AAA CTI ls 1h 1 A Se Len < x ANNALES DES SUIENCGES NATURELLES ZOOLOGIE COMPRENANT L’ANATOMIE, LA PHYSIOLOGIE, LA CLASSIFICATION ET L’HISTOIRE NATURELLE DES ANIMAUX PUBLIÉE SOUS LA DIRECTION DE M. EDMOND PERRIER DIXIÈME SÉRIE $ TOME IV PARIS MASSON ET Cie, ÉDITEURS LIBRAIRES DE L'ACADÉMIE DE MÉDECINE 120, Boulevard Saint-Germain 1920 C1 x > à Ré ds S ] ts de traduction et de HPouTAton S 4 réservé Fons ds , 7 pes 0 E rl L 283 St 1 en | Fr . 2. » - è _ » r À CONTRIBUTION A LA CONNAISSANCE DE LA PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOIDIQUES Par Émile-F, TERROINE INTRODUCTION « Un chapitre des plus intéressants, — on peut ajouter des plus indispensables, — pour compléter l’histoire de la fonction éner- gétique des êtres vivants, c’est celui de l’évolution de la graisse dans l'organisme, particulièrement des animaux... Malheureu- sement, les documents les plus essentiels manquent encore pour l'écrire. Même ses cadres généraux nous font défaut en grande partie. » Ce qu'écrivait ainsi Morar en 1904 était profondé- ment vrai. Sans avoir été totalement délaissée, l'étude des graisses n'avait point, à beaucoup près, passionné les cher- cheurs, comme l’avait fait celle des albuminoïdes ou des hydrates de carbone. Si la constitution des matières grasses nous était connue par les travaux mémorables de CHEVREUL, nous ne pouvions cependant trouver le magnifique faisceau d’acquisitions nouvelles qu'apportaient de tous côtés les chimistes sur la composition des matières albuminoïdes, des substances nucléiniques, des hydrates de carbone, des alcaloïdes. Le physiologiste traite sans grande estime ces substances de réserves déposées loin des tissus actifs de l'organisme, auxquelles on ne saurait attribuer le rôle noble d’être, comme l’albumine, le constituant fondamental du protoplasme ou, comme le sucre, un combustible de choix. La digestion même des graisses, qui passionne un moment l'opinion physiolo- 6 ÉMILE-F. TERROINE gique, à la suite de la belle découverte de BERNARD et des vives polémiques qu’elle suscite, est moins connue que celle des hydrates de carbone ou des albumines ; on ne sait encore si, comme pour les autres aliments, le fractionnement en molécules plus simples doit précéder l'absorption. Quant aux anatomistes, aux cytologistes, leurs regards vont peu vers ces graisses reléguées au rang d’enclaves, élé- ments contingents de la cellule et qui ne peuvent intervenir dans le déterminisme des grands problèmes de biologie qui les passionnent : structure du protoplasme, forme, variation, hérédité. Et puis, tout à coup, tout change : à la suite des beaux travaux d’OverTon et Hans MEYER, les corps gras sont devenus les lipoïdes. Le chimiste s'aperçoit alors qu'à côté des triglycérides 1l existe vraisemblablement une foule de composés à structures très diverses : phosphatides, cérébrosides, éthers de la choles- térine, etc., qui, par leur complexité, méritent son atten- tion autant qu’albumines, purines ou hydrates de carbone. Le physiologiste attribue peu à peu tous les rôles impor- tants aux substances grasses et lipoïdiques : elles fixent les anesthésiques,-et leur présence permet de comprendre le mé- canisme de la narcose ; elles réagissent avec les venins pour donner des hémolysines ; elles font partie intégrante des anti- corps ; elles commandent aux oxydations organiques ; elles jouent dans la croissance un rôle aussi nécessaire que mysté- rieux ; enfin la présence d’un minimum de graisse dans l’ali- mentation serait aussi indispensable que celle d’un minimum d’albumine. Quant à l'histologiste, il trouve que les mitochondries sont constituées en partie par des corps gras, et 1l attribue à ces granulations, comme on l’a toujours fait pour tout élément cellulaire, toutes les fonctions de la cellule : l'élaboration des grains de sécrétion, des granulations pigmentaires, la for- mation du glycogène, etc. Lorsque nous commençâmes ce travail par des recherches sur la digestion, — notre première publication relative aux substances lipoïdiques date de 1907, — le mouvement qui PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOIDIQUES 7 portait les physiologistes vers l’étude des corps gras était loin d’avoir l'importance qu'il a prise depuis. A la vérité, l'apparition de techniques nouvelles, permet- tant l’obtention de données beaucoup plus précises que celles précédemment acquises, fut pour une part importante à l’origine de ce mouvement. En particulier, la mise au point d'une excellente méthode de dosage des acides gras par KumaGawa et SuTo ; l’application qu'eux, leurs collaborateurs et leurs élèves montrèrent qu'on en pouvait faire aux orga- nismes totaux, aux tissus, aux humeurs, aux aliments, aux matières fécales, mirent à la disposition des physiologistes un instrument de travail leur permettant d'aborder avec satis- faction, comme avec fruit, les problèmes nouveaux qui les sollicitaient. | Lorsque A. MAYER et G. SCHÆFFER furent amenés, par leurs recherches sur le pouvoir hémolytique des sérums et sur la résistance globulaire, à étudier les substances lipoïdiques des humeurs et des tissus ; lorsque, de mon côté, je désirais suivre dans l'organisme le sort de ces graisses dont j'avais étudié les transformations sous l'influence des sucs digestifs, nous avions alors les méthodes nécessaires à la poursuite d’une investigation étendue sur la physiologie des substances grasses et lipoïdiques, et nous étions tout préparés dans ce but à la plus intime des associations. Je sais trop ce que je dois à cette collaboration, non de travail matériel seulement, mais de pensée, pour tenter de séparer ce que nous avons voulu associer et faire miens des résultats qui ne m’appartiennent point en propre: si l’on trouve dans ce travail quelque bien, le mérite en revient pour la plus large part à mes collaborateurs. Mais, sur un aussi vaste sujet, une collaboration, si intime soit-elle, ne va pas cependant sans une division du travail. S1 l’on veut bien m’accorder que je sais tout ce que renferme d’artificiel une telle distinction, je dirais que MAYER et SCHÆFFER se sont préoccupés plutôt des constituants per- manents de la cellule dont ils ont démontré l’existence et moi des éléments passagers ; qu'ils ont surtout eu en vue l'étude des lipoïdes et moi celle des graisses. 8 ÉMILE-F. TERROINE Si l’on envisage ce que devrait comprendre ce chapitre de «lévolution de la graisse dans l’organisme », dont MoRAT pro- clamait à juste titre l’indispensabilité, il est facile de voir que, comme pour l'étude du métabolisme d’une substance quel- conque, 1l doit d’abord établir ce qu’en contient l’organisme à étudier et sa répartition dans les organes ; comment elle pé- nêtre du dehors et dans quelles conditions elle est conservée ; comment et aux dépens de quoi elle peut être formée ; quand, comment, dans quelles conditions, sous quelle forme elle peut être utilisée ; quelles sont les phases intermédiaires et les termes ultimes de sa dégradation. On ne s’attend certainement pas à trouver dans ce travail une étude de tous ces points. À l’édification du chapitre réclamé par MoraT, je n’ai apporté de matériaux que pour quelques paragraphes, mais je ne l’ai point fait au hasard. Désireux de poursuivre plus tard l’étude de la physiologie des corps gras, j'ai voulu avant tout donner à mes futures recherches une base que je n’ai pu trouver dans les travaux antérieurs. Trois points principaux m'ont paru indispensables à élu- cider : 19 L'étude du métabolisme d’une substance exige avant tout la connaissance de la quantité qu’en possède l’organisme auquel on va s'adresser, sa répartition dans les divers tissus et l'influence, qu’en dehors de toute intervention expéri- mentale, les états de nutrition peuvent exercer soit sur la quantité globale, soit sur la répartition. La recherche de ces données constitue la première partie du présent travail. 29 La question, toujours discutée, du mécanisme de l’ab- sorption des corps gras imposait la recherche de nouveaux arguments, tendant à établir si une modification chimique préalable de ces corps est inutile ou nécessaire ; si l’introduc- tion des matières grasses dans l'organisme met en jeu des processus spéciaux ou si, au contraire, elle obéit aux mêmes lois que celles qui président à l'absorption des autres sub- stances alimentaires. La deuxième partie est dévolue à l’ex- posé de ces arguments. 30 Enfin, étudier l’utilisation des substances grasses et e- PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOIDIQUES 9 lipoïdiques, leurs mutations entre les organes et les dépôts, leur augmentation ou leur diminution après passage dans un tissu dont on recherche s’il les forme ou s’il les consomme, impose avant tout la connaissance de la teneur en matières grasses, à l’état normal, du tissu qui traduit toutes les varia- tions de l'organisme, le sang. Une contribution à cette con- naissance fait l’objet de la troisième partie. Sans doute, les divers problèmes que posent les trois oroupes d’études envisagées ici sont loin d'être com plète- ment résolus, beaucoup ne sont qu’effleurés, quelques-uns à peine formulés. Au moins ne me reprochera-t-on pas de n'avoir pas, Sur ce point, suivi les enseignements du savant illustre dont j'aurais aimé savoir mieux piofiter sur d’autres. «La prétention d’être complet, dit CI BERNARD, dont on abuse si souvent, n’est qu’une pure illusion en physiologie ; je dirai même que l’essai d’une semblable réalisation peut offrir un réel danger. «Un expérimentateur qui ne veut pas laisser des lacunes dans son travail s’efforce, pour être complet, de les combler avant de livrer au public le fruit de ses recherches. Mais, comme les résultats très lents de l’expérimentation ne peuvent pas faire tous les frais de ce remplissage, il se trouve conduit insensiblement, et sans s’en douter, à avoir recours à des déductions purement hypothétiques, qui peuvent donner à son travail un aspect d'ensemble, mais qui font perdre de vue les faits et altèrent plus ou moins la légitimité des conclusions qu’on en tire. » Si donc, comme le pense CI. BERNARD, la prétention d’être complet n’est qu’une pure illusion, on m'accordera bien volontiers, je pense, après avoir parcouru mon travail, que je n’ai eu ni cette illusion, ni cette prétention. Encore n’ai-je même pas le mérite d’avoir voulu obéir aux prescriptions du maître. Si, sur bien des points, ce travail est incomplet, c’est que, brusquement interrompu il y a cinq ans, par la volonté de me consacrer tout entier et pendant toute la guerre au rôle qui m'était échu dans la défense du pays, je le présente tel qu’il était en juillet 1914, PREMIÈRE PARTIE LA TENEUR EN GRAISSE ET EN CHOLESTÉRINE DES ORGANISMES ET DES ORGANES ; INFLUENCE DES ÉTATS DE NUTRITION Toute recherche dynamique sur les mutations dans un organisme d’une substance, — sa néoformation, sa mise en réserve où sa disparition dans les organes et les tissus, — paraît à priori devoir être toujours précédée d’une étude statique permettant une évaluation de la quantité globale de substance considérée présente dans l'organisme. Et pourtant que d’études sur la possibilité d’une néoiae mation des graisses dans le foie, sur la mutation des COrpS gras entre le foie, le muscle et les organes sexuels, n’ont point été accompagnées, précédées, d’un inventaire HU ! Un tel inventaire aurait, dans bien des cas, permis d’élucider la question de Sn s'il y à ou non néoformation et, par conséquent, aurait aiguillé les recherches à poursuivre ensuite dans l’intimité de l’organisme. Il ne serait pas juste d'étendre à tous les chercheurs une telle critique. En particulier, un assez grand nombre de ceux qui se sont préoccupés de l’intoxication phosphorée, Arxa- NASIU (13), Kraus et Sommer (171), Leo (186), Pori- MANTI (259), ont recherché s’il y avait modification de la teneur en graisse globale des organismes, et assez récem- ment SHIBATA (292) a publié sur ce point une fort intéres- sante étude, PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOIDIQUES 11 Nous ne possédons cependant que bien peu de données précises établies par évaluation directe et non par calculs, sur la teneur en graisse des organismes. La lecture des grands traités les plus récents : le Jandbuch der Biochemie, dans lequel TANGL (804) a réuni un assez grand nombre de données numériques sur la constitution des orga- nismes ; le Æandbuch der vergleichende Physiologie, dans lequel BorTrazzi (50) s’est livré à une besogne analogue, permet une constatation rapide de la pauvreté de nos connaissances sur ce point. Lorsque nous nous sommes pioposé de reprendre, par suite de la possibilité que nous offrait la méthode de Kum1- GAWA-SUTO de le faire maintenant avec beaucoup plus d’exac- titude, l'étude de plusieurs points ou peu connus ou fort controversés du métabolisme des corps gras, la première question qui s’est imposée à nous, celle dont la réponse nous a paru devoir constituer la base ‘obligatoire de toute étude ultérieure sur la néoformation, la consommation, les muta- tions, c’est la détermination de la teneur en corps gras des sujets normaux. Mais qu'est-ce qu’un sujet normal ? C’est un sujet qui vit en état d'équilibre, qui maintient sensiblement constantes toutes ses caractéristiques, en particulier son poids. Ce sont donc les données acquises sur ce sujet qui devront nous servir de base pour étudier l'influence de conditions anormales natu- relles (travail, lutte contre le froid, lactation, ponte, etc.) ou expérimentales (intoxications, alimentations diverses, etc.). Or, en passant, à l’intérieur d’une même espèce bien entendu, d’un sujet normal équilibré à un autre sujet normal en équi- libre, nous constaterons des différences individuelles. Aux différences de taille, de poids, de musculature, correspondront sans aucun doute des différences dans la teneur en corps gras de l'organisme. Il ne suffit pas d’être avertis de l’existence de telles variations, 1l nous en faut aussi connaître la grandeur, afin d'éviter d'attribuer à une cause nouvelle ce qui serait tout simplement la caractéristique de l'individu. Il est évident, c’est une donnée trop banale pour insister, que ces variations individuelles seront avant tout condi- 12 PURE ÉMILE-F. TERROINE tionnées par les états de nutrition. Il nous faut donc des documents précis sur l’étendue des variations présentées par divers sujets d’une même espèce lors d’états de nutrition divers. Déterminer le taux des corps gras chez l'animal normal et les variations de ce taux avec les états nutritifs, dégager ensuite la signification des valeurs trouvées, tel sera le principal objet de la première section de notre travail. Ceci une fois établi, nous pourrons alors pousser plus loin notre analyse. Après avoir dressé l’inventaire des corps gras dans l’organisme total, nous aurons en effet le droit de recher- cher ce que contiennent de corps gras, chacun pour leur compte, les divers organes. C’est là la seconde étape obliga- toire avant toute recherche ultérieure sur le transport des réserves, sur les mutations entre organes et dépôts ou entre organes entre eux sous l'influence de conditions physiolo- giques ou pathologiques variées, sur la possibilité d’une utili- sation directe pour la satisfaction des besoins de l’organisme ou la nécessité d’une transformation préalable, etc. Mais là aussi la même question se pose. Les variations individuelles globales ne vont-elles pas être accompagnées de variations individuelles dans chaque tissu? Les organes ne vont-ils pas présenter des variations plus ou moins étendues de la teneur en corps gras, variations de nature à nous masquer celles qui correspondront à des états physiologiques parti- culiers, ou répondront à des interventions expérimentales variées. Iciaussi, parsuite du peu de valeur des méthodes employées, nous sommes bien dépourvus de renseignements, et, par con- séquent, 1l nous faut encore étudier avant tout autre facteur l'influence des états de nutrition. Ainsi se trouve posée la question à traiter dans notre seconde section : déterminer la teneur en corps gras des organes et surtout le sens et la grandeur - des variations de cette teneur sous l'influence d'états nutritifs divers. D'autre part, les recherches de MAYER et SCHÆFFER (214, 217) ont établi l'existence d’un rapport quantitatif étroit dans les humeurs et les tissus entre les acides gras et la choles- PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOIDIQUES 13 térine et montré que la grandeur de ce rapport conditionnait la valeur maximum d’imbibition des tissus. Les termes de ce rapport ne doivent-ils comprendre que les acides gras des lipoïdes, des phosphatides ou au contraire la totalité des acides gras, quelles que soient les combinaisons dans lesquelles ils sont engagés? Rien ne permet d'affirmer quoi que ce soit sur ce point a priori. Dans ces conditions, 1l nous a paru indispensable d’associer à toutes nos évaluations quantita- tives d’acides gras une évaluation correspondante de la choles- térine totale. Comme pour les corps gras, d’ailleurs, on a parlé de néo- formation, de synthèse de la cholestérine, et les idées les plus hardies ont été formulées sur ce sujet. On a assigné à certains organes, — aux capsules surrénales, en particulier, — le rôle de fabriquer la cholestérine sans qu'aucun inventaire préa- lable sur l’animal total permît d’affirmer la néoformation de cette substance. Les résultats des recherches de GARDNER et de ses collaborateurs, qui assignent à la cholestérine un méta- bolisme à cycle fermé, sont d’ailleurs peu favorables à cette hypothèse. Dans le cas de cholestérine, les données numériques sont encore en nombre beaucoup plus restreint que dans le cas des graisses. C’est là un fait bien compréhensible, car, si la cholestérine est depuis longtemps connue, elle ne préoccupe que depuis peu les physiologistes. Il en résulte que nous n'avions guêre, en commençant ce travail, d’autres renseigne- ments que ceux apportés par DoRéE (84), nous montrant la présence universelle de ce composé ou de substance très voisines dans le règne animal, mais ne nous permettant aucune conclusion quant aux variations individuelles à l’intérieur d’une même espèce. Pour l’étude ultérieure du métabolisme de la cholestérine, un problème identique se posait à nous, et dans les mêmes termes que dans le cas des graisses : 19 Quelle est la teneur en cholestérine de l'organisme total et quelle modification subit-elle du fait des variations nutritives ? 20 Quelles sont les variations, en sens et en grandeur, de la cholestérine dans les tissus suivant les états de nutrition. 14 ÉMILE-F, TERROINE La première partie de notre travail se subdivisera done naturellement en deux sections : I. L'organisme total ; IT. Les tissus. Technique. Pour toutes nos mesures, nous avons associé la méthode de Kuma4- GAWA-SUTO, qui donne la totalité des acides gras et de la cholestérine, à celle de Wixpaus, qui donne la totalité de la cholestérine. Les acides gras sont obtenus par différence. C’est là une manière de faire qui a été pro- posée et utilisée par MAYER et SCHÆFFER. Nous n’avons absolument rien innové en matière de technique, et nous nous sommes contentés d'appliquer ces méthodes couramment en usage au laboratoire, et dont MAYER et SCHÆFFER (211) ont donné avec le plus grand soin la description, tout en justifiant les quelques modifi- cations apportées par eux. Nous nous contenterons donc d’en rappeler les temps principaux. 1° Dosage de l’extrait lipoïdique total. — Nous appelons extrait total l’ensemble des acides gras et de la cholestérine, sans égard à la nature des combinaisons dans lesquelles ces substances peuvent être engagées. A la vérité, il existe en outre dans cet extrait des substances insaponi- fiables autres que la cholestérine. De ce fait, on peut dire que, dans l’en- semble, nos chiffres d'acides gras obtenus par différence entre lextrait total et la cholestérine totale sont un peu trop élevés. Mais la correction qu'il y aura lieu de leur faire subir dans l’avenir est beaucoup trop minime pour qu’elle puisse changer le sens de nos résultats. a. Saponification. — Animal ou tissu sont, après pesée, placés dans un Becher de taille appropriée et additionnés de lessive de soude à 25 p. 100 à raison de 40 centimètres cubes par 10 grammes environ de substance et de quelques centimètres cubes (5 à 10) d’alcoo! à 950. Le tout est alors maintenu au bain-marie à 100° pendant une heure et demie environ. b.Régénération des acides gras. —Dans une ampoule à décantation, on verse une solution d’acide chlorhydrique en quantité supérieure à celle nécessaire pour neutraliser toute la soude précédemment utilisée ; on verse ensuite peu à peu le liquide de saponification et on laisse refroidir le mélange. c. Préparation d’un extrait éthéré contenant les acides gras et la choles- térine. — On verse dans ampoule, dont le contenu est froid, àe l’éther redistillé sur sodium et exémpt d’alcool en quantité telle qu’une couche de 2 à 3 centimètres d'épaisseur soit formée au-dessus de la phase aqueuse. On agite vigoureusement, on laisse les deux phases se séparer ; puis on décante et on recueille dans un ballon à distiller toute la solution éthérée. Le précipité quis’est rassemblé à la limite de l’éther et de l’eau PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSÉS ET LIPÔIDIQUES 15 est conservé dans l’ampoule et agité à plusieurs reprises avec de petites quantités d’éther, qui sont ajoutées à celles précédemment recueillies. La solution éthérée est alors distillée sous pression réduite et le résidu chauffé ensuite au bain-marie à 1009 pendant cinq minutes dans un vide de 10 millimètres de mercure. | Le résidu est repris par l’éther absolu, et la solution, filtrée sur amiante dans un Becher, est évaporée au bain-marie électrique à 800. d. Préparation de l'extrait total. — Le résidu préalablement obtenu est mis à dessécher à l’étuve à 509 pour une durée de huit à douze heures. Au bout de ce temps, il est repris par l’éther de pétrole (35-70) et, après deux à trois heures de repos, ce qui permet à la partie non soluble d’adhérer aux parois du vase, filtré sur amiante dans un Becher taré. La solution est alors évaporée au bain-marie électrique, le résidu solide séché pendant une heure à l’étuve à 500 et pesé. Ce résidu comprend extrait total : acides gras et substances insaponifiables. 20 Dosage de la cholestérine. — L’extrait total est dissous à l’aide d’un léger chauffage dans l’alcool absolu à raison de 20 centi- mètres cubes d’alcoo!l pour un poids d’extrait de 60 à 150 milligrammes. On ajoute ensuite à la solution 15 centimètres cubes d’une solution de digitonine à 1 p. 100 dans l’alcool absolu. On chauffe jusqu’à ébullition, et l’on ajoute alors de l’eau distillée goutte à goutte pour abaisser le titre de l'alcool entre 959 et 900. Il se forme alors un précipité blanc plus ou moins abondant. Lorsqu'il n'existe que de faibles quantités de cholesté- rine, le précipité n'apparait qu'après refroidissement. Après vingt-quatre heures de repos, le précipité est recueilli sur un filtre taré dans un pèse-filtre. La filtration est opérée sur entonnoir de Joulie à l’aide du vide. Le précipité est lavé d’abord à l’alcool à 950, ensuite et à plusieurs reprises à l’éther absolu. Après évaporation à l'air, on sèche à 1109-1159 pendant un quart d'heure environ, et on pèse. Le poids mesuré représente le composé digitonine-cholestérine ; la cholestérine s'obtient en multipliant ce poids par 0,2431. SECTION I LES ACIDES GRAS ET LA CHOLESTÉRINE DANS L'ORGANISME TOTAL CHEZ LES SUJETS NORMAUX ET INANITIÉS Dresser l’inventaire des matières grasses dans un orga- nisme, c’est, somme toute, établir la réserve énergétique dont cet organisme dispose sous forme de graisse. Un simple dosage de la matière grasse du corps va nous permettre, semble-t-il. la détermination immédiate de cette réserve. Il en serait bien ainsi si l’organisme pouvait consommer la totalité des graisses qu'il renferme, s’il ne succombait à une inanition prolongée qu'après avoir brûlé tous ses corps gras, si l'augmentation prémortelle d’azote à la fin de l’inanition signifiait vraiment, comme l’ont cru certains auteurs, qu’il n'y a plus de graisse dans l’organisme, si enfin l’on pouvait acceptersans réserve l’opinion formulée par NEUMEISTER (243): « Peu de temps avant la mort (par inanition), apparaît sou- vent, mais non régulièrement, une augmentation sensible de la destruction des albuminoïdes, Cette élévation pré- mortelle de l’excrétion azotée indique le moment où toute la graisse de l'organisme est utilisée. » Maisnous ne pouvonsraisonner aussi simplement. FaLcx (94) constate, en effet, la présence de 30 grammes de graisse dans le péritoine d’un Chien mort d’inanition ; ScHonporrr (286) trouve environ 254 grammes de graisse chez un Chien de. 23 kilogrammes mourant d’inanition ; HôGFrrmann (144) relève la persistance de 6,92 p. 100 de graisse du poids total” d’un Chien soumis à un jeûne très prolongé ; après vingt- cinq jours de jeûne, un Chien ayant perdu 36,36 p. 100 de son poids contient encore, comme le signalent KUMAGAWA et KANEDA (173), 2458r,5 de graisse ; après une diminution de poids de 44 p. 100, un Chien analysé par ScxuLz (288) contient encore 1,05 p. 100 de son poids de graisse. Au moment PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOIDIQUES 17 de l'apparition de l’augmentation prémortelle de l'azote urinaire, RuBner (276) trouve une teneur en graisse qui, chez le Lapin, atteint 2 à 3 p. 100 du poids sec. Dans son étude sur la durée de la vie, RuBner (277) signale la présence, chez des animaux morts d’inanition, de 18r,56 p. 100 de graisse chez la Souris et 08r,62 chez le Lapin. Mais c’est von BŒGur- LINGK (43), dans un travail qui, sans être passé com- plètement inaperçu, ne paraît cependant pas avoir retenu suffisamment l'attention des physiologistes, qui insiste le plus clairement sur le fait que «les animaux mourant d’inanition possèdent une réserve énergétique comparative- ment élevée et qui fait penser que ce n’est pas le manque d'énergie ou, ce qui revient au même, que ce n’est pas le défaut de matériaux combustibles qui conditionne la mort par l’ina- nition ». On peut en effet constater, d’après les chiffres de BœGuTLiNGk, que les Souris normales (moyenne de 5) con- tiennent 288,143 et 378r,025 de graisse p. 100 de résidu see, alors que les sujets inanitiés ayant perdu 33 p. 100 de leur poids en renferment encore 88,799 et 88r,184 p. 100. Mais alors, si toutes les observations ci-dessus rapportées sont exactes, a-t-on bien le droit de conclure que la quantité de substance inutilisable par l’organisme et persistant lors de la mort par inanition peut entrer en ligne de compte comme réserve énergétique. Nous ne le pensons pas. On ne peut considérer comme réserve, comme potentiel énergétique que ce que l'organisme peut réellement utiliser, et, lorsque nous voyons TANGL (loc. cit.) évaluer par l'analyse totale d’un individu son potentiel énergétique, nous ne pouvons pas nous empêcher de penser que cette évaluation est d’un bien mince intérêt biologique. Déterminer la teneur globale en matières grasses d’un animal n’est done pas, par là même, évaluer la grandeur de sa réserve énergétique en ces matières. Il en faudra préalable- ment défalquer la quantité inutilisée conservée au moment de la mort par inanition. Mais rien ne nous permet de croire que cette dernière quantité ne varie pas considérablement d’un sujet à un autre. Nous voyons, en effet, des animaux de même espèce soumis à l’inanition, mourir avec des chutes de ANN. DES SC. NAT. ZOOL., 40e série, IVe Le 18 ÉMILE-F. TERROINE poids très variables après des durées de survie également très variables. Sans.doute, durée de survie et chute de poids dépendent de la grandeur des réserves au début de l’ima- nition, mais ne dépendent-elles pas aussi d’une aptitude plus ou moins marquée pour chaque sujet à pousser plus ou moms loin la consommation de la graisse dont 1l dispose? L'importance de cette question est visible. Puisqu'’il n’cst pes douteux que l'organisme conserve des corps gras au moment de la mort par inanition, si la quantité restante est variable suivant les sujets, nous ne saurons jamais quelle est la réserve énergétique réelle, la quantité de graisse qui est réellement à la disposition de l’organisme. Ce que nous devions donc étudier avant tout, c’étaient non seulement les variations individuelles qui séparent les organismes totaux normaux, c'était aussi et surtout les quan- tités de corps gras qui peuvent persister chez.divers sujets de même espèce lors de la mort par inanition. Seule, la con- naissance de ces deux valeurs pourra peut-être nous permettre d'établir un inventaire exact de la réserve grasse dont dispose l'organisme. Autant pour læ poursuite de recherches ultérieures que pour l’ecquisition de données importantes pour la physiologie générale, il y avait le plus haut intérêt à poursuivre une telle étude dans tous les embranchements du règne animal. Nous l'avons amorcé sur un assez grand nombre d’espèces, et les chapitres qui vont suivre y sont consacrés. Malheureusement les installations des plus médiocres dont nous disposions ne nous ont pas permis de poursuivre les expériences quelquefois très délicates et toujours fort longues d’inanition chez les Invertébrés. Nous l’avons pu faire chez les Vertébrés seulement, et c’est là la raison de la subdivision de notre travail. Le premier chapitre est consacré aux Ver- tébrés, chez qui nous avons pu établir à la fois les valeurs globales normales, les valeurs après inanition et, par cela même, la grandeur réelle des réserves; le second chapitre com- _prend l’étude des Invertébrés, pour lesquels nous avons dû - limiter nos recherches aux sujets normaux. DOS SE GR à ee à CENT 0 RTE PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOIDIQUES 9 CHAPITRE PREMIER LES ACIDES GRAS ET LA CHOLESTÉRINE DANS L'ORGANISME TOTAL DES VERTÉBRÉS CHEZ LES SUJETS NORMAUX ET INANITIÉS. Mettre en évidence la grandeur des variations de la teneur -en corps gras des sujets normaux dans une espèce donnée, pré- eiser la quantité de graisses qu'ils conservent au moment de la mort par inanition d’une part ; rechercher ce que devient a cholestérine dans les mêmes états d’autre part, c’est ce que nous allons tenter dans le présent chapitre. Sans doute un certain nombre assez limité d'auteurs ont déjà pratiqué des dosages de graisses sur les animaux totaux, et cela surtout au cours d’études sur l’intoxication phosphorée; mais les données ainsi recueillies avant l'emploi des méthodes de LEATHES ou de KumaGawa-Suro (172) ne peuvent être cohérentes par suite des erreurs de toute nature qu'entrai- naient les techniques employées. Ainsi l’un des temps que côomportaient presque toujours les anciennes méthodes de dosage, c'était le desséchage de l’organisme à doser. BŒGHTLINGK, par exemple, broie l’animal et dessèche Ia purée ainsi obtenue jusqu’à poids constant avant de la sou- mettre à l'extraction éthérée, ce qui exige la conservation à 103°-105° pendant au moins huit jours. Or TamurA (303) montre sur là viande qu'une conservation à 100 entraîne une perte de graisse de 4,6 p. 100 en dix heures; 12,4 en vingt heures ; 15,8 en trente heures et 18,9 en quatre- vingts heures. Un chauffage même plus ménagé, à 509, entraîne encore une perte de 6,7 p. 100 en quatre-vingts heures. Par ailleurs, les études de Kuümacawa et de ses élèves ont montré quelle importante erreur on commet en considé- rant comme corps gras, comme l'ont fait un grand nombre d'auteurs, l'extrait éthéré total. _ Pour toutes ces raisons, les causes d’erreur et la grandeur des erreurs commises différant suivant les méthodes em- ployées, il nous a paru évident que les données acquises de part et d'autre, avant que fussent élaborées les bonnes mé- 20 ÉMILE-F. TERROINE thodes de dosage dont nous disposons actuellement, ne pou- vaient être comparées. Aussi les délaissons-nous délibéré- ment, à quelques rares exceptions près. - Toutefois, si nous n’avons pas le droit de tirer des conelu- sions de la comparaison des valeurs obtenues à l’aide de mé- thodes diverses, nous pouvons, au contraire, discuter avec fruit celles rapportées dans un même travail et obtenues à l’aide d’une même technique. A cet égard, en ce qui concerne le problème qui nous préoccupe, les études de RUBNER et celles de BŒGHTLINGK sur la teneur en corps gras des orga- nismes totaux normaux ou inanitiés méritent une considé- ration spéciale. RuBNER note une teneur de 78,18 de graisse par 100 grammes de poids sec chez la Souris normale, contre: 187,56 chez l'animal inanitié ; 8 grammes chez le Lapin normaÏ contre 087,62 chez le Lapin inanitié. Ainsi, chez la Souris, 1l reste au moment de la mort 21 p. 100 de la quantité totale de greisse et chez le Lapin 7 p. 100. On ne manquera pas, em outre, de remarquer que la quantité restante est deux fois et demie plus élevée chez la Souris que chez le Lapin. Vox BŒGuTLINGK compare, dans deux séries d’expériences, cinq Souris normales à cinq Souris inanitiées. Dans une série, 1l trouve 288,143 p. 100 du poids sec chez les animaux nor- maux contre 887,799 chez les inanitiés, et dans la seconde 378r,625 contre 8£r,185. Sans doute la mort n’est pas atteinte; mais on sera néanmoins frappé de la quantité considérable. de corps gras que renferme encore l'organisme après une chute de poids d’environ 35 p. 100. Cette quantité est de 21 à 31 p. 100 de celle que contiennent les sujets normaux, chiffres. du même ordre que ceux qui ressortent des déterminations de RUBNER Depuis l'apparition des méthodes précises de dosage par: saponification, quelques physiologistes anglais à l’aide de la méthode de LEATHES, l’école japonaise à l’aide de la méthode de KumaGawa-SuTo nous ont apporté des don- nées numériques nouvelles. Il nous à paru plus simple, pour la commodité des comparaisons, de réunir toutes ces données dans un même tableau (tableau I), après les avoir, le cas. PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOIDIQUES 21 échéant, recalculées par rapport au kilogramme d’animal, grâce aux indications des auteurs. TABLEAU I Teneur en graisses de diverses espèces de Vertébrés. > TENEUR TENEUR en RSR en ESPÈCE ANIMALE. graisse AUTEUR. nt A BADISES AUTEUR. par ANIMALE. par kilo kilo d'animal. d'animal. Rat (valeurs ex- Boycorr et|Cydrinus co- INABA. trèmes de 121 su- DamanT (51).| rassius. 31,4 jets). 8-97 ( I.| 18,6 |ScHurTz (290). Danche oil | te Cobaye mâle (va- — fini. 17,6 leursextrèmes de 26 sujets). 37-79 Cobaye femelle (va- Peel Brême. 45,0 INABA. leurs extrêmes î de 24 sujets): 133-123 Brochet. Ne — Loir (valeurs ex- — | Lacerta mu- trêmes de 16 su- | | ralrs. kh,2 — jets). 13-243 |Lézard vert. | 31,4 = Souris mâles — Orvet. 10,6 — (moyenne de 3).| 33,5 Souris femelles _ le (E1R930S — (moyenne de 6).| 70 ane (WE So SHIBATA(292) Grenoulles | Souris (moyenne | Ne) 226 MM SRIEAXTA de 2). 139,2 de 8).(II.| 24,56 — Souris. 71,9 |IxaBA (150). Rat blanc. 47,3 — Malheureusement, si les recherches résumées dans le tableau I montrent, tout au moins chez les Mammifères, l’existence de grands écarts individuels, elles ne nous ap- prennent rien de nouveau sur la question qui nous préoccupe quant à la valeur des réserves, car nous n’y trouvons aucune donnée sur l’inanition. Toutefois, il convient de noter que Scaurz, après avoir constaté que la Tanche inanitiée présente le phénomène de l’augmentation prémortelle de lexcrétion azotée, dose les graisses sur deux animaux et trouve chez JE ÉMILE-F. TERROINE l’un 48r,1 et l’autre 387,7. Bien qu'il n’y ait là que deux mesures; elles doivent être retenues : les deux valeurs sont en effet. presque identiques. D'autre part, les deux chiffres trouvés par Vox ee à à dans le cas de la Souris donnent, calculés par kilogramme d'animal, 24878 et 22878, c'est-à-dire également des valeurs très voisines. Aucune conclusion ne saurait être tirée de ces deux faits, qui n’ont d’ailleurs pas frappé les auteurs eux- mêmes, mais nous les retenons au moins à titre d'indication : n'allons-nous pas trouver pour tous les sujets d’une même espèce une même quantité de corps gras lors de la mort par inanition? C’est ce que nous allons rechercher. En ce qui concerne la cholestérine, il n'existe qu’un nombre : des plus restreints de données relatives à la teneur de l’ani- mal total. DorÉE (84) en trouve 08,117 p. 100 chez le. Lapm, 08r,08 chez la Couleuvre, 08r,002 chez le Maquereau,. 08r,124 chez la Raiïe; ELzis et GARDNER (87) observent chez le Poussin nouvellement éclos des variations très éten- dues : de 08r,2168 à 08r,5610 p. 100. Technique. 1° Les animaux étudiés. — La première question qui se pose est le: choix des espèces. Notre désir était de les prendre aussi variées que pos- sible. Mais la technique du dosage qui comporte l'emploi de quantités considérables d’éther, d’éther de pétrole, d'alcool, de digitonine, ete., oblige à se limiter à des espèces de petite taille, Aussi nous sommes-nous adressés : chez les Homéothermes, à la Souris blanche, à la Chauve-Souris, au Bengali (Sporæginthus melpodus), à un autre Oiseau de petite taille, Hypochera cholybeata (Plocéidés), et à de jeunes Poussins ; chez les Poiki- lothermes, à la Perche Soleil,'à la Tanche, à la Grenouille et à la Salamandre. Les dosages ont été effectués soit sur des animaux normaux, soit sur des sujets inanitiés. Les animaux normaux sont des sujets adultes pris absolument au hasard sans aucune considération de poids, d’âge ou de sexe ; on a seule- ment écarté les femelles pleines ou en lactation pour les Mammifères, en période de ponte pour les Oiseaux ou les espèces poikilothermes. IE sont assommés, placés dans un vase de Bohême taré, pesés et soumis immédiatement à l’action de la soude à 4000. | Dans le cas des animaux inanitiés, l’inanition est poursuivie jusqu’à Ja mort. 11 va de soi que la durée de survie est très variable ; aussi insis- ; x # x à PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOIDIQUES 23 tons-nous sur le fait que nous n’avons été guidés ni par la durée de survie, ni par la perte de poids, ni par aucune manifestation de l'animal, mais que, sauf indications contraires dans nos tableaux, nos dosages ont porté sur des sujets ayant succombé à l’inanition. Dans le cas des Mammifères ou des Oiseaux, une observation constante nous à permis de traiter l'animal par la soude quelques instants après la mort. Une telle manière de faire est évidemment impossible dans le cas des Poikilothermes, dont la durée de survie atteint plusieurs mois. Dans ce cas, une visite quotidienne des récipients dans lesquels étaient con- tenus nos sujets en expérience nous permettait d'enlever les morts. L'homogénéité remarquable des résultats obtenus montrera qu'il ne résulte, du retard ainsi apporté dans le dosage, aucune erreur appréciable. 20 Le dosage. — Le dosage a toujours porté sur l’animal total sans exclusion d'aucune partie, Certains auteurs ont cru devoir éloigner, dans leurs déterminations, la peau, les poils ou les plumes, ete. Cette macuiere de faire n’est pas justifiée. I] ne nous parait pas douteux que l’état des productions cutanées est en rapport avec le métabolisme géné- ral ; la corrélation entre toutes les parties d’un organisme, quelles qu’elles soient, nous parait si intime que nous ne nous croyons pas en droit d'en distraire arbitrairement une portion quelconque, Au surplus, les re- cherches de J. Weizz (343), montrant la présence d’acides gras et de cholestérine dans la peau et ses annexes, nous interdisaient d’exelure ces portions. En ce qui concerne la technique chimique, un seul point est à préciser pour le cas des animaux totaux. Par l’action de la soude, l’animal se dissout, saufles os qui deviennent très friables, Après cette action, nous avons dons enlevé le liquide, versé sur les os les quelques gouttes d’acide ch'orhydrique nécessaires à leur dissolution totale, puis ajouté un excès de soude et mis ce résidu à saponifier. Par ce procédé, un animal entier donne une solution parfaite sur laquelle les opérations peuvent s’effes - tuer sans aucune difficulté, et aucune trace d'acides gras ne peut échapper äu dosage, | 39 Calcul des résultats et présentation. —— Nous avons rapporté tous nos résultats au kilogramme de poids frais et non au poids se;, eomme l’ont fait la plupart des auteurs qui nous ont précédés. Notre pro- cédé de dosage non seulement ne comporte pas, mais élimine toute dessiceation préalable. Dans ces conditions, pour rapporter au poids se;, il eût fallu déterminer la teneur en eau d’un autre animal de même espète et admettre une identité absolue de cette teneur pour tous les sujets d'une même espèce ; nous n'avons pas cru devoir adopter, au moins pour les présentes expériences, cette manière de faire. Nous ne nous sommes pas bornés à donner le pourcentage des sub- stances dosées ; ilnous a paru, au contraire, intéressant de mettre sous les yeux du lecteur les éléments mêmes du calcul, le poids des animaux et les quantités trouvées en valeur absolue. [Ès} ES ÉMILE-F. TERROINE S A. — Homéothermes. 19 Souris. — Trois groupes d’animaux ont été étudiés : normaux; ayant subi un jeûne de quarante-huit heures et survivant à ce jeûne: morts d’inanition après des temps variés. Les résultats en sont consignés dans le tableau II. TABLEAU II Teneur en acides gras et en cholestérine de Souris normales et inanitiées. —— QUANTITÉ CHOLES- POIDS : ë L E EXTRAIT CHOLES- ACIDES LR d'extrait total TÉRINE : ; de l’animal Fi ie TOTAL TÉRINE GRAS en grammes. grammes. grammes. p- 1000. p. 1000, p. 1 000. | | ————_————— | —_—_— | ———— ——— — | ——_——————_— | Animaux normaux. 19,7520| 1,5205 0,051 76,9 2,6 74,3 22,39925| 1,9960 0,037 89,1 1.6 87,5 16,6445| 0,5320 0,041 39.0 2.4 29,6 19,1980| 1.4195 0,042 73.0 2,2 70,8 20,4110| 1,0425 0,054 51,0 2,6 48,4 - 20,4950| 1.4205 0,057 69,0 27 66,3 25,2120| 1,5460 0,064 61,0 9,5 58,5 23,3075| 11655 0,045 50,0 1,9 48,1 22,1485| 13570 0,046 61,0 2,0 59,0 22,3420| 1,3010 0,050 58,0 9,2 55,8 Animaux inanitiés (Jeûne de quarante-huit heures ; animaux survivants). 21,3050| 0,6285 0,060 29,5 2,8 26,7 16,4955| 0,4565 0,052 27,6 3,1 24,5 1resérie. :21,4715| 06360 0,063 29,6 24 27,4 118,6605| 0,6065 0,058 32,0 3,1 28,9 15,5905| 0,4680 0,034 30,0 2,2 27,8 9,0545| 0,2915 0,029 8,9710| 0,3270 0,033 11,9435| 0,4280 0,038 10,0465| 0,3150 0,033 10,0415| 0,3220 0,031 10,9660| 0,3930 0,028 2° série (sujets jeunes). D O2 CO O9 C0 D = D D SI RH Animaux morts d'inanition. 13,8863| 0,3725 0,046 16,2855| 0,4105. 0,046 13,7460| 0,3420 0,047 | 14,9125| 0,4110 0,048 14,1845| 0,3995 0,041 © D 1 9 F9 D O1 © RO O0 D JE Er a PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOIDIQUES 25 Que montrent-ils tant en ce qui regarde les acides gras que la cholestérine ? ACIDES GRAS. — Les animaux normaux présentent entre eux des écarts considérables ; sur les dix sujets étudiés, les valeurs varient de 29,6 à 87,5, c’est-à-dire que la teneur en acides gras peut varier du simple au triple, au moins. Après quarante-huit heures d’inanition, les animaux qui appartiennent à deux séries différentes, qui sont de poids extrêmement variés, — de 88,9 à 21 grammes, — présentent cependant des écarts beaucoup moindres : de 24,5 à 32,3. Les animaux morts d’inanition présentent tous, comme Ja vu von B&GuxTLINGK, une teneur élevée en corps gras ; mais de plus, et c’est là qu'est pour nous le point important, les différences se sont à peu près complètement évanouies. Les plus grands écarts sont de 21,5 à 25,3. Fait intéressant : alors que la moyenne des deux chiffres de BŒGHTLINGK recal- culée par kilogramme d’animal est de 23,8, la nôtre est de 23,6. Done, au cours de l’inanition chez la Souris, les différences individuelles dans la teneur en corps gras tendent à s’égaliser, et, lorsque les animaux succombent, on n’observe plus alors que de très faibles variations individuelles. CHOLESTÉRINE. — Les variations ne sont pas plus étendues chez l’animal normal que chez le sujet inanitié, mais on observe chez le second une teneur plus élevée. 20 « Hypochera cholybeata ». — Chez l'Oiseau Aypochera cholybeata, dont les valeurs sont consignées dans le tableau ITT, on trouve également, pour les acides gras, de grandes diffé- rences individuelles entre les sujets normaux examinés : de 34,8 à 87,7. Au surplus, nous retrouvons les mêmes faits que dans le cas de la Souris. Les animaux meurent beaucoup plus rapi- dement, ce qui se conçoit facilement, puisque, pour un même poids, leur température plus élevée les oblige à une dépense beaucoup plus considérable; mais ici encore ils meurent avec des taux d’acides gras extrêmement voisins. 26 ÉMILE-F. TERROINE TABLEAU III Teneur en acides gras et en cholestérine d’Oiseaux (« Hypochera cholybeata ») normaux et inanitiés. HS QUANTITÉ CHOLES- es AE EXTRAIT CHOLES- ACIDES de l'animal. ; Fr QE DE TOTAL TÉRINE GRAS en grammes. RTS he ae p- 1 000. p- { 000. p- 4 000. EE PR GE A po a 4 EE rt OL EE | ER N Animaux normaux. 14,9150 1,354 0.035 | C0 2 87,7 41,8250 0,597 0,026 50 SX | 47.9 1144485 0,502 0,028 45 | DS 42,5 11-28 00% 0,462 0,027 40 2,4 37,6 45,1340 0,573 0,034 37 Xe 34,8 14,4945 0,580 0,029 | 58 DS 551% | Animaux morts d'inanition. | s 8.4450 0,1845 0,023 | 1,8 DT 49,1 | 9.9410 0,2260 0.026 22.7 2.6 20,1 91035 0,2305 0,026 D 2,9 22,4 9 5680 02205 0,025 De) 27 22,6 Fa01 406170 0,2870 0,029 27,0 2,8 24,2 10.769909 0,3760 0,029 34,9 PT) 32,2 (survit après 26h: 5) "| Ilest intéressant de constater, parmi les inanitiés, que le seul survivant se sépare très nettement, par sa teneur en graisses notablement plus forte, de ceux qui ont succombé, Tei aussi, d’ailleurs, nous devons remarquer l’importante pro- portion de graisses présentes dans l'organisme lorsque la mort survient. : Pour la cholestérine, on ne peut que souligner la constance quantitative remarquable de cette substance et noter, comme chez la Souris, un taux légèrement plus élevé chez les sujets inanitiés. 39 Bengalis (« Sporœæœginthus melpodus »). — La faible durée de survie des Bengalis soumis à l’inarition est bien connue, L. et M. LapicquEe (178) ont signalé à cet égard plusieurs faits intéressants et montré que, pendant les longues nuits d'hiver et pour une température de 14 à 150, il. y avait intérêt, pour assurer la vie de ces Oiseaux dans de bonnes conditions, à leur donner de la lumière pour leur L PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOIDIQUES 27 permettre de faire un repas nocturne. Il était donc tout indiqué de les utiliser pour notre étude, | Les résultats obtenus, réunis dans le tableau IV, renforcent ceux précédemment acquis. TABLEAU IV Teneur en acides gras et en cholestérine chez les Bengalis normaux et inanitiés. POIDS DENON GUBE EXTRAIT CHOLES- ACIDES d'extrait total TÉRINE de l'animal. TOTAL TÉRINE GRAS en _ en grammes. nl où . i SLamImMEs; grammes. p- 1 000. p- 1000. p- 1 000. | An imaux normaux. 0,018 0,018 0,019 0,022 0,019 0,017 OO > en a er) D © © © D © Le) Animaux morts d'inanition. 0,1970 0,0160 0,1910 0,0180 0,1975 0,0170 0,1945 0,0160 0,1935 0,0180 0,201 0 0,0175 D © D © © D OUI (survit.). Dans le cas de cet animal, on peut vraiment dire que tous les sujets meurent avec une quantité d'acides gras — élevée ‘ailleurs — rigoureusement identique. On admettra sans d g q 5, nous -t-1l, que, dans une mesure biolo- difficulté, nous semble-t-il, q | re biolo gique, un écart de 1,5 p. 1 000, — de 26,0 à.27,5, — est insignifiant. D'autre part, la teneur en cholestérine est remarquable- ment constante. 49 Poussins. — Bien que nous n’ayons point ici pris des animaux adultes, qu'une critique puisse donc s’élever de ce fait, bien que notre étude ne comporte qu’un nombre trop petit d'individus, nous avons cru cependant intéressant de consigner les résultats obtenus. 28 ÉMILE-F. TERROINE Groupés dans le tableau V, ces résultats nous amènent tou- jours aux mêmes conclusions : grands écarts individuels chez les sujets normaux, différences très peu marquées chez les sujets Inanitiés. TABLEAU V Teneur en acides gras et en cholestérine de Poussins âgés de quatre jours, normaux et inamitiés. QUANTITÉ CHOLES- d'extrait total TÉRINE en en grammes, grammes. POIDS EXTRAIT CHOLES- ACIDES TOTAL TÉRINE GRAS P- 1 000. p. 1000. P- 1 000, de l'animal. en gramimnes. | RARE ANNE CC Ml Animaux pris quatre heures après le dernier repas. 39,6155 2,251 0 0,198 56,8 2,0 51,8 34,6095 129910 0,174 40,2 5,0 35,2 42,7605 2,92140 | 0,174 517 | 4,0 47,7 37,7450 222125 0,159 96,0 | 4,5 51,5 Animaux morts d'inanition. 35,2835 0,961 (RO M26 2752 Jo 23,9 38,1440 1,116 0,133 29,2 au 25,7 39,6020 12257 0,137 3127 3,4 28,3 Par contre, nous trouvons un phénomène de sens inverse à ceux précédemment observés pour la cholestérine : une chute très nette à la suite de l’inanition. Y a-t-il là un fait qui tient à ce qu'il s’agit ici de sujets jeunes ; c’est ce que des recherches ultérieures nous permettront sans doute d’élu- cider. Nous devons cependant rappeler à nouveau ici la grande variabilité des valeurs relatées par ELLIS et GARDNER chez le Poussin récemment éelos, — de 0,2168 à 0,5610 p. 100, — variabilité de même étendue que dans nos observations. 0° Chauves-Souris. — Avec des animaux hibernants, comme la Chauve-Souris, il y avait lieu de s’attendre à des phénomènes spéciaux. C’est ce qui s’est en effet produit. Les animaux nous ont été envoyés d'Auvergne ; ils avaient été capturés dans des grottes. Aucune indication n’a pu nous être donnée sur le temps écoulé depuis la dernière prise de nourriture. Il convient de noter la date de l’expérience, — 12 mai 1914, — des expériences ultérieures étant néces- “4 ‘+ PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOIDIQUES 29 saires pour nous montrer l'influence possible de lhiber- nation. | En tout cas on remarquera que les animaux normaux pré- sentent une teneur en corps gras relativement faible et que les écarts sont beaucoup plus minimes que dans les espèces jusqu'ici étudiées. TABLEAU VI Teneur en acides gras et en cholestérine de Chauves-Souris normales et inanitiées. HALLE CHOLES- POIDS de A EXTRAIT CHOLES- ACIDES de l'animal l'extrait tolal TERINE TOTAL TÉRINE GRAS en grammes. a Eat Are p. 1 000. p. { 000. p. 1 000. gré S. Dpt Fe ee 4 Animaux à jeun depuis vingt-quatre heures environ. 2959335 0,6775 0,042 30,6 1,87 26073 25,5010 0,7385 0,050 28,9 1,99 26,91 24,9740 0,7800 0,062 342 2,40 28,80 24,5555 0,7695 0,063 32,5 2,50 30,00 23,6755 0,6060 | 0,053 25,6 290000 28/40 22,4068 0,5600 0,040 24,9 1:86. |. 23:04 Animaux ayant subi un jeune supplémentaire de quarante-huit heures. 20,751 0,5576 0,065 26,8 21,713 0,6225 0,076 2€ 2 12 3,7 25,1 are 3 3 Animaux ayant subi un jeune supplémentaire de soirante-douze heures. 292,2856 0,6700 0,060 30,6 2,7 27,9 23.391 0 0,6215 0,066 26,5 2.8 23,7 21,3370 0,6235 0,064 29,2 3 0 26,2 Nous n’avons pas attendu la mort par inanition, mais nous avons pu constater qu'un jeûne de six jours ne modifie pas sensiblement la teneur en acides gras. Le métabolisme de ces animaux est considérablement ralenti; 1l s'ensuit que la consommation est chez eux très faible. En que tous ces faits méritent une étude plus approfondie, il nous à paru néanmoins intéressant de les signaler dès maintenant. S B. — Poikilothermes. 19 Perches. — Comme chez les Homéothermes, nous nous sommes adressés à des sujets quelconques. Pour réaliser la 30 ÉMILE-F. TERROINE mort par inanition, les Poissons ont été placés dans des aqua- riums à eau courante approvisionnés en eau de source con- venablement aérée. Aux différences quantitatives près, on ne peut manquer d’être frappé du fait que les résultats consignés dans le ta- bleau VII parlent exactement dans le même sens que ceux acquis chez les Homéothermes. TABLEAU VII Teneur en acides gras et en cholestérine de Perches normales et inanitiées. AULE CHOLES- POIDS de RENE EXTRAIT CHOLES- ACIDES de l'animal l'extrait total FHNNUE TOTAL TÉRINE GRAS en grammes. en ie p. 1000. p. 1000. p. 1000. grammes. grammes. Animaur normaux. 0,2210 0,0055 0,2450 0,0150 0,2625 0,0140 0,1490 0,0090 0,1500 0,0050 0,1755 0,0060 0,1490 0,0110 0,1020 0,0060 = O0 D © FL SE NS LUS D OT K9 R9 9 > 02 0 © OO CEE NO Sort uoekn Animaux survivants après quarante-sept jours de jeûne. 1,40 1,80 210, 1,60 1,20 1,20 1,18 0,0875 | 0,010 0,0970 | 0,012 0,3305 0,022 0,0560 0,014 0,0630 0,011 0,0700 0,009 0,0500 À 0,008 O0 > > OCRouior on © CO HD # I O1 m3 Animaux après quatre-vingt-dix-sept jours de jeûne (trois premiers survivants, trois derniers morts). 0,0495 0,012 0,0410 0,007 0,0420 0,008 0,0430 0,010 0,0415 0,009 0,0250 0,005 HE RES ES RS En ce qui regarde les acides gras, les sujets normaux pré- sentent des différences étendues, — de 13,8 à 33,4; — ces différences diminuent peu à peu au cours de l’inanition; elles PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOIDIQUES 31 sont à peu près complètement disparues au moment de la mort. | Le taux de la cholestérine, assez variable chez les animaux normaux, est remarquablement fixe chez les inanitiés ; il est dans l’ensemble plus élevé chez les seconds. 20 Tanches. — Les expériences poursuivies sur des Tanches dans les mêmes conditions que sur les Perches donnent des résultats, rassemblés dans le tableau VII rigoureusement identiques et sur le détail desquels il est inutile d’insister. La fixité du taux des acides gras chez les huit animaux morts d’ina- nition est remarquable. TABLEAU VIII Teneur en acides gras et en cholestérine de Tanches normales et inanitiées. POIDS POINS de LS ; EXTRAIT CHOLES- ACIDES de l'animal léxtrait total TERINE TOTAT TÉRINE GRAS en grammes. eu Je ca À p. 1 000. p-. 1 000. p. 1000. STAMMESS grammes. CHOLES- 88295 |” 0,010 53,0870 0,057 .. 71,7615 ),92T0 0,088 110,6315 1,1055 0,166 47,8820 D. 81: 0,06% 73,2425 D, 9 0,090 4h, 8665 0,043 103,9690 8 0,155 124,8310 24150 | 0152 6,33 12,60 8,40 15,60 12:10 8,00 6,40 18,10 Ro + «© RU Utio © KO SOOOO © SX Animaux survivants à soirante Jours d’inanition. 6,3445 0,0590 0,015 9,20 6,2835 0,0630 0,015 10,00 7,9100 0,0650 0,015 8,20 12,4950 0,1145 0,028 9,10 9,3760 0,0745 0,011 7,90 - - > ND = D ND D D «© # Animaux morts d'inanition. 6,1020 0,0390 0,010 6,39 5,7290 0,0370 0,008 6,45 7,3335 0,0500 0,013 6,81 5,9625 0,0400 0,009 6,70 21,7055 0,1265 0,023 5,80 11,4485 0,0815 0,017 710 11,7560 0,0745 0,012 6,30 12,5315 0,0850 0,016 6,70 QD À Qi O1 0 # GE OURS OS NT TE ON > > à à ù 32 ÉMILE-F. TERROINE / 30 Grenouilles. — Les Grenouillcs ont été conservées dans un aquarium contenant un peu d’eau de source quoti- diennement changée et recouvert d’un grillage métallique très fin pour empêcher tout insecte de venir à portée des ani- maux en cours d’inanition. TABLEAU IX Teneur en acides gras et en cholestérine de Grenouilles normales et inanitiées. POIDS HÔLES- POIDS de US EXTRAIT CHÔLES- ACIDES TÉRINE de l'animal l'extrait total TOTAL TÉRINE GRAS en grammes. en CDR p- 1 000. p- 1 000. p- 100). grammes. FRA MESE Animaux tués le 28 mars 1914 après avoir reçu pendant quatre semaines une alimentation carnée abondante. » 1 9 8 : ? 51,2605 0,8030 0,057 1 39,1750 0,6599 0,035 6 0 50,7125 0,9900 0,095 | 1 Animaux conservés à jeun au laboratoire de la fin octobre au 30 mars et survivants à cette date. 27,9570 0,2350 0,030 19,2435 0,1565 0,020 26,4245 0,2205 0,027 321210 0,2440 0,024 Animaux morts d'inanition. 9,6780 56 0,013 9,6910 91715 9,3435 11,1185 8,0775 Nous n'avons pas ici de sujets normaux en nombre suffisant ni convenablement choisis. Nous nous sommes en effet adressés à des sujets pris à la fin de l'hiver. Toutefois il y a lieu de remarquer que, avant leur dosage, ces animaux avaient été conservés à la température du labo- retoire pendant près de quatre semaines, qu'ils manifes- taient une activité normale, qu'ils se nourrissaient abon- damment de viande crue. C’est sans doute à ce dernier dt. 5 PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOIDIQUES 33 fait qu'ils doivent de présenter une teneur en corps gras assez élevée et qui n’est pas très éloignée de celle trouvée par ATHANASIU (loc. cit.) sur des animaux d'été. A l’aide de la méthode Pflüger-Dormeyer, ArHANASIU décèle en effet, dans divers lots de Grenouilles prises au mois de jun, 13,8 maP6000272%p 1000 11 pr:1000:"25,5;p: 1 000. :IlSéra néanmoins indispensable de faire de nouvelles détermina- tions sur des animaux d’été. D'une manière générale, les résultats relevés dans le ta- bleau IX ne font que répéter tous les précédents : identité presque absolue de la teneur en acides gras et en cholesté- rine des animaux inanitiés, taux de la cholestérine plus élevé ch®z les sujets inanitiés que chez les sujets normaux. 4° Salamandres (S. maculata). — Nos recherches ont dû se limiter 161 aux animaux normaux; nous avons cependant eru intéressant d'en rapporter les résultats dans le tableau X à titre documentaire; 1ls montrent tout au moins, à côté de la grande variabilité du taux des acides gras, la fixité relative de la cholestérine. TABLEAU X Teneur en acides gras et en cholestérine de Salamandres normales. POIDS POIDS de 2 EXTRAIT CHOLES- ACIDES de l'animal l'extrait total TERINE TOTAL TÉRINE GRAS en grammes. en PARA p. { 000. p- { 000. p.41 000. grammes. Lefge x CHOLES- « 0,0565 0,005 10,3 9,26 0,0300 0,004 8,8 7,60 0,1275 0,007 39,9 30,50 0,0620 0,00% 16,0 14,80 $ C. — Distinction quantitative entre les acides gras de l'or- ganisme : élément constant, élément variable. Fixité de Ia cholestérine. Il importe maintenant, tout en réservant pour le moment toute discussion sur la signification physiologique des faits observés, de rechercher si les résultats consignés dans les pré- ANN. DES SC. NAT. ZOOL., 10e série. IV, 3 34 ÉMILE-F. TERROINE cédents paragraphes peuvent être reliés entre eux, et s’il s’em dégage une conclusion générale. L'examen de ces résultats nous montre que,dans l’ensemble, qu'il s’agisse des Homéothermes ou des Poikilothermes, qu’on envisage les acides gras ou la cholestérine, toutes les obser- vations sont remarquablement cohérentes. 1° Acides gras. — Dans tous les cas, chez toutes les espèces, animales étudiées, 1l existe entre les sujets normaux des différences extrêmement importantes, ainsi que cela ressort du tebleau XI, dans lequel nous opposons pour chaque espèce les valeurs extrêmes trouvées. Sans doute nous n’entendons nullement dire que nous avons atteint la limite des différences qui peuvent exister entre deux sujets normaux. SHIBATA (loc. cit.), employant la méthode de KumAGawa-Suro, trouve sur la Souris (moyenne de deux dosages) une teneur en, acides gras de 139,2 p. 1 000 et sur la Grenouille (moyenne de huit dosages), des teneurs un peu plus élevées que les. nôtres, de 22,6 à 24,56. TABLEAU XI: Valeurs extrêmes de la teneur en acides gras d'animaux normaux. VALEUR VALEUR | À VALEUR | VALEUR ESPÈCE ANIMALE. la plus | la plus || ESPÈCE ANIMALE. la plus | la plus faible, | forte. || faible. | forte. SOUTIEN MERE UE 016 | PTS TP ET ONE MANN ENEEt 13,80| 33.9 Hypoch. cholybeata.| 34,8 | 87,7 || Tanche...."........ 6,33| 18,1 Spor. melpodus...... 4h38 110810 1 AGrenomHere Es rt 14,90! 17,7 Phase NL AR 35,2 |.951,8 || Salamandre ........ 7,60) 30,5 | || nl Mais la mise en lumière de l’importance de ces écerts a pour but de montrer avant tout, tant pour Ja critique des recherches antérieures que pour la réalisation des expé- riences que nous nous proposons d'entreprendre, qu'on n'a pas le droit de prendre pour témoin une prétendue moyenne normale. Étant donnés ces écarts, une moyenne ne signifie rien. On pourra rechercher, et c’est ce qu'il conviendra de : faire, si des animaux de même portée, de même âge, soumis PHYSIOLOCIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOIDIQUES 39 au même régime alimentaire depuis leur naissance, sont comparables au point de vue de leur teneur en corps gras, et soumettre ensuite quelques-uns d’entre eux à des actions susceptibles de modifier cette teneur; mais on ne peut dès maintenant accepter comme définitivement acquis les résul- tats d'expériences dans lesquelles on s'est servi d'animaux pris au hasard, sauf, bien entendu, dans les cas où un nombre considérable de déterminations auraient toujours décelé des variations de même sens. Au cours de l’inanition, les écarts diminuent, s’affaibhissent, et, lorsque les animaux succombent, ils présentent alors un taux d'acides gras remarquablement fixe pour tous les suj?ts d’une même espèce, eomme le montre l’ensemble de nos résul- tats sur ce point et tel que cela ressort du tableau XF. TABLEAU XII Teneur en acides gras d'animaux morts d’inanition : valeurs extrêmes ; valeurs moyennes. EE ——————…— MOYENNE ESPÈC Souris.... Hypotch. Sporoeg. E- cholyb. VALEUR la plus faible. 21,90 1DAMO 26,00 VALEUR la plus forte. de tous les sujets morts d'inanition. 23.40 91,60 26,90 ÉCART MOYEN, ÉCART MOYEN p. 100. t2 © D D EN OX OL: 1 HT OL melpod. 25,60 95,00 5,28 4,70 Poussin Tanche | Pércher reins | *renouille > DDR I SOS © © © © lei nous avons vraiment le droit de caleuler une valeur moyenne, car les écarts individuels comptent à peine. D'autre part, il est important de relever dès maintenant la séparation très nette entre les espèces homéothermes étu- diées d’une part et les poikilothermes de l’autre. Grossière- ment, la quantité d’seides gras que contiennent encore les premières au moment de la mort par inanition est d'environ cinq fois plus élevée que chez les secondes. Appuyé sur la notion des constantes lipocyliques élaborée 36 ÉMILE-F. TERROINE pour les tissus par A. Mayer et G. ScHæFFEr (245, 216) nous exprimerons la concordance des divers faits observés en disant : chez les Vertébrés, il y a lieu de distinguer quanti- tativement, parmi les acides gras de l'organisme, un élément constant et un élément variable. Ps à L'élément constant, teneur en acides gras des animaux morts d’inanition, est absolument indépendant de l'individu, quelle que soit la teneur en corps gras qu'il ait pu contenir au début de linanition ; sa valeur est identique pour tous les représentants d’une même espèce. Toutefois, bien que des différences assez grandes séparent les valeurs de l'élément constant chez les diverses espèces homéothermes étudiées, ces différences ne se retrouvant pas chez nos trois espèces poikilothermes, lesquelles présentent un élément constant presque identique, il n’est done pas possible de dire que cette valeur est caractéristique de l’es- pêce considérée. L'élément variable, différence entre la teneur globale d’un sujet en acides gras et la valeur de l'élément constant de l'espèce à laquelle il appartient, présente de très grandes différences individuelles. 2° Cholestérine. — De toutes nos mesures, il résulte que la cholestérine existe à un taux très voisin chez tous les repré- sentants d’une même espèce. Les écarts sont toujours faibles entre les divers sujets, plus encore chez les sujets inanitiés, ainsi que cela ressort du tableau XIJIL, qui résume l’ensemble de nos données sur ce point. Sauf chez le Poussin, la teneur en cholestérine est plus élevée chez le sujet inanitié que chez lPindividu normal. D'autre part, s’il est aussi impossible de distinguer les espèces entre elles par leur teneur en cholestérine, comme il l'était tout à l'heure par la valeur de l'élément constant acide gras, nous retrouvons, comme dans le cas des acides gras, une séparation nettement marquée entre les espèces homéo- thermes et les espèces poikilothermes étudiées. Enfin, on remarquera des écarts individuels toujours beau- coup plus grands chez les quatre espèces poikilothermes que chez les cinq espèces homéothermes. PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOIDIQUES a TABLEAU XIII Teneur en cholestérine des animaux normaux et inanitiés: valeurs extrêmes; valeurs moyennes. ANIMAUX NORMAUX. ? ANIMAUX MORTS D'INANITION (L). = ESPÈCE»: MOYENNE VALEUR la plus faible. VALEUR la plus forte. VALEUR la plus forte. les individus. ÉCART MOYEN ÉCART MOYEN VALEUR la plus faible. VALEUR MOYENNE VALEUR Een Souris Chauve-Souris . Hypo. cholyhea- Poussin (4 j.)... PéTeDer ere HANCher eee Grenouille ..... Salamandre... = Le 1 Qt D SI © Ot D © (4) Sauf chez les Chauves-Souris. Telles sont les principales conclusions de faits. Nous essayerons dans le chapitre IT, d’une part, de dégager si possible leur signification physiologique, d'autre part, d'in- diquer les nouvelles recherches qu’elles commandent, x CHAPITRE Il LES ACIDES GRAS ET LA CHOLESTÉRINE DANS L'ORGANISME TOTAL DES INVERTÉBRÉS. Les données que nous possédons sur les Invertébrés sont encore bien moins abondantes que sur les Vertébrés. En ce qui regarde les acides gras, nous n'avons trouvé, avant de commencer ce travail, aucune valeur globale déter- minée à l'aide des méthodes de saponification immédiate, à plus forte raison aucune étude sur les variations individuelles 38 ÉMILE-F. TERROINE ou sur l'influence de l’inanition. Sur ce dernier point, quelques expériences ont été faites dans lesquelles on a fait appel pour les dosages à l'extraction éthérée après dessiccation. SLOWTZOFF (296) compare 100 Géotropes (Geotropus stercoralis) normaux nourris à 100 sujets imanitiés et évalug à 39,6 p. 100 de substance sèche le contenu des graisses des premiers, à 18,8 p. 100 celui des seconds; sices valeurs étaient exactes, 11 y aurait maintien dans l'organisme de ces animaux d’une très grande quantité de corps gras lors de la mort par inanition ; mais nous savons toutes les réserves qu'il convient de faire sur la valeur de données numériques dans lesquelles on évalue comme graisses la totalité d’un extrait éthéré. Les résultats de ScHünxBorn (1) (285) sur le Carcinus Mænas sont assez peu cohérents, ce qui tient, selon toute vraisemblance, à ce que l’inanition n’a pas été prolongée jusqu'à la mort. Chez Fanimal normal, des dosages faits sur deux ou trois animaux donnent des valeurs de 7,1, 7,4, 11,6, 22,0 de graisse pour 100 grammes de poids frais ; et chez des animaux ayant subi dix jours de jeûne, 12,1; douze jours de jeûne, 2,0 et 1,5; dix-huit jours de jeûne, 22,7. Quant à la cholestérme, nous ne connaissions que les résul- tats de DoR£E (loc. cit.). rapportés ci-dessous et n’ayant trait qu'à une détermination unique (les valeurs sont indi- quées en p. 100 du poids frais). Crabe. Ver de terre. Anémone de mer. Cléona. Spongille. 0,648 0,10 0,07 0,17 0,17 DorÉE mentionne en outre, chez Asterias Rubens, la pré- sence d’une substance très voisine de la cholestérine. Il nous a été malheureusement impossible, comme nous l'avons dit plus haut, de poursuivre dans notre laboratoire des recherches sur l’inanition chez les Invertébrés. Nous avons dü nous contenter d'étudier les variations de la teneur en acides gras et en cholestérime chez des sujets normaux appartenant à un assez grand nombre d'espèces. Nous n’avons d'ailleurs pu poursuivre ce travail à Paris que grâce à l’obli- (1) Les dernières mesures de ScHôwrornont été faites à l’aide de la méthode de Kumaca wa-Suro. PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOIDIQUES 39 geance de M. le professeur DELAGE et de M. VLES, prépara- teur à la Sorbonne, qui nous ont fait expédier de Roscoff, dans d'excellentes conditions, les animaux nécessaires. e La mesure à porté, comme dans le cas des Vertébrés, sur l'animal total. Bien entendu, dans le cas des Tuniciers, nous avons éliminé la tunique et, dans celui des Mollusques, la coquille, Le corps des animaux était rapidement épongé à l’aide de papier-filtre, aussitôt additionné de la quantité de soude nécessaire et le mélange im- médiatement placé au bain-marie à 1000, Sans doute, il y a iei un élément d’erreur,car on ne saurait songer à éliminer, sans détruire l'animallui-même, la totalité de l’eau qu'ilcontient. L'examen de nos chiffres, leur homogénéité montrent combien l'erreur ainsi commise est minime. Bien entendu, les animaux ont toujours été soigneusement débarrassés des petits corps étrangers (pierres, débris, etc.) qu’ils peuvent contenir ; c’est là une précaution dont l'utilité est manifeste dans le cas de l’Astérie par exemple. Dans bien des cas, la taille de l'animal, sa faible teneur en acides gras -ou en cholestérine oblig2nt à opérer sur plusieurs sujets ; nous avons alors indiqué dans nos tableaux le nombre d'individus utilisés pour chaque dosage. Nos essais ont porté sur huit espèces animales appar- tenant à divers embranchements Tuniciers : Ascidia mentula. Tapes decussatus. Ostrea edulrs. Vers : Hirudo medicinalis. Vermidiens : Phascolosoma vulgatum. Échinodermes : Asterias rubens. { Actinium mesembryanthemum.. | Anemone sulcata. Mollusques : Cœ'eatérés : 40 ÉMILE-F. TERROINE TABLEAU XIV Ascidia mentula (corps sans l’enveloppe). es CHOLES- POIDS de RS Cd EXTRAIT CHOLES- ACIDES de l'animal l'extrait total TERINE TOTAL TÉRINE GRAS en grammes. en en \ < foi erammes grammes. p- 1000. p. 1 000. p. 1 000: g es. 15,6640 0,0350 0,0047 0,30 1,90 13.7880 0,0560 \ 3,72 . Valeur 12,6825 0,0565 totale Valeur 4,12 obtenue moyenne : par 10,7000 20€ l'addi- tion | 0,28 1,52 des 5 17,6675 £ dosages : 0,019 14,2305 LAB ÉB'AUrPEM Ostrea edulis. POIDS La A | POIDS de SRE EXTRAIT CHOLES- ACIDES de l'animal l'extrait total TERINE TOTAL TÉRINE GRAS en grammes. en HER p. 1 000. p. 1 000. p- { 000. grammes. grammes. 0,0610 0,005 0,0656 0,009 0,1900 0,013 0,0430 0,007 01530, | 0,012 0,2205 0,017 0,2090 0,018 0,4505 0,014 0,1100 0,009 0,1425 0,013 0,0995 0,008 0,1380 0,011 nn e SI 2 EH W'OtE NI O W © oi DO00O0HO00ccos IAFDONDAOMmAIOSOR DIIJJIIJIRDTOO D & > ee à à à en RO TABLEAU XVI Tapes decussatus. POIDS ROIS CHOLES- d AR de ÉRHLCSE EXTRAIT CHOLES- ACIDES es animaux TÉRINE NOMBRE l'extrait total TOTAL TÉRINE GRAS d anim aux eu u utilisés. en se p. 1 000. p. 1000. p. 1000. gran 28: ñ ù 8 me grammes. grammes. 10,6970 | 0,1070 0,014 10,7675 | 0,1145 0,015 14,5475 | 01780 0,021 11,6070 | 0,1200 0,016 10,5355 | 0,0965 0,012 12,4850 | 0,1490 0,014 2 2 3 2 2 2 # PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOIDIQUES TABLEAU XVII 41 Hirudo medicinalis (tous les dosages portent sur six animaux). POIDS des animaux en grammes. 16,1210 17,5965 12,5985 20,5+05 13,6540 9,0110 POIDS de l'extrait total en grammes, 0,1755 0,1705 0,1295 0,1780 0,1125 0,0945 CHOLES- TÉRINE en grammes. EXTRAIT TOTAL p. 1 000. = = D D © © & © ® D Où = CHOLES- TÉRINE p- 4000. ACIDES GRAS p- 1 000. TABLEAU XVIII Phascolosoma vulgatum. NOMBRE d'animaux utilisés. POIDS des animaux en grammes. 12,2900 10,0775 10,1275 17,5500 POIDS de l'extrait total en gram mes, 0,0490 0,0315 0,0235 0,0550 CHOLES- TÉRINE en gramimes. 0,0060 0,0057 0,0060 0,0090 EXTRAIT TOTAL p. 1000. CHOLES- TÉRINE p- 1 000. 0,54 0,56 0,59 0,52 2 ACIDES GRAS p. 1000. TABLEAU XIX Asterias rubens. POIDS POIDS de de l'animai en grammes. .12,8515 12,7510 19,6990 20,4680 14,6720 25,8105 l'extrait total en grammes. 0,2725 0,1885 0,2785 0,4135 0,2560 0,4045 CHOLES- TÉRINE en grammes. 0,022 0,015 0,026 0,031 0,020 0,036 EXTRAIT TOTAL p. 1000. CHOLES- TÉRINE p- 1 000. ACIDES GRAS p. 1000. 19,5 13,5 12,8 19,7 16,2 14,2 ES oO ÉMILE-F. TERROINE TABLEAU XX Actinies. POIDS NOMBRE QUE de CCE EXTRAIT CHOLES- ACIDES Pénae des PAUL l'extrait total Erne TOTAL TÉRINE GRAS SNA grammes, Ame grammes. p. 1000. p- 1 000. | p. 1090 | | TI. — Actinium mesembryanthemum. 3 7,7805 0,1415 0,019 18,1 PAS 15,6 4 6,7355 01180 0,015 1925 209. 44;3 3 75400 | 0,1370 0.018 18,1 9h 15,7 A 7.8305 | 0,1640 0,019 20,9 2,5 18,4 II. — Anemone sulcata. 3 9,465 0 0,2480 0,022 26,2 2,40 23,80 3 10,3990 0,2510 0,034 24,9 2,36 21,8% 2 5,3959 0,1685 0,013 31,4 2,50 28,90 2 7,7010 0,2635 0,018 34,4 2 40 31,70 4 15,2000 0,4475 ‘0,034 29,4 2 28 27100 4 46,2545 0,5375 0,033 33,0 2,00 31,00 Quels faits se dégagent des données numériques rassem- blées ici ? Acides gras. — Un exemen rapide des tableaux pourrait amener à conclure à l'existence de différences individuelles moins marquées que dans le cas des Vertébrés. Mais il con- vient de se rappeler que, dans la plupart des cas, le dosage porte sur un assez grand nombre d'animaux, parfois six à huit, et que, ce faisant, on diminue l'amplitude des. écarts. Dans les trois cas où les déterminations ont pu être faites individuellement, les écarts sont du même ordre que chez les Vertébrés, comme on peut le voir ei-dessous : Valeur Valeur Espèce animale. la plus faible. la plus élevée. Aseidta mentule si. 2 TT 4522 4,12 OStréR EU ER ER ER RER 5,80 19,20 ASTERIGS A TULUENS AL MECS 12,80 19,50 Cependant, les écarts qui séparent les individus d’une même espèce ne sont pes tels qu'ils puissent nous empêcher de constater de grandes différences entre les espèces. À côté 13 de teneurs infimes chez l’Ascidie ou le Phascolosome, nous trouvons, chez Anemone sulcata, des valeurs qui atteignent celles rencontrées chez les Homéothermes. Ici une objection doit être immédiatement écartée. Puisque nous, caleulons la proportion de corps gras contenue dens Fanimal total, les différences observées ne représentent-elles pas tout simplement des différences dens la concentration globale de la totalité des constituants de l'organisme. Il suffirait de considérer l'importance de ces différences chez FHuître, la Palourde, la Sangsue, l’Actinie, dont les teneurs en eau sont très voisines, pour voir qu'il n’y a pas là une simple différence de concentration. Mais nous avons tenu à montrer, en prenant les valeurs extrêmes, que ces différences se re- trouvent si l’on rapporte les quantités dosées au poids sec. Pour ce faire, nous avons déterminé, par dessiccation jusqu’à poids constant, la teneur en substances sèches (et par diffé- rence la teneur en eau) d’un certain nombre d'individus dans chaque espèce, et nous avons rapporté les valeurs d'acides gras et de cholestérine précédemment trouvées au poids see moyen. Nous pouvons voir ainsi, des chiffres ci-dessous, que s'il y à évidemment chez les trois espèces considérées, Ascidia men- tula, Phascolosoma vulgatum et Anemone sulcata, une diffé- rence notable de la concentration de tous les éléments, puisque la teneur en eau est très différente, 1l n'en reste pas moins que la proportion des acides gras parmi les substances solides est très différente. (Pour chaque espèce, le caleul à porté sur la valeur la plus faible consignée respectivement dans les tableaux XIV, XVIII, XX.) PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOIDIQUES | ù " TENEUR EXTRAIT TOTAL | CHOLESTERINE ACIDES GRAS ESPÈCE ANIMALE. es en p. 100 en p. 100 en p. 400 CEA du poids sec. du poids sec. du poids sec. a — Ascidia mentula.... 90 317 0,5 227. Phascolosoma vulgatum......... so 2,3 0,5 1,8 Actinium mesambry. S 30/8 10,0 1,3 3,7 | | Cholestérine. — A l'intérieur de chaque espèce, la teneur en ÉMILE-F. TERROINE as 4 cholestérine est remarquablement constante. Sans doute, ici aussi, devons-nous tenir compte du fait qu'il s’agit le plus souvent d’une valeur moyenne, mais il est facile de voir que les variations de la cholestérine ne sont pas, à beaucoup pres, aussi étendues que celles des acides gras. De plus, quand les déterminations ont été individuelles, comme dans le cas de. l’'Huître, on remarquera que des variations du simple au triple dans la teneur en acides gras ne sont accompagnées d'aucune variation dans la teneur en cholestérine. Au surplus, le tableau XXI, dans lequel figurent compa- rativement, pour toutes les espèces étudiées, les plus grands écarts des acides gras et de la cholestérine, fait ressortir la fixité remarquable de cette dernière substance. TABLEAU XXI Grandeur comparée des écarts entre les teneurs en cholestérine et les teneurs en acides gras chez les Invertébrés. | ACIDES GRAS. CHOLESTÉRINE. à D LE ESPÈCE. VALEUR VALEUR VALEUR VALEUR la plus faible. la plus elevée. la plus faible. la plus élevée. Ascidia mentula....| Ostrea edulis....... Tapes decussatus ..| Hirudo medicinalis. Phascolosoma voul... Asterias rubens.... Actinium mesem- bryanthemum . ... Anemone sulcata... . M Deus Q 1 Où © O0 1 © RO © © ND D OO D © © ND © © <1 œ - En fin, si l’on fait une moyenne de la teneur en cholestérime, ce que nous sommes autorisés à faire, étant donné le peu d’étendue des variations quantitatives de cette substance, on sera frappé de retrouver fréquemment, à côté de chiffres très éloignés, cette valeur voisine de 187,4 par kilogramme d'animal trouvée tout à l’heure chez la Grenouille et deux Poissons : ; Huitre. Palourde. Sangsue. Astérie. Ascidie. l'hascol. Act. mes. Anémone. 1,3 1,3 1,7 1,4 0,29 0,54 2,4 2,32 PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOIDIQUES 45 Ceci montre que la teneur en cholestérine, presque iden- tique chez tous les individus d’une même espèce, n’est cepen- dant pas caractéristique de l'espèce. CHAPITRE III SIGNIFICATION PHYSIOLOGIQUE DE LA SÉPARATION QUANTITATIVE DES ACIDES GRAS EN ÉLÉMENT VARIABLE ET ÉLÉMENT CONSTANT ET DE LA TENEUR EN CHOLESTÉRINE. Quelle est la signification des faits précisés dans les con- clusions de nos deux précédents chapitres ? Pouvons-nous, à l’aide de ces faits, répondre aux questions posées particu- lièrement en ce qui concerne la grandeur des réserves? Enfin quelles recherches nouvelles nos constatations nous com- mandent-elles pour l'avenir? C’est ce que nous allons main- tenant examiner. $S A. — Les acides gras. 19 L'élément variable. — a. L’ÉLÉMENT VARIABLE REPRÉ- SENTE LA RÉSERVE GRASSE DE L'ORGANISME. — Que représente l'élément variable ? Précisément, la valeur principale que nous cherchions à établir, la grandeur de la réserve grasse. Pour la première fois, en effet, croyons-nous, grâce à la mise en évi- dence de l’existence d’un élément constant, d’une quantité fixe d’acides gras que l’organisme ne peut utiliser, ne peut com- burer, nous pouvons déterminer par là même, par la différence entre la quantité globale et l’élément constant, la quantité de graisse qui constitue réellement une réserve pour l'organisme, la seule à laquelle on ait vraiment le droit d’appliquer les termes de «potentiel bioénergétique ». Nos expériences nous paraissent démontrer d’une manière péremptoire que considérer comme un tout unique les acides gras contenus dans l’organisme est dépourvu de signification biologique, tout au moins en ce qui regarde la grandeur des 46 ÉMILE-F. TERROINE réserves, Opérer ainsi, c’est comme si, après avoir dosé les cendres de l'animal total, on considérait le tout comme ré- serves minérales, sans égard pour la quantité présente dans le squelette osseux et que l'animal ne peut utiliser. Pour nous, il existe, si nous pouvons nous permettre cette expression, un squelette de composés d'acides gras, que nous n'avons pas le droit de considérer comme réserve énergé- tique. Et cette manière de voir n’est pas sans conséquence, non seulement lorsque nous voulons connaître la grendeur de la réserve grasse chez différents sujets d’une même espèce, à divers états physiologiques, mais encore si nous essayons de nous rendre compte de la valeur des potentiels énergétiques dans les diverses espèces animales. Envisageons tout d’abord le cas de deux mdividus normaux de même espèce, par exemple dans l’espèce Æypochera cho- lybeata, ceux qui ont fait l’objet de la deuxième et de la cin- quième détermination. Ces deux animaux présentent respecti- vement une teneur globale de 47,9 et de 34,8 p. 1000; s1 nous évaluons le tout comme réserve, nous allons done admettre que leurs potentiels énergétiques qui commandent la survie dans l’inanition sont dans le rapport de 1 à 1,37. Or, 1l n’en est rien. Tous deux mourront avec un élément constant iden- tique, soit dans le cas présent 21,6 p. 1 000. Leurs réserves énergétiques réelles sont donc respectivement de 47,9 — 21,6 — 26,3 et 34,8 — 21,6 — 13,2, c’est-à-dire que l’un des ami- maux possède une réserve double de lautre. Prenons au contraire maintenant le cas d’espèces chez les- quelles l'élément constant est très différent, per exemple la Perche et l’Æypochera cholybeata. Si nous ne considérons que les valeurs globales, nous allons être amenés à conclure que le potentiel dont dispose 12 Perche normale n° 1 (338r,4 par kilogramme) est le même que celui auquel peut faire appel l'Hypochera normal n° 5 (348,8 par kilogramme). En réalité, si l’on enlève l’élément constent, on constate alors que la Perche dispose d’une réserve de 33,4 — 5.18 — 288,22, alors quel’Oiseau ne dispose plus que de 34,8 — 21,6 — 138r,2, soit plus de moitié moins. m fun te à 4 à nié. Dés D) SD dd Se Sd SE LR PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOIDIQUES 47 Au total, la réserve grasse d’un organisme, cé n’est pas la quantité globale de composés d'acides gras que cet organisme contient, c’est la différence entre cette quantité globale, — grandement veriable suivant Îles individus, — et l'élément constant, de valeur presque identique pour tous les représen- tants normaux adultes d’une même espèce. b. VALEUR ÉNERGÉTIQUE DE LA RÉSERVE GRASSE CHEZ DIFFÉRENTES ESPÈGEs. — À l’aide de la donnée que nous venons d'acquérir, nous sommes maintenant en mesure de calculer la valeur énergétique réelle que représentent les réserves grasses accumulées dans l'organisme. TABLEAU XXII Valeur énergétique des réserves grasses chez des sujets normaux appartenant à diverses espèces de Vertébrés. Emme TENEUR TOTALE Z VALEUR DE LA RÉSERVE. \ Rs \s Z APOMTÉ reset ot e RÉSERVE RL ARE A EN ACIDES GRAS. EN GRAISSE. énergétique ESPÈCE Re S a > RE ER ë d'animal Valeur | Valeur ES Valeur | Valeur | Valeur | Valeur ER la plus | La plu = la plus | luplus | la plus | la plus calories, faible. forte 22 faible. forte. faible. forte. = L SOUTIS en 2010 87,5 | 23,40 6,20 | 64,10 6,48 | 67,0 de 60,9 à 629,8 Hypochera cholybeata….| 34,8 | 87,7 | 21,60 | 13,20 | 66,10 | 13,80 | 69,1 de 129,7 à k 642,5 Sporo egin- thus mel- podus ..…. 44,8 68,9 | 26,90 | 17,90 | 42,00 418,70:1143;9 de 175,7 à 412,6 Poussin t271#%35;:2 51,8 | 25,60 9,60 | 26,20 | 10,00 27,4 de 94,0 à 258,9 Pérche "1114838 D 9,28 8,92 | 28,62 8590102959 de 83,6 à 281 Tanche .... 6,3 F8, 2,00 1,30 | 13,10 2935118197 de 12,6 à ; 128,0 Grenouille .| 14,5 17 4,97 | 40,23 | 13,43 10,70 | 14,0 | de 100,5 à 131,6 Bien que, comme nous l’avons précédemment indiqué, nos déterminations ne portent pas sur un nombre suffisant d’in- dividus pour nous permettre de supposer que nous avons atteint dans chaque cas la limite supérieure de là teneur en 48 ÉMILE-F. TERROINE corps gras, 1] nous a paru plus intéressant de donner des va- leurs limites que des moyennes. Au moins ces valeurs limites correspondent-elles à des faits d’observations ; à l’heure actuelle, les déterminations sont encore trop peu nombreuses pour que les valeurs moyennes ne soient pas arbitraires. Nous avons donc établi pour chaque espèce étudiée les différences entre les valeurs globales limites et lélément constant. Les quantités d’acides gras ainsi obtenues ont été transformées en graisse en les multipliant par 1,046, le coefficient de KumAGAwaA qui relie les acides gras supérieurs aux graisses neutres. Enfin nous avons représenté en calories les réserves grasses ainsi évaluées. L’ensemble de ces données est contenu dans le tableau XXI. Qu'il y ait de grandes variations mdividuelles, ce n’est pas là un fait nouveau, et nous l'avons constaté au cours de nos dosages. Deux faits doivent retenir /notre attention : æ. Si l’on compare entre elles les valeurs des réserves chez les Homéothermes étudiés, on constate la faiblesse relative de la réserve du Poussin. Ce résultat est à rapprocher des intéressantes recherches de THomas (326) sur le Chien et le Chat, d’où 1l ressort très nettement que la quantité de graisse augmente beaucoup chez le jeune : au cours des vingt premiers jours, elle passe de 6,90 à 42,30 p.100 chez le Chien ; de 8,42 à 27,10 pendant les vingt-deux premiers jours chez le Chat. L'animal naïîtrait donc avec une réserve énergétique mé- diocre, qu'il accroitrait très rapidement. C’est là une question qu'il sera nécessaire d'étudier systématiquement ; il con- viendra, d’ailleurs, de rechercher en même temps si l’augmen- tation porte sur le seul élément variable et si l'élément con- stant est le même chez le nouveau-né et chez l'adulte. 5. Dans l’ensemble et si l’on écarte le Poussin, animal non adulte, les trois espèces homéothermes se séparent très nette- ment des trois espèces poikilothermes. Mais toute conclusion ferme sur ce point serait actuellement sans valeur. Porr- MANTI (260) relève en effet des différences très étendues de la teneur en corps gras chez les diverses espèces de Poisson, de 0,255 p. 100 de substance fraiche chez le Gobius paganellus PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOIDIQUES: 4% à 6,298 chez Clupea pilchardus ; SUND constate chez le Sprat, suivant la saison, des teneurs de 5 à 15 p. 100 du poids du corps; FAGE et LEGENDRE (93) trouvent chez la Sardine des quantités d'extrait éthéré qui peuvent atteindre 16 à 17 p. 100 du poids du corps chez les individus très gras. C’est dire que des recherches sur des espèces nouvelles sont indispensables. La question de la variation des réserves grasses chez les animaux migrateurs, telle qu’elle a été posée par Hiorr et LEA (143) pour le Hareng, par Sunp (302) chez le Sprat, par FaGEe et LEGENDRE (loc. cit.) pour la Sardine, telle qu’elle se pose également pour les Oiseaux migrateurs, la Caille, par exemple, dont on sait la richesse en matière grasse, nous paraît à reprendre, en utilisant une méthode plus précise et en tenant compte, cette fois, de l'existence de l'élément o © ÜE © ‘a & ‘a € = | | | | | a. Teneur en acides gras. Foie ve 40,00] 40,56! 9,50! 10,70] 10,20! 12,0 | 11,1 | 70,50] 0,60 5,9 Rein. ...| 11,30| 12,80! 12,10] 10,80] 14,00! 12,6 | 13,2 | 11,98| 0,73 | 6,0 Poumon. .| 11,10| 11,10] 10,50! 9,74| 8,23| » » 10,10| 0,90 | 9,0 Pancréas .| 13,73| 12,04| 11,00] 9,90] » |42,9 |- » |11,91| 0,97 | 84 Masse lom- bairest24119:011579/m65381025 » » ». | 11,38| 30295 Muscle couturier.| » 14,88] 14,89] 6,90] 19,00] 16,00| 9,2 | 13,80] 3,50 | 25,3 b. Teneur en cholestérine. NEGie Pi 0,701 0,54] 0,70| 0,90] 0,81] 0,701 0,62 0,71] 0,08 | 11,5 Rein......| 1,18/-1,20| 1,02] 1,30] 1,24| 1,60! 1,14| 1,24] 0,12 | 9,6 Poumon: +1P#2; 0012702700 0210/1710 » 2,00! 0,10 | 5,0 Pancréas .| 0,77| 0,66! 0,70| 0,70] » | 0,84 » | 0,73 0,05| 7,6 Masselom- | paire. :510,36|10,24101717 0% » » | 0 0 Muscle | couturier.| » 0,4210 10,41] 0,26| 0,31 re 0 $ C. — Pigeons. Il s’agit de Pigeons adultes, maintenus au jeûne depuis douze heures. Les résultats sont réunis dans le tableau XXX. TABLEAU XXX Teneur en acides gras et en cholestérine du foie et du muscle chez le Pigeon normal. ACIDES GRAS. CHOLESTÉRINE. NUMÉRO ee EE — —— des animaux. Foie. Muscle. Foie. Muscle. Pigeon er tee 13,67 13,78 1,63 0,42 PISeonMNRANERSeE 16,44 9:24 1,26 0,26 Pigeon IL Sete 12,69 12,84 185 0,26 Pigéon IV RS, 140099 14,14 1,91 0,26 Moyenne :........ 13,6 1285) 1,42 0,30 Écart moyen...... 1,3 1,6 0,14 0,06 Écartmoyen p.109. 9,5 12,8 9,80 5,00 | PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOIDIQUES 69 L'examen des résultats contenus dans les tableaux XX VITE, XXIX, XXX, indique une constance remarquable des teneurs en acides gras et en cholestérine des tissus, le muscle excepté, quelle que soit l’espèce considérée. Sans doute, dans l’ensemble, 1l reste des écarts individuels assez importants ; mais ces écarts ne sont évidemment pas de l’ordre de ceux qui séparent la grandeur des réserves grasses chez les divers animaux considérés. Bien plus, on peut voir déjà que les organes présentent une fixité relative plus ou moins grande, et cela sans aucun rapport avec l’état de l’animal. Dès maintenant on peut remarquer sur le Chien et le Lapin, à un moindre degréchezle Pigeon, — et nous aurons l’occasion d’insister plusieurs fois sur ce fait, — que le foie pré- sente parmi tous les organes une fixité remarquable de sa teneur en acides gras. Ce premier groupe de recherches nous amène à penser que les différences individuelles signalées précédemment dans les teneurs en acides gras des animaux normaux pris en totalité ne sont pas à rapporter à des différences dans la teneur en graisse des organes, sauf toutefois en ce qui regarde le muscle. CHAPITRE II LES ACIDES GRAS ET LA CHOLESTÉRINE DANS LES TISSUS D'ANIMAUX INANITIÉS. S'il est exact que les variations de la composition globale des organismes en corps gras n'influent pas sur la teneur en acides gras des tissus, sauf du muscle ; si, comme nous venons de le montrer, quel que soit l’état de nutrition de l'animal, qu'il soit gras ou qu'il soit maigre, la teneur en acides gras de ces tissus reste la même; si, par conséquent, ce qui varie au cours des états de nutrition, c’est uniquement la grandeur des réserves dans les dépôts, la conclusion très vraisemblable, c’est que l’inanition même très prolongée aura pour résultat de faire disparaitre les réserves des dépôts, 70 ÉMILE-F. TERROINE mais qu'elle ne modifiera pas la teneur en acides gras des. organes, — les muscles exceptés, — laquelle devra, ne dépen- dant pas de la nutrition, rester sensiblement constante. Sur l’animal total, nous avons vu la teneur en graisse dimi- nuer au cours de l’inanition ; au moment de la mort, elle est constante chez tous les individus. La partie disparue, l’élé- ment variable représente les réserves. La partie permanente, l’élément constant n'est-il pas constitué sinon uniquement, tout au mois pour une part fort importante, par la quantité que MAYER et SCHÆFFER ont désignée sous les termes d’in- dices lipocytiques des tissus. Dans ce cas, c’est dire que seules subsisteront dans l’inanition les combinaisons d’acides gras qui représentent des éléments cellulaires constants. L'étude des indices lipocytiques des tissus d'animaux inanitiés doit nous permettre d’établir s’il en est bien ainsi. Si, en effet, au cours de l’inanition, seules les réserves grasses sont touchées, les indices des organes doivent être sensiblement égaux à ceux des organes d'animaux normaux. C’est ce que nous allons rechercher. \ $ A. — Lapins. Cinq Lapins prélevés au hasard parmi un lot d'animaux nor- maux sont abandonnés sans nourriture et ne reçoivent que de l’eau. L'un d’eux (62) meurt le septième jour, les organes sont aussitôt prélevés et l’on sacrifie ensuite les quatre sur- vivants. Les résultats consignés dans le tableau XXXI montrent qu'il n'existe aucune différence appréciable en ce qui con- cerne le foie, le poumon et le rein entre les animaux normaux (tableau XXVIIT) et les animaux imanitiés. Sauf en ce qui concerne le muscle, les écarts individuels sont de même ordre; pour le muscle, 1l y a une tendance très marquée à une plus grande fixité : alors que l’écart p. 100 était de 17,9 chez les sujets normaux (tableau XX VIII), il n’est plus mainte- nant que de 6,8. La constance relative des organes est restée la même ; le foie est, ici encore, l'organe le plus fixe; sa moyenne PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOIDIQUES 7} TABLEAU XXXI Teneur en acides gras et en cholestérine des tissus de Lapins inanitiés. DAURE : à : MOYENNE. |FCRT || ECÈRT des tissus. 2e 5 moyen. | p. 100. a. Teneur en acides gras. 10,37 | 41,56 | 11,151 11,20 | 70,69 9,61 | 12,02 | 10,72 | 8,925| 10,10 Poumon .... 10,45 | 11,00 | 142,00 | 6,86 10 ,40 Muscle DRAM 95e | ON M 280) 2,78 b. Teneur en cholestérine. 98 Poumon .... ,9 1954180260 Muscle 027 0,24 1,24 (l ) (10,69 p. 100) n’est pas sensiblement différente de celle observée chez les sujets normaux (10,98 p. 100). La seule variation nette est une augmentation de la cholestérine du foie, confirmation du fait observé par ELLIS et GARDNER. $ B. — Chiens. Deux catégories d'expériences ont été rés Lséessur les Chiens : ou bien on a sacrifié des animaux en cours d’inanition après un jeûne plus ou moins long; ou bien on a prolongé l’inanition jusqu’à la mort. 19 Animaux sacriñés au cours de l’inanition. — Tous les animaux expérimentés reçoivent de l’eau à voionté. Les résultats consignés dans le tableau XXXIT sont iden- tiques à ceux obtenus chez le Lapin. La concordance des moyennes de la teneur en cholestérine est remarquable (com- parer avec les chiffres des sujets normaux, tableau XXIX). En ce qui concerne les acides gras, les écarts sont extrême- ment faibles. Le foie est toujours fixe. la moyenne (11,03 p. 100) n'est pas sensiblement différente de celle des animaux nor- maux (10,5 p. 100). Enfin, comme chezles Lapins, les valeurs musculaires tendent à se rapprocher, à s’égaliser ; alors qu’on 4 7 Î 1 72 ÉMILE-F. TERROINE les trouvait tantôt de 19 p. 100, tantôt de 9 p. 100 chez les animaux normaux, nous les voyons atteindre 11,76 p. 100 après quatre jours de jeûne, 8,62 après sept jours, 8,79 après vingt-six jours. TABLEAU XXXII Teneur en acides gras et en cholestérine des tissus de Chiens sacrifiés au cours de l’inanition. | CHIEN CHIEN CHIEN CHIEN | CHIEN J° 1. 111. IV. VA 4 jours | 3 jours | 7 jours | 3 jours |26 jours] MOYENNE. de de de de de jeûne. | jeune. | jeüne. jeûne. | jeüne. NATURE des tissus. ÉCART IiOYenr. a. Teneur en acides gras. 9,52 10,56 | 12,85 11,24 | 9,38 | 15,65 | 17,59 Poumon .... 10,40 26 12,50 Pancréas ... 10,90 ado 9,06 7,47 2 5,40 ) 83 | 10,79 | ‘8,70 Muscle cou - CUrIer 1e 3,62 | 22: » Masse Jom - | 8,79 Teneur en cholestérine. 0,65 1,61 2,60 1,04 1,80 0,48 - DV RNVIOSVOS Qt OMONR EE Pancréas EE & 1 DO SJ Æ ND Or to Où > D Co 7 Co À © © Cœur Muscle cou - CUP DE D Des » S DS hi S D hi © 2° Animaux morts d’inanition. — Les conditions d’expé- rience sont exactement identiques. Environ vingt-quatre heures avant la mort, l'animal s’affaisse, ses pattes deviennent incapables de le porter, le cœur se ralentit graduellement ; il est alors surveillé constamment. Dans presque tous les cas, nous avons pu opérer les prélèvements des tissus quelques minutes après la cessation des contractions cardiaques. Les résultats sont consignés dans le tableau XXXTIT. PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOIDIQUES 1e TABLEAU XXXIII Influence de l’inanition prolongée sur la teneur en acides gras et en cholestérine chez le Chien. CHIEN 7 BO. JE. NATURE VÉRINS jours|28 jours|35 jours des tiseus met de jeûne de de To DOTMA 6. |Sanseau.| jeûne. | jeune. Mort. Mort. Mort. CHIEN CHIEN ALE: Beau. 24 jours|25 jours de de jeûne. | jeûne. Mort. Mort. CHIENNE POI. 31 jours Mort. de jeûne. a. Teneur en acides gras. 10,50 111,50! 5,97| 6,28 | 13,10 (Ext.lot.) 2001 204217008114 07 50 ,80 11,98 9 10,100 "9 113800 0e b. Teneur en cholestérine. 0,71 1,24 2,00 Masse lombaire..... 0,28 En ce qui concerne les acides gras, on peut voir que les tissus tels que le rein et le poumon ne présentent pas de varia- tions significatives par rapport aux valeurs normales. Le foie présente souvent des valeurs nettement plus faibles que les valeurs normales ; mais c’est surtout dans le musele qu’on constate une diminution considérable de la teneur en acides gras. Alors que, chez les animaux normaux, cette teneur est en moyenne de 11,38 p. 100 et qu'on la voit fréquemment atteindre 20 p. 100, elle ne dépasse pas ici 5 p. 100. Il y a donc, lorsque l’inanition est prolongée jusqu'à ce qu’elle ait provoqué la mort de l’animal, une chute des acides gras, faible et inconstante dans le foie, considérable et régulière dans le muscle. En ce qui concerne la cholestérime, nous voyons que, con- formément à ce que nous avons précédemment observé chez le Lapin, sa teneur augmente notablement dans tous les organes. Cette augmentation est particulièrement importante dans le muscle; dans la plupart des cas, le taux de la choles- térine atteint au moins le double, parfois le triple (0,80 p. 100 au lieu de 0,24) de la valeur normale. 74 | ÉMILE-F. TERROINE ; $ C. — Pigeons. Les détermimations sont faites sur des animaux adultes ayant reçu de l’eau à volonté, morts après un jeûne de durée variable. Elles sont consignées dans le tableau XXXIV. TABLEAU XXXIV Influence de l’inanition sur la teneur en graisses et en cholestérine des tissus de Pigeon. ACIDES GRAS CHOLESTÉRINE par 100 gr. de tissu sec. par 100 gr. de tissu sec. NUMÉROS nr Re = RE — des animaux Muscle. | Fo'e. |Poumon.| Rein. Muscle. Foie. |Poumon.| Rein. | inv Porc | 4,820 | 1210 | 4,8 | 6,80 | 0,78| 1,60 | 1,4 |'4,20 LISA EEE 4,680 | 9,20! 6,4 |10,41| 0,52| 2,80! 924 | 0:59 DPI. eme 5,600 | 13,02 » 6275085100 » 0,85 ] iv LEE À 4,400 | 9,00! 5,5 | 7,20] 0,60! 1,80 | 4,9 120 EE AT A » 9,80 ) 9,50 » 3,20 » L,o0 | Moyenne....... 4,750 | 12,62| 5,5 | 8:13| 068| 209| 1,8 | 1,06 Écart moyen... .| 0,425 | 215| 0,5 485:|. 10142. 0:22 NW 02e . ? , LS É | Écart moven %.| 8.0 17.00 9.0 17,00 |-17,00| 34,0 11,0 | 26,00 û . || O, ) ; ; ; ; ; , | On pourra facilement constater l'identité des résultats obtenus dans le cas du Pigeon avec ceux observés sur des animaux d'espèce différente. Au moment de la mort, les tissus autres que le foie et le musele ont conservé leur teneur nor- male en acides gras. Le foie présente une baisse très légère; la moyenne est en effet de 12,62 p. 100 au lieu de 13,6 p. 100 chez l'animal normal. Le muscle présente une baisse considé- rable ; alors que chez le sujet normal nous avons constaté une moyenne de 12,5, alors que A.MavEretG.ScHærFERr (216) trouvent 16,9, et cela avec des oscillations très importantes, nous voyons que l’arnimel inenitié présente une teneur en acides gras du muscle sensiblement constante de 4,75 p. 100. En ce qui concerne la cholestérine, nous retrouvons là encore l’augmentation signalée chez le Chien et le Lapin, et ici également cette augmentation est particulièrement im- portante dans le muscle. Les constatations quise dégagent de cette série de mesures faites sur des animaux inanitiés sont done extrêmement PHYSIOLOGIE DES SEBSTANCES GRASSES ET LIPOIDIQUES 7% nettes : le poumon et le rein ne voient en rien modifier leur teneur en acides gras par l’inanition ; pendant le même temps, la teneur du foie baisse légèrement ; la teneur du muscle baisse considérablement. Seul de tous les organes, le muscle présente une diminution constante et considérable de la teneur en acides gras. CHAPITRE HI LES ACIDES GRAS ET LA CHOLESTÉRINE CHEZ LES ANIMAUX EN DIGESTION OU SURALIMENTÉS. Si la conclusion à laquelle nous amènent les deux cha- pitres précédents est exacte, si les tissus autres que le muscle: ont une teneur constante en acides gras quel que soit l’état de nutrition, si linanition même prolongée jusqu’à la mort re fait pas baisser cette teneur, inversement nous devons trouver qu'au cours de la digestion, au cours même d’ure suralimentation intensive, 1l ne doit pas se faire une accumu- lation de corps gras dans ces mêmes tissus. D'autre part, si le muscle présente, chez divers sujets normaux d’une même espèce, des variations étendues de sa teneur en acides gras qui paraissent être sous la dépendance des états de nutrition, si cette teneur s’abaisse considérablement au cours de l’ina- nition, nous devons observer comme conséquence d’ure ali- # à . . mentation surabondante une accumulation des corps gras dans le tissu musculaire. C'est pour contrôler ces déductions, qui nous paraissaient se dégager logiquement des résultats antérieurement acquis, que nous avons étudié tout d’abord l’influence exercée par l’in- gestion d’un repas sur les indices lipocytiques des tissus, nous avons recherché ensuite l’action que peuvent exercer, sur ces indices, la suralimentation prolongée, et dans certains Ces, le gavage. 716 ÉMILE-F. TERROINE $ A. — Indices lipocytiques des tissus d'animaux en digestion. Nous avons étudié soit l’ingestion de viande et d’hydrates de carbone, soit celle de corps gras variés. On comprendra facilement que, ce second cas étant de beaucoup le plus mté- ressant, nous ayons multiplié les expériences, n’en ayant fait qu’une seule pour le premier cas, lequel nous servait en réalité de témoin. 19 Ingestion de viande et d’hydrates de carbone. — Une Chienne de 7 kilogrammes ingère 360 grammes de viande de Cheval crue, 125 grammes de sucre et une assez grande quantité de soupe composée de pain, de sel et de bouillon de viande de Cheval. Sacrifiée par saignée six heures et demie après son repas, l’analyse des tissus donne les résultats con- signés dans le tableau XXX V. TABLEAU XXXV Teneur en acides gras et en cholestérine des tissus d’un Chien apres un repas de viande et d’hydrates de carbone. NATURE DES TISSUS. . POUMON. . rasemias | Teneur en acides gras .... Teneur en cholestérine ... Un simple examen montrera que ces chiffres sont parfaite- ment normaux, les écarts, par rapport à la moyenne normale, ne sont pas plus élevés que chez les différents sujets normaux. La teneur en acides gras du foie (10,37 p. 100) est presque identique à la moyenne normale (10,5 p. 100). 20 Ingestion de graisse. — Notre recherche a porté sur des graisses variées, de digestibilité et de rapidité d'absorption différentes (graisses de Cheval et de Mouton, huile d'olive, huile de foie de Morue). Dans le cas des graisses de Cheval et de Mouton, on a donné à volonté à un animal, soumis à un jeûne préalable de trente-quatre à quarante-huit heures, du tissu gras (tissu sous-cutané) ; les huiles ont été administrées à la sonde à raison de 15 grammes par kilogramme d’animal; PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOIDIQUES 71 ce n’est pas là une quantité anormale par rapport à la quan- tité de graisses que l’animal ingère volontairement. Des recherches, dont on trouvera l'exposé dans la seconde partie de ce travail, nous ayant montré que la teneur en acides gras du sangest la plus élevée environ six heures après l'ingestion, c’est à ce moment que nous avons sacrifié nos animaux. Parmi les résultats groupés dans le tableau XX XVI, on trouvera, cette fois, la teneur en acides gras des sérums, afin qu’on puisse se rendre compte de la valeur de l'absorption. TABLEAU XXXVI Teneur en acides gras et en cholestérine des tissus de Chiens en digestion de repas gras. De ; n 2 249 GR = | 500 cR.|500 GR.|365 GR. |995 nr Fan E 4 | NATURE graisse | graisse | graisse EAe HeTEOe CA ÉCART | ÉCART des tissus. de de de SE & moyen. | p. 100. Cheval. | Cheval. | Mouton. d'olive. de és $ Morue. = a. Teneur en acides gras. OCR RE ER EE » 9,45 | 10,70 | 11,80 12 80) 7 1,18 10,6 OT rm one 11,7 11,80 | 12,78 | 10,35 | 11,64 11,6 0,53 4,52 POUMON EEE 0100028 8,40 | 10,70 | 10,90 » 9,8 |-0,78 7,9 | BANCreAS rer 16,0 14,87 | 17,27 | 10,40 | 14,02 14,9 1,84 15220 Rate mn ets er ie) 11,36 | » » 13,30 | 14,8 2.08 14,7 Musclecouturier.| 42,5 | 12,07 | 17,10 | 9,69 | 13,48 | 13,0 | 2,06 15,8 | | | | EN A D LP PR PE TES ET 2 USE RU RE) | | | | | SÉUIE - e ANS EE ON 0152155381 » » Se b. Teneur en cholestérine. HO e » 0,65] 0,65] 0,68| 0,75] 0,68] 0,030] 4,4 RÉ er | 1,30 |/4,40 | 1,30 | 1,17 | 1,06 | 1,24] 0,100 | 8,0 Poumon.......| 4,88| 1,80 | 2,40 | 2,20 » 207 FO AS SG Pancréas.......l 0,72| 0,83! 1,03| 0,59| 0,98] 0,83 | 0,140 | 16,8 Rates ere | 14,34| 41,64| 1,60| 0,98] 1,40 | 1,39 | 0,180 | 12,9 | Musclecouturier. | 0,22 | 0,23) 0,30! 0,21| 0,32] 0,25 | 0,034| 13,6 | l | | | D I 2e 0 UM PES NUL 4770 SÉFUMEef | » 3,28 | 1,08] 1,9%| 1,07 ) ) | » L'examen des organes autres que le foie nous montre qu'il n'existe en aucun ces d’écarts individuels plus considérables que ceux observés chez les animaux normaux. Le foie lui même donne une moyenne de 11,1 p. 100, alors que la moyenne 78 ÉMILE-F. TERROINE normale est de 10,5 p. 100 ; les écarts individuels sont à peine plus élevés que chez les animaux normaux. Si, en effet, on trouve chez le Chien (tableau XX XVI) ayantingéré de l'huile de foie de Morue une valeur de 13,8 p. 100, on trouve une valeur de 12,0 p. 100 chez le Chien normal IV (tableau XXIX). Ainsi, alors que la teneur en acides gras du sérum s’est élevée considérablement, qu'elle a dans un cas (Chien IX) presque doublé, dans un autre (Chien VIT) presque triplé sa valeur normale, et que des variations de même sens se sont produites dans la cholestérime, les indices lipocytiques des organes n’ont pas changé. En ce qui concerne spécialement le foie, la constance de nos résultats en opposition avec le rôlede fixation des graisses, qu'un certain nombre de chercheurs attribuent à cet organe, nous a incités à rechercher si cette fixation ne pourrait pas être mise en évidence après des durées de digestion plus longues. En d’autres termes, le retour à la normale de la teneur enacides gras du sérum ne se ferait-1l précisément que ‘par suite de l'intervention hépatique, le foie fixant une quantité notable des corps gras déversés par l'intestin dans le torrent circulatoire. Dans ce cas, ce n’est pas six heures après l’ingestion, au moment où la teneur en acides gras du sérum atteint son maximum, qu'il faudrait s'attendre à trouver une surcharge graisseuse hépatique, c’est, au contraire, au cours de la décroissance de la teneur en acides gras du sérum et même après son retour au taux normal. Pour examiner la valeur de cette hypothèse, on administre à des Chiens, par la sonde, 15 grammes d’huile d’olive par kilogramme d’animal (mêmes conditions expérimentales que précédemment); on sacrifie les animaux par saignée, de trois heures à dix-huit heures après l’ingestion, et l’on pré- lève aussitôt les tissus. Les résultats des expériences réunis dans le tableau XXXVII montrent une augmentation des acides gras totaux du foie (le rein restant constant) ; dans la plupart des cas, en effet, leur taux est supérieur à la moyenne normale, mais cependant de très peu. Au surplus, dix-huit heures après l’ingestion, nousretrouvons un chiffre normal. C’est là un fait que de nombreuses expériences nous permettent d’aflir- PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOIDIQUES 74 mer : vingt-quatre heures après l’ingestion d’un repes riche en graisses, sans toutefois qu'il s'agisse de quantités anor- males, le foie a retrouvé sa teneur normale en acides gras. TABLEAU XXXVII Teneur en acides gras du foie de Chiens au cours de l’absorption de graisses. TEMPS ÉCOULÉ ENTRE \ L'INGESTION ET LE PRÉ- LÈVEMENT DES TISSUS./ 12,90 11,64 6,540 . D'ailleurs, l'examen des chiffres du tableau XX X VIT supé- rieurs à la normale montre qu'ils ne représentent qu’une fixation très faible. Afin de nous rendre compte de la valeur de cette fixation dix heures après l’ingestion, calculons-la en admettant qu'à jeun le foie de l’animal avait sa teneur normale en acides gras de 10,5 p. 100. On trouvera ci-des- sous les éléments et les résultats de ce calcul : Sen ANA PAU Ar NEIL PES A ET TE 16 kilogrammes Danifeide Sraisse Inpéréc Les Lente eee NIQON 280 grammes. ÉnSTO lEUE pore A re EM he AS Lens natale 290 — RITES Se ESS PR EN FERRER RER AC RE AS UT FT Quantité normale d’acides gras calculée d’après la moyenne normale de 205p-100 du pordssec, AL AI SO 102r,09 Quantité présente déterminée d’après la teneur trouvée de LS D ROATpDoIds Se ee LE rs mate 1357,26 MARIO AGHES OTAS ILES. = IL Le. Dr LRU 387,17 t] Ainsi, le foie a fixé dans ce cas 3 grammes d'acides gras. Nous pouvons donc conclure que les indices lipocytiques des organes autres que le foie ne varient pas au cours de l'absorption, même lorsqu'il s’agit de l'absorption de quan- tités notables de substances grasses. Le foie lui-même ne pré- sente que des variations extrêmement faibles et transitoires. $ B. — Indices lipocytiques des tissus d'animaux suralimentés. IT est couramment accepté, comme nous l’avons indiqué dans l'introduction de ee chapitre, qu'une alimentation riche 80 ÉMILE-F. TERROINE ‘en graisses ou en hydrates de carbone peut modifier la teneur en graisses de certains organes, et tout particulièrement du foie. Cependant, les travaux antérieurs aux nôtres ne justifient pas unanimement cette manière de voir ; 1l nous suffira de rap- peler, pour justifier de nouvelles recherches, que, faisant l'analyse des organes d’un Chien exceptionnellement gras, M&cKkEL (loc. cit.) trouve un chiffre de 13,36 p. 100 de graisse dans le foie, très peu plus élevé que le chiffre normal. D'autre part, un des faits qu'on a toujours considéré jus- qu'alors comme établissant le plus nettement le rôle particu- lier, essentiel, du foie comme organe de réserve des corps gras, c’est la formation chez les Oiseaux, particulièrement chez l’Oie, du «foie gras ». Mais, là encore, l’avis des cher- cheurs est loin d’être unanime. En effet, LEBEDEFF (184), ForsrEer (103), essayant de produire le foie gras chez l'Oie, per simple suralimentation, n’ont pu y réussir. LEBEDEFF en arrive à supposer que les éleveurs ajoutent à l'alimentation des animaux de petites quantités de substances toxiques, — arsenie Où antimoine, — qu'on sait provoquer l’augmen- tation des graisses du foie. Sur ce point également, de nou- velles recherches étaient indispensables. Nous avons done recherché l’influence de la suralimen- tation sur le Chien et le Pigeon et fait porter également notre étude sur la question de la production du «foie gras » par gavage chez l'Oie. 19 Chiens. — Onsait que l’engraissement peut être obtenu par deux procédés différents : soit en donnant à l’animal une alimentation mixte riche en protéiques et surtout en hydrates de carbone, soit en lui donnant une alimentation riche en graisses. Nos expériences ont utilisé ces deux procédés, mais en prenant toutefois la précaution de ne pas dépasser, dans l’alimentation donnée, les capacités normales de diges- tion et d'absorption des animaux, afin que, jusqu’à la fin de l'expérience, ils se maintiennent en parfait état de santé et qu'on puisse,sans conteste, les considérer comme des sujets normaux. Au surplus, les aliments ont toujours été volon- tairement ingérés. &. SURALIMENTATION PROTÉIQUE ETHYDROCARBONÉE. — Un PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOIDIQUES S1 Chien de G kilogrammes ingère quotidiennement la ration sui- vante: viande de Cheval crue, 300 grammes; riz bouilli dans du bouillon de viande de Cheval, 50grammes ; sucre, 140 grammes. On le sacrifie après vingt-six jours de ce régime et trente- six heures après son dernier repas. En prélevant les organes, on constate que tous les tissus de réserve (tissu sous-cutané, mésentère) sont bourrés de graisse. Sous la peau du dos, la couche graisseuse atteint au moins 3 centimètres. L'analyse des organes nous donne les résultats réunis dans le tableau XXX VIII. TABLEAU XXXVIIT Suralimentation protéique et hydrocarbonée. NATURE des tissus. POUMON. LOMBAIRE. Teneur en acides gras... 7 res © (= 9,7 (extr. total) Teneur en cholestérine.. Comme on:le voit, les indices Hipocytiques du cœur, de la rate, du poumon, du rein, sont absolument normaux. Le foie lui-même présente un chiffre normal. Mais, par contre, les muscles présentent des valeurs d’acides gras beaucoup plus élevées que les valeurs normales. b. SURALIMENTATION GRASSE. — Nos expérienc?s ont porté sur trois animaux pesant de 12 à 13 kilogrammes. Les Chiens [ et II ingèrent chaque jour une soupe composée de pain, de viande de Cheval (200 grammes environ) et de 250 grammes de graisses variées (Veau, Porc, Cheval). Le Chien III ingère, en dehors de sa soupe, douze jaunes d’œufs par jour pendant vingt et un Jours. Les résultats consignés dans le tableau XXXIX montrent que le poumon, le pancréas, la rate, le cœur ont conservé leurs indices ipocytiques normaux. Le foie présente une aug- mentation légère de sa teneur en acides gras; mais que ANN. DES SC. NAT. ZOOL., 10e série, IV, 6 82 ÉMILE-F. TERROINE TABLEAU XXXIX Suralimentation grasse. TISSUS. Cxren I. Cxren Il. CHIEN III. Acides gras. nv, Sete le Be, d à das 01 0 à s'allie fete lobe pie, 2e se ae llshe Cholestérine. eohvs elles vers re relé à M . s SORrO©ORR © DDASS O1 ©.© © © En ax représente-t-elle en valeur absolue? Appliquons au foie du Chien III, qui présente la valeur la plus élevée, le calcul fait précédemment pour déterminer l'intensité de ta fixation des graisses au cours de la digestion. Grammes. Poids Cufoie frais (De EN EC Eu L EE 380,00 POS SEC dose M NAS LES, LA 114,00 Quantité calculée de graisse, d’après la va- leur normale (10/5 D100) RTE ER EEE 414,97 Quantité présente (14, 1 p.100) .......... 16,07 Quantité d'acides gras fixés: Ce 4,10 Ainsi, après un régime gras très abondant, alors qu’il existe sous la peau une couche de graisse de plusieurs centimètres, que l’abdomen est bourré de graisse, le foie, dont le poids par rapport au poids de l’animal est normal, n’a fixé que 4er 10. En ce qui concerne le muscle, nous voyons qu'il peut pré- senter une teneur en acides gras sensiblement supérieure à la valeur moyenne. Cette teneur peut même (Chien 1) attemdre deux fois et demie la valeur moyenne. É £ RÉ En ne CS dés > 0 À : PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOIDIQUES 83 ë;. g Le ” # \ pue - 20 Pigeons. — Nous nous sommes adressés à deux séries - de sujets: des adultes ayant déjà reproduit et des jeunes > # Lu | _ de quatre semaines. Tous ont été soumis au gavage à la bouillie de maïs. L'examen des résultats consignés dans le A - TABLEAU XL à Influence du gavage sur la teneur en acides gras ‘Te et en cholestérine des tissus du Pigeon. a | ACIDES GRAS CHOLESTÉRINE TOTALE NUMÉROS par 400 gr. de'tissu sec. par 100 &r. de tissu sec. des animaux. re NE TU SA nn Muscle. | Fuïe. |Poumob.| Rein. Muscle. Foie. |Poumon.| Rein. | | Animaux adultes gavés. 1) (7-jours de | 7,43 | 12,06 | 9,40 | 8,471 0,270 | 0,741 3,00 | 1,73 | IT) gavage) | 44,71 | 11:02 | 7,00 | 40:76 | 0:290 | 41,28 | 2:00 | 1,341 | WII) (45 jours de | 10,88 | 9,40 | 4,53 |: 9,85 | 0.220 | 4,20 | 4,30 | 1,45 IV (gavage)...| 0,38 | 42:01 | 6,40 | 8,64 | 0,320 | 1,49 | 1,90 | 1,56 3 Wy(28 jours de | 4245 | 13,00 | 7,00 | 8:34 | 0250 | 14 |: 190 |: 1,28 DOONVIS: gavage)...| 419,44 | 45,09! : » 9,02 | 0,260 |. 1,31 | 1,60 | 4,25 | | | | Moyenne. .....…. 10,89 | 12,391 6,89| 9,10 | 0.260 | 4,18 | 1.90 | 1,388! Blcartmoyen. 2 | :16401,66.| 1,10e| 0,72/0,025 |: 0M8 10,35 | 0,17 cart moyen p. : ADO tan 15,00 | 13,00 | 16,00 | 7,90 | 0,900 | 45,00 | 18,00 | 12,00 | Animaut pris à quatre semaines el gavés pendant Six semaines. I Dans tous 15,33 | 13,89 ) ) 0,270 | 0,71 » ) Il, les cas, 13,45 | 20,34) » » 0,350 | 0,96 » » rit abondante 14,70 1 40,704 » | ) 0,300 | 1,10 » » HA couche de 14,48 | 12,70 ) ) 0,320 | 1,20 ) » : .Vigraisse sous 19,58 | 21,10 . » » 0,420 | 1,20 » » NA/ la peau. | 21,06 |.24,#6 ) » |-0,340:| 0,74 ) » Moyenne....….. 15,69 | 17,20 » ) 0,330 | 0,98 » » Écart moyen... 2,80 | ‘4,76 ) ) 0,036 | 0,18 » » Écart moyen p. AUD ere 18,00 27,00 | » » [10,000 !19,00 » » tableau XL apporte des renseignements extrêmement inté- ressants. Chez les animaux adultes, le gavage est sanseeffet: la teneur en acides oras des différents tissus étudiés ne les diffé- rencie pas, quelle que soit la durée du gavage, des tissus nor- . Maux. Il n’en va plus du tout de même si l’on considère les sujets 84 nr ÉMILE-F. TERROINE très jeunes : ici nous constatons une augmentation considé- rable des acides gras du musele, qui ne fait jamais défaut, et une augmentation fréquente, importante (II, V et VI) des acides gras du foie. Ainsi, chez le Pigeon jeune, on peut arriver à obtenir une accumulation de graisse dans le foie; encore ne l’avons-nous observée que trois fois sur six. Le phénomène n’est donc pas obligatoire. Mais il n’en reste pas moins que l’âge du sujet est une condition importante pour la possi- : bilité de la surcharge du foie en matières grasses. 39 Oies. — Étant donnée l'opposition curieuse entre les résultats des éleveurs qui livrent à la consommation des foies dont on sait la teneur extrêmement élevée en corps gras (de 60 à 80 p. 100 du poids sec) et ceux des expérimentateurs, qui, comme LEBEDEFF et FOoRSTER, n’ont pu obtenir de foies gras par simple suralimentation et supposent que la surcharge graisseuse hépatique est due à l'emploi de substances toxiques telles que l’arsenic ou l’antimoine, la question qui se posait tout d’abord était d'établir si, oui ou non, la suralimentation suffisait à elle seule pour provoquer l'apparition de quantités anormales de graisse dans le foie. Cette question élucidée, 1l restait ensuite à préciser les conditions du phénomène. Pour ce faire, après avoir déterminé la teneur en acides gras des tissus de sujets normaux non gavés — Oies I et IT — de provenances diverses et achetées à Paris, nous avons suivi, sur un lot de quatre animaux la marche d’un engraissement systématique. Des animaux de même couvée, âgés de six mois et dont l'examen des glandes génitales (1) a montré qu'ils n’avaient pas atteint la maturité sexuelle, reçoivent une alimentation identique. Nous nous sommes adressés à des animaux Jeunes, parce qu'il est bien connu des éleveurs que la production du foie gras n’a de chances d’être réalisée que chez eux et non chez les adultes. C’est là ‘un fait que corroborent nos précé- dents résultats sur le gavage du Pigeon. Des quatre animaux expérimentés (Oies III, IV, V et VI), l’un est sacrifiéavant toute suralimentation, les autres respecti- (1) Cet examen a été fait par M. Jozzy, directeur du Laboratoire d’histologie de l’École des Hautes-Études (Collège de France). : : PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOIDIQUES 85 vement après neuf, vingt-six et quarante-sept jours de gavage. Les animaux pèsent tous de 7 à 8 kilogrammes ; ils sont tués par saignée après trois jours de jeûne préalable. Les résultats sont consignés dans le tableau XLI. | TABLEAU XLI Influence du gavage sur la teneur en graisses et en cholestérine des tissus de l’Oie jeune. ACIDES GRAS TOTAUX CHOLESTÉRINE TOTALE NUMÉROS DES ANIMAUX par100 gr. de tissu sec. par 100 gr. dé Lissu sec, et a. = RÉ OBSERVATIONS. ti Re Muscle. Foie. |Poumon.| Muscle. Foie. |Poumon. qe | I. Oie d’été, très pei de graisse sous la peau, pas trace de graisse dans l'abdomen (15 octobre).| 7,84 | 14,07 | 8,05 | 0,36 | 0,83 | 2,55 II. Oie non gavée, couche abondante de graisse sous la peau, 300 gr. de graisse dans l'abdomen .| 11,10 10,86 | 10,80 | 0,29 | 0,64 |’ 2,10 Lesquatresuivantes appar- tiennent à la même cou- vée: elles sont soumises au même régime : III. Non gavée, déjà très grasse. 800 grammes dans l’ab- OM EN RE MA A E ee 10,95 | 9,89 | 16,6 | 0,16 | 0,61 | 3,3 IV. Huit jours de gavage....| 22,75 | 14,10 13:94 PF 0e OÙ 02:0 V. Quinze jours de gavage...| 16,40 | 30,00 | 48,7:12021 110% 459 VI. Vingt-huit joursde gavage.| 23,89 27,94 1292,8:Pr07ÆT (AG N27 En ce qui concerne la formation du foie gras, l'examen de nos chiffres montre que sa possibilité ne peut être mise en doute :la dernière Oie sacrifiée (Oie VI), après quarante-sept jours de gavage, contient 778r,9/.d’acides gras par 100grammes de tissu hépatique sec; or la valeur normale oscille autour de 10p.100. Le gavage est donc, à lui seul, efficace, et les résultats négatifs de LeBeDerr et de FORSTER doivent, sans doute, être rapportés au fait qu'ils ont opéré sur des animaux adultes. Il convient cependant de remarquer que, si cette obtention de foie gras est parfaitement possible, elle n’est pas absolument obligatoire ; les éleveurs savent en effet que, sur un troupeau d’une vingtaine d’Oies de même âge 86 ÉMILE-F. TERROINE et soumises à la même suralimentation, il y à fréquemment deuxou troisanimaux chez lesquels le foie n’est « pas: réussi », la surcharge grasseuse del’organisme étant cependant, consi- dérable. Ainsi, 1l y a possibilité indéniable d’obtenir chez l’Oie une surcharge graisseuse hépatique par simple gavage, à condition d'opérer chez le sujet jeune; cette surcharge n’est cependant pas une règle absolue. Voyons maintenant ce qui se passe au cours de l’engraisse- ment. Le fait qui se dégage de l'examen de nos chiffres, c’est que l’engraissement n’est nullement limité au foie. Tout d’abord, 1} convient de noter qu’on observe toujours la pré- sence d’une quantité extraordinaire de graisse dans les lieux habituels de réserve. Le tissu sous-cutané présente une épaisseur de plus de 1,5, et les organes abdominaux sont noyés dans une quan- tité de graisse qui peut atteindre plus de { kilogramme. D'autre part, le muscle présente une teneur en COTps gras voisine du triple de la valeur normale. Enfin, fait exception- nel et que nous n'avons jamais rencontré jusqu'iei, le pou- mon lui-même présente un enrichissement notable en corps gras. Ainsi, si le foie présente une surcharge graisseuse con- sidérable, cette surcharge n’est nullement élective, elle va de pair avec la surcharge graisseuse générale de l'organisme entier. Si nous suivons la marche de l’engraissement, nous consta- terons un fait plus frappant encore ; non seulement la sur- charge graisseuse ne se fait pas électivement dans le tissu hépatique, mais de plus c’est dans ce tissu qu’elle apparaît en dernier. C’est à la dernière période du gavage, au moment où l'organisme à rempli ses lieux habituels de réserve, où la teneur des muscles en corps gras à atteint depuis longtemps déjà sa valeur maximale, que la surcharge hépatique apparaît. Cette surcharge correspond à une espèce de sursaturation de l'organisme en corps gras, ainsi que le montre la teneur en acides gras du sang total. Alors que le sangtotal des: Oies [TT IVet V présente desteneurs emacidesgras (par 100grammes sec) de 2,088, 2,086, 2,374, l’Oie VI donne le chiffre extraor- dimairement élevé de 5,963. PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOIDIQUES 87 Ainsi done, la formation du foie gras n’est nullement le résultat d’une fixation primitive et élective des graisses par le tissu hépatique ; elle est, au contraire, un phénomène secon- daire, consécutif à la surcharge graisseuse de l'organisme total. CHAPITRE IV “SIGNIFICATION DES VARIATIONS DE LA TENEUR DES TISSUS EN ACIDES GRAS ET EN CHOLESTÉRINE SOUS L'INFLUENCE DE L'INANITION OÙ DE L’ENGRAISSEMENT. Des nombreux résultats qui viennent d’être rapportés, que peut-on conclure en ce qui regarde la question posée : l’in- fluence des états nutritifs sur la teneur des tissus en sub- stances lipoidiques, cholestérine et acides gras ? $ A. — Cholestérine. Quelle que soit l'espèce animale étudiée, nous voyons que les tissus normaux présentent une fixité remarquable de leur taux de cholestérine, ainsi que l’ont montré A. MAYER et G. Scuærrer. Ce taux ne varie pas sensiblement au cours de la suralimentation. Il présente une augmentation extré- mement nette au cours de l’inanition, particulièrement dans le foie et le muscle(tableau XLII), Quelle est la signification de ce fait, signalé par ELLis et GARDNER, confirmé et étendu par nos recherches et celles de MAYER et SCHÆFFER ? Nous avons vu que, dans l'organisme total, la choles- térine parait augmenter sous l'influence de l'inanition; mais cette augmentation est si faible qu'il est bien difficile de décider si elle est réelle ou si elle n’est qu'apparente, si lle ne tient pas tout simplement à ce qu'on rapporte, dans le «as de l'animal inanitié, les quantités trouvées à un poids qui ne comprend pas les réserves. Et si elle est réelle, traduit- elle alors l'augmentation de la cholestérine du muscle et du 88 ÉMILE-F. TERROINE foie? C’est là une question à laquelle il ne nous paraît pas actuellement possible de répondre. TABLEAU XLII Influence de la suralimentation et de l’inanition sur la teneur en cholestérine totale des tissus (valeurs moyennes p. 100 sec). TISSUS SUJETS SUJETS SUJETS PE à normaux. suralimentés. morts d'inanition. D — |] "11 | 1 Chiens. Lapins. 0,87 0,26 1,63 3 n9 2,02 Pigeons. ——— La signification de ces phénomènes reste entièrement à dégager. $ B. — Acides gras. Nos résultats nous obligent à séparer les tissus en trois groupes : 19 tissus autres que le foie et le muscle ; 29 muscle; 30 foie. 19 Tissus autres que le foie et le muscle. — Chez le Chien, le Lapin ou le Pigeon, la teneur en acides gras du rein, du poumon, du pancréas, de la rate, du cœur, présente une fixité remarquable (tableau XLITIT). Que les sujets soient normaux, soumis à un jeûne de courte durée, morts d’inanition, en cours d'absorption abondante de graisses, longuement suralimentés, les valeurs restent les PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOIDIQUES 89 mêmes. Ainsi, le poumon d’un Chien normal a un taux de 40 p. 100, celui de animal mort d’inanition de 10,4, celui du sujet soumis à une suralimentation prolongée de 11,1; il en est de même des autres tissus. TABLEAU XLIIT Influence des divers états de nutrition sur la teneur des tissus autres que le foie et le muscle en acides gras totaux (valeurs moyennes p. 100 sec). ANIMAUX |! ANIMAUX ANIMAUX sacrifiés ANIMAUX en état . au cours morts. d'absorptiou normaux. É Ne de d'inanition. abondante l'inanition. de graisse. TISSUS. ANIMAUX suralimentés. Chiens. Poumon Pancréas Pigeons. 9 LS J 8 5 ? BREL Il ne nous paraît pas exagéré de conclure de ces faits que ces corps, qu'aucun état nutritif ne peut faire varier quan- titativement, représentent bien, comme le veulent A. MAYER et SCHÆFFER, des constituants permanents caractéristiques des tissus : indices lipocytiques de ces auteurs. 20 Muscle. — Qu’observons-nous dans le cas du muscle? Qu'il s’agisse du Chien, du Lapin, du Pigeon, le muscle pré- sente, chez les sujets normaux, des variations étendues ; il est gras chez le sujet gras, il est maigre chez le sujet maigre. Il semble donc, dès le premier examen, qu'il suive Ja marche générale des modifications nutritives de l'orga- nisme. 90 ÉMILE-F. TERROINE Chez l’animal inanitié, lorsque l’inanition a été poussée jusqu’à la mort, dans tous les cas, la teneur en acides gras est beaucoup plus fixe que la valeur normale et très inférieure à elle (tableau XLIV). Ainsi, chez le Chien, le taux des acides gras du muscle chez les sujets inanitiés oscille extrêmement peu autour de 4,06, alors qu’il présente chez les animaux normaux des oscill:tions considérables autour de 11,3. TABLEAU XLIV Influence des divers états de nutrition sur la teneur du muscle en acides gras (valeurs moyennes p. 100 sec). J ANIMAUX. SUJETS SUJETS À SUJETS ; normaux. morts d'inanition. suralimentés. 11,30 | 5 17,60 20 2 » Pigeon adulte 12,50 10,80 Pigeontjeune.......1.%1 » 15,60 CE ARE PREN NREE 9,96 21,00 1 Chez l’animal suralimenté, la teneur en corps gras aug- mente considérablement dans toutes les espèces étudiées; elle peut atteindre jusqu'à 25 p. 100 du poids sec. Il y a donc ici à différencier deux valeurs distinctes : l’une, élément constant, est donnée par l’inanition : c’est, sans doute, lPindice lipocytique vrai du tissu ; l’autre, très variable chez l'animal normal, nulle chez le sujet inanitié, considérable chez le sujet suralimenté, représente une réserve. Le muscle fonctionne donc comme un organe de réserve (1). Cette hypothèse, émise en 1897 par Bocpanow (42), quoique sous une forme un peu différente, est d’ailleurs en accord avec les recherches histologiques (FAURE- FREMIET, MAYER et ScHÆrrer, 99), qui décèlent dans le (1) Il doit être bien entendu que par le mot musclenous désignons l’organe et non la fibre musculaire. La surcharge grasse ne se fait-elle que dans les éléments conjonctifs qui séparent les éléments musculaires, l'élément muscu- laire lui-même restant inaccessible aux variations nufrtives comme la cellule rénale, la cellule pulmonaire, etc? C’est ce que nous essayerons de préciser ultérievrement. , PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOIDIQUES 91 muscle l'existence indubitable de véritables granulations grasses. Sans jouir de la même importance que les grands dépôts de graisse que constituent le tissu sous-cutané et le mésen- tère, la masse musculaire est cependant loin d’être négli- geable à cet égard. Bien qu'approximatif, un calcul assez simple permet de s’en rendre compte. La valeur constante du muscle est de 4,06 p. 100 chez le Chien, la valeur maximale observée de 25 p. 100, soit une différence de 208,94 par 100 grammes de tissu see. Or, C. Vorr (336) constate que le tissu musculaire représente environ 40 p. 100 du poids du corps ; il atteindra donc, chez un animal de 20 kilogrammes, un poids de 8 kilogrammes. Par ailleurs, MAYER et SCHÆF- FER accordent au muscle de Chien une teneur en sub- stances sèches de 27 p. 100. Un Chien de 20 kilogrammes aura donc 2 160 grammes de tissu museulaire à l’état sec, soit 440 grammes environ d'acides gras en réserve dans ses muscles. At Il convient cependant de faire remarquer qu'une telle manière de calculer admet implicitement que tous les muscles du corps se chargent de graisses dans la même proportion. Or, nos recherches mêmes montrent qu’il n’en est rien, ainsi que cela ressort très nettement du tableau XLV, dans lequel nous avons relevé pour quatorze animaux étudiés les valeurs trouvées sur le couturier et sur la masse lombaire. ; TABLEAU XLV Couturier errant Masse lombaire, .| 6,13 9,84 | 22,56 | 46,50 8,18 | 12,23 7,90 VIII. AIX Ne XI. XII. XIII. XIV. Couturienss 182 Masse lombaire..| 2 14,28 | 14,89 | 14,93 Il semble que, chez le Chien, le couturier se laisse, dans 92 ÉMILE-F. TERROINE l’ensemble, plus volontiers surcharger en corps gras que le groupe musculaire qui constitue la masse lombaire. Des recherches dans ce sens seraient intéressantes à pour- suivre, tant en vue d’une localisation plus précise des lieux de réserve que pour la détermination dans le cas des animaux , de boucherie, de la valeur alimentaire des diverses viandes. £ 39 Foie. — Ainsi que nous l'avons rappelé, il était presque universellement admis que le foie est, chez les Homéothermes, un organe de réserve des corps gras, comme il l’est incontes- tablement chez un grand nombre de Poikilothermes. Que nous apprennent les résultats de nos analyses ? Ils nous montrent (tableau XLVI) que, chez l'animal nor- mal, quel que soit son état de nutrition, très maigre ou très oras, le foie est précisément, chez le Chien et le Lapin, l’organe qui présente le moins de variations autour de sa valeur moyenne, la plus grande fixité de la teneur en acides gras. Chez le Pigeon, où les variations sont plus étendues, elles ne le sont cependant pas plus que celles observées dans les autres tissus. Cette constatation est d'ores et déjà très peu favorable à l'hypothèse qui veut que le foie fonctionne essen- tiellement comme un organe de réserve des corps gras. TABLEAU XLVI $ Influence des divers états de nutrition sur la teneur du foie en acides gras (valeurs moyennes p. 100 sec). SUJETS SUJETS sacrifié SUJETS ANIMAUX. ; à st > morts normaux. au cour: œ aol , k d'inanition. de l'inanition. SUJETS suralimentés. Chien | 10,5 11,30 12,90 Lapin 10,89. » Pigeon adulte | A M2 | Pigeon jeune 24,46 Oie jeune 77,90 Après une inanition pouvant se prolonger jusqu’à deux ou trois semaines, le foie a conservé chez le Chien sa teneur nor- male en acides gras; une diminution légère de la teneur en acides gras n'apparaît qu'au moment de la mort ; encore LALUR us : = “ dé: dt” à PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOIDIQUES 93 faut-il ajouter que cette diminution n’est pas constante (nous ne l’avons observée que quatre fois sur six) et qu’on ne la retrouve n1 chez le Lapin, ni chez le Pigeon. Dans le cas de la suralimentation, on ne constate qu'une augmentation insignifiante des corps gras chez le Chien adulte ; on ne constate aucune augmentation chez le Pigeon adulte. On observe souvent une augmentation importante chez le Pigeon jeune, une augmentation considérable chez l'Oie jeune. Mais ces faits ne peuvent constituer la preuve d’un rôle primordial et électif du foie dans la mise en dépôt des graisses. Nous avons vu, en effet, que la surcharge hépatique n’est n1 élective n1 primitive ; elle est consécutive à l’engrais- sement total de l’orgenisme; elle ne se produit que lorsqu'il y a préalablement surcharge de tous les dépôts habituels. Il ne nous paraît donc plus possible d'accepter l'opinion courante appliquée indifféremment aux Homéothermes et aux Poikilothermes telle qu’elle est exprimée par Ch. RICHET : « Le foie nous apparaît donc en premier leu comme un organe accumulateur de graisses »; bien plutôt devons-nous croire, avec ROSENFELD, que le foie ne commence à augmenter sa teneur en corps gras que lorsqu'il y a surcharge des tissus de réserve. A l’inverse de la conception habituelle, le foie normal des Homéothermes étudiés nous apparait comme un organe se défendant le plus possible contre toute accu- mulation graisseuse ; 1l ne voit augmenter sa teneur en corps gras que lorsque tous les tissus de réserve en sont en quelque sorte saturés (1). Au total, et nous reportant maintenant à la question pri- mitivement posée, nous avons le droit de dire qu'il existe dans l’organisme une différence de répartition bien marquée entre l'élément variable et l'élément constant. L'élément variable est localisé dans les tissus de réserve, (1) Il est bien évident que ces considérations ne peuvent avoir de valeur qu’en ce qui regarde les Homéothermes; ce serait une conclusion à la fois in- justifiée et erronée de les étendre aux Vertébrés poikilothermes. 94 ÉMILE-F. TERROINE parmi lesquels il convient de comprendre le muscle ; 1l n’en- vahit jamais les tissus de fonctionnement chez l'animal nor- mal, adulte. | Mais, puisqu'il est évident par ailleurs que, à de certains moments, les graisses quittent les dépôts, sont mobilisées et | se rendent aux organes de fonctionnement pour y être con- 4 sommées, — soit directement, soit après! transformation préalable, — le fait que cette mobilisation ne s'accompagne | à aucun moment d’une surcharge des tissus, particulièrement. dans le foie, impose l’idée qu'il existe un mécanisme réglant l'apport des graisses de réserve aux tissus de fonctionne- ment au fur et à mesure de leurs besoins. L'étude de ce méca- nisme régulateur reste entièrement à faire. Quant à l’élément constant, il ne nous paraît pas douteux qu'il est constitué, pour une part très importante, par ces acides gras dont la valeur est bien un indice caractéristique des cellules, comme le veulent fort justement Mayer et SCHÆFFER, et qui représentent de ce fait un constituant permanent des tissus dont aucun état nutritif, pas même l'inanition prolongée jusqu'à la mort, ne peut réussir à modi- fier simplement 12 teneur. \ DEUXIÈME PARTIE DE LA PÉNÉTRATION DES MATIÈRES GRASSES | DANS L'ORGANISME ET DES MÉCANISMES QUI Y PRÉSIDENT Que les graisses alimentaires pénètrent, au moins pour une part importante, jusque dans l’intimité de l’organisme, tout en conservant leurs caractères propres, c’est là une donnée qui nous paraît définitivement acquise par des recherches très différentes quant à leur objet immédiat, mais dont les résultats obligent tous à la même conclusion : _a. LA CONSTITUTION DE LA GRAISSE DES DÉPÔTS VARIE AVEC LA NATURE DES GRAISSES INGÉRÉES. — À la suite d’unelongue période d’inanition, des Chiens recevant une alimentation riche en huile de lin présentent dans leurs dépôts une graisse à caractères très voisins de ceux de l'huile de lin (LEBr- DEFF, 184); recevant de l'huile de betterave, la présence d'acide érucique est des plus vraisemblables (Munx, 238) ; recevant tantôt de l'huile de noix de coco et tantôt de la graisse de Mouton, la graisse des dépôts acquiert des propriétés voisines soit de l'huile de noix de coco, soit de la graisse de Mouton; ces caractères acquis se conservent après un mois si les animaux sont soumis ensuite à une alimentation sans graisse (ROSENFELD, 273). b. LA CONSTITUTION DES GRAISSES DU FOIE VARIE AVEC LA NATURE DES GRAISSES INGÉRÉES. — À la suite de l'ingestion d’une graisse à indice d’iode élevé, l'indice d’iode des graisses 06 ÉMILE-F. TERROINE du foie s'élève chez le Chien aussitôt que l’absorption s’ac- complit (LearHes et MEYER-WEDELL, 183). c. LA CONSTITUTION DES GRAISSES DU LAIT VARIE AVEC LA NA- TURE DES GRAISSES INGÉRÉES. — Le colostrum d’une Chienne préalablement nourrie de graisse d’Oie contient des graisses présentant un indice d’iode voisin de celui de la graisse d’Oie (RosenFELD»D, 272); après ingestion d'huile de lin, des Vaches donnent un lait dont les graisses possèdent un indice d’iode de 60 contre un indice préalable de 30 (HENRIQUES et Hansen, 435); après ingestion d'huile de sésame par des Vaches en lactation, l’indice d’iode s'élève de 40 à 53 (Bau- MErT et FaLx, 17) ;la graisse iodée ingérée se retrouve en abondance dans le lait (WInTERNITZ, 347, 3848 ; WiNTERNITZ et Casparr, 63). ete. Mais, si la pénétration des corps gras dans l'intimité de l'organisme, avec conservation de leurs caractères distinctifs, ne paraît pas douteuse, il est bien vraisemblable qu’elle ne s’accomplit pas sans des modifications physiques ou chi- miques plus ou moins transitoires de ces corps, modifications qui rendent la pénétration possible. Or, l'introduction dans l'organisme de toute substance alimentaire pose toujours les deux mêmes problèmes : 19 A quel niveau du tube digestif se font les transfor- mations et l'absorption et quels sont les sucs qui Goes les transformations ? 20 Une fois précisées les transformations précédemment indiquées, quel est le mécanisme qui préside à la traversée de la paroi intestinale et quelles sont les modifications subies par les aliments au cours de cette traversée ? Le premier problème est plus proprement celui de la digestion, le second celui de l'absorption. Il nous paraît évident que le second ne saurait être abordé avec fruit qu'avec une connaissance suffisante des questions que pose le premier. Disons tout de suite que nous nous sommes bornés stricte- ment à l'examen des conditions dans lesquelles s’opèrent les modifications des graisses préalables à l’absorption, et nous avons délaissé délibérément, pour une étude ultérieure, toute PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOIDIQUES 97 recherche sur le mécanisme même de la traversée intestinale. Ce sont donc les transformations des corps gras, — leur siège, leur nature, leur importance, leur rôle, au totalla digestion, — qui seront uniquement envisagées dans cette seconde partie. S'il nous arrive au cours de l'examen de travaux antérieurs, s’il nous est arrivé dans nos recherches personnelles de faire appel à des faits dans lesquels les phénomènes d'absorption sont inclus, c’est uniquement pour essayer d’en dégager les phénomènes digestifs préalables. Déterminer tout d'abord, parmi les divers organes du tube digestif et les sucs qui s’y déversent, ceux qui interviennent dans la digestion des graisses; préciser ensuite la nature de cette intervention et son importance; éludier les conditions d'action et les propriétés du ferment actif, tel est le tripl2 objet de la - seconde partie de notre travail. ANN. DES SC. NAT. ZOOL., 108 série. IV, SECTION I ORGANES ET SUCS CONCOURANT A LA DIGESTION DES CORPS GRAS. Quelle que soit la nature des substances alimentaires envi- sagées, les chercheurs préoccupés de détermmer quels organes et quelles sécrétions mtervenaient dans leur digestion se sont toujours engagés dans deux voies distinctes : Ou bien ils tentent, par des expériences in vivo, en recou- : ront à des techniques très variées mais toutes conçues dans le même but, de déterminer à quelle hauteur du tube digestif Faliment est transformé, la nature et l’importance des trans- formations subies ; Ou bien ils étudient, par des essais in vitro, les sucs digestifs capables de modifier physiquement (solubilisetion, émulsion) ou chimiquement (hydrolyse) l'aliment envisagé. Dans ce cas, ils extraient des glandes qui tapissent le tube digestif ou y déversent normalement leur sécrétion un sue artificiel, ou bien par l'établissement de fistules temporaires ou permanentes ils récoltent les sucs élaborés par ces glandes. Ils déterminent ensuite s1 extraits ou sucs possèdent ou non la propriété de transformer la substance soumise à l’investigation. L'étude de la digestion des corps gras a été poursuivie dans ces deux directions, et, si nous laissons de côté les glandes salivaires dont l’inactivité sur les graisses est admise sans conteste, nous trouvons, pour chaque portion du tube digestif et pour chaque glande annexe, deux groupes parallèles de recherches : I. Rôle de lestomac dans la digestion des graisses (expériences in pivo) et présence d’une lipase dans le suc gastrique (essais 22 ettro); II. Rôle propre de l'intestin dans la digestion des graisses PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOIDIQUES 99 (expériences in eivo) et présence d’une lipase dans le sue entérique (essais 27 oitro) ; III. Rôles respectifs du foie et du pancréas dons la di- gestion des graisses (expériences ir vivo) et présence d’une lipase dans le suc pancréatique et d’un coferment dans la bile (essais 1n vitro). L'examen des faits apportés par ces divers travaux s'impose; c'est lui qui nous indiquera quelles recherches nouvelles commandent les résultats acquis. CHAPITRE PREMIER ESTOMAC. $ A. — Rôle de l'estomac dans la digestion des graisses. Pour préciser le rôle de l'estomac, cinq catégories d’expé- riences ont été tentées : 19 La recherche de ce que devient la digestion lors de Pablation totale de l'estomac : 20 L'examen du contenu Ja estomac normal un cer- tain temps après l’ingestion de graisses ; 30 Le même examen dans le cas d’un estomac dont on assure l'indépendance par une obstruction du pylore : 40 Le même examen dans le cas d’un estomac dont on assure l'indépendance par une séquestration complète ; 59 L'examen du chyle qui s'écoule par fistule pylorique au cours d’un repas gras. 1° Digestion des graisses lors de l’ablation complète de l'estomac. — La presque totalité des expérimentateurs ayant pratiqué des ablations complètes de l'estomac n’ont eu en vue que le retentissement de cette opération sur la transfor- mation des aliments azotés (CARVALHO et PacHon, 64; Car- REL, MEYER et LEVENE, 60). Seul Dacazw (72), au cours d'expériences systématiques, poursuivies sous la direction 100 ÉMILE-F. TERROINE de Lonpox,et dans lesquelles on essaye de déterminer, par Ja méthode des exclusions partielles, le rôle des différentes portions du tractus digestif, a envisagé la question des corps gras. Mais, dans le cas de l’exclusion totale de l'estomac, il aboutit tout simplement à cette conclusion que, à la suite d’un repas de lait, «sur la teneur des graisses (du chyle qui s'écoule par fistule iléo-cæcale), il est encore difficile de juger parce que les graisses séjournent vraisemblablement dans les premières portions de l'intestin ». C’est dire qu’à l'heure actuelle la méthode de recherche par exclusion ne peut nous donner aucun renseignement. 20 Modifications des corps gras dans l'estomac. — Malgré l’observation rapportée en 1825 par MAGENDIE (205) dans son Précis élémentaire de Physiologie, d’après laquelle l'huile séjournant dans l'estomac était modifiée surtout au niveau de la région pylorique, il semble bien qu'il y ait una- nimité presque complète parmi les anciens observateurs pour refuser à l’estomac tout pouvoir de transformer les corps gras. C'est tout au moins l'opinion très nettement exprimée par Frericas en 1846, dans un traité qui fit époque, le Wagner’s Handwôrterbuch der Physiologie. Depuis, MarcET (207) ayant nourri des Chiens avec un mélange de viande de Mouton et de suif, relève la présence de traces d'acides gras libres, dans le contenu gastrique, de une à cinq heures après le repas. Au cours d’un travail sur l’ictère, MuLLEer (237) note un dédoublement des graisses neutres des plus minimes dans l’es- tomac de l'Homme : de 2,7 p. 100 après cinq heures chez un malade atteint d’ulcère, de 4,9 p. 100 dans le même temps chez un sujet souffrant de sténose du pylore. Les recherches de KLEMPERER et SCHEURLEN (167) abou- tissent peu de temps après aux mêmes conclusions. En intro-. duisant à la sonde chez l'Homme 100 grammes d’huiled’ohive, le pourcentage des acides gras formés deux heures après chez trois sujets différents est respectivement de 1,89, 1,74 et 2,20. CONTEJEAN (69) examine avec grand soin la question A de la digestion des graisses. Dans l’estomac d’un Chien à PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOIDIQUES 101 fistule gastrique, il place des cubes de graisse de Mouton sol- gneusement enveloppés dans un filet de tulle. Retirés après vingt-quatre heures, les cubes n’ont perdu que 1 décigramme par À à 2 grammes. La perte a toujours été plus forte dans l’antre du pylore (08r,135) qu’au eul-de-sac (08,035). Dans quatre expériences, la diminution de poids à été nulle au cul-de-sac. Utilisant également la méthode de la fistule gastrique, Levires (488) ne constate aucun dédoublement de la graisse de Pore, de Bœuf ou du beurre dans l’estomac, tant que le contenu est acide. Enfin, Ixouye (152), prélevant le contenu gastrique de Chats tués quelques heures après l'ingestion d’un repas riche en beurre, constate une formation d'acides gras extrêmement faible ; elle représente, suivant les cas, 0,3 p. 100, 1,34 p. 100, 0,83 p. 100 de la totalité des acides qui seraient formés par saponification complète. A côté de ces résultats négatifs, et qui sembleraient devoir permettre de trancher la question sans examen ultérieur, nous trouvons au contraire l'affirmation apportée par Vor- HARD (337) d’un rôle important de l'estomac dans la sapo- nification des corps gras. Après un repas d’épreuve constitué par des jaunes d’œuls, VozHARD constate dans l'estomac de l'Homme une saponification de 78 p. 100 des graisses ingérées. 11 y a lieu de noter cependant que la technique utilisée par cet auteur est loin d’être impeccable. De l’avis même de son élève Zrnsser (353), la méthode de dosage employée don- nait des résultats beaucoup trop élevés, le dédoublement des corps gras se poursuivant au cours d’une des opérations de dosage. Néanmoins, après avoir corrigé cette cause d'erreur, Zixsser constate que, si la saponification dans l'estomac n’est peut-être pas aussi intense que l'avait avancé VoLHARD, elle n’en existe pas moins : après un repas d’épreuve constitué de jaunes d'œufs et de bouillon, on trouve, après une à deux heurt, un contenu gastrique dont les corps gras sont saponifiés à raison de 24,5 p. 100, fait que confirme HEINSHEIMER (131) peu de temps après, puis 102 ÉMILE-F. TERROINE ê Loxpon (201), qui observe sur un animal à fistule gastrique un dédoublement des graisses du jaune d’œuf de 17 à 23 p. 100 en deux heures. Les premiers expérimentateurs s’étaient-1ls donc trompés, Ï et devons-nous admettre la réalité d’une saponification des corps gras dans l'estomac sous l'influence des produits de sicrétion de cet organe ? Une telle conclusion serait pour le mois hâtive. ae Remarquons d’abord que, dans le premier groupe d'essais, e2 que les expérimentateurs emploient, ce sont des graisses ou des huiles ingérées telles quelles ; dans la seconde catégorie, il s’agit d’une émulsion naturelle contenant, à côté de corps gras, des phosphatides et des albumines. II y a done une double différence entre les corps employés, et d’état physique et de constitution chimique. Mais une critique autrement grave enlève toute valeur à ce groupe d'expériences : le suc pancréatique peut parfaite- ment refluer dans l'estomac et y agir ainsi que cela a étésignalé très explicitement par ConNTEJEAN (69) dès 1894. ConrE- JEAN écrit en effet que «lagent chimique principal de la digestion de la graisse dans l'estomac est le ferment saponi- fiant du suc pancréatique refluant par le pylore ». BoLpy- REFF (44, 45) a insisté sur ce phénomène et montré qu'il se produisait un reflux de la totalité des sucs intestinaux (suc pancréatique, suc intestinal et bile) lors de l’introduc- tion de corps gras dans l'estomac. Au surplus, LEVITES (188) a parfaitement précisé que, s'il n’y avait qu'un dédoublement négligeable des graisses dans l’estomac tant que da réaction du contenu était acide, par contre, «aussitôt que le mélange des sucs duodénaux pénètre en quantités importantes dans l'estomac, par suite de mouvements antipéristaltiques, il devient immédiate- ment visible que le dédoublement des graisses est notable- ment renforcé ». C’est ainsi que, pour la graisse de Bœuf, alors que l'indice d’acidité des graisses du contenu gastrique varie de 0,46 à 0,82 tant que la réaction est acide, il passe à 6,27 lorsque la réaction est alcaline. Dans ces conditions, tout essai dans lequel 1l n’a pas été PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOIDIQUES 103 tenté de s’opposer au reflux du contenu duodénal ne peut rien nous apprendre sur les propriétés autonomes de l’es- tomac. : 30Modificationsdes corps gras dans l’estomacisolé del'in- testin par obstruction du pylore. — Ocara (245), faisant ingérer des aliments riches en graisses à des animaux don£ l'estomac est séparé de l'intestin par l’introducüon d’une poire en caoutchouc obstruant le pylore, constate la pré- sence d’une quantité d'acides gras libérés relativement impor- tante deux à trois heures après le repas. Mais un tel procédé ne permet pas d'assurer une obturation complète. KzemPerer et ScHEURLEN (167) ligaturent le pylore de Chiens anesthésiés au chloroforme, puis introduisent de l'huile dans l'estomac à l’aide d’une sonde. Aussitôt après l’intro- duction, on ligature le cardia pour s'opposer au vomis- sement. De trois à six heures après, on prélève le contenu gastrique et l’on constate, dans trois expériences, que les quantités d'acide oléique formées sont respectivement de 1,23 p. 100, 1,50 p. 100, 0,91 p. 100 de la quantité que donne- rait la s2ponification totale de l'huile introduite. KLEMPERER et SCHEURLEN montrent par ailleurs que, dans le même temps, des microorganismes provenant de l’estomac ne provoquent jamais un dédoublement dépassant 0,5 p.100, et ils en con- cluent à un rôle propre de la muqueuse gastrique dans la saponification des graisses. On remarquera que, en admettant leurs conclusions sans discussion, une hydrolyse de 1 p. 100 est sans aucun intérêt physiologique et ne peut, en aucune manière, constituer un facteur appréciable de la digestion d2$s corps gras. 40 Modifications des corps gras dans l’estomac complète- ment isolé. — Après avoir constaté comme ses devanciers, sur un repas d’épreuve, un dédoublement des corps gras dans l'estomac de l'Homme, dédoublement variant de 4 à 20 p. 100, Meyer (225) observe que ce dédoublement est des plus médiocres chez un Chien dont l'estomac est séparé de l’in- testin, Pour lui, la saponification observée chez le sujet normal est le fait non d'une lipese gastrique, mais des liquides intestinaux reflués. 104 ÉMILE-F. TERROINE BoLDYREFF (loc. ett.) introduit dans l’estomac d’un Chien, estomac complètement séparé de l'intestin depuis un temps assez long, une émulsion de jaune d’œuf. La totalité du con- tenu gastrique évacué quatre heures après par une fistule est placée au thermostat à 409 pour quatre heures. L’augmen- tation d’acidité, après ces diverses opérations, est. à peu près nulle. 90 Caractères des corps gras s’écoulant par une fistule pylorique ou duodénale.— ConTEJEAN (loc. cit.) introduit par une fistule gastrique 150 grammes de suif de Bœuf dans l’es- toma ce d’un Chien etlui fait ingérer ensuite de la viande crue. Deux heures et demie après, le contenu qui s'écoule par la fistule pylorique ne présente pas trace d’acides gras. LEviTes (loc. cit.), récoltant le contenu gastrique d’un Chien par fistule pylorique trois heures vingt-sept et deux heures trente et une après un repas de graisse de Bœuf ou de beurre, constate une sapomification nulle ou insignifiante : l’acidité de la graisse de Bœuf est passée de 0,46 à 0,49, celle du beurre de 0,46 à 0,56. En opposition absolue avec ces résultats entièrement néga- tifs se placent les travaux de FArLoise (96). FALLoISsE opère sur un Chien muni d’une fistule duodénale située près du pylore. L'animal est maintenu debout dans l’établi de Ludwig. Il est soumis à un jeûne préalable de vingt heures et reçoit ensuite soit une émulsion de jaunes d’œufs, soit du lait et, dans les deux cas, de la viande ou du sucre de canne. Le liquide prélevé à intervalles réguliers montre un ‘très notable dédoublement progressif, déterminé par la méthode de Stade. D'une manière générale, la digestion des graisses du lait est plus rapide que celle des graisses de l’œuf. Les valeurs maxima de saponification sont de 42 p. 100 pour l'œuf et de 52 p. 100 pour le lait. Il y a donc une opposition formelle entre les résultats de FaLLoise et ceux de ses devanciers. Doit-elle être placée uniquement sur le compte de la nature des corps gras expé- rimentés et peut-on conclure que l’estomac, incapable de digérer les huiles ou les graisses neutres ou émulsionnées, présente, par contre, un pouvoir saponifiant énergique vis-à- PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOIDIQUES 105 vis des émulsions grasses naturelles, œuf ou lait? Nous ne le croyons pas. Lonpon montre en effet que, si l’on veut éviter, même en cas de fistule pylorique, le reflux intestinal dans l’estomac, 1l faut un dispositif spécial de la canule. Après avoir réalisé ce dispositif, 1l constate alors que les graisses intro: durtes dans l’estomac n’y subissent jamais un dédoublement important, même dans le cas du jaune d’œuf. Alors qu'il avait constaté lui-même, ainsi que nous l’avons rappelé plus haut, après deux heures de séjour dans l'estomac non isolé de l’in- testin, un dédoublement des graisses du jaune d'œuf variant de 17 à 23 p. 100, lorsque l’isolement est parfait par l'établis- sement d’une fistule pylorique munie d’une canule s’opposant à tout reflux, la saponification n’est plus, dans les mêmes con- ditions, que de 2,7 p. 100, 3,5 p. 100, 4,1 p. 100, 4,7 p. 100, 5,6 p. 100. Bien que, dans un travail ultérieur, Lonpox et VERsILOwA (202) obtiennent dans les mêmes conditions expé- rimentales des valeurs un peu supérieures, 1l n’en reste pas moins que, lors de la séparation parfaite de l’estomac d’avec l'intestin, la saponification des graisses contenues dans l’émulsion naturelle de jaune d’œuf est très minime. Mais, si minime soit-elle, il est encore permis de douter qu’elle est bien due à l’activité gastrique. LEvires (189) montre, en effet, chez un Chien dont la séparation gastrique est parfaite, que la graisse extraite du jaune d’œuf — et non le jaune d’œuf lui-même — n’est nullement attaquée: la valeur acide passe de 0,14 à 0,7 après trois heures et demie de séjour. Les graisses du jaune d'œuf se comportent exactement comme la trioléine. Pourquoi donc alors cette faible action lors de l'emploi en nature du jaune d'œuf? Parce que, comme l'ont montré des observations de BoLnYrEFF (45), sur lesquelles nous aurons d’ailleurs à revenir, le jaune d'œuf abandonné à lui- même présente une acidification spontanée et demême valeur que celle constatée lors de l’adjonction de suc gastrique. II convient, d’ailleurs, de rappeler que WoxLGEmuTH (349) a si- gnalé l'existence d'actions lipolytiques actives dans le jaune d’œuf émulsionné dans l’eau, additionné de toluène et con- 106 EMILE-F. TERROINE servé à l’étuve à 380, actions qui s'étendent aussi bien à la lécithine qu'aux glycérides. Les dédoublements minimes observés dans l’estomac en l’absence de tout reflux intes- timal ne sont-ils pas simplement le résultat d’une telle auto- digestion ? Rien ne permet, à l’heure actuelle, de lever cette objection. Pas plus que les précédentes, cette série d'expériences ne nous apporte la preuve irréfutable d’une transformation des graisses, quelles qu’elles soient, dans l'estomac. Au total, tous les faits examinés jusqu'iei et ne prêtant pas à critique, obligent à une même conclusion : l’estomac n'intervient pas dans la digestion des graisses, ou tout au moins, s’il intervient, c’est d’une manière si médiocre et dans des cas si limités que cette intervention est sans intérêt physiologique. $ B. — Présence d’une lipase dans le suc gastrique. Pour établir l'existence d’une lipase gastrique et son inter- vention dans les processus normaux de la digestion, trois caté- gories d'expériences ont été réalisées : 19 La recherche de l’action exercée sur les graisses par des extraits aqueux de muqueuse gastrique ou des préparations commerciales de pepsine ; 20 La recherche de l’action exercée sur les graisses par des extraits glycérinés de muqueuse gastrique ; 39 La recherche de l’action exercée sur les graisses par le suc gastrique naturelobtenu par divers procédés : repas d’épreuve sur l’Homme, fistule ou estomac séquestré sur l’animal. 1° Action des extraits aqueux de muqueuse gastrique. — Les recherches de cette nature ont été poursuivies tantôt avec des préparations commerciales de pepsine, tantôt avec des extraits aqueux de muqueuse préparés peu de temps avant l'emploi. En faisant agir sur de la graisse de Pore ne contenant pas d'acides gras de la pepsine Merck en solution chlorhydrique à 0,5 p. 100, Dormeyer (85) n'observe aucune néofor- MS UPPESA PT 0! ph VA À Se thus. | = PRES 0 » ef J LA PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOIDIQUES 107 mation d'acides gras après vingt-quatre heures de digestion à 37°-38°. MarPmaAnn (209) faisant porter ses recherches sur des huiles diverses, — huiles de lin, d’olive, d’arachide, de sé- same, — sur lesquelles 1l fait agir pendant vingt-quatre heures du suc artificiel à raison de 100 centimètres cubes pour o grammes d'huile, constate une forte acidification des mé- linges et la présence de traces de glycérime. Il conclut à une faible action saponifiante. Mais ce travail, qui n'apporte au- cane donnée quantitative et ne comporte aueun témoin, soit en vue d’élimimer l’action possible du sue bouilli, soit en vue d'éliminer la possibilité d’une auto-acidification du suc, ne peut permettre aucune conclusion. Soumettant du suif de Mouton à une infusion de mu- queuse gastrique additionnée de HCI à 1 p. 1 000 et en pré- sence soit de petites quentités de HCN, soit de petites quan- tités de NaF pour s'opposer à la pullulation microbienne, CONTEJEAN constate que la graisse reste absolument intacte. Toutefois, ce résultat négatif peut être attribué à l’antiseptique ajouté; nous verrons plus loin qu’à de cer- taines concentrations le fluorure de sodium inhibe les lipases. InouYE (loc. cit.) n’observe aucune action de l'extrait aqueux de la portion fondique de l’estomac sur l'huile d'olive émulsionnée. Au cours de leurs recherches sur les lipases, KASTLE et LævenHaRT (165, 166) constatent, en présence de toluène, un très léger dédoublement du butyrate d’éthyle par un extrait obtenu en filtrant sur toile une macération aqueuse de mu- queuse gastrique de Porc, laquelle avait été préalablement hachée et triturée avee du sable fin. Mais 1l y a heu de noter que : 19 Les valeurs d’acidité formée indiquent une action extré- mement médiocre (le maximum trouvé correspond à une saponification de 2 p. 100 en trente minutes à 40° C.); 20 Même si l’on admet la réalité d’une telle action, on n’est, nullement en droit de conclure d’un dédoublement du buty- rate d’éthyle à l'existence de propriétés saponifiantes vis-à- vis des graisses naturelles ; 39 Enfin, KASTLE et LœvEenHarT observent l'abolition 108 ÉMILE-F. TERROINE définitive de l’action sur le butyrate d’éthyle par l'adjonc- tion d'acide chlorhydrique à 3 p. 1 000. Aucun des faits relatifs à l’action des extraits aqueux de muqueuse gastrique ne nous permet donc d'accorder à l’esto- mac la propriété de sécréter un ferment actif sur les corps oras. Au surplus, il convient de retenir que VoLHARD lui- même, le protagoniste de la lipase gastrique autonome, admet l’impossibilité de lextraire de la muqueuse par simple macération aqueuse. 20 Action des extraits glycérinés de muqueuse gas- trique. — L'étude de l’action des extraits glycérimés a été très activement poursuivie sur trois catégories de corps: des éthers ou des glycérides solubles, des corps gras non émulsionnés où artificiellement émulsionnés, des émulsions naturelles (crème ou jaune d’œuf). a. ÊTHERS ET GLYCÉRIDES SOLUBLES. — BENECH et Guyor(19, 20,21) font agir sur une solution de monobutyrine à 1 p. 100 un extrait, obtenu par macération pendant vingt- quatre heures, de muqueuse gastrique de Cheval dans un mélange d’une partie de glycérine pour deux parties d’eau; ils constatent un dédoublement toujours plus actif avec l'extrait préparé à partir de la muqueuse cardiaque qu'avec celui de la muqueuse fondique. La propriété hydrolysante est, d’après BENECH et Guyor, très sensible à l’action de la soude et du carbonate de soude, moins à celle de l’acide chlo- rhydrique. Mais la même critique faite précédemment aux travaux de KasrLe et LœŒvENHART vaut ici. Il ne suffit pas, si l’on veut démontrer la présence d’un ferment saponifiant dans l’estomac, en vue de conclure au rôle physiologique de cet organe dans la digestion des graisses, de montrer qu’il dédouble un éther ; il faut, de toute nécessité, établir la réalité d’une action sur les graisses neutres. Les faits apportés par BENECH et GUuyorT ne nous permettent aucune conclusion sur ce point. b. CORPS GRAS NON ÉMULSIONNÉS. — Les études anciennes de KLiuG (168), dans lesquelles il avait fait agir des extraits olycérinés de muqueuse sur les graisses, l'avaient amené à refuser toute action saponifiante à ces extraits. ab dti PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOIDIQUES 109 Peu après, Cas (62) constate la formation de quantités notables d’acides gras dans des mélanges d'huile d'olive . neutre et d'extrait glycériné, le tout amené à une concentra- tion en HCI de 2 p. 1 000 ; dans certains cas, il voit appa- raître 20 milligrammes d'acides gras par l’action de 2 grammes d'extrait glycériné sur 3 grammes de graisse neutre. L'action signalée est bien faible. Une graisse neutre, du type mixte oléo-stéaro-palmitine, peut en effet livrer les neuf dixièmes de son poids d’acides gras par saponification totale; c’est dire que 3 grammes de graisseneutre peuvent donner 28r,70 d'acides. Or Casa constate la formation de 08,02, c’est dire que la saponification n'aurait atteint que la cent trente-cinquième partie de la graisse présente. En admettant done la réalité du phénomène, sa valeur reste bien médiocre. Enfin InouyE ne trouve aucune action de l'extrait glycériné de la muqueuse de Porc sur huile d'olive. Au total, action faible ou nulle, qui ne nous impose pas, à beaucoup près, la conviction de l'existence d’une lipase gastrique. e. ÉMULSIONS NATURELLES. — VoLHARD (338, 339), faisant agir des extraits glycérinés sur du laït ou du jaune d'œuf et évaluant la valeur de la saponification d’après la méthode de STADE, constate toujours une action très importante de ces extraits, différente d’ailleurs suivant la provenance de la muqueuse, fondique ou pylorique. Ainsi, dans le cas du jaune d'œuf, la proportion d'acides gras libérés peut être de 65 p. 100 dans le cas de la muqueuse fondique contre 16,3 p. 100 pour la muqueuse pylorique; elle peut être, dans le cas des graisses du lait, de 50 p. 100 avee la muqueuse fondique, de 25 p. 100 avec la muqueuse pylorique. Frappé de l'opposition existant entre ces faits et les résul- tats antérieurs, VocHarD pense qu'il s’agit sans doute d’une différence dans l’état physique des corps gras. Pour élucider ce point, il fait entreprendre par son élève STADE (297) un travail sur l’action comparée des extraits glycérinés sur l'émulsion de jaune d'œuf, la crème, le lait d'amande et une émulsion artificielle d’huile de foie de Morue ; dans une expé- rience comparative, la quantité de graisse saponifiée est de 110 ÉMILE-F. TERROINE 6 p. 100 pour le jaune d’œuf, de 48 p. 100 pour la crème ; elle tombe à 34,4 p. 100 pour le lait d'amande; elle n’est plus que de 9,2 p. 100 pour l’émulsion d’huile de foie de Morue. _ Que conclut SranE? Que la lipase gastrique n’agit que sur les graisses émulsionnées, et d'autant mieux que l'émulsion est plus fine. Une telle conclusion n’est en rien justifiée. Pour pouvoir attribuer à l’émulsion une importance primor- diale, il n’aurait pas fallu faire varier simultanément plusieurs facteurs, et c'est ce que fait Srane lorsqu'il compare des graisses aussi différentes au point de vue chimique que la crème et l'huile de foie de Morue, en ne tenant compte que des différences d’état physique. Il n’était d’ailleurs nullement impossible, bien au contraire, de répondre facilement à la question posée. Des essais comparatifs de l’extrait glycériné sur la crème et sur la graisse du beurre d’une part, sur le jaune d'œuf et sur l'huile qu’on en extrait d'autre part, auraient rapidement permis de voir si l’action de la lipase gastrique était ou non sous la dépendance de l’émulsion. Les résultats de VoLHARD et STADE n'ayant pas été géné- ralement acceptés, FRomME (108) reprend la question, tou- jours en faisant agir les extraits glycérinés sur le jaune d'œuf et en mesurant la saponification par la méthode de Srape. Dans l’ensemble, il confirme les faits avancés par VoLHARD et, en particulier, la grande différence d’activité entre la mu- queuse fondique et la muqueuse pylorique. FROMME note, en outre, que le ferment est très sensible à l’action de petites quantités d'acide chlorhydrique. Enfin il constate que son extraction per la glycérime est très lente ; n'est-ce pas dans cette lenteur de diffusion qu'il convient de rechercher la cause de certains résultats négatifs obtenus par des expérimen- tateurs trop pressés ? Quoi qu'il en soit de ces confirmations successives, la thèse de l'existence d’une gastrolipase autonome fait peu de pro- grès ; elle rencontre une très sérieuse opposition de la part de BoLpYrErFr, dont les minutieuses recherches établissent avec une certitude absolue le reflux dans l’estomac de sue pan- créatique, de bile et de suc intestinal, dès que l’estomac ren- ferme une certaine quantité de corps gras. Dès lors, lorsque © ae mt als dont and dE ARTE PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOIDIQUES 118 VoLHaARD et ses élèves extraient une lipase de la muqueuse gastrique, qui nous dit qu'il s’agit d’un ferment élaboré par les cellules de cette muqueuse et non tout simplement de la lipese pancréatique et de la lipase intestinale réabsorbées ? C’est alors qu'imterviennent, pour répondre à toutes ces objec- tions, les recherches, remarquablement conduites au point de vue physiologique, de FALLOISE. Dans une première série d'essais, FarLoise (97), opérant sur des Chiens, dont le canal pancréatique s'ouvre de 30 à 40 centimètres au-dessous du pylore, ce qui écarte toute vrai- semblance de reflux du suce pancréatique, confirme les ob- servations de VoLHARD : l’extrait glycériné de muqueuse gastrique saponifie le jaune d’œuf ; l’intensité de cette sapo- nification, déterminée par la méthode de Srape, manifeste la supériorité marquée de la région fondique sur la région pylorique : 21,2 p. 100 contre 9,2 p. 100 ; 25,6 p. 100 contre 17,4 p. 100 ; 18,3 p. 100 contre 7,3 p. 100, Mais Farrotise (98) va plus loin, et pour écarter toute objection quant à la possibilité de réabsorption du sue pan- créatique, 1l reprend les mêmes essais chez des animaux ayant subi une ablation totale du pancréas 6, 13 et 20 jours avant le prélèvement de la muqueuse gastrique. Il retrouve la même action sur le jaune d’œuf, la même supériorité de la région fondique sur la portion pylorique : 57,9 contre 11,3 p. 100; 54,4 contre 10,0 p. 100 ; 62,0 contre 21,8 p. 100. Enfin, pour éliminer la possibilité de réabsorption de la lipase intestinale, FazLoïse prélève la muqueuse d’un esto- mac de Chien séparé de l'intestin depuis emq jours; l'extrait obtenu exerce sur le jaune d’œuf une action saponifiante de même ordre que dans les cas précédents. Allons-nous done être, cette fois, amenés à conclure à l’exis- tence d’une lipase gastrique autonome, à assigner à l’esto- mac un rôle important dans la digestion des graisses ? Admettons, pour un moment, que les expériences de FazLoise, fort bien conduites en ce qui regarde l’origine des muqueuses étudiées, ne prêtent plus à aucune critique ; admettons donc qu'il existe dans la muqueuse gastrique, et particulièrement dans la région fondique, des cellules cor- 112 ÉMILE-F. TERROINE tenant un ferment susceptible d'attaquer les corps gras, cette attaque dût-elle être limitée aux émulsions naturelles. Un tel fait pourrait-il nous permettre de conclure à un rôle phy- siologique de l'estomac sur les graisses ? En aucune manière, cer, de l’avis même de tous les chercheurs précités, 1l s’agit d’un ferment endocellulaire très difficilement diffusible. Or l'estomac n'intervient pas, dans les phénomènes chimiques de la digestion, en modifiant les substances alimentaires dans l'intimité de ses parois, mais uniquement par l’action des sucs qu'il sécrète. En bref, la présence d’une lipase, fût elle parfaitement démontrée, dans les cellules de la muqueuse gastrique, naurait pas,au point de vue de la digestion, plus d'intérêt que n’en a la présence dans les extraits de pancréas de ferments des substances nucléimiques qui ne se retrouvent pas dans le produit de sécrétion. Au surplus, VOLHARD signale Fextrême sensibilité de cette lipase à l’acide chlorhydrique, et KasTLe et LŒVENHART indiquent qu’elle est détruite défi- nitivement par une concentration en HCI de 0,3 p.100. Quand rencontrera-t-elle donc, même s1 elle est sécrétée, des condi- tions telles qu'elle ne soit pas détruite? Même définitivement acquis, les résultats des expériences de VoLHARD et de FAL- LOISE ne nous permettraient aucune conclusion physiolo- gique. Le seul fait de nature à entrainer la conviction serait la démonstration que le suc gastrique, normalement sécrété, saponifie les corps gras. C’est à l'examen des essais tentés dans le but d'apporter cette démonstration que sera consacrénotre prochain paragraphe. Mais nous ne pouvons l’entamer sans discuter auparavant Fexistence même de cette gastrolipase autonome endocellu- laire dont VoLHARD et FALLOISE croient avoir donné des preuves irréfutables. Or, lesobjections physiologiques écartées, comme l’a fait FALLoise, il en est d’autres portant sur la substance à dédoubler, sur les propriétés du liquide diasta- sique, sur la méthode de dosage employée. Nous avons déjà rappelé, en ce qui regarde les substances employées pour la mise en évidence des propriétés saponi- fiantes, que BOLDYREFF a signalé une transformation spon- tanée de la crème et du jaune d’œuf loin d’être négligeable PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOIDIQUES 113 transformation qu'empêche le chauffage préalable. Après un séjour de quatorze heures au thermostat à 409, on constate un accroissement d’acidité de 18,0 p. 100 pour la crème fraîche, alors que cet accroissement n’est que de 0,8 p. 100 pendant dix-neuf heures pour la même crème chauffée ; dans les mêmes conditions, l’acidité du jaune d’œuf frais s’aceroît de 15 p.100 contre 1,1 pour le produit chaufté. Qu'il s'agisse, comme paraît bien le penser BoLDYREFF, de l'intervention d’une lipase contenue dans ces émulsions, c’est là une hypo- thèse très vraisemblable pour le jaune d'œuf, la présence de ce ferment y ayant été signalée par WonLGEMurH, plus controversée en ce qui regarde la crème; mais le fait de l’auto- acidification n’en demeure pas moins. D'autre part, la formation d’acide lactique dans le cas du lait n’est pas douteuse si les expériences ne sont pas conduites aseptiquement, et nous verrons tout à l'heure que la méthode de dosage employée peut parfaitement le compter parmi les acides gras. En ce qui regarde l'extrait employé, la méthode même de préparation aboutit à la constitution d’un liquide très riche en albumines, puisqu'il s’agit d’un suc cellulaire. Or, ces albumines, placées à 409, s’autolysent rapidement, et l'acide lactique est un des produits formés les plus précoces et les plus abondants. L’acidification spontanée des extraits n’est d’ailleurs pas une hypothèse; nous avons eu bien des fois l’occasion de constater que les extraits glycérinés de muqueuse gastrique, intestinale, s’acidifient rapidement. La critique relative à la présence d’acides et particulière- ment d'acide lactique résultant soit de l’autolyse des produits mis en œuvre, soit de la fermentation du lactose dans le cas de la crème, serait sans valeur si la méthode de dosage uti- lisée ne comptait réellement que les acides gras provenant de la saponification des graisses. Or, rien ne permet de l’affirmer. En bref, la méthode de Sape consiste à agiter les liquides en digestion dans un mélange d’alcool et d’éther. Une partie de la phase éthéro-alcoolique, après avoir servi à doser l’aci- dité existante, est saponifiée. On établit ainsi un rapport entre l’acidité totale que donne la saponification et laci- ANN. DES SC. NAT. ZOOL., 10e série. VE te) FEL ÉMILE-F. TERROINE dité dosée dans l'extrait aussitôt après sa préparation. Or, l'acide lactique est soluble en toutes proportions dans l’éther et l'alcool, aussi bien que dans l’eau ; il n’y a aucune raison pour qu'il ne passe pas en partie avec les acides gras dans la phase éthéro-alcoolique. La totalité des précédentes critiques serait sans objet si les témoins nécessaires avaient été faits. Tel n’a pas été le cas. Même dans le travail si bien conduit, à d’autres égards, de FaLLOISE, nous ne trouvons pas l'expérience de nature à entrainer la conviction : montrer que l'acidité formée par le mélange jaune d'œuf extrait est nettement plus élevée que la somme desacidités formées par chacun des constituants con- servés séparément, toutes conditions égales d’ailleurs. Laissant donc de côté toute discussion sur la rôle physio- logique d’une lipase gastrique endocellulaire, nous voyons que l’existence même de ce ferment ne peut être considérée comme définitivement établie. 3° Action du suc gastrique. — «a. ÊTHERS ET GLYCÉRIDES SOLUBLES. — BENECH et Guyor (loc. cit.), recueillant du suc gastrique d’Homme après un repas d’épreuve, constatent qu'il dédouble la monobutyrine. Davipsonn (79), qui suit l’action par la méthode stalagmométrique d'Izar, observe la saponi- fication de la monobutyrine par le suc gastrique recueilli après repas d’Ewald. Enfin Huzz et KEezron (149) dédoublent très légèrement et d’une manière très inconstante le butyrate d’éthyle par le suc du petit estomac de Pawlow. Les observations antérieures valent ici, comme pour les extraits. Seules l’action sur les graisses peut être démons- trative. b. CORPS GRAS NON ÉMULSIONNÉS. — De leurs essais sur action du suc de petit estomac sur l'huile, Huzz et KEETON concluent à l'existence d’une lipase gastrique dont la sensibilité est très grande vis-à-vis de l’acide chlorhydrique. L'examen de leurs chiffres montre une action très faible; le nombre de résultats négatifs, lorsqu'il s’agit de sucs sécrétés sous l’in- fluence de l’alimentation, est très élevé : 17 sur 23. Au sur- plus, rien ne peut mieux préciser la valeur qu’il convient d'accorder à la propriété saponifiante du sue sécrété normale- PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOIDIQUES 115 ment au cours ou à la suite d’un repas quela remarque même de Huzz et Kggron : « Pour tous les types d’alimentation, le pourcentage des expériences négatives fut élevé et, dans les expériences positives, la quantité d’acides gras formée fut exeessivement faible. » Huzz et KEEToN ne décêlent la lipase d’une manière constante et en quantité appréciable que chez les animaux à jeun. De tels résultats ne peuvent nous inciter à reconnaître un rôle quelconque à l'estomac dans la diges- tion des graisses : un ferment existant à la seule condition que le suc soit sécrété à jeun et d’activité minime ou nulle lors de la sécrétion normale, détruit par une très faible con- centration en HCI, ne peut évidemment intervenir dans la digestion gastrique. €. ÉMULSIONS NATURELLES.— Les free poursuivies sur ces substances sont exactement parallèles à celles analysées en détail dans le cas des extraits glycérinés : mêmes expé- riences faites dans les mêmes conditions et par les mêmes auteurs ; c’est dire que les mêmes critiques subsistent. Nous en rapporterons donc brièvement les résultats. Faisant agir du suc de petit estomac de Pawlow sur du lait ou du jaune d’œuf, VozHARD conelut à une saponification nette après quatre heures. Pour éliminer l’objection d’une intervention microbienne, VocHarD montre que le pouvoir saponifiant se retrouve sur le suc recueilli chez l'Homme après repas d’épreuve et préalablement filtré sur bougie. Il est vrai que, si l’objection microbienne est éliminée, celle relative à la possibilité du reflux des sucs intestinaux ne l’est plus. Les expériences de von PEsrxy (250), poursuivies à l’aide de sue gastrique d’Homme récolté après repas d’épreuve ou de suc de Chien obtenu par vomissement provoqué parinJee- tion d’apomorphine, montrent l'action de ces sues sur le jaune d'œuf, mais prêtent à l’objection du reflux intestinal. LaouEur (179) observe des dédoublements de 22 p. 100 et de 16,04 p. 100 du jaune d'œuf par aetion du suc de petit estomac de Pawlow récolté quatre heures après un repas. Enfin, FALLOISE constate que du suc recueilli dans l’esto- mac séquestré d’un Chien neuf jours après l'opération pro- 116 ÉMILE-F. TERROINE voque un dédoublement très net des graisses du jaune d'œuf. En face de ces faits positifs, mais apportés par des re- cherches n’échappant à aucune des critiques précédemment formulées, ilconvient de signaler que LonpoN (Loc. cit.) relève, par action du suc de petit estomac sur le jaune d’œuf, des. valeurs de saponification de 2 à 5 p. 100 au maximum après. deux heures de digestion à 37°; HEINSHEIMER (loc. cit.)ne cons- tate que des actions faibles ounulles; INOUYE (loc. cit.) n’ob- tient jamais aucun résultat positif ni sur le jaune d’œuf, nt sur le lait, n1 sur l'huile d'olive. Enfin, à la suite d’une série d’expériences minutieuses, BoLDYREFF aboutit à une négation complète de la gastro- lipase. Ainsi qu'il ressort du tableeu XLVIT, dans lequel nous. avons tenu à résumer ses principaux résultats expérimentaux, le suc n’exerce aucune action nisur la monobutyrine, ni sur le jaune d'œuf, ni sur l’huile. Par contre, et dans les mêmes conditions expérimentales, apparaissent très nettement les propriétés saponifiantes énergiques du mélange des sues. intestinaux. Nous sommes donc en droit de conclure que, à l’heure actuelle, rien ne nous permet d’aflirmer, bien au contraire, la présence dans le suc gastrique normal d’un ferment sapo- nifiant. Comme on était en droit de s’y attendre, malgré des con- tradictions passagères, les deux grands groupes de recherches aboutissent en définitive à un même résultat : le suc gastrique normal ne contient pas de lipase active, et le chyme qui s'écoule de l’estomac contient des graisses non attaquées. S'il est donné d'observer, dans certains cas, une saponifi- cation dans l’estomac, cette saponification est le fait non de l’estomac, non du suc gastrique, mais du mélange des sucs- intestinaux, dont lereflux se produit toujours après ingestion de quantités appréciables de corps gras. L’estomac n'intervient done pas par lui-même sur les. graisses, et c’est plus loin qu'il va nous falloir chercher le mécanisme de la digestion de ces aliments. CAVE PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOIDIQUES *UO1}S981p saade RESTE anod SAIIPSS9IQU aufrore uornos 9p san? ‘Ju09 9p HUTWON “mere ‘97 OST 9 0 “UO1S281p queAr Jasyerqnou anod SAITESS909U aurpro/e uotyn[os op saqna ‘}u99 ap AU4NWNON ‘Saanau 61 «C « ‘Sainou 6] (C « ‘Sainou &] ( ( ‘SaInoU F] Soin ou %F ‘o0# L LSQUREN ne anolos op HU AN ‘U1JSOJUI SONS 9BUPIIU 9N9 ‘JUI9 J **onbrJse8 ons oqn9 91791799 | « ‘UIJSAJUI S9n$ 2BUPIJ9U 99 ‘FU99 J ‘:‘onbrigses ons 9qn9 921790117099 ] « ‘UIJSOJUI SONS 9BUP[AUL 949 ‘JU99 TJ *:"onbrse8 ons 9qn9 9179009 T « ‘u1JSOJUI SENS ABUPTAUL 909 ‘FU99 ] |‘: *onbia)se8 ons 9qn9 17917099 ] «C ‘UIJSOJUI SENS 9BUP[IUTONI ‘FU99 ‘Ijpmoq anbrses ons aqn9 ‘JU99 7 ***onprajses ons oqn9 9,1} U09 « ‘9Jpneu9 Mo p aunef saqn9'ju99 0T € Se = Or = OT ‘09J[NPU9 OW9I9 SaN2 ‘WU OT Fe ( ee OT ‘pno,p aunel saqna sarjauitpua 07 Op Re = — . 0 °°°? *AUI919 SAN SAITAUITT UN) (FE ‘ASSVUN APNVISHNS (HIHYAQIONH 2p soouormodxo so[ soide,q) ‘SOSSIUIS SOT ANS XNEUTJSOQUI SONS SOP J9 UTJSOJULT uoTye) un Z9U9 O[NISY Jed trronoox on HATX AVATAVI op oxedos sduroj8uor sindop 359 9ew07s9,7 Juop bruses ons np ooredwoo uor9w 118 ÉMILE-F. TERROINE CHAPITRE II INTESTIN-. L'observation du chyme pendant la traversée du tractus intestinal, du pylore à l’anus, permet deux constatations importantes : 19 Les corps gras disparaissent peu à peu. Sauf le cas d’in- gestions très abondantes de graisses difficilement digérées, — suif de Mouton par exemple, — les matières fécales ne con- tiennent pas de corps gras. L'Homme peut ingérer de 100 à 120 grammes de graisse par jour, sans qu'il y ait rejet par les matières fécales (RuBner, 275); un Chien de 30 kilo- grammes, recevant quotidiennement 350 grammes de graisse, en absorbe 98 p. 100 (C. Vorr, 334); 20 Tant que l'absorption n’est pas terminée, et qu'il reste dans l'intestin grêle une partie des substances ingérées, ces substances ne sont pas uniquement constituées, et à beau- coup près, par des graisses neutres. Au contraire, on constate la présence d’une proportion très élevée d’acides gras libres. Chez un Chien à fistule jéjunale, le chyme qui s’écoule après ingestion de graisse de Bœuf contient 41,6 p. 100 d’acides gras ; après ingestion degraisse de Porc, 32,2 p. 100. Chez un Chien à fistule 1léale, le chyme, après ingestion de graisse de Bœuf, peut contenir jusqu’à 66 p.100 d’acides gras; après ingestion de graisse de Porc, 24,2 p. 100 (Le vires, 188). Le premier phénomène, l’absorption, ne nous intéresse pas directement ici Lies graisses sont absorbées par la paroi de l'intestin, comme le sont les hydrates de carbone ou les albu- mines; leur disparition né nous apprend rien sur les méce- nismes qui préparent l’absorption. Le second phénomène est, au contraire, extrêmement ins- tructif, Il nous oblige, en effet, à admettre que, avant leur absorption, de par les actions qu’elles subissent dans le tube digestif, les graisses sont hydrolysées pour une part très im- LE Cl MAIN LE L PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOIDIQUES 119 portante, comme le sont aussi et les hydrates de carbone et les albumines. C’est là un fait qu’il convient dès maintenant de retenir. Lorsque nous aurons plus loin à discuter l’opmion de certains physiologistes d’après laquelle les corps gras seraient absorbés en nature et par suite d’une simple modification physique, nous devrons nous rappeler que : si l’examen du contenu intestinal ne nous permet pas de dire qu’une graisse ne peut être absorbée que si elle est préalablement digérée, s'il ne nous permet pes d’écarter la possibilité de toute absorption d’un corps gras en nature, il nous montre tout au moins que, dans les conditions normales dela digestion, les corps gras sont saponifiés pour une part très importante. Mais cette constatation n’entraine aucune conclusion immé- diate sur le rôle propre de l'intestin. Nous ne pouvons savoir, par le simple examen des transformations que subissent les aliments dans l'intestin, quel en est l’organe ou le suc res- ponsable, puisque, en dehors des sucs élaborés par les glandes qui le tapissent, l'intestin reçoit en outre les produits de sécré- tion, très abondants, du pancréas et du foie. Trois organes et leurs produits de sécrétion peuvent donc entrer en jeu dans cette transformation des corps gras : intes- tin, foie, pancréas. Notre analyse va avoir pour but de déter- miner successivement la part de chacun d'eux. $ A. — Rôle de l'intestin dans la digestion des graisses. Pour préciser le rôle propre de l'intestin, 1l faut évidem- ment éliminer toute intervention de bile ou de suc pancréa- tique ou, au contraire, éliminer toute action de l'intestin. Dans ce but, trois procédés ont été employés : {9 Diminuer considérablement le rôle que peut jouer lin- testin par des résections plus ou moins étendues ; 920 Réduire au contraire la digestion à la seule action mtes- tinale, en supprimant totalement l’arrivée de la bile et du sue pancréatique ; 30 Déterminer si une portion isolée d’intestin peut sapo- nifier les corps gras. | {o0Ladigestion des graisseslors d’ablationsde l'intestin. — 120 EMILE-F. TERROINE UNDERHILL (329), recherchant ce que devient l’utilisation de la graisse de Pore lors de l’ablation de portions impor- tantes de l'intestin grêle, constate qu’elle atteint 66 à 90 p. 100 de la quantité ingérée pour une ablation de 39 p. 100, 75 à 91 p. 100 pour une ablation de 65 p. 100, 58 à 72 p. 100 pour une ablation de 73 p. 100. Des faits analogues sont consignés par Srassow (299), qui conclut à l'apparition très rapide de phénomènes de compensation lors de la résection de por- tions importantes du jéjunum. Si nous observions une diminution considérable de l’uti- lisation des matières grasses lors de la résection d’une portion de l'intestin, aucune conclusion ne serait possible, quant au rôle propre de cet organe dans la digestion ; l'intestin étant en même temps l'organe qui absorbe, une telle diminution pourrait être purement et simplement rapportée à la dimi- nution de la surface absorbante. Nous constatons, au con- traire, malgré la réduction considérable de la surface intesti- nale, une absorption très peu diminuée. Cette constatation amène à penser que l'intestin, par lui-même, joue un rôle fort médiocre dans les phénomènes qui préparent l'absorption. 29 La digestion des graisses lors de la suppression com- plète de la bile et du suc pancréatique. — Cunnincxam (70) fait ingérer du lait ou des émulsions d’huile de coton ou d’huile de foie de Morue à des animaux chez lesquels il a préalable- ment pratiqué la section, entre deux ligatures; du canal cholé- doque et des canaux pancréatiques. Tués de six à vingt- quatre-heures après le repas, l'examen du mésentère montre la présence de chylifères blancs. LEwiN (187) utilise, d’une part, des Chiens normaux, d'autre part,des animaux dont la bile et le suc pancréatique s’écoulent au dehors grâce à une fistule d’une portion de l'intestin comprenant les issues des canaux biliaires et pan- créatiques. Les Chiens sont tués cinq heures après l’ingestion de crème. Chez les Chiens normaux, les vaisseaux lympha- tiques du mésentère présentent l'aspect blane laiteux carac- téristique; cet aspect ne se retrouve presque pas chez les animaux opérés. D'autre part, l'examen histologique décèle la présence de gouttelettes grasses abondantes, dans les cellules nr a PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOIDIQUES 121 épithéliales des villosités intestinales des animaux normaux ; aucune gouttelette ne peut être décelée chez les animaux opérés. Hepox et Vice (130) pratiquent successivement, sur des Chiens, d’abord une fistule biliaire et l’ablation de la portion descendante du pancréas, puis, lorsque l’animal est complè- tement remis de l'opération, «l’extirpation de la tête du pan- créas au ras du duodénum, de façon à supprimer tout écou- lement du suc pancréatique ». Ils laissent en place la queue de la glande dans sa portion splénique pour éviter l’appari- tion de la glycosurie. Le dosage des graisses dans les matières fécales d'animaux ainsi opérés montre qu'après ingestion d’axonge, à raison de 30 grammes par jour, l’utilisation des graisses est de 10,5 p. 100 ; après ingestion de lait, l’utili- sation est de 22 p. 100. D'autre part, HEDoN (129) récolte la Iymphe s’écoulant par fistule du canal thoracique chez des animaux dépan- créatés pourvus de fistule biliaire et constate, après un repas contenant de l’axonge, un écoulement abondant de lymphe, — 96 grammes en deux heures, — très faiblement opaline et contenant 0,435 p. 100 d'extrait éthéré. De toutes ces observations, 1l nous paraît ressortir très nettement que, si l’on ne peut dénier à l'intestin la possibilité d’absorber les graisses, et particulièrement celles du lait, à lui seul et sans l'intervention des glandes annexes, par contre, le rôle de ces glandes annexes est considérable, le rôle de l'intestin très minime. 30La digestion des graisses dans l'intestin isolé. — Cun- NINGHAM isole une anse intestinale et la lave soigneuse- ment pour faire disparaître toute trace de suc pancréatique ou de bile. Deux ou trois jours après, 1l y introduit une émul- sion d'huile de coton neutre ; après dix-huit heures, les chyli- fères présentent un aspect Diane laiteux. FrouIN (109) introduit une émulsion très fine d'huile d'olive dans une anse intestinale isolée et constate,après deux heures de séjour, la présence d’acides gras libres. L’intestin peut donc saponifier les corps gras. L'ensemble des recherches concorde done pour établir que 1922 ÉMILE-F. TERROINE l'intestin peut, par lui-même, transformer les graisses et pré parer leur absorption, mais cependant dans une mesure très restreinte. Q $ B. — De l’existence d’une lipase entérique. La découverte de la lipase intestinale est habituellement attribuée à Scnirr (283); or, rien dans le travail original de cet auteur ne permet de conclure à l'existence de ce fer- ment. Introduisant par une fistule duodénale, chez des ani- maux dépancréatés, de petites quantités de graisses renfer- mées dans des sacs constitués par des intestins desséchés, il observe la disparition de cette graisse, et il conclut que «les graisses doivent avoir été saponifiées par la soude du sue in- testinal ». Cependant toute une série d'expériences effectuées soit avec des extraits, soit avec des sues, concordent pour dé- montrer l'existence d’une lipase intestinale. FROUIN observe uné saponification des graisses neutres, intensifiée en présence de bile, per l’action du suc de sécré- tion spontanée de fistule intestinale permanente. Si ce sue est séparé, par centrifugation, des cellules et des débris épi- théliaux qu'il renferme, il perd son pouvoir de saponifier les corps gras naturels, mais il hydrolyse encore la mono- butyrine. On retrouve dans le résidu cellulaire les propriétés saponifiontes du sue global. KALABOUKOFF et TERROINE (157), après avoir constaté que les extraits glycérinés de muqueuse intestinale dédoublent les corps gras, signalent que l'accélération provoquée per la bile doit être rapportée aux sels biliaires. BoLDYRrErr (46, 47, 48) étudie l’action saponifiante d’un sucintestinal récolté dans une anse de Thiry-Vella sur la mono- butyrine et diverses graisses neutres. Il note que la bile facilite grandement l’attaque, laquelle est d’ailleurs beaucoup plus faible que dans le cas du suc pancréatique. Enfin LomBroso (200), dans un travail étendu sur les propriétés du suc intestinal, recueilli dans une anse de Vella, constate un pouvoir lipasique faible du suc sécrété pendant PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOIDIQUES 123 le jeûne ou au cours de la digestion. Par contre, le suc dont la sécrétion est provoquée par contact direct avec la mu- queuse intestinale d’huile d'olive dissoute dans la bile présente une activité lipasique marquée. Au total, existence indiscutable d’une lipase dans le sue intestinal, relativement peu active, et due à la présence de cellules. Les deux groupes d'expériences 27 vivo et in vitro nous amènent à des conclusions parfaitement cohérentes : une lipase peu active confère à l'intestin un rôle médiocre dans la diges- tion des graisses. L'intervention de l'estomac étant nulle, celle de l'intestin minime, c’est donc aux sécrétions des glandes annexes qu'il appartient de digérer les corps gras. Quelle est, dans cette opération, la part de chacune d'elles? C’est ce qui nous reste à établir. CHAPITRE TII FOIE ET PANCRÉAS. C’est aux glandes annexes de l'intestin qu'est dévolu, smom exclusivement, tout au moins pour une part extrêmement importante, le rôle de préparer les matières grasses à l’absorp- tion, de les amener à l’état physico-chimique qui leur per- mettra de traverser la paroi de l'intestin. Cette intervention que nous sommes arrivés, par voie d’ex- clusion, à considérer comme obligatoire, a été mise en lumière d’une manière positive, et cela pour les deux glandes annexes, — foie et pancréas, — par deux observations fondamentales : la découverte mémorable de CI. BErNarD (26). qui attira l'attention des physiologistes sur le rôle du pancréas ; l’expé- rience de DasTRE (75) sur la fistule cholécysto-intestinale, qui démontra si élégamment l'importance de la bile. «Chez le Lapin, écrit BERNARD, le conduit pancréatique se déverse à 30 centimètres au-dessous des conduits biliaires © 124 ÉMILE-F. TERROINE \ et, quand on ouvre l’abdomen pendant la digestion des ma- tières grasses, on voit les vaisseaux chylifères blancs, c’est- à-dire remplis de graisse émulsionnée, se manifester d’une manière intense seulement au-dessous de l'insertion du con- duit pancréatique. » Cette observation tant de fois répétée, dont les conclusions furent âprement discutées, fut le point de départ des conceptions physiologiques sur le rôle du pan- créas dans la digestion des graisses. Le pancréas était-il le seul organe intéressé? C’est ce que DASTRE rechercha en réalisant expérimentalement sur le Chien l'inverse de ce que la nature a fait chez le Lapin,en ce qui regarde l’abouchement des canaux sécréteurs du foie et du pancréas. Chez le Lapin, le canal pancréatique principal s'ouvre à 3 centimètres au-dessous du cholédoque ; pendant le parcours de toute une portion de l'intestin, les aliments sont done baignés uniquement par la bile. Chez le Chien, bile et suc pan- créatique se déversent au même point. DASTRE pratique alors sur le Chien l'opération de la fistule cholécysto-intestinale.« Les deux canaux de la bile et du sue pancréatique s'ouvrent maintenant en des points éloignés l’un de l’autre... C’est iei le canal pancréatique qui s'ouvre le plus près de l’estomac, dans le duodénum, tandis que le conduit biliaire débouche fort loin du premier, dans l'intestin grêle, à 60 centimètres ou à 1,50. » Aïnsi, pendant tout un long parcours, les aliments vont être soumis à l’action du suc pancréatique seul, alors que,dans l’observation de BERNARD sur le Lapin, ils étaient soumis à l’action de la bile seule. Or, que constate-t-on chez les animaux ainsi opérés et sacrifiés quelques heures après l’ingestion d’un repas riche en graisses : la transparence des chylifères dans tout l'intestin grêle jusqu'à l’'abouchement de la fistule biliaire, l'injection des chylifères et leur lactescence complète, 15 centimètres en aval de la fistule dans un cas, 25 centimètres dans un autre. | Les observations de BERNARD et de DASTRE s’oppôsent- elles? Nullement. Bien au contraire, elles se complètent, et l’on ne peut qu'eccepter la conelusion formulée par DASTRE [l PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOIDIQUES 125 en 1890, restée entière depuis, malgré des critiques de détail : «Si l'observation de CI. BERNARD sur le Lapin semble indi- quer que la bile seule est impuissante, chez le vivant, à digérer les corps gras, d’un autre côté, mes expériences apprennent que le suc pancréatique seul est tout aussi impuissant à les émulsionner. Les deux sucs du pancréas et du foie auraient chacun leur rôle dans l'absorption des graisses. » Le problème qui se pose alors à nous, dont l'examen a suscité tant de recherches et de controverses et loin d’être résolu à l'heure actuelle, DasrRe le formule avec une par- faite précision : « Fixer le rôle respectif du suc pancréatique et de la bile dans la résorption des graisses, ou plus exacte- ment l'importance relative de ces deux liquides. » C’est ce que nous allons essayer de faire en examinant successivement les deux catégories de recherches in vivo et in vitro que nous retrouvons constamment. Quel est le retentissement sur la digestion et l’absorption des graisses de la suppression : 19 de la bile ; 20 du suc pan- créatique ? Quelles sont les actions exercées in vitro sur les graisses neutres par le suc pancréatique et la bile ? $ A. — Retentissement de la suppression de la bile sur la digestion et l’absorption des graisses. Pour s'opposer à l’écoulement de la bile dans l'intestin, deux procédés ont été mis en œuvre : 1° La ligature du cholédoque ; 20 L’écoulement de la bile au dehors par le moyen d’une fistule biliaire. 1°Ligature du cholédoque.— Après ligature du cholédoque chez un petit Chien, Rocxatx (268) constate que la propor- tion de graisses rejetées, lors d’une alimentation ordinaire dont 1l ne donne pas la composition, passe de 8 à 12 p. 100 des matières fécales sèches. LEMIERRE, BRULE, WeiLL et LauDAT (485) notert que, trois heures après un repas riche en beurre, la teneur en acides gras du sang n’est pas modifiée chez des Chiens à cholédoque lié, 126 ÉMILE-F. TERROINE alors qu’elle augmente considérablement chez des animaux normaux. Cette observation est de peu de valeur, Comme l’a vu HEDoN, la traversée gastrique est considérablement ralentie lorsque la bile ne se déverse plus dans lintestin, L'absence d'augmentation du taux des acides gras du sang, trois heures après un repas, peut donc n’être le résultat que d’un ralentissement des processus digestifs. Au surplus, la ligature du cholédoque entraîne avec elle trop de phénomènes morbides autres que des troubles de Ja digestion pour qu'on puisse tirer des conclusions bien pré- cises des modifications qu'elle provoque. Aussi la majorité desexpérimentateurs a-t-elle préféré, à juste raison, étudier des animaux dont la sécrétion hépatique est entraînée au dehors, 20 La fistule biliaire. — Quatre méthodes d'investigation ont été employées pour juger du retentissement exercé sur l'absorption des graisses par la suppression de l’arrivée de la bile dans l'intestin lors de l'établissement d’une fistule biliaire : l'examen histologique de la muqueuse intestinale; l'observation des chylifères et l’étude de la lymphe; la re- cherche des graisses dans les matières fécales; la recherche des graisses dans le chyme recueilli par fistule de l'intestin. &. EXAMEN HISTOLOGIQUE DE LA MUQUEUSE INTESTINALE. — LEwin pratique chez des Chiens une fistule de la vési- cule biliaire et ligature le cholédoque. Les animaux ainsi opérés reçoivent 350 grammes de crème. Les cellules de leur muqueuse intestinale, prélevées quelques heures après eette ingestion, ne renferment aueune gouttelette graisseuse. b. OBSERVATION DES CHYLIFÈRES ET ÉTUDE DE LA LYMPHE. — Ainsi que nous l’avons rappelé tout à l’heure, DASTRE montre, chez des Chiens à fistule cholécysto-intestmale, que les chylifères apparaissent seulement quelques centimètres après d'abouchement de la fistule dans l'intestin. Lorsqu'il pratique une fistule de la vésicule biliaire avec écoulement complet de la bile au dehors, Dasrre (76) observe alors que les: chylifères sont encore parfaitement blancs après l’ingestion de lait; par contre, bien que gonflés, 1ls ne présentent plus aucune coloration lors d’une alimentation avec des graisses neutres autres que celles du lait. PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOIDIQUES 127 HEpon note tout d’abord, chez les animaux à fistule biliaire,une prolongation considérable du séjour des aliments dans l’estomac : dans deux expériences, les matières ingérées se retrouvent en totalité dans l'estomac cinq heures après le repas. Une observation, faite huit heures après la dernière ingestion, chez un animal ayant pris en vingt-quatre heures trois repas contenant chacun 50 grammes d’axonge, montre la présence de chylifères «nettement lactescents depuis le pancréas jusqu’au gros intestin ». D'autre part, la Iymphe recueillie par fistule du canal thoracique est fortement laï- teuse et coule abondamment. Elle contient 2 p. 100 de graisses. c. RECHERCHE DES GRAISSES DANS LES MATIÈRES FÉCALES. — Sur un Chien normal, C. Voir (335) observe un rejet de 1 p. 100 lors d’une alimentation contenant quotidiennement - de 150 à 250 grammes de graisse ; un animal à fistule biliaire en rejette 60 p. 100. Les observations de Ronmanx (269) apportent des résultats très voisins. Muxx (239), désireux de ne pas prêter à l’objection qui pouvait être élevée contre les expériences de Vorr et de RoOHMANN, à savoir qu'ils opéraient sur des animaux non rétablis, étudie l’absorption des graisses chez un Chien muni d’une fistule biliaire depuis plus de six mois. Il constate que, pour une ration de 58,50 par kilogramme d'animal et par jour, la graisse de Porc est absorbée à raison de 67 p. 100 ; le suif à raison de 36 p. 100 pour une ration de 3 grammes. Dasrre montre qu’en l'absence de bile les graisses du lait peuvent être encore absorbées à un taux très élevé, environ 62 p. 100 des quantités mgérées. HEDON et VILLE, travaillant sur des Chiens dont la fistule biliaire a été réalisée deux mois auparavant, constatent une assez grande différence dans la capacité d'absorption des graisses du lait et des autres corps gras : dans le cas du régime lacté, l'absorption est d’environ 60 p. 100 ; dans le cas d’un régime de viande et d'huile d'olive, elle n’atteint que 45 p. 100. A côté de ces recherches, il n’est pas sans intérêt de placer les observations d'ALBU(5) sur une femme porteuse de 128 ÉMILE-F. TERROINE fistule biliaire et en excellent état de santé. Ce sujet résorbe 63,9 p. 100 dans le cas d’une ingestion de 1018r,8 ; 69 p. 100 dans le cas d’une ingestion de 3568r,4 ; 61,7 p. 100 dans le cas d’une ingestion de 918r,2. d. RECHERCHE DES GRAISSES DANS LE CHYME.— WIEDEMANN (346) récolte le chyme qui s’écoule par fistule de l’iléon chez un animal porteur, en outre, d’une fistule biliaire; il compare la teneur en graisse de ce chyme à celle d’un chyme récolté dans des conditions identiques sur un animal de contrôle sans fistule biliaire. Chez l’animal normal, on retrouve 8 p. 100 de la quantité introduite lors de l’ingestion de lait et 74 p. 100 lors de l’ingestion de graisse de Porc ; chez l’animal à fistule biliaire, la quantité retrouvée est de 83 p. 100 pour le lait, de 100 p. 100 pour la graisse de Porc. Ce dernier chiffre, qui dénoterait une absence complète d'absorption, est d’ailleurs peu cohérent avec toutes les observations antérieures. Quelle que soit la méthode expérimentale employée, tous les faits concordent donc pour montrer que la suppression de la bile entraîne une diminution importante de l'absorption des graisses, moins marquée dans le cas du lait, mais ne con- duit cependant pas, à beaucoup près, à l'abolition de toute absorption. De l’ensemble des données numériques apportées, il ressort, — à une exception près, — qu'en moyenne 90 p. 100 des oraisses peuvent encore être résorbés en l’absence de bile. C'est dire, par là même, que la bile n’est pas le seul agent préparant à l'absorption et qu'il nous faut chercher, dans le suc pancréatique, une autre cause de ce phénomène. $ B. — Retentissement de la suppression du pancréas sur la digestion des graisses. Pour préciser l'influence exercée par le pancréas sur la digestion des graisses, deux catégories d'expériences ont été réalisées : 10 La suppression complète du pancréas ; 20 La suppression de l’écoulement du suc pancréatique / PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOIDIQUES 129 dans le tube digestif, accompagnée LÉ d’une ablation partielle du pancréas. 1° Suppression complète du pancréas. — Lors de la sup- pression du pancréas, l'absorption des graisses se poursuit- elle normalement? Est-elle, au contraire, totalement suppri- mée ou simplement diminuée? C’est à ces questions qu'ont essayé de répondre les chercheurs en pratiquant cette difficile opération de l’ablation totale, opération que CL BERNARD, n'ayant pas alors les ressources de l’asepsie, n'avait pu réussir. Mais, si les questions posées sont identiques pour tous les expérimentateurs, les procédés employés par chacun d'eux comme mesure de l’absorption sont très variables : examen histologique de la muqueuse, observation des chylifères, qualité de la Iymphe, teneur en graisse des résidus de diges- tion, 1l y a là une série de recherches que nous devrons exa- miner successivement. a. EXAMEN HISTOLOGIQUE DE LA MUQUEUSE INTESTINALE. — À un Chien ayant subi l’ablation totale du pancréas, LEewin prélève la muqueuse duodénale cinq heures après l’ingestion de crème; il ne trouve pas trace de goutte- lettes grasses dans les cellules épithéliales des villosités, alors que dans les mêmes conditions, chez l'animal normal, ces cellules en sont remplies. C’est là un fait assez surprenant, car nous constaterons plus loin l’unanimité des chercheurs, depuis ABELMANN, pour accepter la possibilité de l'absorption des graisses du lait en proportions élevées après dépancréa- tisation totale. Les faits avancés par LEWIN sont,au surplus, en contradiction avec les observations de HEDoN. Sur des Chiens dépancréatés recevant une alimentation riche en axonge, HEDON constate la présence de «granulations graisseuses en quantité plus ou moins grande dans l’épithé- . lium et le corps des villosités ». b. OBSERVATION DES CHYLIFÈRES ET ÉTUDE DE LA LYMPHE. — Sur des Chiens et des Porcs auxquels ils ont enlevé la presque totalité du pancréas, Coin et BérarD (22, 23) observent, lorsque ces animaux sont en pleine digestion de graisses, l'aspect lactescent des chylifères. La citerne de Pecquet, le ANN. DES SC. NAT, ZOOL., 10e série. AV, 9 130 | ÉMILE-F. TERROINE canal thoracique renferment un chyle blanc laiteux. Mais les opérés se maintenant pendant des mois en parfaite santé, c'est dire que la dépancréatisation était loin d’être totale, ce que BÉRARD et CoLIN reconnaissent volontiers, car ils écrivent : « Essayer l’extirpation complète, c'eût été faire preuve de peu d'intelligence et compromettre sans aucune compensation la vie de l’animal. » Autrement importants et significatifs dans cet ordre de recherches sont les travaux de HEDoN. Après avoir pratiqué en deux temps l’ablation complète du pancréas chez le Chien, HEDON observe qu'après une ingestion abon- dante de viande et d’axonge le chyle «était si laiteux qu'il ne paraissait pas différer du chyle provenant d’une digestion normale, et le dosage montra qu'il renfermait une quantité de graisse relativement élevée (3,55 p. 100)». Toutefois, pour une même alimentation, des animaux normaux auraient présenté une teneur en corps gras du chyle notablement plus élevée. ZawiLski (352) signale que, chez le Chien, cinq heures après un repas gras, le chyle peut contenir jusqu’à 14,6 p. 100 de graisses. De lobservation de HEpon, il convient donc de retenir qu'une absorption des corps gras peut encore avoir lieu chez l'animal dépancréaté, absorption vraisemblablement plus faible, cependant, que chez un sujet normal. C. ÉVALUATION DES GRAISSES NON ABSORBÉES. — L’éva- luation de la quantité de graisses que l'organisme ne peut absorber en l’absence du pancréas a été faite par trois procé- dés : par l’analyse du contenu intestinal, par l'analyse des ma- tières fécales, par l’analyse du chyme à la fin de la digestion. «. Par l'analyse du contenu intestinal. — Après avoir pra- tiqué sur des Chiens l’ablation totale du pancréas, VAUGHAN HarLey (128) sacrifie ces sujets quelques heures après leur avoir fait ingérer une quantité déterminée de lait. L'analyse de la totalité du contenu digestif décèle la présence d’une quantité de graisse plus élevée que la quantité ingérée, alors que la même technique permet de mettre en évidence, chez le sujet normal, une absorption de 36 à 76 p. 100 en trois à quatre heures, de 65 à 86 p. 100 en sept heures. PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOIDIQUES 1931 6. Par l'observation ou l'analyse des matières fécales. — D'’anciens observateurs avaient noté, à plusieurs reprises, de Ja stéatorrhée après l’ablation du pancréas. CoLin et BÉRARD en nient cependant l’existence, à la suite de leurs ablations sur le Chien, le Canard et l’Oie. Mais comme ils n’observent non plus n1 émaciation, n1 perte de poids, ni aucun des phéno- mênes que nous savons être si caractéristiques de l'absence totale du pancréas, leur négation n’est point à retenir. La pancréatectomie totale enfin réalisée par MINkowskr permet à ABELMANN (3) de nous apporter les premières observations précises sur l’influence qu’exerce cette opération -sur l’absorption des graisses. ABELMANN compare l'extrait éthéré total des fèces à la quantité de graisse ingérée ; il con- clut à une absorption nulle dans le cas de l’axonge, de l'huile -d’olive, à une absorption notable dans le cas des graisses du lait et qui peut atteindre jusqu’à 53 p. 100. Si l’ablation du pancréas est incomplète, alors la graisse du lait peut être absorbée à raison de 80 p. 100 et les autres graisses à raison de 50 p. 100. Sans doute, comme l'ont fait remarquer les observateurs subséquents, les résultats d’ABEL- MANN sont entachés d’une erreur assez grave, car 1l y a bien autre chose que des corps gras dans l'extrait éthéré total des matières fécales. Il n’en reste pas moins que deux faits ont “été mis en lumière, et nous allons les trouver confirmés par la suite : la très grande importance du pancréas pour la digestion de la plupart des corps gras ; la possibilité, pour les graisses du lait, d’être absorbées en proportion notable sans l'intervention du pancréas. Reprenant cette étude, HEDON et Vire rectifient les données d’ABELMANN et montrent en particulier que, chez l'animal sans pancréas, l'absorption de graisses telles que l’axonge n’est pas nulle, elle peut atteindre jusqu’à 18 p. 100. Toutes les recherches ultérieures sur ce point apportent des données de même sens, sinon de même grandeur. RosENBERG (271) constate que, si l’on enlève le pancréas par portions successives, l’ablation de la dernière portion est aussitôt suivie par une diminution considérable de l’absorp- tion. 132 ÉMILE-F. TERROINE BruGscx (54) observe un rejet de 50 p. 100 pour les. graisses du lait, de 79,5 p. 100 lors d’une alimentation de viande et de beurre. GIGANTE (118) conclut à une absorption de la graisse de Porc de 28,96, 37,06, 16.06 p. 100 suivant les sujets étudiés. . JANSEN (154,155), qui, pour la première fois, dans ce genrede recherches, utilise la méthode de KuüumAGAwA-Suro, retrouve dans les matières fécales de 43 à 78 p.100 de la graisse de Pore ingérée. Parfois même, fait qu'il y a lieu de rapprocher des. observations rapportées tout à l'heure de VAUGHAN HARLEY, la quantité rejetée est plus élevée que la quantité mgérée. Toutes ces études concordent donc pour nous obliger à con- clure que,si l’onne retrouve pas, dans les matières fécales, la totalité des graisses ingérées, une quantité importante y est présente, manifestant par là même qu’en l’absence du pan- créas elle n’a pu pénétrer dans l’organisme. y. Par l'analyse du chyme recueilli par fistule. — En dehors des réserves qu'il convient de faire sur les résultats d’études dans lesquelles les corps gras ont été dosés avec des méthodes. autres que celle de KumaGawa-Suro et qui comportent, comme l’a montré InABA (151), dans le cas des matières fécales, dé graves fcauses d’erreur, la technique qui consiste à s'adresser aux matières fécales pour déterminer la quantité: de corps gras que l’organisme ne peut absorber n’est pas. exempte de critique. Une destruction des graisses dans le aros intestin peut parfaitement être le fait des bactéries qui y pullulent. Or, dans certains ces, le séjour des matières dans le gros intestin atteint une durée considérable. RocHaix note chez le Chien qu'il n’a vu réapparaître qu'après onze jours les résidus d’un repes. Si, de plus, ce séjour est différent chez l’animalopéréet chez l’animal normal, — et nous savons justement qu’une atteinte du pancréas modifie la vitesse de parcours du tube digestif par les aliments, — une partie des phénomènes observés ne pourra être légitimement rapportée à la présence ou à l'absence du pancréas. Aussi la méthode des fistules qui permet la récolte du chyme à différentes hauteurs du tube digestif doit-elle venir eon- trôler les résultats acquis par l'examen des matières fécales. PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOIDIQUES 133 _ Après avoir constaté que, seule, l’extirpation complète de la glande peut permettre d’affirmer en toute sécurité l’ab- sence de suc pancréatique dans le tube digestif, HoLm- BERG (145) recueille le chyme s’écoulant par fistule 1léo- cæcale et y retrouve, lorsqu'il s’agit d’un Chien ayant subi une pancréatectomie totale, la presque totalité des corps gras ingérés dans le cas de la graisse de Porc, — 98r,9 recueillis sur 10 grammes ingérés, — et une quantité très importante dans le cas de la graisse du loit, — 87 p. 100 dans une expé- rience et 73 p. 100 dans une autre. Il n’est donc pas douteux, au total, que tout concorde pour nous obliger à accorder au pancréas un rôle extrêmement important dans la digestion des graisses. 20 Suppression de l’écoulement du suc pancréatique dans l'intestin. — La suppression complète du pancréas provoque, sans aucun doute, un trouble profond dans la digestion des matières grasses, lesquelles, pour la plupart, ne sont plus alors absorbées que dans une proportion très minime. Mais le pancréas est une glande à fonctions multiples. Est-ce bien à la suppression de sa sécrétion externe, plus pré- cisément à la suppression de l'écoulement de cette sécrétion dans l’intestin qu'est due la déficience d'absorption qui suit toujours l’ablation du pancréas. C’est ce qu'il convient main- tenant d'examiner. Pour conserver en place tout ou partie du pancréas, afin d'empêcher le développement des phénomènes morbides généraux que la disparition de cet organe entraîne tout en s’opposant à la pénétration dans l'intestin de sa sécrétion externe, trois procédés ont été employés : a. L'obstruction des canaux par des matières oblitérantes diverses ; ; b. L’entrainement de la sécrétion au dehors : ce. La ligature ou la résection des canaux sécréteurs. a. OBSTRUCTION DES CANAUX PAR INJECTION DE MATIÈRES S0- LIDES. — Ne pouvant, comme nousl’avons vu, conserver les ani- maux auxquels 1l pratiquait une ablation totale et désireux cependant d'apporter, par la méthode d'exclusion, de nou- veaux éléments de preuve sur le rôle du pancréas qu'il venait / \ 134 ÉMILE-F. TERROINE de mettre en lumière, CI. BERNARD essaye de supprimer sur place cet organe en injectant dans le canal des matières grasses : huiles, axonge, suif, ete... On assiste alors à une fonte progressive des tissus, et la glande se réduit à ses seuls conduits. Dans celle de ses expériences qui purent être réussies, c’est-à-dire quand la durée de survie fut assez longue, BER- NARD constata la présence de graisses en quantités énormes dans les sell:s. L’autopsie, faite au cours de la digestion, permet l’observation de vaisseaux chylifères lactescents ; le chyle du canal thoracique présente ses caractères ent, Scairr (284) injectant de la paraffine, ne trouva, par contre, aucune modification. Mais HEDON, puis THIRo- Loix (325), ce dernier par l'injection de charbon ou de suie de cheminée en suspension dans l’huile de vaseline ou l'huile d'olive, confirment dans leur ensemble les faits avancés par Cl. BERNARD : pendant les Jours qui suivent l’opération, les selles sont graisseuses, puis peu à peu la situation s’amé- liore et la digestion paraît redevenir normale. A la vérité, cette méthode n’a pas donné ce qu’en atten- dait CL Bervarn. Les observations faites ne permettent aucune conclusion précise ; elles resteront toujours sous le coup de la critique très clairement formulée par HEDoN :. « Quant à la destruction du pancréas, il est difficile de l’obte- nir d’une manière rigoureusement complète par la méthode des injections de corps gras dans les canaux excréteurs ; et d’ailleurs, cette destruction, fût-elle totale, n’autoriserait pas encore une conclusion trop absolue, car, en raison de la len- teur avec laquelle elle s’effectue, on pourrait émettre l’hypo- thèse, pour expliquer le retour à l’état normal, que les autres sécrétions digestives acquièrent à la longue une action vica- riante. » b. ExCRÉTION DU SUC AU DEHORS — BÉRARD et Cozix font écouler au dehors, par le moyen d’une fistule permanente, le suc pancréatique d’un Ruminant. Ils recueillent ensuite le chyle par fistule du canal thoracique, chyle dans lequel ils constatent la présence de quantités importantes de matières grasses. Et dans des conclusions approuvées par l’Académie de médecme, ils déclarent que p | 4 s 4 1 Ë PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOIDIQUES 139 «le suc pancréatique n’est nécessaire ni pour l'absorption dcs corps gras, ni pour la formation d'un chyle émulsionné ». Malheureusement pour l'exactitude de leurs conclusions, BérarD et Corn avaient négligé les canaux pancréatiques accessoires. Or, bien qu’à l’objection qui leur en était faite ils aient répondu que le petit conduit n'existe qu'une fois sur quatre, et qu'au surplus il est si petit «qu'autant dire que la Seine peut être suppléée par la Bièvre », 1l est cepen- dant incontestable que des expériences de ce genre, dans lesquelles la sécrétion qui peut s’écouler par les canaux ecessoires n’est pas prise en considération, sont sans valeur. Nous savons, en effet, maintenant, que le pancréas peut pré- senter non seulement un, mais souvent deux et parfois trois canaux accessoires [Sinn (294), Hess (440, 141)], et nous savons aussi, nous l’allons voir tout à l’heure, que la sup- pression partielle du suc pancréatique ne modifie que passa- gèrement et médiocrement l'absorption des graisses. La même objection vaut contre les conclusions de WEIN- Mann (342), qui, chez des Chiens à fistule pancréatique per- manente recevant une alimentation grasse abondante, ne retrouve pas de graisse dans les matières fécales. RosenserG (274) constate que, lorsque «un tiers du pancréas est normal et la sécrétion s’écoulant dans l’intestin, il n’y à aucune modification profonde et durable de la digestion ». Pratiquant une fistule permanente du processus uncinatus et l’extirpation du reste de la glande, LomBroso (198, 199) recherche les graisses dans les matières fécales par la méthode de KumAcawa-Suro et en retrouve, après une alimentation riche en beurre, 20,88 p. 100 de la quantité ingérée chez Vanimal qui peut lécher le suc écoulé par la fistule ; 36,34 p. 100 et 35,74 p. 100 .chez les animaux qui ne peuvent lécher leur fistule. FLecksener (4014), enlevant tout le pancréas depuis la portion splénique jusqu’au grand canal excréteur et abou- chant ce canal au dehors, constate une absorption du sain- doux peu différente, —de 62 à 72p. 100 des quantités ingé- rées, — que le produit de sécrétion soit recueilli et enlevé, ou 136 ÉMILE-F. TERROINE qu’il soit réintroduit dans le tube digestif par suite du léchage de la fistule. Ces faits permettent-ils d’accepter, comme le veulent Lomgroso et FLECKSEDER, l'existence d’une action du pan- créas par sa simple présence, indépendante de celle qu'il exerce par sa sécrétion externe ? Notons tout d’abord que ces auteurs ne vont pas jusqu’à refuser tout rôle à la sécrétion externe, bien loin de là. Leurs chiffres montrent, en effet, que, lorsqu'ils estiment qu’au- cune trace de suc pancréatique ne pénètre plus dans l’intestin, Fabsorption a sensiblement baissé, la proportion de graisses rejetées atteignant 30 à 40 p. 100. Si lon veut bien se rappeler que, lors de la suppression totale du pancréas, on observe, —— toujours d’après la méthode qui consiste à calculer l’ab- sorption en déduisant des quantités ingérées les quantités rejetées, — une absorption d'environ 20 p. 100, la suppression simple de la sécrétion externe entraînerait, d’après les chiffres de LomBroso et de FLECKSEDER, une diminution de 50 p. 100 de la puissance globale du pancréas. Mais alors, peut-on tout au moins admettre que le pancréas intervient pour la moitié de son action dans l'absorption des graisses, par un mécanisme autre qu'en déversant le suc pan- créatique dans l’intestin. Tout d’abord, il convient de noter que les travaux de BurkHarDpT (58) sont loin d'apporter une confirmation complète des résultats de LomBroso et de FLECKSEDER. BurkHARDT pratique une ablation partielle, mais très éten- due, du pancréas; puis, par une fistulepermanenteilfait écouler au dehors le suc sécrété par la partie restante. Des Chiens, ainsi opérés reçoivent une alimentation contenant 20 à 60 grammes de beurre par jour. S'ils peuvent lécher leur fistule, ils absorbent jusqu’à 79 p. 100 de la graisse imgérée ; s'ils en sont empêchés, le suc étant ainsi définitivement écarté de l'organisme, l’absorption tombe à 13 p. 100. D'autre part, ést-on bien sûr, dans de telles expériences, qu'aucune quantité de suc pancréatique ne s'écoule dans l’in- testin? Nullement. HozMBErG (loc. cit.) conclut, en effet, à la suite d'épreuves sur les propriétés protéolytiques du Fe J PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOIDIQUES 137 contenu intestinal, que le seul procédé permettant sûrement l'éloignement de l'intestin de toute sécrétion du pancréas, c’est l’ablation totale de cet organe. Mais la quantité si faible de suc pancréatique qui pourrait être déversée dans les expériences de LomBroso ou de FLECKSEDER est-elle donc en mesure de jouer un rôle important? Sans aucun doute. HoLMBERG, qui suit l'effet de la disparition du suc sur la composition du chyme, observe qu'après ablation des deux tiers de la glande des phénomènes de compensation se produisent très rapidement par le pancréas lui-même ; bientôt la digestion des graisses reprend un cours presque normal et atteint 88 p. 100 dans le cas du lait. Brucscx (54) nous apprend également que, dans le cas d’ablation subtotale, lorsqu'il reste un morceau de 2 à 3 centimètres de long sur un demi-centimètre de large, ce morceau possédant un canal excréteur communiquant avec l’intestin, l'absorption des graisses du lait est de 80 p. 100 et qu’elle est assez importante aussi dans le cas de lhuile d'olive. Sans doute, on a tenté de lever toutes ces objections en montrant que, tant qu'il reste dans l’organisme un morceau de pancréas, même n'ayant plus aucun rapport avec le tube digestif, l'absorption des graisses peut avoir lieu alors qu’elle diminue considérablement dès que l’ablation de la glande est totale. Dans un premier temps, JANSEN (154, 155) enlève à des Chiens une partie du pancréas et laisse le processus unct- naius qu'il transplante sous la peau. Dans ces conditions, la graisse de Pore se retrouve dans les fèces, à raison de 23,6 à 25,1 p. 100 de la quantité ingérée. Après l’enlèvement total, les quantités rejetées varient de 43 à 70 p. 100. GiGAnTE (118) obtient des résultats presque identiques. Mais ici l'opération est faite en deux fois, et 1l s’écoule un temps prolongé entre les deux interventions : l’animal étudié par JANSEN est dépancréaté partiellement le 12 juillet et totalement le 5 août. Les essais d'absorption ne sont com- mencés que le 18 juillet. L’objection de HEDoN reprend ici sa valeur : une vicariance a pu se produire. Est-elle impos- sible? Non pas, car LomBroso lui-même fait remarquer, au 138 ÉMILE-F. TERROINE cours de son étude sur le suc intestimal, que, dans certains cas, «la lipase entérique est capable de pouvoir exercer une action vicariante non indifférente vis-à-vis du suc pancréatique » Il convient de noter en outre que, des expériences mêmes de LomBroso, ressort le fait que l’absorption des matières azotées est diminuée dans la même proportion que celle des graisses lors de l’ablation mcomplète du pancréas avec écou- lement de la sécrétion au dehors : 79,97 p.100 lorsque l’animaÿ peut se lécher, 65,18 et 61,30 lorsqu'il ne le peut pas. Ces diminutions identiques ne montrent-elles pas que les deux processus, — absorption des graisses et absorption des sub- stances azotées, — sont sous la dépendance de la sécrétion externe du pancréas susceptible d’être partiellement com- pensée par l'intestin. Et, si l’on admet que c’est à la simple présence du pancrées qu'est due l'absorption encore élevée. des graisses, lorsque tout le suc s'écoule au dehors, pourquei ne pas l’admettre aussi dans le cas des matières azotées ? Au total, ce que cette catégorie d'expériences établit d’une manière incontestable, c’est que la suppression de l’écoule- ment du suc pancréatique dans lintestin, même s'il reste une quantité de pancréas suffisante pour s'opposer à l’appa- rition des phénomènes diabétiques, entraîne une dimmution considérable de l'absorption des graisses. Par contre, les faits, bien que fort intéressants, apportés par LomMBroso, FLECKSEDER, JANSEN, GIGANTE, ne nous paraissent pas être de nature à nous faire dès maintenant admettre sans réserve un rôle du pancréas dans l’absorption des graisses autre que celui qu'il joue de per sa sécrétion externe. ©. LIGATURE OU RÉSECTION DES CANAUX. — « Si On he, dit CI. BERNARD, les deux conduits pancréatiques, ou mieux, si on lie le canal pancréatique supérieur en même temps que l’on introduit dans le canal pancréatique inférieur, qui est le plus gros des deux, un tube d'argent, de manière à per- mettre l'écoulement du suc pancréatique sécrété, et à empêcher ainsi la distension des conduits et leur rupture, om verra, après un temps suffisant, que les vaisseaux chylifères ne se remplissent plus de graisse et conservent un aspert ” at e. fh shdamiés” PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOIDIQUES 13% transparent dû à la Iymphe seule» (Mémoire, p. 84). Frericxs (107) contesta l'observation de BERNARD, en montrant qu'après hgature en masse du pancréas et intro- duction de lait mélangé de graisse les chylifères sont lactes- cents. Mais la ligature en masse n’est pas un moyen sûr de s’opposer à l'introduction du suc dans l'intestin ; d’autre part, le temps écoulé entre la ligature et l'expérience était trop faible pour pouvoir affirmer que l’intestin ne contenait pas encore une certaine quantité de suc préalablement sécrété: en fin le lait était mal choisi, puisque ses graisses sont émulsion - nées et paraissent avoir beaucoup moins besoin que d’autres du concours du suc pancréatique pour être absorbées. Binner et ScamipT (30) font ingérer du beurre à des Chiens et à des Chats auxquels ils ont préalablement ligaturé le canal de Wirsung ; ils voient le canal thoracique rempli de chyle blanc. Mais l’oubli de s'opposer au déversement du suc pancréatique par les canaux accessoires enlève toute valeur à leurs observations. Hergsr (137) constate, chez des Lapins à canal pancrée- tique lié et ayant ingéré du beurre, l’aspect lactescent des chylifères, mais n'échappe à aucune des critiques ci-dessus formulées. Corn et BERARD (loc. cit.) ligeturent le canal pancréatique et, quatre à cinq jours après, injectent de l’huile dans lintes- tin. On voit, au bout de trois à quatre heures, se produire un chyle blanc opaque. Le même essai ayant permis la même observation sept mois après la ligature, ils concluent que «le fluide pancréatique n’est nécessaire n1 à la digestion, n1 à l'absorption des matières oresses », conclusion herdie, car, d’une part, ils n’avaient pas lié les canaux accessoires et, d’autre part, comme l’a montré BERNARD, une ligature posée sur le canal de Wirsung tombe en très peu de jours, et la com- munication entre pancréas et intestin se rétablit. Plus récemment, alors que VisenTint (333) observe, à la suite de la ligature et de la résection de deux canaux pancrée- tiques chez le Chien une stéatorrhée évidente quis’exprime par un rejet dans les matières fécales de 40 à 50 p. 100 de la graisse ingérée, par contre, LomBroso constate une absorption - 140 ; ÉMILE-F. TERROINE fort importante de la graisse de Bœufaprès ligature des canaux pancréatiques : chez un animal, les quantités rejetées at- teignent d’abord 78,8 p. 100, puis s’abaissent à 46,1 et à 22,1 p. 100 des quantités ingérées; chez un autre, elles sont suc- cessivement de 15,7 et de 8,1 p. 100 ; chez un troisième, de 24,2 puis de 14,5 p. 100. Mais, pas plus qu'aucun des autres résultats de même ordre apportés jusqu'ici, ceux de LomBroso ne peuvent échapper à l’objection qu'il s’écoule encore du suc pancréatique dans l'intestin. Les observations récentes de HEss (141) et de SINN renforcent d’ailleurs singulièrement la valeur de cette objection. HEss conclut, en effet, d’une étude anatomique très minutieuse du pancréas, que cette glande possède, non pas comme on le croyait généralement un seul canal accessoire, mais plusieurs. Le pancréas de Chien présente habituelle- ment trois canaux: le canal principal, qui se forme de deux branches; le canal accessoire, qui s'ouvre près du cholédoque, et un troisième situé entre les deux. Très souvent les canaux accessoires communiquent avec le canal principal. Parfois 11 existe un quatrième canal dans la portion descendante. On comprend alors, étant données ces constatations, qu'après ligature de deux canaux il y ait encore absorption, et l’on a en outre une explication toute naturelle du fait que cette absorption augmente d'importance au fur et à mesure que l’on s'éloigne de la date de l'intervention : peu à peu, em effet, le suc s'écoule en quantités de plus en plus grandes par le canal laissé libre. Hess (142) nes’est d’ailleurs pas contenté de ces observations anatomiques; 1l montra que la ligature partielle du système canaliculaire modifie fort peu l'absorption des graisses, cette absorption étant considérablement abaissée par la ligature totale. Lorsque la ligature comprend un canal sur deux, trois canaux sur quatre, deux canaux sur trois, l’absorption varie de 96 à 98 p. 100, c’est dire qu'elle est normale ; lorsque tous les canaux sont liés, l'absorption est de 47,3 et48,4p. 100. Les faits observés par Sirnn (294) sont exactement iden- tiques. F Les expériences de LomBroso ne permettent donc pas de RP PE CD Ne PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOIDIQUES 141 réduire, comme on pourrait être tenté de le faire au premier examen de ses chiffres, à un rôle des plus médiocres, l’inter- vention de la sécrétion externe du pancréas. Il convient cepen- dant de retenir que, même après ligature complète des canaux, l'absorption peut attemdre 50 p. 100 de la graisse ingérée. A la vérité, toute cette catégorie de recherches est passible de trois critiques, qu'il est impossible d’écarter simultané- ment : - La présence de suc pancréatique dans l'intestin s1 les expé- riences sont faites trop tôt après la ligature ; La constitution d’une action vicariante s1 elles sont faites trop tard ; L'impossibilité à peu près absolue, malgré ligature ou résection de la totalité des canaux, d’être sûr, après un cer- tain temps, que le suc pancréatique ne pénètre pas dans le duodénum. HEDoN d’une part, TarroLorx de l'autre, ont formulé ces critiques en des termes qui nous paraissent irréfutables : «Après la ligature des conduits, si la graisse est ingérée trop tôt, on peuttoujours dire, pour expliquer un résultat positif, qu'il restait dans l'intestin du suc pancréatique des sécrétions antérieures, et, si les graisses ne sont fournies que plusieurs jours après l'opération, on peut supposer qu’une certaine quantité de suc pancréatique parvenait encore à l’intestin, par suite du relâchement ou même de la chute des ligatures » (HEDoN, loc. cit., p. 625). « Presque toujours, ainsi que l’a montré CI BERNARD, les canaux ligaturés, réséqués même, finissent par se rétablir. «Mauintes fois, nous avons pu vérifier cette assertion et suivre le processus de guérison. Lorsque, à la résection des canaux faite aussi largement que possible, on joint la séparation des deux organes, intestin et pancréas, dans une assez large éten- due, on n'empêche nullement encore le rétablissement des fonctions d’excrétion. A la place des canaux, on aperçoit une cavité kystique bridée en avant et en arrière par des replis péritonéaux adhérents. Cette cavité, qui communique avec les canaux pancréatiques manifestement dilatés, con- tient les ligatures » (THrRoLoOIx, loc. cit., p. 29). 4 42 ÉMILE-F. TERROINE Nous n’insisterions donc pas davantage sur les essais pour- suivis dans ce sens, si nous n’avions vu se reproduire à près de soixante ans d'intervalle, mais avec peut-être plus d’assu- rance encore, l’affirmation de BÉRARD et CoLiN que le suc pancréatique n’est pas intéressé dans l'absorption des graisses. LEMIERRE, BRULÉ, WELL et Laupar (185) déclarent en effet «que leurs expériences leur ont «permis d'affirmer mathéma- tiquement l'existence d’une absorption normale, malgré l'absence du suc pancréatique ». Une telle opinion commande un examen sérieux des résultats expérimentaux sur lesquels elle est appuyée. Quels sont donc les faits apportés par LEMIERRE, BRULÉ, Wet et LAUDAT? 10 Chez deux Chiens normaux ingérant du beurre en quan- tité non imdiquée, la teneur en acides gras du sérum passe de 6,54 avant le repas à 10,30, trois heures après, chez l’un; de 5,75 à 10,07 chez l’autre ; 20 Chez trois Chiens à cholédoque lié, la même recherche décèle une variation de 7,09 à 7,25, de 7,85 à 7,91, de 6,97 à 6,89 : 30 Chez trois Chiens à canaux pancréatiques réséqués, la même recherche décèle une variation de 6,30 à 9,85, de 6,68 à 10,01, de 7,07 à 7,25. Ces faits permettent-ils les conclusions formulées par les auteurs ? Les auteurs indiquant qu'ils ont dans tous les cas vérifié limperméabilité des canaux pancréatiques et l'absence de canal anormal, considérons comme levée toute objection rela- tive à la possibilité d’un écoulement de suc dans l'intestin, Il est toutefois étrange qu’au cours de leurs autopsies 1ls n'aient jamais constaté la présence de ce troisième canal, si fréquemment rencontré par Hess et Sinx. L’objection de la vicariance garde, par contre, toute sa valeur. Lors de la ligature des canaux pancréatiques, les essais sont faits, dans deux cas huit jours, dans un cas quinze jours après l’opé- ration. D'autre part, pour affirmer «mathématiquement », pour -employer le terme dont se servent les auteurs, une absorption mormale des graisses en l’absence du pancréas, quelle preuve 'É£e née àà PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOIDIQUES 143 fallait-il apporter? Que, pour une même quantité de graisse impgérée, l'absorption est quantitativement identique, que le suc s'écoule normalement dans le tube digestif ou que cet écoulement soit supprimé. La méthode employée ne peut permettre cette preuve. Que donne en effet l’examen du sang? Un chiffre qui résulte de deux phénomènes de sens inverse : l’intensité de l'absorption, la rapidité de la mise en réserve. L’hyperlipémie constatée au cours de la digestion nous donne l’image de la supériorité du premier phénomène sur le second. Si done, — et dans des conditions d’ailleurs bien précises, — la mesure de lhyper- Hipémie peut permettre une représentation de l'intensité rela- tive des phénomènes d’absorption, elle ne peut, en aucune manière, nous donner la valeur absolue de ces phénomènes, et c’est cependant cette valeur qui seule importerait ici. Une affirmation «mathématique » ne peut résulter de la mesure de l’hyperlipémie ; mais ce quecette mesure peut don- ner, c'est une présomption. Peut-on donc tirer des expériences des auteurs la présomption que le sue pancréatique n’inter- vient pas et que la bile est le seul agent important de l’ab- sorption? Cette présomption pourrait naître, du fait qu'il y a hyperlipémie, aussi bien en l'absence qu’en présence du sue paneréatique. Malheureusement, ce fait aurait dû être établi sur un même animal, et iln’en est pas ainsi dans les expé- riences de LEMIERRE, BRULÉ, WEILL et LaAupar. En effets non seulement lorsqu'on passe d’un animal à un autre, la capacité d'absorption intestinale peut notablement varier, mais encore et surtout varie aussi la réaction de l’organisme pour l'introduction d’une même quantité de graisses. Chez des animaux de même poids, de même taille, l’ingestion d’une même quantité de graisse est loin d’être suivie, au bout du même temps, par une même augmentation de la teneur en corps gras du sang, comme nous l'avons fréquemment cons- taté au cours de nos études sur l'absorption: c’est ainsi que, six heures après l’ingestion de 125 grammes de graisse de Porc, on trouve chez un Chien une augmentation de 08r,186 d'acides gras par 100 grammes de sang sec; 08,240 chez un econd ; 08,383 chez un troisième. C’est d’ailleurs là un fait 144 ÉMILE-F. TERROINE que BanG (15) vient de retrouver tout récemment; 1l écrit, en effet, après avoir poursuivi des recherches sur l'hyper- lipémie provoquée chez le Chien per l’ingestion de beurre, graisse qui est celle employée par les auteurs ; « quelques- uns présentent une plus grande hyperlipémie, d’autres une plus faible, et certains ne réagissent pas au beurre ». On ne saurait donc rapporter, comme le font LEMIERRE, BRULÉ, Weizz et LauparT, à une intervention expérimentale quel- conque ce qui peut n'être tout simplement qu'une caracté- ristique du sujet étudié. Les faits observés dans le cas de la ligature du cholédoque sont-ils plus démonstratifs? En aucune manière, car ils se heurtent, eux, à une objection relative au moment des prises. Les auteurs prélèvent le sang trois heures après le repas et ne justifient d’ailleurs pas le choix de ce moment, qui paraît au surplus assez mauvais. Si l’on veut avoir, par le dosage des acides gras du sang, une image de l’importance de l’absorp- tion, il y a intérêt à faire le prélèvement au moment où la grandeur de l'absorption dépasse de beaucoup celle de la mise en réserve. Or, ZAwILsKk1, Munx, montrent que c’est dans la sixième heure qui suit le repas que la lymphe est le plus chargée en corps gras; LATTES poursuit des recherches sur le sang entre la cinquième et la septième heure, et nous- mêmes avons établi que le taux le plus élevé des acides gras du sang se rencontre six heures après le repas. Mais il y a plus. Rien ne permet de comparer, fût-ce sur un même animal, ce qui n’est pas le cas, la teneur en acides gras du sang au même moment chez l’animal normel et chez l’ani- mal opéré. En effet, comme nous l’avons indiqué précédem- ment, HEDON constate, lors de la suppression de lécoule- ment biliaire dans l'intestin, une durée de séjour dans l'estomac . considérablement augmentée ; parfois, cinq heures après le repas, la presque totalité des aliments est encore dans lestomac. Qui nous dit alors que l'augmentation en acides gras du sang, nulle après trois heures, n’aurait pas été im- portante après douze heures ; qui nous dit qu'il n’y a pas simplement retard dans l'absorption et non suppression, ce que toutes les expériences antérieures rendent bien vraisemblable, _ PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOIDIQUES 145 En fait, si troublantes qu'apparaissent au premier abord les affirmations de LEMIERRE, BRULÉ, WEILL et LAUDAT, leurs expériences ne nous apportent rien de plus que ce _que nous savions déjà : le trouble de l'absorption par la sup- pression de la bile et la possibilité d’une absorption lors de la suppression du suc pancréatique. Au total, — etsans prendre parti dans la question de savoir si la présence du pancréas agit par elle-même soit en per- mettant l'apparition de phénomènes de vicariance, soit par _,unesorte de sécrétion interne, ce que les faits jusqu'ici apportés ne permettent pas de décider, — un fait demeure incontesté : la suppression de l’écoulement normal de la sécrétion externe du pancréas dans l’intestin entraîne toujours une diminution considérable de l'absorption des graisses. Bile et suc pancréatique exercent donc tous deux une action de première importance dans l’accomplissement nor- mal de ce phénomène. $ C. — Action du suc pancréatique sur les graisses, On pourrait sans doute, conime l’on£ fait certains auteurs, s'adresser aux matières fécales, v déterminer les proportions de graisses neutres, d’acides gras et de savons, lorsque la sécrétion pancréatique s’écoule normalement dans lintestin et lorsqu'elle est supprimée et conclure de la présence ou de l'absence d'acides gras libres et de savons, dans le second cas, à la présence ou à l’absence d’un pouvoir saponifiant du sue pancréatique. La propriété que possèdent un bon nombre de micro- organismes de dédoubler les corps gras, les observations de EscnericH (92) montrant que des bactéries isolées de l'intestin du nourrisson peuvent saponifier les graisses du Jait à raison de 62,7 p. 100 pour le PB. coli et 36,19 p. 100 pour le B. subtilis, nous paraissent enlever tout crédit aux éon- clusions tirées de l’examen des matières fécales. Aussi nous bornerons-nous à examiner ici les propriétés manifestées par le suc pancréatique lors de son action &n vitro sur les graisses. ANN. DES SC. NAT. ZOOL.., 40e série. IV, 140 146 _ ÉMILE-F. TERROINE En 1834, EBERLE (86) observe que le suc pancréatique ‘émulsionne les corps gras. CI. BERNARD (loc. cit.), en même temps qu'il mettait en évidence par sa mémorable obser- vation le rôle important du pancréas dans la digestion des graisses, signalait les deux propriétés qui permettent de com- prendre ce rôle : le suc émulsionne les graisses, comme l’a vu EBERLE, mais en même temps il les saponifie. Lorsqu'une solution de beurre dans l’éther est additionnée de suc pan- créatique, elle acquiert rapidement la propriété de rougir la temmture de tournesol. BERTHELOT (27) confirme cette. action saponifiante du sue et la.montre s’exerçant sur un glycéride qu'il prépare synthétiquement, la monobutyrime. Longtemps cette propriété fut contestée. A la vérité, la plupart de ceux qui le firent néghigèrent, comme cela fut bien souvent le cas chez les contradicteurs de BERNARD, de refaire les expériences exactement dans les conditions précisées. En particulier, dans leur incapacité d'obtenir du suc, ils opérèrent sur des extraits, lesquels, suivant les conditions de prépa- ration, étaient tantôt actifs, tantôt inactifs. Il nous paraît absolument inutile de rappeler de tels travaux. Étant don- nées les différences que nous savons pouvoir exister entre les ferments présents dans le produit de sécrétion normale d’une . P P glande et ceux qu'il est possible d’extraire du tissu de la glande, continuer à signaler, — qu’elles 2ffirment ou qu’elles nient, — les recherches faites sur les macérations, alors qu'il est maintenant et depuis longtemps loisible à tous d’étudier: le suc lui-même, ce serait accumuler sans aucun intérêt d’inutiles données bibliographiques. Aussi, écartant délibé- rément tout travail poursuivi sur le tissu, nous contenterons- -nous d'examiner si les études faites sur le suc ont justifié les premières observations de BERNARD. Disons-le tout de suite : elles l’ont fait amplement, au delà même de ce que pensait BERNARD, quine voyait dans la saponification qu’un processus. des plus secondaires et sans orand intérêt physiologique. Trois types de sucs ont été étudiés : du suc pancréatique d’Homme, récolté à l’aide d’une fistule faite soit au cours d’une intervention chirurgicale, soit à 12 suite d’un trauma- tisme ; du suc pancréatique d'animal à fistule permanente : nn PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOIDIQUES 141 du suc pancréatique d'animal à fistule temporaire et sécrété soit spontanément, soit en réponse à des injections de sécrétine. 1° Suc pancréatique d'homme. — Herrer (139) étudie le suc pancréatique d’un sujet de quarante-sept ans, atteint d’un cancer du duodénum, et dont l'opération a amené la formation d’une fistule du canal de Wirsung. Additionné à de l'huile, ce suc provoque une émulsion immédiate et une acidification rapide. Huit gouttes de suc mises à agir pen- dant. quatre heures à 380-400 sur 08,9 d'huile d’olive neutre libèrent 08r,129T d’acide oléique isolé à l’état de sel de plomb. GLÆSssNER (119) recueille du sue dans des conditions analogues et fait des constatations identiques : 1 centimètre cube agissant à 400 sur 10 centimètres cubes d’huile d'olive hbère 24 p. 100 d’acide oléiqug en vingt-quatre heures. Au début d’une étude étendue sur les propriétés d’un suc humain, recueilli par suite de la rupture du canal pancréa- _tique par choc, BRADLEY (52) note un pouvoir saponifiant énergique à la fois sur l'huile et le butyrate d’éthyle. Sur une femme de querante-sept ans, dont le pancréas a été rompu par un choc, WouLGEmurx (350) recueille un suc, lequel, additionné à de l'huile d'olive à raison de 3 cen- timêtres cubes pour 10 centimètres cubes d’une émulsion à 50 p. 100, détermime en vingt-quatre heures, à 389, la for- mation d’une acidité neutrelisée par. 4ec,2 à o8e de N2OH N/20. 29 Suc de fistule permanente. — Il faudrait ici citer tous les travaux de l’école de PAwLow. BAKBIN (14), LinTwa- REW (191), Sawirscx (281), Warrxer (340) constatent tous le pouvoir saponifiant du suc de fistule permanente chez le Chien, et cela soit sur les graisses naturelles, soit sur la monobutyrme. Ils étudient minutieusement les variations de ce pouvoir sous l'influence des divers excitants de la sécré- tion pancréatique. 30 Suc de fistule temporaire. —Opérantsurle Lapin, Racx- FORD (265) recueille quelques centimètres cubes de sécré- tion spontanée. Mis à agir sur de l'huile à la température du / 148 ÉMILE-F. TERROINE corps, ce suc donne Indubitablement naissance à des quan- tités d’acides gras non négligeables. | La possibilité d’avoir du suc pancréatique facilement et en grande quantité, grâce à la belle découverte de BayLiss et STARLING (18), permet à de nombreux chercheurs une étude plus commode des ferments. LŒvENHART et Sou- DER (195) constatent l’action saponifiante du suc sur l'huile, le butyrate d’éthyle, les acétines. MorEz et TER- ROINE (236) observent que lé ferment saponifiant du sue pancréatique est très actif et étudient sa diminution au cours de sécrétions prolongées : un suc récolté au début d’une sécrétion et mis à agir sur de l'huile d'olive volume à vo- lume à 409 dédouble 30 p. 100 de cette huile en six heures. Lazou (175) retrouve des activités de même ordre. MEL- LANBY et WooLEey (224), ayant assez récemment repris une étude d'ensemble des ferments du suce pancréatique, con- statent, au début de leurs recherches sur la stéapsine, que Oce,5 de suc paneréatique mis à agir sur une émulsion d’huile d'olive à 50 p. 100 donne naissance en une heure à une aci- dité neutralisée par 3cc,8 de NaOH N/20, c’est-à-dire que la saponification a atteint environ 10 p. 100. Le suc pancréatique possède done, à côté du ferment He hydrolyse l’albumine et de celui qui saccharifie Pamidon, un enzyme très énergique qui saponifie les corps gras. Est-ce à cette propriété qu'il doit le rôle important joué par lui dans l'absorption? C’est là un point qui constitue l’objet de re- cherches exposées plus loin. $ D. — Bile. Tous les physiologistes sont maintenant unanimes à ad- mettre que la bile n’exerce, par elle-même, aucune action sur les graisses neutres : ni émulsion stable, ni solution, ni sapo- nification. En fait, on peut dire avec LamBrinGc (176) que «la bile ne peut exercer sur les aliments qu’une action tout à fait négligeable ». Mais alors comment comprendre son rôle indéniable dans l'absorption des graisses? Par l’existence de deux propriétés PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOIDIQUES 149 qui viennent, l’une seconder l’action du suc pancréatique et l’autre permettre aux produits formés par l’action du suc de pénétrer dans le torrent circulatoire : | 19 La bile multiplie considérablement les propriétés sapo- nifiantes du suc pancréatique ; 20 La bile dissout les produits de la saponification et peut ainsi les transiter à travers la paroi intestinale, 19 Action de la bile sur la saponification. — La première observation in oitro précise relative à l’action de la bile sur l'intensité de la saponification par le suc pancréatique parait bien avoirétéfaite par RAcHFoRD (loc. cit.). Ayant,comme nous l'avons vu précédemment, recueilli du suc pancréatique chez le Lapin et noté les propriétés saponifiantes de ce suc, RACH- FORD montre en outre que l'addition de bile prélevée dans la vésicule biliaire augmente considérablement la saponifi- cation, « De mes expériences, j'infère, écrit-il, que le suc pancréatique doit agir très rapidement dans les conditions favorables qu'il trouve dans le duodénum. Dans quelques- unes de nos expériences faites à la température de la chambre, de bons échantillons de suc pancréatique en présence de bile et d'acide chlorhydrique produisent sur l'huile d'olive neutre 9,9 p. 100 d’acides gras en deux minutes. » Bruno (55), étudiant du suc de fistule permanente de Chien, le trouve peu actif sur l'huile d'amandes douces; son activité est en moyenne quadruplée lorsqu'il est mélangé à un volume égal de bile. GLÆSSNER (loc. cit.) fait une constatation identique sur du suc pancréatique d’Homme mis à agir sur de l’huile d'olive, soit seul, soit additionné de bile. Alors que, toutes conditions égales d’ailleurs, le pourcentage des acides gras formés est de 22 lors de l’action du sue seul, il atteint 40 dans un mé- lange d’un volume de suc pour un demi-volume de bile. LœvenHaARTet SOUDER (Loc. cit.) observent en outre que cette activation du sue par la bile s’étend à toutes les substances saponifiées : glycérides (huile d’olive, triacétine) ou éthers (butyrate d’éthyle). La bile exerce donc une action favorisante manifeste sur la saponification des corps gras par le suc pancréatique. 150 ÉMILE-F. TERROINE 20 Dissolution des produits formés par saponification. — Non seulement la bile activela saponification des graisses, mais elle intervient encore, et c’est à ce double rôle qu’elle-doit sans aucun doute son importance quantitative dans l'absorption, en dissolvant les produits formés par la saponification. Marcer (208) en effet découvre, en 1858, que la bile pos- sède la propriété remarquable de dissoudre les acides gras. en quantités abondantes pour donner un liquide clair. Arr- MANx (6) confirme ce fait sans lui apporter cependant l de de données quantitatives. C’est à Mooreiet ses collaborateurs PARKER et Rocxwoon que revient incontestablement le mérite d’avoir appelé l’atten- tion des physiologistes sur l'importance de cette propriété de la bile. Moore et Rockwoop (229, 230) constatent en eftet que la bile de Bœuf, de Chien, de Porc, dissout des quantités notables d'acides gras : ainsi la bile de Bœuf dissout de 4 à 5 p. 100 d'acide oléique, de 2,5 à 4 + 100 du mélange des acides de la graisse de Porc, de 2,5 à 3 p. 100 des acides de la graisse de Bœ:f, de 1,2 à 5 p. 100 des acides de la graisse de Mouton. Moore et PARKER (228) établissent ensuite que cette pro- priétése retrouve dansles sels bihiaires, qu’elle est sensibilisée par la présence de lécithine, laquelle est elle-même soluble dans les sels biliaires, alors qu’elle est insoluble dans l’eau. Une solution de sels bihaires à 5 p. 100 dissout 0,5 p: 100 | d'acide oléique : la même solution, mais contenant en outre 1 p. 100 de lécithine, dissout 4 p.100 d’acide oléique. Des faits analogues se retrouvent pour les acides palmitique et stéa- rique, ces deux derniers corps étant toutefois moins solubles que l'acide oléique. Moore et PARKER signalent un autre fait des plus intéressants : les savons, qui sont très peu solubles dans l’eau et y donnent une solution opalescente, comme celle du glycogène ou de l’amidon, se dissolvent beaucoup mieux dans les sels biliaires et y donnent une solution claire. Il est très vraisemblable que les savons, qui présentent dans l’eau tous les caractères des substances colloïdales (A. MAYER, G. ScHÆFFER et E. TERROINE, 221, 222), donnent des so- lutions vraies en présence de sels biliaires. C’est là un fait que Y> + ne. sta 0 da bte 4 PES D PL DEP TS. EP AS ET it dr. DURE CPI PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOIDIQUES 151 nos recherches (Kazasouxorr et TERROINE, 159) sur la solubilité de la lécithine dans les sels biliaires, lesquelles con- firment entièrement les faits avancés sur ce point par MooRE et Parker et montrent en outre la transformation des émulsions aqueuses de lécithine en solutions vraies par ad- jonction de sels bilisires, rend des plus vraisemblables. On comprend tout l'intérêt d’une tell: constatation pour la com- : préhension du mécanisme de l'absorption. Les recherches, à notre sens si fécondes de Moore et de ses collaborateurs, laissaient cependant une question fort importante à résoudre : la bile dissout l'acide oléique en pro- portion notable, inais ne dissout par contre que fort médio- crement les acides palmitique et stéarique. Comment alors se peut faire l'absorption de ces deux corps? C’est ce que les recherches de PrLücer (252, 255, 256) nous, permettent de comprendre. Non seulement PFLÜGER confirme les données de Moore et Rocxwoop, mais il constate en outre deux faits de grande importance : - a. Lorsque la bile à dissous de l'acide oléique, la solution ainsi formée peut à son tour dissoudre des quantités d'acides stéarique et palmitique beaucoup plus élevées que ne pour- rait le faire à elle seule ia bile présente ; | b. Lorsque la bile est additionnée de carbonate de soude, ou, ce qui au total revient au même, de savon de soude, son pouvoir solvant est considérablement élevé. Ainsi 100 centimètres cubes de bile additionnés de 100 cen- timêtres cubes de CON:2 à 1 p. 100 arrivent à faire passer complètement en solution 198r,17 d’un mélange à poids égaux d'acides oléique et palmitique. La quantité dissoute est de 64,10 p. 100, la quantité transformée en savons de 35,90 p. 100. Dans l2 partie simplement dissoute, l'acide oléique figure pour 61,74 p. 100, l'acide palmitique pour 38,26 p. 100 ; dans la partie saponifiée, l’acide otéique figure pour 44 p. 100, Fa- cide palmitique pour 56 p. 100. D’autres essais nous montrent 100 grammes de bile addi- : tionnés d’olétte et de palmitate de soude dissolvant 17er,109 d'acides gres, dont 34,77 p. 100 d’acide palmitique et 65,25 p. 100 d'acide oléique; agissant sur un mélange d’acidesoléique "20 4 à 102 ÉMILE-F. TERROINE | et stéarique, cette même quantité de bile dissout 208r,102 d'acides gras, dont 5,95 p. 100 d'acide stéarique et 94,05 p. 100 d'acide oléique. Ainsi non seulement la bile intensifie la saponification direc- tement, mais encore elle l’accélère par le fait même qu’elle permet l'éloignement des produits de réaction. D'autre pert, par suite de son pouvoir de dissoudre acides gras et savons, elle peut véhiculer ainsi ces substances à travers la paroi de l'intestin et assurer leur pénétration dans l’organisme. Ces actions multiples de la bile peuvent nous permettre de comprendre l’importance que les études in vivo nous avaient amenés à assigner à cette sécrétion. * + * L'ensemble des études dont nous avons essayé de grouper les résultats dans cette section de notre travail nous paraît mettre hors de toute contestation le fait que le suc pancréa- tique, — et accessoirement le suc intestinal, — et la bile sont les agents de transformation qui permettent l’absorption des matières grasses. | É Est-ce à dire que tous les problèmes relatifs à la digestion des graisses sont définitivement résolus? Nous ne le croyons pas. L'accord est loin d’être réalisé, en particulier sur le fait que l'absorption a obligatoirement à sa base une transforma- tion en produits solubles. C’est dire par là même que l’aecord n'est pas réalisé sur l’importance qu’il convient de recon- naître au pouvoir sapomifiant du suc pancréatique. Est-ce là une propriété accessoire permettant la formation de la petite quantité de savons nécessaire à la formation d’une bonne émulsion ? Est-ce là au contraire une propriété fondamentale, la transformation en produits solubles étant indispensable pour l'absorption ? - C'est précisément en vue d'apporter de nouveaux éléments permettant d'apprécier l'importance de l’action saponifiante du suc que nous avons entrepris les recherches dont l’exposé constitue la section suivante. SECTION : II SUR LE ROLE DU SUC PANCRÉATIQUE DANS LA DIGESTION ET L'ABSORPTION DES GRAISSES. Si les physiologistes discutent encore sur l'importance relative de la sécrétion externe du pancréas, si certains d’entre - eux attribuent à cette glande une sorte d’action de présence assez mystérieuse sur l'absorption intestinale, cependant la presque unanimité accorde à l'intervention du suc pancréa- tique un rôle considérable dans la digestion et l’absorption des graisses. Il ne saurait donc être question de revenir sur la découverte de BERNARD, d'apporter de nouveaux arguments pour affir- mer le rôle du suc pancréatique. Il paraît également imutile de prolonger un débat sur la valeur relative de la bile et du suc pancréatique; nous avons vu ces deux sécrétions exercer des actions différentes de nature, mais sensiblement équivalentes quantitativement en ce qui regarde l’absorp- tion. Ce qui importe maintenant, c’est de préciser le rôle du suc pancréatique, le mécanisme de son intervention. Nous savons que ce suc exerce sur les graisses une action double : une action physique, il les émulsionne ; une action chimique, il les saponifie, C’est sur la question du degré d'importance qu'il convient d'attribuer à chacune de ces actions au cours de l’accomplissement normal des processus de digestion que se séparent les chercheurs. Pour les uns, — et telle était l'opinion de BERNARD, — le seul rôle physiologique du suc pancréatique réside unique- ment dans sa propriété d’émulsionner les corps gras ; pour d’autres, cette propriété est secondée par le pouvoir sapo- nifiant, la mise en liberté d'acides gras transformés en savons au contect de l’alcali du suc pancréatique aidant à la for- 15% ÉMILE-F. TERROINE mation des émulsions et favorisant leur stabilité; pour d’autres enfin, — et c’est le point de vue qu’a siremarquable- ment défendu PELÜGER, — le rôle fondamental du sue pan- créatique, c’est le dédoublement des corps gras aboutissant à la formation de produits solubles dans la bile. Dès maintenant, il nous faut remarquer que cette diver- gence n’aboutit à rien moins qu'à poser la question de savoir si les processus d'absorption sont les mêmes pour tous les: corps ou si, au contraire, il y a pour les graisses une manière distincte de se comporter. En d’autres termes, il s’agit de | déterminer si, contrairement à ce qui se passe pour toutes les autres -substances alimentaires, — hydrocarbonées et pro- téiques, — la résorption des corps gras se fait en nature, sans aucune modification chimique, ou bien, au contraire, s1 elle est précédée, comme c’est la règle, par un dédoublement, une hydrolvse. sue En faveur de la théorie de l’émulsion et du passage en nature, qu'invoque-t-on ? 19 La formation in vitro d’une émulsion stable par agitation d’un corps gras liquide avec le suc pancréatique; 20 La présence dans la lymphe de corps gras neutres et non de produits de dédoublement; 30 La présence, décelée par l'examen histologique, de gout- telettes de corps gras dans les cellules des villosités. Mais aucun de ces faits n’est démonstratif. 19 L’émulsion, à elle seule, n'est nullement suffisante pour permettre la traversée de le paroi intestinale : des éthers, tels que la lanoline, qui donnent des émulsions parfaites ne sont pas absorbés ; 20 La présence de graisses neutres dans la lymphe ne_per- met pas de repousser la possibilité d’un dédoublement préa- lable ; le dédoublement peut avoir été suivi par une synthèse opérée au cours de la traversée intestinale : on szit, en effet, qu'après ingestion de palmitate de céthyle on retrouve de la tripalmitme dans la lymphe (Munx et RosEnsrEIN, 240); 39 On ne peut, à l'heure actuelle, tirer aucune conclusion physiologique ferme des observations histologiques faites sur les corps gras, et cela autant en ce qui concerne l'absorption 4 ï PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOIDIQUES 195 que pour tout autre fait relatif au métabolisme des substances _ grasses. Les procédés dits de fixation, employés par les histo- logistes, ont toujours, en effet pour résultat une perte consi- dérable des corps gras contenus dans la cellule (A. Mayer et G. ScHÆFFER, 218, 219). Si donc les méthodes histologiques ne nous donnent aucune indication quantitative, elles ne nous fournissent, en outre, que de bien faibles indications que lita- tives : aucune ne peut nous permettre de déceler la présence mdubitable de graisses neutres à l'exclusion de tous produits de dédoublement, acides gras ousavons. Bien plus, 1l semble, au contraire, que les procédés habituels de coloration per- meftent simplement de manifester la présence ou l'absence de liaisons éthyléniques dans les acides gras. [l est donc impos- sible; avec les réactifs microchimiques utilisés jusqu’icr, d'affir- mer qu'une cellule contient des granulations constituées strictement par des graisses neutres à l’exelusion d’acides gras ou de savons. Au surplus, on peut dire que la doctrine du passage des graisses en nature, résultant de la seule action physique du sue pancréatique, est à peu près abandonnée de tous, tout au moins lorsqu'elle revêt un caractère absolu. Mais quels faits. positifs permettent d'établir là nécessité d’une trans- formation chimique préalable, d’une saponification ? 19 Le suc pancréatique agit in ettro très énergiquement sur les corps gras. Il ne s’agit pas là d’une action minime, ne mettant en liberté que des traces d’acides aussitôt transformés en savons par combinaison avec les substances alealmes du suc, mais bien d’actions extrêmement énergiques; 20 La saponifieation s'effectue réellement dans le tube digestif, comme nous l'avons céja rappelé : après une mges- tion de 100 grammes de graisse par un Chien muni d’une fistule jéjunale, les corps gras quis’écoulent par la fistule contiennent 40 p. 100 d’acides gras libres (Levires, 188) ; après un repes de vis on trouve dans l+ moitié supérieure du duodénum de 47 à 72 p. 100; dans la moitié mférieure, de 5 à 64 p. 100 d'acides gras libres (Sarro, 280); 30 Les corps qui jouissent de propriétés physiques ana- logues aux graisses, qui peuvent donner des émulsions très 156 ÉMILE-F. TERROINE fines, mais ne sont pas transformés en produits plus simples, ne sont pas absorbés : la lanoline (éther de la cholestérine), remarquable par son pouvoir de liaison avec l’eau, mais qui ne peut être saponifiée, n’est pas absorbée (Conn- STEIN, 68); dans un mélange intime de vaseline et de oeraisse de Pore, l’absorption porte uniquement sur la graisse, la vaseline est rejetée quantitativement (HENRIQUES et HAN- SEN, 136) ; les hydrocarbures du pétrole qui s’émulsionnent parfaitement en présence d’alcalis dilués, qui sont solubles dans les graisses et les solvants des graisses, qui sont fusibles à la température du corps, ne sont pas absorbés (BLoon, 38); 49 Les corps saponifiables qui contiennent des acides gras combinés à des alcools autres que la glycérine ne se retrouvent pas dans la Iymphe sous la forme ingérée ; leur combinaison a été détruite, ils ont donc subi une saponification totale : le palmitate de céthyle se retrouve à l’état de tripalmitine (Munx, 238) ; les éthers éthyliques se retrouvent à l’état de triglycérides (FRANK, 104) ; les monoglycérides se retrouvent à l’état de triglycérides (FRANK et ARGYRIs, 8); le dilaurate de mannite ne présente plus ses propriétés optiques caracté- ristiques ; bien qu'absorbé comme le montre la recherche dans les fèces, il ne l’a donc pas été en nature (BLoor, 39); 50 Enfin, et c’est là un fait particulièrement important, si l'on suit‘in vivo, par des dosages du contenu intestinal, : la valeur de l'absorption et l’intensité de la saponification, on s'aperçoit alors que les deux phénomènes varient paralle- lement (LEVITES, SAITO). Ainsi, le suc pancréatique jouerait done dans l’absorption des graisses un rôle initial, primitif, ayant pour résultat de transformer ces corps en substances solubles dans un autre produit de sécrétion, la bile, comme le soutient PFLÜGER. En accord avec les faits relatifs à la digestion et à l’ab- sorption des autres matériaux alimentaires, appuyée par de nombreux faits démonstratifs, cette explication n’a cepen- dant pas encore rallié aujourd’hui lunanimité des physiolo- oistes. Silathéorie de l'émulsion pure est abandonnée, quelques chercheurs admettent encore, — et l’on retrouve un reflet de cette opinion dans plusieurs traités classiques, — que le pou- 2 f LE ns dt cd On NP EE TE éd iséotiaiéihétéiet 1 PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOIDIQUES 157 voir saponifiant n’a d’autre résultat que la libération de petites quantités d'acides gras, dont la transformation subséquente en savons favorise l’émulsion. En conséquence, il nous a paru qu'il n’était pas sans Intérêt de reprendre expérimentalement cette question et de recher- cher si des arguments démonstratifs nouveaux ne pouvaient être apportés pour ou contre la nécessité d’une saponification préalable des corps gras. Pour nous, la question se pose ainsi : si la graisse n'est pas absorbée en nature, si une saponification préalable est néces- saire, sinon en totalité, tout au moins pour une part très importante, la facilité de la saponification conditionne l’in- tensité de l'absorption. Une graisse sera d’autant mieux absorbée qu’elle sera plus facilement attaquée par le suc pancréatique. Si donc une étude ën vitro peut mettre en évidence des diffé- rences très nettes entre les résistances qu’opposent divers corps oras à l’action saponifiante du suc, des différences de même sens doivent apparaître dans l'étude ir vivo de la valeur de l'absorption de ces mêmes corps gras. Cette hypothèse de travail une fois adoptée, notre re- cherche se subdivisait naturellement en deux parties : 3 I. Étudier la saponification ir ottro d’un certain nombre de graisses par le suc pancréatique, rechercher si la vitesse de saponification varie avec la nature des corps gras et, s’il en est ainsi, tenter de déterminer les facteurs qui la font varier; II. Utilisant les résultats obtenus, administrer aux animaux de l’espèce dont on a étudié le suc, des graisses de digesti- bilité variée let en suivre l’absorption. CHAPITRE PREMIER POUVOIR SAPONIFIANT DU SUC PANCRÉATIQUE VIS-A-VIS DE DIVERSES GRAISSES NEUTRES. Nous avons successivement étudié : 19 La saponification des glycérides constituant les corps gras les plus fréquemment utilisés dans l'alimentation ; \ 158 ÉMILE-F. TERROINE 20 La saponification d’un certain nombre de corps gras ! neutres naturels, graisses et huiles. ” Technique. La technique de ces recherches est exposée en détail à propos de notre : étude sur les conditions d'action de la lipase (section TIT). Nous n’y insis- terons donc pas ici. Rappelons seulement qu'elle consiste à mesurer, l'acidité formée par l’action d’une quantité déterminée de sue sur une quantité déterminée de corps gras, la digestion étant poursuivie à 400, sauf indication contraire. Lorsqu'on compare des corps gras entre eux, on s'adresse à des quan- tités équimoléculaires dans le cas des triglycérides, à une même quantité pondérale dans le cas des graisses naturelles. Les chiffres donnent le pourcentage de substance saponifiée, caleulé d’après la quantité d'acide théoriquement libérable dans le cas des gly- cérides purs, d’après l'indice de saponification dans le.cas des graisses naturelles. Tous les essais ont été poursuivis à l’aide de sue pancréatique de Chien. s $ A. — Saponification des triglycérides. Les triglycérides de beaucoup les plus fréquents dans les graisses naturelles sont des composés soit des acides gras saturés de la série CrH10*, soit de lacide oléique. En fait, chez l'animal supérieur, les graisses, sauf celles du lait, sont des mélanges de tripelmitine, de tristéarine et de trio- léine. Les graisses du lait présentent, par contre, une richesse beaucoup plus grande en acides gras: elles contiennent, outre de l’acide oléique, des représentants de toute la série. des acides gras saturés, depuis l'acide acétique jusqu’à l'acide stéarique. Quant aux huiles et aux graisses végétales qui entrent dans l’alimentation, elles sont également constituées par un mélange de trioléine et de divers glycérides d’acides gras saturés; certaines ne contiennent que les représentants supérieurs de la série; d’autres, telles que l'huile de noix de coco, par exemple, renferment en abondance des corps tels que la trilaurine. Il était done indispensable d’étudier la résistance qu'offrait à l’action du suc pancréatique les divers glycérides contenus. PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOIDIQUES 199 dans les graisses et huiles naturelles les plus connues ; aussi l'avons-nous fait en nous adressant tout d’abord à la série des glycérides d’acides gras saturés et ensuite au composé non saturé, la trioléime. 10 Triglycérides d'acides gras saturés. — Si l’on soumet à la digestion pancréatique la série des glycérides d'acides gras saturés, on voit, ainsi que cela résulte très nettement des résultats expérimentaux consignés dans le tableau XLVTIT, que ces corps sont attaqués avec une vigueur très mégale. : Et les différences constatées ne sont pas médiocres : après un même temps de digestion, la saponification de la trilaurme est de douze à vingt fois plus importante que celle de la tristéarine. TABLEAU XLVIII Action du suc pancréatique sur la série des triglycérides | d'acides gras saturés. NUMÉRO DES EXPÉRIENCES. (e IT. 111. PME \E Durée de l'action............ 24 heures. 24 heures. 24 heures. 28 heures. 24 heures. IPrAcétine rer el < 119 1479 Tributyrine 4 £ 22€ ? 16,6 Tricaproine DAT 15 2 reapryhne ME ART 6,0 249 45,6 Tricaprmine 2° 28,3 : 22 x HAtrannrmre Mit CT va 2,8 26, 5,8 30,7 Trimyristine AU De + 24,0 Tripalmitine ........ ,6 2, 10,0 Hristéarine 1: 5.1. 2%. é 155 4,3 Dans l’ensemble, la labilité des glycérides de cette série augmente progressivement jusqu'au terme trilaurine, pour diminuer assez rapidement ensuite. Il est curieux de noter que les glycérides de cette série, de beaucoup les plus fréquents et les plus abondants dans les corps gras naturels servant cou- ramment à l'alimentation, — tripalmitine et tristéarme, — sont aussi et de beaucoup les moins facilement attaqués par le suc pancréatique. 20 La trioléine. — Il nous a paru Imtéressant d'étudier la 160 . ÉMILE-F. TERROINE digestibilité de la trioléine, non pas seule, mais en la compa- rant au composé correspondant d'acide gras saturé, la tri- stéarine. Les résultats consignés dans le tableau XLIX mon- trent une attaque beaucoup plus énergique de la trioléime, Après un même temps d'action et dans les mêmes conditions, nous voyons la saponification de la trioléine atteindre treize fois (expérience I) celle de la tristéarine, TABLEAU XLIX Action comparée du suc pancréatique sur la tristéarine et la trioléine. NUMÉRO DES EXPÉRIENCES. \ À II. IV. Durée de l'action 6 heures. 22 heures. 28 heures. 24 heures. INISTÉATIMEREN ES Trioléine De l’ensemble des résultats acquis, se dégage donc le fait d’une labilité très variable des divers triglycérides vis-à-vis du pouvoir saponifiant du sue pancréatique. La trilau- rine subit, pendant un même temps de digestion, une sapo- nification dont le taux est environ vingt fois plus élevé que celui de celle subie par la tristéarine, dix fois plus que celui de la tripalmitine, et le double de celui de la trimyristime. D'autre part, le taux de la saponification de la trioléine est de sept à - treize fois plus élevé que celui de la tristéarine. Or, les graisses naturelles présentent quantitativement et qualitativement de grandes différences; quelques-unes d’entre elles (beurre) renferment la totalité des glycérides étudiés ; d’autres, quelques-uns seulement, mais dans des proportions extrêmement variables, comme permettent de le voir le point de fusion (d'autant plus élevé qu'est plus abondante la pro- portion d'acides gras saturés à hauts poids moléculaires) et l'indice d’iode (d'autant plus élevé que la proportion d’acides gras non saturés est plus grande). I y avait donc lieu de penser que les différences de nature / PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOIDIQUES 161 et de proportion des glycérides présents dans les graisses natu- relles commanderaient des différences correspondantes de digestibilité. Une telle manière de voir obligeait à une étude de l’action du suc pancréatique sur les corps gras naturels. $ B. — Saponification des graisses naturelles. Si l'hypothèse que nous venons d'émettre est exacte, l’at- taque par le suc pancréatique sera d’autant plus intense que la proportion en trilaurine ou en glycérides très voisins sera plus élevée. et, en comparant les corps gras constitués essen- tellement par des acides à hauts poids moléculaires, la diges- tion sera d'autant plus facile que la teneur en trioléine sera plus grande. Pour élucider ces questions. nous nous sommes adressés à trois catégories de corps gras : les huiles végétales, les graisses animales, les graisses végétales. 19 Huiles végétales. — Si l’on écarte les huiles très nette- ment siccatives, telles que l'huile de lin, qui contiennent en abondance des glycérides d'acides gras moins saturés que l’acide oléique, la plupart des huiles végétales, celles qui servent à l’alimentation, sont essentiellement des mélanges en proportions très variables de tripalmitine, de tristéarine et de trioléme. Elles se distinguent surtout par la propor- tion de trioléine manifestée par la valeur de l'indice d’iode. Nous avons donc comparé lentre elles quatre huiles, — de noix, d'olive, d’amandes douces et d’oœillette, — dont l’une, l'huile de noix, possède un indice d’iode élevé (145). Les trois autres présentent un indice d’iode qui varie de 80 environ (huile d'olive) à 100 environ (huile d’œillette). Il est bien entendu qu’en faisant une telle comparaison nous savons fort bien que nous n’agissons pas sur des mélanges connus ; nous n’ignorons pas en particulier que les variations dans l'indice d’iode ne sont pas dues uniquement à une pro- portion plus élevée d’acide oléique, mais aussi à la présence d’autres acides gras moins saturés, tels que les acides lino- léique, linolénique, ete. Dans l’ensemble, nous pouvons constater, d’après les ré- ANN. DES SC. NAT. ZOOL., 10e série. IV, 11 162 . EMILE-F. TERROINE sultats consignés dans le tableau L, que l'huile de noix est toujours la plus attaquée; mais la différence de labilité de ces huiles n’est pas suffisante pour qu’elles puissent être utilisées dans les expériences d’absorption que nous avons en vue. TABLEAU L Action du suc pancréatique sur les huiles végétales. ee — NUMÉRO DES " 1 | q [Ÿ EXPÉRIENCES ÿ ; ; : | Durée de digestion ....... 22 heures. 21 heures. 7 heures ( LGo). -22 heures. | Huile de noix. .... pe | 33,0 6,0 27,2 Huile d’ohive.....: 28,7 30,1 4,9 POELE Huile d'amandes te dOUCESL M Re 23,7 28,1 3,2 11965 Huile d’œillette... 24,9 277 2e 20,6 | 20 Graisses animales. — Sauf le beurre, qui possède une constitution toute spéciale, les graisses animales, tout au moins les graisses des dépôts, sont des mélanges de trioléime, de tripalmitine et de tristéarine. Nous avons choisi une série de ces corps différant entre eux par leur indice d’iode, c’est-à-dire par leur teneur en trioléine, bien qu'ici encore, quoique beaucoup moins que dans le cas des huïles végétales, on ne puisse totelement écarter la présence, parfois signalée, d’autres glycérides (linoléique chez le Bœuf, myristique chez le Porc) : les graisses d’'Homme adulte (indice d’iode 70), d’Oie (indice d’iode 68), de Poulet (indice d’iode 66), de Mouton et de Veau (indice d’iode 34-35), de Porc (indice d’iode 60). Étant donnés, en outre, l'intérêt que présente le beurre comme graisse alimentaire et l'avantage de son emploi dans les études d'absorption, par suite de la facilité de son imgestion, nous l'avons ajouté aux graisses précédentes pour en étudier égale- ment la digestion. | De l'examen des résultats réunis dans le tableau LL, ressort. très nettement une séparation entre deux catégories de graisses : celles à indice d’iode élevé (Homme, Oie, Poulet), celles à indice d’iode faible (Mouton et Veau), les premières étant beaucoup plus facilement attaquées que les secondes. PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOIDIQUES 163 Dans l’ensemble, le taux de la saponification des graisses à haut indice d’iode est deux fois plus élevé que celui de la -saponification des graisses à indice d’iode faible. TABLEAU LI Action du suc pancréatique sur les graisses animales. {Pendant la digestion, les mélanges étaient soumis à une agitation constante.) NUMÉRO DES EXPÉRIENCES Durée de l'action 8 heures (200). 8 heures (250), 10 heures (180). > À NN à NO M DAS DD EE © © À & 1 O9 QI ” = D’autre part, dans chaque groupe, il est également facile . de voir que les graisses ayant des indices d’iode très voisins . manifestent une manière de se comporter sinon identique, tout au moins très voisine vis-à-vis du suc pancréatique. Pas de différences très nettes, en effet, dans la première catégorie, entre les graisses d’Homme, d’Oie et de Poulet; dans la … seconde catégorie, entre les graisses de Mouton et de Veau. ” Ces résultats justifient donc notre hypothèse. Il existe cependant une exception inexplicable jusqu’à présent : c’est le cas de la graisse de Porc. Bien que présentant un imdice d'iode plus élevé que celui de la graisse de Mouton ou de Veau, elle est cependant beaucoup moins facilement attaquée. Étant donné le point de vue auquel nous nous sommes placés dans ce travail, il n’est pas sans intérêt de faire remarquer dès maintenant que LEVITEs, recueillant le chyme qui s'écoule par fistule intestinale chez le Chien après un repas gras, constate que ce chyme est toujours beaucoup plus riche en graisse, — ce qui traduit une absorption moindre, — après un repas contenant de la graisse de Porc qu'après l’ingestion d’une même quantité de graisse de Bœuf. 164 ÉMILE-F. TERROINE 30 Graisses végétales. — Nous nous sommes efforcés de faire porter notre choix sur des graisses végétales présentant entre elles de grandes différences de composition. Aussi nous. sommes-nous adressés à l'huile de laurier, dont le constituant principalest la trilaurine, mais qui contient en outre une pro- portion importante de trioléine ; à l'huile de noix de coco, qui contient des proportions très élevées de trilaurme et de trimyristine, à côté de petites quantités de glycérides d’acides gras volatils et de tripalmitine, tristéarine et trioléme ; à l'huile de palme, dont la composition est assez voisine de la précédente, mais dont la teneur en acide palmitique est peut- être plus élevée ; enfin au beurre de cacao, beaucoup plus riche que les précédents en acides gras à poids moléculaires élevés. Ici encore, les résultats consignés dans le tableau LIT — justifient notre point de vue: l'huile de laurier, constituée : essentiellement par les deux glycérides dont nous avons vu la facilité d'attaque par le sue pancréatique, — trilaurime et trioléine, — est de beaucoup la graisse la mieux saponifiée. Par contre, le beurre de cacao, riche en glycérides résistant à l’action du suc pancréatique, est relativement très peu attaqué. TABLEAU LII Action du suc pancréatique sur les graisses végétales. NUMÉRO DES EXPÉRIENCES III. Durée de l'action 22 heures. 7 heures (160). 21 heures. Huile de laurier É 17,4 Huile de noix de coco... 10, » Huile de palme........ 1259 Beurre de cacao. ...... ë 1257 Nous voyons done que, parallèlement à leur composition en glycérides, les graisses présentent des différences dans leur digestibilité 12 vitro par le suc pancréatique. A la vérité, un doute peut naître dans l’esprit sur le fait de savoir si les différences observées doivent être directement rapportées à la composition des corps gras ou si elles ne tiennent pas sim- PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOIDIQUES 165 plement à leur état physique. En eflet, une graisse à indice d’iode élevé, c’est en même temps une graisse liquide ou fluide (huiles, graisses d'Oie et d’'Homme); une graisse indice d'iode faible, e’est en même temps une graisse solide (Mouton, Porc, Bœuf, etc.). Une graisse riche en trilaurime et en trioléine, c’est en même temps une graisse à bas point de fusion (huile de noix de coco, 259); une graisse riche en glycérides d’acides gras supérieurs, c’est en même temps un corps à point de fusion plus élevé (beurre de caçao, 359). N'est-il alors pas plus simple de penser que les différences observées doivent être rapportées aux différences d'état phy- sique que commande la composition et non à la compo- sition chimique elle-même ? 40 Les différences de digestibilité des graisses tiennent- elles à une différence de composition ou à une différence d'état physique? — Il ne nous paraît pas qu'onsoit en droit de rapporter les différences de digestibilité observées à de simples différences d’état physique, et cela pour les raisons suivantes : 19 Bien qu'à 300 toutes les huiles végétales étudiées soient liquides, on n’en observe pas moins des différences nettes de digestibilité (tableau L) ; 20 Bien que les points de fusion de l'huile de laurier et du beurre de cacao soient à peu près identiques (aux environs de 339), on n'en observe pas moins une grande différence de digestibilité entre ces deux corps (tableau LIT) ; 30 Bien que les triglycérides saturés soient tous solides à 409 à partir de la trilaurine, on n’en observe pas moins de grandes différences entre la digestibilité de ce corps et de ses homologues. Donc, bien que présentant un même état physique, les corps gras peuvent être très différemment attaqués par le sue pancréatique. Mais on peut donner, du fait de l'indépendance de l’état physique, une démonstration plus directe et plus frappante. Si l’on poursuit, en effet, l’étude de l'attaque par le suc pancréatique des graisses végétales, soit à une tempé- rature où elles sont toutes liquides (40°), soit à une tempé- rature où elles sont toutes solides (160), soit à une tempéra- ture où l’une d’elles (huile de noix de coco, point de fusion 166 : ÉMILE-F. TERROINE / environ 250) est liquide et les autres solides ou à peine fluides, on constate que, dans tous les cas, l’ordre de digestibilité reste le même, ainsi qu'il ressort des chiffres contenus dans le ta- q bleau LIIT. (A côté des quantités saponifiées, on trouvera : l'intensité relative de digestion de chaque graisse par rapport. à la digestion du beurre de cacao prise comme unité.) TABLEAU:LIII Action du suc pancréatique sur les graisses végétales à différentes températures. NUMÉRO DES EXPÉRIENCES. de la digestion. Intensité relative de Ja \ digestion. substance saponiliée. Intensité relative \ digestion. Intensité relative Température Tr ———— Huile de laurier Huile de noix de coco Huile de palme Beurre de cacao Ainsi 1] nous semble que, dans une série de corps gras, l'intensité relative de la digestion par le suc pancréstique est, avant tout, sous la dépendance de la constitution de ces COrPS. Sans doute, la constitution des graisses naturelles, e’est-à- dire en abrégé le rapport des acides gras saturés aux non satu- rés, le point de fusion et la digestibilité constituent trois séries parallèles, Mais c’est la constitution qui parait commander directement à la digestibilité, et non par l'intermédiaire, de l’état physique qu’elle conditionne. Cette première partie de notre étude sur ce point établit. donc que les graisses peuvent présenter de très grandes diffé- rences dans leur résistance vis-à-vis de l’attaque par le suc pancréatique. Ces différences conditionnent-elles des diffé- rences de même sens dans l’absorption ? C’est ce qe nous | allons maintenant exeminer. LPHNAE* Ras see ere DER PME 1 ASC La hé SE Ce rar V4 PME se 4 1 + mA Ls PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOIDIQUES 167 ut, CHAPIFRE II Ro ABSORPTION DE DIVERSES GRAISSES NEUTRES. Les résultats auxquels nous venons d'aboutir dans nos recherches sur la digestibilité in eitro des graisses par le suc -pancréatique nous autorisentls à tenter des expériences permettant de répondre à la question posée : la valeur de l'absorption est-elle commandée par l'intensité de la sapo- _mification ? Pour.que de telles expériences soient possibles, 11 faut que : les différences de digestibihté observées soient suffisamment grandes; or, tel est bien le cas pour certains corps gras. S'il est inutile de comparer entre elles les absorptions des huiles … végétales dont la digestibilité varie peu, par contre, la comparaison pourra se poursuivre utilement entre l’huile de Jlaurier et le beurre de cacao, ou bien entre ks graisses d’Oùe, - de Mouton et de Porc. Nous avons, en effet, dans ces ces, observé des’ variations du simple au double. Au surplus, toutes les recherches antérieures faites sur l'absorption nous ont préc:ément appris que des graisses, = telles que celles de Porc ou de Mouton, présentaient une _ absorption relativement faible. Ainsi non seulement les ex- » périences sont possibles, mais encore le rapprochement des travaux antérieurs sur l’absorption avec la recherche actuelle sur la digestion permet de penser que notre hypothèse n’est pas sans fondement. Mais il ne suffit pas que l'expérience soit possible, que les résultats en paraissent démonstratifs, il faut encore que ces résultats ne laissent place à aucune autre interprétation. Or l'explication souvent donnée de l'absorption, — et cela qu’on accepte l'importance du rôle saponifiant du suc ou qu’on fasse simplement état de sa propriété émulsionnante, — est. que ce phénomène est sous la dépendance du point de fusion des corps ingérés. Comme la digestibilité et le point de fusion 7 DS nb en Le ain ve dde ti + Lu ÉD À. de nd ï jrs à 168 ÉMILE-F. TERROINE varient parallèlement, on pourra donc nous objecter que nous ne sommes pas plus en droit de rapporter les différences d'absorption observées entre les différents corps gras à la digestibilité qu’au point de fusion. C’est là une objection a priori, dont il faut reconnaître l'importance. Nous croyons cependant qu'on peut y échapper par le choix des graisses étudiées. En effet, dans le cas des graisses végétales, l'huile de noix de coco et le beurre de cacao possèdent des points de fusion voisins (respectivement 250 et 33° environ) et doivent être. tous deux parfaitement liquides dans l’intestin; leur digesti- bilité varie cependant du simple au double. Si nous trouvons une différence dans l’absorption de ces deux graisses, n’y aura- t-1l pas lieu de penser légitimement qu'elle peut être rap- portée à la différence de résistance à la saponification pan- créatique ? D'autre part, dans le cas des graisses animales, nous pou- vons précisément utiliser 11 l’anomelie signalée dans la digestibilité de la graisse de Porc. Il se trouve, en effet, comme nous l'avons signalé, que la graisse de Mouton, beaucoup moins fusible (490) que celle de Porc (400), est cependant mieux attaquée par le suc pancréatique. Ici l’ordre dans lequel les graisses se classeront d’après leur absorption permettra done de voir s'il est le même ou que l’ordre des points de fusion ou que l’ordre de digestibilité. Ces différentes considérations commandaient le plan de nos recherches. Nous avons étudié l'intensité de l'absorption sur le Chien, de deux graisses végétales : huile de noix de coco et beurre de cacao ; et de trois graisses animales : Oie, Mou- ton, Porc. Technique. I. — EXAMEN DES MÉTHODES EMPLOYÉES POUR L'ÉTUDE DE L'ABSORPTION. Jusqu'à ce jour, deux méthodes ont été employées ; toutes deux con- sistent à établir le bilan de la graisse absorbée, en évaluant la différence entre la quantité ingérée et la quantité rejetée soit dans les matières fécales, soit par une fistule intestinale. Tant au point de vue chimique PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOIDIQUES 169 qu’au point de vue physiologique, elles sont passibles de critiques assez nombreuses. $ 19 Critique chimique, — Nous ne pouvons, bienentendu,nousétendre sur la critique de toutes les méthodes proposées pour le dosage des corps gras, mais ce qu’on peut affirmer à la lumière des travaux de KumaGawa- Surto et de leurs élèves (Sximinzu, TAMURA, WATANABE), ainsi que des travaux ultérieurs de BERCZELLER, À. Mayer et G. SCHÆFFER, c’est qu'elles sont toutes défectueuses. En effet, elles comportent le plus souvent dans un premier temps le desséchage des matières à doser, Or Tamura (303) montre que, dans le cas de la viande, il y a, au cours du desséchement à 1009, une perte de 4,6 p. 100 en dix heures, 12,4 p. 100 en vingt heures, 15,8 p. 100 en trente heures en acides gras ; comment ne pas admettre que cette perte obser- vée dans le cas des tissus ne se produit pas pour les matières fécales ou le chyme ? Dans un second temps, on pratique un extrait éthéro-alcoolique, et certains auteurs (ABELMANN) considèrent comme graisses la totalité de cet extrait. Or nous savons, d’une part, que l’enlèvement de la presque totalité des corps gras ne peut se faire que par une extraction prolongée par l’alcool bouillant [Saiminzu (293), WaTaAnABE (341)]; d'autre part, qu'il y a bien d’autres substances solubles dans l’éther et l'alcool que des graisses, des acides gras et des savons. Au surplus, on trouve dans les travaux de Hepoxet VizLe (loc. cit.) la critique justifiée de la manière de faire qui consiste à comprendre en bloc comme graisses la totalité del’extrait. À joutons que, par suite de incertitude des méthodes de séparation des graisses neutres, des acides gras et des savons, à partir de l’extrait éthéré total, on n'obtient pas, ce faisant, une approxima- tion beaucoup meilleure. Dans une étude des plus minutieuses, InNABA (154) a d’ailleurs mon- tré toutes les erreurs commises dans le dosage des graisses des matières fécales au moyen de l’extraction éthérée, laquelle laisse une proportion importante de matières grasses, mais en même temps entraine des sub- stances autres que des graisses. Seule, la méthode de saponification totale (méthode de KumaGawa- Suro) permettrait d'obtenir la valeur initiale mdispensable à connaître avant toute distinction sur la nature des corps gras rejetés : la quantité totale des acides gras présents, indépendamment de la nature des com- binaisons dans lesquelles ces acides sont engagés (1). Employée récem- ment par JANSEN, LomBroso ainsi que nous l’avons précédemment in- diqué, cette méthode n’a pas, jusqu'ici, été appliquée au problème qui nous préoccupe. (1) Nous avons laissé de côté, dans cet examen critique, les méthodes dans lesquelles, après avoir récolté le chyme, on dilue, on chauffe et on recueille, après refroidissement, les graisses qui surnagent. Il va de soi qu’il n’y a pas grand compte à tenir des résultats ainsi obtenus. 170 ÉMILE-F. TERROINE 2°Critique physiologique. — a. MÉTHODE DE RÉCOLTE DES MATIÈRES FÉCALES. — L’objection principale qu'il y a lieu de faire à cette mé- thode, c’est la prolongation du séjour des résidus de digestion dans le gros Intestin. Rocarx (268)signale que, dans certains cas, exceptionnels: à la vérité, on à attendu quinze jours avant que l'animal ait rejeté les déchets de son repas d’épreuve. Or, pendant tout ce temps, les micro- organismes agissent, et ils peuvent agir énergiquement sur les corps gras. On sait, en effet, qu'après exclusion totale et du suc pancréatique et de là bile, une part importante des corps gras rejetés se retrouve à l’état d'acides libres. Bien qu'il y ait lieu de tenir compte de l’activité de Ja lipase intestinale, les conclusions formulées par Hepon et VILLE, à savoir que ce «dédoublement des graisses doit être rapporté sans hésitation à une fermentation microbienne », ont gardé toute leur valeur. Mais, si lon admet queles bactéries du tube digestif peuvent saponifier les corps gras, il y à tout lieu de croire, de plus, que leur action ne s’arrête pas là’; ils peuvent tout aussi bien dégrader complètement les graisses, comme ils le font pour les protéiques ou les hydrates decarbone. La quantité retrouvée dans les matières fécales dépendra done, pour une part impor- tante, de la durée d? séjour dans le gros intestin, et la mesure ainsi ABÈRSE n’a qu'une valeur très relative. b. MÉTHODE DE RÉCOLTE DU CHYME PAR FISTULE, — Cette seconde méthod: est sans conteste de beaucoup supérieure à la précédente ; mais elle présente cependant d'assez sérieux inconvénients. On n’a plus affaire ici à un animal normal, mais à un animal qui nécessite des soins particuliers, une alimentation spéciale. De plus, nous savons que toute atteinte à l'intégrité du tube digestif ou de ses annexes modifie la vitesse de progression du bol alimentaire. Toutes ces raisons nous ont fait rejeter ces divers procédés. IT. — TECHNIQUE EMPLOYÉE DANS NOS RECHERCHES. Pour fixer notre technique, il nous faut considérer et la nature dés résultats cherchés et les conditions que nous voulons réaliser. Nous n'avons nullement besoin de connaitre la quantité absolue de graisse absorbée après un repas contenant une quantité déterminée de corps gras ; ce que nous cherchons, c’est une mesure de l'intensité relative de l'absorption de différents corps gras chez un même animal normal. La totalité des graisses à la sortie ne nous intéressant pas dans ce cas, ce qu'il nous fallait trouver, c'était un test de l'intensité de Pabsorption au moment même de cette absorption. Les recherches de Neisser et BRAUNING (241), Hoppe-SryLer (147), Larres (1481), ete, nous ont amené à penser que nous pouvions déter- miner l'intensité de l'absorption par le dosage des corps gras totaux du sang. [1 nous reste donc à décrire la technique employée pour ce faire et en justifier les divers points. \ PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOIDIQUES 17€ 1° Description. — Chaque série de recherches est pratiquée sur un même animal (Chien), auquel on fait ingérer des repas contenant une même quantité de graisses variées. Cette ingestion représente une pre- mière difficulté, bien que la quantité de corps gras administrés soit toujours de l’ordre de celle que l’animal ingère spontanément (30 à 125 grammes), et bien que le Chien soit assez avide de corps gras ; cependant, ces ami- maux manifestent parfois une certaine répugnance pour des corps tels que l'huile de noix de coco, le beurre de cacao ou la graisse d’Oie. Pour faciliter l’ingestion, nous avons eu recours à différents procédés. Tout d’abord, et cela était d’ailleurs commandé par la nécessité d’avoir un animal à jeun, l’animal ne reçoit que de l’eau pendant les trente-six à quarante-huit heures qui précèdent l'expérience. Puis, suivant le goût de l'animal, les corps gras lui sont offerts sous des formes variées : ou bien additionnés à une pâtée épaisse de pain et de bouillon, ou bien mcor- porés dans des gâteaux de farine très sucrés, ou bien encore, dans le cas des graisses animales, administrés sous forme de hachis oùla graisse est mélangée avec une quantité assez abondante de viande maigre. Dans ce dernier cas, on dose sur un échantillon les acides gras, afin de déterminer la quantité de hachis que l'animal doit ingérer. En tout cas, dans toutes les expériences d’une mêr 2 série, le mode d’ingestion est le même, ainsi que le volume total du repas, afin d'éliminer autant que possible les différences dans la durée de l'évacuation gastrique. Pour déterminer la valeur de l'absorption, nous faisons le dosage des acides gras totaux du sang sur deux prises, l’une faite à jeun, l’autre de cinq heures et demie à six heures après le repas. Afin de conserver Pani- mal en parfait état de santé, tout en ayant du sang central, le sang est récolté par ponction dans le ventricule gauche. Pour cela, ôn introduit dans la région de la pointe du cœur, à travers la paroi thoracique, une aiguille qui pénètre dans la cavité ventriculaire, et avec une seringue on aspire doucement 20 centimètres cubes de sang environ; sermgue et aiguille ont été préalablement rincées avec une solution saturée de fluorure ou d’oxalate de soude. C’est là une procédé extrêmement simple, très rapide, auquel le plus souvent l'animal se prête fort bien et qui peut être, sans aucun inconvénient, répété un très grand nombre de fois. Le sang recueilli est immédiatement vidé dans un flacon taré ; on pèse aussitôt et on ajoute un grand excès d’alcool à 959 (5 volumes en- viron). Une petite partie du sang ({ centimètre éube environ) sert à [a détermination du poids sec. Le dosage des acides gras totaux du sang est fait par saponification après extraction alcoolique (méthode de KumAGawa-SurTo, modifiée par SHimipzu). Dans la première série d'expériences, on s’est contenté de déterminer la valeur de l'extrait total dans l’éther de pétrole. On sait térine par la méthode de Winpaus. Le chiffre d'acides gras est, alors 172 ÉMILE-F. TERROINE donné par différence (procédé de A, Mayer et G. Scuærrer) (Voir p. 14et 15). 2° Justification de la technique. — 4. PARTIE CHIMIQUE. — Il nous parait inutile d'apporter une justification nouvelle aux méthodes em- ployées:ellesontété en effet soigneusement établies et vérifiées[A. MAYER et G. Scxærrer (211), GrimBerrT et Laupar (123)]. Les ayant cepen- dant simplifiées sur un point, nous devons insister sur ce point. Dans l’ensemble, la méthode comprend deux temps principaux : 19 une extraction al:oolique ; 2° une saponification de l'extrait et du résidu. Or, le traitement du résidu d’extreation est très ,pénible; il nécessite une grosse quantité d’éther absolu; il allonge et alourdit con- sidérablement les opérations; nous l’avons supprimé, nous entenant au traitement de l'extrait alcoolique, lextraction étant prolongée pendant huit heures au moins. On sat d’ailleurs que les quantités non extraites sont extrêmement faibles ; aussi bien les essais ci-dessous montrent qu'elles sont négligeables dans nos expériences. Essai I. Essai IT. Essai IL: Poids des acides gras de l’extrait alcoolique... 0,137 0,1105 0,2325 Poids des acides gras contenus dans le résidu.. 0,002 0,0005 0,0055 POIASTO AL EE EE RE DER DISONS NAN 0,139 0,1110 0,2380 Pourcentage des acides gras du résidu par rapport atupoids total: RÉSISTER ENS, 1,4 0,4 2,3 b. PARTIE PHYSIOLOGIQUE. — x. Prise du sang. — Le procédé employé ne peut soulever aucune objection. [1 ne nécessite ni opération, ni anes- thésie, ni contention, et ne provoque aucun trouble. 8. Possibilité decomparer les expériences faites en série sur un même ant- mal. — Pour pouvoir comparer l'intensité d'absorption des différentes graisses, nous avons déterminé dans chaque cas l’augmentation de la teneur en acides gras du sang après le repas par rapport à la prise ini- tialé faite à jeun.Ainsiondonne à l'animal un repas contenant une quan- tité déterminée de graisse de Porc, par exemple, puis, quelques jours après, on répète la même expérience avec de la graisse d’Oie. La comparaison des augmentations dans chaque cas indiquait quelle était la graisse la mieux absorbée, Mais, pour que l’expérience soit valable, il est évident que l’animal expérimenté doit rester comparable à lui-même pendant quelque temps, c’est-à-dire que, après un même repas contenant une même quantité d’un même corps gras, il doit présenter une augmentation de la teneur en corps gras de son sang, non pas identique, bien entendu, mais sensiblement de même ordre, L'examen de nos résultats montrera. qu'il en est bien ainsi; mais nous pouvons dès maintenant donner la justification d’une certaine permanence du pouvoir d'absorption chez un même animal. A un même Chien, en parfait état de santé, on fait ingérer à deux se- PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOIDIQUES 173 maines de distance un repas contenant 125 grammes de graisse de Pore ; les chiffres ci-dessous montrent la constance des résultats : Teneur en acides gras de 100 gr. de sang sec. 3 juin 1913. 10 juin 1943. D TN IE REA EVER APN SE PTE TE 1,598 1,726 Srcheures apresile FÉDAS RATS an brel 1,838 2,018 AUOT ONE ETS Med e en ES SE 0,240 0,292 Nous avons donc la possibilité de comparer, sur un même animal, l'absorption de différents corpsgras. Bien entendu, il va de soi que nous ne pourrons tirer de conelusions valables que si les écarts sont impor- tants, s'ils dépassent ceux que nous venons d’observer pour un même corps gras, si le sens de ces écarts est constant. : En outre, pour éviter dans la capacité d'absorption des différences qui se produiraient infailliblement à la longue, nous avons toujours réalisé les expériences d’une même série dans le plus court intervalle de temps possible, y. Moment des prises. — Nous avons vu, dans la description de notre technique, que la seconde prise de sang est faite de cinqheures et demie à Six heures après le repas. Le choix de ce moment, que rien n’impose a-priort, doit être justifié. En principe, il serait évidemment préférable de suivre, par des prises assez fréquemment répétées, la marche de l'absorption pendant dix-huit à vingt-quatre heures après le repas ; mais le travail ‘deviendrait extré- mement pénible. En ce quiconcerne le choix de la sixième heure, on peut tout d’abord faire observer en sa faveur que c’est à ce moment que la lymphe est plus chargée en corps gras (Zawizsky, Muxx) et que les re- cherches sur le sang faites par LATTES l'ont été entre la cinquième et la septième heure. Nous n’avons pas voulu nous en tenir à ces indications, parce qu'elles n'étaient pas suffisammment précises, parce que rien ne prouvait que la teneur en graisses du sang atteignait son maximum pendant la sixième heure, quelle que soit la graisse ingérée. Nous avons donc faitsurce point précis des expériences dans lesquelles nous avons suivi, dans le sang, la marche de l'absorption des corps gras après ingestion de graisses de Pore, de Mouton, d'huile de noix de coco. On trouvera les résultats réunis dans le tableau LIV. 174 ÉMILE-F. TERROINE TABLEAU LIV Variations de la teneur du sang en corps gras au cours de l’absorption de graisses variées. EXPÉRIENCE I. EXPÉRIENCE II. ExPÉRIENCE III. INGESTION INGESTION INGESTION d’un repas contenant 30 gr. d'un repas contenant 125 gr. d'un repas contenant 125 gr. ‘ d'huile de noix de coco. de graisse de Porc. de graisse de-Mouton. PT Een eme CREED. RE NE TN A — Teneur Teneur Teneur en ‘en en extrait: acides c acides Moment toti] Moment gras Moment gras des prises. par des prises. totaux des prises. totaux 1 000 gr. par par de sang. 1000 gr. 1 000 gr. de sang. de sang. ATEN ee LE 09% PA Ten ZT ES 4 3,653 |A jeun.:5:.: 2,7 3,941 2h.45 ap.repas.| 4,17 |3h. après repas.| 3,690 |3h. 10 ap.rep:| #%,427 DRE MC SE AIBONT DER 4,036 |6h.10 — 5,113 EN de EE 4,31 |9h. ee 3,962 |10h.10 — 3,827 LAS MAR 4,18 MON 45 — 3,879 |25h. 30 — 4,078 | 25h45 — 3,379 Ê Ces expériences nous montrent que c’est toujours au cours de la sixième heure qui suit le repas que le sang présente sa teneur maximale en acides gras. Mais, en dehors de la justification qu’elles nous apportent, elles présentent d’autres résultats intéressants. Elles établissent en. effet que, si l'intensité de l'absorption varie avec la nature des graisses la marche est très semblable, l'augmentation de la teneur en acides gras du sang, généralement lente entre le repas et la troisième heure, est plus rapide entre la troisième et la sixième heure; puis, à ce moment, ya décroissance plus ou moins lente et retour à un point voisin de la valeur initiale (1). | A l’aide de la technique ci-dessus décrite, nous avons fait six séries d'expériences, dont on trouvera les résultats dans les tableaux LV, LVI, LVII, LVIII et LIX. o (1) On comprendra tout l'intérêt que présente pour nous, pour la signifi- cation des résultats qui seront consignés plus loin, la confirmation de notre ma- nière d’opérer, en ce qui regarde le moment des prises, qui se dégage des tra- vaux de BLoonr (40, 41). Boon reprend en effet l’étude de divers points relatifs à l’absorption des graisses par la mesure de la teneur du sang en acides gras. Les courbes montrant la variation du taux du sang en acides gras, après un repas de graisse, établissent nettement que c’est au cours de la sixième heure que le sang est le plus riche en corps gras. Elles montrent, d’ailleurs, le retour à l’état initial dans des intervalles de temps très voisins des nôtres. is as non ds: nt As PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOIDIQUES TABLEAU LV (Série 1). F79 » [Les valeurs représentent les teneurs en extrait total dans l’éther de pétrole (acides gras + cholestérine), calculées pour 1 000 grammes de sang frais.] Graisse ingérée. Exp. I. | ExP. II: | Exp. III. Mouton. Teneur en extrait total du sang de Panimal à jeun Augmentation Teneur en extrait total du sang 5 h. 30 après un repas compor- tant 30 grammes de graisse... Oie. TABLEAU LVI (Série Il). Beurre de «acao. 0,36 Exp. IV. Huile de noix de coco. (Les valeurs représentent les teneurs en acides calculées - pour 1000 grammes de sang frais.) Graisse ingérée, Teneur en acides gras totaux du sang de l'animal à jeun Teneur en acides gras totaux du sang 5 h. 80 après un repas comportant 50 grammes de DRASS a RTE Na ae ne. AUSNen LAON EME Exp. I. Mouton, Æ OX En Exp. II. 3,844 0,706 Exp. III. Beurre de cacao. © 2 [er] Exp. IV. Huile de noix] de coco. 176 ÉMILE-F. TERROINE ÿ TABLEAU LVII (Série IIT). (Les valeurs représentent les teneurs en ‘acides gras fixes rapportées à 100 grammes de sang sec.) Exp. I. Exe: Il. 2 exe DO IMERP AIVE Beurre Huile de noix Graisse ingérée. ; 1raisse Ingéree Mouton de cacao. de coco. Teneur en acides gras totaux du sang de l’animal à jeun 1291 Teneur en acides gras totaux du sang 5 h. 30 après un repas com- portant 100 grammes de graisse. 1,807 Augmentation 38: ! 0,188 TABLEAU LVIII (Série IV). (Mêmes indications que pour la série III.) Exe. II. Graisse ingérée. 4 Porc. Mouton. Oie, Tenerr en acide: gras totaux du sang de l'animal Jeune pen MNERERLE LEE 1,646 1,605 1,169 Teneur en acides gras totaux du sang 6 heures après un repas comportant 425 grammes de graisse. 220800 oc 23: DENR EEE NES CHE D COX NM AA PAU à LS LATE RER & ‘ 2 dr tp dl ln ne le Ve MS Tale CN LES RCE x LT / PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOIDIQUES 177 TABLEAU LIX (Séries V et VI). {Les valeurs représentent les teneurs en acides gras. Elles sont rapportées à 100 grammes de sang sec dans la série V ; à 1000 grammes de sang frais dans la série VI.) Exp. I. Exp. Il. Exe. Il. Graisse ingérée. Porc. Mouton. Mouton. Teneur en acides gras totaux de l'animal à jeun 1,598 1,554 Teneur en acides gras totaux du sang 6 heures après un repas comportant 125 grammes de graisse Augmentation Nos résultats expérimentaux nous permettent-ils une ré- ponse précise à la question posée? L'ordre dans lequel les oraisses se classent d’après l’intensité de leur absorption est-il le même que celui dans lequelellesse elassent d’après l'intensité de leur saponification in eitro par le suc pancréatique ? Rappelons que, lors de l’attaque in vitro, l'huile de noix de coco était digérée environ deux fois plus vite que le beurre de cacao ; ls graisses animales étudiées se clas- saient dans l’ordre suivant : Oie, Mouton, Porc. TABLEAU LX Augmentation de la teneur en acides gras du sang au cours de l’absorption de graisses variées. - QUANTITÉ ë ; HUILE de PORC. MOUTON. OIE. HAS de graisse ingérée. F0: [noix de coco. ame ne 2e Areisérie:: ‘30.gr.... 22.7 » 0,120 0,870 0,360 0,730 2€ série: .50 gr... » 0,290 0,706 0,240 0,680 3e série : 100 gr...... » 0,382 0,484 0,188 0,263 RÉISÉTIE A 25 OP... 0,186 0,350 1,062 » » HP Série: 1120-87... 540 0,240 0,289 | » » » GASOMC AE OST Eee 0,383 151172 ) » » ANN. DES SC. NAT. ZOOL., 40e série. IVe Le 178 F4. ÉMILE-F. TERROINE Si l’on veut bien examiner l’ensemble de nos résultats. résumés dans le tableau LX, on constatera que les expé- riences sur l'absorption donnent le même classement. On verra, en outre, que le rapport entre les graisses de Porc et de Mouton est le même pour l'absorption que pour la diges- tibilité et en sens inverse des points de fusion. Ainsi done, nous nous croyons en droit de conclure que le pouvoir saponifiant du sue pancréatique commande l'absorption. % Les résultats que nous venons d'exposer et qui nous portent à admettre un parallélisme entre l'intensité d'absorption de diverses graisses, d’une part, et la résistance que ces mêmes graisses offrent à la saponification par le suc étudié in vitro. d'autre part. constituent, surtout si l’on veut bien les rap- procher des faits acquis par Levires à l’aide d’une méthode expérimentale toute différente, un nouvel argument qui ne nous parait pas sans valeur en faveur de la thèse qui veut que les corps gras ne soient pas absorbés en nature, mais soient, au contraire, au moins pour une part importante, préalable- ment sa ponifiés. Bien entendu, il ne s’agit pas pour nous de conclure que le suc pancréatique est le seul agent nécessaire à l'absorption des corps gras. et nous ne remettons nullement en question le rôle de premier ordre joué par la bile dans ce phénomène. Mais la lipase pancréatique, activée d’ailleurs par la bile, nous paraît jouer un rôle chimique primitif et la bile un rôle physico-chimique secondaire, non comme importance, mais . dans le temps. En d’autres termes, ces recherches nous paraissent renfor- cer la manière de voir déjà s1 bien défendue par PFLÜGER, à savoir que le suc pancréatique transforme les graisses en corps solubles dans la bile. On comprend ainsi que cette transformation commande à la valeur de labsorption. . SECTION III LA LIPASE PANCRÉATIQUE. La saponification des corps gras est une opération primi- tive nécessaire pour l'absorption de tous ceux de ces corps qui ne sont pas solubles dans la bile : telle est la conclusion que l'analyse des phénomènes de digestion et d'absorption nous a amenés à formuler. Nous avons établi, d'autre part, que, si l’on rencontre dans le tube digestif des ferments saponi- fiants qui n'y sont pas déversés par le pancréas, s’il existe en particulier et sans aucun doute une lipase intestinale, ces ferments sont peu énergiques, qu'en fait c’est au suc pancréa- tique qu'appartient en propre le rôle de saponifier les corps gras. Une étude approfondie de la lipase pancréatique s’im- pose donc. On verra d’ailleurs, au cours de l’exposé même de nos recherches, combien peu de données ont été antérieure- ment apportées, — en dehors de l’action activante de la bile depuis longtemps connue, — sur les propriétés et les con- ditions d'action de ce ferment. Trois questions principales peuvent être envisagées dans l'étude d’un ferment : Ou bien ne retenant que la qualité d'agent catalytique et laissant de côté son origine biologique, on fait une étude physico-chimique de la réaction qu'il active, on détermine l’ordre de cette réaction, on recherche la loi d’action qui la caractérise. C’est à ce type d’études que se rattachent les recherches de V. Hewxr1(132),sur l’invertine, l’émulsine, lamy- lase ; CH. Pairocne (257) sur l’amylase et la maltase, ete. ‘Ou bien, s’attachant au fait que cet agent catalytique, lors de son action normale dans l'organisme, n’agit pas seul, mais est soumis à tout un ensemble de conditions, on examine l’mfluence de ces conditions sur la marche de l’action diasta- sique. C’est une telle étude, — analyse des conditions physio- 180 ÉMILE-F. TERROINE logiques d’action d’un ferment, — poursuivie partiellement au moins sur les propriétés saccharifiantes dusuc pancréatique, qui nous à permis de mettre en évidence la maltase de ce suc (H. Brerry et E.-F. TERROINE, 85, 36); la protection qu'ap- porte à l’amylase, contre le pouvoir destructeur de la trypsine, la digestion simultanée de l’albumine; l’action activante énergique qu'exerce sur la saccharification les acides aminés produits de dégradation des protéiques, normelement pré- sents dans l'intestin (E.-F. TERROINE et J. VEILL, 322). Ou bien enfin, frappé du fait qu'un ferment est un egent catalytique à action assez restreinte, qui peut faire un choix, et parfois un choix très fin, entre des substances de consti- tution voisine, attaquant les unes, inerte vis-à-vis des autres, on recherche quelle est l'étendue d’action de ce fer- ment, quels corps il hydrolyse et ceux qui résistent à son atteinte. Par là même, comme :l existe dans les organismes et dans les organes des familles de ferments, on s'efforce de caractériser chacun d'eux à l’intérieur d’une même famille, et l’on acquiert ainsi d'importantes données sur le rôle physio- logique que peut jouer le ferment considéré. Ce sont des recherches de cette nature qu'a poursuivies Brerry (34) et qui Jui ont permis, par exemple, d’établir la différence qui sépare la lactase des Mammifères de celle du sue gastro- intestinal d’Escargot, la première n’attaquant que le lactose, la seconde étendant son action à des corps tels que l’acide lactobionique et la lactosazone. Disons tout de suite que nous avons délibérément délaissé le premier groupe de recherches. Désireux avant tout de pour- suivre l'analyse des conditions physiologiques d’action de la lipase, nous n’avons pas voulu introduire dans ce travail des études purement physico-chimiques qu’une telle analyse ne commandait pas nécessairement. Sans doute, on trouvera. plus loin quelques indications relatives à l'influence de la con- centration de la substance à dédoubler sur la vitesse de réac- tion, données préalables indispensables à toute étude sur la nature de la réaction elle-même, mais qui ont été précisées bien plutôt pour établir la technique de nos recherches PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOIDIQUES 181 ultérieures que pour préluder à une étude physico-chimique pure de la lipase. Ce que nous avons voulu, € Re D'une part, préciser la nature et l'importance des condi- tions qui président à l’action normale du suc pancréatique sur le contenu intestinal; D'autre part, caractériser biochiquement la lipase pan- créatique en déterminant l’extension de son pouvoir sur tous les corps à fonction éther, et, si des différences sont consta- tées, essayer d’en préciser les causes. Deux chapitres bien distincts correspondront à ces deux groupes de préoccupations. Le premier, consacré aux conditions d’action de la lipase, portera sur l'étude successive des divers facteurs extérieurs au ferment lui-même et qui peuvent aider ou entraver son action : température, réaction du milieu, présence d’autres produits de sécrétion, ete., ete. Le second étudiera la variation du pouvoir saponifiant lorsque, s'adressant toujours à des corps à fonction éther, on fait varier tantôt le radical acide, tantôt le radical alcool, soit en élevant le poids moléculaire dans une même série, soit en modifiant simplement la structure de la chaîne, soit en introduisant des fonctions variées. Les résultats obtenus comparés à ceux que donne l'intervention d’autres agents catalytiques, comme l'acide chlorhydrique ou l'extrait hépa- tique, nous permettront de caractériser la lipase pancréa- tique. Technique. Toutes ces études ont été exécutées d’après un même plan général : on fait agir sur des corps gras du suc pancréatique soit seul, soit addi- tionné des éléments dont on recherche l’action, et on détermine l’inten- sité de la saponification par le dosage de l'acidité formée. Il convient donc, avant de passer à l'exposé des résultats, de préciser ici les techniques employées et, le cas échéant, de les justifier. Plusieurs points doivent être successivement envisagés : 19 Le mode d’obtention du suc pancréatique et la démonstration que le suc utilisé jouit de toutes les propriétés du suc naturel ; 20 La nature des substances sur lesquelles l’action du suc s'exerce ; 182. ÉMILE-F. TERROINE 39 La technique des expériences de saponification ; 49 La méthode d'évaluation des quantités saponifiées ; 59 La présentation des résultats. 1° Mode d’obtention du suc et ses propriétés. — «a. Mope p’o8- TENTION. — Le suc pancréatique employé dans toutes nos recherches est le suc de Chien recueilli par cathétérisme du canal de Wirsung et dont la sécrétion est provoquée par des injections répétées de sécrétine. Une demi-heure après avoir reçu une injection sous-cutanée de chlor- hydrate de morphine à raison de 1 centigramme par kilogramme de poids du corps, l’animal est anesthésié à l’aide de chloroforme et placé sur une gouttière de CI. BERNARD, couché sur le dos. On fait une incision de la peau le long de la ligne médiane de l’abdomen, commençant à trois travers de doigt du sternum et s'étendant sur 8 à 10 centimètres; puis on incise les muscles abdominaux sur la même longueur, le long de la ligne blanche ; grâce à cette incision, l’anse duodénale qui abrite le pancréas est alors amenée au dehors, et deux fils sont passés sous le canal de Wirsung. On incise ensuite ce canal en bec de flûte, à l’aide de ciseaux flambés, et on introduit une canule stérilisée munie de son man- drin. Les deux fils préalablement passés permettent la fixation de la canule dans le canal. Afin d'éviter que la canule ne fasse un coude avec le canal, on la fixe à la paroi de l'intestin, dans la direction voulue, par un point de suture assez lâche. Enfin on fixe l’intestin lui-même, pour éviter qu'il ne disparaisse dans la cavité abdominale, par deux points de suture à la paroi abdominale, et on referme la plaie de telle manière que la canule seule apparaisse au dehors. Lorsque l'opération est con- duite sans incident, il apparait à peine quelques gouttes de sang. On couche lanimal sur le côté droit, on découvre la veine saphène gauche et on y introduit une canule. On injecte alors dans la saphène 20 centimètres cubes d’une solution de sécrétine préparée : soit par macération pendant vingt-quatre heures de muqueuse duodénale de Chien, de Porc ou de Bœuf dans une solution d'acide chlorhydrique à 4 p. 1000, puis neutralisation par la soude diluée, ébullition et filtration ; soit par simple ébullition de la muqueuse finement broyée dans cinq fois son volume de solution de chlorure de sodium à 8 p. 1 000. On retire le mandrin de la canule pancréatique, et, quelques secondes après l'injection de sécrétine, l'animal ayant accompli le plus souvent deux ou trois inspirations profondes, le suc apparaît à l’extrémité de la canule. On laisse écouler les premières gouttes très visqueuses, qui peuvent contenir des cellules ou des débris cellulaires. Ensuite, on fixe sur la canule un tube de caoutchouc raccordé, d’autre part, à un tube de verre qui traverse le bouchon de coton d’une fiole d’'Erlenmeyer, l’en- semble du dispositif étant stérile. Dès que le suc cesse de s’écouler, une nouvelle injection provoque à PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOIDIQUES 183 - nouveau la sécrétion. Lorsque la fiole d'Erlenmever est remplie, on soude à la lampe le tube de verre qui servait à l'introduction du suc, et on laisse le tout à la glacière jusqu’au moment de l'emploi. Du sue ainsi recueilli est conservé stérile pendant plusieurs mois. b. PROPRIÉTÉS. — Le premier point à fixer était de savoir s’il existait entre les sues paneréatiques recueillis chez divers sujets des différences profondes. Nous avons donc déterminé sur un certain nombre de sues les deux facteurs les plus importants dans la question qui nous préoccupe : d’une part lPalcalinité qui commande l'intensité du pou- voir émulsifiant, d'autre part le pouvoir lipolytique. Brerry (32) a signalé que l’alcalinité n’était pas la même chez diffé- rents sujets. Nous avons voulu préciser la grandeur des différences. La méthode de dosage employée est celle indiquée par Bierry; elle con- siste à ajouter au sue un excès d’acide sulfurique titré, à porter le mélange à l’ébullition et à doser ensuite l'excès d’acide sulfurique par la soude -en présence de phénolphtaléine. On trouvera ci-dessous les valeurs obser- vées chez six animaux sur des sucs de début de sécrétion : Numéro Concentration des animaux. en COSNa?. I N/8 IT N/9,2 III N/9,6 IV N/7, Vis N/7,1 VI N/9,6 Pour déterminer le pouvoir lipolytique des sucs, nous avons ajouté à des échantillons de 5 centimètres cubes, 5 centimètres cubes d’huile d'olive. Les mélanges placés au thermostat à 359 sont fréquemment agités ; après six heures de digestion, on dose l'acidité formée. Si l’on compare différents Chiens, pour des conditions expérimentales identiques, on constate que la propriété lipolytique du suc qui s'écoule après la première injection de sécrétine varie considérablement d’inten- sité d’un sujet à un autre, amsi qu'on peut le voir des chiffres ci-des- SOUS : Numéro - Acidité dosée des animaux. en NaOH N/29, I 73,7 II 100,0 III 68,7 IV 45,5 V 83,3 Le simple examen des chiffres montre donc que, soit en ce qui regarde l’alcalinité, soit en ce qui regarde le pouvoir hpolytique, des différences v au Ë ‘ : ; 4 Ë Ÿ ‘» F k 184 ÉMILE-F. TERROINE quantitatives profondes séparent les sucs récoltés sur des sujets diffé- rents. Il n’y a donc pas, au point de vue quantitatif bien entendu, un suc, mais des sucs pancréatiques. Comme conséquence, une expérience com portant des séries de mélanges ne devra faire appel qu’à un suc de même provenance. Le sue d’un animal ne saurait servir de témoin pour celui d’un autre. D'autre part, on sait que les sécrétions provoquées par des injections répétées de sécrétine peuvent être de fort longue durée et donner des quantités considérables de suc (LaLowu, 175). [1 y avait donc lieu de se demander si le suc conserve ses propriétés caractéristiques au cours de sécrétions prolongées, ou si, au contraire, il tend à s’éloigner d’un suc normal. Ici encore, nous avons fait porter notre examen sur l’alcalinité et sur le pouvoir lipolytique. Les résultats sont consignés dans le ta- bleau LXI. < TABLEAU LXI Variations de l’alcalinité et du pouvoir lipolytique du suc pancréatique au cours de sécrétions prolongées. ALCALINITÉ. POUVOIR LIPOLYTIQUE. a — D —— — —— Ordre des prises. Et ann Ordre des prises. Acidilé formée en NaOH N/20. Début Après 2 heures... Après 3 heures... Après 4 heures... Après 5 heures... Après 6 heures... Après 2 heures® Après 4 heures. ... Après 7 heures... DALLAZ SRE 7) UD © ONE Des recherches ultérieures (LaLouw, loc. cit.) ont entièrement confirmé les phénomènes signalés par nous: diminution importante de l’alca- linité, considérable du pouvoir lipolytique au cours des sécrétions prolongées. Doit-on conclure des diminutions ainsi constatées que le suc de sécré- tine n’est pas un suc normal et que nous ne pouvons pas l'utiliser légiti- mement pour la poursuite de nos essais? Nullement. Nous avons en effet montré par ailleurs (Voir La Sécrétionp ancréatique, Hermann, Paris, p. 46-50) que les mêmes faits se retrouvent lors de la sécrétion normale du pancréas au cours d’un repas. Un suc à concentration alcaline faible, à pouvoir lipolytique médiocre, doit être simplement considéré comme un suc de sécrétion prolongée, non comme un suc anormal. La seule conclusion qu’il convient de tirer, c’est que le suc pancréa- PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOIDIQUES 1835 tique ne reste pas quantitativement constant au cours de sa sécrétion et qu’on n’a pas plus le droit de considérer comme semblables les sucs d’un même animal à des moments différents de la sécrétion qu’on ne l’a de considérer comme semblables les sucs de divers sujets. Dans la pratique, sauf pour l'étude de quelques cas particuliers qui nécessitaient l'emploi de sucs à pouvoir lipolytique très élevé, nous ‘avons mélangé les sucs de début et de fin de sécrétion de manière à avoir un liquide jouissant de propriétés moyennes. C’est un tel liquide, possèdant toutes les propriétés quantitatives et qualitatives d’un suc normal, qui a servi à tous nos essais. 20 Les substances soumises à l’action saponifiante du suc. — Dans la presque totalité de nos expériences sur les conditions suscep- tibles de modifier l’action de la lipase, nous avons employé, comme corps à saponifier, l'huile d’olive purifiée d’après le procédé de Hammar- STEN (124). Dans les autres cas, et en particulier pour l’étude des différences de résistance, que, suivant leur constitution, les corps à fonction éther opposent à l’action du suc, nous avons fait appel à des produits du com- merce dont nous avons toujours soigneusement vérifié la neutralité. 39 Technique des expériences de saponification. — Dans la plupart de nos essais, les expériences ont été poursuivies à 400. Nous placions donc au thermostat jusqu’à ce qu'ils aient atteint cette température : Les tubes à fermeture canette dans lesquels devaient se poursuivre la réaction ; Le suc pancréatique ; Les substances à saponifier ; Le cas échéant, les solutions de corps (sels biliaires, etc.) dont on se proposait d'étudier l’action. On opérait ensuite rapidement les mélanges de suc, de corps gras et éventuellement de diverses autres substances, et on plaçait le tout au thermostat après avoir agité énergiquement. Cette agitation était fré- quemment répétée et d’une manière analogue pour tous les mélanges d'une même série. Dans les cas nécessitant une agitation violente et continue, le main- tien à température constante étant très difficile à réaliser dans ces con- ditions, nous avons opéré à la température de la chambre. | 4° Méthode d’évaluation des quantités saponifiées. — L'intensité de la saponification a été évaluée par détermination des acides gras formés dans les mélanges en digestion à l’aide d’un dosage d’acidité. Dans le cas des corps donnant naissance à des acides solubles dans l’eau, tels que la triacétine, la monobutyrine, nous avons simplement dosé Pacidité à l’aide d’une solution de soude titrée en employant la phénol- phtaléine comme indicateur, Dans le cas des corps donnant naissance à des acides gras à plus 186 ÉMILE-F. TERROINE haut poids moléculaire, le dosage a été conduit d’après la méthode de KANITZ (161, 162). Cette méthode consiste à ajouter au mélange à doser une quantité d'alcool telle que la concentration en alcool ne soit jamais inférieure à la fin du dosage à 40 p. 100. Cette addition a pour but de rendre homogène le mélange, de permettre une visibilité plus facile du point de virage de lindicateur, de dissoudre parfaitement les acides gras et surtout de s'opposer à l’hydrolyse des savons de soude formés au cours du dosage, hydrolyse qui viendrait fausser les résultats. Suivant l'intensité des saponifications, on a utilisé des solutions de soude de concentrations variées. On trouvera, dans chaque compte rendu expérimental, le titre de la solution de soude employée. 5° Présentation des résultats. — Contrairement à une habitude, à notre sens trop répandue, nous n’avons pas donné, — sauf exceptions et dans Je cas d’actions importantes seulement. — dans nos comptes rendus expérimentaux, le pourcentage de substance saponifiée. Mous avons tenu, au contraire, à placer sous les yeux du lecteur le chiffre expérimental lui-même, le nombre de centimètres cubes lus sur la burette de Mohr. Nous avons voulu que, lorsque nous concluons à une différence d'action suivant le corps considéré, à une accélération ou à une inhibition sous l'influence de conditions variées, on puisse se convaincre que ce n'est pas le calcul qui fait apparaitre le phénomène, mais que le résultat expérimental parle de lui-même. Comme 1l est néanmoins indispensable de se rendre compte de lPim- portance, en valeur absolue, des actions observées, nous avons indiqué dans chaque compte rendu ou bien le facteur par lequelil faut multiplier ls chifffes expérimentaux donnés pour avoir le pourcentage de substance dédoublée, ou bien la quantité de soude en centimètres cubes qu’il aurait fallu employer pour saturer les acides gras formés par saponification totale.Ces données ont été établies dans le cas des éthers ou des glycérides purs par le calcul, dans le cas des corps gras naturels, pa: la détermi- nation de l'indice de saponification. Le lecteur a ainsi en mains tous les éléments d'appréciation lui per- mettant de contrôler et de discuter nos conclusions. CHAPITRE PREMIER LES CONDITIONS D'ACTION DE LA LIPASE. Ainsi que nous l'avons précédemment indiqué, nous étu- dierons dans ce chapitre l'influence que peuvent exercer sur le cours de la saponification des corps gras par le suc pancréa- VS RE. EE PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOIDIQUES 187 tique tous les facteurs qui se trouvent agir simultanément dans le contenu intestinal, au cours d’une digestion normale. Nous ‘envisagerons done dans une suite successive de para- graphes le rôle distinct de chacun de ces facteurs : A. Influence de la concentration du ferment ; B. Influence de la concentration de la substance à dédoubler; . C. Rôle de la température ; D. Influence de la réaction du milieu ; E. Action des produits de réaction ; F. Action des électrolytes ; G. Influence de l’action eoncomitante de la trypsine ; H. Action de la bile, Dans chaque cas, nous essaierons de dégager l'impor- tance relative de chacun des facteurs, et nous tenterons de comprendre le mécanisme d’action. $ A. — Influence de la concentration du ferment. C’est un fait universellement admis que la vitesse d’une action diastasique croît avec la concentration du ferment ; tantôt on observe une proportionnalité directe, et c’est le cas le plus fréquent pour les diastases hydrolysant les hydrates de carbone; tantôt la vitesse croit proportionnellement à la racine carrée de la concentration diastasique (loi de ScHUTz- Borissow), et c’est le cas le plus fréquent pour les diastases protéolytiques. Utilisant la méthode de VoLHARDp-SraADE, ENGEL (90), faisant agir un extrait de pancréas sur du jaune d’œuf, observe que les variations de vitesse qui accompagnent les varia- tions dans la concentration du ferment sont régies par la loi de ScHUTZ-Borissow. D'autre part, Drerz (82), étudiant l’action d'extraits aqueux de pancréas sur la saponification du butyrate d’amyle et de l’acétate d’amyle, constate une proportionnalité par- faite entre la vitesse de saponification et la concentration de la lipase. Dans l’action du sue pancréatique sur la trioléine ou sur l'huile, BraDLEY (53), MezLangy et WooLeY (224) observent 188 ÉMILE-F. TERROINE un accroissement régulier de la vitesse d’hydrolyse lors- qu’augmente la concentration en ferment, mais non une proportionnalité directe. j Enfin KAsTLE et LŒœvENnHaART (loc. cit.), dans une expérience pratiquée à l’aide d’un extrait aqueux de pancréas mis à agir sur de l’acétate d’éthyle, constatent que la vitesse croît avec la concentration du ferment, mais non suivant une pro- portionnalité rigoureuse. Pour KasrLe et LŒVENHART, l’ab- sence de proportionnalité s'explique par le fait que l’aeide libéré au cours de la réaction coagule les albumines de l’ex- trait et immobilise progressivement le ferment. En présence de résultats aussi divergents, nous avons réalisé quelques expériences avec du suc pur. Nous pensions éliminer ainsi, au moins partiellement, par l'emploi d'un liquide moins riche en albumine que les extraits, le phéno- mène intercurrent de la coagulation. Les résultats de deux expériences dans lesquelles on a fait appel à des sucs à pouvoir lipolytique exceptionnellement énergique, — ceci afin de ne pas ajouter de sels biliaires, — sont rapportés ci-dessous : EXPÉRIENCE [. — Lesuc est mis à agir sur le triacétine, dont la concen- tration dans les mélanges est de M/S. Les dosages sont effectués à l’aide de NaOH N/20 sur des prises de 10 centimètres cubes. Si la saponi- fication était totale, il faudrait employer, pour neutraliser l’acide formé, 75 centimètres cubes de NaOH N/20. Acidité après : ne NET EE 5 LT {h.15. 4h.15. 7h. 18. 9 C. c. suc + 10 c. c.sol-triacétine M/2 + 25c.c.eau. 0,7 2,4: 3,6 Mine + 40 — M/2 + 20c.c.eau. 1,5 4% 6,2 DD + 10 — M/2 + 10c.c.eau . 4,8 8,4 9,* EXPÉRIENCE IT. — Le suc est mis à agir sur de la triacétine dont la con- centration dans les mélanges est de 3/10 M. Les dosages sont effectués à l’aide de NaOHN/20 sur des prises de 10 centimètres cubes. Si la sapo- nification était totale, il faudrait employer pour neutraliser l'acide formé 180 centimètres cubes de NaOH N7/20. Acidité après : 4h.15. 4h.40. 2#h.5. 49h15. 9 C. c. suc + 30 c. c. sol. triac. M/2 + 15 c.eau. 3,3 5,1 8,0 10,0 1Darre + 80 == M/2 + 10 C. eau. - 4,5 JD 270 LORS 201: — \ +90 — NS en au LS Le NT ATOS OM R2ONE PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOIDIQUES 189 Nous n’avons pas poussé plus loin nos essais, ayant con- staté, au fur et à mesure de la progression de la réaction, l'apparition d’un trouble correspondant à une précipitation partielle des albumines du suc, c’est-à-dire à un phénomène de même nature que celui signalé par KASTLE et LŒVENHART dans le cas des extraits. Dans ces conditions, la seule conclusion que l’on puisse tirer de telles expériences, c’est que la vitesse de saponifi- cation croît avec la concentration du ferment. Mais essayer d'établir des relations numériques serait un leurre, puisque la condition sine qua non pour que l'établissement de telles relations fût possible est la constance d’action du ferment. Or, cette constance n'existe pas, les produits de réaction immobilisant peu à peu le ferment au fur et à mesure de leur apparition. $ B. — Influence de la concentration de la substance à dédoubler. Lors de l’inversion du saccharose par l’acide chlorhydrique, la quantité de saccharose hydrolysée après un temps donné est proportionnelle à sa concentration. Lors de l’hydrolyse du saccharose par linvertine, il n’en est plus de même. Pour des concentrations faibles, au-dessous de M/10, la vitesse augmente avec la concentration ; pour des concentrations moyennes, de M/10 à M/2, la vitesse est indé- pendante de la quantité de saccharose; pour des concentra- tions supérieures, la vitesse diminue (V. HENRI, 132). Il existe donc une différence très nette entre l'hydrolyse acide et l’hydrolyse diastasique ; dans le premier cas, pro- portionnalité constante de la vitesse avec la concentration de la substance à dédoubler ; dans le second cas, dès qu'on atteint les concentrations moyennes, indépendance de la vitesse. Dans les deux cas, l’état final ne dépend pas du catalyseur, 1l obéit à la loi des masses actives. L'indépendance de la vitesse d’une action diastasique vis-à-vis de,la concentration de la substance attaquée a été mise en évidence pour la première fois par DucLaux ; confirmée ensuite, pour l’invertine, la salicine (V. HEnRi), 190 ÉMILE-F. TERROINE la maltase (TERROINE, 311), l’amylase (Ch. ParLocne, 257) ; nous avons proposé de l'appeler lot de Duclaux (V. HENRt, Ch. PHiLocHE, E. TERROINE, 134). En est-il de même dans le cas de l’action du suc pancréa- tique sur les corps à fonction éther? Remarquons tout de : suite que le problème ne peut être étudié dans le cas de l'huile et, d’une manière plus générale, des corps gras naturels. Ces substances ne se dissolvent pas dans le suc pancréatique, mais donnent avec lui des émulsions ; le terme concentration n'aurait donc 1c1 aucune signification. D' autre part, la chimie- physique nous apprend trop peu de choses sur la vitesse des réactions entre liquides non miscibles (1) pour que nous ayons pu songer un instant à étudier pour elle-même la marche de cette réaction (2). Mais l’étude, fort difficile pour les corps gras solubles, l'est moins pour les glycérides ou les éthers d'acides gras à faible poids moléculaire, ces corps, aussi bien que leurs produits de réaction étant parfaitement solubles dans l’eau. Nous l'avons donc tentée. On sait, et c’est là un fait classique sur lequel il est inutile d’insister, que, lors de l’hydrolyse par l'acide chlorhydrique d’un éther tel que l’acétate d’éthyle, «à tout moment la vitesse de la transformation est proportionnelle à la quantité d’éther présente» (3). La saponification de l’éther par l'acide obéit done à une loi identique à celle qui régit l’inversion du saccharose. Allons-nous retrouver, dans le cas du ferment, la même indépendance de la vitesse vis-à-vis de la concentration, au moins dans une certaine marge de concentrations ? C’est ce que nous avons recherché en faisant agir le suc pancréatique sur la triacétine ou sur l’acétate de méthyle (4). (1) Voir MELLoR, Chemical Staties and Dynamics, Longmanns, Green and Ce, London, 1904, p. 135 et suiv. (2) Braney (Loc. cit.) a cependant-étudié le cours de la saponification de la: trioléine par le suc pancréatique lorsqu'on fait varier la quantité de trioléine. Il aboutit à la conclusion que «une quantité donnée de lipase peut, dans des conditions optimales, libérer une quantité définie d’acides gras de la trioléine, indépendamment de la masse de cette dernière ». (3) WazkeRr, {ntroduction to physical Chemistry, Macmilan and C°, London, 1903, p. 267. (4) Au cours de leurs recherches sur les lipases, KAsTLE €ét LŒVENHART ont envisagé la question qui nous préoccupe ici; mais leurs expériences ont porté uniquement sur des extraits aqueux de foie, non sur la lipase du pancréas. ! Le ut ! ot daté li : énté fre ébelé L fé De De de, Su, nm dus ‘di nec r n meess - De RS ie Des } PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOIDIQUES 191 Il convient toutefois de noter qu’on se heurte ici à une assez grosse difficulté. Comme nous le verrons plus loin, le sue pan- créatique agit à peine sur les éthers ou les glycérides d'acides gras à faible poids moléculaire; il faut, pour obtenir une action significative, lui ajouter des sels biliaires. C’est ce que nous avons fait, considérant comme un tout unique le mélange actif, suc et sels biliaires. Mais 1l ne faut pas se dissimuler que cette manière de faire soulève de graves critiques. L’une des plus importantes, et nous verrons qu'elle explique peut- être une partie des phénomènes observés, c’est que la précipi- tation des substances albuminoïdes du suc est très marquée lorsqu'il y a présence simultanée d'acides gras et desels biliaires, Dans l'impossibilité d'agir autrement, nous avons cepen- dant cru qu'il pouvait être intéressant de poursuivre ces re- cherches, dont les résultats sont groupés dans les tableaux LXIT et LXIIT. TABLEAU LXII Influence de la concentration en triacétine sur la vitesse de la saponification. (Les chiffres représentent des centimètres cubes de NaOH N20) CONCGENTRATIONS. | CONCENTRATIONS. | DURHES ME CR || ND'URÉES, A M2,5.| M/5. | M/10. | My20. || MP2,5. | M/5. | Mio. | M/2. em me el ne EXPÉRIENCE I. | EXPÉRIENCE III. SUD A0. 3,9 104,91,12#3 || "45 min (A A ANS AT MES TOO 4h53 7,4 4,9 3,0 2 Al op 5 en KE 7,3 6,2 SA) SO 10607 AUS. 08 0 ll 61 50 | 1D6 EL TON GE MSIE Jin 51e TAE6 8,1 4,1 UNS 10,6 ne 6,9 957 Il { EXxPÉRIENCE Il. EXPÉRIENCE IV. Se MO OR EMA ES 14 gUes ||. 4Qmine | 14,500 820 N'A QE NSNTA 4 h. 20 9,0 6,0 3,8 4,9 3 h. 20 | 43,8 | 410,8 9,0 6,X &h°20 | 10,4 7,6 6,7 4,0 6 h. 45 | 13,8 | 10,8 9,0 6,9 23h. TON) 410;% fee. 6,7 5,4 23 NN MSNM IATDSS 9,1 7,0 EXPÉRIENCE V. 39 min. 7,4 5,0 3,8 DCS 00) ENONCE 4,4 21h15 0%2 4130 | 8,4 | 97 4,3 | JAIR AS MOTOS EMPIRE T2 4,6 | 192 ÉMILE-F. TERROINE TABLEAU L XIII Influence de la concentration en acétate de méthyle sur la vitesse de la saponification. : (Les chiffres représentent des centimètres cubes de NaOH N20) EEE OT Te Lise di CONCENTRATIONS. CONCENTRATIONS. : A " — , - DURÉES. z : DURÉES. 5 “ = M. ë M. - M. = = M. 5 M - M. 5 ne | te NN TR ne re ms | ns nn | es ExPÉRIENCE Î. | EXPÉRIENCE V 4 h. 50 9,4 a 1,8 1,0 50 min. A 22 1,6 1,3 91h25 8,1 SAS 4,7 2,8 MS NISES k,3 3,0 1,8 6 h. 50 8,2 8,0 7,0 4,4 UNE EN A 9,4 4,8 4,0 291h 64 8,2 8,0 A) 6,3 EXPÉRIENCE II. EXPÉRIENCE VI. | 40 min. 1 ES) 0,8 0,4 0,2 || 50 min. ÿ+ AE 2,6 1,8 2 h. 50 4,9 2:8 1,4 0,7 4 h. 50 » 6,6 4,3 2,4 Sins 6,3 4,4 2,0 1,0 2ANENE » 6,6 6,3 4,9 7 h. 10 7,054 2% 2,0 1,0 30 h. 50 » 6,6 6,5 6,0 ExPÉRIENCE III | ExPÉRIENCE VII 45 min. 1,7 0,6 0,3 } 39 min. | 2,4 452 0,6 0,3 1 h. 40 9,4 1,4 0,6 » nets 4,0 2:3 152 0,6 4 h. 30 6,4 352 186 » DU O0 4,3 3,1 27 43 120 na IS VAS: 22) EL 010 nl 27e NAS EU 3,0 3,0 22 ExPÉRIENCE IV. | EXPÉRIENCE VIII. 40 min | 39 129 | 428.4 0,9 | 30 min. |L22 "16 1424107 ah:380 70,168 No) 9 3/41 ne88 138) oct omE HN A455 9,6 955 ges 5,0: 1e hs 3,8 3,9 3.6 DA 24 h. 30 | 9,6 9,5 97 9,3 [| 8 h. 50 3,8 3,9 3,9 3,8 | Les deux séries d’expériences établissent d’une manière concordante que, contrairement à ce qu'on observe dans le cas des autres ferments, la vitesse augmente régulièrement avec la concentration de la substance à dédoubler. Dans le cas de la triacétine, l'augmentation de vitesse n’est pas pro- portionnelle à l'augmentation de concentration, elle croît moins rapidement que cette dernière. Mais, par contre, dans le cas de l’acétate de méthyle, nous pouvons observer une proportionnalité frappante dans toutes les premières heures de la réaction. L'expérience III est particulièrement typique à cet égard. La saponification débute donc 1c1, dans le cas - PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOIDIQUES 193 du ferment, exactement comme dans le cas de l'acide. C’est là le premier fait à retenir. Il y en a un second, aussi frappant : après un certain temps d'action, les valeurs trou- vées, quelles que soient les quantités initiales de substance mises en jeu, tendent à s'égaliser. Si l'expérience est suffi- -samment prolongée, après un certain temps, les quantités d'acide formées, c’est-à-dire les quantités de substances sapo- nifiées, sont les mêmes, et la réaction ne progresse plus. Dans le cas des expériences IV, VI et VIIT avec l’acétate de mé- thyle, nous aboutissons à des chiffres identiques, dans les autres à des chiffres très voisins, et cela pour des concentre- tions variant de M/5 à 8 M/5. Les expériences avec la tris- cétine, quoique poursuivies moins longtemps, nous montrent un phénomène de même ordre ; après un certain temps, toutes les courbes d’actron tendent à se rejomdre. Nous aboutissons done à ce résultat paradoxal : lorsque la réaction s'arrête, la quantité de substance saponifiée est tou- jours la même pour un suc donné, quelle que soit la concen- tration. Par contre, cette quantité, qu'on s’attendrait à trou- ver toujours la même dons toutes les expériences pour une même concentration, on là voit varier lorsque le suc varie. Si l’on acceptait sans discussion un tel résultat, on serait amené à affirmer, ce qui est à l'opposé de tout ce que nous savons, que la position de l'équilibre est sous la dépendance de la qua- lité du catalyseur présent et non des masses actives. A la vérité, un tel phénomène n’est pas absolument unique dans l’histoire des ferments, et [Iscovesco (153) l’a déjà ren- contré au cours de ses recherches sur la catalase. Lorsqu'on fait agir une même quantité de ferment sur des quantités croissantes d’eau oxygénée, on constate que la réaction s’ar- rête pour une même quantité d’eau oxygénée décomposée ; par contre, des quantités variables de catalase décomposent des quantités variables d’eau oxygénée. Frappé de ces faits, Iscovesco les rapporte en disant que la catalase paraît agir bien plus comme un acide qui neutraliserait une base que comme un ferment. Au cours de recherches encore inédites sur la catalase hépatique, nous avons observé les mêmes faits, et nous pou- ANN. DES SC. NAT. ZOOL., 10€ série. Net 194 ÉMILE-F. TERROINE vons confirmer entièrement les observations d’Iscovesco. On trouvera réunis ci-dessous, à titre d'exemple, les résultats de trois expériences montrant que, quelle que soit la quan- tité d’eau oxygénée mise en jeu, la quantité décomposée lors de l'arrêt de la réaction est toujours la même. Quantité de [352 A décomposée Quantité initiale lors de l'arrêt de H2,»?. de la réaclion. EXPÉRIENCE I. Ome 4% ome 12 ome,21 - ome 12 EXxPÉRIENCE Il. Ome,75 ome 13 Ome 37 ome 10 EXPÉRIENCE III. ome 70 om£ 20 oms, 34 Oms 199 omE 17 Décomposition totale. Pour n'être pas isolé, le fait n’en est pas moins curieux, puisqu'il tendrait à nous faire croire que certames actions catalytiques se comportent d’une manière entièrement diffé- rente de toutes celles que nous connaissons jusqu’à ce Jour. Un examen rapide nous montrera qu'il n’y a là qu’une aber- ration apparente. Qu'il s'agisse de l’eau oxygénée ou qu'il s'agisse de l’acé- tate de méthyle, lorsque, après l'arrêt de la réaction, on ajoute une nouvelle quantité de substance, la réaction ne repart pas; elle repart au contraire si l’on ajoute du ferment. En fait, dans les deux cas, l'arrêt de la réaction est dû non pas à un équilibre réel, mais à la disparition du ferment. La catalase se détruit rapidement, en dehors même de la présence de H?20?, à 300. Quant à la lipase, elle est tout simplement pré- cipitée par les acides formés qui agissent très énergiquement en présence de sels biliaires. On comprend ainsi : 10 que, pour un même suc, la réaction s’arrête pour une même quantité d’acide formée, car c’est cette quantité qui précipite totale- ment le ferment ; 20 que, pour des sucs différents, la réaction s'arrête à des niveaux différents, puisqu'il faudra des quan- PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOIDIQUES 4195 tités différentes d'acide pour précipiter les quantités diffé- rentes d’albumine. . Nous retiendrons donc de cette étude deux points : 19 La vitesse de la saponification de l’acétate de méthyle par la lipase varie proportionnellement à la concentration, ce qui rapproche l’action de ce ferment de celle des acides et l’éloigne de celle des diastases, telles que la maltase, l’inver- tine, l’'amylase, etc. ; 20 Lorsqu'on fait agir un mélange de suc et de sels bihiaires sur l’acétate de méthyle, la réaction s’arrête pour une quan- tité déterminée d'acide formée, indépendante de la concen- tration en acétate de méthyle, mais variable suivant le sue employé. Cette dérogation apparente à la loi des masses est due à la précipitation des albumines et, par suite, du ferment, par l'acide acétique en présence de sels biliaires. $ CG. — Action de la température. Tout phénomène chimique, toute action catalytique subit linflüence de la température ; mais cette influence est par- ticuhièrement importante lorsqu'il s’agit d'une catalyse exercée par un élément d’origine biologique, par un ferment soluble. Dens ce cas, en effet, nous avons affaire à des actions de sens inverse : tandis que l'élévation de température tend à augmenter la vitesse de l’action exercée, en même temps elle agit directement sur le ferment pour en diminuer et, à un cer- tain degré, pour en supprimer l’activité. Deux points distincts doivent donc être successivement envisagés lors de l'étude de l’action qu'exerce la température sur un ferment, dans le cas qui nous occupe, sur le pouvoir hpasique du suc pancréatique. - Tout d’abord, on sait que l’une des caractéristiques ac- tuelles ci-dessus rappelées du catalyseur d’origine biologique, du ferment soluble, c’est la hermolabilité. Il suffit de chauffer une solution diastasique ou un suc naturel diastasifère pen- dant un temps donné à une température donnée pour lui supprimer tout pouvoir. Des observations ont été apportées sur ce point, en ce qui 496 ÉMILE-G. TERROINE concerne la lipase du sang, par HANRIOT, ACHARD et Camus, DucLAUx ; mais il va de soi qu’elles ne sont pes directement acceptables pour la lipase du sue pancréatique. Tout d’abord, il existe entre les deux ferments une diffé- rence fondamentale : dans le cas du suc pancréatique, il s’agit d'une diastase agissant sur les graisses naturelles du groupe de la stéarine, de la palmitine, de l’oléme, ete., alors que le sang n’exerce d’action que sur des éthers d'acides gras inférieurs, tels que la monobutyrine. D'autre part, 1l nous paraît vraisemblable que le degré de thermolabilité dépend pour une part importante de la teneur en albumines, en élec- trolytes, de la réaction du liquide étudié. Pour toutes ces raisons, et comme au moment où nous avons entrepris Ces recherches sur la digestion des corps gras aucune précision n'avait été apportée sur la sensibilité à la cheleur de la lipese du suc pancréatique, nous avons entrepris une séri d'expériences ayant pour but de déterminer exactement la température qui abolit toute action lipasique, c'est-à-dire préciser la sensibilité du suc pancréatique à la chaleur en ce qui regarde la lipase (1). 1. Ce premier point une fois établi et la température limites de résistance du ferment une fôis déterminée, nous pourrons alors passer à l'examen de la seconde question : au-dessous de la température limite qui détruit le ferment, quelle es l'influence de la température sur la vitesse de la saponifi- calion ? 19 Sensibilité de la lipase à la chaleur. — Pour déterminer cette sensibilité, nous avons opéré de la manière suivante : des prises de suc pancréatique d’un volume de 5 centimètres cubes sont placées dans des thermostats à 409, 459, 500, 550, 609 et 65° pendant dix ou trente minutes. Le chauffage ter- miné, on ajoute à tous les échantillons chauffés, ainsi qu'à un échantillon de même suc non chauffé qui constitue le témoin, (1) Au moment de la publication des premiers résultats de notre étude (7 décembre 1909), nous avons eu connaissance du travail de BRADLEY paru en mai 1909 et portant sur le suc pancréatique humain. BRADLEY apporte dans son mémoire deux précisions : 1° le ferment lipasique est rapidement tué à 600; 20 Ia vitesse d’action du suc sur l'huile augmente de 09 à 309 et dimi- nue rapidement ensuite, « K £ 4 PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSÈES ET LIPOIDIQUES 197 1 centimêtre cube d'huile d'olive. Tous les mélanges ainsi pré- parés sont placés au thermostat à 409 le plus souvent pen- dant six heures, d’autres fois huit heures ou trente heures trente. Au bout de ce temps, on détermine l'acidité formée à l'aide d’une solution N/20 NaOH. _ Les essais ont porté soit sur le suc seul, soit sur un mélange de suc et de sels biliaires. Les résultats en sont résumés dans des tebleaux LXIV et LXV. TABLEAU LXIV Sensibilité à la chaleur du suc pancréatique seul. Dousse Exp Exp IT | Exp. 111) Bxes IV: | Exp. V. TEMPE- de chaulfage Durée Durée Durée Durée Durée RATURE. en d'action : d'action : d'action : d'action : d'action : minutes. 6 h. 6 h. 6 h. 30 h. 30. S h. L Témoin non chauffé. » 14,3 2%, 18,8 25,6 1522 45 10 ) 29,8 16,0 16,9 8,2 45 30 » » 14,9 » » 50 10 ) 12,0 10,9 1940 4,7 50 30 » » 3.0 » » 59 10 » 0,4 0,6 1,8 1,4 60 10 4,5 0,0 » 1,3 fire 65 10 0,4 » » » 02e) RE ——————————— TABLEAU ELXV Sensibilité à la chaleur du suc pancréatique additionné de sels biliaires (conc. en sels biliaires : 5 p. 100). me : DURÉE Exr a ae ExP OT el DE xP INT MIE xp AVE Exp. V. TEMPE- de chauffage Durée Durée | Durée Durée Durée RATURE. en d'action : d'action: | d'aclion: d'action : d'action : minutes. 6 h. 6 h. 6 h. 30 h. 30. $S h. 1] Témoin non chauffé. » 14,4 20,5 50 Pl AS A5 10 » | 1#%,0 3,8 6,8 14 1 4 5 3) 0 » | » 0, 7 » 50 10 ) 0,8 0,3 1,4 1,4 50 30 » )) 0,3 » )) 59 10 » 0,4 0,1 0,7 0,7 60 10 0,1 | 0,2 ) 0,7 0,6 69 10 0,0 0,0 » » » . . . + Les conclusions qu’on peut tirer de l'examen des tableaux ci-dessus sont très nettes : 198 ÉMILE-F. TERROINE 1° Après chauffage à 659 pendant cinquante minutes, le : suc pancréatique à toujours perdu tout pouvoir lipasique. Dans certains cas, ce pouvoir est déjà entièrement aboli 4 (expérience 11) par un chauffage à 600: 2° La lipase présente une très grande sensibilité vis-à-vis du chauffage. Le maintien du sue à 45° pendant dix minutes affaiblit déjà notablement la propriété lipasique (1); 3° La sensibilité à la chaleur est nettement plus marquée lorsqu'on a affaire à un mélange de sue et de sels biliaires que lorsque l’action s’exerce sur le suc pur. Dans le cas du suc activé, nous voyons disparaître presque totalement le pou- voir lipesique par un chauffage de dix minutes à 509, de. trente minutes à 459, alors que, dans les mêmes conditions, le suc seul conserve encore une activité notable. Il y a là un fait qui montre l’action immédiate exercée par les sels biliaires sur la lipase, fait sur lequel nous aurons à revenir lorsque nous discuterons le mode d'action des sels biliaires. 2° Action de la température sur la vitesse de la saponification. — Nous avons vu, par les essais précédents, qu'à 600 la lipase est supprimée, à 55° elle est très peu active. Nous avons donc fait porter nos essais sur des températures. inférieures à 550, soit 00, 150, 260 et 540. Les recherches ont porté soit sur l'hydrolyse de produits solubles (triacétine et butyrate d’éthyle), soit sur la saponification de l'huile d’olive. (1) Peu de temps après la publication des principaux faits rapportés dans le. présent paragraphe, en mai 1910, Visco (330, 331), au cours d’une étude sur la sensibilité à la chaleur de la lipase et de l’amylase du suc pancréatique, constate que la lipase perd son activité par le chauffage du suc pendant quelques heures à 390-410. C’est là un fait qui corrobore nos observations relatives à l’atteinte déjà notable que subit le ferment à 459 pour une durée de chauffe de trente minutes. D'autre part, il note que cetteinfluence ne s’exerce plus entre 39 et A1°si le suc est préalablement mélangé avec l'huile ; or, on trouvera dans le paragraphe suivant des expériences montrant la par'aite activité du suc à 40 ; cette seconde constatation de Visco confirme done nos observations. Enfin Visco observe que la lipase pancréatique se détruit lentement à la tempéra- ture ordinaire : c’est la encore un fait également signalé par nous. Les conclusions de Visco constituent done une confirmation de l’ensemble de nos résultats sur ces points. Plus récemment, MerLangy et Woozey (loc. cit.) confirment l’ensemble de nos conclusions : Idiménution de 50 p. 100 du pouvoir lipasique du suc par chauffage à 50° pendant dix minutes ; destruction par chauffage à 600 pen- dant cinq minutes, PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOIDIQUES 19% Enfin les recherches précédentes nous ayant montré une différence nette entre les atteintes que subissent par la cha- leur le suc seul et le sucadditionné de sels biliaires, nous avons ici encore fait porter nos recherches tantôt sur le suc seul, tantôt sur le suc activé. | Dans chaque expérience, on prépare le nombre nécessaire de mélonges identiques dans des tubes à essais. Ces tubes sont placés dans des thermostats maintenus à la tempé- rature voulue. Pour déterminer la courbe de vitesse, on dose, dans des tubes prélevés après une heure, une heure vingt, sept heures et demie, et vingt-trois heures, lacidité formée à l’aide d’une solution N/20 NaOÏT. TABLEAU LXVI Action sur la triacétine. tube à essai contient 1 centimètre cube de suc et 92,25 de triacétine. (Chaque Dans l'expérience n° I, chaque tube contient en outre 9 centimètres cubes d’eau et, dans l'expérience n° II, 9 centimètres cubes d’une solution de sels biliaires à 0,5 p: 100.) : Exp. I (suc SEUL). Exp. II (SUC-HSELS BILIAIRES). TEMPE- a 2 5 EE TS RATURE. 4h. 3 h. 20 Tin 0 3 h. 4h RHA2 0 7 h. 30. JS 54 1,0 fEUree 4 ,& 1,4 0, 4,4 4,4 4 4 40 3,8 8,2 8,8 » 41,9 19,4 1197 » 26 3,6 8.0 8,9 1525 8,2 16,8 21,8 22,8 15 4:41 4,6 4,7 10,3 in) 40,5 14,6 2420 0 0,6 inst 45) » 12 5) 7 RE TABEEAU LXVII Action sur le butyrate d’éthyle. (Méêmes indications quantitatives que dans le tableau LXVI.) Exp. I (suc SEUL). Exp. II (SUG-HSELS BILIAIRES). TEMPÉ- — 2 — "2 2 A = RATURE. Ath? 9h20 20h30; 23 h. Ah 3 h. 20. | 7 b. 30. 93 h: a — — | — 94 0,0 0,6 1,2 ) 2.6 4,2 9.4 40 0,4 0,8 4,5 » ï 28 0 30,2 ne 26 0,6 9,0 10,6 12,8 18 0 99 9 26,4 98 15 0,6 3,8 11,2 14,4 12,2 13.0 19,8 99 4 0 0,4 0,8 3,4 6,8 9,8 Sc 9,8 & 82,0 0 16, 200 ÉMILE-F. TERROINE Les résultatsobtenus sontconsignés dans les tableaux LX VI, LXVII et LXVIIT, dans lesquels les chiffres expriment le nombre de centimètres cubes de NaOH N/20 utilisés pour neutraliser l'acidité formée. NB BAUER Action sur l’huile. / (Chaque tube à essai contient 2 centimètres cubes de suc, 2? centimètres cubes d'huile d'olive ; en plus, 6 centimètres cubes d’eau dans l'expérience I,6 cen- timètres cub2s de sels biliaires à 5 p. 190 dans l'expérience IL.) Exp. I (suc sEuL). Exp. II (suc + SELS BILIAIRES). TEMPE- LE ———@ À RATURE. * PAR 2e | Mae \ 4 h. din 20 7h 60; 93 h. {h. 32h20: 7h30? 23h. | | 94 0,9 1,3 213 ) 0,5 | 11 qe 4,3 40 6,6 10,3 14,0 2329 221 25,5 30,7 » 26 6,3 19,2 13,4 18,6 14,9 2292 251 279 15 229 4,7 9,4 8,0 10,7 16,4 49,3 » 0 1,0 1 1,4 29 » 6,4 7,0 7,8 De l'examen des tableaux précédents, un certain nombre de faits apparaissent : 19 Pour une température de 549, la saponification est presque nulle, ce qui est conforme à ce que nous avons vu antérieurement (1) ; ; 29 À 00 on observe une action saponifiante qui, pour être faible, n’est nullement négligeable: 39 Dans nos essais, la température optimale est de 400; il y a toutefois lieu de noter qu'entre 260 et 409 les différences de vitesse ne sont pas considérables (2); (4) Lors de Ja première publication de cesrésultats, paraissait simultanément (31 décembre 1909) un travail deSLosse et LimBosc (295), qui aboutit à la même conclusion : «à 549 le ferment est tué ». Toutefois, si l’on regarde les chiffres donnés par eux et mesurant l’action du suc sur une émulsion de jaune d’œuf, on constate une très légère action. Les faits apportés par SLosse et LimBoscx corroborent donc complètement ceux que nous avions signalés indépendam- ment et simultanément. (2) Szosse et Limposcn (loc. cit.) dans le travail dans lequel il est fait allu-. sion ci-dessus, concluent que «lactivité du ferment atteint un maximum à 360», Cette conclusion, bien que vraisemblable, ne peut être considérée comme éta- blie par leur travail, puisque ces auteurs n’ont fait aucune mesure au-dessous de 369, D’autre part, toutes les mesures faites par eux l’ont été seulement après ! 1 Ce f: 2 PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOIDIQUES 201 49 L'action de la température est à peu près identique lors de la saponification de la triacétine, du butyrate d’éthyle et de l'huile. Il y a là un fait qui mérite d’attirer l’attention ; en effet, les deux premiers corps sont en solution; le troisième est simplement émulsionné. Or la viscosité de l’émulsion diminue considérablement lorsque la température s'élève de 09 à 400, Si donc la vitesse d’action du ferment était sous la dépendance, comme le veulent certains auteurs, de la viscosité, nous devrions observer, dans le cas de l'huile, une accélération bien plus grande de la saponification que dans le cas de la triacétine, substance dissoute sur laquelle Jes variations de viscosité devraient influer beaucoup moins. L'absence de différence nous semble indiquer que le facteur viscosité a bien peu d'importance par rapport à la vitesse de la réaction chimique elle-même. $ D. — Action de la réaction du milieu. Il n'est pas douteux que les ferments pancréatiques, lors- qu'ils agissent sur le contenu intestinal, le font dans un milieu dont la réaction n'est pas celle du suc lui-même, mais résulte de la neutralisation progressive que subit le bol alimentaire acide à sa sortie de l'estomac, du fait de l'intervention des sécrétions alcalines de l'intestin et des glandes annexes. On sait, en effet, et cela surtout d’après les recherches de CANNON, que le passage du bol acide de l'estomac dans l’in- testin, en même temps qu'il détermine par son contact avec la muqueuse duodéaale la fermeture du pylore, provoque un afflux des sécrétions et particulièrement du suc pancréatique. Mais la neutralisation est loin d’être immédiate ; depuis long- temps, on sait que le contenu du duodénum peut rester acide sur un assez long parcours. C'est là un fait sur lequel a vivement insisté CL. BERNARD, ayant constaté chez un supplicié décapité en pleine digestion une durée d’action de douze heures. Or l’action la plus importante à étudier, dans le cas de la température, comme dans celui de tout facteur agissant sur une catalyse, c’est l’action sur la vitesse ; les mesures faites par SLOssE et Limsoscx ne nous apportent pas d'indication à cet égard. 202 ÉMILE-F. TERROINE d'aliments mixtes que «la réaction du duodénum était acide ». et, chez les animaux carnivores, que l’émulsion des graisses Ca toujours lieu dans l'intestin au sein d’un liquide à réaction acide » (Mémoire sur le pancréas, p.55). BERNARD pose même la question de l’origme de cette résction. « C'est peut-être à la présence d’une quantité de graisse plus ou moins consi- dérable que la viande doit de donner lieu à une réaction con- stamment acide dans l'intestin pendart la digestion chez les Carnivores ou les Omnivores » (Mémoire sur le pancréas, p. 137). La présence d’un contenu à réaction acide dans l’in- testin a été fréquemment observée depuis [Casn (62), GLEY et LamBLiNG (121), Moore et Rocxwoop (230). Or, on connaît la très grande sensibilité que manifestent les ferments vis-à-vis des variations de ré»ction du contenu intestinal. Cette réaction conditionne deux faits de grande importance dans la digestion normale : 19 L'amylase présente son maximum d'activité pour une réaction voisine de la neutralité, exactement pour une réac- tion qui correspond à la reutralisation des neuf dixièmes de’ l’alcalinité du suc (Brerry, 32): 29 La simple neutralisation du sue y fait apparsître un nou- veau ferment : 11 meltase. En milieu neutre ou légèrement acide, le'suc transforme rapidement l'amidon en glucose, c'est-à-dire le conduit jusqu’au stade ultime de la digestion, alors qu'en présence de la réaction alcaline naturelle du sue l'hydrolyse ne dépasse pas le stade maltose (Brerry et TER- ROINE, 35, 36). Il convenait donc d'étudier l'influence des modifications de réaction sur les propriétés saponifiantes du sue, et cela en se guidant sur ce qui se passe dans l'intestin, c’est-à-dire: rechercher tout d’abord ce que devient le pouvoir lipasique lorsque le suc est neutralisé ou même légèrement acidifié, rechercher ensuite les variations de ce pouvoir lorsque, après neutralisation initiale du sue, il y a réalcalinisation pro- oTessIve, 1° Influence des réactions neutre et acidesur la lipase. — Du suc pancréatique est très exactement neutralisé au tour- nesol à l’aide d’une solution diluée d’acide chlorhydrique ou PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOIDIQUES 203 d'acide acétique. On y ajoute ensuite des quantités variées d'acide chlorhydrique ou d'acide acétique, de manière à obtenir les concentrations cherchées, et on fait agir les divers sucs ainsi modifiés sur l'huile. Il va de soi que, dans les dosages, nous avons tenu compte des quantités d’acide introduites. Les résultats sont consignés dars le tableau LXIX. è TABLEAU LXIX Influence de la réaction neutre et de réactions acides progressivement croissantes sur la lipase du suc pancréatique. (Tous les mélanges contiennent 5 centimitres cubes d'huile. Les nombres donnes sont dés centimètres cubes de NaOH N/10. La neutralisation des acides formés par saponification totale aurait nécessité 156°°,25. Durée d'action, six heures). À (PÉ c: : EXPÉRIENCE I. EXPÉRIENCE IT. CONCENTRATIONS. 1 RENE Acide acélique. EE Acide acétique. Acide chlorhydrique. 0 12,8 N/750 9,4 N/300 9,9 N/150 4,3 N/45 N/15 ) De ces chiffres, 1l ressort : 19 Que le suc pancréatique en milieu neutre, et même légè- rement acide, conserve un pouvoir lipasique qui n'est pes négligeable. L'attaque des graisses peut donc commencer dés l’arrivée du contenu gastrique dans l'intestin ; 20 Que, lorsque la réaction acide augmente, le pouvoir lipa- sique décroit, quoique assez lentement, et est annihilé pour upe concentration intermédiaire entre N/45 et N/15. Ces faits une fois établis, et sûrs maintenant que la réaction du sue sur le chyme acide n’en supprime pas l’action hpoly- tique, il nous faut examiner ce que cette action va devenir au cours d’une réalcalinisstion progressive. 20 Influence sur la lipase de l’alcalinisation du suc consécutive à une neutralisation. — Comme dans les essaïs précédents, nous avons très exectement neutralisé le sue par l'acide chlorhydrique, en employant une solution étendue. 204 ÉMILE-F. TERROINE Au liquide neutre ainsi obtenu, des quantités variables de soude titrée ont été ajoutées, de manière à avoir des mélanges à réaction alcaline progressivement croissante. Nous avons tenu compte, dans les dosages, de la quantité d’alcali initiale- ment introduite. Des premiers essais nous ayant montré qu'en proportions équivalentes le carbonate de soude et la soude se compor- taient d’une manière absolument identique, nous avors uti- lisé la soude dans nos essais, dont les résultats sont réunis dans I tableau LXX. TABLEAU LXX Influerce d’une alcalinité progressivement croissante sur la lipase. è (Condaté: is identiques à celles des expériences rapportées dans le tableau LXTAÀ.) PR ND A 1 XP ue Exe. II. | Exe. III | Exp. IV. | Exp. V. 0 3.2 Loé 432 8,9 14,4 N/300 ) 21 8,9 36,9 90,1 N/150 13,6 10,8 2573 157 70,6 N/100 15 3.9 10.6 57,9 2.4 N/75 0,4 44 2.6 6,5 4,6 N/69 0,0 0.4 0,9 0,0 2,0 N/30 ) 0,0 0,0 0,0 Un fait frappe dès l’abord : c’est que le suc ne subit pas: impunément ces modifications successives. Nous constatons en eflet que, pour une réaction alcaline de N/30, le suc n'est plus actif. Or, le suc normal actif présente une alcalinité totale en CONa? beaucoup plus élevée. Il se peut que, dans le suc normal, les substances qui lui donnent son alcalinité soient engagées dans des combinaisons qui tendent à masquer une partie de cette alcalinité, de sorte que l’alcalinité actuelle serait beaucoup plus faible que celle que donne le dosage de l’alcalinité totale. Rappelons à ce sujet que Fo (102), étudiant la réaction des liquides de l’organisme à l’aide de la méthode électrométrique, assigne au suc pancréatique une alcalinité actuelle correspondant à une solution de NaOH comprise entre N/100000 et N/300 000. PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOIDIQUES 205 Un second point qui se dégage nettement est que le fer- ment préfère une réaction alcaline légère à la réaction neutre ou acide ; en outre, le ferment montre une sensibilité très marquée vis-à-vis de l’alcalinité, puisque le passage de la neutralité à une concentration N/150 en NaOH a, dons cer- tains cas, décuplé l’action. Enfin il convient de noter l'existence d’un optimum de réaction au voisinage de N/150.11 esttrès vraisemblable qu'ici, comme dans le cas de l’amylase, la réaction optimale est une réaction alcaline beaucoup moins intense que celle du sue. Dans les deux e2s, le ferment trouve dans l'intestin des con- ditions d’action éminemment favorables. 30L’influence favorable dela réaction alcaline s’explique- t-elleuniquement par lameilleure émulsion des corps gras? — Quel est le mécanisme de l’action favorisante de la réaction alcaline? En modifiant la réaction, on modifie l’état de la substance à saponifier: s1 le réaction est acide ou neutre, pas d’émulsion de lhuile; 51 Ia réaction est alealine, émulsion d'autant plus fine, d’eutant plus stable que l’alcalinité est plus élevée. Or, l’état de l’émulsion conditionne évidemment l2 grandeur de la surface de contact entre l’huile et le fer- ment et peut modificr par là même le cours de la réaction. Les phénomènes observés ne tiennent-1ls donc pas tout sim- plement à la différence d’état physique des mélanges ? Tout d’abord, s’il en était ainsi, si la qualité de l’émulsion expliquait tous les phénomènes, nous n’aurions pas un opti- mum d'action pour une concentration en NaOH bien déter- minée. On peut cependant penser que la position de cet opti- mum est la résultante de deux actions de sens inverse : accélération provoquée par l’augmentation de finesse de émulsion, inhibition exercée sur le ferment lui-même par les concentrations croissantes de soude. S'il en est bien ainsi lorsqu'on réalisera dans tous les mélanges une émulsion de même qualité, l'accélération devra tendre à disparaitre, ou tout au moins l’optimum se déplacera. Nous avons donc essayé de diminuer, sinon d'éliminer totalement, la part qui pouvait revenir à des différences dans la surface de contact. Pour cela, nous avons répété des expériences analogues 206 ÉMILE-F. TERROINE aux précédentes avec du suc neutralisé et des sucs contenant des quantités croissantes de soude, mais en soumettant les mélanges à une agitation violente et continue. TABLEAU LXXI Influence d’une alcalinité progressivement croissante sur la lipase lors de l’agitation continue des mélanges en digestion. (Conditions identiques à celles des expériences rapportées dans. les tableaux LXIX et LXX.) CONCENTRATION EXPÉRIENCE Î. ExPÉRIENCE II. en NaOH. 0 9 N/300 15 N/150 25 N/75 20 N/45 7 N/15 0 Les résultats consignés dans le tableau LXXI montrent une persistance de l'accélération, laquelle est toutefois moins importante que dans les cas précédents. D'autre part, l’op- timum d'action se retrouve toujours pour une même concen- tration en NaOH de N/150. Nous nous croyons done en droit d admettre que, si la réaction peut modifier l’état physique de la substance à dédoubler et, par là même, dans une cer- taine mesure, le cours de la saponification, elle n’en exerce pas moins upe influence directe sur l’action diastasique elle- : même. Au total, nos recherches sur ce point permettent d'établir que : 19 Le suc pancréatique peut dédoubler les corps gras en milieu neutre, acide ou alcalin ; 20 [a saponification est la plus intense en milieu légère- ment alcalin ; 30 Le suc pancréatique après neutralisation puis réalcalini- sation, — phénomènes qui doivent certainement s’accom- plir dans le tube digestif, — possède un pouvoir lipolytique énergique ; PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES (GRASSES ET LIPOIDIQUES 207 40 La condition favorable créée par la présence d’une petite quantité d’alcali n’est pas due uniquement,à beaucoup près, à une simple modification de l’émulsion, mais doit être rap- portée, pour une part importante, à une influence directe sur la réaction de saponification elle-même. $ E. — Action des produits de réaction. Les recherches mémorables de BERTHELOT et PÉAN DE SAINT-GILLES ont établi que la saponification d’un éther par l’eau se ralentissait peu à peu pour aboutir à un état d’équi- hbre entre l’éther et l’eau d’une part, l'alcool et l'acide formés d’autre part. Les chercheurs tels que DrErTz (82), qui se sont préoceupés particulièrement de la cinétique de la saponification par les ferments, ont retrouvé un tel équilibre. Il résulte de cet état d'équilibre, dont la position est commandée par la loi des masses actives, que, si l’on ajoute à un mélange d’éther et d’eau une certaine quantité d'alcool ou d’acide, on ralentira la vitesse de la réaction en même temps qu'on diminuera la quantité totale de substance saponifiée. D'autre part, nous savons que, lorsque l’adjonetion de pro- duits de réaction modifie la vitesse d’une action diastasique, chaque produit formé intervient très Inégalement, et 1l est impossible de savoir à priori lequel exerce l’action imhibi trice la plus marquée: c’est ainsi, par exemple, que, dans lhydrolyse du saccharose par l’invertine, l’action ralentis- sante des produits de réaction doit être rapportée presque uniquement au lévulose (V. Henri, loc. cil.). I y a donc lieu d'étudier séparément les divers produits formés au cours d’une réaction: Quels sont done ces produits dans le cas qui nous préoccupe ? Lorsqu'un corps gras, c’est-à-dire un triglycéride, est sou- mis à l’action d’un agent saponifiant, quelles que soient la nature de cet agent et les conditions de la saponification, il est toujours finalement transformé en 1! molécule de gly- cérine et 3 molécules d'acides gras, suivant la formule générale : 208 ÉMILE-F. TERROINE CH2—0—R CH°OH | dx o_r +3H20 =CH OH+3ROH. | CH?—0—R bon Mais, comme l'ont fait observer GEITEL (190) et LEw- xowirscH (416), la réaction ci-dessus n’est que la somme des trois réactions successives : 4 mol. triglycéride + 1 mol. eau — 1 mol. diglycéride -- 1 mol. ac. gras. 4 mol. diglycéride + 1 mol. eau — 1 mol. monoglycéride + 1 mol. ac. gras. 14 mol. monoglycéride + 1 mol. eau — 1 mol. glycérine + 1 mol. ac. gras. D'autre part, lorsqu'on fait agir la lipase du suc pancréa- tique, on opère toujours en- présence de quantités d’alcali non négligeables, que le sue apporte avec lui. Avant donc lap- parition d'acide libre dans le milieu, il se forme une certaine quantité de savon. Dans l'étude de l'influence que peuvent exercer les pro- duits de la réaction, nous aurons donc à envisager d’abord les produits intermédiaires, ensuite les produits terminaux, c'est-à- dire : 19 Les di et moroglycérides ; 20 Les savons ; 30 Les acides gres ; 40 La glycérine. 1° Action des di et monoglycérides. — 4. EFFET DE L’AD- JONCTION A UN TRIGLYCÉRIDE DU DIOU DU MONOGLYCÉRIDE CORRESPONDANT SUR LA VITESSE DE SA SAPONIFICATION. L’adjonction de diglycéride ou de monoglycéride au triglycéride cor- respondant en modifie-t-elle la vitesse d’hydrolyse ? Pour répondre à cette question, nous avons soumis à l’action du suc soit un triglycéride seul, soit le même triglycéride additionné du diet du monoglycéride de même acide. Une molécule de triglycéride donnant naissance à une molécule de mono et une molécule de di, nous avons donc utilisé dans nos mélanges des quantités équimoléculaires. D'autre part, pour éliminer les phénomènes intercurrents dus à la plus ou moins grande solubilité des corps employés, nousnous sommes adressés, dans la plupart de nos essais, à des substances solubles dans l’eau et dont tous les produits de dédoublement étaient également solubles aux con- PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOIDIQUES 209 centrations envisagées : les acétines. Nous avons également, à titre de comparaison, réalisé quelques expériences avec les butyrines. Lorsque les expériences ont été très prolongées, comme c’est le cas de l’expé- rience IV (tableau LXXII), les essais ont été conduits aseptiquement. TABLEAU LXXII Action de la mono et de la diacétine sur la saponification de la triacétine. (Chaque tube contient à l’origine: 1° une même quantité de suc et, le cas échéant, une même quantité de sels biliaires ; 29 soit 0#,218 de triacétine, soit 0ë7,176 de diacétine, soit 02,134 de monoacétine, soit un mélange de ces quantités. Dans tous les cas, le volume total de chaque essai est de 10 cen- timètres cubes. Les chiffres représentent des centimètres cubes de NaOH N/20. Pour neutraliser les acides formés par saponification totale, il faudrait pour la triacétine 60 centimètres cubes, pour la diacétine 40 centimètres cubes, pour la monoacétine 20 centimètres cubes de NaOH N7/20.) DURÉES. MONOACÉTINE. DIACÉTINE. TRIACÉTINE. SÉRIE 6 ExPÉRIENCE Î (SUC SEUL). 20 min. 0,1 0,2 0,5 1,1 50 min. 0,1 » 2,0 SE 1h20 0,2 0,4 241 3,9 3 h. 50 0,1 0,4 2,4 4,4 ExpÉRIENCE II (suc + SELS BILIAIRES) 15 m. 0,3 ) | 4,9 7,4 40 m. 0,5 » fs) 752 1 h. 40 0,7 ) | 1251 10,7 3 h. 50 452 » 15,1 12,9 ExPÉRIENCE III (SUC+SELS BILIAIRES) 15 m. 0,3 » 3:7 4,3 40 m. 0,3 » 6,9 8,3 1 h. 40 0,3 » 1457 13,3 3 h. 50 | 0,3 ) 14,9 15,4 ExPÉRIENCE IV (SUC+4SELS BILIAIRES) 24 h. 0,5 4,5 GEL 15,9 50 h. 30 0,5 D 10,4 16,0 59:h30 0,5 6,0 10,4 16,5 145 h. 0,8 6,3 10,7 17,4 166 h. 1,0 FI 14,4 28,3 Enfin, le suc pancréatique seul attaquant fort peu les composés d'acides oras à faible poids moléeulaire, nous lui avons adjoint, dans la plupart des essais, une certaine quantité de sels biliaires ; la comparaison des expériences dans lesquelles ces corps sont présents, avec celles dans ANN. DES SC. NAT. ZOOL., 10° séries VITE 2410 ÉMILE-F. TERROINE lesquelles le suc est employé seul, montre qu'on ne change entrien, ce faisant, le sens des résultats, mais qu'on accentue simplement Îles phénomènes. Par et On trouvera consignés dans les tableaux LXXIT et LXXIIT les résultats observés. "TABLEAU LXXIII Action de la mono et de la dibutyrine sur la saponification de la tributyrine. (Conditions expérimentales identiques à celles indiquées dans le tableau LX XII. Quantités de substances mises en jeu: 051,302 tributyrine, 02,162 monobu- iyrine. Pour neutraliser l'acide formé par saponification totale, il faudrait pour latributyrine 60 centimètres cubes ; pour la monobutyrine, 29 centimètres cubes de NaOH N/20.) ; RUE . [MÉLANGE des || DURÉES. Sn EE pt giveérides. | TYRINE. | AVRINE. MONOBU- TYRINE. | | 3 eu GR ASMRRE UANTE ME EXPÉRIENCE .J. TRIBU- TYRINE. DURÉES. glycérides. EXPÉRIENGE II. L'examen de ces résultats montre très nettement que l’ad- jonction soit de monoglycéride, soit de diglycéride, soit du mélange de ces deux corps au triglycéride considéré, —tria- cétine ou tributyrine, —ne modifie en rien da vitesse de‘sapo- mification de ce triglycéride. En aucun cas l'acidité formée dans le mélange n’est inférieure à la somme des acidités for- mées pendant le même temps, lors de la saponification indé- pendante de chacun des constituants; au contraire, le plus souvent, elle est plus élevée. Mais, si ces expériences nous montrent que la présence des mono et diglycérides ne diminue certainement pas la vitesse de saponification du triglycéride, elles attirent en outre notre attention sur la manière respective de se comporter de cha- cun de ces corps vis-à-vis du suc; le monoglycéride est à L peine attaqué par le sue, le di davantage, le tri beaucoup plus (1). (1) Il convient de rappelerici-que, au cours de ces recherches sur l’action d& fluorure de sodium sur la lipase, LœveNxART (/oc.it.) a signalé que le suc pan- créatique attaquait plus facilement la triacétine que la diacétine. 3 PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES .GRASSES ET LIPOIDIQUES 21 Il nous à paru intéressant de préciser ce point par de nouveaux essais COMpPETÉS. b. RÉSISTANCE COMPARÉE DES MONO, DI ET TRIGLYCÉRIDES | A IL ACTION .DU.SUC PANGRÉATIQUE. Nous avons soumis à l’action du suc, tantôt seul. tantôt additionné de sels bihiaires, les mono, di et triacétines et les mono et tributyrircs. TABLEAU LXXIV Résistance comparée-de a mono,de la di et de la triacétine à la lipase pancréatique. (Conditions d'action identiques à celles du tableau LAXIT, mais les quantités mises en jeu sont isoacides, soit : 087,52, mono ; 021,32, di; 0,29 tri. Dans tous les cas, la neutralisation de l’acide formé par saponification totale nécessi- terait 77 centimètres cubes de NaOH N 20). ANS MONOA-| DIACÉ- | TRFACÉ- ne MONOA- | DIACÉ- | TRIACÉ- RARES CÉTINE. | TINE. TINE. nr CÉTINE. TINE. TINE. | | | sa Exp. I] (suc sEuL). Exp. II (suc sEUL). 2 h.30 ) 3,1 3,0 2ùh ) PAT PE EU JMATE ) 59 JA oh » 919 5.6 28 h..50 » 94 1272 22 “h. 30 ) 7,0 9,8 Exp. III (SUC-HSELS BILIAIRES). Expe. IV (SUC-HSELS BILIAIRES). 2h. 30 ) 74 6,8 2: ) | “44 8,1 Jah. ) 10;6 46,5 5 h. » 7,4 1H:,7 23:h. 5 » 14,2 19,3 22 h. 30 ) 9,6 16,4 ExP. V (SUCHSELS BILIAIRES). Exr. VI (SUC+SELS BILIAIRES) 15 m. 0:07 4:01 0,1 15 m. 0,3 2 287 40 m. 0,0 0,3 1,5 40 m. 0,6 244 4,3 2 h. 40 0,1 1,1 3,7 2.h.40 0,9 3,2 9,0 4h. 0,2 3,7 9,6 kh. 1 5,0 1i47410,0 Exp. VII (SUCHSELS BILIAIRES). | Exp. IX (sUe+SsELS BILIAIRES). 15 m. 0,1 4,Æ 9,2. 20 m. 0,1 0,5 0,7 40 m. 0,3 2,0 4,7 45 m. 0,2 0,9 1,9 2 h. 40 0,9 3,9 5,3 HR 9 2 1 5 1,9 3/4 LR. 0,5 3:41 5,2 4h. | 0,3 2,8 9,0 20h USA 08 3,8 9,8 Exr. VIII (SUC+SELS BILIAIRES). Ah 0,4 4,0 10,3 : 2h. 0,4 4,7 40,7 . 0,1 0,4 0,1 Fe ? ’ NN eo en de J'ussn ge en ao JR: 0,2 0,7 165,127} 24 D. 0;2 0,9 PAS Ne | Mais ici nous n'avons plus voulu employer des quantités équimolé- culaires. En effet, une molécule de triglycéride donne naissance à trois 212 ÉMILE-F. TERROINE fois plu: d’acide qu'une molécule de monoglycéride. 11 nous a paru plus intéressant, dans la comparaison de la résistance relative des différents produits, de prendre des quantités de substance susceptibles de libérer, par saponification totale, une même quantité d’acide. En dehors de cette modification, les essais ont été conduits exactement comme les précédents. Les résultats en sont consignés dans les tableaux LXXIV et LXXV. TABLEAU LXXV Résistance comparée de la mono et de la GET à la lipase pancréatique. (Conditions identiques à celles du tableau LXXIII. Quantités ‘isoacides mises en jeu: 081,32 mono, 081,20 tri. Dans tous les cas, la neutralisation de l'acide formé par saponification totale nécessiterait 40 centimètres cubes de NaOH N,20.) MONOBUTYRINE.| TRIBUTYRINE. MONOBUTYRINE.| TRIBUTYRINE. Exp. I (suc SEUL). ñ ExeP. II (SUC+-SELS BILIAIRES). Les tableaux LXXIV et LXXV montrent très nettement que les mono, di et triglycérides présentent une résistance très différente à l’action saponifiante du suc ; le diglycéride est nettement moins attaqué que le tri; le monoglycéride, beaucoup moins encore. Dans le cas des acétines et butyrines, le glycéride subit à peine l’action du suc. C’est ainsi que, dans l'expérience IX (tableau LX XIV), après cent quatre-vingt-huit heures d’action, la saponification de la monoacétine n’atteint que 1 p. 100 de la quantité mise en jeu. Il nous paraît donc que, si nous ne trouvons pas d’action retardante des mono et de Reenats sur la vitesse de décom- position du triglycéride, nous n’en saisissons pas moins un phénomène fort intéressant qui, dès maintenant, nous permet de comprendre le ralentissement progressif de la réaction en dehors de toute action inhibitrice : c’est la for- mation, au fur et à mesure de la saponification, de produits de plus en plus résistants à la lipase pancréatique. CNT ve PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOIDIQUES 215 20 Action des savons. — Nous avons étudié l'influence qu'exerce l’adjonction d’oléate de soude sur la saponification de l'huile d'olive, L’oléate de soude employée a été obtenue par neutralisation exacte d'acide oléique pur du commerce par une solution alcoolique de sonde, Le produit obtenu après évaporation du solvant nous a servi à préparer, au moment même de l’emploi, des solutions de titre voulu dont nous avons toujours vérifié la neutralité. TABLEAU LXXVI Action de l’oléate de soude sur la saponification de l’huile. (Tous les mélanges contiennent la même quantité d'huile, la même quantité de suc pancréatique et, le cas échéant, la même quantité de sels biliaires. Ils sont tous amenés dans une expérience au même volume et ne diffèrent entre eux que par leur concentration en oléate de soude. Les dosages sont faits à l’aide de NaOH N,20 sur des prises de 10 centimètres cubes. Pour neutraliser les acides formés par la saponification totale de l'huile contenue dans une prise d'essai, il faudrait, dans les expériences I, 11 et IV, 125 centimètres cubes et, dans l'expérience III, 66 centimètres cubes de NaOH N/29.) CONC. Expr. I. Exp. II] CONC. Exp. III conc. |Expe. IV en oléate (Suc seul). (Sue ‘|| en oléate (Suc seul). en oléate (Sue peste seuNi de PE de +sels p- 100. || { h. 30. 4 h. soude soude |biliaires). DER OE TS GO 2 h. 4h. .45./| p.100. | 6 h.40. 0,000 | 5 : 1 || 0,000 0,028 2, 3: 0,025 0,057 | A, oE 0,050 0,140 0,125 0,280 | 8: 0,150 D'autre part, AMBERG et LŒvENHART (7) ayant signalé une accélération de l’hydrolyse des éthers par la lipase hépa- tique lors de l'addition de sels de soude d’acides gras, nous avons recherché si un tel fait pouvait également s’observer dans le cas de”laction saponifiante du suc pancréatique. Nous avons donc suivi le développement de l'acidité dans des mélanges contenant du butyrate d’éthyle, soit seul, soit additionné de butyrate de soude à diverses concentrations. Pour éviter l’action intercurrente d’une précipitation abondante des albumines du sue, nous avons fait agir le suc seul, sans addition de sels biliaires, 214 ÉMILE-F.. TERROINE TABLEAU LXXVII Action du butyrate de soude sur la saponification du butyrate d’éthyle. (Le butyrate d’éthyle est utilisé à la concentration de N,3,5; pour neutraliser l’acide formé par saponification. totale dans chaque prise d'essai, ilfaudrait, 52 centimètres cubes de NaOH N 20. Toutes les expériences ont été faites avec du suc seul, ce qui explique la faiblesse du dédoublement.) CONCEN- Exp. I. Bxe. IT. ;: TRATIONS | J se 54 Le À en butyrate ‘ de soude. “HU: 4 h.40: || 41h.145. Ÿ 1,8 ) ) 13 Il est manifeste de l'examen des chiffres que l’adjonction de-savons à la substance à saponifier, — qu'ils’agisse d'oléate de soude dans le cas de l'huile ou de butyrate de soude dans le cas du butyrate d’éthyle, — provoque une diminution de la vitesse de réaction. Mais cette diminution est beaucoup plus sensible dans le premier cas que dans le second : à une concentration de: N/35,le butyrate de soude ne modifie plus , , sensiblement le dédoublement du butyrate d’'éthyle; alors qu’une concentration de 08,28 p. 100 en oléate de: soude; soit environ N/100, provoque une diminution considérable de la vitesse de réaction et que desconcentrations de 08,12 à Ogr,14 p. 100, c’est-à-dire inférieures à N/200, diminuent encore de 50 p. 100 la quantité de substance grasse saponi- fiée, dans les limites de temps de nos essais. Nous saisissons donc ici un second facteur dont limpor- tance n’est pas niable sur le cours de la sapomification des corps gras, la présence de savons. Or, la formation de savons, au cours de la digestion, aux dépens des acides gras \ et des substances alcalines contenues dans le tube digestif, n’est pas douteuse, puisque, après un repas gras, le contenu intestinal renferme toujours une certaine proportion de savons (1). ; | (1) On trouvera sur ce point d’intéressantes indications dans le travail de Levires (oc. cit). LeviTes montre, par exemple, qu'après un repas contenant PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOIDIQUES 215 30 Action des acides gras: — Les paragraphes précédents nous: ont permis d'établir que les acides gras à faible poids moléculaire interviennent dans la réaction en immobilisant progressivement le ferment par précipitation du: sue. Par ailleurs, BRADLEY (loc. cit.) fait remarquer, et à juste titre, qu'un tel phénomène ne se: produit pas, ou tout au moins très faiblement, lors de la libération d’acides: gras supé- rieurs au cours de la saponification des: corps gras naturels, laquelle peut être poussée très loin. Tous les faits rapportés dans le présent travail plaident d’ailleurs dans le même sens. Il était donc intéressant de rechercher ce que donnait sur la saponification de l'huile l’adjonction d'un acide gras. Nous avons choisi dans ce but l'acide oléique, qui se trouve en pro- portion très élevée dans l'huile et qui, étant parfaitement liquide à la température des essais, se mélange intimement avec l'huile ; ce mélange donne avec le suc d'excellentes émulsions. Nous avons ainsi réalisé les mélanges suivants, danslesquels- nous avons mesuré l'accroissement d’acidité après des temps variés. Les dosages ont été faits à l’aide de NaOH N/20 sur des prises de 10 centimètres cubes. 4 h.,50. 6 h: 10. at c. ©. émulsion contenant 7 cent. cubes d'huile... ..... ) RE ESUCIDANCEÉA TIQUE Rire IR ere te 6,1 9,4 | 2 ON CRE LP A CNE EE eV CL AE 2 OR NA IN ER VITE à 20 c. c. émulsion contenant 7 c..c. d'huile ............ | MEME SIM ET EAN RE L40p uele hN E neR 3,2 4,1 S ENNCR A Cl EaN Lee | UE SON PERS PR PANIER CRETE CE \ Il n'est pas douteux que ladjonction d'acide oléique dimi- nue la vitesse de saponification. Mais, si l’on considère les proportions respectives d'huile et d'acide présentes dans les mélanges en digestion, si l’on veut bien remarquer que la quantité d’acide représente environ 50 p. 100 de la quantité d'huile et que, cependant, la vitesse n’est diminuée que de 50 p. 100, on est en droit de conclure que l’action retardante de l’acide est relativement faible. 51 l’on compare ce fait avec celui précédemment établi, de la résistance progressive des di et monoglycérides vis-à-vis une certaine quantité de graisses de Bœuf on trouve dans le liquide qui s’écoule par la fistule 2,87 p. 100 d’acides gras à l’état de savons à côté de 41,6 à l’état libre. 216 ÉMILE-F. TERROINE du suc pancréatique, on est amené à penser que, lorsqu'ii s’agit des corps gras naturels, et bien que les deux phéno- mèênes entrent en jeu, l’action limitative due à l’apparition de glycérides de plus en plus résistants intervient beaucoup plus que celle due à la présence des acides gras. 49 Action de la glycérine. — Nous avons étudié, exactement comme pour tous les autres produits de réaction, l’action exercée sur la saponification des corps gras par l’adjonction de glycérine. : M Nous nous sommes adressés à la glycérine pure du commerce. Ce pro- duit présente parfois une légère acidité, aussi ne l’avons-nous utilisé qu'après neutralisation préalable (1). Comme agent saponifiant, nous avons utilisé tantôt le suc seul, tantôt le mélange de suc et de sels biliaires. Les essais ont été poursuivis sur différents corps Le huiles d'olive, de coton, de ricin, graisse de porc. Dans la première catégorie d'essais, les graisses employées l'ont été telles quelles sans émulsion Dréalable. L’émulsion plus ou moins gros- sière réalisée dans le mélange l’a été par les substances alcalines présentes dans le suc. Les discussions qui suivront mettront en lumière l'intérêt de la présente remarque. , Les résultats obtenus sont consignés dans le tableau LXXVIIT. (1) La quantité d’électrolytes introduit de ce fait, lorsque la neutralisa- : tion était nécessaire, a toujours été extrémement minime et ne peut inter- venir en aucune manière dans la procuction des phénomènes observés. ; # 1 À ® | | PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOIDIQUES 217. TABLEAU LXXVIII Action de la glycérine sur la saponification des graisses non émulsionnées. (Conditions identiques à celles indiquées au tableau LXXVI. Les mélanges ne varient entre eux que par la concentration en glycérine. Les dosages sont faits sur des prises de 10 centimètres cubes à l’aide de NaOH N/20. Pour neutraliser les acides formés par la saponification totale du corps gras contenu dans une prise d'essai, il faudrait 156 centimètres cubes dans les expériences I, IT, IV, VII, VIII et IX ; 160 centimètres cubes dans l'expérience ITT.) ExPÉRIENCE II. (Huile de ricin.) CONCEN- - EXPÉRIENCE Î. || CONCEN- TRATIONS (Huile d'olive.) TRATIONS en glycérine en grammes p. 400. en glycérine en grammes p. 1400. 18.1 36,3 54,4 72,5 2h10: CONCEN- TRATIONS en glycérine en grammes p- 100. ExPÉRIENCE III. (Graisse de porc.) CONCEN- TRATIONS en glycérine | en grammes p. 400. EXPÉRIENCE IV. (Huile de coton.) RE = 2h2120. 6 h. 45. 14,1 28,2 96,4 84,6 CONCEN- ExPpÉRIENCESs VII, VIII ET IX. TRATIONS en glycérine en grammes | p- 100. (Huile d'olive ; suc pancréatique +sels biliaires.) NINI D D = © SO © © © © ND L'étude de la lipase pancréatique, qui nous a déjà amené à la constatation de plusieurs faits d'apparence paradoxale, nous en fournit encore un nouveau ; l’examen des chiffres réunis dans le tableau LXX VIII montre en effet très nette- 218 ÉMILE-F. TERROINE. ment que la glycérine, produit de réaction, accélère la vitesse de saponification des corps gras. Et il ne s’agit pas ici d’un phénomène médiocre, puisque, pour de: certaines concentra- tions, cette accélération peut être de 300 à 400'p. 100: Com- ment expliquer ce fait ? Lorsqu'on mélange du suc pancréatique et de: l'husle- et qu'on agite, il se forme une émulsion dont la qualité dépend de l’alcalinité du suc. Après un certain temps, on constate que les gouttelettes grasses, d’abord, uniformément réparties dans la masse, s'élèvent peu à peu.et se rassemblent à là sur- face exactement comme la crème monte sur le lait. Si l’on observe le contenu des tubes dans lesquels il y a de la glycérine, lorsque la quantité de glycérine est assez im- portante, les gouttelettes grasses ne se rassemblent plus; et le mélange reste sensiblement homogène pendant toute la : durée de l'expérience ; lorsque la concentration en glycérine est relativement faible, les gouttelettes tendent encore à se réunir en une couche superficielle, mais elles le font beaucoup plus lentement. Cette observation nous æ amené au raisonnement sui- vant : Par sa présence, la glycérine augmente considérablement là viscosité du milieu; il s'ensuit que l’émulsion grasse: est plus stable. C’est dire que la surface de contact entre les gra- nules gras et la solution diastasique est beaucoup plus grande: Ajouter de la glycérme, c’est donc augmenter la surface d'ati- taque, c’est donc, — si nous pouvons employer une telle expression dans le casd’une substance insoluble, — augmenter la concentration de la substance à dédoubler. Ce fait serait sans importance si, comme c’est le cas pour la majorité des ferments; la vitesse d’action était indépen- dante de la concentration de la substance à dédoubler. Mais nous avons précisément établi qu'il n’en est pes ainsi dans le cas de la lipase; la vitesse augmente avec la concentration dw corps sur lequel elle agit. E Nous sommesdonce conduitsà formuler l'hypothèse suivante: là glycérine augmente la vitesse deréaction, parce: que; stabi- Hsant lémulsion par suite de sx viscosité, elle augmente la À . à | 3 + PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOIDIQUES 219 surface de contact entre le corps gras et le ferment. Pour qu’une telle hypothèse pût être admise, il convien- drait d'établir : Que l'accélération disparait, ou tout au moins diminue, lors de la saponification de substances dont la surface: de:eon- tact avec le ferment ne peut pas être modifiée ; Que l’adjonction de substances très diverses, autres que la glycérine, ne pouvant intervenir par leurs propriétés chi- miques, mais ayant en commun entre elles et avec la glycé- rine la seule propriété d’être très visqueuses, peut provoquer des accélérations de même ordre que la glycérine. C’est ce que nous avons tenté. &. ACTION DE LA GLYCÉRINE LORS DE LA SAPONIFECATION DES CORPS DONT ELLE NE PEUT MODIFIER LA SURFACE D'ATTAQUE. — Trois cas peuvent être envisagés : 2. Celui des-émulsions, qu’il s'agisse d’émulsions artifieielles : obtenues par mélarges d'huile et de substances alcalines ou d’émulsiors raturelles (crème, jaune d’œuf, ete.) ; 2. Celui des graisses solides: 7. Celui des glycérides solubles. Nous les avons examinés successivement. x. Action de la glycérine sur la saponification des émul- sions. — Nous avons fait appelsoit à des émulsions obtenues par agitation d'huile avec une solution de carbonate de soude à 2 p. 1 000, soit à des émulsions naturelles, crème ou jaune d'œuf, diluées dans l’eau. Le suc pancréatique employé, étant recueilli par cathétérisme du canal de Wirsung, ne possède aucun pouvoir tryptique; c’est dire que, dans le cas des émulsions naturelles utilisées qui contiennent, à côté des corps gras, une proportion assez élevée de matières. protéiques;, 1Ln°y. à pas à redouter la possibilité d’une action secondaire due à une attaque simul- tanée de ces protéiquer. D’autre part, l’acidification. progressive se dose très bien dans ces _ mélanges par la méthode habituelle. Les résultats obtenus dans les deux séries d'essais sont con- signés dans les tableaux LXXIX et LXXX. 2920 ÉMILE-F. TERROINE TABLEAU LXXIX Action de la glycérine sur la FAPOn ESS des huiles émulsionnées. (Conditions identiques à celles du tableau LXXVI. Pour neutraliser les acides formés par saponification totale des corps gras contenus dans chaque prise d'essai, il faudrait, pour les expériences I et II, 125 centimètres cubes pour les expériences III et IV, 100 centimètres cubes de NaOH N,20.) CONCEN- EXPÉRIENCE I. EXPÉRIENCE Il. TRATIONS EEE mr _— en glycérine. 4 b. 30. 4 h. 30. CONCEN- XPÉ N 3 | EXPÉRIENCE IV. TRATIONS » en glycérine. 3 h.50. æ# © oo Qt D © Otis => TABLEAU LXXX Action de la glycérine sur la saponification des émulsions grasses naturelles. (Conditions identiques à celles du tableau LXXVI; mais ici la quantüé de soude nécessaire pour neutraliser la totalité des acides d’une prise après saponification complète n'a pas été déterminée. Les chiffres représentent des centimètres cubes de NaOH N/20.) Exe. I. | Exr. Il. | Exr. IIL, || Æxr. (Crème.) || (Crème.) | (Crème) (Jaune a CONCEN- TRATIONS en | 1 glycérine. 2 h. 5. .30.[ 22h. |2h.925.16h. 45.| 2h. | . 25 ||5 h. 40. PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOIDIQUES 221 Deux faits apparaissent très nettement : 19 Dans les émulsions d'huile, l’adjonction de glycérine provoque encore une accélération de la saponification, mais beaucoup plus faible que lorsque ces mêmes huiles ne sont pas préalablement émulsionnées. Il convient de noter que ces émulsions ne sont pas parfaites. Pour obtenir de très bonnes émulsions, il faudrait mettre en œuvre des quantités d’alcal plus élevées, et l’on entraverait, ce faisant, l’action du fer- ment. Par conséquent, la glycérine peut encore jouer un rôle dans la stabilité de l’émulsion, quoique à un moindre degré. 20 Dans les émulsions naturelles, l’adjonction de glycérime provoque non plus une accélération, mais une diminution de la vitesse de saponification, diminution qui, sans être Impor- tante, est constante. Pour rendre plus frappantes les différences dans l’action de la glycérine, suivant qu'elle s'exerce sur la saponification de graisses non émulsionnées ou d’émulsions, naturelles ou artificielles, nous avons réuni dans un même tableau (tableau LXXXI) les modifications observées pour une même concentration en glycérine — 56,4 p. 100 — et pour des durées d’action simon identiques, tout au moins très voisines. TABLEAU LXXXI Action comparée de la glycérine sur la saponification des graisses liquides non émulsionnées, des émulsions d’huile, des émulsions naturelles. ET: ’ SU N G du Sn ce DUREE SRE SNS au Huile d'olive non émul- sionnée.... 220 2.6 12 + 373 % Graisse de. | Porno 22 h. 2,1 10,2 + 380% mulsion | d'une" 29 h. ju) 11,2 | + 444% Émulsion d'huile... 20 h. 1327 19,5 +: 42% Crème... 29 h. 9,8 747 LAN Crème: .:.:,. 2e 8.8 DEA RAIN Jaune d’œuf. 22 h. 11,9 9,3 Es 294% Il La première catégorie de faits examinés est done très favo- 229 ÉMILE-F. TERROINE rable à notre hypothèse, puisqu'elle nous montre que le pou- voir accélérant de la glycérine décroit lorsque diminue l’im- portance de son rôle dans la permanence de l’émulsion, dis- paraît lorsque ce rôle disparait. Action de la :glycérine sur la saponification des graisses. solides. — Nous avons recherché l’action qu'exerce la glycé- rine sur la saponification de la graisse de Mouton. Des cubes de 4 :gramme de graisse.de Mouton.ont été ‘immergés dans du suc seul ou additionné de glycérine. L'action du suc sur les.substances riches en palmitine et en stéarine est très faible. L'expérience a été pour- suivie six jours et, pour éviter toute action microbienne, étant donnée cette longue durée, a été conduite aseptiquement. On trouvera les résultats ci-dessous. Les chiffres représentent des centimètres cubes de NaOH N/20: pour neutraliser da ‘totalité ‘des acides, il aurait fallu 60 centimêtres cubes. Concentration en glycérine ........... 0 8,3 16,8 41,5 83,0 Acidité formée après six jours (centi- , mètres cubes de NaOH N/20) ....... 39 4,92: U6 660102 L'accélération persiste, mais nous voyons qu'elle «est très nettement plus faible que ‘dans le.cas d’une :graisse de compo- sition très voisine, la graisse de Porc (Voir tableau LXXVIIT). Seulement, cette dernière étant liquide à la température des essais, la glycérme peut jouer le rôle qu'elle doit à sa visco- sité, alors qu’elle ne le peut pas dans le ces de la graisse de Mouton. L’accélération maximum observée dans le cas de la graisse de Mouton est de 69 p. 100, alors qu'elle était de 542 p. 400-dans le-cas del -graisse-de Porc. Il n’est donc pas arbitraire de conclure que la seconde-caté- gorie d'essais apporte une nouvelle preuve à l ur. de notre hypothèse. . Action de la glycérine sur la saponification des glycérides 1 sUy / solubles. — Nous avons fait appel pour ces essais à deux corps : la triacétine et la monobutyrine. Les résultats en:sont groupés dans le tableau LXXXII. un. . ‘ PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES :GRASSES ET LIPOIDIQUES 22; TABLEAU LXXXII Action de‘la glycérine sur la saponification de la monobutyrine et de la triacétine. (Les chiffres représentent des centimètres cubes de NaOH N/20 ; pour neutraliser les acides formés-par:sapontificationtotale dechaque prised'essai, il'faudrait, pour l'expérience I, 10 centimètrescubes, pour l'experience TT, 115 centimètres cubes de NaOH N/20.) CONCENTRATIONS EXP. I. — MONOBUTYRENE EXP. FI. — TRIACÉTINE en glycérine. à :0;88p. 100. à 4,1 1p. 400. » 2,82 14,10 28,20 56,40 Même phénomène 1ic1 que dans le cas des émulsions natu- relles : l’accélération a complètement disparu. Au contraire, lorsque la concentration en glycérine s'élève, un retard appa- _ rait dans la saponification. Il y a donc là-encore un fait qui corrobore l'hypothèse formulée. b. ACTION DE L'ADJONCTION DE SUBSTANCES VISQUEUSES, -DTVERSES SUR LA SAPONIFICATION DE L'HUILE. — Nous nous sommes adressés 161 à des corps très variés dont les propriétés chimiques ne pouvaient laisser croire à une action sur la saponification et qui n'avaient de commun entre elles et avecla glycérine qu'une propriété, une viscosité très marquée. Les substances employées ont été: l’albumine d'œuf (1), le sirop de saccharose, des solutions de gommes. Notons tout d’abord le même phénomène apperent qu'avec la glycérine : lorsque ces corps sont présents en quantité -suffi- sante dans les mélanges, les gouttelettes grasses ne remontent pas à la surface, mais restent emprisonnées dans la masse en digestion. | D'autre part, l'examen du tableau LXXXTTII dans lesquels sont rapportés les résultats de ces essais met en évidence la (1) CL. BERNARD a-signalé que le mélange d’albumine d’œuf et de suc pan- créatique émulsionne très bien la graisse, «et même cette émulsion.est:plus facile et paraît durer plus longtemps dans le liquide mixte qu'avec le suc pan- - créatique » (WMémotre sur le pancréas, p.77). 994 ÉMILE-F. TERROINE même accélération avec les substances visqueuses qu'avec la glycérine. TABLEAU LXXXIII Influence de l’adjonction de diverses substances visqueuses sur la saponification de l'huile. (Conditions d'expériences identiques à celles du tableau LX XVI. Les concen- trations signifient le pourcentage de solution visqueuse dans le volume total. Pour neutraliser les acides gras formés par saponification totale dans chaque prise d'essai, il faudrait 125 centimètres cubes de NaOH N7/20.) NATURE ! CONCENTRATIONS.. de la substance DURÉES re TV Foot, SE 0. 2,8. 3.6. 14.0. 28,0. Gomme À adragante. 6 h. 40 12% 14,3 12,9 18,4 20,2 : k 1 h. 30 8,8 12,7 14,0 15,7 20,9 ee “h.30 | 449 17,5 17,9 21.0 3 0,3 AU ETES 13,4 19,1 29,0 30,3 » Gomme 2 N. 25 3,7 » 4,2 7,8 11,2 arabique. | 6 h.40 4,2 » 13,2 14,0 15,9 è 2 h. 35 2,6 7,2 6,8 8,5 8,5 St 6 h. 25 5.0 9.9 10,6 12,8 13,6 A0 he 5,2 10,1 14,8 16,0 15,3 Lh:45 2,9 ) » » 6,7 Ovalbumine.| 5h. 45 3,6 » » ) 13,2 h. 45 4,4 » » » 18,9 Sirop de 2h. 5,8 » » 33,1 saccharose. | 6 h. 40 8,9 ) ) ) 40,1 Au total, l'accélération par la glycérine étant très nota- blement diminuée dans le cas des émulsions artificieHes et des corps gras solides, supprimée dans le cas des émulsions naturelles parfaites et des glycérides solubles et un phéno- mène identique pouvant être obtenu à l’aide de substances visqueuses quelconques (1), nous nous croyons en droit de rapporter le fait de l’accélération de la saponification des ww PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOIDIQUES 225 graisses par la glycérine aux modifications que la présence de cette substance apporte à la qualité de l’émulsion, à l’aug- mentation de la surface de contact du corps à dédoubler avec l'agent saponifiant. En résumé, notre étude sur l’action des produits de réac- tion nous-a permis de montrer : 19 Que la réaction est ralentie, d’une part, par l’action inhi- bitrice des produits terminaux de la réaction, — savons et acides gras; — d’autre part, par la résistance de plus en plus grande qu'offrent les produits intermédiaires à l’action sapo- nifiante du suc ; 29 Que la réaction est accélérée par l’un des-produits ultimes de la réaction, la glycérine, et que ce phénomène est dû au contact plus parfait que la viscosité de ce corps permet de réaliser entre le ferment et la substance à dédoubler. $ F. — Action des électrolytes. La présence ou l'absence d’électrolytes, la concentration des électrolytes présents sont des faits d’une importance c2pi- tale pour toute action diastasique. Les phénomènes observés sont si significatifs, 1ls portent sur un nombre si élevé de fer- ments qu'il est maintenant inutile d’insister sur l’absolue nécessité de comprendre, dans toute recherche sur les pro- priétés d’un suc diastasifère, une étude du rôle que peuvent y jouer les électrolytes. Nous avons done naturellement fait porter notre investigation sur l’action qu'exercent les sels dans la saponification des corps gras par le sue pancréatique. Mais, avant d'entrer dans le détail de notre travail sur ce (1) MezzAngy et WooLEy (loc. cit., p. 294) observent que l’addition de sucre de canne à un mélange de suc pancréatique et d’une émulsion à 50 p.100 d’huile d'olive ne modifie pas la vitesse de la saponification, et ils semblent opposer ce résultat aux nôtres. Or, dès nos premières publications (158), nous avons pris soin d'indiquer que les corps qui augmentent la viscosité agissent très différemment suivant que le corps gras étudié est, ou non, émulsionné. Toute notre démonstration tendait à montrer que la glycérine agit 1à où elle peut améliorer l’émulsion, et là seulement. En réalité, l'expérience de MELLANBY et Woozey, loin d’être en contradiction avec notre manière de voir, apporte . au contraire un fait en faveur de son exactitude. ANN. DES SC. NAT. ZOO!., 10e série. IV LD 296 ÉMILE-F. TERROINE point, il convient de préciser la nature des actions à étudier en se fondant sur les phénomènes déjà connus relatifs à d’autres ferments. Si l’on essaie de classer tous les faits apportés jusqu'à ce jour sur les actions qu'exercent les électrolytes sur les fer- ments solubles, on constate très nettement deux groupes d'actions parfaitement distinctes : 19 L’élecirolyte paraît faire partie intégrante de l'agent diastasique lui-même, et c’est pourquoi on lui a donné le nom de coferment. Le ferment soluble peut alors être con- sidéré comme un couple ; il comporte, d’une part, une matière de nature chimique entièrement indéterminée ; d'autre part, un sel. Sur ce point, les exemples abondent, imcontestables ; cheque jour en amène la découverte de nouveaux. Pas d'action coegulsnte du fibrimferment et pas de coagu- lation du lait sans sels de chaux (ArrHus et PAGÈS, 41, 42) ; pas de coagulation de la pectine sans sels de chaux (BER- TRAND €6t MALLÈVRE, 29); pas d'action peptique sans acide chlorhydrique (LAnGLEY et Enxins, 477) ; pas d’action oxy- dante de la laccase sans sels de manganèse (BERTRAND, 28); pas d'action trypsique du suc pancréatique sans sels de chaux (DELEZENNE, 80); pas d'action amylolytique du suc per- créatique sans chlorure de sodium (Brerry, Gras et Henri, 33), etc. Dans tous ces cas, qui ne représentent d’ailleurs qu'une partie des faits observés, le sel joue un rôle de tout ou rien. S'il est présent, action ; s’il est absent, aucune transfor- mation du zymolyte. Donc, dans toute action diestasique, la première recherche à entreprendre est la suivante : le produit de sécrétion dont on sait qu'il exerce une action in vivo doit être essayé 1n euro, et alors deux cas peuvent se présenter. Ou bien il est natu- rellement inactif et totalement imactif (cas de la trypsime du suc pancréatique) ; ou bien il est naturellement actif et énergiquement actif (cas de l’amylase du suc pancréa- tique). S'il est naturellement inectif, il y a heu de chercher à lui + PIRE PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOIDIQUES 227 conférer l’activité qu’il exerce in vivo par l’adjonction d’un électrolyte : l’adjonetion d’un sel de chaux au suc pancréa- tique lui confère son pouvoir trypsique. S'il est naturellement actif, il y a lieu de le débarrasser par dialyse de la totalité de ses électrolytes, de constater après cette opération s'il est encore agissant ou s’il a perdu toute activité et, dans ce dernier cas, chercher quel électrolyte peut la lui rendre : le suc pancréatique dialysé a perdu tout pou- voir emylolytique; ce pouvoir réapparaît si l’on ajoute au liquide dialysé de très faibles quantités de chlorure de sodium. Ce seront ces points que nous devrons tout d’abord exs- miner dans le cas de la lipase pancréatique. Lt 20 L’électrolyte exerce une action accélérante ou inhibitrice sur la marche du phénomène diastasique. — Ici, nous n’avons plus affaire à une action de tout ou rien. Un suc naturel actif sur telle ou telle catégorie de corps pourra voir son action accélérée, ralentie ou parfois même totelement inhibée par la présence de divers électrolytes. Parfois, un même sel accé- lérera ou ralentira la vitesse de l’action suivant sa concen- tration. ‘é L'adjonction de phosphates à la zymese accélère dans des proportions considérables la vitesse de la fermentation alcoo- lhique (WROBLEWSKi1, 351; Bucnner et HAHN, 56; HARDEN et YounG, 127) ; la papaïne est accélérée par le chlorure de sodium (SACCHAROF, 279) ; la ptyaline est accélérée ou inhibée par le chlorure de sodium, suivant les concentrations présentes (COLE SYDNEY, 66) ; l’amylase est inhibée par les sels de cuivre, d’argent, de mercure (Mac GuiGax, 204) ; l’action lipesique des extraits de foie ct de. pancréas cs entravée par l’adjonction de fluorure de sodium (KASTLE et LŒvenHART, 165, 166; LŒvenHaRT et PEircE, 194); la lipase du rien est accélérée par les sels de manganèse (Hoyer, 148), etc., cte… Il convient donc de rechercher sur tout liquide diastesifère actif, — que cette activité soit immédiate ou obtenue secon- dairement par addition d’un coferment, — quelles influencecs exerce sur la marche de la réaction l’adjonction d’éleetro- lytes divers, comment ces influences varient avec les concen- 298 ÉMILE-F. TERROINE trations, enfin quel en est le mode d'action. Ce sera le second degré de notre étude de l’action des électrolytes sur la lipase pancréatique. Donc, deux points à envisager successivement : 19 L'activité naturelle du suc pancréatique seul et le rôle joué par les électrolytes dans cette activité ; 20 L'influence d’électrolytes divers à diverses concentra- tions sur l’action lipasique du suc pancréatique. 1° Activité naturelle du suc pancréatique et rôle des élec- trolytes dans cette activité. — a. ACTIVITÉ DU SUC NATUREL. — Que le suc pancréatique pur, normal, tel qu'il s'écoule du canal de Wirsung, exerce une action saponifiante sur les corps oras, c’est là un fait indiscutablement acquis depuis les mémo- rables recherches de CLAUDE BERNARD sur le rôle du pancréas dans la digestion des graisses. BERNARD montre, en effet, qu'une solution d'huile neutre dans l’éther s’acidifie rapide- ment par addition de suc pancréatique et qu'il en est de même si l’on emploie, au lieu d'huile, un glycéride synthé- tique, la monobutyrine. Toutes les recherches ultérieures, comme nous l'avons vu (V. p. 145 et suiv.) ont confirmé ce fait. Au sur- plus, les indications données au début de cette partie de notre travail établissent très nettement que le suc de sécrétine, dont nous avons montré par ailleurs qu'il possé- dait toutes les propriétés du suc normal (1), exerce seul une action saponifiante marquée. Le suc pancréatique naturel est donc immédiatement actif sur les corps gras. b. ROLE DES ÉLECTROLYTES DANS L'ACTIVITÉ LIPASIQUE NATURELLE DU SUC. — Étant donnée l’activité naturelle constatée, la question se pose aussitôt de savoir si, comme dans le cas de l’amylase, cette activité est sous la dépen dance des sels présents dans le suc. Comment tenter de répozdre à cette question? A l'heure actuelle, une seule technique est à notre disposition : recher- cher s1 le suc naturel perd son activité par dialyse et, si out, Î (1) Voir E.-F. TERROINE, La sécrétion pancréatique, Hermann, Paris, p.46-50. PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOIDIQUES 229 essayer de 12 lui rendre par addition des divers électrolytes qu'il contient normalement. Nous avons donc soumis du suc pancréatique à à la dialyse contre l’eau distillée et l’avons mis ensuite à agir sur des corps gras variés, soit seul, soit après addition de chlorure de so- dium ou de carbonate de soude. Expérience 1. — Le suc, recueilli aseptiquement, est placé dans un dialyseur en collodion stérilisé. La dialyse contre l’eau distillée est pour- suivie pendant douze jours, l’eau étant changée deux fois par jour. Au bout de ce temps, on prépare les mélanges ci-dessous indiqués; on les place au thermostat et l’on dose l'acidité formée après vingt-quatre heures de digestion à l’aide de NaOH N7/20. \ Acidité en cc. de NaOH N/20. 10 centimètres cubes d’huile + 20 centimètres cubes eau GS NÉE ARE LE BALE EU RAS LEE RON RAI pr NES EU ARR QAR US 0,8 10 centimètres cubes huile - 20 centimètres cubes suc dialysé.…... 14 10 centimètres cubes d’huile + 20 centimètres cubes suc dialysé COSNa, de manière à amener la concentration en ce sel à 5 NC TR AR CN EI NOUS ee EN AE ie à 0,9 10 centimètres cubes d’huile + 20 centimètres cubes suc dialysé + NaCI, de manière à amener la concentration en ce sel à Expérience 11. — Conditions identiques à celles de l'expérience pré- cédente; mais l'essai d'activité est fait à l’aide de monobutyrine. Acidité en ce. de NaOH N/20. 10 centimètres cubes solution monobutyrine à 2 p.100 + 20 centi- MÉPDESCUDESCAU dISUIÉES ARMELLE ENT AE 0,3 10 centimètres cubes solution monobutyrine à 2 p.100 + 20 centi- Ie res GUIDES SUC AVS ENS MU RU Lee: RENE 0,4 10 centimètres cubes solution monobutyrine à 2 p.100 + 20 centi- mètres cubes suc dialysé + CONa? de manière à amener la CONCERTATION ENT er SEA 2UpeL DOOES LES Eee, 0,6 10 centimètres cubes solution monobutyrine à 2 p.100 + 20 centi- mètres cubes eau distillée NaCI, de manière à amener la concentrationten/ce sel an8iD. M4 000.11... RACE USE 0,9 Expérience 111. —. Conditions identiques, mais lessai d'activité est fait à l’aide de butyrate d’éthyle. Acidité en ce. de NaOH N/20. 1,2 centimètre cube butyrate d’éthyle + 29cc,5 eau distillée ..... 0,4 1 2 centimètre cube butyrate d’éthyle + 29cc,5 eau distillée + 10 centimètres cubes suc dialysé. 0,4 1,2 centimètre cube butyrate d’ éthyle “ 29ve, » eau | distillée. " 10 centimètres cubes NaCI, de manière à amener la concen- FAO en CES PAS ID MNOQUN TAPER ARR TRE NES EX 0,7 230 ÉMILE-F. TERROINE De ces trois expériences, il résulte très nettement que le suc pancréatique a perdu toute activité lipasique par la dia- lyse, mais 1l résulte également que les adjonctions de carbo- nate de soude et de chlorure de sodium n’ont exercé aucune action. Pensant que la dialyse avait été trop longue, que pendant ce temps 1l pouvait y avoir altération spontanée du ferment, nous avons procédé à des essais de plus courte durée. D’autre part, craignant une action nocive de l’eau distillée, nous avons dialysé également contre le chlorure de sodium ou le carbonate de soude. On trouvera résumés ei-dessous les résul- tats de ces multiples essais. Le suc est dialysé pendant des temps variables. 11 y a lieu de,noter que, même après vingt-quatre heures, dialysé contre l’eau ou le chlorure de sodium, il ne présente plus aucune réaction alcaline à la phénolphta- léine. Après dialyse, le suc est mis à agir sur l'huile au thermostat à 40°, pendant trois heures dix ; l'acidité formée est exprimée en centimètres cubes de NaOH N/20. Acidité après des durées de dialyse de : PERS RE QT 94 h.- 48 h: 272"h-296h? 2 centimètres cubes eau + 1 centimètre eube huile... ... 122 AIDER ME 2 centimètres cubes suc dialysé contre eau distillée -Hlicentiimètre cube huile ent ir RAT ÉD 416 ASE AN EE 2 centimètres cubes suc dialysé contre NaCI N 7,5 + l''céntimeétre cubes haie les ere Re CARRE 3,9 + 2,8 HS 2 centimètres cubes suc dialysé contre CONa?2N 10 + l'éentimétreenhe les RE ere pe era 0,9: 0,3: 0,3%» Ces derniers essais nous montrent done que la lipase dis- paraît très vite. Après quarante-huit heures de dialyse contre l'eau distillée, le sue est totalement inactif; une persistance un peu plus grande s’observe dans le cas de la dialyse contre NaCÏ; toutefois toute activité a disparu après soixante- douze heures ; 1: dislyse contre COSNa2? accélère la dispa- rition de la lipsse. On peut donc tirer de ces essais deux conclusions de fait : 19 Dialysé en sac de collodion contre l’eau distillée, le : chlorure de sodium N/7,5, le carbonate de soude N/10, le suc pancréatique perd rapidement tout pouvoir saponi- fiant : FES PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOIDIQUES 231 20 L’adjonction de chlorure de sodium ou de carbonate de soude à du sue dielysé contre l’eau distillée ne lui rend aucune activité. Quelle conclusion tirer de ces faits en ce qui regarde la question posée? Aucune. Il nous est impossible, en effet, de savoir si les électrolytes jouent un rôle quelconque, et il nous a paru, dès l'acquisition de ces résultats, que la disparition du pouvoir lipasique dans le liquide dislysé devait être rap- portée à une autre cause qu'à l’absence d’électrolytes. Nous n’avons pas tenté d'analyser ces phénomènes, mais des recherches ultérieures ont essayé de leur donner une explication plausible. C’est ainsi que, s'appuyant sur les recherches de RosenxEeiIm (274), PEKELHARING (249) ex- plique les faits ci-dessus par le séparation, grâce à la dialyse. d’un coenzyme dialyseble de nature inconnue. S'il en était ainsi, l’adjonetion à la substance dialysée du dialys2t donne- rait naissance à un mélange actif. Or, si les expériences de ROSENHEIM ont en effet été entreprises en vue de montrer qu’une telle séparation était bien effectuée par la dialyse dans la lipase du sérum, cet auteur ne rapporte aucun fait relatif au suc pencréotique. Nous pouvons ajouter que de telles expériences nous ont toujours donné des résultats négatifs. Les observations faites par SLossE et LimBosx (oc. cit.) nous paraissent apporter une explication beaucoup plus vrai- semblable de la disparition de 12 lHip2se dans le sue dislysé ; ces auteurs observent, en effet, qu'il suffit de placer le sue paneréatique au contact de lames de collodion pour voir dispa- raître totalement la lipase en quarante-huit heures ; le collo- dion 2 complètement absorbé le ferment. On comprend que, dans ces conditions, les dialyses contre collodion ne permettent pes de résoudre le problème du rôle des électrolytes dans le cas de la lipase. En serait-il de même avec d’autres membranes dialy- santes? C’est là un point que nous n'avons pes exeminé. La question du rôle des électrolytes dans l’activité saponifiante du suc naturel reste done entièrement posée. De notre mcapacité à la résoudre, il résulte que notre effort s’est surtout porté sur la seconde partie de l'étude : Fin- 22 ÉMILE-F. TERROINE fluence des sels sur la marche de la saponification des corps gras par le suc naturel actif. 20 Influence des électrolytes sur l’activité lipasique du suc pancréatique. — L'étude de l’action des sels sur une vitesse de réaction se subdivise assez naturellement en deux parties : dans une première, faisant appel à des sels possédant un anion commun et des cathions variés, on étudie l'influence des cathions ; dans une seconde, au contraire, faisant appel à des sels possédant un cathion commun et des anions variés, on étudie l'influence des anions. C’est le plan que nous avons suivi dans cette recherche, .en en limitant toutefois l'étendue aux corps qui, soit par leur présence dans les liquides phy- siologiques, soit par les propriétés manifestées par eux dans d’autres actions diastasiques, nous ont paru présenter le plus d'intérêt. a. INFLUENCE DES ANIONS. — Prenant comme ion commun le sodium, à la fois par suite de sa présence dans tous les liquides physiologiques, de la facilité de se procurer des séries éten- dues de sels, de la grande solubilité de la plupart de ses com- posés, nous avons envisagé successivement trois séries d’anions :. 2. Les ions halogénés (chlore, brome, iode, fluor) ; 6. Les azotate, sulfate, oxalate ; 7. Les phosphates. 2. Action comparée des divers composés halogénés du sodium. — Peu d’études avaient porté sur l'influence qu'exercent les chlorure, bromure, iodure et fluorure de sodium sur les actions Hpolytiques lorsque nous avons commencé nos recherches. La plus étendue, la seule qui ait laissé quelque trace est relative à l’action du fluorure de sodium ; c’est celle de LŒVENHART poursuivie en collaboration d’abord avec KASTLE (165, 166), ensuite et surtout avec PEARCE (194) (1). Quatre faits peuvent se dégager de l'étude de LŒVENHART et de ses collaborateurs, études faites à l’aide d’un extrait (1) Nous avons délibérément laissé de côté des études telles que celles de NicnozLs (244) ou de Fark (95), dans lesquelles ont été uniquement utilisées des préparations commerciales de pancréatine. PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOIDIQUES 29 aqueux trouble de pancréas obtenu par action de l’eau sur du tissu frais broyé avec du sable : 19 L’adjonction de très petites quantités de fluorure de sodium (1/500000 à 1/50 000) provoque des accélérations de l’action saponifiante de l'extrait sur l'huile, accélérations qui varient suivant les expériences de 5 à 13 p. 100. Et ce ne sont pas là des faits aberrants. «Nous avons fréquemment observé, écrivent les auteurs, de telles accélérations lors de l'emploi de très petites quantités de fluorure de sodium. » 20 L'adjonction de fluorure de sodium en quantités plus élevées retarde la saponification, mais il y a lieu de noter que la valeur de l’inhibition n’est pas très élevée : pour une con- centration de 1/5000, l'inhibition n’est que de 3 p. 100; 30 L'action inhibitrice du fluorure de sodium est beaucoup plus marquée dans la saponification du butyrate d’éthyle que dans celle de lhuile ; 40 Les autres sels halogénés ne jouissent pas de propriétés semblables à celles du fluorure de sodium. Sans nier la valeur des faits apportés par LŒVENHART, on ne peut cependant les accepter sans critique et surtout admettre l’application pratique qu'il en propose de faire pour la détection des fluorures dans les substances alimentaires (LŒVENHART et AMBERG, 7), Ce qui suppose implicitement que l’action des fluorures sur la lipase est spécifique. Laissons de côté la critique relative à l'emploi d’un extrait trouble de pancréas, bien qu'il y ait cependant un intérêt de premier ordre à utiliser du suc pancréatique, tant en vue des conclusions physiologiques éventuelles que pour avoir dans le mélange le minimum d’actions aberrantes dues à l’in- fluence des sels sur les colloïdes présents. Mais 11 y a dans les travaux de LœvEnHART et de ses collaborateurs une lacune qui interdit toute conclusion : l'étude comparée à des con- centrations variées des sels de la série chimique dont fait partie le fluorure de sodium n’est pas faite. Cependant LŒVENHART et PEIRCE écrivent eux-mêmes que c’est une règle que les substances qui imhibent à forte dose accélèrent à dose faible. Pourquoi done n'avoir pas étudié les quatre sels, — chlorure, bromure, iodure, fluorure, — à 934 ÉMILE-F. TERROINE : des concentrations diverses, n’avoir pes cherché si tous ne peuvent pas être tantôt accélérateurs, tantôt inhibiteurs et pourquoi surtout, puisque cette étude n’a pas été faite, abou- tir à .une sorte de séparation qualitative du fluorure de sodium de ses homologues de la même série. Dans ces conditions, nous avons estimé qu'il était imdis- pensable de reprendre systématiquement l'étude des quatre sels, mais en faisant agir ecs corps dans une marge très éten- due de concentrations. Tous nos essais ont été faits à l’aide de sels du commerce, plusieurs fois recristallisés, à des concentrations variant de N/300 à 3 N. Les mé- langes, dont tousles constituants sont préalablement .portés à 409, sont placés au thermostat pendant un même temps pour chaque expérience: Au bout de ce temps, l'intensité de la saponification est évaluée par un dosage acidimétrique suivant notre technique habituelle. Nous nous sommes, bien entendu, assurés par de nombreux dosages témoins que Padjonction des sels ne modifiait pas sensiblement le moment du virage et qu'aucune cause d'erreur importante n’était à craindre de ce fait (1). Nous avons fait porter nos expériences soit sur le suc seul, soit sur le suc additionné de sels bihaires. On voit, en effet, tout l'intérêt que présente pour la compréhension des phénomènes normaux de la digestion la deuxième catégorie d'essais. Les résultats sont consignés dans les tableaux LXXXIV et LXXXV. Plusieurs faits se dégagent très nettement de ces essais. Tout d’abord, il est incontestable que tous les sels expéri- mentés, — chlorure, bromure, iodureet fluorure de sodium, — accélèrent notablement, parfois considérablement, la saponi- ficstion de l'huile par le suc pancréatique. Dans certains cas, — chlorure de sodium N/15 dans l’expérience IV, — la quan- tité saponifiéeest près decinqfois plus élevée dans le mélange salin que dans le témoin. En ce qui regarde l’accélération, 1l n’y a done aucune différence qualitative entre l’action de ces sels ; tous possèdent la propriété d’activer l’action de la lipase pancréatique. I y a là un fait qui, — tout au moinsen ce qui regarde le chlorure de sodium, — n’est pas dénué d'intérêt physiolo- (1) Il n’en serait pas de même si l’on utilisait des sels ammoniacaux. Dans ce cas, le virage à la phénolphtaléine ne se produit plus, et le dosage, tel que nous le pratiquons habituellement, est impossible. PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOIDIQUES 259 TABLEAU LXXXIV Action des sels halogénés de sodium sur la saponification de l'huile par le suc pancréatique. Expérience 1. — (Tous les mélanges contiennent 4 centimètres cubes d'huile: les chiffres représentent le nombre de centimètres cubes de NaOH N 10 nécessaires pour neutraliser. Après saponification totale, il aurait fallu 425 centimètres cubes de NaOH N 10. Durée d’action : sixheures.) 5 CONCENTRATIONS. NATURE — EE ET A — du sel. 0. N/20: N/10. N/#. INR N- AN; TO E PURES rom nos to deu 4026 10,0: 1); 4M458 5,1 NB 14,7 318% 18006 AE ANNE A) 1,8 474 NAN REX d'A 7 17,9 25,2 227 259 4,5 1,6 NARS | ANT 7 7 » » ) » » A Me UN M EN à nt ; Expérience 11. — (Tous les mélanges contiennent 4 centimètres cubes d'huile : les chiffres représentent le nombre de centimètres cubes de ’NaOH N 20 nécessaires pour neutraliser. Saponifiée en totalité, la quan- tité d’huile présente aurait exigé pour sa neutralisation 250 centimètres cubes de NaOH N 20. Durée d’action : six heures.) d CONCENTRATIONS, NATURE ïs FRE 0. N/00. | N/20. Ny10. N/2. N. 2N, NAGER EST Fi) Lui 16,8 18,8 20,8 19,87: 1470 NaBr. 7 12,3 18,9 21,1 20,8 8,8 3,1 PSG ENS ER RRRRRREE SE. 9,8 15,6 19,1 42,611 502,6 2,4 NaF LOMME RSR TRE 79 13,6 41:22 » » » ÿ» Expérience III. — (Tous les mélanges contiennent 1 centimètre cube d’hüile: les chiffres représentent le nombre de centimètres cubes NaOH N/20 nécessaires pour neutraliser. Saponifiée en totalité, la quantité d’huile présente aurait exigé pour sa neutralisation 62 centimètres cubes de NaOHN 20. Durée d’action : six heures trente-cinq.) ll RÉDAT EUS CONCENTRATIONS. NATURE 2 qe 0. Ny300. | Nj6o. | Ny20. | NJ7,5. | NJ3. | ANS. | 2N. NÉTCITASEN n1 Ne Age | 142016801656: 56 MNAB re 0 | 8,2 49,5 135 15,8 SA 3,0 DO NR ere 4,1 3,0 12,6 14,7 16,3 DO 1 (4 NaF: LA gas age) 0 ) é 236 ÉMILE-F. TERROINE Expérience IV. — (Conditions identiques. Durée d’action : quatre heures quarante-cinq.) CONCENTRATIONS. NATURE CS... : I du sel. É ’ : pi: 0. N/120. N/30. N/15. NB. 3N. Expérience V. — (Conditions identiques. Durée d’action : cinq heures trente.) TT — EE TU CONCENTRATIONS SALINES. N ATURE du sel. N/120. N/30. N/15. N/3. 3 N. TABLEAU LXXXV Action des sels halogénés de sodium sur la saponification de l’huile par le suc pancréatique additionné de sels biliaires. Expérience I. — (Tous les mélanges contiennent 1 centimètre cube d’huile;les chiffres représententlenombre decentimètres cubesde NaOH N 20 nécessaires pour neutraliser. Saponifiée totalement, la quantité d'huile présente aurait exigé pour sa neutralisation 62°,5 de NaOH N/20. Durée d’action : six heures.) NATURE CONCENTRATIONS SALINES. — — TR du sel. at 0, | N/300.| N/120.| NN/30. | N/15. | N/7,5. | Ny3. | 4/3N. | 2N° | V8N. NaCI®..,1 5,50] 8,0%! :9#91M0,5.1212,5" 112,00 162 )07,6 TASSE NaBr. Feel 72 8,9 » » AAA NE270 2,4 1,8 NET ARE M LE DAS 9,5. |: 9104: 850!) 4,601 Sen NAS lUEtS 7,6 8,2 9.0 6,5 » » » » » | Expérience 11. — (Conditions identiques. Durée d’action : six heures.) NaCI [18,2 | 15,7 | 16,3 | 17,0 | 23,6 | 24,6 | 47,8 | 14,6 | 10,5 | 7,3 | NaBr | 14,2) 49,4:|/98/40N99 6 | 20:41 229 119113501226 240 | NAS 442 | 258122690890 "18, 5412101800 7 ANR Ines NaF ! 189 | 14,3 | 199 | 18.8 1453 | » | » ) ) ) PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOIDIQUES AL gique ; des concentrations telles que celle de N/15 qui, sans être toujours les plus actives, sont cependant très actives, peuvent parfaitement être réalisées dans l’intestin, lors de la neutralisation du chyme gastrique. C’est donc un facteur qui doit entrer en ligne de compte lorsqu'on discute la vitesse et l'intensité des actions saponifiantes qui s’observent dans la lumière du tube digestif par rapport à la lenteur et à la fai- blesse relatives de l’action que le sue exerce 1n vttro. Mais, s’il ne saurait être fondé aucune distinction qualitative, au ons de vue de leurs propriétés accélérantes, entre Îles sels, il n’en est pas de même en ce qui regarde la quantité, les concentrations actives. Si nous examinons, en effet, les expériences des tableaux LXXXIV et LXXX V, nous pouvons constater que la concentration pour laquelle s’observe la sa po- nification la plus élevée est différente et même très diffé- rente, suivant la nature du sel présent. D'une manière géné- rale, la concentration pour laquelle s’observe le maximum d'action s’abaisse suivant qu’on passe du chlore au brome, à l’iode et enfin au fluor. Ainsi, dans l'expérience II, la saponification à atteint sa plus grande valeur pour une concentration de N/2 dans le cas du chlorure de sodium, de N/10 dans le cas des bromure et iodure, de N/400 dans le cas du ftuorure. Dans l expérience IT, le maximum est atteint pour une concentration en chlorure de sodium de N/3, de N/7,5 en bromure et en iodure, de N/60 en fluorure. Le second fait observé, qui est d’ailleurs corrélatif de lexis- tence d’un optimum d'activation pour une concentration donnée, c’est qu'à de certaines concentrations les quetre sels inhibent l’action saponifiante. Là encore, aucune diffé- rence entre les divers sels : pourvu qu’on atteigne les concen- trations nécessaires, — on ne les atteint pas toujours avec le fluorure de sodium par suite de sa faible solubilité, — on observe dans tous les cas l’action inhibitrice. Mais là aussi, s’il n’y a pas de différence qualitative, il y a une différence quantitative, corollaire évident de lexistence d’un optimum d'accélération, varieble suivant les divers sels. Le chlorure de sodium voit diminuer son pouvoir activant plus tard et 238 ÉMILE-F. TERROINE moins rapidement que le bromure, l’iodure et le fluorure ; et pour une même concentration inhibitrice pour tous les sels, les pouvoirs mhibiteurs se classent dans le même ordre croissant : chlore, brome, 1ode, fluor. Ainsi, dans l'expérience I, nous voyons que le chlorure de sodium est encore activant à N/4 alors que le fluorure est déjà inhibiteur à N/20 ; dans l'expérience IL, nous voyons que, pour une concentration normale, la présence du chlorure de sodium a plus que doublé la valeur de la saponification (de 7,9 à 19,8); celle du bromure l’a à peine modifiée (7,9 à 8,8), car ilest déjà et depuis longtemps dans la phase décrois- sante ; celle de liodure l’a rendu trois fois plus faible (7,9 à 2,4) ; mêmes faits dans toutes les autres expériences. Au total, nous pouvons doneconcelure très nettement que, dans leur action sur la saponification de l'huile par le suc pancréatique, les chlorure, bromure, 1odure et fluorure de sodium possèdent qualitativement des propriétés identiques; tous peuvent accélérer la saponification, tous peuvent lin- hiber (1). Mais l'influence des éléments halogènes se différencie très bien quantitativement. Si tous accélèrent, ils ne le font pas pour les mêmes concentrations ; si tous inhibent, le pouvoir inhibiteur n'apparaît pas pour la même concentration. Et le classement des sels est très net ; 1l résulte du point où se trouve le maximum d'accélération, maximum qui est une résultante des deux actions de sens inverse. Ce point est à une concentration d'autant mois élevée qu'on passe du chlore au brome, du brome à l’iode, de l’iode au fluor. I] résulte évidemment de ce classement que, s'adressant au chlorure, on sera plus particulièrement frappé par les pro- priétés activantes, puisqu'elles se maintiennent fréquemment jusqu'à des concentrations trois fois normales et que, considé- rant, au contraire, lecas du fluorure de sodium, on sera plus par- ticulièrement frappé par ses propriétés retardatrices, puisque, (1) Il convient de noter qre, si le pouvoir activant Gu chlor re de sodium présente un réel intérêt physiologique, il n’e? est pas de même de la propriété inhilitrice. C tte dernière ne se m°nifeste en effet qu'à des concentra ions extrèr ement élevées et n’ayant aucune chance d'être normalement r‘alistes dans le tube digestif. | | | L * | | PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOIDIQUES 259 dans certains cas (expérience 1), elles sont déjà très nettes pour une concentration de N/10. Ces faits montrent à quelles erreurs on s'expose ou bien en étudiant un sel, indépendam- ment de ses homologues, ou bien en comperant deux sels uniquement à une même concentration; ces procédés d'étude aboutissent bien souvent à l'affirmation d'une spécificité d'action, — action du fluorure sur la lipase, — qui s’évanouit lorsqu'on soumet le fait signelé à une analyse plus approfon- die. D’autres faits viendront d’ailleurs nous confirmer tout à l'heure l'absence de toute spécifieité de la propriété imhibitrice du fluorure de sodium. 3. Azotate, sulfate, oxalate. — Nous avons conduit la re- cherche en ce qui concerne les azotate, sulfate et oxalate, exactement comme dans le cas précédent ; nous nous sommes adressé là encore au sel de soude, ce qui nous a permis, dans chaque série, d'établir ure comparaison avec le chlorure de sodium, dont les effets nous étaient connus par nos expé- riences antérieures. Les résultats des essais sont consignés dans le tableau LXXX VI. TABLEAU LXXXVI Action des azotate, sulfate et oxalate de sodium sur la sapo- nification de l’huile par le suc pancréatique. oo 7 4 | Expérience I. — (Tous les mélanges contiennent 1 centimètre cube d'huile; les chiffres représentent le nombre de centimètres cubes de NaOHN/10 nécessaires pour neutraliser. Saponifiée totalement, la quan- tité d’huile présente aurait exigé pour la neutralisation des acides formés 34c°95. Durée d’action : six heures quarante-cinq.) CONCENTRATIONS SALINES. NATURE à RTS GuRteE 0. N/30. N/15. NJ3. 3 N. LE TDNRETES 4,3 4,8 5,1 6,3 2,0 NAaNO®..L | k,3 k,3 h,2 5,6 2,6 Na2804...... L,3 %,6 4,4 ue 7.9 Na2C204.....| 4,3 5,1 SOA ) ) Expérience IT. — (Conditions identiques. Durée d’action: six heures.) NREUE AMP | 3,9 5,0 ),9 | HS PEE) 6,0 NANON 2 EC 3,9 dd 6,9 | JU An) &, NASON eee 3,9 DA) 7,0 | 10,3 12,0 Na2C201...... 3,5 4,5 ns | ) ) | Les 240 ÉMILE-F. TERROINE L'azotate de soude se comporte sensiblement de la même manière que le chlorure de sodium; le maximum d’accéléra- tion se produit au même point ; l'accélération ou l’inhibition pour une même concentration sont du même ordre. Quant au sulfate et à l’oxalate, nous n'avons constaté que des accéléra- tions. L'impossibilité d'obtenir des concentrations plus éle- vées, les essais étant évidemment limités par la solubilité des sels, fait que nous ne pouvons savoir si l’on peut, avec ces corps, Obtenir également les phénomènes d’inhi- bition. y. Phosphates. — L'étude de la question de l’action des phosphates de soude nous à paru impossible. Nous avons en effet constaté l'importance considérable de la réaction du mileu. Or on ne peut ajouter un phosphate de soude sans modifier cette réaction, et cette modification peut être notable si la concentration est élevée : le phosphate monoso- dique est acide; les phosphates di et trisodiques sont alcalins. Il nous a paru que, dans ces conditions, les résultats que l'on obtiendrait en présence de phosphates seraient passibles d’une double interprétation, qu'il serait impossible de diffé- rencier ce qui revient à la modificetion de la réaction de ce qui doit être attribué au rôle propre de l'ion PO4 Nous n'avons donc pas cru devoir entreprendre une telle recherche. , b. INFLUENCE DES GATHIONS. — Opérant sur un extrait aqueux de pancréas, M. Porrevix (261) constate que le pou- voir lipolytique en est augmenté par l’adjonction de sels de métaux alcalino-terreux et particulièrement de chlorure et d’acétate de calcium. Kanrrz retrouve la même action accélé- rante lors de la saponification d’émulsions alealines d’huile par des extraits de pancréas, s’il ajoute quelques gouttes d’une solution normale de chlorure de calcium ; par contre, l’acé- tate lui paraît sans action. MaGnus signale une activation sensible de action lipasique du suc pancréatique par le sul- fate de manganèse, activation que BRADLEY ne peut retrou- ver sur le suc humain. BRADLEY signale, d’autre part, que le sulfate de cuivre inhibe totalement la saponification de lhuile par le suc humain pour des concentrations supér'eures à 0,07 p. 100 ; la même action imhibitrice s'exerce dans le cas PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOIDIQUES 241 du dédoublement du butyrate d’éthyle, mais elle disparaît dès que la concentration est inférieure à 0,05 p. 100. Ici encore, comme dans la plupart des études entreprises sur les électrolytes, les recherches ne sont pas comparatives : elles portent sur un sel isolé de ses homologues, et, quand diffé- rentes concentrations sont étudiées, la marge de ces concen- trations est beaucoup trop peu étendue. Pour toutes ces raisons, nous avons été amenés à envisager à nouveau la question de l’action des cathions sur la saponi- fication ; nous en subdivisons l’étude en deux parties : L'action des ions alcalins et alcalino-terreux ; L'action des sels des métaux lourds. 2. Action des ions alcalins et alcalino-terreux. — L'ion com- mun auquel nous nous sommes adressé est le chlore. Nous avons donc étudié l’action des chlorures de sodium, potas- sium, baryum, magnésium et calcium. La technique a été essentiellement la même que dans les précédents essais. Toutefois, comme dans le cas des sels alcalino-terreux, par suite de l’alcalinité du suc, il apparait un léger trouble et parfois même un précipité, au lieu de laisser les mélanges en digestion au repos, nous les avons soumis à une agitation constante, afin d’avoir toujours un mé- lange homogène et de diminuer au moins dans une certaine mesure les différences de pouvoir précipitant des divers sels étudiés. Les résultats obtenus sont groupés dans le tableau LXXX VIT. En ce qui concerne les deux chlorures alcalins expérimen- tés, on voit qu'ils se comportent d’une manière à peu près identique ; les variations de saponification sont de même sens pour les mêmesconcentrations et, de plus, pour une même con- centration saline, l'accélération observée est sensiblement la même dans les deux cas. En ce qui concerne les sels alcalino-terreux, nous trouvons Jà encore une phase d'accélération qui aboutit à un maximum, puis une inhibition. Toutefois, le maximum d'accélération s'obtient avec le magnésium et le baryum pour des concentra- tions beaucoup plus faibles qu'avec le sodium. D'autre part, l’action activante du chlorure de calcium est peu marquée. ANN,. DES SC. NAT. ZOOL., 10e série. IV, 16 242 ÉMILE-F. TERROINE ; TABLEAU LXXX VIT Action des chlorures alcalins et alcalino-terreux sur la saponificat ion de l’huile par le suc pancréatique. LL Expérience I. — (Tous les mélanges contiennent 1 centimètre cube | d'huile ; les chiffres représentent le nombre de centimètres cubes de NaOH N'10 nécessaires pour neutraliser. Totalement saponifiée, la quan- : tité d’huile présente aurait exigé pour sa neutralisation 310,25. Durée | d’action : six heures quinze.) RE ol NL à PET MyCP. Bac. CaC. (DEN DT RL 7,9 7,5 7,9 7,9 7,5 N/300 ....... 7 8,3 9,4 9,2 9,5 NPD Er. eh: 8,3 9,3 42,7 13,4 9,1 NAS EE 9,2 11,0 11,4 11,9 78 NRA RARE RE 12,9 | 11,5 10,7 9,4 5,3 Expérience II. — (Conditions identiques. Durée d’action : six heures.) ONF ERARERCE 1152 | 11,2 11,2 11,2 11,2 RÉCIT 11,0 42,6 11,4 12,7 » do fi ARRETE 1959 192 454! 44,7 4333 MS DE SRE 15,7 13.6 14,2 12,5 9,2 MURS ue A5 SE NAN 9,8 11.3 5,3 Expérience III. — (Conditions identiques. Durée d’action : six heures.) | ALIAS AE ER 12,1 ) jEPil | 12,1 12,1 NH20 1, 12,2 ) 14,6 13,3 19,9 NTBDE RE Na Te 13,6 ) 13,0 11,3 9,3 NAS ML 12,0 ) 10,8 98 CO 7,0 Expérience IV. — (Conditions identiques. Durée d’action : huit heures.) (DANS EP RE | 5,6 » | 5.6 ] 5,6 520 N°20 ...:... Hoieg US OT | 5.8 49 NHDOPS SERRE | 6,9 ) | 7,0 | 7,9 » NE ne | 6,1 » | Barbe 6,1 4,1 | | Au total, nous retrouvons 161 encore une même manière de se comporter des différents sels, en ce qui regarde la nature des actions, mais avec des différences quantitatives (1). (1) PEKELHARING (loc. cit.) a repris, trois ans après la publication des résul- tats essentiels de notre travail, Pétude de l’action des électrolytes — NaCl. NaBr, Nal, NaF, KCI, CaCP, MgCl? et BaCl? — sur le pouvoir saponifiant du pancréas. Le ferment employé par lui est une solution glycérinée d’un précipité provoqué par ladjonction d'acide acétique à un extrait aqueux de pancréas. PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOIDIQUES 243 3. Sels des métaux lourds. — Une raison identique à celle qui nous avait amené à ne pas poursuivre l'étude de l’action des phosphates nous à déterminé à laisser également de côté celle de l’action des sels de métaux lourds : presque tous ces sels, — sels de cuivre, de mercure, de manganèse, etc., — présentent, en effet, en solution, une acidité très marquée. D'autre part, ils sont énergiquement précipités par le carbo- nate de soude du suc paneréatique. I y à donc là trop d'actions aberrantes, indépendantes de l’action même du sel sur les propriétés saponifiantes ; trop de facteurs varient simultanément par l’adjonction de ces corps pour que les résultats des essais aient une signification facile à dégager. 39 Mode d’action des électrolytes. — L:s observations r'ap- portées dans les précédents paragraphes ne laissent aucun doute sur le fait que l’adjonction d’électrolytes modifie très sensiblement le cours de la saponification de l'huile par le suc pancréatique. Il nous reste à essayer de dégager la signifi- cation de l’action de sens opposé exercée par les sels suivant les concentrations utilisées : accélération et mhibition. Bien que les séries d’essais rapportés par PEKELHARING portent sur une marge de concentrations beaucoup moins étendue que les nôtres, il y a lieu de noter que ces résultats confirment complètement ce que nous avions avancé sur influence accélérante des chlorure, bromure, iodure et fluorure de sodium, des chlorures de potassium, de magnésium et de baryum. En particulier, PEKELHARING signale expressément que le fluorure de sodium peut accélérer la saponification, mais lorsqu'il se trouve en quantités moindres que le chlorure ou le bromure. La seule différence qu’il y ait lieu de relever entre les résultats de PEKEL- HARING et Les nôtres est relative à l’action du CaCI2. PEKELHARING observe une influence accélérante de ce dernier sel. beaucoup plus importante que celle signalée par nous : il attribue cette contradiction aux différences de conditions expérimentales, ce qui est en effet très vraisemblable. MELLANBy et WooLEx insistent sur le fait qu'ils n’ont pas retrouvé l’acti- vation signalée par nous des électrolytes. Sur quoi se fondent-ils? Sur une seule expérience avec trois électrolytes : NaCL CaCP, MgCP et à une seule concen- tration : N/30. Or, si MerLAngy et WooLEy avaient bien voulu lire attentive- ment notre travail, avant de mettre leurs résultats en opposition avec les nôtres, ils auraient pu voir qu'à une telle concentration l'accélération avec MgCP est toujours très faible et qu'avec CaCP on se trouve alors le plus sou- vent dans la phase inhibitrice. Reste la seule expérience avec le chlorure de sodium ; or, dans ce cas, MezLANBy et Woozey constatent une accélération, laquelle, bien que faible, — 3,8 contre 3,3, — n’en existe pas moins. Au total, si les conclusions formulées par MerLaney et WooLey s'opposent aux nôtres, par contre, les résultats de leur unique expérience les confirment. 2 244 EMILE-F. TERROINE L'hypothèse qui nous a paru devoir être examinée, celle qui a guidé notre travail, c’est que l’adjonction de sels mo- difie l’état de liaison de lhuile avec l’eau, plus exactement avec la liqueur alcaline qu'est le suc pancréatique. Lorsqu'on mélange le sue et l'huile, ilse produit une émul- sion. La stabilité de cette émulsion, sa finesse sont sous la dépendance de lalcalinité du mélange; par conséquent, l’émulsion sera d'autant plus fine et d'autant plus stable que la proportion de matières alcalines, c’est-à-dire la proportion de sue sera plus élevée. Mais, pour une même proportion de suc, il est possible d'augmenter par l'agitation, par l’adjone- : tion de substances visqueuses, la stabilité et la finesse de l’'émulsion ; il est également possible. de les diminuer, ne serait-ce que par la simple dilution avec de l’eau. Dans ce ces, toute augmentation et de la stabilité et de la finesse, c’est-à-dire toute tendance à avoir un mélange plus homogène, aboutissant à une augmentation de la surface d'attaque, détermine une accélération de la saponification. Toute action de sens inverse provoque, au contraire, une imhi- bition. Or, il n’est pas douteuxque l’état d’une suspension, — qu'il s'agisse d’une solution colloïdale, d’une émulsion, d’une sus- pension mécanique, — est considérablement influencé par la présence d’électrolytes. Les traités spéciaux sur les pro- priétés des solutions abondent en faits de ce genre (Voir par exemple A. MuLLEer, Allgemeine Chemie der Kolloide, p. 58 et suiv.), auxquels nous ne pouvons 101 que faire allusion. Rappelons, à titre d'exemple, que Harpy a montré l’action précipitante qu'exercent les sels sur une suspension de mastie,dont les caractères physiques rappellent une fine émul- sion grasse, et qu'il a pu établir que les différents électro- lytes exerçaient leur action précipitante à des concentrations très éloignées. Rappelons d’autre part que, si l’on a été très sénéralement frappé par la propriété qu'ont les sels, à des concentrations plus ou moins élevées, de précipiter les sub- stances en suspension dans l’eau, certains auteurs, et en parti- culier Jorpis (156), ont montré que la présence de petites quantités de sels peut exercer une action stabilisante sur une ETES, NOR ni LT ET Ua taf ets dede à. at le épi os | 7. ea ns PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOIDIQUES 245 solution colloïdale. Au surplus, il est un fait bien connu des physiologistes et dans lequel on constate la double action d’un électrolyte suivant sa concentration : c’est la manière de se comporter des globulines. Les globulines, insolubles dans l’eau pure, se dissolvent grâce à la présence de petites quantités de chlorure de sodium, mais sont précipitées de la solution ainsi formée si on sature de chlorure de sodium. Ainsi une faible concentration favorise la liaison avec l’eau, une forte concentration la diminue puis la supprime. N'est-ce donc pas dans une simple modification de l’état physique des mélanges en digestion que doit être recherchée l'explication du rôle des électrolytes? Additionnés en petite quantité au mélange de suc alcalin et d'huile, ils tendent à maintenir les gouttelettes qui s’y trouvent en suspension ; ajoutés en quantités élevées, ils tendent au contraire à séparcr la phase aqueuse de la phase grasse. Pour vérifier si cette hypothèse contient au moins une part de vérité, des expériences doivent être instituées dans les- quelles on éliminera autant que possible l'influence qu’exerce le sel sur la liaison du corps à saponifier avec l’eau. Dans ce cas, si l'hypothèse formulée est entièrement inexacte, en diminuant ou en supprimant la modification que le sel peut apporter à l’état physique des mélanges, nous ne devons faire disparaîre aucun des phénomènes observés. SI au contraire, l’'hypothèseest entièrement exacte, si elle s'applique à la totalité des faits, tous les phénomènes d'accélération ou d’inhibition vont s’évanouir quand le sel ne pourra modi- fier la liaison du corps gras et de l’eau. Mais il se peut aussi qu’une partie seulement des phénomènes soit passible de l'explication proposée ; dans ce cas, nous ne retrouverons que partiellement ces phénomènes. Trois catégories d'expériences peuvent être tentées pour élucider ces questions, pour rechercher s’il existe une action propre du sel et ce qu’elle est en dehors de son intervention possible dans la liaison de l’eau et du corps gras : a. On s’edressera à des corps entièrement solubles dans l’eau, — éthers ou glycérides, — et non séparables du solvant, même en présence de concentrations salines élevées ; 246 ÉMILE-F. TERROINE b.Ons’adressera, comme précédemment, à de l'huile, mais au lieu de laisser les mélanges au thermostat en les agitant sim- plement de temps en temps, on les soumettra à une agita- tion intense et contmue, de manière à maintenir dans tous les cas une émulsion parfaite et d’une finesse aussi voisine que possible pour tous les mélanges : c. Enfin on s’adressera à des graisses solides, dont la surface de contact avec le suc ne peut évidemment être modifiée par aucune adjonction saline. Nous avons réalisé successivement ces trois catégorie d'essais. a. ACTION DES SELS SUR LES ÉTHERS ET LES GLYCÉRIDES SOLUBLES. — Notre recherche a porté sur trois corps solubles : deux éthers, l’acétate de méthyle et le butyrate d’éthyle et un glycéride, la triacétme. Dans une première série (exp. EF, tableau LXXXVIIT), nous avons comparé l’action du chlorure de sodium à concen- trations variées sur les trois corps; dans une seconde série, utilisant tantôt le butyrate d’éthyle, tantôt la triacétine, nous avons comparé les actions des chlorure, bromure, iodure et fluorure. Les résultats sont consignés dans le tableau LXXXVIIL. Un fait extrêmement net ressort de cette première catégorie d'expériences : en aucun cas, les électrolytes n’ont intensifié la saponification ; au contraire, la seule action observée est une inhibition, et cela quelle que soit la nature de l’électro- lyte et quelle que soit la nature du zymolyte. En ce qui concerne donc lhypothèse examinée, 1l est cer- tain qu'elle ne peut expliquer les phénomènes d’imhibition, la présence de sels n’entrainant aucune modification de la solution. Par contre, il est curieux de constater que toute action accélérante a disparu, et l’on peut considérer ce fait comme un élément de preuve en faveur de l’idée que l'accélération, dans le cas de l'huile, est due à une amélioration de lémulsion, Les autres catégories d’essais nous donneront tout à l'heure de nouveaux éléments de discussion sur ce point. \ st pue dés On in ft dd PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOIDIQUES 2%7 TABLEAU LXXXVIII Action des électrolytes sur la saponification des étlrers et des glycérides solubles par le suc pancréatique. Expérience I. — (Les chiffres représentent le nombre de centimètres cubes de NaOH N/20 nécessaires pour neutraliser. Le pourcentage du dédoublement est obtenu en multipliant ces chiffres par 2. Durée d’action : cinq heures cinquante.) CONCENTRATIONS EN NaCI. En LC RRQ Ur OR SR 0. N/120. N/30, N/15. N/3. JUN ! SUBSTANCES SOUMISES à l’action du suc. | Acétate de méthyle.| 8,1 7,9 pis) y” 6,2 57 Amacéne 2 er. 9,8 9,2 9,1 9,4 8,2 8,7 Butyrate d’éthyle.,.| 9,1 8,2 7,0 La k,4 4,4 : Expérience T1. — (Mêmes conditions , l’action porte sur le butyrate d’éthyle. Durée d’action : six heures). | CONCENTRATIONS SALINES, |! NATURE DES Ce DST SC Arr ue nl ets | | ; Fe 0, | N/350. | 70. | N/3. xs. N/3,5. '&S5N. | 1,7N. | ER | HT | | LE 0: ÉRASANRE Ar AS 1 EE VO AA CE 2 DC AR NABr MAUR 28 |: 3,9 3,4 3.6 | 30 28:93 1.6 Ne ACTA |:28 > 1°2,98|72,9 DE D 2421015 | 05 Na Rs el FR A CD NS 0,7 0,2 ) ï » | | Expérience III. — (Mêmes conditions ; l’action porte sur la triacétine. | Durée d’action : six heures.) CONCENTRATIONS SALINES. NATURE ESS $: nysoo. | Nyco. | No. | nyzs. | Ne. À san | 2x | 3x | nya) | | | FU NaC1.. LUS RS eo | 30 ae ve vel 00 NaBr..| 40 29 | 97 |,3e | 33 | o8 | es | 45 |4140 Nal... RO EE dr | &o | 28 |17 [208 Fo l605 NaF eds 4,0 457 11,8: | 0,8 | )) | » » | )» ] | | | Le Mais nous ne pouvons pas abandonner le groupe de faits acquis dans le cas des corps solubles sans noter que, là encore, il n’existe aucune distinction qualitative spécifique entre le mode d’action des différents sels, mais seulement une distine- 9248 ÉMILE-F. TERROINE tion quantitative, laquelle donne lieu à un classement iden- tique à celui déjà fait dans le cas de la saponification de lhuile;les propriétés inhibitrices croissent du chlore au brome, du brome à l’iode, de l’iode au fluor. Dans l'expérience IT, la valeur de l’inhibition est la même pour une concentration 1,7 N en NaCL 4/3,5 N en Nal, N/350 en NaF; dans l’expé- rience |, l’inhibition est la même pour une concentration 4/3 N en NaBr, N/3 en Nal,-N/300 en NaF. Si nous prenons une même concentration, N/20 par exemple dans le cas de l’expérience ITT, nous voyons que le chlorure de sodium n’a encore exercé aucune inhibition; le bromure a exercé une inhibition de 5 p. 100, l’iodure de 25 p. 100, le fluorure de 80 p. 100. Nous le répétons donc : aucune action spécifique du fluo- rure, pas plus sur le butyrate d’éthyle, — particulièrement étudié par LŒVENHART et ses collaborateurs, — que sur l'huile. Mais là encore on comprend la formation de cette idée de spécificité, s1 l'étude n’a porté que sur un corps ou, si l’étude portant sur plusieurs corps, elle n’a pas été faite dans une marge de concentrations assez étendue (1). b. ACTION DES SELS SUR LA SAPONIFICATION DE L'HUILE LORS DE L'AGITATION CONTINUE. Les expériences ont été conduites de la même manière que celles faites au repos. Mais ici on a réalisé une agitation simultanée de tous les mé- langes en les plaçant dans des tubes bouchés et soumis à un mouvement de va-et-vient très rapide. Dans tous les cas, l’émulsion-a été parfaite ; les mélanges présentent toujours un aspect identique à celui du lait. (4) Mivamr (226), reprenant en 1912 la question de l’action des électrolytes sur la lipase du suc pancréatique, constate, en faisant agir le suc sur une so- lution de monobutyrine, que le chlorure de sodium ne provoque qu’une accélé- ration des plus médiocres, lorsqu’elle existe, ce qui est rare, et que le fluorure + de sodium n’exerce qu’un effet inhibiteur. Il en conclut à une contradiction entre ses résultats et les nôtres. Or,nous avons précisément signalé dans notre première publication à laquelle Minamr oppose ses conclusions, qu'il n’y avait pas d’accélération par les sels et observait uniquement une inhibition lorsqu'on étudiait la saponification d’éthers ou de glycérides en solutions vraies, ce qui est le cas de la monobuty- rine. En conséquence, les faits observés par Miami, bien loin d’être en con- tradiction avec ceux que nous avons relatés dès 1909, leur apportent au con traire une confirmation complète. PAYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOIDIQUES 249 Ce système d’agitation ne nous permettant pas une réalisation facile du chauffage, nous avons dû opérer à la température du laboratoire. Il en résulte que la température n’a pas été rigoureusement constante pendant toute la durée de l’action. Ce serait là une condition rédhibitoire sinous avions voulu établir des courbes de vitesse d’action. Tel n’était pas notre but. Nous nous sommes en effet contentés, comme dans les précédentes expériences, d'établir une comparaison entre les divers mélanges au bout d’un même temps. Toutes les variations de tempé- rature s'étant fait simultanément sentir sur tous les mélanges, les conditions d’action sont donc identiques. Tous nos essais sont résumés dans le tableau LXXXIX. TABLEAU LXXXIX Influence des électrolytes sur la saponification de l’huile par le suc pancréatique lors de l'agitation constante. Expériences 1, II, 111 et IV. — (Dans l'expérience I, les chiffres représen- tent des centimètres cubes NaOH N/10. Saponifiée en totalité, la quantité d’huile présente aurait exigé pour la neutralisation des acides formés 620,5 NaOH N/10. Dans les expériences IL, III et IV, les chiffres représentent des centimètres cubes NaOH N/20 ; saponifiée en totalité, la quantité d'huile présente aurait exigé pour la neutralisation des acides gras formés 62005 NaOH N 20. Durée d’action : six heures pour les expériences I, IT et IIT ; une heure et demie pour l’expérience IV.) —_——_—_——_—_—_—— CONCENTRATIONS EN NaCl. oo — û. N/300. |; N/120. | N/30. | N/15. | N/7,5. | *N/s. JUNS Expérience . 1.1 22,9 | 29,3 » 26,8: 129, 6H PM :2 EE ES A0 = IT. 15,6 ) 49,9 | 22,2 | 24,3 ) 24,6 | 13,4 = F2 » LOMME 221 » 25,7 | 13,5 = EVA ME 8S » » 1214260 ) 16,8 8,7 Expér'ence V.— (Les dosages ont été faits avec NaOH N7/20 ; saponifiée en totalité, la quantité d’huile présente aurait exigé pour la neutralisation des acides formés 125 centimètres cubes de NaOH N/20. Durée d’action : six heures.) CONCENTRATIONS SALINES. NATURE k = = nn I nes ses: 0. N/15. NITAES N/3. 3 N. | 2N. 3 N. NacCl.. 23,5 24,5 23,7 24146) 11529 13,9 1 NABri 2. 23-5712" 2010 ) US TES 10,9 12,2 Nat: DS) LE | » DAS 1,5 1,1 1,0 IGN ERERERS DAMES 16,9 » ) » ) » 250 ÉMILE-F. TERROINE Expérience VI. — (Conditions identiques.) Ne POP EL EUR Ars SRB Co CONCENTRATIONS SALINES. - ee — N/300. NATURE DES SELS. nee | 12,5 11,8 1 1 31 - ' - L - DORE PP ER TP RE Expérience VII. — (Conditions identiques. Durée d’action : quatre heures vingt.) CONCENTRATIONS SALINES. NATURE DES SELS. RTE QUO Re N/120. N/30. N/15. M © © D © © I 9 K9 ND 9 = F9 æ à nuit RO +2 K2 9 Expérience VIII. — (Les dosages ont été faits avec NaOH N/10. Sapo- nifiée en totalité, la quantité d’huile présente aurait exigé pour la neu- | tralisation des acides formés 31°°,25 de NaOH N/10. Durée d’action : six | heures. 15,0 15,7 151 11,6 Le premier fait qui ressort de l'examen de ces expériences, c’est que nous retrouvons ici les deux phénomènes : accélé- ration et retard suivant la concentration. Mais l'accélération est cependant très nettement plus faible que dans le cas des essais au repos. Il est facile de s’en rendre compte, en comparant les accélérations maxima des expé- riences au repos, avec celles constatées lors de l'agitation, en faisant porter cette comparaison sur l’un des sels employés, le chlorure de sodium par exemple. On trouvera cette com- paraison établie dans le tableau XC d’après les tableaux LXXXIV, LXXXV, LXXXIX. | 1% PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOIDIQUES 251 De l'examen de ce tableau XC, il résulte que l'eccélé- ration maximale est toujours beaucoup plus faible lors de l’agitation. Dans deux expériences seulement, l'accélération a atteint 100 p. 100 ; le plus souvent, elle est beaucorp au- dessous de cette valeur. Au contraire, sauf dans le ces de l'expérience I, les accélérations sont de beaucoup supérieures à 100 p. 100 lorsque les mélanges en digestion sont laissés au repos. | TABLEAU XC Accélérations maxima. (Les valeurs données représentent les pourcentages d'huile saponifiée.) AU REPOS. LORS DE L'AGITATION CONTINUE. CCR EE —_ a RE a ee Nues des Suc seul. Le BR des Suc seul. PR l'acacléras | expériences. Naûl. | tion. || expériences. | | NaCl. | tion. | | | | | MAS 14,7 29,3 90 94 L....|: 366 48,3 34 % VUE 31 8,3 | 167 Y tr 9% dat 3013 58 INR EPA 6,5 26.8 | 342 0 ||. IFI....| 20,3 m1 | 102% LATE Ou 2512 394007 EN PA Sn PA SE ON AR ES LA VERT 7,4 272 | 283 % No cle 19,6 4% VIRUS 00 18.9 94 VII. 16,7 21,0 25 % VIII. 0,0 48,0 20 % Donc l’agitation diminue nettement l'influence activante du sel, et 11y a là un fait qui peut être interprété en faveur de l'hypothèse émise ; le sel agit, au moins partiellement, en favorisant l’émulsion. En ce qui regarde l’imhibition, nous la retrouvons toujours. Ce n’est vraisemblablement pas en s’opposant à la finesse et à la stabilité des émulsions que le sel intervient pour dimi- nuer la saponification. ©. ACTION SUR LES CORPS GRAS SOLIDES. — Pour poursuivre cette étude, nous nous sommes adressé à une graisse parfaite- ment solide à la température des essais, à du suif de Mouton. Nous en avons préparé des cubes de 1 gramme,de telle manière que, dans tous les mélanges expérimentés, la surface d’attaque soit sensible- ment la même. 252 ÉMILE-F. TERROINE La digestion des graisses constitutives du suif de Mouton étant, comme nous l'avons vu par ailleurs, extrêmement lente, nous avons maintenu le séjour au thermostat pendant un temps très long, afin d’avoir des chiffres d’acidité significatifs. Les mélanges contenant tous 1 gramme de suif de Mouton ont été placés au thermostat à 400 pendant six jours. Les chiffres représentent le nombre de centimètres cubes de NaOH N/20 nécessaires pour neutra- hiser l’acidité formée au bout de ce temps. Les résultats consignés dans le tableau XCI montrent qu'ici encore nous avons retrouvé avec le chlorure de sodium et la phase d'accélération et la phase d’inhibition. TABLEAU XCI Action du chlorure de sodium sur la digestion du suif de Mouton. CONCENTRATIONS EN NaCI. | 0. N/120, N/30. | N/i5. N/3. 3 N. Acidité en centimètres cubes de N'AOENYRO NN ELLE D 2 3,0 sil 4,8 8,4 455 Si nous résumons maintenant l’ensemble des données acquises au cours de nos recherches sur le mode d’action des sels, nous voyons que : 19 Les corps entièrement solubles ne subissent pas d’accé- lération de dédoublement pour aucune concentration saline, si faible soit-elle ; par contre, leur dédoublement est nette- ment entravé pour des concentrations élevées : 20 L'huile, lorsqu'elle est maintenue par agitation con- stante en état d’émulsion parfaite, voit sa sapomification retardée par les concentrations salines élevées, accélérée par les concentrations faibles ou moyennes, mais notablement moins qu’en l’absence d’agitation. 30 La saponification d’une graisse solide est tantôt accé- lérée, tantôt retardée suivant les concentrations. Tout ceci montre que, si l'hypothèse émise peut servir à la compréhension d’une partie des phénomènes, elle est dans impossibilité absolue de les expliquer en totalité. ; 1 $ 2 4 | L fe J PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOIDIQUES 233 Les sels exercent-ils une modification sur la répartition de l’enzyme entre la phase aqueuse et la phase huileuse? Aug- mentent-ils ou diminuent-ils, suivant leur concentration, la solubilhité ou la diffusion dans la phase aqueuse des corps formés au cours de la saponification? Agissent-ils directement sur le ferment lui-même? Il y a là autant de questions qui restent posées et dont la soumission au contrôle expérimental est particulièrement délicate. Au total, et comme c'est le cas pour tous les autres fer- ments, la question du mécanisme de l’action des électrolytes reste à peu près entière, et nos recherches n’ont projeté sur ce point qu'une bien faible lumière. Elles ne nous paraissent cependant pas avoir été inutiles, puisque : D'une part, elles montrent que le chlorure de sodium, qui se trouve en quantités abondantes dans le contenu intestinal, par suite de la neutralisation du chyme acide par les suc pancréatique et intestinal, accélère considérablement l’action saponifiante du suc pancréatique et qu'elles permettent de dégager ainsi un des facteurs de la digestion des graisses ; D'autre part, elles tendent à écarter l’idée de spécificité d’action des différents électrolytes, à montrer que, quel qe soit le corps auquel on s'adresse, on a affaire à une action qualitativement identique, et que, par conséquent, l’action des électrolytes relève d’un mécanisme commun. $ G. — Action simultanée de la trypsine et des produits d'hydrolyse des protéiques. Nous avons poursuivi jusqu'ici notre étude de la lipese comme si le suc qui la renferme ne contenait que ce ferment et comme si l’action de ce suc dans le tube digestif était limitée à la saponification, comme si ce suc agissait seul dans l’in- testin. Or 1l n’en est rien. | En même temps que le suc pancréatique se déversent dans l'intestin et le suc intestinal et la bile. Nous verrons plus loin le rôle de la bile. Examinons maintenant les propriétés que 254 ÉMILE-F. TERROINE peut acquérir le suc pancréatique lorsqu'il est mélangé avec le suc intestinal et au cours des actions qu'il va être appelé à exercer. | DELEZENNE et FRouIN (84) ont établi que le suc pan- créatique sécrété au cours de la digestion, récolté sur un Chien muni d’une fistule permanente, mais en ayant grand soin d'éviter tout contact avec la muqueuse intestinale, était ri- goureusement inactif vis-à-vis d’albumines naturelles telles que l’ovalbumine. Il en est de même dans le cas du suc obtenu par injections répétées de sécrétine, si l’on a soin de rejeter les premières gouttes qui s’écoulent et qui peuvent être pol- luées par des débris cellulaires (BaAyLISss et STARLING 18) ; SCHÆFFER et TERROINE, 282). Par contre, si le sue est amené au contact de la muqueuse mtestinale, s’il est addi- tionné de suc entérique, ou de macération de muqueuse, il acquiert aussitôt la propriété d'attaquer énergiquement les albumines. Dans le tube digestif, nous avons donc affaire non à un sue pancréatique inactif vis-à-vis des albumines naturelles, tel que celui étudié jusqu'ici, mais à un suc qui, de par son mé- lange avec le suc entérique, en même temps qu'il saponifie les graisses, peut hydrolyser les protéiques. Cette propriété simultanée d’hydrolyser les protéiques n'influe-t-elle pas sur la propriété saponifiante? Une telle question mérite d'autant plus d’être examinée que nous savons en effet, par l’histoire des autres ferments du suc, que ces fer- ments ne sont pas sans être influencés par la présence ou l’absence du caractère trypsique. Il a été en effet établi : Que le suc pancréatique kinasé, abandonné à lui-même, perd peu à peu son pouvoir trypsique, alors qu'il le conserve s’il est mis à agir sur de l’albumine aussitôt après son activation (DASTRE et STASSANO, 78) ; Que le suc pancréatique kmasé abandonné à lui-même perd lentement son pouvoir saccharifiant (Ganicke, 414: PozersKi, 262; TERROINE et Weirr, 322), alors quil le conserve s’il est mis à agir sur de l’albumine aussitôt après son activation (TERROINE et WEILL) ; PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOIDIQUES 255 _ Que les produits de digestion des albumines et particuhè- rement les acides aminés activent énergiquement la saccha- rification de l’amidon par le suc paneréatique (TERROINE et WEILL) ; Nous devons donc examiner dans le cas de la Hpase les points suivants : 1° La transformation du suc inactif en suc actif amène- t-elle avec elle une modification du pouvoir saponifiant ? 20 Le suc pancréatique kinasé abandonné à lui-même perd-il ses propriétés saponifiantes ? . 30 Si oui, protège-t-on la lipase en obligeant le suc à exercer son action sur une albumine ? 40 Enfin la présence de produits de digestion de l’albu- mine modifie-t-elle la vitesse de la saponification? 1° Propriétés saponifiantes comparées du suctrypsique- ment inactif et du suc kinasé. — Nous avons comparé l’action saponifiante qu'exerce sur l'huile un suc de sécrétine inactif et le même suc après l'addition des quelques gouttes de kinase nécessaires pour faire apparaître la tryps'ne. La kinase a été préparée par le procédé de LARGUIER DES BANCELS : c’est un liquide obtenu par filtration sur bougie d'une macération dans l'eau chloroformée de muqueuse intestinale soigneusement broyée. Les sucs ont été additionnés d’une certaine quantité d’huile et la diges- tion poursuivie pendant quatre heures dans les conditions habituelles. Dans le cas des sues kinasés, l’adjonction de kinase et d'huile a été simultanée. Les résultats sont eonsignés dans le tableau XCIT. TABLEAU XCII Action comparée sur la saponification de l'huile des sues actif et inactif sur l’ovalbumine. (Les chiffres représentent des centimètres cubes de NaOH N/10. Pour neutra- liser les acides formés par saponification totale, il faudrait 125 centimètres cubes de NaOH N/10.) | | | | NATURE DUSUG | Exp. | Par. HS 111. | Exr. IV. | Exr. | | Écu Tera Suc naturel IN ACIER | 26.6 | 12.6 | 8.7 7 1 55.6 SUCILINASEÉ. 2e ae | 29 % | 13.9 | 13.1 40,5 30,2 l 256 ÉMILE-F. TERROINE Sauf Fe un cas, l’addition de la macération intestinale a plus ou moins intensifié les propriétés saponifiantes du suce; mais le phénomène n’est pas quantitativement très impor- tant (1). Ce qu'il y a lieu de retenir, c’est que, kinasé ou non, le suc agit énergiquement sur les corps gras. 20 Disparition progressive de la lipase dans le suc kinasé. — Nous avons recherchési du suc kinasé abandonné à lui-même voyait peu à peu modifier ses propriétés saponifiantes pen- dant le même temps que diminuent son pouvoir saccharifiant et l'intensité dé son action trypsique. Des échantillons de suc activé par la kinase ont été conservés à 409 pendant des temps variés. Ils ont été additionnés ensuite d’une même quantité d'huile, et le tout a été mis à digérer pendant quatre heures. L'examen du tableau XCIII montre que le suc kinasé perd très rapidement son activité lipasique, puisque après quatre heures cette activité est à peu près complètement abole. TABLEAU XCIII Disparition progressive de l’activité lipasique des sucs kinasés. (Les chiffres représentent des centimètres cubes de NaOH N/10. Pour neutraliser les acides formés par saponification totale, il faudrait 125 centimètres cubes de NaOH N/19.) | DURÉE D’ABANDON A 400! | | du suc activé avant l'addition | Exp.Ïl. | Exp.lIl. | ExP: IT. ExPrÆ£2IN Exp. V- | d'huile. | 1 eme CT er | | | ve 29,4 13,9 13: LS 10,5 30,2 1 heure. 1 8,3 JE 74 6,8 22,2 2 heures. 24 ) 6,4 4,3 8,2 D — 2,0 » | ) ) 4 — 1.9 ) | ) D, 2 D — 1 » | Ce résultat acquis, il nous a paru intéressant de comparer sur un même suc et dans les mêmes conditions la vitesse de (1) Ce fait doit être rapproché de lactivation de la lipase pancréatique par l’adjonction de suc intestinal observé par CHEPOWALNIKOFF et par GLÆSSNER (loc. cit.). : F ou AE CARRE mhtié - PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOIDIQUES 204 disparition de la trypsine, de l’amylase et de la lipase, afin de nous former une idée sur la sensibilité relative de ces trois principaux ferments du sue vis-à-vis de son pouvoir try- psique. Pour mesurer l’activité protéolytique, nous avons fait agir le suc sur de l’albumine coagulée et nous avons dosé les acides aminés formés par la méthode SGüRENSEN : dosage acidimétrique en présence de formol.. Pour mesurer l’activité amylolytique, nous avons fait agir le suc sur de l’empois d’amidon, et nous avons dosé le pouvoir réducteur par la méthode de BERTRAND. Des résultats consignés dans le tableau XCIV, il ressort nettement que la lipase est bien autrement sensible à l’acti- vité trypsique du suc que les autres ferments. Dans cette der- nière expérience, dans laquelle la lipase se comporte d’ail- leurs exactement comme dans celles rapportées au tableau XCIIL nous voyons les deux cinquièmes du pouvoir lipasique disparus en deux heures, disparition plus élevée que celle de la trypsine en vingt-quatre heures et tout à fait hors de proportion. avec celle de l’amylese. TABLEAU XCIV Rapidité comparée de la disparition de la trypsine, de l’amylase et de la lipase dans le suc kinasé. EEE | I TRYPSINE. | AMYLASE. LIPASE. TU Ti — a RER TL Darée || Activité protéoly- Var a AE AL | VAS Ë tique mesurée rs Activité amyloly- Te Aclivité lipolytique a d'aban- || en cc. de NaOH [tions par| tique en milligr. |tions par mesuree en lions par \ LE \ écessaires : > formé cc. NaOH N/10 don préa- N/10 nécessaires rapport de maltose formé ra pport cc Na0 EN/ rapport pour neutraliser par l’action de nécessaires pour lable du |len présence de for- à la 1 ce. de suc sur à la neutraliser le à la suc mol le mélange ee 10 cc. d'empois TE wélanse 5 suc + Ô} eur ur 10 suc 2gr. valeur d'amidon à 20/4, | & huile après acUvé || ovalbumine après ini- pendant ini- 24h. de digestion ini- s 7 AS icestio 5 ‘ >g | à à 400 : à 400. || 48 h. de digestion Ware 15 minutes. rares à 400. Dale à 400. | —————————————— | ——— | ——— | ———— | | (] 8.1 jrs] 28,9 | » 31,0 | » [Lg ROUE] e 9 » 2 ‘ » » 57,0 152598 6,9 JOINTS is UE | | " r o/ FINE » » 5249 OS 1,7 DRE 6 rm ns hYe € (= ) 24 h. 1,9 DAME 46,5 20.08 1,3 De | 1 ————"—…—.—…—.—.—…—…—…—…——…—…— ——…—…————_—_—— Cette constatation pose une question de grande impor- * tance quant au mécanisme physiologique de là digestion des ANN. DES SG. NAT. ZOOL.; 10e série. IV, 17 258 ÉMILE- | a ——— EM ASE 0,031 D BONE MM RSC AR TRAME ENONCE 0,062 » » 1 PA A A LA LEA ) D 4,9 6,9 » 0,155 » » 13 2,8 Il 1,6 | )] ) » ) » 0,310 » (85 155 3,4 14,7 D] » » » » 0.620 HUE EEE En A PA OMC AA TAIRE ee 0,800 (De) 4 ce) » » » » ) » ) ARS 1,550 » 8,7 6,7 8,6 17,0 » » » ) » 2,000 20,7 ))} » » » » ) cp) ) D] 3,100 » 12,1 | 42,2 | 42,0 | 18,3 | 42 | » | 82°| 410,9 | 13,3 4,000 24,9 » » » » ) ; ) » » 6,200 » » 16,6 17.8 Deal ) » )) » » 6,600 7 8 ,0 » » ) ) ) ) ) » » 8,000 » » » ) » » » » » » 12,400 » » 20,0 | 21,8 | 26,3 ATOS ARS MIA TIRE) 2 800 » [9212/9203 |9256| » |124| 99 | 13.0 | 19,0 | 21,5 49 ,600 » » LE » » 12,8 » » » » de 25 à 50 p. 100, on ne provoque aucune modification, on est en droit de dire qu'il n’y a pas d’optimum, mais un seuil. Comparant ce fait aux modifications apportées aux pro- priétés protéolytiques du suc par l'addition de kinase, on est frappé par la disproportion quantitative des deux phéno- mèênes ; 1l faut des quantités très minimes de kinase pour développer la totalité du pouvoir trypsique du suc; il faut au contraire des concentrations très élevées de sels biliaires pour porter à son maximum l'action lHipasique. Mais ce ne sont là que des différences quantitatives ; qualitativement, le phénomène est le même : seuil et non optimum. | B. Cas des éthers. — Nous avons tout d’abord essayé de re- trouver sur les éthers l'existence de l’optimum signalé par LŒVENHART et SOUDER, dans les limites de concentrations à l'intérieur desquelles ces auteurs se sont tenus et en utili- 278 ÉMILE-F. TERROINE sant deux éthers : le butyrate d’éthyle et l’acétate de mé- thyle. | Les résultats consignés dans le tableau CII ne laissent aucun doute sur là réalité du phénomène : pour les deux éthers étudiés, cet optimum se tient au voisinage d’une concentra- tion de O8r,3 p. 100. | Devant ce résultat, nous nous sommes posés la question de savoir si, dans le cas d’un même sue, la position de l’optimum variait avec la nature des éthers. TABLEAU CII Influence de concentrations croissantes en sels biliaires sur la saponification des éthers par le suc pancréatique. (Durée d'action: six heures. Les chifires représentent des centimètres cubes de NaOH N/20. Pour neutraliser les acides formés par saponification totale de chaque prise d'essai, il faudrait 100 centimètres cubes de NaOH N;20.) CONCENTRATIONS | en sels biliaires en grammes 0,033, | 0.066, | 0,165. 0,33. 0,66. (265€ 359: p. 100. Acétate de méthyle....|" 3,3 | 18,5 | 32,5 | 45,7 42,4 92,2 HPRISS2 Butyrate d’éthyle.. 19,3 | 25,2 | 27,3 | 26,2 | 25,1 | 227.| 220 Dans le but d’élucider cette question, nous avons fait deux séries d'essais. Dans chacune d’elles, nous avons pris des corps de même acide, — acétique pour la première, butyrique pour la seconde, — mais différant entre eux par leur radical alcool. Les résultats des deux séries consignés dans le tableau CIT, extrèémement nets, concordent pour établir que l’optimum de concentration en sels biliaires est exactement le même pour tous les corps de même radical acide, quel que soit le radical alcool. v. Yat-il une différence essentielle entre le cas des éthers et celuides graisses ?— Les résultats que nous venons d’apporter rendent donc manifeste l'existence d’un antagonisme entre deux manières de se comporter des sels biliaires suivant la substance à saponifier : seuil dans le cas de l'huile, optimum dans le cas des éthers ou plus exactement des composés PIHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOIDIQUES 279 d'acides gras à faible poids moléculaire. Cet antagonisme est-1l irréductible, est-1Lmême réel? TABLEAU CII Position de l’optimum de concentration en sels biliaires lors de la | saponification de corps à même radical acide. (Conditions d'expériences identiques à celles du tableau CIT.) CONCENTRATIONS en sels biliaires en gr.| 0,009, | 0,018. 0,045, 0,09. p: 100. mess INCE I r XPÉERIENCE, 1. Butyrate de mé- thyle 17,6 Butyrate de pro- PYy Butyrate d’iso - Dubé ne Butyrate d’a- 110 CAMP ES Triacétine:.....1 Acétate de mé- JA 4 EEE Acétated’éthyle. Acétate de pro- pyle Acétate d’isobu- tyle Acétate d’amyle. Dans les expériences précédemment rapportées (Voir te- bleau CIIT), l'observation des mélanges au moment du dosage nous permettait de constater : dans les mélanges où-les con- centrations en sels bilisires étaient faibles, un louche plus ou moins épais ; pour les concentrations plus élevées, un trouble; enfin un précipité d'autant plus abondant que la concentra- tion en sels biliaires s'élevait davantage. En outre, le précipité abondant commençait à s’observer dans le mélange dans lequel le dosage indiquait la présence d’une concentration optimale en sels biliaires. Cette constatation, comparée à l’ab- sence d’optimum dans le cas de l'huile, nous amenait à for- muler l'hypothèse que la présence de l’optimum n’est pas le 280 ÉMILE-F. TERROINE fait de l’action immédiate des sels biliaires sur la lipase, mais est due à une action secondaire déjà signalée : l’immobilisation du ferment par précipitation résultant de la présence simul- _tanée d’acides gras inférieurs et de sels biliaires. Pour que cette hypothèse pût être admise, il faudrait dé- montrer que, si le ferment peut, par un artifice quelconque, être maintenu en solution, malgré une teneur élevée en sels biliaires et en acides gras, l’optimum disparaîtra pour faire place à un seuil, exactement comme dans le cas de l'huile. Pour réaliser ce maintien en solution, nous avons fait appel aux propriétés qui nous sont connues des précipités colloi- daux. Sachant que, très fréquemment, ces précipités se redis- solvent dans un excès de précipitant, nous avons recherché ce que produirait une augmentation de la concentration en sels biliaires, c’est-à-dire qu’au lieu de nous limiter comme précédemment à des concentrations de 28r,25 p. 100, nous avons élevé les concentrations à des taux voisins de ceux précédemment employés dans le cas de la saponification de l'huile. Conformément à notre attente,nous avons eu tout d’abord. comme dans les expériences précédentes, un louche, un trouble, puis un précipité; mais ensuite, pour des concentrations plus élevées, le précipité diminue peu à peu pour ne laisser qu’un trouble peu important lors de la concentration maximum expérimentée. En même temps, la détermination des quantités de sub- stances saponifiées montrait, ainsi que cela apparaît de toute évidence dans le tableau CIV, qu'après avoir diminué l’accé- lération se relevait considérablement avec l'augmentation de la concentration pour aboutir à un plateau, exactement comme dans le cas de l'huile. Les expériences sur les butyrates, sur la triacétine, nous montrent que la saponification n’est plus sensiblement modifiée lorsqu'on passe d’une concentra- tion en sels biliaires de 16,6 à 24,4 p. 100. scluir dc RCE PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOIDIQUES 281 TABLEAU CIV { Influence de concentrations croissantes en sels biliaires sur la sapo. nification des éthers et glycérides d'acides gras à faible poids moléculaire. | {Durée d'action: six heures. — Les chifjres représentent des centimètres cubes NaOH N/20. Ils donnent directement le pourcentage des quantités saponifiées. I $ CONCENTRATIONS en sels biliaires en grammes p: 100. DE PROPYLE. ACÉTATE BUTYRATE D'ÉTHYLE. BUTYRATE D'ÉTHYLE. BUTYRA'RE D'ÉTHYLE. BUTYRATE D'ÉTHYLE. BUTYRATE D'ÉTHYLE. TRIACÉTINE. 0,000 0,016 0,033 0,040 0,066 0,083 0,165 0,166 0,255 0,266 0,330 0,660 0,830 1,660 2,500 3,330 6,660 12,200 13,300 16,600 24 100 26,600 En réalité, le eas de l'huile et le cas des éthers constituent un seul et même phénomène. Dans les deux cas, on aboutit à un seuil, mais par un accroissement constant, régulier, lorsque les acides formés ne précipitent pas le ferment ; en passant au contraire par un optimum apparent, dans le cas des acides gras à faible poids moléculaire qui précipitent le ferment en présence de sels biliaires. Il nous à paru qu'il y avait intérêt à mettre ce fait en évi- dence, en comparant non plus des éthers à des graisses, mais des glycérides entre eux. Nous avons donc choisi, dans la série des triglycérides d’acides gras saturés, quatre corps ne diffé- rant entre eux que par le poids moléculaire de leurs acides 282: ÉMILE-F. TERROINE gras, — triacétine, tricaproïne, trilaurine et tripalmitine, — et nous avons recherché l’influence qu'exerce l'addition de sels : bilisires en quantités croissantes sur la ssponification de ces corps par la lipase pancréatique. Lee Les résultats rapportés dans le tableau CV corroborent tout ce que nous avons établi jusqu'ici: dans tous les cas. un seuil de concentration et sensiblement le même pour les quatre corps étudiés: mais en outre, dans le cas de la triacétme, un optimum apparent très accentué, dans le cas de la trica- proïne, un optimum apparent moins marqué, alors que, pour la saponification de la trilaurine et de la tripalmitine, nous observons une ascension régulière. TABLEAU CV Influence de concentrations croissantes en sels biliaires : sur la saponification de divers triglycérides par le suc pancréatique. CONCENTRATIONS , en sels biliaires TRIACETINE. TRICAPROINE. TRILAURINE,. TRIPALMITINE. en gr. p. 100. e 0 0,045 997 ©0 7 - 0,227 0,454 sv 0,908 9,270 4,540 9,180 18,360 Re RULES | D À s UD © © OS © D I O1 o RU ND DD = = D I-= L’antagonisme entre éther et graisses s'évanouit donc à l'analyse : quel que soit le corps saponifié, il existe, dans Pacti- vation de la lipase par les sels biliaires, un seuil de concen- tration et non un optimum, exactement comme dans l’aeti- vation de la trypsine.par la kinase. C. SENSIBILITÉ DU POUVOIR SAPONIFIANT DU SUC PANCRÉA- TIQUE EN PRÉSENCE DE SELS BILIAIRES VIS-A-VIS DES AGENTS EXTÉRIEURS. — Dans une telle étude, il est évidem- ment possible de faire appel à toute action, à toute sub- stance nocive pour le ferment. On peut, par exemple, comme l’a fait LANGLEY dans le cas de la pepsine, montrer que le ferment actif est beaucoup plus sensible vis-à-vis des alcalis. ñ nd AT ET EN de > ENT T A. UV E.. { 0 ee D à Go Det ds a, lé PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOIDIQUES 283 Mais il nous à paru qu'il y avait intérêt à ne faire interve- nir aucune substance dont l’action peut toujours être com- plexe, et nous nous sommes borné à l'étude d’un agent de destruction extérieure, la température. Cette étude a été poursuivie en vue de répondre à deux questions connexes : 19 La température de destruction de la lipase est-elle abais- sée par la présence de sels biliaires ; 20 Abandonné à la température de 409, le suc pancréatique, lorsqu'il est additionné de sels biliaires,ne voit-il pas baisser beaucoup plus rapidement son pouvoir saponifiant que lors- qu'il est seul. È x. Température de destruction. — Des expériences relatives à la sensibilité de la lipase vis-à-vis de la chaleur ont déjà été rapportées dans la partie de notre travail spécialement con- sacrée à ce sujet. Nous avons eu l’occasion de noter (p. 198) une augmentation considérable de sensibilité en présence de sels biliaires. Il nous paraît cependant important de rappeler ici les faits les plus démonstratifs, qui sont résumés dans le tableau CVI. TABLEAU CVI Sensibilité au chauffage du suc seul ou additionné de sels biliaires. (Les chiffres représentent des centimètres cubes de NaOH N)20. La neutralisation des acides formés par saponification totale exigerait 62€€,5 de NaOH N7/20.) AR PRE SUC+HSELS BILIAIRES RU TAC | 5 p. 100. des échantillons. he è ae ACRDATES LP PPUETION ACIDITÉ PNEUS : : de l'activité Er de l’activité formée. | TRE formée. eue lipasique. lipasique. | Suc non chauffé... 245 ISUCICHAUTEÉ >... 12,0 Sue non chauffé... 18,8 SUCICHAUTIE T0 10,9 Suc non chauffé... 25,6 Suc chauffé. ...... 13,9 Suc non chauffé... ile SUC'éNaUie een 4, 284 ÉMILE-F. TERROINE Des échantillons de suc sont immergés, soit seuls, soit additionnés de sels biliaires en quantité telle que la concentration soit de 5 p. 100, dans un bain-marie à 500 pendant dix minutes. Au bout de ce temps, on ajoute à tous les mélanges une même quantité d'huile, et on laisse digérer pen- dant le même temps au thermostat à 409. Chaque expérience comporte un témoin non chauffé. Les résultats expérimentaux parlent d'eux-mêmes : alors qu'un chauffage à 50° pendant dix minutes supprime à peu près toute activité lipasique du suc en présence de sels bi- liaires, cette activité n’est diminuée que de 50 p. 100 lorsque le suc est chauffé seul. 5. Comparaison de la diminution du pouvoir lipasique du suc à 409 seul ou en présence de sels biliaires. — De très nom- breux exemples nous ont montré que du suc conservé à 400 voit diminuer, mais très lentement, sa propriété saponi- fiante. | Lorsque le suc est sensibilisé par les sels biliaires et qu'il est conservé à 409 pendant des temps variés avant d’être mis à agir sur un corps gras, — de l'huile, dans nos essais, — on observe deux phénomènes qui ressortent très nettement des résultats de nos expériences sur ce point, résultats consignés dans le tableau CVIT. TABLEAU CVII Vitesse de disparition du pouvoir saponifiant du suc conservé à 40°. en présence de sels biliaires. DURÉE n 2 2 2 Z £ 2 2 8 de = = = ES TE Æ += . È 2 conservation D DC IE PEU RE ce) PRE RU EE RQ EE PE None du mélange 58 ES HAE BRE FES Er >= m2 MES suc-} sels 2 RP Bt EN Ne CIE | 2e SEA FE Sec biliaires NE M ON PR CEE ETES # 20 %10 D mise ee AZ avant FA +15 A+ | ns +r* a +%* AIN | gg + ASS 4 er a +v ‘additi 2 2 : 2 a or . |me 2 l'addition 5 Z D = = = = 2 = d'huile. LE “e fe u 2 F2 22 Fe 0 19,8 | 102,7 | 36,0 | 21,2 | 26,0 | 29,2 | 81,5 | 35,3 | 431 30 min.| 21,8 » 30,221929 9"10830%7 30,3 » 37,9 | 46,1 1 heure.| 20,6 | 57,8 | 26,8 1791990 "1133/00/68 0:02 1489216226 2) heures » ) » ) ) » » » 45,9 eù PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOIDIQUES 289 Un premier phénomène dont l'importance est extrêmement variable suivant les sucs employés : un contact de trente minutes à une heure augmente nettement l’activité de la lipase. Mais cette augmentation, qui est après une heure de 45 p. 100, dans l'expérience IX, de 13 p. 100 dans l’expé- rience V, de 11p.100 danslexpérience VIIT, est parfois à peine sensible dans les autres essais. Bien qu'inconstant quantita- tivement, ce fait n'en est pas moins fort intéressant, car 1 montre que les sels biliaires exercent une action directe sur le suc lui-même. Un second phénomène dont l’allureest sensiblement la même dans tous les cas : affaiblissement très rapide de la lipase. Après cinq heures, lesuc ne possède plus qu’une action sapo- nifiante des plus médiocres. Par ailleurs, toutes les expériences rapportées au eours de ce travail montrent qu’une telle destruction n’a plus lieu, ou tout au moins est considérablement ralentie lorsque le mé- lange suc et sels biliaires, au lieu d’être abandonné seul à l’étuve à 400, est mis à agir sur une graisse. Nous savons, en effet, que, dans les mélanges en digestion, la saponification se poursuit très activement longtemps après la emquième heure. L'augmentation de sensibilité de la lipase du sue pancréa- tique vis-à-vis dela température, lorsque ce ferment est sensi- bilisé par les sels biliaires, constitue donc un nouveau pomt de contact avec le cas des ferments protéolytiques, qui, lorsque le suc est kinasé, disparaissent beaucoup plusrapidement à 400 que lorsqu'il est seul. Au total notre étude nous a montré : D'une part, que l'activation énergique exercée par la bile sur le pouvoir saponifiant du suc pancréatique doit être rapportée aux sels buaires ; D'autre part, que: par la multiplication considérable de la saponification des corps d'acides gras à faible poids molécu- laire, qui donne à la présence des sels biliaires un caractère de nécessité presque absolue ; par l'existence dans tous les cas d’un seuil de concentration et non d’un optimum ; par 286 ÉMILE-F. TERROINE l’action directe exercée sur le suc et manifestée par une aug- mentation considérable de la sensibilité vis-à-vis de la tem- pérature ; les sels biliaires ne doivent pas être considérés : comme un accélérateur banal, mais possèdent bien les qua- lités d’un coferment et qu'ils occupent, dans ce groupe de corps, une place très voisine de celle de la kinase intestinale, * AE Lorsqu'on fait agir in vitro du sue pancréatique sur un corps gras à une température voisine de celle de l'organisme, on est frappé de la lenteur de la saponification. Une conelu- sion paraît immédiatement s'imposer : la saponification est un processus accessoire, et l'absorption des graisses procède par un mécanisme autre que celui qui préside à l'absorption des deux autres groupes d'aliments, hydrates de carbone ou albumines. Dès l’abord, nos recherches sur l'absorption ne nous ont pas permis de partager cette manière de voir, Nous avons pu, en effet, constater que la vitesse d'absorption des graisses, tra- duite par l’élévation du taux des acides gras du sang, est rigoureusement parallèle à la résistance qu'elles offrent à l'attaque par le suc pancréatique. D'autre part, la faible saponification observée lors de l’action in vitro du sue est due au fait qu’on isole alors le sue des conditions normales de son action. Si l’on veut bien main- tenant songer que cette action est considérablement accélérée : par le mélange intime de la graisse avec le suc; par la présence d’électrolytes, et cela au maximum pour des concentrations en chlorure de sodium voisines de celles formées dans l’in- testin par neutralisation du chyme acide ; par une réaction légèrement alcaline qui se rapproche très vraisemblablement beaucoup de celle réalisée pendant toute la phase active de la digestion intestinale; enfin et surtout par le coferment qu'apporte la bile ; on cessera de tenir pour improbable une saponification des graisses, sinon complète, tout au moins très considérable, au cours de la digestion. On admettra bien volontiers, au contraire, que l'intestin réalise un milieu de +. 1 os fe ft dires i PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOIDIQUES 287 choix pour mener rapidement cette opération à bonne fin. Sans doute la conclusion logique de notre travail aurait- elle dû être de montrer que toutes les conditions favorisantes mises en lumière sont additives et que, en les réunissant, on peut obtenir, dans les limites habituelles de durée de Pacte digestif, une saponification totale. Cette expérience reste à faire. Si nous ne l'avons pas tentée, c’est que nous n'avons pas su imaginer la technique qui en aurait rendu les résultats significatifs. Il faudrait en effet éliminer, presque au fur et à mesure de sa production, comme le fait l'organisme, le seul facteur empêchant dont nous avons constaté l’action: les produits de réaction et particulièrement les acides gras, Nul doute pour nous, puisque, dans bien des cas, ce facteur empêchant présent, nous avons obtenu en six heures des saponifications atteignant 30 à 40 p. 100 des graisses à digérer, que nous aurions été bien près de la saponi- fication totale, s’il nous avait été possible, sans troubler la réaction par l'intervention de substances étrangères, d’éh- miner les acides gras. La question de la digestion et de l'absorption des graisses est loin d’être résolue. Le fait que ni acides gras ni glycérine ne se retrouvent en quantités appréciables dans le sang semble bien impliquer une synthèse de ces éléments dans la muqueuse intestinale, mais le mécanisme de cette synthèse reste entièrement à établir ; la pénétration même de ces acides oras dans la cellule, acides gras insolubles dens l’eau, grâce à la présence de la bile, pose de bien intéressants problèmes D sico-chimiques. Mais notre étude n'aura cependant pas été complètement inutile, si l’on veut bien admettre qu'elle a tout au moins apporté une contribution à la connaissance du mécanisme de cette digestion et de cette absorption, en montrant que tout concorde pour supprimer toute distinction essentielle entre ces processus et ceux qui président à l'introduction dans l'or- sanisme des autres matières alimentaires. Dans le cas des graisses, comme dans celui des matières hydrocarbonées ou des albumines, une hydrolyse préalable de 288 ÉMILE-F. TERROINE la substance à digérer est la condition première de l’absorp- tion, et là aussi l’organisme réalise toutes les conditions de milleu favorables à la diastase chargée de cette hydrolyse. CHAPITRE II NATURE UNITAIRE OÙ PLURALE DE LA LIPASE PANCRÉATIQUE. SES CARACTÉRISTIQUES Dans toutes nos recherches sur les conditions d’action de la lipase, nous avons fait appel, pour déterminer l'intensité de la saponification, tantôt à des glycérides et tantôt à des éthers contenant : des acides gras à faible poids moléculaire (acé- tique, butyrique), ou à poids moléculaire élevé (palmitique, stéarique) ; saturés ou non saturés (oléique) ; des alcools de divers poids moléculaires et tantôt des monoalcools, tantôt des polyalcools. Des travaux antérieurs nous avaient appris, en effet, que le suc pancréatique attaque la monobutyrine(BERTHELOT, 27), l’éther acétique (HERITSCH), un certain nombre d’éthers éthy- liques, la di et la triacétime(KASTLE et LŒVENHART). Mais en poursuivant ainsi notre étude, en faisant agir indif- féremment le suc sur une substance quelconque, par là même nous admettions implicitement que tous les corps étaient attaqués par un ferment unique. Cependant, nous pouvions relever de très notables différences dans la manière de se comporter du suc vis-à-vis des corps sur lesquels nous le faisions agir ; entre autres faits, 1l nous a-été donné de sigra- ler que le suc seul attaque à peine le butyrate d’éthyle, alors qu'il exerce une action saponifiante énergique sur lhuile. Par ailleurs, la plupart des auteurs ne rapportent pas aux mêmes enzymes l’hydrolyse des éthers et celle des glycérides et distinguent plusieurs groupes de ferments saponifiants. 19 Éthérases. — Ce que l’on doit comprendre sous ce mot est assez mal précisé. Il semble bien que l’on réserve le nom 3 vd usine vntii PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOÏDIQUES 289 d'éthérase à tout ferment hydrolysant un éther constitué par un alcool et un acide, tous deux monovalents et tous deux appartenant à la série grasse. 20 Japase. — Ce que l’on doit comprendre sous ce mot n’est pas non plus bien précisé. Pour certains, 1l convient uniquement aux ferments qui saponifient les graisses natu- relles ; d’autres l’ont appliqué aux cas de dédoublement de glycérides synthétiques, telles que la monobutyrine. [1 semble bien que ce nom est plus généralement réservé aux enzymes attaquant les triglycérides d’acides gras à poids moléculaire élevé. 30 Phénolase. — I] s’agit ici de ferments dédoublant éthers ou glycérides contenant dans leur molécule un radical phé- nolique. Il convient de noter, en outre, que jamais la question de déterminer s’il y avait une ou des éthérases, une ou des hipases, n’a été précisée. Il nous faut donc maintenant savoir s'il y a lieu de rap- porter à un seul et même ferment les actions saponifiantes du suc où si, au contraire, des raisons militent pour l'établisse- ment d’une distinction entre éthérase, lipase, phénolase. Cette question une fois élucidée, le suc paneréatique mani- festant de grandes différences dans son aptitude à attaquer les corps qu'il saponifie, comme :l se distingue très vraisem- blablement à cet égard soit des catalyseurs chimiques comme les acides, soit d’autres catalyseurs biologiques tels que la lipase hépatique par exemple, nous aurons à Comparer la résistance à l’action du suc de tous les types de substances attaquées. Une telle étude nous permettra de dégager les caractéristiques de la propriété saponifiante du sue pan- créatique. $ A. — Le suc pancréatique contient-il un ou plusieurs ferments saponifiants ? Pour répondre à la question posée: les actions saponi- fiantes du suc pancréatique doivent-elles ou non être rapportées à un seul ferment? nous devons successivement envisager : ANN. DES SC. NAT. ZOOL., 10e série. IV, 19 290 ÉMILE-F. TERROINE 19 S'il est possible d’établir dans le suc, par la présence ou l'absence de pouvoir saponifiant vis-à-vis de telle ou telle catégorie de corps, par l’intensité de son action dans certains cas et sa médiocrité dans d’autres, une séparation radicale entre les divers types préalablement admis : éthérase, lipase, phénolese ; 20 Si les diverses méthodes habituellement employées pour différencier les actions diastasiques permettent d'établir des subdivisions réelles parmi les propriétés saponifiantes du suc pancréatique. 19 Distinctions fondées sur les différences d'action du suc sur les divers corps qu'il attaque. — L’affirmation d’une distimction spécifique entre la maltase et l'invertine ne surprend pas. Des différences fondamentales séparent le maltose du saccharose. Non seulement les deux hexoses con- stitutifs sont différents, mais, fait beaucoup plus important, leur mode de liaison n’est pas le même. On peut donc facilement comprendre qu’une action diastasique s'exerce sur un corps et pas sur lautre. Une telle distinction n'apparaît pas dès l’abord dans le cas des actions lipasiques : tous les corps dont il est ie1 question possèdent un caractère commun fondamental, c’est que ce sont des éthers, des corps de même structure, qu'il s’agisse d’éthers au sens strict du mot ou de graisses. Si donc on veut faire intervenir une distinction, — telle. que éthérase, lipase, phénolese, — il faut garder présent à l'esprit que cette distinction portera non pas sur un mode d’attache différent des radicaux, mais uniquement sur la variation de composition des radicaux. Une distinction fondée sur ce caractère est-elle légitime? Les variations d’action du suc suivant la composition des radicaux de l’hydrolyte permet-elle d'établir l'existence dans ce suc d’une multiplicité de ferments spécifiquement dis- tincts ? a. Ÿ A-T-IL LIEU DE DISTINGUER ENTRE ÉTHÉRASE ET LIPASE? — Par éthérase, on entend en général un ferment susceptible de dédoubler les éthers ordinaires tels que l’acétate d’éthyle; par lipase, on entend un ferment susceptible de dédoubler les e— PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOÏDIQUES 294 olycérides. La distinction entre ces deux ferments porte done uniquement sur le fait que, dans un ces, il y a détachement d’une molécule d’acide et d’une molécule d’aleool et, dans l’autre, de trois molécules d'acide et d’une moléeule d’aleool trivalent. Une telle distinction aboutit à des résultats ab- surdes en ce qui concerne le suce paneréatique. Si, en effet, nous faisons agir ce suc, d’une part, sur la série des éthers éthyliques d’açides gras saturés normaux, d’autre part sur la série des triglycérides des mêmes acides, les corps étant employés dans chaque série en quantités équimoléculaires, nousobtiendronsdes résultats, consignés dans le tableau CVTIT montrant que, si nous considérons les corps d’ecides gras inférieurs (acétate et butyrate d’éthyle, triacétine et tribu- tvrine), nous aboutirons à admettre [a présence simultanée d’une éthérase et d’une lipase toutes deux très actives ; per contre, si nous considérons les composés d'acides gras plus élevés (éthers et glycérides de l'acide laurique et au-dessus), nous #boutirons à admettre la présence d’une lipase et l'ab- sence à peu près complète d’éthérase. TABLEAU CVIII Action comparée du suc sur les éthers éthyliques et les glycérides d'acides gras saturés normaux. (Tous les tubes contiennent une même quantité de suc pancréatique, soit 5 cen- timètres cubes ; le dédoublement a lieu à 40°. Sa mesure a été faite à l’aide de NaOH N/20 après cinq heures pour I et vingt-quatre heures pour IT. Il suffit de multiplier par 2? les chiffres de 1 et par 1,6 les chiffres de IT pour avoir le pourcentage de substance dédoublée.) | ACIDITÉ ; ACIDITÉ NATURE DES ETHERS. formée en NATURE DES ETHERS. formée en NaOH N/20. | NaOFI N/20. Ch ODOOS Ii © Or OX OC Où SI O1 RO Acétate d’éthyle........ Triacétine Propionate d’éthyle 45 Tributyrine Butyrate d’éthyle Pricaprome ft Ci Valérianate d’éthyle..... Tricapry!n >... Caproate d’éthyle Tricaprini.e | Caprylate d’éthyle TÉAURMEr CE EC ER bL TAC | Caprinate d’éthyle > > > re | Myristate d’éthyle Palmitate d’éthyle...... Re SE re 202 ÉMILE-F. TERROINE Cette distinction entre éthérase et lipase devient moins défendable encore si l’on considère que le suc pancréatique dédouble à la fois, ainsi qu'il ressort de l'expérience ci-des- sous, l’acétate de méthyle, le glycol diacétique, la triacétime. Les substances sont employées en quantités isoacides. Tous les mé- langes contiennent une même quantité de ferment (2 centimètres cubes + { centimètre cube sels biliaires à 10 p. 109). L’acidité est mesu’ée à laide de NaOH N/20. Le pourcentage de substance dédoublée est obtenu en multipliant le chiff:e d’acidité par 2. Acidité for.née en cent. cubes NaOH N/20. Acbtate de meyle "rs PEER. ANNEE MUR EURE 9,4 MyCOlHacÉ TIQUE ASUS PEAR TRE I EE CURE 9,8 À DS EN VO SL OV PRES AODRRPA mag SE PET EE ON AR CT 10,9 Faudra-t-il alors établir une distinction nouvelle, créer un nom nouveau pour l’action saponifiante que le sue exerce sur les éthers du glycol? En réalité, on ne peut admettre, en ce qui regarde les composés d’acides gras d’alcool variable, aucune distinction rigoureuse. Quel que soit l’alcool gras, — mono ou polyvalent, — auquel les acides sont liés, 1l paraît logique d'admettre que tous ces corps sont dédoublés par un même agent diastasique. à b. DoiT-ON ÉTABLIR UNE CLASSE SPÉCIALE POUR LES FER- MENTS AGISSANT SUR LES ÉTHERS AROMATIQUES? — Entre le ferment qui dédouble les éthers de la série grasse et celui qui attaqueles éthers de la série aromatique, peut-on établir une différence nette (1)? Sans doute, CHanoz et Doyon (64) signalent l’inactivité du suc pancréatique sur le salicylate d’amyle, mais, d’autre part, les expériences ci-dessous nous montrent qu'il peut attaquer, très faiblement à la vérité, mais très nettement, divers éthers d'acides aromatiques : Tous les mélanges contiennent une même quantité de ferment : 3 centimètres cubes de suc pancréatique + 5 centimètres cubes de (1) Newcxi (242) a montré l’action saponifiante exercée par la macération de tissu pancréatique sur la tribenzoïcine. Mais nous savons, par ailleurs, qu'il peut exister de trop grandes différences entre les ferments qu’on peut extraire du tissu d’une glande et ceux qui sont présents dans son produit de sécrétion pour que nous puissions faire état de ce fait. | spi ir ch Cri éihetintitt he bei asian den PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOÏDIQUES 293 sels’ biliaires à 10 p. 100. Le dosage est fait avec une solution N/20 de NaOH. | Acidité. Benzoate demméthyler. rie een A PE NM 2 Salioyiate 'ÉRVIE EMULE la TE sde ne ee RU 1, MANIA UE CPE AT ER ER AU PRE 0 D'autre part, le suc dédouble très nettement les éthers d’acides gras et d’alcools aromatiques. Mêmes indications que pour rexpérience ci-dessus. Le pourcentage de substance dédoublée s’chtient en multipliant les chiffres d’acidité par 2,5. Acidité formée en cent. cubes NaOH N/20. ACÉtALE de phéyAle O ER EE RERO LENS AA RS UT 5,8 Acétaitedehennyie DS ORSSER rLe Se T) n eSe A2 Cette nouvelle distinction n’est donc pas plus fondée que la précédente. En fait, à des degrés différents, le suc pancréa- tique attaque les éthers organiques. Cette attaque est plus ou moins intense suivant les corps considérés, mais c’est là un fait qui s’observe aussi dans le cas des saponifisations par les agents chimiques, — acides ou beses, — fait bien connu sous le nom d’empêchement stérique et dont de très nom- breux exemples ont été donnés par MENScHUuTkIN, Osr- waLp, etc. Nous aurons d’ailleurs à revenir longuement sur ce point. Mais, d’ores et déjà, nous pouvons conelure que les variations d'action du suc pancréatique sur les différents corps à structure éther, variations qui peuvent s'obser- ver aussi bien avec des catalyseurs non diastasiques, ne per- mettent en rien d'affirmer que ce suc possède plusieurs ferments spécifiquement distincts. 20 Distinctions fondées sur la comparaison des actions saponifiantes du suc avec celles d’autres liquides diasta- siques et sur l’action de divers agents extérieurs sur la saponification. — Les divers procédés, de valeur très variable d’ailleurs, qui permettent de distinguer plusieurs fer- ments dans un produit de sécrétion, dans une solution dias- tasique, ont été fort bien exposés par GraïA (117). Nous nous contenterons donc d’en rappeler sommairement les prineipes 294 ÉMILE-F. TERROINE et nous étudierons ensuite les résultats qu'ils donnent, appliqués à l’action saponifiante du suc pancréatique. a. MÉTHODES. — +. Méthode des vitesses de réaction de V. HENR1 et LARGUIER DES BANCGELS. — On fait agir une même quantité de solution diastasique d’une part sur deux corps séparément, d’autre part sur les deux corps réunis,et on mesure la vitesse de réaction dans les trois cas. Si, dans le mélange,chacun des corps se dédouble comme s’il était seul, alors on en conclut à l’existence de deux ferments ; si, au contraire, la vitesse de dédoublement des corps considérés est diminuée de moitié, on en conclut qu'un même ferment agit sur ces deux corps. C’est en utilisant une telle méthode que V. HENRI et LARGUIER DES BANCELS (133) montrent, entre autres faits, que dans le suc pancréa- tique un même ferment agit sur la gélatine et la caséine, 6. Méthode de comparaison. — Si l’on possède un liquide dédoublant deux corps, on recherche parmi d’autres solutions diastasiques si ces deux corps sont toujours simultanément attaqués et, dans ce cas, on aura affaire à un ferment unique ; ou bien, au contraire, si l’on trouve une solution attaquant l’un et pas l’autre, dans ce cas on aura affaire à deux ferments distincts. | C'est en utilisant une telle méthode que BourQuELoT distingue la lactase de lémulsine : le kéfir agit sur le lactose et non sur les gluco- sides, le liquide d’Aspergillus hyarolyse les glucosides et ne touche pas au lactose. | y. Méthode de destruction partielle. — Dans un liquide susceptible d’hy- drolyser plusieurs corps, on essaye d’affaiblir ou de supprimer l’une des actions, à lexception des autres, par l'intervention d’agents extérieurs (modifications de température, variations de réaction de milieu, addi- tion de corps étrangers divers). La température de destruction a en particulier été fréquemment em- ployée pour séparer des actions diastasiques. DCE CORNE EN STE trdaté ni à Sani dec med n dtrt bash b. APPLICATION DE CES MÉTHODES AUX PROPRIÉTÉS SAPO- NIFIANTES DU SUC PANCRÉATIQUE. —«. Méthode des vitesses de réaction. — De toutes les méthodes qui permettent d’étabhr, dans un hquide donné, l'unité ou la multipheité des actions diastasiques, la méthode des vitesses de réaction est s2ns con- teste la plus élégante ; mais son emploi est délicat, et, si elle peut trouver de fort intéressantes applications dans le cas des hydrates de carbone ou des protéiques, elle ne peut ici nous rendre aucune service. Elle exige en effet un certam nombre de conditions dont trois au moins ne peuvent être réalisées dans le eos qui nous TE à IT TE DT ON EN PPT A PT PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOÏDIQUES 295 préoccupe : un milieu homogène, la non-intervention des produits formés au cours d’une action sur la vitesse de l’autre, l'emploi de concentrations qui n’influent plus sur la vitesse de réaction. Sinous voulons en effet distinguer entre éthérase et lipase, nous serons amenés à faire agir le suc, per exemple, sur un mélange de trioléme et d’éther acétique. Or, l’un de ces corps est soluble dans l’eau, l’autre ne l’est pas. Nous pourrons donc avoir des résultats qui pourront parfaitement être rapportés aussi bien à deux ferments agissant séparément qu'à un même ferment se partageant, grâce à sa solubilité, entre la phase grasse et la phase aqueuse. D'autre part, dans un tel mélange, l'acide acétique pro- duit peut inhiber l’action sur la trioléine. L’absence de saponification de l'huile pourra nous amener ainsi à conelure à l'existence de deux diastases distinctes, alors qu'il s'agira simplement d’un phénomène imhibiteur. Enfin nous avons vu, dans le cas de produits solubles, la vitesse d’hydrolyse croître avec la concentration, et cela jus- qu’à la limite de solubilité (Voir p. 192). Pour toutes ces raisons, la méthode des vitesses de réaction ne peut trouver ici à s'appliquer. 8. Méthode de comparaison. — La méthode de comparaison a déjà .été appliquée par LœvenHaART (193) à la différen- -ciation des lipases. Étudiant l’action des extraits de foie et de pancréas sur les acétines, sur un certain nombre d’éthers éthyliques d’acides gras saturés et sur l'huile, LŒVENHART conclut à la non-identité des ferments du foie et du pancréas, mais 1l ajoute «que l’action du pancréas sur tous les éthers étudiés doit probablement êtreattribuée à un enzyme unique ». Les recherches de LŒVENHART ne portent pas sur des séries assez longues. Nous avons donc repris cette étude en faisant agir des extraits aqueux de foie, — comme nous l'avons fait pour le suc pancréatique, —sur la série des éthers éthyliques et des glycérides d'acides gres saturés. Pour obtenir les extraits, on lave un foie de Chien à l’aide d’une so- lution de chlorure de sodium à 8 p. 1 000, laquelle, pénétrant sous pres- 296 ÉMILE-F. TERROINE sion dans la veine porte, irrigue l'organe. Dès que le foie est complète- ment décoloré, il est réduit en purée à l’aide du broyeur Latapie. La . purée est mise à macérer à une température de 2° ou 3° pendant vingt- quatre heures dans cinq fois son volume d’eau chloroformée. Au bout de ce temps, on filtre d’abord sur étamine ou bien on centrifuge. Dans les deux cas, le liquide obtenu est filtré sur papier. Les conditions dans lesquelles ce liquide est mis à agirsurles étherssontexactement les mêmes que lors de l’emploi du suc pancréatique. Toutefois, un témoin est cons- titué par le liquide seul non bouilli; ce liquide, riche en albumines et en glucose, présente en effet, par suite de phénomènes d’autolyÿse, une acidi- fication propre loin d’être négligeable, pendant la durée des expériences. L'examen du tableau CIX fait apparaître une différence importante entre la propriété saponifiante du foie et celle du sue pancréatique. Le foie dédouble les éthers et les glycérides d'acides gras à faible poids moléculaire; 1l ne s'attaque pes aux corps dans la constitution desquels il entre des acides gres supérieurs. TABLEAU CIX Action des extraits aqueux de foie sur les éthers et les glycérides d'acides gras saturés normaux. (Les chiffres représentent des centimètres cubes NaOH N]20 ; le pourcentage de substance dédoublée est obtenu en multipliant par 2 les chiffres de la co- lonne T,par 1,66 les chiffres de la colonne IT. Durée d'action : vingt-quatre heures.) ACIDITÉ ACIDITÉ NATURE DES ÉTHERS. formée en NATURE DES ÉTHERS. formée en NaOH N/20. NaOH N/20. |E Triacétine Propionate d’éthyle..... Tributyrine Butyrate d’éthyle....... Tricaproïne Valérianate d’éthyle Tricapryline Caproate d’éthyle Triciprimine LCL ARX Caprinate d’éthyle....... Trilaurine Laurate d’éthyle s M OSEO OUWOURÉ s . Le suc pancréatique, lui, non seulenient dédouble ces mêmes corps, mais encore, quoique à des degrés différents, saponifie tous les glycérides étudiés jusqu’à la tristéarme. Cette différence est physiologiquement très importante; les 4 4 PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOÏDIQUES 297 glycérides respectés par l'extrait hépatique et que saponifie le suc pancréatique constituant la majeure partie des graisses alimentaires ; mais permet-elle d’affirmer l’existence dans le suc de deux ferments distincts? Remarquons tout d’abord qu'il ne s’agit pas de distinction entre éthers et glycérides, le foie dédoublant aussi bien les uns que les autres, pourvu que l’acide qui entre dans leur composition soit de faible poids , molécubire, il s’agit uniquement d’une distinction portant sur le poids moléculaire des acides gres. Et alors le foie dédou- blant les glycérides sensiblement jusqu’à la tricapryline et le suc pancréatique les dédoublent tous, on serait amené à con- clure qu'il existe dans le suc deux ferments, l’un pour les glycérides à faible poids moléculaire (jusqu’à la tricapry- line), l’autre pour les glycérides plus élevés. Il nous perait inutile d’insister sur ce qu'une telle distinction aurait d’arti- tificiel. y. Méthodes de destruction partielle. — Ces méthodes, comme nous l'avons dit plus haut, consistent dans la sup- pression, par une action extérieure, d’un processus diasta- sique. Les agents que nous avons étudiés sont : la tempéra- ture, les électrolytes, les sels biliaires. Température. — Si l'on chauffe du suc pancréatique à des températures variant de 450 à 559, et qu'on fasse egir ces sucs chauffés sur du butyrate d’éthyle, de la triacétine, de la trioléine, on constate dans tous les cas le même affaiblisse- ment des propriétés diastasiques. TABLEAU CX (Les chiffres représentent les centimètres cubes de NaOH N7/20 nécessaires pour neutraliser après six heures d'action à 37°.) LR ue SUC CHAUFFÉ | SUC CHAUFFÉ | SUC CHAUFFÉ es EEE On te dix minutes dix minutes dix minutes DES SUBSTANCES. auffe. à 430. à 500. à 550. Butyrate d’éthyle.. 21 ,1 1252 8,0 0 Mriacétiné "0. 24,6 15,8 11,9 0 nioléne 21. Ne 88,2 53,8 39,3 0 De plus, si l’on étudie l'influence qu'exerce la température 298 ÉMILE-F. TERROINE sur la vitesse de l’action saponifiante du suc sur ces différents corps, on constate, comme nous l'avons précédemment indi- qué (Voir p. 199) que cette influence est de même ordre, quel que soit le corps considéré. Électrolytes. — LævenuaRrT et Prirce( loc. cit.)ont mis en évidence l’action inhibitrice exercée par la fluorure de sodium sur la saponification par le suc pancréatique, action beaucoup plus importante sur les éthers que sur les graisses. Ce fait permet-il une distinction entre éthérase et lipase? Si l'on veut bien se reporter à nos recherches sur les électrolytes, on verra Que l'action du fluorure de sodium ne se distingue pas essen- tiellement de celle des autres sels de soude de la même série chimique (chlorure, bromure, iodure) ; Que, suivant la concentration employée, tous ces sels accé- lèrent ou inhibent la saponification des huiles ; Que, sur les composés d'acides gras à faible poids molécu- laire, l’action inhibitrice s’observe seule. Mais ne doit-on pas bien plutôt penser que ces différences dans le mode d'intervention des sels tiennent beaucoup plus à leur action sur les produits à dédoubler ou sur les produits formés qu'à une action sur le ferment lui-même.Cette manière de voir, que nos recherches précédemment exposées rendent des plus vraisemblables, ne permet pas de tirer argument de l’action des électrolytes pour ou contre l’unité du pouvoir saponifiant du sue pancréatique. Sels biliaires. — Le suc pancréatique est toujours actif Tui- même, quelle que soit la substance à saponifier. Sans doute son pouvoir est considérablement multiplié dans certains cas (éthers éthyliques d’acides gras inférieurs), beaucoup moins dans certains autres (glycérides d’acides gras supérieurs), mais 11 n°y à pas là une distinction qualitative absolue. Une telle distinction peut-elle être fondée sur le mode d'action des sels biliaires. Les auteurs nous avaient en effet appris que : 19 L’addition à un mélange de suc pancréatique et d’éther — butyrate d’éthyle, par exemple, — de quantités croissantes de sels biliaires montre que, pour une certaine concentra- PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOÏDIQUES 299 tion, on aboutit à un optimum de saponification et que des concentrations plus élevées déterminent une inhibition de l’action diastasique (LŒVENHART et SOUDER) ; 29 Par contre, quelle que soit la concentration des sels biliaires dans un mélange de sue et d’huile, il n’y a jamais mbhibition de la saponification; celle-ci attemt une vitesse maximum pour une concentration donnée; l'addition de nou- velles quantités de sels biliaires ne modifie plus cette vitesse (DonATH). Il semble qu'il y ait là une distinction fondamentale entre éthérase et lipase. [n’en est rien. En effet, nos recherches pré- cédemment décrites sur l’action des sels biliaires, nous ont permis d'établir : que l’action inhibitrice s’observe pour tous les corps d’acides gras inférieurs, éthers ou glycérides ; que cette action, constatée à l’intérieur de certaines limites de concentrations, disparaît pour des concentrations plus élevées, pour lesquelles il n'existe plus de différence entre les corps d'acides gras à petits ou à gros pois moléculaires ; que cette action inhibitrice est due uniquement à la précipitation par- tielle. de la diastase par l'acide formé et qu'elle ne peut avoir lieu en effet qu'avec les corps donnant naissance à des acides dissociés. On ne saurait done baser aucune distinction sur un fait de cegenre, simple épiphénomène de l’action dias- tasique. L'étude de l’action des sels biliaires ruine done non seulement tout essai de distinction entre ferment des éthers et ferment des glycérides, mais aussi toute distinction portant sur le poids molécukire des corps s2ponifiés. Au total, notre enquête sur la nature unitaire ou plurale des propriétés saponifiantes du suc pancréatique nous montre que : | Les différences observées dans l’action exercée par le suc pancréatique sur les corps à fonction éther-sel ne permettent nullement d'affirmer l’existence de plusieurs ferments s2poni- fiants dans le suc et particulièrement d’y distinguer une éthé- rase, une lipase et une phénolase présentant des caractères distimctifs ; : Les résultats obtenus en appliquant au sue pancréatique 300 ÉMILE-F. TERROINE les méthodes de comperaison et de destruction partielle (tem- pérature, action des électrolytes, action des sels biliaires) tendent à montrer que toutes les actions saponifiantes du sue perncréatique sont l’œuvre d’un agent unique. La lipase pancréatique est, suivant la terminologie ce Hanrior (125), créée pour caractériser les propriétés saponi- fiantes du sérum sanguin, un ferment de fonction (1); c’est un catalyseur de la fonction éther-sel. $ B. — Caractéristiques de la lipase pancréatique. Toutes les actions exercées par le suc sont le fait d’un seul et même enzyme ; la lipase pancréatique constitue amsi un type marqué d’un ferment de fonction. : Mais alors, si un ferment unique agit sur un nombre cor- sidérable de corps appartenant tous à une même famille. mais dont la composition et la constitution des radicaux varient notablement, l'étude de l'influence qu’exercent ces variations de composition ou de constitution pour augmenter ou diminuer la résistance opposée à l'attaque par la Jipese pancréatique s'impose immédiatement. Une telle étude présente un double intérêt : 1° Elle permet de caractériser biochimiquement l'agent diastasique étudié. L'existence dans les organismes supérieurs d’un assez grand nombre de ferments saponifiants, — suc pancréatique, suc intestinal, foie, leucocytes, sérum, — nous oblige à définir aussi exactement qué possible ces différents ferments par l'extension de leur action, afin de nous repré- senter le rôle physiologique qu'ils peuvent jouer. La nécessité de caractériser ainsi les agents diastasiques est évidente, et l'absence de cette caractérisation peut mener à des conelu- sions non fondées du genre de celles auxquelles aboutit LŒVENHART dans sa conception du métabolisme des corps (1) Le terme «ferment de fonction », appliqué par Hanrior aux propriétés saponifiantes du sérum, est encore bien mieux adapté au cas du suc pancréa- tique. Comme l’ont montré de nombreuses recherches postérieures, les actions du sérum sont assez limitées ; en particulier, il n’attaque pas les graisses : , trioléine, tripalmitine, tristéarine. Par contre, il est peu d’éthers ou de glycérides résistant à l’attaque du suc pancréatique. 4 ; 4 ah Linden, «on, 6 d'A PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOÏDIQUES 301 oras lorsqu'il raisonne implicitement ainsi : le foie est sus- ceptible de dédoubler le butyrate d’éthyle ; il possède donc un ferment saponifiant ; or, le pancréas, qui possède aussi un ferment saponifiant, peut, à l’aide de ce ferment, réaliser la synthèse des graisses neutres à partir de leurs constituants, acides gras et glycérine ; donc le foie peut réaliser la syr- thèse des graisses neutres. Conclusion hâtive pour ne pas dire inexacte, puisque le foie, comme nous l’avons vu précédem- ment, ne saponifie pas tous les triglycérides qu’attaque le suc peancréatique. Cette nécessité de caractériser les ferments saponifiants s’est d’ailleurs imposée depuis longtemps déjà, et particulièrement au sujet de l’action du sérum sanguin ; elle avait abouti à une distinction en lipase vraie, — qui attaque les graisses naturelles, — et en monobutyrinase ou éthérase. Une telle distinction ne repose sur aucun caractère chimique, et nous venons d’éta- blir tout ce qu’elle aurait d’artificiel. Il n’existe pas, en effet, de ferment saponifiant dont l’action se limite à la monobu- tyrine. Tout ferment attaquant la monobutyrime attaque aussi la triacétine, le butyrate d’éthyle, l’acétate d’éthyle, ete. ; il n'existe pas non plus de ferment n’attaquant que des éthers et n’attaquant aucun glycéride. Il est donc nécesscire de caractériser plus ex2ctement l'extension d'action des ferments saponifiants, et pour ce faire de rechercher comment le fer- ment étudié agit sur des corps à structure éther, soit en pre- nant des séries continues telles que celle des éthers éthyliques d'acides gras saturés et celles des glycérides des mêmes acides (groupement particulièrement intéressant au point de vue biologique), soit en faisant varier la composition ou la confi- guration des radicaux qui entrent dans la constitution des éthers soumis à l’action saponifiante. 20 Elle permet de déterminer l’influence qu'exercent sur l’action d’un catalyseur biologique la composition, la confi- guration moléculaire des hydrolytes. Des faits nombreux ont montré l’extrême sensibilité des agents diastasiques vis-à-vis des modifications de structure des corps qu'ils attaquent. Nous n'en voulons citer que quelques-uns parmi les plus c-ractéristiques : l’alanyl-glyeine est hydrolysée par le suc 302 ÉMILE-F. TERROINE pancréatique, tandis que la glycyl-alanine ne l’est pas (ABDER- HALDEN et FiscHer, 1, 2); l’imvertine détache beaucoup plus difficilement le Émis lorsqu'elle s'attaque au raffinose que lorsqu'elle agit sur le saccharose (Bierry, loc. cit.); le lactose et la lsctosurée sont hydrolysés facilement par le suc intestinal de Vache: l'acide lactobionique, la lactosazone ne le sont pas (Brerry) ; le suc de foie sapomifie rapidement l’éther succi- nique, il attaque beszucoup plus lentement les éthers ma- lique et tartrique {ARMSTRONG et ORMEROD, 10) ; au cours de la saponificetion du mandélate d’éthyle per le foie, l'acide mendélique droit est formé tout d’abord, l'acide mandélique gauche est beaucoup plus difficilement détaché (Daxiw, 73, 74). Poids moléculaire, pouvoir rotatoire, addition de fonctions supplémentaires, peuvent done influer considérablement sur la facihité ou la difficulté avec laquelle le ferment peut exercer son action. Nul doute que la lipase ne nous présente des phénomènes de même nature ; les quelques faits déjà cités au cours de ce travail nous bn à le penser. Nous avons done entrepris l'étude systématique des actions saponifiantes du suc pancréatique sur un très grand nombre d’éthers, en faisant varier par l’augmentation du poids molé- culaire, par l'introduction de nouvelles fonctions, par des - modifications de strueture, etc, la constitution tantôt du radical alcool, tantôt du radical acide. D'autre part, pour être à même de dégager les traits per- mettent de caractériser la lipase pancréatique parmi les divers ferments de la fonction éther, 1l était indispensable d’avoir comme élément de comparaison un ferment de même famille et possédant une activité assez étendue. Aussi avons-nous fait appel, dens ce but, à un extrait aqueux de tissu hépa- tique dont la propriété d’hydrolyser les éthers est depuis longtemps connve (1). Mais, sachant en outre que les diffé- rences de constitution interviennent certaimement aussi dans 4) Nous n’entendons nullement tirer aucune conclusion physiologique, quant à l’activité normale du foi, Ces propriétés saponifitntes de lextrait aqueux de tissu hépatique. Cet extrcit nous sert uniquement d’élément ce comparais(n. ‘4 4 1 bé nt à -S PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOÏDIQUES 303 les catalyses chimiques, ainsi que nous le savons par les exemplesa ccumulés dans lestravaux de Biscnorr, MENScHUT- KIN, OsrwaLp, Ricnrer (1), nous avons jugé indispen-. sable, pour chaque série de corps, de poursuivre une étude comparative de la catalyse provoquée par un agent chimique, en l’espèce l’acide chlorhydrique (2). Technique. Les saponifications par le suc pancréatique ainsi que par l'extrait hépatique ont été exactement conduites comme toutes celles précé- demment rapportées. L’extrait aqueux de foie a été préparé comme il a été antérieurement indiqué. Lors du dédoublement par HCI, chaque corps a été additionné de 10 centimètres cubes HCI N (exceptionnellement on a utilisé une solution décinormale) et le tout placé au thermostat à 40°. Pour mesurer la quan- tité saponifiée, le dosage de l’acidité formée est précédé d’une adjonc- tion de 10 centimètres cubes de NaOH N. Dans tous les cas, — sauf indications contraires dans les comptes ren- dus expérimentaux, — les quantités de substance AT sont équi- moléculaires. 1° Le radical acide. — Notre étude a porté sur les éthers (éthers éthyliques ou glycérides) contenant des acides appar- tenant aux groupes suivants : acides gras saturés monovalents, acides gras saturés divalents, acides gras à liaison éthylé- nique, acides gras contenant un ou plusieurs groupements alcools, acides gras contenant un groupement cétone, acides gras contenant un élément minéral, acides aromatiques. a. DÉDOUBLEMENT DES ÉTHERS D’ACIDES GRAS SATURÉS MONOBASIQUES. — (Ces acides correspondent à la formule générale C'H?2#0?, Ils diffèrent entre eux uniquement par la longueurde leur chaîne, par l'accumulation des CH?. L'étude de l’action du suc sur les éthers de cette série est doublement intéressante : au point de vue physico-chimique, car la série (4) On trouvera un excellent exposé de cette question dans le chapitre The phenomena of steric hindrance de STEWART, Stereochemistry, Longmans, Green . nd C9, Lcndres, 1907. (2) MM. A. Tournay et L. Morez ont bien voulu collaborer à toute cette partie de notre travail ; je leur suis très re:onnaissant de Paide qu'ils m'ont ainsi apportée. 304 ÉMILE-F. TERROINE très longue permet d’intéressantes comparaisons ; au pot de vue physiologique, car il n’est pas de graisses alimentaires qui ne contiennent une proportion considérable des glycérides de ces acides. On sait depuis longtemps que, dans la série des éthers éthy- liques d’acides gras s:turés, la catalyse par les agents chi- miques est d'autant moins rapide que le poids moléculaire est plus élevé. Ce fait, avancé d’abord par REICHER (266), à été fréquemment confirmé. Les chiffres des trois expériences du tableau CXI constituent une nouvelle confirmation. D'autre part, LŒ&VENHART observe que l'extrait aqueux de foie dédouble sensiblement avec la même activité, quoique il y ait une légère décroissance avec l'élévation du poids moléculaire, les éthers acétique, propionique et butyrique. LŒVENHART et SOUDER montrent que, dans le cas du suc pancréatique au contraire, la saponification du butyrate d’éthyle est beaucoup plus intense que celle du propionete, et cette dernière plus intense que celle de l’acétate. De telles expériences n'ayant pas porté sur des séries complètes étaient à reprendre. C’est ce que nous avons fait, et les résultats consignés dans le tableiu CXI sont extrêmement nets. Ainsi que l'ont vu LŒVENHART et SOUDER sur les termes qu'ils ont étudiés, l’hydrolyse par le suc pancréatique est d'autant plus facile que le poids moléculaire est plus élevé, et ceh jusqu’au butyrate d’éthyle ou tout au plus au valéria- nate d’éthyle. Mais, à partir du terme suivant, l'attaque est de plus en plus difficile, pour devenir à peu près nulle lorsqu'on atteint les éthers palmitique et stéarique. Il y a donc une différence très nette entre la saponification par l'acide chlorhydrique et celle qu’effectue le suc pancréa- tique ; dans le premier cas, décroissance régulière de la facilité d’atteque avec le poids moléculaire ; dans le second, accrois- sement considérable jusqu'au terme en C4 ou (C5, puis dé- croissance. Au cours de ce travail, on retrouvera toujours un fait analogue lorsqu'il s’agira d’une série de corps de consti- tution identique, mais de poids moléculaire croissant. L’extrait hépatique se comporte en quelque manière comme un intermédiaire entre le suc pancréatique et l'acide. a 5m idées d ‘is VO 7 PS 309 Te LS LIPOÏDIQUI SUBSTANCI DES PHYSIOLOGIE « | 0‘0 « « « L‘0 « 9'( « ( «C « « « « « 2 En DU ein anbrae9s CAL FU | 0‘0 « « £ 0 CET « GO « « « « « « « « [Ce SRE EEE “onbrruyed Jo} « € 6 & VA K « « « « « « « « « « « °°°" ""onbrsuAu Jo | « 0‘0 cz Ê Ye avé « LATE « { « « « « « « « CAE DT onbrne] Ju « « 7°C LE « « « « « « « « « « « t« CNE EN onbrutide9 JA g'9 CA ACC EL dé « YT | T0 t « 8‘0 « ( « ( ( 2 onbAides dou} C6 | « |r6 |c'rr |9'9 « CE EE (RENE A ES PSE « € 16e € « °*:-onbroides 144 ‘6 € 6 rr |£'cr « « « « « « « € TSI « « °°: onbrueH[RA Jouy Le | 64 \8yr |v'er L'or lo‘os | 8°& léfar | ver | 8e | 8'e | or | c'r |v'oz 6x |otrr |‘: :""onbuAinq «og Peel el ere re CT on OI bob me 6.1 Go dr Tr.) c'e lc. |d'0e 22 °""onbruomdoud LOL EICI tele ere 00 rider CET nee NoC 0e EE OS ROIS 7a0= 0 0020 0 « ‘te: ""onbn90e dou} U YG u YG [rc u c ‘u 9 ‘eu ‘us u 9 US uYc ‘us ‘ug U 6} RON AUCUN EAURO NE AEER Sainoy U9 UOLOR,P SAN (] II Le PRIS ET Fe ESPN TITI ADI I PAT III I CL | ‘III | ‘IL | ‘I | ‘°°: "7 soouemodxe Sep oN ET nn TT — Re FR 2 { — — * < TT, — “onbredoy PR Rss As *[nos “onbapAyiropyo ‘INn9$ÂfeJe9 np LIVULXA D SAS SA CINE Re SN HAdILVAUDNYA DNS 4GI9Y AHNALYN = (saufjiy9 sa] 10d puuop muauasaunp 152 oSmquaounod aj no 49} ap svo a sup invs ‘& 40d Sadfjry9 Sa9 qunigdignu ua nu21Q0 189 2/1QN0pPP 22UDISQNS 9p 950JU894n0d 9T ‘QG/N HOPN S2qn9 sagaurues sap juauesaudat Saifjryo S9T) *SJUOTEAOUOUL S9INJES SUIS SOPI9E.P SI9UJ9 SOp Juoworqnopaq IX) AVAIavI, (8) ”) AVS re. 10e sé ZOOL., SC UN ANT. «DES ANN 306 ÉMILE-F. TERROINE Nous ne retrouvons plüs iei cette augmentation considérable de la saponification lorsqu'on passe de l'acide en C? à l’ecide en C4 ou C5; mais nous ne trouvons pes non plus cette très rapide diminution qui s’observe dans le cas de l'acide. Entre le terme en C2 et le terme en C5 ou:même Cf, la valeur de la siponification tend à rester constante. D'autre part, l’action : s'éteint plus tôt que dans le cas du suc pancréatique ; alors que nous n'avons jamais pu trouver un extrait aqueux de foie siponifiant, sans conteste, l’éther laurique, ce corps, bien que faiblement, est encore nettement attaqué per le suc pan- eréatique. | Il convient maintenant, en restant aans cette: série d'acides, d'examiner ce qui se pesse lorsque ces acides, au lieu d’être fixés sur l’alcool éthylique, le sont sur la glycérme, consti- tuant ainsi les composents des graisses naturelles. . Nous n'avons pes ici poursuivi là s2spomificetion par l'acide ; les résultats n'auraient été qu'une répétition de ceux notés dens le ces des éthers. TABLEAU CXII Dédoublement des glycérides d'acides gras saturés: {Les chiffres représentent des centimètres cubes NaOH N7/20. Le pourcentage de substance dédoublée est obtenu en multipliant ces chiffres par 1,6.) NATURE DU CATALYSEUR. SUC PANCRÉATIQUE. EXTRAIT . hépatique. a —— ——————— ——————————— — |: No des-expériences............. Darées d'action Triacétine DÉPENS Lee Le | Tricaproïne Tricapryline Tricaprinine | Trilaurine TamyriSne 227 2er | Tripalmitine : : :.. 2: Tristéarme > Suns = + ND OO O1 oO # © © © NI IDONODOURE - . Le dédoublement par le suc pancréatique nous montre 4 PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOÏDIQUES 307 qu'ici encore la facilité de libération des acides ne verie pas régulièrement avec le poids moléculaire: L'attaque augmente notablement jusqu’à la trilaurine pour diminuer ensuite, ; Il est f2cile de voir, des chiffres du tableau CXIT, que l’ex- trait hépatique se comporte tout autrement. Deux différences essentielles sont à relever : tout d’abord, l'extrait de foie n’ettaque pas du tout les glycérides supérieurs ; d’autre part. à partr de la triacétine, la saponification décroît régulière- ment et très rapidement avec l'élévation du poids moléeu- Fire. Nous ssisissons donc là une caractéristique de la lipase pencréatique : action très nette sur tous les glycérides avec me ximum pour la trilaurine. b.. DÉDOUBLEMENT DES ÉTHERS: ÉTHYLIQUES D ACIDES GRAS SATURÉS DIBASIQUES. — Ces acides correspondent à la for- mule générale CO?H—R—CO?H ; ils diffèrent entre eux par le nombre des CH?. TABLEAU CXIIT Dédoublement des éthers éthyliques d’acides gras saturés divalents. {Les chiffres représentent des centimètres cubes NaOH N/10 dans le cas de l'acide, NaOH N}20 dans le cas du suc pancréatique. Ils expriment directe- ment le pourcentage de substance dédoublée dans le cas de l'acide, la moitié de ce pourcentage dans le cas du suc.) SUC NATURE Mper pancréa- SUC PANCRÉATIQUE du catalyseur. COTE tique + sels biliaires. Ë drique. senti TER RE TR CL RL Une CRE ET No des expériences. ............ I. Il. ile IT. 11 IT. FI. IV: V: Durée dractiont ee Un 6h. |5h.30.| 6h, | 23h. 66h2:.|,93 |! 7h. |) 65h> |6‘h:40. me ee 2170 eo an ere ee Lee ce or scene ee vor à 68:54 5400.09 A 470047),9261 45) Éther succinique...... 69,4| 56,4] 4,6 | 14,5 | 40,9] 11,5] 12,9| 9,1| 6,6 Éther glutarique...... 51,0/- 45,9! 4,9 | 6,2 | 17,3) 24,81 24,9| 13,7| 10,8 Éther subérique... .... 121) )7.0) 2,5 09/0008 180/15,4) 123800 Éther sébacique.......! 0,0! 0,0! » ) » » ) 0,8! 0,9 em ee me A ne ed RS RER Acte ie éd den Aa am Le cetalyse per HCIL des corps appartenant à cette série se fait, comme pour la précédente, d’autant moins facilement 308 ÉMILE-F. TERROINE que le poids moléculaire est plus élevé; toutefois, 1l faut faire une réserve pour l’acide succinique, dont l’éther est attaqué aussi fortement, sinon un peu plus que le terme directement inférieur, l’éther malonique. Au contraire, lors de la saponification par le suc pancréa- tique, l’attaque se fait d'autant mieux qu’on s'élève dans la série, et cela jusqu’à l’éther glutarique; puis ensuite les termes plus élevés sont de moins en moins attaqués (Tableau CXITT). Donc là encore, et comme dans la série précédente, même antagonisme entre la manière de se comporter de ces corps vis-à-vis des agents chimiques et du suc pancréatique. c. DÉDOUBLEMENT DES ÉTHERS D'ACIDES NORMAUX ET D'ISOACIDES CORRESPONDANTS. — Les acides normaux et les isoacides ont même composition centésimale; ils diffèrent entre eux par la constitution de la chaîne, ainsi qu'on peut le voir par les exemples ci-dessous : | CHR CH CHE ACOOH CH Acide butyrique normal. NCH —COOH CH? i Acide isobutyrique. COOH — CH; — CH, — COOH COOH Acide succinique. Acide isosuccinique. * La saponification des éthers des acides butyrique et iso- butyrique a montré à REICGHER que l’éther isobutyrique était plus rapidement attaqué que l’éther d'acide normal. C’est là un fait que nous pouvons confirmer, ainsi qu'il ressort des chiffres du tableau CXIV; au contraire, dans le cas des acides succiniques, l'avantage est à l’éther d’acide normal. La lipase hépatique ne manifeste pas une bien grande sen- sibilité vis-à-vis de cette différence de structure, et, sauf le cas de l’expérience TIT (tableau CXIV), dans lequel nous voyons l’éther isosuccinique moins attaqué que l’éther d’acide nor- mal, dans tous les autres cas la saponification atteint sensi- blement la même valeur. TR Xe PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOÏDIQUES 309 TABLEAU CXIV Comparaison du dédoublement des éthers éthyliques d’acides normaux et d’isoacides correspondants. { Les chiffres représentent des centimètres cubes NaOH N/20. Le pourcentage de substance dédoublée est donné directement par les chiffres du tableau dans le cas des éthers succiniques ; ils'obtient en multipliant les chiffres par 2 pour les autres corps.) ACIDE da dons chlorhy- SUC PANCRÉATIQUE. EXTRAIT HÉPATIQUE. y 5 drique. © TT ÈS N Ne des expériences. ..... I. IF, I, IT, IL, IV: | IT. III, IV. Durées d'action. ........ 6h.50.18h.10.| 6h. | 40h.| 4h. | 8h. | 24h.| 8h. | 27 h.| 20h. Éth. butyrique...| 14,3| » |10,5) » |12,8| » | 23,4| 6,8 | 21,3| 10,6 Éth. isobutyrique| 23,1| » 0,1! » 04e) 15769 2198 NAS Éth. valérianique.| » Rae AO A ERA ER es » » 8,1 Éth. isovalérian..| » 2 0 0871 CAES) » » 51 Éth. succinique...| 64,2| 79,8| 11,6| » A Gt Te Er nee Éth. isosuccinique| 18,2! 17,1| 1,9| » DA 3 RS UE LC À DEPOT EE A0 US Il en va tout autrement dans le cas du suc pancréatique. Tandis que les composés d’acides normaux sont fort bien attaqués, l'attaque est extrêmement faible, preque nulle dans certains cas, pour les composés correspondants d’iso- acides, que le suc soit employé seul ou activé par l'addition de sels biliaires. Devant la manifestation d’une telle différence, nous avons estimé intéressant, au lieu de faire une seule mesure, de suivre la marche de la saponification et de voir si l’écart continuait à se maintenir pour des durées d’action prolongées. Les essais rapportés dans le tableau CXV établissent qu'il en est bien ainsi. En particulier, l'expérience III de la deuxième série (ta- bleau CXV) nous montre après cent quatre-vingt-huit heures alors que la saponification ne progresse plus ou à peine, une décomposition de 39,2 p. 100 du butyrate d’éthyle, tandis que l’isobutyrate est à peine touché. Il y a là presque une 310 ÉMILE-F. TERROINE différence de tout ou rien: Et ce phénomère que nous re retrouvons n1 avec HCL ni avec l'extrait ce foie, constitteure nouvelle caractéristique de la lipase pancréatique qu'il con- vient de retenir. TABLEAU CXV Vitesse comparée de la saponification par le suc pancréatique des éthers éthyliques des acides gras normaux et des isoacides cor- respondants. (Les chifires représentent des centimètres cubes de NaOH N/20. Le pourcentage de substance dédoublée s'obtient en multipliant ces chiffres par 2.) SÉRIE ] : SUC SEUL. — mm — EXPÉRIENCE I. EXPÉRIENCE Il. E TS 22h. |{h.30.| 4h. 9 h. 22 b. Butyrate de méthyle... Isobutyrate de méthyle. SÉRIE I] : SUC4SELS BILIAIRES, 0,2 P. 100. D EE EXPÉRIENCE I. EXPÉRIENCE II. Durées d'action Butyrate d’éthyle Isobutyrate d’éthyle... Butyrate de méthyle... Isobutyrate de méthyle.| 0, ExpÉRIENCE III. nn — 4 h. 25. d. D'ÉDOUBLEMENT DES ÉTHERS D’ACIDES GRAS NON SATURÉS. — Alors que la série des acides gras saturés comporte actuel- PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOÏDIQUES 311 lement un grand nombre de représentants, on connaît, par contre, peu d'acides bien définis possédant une ou plusieurs haisons doubles. Notre étude n'a pu porter que sur deux corps : l'acide crotonique correspondant à l'acide butyrique et l'acide oléique correspondant à l’acide stéarique. De ples, dans ce dernier cas, le dédoublement est tellement faible pour les deux composés que nous nous sommes etressés non pes aux éthers éthyliques, mais aux glycérides. En ce qui concerne l’éther crotonique, il est benucoup moins attaqué par le suc que le composé d’acide saturé corres- pondant : c’est là un fait identique à ce qu'on observe lors de lhydrolyse par acide (tableau CXVT). TABLEAU CXVI (Les chilires représentent des centimètres cubes NaOH N/20. Le pourcentage de substance dédoublée est obtenu en multipliant ces chiffres par 2.) N° DES EXPÉRIENCES 1h II. } et nature du catalyseur. HCL N/10 Suc pancréatique-|-sels biliaires 0,2 p. 400. — a AOMERS MARIE METRE Er (A la EN UER 7 heures. 3 heures. 7 heures. 94 Feures. SE UT Éther butyrique......... 10,5 1,0 5,0 10,3 Éther crotonique........ 3,0 0,3 0,5 1,9 Au contraire, la comparaison des glycérides de l'acide stéarique et de l’acide oléique montre que l’avantage appar- tient dans ce cas au composé non saturé (tableau CXVIT). TABLEAU CXVII (Les chiffres représentent des centimètres cubes NaOH N/20. Le pourcentage de substance dédoublée est obtenu en multipliant ces chiffres par 1,6.) NO DES EXPÉRIENCES ..,.... is IT. III. IV. DURÉE SAN AMEN PET er ee ES NRA 6 heures. 22 heures. 28 heures. 24 heures. Hristéarimer: tu 0,6 1,4 122 2,7 TROY LO LE 2 LE a 7,6 9ÉT 9,9 15,0 _e. DÉDOUBLEMENT DES ÉTHERS D’ACIDESHYDROXYLÉS.— Étu- diant l’action saponifiante des extraits de foie, ARMSTRONG (9) 342 ÉMILE-F. TERROINE a montré que les éthers malique et tartrique étaient beau- coup moins dédoublés que l’éther succinique. D'autre part: dans ses intéressantes recherches sur la synthèse des corps gras par le tissu pancréatique, Porrevin (264) a observé qu'on ne peut réaliser la synthèse du lactate d’éthyle qu’en prepor- tion très faible. Ces faits nous ont incité à rechercher systé- matiquement l'influence que pouvait avoir la présence dans le radical acide d’un ou de plusieurs groupements alcools sur la saponification des éthers. Les acides hydroxylés étudiés diffèrent des acides gras saturés correspondant en ce qu’ils possèdent un groupement alcool (acides glycolique, lactique, oxybutyrique, oxyglu- tarique, malique) ou deux groupements alcools (acides gly- cérique, tartrique). Lors de la catalyse par les acides, le dédoublement est plus rapide dans le cas des éthers d'acides hydroxylés que des éthers d'acides normaux correspondants, ainsi qu'il ressort du tableau CXVITT. Le suc pancréatique, comme d'ailleurs les extraits hépa- tiques, montre une très grande sensibilité à la présence des fonctions alcool dens le radical acide, sensibilité qui se tra- duit pr des résultats de sens inverse de ceux observés lors de la catalyse par l'acide. L'introduction d’un oxhydryle diminue la saponification dans des proportions considérables ; l'introduction de deux oxhydryles l’annihile presque complè- tement. Ces résultats confirment donc, en les généralisant, ceux de ARMSTRONG et de POTTEvIN, sur l’action empêchante des groupements hydroxylés ; ils montrent, en outre, que cette action s'exerce même lorsque le groupement OH est éloigné du groupement carboxyle, comme c’est le cas pour l’éther oxybutyrique ; l’'empêchement n’est done pas sous la dépen- dance d’une proximité immédiate de ces deux groupements, comme l'avait suggéré ARMSTRONG (9). D'autre part, il n’y a ici aucun trait différentiel à retenir pour le sue pancréatique, l’extrait hépatique ayant une ma- mère de se comporter identique. 312 GRASSES ET LIPOÏDIQUES ANCES SUBST PHYSIOLOGIE DES g°T PE ee « 6° & rene V'Or K O‘EE LA A Er « 6€ (ES L'Y € J'TE 0‘6 L'9T K £'e LA 0‘8 8°6 & 81 8'8 ra S'LT L‘0 90 L'0 #3 6T 0 9% SE TOI GI] 1'LY £° 48 0‘9 TO 68 « L°GT 6°G O‘GE ( ‘U 6 "u 8 ‘u 97 ‘U LG ‘AI III ‘II I *"AAdIHLVAdAH LIVULXA 8 0 « ( « 0° L « « « rai! « « ( ve (( (C {C g'9t € « GT OL « 8°0 wII O‘VI « r A £‘0 « « « ae g'‘z c'e 0‘G s's £‘6 L'GT O‘OE 6 ( Gi « g'°e « etc w ‘U Y& ‘06 US HE u L ‘AI III I I ‘00E ‘a 70 S4HIVITIH S'I4S +)ns y 0 LA TD 8 & 86 9 & 9°% (C 9°9 « LS GO L'9 c‘y 90 L 0 Lire OL g'OT S£ 0‘0 6°0 CEA g'T ‘0y 9 "UYc ‘II NT ‘"Inas )Dns VIY | g'#y T LT £°08 GYI 083 0‘YT 0°1# 56 0'LE 8° L 0‘Y£ VAS 6% O‘TI L'G LebT 8 9y ÿ'OI 0'LG OVT L'L6 REA y GG ‘(o81)'4L | ‘(o0#) ‘49 II nl me ‘onbaip AIO 419 V RE TR Te ER onbrj1e} JU Nes d'alerter eyes onbipeut IUT Er RO ET “onbrutsons Ju} rer °* onbrreniSAxo dou} BL raie letate FR eee onbrieqn]s Ju} cet onbufinqAx0-f ou} ee 0 OnDTT ANT EUR E onbu9941$ 10H autos .e Brosses ne onbt30e1 Jo} RME °°: ""enbruordoid 1ou}5f anbr[09ÂTS J0UJT NN TROT EMEUNE snstee cms: -1Oo8p San (] *: SODUOTAUXA SIP oN “HAASATVLVO ANG AUNLVN -1nu U9 nU9190 182 1 * (19H) 2T ‘Soamnv sa SUDp OR/N ‘II Auoupdxog suvp ON ‘I 22Uo9dx0 oQopDppDpDpRRRRRRR——————…—…—…—…—…—…—…—…—…—…—…—…——…— …——————————…—…—…—…——…———————————…—………—…………—………—…—…—…—…—…— —…——…—…“…“….————…—…—…—…—— (“saqupoins sa somoi suvp & 40d (19H) II aouar4pdto 7 Suvp And Sa4fjry9 99 qun17d I Aua49dxo ç ] Suvp soifjiyo so) 1Dd JuAU99al1p pUUop 1S HIAXO AVA'TIAVE 0 991QN0p9P 22UDISQNS 1 SUDP OI/N HOPN Soqno soajaut1qua9 sp uaquospuda4 Sa4/j149 S2T) ‘so[{xoïpAu soproe,p sonbrr{y}® s19y39 sop juowerqnopoq op o5vjua24nod 14 ÉMILE-F. TERROINE Î. DÉDOURLEMENTIDES ÉTHERS D’ACIDES-CÉTONES. — Soumis soit à l’action de l’ecide chlorhydrique, soit à l’action du suc pancréatique, l’éther diecétique dont l'acide contient un groupement eétonique est beaucoup moins dédoublé que son: correspondant l’éther butyrique ; il n’y a donc ici aucune distinction entre les deux catalyseurs. TABLEAU CXIX a (Les chifjres représentent des centimètres cubes NaOH N 20. Le pourcentage de substance dédoublée s'obtient en multipliant ces chifires par 2.) oo D RME Er L. IL. IL. IV. Y. nature du catalyseur. HCI N/10. Suc+S. B: Suc--S. B. | Suc+S. B. | Suc+S:8B: DHPEBS TN TE MEN UE en 6 h. 24 h. 6 h. 4h: 24h. Éther butyrique..... 10,5 8,6 16,6 41,9 413 Éther diacétique…… 4,0 35 Des 0,4 0,8 g. DÉDOUBLEMENT DES ÉTHERS D’ACIDES CONTENANT UN ÉLÉMENT MINÉRAL. — Les recherches de SunBoRouUGEx et Lioyp (301) ont étebli que 11 vitesse d’éthérification par l'acide chlorhydrique diminue lorsqu'on passe de l'acide monochloracétique aux acides di et trichloracétiques. Nos expériences montrent qu'il en est de même pour I: réaction inverse, pour la saponificetion. D'une manière plus générale, amsi qu'il ressort du tableau CXX, on peut dire que la présence d’un élément minéral dans le radical acide diminue considérablement la vitesse de l’hydrolyse. Lors de la saponification per le sue, il n’est pes douteux que les éthers contenant dans leur radical acide des éléments halogénés sont attaqués. Ils le sont moins (sauf le cas de l'acétate d’éthyle toujours très peu attaqué par le suc pan- créatique) que les éthers d'acides correspondants sans élément minéral. Ils le sont d'autant moins'que le nombre des substitutions est plus grand, qu'il y a plus d’atomes d’h:logène. Es CP LE jet à it nt à à PHYSIOLOGIE DES SUBSTANGES GRASSES ÊT LIPOÏDIQUES 319 TABLEAU CXX (Les chilires représentent des centimètres cubes NaOH N 20. Ils donnent directement le pourcentage de substance dédoublée.) IT. ETT. AUS NS É ; Suc-sels Suc-+sels N° DES Ç S: : : asaUe PER CORNE Suc seul. Suc seul. biliaires biliaires 0,2 p. 100. 0,2 p. 100. ee es Durées pe 22 h. 24h. 24 h. Éther acétique...... Êther monochloracé- TAPIE RSORISERERTES Éth. dichloracétique.…. Éth. trichloracétique. | ee lÉth. propionique...... Éth. £.-iodopropicnique. Éth. butyrique Éth. bromobutyrique.. + A côté de corps contenant un élément halogène, nous en avons étudié d’autres contenant soit un groupement métal- loïdique (cyenogène), soit du soufre ; nous avons pu constater ainsi que l’éther cyanecétique est ‘très faiblement attequé, que les éthers rhodaniques et eyenurique re le sont pes du tout. h. DépouBLEMENT DES ÉTHERS D'ACIDES AROMATIQUES. — De nombreuses recherches ont montré l’action s2ponifiante des extraits hépatiques sur les éthers d'acides 2roma- tiques. Ces extraits ne nous intéressant qu'à titre de com pa- raison, nous pe croyons pas utile de rappeler tous les travaux parus sur ce sujet. Signalons cependant que certains auteurs (OPPENHEIMER) n'ont pas hésité à créer une nouvelle diastese, l’amylselicylase, pour caractériser l’action du foie sur le salicylate d’amyle, mise en évidence par CHANOZ et Doyon. Les résultats expérimentaux consignés dans le tableau CXXI montrent que si, à n’en pas douter, le foie dédouble assez érergiquement les éthers d'acides aromatiques, par contre, 216 00 ÉMILE-F. TERROINE le suc pancréatique ne possède cette propriété qu’à un degré des plus médiocres. TABLEAU CXXI Dédoublement des éthers d’acides aromatiques. (Les chifjres représentent des centimètres cubes NaOH N, 20.) NATURE DU CATALYSEUR. SUC. SEUL. EXTRAIT HÉPATIQUE. SUC+H SELS BILIAIRES 0,2 p. 100. en | N°, des expériences .....!. Durées d'action Benzoate de méthyle... Salicylate de méthyle... Mandélate d’éthyle.... 2° Le radical alcool. — Notre étude a porté sur les éthers acétiques d’alcools gras saturés de poids moléculaires crois- sants, sur les éthers d’alcools normaux et iso, sur les éthers de corps ayant plusieurs fonctions alcooliques, sur les éthers d'alcool aromatiques, sur les éthers de cholestérine et sur les cires. \ a. DÉDOUBLEMENT DES ÉTHERS D’ALCOOLS GRAS SATURÉS MONOBASIQUES. — Traités par l'acide chlorhydrique, ces corps sont attaqués d'autant plus facilement que leur poids moléculaire est moins élevé, ainsi que l’a vu RetcHer pour les premiers termes, et comme le montrent les chiffres des deux premières colonnes du tableau CXXII. Les résultats sont différents lorsque le catalyseur employé est le suc pancréatique ; dans ce cas, on retrouve le phéno- mène que nous avons eu à signaler précédemment chaque fois qu'il s’est agi d’une série de corps à poids moléculaires croissants : la saponification se fait de plus en plus facilement jusqu’à atteindre un maximum qui se trouve être dans le cas présent l’acétate de butyle; puis son intensité diminue ensuite (tableau CXXIT). PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOÏDIQUES 9317 \ TABLEAU CXXII Dédoublement des éthers d’alcools gras saturés monobasiques. (Les chiffres représentent des centimètres cubes NaOH N,20. Ils donnent directement le pourcentage de substance dédoublée.) N° DES EXPÉRIENCES 11e IT. 16 If IT. et HCi. HCI. Suc Sue Suc nature du catalyseur. pancréatique.|pancréatique.|pancréalique. DATÉE S re ee en 7e Ve 6 heures. 6 h. 35. 3 heures. Elie 7 heures. Acétate de méthyle... 8 Acétate d’éthyle..... 8 Acétate de propyle... 4 Acétate de butyle.... 1 Acétate d’amyle...... Acétate de capryle... b.DÉDOUBLEMENTDES ÉTHERS D’ALCOOLS NORMAUXET ISO. — Ces éthers sont dédoublés d’une manière sensiblement analogue par l’acide chlorhydrique. L'attaque par le suc pancréatique est plus rapide lorsqu'il s’agit de composés d’aleools normaux que lorsqu'il s’agit des composés d’iso-alcools correspondants. Mais la différence est faible ; elle porte surtout sur la vitesse, ainsi qu'on pourra s'en rendre compte d’après les chiffres ci-après (tableau CXXIII); mais il n’y a pas 101 cette diffé- TABLEAU CXXIII Action comparée du suc pancréatique sur les éthers d’alcools normaux et iso. (Les chifires représentent des centimètres cubes NaOH N/20. Le pourcentage de substance dédoublée est obtenu en multipliant ces chiffres par 2.) NO/DES EXPÉRIENCES... «0 re 1 III. en ge 7: D) LIRE Se AR ET Pen SA Ant TR. 6h 4 b. 145 min. | 45 min. | 4 h. 40,| 22h. Acelate de propyle. 2... 8,7 7,0 s7) 29 D 8,2 Acétate d’isopropyle.......... & A 4,1 0,5 0,5 0,7 1,8 N° DES EXPÉRIENCES..... je DIS TATLS | | me 1 — — DROESE LR 00 A TE Rte 2h: |4h.30.| 27h. 9h. |4h.30.123h.35. 1-2 h. /|#h. 30.1 27h. Acétate de butyle...... DOM 0 81256015 006 SSI 2 ST Acétate d'isobutyle:n1 "0.100,37 0,9 | 0,8 | 152 12,6:100,7062;5) 12277 318 ÉMILE-F. TERROINE rence si frappante observée précédémment dans le cas des … éthers d'acides normaux et: d’isoacides. D'autre part, les extraits hépatiques ne différencient pas dans leur attaque les éthers d’isoaleools des éthers d’alcools normaux, comme le montrent les résultsts d’une expérience. rapportée c1-dessous : | Quantité de NaOH N/20: en centimètres cubes nécessaire pour: neutraliser l'acidité formée après 24h. de digestion par l'extrait aqueux deifoie: Acétatedepropylei- Lie Sn Li 18,7 Acétate dISOPIDDYIR LS D jeunes 14,0 c. DÉDOUBLEMENT DES ÉTHERS DE POLYALCOOLS. — Notre recherche a porté surl2 ssponification del’ecétatedeméthyle, du M glycol diacétique et dela triacétine. Dëns cecas, bien entendu, il ne fallait plus employer des quantités équimoléculaires de ses corps, mais des quantités devant donner par saponifi: cation complète une même quantité d'acide, c’est-à-dire que, pour une molécule d’acétate de méthyle, on emploie une demi- moléeule de glycol diacétique et un tiers de molécule de tria- cétine. TABLEAU CXXIV Dédoublement des éthers de polyalcools. (Les chifires représentent des centimètres cubes NaOH N,20. Le pourcentage dé substance dédoublée est obtenuen les nvultipliant par 2.) SUC SUCPANCRÉATIQUE|, ExpRAIT pancréatique seul. | + ee MN hépatique, NATURE DU CATALYSEUR. N° des expériences”... Durées d'action 7h. 261h22}99 h: | 201h. |1926vh€ Acétate de méthyle.... Glycol diacétique...... | 32,0 DTACÉTITES RME RNA 2072 L2 comperaison, des résultats obtenus lorsqu'on utilise comme catalyseurs l'acide chlorhydrique, le sue pancré2eu PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSHS ET LIPOÏDIQUES 9319 tique ou l'extrait hépatique, est particulièrement intéres- . sente: elle montre en effet; ainsi qu’on: peut le voir d’après P les données numériques du table:u CXXIV, que, tandis que l'acide hydrolyse bezucoup moins facilement le glycol diacé- tique que l’acétate de méthyle et beaucoup moins encore 12 triacétine que le glycol diacétique, on obtient: des résultats absolument inverses avec les deux ferments ;: c’est en effet le triglycéride que sue paneréatique et extrait hépatique attaquent le plus énergiquement. Des résultats identiques sont obtenus pour le suc pan- créatique lorsqu'on compare l2 sspomification de l’oléate de méthyle à celle de 12 trioléine. Ces: faits nous paraissent importents et constituent. une caractéristique biologique intéressante du suc pancréatique, puisque, à l'inverse des agents chimiques, ce catalyseur diastasique attaque beaucoup plus facilement les glycérides (c’est-à-dire la série des corps qui renferment les graisses naturelles) que les éthers. d. DÉDOUBLEMENT DES ÉTHERS D’'ALCOOLS AROMATIQUES. — Notre étude sur ce point a été restreinte, portant uniquement sur: deux corps, l'acétate de phényle et l’scétate de benzyle. Par opposition avec ce que l’on observe dans le c:s des éthers- d'acides aromatiques, il est fecrle devoir, des données rapportées dens le tableeu CXXV que, ici, sans avoir le même activité que les extraits de forte, le suc pancréatique est loin d’être inactif. TABLEAU CXXV Dédoublement des éthers dalcools aromatiques: (Les chiffres représentent des centimètres cubes NaOH N 20. Le pourcentage de substance dédoublée s'obtient en multipliant ces chiffres par 2.) NATURE DU CATALYSEUR. SUC PANCRÉATIQUE: EXTRAIT HÉPATIQUE. 2 GT ET = N° des expériences. ... je IDE I. | JE TTL. | Durées d'actiun......:.2...2. 6 h. 8 h. Ch: 28h 9x ( ' ll \ : , Acétate de phényle..…. 6,8 4,6 34 22 13,6 Acétate de benzyle... » 5,X o 4 12,9 4,8 320 ÉMILE-F. TERROINE Nous avons d’eilleurs insisté précédemment sur ce point pour montrer combien une distinction entre éthérase et phénolase serait artificielle. e. DÉDOUBLEMENT DES ÉTHERS DE CHOLESTÉRINE ET DES CIRES. — Tous les résultats de nos expériences relatives à la sponification soit des éthers de cholestérine, soit de cires variées (palmitate de myricyle, palmitate de cétyle) nous ont montré l’inactivité du suc sur ces corps. Au total, notre étude nous permet de dégager les modalités d'action du suc pancréatique constituant des caractéristiques de ce ferment de fonction qu'est la lipase. Les plus essentielles et les mieux marquées sont les suivantes : 19 Le suc pancréatique attaque beaucoup plus facilement. les éthers d'acides normaux que les éthers d’isoacides corres- pondants ; dans le cas du butyrate d’éthyle et de lisobuty- rate, il y a presque une différence de tout ou rien ; 20 Le suc pancréatique atteque beaucoup plus facilement les glycérides que les éthers ; 30 En présence d’une série de corps à poids moléculaires croissants, l’activité du suc pancréatique, loin de diminuer régulièrement avec la grandeur du poids moléculaire, augmente jusqu'à un certain niveau pour diminuer ensuite. En ce qui concerne, par exemple, la série des triglycérides, la plus inté- ressante au point de vue biologique, la saponification par le suc se fait d'autant plus facilement qu’on s'élève dars la série jusqu'à la trilaurine. Nous avons montré précédemment le parti qu’on peut tirer de la connaissance de ce fait dans l'évaluation de la digestibilité des matières grasses naturelles. D'autre part, la comperaison constamment poursuivie de l’action de l'acide chlorhydrique et de celle du sue pancrée- tique nous a montré que, dans les deux cas, la s2porifieetion est influencée par le poids moléculaire, la configuretion des redicaux, l’addition de fonctions supplémentaires. Sans doute les influences conditionnées par une modification détermirée ne s’exercent-elles pas toujours dans le même sens lors de la catalyse par l’acide et lors de la catalyse par le suc ; mais c’est néanmoins et dans tous les cas un phénomère de même (8 Z SPORE UT VENU VEN V7 PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOÏDIQUES 321 nature qui rentre dans la catégorie des empêchements sté- riques depuis longtemps connus. Au surplus, lorsque nous caractérisons la lipese pancréa- tique comme nous venons de le faire, en indiquant un certsin nombre de traits qui la distinguent soit de l'acide chlorhy- drique, soit d’un ferment voisin, nous n’entendons nullement. affirmer par là que de telles distinctions sont irréductibles, qu'elles correspondent à l'existence de ferments spécifiqu e- ment distincts et que, par une modificotion de réaction du milieu, par labsence ou la présence d’électrolytes per exemple, ces distinctions ne pourront jamais être supprimées. Mais il nous à paru indispensable de préciser, pour toutes les études ultérieures dans lesquelles on envisagerait la trans- formation dans l’organisme d'’éthers-sels de constitutions diverses, les modifications qu'on serait légitimement en droit de rapporter à la lipase pancréatique. ANN. DES SC. NAT. ZOOL., Ace série. IV; 21 TROISIÈME PARTIE LE MOUVEMENT DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOIDIQUES DANS L'ORGANISME; VARIATIONS QUANTITATIVES DES LIPOIDES DU SANG Lorsqu'on veut étudier les phénomènes intimes du méta- bolisme pendant un temps prolongé etsans troubler profondé- x ment les fonctions de l’organisme, qu'il s'agisse de fixer le moment où les substances utilisées sont transportées de lin. testin vers les dépôts ou des dépôts vers les organes consom-, mateurs ; de déterminer avec quelle intensité, sous quelles « influences et dans quelles conditions s'effectuent ces trans-" ports ; de saisir les formes de pess:ge de là néoformation ou de 12-dégradation des constituants de l’organisme ; de préciser l'intensité de cette néoformation ou de cette dégradation, M c’est à l'analyse du s2ng qu'on s'adresse presque toujours. M Bien qu'il re soit pes le véritabie milieu intérieur, le sang est néanmoins le treducteur fidèle de toutes les modifications du métabolisme. C’est l'étude du sang qui a permis de dégager les faits les plus importants actuellement connus sur la con=M sommation du sucre, de préciser les conditions de l> sécrétion" urinaire, de mettre en évidence les modifications chimiques des organismes provoquées par l'introduction de substances: étrangères, ete. | ù Si l’on veut donc se renseigner sur le métabolisme des COFPS \ ores et lipoïdiques, la rapidité de leur mise en réserve aum cours de l'absorption, les causes qui président à l’eppel des & ® PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOÏDIQUES 323 réserves et les conditions dans lesquelles se fait alors le trans- port, les mutations entre les orgtnes, il convient de pour- suivre tout d’abord une étude des corps gras et lipoïdiques du sing. Et c’est ainsi que N. ScauLz (289), Danny (71), ont étudié les varistions des corps gres dans l’inanition; Larres (481) a recherché leurs modifications quantitatives dans l’absorp- tion, l’inanit'on, les intoxications par le’ phosphore, la phlo- rizine et le chloroforme; HERMANN et NEuMAxx (138) dans la grossesse; Hoppe-SEYLER (147), Breisrreu (37) dans la suralimentation, etc. Mais, chez ls plupart de ces auteurs, on constate que la technique des expériences comporte comme postulatum une proposition qui n'est cependant nullement évidente. En effet, que fait-on? On compare le s2ng d'animaux normaux à jeun à celui d'animaux alimentés, suralimentés, intoxiqués. On ‘suppose done par là même qu’un animal peut servir de témoin à un autre et, d’une manière plus précise, que la teneur du sang en corps gres des différents individus d’une - même espèce est toujours sensiblement ls même. Les quelques données numériques qu'on peut trouver sur ce sujet ne justifient cependant en rien cette manière de voir. Bonnicer (49) déclare que 12 teneur en graisse du sang humain se tient assez constante, sutour d’une moyenne de 0,75 à 0,85 p. 100 ; mais ses chiffres nous montrent que la valeur 1: plus basse est de 0,73 p. 100 et Ia valeur la plus éle- vée de 1,4 p. 100, soit une varietion du simple au double. D'autre part, toujours sur l'Homme, ENGELHART (94) trouve des variations beaucoup plus grandes : la teneur la plus faible est 0,101 p. 100, la plus élevée 0,273 p. 100. Chez le Lapin, N. Scuzz trouve des oscillations de 0,16 à 0,27 p. 100 ; elle trouve chez le Pigeon des oscillations beaucoup plus faibles, — 0,58 à 0,63; — maisil convient de noter, dans ce dernier css, que pour faire un dos?ge il faut du sang de plusieurs ani- maux ; les valeurs obtenues représentent donc des moyennes. _ Les valeurs déterminées chez le Chien par Lummerr (203) présentent des oscillations moins étendues : 1,15, 1,14, 0,936, 0,90, p. 100. 324 ÉMILE-F. TERROINE A la vérité, les méthodes de dosage qui ont permis l’obten- tion de ces chiffres sont passibles de graves critiques. Toutes: extraction éthérée simple ou combinée à l'extraction alcoo- lique ou chloroformique, précédée où non d’une digestion préalable, extraction alcoolique suivie d’une purification de l'extrait par reprise avec l’éther de pétrole, et n’enlèvent pes toute la graisse et a < ee VARIATIONS EN P. 100 a = He 5S = par rapport à la prise initiale. MOMENT Es = E = © É à 4 DES PRISES. ANS A © ES M Ne : 3 ea 5 S ET. | = | Extrait Acides Choles- es Le A < | total. gras. , | férine. | Rapport: re £ | ? | M Dam ir Expérience I. (Ingestion d’un repas contenant 125 gr. de graisse de Porc.) Ann... .:. 4,598-| 0,945 | 3,653 I 26 | » ) de oe AE 3 h. 15 après | repas. ;.. . | 2,666 0,976 | 3,690 |: 26 | + 4%) 4 46e 82| 1, 6heures. .....| 5,170 | 1,134) 4036| 28 | 1124) 140.2 +200! + 7,6 ABhNASE 4,982 | 1,053 | 3,879 | 27 | + 7,92) + 6,1|+ 11,4] + 38 25 RS. 0 + 4,267 | 0,888 | 3,379 | 26 |-—-7:1 75 6,0 0,0 Expérience II. (Ingestion d’un repas contenant 125 gr. de graisse de Mouton.) Aeune. ::2 4,884 | 0,943 | 3,941 | 24 ) » ) ) 3 h. 10 apres TéDAaS ri 9,471 | 1,044 | 4,427 23 +12,0| +12,3| +10,7| — 4,1 CODAOE 2e 16,289 | 1476 |°5/113 | 23 | 1987 +29,7| +247|— 41 11} NEO TT NNEES 4,813 | 0,986 |.3,827 | 25 Eu 1,4] — 2,84 4,4| +189 2 20. 14 9,122 | 1,044 | 4,078 | 25 | + 4,8| + 3,4|4 10,7) + 8,2 340 ‘ ÉMILE-F. TERROINE 20 Teneurs comparées du sang en cholestérine et en acides gras six heures après l'ingestion de graisses. — Un tableau d'ensemble (tableau CXXXIIT) résume toutes les valeurs observées six heures après l’ingestion de quantités plus ou moins abondantes de graisses très diversement absor- bées, moment pendant lequel l’hyperlipémie est le plus mar- quée. ; Dans tous les cas et sans aucune exception, nous trouvons, à côté de l'élévation du taux des acides gras,une augmentation de la teneur en cholestérine. Toutefois le rapport ne se main- tient constant que pour une hyperlipémie peu marquée ; dès que l’hyperlipémie devient importante, alors l'élévation du taux de la cholestérine ne suit plus celle des acides gras. Il y. a dans ce cas une chute très nette du rapport. Comment interpréter ces phénomènes? Il est assez difficile de le faire à l'heure actuelle. Nous n’avons aucune raison de croire, avec GRIGAUT (Loc. cit.) que «cette augmentation relativement considérable de la cholestérine dans l'organisme ne peut s'expliquer dans ces cas que par une formation d’une certaine quantité de cholestérine aux dépens des graisses ingérées». Tout d’abord, le fait observé n’est pas une augmentation de la cholestérme dans lorganisme; on n’est donc nullement en droit de conclure à une néoformation. De plus, l'hypothèse hardie d’une telle néoformation aux dépens des graisses n’a jamais été l’objet d’aucune tentative de vérification expérimentale. Y a-t-1l des organes particuliers qui, à de certains moments, laisseraient passer dans le sang des quantités plus grandes de cholestérine, et particulièrement dans le cas d’un apport extérieur d'acides gras? Quoi qu'on ait pu dire à ce sujet l'existence d'organes producteurs, ou même plus simple- ment régulateurs de la cholestérine, n’est nullement dé- montrée. Faut-il plutôt penser qu'il s’agit ici d’une régulation pure- ment physico-chimique, d’un équilibre entre les acides gras et la cholestérine du sang et des tissus? Mais pouvons-nous même affirmer que cette augmentation du taux de la cholestérine est l’indice d’une réaction de l’or- ie sr dt, nf nd tot dut ibn, 2e : POUR ENT e. CT US ET LIPOÏDIQUES 341 ASSES GR ES dl 4 SUBSTAN(C IE DES G PHYSIOLO ) qaoddex nq CE NN) ‘UOTJEHIEA PJ 9p 9 VENDU NO d ‘u01Sa8 ut saade SOIN 9 66 [XS LES YG ‘uot}SaS ul JUBAY ne 2 DV “007 * 1) LHOddavu 580 0£ç‘0 0650 YET'TI OLV'I ‘u01}S98 ur soude sainoy 9 EE EX ‘JUT19)SA[OUN 1 ÿ yGy' 0 né GG 0 GE6'0 060 ‘uotjsSaBur JUTAY a u9 HOANAL P6Y'T e89°T | LOS‘T TEST GG6'T GRS'T 68S8'T 960°Y eTr‘e *UO1}S9BUL soude sain ou 9 Te DA DS 198 I 69T'T T£G'T LOST GI9'T FCC'T 86S'T gc9'g TON ‘UO1JSoS8 UT qurAY TT" *SPI8 Saplob ua HONTE 902 | €897 OGL & OYG'T GET | 6791 9073 | 9091 6% G OZI:& 91%G | YSVT 06% & 6&T'& ETE'G 800°T 68% a OZI'Z 689 | Y88 “uonsrAUE || -uoysosur soin 9 JUEAY ler ‘18107 JeayXe u9 HAYINAL CUT ACT AOC ‘:0909 9p XION UiO TTROTAI °°: "0909 9p ang PERD TO T More Tonton RON T Arr QE uoyn ot *29198UI 9SSIPIS La 2P AHALYN “seis sdioo op uorjdiosqe,] op sinoo ne Sues np auI19)S9[09 EI 9p J9 SUIS SOPI9E S9P sooseduo9 sSuOreIiIe À IIXXX) AVAHIAVL 342 ÉMILE-F. TERROINE ganisme contre l’envahissement par les graisses? N’est-elle pas tout simplement la résultante d’un phénomène de diges- tion et d'absorption? Les graisses dissolvent abondamment la cholestérine ; lorsqu'il y a absorption, n’y a-t-il pas de ce fait un entrainement par solubilité de la cholestérine présente dens l’intestin. D'autre part, la digestion des graisses pro- voque une sécrétion biliaire abondante, et les graisses nesont ensuite absorbées que par suite de la solubilité de leurs pro- duits de dédoublement dans la bile. Ne pénèêtre-t-il pas en même temps qu’elles, dans l’organisme, des quantités de cholestérine, apportées par la bile, et: dont la résorption plus rapide qu'en temps normal a pour conséquence l’augmen- tation passagère observée dans le sang? Rien ne permet, à l’heureactuelle, de décider entre ces hypo- thèses, et, sinos recherchessur l'absorption nous montrent que le sang s’efforce de se débarrasser rapidement de la surcharge grasse qui lui vient du dehors, elles ne nous permettent nulle- ment d'affirmer que l'organisme essaye de maintenir constant, à travers toutes les variations du taux des acides gras dues aux apports alimentaires, le rapport entre la cholestérime et les acides gras totaux du sang par une néoformation. de cholestérine ou une simple libération de la cholestérine des tissus. S B.— Inanition. Une consommation abondante des corps gras au cours de linanition n’est pas douteuse. Les recherches de métabolisme poursuivies sur l'Homme à jeun conduisent à admettreune combustion extrêmement importante des corps gras; cette combustion représenterait 55 p. 100 du métabolisme globai pour L&rrLer; 51 p. 100 pour Gicox ; 44,5 p. 100 pour STÆHELIN ; 70 p. 100 pour Magnus Lévy. Chez l'animal imanitié, LAULANTÉ observe que, après le travail, pendant la phase réparatrice, le quotient respiratoire s’abaisse à 0,73, valeur qui représente sensiblement le coefficient théorique de combustion des corps gras. Par ailleurs, nous avons établi, dans la première partie de cetravail, que, sauf dans le cas du muscle, la teneur en acides L PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOÏDIQUES 343 gras des tissus ne varie pas sensiblement au cours de lina- nition. - Nous avons été ainsiamenés à conclure que les graisses con- sommées par l’organisme ne sont pas présentes, tout aumoins en quantités significatives, dans les organes, mais sont loca- lisées dans les dépôts, parmi lesquels il convient de com- prendre le muscle. Le muscle lui-même, si son contenu en corps gras est loin d’être négligeable, n’est cependant pas comparable en importance au tissu sous-cutané ou au mésentère. De cette double constatation, — consommation très abon- dante de graisses dès que l'animal ne recevant plus rien du dehors s’entretient aux dépens de ses réserves, localisation desdites réserves, — 1l résulte que l’inanition entraîne une mobilisation de la graisse des dépôts et son transport vers les lieux de consommation. En conséquence, des quantités supplémentaires de corps gras sont déversées dans le sang. Il est donc intéressant de rechercher comment se comporte le sang, quant à sa teneur en substances grasses et lipoïdiques au cours de l’inanition. La plupart des traités généraux qui font autorité en bio- chimie (OPPENHEIMER, Handbuch der Biochemie des Men- schen und der Tiere) admettent l'existence d’une hyperlipémie au cours de lPinanition (Hungerlipämie). L'ensemble des tra- vaux parus sur la teneur du sang en corps gras au cours de l’nanition permet-il une conclusion aussi ferme? Rozzer (270) trouve, dans le sang d’un Chien soumis à un jeûne de quelques jours, de 0,5 à 0,7 p. 1000 de corps gras; Broper et Scamrpr (30) en trouvent 0,77 p. 1000 dans le sang d’un Chat à jeun depuis dix-huit jours. Mais ces faits ne prouvent rien autre chose que la persistance des corps gras dans le sang au cours du jeûne. Kumacawa et KaneDpA (173) trouvent 0,44p. 100 de graisses dans le sang d’un Chien soumis à l’inanition depuis vingt- quatre jours et 0,22 chez un animal abondamment nourri pendant le même temps. D'autre part, N. ScHuzz (loc. cit.) trouve une teneur moyenne de 0,21 p. 100 chez le Lapin nor- mal et de 0,31 p. 100 chez le Lapin inanitié ; de 0,60 p. 100 34% ÉMILE-F. TERROINE chez le Pigeon normal, de 0,78 p. 100 chez le Pigeon imanitié: Peut-on conclure de ces chiffres à l'existence d’une hyper- lipémie ? En aucune manière. Nous avons, en effet, insisté sur le fait qu'on n’a pas le droit, dans des expériences de ce genre, de comparer un animal à un autre, de prendre pour témoin un animal autre que l’animal expérimenté lui- même. Des conclusions tirées de telles expériences ne peuvent être valables que si les expériences sont nombreuses, si les résultats en sont toujours de même sens, si surtout les diffé- rences observées sont considérables, nettement supérieures à celles qu'on peut constater entre différents sujets normaux. Or, pour le Chien, nous avons vu que la teneur en acides gras | totaux du sang total peut aller chez les sujets normaux de 1,171 p. 100 (du poids sec) à 2,51. Pour le Lapin, A. MAYER et G. ScHærFEer montrent que le sérum peut varier de 1,879 p. 100 (du poids sec) à 3,269. On ne trouve pas, dans les travaux récents, de données relatives au sang du Pigeon ; mais les valeurs observées sur d’autres Oiseaux (Poules) montrent des variations de même ordre. C’est dire que, dans tous les cas, les variations observées entre animaux normaux sont eu moins aussi étendues que celles signalées par les auteurs pré- cités dans le cas des animaux inanitiés. Que nous apprennent alors les recherches dont le but à été d'établir les variations des graisses du sang chez un même animal au cours de l’inanition ? Dappy (loc. cit.) suit, sur un même Chien, les variations de l’extrait éthéré du sang depuis le début de l’inanition jusqu’à la mort ; les déterminations sont faites de sept en sept jours. Des chiffres qu'il obtient, Danpy conclut à l’existence d’une hyperlipémie au début de l’inanition (sept jours), suivie par une hypolipémie qui se prolonge jusqu’à la mort. | Il est regrettable que ces conclusions soient fondées sur trois expériences dont l’une d’elles ne montre pas l'existence de l’hyperlipémie, la détermination n'ayant pas été faite le septième jour ; les deux autres indiquent une augmentation de 10 p. 100 dans le premier cas (le poids de l'extrait éthéré passe de 0,7347 à 0,819), de 14,4 p. 100 dans le second e2s (le poids de l'extrait éthéré passe üe 0,5437 à G,6221). Or ces Se fnddéemnré nids éSnE-cdie dual ter SES ÉRESSEE PRES ut Si ent) se Données dé ntnlss done nos ina se à Débat his an de AE SE Sn Éd LL PF ve cb lai: à PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOÏDIQUES 349 augmentations sont extrêmement faibles. Si l’on veut bien _se reporter à notre précédent chepitre, on constatera assez souvent des variations du même ordre, parfois même plus étendues, chez l'animal normal : de 1,169 à 1,695 ; de 1.251 à 1,619, etc., etc. Porany1(258),quiutilise la méthode LIEBERMANN-SZEKELYI pour le dosage des graisses du sérum, voit dans un cas la teneur passer de 0,088 p. 100 chez l'animal aormal à 0,112 chez l’ina- nitié et, dans un autre, de 0,172 à 0,100 et plus tard 0,206. LaTTEs (loc. cit.) compare, à l’aide de la méthode de SHimipzu, la teneur en extrait total dans l’éther de pétrole du sang d’un animal normal à celle du sang du même sujet ayant subi un jeûne plus ou moins prolongé. Il observe, ainsi que le montrent les chiffres ci-dessous, qui représentent la quantité d'extrait pour 100 grammes de sang, tantôt une augmentation de cet extrait (Chiens I, IIT et IV), tantôt une diminution (Chien IT), tantôt un maintien de la valeur imi- tiale (Chien V). Chien I. au début 0,3115; après 4 jours d’inanition 0,3828 Chien IT. — 0,3145;, — 7 — — 0,2158 Chien ITT. 2 010,3517 50 == 3 0,4003 Chien IV. OP 09 60 6 à 0,3576 Chien V.. NS ERA es 0,3619 En outre, ces valeurs représentant le mélange des acides gras et de la cholestérine, il est impossible de savoir auquel des deux constituants il faut rapporter les variations observées. FREUDENBERG (406), saponifiant directement le sang total sans extraction préalable par l'alcool, — ce qui entraine, comme la vu Sximipzu, une erreur appréciable, — relève les résultats ci-dessous : Chien [.. au début : 0,877; après 4 jours d’inanition : 1,008 Chien eg 527 = ALU ee 0,551 Lapin I. — DOHPAERRNONRES — ,328 Lapin IL. — Dole De — 0,292 Lapin III. — DEN Pr — 0,380 Des résultats aussi contradictoires ne permettent donc 346 ÉMILE-F. TERROINE nullement, bien au contraire, d’admettre comme définiti- vement établie l'existence constante d’une hyperlipémie au cours de l’inanition. La question était donc à reprendre. C’est ce que nous avons fait non pas en nous contentant d’une ou deux déter- minations après des durées d’inanition variables, mais en sui- vant régulièrement les variations de la teneur du sang en substances lipoïdiques depuis le début de l’inanition jusqu’à la mort. Des Chiens sont maintenus à l’inanition avec eau, sauf un quine reçoit ni aliments ni eau. Le sang est prélevé dans le ventricule gauche à la manière habituelle au début de l'expérience et tous les sept jours ensuite, jusqu’à la mort. Au cours de l’inanition, la teneur en eau du sang ne se maintient pas constante ; des variations étendues s’observent, ainsi que cela ressort très nettement des chiffres de la quatrième colonne du tableau CXXXIV. Chez les divers sujets, ces variations ne sont pas obligatoirement de même sens : C’est ainsi que, entre le début de l’inanition et la mort, la teneur en eau du sang augmente de 7,9 p. 100 chez le Chien 1, de 8,5 p. 100 chez le Chien IT et diminue de 5,9 chez le Chien V. Dans ces conditions, il était indispensable, pour pouvoir discuter avec intérêt les résultats obtenus, de rapporter les quantités trouvées non seu- lement au poids frais, — ce qui donne la concentration, — mais aussi à l’extrait sec, ce qui donne la proportion de matières grasses et lipoi- diques par rapport aux autres constituants solides du sang. Ce que montre immédiatement l'examen des résultats expé- rimentaux réunis dans le tableau CXXXIV, c’est le trouble profond que l’inanition détermine dans la composition san- guine. Sur un même animal, la teneur soit en acides gras, soit en cholestérine, oscille bien au delà des limites à l’intérieur desquelles elle se tient normalement. D'autre part, on est frappé de la disparité des résultats obtenus. L'hyperlipémie peut s’observer (Chiers E, IT, II); elle est même parfois importante : chez le Chien 1, le taux des acides gras s'élève de 3,171 p. 1 000 (du poids frais) au début à 9,616 p. 1000 après vingt et un jours d’inanition ; chez le Chien IT, les acides gras passent, pendant le même temps, de 2,204 p. 1 000 à 4,443 p. 1 000. Ce sont là des variations _ PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOÏDIQUES 347 beaucoup plus étendues que celles qu'on peut observer chez l’animal normal. Ainsi done, il est hors de conteste qu'on peut observer, au cours de l’inanition, une hyperlipémie marquée. Mais, pour important qu'il soit, ce fait n’est nullement constant. En effet, à aucun moment, les Chiens IV, VI et VIT ne présentent d’hyperlipémie; bien au contraire, chez le Chien IV, on observe une diminution réguhère des acides gras, dont le taux passe de 3,679 p. 1 000 au début à 1,702 p. 1 000 au moment de la mort, après vingt-sept jours d’inanition. Il ressort de ces faits que la marche des variations de la teneur en acides gras du sang est très variable d’un animal à un autre. Sur nos sept animaux, nous observons les trois types possibles de réaction : ou l'hyperlipémie suivie d’une chute (Chiens I et IT), ou l’hypolipémie (Chien IV), ou le maintien à niveau sensiblement constant du taux des acides gras (Chiens V et VI). Comment expliquer une telle diversité de résultats? Pro- bablement par l’état antérieur des réserves. Sans vouloir naturellement trancher la question, faisons remarquer à ce sujet que les Chiens V et VI, qui maintiennent sensiblement constante leur teneur en acides gras, avaient été tous deux l’objet d’une suralimentation préalable pendant cmq jours, le premier à l’aide d’hydrates de carbone (500 grammes de riz et 215 grammes de sucre par jour), le second à l’aide de graisses (1). A la vérité, et bien que ces expériences soient déjà très laborieuses, il serait nécessaire, pour avoir une représentation suffisamment exacte des causes du mouvement des réserves, de pouvoir doser, à côté des corps gras, le sucre, l'azote pro- téique et l'azote restant. Dans l’ensemble, les variations de la cholestérine sont paral- (1) Les recherches de BLroor (40) confirment entièrement nos résultats sur ce point : « Le jeûne de cinq à sept jours peut ou non produire un accrois- sement de la graisse du sang, et cela dépend vraisemblablement de la condition de nutrition de animal. » Quant à BANG (15), il répète exactement les mêmes conclusions : « Aussi trouve-t-on,chez un même animal après l’inanition, tantôt une augmentation, tantôt une diminution de la teneur en graisses, Peut-être la cause en est-elle dans l’état nutritif actuel. » EMILE-F. TERROINE 348 0'9ÿ—) 1e —|9'cz—| 027 — PR Un de ile ON Ar 06067 +isie— ve + Te+ D'BEE PIReAC EN 7 60) 9 0 « « « « | « « « « « F: f BU D | OU +086 +| 098 +] 1 — DE 0 See) 0 06e) 0 C9 Gere CO GE 27 Dre GC RO 8& — | 801 +808 —| 1 +|9"E — ( « (C « « «C « | « « Es. 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TERROINE lèles à celles des acides gres ; chez les Chiens [, IT et V, elles augmentent quand les acides gras augmentent; chez les Chiens IV et VI, elles diminuent quand les acides gras dimi- nuent, mais le rapport qui relie ces deux valeurs ne présente aucune constance (1). L'organisme inanitié ne conserve done plus ni son indice lipémique, n1 son coefficient lipémique. | $ C. — Phlorizine. L’enrichissement considérable du foie en graisse à la suite de l’administration de phlorizine est un fait depuis longtemps connu. Toutes les recherches tendent, en outre, à établir qu’il s'agit non d’une néoformation, mais d’un afflux des graisses des dépôts. Cependant,comme l’ont montré les intéressantes études de , RosenFELD (273), l’engraissement du foie ne se produit pas si cet organe possède,au moment de l'expérience, une teneur élevée en glycogène. Pour obtenir le résultat cherché, il faut opérer sur un animal ayant subi au préalable une inanition de courte durée ; la phlorizine agit donc, en quelque manière, comme si elle activait le processus de mobilisation des graisses provoqué par l’nanition. Il était done intéressant pour nous d'étudier les variations sanguines au cours de ce transport, LATTES ayant déjà Constaté que l'extrait total du sang est plus élevé chez les animaux ayant reçu de la phlorizme que chez les sujets normaux, mais n’ayant pas distingué, dans le phénomène global observé, la part propre qui revient aux acides gras et celle de la cholestérin®. À des Chiens ayant subi une inanition de deux à trois Jours, nous injectons de la phlorizine après une prise de sang initiale. Une nouvelle prise de sang est pratiquée quelques heures après l'injection. Puis Pani- mal est sacrifié de vingt-quatre à quarante-huit heures après l’adminis- tration du poison ; on prélève un dernier échantillon de sang et diffé- rents tissus : foie,rein, cœur, muscle. Dans un cas, l’expérience a été faite sur un animal ayant subi une inanition prolongée. (4) Ezzis et GARDNER (loc. cit.) trouvent chez 1: Lapin une valeur plus élvé: de la cholestérine chez les sujets inanitiés.. Comme on Pa vu, il ne nous a pas été plus possible de considérer ce fait comme une règle générale que Paugmentation du taux des acides gras. PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES. GRASSES ET LIPOÏDIQUES 991 Iln'y avait intérêt à faire les dosages dans le sang que dans le cas où l’analyse du foie mettait en évidence une élévation importante du taux des graisses de cet organe. Au surplus, la comparaison des variations senguines et des variations des tissus pouvait être de quelque utilité. Ces analyses de tissus, dont les résultats sont rapportés dans le tableau CXXXV, ne sont pas, en effet, dénuées d’in- térêt. Elles montrent : TABLEAU CXXXV Teneur en acides gras et en cholestérine des tissus d’animaux ayant reçu de la phlorizine. (inanition préalable prolongée). VALEUR norniale moyenne. NATURE des tissus. Acides gras. 24,04 33,89 15,82 20,81 » 31,01 13,58 10,90 Cholestérine. 0,81 1,29 : 0,89 Muscle 1. | 0,30 19 Que le foie ne se surcharge pas lorsque le muscle ne contient plus de graisse de réserve. Ce fait, qui confirme des observations analogues, de RosENFELD»D, sur l'intoxication phosphorée, montre bien qu'il n’y a pas dégénérescence graisseuse du foie, mais simplement transport des graisses de dépôt ; | 20 Que le foie n’est pas Le seul tissu dont la teneur en corps gras s'élève au cours de l’intoxication phlorizinique, mais que le rein et parfois aussi le cœur présentent des quantités d'acides gras beaucoup plus élevées qu’à l’état normal; 30 Que les variations du taux des acides gras dans les tissus ne sont pas accompagnées par des variations correspondantes 392 ÉMILE-F. TERROINE de ia cholestérine, laquelle présente dans tous les cas une valeur normale. Et maintenant que s'est-il passé dans le sang des ani- maux |, Il, III et IV, chez lesquels la phlorizine a exercé son action habituelle ? TABLEAU CXXXVI La lipémie au cours de l’intoxication phlorizinique. MOMENT DES PRISES et des injections de phlorizine. de la p. 1000. cholestérine. EXTRAIT TOTAL ACIDES GRAS p. 4 000. CHOLESTÉRINE p. 4 000. VARIATION des acides gras VARIATION RAPPORT. Chien I. 3 mars, 11 heures 80,9 | 4,208! 3,098] » » 35 | 3 mars, 11 h. 30, inj. de 2 gr. | ! 3 mars, 18 h. 30 80,4 | 4,154| 3,163 911+0,069 |— 0,124! 31 4 mars, 12 heures... | 80,9 | 4,680] 3,612! 1, 0,514 |— 0,047] 29 Chien IT. 26 mars, 9 heures......... | 8C » » | 25 26 mars, 9 h. 30,inj.de 4 gr. 96 mars: 16 h 15}: 00.0: | 2| 3,316/1,206|— 0,100! +0,346| 36 29mars 48h EP ER | 80,3 | 4,430] 3,545] 0,885|+ 0,129] +0,025| 25 Chien III. 30 mars, 9 h.30, injec. 4 gr. 30 mars, 17 h. 30 1e 3,64k| © ,814— 0,442] — 0,036! 28 Slmars H1PNENTES EE 170$ 1,829; — 0,340|[— 0,021| 28 Chien IV. 16 avril, 15 heures ....... | 82,5 | 3,836] 2,82311,013 » » 35 46 avril, 45 h. 30, inj. 2#,5.| ia rie llheures Etre" t 32,5 | 3,851! 2,797| 1,054|— 0,036|+ 0,041! 37 17 avril, 41h15; 10}: 28,5% PSI AANROULTES PRES | 82,4 | 4,453| 8,329 DE 0,932] + 0,111| 33 | 2 Î En ce qui regarde les acides gras, sauf le Chien III, chez lequel l'enrichissement du foie en graisse a été le moims mar- qué et qui présente une baisse des acides gras du sang, nous constatons une augmentation, laquelle est importante chez les Chiens I et IV. Elle dépasse en effet, dans ces deux cas,un demi-gramme, c’est-à-dire une élévation de même ordre que S0mars OhNeures EPA MO l Er 9272 0,850] » » 26] \ PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOÏDIQUES 333 celles observées au cours de l’ingestion assez abondante de COTPS gras. Mais ici les variations de la cholestérine sont nettement indépendantes de celles des acides gras, comme le montrent cholestérine les variations désordonnées du rapport ————. acides gras Si l’on envisage d'ensemble comment se comporte le sang lorsqu'il reçoit ou du dehors (absorption), ou des dépôts (inanition, intoxication phlorizinique), un supplément de corps gras, 1l est bien difficile de dégager, des phénomènes observés, une conclusion générale. Il semble bien que la régulation porte uniquement sur les acides gras dont le sang tente de se débarrasser, mais qu'il n'y a pas tendance à la réalisation d’un équilibre entre ces acides gras passagèrement présents et la cholestérine. On pourrait alors penser que la relation maintenue constante dans le sang de l'animal normal entre la cholestérine et les acides gras relie la cholestérine, non pas à la totalité des acides gras qui peuvent être présents dans le sang, mais seulement à ceux de ces acides gras qui sont véritablement des constituants per- manents du sang, et non pas simplement des substances tran- sitées par lui. Si nous avons pu mettre en évidence la per- manence du coefficient lipémique, c’est que, opérant sur l'animal normal à jeun, nous avons de ce fait éliminer les éléments variables transitoires. Mais s'il en est bien ainsi, lorsque, privant l'organisme d’une partie de ses lipoïdes sanguins, nous l’obligerons à les reconstituer, il devra tendre dans ce cas à maintenir constant le rapport entre les quantités d'acides gras et de cholestérme nouvellement déversées dans l’arbre circulatoire. C’est ce que nous avons recherché en étudiant la réaction sangume vis-à-vis de saignées répétées. ANN, DES SC. NAT, ZOOL., 40e série. , IV, 29 354 ÉMILE-F. TERROINE CHAPITRE III LES LIPOIDES SANGUINS LORS DE SAIGNÉES ABONDANTES ET RÉPÉTÉES. S'il existe vraiment un mécanisme régulateur tendant à maintenir la fixité de la constante lipémique, c’est-à-dire à la fois de l'indice et du coefficient lipémiques, il paraît vrai- semblable qu’à la suite de saignées abondantes et répétées ce mécanisme entrera en Jeu. FREUDENBERG (loc. cit.) conclut au maintien de la con- stance sanguine en lipoides totaux à la suite des saignées. Trois Lapins de 2 kilogrammes environ subissent une saignée de 30 grammes et reçoivent, aussitôt après, une injection d’un même volumede liquide de Ringer. Une nouvelle saignée est pratiquée vingt-quatre heures après. La comparaison des taux de lipoïdes donne les résultats suivants : 24 heures Avant la saignée. après la saignée. 0,384 0,338 0,247 0,299 0,376 0,264 Ces résultats ne nous paraissent pas extrêmement probants. Tout d’abord, si l’on peut admettre le maintien d’un même taux chez les deux premiers animaux, il n’en est plus de même pour le troisième, chez lequel la teneur en lipoïdes du sang a baissé de 30 p. 100; d’autre part, la prise de sang est unique et de quantité médiocre. Si l’on admet, d’après la donnée couramment acceptée, que le sang représente un treizième du poids du corps, les animaux expérimentés pos- sèdent environ 150 grammes de sang; la saignée n'a donc retiré que le cinquième de la quantité totale. Maurrac (240), uniquement préoccupé de la cholestérine, constate chez leLapin, sousl’influence desaignées quotidiennes de 20 à 30 grammes, une hypercholestérinémie primitive suivie d’une chute du taux de la cholestérine. Nous avons repris l’étude de cette question, mais en pra- Hi PRIE EU, tiquant des saignées extrêmement copieuses et fréquemment : mi: - PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOÏDIQUES 335 répétées, de manière à essayer de forcer, s’il existe, le méca- nisme régulateur. Pour ce faire, nous nous sommes adressés à des Chiens normaux sai- gnés aseptiquement et sans anesthésie par la carotide ou la fémorale. La première prise est faite sur un animal à jeun depuis douze heures ; les prises suivantes, à des intervalles de deux ou trois jours, maistoujours dix-huit heures après l’ingestion du dernier repas. Le poids de sang extrait à chaque opération varie du quart à la moitié du sang total de l'animal. Les sujets en expérience reçoivent de l’eau à volonté, — ils boi- vent toujours abondamment très peu de temps après la saignée, — et une _- . alimentation composée uniquement de pain, de riz et de sucre, de ma-- nière à n'introduire dans le sang aucune quantité anormale de graisse ou de cholestérine. Dans deux de nos essais — sur trois — nous avons étudié successive- ment le sang total, le sérum, les globules et quelques-uns des tissus (foie, rate, capsules surrénales). S A. — Le sang total. Lorsqu'on pratique des saignées abondantes et répétées, le premier résultat observé, c’est une augmentation impor- tante de la teneur en eau du sang, une dilution de l’ensemble des éléments solides, ainsi que cela apparaît nettement dans le tableau CXXX VIT. TABLEAU CXXXVII Variations hydrémiques à la suite de grandes hémorragies. DATE des saignées. DATE des saignées. DATE des saignées. VALEUR des Saignées en gr, TENEUR en eau TENEUR en eall. VALEUR des saignées en gr en eau VALEUR des saignées eu gr. Chien I. Chien cTIE Chien III. 4rsept. 1913.| 225 |78,8[23 fév. 1914... 260 :80,2:23 fév. 1914...1 260 179,1 3 sept. 1913.| 230 |80,6/25 fév. 1914...| 260 183,2 2,25 fév. 1914...) 255 | 80,7 6 sept. 1913.| 380 |80,1,28 fév. 1914...| 365 185; 8. 28 fév. 1914...| 390 82, 2 10 sept. 1913. 85,013 mars 1914... a 187,1 113 mars 1914...| 415 ET 8 87, al 5 mars 1914 » |85,3 EE rl 5 mars 1914.. ‘| 396 ÉMILE-F. TERROINE Il y aura donc intérêt, comme nous l’avons déjà fait pré- cédemment, à nous renseigner à la fois sur la concentration des lipoïdes dans le sang total et sur la proportion des li- poïdes dans l’extrait sec, dans la totalité des matières so- lides. TABLEAU CXXXVIII Variations des acides gras et de la cholestérine du sang à la suite de saignées abondantes et répétées. VALEURS RAPPORTÉES VALEURS RAPPORTÉES ae * | POIDS à 4000 gr. de sang frais. : à 400 gr. de sang sec. “ 2 DATE de dk x PARLES à © — des PR Ce EE a x des prises. sang C É retiré. Extrait | Choles- | Acides | Extrait | Choles- | Acides ae) [= total. térine. gras. total. térine. gras. Q hien I (15*2,300). 1ersept.1913.1225 gr.| 4,468 | 1,216 | 3,252 | 2,115 | 0,576 | 1,539 | 37 3 sept. 1913.1230 gr.| 4,233 | 1,168 | 3,065 | 2,192 | 0,605 | 1,587 38 6 sept. 1913.1380 gr.| 4,782 | 4,074 | 3,711 | 2,465 | 0,539 | 1,926 | 28 10 sept. 1913./animal sacrifié] 5,209 | 1,504 | 3,705 | 3,490 | 1,000 | 2,490 40 Chien II (12 kilos). 23 févr. 1914.1260 gr.| 7,586 | 1,413 | 6,173 | 3,835 | 0,717 | 3,118 22 25 févr. 1914.1260 gr.| 6,618 | 1,039 | 5,579 | 3,952 | 0,629 | 3,313 49 28 févr. 1914.1365 gr.| 6,218 | 1,436 | 4,782 | 4,378 | 1,019 | 3,359 30 3 mars 1914.1345 gr.| 6,134 | 1,629 | 4,505 | 4,768 | 1,266 | 3,502 36 5 mars 1914.| animal sacrifié| 6,510 | 1,620 | 4,890 | 5,208 | 1,296 | 3,912 39 Chien III (12 kilos). 23 févr. 1914.1260 gr.| 4 25 févr. 1914.1255 gr.| 6 28 févr. 1914.1390 gr.| 4, 3 mars 1914./415 gr.| 5 5 mars 1914.| anim:1 sacrifié| 5,045 | 1,147 | 3,898 | 3,404 | 0,830 | 2,574 | 32 794 | 1,260 | 3,534 | 2,298 | 0,623 | 1,675 | 37 527 | 1,443 | 5,084 | 3,394 | 0,763 | 2,631 | 29 811 | 1,061 | 3,750 | 2,710 | 0,614 | 2,096 | 29 610 | 1,397 | 4,213 | 3,700 | 0,921 | 2,779 | 30 Il est facile de voir des chiffres rapportés dans le ta- bleau CXXXVIIT que l'organisme met incontestablement en jeu un mécanisme permettant de rendre au sang les élé- ments qui lui ont été soustraits. Pour ce qui est de la concentration, si l’on veut bien laisser de côté les oscillations intermédiaires, on ne pourra manquer d’être frappé du fait que, malgré les interventions extrême- Le SsS PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOÏIDIQUES 337 ment sévères dont les organismes étudiés ont été l’objet, acides” gras et cholestérine ont sensiblement la même valeur au début et à la fin de l'expérience : 3,252 contre 3,705 ; 3,53 contre 3,89 pour les acides gras ; 1,216 contre 1,504; 1,413 contre 1,620 ; 1,260 contre 1,247 dans le cas de la cholesté- rine. Une seule exception : chute du taux des acides gras chez le Chien II. En outre,on notera également que le mécanisme répara- teur paraît fonctionner plus rapidement pour les substances lipoïdiques que pour les autres constituants solides du sang. Si,en eftet,on regarde les proportions d'acides gras et de cho- lestérine présentes dans l'extrait sec, on voit que, dans tous les cas,ces proportions ne cessent de s’accroître; l’augmenta- tion de la cholestérine en particulier est considérable : chez les Chiens I et IL, elle a presque doublé. Quant au rapport, il ne présente aucune variation cohé- rente. Mais il faut penser que les modifications globales que nous venons d'observer ne sont vraisemblablement que la résultante de plusieurs phénomènes. Par les saignées répétées, nous provoquons une hématopoièse intense. Nos variations globales traduisent sans doute pour une part les variations de composition des globules. Il était donc indispensable de vérifier tout d’abord s'il en était bien ainsi et, ensuite, de rechercher si le sérum subit également des modifications, si un mécanisme régulateur fonctionne pour assurer la permanence de la composition lipoïdique de la partie liquide du sang. C’est re que nous allons examiner. | $ B. — Les globules. Pour essayer de mettre en évidence des différences sen- sibles, nous nous sommes uniquement adressés aux globules de l'animal normal et à ceux recueillis à la fin de l’expé- rence. Les résultats consignés dans le tableau CXXXIX montrent une augmentation importante en acides gras, considérable en cholestérine. Dans les deux cas, les valeurs obtenues après sai- gnées répétées sont beaucoup plus élevées que celles relevées 398 ÉMILE-F. TERROINE par MAYER et SCHÆFFER sur les sujets normaux et qui oscillent entre 1,154 et 0,936 pour les acides gras, 0,299 et 0,409 pour la cholestérime. TABLEAU CXXXIX Teneur comparée en acides gras et en cholestérine des glo bules san guins d'animaux normaux ou ayant subi des saignées abo ndantes et répétées (valeurs évaluées en p. 100 du poids sec). | CHIEN Il. CHIEN Ill. D Un Acides |. Cholese | Rapport | Aides] Chales URMRPOS gras. térine. Re 100. gras. térine. xG* 100. Avantsaignées ..... 0,95 0,27 29 1,06 0,31 Après saignées...... 255 0,6% 41 1,59 0,75 Les globules sanguins jeunes, formés à la suite de saignées répétées, sont donc incontestablement plus riches en acides ras et en cholestérine que les globules normaux. Est-ce done à ce fait qu'il faut uniquement rapporter les variations obser- vées sur le sang total, et le sérum ne subit-il aucune modifi- cation ? C’est ce qu'il nous faut voir maintenant. $S C. — Le sérum. Pour doser les acides gras et la cholestérine, la quantité de sang nécessaire a été défibrinée pendant le moment même de la prise ; le liquide séparé a été aussitôt centrifugé et le sérum recueilli par décantation. Les résultats obtenus sont réunis dans le tableau CXL. Rien ne peut plus nettement montrer l'existence d’un mé- canisme régulateur. Dès la première saignée, l'organisme réagit, et cette réaction est telle que, dans un cas(Chien II), la concentration en acides gras et en cholestérme augmente ; dans les deux cas, il y a uneaugmentation importante de la proportion de ces deux substances dans l’ensemble des consti- tuants solides du sérum. Ensuite et malgré des interven- tions successives, nous voyons peu à peu les concentrations primitives se rétablir ; pour les acides gras, 5,27 contre 6,02 PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOIDIQUES 399 au début chez le Chien II ; 3,4 contre 3,69 au début chez le Chien IIT; pour la cholestérine, 1,80 contre 1,80 chez le Chien IT, 1,00 contre 1,33 chez le Chien III. TABLEAU CXL Teneur du sérum en acides gras et en cholestérine au cours d’une période de saignées abondantes et répétées. ACIDES VS ENT. j s CHOLES- RAPPORT gras CHOLESTERINE| ACIDES GRA TÉRINE Eu par litre. par litre. p. 100 sec. p« 100 sec. ÀG EAU par litre. Chien Il. ” s 1,66 2,42 2,36 1,98 2,47 s Chien III. > CO & > © = © D «© ee OO : En même temps le rapport qui a subi une variation au début se maintient par la suite sensiblement constant. Il nous parait vraiment curieux de constater que des animaux auxquels on a retiré en dix jours à l’un plus que son volume total de sang, à l’autre une fois et demie ce volume, ont pu maintenir pendant tout ce temps un taux d’acides gras et de cholestérine proche de la normale, en même temps qu’un état très voisin de l'équilibre primitif entre ces deux valeurs. $S D. — Les tissus. Il était évidemment intéressant de rechercher si les tissus présentaient des, variations parallèles. De telles variations ne nous permettraient-elles pas de localiser dans un organe déterminé le siège du mécanisme régulateur? A cet égard, nos recherches sont simplement amorcées ; elles ont été unique- ment poursuivies sur le foie, la rate et les capsules surrénales,. 360 ÉMILE-F. TERROINE 10 Foie. — Les teneurs du foie rapportées ci-dessous ne nous donnent aucun renseignement : Acides gras. Cholestérine. Moyenne normale LL ARE 2 A RE 10,50 0,71 Chien Es SE TR EE RE er De Cr tee 10,79 0,21 (A GS CESAM VAS EE BE 414,37 1,73 Dans un cas, le taux des acides gras est normal, celui de la cholestérine anormalement faible ; dansun autre, le taux de la cholestérine est anormalement élevé. Aucune conelusion n’est donc possible. 20 Rate. — Le taux de la rate en acides gras est tout à fait normal, ainsi qu'on peut le voir ci-dessous : Acides gras. Cholestérine. Valeurs extrêmes trouvées chez les sujets normaux par MAYER et SCHÆFFER ............ ne RE LEP 7,41 à 17,56 1,34 à 1,89 Chien TS OEM SEE PAIN EPA Dan CAE 9,6 1,6 (QE 1 € À D END M A RS dec RE LA EEE € LE 7,2 2,2 3, y celui de la cholestérine un peu plus élevé dans un cës; mais au total cet organe ne nous présente aucune modification significative. 30 Capsules surrénales. — N'ayant donné jusqu'ici aucun chiffre pour les surrénales normales, nous réunissons ce1-des- sous à la fois les valeurs trouvées chez les trois individus nor- maux et celles se rapportant à nos animaux saignés. Les va- leurs sont rapportées à 100 grammes de substance fraîche. Acides gras. « Cholestérine. CIE ee a Len RU A PT PTT 46,00 5,70 Chiens normaux KDE ENTRE NE ER EEE 8,90 5,20 en AR EE ARE À A Sat (AS 42778 6,57 \l START EE VE PA SRE AE ANT A 9,90 1,90 Chiens Saienés; 0 ALL SIN EM PR eERS 11,30 1,40 RUE M AR NE ET 12,50 1,40 Ici nos mesures nous donnent une indication très nette : si la teneur enacides gras est normale, par contre celle de la cho- lestérine est dequatre à cinq fois plus faible que chez les sujets normaux. Ce résultat pose donc avec précision la question de savoir si les capsules surrénales interviennent dans la régu- lation de la cholestérine du sang. C’est là un très gros pro- PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOÏDIQUES 961 blème que d’autres chercheurs (GR1IGAUT, loc. cut.) ont abordé par une voie très différente, mais sur lequel nous n'avons per- sonnellement, à l'heure actuelle, d'autre élément de conviction que celui ci-dessus rapporté. *# *% % Au total, ilsemble bien qu'on puisse dégager de toutes nos études sur le sang la conception suivante : L'organisme présente à l’état normal un milieu intérieur bien défini, pour chaque individu, en ce qui regarde les sub- stances grasses et lipoïdiques, par deux valeurs remarquable- ment constantes, la teneur en lipoides totaux ou indice lipé- mique, le rapport entre les acides gras et la cholestérine ou coefficient lipémique. Il s'efforce de défendre la constance de ces valeurs contre toute irruption ou toute disparition de substances lipoiïdiques. Mais les procédés par lesquels l'organisme défend sa con- stance lipémique ne sont pas toujours lès mêmes. S'il lutte contre un envahissement des acides gras, venant soit du dehors, soit des dépôts, 1l paraît se contenter d’éloigner le plus rapidement possible les combinaisons d'acides gras étran- gères au sang ; rien ne prouve, bien au contraire, qu'il essaye d’équilibrer momentanément dans le sang ces combinaisons d'acides gras par un apport de cholestérine. S'il a à lutter contre un appauvrissement du sang en sub- stances lipoidiques, il le fait d’ailleurs avec succès ; il répare les pertes subies par ce tissu avecune surprenante rapidité ; mais, dans ce cas, 1l tend non seulement à maintenir constant son indice lipémique, mais aussi son coefficient lipémique; il y a apport simultané au sang de quantités correspondantes d'acides gras et de cholestérine. Les mécanismes régulateurs sont done distincts suivant qu'il s’agit de réagir à une invasion grasse ou à une disparition des substances lipoïdiques. Quant au fonctionnement de ces mécanismes, aux causes intimes qui les mettent en mouve- ment, aux organes qui en sont le siège, ce sont là autant de questions dont l'étude reste entièrement à faire. CONCLUSIONS GÉNÉRALES PREMIÈRE PARTIE LES GRAISSES ET LA CHOLESTÉRINE DES ORGANISMES ET DES ORGANES INFLUENCE DES ÉTATS DE NUTRITION I. — Acides gras. et I. Vertébrés. — 19 La teneur globale en acides gras des divers représentants normaux d’une même espèce varie COnsi- dérablement d’un individu à un autre. ( : 20 Au cours de l’manition, les différences individuelles dans le taux global des acides gras tendent à s’effacer. 30 Lors de la mort par inanition, les animaux contiennent des quantités plus ou moins abondantes d'acides gras suivant l'espèce à laquelle ils appartiennént. Par contre, tous les sujets d’une même espèce présentent une teneur en acides gras presque identique ; les différences observées alors sont en effet négligeables. ; 40 La proportion fixe d'acides gras que renferment tous les individus d’une même espèce au moment de la mort con- sécutive à l’inanition constitue l'élément constant. La différence entre la teneur globale d’un individu et l’élé- ment constant propre à l’espèce constitue l’élément variable, dont la grandeur est sous la dépendance des états de nutrition. 59 Parmi les espèces étudiées, toutes de petite taille, Pélé- À 44 Er Er PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOÏDIQUES 303 ment constant est beaucoup plusélevé chez les Homéothermes (Souris, Bengali, Hypochera cholibeata, Poussin) que chez les Poikilothermes (Grenouille, Tanche, Perche). Parmi les espèces homéothermes, le Bengali, dont les com- bustions sont les plus intenses, présente l’élément constant le plus élevé. Les trois espèces poikilothermes étudiées présentent des éléments constants presque identiques. La quantité d'acides gras contenue dans le système nerveux ne représente chez la Souris qu'une très faible part de lélé- ment constant. 69 L’élément variable — et l'élément variable seul — repré- sente la réserve grasse de l'organisme. Le potentiel bioénergétique est essentiellement constitué par cette réserve grasse ; le glycogène ne compte que pour une part extrêmement médiocre, un dixième environ de la ré- serve totale. | | En particulier, c’est la grandeur de la réserve grasse, éva- luée comme élément variable et non comme quantité globale des acides gras de l'organisme, qui commande à la durée de survie de l'animal inanitié (Bengali). 79 Le rein, le poumon, la rate, le cœur de Lapin, de Chien ou de Pigeon ne subissent pas de modifications appréciables; quant à leur teneur en acides gras, du fait des états de nutri- tion ; les valeurs observées restent les mêmes, et les écarts individuels sont du même ordre, qu'il s'agisse de sujets normaux, morts d’inanition, en cours d'absorption de graisses ou longuement suralimentés. 80 Le foie possède chez les animaux normaux une teneur en acides gras ne présentant que de faibles variations indivi- duelles (confirmation de MAYER et SCHÆFFER). L’manition prolongée jusqu'à la mort ne modifie cette teneur n1 chez le Lapin, ni chez le Pigeon ; elle l’abaisse par- {ois, mais parfois seulement chez le Chien. Un repas gras, une suralimentation prolongée (protéique, hydrocarbonée ou grasse) ne provoquent chez l'animal adulte que des modifications minimes et passagères. Par contre, chez l'Oiseau n'ayant point atteint la maturité 30% ÉMILE-F. TERROINE. sexuelle, le gavage, sans intervention d'aucune substance toxique, peut augmenter le taux des graisses du foie, notable- ment chez le Pigeon, considérablement chez l’Oie. Cette sur- charge n’est n1 élective ni primitive ; : elle est consécutivé à la surcharge grasse de tout l'organisme. De l’ensemble de ces faits résulte que, chez be Homéo- thermes étudiés, le rôle essentiel du foie dans-le métabolisme des graisses n’est pas la mise en réserve de ces substances. 99 Le muscle présente chez les sujets normaux des vari- tions considérables de la teneur en acides gras (confirmation de MAYER et SCHÆFFER). Au cours de l’inanition, le taux des acides gras baisse régu- lièrement ; lors de la mort, tous les sujets d’une même espèce présentent un taux identique. Après une suralimentation prolongée, la teneur en acides gras des muscles est très élevée ; elle peut atteindre six fois ce qu'elle est au moment de la mort par inanition. La surcharge grasse du tissu musculaire est très variable, dans le même ani- mal, suivant le musele considéré. De l’ensemble de cesfaits résulte que,chezle Chien, le Pigeon et l'Oie, le muscle constitue un lieu de dépôt pour les réserves grasses. 109 L'élément constant et l'élément variable, distingués dans l'organisme total, présentent une différence de répartition dans les tissus de cet organisme. L'élément constant est vraisemblablement représenté pour une part très importante par ces acides gras des tissus dont aucun état nutritif ne peut faire varier la teneur, ainsi que par ceux qui persistent dans le tissu musculaire au moment de la mort par inanition. L'élément variable est localisé dans les lieux de dépôt, parmi lesquels 1l convient de comprendre le tissu musculaire. En ce qui regarde la composition des tissus, les faits précé- demment énoncés constituent donc une confirmation de la - conception de MAYER et SCHÆFFER, à savoir que tout tissu contient à l’état permanent des composés d’acides gras qui représentent des constituants cellulaires. Ces composés doi- vent être Justement considérés comme tels, puisqu'ils ne PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOÏDIQUES 969 présentent en aucune manière le caractère quantitatif va- riable des réserves. A ce squelette de composés d'acides gras se surajoutent :. dans le muscle, des réserves gresses très variables et parfois considérables; dans le foie adulte, des quantités d’acides gras minimes et transitoires ; dans le foie d’animal jeune et surali- menté, des quantités importantes. II. Invertébrés. — 11° À côté de différences mdividuelles très importantes entre les divers sujets d’une même espèce quant à la teneur de l'organisme total en acides gras, ilexiste également de très grandes différences entre les diverses espèces étudiées, certaines étant fort riches en acides gras (Anemone sulcata, par exemple), d’autres fort pauvres (Ascidia men- tula, Phascolosoma vulgatum). 120 La teneur en glycogène est parfois très élevée. Chez l'Huître, le glycogène occupe, dans le potentiel bioénergé- tique global, une place au moins aussi importante que les corps gras. II. —— Cholestérine. I. Vertébrés. — 130Lateneuren cholestérine des organismes normaux présente des variations individuelles moins étendues que celle des acides gras. 140 Lors de la mort consécutive à l’inanition, la teneur en cholestérine est sensiblement identique chez tous les sujets d’une même espèce ; cette teneur est peut-être un peu plus élevée que chez l'animal normal. 159 Chez tous les Homéothermes étudiés, le taux de la cho- lestérime est très voisin de 3 p. 1 000 ; chez tous les Poikilo- thermes étudiés, letaux de la cholestérine est de 1,4 p. 1 000. 169 Ni l'alimentation ni la suralimentation ne font varier la teneur en cholestérine des tissus, quireste remarquablement fixe. L’inanition provoque uhe augmentation très nette, par- ticulièrement sensible dans le foie et le muscle (confirmation d’'EzLis et GARDNER.) IT. Invertébrés. — 179 La cholestérine paraît unrverselle- 300 ÉMILE-F. TERROINE ment répandue, et nous l'avons rencontrée dans tous les embranchements étudiés (Mammifères, Oiseaux, Reptiles, Batraciens, Poissons, Tuniciers, Mollusques, Vers, Ver- midiens, Échinodermes, Cœlentérés). 180 Le taux de la cholestérine est AN te ve chez les divers représentants d’une même espèce. 190 Il existe de très grandes différences entre les diséte espèces quant à leur teneur en cholestérine ; cependant le taux de 187,4 par kilogramme d'animal se rencontre chez des espèces extrêmement éloignées. DEUXIÈME PARTIE L'ABSORPTION DES GRAISSES ET LA LIPASE PANCRÉATIQUE I. — Digestion et absorption. 19 De l’ensemble des recherches poursuivies antérieurement à notre travail sur la digestion et l'absorption des graisses, il résulte que : a. Aucune preuve péremptoire n’a été fournie d’une trans- formation des graisses dans l'estomac Lu l’action d’ une gas- trolipase autonome ; b. A l'état norrbal, l'intestin intervient faiblement par une lipase peu active c. Le suc nie tinus et la bile sont les véritables agents qui conditionnent l’absor ption des graisses : le suc pancréa- tique par son double pouvoir d’émulsion et de saponification, la bile par sa double propriété d'accélérer l’action saponi- fiante du suc pancréatique et de dissoudre les produits formés. La question restant alors posée est celle de l'importance quantitative à accorder à la sapomification. 20 Dans la série des triglycérides d'acides gras saturés = C'"H2*O? — Ja labilité vis-à-vis de l’action saponifiante du suc pancréatique augmente régulièrement de la triacétine à la trilaurine pour diminuer rapidement ensuite. La tripalmi- nb PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOÏIDIQUES 367 tine et la tristéarme sont difficilement saponifiées par le suc pancréatique. 30 Le suc paneréatique saponifie beaucoup plus rapidement la trioléine que le triglycéride d’acide gras saturé à même nombre d’atomes de carbone, la tristéarime. 40 Les huilés naturelles étudiées (noix, olive, amande " douce, œillette) ne présentent que de faibles différences quant à leur manière de se comporter vis-à-vis de la lipase pancréatique ; toutefois l'huile de noix, dont l’indice d’iode est le plus élevé, est toujours la plus facilement attaquée. 59 Les graisses naturelles étudiées (Homme, Oie, Poulet, Veau, Mouton, Pore, beurre) présentent entre elles de grandes différences quant à leur manière de se comporter vis-à-vis de la lipase pancréatique. Celles à indice d’iode élevé (Homme, Oie, Poulet) sont beaucoup plus facilement attaquées que celles à indice d’iode faible (Mouton, Veau, Porc). 69 Les graisses végétales étudiées (huile de laurier, huile de noix de coco, huile de Palme, beurre de cacao) se différencient aussi très nettement quant à leur manière de se comporter vis-à-vis de la lipase pancréatique. L'huile de laurier, essen- tiellement constituée de trilaurine et de trioléine, est beau- coup plus facilement attaquée que le beurre de cacao, riche en glycérides d’acides gras saturés élevés. Les différences de labihité observées entre les diverses graisses végétales persistent lorsque l’action du suc s’exerce à des températures telles que : ou bien toutes soient liquides, ou toutes solides, ou les unes liquides et les autres solides. 7° De l’ensemble des faits observés, il paraît résulter que : a. La facilité d'attaque d’un corps gras par le suc pancréa- tique est sous la dépendance directe de sa constitution et non de son point de fusion ; b. Une matière grasse naturelle, constituée surtout par des glycérides d'acides gras saturés, est d'autant plus facilement saponifiée qu'elle est plus riche en trilaurine ou en glycérides très VOISINS ; c. Une matière grasse naturelle constituée surtout par des glycérides à poids moléculaires élevés, — en bref, tripalmitine, 368 ÉMILE-F. TERROINE tristéarine, trioléme, — est d'autant plus facilement saponi- fiée qu'elle est plus riche en trioléme. 80 Après l'ingestion de corps gras, la teneur du sang en acides gres chez le Chien s'élève progressivement jusqu’à la sixième heure qui suit le repas pour redescendre ensuite vers sa valeur initiale, qu'elle atteint après des témps différents suivant les quantités ingérées, mais qui dépassent rarement vingt-quatre heures (confirmé par BLooR). 90 Lors de l’ingestion par un même animal d’une même quantité de diverses graisses végétales, l'augmentation du taux des acides gras du sang, à la fin de la sixième heure qui suit le repas, est toujours beaucoup plus élevée dans le cas de l'huile de noix de coco que dans celui du beurre de cacao. 100 Lors de l’ingestion par un même animal d’une même quantité de diverses graisses animales, l’augmentation du taux des acides gras du sang à la fin de la sixième heure qui suit le repas est toujours beaucoup plus élevée pour la graisse d’Oie que pour la graisse de Mouton, plus élevée pour la graisse de Mouton que pour la graisse de Porc. 11° L'ordre suivant lequel se classent les graisses étudiées d’après l'augmentation des acides gras qu'elles provoquent dans le sang au cours de leur absorption est exactement le même que celui de leur résistance vis-à-vis de l’action saponi- fiante du suc pancréatique 1n vutro. L'ensemble de ces faits, rapproché des observations de Levires sur le dédoublement des corps gras dans l’intestin, nous parait indiquer que la saponification des graisses est une opération primitive nécessaire pour l'absorption de celles de ces substances qui ne sont pas immédiatement solubles dans la bile. II. -- La lipase du suc pancréatique. 120 Au cours de sécrétions prolongées, le suc pancréatique ne reste pas quantitativement constant ; l’alcalinité et le pou- voir saponifiant baissent notablement (confirmé par LALou). 130 La vitesse de saponification de la triacétine croît avec la concentration du ferment ; l’immobilisation progressive du ferment par l'acide acétique formé s'oppose à l’établisse- ne d'A PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOÏDIQUES 309 ment de toute relation numérique entre la vitesse d’hydrolyse et la concentration du ferment. 149 La vitesse de saponification de l’acétate de méthyle varie proportionnellement à la concentration de ce corps, fait qui rapproche l’action catalytique de la lipase de celle des acides et l’éloigne de celle de la plupart des diastases connues. Lors de l’action sur l’acétate de méthyle d’un mélange de suc et de sels biliaires, la réaction s’arrête pour une concentra- tion déterminée en acide acétique, quelle que soit la concen- tration du zymolyte. Cette dérogation apparente à la loi des masses est due à la précipitation du ferment par l'acide formé. 159 Chauffé pendant cinq minutes à 650, — parfois à 609, — le suc pancréatique perd tout pouvoir saponifiant ; ce pouvoir est très nettement affaibli par un chauffage de dix minutes à 459 (confirmé par Visco, MELLANBY et WooLeY). La présence de sels biliaires accentue la sensibilité au chauf- fage. La lipase agit encore, quoique faiblement, à 0°; elle n’agit plus à 549. Sa température optimale est voisine de 400, Les variations de température se traduisent pas des varia- tions de vitesse à peu près identiques, quel que soit l’état phy- sique du zymolyte : solution comme la triacétine ou le buty- rate d’éthyle, émulsion comme l'huile. 169 La lipase peut agir en milieu neutre, faiblement acide ou alcalin. Après neutralisation puis réalcalinisation du suc, là lipase continue à agir très énergiquement ; dans ces conditions, l'optimum d'activité s’observe pour une concentration en soude voisine de N/150. L'action favorable de l’alcalinité n’a pas pour cause une amélioration de la qualité des émulsions. 179 Au cours de la saponification d’un triglycéride, les pro- duits intermédiaires formés, — di et monoglycérides, — sont de plus en plus résistants à l’action du suc. L'adjonction, à un mélange d’huile et de suc, de savons et surtout d'acides gras, diminue notablement la vitesse de la réaction. ANN. DES SC. NAT. ZOOL., 10e série. IV, 84 370 ÉMILE-F. TERROINE L'edjonction de glycérime accélère notablement la vitesse . de la réection. Cette accélération est la conséquence d’un mélange plus intime du ferment et:de la substance à sapomifier grâce à la viscosité de la glycérine. 18° Le suc pancréatique est; naturellement actif sur les graisses. La dialyse contre l'eau distillée, les solutions de chlorure de sodium et de carbonate de soude lui font perdre très rapidement cette activité ; 1l y a vraisemblablement fixation de la lipese par la membrane dialysante. Les chlorure, bromure, iodure et fluorure de sodium accé- lèrent l’action de la lipase jusqu’à une concentration. déter- minée et l’inhibent ensuite pour des concentrations-plus-éle- vées. Chaque sel présente un optimum de concentration. La concentration optimum est d'autant plus faible qu'on passe du chlorure au: bromure, du bromure’à l’iodure, de l’iodure au fluorure (confirmé par PEKELHARING). Pour le chlorure de sodium, la concentration optimum varie, suivant les sucs, entre N/15 et N/3; elle est: done de l’ordre de celle qui peut être réalisée dans l’intestin par neu- tralisation.du chyme acide. Les chlorures de magnésium, de baryum et de caleium n’exercent qu'une action activante très médiocre ; ils mani- festent, par contre, des propriétés mhibitrices très nettes. L'action accélérante ne s'observe pas avec les substances solubles ; elle est affaiblie dans le cas des substances émulsion- nées lorsqu'on améliore le contact entre le ferment et la sub- stance à saponifier par:une agitation constante; elle estvisible dans la digestion des graisses solides. L'action inhibitrice est manifeste dans tous les cas. Ces observations tendent à montrer que les actions exercées par les sels ne peuvent être réduites à de simples interventions dans-la liaison de la sub- stance à dédoubler avec la solution diestasique. 199 Lorsqu'on fait apparaître la trypsine du suc paneréa- tique par adjonction de kinase-et: qu'on conserve seul le sue ainsi activé, on voit disparaître peu :à peu les trois ferments:: amylase, lipase, trypsme. La lipase est particulièrement sensible et disparait en quelques heures (confirmé par MELLANBY et WooLEY). Nr '2s PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOÏDIQUES 371 Si le suc actif exerce son action sur de l’ovalbumine coa- gulée, la disparition de la lipase est considérablement ralentie (confirmé par MELLANBY et WooLEY). 20° La bile doit l’action activante qu’elle exerce sur les propriétés saponifiantes du suc pancréatique à la présence des sels biliaires ; lécithine et cholestérine ne sont pour rien dans ce phénomène. L’activation de la lipase par les sels bilaires est beaucoup moins importante dans la saponification des graisses natu- relles que dans celle de certains éthers, — butyrate d’éthyle, — sur lesquels le suc n’exerce à lui seul qu’une action presque nulle, L'étude des variations d'intensité des propriétés saponi- fiantes du suc lors de l’adjonction de quantités croissantes de sels biliaires montre qu’il existe pour ces corps un seuil de concentration ét non un optimum. La lipase se détruit beaucoup plus rapidement en présence de sels biliaires que lorsqu'elle est conservée seule. 249 Les propriétés saponifiantes exercées par le sue sur un grand nombre de corps ne se laissent pas répartir dans trois eroupes d'actions distinctes, susceptibles d’être rationnelle- ment rapportées à trois ferments différents : lipase, éthérase, phénolase. : L'action de la température, celle des électrolytes, celle des sels biliaires tendent toutes à montrer que le suc panceréa- tique contient un seul agent catalytique de la fonction éther. 220 [L'étude comparée de la saponification des éthers éthy- liques d’acides gras saturés montre que : a. HCI agit de moins en moins énergiquement au fur et à mesure de l'élévation du poids moléculaire ; b. L’exträit hépatique agit à peu près également jusqu’au terme en C# et voit l'intensité de son action décroître rapide- ment ensuite ; ce. Le suc pancréatique agit de plus en plus facilement jus- qu'au terme en C4 ou CF, de moins en moins ensuite. 230 L'étude comparée de la saäponification des éthers éthy- lhiques d'acides gras saturés montre que : a. HCI agit à peu près également sur les deux premiers termes de la série et de moins en moins ensuite ; D 12 ÉMILE-F. TERROINE b. L'action du suc pancréatique croît jusqu’à l’éther gluta- rique et décroit rapidement ensuite. 240 L'étude comparée de la saponification des éthers d'acides normaux et d’isoacides correspondants montre que : a. HCI dédouble plus rapidement l’éther isobutyrique que l’éther butyrique, moins rapidement l’éther isosuceinique que l’éther succinique ; b. L’extrait hépatique ne différencie pas les deux catégories de corps ; c. Le suc pancréatique qui dédouble fort bien les éthers d'acides normaux attaque à peine les éthers d’isoacides. 250 L'étude comparée de la saponification des éthers, ou des glycérides, d’acides saturés et d'acides non saturés à même nombre d’atomes de carbone montre-que : a. L’éther crotonique, — dont l’acide contient une haison double, — est beaucoup moins attaqué par le suc pancréa- tique que le composé correspondant à acide saturé, l’éther butyrique ; b. La trioléine, — glycéride à acide non saturé, — est beau- coup mieux attaquée que le composé correspondant à acide saturé, la tristéarine. 26° L'étude comparée des éthers éthyliques d'acides hy- droxylés et celle des éthers d’acides saturés correspondants ne contenant pas de groupement OH montre que : a. HCI dédouble plus facilement les éthers d'acides hy- droxylés que les correspondants ne contenant pas de groupe- ment OH ; b. Le suc pancréatique et l'extrait hépatique attaquent beaucoup plus difficilement les éthers d’acides hydroxylés. 270 L’éther diacétique, dont le radical acide renferme une fonction cétone, est beaucoup moins attaqué par le suc pan- créatique que le composé correspondant, —éther butyrique, — ne contenant pas ce groupement. 280 Les éthers dont l’acide contient des éléments minéraux sont moins attaqués, aussi bien dans la catalyse par l’acide que dans celle par le suc pancréatique, que les composés cor- respondants n’en contenant pas. Dans une série telle que: PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOÏDIQUES ns. éthers acétique, monochloracétique, dichloracétique, trichlo- _racétique, la labilité vis-à-vis des deux catalyseurs décroît régulièrement. 290 Les éthers d'acides aromatiques sont très faiblement attaqués par le suc pancréatique, un peu plus énergiquement par l’extrait hépatique. 300 L'étude comparée de la saponification des éthers acé- tiques d’alcools gras saturés à poids moléculaire croissant montre que : a. HCI agit à peu près également sur les deux RERO termes de la série, de moins en moins ensuite ; b. L'action du suc pancréatique croît jusqu’au terme en C4 et décroît très rapidement ensuite. 319 L’étude comparée des acétates d’alcools normaux et d’isoalcools montre que ces derniers sont moins attaqués par le suc pancréatique ; l'extrait hépatique différencie peu ces deux catégories de corps. 329 L'étude comparée de la saponification de l’acétate de méthyle, du glycol diacétique, de la triacétine, montre que : a. HCI attaque beaucoup moins le glycol diacétique que l’acétate de méthyle, beaucoup moins la triacétime que le gly- col diacétique ; b. Le suc pancréatique au contraire hydrolyse beaucoup plus facilement la triacétine que le glycol diacétique et plus facilement ce dernier que l’acétate de méthyle. 339 Les acétates d’alcools aromatiques sont nettement attaqués et par le suc pancréatique et par l'extrait hépa- tique. 349 De l’ensemble des faits ci-dessus énoncés (conclusions 22 à 33), 1l résulte que la lipase du suc pancréatique peut être caractérisée par : a. Son aptitude à dédoubler plus facilement les glycérides que les éthers ; b. Son rte HResque absolue à dédoubler les éthers d’isoacides ; c. Le tait qu'en présence d’une série de corps à poids moléculaires croissants sa puissance s'accroît d’abord et dé- croit ensuite. 374 ÉMILE-F. TERROINE 359 Les variations de constitution des radicaux des hydro- lytes influent tout aussi bien, — quoique pas toujours dans le même sens, — sur l’hydrolÿse exercée par un agent cataly- tique banal tel que HCI que sur celle exercée par un catalyseur biologique tel que la lipase pancréatique. TROISIÈME PARTIE LE MOUVEMENT DES GRAISSES LES LIPOÏDES DU SANG 19 La teneur du sang en lipoïdes totaux, — totalité des acides gras et de la cholestérine, — est très différente chez les divers sujets normaux d’une même espèce (Chien); les valeurs observées varient du simple au double. cholestérine acides gras chez les divers sujets normaux d’une même espèce (Chien); les valeurs observées varient du simple au double. 30 Un même animal maintient remarquablement constant pendant un temps prolongé : a. La teneur de son sang en lipoïdes totaux : indice lipé- mique ; 20 Le rapport présente de grandes différences cholestérine ——— de ses lipoides sanguins : coefit- acides gras P 8 ni b. Le rapport cient lipémique. Il existe donc chez un animal normal une constante lipé- mique (confirmé par BLoor, retrouvé par Banc). Cette con- stante est définie par les deux valeurs : indice lipémique et coefficient lipémique. 40 La constante lipémique présente une fixité de même ordre que la constante glycémique ; une telle constante néces- site l’existence de mécanismes régulateurs. 5° Au cours de l’absorption des graisses, on observe une PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOÏDIQUES 913 augmentation plus ou moins importante du taux des acides gras du sang, augmentation qui atteint son maximum Six heures environ après le repas (confirmé par BLooR). 69 Au cours de l'absorption des graisses, on dbserve égale- ment un accroissement du taux de la cholestérine du sang, cholestérme ‘acides gras dès que l'augmentation des acides gras est un peu élevée. 7° Au cours de l’imanition prolongée jusqu’à la mort, on peut observer, quant à la teneur du sang en acides gras: soit de l’hyperlipémie, soit de l’hypolipémie, soit un maintien sensiblement constant du taux des acides gras (confirmé par BLooR, retrouvé par BANG). L’hyperlipémie n'est donc nullement la règle, comme semblent l’admettre la plupart des traités classiques. Il est vraisemblable qué ces différences de réaction sont conditionnées par l’état nutritif initial des sujets étudiés (hypothèse reprise par BLooR, puis BANG). 80 Au cours de l’inanition, les variations de la cholestérme suivent celles des acides gras, mais le rapport entre les quan- tités de ces deux corps ne reste nullement constant. 90 L’admimistration de phlorizme ne provoque aucun enrichissement des graisses du foie chez un animal ayant subi une nanition prolongée et dont la réserve grasse musculaire est disparue (confirmation de ROSENFELD). 109 L'administration de phlorizne provoque régulière- ment, —sauf une exception, — un accroissement sensible du taux des acides gras du sang ; les variations de la cholestérme ne suivent pas les variations des acides gras. 119 Del’ensemble des faits observés aucoursdel’absorption des graisses, de l’inanition, de l’intoxication phlorizimique, il ressort que : lorsque le sang est envahi par des quantités de graisses supplémentaires lui venant soit du dehors (absorp- tion), soit des dépôts (inanition, phlorizine), l'organisme cholestérme | acides gras par un apport de cholestérine. Le seul mécanisme régula- teur qui intervient a pour résultat de débarrasser le sang insuffisant pour maintenir constant le rapport ne s'efforce pas de maintenir constant le rapport 376 ÉMILE-F. TERROINE des quantités anormales de corps gras qui y circulent. 120 Au cours de saignées extrêmement abondantes et très fréquemment répétées, on observe que le sang total : a. Augmente notablement sa teneur en eau ; b. Maintient sensiblement constante sa concentration en acides gras totaux et en cholestérine ; c. Présente une augmentation notable de la proportion des acides gras, importante de la proportion de cholestérine par rapport à la totalité des éléments solides du sang. 139 A la suite de saignées abondantes et répétées, les glo- bules sanguins présentent une élévation notable du taux de leurs acides gras, très importante du taux de leur cholesté- rine. 140 Au cours de saignées abondantes et répétées, on observe que le sérum tend à maintenir constants sa teneur en lipoïdes cholestérine acides gras 159 A la suite de saignées abondantes et répétées, on n’ob- serve aucune modification significative du taux des acides gras et de la cholestérine du foie et de la rate. Par contre, les capsules surrénales, qui présentent une teneur normale en acides gras, contiennent une proportion de cholestérine quatre fois plus faible environ que chez l'animal normal. 160 De l’ensemble des faits observés au cours et à la suite de saignées abondantes et répétées paraît se dégager le fait que, lorsque le sang est privé de ses lipoïdes propres, il existe un mécanisme régulateur qui tend à les lui rendre très rapi- dement et à maintenir constants l'indice et le coefficient du sérum, totaux et le rapport INDEX BIBLIOGRAPHIQUE A 1. ABDERHALDEN (E.) et FiscHEer (E.). — Ueber das Verhalten verschie- dener Polypeptide gegen Pankreassaft und Magensaft (Zeztschr. für physiol. Chem., 1905, XLVI, 52-82). 2. — — Ueber das Verhalten einiger Polypeptide gegen Pan- kreassaft (Zeitschr. für physiol. Chem., 1907, LI, 264-268). 8. ABELMANN. — Ueber die Ausnutzung der Nährstoffe nach Pankreas extirpation (Thèse Dorpat, 1890). 4. 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SupgorouGn (J.) et Lioyn (L.) — Stereochemistry of unsaturated Carbon Compounds. — P. I. Etherification of substituted acrylic acids (Journ. of the chemic. Society Trans., 1898, LXXIIT, 81-96). Sunp (O.). — Underskelser over Brislingen i Norske Farvand (Aarberet vedk. Norg. Fisk., 1911) (cité d’après FAGE et LEGENDRE). T TamurA (M.). — Fettverlust beim Trocknen des Fleisches (B. Z., 1912, XLI, 78-104). TAnGz (FR.). — Allgemeine biochemische Grundlagen der Ernährung (Handbuch der Biochemie, C. Oppenheimer, 1909, IT, 1-55). 392 ÉMILE-F. TERROINE 805. TERROINE (E.-F.). — Action des électrolytes sur le dédoublement des graisses par le suc pancréatique (C. R. Acad. sc., 1909, CXLVIIT, 1215-1218). 306 — Sur la teneur en eau du sang (C. R. 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Hermann, Paris, 1913). 813. — Zur Kenntniss der Fettspaltung durch Pankreassaft (B. Z., 1910, XXIII, 404-428 et 429-462). 814. — Action de la température sur la lipase pancréatique (C. R. Soc. biol., 1910, LX VIII, 347-349). 315. — Influence de la réaction du milieu sur la lipase pancréatique (C. R. Soc. biol., 1910, LX VIII, 404-406). 8316. — Le suc pancréatique contient-il un ou plusieurs ferments sapo- nifiants? (Journ. physiol. et path. gén., 1911, XIII, 857-864). 317. — Action des sels biliaires sur la lipase pancréatique (C. R. Soc. biol., 1910, LXVIII, 439, 518, 666, 754). 818. — Sur la teneur en eau du sang (C. R. Soc. biol., 1914, LXXVI, 523-526). 319. — Disparition du pouvoir lipasique dans le suc pancréatique kinasé (C. R. Soc. biol., 1908, LXV, 329-331). 320. — Constance de la concentration des organismes totaux en acides gras et en cholestérine. Évaluation des réserves de graisses (C. R, Acad. sc., 1914, CLIX, 105-108). 821. — et Weizz (J.). — Sur le rôle du suc pancréatique dans la digestion et l'absorption des graisses (Journ. physiol. et path. gén., 1913, XN, 1148-1158). 322. — —— Sur quelques conditions physiologiques de la saccharifi- cation de Pamidon par le suc pancréatique (Journ. physiol. et path. gén., 1912, XIV, 437-452). 8283. — — Indices lipocytiques des tissus au cours d'états phy- siologiques variés (Journ. physiol. et path. gén., 1913, XV, 949-563). 324. THAYSEN (Tu.-E. Hess). — Beiträge zur physiologischen Chemie des Cholesterins und ter Cholesterinester. — II. Der Gehalt normaler Organe an Cholesterin und Cholesterinester (B. Z., 1914, LXII, 115-130). 325. TairoLoix (J.). — Le diabète pancréatique (Paris, Masson, 1892). 326. Tomas (K.). — Ueber die Zusammensetzung von Hund und Katze während der ersten Verdoppelungsperioden des Geburtsgewichtes (Arch. für Physiol., 1911, 9-88). “ INDEX BIBLIOGRAPHIQUE 393 827. TIGERSTEDT (R.). — Die Physiologie des Stoffwechsels in NaGEL, Hand- buch der Physiologie des Menschen, I, II, 1, 495-509). U 828. Umser (F.) et Brucscx (TH.). — Ueber die Fettverdauung in Ma- gendarmkanal mit besonderer Berucksichtigung der Fettspaltung (Arch. für exp. Path. u. Pharmak., 1906, LV, 164-178). €29. UNDERHILL (F.-P.). — The metabolism of dogs witch functionnally resected small intestine (Am. Journ. of physiol., 1911, XXVII, 366-382). V 830. Visco (S.). — Contributo alla biologia degli enzimi. L’azione del calore, sulla lipasi ed amilasi del succo pancreatico (C. R. Acad. d. Lincet, 1910, XIX, 597-603). 8331. — Contribution à la biologie des enzymes. L'action de la chaleur sur la lipase et sur l’amylase du suc pancréatique (Arch. ital. de biol., 1910, LIV, 243-249). 882. VIsENTINI (A.). — Sulla funzione del pancreas (Gaz. med. Ital., 1907, LVIII, 431-434). 833, — Sulla funzione del secreto pancreatico nella digestione e nel assorbimento intestinale dei grassi (Arch. di fisiologia, 1910, VIII, 144-156). É 834. Voir (C.). — Ueber die Zersetzungsvorgänge in Thierkôrper bei Futte- rung mit Fleisch und Fett (Zeitschr. für Biol., 1873, IX, 1-40). 835. — — Beiträge zur Biologie (Jubiläumsschrift für Th. Bis- choff, Stuttgart, 1882) (cité d’après Munx, Resorption, dans Erge- bnisse der Physiologie, 1902, I, 296-329). 836. — Gewichte der Organe eines wohlgenährten und (ines hungernden Hundes (Zeitschr. für Biol., 1894, XXX, 510-522). 837. VOoLHARD (F.). — Ueber Resorption und Fettspaltung im Magen (Münch. med. Woch., 1900, 141-146 et 194-196). 338. — — Ueber das fettspaltende Ferment des Magens (Zeit- schr. für klin. Mediz., 1901, XLIT, 414-429). 8339. — — Ueber das fettspaltende Ferment des Magens (Zeitschr. {. klin. Mediz., 1901, XLIII, 397-419). W 340. WALTHER (A.). — Excitabilité sécrétoire spécifique de la muqueuse du canal digestif. Sécrétion pancréatique (Arch. Sc. biol., 1889, VII, 1-87). : 841. WATANABE (R.) — Ein weiterer Beitrag zur Kumagawa-Sutoschen Fetthbestimmungs Methode (B. Z., 1912, XLI, 71-77). 842. WEINMANN (A.). — Ueber die Absonderung des Bauchspeichels (Zeztschr. für rationnelle Med., 1853, N. F. III , 247-260). 343. WEILL (J.). — Teneur en acides gras et en cholestérine de la peau et de ses annexes (Journ. physiol. et path. gén., 1914, XVI, 188-191). 844. WEINLAND (E.). — Ueber die Stoffumsetzungen während der Meta- 394 845. 346. 347. 348. 349. 350. 851. 352. 353. ÉMILE-F, TERROINE morphose der Fleischfliege (GCalliphora vomitoria) (Zeitschr. für Biol., 1906, LVII, 186-231). Wipaz (F.), WeiLz (A.) et LauDaT (M.). — La lipémie des brightiques ; rapports de la rétinite des brightiques avec l’azotémie et la choles- térinémie (Semaine méd., 1912, XXXII, 529-531). WIiEDEMANN (H.-K.). — Zur Lehre der Verdauungstürungen bei Stô- rungen in der Gallenabsonderung (Zeitschr. für phys. Chem.,1912 LXXXI, 420-424). WiNTERNITZ (H.). — Ueber lodfette und ihr Verhalten im Organismus nebst Untersuchungen über das Verhalten von Iodkalien in den Geweben des Kürpers (Zeitschr. für physiol. Chem., 1898, XXIV; 425-448). WinTeRNiTz (H.). — Findet im unmittelbarer Uebergang von Nahr- ungsfetten in die Milchstatt (Deut. mediz. Woch., 1897, n° 30). WoHLGEMUTEH (J.). — Ueber den Sitz der Fermente im Huhnerei (Zeitschr. für physiol. Chem., 1905, XLI, 540-545). — Untersuchung über den Pankreassaft des Menschen (B. Z., 1912, XXXIX, 302-323). à WroBLEwski (A. — Ueber den Buchner’schen Heepresssaft (Journ. pr. Chem., 1901, LXIV, 1-70). Z Zawizski. — Dauer und Umfang des Fettstromes durch den Brust, gang nach Fettgenuss (Arb. aus der physiol. Anstalt zu Leipzig- 1876, XI, 147-167). Zinsser. — Ueber den Umgang der Verdauung im Magen (Hofm. Beitr. 1905, VII, 31-50). ' TABLE DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE VOLUME CONTRIBUTION A LA CONNAISSANCE DE LA PHYSIOLOGIE DES SUBSTANCES GRASSES ET LIPOIDIQUES PREMIÈRE PARTIE La teneur en graisses et en cholestérine des organismes et des organes ; influence des états de nutrition.................. SECTION I. — LES ACIDES GRAS ET LA CHOLESTÉRINE DANS L’OR- GANISME TOTAL CHEZ LES SUJETS NORMAUX ET INANITIÉS...... CHAPITRE PREMIER. — Les acides gras et la cholestérine dans l'organisme total des Vertébrés chez les sujets normaux et inanitiés. S'A.-—"Homéothermes: 72718 26 et ei S"B=="Ponalo thermes RER Ce $ GC. — Distinction quantitative entre les acides gras de l’organisme : élément constant, élément variable ; fixité du taux de la cholestérine.... CHAPITRE II. — Les acides gras et la cholestérine dans l'organisme total AESTCERUEFTE TES 7 EE DNS SR TU à Lite ete = CHAPITRE III. — Signification physiologique de la distinction quantitative entre les acides gras et de la teneur en cholestérine.... $ A. — Les acides gras....... OT Rein lee GB bareholestéane. Re Ar ke MS SECTION IT. — La RÉPARTITION DES AGIDES GRAS ET DE LA CHO- Pages. 10 19 29 LESTÉRINE DANS) LES TISSUS ; INFLUENCE DE L'INANITION, ET DE L'ALIMENTATION chalet ele aioleretare el el se a etelests se elelerutsrs elvisraiu sieste - CHAPITRE PREMIER. — Les acides gras et la cholestérine dans les tissus AO CREUU EM OT TUE Me Se el GA ere ee nl SAR ARE, à EN ET te ts EU 7 ren SR UNION D. 2 ie» à Ce de ete Sn re SO PM OO: Se er RE Un Re n'a CHAPITRE IT. — Les acides gras et la cholestérine dans les tissus d'animaux D OTLEOES Lors ee APR RE EN RTE TO IR SE MU ET OST CE AN CE TR EE. SOA SEE A C1 DE TE CNE SSL nr SHC PAPIFOONR A 222 SANS CEA TUE EAU AREAS 396 ÉMILE-F. TERROINE Pages. CHAPITRE III. — Les acides gras et la cholestérine chez les animaux en diges- LLORNOU :SUFALIMENTES RE Ce est eine de TRES 76 $ A. — Indices lipocytiques des tissus d’animaux en digestion. SALE see eme SCENE 76 $ B. — Indices lipocytiques des tissus d’animaux SUTAMENLÉSL Les ee 2 eee ge CO 79 CHAPITRE IV. — Signification des variations de la teneur des tissus en acides gras et en cholestérine sous l'influence de l’ina- nition-ou de l'enpraissement. 5... Vis Crete 87 SIA. ET ONOIES PEINE EN: EN man ons ee AÉRS. 87 S D. — AUIObS PTS, a. dames ace OC 88 DEUXIÈME PARTIE De la pénétration des matières grasses dans l’organisme et des mécanismes qui y président...57..0202. 2 LRU NOR 95 SECTION I. — ORGANES ET SUCS CONCOURANT A LA DIGESTION DES CORPS: BRAS AE A ir NÉE ST COR IE EN EN CPE LTERES 98 CHAPITRE PREMIER. — Éstomac............ PRES Er 99 $ A. — Rôle de l’estomac dans la digestion des DTAISS ES ares AIRES IEtes LA ere 2e AE 2 CR NT ENRERS 99 $ B. — Présence d’une lipase dans le suc gastrique. 106 CHSPITRE NE Jan es M Pre RL TRE 118 $ A. — Rôle de l'intestin dans la digestion des BTAISSOS. ABS dr sue Due SM SL NE DRE 119 $ B. — De l'existence d’une lipase entérique....... 122 GHAPiTRE, HT: Foie el pancréas... 0 GRR EU RE 123 $ A. — Retentissement de la suppression de la bile sur la digestion des graisses et l’absorption..... 125 $ B. — Retentissement sur la digestion des graisses de la suppression du pancréas................ 128 $ GC. — Action du suc pancréatique sur les graisses. 145 ST ACUON Ge TAPER SL CE 148 SECTION II. — SUR LE RÔLE DU SUC PANCRÉATIQUE DANS LA DI- GESTION /ET-L'ARSORPTION:DES: GRAÏSSESS ...< . Cet 153 CHAPITRE PREMIER. — Pouvoir saponifiant du suc pancréatique vis-à-vis des -diverses jgraisses neue. . TR lotte 157 $ A. — Saponification des triglycérides.......... 158 $ B. — Saponification des corps gras naturel...... 161 CHAPITRE II. — Absorption de diverses graisses neutres.............. 167 SECTION III. — LA LIPASE PANCRÉATIQUE.............eseee 179 CHAPITRE PREMIER. — Les conditions d'action de la lipase............. 186 le TABLE DES MATIÈRES 397 Pages: $ A. — Influence de la concentration du ferment... 187 $ B. — Influence dela concentration de la sub- SHNPEMHeUURDlen nine de. UN SR at 189 $ G. — Action de la température................ 195 $ D. — Action de la réaction du milieu.......... 201 $ E. — Action des produits de réaction......... 207 $ F. — Action des électrolytes:.......,........ 225 $ G. — Action simultanée de la trypsine et des produits d’hydrolyse des protéiques........... 253 SR AG tian de la-bile. 53:21 2 AE 261 CHAPITRE II. — Nature unitaire ou plurale de la lipase pancréatique ; ses MCUROCIET ESTIQUES RE à 27 AS dents e Je dame de ee oeeie citgs 288 $ A. — Le suc pancréatique contient-il un ou plu- sieurs ferments saponifiants?................. 289 $ B. — Caractéristiques biochimiques de la lipase PANCTEAIQUEZ Re e-mail: 300 TROISIÈME PARTIE Le mouvement des substances grasses et lipoïdiques dans l’or- ganisme ; variations quantitatives des lipoïdes du sang..... 322 CHAPITRE PREMIER. — Les acides gras et la cholestérine du sang nor- mal ; de l'existence d’une constante lipémique........ 325 SAS est RbOIdES ÉDÉAUX 5 0. eme Store 2e 326 $ B. — Les acides gras et la cholestérine ; variations COMPATOES SEC ee ce cRéra dritiee se seine 330 $ G. — Existence d’une constante lipémique....... 333 CHAPITRE IT. — Les acides gras et la cholestérine du sang lors de l’intro- duction de quantités supplémentaires de graisses..... 337 SARA ADSOFPHONEdES PrASseS Re en cn. 337 SAAB Ian II ONE sm se lattes cue 342 SEC RP DIOPIAINE SE. OUEN de Min tie ae Sete 350 CHAPITRE III. — Les lipoïides sanguins lors de saignées abondantes et TÉDÉTERS = etre le à nie tete se fete at ee a me ele 304 Sr Le SANTA. EL En a rel 395 SD Les/plobulése. 25 Aer nas cé... 357 RC ==" Le Sésame 358 SR. Les” TISSUS Ra Res een at 359 ÉHNCDUSIONS GÉNÉRARES EL. LAS puectsne relie de nel ne de De ape s 367 INDE STE LIO GRAPHIQUE RENNES ARTE NN SR Re 377 = 4 < * { L Muse 4 : 3 ‘ 4314 ‘ ù a" - “5 Le 7 ü Le À: : Fe; s # } [l » n s ga.  = < + e i # LEE = 0 < k à .- LA Q . de: .. * e” + 2 = « “ k d _ : n » " ER " » Qre ” POUR ER rte pe MERE as MA _ nt mn dd pie me à me 4 ER Et ren De 44 Aihen ven es FA COR ALES \ ES 4 & { CHERS FAT is We # é RE PS SÉRIE JM RSRCIRE AS # Fe Pol 1 3 F8) IMPRIMERIE CRÉTÉ. MBL WHOI Libr Lo D'NVHSE 02534 SES