D APE PER SRE ER RE AT OONCL DER ER ee ee ALES ELU Fees de: Ë L! ‘ ANNALES SCIENCES NATURELLES. SECONDE SÉRIB. TOME IX. IMPRIMÉ CHEZ PAUL RENOUARD, RUE GARANCIÈRE, N. D. $ NATURELLES COMPRENANT LA ZOOLOGIE, LA BOTANIQUE, L’ANATOMIE ET.LA PHYSIOLOGIE COMPARÉES DES DEUX RÈGNES, ET L’HISTOIRE DES CORPS ORGANISÉS FOSSILES ; RÉDIGÉES POUR LA ZOOLOGIE PAR MM. AUDOUIN ET MILNE EDWARDS, ET POUR LA BOTANIQUE PAR MM. AD. BRONGNIART ET GUILLEMIN. Geconde Bérie, | TOME NEUVIÈME. — BOTANIQUE. PARIS. | CROCHARD & C*, LIBRAIRES-ÉDITEURS, PLACE DE L'ÉCOLE=DE-MÉDECINE ; N. 13. 1835. ANNALES DES s SCIENCES NATURELLES. PARTIE BOTANIQUE. 20:079)2°20601050 09219 10789100218 :0080m:9102202:802 PEL LB: LEZ LIN LIL) 1,1.) OBSERVATIONS sur la circulation des fluides chez le CHara FRAGILIS Desvaux (1), Par M. DurrocHer, Membre de l'Académie des Sciences, (Lues à l’Académie des Sciences le 4 décembre 1837.) 6. 1 Exposé historique. La découverte de la circulation qui existe dans les Chara est déjà ancienne; elle appartient, comme on le sait, à Cortiet re- monte à l’année 1774 (2). Ce physicien fit sur les Chara béaucoup d'observations et d'expériences. A peine cette découverte eut-elle été annoncée qu’un autre observateur italien, Fontana (3), s'em- (1) Dans les extraits de ce mémoire qui ont été précédemment publiés, cette plante, par inadvertance , a été désignée sous le nom de Chara flexilis. (2) Osservazioni microscopiche sulla tremella e sulla circolazione del fluid à in una pianta aquajola. | (3) Lettre à M, **?, publiée en francais daps le Journal de Physique ; en 1776, tom, vit, pags 285, 6 DUTROCHET. — Sur la circulation dans les Chara. pressa de répéter les observations de Corti. Ce dernier publia, peu de temps après, de nouvelles observations sur une circu- lation analogueà celle des Chara et qu’il avait observéeidans une planteaquatique qu'il ne désigna que d’une manière imparfaite (x),°et'que lon a reconnue depuis pour être le Caulinia fra- gilis. Dans son premier ouvrage, Corti ne s'était pas borné à faire des recherches sur la circulation des fluides chez les Chara; il avait recherché et trouvé une circulation analogue à celle que présentent ces dernières plantes, chez trente autres plantes tant aquatiques que terrestres qu'il ne désigne que fort imparfaite- ment,ouseulement-par leurs nomsitaliens vulgaires ; parmi elles, j'ai pu reconnaitre la Courge (Cucurbita Pepo), le Concombre (Cucumis sativus), la Mercuriale (Wercurialis annua), la Con- soude (Symphytum officinale), le Radis (Raphanus sativus), la Tomate (Solanum Lycopersicum), le Froment( Triticum hyber- num) et l'Épeautre (Triticum Spelta). Ces curieuses observations furent négligées par les naturalistes jusqu’en 1807, époque à laquelle Tréviranus observa de nouveau la circulation qui a lieu chez le Chara flexilis (2), mais il n'ajouta rien à ce qu’avaient dit à ce sujet Corti et Fontana dont il igno- rait les observations. En 1818, M. Amici publia ses observations sur la circulation chez le Chara vulgaris (3), et je dois dire ici que ses recherches à cet égard, qui seront exposées plus bas, ne laissent rien à desirer quant à leur exactitude. Plus tard, M. Amici étendit ses recherches au Caulinia fragilis (4) qui avait été étudié par Corti dont il confirma les observations; il étudia aussi la circulation chez le Chara flexilis. Dans ces derniers temps, de nouvelles recherches ont été faites chez d’autres (x) Lettre au comte Paradisi , publiée en français dans le Journal de Physique , en 1776, tome vzir. * (2) Beytrage zur pflanzenphysiologie , s. gr. (3) Memorie della societa italiana delle scienze residente in Modena , tom. xvVIIT, pag. 182. La traduction française de ce travail se trouve dans les Annales de chimie et de physique, tom. xHIT. (4) Observations microscopiques sur diverses espèces de plantes dans les Annales des sciences naturelles , 1824 , tom. 11, pag. 41. DUTROCHET. — Sur la circulation dans les Chara. 7 plantes sur ce même phénomène de circulation végétale par di- vers observateurs. Je citerai ici particulièrement les observations de Slack (1) sur la circulation des fluides chez le Nitella flexilis (Chara flexilis L.) et l'Hydrocharis Morsus-ranæ; les observa- tions de Pouchet (2) sur les globules circulatoires du Zanni- chellia palustris ; celles, enfin, de Meyen (3) sur la circulation du suc cellulaire dans les plantes. Ce dernier a vu cette circula- tion chez le ’allisneria, le Stratiotes et le Potamogeton. Il la vue également dans les poils radicaux de l’?mpatiens Balsamina, du Z'icia Faba, de l’?pomæa cœrulea, du Cucurbita Pepo, du Cucurnis sativus , du Veronica Crista galli et du Ranunculus sceleratus. Bien du temps auparavant, R. Brown avait décou- vert cette même circulation dans les poils staminaux des Tra- desvantia. Toutes les circulations dont il vient d’être question sont bien différentes de celle qui a été découverte par Schultz chez les vé- gétaux , et qui meut leur latex. Dans cette dernière circulation, à laquelle Schultz donne le nom de cyclose, le liquide se meut dans des vaisseaux anastomosés les uns avec les autres, et de telle sorte qu'il accomplit un circuit en revenant dans celui deces vaisseaux que l’on aura pris pour point de départ dans l’obser- vation. Dans la circulation qui s’observe chez les Chara et chez les autres plantes dont il vient d’être question, le mouvement rotatoire du liquide s’accomplit dans une cavité close, tube ou cellule, marchant le long des parois de cette cavité jusqu’à ce qu'il soit revenu au point que l observateur a pris pour point de départ. $. 2. Organisation du Chara fragilis. Tous les Chara offrent des tiges grèles dont les mérithalles (x) Transactions of the society of arts, manufactures, commerce , etc. , vol. 49. La traduction française de ce travail se trouve dans les Annales des sciences naturelles, 2e série, tom. 1, pag. 193 et 271. : (2) Annales des sciences naturelles, 2e série, tom. nr, pag. 39. (5) Annales des sciences naturelles, 2° série, tom. 1v, pag. 257. 1 8 DUTROCHET. — Sur La circulation dans les Chara. tubuleux sont remplis dans leur cavité centrale par un liquide mêlé de globules. La cavité centrale et tubuleuse de chaque mé- rithalle est séparée par une cloison à l'endroit des nœuds, des cavités pareilles que possèdent les deux mérithalles voisins. Autour de chaque nœud sont disposées en verticille huit feuilles linéaires que les botanistes considèrent comme des rameaux, parce qu’elles portent les organes de la fructification. Ces feuilles offrent, comme les mérithalles, une cavité tubuleuse cen- trale remplie par un liquide mêlé de globules. Les racines des Chara sont extrêmement déliées. Leur centre est également oc- cupé par une cavité tubuleuse qui contient un liquide mêlé de globules. Cette cavité tubuleuse dans chaque racine ou radicelle ne s'étend que du lieu de la naissance de celles-ci à leur termi- naison, ou bienau lieu où elles produisent par embranchement d’autres racines ou radicelles. La figure 1 (planche 1) représente amplifiées une tige et des racines de Chara fragilis. a a méri- thalle; à bb b feuilles verticillées ; c racine simple: d racine rami- fiée à son extrémité renflée z de laquelle partent les radicelles ff. Le mérithalle & n'offre pas ou offre à peine un millimètre de dia- mètre. Observé au microscope , on le voit composé en dehors de tubes placés bout à bout et dont l’ensemble décrit des spirales parallèles, ce qui indique que le mérithalle est tordu surlui-mêine; lorsque ce dernier devient fort allongé, ces spirales parallèles se redressent beaucoup, en sorte qu’elles deviennent dirigées pres- que suivant la longueur du mérithaile. On voit de distance en dis- tance sur ce dernier des petites protubérances globuleuses pp. Ce sont les rudimens des spinules qui offrent un bien plus grand développement chez le Chara hispida. Au-dessous du nœud ter- minal de chaque mérithalle, ily a deux rangées circulaires de ces rudimens de spinules 72 7». Dans les angles de jonction des tu- bes spiralés que l’on voit à l'extérieur de la tige, se trouve un tissu cellulaire vert; la cavité de chacun de ces tubes placés bout à bout n’est point en communication avec la cavité du tube iufé- rieur, ni avec celle du tube supérieur, ainsi qu’on le verra plus bas. Ces tubes observés sur la coupe transversale de la tige sont ordinairement an nombre de dix-huit, ainsiqu’on le voit dans la figure à, Cette partie extérieure de Ia tige composée de tubes DUSROCHET. — Sur la circulation dans les Chara. 9 et de tissu cellulaire vert est, selon moi, l'écorce ou le systéme cortical de la plante. On peut enlever entièrement cette écorce eu la grattant doucement avec uninstrument tranchant. On met alors à découvert un corps que je considère comme le système central de la plante. Ce corps qui est transparent se présente sous l'aspect représenté par la figure 3. D'innombrables globules elliptiques verts, qui sont autant de petites cellules, sont placés, bout à bout, en séries rectilignes, lesquelles sont disposées obli- quement et en spirale en raison de la torsion de la tige sur elle- même. Ces globules verts sériés sont situés au-dessous ou en de- dans d’un tube membraneux très diaphane, auquel ils n’adhèrent que très faiblement; ce tube membraneux se trouve mis à nu par l'enlèvement du système cortical. Je regarde cet assemblage des globules verts sériés, et du tube membraneux qui les con- tient, comme étant le système central de la plante. Le tube membraneux me parait être le corps ligneux à l’état tout-à-fait rudimentaire ; on lui reconnait une très petite épaisseur sur la coupe transversale de la tige, ainsi qu’on le voit en D (fig. à); les globules verts sériés représentent un cercle c sur cette même coupe transversale, ainsi que la très bien vu M. Amici. Je considère ces globules sériés, comme les cellules les plus extérieures de la moelle dont la partie centrale manque tout-à-fait, ainsi que cela a lieu dans les tiges fistuleuses de certaines plantes qui vi- vent dans l'air. Chez les Chara, qui sont des plantes submergées, la tige fistuleuse est remplie d’eau, ou plutôt d’un liquide orga- nique aqueux dans lequel flottent d'innombrables globules, ou petites cellules, tantôt libres, tantôt dans l’état d'association, et que je regarde comme les cellules du centre de la moelle qui ont été désagrégées, et cela, dès les premiers temps du déve- loppement de chaque mérithalle. C’est la présence de ces globu- les flottans dans le liquide qui remplit la cavité fistuleuse de la tige des Chara , qui sert à faire apercevoir la singulière circula- tion à laquelle ce liquide est soumis ; circulation que M. Amici a parfaitement décrite. 10 DUTROCHET. — Sur la circulation dans les Chara. $ 5. Mécanisme de la circulation chez le Chara. La circulation qui a lieu dans la cavité fistuleuse de la tige, ou plutôt de chacun des mérithalles dont se compose la tige des Chara , n’est pas la seule qui se présente à l'observation chez ces plantes. On voit également une circulation dans plusieurs des tubes qui entrent dans la composition de leur écorce. Chez le Chara fragilis je n’ai observé cette dernière circulation que dans ceux des tubes corticaux , qui correspondent par leur base et par leur sommet, à une spinule inches ; ainsi que cela a lieu, par exemple, pour les tubes o o o (fig. 1 ); les autres tubes corticaux ont aussi très probablement leur circulation, mais on ne l’aperçoit point, et cela parce qu'ils ne contiennent point comme les tubes o o o de globules flottans qui seuls peu- vent faire apercevoir cette circulation lorsqu'elle existe. Les feuilles des Chara sont composées d'articles, et chaque article qui est tubuleux contient, dans sa cavité, un liquide mêlé de globules qui servent à faire apercevoir la circulation qui a lieu dans chacun de ces articles. Enfin les racines et les radicelles des Chara sont tubuleuses, et ont des cavités distinctes dans lesquelles on voit circuler un liquide diaphane qui tient des globules en suspension. Tous ces faits ont été vus et décrits par M. Amici. La tige du Chara fragilis est assez transparente pendant l'été ; elle devient opaque pendant l'automne, par le dépôt du carbo- nate de chaux sur sa surface. Malgré cette transparence de la tige du Chara fragilis, on ne peut bien observer la circulation, qui a lieu dans sa cavité fistuleuse, qu’en enlevant complète- ment son écorce, au moins dans une petite étendue, et sur tout le pourtour de la tige. Sans cela, on confondrait la circulation qui a lieu dans la cavité fistuleuse avec celle qui a lieu dans plusieurs des tubes corticaux. Lorsque l'écorce est enlevée, on voit, sans aucune difficulté, la manière dont s’opère la circula- tion dans la cavité fistuleuse. Les globules, suspendus dans le | liquide central , suivent avec une parfaite régularité les rangées longitudinales et parallèles des globules verts qui sont situés sur DUTROCHET. — Sur la circulation dans les Chara. 117 les paroïs et en dedans du tube central. Ces rangées, ou séries de globules verts, sont disposées en spirale, en raison de la torsion du mérithalle sur lui-même. Les globules circulans sui- vent cette direction en spirale. Si les séries de globules verts offrent accidentellement des sinuosités, les globules circulans suivent ces sinuosités ; si les séries de globules verts offrent ac- cidentellement une assez longue interruption de continuité, les globules circulans s'arrêtent dans cet endroit, s'y accumulent ; puis, poussés par ceux qui les suivent, ils franchissent lente- ment l’espace dépourvu de globes sériés ; arrivés à l'endroit, où finit cette solution de continuité des globules sériés, les globu- les circulans reprennent leur mouvement de progression rapide. M. Amici a déjà annoncé ces faits et je les ai vérifiés. Nous sommes ici sensés suivre le mouvement du liquide dans sa pro- gression ascendante, c’est-à-dire de la base du mérithalle vers son sommet. Cette progression ascendante du liquide s’opère exclusivement dans l’une des moitiés latérales du tube central, et selon la direction plus ou moins spiralée des séries de globu- les verts qui tapissent l’intérieur de cette moitié latérale du tube. Arrivé auprès du nœud supérieur , où se termine la cavité fistuleuse du mérithalle, le liquide se réfléchit et prend une pro- gression descendante en suivant encore la direction plus ou moins spiralée des séries de globules verts qui tapissent inté- rieurement l’autre moitié latérale du tube central. Arrivé au nœud inférieur, où se termine encore la cavité fistuleuse du mérithalle , le liquide circulant se réfléchit de nouveau et re- prend la route ascendante qu'il avait suivie précédemment. Ainsi le liquide circulant, dans sa progression ascendante, suit la di- rection spiralée des séries de globules verts dans une des moi- tiés latérales de la cavité fistuleuse du mérithalle, et, dans sa progression descendante, il suit de même la direction spiralée des séries de globules verts dans l’autre moitié latérale de cette même cavité fistuleuse, décrivant ainsi une double hélice. La constance et la régularité avec laquelle le liquide circulant et les globules qu’il charie suivent la direction des séries de globules verts doivent porter à admettre , avec M. Amici, que ces globules verts sériés qui tapissent l’intérieur du tube cen- 12 DUTROCHET. =— Sr la circulation dans les Chara. tral, sont les sources de l’action invisible qui imprime le mou- vement de progression au liquide qui est contenu dans ce tube central. Or comme il y a deux mouvemens opposés dans ce liquide , il en résulte que les séries de globules verts ont une action inverse dans les denx moitiés latérales du tube central ; aussi ces deux moitiés sont-elles assez nettement séparées l’une de l’autre et de chaque côté par un espace transparent dépour- vu de séries de globules verts, comme on le voit en a a. (fig.3); dans la moitié latérale et spiralée b le liquide circulant est ascendant, et dans l’autre moitié c ce même liquide est descen- dant. Au-dessons de la bande spiralée et transparente a a il n'existe aucun mouvement de liquide; je nommerai, avec Slack, cette ligne spiralée transparente ligne de repos. Fontana a an- noncé le premier, et M. Amici a constaté depuis, que les deux courans opposés que sépare la ligne de repos sont en contact ab- solu, qu’ils n’en sont séparés par aucune cloison. M. Amici donne à cet égard des preuves tellement positives que l’on a peine à con- cevoir que cela ait pu faire l’objet d’un'doute. Aïnsi il a vuqu’une partie desglobules contenus dansieliquide circulantétantacciden- tellement réunis en une grosse masse globuleuse qui occupait une grande partie du diamètre de la cavité fistuleuse centrale dans laquelle s’opérait le mouvement circulatoire, il a vu, dis-je, que cette grosse masse globuleuse tantôt montait, tantôt descendait, suivant qu'elle s'approchait accidentellement de l’une ou de l'autre moitié latérale du tube central dans lesquelles le mou- vement du liquide circulant était inverse. J'ai fait plusieurs ob- servations analogues, et elles prouvent bien que les deux cou- rans opposés ne sont séparés par aucune cloison. Voici une autre observation qui m'est propre et qui confirme cette assertion', en même temps qu’elle achève de prouver que le liquide circulant se meut sous l'empire d’une force qui émane des globules verts sériés. Jai dit plus haut que lorsqu'il existait une assez longue solution de continuité dans les séries de globules verts, le liquide circulant tendait à s’arrèter dans cet espace dépourvu de globules verts sériés. Or j'ai observé une fois que près de la ligne de repos'a a (fig. 4), il existait dans les séries de globules verts une solution de continuité ou interrup= DUTROCHET. — Sur da circulation dans les Chara. i3 tion assez longue b. Dans cet endroit le liquide circulant et les globules qu'il charriait en venant de c arrivés dans l’espace db dépourvu de globules verts sériés, au lien de continuer leur marche vers d , ainsi que cela aurait eu lieu sans l’existence de la solution de continuité des globules verts sériés en b, se réflé- chissaient suivant la direction z o et retombaient ainsi dans le courant descendant et opposé 727, ce qui prouve avec la plus grande évidence qu’il n’y a point de cloison séparatrice entre les deux courans opposés. Dans cette même observation je voyais le courant ascendant continuer la route en » n, là où les globules verts sériés n’offraient point d'interruption de conti- nuité. Ce sont donc indubitablement les séries de globules verts qui impriment le mouvement au liquide circulant et aux glo- bules qu’il charrie ; puisque ce mouvement s’interrompt là où les séries de globules verts s’interrompent , et puisqu'il n’y a point de mouvement aux Zgnes de repos lesquelles sont dépourvues de globules verts seriés. J'ajouterai à cela que j'ai constamment observé que lorsque les globules verts, quoique non interrom- pus, cessent accidentellement d’être disposés en séries régu- lières et qu’ainsi leur disposition est confuse, le liquide circulant cesse de se mouvoir dans cet endroit, et il se réfléchit vers le courant opposé, de la même manière que cela aurait lieu s'il y avait là une interruption de continuité. Il résulte de cette ob- servation que la disposition régulièrement sériée des globules verts est une condition indispensable pour qu’ils impriment le mouvement de progression au liquide qui les touche; cela permet de supposer que les globules verts ont des pôles et que ces pôles ont besoin d’être dans un rapport déterminé pour le développement dela force qui imprime au liquide circulant son mouvement de progression; aussi M. Amici a-t-il été porté à considérer les séries de globules verts comme autant de piles voltaïques qui agiraient sur le liquide qui les touche par l’élec- tricité qu’elles produisent. Nous verrons, plus bas ce que l'on doit penser de cette hypothèse ; toujours résulte-t-il des faits ex- posés ci-dessus que les globules sériés impriment le mouvement de progression au liquide qui les touche en vertu d’une action invisible et qui s’exerce à petite distance dans un sens détermi- 14 DUTROCHET. —= Sur la circulation dans les Chara. né ; or comme ce sens du mouvement de progression du liquide étant inverse dans les deux moitiés latérales du tube central, il en résulte que, dans ces deux moitiés latérales les globules verts sériés agens de l’action motrice , sont disposées en sens inverse relativement à leur faculté de produire cette même action motrice. L'action motrice, qui émane des globules verts sériés, meut la totalité du liquide contenu dans la cavité fistuleuse du tube central que tapissent ces globules. Or, comme cette cavité tu- buleuse possède environ 5 de millimètre de diamètre, il en ré- sulte que l’action motrice s'étend, de part et d'autre, à + de millimètre de distance des globules verts sériés desquels elle émane. Or, j'ai mesuré l’épaisseur du tube diaphane central, que ces globules tapissent intérieurement, et j'ai trouvé que cette épaisseur est à peine de -— de millimétre. L'action motrice des globules verts sériés devrait donc s'exercer au dehors de ce tube central, à la même distance qu’elle s’exerce dans son inté- rieur, si ce tube central était susceptible de transmettre au travers de ses parois l'influence invisible qui est la source de cette action motrice. C’est ce qu'il m'a paru important d’expé- rimenter, Ayant dépouillé un mérithalle de Chara de son système cortical ; et l'ayant réduit ainsi à son tube central dans lequel on voyait sans difficulté la circulation, je l'ai placé dans la concavité allongée d’un porte-objet de verre et je l'ai couvert d’eau, à laquelle j'ai ajouté le liquide circulant , rempli de glo: bules flottans que j'ai extraits de plusieurs mérithalies de Chara. Mon mérithalle, en expérience, était ainsi environné des mêmes globules flottans qui circulaient dans son intérieur : or, ces globules flottans extérieurs ne manifestèrent aucun mouvement, ce qui me prouva que malgré l'extrême petitesse de la distance qui les séparait des globules verts sériés, placés en dedans du tube central, ils n’en recevaient aucune influence motrice. On peut conclure;.de là, que la membrane diaphane, qui constitue ce tube central, n'est pas perméable pour l'influence motrice invisible qui émane des globules verts sériés. J'ai expérimenté, en cutre, que deux mérithalles de Chara , dépouillés de leur système cortical, étant placés l’un à côté de l’autre et mis en / DUTROCHET, — Sur la circulation dans les Chara. 15 contact immédiat, leurs circulations respectives n’éprouvent aucune influence de ce rapprochement, soit que les côtés en contact offrent la circulation en sens inverse, soit que cette circulation s'effectue dans le même sens. Aïnsi il est certain qu’il ne se transmet rien au dehors de l'influence invisible qui meut à l’intérieur le liquide circulant des Chara, et on en peut con- clure que la membrane organique qui emprisonne ce liquide circulant est /solante pour cette influence. J'ai observé que chez les vieux mérithalles du Chara fragilis, n’y a point de circulation, et j'ai vu, en même temps, que chez eux les globules verts qui tapissent intérieurement le tube cen- tral ont perdu leur disposition sériée régulière ; les séries de ces globules verts y sont souvent interrompues ; souvent, aussi, ces mêmes globules verts sont devenus confusément épars; quel- quefois même ils ont presque entièrement disparu. Ces globules verts sériés ne sont, en effet, que très faiblement adhérens au tube central qu'ils tapissent intérieurement; il paraît que, pos le progrès de l’âge, ils perdent cette faible adhérence, et qu’a- lors ils se détachent, soit en. totalité soit par parties, et qu'ils deviennent flottans dans le liquide central. Alors, ce liquide : perd son mouvement circulatoire, qu'il ne devait qu’à l’associa- tion en séries régulières des globules verts. Lorsqu'on enlève le système cortical d’un mérithalle de Chara, en le raclant avec un instrument tranchant, il arrive très souvent que cette action mécanique , lorsqu'elle est trop forte, détache les globules verts sériés de la paroï intérieure du tube central qui se trouve mis à nu par cette opération. Alors on voit la circulation se rétablir, après un certain repos, dans les parties où les globules verts ont conservé leur disposition sériée, et ne point se rétablir dans les parties où les séries de globules verts ont été détachées. J'ai observé, dans une de ces circonstances, un fait très remarqua- ble. L'opération, au moyen de laquelle j'avais enlevé le système cortical d’un mérithalle de Chara, avait détaché plusieurs des séries de globules verts dans le voisinage de la ligne de repos r;r (fig. 6, planche 2 ), et dans la partie qui correspondait au cou- rant descendant a. La partie correspondante au courant aseen- dant à, avait conservé l’intégrité de ses séries de globules verts 16 DUTROCHET. — Sur la circulation dans les Chara. L'une des séries de globules verts c d, appartenant au côté descendant &, complètement détachée de ce côté, s'était acci- dentellement placée dans le milieu de la ligne de repos r;r; et elle s'était roulée en spirale, comme on le voit dans la figure. Or, après quelques minutes, je vis cette série de globules verts quitter la disposition en spirale et se redresser spontanément, et cela demeurant toujours placée dans le milieu de la /igne de repos r,r, comme on le voit dans la fig. 7. Je vis alors un globule flottant :, appartenant au liquide circulant et égaré de son che- min, s'approcher de l’extrémité c de cette série redressée de globules verts et prendre, en la suivant, un mouvement de pro- gression jusqu'à son autre extrémité d, où ce globule s'arrêta. Ici, je vis manifestement que ce globule égaré se mouvait sous l'influence d’une action motrice dont la série de globules verts était la source, puisque le globule suivit la direction de cette sé- rie, située, cependant, dans la ligne de repas, et qu’il ne dé- passa pas son extrémité. Bientôt un autre phénomène se mani- festa. J'ai dit que cette série de globules verts c d (fig. 7) appartenait au côté a, qui était le côté affecté au mouvement descendant du liquide circulant; cette série de globules verts détachée de sa place naturelle et placée dans le milieu de la Zigne de repos, était donc dans une position renversée puisque elle avait opéré, sous mes yeux, la progression ascendante du glo- bule flottant de c en d. Or, je vis bientôt cette série de globules verts déplacée et accidentellement renversée, tendre à repren- dre spontanément sa direction primitive et naturelle. L’extré- mité c de cette série de globules verts se recourba vers le haut, comme on le voit en o c (fig. 8), et s’'avanca lentement selon la direction ascendante de la petite flèche qui se trouve placée en avant, cependant, l'autre partie d o descendait selon la direction de la petite flèche qui est à côté d'elle, et, de la sorte, la série entière des globules verts se trouva avoir changé de place, bout pour bout , comme on le voit en d c (fig. 9), et elle s’appliqua contre la plus extérieure des séries de globules verts, du côté descendant a auquel elle appartenait primitivement. On notera que ce mouvement de retournement s’est opéré dans un sens diamétralement opposé à celui du courant descendant a, dans le DUTROCHET. — Sur la circulation dans les Chara. 2 voisinage duquel il a eu lieu, et que, par conséquent, on ne peut attribuer ce phénomène de retournement à une impulsion du liquide circulant; ce phénomène dépend donc d’une action spontanée. Ainsi, nous voyons s'exécuter successivement les phé- nomènes suivans : 1° une des séries de globules verts du Chara, étant détachée de la paroï intérieure du tube central par une action mécanique exercée sur ce tube et portée, par hasard, dans le milieu de la ligne de repos ; elle s'y roule d’abord spon- tanément en spirale; 2° ensuite elle reprend spontanément sa rectitude première; 3° se trouvant accidentellement renversée du haut en bas, elle se recourbe sur elle:méme par un mouvé= ment spontané et se retourne, de bas en haut, pour finir par se placer, côte à côte, avec la série de globules verts la plus exté- rieure du côté auquel elle appartenait primitivement. Cette suc- cession d'actions spontanées est fort surprenante, car on ne connait point d'actions physiques qui soient capables de les pro- duire. Ce sont, cependant, là bien cértainement, des phénomé- nes physiques, mais ils sont d’un ordre inconnu et font partie de ceux que nous désignons sous la dénomination mystérieuse de Phénomènes vitaux. Ces phénemènes ont ici leur siège dans les petits corps verts que, pour abrégér , j'ai désignés sous le nom de Globules, et qui sont, dans le fait, des cellules fort pE- tites et longitudinalement sériées, comme le sont toujours les cellules de la moelle à laquelle elles paraissent ici appartenir, étant tout ce qui reste de cette masse cellulaire centrale chez les Chara. Ce sont véritablement des cellules à l’état naissant , et elles jouissent, à cette époque, de propriétés particulières , de propriétés vitales et motrices que ne possèdent point les cellules dont le développement est plus avancé. J'ai fait voir, dans un autre travail (1), que le tissu fibreux des végétaux est dans le même cas; il possède à l’état naissant des Propriétés vitales et motrices toutes spéciales , et que ne possède point ce même tissu fibreux lorsqu'il est plus âgé ou plus développé. Ces Propriétés vitales et motrices que possèdent les organes élémentaires des Y (r) Voyez dans men Mémoire sur le scmmeil et le réveil des plantes, tom, r de la collection de mes Mémoires, pag. 503. : IX, BoTanw. — Janvier, 18 DUTROGHET. — Su da circulation dans des Chara. végétaux, lorsqu'ils sont à l'état naissant, établissent un rap- prochement très remarquable entre les végétaux et les animaux sous le point de vue de li faculté commune qu'ont les organes élémentaires végétaux à l'éai naissant, et les organes moteurs élémentaires des animaux à l’état normal de développement, d'exécuter les mouvemens spontanés que l’on désigne générale- ment sous le nom de mouvemens d'irritabilite. En perdant, par le développement ultérieur, leur éfat naissant , les organes élé- mentaires végétaux perdent leurs propriétés vitales et motrices. Or, M. Payen (1) a découvert ce fait curieux et fort important que, chez les végétaux, tout organe naissant renferme une abondance de matière azotée, et, qu’à mesure que lorgane se développe, ja matiere azotée du relativement à la matiere non azolée qui devient, peu-à-peu, tout-à- -fait prédominante. Ainsi l'existence, chez les végétaux des propriétés vitales mo- trices, paraît liée à l'existence d'une grande quantité d'azote dans leurs organes naissans, ce qui rapproche ainsi ces organes de ceux des animaux sous le point de vue de la composition chimique. Or, les Chara contiennent beaucoup d'azote (2), et cela coïncide avec les observations qui seront exposées plus bas et qui font voir que les Chara présentent, à-peu-près, les mêmes phénomènes que les animaux sous l'influence des agens exté- rieurs. Cette disgression n'a un peu éloigné de l'étude de la cir- culation du Chara; je m'empresse d'y revenir. (r) Mémoire sur ja composition chimique générale des divers organes des végétaux phané- rogames. Voyez le rapport fait par M. Dumas, conjointement avec M. Turpin et moi, sur ce mémoire, rappott publié dans le premier semestre (1838), des comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des Sciences, pag. 157, (2) L'existence dune grande quantité d'azote chez le Chara fragilis, a été constatée par M. Payen au moyen des expériences suivantes, qu’il a entreprises à ma demande. « Le Chara , desséché dans le vide, a plus de 5o degrés centésimaux, fut calciné dans un tube, Les vapeurs dégagées , mises en contact avec la teinture rouge de tournesol, la firent immédiatement virer au bleu, qni persista jusqu’à la fin de l'opération: elles contenaient donc une certaine quantité d'ammoniaque en excès sur la proportion équivalente aux acides carbonique et acétique, que la calcination avait aussi développés, ainsi que nous l'avons « uliérieurement reconnu. La présence de l’ammoniaque fut encore constatée par l’acide chlor- = hydrique, qui produisit, en s’y combinant, un précipité blanc dans l'air atmosphérique. « Le produit liquide de la condensation des vapeurs ammoniacales offrait d’ailleurs des gout- telettes de cette huile brune à odeur forte et fétide, qui caractérise les produits volatils de « Ja distillation des débris animaux cet de différentes matières azotées, » DUTROCHET. — Sur la cireuiation dans les Clara. 1q M. Amici a surabondamment prouvé, par les expériences sui- vantes, que les deux courans opposés dont se compose Ja cireu- lation du Chara sont en contact absolu ou ne sont point séparés par des cloisons. Il a divisé un mérithalle en plusieurs comparti- mens par une ou par plusieurs ligatures, et il a vu qu'il s’eta- blissait alors antant de circulations distinctes qu'il y avait de compartimens séparés; or , cela n'aurait pas lieu si les deux cou- rans étaient séparés par des cloisons. J'ai vérifié l'exactitude de ces expériences de M. Amici. J'aidivisé un mérithalle de Chara en deux compartimens par une ligature médiane ; et j'ai obtenu deux circulations distinctes; j'ai ensnite divisé chacun de ces deux compartimens en deux par deux autres ligatures prati- quées dans leur milieu; j'ai obtenu ainsi quatre circulations distinctes. J’ai coupé en deux ce mérithalle en sacrifiant l’un des quatre compartimens, et les parties séparées ont continué à offrir leurs circulations bornées par :les ligatures. Enfin j'ai encore divisé en deux par une ligature l'un des quarts de méri- thalle dans lesquels j'avais obtenu nne circulation séparée, et j'ai obtenu ainsi deux huitièmes de mérithalle qui possédaient chacun leur circulation distincte. Je ferai observer que le méri- thalle soumis à cette série d'expériences était entièrement dé- pouillé de son système cortical et réduit ainsi à son système central tubuleux et fort transparent, en sorte que j'observais, avec beaucoup de facilité et sans crainte d'erreur, la circulation qui avait lieu dans l’intérieur de ses compartimens séparés par les ligatures. Ii ne m'a pas paru inutile d'observer si la position dans la- quelle se trouve placée une tige de Chara, ou simplement un de ses mérithalles exerçait de l'influence sur la direction des deux courans opposés dont se compose sa circulation. J'ai vu qu'en renversant le mérithalle du haut en bas, cette circulation n'éprouve aucun changement dans sa direction. Le microscope était alors dirigé horizontalement sur la tige placée verticale- ment. En un mot, jai vu que, quelle que soit la position de la tige, le mouvement circulatoire reste toujours le même; il suit toujours les mêmes voies et dans la même direction. Ainsi j'ai expérimenté, comme M. Amici, qu’en reployant sur lui-même 2, 20 DUTROCHET. — Sur la circulation dans Les Chara. un mérithalle de Chara, de manière à ce que le pli situé dans le milieu de sa longueur ne soit pas assez anguleux pour ob- struer sa cavité fistuleuse centrale, le mouvement circulatoire continue comme auparavant; le liquide continue sa progres- sion accoutumée en passant d'une partie du mérithalle ployé en deux dans l'autre partie dont la position est renversée. Une circulation analogue, mais non semblable à celle qui existe chez les Chara, s’observe chez les Nitella, plantes autre- fois réunies aux Clara. On doit à M. Slack des observations très précises sur fa circulation des fluides chez le Nitella flexilis, qui est la même plante que le Chara flexilis observé antérieu- rement par MM. Amici et Treviranus. M. Slack a vu que le fluide circulant chez cette plante se trouve compris entre un tube exté- rieur diaphane, muni intérieurement de séries de globules verts, et un autre tube ou sac intérieur dans lequel existe un liquide sans mouvement. Des lignes de repos, analogues à celles des Chara, existent de chaque côte sur le tube extérieur du AVitella , et sur toute la longueur de ces lignes de repos, le sac ou tube intérieur est adhérent au tube extérieur, en sorte que par cette adhé- rence des deux tubes le long des lignes de repos, les deux cou- rans opposés se trouvent séparés l’un de l’autre; ils ne sont point en contact absolu comme chez les Chara. Pour mieux faire comprendre cette disposition, je reproduis ici la figure qu’a donnée Slack de la coupe transversale de la tige de MVitella, a,b,ae (fig. 5, planc. r) estile tube extérieur doublé inté- rieurement de séries de globules verts chez le Nitella. a, c, a f est le sac ou tube intérieur de la tige de cette même plante. Ces deux tubes sont adhérens l’un à l’autre aux deux points a, a qui offrent la coupe transversale des deux lignes de repos. L’un des courans du fluide circulant , le courant ascendant, par exemple, étant dans l'intervalle à, c de ces deux tubes, le cou- rant descendant se trouve dans l'intervalle opposé /, e de ces mêmes tubes, et il résulte de cette disposition que les deux courans opposés sont séparés l’un de l’autre aux endroits où se trouvent les deux lignes de repos a, a! par la cloison que forme ladhérence mutuelle des deux tubes dans ces endroits. La cavité d du tube central contient un liquide sans mouvement. M. Slack DUTROCHET. —= Sur la circulation dans les Chara. 21 prétend fort à tort que cette observation faite sur le Mitella est applicable aux Chara, chez lesquels il admettrait ainsi l’exis- tence d’une cloison séparatrice des deux courans opposés. Ces deux plantes, quoique toutes deux de la famille des Characées, quoique possédant toutes deux une circulation dans leur tige, n'offrent cependant point exactement la même organisation. Les Chara ont un système cortical composés de petits tubes et de tissu cellulaire; leur système central est composé d’un tube membraneux doublé intérieurement par les séries de globules verts qui impriment le mouvement circulatoire au liquide con- tenu dans la cavité fistuleuse du mérithalle. Chez les Witella le système cortical a, b, a’ e (fig. 5) est membraneux, et c’est lui et non le système central a, c. a! f, qui est doublé intérieure- ment par les séries de globules verts. Il résulte de cette disposi- tion spéciale que la circulation a lieu, chez les Vitella , dans les intervalles b, cet f, e qui existent entre le système cortical et le système central, et non dans la cavité fistuleuse 4 de ce dernier système, ainsi que cela a lieu chez les Chara. Chez ces dernières plantes, les deux systèmes cortical et central sont juxtaposés sans adhérence réelle et intime, et il n’y a point de liquide dans leur intervalle; chez les Vitella, ces deux mêmes systèmes sont séparés partout , excepté aux Zignes de repos, par un intervalle dans lequel se meut le liquide circulant. Telle est la différence - qui existe entre les Chara et les Witella, différence que Slack n'a point apercue. | Les observations rapportées ci-dessus ne permettent plus de douter que la circulation du liquide contenu dans le tube cen- tral des Chara n’ait pour cause une influence invisible émanée des séries de globules cu plutôt de petites cellules de couleur verte et sériées qui tapissent intérieurement ce tube central et qui sont en contact avec le liquide circulant. De pareilles séries de globules verts existent dans les feuilles et président indubita- blement à la circulation que l’on observe dans chacun des arti- cles ou des rameaux dont elles sont composées. Quant aux pe- tits tubes qui existent dans le système cortical de la tige des Chara, on ne peut voir s'ils possèdent également des séries de globules verts pour présider à la circulation que l’on voit dans 22 DUTROCHET. — Su’ la circulation dans les Chara. l'intérieur de quelques-uns d’entre eux; environnés de tissu cel- lulaire vert qui masque plus ou moins leur organisation propre, ‘cette dernière est difficile à bien voir. 1l reste actuellement à savoir si les racines des Chara qui sont tubuleuses, et cans l’in- térieur desquelles on observe une circulation, possèdent aussi des séries de globules ou de très petites cellules pour présider à cette circulation. La couleur verte étant étrangère aux racines des Chara, comme à celles de la plupart des plantes, il s’ensuit d'abord que ces séries de globules on de très petites cellules, si elles existent, ne sont pas de couleur verte, et que par consé- qent la Chlorophylie à laquelle est due cette couleur ne serait pas indispensable pour l'existence de l'action motrice qui pré- side à la circulation. M. Amici , qui a observé avec beaucoup de soin les racines de Chara, assure n’avoir aperçu aucunes cellules daus leurs parois, qui effectivement n'offrent à l’œil armé des plus forts grossissemens qu’un tube membraneux extrêmement mince et diaphane comme du verre. Ce tube membraneux est indubitablement composé de globules cellulaires, comme le sont toutes les membranes organiques, mais on ne les aperçoit point; on les voit seulement dans les parois de l’extrémité renflée z de la racine d (fig. 1), partie renfléc de laquelle naissentles radicel- les 7, f. Cette partie renflée possède en effet des parois beaucoup nlns épaisses que ne le sont celles du corps 4 de la racine , eton y aperçoit sans peine des petites cellules incolores et disposées en séries. On ne peut guère douter que ce ne soit de ces séries de globules ou de petites cellules incolores qu’émane l'influence invisible qui met en mouvement de circulation le liquide mêlé de globules flottans que contient la cavité tubuleuse de ces ra- ciues. Aussi voit-on ces globules flottans raser toujours de très prés les parois de cette cavité tubuleuse, et comme, dans la partie renflée , les parois sont souvent sinueuses à l'intérieur, on voit les globules circulans suivre avec exactitude toutes ces sinuosités, obéissant ainsi visiblement à une action motrice qui émane de ces parois. Comme le liquide monte d’un côté et des- cent du côté opposé dans ces racines tubuleuses, il en résulte que les deux côtés opposés que suit le liquide circulant exer- cent sur ce liquide une action inverse, et qu'il y a entre eux DUTROCHET. — Sur la circulation dune les Clara. 23 deux lignes de repos, ainsi que cela existe pour les autres cavités tubuleuses dans lesquelles on observe une circulation chez le Chara. Les observat'onsdeCorti, de Meyen, de Pouchet, de Brown etde Slack, citées au commencement de ce mémoire ontprouvé qu’une circulation analogue à celle qui existe chez les Chara, existe dans:-les cellules et dans les tubes d'une foule de plantes soit aquatiques, soit terrestres; Meyen et Slack ont va cette circu- lation dans toutes les cellules de lÆZydrochiaris Morsus-rance. W paraît donc infiniment probable que ce phénomène appartient à toutes les cellules où plus généralement à tous les organes creux des végétaux dans lesquels il existé un liquide. Si ce mou- vemerit circulatoire ne se manifeste pas à la vue dans b'en des cas, c’est que le liquide contenu dans les organes creux végétaux ne tient point en suspension des g'obules qui seuls peuvent faire apercevoir, par leur mouvement, celui du fluide qui les charrie. Ceci est donc un des phénomènes les plus importans de la physiologie végétale, et l’on peut soupçonner, avec assez de fondement, qu’il appartient aussi à la physiologie des aui- maux. La circulation qui a lieu dans les Chara parait rapide par le fait de amplification microscopique, mais dans la réalité elle est fort lente. La vitesse de cette circulation varie, comme on va le voir tout-à-l’heure, par l'effet de diverses causes et no- tamment par l'effet des variations de la température. Or, par le moyen de la mesure micrométrique du champ du microscope, jai vu que, par une température moyenne ou de + 10 à 12 degrés centésimaux, les globules flottans que charrie le liquide qui circule dans le tube central du Chara fragilis parcourent un millimètre dans 35 à 36 secondes. Cette vitesse, qui est la vi- tesse moyenne de cette circulation, devient un peu plus que double par une chaleur élevée; elle ne dépasse jamais cette me- sure. Ainsi lorsque, dans la suite, je dirai que la circulation du Chara est lente ou rapide, cela devra s'entendre de son mouve- - ment tel qu'il apparaît dans l’observation microscopique, et comparé à la vitesse moyenne que je viens de déterminer. 24 DUTROCHET. — Sur la circulation dans les Chara. $ 4. — Jnfluence de la température sur la circulation du Chara. Avant d'examiner l'influence que la température exerce sur la circulation du Chara, je vais parler brièvement d’une opi- nion qui a été émise , il y a plusieurs années , sur la cause de cette circulation. De l’eau dans laquelle flottent en suspension des corps légers et pulvérulens étant mise dans un tube de verre vertical ou peu incliné, fermé par son extrémité infé- rieure, offre une circulation continuelle. J'ai fait voir dans un autre travail (1) que ce phénomène dépend de l'inégalité très légère de la chaleur à laquelle sont soumis deux côtés opposés du tube de verre, et cela en vertu de la direction qu'’affecte le courant ou la transmission de la chaleur dans l’air environnant; ainsi le courant de la chaleur ayant lieu, par exemple, de gau- che à droite, le liquide devenu plus léger au côté gauche du tube, par cela même qu’il est plus échauffé, monte de ce côté, et, par une conséquence nécessaire, il descend au côté droit du tube, en sorte qu’il s'établit une circulation continuelle dans le liquide. Si l’on approche un corps chaud du côté droit du tube, la circulation change de sens ; le liquide monte alors de ce côté droit du tube, et il descend du côté gauche. Il est évi- dent que ce phénomène n’est comparable en aucune façon à celui de la circulation qui a lieu dans les Chara. En effet, dans le tube de verre, le mouvement circulatoire suit en droite ligne les parois du tube, tandis que dans la cavité tubuleuse du méri- thalle de Chara le mouvement circulatoire suit en spirale les parois du tube dans lequel il s'exécute, en sorte que le même côté de ce tube offre alternativement le mouvement oblique ascendant et le mouvement oblique descendant du liquide cir- culant. Cette circulation ne dépend donc en aucune facon de l’échauffement inégal des deux côtés du tube, ainsi que cela A] (x) Expériences sur Ja circulation des liquides dans les fubes de verre verticaux ; tom, 11 de la collection de mes Mémoires, pag, 560. j DUTROCHET. —— Sur la circulatiôn dans les Chara. 25 a lieu pour la circulation ani a lieu dans les tubes de verre. Aussi ai-je expérimenté qu'en approchant un corps chaud de l’un quelconque des côtés d’un mérithalle de Chara , on ne change point la direction du mouvement circulatoire qui a lieu dans son intérieur ; seulement on 1 augmente la vitesse générale de cette nine hitiott L'auteur de la découverte de la circulation qui a lieu dans les Chara, Corti a vu que lorsque la température est à + 16 degrés, la circulation est vigoureuse dans les Chara, qu’elle de- vient plus lente à + 10 degrés et encore plus lente + 7 ou6, et qu’enfin elle s'arrête par un abaissement de la température de + 5 à + 2 degrés ; selon que la plante est plus ou moins affai- blie dans sa vitalité. Il fit subir à des tiges de Chara un froid de — 5 degrés, et ces plantes reprirent leur circulation dans l’eau dégelée par le retour d’une chaleur suffisante et lentement gra- duée. Mes expériences sur ce sujet ne concordent pas tout-à-fait avec celles de Corti. J'ai vu, en effet, la circulation du Chara continuer dans l’eau refroidie à zéro, et même j'ai observé cette circulation pendant douze heures dans l’eau refroidie à un degré au-dessous de zéro et non convertie en glace pendant cet espace de temps. Cette circulation existe donc tant que l’eau conserve sa fluidité. Je n’ai point vu, comme Corti , cette circulation re- prendre par le dégel gradué d'une tige de Chara qui a été com- plètement gelée. | J'ai observé, comme Corti, que l’ slévatioh de la température augmente la vitesse de la circulation du Chara, et que l'abais- sement de la température diminue cette vitesse. La constatation de ce fait général était importante, sans doute, mais j’ai voulu pousser plus loin mes recherches sur l'influence qu’exerce la température sur cette circulation. J'ai pris trois mérithalles de Chara dont la circulation se maintenait daus de l’eau refroidie à . zéro. Cette circulation était lente. Je laissai le vase qui conte- tait Peau et les mérithalles de Chara refroidis à zéro dans un ap- partement dont la température était à + 9 degrés centésimaux. Au bout de quatre heures l’eau du vase avait acquis la tempé- rature ambiante de + 9 degrés, et la circulation des mérithal- les de Chara avait acquis à-peu-près sa vitesse moyenne. À l’aide = 26 DUTROCHET. — Sur la circulation dans les Chara. d’un appareil d’échauffement dont je moüérais à volonté l’ac- tion , j'élevai, dans l’espace d’une heure, la température de l'eau à + 18 degrés centésimanx, alors la circulation devint extrême- ment rapide dans les mérithalles de Chara. Dans l’espace d’une autre heure je portai la température de l’eau à + 27 degrés. La circulation devint alors extrêmement lente; je maintins cette même température de + 27 degrés, et, sous son influence con- tinuée, la circulation commenca, au bout d’une heure et de- mie, à reprendre de la vitesse qui augmenta peu-à-peu, en sorte qu'après avoir subi pendant deux heures l'influence d’une chaleur de + 27 degrés, les mérithalles de Chara reprirent une grande vitesse de circulation , vitesse qu'ils avaient d’abord per- due sous l'influence de cette même température. La force vitale qui produit cette circulation. d'abord opprimée par une cha- leur trop forte, avait réagi contre cette cause opprimante, L'un des trois mérithalles de Chara, soumis à cette experience, avait été employé la veille à une autre expérience par laquelle il avait subi des changemens brusques et considérables de tem- pérature, dont les effets seront rapportés plus bas. Cette expé- rience avait, à ce qu'il paraît, affaibli la vitalité de ce mérithalle de Chara, en sorte que sa circulation était demeurée fort lente sous l'influence continuée pendant deux heures d’une tempéra- ture de + 27 degrés, tandis que, sous cette même influence, les deux autres mérithalles avaient acquis une circulation ra- pide par l'effet de la réaction vitale qui s’était opérée chez eux. Ainsi cette réaction vitale n’avait point lieu chez le mérithalle affaibli. Je le retirai de l’eau échauffée à + 27 degrés dans la- quelle sa circulation demeurait languissante, et je le transportai dans de l’eau dont la température était seulement de + 12 de- grés; en peu de minutes ce mérithalle reprit sa vitrsse normale de circulation. Je reviens aux mérithalles de Chara dont la force vitale avait réagi contre l'influence opprimante de la chaleur de +4- 27 degrés, et dont la circulation, d’abord diminuée par cette chaleur, était redevenue rapide sons son influence continuée ; j'augmentai peu-à-peu la chaleur de l’eau dans laquelle ces mé- rithalles étaient plongés, et en une demi-heure je portai cette chaleur à + 34 degrés. La circulation devint de nouveau extré- DUTROCHET. — Sur la circulation dans les Chara. 27 mement lente dans les deux mérithalles soumis à cette chaleur, mais cette lenteur de la circulation ne fut pas de longue durée ; l’un des deux mérithalles reprit une circulation rapide au bout d’un quart d'heure, et l’autre au bout de vingt-cinq minutes, sous l'influence continuée de cette même température de + 34 degrés. La force vitale à laquelle est due cette circulation avait de nouveau réagi contre l’inflience de la chaleur qui l'oppri- mait. Alors je portai, en quarante minutes, la chaleur de l’eau à + 4o degrés. La circulation devint encore extrêmement lente dans les deux mérithalles , et ce ne fut qu’au bout de quarante- cinq à cinquante minutes d'influence continuée de cette même température que la circulation redevint encore très rapide; la force vitale qui l’opérait avait de nouveau réagi contre l'influence de la chaleur accablante qui tendait à l’anéantir. Enfin je portai en vingt minutes la chaleur de l’eau à + 45 degrés ; la circula- tion d’abord diminuée de vitesse s’arrêta complètement. La réac- tion vitale n'avait pu s’opérer contre l'influence de cette cha- leur excessive, Je laissai l’eau se refroidir lentement, mais les mérithalles de Chara qu'elle contenait ne reprirent point leur circulation: ils étaient morts. Après avoir vu quels sont les effets produits sur la circula- tion du Chara par des changemens lents et gradués de tempéra- ture, il s'agissait d’expérimenter quels sont les effets produits sur cette même circulation par les changemens brusques et considérables de température. Un mérithalle de Chara étant depuis long-temps dans de l’eau dont la température était de + 6 degrés centésimaux, je le transportai dans de l’eau échauffée à + 22 degrés; le mouvement circulatoire y prit sur-le-champ une grande accélération de vitesse. Je reportai ce même méri- thalle dans l’eau dont la température était de +7 degrés; le mou- vement circulatoire fut de suite diminvé, et il reprit ensuite sa vitesse primitive. Je vis ainsi qu’un changement brusque de tem- pérature dans les limites indiquées ne produisait d'autre effet que d'augmenter ou de diminuer de suite la vitesse de la circu- lation. 11 ÿ avait là une transition brusque de 15 degrés centési- maux, Je pris un autre mérithalle de Chara qui était dans l’eau dont {a température était à + 7 degrés et dont la circulation 20 DUTROCHET. — Sur la circulation dans les Chara. avait une moyenne rapidité; je le transportai dans de l’eau échauffée à + 32 degrés, il y avait ainsi 25 degrés de différence entre les deux températures auxquelles ce mérithalle était suc- cessivement soumis. Au bout de deux minutes je trouvai que la circulation était devenue tres lente; elle se trouva complète- ment suspendue au bout de cinq minutes. La même tempéra- ture de + 32 degrés étant maintenue, je vis, au bout d’une heure de suspension, la circulation qui commencait légèrement à se rétablir, et une autre heure après elle se trouva-complète- ment rétablie avec beaucoup de vitesse. La force vitale qui opère cette circulation avait ainsi réagi contre l'influence de la chaleur assez considérable à laquelle elle avait été soumise par une transition brusque et qui d’abord l'avait opprimée et sus- pendue. Ce même mérithalle dont la circulation se trouvait bien rétablie sous l'influence continuée d’une chaleur de + 32 de- grés ayant été replacé dans l’eau qui le contenait primitivement et dont la température était de + 7 degrés, sa circulation fut de nouveau suspendue au bout de quatre minutes, et elle ne se rétablit qu'après une heure et demie ue suspension complete, encore cette circulation demeura-t-elle très lente pendant cinq heures que je continuai à l’observer. Il est probable qu’elle re- prit plus tard la vitesse moyenne qui existe ordinairement par la température de + 7 degrés. Un mérithalle de Chara qui était dans l’eau, dont la tempé- rature était à + 10 degrés, fut transporté dans de l’eau dont la la température était à + 2 degrés. Le mouvement circulatoire, dont la vitesse était moyenne, fut d’abord très ralenti ; au bout d’une demi-heure il avait repris presque sa vitesse primitive, par l'effet de la réaction. La température la plus convenable, pour la vie et pour la cir- culation du Chara, paraît être entre + 12 et 25 degrés cen- tésimaux. En decà et au-delà de ces limites, la vie et la circula- tion du Chara r’existent qu’au moyen d’une réaction vitale qui finit toujours, à la longue, par être vaincue ; et cela, surtout, lorsque ces limites de température sont beaucoup excédées, sur- tout dans le sens de l'élévation de la température; car j'ai expéri- menté qu'on peut conserver de Chara fragilis pendant l'hiver, DUTROCHET. == Sur la circulation dans les Chara. 29 quelque basse que soit la température à laquelle il est soumis, pourvu que l’eau, dans laquelle il se trouve, ne gele pas. : En général l’abaissement de la température diminue la vitesse de la circulation du Chara, et l'élévation de la température l’augmente directement lorsque cette élévation ne dépasse pas les limites de la température la plus convenable à la vie de la plante. Au-delà ou en deçà de ces limites la chaleur diminue di- rectément la vitesse de la circulation, en tendant à opprimer la force vitale qui la produit; mais la réaction de cette force re- donne subséquemment à cette circulation une très grande vi- tesse, en sorte qu’on peut dire que, dans ce cas, la chaleur augmente zrdirectement lavitesse de la circulation. Le froid pro- duit les mêmes phénomènes; son premier effet est de ralentir la circulation du Chara; c'est son effet direct ; il tend à oppri- mer la force vitale qui est l’agent de cette circulation; mais, en- suite, la réaction de cette force redonne à la circulation une vitesse qui, il faut le remarquer, est très loin d'atteindre celle que la réaction de la force vitale redonne à cette circulation sous l'influence de la trop forte chaleur. $ 5. — /Znfluence de la lumière sur la circulation du Chara. La lumière n'influe, sur la circulation du Chara, qu’en sa qualité d'agent propre à déterminer les actions chimiques de nutrition et de respiration de la plante. On sait que la lumière détermine la décomposition de l’acide carbonique par les végé- taux, d'ou résulte la fixation du carbone et le dégagement de l'oxigène. Le carbone, ainsi fixé, est un des principaux élémens de la nutrition des végétaux; j'ai fait voir, dans un autre tra- vail (1}, que l’oxigène , dégagé dans cette circonstance, est in- troduit dans les organes pneumatiques des végétaux, et qu’il y sert à leur respiration. La lumière, considérée ainsi comme cause de nutrition et de respiration , est une des conditions pre- mieres de la conservation de la vie des plantes ; on conçoit donc (x) Recherches sur les organes pneumatiques et sur la respiration des br , tom. 1 de la collection de mes Mémoires , pag. 320. 30 DUTROCHET, — Sur La circulation dans les Clara. qu’elle est indissensable pour la conservation de la circulation du Chara , mais l'expérience apprend qu’elle n’est pas indispen- sable pour l’existence ni même pour la vitésse actuelles de cette circulation; car, la température étant la même, il n’y à point de différence dans la vitesse de la circulation, pendant le jour et pendant la nuit. Il faut une obscurité très prolongée, pour affaiblir et pour anéantir, ensuite, ce mouveirent crculatoire. J'ai placé plusieurs mérithalles de Chara dans une obscurité complète, en couvrant le vase qui les contenait avec un réci- pient opaque autour de la base duquel j'accumulais du sable fin. La température varia, pendant la durée de l'expérience, de + 14 à + 22 degrés centésimaux. Le huitième jour la circu- lation devint lente dans les plus vieux mérithalles; elle était de. meurée sensiblement la même chez les jeunes mérithalles. Le seizième jour la circulation s’abolit chez les vieux mérithalles ; elle continua de persister, mais diminuée de vitesse chez les jeunes mérithalles. Du vingt-quatrième au vingt-sixième jour la circulation s’abolit dans les jeunes mérithalles; ils étaient étiolés. Ainsi la circulation dépend de la vitalité de la plante, vitalité qui diminue et finit par s’éteindre dans l'absence de la lumière. Cet effet aurait eu lieu plus promptement par une chaleur plus élevée; car des expériences, déjà anciennement publiées (r), m'ont prouvé que les plantes meurent dans l’obscurité d’autant plus promptement que la température est plus élevée. J'ai fait voir que cela provient de ce qu’elles subissent les effets de l’as- phyxie d'autant plus promptement qu'il fait plus chaud, ainsi que cela arrive de même aux animaux, d’après les expériences de M. Edwards. : $ 6. Influence de l'air atmosphérique sur la circulation du Chara. J'ai fait voir, dans le travail cité plus haut, que les végétaux respirent l’oxjgène comme les animaux, avec cette différence, | (x) De l’excitabilité végétale, tom. r de la collection de mes Mémoires, p. 555 et suivantes. DUTROCHET. — Sur la circulation dans les Chara. 3£ que c’est spécialement l’oxigène qu’ils fabriquent par la décom- position de l'acide carbonique , et qu'ils iutroduisent dans leurs organes pneumatiques qui sert à leur respiration. L'air atmos- phérique ambiant ne sert que subsidiairement, et d’une manière imparfaite à la respiration végétale. On sait, en outre, que le phénomène de fa production de l’oxigène par les plantes , sous l'influence de la lumière, cesse d’avoir lieu lorsqu'elles sont plongées dans l’eau non aérée. Fa respiration de ces plantes est alors complètement suspendue, et elles s’asphyxient, comme cela leur arrive par Pabsence prolongée de la lumière et même encore plus promptement, puisqu'elles n’ont pas la faible res- source de Flair dissous dans l’eau pour fournir, d’une manière imparfaite, aux besoins de leur respiration. Cette seconde cause d’asphyxie fait cesser, de même que la première, la circulation et la vie du Chara. Je mis une tige de cette plante, composée de quatre mérithalles, dans un flacon aplati, rempli d’eau non aérée, et-Je bouchai ce flacon, avec son bouchon de cristal, sans y enfermer d'air. Ce flacon avait assez de capacité pour que la plante qu'il renfermait fût environnée d’une quantité d’eau suffisante pour qu’elle pût continuer à vivre long-temps, quoique emprisonnée. J'ai expérimenté, en effet, qu’en mettant des tiges de Chara dans un vase plein d’eau, et bien bouché, elles y meurent par l'effet de la putréfaction de l’eau. Cela arrive d'autant plus promptement qu’il y a plus de Chara dans moins d’eau. Le flacon que j'employais, dans l’expérience que je vais rapporter, avait une capacité plus que suffisante pour que la tige du Chara que j'y plaçai n’occasionnât pas, par son séjour prolongé, la putréfaction de l’eau qu’il contenait. C’est, au reste, ce dont je m’assurai après la fin de l'expérience. La tige de Chara était dans son intégrité, ce qui veut dire que je n'avais enlevé, sur aucun de ses mérithalles, le système cortical, afin d’apercevoir la circulation. La transparence de ces méri- thalles me dispensait d’avoir recours à ce moyen qui, lorsqu'on l’emploie, ne permet pas de conserver plus de trois semaines, dans l’état de circulation et de vie, les mérithalles de Chara sur lesquels on a pratiqué cette opération. C’est dans les mêmes circonstances et avec les mêmes précautions qu'ont été faites les 32 DUTROCHET. — Sur la circulation dans les Chara. observations rapportées dans le paragraphe précédent. La tige de Chara, reployée en divers sens dans l’intérieur du flacon rempli d’eau, touchait dans plusieurs points aux parois de ce flacon, et c'était dans ces points seulement que je pouvais obser- ver la circulation , parce que c'étaient les seuls où il me füt pos- sible d'amener la tige du Chara au foyer du microscope. Le fla- con bouché, comme je l'ai dit, avec son bouchon de cristal, fut renversé dans du mercure, afin d’intercepter tout-à-fait l'air extérieur. De temps en temps je transportais ce flacon sous le microscope pour observer la circulation dans la tige de Chara qu’il contenait. Cette circulation subsista pendant vingt-deux jours; elle finit avec la vie de la plante, Ainsi l’asphyxie du Chara, par manque d’air atmosphérique, est arrivée un peu plus tôt que son asphyxie par manque de lumière; et, l’une comme l’autre, elles ont amené, avec la fin de la circulation, la fin de la vie. $. 7. Influence des agens mécaniques et des lésions orga- niques sur la circulation du Chara. Les causes mécaniques qui agissent sur la sensibilité des ani- maux exercent aussi de l'influence sur la circulation du Chara; telles sont la compression, la piqure et la brälure. Get ordre de phénomènes a été aperçu par Corti. Cet observateur a vu que, dans le Caulinia fragilis comme dans le Char&, la circulation était suspendue non-seulement lorsqu'il coupait certaines par- ties de ces plantes, mais aussi lorsqu'il leur imprimait des secousses imême faibles, et qu'ensuite la circulation reprenait son cours comme auparavant. Slack a vu que,en coupant la tige de l'Æy- drocharis Morsus-ranæ la circulation qui a lieu dans les cellules voisines de la coupure diminue d’abord, et qu’elle reprend’ en- suite peu-à-peu sa première vitesse. Ces premiers aperçus sont fort intéressans et je me suis empressé de suivre leurs indica- tions. J’ai d’abord expérimenté queleffet produisaient les secousses sur la circulation du Chara. Pour cet effet, jai placé une tige de Chara dans un flacon. aplati et plein d’eau. Ayant frappé très fort et à plusieurs reprises le fond de ce flacon sur une table, DUTROCHET. — Sur la circulation dans les Chara. 33 je l'ai promptement transporté sousle microscope, car je pouvais facilement voir la circulation du Chara au travers des parois de ce flacon aplati. Je newis point, dans cetteiexpérience:bien des fois répétée; qu'aucunéinfluence’ait étéexercée pargesivives sécousses sur la circulation du Charä; ainsi, je ne sais que penser de l’assertion de Corti qui prétend que la moindre secousse sus: pend cette circulatiôn.: Au reste ,:lés secousses vives agissant en produisant un refoulement des partiès;les unes sur les! autres, refoulement qui ui-même occasionne une compression, c'est cette dernièreaction mécanique que j'ai dü étudier eñ.employant des moyens plus -énergiques pour la,produire..: #Jai parlé plus haut ‘des: ligatures au moyen desquelles j'ai établi plusieurs circulations distinctes dans un même, mérithalle de Chara. La ligature opère une/compression , et l'effet de cette compression est d'arrêter subitement da circulation générale qui se rétäblit ensuite, deux:ou trois minutes -après en. formant deux circulations séparées. Gette compression! est supposéeimo- dérée, mais suffisante, toutefois, pour! intercepter; toute com- munication entre les liquides circulant dans les, deux comparti- mens que sépare la ligature.. Les choses étant ainsi |, j'ai serré un peu plus la ligature ; et céla:sans opérer de.secoüsse ; les deux circulations ont été suspendues, et; ne.se sont rétablies-quetrois à quatre minutes après. J’aide.nouveau serré:la ligature ,‘etavec plus de force!, les deux circulations se:sent, suspéndues; elles n’ont repris qu'au bôut d'un quart d'heure; et; cequ'il:y a de très remarquable, elles he:sont point reveñues;comme:-précé: demment, 'jusques auprès de laligature; elles ént-opéré. léur mouvement de retour, de part et d'autre, à une certaine distance de cette ligature (figure 10; planche); erisortequ'il est,évident que la forte compression:avait aboli; jusqu'à une certaine dis: tance de la Jigature et des deux côtés ; la force motrice qui met- tait le liqnidé en mouvement. Au bout de deux heures, la cir- culation avait regagné insensiblement; et; de chaque côté , jus- que aupres de la ligature: Ainsi, la:compression a pour effet di- réct et primitif la suspension, ou simplement la diminution de Faction motrice sous l'influence de laquelle se meutle liquide circulant, action qui est ensuite rétablie par la réaction vitale: IX. BoTan, =» Janvier, 3 3/ DUTROCHET. — Szr la circulation dans les Chara. malgré l'influence continuée de la compression, laquelle agit ici sur les globules verts sériésen même temps que sur le tubemem- bräneux que ces globules ou petites cellules sériées tapissent in- térieurement. Tout porte à penser que c'estla compressionexer- cée sur ces petites cellules à l’état naissant qui, seule ici, a de l’indluence. Les coupures produisent des effets semblables; si l'on coupe les feuilles verticillées situées sur le nœud inférieur ou sur le nœud supérieur d’un mérithalle, la circulation s'arrête dans son tube central, et elle ne reprend que quelques minutes après. Il y a eu ici transmission sympathique de l'influence nuisible exercée sur les feuilles. Je n'ai point va que la’circülation cen- trale d’un mérithalle füt influencée par la section des feuilles dént il est éloigné de toute la longueur d’un mérithalle voisin. Je n’ai fait, il est vrai, cette expérience que par une température de + 12 degrés cent.; peut-être la transmission sympathique de l'influence dont il est ici question s’opérerait-elle de plus. loin ‘par une température de beaucoup plus élevée. Les piqûres produisent encore les mêmes effets : j’ai enfoncé la pointe d’une aiguille extrêmement fine dans lun des nœuds d’un mérithalle, sans pénétrer dans la cavité du tube central; le mouvement circulatoire s’est arrêté, etil s’est rétabli au bout d’une à deux minutes; il est alors devenu plus rapide qu'il ne l'était avant l'expérience. Ainsi, l'effet direct de la piqüre a été la suspension par effet sympathique de la force motrice sous l'influence de laquelle se meut le liquide circulant ,etson effet indirect a été l'augmentation de cette force motrice par réaction vitale. | | ‘Lorsque la pointe de l'aiguille pénètre, même infiniment peu, dans la cavité du tube central, le mouvement circulatoire s’ar- rêtesans retour, ainsi que le prouve l'expérience suivante. J'ai pris un mérithalle de Chara long d’un peu plus de trois, centi- mètres etayant trois quarts de millimètre de diamètre ou de gros- seur diamétrale,et je l'ai piqué dans son quart supérieur avec une aiguille très fine que j'ai enfoncée le moins que j'ai pu,et que j'ai laissée fixée dans la blessure , en sorte que le trou qu’elle avait fait se trouvait complètement bouché. Le mouve- DUTROCHET, — Sur la circulation dans les Chara. 35 ment circulatoire devint de suite extrêmement lent; il cessa complètement.au bout de cinq minutes et il ne se renouvela point : il était aboli sans retour. Cependant, la blessure dont l'aiguille fermait l'ouverture ne donnait aucune issue an liquide intérieur du mérithalle. Je m'en assuraien observant au micros- cope l’endroit où existait cette blessure que je voyais parfaite- ment remplie par la pointe tres fine de l'aiguille. Jé mesurai, à l’aide du micromètre, la longueur de la pointe qui avait pénétré dans le mérithalle dont la transparence favorisait cette observa- tion. Je trouvai que la pointe introduite avait seulement sept centièmes de millimètre de longueur. Alors ayant pris une tranche transversale de ce même mérithalle, je mesurai l'épaisseur de son: système cortical que la pointe de l'aiguille avait dû traver- ser pour arriver dans l’intérieur du tube central, Je trouvai à ce système cortical une épaisseur d’un peu plus de six centièmes de millimètre. Il résulte de là que la pointe de l'aiguille avait péné- tré à moins d’un centième de millimètre dans l'intérieur du tube central, ce qui ne pouvait opposer aucun obstacle méca- nique à la circulation qui avait lieu dans son intérieur. Quelle était donc la cause qui avait aboli cette circulation sans retour Je n’en aperçois point d'autre que l'établissement d’une commu- nication entre l’intérieur du tube central et le monde extérieur par le moyen de l'aiguille. Des expériences rapportées plus haut m'ont semblé prouver que la membrane diaphane qui constitue le tube central n'est point conductrice de l’influence invisible qui meut le liquide circulant dans son intérieur, en sorte qu'il existe ici un éso/ement de l'agent, quel qu'il soit, qui opère la circulation ; cet agent. est circonscrit et coercé par le tube mem- braneux isolant, à l’intérieur duquel il exerce son action. Or, du moment que l’intérieur de ce tube membraneux isolant est mis en communication avec le monde extérieur parle moyen de l'aiguille qui perfore ce même tube, sans cependant laisser échapper le liquide qu'il contient, la circulation s’abolit sans retour ; ce qui paraît provenir de ce que l’intérieur de ce tube central, ayant cessé d’être isolé du monde extérieur, l'agent qui produisait la circulation danssonintérieur a cessé, parcela même, d'y être circonscrit et coercé. C’est ainsi qu'une bouteille de É 365 purrRoCHET. — Sur la circulation dans les Chara. Levde perd sa force électrique. Je ne fais, au reste, cette com- paraison que pour donner plus facilement une idée de la manière dont je concçois le phénomène dont il est ici question, et je ne prétends point du tout en inférer que le tube central d’un mé- rithalle de Chara soit une bouteille de Leyde, ni que l'agent de la circulation qui a lieu dans l’intérieur de ce tube soit l’électri- cité, da moins telle que nous la connaissons. Il est permis de soupçonner qu'il existe là un agent impondérable qui nous est inconnu,agentinvisible, moteur de la matière pondérable comme l'est l'électricité. | J'ai observé que la piqûre de l’aiguille ayant fait cesser la circulation dans le tube central d’un mérithalle de Chara, les tubes dont se compose le système cortical de ce même mérithalle continuent d'offrir la circulation qui leur est propre. Lorsqu'on gratte un mérithalle de Chara avec un instrument tranchant et qu’on le dépouille ainsi de son système cortical , cette action mécanique qui lèse le tissu de la plante produit le même effet que la coupure et la piqüre ; elle suspend la circu- lation laquelle se rétablit quelque temps après. J'ai vu, dans ce dernier cas, la snspension de la circulation durer plus de deux heures. La brülure des feuilles qui sont situées sur les nœuds supé- rieur ou inférieur d’un mérithalle de Chara suspend la circula- tion qui a lieu dans le tube central de ce mérithalle , et cette cir- culation se rétablit ensuite après quelques minutes de suspen- sion, La brülure des feuilles qui sont plus éloignées où qui appartiennentaux deux mérithalles voisinsau-dessus etau-dessous du mérithalle observé, ralentit seulement, et pour peu de temps, la circulation qui a lieu dans ce dernier mérithalle. Il y a ici une transmission sympathique assez étendue de l'influence nuisible exercée par ia brûlure; mais cette influence n’est pas assez intense pour suspendre la circulation; elle ne fait que la ra- lentir. | Les actions mécaniques quisuspendent la circulation du Chara produisent souvent en même temps des mouvemens convulsifs dans cette plante. Ainsi, j'ai observé que, aprés avoir gratté un mérithalle de Chara pour le dépouiller de son système cortical, eo DUTROCHET. — Sur da circulation dans les Chara. 47 il se manifeste presque constamment des mouvemens convulsifs brusques dont le siège est dans la partie qui vient d’être grattée, c’est-à-dire dans le tube central dénudé. Jai vu une fois cette partie dénudée qui avait peu d’étendue, et qui occupait le mi- lieu du mérithalle , se fléchir profondément de manière à former une équerre des deux moitiés de ce mérithalle; ayant redressé ce dernier à plusieurs reprises, chaque fois ses deux moitiés retournèrent spontanément et rapidement à leur position de flexion. J'ai vu plusieurs fois des saccades convulsives se mani- fester, lorsque je pratiquais une ligature sur un mérithalle de Chara dépouillé depuis quelque temps de son systeme cortical,. et dans lequel la circulation était rétablie, en sorte que l'effet produit par l'enlèvement de l'écorce ne subsistait plus. La liga- ture, ou plutôt la compression qu'elle opérait, produisait alors à-la-fois la suspension de la circulation et les mouvemens con- vulsifs. Les piqüres produisent les mêmes effets. Jai vu que , en piquant un des nœuds terminaux d’un mérithalle, ce dernier offrait dessaccades convulsives en même temps que la circulation se suspendait dans son intérieur. La suspension de la circulation peut avoir lieu dans tous ces cas, sans qu’il se manifeste de mou- vemens convulsifs ; mais ces derniers n’ont jamais lieu sans la suspension concomitante de la circulation. Les mouvemens convulsifs du Chara ayant lieu lorsque le système cortical de cette plante est enlevé, cela prouve que c’est dans son système central qu’existent les organes qui operent ces mouveémens. Ce système central se compose du tube mem- braneux et des globules verts sériés qui tapissent son intérieur sans y adhérer. Or, j'ai reconnu que ce sont ces séries de glo- bules verts qui sont les agens des mouvemens convulsifs dont il est ici question. Ces séries de globules se courbent en zig-zag comme des fibres musculaires; le tube membraneux et diaphane qui les recouvre ne participe point à cette flexion sinueuse qui le meut d’une manière passive: Cette flexion sinueuse des séries de globules verts est ordinairement peu profonde; la figure 11 planche 2 en offre un exemple ; toutes les séries de globules ne se courbent pas simultanément ; on en voit beaucoup qui.con- servent leur rectitude, ce qui prouve que ces séries de globule- 38 DUTROCHET. — Sur la circulation dans les Chara. peuvent agir indépendamment les unes des autres. Je rappelleraï ici l'observation exposée plus haut, et quise rapporte aux figures 5, 6, 7 et 8. Cette observation prouve que chaque série de glo- bules considérée ‘individuellement possède la double propriété de se rouler en spirale sur elle-même, et de se dérouler en se redressant. J'ai fait voir dans un autre travail(r) que'les fibres musculaires des animaux présentent exactément les mêmes phé- noniènes ; isolées, elles se roulent en spirale; aggrégées en masses rhésen tres: elles se fléchissent en zig-zag. Je dois me borner ici à faire observer ceite analogie singulièrement remarquable, et à renvoyer à ce que j'ai dit au sujet des mouvemens de la fibre musculaire dans le mémoire que je viens de citer. M. Amici à noté et figuré la flexion sinueuse que prennent quelquefois les séries dé globules verts du Chara; mais, n'ayant point observé les mouvemens convulsifs de cette plante, il n’a pu connaitre l’usage ou le but physiologique de cette flexion sinueuse, au moyen de laquelle s'exécutent lés mouvemens spontanés et convulsifs dont il est ici question. Il n’a point vu que cette flexion sinueuse était le résultat d’une action vitale. (Suite et fin au prochain cahier.) CEnTUuRIE de plantes cellulaires exotiques nouvelles, Suite, (Noy. 1. 8, p. 345.) HEPATICÆ L 66. Riccia ochrospora(Nees et Mont. mss.) : fronde irregulariter cordatà, rard eumorphà, glaucà spongiosà, marginibus imissub- adscendentibus ; fructibus in substantià frondis sparsis utrinque prominulis, sporis ochraceis, | (1)! De la structure intime des organes des animaux et du mécanisme de leurs actions vitales, tom. 11 de la collettion de mes Mémoires, pag. 488. C. MONTAGNE. — Plantes cellulaires exotiques. 39 Hab. propè Quillota regni chilensis, in pascuis sterilibus collium , locis udis à B. Beïtero lecta et sub n. 1279 imissa. | Descr.. Frondes non syrametricè consociatæ, polymorphæ, sæpiüs autem irre- gulariter cordatæ, 2-3 lin. laiæ et longæ margine subadscendente, subis pilis, radicalibus innumeris vestitæ. Color glaucus. Substantia spongiosa et cellulis laxis polredris tota composita. Epiderms paginæ superioris uti in À. flutiante. Fructus prorsüs immersi supra mints quam subtùs gibboso- prominentes absque styli vestigio remanente. Sporæ subsphæricæ margine cellulis periphæricis pel- lucidioribussubhyalinæ , ochraceæ. SPHÆROCARPUS Mich. reform. Fructus superficiales ; sporangium breviüs longiusve pedicel- latum ex epigonio styligero vel stylum dejiciente factum, invo- lucro ventricoso apice perforato cinctum ; sporæ polyedræ; ela- teres nulli. 67. Sphærocarpus Bérterit (Montag. mss.) : fronde tenerrimä ramoso-lobatà enervi, sporangii sessilis stylo deciduo, involu- cro conico-trunçato stipitato! ore amplo ar sporis tricoc- cis subasperis. Hab..in eisdem locis cum Riccié ochrosporé à B. Bertero lecta'et sub n.695 missa. 68. Sphærocarpus Notarisit (Montag. in litt. ad cl. De Notaris) fronde semi-ovatà falcato-recurvà kinc nervosà, apice laciniato- fissà, vel appendiculatä , sporangii pedicellati! stylo persistente, sporis echinatis | Hab. in Séndinirs; meridionalis paludibus spongiosis à CL. De Notaris ;lecta mecumque communicata. Sphærocarpus MicheliBell. fronde rosaceo-lobatà enervi, spo- rangiisessili stylo deciduo, involucro obovato turbinatove sessili apice poro minimo pertuso, sporis tricoccis alveolatis.. Nobis. Os. La découverte de denx nouvelles espèces dans ce genre jusqu'ici monotype, m'a mis dans la nécessité de réformer non- 40 C. MONTAGNE. — Plantes cellulaires exotiques. seulement les caractères génériques, mais encore ceux de l’es- pece unique qui le composait. Je ne décris point ces nouvelles espèces : elles le seront en détail et figurées, l’une dans le V’oyage dans l’Amérique méridionale de M. d'Orbigny, et l’autre dans un travail que prépare M. De Notaris. 69. Ænthoceros dissectus (Montag. a. ): fronde .e basi an- gustà cuneato-dilatatà multinervosà palmato- rmaMifias.: laciniis ANT dissectis ; fructu. ..…. Hab. ad saxa inundata adhærentem in amne Æ/yfa dicto, leucas ferè decem à Rio de Janeiro distante, à cel. Auguste de Saint-Hilaire Jectus. Descr. Frons uncialis et ultra, basi angustatà cuneatà ad saxa adhærens, demum sensim dilatata palmato-fissa subdichotoma, sinubus obtusis, venulis pluribus seu nérvis dichotomis percursa , laciniis lincaribus vix lineau latis divergentibus tandem in filamenta capillaria coifervoidea dissectis. Colorolivaceus, nervorum obscurior. T'extura membranacea. Retis'areolæ subrotundæ: Æructus deest. Os. Si je m’en rapporte à la description , ma plante à par sa forme générale et son, mode de division: dichotome , quelque analogie ,avec.les L4.. giganteus Lehm. et jaranious Nees, qui me. sont. autrement inconnus. Ne pourrait-il pas se, faire que.les échantillons que je viens de décrire fussent des anamorphoses de l’une ou de l’autre de ces espèces , dues aux circonstances de là localité où ils'sé sünt développés? Nés-sur dés pierrés‘äu fond d’une rivière au courant de laquelle ils ont été soumis, de là pourraient bien venir en effet et leur stérilité et leur SRE en lanières capillacées. Il léur, serait arrivé ce que nous observons tous les j jours, dans. nos fleuves à Yégard de la renoncule aqua- tique dont les feuilles , soumises à l'action du courant , s’allon- gent jusqu'à devenir entièrement capillaires. Le fait est digne de! remarqué ; mais je. ne donne son explication que pour ce qu'elle vaut, c'est-à-dire comme une hypothèsé. 70. Targionia bifürca (Net M. miss)? fronde lineari angustà disipaier: sæpiüs bifurca , nérvo crasso, marginibus membrana- ceis adscendentibus repando Éténulatié Ado Est apice frondis latiore. “Hab: prop Quillota in Chile legit B. dr AUX FRAIS pervo crassiore C. MONTAGNE. — Plantes cellulaires exotiques. fa margimibus et infructiferà convolutis, differt. T. capensis Hüben. fronde tenerà oblongä margine incrassato à nostrà distinguenda, Os. C’est sur cette espèce que j'ai découvert les organes mâles de ce genre , découverte qui fait l'objet d’un mémoire que j'ai adressé à l'Acadénie des Sciences, le 12 février 1838. 1. Fimbriaria Boryana (Montag. Herb.) receptaculo femi- neo convexo rugoso, sæpius 3-lobo, subtüs barbato, fronde lineari simplici furcatâve subtüs squamosà atropurpureà , suprà viridi subpapillosà, marginibus siccitate involutis canaliculatä, perian- thüs multifidis , laciniis apice cohærentibus. Marchantia syngenesica!! Bory , lier. Weber, Prodr. p. 144. Iab. ad terram nudam in Insulà Borboniâ ubi cel. Bory primus capsulis maturis detexit et posteriüs cl. Adolphe Delessert fructu nondüm maturo legit. Dsscr. Frondes 6-9 lin. longæ, 2 lin. latæ, lineares apice vix ampliori rotundo emarginato, basi pardmangustatæ, sæpiüs indivisæ sed et furcatæ, membranaceæ, medio: margineque subtùs subincrassatæ, atropurpureæ, radiculis instructæ , utrinque squamis parvis & basi ovatà acuminatis imbricatis purpureis margmem non superantibus obsitæ, ob: margines siccitate involutos canaliculatæ, suprà tandem virides ténuissimè papillosæ , nec poris perforatæ , nec manifestè areo- latæ. E sinu frondis surgit pedunculus pro ratione plautæ longus, 9 lineas| ad pollicem.usque metiens, tortilis, striatus, nudus. Receptaculum commune femi- neum junius.globosum maximè rugulosum, subtùs pilis purpureis Jdensis barba- tum , demüum expansum hemisphæricten centro umbonatum, in tot lobos quot fructus adsunt (plerùmque'tres) divisum, subcrenulatum. Perianthia deorsim spectantia:-valdè prominentia in 12 lacinias. fissa lineares planas niveas vel pur- purascentes , pellucidas apice cohærentes. Capsula sessilis globosa ctreumscissa ; purpureo-fusca, seminibus (sporis) subrotundo-angulosis compressiusculis ad speciem marginaüs, luteo-rufis, referta. Elateres adpressè dispiri lutei tubo sim- plici bifurcatoque serpentino inclusi: Receptacula mascula ignota. AFFIN. Fimbriaria elegans Spr. cujus frondes , uti in nostrà , siccitate sunt involutæ différt receptaculo subts nudo et pedünculo piloso. F. venosa Lehm, ab hâc diversa fronde subtüs viridi, laciniisque perianthü paucioribus triangu- lari-subulatis. A F. sanguine tandem quæ , receptaculo plano gaudet, nostra receptaculo hemisphærico umbonato nec non sporis luteo-rufis distincta. ‘72. Fimbriaria chilensis (Nees et Montag. mss.) receptaculo femineo obtusè umbonato subtrifido brevi barbato, fronde obovatà bilobà bifidäve tenerà , limbo undato subvenoso , pe- 42 G:MONTAGNE. — l/antes cellulaires exotiques. dunculo glabro striato_ basi, nudiusculo , perianthiis deorsum spectantibus subquadrifidis apice diu cohærentibus. Hab! in sylvaticis umbrosis udisque collihus ciica Quillota’ regni chilensis légit B. Bertero et sub nomine Marchantiæ n. 1128 misit. Septembri fractus maturat. Species maximè affinis F. venosæ Lehm. Drscr. Frondes in cæspites consociatæ ; 23-112 lineas longæ , 1-114 lin. latæ è basi angustà Jineari apicemn versüs magis éxpansæ bilobæ aut bifidæ, ex apice s&pè innovantes, marginibus nonnihil adscendentibus subundulatis réphäis et crenulatis, tenues, costà médià incrassatà purpurcâque percursæ; adültiores in ventre purpureo-squamosæ, squamis semilunaribus ; juveniles subtüs squamis la- ceris h;alinis minoribus præditæ, omnes limbo venis divergentibus vix perspicuis picto notabiles. Color frondis glaucescens. Superficies poroso-tuberculata, sed pori plerique globulo viridi clausi, Cellulæ epidermidis magis altæ quàm latæ , contiguæ, dodecaedræ ; sectio transy ersalis epidermidis in poros siuuatim adscen- dens descendensque. Strati cavernosi cavitates trapezoïdeæ, speciosæ, in unâ serie positæ ; cellulæ, mediæ frondi subjectæ , angustæ sunt et elongatæ, late- rum crassiores ampliores dodecaedræ. Receptaculum femineum usquead medium ferè 3 raro 4 lobum, vertice prominente grossè tuberculato. Pedunculi: 2-3 lin. longi, basi purpurei supernè virides glabri striati subtortiles, in apice frondis subgemini , scilicet in singulo lobo singulus ad ortum suum sæpé à parte posticà epidernude hoc loco desinente et adscendente suffultus. Znvolucri inferioris vix ullæ restant paleæ. Znvolucrum superius barbiforme multipaleaceum angüstum , pallidum , perianthiorum longitudine. Receptaculum 314-1 lin. latum, viride;, lobi truncati venosi. Perianthia lobis suis vix duplô longiora ; conica, alba, apice tetragona , primitus in lacinias quaternas triangulares apice cohærentes par- tita, his autem ïiterum in medio divisis apiceque liberis, 6-8 partita. Areolæ retis perianthii longiusculæ. Fructus (in nostris immaturus) brevissimè pedicel- latus, globosus viridis , calyptrà adhuc vestitus styloque brevi obliquo-purpu- rascente coronatus. Sporæ nondüum perfectæ, sed jàm tricoccæ futuræ videntur. FE lateres imperfecti. Arrin. Similis Æ. venosæ L. et L. Pug. IV p. 29 n° 2 sed differre ddétbs fronde latiore tenui quidem nec tenuissimä. An tantüm ejusdem varietas ? Cæte- rèm venæ sic dictæ in utrâque sunt dissepimentorum strati cavernosi , epidermidi insertorum , vestigia pellucida. Oss. Le réceptacle femelle ne porte souvent qu’un seul fruit : on.en trouve le plus communément trois, rarement quatre. En étudiant cette plante; j'ai remarqué encore une tendance no- table des bords de :la fronde à se redresser, quand on la met dans l'eau. Les deux moitiésde la face supérieurede cette fronde C. MONTAGNE. — Plantes cellulaires exotiques. 43 sont alors si fortement appliquées l’une contre l’autre , qu'il faut employer quelque force pour les séparer et les notre sur un même plan. Dans l’état de décrépitude de la plante, la ner- vure et le pédicule qui en part, persistent aprés la destruction du limbe et la chute du receptacle. Il est difficile alors de re- connaître la vraie nature et l’origine de ces restes qu'on trouve épars sur les frondes nouvelles. | 75. Marchantié? piüicata ( Nees et Montag. mss, ): fronde membranaceà subtüs ‘transversim ‘undulato-lamellosà ‘pilosulà apicem versus dilatatâ incisà, laciniis obtusis lobatis margine cartilagineo subciliatis; receptaculo..…. Hab. ad terram in montibus, locis udis sylvarum inter Chupé et lanacacheé in provincià Yungas detexit cl. d’Orbigny. 94. Marchantia inflexa (Nees et Montag. mss.).. Simillima Marchantiæ paleaceæ Bertol., sed differt fronde angustiori lineàäri-bifidà dichotomâve apice emarginatà, margi- nibus rectis leniter repandis vix denticulatis, et receptaculi laciniis brevioribus apice parum dilatatis valdè inflexis. Frondis superficies glauca, pulchrè areolata, tractu medio intensè viridi substriato. Pedunculus brevis basi squamis latioribus superius linearibus , dense vestitus. Receptaculi anguli etinterstitia invo- lucrorum, quæ et ipsa laciniata sunt, paleaceo-hirsutissima. Hab. in Martimicâ. cl. Mérat communmicavit. Ab hâcce ditfert Warchantia Swartzii L. etL. Dill. 1:75. f. 3 A. C. recep- taculorum ambitu obtusè lobato, cujus loci est Chlamidium indicum Corda Sieb. F1. Martin. n. 378. 79. Marchanha amboinensis Nees et Montag. mss. À Marchantit emarginalä N. ab E. Hép: Jav., cui quoad frondis figuram similis est , differt evidenter : fronde teneriori et paul latiori , costà valdè distinctà , licet nec admodum crassä, nec latä, subtüs purpureo-squamosà ; receptaculis femineis majoribus 11/2 lin. latis, omnind semi-circularibus, radiis latioribus tenuio- ribus explanatis, quorum tres intermedii latiores cuneiformes, apice contigui, latè emarginati, angulis obtusis lobuloque medio 44 C. MONTAGNE. — Plantes cellulaires exotiques. obsoleto, basi distantes, laterales oblongi obtusi. Indusia radiis interjecta iisdem duplô breviora, glabra, extrorsum rimäintegrà hiantia, biflora, à periphærià centrum versus florentia. Perianthia campanulata, quadrifida, lobis obtusis, laxè reticulata. Calyp- tra perianthio longior, tenuior, bi-quadritida. Pedicellus capsulà triplo longior.Capsula parva, globosa , bruneo-fusca , irregula- riter quadrifida, laciniüis revolutis; cellulis parietum tubulosis annulis nodisque crassis fuscis præditis. Elateres longi, utrinque attenuati, dispiri, fibris pallidè fuscis arctiusculé tortis. Semina parva, fusca, sub microscopio composito subtrigona , subtiliter cellulosa, margine tenui pellucido articulato cincta. Pedunculus ferè pollicaris , paleis raris angustis adspersus. Hab. in Insulâ Amboinà lecta et cum Montagneo à Balbisio communicata. 76. Plagiochasma peruvianum(Nees. et Montag. mss.): recep- taculo femineo subtüs barbato mono-dicarpo, fronde lineari- oblongä simplici vel bifurcä. Hab. cum præcedente à cl. d'Orbigny lectum, Arrix. à P. appendiculato L. et L. receptaculo sæpius monocarpo luteo nec atropurpureo, à P. cordato L..et L. ïisdem notis et receptaculo subtüs barbato ; ab utroque taudem basi pedunculi squamis vestito , nostra species videtur dis- tnctussima. | 77. Preissia? cucullata (Nees et Montag. mss.): fronde planà, innovationibus geminis quadrangulari-rotundatis emarginatis basi cucullatim contractis, subtus purpureis ; fructu. - Hab. ad terram in regno chilensi, Bertero. 78. Herpelium scutigerum (Nees et Montag. mss.) : caule pro- cumbente subdiviso , foliis distichè patentibus concavis ovato- subfalcatis apice truncatis bi-tridentatis ; amphigastriis duplo minoribus distantibus ovali-rectangulis repandis truncato-obtu- sis, basi brevi-cordatis appressis patulisve ; fructu..… Hab. Cæspites Dricrani longiseti Hook adrepentem locis udis sylvarum circà rivulum Zcho ini Provincià Moxos Peruviæ legit hancce speciem cl. d'Orligny. Herpetiis stolonifero Sw. Vincentiano L. et L. (sub Jungerm.) affimis , notis allatis cvidentissimè distincta species. C. MONTAGNE. — Plantes cellulaires ibn agé 45 70. Frullania (Jungermannia ) Hilariana (Monte. mss. ) : caule repente apicem versüs innovante inordinatè pinnatimque decomposito-ramoso , ramis supremis approximatis conferlis fastigiatis, foliis orbiculatis roncavis arctè imbricatis margine subreflexo integerrimis, auriculà cucullatà magnà truncatà à caule subdistante, involucralibus bilobis , lobo altero ovato- suborbiculato integerrimo, altero ovato-lanceolato denticulato’, amphigasiriis caulinis ex obovato-subsuneatis, margine repando- dentatis, ad tertiam partem bifidis sinu laciniisque acutis ; perian- thüi longioribus, laciniis dentatis uno alterove cilio præditis sibi- met conniventi-incumbentibus; fructu in ramulis terminali ; per- ianthio obcordato mucronato subtüs carinato, margine carinâque ciliatis!!! Hab. ad Stictam auratam adrepens propè Uba in provincià Rio de Janeiro à cel. Auguste de Saint Hilaire lecta. Drscr. Caulis repens, pollice vix longior, ‘densè pinnatimque decomposito ramosus, ramis alternis decurvis recurvisve ilerüm ramosis, supremis approxi- mätis confertis et subfastigiatis. Folia semiverticalia, crassa, arctissimè incubo- imbricata, orbiculata, conferta, integerrima, margine subreflexa, opaca. Retisare- olæ spissæ, form variæ, quadrato-hexagonæ, lineolis moniliformibus circum- scriptæ; scilicet cellulis minimis intercalaribus. Auriculæ inferiores cucullatæ subgaleatæ vel basi tuncatæ , à caule subdistantes et amphigastriis non tectæ, magnitudine dimidium folii adæquantes; superiores vel innovationum lanceo- latæ, canaliculatæ, leviter contortæ. Æmphigastria parva; caulina contigua, ra- morum longiora imbricata, omniâ € basi cuneatà obovatà ad tertiam partem bifida, sinu lacinuüsque acutis, ambitu repandis aut repando-dentatis, è medio ventris ad basin fibrillas numerosas quibus ad thallum Sticiæ auratæ adrepit, emittentia. Fructus in ramulis proprus terminalis. Æolia involucralia intima bifida, lobis subæqualibus, altero orbiculato integro, altero ovato-lanceolato acuto dentato, dentibus pluribus cilüformibus. Æmmphigastrium reliquis longius bi- fidum, lacinüs dentatis subeiliatis sibimet incumbentibus. Perianthium junius orbiculatum, adulium obcordatum in emarginaturà vel sinu mucronatum , suprà planum subtàs verd carinatum, margine carinâque ciliatis. Prætereà in smu ca- rinæ processus extant ütrinque lineares cilis etiam præditi qui:in ætate tenerà calycis, cum longiores sint, expeditiùs cernuntur. Calyptra in fundo perianthi jam fecunda obovata stylo longiusculo coronata. Sporangium (capsula) depresso- sphæricum badium setà perbrevi suffultar:, etamnüm includens. Elateres tubu- losi, fibrà planà simphci, gyris utriculo contiguis. Sporæ polyedræ fuscæ , gra- nuls minimis impletæ 46 C., MONTAGNE. — Plantes cellulaires exotiques. Arrix. SimSls Frullaniæ(Jungermannia) glomeratæ L. et L. infra descriptæ, quæ ab hâc nostrâ perianthiis dorso bicarinatis, ciliisque nujlis abunde differt. Ab omnibus hujusce generis speciebus 'margine perianthii carinâque ciliatis dis- tinctissima. Os. J'ai dédié cette Jongermaniée, la seule qui fût nouvelle , à M. Auguste de Saint-Hilaire comme un hommage dù à tant ia titres au, savant voyageur qui, dans les vastes contrées qu'il a parcourues dans le Nouveau-Monde , n’a pas dédaigné de re- cueillir et de nous conserver un grand nombre de ces plantes cellulaires que la plupart des botanistes négligent ou ne trou- vent pas, parce qu'il faut les chercher pour les apercevoir. 80. Frullania glomerataL. et L. (sub Jungermannié) : inordi- natè pinnatim decomposita, ramis superioribus approximatis con- fertioribus et confertissimis, foliis orbiculatis obtusis integerrimis opacis sæpè sqarrosis; auriculà cucullatä truncatä,magnitudine dimidii folii , à caule subdistante , involucralibus bifidis lobulo angusto Tee amphigastriis orbiculatis bifidis, laciniis acutis obtusisve a nd de oblon- go-muüucronato dorso ventreque bicostato non tuberculato. Jungermannia obscura var. costata N .ab.E.in Herb. Berter. apud Hochstett. n. 355 et 1066.— Jungermannia glomerata L. et L. Pug. IV p. 21. n. 21, (teste specimine). Hab. in Brasilià (Beyrich) in Chile (Bertero in Herb. Hochstett. et Mont ) in cortice Cinchonæ (Fr. Fr.) in Gaylussacciä ni H. et K. e Regno Mexicano (Herb. de Bérghes). Species hæc inter omnes maxime accedit Frullaniæ obscuræ à quâ impriinis differt : auriculà fol altiori subrotuudà, basi truncatà in folium paulo citrà ejus basin transennte nec verd à basideorsüm in plicam conjunctivam (lobulum aucto- rum)descendente ; porrd et perianthio in dorso carinulis duabus prædito præterque eas plerümque striolato, in ventre bicarinato marginibusque acutis ; quæ cuncta quidem et in Frullanié obscur obviæ sunt, sed minds conspicua, atque insu- per, ob carinas ventrales in unam confluentes, perianthium isti persæpè in spe- ciem quadrangulum. Amphigastria tenera , modd profundius modô brevi spatio bifida , laciniis illorum acutis, horum obtusis; marginibus magis aut minüs re- pandis , omnia de ventre radicibus agendis admodüm proclivia. Amphigastria involucralia majora ; oblongñ, ad medium usque bifida, lacinüis angustis, den- tüibus nonnullis instructis. Variat colore fusco et viridi scd semper nitoris experte. Jungermannia glo- C. MONTAGNE. — Plantes cellulaires exotiques. 47 merata L. et L. varietas est ramulis ad apices ramorum confertissimis in rosulamn aut semicirculum expansis foliisque squarroso-patulis margine quandôque re- flexis viridibus ludens. 81. Frullania tetraptera ( Nees et Montag. mss.): caule pin- nato, ramis inæqualibus alternis , foliis cordato-ovatis obtusis subtüs auriculatis , caulinorum auriculà hemisphæricà obliquà extüs truncatà , superiorum sensim acuminato-subulatà margine réflexo; amphigastriis orbiculato-subovatis obtusè carinatis con- cavis bifidis, laciniis sinuque acutis, à dorso radiculosis; fructu terminali; perichætii foliis intimis longè bifidis, segmentis acu- mipatis cum amphigastrio connatis dentatisque perianthiurn, te- tragonum mucronulatum vix superantibus; câlyptrâ virgineà obovatà stylo brevi recto coronatà; capsulà sphæricà nutante (immaturà) brevissimè pedicellatä. Hab. ad Valparaiso in Chili à cl.’ d'Orbigny lecta. Ab affinibas præsertim differt amphigastriis perichætialibus cum falis coalitis perianthioque tetragono. } Calypogeia peruviana (Nees et Montag. mss.): caule pro- cumbente ex axillis amphigastriorum flagellifero ramoso ; foliis subhorizontalibus, caulinis ovatis apiceangustioribus conniventi- bidentatis, dentibusacutis; flagellorum (sarmentorum) minoribus usque ad medium ferè bifidis ; amphigastriis patentibus trans- versalibus emarginato-bilobis, IObié obtusis; fructu..….. Hab. ad rupes in sylvis excelsis à inter Chupé et Yanacachu sterilis à cl. d'Or- bigny lecta. 83. Lejeunia Boryana (Montag. mss.):caule repente intricato ramoso, ramis elongatis iterum ramosis; foliis incubo-imbricatis subverticalibus, oblique obovato:subrotundis, acuminatis obtu- sisve repandis , subtüs basi complicatis , lobulo oblongo inflato bidentato! rete amplo orbiculari;amphigastriis cuneatis planis, patentibus, bifidis sinu lato obtuso, laciniis linearibus divergenti- bus extrorsum unidentatis; fructu laterali; foliis perichætii caulina subæquantibus, lobo acuto dentato ; amphigastriomagis elongato cæterüm conformi ; perianthio obovato pentagono mucronato. _angulis membranaceis dentato-subciliatis. | 48 C. MONTAGNE. — Plantes cellulaires exotiques. Hab. in insulà Dominicà Antillarum, undè habuit cel. Bory qui mecum ami- cissimè communicavit. Ab omnibus congeneribus hucüsque descriptis differt inprimis amphigastriis cuneatis bifidis extrorsum unidentatis. 84. Lejeunia crenata Nees et Montag. mss. À Lejeuni& (Jungermannit L.et L.) discoided., cui proxima , differt : foliis latioribus magisque rotundatis, in ambitu terminali repandis denticulisque minutis creniformibus præditis, sinu- lobuli profundiori plicà discreto, auriculà magis prominente, amphigastriis majoribus latioribus reverà: orbiculatis neque ovalibus , sinu latiori ad 173 emarginatis , lobulos à latere fer tegentibus, neque tamen eos à basi recondentibus , retis macu- lis tam foliorum quam amphigastriorum dupld rosfdilts pul- cherrimis lineis duplicibus maculisque intercalaribus , licet minimis iis, discretis, cum Lejeuniæ discoideæ maculæ per se quidem minores limitibus obscurioribus nullisque omnino inter- calaribus distinguantur. Color in utrâque jàm pallidus est ; viventis autem plantæ color verisimiliter [ætior est virensque. Fructificatio latet. Caulis rigidulus est et viridis. Longitudo 3-4 lin, forsan et majora inveniuntur specimina, Accedit huic nostræ. | 8. Lejeunia Funckiana \. ab E.: caule ou subpin- natimque diviso, foliis imbricatis orbiculatis subapiculatis apice- que repandis, basi sinuato complicatis, lobulo saccato truncato, amphigastriis folio quadruplô minoribus distantibus patentibus suborbiculatis bifidis ,sinu profundo lanatoque, laciniis acumi- natis extrorsum, unidentatis, perianthiis lateralibus. obovatis, utrinque apicem vérsus ve ira angulis membranaceis dentatis , dorso carinulato: À Hab. in Drepanophyllo fulvo è Surinam allato paucula specimina invenit Funckius amicus dilectissimus. Textura foliorum, lobuli conditio ; Slatura, color, ut in PI CRIS HA; sed amphigastria multüm differunt. 86. Plagiochila Orbigniana ( Nces et Montag. :mss. } : caule C. MONTAGNE. — Plantes cellulaires exotiques. 49 basi repente, ramis adscendentibus dichotomis, foliis imbricatis dimidiato-ovatis, margine posteriorireflexo nudo,anteriori apice- que dentato-ciliato, amphigastriis quadruplo minoribus ciliatis, trifidis , laciniis lateralibus incisis , medio bifido, perianthiis è dichotomià nascentibus ovalibus, dorso ventreque carinatis, ore ciliatis. Hab. in sylvis densis locis udis, ad radices Andium orientales, præsertim loco Motito dicto, ad corticem arborum legit hanc speciem distinctissimam ele- gantisimamque cl. d’Orbigny. Junio 1831. Coll. Mus. Par. n. 280. MUSCÏ. 87. Gymnostormum lamprocarpum (Montag.mss.):cæspitosum, caule simpliciusculo innovanti-ramoso ramis fastigiatis, folis, imbricatis carinatis lanceolatis eroso-denticulatis , sub apice acu- minatis, nervo continuo obliquè mucronatis, siccitate crispatis ; pedunculis pseudolateralibus ;capsulæ cylindricæ operculo longè subulato. Hab.ad terram in Insulà Dominicä lecta et mecum à cel. Bory communicata. Drsc. Caules cæspitosi, erecti, densè conferti, sex lincas longi, tomento brun- neo obducti et intertexti, subsimplices vel iunovationibus fastigiatu-ramosi. Folia imbricata , lineari lanceolata, erecta, carinata, neryO conspicuo centinuo apiculata, sub apice acuminata, eroso-denticulata , subpapillosa , siccitate cris- pato-intorta, suprema lætè viridia, tandem luteo-viridia, inferiora brunnea mas- chalorhiza. Perichætialia exteriora brevia , laté ovato-acuminata, interioraque longiora, ovato-subulata , convoluta, luteola , nervo tenui ad apicem percursa. Retis areolæ foliorum caulinorum tenuissimæ, quadratæ, prominulæ, perichætia- lium autem lineari oblongatæ. Peduneulus è vaginulä cylindricà brunneà basi curvulà s. adscendente, ob innovationes hypogynæas pseudo-lateralis, imd sub- basilaris, tenellus, tortilis, quadrilincaris,. foliis supremis concolor. Capsula oblongo-cylindrica è purpureo-castanea nitidissima, exannulata. [n paucissimis individuis 2ymenulam tenuissimam deprehendi niveam , à pariete interiori orlam, stoma claudentem citôque evanescentem, nec ula tandem ipsius vestigia relinquentem. Operculum comico-subulatum concolor longitudinem : capsulæ adæquans. Ca/yptra cucullata maturè fissa indè basi perangusta facilèque decidua straminea, Gymnostomo Leptostomo Brid. non Hook. saltem ex descriptione, cu planta mihi ignota sit, affine, distinctum tamen videtur folis lineari-lanccçolatis IX. BorTan. — Janvier. 4 50 C. MONTAGNE. — P/àntes cellulaires exotiques. deutato-erosis, non iato-lanceclatis, capsulà cylindricà lævi, nec ovatà substriat4, foliis tandem perichætialibus lougè aliter conformatis. G. guadalupensi Spreng. magis forsan approximat, sed 1llust. auctor plantulæ suæ folia integerrima tribuit, quæ in nostrâ evidentissimè eroso-denticulara sunt. Prætereà verd nervum ad apicem folii attingere nec excurrere declarat; atqui in musco dominicensi nervus non solüm ad apicem usque pervenit sed et superat sub formà mucronis seu apiculi oblique versi desinens. Oss. J'ai pourtant quelque raison de penser que la mousse de la Dominique n’est pas différente de celle de la Guadeloupe, et je vais dire sur quels fondemens j'appuie cette opinion , que le possesseur actuel de lherbier de Sprengel peut seul confirmer ou détruire. On sait que Bertero, qui avait été l'élève chéri de Balbis , faisait religieusement part à son maître de toutes ses découvertes botaniques. Or, le professeur de Turin, fort peu versé dans l'étude et la connaissance des plantes celiaies exo - tiques , envoyait à Sprengel, pour les lui nommer, toutes celles que lui adressait son ami. C’est pour cette raison qu’on trouve dans le Sÿstema vegetabilium , publié par l’illustre auteur de l'Histoire de la médecine, tant d'espèces nouvelles qu'il devait à cette communication. L'amitié particulière que me témoignait Balbis et l’ardeur avec laquelle il me voyait rechercher et étudier les plantes en question , le portérent à me gratifier de bon nombre de ces espèces exotiques qu'il tenait de Bertero. Il va sans dire qu’il me les donna avec les noms de Sprengel. Mais, malheu- reusement , il lui arrivait quelquefois, comme à tous les bota- nistes, de transposer des étiquettes que, faute de connaître suffisamment ces plantes , il lui devenait impossible de remettre à leur véritable place. Toujours est-il certain que, parmi les cryptogames dont sa générosité a enrichi mon herbier, se trouve une mousse originaire de la Guadeloupe et venant de Bertero , notez bien ces deux points, sur létiquette de laquelle je lis : Hypnum tortile, mousse, du reste, parfaitement identique avec celle que je viens de décrire ; or, ce n’est point l’Æ. fortile, puisque ce n’est pas même un Hypnum. Je laisse aux bryologistes à tirer la conséquence des faits que je viens de rapporter le plus suc- cinctement possible. Quant à moi, n'ayant point une certitude complète sur l'identité des deux plantes, J'ai dû, en attendant, C. MONTAGNE. — Plantes cellulaires exotiques. St imposer un nom différent à la mienne et ia décrire comme nou- velle , d'autant plus que l'espèce de Sprengel n’est connue que par une phrase diagnostique , insuffisante pour |; faire recon- naitre. 88. Gymnostomum Orbignianum (Montag. mss.): caule erecto longissimo,simplici vel ramoso, foliis è basiamplexicauli elongato- lanceolatis acuminatis dentato-spinosis carinatis undulatis, erectis aut reflexis, siccitate crispato-iuvolutis , nervo ultra medio sub- continuo; capsulæ turbinato-obconicæ operculo plano aut con- vexiusculo mamillato. Hab. in America meridionali, Provincià Corrientes , ad terram arenosam in collibus sylvosis, secüs flumen Sanctæ-Luciæ , mense Junn, cum capsulis ma- turis à cl. d'Orbigny detecta. Cæspitose vivit. À G. turbinato Rich. in Michx. præcipué differt magnitudine, foliis ferè ut in Bryo spinoso Vuit. dentato-spinosis, siccatione crispato-inflexis, operculo tandem plano-mamillato , nec convexo-umbonato. Formà capsulæ tantùm G. Jameson: Grev. simile , differt nostrum ab hâc specie omnibus aliis notis ,inprimis autem deutibus foliorum. 89. Gymnostomum? pachyloma(Montag. mss.) : caule longis- simo, fluitante, ramoso, ramis simplicibus incurvo-uncinatis, foliüis dense imbricatis ovato-subulatis falcato- secundis, margine incrassatis ; capsulà..… Hab. in aquis vivis PRE Valparaiso in Regno Chilensi à cl. TOR lecta. G. aguatico Brid. primo aspectu iäm simile ut vix ab illo differre vi- deatur; distinctum tamen foliis crassè morginatis. An hujus generis? 90. Schistidium Perrottetii (Montag. mss. ) : caule repente radiculoso semitereti-ramoso, ramis alternis erectiusculis , foliis trifariàm imbricatis,ovato-acuminatis, concavis, enerviis , rameis undiqueimbricatis, laxis integerrimis, patentibus, perichætialibus patenti-recurvis apice tantüm subserratis; capsulà terminali, subsessili oblongà, truncatà , tenerrimä , pellucidà, albidä; oper- eulo:.:..: calvpträ.…….. Seminula apte pro ratione plantulæ vix Sn ere! globosa, AN 52 C. MONTAGNE. — Plantes cellulaires exotiques. limbo hyalino cincta. An ob capsulam membranaceam pelluci- dam typus novi generis olim condendi ? Hab. ad terram nudam arenosam repens in Senegambià lectum mecum huma- missimè communicavit cl. Perrottet. Ab Anæctangio (Schistidio Brid.) repente Hook. formà , colore, consisten- uâque capsulæ specificè differt. Habitus jungermannioideus. Capsula urceolata hyalina reverà involucrum eujusdam Jungermanniæ & tribu Radularum refert, ot. Campylopus lamellatus ( Montag. mss. ): caule erecto diviso, foliis lineari subulatis, canaliculatis, piliferis, strictis, nervo subtuüs lamellato! percursis; capsulà.. Hab. in sylvis densis ad margines viarum.propè Chupé, im Provincià Yungas, ubi cæspites latos efformat, à cl. d’Orbigny lectus. Oss. Un des caractères naturels des Camprylopus, genre auquel doivent certainement être réunis les Thysanomitrium , c’est cette organisation spéciale de la nervure, qui est telle que, si l'on pratique sur celle-ci une section transversale et qu’on l’examine au microscope , son dos paraît cannelé par la saillie que font les cellules extérieures. Cette saillie ou ces cannelures existent manifestement dans toutes les espèces du genre , et c’est son exagération qui produit dans la nôtre les lamelles qu'on y observe. Celles-ci sont tout-à-fait semblables à celles qu’on voit dans les Polytrics, avec cette seule différence pourtant que, au lieu d'occuper la face supérieure de la nervure, c’est sur le dos de celle-ci qu’on les remarque. Je me contenterai de signaler ici cette observation anatomiquedontje ne sache pas qu'il ait encore été fait mention à l’occasion du genre en question, me réservant d’en parler plus au long dans l’ouvrage de M. d'Orbigny. 92. Orthotrichum psychrophilum (Montag. mss.):caule erecto ramosiusculo, foliis lanceolato-subulatis, patenti-reflexis,margine ancrassato subrevolutis, carinatis striatisque, nervo crasso conti- nuo; capsulæ:subemersæ , oblongæ , obscurè sulca'æ operculo -Convexo mucronalo , peristomii interioris ciliis octo nodosis. Hab. in jugis Andium Provinciæ Potosi, ad rupes propè glacies æterhas à cl. d'Orbiguy lectum. C. MONTAGNE. — Plantes cellulaires exotiques. 53 Muscus ©. affini quàm proximus tamen distinctus ab illo videtur, habitatione ad rupes, formà foliorum et peristomi inter: à ut et longitudine diversà pedunculi, vaginulà nullâ, loco tandem (propè nives æternas) quem præamat. 93. Tortula (Barbula) leucocalyx (Montag. mss.) :caule erecto simplici innovante , foliis imis squamiformibus, supremis rosa- ceo-congestis, ovato- lanceolatis »margine revolutis, nervo crasso continuo apiculatis, perichætialibus vaginantibus oblongis obtu- sissimis albis ! interno longissimo seminervi , capsulæ cylindraceæ subincurvæ operculo subulato. Hab. ad terram in Regno Clhilensi à Bertero lecta. Descr. Caulis erectus ruber à quatuor lineis ad pollicem longus, simplex,. at innovationibus hypogynæis € centro rosulæ annuatim, ut videtur, repetitis, ad instar Bryi sectionis Polla dictæ ,continuatus. Folia inferiora brevia squa- miformia laxa ovata , adscendendo majora , suprema innovationumque rosulaceo- congesla , oyato-lanceolata, subcarinata , nervo crasso in acumen subtile omnium brevissimum desimenti, instructa , margine toto insigniter revoluta , juniora pel- lucida albida (an morbosè ?) vetusta squalida, humida erecta sed male sese ex- plicantia, sicca incurva non autem tortilia. Perichætialia 5-7 cæteris multo majora oblonga obtusissima seu apice rotundata, exterius breve nervo tenui ferè continuo, interius longissimum nervo subnullo vel tantum basilari instructum, omnia in cylindrum convoluta alba ! Æreolatio è cellulis composita parallelo- grammis. Pedunculus à vagimulâ cylindricä uneiïâ longior, basi rubellus apice luteus, strictns, tortilis. Cupsula cylindracea sesquilineam longa, leniter arcuata, immatura viridi-lutea. Operc ulum tertiam capsulæ partem metiens, conico-su- bulatum rectum pallidè rubellum in spiram lenem contortam et sic naturam pe- ristomii nou aliter explorati , clarissimè indicans. An hüûc Barbula diaphana Brid. Bryol. univ. I. p. 5797? Locus in systemate inter 7. revolutam et T. piliferam à quibus abunde differt ut quisque ex descriptione de re se certiorem fieri potest. 94. Tortula(Syntrichia) andicola (Montag. mss.): caule elon- gato à basi ramoso, foliis à basi pellucidà amplexicauli laxe im- bricatis, oblongis , obtusis subacuminatisve , carinatis , margine CR E. nervo crasso rubro ad apicem RL An P£Fs cursis; capsulà..…… Hab. ad terram inter rupes'in declivibus orientalibus Andium we /& Paz prope nives æternas, longè suprà oppidum Tajesi , Julio 1830 à cl. d’Orbigny lecta. 54 C.'MONTAGNE. — Plantes cellulaires exoliques. E sectione Rurales (ir Specimine de Tortulis ttalicis à cl. de Notaris) insu- tutâ , imo 7°. principi ejus', nostra, quæ infausto casu caret fructificatione, sub similis est; videtur tamen distincta caule tiplô longiore, foliis laxissimè imbri- cats, ramis elongatis, etc. 95. Brachymenium mexicanum (Montag. herb.): caule inno- vationibus iteratis ramoso-prolifero , comæ ovoideæ folüs densè imbricatis, ovato-acuminatis, nervo crasso longissime cuspidatis, concavis, margine integerrimo (non incrassato ) recurvis, basi quadrato-apice rhomboïideo-areolatis ; capsulæ suhapophysatæ operculo convexo-conico minimo. Au Bryum erectum (Kunth. Syn. plant. æquinoct. p. 58.) : caule brevi, foliis densissimè cæspitosis erecto-patulis ovato -acuminatis , margine integerrimis , nervo excurrente subpiliformi, capsulâ erectiusculà cylindraceä. ? ? Hab. ad terram in Provinciä Oaxaca Regni Mexicani à D. Andrieux lectum. . PDssor. Caules congesti, 8-10 lineas longi, innovationibus hypogynæis pluries repetitis basi nudis apice comosis ramuso-proliferi , rnbri. Folia superiora in comam nuué fastigiatam , nunc ovoideam densissime congesta , ovato-acuminata, nervo crasso in acumen longissimum continuo, instructa, margine integerrima recurva (non autem matgiuata) inferiora parva, laxissima , cæterum conformia , omnia erecta , stricta pulchrè viridia. Perichætialia ovato-lanceolata , longiüs cuspidata. Fos femineus terminalis 15-20 archegoniis, unico fœcundv, paraphy- sibus brevibus articulatis stipatis, compositus. Pedunculus è vaginulà cylindricä subconicà, archegoniis sterilibus superstitibus onustà paraphysibusque numerosis cinctä, semuncià longior, erectus, apice vix tortilis, in pseudo-apophysam sensim dilatatus, rubellus. Capsula oblonga surshm deorsumque subattenuata, sub- erecta, brunnea. Peristomi: externi (quod in unico specimine mihi et semi- destruc:um contigit observare) dentes sedecim rubro-fusci, nitore aliquo perfusi, senni- corrupti, unde longitado latet; interni membrana alba, è margine capsulæ orta, primo horizontalis, mediam ferè partem orificii claudens, demüm irregula- riter fissa, laciniis apice revolutis. Operculum convexo-conicum, obtusum, capsu- læ concolor. Calyptra junior jàm basi uno latere fissa cylindrica straminea apice acuminato rubello. Oss. Il est bien probable que cette mousse n’est autre chose que le Bryuin erectum , publié par M. Hooker dans l'ouvrage cité de M. Kunth; cependant, outre que les caracteres pris du péri- stome la reportent dans un autre genre admis par M. Hooker lui-même, la phrase diagnostique du célèbre bryologiste écossais, phrase qu'a répétée Bridel dans sa Bryologia universa , ne suffit C. MONTAGNE. — Plartes cellulaires exotiques. 55 certainement pas pour me convaincre de l'identité parfaite des deux plantes. C'est l'unique raison qui m'à engagé , pour éviter la confusion , à lui imposer un nom différent ; auquel, du reste; je ne tiens pas le moins du monde, s’il se vérifie que ces deux mousses soient exactement la même. Il est pourtant une cireon- stance qui militera toujours en faveur du changement de nom, c'est que, dans le genre Brachymenium , la capsule est toujours dressée, et qu'une épithète, qui pouvait fort bien caractériser une espèce à capsule presque droite dans un genre où la plupart sont penchées ou même pendantes, n’est plus guère admissible dans un autre genre , où, jusqu’à présent du moins, on n’en a encore observé que de dressées. | Ce qui-me ferait douter de l'identité des deux mousses, c’est surtout encore que la mienne a un port très remarquable, dort M. Hooker ne dit pas un mot. En effet, les prolifications succes- sives et nombreuses des tiges donnent à celles-ci l'aspect de ces . cordes , sur lesquelles on a pratiqué des nœuds à des distances. assez rapprochées , ou mieux encore, mais dans des proportions plus petites , les font resse:.bler à certaines Cladonies prolifères du centre des entonnoirs ou scyphules. Bien que je n'aie pu observer qu'un seul individu muni de son . péristome, et celui-ci encore en assez mauvais état de conserva- tion, je ne saurais néanmoins douter du genre auquel je rapporte . cette mousse, genre auquel , d’ailleurs , tous ses caractères natu- rels semblent la réunir. Il est impossible de la confondre , comme l’a fait avec doute, il est vrai, M. Schwægrichen, avec le Brachy menum bryoides que je tiens de la générosité de M. Hooker. La forme de la capsule et celle des feuilles sont, à peu de chose près, les mêmes , à la vérité ; mais le péristome et le port, surtout, sontéminemment différens. Le port de notre mousse est peut-être plus analogue à celui de. Brachymenium nepalense, mais ses feuilles ne sont ni marginées ni dentées. Si le Bryum megalacrion, figuré dans les supplémens à Hedwig par M. Schwægrichen , est la même mousse avec laquelle M. Arnott prétend que le Bryum erectum de son savant ami , a tant de ressemblance par ses feuilles, sa capsule ct son opereule, qu'il lui est difficile de les distinguer, 56 G. MONTAGNE. — Plantes cellulaires exotiques. certes notre espèce est loin d'offrir les mêmes motifs de confu- sion’; car, à la simple vue et sans aucune analyse préalable, on reconnaîtra aisément qu'elle en est différente. Au reste, le.péri- stome du Bryum erectum a été reconnu par M. Arnott lui-même comme appartenant au genre Brachymenium. Dans le doute, si notre espèce est ou n’est pas le Bryum erectum Mook, je lui donne. le nom de Brachymenium mexicanum , qui. devra être changé en celuide B. Hookeri, dans le cas où les deux mousses viendraient à être reconnues identiques. Il est à regretter que, dans le grand nombre de belles mousses, dont M. Hooker a enrichi ma collection, ne se soit pas trouvée celle qui est ici en litige. J'aurais été à même de lever tous les doutes qui restent à l'égard de cette espece. 96. Bartramia potosica (Montag. mss.):caule simplici, foliis è basi quadratà diaphanä subulatis, patentibus, nervosis, margine tenuissimé serrulatis , supremis comantibus ; capsulà.… Hab. in eisdem locis cum Orthotricho psychrophilo à cl. d’Orbigny lecta. A Burtramiis ityphyll& et strict similibus differt præsertim caule simplici et basi quadratàä foliorum vaginante. 97. Glyphocarpus W'ebbii (Montag. in herb. Webbiano):caule procumbente dense rufo-tomentoso, ramoso, ramis subsimplici- bus fasciculatis, secundis, erectis; foliis à basi ovatà lanceolato- subulatis apice serrulatis , margine insigniter revoluto, undique patenti erectis ; capsulæ globosæ tandem urceolatæ,æqualis, sub- sessilis , Iævis, siccitate corrugatæ , non autem sulcatæ operculo hemisphærico depresso mamillato. \ 2 Ja . . » 2 Calyptra , adhüc in hoc genere ignota, parvula est, basi integra ventricosa , indè conica-obtusa recta. Maturè caduca videtur. Hab. ad summam vallem Orotaviensem Insulæ Teneriffæ, in fissuris rupium quas incolæ: los Organos dicunt nec ahbi, fructibus onustum huncce muscum detexit cl. Webb. À G. capensi proximo differt autem hæc species pedunculo vix lineam attn- gente inter folia perichætialia toto abscondito, nec non aliis notis jam indi- catis. C. MONTAGNE. -— //antes cellulaires exotiques. di, 98. Fabronia nivalis (Montag. mss.): caule repente inordinatè ramoso , ramis filiformibus subfasciculatis apice incurvis, foliis ovato-lanceolatis piliformi-acuminatis, subsecundis, inæqualiter dentato-ciliatis, seminerviis ; capsulæ ovato-oblongæ aut pyrifor- mis operculo convexo rostrato , rostro tenui incur vo. H:b. io summis jugis Andium propè Cochabamba ad nives æternas suprà ter- ram à cl. d'Orbigny reperta. Fabroniis octoblepharidi Schwægr. et majori pNtrs afhnis, sed videtur notis certis diversa. 99. Leptodon coronatus(Montag.mss.):caule repente ramoso, ramis adscendenti-erectis subpinnatis fertilibus,ramulis patenti- erectis teretibus ; foliis ovatis acuminatis, margine subrecurvo bistriatis seminerviis; capsulæ erectæ elongato-subcylindricæ operculo acuminato incurvo. Hab. ad corticem arborum in sylvis Provinciæ Corrientes, prope /ribucua mense Octobris cum capsulis maturis legit cl. d’Orbigny. Character essentialis in formä capsulæ et longitudine dentium peristomii qui ahte, dispositi sunt. Locus in systemate propè ZL. trichomitrion Mohr. eti2 M 100. Fissidens crispus (Montag.mss.):caule simplici divisoque erecto filiformi longiusculo, foliis 1 5—20 jugis, alternis, remotis, oblongo-lanceolatis, acuminatis,secundis, siccis madidisque cris- patissimis, pedunculo terminali;capsulæ ovato-oblongæ inæqualis horizontalis operculo conico subacuminato. Hab. in iisdem locis cum Gymnostomo Orbigniano quocum paucissima hujusce musci specimina mixta legit cl. d'Orbigny. Soli Fissidenti gracili Brid. ( Skitophyllo La Pyl.) affinis, à quo differt foliis secundis et crispis. 58 B. DÉLESSERT. — Jcones selectæ. Icones seLECTÆ plantarum quas in Prodromo systematis univer- salis ex herbariis Parisiensibus, præsertim ex Lessertiano, descripsit À. P. ve Cannorre. Accedunt Icones Plantarum novarum aut minûüs rilè cognitarum , a peregrinatoribus nuperrimè detectarum ; editæ à BENs. DecEsserT, Academiæ scientiarum socio honorario, etc. Vol. tertium, tab. æn. 100, in-4 et in-fol., cum descriptionibus et observationibus. Pari- sis, 1827. (1) | A l’époque où M. de Candolle entreprit immense tâche de décrire complètement toutes les espèces du règne végétal, et lorsqu'il mit ce projet à exécution, en publiant deux volumes de son Systerna naturale regni vegetabilis, M. Benjamin Delessert, qui ne laisse échapper aucune occasion d’être utile à la botani- que, fit paraitre, comme illustrations de l'ouvrage de M. de Can- dolle , deux centuries de planches gravées représentant les es- pèces les plus rares ou les plus remarquables de ses collections et de celles du Muséum. (2) Bientôt l’auteur du Systema, s'apercevant de l'impossibilité d’a- chever son travail sur un plan aussi vaste qu’il l'avait conçu, crut nécessaire de se borner à la publication des familles, des genres et des espèces sous une forme excessivement contractée; c'est ce qui donna naissanceau Prodromus, dont six volumes ont déjà paru. Mais cet ouvrage renfermait une quantité si considérable d’es- pèces nouvelles ou intéressantes, qu'il devenait très difficile à M. Delessert de continuer la publication de ses Icones , en suivant pas à pas M. de Candolle dans son nouveau travail ; c'est-à-dire de se borner à une seule centurie de planches pour chacun des volumes du Prodromus. D’un autre côté , M. de Can- dolle avait fait paraître, à mesure que son ouvrage avançait , une série de mémoires sur les familles qu'il venait de traiter, mémoires (1) Prix : in-f°, 60 fr. ; 21-40, 35 fr. S'adresser à M. Lasègue, rue Montmartre, 176. (2) Icones selectæ plantarum quas in systemate universali descripsit À. P. De Ganpozce, elc. — Vol. I exhibens Ranunculacees, Dilleniaceas, Magnoliaceas, Anonaceas el Menispermeas. —Vol. II exhibens Berberideas, Nymphœaceas | Papaveraceas. Fumariaceas et Cruciferas, On trouve à l’adresse ci-dessus ces deux volumes, dont le prix est le même pour chacun que celui du troisième. B. DELESSERT. — Îcones seleclæ. 5g auxquels il avait ajouté des planches destinées à faire connaître l’organisation des plantes, ainsi que les espèces nouvelles. Cependant M. Delessert, desirant donner une suite à ses /cones selectæ , fit un choix parmi les espèces les plus remarquables qui se trouvaient décrites dans les quatre premiers volumes du Prodromus ; mais qui n'avaient pas encore été figurées, et il les fit dessiner et graver par les plus habiles artistes. Le nombre de ces plantes ne s’élevant qu’à une cinquantaine, il compléta la cen- turie par la représentation de plusieurs plantes extrémement inté- ressantes , rapportées dans ces derniers temps par des voyageurs français et étrangers. Il a voulu par là rendre hommage à Pintrépi- dité de ces savans qui se dévouent si noblement pour la cause sa- crée des sciences naturelles. C’est encore le même sentiment qui l'a guidé lorsqu'il a fait la dédicace de son livre, non aux savans sédentaires, quels que fussent leur gloire et leur mérite, mais à la mémoire de Bertero ec! aux botanistes-voyageurs qui, plus heu- reux que ce dernier, sont actuellement existans, au grand béné- fice de la science (qui in rei herbariæ emolumentum supersunt). Les services rendus par ces botanistes sont énumérés dans la préface latine de M. Delessert, et l'histoire succincte des voyages de chacun d’eux s’y trouve exposée. Il paie ainsi un juste tribut d éloges aux travaux de MM. Bertero et Mœrenhout dans le Chili et les îles de l'Océanie, de MM. CI. Gay et Gaudichaud au Chili et au Pérou, de M. Vauthier au Brésil, de M. Leprieur à la Guyane, de M Ramon de la Sagra à la Havane, de MM. Perrottet, Leprieur et Heudelot au Sénégal, de MM. Goudot et Bernier à Madagascar, enfin de MM. Wallich, Wight, Perrottet et Adolphe Delessert dans les Indes orientales. Dans le choix et la description des plantes qui composent le troisième volume des JZcones selectæ ; M. Delessert a profité de l'assistance de MM. de Candolle, de Jussieu, Brongniart, Decaisne et Guillemin , et, sous ce rapport, le troisième volume des Icones à reçu une notable amélioration. En effet le texte, totale- ment rédigé en langue Jatine , qui accompagne les planches, n'est pas réduit, comme dans les deux précédens volumes, à la citation pure et simple des phrases spécifiques, de la patrie des plantes, et à l'explication des figures. On y trouve , en 6o B. DELESSERT. — Jcones seleclæ. outre, pour le plus grand nombre des espèces , des descrip- tions complètes et des observations importantes. La plupart des dessins ont été exécutés avec un rare talent par madame Delile et MM. Decaisne et Heyland; et, parmi les gravures, celles qui sont remarquablement belles sont dues au burin de MM. Plée et Mougeot. Pour donner une idée de l'intérêt que cet ouvrage doit pré- senter aux botanistes ; nous allons indiquer sommairement les plantes qui y sont traitées. CAPPARIDEZ. 1.Gynandropsis palmipes DC. 2.Cleome chilensis var. glabra DG, 3. Cleome nummularia DC. 4. Cleome glauca DC. 5. Cleome glaucescens DC. 6. Polanisia graveolens Ra- fin. 7. Cratæva Adansonii DC. 8. Cadaba farinosa Forsk. 9. Cadaba capparoides DC. io. Capparis leucophylla DC. 11. Capparis pyrifolia Lam. 12. Capparis pubiflora DC. 13. Mœrua angolensis DC. ( Les descriptions ont été faites par M. De Candolle.) FracourTrANE#, 14. Patrisia parviflora DC. (Texte de M. De Candolle.) PoLrycALEz. 15. Polygala érioptera DC. 16. Polygalu venenosa Juss. 17. Polygala osxyphylla DC. 18. Polygala spectabilis DC. 19. Saiomonia oblongifolia DC. 20. Comesperma flaya DC. 21. Badiera domingensis DC. 22.$ecuridaca pubescens DC. (Le texte est de M. De Candolle, excepté la dernière espèce qui a été décrite par M. Guillemin.) Bvrrnerracez. 23. Riedleia Berteriana DC. 24. Waltheria longifolia DC. | (Descriptions par M. Guillemin.) TernsrrogmriAcezx. 25. Saurauja bracteosa DC. 26. Apatelia lanceolata DC. (Observations par M. Guillemin.) HyYPERICINEZ. 27. Hypericum Leschenaultii DC. ( Observations par M. Guillemin.) Enyruroxyies. 98. Erythroxylum ligustrinum DC. (Descript. et observ. par M. Guillemin.) Marricuraceæ. 29. Lophopterys splendens Adr. Juss. 30. Pterandra lati- folia Adr. Juss. 81.Spachea elegans Adr. Juss. 32.Jubelina riparia Adr. Juss. 33. Diplopterys paralias Adr. Juss. 34. Brachypterys australis Adr. Juss. 35. Ryssopteris limo- rensis: Adr. Juss. 36. Triaspis odorata Adr. Juss. ( Les caractères génériques essentiels et les phrases spécifiques de ces plantes uut été rédigés par M. de Jussieu , qui prépare en ce moment un grand travail sur les Malpighiacées. ) SAPINVACEZ. OXALIDEZ. ZxcoPHYLLEZ. RuTAcEz. CELASTRINEÆ. HoMALINEZ. TEREBINTHACEZÆ. Lecuminoses. MyrTacez. B. DELESSERT. — /cones selectæ. Gt 37. Paullinia velutina DC. 38. Sapindus senegalensis Poir. 39. Hypelate trifoliata Swartz. (Description par M. Guillemin.) ko. Martiniera potentilloides Guill. ( Dans une note addi- tionnelle à la fin du volume , M. Guillemin a reconnu que ce genre nouveau pourrait bien être le même que le Y’endria de M.Meyen()).41.Viviania crenata Hook.(Descript. et'observ. par M. Guillemin.) 42. Ræpera fabagifolia Adr. Juss. 43. Aplophyllum tuberculatum Adr. Juss. 44. Aplophyl- lum acutifolium Adr. Juss. 45. Eriostemon buxifolium Smith. 46. Eriostemon salicifolium Smith. 47. Eriostemon myoporoides DC. 48. Zieria macrophylla Bonpl. 49. Zieriu lœvisata Smith. 50. Zieria hirsuta DC. ( M. Adrien de Jussieu a fourni les analyses de la plupart des plantes de cette famille et de la precedente.) b1. Staphylea Bumailda DC. | Descript. par M. Guillemin.) 52. Byrsanthus Brownii Guill. (M. Guillemin a donné une description complète de ce nouveau genre, qui avait été indi- qué par M. R. Browu). 53. Blackwellia fœtida Well. (Description par M. Guïllemin.) 54. Buchanania latifolia Roxb. 55. Marignia obtusifolia DC: 56. Colophonia mauritiana DC. 57. Garuga madagas- cariensis DC. 58 Omplalobium villosum DC. (Description et observation par M. Guillemin.) 59. F’trgilia sylyatica De Candolle. 60. Thermopsis lan- ceolata R. Br. 61. Burlonia sessilifolia DC. 62. Raf- nia angulata , Thuab. 63. Hypocalyptus obcordatus Thunb. 64. Viborgia fusca Thunb. 65. Genista Salzmanni DC. 66. T'etragonolobus conjugatus Seringe. 67. Psoralea stipulacea Decaisne. 68. Nissolia racemosa DC. 69. Lesser- ia macrostachya DC. 70. Lessertia brachystachya DC. 71. Sutherlandia microphylla. 72. Astragalus obtusifo- lius DC. 73. Guldenstædtia :monophylla Fisch. 74. Swart- zia brachystachya DC, 75. Lagonychium Stephanianum Marsch-Bieb. 76. Eugeniu tuberculata, DC. (1) Depuis la publication de sontroisième volume, M. Delessert a reçu unelettre de M.Kunze, qui confirme entièrement le soupçon exprimé par M. Guillemin tant sur l'identité du genre que sur celle de l'espèce. Celle-ci doit être rapportée au Wendtia Pæppigiana. (Note des Réd.) 62 B. DELESSERT. — cones selectcæ. FRANCOACEÆ. 77. Tetilla hydrocotylefolia DC.(Ob'ervation par M. Güil- lemin et description par Bertero.) Umseuxirer#. 98. Eryngium buplevroides Hook. ét Arn. (Observation par M. Guillemin et description par Bertero.) SaxtFRAGACEÆ. 79. Cornidia integerrima Hook. et Arn. (Observation par M. Guillemin.) LonanTHAcEz.. 80. Misodendrum oblongifolium DC. (M. Guillemin a donné une description complète de cette singulière plante et er a: fait conuaître les deux âges.) RugrAcEz. 81. Uncaria sclerophylla Roxb. ASCLEPIADEÆ. 82. Stephanotis acuminata Ad. Brongn. 83. anse T'houarsii Ad. Brorgn.(M. Adolphe Brongniart avait décrit ces deux plantes dans les Annales des sciences naturelles, janvier 1837, vol. vir, p. 30. ) ÂCANTHACEÆ. 84. Lepidagathis humifusa Decaisne. LagraTz. 85. Coleus grandifolius Berti. 86. Cymaria acuminata Decaisne. ( Ces espèces avaient été décrites par M. Decaisne dans son ouvrage sur les plantes de Timor.) NYCTAGINEZ. 87. Pisonia procera Bertero. (Description et observation par M. Guillemin.) EvrnorgiaceæÆ. 88. Collisuaia odorifera Molina. (Analyses de M. de Jussieu.) PrPERACEz. 89. Piper methysticum Forst. 90. Serronia Jaborandi Gaud. (Genre nouveau proposé par M. Gaudichaud. Description et observation par M. Guillemin.) PoDosTEMEZ. 91.Æydrostachys verruculosa Adr.Juss. 92. Aydrostachys imbricata Adr. Juss. 93. Hydrostachys multifida Adr. Juss. 04. Hydrostachys distichopylla Adr. Juss. ( Les caracteres essentiels de ce singulier genre, établi par Dupetit-Thouars, ont été fournis par M. Adr. de Jussieu , qui de plus a publié ici les quatre espèces ci-dessus , lesquelles sont absolument nouvelles.) | EniocAuLes. 95. Eriocaulon Vauthieriannum Guill. 96.Æriocaulon micro- phyllum Guill. 97. Ericcaulon stellare. 98. Ericcaulon Jiagellare Guill. (Descript. et observ. par M. Guillemin.) Narapez. 99. Ouvirandra fenestralis Poiret. 100. Ouvirandra Ber- nieriana Decaisne. (Descript. et observ. par M. Decaisne.) P. W. KORTHALS. — Coloration de l'Hihiscus mutabilis. 63 Nore sur la coloration de la fleur de l’Hibiscus mutabilisT. , Par P. W. KorTHaLs. Durant mon séjour aux Indes-Orientales, j'ai dû tàcher, autant que l’occasion m'était favorable , de résoudre diverses questions physiologiques , au nombre desquelles le phénomène du chan- gement de couleur du Fos horarius de Rumphius m’a paru une des plus intéressantes. Je m'étais aperçu, ilest vraï, que la couleur rouge ne prenait pas là même intensité dans les temps pluvieux, mais pourtant qu’elle se produisait constamment. Pour me rendie raison de ce phénomene, je commençai par envelopper ces fleurs de petits cornets de papier blanc et noir, et j'observai fort peu de différence de couleur entre ces fleurs enveloppées et celles qui avaient été exposées au soleil à nu.Craignant de n'avoir pas entièrement soustrait mes fleurs à l'influence de la l'imière, j'en cueillis quelques-unes , et je les mis dans des boîtes bien fer- mées. Malgré cette précaution , la couleur rouge se développa, quoiqu’un peu moins vive qu à l'ordinaire, à-peu-près de la même maniere et aussi promptement que dans celles exposées au jour. Le hasard m'ayant fait observer que des pétales, en contact avec un acide, rougissaient instanstanément, J'ai cru pouvoir en inférer que l’oxigénation était cause du développement de cou- léur. Ayant donc mis des fleurs matinales ou blanches sous un petit récipient avec de l’air atmosphérique , j'observai une dimi- nution considérable d’oxigène. En général, la conleur rouge commençait à se développer sur les bords des pétales, de sorte que ceux-ci avaient leurs bords rosés vers neuf heures du matin. Ce changement de couleur dure jusqu'à quatre heures après midi; et, à huit heures du soir, la flenr commence déjà à se flétrir et àse replier. Ces observations me portent à croire que le changement de couleur de l’Æzbiscus mutabilis dépend plus d’une énergie vitale propre à l'individu même que des agens extérieurs. L'oxigénation semble produire dans les fleurs de P Hibiscus une chromule rouge, ou plutôt faire passer au rouge la chromule primitivement incolore. k 64 ARRABIDA. — Floræ fluminensis icones. FLorÆ FLuminensis icones lapidiinsculptæ et impressæ in officinä lithographica A. SENEFELDER , edidit D. A. DA ARRABIDA, etc. vol.i-x1,in-fol. Paris. 1827-1837. Roret,rue Hautefeuille, n° 10. (Prix :165 fr. grand in-fol. et 13: francs petit in-fol.) Le volumineux recueil que nous annonçons aux botanistes offre l'exemple d’une de ces entreprises irréfléchies qui font gémir les vrais amis des sciences, lorsqu'ils voient engloutir tant d'argent pour la confection d'ouvrages fort au-dessous des exi- gences de l’époque actuelle. Quand on songe , en effet, que, avec moins du dixième de ce qu’a coûté la gravure sur pierre des planches du Flora Fluminensis , il aurait été facile de publier un bon ouvrage sur les plantes du Brésil, on ne peut s'empé- cher de témoigner hautement son indignation de ce que les hommés qui étaient à la tête des affaires de cet empire aient accordé des encouragemens considérables pour la publication d’un ouvrage que, dans leur isnorante admiration, ils regar- daient comme parfait, mais qui, au fond, n’est que très mé- diocre. Cependant ce recueil de planches ayant vu le jour, il s'agissait de lui faire acquérir au moins quelque utilité, en lac- compagnant d'un texte composé de la table méthodique des espèces contenant leur synonymie ou, du moins, l'indication des genres et des familles auxquelles on pourrait les rapporter. C'est ce qu'a fait exécuter le possesseur d’un nombre peu con- sidérable d'exemplaires échappés aux boutiques d’épiciers et à la fourniture des schakos de l’armée française. Un.grand nombre de plantes ont pu être déterminées génériquement et spécifi- quement, mais il en reste encore beauconp dont on n’a indiqué que le genre et même que la famille. Les planches du Flora Fluminensis, au nombre de seize cent quarante,sont distribuées en onze volumes in-folio, pour chacun desquels 1l y a un ordre particulier de numéros. Les dessins originaux avaient été exécutés à Rio de Janeiro par un peintre vénitien sous la direction du père Vellozo da Conceiçao. Les figures sont di-posées d’après le système sexuel et gravées sur pierre, pour la plupart au simple trait. L’extrème modicité du prix auquel les éditeurs ont porté cet ouvrage permettront aux botanistes et surtout aux bibliothèques publiques d’en faire l'acquisition. Elle est même indispensable pour celles-ci depuis que MM. de Candolle, de Martius et d’autres savans célébres ont cité ces planches dans leurs ouvrages. DUTROCHET, — Sur La circulation dans les Chara. 65 OBSERVATIONS sur la circulation des fluides chez le CHARA FRAGILIS Desvaux , Par M. DurTrocuer, Membre de l’Académie des Sciences. (Lues à l’Académie des Sciences le 4 décembre 1837.) (Suite. Voy. page 5.) $. 5.1 nfluence desagens chimiques sur la circulation du Chara. Corti a fait un petit nombre d'expériences sur l'influence “exercée par quelques agens chimiques sur la circulation du Chara. Il a vu que cette circulation est arrêtée par l'immersion de la plante dans l'eau salée et dans l'alcool. L'urine, le lait et V’huile lui ont donné le même résultat. M. Amici a vu que l’im- mersion du Chara dans le vinaigre faisait cesser la civculation. Ces expériences, comme on le voit, sont peu nombreuses et fort imparfaites ; l'importance du sujet demandait qu'elles fussent suivies et multipliées. On a vu plus haut, par les effets que produisent les co mens de température sur la circulation du Chara, que la force inconnue , à laquelle est due cette circulation , éprouve une di- minution et même une suspension , lorsqu'elle subit l'influence d'un changement dans l’action qu’un agent du dehors exerce sur elle, et qu'elle reprend ensuite son énergie en réagissant contre la cause extérieure toujours agissante qui tend à l’oppri- mer. J'ai observé les mêmes phénomènes dans l'influence qu’exercent les agens chimiques sur la force qui produit la circulation du ERUEr. Il y a de même ici une période d’ SOA IX, BorTaw. — février, ‘ 66 purrocuer. — Sur la circulation dans les Chara. et une période de réaction. Ces deux périodes sont plus ou moins faciies à observer suivant le degré d'énergie de l'agent chimique auquel on soumet le Chara, et même suivant le degré de la température par laquelle on fait l'expérience. On sent facile- ment que, si l’on soumet la plante à l’action d’un agent chi- mique assez puissant pour porter de suite atteinte à son orga- nisation, sa vie et sa circulation seront abolies sur-le-champ ; il n’y a donc de réaction possible, de la part du Chara, que lors- que l'agent chimique dont il subit l’action n'excède pas un degré déterminé d'énergie, et ce degré ne peut être connu que par l’expérience. J’aborde l'exposé de mes expériences. Par une température de + 25 degrés centésimaux, j'ai plongé une tige de Chara dans de l’eau qui tenait en solution un mil- lième de son poids de potasse caustique préparée à lalcool. La circulation a été suspendue au bout d'une minute, et elle a recommencé une minute après; elle a duré pendant huit minutes, et elle s’est alors abolie sans retour. Ainsi, la période d’oppres- sion a duré seulement deux minutes, et la période de réaction -a duré huit minutes. Ayant fait la même expérience par une température plus élevée, je n’ai plus observé de distinction entre les deux pério- des d’'oppression et de réaction; la circulation s’est abolie sans retour au bout de deux à trois minutes. J'ai fait la même expé- rience par une température de + 20 degrés c.; la circulation s’est suspendue après trois minutes, a repris après huit minutes de suspension, et a duré pendant un peu plus de trois heures. Le même expérience étant faite par une température de + 11 degrés, la circulation s'est suspendue après quatre minutes, a repris après dix-huit minutes de suspension, et a duré pen- dant huit heures quarante minutes. J'ai encore fait la même expérience par une température de + 6 degrés. La circulation s’est suspendue au bout de cinq mi- nutes; cette suspension a duré pendant vingt minutes, après quoi la circulation a repris par réaction, et a duré pendant douze heures trente-ciuq minutes. On voit par ces expériences que, sous l'influence du même agent chimique délétère, le Chara maintient sa circulation DUTROCHET. — Sur la circulation dans les Chara. 67 d'autant plus long-temps que la température est moins élevée. Les deux périodes d’'oppression et de réaction s’allongent lorsque la température baïsse; mais la dernière période s'allonge beau- coup plus que la première. Ainsi, pour bien observer ces deux périodes, il faut faire ces expériences par une température peu élevée. En outre , il ne faut employer que destiges de Chara ex- traites depuis peu de temps de leur lieu natal, car, lorsqu'elles sont conservées long-temps sur des bocaux pleins d’ear, elles perdent une partie de leur vitalité, et alors elles n’offrent plus à l'expérimentateur les mêmes résultats. La réaction, chez ces tiges de Chara affaiblies, devient souvent nulle, etla circulation est assez promptement abolie sous l’influence d’un agent chi- mique qui l'aurait laissée subsister bien plus long-temps, si la force vitale qui l’opère avait eu plus d'énergie. * Comme on vient de le voir, les alcalis ont la propriété, étant employés à doses convenables en solution dans l’eau, de sus- pendre la circulation du Chara pendant la période d’oppression; à doses plus fortes , ils ne permettent aucune réaction ; ils abo- lissent plus ou moins promptement la circulation et la vie. Employés à doses extrêmement faibles, ils ralentissent seule- ment la circulation pendant la période d'oppression, ils ne la suspendent point. Or, les acides ne produisent que ce dernier effet, celui de la diminution de vitesse de la circulation; jamais je ne les ai vus suspendre cette dernière; lorsqu'ils la font cesser, cest pour toujours, c'est une abolition et non une suspension. Ainsi, par une température de + 11 degrés cent., une tige de Chara étant plongée dans une solution d’une partie d’acide tar- trique cristallisé dans mille parties d’eau (densité 1,00045), on observe, au bout de trois minutes, un ralentissement de la cir- culation, ralentissement qui dure pendant huit minutes; en- suite la circulation reprend de l'accélération ; elle diminue ensuite de nouveau de vitesse, ets’abolit sans retour au bout d’uneheure quarante minutes. Si la dose de l'acide est beaucoup plus forte, par exemple, d’une partie d'acide tartrique dans cinquante par- ties d'eau (densité 1,009), et la température étant toujours de +11 degrés, la circulation dure pendant dix-huit minutes sans faire voir la succession des deux. périodes d’oppression et de 5. 68 DUTROCHET. — Sur la circulation dans les Chara. réaction ; on ne voit qu'une diminution graduelle de la circula- tion qui finit par s’abolir sans retour ; son abolition est accom- pagnée de légères convulsions dans la tige. En employant une solution d’une partie d'acide tartrique dans vingt-cinq parties d’eau (densité 1,0175), et par la même température de +11 de- grés , la circulation est abolie au bout de quatre minutes. Les acides sulfurique, nitrique et hydrochlorique se compor- ‘tent à-peu-près comme l'acide tartrique dans ces expériences. Ainsi, l'acide sulfurique à la densité de 1,0015, et, par la tem- pérature de + 11 degrés, abolit la circulation du Chara en 35 minutes, et cette abolition est accompagnée de convulsions que j'ai observées pendant une heure après la cessation de la circu- lation. Celle-ci finit avec la période d'oppression; il n’y a point de réaction. En employant le même acide beaucoup plus étendu d’eau, de manière à lui donner la densité 1,00083, je vis la cir- culation du Chara, d’abord diminuée de vitesse de moitié en- -viron dans les 35 premières minutes, reprendre peu-à-peu de T'accélération par réaction, de manière à avoir récupéré la vi- tesse initiale au bout d'une heure d'expérience. Ensuite la circu- lation diminua peu-à-peu de vitesse, et finit par s’abolir au bout ‘de près de trois heures d'expérience faite toujours par la même température de + 11 degrés. Les acides nitrique et hydrochlcrique exercent sur le Chara une action encore plus délétère que ne l’est celle de l'acide sul- furique. En effet, j'ai vu l'acide nitrique à la densité de r,0008 abolir sans réaction la circulation du Chara au bout de vingt- “trois minutes , et l'acide hydrochlorique à la densité de 1,00013 abolir, de même sans réaction, cette circulation au bout de seize minutes, et cela toujours par la même température de + 11 degrés. | Les acides hydrosulfurique et hydrocyanique abolissent la circulation du Chara presque instantanément. J'ai employé ces acides très faibles, mais sans avoir pu déterminer leur densité. J'ai voulu voir ce qui arriverait en transportant alternative- ment une tige de Chara d’une solution alcaline dans une solu- tion acide contenant, la première un millième de son poids de potasse caustique , et la seconde un millième de son poids DUTROCHET. — Sur la circulation dans les Chara. 6g d'acide tartrique. La plante a été plongée d’abord dans la solu- tion de potasse ; après y avoir subi la période d’oppression et avoir établi la période de réaction, elle fut transporté dans la solution acide; là, elle subit une nouvelle période d’oppression que suivit laréaction, Ces mêmes phénomènes se reproduisirent dans quatre-autres changemens de solution qui furent faits suc- cessivement, et la plante mourut dans la solution acide où elle était transportée pour la troisième fois. Cette expérience dura sept heures un quart par une température de + 10 degrés. J'observai que la période d'oppression devenait plus longue à mesure que les changemens de solution devenaient plus nom- breux. Ainsi, lors de la première. immersion du Chara dans la solution alcaline, la période d’oppression dura 22 minutes, pendant lesquelles la circulation fut suspendue durant dix-neuf minutes; lors de la troisièmeimmersion du Chara dans la même solution alcaline, la période d’oppression dura deux heures quarante minutes, pendant lesquellesla circulation futsuspendue durant deux heures trente-six minutes. Ainsi, il suffit de chan- ger l’agent chimique délétère sous l'influence duquel se trouve le Chara , pour que les deux périodes successives d’oppression et de réaction se manifestent de nouveau. On a vu plus haut que, par une température de +11 degrés;. la circulation du Chara se maintient pendant environ neuf heures dans une solution qui contient un millième de potasse caustique , et que cette même circulation se maintient pendant cinquante minutes dans une solution qui contient un millième de son poids d'acide tartrique. L'expérience précédente a prouvé que, en transportant le Chara alternativement dans ces deux solutions et par une température à-peu-près semblable, la circu- lation dure pendant sept heures un quart. J'ai voulu voir ce qui arriverait en plongeant les deux moitiés d’un mérithalle de Chara , l’une dans la solution alcaline, l’autre dans la solution acide , dont il est ici question. Ayant rempli deux petits vases de verre avec de l’eau, j'ai plongé dans ces deux vases les deux moitiés d’un mérithalle de Chara ployé en arc et assez long. Ces deux vases, placés sous le microscope, étaient séparés l’un de l'autre par un court espace, que traversait le mérithalle 70 DUTROCHET. — Sur la circulation dans les Chara. de Chara, pour se porter d’un vase dans l’autre. C'était dans cette portion du mérithalle quitraversait d'un vase à l’autre, que j'observais la circulation. Cette portion demeurait constam- ment humectée par l'effet de l'attraction qu’elle exerçait sur l'eau qui remplissait complètement les deux vases. Dans cette expérience j observai la circulation pendant cinq heures , et elle me parut devoir durer indéfiniment , ne l'ayant point vue dimi- nuer de vitesse pendant cet espace de temps. M’étant assuré ainsi de l'existence de la circulation sans aucune altération dans un mérithalle de Chara placé de la manière qui vient d'être indiquée, j'ai mis dans ces deux vases, en remplacement de l’eau , dans l’un la solution alcaline, et dans l’autre la solution acide dont il a été fait mention plus haut, et j'ai placé dans chacun de ces vases l’une des deux moitiés d’un mérithalle de Chara, disposé comme dans l'expérience précédente. La tempé- rature était de10 degrés. La circulation fut abolie sans retour au bout de six à sept minutes. Une seconde expérience, faite de la même manière, me donna le même résultat. Ainsi les actions simultanées de l’alcali et de l'acide sur les deux moitiés du mérithalle de Chara, bien loin de se neutraliser réciproquement, exercent sur la circulation et la vie de cette plante une influence bien plus délétère que celle qui résulte de l’action isolée et gé- nérale de l’une de ces deux substances. Dans ce dernier cas, 1l y a réaction contre l'influence de l'agent délétère, et la circula- tion persiste pendant un certain temps, tandis que, lors de l'action simuitanée de ces deux substances sur les deux moitiés du mérithalle , la circulation et la vie du Chara sont abolies tres promptement et sans manifestation de réaction. | Les sels neutres jouissent, comme les alcalis, de la propriété de suspendre la circulation du Chara pendant la période d’ope pression. Par une température de + 10 degrés cent., je plongeai une tige de Chara dans une solution d’une partie de sel marin dans quatre-vingt-dix parties d’eau. La circulation se suspendit au bout de quatre minutes, et il se manifesta dans la tige quelques légers mouveniens convulsifs. Après huit minutes de suspen- sion , la circulation se rétablit par réaction et d'abord avec une extrême lenteur; elle s'accéléra peu-à-peu , devint rapide, et, DUTROCHET. — Sur la circulation dans les Chara. TE ayant persisté pendant près de huit jours , elle finit par s’abolir sans retour. La température n'avait varié pendant ce temps que de +8 degrés et demi à + 10 degrés cent. Une dose un peu plus forte de sel marin, dissoute dans la même quantité d’eau, abolit plus ou moins promptement la circulation du Chara, sans per- mettre à la réaction de s'établir. Cette abolition est même in- stantanée lorsque l’eau contient un cinquantième de son poids de cesel.Le liquide circulant du Chara prend alors un mouvement rapide et désordonné ; les globules verts sériés se dissocient et nagent avec rapidité confusément épars dans le liquide que con- tient la cavité centrale du mérithalle. Dans une autre expérience, faite avec une solution d’une partie de sel marin dans quatre-vingt-dix parties d’eau, j'ai retiré la tige du Chara de l’eau salée, après dix heures d'immer- sion, et je lai replongée dans l’eau pure , de même température que l’eau salée. La circulation , qui, par réaction, était devenue rapide dans l’eau salée , s'arrêta au bout de quatre minutes dans l'eau pure et ne recommença qu'après cinq minutes de suspen- sion, et cela par une nouvelle réaction. Ainsi les mêmes effets de suspension de la ne di et de réaction subséquente ; qui avaient été déterminés par le trans- port de la plantede l’eau pure dans l’eau salée, ont été déterminés par le transport de cette même plante de l’eau salée dans l’eau pure, après qu’elle eût séjourné dix heures dans la première. Je me suis empressé, comme on le pense bien, d’expérimenter quelle était l’action de l’opium sur la circulation du Chara. Déjà Pouchet avait expérimenté que l’opium arrête la circulation qui a lieu dans les cellules du Zannichellia palustris (1); mais, dans cette observation, il n’est point question de reaction subsé- quente, comme on va voir que cela a lieu chez le Chara. J'ai mis un mérithalle de cette plante dans une solution d’une partie d'extrait aqueux d'opium dans cent quarante-quatre parties d'eau , et cela par une température de + r1 degrés cent. Six minutes aprés, la circulation s’est suspendue ; après un quart d'heure de suspension , la circulation a recommencé lentement (1). Annales des sciences naturelles, 2° série , tom. ux, pag. 4r. 72 DUTROCHET. — Sur la circulation dans les Chara. par l'effet de la réaction vitale. Cette faible circulation s’est abolie sans retour après avoir duré une demi-heure. J'ai répété cette expérience en employant une solution d'une partie d'extrait aqueux d’opium dans 288 parties d’eau: suspen- sion de la circulation au bout de huit minutes ; retour de la circulation par réaction vitale après dix minutes de suspension; elle devient bientôt plus rapide qu’elle ne l'était dans l'état na- turel. La circulation dure ainsi pendant dix-huit heures, diminue ensuite de vitesse et finit par s’abolir sans retour après vingt- deux heures d'expériences. | En employant une solution d'une partie d'extrait aqueux d’opium dans 575 parties d’eau, la circulation n’a point été sus- pendue, mais simplement rendue très lente après cinq minutes. Cette lenteur de la circulation a duré pendant cinq autres minutes, et, un quart d'heure après, la circulation avait repris sa vitesse par réaction vitale. L'alcool étendu d’eau agit de la même manière que lopium. J'ai plongé une tige de Chara dans de l’eau, à laquelle j'avais ajouté un vingtième de son volume d'alcool à 36 degrés. D’abord diminution excessive de la vitesse de la circulation après cinq minutes d'immersion ; ensuite , après dix minutes , le mouve- ment recommence à s'accélérer par réaction vitale et devient très rapide: il s'abolit au bout de quarante-deux heures, après avoir diminué graduellement de vitesse. La température fut de +10 degrés cent. pendant cette expérience. Ce mode d'action de l’alcool se complique de son action coagulante et désorgani- satrice , lorsqu'il est moins étendu d’eau. J'ai observé , comme Uorti, qu’une tige de Chara étant plongée dans l'huile d'olives, la circulation s’y abolit au bout de six à sept heures par une température de + 18 degrés cent. Je n'ai point aperçu de réaction dans cette expérience. J’ignore quel est le genre de l’action qu’exerce ici l'huile pour abolir la circulation du Chara. Cette plante, étant plongée dans l'huile de térébenthine, sa circulation est abolie presque sur-le-champ. Je n’ai observé de même aucune réaction en plongeant des tiges de Chara dans de l’eau gommée ou dans de l’eau sucrée. J'ai vu la circulation s’abolir au bout de quatre jours dans de DUTROCHET. — Sur la circulation dans les Chara. 73 l'eau, qui tenait en solution un dixième de son poids de sucre et durer jusqu'au commencement du troisième jour dans de l’eau, chargée d’un cinquième de son poids de sucre; cependant cette dernière solution, qui était assez dense, avait, par endos- mose déplétive, soutiré une grande partie du liquide, qui rem- plissait le tube dans lequel s'opérait la cirenlation, en sorte que ce tube était devenu fort rétréci. Ce rétrécissement devient presque instantané, et la circulation cesse de suite lorsqu'on plonge une tige de Chara dans du sirop de sucre. $ 9. — Conclusions. Il résulte de ces expériences que les globules verts disposés en séries dans le tube central des Chara exercent, à petite dis- tance, sur les liquides qui les avoisinent, une action motrice en vertu de laquelle ces liquides se meuvent selon la direction de ces séries; et comme il y a dans le tube deux ordres de sé- ries dont l’action motrice est inverse, il en résulte que le li- quide est dans un état de circulation perpétuelle. Cette même circulation existant dans les racines, dans les parois desquelles il n’y a que des globules incolores, cela prouve que la couleur verte des globules organiques n’est pas nécessaire pour la pro- duction de ce phénomène qui paraît ainsi appartenir à tous les globules organiques végétaux à l’état de vie , c’est-à-dire à toutes les petites cellules naissantes. Cette force motrice dont l'agent est invisible est une force vitale , force dont la nature est incon- nue ; elle est influencée d’une manière nuisible par tous ceux des agens extérieurs qui ne sont pas nécessaires pour l'existence de la vie. Ces agens extérieurs nécessaires pour l'existence de la vie des végétaux sont : 1° une température détermi- née ou dans certaines limites; 2° l’eau; 3° l'air atmosphé- rique et la lumière, considérés comme moyens de respira- tion végétale. Tous les autres agens extérieurs tendent, par leur influence , à diminuer, à suspendre ou à abolir la force vi- tale qui opère la circulation , force dont l’agent invisible réagit contre l'influence nuisible. Cette force s’accroit d'énergie sous l'influence même des causes qui tendent à l’abolir, et cela jus- 74 DUTROCHET. — Sur la circulation dans les Chara. qu’à ce qu’elle se trouve en équilibre avec l'influence de l'agent extérieur. L'influence de ce dernier est une force antagoniste de la force vitale à laquelle est due la circulation du Chara, puisqu'elle tend à abolir cette circulation : or, la force vitale dont il est ici question reprenant son énergie sous l'influence continuée d’une force extérieure qui d’abord lavait opprimée , cela prouve clairement que cette force vitale a éprouvé un changement au moyen duquel elle s’est mise, comme je viens de le dire, en équilibre ou en rapport d'égalité avec la force ex- térieure qui est en présence. Cet équilibre est la condition né- cessaire de l’existence normale de la force vitale dont il s’agit. Si la force extérieure en présence augmente, la force vitale di- minue d’abord , et, réagissaut spontanément ensuite , elle réta- blit l'éguilibre rompu ; si la force extérieure er présence dimi- nue, la force vitale diminue d’abord et réagit ensuite pour ré- tablir de même léguilibre rompu. Ainsi la force vitale qui pro- duit la circulation du Chara n'augmente point et ne diminue point selon que la force extérieure ez présence augmente ou di- minue; elle éprouve toujours une diminution directe par l'effet de tout changement soit en plus, soit en moins, qui survient dans l'intensité de la force extérieure avec laquelle elle se remet ensuite et spontanément ez équilibre, en sorte qu'elle annulle ainsi son influence. Le mécanisme de ces actions physiques et physiologiques est à coup sûr fort incompréhensible : il faut donc prendre ces phénomènes tels qu’ils sont donnés par l’ob- servation, sans chercher à les expliquer. Ainsi la réaction par laquelle la force vitale du Chara combat l'influence des agens extérieurs nuisibles, a pour effet l’établis- sement d'un équilibre ; or, cet équilibre peut être permanent ou temporaire. Je vais rendre ceci facile à comprendre par un exemple. Jai fait voir plus haut que le sel marin ajouté à l'eau agit d'une manière nuisible sur la circulation du Chara, et que cette circulation, d’abord diminuée par cet agent extérieur , reprend ensuite sa vitesse normale par l'effet de la réaction ; l'équilibre s'établit alors entre l'agent extérieur et la force vitale d’abord opprimée. Si la proportion du sel marin dans l'eau est un peu forte, l’éguilibre établi par la réaction maintient seule- DUTROCHET. — Sur la circulation dans les Chara. 75 ment pendant un certain temps la circulation et la vie du Chara; une et l’autre finissent à la longue par s’éteindre ; l’éguilibre établi par la réaction n’a été que temporaire. Si, au contraire, la proportion du sel marin dans l’eau est assez faible, l'équilibre établi par la réaction maintient indéfiniment la circulation et la vie du Chara: ainsi cet équilibre est permanent. C’est ainsi que l’on voit des Chara vivre et croître dans des marais san- mâtres voisins des bords de la mer. L'équilibre permanent dont il est ici question est le phénomène que lon désigne généralement par le nom vulgaire et bien impropre d’Aabi- tude (1) Le Chara habitué à l’eau légèrement salée , y parcourt toutes les périodes de sa vie , comme il le fait dans l’eau douce. Mais cette plante ne peut s’habituer à l'eau qui est salée dans (x) Le mot habitude devrait être banni de la science physiologique ; car il sert fort mal-à- propos à désigner deux phénomènes qui n’ont aucun rapport. Le premier de ces phénomènes est la tendance que possède l’économie vivante à se modifier sous l’influence des agens extérieurs, de manière à annuler cette influence lorsqu'elle est long-temps continuée , ou simplement à la diminuer lorsque cette mème influence agit souvent et par intervalles. Cette modification de l'économie vivante consiste d&ns l'établissement Jun équilibre entre une puissance extérieure et une puissance intérieure et vitale. En vertu de cet équilibre , il n’y a plus d'action de l’agent extérieur sur les organes vivans, Ceux-ci résistent alors à l’iufluence de l’agent extérieur avec une force égale à celle avec laquelle ce même agent extérieur agit sur eux. Cet équilibre subsiste tant que l'agent extérieur ae change d'énergie ni en plus ni en moins; car, ce changement arrivant , l’économie vivante serait influencée de nouveau et tendrait , par cela même, à établir un nouvel équilibre, Le second des phénomènes , que l’on désigne sous le nom d’habitude , est la tendance que possède l’économie vivante à conserver un lien d’association entre ceux de ses phénomènes qui se sont trouvés plusieurs fois associés, même accidentellement. C’est ainsi qu’il s'établit un Len d'association entre des mouvemens musculaires très divers, dans les différens exercices ou les différens arts auxquels nous nous livrons journellement , en sorte que ce lien d’associa= tion rend plus facile l’exécution simultanée ou successive de ces divers mouvemens musculaires. Souvent ce sont des sensations qui se trouvent ainsi associées à des mouvemens , en sorte que, la sensation venant accidentellement à se renouveler, elle entraine l'exécution des mouvemens musculaires auxquels elle avait été précédemment plusieurs fois associée. On en peut dire autant des actions intellectuelles ou des pensées qui s’enchaïînent les unes aux autres par ce lien d’as- sociation , qui fait tout le mécanisme de ce que l’on nomme la mémoire. Ainsi toutes les actions vitales tendent à s’unir, soit entre elles, soit avec des sensations par un Len d'association, lorsque leur concomitance ou leur succession se réitèrent fréquemment, Il est bien facile de voir que ce phénomène d'association n’a aucun rapport avez le phénomène d'équilibre , qui est si mal-à-propos confondu avec lui sous le nom vülgaire d'habitude. I] n’y a de commun que la fréquente réitération , qui est la cause occasionnelle de l’un et de l’autre. C’est de là qu'es venue leur confusion , que les physiologistes devraient se hâter de faire disparaitre. 76 DUTROCHET. —— Sur la circulation dans les Chara. une plus forte proportion; et cependant sa force vitale a réagi d’abord contre l'influence nuisible du sel , et il est résulté de cette réaction l'établissement d’un équilibre entre la force vitale et l'influence de l’agent extérieur, équilibre au moyen duquel la circulation et la vie du Chara ont subsisté pendant un temps souvent assez long ; mais à la fin la force vitale a cédé, vaincue par l'influence continuée de l’agent extérieur, et la plante qui n'a pu s’habituer à cet agent extérieur a cessé de vivre, l'équi- libre établi par sa réaction vitale n'était ainsi que femporaire ; il devait cesser, détruit par l'influence continuée de l'agent ex- térieur trop énergique. La plante était donc alors dans un véri- table état de maladie : son équilibre temporaire était le résultat d'une réaction morbide, semblable par sa nature à la réaction hygiénique qui produit l'équilibre permanent désigné vulgaire- ment sous le nom d'habitude , mais différente de cette même réaction hygiénique par l'impuissance où elle est de subsister in- définiment. C’est ainsi que sous l'influence continuée de faibles ‘doses d'un poison , un homme pourra vivre habitué à ces doses d’un agent nuisible; mais si les doses de ce poison excèdent les limites dans lesquelles peut exister l’éguilibre permanent entre les forces de la vie et l'influence de cet agent extérieur nuisible, ou , en d'autres termes, si l’habitude ne peut s'établir ici, la vie finira par s’éteindre après avoir résisté plus ou moins long-temps au moyen de la réaction morbide qui établit un équilibre tempo- raire entre les forces de la vie et l'agent extérieur qui doit les anéantir par le fait de la trop longue durée de son énergique influence. Ces rapprochemens nous font voir qu’il existe une similitude fondamentale entre les phénomènes de la vie des végétaux et les phénomènes de la vie des animaux. Il paraît donc possible de se fonder sur l'observation du mode d'action des agens extérieurs sur le Chara pour en déduire la détermination de la manière dont ces mêmes agens extérieurs agissent sur les animaux. Ainsi se trouverait résolu, en partie, le problème tant et si vaine- ment cherché, touchant le mode d'influence des agens du de- hors sur les êtres vivans considérés en général. Combien de dis- sentimens entre les physiolonistes sur la propriété ou séimu- DUTROCHET. — Sur la circulation dans les Chara. 79 lante ou sédative de certaines substances, de l’opéum par exemple ! On voit le froid et la chaleur produire chacun des ef- fets d’excitation et des effets de sédation ; tous les deux fortifient ou affaiblissent suivant les circonstances. Pour l’explication de ces phénomènes , un libre champ à été ouvert aux théories des physiologistes, qui, ne voyant point ce qui se passait dans les organes et ne jugeant que par l'observation des phénomènes extérieurs, n'ont pu parvenir , sur ce point, à la connaissance de la vérité. Une plante transparente, et dont les mouvemens vitaux intérieurs sont visiblement influencés par les agens du dehors , le Chara, vient jeter un jour nouveau et inattendu sur la manière dont s'opère l'influence des agens extérieurs sur l'être vivant. Il résulte des observations que j'ai faites sur cette plante que tous ceux des agens extérieurs qui ne sont pas nécessaires pour l'existence de la vie, sont, pour elle, des sédatifs directs ; ils ne stimulent que par la réaction vitale qu'ils provoquent. La chaleur, restreinte dans les limites de la température la plus favorable au maintien de la vie, seule est un excitant direct pour le Chara, et son effet excitant croit avec son élévation. Au-delà comme en-decà de ces limites , la température n’agit plus direc- tement que comme cause sédative ; elle ne stimule plus qu’in- directement, c’est-à-dire par réaction. Tous les agens chimiques ‘sont pour le Chara des sédatifs directs plus ou moins puissans: les alcalis l'emportent à cet égard sur les acides, et Popium l'emporte sur les alcalis. La réaction seule rend ces substances stimulantes : elles sont donc toutes des'stimulans indirects. Les agens mécaniques et les lésions organiques agissent aussi sur le Chara comme sédatifs directs ,et ensuite comme stimulans par réaction. Peut-on user ici de l’induction de l’analogie pour ap- pliquer aux animaux ces résultats de l'expérience faite sur une plante ? J'avoue que je suis très porté à le penser. On devrait admettre, d’après cette manière de voir, que les substances qui ont été considérées comme stimulantes ou excitantes pour les animaux , sont celles qui n’opèrent qu’une sédation trop faible et de trop courte durée pour pouvoir être aperçue, sédation qui est promptement suivie par la réaction vitale. Par contre, les substances que l’on a considérées comme essentiellement LÀ F8: DUTROCHFT. — Sur la circulation dans les Chara. sédatives pour les animaux, seraient celles qui, à des doses dé- terminées, produisent une sédation forte et prolongée, laquelle n’est suivie que d’une faible réaction vitale. On conçoit fort bien, d’après cela, comment la même substance, suivant la dose à laquelle elle est employée, peut donner lieu à la prédomina- tion de la sédation directe sur l'excitution indirecte, ou bien à la prédomination de cette dernière sur la première. C'est la première fois que les phénomènes de la réaction vi- tale, depuis long-temps connus chez les animaux, se présentent à l'observation dans le règne végétal. Cependant quelques ob- servations avaient déjà fait voir les phénomènes de l’Aabitude chez certains végétaux, mais on ne pouvait savoir alors que l'habitude est le résultat d’une réaction permanente ; quant à la réaction morbide où temporaire, on ignorait entièrement son existence chez les végétauxs C'est à coup sür un phénomène bien incompréhensible, dans l’état actuel de nos connaissances, que celui de cette ten-. dance des forces qui président à la vie à se mettre ex équilibre avec l'influence que les agens extérieurs exercent sur elles; étant affaiblies par tout changement, soit en plus, soit en'moins, qui survient dans l’influence des agens extérieurs , après que son équilibre avec cette influence a été bien établi, et réagis- sant ensuite pour établir un nouvel équilibre indispensable pour l'existence normale du mouvement vital. M. Amici a émis l’idée que les séries de globules verts du Chara sont autant de piles voltaiques en action, en sorte que le mouvement de progression du liquide qui les touche serait dû à une impulsion électrique. Pour savoir si cette hypothèse est fondée, il fallait étudier l’action de l'électricité voltaïque sur la circulation du Chara; pour cet effet, j'ai réclamé le concours et la collaboration de mon honorable collègue, M. Becquerel, si connu du monde savant par ses beaux travaux sur l'électricité. DUTROCHET. — Sur la circulation dans les Chara. 79 EXPLICATION DES FIGURES. PLANCHE ]J. Fig. x a. g. Mérithalle du Chara fragilis, considérablement grossi,—b. 8.8. b. feuilles verti- cillées ; — p. p. p. rudimens de spinules dispersés sur le mérithalle ; — m, m. rudimens de spinules rangés sur deux lignes circulaires au sommet de chaque mérithalle ; — 0. o. 0. tubes corticaux correspondant chacun par leur base et par leur sommet à un rudiment de spinule: ces tubes corticaux sont les seuls dans lesquels on voit une circulation ; — c. racine adventive simple; —d. racine ramifée ;—les ramifications f f. partent de l'extrémité renflée ; de la racine d. Fig. 2. Coupe transversale de la tige de Chara fragilis : — &. b. tube central doublé inté- rieurement par lés globules verts c. c. Fig. 3. Tube central du Chara dépouillé de son écorce et au travers duquel on voit les séries de giobules verts, que suit , dans l’intérieur du tube, le liquide qui circule, montant en spirale par la spire #. 8. et descendant par la spire c. c. Ces deux spires, sont séparées par des espaces transparens & @., 4. a, , a, a. nommés lones dè repos. Fig. 4. Portion de tube central de Chara dans laquelle la spire ». , dans laquelle s’opère l'ascension du liquide circulant, offre une interruption considérable 2 dans la continuité de ses séries de globules verts. Le courant ascendant s’arrète dans cet endroit , et il se réfléchit vers le courant descendant qui suit la spire #». , suivant la direction £. o. Fig. 5. Coupe transversale d'un mérithalle du Witella flexilis d’après Slack :—a. b, à. e, sys tème cortical à l’intérieur duquel sont les séries de globules verts ;— a ,c. à. f. système ou tube central; — d, cavité de ce derni r. PLANCHE 2. Fig. 6. Portion de tube central de Chara. Dans le milieu de la ligne de repos r. r. , une série de globules verts c. d., détachée du côté a, affecté au courant descendant, s’est roulée en spirale. Fig. 7. Répétition de la figure précédente , dans laquelle on voit que la série de globules vertsc. d. , placée accidentellement dans le milieu de la ligne de repos r. r. , a quitté sa dis position en spirale et s’est étendue en ligne droite. Un petit globule ; se meut suivant la direction c. d, de cette ligne. Fig. 8. Même figure, daas laquelle on voit la série de globules verts c, d..se reployer en o et tendre à se retourner bout pour bout, en marchant suivant la direction des deux petites flèches qui sont auprès d’elle, Fig. 9. Mème figure dans laquelle on voit la série de globules verts c. 4. complètement retournée bout pour bout et appliquée contre la plus extérieure des séries de globules verts appartenant au côté a, affecté au courant descendant. | Fig. 10. Ligature opérée sur un lube central de Chara dénudé. Les deux circulations dis- tinctes qui se sont établies des deux côtés de la ligature n’amènent point le liquide circulant jusqu’auprès de cette ligature. Ce liquide se réfléchit de chaque côté, à une certaine distance, ainsi que l’indiquent les flèches. Fig. 11. Portion de tube central de Chara , dans lequel on voit que les séries de globules verts se sont fléchies sinueusement et d’une manière irrégulière. — Rs © — 80 RECQUEREL et DUTROCHET. — /nfluence de l'électricité Inrzuence de l'électricité sur la circulation du Chara, Par MM. Becousrez et DuTROCHET. (1) L'observateur qui est témoin pour la première fois du mou- vement circulatoire des globules de la lymphe dans le Chara, est porté à l’attribuer à l'électricité. En effet, ces globules, di- rigés de bas en haut, redescendent dès l'instant qu’ils rencon- trent un nœud ou une ligature qui s'oppose à leur mouvement, pour remonter, et ainsi de suite, d’où résulte un mouvement rotatoire qui a de l’analogie avec celui de l'électricité dans un circuit fermé. Si l’on examine la constitution du nœud, on y trouve un diaphragme qui arrête les globules et les force à re- descendre. En enlevant le diaphragme, les globules sortent par l'ouverture et se disséminent dans l’eau. Les stries parallèles de globules verts situés à la paroi interne du tube central du Chara paraissent avoir une grande influence sur le mouvement de la lymphe, puisqu'il s'exerce uniquement selon la direction de ces mêmes stries. On a considéré les globules verts comme des couples vol- taïques, et leurs séries comme des piles ; mais cette hypothèse ne repose sur aucun autre fait que le mouvement rotatoire dont nous venons de parler. Nos connaissances en électricité sont tellement avancées au- jourd'hui, que l'on a des moyens directs de s'assurer si un phénomène de mouvement dépend immédiatement ou non de l'électricité. Le physiologiste et le physicien doivent donc se réunir pour discuter ensemble toutes les questions de cette na- ture qui concernent les phénomènes de la vie. Guidés par cette manière de voir, nous avons étudié, M. Dutrochet et moi, le (1) La rédaction de ce mémoire appartient à M. Becquerel. sur da cireulation. du Chara: on: 81 mouvement. de la lymphe dans le Chara, afin de savoir si l’on devait lui attribuer où non une origine.électrique. La chaleur et l'électricité dérivant du même principe, suivant toutes les apparences, et manifestant souvent leur action en même.témps, nous devons rappeler d'abord en peu de mots le genre d'influence que la chaleur exerce sur le phénomène du Chara ,afin de présenter dans le même cadre les faits généraux relatifs au mode d'action de ces deux. principes. Suivant les observations de l’un de nous, la circulation du Chara est très lente à zéro; elle s'accélère à mesure que la tem- pérature monte, et Lys très rapide à 4 18 ou 19 degrés C; elle diminue ensuite, et à L 27 elle est extrémement de Sous cette même influence, sa vitesse augmente peu -a-peu ET deux heures apres elle possède une graride rapidité. Si l'on continue à élever la température d’abord jusqu’à 34° et ensuité jusqu'a 40, on observe des effets semblables, c’est- à-dire que la plante , après avoir éprouvé une diminution, dans la vitesse dela circulation, reprend. peu-à-peu cette vitesse. Ce n'est qu'a.45° quele mouvement rotatoire s'arrête pour ne plus reparaitre. Toutes les fois que Ja plante éprouve un n,changement brusque de:température de 25°’ environ, le mouvement rotatoire s'arrête PPpieement et reprend quelque temps après. En général, l'abaissément de la température diminue la: vi- tesse de la circulation; tandis que l'élévation de la tem pérature, quand elle ne dépasse pas certaines limites ; l'augmente ;: au- delà ily a ralentissement dans ja vitesse. Le froid tend bien à ralentir là circulation; mais la réaction vitale redonne à cette circulation une vitesse qui n’est pas aussi grande ; à la vérité, que celle quelle acquiert sous l'influence de la réaction contre l'élévation, de la température. LE a , Nous allions montrer actuellement que l'électricité produit ae effets qui ont de l'analogie avec les précédens , mais qui en diffèrent cependant sous certains rapports. Les expériences ont été faites avec un microscope di ‘un grossissement moyen. La tige du Chara, dépouilléede sou écorce ; a été mise sur un v erre bebe ement concave, avec une petite quantité d'éean, et ses deux IX. BorTan. — Février. 6 82 BECQUEREL et DUrROCHET. — /nfluence de l'électricité extrémités ont été recouvertes de feuillés très minces de platine, afin de mieux établir la communication avec deux fils de pla- tine en relation avec les deux pôles d'une pile. Si le mouvement de la lymphe , qui est dirigé dans le sens des séries de globules verts , est dû à l'électricité, on doit pou- voir l’accélérer ou fe ralentir en soumettant la plante à l’action d'un courant dirigé dans le sens de ces séries. Pour nous en as- surer, nous avons placé une tige de Chara dans une hélice dont ‘les circonvolutions, parallèles à ses stries ou séries de globules “verts, se trouvaient dans un plan vertical (1); puis nous avons fait passer dans cette hélice la décharge de piles fortement chargées, composées depuis dix jusqu’à trente élémens, sans apercevoir ni augmentation ni diminution dans la vitesse du mouvement rotatoire du Chara. L'hélice a ensuite été placée de manière que ses circonvolutions étaient perpendiculaires aux stries et se trouvaient toujours dans un plan vertical, Le courant “électrique, quelle qu’ait été sa direction, n’a exercé aucunein- flnence sur le mouvement rotatoire du Chara. La direction des circonvolutions a été changée de nouveau, et l’on à eu cons- tamment des résultats négatifs. 1l paraîtrait donc que le mouve- went rotatoire n’est pas dû à l'électricité ; on doit, suivant toutes les apparences, attribuer à une force particulière dont la na- ture nous est tout-à-fait inconnue. à L'action des courans par influence ne nous ayant rien appris, ail ne restait plus qu’à transmettre le courant électrique à travers la tige même du Chara.Or, quand l'électricité traverse les corps, elle y produit des actions chimiques ou des effets physiques - qui sont accompagnés d’eflets calorifiques. Nous w’avons eu égard , dans nos expériences , qu'aux effets physiques. Premuère expérience. — Une tige de Chara ayant été placée avec un peu d’eau ordinaire sur une lame de verre concave, on a fait passer dans cette tige, tantôt de hauten bas et tantôt de 1 (1) ‘Une grave erreur de copiste a rendu ce passage tout-à-fait inintelligible dans les deux publications de ce mémoire , qui ont été faites précédemment, savoir , 1° dans les Comptes rendus-des séances de l'Académie des sciences (a° semestre de 1837, p. 786); 2° dans la “Bibliothèque universelle de Genève (décembre 1837). Sur la circulation du Chara. 38 bas en haut, le courant provenant d’un certain nombre de couples d'une pile chargée dépuis deux jours avec dé l’eau ren- fermant un centième de son poids de sel marin. On'à employé successivement ün, deux, trois couples; añ troisierne couple, le mouvement rotatoire a été arrèté instantanément. Lé courant électrique ayant été interrompu pendant quelques minutes, le mouvement rotatoire à repris sa vitesse primitive. L’expé- rience ayant été recommencée, il a fallu cinq couples pour arrêter le mouvement. Deuxième expérience. — On a fait passer le courant de ma- mière que le pôle positif fût mis en communication avee lehaut de la tige; le mouvement rotatoire a été arrêté en employant deux: couples. Après quelques instans d'interruption, il n’a pas tardé à recommencer ; il a fallu alors six couples pour l'arrêter. | + Troisième expérience. — On a opéré avec üné autre üge dans laquelle le mouvement des globules était très actif. On à pu alors augmenter la force de la pile depuis un, deux, trois, jusqu’à vingt couples, sans apercevoir de diminution dans la vitesse. En passant de vingt à trente couples, le mouvement s’est arrété subitement. : | Quatrième expérience. — On à recommencé les mêmés séries d'observations avec une pile chargée seulement avec de l’eau de Seine, afin d’avoir un courant faible, quine fût pas capable de réagir chimiquément d’une manière sensible sur lés parties constituantes de la plante. Le pôle négatif correspondait au haut de latige; il a fallu neuf couples pour arrêter le mouvement rota- toire. La direction du courant ayant été changée , le mouvement rotatoire a été arrêté avec cinq couples; alors, au lieu d'inter- rompre le circuit, comme dans les expériences précédentes, on a continué à laisser cheminerle courant électrique dans le Chara; le mouvement a recommencé au bout d’une miuuté avec une vitesse successivement croissante. Cinq minutes s'étant écoulées, on a ajouté trois couples les uns après les autres ; au troisième . Couple le mouvement rotatoire a été interrompu, mais ila rezom- mencé au bout d'une minute; 'cinq minutes après, on a aug- menté successivementde cinq couples le circuit, étau cinquième, 6. 84 BECQUEREL et DUTROCHET. — /nfluence de l'électricité le mouvement a été arrêté net, puis il a recommencé au- bout d’une minute, Cinq minutes après, on à pu ajouter quatorze couples au courant sans suspendre le mouvement rotatoire im- médiatement ; mais il s’est arrété an bout d’une minute, et n’a repris qu'après un intervalle de plusieurs heures, quand il n'a plus été sous l'influence du courant. Cinquième expérience. — En soumettant à la même expé- rience un Chara dont le mouvement rotatoire était tres actif, le pôle positif étant en rapport avec la base de la plante, le mouvement a été arrêté à quinze couples, et a repris au bout d’une minute d'influence; quatre minutes après, on a ajouté successivement un , deux, trois jusqu'à quarante couples, et le mouvement a été arrêté au quarantième ; il a repris au bout de cinq minutes d'influence. On à augmenté ensuite le nombre des couples jusqu’à cinquante-cinq, et le mouvement rotatoire s’est arrêté quelques minutes après; il a repris ensuite au bout de deux minutes. ' Sixième expérience. — Où a employé une pile qui n'avait pas servi depuis long-temps , et dont la surface des couples n’était point, par conséquent, décapée; on l’a chargée avec de l’eau de Seine , afin que la réaction de ce liquide sur le zinc füt très faible. Voici les résultats que l’on a obtenus avec un Chara, et le mouvement rotatoire était rapide : on a fait passer succes- sivement dans la tige la décharge de un, deux, trois , jusqu'à soixarite couples; le courant électrique persistant, le mouvement rotatoire s’est arrêté une minute aprés, et n’a pas tardé à re- prendre; quandil a été bien rétabli, on à rétrogradé successive- ment d’un couple jusqu'au dix-huitième couple; alors le mouve- ment s’est arrêté , et a repris une minute aprés. L'eau de la pile ayant été enlevée, on a chargé celle-ci avec : de l’eau renfermant environ un cinquantième de son poids d’une solution saturée de sel marin et quelques gouttes d’acide sulfu- rique. Avec la même tige de Chara, le mouvement a été arrêté à un couple, ets'est rétabli quelques instans après: Nous avons fait beaucoup d’autresexpériences qui ont conduit, comme les précédentes, aux conséquences suivantes : 1° l'élec- tricité qui traverse la tige du Chara tendà produire,dans les pre- sur da circulation du Chara. 855 iers instans, un engourdissement dont l'intensité dépend de 4 force du courant; 2° le courant électrique agit en même temps: et également surle mouvement ascendant et sur le mouvement descendant; 3° le sens du courant électrique ne paraît établir aucune différence dans son mode d'action; 4° si le courant pro- vient d’une pile chargée avec de Peau, il faut employer un cer- ‘ tain nombre de couples pour arrèter te mouvement rotatoire ; quelques instans après, il recommence peu-à-peu sous lin- fluence du courant électrique, et finit par acquérir la vitesse qu'il avait primitivement. En augmentant le nombre des couples, il y à un nouvel'arrèt, et ensuite, reprise du mouvement, ainsi de suite jusqu’à ce que le courant électrique ait assez d'intensité pour arrêter le mouvement rotatoire pendant quelques heures. _ En rétrogradant, c'ést-à-dire, en diminuant successivement lé nombre des couples, on retrouve encore dés arrêts et des re- prises du mouvement rotatoire. Le passage de l'électricité ne produit aucune désorganisation , puisqu’un repos plus ou moins long rend à la plante ses facultés naturelles. En expérimentant avec une pile chargée avec un liquide ue et un bon conducteur, on observe des ne semblables, si ce n'est qu'il ne fautemployer qu’un petit nombre de couples pour. les obtenir. Comparons ces effets avec ceux qui sont produits par la chaleur, puisque le courant électrique, en traversant la tige du Chara, a dù élever sa température. A fpartir de zéro, la circulation du Chara s'accélère à mesure que la température monte; à 19° ou 19° elle est très rapide ; elle diminue ensuite jusqu'à 27° où elle est très ralentie, puis sa vitesse augmente, et.ainsi de suite jusqu’à 45° où tout mouvement cesse pour ne plus reparaître ; la plante éprouve alors une désorganisation qui détruit le mouvement rotatoiré des globules. L’électricité produit constamment sur le Chara des alterna- tives semblables, c’est-à-dire des arrêts et des reprises de mou- vement, même na on. emploie des courans de faible inten- sité. Mais nous n'avons jamais observé une accélération dans la circulation, comme en produit la chaleur. C’est en cela que 86 BECQUEREL et DUTROCHET. -— /nr/uence de l’électricité consiste la différence que :noùûs avons trouvée entre le mode d'action de l'électricité et celui de la chaleur. À Voici maintenant comment on peut interpréter le mode d’ac- tion «le l'électricité. Lorsqu'un courant électrique traverse un corps quelconque, il commence par faire: perdre à ses molé. cules leur position naturelle d'équilibre, d'où résulte ordinai- rement un dégagement de chaleur, et, dans quelques cas par- ticuliers, un abaissement de température. Si l'intensité de ce courant est suffisante , les molécules sont séparées et même dé- composées ; si elle est. trop faible pour produire ces derniers effets, les molécules reprennent peu-à-peu leur position. ;primi- tive, aussitôt que l’action du courant a cessé. C’est alors que les propriétés physiques du corps redeviennent ce qu’elles étaient avant que le courant électrique l’eût traversé ; mais ce qu'il ya de particulier dans le Chara, et ce que nous signalons à lat- tention des physiologistes, c'est qu'après que le courant a pro- duit les effets physiques ci-dessus mentionnés, lesquels sont accompagnés d'une action engourdissante ; les forces. qui pro- duisent la circulation, et dont la nature est inconnue, font un effort pour lutter avec assez d'avantage contre la force élec- trique , afin que les molécules organiques, quoique dérangées de leur position naturelle d'équilibre, réconvrent leurs pro-- priétés primitives. L'action qui détermine le mouvement rota- toire l’emportant sur l’action électrique, celle-ci continue à agir sans troubler ce mouvement. Cétte lutte cesse quand le: courant éléctrique posséde une intensité suffisante ; les forces vitales, alors épuisées momentanément, reprennent leurs fa- sultés après un certain temps de répos , une fois qu’elles ne sont plus soumises à l’action de l'électricité. Si lon compare les effets que nous vénons de décrire à ceux qui sont produits par la chaleur, nous trouvons dés diflérences notables qui nous mettent à même de conclure que le courant électrique agit ici d’une manière particulière. On doit voir que, dans les recherches dont nous venons de rendre compte, nous avons suivi une marche philoso- phique pour ärriver à la connaissance de la force qui pro- duit la cireulation de la lymphe dans le Chara; nous l'avons sur la circulat;on du Chara. 8 miseen présence.d’autres forces dont les.effets étaient bien dé- finis, afin.de connaitre les rapports qui existent entre elles. De la comparaison des effets observés, nous avons conclu que les forces qui produisent le mouvement rotatoire ne peuvent être rapportées, suivant toutes les apparences, à l'électricité, qui agit ici d’une manière partiéulière:, dont nous n'avons pas en- core-eu d'exemple dans létnde que nous avons faite de toutes . ses propriétés. OBSERVATIONS sur la spécifivalion des Zannichellia ef sur le genre Diplanthera de po Petir-Taouars, Par An. STEINHEIL Lorsque Micheli établit son genre Zannichellia, il en fit eon- naître deux espèces qui se trouvaient aux environs de Florence, et donna de chacune une figure excellente pour le temps. Linné adopta le genre de Micheli, mais il réunit les deux espèces que cet auteur avait distinguées, et n'en admit qu'une seule souis le nom de Z. palustris; il négligea de mentionner dans la descrip- tion du genrelé nombre des loges des anthères, et ne parla que de la forme générale du stigmate, de cette manière sa descrip- tion convenait également aux deux espèces du botaniste italien dont l’une à dés anthères biloculaires avec un stigmate crénelé, l'autre, des anthères quadriloculaires et un stigmate entier. Plus tard, Willdenow les distingua de nouveau; il réserva le nom de Z. palustris pour l'espèce qui a des stigmates entiers, et donna à l’autre le nom de Z. denta ta fondé sur le caractèredu stigmate; 88 AD. STEINHEIL. — Spécification des Zannichellia. ces ‘espèces furent adoptées par Poiret dans l'Encyclopédie: Depuis, il semble que l’on ait complétemént oublié le ‘caractère des anthères et, comme dans la figure 32 de Micheli Ja den- telure du stigmate est exagérée, comme elle n’est d’ailleurs vi- sible qu'à un grossissement assez fort et difficile surtout à recon- naîtré sur le ‘sec, le Z. dentata disparut des catalogues, non sans une apparence de raison, car Willdenow cite mal-à-propos commesynonymedeson Z. palustris la table 67 du Flora danica qui convient à l’autre espèce. On continua donc d’appeler Z. palustris L. toute plante à laquelle on reconnut les caractères du genre, et on ne peut pas dire que ce füt à tort, puisque Linné avait sciemment con- fondu les deux espèces de M'cheli. Sprengel fait encore mention du Z: dentata , mais seulement comme variété de l'espèce com- Imune. Comme le Z. tuberosa de Loureiro fait évidemment partie d’un autre genre, celui dont nous nous occupons se trouva ré- -duit à une seule espèce; puis il lui arriva ce qui a eu lieu pour un grand nombre d'espèces linnéennes soumises à l’observa- tion plus minutieuse des botanistes modernes, plusieurs se sont trouvées comme dédoublées , et le caractère primitif del” spee devint souvent celui de tout un groupe. Bœnninghausen (1), en 1824,reconnait de nouveau deux es- pèces de Zannichellia dont il appelle l’une Z. repéns, réservant à l’autre, qui paraît être devenue depuis ie Z. major, le nom de palustris, d'après la figure du #/ora danica. Nolte (2) prit. ce. Z. repens pour le Z. palustris, et distingua deux autres espèces sous les noms de Z. maritima et polycarpa. Chamisso (3) fit pas: ser dans ce genre le Potamogeton contortum de-Desfontaines; Salzmann rapporta de Tanger une plante qu'il distribua sous le nom de Z. disperma, nom essentiellement vicieux puisqu'il s’a- _gissait de deux carpelles. M. de Brébisson, dans sa Flore de Normandie, a décrit récemment un Z. disyna qui lui a été com- (1) Prodrom. fl, mon., p. 272, (2) Suivant Reichenbach , Ætor. excurs. gérm., 1 ,Pe 6. (3) Linnea, 1825. AD. STEINHEIL, —" Spécification des Lannichellia: 89 muüniqué-par M: Gay; nous devons encore à la plume’ féconde deReichenbach (1) deux autres espèces, les Z. sibberosa et pe- dunculata , plus un Z. major Bœnngh. qui west pas indiqué sous ce nom dans la flore de Munster. Au milieu de cet accroissement de richessés trompeuses, on oublia trop complètement les espèces primitives; l’une d'elles disparut toat-à-fait ét l'autre devint une plante douteuse pour ceux qui savaient distinguer celles qui étaient nouvelles; c'est du Z-valustris que Reichenbach a dit : spécies ex iconibus cognita ; éætera dubia. La confusion est plus grande encore chez ceux qni croient le connaître. En effet, du moment que l’on distingue deux espèces, on doit adopter les roms deWilldenow, puisque les deux descriptions de Micheli comniencent par lé mot palustris. Or, le Z. palustris W. est le plus ordinairement celui qui a été décrit comme espèce nouvelle, tandis que le nom fut réservé pour le Z. dentatw; ces erreurs proviennent de ce que l'on a négligé com- plétement l’étude des organes floraux, et que l'on n’a ohiex ché de caractères que dans ceux de la végétation ;: mais surtout ‘dans lés carpelles. La négligence a été à cet égard tellement loin, que dans des genera récens (les auteurs n’ayant probablement eu à leur disposition que l’une des espèces), les anthères sont décrites commé biloculaires ; aussi, lorsque J'étudiai des échantillons provenant de Barbarie ; je crus d’abord avoir à établir un genre nouveau; et c’est à l’obligeance de M. Gay que je dus'une ob- servation intéressante qui me mit sur la voie de la vérité. ‘Les organes de la végétation ne peuvent fournir que des ca- ractères très incertains ; on sait combien varient sous ce rapport les plantes qui croissent dans l’eau, suivant qu’elle est-courante ou'stagnante , pure on chargée de sels, haute ou basse ,'etc: 1e Z:: major se distingue par un’air plus vigoureux ‘et des stipules plus développées; mais le caractère du fruit qui doit coïncider avec cet aspect ne paraît nullement constant, au moins dans des échantillons certainement aussi forts quele Potamogetonpusillus que j'ai eus à ma disposition ; quant au fait d’avoir les feuilles le (1) Plant, crit., vol, vur, et For. germ. excurs, , 1, 1, p. 7. ‘ 90 AD. STEINHEIL. — Spécification des Zanniehellia. plus souvent ternées (1),il ne distingue nullement cette variété, car il se retrouve fréquemment dans les autres. (2) | Le fruit, qui d’après les figures de M. Reichenbach (5) paraît fournir d’excellens caractères, ne.se comporte plus de même dans la nature, et rien n’est lis variable que la largeur de sa membrane dorsale, qui peut aussiêtre tres dentée ou presque entière; souvent dans le même échantillon il présente de grandes différences; on peut juger de la valeur de ses modifica- tions par les figures que nous donnonsicides plus remarquables; la figure 1 appartient à un Z. repens provenant de Saint-Cloud ; la figure 5, à un repens des environs de Carlsruhe envoyé par M. A. Braun; la figure 6, à un autre repens des environs de Paris. On voit que, dans le premier cas, le bord dorsal, présente trois membranes fortement dentées , et le bord antérieur deux membranes plus petites; dans le second , le bord estsimplement crénelé ; dans le troisième il a une seule membrane dentée: les figures 2,3 et 4 appartiennent au Z. ajor ; l'échantillon qui a fourni le carpelle n° 4, et qui se rapproche le mieux du type de Reichenbach, a été trouvé dans le département du Bas-Rhin par M. Buchinger; 2 et 3 appartiennent à une même forme, mais venant des environs de Paris; 8 et 9 sont des fruits d'un même échantillon du Z. palustris W.rapporté d'Alger par M. Bové; sig avait quelquesdentsde plus, il conviendrait exactementauZ.g1b- bérosa Rehbch; on.sera tenté d'appliquer ce nom tontes les fois que le bord antérieur est aussi garni d’une membrane dentelée, mais Je pense que l’on doit le réserveraux plantes qui onten même temps le-style très long, puisque l’auteur caractérise en partie son espèce par. ces mots: fructus macrostyli; la longueur du style est ,eneffet, leseul caractère un peu certain que b on puisse trouver dans le fruit; quoiqu’elle soit légérement variable, on rè- marque que, dans les variétés à anthères quädriloculaires,; il est toujours presque égal au carpelle, tandis que, dans celles’à anthères biloculaires , il dépasse à peine la moitié de celui-cis:il - (x) Folia fere semper terna Rcbch. (2) C’est à M. Maire que nous devons la découverte du Z. major aux environs de Paris : il Va trouvé à Montmorency. | (3) Ze. crit. AD. STEINHEIL. — Spécification des Zannichellia. Co est bien entendu qu’on ne doit l'étudier que dans le fruit mür, et c’est alors le seul caractère quireste pour distinguer le Z. den- tata du Z. palustris, parce que les étamines sont le plus souvent tombées et les stigmates flétris. s Si-la longueur du style donneun assez bon caractère, il n’en estipas de même desa direction: le plus souvent, il est courbé en arrière, C'est-à-dire, que sa concavité régarde le ‘dos du car- pelle; mais dans les mêmes échantillons on le trouve quelque- fois tout droit ou même courbé en avant; dans toutes les es- pèces il présente un caractère commun, celui d'être élargi à la base et de porter, au moins Sur l’une de ses faces, une ligne saillante qui se continue sur le carpelle tantôt sur lemilieu, tan- tôt un peu plus près du dos. Le stigmate desséché forme au sommet du style un petit cro: chet qui disparaît souvent; dans la fleur, ilest pelté, un peu con- cave, papilleux et crénelé dans: une partie des variétés, glabre entier et un peu plus étroit dans les autres; ces caractères coïn- cident avec ceux tirés de la longueur du style et du nombre des loges de lanthère. Quant à la longueur des pédoncules, nous n’aurions' bas pensé à nous en occuper, si d'autres avant notis n’avaiént cherché à l'utiliser pour former des espèces; elle ne fournit que des cärac- tères peu importans, quoiqu'elle soit assez constante dans les mêmes échantillons; mais elle paraît dépendre de l’état de l'eau : au moins, la plante dans laquelle nous avons observé les plus longs pédoncules croissait dans un pétit ruisseau d’eau courante à Bone. Le pédoncule partiel ‘existe plus souvent que le pédon- cule général. Il ést à remarquer que l'emploi de ce caractère'a conduit à confondre une variété analogue des deux espèces pri- mitives pour en faire une mauvaise espèce ; le Z. pedunculata Rchbch. présente suivant lui deux variétés : l’une a séagnalis, l’autre à qui est le Z. maritima Nolte. Je le cite d’après Reichen- bach, mais comme j'ai vu que c'est presque toujours le Z. pa- lustris W. qui se trouve près des côtes, tandis que le dentata croît dans l'intérieur des térres, je pense que la citation est exacte ; l'herbier du Muséum renferme les types des deux variétés envoyés par l’auteur lui-même, et jeme suis assuré que la va- 92 AD. STEINHEIL. — Spécification des Lannichellia. riété séagnalis répond au dentata, et la variété maritima aw palustris. Le nombre des carpelles est aussi fort variable dans les mêmes échantillons; il parait d'autant plus constant que ceux-là sont moins nombreux ; ils sont fréquemment au nombre de quatre, et alors on en trouve aussi des groupes de cinq sur la même tige. Je dois encore mettre en garde contre une apparence que pré- sente lecarpelle lorsque, par macération, il a perdu son épiderme ; alors le tissu cel'ulaire desséché qui est mis à nu présente un aspect comme tomenteux, le style parait plus long et plus grèle, et le dos du carpelle, au lieu d’être bordé d’une membrane dentée, est garni d’une rangée de petites pointes isolées, comine Je l'ai représenté figure 7. L’anthèere est oblongue , à deux loges et surmontée par une petite pointe, ou quadriloculaire et biapiculée, Ce caractère paraît assez constant; cependant M. Gay a remarqué (1) que son Z. digyna, qui a des anthères mana les a aussi quelquefois biloculaires: La longueur du filet présente de grandes variations. N’ayant étudié ces espèces que sur le sec où on retrouve rarement les étamines, je n'ai pu apprécier exactement la valeur de ces diffé- rences. Dans la variété que j'ai observée à Bone, le filet avait près de trois pouces de longueur; dans la forme appelée repens, je l'ai trouvé à-peu-près égal à un carpelle; dans le 72aÿjor, il est trois fois plus long; mais M. Gay a remarqué que l'anthère parait d’abord sessile, et que le filet s’allonge peu-à-peu; je suis donc porté à regarder ces différences comme aussi peu impor- tantes que celles que l’on observe entre les pédoncules. L’embryonest semblable dans tous les carpelles , et tel que les auteurs l’ont décrit, c'est-à-dire que le cotylédon est replié contre . (1) Note communiquée. Cette diminution dans le nombre des loges de l’anthère ne doit pas cependant faire regarder le caractère de l’étamine comme étant sans valeur; car 1° elle parait ètre assez rare, puisque Smith dit n'avoir vu en Angieterre que des Z. à anthères 4-loculaires ; 2° l'inverse n’a jamais lieu; au moins cela est probable , puisque tous les auteurs habitant l'intérieur et n'ayant à leur disposition que le Z. dentata s'accordent à décrire l’anthère comme biloculaire. Treviranus y chercha vainement (quoiqu'il eût fixé son attention sur celte question) des anthéres à quatre loges. (Voy. Symb. phyt. Fascic., x, Gout., 1831. AD. STEINHEIT. — Spécification des Zannichellia. 93 la tigelle, puis encore deux fois plié sur lui-même; mais ces deux | Me plis, au lieu d’être posés entre la tigelle et la première partie du coty lédon sur le même plan, sont rejetés d’un côté, de sorte que, en examinant l’embryon de l’autre côté, on ne voit qu un seul pli, tandis qu’on les voit tous les trois de ha D'après la figure donnée parReichenbach, du Z. polycarpa Noiîte, on peut croire que l'embryon de cette espèce diffère de celui des autres en ce que le cotylédon ne parait plié que sur latigelle; cependant, comme il ne s’explique pas suffisamment dans le texte, et sa figure convenant exac'ement à un des côtés de l'embryon des autres espèces, je n'ai pu fixer mon opinion à cet égard. _ D'après tout ce qui précède, il nous paraît démontré que l’on ne saurait reconnaître comme espèces suffisamment caractérisées toutes les formes qui ont été décrites dans ces derniers temps ; se trouve un réseau vasculaire analogue aussi à celui de l’autre es- pèce ; ce réseau ne peut s’êtré formé qu'après les bourgeons ; de même que dans toutes les monocotylédones aux He des- quelles sortent dés racines, il se développe dans le paréenchyme depuis long temps formé de la tige, un nouveau tissu cellulaire et de nouveaux vaisseaux qui se disent vers les racines. Il ré- 286 HUGO MOBL. — Sur le Tamus elephantipes. sulte de ces exemples que les végétaux aussi bien que les ani-! maux produisent, dans beaucoup de cas, des vaisseaux là ou ils sont nécessaires et non pas , comme le croient plusieurs bo- tanistes , des organes là où existent des vaisseaux. L'analogie qui existe entre le rhizome des deux Tamus prouve encore qu'ils ont dans le fond une structure analogue , c’est-à- dire un corps central parenchymateux abondamment rempli de matière amylacée, dans lequel courent peu de faisceaux vas- culaires , et une écorce parenchymateuse qui est formée exté- rieurement d'une mince couche de cellules subéreuses ; la di- rection de leurs vaisseaux diffère en ce qu'ils suivent la forme des racines. Observations du traducteur. — Cest surtont aux botanistes français que l’on doit l'emploi du nombre des cotylédons et des modifications coïncidentes dans la classification naturelle. Dans ces dernières années, plusieurs observateurs, en Allemagne principalement, se sont élevés avec force contre cette division, niant la réalité d’une différence fondamentale entre les deux grandes classes des végétaux vasculaires. M. Hugo Mohl paraît être un des plus ardens défenseurs de la nouvelle doctrine qui a trouvé aussi en France quelques partisans dont le nom doit faire réfléchir. Cette tendance à affaiblir ou nier les distinctions les plus importantes nous paraît une conséquence plus ou moins directe des doctrines philosophiques en faveur desquelles PA: lemagne. s’est généralement prononcée, de sorte que nous croyons pouvoir désigner sous le nom d'école allemande l’en- semble des naturalistes qui ne reconnaissent aucune limite ri- goureuse entre les classes naturelles, parce que poureux les êtres vivans ne sont que les conséquences de forces inhérentes à la matiére ; pour nous, au contraire, ils constituent de véritables créations, et c’est pour cela que nous pensons qu'il y a des la- cunes infranchissables entre les divisions les plus iniportantes des deux règnes organiques. Quoi qu'il en soit, les discussions les plus animées dans le champ de la botanique semblent revenir encore une fois sur la distinction des mono et des dicotylédones : les beaux travaux de M. Mohl, quelle que soit d'ailleurs leur im- portance , ne nous paraissent pas l’avoir ébranlée d’une maniere HuGO MonL. — Sur le Tamus elephantipes. 287 grave , et le mémoire que nous venons de traduire ne décide pas davantage la question, car nous ne pouvons reconnaître un vé- ritable système cortical là où il n'y a pas de liber : les dicotylé- dones ont évidemment deux systèiñes fibreux opposés, et c’est là une distinction importante que nous aurivns même regardé comme fondamentale sans les découvertes récentes de M. J. De- caisne sur la tige des Lardizabalées, des Aristolochiées, des Menispermées , où la formation du liber n’a plus lieu après la première année, M. Decaisne (1) a vu en outre que les racines d’un grand nombre de dicotylédones sont complètement privées de liber, et que la tige du Phytolacca dioica en est également dépourvue. Sans aucun doute, il y a là une nouvelle route ou- verte à l'observation ; c'est une série de faits encore incomplète et qui demande à être reliée par une formule générale propre à nous expliquer pourquoi certaines tiges et certaines racines sont privées de feuillets corticaux ; ce ne serait pas le faire cer- tainement que de dire que ce sont des formations intermédiaires entre les endogènes et les exogènes; car en quoi, sous d’autres rapports, les plantes qui présentent cette absence d’un double système se rapprochent-elles des monocotylédones? Plusieurs exogènes (par soudure ou par avortement) ne présentent qu'un cotylédon; personne n’a été tenté pour cela de les éloigner dés familles auxquelles elles appartiennent, et tout le monde comprend maintenant que ce serait juger sur les apparences que de les regarder comme des êtres intermédiaires. M. Dutro- chet a admis, comme M.Mobhl, que le rhizome d'un Tamus s'ac- croît à la manière des dicotylédones (2); ii a même été plus loin: suivant lui, embryon de cette plante possède deux cotylédons, et la tige aérienne conserve seule l’organisation des endogènes ; examen de la figure qu’il a donnée de sa germination, mais surtout l'étude de la nature, nous ont fait voir que ce que M. Dutrochet a pris pour un second cotylédon n’est qu’un ap- pendice du cotylédon unique, analogue de la gaine parinerviée (1) Lettre à l'Académie des Scienees. Paris, 19 mars 1838. (2; Observations sur la forme et la struelure primitives des embryons végétaux. (Nouv. Aun, du Mus. d'Hist, nat, t. rv. Paris, 1835.) 288 HUGO MOHL. — Sur le Tamus elephantipes. des Graminées ; j'ai trouvé cet appendice bifide; la feuille qui constitue la plumule lui est superposée, ce qui prouve suffisam- ment qu'il ne peut avoir la valeur d’une feuille. Dans ce même travail, M. Dutrochet s'occupe de nouveau des fœtus. gemmaires ; iladmet qu’ils sont libres avant d'être greffés à la plante sur laquelle ils se. développent. Cette manière de voir nous paraît difficile à concilier avec la théorie de l’accrois- sement publiée, autrefois .par le même observateur : suivant nous, elle est peu exacte, en ce qu'elle empêche de saisir une différence essentielle qui sépare les deux classes de végétaux vasculaires, savoir : l’état (au moins virtuellement ) double: de tout mérithalle fondamental (pour nous servir de l'expression de M. Datrochet) dans les dicotylédones, tandis qu'il est simple dans les monocotylédones. Nous nous sommes déjà expliqués ailleurs sur ce fait, qui nous paraît devoir être le point de dé- part d'une théorie, non PTT AU de la phyllotaxis. An. STEINHEIL: Extrait d’une lettre de M. Perrorter sur la végétation des montagnes dites Nelligherries, dans les Indes-Orientalés 1e datée de Kaiti le 11 mars 1836. Le 1@ ; Je remarque que les auteurs, en général, n’ont pas assez bien décrit les plantes de ces montagnes ;. cela tient évidemment à ce qu'aucun d'eux ne les a vues sur les lieux. Il reste donc, à mon avis, encore bien à faire ici, non-seulement à décrire exac- tement ce qui n’a pas été observé, mais encore à faire mieux connaitre ce qui a été imparfaitement signalé. Il est d'autant plus difficile de se procurer tout ce que ces montagnes pro-- duisent de végétaux rares et curieux, que les ete inacces- sibles sont plus nombreux. En effet, il n’est guère possible de rencontrer un pays où les montagnes soient plus bouleversées, plus sillonnées et plus ondulées en sens divers, que les. Nelli- PERROTTET. — Wegelution des Nelligherries. 289 gherries. Ce ne sont que ravins, précipices, chutes d’eau, marais, pics plus ou moins élevés, monticules arrondis, cô- teaux plus ou moins rapides, gorges, sillons sinueux de ‘toutes les formes; etc: On n'y voit aucun plateau de quelque étendue; aussi les herborisations y sont-elles excessivement pénibles.Ce coup-d’œil rapide jeté sur les Nelligherries fera comprendre fa- cilement pourquoi ces montagnes n'ont pas encore été conve- nahlement explorées sous le rapport de l’histoire naturelle. Cha- cun des points et des accidens de terrain dont je viens de par- ler offre une végétation particulière, Dans les ravins larges et profonds, on trouve les Fougères arborescentes, bifurquées et autres, des Fougères herbacées en grand nombre, des Calamus, des Scitaminées, des Limodorum, des arbres d’une grande élé- vation, tels que Laurus, Eugenia, Michelia, Gordonia, Pit- tosporum, Mahonia , etc. En dehors de ces ravins profonds et sur les montagnes voisines, où le thermomètre descend à 2 ou 3 degrés au-dessous de o , croissent des Orchidées , des Pédicu- laires rouges et blanches de la plus grande beauté, des Æxu- cum , des Acanthacées, de petites Légumineuses à fleurs jaunes charmantes, des Drosera fort curieux, des Balsamines, et une foule d’autres végétaux qu'il serait trop long d’énumérer ici. Dans les bas-fonds humides et marécageux, on rencontre des Saules d’une grande élévation, des Andromèdes en arbre ex- trêémement belles, des Fougères, des Orchis, des Cypéracées, des Balsamines remarquables par la blancheur ou le beau rose et la grandeur de leurs fleurs, des Xyris, etc. Je ne crois pas que personne jusqu'ici ait indiqué des Fougères arborescentes , des Rotangs et autres plantes tropicales dans des lieux où il gèle, c’est-à-dire où le thermomètre descend souvent au-dessous de 3° Réaum. A la vérité, les racines de ces végétaux plongent dans un sol très bas et humide, à l'abri de l'influence des gelées; mais leurs cimes y sont véritablement exposées, puisqu'elles atteignent tres souvent le niveau du sol des coteaux voisins. C’est à l'abri des grands végétaux que croissent les autres belles Fougères qui font partie de mon envoi! et ces singulières Orchidées parasites dont je vous fais parvenir aussi de beaux échantillons. Si ces montagnes sont intéressantes sous le rapport de la: bo- IX. Botan, — Mai, 19 200 PERROTTET. -— Végetation des Nelligherries: tanique, elles ne le sont pas moins sous celui de la zoologie, de la géologie et. des autres branches de l'histoire naturelle. Beau- coup des oiseaux que l’on y:observe se trouvent, il est vrai, dans la plaine, mais il y en existe un grand nombre qui sont particuliers à ces müntagnes. Les quadrupèdes de Il plaine qui existent également dans les Nelligherries, y sont beaucoup plus trapus, plus fourrés, et présentent en général un facies tout différent qui les ferait souvent prendre pour des espèces dis- tinctes : tels sont les Chacals, dont le pays abonde, les Renards, les Lièvres, ete. L'Hyène et le Porc-épic m’y semblent tout dif- férens : ce sont, à mon avis, des espèces particulières que M. Adolphe Delessert, qui explore en ce moment la base de ces montagnes, se propose d'étudier avec soin. UNTERSUCHUNGEN der die Entvicklung des Korkes und der Borke auf er Rinde der Baumartigen dicoty ledoren.— Recherches sur le développement du ab et du faux liège(1), sur l’écorce des dicotylédones ligneuses. Dissertation inaugurale, soutenue sous la présidence de H. Monr, par Carr. RoBErr HuTren- SCHMIDT DE SCHORNDORF. Tubingen , janvier 1836. (2) ({Memorre traduit par M. Srenxæir.) Malpighi (3) resonnut dans les jeunes branches des saules , (i) Nous employons ce mot pour rendre Pexpression de Borke appliquée par M. Mohl à une formation qu’il regarde comme spéciale el qui, étant distinguée pour la première fois, n’a pas encore de nom en français. . (Traduct.) (2) M. Dutrochet a lu, dans la séance du 9 janvier 1837, de l’Académie des Sciences, un mémoire sur la nature et le développement du liège (Voyez les Comptes rendus de l’Académie des Sciences, t. 1v, p.48 , et les Mémoires pour servir à l’histoire anatomique et physiologique des végétaux, par M. Dutrochet, p.172), dans lequel il est arrivé par ses propres recherches à des conclusions apalogues à celles de M. Mobhl sur l'origine du liège. Mais ces deux auteurs ont en outre étudié ce sujet sons des rapports différens : ainsi M. Dutrochet a fait connaître l'accroissement des aiguillons des Zanthozylum et son analogie avec l’accroissement du liège; M. Mohl, au contraire, a donné beaucoup de développement à l'examen de l’ac- croissement et de l’exfoliation du parenchyme cortical , qu'il désigne sous le nom de faux liège, et dont M. Dutrochet signale seulement la différence comparativement au liège. Il en résulte que ces deux mémoires se confirment et se complètent PORN (Rédact,) (3) Auatom. of plant, Lond, 1686,p 2 et 6. HUGO Mour: — Développement du liège. 291 des peupliers, etc., une Cuticule au-dessous de laquelle des couches concentriques de cellules servent d’enveloppe au tissu rétiforme de l’écorce. Suivant lui, les couches cellulaires extérieures périssent et se lessèchent : elles servent à protéger l'écorce qui se change en bois; les plantes de peu de durée, dont le bois ne parvient pas à former un cylindre, n'ont pas d’écorce, mais seulement une cuticule et de petits faisceaux de fibres. ‘Grew (1) distingue deux parties dans l’écorce , l'épiderme et le corps cortical. L’épiderme naît de la cuticule “a cotylédons et de celle de la plumule , le corps cortical provient du,paren- chyme de la plumule. Le premier.est: formé d’utricules (2}, qui se dessèchent et tombent: elles sont mêlées de fibres ligneuses, qui courent longitudinalement. La portion principale est aussi formée de deux:parties, le parenchyme.et les vaisseaux. Dans la racine, les cellules sont placées en rangées diamétrales; dans la tige, il n’en est pas ainsi, ou cela n’a lieu que dans la moitié intérieure de l'écorce; les vaisseaux , toujours séveux, sont rap- prochés vers la partie interne de l'écorce et se lient comme dans un filet. Duhamel (3) admet , comme Malpighi, trois parties dans l'écorce, savoir: l'épiderme, l’enveloppe cellulaire :et les couches corticales. L’épiderme. forme une enveloppe générale mince et sèche: il s’enlève plus facilement quand l'arbre est en sève. On le trouve sur toutes les parties; mais sa structure n'est pas partout la même. Sur les jeunes branches de plusieurs arbres il a l'air d'une membrane simple ; mais, chez d’autres espèces, Duhamel crut voir au-dessous encore une ou deux couches, qui étaient juteuses : aussi il doute que SET soit formé de cellules, comme Grew et Malpighi l’ont:pensé, et est disposé a le regarder comme une membrane homogène. La première opi- nion lui paraît surtout incompatible avec la grande extensibilité de l'épiderme; cependant celle-ci a des limites : ainsi l’épiderme se déchire en lambeaux sur les grosses tiges; mais il est doué (1) Anatom: of plant. Lond. 1682, p. 19. (2) L. c. p. 107. v: (3) Physiologie des arbres, 1758, 1 , p. 6. 292 HUGO MOuL. — Développement du liège. d’une grande puissance de reproduction. L’enveloppe cellulaire de Duhamel est la partie verte succulente, d’une structure ana- logue à celle de la moelle : elle sert à la réparation de l’épiderme et peut se reproduire comme lui. Les couches corticales sont formées de vaisseaux lympha- tiques et de tissu cellulaire qui arrive du bois à l'épiderme , entre les couches corticales , et s’élargit à leur extérieur, pour former l'enveloppe cellulaire: il y a aussi des vaisseaux propres dans les couches corticales. Hill (r) reconnaît dans l'écorce trois couches distinctes:1) the rind , 2) the bark , 3) the blea. Ta partie extérieure (the rind) répond à l’épiderme de Duhamel : élle est formée de plusieurs couches de cellules superposées ; la partie interne (the bark) a une structure analogue et se transforme en la première quand celle-ci vient à tomber; sous le nom de blea Will parait avoir désigné Îles nouvelles couches corticales intérieures: il dit que cette partie est formée de longs tuyaux ayant beaucoup d’ouver- tures et des parois épaisses réunies par une masse floconneuse amorphe blanche homogène. Danslesécrits plus récens surla physiologie on a plus ou moius reproduit l'opinion de Duhamel (Sennebier(2),parexemple); ce- pendant on distingue en général mieux l'enveloppe superficielle du tronc d’avec l’épiderme des parties herbacées. Sennebier, il est vrai , les regarde comme un même organe ; mais il admet dans Pépiderme des troncs une puissance de reproduction qui manque à celui des parties herbacées, et il attribue cette différence à un certain degré de développement, que le dernier n’a pas encore acquis. Sennebier s'occupe particulièrement de recherches sur la reproduction de l’épiderme. Le fait qu'il s'étend sans se dé- chirer lui paraît incompatible avec l'opinion de Grewet de Mal- pighi sur sa formation par des cellules desséchées. Lorsqu’on fait une blessure peu profonde, il se reproduit sans exfoliation ; mais elle a lieu lorsque la blessure pénètre dans l'écorce. Si (x) The construct. of timber, see. ed. Lond, 1#74. (2) Physique végétale, 1, p. 147 auco MonL. — Développement du liège. 295 l’on enlève celle-ci, ilse reproduit avec elle, mais si on l’enlève tout seul , il se reproduit tout seul. On ne peut-pas le considé- rer comme un parenchyme desséché parle contact de l'air; car celui-ci retarde sa reproduction. Comme l’épiderme des vieux arbres est formé d’une couche de lambeaux desséchés , dontles fissures sont dirigées dans le même $ens que les vaisseaux de l'écorce, Sennebier pensa que sa faculté d'extension est limitée, et que, désorganisé par l'accroissement des parties. qu'il'enve- loppe , il se renouvelle ; ainsi il se trouva conduit à supposer Vexistence d’un lacis particulier (de vaisseaux ?), placé sur Fécorce pour former l’épiderme. Link (1) ne regarde pas comme étant réellement distinctes les couches qui ont été décrites par Sennebier: il admet que: l'écorce est formée d’un parenchyme vert qui brunit en vieillis- sant ( probablement par laction de l'air), se ride, se fendille et tombe. Quand les cellules sont remplies d’une très petite quantité de matière brune ou verte, il se forme une écorce subéreuse. Rudolphi (2) distingue l’épiderme de la tige des plantes li. gneuses .de celui des parties herbacées, RARE que le premier. manque de stomates. Treviranus (3) reconnaît trois couches dans l'écorce des di- cotylédones. La plus extérieure est formée de parenchiyme , et la paroi externe des cellules superficielles forme l’épiderme. La couche moyenne forme le liber et se transforme en aubier de- puis le milieu du printemps jusqu’au solstice. Dupetit-Thouars (4) admet:que, chaque année, une couclie du parenchyme vert, placé sous l'épiderme , devient de l’épiderme, Par l'extension de l'écorce , les vieilles couches de l’épiderme se transforment en un tissu: plus mou, étendu sur la surface de l'écorce, et qui y reste long-temps. (1) Grundlehren der Anatomie et Pbys. p. 158. {a) Anat. der Pflanzen, p. 70. (3) Von inwend. Baud, Gew. p. 137. (4) Cinquième essai sur la végétation, 1809. 294 HUGO MOuL. —. Développement du liège: Sprengel (1) pense que l'épiderme de la tige diffère de leri- veloppe superficielle des parties vertes, mais n’a pas d'opinion arrêtée relativement à leur formation. Pour lui, l’épiderme est cette. enveloppe grise ou blanchätre, saus organisation :appa- rente, quientoure circulairement la tige. On ne le confondra.pas avec l’épiderme organisé, muni de stomates, des, parties vertes. Ge dernier passe en partie dans le premier, et l'acide carbonique de l'air sépare en partie l'enveloppe superficielle. de, l'écorce verte placée au-dessous, en, déterminant l'épaississement. des couches: supérieures qui deviennent moins perméables et sont ensuite repoussées du cercle des parties organisées. Dans lépi- derme des chênes, des ormes, du ’burnum lantana, du Passi- HQE à suberosa, eic., on trouve une substance particulière, dont ii n'est pas fait mention d’une manière plus précise. Mirbel (2) réunit l'épiderme des parties vertes à celui de la üige ligneuse. Par la vieillesse, il se sépare en lames (platane), en lambeaux (bonleau)ou en poussière: il.se renouvelle facilement dans les parties jeunes des plantes ligneuses. Lé liège est un véritable épiderme, formé de Punion d'un grand nombre .de couches corticales. Pollini (3) distingue le véritable épiderme de l'enveloppe: irré- gulière des vieux » qui.est formée par la dessiccation du parenchyme cortical et tombe par pièces là où il se développe au dessous un nouveau parenchyme. Dans une publication plus récente, Link (4}admet.que e écorce s'accroît autant dans sa couche parenchymateuse extériéure que dans son milieu formé de parenchymne et de fibres, et que dans sa couche intérieure principalement fibreuse ; ces couches ne sont. pas nettement séparées. La portion extérieure tombe de différentes manières : elle est souvent privée de sucs ( Quercus suber). {1) Von dem Bau und der Nat. der Gewächse, p.414. (2) Elémens de phys. végétale, 1, p. 36, (3) Saggio di osservazioni s. vegetazione degli alberi. (4) El, phil. bot, p. 159. HUGO MOnL. — Développement du liège. 295. De Candolle (1 }appelle cuticule l'enveloppe générale, et épi- derme la partie superficielle des vieilles tiges. Ce dernier est formé par les couches extérieures du: parenchyme qui s’est desséché. Il est simple ou multiple,suivant qu’une ou plusieurs couches de cellules ont subi cette dessiccation. L’épiderme ne porte jamais, comme la cuticule , des poils, on des stomates ; les. crevasses de l'écorce proviennent de la mort et de l'extension forcée du parenechyme extérieur. Le liège est le résultat de cette action lorsqu'elle se continue sans que ce parenchyme se fen- dille. | te Hundeshagen (2) décrit l'écorce d’une manière beaucoup plus détaillée que ses prédécesseurs : il distingue trois couches : le liber (bast), le parenchyme (borke) et l'enveloppe superficielle. On ne les trouve toutes trois que daus de jeunes tiges à écorce encore lisse et succulente. Plus tard les sucs ne passent plus que par le liber. Il classe de la manière suivante les modifications que l’écorce des arbres présente dans sa structure. 1) Arbres qui, après la fommation des crevasses , ne con- tiennent plus que du liber et qui perdent par exfoliation la partie ancienne de l'écorce, ou bien la conservent: C/ernatis vitalba , vitis, platanus, lonicera, Philadelphus , pyrus malus. 2) Arbres qui ne se déchirent pas où auxquels cela n'arrive que par exception, et qui, par conséquent, acquièrent une écorce plus épaisse ‘et nn nombre de couches corticales plus considérable sans perdre les parties anciennes: le hêtre, le charme. 3) Arbres qui ne se déchirent que fort tard et dont jusqu’à ce moment le corps cortical s’épaissit par de nouvelles couches de liber et d’enveloppes superficielles qui persistent long-temps : Betula , Cerasus. 4) Arbres qui, tant que l'écorce demeure lisse, n’augmentent que leur liber, mais qui , après s'être crevassés plus tôt ou plus (1) Organ. végétale, 1, p. 74. < (2) Anatomie chimique et physique des plantes , 182g;,p. 32. 206 HUGO MORL. -— Dévéloppement du liège: tard, fortifient chaque année, non-seulement celui-ci, mais aussi la couche cellulaire par de nouvelles formations, tandis que les couches les plus extérieures se sèchent et s’exfolient : Chènes , ormes , tilleuls, sapins, frènes. Dans les derniers, la substance cellulaire nes’augmente presque pas tant que l'enveloppe superficielle n’est pas déchirée; mais alors il se dépose chaque année une forte couche de celle-là sur la limite extérieure du liber,; et elle se dessèche en dehors. L'enveloppe superficielle acquicrt aussi chaque année une couche nouvelle sur,sa face interne ; quelquefois comme dans le bouleau, il se forme plusieurs de ces couches dans une année ; mais, quand cette enveloppe se déchire et que la couche Mot laire commence à croître, il ne se forme plus de nouvelles couches de l'enveloppe superficielle. Hundeshagen compare le liège du chene à la couche cellu- laire , et pense qu 1l naît d’une EURE verte tres succulente 1 im - médiatement au dessus du liber. Tréviranus (1) n’admet pas qu'il y ait plus tard un accroisse- ment par couches de l’écorce extérieure (enveloppe cellulaire des Français), du moins chez les arbres dont la couche extérieure ne tombe pas chaque année ,.et il en appelle à Mirbel ; suivant qui les couches desséchées fe chéne sont formées par les por- tions les plus extérieures du liber. (2) Ainsi les auteurs ont généralement distingué l'enveloppe su- perficielle, l’enveloppe cellulaire et le hber; mais leurs opinions varient quant à la structure et aux relations de ces parties. Les anciens botanistes (Grew, Duhamel, Sennebier) confondent l'épi- derme de la tige avec celui des parties vertes et considèrent les différences que lon remarque entre eux dans la structure , la puissance de reproduction , etc., tantôt comme dues à des par- ticularités originaires de l’épiderme cortical, tantôt (Sennebier) comme la suite d'un développement plus complet. La structure de l’épiderme ayant été mieux connue, surtout (1 Phys. d. Gewâchse , 1. 1, p. 213.5 (2) Développement du liber et du bois, tab, ar, fig, 2x.@, p. 25: HuGOo MOL. — Développement du liège. 297 par les recherches de Rudolphi, une opinion contraire domina. Sprengel, Pollini, De Candolle, etc., surent distinguer les deux sortes d'épiderme ; cependant il ne se forma pas une opinion générale et bien arrêtée sur cette enveloppe extérieure de la tige. Les uns, ainsi que Hill l'avait déjà fait précédemment, la regar- dèrent comme résultant de la dessiccation des couches les plus extérieures de lécorce, par exemple, Dupetit-Thouars, Link, Pollini , De Candolle ; tandis que d’autres , d'abord Duhamel et Sennebier, plus récemment Hundeshagen, reconnaissent une dif- férence originelle entre l'enveloppe superficielle de la tige et la membrane cellulaire, parce qu'ils avaient observé une régé- nération de la première et un accroissement indépendant de la seconde. Jusqu’aux derniers travaux de Mirbel et de Tréviranus, presque tout le monde s’accorda à admettre ane la couche cellulaire épaisse, fendillée, résulte de la dessiccation des couches corticales extérieures, avec cette exception toutefois que Sprengel et Mirbel dans le liège, De Cardolle et Pollini dans le platane, admirent un développement ultérieur du tissu cellulaire sur la surface extérieure de l'écorce. Hundeshagen fit en partie disparaître la contradiction de ces faits, en montrant que les modifications que l’äge fait éprouver à l'écorce ne sont pas exactement les mêmes dans tousles arbres, comme les anciens botanistes paraissent l'avoir cru; que l’en- veloppe extérieure et la couche cellulaire sont deux systèmes différens ; que l’épaississement de l’épiderme et le développe- ment de la couche corticale ont lieu par un développement pos- térieur de cellules et non par une dessiccation, et que la forma- tion de ces parties marche en sens opposé, tandis que, dans d’autres arbres, la vieille écorce meurt réellement et est rejetée; mais, comme cet auteur ne paraît pas s'être servi du micros- cope, ses observations doivent être erronées et incomplètes en plusieurs points. Les contradictions qui se remarquent entre les observations citées ci-dessus résultent cependant en général d'observations exactes, ét doivent ‘être attribuées surtout à ce que l’on a trop généralisé des faits particuliers en confondant des choses différentes douées d’une apparence analogue, de sorte que lon a:même quelquefois attribué à un arbre ce qui 298 HUGO MOHL. — Développement du liège: se passe dans un autre. On le verra clairement par l'exposé des résultats que j'ai obtenus de mes propres observations. Je décri- rai une écorce où se trouvent toutes les parties:qui, dansd'autres, ne sont que, peu développées: c’est celle du liège qui remplit le mieux cette condition. | Dans la coupe transversale. d’un 'rameau d’un an dé cette plante, on distingue quatre couches dans l'écorce : la plus exté- rieure est constituée par l'épiderme. Il est formé d’une simple couche de cellules petites à parois assez épaisses et couvert de poils étoilés. Comme dans toutes les plantes ligneuses ,on trouve sur les jeunes pousses un épiderme continu avec la euticule des feuilles, et qui, le plus souvent, comme sur les nervnres de celles-ci, est formé de cellules un peu allongées et ne pos- sède que rarement des stomates. C’ést à cette enveloppe que je réserveexclusivement le nom d'épiderme; l'enveloppe super- ficielle des vieilles branches et de la tige n’a rien de commun avec lui. Sous l'épiderme, les jeunes branches du liègeprésententunese- conde couche, formée de 3:5 plansde celluies incolores à parois minces , privées de granulations, placées en séries diamétrales et un peu comprimées dans cette direction. Je l'appelle la couche subéreuse, stratum suberosum, s. phlæum (o gene, l'écorce). Le tissu vert parenchymateux de l’écorce(enveloppe cellulaire des Français , Stratum , S. integumentum parenchymatosum) forme la troisiéme couche:elle a cela de particulier dans le chêène-liège qu'entre les cellules remplies de grains. de chlorophylle, il y a de petites parties de cellules plus grosses, à parois minces incolores et ne renfermant pas de grains. . La quatrième couche, qui ne se présente comme une couche bien distincte que dans des rameaux de plusieurs années, est la parti intérieure, renfermant des faisceaux de fibres (Rast oder Faserschichte ; Stratum fibrosum ; Stratum libri). :;: Dans un rameau de 2-3 aus, on trouve encore à-peu-pré da is le même étatles couches mentionnées ci-dessus; l’épiderme et la couche subéreuse n’ont pas changé; le parenchyme de l'enveloppe cellulaire s'est agrandi, et surtout les cellules vides, dont, nous avons parlé, sont en plus grand nombre ; leurs pa- HUGO MOHL. — Développement du liège. 299 rois sont en partie épaissies et pourvues de petits points fins, semblables à des pores. De la 3° à la 5° année, l’épiderme , qui ne peut plus obéir à lextension de l'écorce, se marque de fissures , et alors apparaît un changement remarquable dans: la couche subérerse placée au dessous : elle présente un accroissement sensible par la for- mation de nouvelles couches à:sa face intérieure limitée par l'enveloppe cellulaire. Ces nourelles couches sont, comme la couche ‘subéreuse de la première année, formées de cellules parenchymateuses ; à parois minces et privées de grains, placées énséries transversales; mais elles sont un peu allongées de dedans en dehors ; comnie les cellules des rayons médullaires , et elles se dessèchent peu de temps après qu’elles sont formées (r). Les couches extérieures , qui ne peuvent pas s'étendre autant que lFexige. l'accroissement des parties intérieures, se- déchirent irréguliérement. Sur la coupe transversale d’une plus vieille tige, on reconnait que la production des nouvelles cellules n’a pas lieu d’une manière égale ,mais sous forme de dépôts, et que, sur la limite de deux couches, les cellules deviennent plus courtes et par conséquent plus foncées ; formant des cercles nn peu plus _ fermes, comme les couches annuelles dans le bois. Ces couches neprésentent pas cependant une grande régularité; beaucoup plus épaisses à certaines places, elles: s’amincissent à d’autres. Toute cette formation est d’une nature élastique , sa couleur est d'un brun clair, enfin c’est du liège. » L’enveloppe cellulaire ne prend aucune part à la formation du liège; elle présente comme lui un accroissement en épais- seur, mais faible et uniforme, de sorte que l’on n'y remarque pas de couches corcentriques. Les groupes de cellules incolores s’y. multiplient avec le temps, et les parois de ces cellules de- viennent épaisses, fermes et finement ponctuées, de sorte que les groupes qu’elles forment ont-laspect de grains blancs très durs; ils communiquent une'grande dureté ‘à l'enveloppe cellu- (r) L'auteur fait remarquer que ses observations on! été faites sur des individus cultivés dans une serre : il pense que, dans les pays chauds , les modifications de l'écorce doivent avoir lieu d’une manière plus rapide. 300 HUGO MOHL. — Developpement du liège. laire, dont la coupe transversale paraît alors tachetée. On trouve quelquefois de ces grains dans le liège. La quatrième couche, qui est la plus intérieure, continue à se former par le développement de nouveaux faisceaux de fibres; ses cellules parenchymateuses se confondent avec celles de la couche cel- lulaire. Dans une tige de quatre ans, l'épaisseur de la couche subéreuse était 4”; celle de l'enveloppe cellulaire 4/5"; celle du liber 4/10". Parmi les arbres indigènes, l’Æcer campestre est celui qui se rapproche le plus du liège, par la formation d’une matière subéreuse. Son écorce ne diffère de celle du liège que parce que, dès la première année, l’épiderme se crève et qu’il se forme alors une épaisse couche de liège. Sous un épiderme dont les cellules sont petites, se trouve, avant qu’il n'éclate, une couche de six à huit rangées de cellules disposées en lignes diamétrales , incolores , à parois minces un peu étendues en lar- geur ; l’épiderme se déchire longitudinalement dans le cours du premier ou du deuxième été, et des-lors la couche subéreuse croît en épaisseur, d’abord sur les côtés et au-dessous des fentes, et ensuite à d’autres places encore. Les cellules de la substance subéreuse développée sont, comme dans le chêne-liège , allon- gées de dedans en dehors, et sont aussi (ce qui n'a pas lieu dans le liège) superposées en séries perpendiculaires. De même que chez celui-ci, on trouve dans la substance subéreuse des bandes transversales qui sont formées de cellules plus courtes; il y en a généralement deux dans chaque formation annuelle. Le liège de l'4cer campestre aun accroissement plus fort que l'enveloppe cellulaire et le liber , de sorte que dans des rameaux de 2-3 ans il est épais de r-2 lignes, tandis que les deux couches intérieures n’ont ensemble que 1/5 de ligne. Plus tard, les choses se passent d’une manière plus égale, parce que le liège, tres tendre , est facilement détruit et n’atteint jamais une épais- seur remarquable; dans une tige de 23 ans, la couche subé- reuse et les deux couches intérieures étaient ensemble épaisses d’une ligne. L'enveloppe cellnlaire de 4. campestre se distingue, dans. sa végétation, de celle du chène-liège par son accroissement ex- trêmement faible ; elle gagne à peine en épaisseur et augmente HUGO MOHL, — Développement du liège. 301 seulement assez pour conserver celle qu’elle avait d'abord , mal- gré l'extension qui résulte de l'accroissement du bois. Le liber présente son accroissement habituel. Dans l’écorce des Banksia, on trouve les mêmes couches que dans celle du Q. suber, mais avec des différences dans l'épaisseur relative des parties. Chez plusieurs espèces (le B.serrata, par exemple), l'écorce se gonfle à la base de la tige, de manière à la faire paraître tubéreuse. Dans une tige que j'ai étudiée, la moitié du diamètre du bois était 3°” et l'épaisseur de l’écorce 8”. L’écorce était formée de trois couches, car la plus extérieure (l’épiderme) n'existait plus. La couche la plus intérieure renfermant les fibres corticales ne formait qu’une ligne très mince; l’extérieure avait 1/5” à 1/3” de ligne d'épaisseur, était jaune et tendre, et parut formée d’un liège constitué par des cellules assez régulières, placées en lignes diamétrales. Tout le reste de l'écorce (la couche moyenne) res- semble entièrement, par sa structure , à l'enveloppe cellulaire du liège, étant formé de cellules parenrhymales à parois minces, entres lesquelles est déposée une très grande quantité de grains blancs, durs, formés de cellules à parois épaisses, ponctuées. Dans le Hakea oleifolia , la couche cellulaire s'accroît d’une manière analogue, rnais moins remarquable. Dans une tige chez laquelle la moitié du diamètre du bois était 7”, l'écorce avait 2”. L'épaisseur du liber était 3/10 à 4/10"; celle du liège 2/10” en- viron ; le reste était formé d’une enveloppe cellulaire épaissie , semblable à celle du chène-liège. Il résulte de là que, même chez les plantes dont l'écorce a une structure très analogue, l'épaississement peut dépendre de l'accroissement prédominant de couches très différentes. Ainsi, dans le Q. suber, c'est le liège qui se développe le plus, et un peu plus l'enveloppe cellulaire ; dans l’Acer campestre, c'est le hège pendant les premières années, et plus tard le liber ; dans les Banksia et le Hakea oleifolia, c'est l'enveloppe cellulaire. Dans les plantes que nous venons de mentionner, les diverses couches restent toujours distinctes, et elles persistent toutes à exception de l’épiderme qui se détruit après s'être fendillé et ne se reproduit pas plus que celui des feuilles, tandis que le liège se reproduit lorsque l’on enlève ses couches extérieures, 302 HUGO MonL. —— Développement du liège. parce que sa formation se continue sur la face extérieure de l'enveloppe cellulaire. Dans la substance subéreuse du Q. suber et de lZ. campes- ‘tre.on peut, comme il a été dit ci-dessus, reconnaitre deux sortes de couches qui cependant ne sont pas séparées d’une manière très décidée, savoir : celles qui sont formées de cellules allongées dans le:sens diamétral,, assez régulières, constituant la masse principale; ensuite les lignes plus foncées séparant cette masse en ccuches diverses et qui sont formées de cellules analogues, mais raccourcies de dedans en dehors, c’est-à-dire sous forme de tables. Comme il y a généralement des passages entre ces deux sortes de substances, il'est clair qu'elles ne sont qu'une légère modifi- cation:d’une même formation: Dans plusieurs autres végétaux ligneux , nous trouvons ces deux couches beaucoup mieux sé- parées; dans le Gymnocladus canadensis, par:exemple : sur les vieilles tiges de cette plante, l'écorce est grossière! et irrégulie- ment déchirée; à l’aide d'observations anatomiques, on voit que les deux couches intérieures de l'écorce sont minces et ne participent point à la formation de la surface déchirée, mais que celle-ci est formée de couches minces, irrégulières , d’une substance subéreuse d'un brun rouge, séparées par des couches étroites, minces, d'un bran:foncé; ces couches brunes sont formées de cellules en table, à parois un peu épaisses; elles sont très distinctes de la substance subéreuse , qui est plus claire, et ne décrivent pas dans son intérieur.des cercles régulièrement concentriques , mais se confondent çà et là, de sorte que la substance subéreuse parait être partagée en feuillets écailleux. Quand le liège est étendu et déchiré par l'accroissement de la. tige, les parties de substance subéreuse comprises entre:les couches d’un brun foncé se séparent d'abord à leurs bords et plus tard'aussi au milieu, de sorte que la tige est couverte d’une quantité d’écailles irrégulières. Le liège du Gymnocladus diffère beaucoup de celui du chêne, en ce qu'il est dur-et fragile. Les couches de cellules polyédriques parenchymales se dis- tinguent encore mieux-de celles de cellules en tables dans l’é- corce du Betula alba: VLa-jeune pousse d'un an est revêtue d’un « HUuco MouL. — lJéveloppement du liège. 303 épiderme dont la structure n’a rien de particulier et qui porté des poils fins; entre lui et lenveloppe cellulaire sont placées quelques couches de cellules en table ; l'épiderme se sèche dans la deuxième et troisième année; et alors la couche de cellules en table, dont le contenu se colore en brun et qui s’épaissit par l'addition de nouvelles cellules sur son côté interne, forme la surface lisse des branches : c’est là le commencement de cette écorce formée plus tard de plusieurs feuillets blancs et souples; très distincte de l’épiderme, elle a:été souvent confondue avec lui; je. propose de la nommer périderme ou peau de l'écorce ( Rinden haut); es noms proposés par De Candolle (cuticule pour l’épiderme, et épiderme pour le périderme ) peuvent trop facilement donner lieu à des quiproquos. Si l’on étudie une tige de bouleau de 20: ans environ, dont l'écorce n’est pas encore déchirée oud'est seulement par places, on trouve que celle-ci est formée de ‘deux couches très diffé- rentes, dont .chacure est de 1,4””-d’épaisseur sur: un individu de 3 pouces de diamètre que j'ai sous les: yeux. La couche exté- rieure est formée d’un grand nombre de feuillets (plus de 50 ) brunâtres, tenacés , ayant un enduit blanc de chaque côté et se'laïssant facilément séparer. Chacun:de ces feuillets est formé de quelques couches de cellules en table avant des parois assez épaisses et un contenu brunâtre ; elles sant:placées en rangées diamétrales; on voit, qu’elles sont passablement analoguës à celles du périderme des rameaux de 2-4-ans:et aux couches de substance subéreuse du Gymnocladus. Les couches blanches situées entre les feuillets du péridérme sont formées de cellules à parois minces; incolores, placées en rangées diamétrales, moins: pressées entre elles que les ceilules du. périderme ; elles se déchirent facilement et paraissent alors comme une poussière couvrant les couches brunes; elles sont analogues à la masse principale du liège dans le Q. suber et l'A. campestre , et n'en diffèrent que par leur peu d'épaisseur et de solidité. ! ‘ Comme on l'a dit ci-dessus, dans les premières années le périderme s’épaissit seul par l'addition immédiate de ncuvelles couches de cellules en tables sur. sa face interne; ce n’est que 304 HUGO MOHL. — Développement du liège. vers la huitième ou la dixième année qu'ilse développe une couche blanche formée de cellules plus grandes et plus molles alternant avec un feuillet du périderme. Si nous comparons l'écorce du boulsau avec celle du chène- liège, il devient évident que chez le premier il existe une for- mation tout-à-fait analogue au liège, et qui n’en diffère que par la proportion relative du développement des deux parties (le périderme et la partie parenchymateuse), et parce qu’elles sont plus distinctes entre elles; elles diffèrent encore par la durée de leur vie : ainsi le liège du Q. suber et de V4. campestre meurt bientôt après qu'il s'est développé , et à cause de cela ne s'étend pas beaucoup en largeur sans se fendre, tandis que l’écorce blanche du bouleau reste fraiche plusieurs années , suit l’exten- sion de la tige et ne s’exfolie que lentement : nous verrons plus bas que partout où les couches du périderme se développent fortement , l'écorce reste lisse pendant long-temps. La couche intérieure de l’écorce du bouleau résulte de l'é- paississement de l’enveloppe cellulaire et surtout des couches fibreuses, et renferme, comme l'écorce du liège, un grand nombre de cellules à paroïs épaisses formant des grains sableux. On trouve sur les tiges dont l'écorce est déjà épaisse et déchi- rée les mêmes couches corticales que dans celles plus jeunes dont l'écorce est encore lisse; l'enveloppe cellulaire et le liber atteignentune épaisseur de 3:4 lignes et n’éprouvent pas d’autres modifications ; mais la couche subéreuse, d’abord régulière, a éprouvé des altérations : il s’est formé entre les feuillets bruns du périderme une grande masse d’un parenchyme ferme à pe- tites cellules d’une couleur brun-rouge; cette matière résulte d'une altération de la substance blanche subéreuse ; elle n'est pas régulièrement placée toujours entre les feuillets du péri- derme, mais se développe d’une manière tout-à-fait irrégulière, de sorte qu'à certaines places on en trouve un dépôt considé- rable, tandis qu’à d’autres la matière blanche n’a subi aucune altération ; il résulte de là que l’épaississement de la masse su- béreuse est inégal et comme par bosses, et que les feuillets du périderme, d’abord régulièrement concentriques, deviennent bosselés, puis se déchirent. Le parenchyme nouvellement for- HUGo MOHL. -——, Développement du liège. 305 mé, qui, malgré sa couleur et sa dureté différentes ; ne peut être comparé. qu’au liège, renferme, comme l'enveloppe, cellu- laire, beaucoup dé grains blancs formés. de, cellules à parois épaisses, comme on en trouve aussi UV RSS dans, le liège proprement dit. | | Il ya une grande analogie entre, le RL os à cette substance subéreuse et. celui du liège du Qwercus Suber et de l'Acer campestre. Chez ces derniers pire tant que: l'épiderme est intact, le liège est. formé de quelques couches . cellulaires incolores, peu nombreuses, un peu comprimées de dehors en dedans, et ce n’est qu'après le déchirement de celui-là que:cette couche mince se: développe en, masses, plus considérables. De même dans le bouleau, tant que les couches du périderme n’ont pas été, entamées, la substance, subéreuse : placée entre elles reste très mince, mais dès qu’elles se déchirent ,-celle-ci se modifie fortement ;. il est probable que souvent le déchirement du périderme est la conséquence et non la cause du.développe- ment des couches parenchymateuses ; mais l'inverse est sale ment vrai dans plusieurs cas. Si, dans le Quercus Suber et V_ Acer campestre ; des deux sub- stances qui dans le Gymnocladus et le Betula forment le liège, celle-là seulement se développe qui est formée de cellules régu- lières, tandis qu'il ne reste que de faibles traces du périderme dont les cellules sont en table , à parois un peu épaisses, il y a aussi des arbres chez lesquels le périderme seul se développe et où il ne reste que de faibles traces de la substance subéreuse : ce sont les arbres à écorce lisse. Le Hêtre en est un des exemples les plus rémarquables : on sait que son écorce est encore lisse sur. des tiges d'une grosseur considérable ; lorsqu’ on l'étudie sur un. vieux tronc, on: voit qu elle s’épaissit principalement par le développement du liber, que l'enveloppe cellulaire s’accroit très peu, et que la conche la plus extérieure. de l’écorce, quijest très mince,.est;un, simple périderme,, puisqu'elle est formée de; plusieurs couches. de. cel- lules en table étroitement liées entre elles, et non partagées en feuillets par des cellules subéreuses. à minces parois, comme cela a lieu dans le Bouleau ; seulement à certaines places on IX. BOTAN. = Mai. 20 306 HUCO MOHL. — Développement du lies trouve d'une manière exceptionnelle, entre les cellules en table, de petites masses d’une substance parenthyrmateuse re Es | Tout Le périderme + si mince que dans une écorce de 43" i tfÿ'aquéi" al La structure de ect du Citrus Aurantium, remarquable par son très peu d'épaisseur , est très analogue à celle du Fagus, ainsi que celles dés Cornus alba , sanguinea ; ; Hedera Helix, Tlex AGUI folium. . L'écorce du Platanus orientalis , dont tout le monde connaît le mode d’exfoliation par écailles, a là même structure que celle ‘du Hêtre, mais elle ne conserve cette forme que jusqu’à la hui- tième ou la dixième année. Dans ce temps, il se forme à diffé- rentes places de l'écorce, dans son libér, une lame de cellules ‘en table tout-à-fait analogues à celles du périderme : ce nouveau périderme n’est pas complètement parallèle à l'ancien qui existe “à la superficie de Pécorce; mais lés bords de la lame récemment formée s'appliquent contre le vieux périderme et séparent ainsi une portion de l'écorce sous la forme d’écailles. Le morceau d’écorce isolé se dessèche, se sépare du périderme placé au- dessous et tombe sous la forme que l’on sait. Les choses se continuent de la sorte, et il en résulte que la surface de l'arbre demeure assez lisse par la formation con- stante d’un nouveau périderme. Dans plusieurs arbres, le péri- derme’ est doué d'un poli particulier; il est souple comme dans le Bouleau , et se sépare en minces feuillets faciles à enlever par barides transversales : c'est ce que l’on remarque dans le Noi- setier, les Prunus Cerasus, Mahaleb, domestica , spinosa. L’é- corce de ces arbres éprouve avec le temps une altération ana- logue à celle que l’on remarque dans le Platane; le périderme reste lisse pendäñt qüelques années par la formation de nou- velles couches sur sa face interne et par une lente exfoliation à la superficie ; il acquiert en même temps une épaisseur sensible (Prunus domestica), maïs à la fin il se déchire comme dans le Bouleaui, et la surface de la tige devient rude et écailleuse ; cepen- dant les écailles ne sont pas, comme dans le Bouleau, la con- séquence du développement d’un liège parenchymateux ayant lieu hors de l'enveloppe cellulaire : elles se forment, comme HUGO MOHL. — Développement du liège. 307 dans le Platane, aux dépens de l'enveloppe cellulaire et du liber : c'est à tort que les physiologistes croient généralement qu'elles sont le résultat d’une dessiccation et d’un simple déchirement de lécorce; car les couches deliber qui deviennent des écailles sont, avant de se détacher , séparées par de minces couches du périderme qui se dévéloppent dans la troisième ou quatrième couche de l’écorce, et préparent la séparation de chaque mor- ceau : entre ce cas particulier et celui que nous offre le Pla- tane, 1l n’y a qu'une différence, c’est que dans le dernier les écailles tombent à mesure qu'elles se forment, et qu'avant il n’en existe aucune autre au-dessous, tandis que dans le Prunus'il se forme toute une série de pareilles écailles superposées qui se sé- parent d'abord par les bords et restent éncore long-temps fixées sur la tige. Les Pyrus, Cratægus Oxyacantha , Quercus Robur, Tilia eu- ropæa , présentent des faits analogues. Les écailles formées de la manière que nous venons de dire n'ont qu'une analogie extérieure avec les écailles de la véritable substance subéreuse naissant en dehors de la couche cellulaire ; anatomiquement , elles en diffèrent d’une manière essentielle en ce qu'elles renferment des faisceaux fibreux : c’est pourquoi j'appliquerai à la portion écailleuse dé ces sortes d’écorces le nom de faux liège (Borke) où Rhytidoma (de Pix, ride), afin qu'elle ne soit pas confondue avec le liège: | Le parenchyme de l'écorce paraît rester sans altération dans les écailles des Prunus, Tilia, Quercus Robur ; seulement les cellules sont plus brunes, à parois plus épaisses et plus fermes, et totalement privées de vie dans les écailles extérieures. Chez d’autres arbres sur lesquels les écailles torticales se dé- veloppent comme sur le Prunus, le tissu cellulaire éprouve une métamorphose et un accroissement postérieurs qui font encore ressembler davantage ces écailles à celles qui sont formées de substance subéreuse : c'est un fait qui s’observe à un faible de- gré dans le Sa/ix babylonica , mais beaucoup mieux dans plu- sieurs Cônifères indigènes ( Larix europæa ; Pinus sylvestris , montana , cembra, Abies excelsa ). Dans l'écorce du Méleze ,'et plus ou moins dans celle des Conifères que nous venons de ci- 20, 308 nuco monr. — Développement du liège. ter , il se forme dans la couche extérieure de minces couches de cellules parenchymales , rougeâtres, à parois minces, par les- quelles différentes couches de l'écorce extérieure sont séparées de celle qui est placée au-dessous sous forme d'écailles irrégu- lières; ces couches rougeâtres s’éloignent de la forme habituelle du périderme en ce que leurs cellules ne sont pas en forme de table et à parois épaisses comme dans les Pruniers, mais bien à parois minces qui se déchirent facilement; cependant, comme ces couches se développent aux mêmes places que le périderme des Prunus , Tilia, etc., on n’a aucun motif pour les en dis- tinguer; les écailles ainsi isolées se changent en une substance fragile analogue au liège par l'augmentation et l'accroissement de leurs cellules parenchymales, qui prennent par là un grou- pement assez irrégulier, de sorte qu'il ne reste que des traces insaisissables des prolongemens des rayons médullaires; les vaisseaux corticaux et les méats de la résine qui se trouvent compris dans ces écailles se trouvent plus écartés par cette mo- dification du tissu cellulaire, et prennent une forme irrégulière. La couche de cellules extérieures et l’intérieure sont formées de cellules plus petites, à parois un peu épaisses, formant une lame plus ferme qui se distingue même à l'œil nu. Des-écailles minces se forment de la même manière, quoique à un degré moinssensible,sur les vieux troncs du Zaxus baccata. Chez le Juniperus communis, les mêmes couches de cellules parenchymales que’ nous avons observées dans le Mélèze, se forment entre les feuillets du liber. Les couches nouvellement formées suivent la circonférence du tronc et partagent l'écorce ‘en feuillets concentriques et réguliers au lieu de la diviser en écailles. Le parenchyme cortical se modifie peu ou point, et ne prend pas l'aspect subéreux de l'écorce des Mélèzes, mais se rap- proche de l'apparence de feuillets analogues à ceux du liber, et qui, par l'extension du tronc, se déchirent en réseau Dans le Metrosideros lophantus et le Melaleuca styÿphelioides, les choses se passent comme dans le Genevrier. Il résulte de ce que nous avons dit ci-dessus que la formation d’écailles sur l'écorce des dicotylédones mentionnées ne résulte pas d’une simple dessiccation des couches exterieures et de leur HUGO MOHL. — Développement du liège. 304% déchirement mécanique ; mais d’un développement postérieur de. couches cellulaires particulières qui forment seules ces écailles ou qui séparent de l'écorce méme des fragmens qui s’isolent ensuite. Cette formation postérieure de cellules présente deux modi- fications principales : tantôt le nouveau tissu cellulaire se déve- loppe en dehors de l'enveloppe herbacée, et il se forme du liège, tantôt il se développe dans l’intérieur de l'enveloppe her- bacée et dur liber , et.il se forme du faux liège. Chez les arbres-où le premier cas se présente, les deux couches intérieures de l'écorce (l'enveloppe cellulaire et le liber) conservent ‘eur intégrité pendant toute la vie de la plante, et s’accroissent toujours sans participer à la formation des écailles. Dans ces végétaux, les écailles se forment par de minces couches de cellules parenchymales placées dans les pousses d’une année entre l’épiderme et l'enveloppe cellulaire. Relativement à la formation subéreuse qui apparaît dans ces couches cellulaires , on observe les modifications suivantes :(1) a) Le liège est presque entièrement formé de cellules polyé- driques allongées dans le sens des rayons de la tige, et n’est partagé en couches par des plans de cellules courtes que d'une manière incomplète : Quercus Suber, Acer campestre. b) Les couches de cellules courtes en table et la partie pa- renchymateuse sont également développées et forment des couches alternatives : Gymnocladus canadensis. «) Les couches formées de cellules en table sont les plus dé- veloppées et forment la masse principale du liège, de sorte que l'écorce est lisse ; ce n’est que dans un âge avancé qu'il se dé- veloppe, entre les couches de cellules en table, des cellules pa- renchymales en quantité notable : Betula alba. d) Les cellules en table se développent seules et forment une (x) Il n'est question ici que des dicotylédones ; mais on se tromperait fort si l’on regardait le liège comme une production étrangère aux monocotylédones: il y a une formation subéreuse toute pareille dans le Tamus elephantipes. Je dis cela pour ces botanistes auxquels d’autres font un reproche de ce qu’ils croient trouver une écorce dans les monocotylédones. (Note de l’auteur.) 310 HUGo MouL. — Développement du liège. enveloppe lisse serrée (périderme) sur l'enveloppe cellulaire : Fagus sylvatica. Dans les végétaux ligneux qui forment la seconde division, il y a production d'un périderme entre l’épiderme et l'enveloppe cellulaire, et pendant les premières années leur écorce rentre dans le cas de celle des arbres qui appartiennent au para- graphe d). Plus tard, la formation du périderme s’arrête,etils’en produit un nouveau dans l’intérieur de l'écorce, lequel sépare les couches extérieures de la portion située au-dessous , de sorte que la première sèche et tombe. Dansrcette division, on re- marque les modifications suivantes : a) Le périderme nouvellement formé ne se développe pas d’une manière égale sur toute la circonférence de l'écorce, mais seulement par places , et la partie extérieure de l'écorce tombe sous forme de plaques minces sans que celle-ci s’altère essentiellement : Platanus. b) Avant que les premières écailles soient tombées, il se forme de nouvelles couches de périderme dans les parties les plus profondes de l'écorce, de sorte que le faux liège de l'arbre est formé de plusieurs couches d’écailles superposées : Quercus robur , Tilia. c) Dans les écailles qui se sont formées de la même manière que dans le cas du paragraphe b, il se produit une altération du parenchyme , par suite de laquelle ces écailles prennent un aspect plus ou moins subéreux: Larix europæa, Pinus sydvestris. dj Le périderme forme des couches régulières, parallèles à la circonférence, qui partagent l'écorce en feuillets analogues à ceux du liber : Juniperus communis , Metrosideros lophantus. À ces plantes mentionnées en dernier se rapporte le petit nombre de végétaux chez lesquels , chaque année, tandis qu'il se forme une nouvelle couche de liber, celle de l'année précé- dente 5e dessèche et tombe plus ou moins vite, de sorte que la partie vivante n’a jamais que l'aspect de l'écorce d’une année : la Vigne, le Chèvre-feuille , etc. ETS TAUSCH. — Sur quelques Graminées. 31 OssERvATIONS sur quelques Graminées, par le professeur TAuscu, de Prague. (Flora 1837, page 97.) Sous le nom de Cenchrus echinatus, on rencontre dans les jardins bota- niques quelques espèces que je distingue de la manière suivante : | C. echinatus L. Schreb. Gram.t..23 : « Spica laxiuscala, involucris sub-10-fidis pilosis basim versus aculeatis setosisque , aculeis setisque reflexo-squarrosis. » C. Cavanillesii Tausch:«Spica laxiuscula, involucris sub-8-fidis pilosis basim versùs aculeatis setosisque , aculeis setisque erecto-appréssis ». — €. echinatus. Cav. Ic. 5. t. 762 (optima). Recu du Brésil. C: lappaceus T.: & Spica densa, involucris sub-8-fidis piles basim versus. aculeatis setosisque , aculeis erectis involucro longioribus retrorsim aculeo- latis. » | C. spinifex Gav. Ic. 5.1. 461 « Spica laxiuscula , imvolucris oblique fissis. sub-8-fidis externe spinosis , spinis subulatis reflexo-squarr'osis. » Le nombre des épillets ainsi que leurs rapports de longueur à l'égard de l'in- volucree très variable dans ces quatre espèces. Le Cenchrus tribuloides L. est une espèce très rare, que je n’ai encore vue dans aucun jardin. La figure qu’en donne Morison Hist, 3, s.8,t. 5, fig. 4, est très bonne : les définitions de cette espèce par les auteurs sont fautives. Je pro- pose la suivante: « Spica subovata, involucris oblique fissis pilosis inæqualiter sub-8-fidis externe spinosis, spinis dilatatis reflexis. » Le Panicum divaricatum L. est une espèce douteuse : je crois le retrouver dans le P. rigens Sw. (Sieber, Martin. n. 265). Cette superbe plante appartient au genre /sachne et devra porter le nom d’Z. divaricata. — Le P. divaricatam Jacq. Schoen. I, t. 25, ne me semble qu’une variété à feuilles étroites du P. glu- ‘tinosum. Le P. glutinosum, rapporté également de la Martinique par Sieber, varie beaucoup pourla longueur et la largeur des feuilles : c’est pourquoi je lui réunis le P. divaricatum Jacq. Les échantillans à feuilles inférieurement molles, constituent le P. agglutinans Kunth. — Le P. pallens Sw. me semble le vé- ritable P. arborescens L. et doit être une des espèces les plus élevéés, con- ‘trairement à l'observation de Swartz, qui ne lui donne que deux pieds de hauteur. — Le P. ramosum L. est le même que le P. attenuatum Wild. Jacquin Ecl. t. 33, en donne une bonne figure , dont Kunth ne fait pas mention dans son Agrostographia. Cet auteur réunit à cette espèce le P. gongylodes Jacq-. ‘qui est très voisin du P. maximum Jacq. — C’est avec raison que \Sprengel reunit au P. patens L. les P. multinode Lam. et radicans Retz: il faut y rap- porter encore la figure de Plukenet Alm.t. 92, fig. 8, où la plante est bien re- présentce, mails sans sa partie inférieure, qui présente un fort bon caractere. 312 TAUSCH. — Sur quelques Grarninces. C’est cette plante que Sieber a publie dans son Herb. Maurit. éd. 2, n° 34. Kunth reunit à tort la plante de Sieber au P. repens. — Les P. repens L. Cav. Ic. 2,t.110, et P. coloratum L. Jacq. rar. 1, t. 12, ne peuvent être réunis que par ceux qui, comme Sprengel , n’ont égard qu’à la coloration des organes de la fructification ; même sans les deux figures citées, les descriptions de Linné suffi- raient pour les distinguer. Sieber a rapporte les deux espèces d'Egypte. Le P. re- pens ne Me paraît pas annuel comme le P. coloratum. — Je ne vois dans les P, latifolium L.et.P. clandestinum L. que différens états de la même espèce. — Le,P. jumentorum Pers. (polysonum, Pers. , læve, Lam.) Sieh. Mart. 27, ne saurait être réuni au 2. maximum, , comme le fait Kunth; mais il doit, d'après Sprengel, être conserve comme espèce particulière , à laquelle vient se réunir le P. allissimum Kunth. -— Les Panicum trichoides (capillare Lam.), Sloan. Hist. 1, L 70, fig. 3, et P. brevifolium L. Plukeu. Alm. t. 189, fig. 1:, sont réunis par Sprengel et Kunth contrairement aux figures citées et à la description de Linnc. La figure de Plukenet appartient peut-être au P. fuscum Sw., et ce synonyme doit au moins être supprimé lorsqu’on considere le P. brevifolium L. comme synonyme du P. trichoides Sw.— Le P. fluitans Retz se retrouve en Égypte et a pour synonyme le P. numidianum Sieb. — Le, P. cruciforme Sibth. a ete rapporté de l’Ile- de-France par Sieber : il a les feuilles moins poilues que la plante européenne. L'Isachne mauritiana Kunth est identique à '£. niliaça Roth. Sieber en rapporta de l'Ile-de-France une variété toute lisse.— Le Panicum linerre Burm. Ind. t. 10, fig. 2, en est très voisin , mais il en diffère par son chaume court, rampant , par, ses feuilles beaucoup plus courtes et plus larges. Les montagnes de la Corse présentent un ira voisin de 4. montana: c'est V4, corsicaT.: « Panicula elongata attenuata stricta, spiculis bifloris, glumis ovatis acutiusculis flosculis brevioribus , flosculis, basi pilosis asiatiques arista exserta rectiuscula, olis subulato-convolutis ». Les deux. espèces :offrent une troisième fleurette Mn et appartiennent par conséquent à la section Pescham- sia. — L'Aira capilluris Host ne me paraît, Paÿ pouvoir être séparé de V4. caryophy lea ; car on trouve souvent sur.la même panicule des épillets à, une et.à deux arêtes. Sicher en a rapporté une variété à épillets jaunissang des envi- rons, du port Jackson. TL Avena villosa Bert. Spr. et Kth. est la même plante que |’. setacea Wall. Dauph. t.5, et que l4. aurata All. : il a des feuilles sétacées , le chaume velu ou nu vers le haut; les. épillets en sont triflores et non biflores. L’A. tridristata Nil. t. 4, qu'on a réuni à JA. tenuis Moœnch, es: an con- traire une bonne figure de l_4, alpestris Host. : lenom de Villars a donc la prio- rité. C'est encore à tort qu’on réunit à l’4. distichophylla Vill. t. 4, fig. 4, V4. brevifolia Host., qui n’est autre chose que l4. érgentea W. (istichem by Va Host.) AL Je ne puis me ranger. à Yoyis de Kunth, ‘qui réunit Îles Avena pratensis et bromoides Len une seule espèce. Voici comme je distingue ces deux plantes : TAUSCH. — Sur: quelques Graminées. 313 — A. pratensis : & Racemo subspicato, calyce ovato_ 6blongo 4-5-floro floribus breviore , corollis basi fasciculato-pilosis, apice inæqualiter dentatis , foliis an- gustissimis complicatis, radice fbrosa perenni ». — 4. bromoides : « Racemo subspicato, calyce lanceolato 6-7-floro floribus ferè duplo breviore, corollis glabris apice bidentatis, foliis linearibus planis marginalis, radice fibrosa peren- ni ».— Vouloir réunir les Æ. nuda L. et çhinensis Fisch. en une seule espèce à cause de leurs grainés nues, C’est comme si on voulait réunir les Hordeum distichum et vulgare, parce qu'ils se présentent à graines nues. Le Sécale creticum Kth. ne saurait, d’après la description de cet auteur, être autre chose que le Seca'e villosum L. (Tritivum Pal.). Il paraît qu’un change- ment d'étiquettes dans les collections de Siebér a donné lieu à cette erreur. Je propose pour le $. ereticum L. la phrase suivante: « Radix fibrosa annua s. bien- nis: Spiculæ duæ inferiores trifloræ, flosculis duobus inferioribus hermaphrodi- üs ; intermedio longè stipitato diminuto sierili. Glumæ calycinæ lineares sca- bridæ. Sous le nom de Lolium arvense, es auteurs confondent deux plantes très distinctes, qui sont toutes les deux annuelles : les Z. tenue L. et complanatum Schrad. Si Linné, en créant son ZL. tenue, n'avait eu en vue, comme on l’admet généralement , qu’une variété du L, pererne , il ne se serait pas exprimé ainsi : Spica mutica teres. Voici les phrasespour ces deux espèces : L.. tenue L. Spec. 122 (Synon. opt.): « Spica mutica stricta, spiculis linearibus appressis 3-7-floris glumam calycinam subæquantibus, culmo lævissimo, radice fibrosa annua.» — L. complanatum Schrad.: « Spica ffexuosa , spiculis compressis ovato-oblongis 5-10-floris muticis breviterve aristatis glumam calycinam subæquantibus, culmo supernè scabriusculo; radice fibrosa annua. » Sous le nom d’Ægilops caudata L. Kunth canfond l_Æ, cylindrica Host., qui lui appartient effectivement, et lÆ. cylindrica Sibth. et Sm., qui forme une espèce distincte , à laquelle se rapporte le synonyme de Tournefort, coroll. 29 : « Gramen creticum, spica gracili in duas aristas longissimas et asperas abeunte ». — Les glumes des /Z. triuncialis L. et triaristata Wild. présentant indistinc- tement deux ou trois arêtes , ces deux plantes doivent être réunies en une seule. Schreber (Gram. t. 10, fig. 1) l’a déjà démontré. Sousle rom d’Æ. squarrosa L., on a confondu trois espèces très faciles à distinguer : 1. Æ.squarrosa L. : Spica subulata, glumis calycinis omuibus muticis trun- catis integerrimis , flosculis omnibus aristatis , aristis terminalibus reliquis duplo lougioribus. — Buxb cent. 1, p. 31, t. 50, f. 1 (bona), Æ. cylindrica , v. taurica Rœm. et Schult. » | 2. Æ. ventricosa T.: « Spica cylindrica , glumis calycinis omnibus muticis bidentatis ovato-ventricosis , flosculis omnibus aristatis ». /Æ. squarrosa Willd. ('exel: syn. ) Cav. Ic.T,t. 92, fig. 2. Originaire d'Orient; fréquemment cal- tive dans les jardins: 3. Æ, speltoides T.: «Spica subulata, glumis calycinis ombibus muticis trun- 314 TAUSCH, — Sur quelques Graminées. catis obsolete unidentatis , flosculis muticis, spiculæ terminalis aristatis ». Cul- tive avec l'espèce précedente dans les jardins botaniques. s Hordeum .nodosum M. : « Flosculis lateralibus mäsculis muticis involucellis | setaceis lævibus » est la seule phrase qui convieune 4 l'A. bulbosum Host., répandu dans tous les jardins, tandis que lÆ. bulbosum L. doit être rapporté à une toute autre espèce. Je possède de Sicile une plante qui s'éloigne de la description de Linné , uniquement par les deux fleurettes latérales , qui ne sont pas hermaphrodites, mais bien mâles, différence qui pourrait avoir échappé à Linné. Une autre plante, à racines également noueuses, est l’Æ/. bulbosum Sieb. Herb. cret. ou Æ. Sieberianum Besser; enfin l’Æ. pratense a également des racines noueuses. Je propose de distribuer ces différentes plantes de la manière suivante : 1. 1. nodosum L. Spec. : « Spica disticha , flosculis lateralibus masculis mu- ticis , involucellis subulatis nudis ; radice bulbosa ». Ray. Sÿn. t. 20, fig. 2}; Barrel. Ic. 112, fig. 2. — 41. bulbosum M. B. Host. Reichb. Ic. 11, fig. 12. H. strictum Desf. atl. fig. 37. 2. H. bulbosum L.:« Spica disticha, flosculis lateralibus masculis aristatis muticisve, iuvolucellis subulatis, intermediis basi ciliatis, radice bulbosa ». Moris. Hist. 3. p. 179, 1.5. v. 6, fig. 7.— Hab. in Sicilia. 8 submuticum : « Flosculis laterahbus \muticis. A7. Sieberianum Bess. — Hab. in Creta. | 3. H. pratense Huds. : « Spica disticha , flosculis lateralibus masculis brevius aristatis, involucellis setaceïs, radice bulbosa ». Vaill, Paris. t. 17, fig. 6 (bona). Le T'riticum lolioides Pers. est très voisin du 72. unilaterale, dont il diffère déjà par son épi distique, J'y distingue les trois formes suivantes: a muticum : & Spiculis 3-5-7-floris muticis. » | 6 laristatum : Spiculis 3-5-9-floris aristatis. 7. Poa DC. Brachypodium Halleri Reichenb. Ÿ elongatum : Spiculis elongatis sub-9-floris muticis. 7. Halleri Viv. t. 26. Le T. Nardus DC., qui a. pour syaonymes le 7! tenellum Reichb..et le Festuca tenuiflora Schrad. est le véritable Festuca maritima L.,, tandis que le F. maritima DC. (T'riticum L.) devra prendre le nom de F. lanceolata Forsk. — Le T! tenellum Host. Gram., fis. 26, est une espèce très distincte de Fes- tuca, que je nomme À. lenuissima. Sous le nom de 7° ciliatum DC, (Bromus distachyos L.), les jardins pré- sentent les trois espèces suivantes: 4, 2, ciliatum: & Spiculis 1-3-5 alternis terminalibus linearibus multfloris, glumis corollinis aristas subæquantibus ; interioribus spinuloso-ciliatis , culmo superne scabriusculo , foliis ciliatis , radice annua. 2. T. flabellatum T.: « Spiculis 1-3 alternis terminalibus confertissimis lanceolatis mulüfloris , glumis corollinis aristas vix æquantibus , interioribus TAUSCH. — Sur quelques Gramineées. 315 spinuloso-ciliatis , culmo Iævissimo, foliis ciliatis , radice annua. Spiculæ duplo latiores ac in antecedente , aristæ et glumarum ciliæ longiores.:» 3. T'. poliens Tausch: « Spiculis 1-3 5 alternis terminalibus rachi excavatæ appressis lmearibus multifloris, glumis corollinis tumidiusculis arista brevioribus : interioribus spinuloso-ciliatis, culmo (crasso) scaberrimo , folüis glabris, radice anoua.— Glumæ corollinæ feré ovato-tümidæ in aristamn longe latèque attenuatæ, quo charactere ab antecedentibus primo intuitu discernitur, folia denique sæpis- simè margine undulata. Sous le nom de Bromus mexicanus , on a cultivé une plante, que je définis de la manière suivante: T'riticum scaberrimumm T.: « Spica erecta , spiculis alternis confertis linearibus sub-1 2-flonis , aristis divaricatis gluma brevioribus, culmo foliisque linearibus glabris scaberrimis. — Culmi nodi sericei, cæterum a basi ad apicem glaucescens scaberrimum. Spiculæ glabræ, scaberrimæ, glumis interioribus ciliatis. Kunth réunit simplement 2es Elymus sibiricus et tener L.; ce qui peut fort bien s’excuser, la figure que Schreber lui-même (Gram. fig. 21 )donne de VE. sibi- ricus , appartenant à l’Æ. scaber. J'ai cultivé dernièrement le véritable Æ. stbi- ricus de Gmelin , et je lé distingue ainsi: Æ. sibiricus L.: « Spica crassa arcta pendula , spiculis binatis 10-12-floris involucro breviter aristato multo longiori- bus, fois planis latis glaucescentibus scaberrimis ». Gmel. Sib. fig. 28. — Les E. canadensis et philadelphicus sont réunis par Kunth, qui sépare VE. ‘glaucifohus Müblenb. , identique avec l'E. philadelphicus. On confond souvent dans les jardins ces deux espèces, que je distingue de la manière sui- vante : E. canadensis L. : « Spica nutante patula , spiculis ternatis sub-4-floris pu- bescentibus involucrisque erecto-aristatis, foliis planis glaucescentibus scabrius- culis. » d E. philadelphicus L. : « Spica nutante patula basi subinterrupta, spiculis Sr sub-6-floris subvillosis involucrisque aristatis, aristis elongatis divarica- » folus planis ÿ glaucescentibus scabriusculis. » | En on cultive une troisième espèce , qui fait le passage à VE. virsinicus L., et que j'appelle E. flexuosus T. : « Spica nutante spiculis binatis, inferioribus ternatis sub-3-floris flexuoso-aristatis ad angulos involucrisque linearibus arista- us scabris, foliis planis scabris vix glaucescentibus ». — Jacquin a sépare les ÆE. mexicanus Cav. et giganteus Vahl, que Kunth a confondus. Le Crypsis alopecuroides d'Egypte, bien représenté par Delile, fig 9; est très différent du C. alepecuroides Schrad. ct se rappzoche du C. schoenoides par sés chaumes rameux , à gaînes plus enflées et striées, par ses feuilles poilues et sesépis ordinairement renfermés dans une gaîne. Je l'appelle C. ægyptiaca : « Culmis ramosie, foliis pilosis, vaginis tumidis striatis, spicis cylindraceis densis- simis basi vagina tectis,glumis calycinis carina ciliatis corollam subæquantibus ». 77 Une autre espèce voisine , originaire de la Sibérie et de la Taurie, et men- 316 TAUSCH. — Sur quelques Graminées. tionnée par Amman Rutk. p. 245 , et par Gmelin, lib. 1, p. 92, n. 23, forme le C. tenuissima T.: « Culmis simplicibus subfiliformibus , spicis cyliadraceis tenuissimis ( filiformibus ) , glumis calycinis carina villosis corollam æquantibus, Le Bromus polystachyus Forsk. paraît être le Festuca fusca L. et est très bien nommé.—Les B. scoparius et rubens L., dont le premier fut rapporté par Sieber de Marseille, sont des variétés de la même espèce. Le premier a les épillets nus; le second les a poilus. La couleur des épillets , ainsi que la direction des arêtes et Ja hauteur de la tige sont sujettes à varier. La meilleure figure de cette espèce se retrouve dans Delile, Egypt. pl. 11. — Le B. wolgensis Spreng. ne diffère du B. squarrosus que par les épillets comprimés. Il faut rapporter à cette plante les synonymes suivans : Buxbaum. Cent. 5, app. 42, fig. 10, rapporté jusqu'ici au B. lanceolatus et Barrel. Ic. 24, fig. 1, réuni par les auteurs au Z. squar- rosus , que cet auteur donne cependant à la planche 84. Cette espèce est assez répandue. Siaber l’a rapportée du midi de l'Europe (de France?) , de la Crète, où les épillets en sont velus. On la rencontre souvent dans les jardins sous le nom de B. lanceolatus. Ce dernier a été réuni avec raison par Sprengel aux B. diva- ricatus et lanuginosus. Le premier n’en diffère que par les épillets pubescens ; le second par les epillets soyeux-velus. Je suis même d’avis que le B. macrosta- chyus Desf.T,t. 19, fig. 2, n’est encore que le B. lanceolatus. Les cpillets sont représentés comprimés, quoique la description les dise arrondis. — M. Hel- fort a rapporté de Sicile un Bromus qui me semble voisin du B. rigens L , qu’on ne connaît plns aujourd’hui : je l'appelle B. florescens T : « Spica fasciculata, spiculis linearibus supernè latioribus sub-4-floris glabris, glumis triaristatis, arista media divaricata spiculam subæquante ».— Une autre espèce nouvelle du même genre , voisine du B. arvensis, est le B. ægyptiacus T.: « Panicula con- tracta nutante, spiculis lanceolatis compressis punctato-scabris 10-12-floris, aristis rectis glumam vix æquantibus, foliis vaginisque inferioribus mollissimè pilosis. — Le B.olomeratus T., rapporté, comme le précédent , d'Egypte, par Sieber, est caractérise de la manière suivante: « Panicula subspicata, spiculis alternis congestis(contiguis) glabris nitidis ovatis subsexfloris, aristis rectis glumam vix æquantibus, foliis vaginisque inferioribus pilosis. — Le B. confertus M. B. varie comme plusieurs autres espèces de ce genre, à épillets nus et poilus. - Les. glumes du Bromus arduennensis Kth. (Libertia Lej.) n’etaient pas toutes den- tées inférieurement, mais entières, comme dans les autres Bromus. Cette variété, lorsqu'on ne tient pas compte de la racine, répond exactement au B. catharti- cus Vahl. | Le Féstuca dichotoma Forsk., réuni à tort au F lanceolata du même auteur (F. maritima DC.), est une espèce très distincte, voisine du F. divaricata Desf. Sicber a rapporté d'Egypte les deux premières entremélées. Le F. Zan- ceolata parait caractérisé par son «culmus geniculatus decumbens. J'ai une plante de Corse, qui me semble la même espece. Le F. spadicea Gouan. comprend deux espèces, que Siéber à rapportées du. Tyrol, et que je distingue de la manière suivante: . Sieberi T.: Panicula. BRNICH t SCHIMPER. — Bryologie d'Europe. 317 éffusa nutante, spiculis 4-5-floris lanceolatis muticis lævibus nitidis, glumis cali- cinis diapbanis, foliis culmeis longissimis facie scaberrimis, radice repente. — F. spadicea ( F. spadicea et ferruginea Kunth') : « Panicula contracta densa subnutante , spiculis ovatis sub-#-floris muticis Iævibus (obsçurè coloratis), glumis calycinis diaphanis , folis Iævissimis, culmeis abbreviatis, radicalibus Jongissimis convolutis; radice cespitosa. | BryoroulA EUROPA seu Genera Muscorum Europæorum monographicè illustrata auctoribus Brucx et Scuimper. Fasc. 11 et nr, cum tab. xx, et fasc. 1v, cum tab. x. Stutigard, chez Schyweizerbart ; Strasbourg et Paris, librairie de Treuttel et Wurtz. Prix des trois fascicules : 30 fr. Nous avons déjà annoncé cet ouvrage (1) et rendu compte de la première livraison de l'édition française. Nous regrettions bien sincèrement que des causes tout-à-fait indépendantes de la volonté des auteurs fussent venues s'opposer à la continuation de cette édition , quand nous apprimes avec une vive satisfaction que MM. Bruch etSchimper, pour rendre leur œuvre profitable à un plus grand nombre delecteurs, s'étaient décides à prendre avec l’éditeur allemand'denouveaux arrangemens. Ils ont donc exige et obtenu que le texte des généralités, placées “en tête de chaque genre , et des observations qui suivent la description de la plupart des espèces , serait publié à-la-fois en allemand et en français sur deux colonnes , et que les phrases diagnostiques des genres et des espèces, et la des- cription tout entière de celles-ci seraient rédigées et imprimées en langue latine. Il'résulte de cette nouvelle disposition que les botanistes de toutes les nations pourront se servir avec fruit de l’édition que nous annonçons aujourd’hui. Quant au plan dont nous avons déjà donné l’analyse dans l’un des articles cités , il n’y a absolument rien de change. Loin d’avoir à revenir sur l'éloge que nous avons fait des dessins et de la gravure, éloge que quelques personnes , qui n’ont pas eu encore l’occasion de voir l'ouvrage, auront sans doute cru exagéré on complaisant, nous enchéririons encore, s’il était possible, sur ce que nous en avons déjà dit. En effet, nous avons maintenant sous les yeux les treize planches contenant les analyses des seize espèces europeeunes de Mnium, c’est-à-dire le genre Cinclidium, et tous les Bryum de la section Polla de Bridel, qui doivent composer le cinquième fescicu'e prêt à paraître, et nous pouvons affirmer, sans craindre d’être contredit par qui que ce soit, que rien de ce qui a été publié en ce genre n’approche de la perfection que nous y remarquons. Les auteurs, qui les ont dessinées d’après nature, se sont eux-mêmes surpassés, tant sous le rapport de la grâce et de l'élégance qu'ils ont dounées à leurs dessins ou laissées aux jolies plantes qu'ils avaient à nous représenter de grandeur naturelle et :{r) Voyez Annales des Sciences naturelles. 2° série. Tom. 1v, p. 375, et tom. v, p. 177. 318 BRUCH. et SCHIMPERs — /ryologie d'Europe. grossies,; que sous celui des uombreux détails analytiques , considérablement amplifiés quand cela devenait nécessaire, qu’ils ont retracés avec une merveil= leuse netteté et une fidélité admirable. Au reste, ils ont été parfaitement compris et secondes par l'artiste charge de confier leurs dessins à la pierre pour les mul- tiplier , car l'impression lithographique ne laisse rien non plus à desirer. Depuis M. Walker-Arnott, qui, dans un travail remarquable: à tous égards, avait tenté de ranger les mousses dans un ordre plus naturel que ue permet de le faire la seule considération du péristome , personne n’avait songe à traiter de nouveau ce sujet neuf et important. En effet, le bryologue anglais ne s’était appuyé, pour la circonscription des ordres que sur les ca’actères extérieurs ou le facies des divers genres de mousses , et en avait ncgligé plusieurs autres, et en particulier ceux tirés de la végétation. MM. Bruch et Schimper en ont, au con- traire , fait la base essentielle de leur nouvelle classification et par là paraissent être arrivés plus près de la vérité. Nous engageons nos lecteurs à prendre connaissance, dans l’ouvrage même, des considérations dans lesquelles sont entrés les savans auteurs de la Bryologie d'Europe, pour établir leurs ordres naturels. Nous nous bornerons ici, pour tenir les engagemens que nous ayons pris avec le lecteur, ou plutôt la promesse que nous lui en avons faite, à mentionnerles circonscriptionsnouvelles des genres et des espèces, que MM. Bruch et Schimper sesont crus autorisés à faire par suite de leur nouvelle facon d’envisager les objets, et nous le ferons sans y joindre ni un assentiment ni un blâme que nous ne pourrions justifier qu’en entrant dans des détails auxquels se refusent les bornes de ce re:ueil. Aussi laisserons-nous au temps à approuver ou à infirmer les changemens plus ou moins heureux ou plus ou moins hasardes, introduits par nos auteurs dans la nomenclature et la circon- scription des espèces el des genres, changemens , au reste, dont, à notre avis, il faut toujours être très sobre, sous peine de rendre les abords de la science äimpraticables aux personnes qui, portées vers l’étude de la’ nature par un goût encore peu prononce, se laissent facilement effrayer et rebuter par les difficultés réelles d’une synonymie qui grandit chaque jour, et cela, il faut bien le dire , sans un bien grand profit pour la science. Les fascicules 11 et ut contiennent toutes les Orthotricacées , [c'est-à-dire les genres Orthotrichum , Coscinodon , Ptychomitrium et Giyphonmiitrium. Les auteurs ont réuni en un seul, sous le plus ancien nom , les genres Orého- trichum el Ulota de Bridel, et l’on ne peut que leur en savoir gré ; car les ca- ractères des Ulota étaient d’une importance trop secondaire. Voici les change- mens survenus dans la circonscription des espèces. À l’C. cupulatum sont réunis comme synonymes l'O. urceolatum Schleich. et l'O. confertum Bruck, et comme variétés l'O. Hudolphianum Lebm. , YO. Floerkii Hornsch., l'O. commutatum Bruch. in Bride], l'O. nudum Smith., et avec doute l'O. strangulatum Pal. Beauv. L'O. anomalum a pour synonymes l’O. aureum Martius et l'O. saxaiile Brid.. L/O. pumilum Sw., nétant pasle même que l’espèce homonyme de M. Shwægrichen, a été réuni à VO. fallax Bruch , auquel il a été reconnu iden- BRUCH et SCHIMPER. — Æryologie d'Europe. 319 tique. L’O. americanum Schwægr. ‘et VO. 'strictum Brid. sont réunis À VO. Hutchinsiæ Hook et Tayl.. Enfin l'O. striatum Hecdw. a reçu le nom tout “opposé d'O. leincarpum B. et S., en considération de ce que, de toutes les es- pèces de ce genre nombreux , 1l est le seul dont la “ape ne porté pas de sillons longitudinaux ou de stries. Les espèces nouvelles de ce genre sont: O. négritum B.etS., trouvé en Suisse par M. Alex. Braun; O. Brauni, découvert près de Carlsruhe- par le même botaniste; l'O. dilatatum , proposé avec doute par les auteurs: enfin l’O. ürni- girum Myrin, espèce encore peu connue, découverte d’abord près de Stockholm et d'Upsal par M. Myrin, puis récemmment , près de Blankenubourg , en Alle- mage, par M. Hampe. Les auteurs ont rejeté parmi les espèces incertaines et qui réclâment de nouvelles observations, les O. heteromallum Brid. et O. Hut- chinsiæ SEINE. Ils ont néanmoins donne, planche xvur, une copie de cette dernière espèce. Le genre Coscinodon , tel qu'ila éte institué par Sprengel et adopté par nos ‘auteurs, se compose d’une seule espèce, que son port avait fait rapporter aux Grimmies , et qui était pour Hedwig son Grimmia cribrosa. Le g genre homo- nyme de Bridel est toute autre chose. VA Lans frium est un nouveau nom imposé, à un genre qui. ne se compose jusqu'ici que d'un fort petit nombre d’espèces , dont deux seulement appar- tiennent à l'Europe. Ces espèces faiszient partie, l’une du genre Trichostomum : c’est le 7°. polyphyllum ; et l’autre du genre Grimmia : c’est la G. glyphomi- trioides , découverte près de Milan par mon savant ami M de Notaris, et publice par lui et son collaborateur M. Balsamo dans leur Bryologia mediolanensis. D’a- près la note qu’on lit au bas du texte, une troisième espèce, originaire du Cap de Bonne-Espérance , et que Bertero et M. Gay ont retrouvée au Chili, viendrait, sous le nom de P. nigricans B. et S., compléter ce genre tel qu'il est circon- scrit par lesauteurs. Nous ne devons pas omettre de dire que le P. nigricans est lEncalypta crispata Hedw., devenu, sous la plume de Bridel, le B:achypo- dium crispatum , et plus récemment, sous celle de M. Hampe, le Notarisia crispata. Ce dernier botaniste a reuni à son nouveau genre, ou plutôt au genre qu’il a doté d’un nom nouveau , et sous celui de Notarisia italica, la Grimmia glyphomitrioides , dont nous venons de parler, et une autre espèce dé la Virgi- nié ; avec l'épithète de N. virginica. On voit que la aomenclature de ces pauvres mousses qui n’en peuvent mais, commence fort à s” mbrouiller, et que, sila même géniéomanie (généromanie est un mot hybride) continue à s’emparer des cerveaux dés bryologistes, nous courrons le risque de voir régner dans cette branche de la science la plus étrange comme la plus déplorable confusion. Toutes les personnes qui s'occupent des mousses savent que le genre Glypho- mitrium ne renferme qu’une seule espèce provre à l'Angleterre, le G. Da- viesii Brid. Le fascicule 1v comprend deux Y bus: les Zygodontces ct les Encalyptees, composées chacune d’un seul geure. 320 ERUCH €t SCHIMPER. — Bryologie d'Europe. Le genre Zygodun , que viennent tout nouvellement de circonscrireinos au- teurs , est composé de cinq espèces. européennes : 1° Z. lapponicus B.'etS. (Gymnostomum lapponicum Hedw.); 2° Z. Mougeotii B. et S., trouvée sous une cascade du, Mont-d'Or, en Auvergne, et.sur le Hohneck , dans les Vosges, par notre excellent ami le docteur Mougeot; 3° Z. viridissimus Brid.;4°Z. Bre- bissonii B. et S., observé en Normandie par M. de Brébisson, et mélangé avec le précédent; 5° enfin, Z. conoideus Brid., et de quatre espèces exotiques : 1° Z. intermedius B.etS,, espèce de la Nouvelle-Zélande, qui nous a.été com- muniquée par M. Hooker comme une variété du Z. conoideus ; 2° Z:'tetrago- nostomus Braun; 3° Z. Reinwardiii Braun; et 4° Z. obtusifolius Hook: Le genre Encalypta, enfin, offre. peu de changemens. L’'Æ affinis Brid..et VE. alpina Wabhlenb. sont rapportés à VE. commutata Nees: et. Hornsch. A VE. vulgaris sont réunis comme variétés ou variations les Æ. obtustfolia et pi- lifera Funch, et lœvigata Brid., et à l'E. çiliata Hedw.. VE. fimbriata Brid. MM. Bruch et Schimper proposent deux nouvelles espèces: l’£. longicolla, trouvée au mont Schwarzenberg, dans la Carniole, et lÆ.procera, originaire. de la Norwège, où elle a été découverte par notre savant confrère, M. le doç- teur Kurr. Nous terminerons en exprimant notre regret sincère que la et ne nous pér- mette pas de donner les caractères diagnostiques des nouvelles espèces, pour les- quelles nous sommes forcés de renvoyer le lecteur à l'ouvrage lui-même. C. M. Propromus systematis naluralis regni vegetabilis ,.etc., auct. À. P. De Can- DOLLE. Pars sexta, sistens Compositarum continuationem.(in-8°, 687 pages; Paris, 1837); et pars septima, sectio'prior, sistens Compositarum tribus ultimas et ordinis mantissam (in-8°, 330 pages; Paris, 1838, Treuttel et Wäürtz). N'ayant pu achever la famille des Composées dans le sixième volume du Pro- dromus,, qui a paru vers la fin de 1837, M. De Candolle s’est empressé de mettre au jour la terminaison de ce travail, dont l'exécution luiavait coûté près de huit années, Nous avons annonce ( Annales des Sciences naturelles, vol. vi, p. 173) le cinquième volume, qui présentait, en tête de la famille, les divisions adoptées par l’auteur. Le sixième contient la continuation des Sénécionidées et les, Cyna- rées. La première partie du septième, traite des Mutisiacées , Nassauviacées et Chicoracées. L'auteur y a ajouté une mantissa, où’ il a fait une foule de correc- tions et d’additions importantes, enfin une table générale des noms et synonymes de Composces décrites dans les trois volumes consacrés à cette famille. J. DECAISNE. — Sur les Asclépiadées. 3at ÉTupes sur quelques genres et espèces :de la famille des Asclépiadées, Par M. J. Decaisne. Suite et fin. (Voy. p. 257.) $ I. Massæ pollinis pendulæ. XIII. MatezeaA Aubl.R. Br. Calyx 5-partitus. Corolla rotata 5-partita. Corona staminea scutelliformis v. cochleæformis submembranacea, lobata, ma- . , : ° 4 f A . juscula. ÆAnfheræ transversim dehiscentes, membranâ termi- natæ. Massæ pollinis extremitate exteriore respectu loculi af- fixæ, stigmate tectæ, obovoideæ. Stigma planiusculo-depressum. Folliculi ventricosi costati. Semina calva(Aubl.). Herbæ perennes v. frutices erecti. Folia, opposita, bas supra biglandulosa. Flores racemosi v. subumbellati extra-axil- lares. Matelea linearis. + M. perennis pedalis ; foliis linearibus glabris petiolatis, petiolis semitereti- bus imâ basi biglandulosis; pedunculis erectis folia declinata superantibus paucifloris; floribus pedicellatis majusculis ; corollà margine cleganter ciliatä ; foliolis coronæ cochleæformibus , submembranaceis, gynostemium æquantibus. Hab. in Brasilia prov. San-Paolo. (Herb. Imp. Brasil. n° 371); in Prov.Rio-Grande et Minas-Geraes. n. 1828 (CI. Gandichaud). Oss. L'organisation de cette plante se rapporte trop à celle de Matelea pour en être séparée, car à de légères différences près, elle en a les principaux caractères. Les masses polliniques présen- tent une forme peu commune dans la famille ; elles sont ovoides, IX. BoTax. — Juin. at 3292 J. DECAISNE. — Sur les Asclépiadées. et de leur extrémité renflée, par laquelle elles sont fixés, se dé- tache une membrane assez analogue à celle des Oxypetalurm , avec cette différence qu’elle est dirigée inférieurement et que les corpuscules sont dépourvus d'appendices. | C'est près des Gonolobus et Matelea que doit venir se placer un genre que je propose de former aux dépens de l'Æsclepias villosa Balb. (1). Cette plante diffère des deux genrés que je viens de citer A sa corolle campanulée, ses folioles dela cou- ronne planes, échancrées au sommet et non scutelliformes, par la position des corpuscules au-dessus des lobes du stigmate et non recouverts par cet organe, enfin par l'absence presque com- plète de la membrane, qui surmonte si généralement les an- thères. Je propose, pour ce nouveau genre, le nom de Phero- trichis (péw ferre, rexis coma) pour faire allusion aux poils longs et nombreux qui couvrent toute la DE et surtont la division de la corolle. XIV. Acerares. Ell. (Anantherix. Nutt.) (2). L à Calyx 5-partitus. Corolla 5-partita, limbo subpatulo (nee re- fléxo). Corona staminea 5-phylla, foliolis basilaribus curvatis, eynostemium $stipitatum superantibus, carnosis, introrsum concavis medioque carinato-6cristatis ; squamis ligulatis an- therisque alternantibus summo filamentorum impositis: 4 7- theræ membrana terminatæ. Ma:ssæ pollinis rostrato-attenuatæ, filamento fusco. Stigma planiusculo-depressum. Fo/liculi.. Hérbæ perennes, radicetuberosa. Folia opposita glabra. Pedun- culi extra-axillares pauciflori , floribus speciosis glabriusculis. Acerates circinalis. + P. folis linearibus glabris apice circinatis, floribus purpureis, coronæ folio- 5 P ? P P 3 is gynostemium. superantibus oblongo-cylindraceis introrsüm curvatis concavis. 1 gynost ! tb b] g hindraceis intrors » (1) Mémoires de l’Académie des Sciences de Turin, vol. vir, p,386. (2). Nuttall, Genera of North American plant., v6k 1, p: 169, 3. DÉCAISNE. —— Sur les Asclépiadées. 325 Hab. Mexico in summo monte San Felipe; Julio florentem legit Andrieux. Ogs. Ce genre est très voisin des Æsc/epias , dont il diffère cependant par sa corolle étalée et non réfléchie, par sa couronne fixée à la base du gynostème et dépourvue d’appendice intérieur, saillant en dehors sous la forme d'une corne, ainsi que par la présence d’une petite couronne accessoire composée de cinq languettes charnues, dressées, alternes avec les anthères et opposées aux corpuscules. Il s'éloigne des Gomphocarpus, dont il présente presque la forme des folioles de la couronne et celle des masses polliniques , par le point d'attache des folioles de la couronne relativement au gynostème, joint à celles qui ac- compagnent les antheres. Ce genre comprend plusieurs des espèces d'A4cclepias recueillies au Mexique et envoyées par Drummond et Andrieux; tel est entre autres l 4 sclepias ma- crantha Dr., ainsi que l'espèce suivante. 2. Acerates gomplhocurpoides. + * A. fois linearibus marginibus reflexis acutis in petiolum brevem attenuatis, pedunculis folia superantibus, floribus lividis, k cor. gynostegium vix superan- tibus.— Habitus Gomphocarpi fruticosi. Hab. Toluca, in ditione Mexici; floret aprili: (Andrieux , n°238 ). Ons: Cette espèce a le port du Gormphocarpus fruticosus. Les folioles de la couronne staminale, situées à la base du gynos- tème, avec lequel leurs bords sont soudés jusqu'aux anthères , présentent presque la même disposition que celles du Gompho- carpus, avec cette différence qu’elles sont dépourvues de denti- cules latérales. L'échantillon que j'ai sous les yeux porte de jeunes fruits, couverts d’un duvet blanéhâtre , ét au sommet desquels sont fixées les corolles qui ne s’en sont point détachées, malgré la réflexion des pédicelles après la fécondation. 2T. 324 1. DECAISNE. — Sur les Asclépiadées. XV. Gomrxaocarptüs. R. Br. Calyx 5-partitus. Corolla 5-partita reflexa. Corona staminea summo tubo filamentorum imposita, 5-phylla, foliolis cucullatis v. tantum navicularibus utrinque unidentatis, introrsüm sim- plicibus v. cristato-pilosis. _Ænfheræ membrana terminatæ. Massæ pollinis compressæ apice attenuato affixæ, basi rotun- datà v. truncatà. Sfigmna depressum, muticum. Fol/iculi ven- tricosi, spinis innocuis echinati. Sernira comosa. Frutices v. suffrutices erecti. Folia ppposite margine sæpe re- voluta. Umbeilæ interpetiolares. 1. Gomphocarpus fruticosus, R. Br. G foliüs lincaribus acutis attenuatis petiolatis utrinque pis minimis insper- sis, pedunculis folio brevioribus iflor. umbellatis, laciniis calycinis acutis lobisque corollæ incano-puberulis. ; Gomphocarpus fruticosus,R. Br. Wern. Soc. Mem. 1. AD 26.— Asclepias fruticosa L. Hab. Yemen, mons Mahamara. (Flor. legit octobr. P.E. Botta.) 2. Gomphocarpus setosus., R. Br. G. folis linearibus basi et apice attenuatis acutissimis utrinque glaberrimis, peduneulis folio brevioribus, floribus umbellatis, lacinnis calycinis acutis, corol - Iæ lobis glabris margine ciliatis. Gomphocarpus setosus R. B. 1. c.p. 27. A sclepias setosa Forsk. p. cvur. n. 181. Vahl Symb. bot. p: 29 t. VIIL. Hab. Yemen, Hagnef. (Florentem novembr. legit P. E. Botta). 3. Gomphocarpus cornutus. Ÿ G. foliis linearibus basi et apice attenuatis acutissimis glabris ,peduneulis folio brevioribus ramulisque incauo-tomentosis, floribus umbellatis , laciniis calycinis acutis, corollæ lobis margine ciliatis, coronæ denticulis reflexis corniformibus. Hab. Madagascar ( Bojer) v. sp. parvum unicum. 1. DECAISNr. — Sur les Aselépiadées. 325 Os. Cette espèce se distingue par la présence des poils blancs qui couvrent les rameaux et les pédoncules, et principalement par la forme des folioles de la couronne staminale. 4. Gomphocarpus pulchellus +. G. caule infernè puberulo supra sparsèe piloso ; foliis lineari-lanceclatis acutis , sessilibus, glabris , marginibus reflexis ; pedunculo folia duplo superante suban- gulato ; floribus pedicellis imä basi bracteolis setaceis suffultis ; foliolis calycinis lanceolatis acutis ; corollà extrorsüm et supernè pilosiusculà ; cor. st. foliolis carnosis rostratis gynostegium æquantibus, introrsùm concavis pilis brevibus instructis , appendiculis lateralibus siuuatis. Hab. Angola. (Sp. unicum vidi). 5. Gomphocarpus cristatus +. G. caule gracili pubescente ; fois linearibus obtusis subsessiibus supra pilis brévibus inspersis subtüs pallidioribus, nervo medio prominente flavescente ; peduniculis elongaris 4-5o folia superantibus trifloris; floribus pedicellatis brac- tcolis destitutis; foliolis calyciuis lanceolatis pilosis ; corollä extrorsüm et supernè pubescente, tenuiter guttatà ; cor. st. foliolis concavis piloso-cristatis marginibus appendiculatis gynostegio affxis. Hab. Angola. ( v. s. Sp. unicum. } 6. Gomphocarpus lisianthoides +. G. caule tereti lineolis pilosis foliis alternantibus percusso; foliis lineari- bus acutiuseulis glabris , basi in petiolum brevissimum attenuatis; pedunculis folio dimidio brevioribus tr'floris ; floribus glaberrimis pedicellatis, bracteolis brevibus setaceis ; calycinis fol. lanceolatis acutis ; corollä roscâ lobis ovato-ellip- ticis ; fol. cor. st. gyuostegio elongato apice affixis crassis , rostratis, liueolatis, margimibus edentulis ; antheris membranà latà subreniformi terminatis , stig- mate cyathiformi affixis brevioribusque. Hab. Angola. (Sp. unicum.). 7. Gomphocarpus sessilis Ÿ. G. caule tomentoso subflexuoso ; foliis oblongo-lanceolatis mucronulatis basi subcordatis sessilibus nisi nervo medio glabris, subtuüs reticulato-venosis venis coloratis; pedunculo nullo, pedicellis folio dimidio brevioribus tomentosis brac- icolis linearibus sctaceis basi suffultis ; folivlis calycinis angustè linearibus ; co- 10Ïà glaberrimä luridà ; coronæ st. foliolis subturbinatis carnosis , gynostegium subæquantibus. Hab. Angola, (in herb. mus. Parisiensi extat speciem unic.) 326 T. DECAISNE. — Our les Asclépiadées. Ogs. Cette plante se distingue nettement par ses feuilles .ses- siles, glabies, à nervures anastomosées et réticulées à la ma- nière de certains Æwmnex, par ses fleurs glabres d’une couleur olivâtre, supportées par des pédicelles droits, tomenteux, naïis- sant entre les feuilles sans Pintérmédiaire de pédoncule. 8. Gomphocarpus lineolatus +. G. caule erecto pubescente supernë subtomentoso ; folns oblongis obtusiuscu- lis basi subcordato-truncatis brevè petiolatis venis transversalibus regularibus approximatis utrinque scabriusculis marginibus pilis brevissimis denticulato- scabris ; pedunculo folia subæquante ; foliolis calycinis linearibus pilosis; corollæ segmentis , supernè extrorsümque puberulis; coronæ stam. foliolis basi rostratis supra.cucullato-bilobis. — Folia erecta nervosa ut in 4eci. syriaca. Hab. Angola. (Sp. unicum in herb: mus. Par.). Obs. La disposition des nervures des feuilles caractérise ceite espèce de la manière la plus positive ; elles sont, sous ce rapport, semblables à celle de l_Z. syriaca , auxquelles elles ressembient encore par la grandeur. Cette plante, par la largeur de ses feuilles et leur contour garni de petites dents, par la forme des masses polliniques tronquées et comprimées à leur partie inférieure ap- partient, ainsi que par son aspect général, au genre Pachycar- pus établi par M. Meyer; mais l'organisation des folioles de la couronne staminale la réunit aux vrais Gomphocarpus. Après avoir examiné en détail plusieurs espèces de Pachycar- pus(1), je suis arrivé à ce résultat, qu'il faudra considérer ce genre comme identique avec le Gomphocarpus. En effet, le seul caractère sur lequel insiste M. Meyer pour séparer ses plantes des Gomphocarpus , porte sur la forme des masses polliniques qui sont planes et élargies à la base et atténuées au sommet dans cederniergenre,tandisque celles des Pachycarpus sont tronquées à leur base et fortement comprimées sur toute leur étendue. Ce caractère pourrait, J'en conviens, présenter quelque valeur si, non-seulement on ne trouvait point de transition , mais si une des espéces , le Gomphocarpus ‘arborescens R. Br., ne présentait: point des masses polliniques presque triangulaires, et ne s’é- («) E. Meyer, Comm, dé pl. Afr. austr, p 209. T. DECAISNE. Sur Les Asclépiadées. Pis loignait ainsi beaucoup plus de la forme de celles des Gom- phocarpus fruticosus et setosus qu'aucune de celles que nous retrouvons dans les Pachycarpus. Faudra-t-il limiter , d’après cette observation, les Gomphocarpus aux trois premières es- pèces que je viens citer, par cela seul qu'elles ont les masses polliniques en forme de massue? Je ne le crois point, car si on examine les anthères des différentes espèces de Pachycarpus, on voit cette forme se présenter dans plusieurs d’entre elles. Quant à celle des folioles de la couronne staminale, le G. arbo- rescens nous offre le type du caractère si habilement tracé par M. Brown. Les figures des espèces nouvelles que je viens de signaler, serviront à appuyer ma manière de voir. Car toutes les variations que présentent les folioles de la couronne staminale, portent uni- quement sur ce qu’elles sont plus ou moins redressées à la base, et par suite plus ou moins profondes ou évasées; dans le premier cas, elles peuvent être carénées et terminées par une sorte de ligule ; mais quelles que soient ces diverses modifications, on re- trouve toujours les denticules latérales qui accompagnent cha- cune des folioles. + XVI. Penrarropis. R. Brown. W. et A. Calyx 5-partitus. Corolla rotata 5-fida, lacinüs attenuatis. Corona staminea 5-phylla ; foliolis antheris oppositis gynostegio verticaliter adnatis, aversis, apice solutis. Massæ pollinis ovoi- deæ, ventricosæ, pendulæ, infra apicem affixæ. Séigma puncti- forme v. umbilicatum marginibus incurvis. Folliculi læves. deming COMOSA. Suffrutices volubiles. Folia subcarnosa, plana mucronulata. Umbellæ axillares v.extra-axillares paucifloræ, floribus longe pe- dicellatis. Folliculi obsolete trigoni, hinc planiusculi, læves: 1. Pentatropis spiralis. Ÿ P. foliis lanceolatis mucronatis basi rotundatis v. subcordatis petiolatis; pe- dunculis extra-axillaribus brevibus paucifloris, floribus pedicellatis folio brevio- “bus ; coronæ foliolis obtusis. 328 J. DECAISNE. — Sur les Asclépiadées. Asclepias spiralis , Forsk. p. 49. no 66. Hab. Yemen. ( P. E. Botta, Bové, Schimper.) Ozs. Cette espece diffère notablement du P. ricrophylla par ses fleurs à pédicelles beaucoup plus courts et non capillaires comme ils le sont dans la plante de l’Inde, par les folioles de la couronne staminale dont la portion terminale libre est arrondie et non aiguë, ainsi que le prolongement externe de cette même foliole. Quant à la forme des feuilles, elles parais- sent identiques dans les deux plantes , car sur les échantillons envoyés au Muséum par MM. Wight et Arnott, on remarque sur le même rameau des feuilles presque orbiculaires et d’au- tres lancéolés comme dans la plante d'Arabie. 2. Pentatropis senegalensis. se P. foliis ovatis v. lanceolatis mucronatis petiolo brevi suprà puberulo ; pedun- cuis extra-axillaribus brevibus sæpiüs biflonis ; coronæ foliolis submembranaceis majusculis parte infer. obtusä. Hab. Senegambia, in locis humidis, secus flamen Senegal. e = A A (2 e Oss. Cette plante parait être fort répandue sur les rives du Sénégal d’où presque tous les voyageurs l'ont rapportée. XVII Carorroris. R. Brown. Calyx 5-partitus. Corolla subcampanulata, tubo angulato , angulis introrsum saccatis, limbo B5-partito. Coronu staminea 5-phylla, foliolis carinæformibus, gynostegio verticaliter ad- natis , basi recurva saccata, supernè lateraliterque lobfs sub- membranaceis stipatis. Æntheræ membrana terminatæ. Massæ pollinis compressæ, apice attenuato affixæ, pendulæ. Stismna obsoletè apiculatum v. muticum. Folliculi ventricosi, læves. Se- mina COMOSA. Frutices erecti, glabri, lactescentes. Folia opposita, lata. Um- bellæ interpetiolares. Flores majusculi, speciosi. I. DÉCAISNE. — Sur les Asclépiadées. 329 1. Calotropis heterophylla, Wall. C. corollæ segmentis erectiusculis, coronæ st. foliolis gynostegium æquantibus, basi obtusa recurva, apice stigmatis margini incumbente bilobo, lobis incrassatis subdivergentibus. Calotropis heterophylla, Wall. — Wight et Arn. Contrib. bot. of Ind. p. 54. — 4sclepras gisantea. Forsk. p. evir. n. 184. — A. procera Del. fl. Egypt. Thonn. in Schum. Plant. de Gui- HéeS LC. D: 174. Hab.: Yemen (P. E. Botta). Egyptus (Delile, Redouté, Bové, Aucher-Eloy). Senegalia (Leprieur, E. Robert). 2. Calotropis procera, K. Br. C, corollæ segmentis subpatulis, coronæ st. foliolis gynostegium æquantibus, basi ovoidea recurva, apice truucato bilobo , lobis approximats. Calotropis procera , R. Br. Wern. Suc. (Mem..exir.) p. 28. — A sclepias procera, H. Kew. p. 1., p. 305. ed. 2. 1. p. 305. Hab. in Persià. { And. Michaux). Ors. D'après une courte note accompagnant léchantillon rapporté par Michaux, cette espèce formerait un arbre de moyenne grandeur, La forme des folioles de la couronne sta- minale distingue nettement cette espèce de celles citées par MM. Wight et Arnott ; elles sont ovoïdes à la base , à peine mu- cronées , tronquées au sommet, où elles forment avec le stigmate, une surface plane à cinq angles. J'ai cité ici cette plante, afin d’en établir le caractère comparatif avec les autres espèces du même genre. LE XVIIL Kanvarmia. R. Brown. Calyx 5-partitus. Corolla subcampanuiata 5-partita , lacintis introrsüm lanatis. Corona staminea supra medium filamentorum tubum imposita , 5-phylla, folioli: monadelphis, e basi incrassata attenuatis indivisis v. bifidis laciniis contiguis. _Zntheræ mem- brana terminatæ. Massæ pollinis ventricosæ ovoideæ apice affixæ pendule. S'tigma marginatum medio conieum,umbilicatum. Folli- 33ar J. DECAISNE. — Sur les Asclépiadées. culi læves crassiusculi. Semina comosa iagenæformia, hinc con- vexa, illinc infernè planiuscula, supernè sulcata, marginata. Herba perennis erecta , habitu Gomphocarpi fruticosi. Folia opposita saligna, ad articulos v. inter petiolos denticulis setaceis erectis verticillatis intructa. Pedunculi extra-axiilares apice fasciculatim pluriflori, floribus ionge pedicellatis ima basi brac- teolatis. 1. Kanahia laniflora , R. Br. K. foliis planis linearibus acutis in petiolum attenuatis glaberrimis, peduneuhs folio dimidio brevioribus. _Asclepias laniflora, Forsk. p. 51. n.72.—Vahl. Symb. pars 1. p'233 HV | Hab. Yemen , mons Mahainara , secus rivulos; fl. fructumque perfectos octobri legit P. E. Botta. (Kanah Arabice.) Os. Cette plante dont les herbiers du Muséum possèdent aujourd’hui plusieurs échantillons, et auxquels la description de Vahi convient parfaitement, présente , avéc le caractère tracé Far M. Brown, cette différence , que les folioles de la cou- ropne staminale sont hifides au sommet et non entières ; les deux lobes. sont rapprochés, mais nullement soudés. 2. Kanahia Delilii +. . K. folis subsessilibus lanceolatis, pedunculis folia subæquanubus racemosis ; coroilis campanulatis , lacinits limbi ovats intüs lanosis. (Del.) _Æsclepias laniflora , Del. Cent., pl. d’Afr., voy. de Caillaud, P- 49, t. LxIv. — An Kanahia laniflora , Br.? append. Salt. abyss. p. 377. — Hab. mons Aquarô. Oss. M. Delile, ea décrivant cette espèce comme nouvelle, lui a donné, par mégarde, un nom déjà établi par Forskal; cette st- nilitude de nomenclature spécifique m'a servi à reconnaitre avec plus de certitude la plante rapportée par Caillaud, et à la considérer comme faisant partie du genre Kanahia. En effet, la figure donnée par M Delile, s2 rapporte tellement à la plante de Forskal par son ensemble général, qu'on serait porté à la J. DECAISNE. — Sur Les Asclépiadées. 331 regarder comme la même, si la description ne venait pas of- frir des différences assez essentielles pour en former une dis- üncte de celle de Forskal. Ces différences reposent sur la forme de la couronne staminale , dont je transcris ici textuellement la partie citée par M. Delile : « La colonne staminifère ne dépasse pas le fond en godet de la corolle. Cette colonne repose sur une base étranglée, et s’épaissit au sommet en une masse tronquée et cylindrique, qui porte à son contour cinq appendices verti- caux connivens, nés d’une membrane circulaire, marquée dans chaque intervaile de ces appendices par une écaille courte, droite, unguiforme : ces cinq appendices se terminent en un prolongement cornu, penché sur le plateau stigmatique. » Lors- qu'on comparera cette description détaillée avec la figure que je donne de la plante de Forskal, on sera porté, je crois, ainsi que je l'ai fait, à considérer ces deux plantes comme différentes. XIX. ARGELIA + Calyx 5-partitus. Corolla altè 5-Hartita, laciniis erectis oblon- g1s. (orona staminea cyathiformis 5-loba,lobis introrsum nudis. Gynostegium stipitatum coronam superans. Æntheræ membra- na terminatæ stigmati incumbente. Massæ pollinis infra stig- matis apicem affixæ, pendulæ, clavatæ , compressæ. Sigma »-gonum planum. Fo/liculi læves. Herba perennis basi suffruticulosa. Folia carnosa pube tenui incana vestita. Umbellæ extra-axillares multifloræ, compactæ. Argelia Delilii. + . À. caule bipedali erecto ramoso , foliis lanccolatis breve petiolatis, umbellis mulufloris compactis. Cynanchum Argel, Del. Flor. Ægyÿp. p. 53, tab. 20, fig. 2. — Ejusd. Cent. pl. d’Afr. voy. de Caill. Meroë, p. 48.—Cynanchum oleæfolium Nectoux , voy. p. 20,t. 3. - _4rgel, Arabicè. Hab. Egypius superior (Delile). Nubia (Caillaud). Arab. petr. Ouadi Gurra (Schimp. n. 356-437). Oss. J'ai séparé cette plante du genre Cynanchum , à cause du 33a 1. DECAISNr. — Sur les Asclépiadées. caractère de la corolle, dont les divisions presque libres jusqu’à la base , sont dressées et non étalées ; à cause du singulier allonge- ment du gynostème et de la longueur des masses polliniques. Peut-être faudra-t-il réunir à ce genre le Cyranchum gracl- limum Wall. (1), quisemble en avoir les principaux caracteres, d'après la description qu’en ont donnée MM. Wight et Arnott. Le ©. Argel, le Steinheilia et Podostigma, sont les seules plantes où, à ma connaissance, on observe un gynostème lon- guement stipité, sans porter la couronne staminale. XX. Crnancaum L. R. Br. (Sect. v.) Calyx 5-partitus. Corolla 5-partita, subrotata. Corolla, sta- minea scutelliformis , carnosa , 5-10-loba, introrsum simplex. Massæ pollinis infra apicem affixæ, ovoideæ. Stigma apiculo brevissimo integro.ÆFolliculi læves. Herbæ perennes v. fruticuli erecti,caulibus ercctiusculis, hemi- sphærici borealis præsertim incolæ. Cynanchum fruticulosum *. C. ramis cortice cinereo-vestitis lignosis ; foliis ovalibus obtusis parvis avenus pils raris inspersis , interdèm obliquis in peliolum basi attenuatis, petiolis ima basi sublanatis , floribus parvis, pedicellis gracilibus , bracteolis pilosis. — Fru- ticulus sesquipedalis. Hab. in collibus granitosis propè Djeddam (W. Schimper, exsicc. n. 816). XXI. CyaTHELLA +. (2) (Cynocronum E. Meyer. ) Calyx 5-partitus. Corolla subrotata 5-partita. Corona stami- nea Simplex, tenuis v. membranacea gynostegium includens (x) In Wight. Contr. to the bot. of Ind. p. 57. (x) Le nom de Cynoctonum , proposé par M. E. Meyer, ne peut être admis, puisqu'il à déjà été appliqué par Gmelin à une plante voisine de l’Ochrosia , à laquelle il faudra peut-être joindre le Tanghinia de Dupetit-Thouars, d’après Je sentimert d'A, L. de Jussieu(Ann. mus., XV, p. 345). Je propose de remplacer le nom de Cyroctonum par celui de Cyathella , qui rap- pelle la forme de la couronne staminale, T. DECAISNE. — Sur les Asclépiadées. 335 basique inserta, ore -10-fido, laciniis carinisve introrsüm nudis. Antheræ membrana terminatæ. Massæ pollinis apice attenuatæ v. obtusæ affixæ pendulæ. Stisma 5-gonum apiculatum. Folli- culi læves graciles. Semina comosa. Frutices v. suffrutices scandentes. Folia opposita. Umbellæ interpetiolares. Cyathella repanda. + C. scandens, glaberrima ; foliis lauccolatis repandis brevè acuminatis, mu- cranulatis, basi rotundato=cordatis, petiolatis; pedunculis extra -axillaribas , flo- rum pedicellis gracilibns glaberrimis ; coroua cyathiformi incurva; antheris bas tumidis.-— Folia siccata rubentia. Hab. Madagascar (Bojer). 2. Cyathella mucronatu. + C. volubilis glaberrima; foliis ohovatis mucroratis obtusis v. emarginatis mar- giaibus reflexis ima basi bicallosis petiolatis crassiusculis , pedunculis peticlum æquantibus , corolla glabra albä, corona stam. 10-lobata, lobis introflexis. Hab. Madagascar. (Du Petit-Thouars. ) 3. Cyathella Bojeriana. + C. volubilis pubescens ; foliis lanceolatis obtusiusculis mucroaulatis subrepan- dis basi in petiolum attenuatis, pedunculis pedicellisque petiolo brevioribus, corolla glabra rosea ; corona gynostem. superante obsolete 5-dentata. Hab. Madagascar (Bojer). Os. M. E. Meyer a établi son genre Cyroctonum sur plu- sieurs plantes du Cap, séparées primitivement par M. R. Brown, et formant sa troisième section du genre Cynanchum. D'après l'examen de plusieurs espèces appartenant à ces diverses sections, je suis porté à admettre parmi les Cyathella celles comprises dans ses trois premières divisions fondées sur l’organisation de Ja couronne staminale simple , tubuleuse , entourant complète- ment le gymnostème, qu’elle cache presque toujours ; à réser- ver le nom de Cynanchum aux plantes dont la couronne stami- vale serait formée par cinq écailles charnues,scutelliformes,en- tiéres, dépourvues d’appendices à l'intérieur, réunies par M.Brown dans la cinquième section du genre Cynanchum , comprenant le 334 J. DECAISNE. — Sur les Asclépiadées. C.J'incetoxicum, medium, fuscatum, atratum Bge, Sieboltianurn , japonicum, Arnottianum ; glaucum , kenouriense , nanum. Le C. sibiricum viendrait aussi, ce me semble, se placer non loin de ces dernières, ainsi qué plusieurs espèces américaines ; car, à l'excéption de la petitesse des folioles , je ne vois rien qui puisse motiver sa séparation du genre Cynanchum. Les deux espèces, décrites par MM. Wight et Arnott sous les nom de C. auriculatum et Roy lei, auxquelles j'en ajouterai une troisième (1), pourraient constituer un genre distinct intermé- diaire entre les Crathella et'les Cynanchum, fondé en par- tie sur la présence d’une ligule intérieure , opposé aux lobes de la couronne, comme on l’observe dans le genre Aspidoglossum , auquel les espèces que je viens de citer pourraient être réunies, si leur stigmate apiculé et non aplati comme dans les plantes du Cap ne les éloignait. On sait que les Marsdenia diffèrent des Pergularia par leurs folioles simples, au lieu d’être ligulées à l’intérieur, comme dans ces dernières ; la séparation du Cynan- chum en différens genres serait fondée sur des caractères ana- logues et de même valeur. Quant au C. roseum , l'organisation de la couronne staminale plus longuement tubuleuse que dans aucune autre espèce du genre Cyathella, devra l'y mainte- nir, malgré la différence d'aspect qu’elle présente avec les autres plantes du même groupe; les légères modifications dans le mode d'insertion des masses polliniques par rapport aux bords du stig- mates, jointes à une faible élongation du gymnostème , ne me paraissent point suffisantes pour en former un genre distinct. Le Cynanchum fœtidum, par Vorganisation de la couronne, la forme des anthères et cellé des masses polliniques mé parait devoir former un genre particulier, voisin du Gonolobus, et Y comprendre le G. prostratus ; qui offre la même organisation. (1) C. Jacquermonitianum. + C. ramosum, semimetrale ; foliis hastatis lobis rotundatis apice sensim attenuatis petiolatis!, pedunculis folio dimidio longioribus; floribusumbellatis paucis lateo-viridibus; foliol. coronæ gynostem. superant bus attenuatis introrsüm lacinulà auctis. Hab. in India sept. inter Ramouth et Choupienne : 18 junio flor. Jegit Jac- : quemont. | — … se eu UT J. DECAISNE. — Our les Asclépiadées. XXII. GLOSSONEMA. + Calyx S-partitus. Corolla subcampanulata altè 5-fida, lacinüs erectis supernè paginaque superiori tuberculo carnoso instruc- tis, fauce squamis 5, segmentis alternantibus apice trilobis, medio subulato contorto. Corona staminea nulla. {ntheræ mem- brana terminatæ. Massæ pollinis subcurvatæ oblongæ apice af- fixæ pendulæ. Srisma apiculatum obsolete bilobum. Folliculi basi et apice attenuati echinati spinis innocuis. Semina comosa. Herba perennis ramosa foliosa piloso-incaua. Folia sinuato- dentata. Flores extra-axillares pauci subsessiles, petiolum longi- tudine æquantes. Glossonema Boveanum. + G. ramis teretibus, foliis lanceolatis sinuato-dentatis linearibusve incanis ; umbellis sessilibus paucifloris. ? Cynanchum Boveanum Nob. Ann. sc. nat. 1v. p. 82. Gomphocarpus pauciflorus W. Schimper Unio itin, n. 920. Hab. Yemen (Bové, P.E. Botta) in arenosis ad rupes propè Férihe (Schimper) Februario floret. Os. J'avais d’abord considéré cette plante comme étant voi- sine des Cyranchum; mais un examen plus attentif et des échan- rillons en fruits, envoyés de Arabie par Schimper, me portent à la regarder maintenant comme un’genre distinct et voisin de V_Æspidoglossum de M. E. Meyer (1), dontelle diffère par les folioles de la couronne soudées à la corolle et libres de toute adhésion avec le gynostème., si ce n’est à sa partie inférieure; par l'appendice simple et terminal de ces folioles, tandis que, dans lAspidoglossum , elles sont doubles; enfin, par l'allongement du stigmate , tandis que , dans le genre établi par M. Meyer, cet organe est complètement aplati et lisse. (1) E. Meyer, Comment. de plant. Africæ australioris, fase. 11, p. 200. 356 J. DECAISNE. — Sur les Asclépiadées. XXII, Dzæmia R. Brown. Calyx 5-partitus. Corolla subretata tubo brevi v. hypocrateri- formis. Corona staminea duplex, exterior brevis, membranacea, . sinuato-10-lobata, lobis alternis nanis : interior 5-phylla, foliolis basi solutis, supernè subulatis erectis. Antheræ membrana ter- minatæ. Massæ pollinis compressæ, apice affixæ pendulæ. Sigma muticum. Folliculi attenuati ramentacei v. læves. Semnina co- mosa. Frutices volubiles. Folia opposita cordata. Flores umbellati dein paniculati. 1. Dæmuia extensa R. Brown. D. fruticosa volubilis ; foliis subrotundo-cordatis acuminatis acutis basi auri- culatis pubescentibus subtüs glaucis, pedunculis brachiatis, pedicellis elongatis graçilibus, corolla margine ciliata, seminibus tomentosis basi crenulatis. Dæœmia extensa R. Br. Wern. Soc. Mem. 1, p. 5o.—Wight et Ar. Cont. to the bot. of Ind.p. 59. — Cyranchum extensum Mort. Kew. (ed. 1) 1 ,p. 303 ; Jacq. Ic. rar. 1, t. 54. — C. cordifolium Retz, Obs. 2, p. 15.—4sclepias echinata Roxb. fl. Ind. 2, p. 44; in cœt. merc. Ind. or. tab. 616. — 4. convolvulacea Willd. Sp. pl. 1,2,p. 1269. Hab. Yemen, mons Saber (P.E, Botta). Africa occidentalis Senegalia (Perrottet, Leprieur, Heudelot.) Obs. Les échantillons envoyés par M. Botta ont été analysés comparativement avec ceux de l’Inde et de la Sénégambie, et n’ont offert aucune différence appréciable. Les nègres, dans ce dernier pays , suivant le rapport de M. Heudelot, mangent les feuilles du Dæmia , après les avoir fait cuire. L’Asclepias muricata Thonning me paraît devoir être encore rapporté au D. extensa, ainsi que l4. convolvulacea du mème auteur. 2. Dæmia incana. + D. fruticosa , scandens ; foliis cras:iusculis rotundo-cordatis reniformibus mu- cronatis basi auriculatis utrinque incano-velutinis subtüs crassinerviis, pedunculis J. DECAISNE. — Sur les Asclépiadées. 33 pedicellisque elongatis'gracilibus ; corolla tubo, calycem supcrante, fusca margine ciliata, folliculis lævibus ut et tota planta incano-velutinis. Hab. Yemen, Djebel Ras. (ÊŸE. Botta.) Ors. Malgré la longueur du tube de la corolle et l'absence de protubérance sur les fruits, les caracteres floraux ne permettent point de séparer cette plante du genre Dœrmnia ; elle en a la couronne staminale, et le gynostème est tellement semblable à celui du D. extensa , qu’il serait difficile de les distinguer par ces seuls caractères. C’est avec le D. cordata que cette nouvelle espèce a le plus d’analogie; elle lui ressemble par la forme des feuilles et par la pubescence, car il arrive parfois de rencon- trer des rameaux de cette dernière, couverts de feuilles blan- châtres , couleur due à un duvet très fin et velouté, qui les couvre sur toute leur surface; mais on y observe en même temps, de distance en distance , des poils longs et hispides, dont la nôtre est complètement privée. La longueur du tube de la corolle, l’absence de prolongemens sétiformes du fruit, la séparent éga. lement du 2. cordata 3. Dœmia angolensis + D. fruticosa volubilis hispida ; foliis (suppetente unico)cordatis,acuminatis acutis basi auriculatis utrinque tomentoso-hispidulis subtùs pallidioribus ; pedunculis elongatis , pedicellis gracilibus longis; corolla tubo calÿcem superante , margine ciliata, folliculis elongato-acuininatis rostratis pilis brevibus hispidulis.] Hab. Angola. Os. Cette pluie, dont les herbiers du Muséum ne possèdent qu'un exemplaire bien imparfait, se distingue par ses fruits ver- dâtres , dépourvus de prolongemens, mais parsemés de poils courts et mous. La forme des feuilles , autant qu’il est permis d’en juger par la seule qui reste, rapprocherait cette plante du 2. garipensis ; mais les fleurs sont beaucoup plus grandes dans cette dernière que dans toutes celles du genre. Peut-être aussi est-elle semblable à l'espèce décrite par Beauvois; mais comme le fruit m'a p:ru différent de tous ceux dont j'ai eu con- naissance , jai cru pouvoir, sur ce seul caractère, en former une espèce distincte. IX. Poran, — Juin, 22 338 J. DECAISNE. — Sur des Asclépiadées. XIV. Decanema +. Calyx 5-partitus. Corolla rotata. Corona staminea duplex , 10-plicata v. cyathiformis 10-fida, laciniis inæqualibus gynoste- gium superantibus in appendicem subulatam medio productis. Antheræ membrana terminatæ. Massæ pollinis apice affixæ pendulæ. S4gma apiculatum. Folliculi. . , Frutex erectus ramosus facie Sarcostemmatis aphyllæ. Caules aphylli articulati. Umbellæ laterales v. terminales. i. Decanema Bojeriana +. D. aphylla ; ramis teretibus, umbellis lateralibus v. terminalibus sessilibus , floribus glabris, calycinis foliolis subrotundis, corollæ lobis patulis v. reflexis lanceolatis, corona cyathiformi gynostegium abscondente 10-lobata, lobis medio subulatis, stigmate obcolete conico. Asclepias aphylla, Bojer, mss. {v. sp. unicum in herb. Mus. Paris. ) | Hab. in montibus saxosis Madagascar, prov. Emirna. Oss. Cette plante a tellement de ressemblance avec le Sar- costemma aphylla, qu'on serait tenté, à la premiere vue, de les réunir même spécifiquement; mais l'étude de la fleur montre des différences telles, que j'ai cru devoir en‘faire un genre nouveau: La couronne staminale se compose d’une mem- brane à dix lobes inégaux, terminés chacun par une languette linéaire dépassant la corolle ;les lobes correspondans aux cinq angles rentrans sont plus.courts, et les languettes dont ils sont surmontés n'atteignent au plus que le milieu de celles apparte- nant à la rangée extérieure. D'après cette organisation, ce nou- veau, genre aurait de l’analogie avec les Dœmia, car, les languettes qui terminent chacun des lobes ont la plus grande ressemblance avec_celles de ce dernier; mais le reste de l’orga- nisation florale ne peut être comparé qu'à celle de certains genres américains, avec lesquels cependant notre plante ne peut être confondue. s. DECAISNE. — Nzr les Asclépiadées. 339 XXV. STEINHEILIA +. Calyx 5-partitus. Corolla campanulata 5-fida lacinüs erectis, acutis, crassiusculis, post anthesim tortis ; faux squamulis 5 ra- diantibus, sinubus alternis, carnosis , flavidis clausa ; tubus ima basi foveolis 5 squamulis alternis instructus. Corona siaminea nulla. Gynostegium tubo inclusum, squamulis corollæ faucis obtectum. Æntheræ membrana oblonga stigmati incumbente terminatæ, lateraliter supernèque cornua bina, cartilaginea, atra, lucida emittentes, stigmatis corpusculo affixa. Massæ pollinis longe pendulæ subcompressæ clavatæ. Stisma muticum. Fol- lieuli.…... Herba pereunis, caulem annuum spithamalem emittens uni- cum. Folia incana , eleganter venosa. Pedunculi extra-axillares erecti pluriflori, floribus pedicellatis, pedicellis inferne ima ba- sive bracteolis instructis. Hocce genus amiciss. Aporpuo STEINHEIL , de Botanica ob plu- rimas dissertationes ingeniosas benè merito, dicavi. Steinheilia radians S: fois primariis subreniformibus mucrouulatis superioribus late cordatis, corolla glaberrima violacea. 5 Hab. Yemen (Bové, P. E. Botta). Asclepias radians Forsk.p. 49 ( Descript. optima). — Lamk. Encycl. Os. Ce genre est un des plus remarquables de la famille des Asclépiadées, soit par l’organisation de la corolle, soit par celle du gynostème. Je n'ai retrouvé sur aucune autre plante, ni les écailles qui se trouvent à la gorge de la corolle et s’inclinent vers le centre pour en fermer incomphlètement l'entrée, ni les fossettes situées: à la base du tube, alternant avec chacune des languettes de la gorge et opposés aux lobes de la corolle. Cette dernière disposition du tube semble cependant se retrouver dans le genre 4raujia de Brotero, auquel il faudra, si j'en Juge 22, 340 s. DECAISNE. — Sur les Asclépiadées. d’après la description et les figures, rapporter le Physianthus de M. Martius. (1) Notre nouveau genre se fait encore remarquer par une dispo- sition toute particulière des anthères; celles-ci ont un appendice terminal oblong , muni latéralement de deux lobes dressés , aigus , appliqués contre les corpuscules du stigmate dont ils ont et à consistance cornée et la couleur. Les masses polliniques sont suspendues au moyen de filamens dilatés au point de jonction des masses polliniques ; ces filamens, dars leur partie rétrécie et intérne, paraissent granulés et sont plus colorés que la por- tion externe qui est lisse. Le gynostème est coriace, à dix cane- lures longitudinales. XXVI. PycNoNEURUM +. Calyx b-partitus. Corolla campanulata, tubo subventncoso , laciniis dorso angulato carinatis supernè contortis, sinu carnoso brevi glandiformi extrorsum prominente interjectis. Corona $ta- minea imembranacea, cyathiformis, gynostegium Superans, pli- cata, subdecem lobulata, irregulariter lacerata v. denticulata. Aniheræ membrana majuscula terminatæ. Massæ pollinis pen- dulæ obtusæ. Stigma obtusum sinuato-pentagonum. Folliculi.. Herbæ perennes erectæ simplices. Folia opposita linearia , in- terdüm marginibus reflexis, Junciformia. Umbellæ peduncu- Jatæ v. sessiles extraaxillares v. terminales densifloræ, floribus quorumdam ÆUiorum forma dispositione magnitudineque iis similibus. 1 Pycnroneurum junciforme *. P. glabrum , folis junciformibus strictis acutisumbellam superantibus, umbellis densifloris, florum pedicellis reflexis. Hab. in Insul. Madagascar (Bojer). Vid. sp. unicum. " Ons. Cette plante par sa forme générale se rapproche beau- (x) Parmi le grand nombre d’Asclépiadées que j'ai eu occasion d'étudier, je n’ai trouvé que le Physianthus albens, dont les corpuscules du stigmate fussent munis d’un appendice terminal membraneux , indépendant de toute autre partie de la fleur, I. DECAISNE. — Sur les Asclépiadées. 341 coup de certaines especes de Gomphocarpus,auxquelles M. Meyer a donné le nom de ZLagsarinthus, et en particulier des L. tenuis, gracilis, interruptus , dont les fleurs petites et serrées ressem- blent assez à celles de notre genre Pycnoneurum. Mais leur or- ganisation les en éloigne complètement ; en effet, la forme des divisions de la corolle présente de l'analogie avec celles du genre Steinheilia, tandis que la couronne staminale est sem- blable à celle des Cyathella; enfin, la présence des cinq rayons en S, qui surmontent le stigmate, et que je n'ai retrouvés d’une manière aussi prononcée dans aucune autre Asclépiadée, m'ont déterminé à en former un genre distinct, voisin du Decanema. 2. Pycnoneurum sessiflorum ÿ > P. folüis linearibus basi ct præsertim apice longe attenuatis glaucesceutibus, floribus umbellatis sessiibus virescentibus. Hab. in Ins. Madagascar, ad Arecarum umbraculis planitie Lingate (Goudot in herb. Delessert ). Oss.. Les feuilles de cette espèce ressemblent à celles du Gorm- phocarpus fruticosus ; les fleurs sont disposées par petites têtes sessiles entre les tiges et les feuilles ; la corolle, dont le tube est campanulé ou urcéolé à la base, a ses lobes brusquement et fortement tordus immédiatement au-dessus du gynostème ; dans cet état elles ont quelque ressemblance avec les fruits de certains Lythrum. XXVII Astrepæanus R. Browu. Calyx 5-partitus. Corolla subcampanulata v. suburceolai: farce tuboque esquamatis, laciniis interdum elongatis. Crorn«a staminea nulla. Æntheræ membrana terminatæ. Mussæ poliinis pendulæ. Stisma caudatum bifidum , muticum v. conoideum. Folliculi LE . Semina COMOsa. Plantæ perennes, suffrutices v. frutices sæpius son A PS Folia opposita. Umbellæ interpetiolares. Flores parvi. Patria. Africa australis , Madagascar, America australis (Reg. chilense). 342 I. DECAISNE. — Sur les Asclépiadées. 1. Æstéphanus ovatus +. À. ramis elongatis deflexis gracilibüs puberulis, folis parvis ovatis petiolatis subcoriaceis glabris, floribus extra-axillaribus solitariis geminisve breve pedicel- latis glabris. Periploca ovata, Poir. Encyl. suppl. p. Hab. Madagascar ( Commerson ). 2, Astephanus CéTTUUS +. À. rainis gracihibus scandentibus glabris. junioribus hneoli pilosa fol. alternant. percussis , foliis lanceolatis breve acnminatis petiolatis membranaceis glabris , pedunculis petiolo subæqualibus paucifloris , floribus sæpius teruis pedicellis cernuis, Hab. in sylvis insulæ Pembæ, ( Bojer ). Ors. Cette espece, voisine de la précédente par l’organisation desfleurs, s’en distingue ficilement parses feuilles membraneuses, Jancéolées, longues d’un à deux pouces et demi ; par ses fleurs, ordinairement disposées par trois et portées sur un pédoncule, tandis qu’elles en sont dépourvues et solitaires dans lespèce anciennement recueillie par Commerson. Les anthères de ces deux espèces présentent, dans leur milieu et à leur base, une callosité qui paraît être le représentant des {oliolés de la ceu- ronne staminale. Les fleurs se font aussi remarquer par la lon- gueur des styles, qui égalent presque les divisions de la corolle et sont en outre divisés au sommet en deux lobes aigus. D Astephanus germniniflorus +. A. ramis gracilibus decumbentubus ramulisque glabratis 3 folits lneari-lancco- latis basi subcordato-truueatis petiolatis pilis brevibus tenuibusque inspersis , pedunculo nullo, floribus extra-axillaribus geminis ,’ pedicellis petiolum duplo superantibus, corolla urceolata carnosa, laciniis elongatis tubo longioribus , stigmate conoideo. Hab. Regnum Chilense; circà Santiago ad rupes, florentem septembri, detexit Claudius Gay. Ogs. Cette espèce differe surtout des deux précédentes par la forme du stigmate, car celle de la corolle et des masses poilini- ques ovoïdes, presque aussi volumineuses que les corpuscules J. DECAISNE. — Sur les Asclépiadées. 343 du stigmate, ne permettent pas de les séparer génériquement. Iln’en est pas de même des deux espèces envoyées par M. Meyer, et décrites sous le nom de 4. frutescens, R. BB. Elles appartien- nent toutes deux au genre Secamone, comme jai pu m'en as- surer en examinant les masses polliniques qui sont disposées deux par deux dans chacune des loges des anthères, et réunies à la base au moyen d'un corpuscule peu apparent, de couleur jau- nâtre, et presque de même consistance que les masses polliniques elles-mêmes. La forme rotacée de la corolle des plantes auxquelles elies appartiennent doit également les éloigner des Æstephanus. Cette erreur est sans doute cause de la divergence d’opinion soulevée par M. Meyer à l'égard de certaines plantes du Cap décrites par Thumberg et réunies par M. Brown aux Astephanus. Les espèces décrites par M. Meyer présentent encore un carac- tère particulier, celui d’avoir les anthères réunies au sommet par les membranes qui les terminent, de façon à former une sorte de collerette autour de la base du stigmate. $ OxYPETALÆ. Massæ pollinis pendulæ, in retinaculi appendicibus basila- ribus sursüm in cornu v. in subulam margine interiori interque stigmatis corpusculum alatam, adscendentibus. Herbæ americanæ perennes suffrutices v. volubiles sæpissimé tomentosæ. Flores majusculi, stylo elongato sæpius bifido. XXVIIL CarosricmaA. Calyx 5-partitus. Corolla campanulata tubo ventricoso, limbo 5-partito, laciniis longissimis, tortis, reflexis. Corona stami- nea 5-phylla, foliolis tubum corollæ superantibus apice emar- ginatis introrsum ligula acutis, carnosis. {ntheræ membrana terminatæ. Massæ pollinis lineares, peudulæ, affixæ curvaturæ processum dein ascendentium. Sigma elongatum striatum co- ronam st. duplo superans, apice dilatatum, peltatum, undulato- crispatum. Folliculr..…. 344 J. DECAISNE. — Sur des Asclépiadées. Frutex volubilis tomentosus, rarmulis pilis flavidis dense ves- titis. Umbellæ extra-axillares, pedunculo brevi, floibus longé pedicellatis. Calostigina insigne +. S. fohis lanceolatis ellipticis ovatisve, breve acuminatis v. mucronulatis, basi subcordatis v. rotundatis, corollæ lacinnis crassiusculis introrshm pilis tenuissimis adpr essis vestitis. Hab. In Brasilià prov. San- phétra (Herb. Imper. Brasil. n.3-5). CI. Gaudichaud. Oss. Cette plante remarquable diffère des Oxrpetalum par la structure du stigmate, dont le sommet évasé en forme de coupe à bords ondulés et crépus, rappelle assez bien une co- rolle monopétale, flétrie, et mieux encore le périanthe d’un Statice. Les folioles de la couronne staminale, épaisses surtout à leur sommet, sont munies à leur face interne d’une languette qui ne les dépasse pas. XXIX. ScHiZOSTEMMA +. Calyx 5-partitus. Corolla campanulata , tubo subventricoso , Jimbo 5-fido laciniis elongatis sublongioribus. Corona staminea 5-phylla, foliolis membranaceis corollæ faucem superantibus apice inciso bilobis, Hgulis interioribus nullis. Æntheræ mem- brana terminatæ. Massæ pollinis clavatæ, pendulæ, curvaturæ processuum affixæ dein ascendentium. Stigma elongatum stria- tum apice bipartitum. Folliculi læves elongati. Semina comosa. Herbæ perennes erectæ.simplices tomentosæ. Folia opposita. Flores extra-axillares interdüum ad caulis apicem congesti umbel- Jati v. subcymosi. 1. Schizostentma lonaifoliurn +. S. foliis infimis lanceolatis cordatis, superioribus approximatis lineari-oblon- gis acutis basi auriculato-cordatis petiolatis, cymis patulis paucifloris; corollæ hacinüs erectuis introrsüm glabris, foliolis coronæ alte bifidis, laciniis linearibus subdivaricalis acutis. Hab. in Brasilià australi, prov. Rio Grande-do-Sul. (Esabelle). (4 T. DECAISNE. — Our les Asclépiadées. 345 2. Schizostemma parviflorum +. S. foliis infimis cordatis lanceolatis , supremis oblongo-lanccolatis acutis petio- latis ; umbellis longiuscule pedunculatis pluriflonis, flonbus congestis ; corollæ lacinis erectis, introrsum glabris ; coronæ foliolis altè bifidis laciniis linearibus contiguis obtusis. Hab. in Brasilià, prov. Rio-Grande. (Herb. Imp. Brasil. n. 708). CI. Gaudichaud. Oss. J'ai cru devoir former pour ces plantes un genre nouveau à cause de la structure des folioles de la cotironne staminale différente de celles des Oxypetalum. En effet, dans le Schi- zostemma , les folioles sont membraneuses, ligulées, fendues plus ou moins profondément dans une partie de la longueur, et dépourvues à leur face interne d’une languette commune à toutes les espèces d'Oxypetalum que j'ai pu analyser. Ces carac- tères , faciles à saisir, m'ont paru suffisans pour distinguer gé- nériquement les plantes qui me les ont offerts. Il faudra encore y réunir les Oxypetalum solanoides, Imicrophyllum, Hook. et Arb. (1) qui, d’après la description, présentent des caractères semblables à ceux que je viens de sigraler. Je propose de former en outre, sous le nom de Pachyglos- sur, Un genre nouveau pour plusieurs plantes brésiliennes rap- portées par M. Gaudichaud ou envoyées de Bahia par Blanchet. Elles différent des autres plantes de cette section par leurs fleurs plus petites dont les divisions dépassent à peine le tube de la corolle, dont l'entrée est garnie de poils ; les folioles de la cou- ronne sont épaisses , terminées par un appendice charnu réfléchi à l’intérieur et faisant corps avec les folioles elles-mêmes. Les masses polliniques, semblables à celles des autres genres, m'ont offert, dans une espèce, une particularité assez intéressante , cest qu'en pressant légérement le corpuscule, les appendices s'en écartent en déployant la membrane au moyen de laquelle ils sont unis au corpuscule, et qui, sans cette pression, est à peine visible. (5) Journal of Botany. 1834. 288. 346 J. DECAISNE. — Sur les Asclépiadées. , EXPLICATION DES PLANCHES. PLANCHE IX. À. Ceropegia variegata.— Fig. 1. ileur grossie du tiers. Fig. à. Une des divisions de la corolle, vue par la face interne, Fig. 3. Couroune staminäle composée de quinze lanières ; on remarque une légère dépression devant chacune de celles du second rang. Fig. 4. Anthère vue par la face interne. Fig. 8. Masses polliniques. Fig. 6. Stigmate vu à plat; à chacun des angles se trouvent les corpuscules. B. Ceropegia squamulata, — Fig. 1. Fleur très grossie, Fig. 2, Couronne staminale : la rangée interne est à cinq lobes presoue entiers; l’interne est formée par cinq fitets opposés aux étamines. Fig. 3. La même plus grossie, et ouverte afin de montrer les étamines et le stigmate. Fig. 4. Anthère vue par la face interne. Fig. 5, Masses polliniques. Fig. 6. Galice ;et ovaires. C. Desmidorchis Forskalii, — Fig. x. Fleur grossie. Fig. 2. Appareil staminal , vu à plat, les cinq folioles de ja couronne staminale sont à trois lobes , dont le moyen est appliqué sur les élamines, Fie. 3. Folioles vus de profil. Fig. 4. Authère vue par la face ventrale. Fig. 5. Masses pulliniques. Fig, 6. Stigmate vu à plat. Fig. 7. Galice et ovaires. D. Caralluma subulata. — Les mèmes chiffres représentent les mêmes parties citées préce- démment. F9. ». Appareil staminal eutier et dans sa position normale, — Fig. 3, Le même, auquel une partie de folioles de la rangée externe a été supprimée : celles du rang interne sont réfléchies sur les étamines. PLANCHE X, A. Heterostemma acuminetum,—Fig. a, Inflorescence de grandeur naturelle. Fig. 1. Fleur. Fig. 2. Appareil staminal. Fig. 3. Folioles de la couroune staminale isolées. Fig. 4. Appareil staminal , vu à plat, afin de montrer le rapport des parties, Fig. 5. Anthère. Fig. 6. Masses polliniques. B. Leptadenia Forskalii. — Fig. 1. Fleur très grossie, — Fig. 2. La mème, pour montrer les glandes qui se trouvent entre chacune des divisions de la corolle. Fig. 3. Anthère. Fig.4. Masses polliniques. Fix. 5. Pistil. C. Centrostemma multiflorum. — Fig. 1. Fleur très grossie. Fig. 2. Masses polliniques. D. Asterostemma repandum.— Fig. a. Inflorescence de grandeur naturelle, Fig. 1. Appa- reil staminal très grossi , afin de faire voir la forme de la couronne staminale. Fig. 2. Anthère. Fig. 3. Masses poilliniques. Fig. 4, Appareil staminal, vu à plat. E. Tylophora cuspidata. — Fig. a. Inflorescence de grandeur naturelle. Fig. 1. Fleur. Fig. ». Appareil staminal très grossi, afin de montrer la forme des folioles de la couronne Fig. 3. Anthère. Fig. 4. Masses polliniques. F. Pergularia bifida. — Fig. x. Bouton à fleur, grossi d’un tiers. F3. 2. Foliole de la cou- ronne , vue par la face interne , afin de montrer la ligule interne. Fig. 3. Anthère. Fig. 4. Masses polliniques. G. Marsdenia syringæfolia. — Fig. x. Portion de la corolle, vue par la face interne, pour faire voir les rangées de poils qui a!ternent avec les lobes. Fig. 2, Appareil staminal. Fig. 5. Anthère, Fig, 4. Masses polliniques. | J. DECAISNE. — Sur les Asclépiadées. 347 PLANCIIE XI. À. Grmnema rufescens.—Fig. 1.Portion de corolle, afin de montrer les écailles alternantavec les lobes de la corolle et les séries de poils auxquelles elles correspondent. Fig. à. Appareil st1- minal : les authères offrent à leur base des sortes de callosités charnues. Fig. 3. Anthère termi- née par une large membrane , presque généralement carrée ou échancrée au sommet. Fig. 4. Masses polliniques. Fig. 5. Pistil. B. Matelea linearis. — Fig. 1. Fleur grossie. Fig. 2. Foliole de la couronne staminaie. Fig. 3. Anthère. Fig. 4. Masses polliniques. Fig. 5, Stigmate vu à plat. C. Acerates circinalis. — Fig. 1. Fleur grossie. Fig. 2. Appareil staminal. Fig. 3. Masses polliniques. D. Gomphocarpus, — Fig. 1. Appareil staminal du G, setosus. Fig. 2. Masses polliniques du même, Fig. 3. Portion de l'appareil staminal du G. cristatus. Fig. 4.-Masses polliniques du même, Fig. 5. Masses polliniques du G. arborescens. E. Pentatropis spiralis — Fig. x, Fleur grossie. Fig. 2. Appareil staminal, Fig. 3. Etamine avec une des folioles de la couronne qui lui adhere, Fig. 4. Masses polliniques. Fig, 5. Stig- mate vu à plat. F. Kanakia laniflora. — Fig. 1. Fleur grossie., Fig. 2. Appareil staminal. Fig. 3. Anthère vue par la face veutrale. Fig. 4 Masses polliniques. Æi9. 5. Stigmate vu à plat. Fig. 6. Graine dépouillée des soies qui entourent le micropyle. G. Argelia Delilii. — Fis. 1. Fleur grossie. Fig. 2. La mème coupée verticalement dans sa partie inférieure, pour montrer la couronne staminale en a; en b la colonne ou appareil staminal ; en e les anthères. Fig, 3. Anthère vue par la face interne. Fig. 4, Masses polliniques. Fig: 5. Stigmate vu à plat, Fig. 6. Stigmate vu dans sa position normale, pour montrer les ap— pendices auxquels sont fixés les corpuscules. PLANCHE XIiï!. A. Cynanchum fruticulosum, — Fig, 1. Fleur très grossie. Fig. 2. l'oliole de la couronne staminale. Fig. 3. Anthère vue par la face interne ou ventrale. Fig. 4. Masses polliniques. B, Cyathella repanda. — Fig. 1. Fleur grossie: les bords de la couronne staminale sout recourbés en dedans. Fig. 2. Appareil staminale. Fig, 3. Antheère vue par la face interne. Fig. 4. Masses polliniques. Fig. 5. Pistil, G. Pycnoneurum junciforme. — Fig, x. Fleur grossie. Fig. 2. Portion de corolle, vue du côté interne, Fig. 3. Couronne staminale renfermant appareil staminal. Fig. 4. Etamine vue par par la face intérieure. Fig. 5: Masses polliniques. Fig. 6. Stigmate. D. Glossonema Boveanum. — Fig. 1. Fleur très grossie. Fig. 2. Appareil staminal. Fig. 3. Etamine. Fig. 4. Masses polliniques. Fig. 5. Pistil. Fig. 6. Fruit. E. Sleinhkeïlia radians. — Fig. 1. Fleur très grossie. Fig. 2. Corolle ouverte, afin de montrer Jes fossettes de la base et les appendices alternant avec les lobes de la corolle, et qui en ferment l'entrée. Fig. 3. Appareil staminal : on voit au sommet les appendices cornés qui sont appliqués. contre les corpuscules du stigmate. Fi. 4. Anthère, Fo. 5. Masses polliniques. Fig. 6, Stigmate. F. Dæmia incana. — Fig, 1. Fleur grossie. Fig. à. Appareil staminal. Fig. 3. Anthère. Fiz. 4. Masses polliniques. s 348 DE MaAssas. — De l'étude du fruit et de la graine , eéc. G. Decanema Bojeriana. — Fig. 1x. Fleur grossie. Fig. 2. Couronne staminale. Fig. 3, Por. tion de la même, afin de montrer la disposition des folioles de la double couronne, Fig. 4. An- thère Fig. 5. Masses polliniques. Fig. 6. Stigmate. H. Calostioma insigne. —Fig. 1. Fleur de grandeur naturelle. Fig. 2. La même, très grossie : en &, les folioles de la couronue. Fig. 3. Foliole de la couronne staminale, vue par la face in- terne, Fig. 4. Anthère. Fig, 5, Masses polliniques: on voit les appendices latéraux, unis aux cor- puscules du stigmate par une membrane renfermant souvent des granules,. De L'Eruve du fruit et de la graine , pris pour base de la déter- mination des espèces. Par M. pe Massas, capitaine d'artillerie. Consacrant, depuis bien des années, tous mes instans de loisir à létude des plantes du Dauphiné, jai cherché à résoudre quelques-unes des difficultés inhérentes à cette étude. Mes observations ont eu surtout pour but la détermination des es- pèces par les formes et les apparences comparées de leurs fruits et de leurs graines. Il me semblait que ie parviendrais ainsi à diminuer le nombre des plantes nomades , tantôt élevées par certains auteurs au rang d'espèces , tantôt mises par d’autres en variétés ou en synonymes d'espèces connues. Une collection de fruits et de graines devint alors ma première base : elle formule tout mon travail. Dans quel organe, en effet, trouver des carac- tères précis, d’une importance vraie, me disais-je, si ce n’est dans le fruit et la graine sains et mürs? On se sert d'eux pour l’éta- blissement des familles et celui des genres ; mais s'ils sont utiles, indispensables même en pareil cas, pourquoi les rejeter quand il s’agit des espèces? On pourrait m'adresser ces deux objections : 1° « Les ca- ractères auxquels la fructification donne lieu ne varient-ils pas aussi bien que les caractères tirésdes tiges, des feuilles, du port, de la villosité, etc. ? 2° Quand lune des parties les plus apparentes d'une plante donne des caractères spécifiques sûrs, pourquoi chercher de nouveaux caractères dans le fruit , organe d’obser- ne Massas. — De l'étude du fruit et de la graine, etc. 349 vatious souvent difficiles, et que beaucoup de botanistes repous- sent de leurs herbiers »?-—Mes intentions ne sont pas d’élaguer les caractères tirés des racines, des feuilles, du port même , quand ils sont constans; mais il y aurait peu de sagesse , en rétour, à re- fuser d’autres signes spécifiques certains par les seules raisons que l'on trouve rarement les plantes en fruits très mürs , que l’on a de la peine , soit à les reconnaitre en cet état, soit à dessiner ou à décrire leurs graines souvent très petites et irrégulières. En principe et sans aucune exception , il faut accueillir tous les caractères distinctifs; car l’un d'eux peut servir à la détermina- tion d'espèces ou variétés douteuses, et acquérir par cela même une grande importance. Les avantages de l'étude des graines pour toutes les espèces ressortent particulièrement de la comparaison de plantes voi- sines, que ne peuvent différencier avec clarté les racines, les feuilles , les poils ; de plus, quand les collections, faites non dans un simple but de luxe , mais dans celui d'accroître le nombre des observations en botanique, seront la base des herbiers , l'étude des graines exercera certainement une influence salutaire sur l'assiette si mobile encore des genres et des familles : elle seule, en effet, peut donner la valeur réelle des caractères tirés de graines cHdaités ou dressées, de la forme des embryons, de la présence ou de l’absence de l'albumen. Les personnes habituées à nommer les espèces d’après la taille, le port, la villosité, éprouveront, au premier abord, une fort grande répugnance pour l'étude des graines. Ainsi, j'ai en- tendu dire: « En semant une graine , on ne sait jamais d'avance l'espèce qui en naïtra ». Les jardiniers auraient répondu à cette objection par @es faits irrécusables. — On rencontre dans les herbiers une inasse considérable de plantes fleuries, bien dessé- chées , et cependant non nommées, les caractères extérieurs ne suffisant point à leur détermination ; je propose d'appliquer àces individus infirmes , précieusement conservés dans ce que l’on est convenu d'appeler un hôpital, la pensée de demander à un or- gane trop négligé pour l'étude des espèces des caractères propres à les définir. Au reste , je puis l’affirmer , car, depuis dix ans, je récolte des graines et les étudie, les plantes en fruit sont beau- 350 DE Massas. — Je l'étude du fruit et de la graine, etc. coup plus faciles à reconnaitre que ies mêmes plantes fleuries. On prend très vite l'habitude de les observer, et; comme elles donnent lieu à des résultats nouveaux.et tracent au botanisteune marche assurée, du moins dans beaucoup de circonstances, elles excitent à voir, à rechercher: Les collections de fruits et de-graines sont éminemment por- tatives. Cent petités boîtes peuvent être renférmées dans un carton, haut de huit lignes’et de la grandeur d’une feuille de papier à dessécher les plantes. Vingt de ces cartons, formant en- semble une bauteur de dix-huit à vingt pouces environ, contien- draient la collection de toutes les graines et calices de la France essentiels à consulter {1}, On conçoit combien les recherches de synonymie ou de confrontation d’espèces deviendraient fa- ciles , si chaque botaniste possédait une de ces collections parti- culières au pays qu’il habite. Il serait possible:de les porter avec soi , de les communiquer, de mettre en un mot chacun en posi- tion de vérifier si une espèce douteuse est ou n’est pas: celle d’un auteur. De plus, tout botaniste qui publierait une espèce nou- velle serait en quelque sorte engagé à faire connaître la fractifi- cation de sa plante , comparativement à celle des'plantes con- génères. Ce mode de travailler mettrait au néant bien de mau- vaises espèces, en rétablirait d’autres effacées et poserait une limite, en rendant l'observateur plus réservé, au déborde- ment des synonymes, dont tout le monde se plaint et auquel tout le monde contribue. Sans aucun doute , les fruits sont soumis à certaines variations, et de plus il est souvent:fort dif- ficile de décrire avec clarté ceux qui appartiennent à des es- pèces voisines; cependant le chiffre des exceptions, m'est point assez considérable pour qu'il doive entrainer le rejet d’une étude dont les résultats sont le plus souvent certains. Je le dis avec assurance, le principe généralisé de l'observation: des graines peut rendre de grands services à l’étude de la botanique. Certaines espèces sont facilement caractériséesquandonétudie leursgraines on leurs fruits. Iies Clématites, les Aconits, les Adonis, (x) Un botaniste de Lyon , M. R.....….. , possède une tres belle coilection relative'à la Flore lyonuaise ; l’idée de mettre les graires en ordre , comme je viens de l'indiquer',/me vient de lui, * DE MAssas. — De l’étude du fruit et de la graine, etc. 351 V'iolu, Helianthemum, les Crucifères, les Composées, etc. exigent d’une manière absolue l'étude des fruits ou carpelles etdes graines. Une capsule de Véronique ou de Plantain, entourée de son calice et d’une bractée, a, selon moi, une valeur spécifique très supé- rieure à celle de toutes les autres parties de la plante. Les espèces de Biscutella, représentées par une fleur et un fruit, sont encore bien mieux déterminées que par les caractères tirés des racines, des feuilles, du port, des poils, etc. Réduits à un carpelle enve- loppé de son calice ou utricule, la plupart des Carex peuvent être très bien définis. Enfin les carpelles des Graminées offrent des caractères spécifiques dont la science doit nécessairement s'emparer. Je terminerai, afin de ne pas rendre ces préliminaires trop longs, par les observations suivantes. Les Si/ene cerastoides , quinquevulnera , lusitanica , anglica, étudiés, en juillet 1833, à Montpellier, dans l’herbier de M. Delile, n'étaient point à matu- rité parfaite ; toutefois, leurs graines semblaient être assez différentes, pour qu’il y ait lieu d'étudier de nouveau ces espèces linnéennes avant de prononcer leur réunion. Les genres Salix , Epilobium , fourniront aussi des caractères spécifiques dans leurs graines comparées. Le genre Æelianthenum DC. Pr. ren- ferme beaucoup trop d'espèces; mais ce n’est point le lieu d’in- diquer les corrections: | En résumé la détermination stable des espèces se lie au fruit et àlagraine:c'estlàaqu’il faut chercher les caracteres propres à lever les difficultés inhérentes, soit aux variétés douteuses, soit aux es- pêèces très voisines les unes des autres. Les descriptions d'espèces serontcomplètes et vraiment utiles, seulement lorsqu'elles com- prendront les détails des fruits et des graines, avec toute la pré- cision possible , et que ces détails auront été bien dessinés. 1® article. — Sur Les Thalictrum de France. Les carpelles semblent dans quelques genres n'être d'aucun secours pour la détermination des espèces. Les Thalictrum for- meraient-ils une de ces exceptions ? Leurs carpeiles varient. de volume, soit avec l’époque plus où moins avancée de la florai- 352 pe massas. — De l'étude du fruit et de la graine, ete. son, soit avec la localité où les échantillons ont pris naissance. On peut cependant se servir d'eux pour séparer les espèces en trois groupes, dont les types seraient : 1° les carpelles ailés et pendans du T7! aguilegifolium, :° ceux ovoïdes et allongés du T. minus L., 3° ceux très petits du 7° flavumn L.; mais des in- terinédiaires s’interposent entre les deux derniers groupes et en effacent les limites extrêmes. Les étamines sont également propres à établir deux sections et trois groupes. La première section renfermerait les étamines à filets non renflés au sommet, et la deuxième, les étamines à f- lets renflés en massue sous l’anthère (7°. aguilegifolium).On sous- diviserait ensuite la première section en deux groupes;ayant pour type, l’un, les longues anthères du T°: majus Jacq. ou du T. mi- nus L.; l'autre les anthères très courtes du favum. Toutefois des intermédiaires viennent encore se placer entre les deux derniers groupes, et rendent l'application des anthères aux sections fort difficile. Les stipules et les stipelles présentent des caractères très variables : elles ne distinguent point avec certitude le fexuo- sum du minus et le flavum de ses variétés. De plus,à pe'ne visibles souvent dans les divisions inférieures des pétioles, les stipelles ne sont point constantes sur le flavum type L. (T. sphærocar- pum Lejeune). Quant à celles que M. Koch (Synopsis) donne au flexuosum, on n'en trouve aucune trace sur un échantillon au- thentique, mais ilest vrai en mauvais état, que possède M. Gay. Les tiges fistuleuses ou semi-pleines ne sont point aptes non plus à séparer le ssmplex de l'angustifolium avec assez de pré- cision. Les racines! paraissent également varier d’un échantil- lon à l’autre d’une même variété. À coup sûr, on les trouve tantôt pivotantes , tantôt obliques et traçantes dans le simplex, le flavum et l’anguslifolium L. Je dois entrer maintenant dans quelques détails au sujet des modifications que subissent les divers organes de la fructifica- tion des T'halictrum. Les carpelles varient de grandeur et de forme avec le temps , ai-je dit; ils se raccourcissent en effet, et, quand ils sont bien sains et très murs, leur forme est, plus réguliere, plus ovoïde ou arrondie aux deux extrémités. Ces dif- De MAssas. — De l’étude du fruit et de la graine, etc. 353 férences entre les carpelles observés avant maturité ou à maturité parfaite sont très grandes. — Souvent on cueille les carpelles en mauvais état, quoiqu'ils soient sains en apparence : ils ont alors une forme plus oblongue, plus étroite , moins obtuse aux deux bouts. Leur grandeur varie encore en proportion de la vigueur de la plante; ainsi les mêmes variétés par les racines, les feuilles, etc., ne présentent pas des fruits égaux. Les car- pelles, enfin , qui persistent en automne, sont pour la plupart stériles ou vésiculeux , et d’un volume double ou triple du vo- lume normal. Il est donc très important de ne pas les décrire dans l’un de ces états de maladie ou de stérilité (1). 11 faut re- cueillir ceux qui sè détachent d'eux-mêmes de la panicule ; la forme en est plus régulière, plus arrondie, et la graine les remplit entièrement. Quant à celle-ci, je l'ai toujours vue de même forme que le carpelle mür, c'est-à-din&ovoïide , s’il est ovoide, oblongue, s’il est oblong; droite ou arquée, s’il à les formes in- diquées par ces mots. La surface de la graine paraît lisse; quel- quefois on aperçoit de légères stries longitudinales ; mais il ne m'a pas été possible d’en faire un caractère d’espèces. Néoliger le triage des carpelles serait une cause d’erreurs graves; car, avec une même plante, observée aux diverses époques de la florai- son, et soumise aux causes de stérilité qui sont fréquentes dans les Thalictrum , on pourrait établir sept à huit espèces ou va- riétés. On comprendra encore mieux l'utilité de ce triage, si j'ajoute qu’un échantillon glanduleux devient glabre avec l’âge, que le rninus, par exemple, varie de taille depuis quatre pouces jusqu’à plus de trois pieds , qu’il est tantôt vert, rougeâtre ou glauque, etc. En combinant alors les variations par les carpelles avec celles dont le feuillage, la tige et la racine sont affectés, on concevrait un dédale d'espèces mal établies et de synonymes diffus. : Afin de compléter ce qui est relatif au fruit et à la fleur , j'a- jouterai les observations suivantes : (x) Les carpelles vésiculeux proviennent, ordinairement du moins, de la piqüre d’un in- secte; souvent ils renferment une petite larve IX. BoTan. — Juin. 23 354 De massas. — De l'étude du fruit et de la graine, &.. 1° On trouve de très bons carpelles de l'angustifolium va- riété galioides, presque sphériques et très petits; mais il y en a de plus gros et d’ovoïdes. 2° Le T. flavum L. varie également: ses carpelles sont petits comme ceux du galioides, dans la forme type ( Sphærocarpum Lejeune,in Herb de Fr.,au Muséum); mais souvent ils atteignent une grosseur double (fait déjà observé par Rchb. FI. Germ.) 3-Le 7. simplex DC. a également ses carpelles, tantôt petits, tantôt plus gros. Si donc aux types indiqués on ajoute les varié- tés de chacun d’eux, susceptibles par des nuances de feuillages de rapprocher toutes les formes, on jugera avec raison très dif- ficile la distinction des trois espèces qui précèdent par le vo- lume et les apparences de leurs fruits. 4° Je ne connais point encore avec assez de certitude les fruits sains et mûrs des 7h. majus , medium , elalum (Jacq), Th. nu- tans (Desf.), Th. collinum (Wallr.) ; mois ceux des minus I., saxalile Schl., pubescens Schl., m'ont paru n'offrir entre eux aucune différence constante et appréciablé. Quant au Th. alpinum Lil est très distinct de la section du rninus, dont il se rapproche par les racines et les feuilles, tandis que ses anthères, sa panicule et ses carpelles le placent près du simplex. La section du minus est ainsi, comme celle du flavum, em- preinte de difficultés réelles. Il faut lui appliquer toutes les observations précédentes sur les carpelles stériles ou gâtés et sur la nécessité d’un triage propre à faire écarterceux qui,semés, seraient improductifs. Les carpelles du rninus affectent en effet plusieurs formes : les uns sont ovoïdes, réguliers; d’autres, cou- pés en travers, offrent une section irrégulière , plus ou moins amaigrie d'un côté; enfin ou en trouve de stériles, amincis aux deux bouts; le volume varie encore du simple à plus du double. Ces différences, je le dis de nouveau, proviennent de causes accidentelles, nées du lieu même où la plante a pris naissance, ou bien pérticulières à une saison. 5° Les anthères se présentent sous des formes dépendantes du moment de la floraison; ainsi, après l'émission du pollen, elles se roulentun peu par les bords et deviennent plusétroiteset pointues. On peut ainsi étre induit en erreur,quandon prend pourun pro- DE MAssas. — De l'étude du fruit et de la graine, etc. 355 longement du filet les extrémités des anthères, roulées sur elles- mêmes. | Quelquetois les étamines portent des poils blanchâtres assez longs, épars ; raais ces poils n’appartiennent à aucune espèce en particulier : le minus et ses variétés , le flavum , etc. , en ont fréquemment. Les anthères du flavum et du nigricans (Jacq.) prennent dans les herbiers une couleur orangée remarquable. Cette cou- leur n'est point constante. Dans certaines variétés ou formes, elle se conserve jaune-clair. 6° Au moment de la floraison, les étamines sont plus ou moins pendantes dans la section de minus , tandis que celles de la sec- tion du f/avum se dirigent vers le ciel. Le T’halictum fœtidum L. les porte exactement comme l'indique la tabie 244 du F1. dani- ca, figure citée pour le 7. simplex L.—Toutefois il faut obser- ver la direction des étamines non sur le sec, mais sur la plante vivante et avant l'émission du pollen; car les pédicelles se rele- vent ensuite, et les carpelles sont dressés dans tous les Thalic- trum, excepté dans l'a/pinum, qui les a demi pendans à maturité. Le nombre des étamines et des ovaires par fleurs m'a paru très variable: je doute qu'il puisse jamais servir à la distinction des espèces. | 7° Les sépales eux-mêmes ne donnent pas de caractères cons- tans. Dans le flavum type, ils sont ovales et d’un jaune clair qui contraste avec la couleur orangée des anthères ; mais, dans les variétés, cette couleur s’affaiblit. Quelquefois les sépales se co- lorent en purpurin (7h. fœtidum L.), Rappellerai-je les variations propres à l'apparence glauque de certaines variations du 7zinus, à l’innervation des folioles , à la grandeur des feuilles, au port et à la taille, à la pubescence? Sans entrer dans de longs détails , il me suffira de dire que toutes les espèces offrent des individus à tige plus ou moins feuillée, plus ou moins flexeuse , haute de quatre pouces à quatre pieds (minus 1.) ; à feuilles plus ou moins amples, dressées ou étalées, glabres ou glanduleuses-pubescentes (minus L., fætidum L.); à folioles plus ou moins nerveuses en-dessous, plus ou moins oblonsues , simples ou hi-trilobés, plus ou moins mattes ou lui- 23, 356 nr massas.— De l'étude du fruit et de la graine, etc. santes (angustifolium L., flavum 1), à panicule contractée ou étalée (flavum et ses variétés), très ample ou très grèle (minus L.) En résumé, je crois à l'existence de quelques bonnes espèces de Thalictum ; mais on ne parviendra à les définir : 1° qu’en étu- diant d’une manière comparative leurs floraisons , la longueur des anthères, les carpelles bien mürs et très sains ; 2° qu’en vattachant point une importance trop absolue à la tendance les racines à pivoter ou à devenir traçantes ( Th. angustifo- lium et simplex ), à la forme des stipules et à la présence des stipelles pour les sections du minus et du flavum, à la texture et aux formes des folioles très variables dans toutes les es- pèces; 3° qu’en dessinant avec soin les principales variétés des espèces voisines. But de cet article. Je me propose, dans cet article, non de donner une monogra- phie des Thalicitrum de France , mais d'établir d’abord la syno- nymie des espèces ou variétés ; et, afin de compléter ce premier travail, j'ajouterai aux dessins auxquels on rapporte certaines espèces, d’autres dessins propres à bien faire connaître les formes intermédiaires remarquables qui n’ont pas encore été figurées. Cette synonymie ressort de l'étude sérieuse des Thalictrum , 1° de l’herbier de Villars ( bibliothèque de Grenoble); 2° de l’her- bier de France (Museum d'histoire naturelle); 3 de l’herbier de Vaillant; 4° de l’herbier de Gaudin, dont M. Gay est possesseur, 5° des Thalictrum , cultivés au jardin royal de Paris. On blâmera peut-être la grande quantité de variétés ou formes que j'indique ici; mais ce blâme serait-il donné à propos? Avant d’asseoir les espèces, il faut en reconnaître les variétés, et, comme leurs caractères distinctifs ne sont pas encore invaria- ment fixés, il faut les rechercher avec soin et vérifier d’abord le travail d'autrui. DE Massis. — De l'étude du fruit et de la graine, etc. 357 SYNONYMIE DES THALICTRUM DE FRANCE. PREMIÈRE SECTION, — Floraison à etamines pendantes. Carpelles de première grandeur. 1" Espèce. — Tu. marus ( Jacq. F1. austr. t. 420 (dessin bon). — Smith. Brit. 481. — Gaud. herb. en partie. (non Mutel, Flore du Dauph.) Ors. M. Koch (Synopsis) a eu tort, ce me semble, de séparer lerzajus Smith du mayus Jacq.; la description donnée par Smith convient tres bien à la figure citée du mayjus. M. Mutel { Flore du Dauphiné) a pris pour le majus une forme élevée du f/avum (route d'Eybens à Grenoble), et un minus d'une très haute taille (prairies de Séguret). 2° espèce. — Ta. minus (L. Sp.). — Gaud. F1. helv. — 7. minus sive rutæ-pratensis, semine striato ; J. B. 3. 487 et T'h. minus Dod. pempt. 58, ex Vaill. herb.). © Var. 1. Virens. — T'h. mortanum et virens (Walr. 1. c.).—F1. dan. t. 732 Plante glabre et verte. Var. 2. Saxatile. — Th. saxatile ( Schleich. pl. sech. in herb. Gay), non Vill. Daupb.— 7'L. minus saxatile (Gaud. F1. helv.) Ozs. La plante de M. De Candolle { in. Herb. de France) n'est pas celle de Schleich. ; elle appartient à la variété 3 des environs de Mende. Gaudin Herb. ne renferme pas non plus d’échantil- lon semblable au saxatile Schleich., du moins dans la feuille du minus , mais on en trouve! un dans la feuille du medium ; il y est accompagné de l'étiquette suivante de Schleicher : « Th. minus. » Var. 3. Pruinosum. — Th. minus pruinosum (Gaud. helv,). — 7h. mon- tanurs roridum (Wallr. 1. c.).-- Th. saxatile (DC. Mus. in herb. de Fr.). Cette variété glauque et glabre est dans l’Herbier de France, envoyée par M. De Candolle sous le nom de 7h. saxatile. L’é- tiquette porte pour localité : Mende. 358 De massas. — De l'étude du fruit et de la graine, etc. Var. 4. Glandulosum. — T'h. minus (Vill. Dauph. et herb.). _ Oss. Cette variété est très commune aux environs de Gre- noble et de Lyon : elle y atteint 2-3 pieds. Le dessous des feuilles porte de petites glandes jaunâtres, sphériques, plus ou moins apparentes, et qui disparaissent quand la plante avance eu âge. Elle est intermédiaire entre les variétés glabres du minus et celle qui suit. On la trouve très verte aux environs de Grenoble, et très glauque ailleurs. Var. 5. Cæsium.— T'h. minus cæsium (Gaud. herb.) Os. Cette variété alpine est remarquable par sa petite taille. On la trouve quelquefois aux Alpes du Dauphiné, haute seule- ment de 4-6 pouces, glabre on glanduleuse comme la précédente. A l’état nain, sa pit DR presque simple ; mais cette forme du minus n’a aucun rapport avec l’a/pinum L. Var. 6. Fætidum. — Th. fœtidum { Gouan. FI. monsp. — Vill. Dauph. et herb. — Non Linn. Sp. — Th. pubescens( Schleich. PI. sech. — DC. in herb. Vaillant, d’après une étiquette mise par lui à un échantillon rapporte du mont Ventoux par M. de Jussieu ( voyez la feuille du Fætidum).—Th. minus pubescens (Gaud. herb.) Oss. La plante de Villars (Herb.) est parfaitement bien celle de Vaill. (Herb.) cueillie au mont Ventoux. Elle se fait remar- quer, en herbier surtout, par sa tige et ses feullles d’un vert- roussatre, en apparence pubescentes, et chargées de glandes. Sa taille varie comme celle du type minus. — Le pubescens des environs de Mende diffère seulement de celui du mont Ventoux par son aspect glauque. 3° gspèce. — Tu. nuTans (Desf. Catal. 123, ex DC. F1. Fr.) — DC. in herb. de Fr. — Gaud. herb. Oss. M. Reichenbach distingue cette espèce du collinum (Wallr); mais si l’on en juge par un échantillon, en mauvais état 1l est vrai, que M. Gay reçut de M. Wallr. , les espèces 7u- tans et cotlinum seraient assez voisines. Je ne puis cependant en garantir l'identité. |. DE Massas. — De l’étude du fruit et de la graine, etc. 359 4e Esp£ce. —Tu. rærinum (L. Sp. et Mantissa, p. 407). — Schleich. PI. sec. in herb. Vill. — Gaud. herb. — DC. in herb. de France). — 7'4. minimum faætidissimura G, B. (ex Vaill. herb.). - 7. saxatile Vi. Dauph. et herb. Th. alpestre 8 pubescens (Gaud. Herb. ) Oss. Les échantillons de l'Herbier de Vaillant, et la note que Linné à introduite dans son Mantissa , le prouvent très claire- ment, la synonymie précédente est certaine. Villars recut de Schleicher le Th. fœtidum , et son herbier contient l’'échantilfon de Schleicher et des échantillons du saxatile Vill. absolument identiques entre eux. Quant à lA{/pestre var. B pubesrens de Gaudin, il n’y a point lieu d’en faire même une variété : c'est évidemment le type fœtidum. Il faut ainsi accepter en son en- tier, et comme définitive, la synonymie ci-dessus. L'odeur de cette espèce cultivée depuis long-temps à l'H. R. P.,a de l’analogie avec celle du Geraniurm Robertianum, comme Haller l'avait observé. Var. 1. Glabrum. — Th. alpestre ( Gaud. herb. ). Le Th. fœtidum varie de port et de pubescence, tandis que des formes alpines du minus se rapprochent d’elle par la petitesse des feuilles et par une certaine glandulosité. J'ai des Alpes du Dauphiné plusieurs échantillons glabres et glanduleux, si intermédiaires entre les fœtidum et minus ,que l’on hésite à les rapporter au minus. Toutefois, le Ta. azprstTre (Gaud. Herb.) me parait étre une variété glabre du fœtidum : c'était déjà l'opi- nion de M. Gay. Les étamines extrêmement pendantes du Th. fetidum le sé- parent très bien de toutes les variétés du nénus ; mais il faut comparer ces plantes vivantes, car le caractère distinctif s’efface dans l’herbier. T'h. simples (L. mant.). — Vill. Dauph. 1. p. 379. — Rchb. FI. germ. — Koch. Syn. — 7’. minus (F1. dan. t. 244). Oss. Adoptant pour section de genre les étamines pendantes ou dressées, je devrais : 1° placer après le fœtidum le Th. simplex auquel Linné donne des étamines pendantes; 2° mettre à la deuxième section , comme var‘été ou espèce douteuse, intermé- 360 DE Massas. — Je l'étude du fruit et de la graine, ctc. diaire entre l’angustifolium et le flavum , le Th. simplex (Wild. DC. Gaud.) , qui a les étamines dressées. MM. Reichenbach et Koch ont déjà séparé la plante du Mantissa de celle de MM. De Candolle et Gaudin; de plus, Villars, dans un journal ma- nuscrit , se plaignait de ce que Willdenow aveit rapporté à tort RES de l'Histoire des plantes du Dauphiné au sèm- plex L. Toutefois, les formes alpines du 7h. Lou ( Vill. Dauph. vol. 1), cueillies au Lautaret , ressemblent beaucoup à la table 244 de la Flore danoise, à part les étamines pendantes, carac- tère que je n'ai pas eu l’occasion d'observer, et MM. De Can- dolle et Gaudin ayant mis en variétés de leurs simplex (à an- thères dressées) ces plantes alpines , je ne prononce point, faute de renseignemens exacts, la séparation du simplex L. de celui de MM. Gaudin et De Candolle. | DEUXIÈME SECTION. — Antheres dressees. Carpelles de deuxième grandeur. 5° gspèce. — Ta. sPeciosum ( Desf, Catal. ex DC. F1 Fr. — DC. herb. de France). — T'L. flavum var. f speciosum (L. sp.) Je ne connais'pas d’autre échantillon de cette espèce que celui de l’Herbier de France. Par le feuillage, il appartient à la section: du rninus. Ses carpelles très mürs sont de grandeur moyenne, ovoides, à quatre faces assez marquées ; etc. L’échantillon en- voyé au Muséum par M. De Candolle n'a pas d’étamines ; je ne puis ainsi comparer les anthères à celles du ffavum. La Flore française ne dit pas si les anthères sont dressées ; mais elles doi- vent l'être, si l’on en juge par le synonyme de Linné ( Species) et par la place que cette plante occupe dans la Flore française et dans Linné. Je crois convenable, d’après cela, de la mettre en tête de la deuxième section ou du groupe à carpelles de gran- deur moyenne , qui se compose ainsi du spectosum, de l’elaturn et du medium. DE Massas. — De l'étude du fruit et de la graine , etc. 361 6° espece. — Ta. ecarum (Jacq. bur . vindob. + t. 95. — Gaud. herb.). — Th. ambisuum (Schleich. ex herb. Gaud.). Oss. M. Koch (Synopsis) rapporte le majus (Smith. Brith. ), l'elatum (Gaudin) et l'umbiguum (Schleich.) au r#inus, et il en fait sa variété Th. minus 2 dumosum. — L’elatum Gaud.) ou ambiguum (Schl.) convient très bien, ce me semble, à la figure citée de l’'Hort. Vindob. Le majus (Smith) paraît être également celui de Jacquin, comme je l'ai dit plus haut. 7° esPÈce. — Tu. mepirum (Jacq. hort. Vind.t. 90). Oss. Je n'ai vu dans aucun herbier un Thalictrum que l’on püt rapporter avec certitude à la figure donnée par Jacq. sous le nom de Th. medium. V’herbier de Gaudin renferme au moins trois plantes dont l’une, étiquetée r7inus (Schleich.) est du minus saxatile ; la deuxième appartient à la section du minus ; quant à la troisième, elle pourrait être du medium par ses anthères assez courtes , dressées, intermédiaires entre celles du r7inus et celles du l RATE 1 Si mes souvenirs ne me trompent point , on trouve dans les îles du Rhône, près de Lyon, à la Tête-d’'Or, un Th. qui doit avoir de grands rapports avec la table 90 de l’Hort. Vindob. M. De Candolle (Prodr.) donne à cette espèce , comme à l’e- latum , les étamines dressées. M. Reichenbach (F1. germ. ) met em synonyme du redium Jacq. le Th. saxatile (Schleich. PI. sec.). Mais : saxalile que M. Gay tient deSchleicher même ne convient pas à la table 90 de l’Hort. Vindob. , et appartient au sninus. Ses antheres sont demi pendantes , tandis que le medium , au contraire, les a dressées. La synorymie de M. Reichenbach n’est donc point exacte. 8° EspËce.— Tu. ALPINUM ( L. Sp.—Gaud. herb.—DC. herb. de Fr.—Moris. _s.9, t. 20). Cette jolie espèce a les feuilles et les racines du Th. minus , et les anthères courtes du sémplex. Ses fr, ovoides, plus petits que ceux du minus, sont à-peu-près pendans à maturité, carac- 362 DE massas. — De l'étude du fruit et de la graine, etc. tére, Je crois, particulier à cette espèce. — M. Mutel ( Flore du Dauphiné) indique le TA. alpinum L. aux Alpes; mais les her- biers faits en Dauphiné, ceux de Villars, de Liotard, etc., ne ren- ferment aucune trace de ce Thalictrum, et je n'ai vu nullement un seul échantillon cueilli avec certitude aux Alpes françaises. T1 est probable que l’on aura pris pour le Th. alpinum les formes naines du 7h. minus var. Cœsium (Gaud. FI. helv.), à tige quel- quefois longue de 4-6 pouces seulement et à panicule plus où moins simple. g* ESPÈCE. — Ta. ancusrirozium ( L. Sp. — Vill. Dauph. vol. 4, p. 712.— Gaud. F1. helv.) Os. Villars, dans un journal manuscrit in-4°, journal qui devait servir à une nouvelle édition de l'Histoire des plantes du Dauphiné, se plaint ainsi, à la page 407, de Willdenow : « Le « T. ausustifolium L. vient à Echaux (Alsace) et ailleurs, dans « les marais et prés humides, tel que je l'ai vu, décrit en Dau- « phiné et envoyé à M. Willdenow, qui a écrit et persuadé aux « autres auteurs que je lui avais UTÉ le Th. simplex L. sous « le nom de Th. augustifolium ; Tai pris, au contraire, le TA. « simplex pour une variété du flavum, moins ramifié à la vé- «rité. C. B. Pro. 146 et Jacq. hort. ont bien figuré le TA. au- « gustifolium L., tandis que la table 244 du Flora danica re- « présente le simplex » Il dit ailleurs, page 369 : « Le Th. simplex est commun en «a Savoie. Quant à la plante que j’aienvoyée à Willdenow, elle est « parfaitement représentée par la figure de C. B., et Haller a « pensé comme moi. Ainsi M. De Candolle ( F1. fr. ) a mieux si- « gnalé cette espèce du pays même , qu’il tenait de Nestler, sous « le nom de Th. galioides. » D'après cela, Villars pensait que le Th. simplex Wildenow n’était pas celui de L., mais bien une simple forme de l’angus- tifolium. L'histoire des plantes du Dauphiné, vol. 4, p. 712, adopte pour synonyme de l'angustifolium L. le n° 1137 de Haller (Helv.), le Th. pratense angustissimo folio C. B. Prod. 146. et comme variété B, il cite le Th. pratense angustifolium C. B. DE MASssas. — De l'étude du fruit et de la graine, etc. 365 Pin. 337. Cette synonymie s'applique, Je crois, parfaitement à l'angustifolium T.. sp. — L’herbier de Villars renferme 1° le 7h. galioides cueilli en Alsace; 2° le Th. ansustifolium Jacquinia- num (Gaud. Helv.); 3° une forme plus éloignée encore du type de l’espèce.—Il est absolument impossible, du moins avec les ouvrages et les herbiers que je connais, d'indiquer une li- mite de séparation entre les diverses variétés de l'argustifo- lium L.. et celles du szmplex de De Candolle et Gaud. Ainsi les formes cueillies sur les bords de l'Isère et de la Tête-d’Or près de Lyon ( presqu’ile du Rhône), passent d’une manière insen- sible de l'argustifolium type ( Jacq.), au simplex majus (Gau- din), etc.— En définitive, Wilidenow s’est mépris sur l'angusti- folium ( Vill. Hist. du Dauphiné), et il n'aurait point dû, sur un seul échantillon qui pouvait être une de ces formes mixtes fort embarassantes encore aujourd’hui, signaler une prétendue erreur de synonymie dont l'existence pouvait être contestée. Comment, avant de publier ses observations ne les a-t-il pas communiquées à Villars? L'étoile en botanique du Dauphiné avait droit à cette déférence. Il est convenable de dédoubler l'angustifolium (Villars herb.), et d'en mettre une partie à la plante Linéenne de même nom,et l'autre au simplex de De Candolle et Gaud. Var. 1. Bauhini.— Th. Bauhini(Crantz, Aust. 105). — Th. gulioides (Nestler. ap. Pers. syn. 2,161). — DC. herb. de Fr. — Koch. Synops. — 7%. angustifuliumn v. galioides (Gaud. herb.). — TL. pratense angustissimo folio (G. B. Pr. 146, ic. ex Vaill. herb.). Os. Le Th. galioides varie de taille et de forme. J’ai dessiné, en effet, un. petit échantillon de l'herbier Gay, dont les fo- lioles oblongues, souvent trilobées, tiennent beaucoup de celles du simplex Gaud. ; de plus, M. Gay cueillit sur la route d’Orbe à la frontière de France, et près de la route,un échantillon à tige très épaisse, haute de deux pieds environ. Var. 2. Heterophyllum — Th. angust. heterophyl. (Gaud. herb.). Les folioles du bas des tiges sont plus larges , lancéolées-li- néaires au lieu d’être linéaires. 364 ve massas. — De l'étude du fruit et de la graine, etc. Var. 3. Longifolium.—T'h. angustifolium(Jacq. hort. Vind. 3, 1. 43.—DC, herb. de Fr. — Gaud. herb.)..H. R. P. L'échantillon envoyé par M. De Candolle au Muséum, paraît avoir été cultivé; il ressemble beaucoup à la figure citée de Jacq. Les folioles très allongées la distinguent de la précédente ; ces folioles sont quelquefois à 2-3 lobes. Var. 4. Jacquinianum. — Th. angustifolium Jacquinianum Gaud. herb.). Th. angustifolium (Vi: Hist. et herb. en partie). Tige haute de 1-2pieds ; les folioles trilobées sont très rétré- cies en coin à la base, nerveuses, etc. Cette variété s’éloigne du type et commence la chaîne qui unit l’angustifolium au simplex (DC. et Gaud.) 10° Espèce. — Ta. simpzex (L. Mantissa). Vill. Dauph. 1, 399. — DC, in heib. de Fr. — (Gaud. herb., échantillons des Alpes).— DC. Syst.? — Gaud. FI. helv. ? Oss. Le simplex (L. mantissa ), représenté par la table 244 de la flore danoise, a toutes les folioles à-peu-près semblables du haut en bas de la tige, et les fleurs pendantes dans toute lacception de ce mot, c’est-à-dire comme elles le sont sur le Th. fætidum L. — MM. De Candolle et Gaudin donnent à leur Th. simplex les fleurs dressées. Y aurait-il donc une erreur commise soit par Linné, soit par MM. De Candolle et Gaud.? Je ne puis répondre avec certitude; mais le sémplex de ces deux;derniers auteurs se lie à l’angustifolium par de si nombreux intermédiaires, qu’il est très difficile de saisir la limite où finit l'une des espèces. IL serait donc important de vérifier la floraison des diverses formes de l’angustifolium et du sim- plex, dans le but de reconnaître celles dont les fleurs sont pen- dantes et celles dont les fleurs sont dressées. Jusqu'à ce que cette vérification soit faite, il sera impossible soit d'indiquer une synonymie exacte, soit de grouper d’une maniere conve- nable les variétés qui, en ce moment, composent le simplex et l’angustifolium L. pe massas. — De l'étude du fruit et de la graine, etc. 365 Var. 1. Nigricans. — Th. angustifolium (Vi. herb. ex parte). Oss. Plante élevée, tige peu fistuleuse, résistante à la pression. Les folioles du bas sont lancéolées, entières ou lobées, elles dé- croissent promptement ; celles du milieu des tiges paraissaient déjà très linéaires. Leurs textures, la couleur luisante en dessus, l’innervation en dessous, la floraison, etc., rapprochent entièrement cette forme des variétés linnéennes de l'ancustifo- lium. On la trouve communément dans la vallée de l'Isère, à Lyon près des bords du Rhône (Tête-D’or). Aux Alpes elle prend un feuillage d’un vert quelquefois très foncé, mais cette couleur varie. Un échantillon de l’Herb. Gaud., mis dans la feuille du simplex avec l'étiquette Th. angustifolium L., est une sous-va- riété du 7igricans. Var. 2. Majus. — Th. simplex majus (Gaud. herb.). Cette variété diffère de la première par sa tige moins élevée, ses feuilles radicales à folioles plus ovales et les supérieures à folioles moins linéaires. Var. 3. Laserpitioides. — Th. simplex laserpitioides (Gaud. herb.). Les feuiiles sont distantes les unes des autres sur la tige, et plus courtes que les entre-nœudbs. Var. 4. Alpestre. — Th. simplex alpestre (Gaud- herb.). Os. Cette variété est celle qui a le plus de rapport avec la table 244 de la Flora danira. Yai des échantillons cueillis au Lautaret, ou Villars, vol. 1, p. 379, indique le Th. simplex, très ressemblant à cette table tant par les folioles, la tige, que par la panicule. Ces formes alpines doivent être le sémplex L. ; mais n'ayant point vu les plantes en fleurs, je ne puis résoudre la question des étamines dressées ou pendantes. Var. 5. Lucidum.— Th. luoidum L, Sp. — Th. minus lucidum libano- tidis coronoriæfoliis (Pluk. Phyt.t. 65,f.5, ex etiq. de Vaill. herb.). — 7'%. mu- nus, alterum, parisiensium , foliis crassioribus et lucidis (Vaïll. herb.). Tige tres droite , élevée, peu fistuleuse, résistant à la pres- 366 pe massas. — De l’étude du fruit et de la graine, etc. sion , épaisse , très feuillée. Feuilles demi étalées ; folioles iné- gales, plus grandes, lancéolées, à 2-3 lobes, les latérales lancéo- lées-linéaires, le plus souvent entières... toutes luisantes, etc.; panicule du simplex (Gaud.) Je suis très convaincu que ce Z/ucidum n'appartient pas au flavum, qui souvent, il est vrai, est luisant. La surface luisante des folioles n’est particulière à aucune espèce. — M. Desf. avait rapporté les échantillons dont il est question ici à l’angusti- folum L., d'après une étiquette mise par lui dans l’Herbier de Vaillant. M. Koch (Syn.) pense que le Zucidum L. touche de très près au znedium Jacq.; mais Linné ayant établi son espèce sur les synonymes de Tournefort, de Vaillant , etc., et la plante de Vail- lant appartenant au sémplex Gaudin, il faut préférer la synony- mie précédente. Toutefois, je le répète, si le sémplex L. n'était pas celui de Gaudin, les variétés indiquées ci-dessus, excepté peut-être la quatrième, seraient des formes de l’angustéfolium L. Var.? Heterophyllum. — T'h. heterophyllum ( Lejeune, Fl: de Spa. et in herb. de Fr.).— Th. flavum L. (ex Koch. syn.). L’échantillon de l’herbier de France m’a beaucoup embarras- sé : sa tige est élevée , plus sensiblement fistuleuse que celle des variétés du simplex ; cannelée; les feuilles sont grandes, demi étalées, quelquefois stipellées, composées de folioles ovales, assez larges, vertes, minces, planes, non ridées, ni crépues, ni à bords roulés en dessous, peu nerveuses, la plupart entières; une feuille ayant un rameau à son aisselle est longuement pé- tiolée (le pétiole est nu sur le premier tiers de sa longueur), ses folioles sont beaucoup plus petites, ovales-oblongues ; au- dessus de cette feuille, il y en a une ou plusieurs autres compo- sées de folioles bien plus grandes, ce qui donne un aspect tout particulier à cet échantillon. En effet, les feuilles à folioles plus petites paraissent être insérées sur la tige, au-dessous de feuilles à folioles plus larges, et c’est l'inverse qui ordinairement a lieu dans les thalictrum, car les folioles vont en diminuant de gran- deur à partir du collet de la racine. | Les stipelles ont sans doute déterminé M. Koch à mettre cette uk MAssas. — De l'étude du fruit et de la graine, etc. 367 variété en synonyme du flavum L. Elles sont trés petites, ver- dâtres, peu apparentes; mais rien ne dit que, sous certaines influences de localité, tous les Thalictrum ne soient sujets à en avoir; déjà on cite comme ayant les feuilles stipellées : 1° le Th. aquilegifolium ; 2° le Th. collinum Waltr., 3° le flavum. De plus, M. Gay cultive au jàrdin du Luxembourg un Thalictrum également très stipellé. La forme des folioles, leur texture et la panicule, éloignent l’Acterophyllum Lej. du flavum , et le rapprochent du simplex Gaud. 1l conviendrait de l’étudier vivant ;seulement alors il se- rait possible de décider si cette forme remarquable appartient au flavum L. ou au simplex DC. (Voyez à la fin de‘cet article une Os.) 13° Espèce. — Tu. FLAvUM (L. Sp.). — Vill, Dauph. — DC. Syst. Var. 1. Stipellatum.— Th. sphærocarpum { Lejeune ,in herb. de Fr. — F1. de spa. n° 860).— Th. majus siliqué& angulosé aut striat& (C. B. pin. 336, ex Vaill. herb.) Oss. C’est là le type flävumn, par ses feuilles stipellées, ses folioles à-peu-près toutes semblables , ovales, nerveuses en des- sous, et sa panicule ramassée. La tige est fistuleuse, moins ré- sistante à la pression que celle du simplex ; les anthères sont courtes , vbtuses, etc. Je ne crois pas les stipelles constantes; on les trouve à peine visibles dans les ramifications des pétioles inférieurs, et si l'échantillon n’est pas complet, on ne peut les observer. Var. 2. rufinerve. — Th. rufinerve ( Lejeune, in :herb. de Fr. — Koch synopsis). Plante très élevée ; panicule très grande; fleurs agglomérées à l'extrémité des rameaux; folioles plus allongées ; stipelles nulles. Os. Je ne pense pas que la taille de cette variété et les mo- difications qui en sont la conséquence puissent, malgré l'absence des stipelles , autoriser à séparer cette forme du type flavum. M. De Candolle réunit aux variétés précédentes même l’exalta- tum Gaudin. 368 nr Massas. — De l'étude du fruit et de la graine, etc. Var, 3. Nigricans. —T'h. nigricans (Jacq. aust. 3, t. 421. — Gaud. herb.) — Non Requien pl. sech. — Non DC. in herb. de France). Les feuilles du bas de la tige sont absolument semblables à celles du flavum type ; mais celles du haut sont linéaires et dres- sées. La panicule compacte , la forme des anthères, etc., font de cette plante une variété du ffavum. M. Koch (Synopsis) la met tout simplement en synonyme du flavum L., et il rapporte le nigricans (Gaud. helv.) à l'angustifolium ; mais le nigricans de l’'Herb. Gaud. est on ne peut plus conforme à la table 421 de Jacq. (Fl. austr.), et la plante représentée par cette table est au moins aussi distincte du flavm type que peuvent être dis- tincts du flavum et de l’angustifolium les rufinerve et galioides. Or, M. Koch élève au rang d'espèces ces deux derniers 7halic- trum :. il était donc rationnel d’admettre ‘au moins comme va- riété le zigricans Jacq. Var. 4. Angustifolium.— Th. nigricans Requien. PI. Sech. in herb. Gay). — DC. in herb. de Fr.— Th. angustifol. var. heterophyll. (Koch Synops.) Os. Je rapporte au flavum, comme variété déjà éloignée , la plante que M. Requien découvrit près d'Avignon. Elle n’est point la forme nigricans (Jacq. F1. austr.). M. Koch la rapporte à tort, je crois, à l’angustifolium-L. Je me suis décidé , après ue exa- men attentif de deux échantillons authentiques malheureuse- ment non en très bon état, à la réunir au flavum. Le feuillage la rapproche du simplex Gaud., mais il s’en distingue par la panicule qui est contractée , et par sa tige peu résistante à la pression, plus fistuleuse et épaisse. Var. 5. Pauperculum. — T'h. pauperculum ( Herm. als.. inéd. ex DC. FI. fr.). — Th. flavum var. pauper. (DC. F1. fr. 5, p. 8797. — 7'h. flavum var. pauperatum(Gaud. herb. — TA. flaccidum (Schl. PI. sec. ex Gaud.). Ozs. Cette singulière variété a la tige gréle , les feuilles du haut de la tige lancéolées, linéaires , planes, la plupart entières; celles du bas plus larges, tenant à-la-fois des feuilles du ffavum var. angushfolium, et de celles de quelques variétés du simplex. Les fleurs sont peu nombreuses, éparses sur de courts rameaux DE Massas. — Etude du fruit. 369 qui forment une panicule grêle et feuillée. La panicule et les fleurs tiennent de celles du smplex ( Gaud.). Il serait utile d'étudier cette plante vivante. Je crois sa tige fistuleuse, peu résistante; car elle est très aplatie dans l’herbier de Gaudin, ce qui la suppose manifestement fistuleuse et tenant du flavum par ce caractère. 10° ESPÈCE. — 7. exaltatum(Gaud. helv. et herb.).— 7h. flavum ( Crautz. austr. — Non L.). — 74. Morisoni (Rchb. FI, Germ.). — Th. majus siliqu& seminis striaté, foliis rugosis trifidis (Moris. umb. 70, d’après l'étiquette de Waill. herb.). — Th. pratense majus, monspeliensis, foliis rugosis (Vaill. herb.). Ors. D’après une étiquette de M. De Candolle, conservée dans l’herbier Gaudin (janvier 1838), le Th. exaltatum ou allis- simum (Thomas) ne différerait pas du /avum L. Cependant les échantillons des herbiers de Gaudin , Gay et Vaillant, se distin- guent facilement des variétés du flavum par les feuilles glauques en dessous, pointillées rudes, vues à la loupe, très nerveuses et un peu plus roulées en dessous par les bords. Ces différences suffisent-elles pour établir une espèce? Je ne puis répondre; car jé n’ai pas vu les fruits mürs de la plante en question. Les an- ciens botanistes avaient déjà séparé du flavum l'exaltatum (Gaudin): il me paraît convenable de suivre leur exemple, afin d'appeler de nouveau sur cette esrèce douteuse l'attention des botanistes modernes. | Je ne rappelle pas ici les 7°L. tuberosum et aguilesifolium L., parce qu’ils n’offrent aucune difficulté de dénomination. Je ne dirai rien non plus d’une nouvelle variété ou espèce cueillie aux Pyrénées par M. Grenier, docteur en médecine à Besançon, et envoyée à M. Gay. Les carpelles encore jeunes de cette espèce douteuse sont d’une longueur extraordinaire. M. Grenier publiera sans aucun doute sa découverte. Je dois ainsi, par convenance, lui laisser le plaisir de dessiner cette nouvelle forme pyrénéenne et de lui donner un nom. Mon intention, comme je l'ai dit plus haut, en établissant la synonymie précédente et en y ajoutant quelques notes, n’a pas été d'écrire les diagnoses des espèces de Thalictrum appartenant LX, BOTAN, == Juiris 24 } 370 DE MASSAS, — tude du fruit. à la Flore française; mais j'ai voulu fixer la synonymie des prin- cipales variétés, et les faire connaître par dés dessins exacts. Plus tard j'essaierai de compléter les descriptions des espèces à l'aide des caractères que pourront fournir la floraison, les an- thères et les fruits de chacune de ces formes comparées entre elles. Joffre de communiquer à tout botaniste qui les réclamera les dessins au trait des espèces ou variétés dont voici les noms: Th. nutans (Desf.). — Th. speciosum (DC.). — Th. saxatile (Schleich).— 7h. angustifolium diversifolium (Gaud.).= Th. sim- plex maus (Gaud.). — Th. simplex laserpitioides (Gaud.). — Th. heterophyllum (Lejeune, F1 de Spa). — Th. exaltatum (Gaud.). — 7%. flavum pauperatum (Gaud.). en Os. (voy. p. 367 ). — Après un nouvel examen, je crois de- voir adopter l'opinion de M. Koch (Syn.), et rapporter ainsi au flavum L. le Th. heterophy Ulum ( Lejeune, in Herb. de Fr.) . IL faudrait le placer entre les variétés stipellatum et rufinerve. © Descriprion de quelques Graminées , formant une parlie de la végétation des Jheels du district de Sylhet, Par M. W. GRiFFITH,; Aïde-chirurgien à l'établissement de Madras. Zizania ? ciliata Spreng. Syst. ü. p. 136; Kunth, Agr. p. ro. Leersia ciliata Roxb. F1. Ind. p. 207. Pharus ciliatus Retz. Obs. 5, p. 23. . Ê . . ET Q \ . Gramen in aquosis proveniens , culmis gracilibus basi longè repentibus, ar- ticulis cylindraceis pubescentibus, cæterüm lævibus. Folia subglaucescentia, (1) Mémoire accompagné de deux planches, extrait du vol. v du Journal de la société asiatique de Caleutts, W. GRIFFITH. — Graminees du district de Sylhet. 371 linearia , acuta, supra lineata et tactu scabra , margine subsimplic: scabro. Spicæ paucæ , distantes, subsecundæ, in paniculam nutantem alternatim dispositæ. Spiculæ solitariæ , in apice eyathiformi pedicelli curvati articulatæ, subsessiles, uvifloræ. Glumæ nullæ, nisi cupulam membranaceam apicis pedicelli glumam existimes. Paleæ 2, chartaceo-coriaceæ , compresso-carinatæ, muticæ, obtusè mucronatæ , brevissimé stipitatæ , stipite crasso-rotundato; exterior 5-veénia, venà medià (carinà) duabusque marginalibus denticulato-cihatis, duabus inter- mediis subglabris, intervenüs scabris; interior 3-venta, paullo krevior, carinà denticulato-ciliatä, intervenio scabro, cæterum læviuscula. Zodiculæ 2, carnosæ, acinaciformes , integræ, glabræ. Siamina 6 , antheris longè exsertis. Ovarium ovato-oblongum, slabrum. SiyZ: 2. Sligmata plumosa, divisionibus ramosis , ratione stylorum longa. Caryopsis. . Legimus in aquosis Jumalpore , in plagis inundatis , Jheels vernacule dictis, Sylhet coufinibus ; in collibus Kasiensibus propè Nunklow, et nuperiüs in re- gione Assamica superiore, annis 1835-36. Oss. Nous avons pour l'établissement de ce genre l'autorité de M. Brown (Prod. FI. Nov. Holl. ed Nees. 1. p. 67,sub Leptaspide); car il diffère totalement du Pharus , auquel Retz l'avait primi- tivement rapporté. M. Brown pense que cette espèce et la suis vante ne peuvent être conservées parmi les Zizania, et qu'elle doit former un genre distinct. On verra que j'ai essayé d’aller au-delà , et que j'ai été seulement détourné par la difficulté de là caractériser nettement et de la séparer des Leersia , genre dont je n'ai connaissance que par l’Agrostographie de M. Kunth. Il présente des affinités avec les Oryza , et principalement avec la variété dépourvue d’arêtes. La présence d’une cupule mem- braneuse terminant le pédicelle dans lOryza, sert à prouver qu’elle ne peut être considérée comme une modification de ses enveloppes. PorAmocHioa Griff. Spiculæ unifloræ. Glumæ nulle. Palleæ 2, membranaceo- chartaceæ, carinatæ, apertæ, exteriore in aristam productà. Lodiculæ. 2. Stamina 6. Slyli 2. Stigmata plumosa. Caryopsis. — Gramen fluitans ope vaginarum cellulosarum, densè cæspi- tosum. Folia lata; ligula obsoleta. Panicula effusa erecta; pedi- celli infra medium constricti. 2 fe « 3792 vw. cRtFrITIT. — Graminées du district de Sylhet. PoraAmocHLoa RETZ Griff. Zizania? aristata, Kunth, Agr. p. to. Leersia aristata, Roxb. Flor. Ind. 2, p. 207. Pharus aristatus, Retz, Obs. 5,23, ex Kunth. Hab. In aquisstagnantibus propè Jumalpore et copiosissimé in inundatis , Jheels dictis, Sylhet confinibus. Legimus florentem, septembre 1835. Culmi emersi vix pedales olabri; immersi longissimi, hince illinc radiculas ca- pillaceo-divisas emittentes. Vaginæ immersæ vel semi-immersæ quam maximè cel- lulosæ, incrassatæ et quasi inflatæ ; emersæ longiores cylindraceæ, minûs cellulosæ. Folia-in exemplaribus spontaneis semper emersa et erecta (1) lanceolata, bas cordata, obtusa, apice subcucullata , rigida , suprà tactu scabra. Panicula erecta axi ad ejus originem subito angustatà ; rami infimi subverticillati, divaricati; supe- riores alternantes ascendentes. Spiculæ ramis adpressæ, subsecundæinferiores ge- minatæ; inæqualiter pedicellatæ, superiores solitariæ longius pedicellatæ. Pedicelli clavati , infra medium constricti, ibidemque annulo rubro insigniti, spicularam infimarum curvati. Paleæ sessiles, apicum pedicellorum continuæ ! vix com- pressæ ; exterior major 5-venia , venis denticulato-ciliatis, cæterum parce hiria, arista continua , recta, scabra , paleam excedens; interior mutica , acumimata, 3-venia, carinâ denticulato-scabrà , venis lateralibus lævibus pallidis. Lodiculæ 2, subacinaciformes , magnæ extrorsim gibbosæ et carnosæ, introrsim submembra- naceæ , glabræ vel apice ciliatæ. Séamina 6, filamenta longè exserta ; antheræ lincares , longæ. Ovarium oblongum, glabrum. Séigmata ratione stylorum Jongiuscula. Caryopsis non visa, stipitata? Oss. Ce genre me paraît voisin du Zizunia. Il diffère, à ce que je crois, de la précédente, par le port, la forme et la consis- tance de la paillette, qui est ouverte pendant la période de l’in- florescence , et dont l’inférieure est aristée. (x) In exemplaribus in horto Calcuttæ cultis natantia oblongiora et teneriorä, W. GRIFFITH. — Graminées du district de Syihet. 373 Vossra Wall. et Griff. Mss. Spica compressa, articulata, rachi flexuosà excavatä. Spi- culæ in singulo articulo duæ, alterà sessili, alterà pedi- cellatà, bifloræ. Glumœæ », dissimiles, exterior chartaceo-cartila- ginea , plana , apice in cuspidem producta; interior chartacea, mutica, carinato-uavicularis. Flosculi hyalini , mutici ; superior (interior) hermaphroditus (in spiculà pedicellatà sæpiüs mascu- lus) , bivalvis 3-venius. Lodiculæ 2, cuneatæ, dentatæ. Sfamina 3, Styli 2. Stigmata plumosa. Caryopsis..…. Flosculus inferior mas- culus bivalvis bivenius ! Gramen procerum, fluitans cæspitosum. Culmi 3-4-stachyi. Folia longissima, L ASUS disait rer de plana, venà centrali crassà albà. Zioula indivisa , densè ciliata. Diximus in me- moriam B. Johannis Georgii Vossii; poetæ Germarorum dulcissimi, erudi- tissimi, poematum Græcorum et Latinorum , imprimis Georgici Virgiliani tran- slatoris et commentatoris locupletissimi , rerum botanicarum et agrestium insi- gniter periti. e Vossia procera Wall. et Griff. Ms. Ischœmum cuspidatum Roxb. Flor. Ind. ed. Carey, 1. p. 325. — Kunth. Agr. p. 516. Hab. In inundatis vernacule Jeels dictis prope Hubbeganje, fluminis Barak, Bengalæ orientalis. Florentem invenimus mense septembris 1835. Gramen glaucescens, in aquis stagnantibus leniter fluentibus profundis nascens, Culmi immersi longissimi , crassi, cellulosi, radiculas capillaceas ad geniculas emittentes , emersi 3-4-pedales, vaginis laxis , compressiusculis , tactu scabris undiqué tecti. Vaginarum axillæ gemmiferæ ; colla densè barbata. Ligu- la brevis truncata. Folia Eneari-ensiformia, basi subcordata, lonsissimè subulato- acuminata ,2, 2 Spedalia, suprà parce pubescentia, infrà glabra, venä centrali crassä, albà, supa planä , subtüs prominulâ, marginibus cartilagineis antrorsim denticulatis. Spicæ termivales, binæ vel ternæ, ranids quaternæ, digitatæ, 6-8-unciales, patentes , subnutantes, laterales, subsessiles , rudimento alterivs interdum adjecto , termimalis pedunculata, insertionibus cartilagineis plus minus hispidis. Riachis introrsim planiuscula , extrorsim convexa ; flexuris dextrorsis sinistrorsisque, marginibus scabris. Spiculæ pedicellatæ, infimæ summæque 374 W. CRIFFITR. — Graminées du district de Sylhet. tabescentes. Pedicelli spicularum inferiorum articulis paulo longiores. G/unä exterior dorso plana , venoso-striata , apice producta in cuspidem ensiformem, longam , glumam ipsam ferè bis superantem, rectam vel subundulatam, venoso- striatam , marginibus denticulato-scabris. Interior navicularis, carinâ obliquä a medio suprà scabra, breviter mucronata , irregulariter venosa, venà cer trali nunc incompletà intermediis incompletis et sæpits , præserüm spiculæ sessilis, cum venà centrali arcuatim confluentibus. Paleæ flosculi exterioris masculi mem- branaceæ , biveniæ! exterior apiculo brevi pubescente : margiribus mutuo inyo- lutis subciliatis. Lodiculæ 2 , carnosæ, maximæ , cuneatæ , angustiores quam in flosculo hermaphrodito , dentatæ. Æntheræ longè exsertæ , lineares , luteæ. Pollen globosum, inæquale, læve. Rudimentum fæminei nullum. Paleæ flosculi interioris hermaphroditi consimiles, sed exterior trivenia, Lodiculæ starni- naque ut in mare. Ovarium subobovatum, glabrum. Sy duo, umbone nullo interjecto. Séigmata ratione stylorum longa , ramis denticulatis, Caryopsis, ..., Spiculæ stipitatæ flosculi minores ; et superior interior rariüs hermaphroditus. Oss. Genus habitu quodammodo Tripsaci, Hemariuriæ acce- dens, sed discrepans præcipuë pedicellis flosculorum exteriorum glumisque interioribus spicularum sessilium solutis, nec axi adnatis, flosculisque exterioribus bipaleaceis masculis , nec uni- paleaceis neutris. Ab schæmo differt præcipuè paleà exteriore floculi hermaphroditi (superioris) muticà. Panicum Brunonianum Wall. et Griss. Mss. Paniculà effusà, spiculis 1 vel 2 infimis sessilibus et in axis excavationibus seminidulantibus, reliquis exsertis sæpissime so- litariis, rachillà in aristam spiculam duplè sepurantem productà, foliis linearibus 3-veniis vaginisque glabris, ligulis 3-dentatis. Hab. In aquis leniter currentibus profundis plagarum Jhecls dictarum propè Goalnagar; florens septembre. Gramen fluitans: culmi longissimi , compressiusculi, ad geniculos radicantes , vaginarum colla nuda. Zigulæ dens intermedius mimor. Folia linearia 2-3-un- ciala , obtusiuscula, 3-venia, marginibus subsimplicibus denticulatis. Panicula terminalis, ambita ovata, subglabra, axi inferné tetragonà et éxcavatà. Spiculæ 1 vel 2 infimæ in excavationibus seminidulantes; reliquæ exsertæ sæpissime solitariæ; rachilla seabra ultra spiculam quamque si unica, ultra terminalem si geminata, in aristam subulatam, antrorsim denticulatam producta. Gluma exterior minima , membranacea , evenia , subcrenulata, decolorata; interior lanceolata, acuta, mutica, venosa (sub-13-venia) marginibus parm , involuus W. GRIFFITH, — Graminées du district de Sylhet. 335 subciliatis. Æ/osculi dissimiles; exterior masculus, duplo triplove major, palea exterior glumæ interiori stimilis, sed scabrella et margines magis involuti; interior duplo minor breviorque, membranacea, glabra, apice bifida , dente setiformi mi- nimo interdüm interjecto, venis 2 indistinctis infra apicem evanidis. Lodiculæ 2; paleæ interiori omnino externæ , oblongæ, subromboïdeæ, integræ. Séamina 3, antheris rubro-sanguineis. Paleæ floris interioris fæmine: membraceæ , muticæ, ovato-lanceolatæ , extevior evenia! interior latior, magis obtusa et involuta, incompletè bivenia. Staminum rudimenta tria. Lodiculæ 2 angustæ , interdèm coalitæ? Siyli 2, imà basi coaliti lougi. Szmata plumosa, purpurascentia , ratione stylorum longissima. Caryopsis non visa. Os. Cette espèce appartient à la dernière section de ce grand genre, tel que la divisé M. Brown dans son Prodrome: elle offre de l'intérêt, comme étant la seule espèce de cette section, trouvée jusqu'ici hors de la Nouvelle-Hollande. Elle se rapproche de l’Zsachne par la disposition des sexes ; mais elle en diffère par le port, la grandeur relative des glumes, et la consistance des pail- lettes. Cette section diffère seulement du Chancægraphis ,comme l'a dit M. Brown, par le nombre desstyles. L’allongement remar- quable du rachis partiel au-delà dej l’épillet terminal, se ren- contre dans de vrais Panicum. Norss sur la végétation des environs de Laon, Vervins et Ro- croy ; comparée à celle des environs de Paris, et sur quel- ques variétés ou monstruosttés observées dans cette contrée.(x1) (Extraites d’une lettre de M. DE £a Font, baron de Mr- LICOCQ. ) s SI. Plantes croissant aux environs de Laon, qui ne se trouvent pas auprès de Paris. Lécumneusss. Onobrychis supina DC. Les montagnes situces entre Bruyère et Parfondru, celle de Presle. (x) Les changemens graduels qui s’opèrent dans la nature de la végétation des pays de plaines ou de basses collines, en s’avançant du sud vers le nord, ont été beaucoup moins remarqués 396 DE LAFONT.—Sur la végétation des environs de Laon, etc. RosAcées. CRASSULACÉES. OMBELLITÉRES. ComrosÉEs. Galsga officinalis L. Rare auprès de Paris, se trouve assez communement auprès de Laon. Vicia dumetorum L. Les bois entre Brancourtet Prémontre. Rubus saxatilis L. Fréquent dans les bois à Salmoucy, Lielle, Veslud , Félieux , Montaigu. Les Cerasus Padus DC., Sorbus Aria Grantz, rares auprès de Paris, embellissent au printemps presque tous les bois du Laonais. Aichemilla vulgaris Li. Très rare dans les bois de Prémon- tré. Commune dans les bois et les prés des environs de Vervins etde Rocroy. Sempervivum. montanum L. Sur les murs de Saint-Vin- cent, montagne de Laon. Peucedanum palusire Mœnch. Les marais, à Chambéry, à Chévi, à Etouvelle. Très commune dans celui de Salmoucy, etc. Cicuta virosa L. Fréquente dans les marais à Pierrepont, Vesle, Fourdrain. Fort rare à Pontchartrain (Mérat). Laserpitium gallicum XL. Les montagnes entre Bruyère ct Parfondru. Les bois de Montaigu , Félieux. Senecio F'uschsii Gmel. Les bois à Félieux, Lyez. Rare. Senecio nemorensis L. Les bois entre Bourguignon et Montarsène , entre Prémontré et Suzy. Aster Amellus L, Les bois à à Mailly, Nouvion , Chevrigny; les montagnes et les bois à Bruyère, Parfondru, Veslud, Félieux; cesse de croître entre Morgny-en-Haye et Montaigu. J'en ai trouvé une variété à fleur blanche auprès de Par- fondru. et plus rarement signalés que ceux qui se montrent brusquement dans les points où la disposition physique du sol rend le changement de climat plus rapide et plus prononcé. Ainsi, entre la végétation des contrées situées immédiatement au nord de la limitede la région méditerranéenne, dans la vallée du Rhône, et celles des plaines de la Belgique , il y a des différences notables , qui Jépendent de l’existence d’un certain nombre de plantes de cette région méridionale, qui dépas- . 0 . . . . - 2 # gent ces limites et qui moins sensibles au climat plus rigoureux de la France centrale, s’éten- dent plus ou raoins au nord , jusque vers Paris, tandis que, plus vers le nord, non-seulement ces espèces méridionales disparaissent , mais encore quelques plantes, ordinairement propres aux basses montagnes de la France moyenne, se montrent dans les plaines. C'est sous ce rapport que les notes que nous insérons ici nous ont paru mériter l'attention des lecteurs. Rép, LA DE LAFONT.— Sur la végétation des environs de Léon, etc. 377 CampANuLACÉES. Campanula Medium L. Fréquente dans les bois du Lao- nais. Rare auprès de Paris. RHINANTHACÉES. ÆEuphrasia lutea L. Fréquente sur les montagnes à Crépy, Lamicourt, Mons-en-Laonais, Nouvion. Les moissons à Presle; les bois et les montagnes à Parfondru , Veslud, Félieux. Cette plante, qui ne se trouve pas auprés de Paris, com: mence à paraître sur les montagnes voismes de Compiègne et de Noyon. PoLYGoNEES. Rumex Acetosa L. v. . montana ( R. intermedius DC. ). Les environs de Laon. JoNcÉEs. Luzula nivea DC. Le marais d'Urcelles, près Laon. Les endroits marécageux de la rieze de Rocroy, prés la cense Gallois , Sévigny-la-Forest, Regniowe , le gué Dossu , etc. Cypéracées. Carex arenaria L. Montagne de Laon; auprès de Chivy, Urcelles , entre Veslud et Parfondru, à Goudelancourt-lès- Beézieux. Rare dans la forêt de Senlis. $ IL. Plantes communes auprès de Paris et de Laon, et qui manquent dans les environs de Vervins et de Rocroy. Anemone Pulsatilla L. Sisymbrium Sophia XL. Arabis hür- _ suta Scop. Turritis glabra L. Saponaria officinalis L. Silene nutans L. Lychnis dioica L. Cornus mascula L. Onopordon acanthium L. Salvia pratensis L. Euphorbia cyparissias. Les Primulaet les Nymphæa manquent auprès de Rocroy, ainsi que le Bryonia dioica L. $ IIT. Plantes qui croissent auprès de Vervins et de Rocroy et ne se trouvent pas auprès de Paris ni de Laon. CAPRIFOLIACÉES. Sembucus racemosa L. Les bois de Tenaille, du Val Saint- Pierre, d’'Hirlon , Aubenton. Les environs de Rocroy. Composées. Senecio Sarracenicus L. Fréquent à Hirson , la forêt de Nouvion , Saint-Michel, Watügny, la forêt d’Aubenton , les bois de Brunhamel , les environs de Rocroy. Les Xelleborusviridis L. Tussilago Petasites L. Polygonum Bistorta L. Lysimachia nemorum L. Fort rares auprès de Paris et de Laon , se trouvent très communément auprès de Vervins et dans l'arrondissement de Rocroy. 378 DE LAFONT. — Sur la végétation des environs de Laon, etc. AARYLLIDÉES. ZLeucoium vernum L. Le bois de Franc-Bértin , près Brunhamel. Joncées Luzula maxima DC. La forêt d’Aubenton, les bois d'Hirson. AROIDÉES. Acorus Calamus L. Le guc des Broizes , entre Rumiséry et Anteny, aupres de Rocroy, de Vervins. V1oLARIÉES. Viola canina L. — Var. ce V. ericetorum Schrad. — Var. F. lucorum Rchb. Les landes et les bois près Rocroy. Viola lutea Sn. (7. erandiflora Hudks.). Fréquente auprès de Rocroy. Viola palustris L. Sy trouve aussi tres communément, … PoLvGaALÉEs, Polygala serpillacea Weïhe. La rieze de Rocroy. Polygala uliginosa Rchb, Lieux marécageux de la rieze. Hyréricnées. Æypericum dubium Leers. Les bois et quelques prairies. Composfes. Arnica montana L. Fréquente dans les landes et les bois de Rocroy, Beaulieu et jusqu’en Belgique. Gonnue dans le pays sous le nom d’Aerbe au précheur, sans doute à cause de la disposition de ses fleurs. Centaurea montana L. Les bois situes entre Rocroy et Revin. Campanpracées. Campanula çervicaria L. Les bois entre Rocroy et Fumay. BoRRAGINÉES, Myosotis lutea Pers, Auprès de Rocroy. ASPARAGÉES. Convallaria verticillata L. Les environs de Rocroy, les bois d'Estaignière, Beaulieu. GRAMINÉES. Avena amethystina DC. Auprès de Ghimay (Belgique), Espèces et variétés nouvelles. On irouve fréquemment, dans la partie de l'arrondissement de Vervins qui avoisine l’Ardenne etdans le canton de Rosoy-sur-Serre, une variété du boucage (Pimpinella) à grandes feuilles, ou plutôt une espèce bien distincte, qui y remplace complètement l'espèce ordinaire. Les feuilles radicales fort amples sont ailées, à folioles ovales en coin, pinnatifides , incisées-dentées en scie ; les supérieures réduites aux gaînes. Sa tige s'élève quelquefois à cinq pieds : elle se trouve aussi dans l’arrondissement de Saint-Pol (Pas-de-Calais). Ne pourrait-on pas la nom- mer Pémpinella axonensis ? Deux variétés du chanvre cultivé viennent spontanément sur la montagne de Laon , près Ardon. La première se distingue de l'espèce par ses tiges basses et DE LAFONT. — Sur la végetation des environs de Laon, etc. 379 très rameuses , et la seconde par ses feuilles simplement lobées , à cinq et quel- quefois trois lobes , et non à cinq ou sept folioles. Bellis perennis L. Monstruosités : l’une a neuf pédoncules en ombelle , trouvée entre Rosoy-sur-Serre et Chéry ; l’autre remarquable par de longs filets blancs, qui s’échappent du milieu du disque, trouvée dans le parc du château de Cuiry; la troisième, observée auprès de Rocroy, à fleurettes de l’intérieur de la calathide, métamorphosée en feuilles. Linaria spuria Mill. v. 8. grandifolia, Auprès de Parfondeval, Marle. Cette variété et l’espèce se pélorient très fréquemment dans l’arrondissement de Vervins. Les corolles ont cinq ou six éperons. Dans d’autres pélories, la corolle est à cinq lobes ; mais elle est fendue dans sa partie supérieure, et n’est munie que de trois ou même quelquefois de deux éperons. J’ai observé sur plusieurs piéds une pelorie qui, je pense, est encore nouvelle pour la science. La corolle semble , au premier abord , avoir conservé sa forme ordinaire, mais, lorsqu’on l'examine avec attention, on remarque qu’elle est munie de deux éperons, et que la lèvre supérieure , au lieu d’être bifide, comme dans létat normal, n’a plus qu'un seul lobe , tandis que l'inférieure en a quatre. Un seul échantillon m'a procuré une corolle à lèvre supérieure bifide. Sur une tige chargée d’un grand nombre de fleurs à corolle régulière, j’en ai observé une privée d’éperon et du reste semblable aux autres. Scrophularia aquatica L. v. 6. S: äppendiculata Balb. Flore flavo. La variété à fleur jaune de la Scrophulaire aquatique n’a encore été observée qu’une seule fois en France, à Cluny (Saône-et-Loire), dans un fossé de la route, vis-à- vis le portail de la papeterie (Mutel , Flore française , t. x, p. 369) ; maïs ma sous-variété appendiculata , est par conséquent encore inédite. ” J'ai eu le bonheur de découvrir cette belle plante, en juillet 1836 , près Agni- court, sur les bords de la Serre, non loin du confluent du Porcelet dans cette rivière. Elle se trouvait mêlée à la variété appendiculata, et les curolles jau- nâtres purent seules me la faire remarquer. Prunella vulgaris. Une monstruosité de Ja prunelle commune , trouvée à Saint-Georges, près Rosoy-sur-Serre , prouve la justesse des observations de MM. Henri de Cassini et Moquin , observations qui démontrent que, dans les Labiées , le lobe moyen de la lèvre inférieure est la seule partie de la corolle qui ait conservé sans aucune altération les caractères primitifs. En effet, dans cette monstruosité remarquable, les trois lobes de la lèvre inférieure se sont métamor- phosés en trois pétales , dont les deux latéraux sont presque avortes. Convallaria multiflora L. var. C. longibracteata Nobis.Cette variété diffère de celie de Rocper, trouvée auprès de Thann, par ces pédicelles munis de bractées d’une telle dimension, qu’on pourrait les prendre pour de petites feuilles. Je l'ai observée à Coing, dans les bois. Campanula rotundifolia L. J'ai trouvé dans la forêt des Ardennes, près Rocroy, une monstruosité de la campanule à feuilles rondes, dent la tige aplatie 380 J. P. GUÉPIN. — flore de Maine-et-Loire. était ornée de trois fleurs. Deux d’entre elles avaient une corolle régulière, mais à dix lobes, au lieu de cinq. Les organes sexuels étaient aussi en nombre double. L’aplatissement de la tige avait concouru à former cette monstruosité remarquable. La troisième fleur avait conservé la forme primitive. Convolyulus arvensis L. v. 6. corollis profondè quinque- partitis Nobis. Cette variété n’a jamais été observée. Ses corolles ont cinq lobes très étroits qui arrivent près de la base, sans y aîteindre néanmoins. Quelques-unes d’entre elles ont un stigmate à trois lobes et non à deux, comme dans le Liseron des champs. Trouvée à Anteny, avec l'espèce. Frore de Maine-et-Loire, par J. P. Guérin, D. M. Tome 1°, 2° édition, in-12. 409. p. Angers, chez Pavie. Paris, chez Bailliere. En 1830, M. le docteur Guépin publia le premier volume d’une Flore de Maine-et-Loire, fruit de plusieurs années de travaux consciencieux et assidus, et modèle, selon nous, des Flores départementales. Nous ne sommes donc pas étonnés de voir paraître dès à présent une seconde édition de ce premier volume, parce que son utilité ayant été justement appréciée par les nombreux élèves de l'École de médecine d'Angers, la première édition a dû s’écouler rapidement. Mais nous regrettons que M. Guépin n’ait pas encore publié le second volume , qui devait être consacré à la Cryptogamie , partie de la science à laquelle il s’est attaché de préférence, et où il a fait des découvertes intéressantes pour la Flore française. Dans l'avertissement placé en tête de l'ouvrage , l’auteur annonce ce second volume, ct ilindique les principales espèces cryptogamiques qu’il se pro- pose de publier. Comparée à la première cdition , celle qui vient de paraître présente des addi- tions notables. C'est assez faire l’eloge de ce livre, qui a obtenu un grand succès dans son pays, succès mérité par l'exactitude et la concision des descriptions, la bonne détermination des espèces, l'indication des localités, et les savantes obser- vations qui accompagnent les plantes ligneuses. M. Guépin est certainerment un des botanistes les plus au courant des publications nouvelles qui paraissent tant en France qu’en Allemagne, en Angleterre et en Italie, sur les plantes d'Europe, et il en a enrichi sa Flore de Maine-et-Loire. Nous desirons qu'il trouve des imitateurs dans les principaux deépartemens, surtout dans ceux qui sont placés au centre des régions dont l'ensemble de la végétation présente un caractère particulier. Germination du Marsilea Fabri. 381 GrErMiNaATION du Marsilea Fabri. Le rapport de M. Auguste de Saint-Hilaire , renfermant tous les faits signalés par MM. Dunal et Fabre dans leur’notice sur la germination de cette plante ,nous avons pensé qu'il suffisait d'y joindre les figures de cette germination que ces savans avaient ajoutés à leur travail : elles complètent l’histoire de cette plante intéressante, EXPLICATION DE LA PLANCHE XIII. a, Grappe détachée du pédoncule mucilagineux , de grandeur naturelle, vue du côté des ovules, A. La même, grossie, 1, Ovule de grandeur naturelle, I, Le mémetrès grossi. 2. Ovule commencant à germer, — &. Première feuille ou cotylédon. II. Le même grossi. IT. Autre ovule plus avancé , avec le cotylédon et la première radicelle, grossi. IV. Le même un peu plus avancé et grossi. 5. Le mème, de grandeur naturélle: la première feuille ou cotylédon 8 ; la seconde feuille d, la troisième feuille f; la quatrième feuille encore recourbée 4; la première radicelle c; la seconde e ; la troisième g, V. Le même grossi. 6. Plantule de grandeur naturelle un peu plus avancée montrant: , la première feuille ou cotylédon ; d, la seconde feuille; f, la troisième; L, la quatrième feuille épanouie , c, première radicelle ; e , seconde; g , troisième ; £ , quatrième radicelle. 7. Antre plantule de grandeur naturelle, montrant : , première feuille ou cotylédon; d'et f, deuxième et troisième feuille ; 2, quatrième feuille ; 4, cinquième feuille encore recour- bée en crosse, 8. Autre plantule , de grandeur naturelle , un peu plus avancée, montrant : b, première feuille ou cotylédon ; d , seconde feuille ; f, troisième feuille; L, quatrième feuille; k, cinquième feuille; #, sixième feuille, encore roulée en crosse ; c,e, g,i, radi- celles dans l’ordre de leur développement. 9. Autre plantule où l’on voit le cotylédon: 6 ,la première et la seconde feuille; 4 et f, qui, au lieu d’ètre entières et spatulées comme dans les figures précédentes, sont bilobées à lobes … oblongs linéaires ; À, quatrième feuille dont les folioles ne sont pas encore étalées, 10, Autre plantule dans laquelle on ne voit point de feuille en alène comme la première feuille des autres plantules, mais où l’on voit, en revanche, quatre feuilles bilobées ; d,f,h,ht, qui précèdent la première feuiile quadrifoliolée. La feuille Z serait-elle la première qui , au lieu d’être subulée, aurait un limbe bilobé ? Dans ce cas serait la seconde feuille , À la troisième et 4 la quatrième. Le nombre des feuilles qui précèdent la première feuille à quatre folioles serait le même que dans les autres plantules, Il n'y aurait alors de changement que dans la forme de ces feuilles. > () ee ’ TABLE DES ARTICLES CONTENUS DANS CE VOLUME, ORGANOGRAPHIE, ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE VÉGÉTALES, Observations sur la circulation des fluides chez le Chara fragilis Desvaux, par M-'DunRocEEr. 0. NN MONO A EN ET 0 Note sur Ja coloration de l’Hibiscus mutabilis , par P. W. Korrxars . . 63 Influence de l'électricité sur la cwculation du CAara, par MM. RE ONE | et Durrocxer. C] e e e e e e . e s . . . e e CJ e e ‘e e e 80 Des organes mâles du genre T'argionta, découverts sur une nouvelle espèce du Chili, par Cause Mowiaenr. 4 © 1e CE N° 100 Rapport fait à l’Académie des Sciences par MM. Achille Richard et Mage de Saint-Hilaire , rapporteur, sur un mémoire ayant pour titre : Germi- nation du Marsilea Fabri , par MM. Fazre et Dunaz. . . . . . . 115 De organisation et du mode de reproduction des Caulerpées, et en parti- culier du Caulerpa Webbiana, FRE nouvelle des îles Canaries, par M Cantet MONTAGNE PR PS es ie: 20 Recherches analogiques sur la EE D par M. Fa Non DU) 159 Extrait d'un mémoire de M. F, Dunaz sur les 4/oues qui colorent en rouge certaines eaux des marais salans méditerranéens . . . . . . . . .!1. 172 Recherches sur la coloration hibernale des feuilles, par M. Huco Moux. , 219 Recherches sur le rhizome du Tumus elephantipes , etc., par M. Huco OHLe dr ses 6 4 0 « s + + 279 Recherches sur le développement du Liège et du Faux-Liège sur l'écorce des dicotylédones ligneusés à + + 4 44 4 0 4 NL 4 4 #4 ou 414! 290 Germination du Marsilea Fabri. . + 10.1... . : . 7,1, . . 2: F3 381 à © : MONOGRAPHIES ÆT DESCRIPTIONS DE PLANTES. Centurie de plantes cellulaires exotiques nouvelles , par M. Monracne, . 38 Observations sur la spécification des Zannichellia et sur le genre Diplan- thera de Du Petit-Thouars, par AN OTHNEEER So ee » © at + “07! Observations sur quelques espèces d’Aristida , par J. F. Tauscx. . .. 127 Notice sur l’Æbies Pinsapo , par M. E. Borssr£r. . .{,1. . . . . . 167 Description de deux genres de la famille des Hamamélidées , de deux espèces de Podostemon et d’une espèce de Kaulfussia , par M. W. GRIFFITH, . 176 TABLE DES ARTICLES. Recherches sur les C/adonia de la flore du Hartz, par Ham. . ...". . Etudes sur quelques genres et espèces de la famille des Asclépiadées, par de DECO SSANMNT PRO: | SEE CR PT De l'étude des fruits et de la graine, prise pour base de la détermination des espèces, par M, de Massas , capitaine d'artillerie. à © M PR Observations sur quelques Graminées . . , . . . + + . + . + . « Description de quelques Graminées, formant une partie de la végétation des Jeels , du district de Silhet, par M. W. GRIEFITH. . . . . . FLORES ET GÉOGRAPHIE BOTANIQUE. Flcræ fluminensis Icones lapidi insculptæ, edidit D. À. DE ArraninA. . Flore du bassin sous-pyrénéen, par M. J. B. Nourer. . . +: + . «+ : Prodromus floræ Peninsulæ Indiæ Orientalis jauct. R, Wienr et War- KER-ARNOTT, e selle Feb BUTS SN Ghite DS PIS RIRE Ml à © nm + ee +, 1e oe Matériaux pour servir à la Flore de Barbarie , par M. An. STEINHEIL. . Observations sur le climat du territoire d'Hyères et sur les végétaux exo- tiques qu'on y cultive en pleine terre , par M. MarTins. + . . . . , Flora cestrica , par le D' W. DarzinGroN, . à. . . . . . + + . . Extrait d’une lettre de M. Perrottet sur la végétation des montagnes dites DRSRerTY. à 0. e L] e ° ° e e e e e . e e e L1 ° e Note sur la végétation des environs de Laon, Vervins et.Rocroy, comparée à celle de Paris, par M. pe Laronr, baron de MeurcocQ. . . : . . . _ EXTRAITS D'OUVRAGES GÉNÉRAUX ET MÉLANGES. Icones seleciæ plantarum quas in Prodromo ge universalis ex herbariis Parisiensibus , etc. ; descripsit À, P. De Canvorze; editæ a Bens. Deresserr, vol. PA EC ECS A Troisième mémoire sur le groupe des Céramices et sur le mode de leur pro- pagation > Par M. J. M. Duzy. e e e e e- e D ° e e ° e e e L Essai sur les Cryptogames des écorces exotiques finales ,par M. A. L. A. Flore de Maine-et-Loire , par M. - ns PL MN ce 0 à PR 0e On Houveles. NL EME Fr, à, SON ET i 383 243 321 348 311 58 189 249 380 317 TABLE DES PLANCHES. CONTENUES DANS CE VOLUME. PLANCHES 1 , 2. 3. &, 5. Te 8. , 9,10,11,12. 13. Structure et circulation du Chara fragilis. A. Zannichellia dentata Wild. B. Zannichellia palustris Wild. À. Zannichellia palustris Willd. B. Diplanthera Du Petit-Thouars. T'arsionia bifurca Mont.et Nees. Caulerpa Webbiana. Rumex bucephalophorus — Emex australis.—Or- chis læta. (Details anatomiques, Daucus gracilis. Genres d’Asclépiadees. Germination du Marsilea Fabri. — du Tamus communis. FIN DU NEUVIÈME VOLUME, ; DEAR Ann. des Setence. nat. 2° Serie . Bot. Tom. 9. /lLz. Dennrane-vu HAINE ENS pe Fe Ann. des Setene. nat. 2° Serte.. Bot.Zom.,9.?l. 2, S'ucture et ctreutalion du Chara fragilis. Ann. des Se .nat. 2° Sert . è Bot.Tom 9 0097 Ad. Se, del À Zarichella dentata Wild. B.Zan, palutris Wild. 2 ) Ann. des Se. nat.2° Serie’. Bot Tom.g.?1. 4. À Ad. St del. À. Zarichella palustris Wild B. 2planthera, Du Pet 1 Rouars, Fe ri Lo a mi TN, Ann .des Sccene.nat. 2° Jerte. Dot.Tom.g.PL.5. RTE À. PERS C'Montagne delin À Targionca bifürca Pet A. » 7 PE ‘ Fa Le" ne " Ann.des Seienc.nat. 2° Sert. Tom.gPL. 6. Montagne del. æ aulerpa webbiana Ann. des Seinc.rat. 2° Sert. Bot. Tom.,9 PE 7. fu fe NE re | ur Le] L Ad. Steinheil del. 1-10. Rumer Gucephalophorus. 16. Enex australs. 17-20. Orclis leta. Ann. des Sexence. nat. 2° Serte. Bot. Tom. 9 . PL 8 S VAv> a Er a = & Se, / ï a] ” SP | 4 = IN re ; >... UT Lie /, SR > > ca Sen LS pu )).).). LL LLLLERSSS KE) PT PETZ = Aer f & Ÿ à f ‘ Î 4 F k = a Ad. Stinhed de. Daucus gracilts. CU) ‘4 Fe Li = : » -* . . - — — TE D 7 Ann .desr Jccenc.nat. 2° Sert. Tom.9.PL.9. A à LEA \ A 0 À NZ = 02 A Ceropegra vartegalta B. Ceropegia squamulata C Desrmuidorchis Lorskali D Caralluma subulata 4 LEON SET LEE OS LOTS v # : LULU ÉNTSENE ] J tam sndlenu \ «a de émet) RUE EC EE AU de An. des Setene. nat. 2° Serie. ss le 7 .9.Pl18 \ A. Helerostemma acuminatum . B. Zeptadenia Forskali . C. Cntrostemma multiflorum . D. Asterostemma repandumn . E. Zilophora cuspidata . F. Zergularia bifida . G. Marsdenta syringaefolia. mr Ann.des Seine .nat. 2° Jerte.. Bot Tom.g.lL.n. A. Cyrnnema rufescens. B. Matelea linearis. C. Acerates circinalt . E. Zeuatropés spuralis. FF. Aanahia lançfora.. G.. Argelia Dell. Bot.Tom. ,g.Plr2. oiene nat. 2° Serre, B. G yathella repande D. À, CGynancluon fruaculostuen. ctform CA C, Zycnoneurum jun E J'anhelia radians. Glossonema Boveant. EF, Dæœnua incana. H. Calostigma insigne. G. Pecarnema Bojeriana : en aa ut Ann. des Setenc. nat.2° Série’. Tom.9. Pl 33 À. Gerrunator du Marsilea Fabri , B . Germunation du Tamnus communis . \ j ; À 12 | LA | 1 x Là ï ) WIN { Po Ÿ AS