisant un mouvement accéléré, le levier sphygmographique ne saurait être soulevé au premier instant. En effet, pour percevoir l'augmentation de tension, il faut, avons-nous dit, déprimer le tube avec une certaine force, c'est-à- dire que si, pour fixer les idées, nous représentons par 100 Ja pression du liquide à l’intérieur du tube, la pression du levier de- vra lui être un peu supérieure, soit 105. Il s'ensuit que la force additionnelle ne pourra soulever le sphygmomètre dans le premier instant, que si elle est supérieure à 5 à ce moment ; ou si elle est inférieure à ce nombre, elle ne le soulèvera que lorsque, dans sa marche croissante, elle aura acquis une force égale à 5, ce qui exige un certain lemps. La figure 9 représente trois lignes sinueuses superposées, dont chacune est formée par les oscillations d'un sphygmographe : l’in- férieure est tracée par le sphygmographe le plus rapproché de l'orifice d'entrée, la ligne du milieu par le sphygmographe À (figure 6), et la plus élevée, n° 3, par le dernier sphygmo- graphe. Si l’on examine sur chacune de ces lignes la première oscilla- tion, on voit que les ue: de l'ascension du levier semblent se faire de plus en plus tôt, à mesure que la pulsation est prise plus près de l’orifice d'entrée; mais on voit aussi que l’angle, sous le- quel la ligne d’asceusion se sépare, est d'autant plus ouvert qu’on est plus près de l'entrée du tube ; aussi ce point est-il sur la ligne n° 4 plus facile à percevoir que partout ailleurs. Si à celte cause d'erreur, dépendant du degré d’obliquité dé l'ascension, nous ajoutons (ce que nous avons signalé plus haut), que le levier ne peut être soulevé que lorsque la force addition- nelle a acquis une intensité plus grande que la force qui déprimait le tube, on se rend très bien compte du mode de production du relard dans l'ascension qu'on trouve sur certains tracés sphyg- mographiques. Il reste à prouver qu'il n'y pas de retard réel, et pour cela nous avons eu recours à un moyen plus sensible que le levier sphygmographique : à l’oscillation d'un manomètre à liquide peu dense, et offrant le moins de frotlements possibles. 360 J, MAREY, —- RECHERCHES HYDRAULIQUES Expérience. — Prenons un long tube élastique adapté, d'une part, à un réservoir élevé, et d'autre part finissant par un tube de verre vertical placé à la hauteur du réservoir. Lorsque les niveaux sont en équilibre, notons avec un point de repère le sommet de la colonne de liquide. Si, alors, nous comprimons brusquement le tube élastique, il est toujours impossible de saisir le moindre retard entre l'instant où le tube est comprimé, et celui auquel la colonne liquide s’élève dans le tube de verre. Sans point de repère, au contraire, on ne peut percevoir, sur- tout d’un peu loin, la légère ascension du début, et le mouvement ascepsionnel, qui, dans ce cas, est manifestement accéléré, n’est saisissable qu'au bout d’un certain temps. 2 Période d'augment de l'oscillation, nature du mouvement qui la produit, Aussitôt que la ligne sphygmographique s'élève au-dessus de l'horizontale qu'elle traçait lors de la tension uniforme aux points a a’ a”, on voit qu’elle décrit deux courbes constituant dans leur ensemble une s, et formée par une première partie à concavité su- périeure, et une seconde à convexité supérieure, reliées entre elles par une portion rectiligne plus où moins courte. La première parlie concave exprime, avons-nous dit, un mou- vement accéléré; elle est produite par l'augmentation de tension qui, faible au début, va en augmentant de force; mais comme tout mouvement accéléré trouve dans les frottements un régula- teur qui le ramène à un type uniforme, il s'ensuit qu'à un moment donné, la force ascensionnelle devient uniforme, et son tracé est représenté par une ligne oblique, mais rectiligne. Enfin la force d’impulsion décroit, et par suite du courant, l'excès de l’afflux sur l'écoulement, c'est-à-dire la tension diminue, et la ligne courbe conveæe, qui est l'expression du mouvement diminué, succède à la partie rectiligne, jusqu’à ce que l’écoulement excédant l’afflux, la tension commence à baisser. SUR LA CIRCULATION DU SANG, 261 3° Summum de la courbe , point intermédiaire à la période d'ascension et à celle de déclin de l’oscillation, Dans cette dernière période, par suite de la diminution du mou- vement d'ascension, celle-ci arrive à être nulle, puis l'écoulement agit seul, et la tension baisse. Entre la période d’angment et celle de déclin, le sphygmographe reste fixe un instant très court (comme cela arrive pour un pendule entre les deux moiliés d'une oscillation). A ce moment, la rotation du cylindre étant le seul mouvement qui se produise, la pointe écrivante trace une ligne horizontale très courte, et qui, à la rigueur, ne serait qu'un point géométrique, mais que nous admettons théoriquement comme expression: de la tension maximum. La hauteur de cette ligne au-dessus de l'horizontale que traçuit le sphygmographe avant l'intervention de la tension additionnelle, exprime l'intensité de la force avec laquelle le levier est soulevé, c'est-à-dire l'intensité de la force additionnelle elle-même en chaque point du tube. Or nous voyons que cette hauteur diminue sur chacune des lignes, à mesure qu'on s’éléve, en passant de 1 à 3. C’est là une preuve nouvelle de l’inégale répartition de la ten- sion sur toute la longueur du tube, et ce résultat concorde pleine- ment avee celui que nous ont donné les manomètres (fig. 8), en nous montrant, d’après les hauteurs des colonnes mercurielles, que les impulsions additionnelles se répartissent en décroissant du n° À au n° 3 (ce fait résulte de l’écartement plus grand des courbes aeta du côté de l’orifice d’entrée, fig. 8). Quant à la forme du sommet de la courbe, elle varie suivant la nature du mouvement du sphygmographe, c'est-à-dire suivant que l’élasticité a été plus ou moins efficace pour transformer l’im- pulsion de l’ondée. Si l’élasticité a très peu agi, la partie ascen- sionnelle, presque verticale, fera un angle très accusé avec la par- tie descendante oblique (comme cela se voit sur le tracé inférieur des figures 9, 410, 11); si, au contraire, l'élasticité a beaucoup modifiée l'impulsion, les deux courbes adossées du sommet don- neront l'apparence d'une ligne horizontale. Quant à la position du sommet de la courbe par rapport aux 362 J. MAREY. — RÉCHERCHES HYDRAULIQUES ligues verticales (qui servent à mesurer le temps), il est facile de voir que ce point se trouve d'autant plus éloigné du commen- cement de la pulsation, qu'on obsérve un tracé produit sur an point plus éloigné de Porifice d'entrée. Les sommets des courbes b b' b" sont situés sur des poiats d'autant plus éloignés, à cause de lobliquité même de la ligne d’ascension. On voit par 1à que les pulsations se font toutes en même temps pour leur début, mais que leur maximum est d'autant plus retardé, qu'on est plus loin de l'orifice d'entrée du tube. 4° De la période de déclin et de la nature du mouvement qui la produit. La descente du sphygmographe est constituée comme l’ascen- sion par un mouvement d'abord accéléré, puis diminué: mais comme ici, le mouvement se fait en sens inverse de ce qui se passait dans la première partie, il se traduit d’une manière in- verse. Pour avoir la même expression sphygmographique, il fau- drait retourner la figure, et tenir en bas le sammum de l'oscilla- tion. Dans la figure en position normale, le mouvement accéléré de descente sera représenté par tne ligne courbe, convexe en haut. La dernière moitié de la descente sera un mouvement dimi- nué, car l'écoulement qui en est la cause diminue avec la tension ; sa réprésen{ation graphique sera aussi l'inverse de celle du mou- vément diminué d’ascension:; on aura dans ce cas une courbe à concavité supérieure. 5° Fin de la pulsation. La période descendante de la pulsation peut finir de deux ma- nières différentes : ou bien la tension additionnelle s’éteindra complétement avant qu'une seconde impulsion n'arrive, où bien une seconde impulsion arrivera, avant que l'effet de la première se soit éteint. Dans le premier cas, la ligne des minima se trouvera sur l’ho- rizontale inférieure (comme cela se voil au commencement des figures 9, 40, 44). Dans le second cas, les minima se trouvent sur RÉ | SUR LA CIRCULATION DU SANG: 363 une ligne ascendante (a b, a'b', a” b", Hg. 10 et A1,, montrant ainsi que la moyenne de tension s'est élevée. Le sphygmographe peut servir à vérifier les lois données par le manomètre au sujet des tensions. En effet, nous avons vu que, dans le cas d'augmentation de la tension par accroissement de la fréquence des impulsions, l'accroissement porte surtout sur les points les plus rapprochés de l'orilice d'entrée (cela résulte de l'inspection des lignes « eta’, fig. 8 ; la ligne a! étant d'autant plus élevée au-dessus de 4, qu'on l'observera plus près de l’orifice d'entrée). Si, dans les expériences sphygmographiques, nous angmentons la tension en rendant les impulsions plus fréquentes (fig. 40), on voit que la ligne des mi- nima devient ascendante, et par conséquent que la tension moyenne augmente; mais on voil aussi que celle augmentation, très sensible sur le tracé du sphygmographe 4, va en décroissant jusqu’au troisième, ce qui montre bien que l’augmentalion de ten- sion, résultant de la plus grande fréquence des afflux, porte prin- cipalement sur les points rapprochés de l'arilice d'entrée du tube, Le manomètre nous a appris aussi que, dans le cas d’accrois- sement dans la tension par un plus grand obstacle à l'écoulement, l'augmentation porte surtout sur les points rapprochés de l'orifice d'écoulement (cela résulte, fig. 8, de l’élevation de la ligne b au- dessus de a, d'autant plus qu'on observe plus près de l’orifice d'écoulement). Si, dans les expériences sphygmographiques, sans rien changer à la fréquence des impulsions, on rend l'écoulement plus difficile, en plaçant à l’orifice de sortie un ajutage plus étroit (fig. 11), on voit que l’augmentation de tension, indiquée par l'ascension de ia ligne des minima a b, a'b', a"b", est d'autant plus grande, qu'on observe sur un tracé plus près de l’orifice de sortie. Enfin nous avons dit que les pulsations pouvaient êlre suppri- mées par une grande surface pariétale élastique située en amont du point observé, et nous expliquions ainsi la suppression du pouls par un anévrysme. Pour ne pas nous borner à cette consta- tation par le toucher, nous avons adapté au tube de notre appareil une ampoule de caoutchouc entre le premier et le deuxième sphyg- 36/4 3. MAREY. — RECHERCIES HYDRAULIQUES, ETC. mographe ; nous avons vu alors (fig. 12) que la pulsalion est tota- lement supprimée sur les tracés 2 et 3, formés en aval de l’am- poule À, et, de plus, que la pulsation est considérablement modifiée en amont, sur le tracé 1. En ce point, le levier n’est sou- levé qu'un instant très court par les maxima de tension. On con- coit, en effet, que, par suite de la présence de l’ampoule, l’ondée qui afflue n’a plus au-devant d'elle la même résistance qu'autrefois, et que, par le plus facile écoulement, elle ne doit plus exercer la même pression latérale pour dilater le tube. Celui-ci ne sera donc distendu que par les maxima de tension, comme cela se voit sur la ligne 4, et tout le reste du temps il retombera àla ligne de minima. Je n’insisterai pas davantage sur les modifications que les tracés sphygmographiques peuvent subir dans différentes conditions, ni sur l'utilité de bien connaître leur signification hydraulique, pour comprendre la signification clinique des tracés sphygmogra- phiques recueillis sur Fhomme dans diverses maladies, ce sera l'objet d'une étude à part, qui, déjà tentée en Allemagne, mé semble devoir être reprise dans des conditions toutes nouvelles. FRAGMENTS ANATOMIQUES QUELQUES ÉLATÉRIDES, Par M. Léon DUFOUR, Avant moi, Ramdohr avait fait connaître le canal digestif seu- lement de l’Agriotes sputator (A). J'ai publié dans mon Anatomie des Coléoptères (2) l'organisation viscérale des Élatérides suivants : Lacon murinus, Elater sanguineus, Agrioles gilvellus ; je vais y ajouter Ludius ferrugineus. Stein (3), dans un travail spécial sur les organes génitaux fe- melles des Insectes coléoptères, a décrit et figuré ces organes dans les suivants Élatérides : Ælater æneus, Diacanthus holosericeus, Athous hirtus, Ectinus aterrimus. C’est là, je crois, loat ce que le scalpel a révélé sur cette popu- leuse famille des Élatérides. Dans mon écrit actuel, je vais exposer, avec quelques détails comparatifs, l'appareil génital femelle du Sanguineus, et surtout un organe annexé à cetappareil, et dont les attributions physiolo- giques ont été diversement interprétées. Article Ier, — Ovaires. Chaque ovaire du Sanguineus, loin d’être bilobé comme celui du Murinus, consiste, ainsi que ceux du ferrugineus, du Gilvellus (4) Traité sur les organes digeslifs des insectes. Halle, 4844. (2) Ann. des sc. nat., 1824. (3) Je ne connais point encore l'ouvrage de Stein, qui date de 1847, mais je dois à l'obligeance de mon ami, M. Laboulbène, les calques relatifs aux organes femelles de la génération des Élatérides cités plus haut. 266 L. DUFOUR. — FRAGMENTS ANATOMIQUES et d’autres espèces, en un seul faisceau de gaînes ovigères. Sa forme s’accomode, pendant la vie, à la cavité abdominale, qu'il remplit plus ou moins suivant la période de sa gestation. On y comple une trentaine de gaines sexloculaires avec un ovulaire oblong conoïde. Chaque femelle du Sanguineus peut donc pondre environ 360 œufs ; ceux-ci à terme sont oblongs et blanchätres. Le calice de l'ovaire est cupuliforme, son col fort court, et on ne le rend sensible que par une traction en sens contraire. L'ovi- ducte, fort court aussi, s'implante au-dessous de la poche copula- trice. Les gaines ovigères du Murinus, du Ferrugineus et du Gilvel- lus, ne sont que bi- ou triloculaires, et leur nombre est d’un liers moins considérable que dans le Sanguineus. Qu'il me soit permis de mettre la nomenclature et la physiolo- gie de cel appareil génital en regard de celles de quelques auteurs modernes. El puisque les mots sont destinés à exprimer les choses, il convient, pour s'entendre, d'en fixer rigoureusement la valeur, et de la justifier tant par l’étude des organes que par celle des fonctions. Ma nomenclature date de 1824, et je n'ai pas cessé de la suivre depuis. Ainsi la dénomination de gaîne ovigère indique un tube, une gaîne conoïde renfermant les œufs dans leurs différents de- grés de développement. Elle peuvent être uni-, bi-, tri- ou mul- tiloculaires ; elles ont une conformité de fonction avec un utérus. Ce serait un utérus polydaetyle. Von Siebold les appelle des tubes ovariques, J'ai donné le nom d’ovulaire à un organe qui a peu fixé l’atten- lion des entomotomistes de l’époque. I n’est pas saisissable dans tous les insectes, mais il l’est parfaitement dans les Élatérides ; il précède la gaîne ovigère dont il fait partie. H ne paraît point tubu- leux comme celle-ei, où s'il renferme une cavité, je ne l'ai pas constatée ; il est, je crois, le réceptacle des germes des œufs ou des ovules. Ceux-ci, lors de l'acte copulatif, s'ébrantent, se déla- chent, et descendent dans les locules de la gaine pour s'y déve- lopper successivement et y devenir œufs à terme. À ines yeux, l'ovulaire a son analogue dans l'ovaire des Vertébrés. SUR QUELQUES ÉLATÉRIDES. 367 Le calice de l'ovaire à des fonctions bien déterminées ; il est destiné à recevoir et à conserver un certain temps les œufs à terme, jusqu'au moment de leur descente dans l’oviduete et de leur expulsion. Mais il existe entre le calice et l’oviduete un conduit, fort court dans les Élatérides, dont la connivence avec son congénère forme l’origme de l’oviducte : c’est le col du calice. H a sa conformité organique avec le co! de l'utérus des animaux supérieurs. Il y a sur ce point d'anatomie un désaccord synonymique fort singulier dans les auteurs : Stein désigne ces cols sous le nom, malheureu- sement inspiré, de trompes. Notez que ces cols terminent en arrière l'organe qui lient lieu de matrice, tandis que les trompes de Fal- lope, auxquelles Stein fait allusion, précèdent au contraire l’atérus dans les Vertébrés. Von Siebold, lui, faussant l’acception, appelle ces mèmes cols deux oviductes (Anat, comp., 1, p. G49). Avec tous les auteurs qui m'ont précédé et qui me suivent, j'ai nommé oviducte un conduil unique, destiné à transmettre hors du corps les œufs à maturité provenant des deux ovaires. C'est lui que Mal- pighi et Lyonet ont appelé le tronc des ovaires. L’oviducte est en même temps le vagin, el c’est encore une conformité organique avec les Vertébrés. Article IT. — Appareil spécial annexé aux ovaires. J'avais jadis (1824) décrit et figuré dans le Murinus et le Gil- vellus un petit appareil spécial, d’élégante composition, annexé aux ovaires, et dont les fonctions avaient laissé dans mon esprit inalaise et incertitude. A l'exemple de Malpighi et de Swammer- dam, j'avais qualifié cet appareil de glande sébifique. Je présurnais qu'au temps de la ponte des œufs ceux-ci pouvaient être enduits où isolément ou ensemble , par un produit de cette glande; je soup- çonnais méme que ce produit pourrait avoir quelque chose de sérifique. Depuis l'époque reculée de cette publication, j'ai plus et mieux étudié cet organe non-seulement dans d'autres espèces d'Élaté- rides, mais dans un grand nombre d'insecles où sa configuration varie à l'infini. 3068 L. DUFOUR, — FRAGMENTS ANATOMIQUES Je décrirai d’abord cet appareil dans le Sanguineus, où il pré- sente un type anatomique nettement caractérisé; j’exposerai en- suite celui d’autres Élatérides. Le Sanguineus vit à l’état de larve, comme à celui d'Insecte par- fuit, sous les écorces et dans le bois pourri du Pin. Mon ami Per- ris en a publié les métamorphoses avec ce tact observateur et cette habileté qui le caractérisent (4nn. Soc. ent., 1854). C’est en 1845 que je me livrai à cette dissection. Ce petit appareil est enchevêtré de trachéoles, de ramuscules nerveux el de sachets adipeux, qui en rendent les parties mutuelle- ment adhérentes, et plus ou moins agglomérées. La poche copulatrice, qui, dans la plupart des Coléoptères, est placée sur un côté de l’oviduete, est ici si largement assise, qu’elle semble recevoir l’oviduete. Ce dernier, ainsi qu'on peut le voir dans la figure, se confond avec lui, de manière que la verge et son armure doivent y entrer directement. Cetle poche se fait re- marquer par sa grandeur, sa forme et sa consistance calleuse et roide ; elle est allongée, eylindroïde, courbée sur elle-même, marquée à la convexité de sa courbure de deux séries longitudi- nales et parallèles de gros points bruns qui semblent tenir à la texture intérieure, et dénoter quelque chose de coriace ou de corné, La raison d'être de ces points demeure encore probléma- tique pour moi; ils correspondent, sans doute, sous des formes très différentes aux plaques cornées de Stein. La courbure de la poche copulatrice se termine en avant par un bout libre, où s'implante un organe que j'appelle provisoirement et par discrétion l’arbuseule, sans lui donner une épithète physio- logique. Cet arbuseule consiste en un faisceau de filets tubuleux subcapillaires, mais déprimés, rameux, à rameaux peu nombreux, tous d’un calibre uniforme et d'une texture homogène. La loupe y fait voir une pulpe blanche (blonde ou obscure au microscope) qui en suil toutes les ramifications, et qui partout est identique. Je n'ai point constaté la connivence de ces filets en une souche commune ; mais je crois à l'existence de celle-ci. I importe sur- tout d'établir comme un fait l'implantation de cet arbuseule au bout de la poche, et je la trouve réitérativement consignée dans les SUR QUELQUES ÉLATÉRIDES. 369 procès-verbaux de mes autopsies, ainsi que dans les croquis à l'appui. Mais indépendamment de ces organes, il existe dans le Sangui- neus, de chaque côté du trajet de l’oviducte ou de l’oviscapte (car je n'ai point rigoureusement déterminé ex visu ce mode de con- nexion), une longue bourse subclaviforme, c’est-à-dire insensible- ment renflée en massue avec un col d’une ténuité capillaire. Cette bourse a une conformité parfaite de structure avec les branches de l'arbuscule. Sa tunique est diaphane, et renferme une pulpe blanche identique à celle de ce dernier. Je vais maintenant rappeler, dans l'intérêt d’une étude compa- ralive, ce que le scalpel m'a permis de constater dans d’autres Élatérides sur cet organe accessoire. L'arbuscule du Lacon murinus est totalement différent du pré- cédent pour sa configuration, qui est d’une élégance recherchée. Malgré sa date de 1824, je reproduis ici la figure originale de tout l'appareil génital femelle. Cet arbuscule se compose de trois branches, dont les divisions dichotomiques offrent une dilatation axillaire triangulaire. Ces dilatations communiquent entre elles par deux filets tubuleux d’une finesse extrême, et les terminales ont ces filets flottants. L'intérieur des branches, tant des triangles que des filets, offre la même pulpe ou blanche, ou obscure, dont j'ai parlé dans le Sanguineus. Un coup d’æil sur la figure en dira plus qu'une minulieuse description. Les trois branches de cet arbuscule confluent à un conduit commun assez court, lequel s’abouche à une poche copulatrice obronde, de consistance calleuse, et de peu de capacité quand on la compare à celle du Sanguineus. La poche s'implante par un col court à la partie inférieure de l’origine de l’oviduete. On voit sur son disque un tube capillaire roulé sur lui-même en spirale, et à son bord antérieur quelques petits tubercules ou inégalités. L’arbuscule du Gilvellus ressemble par la ténuité de ses rameaux à celui du Sanguineus ; mais ces derniers sont moins nombreux I aboutit à un conduit capillaire, assez long pour se replier sur lui-même, et s'insérer pareillement à une poche copulatrice. Celle-ci est obronde, à parois épaisses, avec une tache circonscrite #° série. Zoo. T. VIIL. (Cahier n° 6.) 4 24 370 L. DUFOUR. — FRAGMENTS ANATOMIQUES brune, qui semble indiquer une texture cornée intérieure. Celte tache isolée rappelle Ja double série de points brunâtres du San- guineus, el je la vois désignée dans les figures de Stein sous le nom de plaque cornée. J'ai jadis décrit et figuré dans le Gilvellus une paire de bourses en massue incurvée, analogue à celle du Sanguineus, mais plus grosse, et dont les insertions se rapprochent de l’origine de l’ovi- ducte. Du reste, je me défie encore pour ces connexions de mon scalpel d'alors. Ces bourses ne m'ont point paru exister ni dans le ferrugineus, ni dans le murinus. Dans le Ludius ferrugineus, l’arbuscule a une configuration et une structure fort originales, mais qui, en définitive, témoignent d'uné conformité organique avec ce même appareil dans les Élaté- rides en général. ILse divise en rois grandes eéxpansions membra- niformes, blanches, irrégulièrement allongées, avec des filets marginaux, qui leur donnent l'aspect lacinié de certains fucus. Étudié à la loupe et au microscope, cet arbuscule présente entre ses deux lames ou tuniques celte pulpe blanche ou obscure dont j'ai déjà parlé. ; Les trois expansions sont confluentes en arrière, et là on voil naître brusquement un conduit assez long, subcapillaire, flexueux, qui va s’insérer à un Corps, faut-il dire à un réservoir ? profondé- ment bilobé. Les lobes de ce corps, dans leur état normal, sont adossés, contigus lun à l’autre ; e’est près du boul interne de l'un d'eux que s'implante le conduit subeapillaire dont je viens de parler. Les deux lobes confluent en arrière pour s’aboucher à une sorte de bourrelet circulaire simulant une articulation, et dépendant d’un co! gros et court qui se fixe à l’origine de l'oviduete. Comme je n’ai disséqué qu'un seul individu de ce rare Ludius, il ya déjà vingt-sept ans, je n'ai pas la prétention d’avoir, malgré une serapuleuse dissection, tout vu et bien vu. Les figures de Stcin, consacrées à l'appareil annexé aux ovaires des Élatérides, présentent des branches si confusément étalées, que je n'ai pas pu ou su saisir les rapports respectifs, les con- SUR QUELQUES ÉLATÉRIDES. 371 nexions des parties constitutives. Ces branches, dans les quatre espèces disséquées par l'auteur, ont de l’analogie pour la forme avec celles du Sanguineus, el ne ressemblent pas du tout avec celles du murimus et du ferrugineus. Voyons maintenant le jugement physiologique qu'il est permis de porter sur cet annexe des ovaires. En faisant l’aveu d’avoir jadis appelé glande sébifique l'ensemble de cet appareil, comprenant et la poche copulatrice et l'arbuseule, j'ai laissé entrevoir une con - vielion encore flottante. L’arbuseule serait pour Stein et von Siebold le réservoir sémi- nal (receplaculum seminis), et les auteurs se fondent sur l’exis- lence, après fécondalion, de spermatozoïdes dans l’intérieur des branches de l’arbuscule. J'ai grande confiance dans ces savants et habiles anatomisles; j'accepte ces spermatozéïdes comme un fait positif, et j'en comprends loue la valeur. Je consens done, toute- fois sous bénéfice d'inventaire, à substituer le nom de réservoir séminal à celui d'arbuscule; mais j'en laisse à ces auteurs la res- ponsabilité physiologique. Quand je considère le développement et la complication singu- lière de l’arbuseule du murinus, ainsi que l'identité de sa pulpe ineluse, je me sens peu porté à le croire un réservoir séminal, et je me laisse entrainer à ma vieille idée, qui est celle de Malpighi, d’un organe sécréleur, d’une glande, Mes doutes redoublent encore à l'aspect de ces longues bourses sinples, que j'ai dit s'insérer à l'oviduete du Sanguineus, et dont la palpe intérieure a la plus parfaite identité avec celle des branches de l’arbuscule. C'est peut-être ces bourses que von Siebold appelle glandes sébifiques. Et qui n'aurait pas l'idée d’un canal eæcréteur à la vue de ce conduit grêle et long qui, dans le ferrugineus, va S'implanter à l’un des lobes du corps, que j'ai appelé bilobé? Ce lobe où débouche ce canal ne mérite-t-il point le nom de réservoir, tandis que l’autre lobe pourrait bien être une poche copulatrice ? En résumé, le plus prudent est de suspendre une technologie définitive jusqu'à plus ample informé du scalpel. 372 L. DUFOUR. — FRAGMENTS ANATOMIQUES, ETC. EXPLICATION DES FIGURES. PLANCHE 8. (roues CES FIGURES SONT CONSIDÉRABLEMENT GROSSIES. Fig. 4. Appareil génital femelle de l’Elater sanguineus : a, un ovaire avec ses gaines ovigères; b, calice avec les œufs; c, cols de l'ovaire; d, oviducle; e, poche copulatrice ; f, arbuscule de l'organe annexé, réservoir séminal de Stein; gg, bourses allongées, claviformes de l'oviducte ou de l'oviscapte : h, portion de l'intestin ; ü, élui commun à l'oviscapte, à la poche copulatrice, à l'intestin; 7j, faisceaux musculaires coupés ; X, dernier segment dorsal de l'abdomen ; {!, plaque sous-jacente ciliée ; mm, tiges biarticulées de l'oviscapte exsertes forcément, avec le rectum entre elles; nn, tentacules vulvaires d'un seul article terminé par deux poils. Fig. 2. Gaine ovigère détachée, avec ses six locules : a, ovulaire avec son liga- ment propre. Fig. 3. Un œuf isolé. Fig. 4. Portion plus grossie de l’arbuscule avec sa pulpe incluse. Fig. 5. Une bourse claviforme détachée. Fig. 6. Appareil génital femelle du Ludius ferrugineus : a, gaines ovigères bilocu- laires et les ovulaires ; b, calice de l'ovaire ; c, col de l'ovaire ; d, oviducte ; e, arbuscule de l'organe annexé avec ses trois expansions membraniformes ; f, conduit excréteur de l'arbuscule ; g, réservoir bilobé, avec les lobes adossés, avec le bourrelet circulaire de son insertion à l'oviducte ; À, fourreau commun à l'oviducte, à l'oviscapte, à l'intestin ; à, dernier segment dorsal de l'abdo- men écarté de sa position; ÿ, deux muscles allongés coupés, fixés à une masse charnue basilaire ; k, filet noir corné, bordé de tissu musculaire et fixé au dernier segment abdominal ; !, pièces de l’oviscapte terminées par les deux tentacules vulvaires lancéolés ; m, portion d'intestin. Fig. 7. Portion isolée de l'organe annexé aux ovaires : «, portion de la conni- vence des trois expansions membraniformes de l'arbuscule ; b, conduit excré- teur; e, réservoir formé par l’un des lobes du corps bilobé; d, l'autre lobe, pris pour la poche copulatrice; e, portion du col de celle-ci. Fig. 8. Appareil génital femelle du Lacon murinus : a, un ovaire bilobé ou à deux faisseaux ; b, le col coupé de l’autre ovaire; c, arbuscule de l'organe annexé à l'ovaire; d, oviducte ; e, portion intestinale ; f, dernière plaque dor- sale; g, ligament suspenseur de l'ovaire; A, poche copulatrice avec un filet spiroïde; ü, peut-être les corps analogues aux bourses claviformes du Sangui- neus ; k, ovulaires ; L, tentacnles vulvaires. Fig. 9, Portion encore plus grossie de l'arbuscule. NOTE SUR LE MELANDRYA SERRATA, PAR M. LÉON DUFOUR, Le Melandrya est un Coléoplère hétéromère, que Latreille avait jeté pêle-mêle dans sa famille des Ténébrionites, et que plus tard on en a séparé, avec raison, pour le colloquer dans celle des Serropalpes. Il n’est pas commun dans nos contrées ; on le tronve parfois sur les vieux aunes ; c’est dans les troncs pourris de cet arbre que vit sa larve. Je n’ai encore eu occasion de soumettre au scalpel qu'un seul individu, et c'était une femelle au mois d’avril 1839. Les trachées sont toutes tubulaires ou élastiques. Appareil digestif. J'ai constaté bien positivement l'existence de glandes salivaires, consistant pour chaque côté en un vaisseau simple d’une ténuité capillaire, subdiaphane, flexueux, atteignant le métathorax. Le canal de la digestion a deux fois la longueur du corps de l'insecte. L'œsophage est d’une excessive brièveté. Le ventricule chyli- fique est cylindroïde, presque droit, parfaitement lisse à l’extérieur. Il se prolonge jusque vers le milieu de la cavité abdominale. L’in- testin est filiforme, flexueux. Le cæcum, qui s’en distingue par une légère coarctation, est oblong, brusquement distinct d’un rectum cylindrique qui légale en longueur. Ainsi que dans le plus grand nombre des Hétéromérés, les vaisseaux hépatiques sont au nombre de six, à insertions ventri- culaires et cæcales. Atténués et incolores vers celles-ci, ils gros- sissent ensuite, et prennent une teinte jaune. Les insertions cæcales ont lieu par deux conduits isolés, formés chacun de trois vaisseaux, et implantés séparément à l’origine inférieure du cæcum. 570 L. DUFOUR, — FRAGMENTS ANATOMIQUES Appareil génital femelle. Les ovaires sont fort gros, vu l’exiguité de l'Insecte; ils se composent d'une quantité innombrable de gaînes ovigères multi- loculaires. Le calice et le col sont courts. L'oviducte, dont on ne saurait apprécier la véritable longueur qu'en le dégageant de l'étui parcheminé qui Jui est commun avec le rectum, a assez détendue. I présente vers son milieu, d'un côté, et c’est le côté gauche, une poche copulatrice ovalaire sessile; de l’autre côté, une bourse oblongue manie d'un col, et qui appartient sans doute à la glande sébifique. Les œufs sont oblongs et blancs. NOTE SUR LE CEBRIO CARRENOI. Latreille avait compris le genre Cebri dns la famille des Mala- codermes. Depuis lui, des entomologistes mieux ravisés ont créé pour ce groupe une famille spéciale, celle des Cébrionides. Les Cebrio forment en réalité un groupe en dehors des Malacodermes ; ils se rapprochent plutôt des Élatérides. M. Lefébure de Cerisy a le prémier découvert la larve singu- lière du Cebrio gigas, larve allongée, qui a des traits de ressem - blance avec celles des Elater, mais dont elle diffère par d’autres caractères. M. Guérin-Méneville a donné de la publicité à cette découverte, tandis que MM. Chapuis et Candéze en ont fait con- naître la description et liconographie dans leur excellent livre sur les larves des Coléoptères. Le Cebrio Carrenoi a été acquis à la science par mon ami le professeur Graells (de Madrid), qui en a publié et figuré les deux sexes dans les Annales de la Société entomologique, 2° série, tome IX. C’est en juillet 1854 que j'ai soumis au scalpel {rois individus iwèles de cette espèce pris aux environs de Madrid, et disséqués à celle époque. SUR LE CEBRIO CARRENOI. 379 Je ne me dissimule nullement le besoin de nouvelles autopsies; mais dans la prévision du contrôle, je ne balance point à mettre au jour mes recherches, quelque imparfaites et fragmentaires qu'elles soient. Les trachées sont toutes lubulaires ou élastiques. Le systéme nerveux a trois ganglions thoraciques et six abdominaux, dont le dernier est du double plus grand que les autres. Appareil digestif. I ressemble plus à celui du Telephorus qu’à celui des £later. Le tube alimentaire a deux fois environ la longueur du corps de l'insecte. L'æsophage est court et fin, sans aucune apparence de jabot ni de gésier. Le ventricule chylifique est à peu près droit, cylindroïde, uni, lisse, sans échancrure à son origine. L'intestin a une ténuité capillaire telle qu'on peut le confondre avec un vais- seau biliaire; 1 est reployé en une anse. Le cœæcum n’en est point distinct par une contraclure, mais seulement par un plus grand diamètre. Le rectum qui le suit est grêle. Il n'existe que quatre vaisseaux hépatiques à bouts libres comme dans le T'elephorus, et non en forme de deux grandes anses comme dans les Ælater. Je n'ai rien {trouvé dans les contenta du canal digestif qui püt indiquer l'espèce de nourriture que prend le Cebrio. Appareil génital mâle. A l’époque où j'ai disséqué les trois individus mâles du Cebrio Carrenoi, isse trouvaient dans une condition remarquable de tur- gescence séminale peu favorable à l'isolement des organes consti- tutifs, qui se trouvaient par ce fait tellement confondus et agglo- mérés, que le moindre contact de la pince les crevait, et dérangeait toutes les positions respectives. Les testicules, précisément à cause de leur lurgescence et de leur tendreté, ont éludé, quant à leur composition positive, mon 376 L. DUFOUR, — FRAGMENTS ANATOMIQUES, ETC. scalpel et mes veux; ils m'ont semblé formés par deux pelotons de capsules spermifiques slobuleuses ; c’est tout ce que je puis en dire. J'ai constaté, comme d'ordinaire, deux paires de vésicules sémi- nales : l’une, la principale, plus grosse, plus courte, plus blanche, en forme de massue courbée en crosse à son gros bout; l’autre, plus ou moins déjetée en arrière, est d’abord renflée, courbée. puis s’atténue en une extrémité filiforme. Le canal éjaculateur est blane, assez gros, cylindroïde, de médiocre longueur. Le fourreau de la verge est allongé, brun-marron, déprimé, obtus, et comme tronqué en arrière. (La suile de ces fragments paraîtra dans le prochain cahier. R.) DES ALTÉRATIONS QUE LES MOLLUSQUES LAMELLIBRANCHES ET GASTÉROPODES OPÈRENT PENDANT LEUR VIE SUR LES COQUILLES QU'ILS HABITENT, Par M. Marcel DE SERRES. Professeur à la Faculté des sciences de Montpellier, Plusieurs Mollusques lamellibranches des eaux douces et marines, ainsi que des Gastéropodes des mêmes stations, ou qui habitent les terres sèches et découvertes, présentent presque constamment leurs nates usés, ou les premiers tours de leurs coquilles entamés ou manquant entièrement. En observant la constance de ces effets, on se demande à quelle cause on doit les attribuer, et quels avantages les animaux qui habitent ces coquilles peuvent en retirer. La plupart des Mollusques lamellibranches ont en effet leurs nates plus ou moins usés, ainsi qu'une partie de leur test, surtout les parties les plus saillantes de leurs coquilles. Ces habitudes communes chez les Unio, les Anodontes, les Irridines, les Hyries, les Galathées, les Castalies, les Cyrènes et les Cyclades, le sont du reste sur presque tous les genres des mêmes stations. Il en est du moins ainsi des Anodontes du Brésil, des Fleuves de la Confédération argentine, des Irridines de la Chine, ainsi que des diffé- rentes espèces d'Unio des régions tempérées. Ces habitudes sont telle- ment générales dans les Mollusques fluviatiles ou lacustres, que les Alas- mondontes, malgré la grandeur de leurs appendices, n’en offrent pas moins leurs nates usés, comme les autres genres fluviatiles. Ces appen- dices sont si fortement liés l’un à l’autre, que souvent on ne peut séparer les valves, dont ils sont le prolongement, qu’en les brisant, et parfois d’une manière complète. Quant aux genres qui ont leur test épais, comme les Galathées, l’usure porte principalement sur les crochets saillants des nates. Ces habitudes ne sont pas particulières aux Bivalves des eaux douces; elles sont également communes aux Mollusques lamellibranches qui habi- tent le sein des mers. On peut citer parmi les genres des eaux salées qui 378 M. DE SERRES. — ALTÉRATIONS DES COQUILLES en présentent des exemples ceux qui vivent auprès de l'embouchure des fleuves ; tels sont les Hytilus, les Modiola, les Ostrea,les Etheria et les Arca. Quoique les Dreissena ne vivent pas à l'embouchure des fleuves, même celles qui n’ont jamais quitté le bassin des mers, elles n’usent pas moins leurs nates comme les autres genres que nous avons cités. Il est également d’autres Mollusques lamellibranches qui ne se bornent pas à entamer leurs nates, mais, qui ont aussi l'habitude de détruire, du moins en partie, le drap marin qui les recouvre ; tels sont les Solen Ca- ribœus, Candidus, Vagina et quelques autres espèces. Nous signalerons d’une manière particulière une coquille du même génre, mais d’une plus grande dimension que les premières, et qui habite les côtes du Sénégal ; du moins, tous les individus que nous en avons observés offraient ce double caractère. L’Zsocardia cor paraît avoir des mœurs analogues ; du moins, le som- met de ses nates est souvent dépourvu d’épiderme. On ne voit guère parmi les espèces des genres Venus et Cytherea que la Cytherea corbi- cula de la Guadeloupe qui offre les mêmes particularités. Il en est de même des Capsa lœvigata, des Mactra gigantea, helvacea, et d’une espèce du même genre que nous avons reçue de Montevidéo (Amérique du Sud). La Lulraria compressa, qui vit dans la Méditerranée et les étangs salés qui en sont rapprochés, peut être mentionnée sous les mêmes rap- ports. Telle est encore la Cypricardia islandicoïdea qui habite auprès de l'embouchure dés fleuves, et dont les habitudes sont les mêmes que celles des Lamellibranches fluviatiles. On est peu surpris dé voir cette Cyprine se dépouiller de son drap ma- rin, lorsqu'on porte son attention sur les diverses espèces d’Éthéries qui en sont souvent privées, surtout auprès de leurs nates. Il est plus difficile de comprendre les avantages que les Mollusques la- mellibranches peuvent retirer des altérations qu'ils font éprouver à leurs coquilles, que ceux que peuvent en obtenir les Gastéropodes fluviatiles où marins ; en effet, chez les Gastéropodes, ces altérations sont la suite de leur accroissement qui leur fait abandonner les premiers tours de leurs coquilles. Il faut bien qu’ils les quittent, puisque ces tours ne peuvent plus les contenir. (1) Lorsque ces nates sont très saillants et formés par des crochels plus où moins recourbés, comme chez les Galathées , ces parties sont le plus profondé- ment attaquées, par suite probablement du frottement et de l'usure qu'elles ont éprouvées. DES MOLLUSQUES LAMELLIPRANCHES, 379 Ces parties, ainsi abandonnées et privées de vie, sont facilement atta- quées par les agents extérieurs, ou le frottement, que les animaux qui les habitaient dans leur jeune âge leur font éprouver, contre des corps plus durs; aussi les voit-on s’exfolier avec une assez grande promptitude, et se séparer des coquilles qu’elles composaient primitivement. Les Mollusques lamellibranches ne délaissent jamais leurs coquilles dans l’intérieur desquelles ils habitent, même lorsqu'ils les ont compléte - ment altérées ; ce n’est donc pas pour les mêmes motifs, ni pour le même but, qu'ils leur font éprouver les diverses altérations dont nous avons parlé. Le font-ils pour rendre leurs demeures plus légères? On pourrait le présumer, d’après cette circonstance, que les espèces, chez lesquelles ces habitudes sont les plus communes, vivent constamment dans les eaux douces, tandis qu’elles sont rares chez les espèces qui habitent les eaux salées. La densité plus grande de ces dernières eaux a peut-être quelque influence sur ce phénomène. Il est du reste positif que l’âge en exerce une sensible : du moins on ne voit guère de pareilles altérations chez les Mollusques lamellibranches ou les Gastéropodes qui sont encore dans le jeune âge ; elles ne se pré- sentent jamais que chez les Mollusques de ces différents ordres parvenus à l’âge adulte. Les Gastéropodes d’eau douce, et même quelques genres‘marins, pré- sentent des faits analogues ; ils sont toutefois plus communs chez les pre- miers. Ces habitudes sont en effet à peu près générales chez les Paludines, les Pirènes, les Mélanies, les Mélanopsides, les Ampullaries, les Navicelles -etles Nérilines, tons genres fluviatiles où lacustres. La plupart des espèces de ces genres perdent les premiers tours de leurs coquilles, coquilles qui sont néanmoins allérées dans différentes parties dé ces mêmes tours. Les Ampullaria rugosa et Guyanensis peuvent être citées comme des exemples remarquables de ces faits, ainsi que plusieurs espèces de Pi- rena, de Melania el de Paludina. Nous avons sous les veux quelques individus de la Paludina olivacea de Madagascar, qui nous montrent à quel point s’altèrent les coquilles des Mollusques fuviatiles. Ces individus ont perdu la plus gfande partie de leurs tours ; il n’en resle plus en effet que trois. Les premiers qui, sans doute, avaient été abandonnés ont été détruits par l’action des milieux extérieurs où par un frottement irrégulier. La cause destructrice a agi cir- culairéement à l'axe, mais non parallèlement à cel axe. Les cassures qui en ont été le résultat, aussi bien celles qui existent sur les premiers tours 380 M. f. SERRES, — ALTÉRATIONS DES COQUILLES que sur les côtés de la spire, sont plus profondes et plus ou moins irré- gulières ; elles ont produit de petites cavités qui, présentant sur leurs bords des portions saillantes, les séparent les unes des autres. Les parties de la coquille, ainsi entamées et comme rongées, sont recouvertes de leur épi- derme noirâtre, dont les nuances sombres contrastent fortement avec les teintes blanchâtres des parties usées on brisées. Ces particularités sont beaucoup plus rares chez les Gastéropodes ma- rins; on en voit pourtant quelques traces chez les genres qui vivent auprès de l'embouchure des fleuves, tels que les Cerithium. Les Cerithium radula, granulatum et palustre nous fournissent des exemples de ces faits ; ils sont moins frappants chez les genres plus décidément marins, et qui s’approchent beaucoup moins des côtes , tels que les T'urbinella, les Murex, les Triton et les espèces pélagiques des Cerithium. Cette circonstance prouve que la distinction des Cérites en deux genres principaux, les Potamides et les Cérites proprement dites, n’est pas une distinction purement géologique, puisqu'on pourrait l’établir sur des con- ditions et des caractères propres aux coquilles elles-mêmes et aux ani- maux qui les habitent. On peut également citer parmi les Gastéropodes marins de l’ancien monde qui usent les premiers tours de leur spire, ainsi que les bords sail - lants de ces mêmes tours, la Pyrula suleata de Grateloup ou Pyrula Laïnei de Basterot, espèce fossile de Saucatz dans les environs de Bor- deaux. Si les altérations que nous venons d’étudier étaient l’œuvre des espèces parasites vivant sur les coquilles des Mollusques lamellibranches ou Gasté- ropodes, on devrait les rencontrer sur certaines d’entre elles. Cependant, malgré le grand nombre d'individus altérés que nous avons eu l’occasion d'observer, nous n’en avons jamais aperçu la moindre trace. D’un autre côté, ces coquilles devraient être surtout entamées dans le jeune âge, où leur test peu solide résisterait moins aux attaques dont il pourrait être l'objet. Il en est cependant tout le contraire; les coquilles des genres fluviatiles que nous avons signalés n’ont guère leurs premiers tours usés, et les autres plus ou moins attaqués que dans un âge avancé. Nous possédons une grande quantité d'individus de Gastéropodes fluvia- tiles ou lacustres, dont le test est attaqué. Il n’en est pas un seul qui soit dans le jeune âge. Ainsi la Paludina olivacea, l'une des plus grandes espèces du genre, est d’une intégrité parfaite dans les jeunes individus. Les coquilles tout à fait adultes sont au contraire profondément allérées DES MOLLUSQUES LAMELLIBRANCHES. 381 non-seulement perpendiculairement à l’axe, mais encore sur les côtés des tours de la spire (1). On conçoit facilement le motif qui porte quelques Gastéropodes ter- restres à abandonner les premiers tours de leurs coquilles, puisqu'ils ne peuvent plus s’y loger par suite de leur accroissement. Aussi ces tours cassés d’une manière régulière, parallèlement à l’axe de la coquille, sont constamment terminés par une surface plane. Il n’en est pas ainsi chez les genres fluviatiles; ceux-ci usent leurs derniers tours, et ne les ahandon- nent que lorsqu'ils les ont brisés d’une manière plus ou moins complète. On peut citer parmi les Mollusques terrestres qui ont de pareilles habi- tudes le Bulimus decollatus et la plupart des espèces du genre Cylin- drella. I en est de même encore des Clausilia retusa et torticollis de Lamarck. Nous avons reçu de la Guadeloupe un Cyclostoma sous le nom de Guadelupensis de Pfeifer, qui offre les mêmes particularités. Elles ne sont pas bornées comme on pourrait le supposer aux Gastéro- podes terrestres; elles sont également propres à plusieurs espèces ma- rines. Le Cerithium decollatum nous en fournit un exemple remarquable, que Lamarck a signalé dans son Histoire des animaux sans ver- tèbres (2). Ces habitudes, quelque singulières qu’elles puissent paraître, n’en ont pas moins été le partage de quelques Céphalopodes des temps géologiques, particulièrement des genres T'urrilites, Hamites, Ancyloceras, Taæxa- coceras et Crioceras. Ce qui est certain, c’est que les premiers tours des coquilles construites par ces Mollusques sont presque constamment brisés et usés, surtout chez les genres à forme pyramidale et turriculée. En exa- minant les coquilles de ces dermers, on s'aperçoit bientôt que les tours ont été cassés avec une certaine régularité dans le sens de l’axe et parallèle- ment à cet axe, absolument comme celles des Gastéropodes fluviatiles des temps actuels, particulièrement par les Pirena et Paludina. Nous avons détaché plusieurs individus du T'urrilites costatus de la gangue dans laquelle ils étaient logés, et nous avons reconnu qu’elles avaient été brisées dans le même sens que celles qui se trouvaient isolées. Ces cassures avaient dû, dès lors, être faites par l'animal même des T'urrilites, avant que leurs coquilles eussent été saisies par la gangue qui les enveloppait. (1) L'usure de cette coquille, dans le sens de l'axe, est quelquefois si grande, qu'elle a formé au centre du dernier des tours qui existe, une cavité de quelques millimètres de profondeur. (2) Hist. des anim, sans vertéb,, de Lamarck, 1, VI. .—— '“ as. à cd ds. 382 M. DE SERRES. — AUTÉRATIONS DES COQUILLES, ETC. Il est plus difficile d’être certain que de pareilles habitudes ont été com- munes aux Âamites. Leurs coquilles compostes de tours cylindriques, grossissant graduellement, sont parfois brisées à leurs deux extrémités, et leur cassure est parallèle à l’axe. Lorsque l’une de ces cassures est oblique, et l’autre dans le sens de l’axe, on peut très bien supposer que la pre- mière a été due à une cause fortuite, et que la seconde a été l’effet de l'accroissement du Mollusque forcé d'abandonner les premiers tours de sa coquille, à peu près comme les Bulines, les Cylindrelles, et quelques autres Gastéropodes. Il en est à peu près de même des genres Ancyloceras, Crioceras et T'axacoceras, qui offrent parfois des exemples de ces doubles cassures. Nous en avons observé de très tranchées chez les Ancyloceras Puzosia- nus etCrocera Duvalii. De pareilles difficultés ne se présentent pas chez les coquilles turriculées fossiles, el encore moins chez les espèces vivantes des genres Pirena, Patudina, Melania et Melanopsia, dont les pre- miers tours manquent assez généralement. En résumé, un assez grand nombre de coquilles de Mollusques fluvia- tiles et lacustres ont leurs nates plus ou moins usés, ainsi que quelques espèces marines. Ces altérations paraissent dues à un frottement exercé par les animaux eux-mêmes pendant leur vie. Quant aux Gastéropodes fluviatiles marins ou terrestres, dont les co- quilles se montrent généralement altérées, ces altérations tiennent prineï- palement à l'abandon que ces animaux font des premiers tours de leurs coquilles. Ces portions, qui w’appartiennent plus en quelque sorte aux Mollusques qui les avaient construites, ne participent plus à la vie générale des coquilles; elles sont par cela même facilement attaquées par les agents extérieurs, et peut-être aussi par le frottement. Elles se désagrégent alors d'autant plus facilement, que leur abandon est plus complet. Ce genre de modification se borne chez les Gastéropodes terrestres, et un petit nombre d’espèces marines, à la perte des premiers tours de la spire. Devenues inutiles aux Mollusques adultes, ces portions s’exfolient bientôt, et se détachent des coquilles dont elles faisaient naguère partie. L'âge exerce en effet une grande influence sur ces altérations qui ne sont jamais profondes et considérables, que lorsque les Mollusques ont acquis leur entier développement. Le phénomène que nous venons d'étudier est non-seulement propreaux Mollusques lamellibranches et gastéropodes de notre inonde, mais il a également caractérisé les mêmes animaux des temps géologiques. FIN DU HUITIÈME VOLUME, . TABLE DES ARTICLES CONTENUS DANS CE VOLUME. ANIMAUX VERTÉBRÉS. Du rôle des principaux éléments du sang dans l'absorption ou l'évolution des gaz dans la respiration, par M. Ferxer. Recherches hydrauliques sur la cireulation du sang, par ui. M AREY. Nouvelles considérations des membres pelviens et thoraciques chez l'homme.et chez les mammifères, déduile de la torsion de l'humérus, par M. Manrins. . :, : Études sur les Gymnodontes, et en Eos sur lès oMEdOSS et sur les indications qu'elle peut fournir pour Jeur classification ANIMAUX INVERTÉBRÉS. Du cerveau des Dytisques, considéré dans ses rapports avec la locomo- tion, par M. Faivre Fragments anatomiques : Sur tappareit digestif e el 16 ovaires sr Neo ptera lusitanica, par M. L. Durour. — Sur le système nerveux des Brachydères. . . — Sur quelques Élatérides . . . . . . . . — Sur le‘Melandrya sérrala. — Sur le Cebrio carrenoi. … . : à g Études anatomiques et phy ee sur un Diisre PE nt de Ja chenille du Sphiax euphorbiæ et sur ses métamorphoses, par OM. BantHéLEmy. . . Eu e : Histoire de l'organisation et du dév Fe Dentale, Er nr Dormens (Suite et fin). . 4 Des altérations que les Are Aa EE cn opèrent pendant leur vie sur les coquilles qu'ils habitent, par Mancez pe Serres. Note sur la reproduction des Infusoires, par MM. Cuaranèoe et Lacumann. 1 m3 C3 TABLE DES MATIÈRES PAR NOMS D'AUTEURS. Barruëceuy. — Études anatomi- ques sur un Diptère tachi- naire, parasite de la chenille du Sphinx euphorbiæ et sur ses métamorphoses. CLAPARÈDE el LACHMANN. — Note sur la reproduction des Infu- soires. Durour (Léon). — Fragments en- tomologiques : Sur l'appareil digestif et les ovaires du Ne- moptera lusitania . — Sur le système nerveux : des Brachydères . . — Sur quelques Élatérides. — Sur le Melandrya serrata. — Sur le Cebrio carrenoi. . Favre. — Du cerveau des Dy- tisques, considéré dans ses rapports avec la locomotion. Fenner. — Du rôle des prin- cipaux éléments du sang dans l'absorption ou le déga- aa gement des gaz dans la res- piration. Hozano. — Études sur les Gym- nodontes, et en particulier sur leur ostéologie et sur les indi- cations qu'elle peut fournir pour leur classification. . . Lacaze-Duruirrs. — Histoire de l'organisation et du dévelop- pement du Dentale (Suite). . Lacumanx (voyez Claparède). Mancez DE Serres. — Sur les altérations des coquilles des Mollusques lamellibranches et Gastéropodes. Marey. — Recherches hydrau- liques sur la circulation du sang. . Marne, — Nouvelle comparai- son des membres pelviens et thoraciques chez l'homme et chez les mammifères, déduite de la torsion de l'humérus. 329 35 TABLE DES PLANCHES RELATIVES AUX MÉMOIRES CONTENUS DANS CE VOLUME. 1. Anatomie du Nemoptera lusitanica et des Brachydères. 2, 3. Comparaison des membres. 4. Appareil pour le dégagement et l'absorption des gaz par les solutions salines et le sang. 5, 6. Organisation des Gymnodontes. 7. Expériences sur la circulation. 8. Appareil génital des Élatérides. FIN DE LA TABLE. Zools Tome 8. EL 1. ss = & À omie du Wemoptera lusutantea et des Drakyderes lusilanreus. WAémond np. r Victlle Hitrapude, 1$. farts. dec Zool. Tome 8. PL 2. Comparaison des membres. NAcmond imp r Vislle Ænurepade. 15. Paris 4 SO on Éd ES SG Se a à Ann des Seienc. nat. 4° Jerte. LL Zool. Tome 8. PL. 3. Comparæson des memôêres . # Aémond impr Ville Enrapaie 15 Paris Annales a les Jetche. nat. 4°Serte al UE Zool. Tome 8. PL. 3 < Poparuds pour le Cjagement ee l'abeghtion des qu. fur les selulions Alone) far le. 2/4 4 ; 7 < L du “ Aanales des, rat. j Serie. À Zool. Time 8. PL. 5 Orgarisalion des Cynnodontes. VAément imp. r. Pieille Kstrapuuta 15 luris Zool. Tome 8. PL, 6. Cyrro donles . #Aémend imp r. Valle Eitrapade.15, l'aris. o Ÿ S Ÿ Le Ÿ à $ s des Se. nat. Serie, des Jerenc. nat. 4° Serie. Zool. Tome 8. PL 7 NV PETITE dJeben se Lapériences sur la trculation . F4 #émend impr. Vieilla-Ænrapute, 15, Paris Ann-dar Jane nat. 4° Serie. cn PRE EX } Appareil génital des Llatérides. À fémend impr. Hieslle-Estrapade, 2 Pari ë . rs 55,