HMHISNE ste PNA S PTS lus 24 MEN THERE ste mue 4 DEAUE HS ; HILL RE E if: HET ATEN TN : i 3 TE HÈ . 4, HSAET hdd tet ae TÉOPNTOTTIET NES ARTS HAE HEREE ÉAUE res EHtA 14: initier gui ste __ 4 : ca ] t HALIET, SENS) o | (y, | | We ,. : | 7. p” à Q las : + ! . L nt | u | : ul DO à à ; E * | EL 1 | LE : 4 ER - LS no Û ANNALES SCIENCES NATURELLES. ON a +4 Ne ARE ni ï + TU ñ HU 4 ' Le ù \ Fr ET, pr" | + - Ro t LT | 4 É RRU À MER, re, 4 , PARIS. IMPRIMERIE. DE c THUAU, > SUCCESSEUR DE FEUGUERAY, Se NUE DU GLOÎTRE SAINT- re ROUTES DOTE a RICE EE Li à vis SPACE 57 8 7 d Ê LD ; : F . VA] * j à ’ ; + à À 4 Fl à ] 'e "a ET “ LE Le 1e À | 4 vi È 98 + ’ ’ ue ds l ‘ n - A { 4 - ® ? r = [1 LU . [ * 1 vs (l ? (| x | [ ( { ÿ Ja “ } CA | y ne , l 3 t pi: +; PS J { \ Li Î 1 + 3 { , { | U FA LA L 4 { à Nu Li L" ’ TA D AL VU ;: MM. AUDOUIN , ao. BRONGNIART Er DUMAS, COMPRENANT LA PHYSIOLOGIE ANIMALE ET VÉ@ÉTALE, L ANATOMIE COMPARÉE DES DEUX REGNES , LA ZOOLOGIE, LA BOTANIQUE , LA MINÉRALOGIE ET LA GÉOLOGIE. TOME DOUZIÈME, ACCOMPAGNÉ DE PLANCHES IN-/". CROCHARD, LIBRAIRE- ÉDITEUR , CLOITRE SAINT-BENOIT, No 16, ET AUE DE SORBONNE, N° 3. 102 LS 0 NOR RENOM TE. ANNALES DES SCIENCES NATURELLES. AAA AU EVA AAA AVAL Sur l’Existence d'un Cloaque observé chez un chien privé de queue ; Par J. G. Marin, Membre de la Société anatomique et de la Société linnéenne de Paris. M. Geoffroy Saint-Hilaire a décrit.et figuré dans les annales des sciences naturelles (1}, sous le nom d’aspa- lasome , un fœtus humain, chez lequel les voies juri- naires et génitales, aulieu de se confondre à leur extré- mité et de s’aboucher à un canal commun, s’ouvraient séparément à l’extérieur par deux orifices distinets. Une monstruosité que nous avons eu récemment occasion d'observer dans l’espèce du chien, nous à fourni un exemple de la disposition inverse , en nous montrant les appareils digestif, génital et urinaire confondus à leur terminaison , et aboutissant tous trois à l'extérieur par un orifice unique. Le sujet de notre observation est une - femelle adulte, appartenant à une variété du chien de berger, que M. le professeur Cruveilhier s'était procuré (1) Tom. 1v, p. 45. Atlas, pl. xxt. XIL. — Septembre 1827. I be. É@) pour quelques recherches anatomiques, et dont il a bien voulu me permettre de disposer. Cet animal était prin- cipalement remarquable à l'extérieur par l'absence com- plète du prolongement caudal ; et ce fut cette circons- tance qui m’engagea d’abord à porter mon attention sur les autres parties du corps, et qui me fit apercevoir l'existence d’une seule ouverture pour les voies intesti- nales et génito-urinaires. C’est après avoir reconnu cette disposition curieuse, ‘et après avoir vu qu'il y avait une sorte de cloaque, que j’entrepris l’examen des or- ganes intérieurs, afin de voir jusqu'à quel point ils participaient de l’anomalie des parties extérieures. Depuis l’œsophage jusqu’au gros intestin tout était dans l’état régulier : à partir du cœcum , le gros intestin était très-distendu ; un pouce et demi avant sa terminai- son, il se rétrécissait un peu, puis s’élargissait de nou- veau , et se terminait dans le cloaque. La matrice placée entre le rectum et la vessie était très-petite ; le vagin qui allait aboutir à la dilatation que présentait le rectum , était au contraire très-développé. Les trompes et les ovaires existaient dans leur posi- tion ordinaire , et n'’offraient rien de remarquable. La vessie assez volumineuse, située comme de coutume entre la matrice et la face interne du pubis, se conti- nuait avec un canal assez large, et long de deux pouces et demi , qui se terminait en avant et très-près de l’ori- fice vaginal. Ainsi, le rectum, le vagin et l’urètre se rapprochaient à leur extrémité, s’ouvraient dans une même cavité, et débouchaient à l'extérieur par une seule ouverture. Les reins, les uretères , le foie , la rate et le pancréas (7) avaient Jeur position et leurs formes ordinaires. Près du pubis, et immédiatement au - dessus du celoaque , se voyait un clitoris assez développé, et il existait de eha- que côté deux replis simulant les nyruphes. Les vertèbres cervicales et dorsales ne présentaient rien de remarquable. Les lombaires n’offraient que de légères anomalies : leurs apophyses transverses du côté gauche étaient plus longues que celles du côté droit ; elles étaient en ontre disposées de manière à ne point se correspondre ; elles se trouvaient toutes plus larges à leur base, plus courbées et plus longues à gauche aw’à droite; elles y étaient aussi plus horizontales. Le sacrum, très-petit, ne paraissail formé que de deux vertèbres. Il n’y avait point de vertèbres caudales; mais , ainsi que chez l’homme, après le sacrum , venait un coccyx mo- bile sur le sommet de cet os: ce coccyx était formé de trois petites pièces bien distinctes, deux situées sur les côtés de la ligne médiane, et dont la gauche était plus volumineuse que la droite ; la troisième pièce, plus petite que les deux précédentes, et soudée à KR plus grosse, occupait la ligne médiane. C’est dans l'échancrure formée par la réunion de ces deux dernières pièces que Von voyait passer un petit filet nerveux qui se distribuait aux parties molles. Le rachis ouvert avec soin, j'ai pu voir que Île canal vertébral était un peu évasé vers sa ter- minaison au sacrum ,,et qu'une grande quantité de tissu graisseux remplissait intérieurement l’évasement rachi- dien , en entourant de toute part la moelle épinière. Ce tissu graisseux se rencontrait aussi plus haut vers la ré- gion dorsale, mais en bien moins grande quantité ; il y était contenu dans une enveloppe fibreuse assez résis- (8) tante , et en tout analogue à la dure-mère : au-dessous de ce tissu graisseux. on voyait la moelle épiuière en- veloppée dans la dure-mère, l’arachnoïde et la pie- mère. La moelle épinière, saine d’ailleurs , était volumi- neuse ; son bulbe de terminaison , ou renflement infé- rieur , s’arrêtait au niveau du corps de la troisième ver- tèbre lombaire , après quoi se remarquait une véritable queue-de-cheval, semblable à-celle de l’homme: fait très -remarquable , et qui vient à l’appui des idées pro- fessées par le célèbre anatomiste M. Serres. Cette observation nous fournit deux considérations irès-importantes, celle de l'existence d’un cloaque ou vestibule commun (1), et celle de l’absence de la queue. Le fait d’un cloaque observé chez un chien, est digne de remarque, en ce que cette disposition , anor- male pour la plupart des mammifères , se rencontre toujours , et forme la disposition normale des quadru- (1) M. Everard Home dans son travail sur l’Ornithorhynque, et M. Geoffroy Saint-Hilaire dans une dissertation qu’il vient de publier sur le même animal (Wém. du Mus., t. xv), ont substitué le nom de vestibule commun à celui de cloaque , employé par la plupart des z00- tomistes,, et particulièrement par MM. Cuvier et Meckel, « On a donné chez les oiseaux le nom de cloaque, dit le célèbre naturaliste M. Gecf- froy Saint-Hilaire, aux divers compartimens qui servent d’embou chure à tous les canaux urinaires, intestinaux et sexuels, sur l’idée fausse que l’on s'était formée, que ce dernier canal était un lieu où les productions excrémentitielles s’accumulaient et étaient momentané- ment conservées : cependant ce n’est jamais un récipient, comme on Pavait cru. » M. Geoffroy ajoute qu'il n’y a point de partie chez les animaux qui soit tenue avec plus de propreté, et qui exige plus impé- rieusement de l'être ; que des nerfs presque à nu y abondent ; que la mem- brane dont elle est formée , n’est en activité, et véritablement en fone- (9) pèdes que M. Geoffroy a, pour cette raison mème , nommés monotrémes (2), et des oiseaux. En eflet , chez ceux-ci, le rectum paraît s’élargir considérablement et brusquement un peu avant sa terminaison. C’est dans cette partie de l’intestin ainsi dilaté que viennent s’abou- cher les uretères sur les parties latérales ét inférieures , et l’oviductus à quelques lignes plus haut que l’uretère gauche ; le cloaque est ainsi formé: ce n’est que par uné seule issue extérieure que peuvent sortir les pro- duits des voies intestinales , urinaires et génitales. Cette poche qui suit le rectum, et où s’abouchent les uretè- res , paraît formér chez les oiseaux l’analogue de la ves- sie ; mais il n’en est pas tout-à-fait ainsi : le rectum se termine, l’évasement rectal succède, et cét évasement est l’'analogue du vestibule rectal des mammifères. Ainsi trois conduits se réunissent chez les oiseaux femelles; cette réunion a lieu à l’intérieur pour constituer le cloa- que et se rendre à l'extérieur par un seul orifice : chez le chien qué nous venons de décrire, trois conduits dif- tion , que pendant l’accouplement, dont elle ressent vivement les spas- mes , mais que d’ailleurs elle n’est jamais affectée, que cela ne l'exige à se soustraire à tout autre service. Ces remarques me semblent parfai- tement applicables à la disposition que présentait la terminaison de u- rèthre , du vagin et du rectum, chez Le chien qui fait Le sujet de ce Mé- moire. En effet, ilest évident que chez celui-ci, les matières excrémen- titielles ne pouvaient séjourner dans l’évasement ou vestibule commun, sans géner ou obstruer les orifices étroits des voies urinaire, génitale et intestinale , rapprochées et comme ramassées en un seul point, au mo- ment où elles allaient déboucher au dehors. (x) Famille composée des Ornithorhynques et des Echidnés. Le mot Monotrémes se rapporte à l'existence chez ces animaux, comme chez notre chien, d’un seul orifice pour lés voies intestinales et genito-uri- naires. (ro) férens aussi ; le méat urinaire , le vagin et le rectum se réunissaient à l’intérieur pour se terminer en un seul canal externe. Au reste , il est à remarquer que plusieurs mammi- fères présentent, comme l'ont remarqué Dawbenton , M. de Blainville et plusieurs autres zootomistes , une dis- position analogue à celle que nous venons de décrire chez notre chien monstrueux. Tels sont le eastor et plu- sieurs autres rongeurs, chez lesquels l’anus et la vulve sont presque confondus ; tels sont aussi quelques mar- supiaux , et particulièrement les ‘phalangers, chez les- quels Daubenton dit positivement que la cloison qui sé- pare les orifices anal et vagmal , est échancrée de trois lignes dans l’intérieur de l'ouverture commune (Woyez Daubenton, tome x1r de } Æistoire naturelle de Buffon k page 09 ). M. de Blainville, dans sa savante dissertation sur les oruithorhynques et les échidnés , explique l'existence du cloaque chez ces animaux; et chez les monotrêmes eux- mêmes , en admettant qu’il n’y a de différence avec les mammifères normaux , qu'en ce que Îa cloison qui sé- pare le rectum du vagin , a été échancrée sur son bord postérieur plus profondément que de coutume. Ceue explication est jusqu'à un certain point applicable au fait qui est l’objet principal de cet article. Aïnsi les anomalies que nous venons de signaler , re- produisent les conditions normales de plusieurs espèces, de même que les anomalies observées par M. Geoffroy Saint-Hilaire, chez le monstre humain qu’il a nommé aspalasome , Je mettaient en rapport ‘avec quelques mammifères. On sait en effet que chez la taupe, les trois Qui) appareils urinaire , vaginal et rectal se rendent à l’ex- térieur par trois ouvertures bien séparées. Le second fait, celui de l'absence de la queue , s’ex- plique de la manière la plus heureuse , d’après le rap- port fort curieux qui a été constaté par M. Serres, entre l'ascension de la moelle épinière dans le canal ‘vertébral , et le prolongement caudal des animaux ver- tébrés. Primitivement l'embryon humain a une petite queue , et il en est de même des chauve-souris sans queue , de plusieurs singes , tels que les orangs, de quelques rongeurs et des batraciens que M. le profes- seur Duméril a nommés anoures. La moelle épinière descend alors jusqu’à l’extrémité du coccyx , comme chez les oiseaux , avec cette différence toutefois qu'elle n'y est pas fixée comme dans cette classe ; mais plus tard , à mesure que les membres antérieurs ct postérieurs, et les renflemens de la moelle épinière qui leur correspondent, viennent à se développer , la moelle s'élève dans le canal vertébral ; en mème temps la queue diminue peu à peu, et elle vient enfin à dis- paraître plus où moins complètement, quand la moelle épinière se fixe dans la position qu'elle doit définiti- vement occuper.Ces phénomènes, très-curieux , ont été observés assez anciennement chez le tétard des ba- traciens , par Spallanzani , Swammerdam et Roœsel ; et chez l'embryon humain , par plusieurs anatomistes. M. Serres les a suivis dans ces derniers temps chez les roussettes et chez plusieurs autres mammifères sans queue , et il a été conduit à élever au rang d’une pro- position générale , l'influence de la moelle épinière sur le développement ou latrophie de la queue. Suivant lui, (12) plus cette partie de l'axe cérébro -spinal, s'élève dans son canal, plus le prolongement caudal devient petit, et plus il tend à dévenir rudimentaire. On conçoit donc que d’après les idées de ce célèbre anatomiste, si Ta moelle vient par l'effet d’une circonstanee organique quelconque à remonter dans le canal rachidien , chez une espèce où elle est ordinairement descendue, et à descendre, chez une espèce où elle est ordinairement élevée, le prolongement caudal disparaît chez la pre- mière, et il persiste chez la seconde. Nous avons eu occasion d'observer ce dernier cas chez un fœtus hu- main né à terme , chez lequel la moelle occupait encore la position dans laquelle elle se trouve ordinairement à deux mois. Cet enfant (dont nous avons représenté la partie inférieure du corps, fig. 5) avait une queue longue d'environ un pouce et demi , assez grosse , contournée sur elle-même, et dont on ne saurait mieux donner l’idée qu’en la comparant à celle d'un jeune cochon. Le chien qui fait le sujet de notre observation , nous a pré- senté une anomalie précisément inverse; car le bulbe de terminaison de la moelle épinière s’arrêtait au niveau de la troisième vertèbre lombaire , et nous avons déjà dit qu’il n'existait point de queue, maïs seulement un coccyx formé de trois pièces tres-petites (1). Cet animal se trouvait donc ramené, par anomalie ; aux conditions organiques qui forment l’état normal des chauves-souris (x) M. L. Girou de Buzareingues vient de me communiquer un jeune chat qui présentait un cas à-peu-près semblable. Sa queue, beaucoup plus courte que d’ordinaire , n’avait guères qu’un pouce de long, et je me suis assuré que sa moelle épinière s’arrétait au niveau de la qua- trième vertébre lombaire, (13) sans queue ; des batraciens anoures , des orangs et de l’homme lui-même; et ce dernier rapport est d'autant plus remarquable qu’il semble former une exception au principe admis par de célèbres anatomistes , que les êtres monstrueux réalisent presque toujours par leurs anoma- lies, les conditions propres à des êtres d’un ordre ou d’une classe inférieure; principe qui est constamment vrai, lorsqu'il s’agit des monstruosités produites par arrèt de développement, mais qui ne peut être appli- qué au chien qui fait le sujet de notre observation , parce que l’anomalie de la moelle épinière d’où dé- pend l'absence du prolongement caudal , tient à ce qu'elle a subi une inétamorphose de plus qu’à l’ordi- naire. EXPLICATION DE LA PLANCHE XXXIII. Fig. 1. Préparation de la vessie, de la matrice et du rectum , vue du côté droit , et moitié de grandeur naturelle. —,7 est la vessie; ut, son canal excréteur passant immédiatement au-dessous du pubis pp. Au- dessous de la vessie se voit la matrice. À est l’ovaire; B, le tube de Fallope ; CC , les adutérum ou les cornes de la matrice ; D, l'utérus ou cavité de cet organe qui, chez la femme, se trouve au col et est le plus souvent rudimentaire ; Æ, le vagin ; bcest l’ostium, ou rétrécisse- ment qui existe entre le tube de Fallope et l’adutérum ; cd, celui de l’adutérum à utérus ; de, celui de l'utérus au vagin : il n’y avait point de ligament rond. ZZ, sont deux lambeaux de peau renversés pour mieux voir le point où les conduits de la vessie et de la matrice vont se rendre ; Am est le rectum dilaté et lié vis-à-vis les reins R, R. ue est l’uretère; S8 , l'oreille du sacrum. La fig. 2 , de grandeur naturelle , représente les deux vertèbres qui com- posaient le sacrum; ces deux vertèbres, $Y, S 7, étaient soudées ensemble, et ne formaient qu’une seule pièce. pl et pl’, deux pièces latérales et séparées du coccyx ; pm, une troisième pièce médiane sou- dée avec la pièce latérale gauche , p£. La fig. 3, de grandeur naturelle, revrésente les trois orifices du méat ) (14) urinaire , du vagin et du rectum , s'ouvrant dans le cloaque ou vesti- bule commun, mis à découvert par une incision pratiquée sur la pa- roi postérieure du rectum. C'est le clitoris ; mu, le méat urinaire ; ov, orifice du vagin : or, ’orifice du rectum. La fig. 4, de grandeur naturelle aussi, représente la moelle épinière de- puis la dernière vertèbre lombaire jusqu’au coccyx. ÉÆ, les enve- loppes de la moelle, divisées et renversées ; p est un petit filet ner- veux , qui passe dans une échancrure formée par les deux os soudés du coceyx, pl’ et pm. Enfin, plest une pièce latérale droite du coccyx. La fig. 5 représente l'extrémité inférieure d’un fœtus monstrueux , né à terme, vu par la face postérieure, et réduit à 5 de grandeur natu- relle. Cest la coupe du ventre au niveau de l’ombilic ; £Z , le moi- gnon de l'extrémité unique que présentait ce monstre; Q est une petite queue qui avait persisté chez cet enfant ; me est la moelle épi- nière qui descendait jusqu’à l'extrémité caudale ; DD , la dure mère incisée et renversée sur les côtés de la moelle. Le fœtus qui présentait cette singulière disposition, offrait aussi plu- sieurs autres faits importans que je ne décris point ici, M. Serres devant lui-même donner un article à ce sujet. Mémoire sur la Génération et le Développement del Embryon dans les végétaux phanérogames; Par M. Anozrae BronenrarT, D.-M. (Lu à l’Académie des Sciences le 26 décembre 1826 (1).) INTRODUCTION. L'histoire de la génération des plantes a exercé depuis long-temps les esprits les plus actifs et les plus ingé- (1) L'Académie des Sciences, dans sa séance du 11 juin 1827, a dé- cerné à ce Mémoire le prix de physiologie expérimentale, fondé par feu M. de Montyon. Nos limprimcrons textuellement , tel qu'il a été (15) mieux €t, malgré ces efforts puissans et répétés , cet important phénomène est resté peu connu, soit dans ses détaïls, soit dans son ensemble. Les études aux- quelles il faut se livrer pour approfondir un sujet aussi délicat, présentent d’un côté des difficultés analogues à celles qu’on trouve dans la génération des animaux, et de l’autre des difficultés d’un ordre différent, que je dois écarter avant de passer à une exposition plus circons- tanciée de mes recherches et de leurs résultats. Rien de plus clair dans la physiologie animale que l'existence de deux sexes distincts , et la nécessité de leur concours pour la production ou le développement de l'embryon ; toutes les théories si diverses, imaginées dans le but d'expliquer le résultat de l’union sexuelle, sont du moins d'accord sur ce point fondamental. Il s’en est pas de même en physiologie végétale ; l'existence de deux sexes distincts dans les plantes , la nécessité de leur concours pour la formation de l'embryon, avaient été présentées , il est vrai, par les anciens ; cette opinion, avancée avec force par Camerarius , devint Pobjet de nombreuses discussions parmi les physiologistes au commencement du siècle dernier ; les uns la reje- tèrent complètement , les autres expliquèrent la géné- ration des végétaux par des théories variées, auxquel- les l'hypothèse alors en vogue sur la génération des animaux, servait à la fois de type et d'appui. Enfin, l'autorité de Linné, le poids des argumens qu'il ap- porta en faveur de son système sexuel, rangèrent bien- présenté à l'Académie, etles additions que de nouvelles observations nous engageront à y joindre, seront iusérées dans des notes dont les renvois seront indiqués par des lettres capitales. (16) dt tous les botanistes à son avis. L'existence des sexes dans les végétaux fut alors généralement admise, et la discussion paraissait terminée ; cependant depuis cette époque mémorable , quelques physiologistes cher- chèrent de temps en temps à combattre la théorie lin- néenne par des expériences plus ou moins bien faites. Parmi ceux dont les attaques furent de quelque poids, on ne peut se dispenser de citer Spallanzani : ce célèbre physicien n’avança toutefois son opinion qu'avec doute; fidèle aux principes de la logique sévère qui caractérise les amis sincères de la vérité, il présuma seulement que dans quelques végétaux l'influence de la fécondation pouvait peut-être se perpétuer pendant plusieurs géné- rations successives. Cependant, Spallanzani avait vu que des plantes femelles soustraites à l'influence de la pous- sière fécondante, pouvaient produire des graines par- faites. Un observateur moins timide aurait pu tirer de ce fait capital des conséquences plus tranchantes ; et, comme on devait s’y atiendre, les expériences de Spallanzani trouvèrent des commentateurs moins sages. et moins dis- crets que lui. Des expériences nouveiles montrèrent bientôt que la circonspection de Spallanzani était bien fondée. En les répétant avec le plus grand soin, Volta (r) mit hors de doute que les graines fécondes observées dans les plantes soumises aux expériences de Spallanzani , provenaient , soit de l’action de quelques fleurs mâles mélangées aux fleurs femelles , soit de l'isolement imparfait de ces der- nières. En évitant toutes ces causes d’erreurs , les graines (1) Mém. de l'Acad. de Mantoue, tom. 1, p. 226. (17) provenant des fleurs femelles isolées , ne continrent plus d’embryon. La théorie linnéenne , basée sur une discussion sage et profonde d’une grande quantité de faits et de principes généraux, se trouvait appuyée de la sorte par des ex- périences positives et rigoureuses. Néanmoins , plu- siéurs physiologistes allemands (1) mettant de nouveau en question ce qui paraissait si bien prouvé, se sont éle- vés récemment avec force contre l’existence des sexes dans les végétaux ; comme îls n’ont opposé aux idées re- cues que des faits vagues et hypothétiques au lieu des recherches de précision que l'état des choses comman- dait impérieusement, leur opinion mériterait à peine d’être remarquée , si ellé n'avait été l’occasion d’un tra- vail spécial de Freviranus, qui s’est donné la peine de la combattre (2). En examinant avec lui la question sans prévention , il est difficile de ne pas admettre comme une chose certaine et bien prouvée , l’existence des sexes et la nécessité de la fécondation dans les végétaux pha- nérogames. A l’ensemble des preuves réunies par Treviranus , il faut ajouter encore les nouvelles expériences de Gært- ner (3) sur les fécondations artificielles hybrides. Ces recherches, qui confirment pleinement celles de Kœl- reuter , présenteraient des conséquences inintelligibles (1) Scnezver , Âritik der lehre von Geschlechte der P flanzen ; Hei- : delberg, 1812. — Hewscnec, Über die Sexualitate der Pflanzen ; Breslau, 1820. (2) J’ermischte schrifien, tom. 1v, p.95. — Die Lehre von Ges- chlechte der Pflanzen ; Bremen , 1822. (3) Naturwissenschafiliche abhandlungen; Tubingen, 1826;t. 1, p. 35; et Ann. des Sc. nat., tom.x,p. 115. XII. b (38) à tous ceux qui voudraient encore nier l'existence des sexes et leur action. Les faits que j'ai observés moi- même viennent tous à l'appui de la théorie linnéenne ; je l’admettrai donc comme une base établie , sur laquelle on peut sans crainte appuyer l'édifice à élever. Ceci posé, nous rentrons dans une situation sem: blable à celle où se trouvait la physiologie animale il y a quelques années. Les organes sexuels des plantes sont bien connus , ainsi que leurs principales fonctions ; mais dès que nous cherchons à pénétrer dans les détails, nous ne trouvons plus qu’une confusion inexwicable:ee sont des observations exactes, mais incomplètes; des. faits incompatibles et sans liaison entre eux; enfin des hy- pothèses gratuites ou des opinions vagues., qui révèlent mieux encore l'état de doute dans lequel se trouvent les bons esprits. Une situation aussi singulière ne se serait sans doute pas prolongée jusqu'à ce moment , si quelque cause puissante n’eüt contribué à lui assigner cette longue durée; cette cause est facile à découvrir. Il est certains sujets dont la difficulté éloigne et rebute les ob- servateurs , tandis que la grandeur de leurs conséquen- ces excite au plus haut degré l'imagination des hommes disposés à se contenter d’une hypothèse. De parcils pro- blèmes font naître une foule de théories qui attaquent le cœur de la question, en laissant tous les accessoires dans le vague. Eu voyant ces théories se perdre dans des profondeurs si obscures, en les voyant se succéder si rapidement et se renverser tour à tour, les observateurs s’habituent à considérer les’ phénomènes qui les font uaitre comme inaccessibles pour eux. Il est hors de doute cependant que dans toutes les questions de philosophie (19) naturelle , il se trouve beaucoup de faits qu'on peut at- teindre avec du soin et de fa persévérance; ces faits, bien observés, détruisent une grande quantité d’hypo- thèses , limitent le champ dans lequel jes autres peuvent s'étendre, et n’en laissent qu’un petit nombre entre les- quelles le choix reste libre. Tel est malheureusement le terme auquel la plupart des discussions physiologiques sont obligées de s’arrêter ; mais en y regardant de plus près, on voit qu’il en est de même de la plupart des problèmes importans que les sciences physiques nous offrent : ces problèmes , rare- ment résolus lorsqu'on les examine en particulier, de- viennent plus faciles à saisir quand on les rattache à des idées d'ensemble. Sous ce rapport , la physiologie végé- tale n’est pas plus difficile à étudier que la physique ou la chimie, mais elle est fort arriérée: ses principaux points réclament un examen spécial auquel je me 'pro- pose de consacrer quelque temps, persuadé que dans l’état actuel de la science, un travail de ce genre doit offrir des résultats utiles et d’une application immédiate à l’agriculture. Les principes que je viens d'exposer m'ont servi de guide dans les recherches sur la génération, que j'ai l'honneur de présenter aujourd’hui au jugement de P A- cadémie. Jai cherché d’abord à oublier toutes Tes hypothèses qui n'étaient connues; je me suis occupé ensuite du classement des faits et de leur étude successive : ce n’est qu'après avoir saisi l'ensemble, que j'ai rapproché les conclusions de détail pour en tirer uné théorré propré à les représenter d’une manière complète et fidèle.’ ( 20.) Mes observations ont été dirigées sur les points, sui- vans. 1°. La structure intime et le développement du pol- len; 2°, Les rapports du pollen et du stigmate ; 3°, Le mode de communication entre le stigmate €t l’ovule; 4°. La structure de l’ovule ; 59, L'introduction de la substance fécondante dans l'o- vule , et la formation de l’embryon ; 6°. Le développement de l'embryon, et ses rapports avec. les tissus qui l’environnent jusqu’à l’état parfaiL. Ces observations comprenaut des plantes phanéro- games très-variées , on peut considérer les faits que je vais rapporter comme étant susceptibles d'être générali- sés, du moins quant aux principes essentiels qui en dé- coulent. CHAPITRE Ie. Du Pollen. Le pollen renfermé dans les loges de l’anthère est, comme on sait, composé de vésicules de grosseur et de formes diverses , remplies de granules très-fins, qui en général s’échappent de l’intérieur de ces vésicules ou grains de pollen, lorsqu'ils sont humectés. Nous devons étudier cet organe sous trois points de vue principaux ; son mode de formation , son organisa- tion à l’état parfait, ainsi que la nature des granules qu'il renferme; enfin la manière dont il se comporte par rapport au stigmate dans l’acte de la fécondation. N Ie", Formation du Pollen. Ilest assez singulier que parmi les auteurs nombreux qui ont examiné avec soin le pollen , presque aucun ne se soit occupé de son mode de formation, et que le peu de notions qui existent sur ce sujet soient si vagues, qu’elles sont presque inconnues ; est-il le résuliat d’une sorte de sécrétion, de telle sorte que le nombre des globules augmente successivement? Ces globules na- gent-ils d’abord dans un liquide dont l'absorption sert à leur accroissement , ou enfin existent-ils sous une forme différente dès les premières époques où on peut étudier la structure de Panthère, et ne font-ils que s’accroïtre et changer de forme et de disposition, sans que leur nombre s'augmente à mesure que l’anthère se développe? Telles étaient les principales hypothèses à vérifier , ct entre lesquelles il fallait décider. De Gleichen , le premier,. avait fait quelques recher- ches pour s'assurer du mode de formation du pollen ; mais n'ayant pas examiné des apthères assez jeunes, il ue l’a pas vu dans la première période de sa formation , et il admet que le pollen se présente d’abord dans lin- térieur des loges de l’anthère, sous la forme d’une masse mucilagineuse dans laquelle les grains de pollen sont libres, transparens , et comme dépourvus de leur écorce. Ces grains, suivant lui, ne font que durcir et se solidifier à l’époque de la maturité : c'est ainsi qu’il figure ceux du cerisier (x). o (x) Gzeicnen, Gencrat. des Plantes, ton, 11, p. 29, fig. 23, (2) Hedwig, qui ne paraît pas avoir fait d'observations directes sur la formation du pollen, pense néanmoins que ces globules commencent d’abord par adhérer aux parois des loges de l’anthère , et ont ainsi une commu- nication directe avec le filament dont ils reçoivent leur nourriture (1). C’est à M. Brown (2) que nous devons les premières notions exactes sur ce sujet. En parlant d’une manière générale de la structure des anthères , il a indiqué le mode de formation du pollen, mais sans donner aucun déve- loppement à cette partie de son sujet ; il dit seulement : « Chaque follicule des anthères est originairement rem- pli d’une substance pulpeuse , sur la surface ou dans les cellules de laquelle le pollen se forme. » Du reste, il ne dit pas s’il a observé ce mode de formation sur un grand nombre de végétaux , ni quels sont les changemens suc- cessifs qui s’opèrent dans ces organes. L'observation de l’anthère dans sa première jeunesse pouvait seule nous éclairer à ce sujet; mais il faut re- marquer à cet égard qu’il est nécessaire d’examiner cet organe dans des boutons extrêmement peu avancés , sans quoi il a déjà acquis un tel développement , que son or- ganisation diffère à peine de celle qu’il offre lors de la floraison. En effet, l’anthère est de tous les organes de la fleur celui qui se développe le premier, et sa taille (1) Atque prestantissimi viri dudum jam armatura oculorum obser- varunt reticulatam fabricam cum antherarum tum pollinis inde emer- gentis : ut huic plane negari non possit et pulyeris corpuscula aliquando cohæsisse , seu continuatam communicationem habuisse cum suis locu- lis, igitur et cum filamento , aliunde enim illa reticula venire non pote- rant. (Fundan. Hist. muse, frond.,1, p.591) (2) Mém -sur le Rafflesia (Trans, linn. ). (25) est déjà considérable lorsque les pétales ou la corolle ne sont encore pour ainsi dire que des écailles ou une courte cupule , placés à la base des étamines , même dans les fleurs où cet organe doit prendre le plus grand déve- loppement , telles que celles des Datura , du Cobæa, etc. Il résulte de ce développement excessif de l’anthère, par rapport aux auires parties de la fleur, dans les pre- miers Lemps de l’apparition des boutons , que cet organe a déjà une dimension assez. considérable dans des bou- tons très-petits, et que pour observer une anthère qui. nait encore que le quart de sa grandeur à l’état parfait, il faut souvent prendre des boutons qui soient à peine le dixième de la fleur complètement développée. On sait déjà que dans la plupart, si ce n’est dans toutes les anthères qu’on nomme biloculaires , chaque loge ou plutôt chaque 1obe de l’anthère est formé de deux loges patfaitement distinctes, el tout-à-fait séparées, surtout quelque temps avant leur déhiscence ; ainsi lorsque nous parlerons d’une des loges de l’anthère , nous entendrons par ce mot Îles loges proprement dites qui, réunies au nombre de quatre , deux de chaque côté du connectif, composent la plupart des anthères (1). Le Potiron ( Cucurbita maxima Duchesn.; Pepo macrocarpus Rich.), dont les anthères ont un volume très-considérable, est une des plantes où le dévelop- (x) Gleichen avait déjà depuis long-temps indiqué cette struelure de l’anthère. M. de Mirbel pense qu’elle existe dans la plupart des plantes ( Traité élément. de Bot. et Physiol. végét., tom. 1, p. 249: Ann. du Mus., tom. 1x, p.452), et M. Brown a établi d’une manière très. précise qu’elle existe dans toutes les anthères régulièrement conformées. CL. c., p. E}) | ( 24 ) pement du polien est le plus facile à suivre, et peut nous servir de point de comparaison. On sait que chacune des cinq anthères que renferment les fleurs mâles de cette plante, est formée de deux fol- licules linéaires très-allongés , plusieurs fois repliés , et attachés dans toute leur longueur à la surface externe d’un connectif épais et charnu ; chacun de ces follicules est divisé en deux loges parfaitement closes, rapprochées l'une de l’autre, et séparées par une cloison peu épaisse. Si on examine ces anthères sur un bouton qui n’ait pas plus de six à huit millimètres de long , on voit que chaque loge renferme une longue masse celluleuse demi- transparente, qui n’adhère par aucun point aux parois de la loge (pl. 34 , fig. 1, 4, B). Cette masse, que j’appel- lerai la masse pollinique , est formée de cellules nom- breuses qui, comme toutes les cellules du tissu végétal , résultent du rapprochement et de l’adhérence d’utricules minces, transparens , arrondis qui, par leur pression mutuelle, prennent une forme polyédrique , ordinaire- ment hexagonale (fig. 1, C). Les cellules de la masse pollinique adhèrent assez fortement entre elles à cette époque, pour qu’on ne puisse pas les séparer sans les dé- chirer ; dans leur intérieur, on aperçoit un grand nombre de petits globules réunis en une masse sphérique, dense, et assez opaque. Îl ne m'a pas été possible de détermi- ner si cette masse de globules était enveloppée par une membrane propre, ou s’ils étaient réunis par leur sim- ple adhésion (fig. 1, C'). Dans un bouton un peu plus avancé, les utricules qui composent la masse pollinique queique encore légèrement adhérens entre eux , se séparent facilement; ils ont une (25) forme anguleuse qui approche le plus souveni d’un tétraë- dre , et sont marqués à leur surface de lignes saillantes , produites par les lignes de jonction des cellules voisines (fig.1, D, D”). Ces lignes peuvent d’aboad être prises pour des cloisons qui diviseraient chaque utricule pollinique, mais læ manière dont elles se continuent d’un utricule sur l’utricule voisin , parait bien prouver que ce sont des lignes saillantes produites par la cause que nous ve- nons d'indiquer. Le centre de chacun de ces utricules est rempli par une masse granuleuse , que ces lignes plus opaques font paraître divisée en trois masses distinctes. Si on examine des anthères à peine plus développés, on trouvera chacune des loges remplie de globules de pollen, libres et sphériques, un peu plus gros que les utricules que nous venons de décrire; ces globules de pollen sont hérissés de papilles très-courtes ; ils sont demi-transparens , grisàtres, et paraissent entièrement pleins de granules très-fins (fig. 1, Æ). Les globules de pollen, arrivés à cet état, continuent à grossir, mais sans changer de forme et sans présenter aucune modification remarquable. Les phénomènes que je viens de décrire dans le déve- loppement du pollen du potiron , se représentent avec de très-légères modifications , dépendant de la forme de J’anthère et de celle qu’acquièrent les graines de pollen parfait dans le Nuphar lutea, le Datura Metel, et te Datura arborea , dans la Capucine ( Tropeolum majus ), et probablement dans un grand nombre de végétaux; car les quatre genres que je viens de citer offrent des formes de pollen assez différentes : celui du Potirou et du Nu- phar étant sphérique et hérissé de papilles, tandis que (26) les deux autres sont lisses, sphériques dans les Datura , et presque prismatique dans la Capucine. Si nous examinons le développement du pollen dans le Cobæa scandens , nous remarquerdhs une modifica- tion assez importante. Si on dissèque une anthère du Cobæa scandens lors- qu’elle a tout au plus deux à trois millimètres de long, on voit que chaque loge à-peu-près cylindrique ren- ferme une masse pollinique de même forme, libre , mais qui au lieu d’être immédiatement en contact avec les pa- rois celluleuses de la loge de l’anthère, est renfermée dans un sac membraneux formé d’une membrane trans- parente très - mince qui enveloppe de toutes parts Ja masse pollinique sans lui adhérer , et qui est fixé au côté de la loge, qui répond au connectif, dans toute son étendue (pl. 34, fig. 2, 4, B). L'existence bien évidente de cette membrane propre à la masse pollinique dans cette plante , me fait présumer qu'elle existe dans beaucoup d’autres plantes, et peut- ètre dans toutes , mais qu’elle est souvent soudée avec les parois de la loge, dont elle forme ainsi l’épiderme interne. Cette opinion me paraît d'autant plus vraisem- blable, que dans plusieurs plantes , telles que les Da- tura, on peut détacher cet épiderme interne, qui est d’une couleur différente du tissu de l’anthère , et en pa- rait assez distinct. La masse pollinique du Cobæa est formée de cellules hexaédriques très-régulières, disposées en séries longi- tudinales peu nombreuses (fig. 2, C}). Dans le bouton très-jeunce , ces cellules adhèrent fortement entre elles ; elles ne renferment qu'un petit nombre de granules gri- (27) satres, et sont par conséquent presque transparentes. Ua peu plus tard, ces cellules ont augmenté; elles se détachent assez facilement les unes des autres : on voit que ce sont des utricules indépendans, dont la forme se rapproche d’un hexaèdre allongé ; les globules peu nombreux qu’elles renferment sont épars ou lächement réunis vers le centre (fig. 2, D, Æ). Lorsque l’anthère a atteint environ cinq millimètres, on voit s'opérer dans la structure de ces utricules des changemens remarquables. Les granules qu'ils contenaient , au lieu de former une seule masse au centre comme dans les pollens que nous avons déjà décrits, se réunissent en quatre masses parfaitement distinctes, sphériques , qui nagent libre- ment dans l’intérieur de l’utricule tansparent qui les reu- ferme (fig. 2, Æ). Chacun de ces globules de pollen est lisse, demi-transparent , rempli de granules nombreux : il continue à augmenter , la membrane qui le recouvre prend bientôt un aspect celluleux (fig. 2, G, 4); les utricules disitendus qui les renfermaient réunis quatre par quatre , se déchirent, et leurs débris unissent eucore quelques grains de pollen entre eux (fig. 2, Î). Eufin, dans l’anthère pa:faitement développé, les grains de pollen sont sphériques , leur diamètre est à peu près égal à quatre fois celui qu’ils avaient lorsqu'ils ont commencé à se former dans les cellules principales; leur surface est composée d’une membrane celluleuse dont les cellules sont hexaèdres et très-régulières , ce qui donne à leur surface externe un aspect mameloré (fast N°). (2). (1) Cet aspect les à fait désigner par M. Guillemin sous le nom de pollen memillaire (28) Dans cet état on voit encore entre eux quelques dé- bris des cellules qui les contenaient primitivement, et qui forment des membranes irrégulières entre ces grains de pollen. Quand on examine la formation de ce pollen au moment où les cellules , encore bien entières, s’isolent facilement , on voit que les grains de pollen sont constamment au nombre de quatre , maïs dont un ou deux avortent souvent , c’est-à-dire, restent trans- parens , et sans granules dans leur intérieur. La forme remarquable du pollen des OEnothera , et l'existence de filamens nombreux qui paraissent servir à les maintenir dans les loges de l’anthère, rendait in- téressant d'examiner le mode de formation du pollen dans ce genre. En disséquant les anthères de l'OEno- thera biennis , lorsqu'elles ont à peine 1 à 1 millimé- tres et demi de long , c’est-à-dire sur des boutons de 3 à 4 millimètres, on trouve dans l’intérieur de chaque loge une masse pollinique libre , extrémement petite, pres- que transparente , et dont le tissu cellulaire est à peine distinct ; un examen attentif montre cependant que cette masse est formée d’un petit nombre de cellules , assez grandes par rapport à la masse pollinique , et fortement unies entre elles (pl. 35, fig. 1, 4). Un peu plus tard ces cellules sont distendues , et leurs paroïis très-minces sont peu visibles; elles sont cepen- dant encore unies intimement entre elles, et dans leur | intérieur on trouve un certain nombre de vésicules trans- | parentes , dont il ne m’a pas été possible de déterminer le | nombre habituel , qui est cependant à-peu-près de einq à | huit (fig. 1, 2); ces vésicules, qui doivent former autant | de grains de pollen, ont une forme triangulaire à angles | Q ( 29 ) arrondis : elles m'ont paru comprimées. La membrane qui les composé est très-transparente , et laisse voir dans leur intérieur des granules grisâtres , souvent réunis en trois masses mal limitées (fig. 1, €). En examinant ce même poilen à une époque un peu plus avancée, on observe des changemens considéra- bles dont il est difiicile de se rendre un compte exact, Les grandes cellules qui renferment les grains de pollen, sont à peine distinctes ; on ne voit plus que des membra- nes irrégulières qui séparent les grains de pollen ; ceux- ci mêmes nagent dans une substance granuleuse ahon- dante qui les euvironne de toutes parts (fig. 1, D). Is ont alors une forme triangulaire très-prononcée, et leurs trois angles paraissent formés par trois cellules distinctes, groupées autour de la cellule centrale (fig. 1, Æ); mais d’après leur mode de formation, ces cellules me paraissent seulement résulter d’étranglemens formés autour des an- gles de la cellule primitive , ou plutôt ètre produites par trois saillies de la membrane externe du grain de pollen, tandis que la membrane interne forme la grande cellule hexagonale et centrale : toute la masse granuleuse est réu- nie dans le ceutre, et l'extrémité de chaque angle paraît un point d'absorption. On voit en effet des granules sembla- bles à ceux qui environnent les grains de pollen et à ceux qu'on voit dans leur intérieur adhérer à ces angles. Plus tard, ces trois protubérances semblent, d’une manière encore plus évidente , remplir les fonctions de pores ab- sorbans ; car leur sommet est déprimé et forme une sorte de cône creux , qui paraît communiquer avec l’intérieur du grain de pollen (fig, 1, Æ). Cette forme disparait plus tard , lorsque le grain de pollen a acquis son entier dé- (50 ) veloppement , et cependant c'est à celle époque que sa surface sé couvre d’un léger enduit huileux, dont on avait attribué la sécrétion aux papilles ou aux angles des grains de pollen (x). Les filamens visqueux et élastiques qui sont entre- mèêlés aux grains de pollen me paraissent provenir en partie des débris des cellules dans lesquelles ces grains de pollen se sont d’abord formés, et en partie de Ia substance mucilagineuse qui les entouraïent , qui, en se séchant et en unissant les débris de ces membranes, a pris une forme filamenteuse. Il résulte des observations précédentes que le pollen se forme dans l’intérieur des cellules d’une masse cel- luleuse unique et libre, qui remplit chaque loge de l’anthère sans adhérer à ses paroïs et sans être par con- séquent la continuation du parenchyme de cet organe, dont elle diflère d’ailleurs par la grandeur et la forme des cellules qui la composent ; que tantôt ces cellules, d’abord intimement unies, se séparent les unes des autres, et forment chacune un grain de pollen , et que tantôt elles contiennent un plus ou moins grand nombre de grains de pollen qui, à l’époque de leur parfait dé- veloppement, finissent par rompre et détruire presque complètement les membranes de ces cellules dont il reste cependant quelquefois des débris parmi les grains de pollen. Il reste encore un point important à éclaircir, sur lequel je n'ai pas de données suflisantes pour pouvoir avancer une opinion à cet égard , c’est dé savoir si les (x) C’est l'opinion émise à ce sujet par M. Brown , dans son Mémoire sur les Protéacées , et adoptée par M, Guillemin, (31) granules qui remplissent les grains de pollen se forment directement dans ces grains, ou si, sécrétés par une par- tie de la surface interne des loges de l’anthère , ils sont d’abord libres au tour des grains de pollen encore im- parfaits , transparens et à moitié vides , et si successive- ment ils sont absorbés par des pores existans à la sur- face de ces grains. Cette dernière opinion me paraît la plus vraisemblable, j'apporterai à l'appui le mode de formation du poileï de l'OEnothera, dans lequel les trois angles päraissaient jouer le rôle de pores absorbans , et l'existence presque constante de granules plus ou moins nombreux autour des grains de pollen, dont l’in- iérieur presque vide finit par se remplir successivement. On pourra déterminer presqu'avec certitude le mode de formation des granules intérieurs en observant leur grosseur à diverses époques , et en s’assurant s'ils chan - gent ou s'ils ne changent pas de diamètre depuis leur pre- mière apparition jusqu'à l’état parfait; mais il faut pour parvenir à des mesures précises sur des objets d’une telle ténuité. des instrumens plus parfaits que ceux dont j'ai pu disposer , et je crois même que cela serait difficile avec la plus part des microscopes qu’on a construit jusqu'à présent. | S IE. Structure des grains de pollen à la maturité. Si nous examinons mainterant la structure des grains de pollen arrivés à leur maturité , nous observerons une grande diversité de forme, qui a attiré l'attention de plu- sieurs observateurs , et sur lesquelles Gleichen, M, de (3) Mirbel, et plus récemment M. Guillemin ,'ont publié des recherches intéressantes. Maïs sous le point de vue de la structure intime de ces parties , nous trouvons très- peu de faits bien établis , les opinions des divers auteurs étant très-nombreuses et assez différentes à cet égard. Malpighi, auquel l'anatomie végétale doit des travaux si importans et si exacts, regardant comme la plupart des anciens botanistes le pollen comme une excrétion de substances inutiles , n’en a dit que quelques mots , ét seulement sur sa forme la plus habituelle. Needham , qui paraît le premier avoir observé la rup- ture du pollen par l’action de l’eau , admet que lors de la rupture de ces grains, les granules qui en sortent sont contents dans une membrané très-tenue , qui les empêche de se mêler au liquide environnant. On voit d'après cela qu’il regarde les grains de pollen comme formés par deux membranes , l’une externe plus forte, et l’autre interüe très-mince. Koelreuter (1), ainsi que Goœrtner (2) qui paraît avoir adopté. en tout l'opinion de cet auteur, regardent égale- meïtles grains de pollen comme composés de deux membranes ; l’externe, solide et poreuse, l’intérne, mince et envoyant des prolongemens celluleux dans l’in- térieur. Hedwig, au contraire, ne semble admettre qu'une seule membrane solide , qui se rompt pour laisser échap- per la substance fécondante. MM. Mirbel et Guillemin n’ont adopté d’une manière précise ni l’une ni l’autre de ces opinions. (1) KOŒLREUTER , Vorlæufige. nachricht., p. x et seq. (2) De Semin. Plant. , introd., p. 28. (33) Dans des objets d’une telle ténuité , la dissection nous est impossible: ce n’est done que par l'examen d’un grand nombre de variétés et par l’action de certains agens qui modifient leur aspect, que nous pouvons analyser leur structure. L'observation microscopique d’un grand nombre de pollen, montre que la membrane qui forme extérieu- rement ces granules , est assez épaisse et souvent très- évidemment celluleuse, c’est-à-dire formée par un seul raug de cellules hexagonales ou rhomboïdales : c’est ce qu’on voit très-clairement sur le pollen du Cobæa scan- dens (pl. 34, fig. 2, K), de l’Ipomæa purpurea ( pl. 35, fig. 2, K), de l’Zpomæa hederacea (pl. 35 , fig. >, 4), du Datura Metel, du Nyctago Jalapa ( pl. 37, fig.2, 4). Souvent cette membrane est couverte de papilles plus ou moins longues, qui dans les Zpomæa, paraissent . naître du milieu de chaque cellule. Mais à cet égard, presque tous les botanistes sont d'accord , et le point en discussion consiste à savoir s’il existe ou non une membrane interne qui enveloppe im- médiatement les granules , ou si ces granules seraient contenus dans un tissu cellulaire, comme M. Mirbel paraîtrait le présumer (1). La déhiscence du pollen sur l’eau a été en général employée pour arriver à cette détermination. Les auteurs qui ont admis une membrane interne dans les grains de pollen, ont expliqué par la présence de cette membrane la forme limitée que prend la masse de substance pollinique lorsqu'elle sort du grain de pollen ; (x) Elémens de Botanique et de Physiologie végétale , t. 1, p. 249. XII. 3 ( 54 ) d’auires ont attribué cette forme à une matière mucilagi- neuse qui unirait les granules entre eux. I était difficile de décider entre ces deux opinions, car la ténuité de cette membrane , qui existe comme nous le prouverons tout-à-l’heure, est telle, que l’observation faite ainsi que nous venons de l’indiquer, ne permet de rien aflir- mer. M. Amici le premier remarqua que dans quelques cas les grains de pollen , déposés sur le stigmate, donnaient naissance à un long appendice membraneux et tubu- leux; il à vu se mouvoir dans ce tube transparent Îles granules intérieurs du grain de pollen, dans le Portu- laca pilosa. Cette observation pouvait suflire pour établir l’exis- tence de la membrane interne ; car la nature de ce prolongement était trop diflérente de celle de la mem- brane celluleuse et épaisse qui forme extérieure- ment les grains de pollen, pour qu’on püt le regarder comme une extension de ce tissu. Cependant cette dé- couverte importante du professeur italien avait besoin d'èue vérifiée dans un plus grand nombre de plantes, et M. Guillemin , daus son Mémoire sur la structure du pollen, disait n’avoir pas pu revoir le même phéno- mène ; J'ai donc dû diriger toutes mes recherches vers ce point important, et sans entrer dans des détails que je rapporterai en parlant de l’action du pollen sur le stig- mate , je dois dire que dans tous les pollens que j'ai exa- minés avec soin, après qu'ils avaient séjourné pendant un temps plus ou moins considérable sur le stigmate , j'ai trouvé un appendice tubuleux d’une longueur va- riable , formé par une membrane extrêmement mince et | (te ) transparente qui sortait évidémment de lintérieur du grain de pollen par une ouverture accidentelle , ou par un trou particulier pratiqué dans la membrane externe. Cet appendice contenait un assez grand nombre de gra- nules polliniques , et était évidemment uue expansion de la membrane interne du grain de poilen. J'ai repré- senté cet appendice tel que je l'ai observé dans les Zpo- mœa purpurea (pl. 35, fig. 2, 4, 1), 1p. hederacea (pl. 35, fig. 2, ZL), Datura stramonium (pl. 36, fig. F,.G, 1), Antirrhinum majus (pl. 37, fig. 1, À), Hibiscus palustris (pl. 33, fig. 3, F), OEnothera biennis (pl. 35, fig. Æ), Nuphar lutea (pl. 39, fig. B). A l'égard de ces deux dernières plantes , je remarque- rai que dans l’OEnothera il sort presque toujours deux appendices tubuleux d’un même grain de poilen , et que ces appendices percent toujours la men:brane externe à l'extrémité de deux des angles que présentent les grains de pollen triangulaire de cette plante ; je ne serais même pas étonné qu'il en sortit quelquefois un par chaque angle, c’est-à-dire trois d’un même grain. Dans le Nu- phar, j'ai vu l’appendice tubuleux faire saillie hors de la membrane externe, non-seulement sur des grains de pollen adhérens au stigmate , mais même sur des grains de pollen mis dans l’eau , et qui n'avaient pas éclaté com- plètement (4). | (4) J'ai observé la même chose , d’une manière encore plus frap- pante , sur le pollen du Cucumis acutangulus ; cette plante , quoique de la famille des Cucurbitacées , a le pollen lisse et très-fin. Si on en met dans une goutte d’eau et qu’on l’examine quelques momens après avec le microscope , on voit que la membrane interne fait saillie par trois ou (36 ) Sans m'occuper pour le moment du rôle important que cet appendice joue dans la fécondation , je me con- tenterai de le regarder comme une preuve certaine que les grains de pollen sont formés de deux membranes, l’une externe celluleuse , et plus ou moins épaisse, lisse ou couverte de papilles ; l’autre interne, mince , mem- braneuse , transparente , n’adhérant probablement pas à l’externe , susceptible de se gonfler par lhumidité, de rompre la membrane externe qui, par sa propre élasti- cité, la fait saillir au dehors sous la forme d’un tube membranenx. Je remarquerai à cette occasion que plu- sieurs espèces de pollen , tel que ceux des /pomæa, de l’'Aibiscus palustris, des Datura, du Cucurbita leucan- tha , etc., après s’ètre gonflé assez fortement dans l’eau avant de se rompre , diminuent beaucoup de volume après que {la membrane interne et les granules qu’elle renferme ont.été projetés au dehors (x). Quant à la membrane interne , l'aspect du prolon- gement tubuleux qu’elle envoie au dehors, le passage des granules de l'intérieur du grain de pollen dans ce prolongement , et surtout leurs mouvemens dans cet ap- pendice observés par M. Amici , éloïgneni toute idée de quatre points de la surface des grains de pollen; ces points sont placés régulièrement, comme les quatre angles d’un tétraèdre inscrit à la sphère du grain de pollen. La membrane ne fait pas une égale saillie par ces quatre points, mais elle sort par un ou deux de ces pores, de ma- nière à former un long appendice tubuleux , renflé à son extrémité, tan- dis qu’elle ne forme souvent dans les autres points qu’un mamelon peu saïllant. (x) Dans les figures qui représentent le pollen de ces plantes, le pol- len entier humecté , et celui qui est représenté au moment de l'émission des granules polliniques , sont figurés dans leur grandeur relative, (37) cloison ou de prolongement fibreux dans son intérieur, ainsi que Koœlreuter l'avait pensé ; nous deyons la re- garder comme un utricule membraneux très - mince, contenant dans son intérieur les granules polliniques , et nous revenons ainsi à la première opinion exposée sur la structure des grains de pollen, à celle de Needham. J'ai déjà dit qu'il me paraissait difficile d’admettre l'opinion émise par M. Brown, sur Jes fonctions des papilles ou des angles des grains de pollen qu’il regarde comme des organes destinés à sécréter la substance hui- leuse qui recouvre certains pollens , et, il est vrai. plus particulièrement ; ceux qui offrent ces papilles. On doit d’abord observer qu’il existe sur les grains de pollen deux sortes de papilles très-différentes; 1° celles qui en petit nombre sur la surface d’un même grain de pollen , et le plus souvent au nombre de 3 à 4, sont des protubérances plus ou moins marquées , telles que les angles très-saillans du pollen des OEnothera , les mamelons operculés du Pepo macrocarpus , et les ma- melons transparents qui sortent toujours, au bout de quelque temps de séjour dans l’eau ou sur le stigmate, des pollen elliptiques marqués d’un sillon , tels que ceux des Datura, des Antirhinum, des Molucella, des Rham- nées , etje puis ajouter du plus grand nombre de plantes. 2° Celles qui hérissent comme des petits poils roides, courts et transparens, toute la surface du pollen du Pepo macrocarpus (1), des Malvacées , des Convol- vulacées , etc. Je remarquerai d'abord qu'il me paraît difficile de (1) Je cite toujours spécialement le pollen du Pepo macrocarpus , et non celui des Cucurbitacées , parce que cette famille fait exception à la (538) concevoir des organes sécrétoires à la surface d’un or- gane isolé qui, ne recevant pas de fluides directement de la plante mère, ne peut, à ce qu’il me semble, en séparer le résultat d’une sécrétion. Au contraire, un organe ainsi isolé, ne pouvant se nourrir , s'accroitre et recevoir les parties qu’il renferme que par l’absorbtion des substances qui l’environnent, cette fonction est né- cessairement liée avec son existence. Mais cette absorp- tion peut s’opérer , ou par üne transmission insensible à travers tout le tissu des membranes qui l’environnent, ou par le passage des substances à absorber à travers certains pores particuliers. C’est ce dernier cas qui me semble avoir lieu pour le pollen. Outre les deux mem- branes dont nous avons reconnu l'existence dans le grain du pollea , il entre dans sa composition une substance essentielle , qui est la substance fécondante ou les gra- nules polliniques , et une substance accessoire qui ne se trouve que dans un petit nombre de pollen; c’est la ma- tière huileuse destinée probablement à protéger ces pol- lens de l’action de certains agens extérieurs. De même il existe à la surface des grains de pollen deux sortes de papilles ou de pores, les uns, en petit nombre à la surface de chaque grain, me paraisseut exister dans tous les pollens , ou du moins un examen attentif les y fera probablement découvrir; les autres n'existent que dans quelques espèces de pollens , cou- vrent toute leur surface, et leur présence paraît presque règle assez générale de l’uniformité du pollen dans une même famille naturelle, En effet , le pollen des Momordica , des Cucumis , et même du Cucurbita leucantha, si rapproché des Pepo , est lisse, ovoide et silloné. (39) toujours coïncider avec l’existence de la substance hui- leuse qui enduit certains pollens. Je suis donc porté par là à regarder les mamelons très-developpés dans la jeunesse du pollen, et par les- quels s'opère ensuite l'émission des granules pollini- ques , tels que les angles du pollen des OFnothera , les mamelous operculés de celui du Potiron, les fentes du pollen des Passiflores , les petits mamelons transparens de tous les pollens elliptiques et sillonnés, comme des pores qui traversent la membrane externe, mettent la membrane interne à découvert , et par lesquels s’opère l'absorption des granules polliniques à l’époque du dé- veloppement du pollen. C’est également par ces points que doit le plus souvent s’opérer l’émission des granules polliniques , puisque la membrane externe interrompue dans ce point doit présenter moins de résistance à leur sortie. . Les papilles fines et nombreuses qui hérissent la surface des pollens visqueux , me paraissent remplir une fonction très-différente et beaucoup moins importante ; aussi n’existent-elles que sur le pollen d’un petit nom- bre de plantes. Si on examine avec soin ces papilles sur les pollens réticulés des Zpomæa et du Nyctago , où elles sont cependant très-courtes, on voit facilement que chaque papille occupe le centre d’une des cellules qui donnent à la membrane externe son aspect réticulé. Leur position régulière à la surface de La membrane externe des autres pollens , dont on ne peut pas égale- ment bien distinguer la texture celluleuse, ne laisse guère de doute que chaque papille ne corresponde égale- ment à une cellule. ( 40 ) La substance oléagineuse , visqueuse et colorée qu'on remarque dans ces pollens, ne paraît pas, quoiqu’on l'ait dit, résider à leur surface, elle semble plutôt con- tenue dans les cellules mêmes de la membrane externe, et il me paraît très-probable que les papilles qui cou- vrent cette membrane servent à absorber cette subs- tance , à la faire pénétrer dans les cellules , et lors de la fécondation , à en laisser écouler une petite quantité, qui donne à ces pollens leur viscosité. J’apporterai à l'appui de cette opinion la manière dont la substance oléagineuse s'échappe. en jet rayonnant de la surface du grain de pollen dans les ]pomæa , absolument comme si elle sortait avec force par une infinité de petits pores. $ HET. Des granules spermatiques. La partie la plus importante du pollen , celle qui est essentiellement destinée à féconder l’ovule , est sans con- tredit la substance contenue dans son intérieur, et qui s’échappe lorsqu'on l’humecte. Mais sous quelle forme cette substance se présente-elle à son état parfait, lors- qu'elle féconde le stigmate? Needham (1), qui le pre- mier a eu occasion d'examiner cette substance, dit qu'il sort de chaque grain de pollen , lorsqu'on les mouille, une traînée de globules ; et il pense bien que ces glo- bules existent dans le pollen parfait, puisque plus loin il dit que ces globules pénétrant jusqu’à l’ovule , vont y former l'embryon. Geoffroy paraissait avoir eu une opi- nion analogue, sans qu'il eût pu cependant parler des (1) Vous. Obs. microsc., 1950, p. 87. (41) granules spermatiques , puisqu'on ne les connaissait pas de son temps. Kœlreuter, au contraire (1), pense que ces granules n'existent que dans le pollen imparfait avant sa matu- rité , et que ce n’est que dans ce cas qu'il éclate par l'ac- tion de l'humidité ; qu'au contraire lorsqu'il est parfai- tement mur et propre à opérer la fécondation, ces granules se sont réduits en une substance liquide très- subtile , qui s’écoule par les pores des grains de pollen, sans les briser , et féconde aussi le stigmate. Gœrtner , qui, comme nous l'avons déjà dit , adopte complètement les opinions de Koælreuter, les expose d’une manière très-précise , et combat fortement l'opinion de Morland, de Hill, de Gleichen, qui ont comparé les granules que contient le pollen aux animalcules spermatiques (2). On est étonné de voir qu’un homme qui avait fait au- tant de recherches sur ce sujet que Kælreuter , ait con- sidéré comme un état imparfait du pollen , celui sous lequel il se présente toujours dans les anthères au mo- ment de leur déhiscence , car il est évident, lorsqu'il dit (1) orlauf. nachricht, 1764. (2) Cereacea denique substantia, inorganica ac rude granulata massa, sed pollinis nobilissima pars est, cum ex ea, per maturitatem lique- facta, verum sperma generetur; nunquam deficit in juniore polline, quod inde plerumque opacum fit; in adultiore autem sensim minuitur et colliquescit, quare et hoc semper fit magis transparens :.. Hicce ( eja- culatio pollinis) ut plurimum solet esse eventus experimenti, quando polline nundum penitus maturo in aqua instituitur.. Nam variarum plantarum pollen disploditur nunquam, et generatim omne pollen, quanto propius a maturitate sua abest , tanto quoque minus aut segnius in aqua crepat, (Gonrrw., De Fruct. et sem. Plant., 1788 , introd, , p: 29.) (°42 ) ‘que le pollen devient plus transparent à son état parfait, qu'il l'avait observé lorsqu’ayant déjà séjourné quelque temps sur le stigmate, il s'était en partie vidé de ses granules. Gleichen , qui a fait tant d'observations sur le pollen , regarde comme la plupart des auteurs , autres que Koœl- reuter et Gærtner , les granules qui sont contenus dans cet organe, comme la partie la plus essentielle du pol- len , et comme existant toujours lorsqu'il est parfait : Hedwig partage son opinion. Enfin , toutes les recher- ches récentes , faites avec soin , viennent confirmer cette opinion et combattre celle de Koælreuter , et ce que nous dirons sur mode d’action du pollen sur le stig- mate, la rendra évidente. Ces granules étant la partie active du pollen , les analogues sans aucun doute des animaleules spermati- ques des animaux , leur examen mérite toute l'attention des observateurs, mais malheureusement leur extrême ténuité exige des instrumens plus parfaits que ceux que j'avais à ma disposition, çar je doute qu’à moins d’ob- tenir avec netteté un grossissement de plus de 5 à 600 diamètres , on puisse parvenir à des résultats précis sur leur sujet. Les trois points qui me paraissent les plus impor- tans à éclaircir sont : 1° si ces granules spermatiques sont doués de mouvemens spontanés , «ou s’ils en sont privés ; 2° s’il varient de forme et de grosseur d’une espèce ou d'un genre à l’autre; 3° si c’est leur quan- tité ou leur grosseur qui change durant le développe- ment de l'anthère. Par conséquent, s'ils se dévelop- pent dans l’intérieur du grain de pollen, ou si, for- (8) imés hors de ce grain, ils viennent successivement s'y déposer. Je vais rapporter le peu de faits que j'ai sur ces trois questions , en engageant les observateurs qui auraient des instrument plus parfaits, et surtout un microscope d'Amici à leur disposition , à diriger leurs recherches sur ce sujet. L'existence ou l’absence du mouvement est sans au- eun doute la chose la plus importante à décider dans ce cas ; M. Amici, dans l'observation qu’il rapporte sur le pollen du Portulaca pilosa , dit avoir observé un mou- vement de cireulation des globules spermatiques dans l’intérieur du tube membraneux émis par le grain de pollen. Aucun auteur depuis n’a pu observer le mème phénomène ; malgré toute l'attention avec laquelle j'ai observé dans plusieurs plantes de semblables appen- dices membraneux des grains de poilen, je n’y ai ja- mais vu aucun mouvement; je n’en conclurai pas ce- pendant que ce mouvement n’existe pas, car les autres observations faites par le même savant, sur des phé- nomènes analogues , sont 1rop exactes pour qu’on puisse révoquer celle-ci en doute. Je pense plutôt que ce mou- vement dépend d’une réunion de circonstances qui n'exis- taient pas lorsque j'ai cherché à l’observer. Il est possible et même probable que ce mouvement n'ait lieu que dans les premiers momens où le tube mem- braneux s’est développé au dehors, et qu’au bout de quelques instans les globules s'étant accumulés à son extrémité libre, le mouvement cesse ; c’est dans cet état que se trouvaient , à ce que je présume , les plantes que J'ai observées. (44) Il me parait aussi très-probable que la température a une grande influence sur ces mouvemens, et qu'ils sont d'autant plus marqués qu’elle est plus élevée. Trévira- nus, qui a cherché à répéter les expériences de Corti, sur la circulation des globules dans les cellules des végétaux , ayant bien vu ce phénomène dans les Chara, mais n'ayant pu l’observer dans les plantes phanéro- games, sur lesquelles Corti dit l'avoir vu , a déjà pré- sumé que la différence de température des pays où ils observaient pouvait être la cause de cette différence. - N'ayant pas pu découvrir ce mouvement dans l'in- térieur des globules de pollen ou dans leur appen- dice , j'ai cherché à l’observer sur les granules répan- dus dans l’eau après la rupture des grains de pollen. J'avoue que dans plusieurs cas j'ai cru voir de lé- gers mouvemens dans les granules du pollen du Poti- ron , des mauves, etc. ; mais ces mouvemens étaient si lents, si peu suivis, qu'avec un grossissement de 2 à 300 diamètres , le seul que pouvait alors me donner avec netteté le microscope de Selligue , je n'ai jamais pu avoir la certitude qu’ils fussent spontanés. Le mou- vement de ces petits corps n'était pas une sorte de tour- noiement et de translation rapide comme celui des Mona- des et autres animalcules infusoires ; mais un simple rap- prochement ou un léger changement de position relative, fort lent, qui cessait bientôt pour reprendre quelques temps après. Une seule fois il m’a paru fort marqué , mais je n’oserais pas assurer que quelques animaux in- fusoires mêlés avec eux n'agitassent la goutte d’eau, ei ne donnassent lieu à ces mouvemens (P). (B) J'ai fait celte année de nouvelles observations sur ce sujet, au (45) Je le répète, la température me paraît devoir beau- coup influer sur ces phénomènes de mouvemens, et je n'ai donné une attention spéciale à ce sujet que vers le mois de septembre , époque où les nuits déjà plus lon- gues et plus froides ; les jours moins chauds, doivent diminuer beaucoup l'énergie de la vie des végétaux. moyen du microscope d’Amici , et ces observations me paraissent lever presque tous les doutes à l'égard du mouvement des granules spermati- ques. Au moyen d'un grossissement de 630 , et le plus souvent même de 1050 en diamètre, on peut très-bien apprécier la forme et la grosseur de ces granules , ainsi que nous le dirons plus loin : ce même grossisse- ment permét de reconnaître dans les granules spermatiques de plusieurs plantes des mouvemens très-appréciables , et qu’il paraît impossible d’attribuer à aucune cause extérieure, Je les ai particulièrement obser- vés dans les granules du pollen de Potiron (Pepo macrocarpus) et dans celui de plusieurs espèces de Malvacées ; dans d’autres plantes , au cou- traire , je n’ai pu apercevoir aucun mouvement. Dans le Potiron , le mouvement des granules consiste dans une oscil- lationjente , qui les fait changer de position respective ou qui les rap- proche et les éloigne comme par l'effet d’une sorte d’attraction et de répulsion. L’agitation du liquide dans lequel ces granules nagent, ne paraît pas pouvoir influer en rien sur ce mouvement, puisque d’autres granules, les uns plus fins , les autres plus gros, qui sont mêlés avec eux, restent immobiles , tandis que les granules spermatiques ; reconnaissa- bles à leur grosseur uniforme, exécutent les mouvemens lents que je viens de décrire. Les mouvemens de ces granules deviennent bien plus distincts, et ne peuvent plus laisser de doute , lorsqu'on les observe sur les Malvacées, telles queles Hibiseus palustris etsyriacus, le Sida hastata, etc.; dansces plantes, les granules spermatiques , beaucoup plus gros, sont oblongs, et ce qui prouve que les mouvemens très-distincts qu’ils effectuent ne sont pas dus au mouvement du liquide environnant, c’est qu’on les voit souvent changer de forme, se courber soit.en arc, soit même enS, comme les Vibrio. Ces mouvemens étaient quelquefois si marqués, qu’il m'était impossible de suivre avec la pointe du crayon les contours de ces granules , que je voulais dessiner à la Camera lucida, et que je fus obligé pour y parvenir d’attendre que eau füt presque complètement (46) Je dirai à Pappui de cette opinion , qu'ayant voulu répéter quelques-unes de ces observations à la fin d'oc- tobre , époque où M. Cauchoix m'avait remis quelques lentilles achromatiques plus fortes, non seulement je ue pus observer aucun indice de mouvement, maïs à peine si sur une cinquantaine de globules de pollen de Potiron , de mauve ou d’Ipomæa, un ou deux crevè- rent et lancèrent incomplètement leurs granulés sper- matiques (1). Ce fait me parait d'autant plus important à noter, qu'il peut avoir une grande importance pratique ; et qu'il montre aux cultivateurs que lorsqu'une plante ne donne pas de fruits fertiles dans nos serres, cela peut souvent dépendre plutôt du peu d’élévation de la tempé- rature, lors de la floraison , que de l'absence d’une cha- leur suffisante pour produire la maturation des graines, évaporée ; ou de saisir des momens où le mouvement cessait ; ce qui a souvent lieu pendant des intervalles assez longs. Dans une espèce de Rose (Rosa bracteata ), ces mouvemens étaient d’autaut plus distincts, que les granules, de forme elliptique et len- ticulaire, se présentaient successivement sous leurs diverses faces. J'ai aussi observé des mouvemens d’oscillation et de translation dans les granules du pollen du Wyctago jalapa, mais ils étaient très-lents, vagues; et moins distüicts que dans Les plantes précédentes : ces gra- uulès sont en outre beaucoup plus petits , ce qui les rend plus difhciles à observer. Je: ha apercu aucun mouvemens dans les granules de Vayas , qui sont asséz gros et ovales, ni dans ceux de l’Zpomæa purpurea et du Da- tura Metel , qui sont très-petits et sphériques. (x) Cependant j'ai employé dans ce cas et de Peau froide et de Peau tiède, afin de a’assurer si la température du moment seule était néces- saire jou si l'absence d'émission de granules spermatiques dépendait d’üne imperfection du pollen, déterminée par la température froïde de la saison, C 47 ) el qu'on pourrait peut-être , dans plusieurs cas , déter- miner la fécondation en soumettant les plantes à une température plus élevée ; perdant le temps où cet acte important s'opère, et pendant celui qui le précède , afin de donner au pollen toute la perfection dont il à besoin. Peut-être l'élévation de température qui a lieu au mo- ment de la fécondation, élévation qui est si marquée sur les Arum, et que M. Théodore de Saussure à ob- servée sur plusieurs autres plantes fort différentes , est- elle nécessaire à l’accomplissement de cette fonction , en augmentant pour ainsi dire la vitalité du pollen , et lui donnant les propriétés qui sont indispensables pour que la fécondation s'opère. La nécessité de cette élévation de la température, pour que le pollen acquière les qualités qui le rendent propre à opérer la fécondation , est d’autant plus pro- bable que les observations du savant que nous venons de citer ont prouvé que dans toutes les plantes, la fleur, et plus spécialement les étamines , absorbaïent une grande quantité d’oxigène au moment de la féconda- tion ; il est dificile de ne pas admettre que cette absorp- tion d’oxigène donne lieu à une élévation de tempéra- ture que Ja disposition des organes ne permet pas toujours d'apprécier , mème avec les thermomètres les plus sensibles, mais qui doit avoir une grande influence sur ces organes eux-mêmes (1). (1) On peut faire une autre question relative aux mouvemens des gra- nules spermatiques , et sé demander si ces granules, privés de mouve- mens appréciables lors de leur émission , ne peuvent pàs en acquérir au bout de quelque temps de séjour dans les fluides qui imprègnent le stig- mate. Gleichen avait déjà dit qu'ayant mis dans de l’eau distillée, et ( 48 ) D'après l’analogie qui existe entre ces granules et les animalcules spermatiques des animaux , nous devons présumer qu'ils varient suivant les espèces, les genres et les familles, ainsi que ceux des animaux , et que c'est à cette différence qu'est due principalement l’im- séparément , des grains de pollen de topinambour, de pois et de chan- vre, au bout de vingt-quatre heures la plupart des granules étaient vi- vaus, et tous au bout de quelques jours. « C’était, dit-il , une foule ou, » pour mieux dire, une véritable fourmilière d'animaux grands et pe- » tits, dont les plus grands cependant n’excédaient pas les dimensions » d’un point , qui se remuaient avec beaucoup de vivacité. » Il assure en outre que quand on mêle des animalcules provenant de la poussière de deux plantes différentes, du chanvre et du blé, par exemple, leurs mouvemens cessent immediatement. J'avais fait le printemps dernier quelques recherches sur le pollen des pius , qui m’avaient également conduit au premier résultat. On sait que le pollen des pins est formé de deux globules ovoïdes , réunis par une de leur face au moyen d’une membrane discoïde réticu- lée : ce pollen, mis dans l’eau , ne présente aucune émission sensible des granules spermatiques. Ainsi, ayant mis dans une petite quantité d’eau (la moitié d’un verre à liqueur ) une grande quantité de pollen du Pinus maritima, ces grains se gonflèrent, devinrent presque sphériques; la membrane qui les unit s’étendit et parut plus transparente vers le mi< lieu; mais on ne vit rien sortir des globules. Cependant en examinant une goutte de l’eau qui les contenait , au bout de vingt-quatre heures, je trouvai qu’elle renfermait une quantité considérable de granules pres- que tous sphériques , dont Le diamètre était d’environ 3 à du grand diamètre de chaque globule de pollen; ces granules étaient presque tous sans mouvement : quelques-uns cependant me parurent jouir de mouvemens très-lents, mais spontanés. Au bout de trente-six à quarante heures, tous ces granules étaient augmentés de près du double ; ils étaient égaux à environ + du grand diamètre des globules polliniques , et ieur diamètre, dans cet état, était égal à environ 5 ou + de millimètre: ils étaient parfaitement sphé- riques , et étaient doués de mouvemens spontanés très-distincts et assez rapides. Le troisième jour, ils étaient presque tous ovoides , avec un point (49) possibilité des hybrides entre des plantes de famille dif: férentes. La petitesse de ces granules né nous permet pas de juger de leur forme avecexactitude : nous ne pouvons même déterminer leur grosseur qu’aproxima: tivement, mais cela suffit du moins pour nous proüver voir au bout de la petite extrémité ; leurs mouvemens étaient toujours lents, et très-souvent de rotation sûr eux-mêmes; leurs contractions étaient très-visibles. Quelques jours après , leurs mouvemens avaient cessés. On pourra regarder ces animalcules comme des animaux infusoires analogues à ceux qui se forment lorsqu'on fait macérer dans l’eau des substances organisées , quelles qu’elles soient. ” Je ferai observerà cet égard qu’il est impossible de supposer à ces animalcules une autre origine que les granules.du pollen, 1, À cause du nombre immense de ces petits êtres qui s’est montré dans l’espace de vingt-quatre heures , ce qui suppose nécessairement qu'ils existaient déjà tout formés dans le grain de pollen, aucané infusion ne donnant en aussi peu de temps une a@ssi grande quantité d’animalcules. 2°. Parce que les tégumens des grains de pollen, imprégnés d’une substance résineuse , sont restés pendant très-long-temps après l’appa- rition et la destruction de ces animalcules sans! donner aucune trâce dé la décomposition à laquelle on aurait pu-attribuer la production: de ces animalculés: 30, Parce que ces granules animés étaienttous PE NE: sembla- bles , ou variaïent à peine parleur volunie; ce qu’on peut attribuer à un développement plus ou moins rapide ; puisqu'ils ont augmenté très-sen- siblement dans l’espace de vingt-quatre heures, tandis que dans pres- que toutes les infusions il se trouve des animalcules dé forme. et de grosseur très-différentes. 4e. Enfin-cesgranules spermatiques. jouissaient de mouvemens:très- différens de ceux des mouades, auxquelles ils ressemblaient par leurs formes ; leur mouvement étant: beaucoup plus lent et moins de trans: lation, Je ne puis donc conserver aucun doute que ees granules animés me fûsseut les granules spermatiques eux-mêmés qui,» par: un:/$éjour : de vingt-quatre à trente-six heures dans de l’eau très-pure , avaient ac- quis des mouvemens spontanés très-distincts. L'accord qui existe entre XL. 4 ( 90 ) que leur grosseur varie suivant les’ familles. En ne comprenant que les familles dans lesquelles le pollen ne s'éloigne pas trop de sa structure habituelle , c’est- à-dire dans lesquelles il est formé de grains libres con- tenus dans les loges complètement closes de l’anthère ; nous trouverons que les granules spermatiques des Pins sont au nombre des plus gros (1); ceux des plantes qui fleurissent sous l’eau , telles que le Nayas, le Cerato- phyllum , sont encore d’une grosseur assez considérable par rapport à celui des autres plantes ; viennent ensuite ceux du pollen du Potiron , des Malvacées , des Convol- vulacées ,des OEnothéra, qui se présentent sous l'aspect de poïnts infinimentipetits , maïs bien distincts et très- opaques ; enfin ceux des pollens elliptiques, qui en gé- néral m'ont paru plus petits et surtout plus transpa- rents , ce qui les rend'très-difficile à distinguer (C). cette observation et celles de Gleichen , faites sur des plantes très-dif- férentes , nous permet de présumerique la même chose. a lieu pour les granüles spermatiques de toutes lesiplantes: mais il reste à savoir sun phénomène du même genre se passe dans Les tissus qui servent de moyen’ de transmission à ces granüles du stigmate à l’ovule : nous ne pouvons que le présumer, d’après les faits:ique nous venons de rapporter, et d’a- près ce qu'Amici a observé lors de la fécondation du Portulaca. (x) Ceux du Pinus maritima m'ont;paru d’envrion 5; de millimètre. (€) J’aiipu faire kette-année quelques recherches plus précises sur.ce sujet, quoique la saison , déjà un peutavancée lorsque j’ai eu à ma,dis- position Lemicroscope d’Amici , ne m’ait pas permis de les multiplier ; j'ai pu néanmoins m’assurer, que la grosseur et la forme, des granules spermatiques variaient d’urie manière très-sensible dans les divers végé- taux que j’ai soumis à mes recherches : dans une partie de ces plantes je les aï trouvé sphériques , et en employant le grossissement le plus consi- dérable durmicroscope d’Amici , qui égale 1050 eu diamètre , j’ai trouvé les diamètres suivans aux images reportées sur le papier au moyen de la Camera lucida I m’a été facile d’en conclure le diamètre réel de ces (51) Quand au mode de formation de ces granules , j'ai très-peu à ajouter à ce que j’en ai dit en parlant du dé- veloppement du pollen ; leur nombre m’a toujours paru aller en augmentant dans chaque grain de pollen , de- puis le moment où j'ai pu apercevoir les cellules trans- parentes dans lesquelles ils se déposent, jusqu’à l’époque où , perdant leur transparente, on ne peut plus étudier leur intérieur; leur grosséur , au contraire y m'a paru petits corps avec unelgrande précision ; car j'avais déterminé le grossis- sement du microscope au moyen d’un excellent micromètre de Richer, divisé en 300*° de millimètre, dont j’avais reporté les divisions avec la Camera lucida, sur un papier placé exactement à la même distance, de sorte que les erreurs étant les mêmes sur le grossissement des objets et sur celuï des divisions du micromètre } n influent aucunement sur le dia- métre réel de ces objets. à LM Gramules spermatiques sphéri iques. A — | 1 DLAMÈTRE | PLEASE RÉEL | | né | apparent. en fractions de millimètre. | - © HE à MORE ME Pepo macrncarpus + » #4... 2,3 j 0,002! _. RGP Ml U)ns à a Pate MORE le Sd! 2,0 /o,0019 _ pô £t hederaceas + ........ .. 2,0 || o,0019 5 Nyctago Jalapa-..:........... 1,6 0,0015 55 Daturatletel:..... 0.1.1: 1,5 0,0014 766 Cedrus Libani-.:.-............ ER 0,0014 Dans d’autres plantes, les granules spermatiques prennent une forme elliptique ou oblongue, et ils acquièrent dans plusieurs de ces plantes une plus grande taille qui en rend l'observation beaucoup plus facile : tels sont Le Vayas major, les OEnothera, et toutes les Malyacées que j'ai observées ; dans cette deruière famille il y a ce fait remarquable à no- ter, qui a besoin cependant d’être vérifié dans un plus grand nombre d'espèces, c’est que la forme oblongue ou fusiforme est générale dans (52) à peu près la même durant toute cette période , ce qui me porte à penser que ces granules formés hors des vésicules , qui doivent devenir les-grains de pollen, toutes les plantes de la famille , mais que la grosseur et l’allongement plus ou moins considérable varie beaucoup d’une espèce à Pautre; c’est ce qu’indiquent Les dimensions des grands et des petits diamètres , me- surés comme les précédens , et avec le même grossissement. Granules spermatiques ellipsoïdes ou cylindroïdes. 2 GRAND DIAMÈTRE. PETIT DIAMÈTRE, pparent. réel. apparent, gr mm. mm, 3 (| 0,0028 mm. Hibiscus syriacus-..:-..| 0,0085 | 0,0047 | 55 0,0038 | ——-— palustris ce... 755 2,5 0,0023 | 5 Li Sida hastata--.....:... 2,5 0,0093 | 152 0,0011 | 573 LS —— indigar.-.. ces 0,0023 | 5 1,5 0,0014 | 55 5 — virgata: -se...e..e] 2,3 | 0,002 | 5 Li OEnothera longiflora-..| 7 0,0066 T59 2 0,0019 | 335 nas eee IAE 0,0057 | +5 | 2 0,0019 | +5 Nayas major! EE .….. LG 0,0047 TT. 2,5 , 0,0023 755 Cucumis acutangulus - -+| 2,5 0,0023 | 735 137 0,00 16 aT Cobæa scandens.:-....:| 2,5 | 0,003 | 1,35 |o,o014 3 Granules elliptiques et lenticulaires. 3 0,0038 | 573 é Graud diamètre longitudinal. Rosa bracteata. Grand diamètre transversal... L 2 0,0019 Petit diamètre ouépaisseur (?). 1 0,0010 L'examen de ces granules spermatiques , de leur forme et de leur grosseur, jettera probablement un grand jour sur l’histoire des hybri- des. Ainsi parmi les Cüecurbitacées on sait que lhybridité peut avoir lieu entre certaines espèces, et ne peut pas avoir lieu entre d’autres. Les recherches de M. Sageret ont montré qu’elle avait lieu entre les diverses espèces de Melo, et qu’elle w’avait pas lieu entre ces ( 58 ) sont absorbés par les pores de ces vesicules , et vien- nent se déposer successivement dans leur intérieur. (La suite au prochain numéro). Norice sur quelques Observations microscopiques sur le Sang et le Tissu des animaux ; Par le docteur Hopexi1x et J. J. Lysrer. Le précieux microscope achromatique composé, que possède M. J.-J. Lyster, étant, à ce que je pense , bien supérieur à tous les autres Instrumens de cette espèce fabriqués dans ce pays, je crois que quelques-uns des résultats obtenus par son application à la structure ani- male , pourront intéresser le lecteur. Ce microscope est le seul qui jusqu’à présent ait pu soutenir la comparai- son avec le célèbre instrument d’Amici. Après bien des éssais comparatifs faits sur les objets les plus délicats, - il a été impossible de décider lequel des deux l’empor- tait en supériorité de celui de 1.-J. Lyster , ou de celui que le célèbre physicien de Modène avait avec lui durant plantes et les Cucumis, les Cucurbita ou les Pepo (voy. les Ann. des Sc. nat., tom. vint, pag. 312); or la famille des Cucurbitacées est une de celles où le pollenet les granules spermatiques varient le plus. Les grains des pollen sont gros et hérissés dans les Pépo; ils sont lisses dans le Cucurbita leucantha , dans les Cucumiis etles Momordica; les granules spermatiques eux-mêmes sont assez gros dans le Pepo mu- crocarpus, ils sont au contraire très-petits et à peine distincts , avec le même grossissement , dans le Cucumis sativus. Il eût (té intéressant de comparer les granules spermatiques des diverses espèces de me- lons entre eux et avec ceux du concombre , mais les premiers n'étaient plus en fleurs lorsque j'ai pu faire ces observations. (54 ) son dernier séjour dans ce pays , quoique ce professeur ait bien voulu accorder toutes les facilités possibles pour établir la comparaison. | La plupart des observations dont je vais parler , furent faites dans le courant du printemps dernier , et mon ami, non-seulement me prêta son instrument , afin de m'assurer de l'exactitude de quelques observations mi- croscopiques que j'avais faites depuis peu, mais il prit aussi une part très-active dans ces recherches. Comme nous espérons sous peu publier une relation détaillée de nos recherches, je me bornérai ici à don- ner seulement une légère esquisse des faits principaux. Particules du sang. En examinant ces corpuscules , nous avons cherché vainement la forme globulaire que leur attribuent non-seulement les auteurs anciens , Leu- wenhœck, Fontana et Haller , mais aussi plus récem- ment sir Everard Home et Bauer. Nos observations diffèrent aussi de l’opinion émise il y a long-temps, par Hewson , que ces particules consistent en un globule central renfermé dans une vésicule composée de la partie colorée, opinion qui bien que réfutée par le docteur Young , a depuis été renouvellée et modifiée, à la vé- rité, par sir Everard Home et Bauer , dans ce pays, et par Prévost et Dumas sur le continent. Nous n'avons jamais pu apercevoir la séparation de la matière colorée que nos compatriotes ont dit avoir vu, peu d’instants après que les particules se sont échappées du corps, et nous ne pouvons, avec Prévost et Dumas , considérer ces particules comme renflées au centre (1). (1) I n’est peut-être pas inutile de rappeler ici que l'opinion de Les particules du sang doivent , sans aucun doute , être placées parmi les objets les plus difficiles à obser- ver au microscope ; en partie à cause des variations de forme auxquelles leur structure moile les rend sujettes , mais encore plus à cause de leur transparence ; et parce qu’elles sont composées d’une substance qui,-eomme le docteur Youug l’a observé , n’est probablement pas ho- mogène dans son pouvoir réfringent. Nous avons essayé d'éviter ces causes d’erreur, en variant le mode d'observation. Nous avons examiné les particules sèches et humides comme des objets opaques et transparens , sous chaque variété de puissance et de lumière , et nous ne parlons pas des observations qui n’ont pas été confirmées en les répétant plusieurs fois. Les particules de sang humain nous paraissent con- sister en des espèces de gâteaux circulaires, aplatis et transparens, qui, lorsqu'ils sont vus seuls, paraissent MM. Bauer et Home avait déjà été surabondamment réfutée par MM, Prévost et Dumas. D’après les observateurs anglais , les globules auraient été sphériqués dans l’intérieur du corps, et n'auraient pris la forme d’un disque qu'après leur sortie , cette nouvelle forme étant due à l’affaissement de la matière colorante. MM. Lrévost et Dumas ont vu la forme raplatie dans le corps même et pendant la vie, soit dans l’aile des chauve-souris , soit dans les pattes de grenouilles , le mésentère des poissons, etc., mais ces derniers observateurs avaient. cru que la partie centrale des globules était convexe : il est difficile de ne pas s’en former cette idée, surtout en examinant le sang de grenouille ou de sala- maudre. MM. Lister et Hodgkin avancent aujourd’hui que cette partie centrale est concave ; c’est ce que le microscope de M. Amici permet- tra d’éclaircir. Du reste, on trouve dans la deuxième édition de la Phy- siologie de M. Magendie, des observations sur la circulation du pou- mon dans les salamandres, qui montrent que la forme qu’on observe dans le sang hors du corps, pent subir de nombreuses modifications pendant la circulation. (R.) (56 ) ètre presque ou totalement sans couleur : leurs bords sont arrondis, ét étant la portion la plus épaisse , oc- casionent une dépression dans le milieu , qui existe sur les deux surfaces. Cette forme répond parfaitement aux observations du docteur Young, qui a remarqué que sur les disques des particules il existe une ombre annulaire, plus sombre du côté du centre correspon- dant au bord le plus brillant. Bien que le docteur Young pense que cela prouve que les disques sont con- caves, il ne considère pas ce fait comme parfaitement démontré; puisque cette apparence peut être produite par une différence dans la puissance réfractive des di- verses parties du corpuscule. Nous regardons cette objection comme complètement détruite : 1° Parce qu'ils réfléchissent l’image droite de tout corps opaque placé entre eux et la lumière , précisément comme le ferait une lentille conucave. 2° Par l'apparence que présentent les particules lors- qu’elles sont vues sèches comme des corps opaques ; lorsqu'elles sont éclairées par tout le réflecteur , tout le bord est éclairé, et en outre il existe dans la plupart des particules un large anneau très-brillant , tandis que le centre et l’espace entre les deux anneaux est complè- tement sombre. Le réflecteur étant couvert à moitié, les anneaux sont réduits à des demi-cercles , le côté exté- rieur étant opposé au côté lumineux , et l’intérieur au côté sombre du miroir. 3° Lorsque le sang liquide ayant été placé entre deux plaques de verre , les particules se trouvent être à angles oits à la surface du verre , de manière à être vues de droits ; (57) profil , les deux surfaces concaves sont visibles en mème temps ; ou alternativement , mais très -distinctement si les particules vacillent légèrement. La concavité des disques est pourtant très-légère ; et dans des circonstances particulières dans quelques-unes des particules , la surface paraît tout-à-fait plate. Malgré la grande uniformité qui existe dans la gros- seur des particules dusang, aussi long-temps qu'elles conservent, sans altération , la forme qu'elles avaient en sortant du corps , leur grandeur réelle a été établie d’une manière si variée, que nous avons jugé devoir les mesurer de nouveau. Nous avons adopté à cet effet une méthode un peu différente de celle employée jusqu’à pré- sent ; on adapte une Caméra lucida à l’oculaire du mi- croscope , de manière que la distance du papier étant assurée , on peut dessiner l’objet sur une échelle connue ; les traits de plusieurs des images étant faits ils furent comparés aux images des autres particules jusqu'à ce que leurexactitude fut établie. Le diamètre des particules obtenu de cette manière, peut être fixé assez exacte- ment à --— de pouce ou -— de millimètre. Nous donnons ici les mesures des premiers observa- teurs, afin de pouvoir les comparer : 3 Pouces anglais. Millimètres. DR ORNE A Re ROUES ét Le ie Jurin, deuxième mesure.... 7 ...... — DURE eo se efene ce Semi sed) Sn DMhllaston eee. id RSS RS RE ere Re nt. see Ga mens M eau e Bu etee mes lien Gas Prévost et Dumas..... .... SARA A MMM BREL (58 ) L'épaisseur des particules, qui n’est peut-être pas aussi uniforme que le diamètre des disques , est en pro- portion avec cete dernière dimension comme 1 à 45. La forme et la taille des particules du sang des autres animaux ont souvent élé comparées avec celles de l’homme. Hewson a fait plusieurs observations dans ce but; mais il y a quelques-unes de ces observations qui paraissent assez exactes , tandis que d’autres sont décidé- ment bien loin de la vérité. Celles qui ont été récemment faites par Prévost et Dumas , sont les plus étendues et les plus complètes qui existent encore. Ayant principale- ment dirigé nos observations sur le sang de l’homme, nous n’avous pas encore porté nos recherches sur celui des autres animaux, aussi loin que nous avons l'intention de le faire; nous avons pourtant examiné le sang dans toutes les classes d'animaux vertébrés, et sur plusieurs de leurs espèces. Nos observations s'accordent parfaitement avec celles de Prévost et Dumas, quand à ce que les particules ont une forme circulaire dans les mammi- fères, et une forme elliptique dans les trois autres classes. Il y a des variétés dans la taille et la proportion des particules dans les diverses espèces : ainsi par exemple dans le cochon et dans le lapin , les particules ont un moindre diamètre , mais une plus grande épais- seur que chez l’homme. Nous avons trouvé jusqu'ici, d’une manière invariable , les particules elliptiques plus larges que Îles particules circulaires , mais elles sont proportionnellement plus minces. Dans les oiseaux , les particules sont beaucoup plus nombreuses , mais plus petites que dans les reptiles ou dans les poisson: (1). (1) La plupart de ces faits résultent des observations de MM. Pré- (59) Des phénomènes nombreux et intéressaus se préseu- tent lorsque les particules perdent leur intégrité, et prennent de nouvelles formes. Des changemens de cette espèce sont occasionés soit par la décomposition sponta- née qu'éprouve le sang plus ou moins long-temps après la sortie du corps, soit par une force mécanique , soit enfin par l’addition de diverses substances qui paraissent exercer une action chimique sur la matière dont les par- ticules sont composées. Nous avons été portés à donner vost et Dumas. Quand à l’exactitude des dimensions qu’ils ont éta- blies, il est juste d'observer qu'ils ont surtout cherché à donner des di- meusions comparables, et qu'ils ont eu soin d’en prévenir. Du reste, les différences qu’on observe entre tous les nombres cités, sont dues à des erreurs sur le grossissement des instrumens. Le moyen de mesure employé par les auteurs n’est donc plus exact que celui dont MM. Pré- vost et Dumas ont fait usage, qu’autant que le grossissement de leur appareil est parfaitement déterminé et son pouvoir amplifiant considé- rable. Nous engageons ces messieurs à répéter leurs mesures, car des observations que nous venons de faire avec le microscope d’Amici, quoi- que approchées de leur résultat, en diffèrent sensiblement. Nous avons trouvé en effet, par une moyenne de dix observations, que les globules de sang humain avaient le diamètre suivant : Diam. apparent. Grossissement. Diam. réel en millim. >. 8mm,5 1050 == 5 .,0 630 de On'peut compter, terme moyen, sur :7; MM. Prévost et Dumas avaient admis : c’est donc une erreur de + sur le diamètre , et de tous Les résultats anciens, c’est le leur qui approche le plus de celui-ci. Remarquons du reste que leur microscope grossissait trois cents fois dans les circonstances où ils l’employoient à prendre des mesures, que le diamètre apparent des globules était de 2 millimètres ; ce qui suppose une erreur de 4 de millimètre dans leur estimation : erreur qui, dans des grossissemens de cette espèce, se confond tout-à-fait avec celles que peat causer la détermination, toujours un peu arbitraire , des limites de l'image. (R.) ( 60 ) d'autant plus d'attention à ces phénomènes , qu’ils sem- blaïient devoir jeter quelque jour sur là composition et sur la structure des particules. Nous désirions aussi ne pas nous hâter de nier l’existence de ces globules inté- rieurs décolorés , que sir Everard Home , Bauer, Prévost et Dumas ont vus , el que non-seulement eux, mais en- core d'autres savans physiologistes ont regardés comme constituant par leurs, combinaisons variées les différens tissus organiques. La séparation de ces globules est, disent-ils, facilitée par quelques-uns des moyens qui effectuent les changemens dont j'ai déjà parlé, mais, commeJe l’ai déjà dit, nous avons cherché en vain à dé- couvrir ces globules. Après que le sang tiré du corps vivant a été conservé assez long-temps pour que l’altération dans la forme des particules soit commencée, et cela arrive suivant les circonstances , en très-peu d'heures ou bien en un ou plusieurs jours , la première altération que nous avons remarquée est la dentelure ou la découpure du bord de quelques-unes des particules ; le nombre de celles qui sont ainsi modifiées continue à accroître; quelques-unes des particules perdent leur forme applatie , et paraissent prendre une forme plus compacte , mais leur bord exté- rieur paraît irrégulier et dentelé , et leur surface semble mamelonnée. Hewson et Falconar paraissent avoir re- marqué ce changement , et ils ont comparé les particules dans cet état à des petites framboises. Lorsqu'il s’est écoulé plus de temps , la plupart des particules perdent cette irrégularité de la surface, prennent une forme glo- bulaire plus on moins parfaite, et réfléchissent l’image d’un corps opaque qui leur est présenté comme le ferait nt CAO 4) une lentille convexe. Quelquesgunes des particules résis- tént à ces changemens beaucoup plüs obstinément que d’autres. Si l’on place une petite quantité de sang entre deux morceaux de verre que l’on presse ensuite l’un contre l’autre avec un peu de force , plusieurs des particules seront matériellement altérées quelque récent que soit le sang; le bord uni qui les entoure disparaît; et de mème que dans le premier cas, elles paraissent dente- lées ; quelques-unes semblent être considérablement étendues par la pression. Lorsque la surface des parti- cules a été rompue de cette manière , la portion rompue acquiert une propriété adhésive qui les rend capables de se coller à d’autres particules ou à la surface du verre; mais les particules dans leur état natu rel, quoique sou- vent attirées l’une vers l’autre ou appliquées à la sur- face du verre par leur force d'attraction , semblent être entièrement ou presqu'entièrement dénuée de propriétés adhésives. Il n’y a presqu’aucun fluide, excepté le sérum, qui, mêlé avec le sang, n’altère plus ou moins les formes de ses particules , ce qui est probablement le résultat de quelque changement chimique. Dans ces résultats gé- néraux , nos observations se trouvent d'accord avec celles de Hewson et Falconar , dont les expériences de cette espèce ont été très-nombreuses. Nous diflérons sur quelques expériences particulières ; mais je réserve les détails pour une autre occasion. Il n’y a aucun fluide qui, mêlé avec le sang, produise une altération aussi remarquable et soudaine dans les particules que celle que l'eau pure occasione. Avec une rapidité que malgré 4 (62) toutes les précautions l'œil essaye en vain de suivre, elles changent leur forme aplatie en une forme globu- laire qui, d’après la netteté et la clarté des images qu’elles réfléchissent comme une lentille convexe, doit ètre presque parfaite. Sir Everard Home observe que les particules dans leur état parfait et entier ne sont pas disposées à se réunir; nous ne-les avons, au contraire , trouvées capables de former des réunions régulières que dans ce seul cas. Afin d'observer cette tendance des particules , on doit placer une petite quantité de sang entre deux morceaux de verre. De cette manière l’attraction exercée par un des morceaux de verre contrarie celle de l’autre , et l’action mutuelle des particules les unes sur les autres n’est point empèchée comme cela arrive nécessairement lors- qu’on emploie seulement une plaque de verre. Lorsqu'on examine de cette manière le sang humain ou de quelqu’animal ayant des particules circulaires , on observe d’abord une agitation considérable parmi les particules ; mais lorsqu'elle cesse, elles s’attachent les unes aux autres par leur surface la plus large , et for- ment des piles ou rouleaux qui sont quelquefois d’une longueur considérable; ces rouleaux se combinent même quelquefois de nouveau , et le bout de l’un s’attachant aux côtés de l’autre, il se produit des ramifications très- curieuses. Lorsque le sang qui contient des particules ellipti- ques est examiné de la même manière, il présente un mode d’arrangement non moins remarquable , mais très- différent malgré que les particules soient attachées les unes aux autres par une partie du côté large; elles ne — ( 63 ) sont pas aussi complètement unies l’une à l’autre que cela arrive aux particules circulaires, et au lieu de s'attacher à angle droit à la plaque de verre avec le bord: tourné vers-la surface , on les voit presque géné- ralement parallèles à la surface , une particule en re- couvrant. en partie une autre , et leur diamètre en lar- geur presque,sur la même ligne: Les lignes ainsi formées sont soumises à une espèce de combinaison secondaire , dans laquelle plusieurs de ces particules prennent un centre commun d’où elles divergent en rayons. Il n’est pas rare de voir plusieurs de ces faisceaux à la fois dans le champ du microscope. Les particules à ce point pa- raissent confuses et mal formées. Cette tendance à se grouper ne doit peut-être pas être entièrement attri- buée à l'attraction ordinaire qui existe entre les parti- cules de la matière , mais dépend probablement plus ou moins de la vie , puisque nous avons non-seulement ob- servé que l'énergie d’agrégation est différente dans le sang d'animaux différens ; mais que dans le sang des mêmes individus elle devient d'autant plus faible qu'il y a plus de temps que le sang a été extrait du corps. Pourtant, nous sommes très-loin de croire que ce mode d’agréga- tion ou tout autre que l’on pourrait observer, doive être regardé comme du tout analogue au procédé qu’emploie la nature dans la formation des divers tissus. Il y a quelques années que j’établis brièvement cette opinion, que je formai alors à priori, maïs je puis main- tenant la soutenir par des faits. En continuant à donner d’une manière, peu appro- fondie le résultat de nos recherches microscopiques sur quelques-uns des tissus des animaux, je dois dire ( 64 ) que je suis tourmenté de l’idée que je diffère d'opinion avec mou excellent et savant ami le docteur Milne Ed- wards.. La connaissance de ses talens , de son adresse, de la patience et du soin avec lesquels il fit les recher- ches qu’il a rapportées ; me décida à examiner. une question que j'avais jusque là regardée comme négative ; et malgré que J.-J. Lyster et moi, en répétant ces ob- servations du docteur Edwards, nous soyions arrivés à des résultats entièrement différens , je suis bien con- vaincu. qu'ila décrit ce qu'il a vu, et qu'il m'a vu mal que par suite de l’imperfection de ses instru- mens. L'opinion de la structure globulaire des divers tissus n’est pourtant paséparticulière au docteur: Ed- wards , niaux micrographes dont j'ai déjà souvent parlé, Be docteur Edwards ; dans les Mémoires dont je fais mention , a employé beaucoup d’érudition pour mon- trer quevles mêmes choses ontiété vues , relativement ‘du moins à quelques tissus'par Hooke, Lewenhoeck, Swammerdam , Stuart;/Délla Torre , Prochaska ÿ Wen- zel , Dutrochet et Cloquet… * Muscles.' On peut aisément voir à l'œil nu ou avee lé secours d’une lentille comparativement faible , que le tissu musculaire est composé de faisceaux de fibres , liés ensemble par une membrane cellulaire fine et lâche, et l’on voit ensuite que ces fibres eux-mêmes consistent en de plus petites fibres. I} est difficile de pousser la di- vision mécanique beaucoup plus loin; car la substance musculaire est si molle , qu'elle se rompt ou s'écrase lorsqu'on veut la séparer davantage. Si l’on place une des plus délicates de ces dernières ( 65 ) fibres sur un morceau de verre dans le champ du micros- cope, on peut apercevoir des lignes parallèles à la direc- uon de la fibre, qui prouvent qu'il existe encore une divi- sion dans ces fibres. Malgré qu’on ne puisse découvrir aucune trace de structure globulaire, des lignes ou stries parallèles innombrables très-petites, mais distinctes et fines , peuvent être apercues d’une manière claire, mar- quant transversalement ces petites fibres. Dans quelques exemples , elles paraissent être continuées presque ou entièrement en angle droit, traversant complètement la fibre principale; mais souvent les stries d’une des fibres sont opposées aux espaces de l’autre , ce qui donne l’ap- parence d’une espèce de réseau. Les stries ne sont pas également éloignées dans tous les échantillons, ce qui peut être dû à l’allongement ou à la contraction des, fibres. Nous avons découvert cette apparence particulière dans les muscles de tous les animaux que nous avons examinés jusqu'ici , et comme nous ne l'avons remarqué dans aucun autretissu ; nous lavons regardé comme un trait distinctif des muscles (1). Nerfs. Ils paraissent être essentiellementcomposés de fibres , mais leur structure est plus lâche que celle:des muscles. Malgré que les fibres des nerfs ne forment pas des plexus aussi compliqués que ceux des autres tissus’; leur direction n’est pourtant pas absolument droite. Nous avons recherché les globules, et nous n’en avons pas trouvé, non plus qu'aucune trace dela matière mé- {1) Cette forme est déjà décrite et figurée dans le Mémoire de MM. Prévost et Dumas sur la contraction musculaire , publié daus Le Journal de Physiologie de M. Magendie. (R.) XII, 5 ’ ( 66 ) dullure, que l’on a quelquefois supposée ètre renfer- mée dans les nerfs. Artères ‘La tunique moyenne de ces vaisseaux étant en- core regardée par quelques personnes comme musculaire, nous désirions savoir si sa structure était plus favorable à cette opinion, que ne l’est sa composition chimique. Ses subdivisions peuvent être portées aussi loïn que celles d'aucun tissu ; elle fournit des fibres longues , minces et très-délicates , qui n’offrent pas plus de ces stries trans- versales que nous avons regardé comme le caractère par- uiculier des muscles, que de globules élémentaires. La tunique intérieure, lorsqu'elle est complètement détachée des autres, êt qu’elle présente l'apparence d’une membrane mince et presque transpar ente paraît, à l’aide dü microscope, composée de fibres , qui sont extrème- ment délicates et molles, mais très- lortueuses et ras- semblées en forme d’un faisceau serré. : ) 4 2 Membrane cellulaire. Gettemembrane paraît être aussi presque, si ce n’est entièrementÿ composée de fibres. Nos observations sur ce tissu ne sont pas encore complètes. Cerveau. S'il est quelque substance animale orga- nisée qui paraisse surlout composée de particules glo- bulaires ; c’est assurément celle du cerveau , cependant nous n’en avons observé que peu; mais nous avons re- marqué. que lorsqu'une portion de cette substance quoi- que: fraîche , est suffisamment amincie pour pouvoir être observée au microscope , on remarque, au lieu de glo- bules , une multitude de très-petites particules très-ir- régulières tant en forme qu'en grandeur, et dépen- (67 ) dant wès-probablement plutôt de la désintégration que de l’organisation de la substance. La structure de quelques autres portions parenchima- teuses parait également indéterminée , car elle ue pré- sente ni globules , ni fibres. Pus. Autant que nous avons pu encore examiner cette sécrétion , ses particules nous ont paru être d’une forme et d’une taille aussi irrégulière que celles obser- vées dans le cerveau , et n'avoir aucune ressemblance avec celles du sang (1). Lait. Dans ce fluide, les particules paraissent être parfaitement globulaires; mais loin d’être uniformes, elles présentent les variétés Îles plus remarquables eu égard à la taille. Il y en a qui sont du double de la gran- deur des particules du sang, tandis que d’autres n’en «sont pas la dixième partie. Elles ne ressemblent pas à celles du sang (2). : J'évite quant à présent de faire aucune des remarques que les observations précédentes pourraient suggérer. Note des Rédacteurs. — Nous avons publié ce Précis, dans l’espoir que la connaissance des faits qu’il renferme déterminera les personnes qui ont à leur disposition des microscopes de M. Amici, à donner quelqnes‘instans à des recherches analogues, Tout ce qui concerne la struc- ture élémentaire des tissus organiques offre encore tant de diflicultés, qu'on ne saurait trop réunir dé faits et opinions pour arriver à la vérité , où du moins pour en approcher. C’est déjà beaucoup que d’avoir amené (1) Lorsque le pus est pur, il offre des particules d’une régularité parfaite. (R.) (2) N'y a-t-il pas ici confusion entre la matière grasse et les globules caséeux ; qui sont en effet très-petits et fort réguliers ? (R.) i (68) les savans à reconnaitye l'utilité de ce genre de recher- ches qu’on avait abandonné depuis long-temps : une fois la discussion entamée , elle se jugera d’ elle-même par le conflit des opinions. Ossenvarions sur la famille des Tamariscinées , et sur la Manne du Tamarisque du mont Sinaï; Par le docteur EnrEnNrErG. (Extrair.) Le travail trèstétendu que ce savant voyageur vient de publier dans le Linnœa (tom. xt, p. 247) confirme en grande partie les observations que M. Desvaux à fait connaître dans ce journal (tom. 1v, pag: 344 ); mais l’ayantage que M. Ehrenberg a eu d'examiner dans la nature beaucoup des espèces de l'Orient, pen- dant son voyage sur les côtes de la mer Rouge ; et d’é- tudier ensuite les autres espèces dans l’herbier de Will- denow , l’a mis à même de mieux fixer les caractères des genres et les limites des espèces. Nous croyons donc important de donner un tableau de cette peute famille tel qu’il résulte du Mémoire considérable de M. Ehren- berg. Le caractère qu’il donne de la famille des Tama- riscinées ne diffère en aucun point essentiel de celui établi par M. Desvaux ; mais , tout en adoptant les deux genres, Tamarix et Myricaria formés par le botaniste français , il introduit dans leur caractère un nouveau trait distinctif qui nous paraît important d’autant plus qu'ix sert à grouper naturellement des espèces de Ta- marix ; c’est la présence et la forme du disque glandu- ( 69 ) icux placé à la base de l'ovaire dans ce genre, et qui manque dans le Myricaria , où il est probablement remplacé par le tube membraneux qui enveloppe les étamines. Pour mieux établir ces différences , nous allons rapporter les caractères de ces deux genres et le tableau des espèces qui en font partie. TAMARIX. Calyx pentaphyllus. Styli 2-4, sœpius 3. Glandula scutellaris germen fulciens , stamina excipiens. Tubus membranaceus stamina connectens nullus. Stamina æqualia. Semen erosiralum comosum. Subgenus 1. Orrcanenta. Glandula germen fuliciens 8-dentata ; filamenta 4. 1. T, tetrandra PArLas. Florum racemis subsesquipollicaribus, floribus linea longioribus ; capsulis glauco-cinereis bilinearibus. | 2. T°. laxa Wap. (1) Florum racemis subpollicaribus , floribus linca brevioribus ; capsulis flavo-rubellis linea parum longioribus. : Subgenus IT. Decapenra. Glandula germen fulciens 10-deñtata ; filamenta 5. A. Capsulis turgidis aut duas lineas longitudine excedentibus ( gran- difloræ). * Ramuli florigeri e ramis annotinis oriundi ( sæpius simplices ). 3. T. africanaPorner. Bracteis ovatis paleaceis, floribus trigynÿs, cap- sulis trivalvibus. d 4. T. tetragyna Eunenr. Bracteis lanceolato-linearibus, floribus tetra- PrFOoftTAa gÿhis , capsulis quadrivalvibus. { 19) Le (1) Abhandl. der Acad. d. Wissenschaffen in Berlin. 1512. Ce Mémoire , ainsi que l’article de Smith dans Rces Cyclopedia ; pa- raissent avoir été inconnus à M. Desvaux , qui a reproduit quelques- unes des espèces qui y sont décrites sous des noms diflérens, ( 70 ) Au Zum, africana Deus ? Hab. ad lacum Menzaleh in Egypto. ** Ramuli florigeri ex ramis hornotinis oriundi ( subpaniculati). 5. T. gracilis Wizzp. Florum pedicellis elongatis bracteas æquanti- bus , racemis brevibus subsolitariis. 6, T. effusa Eurens. Florum pedicellis bracteis multo brevioribus, ra- cemis laxis elongatis subpaniculatis. Hab. ab lacum Menzaleh. B. Capsulis attenuatis duas lineas longitudine non excedeutibus (parvifloræ ). * Foliis vaginantibus. 7. T!. orientalis Fonsk. ** Foliis semiamplexicaulibus aut sessilibus. 8. T°. hispida Wir, Foliis ramulisque pubescentibus, stylis abbre- viatis, ramis ascendentibus. T. canescens Desv. T. tomentosa Suirx in Rees Cyclop. 9. 7. gallica L. Foliis ramulisque glabris, stylis elongatis , ramis va- riautibus. a. subtilis. Ramulis subtilibus effusis, folis glabris læte virentibus , parum patentibus. T. gallica Willd. Hab. in Gallia occidentali. b. chinensis. Ramulis subtilibus laxis nutantibus , foliüis glabris mini- mis parum patentibus ( siccatis nigris ). T. chinensis Lour. Hab. in China. c. narbonensis. Ramulis rigidulis patulis, folis glabris obseure viri- dibus, dense imbricatis, albo marginatis , florum spicis abbrevia- tis sublateralibus. : Hab. in Gallia australi. d. indica. Ramulis rigidulis virgatis, folüs glabris obscure viridibus, obsolete albo marginatis brevibus , florum spicis elongatis strictis. T.. indica Waxxo. T°. epacroides Suirx in Rees Cyclopedia. Hab, in India. es - 2 mm (gr) e. canariensis. Ramis divaricatis rigidulis , folüs glabris obscure viri- dibus, albo margiuatis, apicibus elongatis mhonposss spicis divari- catis longissimis. | HE canariensis NVYrEcD. | Hab. in insulis Canaris. f. nilotica. Ramulis effusis laxiusculis , foliis glabris glaucescentibus abbreviatis patulis, spicis elongatis, glandulæ hypogynæ dentibus 10 æqualiter distantibus. Hab. in Egypto, Lybia, et in insulis Canariis. g. arborea Siesen. Ramulis effusis incrassatis rigidulis teretiusculis ob folia glabra brevissima dense appressa, glandule bypogynæ dentibus sæpius biuis approximatis ( sub quinis ). Hab. Cahira. h. heterophylla. Ramis valde gracilibus , folüs læte viridibus glabris, apicalibus dense imbricatis brevibus acutis , mediis elongatis obtu- siusculis, basalibus ramulorum late ovatis planis obtusis; spicis valde elongatis omnium tenuissimis. Hab. in insula Phile prope Syeram. i. mannifera. Ramulis rigidulis , foliis albo pulverulentis abbrevialis, glaucis pateutibus, glandulæ bypogynæ dentibus æqualiter distan- tibus. a. effusa. B. divaricata. Hab. in monte Sinaï et prope Tor. In subvar 8 manna inve- nitur. Subgenus WI. Porvanenra. Glandula germen ful- ciens 20 dentata ; filamenta 10. À Folis vaginantibus. 10. 7”. ericoïdes RoTTLEr. ** Folis amplexicaulibus. 11. À. amplexicaulis Ennexs, Caulibus fruticosis divaricalo-ramulosis, intricatis, foliis juvenilibus amplexicaulibus glaacis brevibus. acutis, vetustioribus semi -amplexicaulibuss flore parvo, capsulis bilinea- ribus. Hab. in Oasis Joyis Ammonis. (72) **X Folis semiamplexicaulibus. 12. T7, passerinoides Dezie. Caulibus fruticosis erectis , foliis omni ætate semiamplexicaulibus brevibus , capsulis 3-linearibus. a. divaricata. Ramis divaricato-ramulosis, foliis dense imbricatis obtusiusculis appressis, flore magno, capsulis subquadrilinea- ribus. £. Ammonis. Ramis strictis torosis, fois incanis dense imbricatis obtusiusculis appressis flore parvo capsulis subtrilinearibus. y. macrocarpa. Ramis laxis erectiusculis, foliis brevibus dilatatis longius acuminatis glaucis remotiusculis dein patentibus , flore maximo , Capsulis semipollicaribus. MYRICARIA. Calyx 5-partitus. Stylus nullus, stigmata sessilia. Glandula scutellaris germen fulciens nulla. Zubus membranaceus germen involvens , stamira excipiens et connectens. Stamina alterna majora. Semen rostratum comosum. + Fokis elongato linearibus aut oblongis basin versus sensim latiori- bus sessilibus. :* Caule \fructicoso, fructibus aperte pedicellatis. 1: M: germanica Desv. Florum racemis subspicatis elongatis términa- libus (ad rami principalis aut certe ramosi apicem ) flosculis maturis distentis ascendentibus , foliis planis. 2. M. davurica Wizzp. Florum racemis subspicatis brevibus latera- libus (ad apicem rami secundarii simplicis } flosculis maturis coarcta- tis ascendentibus , foliis planis. 3. M. squamosa Desv. Florum racemis lateralibus brevibus basi squa- mosis , foliis oblongis carinatis. ** Caule herbaceo, fructibus obsolete pedicellatis. 41M. herbacea Desv. Tt Foliis planis lanceolato-linearibus prope basin constrictis sessili- bus. K(431) 5. M. longifolia War». Pedicellis elongatis expansum florem æquan- tibus. M. linearifolia Desv. +tt Folis vaginantibus. 6. M. vaginata Des. Les Tamariscinées appartienvent uniquement, comme Willdenow l’a déjà remarqué, à l'hémisphère boréal , et seulement à sa moitié occidentale , c’est-à-dire à l’an- cien continent, d’où elles s'étendent cependant jus- qu'aux îles du cap Verd, où Smith en a trouvé, sui- vant M. de Buch. Leur habitation la plus ordinaire est sur les bords de la mer; elles se retrouvent cependant souvent as$éz loin dans l’intérieur des terres, le long des rivières et des torrens. Le maximum, soit des espèces, soit des individus , se trouve sur les bords de la mer Mé- diterranée , et surtout vers l’extrémité orientale de cette mer. La limite méridionale de cette famille, sur les bords de la mer Rouge.t de la mer des Indes , le long de la côte de Coromandel , est vers le 8° ou 9° de lat. bor. Sa limite vers le nord se trouve entre le 50° et 55° en Sibérie, en Allemagne et en Angleterre, Les Tamarix gallica et orientalis sont les seuls qui de la zône prin- cipale de cette famille , s'étendent jusque dans les ré- gions tropicales ; le 7°. ericoides est propre à cette der- nière région; les espèces qui appartiennent aux limites septentrionales sont le 7. gallica, en Angleterre; le Myricaria germanica, en Allemagne ; et le 7, gra- cilis , en Sibérie. L'espèce la plus généralement ré- pandue est le 7°, gallica ; depuis l’ Angleterre jusqu’à la côte de Coromandel , depuis la Chine jusqu'aux Cana- ries on trouve des variétés nombreuses et très-rappro- (74) chées, qui se lient par des intermédiaires mulupliés aux formes propres à la France. M. de Buch seul a observé la limite des Tamarisci- nées au-dessus du niveau de la mer ; il place les Tama- risques des Canaries dans la région des plantes sous- tropicales , c’est-à-dire jusqu’à 1,200 pieds au-dessus du niveau de la mer. Au mont Sinaï, les buissons du Tamarisque qui por- tent la manne croissent à la même hauteur que Le cou- vent ou le daitier n’est plus qu’un buisson peu élevé, à la hauteur de 3,000 pieds environ au-dessus de la mer, dans le Dongola, dont l'élévation , suivant le Journal de M. Ehrenberg et du docteur Hemprich , ne peut pas surpasser 1,700 pieds, les Tamarisques étaient abon- dans sur les bords du Nil. Ils étaient alors éloignés de Ja côte la plus voisine de 98 milles géographiques en ligne directe, et en remontant le Nil en ligne droite, de plus de 210 milles géographiques. Dans le Liban, les Tamarisques , de même que les Palmiers , s'élèvent à peine à 200 pieds. Plusieurs Ta- mariscinées peuvent donc supporter la température la plus élevée de notre atmosphère ; mais aucune espèce ne peut exister lorsque la température moyenne.est in- férieure à 6° Réaum. Ces plantes paraissent, croître indifféremment dans des terrains très-divers. Le Tamarisque qui produit la manne est, ainsi qu’on l'a déjà indiqué, une simple variété du Tamarisque de France , désigné sous le nom de 7”. gallica mannifera. Cette découverte ne paraîtra peut-être pas offrir un ré- sultat bien nouveau pour.la botanique; car déjà les écrivains arabes indiquent l'arbre Z'arfa comme pro- (79 ) duisant la manne (1); Burkhardt et Ruppel (2) l’an- noncèrent également. Seetzen reconnut le Zürfa pour le T. gallica, et déjà , long-temps avant lui Matthiole eita le nom arabe de Zarfa en parlant de cette plante. Mais ces observations avaient besoin d’être soumises à une critique exacte pour être définitivement admises dans la science. On peut encore remarquer que lorsqu'on a parlé de la manne de la Bible , on a commis une erreur lorsqu'on s’est fié aux récits indiens ; car des sucs semblables à la manne existent dans beaucoup de pays diflérens , et l'in- iérêt historique n'existe que par rapport à celle du mont Sinaï. Les petits Coccus manniparus qui produisent cette exsudation, seront décrits ailleurs; mais l’auteur re- marque seulement qu'ils sont tout-à-fait différens du Chermes mannifer de Hardwik , qui vit dans l'Inde sur un Celastrus, et qui probablement donne naissance à une substance très-différente. D'après l'analyse chimique que M. Mitscherlich a fait de la manne de Tamarisque du mont Sinaï , elle ne contient point du tout de mannite cristallisable , et se comporte entièrement comme du sucre mucilagi- neux pur. Outre les espèces décrites dans ce Mémoire , il en est quelques autres indiquées par les auteurs, qui sont ou très-mal connues , où qui n’appartiennent pas à celte famille. (1) PVoyez le Mémoire du professeur Dierbach, dans le Magasin de Pharmacie de Geiger. (2) Voyez la Correspondance de Zach. (76) Le Tamarix dioica de Roxburg est très-douteux, parce qu'il n’en existe pas d'échantillons , et que la des- eription enest trop brève ; les Tamarix arabica et tau- rica, que Pallas place auprès du 7°. songarica, sont dans le même cas. Quant à ce dernier, que le même bo- taniste a décrit et figuré dans les Nova Acta petrop. , vol. x, il a été admis dans le genre Tamarix par tous les auteurs modernes ; cependant, dit M.'Ehrenberg , le nombre variable des étamines de 8 à 10 , et la pré- sence de 3 bractées sous chaque fleur , étaient des éarac - ières qui l’éloignaient de toutes les espèces. Plusieurs échantillons de cette plante se trouvaient dans l’herbier de Willdenow, et ils s’accordaient très-bien avec la fi- gure de Pallas. Une analyse exacte de la fleur et du fruit prouva qu’elle n’appartenait pas aux Tamariscinées , mais qu’elle confirmait l’analogie entre cette famille et le genre Reaumuria , admise par Linné , rappelée par M. Decandolle, mais combattue par M. Aug. Saint- Hilaire. Le Tamarix songarica se rapproche du Reaumuria vermiculata, comme le Tamarix gallica du Myrica- ria germanica , ei il esi impossible de ne pas rappro- cher ces deux genres l’un de l’autre: l Les caractères du 7°. songarica sont : un calice cam- panulé à cinq divisions, une capsule à plusieurs valves, des semences toutes couvertes de poils sans aigrette libre ; enfin un périsperme très-distinct entourant l’em- bryon : caractères qui l’éloignent de la famille des Ta- mariscinées , et le placent immédiatement auprès du Reaumuria. M. Auguste Saint-Hilaire , en comparant les genres (29°) T'amarix et Reaumuria , considère comme un carac- tère qui les distingue essentiellement , l'insertion des étamines , qui suivant lui est périgyne dans les premiers, et hypogyne dans ce dernier. M. de Jussieu admet l'insertion périgyne dans l’un et l’autre ; suivant les observations de M. Ehrenberg , elle serait au contraire hypogyne dans ces deux genres, c’est-à-dire que les étamines s’inséraient directement sur le réceptacle. En effet , soit qu’on considère les glandes comme la base dilatée des filets des étamines réunis, ou comme une expansion du réceptacle, on n’en est pas moins obligé de reconnaître que les étamines s’insèrent sur ce réceptacle. Un second caractère distinctif, suivant M. Auguste Saint-Hilaire, est la présence du périsperme dans les graines müres du Reaumuria, et son absence dans le Tamarix. Quoiqu'on puisse dans beaucoup de cas s’é- lever contre ce caractère , cependant dans ce cas parti- culier il établit une limite tranchée , et nécessite la dis- tinction du Zamarix songaricu. L'auteur de ce Mémoire croit donc nécessaire de for- mer de cette plante un genre particulier, auquel il donne le nom d'Hororaenwa, et qui devra se ranger auprès du Reaumuria. Son caractère peut être tracé ainsi : HOLOLACHNA. Calyx campanulatus, 5-fidus , bracteatus persistens. Corolla pentapetala receptaculo aflixa. Stamina hypo- gyna 8-10, glandulæ hypogynæ inserta. Styli breves su- bulati 2-4. Capsula 2-4 angularis, 2-4 valvis, 2-4 lo- (78) cularis. Sporophora (placentæ) basalia (non ascenden- tia) cum septo valvis mediis affixa, tot quot valvæ. Semina tota superficie pilosa , pauca, magna. Embryo rectüs, rostello inferiore. Perispermum farinostim embryoneñ cingens: Tous ces caractères, excepté ceux qui ont rapport au nombre des étamines et à celui des styles etdes valves de la capsule; sont communs à ce genre et au Reaumu- ria ; et engageront peut-être à formér un petit groupe des Réaumuriées. Nore sur deux Cavernes à ossemens, découvertes à Bire, dans les environs de Narbonne ; Par M. Tournaz, Pharmacien à Narbonne. (Extrait d’une Lettre adressée aux Rédacteurs. ) Les cavernes à ossemens fixent aujourd’hui avec juste raison l'attention des géologues; la quantité d’ossemens fossiles qu’elles renferment promettent d'expliquer d’une manière plus vraisemblable l’une des dernières catastro- phes qui ont bouleversé le globe, et en ont fait dispa- raître plusieurs genres d'animaux. De toute part des recherches actives ont été exécutées dans le but de dé- couvrir de nouvelles grottes à ossemens, et dans plu- sieurs localités ces recherches ont été couronnées d’un plein succès. J'ai été assez heureux pour en détouvrir plusieurs aux environs de Bire, près Narbonne , dans le calcaire ju- (79) rassique : elles renferment une grande quantité d’osse- mens d'ours des cavernes , de sangliers , de chevaux , de ruminans des genres cerfs et bœufs. Comme tous les autres ossemens du même genre, ceux-ci jouissent de la propriété de happer à la langue; phénomène dû sans doute à la perte de la matière animale, qui n’a pas été remplacée par une matière pierreuse. Ces deux cavernes se dirigent de l’ouest à l’est, et sont percées, dans les assises supérieures du calcaire jurassi - que ; leur ouverture, qui est à plein cintre, a dans la première environ 8 mètres , el est élevée de 16 mètres au-dessus du sol. L'intérieur n’est formé pour ainsi dire que d’une seule salle d'environ 100 mètres de longueur, divisée par des angles saïllans et rentrans , qui offrent al- ternativement des dépôts de cailloux roulés etd’ossemens. La voûte est sèche; elle offre des rochers arrondis et dé- pourvus de stalactites. Le sol, qui est en général assez uni, est recouvert de deux formations bien distinctes ; la première , qui est aussi la plus inférieure , consiste en un dépôt d'argile calcarifère rouge (1), qui en quelques endroits s’est incrustée sur les parois de la caverne, et a pris une dureté telle, qu’il serait bien difficile d’en dis- tinguer les échantillons d'avec ceux provenant des brè- ches osseuses à ciment rouge. Cette argile qui , lors de son dépôt dans la caverne, devait être assez uniformé- ment répandue sur le sol, a été enlevée dans les parties (x) Cette argile a les mêmes caractères minéralogiques que celie qui, dans nos environs, constitue les assises supérieures de nos terrains ma- rins inférieurs ; il est même vraisemblable qu’elle provient de cetté for- mation et a été entraînée dans les cavernes , puisque dans plusieurs lo- calités elle n’est recouverte que par le terrain d’allayion.ancien. ( 80 ) qui offraient le moins de résistance , et remamiée par un second courant d’eau , qui a déposé sur le sol de la ca- verne la deuxième couche que j'ai signalé plus haut : celle-ci est formée d’une couche de limon noir , et gras au toucher, présentant à sa surface des eflorescences ni- treuses, et mêlé à de l'argile de la formation précédente; toutes denx contiennent , au reste , des galets de calcaire jurassique et de grès vert, mais beaucoup moïns roulés que ceux du terrain d’alluvion ancien des environs de Bire : on y trouve même , comme je l’avais déjà observé, des fragmens de quarz pyromaque à angles très-vifs; les ossernens sont entassés pêle-mêle dans les deux cou- ches; côtes, tibias, vertèbres, dents usées de vieillesse, ossemens de jeunes individus , tout est confondu. Les mêmes observations peuvent s'appliquer à Îa deuxième caverne, qui est plus au Nord; seulement la voûte élant moins élevée, est revètue d’une brèche os- seuse renfermant l’Æelix vermiculata , Y Helix nemo- ralis, le Cyclostoma elegans, le Bulimus decolatus et l’Aelix nitida, dans un état parfait de conservation , et ayant même conservé leurs couleurs naturelles (1). Sur le côté gauche de la caverne , on observe un fait des plus intéressans , et qui prouve bien que les brèches osseuses et les terrains à ossemens des cavernes sont des formations analogues, et produites à-peu-près à la même époque et par les mèmes causes ; c’est une véritable brè- che osseuse dont l'extrémité inférieure aboutit dans la caverne. (x) C’est même un phénomène surprenant, et que l’on »’a pas encore expliqué, que l’état de conservation de ces coquilles terrestres au milieu d’un dépôt formé si tumultueusement, ( 8r ) Je m'abstiendrai de parler des ossenrens, M. Marcel de Serres ayant bien voulu visiter la caverne avec moi, a maintenant entre les mains tout ce qu’il faut pour éclair- cir ce point. L’argile calcarifère rouge qui forme la partie inférieure donne, lorsqu'on la chauffe dans une cloche courbe des traces de sous-carbonate d’ammoniaque et noircit fortement; les ossemens qu’elle renferme contiennent une certaine quantités de gélatine. Le limon noir qui forme la partie supérieure donne , lorsqu'on le chauffe dans une cloche courbe , une huile animale empyreu- matique très-odorante , et du sous-carbonate d’ammonia- que. Traitée par l’eau distillée bouillante, et essayée par l'alcool absolu, le tannin , le chlore, etc. , la dis- solution a toujours donné des traces de gélatine. Les os- semens qu'il renferme contiennent aussi beaucoup plus de matière animale que les précédens. Quant aux théories que l’on a donné jusqu’à présent, toutes peuvent fort bien convenir pour expliquer les faits que chaque auteur avait observé en particulier ; mais la formation des cavernes à ossemens n'ayant eu rien de général , les théories doivent changer à chaque localité. Tontefois M. Huot me paraît être celui qui s’est le plus approché du but. Æn résumant les faits , les grottes de Bire me parais- sent intéressantes » Par les deux couches de limon qui la remplis- sait ; 2%, Par, la dureté que présente l'argile rouge, dans certains endroits de la caverne ; XII. (6) x (:8a:) 39. Par l’état de conservation des coquilles terres- tres ; 4°. Par le rapprochement des brèches et des cavernes. THÉORIE DES FORMATIONS ORGANIQUES , o4 Re- cherches d'anatomie transcendante sur les lois 2 LA Lg . » “ p] . de l’Organogénie , appliquées à l’ Anatomie pathologique ; Par M. SERRES. $ IV. FORMES TRANSITOIRES ET PERMANENTES DES ORGANES. Origine et esprit de l’antropotomie et de l'anatomie comparative. Principe de détermination des or- sanes. Dans le cours de leur formation , les organes présen- tent deux états différens ; celui qui correspond à leurs formes transitoires, qu’ils revêtent fugitivement dans le cours de leur composition; celui auquel ils s'arrêtent définitivement et qui constitue leur état normal dans telle ou telle classe. Les formes transitoires d’un organe sont d'autant plus nombreuses, et ses changemens de forme d'autant plus multipliés , que sa composition est plus complexe, une forme plus compliquée étant toujours précédée par une forme plus simple, ou les parties diverses d’un else HS D même organe se balançant alternativement dans leurs dimensions jusqu’à ce que sa composition définitive soit arrêtée. Dans le système des préexistences organiques, la forme primitive était présumée invariable; un organe devait être à son apparition ce qu’il devait toujours res- ter; le cœur, le cerveau , l'estomac d’un mammifère, d’un oiseau, d’un reptile, de l’homme même, n'étaient de prime- abord ni plus ni moins compliqués qu'ils le sont chez l'être adulte. T1 n’y avait dès-lors aucun rap- prochement à faire entre ces divers organes , aucune ana- logie à saisir , autres que les analogies et les différences que pouvaient offrir les animaux adultes. Or, comme à cette époque de la vie des êtres organisés , les analogies sont effacées , et les différences plus saillantes qu’à au- cune autre époque de leur existence, il s’en suit que les différences organiques devinrent le but des recherches des anatomistes, et pour ainsi dire la principale règle de l’anatomie comparative. Les êtres organisés étaient tenus à la même distance les uns des autres dans toutes les périodes de leur existence. . Mais à mesure que la théorie des évolutions multi- plia ses recherches, on vit ces différences organiques diminuer ; on se rapprocha de plus en plus des analo- gies inaperçues que les organes offraient dans le cours de leurs métamorphoses , d'une famille à une autre fa- mille , d’une classe à une autre classe; on vit enfin se reproduire une multitude d’identités organiques, que anatomie des mêmes êtres adultes n’eût pas même per |_ mis de soupçonner. On reconnut que des organes très-compliqués chez C8) l'animal dont les formes étaient arrêtées, commen- çaient par des formes de plus en plus simples à mesure qu'on se rapprochait davantage de leur première appa- rition chez le jeune fœtus. Cette première observation fut suivie d’une autre plus importante encore. L’anatomie comparative avait déjà signalé la décom- position graduelle des organes dans les êtres organisés. Le cœur, si compliqué chez l’homme, les mammifères et les oiseaux , se réduisait chez les reptiles et les pois- sons à une simple poche ou vessie contractile, où abou- tissaient les deux circulations veineuse et artérielle ; chez les mollusques ce n’était plus qu'un simple ren- flement du canal qui renferme le sang, et chez les in- sectes , un vaisseau unique (le vaisseau dorsal } était as- similé à cet organe. De ce vaisseau dorsal, de cette poche des mollusques, et même de cette cavité unique des poissons et des reptiles au cœur compliqué des oiseaux, des mammifères et de l’homme , la distance était si grande, les différences si remarquables, qu’il n’y avait de commun que la fonction ou l'usage, celai d'accélérer le mouvement du liquide contenu dans les a} pareils veineux et artériels. Aussi, la fonction était-elle le seul caractère qui dirigeàt les anatomistes pour rappro- cher et confondre sous la même dénomination des or- ganes si diflérens dans leur structure , dans leur forme et quelquefois aussi dans leur position, comme chez les mollusques et les insectes. Or, en considérant cet organe d’une manière générale dans tous les êtres, l’anatomie le voyait se compliquer graduellement des inférieurs aux supérieurs, et arriver ainsi au plus haut degré de sa composition. Cette syn- (85) thèse anatomique eut les plus heureux résultats toutes les fois que l’analogie des organes put facilement être saisie , comme dans le cas que nous venons de rappor- ter (1). En s’élevant vers les premières formations, l’anato- mie transcendante recornut qu'un mème organe si com- pliqué dans ses formes permanentes, répétait dans ses formes transitoires les simplicités organiques des classes inférieures. Ainsi, le cœur primitif des oiseaux était d’abord un canal, puis une poche ou cavité unique, puis enfin l'organe complexe de cette classe. L’anatomie com- parative se trouvait ainsi répétée et reprodroduite par l’embryogénie. (1) Aussitôt que l’anatomie comparative eùt démontré la dégradation successive des appareils organiques dans l’ensemble du règne animal, l’embryologie s’attacha à en suivre les répétitions en observant la dé- composition graduelle que subisseut les organes, à mesure que l’on se rapproche du système vasculaire. L'appareil respiratoire , l'appareil di- gestif, en un mot les appareils de nutrition furent ramenés, dans une partie de leurs évolutions embryonnaires, aux lypes organiques que présentent dans ces mêmes appareils certains Zoophytes, les vers, les arachnides , les crustacés, et même pour quelques parties les poissons et les reptiles. Les admirables travaux de M. Cuvier fouruirent les types de ces rapprochemens ingéuieux que l’on trouve déjà dans la phy- siologie de Sprengel , maïs dont les développemens sont surtout remar- quables dans les ouvrages des célèbres anatomistes Oken, Carus, Meckel , Tréviranus et Jacobson Les appareiïts de relation, plus arriérés , comme nous l’avons dit plus haut , dans l’anatomie comparative, n’oflrirent plus à la chaîne des évo- lutions les bases positives que lui avaient fourni les appareils de nutri- tion. La philosophie chercha à y suppléer ; mais, comme nous l'avons déjà vu , ces spéculations , quoique des plus hardies , ne furent pas heu- reuses. Pendant que quelques anatomistes se livraient ainsi à des méditatious profondes sur les principes généraux de l’ontologie et de la métaphysique, ( 86 ) L'embryogénie, négligée parce qu’elle ne présentait à l'esprit que des résultats stériles , offrit dès-lors un degré d'intérêt qui promettait de dédommager de leurs veilles et de leurs peines ceux qui auraient le courage et la pa- tience de se livrer aux recherches difficiles qu’elle exige , et surtout aux minutieuses dissections qu’elle né- cessite. | S'il est vrai que les organes des embryons des classes supérieures répètent et reproduisent les états organiques et permanens des classes inférieures , il devient double- ment utile de rechercher pourquoi l’embryogénie a été négligée , et comment cet oubli a éloigné l’anatomie comparative d’un si important résultat. D'abord il est nécessaire de jeter un coup-d’œil sur la marche nécessaire qu’ont dû suivre les sciences ana- tomiques. Les cadavres étant l’objet d’une espèce de on s’occupait en France à recueillir des masses de faits et à déduire de ces faits les rapports généraux que l’on pouvait leur reconnaître. L'unité de composition organique, en ramenant sur les analogies des parties délaissées depuis Aristote, engageait M. Geoffroy Saint-Hilaire dans des analogies qui lui décelaient une foule de rapports méconnus ; l’ana- tomie zoologique conduisait M. de Blainville à des rapprochemens tout- à-fait inattendus. Enfin de mon côté, la recherche des lois de l’organo- génie me faisait une nécessité de recourir à l’anatomie comparative, quand les embryons cessaient de pouvoir me diriger, ou de reculer les limites de l’embryogénie dans les points où ces ressources devenaient insuffisantes. Ainsi les premiers anatomistes descendaient de la philosophie aux faits , et les seconds remontaient des faits à la philosophie. Cette mé- thode inverse d’investigaiion concilie ce qui paraîtrait inconciliable au premier aperçu : l’analogie des résultats ou des faits auxquels on était quelquefois parvenu des deux côtés , et la différence des principes ou de la philosophie anatomique , qui a dirigé d’une part les recherches et qui de l’autre est sortie de ces recherches mêmes. KB) culte dans les religions payennes , l'anatomie humaine fut et dut être proscrite. Les médecins avides d’une instruction dont chaque instant leur dévoilait l’intérèt et le besoin, la cherchèrent d’abord dans les animaux, et appliquèrent, comme ils le purent, à l’homme , les notions qu'ils puisèrent chez les mammifères qui se rap- prochent le plus de son organisation. Cette espèce d'a- natomie d'application nous à été transmise par Galien , dont l’ouvrage fourmille d'erreurs, si l’on applique stric- tement ses descriptions aux organes de l’homme , mais dont on ne saurait trop admirer la sagacité, si l’on réflé- chit que cet anatomiste, qui a si long-temps dominé les écoles, n’avait vu de l’anatomie humaine que ce sque- lette si religieusement conservé à Alexandrie, et vers lequel accouraient en pélerinage les médecins de toutes les contrées. Ce zèle ardent d’une classe d'hommes que l'antiquité désignait indistinctement sous la dénomination de sa- vans, de philosophes, ou de médecins, et dont la vie en- tière était consacrée au soulagement de leurs semblables, leur faisait ronger avec impatience le frein qui les rete- nait enchaînés. Mais à peine la religion chrétienne, en montrant à l’homme ses destinées futures , lui eut-elle appris à ne plus honorer d’une sorte de culte ses restes, qu’elle assimilait à la poussière, que l’on vit les méde- cins se précipiter dans les tombeaux, et en arracher l'anatomie que l’on y enfouissait depuis tant de siècles. Ce besoin de connaître l’homme physique les tour- mentait surtout depuis que les Asclépiades, par l’or- gane d’'Hippocrate, le plus célèbre de tous, ayaientrendu à la médecine toute sa dignité en la retirant des tem- (88) ples, et au médecin toute son indépendance, en le dé- tachant du sacerdoce. Ce besoin se transmettait d'âge eu âge; les maîtres en pénétraient l’âme de leurs dis- ciples, les écoles rivales semblaient toutes en appeler pour le jugement définitif de leurs doctrines, au jour où l'on pourrait consulter l’homme sur l’homme lui-même. Enfin ce jour parut, et deux siècles suflirent à peine pour satisfaire à toutes les exigeances nées de la con- naissance déjà acquise des symptômes des maladies. Mais c’étaii l’homme adulte qu’il était surtout utilede connaître ; ce sont aussi les organes de l’homme adulte qui seuls furent décrits , et dont les descriptions compo- sèrent nos livres. L’anatomie de l’enfance, celle du fœtus, n’entrèrent jamais dans les livres classiques , et en sont encore aujourd'hui exclus (1). Ce ne fut mème qu’à l’époque de la découverte de la circulation .et pour bien connaître le cœur et ses rapports avec les rayons du cercle qu’elle forme, que le fœtus devint l’objet d’un intérêt général. Cet intérêt cessa aussitôt qu’on eut expli- qué les analogies et les différences de la marche de la colonne sanguine , dans la vie intra et extra-uté- rine. Aussi, tandis que les particularités organiques du cœur du fœtus excitaient une espèce d'enthousiasme parmi les sectateurs d'Harvey, les recherches d’ostéo- génie de Kerkring, de Nesbitt, d’Esson , restaient inaperçues, parce qu'elles se trouvaient encore sans ap- plication. 11 fallut que la curiosité fût puissamment excitée par le désir de dévoiler le mystère de la géné- (x) Sont exceptés Bichat, M. Portal, et M. Meckel qui a imité notre vénérable Nestor de la Médecine. srhrirrmethens is ( 89) » ration , pour que les immenses travaux sur l'œuf des mammifères et des oiseaux , réveillassent l’attention des physiologistes, qui s’engourdit aussitôt que les espé- rances dont on s'était flatté furent déçues. C’est toutefois de cette mémorable époque que datent les premières lueurs de l’anatomie comparative ; car à peine Harvey eut-il annoncé que le sang circulait, que les sentinelles de l'ignorance crièrent qu’il ne circulait pas, et il ne cireulait pas , par la raison suflisante qu'Hip- pocrate et Galien ne l'avaient pas dit. Un siècle plutôt, Sylvius , le même qui eut l’idée si heureuse et si féconde d’attacher un nom propre à chaque muscle, Sylvius at- taquant l’ouvrage de Vésale avait dit : « qu’Il valait « mieux croire que la nature s'était déviée de ses routes « ordinaires, que de mettre en doute l’infaillibilité du -« médécin de Pergame. » On disséqua des cadavres pour convaincre les Sylvius du temps ; on fit des mil liers d'expériences pour répondre aux injures et aux sarcasmes des Guy-Patin contre l’immortel Harvey. La circulation sortit triomphante de toutes ces résis- tances; nulle vérité physiologique ne fut ni mieux éta- blie ni mieux prouvée que celle de la marche du sang dans les poumons, pour se dépouiller des principes hé- térogènes que l’exercice de la vie y introduit, et dans la profondeur de tous les organes pour exciter leur action. Frappés de ce résultat et des services immenses que la physiologie avait retiré des expériences sur les animaux vivans , les physiologistes concurent l’idée d'appliquer la même méthode à toutes les fonctions: des milliers d'animaux de toutes les classes furent soumis à leurs scalpels , et si le plus souvent ils n’atteignirent pas le but ( 90 ) qu’ils s'étaient proposés, ils recueillirent sur la route une multitude de faits et de vues qui n’en devinrent pas moins pour la science des richesses solides. Haller commentant les leçons de physiologie de Boerhaave, réunit et rapprocha tous ces faits épars et disséminés dans une multitude d’écrits; il préludait par cet immense travail, au travail plus immense encore dont se compose son grand ouvrage qui n’a de commun que le nom, disait Vicq-d’Azyr , avec tous les traités de physiologie qui l'avaient précédé. L'esprit de la grande physiologie de Haller , est évidemment le même que ce- lui du traité De usu partium de Galien ; maïs sa com- position atteste les progrès immenses de la science pen- dant l'intervalle qui les sépare. C’est une véritable phy- siologie comparative. Ainsi liée et toute subordonnée pour ainsi dire à l’u- sage des parties chez l’homme, l’organisation des ani- maux n’était comparée , ni à l’organisation de l’homme, ni à celle des animaux entre eux ; il y avait des anato- mies spéciales , des descriptions partielles, des idées de détail, mais point d’idées générales , point un but com- mun auquel on put rallier et rattacher toutes les con- naissances acquises ou à acquérir. Ce lien commun, ce criterium de l'anatomie des ani- maux, se présenta à Daubenton ; il prit l’homme pour terme de premier rapport , et les animaux entre eux pour terme du second. Aussi, dit Vicq-d’Azyr, « c'est à M. Daubenton, notre maître et notre modèle, qu’ap- » partient parmi nous l'honneur d’avoir crée l’anato- » mie comparée proprement dite. » Vicq-d’Azyr ajouta beaucoup aux matériaux rassemblés par Daubenton ; (91) mais à M. Cuvier appartient l’immortel honneur d’avoir érigé en science l’anatomie comparative, science toute nouvelle , et qu’on me permette d’ajouter science toute Française, quoique les Oken, les Meckel, les Carus, les Jacobson , les Home , les Tiedemann, les Trevira- nus , les Rolando, les Vrolik, aient beaucoup agrandi son domaine. Or, c’est ici le lieu d’apprécier les principes d’après lesquels cette science dut d’abord procéder. D'une part, l'anatomie de l’homme adulte étant la seule connue, la seule qui servit de terme aux rapports, et les dissem- blances organiques des animaux se reproduisant de classe en classe, ce furent elles qui furent d’abord si- gnalées et saisies ; elles formèrent pour ainsi dire les points saillans de l'anatomie comparative. En se plaçant pour considérer l’organisation des êtres à l’époque de leur existence ou elle est la plus différente, on se trou- vait dans la nécessité de faire de cette différence même une espèce de règle ou de but qui , une fois atteint, de- vait satisfaire l'esprit : ainsi , le rein de l’homme est uni- que de chaque côté, celui de plusieurs Mammifères, des oiseaux et des reptiles, est multiple; l’anatomie comparative signalait cette unité d’une part, et cette multiplicité de l’autre, sans s'occuper s’il n’y avait pas une époque de la vie de l’homme ou son organe sécré- teur de l’urine se rapprochait de celui des Mammifères, des oiseaux, etc. Elle constatait des fails, mais ne les expliquait pas ; elle se maintenait ainsi sur la ligne des différences , et sur la considération des formes. Mais les différences se multiplièrent à un tel point; les formes , à force d’être variées, s’éloignèrent telle- (92 ) ment de celles qui servaient de type que, sans un autre chef de ralliement, l'anatomie eût perdu le fil qui la dirigeait : ce nouveau point, auquel elle se rallia, fut la fonction. Elle poursuivit et compara dans tous les êtres les appareils à l’aide desquels une même fonction s’éxé- cute; elle put ainsi ramener à l'identité organique , les organes les plus hétérogènes en apparence. Ainsi le foie diffère déjà tellement chez les singes (quelques-uns exceptés), et les mammifères de celui de l’homme, que pendant long-temps cette différence a servi de point d’aécusation contre Galien et ses secta- teurs. Chez les oïseaux, classe si remarquable par la fixité de son organisation , le foie unique et impair chez les mammifères , est double, symétrique, et logé sur les deux flancs du canal intestinal ; chez les reptiles et les poissons, il se rapproche davantage de celui des mam- mifères, malgré ses variations infinies dans cette der- nière classe. Toutefois l’analogie organique n’a pu être méconnue, soit à cause de sa connexion avec la partie supérieure du canal digestif, soit encore parce que les déterminations ue portaient que sur l'organe en masse. Les véritables difficultés se présentèrent chez les inver- tébrés, et assurément si la forme seule, ou mème la forme aidée des rapports de position , avait uniquement présidé aux déterminations; jamais on n’eût reconnu l’a- nalogue de l'appareil sécréteur de la bile, dans les cœ- cums hépatiques des crustacés, ou dans des vaisseaux minces et à parois spongieux des insectes. La coloration jaune des premiers, et le plus souvent des seconds, et | constamment le goût amer des liquides qu'ils renfer- ment, ont seuls permis l’assimilation de ces parties aux I ( 95 ) organes biliaires des classes supérieures. La fonction a donc ici tout à fait remplacé la forme. Il en a été de même de la respiration , tantôt exécutée à l’aide de poumons, tantôt par des branchies, et enfin par des trachées ; or, que de raisons pour séparer ces organés si heureusement groupés , si on s’arrêtait à leurs caractères anatomiques? IL en est de même du cœur et des vaisseaux, que la présence du sang fait tou- jours reconnaître. De si heureux résultats redonnèrent à la fonction toute son ancienne importance: unité de fonction, di- versité d'appareil pour les produire, telle fut la base fon- damentale des déterminations anatomiques. Cette méthode fut suivie des plus grand succès , dans la comparaison des appareils de la vie de nutrition; il n’en fut pas de même dans ceux de la vie de relation. Jci se réunissent toutes les causes d'incertitude, et toutes les chances d’insuccès. Car tantôt, la fonction étant complétement ignorée, celte règle de détermination ne put plus être appli- quée ; tantôt la fonction était connue ou présumée, mais les appareils organiques changeaient si complétement, les pièces qui concouraient à son exécution se désas- semblaient ou se métamorphosaient à un tel point, que la forme égarait au lieu de diriger. Ainsi, tour à tour, et souvent toutes les deux réunies , la fonction et la mor- phologie, dont les applications aux appareils de la vie organique avaient été si heureuses, ne fournirent dans les appareils de relation, que des lueurs douteuses ou des règles incertaines. Je vais appuyer sur des exemples (94 ) | ces diverses assertions en choisissant d’abord le système nerveux. Les préjugés du paganisme interdissant aux philo- sophes la dissection du cadavre humain, l'anatomie pri- mitive de l’homme fut, ainsi que nous l'avons dit, toute déduite de celle des animaux; de là les érreurs que Vésale reproche si amèrement à Galien. Dans le seizième siècle, la science prit une direction tout-à-fait opposée ; on disséqua l’homme et on rapporta tout à lui. L’anatomie des animaux fut déduite à son tour de celle de l’homme. En conséquence, les anatomistes cherchèrent d’abord les ressemblances dans l’encéphale des animaux, com- paré à celui de l’homme, qui leur était particulière- ment connu. Ces ressemblances furent saisies chez les mammifères, parce qu'aux proportions près, cet organe est la répétition de lui-mème dans les différentes familles dont cette classe se compose. On y trouva tout comme chez l’homme, on y dénom- ma tout comme chez lui. On arriva ainsi à l’encéphale des oïseaux avec une méthode que l’on croyait assurée ; mais dès les premiers pas on se trouva arrêté dans la détermination des parties dont se compose cet organe dans cette classe. Le cervelet en arrière et les lobes cérébraux en avant furent bien reconnus ; mais on rencontra à la partie moyenne une paire de nouveaux lobes qui n'avaient aucun analogue ni chez l’homme, ni chez les mammi- fères : ces lobes furent méconnus. Cette erreur en en- traîna d’autres dans les parties qui les environnent. Toute la région moyenne de l'encéphale de ceue classe ( ® ) parut nouvelle ; et comme les termes de rapport man- quaient dans la science, le champ des conjectures fut ouvert aux anatomistes. . La chaîne des ressemblances parut dès-lors rompue ; et lorsqu'on en vint aux poissons, il sembla impossible de la renouer , à cause de plusieurs circonstances que nous allons faire connaître. Les anatomistes, négligeant les préceptes de Varoli et de Bartholin, s'étaient habitués , d’après des considéra- tions physiologiques , à disséquer le cerveau humain par sa partie supérieure, et celui des mammifères d’avant en arrière. Cette méthode eut peu d’inconvéniens chez eux; elle en eut également de faibles chez les oiseaux, parce qu’il était difficile de méconnaître les lobes céré- braux et le cervelet. D'une autre part, la considération des formes, qui avait si heureusement dirigé les anatomistes chez les mammifères, qui.leur avait encore servi à reconnaître le cervelet et les hémisphères cérébraux des oiseaux, les abandonna entièrement chez les poissons. Au premier aperçu , rien ne rappelle dans cette classe ni l’encéphale des mammifères, ni celui des oiseaux ; cet organe se compose, chez les poissons, d’une double série de bulbes alignés d'avant en arrière ; tantôt au * nombre de deux, le plus souvent au nombre de quatre, et assez fréquemment encore au nombre de six. À quelle paire devait-on donner le nom d’hémis- phères cérébraux ? Était-ce aux antérieurs ; aux moyens où aux postérieurs? À quelle partie des classes supé- rieures devait-on rapporter les autres lobes? Sur quelles bases devait-on établir les analogies et les différences ? (96) La srience manquant des données nécessaires à ce sujet, chacun détermina ces lobes à sa manière, selon les idées qui le dirigeaient® Les mêmes lobes reçurent des noms différens, et furent tour à tour assimilés à des parties tout-à-fait hétérogènes. J Le cervelet lui-même, qu'il est difficile de mécon- naître dans les autres classes , était aussi, chez les pois- sens, un sujet d'incertitude. Tantôt cet organe est uni- que et impair comme dans les classes supérieures , c’est particulièrement le cas des poissons osseux; tantôt, comme chez certains poissons cartilagineux, c’est un or- gane pair, composé de feuillets symétriques et roulés sur eux-mêmes le long des parois du quatrième ventricule. Chez un irès-grand nombre, un corps particulier se détache des lobes postérieurs, et vient encore compli- quer cet organe. Ce corps, qui ressemble tantôt à la luetie du voile du palais de l’homme, et d’autres fois au cartilage épiglotique, se place en forme de couvercle sur le quatrième veniricule : le plus souvent il est sim= ple. D’autres fois, comme chez certaines raies, il est double; alors la moitié postérieure se dirige vers le quatrième ventricule , et la moitié antérieure vient re- couvrir les lobes postérieurs. Comment, au milieu de toutes ces transformation, reconnaître le cervelet? La base de l’encéphale des poissons n’est guère moins variable que sa face supérieure. Ce que cette base offre surtout de remarquable, ce sont deux tubercules arron- dis qui, par leur situation et leur forme, ont quelque res- semblance avec les éminences mamillaires de l’homme. Aussi n’a-t-on pas manqué de leur assigner cette analogie. ( 97 ) Chose remarquable! disait-on ; les éminences mamil- laires , qui sont le caractère le plus élevé de l’organisa- tion se retrouvent chez les poissons, qui paraissent si descendus dans l'échelle animale! Ces éminences, qui n'existent que chez l’homme, qui ont déjà disparu chez les singes, chez tous les mammifères et chez tous les oiseaux , sont tout-à-coup reproduites chez les poissons : preuve évidente que leur encéphale appartient à un de- gré très-élevé de l’animalité. En conséquence , on assimilait leurs lobes postérieurs aux hémisphères cérébraux. On trouvait dans ces lobes la couche optique, le corps strié, la corne d’Ammon, la voûte, et jusqu’au corps calleux. Considérant alors qu’une partie de ces organes ont disparu chez les oiseaux et les reptiles, on ne manquait pas de faire ressortir la prééminence des poissons sur ces deux classes. Je le demande, pouvait-on entreprendre l’anatomie comparative de l’encéphale avec des déterminations qui choquaient tous les rapports anatomiques et zoologiques des animaux vertébrés ? La confusion résultant de tous ces faux rapports et de toutes ces dissemblances fut encore accrue par l’extrème variation de l’encéphale des poissons. Chez les mammifères, toutes les parties de l’encéphale sont, à peu de chose près, la répétition les unes des autres. Les familles apportent bien quelques change- mens dans leurs proportions et dans leurs rapports ; mais avec un peu d'attention il est facile de les ramener au type classique, dont ils ne sont qu’une légère modi- fication. Chez les oiseaux, cet organe est plus fixe encore que XII, 7 (98) chez les mammiféres ; toutes les familles de cette classe co remarquables par la composition identique de leur cerveau. Des plus petits oiseaux aux plus grands , c’est la répétition des mêmes élémens, conservant toujours et les mèmes formes et les mêmes connexions. Les reptiles offrent déjà quelques différences , diffé- ? rences appréciables surtout par la comparaison de l’en- céphale des ophidiens à celui des batraciens et des ché- loniens. Maïs ces dissemblances, toujours peu impor- tantes , n’altèrent jamais les caractères fondamentaux de l'organe , dont on ne peut méconnaître la composition dans toute cette classe. Il n’en est pas de même chez les poissons. Les élé- mens de leur cerveau sont dans une oscillation con- tinuelle. En premier lieu, l’encéphale des poissons cartilagi- neux n'est pas le même que celui des poissons osseux; les formes générales sont tellement changées d’une série à l’autre, que les parties principales , telles que le cer- velet et les lobes cérébraux , deviennent tout-à-fait mé- connaissables. En second lieu , cet organe ne varie pas seulement de famille à famille; mais il présente les différences les plus grandes d’un genre à l’autre, d’une espèce à l’es- pèce la plus voisine ; les individus de la même es- | pèce sont seuls identiques pour la composition de leur | encéphale. C’est surtout parmi les poissons osseux que s’observent ces grands changemens ; car déjà les pois- sons cartilagineux se rapprochent , sous ce rapport ;. du caractère de fixité qui distingue les classes supé=| rieures. (99 ) Tel avait été le résultat de la morphologie privée de la fonction, pour la détermination des diverses parties de l’encéphale des vertébrés ; avant d’en suivre les effets chez les invertébrés, nous devons faire observer que la moelle épinière des premiers n'avait jamais été mé- connue ; encaissée dans un canal formé par la contiguité des vertèbres, sa détermination dérivait nécessairement de sa position; de même que la détermination de l’en- céphale en masse, se déduisait de son encaissement dans la boëte osseuse ou cartilagineuse du crâne. Le conte- nant servait à connaître le contenu; que l’on me per- mette celte expression. Mais le contenant venant tout à coup à disparaitre chez les invertébrés , le système nerveux central se trouvait livré à lui-même; ni ce qu’on appelait leur molle épinière , ni leur encéphale, n'étaient déterminés en masse ; on ne savait même à qu'elle partie du système nerveux des vertébrés on devait le rapporter : ainsi, les uns rapportaient au grand sympathique, tout le système nerveux des invertébrés , sans considérer que depuis Rufus d'Ephèse , et Galien , ce grand nerf était unique- ment dévolu aux fonctions nutritives. Les autres, et c’est encore l'opinion de plusieurs anatomisies, ne pou- vant avec les vertébrés expliquer les invertébrés, sni- virent une marche opposée; ils considérèrent la double chaîne de ganglions des articulés, comme l’analogue de la moelle épinière des vertébrés , qu'ils supposèrent devoir être renflée à chaque segment vertébral : l’obser- vation directe vint bientôt détruire cette assertion qui, pendant quelque temps, sembla justifier la dénomina- tion de moelle épinière appliquée encore, et si impro- # ( 100 }) prement, sélon nous, à l'axe nerveux double où simple des invertébrés. : Si l’on compare maintenant l’indétermination de ce système fondamental des appareils de relation , à la dé- termination si heureuse des. appareils de la respiration et de la circulation, on ne peut s'empêcher de deman- der pourquoi ces règles , dont l'application a eté si efli- cace d’un côté, se trouve si inefhicace de l’autre? Les termes du problème restent les mêmes ; ce sont toujours les élémens organique qu'il s’agit de déterminer dans toutes les classes pour les comparer ensuite; la méthode qui a réussi d’un côté , échoue de l’autre; il faut donc qu'elle ne soit pas également applicable à ces deux ordres d’appareils. J'ai voulu d’abord en montrer l’imperfection dans un système entier de l’organisation , le système nerveux; je vais la faire maintenant à des appareils circonscrits, ceux des sens, en choisissant l’odorat et le goût, qui sont intermédiaires aux fonctions de nutrition et de re- lation , et l'audition qui rentre exclusivement dans les fonctions relatives. Dans l’exemple que nous venons de rapporter, lobs- curité de la fonction a pu entraîner à faire méconnaitre l’analogie de ses nstrumens: il devient donc nécessaire de choisir un autre ordre de pièces organiques, dont le but ou l’usage soit un peu moins indéterminé: les pièces osseuses composant le crâne et la face, vont nous servir de nouvelles preuves. Leur but est évidemment, dans toutes les classes, de protéger d'une part le cerveau, quant aux os crâniens ; et de l’autre, de eloisonner les « . Tissu fibro-parenchymateux qui sert de soutien au précédent , et qui est la continuation de celui du péricarpe, B , coupe d’une des loges de l’ovaire au moment de l’imprégnation. — 1. Parenchyme du péricarpe. — 2. Tissu stigmatique et conducteur. — 3. Parenchyme qui occupe le centre du pédoncule. — 4. Vaisseaux nourriciers. — 5. Tissu fibreux qui les accompagne. — 6. Papille qui termine le tissu conducteur dans la cavité de l’ovaire , en face de louverture du testa, — 7. Cordon ombilical. — 8. Ovule. — 9. Ou- verture du testa, ©, coupe de l’ovule peu de temps après l’imprégnation. — 1. Chalaze. — 2. Testa. — 3. Parenchyme externe de l’amande. — 4. Paren- rhyme central de lamande.— 5. Sac embryonnaire. — 6. Ouverture du testa. — 7. Embryon. D, base du sac embryonnaire. — 1. Sac. — 2. Vésicule embryon- paire. Æ, vésicule isolée à l’époque même de l’imprégnation, ou très - peu après. Elle est très-transparente. F, graine à moitié mûre. Les mêmes chiffres indiquent les mêmes par- ties que dans la figure C. PI. 43, fig, 1. Structure de l’ovule et développement de embryon dans le Zea Mays. A, coupe de l'ovaire avant la fécondation, faite suivant le plan qui passo entre les deux faisceaux de tissu conducteur et par la base du ( 293 ) style. — 1. Base du style. — 2. Péricarpe. — 3. Tégument unique de l’ovule , tegmen ? — 4. Amande. — 5. Ouverture du tégument de l’o- vule , et mamelon d’imprégnation de l’amande. — 6. Chalaze, — 9. Cordon ombilical court et épais qui soutient l’ovule. — 8, 8. Bales de la fleur fertile. — 9, 9. Bales de la fleur avortée. — 10, 10. Glumes de l’épillet biflore. B, l'ovule mis à découvert sur sa face embryonnaire. — 1. Péricarpe. — 2. Ovule. — 3. Ouverture du tégument de l’ovule , au fond de la- quelle on apercoit le mamelon de l’amande. €, coupe d’un ovoire peu de temps après l’imprégnation, — 1. Péri- carpe. — 2. Tégument de l’ovule. — 3. Amande. — 4. Rudiment de l'embryon. D, l'embryon de cet ovule plus grossi ; il est fixé à la base de la cavité embryonnaire creusée dans Le parenchyme de l’amande. . Æ, coupe d’un ovaire plus développé. Les diverses parties sont indi- quées par les mêmes chiffres que dans la figure €. Æ", embryon contenu dans l’ovaire représenté dans la figure précédente, isolé et yu par sa face externe : on y recounait déjà la radicule , ls cotylédon et la plumule. .G, le même embryon coupé longitudinalement et vu de profil. H, coupe du fruit mûr du Mays. Les diverses parties y sont indiquées par les mêmes chiffres que dans Les figures © ct Æ. Z, chalaze observée sur la greine müre. Fig. 2, Structure de l’oyule et développement de l'embryon dans l'Avena sativa. A, coupe d’un ovaire avant l’imprégnation. — 1. Base du style. — 2. Péricarpe. — 3. Ovule. — 4. Chalaze. B, coupe d’un ovaire!peu de temps après limprégnation, — +. Base du style. — 2. Sarcocarpe ou tissu parenchymateux extérieur du péri- carpe. — 3. Endocarpe ou tissu fibreux et iutérieur du péricarpe. — 4. Tégument de l’ovule, ouvert en face du mamelon d’imprégnation. — 5. Amande. — 6. Mamelon d’impréguation et rudiment de l’em- bryon. — 7 Chalaze linéaire formée par un faisceau de vaisseaux uourriciers qui occupent le fond du sillon de l'ovaire. €, coupe transversale de l'ovaire précédent. — 1. Péricarpe. — 2. Té- gument de l’ovule. — 3. Amande, — 4. Chalaze. D, coupe longitudinale d’uu avaire plus développé. Les mêmes parties . sont désignées par les mêmes chiffres que daus la figure 2. { 294 ) Fig. 3. Structure de l’ovaire et de l’ovule du T'hesium linophyllum , et développement de l’embryon de cette plante. A, coupe longitudinale de la fleur et de l'ovaire. — 1. Péricarpe. — 2. Colonne qui soutient les ovules , mais qui ne se continue pas aver la base du style. B, colonne centrale isolée : elle ne porte que deux ovules suspendus près de son sommet, qui est tout-à-fait libre , et w’adhère nullement aux parois de l'ovaire. C, autre colonne soutenant, comme c’est le plus ordinaire, trois ovules. Il est impossible dans ces ovules de détacher aucun tégument distinct; ils ne paraissent entièrement formés que d’un parenchyme uniforme , comme l’amande des autres ovules. Le mamelon qui ter- mine la colonne paraît ètre commun aux trois ovules. D, coupe d’un ovaire plus développé quelque temps aprés Fimprégna- tion.— 1. Calice adhérent. — >, Péricarpe dur ét fibreux. — 3.Tissu spongieux qui le remplit. —4. Colonne centrale qui soutient les ovules* —5. Ovule fécondé. — 6. Ovule avorté. Æ , coupe de l’ovule à la même époque. — +. Péricarpe. — 2. Paren- chyme spongieux. — 3. Colonne centrale qui soutient les ovules. — 4. Tissu uniforme qui constitue tout l’ovule fécondé, et qui n’est re- couvert par aucun tégument distinct. — 5. Embryon à peine déve- loppé. — 6. Ovule avorté. F, coupe d’un fruit mùr. — 1. Ualice adhérent. — 2. Péricarpe. — 3. Colonne centrale rejetée de côté, par Le moyen de laquelle la graine est fixée au fond de la cavité du péricarpe. — 4. Périsperme. — 5; Em- bryon. PI. 44, fig. 1. Structure de l’ovule, et formation de l'embryon dans le Ceratophyllum submersum. À, pistil entouré de ses bractées. B, coupe de l'ovaire et de l’ovule avant l'imipréguation. — 1. Péricarpe. — 2. Test. — 3. Amande. €', amande séparée, — 1. Son point d’attache à la chalaze. — 2. Ma- melon d’impiégnation. On apercoiït dans son ihtérieur, à travers la membraue de l’amande, le sac embryonnairé qui s'étend alors jus- qu’au mamelon d’imprégnation. D , amande peu de temps après l’imprégnation., — 1. Son point d’at- tache à la chalaze. — 2. Mamelon d’imprégnation. — 3.Sacembryon- uaire composé de trois grandes cellules superposées, — 4. Embryon, ( 299 ) I, le sac embryonnaire isole, montrant ces Lois cellules qui parais- sent communiquer entrelles vers le centre , et l'embryon sous la forme d’un globule vert , Hbre, simplement enchässé dans de petites cellules qui entourent l'extrémité libre du sac, et dont on le fait sor- tir par le moindre mouvement. Æ, amande à une époque plus avancée. Les mêmes parties sont désignées par les mêmes chiffres que dans la figure Z. G, sac embryonnaire d’un ovule à-peu-près aussi avancé, vu séparé- ment. H. l'extrémité inférieure du même sac, vu en dessous, On observe au milieu de l'espèce de couronne de cellules qui couvre cette extrémité une cavité centrale dans laquelle s’est formé l'embryon. I, coupe de la graine müre présentant l'embryon dout la gemmule est enveloppée par le sac embryonnaire. K , embryon séparé. — 1. Radicule. — 2. Appendices de la radicule ou cotylédons. — 3. Premières feuilles opposées ou cotylédons. — 4. Gemmule formée par les feuilles verticillées. Fig. 2. Structure de l’ovule et développement de l'embryon dans le Tropæolum majus. Æ, coupe d’un ovule au moment de l’imprégnation : toutes Les parties sont soudées entre elles, mais on peut encoreles distinguer par la diffé- rence de leur tissu. — 1. Vaisseaux nourriciers. — 2. Chalaze — 3. Tissu du testa. — 4. Tissu de amande. — 5. Sac embryonnaire, — 6, Mamelon d’imprégnation qui se termine dans le sac embryou- uaire par un prolongement celiuleux qui doit porter la vésicule em- bryonnaire; comme dans l’Zpomæa purpurea ( voy. pl. 4r). B , coupe d’un ovule et d’une partie de l'ovaire peu de temps après Pim- prégnation. — 1. Style. — 2. Tissu conducteur. — 3. Péricarpe. — 4. Vaisseaux nourriciers. — 5. Raphé, — 6. Chalaze. — 7. Tissu du testa. — 8. Tissu de amande. — 9. Cavité du saç embryonxaire. — 10. Mamelon d’imprégnation. — 1r. Filet ceiluleux qui , naissant de la base de ce mamelon, se prolonge au dehors, le long de la face externe de l’ovule. — 12. Prolongement cellu!leux du mamelon d’im- préguation, à l'extrémité duquel se forme l'embryon. — 13. Em- bryon. C, embryon et extrémité du prolongement celluleux qui lunit zu ma- melon d'imprégnation obserxé à la même époque que l’ovule précé- dent, ( 296 ) D , mamelon d’impréguation du même ovule, isolé et grossi davan- tage : il paraît recouvert ou soudé intimement avec l’épiderme de l’o- vule. On voit les deux filets celluleux qui en naissent, l’un (1) qui soutient l'embryon, l’autre (2) qui se prolonge au dehors. Æ, les mêmes parties qu’en €, examinées à une époque plus avancée. On disfiugue déjà dans l’embryon les deux lobes latéraux qui devien- dront les cotylédons, et un lobe moyen qui formerala gemmule. F, coupe d'un ovule beaucoup plus développé. — 1. Vaisseaux nour- riciers. — 2. Mamelon d’imprégnation. — 3. Filet externe qui en naît. — 4. Prolongement auquel est fixé l'embryon. — 5. Cavité du sac embryonnaire. — 6. Embryon dans lequel les cotylédons, la gem- mule et la radicule sont très-distinets. G , coupe d’une graine mûre, sur laquelle on voit que l'embryon est encore fixé par sa radicule, à l’extrémité du prolongement du mame- lon d’imprégnation, Exvrair du Rapport fait à l'Académie des Sciences par la commission chargée de juger les Mémoires envoyés au concours pour le prix de Physiologie expérimentale. Le Mémoire de M. Adolphe Brongniart à fixé parti- culièrement l'attention de la commission : il s'agissait de la génération ; phénomène le plus important de la vie des êtres organisés, et celui peut-être où les rap- ports eutre les animaux et les végétaux sont les plus évi- dens. Ainsi, quoique M. Brongniart n'eut dirigé ses recherches que sur les végétaux , on a jugé que son Mémoire devait être admis au concours. Déjà beaucoup de naturalistes d’un mérite éminent avaient étudié la fécondation des pistüls et le développement progressif de la graine depuis le moment où elle commence à pa- ( 297 ) raitre jusqu'à celui où elle arrive à sa parfaite malu- rité. Dans ces derniers temps , M. Robert Brown a ré- pandu une vive lumière sur cette suite de phénomènes. Il convient aussi de rappeler l’observation de M. Amici : ce savant a vu sortir d’un grain de pollen du Portulaca oleracea, et s’allonger sur le stigmate, une sorte de boyau membraneux , lequel renfermait les granules fé- condans. Le sujet n’était donc pas neuf, mais il n’était pas épuisé. M. Adolphe Brongniart, par ses délicates anatomies d’un grand nombre d’ovules , a confirmé les belles observations de M. Robert Brown, et a été con- duit naturellement à adopter une théorie qui , à beau- coup d’égards , diffère peu de celle du célèbre botaniste anglois (1). Il paraît aujourd’hui hors de doute que la fécondation ne s’opère point par la partie vasculaire du style et le cordon ombilical, mais bien par le tissu cel- lulaire et le micropyle , fait important annoncé par Mor- land et que M. Robert Brown et après lui M. Brongniart ont amené au plus haut degré de probabilité. Parmi les (1) Je crois danse courant de ce Mémoire avoir rendu une entière jus- tice au beau travail de M. Robert Brown , dont mes recherches m’avaient mis à même d'apprécier l'exactitude et l’importance; mais ce travail n'avait pour objet que la structure de l’ovale : tout ce qui a rapport à l’organisation du pollen , à son action sur le stigmate , à La structure de cet organe et du style, n’a pas même été mentionné par ce savant bo- taniste. Plusieurs des points les plus délicats de la structure de l’ovule, tels que la disposition de la vésicule embryonnaire avant et après l'im- prégnation , el la présence d’un tube conducteur particulier pour l’in- troduction de la substance fécondante, paraissent avoir échappé à M.R. Brown, dont la théorie par cela même n’embrassait pas tous les phénomènes de la génération des végétaux , mais seulement ceux qui ont rapport au mode d'introduction du fluide fécondant dans l’ovule, et au développement de l'embryon. (An. Br.) ( 298 ) observations qui viennent à l'appui de cette théorie, il en est une très-curieuse, qui appartient tonte entière à M. Brongniart. Ce boyau , qui sort du grain de pollen et dont la découverte est due à M. Amici, n'existe pas seulement dans le Portulaca oleracea , mais dans beau- coup d’autres espèces phanérogames, et peut-être dans la plupart , il pénètre dans les interstices du tissu cellu- laire de certains stigmates spongieux, et selon toute apparence y laisse écouler la matière granuleuse qu'il co tient. L'importance du sujet que M. Adolphe Brongniart à traité, les difficultés qu’il a eu à surmonter dans des dissections pour lesquelles l’usage du microscope est in- dispensable , le talent et le bon esprit dont il à fait preuve dans la rédaction de son travail, auquel il a joint d'excellentes figures , ont déterminé là commission à décerner le prix à ce jeune naturaliste. Sur la Constance des faits géognostiques qui ac- compagnent le terrain d'Arkose dans l'Est de la France ; Par M. De Bonnaro, (Extrait, lu par l'auteur à l’Académie royale des Sciences , séance du 4 juin 1827.) L’'indulgeute approbation dont l'Académie a honoré Je mémoire que j'ai eu l’honueur de lui soumettre sur ( 299 ) la géologie de la Bourgogne (1), m'a imposé l'obligation de chercher à compléter , où rectifier, ou perfectionner mon travail. Les renseignemens que j’ai recucillis à cet effet, et les observations nouvelles que j'ai faites moi- même, me permettent aujourd'hui d'annoncer comme confirmés , la plupart des faits qne je n'avais exposés qu'avec doute. Des explorations géologiques, qu’on à rarement oc- casion de faire d’une manière aussi certaine et sur une aussi grande échelle. les percées souterraines des ca- naux de Bourgogne et de Nivernais , ont mis à décou- vert, sur les deux flancs de la chaîne granitique du Morvan, des successions de terrains semblables à celles que j'avais conclues de mes premières recherches. Les observations de plusieurs de MM. les ingénieurs des mines , leur ont fait reconnaître la même série de coù- ches , dans des localités assez éloignées de celles que j'a- vais pu étudier. J'ai vérifié plusieurs de ces nouveaux documens , däns un voyage entrepris avec ce but l’au- tomne dernier ; j’ai suivi les formations que j'avais ob- servées dans le noïd de la Bourgogne, jusqu'aux en- virons de Lyon, et je les ai retrouvées dans le Nivernais. Il me paraît résulter de cet ensemble de nou- velles données , qu’ainsi que je l'avais indiqué à la fin de mon premier mémoire , le terrain que j'ai décrit sous le nom de terrain d’Arkose , qu'on pourrait regarder comme une sorte d’anomalie, ou d'exception aux lois générales de la géognosie, en raison des singularités (1) Voyez le Rapport fait à l’Académie sur ce Mémoire, dans les Annales des Sciences naturelles , tom. vr,p 456, et le Mémoire lui- même, dans les Ænnales des Mines, tom. x, p. 193 et 427. { 300 ) que présentent soit les circonstances de sa superposi- tion au granite avec apparence de passage insensible , soit celles de son gisement en général, comme seul entre le Granite et les terrains secondaires supérieurs , et tenant ainsi la place de toutes les formations dites de transition et secondaires anciennes , que le terrain d’Arkose, dis-je, se présente lui-même avec une sorte de généralité, au moins à l'Est de la France, dans les localités où le Granite est en contact avec les Terrains Jurassiques. Il en résulte aussi la preuve d’une con- stance remarquable, dans la série des terrains dont l’Arkose est le premier terme, et dans l’ensemble des circonstances géognostiques que présente celte série. Je vais avoir l’honneur d’exposer à l’Académie le ré- sumé succint des faits dont l'observation me semble pou- voir conduire à ces deux conclusions. Je soumets à son jugement un exposé plus circonstancié (1) ; je lui deman- derai la permission de développer ensuite quelques-uns de ces faits dans des notices particulières, Dans toute la contrée que j'ai parcourue, depuis la pointe du Morvan jusqu’à Lyon et Saint-Étienne, je n'ai vu ni terrains de transition, ni anciens Calcaires se- condaires. Le Granite , le Gneiss ei le Porphyre, qui con- stituent les terrains cristallins primordiaux, ne sont recouverts que par des bassins de Terrain houiller , ou par les formations d’Arkose, de Marnes, de Caicaire à Gryphées , et de Marnes et Calcaires jurassiques. Dans le nord de la Bourgogne, cette dernière série de forma- (1) Le Mémoire entier doit paraître dans les Annales des Mines de 1828. (ant) tions se présente seule sur le granite, et il paraît en être ainsi jusqu’auprès de Langres. En approchant d’Autun, on trouve au contraire sur le Granite beaucoup de Grès houillers , et les terrains d’Arkose et de Calcaire à Gry- phées ne se montrent plus qu’en petits ilots épars. Plus au midi, le long du canal du centre et dans le Cha- rollais , on passe fréquemment du terrain primordial à la formation houillère, ou à la formation d’Arkose et de Cal- caires, mais toujours immédiatement à l’une ou à l’autre. Dans certaines localités, la formation louillère renferme descouchesdont la matière composante, considéréecomme roche , doit être rapportée à l'{rkose ; mais je n’ai pu parvenir à trouver de points de contact certains , entre le terrain d’Arkose et le terrain houiller. Quelquefois le premier couronne les sommets des montagnes dont le second couvre les pentes : tel est le cas que présen- tent les environs de Resille et d'Epinac, près d’Autun. Ailleurs, comme aux environs de Blauzy, le terrain houiller se montre sur l’un des côtés de la vallée, et de l’autre côté l’Arkose recouvre seule les roches pri- mordiales. Ailleurs encore, comme à Saint-Berain et à Saint-Léger, du même côté de la vallée, une forma- tion houillère et un terrain de Marnes et de gypse ap- partenant à la série qui suit le terrain d’Arkose se pré- sentent , chacun avec un assez grand développement, et à côté l’un de l’autre, sans qu’on ait pu jusqu’à présent reconnaître de superposition de l’un à l’autre. Ici ce- pendant la disposition générale de la stratification des deux terrains , et l’observation qui a été faite de petits filons gypseux dans le terrain houiller , semblent bien indiquer que celui-ci est antérieur au preinier. Une in- ( 302 } duction semblable peut ètre tirée de l'observation des diverses roches arénacées qu’on rencontre entre Autun et Nolay, surtout près de Curgy ; et d’ailleurs les opi- nions générales , relativement à l’âge de chacun de ces terrains , viennent à l'appui de cette conclusion. Mais le manque de preuves directes à cet égard , est une circon- stance singulière qui doit faire conserver quelques doutes, surtout si on la rapproche des phénomènes remar- quables que présente la superposition de l’Arkose au Granite, des idées de formation ignée et presque con- temporaine à celle du Granite, auxquelles l'observation de ces phénomènes conduit involontairemeut, et des idées du mème genre, sur la formation du Gypse , émises depuis peu par un géologue célèbre. J'ai reconnu la superposition de l’Arkose au Porphyre, avec des circonstances tout-à-fait semblables à celles que présente la superposition de l’Arkose au Granite. De même que dans ce dernier cas , les parties supérieures du porphyre se désaggrégent peu à peu, et constituent enfin une véritable sorte d’Æréne porphyrique. Cette” Arène passe insensiblement à une #rkose granitoïde friable, re- couverte par une Arkose semi-cristailine dure (ou un Hi- mmoph) re quartzeux), auquel l’Arkose tendre se retrouve mélangée en veinules ou en petits amas ; le tout conte- nant du spaih pesant et de la galène, et passant, dans ses parties supérieures , à une roche jaspoïde jaunàtre qui passe elle-mème insensiblement à lArgile marneuse jaune du terrain qui la recouvre. Tels sont les faits qu’on peut observer à Baye, dans la tranchée du biez de par tage du canal du Nivernais. Intéressans sous le point de vue scientifique, leur reconnaissance a eu , dans cette (1505 ) localité, un autre genre d'intérêt, et la confirmation d’un fait géognostique à contribué à faire vaincre les dif- ficuliés que la nature des terrains marneux de Baye op- pose aux travaux de la percée souterraine du canal. Lorsque le terrain primordial est formé de roches feuilletées , Gneiss ou Stéaschiste, les circonstances de la superposition paraissent être fort différentes. On ne voit point de passege apparent d’une roche à l’autre; on ne voit plus qu’une Arkose tout-à-fait arénacée , qui re- couvre le terrain inférieur , soit avec une allure à-peu- près parallèle, comme à Chessy, soit au contraire en stratification transgressive, comme je l’ai observé à Resille près d'Épinac , et au Bois - Franc près de Blanzy. Dans ce dernier cas, les parties supérieures des couches de Gneiïss sont à la vérité désaggrégées et al- térées, comme le sont ailleurs les parties supérieures du Granite et du Porphyre; cette désaggrégation , à son période extrême, produit une sorte d’Argile jaune, mi- cacée , assez analogue à l’Æréne, et dans laquelle on ob- serve encore les indices de la stratification du gneiss. Mais sur les tranches de ces couches fortement incli- nées , l’Arkose arénacée repose en couches horizontales, La constance que présente la succession des divers terrains calcaires superposés à l’Arkose, me paraît un fait également important. Cette constance est générale , er les apparences contraires qui se montrent quelque- fois, sont reconnues pour n'être que des apparences, quand on les observe avec soin. Auprès de Chäteau-Neuf, des rochers granitiques bordent les deux rives du Sornin. Sur la rive gauche , le Granite est reconvert par des Arkoses semi-cristallines 3 ( 304 ) à pâte calcaire, signalées il y a vingt-cinq ans par M. de Drée, et décrites en 1815 par M. Cordier. Mais sur la rive droite, où le terrain primordial cesse bientôt , on exploite , auprès du moulin de Papillon, des couches d’Arkose arénacée , de Marnes et de Lumachelle. A peu de distance de là, sur la hauteur, sont exploitées de grandes' et belles carrières de Calcaire à Entroques. On m'assurait que le Calcaire à Gryphées, bien connu dans toute la Bourgogne sous le nom de pierre bise ou pierre bleue, manquait dans cette localité; maïs en montant de l’une à l’autre carrière, j’ai cherché et trouvéet la Gryphée arquée, et le Calcaire d’un gris foncé qui la renferme, et les nombreuses Bélemnites des marnes qui recouvrent ce Calcaire à Gryphées. Un exemple plus remarquable encore de cette con- stance, m'a frappé auprès de Limonest, à trois lieues au nord de Lyon. Dans le village même de Limonest, l’Arkose arénacée est supérposée au Granite, et plonge vers l’est dans la montagne. En tournant celte mon- tagne, sur la pente d’une vallée profonde qui conduit au château de la Barollière, on trouve bientôt des escarpemens de Calcaire à Gryphées, superposé à PAr- kose, en couches plongeant à l’est et présentant leurs wanches inférieures sur le flanc d’un vallon latéral, où elles sont exploitées dans de grandes carrières ; de l’autre côté du même vallon, et presque en face de ces escarpe- mens de Calcaire à Gryphées , se montrent d’autres es- carpemens formés de Calcaire à Entroques , en couches plongeant dans la montagne qui continue de s'élever. Mais derrière le château, et à quelques pas seulement du Calcaire à Entroques , le Granite reparait en rochers ( 305 ) à peiné saillans hors de terre: étonné de rencontrer ce’ qui semblait indiquer une superposition immédiate du Calcaire à Entroques au Granite, j'ai examiné le sol au- tour des roches, et j'y ai retrouvé, en couches très- minces, et l’Arkose , et le Calcaire à Gryphées , et mème des marnes de la seconde formation marneuse. Ainsi, la constance de la nature se manifeste, mème dans une localité où il semblerait que, faute d'espace l'ordre des formations devrait être interverti, et à plus de cin- quante lieues de distance des contrées où cet ordre des formations a été observé d’abord, Les eirconstances de cette localité sont également remarquables sous un autre rappport. L'apparition du Granite à Ja surface du sol, entre les deux escarpemiens calcaires ; à l’entrée d'un vallon singulier qui semble le produit de la rupture des couches qui l’encaissent , rappèle les phénomènes sur lesquels j'ai appelé l’atten- tion dans mon premier mémoire, relativement à la dis- position des calcaires secondaires autour des noyaux de terrains cristallins, et les idées huttoniennes avec lesquelles il peut sembler si facile d’expliquér cette disposition. A Chessy, la série des formations du nord de la Bou gogne se représente avec un développement qui larrend d'autant plus intéressante , que le gite important de Cuivre carbonaté qu'on y exploite fait partie dulterrain d’Arkose, et que leterrain de Marnes et Lumachelle est remplacé par un ensemble de couches calcaires de couleur claire, très-difiérentes de tout ce que j'ai vu ailleurs. La teneur métallique de la formation arkosienne, si XII, 20 ( 306 ) “frappante à Chessy dans l'A4rÆose arénacée , comme à Chiwy-la-Mine dans lAÆrhkose semi-cristalline , à été éga- lement constatée dans un assez grand nombre d’autres localités. Dans le Charollais et le Beaujolais, le mi- nerai de plomb argentifère s’y rencontre fréquemment , et le minerai pénètre souvent jusque dans le Calcaire à Gryphées. Des circonstances semblables se présentent sur beaucoup de points du département de la Nièvre, er il me parait de plus en plus probable qu’une partie : au moins des gites métallifères connus autour du groupe granitique du centre de la France, appartient au ter- rain d’Arkose. Je crois pouvoir appliquer le mème rap- prochement aux gites de Manganèse de Romanèche , près de Mâcon. Enfin , des dépôts de Fer oxidé hydraté, situés dans diverses localités de la Bourgogne au-dessous du Calcaire à Gryphées , présentent le développement intéressant d’un fait dont j'avais signalé deux indices (à Toutry et à Thoste), et paraissent déterminer, comme appartenant à la formation arkosienne, des gites de minerais de fer qu’on avait peut-être confondus jus- qu'à présent avec les minerais des terrains jurassiques. Les relations des terrains de la formation de l’Arkose avec les Terrains jurassiques qui leur sont superposés , m'ont offert la même constance ; et plusieurs faits re- marquables , tout en me montrant des circonstances nouvelles , ont confirmé encore sur ce point la géné- ralité de mes observations précédentes. La chaîne primordiale qui, courant du nord au sud, sépare le Charollais du Mâäconnais, présente vers l’est une pente plus escarpée que sur le versant opposé. En sortant de la chaîne sur la route de la Clayte à Mâcon ( 367 ) et descendant rapidement cette pente orientale , on a de- vant soi d’autres montagnes formées de terrains jurassi- ques , qui présentent aussi une pente rapide en face de la chaîne primordiale, et montrent de ce côté les tranches de leurs couches relevées vers les terrains anciens, tandis que leur autre pente s’abaisse lentement dans le sens du plan des couches, vers la vallée de la Saône, On est frappé de l’écartement de ces deux chaînes escarpées en regard l’une de l’autre ; écartement qui paraît bien n’a- voir pu être produit que par une cause violente , et qui m'a rappelé les faits que j'avais déjà observés sur la dis- position des Caleaires jurassiques par rapport aux noyaux de Granite. Mais, en arrivant au pied de la montagne près de Pierreclaud , on trouve, comme de l’autre côté de la chaîne, l’Arkose appuyé sur le Porphyre , puis les Marnes et le Calcaire à Gryphées et le tout à niveau de- croissant , s'enfonçant sous le sol au-dessus duquel s’é- lèvent un peu plus loin la seconde formation marneuse et les calcaires blancs. Ainsi, ces phénomènes de sé- paration violente et de relèvement des tranches des cou- ches, n’ont eu lieu que pour les terrains supérieures au Calcaire à Gryphées ; tandis que ce Calcaire , les Marnes et les Arkoses qui sont restés sur la pente primordiale , semblent avoir eu, en quelque sorte, plus de liaison avec les terrains cristallins qu'avec les terrains juras- siques, circonstance que j'avais remarqnée sous une autre forme dans les plateaux de l’Auxois et qui me paraît venir à l'appui de l'opinion, qu’on ne doit pas réuuir tout ce que les géologues anglais réunissent sous le nom de Lias ; mais qu’on doit regarder comme deux formations distinctes , d’une part le Calcaire à Gryphées { 308 ) réuni aux terraihs situés au-dessous de lui, et d'autre part les Marnes jurassiques ‘et les Calcaires blancs qui les recouvrent. | L'étude détaillée’ de la montagne de Pouilly en Auxois, pär M. l'ingénieur Lacordaire, à fait reconnaitre aa pied des buttes de Calcaire blanc-jaunätré marneux , qui s'élèvent sur les plateaux de Calcaire à Entroques, des couches de Marnes bleuätres dont je n'avais pas dé- terminé la place d’une manière positive. Peut-être doit- on considérer ces marnes comme représentant , en quel- ques sorte par extrait, les couches marneuses du second étage, signalé par M. Charbaut dans le Jura, étage auquel appartiendrait alors en Bourgogne, les trois Calcaires blancs supérieurs; le Calcaire à Entroques for- mant, dans cette supposition, le sommet du premier étagé, conime il forme, ea effet, le sol de beaucoup de plateaux élevés. L'étude comparée des fossiles donnera les moyens de reconnaitre le degré de justesse de ce rap- prochement. J'ai retrouvé le Calcaire à Entroques en place , à côté des rochers basaltiques des tertres du Drevin, dont les peñtes présentent d'ailleurs la succession des terrains de la série arkosienne , depuis le Granite qui constitue le fond des vallées jusqu’au Calcaire à Gryphées qui forme le sol du plateau sur lequel s'élèvent les deux buttes basaltiques ; et ainsi, cette localité singulière par l’apparition de produits irappéens d'anciens vol- cans, au milieu d’uné contrée qui n’en montre d’ail- leurs aucun vestige, présente , par sa singularité même , un témoignage plus frappant de la constance de compo- sition de la série des terrains qui accompagnent l’Arkose. (309 ) Tels'sont les paincipaux faits développés dans le:mé- moire que j'ai l'honneur de présenter à l'Académie; ils me paraissent justifier d’une manière suflisante, les con- clusions énoncées au commencement de cet extrait, eL pouvoir contribuer à attirer l'attention des naturalistes sur une formation intéressante sous le rapport géolo- gique comme sous le point de vue de sa richesse en mi- néraux utiles. Dans une secoude notice, j’exposerai quelques détails sur, les circonstances géognostiques qui accompagnent les gites métallifères de Romanèches et de Chessy.” Dans la séance du 18 juin 1827, l'Académie des Sciences , sur le rapport de ses commissaires (MM. Cu- vier et Brochant de Villiers }, a.accneilli favorablement le Mémoire de M, de Bonnard , et arrêté qu'il serait im primé dans la collection des Mémoires des savans étran- gers. Nows sur une espèce nouvelle d'Halious à l'état fossile ; Par M. Mancez DE Serres. (Eue à la Société d'Histoire naturelle de Montpellier le 15 février 1827.) Parmi les corps organisés fossilés , ceux qui appar- tiennent aux Mollusques Testacés, semblent à-la-fois les plus généralement répandus , comme les plus per- Ï 5 Ê ’ { E sislans : aussi servent-1ls principalement à caractériser ( 310 ) les formations , et par suite à les faire rapprocher ou séparer suivant que lon y rencontre des espèces iden- tiqués ou différentes. Mais , de même que l’on cherche à s'assurer par une comparaison exacte, si les Fossiles sont où non semblables aux espèces vivantes , 1] est éga- lement utile de reconnaître si tous ou certains des dif- férens genres de Testacés vivans éxistent où non à l’é- tat fossile. H paraîtrait, du moins dans l’état actuel de la con- chyhologie souterraine , qu'à mesure que l’on recueille des Testavés fossiles, on retrouve, d’une part, peu à peu les genres qui existent encore à l’état vivant, tan- dis que de l’autre on en découvre un certain nombre, qui ne paraissent plus avoir de représentans sur la terre, soit qu'ils aient complètement cessé d’exister, soit que leurs analogues occupent la profondeur des mers ou ha- bitent des parages pett fréquentés. Ces faits semblent prouver combien il faut être reservé pour admettre qu’un genre de Festacé actuellement vivant n’a point de re- présentant parmi les fossiles , surtout lorsque ce genre est très-répandu et fort nombreux en espèces. Les espèces qui composent les genres vivans, peuvent bien ne pas être les mêmes que les espèces fossiles ; mais le type d'organisation sur lequel le genre à été fondé existe tou- jours , quoique les espèces qui le constituent dans la nature détruite et vivante ne soïent pas les mèmes. En faisant le relevé des genres des Mollusques et des Cirrhipèdes qui ont quelques vestiges de coquilles ou qui offrent quelque corps solide, soit intérieur , soit exté- rieur qui en uénne lieu; on trouve que dans l’état ac-, Luel de la conchyliologie , Le plus grand nombre de ces (3er ) genres a déjà été observé à l’état fossile et à l'état vi- vant (1). En effet, sur deux cent quatre - vingt - trois genres qui ont quelque sorte de têt , cent soixante-cinq se montrent en mème temps dans la nature vivante et détruite , c’est-à-dire les : de la totalité des genres connus. Les autres sont distribués de manière que soïxante-un genres n’ont pas encore été trouvés à l’état fossile, tandis qu'il en est cinquante-sept que l’on n’a point aperçu parmi les genres actuellement vivans. Ainsi un certain nombre de genres seniblent totalement per- dus, tandis qu'un plus grand nombre parait n'avoir point de représentans parmi les espèces détruites. Mais parmi les soixante-un genres de Mollusques ou de Girrhipèdes trouvés sétlement à l'état vivant, il y en a au! moins dix-huit qui n'ont-pu passer à l’état fossile. Ces genres w’offreñt guère de vestiges de co- quille , ils offrent à peine quelques lames cornées inté- rieures ; sorle d’ébauche ou de ruidiment de tèt, et qui, composée en grande partie de substances molles , n’a pas pu par suite de cette structure se pétrifier comme les vraies coquilles. Parmi ces genres sans tèt solides, on peut citer les Octopus, les Loligo , les Nodosaria , les Hyalæa, les Cymbulia, les Limacina, les Pleu- robranchus, les Laplysia, les Dolabella, les Limax , les Parmacella, les Vitrina, les Carinaria, les Cine- ras, les Otion, les Acasta, les Creusia et les Pyr- goma. I ne nous resterait donc que soixante-un genres de (1) Nous n'avons admis , dans le relevé général des geures de Mol- lusques et de Cirrhipèdes qui ont quelque vestige de têt, que ceux qui sont fondés sur des caractères tranchés. (3x6) Mollusques testacés àstrouver à Fétat fossile, et si l’on juge par ja masse de genres que lon a reconnu parmi les espèces détruites depuis. le peu de temps: que:l’on s'occupe de, cette recherche, nous devons espérer: que ce nombre, sera, bientôt diminué: Quoiquil'en soit, il paraît-que le nombre.des genres trouvés jusqu'à présent uniquement;à l’état fossilesou.à Fétat vivant ,:està-peu- près létmèmes tandis :quéle. nombre des genres! ob- servés dansiles. deux|-états, est environ: trois, fois plus considérable,;que, céluidesautres! genres uniquement aperçus. dans ila; nature. vivänterou: détmunte. En-efet, les geures fossiles et vivansisopt-éritrerenx:s it 59 : Gr, c'est-à-dire en nombre,à-peu-près égal} tandis quéles genres trouvés, dans les detf états sont:aux: premiers ::465,::.57ou à 61 rapport assez rapproché de 3 : n Ce, rapport: est tellement supérieur au, premier , | que uous devons espérer de rencontrer la plupart des genres actuellement vivans à! l’état, fossile; mais l’inverse n’est pas également probable et les faits généralement con- nus,paraissent annoncer que par; suile.des révolutions du.globe ,' certaines, espèces ont.été détruites pour: tou- jours. Leénombre des genres vivags n'est point cependant en excès. sur les fossiles , (comme semblent l’annoncer les nombres 6ret 57, puisqu'il faut en retrancher Jes dix- huit qui, n'ayant pas pu passer à l'état fossile, font qu'en réalité, quarante-trois genres seulement sont à retrouver dans ce dernier état ; ainsi, d'après cette ob- servation, il existerait plus de genres perdus que de genres. vivans à rencontrer parmi Îles fossiles. Les nombres quarante-trois ct cinquaute-sept exprimant le (( 3x8: ) rapportiqui existe entre QUX il,en résulte que les genres fossiles sont en. excès sur, les genres vivans d’un quart en;sus, mais.en est-il de, même des espèces? C’est ce que nous ne peivons décider, faute d'observations pré- cises. Ces observations offrent, du reste, de plus grandes difficultés; car il.est plus dificile de s'assurer de Piden- tité d’une espèce vivante avee.une fossile, qu'il ne l’est de reconnaitre l'identité des genres: Le rapprochement que nous verions!de faire ,: annonce cependant que le nombre delfories diverses était plus grand relativement aux -Cirrhipédes et, aux Mollusques, dans. los temps d'autrefois, que dans les:temps actuels, puisqu'il ya plus degènres perdus, c’est-à-dire une plus grande di- versité, d'organisation {dans.les êtres détruits , que dans ceux qui vivent encore.,-et. dont il ne paraît pas exister deireprésentans. parmi les premiers. El serait curiéux de faire le mèmé rapprochement pour les autres classes d’abimaux,, à cause de l'intérêt que présente cette com- paraison. Les géologues placés auprès des grandes col- leetons, le feront avec les détails que notre position ne nous permet pas,de lui donner. Observons enfin que cinquante-sept genres tout-à-fait perdus, font supposer un bien plus grand nombre de formes diverses parmi les fossiles; car les types de genres que l’on ne peut saisir faute d'objets assez bien conservés pour le faire avec certitude, sont bien nom- breux parmi les races qui ont disparu pour toujours de la surface de larterre. La découverte à l'état fossile d’un genre de testacé trés-répandu dans Ja nature vivante, n’est donc pas sans intérêt pour la zoologie comme pour la géognosie | sur- (314 ) tout lorsque ce genre habite dans presque toutes les mers. (1) Cette découverte lie de plus en plus les nou- velles et les antiques races des animaux, et prouve que si les espèces ne se sont pas toutes conservées, lés principaux types d'organisation qui sont communs à un certain nombre d’entre elles , ont long-temps persisté et ont empreint de leurs caractères les espèces détruites comme les vivantes. C’est principalement dans les forma- tions les plus récentes qu’il faut chercher les analogues des genres actuellement vivans , par suite de cette loi qui paraît assez générale, que les débris des corps or- gauisés sont d'autant plus: semblables aux espèces ac- tuelles ; qu'ils sont enfonis dans des couches plus récentes de la terre , et d'autant plus différens, qu’ils se montrent dans des couches plus anciennes. Le genre Aaliotis se compose, comme on le sait, d'un assez grand nombre d’espèces vivantes, puisque les auteurs les plus récens, tels que MM. Lamarck, De- france et Blainville, en comptent jusqu'à quinze de bien déterminées. Mais ce que les espèces de ce genre présentent de remarquable , c’est qu’elles sont extrème- ment répandues , habitant presque toutes les mers, el fréquentant presque tous les rivages. En eflet, l’on en rencontre non-seulement dans la Méditerranée sur les côtes de l'Europe , de l'Asie et de l'Afrique, mais en- (1) Nous ferons remarquer que si les terrains marins supérieurs des environs de Montpellier nous ont offert un genre marin, celui des Ha- liotis , encore inaperçu parmi les fossiles , les terrains d’eau douce su- périeurs de nos environs nous ont présenté la même particularité pour les geures terrestres, dans les T'estacelles que nous avons reconnues dons les formations d’eau douce de Sète et de Castelnau. ( 315 ) core dans presque toutes les mers du nouveau comme de l’ancien hémisphère, vivant dans les mers australes et des Indes, comme dans celles du nord et dans le grand Océan, prenant enfin leur plus grand développe- ment presque aux extrémités des deux hémisphères, c’est-à-dire, sur les côtes de la Nouvelle-Hollande, et sur celles de la Nouvelle-Zélande. Les espèces de ce genre peuvent. supporter des températures tellement différentes, que l’/ÆZaliotis tuberculata qui vit à la fois sur les côtes de l'Océan et de la Méditerranée, se pro- page d’une part sur tout le littoral jusqu’au Sénégal ; et de l’autre, jusque dans les mers du nord comme dans tout l'Océan atlantique. Les Æaliotis ont encore cela de particulier, de se propager avec une assez grande promptitude et la plus grande extension. Aussi, les in- dividus des diverses espèces, sont-ils généralement fort nombreux dans les lieux ou on les rencontre. Des-lors , l’on conçoit combien il serait étonnant qu’un genre dont les espèces sont aussi nombreuses et aussi univer- sellement répandues, n’eût pas laissé la moindre trace de son antique existence. Cependant les zoologistes les plus exercés n’ont pas admis le genre /Jaliotis parmi ceux qui ont passé à l’état fossile. Brocchi observe en effet, que le catalogue qu’il donne des testacés uni- valves fossiles, comprend tous les genres de Linnæus, à l’exception du genre {/aliotis qu'il n’a jamais vu à l’état fossile. Il pense même que l’une de celles décrites par Schroeter est une véritable Stomacia et non une Ha- liotis, n'ayant point à son bord gauche les trous qui ca- ractérisent le dernier de ces genres (r). (1) Conch. fossil, sub-appennina , tom. 11, p.456, { 316) Il parait que cette espèce de Schrocter a été repro- duite par M. Bosc, dans le troisième volume de son Histoire naturelle des Coquilles (page 249), ‘sous le nom d'//aliotis plicata, d'autant qu'il cite la figure publiée par Schroeter. Mais aucun des conchyologistes qui ont écrit après M° Bosc, n’ont admis cette Âaliotis plicata, et aucun d’éntre eux ne parait non plus s'être arrêté à ce qu'il avance au sujet de la fréquence de ce genre à l’état fos- silé , soit en France, soit en Italie; du moins M. De- france ne cite point d’Æaliotis fossile dans son tableau des corps organisés ; quoiqu'il en compte jusqu’à quinze espèces vivantes. M. de Blainville observe également, dans son excellent Manuel de Malacologie, que l’on n’én connaît point à l’état fossile (r). Cette opinion a été adoptée par les auteurs du Dictionnaire classique d'Histoire naturelle, qui, dans leur huitième volume publié en septembre 1825, font remarquer que l’on n’a point encore trouvé d’Haliotis fossile , même dans les terrains les plus modernes , comme ceux du Plaisaniin, ou le crag d'Angleterre (2). Ainsi, dans l’état actuel de la science , l’on suppose que le genre Æaliotis si répandu et si nombreux dans la nature vivante, ne se montre nulle part à l’état fossile. Cependant nous en avions signalé l'existence depuis long-temps dans notre Essai pour servir à l'Histoire des animaux du midi de la France; mais comme nous n'avons point donné la description de l'espèce que nous (1) Manuel de Malacologie ; p. 502. (1) Dictionnaire classique d'Hist. nat., lom, vaut, p. 20. (317) avions rencontrée dans les assises les plus supérieures du calcaire moëllon ou de Montpellier, cette annonce semble avoir échappé aux divers naturalistes qui ont écrit après nous. Pour réparer (ele omission, nous donnerons une description détaillée de cette Halioude fossile , afin que l’on puisse juger si c’est avec fonde- ment que nous en avons admis l'existence. Nous ajou- terons que M. Hæninghaus, dont les connaissances en conchyologie out été appréciées par les plus habiles zoologistes de Paris et qui a vu nos échanullons, à pensé qu’ils devaient lever tous les doutes que l’on pourrait se former sur l'existence du genre Æaliotis à l'état fossile. L'espèce d'ÆHaliotis que nous avons trouvée dans le moëllon äe Montpellier, semble plus voisine de V’Alaliotis tuberculata que de toute autre espèce vi- vante. Comme celle-ci, elle est déprimée , striée longi- tudinalement avec des plis transverses. La spire est lé- gèrement proéminente ; son extrémité parait seulement placée un peu plus bas que dans l'espèce vivante; elle est aussi moins contournée. Îl serait possible pourtant, que cette différence tint à une sorte de compression qu'aurait éprouvé l’extrémité de la spire. Le bord gauche de notre /Zaliotis est épais comme celui de l Æa- liotis tuberculata ; son disque est également canaliculé profondément au-dessus des trous, comme dans Fes- pèce vivante que nous venons de citer. Les dimensious des deux espèces sont à-peu-près les mêmes , en les com- parant dans de jeunes individus; car notre fossile n'avait pas encore atteint tout son développement, puisque le dernier des trous que l’on voit vers le bord gauche n’é- ( 3185 ) tait pas encore terminé, n'étant formé qu'à demi et ré- duit à une simple échancrure. L'on peut caractériser notre espèce par la phrase sui- vante. IT. testa ovato-oblonga, in medio depressiuscula, pro- fundè versus marginem anticum canaliculata; longitu- dinaliter striata, sulcis exiguis, vixremotis; transverse plicata, plicis inæqualibus, remotiüsculis post spiram , margine sinistro elevalo; tribus foraminibus , externis in tubos paululum elongatos productis, aliis simplici- bus; spirä prominul& basi, sub acut& infernèque po- sil. Statura faciesque Haliotis tuberculatæ , sed spira magis exserta et prorinula. L'on juge aisément d’après notre phrase caractéris- tique, que notre //aliotis fossile tout en se rapprochant beaucoup plus de lAaliotis tuberculata , que de toute autre espèce , en diffère cependant assez par certains €a- ractères. En eflet, notre fossile est plus profondément caniculé au-dessous du bord gauche que l'espèce vi- vante dont il se rapproche le plus. Les trous que l’on y ‘voit se prolongent extérieurement beaucoup plus, pa- raissant comme se terminer en lubes courts et élargis. Les plis transverses sont au contraire moins sensibles dans notre fossile, et moins larges que dans lespère vivante, tandis que la spire est plus proéminente et placée plus bas. Elle paraît en quelque sorte détachée du corps de la coquille, caractère que nous n'avons point reconnu dans les différentes espèces d’Æaliotis vivantes que nous avons eu l’occasion d'observer ; mais (519 ) ceci tient probablement à ce que ia matière calcaire qui a remplacé le tèt n’a pas suivi exactement les contours du bord gauche, ce que nous avons indiqué par des points dans notre figure. D’après ces diflérens caractères, notre Æaliotis fos- sile doit être considéré comme une espèce distincte des espèces de ce genre connues à l’état vivant, et par con- séquent comme nouvelle, puisque jusqu'à présent, on a cru que ce genre n'avait point de représentant parmi les fossiles. Ainsi, nous proposerons le nom d’Haliotis Philberti pour la désigner ; et cela en l'honneur de M. Philbert, jeune naturaliste de nos contrées, qui s'occupe avec zèle et succès de conchyliologie. Nous finirons en observant que l’Æ/aliotis Philberti que nous venons de décrire, a perdu tout-à-fait son ièl, eL que ce qui en reste, n’est pas, comme on pour- rait le supposer, un simple moule intérieur. En eflet, il paraît qu'à mesure que la coquille s'est désaggrégée , le calcaire qui l’enveloppait s’est substituée d’une ma- nière si parfaite aux molécules organiques qui se décom- posaient, qu'il en représente-exactement la forme. L’i- mitation a été ici d'autant plus parfaite, qu’elle a eu lieu dans une petite cavité qui s’était opérée au milieu de la masse du calcaire moëllon ou était logée notre co- quille. Du reste, nous préparons un travail spécial sur le mode de substitution des molécules inorganiques qui prennent la place des molécules organiques; ayant ob- servé que cette substitution s'opère de nos jours, et que les coquilles de notre époque se transforment souvent en spath calcaire, comme celle des anciens temps, qui ont passé à l’état fossile. ( 390 ) En nous résumant , il nous paraît établi que le genre Haliotis existe à l'état fossile comme à Fétat vivant} et qu'il peut servir à caractériser les terrains de sédiment supérieur, et qu’en particulier l’Æaliotis Philberti si- gnale les assises supérieures du calcaire moëllon ou de Montpellier. EXPLICATION DE : LA PLANCHE XLV. Fig. 4. Moule ou pseudo-morphose du têt de l'Haliotis Plulberti , re- présenté par sa face externe. La ligne ponctuée que l’on voit au bord gauche indique la forme qu’aurait eue la coquille fossile si la matière calcaire avait rempli exactement l’espace laissé vide par la décompo- sition du tét; Les lignes ponctuées vers le bord droit indiquent la grandeur qu’aurait eue le moule de P'Haliotis Philberti, s’il v'avait pas été brisé par les ouvriers. Les parties brisées et réunies ont donné la forme que présente notre coquille restaurée. Descriprion de deux genres nouveaux (Cuvieria et Euribia ) appartenant à la classe des Ptéro- ropodes ; Par M. Raxc. Officier au corps royal de la Marine, Membre eorrespondant de la Société d'Histoire naturelle de Paris. ( Lue à la Société d'Histoire naturelle le 13 juillet 1827.) La classe des Piéropodes, établie par M: Cuvier , adoptée par le plus grand nombre des naturalistes qui ont écrits après lui, est une de ces conceptions heu- reuses qui naissent d'une profonde étude de la nature et dont on saisit facilement la valeur. (326 ) Placée entre les Céphalopodes et les Gastéropodes, la classe des Ptéropodes qui, comme ceux-ci, est basée en partie sur les caractères des organes locomoteurs , leur est nécessaire à tous deux ; elle les lie par des rapports évidens , et la ligne de démarcation semblerait très- grande, si elle n’était pas là pour en aplanir le passage. Depuis la publication des Mémoires anatomiques de M. Cuvier sur le Clio, l’'Hyale et le Pneumoderme, l'attention des naturalistes s’est peu portée sur les Pté- ropodes ; nous devons cependant en excepter le travail de M. de Blainville, dont les recherches sur l'Hyale ont ajouté de si précieux détails à ceux déjà recueillis par le premier de ces savans. L’oubli dans lequelon semble avoir abandonné cette classe intéressante , vient sans doute du peu d’aliment qu’elle a fourni jusqu'ici à l’ob- servation des naturalistes. Les Ptéropodes , qui ne for- ment encore que six ou sept genres, et qui peut-être sont aussi nombreux que les Gastéropodes, habitent pres- que tous les hautes mers ou leur petitesse et leur trans- parence les soustrait facilement aux regards; voilà pour- quoi ils sont en apparence si rares. Nous avons cepen- dant remarqué que dans certaines circonstances, telles que les calmes et le moment du coucher du soleil, la mer en était couverte d'innombrables quantités, sans que pour cela il füt possible de les distinguer. Les premiers Ptéropodes connus sont dus au hasard, mais nous ne doutons pas que les voyageurs qui se livre- ront spécialement à leur recherche ne parviennent à en augmenter considérablement le nombre. MM. Quoy et Gaïmard , Lesson et Garnot, en ont rapporté plusieurs de leurs voyages autour du monde ; M. Alcide d'Or. bigny, qui parcourt actuellement l'Amérique méridio- nale, annonce en avoir également reconnu de nouveaux, et nous-mêmes , dans un voyage récent où nous n'avons pu que rarement nous attacher à leur recherche ; nous avons découvert plusieurs espèces nouvelles et trois genres inédits ; nous consacrerons ce Mémoire à décrire deux de ces genres qui nous ont paru très-remarquable. Le premier, que nous avons facilement:observé dans l'état de vie, nous a fourni depuis quelques détails ana- XII. 21 ( 322 ) tomiques ; de deux individus que nous avons rapportés, l'un a été déposé dans le cabinet du Jardin des plantes , et le second a servi à nos recherches. Trop peu confiants dans nos moyens , et craignant de ue pas tirer de cet in- dividu unique et très-petit tous les faits qu’on pouvait en espérer , nous avons prié un naturaliste de nos amis, auquel la science doit de précieuses observations ana- tomiques, de vouloir bien nous aïder de ses lumières et de son expérience. Les recherches que M. Audouin et nous avons faites sur cé mollusque, nous ont paru sufi- santes pour établir avec cette espèce un nouveau genre, et pour fixer la place qu’il doit occuper. Le second de ces Ptéropodes nous est beaucoup moins connu ; nous ne l’avons observé qu’en mer, où sa peti- tesse, sa fragilité, et l’état de décomposition dans lequel il est promptement tombé , ne nous ont pas permis d’é- tendre bien loin nos observations ; nous le ferons cepen- dant connaître , afin de fixer à son sujet l’attention des naturalisies voyageurs. PREMIER GENRE. Cuvierie , Cuvieria (1). Animal allongé, formé de deux parties distinctes, l’an- térieure comprenant la tête, les deux nageoires, et un lobe intérmédiaire , et la postérieure toujours enveloppée d’un test renfermant toute la masse allongée des viscères ; les branchies extérieures, situées à la partie ventrale, à la base du lobe intermédiaire; la bouche munie de pièces dentiformes propres à la mastication. Coquille en forme d’étui cylindrique , un peu aplatie près de son ouverture qui est grande, cordiforme, et dont les bords sont tranchans ; arrondie postérieure- ment où elle porte une cavité opposée à celle qu’occupe le Mollusque. (x) Péron et Lesueur avaient établi, sous le nom de Cuvieria, un petit genre de la famille des Méduses ; mais ce genre n’a pas été adopté : ( 333 ) Espèce unique. Cuvieria columnella Nob. L'animal, de couleur pâle, a deux grandes nageoires oblongues, teintes en avant ainsi que le lobe intermé- diaire , de jaune doré; la bouche est de même couleur ; les viscères sont rouges et verts, et paraissent à travers la transparence de la coquille. Les branchies formées par deux corps allongés, ondulés et fixés sur un même pédicule, sont päles et bordées de jaune doré; elles se portent particulièrement au côté droit. La coquille solide, vitrée, brillante et polie, est ren- flée un peu en arrière de son milieu ; le prolongement postérieur de ses parois est extrèmement mince et fra- gile, et la partie qui correspond à la face dorsale est un peu plus longue que l’autre. Nous l’avons rencontrée dans la mer des Indes, et depuis lors un individu qui n’en diffère que par un peu plus de renflement dans le milieu, a été trouvé dans la mer du sud, par M. Busseuil, chirurgien major de la frégate la T'hétis. Cette coquille n’a que o , o1r de longueur. q q ; 5 La disposition des nageoires et du lobe intermédiaire, est la même que dans tous les Mollusques qui font partie de la famille des Hyales, et c’est également dans l’en- foncement formé au milieu de ces organes locomoteurs que se trouve la bouche, reconnaissable à sa coloration et à sa forme triangulaire. Outre la coquille, l’animal est encore revêtu d’une enveloppe membraneuse , transparente, et abondam- ment pourvue de muscles ; cette enveloppe, lorsqu'on la on l’a réuni avec raison à celui des Equorées. M. Rang a donc pu, sans trop s’écarter des principes de nomenclature admis généralement , em- ployer cette dénominatien , dont on s’est déjà servi en botanique. (R.) (324) fend dans sa longueur, met à découvert tous les vis- cères recouverts d’un vaste péritoine. Jusqu'ici nous ne connaissions pas dans Îes Piéro- podes de branchies disposées comme elles le sont dans notre genre; ce sont deux organes égaux, contournés de diverses manières, amincis sur un de leurs bords, ondulés et fixés sur un même pédicule, non par leur extrémité, mais par un point distant de l’une des ex- trémités d'un cinquième au plus de la longueur totale. Ces branchies , ainsi attachées dans la ligne médiane à la partie ventrale du Mollusque et tout près du lobe in- termédiaire, offrent une vaste surface au contact de l’é- lément ambiant; elles sont de couleur pâle et bordées d’une légère teinte de jaune doré. D’après leur forme et leur position, on conçoit qu’elles peuvent, lorsque l'animal est développé hors de son test, sortir indiflé- remment par le côté droit ou par le côté gauche, avec sette condition seulement, que toutes deux ne portent pas la même longueur hors de la coquille; car si les branchies sortent par le côté gauche, celle qui est à droite du pédicule aura plus de longueur à parcourir que celle qui est à gauche et vice vers&. Nous avons remarqués sur les individus vivans que nous avons eus sous les yeux, que c’est ordinairement par le côté droit que s’échappent les branchies de ce Mollusque. La coquille qui lui sert de refuge est une des plus grandes et la plus solide de la classe des Ptéropodes ; elle est cylindrique , allongée , à paroïs minces , unies, parfaitement diaphane et incolore. À son extrémite su- périeure se trouve l'ouverture , qui est oblique, à bords tranchans et demi-circulaire ou cordiforme , à cause d’un léger aplatissement qui se trouve à cette partie, elle correspond à la face ventrale de l’animal. Vers les deux tiers de la longueur, à partir de l’ouverture, la co- quille se renfle un peu , puis se rétrécit graduellement jusqu’à l'extrémité postérieure. Mais ce qu'il ya de plus remarquable et ce qui est jusqu'ici sans exemple, c’est que cette extrémité postérieure porte une cavité assez profonde , opposée à la grande cavité avec laquelle elle ia point de commuication, et formée sur la surface (52%) convexe et arrondie de celle-ci, par le prolongement des paroïs amincies du test. Cette partie est beaucoup plus fragile que tout le reste: aussi était-elle plus ou moins endommagée dans quelques-uns des individus que nous avons eus. Un fait assez singulier, c’est que ces animaux, par- venus à l’état adulte, sont exactement de la même lon- gueur; pour nous en assurer, nous avons non-seule- ment comparé ensemble tous les exemplaires de la mer des Indes que nous possédions , mais nous avons encore comparé ceux-ci avec celui que nous avons recu de Ja mer du sud. Le système musculaire des Cuviéries paraît très-com- pliqué ; on y remarque surtout plusieurs muscles transverses appartenant à la première enveloppe, et un grand muscle longitudinal , très-large et très-épais qui, fixé au fond de la coquille, sert à retirer en dedans les parties antérieures, et répond au muscle columellaire des Gastéropodes et au grand muscle dorsal que M. de Blainville a décrit dans les Hyales. Dans notre Mol- lusque, il est également placé à la partie dorsale qu’il prolonge toute entière, et où, après avoir passé sur la masse (les ovaires et sur celle du foie, il vient se parta- ger au tronc en plusieurs faisceaux dirigés, les uns vers la bouche , et les autres aux nageoires et au lobe inter- médiaire. Nous sommes peu instruits sur le système nerveux ; cependant nous avons reconnu le ganglion cérébral embrassant l’œsophage, et distingué quelques-uns des filets qui s’en échappent. Les organes de la nutrition à la recherche desquels nous nous sommes plus particulièrement attaché , nous ont donné quelques détails incomplets , il est vrai, mais qui établissent les rapports avec les genres voisins, et seront du moirs autant de points de départ pour ceux qui entreprendront d'augmenter notre travail. Nous avons déjà dit que la bouche avait son orifice à la partie antérieure de l'animal , dans le milieu de l’en- ( 326 ) foncement formé par la base des trois lobes locomo teurs. Outre sa coloration et sa forme triangulaire , elle est encore indiquée par la présence de deux petites émi- nences labiales qui l’avoisinent. L'intérieur de la bouche est vaste et sa voûte est con- vexe ; sur cette surface convexe nous avons observé un système de petits corps dentiformes qui nous a paru as- sez compliqué. Ce sont de petites pièces cornées, de couleur brune, et placées dans l’ordre suivant : on en remarque d’abord une suite formant le cercle ; celles-ci paraissent de forme pyramidale ; deux autres rangées plus petites viennent ensuite, elles sont disposées en arcs, occupant dans l’intérieur de ce cercle, la place de deux cordes qui, par l’une de leurs extrémités, se réuniraient en un même point; c’est de ce point que s'élève en traversant diamétralement la surface convexe du cercle, une bande saïllante de forme triangulaire, brune, cornée comme les petites dents , et divisée dans sa longueur par de profondes stries transverses ; cette bande est étendue dans le sens du canal alimentaire, et son usage ne peut être douteux; sans doute que l’ani- mal mettant en jeu les muscles qui correspondert à la bouche, cette pièce solide et recourbée frappe successi- vement de ses dents les alimens qui ‘se présentent, et tout en les triturant, les précipite vers l’œsophape. Cet œsophage est long, peu renflé, et s'enfonce dans une masse verdâtre qui est le foie; celui-ci enveloppe presque de toutes parts le sac piriforme de l'estomac qui est volumineux , rougetre et sillonné transversalement à sa base par des rides parallèles et extérieures, comme on en voit à l'estomac des Hyales. L’intestin qui est assez long et grêle, forme plusieurs replis dans la partie inférieure du foie et s’en échappe ensuite à la partie supérieure. Nous l’avons perdu de vue au moment où, se recourbant , il semblait se diri- ger vers la base du tronc ; nous ne pouvons donc rien dire de plus sur son cours , et ce n’est que par analogie que nous pensons que l'anus s'ouvre au côté droit , comme dans les pi ( 327 ) C’est surtout dans les organes de la génération que nous avons trouvé de grands rapports avec l’organisa- tion des Hyales. L’ovaire est très-volumineux; c’est une masse oblongue, un peu rétrécie vers son extré- mité postérieure, et qui se compose d'environ douze plaques ou rondelles ampilées les unes sur les autres; ces plaques portent une échancrure à l’un de leurs bords et forment ainsi, par leur réunion , un canal qui parcourt toute la longueur du système des ovaires du côté dorsal ; c’est, selon toute apparence, par ce côté que ces plaques , qui paraissent d’abord toutes indépendantes les unes des autres et que l’on détachegfacilement , se lient entre elles. Ces ovaires , qui sont colorés en rouge, nous ont semblé remplis de petits œufs. Un canal ou oviducte assez mince à son origine , se recourbe à sa sortie des ovaires vers la troisième rondelle , se porte ensuile vers la partie antérieure en traçant plusieurs si- nuosités ; se reufle tout-à-coup pour former une large poche dont les plis longitudinaux qui se remarquent à son extérieur indiquent toute l'extension dont elle est susceptible , et se rétrécissant ensuite, vient s'ouvrir dans la ligne médiane au fond d’un tubercule oblong et creux situé à la base et en arrière du pédicule des bran- chies. Ayant ouvert la poche dont nous venons de parler, nous avons trouvé à son extrémité postérieure la verge; elle est longue, pointue , légèrement infléchie, consistante et de couleur jaune. Nous n’avons pu reconnaitre d’une manière certaine le point de son adhérence , mais nous avons pu nous assurer que la pointe était tournée en arrière , ce qui explique comment elle peut se porter à l’orifice ; pour y parvenir elle n’a qu’à se renverser, et il suffit d’une contraction un peu forte pour la faire saillir au-dehors. Nous ne savons rien de la circulation; nous avons seulement reconnu le cœur sur l’animal vivant ; ses bat- temens nous l’ont indiqué ; il est situé au fond de la coquille, en arrière des ovaires et au côté gauche. On nous saura quelque gré, sans doute , des détails (38) que nous venons de donner en ayant égard à la petitesse, à la fragilité et à l’état de conservation dans l'esprit de vin de Pindividu qui nous les a fournis. Au reste, l'essentiel dans ces sortes de recherches , est de pouvoir, par un aperçu de l’organisation générale , établir les rapports de l'animal , et dans ce cas notre but est à-peu- près rempli. La considération des caractères extérieurs de ce mollusque le fait entrer de droit dans notre fa- mille des Hyales, et celle de l’organisation intérieure nous porte à le rapprocher des Hyales proprement dites et des Cléodores que nous avons également observés avec M. Audouin (@). Mais nous le distinguons cependant de ces genres à cause des formes d'ensemble , de celle de la coquille, de la disposition du système dentaire et par- üculièrement de la forme des branchies. Ce mollusque, doué de formes élégantes et de cou- leurs agréables, nage avec vivacité dans une position oblique. comme tous les Ptéropodes sans exception. Au moindre danger , il rentre dans sa coquille et, aban- donné à son propre poids, il se laisse couler à fond. Nous le dédions, sous le nom de Cuviérie, au savant qui a institué la classe des Piéropodes, désirant qu'il daigne y voir un témoignage de notre admiration et de notre profond respect. Voici maintenant les caractères du second genre que nous proposons pour un Mollusque ptéropode, que nous avons observé dans l'Océan ailantique, et dont nous n'avons pu conserver que la coquille. DEUXIÈME GENRE. Evriste, Æuribia Nob. Animal globuleux, muni de deux nageoires horizon- tales opposées à la base desquelles est située la bouche, et d’un très-petit lobe intermédiaire. (x) Quelques observations anatomiques sur ce genre que nous avons faites à la mer, el que depuis nous avons vérifiées avec M. Audouin, seront publiées dans la Monographie des Piéropodes que nous faisons avec M. de Férussac. ( 329) Coquille cartilagino - membraneuse, mince, régu- lière , à ouverture ronde et très-évasée. Espèce. Euribia hemispherica Nob. L'animal est blanc , un peu transparent ; les nageoires sont ovales , étroites à leur base , la bouche est noire , et les viscères bruns. La coquille est très-mince et à parois flexibles , en forme de calotte sphérique et de couleur jaune: l’ou- verture est horizontale et très-grande. e Ce Mollusque habite l'Océan atlantique. Nous avons cru devoir l’établir comme genre distinct, à cause de la position singulière de ses nageoires et des caractères de sa coquille. Lorsque les branchies nous seront connues , nous fixerons d’une manière plus certaine la place qu'il doit occuper dans la classe à laquelle il appartient. EXPLICATION DE LA PLANCHE XLV, 12% Fig. 1. CuviERIA coLumNELLA développée et nageant. Fig. 2. La même retirée dans sa coquille. Fig. 3. La coquille seule. Fig. 4. Développement des viscères. , Fig. 5 et 6. Disposition de l’appareil propre à la mastication. Fig. 7 et 8. Les branchies grossies. Fig. 9. Eurts1A HEMISPHERICA vue en dessus. l19. 10. Le même vue de profil. Fig; 11. La coquille. (330 ) Sur l’Occipital supérieur et sur les Rochers dans le Crocodile ; Par M. Georrroy Sainr-Hizaire, Membre de l’Institut. J'ai donné, dans le troisième volume de ce re- cueil, un travail étendu sur le crâne des Crocodiles, dont le principal objet était la détermination de chacune de ses pièces ; j'avais commencé ces recherches en 1807, les poursuivant d'année en année, afin d’y introduire successivement tous les perfectionnemens que j'y pour- rais appliquer. Je viens encore de soumettre tous mes résultats de 1824 à de nouvelles épreuves, et sur un point je les crois susceptibles d’une heureuse rectifica- tion. Je prie le lecteur de vouloir bien me seconder dans ces soins de rectification et de corrections , en prenant la peine de me suivre, les yeux fixés sur là fig. 5 de la pl. 16 du tome troisième de ces Annales. Le sujet du présent article occupe la partie supérieure et médiane de l’arrière-crâne du crocodile; son signe est Q en la fig. 5 de l'Atlas. Cette pièce est située entre les temporaux PP, au-dessous de l’unique pariétal F, et au-dessus des pièces occipitales Z4-R à droite et Z4+R à gauché, lesquelles se joignent et forment la moitié supérieure de l'anneau de l’occiput. J'avais déterminé cet os médian, dans mon travail de 1807, comme s’ap- pliquant à l'occipital supérieur chez l’homme, quoique déjà sous un autre rapport il eût éveillé mon attention s ainsi que le prouve le passage ci- après. « Cet occipital supérieur est d’une forme très-singu- lière ; il est renflé et caverneux : les deux lames dont il est composé sont soutenues en dedans par de petits pi- liers osseux plus ou moins nombreux suivant les es- pèces. Ce que cette pièce présente surtout de plus re- marquable , c'est la communication établie de son inté- rieur avec les deux conduits formés par l'os carré : deux issues latérales y débouchent, en sorte que les deux (33% ) chambres de l'oreille ne forment qu’une seule et longue galerie, et qu'en dernière analyse les crocodiles n’au- raient qu'un seul réceptacle pour contenir les deux or- ganes de l’ouie. » Ænn. du Mus. d’Hist. nat. , tom. x, pag. 263. Revoyant ces faits en 1824 , et devenu plus attentif encore à leur manifestation, j'ai considéré la pièce Q comme réunissant tous les caractères des deux rochers arrivés l’un et l’autre sur la ligne médiane , et s’y com- binant en une seule masse ; chaque énostéal, autrefois nommé os carré ou os de la caisse, gagne le rocher, le saisit et Le coiffe dans les parties qui lui sont contigues. Ici donc est une connexion satisfaite; mais de plus, toutes les autres le sont également, quand on voit que cette pièce est placée sous le pariétal unique F, et bordée par le temporal P et par l’occipital latéral ZHR. C'est aussi dans chaque loge du rocher, de l'unique rupéal Q, que sont les canaux semi-circulaires et les nerfs acous- tiques. On ne peut, suivant moi, fournir une démons- tration qui satisfasse mieux à l’analogie annoncée : aussi n'est-ce point sur cela que je me trouve revenir, ou du moins n'est-ce point à cause de ces considérations. Cependant employant , comme je viens de le dire, la pièce Q, c'était tomber dans. plusieurs mécomptes, à quoi je n’avais pas alors assez réfléchi ; car 1°. les ro- chers , recouverts comme à l'ordinaire par les énostéaux , auraient donc fourni d’autres parties d'eux-mêmes, étant ailleurs intérieures, pour se faire jour au dehors et tout au travers des occipitaux? 2°. Des muscles cervicaux qui sont fixés sur leur surface extérieure, si ce n’était point avec l’occipital supérieur, mais au contraire avec le rocher qu'était leur communication, ils eûssent, ils auraient fourni un fait de fautive connexion très-grave ? 3°. Dans mon système de 1824, il n’y avait plus d’occi- pial supérieur, et me fondant sur la considération que ies occipitaux latéraux arrivent l’un sur l’autre et forment Ja moitié supérieure de l'anneau occipital, j'avais cru pouvoir admettre que chaque moitié de l’occipital supé- rieur s’était, comme dans les cas de monstruosités anen- céphales, écartée de la ligne médiane, et que privée de T9529 leur mutuel appui, chacune avait cherché et pris un appui nécessaire en dehors et sur l’occipital latéral , qu'alors j'étais tenu de considérer comme formé de deux parties élémentaires. Je ne pouvais méconnaître l’unique rupéal là où j'en trouvais en toute évidence les réelles conditions ; mais je devais cependant une plus sérieuse attention aux dif- ficultés que je viens de signaler. Revoyant toutes mes anciennes déterminations pour les vérifier par l'emploi de ceux des organes mous que je n’y avais point encore fait concourir, ces difficultés se sont présentées à mon esprit avec toute leur gravité. Tout cet ensemble de choses qui est à l’arrière-crâne donnait des répétitions si exactement suivies à toutes mes comparaisons , qu'il ne pouvait arriver que sur un point le problème restàt in- soluble. Avec quelques efforts, et grâces en eflet à des recherches entreprises sur un premier âge de crocodile, j'en ai enfin obtenu une heureuse solution. Or cette solution s’est trouvée dans la circonstance, à peine aperçue, que la pièce d’arrière-crane , lettre Q, est composée de trois, si même ce n’est de quatre élé- mens primitifs , de trois du moins avec certitude ; savoir, de deux sphères osseuses contigues , ouvertes transver- salement de part en part, et qui sont les deux rochers, ou les deux rupéaux; puis, d’une plaque triangulaire , extérieure à ces rochers, les couvrant , les emboîtant, et formant en dehors l’occipital supérieur ; pièce que j’a- vais justement signalée dans ma détermination de 1807, et que dans celle de 1824 j'avais cru séparée par moitié, confondue chacune avec l’occipital laiéral : elle porte sa base en haut et vers le pariétal, en même temps qu'elle en dirige chaque extrémité sur les temporaux. J'ai plus haut parlé avec doute d'un quatrième élé- ment, et en eflet du milieu de la large base du triangle s'élève une apophyse, dont le sommet atteint le plan- cher supérieur du crâne : cette apophyse s’encastre dans un vide correspondant du pariétal. Or la position de celle-ci, ses connexions el ses usages quant à la portion musculaire qui s’y insère , donnent à penser que c’est un (333) inter-pariétal dans l’état d’atrophie , que c'est cet os lui- même réduit aux dimensions du minimum de volume et de composition. Cette solution me paraît ainsi satisfaire à toutes les données du problème, à toutes absolument et le plus heureusement possible ; car il y a exactement un même nombre d'os crâniens chez le crocodile adulte et chez l’homme à l’état de fœtus. Ainsi c’est également chez l’un et chez l’autre que tous sont coordonnés, rangés , insérés dans le même ordre , que tous sont dans les mêmes fonc- tions : il n’y a de variable que le volume respectif de ces pièces et leur forme , celle-ci etant le nécessaire ré- sultat de cette première cause de variation. Ainsi il n’y a point de frontal quintuple ou sextuple comme l’a pensé M. le baron Cuvier ; opinion que cet illustre anatomiste a reproduite en 1812 (1),qu'ila re- nouvelée en 1824 (2). Il n'y a point de frontaux anté- rieurs, de frontaux postérieurs , de mastoïdiens dans le sens que M. Cuvier attache à ces termes. Je partage avec une conviction pleine , profonde, après des recherches faites et renouvelées d’année en année , l'opinion d’Oken à cet égard , lequel fut le premier à opposer que c'était faire des noms nouveaux pour des os que l’on ne con- naissait pas (3). Cependant Oken lui-mème n'avait pas agi différemment, ayant admis à tort, suivant moi , plu- (1) Voyez Ann. du Mus. d'Hist. nat., tom. xix, p. 125, sur la Composition de la tête osseuse dans les Animaux vertébrés. (2) Ossemens fossiles , tom. v,'partie 2€, p. 73. (3) Et cette vue, on doit l’étendre indistinctement à tous les verté- brés ovipares, oiseaux, reptiles et poissons : mon dévouement à la science , la nécessité dela maintenir en pleine jouissance de ses acqui- sitions, et ma parfaite conviction dans la présente circonstance , me font un devoir d’insister. Et en effet, si l’idée exprimée par les termes de frontal antérieur, de frontal postérieur, de mastoïdien , ete. , n’ap- porte pas à l'esprit Le véritable rapport des choses, il ÿ a de plus dan- ger pour l'avenir, c’est-à-dire pour le moment venu de donner la si- gnification des autres organes qui sont daus le voisinage et sous la dépendance de ces prétendus frontaux. L’inconvénient est moindre sans (334) sieurs sortes de jugaux qu'il avait de même distingués par des épithètes exprimant Ja position respective de chaque prétendu jugal (r). M. le baron Cuvier a critiqté plusieurs parties de mes déterminations de 1807, et je reconnais que c’est ju- dicieusement dans quelques cas; mais je les avais déjà abandonnées. Chaque année j'avais repassé sur mes an- ciennes voies , et j'étais promptement parvenu à redres- ser bon nombre d’écarts. Il ne faut pas oublier que, le premier des naturalistes , je me suis occupé ex professo de la détermination des pièces crâniennes , queje fouil- lais un terrain entièrement neuf, qu’il n’y avait ni précé- dens , ni procédés , ni méthodes pour me servir de guide; que le but à entrevoir, la marche à suivre, tout cela man- doute de s’en tenir aux dénominations seulement icthyologiques et par conséquent provisoires des pièces branchiostèges chez les poissons , opercule, sub-opercule , inter-opercule, pré-opercule, etc., si l’on ne doit pas conclure de cet emploi prolongé que les poissons sont, en ce qui concerne ces pièces et par exception , dans un seul point de leur or- ganisation , soustraits aux communs rapports qu'ont chez tous les ani- maux vertébrés, les unes à l'égard des autres, toutes et chacune de leurs parties organiques. M. Meckel (voir son Traité général d’ Anatomie comparée, dont il paraît présentement une traduction en francais), M. Meckel, qui ignore l’existence d’une nouvelle méthode pour la détermination des or- ganes, et qui s’autorise de l'impuissance des anciens moyens de la science afin de n’avoir point à s’occuper dans Les cas difficiles de la re- cherche des organes analogues, est-il complètement autorisé à repro- duire sous un autre nom la proposition finale de ma Philosophie ana- tomique , à recommander aussi le principe de l’unité de composition organique ? Mais alors il ne faudrait point tenir, comme il l’a fait, tout l’appareil respiratoire des poissons sous la condition d’une organi- sation essentiellement différente et spécifique , sous la raison d’un type à part. Agir de la sorte, c’est au contraire donner à entendre que d’im- portans systèmes organiques sont réfractaires à la réduction, ne sau- raient être ramenés à l'unité : car ce que j'avais nommé Z'heorié des analogues est appelé par M. Meckel Loi de réduction. (1) sis, 1818 , deuxième cahier, p. 276. (335 ) quait; qu'une nuit profonde couvrait l'horizon, et par conséquent que des erreurs étaient à ce moment inévi- tables. Cependant je rappellerai quelques concessions faites en 1812 dans le Mémoire cité, Ænn., xix. « Pour expliquer » cette multiplicité d’ossemens que l’on trouve dans la » tète des reptiles, dans celle des poissons et même dans » celle des jeunes oiseaux, M. Geoffroy,dit M. Cuvier, a » imaginé de prendre pour objet de comparaison la tête » des fœtus de quadrupèdes, où l’on sait que bien des os » qui doivent se réunir dans l’adulte se montrent encore » séparés, et il est parvenu ainsi à ramener à une loi » commune, des conformations que la première appa- » rence pouvait faire juger extrêmement diverses. » Les critiques de M. Cuvier sur mon travail de 1807, commencent le dernier volume de ses Ossemens fossiles, volume qui fut distribué en décembre 1824; mais mon travail de cette même année 1824 n’avait pas attendu ses avertissemens : il parut dans le présent récueil un mois auparavant la publication des Ossemens fossiles, par conséquent assez à temps pour que M. Cuvier voulut bien prendre la peine d’en informer le public. Ce qui ne fut point en effet négligé; car on lit ce qui suit à la page 525 de la deuxième partie du cinquième volume des Ossemens fossiles. « AppiTion aux pages 69-88. » Je dois prévenir que mes observations sur la théorie » de M. Geoffroy Saint-Hilaire, concernant la tête du » crocodile , ne se rapportent qu'aux Mémoires qu’il a » publiés dans les Annales du Muséum , et non à celui » qu'il vient de lire à l’Iustitut, et où il présente des » idées assez différentes des anciennes. Ce dernier Mé- » moire n'étant pas encore imprimé en ce moment , » 4 octobre 1824, il ne m'a malheureusement pas été » possible de le prendre en considération. » Pour en revenir au principal sujet de cet article, le sur-occipital , M. Cuvier avait à son égard admis mes déterminations de 1807. On lit volume cité, page 85 : (3%) « L'occipital est à la même place, remplit les mêmes » fonctions que dans les Mammifères , et il reste divisé » en quatre parties, comme dans leurs fœtus. » Et comme M. Cuvier n'ignorait point non plus que tous les phénomènes d’acoustique se passent chez le cro- codile dans les cavités étant à dos et en dedans de la lame que seule aujourd’hui je considère comme l’occipital su- périeur, mon savant confrère rapporte ces circonstances dans les termes suivans. « Le grand sac du vestibule est » logé dans une cavité , aux parois de laquelle concou- » rent le rocher, l’occipital supérieur et l’occipital laté- » ral; et les canaux semi-circulaires supérieurs et pos- » térieurs rampent dans des tubes étroits creusés dans » ces mêmes parties et par conséquent dans ces trois os. » Entre 1807 et la présente année 1827, il s’est écoulé un laps de vingt années. Aurais-je marché trop lente- ment ? je ne le crois pas. Je n’ai cessé de porter sur le problème toute l'activité de mon esprit. Aux dificultés qui renaissaient presque d’année en année , j'ai opposé de la persévérance. Cependant si j'ai réussi dans cette dernière rectification et que celle-ci soit en effet la der- nière, on pourra dire de cette question qu'elle était sans doute très-compliquée, mais que cependant elle réser- vait un prix à de constans efforts : je m'y plais, comme à un service rendu. (337) Rccuerdnes anatomiques et physiologiques sur la Déglutition dans les Reptiles ; Par M. Anr. Ducs. ( Lues à la Société d'Histoire naturelle de Montpellier, le 12 juillet 1825. La classe des Reptiles qui va nous fournir ces re- marques anatomico-physiologiques , est peut-être celle des grandes subdivisions des animaux vertébrés qui prête le moins à des généralités ; si les familles qui la com- posent offrent des intermédiaires qui les fondent l’une dans l’autre, il n’en est pas moins certain que les genres fondamentaux, ceux qui donnent à chaque famille son caractère propre, diffèrent entre eux du tout au tout. C’est en considérant cette classe sous un pareil aspect, que le professeur Geoffroy Saint-Hilaire a pu dire qu’elle n’existe pas à proprement parler (1), et que les (1) Malgré le disparate qu’on trouve, à quelques égards , entre les reptiles, cette classe n’en est pas moins naturelle , et Les intermédiaires qui lient les unes aux autres les quatre familles établies par M. Alex. Brongniart, les enchaînent d’une manière indissoluble. Il n’en est pas une en effet qui ne nous conduise à quelqu’autre par des nuances souvent imperceptibles. Ainsi, 1°. les chelydres de Schweigger (emides, serpen- tines et lacertines) unissent les chéloniens aux crocodiles ou emydo-sau- riens de M. de Blainville, et de ceux-ci nous passons insensiblement aux lézards, 20. Les plesiosaures fossiles , les scinques, les seps, les chalcides , les bimanes, les bipèdes, les ophisaures., les orvèts, les amphisbènes, s’interposent graduellement entre les sauriens et les ophi- diens. 30. Des mêmes sauriens nous passons par degrés aux batraciens par les geckos et les salamandres ou pseudosauriens de M. de Blain- XI. — Décembre 1827. 22 (338) animaux qu’on y renferme sont en quelque sorte étran- gers entre eux ( Philos. anat.,1. 1, p. 43). Cette diver- sité est en partie cause de l'obscurité qui règne sur plu- sieurs points du sujet que je me propose d’éclairair , obscurité qui dépend aussi de la difliculté d'observer les Reptiles à l’état libre , et de leur répugnance à se livrer en captivité et surtout en présence de l’homme, aux actes qui leur sont même les plus familiers. De la patience, un hasard heureux, m'ont permis de recueillir quelques faits que je vais exposer, en parta- geant mon sujet d’après les dissemblances dont j'ai fait pressentir l'existence entre les quatre familles des Rep- tiles. ARTICLE PREMIER. CHÉLONIENS. Je n'ai pas l'intention de répéter ce que l’on trouve dans tous les Traités d'Histoire naturelle , ni surtout de détailler ce que je n’ai point observé par moi-même; d’ailleurs les tortues marines, malgré les ongles ou er- ville. 4°. Enfin , des ophidiens mêmes nous passons aux batraciens par les cœcilies, nommées pseudophyÿdiens par le même zoologiste. A la vérité , les reptiles ont aussi des rapports avec les autres classes des vertébrés ; mais quelque ressemblance d’organisation qui ont valu aux tortues le nom d’ornithoïdes , et aux protées, syrènes, etc., celui de subichthyens , ne peuvent nuire à l'isolement et à la circonscription de cette classe , sans quoi il faudrait dire aussi que la classe des Mam- mifères n’est pas bien circonscrite, parce que les cétacés ont des rap- ports de forme et d’habitude avec les poissons ; que les chauve-souris | ont quelque chose de commun avec les oiseaux , et qu’enfin les mono- | trèmes ont quelque ressemblance organique avec les reptiles, ( 339 ) gots nombreux qui garnissent l’intérieur de leur œso- phage, doivent saisir et avaler les alimens à-peu-près comme les tortues terrestres , et c’est de celle-ci que je vais parler ; je n’en ai bien observé qu’une seule et de très-petite taille; elle se nourrit de lombrics, de pain mouillé, de laitue et autres feuilles vertes , ou de pé- tales de fleurs , de fruits et même de graines céréales (1). Pour les saisir , elle ouvre largement la gueule, avance jusques hors de la bouche (2), sa langue épaisse, molle , charnue, rougeàtre , conoïde et aplatie en des- sus ; la feuille, si c'en est une par exemple, s’y colle, et la langue se reure en l’introduisant entre les mâchoires. Celles-ci se rapprochent alors fortement, coupent le morceau introduit , et la langue le porte encore vers le pharynx, quelquefois par des mouvemens répétés à plusieurs reprises. Pour les vers, elle les attire ainsi peu à peu sans les couper par fragmens; mais seule- ment en les meurtrissant ou mâchant à chaque occlu- sion de la bouche. Le pain mouillé , passe facilement de même à l’aide de la langue; mais cet organe ne devient dans ce cas réellement utile, qu'après que la bouchée a été enlevée par les mächoires qui agissent à-peu-près seules pour la saisir. Depuis que les chaleurs sont de- venues fortes, cette tortue mange presque tous les Jours; da»s l'hiver elle refusait au contraire tous les alimens. (1) De cette variété de nourriture on peut conclure que ces animaux , s'ils mangeaient beaucoup, seraïent plus nuisibles qu'utiles aux jardins dans lesquels on les place pour détruire les vers. (2) À peine est-il besoin d’avertir Le lecteur que , par le mot gueule, j'entends l'ouverture (rictus), et par celui de bouche, la cavité buc- cale. (340) La manière dont la langue opère ici ,"a de l’analogie avec celle que nous allons décrire dans l’article suivant ; mais cet organe y prendra bien plus d'importance, soit pour la force et l’agilité, soit pour les dimensions. ARTICLE II. BATRACIENS. C'est exclusivément aux Batraciens anoures (gre- nouilles, crapauds (1), rainettes), que s’applique la comparaison énoncée dans le dernier paragraphe. Mais avant de passer à l'exposé que nous avons fait prévoir tout à l'heure, avertissons le lecteur que ce n’est qu’à l'état parfait que ces animaux se servent de leur langue pour happer une proie vivante. Chez les Tétards en effet, on ne trouve au plancher de la bouche que l’hyoïde dont le bord antérieur, recouvert par la mem- brane muqueuse , peut faire une légère saillie, mais qui n’est nullement semblable à la langue. Peu à peu, à me- sure que les pattes se développent , que la queue dispa- raîit, que la bouche se fend , la langue commence à saillir en avant de cet hyoïde ; mais elle reste encore assez long-temps rudimentaire , et c’est l’état dans le- quel j'ai trouvé la langue des salamandres aquatiques que l’on a dit être adhérente, mais complète. Cette différence suflirait à eïle seule pour faire conjecturer que le genre de nourriture n’est pas le même aux deux âges de la vie des Batraciens anoures. (3) I faut en excepter les pipas, qui, dit-on, sont totalement dé- pourvus de langue. (341) Déjà depuis long-temps on avait remarqué que la lon- gueur du canal intestinal et ses spires nombreuses qui, chez les Tétards , forment une masse bien supé- rieure à celle du corps, indiquaient le besoin d’une di- gestion prolongée, comme chez tous les herbivores, et prouvaient la nature végétale de leurs alimens. Cepen- dant, on a trouvé dans ces intestins des Entomostracés encore vivans ; moi-même J'ai rencontré non loin de l’a- nus une petite larve de cousin exécutant encore quelques mouvemens ; mais cetle vie même prouve que ces ani- malcules n’ont pas subi l’action digestive ; ils ont été avalés avec la vase ou détritus organique qui se dépose au fond des eaux qu’habitent les Tétards ou à la surface des corps submergés. On voit en effet ces animaux ra- cler les corps végétaux ou animaux dont la décomposi- tion commence, ramasser la vase à défaut d’autre aliment, et couper de préférence la lentille d’eau , les conferves fraiches qu’on trouve et qu’on reconnaît facilement dans toute l’étendue de leur tube digestif. Un simple examen démontre aisément que les lamelles cornées qui garnissent les lèvres du Tétard et les deux mandibules tranchantes qui arment sa bouche, ne sont propres qu'à de pareils usages. Il arrive une époque où ces mandibules et ces lèvres cornées cessent d'exister ; la bouche n’a plus que des lèvres charnues; mais son ouverture n’est pas encore plus grande qu'elle n'avait été jusques-là , elle ne sau- rait donner passage à la langue, et celle-ci, avons-nous dit , est encore assez long-temps rudimentaire. Dans cet état, l'animal ne peut plus exécuter les manœuvres dont nous parlions à l'instant, ni se comporter déjà comme | ( 542) l'adulte ; il ne peut qu'avaler entièrement quelques pe- ttes feuilles de lentille d’eau, ce dont nous nous sommes assurés ; peut-être aussi quelques Larves, quelques En- tomostracés, ce que nous n'affirmons pas de même. Ils prennent donc alors fort peu d’alimens ; mais c’est jus- tement l’époque où leurs énormes intestins se réduisent à une étendue dix fois moindre , et l’on conçoit que le jeûne leur était nécessaire: C’est aussi l’époque de la ré- sorption des branchies , de la queue, de leur enveloppe extérieure, épaisse et gélatineuse, qui ne se détache point, comme chez l’adulte, soit en lambeaux, soit en forme de tunique. Leurs matériaux suflisent alors pour entreienir la nutrition , et les deux épiploons disposés en languettes surchargées de graisse que renfermait aussi l'abdomen , fournissent aussi un supplément notable à ce jeûne momentané. Dès que la bouche est largement fendue et la langue bien développée c’est-à-dire quelques semaines après la chute de la queue, le Batracien change de manière de : vivre ; ses intestins auparavant, minces , faibles, moux, transparent, comme papyracés , larges et uniformes, sont devenus charnus , très-contractiles, denses , étroits, courts et peu flexueux. Le tube digestif, dont le foie en- veloppait les premières circonvolutions , commençait à partir de l’œsophage , c’est-à-dire immédiatement der- rière les branchies ; il en est maintenant isolé et l’œso- phage est suivi d’un estomac musculeux comme le reste, et capable de contenir, d’écraser, ou du moins de sufloquer les Larves, les Insectes, les Cloportes, les Lombrics, dont l'animal est appelé à se nourrir désor- mais. OGC Il est facile de s'assurer que tel est le genre de nour- riture des Anoures parfaits, soit par l'observation di- recte de leurs habitudes , soit par l'examen des matières renfermées dans l'estomac de ceux qu’on dissèque, soit enfin par l’inspection des débris que contiennent leurs excrémens. Délayés dans l’eau, ces excrémens ordinai- rement rendus en masses brunâtres, alongées, solides ou pulpeuses (r) , se résolvent en fragmens d’élytres, de (x) Les crapauds et les grenouilles les rendent quelquefois à l’état li- quide; le plus souvent l’urine est éjaculée isolément ensuite : le fluide que je désigne sous ce nom n’est point tel pour tous les naturalistes. A la vérité, les uretères ne s’ouvrent point dans la vessie f que cette hu- meur distend souvent énormément ; mais ces uretères s'ouvrent, ainsi que la vessie, dans un réservoir commun (cloaque) par le moyen du- quel ils communiquent d’autant plus librement , que l’orifice vésical est très - large et situé vis -à - vis ceux des uretères. Le cloaque étant fermé de haut et de bas par deux sphincters, rien ne s’oppose à la communication du fluide encore pur; ce n’est que pendant la dé- fécation que les matières fécales peuvent parfois s’introduire dans la vessie et troubler la transparence de l’urine au moment où elle va être reudue. On sait que dans toute autre circonstance , soit que l’animal la laisse sur la main qui le saisit, soit qu’il la rejette involontairement dans des sauts énergiques , a la plus grande ressemblance avec Peau pure. Elle west pas plus vénéneuse chez les crapauds que chez les grenouilles et les rainettes ; vingt fois elle s’est séchée sur mes mains sans y causer le moindre prurit. J’en dis autant de la salive ou bave des crapauds, qui d’ailleurs ne la répandent jamais, et ne cherchent point à mordre, quoiqu’on lait cru et publié, Quant à la matière jaune, laiteuse, coa- gulable, que sécrètent et font jaillir par la pression les glandes qui for- went les pustules et les parotides de ces reptiles, on sait qu’elle est äâcre, amère et acide ( Pelletier ). Un lézard ocellé qui en eut la bouche remplie en mordant les parotides d’un crapaud épireux, mourut en moins de trois quarts d’heure; mais Laurenti nous avoit déjà prévenu de l’extrême sensibilité des sauriens aux plus légers poisons. Un bruant, uuc pelite couleuvre , n’éprouverent de la même expérience qu'uve gêne d’un moment ; sur la peau nue, elle ne wa rien fait sentir; sur une (344) | pattes, de tètes et autres parties très-dures d’insectes Coléoptères, Diptères, etc. On y trouve aussi parfois des substances végétales , de la paille, des graines, des feuilles mème, ce qui ne prouve pas du tout que les Crapauds se nourrissent de plantes fétides et vénéneuses (Lacépède). Au contraire, les matières non digérées prouvent par cela mème que leur nature n’est point appropriée aux forces dissolvantes de l’appareil digestif. Elles ont été prises et avalées en même temps que les insectes qu’elles avoisinaient. On trouve encore dans ces excrémens des débris d'épiderme, celui des pieds et des mains surtout , souvent encore entier et en forme de gant; ce sont les restes de la dernière dépouille de l'animal, qui ne manque pus de l'avaler aussitôt qu'il en est débarrassé ; habitude qui paraît ètre com- mune à tous les Baitratiens anoures, mais non aux sa- lamandres. Le genre Crapaud (Bufo) est celui des trois qui nous occupera d’abord , et dans lequel on trouve porté au plus haut point le développement et l’agilité de la langue. Nous tirerons principalement les descriptions anatomiques qui vont suivre, du Crapaud des joncs (B. calamita). Le Crapaud brun (B. fuscus) et le Crapaud épineux ( B. spinosus Bose ) , assez com- écorchure , elle n’a causé qu’une cuisson passagère ; dans l'œil d’un oiseau , à peine a-t-elle causé un peu de gêne : elle n’a nullement com- pliqué les suites fort simples d’une plaie profonde faite au dos d’un le- zard ocellé. J'avais déjà remarqué que les chiens qui mordent un cra- paud à plusieurs reprises en sont quittes pour un écoulement momentané de salive glaireuse , et quelquefois des eflorts passagers de vomissemens: une substance très-amère produit sur eux les mêmes eflets. (345 ) muns aux environs de Montpellier, ont aussi servi à mes recherches , et m'ont oflert à-peu-près la mème disposition ; je noterai seulement, en temps et lieu, quel- ques légères diflérences , et j'y joindrai les observations que j'ai faites concurrement sur la grenouille verte ( Rana esculenta) et la rainette commune (Æ/yla wi- ridis ou Rana arborea). Les Crapauds poursuivent à la course (surtout la nuit) les petits animaux peu agiles , les Cloportes, par exemple. Dressés sur leurs quatre pieds, ils obser- vent et suivent de près dans tous ses mouvemens cette proie facile qu'ils saisissent quand ils sont bien con- vaincus qu'elle est vivante et à leur convenance. Ils ne se nourrissent point de cadavres, pas même de ceux des insectes, quelques récens qu'ils soient ; circonstance bien éloignée de justifier les préjugés de l'antiquité sur leur compte. S'agit-il d’une capture difficile, d’un in- secte ailé , d’un diptère, le Crapaud s’en approche dou- cement ou même se contente de l’observer ; immobile, il tourne seulement la tête et les yeux vers lui, et dès qu'il le croit à sa portée , il lui lance avec la rapidité de l'éclair une langue gluante, qui, avec une ra- pidité semblable, emporte le butin au voisinage du pharynx. Cette langue a généralement, chez les Crapauds et les Grenouilles, une longueur (dans la plus grande extension) à peu près égale aux deux tiers, aux trois A . quarts même de celle du corps; un Crapaud de trois pouces et demi, par exemple, s’'emparait aisément d’un in- secte placé à deux pouces de lui. Chez les Crapauds, cet organe est arrondi à son extrémité ; il est bifide ( 346 ) chez les Grenouilles , et légèrement bifurqué chez les Rainettes; généralement assez épais mais très-mou, plat et beaucoup plus long que large dans le plus grand nombre. L’extrémité libre de la langue est, comme on sait, tournée vers le gosier dans l’état de repos chez tous les Batraciens anoures, à l'exception des Pipas. L’hyoïde occupant une partie de la région sous-maxil- laire , la racine de la langue se trouve reportée à la par- tie antérieure du plancher de la bouche , mais non, comme on le répèle souvent , à l'extrémité de la mà- choire (voy. pl. 45, fig. 6). Les mouvemens rapides de cet organe ont été attri- bués exclusivement à deux paires de muscles qui ne pourraient presque rien sans de nombreux auxillaires ; mais la démonstration de cette vérité doit être précédée de quelques détails anatomiques , que nous n'avons trouvés ni dans l’ouvrage excellent mais très-abrégé de M. Cuvier ( Anat. comparée ), ni dans les Opuscules plus récemment publiées en France, et qui ne nous ont souvent paru que la copie du premier. La mâchoire inférieure ( À, fig. 1 à 9) forme un aro osseux composé de plusieurs pièces assez mobiles les unes sur les autres, surtout celles qui forment la symplyse du menton. L’aire que circonserit cet arc est occupée , ai-je dit, par la base de la langue et une par- tie de l’hyoïde (fig. 9). Cet Ayoïde (fig. 8, 9 et 10) est composé d’une large plaque cartilagineuse (d), concave endessus pour soutenir la langue dans l’état de repos , convexe en dessous ; en forme de parallélogramme irrégulier, souvent échancré et garni d’apophyses à ses bords latéraux. Son bord an- ( 347) térieur forme une échancrure dont la profondeur est accrue par la naissance de deux cornes cartilagineuses dites antérieures (B), plates, minces , d'abord diri- gées en avant , bientôt recourbées en arrière et en de- hors , marchant alors parallèlement aux branches maxil- laires , se recourbant de nouveau en dehors en haut, et un peu en avant vers l'angle de la mâchoire, pour se fixer à un autre cartilage cylindroïde et dur, fixé lui- même au rocher ; ce dernier est le styloïde ( f); un ligament l’attache en dehors au tympanique. Un liga- ment étroit, long, et oblique attache aussi la corne antérieure à la mâchoire : je le nomme kerato-maxil- laire (D). Ces cornes, généralement en forme d'S , sont uniformes chez la plupart des crapauds (fig. 8 et 93 voy. aussi la fig. 26, pl. 24, t. 7 des Fossiles de M. Cuvier) ; elles sont armées d’une petite aile au bord antérieur chez les Grenouilles (Cuvier , loc. cit. , fig. 21 et 27). Au bord postérieur , chez les Rainettes ( voy. notre fig. 10) (1), deux cornes plus considé- rables, osseuses , cylindroïdes , courbées Je plus sou- vent en dedans , élargies à leurs extrémités, dont la postérieure reste ordinairement cartilagineuse , plus écartées en arrière qu'en avant, sont attachées dans le (1) Dans le premier âge chez le tétard , les cornes antérieures de l'hyoïde sont beaucoup plus grosses et plus courtes ; elles sont alors re- présentées par une branche cartilagineuse , transverse, qui unit la plaque hyoïdienne à l'os ou cartilage tympanique : ce cartilage lui-même est alors au-devant de l’œil, À mesure que la mâchoire inférieure prend de laccroissement , elle le repousse en arrière, et la corne antérieure de l’hyoïde s’alionge daus la même proportion , ou plutôt elle reste à sa place ; mais le ligament qui lattache au tympanique s’allouge et prend graduellement ia consislance cartilagineuse. La partie postérieure de ce ( 348 ) dernier point au bord postérieur du corps hyoïdien (C). Entre elle est soutenue le larynx, organe qui semble manquer de cartilage thyroïde : il m'a semblé que la plaque hyoïdienne lui en tenait lieu, en donnant in- sertion aux ligamens et aux muscles intrinsèques du la- rynx. Cette opinion devient surtout vraisemblable chez la Rainette, dont le larynx est très-volumineux , très- adhérent à l’hyoïde, tandis que celui-ci n’a guère que les dimensions qu'aurait proportionnellement aux ary- thénoïdes , le larynx d’un Mammifère. Les muscles qui meuvent l’hyoïde et la langue , oc- cupent tous la région sous-maxillaire et le thorax. Il en est deux dans la première de ces règions qui, sans s'attacher à l’hyoïde, peuvent néanmoins jouer un rôle important dans la déglutition, et dont il convient de dire d’abord un mot. 1°. Le sous-maxillaire (E , fig. 1) est un muscle sous-cutané, large, mince surtout chez les Grenouilles et les Raïnettes , composé de fibres transversales , à- peu-près réunies par un raphé aponévrotique sur la ligne médiane ; attachées en dehors au bord inférieur de la mâchoire ; chez le Crapaud épineux et la Gre- nouille verte, les fibres postérieures forment un fais- ceau épais qui remonte entre la petite corne , Le liga- ment kérato-maxillaire et la mâchoire pour se fixer à ligament n’est autre chose que le cartilage styloïde, qui suit le tympa- nique (et sans doute le rocher ) dans ses déplacemens , quoïqu’il en reste ensuite bien distinct. C’est ce qui n’a pas lieu chez la plupart des rep- tiles ou des oiseaux , dont la caisse , confondue avec le styloïde, consti- tue, selon la remarque de M. Geoflroy Saint-Hilaire, l'os carré ou tym- panique. ( 349 ) l'os pterygoïdien. Il paraît qu’il en est de même dans la Grenouillle ocellée ( Cuvier). Le bord postérieur de ce muscle est uni à la fois à la peau et à la partie an- iérieure du thorax, par une toile aponévrotico-cellu- leuse , en général assez molle, mais fort courte et fort solide chez le Crapaud brun. Il embrasse aussi toute la gorge , et c’est à lui que sont dus en partie les mou- vemens inspiratoires ou ceux qui exécutent la dégluti- tion de l’air chez les Batraciens, comme chez les Ché- loniens , et même les Sauriens du genre ZLacerta: Chez les Grenouilles et les Rainettes, ce muscle embrasse aussi l’appendice antérieur du sternum , et de plus, chez le mâle de ces dernières , il forme la tunique princi- pale du sac guttural qui sert à renforcer leur voix, sac qui communique avec la bouche par deux boutonnières situées entre les cornes antérieures de l’hyoïde et les branches de la màchoire.'Chez le Tétard , ce muscle est représenté par une bandelette transversale, étroite et sans relation directe avec la mâchoire inférieure ; c’est en le considérant seulement chez l’adulte que M. Cu- vier l’a regardé comme l’analogue du mylo - hyoï- dien. 2°, M. Cuvier a nommé transverse un petit muscle que nous nommerons préférablement sous-mentonnier (F, fig. r et 2). Chez la Grenouille verte et la Raï- nette commune , il est caché sous le précédent; il se montre un peu à découvert chez les Crapauds, chez eux il est aussi plus renflé, plus gros; il est transversale ment placé derrière et sous la symphyse mentonnière. Chez le Tétard il est moins ramassé, plus large et at- taché de part et d'autre (à ce qu'il m'a semblé), au (380 0) cartilage tympanique alors très-avancé ; il enveloppe ainsi toute la màchoire inférieure à laquelle il sert d'é- lévateur principal , et qui est réduite à un croissant peu considérable. 3°. En enlevant les parties ci-dessus décrites, on voit à découvert les muscles geénio-hyoïdiens (G, fig. 2), étroits, longitudinaux, rapprochés mais non contigus, attachés en avant vers le bas de la mâchoire près des extrémités du sous-mentonnier. En arrière, ils se bi- furquent , une partie s'enfonce vers la ligne médiane pour envelopper la face antérieure de l’hyo-glosse, l’autre s'enfonce latéralement pour s'attacher au corps de l’hyoïde sur lequel elle est immédiatement appliquée. 4°. Les omo-hyoïdiens (1, fig. 2), sont aussi en partie visibles après cette première préparation ; très- grêles surtout chez les Crapauds ; ils s’étendent oblique- ment du bord antérieur de la première portion du sca- pulum au corps de l’hyoïde, et se fixent à la face infé- rieure au-devant des précédens dont ils croisent, en ce lieu , la direction en passant entre eux et les pubio- hyoïdiens. 5o, Pour mettre à nu les deux paires de muscles qui viennent ensuite , il faut reséquer la majeure partie du sternum (P) et des clavicules. Près de la ligne médiane se voient alors les sterno-hyoïidiens (F, fig. 3), attachés à la région la plus reculée de la face interne du sternum, ils s’avancent en divergeant un peu et se fixent par une extrémité étroile et même tendineuse sur la naissance des cornes antérieures. 6°. Les pubio-hyoïdiens( TJ), situés plus en dehors, sont plus larges, plus minces ; ils représentent à la fois CS511) les sterno-thyroïdiens et la portion costo-pubienne des muscles droits de l'abdomen de l’homme. Les côtes manquant chez les Batraciens anoures, la moitié ex- terne du muscle droit s’enfonce dans le thorax sous les deux muscles pectoraux, les clavicules et les os acro- miens, pour s'attacher à la face antérieure du cartilage hyoïde. Cette insertion commence derrière celle du muscle précédent avec lequel celui-ci se confond en partie ; elle se continue ensuite vers la ligne médiane et tout le long de cette ligne, de sorte que les deux pubio-hyoïdiens sont fort rapprochés en cet endroit : là ils sont couverts par les sterno-hyoïdiens , et recouvrent les génio et omo-hyoïdiens. 7°. Le reste du sternum et de ses muscles, le cœur même enlevé , on découvre d’abord de chaque côté deux muscles que leur päleur et leur minceur paraissent avoir soustrait aux recherches des anatomistes ; ce sont les stylo-hyoïdiens (M, fig. 4 et 5 ). Is commencent en arrière et en dehors par un petit faisceau charnu attaché en partie au cartilage styloïde , en partie au-dessus, au rocher même ; bientôt élargi , aminci , épanoui en éven- tail entre la petite corne et le corps hyoïdien , il s'attache aux bords de l’une et de l’autre. Chez le Crapaud épi- neux, au lieu de s’attacher au cartilage styloïde , il se perd dans les paroïs du pharynx. 8°, Derrière celui-ci, se trouvent deux ou trois faisceaux charnus que M. Cuvier regarde comme les analogues du stylo-hyoïdien , et qui me paraissent être plutôt ceux du digastrique : leur attache commune se fait à la branche mastoïdienne de l’os tympanique, immédiate- ment au-dessus de la caisse; de à ils descendent en di- t : 1 + (352) vergeant en arrière et se fixent à la corne postérieure de l’hyoïde. L’antérieur qui est mince, souvent double chez la Grenouille verte et la Rainette commune ,.est robuste et toujours simple chez les Crapauds, c’est au bord externe de la corne hyoïdienne qu’il s’insère. Le postérieur plus long , (presque longitudinal, s’attache à l’extrémité libre du même os. Je nomme ces muscles masto-hyoïdien (N, O, fig. 4,5). g°. La langue possède deux muscles qui lui sont ex- clusivement destinés , les hyoglosse (L, fig. 4, 5, 6,7), et les génioglosse ( K ; ibid). Les premiers em- brassent les cornes postérieures de l’hyoïde , se rappro- chent bientôt, s'unissent sous le corps de ce cartilage, en un faisceau cylindroïde auquel le génio-nyoïdien sert de gaîne. Au devant du corps hyoïdien, ce faisceau se glisse entre les cornes antérieures et ÿ est maintenu par une membrane aponévrotique; enfin il s’adosse avec ceux dont nous allons parler. 10°. Les génioglosses (Æ) sont attachés à la mâchoire près de la ligne médiane et du bord supérieur chez le Crapaud épineux, plus en dehors chez le Brun et le Calamite. Bientôt réunis , ils forment un faisceau cylin- droïde, presque aussitôt adossé à celui des hyoglosses. Cet adossement constitue la base de la langue. Cet or- gane outre son épaisse membrane muqueuse, est ainsi composé jusqu'au bout de deux couches musculaires dues à l'épanouissement des muscles précédens qui se divisent en faisceaux entrelacés ei divergens vers ses bords, et d'autant plus courts, qu’ils sont plus externe. La couche supérieure, dans l’état de repos, est formée par les génioglosse et l’inférieure par les hyoglosses (23537 (fig 6), c’est le contraire quand la langue est projetée hors de la bouche (fig. 5 et 7). Ces quatre muscles ne pourraient assurément que raccourcir la langue si ceux de l'hyoïde ne venaient à leur secours. Pour que la langue couchée en arrière vers le gosier puisse être tirée en avant par les génio- glosses , il faut que l’hyoïde en élève la base au-dessus de l’arc de la mâchoire inférieure fortement abaissée ; le muscle agissant alors de bas en haut, relève l’organe et le projette en avant. Il est donc aidé dans cette action par le sous-maxillaire, les génio-hyoïdiens , et surtout les stylo et masto-hyoïdiens, qui sont à la fois éléva- teurs et protracteurs. Les génio-glosses peuvent être aidés encore par le sous-mentonnier qui, rapprochant les branches de la mâächoire, non-seulement les afler- mit, mais en rétrécit l’arc et, du moins chez plusieurs Crapauds, peut lui donner la forme d’un demi-bec re- courbé en bas, ce qui favorise d'autant le mécanisme ci-dessus indiqué. Dans les rétractions de la langue, au contraire, les hyoglosses raccourcissent d’adord l’or- gane, mais ils ne le renversent aisément qu’autant que l’hyoïde fortement abaissé leur donne moyen d'agir aussi de bas en haut. L’échancrure antérieure de ce car- tilage sert alors aux muscles de poulie de renvoi. Ils lont donc pour auxiliaires les omo, sterno et pubio- hyoïdiens ; mais il est probable encore que leurs fais- | ceaux les plus courts agissent d’abord, et que le renver- sement de la langue est successivement opéré de la base à la pointe. Le mécanisme que nous venons de décrire, peut seul rendre raison de cette rapidité, surtout de l'exsertion , ra- XII, 23 (354 ) pidité qui ajoute beaucoup à la force et à l’étendue des mouvemens. La langue est vraiment lancée et entraînée ainsi, par la force d’impulsion, beaucoup plus loin que ne la conduirait jamais (vu sa mollesse), une contrac- tion lente des mêmes muscles. L’insecte collé sous la langue ainsi projetée , invisqué par le mucus tenace qu'elle secrète, se trouve en dessus quand le renversement est opéré; il entre alors dans le pharynx. Ce sac infundibuliforme le presse de toutes paris, le couvre de mucosités et le conduit dans l’œso- phage. On a nié sans raison l'existence de muscles pro- pres au pharynx; en premier lieu, les hyoïdiens et le sous-maxillaire lui sont pour ainsi dire subordonné ; le stylo-glosse même, lui est exclusivement destiné chez le Crapaud épineux ; secondement , il est constamment muni de deux vertébro-pharyngiens qui, de l’apophyse transverse de la troisième vertèbre, se portent en s’é- largissant en avant et se perdent dans ses paroïs ; troi- sièmement enfin, j'ai vu aussi des fibres charnues naître de la corne antérieure non loin du cartilage styloïde, et se perdre dans les parois du pharynx ; c’est une sorte de stylo-pharyngien. Tout le corps d’ailleurs, le tho- rax, le cou et les épaules, semblent participer à une déglutition difficile ; les yeux s’enfoncent vers la bouche, la tête rentre dans les épaules , les muscles abdomi- naux agissent violemment, etc., jusqu'à ce que l’ani- mal avalé soit arrivé dans l'estomac où, privé d’air de toutes parts , il ne tarde pas à périr et à céder à l’action dissolvante des sucs digestifs. La bifurcation de la langue des Grenouilles, ne change rien à ce mécanisme ; les fibres charnues s'étendent jus- (355) qu'à l’extrémité des deux pointes , et peuvent, par une demi-contraction , leur donner la même raideur qu’au corps de l'organe. Chez la Rainette, la langue n’a guère qu’un demi-pouce de longueur ; elle paraît aussi moins agile dans ses mouyemens; elle n’est pas moins vis- queuse et paraît mème plus charnue et plus vasculaire; elle est plus rouge, du moins pendant la vie, car elle pâlit ainsi que chez les autres genres après la mort, L’a- nimal supplée aux désavantages que nous venons d’in- diquer, par la vivacité et la précision avec laquelle il s’élance à la distance de plusieurs pieds , sur l’insecte Je plus agile. Une mouche marche-t-elle dans le voisi- nage, on voit les Rainettes tourner la tête de ce côté, ajuster leurs membres, prendre la direction conve- nable , partir comme un trait, et engluer l’insecte que ses ailes peuvent rarement alors soustraire au danger. La manière dont agit la langue de ces Reptiles m'était ici d'une observation facile, car les Rainettes, natu- rellement peu farouches, s’accoutumaient assez aisé- ment à prendre entre mes doigts les insectes que je leur offrais. Les Rainettes et les Grenouilles ne sont pas non plus, comme les Crapauds , dans la nécessité de jeter, pour ainsi dire, tout d’un coup leur capture dans le pharynx ; les dents aiguës et dirigées en arrière dont est armée la mâchoire supérieure ainsi que leurs vomers et qui man- quent à la plupart (1), leur donnent plus de faci lité pour la retenir et pour l’avaler. Peut-être cette (1) Tout récemment j’ai trouvé des dents maxillaires et palatines au crapaud brun, quoique les individus que j'ai observés fussent encore fort jeunes. (356) disposition est-elle cause d’une voracité plus grande. En elet, j'ai vu un Crapaud épineux rejeter à l’ins- tant mème une très-petite Rainette qu'il avait engluée et portée dans sa bouche, tandis que les Grenouilles n’é- pargnent pas les espèces voisines de la leur. MM. Tied- mann et Gmelin ont extrait du ventricule d’une Gre- nouille deux tétards de Crapaud. Spallanzani a trouvé une souris entière dans celui d’une autre; et l’on dit que la grande Grenouille mugissante d'Amérique est fort friande des jeunes Canards , et même des Oisons. Ces réflexions sur l’usage des dents nous rendront raison de la différence totale qu'on observe entre les Anoures et les Urodèles pour la manière de prendre les alimens. Les Salamandres aquatiques que j'ai spé- cialement observées ont les deux mâchoires garnies de petites dents fines et aiguës; elles en ont aussi au palais, et peuvent ainsi se passer du secours de leur langue imparfaite. C’est à la manière des Sauriens qu’elles saisissent leur proie, soit à l’état de larve, soit à l’état parfait. Scus l’une ou l’autre forme je les ai vues souvent sous l’eau ou à la surface, s'approcher des petits Mollusques, des vers, des insectes et.surtout des larves aquatiques dont elles font leur pâture ; elles regardent avec attention et de fort près l'objet de leur poursuite , le touchent même du bout du museau s’il est immobile ( car elles ont aussi peu de goût que les Anoures pour les animaux sans vie), et enfin elles se précipitent vivement sur lui pour le sai- sir entre leurs mâchoires. L'animal est-il petit, elles le broient , le déchireut ou du moins le tuent par des morsures répétées. Est-il plus fort, plus gros , elles lui (357 ) impriment de violentes secousses pour l’étourdir et le mettre à mort : elles l’avalent ensuite en s’aidant de mouvemens fort vifs du cou et du corps en totalité. La larve, ai-je dit (du moins à un certain degré de déve- loppement } , agit comme l’animal parfait; comme lui ; elle a la gueule largement fendue , et son ventre mé- diocre ne contient point ces volumineux intestins qui , chez les Tétards anoures , indiquent des habitudes en harmonie avec une nourriture végétale, ARTICLE III. SAURIENS. Nous sommes arrivés, par nuances successives, à cette troisième classe qui, par nuances également gra- duées , nous conduirait à celle des Ophidiens. Je pré- fère supprimer les détails rebattus qu’entrainerait cette filiation qui me forcerait d’ailleurs à parler de choses dont je n’ai pu m’assurer par moi-même. Je ne parlerai donc que des Lacertiens proprement dits , abandonnant surtout à d’autres ce qui est relatif à la langue exten- sible et visqueuse du Caméléon, etc. Je serai même dispensé de quelques détails par ceux que j'ai donnés à J’occaion des Salamandres. La vélocité de la course, la vivacité des bonds et de tous les mouvemens , d’une part; de l’autre, les dents solides , nombreuses , à pointe inégale ou en biseau, implantées ou soudées à la face interne des màchoires et sur les os ptérygoïdiens , enfin la force musculaire des Lézards , et celle: surtout de ces énormes muscles ( 358 ) ptérygoïdiens qui rétrécissent l’isthme du gosier, et font de chaque côté une saillie intérieure très-considé- rable derrière les commissures de la bouche (1); voilà des raisons suflisantes pour nous expliquer la grande quantité d'insectes dont on trouve leur tube digestif rempli dans la belle saison. Leurs excrémens bruns, solides ou pâteux, en masses allongées (2), ne sont alors formés presqu’entièrement que de parties dures de Coleoptères ou de têtes de Diptères non digérées à raison de leur structure cornée. Il n’est pas facile de les observer dans leur chasse ; en captivité, ils refusent d'ordinaire tout aliment ; et la prétendue voracité que Daudin attribue au grand Lé- zard ocellé n’est qu'’apparente. I] se jette, il est vrai , sur (1) Cette force des muscles élévateurs de la mâchoire inférieure est assez considérable chez les grandes espèces ( Lacerta viridis et ocel- lata), pour que leurs dents s’impriment fortement sur l’étain : leurs dents en sont quelquefois ébranlées ; aussi leurs morsures peuvent-elles causer des accidens et surtout de la douleur, sans qu’on doive en accuser la présence d’un venin imaginaire. J’ai éprouvé plusieurs fois sur moi - mème que la blessure guérissait sans difficulté lorsque la contusion et la déchirure ne sont pas trop considérables : Laurenti l’avait déjà prouvé par des expériences nombreuses. (2) Les excrémens sont souvent accompagnés d’un fluide urinaire bien différent de celui des batraciens. Il est graveleux, et quelquefois de consistance de mortier , ou même il a perdu sa liquidité : il est alors expulsé sous forme arrondie ou olivaire ; c’est un véritable calcul uri- aire jaunâtre ou d’un blanc mat , quelquefois dur, quelquefois friable ; calcul facilement expulsé, vu la largeur de l’orifice du cloaque. Cette urine est souvent rejetée isolément à l’état liquide , entre les mains de celui qui se rend maître d’un lézard ; soit que la frayeur de Panimal ou les efforts qu’il fait pour s'échapper en soient cause , soit qu'à l'instar d’un certain nombre d’autres reptiles ( Coluber natrix, etc. ), il se serve de celke déjection comme d’un moyen de défense. ( 359 ) tout ce qu'on lui présente , insecies, viande , pain, etc., mais il mord de même avec violence un bâton, un ani- mal même de son espèce ; il serre fortement et d’au- tant plus qu’on cherche davantage à lui soustraire l’ob- jet qu'il tient entre ses dents; il se laisse aussi enlever et suspendre ; mais si on le laisse en repos , il repousse bientôt avec la langue les objets qu'il avait saisi avec tant d’empressement , fussent-ils de la nature de ceux dont il fait sa pâture la plus ordinaire. J'ai pu cependant, parmi les plus jeunes, en ren- contrer de moins opiniâtres , et qui, bientôt familia- risés avec leur prison, y ont repris leurs habitudes premières. Je les ai vus alors observer, suivre des yeux , palper du bout de la langue un ver , ur insecte immobile , et dont la vie leur semblait douteuse , saisir d’un bond ceux qui marchaïent devant eux, les mà- cher , ies morceler pour mieux dire , les secouer vi-. vement pour les tuer ou les étourdir s'ils étaient volu- mineux et vivans, comme un Lombric, une Guèpe, etc. J'ai pu me convaincre qu’ils mangent beaucoup et sou- vent (1), ce qui suppose une digestion assez active, quoiqu’ils puissent supporter facilement un jeùne de. plusieurs semaines dans l’été, et de quatre à cinq mois dans l’hiver- Quant à ceux qui, moins dociles en raison de l’âge, (1) Un lézard de la taille du Z. agilis peut manger cinquante à soixante mouches chaque jour, ou bien quatre à cinq lombrics de trois pouces de longueur. On peut juger par là de l’utilité réelle de ces ani maux dans nos jardins et nos champs. J’ai vu un lézäxd ocellé, d’assez, grande taille, gratter la terre avec ses grifles , et la creuser à plusieurs pouces de profondeur pour en tirer un fort groslombric. ( 360 ) ne cherchaient point ainsi à soutenir leur existence, j'ai pu souvent la prolonger de beaucoup malgré eux, en leur injectant du lait dans le gosier , soit par la gueule, soit par les narines ; plusieurs ont supporté parfaite- ment ce régime depuis la fin de l'hiver (mars) jus- qu’au moment où j'écris (août ); d’autres ont maigri rapidement , et ont péri épuisés en cinq ou six semai- nes : ils rendaient ce liquide , à peine altéré , par la di- digestion , quelquefois même ils le vomissaient. Une personne qui désirait en conserver vivans un certain nombre a vainement essayé de leur faire avaler de force du jaune d'œuf, du pain, etc. ; ils ont péri dès les pre- mières chaleurs du printemps. Avant de terminer cet article, j'ajoute que les Lacer- tiens sont loin d’être aussi ennemis de l’eau qu’on le lit dans certains livres d'histoire naturelle. Non-seulement il est un certain nombre d'individus de la plupart des espèces du genre Zacerta qui habitent de préférence le bord des fossés , des ruisseaux ou des rivières, maïs ils peuvent même les traverser à la nage à la manière du serpent. Leurs pattes sont alors repliées le long des flanes , le corps et la queue serpentent à la surface de l’eau comme pourraient le faire une couleuvre ou, si l’on veut, une anguille. Il ya plus , l’eau est nécessaire aux Lézards comme à tant d’autres animaux. Ceux qui vivent dans les sables et les terrains: incultes et découverts , s’abreuvent sans doute de la rosée du matin; mais on doit peu s’étonner de les voir se jeter, comme ils Le font dit-on , quelque- fois sur la salive qu’on vient de cracher. Le Lézard gris surtout paraît craindre la sécheresse et la chaleur C3) bien plus que le vert, l'ocellé, le véloce, etc. , il se cache et disparaît, pour ainsi dire, pendant les fortes chaleurs de notre été; aussi n’est-1l pas exclusivement méridional comme ceux que je citais tout-à-l’heure. Les Lézards boivent donc et quelquefois abondamment l'eau , la salive , le lait même qu'on leur présente , ou ils lèchent les corps humides qu'ils rencontrent, et semblent lapper avec lenteur le liquide. Lorsque la soif est vive et qu'ils boivent beaucoup, ou bien lorsqu'on verse abondamment un liquide dans leur large gosier, on les voit élever fortement la tête , le museau dirigé en haut , et se dresser quelquefois contre un appui quel- conque avec une sorte d’anxiété causée sans doute par le passage de quelques gouttes dans les poumons ; l’ab- sence de l’épiglotte doit rendre ce passage assez facile. J'ai déjà signalé la langue du lézard comme organe du toucher; elle est aussi l'organe du goût, et c’est bien à tort qu’on la décrit partout comme sèche , presque cor- née et dépourvue de papilles. Le contraire est facile à observer dans les grandes espèces et même sur les imé- diocres. A la vérité cette langue , longue et très-mobile, est terminée par une double pointe grisàtre et mince, mais cette extrémité même n’est pas un double filet, comme chez les serpens ; chaque pointe est flexible, aplatie , élargie et peu longue , garnie en dessous d’une petite plaque cartilagineuse en forme de fer de pique, muqueuse, humide, et lisse en dessus. Le reste de l'organe est large, épais, un peu creusé en gouttière en dessus, convexe en dessous , musculeux et charnu, mou et recouvert d’une membrane muqueuse épaisse , douce au toucher, garnie de nombreuses papilles rou- (363 ) geàtres , arrondies , et grosses surtout au milieu , rangées en lignes obliques en dehors et en arrière, et séparées par des sillons profonds. Ces séries de papilles emboi- tent même les bords latéraux de la langue en se por- tant vers sa face inférieure, dont elles ne recouvrent pas la partie médiane; cette partie reste lisse comme la pointe. Cette courte description prouve assez que la langue ne peut servir qu’à toucher et à goûter ; la manière dont les lézards saisissent leur proie est d’ailleurs bien établie, et l’on ne peut plus admettre avec Needham ( Mouv. Obs. microscop.) que la langue serve à prendre ou à re- tenir les insectes. Selon lui, cet organe est dentelé comme une scie et muni d'arêtes dirigées en arrière; mais comme il n’a examiné cette langue qu'après l'avoir apla- tie entre deux verres et desséchée complètement , il est bien clair que ces dentelures, qu’il n'avait pu voir à l’état frais chez une très-petite espèce, ne sont autre chose que les papilles molles et vésiculaires que nous avons tant de fois examinés chez des espèces plus grandes. La direction des séries de papilles en arrière et en de- hors donne en effet aux bords de la langue cet aspect crénelé, qui a induit en erreur le naturaliste que nous venons de citer. x ARTICLE IV. OPHIDIENS+ Si la langue épaisse , forte et crénelée des Lacertiens , ne leur sert en rien à la préhension des alimens , à plus forte raison en sera-t-il de mème de celle des Ophidiens. ( 363) Cette langue est en eflet aussi faible que mobile ; elle est lisse d’ailleurs, fort étroite , cylindroïde et terminée par deux pointes peu consistantes, filiformes , lon- gues (1) et menues ; on n’y observe ni aiguillon qui lui mérite le nom de dard que lui donne le vulgaire , ni aspérités , ni viscosité qui puisse lui donner la faculté de saisir ou de retenir un corps quelconque. Daudin croyait cependant qu’il en était ainsi pour la vipère, et M. Du- méril a énoncé la chose d’une manière plus générale encore ; mais en présentant la main à cette langue en vi- bration , on ne sent qu'un chatouillement à peine per- ceptible , et si la main est bien sèche, l’on ne s’aper- çoit d'aucune adhésion. Ces animaux ne se nourrissent point d’ailleurs (du moins les hétérodermes , dont nous nous occuperons exclusivement) d’animalcules qu'une glu légère et encore moins une simple humidité puisse arrêter et entraîner; si dans un àge peu avancé elles chassent aux insectes, c’est déjà sur des animaux assez volumineux (notonectes, gyrins, etc.). Parvenues à une taille plus considérable, elles ne s'adressent que rarement aux insectes, et quand elles le font, c’est tou- jours aux plus gros : Spallanzani a trouvé dans leur es- tomac des débris d’escarbots, et j’ai vu dans leurs intes- tins ou leurs excrémens ceux des plus grosses espèces de sauterelles. Mais c’est surtout parmi les Mammifères (souris, mulots, etc.), parmi les Oiseaux, parmi les Reptiles batraciens ou sauriens , et même les ophidiens (1) En longueur elles font, chez la vipérine , le quart de la langue proprement dite, c'est-à-dire de la portion exsertile de cet or gane. (364) plus petits qu'eux , et aussi parmi les poissons (1) , que les couleuvres et les vipères cherchent leur nourriture. Il est évident que leur langue ne peut en pareille cir- constance leur être d'aucune utilité , ni même aider à la déglutition, comme elle le fait chez les lézards, les Mammifères , etc. La langue ne peut servir à l’alimen- tation que pour les substances liquides , l’eau , le lait, qu’elle peut lécher ou happer, même par des mouve- mens lents et réguliers, quoiqu’on assure que les Ophi- diens ne boivent point : la langue n’est mème pas indis- pensable à la dégluuition du liquide. Si la profondeur du vase le permet, la couleuvre y plonge horizontale- (1) Daudin soutient à tort que les couleuvres nagent mal et peuvent se noyer aisément. Le Coluber natrix et le Viperinus , non-seulement nagent avec autant de facilité que les anguilles , mais même plongent, s'enfoncent , et séjournent fort long-temps dans la vâse : leur énorme poche pulmonaire leur permet à volonté de surnager sans peine et de se passer long-temps de nouvelles inspirations d’air atmosphérique. Aucun poisson n’a un réservoir de gaz aussi étendu ; les diodons seuls pour- raient {eur être comparés sous ce rapport. Les valvules dont sont garnies les narines et dont nous parlerons plus loin, et mieux encore la con- tractilité de la glotte , permettent aux couleuvres d'empêcher, et l’intro- duction de l’eau dans leur poumon et la sortie de l'air hors de ce réser- voir, dans les mouvemens de flexion latérale, peut-être de dilatation et de resserrement, que leur corps exécute. Il n’est donc pas étonnant qu’on trouve quelquefois des poissons dans leur estomac : on en a même trouvé dans celui de couleuvres qui fréquentent peu les eaux ( C. Æscu- lapü). Cependant pour l’ordinaire, les serpens qui vivent dans les lieux secs préfèrent les oiseaux, les lézards, aux grenouilles et autres rep- tiles aquatiques, et c’est le contraire pour les serpens qui fréquentent les rivages. Quoique les premiers épargnent les individus faibles de leur propre espèce, il n’en est pas de même de ceux des espèces voi- sines, qui leur sont inférieurs en force et en volume. Je les ai vu s'é- lancer sur eux , et dévorer même les restes des couleuvres que je venais de disséquer. a (365 ) ment la moitié inférieure de la tête ; la mâchoire infé- rieure est ainsi toute entière au-dessous du niveau du liquide, et des mouvemens peu étendus d’élévation et d’abaissement le font entrer dans la bouche et le pous- sent daus le pharynx. J'ai fréquemment observé cette manœuvre sur les couleuvres que je conservais , dans les chaleurs de l'été; de deux Jours l’un elles s’abreuvaient de cette manière , et je dirai, puisque l’occasion s’en présente, qu’elles n’ont jamais cherché alors de leur propre mouvement le lait dont on les dit si friandes , quoique parfois elles aient paru lécher avec plaisir quel- ques gouttes que je leur en déposais sur le bout du mu- seau. Outre ses usages relatifs à l’ingestion des liquides , la langue en a évidemment d’autres comme organe du goût et du toucher ; jamais elle n’est vibrée avec plus de ra- pidité et de fréquence que quand l'animal examine de toutes parts une victime qu'il a mise à mort. Elle est aussi fréquemment vibrée pendant la progression, et lorsque la couleuvre cherche une issue hors de la prison qui l’enferme; elle glisse alors hors de la bouche par la gouttière creusée sous le museau , et s'étend quelquefois jusqu’à près de deux pouces de distance : dans ce cas elle fait l'office des antennes chez les insectes. C’est d’ail- leurs, comme l’a très- bien fait sentir M. Desmoulins (Journ. phys., tom. 1v, p. 264 et suiv.), à-peu-près la seule partie du corps qui puisse donner des sensa- ons tactiles exactes ; le reste du corps, couvert d’é- cailles dures , n’a nécessairement qu’une sensibilité mé- diocre, et ce corps mème, tout flexible qu'il est, ne peut embrasser que des objets volumineux. La sensibi- ( 366 ) lité de la peau est plus grande pourtant qu'on ne le croi- rait au premier abord; si l’épiderme ancien est récem- ment détaché , si l'animal a depuis peu fait peau neuve , le contact d’une mouche est assez vivement senti pour déterminer des mouvemens qui le chassent : c’est bien là un tact assez délicat, mais non pas un toucher comme comme celui dont la langue paraît être véritablement le siége (1). Quoique cet organe ne préside guère à la fonction qui fait l’objet de ce Mémoire, puisqu'il en a été ici assez longuement question , je me crois autorisé à don- ner sur sa structure et ses mouvemens quelques déve- loppemens qui manquent dans tous les traités que j'ai consultés à cette occasion. Ces détails d’ailleurs confir- ment ce que j'ai énoncé de ses usages, et feront voir combien la langue sensitive des Ophidiens diffère de la langue prenante des Batraciens. La première doit néanmoins, comine la seconde, une bonne partie de ses mouvemens au cartilage hyoïde (Z, fig. 11,14, 16), qui en est le support ; ce cartilage est composé de deux filets longs et parallèles, étendus d’ar- rière en avant à la partie inférieure du cou, entre les premières côtes, jusque sous la mâchoire inférieure , (x) D'accord avec M. Desmoulins sur ce point , je ne puis l'être sur un autre, qui a trait, non aux phénomènes, mais aux organes de la sensibilité. Il n’a trouvé aux nerfs vertébraux des serpens qu’une seule racine , et je puis aflirmer qu’ils en ont deux, une antérieure assez mince, une postérieure plus grosse , comme la plupart des vertébrés : je l’aflirme du moins pour cinq à six espèces du genre Coluber. Leur système nerveux présente encore quelques autres particularités non in- diquées jusqu'ici, mais étrangères au sujet qui m'occupe en ce mo- ment. ( 367 ) dont ils ne dépassent pas la partie moyenne dans l’état de repos. [solés en arrière, ces filets se courbent en avant l’un vers l’autre, et s’unissent à angle aigu par une portion amincie, pointue, et non soudée , mais liée par un lJigament à la congénère , du moins chez le C. vipe- rinus. Ce cartilage est tiré en avant, par une paire de muscles Zaryngo-hyoïdiens (n° 22, fig. 16), longs, étroits , parallèles, attachés en avant à la partie supé- rieure et postérieure du larynx, en arrière aux filets hyoïdiens, à quelque distance de leur angle de réunion, et recouverte , dans une partie de leur face supérieure , par la membrane muqueuse de la bouche. Ces muscles sont secondés dans leur action par les génio-trachéaux (ibid, n° 21) qui, de même forme que les précédens , s’attachent d’une part à la partie in- férieure de la trachée-artère, du huitième au dixième anneau à-peu- près, et d’autre part vers l'extrémité an- térieure des os dentaires de la mâchoire d’en bas. Deux muscles plus forts , et surtout plus larges, rem- plissent des fonctions analogues ; ce sont les mylo-hyoi- diens (fig. 11 et 14, n° 1), attachés à la mâchoire par la partie antérieure d’une aponévrose commune à d’au- tres muscles, dont nous parlerons plus bas, et dirigé ensuite en arrière et en dedans vers les filets hyoïdiens, dont la partie la plus antérieure lui donne insertion. Les museles antagonistes ou rétracteurs sont au nombre de deux de chaque côté; 1°. un costo-hyoïdien (fig. 11 et 14, n° 2) analogue du sterno-hyoïdien des Mammifères, attaché à l'extrémité des trois on quatre premières côtes, allongé en avant jusque fort près du mylo-hyoïdien, à l'insertion duquel la sienne fait suite ; 2°. un vertébro- ( 368 ) hyoïdien (fig. 14, n° 15) comparable au sterno-thyroï- dien des quadrupèdes vivipares , attaché à l’hyoïde der- rière le précédent , et faisant suite d’autre part aux muscles vertébro-costaux qui règnent dans toute la lon- gueur du corps et servent à l’expiration. La gaïne membraneuse dans laquelle est renfermée la moitié antérieure de la langue dans l’état de rétrac- tion, est aussi pourvue de muscles qui contribuent aux mouvemens de cet organe. Cette gaîne (fig. 15, N), placée au-dessous du larynx , est ouverte au devant de la glotte par un orifice garni de deux cartilages ou fibro- cartilages latéraux (fig. 14 et 15, A7) qu'on n’a point indiqués , quoiqu'ils aient une certaine importance; peut- être ne sont-ils que des démembremens de l’hyoïde , dont les filets ne représentent que les cornes styloï- diennes ; peut-être aussi sont-ils des portions du thy- roïde, dont le larynx des couleuvres paraît dépourvu, comme celui des Batraciens : du moins je n’ai vu à l’un et à l’autre que deux cartilages latéraux, analogues aux aryténoïdes , et un anneau plus large que ceux de la tra- chée, et comparable au cricoïde. Les fibro-cartilages dont nous parlons sont semi-lu- naires , et leur bord supérieur, couvert par la membrane de la bouche, forme une sorte de lèvre saillante de chaque côté de l'ouverture en question ; leurs angles an- térieurs sont rapprochés et réunis par un fort ligament ; les postérieurs écartés. [ls donnent attache à trois paires de muscles ; savoir : 1°. les genio-vaginiens (fig. 14 et15, n° 18) correspondant peut-être aux genio-hyoïdicas des autres vertébrés ; ils sont forts , épais, en parte apo- névrotiques ; leurs fibres se croisent et s’entrelacent en me 7 —- ( 369 ) adhérant aux cartilages vaginiens : leur autre extrémité est fixée au bout du dentaire inférieur , au devant du genio-laryngien. Ces muscles deviennent transverses lorsque les deux branches de la mâchoire sont fort écar- tées, eu tous deux ensemble remplissent alors les fonc- tions d’adducteurs de ces branches. 2°. Les mylo-vagt- niens (fig. 14, n° 19) ont une direction toute opposée à celle de la paire précédente ; attachés au bord inférieur de la partie la plus avancée de l'os articulaire , couverts par la muqueuse de la bouche, ils s’avancent jusqu’à l’angle libre des cartilages vaginiens. 3°. Enfin j'ai en- core trouvé chez la couleuvre lisse (1) une paire de muscles vaginiens propres (fig. 15, n° 0). Il n’en existe qu’un seul , impair par conséquent , chez la cou- leuvre vipérine; celui-ci se prolonge presque jusqu’au bout de la gaîne, dont il garnit la paroï inférieure. Chez la couleuvre lisse , la forme des deux muscles est celle d’un grain d'orge; durs et grisätres, ils couvrent le fibro-car- tilage, et se prolongent sur la partie membraneuse de la gaîne en s’amincissant excessivement. On conçoit déjà comment tous ces muscles peuvent être de puissans auxiliaires aux protracteurs et aux ré- tracteurs de la langue, mais avant d'apprécier briève- ment leurs eflets , disons un mot des deux paires propres à cet organe. 1°. Les génio-glosses (fig. 14, n° 17), ont été confondus avec les génio-vaginiens qui les ca- chent mais qui en sont bien distincts. Leur attache à (1) L’individu dont il s’agit avait deux pieds huit pouces de longueur : c'était une variété du Col. austriacus. Il m’a servi à confirmer toutes Les recherches que j'avais faites auparavant sur des couleuvres plus pe- tites encore ( C. viperinus ), pour l'appareil maxillaire. XIL. 24 (370 ) la mâchoire se fait plus en arrière; elle est immédiate- ment sous-jacente à celle des laryngiens , ou seulement un peu plus antérieure. Delà dirigés en arrière le long de la gaîne , puis contigus l’un à l’autre , ils se glissent sous l’hyoïde et, après avoir ainsi fourni un trajet assez long , ils s’adossent aux muscles suivaus et pénètrent avec eux dans la partie libre de la langue, +°. Les hyoglosses (fig. 14, n° 16), embrassent l'extrémité libre des filets hyoïdiens, en couvrent d’abord le côté interne, puis lui sont simplement contigus ; marchent parallèlement entre ces filets jusqu’à la rencontre des précédens, avec lesquels ils se confondent, et constituent ainsi le tissu contractile de la langue. L’entrelacement de ces fibres m'a paru former seul la portion charnue à laquelle est due le brandissement ou le mouvement osciilatoire de la langue en exsertion. Ce mouvement, assez lent dans les grands individus , a lieu toujours de bas en haut, et pour l’o- pérer il n’était pas nécessaire qu'il existàt un muscle particulier ou propre, comme M. Cuvier l’a nommé. La langue proprement dite, commence effectivement à l’adossement des muscles génio et hyoglosse. À partir de cet endroit elle est ferme, cylindroïde, brunâtre; la gaine ne l’enveloppe réellement que jusques vers son milieu ; mais dans une forte protraction, cette gaîne se retourne et tapisse ainsi la moitié postérieure de la langue qui en est dépourvue dans l’état dé repos. En résumé, un simple coup-d’œil jeté sur les mus- cles qui viennent d’être décrits, nous fera voir aisément , 1°-que l'exsertion où protraction de la langue n’est pas seulement l'effet des contractions du génioglosse, mais qu'elle ést'en grande partie produite aussi par le mylo- ( 37: } hyoïdien, le laryngo-hyoïdien , le génio-trachéal, qui tirent en avant l’hyoïde, dont les filets soutiennent la base de la langue et peut-être s'engagent avec elle dans la gaine retournée par une forte exsertion. À ces muscles s’adjoignent encore Île génio-vaginien et le vaginien propre qui tirent en avant et la gaîne et la langue qu’elie renferme. 2°. Nous voyons aussi, au contraire, que la rétraction est due tant à l’hyoglosse, qu'aux costo et vertébro-hyoïdiens, auxquels il faut ajouter, comme auxiliaires , les mylo-vaginiens. Passons maintenant à des objets mieux en rapport avec le titre de ce Mémoire, examinons lappareil maxil- laire des. Hétérodermes sans crochets venimeux. Celui des serpens venimeux a été décrit et figuré avec détail par un bon nombre d’observateurs; il n’en est pas de même de celui qui va nous occuper; nous éviterons néanmoins autant qu'il nous sera possible , toute pro- lixité inutile. Les Boas, Pythons , etc., ne diffèrent des couleuvres sous ce rapport, que par la force et la largeur de leurs maxillaires. Les trois premières figures de la planche 7 du Règne animal par M. Cuvier, comparées à celles que nous donnons ici (fig. 9,9 bis et 10), donneront au lecteur une idée exacte de ces différences. L'appareil osseux des Couleuvres considéré dans son ensemble, est composé de vingt et une pièces pour la plu- part mobiles ies unes sur les autres. Une seule est im- paire, séparée du reste et comme étrangère à Ja mastica- tion chez les Couleuvres, mais pourvue de dents chez les serpens des genres voisins ; je veux parler de l’inter- maxillaire ou incisif (Æ): c'est l'os du museau celui qui (82% est creusé en dessous pour le passage de la Jangue ; il fait aussi partie du contour (les narines et s’appuie en arrière sur le vomer et les os naseaux. Abstraction faite de cet os, nous pouvons distinguer deux appareils maxillaires, un droit, l’autre gauche ; nous verrons bientôt en effet qu’ils sont indépendans jusqu’à un certain point l’un de l’autre. Chacun est composé de pièces communes aux deux mâchoires , et de pièces particulières à la supé- rieure et à l’inférieure. 1°. Pièces communes ; ce sont des démembremens du temporal, comme l'ont démontré MM. Geoffroy Saint- Hilaire et Cuvier. L’une encore appliquée sur le crâne au-dessus du rocher, est l’os mastoïdien (G) ; aplati, allongé, dirigé horizontalement, mais susceptible de mouvemens variés; il soutient en arrière, par sa face externe, un os bien plus mobile encore, le tympani- que (F). Celui-ci est évidemment l’analogue du carré ou os de la caisse des oiseaux et des Sauriens; cylin- droïde au milieu, fort élargi en haut, un peu renflé en bas , il soutient dans ce dernier point la màchoire infé- rieure et les dépendances de la supérieure ; celle-ci n’y est attaché que par des museles et des ligamens ; celle-là , au contratre, lui est unie par un véritable ginglyme. 2°. Mächoire supérieure. On y compte quatre os formant avec ceux du côté opposé une double arcade dentaire. Le premier de ces quatre os en partant de ceux que nous venons d'indiquer, est le ptéry goïdien interne (E), os allongé , un peu coudé en dedans , aplati de haut en bas , large et concave sur ses deux faces, dans son tjers moyeu, rétréci yers ses extrémités , dont la postérieure (373 ) est en rapport avec la mâchoire inférieure, au moyen d’un ligament fort , cylindroïde et fixé en dedans et der- rière la facette articulaire de la mâchoire inférieure ; l’antérieure est unie par symphyse avec l’os palaün; le bord externe supporte le ptéry goïdien externe (D). L’os que nous venons de nommer bien moindre que le pré- cédent , dirigé en avant et en dehors, étroit en arrière, fort élargi et plat en avant, est appuyé dans cet en- droit sur l'os maxillaire. Ces deux os ptérygoïdiens ont été nommés ainsi, d’après leur analogie avec les ailes ptérygoïdiennes des Mammifères. Tci, indépendantes du sphénoïde , elles ont cependant la plus grande res- semblance avec celles des Lacertiens et des oiseaux (os omoïdes), chez Ja plupart desquels le sphénoïde leur sert encore de point d'appui. Nous avons déjà nommé les deux pièces les plus antérieures de la mâchoire que nous décrivons: le palatin (C), os allongé, droit ou céncave en dehors : le sus-maxillaire (B), concave en dedans , plus long que le palatin , mais aplati comme lui d’un côté à l’autre , et muni comme lui vers le mi- lieu de son bord supérieur, d’une apophyse plate, re- courbée en dedans. Celle du sus-maxillaire, qui est «plus petite , s’unit par une articulation très-mobile à l'os lacrymal , os ainsi nommé par M. Jules Cloquet ( AZe- moires du Muséum, tome 7 ; appareil lacrymal des Serpens), parce qu'il offre le trou qui paraît destiné à l'écoulement des larmes. Cet os fait le bord antété- rieur de l'orbite; c’est le frontal antérieur de M. Cu- vier (Règne animal). L’apophyse du palatin est là- chement attachée au vomer. Le bord inférieur des os palatin et sus-maxillaire, et le bord interne du piéry- ( 374 ) goïdien principal le long de sa moitié et quelquefois (C natrix) de ses deux tiers antérieurs , sont garnis de dents coniques fort aiguës , recourbées en arrière, d’au- tant plus grandes qu'on approche d'avantage du gosier. Les unes sont soudées à l'os, les autres fixées par une gencive molle. Les premières reçoivent leurs vaisseaux par un petit trou percé dans l'os , du côté externe. Ces dents solides sont d'ordinaire régulièrement intercalées de deux en deux entre les autres ; il en est de même à la mâchoire inférieure , mais les trous nourriciers de celle ci sont percés en dedans. 3°. Mächoire inférieure. Je n'ai point trouvé chez les Couleuvres les six pièces qui composent chaque branche maxillaire des Sauriens ; mais quatre d’entre elles sont bien distinctes. La plus considérable , la plus postérieure, est l’articulaire (1); cette pièce est ter- minée en arrière par une apophyse semblable à celle qu'on voit chez beaucoup d'oiseaux, vient ensuite une facette articulaire , convexe d’un côté à l’autre et con- cave d’arrière en avant, destinée à recevoir l'extrémité du tympanique. L'os articulaire , devenu plus large ,.est creusé en dessus d’une fosse profonde, dont la lèvre in- terne s’élève plus que l’externe et dans le fond de la- quelle commence le conduit dentaire. Cette fosse s'a- vance jusqu'au milieu de l'os articulaire qui comprend lui-même eu longueur près des treis-quaris de la mà- choire. La pièce qui complète surtout en ayant l’appa- reil maxillaire inférieur, est la dentaire (1), qui reçoit la précédente dans une échancrure de sa partie posté- rieure. Cet os est courbé en dedans et som bord supé- rieure est armé de dents comme son nom indique ; une” ( 375 ) syssarcose fort lâche le joint à celui du côté opposé. Enfin, deux pièces pour ainsi dire accessoires, afler- missent en dedans la jonction des deux os que nous avons décrit tout-à-l’heure : leurs situations, leurs rap- ports , les font reconnaitre, l'antérieure pour l’opercu- laire (Q), la postérieure pour l’angulaire (P). Ces deux pièces sont petites, minces, rudimentaires ; on trouve de plus chez les Sauriens un sus-angulaire et un com- plémentaire, à l’un desquels appartient constamment lapophyse coronoïde. Leur absence ici, du moins chez les sujets adultes , nous explique cette singularité d’un canal dentaire dont l’orifice postérieur se trouve en de- hors. L’apophyse coronoïde et la partie qui la soutient étant réduites à l’état rudimentaire où n’existant pas du tout, l’articulaire qui forme le trou interne et infé- rieure de l’orifice en question, se trouve en consé- quence Ja partie saïllante, celle qu'on a quelquefois prise peut-être pour une apophyse coronoïde. Otez à une mâchoire de Lézard son complémentaire et son sus- angulaire , et elle ressemblera fort à celle d'une Cou- leuvre. Les quatre pièces dont il vient d’être questien sont fixées solidement l’une sur l’autre ; examinons rapide- ment de quels mouvemens sont susceptibles les autres pièces , toutes mobiles , de chaque appareil maxillaire. 1°. L'appareil droit peut s’écarter du gauche; c’est l'articulation tympano-ptéry-maxillaire qui lécarte du crâne ; los tympanique tendant à devenir transverse et horizontal. La mâchoire inférieure seule est susceptible d’une grande déduction dans l'extrémité antérieure de ses branches. ( 376 ) 2°. Les deux mâchoiïres peuvent simultanément ou separément se porter en avant. On a nié à tort cette pos- sibilité chez les couleuvres pour la màchoire supérieure; le sus-maxilluire et le palatin , poussés par les ptery- goïdiens , tendent alors à basculer sur les apophyses , à se redresser par conséquent, et à faire saillir les dents dont ils sont armés ; le mouvement est moins évident que chez les serpens venimeux, parce que les dents sont moins longues, et que les os qui les portent le sont davantage , d’où il suit que la bascule complète exige- rait une prépulsion très-considérable , tandis que le sus-maxillaire des vipères exécute à peu de frais le quart de cercle nécessaire au redressement des crochets. 3°. La mâchoire inférieure peut non-seulement ou- vrir la bouche en abaïssant son extrémité libre ; elle -peut encore en agrandir la cavité lorsque son articu- lation se porte en bas par l’abaissement des os tympa- niques et mastoïdiens. Quand ce dernier abaissement est considérable , la mâchoire supérieure n’y participe qu’en partie; l'os ptérygoïdien interne abandonne , au- tant que lui permet la longueur de son ligament, l'ar- ticulation tympano -maxillaire à laquelle il ne tient que fort lâchement ; ses muscles l’en rapprochent ensuite. 4°. Enfin, selon la remarque de M. Desmoulins, l'inter-maxillaire , le vomer , les naseaux et les lacry- maux jouissent aussi d’une certaine mobilité qui peut contribuer à l'agrandissement de la bouche. Je n’ai pas besoin d'ajouter que ces mouvemens ont aussi leurs opposés , savoir , la réduction , la rétraction , l'élévation , etc.; il est bon seulement de noter que quel- ques-uns de ces mouvemens, la déduction, l’abaissement (377 à portés à l'extrême dépendent moins d’uneaction muscu- laire directe que de l’action mécanique d’un corps étran- ger volumineux. Mais pour bien apprécier ce qui dé- pend de l’une ou de l’autre cause, il faut connaître les muscles dont il s’agit, et les descriptions qu’on en a données jusqu'ici sont ou très-peu détaillées ou tirées seulement de serpens à venin. Je crois aussi qu'on s’en est , dans quelques-unes de ces descriptions , laissé imposer par l'apparence , en dis- sequant des serpens conservés dans l’alcool. On a dé- crit des muscles faisant le tour de la bouche (Cuvier, Anat. comp. , tom. 1), et l’on a nié l'existence des glandes salivaires (Desmoulins , Journal de Phys., juillet, 1824) où l’on n’a parlé que de l’inférieure (Cuvier). N'a-t-on pas pris le change sur leur compte? Ces glandes sont en eflet rougeûtres , et la supérieure est placée en arrière sur un ligament qui semble au premier abord en être le tendon. Ce ligament, que j’ap- pelle zygomatique (fig. 11, K) me paraît représenter l’arcade zygomatique des oïseaux ; il est cylindroïde , étroit et attaché au sus-maxillaire, d’une part, à l’os tympanique, de l’autre. Quant aux glandes salivaires immédiatement placées sous la peau, elles font le tour de la bouche, et une multitude de pores bien visibles laissent suinter l'humeur visqueuse qu'elles sécrètent ; elles ont été bien figurées ainsi que le ligament zygomatique dans l’Opuscule cité de M. Jules Cloquet (fig. 8). La glande supérieure parait avoir été plus d’une fois décrite comme organe sécréteur du venin (1). Elle existe cependant chez les (1) Par Mead par exemple. D’autres ont décrit comme tel la glande ( 378 ) couleuvres les plus innocentes, chez celles dont les morsures n’ont, comme je l'ai plus d’une fois appris par le fait, d’autre inconvénient que celui d’une légére piqüre. Les muscles que nous avons à décrire sont au nombre de treize de chaque côté; nous suivrons dans leur ex- position à-peu-près l’ordre dans lequelils se présentent lors de la dissection ; l’ordre physiologique nous forcerait à des répélilions que nous remplacerons par un court résumé. 1°. Sous la peau on trouve à la région sous-maxil- laire ces muscles minces et larges dont nous avons déjà décrit la portion hyoïdienne, et que M. Cuvier com- prend sous le nom collectif de costo-maxillaire. Celui qui mérite seul ce nom (fig. 11 et 14, n° 2’ } côtoye en dedans le costo-hyoïdien ; puis le mylo-hyoïdien , derrière lequel il s'attache à l’'aponévrose commune dont lacrymale (À, fig. 17), que Mead croyait être une glande salivaire. IL paraît qu’il n’y a point d’autres glandes que la salivaire et les lacry- males chez les serpens venimeux , et elles existent chez ceux qui ne le sont pas. Faudra-t-il en revenir à l’opinion de Charras , savoir, que la gaine des crochets est à la fois le réservoir et l'organe sécréteur du venin , ou bien peut-on croire, avec M. Desmoulins, que les larmes sont le véritable poison ? Les couleuvres ne manqueraient donc que des moyens de transport et d’inoculation ? Mais les larmes de la vipère sont incolores, limpides, et le venin est jaune ou vert et visqueux. Les larmes de la vipère, inoculées , ont tué de petits animaux; en serait-il ainsi de celle d’une couleuvre? Je l’ai tenté plusieurs fois sans résultat sembla- ble. Enfiu quant anx voies d’excrétion de ce fluide, M. Jules Cloquet les admet chez les couleuvres où elles arrivent dans la bouche, fort près des dents antérieures. J’ai vu, pour mon compte, très-bien l’orifice oculaire du canal lacrymatique , tandis que M. de Blainville ne la pas trouvé chez les serpens venimeux : c’est tout l'opposé des conditions requises pour la vraisemblance de l’opinion susdite. ( 379 ) il a déjà été question. En dehors , il touche eu partie le muscle que nous allons indiquer. Une partie de ses fibres se rendent aux écailles de la gorge. 2°, Le cervico-maxillaire (ibid., n° 3 ) situé en de- hors du précédent , fixé aussi à l’aponévrose commune , remonte derriere l’angle maxillaire sur les côtés du cou jusqu’au-dessus des 6°, 5° et S° vertèbres à-peu-près : là , il prend son point d’attache aux aponévroses des mus- cles de l’épine. H pent dans sa contraction glisser en dehors sur la joue, et entrainer avec lui le costo-maxil- laire. Quelques-unes de ses fibres s’attachent à la peau de la lèvre inférieure. Quant à l’aponévrose commune , elle s'attache à la partie Ja plus saillante, à une sorte d'angle mousse de la face externe de l'os articulaire dans sa moitié antérieure à-peu-près. 3°. Au dessus de ce muscle, sur le côté du cou, s’en trouve un autre mince et large comme lui surtout en avant, Gù il est attaché à toute l'étendue du bord anté- rieurde l'os tympanique ; de là , il remonte en arrière et en dedans au-dessus des 3°, 4° et 5° vertèbres environ, pour s'attacher aussi aux aponévroses qui enveloppent les muscles des gouitières vertébales. On peut y voir l’analogie du splenius, et comparer les précédens au peaucier de l’homme. J’appelle celui-ci ceryico-tympa- nique (fig, 11, n°.4). 4°. Un peu plus en avant, après avoir enlevé les wlandes salivaires et le ligament zygomatique , on voit en entier le muscle post - orbito - maxillaire (ibid , n°. 5). Il est plat, allongé, étendu obliquemeut de l’'apophyse post-orbitaire (frontal-postérieur ; Cuvier) et de la crète qui lui fait suite sur le pariétal , à la par- ( 380 }) tie anguleuse de la face externe de l’articulaire où il se fixe par une aponévrose , depuis l'insertion du cervico- maxillaire jusqu’au voisinage de l’articulation de la mà- choire avec l’os tympanique. Je pense que, malgré sa forme , il doit être rapporté au masseter , et c’est aussi la détermination qu’en donne M. Cuvier , bien qu'il paraisse ne l'avoir pas séparé de la glande salivaire in- férieure. 5°. Celui qui lui est immédiatement sous-jacent mé- rite, pour ses connexions, d’être considéré comme re- présentant le temporo-maxillaire (fig. 11 et 12 ,n° 6), aussi lui en conserverai-je le nom. Ce muscle épais et robuste est composé de plusieurs faisceaux dont un, plus antérieur , croise à angle aigu la direction des autres. Ce faisceau s'attache d’abord à la fin de la crète du pa- riétal, puis au bord supérieur de los mastoïdien ; il descend alors un peu en arrière en recouvrant cet os, et s'enfonce entre les autres faisceaux pour se fixer vers la lèvre externe de la fosse que nous avons indiquée sur l'os articulaire , lèvre que nous avons comparée à l’a- pophyse corouoïde; c’est celte portion seule que M. Cu- vier compare au masseter ; le reste du muscle descend au contraire d’arrière’ en avant ; il prend son insertion supérieure à toute la face interne de l’os tympanique et à son bord antérieur : inférieurement , il implante ses fibres sur la fosse dont il vient d’être question, et en embrasse à la fois les deux lèvres de manière à recou- vrir même une partie des faces interne et externe de l'os articulaire. Le nerf dentaire traverse les fibres de ce muscle pour entrer dans le canal qui lui est destiné. Lorsque lanimal ouvre la gueule, 6n aperçoit très- ( 381 ) bien au devant de chaque commissure labiale, le bord antérieur du temporo-maxillaire , recouvert seulement par la membrane muqueuse de la bouche. 6°. Derrière l’os tympanique se trouve aussi un mus- cle épais, jusqu’à un certain point analogue au digas- trique ( Cuvier). Du bord postérieur et de la face ex- terne du tympanique il descend, comme dans les oi- seaux, sur l’apophyse post-articulaire de la mâchoire inférieure , très-près par conséquent de l'articulation ; pour cette raison , je le nommerai tympano-post-arti- culaire (fig. 11 et 12, n°7). ; 7°. Pour bien voir les muscles qui nous restent à étudier , c'est par le dessous de la tête qu'il faut la pré- parer (fig. 13). En procédant de dehors en dedans pour chaque moitié latérale‘, on trouve d’abord le marillo- ptérygoïdien (fig. 12 et 13 , n°. 8), fort, pyriforme, ressemblant beaucoup au volumineux ptérygoïdien du Lézard (voy. art. 111). Le bord inférieur de l'os arti- culaire lui donne attache en arrière; en avant, un ten- don robuste le fixe à l’os ptérygoïdien externe , près de son articulation avec le sus-maxillaire, 8°. Caché par ce muscle et moins considérable que lui , l'articulo-ptérygoïdien (fig. 13, n°. 11 ) est ac- colé sur l’os ptérygoïdien interne en dehors et en bas jusqu'à son articulation avec l’externe; ses fibres, en partie aponévrotiques , environnent le ligament qui at- tache l’os en question à l’articulaire , et le fixent à ce dernier au-dessus de celui dont la description précède, et tout contre la facette articulaire de la mâchoire in- férieure. Cette dernière connexion semble indiquer 7. ? » Je qu'il est l’analogue du ptérygoïdien externe de l’homme, ( 682 ) tandis que le précédent en représenterait le ptérygoïdien interne. Les usages de celui-ci, chez les reptiles voi- sins où il a les mêmes attaches , confirment puissamment lPanalogie indiquée ci-dessus , et doivent , ce me semble, faire conserver à l’os qui lui fournit son point d’attache antérieur le nom de ptérygoïdien externe , que M. Cu- vier lui avait d’abord donné, et auquel ïl propose au- jourd’hui de substituer celui de transverse (1) ( Oss. fossiles , tom. vir , p. 80). 9°. Un autre muscle afflermit aussi l'articulation ptéry- maxillaire par quelques fibres d’origine ; la majeure partie cependant est insérée à la partie interne et pos- térieure de l’os ptérygoïdien principal ; c’est la le point d'insertion mobile, le point fixe est au centre du crène, sur le milieu du sphénoïde. Aussi ce muscle cylindroïde et assez fort mérite-t-il le nom de sphéno-ptéry goïdien que je lui donnerai (n°. 12). On lui trouvera , si l’on veut, quelque ressemblance avec le péristaphylin in- terne de l’homme. 16°, En nous rapprochant d'avantage de la ligne mé- diane, nous trouvons un muscle triangulaire dont les fibres réunies , d’une part en faisceau s’attachent au bord interne de l’apophyse post-articulaire , et d’autre part, se portent en divergent jusque sous l'os occipital inférieur, auquel les plus antérieures s’attachent. Les postérieures se confondent avec celles du muscle op- posé, et il en résulte ainsi un bord libre, flottant, (1) L’illustre anatomiste que nous citons ici, donne pour raison de ce changement que la partie du sphénoïde que cet os représente , n’en est séparé à aucun âge chez les Mammifères; mais n’en est-il pas de même de ses frontaux antérieur et postérieur ? (Voyez ibid, p. 72.) (383) transversal, presqu'immédiatement au dessous du trou occipital. Je donne à ce muscle le nom de sous-occi- pito=articulaire (fig. 13, n° 13). Plus en avant se trouvent encore trois paires de mus- cles, dont une seule paraît avoir été connue des ana- tomistes auxquels le précédent avait aussi échappé. 11°. Le premier des trois (fig. 12 et 13, n° 9) est attaché derrière l'orbite et sous le muscle post-orbito- maxillaire, puis dirigé obliquement en bas et en arrière sur los piérygoïdien interne , qui lui sert de point d’at- tache jusque vers son extrémité. Un autre, le sphéno- palatin (fig. 1% et 13, n° 10), peut être comparable au peristaphylin externe de l’homme , prend également son point fixe au crâne, maïs plus près du centre; ïl marche en sens inverse du précédent , c’est-à-dire en bas et en avant pour se fixer sur le milieu de los palatin. Enfin , le troisième est un très-petit muscle fusiforme, longitudinal , placé avec son congénère éntre les deux orbites , attaché en arrière au sphénoïde , entre le pré- cédent et le sphéno-ptérygoïdien , et fixé en avant par un petit tendon au vomer en dedans etau-dessus des na- rines postérieures ; je lui donne en conséquence le nom de sphéno-vomérien (fig. 13, n° 14.) Pour compléter la myologie de la tête, il ne resterait plus à parler que des muscles de l'œil qui jouit, ainsi que l’ont remarqué Lacépède et M. de Blainville, d’une mobilité qu'on lui avait niée à tort, où qu'on avait à tort aussi voulu n'aecorder qu’à son globe et non à la paupière transparente. Peut-être faudrait-il y joindre un plan musculaire, à fibres longitudinales , que je crois avoir observé sur la valvule qui ouvre et ferme à vo- (384) lonté les narines des couleuvres (1); maïs pour ne pas tomber dans de trop longues digressions , exposons succinctement les fonctions des muscles que nous ve- nons de décrire. La bouche est ouverte par l’action simultanée des costo- maxillaires et des tympano-post-articulaires ; une fois commencée, cette ouverture peut-être portée à l'extrême par l’action des cervico-maxillaires. La mâchoire infé- rieure est relevée au contraire par les post-orbiic et les temporo-maxillaires. Le museau, relevé par une force extérieure ou par la prépulsion des mâchoires d’en haut, sera abaïssé par les sphéno-vomériens. Les appareils maxillaires de chaque côté seront portés en avant par le sphéno et le post-orbilo-ptérygoïdien qui agissent sur la machoire supérieure; mais celle-ci, à l’aide du muscle maxillo et de l’articulo-ptérygoïdien , entraînera aussi en avant l’inférieure. Au contraire, ces derniers muscles tireront en arrière la mâchoire supérieure lors- que l’inférieure sera rétractée par le costo , le cervico- maxillaire et le cervico-tympanique. La mâchoire supé- rieure pourrait cependant être rétractée isolément par le sphéno-palatin et le vomérien , comme {a mâchoire inférieure pourrait être isolément portée en avant par le post-orbito-maxillaire ; mais ces mouvemens isolés sont rares. (1) Ces valvules n’ont pas été indiquées par les naturalistes ; elles sont cependant très-visibles et fort souvent mises en jeu. J'ai observé ré- cemment sur un crapaud épineux que la peau fournit aussi , au-dessous de chaque narine , une valvule capable de l’oblitérer entièrement ; celles des couleuvres sont formées d’une écaille ovalaire attachée par sou bord postérieur, comme par une charnière au contour de la narine; lors- qu’elle s'ouvre, c’est en s’enfoncant dans la fosse nasale. ( 355 ) Enfin, la déduction active des appareils latéraux peut ètre opérée par les mêmes post-orbito-maxillaires en éle- vant et avançant l'extrémité inférieure de l’os tympani- que ; l’adduction sera bien plus puissamment opérée par les muscles cervico-tympaniques , les sous-occi- pito-articulaires, et, pour les os dentaires inférieurs seu- lement, par les génio-vaginiens et même les génio-la- ryngiens. Ces mouvemenus , diversement combinés, s’observent dans trois circonstances , la colère, l’action de mordre et la déglutition des alimens. Quoique plusieurs animaux du genre Coluber soient réellement très-timides , quoique la plupart même des grandes espèces cherchent à fuir l’homme et rarement à l’attaquer, presque tous cependant sont très-irascibles, et sinon des effets, du moins des menaces suivent de près des provocations répétées ; 1l suflit souvent de leur présenter le doigt pour exciter en eux ou la peur ou la colère : dans l’un et l’autre cas , un sifflement ou souf- flement subit , analogue à celui des chats , et que les grandes espèces de Lézards font aussi entendre , est bien- tôt suivi d’autres sifflemens moins vifs et répétés avec plus de lenteur. Ces sifflemens ont lieu dans l'inspiration comme dans l'expiration ; tout le corps de l'animal se gonfle et s’affaisse alternativement comme un long soufflet dont le poumon forme la cavité intérieure ; en même temps la tête paraît élargie , aplatie, au point de chan- ger tout-à-fait la physionomie de l'animal ; les articu- lations tympano - maxillaires , redressées horizontale- ment et portées aussi en avant, forment un angle saillant qui donne à la tête la forme d’un fer de flèche , surtout XIL. 25 ( 386 ) chez le Natrix et le Viperinus. L'animal, en menaçant ainsi son ennemi , reploie son corps en nombreux zig- zag qui, se débandant tout-à-coup en ligne droite, donnent à la couleuvre une impulsion qui la lance en avant , mais fort peu au-delà du lieu où elle aurait pu atteindre par une élongation moins subie. Quelquefois le Serpent , ne s’élançant ainsi, frappe seulement du museau l’objet qui lirrite ; c’est ce que font surtout les espèces faibles ou les individus de pe- üte taille; d’autres fois ce sont les dents du Reptile qui servent à Ja défense. Le C. austriacus est plus particu- lièrement dans ce cas, comme l'avait remarqué Lau- renti. Les dents n’agissent pas toujours de la même ma- nière ; l'animal peut mordre des deux mächoires et en- foncer à la fois toutes les dents ; quelquefois alors, selon l'observation du même Laurenti, ces dents recourbces en arrière sont tellement engagées , que l’animal les dé- tache avec peme, ou qu'il déchire, en se retirant, la peau qu’elles avaient traversée. Cette déchirure est bien plus ordinaire encore si l’animal n’emploie que la mà- choire supérieure à frapper son ennemi. L’os sus-maxil- laire est alors poussé eu avant et en dehors , et redressé au point de saillir hors de la gueule , et ses dents agis- sent comme les griffes du chat. Dans l’un et l’autre cas, au reste, les blessures sont peu profondes, une petite effusion de sang, un peu de cuisson , en sont la seule suite, comme je l'ai éprouvé par moi-même. Quand une Couleuvre saisit sa proie, ces menaces préliminaires n’ont pas lieu; elle s’élance la gueule ou- verte dans toute sa largeur et la retient entre ses mà- (387) choires. J'ai souvent été témoin de cette opération subite après laquelle , si la capture était volumineuse, l’unét l’autre animal restait souvent immobile et comme étonné pendant quelques minutes. Quant à cette stupéfaction que les Serpens impriment aux Oiseaux, aux Reptiles, plus agiles qu'eux , il n’a paru que l’immobité (1) qui la caractérise n'avait lieu que quand l’animal sentait l'impossibilité d'échapper , lorsqu'il avait déjà fait in- fructueusement une ou plusieurs tentatives pour y par- venir ; la frayeur et l'incertitude les jetaient sans doute alors dans une sorte de paralysie d’insensibilité telle qu'ils se laissaient dévorer presque sans se débattre. C’est du moins ce que j'ai observé en lieu clos, dans une grande cage par exemple, sur des Lézards de di- verse taille , des Oiseaux, des Raïinettes. J'ai remarqué qu'un insecte sans ailes ou une mouche à laquelie on les a arrachées , restent quelques instans dans la même immobilité, si un Batracien, un Lézard, à fait pour s'en emparer un effort mal dirigé ; un insecte ailé même, qui sera, par suite de cet effort, renversé sur le dos, restera dans la même immobilité. Mais cette stupeur n'est pas constante; j'ai vu des Oiseaux faibles (Linotte) repousser à coups de bec une Couleuvre enfermé avec eux lorsqu'elle s’en appro- chait avec lenteur, et à la vérité sans intention hostile ; j'ai vu des Lézards fort petits (Z. agilis) mordre avec (1) La rapidité avec laquelle le serpent s’élance sur une proie immo- bile dont il s’est approché peu à peu , ou qui est descendue à sa portée a pu faire croire que cette proie était venue d’elle-même jusque dans sa gueule ; ce qui est fort peu probable. ( 585 ) acharnement le museau ou les lèvres de Ja Couleuvre qui les dévorait. Si c’est un Oiseau ou un Mammifère dont la Cou- leuvre s’est emparé, elle le met à mort avant d’en com- mencer Ja déglutition. Est-il faible et peu volumineux, elle l’éiouffe en lui pressant le thorax entre ses mà- choires ; est-il plus gros, plus robuste, elle l’entoure de trois à quatre replis de son corps tourné en spirale, sans que les màchoires l’abandonnent ; exécute-il des mouvemens violens , elle serre davantage, et quelques minutes voient la fin de cette lutte. IL n’en serait pas ainsi des Batraciens et des Sauriens ; aussi sont-ils ava- lés tout vivans; mais pour les premiers, on peut les donner morts à une Couleuvre déjà un peu familière et surtout affamée , elle ne refusera point ces cadavres ; un excès de faim la déterminera même quelquefois à avaler un morceau de viande de boucherie; c’est ce que j'ai vu faire une fois au Col. Esculapü. Voyons maintenant comment ces Serpens à mâchoires mobiles procèdent à la déglutition d’un corps beaucoup plus volumineux que leur Lète etsurtout que leur cou (x). Est-ce par des aspirations puissantes que le Serpent hume lentement une masse si peu proportionnée à la largeur des passages ? On lit encore cette explication dans des livres recommandables et récemment publiés, mais dont les auteurs n’ont pas réfléchi à la faiblesse du moyen qu'ils supposaient devoir opérer de si grands effets chez les Boas, par exemple. Ils ont oublié d’ailleurs que le larynx (1) J'ai vu une couleuvre vipérine avaler une rainette ordinaire , dont la tête, partie dure et non susceptible de réduction, ayait au moins 2 P ? quatre fois le volume de la sienne. ( 389 ) s'ouvre très-près de la symphyse mentonnière ; que c’est même ainsi qu'on explique comment la respiration n’est pas interceptée malgré la réplétion de ia bouche; or, comment humer sans le secours de lappareïl respira- toire ? J'ai fréquemment observé le mécanisme de cette dé- glutition, et la figure que je donne ici (comparez fig. 17 et 18) à été, comme les autres, tracée d’a- près nature. Les Reptiles saisis par la Couleuvre sont souvent avalés, la partie postérieure la première, ou bien par le côté et comme ployés en double; mais c’est toujours par la tête qu’elle commence pour un Oiseau , une Sou- ris , et toujours le ventre tourné vers la terre. Pour ar- river à ce premier point , tantôt la Couleuvre abandoune un moment sa prise pour en chercher le point le plus convenable; elle décroche alors ses dents recourbées, en portant en avant les appareils maxillaires en même temps qu'elle écarte les mâchoires. D’autres fois, sans làcher son butin, faisant agir l’un après l’autre ses appareils maxillaires latéraux, elle fait pour ainsi dire marcher de côté sa gueule sur la surface de sa capture, vers le point désiré. Une salive visqueuse humecte alors tous les points que la gueule abandonne ; et facilite ainsi l’in- troduction de la masse alimentaire. Le eorps même du Serpent, projeté en anse sur les côtés ou au devant de sa tête, lui sert de point d'appui, soit pour redresser, diriger la proie, soit pour l’enfoucer vers le gosier. Mais c'est surtout à l'action alternative des deux appa- reils maxillaires qu'est due la progression du corps avalé, dans l’espace graduellement élargi qu'il twa- ( 390 } verse, L'appareil droit , par exemple, serre et maintient le bol alimentaire, pendant que le gauche (mâchoire supérieure et inférieure à-la-fois } s’avance pour le saisir le plus loin possible, et l’entraîne ensuite vers le pharyux par une rétraction puissante , aidée d’une in- flexion latérale du cou; cela fait, .c'està l'appareil droit de s’avancer à son tour. Les deux appareils agissent ici comme, feraient deux mains, attirant alternativement entre elles la pointe la plus éloignée d’un ‘objet d’une cerlaine longueur; les lèvres, soulevées par les mà- choires qu’elles suivent dans leurs mouvemens , rendent très-facile et très-sûre létude de ce mécanisme sur un Serpent devenu assez familier pour ne point s’effaroucher de la,présence d’un observateur. Peut-être , dans quel- ques cas, la mâchoire inférieure marche-t-elle indépen- damment de la supérieure ; tout mouvement quelconque ne peut que favoriser la déglutition ; les dents, dirigées en arrière, s'opposent à toute rétrogradation ; et secon- dent au contraire toute impulsion favorable, comme les barbes d’un épi de seigle, glissé dans la manche d’un habit, tournent au profit de la progression les moindres mouvemens qui lui sont: imprimés. ( Il ne suffit pas que les'ahimens soient arrivés au pha- rynx pour que toute difficulté ‘cesse, létroitesse du cou leur:oppose un nouvel obstacle. On voit alors la bouche se fermer autant que possible, et la tête, se portant en arrière comme pour rentrer dans le cou, pousser directement dans l’œsophage la masse que des ondulations latérales font encore avaricer. Ces ondula- tions suflisent dès que la substance avalée à dépassé de quelques pouces le niveau de listhmé du gosier; la ( 3y1 } / grosseur graduellement croissante du corps de la Cou- leuvre, permet à cette substance de s’avancer lente- tement, mais sans effort , jusqu’à l'estomac. La distension des parties qui l’entourent est alors per considérable ; elle écarte bien assez les côtes pour faire une saillie qui indique le lieu qu’elle occupe jusqu’à ce que la digestion en soit commencée, mais cette disten- ‘sion n’est pas comparable à celle de la tête et du col ; la peau de ces parties est tellement dilatée dans le moment du passage, que les écailles sont toutes isolées, à distance ‘és unes des autres (fig. 18), et comme semées sur Îa peau. Immédiatement après , les mâchoires sont comme dislequées , et le Reptile, par des moüvemens assez fré- quens d’élévation, d’abaissement, etc., semble chercher à les replacer dans leurs rapports normaux. Aussi, le passage d’une masse volumineuse est-il quelquefois d'assez longue durée ; un quart d'heure peut suflire si l'animal est bien dirigé ; dans le cas contraire , la déglu- tition dure trois à quatre fois davantage. Je terminerai ce Mémoire par quelques courtes re- marques sur la digestion des Couleuvres. Je n'ai jamais vu les alimens séjourner dans l’œso- phage et s’y conserver sans altération, sans digestion, selon l’assertion de Spallanzani. Je n'ai pas vu non plus qu'un repas copieux rendit les Couleuvres plus pe- santes et plus engourdies , et j’ai souvent vu tout lop- posé. Si quelquefois elles m'ont paru endormies, c’est-à- dire immobiles et momentanément insensibles aux mou- vemens des objets environnans , c’est sans aucun rapport de coïncidence avec la digestion. À ( 392 ) Cette digestion ma paru assez prompte en été, fort lente au printemps et surtout en hiver , saison , du reste, dans laquelle ces Reptiles refusent ordinairement toute nourriture. Spallanzani a trouvé la viande ingérée dans estomac digéréee en un seul jour au mois de Juillet : j'ai vu les poils, les plumes, les écailles des animaux dévorés, être rendus avec les excrémens (1), tantôt deux ou irois , tantôt huit jours seulement après l'ingestion ; et le serpent ne recommençait guères à manger que un, deux, ou trois jours après cette déjection. Quatre à cinq jours suflisaient aussi à la digestion, chez les Boas qu’on exposait dernièrement à la curiosité du public. Dans l’estomac d’une Couleuvre lisse, j'ai trouvé quel- ques os d’une Souris avalée trois jours auparavant ; c’é- tait en été. Ces os étaient reconnaissables , maïs aussi flexibles que s'ils eussent été macérés dans l’acide mu- riatique affaibli. Il n'existait plus rien des parties ï.olles ; la peau mème était dissoute, et le poil , en pa- quets mêlés de mucosités, etc., était disséminé dans l'intestin jusqu’au voisinage du rectum. Ce n’est donc pas à la durée des digestious qu'il faut autribuer la facilité avec laquelle ces Reptiles suppor- tent un jeüne prolongé; nous aurions déjà pu faire la même remaique relativement aux Sauriens qui, à la (1) Ces excrémens sont noirs, fétides, pulpeux , et accompagnés d’une urine parfois fort abondante. Cette urine , bien plus liquide que celle des lézards, est pourtant toujours aussi mêlée de graviers jaunà_ tres , qui forment par le dessèchement une masse semblable à du mor- tier. L’urine liquide rougit fortement les couleurs bleues végétales ; elle est quelquefois rendue isolément chez certaines espèces, qui s’en servent e omme de moyen de défense ; le C. natrix, par exemple : elle est, chez ce reptile, blauche, laiteuse et très-fétide. ( 395 ) vérité, supportent bien moins long temps une absti- uence complète. Chez les Couleuvres même, ce n’est pas sans les épuiser que la privation d’alimens se pro- longe plusieurs mois ; j’ai même observé une suite remar- quable de cette inanition, c’est l’inflammation et l’ulcé- ration de presque toute la membrane interne des intes- tins. Dans la majeure partie de leur étendue, ces or- ganes étaient remplis de couennes albumineuses libres ou adhérentes. Ces altérations étaient faibles du côté de l'estomac , de plus en plus intenses du côté opposé. La Couleuvre qui m’offrit ce sujet de remarques ( €. na- trix ), était restée chez moi tout l'hiver, exposée à des alternatives de chaleur et de froid , et partant d'activité et d’engourdissement. Elle mourut au mois de mars, c’est-à-dire au retour du printemps; sa bouche était habitée par an grand nombre de petits vers du genre Distoma (Rudolphi), semblables à ceux que M. B:-: a trouvés aussi dans la bouche d’une Couleuvre d'Amé- rique (Æasciola colubri); ses écailles cachaïent une assez grande quantité de petits insectes parasites du genre Smaridium, et assez semblables, quoique non identiques , à la Smaridie des moineaux. EXPLICATION DE LA PLANCHE XLVI. Fig. 1-8. BATRACIENS. Fig. 1. Espace sous-maxillaire du Crapaud des joncs ( Bufo calamita) ; couche superficielle des muscles. Fig. 2. Deuxième couche ; sternum en place. Fig. 3. Troisième couche ; sternum réséqué partiellement. Fig. 4. Quatrième couche ; sternum enlevé, Fig. 5, Mêmes objets ; langue étendue. ( 394 ) Fig. 6. Coupe de la langue en repos. Fig, 7. Coupe de la langue étendue. Fig. 8. Cartitage hyoïde d’un jeune Crapaud brun ( Bufo fuscus ). Fig. 8 bis. Hyoïde et mâchoire d’un Crapaud épineux adulte ( B. spi- nosus). Les parties cartilagineuses sont légèrement ombrées, les os sont au trait seulement. Fig. 8 ter, Hyoïde de la Rainette commune ‘adulte ( Hyla viridis ). Désignations communes. ‘ 4, mâchoire inférieure. H, muscles omo-hyoïdiens.. B, cornes antéricures de l’hyoide. Z, sterno-hyoidiens. €, cornes postérieures. J, ——— pubio-hyoïdiens. D, ligamens kérato-maxillaires. Æ,——— genio-glosses. d, corps de l’hyoïde. L, ——— hyo-glosses. e, larynx. M,——— stylo-hyoïdiens. JS, cartilages styloidiens. as OY masto-hyoïdiens,. E , muscle sous-maxillaire. P, sternum. F, muscles sous-mentonniers. ©, épaules. G, — genio-hyoïdiens. Fig. 9-1 8. OPHIDIENS. Fig. 9. Profil de la tête osseuse du Coluber natrix ou Couleuvre à collier. Fi: 9 bis. Esquisse des deux mâchoires séparées du reste de la tête. Fig. ro. Même tête vue en dessous, les mâchoires très-écartées ; les dents représentées par leurs alvéoles: Fig. 11. Tête du C. viperinus, de profil ; couche superficielle des muscles. Fig. 12. Couche profonde. Fig. 13. Même tête avec ses muscles, vue en dessous; mâchoire très- écartée. - Fig. 14, 15 et 16. Muscles de l’hyoïde, de la langue et de sa gaine, d’a- près le C. austriacus ou Couleuvre lisse. | Fig. 17. Tête et cou du C. Esculapü vu de côté et un peu en dessus, dans l’état de repos. Fig, 18. La même dans l’acte de la déglutition. ( 395 ) Désignations communes. A , 08 incisif. B , sus-maxillaire. C;, palatin. D , ptérygoïdien interne. E ptérygoïdien externe. F,, tympanique. G , mastoïdien. H, articulaire de la mâchoire in- férieure. I, dentaire. J, ligament post-orbitaire. K , ligament zygomatique. L , hyoïde, 1, cartilage vaginien. IV: gaîne de la langue. O, larynx. P , os angulaire. Q , —operculaire. R, glande lacrymale. #', pointes de la langue. T, fin de la gaîne. U, origine de la langue. 1, muscle mylo-hyoïdien. 2, muscle costo-hyoïdien. 2°, —— costo-maxillaire. 3, —— cervico-maxillaire. 4; É Sy cervico-tympanique. —— post-orbito-maxillaire. —— temporo-maxillaire. 7, —— tympano-post-articulaire. 8, maxillo-ptérygoidien. 9; —— post-orbito-ptérygoïdien. 10 ,—— sphéno-palatin. 11,—— articulo-ptérygoïdien. 12 ,—— sphéno-ptérygoïdien. 13,—— sous-occipito-articulaire. 14 ; sphéno-vomérien. 15,—— vertébro-hyoïdien. 16,—— hyo-glosse. 17; génio-glosses. 18, génio-vaginien. 19 ,;—— mylo-vaginieu. 20 ,—— vaginien. 21 ,;—— génio-trachéal. 22, laryugo-hyoïdien. {Vota. Toutes ces figures sont de grandeur naturelle et dessinées d’a- près nature : les fig. 14, 15 et 16 sont les seules que nous ayons tracées de mémoire, quelques jours après la dissection , et en partie sur des cro- quis pris au moment même. Nous en avons néanmoins ultérieurement vérifié l’exactitude par la dissection d’une couleuvre plus petite. C 396 ) Hisroire NATURELLE des Poissons (1); Par M. le baron Cuvrer et M. VALENCIENNES (2). Au moment d'offrir au public un ouvrage considé- rable dont je me suis occupé avec plus ou moins de suite depuis près de quarante ans, je crois devoir lui présenter quelques réflexions sur l’état où j'ai pris lichtyologie, sur les vues d’après lesquelles je l'ai traitée , et sur les moyens qui se sont trouvés à ma dis- position pour l’enrichir d’un nombre d’espèces. nou- velles triple de celles que l’on connaïssait avant moi. Les trois célèbres ichtyologistes du 16° siècle, Ron- delet , Belon et Salviani, ont été les créateurs de la science. Rondelet surtout, par une industrie admirable pour son siècle , parvint à rassembler les figures recon- naissables , quoiqu’assez grossières , de près de deux cent cinquante espèces , parmi lesquelles il en est plu- sieurs de fort rares , et qui n’ont été revues que dans ces derniers temps. Gesner et Aldrovande ajoutérent à ce nombre quelques poissons d'Europe , et Margrave en fit connaître une centaine de ceux de l’Amérique, joi- gnant à leurs figures des descriptions plus régulières et plus complètes que n’avaient été celles de ses prédé- cesseurs ; mais aucun de ces naturalistes ne put distri- (1) Ouvrage contenant plus de cinq mille espèces de ces animaux, décrites d’après nature et distribuées conformément à leurs rapports d'organisation , avec des observations sur leur anatomie, et des recher- ches critiques sur leur nomenclature ancienne et moderne. {2) Ces considérations préliminaires sont extraites du Prospectus de Vouvrage par M. le baron Cuvier, (R.) ( 397 ) buer entièrement les poissons dans un ordre systéma- tique , ni mème en former des genres définis avec quel- que précision. Rondelet, encore en ce point supérieur à ses deux émules , offrit bien quelques heureux rap- prochemens , mais qui n’embrassaient pas, à beaucoup près, la classe entière. C’est à Willughby et à Ray qu'était réservé l'honneur de faire faire ce pas à la science : l'ouvrage qui porte le nom de Willughby, mais qui est le résultat des tra- vaux communs de ces deux naturalistes , et se fonde en grande partie sur leurs observations, présente des des- cripüons correctes de plus de quatre cents poissons , et les range d’après la nature du squelette, celle des rayons de la dorsale , la présence ou l’absence des ven- irales et d’autres considérations également importantes. Les espèces y sont surtout en beaucoup d’endroits rap- prochées si naturellement , qu'il suflisait de leur don- ner des noms communs pour former de ces réunions plusieurs des genres qui ont été recus depuis. Artedi a fait un second et plus grand pas, en nom- mant les genres , en les établissant sur des caractères fixes , en Îles composant d’espèces bien déterminées , en rassemblant sous chacune d’elles les noms que leur avaient donnés les différens auteurs , et en créant pour leur description une terminologie régulière ; mais il est aisé de voir que dans ce beau travail il a eu sans cesse l'ouvrage de Willughby sous les yeux. C’est là qu'il prend la plupart de ses espèces ; ses grandes divisions ont à peu près les mêmes bases ; plusieurs de ses genres sont composés sur les mêmes élémens. Une critique éclairée lui a fait rejeter les espèces peu certaines , et, < ( 398 ) en réduisant leur nombre total à moins de trois cents, il a fourni à ses successeurs un point de départ plus solide que s’il eût conservé ces richesses trompeuses. Il est douteux que Linnæus ait rendu service à Ja science des poissons par sa nouvelle classification ; mais il l’a rendue populaire par sa nomenclature; il y a porté ce même esprit délicat, cette mème finesse d’aperçus, que dans les autres branches de l’histoire naturelle. Les voyages de ses élèves, les travaux des Gronovius , des Koœlreuter , les grands ouvrages des Seba, des Ca- tesby , lui ont fourni de nombreux moyens de l’enri- chir. Cependant il n’a porté le nombre des espèces qu’à quatre cent soixante-dix-sept. Mais ce n’est point par cette augmentation numérique qu'un homme tel que Linnæus doit être apprécié : l’enthousiasme général qu'il a inspiré pour toutes les productions de la nature ; la faveur que dès-lors les hommes puissans ont accor- dée à leur etude; les collections qui se sont formées ; les expéditions lointaines qui ont été entreprises ; le grand nombre de ceux qui se sont dévoués au perfec- tionnement de l'édifice dont il avait posé les bases, marquent mieux que ne le feraient toutes les analyses de ses travaux , tous les calculs sur les êtres qu'il a décrits, quelle a dû être l’élévation d’un génie capable d'imprimer à son siècle un pareil mouvement. Heureux si un autre Linnæus avait coordonné les ré- sultats de toutes ces richesses particulières ; si, pour l’ichiyologie , par exemple, les nouvelles espèces re- cueillies par les Forskal, les Pallas, les Banks, les Forster, les Fabricius , les Thunberg, eussent été com- parées et caractérisées avec jugement; si les décou- ( 399 ) vertes anatomiques des Camper, des Monro , des Viq- d'Azir , eussent été employées au perfectionnement de la méthode distributive ; si l’on eût dirigé , d’après un plan arrêté , les recherches des voyageurs vers les côtes et les rivières dont il importait le plus de recueillir les habitans. Mais loin de là : il n’a paru depuis Lin- næus que deux tableaux ichtyologiques généraux qui méritent d’être cités , celui de Gmelin et le Système postume de Bloch , publié par Schneider. Le premier, fait par un homme qui n’avait peut-être pas vu un seul des objets qu'il y rassemble , n’est qu'une compilation sans choix et sans critique, où les espèces sont placées comme au hasard, souvent reproduites à deux ou trois reprises et sous des genres différens. Le second est dis- tribué d’après la méthode la plus bizarre, la plus éloi- gnée des rapports naturels qu’il ait été possible d’ima- giner. Ni l’un ni l’autre ne peuvent avoir d'usage que d'indiquer les sources où il faut remonter, et de faire pis- ser en revue les diflérens articles dont ils dounent les citations. Sous ce rapport, du moins, on ne peut leur refuser une véritable utilité. Le nombre apparent des espèces est dans Gmelin de plus de huitcents, et dans le Bloch de Schneider de plus de quinze cents, et quand on devrait retrancher un cinquième de celles-ci comme incertaines ou faisant double emploi , il serait toujours vrai qu'au moins douze cents espèces de poissons y sont annoncées et caractérisées avec plus ou moins de jus- tesse. Cependant , un tableau méthodique , un catalogue raisonné , füt-il aussi parfait qu'on pourrait le désirer , ne serait pas encore une histoire, quoique toute his- ( 406 ) toire, pour ètre bien faïte , doive prendre pour pre- mière base un pareil tableau. Quiconque , en effet , s’est pénétré des admirables écrits des Réaumur , des Buffon et des Pallas , doit sentir l’énorme différence de ces maigres tables de matières à ces expositions appro- fondies de l’organisation , des habitudes , des mœurs des animaux ; et bien que l’histoire des poissons, sous le rapport des mœurs, soit infiniment plus difficile à étudier que celle des quadrupèdes ou des insectes, puis- qu'ils passent leur vie dans des abîmes où l'œil hu- main ne peut les suivre , elle ne laisse pas que d'offrir aussi des faits intéressans , et d’ailleurs la variété infi- nie de leurs formes , les singularités de leur anatomie, les beautés ravissantes de leur vêtement , les utilités in- nombrables qu’ils procurent aux hommes , méritaient bien d’être développées dans un ouvrage proportionné, par son étendue, à l'importance du sujet. Bloch avait entrepris cette tâche , et il la remplie jusqu’à un certain point par rapport aux poissons d’eau doucé de l'Allemagne , qu’il avait la facilité d'étudier en détail dans le pays qu'il habitait , où les étangs for- ment un article considérable de revenu ; mais lorsque , multipliant ses volumes et ses planches , il a donné à son ouvrage le titre d’Æistoire naturelle générale et particulière des Poissons, il a évidemment promis plus qu'il n’a pu tenir. Ce n’est pas à un recueil de moins de quatre cent cinquante Poissons , dont la plupart ne sont décrits et représentés que d’après des échantillons aliérés, et un assez grand nombre d’après d’anciens des- sins, qui n’offraient point les caractères minutieux dont la science a besoin aujourd’hui (1) ; ce n’est pas, dis-je, (1) M. Lichtenstein a reconnu, et nous nous scmmes assurés nous- (401) à un tel ouvrage qu'un titre aussi général pouvait ap- partenir. M. le comte de Lacépède avait conçu d’une ma- nière plus grande le plan de son Histoire naturelle des Poissons ; et s’il avait possédé en original un assez grand nombre de ces animaux, s’il avait pu les étudier da- vantage sous le rapport de l’organisation intérieur et de la méthode naturelle , il n'y a point de doute que son talent d'écrire et ses vues philosophiques n’eussent élevé un monument plus durable : déjà sous sa forme actuelle son ouvrage offre beaucoup d'espèces nou- velles ; il en présente avec éloquence les traits distinc- üfs ; il intéresse, il à l’art de faire trouver du charme à l’histoire d’êtres que nous ne pouvons rapprocher de nous ni par leurs passions, ni par leur industrie, qui semblent n'éveiller par aucun côté notre imagination. Mais M. de Lacépède a composé la plus grande partie de son livre pendant les années orageuses de la révo- lution , lorsque , retiré à la campagne, il ne pouvait pas même revoir commodément le peu d’espèces que possédait alors le Cabinet du Roi, ni consulter les bi- bliothèques publiques autrement que de loin en loin ; il netravaillait donc que sur des notes prises à diverses épo- ques et dont il ne pouvait toujours apprécier les rapports. De plus , la France , en ce temps-là, et long-temps après , était séparée des peuples voisins par une guerre cruelle ; leurs livres même ne nous arrivaient point ; mêmes par l'inspection des originaux , que Bloch a fait des additions et des changemens arbitraires aux dessins de Plumier et du prince Mau- rice, qu'il a publiés, et même qu’il n’a pas toujours fidèlement rendu les poissons desséchés qui étaient en sa possession. XII. 20 (402) la mer nous était fermée ; nos colonies nous étaient devenues étrangères et ne nous envoyaient plus au- cunes de leurs productions. Que l’on ajoute que le ca- ractère poli et confiant de cet excellent homme ne lui permettait pas d'élever de doute sur les assertions de ses contemporains, et l’on ne s’étonnera plus qu'il ait adopté sans contradiction les genres et les espèces de Gmelin et de Bloch, et n’ait soumis aucune de leurs indications à un nouvel examen; qu'il ait été conduit ainsi à ajouter à leurs listes des espèces qui rentraient dans les leurs ; que les matériaux même qu'il avait eus sous les yeux , soit au Cabinet , soit dans les papiers de Commerson et de Plumier , se soient quelquefois mul- tipliés sous sa plume , au point que tel poisson repa- raît quatre ou cinq fois dans son livré comme autant d'espèces , en sorte que sur Îles quatorze ou quinze cents qu’il énumère, il faut en retrancher certainement plus de deux cents. Je ne parlerai point ici de la partie de sa méthode qui lui est propre, et qui, se fondant sur la présence ou sur l'absence des opercules et des rayons des branchies, estentièrement contraire aux rapports naturels et même à la réalité des organisations ; ses genres eux-mêmes sont très-souvent établis sur des détails peu importans , parce que , n’étant point anatomiste , il n'avait pu saisir complètement les lois de la subordination des caractères. D'ailleurs , depuis vingt-cinq ans et plus que l’his- toire des poissons de M. de Lacépède a été imprimée , l’ichtyologie s’est vue enrichie de plusieurs ouvrages par- ticuliers du plus grand intérêt. M. Rafinesque , pour les poissons de la Sicile ; M. Risso, pour ceux de Nice; ( 405 ) M. Mitchill pour ceux des Etats-Unis; M. Russell, pour ceux de la côte de Coromandel; M. Buchanan , pour ceux du Gange , sans parler de beaucoup d’observateurs dont les écrits sont moins étendus, ont ajouté de nombreuses espèces à celles qui avaïent été portées dans nos méthodes, et il devenait pressant de comparer ces différens écrits entre eux et avec les ouvrages plus anciens, et de dresser un catalogue plus complet que ceux qne l’on possède , et surtout moins défectueux sous le rapport de l’ordre etde la critique des espèces , en mème temps que tout invi- tait à fonder sur ce catalogue une histoire qui répondit à son exactitude , et qui, par des considérations plus va- riées , des faits plus nombreux , offrit plus de matière à la méditation. C’est ce travail, dont je sentais depuis long-temps la nécessité , que je me suis enfin déterminé à entrepren- dre, confiant dans l’immensité des matériaux que mon heureuse position m'a offerts , et dans la coopération d'un élève et d’un ami, M. Valenciennes , qui n’a pas cessé depuis douze ans de me seconder dans tous mes iravaux préparatoires. Moi-même , depuis bien des années, je recueille une partie de ces matériaux. Dès 1788 et 1789, sur les côtes de Normandie , j'ai décrit, disséqué et dessiné de ma main presque tous les Poissons de la Manche, et une partie des observa- tions que j'ai faites à cette époque m'a servi pour mon Tableau élémentaire de zoologie et pour mes Lecons d'anatomie comparée. En 1503, dans un séjour de plusieurs mois à Mar- seille , je continuai ce genre de recherches sur les Pois- sons de la Méditerranée. / ( 404 ) Je le repris , en 1809 et 1810, à Gènes, et, en 1813, dans divers lieux de l'Italie, et j'ai donné quelques échantillons des observations que je fis à cette époque, dans les premiers volumes des Mémoires du Muséum. Ce fut surtout alors que je commençai à m’aperce- voir combien toutes les ichtyologies existantes étaient encore imparfaites , et dans leur rapprochemens , et dans la critique des synonymes , et mème dans les caractères qu'elles assignaient aux espèces. Je cherchai donc une occasion de faire une étude gé- nérale et comparative de toute la classe des Poissons, et je la trouvai , lorsqu'il s’agit de disposer la grande col- lestion que feu Péron avait rapportée de la mer des Indes. MM. de Lacépède et Duméril ayant bien voulu permettre que je me chargeasse de ce travail, je com- pris dans mon arrangement les anciens Poissons du Ca- binet du Roi, ceux du cabinet du Stadhouder, ceux de Commerson , que M. Duméril avait heureusement recouvrés et mis en ordre, ceux que feu M. de Laro- che avait rapportés d’Ivica , et ceux que feu M. Dela- lande était allé chercher à Toulon. C’est sur cetie première revue que j'ai rédigé, pen- dant les années si troublées de 1814 et de 1815 , la par- tie des Poissons de mon Règne animal, imprimé en 1817. Il a dû être évident pour tous mes lecteurs que, dans ce livre, la méthode, les caractères des genres, leur division en sous-genres , la critique des espèces, sont les résultats d’une étude faite sur la nature même, et l’on a pu déjà y apercevoir de combien de corrections les ouvrages précédens étaient suscepübles. Depuis lors , je n’ai pas cessé d'employer , de concert avec mes collègues les professeurs d’ichtyologie , tous ( 405 ) les moyens à notre disposition pour accroître cette partie du Cabinet du Roi, et les Ministres de Ja marine, les officiers à leurs ordres, les chefs des colonies , ayant constamment secondé mes efforts et ceux de l’Adminis- tration du Muséum , la collection a été portée , en peu d'années , à un nombre surprepant , puisqu'il est plus que quadruple de ceux que présentent les ouvrages les plus nouveaux (1). (1) M. Cuvier indique ici avec détail les divers voyageurs auxquels la collection du Muséum est redevable de cet accroïssement rapide. Ce sont MM. Péron et Lesueur qui ont formé la base de cette partie des collections du Muséum. Depuis elle a recu de nombreuses additions de MM. Delalande, Auguste Saint-Hilaire , de S. A. le prince Maxi- milien de Neuwied , de M. Spix pour les poissons des mers du Brésil ; de MM:Richard, Leblond , Poiteau, Leschenault et Doumerc, pour ceux de la Guyanne; de MM. Pley, Lefort, Rioard, Poey, qui ont re- cueillis ceux des mers des Antilles et du golfe du Mexique ; de M. de Humboldt pour ceux de l’Amérique méridionale. MM. Bosc, Milbert , Lesueur , Dekai, Mittchill, de la Pilaye, ont adressé ceux de l'Amérique septentrionale, Ceux de Afrique sont dus à MM. Royer, Delalande, Mareschaux; ceux de l’Inde et des mers voisines ont été envoyés au Muséum par MM. Les- chenault , Mathieu , Disrd et Duvaucel, Reinwardt et Dussumier. M. Ehrenberg a communiqué ses doubles et ses dessins des poissons de la mer Rouge et du Nil; M. Tilesius ceux dr Japon et du Kamis- chatka ; M. Lichtenstein ceux recueillis par Pallas et par M. Langs- dorf, et conservés dans le cabinet de Berlin, Pour les poissons d'Europe , MM. Delalande , Laroche, Risso, Bon- nelli, Savigny, Biberon, le docteur Leach , l'amiral de Rigny, M. le professeur Geoffroy Saint-Hilaire et M. Polydore Roux de Marseille , ont rendu très-riche la suite des poissons de la Méditerranée. Ceux des côtes de l'Océan ont été réunis par MM. d’'Orbigny , Gar- not, Baillon, et ceux des mers polaires ont été envoyés par MM. Noel de la Morinière et par M. Reinhardt, professeur à Copenhague. Les poissons d’eau douce sont particulièrement dus aux collections formées par MM. Hammer de Strasbonrg, Decandolle et Mayor, Bosc, ( 406 ) La réunion de ces nombreux envois a eu bientôt porté cette partie du Cabinet du Roï à près de cinq mille es- pèces , et à plus de quinze mille individus , et c’est sur un fonds si riche que nous avons travaillé. Autorisés à le disposer de la manière la plus avanta- geuse à la science , toutes les fois que le nombre des individus de chaque espèce l’a permis , nous én avons reüré les viscères , et nous en avons fait préparer les squelettes. Le nombre de ces squelettes, nécessaires non-seulement pour la connaissance des ‘Poissons exis- tans , mais eñcore pour Ja détérmination des Poissons fossiles, va maintenant à près de mille. Souvent on en a démonté toutes les parties, de manière à les analy- ser dans le plus grand détail : ainsi nous avons près de deux cents têtes, divisées chacune dans tous les os et osselets qui la composent, ou coupées de diverses mauières. Les appareils ioïdes et branchiaux de plus de cent espèces sont détachés et préparés de façon que toutes leurs parties sont rendues sensibles. On a exé- cuté aussi un nombre d’injections suflisant pour faire 4 $ J Kad connaître la marche des vaisseaux , et l’ona mis à nu Savigny , Canali, Bredin, Schreibers, Lichtenstein , Thienemann , Nitsch, Valenciennes ; et ceux des fleuves de la Russie aux soins de S. À. 1. la grande-duchesse Hélène, et de M. Gamba , consul de France en Géorgie. Enfin , durant les grands voyages de MM. Freycinet et Duperrey, MM. Quoy ét Gaimard, Garnot et Lesson , ont réuni des collections considérables de poissons des mers qu’ils ont parcourues. Cutre ces envois faits à la collection du Muséum, M. Cuvier a recu de M. Temminck la communication des échantillons et des dessins de MM. Kubl et Van Hasselt, et madame Bowdich lui a adressé des co- pies des dessins de Forster et de Parkinson , conservés dans la biblio- thèque de Barks. ( 407 ) beaucoup de cerveaux ; on a suivi les nerfs dans plu- sieurs espèces ; les yeux d’un irès-grand nombre ont été préparés à part. On a préparé aussi plusieurs oreilles, et l’on a recueilli , autant que l’on a pu, les pierres de l’orcille des squelettes que l’on a faits. Les vessies natatoires ont été exposées à part, lorsqu'elles ayaient quelque chose de remarquable. Il en a été de même des organes de la génération , et toutes ces pré- parations sont placées dans le cabinet d'anatomie com- parée du Muséum , avec des étiquettes qui se rappor- tent à notre ouvrage; en sorte que les naturalistes pour- ront toujours vérifier et rectifier, s’il est nécessaire , ce que nous en aurons dit, sans craindre , comme il arrive trop souvent, de ne pas avoir observé les mêmes espèces que nous. Ce n’est pas à nous qu'il appartient de juger le parti que nous avons tiré de tant de richesses : nous nous en remettons à cet égard à la décision des naturalistes. Ce que nous osops dire, c’est qu’il n'aura pas tenu à nous que ces nombreux Poissons ne soient décrits d’une ma- nière toujours reconnaissable, que leurs rapports ne soient établis sur l’ensemble de leur organisation , et que leur histoire ne soit détaillée et fondée sur les ié- moignages les plus dignes de foi. La marche que nous avons suivie est celle de mes autres ouvrages , qui paraît avoir reçu l'approbation des naturalistes : examiner l’organisation de chaque espèce à l'extérieur et à l’intérieur ; rapprocher les espèces qui ne diffèrent que par la grandeur , les couleurs, les proportions ; en former de petits groupes que l’on rap- proche eux-mêmes entre eux d’après l’ensemble de Jeux ( 408 ) conformation , et remonter ainsi à des groupes de plus en plus généraux , que l’on distribue toujours d’après les mêmes règles. À cet égard nous ne nous sommes pas bornés à nos propres aperçus , et les vues et les recherches d’ana- tomie philosophique que l’histoire naturelle a dues dans ces dernières années à MM. Autenrieth , Spix , Oken., Bojanus , Rathke, Geoffroy Saint-Hilaire et à tous ceux qui ont marché sur leurs traces , n’ont pas été prises en moindre considération que les travaux d’ichtyologie proprement dits. Nous les discutons, nous les compa- rons à nos propres idées , et lorsque nous n’adoptons point entièrement celles de ces savans respectables, nous présentons nos motifs avec les égards qui leur sont dus. Quant à nos descriptions , elles portent également sur l’intérieur et l'extérieur , sans excéder pour cela une étendue raisonnable. Les nombreuses subdivisions que nous avons intro- duites, ne laissant dans nos derniers groupes que des espèces extrêmement semblables, nous en choïsissons une , la plus connue, la plus intéressante ou la plus facile à se procurer , et nous la décrivons dans le plus grand détail , en commençant par sa forme générale, pas- sant ensuite à chacunede ses parties jusqu'aux écailles, et finissant par ses couleurs et par sa grandeur , de manière que ce qu’elle a de plus constant soit en tête de sa des- cription , laquelle se termine par ce qu'il y a de plus va- riable. Nous faisons connaître ensuite les viscères et le squelette. Après cette première description il nous est facile de réduire celle des autres espèces du même groupe à des termes comparatifs. ( 409 ) Des dessins faits sous nos yeux par MM. Werner et Laurillard, dont les talens sont déjà bien connus du publie , suppléent à ce que la parole ne peut exprimer. Il yen aura au moins un pour chaque groupe , c’est- à-dire pour chacune des dernières subdivisions , et on les multipliera lorsque les formes singulières le deman- deront , ou lorsque les caractères des espèces reposeront sur des courbures légères ou d’autres différences de for- mes que le dessin seul peut rendre. L'histoire de chaque espèce aura pour première base une synonymie rigoureuse. C’est la partie de notre tra- vail qui nous a donné le plus de peine, parce que rien n’a été plus négligé par nos prédécesseurs et ne se trouve aujourd'hui dans une plus grande confusion , que ces rapprochemens des témoignages de divers au- teurs que l’on rapporte à une même espèce. Il est ar- rivé en cent endroits , que l’on a considéré comme iden- tiques des Poissons de parages fort éloignés , différens entre eux, même pour les genres ; ce qui a donné les idées les plus fausses sur leurs habitations, sur l’exten- sion de chaque espèce; ce qui a fait attribuer à l’un les mœurs de l’autre, et a produit beaucoup d’autres erreurs. Les anciens , les Grecs surtout, dont le pays est entrecoupé de tant de golfes et de bras de mer, ont connu beaucoup de Poissons, et fait à leur sujet des observations curieuses , dont on a vérifié quelques-unes dans ces derniers temps; mais comme ils n’ont presque songé à prendre aucune précaution pour faire recon- naître les espèces dort ils parlent , il est souvent difli- cile d'appliquer leurs observations avec justesse. Nous (40 ) avons fait tous nos eflorts pour retrouver leur nomen- clature, et nous croyons y être parvenus en plusieurs cas avec plus de succès que nos prédécesseurs. Ce sera aussi là une partie de notre ouvrage qui ne pourra man- quer d’intéresser les amis d’une élégante érudition. Une fois la synonymie assurée, ila été facile de ren- dre à chaque espèce ce qui lui appartient , et d'établir ainsi son histoire avec plus de certitude. Cependant nous ne nous sommes pas bornés sur ce point à rassem- bler les faits allégués par les auteurs. Toutes les fois que nous l'avons pu nous avons recueilli les dires des pècheurs ; l’un de nous les a souvent accompagnés dans leurs pêches; nous avons cherché à observer par nous- mêmes les Poissons à notre portée , à suivre leurs mou- vemens. Nos correspondans nous ont fourni aussi des faits précieux sur les habitudes de quelques Poissons des pays lointains, et au total cette branche de l’ich- iyologie , la plus pauvre de toutes jusqu'à ce jour, trou- vera aussi à s'enrichir par notre ouvrage : elle y sera surtout débarrassée de beaucoup de fables, ce qui est le plus avantageux des enrichissemens. On conçoit qu’un ouvrage tel que celui que nous an- nonçons , et qui sera original et fait sur nature dans toutes ses parties , a exigé bien du temps et de grands efforts : occupé comme je le suis, et par des fonctions publiques et par tant d'autres travaux , j'ai senti dès le premier moment que je ne pourrais l’exécuter sans aide ; mais J'ai été assez heureux pour en trouver un, qui au besoin l’aurait lui-même composé tout entier. Pendant trois ans, M. Valenciennes et moi, nous n'avons cessé d'examiner un à un tous nos Poissons, de les rappro- —— (4x) cher suivant leurs ressemblances , de marquer toutes les distinctions que nous apercevions entre leurs groupes, de rechercher s’il en existait des figures et des descrip- tions dans les auteurs , et d’en prendre nous-mêmes des descriptions abrégées. Cette opération s’est continuée depuis lors sans interruption , et encore aujourd’hui , à mesure que J’on reçoit de nouveaux envois , aucun Poisson ne s’y trouve qui ne soit aussitôt mis à sa place après ‘un examen scrupuleux. Ce n’est qué sur la collection ainsi disposée que nous ayons commencé à rédiger nos descriptions définitives , à faire nos dissections , à compléter notre synonymies et à écrire enfin nos histoires. M. Valenciennes s’est chargé en général de mettre par écrit nos observations sur les viscères ; il a rédigé aussi plusieurs articles sur des genres considérables : tout ce qui est de sa main sera signé de lui. Je signerai égale- ment tous mes articles qui, pour la rédaction , forme- ront le grand nombre, maïs qui n’en auront pas moins pour base, comme les siens , nos études préliminaires faites en commun. Tout louvrage sera précédé d’une histoire de l’ich- iyologie , où je m'eflorce de suivre ses progrès dans tous les âges, depuis les Egyptiens jusqu’à nous , assignant à chaque écrivain la part qu'il a prise à ces progrès , et faisant connaître chaque ouvrage, soit général , soit particulier , avec une indication de ce qu'il contient , des circonstances où il a été rédigé , et des moyens plus où moins complets qui étaient à la portée de son auteur. Les ichtyologistes y seront jugés avec toute l’impartialité dont je suis capable. (412) Viendra ensuite un traité général sur la nature des Poissons , où je donne les idées nécessaires de leurs or- ganes extérieurs et intérieurs, et où je compare leur anatomie et leur physiologie à celle des autres classes d'animaux. Ce traité sera appuyé de figures qui représenteront dans le plus grand détail les os, les viscères, le sys- ième vasculaire et le système nerveux d’un Poïsson , et formeront ainsi une monographie-modèle, de laquelle nous partirons comme base pour nos autres anatomies. Nous donnerons de temps en temps des monographies semblables pour les espèces qui s’écarteront le plus de ce premier type. Nous avons choisi la Perche pour objet de ces plan- ches, parce que c’est un Poisson facile à se procurer dans presque toutes les contrées de l’hémisphère sep- tentrional , et sur lequel il sera aïsé à nos lecteurs de suivre nos descriptions, et plus encore parce qu’elle peut être considérée comme le représentant des Pois- sons à nageoires épineuses , dits acanthoptérygiens , lesquels comprennent les deux tiers de toute la classe et conservent entre eux une ressemblance bien plus grande qne ceux de toutes les autres divisions ; en sorte que qui connait bien la Perche et toutes ses parties, peut , ‘en supposant quelques différences dans les pro- portions , se faire aisément une idée de l’organisation du plus grand nombre des autres Poissons. Aucune autre espèce commune n'aurait cet avantage ; et c’est ce qui a déterminé notre point de départ. C’est aussi ce qui nous à engagés à placer l'histoire natu- relle de la Perche en tête de toutes les autres. (415 ) Après avoir traité de la Perche commune et des es- pèces étrangères qui s'y rapportent , il nous est facile de décrire les autres Perches de nos climats, telles que Bars , Sandres, Aprons, Gremilles, Serrans , etc. , et de faire de chacune de leurs formes le chef de file d’une série plus ou moins considérable d'espèces, ou de ce-que nous appelons un sous-genre. Nous suivrons la mème méthode par rapport aux Per- coïdes à joues cuirassées , tels que Trigles, Scorpènes et Cottes ; aux Sciènes , aux Spares , aux Chétodons , aux Scombres , en un mot, à toutes les familles des Acan- thoptérygiens; après quoi nous passerons aux autres sub- divisions. Chaque genre, chaque sous-genre commen- cera par l'espèce ou les espèces indigènes , lorsqu'il y en aura , et l’on placera à sa suite les espèces étrangères dans l’ordre de leur ressemblance. Les genres ou sous- genres entièrement étrangers viendront près des genres et des sous-genres indigènes dont ils se rapprochent le plus. Il résulte de cet arrangement que nos premiers vo- lumes auront pour objet les genres à la fois les plus riches en espèces et les plus incomplètement décrits jus- quà ce jour , et que nous aurons ainsi à éclaircir d’abord la partie jusqu’à présent regardée comme la plus difi- cile de Pichtyologie, celle des Perches , des Sciènes, des Spares , sur laquelle tous les naturalistes convien- nent de leur embarras. Dès ce moment , elle nous sem- ble ramenée à des divisions et à des caractères si simples, et nos espèces sont rangées d’une manière si analogue à leur structure la plus apparente en même temps qu’à leur organisation la plus profonde , qu'il ne nous pa- ( 414) raît plus pouvoir s'y rencontrer aucune difficulté sé- rieuse. Nous terminerons par l’histoire des Chondroptéry- giens qui semblent former une classe distincte, tant leur organisation offre de particularités , et qui semblent même , par la Lamproie et l’'Ammocète, conduire aux animaux des classes inférieures. Nous donnerons aussi des monographies de leurs principales combinaisons or- ganiques (x). Le présent Prospectus n’a pas seulement pour objet de procurer une base aux opérations du libraire, en lui donnant les moyens de connaître le débit sur lequel il peut compter ; nous espérons aussi que les naturalistes le considèreront comme une invitation de nous secon- der dans une entreprise qui intéresse la science , en nous communiquant les documens et les faits qui sont à leur disposition et qui pourraient compléter ou perfectionner notre travail. Nous nous ferons un devoir et un hon- neur de leur témoigner notre reconnaissance, chaque fois que nous profiterons de leurs recherches. (1) Cette Histoire des Poissons formera de 15 à 20 volumes in-8o, ou de 8 à ro volumiés in-4o. Elle est assez avancée pour que les livraisons se succèdent sans interruption. ’ La publication se fera par livraison d’un volume de texte, avec un cahier de 15 à 20 planches, excepté la première livraison , qui sera de deux volumes; elle paraîtra au commencement de 1828, et les sui- yantes de trois mois en trois mois. | \ Le prix de chaque livraison d’un volume avec un cahier de 15 à 20 planches, sur papier carré superfin satiné , séra de 13 fr. 50 c.; sur papier cavalier vélin . de 18 fr. — (Il ne sera tiré sur ce papier qu'un etit uombre d’exemplaires ; texte et planches , destinés à accompagner Pédition des OEuvres de Buffon, imprimée sur ce format. ) 4 La livraison in-4o d’un demi-volume, représentant le volume in-80 avec Le même nombre de planches tirées in-40, sur carré superfin sa- tiné, 18 fr. — ( Ce format, tiré à petit nombre, est destiné à accom- pagner le Buffon , édition de l'imprimerie royale.) k Toutes les planches seront imprimées sur papier vélin ; il en sera fait des exemplaires coloriés , pour lesquels le prix sera de 10 francs de plus par livraison. Chez Levrault , Libraire-Éditeur, rue de Laharpe, no 8r, à Paris, ( 415) Mémoire sur le développement du Poulet dans l'œuf ; Par MM. Prévosr et Dumas (1). Nous avons entrepris sous deux points de vue tout-à- fait diflérens ceute partie de notre ouvrage. Première- ment dans le but de reconnaître les altérations que la fécondation apporte dans l’œuf , et en second lieu pour (1) Je publie ce Mémoire, le dernier de ceux qui composent notre travail sur La Génération, tel qu’il fut écrit lors du dépôt fait à VAca- démie , à l’occasion du concours. Les précédens l’ont été également sans modification. Quant à celui-ci , nous avions mis en têle une note que je transcris , afin de disposer le lecteur à quelque indulgence. « La » rédaction de cette partie de notre ouvrage doit être refondue, ayant » été faite avec un peu de précipitation : les dessins peuvent d’ailleurs » suppléer aisément au texte. » Il est nécessaire d’expliquer comment il se fait , qu’au bout de quelques années, nous soyons dans le cas d’a- dresser la même observation au public. En voici la raison. Peu de temps après le dépôt de notre Mémoire à l’Académie, M. Prévost partit pour Genève sa patrie, et je me fixai à Paris. A partir de celte époque, nos recherches ne pouvaient plus être communes , les miennes ayant été consacrées plus specialement à la chimie, tandis que M, Prévost a continué avec zèle ses travaux physiologiques ; or, il s’est beaucoup occupé du sujet dont il est question dans ce Mémoire , il a mis à profit le précieux microscope d’Amici pour éclaircir des points laissés dans le doute , ou pour rectifier des inexactitudes qui nous avaieut échappé. Il m'importe donc singulièrement d'établir et de faire connaître ce que nous avions fait ensemble , sans y rien ajouter, afin que M. Prévost puisse faire jouir le public du fruit de ses observations personnelles , en conservant tout entier l’honneur qu’il doit en espérer. J’ose me flatter que ces motifs de délicatesse seront assez bien compris et appréciés, pour qu’on veuille excuser les erreurs que cet écrit peut renfermer, et que M. Prévost redressera sans doute, puisqu'il ne nous a pas été per- mis de reyoir ensemble notre ouvrage. (J. Dumas.) (416) examiner le mode de développenent de chacun des systèmes d'organes en particulier. Cette dernière recher- che comprend toute l’organogénésie, et doit être distin- guée de la précédente qui se borne à l’examen des con- ditions appréciables de la fécondation. Nous ne donne- rons ici que les documens nécessaires à l'intelligence de notre théorie de la génération, tout le reste étant réservé pour un ouvrage spécial, que nous ne pouvons plus continuer. Il existe beaucoup d’écrits sur l’évolution du poulet dans l'œuf, Malpighy nous a donné, sans contredit , le ta- bleau le plus élégant et le plus complet de l’incubation. Ses successeurs ont retouché son ouvrage dans certaines parties , ont corrigé des erreurs , ou complété des obser- vations négligées, mais le cadre qu’il a tracé restera comme un monument glorieux de son génie observa- teur. La partie de ses recherches relative aux premières heures nous semble avoir été faite sans toucher en au- cune manière au jaune, quoiqu’en ait dit Haller, et c’est à cette circonstance que paraissent dues les figures bi- zarres qu’il nous a transmises. En effet, la cicatricule est superposée à une masse d’un blanc opaque , qui n’en fait parte que dans les premiers instans de l'existence du fœtus et peut-être même jamais. La transparence de la cicatricule permet de voir ce noyau blanc tant qu’il existe, c’est-à-dire pendant cinquante ou soixante heu- res; mais comme son image perd beaucoup de sa netteté losqu’elle est ainsi vue au iravers de plusieurs membra- ues , il simule tantôt une espèce d’étoile ou de soleil ra- dié , tantôt une vésicule flottante, quelquefois enfin il (417 ) coïncide tellement avec la partie inférieure de l'embryon qu'on croirait que celle-ci se termine par une espèce de sphère. Mais cette illusion est bientôt détruite, si l’on essaye de séparer la cicatricule du jaune. Elle s’en déta- che aisément sans altération quelconque et laisse le nu- cléus blanc très-entier , adhérent à la substance même du jaune. Toutes les personnes qui prendront la peine d'examiner le sujet avec quelque soin, seront bientôt convaincues que les figures 4, 6, 7, 11, du premier Mémoire de Malpighi sont altérées par ceite circon- stance. Il en est de mème des figures 13, 14, 18, 22, 24, 30, de son second Mémoire. Ces remarques parai- tront très simples, si l’on admet quecet auteur n’a fait aucune de ces observations par transparence. Les corps opaques sont d’un examen trop difficile au mi- croscope ordinaire , pour qu'il soit possible d’éviter des erreurs de cette nature. Pander, parmi les modernes nous a paru fournir les meilleurs renseignemens depuis la neuvième ou la dou-. zième heure de l’incubation, jusqu’au cinquième. jour: Mais pour les premières heures il a commis, à ce.que nous pensons, quelques inexactitudes. Nous avons fait usage de divers procédés d’incubation .: Les poules , les poules d'Inde nous ont servi pendant loug-temps , mais nous avons enfin donné la préférence à une couveuse artificielle qui nous a permis de tenter quelques expériences chimiques et physiques, sur les œufs pendant l’évolution des poulets. Nous nous pro- . posions de poursuivre ces recherches , et de donner la description des monstres que l’on produit à volonté par des variations de température ; des altérations de l’atmo- XII. 15. C4H8) sphère quientoure les œufs , et des influences galvaniques, mais il ne nous reste sur ces points que des dessins et des notes incomplètes. Nous entrerons dans quelques détails'sur les procédés d'incubation. Tous les œufs pour se développer ont be- soin du’contact de l'air ôu plutôt de l’oxigène de l'air. Mais en outre les fœtus des animaux à sang chaud, ne peuvent se passer de l'influence d’une température élevée, comprise dans les limités de 25 ou 26° centigr. au moins, et de 44 où 45° centigr. au plus. Il en résulte, quant aux œufs des oiseaux, que si on les abandonnait à eux mêmes , ils n’épronveraïent aucun changement organi- que. Dans les circonstances ordinaires la mère les couve, c’est-à-dire en élève la température, en s’accroupissant sur la masse d'œufs qu’élle a pondus et rassemblés dans son id. Elle ne quitte cette position fatigante qu’une fois ou deux par jour, pour prendre sa nourriture et pour retourner les œüfs, afin qu’ils soient tour à tour amenés aü contact de son corps. On conçoit que dans de sem- blables circonstances les œufs ont, à la fois, la chaleur et l'air qui leur sont nécessaires. Les œufs de poule étant le plus souvent choisis par les observateurs , a cause de leur abondance ét de leur bas prix, dans Îles recherches relatives à l’incubation ;. il semblé, au premier abord , que les poules elles- mêmes doivent être les animaux les plus commodes pour diriger cette opération, sans astreindre l'observateur à des soins trop assidus. Les poules ordinaires couvent assez bien, en effet, pendant vingt ou vingt - cinq jours , mais lorsqu’au bout de ce temps les œufs ne sont pas éclos, leur patience se lasse vite, elles cessent de ( 419) | couver, et le plus souvent crêvent à coup de bec les nou- veaux œufs qu’on leur confie. Il n’en n’est point de mème des poules d'Inde. À cet égard leur instinct est tout-à-fait différent et leur tenacité sans bornes. Elles couvent pendant cinq mois, six mois , en un mot jusqu’à ce qu'elles succombent à l’état de marasme auquel ce genre de vie les réduit. Nous en avons eu plusieurs dans le cours de nos expériences. Toutes ont montré la même résignation, sans examiner si on renouvelait les œufs, si on en Ôôtait, si on en ajoutait, tandis que les poules ordinaires cessent souvent de couver si elles ne retrouvent pas toujours leurs œufs en même nombre, et quelquefois même si on a trop altéré leur position rela- tive. Lorsqu'elles avaient couvé pendant plusieurs mois, les poules d'Inde se trouvaient réduites à un état ex- traordinaire de maïgreur, et l’autopsie faisait toujours reconnaître des altérations profondes et identiques dans tous les viscères. Les intestins présentaient des adhé- rences morbides, très-multipliées soit entre eux, soit avec les membranes abdominales; le foie, le cœur et les poumons , étaient couverts de petites taches blanches at avaient également contracté des adhérences avec les or- ganes voisins, À l'extérieur tous les ravages d’une maladie longue se faisaient également apercevoir. Le plumage était en grande partie tombé et ce qui restait était flétri comme au temps de la mue. Succombant à cet état chro- nique , ces animaux mourraient quelquefois sans aban- donner leurs œufs. Pendant toute la durée de leur incuba- tion elles ne les quittaient jamais , il fallait les enlever du nid pour leur faire prendre leur nourriture et lorsqu'on les avait remises en place, elles ne se dérangeaient plus. ( 420 ) La poule d'Inde est donc l'instrument d’incubation le plus commode pour un observateur. Maïs on peut en toute saison et en toute circonstance s’en procurer un qui donne des résultats plus réguliers. C’est une cou- veuse artificielle dont nous nous sommes servis très-sou- vent. Qu'on se représente deux vases cylindriques en ferblanc , l’un de dix pouces de diamètre sur un pied de hauteur et l’autre plus petit dans un tel rapport qu’en le plaçant dans le plus grand il reste entre eux un vide d’un pouce dans tous les sens. Ce vide doit contenir l’eau chaude destinée à élever la température des œufs qu’on place dans le petit vase. Six tuyaux d’une ligne de dia- mètre placés à la partie inférieure de l’appareil et s’ou- vrant en dehors , amènent de l’air dans le vase intérieur. On place au fond de ce dernier un lit de coton, puis les œufs au nombre de vingt ou vingt-cinq , enfin un lit de coton pour les préserver du refroidissement. On ferme l'appareil au moyen d’un couvercle percé de trous comme une écumoire. Voici maintenant le principe sur lequel repose cet instrument. Il doit être calculé de ma- uière qu'il perde pas le rayonnement ou l’action de Pair extérieur, précisément autant de chaleur qu'il en ac- quiert par l'influence d’une petite lampe placée au-des- sous de lui. C’est à quoi on arrive par une étude de quel- ques jours, en observant sa marche au moyen d’un ther- momètre placé dans l’eau et d’un autre qu’on met au milieu des œufs, on remplit l'intervalle des deux vases d’eau à 45° c. et on allume la lampe, qui à la rigueur peut-être une veilleuse ordinaire. Si la température s’é- lève on éloigne la flamme, si elle s’abaisse on la rap- proche et l’on arrive bientôt à déterminer la distance ( 421) qui convient à l'appareil et à la flamme. La veilleuse ordinaire à l’huile a plusieurs inconvéniens. Elle exige un renouvellement fréquent , les mèches donnent beau- coup de chaleur au commencement et peu à la fin, à cause du champignon qui s’est formé. Ces inconvéniens n'existent plus si on la remplace par une lampe à alcool à niveau constant et à mèche d’amianthe. On obtient ainsi une flamme égale et à peu de frais , car on ne brûle pas deux onces d’alcool en vingt-quatre heures. OEuf dans l'ovaire. Son histoire ne laisse pas grand chose à désirer depuis les travaux de sir Éverard Home , et ceux de M. Geof- froy de Saint-Hilaire. Nous avons supprimé la planche qui lui étoit consacrée, à cause de sa ressemblance avec celle que M. Geoffroy a publiée dans les Annales du Muséum et à laquelle nous renverrons , n'ayant rien vu qui ne s’y trouve compris. Les jaunes de l’ovaire ont une cicatricule très appa- rente , elle consiste en une lame membraneuse blanche placée sous la membrane du jaune et posée sur le vitel- lus. Elle est marquée de deux cercles concentriques et d’un point plus transparent qui en occupe le centre. Ce dernier semble produit par une ouverture de la mem- brane du jaune. Sous tous les rapports cette cicatricule ressemble à celle que nous avons déjà décrite dans les œufs de gre- nouilles avant la fécondation. (422) OEuf de poule infécond. (PI. 48, fig. 1 et 4.) Il semble que la cicatricule de cet œuf devrait se rapporter à la forme que nous venons de signaler dans l’œuf pris à l'ovaire; il n’en est pourtant pas ainsi : elle se distingue, soit de cette dernière , soit de la cicatri- cule de l’œuf fécondé par des différences très-marquées, et un seul coup d’œil suflit lorsqu'on est exercé à ce genre de recherches; mais les personnes qui font cet exa- men pour la première fois doivent y employer une loupe faible et très-nette. À l'œil nu, on ne voit qu’une petite masse blanche, granuleuse , de forme irrégulière , entourée de quelques cercles d’un jaune pâle, peu distincts, et qu’il est quel- quefois tout-à-fait impossible d’apercevoir. Lorsqu'on examine cette partie à la loupe, on reconnaît que sa forme n’est point sans régularité. En effet, cette sub- stance blanche n’est qu’un véritable réseau qui laisse voir le jaune au travers de ses maïlles, et dont le centre est occupé par une portion compacte plus épaisse et plus blanche : la zone grillée extérieure part de ce point cen- tral sous forme d’irradiations. Quand on a enlevé la membrane du jaune, on distingue beaucoup mieux cet aspect réticulé ; la cicatricule , qui demeure adhérente à celui-ci, se brise en petits grains si l’on essaie de l’en détacher. Malpighi avait déjà reconnu cette apparence, que nous avons toujours vue, pourvu que les œufs fussent sufli- samment frais. L’incubation la fait varier quelquefois , et nous allons en citer un exemple. En examinant un (423) œuf couvé pendant six heures, la membrane du jaune ayant été enlevée entraîna la cicatricule , qui s’en déta- cha pourtant avec facilité : celle-ci avait 4 à 5 milli- mètres de diamètre , et était percée de trous qui lui don- naient l'apparence d’une dentelle. A la loupe, elle offrit tous les caractères de la cicatricule inféconde, à cela près que la masse centrale était beaucoup moïns consi- sidérable. Nous n'avons eu que trois fois l’occasion de vérifier cette observation , bien que nous ayons ouvert plus de cinq cents œufs inféconds , qui avaient été couvés pendant un temps plus ou moins long : dans tous les autres cas, la cicatricule n’avait pas subi la moindre altération. Ces trois exemples peuvent-ils suflire pour faire ad- mettre, dans la cicatricule inféconde, une faculté de végétation aussi remarquable, ou bien faut-il penser que la cicatricule avait déjà cette forme et ces dimensions extraordinaires avant l’incubation ? Quoi qu’il en soit de l’opinion qu’on pourra se former sur ce point, nous avons cru convenable de mentionner ce fait en passant. Teiles sont les seules circonstances que nous ayons pu remarquer dans les œufs privés de l'influence fécon- dante. Il arrive pourtant quelquefois qu’on trouve sur leur membrane des vaisseaux remplis d’un sang rouge parfaitement distincts ; mais leur position, qui n’a rien de régulier, et la forme des globules du sang qu'ils ren- ferment, ne laissent aucun doute sur leur origine. Ils proviennent de la membrane de l'ovaire qui s’est sou- dée accidentellement dans ces parties avec le jaune lui- même. D'ailleurs , de tels vaisseaux se rencontrent fré- quemment sur des œufs fécondés , et l’on peut s'assurer ( 424 ) alors qu'ils n’ont réellement aucune connexion avec le système circulatoire de l'animal. OEuf fécondé non couve. (PI. 48, fig. 2 et B.) Les observations que nous avons faites sur l'œuf fé- condé avant l’incubation ont été répétées un très-grand nombre de fois ; elle nous ont toujours fourni le même résultat : cependant, pour plus d’exactitude, nous avons cru devoir donnér la préférence à la description et aux dessins qui ont été exécutés sur des œufs extraits de l’o- viducte, quelques heures avant la ponte. Sur ces der- niers , la cicatricule a 6 millimètres de diamètre; son centre est occupé par une portion membraneuse uni- forme , qui a 1.5 à > millimètres de diamètre, et qui offre une apparence lenticulaire; celle-ci est entourée par une zone plus compacte et plus blanche, limitée par deux cercles concentriques, d’un blane mat. Dans la portion transparente de la membrane, on remarque un corps blanc, un peu allongé, disposé comme le rayon d’ün cercle; en effet, sa partie céphalique, celle que nous re- connaîtrons du moins pour telle par la suite , arrive jus- qu'au milieu de la membrane; sa portion inférieure , au contraire , atteint sa circonférence. On peut apercevoir dans cé corps une ligne moyenne, blanche et arrondie au sommet : elle est entourée-d’un bourrelet, également blanc , qui l’environne de tous côtés, et avec lequel sa partie inférieure se confond. Lorsqu'on a enlevé la mem- brane du jaune, on retrouve le même aspect , mais plus distinct , surtout dans les premiers momens , avant que l’eau ait agi sur le jaune suffisamment pour le blanchir. (425 ) Si l’on essaie d'enlever la cicatricule, on y parvient aisément ; mais elle entraine avec elle une petite masse blanche, granuleuse , située au-dessous d'elle, et adhé- rente à la zone extérieure. Pour les séparer, il suflit de renverser la cicatricule , et d’émietter la petite masse dont nous parlons. On voit alors que l'aire transparente consiste en une membrane, d’un üssu lache et coton- neux , très-granuleuse au microscope. Le fœtus consiste en une irace linéaire renflée au sommet , entourée d’une espèce de nuage obscur, qui constitue le bourrelet pré- cédemment cité. Avant de passer à la description des développemens que nous offriront les heures subséquentes, il ne sera pas inutile de donner ici quelques détails sur notre ma- nière d'observer. L'examen de la cicatricule, avant de l’avoir séparée du jaune, doit se faire dans un lieu peu éclairé. On met le jaune sous l’eau, et l’on fait tomber sur le point qu'on veut regarder un rayon de soleil concentré par une lentille. Il est impossible , avec ces précautions, de ne pas retrouver les formes que nous venons d'indiquer, et il est très-probable que c’est la méthode qu’employait Malpighi, quoique eet auteur ne nous ait laissé au- cun éclaircissement à cet égard. Éclairé de la sorte, le fœtus se laisse apercevoir à l’œil nu; mais on le distin- gue mieux avec des loupes qui grossissent de dix à vingt fois : l’on ne saurait dépasser cete limite avec avantage, les granulations de la membrane du jaune, en se pro- nonçant, cacheraient les objets qui sont situés au-dessous delle. Pour enlever cette membrane , nous plaçons le jaune ( 426 ) sous l’eau, et nous pratiquons , avec des ciseaux bien acérés, quatre ouvertures , que nous réunissons, au moyen d’une incision circulaire , à quelque distance de la cicatricule. Dans les premiers instans de l’incuba- tion, la membrane externe se sépare de celle-ci, et la laisse adhérente au pourtour extérieur du nucléus; plus tard , elle l’entraîne, la zone extérieure dont nous avons parlé ayant contracté des adhérences avec elle , et s’é- tant entièrement isolée du nucléus; avec une aiguille très-fine, on rompt ces adhérences , la membrane étant toujours plongée dans l’eau; après quoi l’on peut voir la cicatricule, soit par réflexion, en la: plaçant dans un vase plein d’eau , dont le fond est garni de cire noire, soit par transparence, en la plaçant sur une lame de verre , et l’éclairant inférieurement au moyen d’un mi- roir, à la manière ordinaire. Ces deux genres d’obser- vation doivent même être concurremment mis en usage ; l’un indique des formes que l’autre n’exprime pas, et en se critiquant mutuellement, ils donnent sur la réalité des apparences, des garanties que l’on n’obtiendraient pas en s’en tenant à un seul. OEuf après trois heures d’incubation. (PI. 48 , fig. 3, 4 et C.) La cicatricule a 8"" de diamètre ; sa partie interne et transparente en a 3; le fœtus a 1,1 de longueur. L'aire transparente se distingue de la petite glèbe sub- jacente , et il s’est déposé entre elles une couche de sé- rosité fort claire, qui, par la pression qu’elle exerce, donne à la membrane un peu de convexité, et lui fait (427) assez bien simuler une vésicule remplie de liquide , dans la portion supérieure de laquelle flotterait le fœtus. Aussi Malpighi, qui s’est contenté de l’examiner sans en disséquer les diverses parties, l’a-t-il considérée comme un sac amniotique. Cette erreur est d'autant plus importante à rectifier, qu’elle a donné lieu à beau- coup de commentaires , et qu’elle a été reproduite par des observateurs récens. Le pourtour de la cicatricule , dans la partie où l’aire transparente se colle au jaune, prend plus de consistance , s’épaissit et acquiert un as- pect d’un blanc mat. Quelquefois cette partie offre des cercles concentriques, sur lesquels se dessinent des lignes rayonnantes; mais cet aspect n’est pas très-con- stant, et varie beaucoup dans ses dispositions particu- lières. Après avoir enlevé la membrane du jaune, on voit toute la cicatricule bien entière, adhérente à la sub- stance de celui-ci : elle offre le même aspect qu’aupara- vant; mais la membrane transparente s’est affaissée de manière que l'apparence de vésicule est détruite. En la coupant avec des ciseaux très-fins ou une lame de lan- cette bien acérée, sur la ligne qui la réunit au jaune, on peut aisément enlever la membrane; mais il faut la placer rapidement sur une lame de verre, et la sortir de l’eau ; sans cette précaution , elle se roulerait sur elle- mème , et l’on ne pourrait plus l’étendre sans la lacérer. Le trait qui forme la partie rudimentaire du fœtus s environne d'un nuage plus étendu , au centre duquel il se dessine en blauc mat, lorsqu'on l’examine par ré- flexion. Son extrémité supérieure paraît légèrement py- riforme. Lorsqu'on a détaché l'aire transparente pour la voir par transmission , il faut l’enlever rapidement au ( 428 ) moyen de la plaque de verre sur laquelle on veut la placer, car si elle se plisse , il est diflicile de la déployer de nouveau sans la gâter. Le fœtus, vu par transpa- rence , présente une ligne noire, terminée, comme nous l’avons dit, par un petit renflement situé à sa partie antérieure. OŒEuf après six heures d'incubation. (PI. 48, fig 5.) Le petit renflement de l’aire pellucide est devenu plus saillant, la cicatricule entière a acquis un diamètre de 87,5 de diamètre, sa portion transparente en a 3 , 5 et le fœtus 1 , 8 de.longueur. Celui-ci lorsqu'on l’examine soit à l'œil ru, soit à l’aide d’une faible loupe, offre un aspect entièrement semblable aux descriptions pré- cédentes. Mais sa forme est devenue tellement dis- tüincte qu’on ne peut expliquer comment l'aspect en a échappé si complètement à M. Pander, surtout lors- qu'il a cherché à retrouver les descriptions de Malpighi. La cicatricule adhère au jaune par toute la zone épaisse qui entoure l’aire pellucide, mais elle s’en détache plus aisément avant cette opération. On pourrait craindre d’avoir été induit en erreur par les fausses apparences que le nucléus est susceptible de produire , mais il suffit d’enlever la cicatricule après Pavoir mise à découvert en coupant la membrane äu jaune. On voit très-bien alors le corps allongé composé comme nous l’avons déjà dit du renflement nébuleux et de la ligne qui en occupe l'axe; en général celle-ci se voit moins bien au premier abord, puis elle se dessine mieux peu à près ; probable- ment à cause de l’action de l'eau qui la blanchit ; enfin elle disparaît en raison des froncemens que la cicatricule ( 429 ) éprouve. L’aire pellucide présente une membrane gre- nue, grossière et parsemée de points plus denses. Nous entrerons ici dans quelques détails sur sa composition élémentaire, elle est sensiblement la même pendant les heures qui précèdent et suivent celle-ci jusqu’à une époque plus avancée où nous aurons soin de le remar- quer. Cette membrane vue par transmission à l’aide d’un grossissement de 300 diamètres, présente une forme tout-à-fait analogue à celle des membranes celluleuses en général ; et telle que nous l’a donnée d’une manière fort exacte M. Milne Edwards, dans sa Thèse. Elle est com- posée de séries de petits globules réunis en chapelets qui se portent en différentes directions, en formant une espèce de trame irrégulière ou de tissu spongieux ; dans certains endroits les globules s’entassent, la lame cellu- laire s’épaissit et il en résnlte de petites lames cotonneu- ses qui donnent quelquefois à la cicatricule, un aspect moucheté tout-à-fait particulier. Nous possédons déjà tous les renseignemens néces- saires pour discuter l’opinion de M. Pander. Dès les premiers instans de l’incubation, aperçoit -on deux lignes ou plis qui, venant à se réunir ensuite , forment un canal dans l’intérieur duquel se développe la moelle épinière et le cerveau, ou bien ces deux plis se mon- trent-ils postérieurement à une époque pendant laquelle le fœtus serait déjà visible sous ane forme quelcon- que? Tel est le point dans lequel il convient de se pla- cer pour juger avec certitude l'hypothèse de M. Pan- der. Cet habile observateur à si bien décrit les phases avancées du développement du poulet , que nous avons dû mettre un soin tout particulier dans les expériences ( 430 ) que nous avons eutreprises relativement aux premières heures. Nous avions déjà vu tous les faits que nous avons rap- portés à cet égard, lorsque nous avons pris connaissance de l'ouvrage de M. Pander. Depuis cette époque nous avons repris la même recherche à plusieurs fois, et nous en avons obtenu toujours des résultats indenti- ques. En récapitulant les observations dans lesquelles nous avons pu nettement apercevoir le fœtus dans les six premières heures d’incubation, nous pourrions en trouver près de cent. Nous possédons au moins trente dessins relatifs à ces époques, pris dans des circons- tances éloignées et très-différentes et tous parfaitement analogues entre eux, en ce qui concerne le point prin- cipal de la discussion. Les observations dont on vient de lire le détail et 1x comparaison de nos dessins avec ceux de M. Pander, montrent donc avec la dernière évidence que l’hypothèse de cet habile observateur n’est point fondée. En eflet, il considère les deux lignes qui marquent les bords du nuage dont le trait fétal est entouré comme étant les premières indices du fœtus lui-même. Il n’a vu ces deux lignes qu’à la neuvième heure de l’incubation, tandis qu’on peut les entrevoir dans l’œuf fécond même avant qu'il ait été couvé. Il considère ces lignes comme étant les premiers linéamens du nouvel être, tandis que le trait moyen est déjà très-net dans l’œuf non couvé et que ces mêmes lignes ne se prononcent d’une manière précise , qu’à la neuvième heure de l’incubation environ. Nous ne saurions donc adopter la théorie que M. Pan- der a proposé, el nous pensons qu’en admettant la cer- (431 ) titude de nos résultats, qu’il est facile de constater, il faut aussi admetire que sa manière d’envisager la forma- tion du fœtus doit être rejetée. OEuf après neuf heures d'incubation. (PL. 48, fig. 6.) La cicatricule a 9" de diamètre, l'aire transparente en a 4"® sa forme ovale continue à se prononcer de plus ‘en plus. Le nuage qui entoure le trait rudimentaire a pris quelque chose de moins confus, les bords qui le ter- minent sont mieux arrêtés, eL ce trait lui-même a main- tenant atteint 2"°,7 de longueur. Les changemens que nous avons décrit, jusques à cette époque, se sont bornés, comme il est aisé de s’en convaincre, a une simple ex- tension des parties qui se rencontraient déjà dans la ci- catricule fécondée avant l’incubation. La ligne primitive était devenue plus longue; le bourrelet qui l’avoisine s'était élargi, la cicatricule avait acquis un plus grand diamètre.et son aire pellucide était elle même plus al- longée et avait pris la figure que les botanistes désignent sous le nom de subcordiforme ; mais de ces diverses al- térations aucune n'avait encore atteint plus spécialement des parties déterminées de la cicatricule, bien au con- traire toutes celles-ci semblaient avoir éprouvé le même effet général. Maintenant nous allons observer un genre d’action très-singulier, en ce qu’il s’opère à une certaine distance de la ligne primitive qui paraît cependant en être la cause efliciente. L’aire pellucide va devenir le théâtre de métamorphoses diverses qu’il est très-impor- tant de suivre pas à pas, puisque leur résultat définitif doit être l’édification complète du corps de l'animal ; (432) nous ne verrons pas la nature arriver tout à coup à ces formes finies qui doivent persister ensuite pendant toute la vie de l'être qu’elle s'occupe à créer; mais elle nous fera sentir par le choix même des voies détournées qu’elle employe ; qu'elle ne peut rien amener d’une manière brusque, et qu’il lui est indispensable de par- courir certaines formes intermédiaires. Le premier in- dice de ce nouveau genre d’action consiste en un plisse- ment de la membrane tranSparente , à quelque distance de ses bords et parallèlement à ceux-ci. C’est dans la par- tie la plus large que le phénomène se manifeste d’abord. OEuf après douze heures d’incubation. ( PI. 49, fig. 1.) Les changemens dont nous avons remarqué la pre- mière origine vers la neuvième heure de l’incubation, ont pris une extension remarquable. Nous avons vu alors qu'une petite portion du bord supérieur de l’aire transparente était soulevée et en dessinait le contour sous la forme d’un bourrelet. Pendant les trois heures qui séparent cette époque de la précédente, celui-ci s’est avancé vers la base, de l’aire pellucide, en parcourant progressivement toute sa surface comme le ferait une onde légère. Toutes les portions comprises dans son tra- jet, se sont relevées en bosse et rien ne pourrait main- tenant indiquer la cause à laquelle cet écusson doit sa naissance. Le pourtour immédiatement en contact avec la zone épaisse; n’a point participé à ce genre d'action et il est resté parfaitement plane, de telle sorte que la partie interne de l'aire transparente se dessine en re- lief au-dessus de lui. Par une macération d’une heure cette membrane se sépare en deux feuillets qui dans - ( 433.) l’état ordinaire sont exactement superposés l’un à l’autre et entre lesquels nous verrons plus tard courir des vais- seaux sanguins. La cicatricule a maintenant 11"" de longueur, sur un peu moins de largeur; elle adhère par son pourtour à la membrane du jaune mais faiblement. Cette disposition donne beaucoup de facilité pour l’en- lever et la placer sur une plaque de verre. L’aire trans- parante a pris une longueur de 5 millimètres , sur une largeur de trois, et le trait primitif qui s’est légèrement prolongé se fait remarquer par sa forme plus arrêtée. Sa position est d’ailleurs toujours la même, il occupe la partie moyenne du disque, et le nuage blanc dont il est enveloppé s'accroît en diamètre dans la même pro- portion. Le nucleus qui est fixé par sa circonférence au bord interne de la zone épaisse, ainsi que nous l’avons déjà dit, a été entraîné par celle-ci à mesure qu’elle a augmenté de-dimensions , ce corps a en conséquence éprouvé des altérations successives ; son centre a commencé par se creuser un peu; puis il s’est aminci, et même perforé, de manière à laisser le vitellus à découvert; il s’en est détaché des portions circulaires qui se sont séparées de la zone épaisse, lorsque la circonférence dé celle-ci a augmenté. Enfin nous le verrons se subdiviser peu à peu et mème disparaître entièrement en se confondant, soit avec la zone épaisse, soit avec la substance du jaune subjacent. Ces diverses altérations du nucleus qui nous semblent purement mécaniques et sans importance quel- conque , ont été décrites et mesurées minutieusement par Haller, et beaucoup d’autres auteurs qui les ont d'ail- leurs confondues avec les bords de Ja cicatricule. Ils XIL. 28 ( 434 ) ont désigné sous le nom de halons les cercles blancs qu'ils appercevaient autour du fœtus , et Haller, en par- ticulier Les a pris pour des organes essentiels et a soumis la rapidité de leur accroissement, à des calculs qui.n’ont aucun fondement. OEuf après quinze heures d’incubation. (P1. 49, fig. 2.) Cette époque n’est marquée par aucun progrès sail- lant; la cicatricule s’est accrue, elle a 13"" de longuenr, et l'aire transparente en a 6. Le trait fétal a 4" de lon- gueur ; il occupe toujours la partie moyenne du disque et se termine en bas par un petit renflement analogue à celui qu’on observe à l’extrémité céphalique , mais beau- coup moins marqué : le nuage blanc qui l'entoure s’é- largit légèrement depuis le tiers supérieur en bas. Cette circonstance du développement paraît caractériser l'heure à laquelle nous observons. OEuf après dix-huit heures d’incubation. (PI. 49, fig. 3 et 4.) Le disque qui porte la ligne primitive a pris une ap- parence très différente. Supérieurement, il s’est rétréci en s’arrondissant, et le pli que la membrane a formé'en exécutant ce changement, s’est rabattu comme un voile en avant de l’extrémité céphalique. Latéralement, ses bords sont devenus très concaves à la partie moyenne; plus bas, ils reprennent leur convexité et’ finissent par se rencontrer sous un angle aigu, ce qui donne au disque l'aspect d’un fer de lance. La ligne primitive occupe la (435) partie médiane. La bordure opaque qui l'entoure forme de chaque côté, dans ses deux tiers inférieurs, deux pe- tits bourrelets entre lesquels elle est recue comme dans une petite gouttière. C’est là l’origine du canal verté- bral que nous verrons bientôt s'achever. Si l’on tourne la cicatricule sur son autre face, cette apparence devient encore plus manifeste, car on voit la concavité des plis entre lesquels est placée la gouttière. On conçoit que sous de telles conditions la région dorsale du fœtus, nous présente une forme arrondie; l’aire transparente dont nous n’apercevions qu’un bord étroit dans les heures * précédentes est devenue plus large, le disque s’étant beaucoup resserré et n’occupant plus qu'une moindre surface. Quant aux mesures précises de cette époque, nous trouvons 16" pour le diamètre de la cicatricule, 6 pour la plus grande longueur de laire transparente et 5m, pour le fœtus. OEuf après vingt-une heures d'incubation. (PI. 50, fig. 1.) é Le fœtus à 6°*,3 de longueur; le disque a perdu l'apparence d'une lyre ; ses côtés descendent à-peu-près en droite ligne, et se terminent inférieurement, en se joignant à angle aigu , et en fer de lance comme nous Pavons vu précédemment. Les deux bourrelets qui doi- vent former le canal vertébral , se rapprochent et com- mencent à cacher la ligne primitive. Vers le milieu du disque, on remarque deux plis qui se dirigent eu bas et en dehors ; ce sont les premiers linéamens qui désigrient (436 ) le pelvis. Entre les deux feuillets de l'aire transparente et intérieurement au cercle qui la cireonscrit maintenant, il s’est développé une lame de tissu spongieux qui plus épaisse extérieurement , finit par se perdre en s’avançant vers la partie ou s’est formé le fœtus ; c’est dans cette membrane que l’on voit paraître les premiers globules sanguins. C’est là , que commencent à se développer les vaisseaux où ils se rassembleront. Cette partie a la plus grande importance relativement à la sanguification ; elle s’étendra de l’intérieur à l'extérieur, et finira par recou- vrir tout le jaune, en demeurant pendant quelques jours le principal siége de la sanguification. La densité de la substance du jaune paraît uniforme el cette assertion sera sans doute regardée comme peu d’accord avec tout ce qu'on a dit sur la faculté qu’il pos- sède de se placer de manière que le fœtus occupe la partie supérieure ; mais on n’a pas suflisamment distin- gué les circonstances de ce phénomène. Dans les premiers temps, c’est-à-dire, à l'instant de la ponte ei pendant les six premières heures de l’incubation , le jaune n’af- fecte aucune situation déterminée , mais à mesure que la cavité placée entre la cicatricule et le jaune vient à s’agrandir, l'on aperçoit dans celui-ci une tendance très marquée à flotter dans la situation désignée par les auteurs. Le foetus en occupe toujours la partie supérieure, et dès le second jour, il est arrivé de tels changemens dans la densité relative du jaune et du blanc, qu'on voit &e dernier se placer constamment dans la portion infé- rieure de l'œuf , tandis que la cicatricule se porte dans la supérieure, où on la voit paraître aussitôt qu'on a en- ( 437 ) levé la coquille. Gette disposition est due à Ja sérosité qui s’accumule au-dessous de la cicatricule , et dont le poids spécifique, élant moindre que celui de Ja substance du jaune , rompt l'équilibre et oblige la place qu’elle oc- eupe a se tenir dans l’endroit le plus élevé. Ainsi se trouve rempli par un mécanisme fort simple , un but très-important qui est de mettre la cicatricule en rapport aussi immédiat que possible avec l’oxigène. OEufs après vingt-quatre heures d’incubation. (PI. 50, fipsai) Les trois heures qui séparent l’époque dont nous allons nous occuper, de la précédente, offrent ce phéno- mène singulier, qu’il n’est survenu aucun changement dans les dimensions du fœtus, et que les altérations qu’on y'observe se sont circonscrites , pour ainsi dire, dans les limites qui arrètaient sa forme précédemment. Elles n’eu sont pour cela ni moins importantes ni moins cu- rieuses , car il est déjà facile de reconnaître sur les deux renflemens longitudinaux qui courent parallèlement à la ligne primitive, trois points arrondis plus consistans, dont nous verrons bientôt le nombre s’accroître avec rapidité : ce sont les rudimens des vertèbres. Les lignes qui terminent en dedans chacun des renflemens sont devenues sinueuses , de droites qu’elles étaient aupara- vant ; elles se rapprochent au-dessus du trait primitif, dans les points correspondans aux petites traces verté- brales. La ligne primitive elle-même s’est considérable- ment gonflée à sa terminaison inférieure, qui présente (458 ) très-nettement l’origine du sinus rhomboïdal, dont la forme peut déjà même se distinguer. Au-dessous du point où elle s'arrête , les renflemens latéraux viennent se réu- nir, après avoir décrit une courbe gracieuse et parallèle à celle du sinus rhomboïdal lui-même. La portion cé- phalique n’a pas éprouvé des changemens aussi considé- rables , seulement la partie de la membrane qui se rabat en avant descend toujours vers la région moyenne du fœtus , dont le sommet se trouve ainsi considérablement dégagé de toute adhérence latérale. Mais ce qu’il y a de remarquable , c’est que l’état du fœtus et celui de l'aire transparente ayant peu changé relativement aux dimen- sions, la cicatricule n’en a pas moins continué à's’é- tendre, et se trouve à présent avoir un diamètre de 27 millimètres. OEuf après vingt-sept heures d’incubation. (PI. 51, fig. 1.) A la simple inspection de la figure, on remarque de suite les principaux changemens que le fœtus a éprouvé. Le nombre des points vertébraux s’est accru , toutes les membranes ont leurs plis plus arrêtés et plus distincts. Autour du sommet de la ligne primitive s'aperçoit une espèce de poche membraneuse , premier indice des vésicules cérébrales , et à la base du capuchon on ob- serve des traits confus ‘qui semblent les premiers indices de la formation du cœur. ( 439 ) OEuf après trente heures d’incubation. (PL. 51 , fig. 2.) Les vésicules cérébrales commencent à se dessiner, le cœur a pris une forme distincte, toutes les parties du fœtus ont gagné en netteté , et le vaisseau terminal , déjà bien distinct dans la figure précédente, a pris ici la forme qu'on lui connaît lorsqu'il est rempli de sang rouge. ŒŒEuf après trente-trois heures d’incubation. (PI. 59, fis. tr. pp > C’est à cette époque que le trait primitif disparaît, soit qu'il se trouve caché par les enveloppes, soit qu’il se détruise réellement. Du reste, on voit que le cœur a commencé à fonctionner, que les vésicules cérébrales se sont bien dessinées, que le nombre des points verté- braux s’est considérablement accru , et que des taches sanguines éparses sur la cicatricule indiquent les com- mencemens d’une époque nouvelle dans la vie du fœtus. OEuf après trente-six heures d'incubation. (PI. 52, fig. 2.) Dans notre but, nous aurions pu nous arrêter à l’é- poque qui précède celle-ci ; mais nous avons voulu mon- trer que malgré les changemens de forme et de position survenus dans le fœtus, il n’est pas possible de retrou- ver le trait primitif. Cette dernière figure est grossie douze fois seulement ; toutes les autres le sont vingt fois. Nous joignons ici un tableau de l’accroissement de la cicatricule et de ses ! principales parties : il repose sur des recherches assez nombreuses pour qu'on puisse l’employer à vérifier les époques d'incubation des poulets , en admettant toute- (440 ) fois que leur incubation n'ait été troublée par aucune circonstance. TABLEAU DES ACCROISSEMENS DU FOETUS ET DE LA CICATRICULE PENDANT LES PREMIÈRES HEURES DE L’INCUBATION. AIRE TRANSPARENTE. CICATRICULE. B E © D © 3 f 5 6 6 8 8 9 9 ) OO DIN DO MORE N mm Dans les planches 53 et 54 nous avons figuré quel- ques époques du développement du canard. On trouve d'abord (pl. 53) une série de cicatricules de grandeur NOBCTE naturelle ; la fig. 10 de la même planclie montre la ci- catricule féconde non couvée, dans laqueïle le nuage qui entoure le trait primitif s’est toujours trouvé telle- ment opaque, qu'il nous a été impossible de rien dis- tinguer dans son intérieur. Il en est de même de la fig. 11, qui représente la cicatricule d’un œuf couvé pen- dant quatre heures. Il en est tout autrement de la fig. 12, relative à un œuf qui avait huit heures d’incubation ; le nuage qui enveloppait le trait primitif s'étant considé- rablement éclairei, celui-ci se montre avec une netteté qu'il est rare de rencontrer dans les poulets du même âge. Nous n'avons placé ici la planche 54 que pour faire voir que tous les détails relatifs au poulet peuvent être regardés comme des phénomènes probablement assez généraux. Il suffit de comparer les figures du canard avec celles des poulets correspondans , pour s'assurer que les caractères essentiels de chaque époque organique sont les mêmes. Nous terminerons , en faisant observer que les canards se développent moins vite que les poulets; ce qui devait être , la durée de l’incubation étant plus courte pour ces derniers. . CONCLUSIONS. 1° La cicatricule inféconde diffère totalement de la cicatricule fécondée. 29 En comparant la marche de l’évolution pendant les 24 premières heures , avec nos dessins pour les heu- res subséquentes , on voit évidemment que le rudiment du système nerveux se montre au centre de la cicatricule dès l'instant où les œufs sont fécondés. 3° Les Planches relatives au canard amènent au même résultat. ( 442 ) EXPLICATION DES PLANCHES. POULET. PL. 47. Cicatricules isolées de grandeur naturelle. Les chiffres qui ac- compagnent chaque figure indiquent les heures de l’incubation. Dans les deux dernières figures, la courbure de la cicatricule nous a obligés à l’entailler avant de la développer dans le vase plat où elle devait être mesurée. PI, 48. Cicatricules grossies. — Fig. 1. Cicatricule inféconde. 4, id. en place, de grandeur naturelle. — Fig. 2. Cicatricule fécondée de l'œuf non couvé. B , id. en place, de grandeur naturelle. — Fig. 3. cicatricule d’un œuf couvé pendant trois heures , vue en place. ©, la même de grandeur naturelle. — Fig. 4. Cicatricule d’un œuf couvé pendant trois heures, vue après avoir êté détachée du jaune, — Fig. 5. Cicatricule d’un œuf couvé pendant six heures, isolée du jaune. — Fig. 6. Cicatricule d’un œuf couyé pendant neuf heures, isolée du jaune. PI. 49. Cicatricules grossies. — On n’a représenté que le fœtus et les parties voisines ; le restant de la membrane est supposé coupé. — Fig. 1. Cicatricule d’un œuf couvé pendant douze heures. — Fig. 2. Cicatricule d’un œuf couvé pendant quinze heures. — Fig. 3. Cicatri- cules d’un œuf couvé pendant dix-huit heures, vue en dessous. — Fig. 4. Cicatricule d’un œuf couvé pendant dix-huit heures , vue en dessus. PI. 5r. Cicatricules grossies. — Fig. 1. Cicatricule d’un œuf couvé pen- dant vingt-une heures. — Fig. 2. Zd. d’un œuf couvé pendant vingt- quatre heures. PI. 51. Cicetricules grossies. — Fig. 1. Cicatricule d’un œuf couvé pen- dant vingt-sept heures. — Fig. 2. Zd. d’un œuf couvé pendant trente heures. PI. 52. Cicatricules grossies. — Fig. 1. Cicatricule d'un œuf couvé pen- dant trente-trois heures. — Fig. 2. Zd. d’un œuf couvé pendant trente-six heures. CANARD. PL 53, fig. x, 2, 3, 4, 5, 6, 7; 8, 9. Cicatricules de canard, de grandeur naturelle, prises aux époques d’incubation suivantes : o heures, 4, 8,16, 24, 32, 36, 48 et Go heures. PR PEN RER PR 7 de D er de ft PPS RE CUT ae tin es an ton “2 ( 443 ) Fig. 10. Cicatricule non couvée, grossie. — Fig. 11. Cicatricule de 4 beures, grossie. — Fig. 12. Cicatricule de 8 heures , grossie. PI. 54, fig. r. Cicatricule de 24 heures, grossie. — Fig. 2. Cicatricule dé 32 heures, grossie. — Fig. 3. Cicatricule de de 36 heurrs, grossie. — Fig. 4. Cicatricule de 48 heures , grossie. Note de M. Dumas sur la théorie de la génération. Nous avons déjà publié dans ce Recueil divers Mé- moires qui sont destinés à éclaircir successivement les points les plus importans de la fécondation des animaux. Celui que nous livrons au public aujourd’hui faisait également partie de la grande série de recherches à la- quelle nous nous étions livrés en commun pour éclaircir l’histoire de cette importante fonction. Lorsque cet écrit fut soumis au jugement de l’Académiedes Sciences, il for mait avec les précédens un tout dans lequel la liaison des détails avec les idées générales sur lesquelles nous étions d'accord, se laissait clairement apercevoir. Nous avons été séparés par des circonstances inévitables ; et pendant l'intervalle assez long qui s’est écoulé depuis, nous avons müri ou modifié nos idées, de manière que cha- cun de nous considère sous un point de vue un peu dif- férent la partie fondamentale du phénomène. Il importe peut-être à nos lecteurs de former leur opinion à cet égard; il nous importe certainement à nous-même d'établir de la façon la plus claire nos idées respectives. Nous allons rappeler en premier lieu les faits que nous regardons commme incontestables, et qui résu)- tent des recherches rapportées dans les Mémoires pré- cédens. (444 ) Après avoir lu les écrits que nous avons publiés sur les animalcules spermatiques et sur les fécondations ar- tificielles, il faut admetire, ce nous semble, que les êtres mouvans que renferme la liqueur fécondante jouent un rôle nécessaire dans la génération. Il est impossible de conserver le moindre doute à ce sujet quand on exa- mine l’ensemble des preuves, en se laissant diriger par le mode de raisonnement qui est adopté en physique, en chimie, et en général dans les sciences exactes , aux- quelles nous avons toujours cherché à ramener la phy- siologie , elle-même. Outre l’existence des animalcules, qui n’est qu'un fait dont chacun peut aisément se convaincre, et leur néces- sité dans l’acte de la fécondation , qui est une consé- quence inévitable de nos expériences , il est un autre point que Spallanzani avait déjà établi, mais que nous croyons avoir développé de manière à ne laisser aucun moyen de doute : c’est le besoin d’un contact immédiat entre l’ovule et la liqueur renfermant les animalcules , pour que la fécondation s'effectue. Ceci demande quel- ques détails. Nous entendons par contact immédiat celui qui peut s'effectuer entre la liqueur prolifique et l’ovule dépouillé de toutes ses enveloppes accessoires , et réduit par conséquent à l’état dans lequel il se trouve dans l’o- vaire lui-même. Mais, tant que les œufs sont entourés de la membrane qui les renferme lorsqu'ils sont dans l'ovaire , ce contact ne peut pas avoir lieu , et la fécon- dation est impossible : on sait du moins que l’on ne peut point féconder les œufs de Batraciens contenus encore dans l'ovaire; on sait aussi que la liqueur fécondante des Mammifères s'arrête dans la matrice ou les cornes, PC (44) el ne parvient jamais jusqu’à l'ovaire lui-même, du moins dans les circonstances ordinaires. C’est donc hors de l’ovaire que la fécondation s’ef- fectue ; mais , en admettant ce principe , on peut le mo- difier diversement, suivant les circonstances. En effet, dans les Batraciens , l'œuf n’est expulsé hors de la fe- melle qu'après avoir acquis dans l’oviducte une enve- loppe albumineuse assez épaisse. Dans ce cas, nous avons démontré que l'enveloppe mise en contact avec de l’eau pure , absorbait ce liquide et se gonflait beaucoup. Nous avons également prouvé que lorsque l’eau conte- nait des animalcules en suspension, ceux-ci se trou- vaient entraînés pendant l'absorption et pénétraient au iravers de la masse albumineuse jusqu'à la surface de l’ovule lui-même. La propriété hygroscopique de cette enveloppe muqueuse ou albumineuse a donc été mise à profit dans ce cas pour effectuer le transport des animalcules. Dans les Mammifères, les choses se passent autre- ment. L’ovule détaché de l'ovaire ne se revêt pas d’une couche muqueuse, et se trouve par conséquent, soit dans les cornes, soit dans la matrice, en contact immé- diat avec les animalcules qui sont disséminés sur les parois de ces organes. Enfin , dans les oiseaux, l’on peut admettre le pre- mier cas, en supposant que la fécondation s'effectue après que le jaune s’est recouvert du blanc et avant que la coquille soit venue envelopper le tout; ou bien le second, en supposant qu’elle s’opère au moment où le jaune traverse les parties supérieures de l’oviducte, et par conséquent avant qu'il ait pu se revêtir des couches ( 446 ) accessoires qui se déposent plus tard sur lui. Une étude attentive de la cicatricule à diverses époques du trajet de l’oviducte, pourra résoudre ce point de détail ; mais l’on peut tirer de l’absence des animalcules dans la par- tie supérieure de l’oviducte ; la conclusion qu’il nous importe d'établir en ce moment, c’est que la féconda- tion , dans les oiseaux , s'opère hors de l'ovaire , puisque les animalcules ne parviennent jamais jusqu’à cet or- gane. | Nous admettrons , en conséquence, que la féconda- tion a toujours lieu hors de l’ovaire, qu’elle s’effectue toujours par le contact immédiat des animalcules et de l’ovuie, soit que ce contact s'opère entre l’ovule nu et la liqueur fécondante, soit qu’il s’effectue par l’intermé- diaire d’une couche muqueuse hygroscopique. Il nous reste à considérer l’époque à laquelle s’effectue la fécondation. Nous voyons , en résumant les résultats des diverses expériences, que cette époque est détermi- née par la durée de la vie des animalcules d’une part, et de l’autre, par le temps nécessaire aux œufs pour se détacher des ovaires et arriver dans l’oviducte. Ici les circonstances varient en sens inverse. Dans les Batraciens et les Poissons; les ovules se détachent, se recouvrent de mucus, et parviennent au dehors ; ils tombent dans un liquide aqueux , auquel le mâle fournit, au moment même, une quantité considérable d’animalcules. Chez les Mammifères, on voit, au conträire, que Île mâle fournit sa liqueur fécondante, et l’introduit dans les of- ganes de la femelle avant que les ovules se soïent déta- chés de l'ovaire. Une fois que les animalcules sont par- venus dans ces organes , ils y attendent les œufs et les ( 447 ) fécondent à mesure. Or, les expériences faites sur les chiens et les lapins montrent que la chute des ovules ne s'effectue qu'au bout d’un temps assez long, c’est-à-dire dix ou douze jours après la copulation ; elles montrent, en outre, que pendant ce même espace de temps les ani- malcules conservent leur mouvement, ce qu’il aurait été facile de prévoir. Les oïseaux sont dans le mème cas; mais , d’après les expériences de M. Dutrochet, le pou- voir fécondant des animalcules peut durer environ vingt jours après la copulation. Ce fait n’a rien de surprenant, car ici la limite est un maximum, tandis que dans les Mammifères , la disposition des appareils ne permet pas de l’atieindre. En effet, dans ces derniers , la féconda- tion ne peut commencer avant le huitième jour, puisque les ovules ne se détachent pas plutôt; elle ne peut dépas- ser le douzième, puisqu’à cette époque les organes édu- cateurs ont recu tous les ovules qu’ils peuvent contenir. Chez les oiseaux , les œufs étant évacués à mesure, leur fécondation est possible tant qu’il reste des animalcules en vie, ou bien tant que ceux-ci ne sont pas entraînés complètement. Il est facile de’prévoir que l’espace de temps écoulé entre la copulation et l'instant de la fécondation, peut atteindre des limites bien plus étendues. En effet, dans les organes du mâle, la durée de la vie des änimalcules doit être fort longue, puisque tous ceux qu’on y observe sont doués de mouvement. Si, en passant dans les orga- nes de la femelle, ces êtres retrouvent des circonstances analogues à celles dans lesquelles ils vivaient auparavant, le déplacement qu'ils ont éprouvé doit influer pour pen de chose sur la durée de leur existence. C’est ainsi que ( 448 ) l'on peut expliquer la plupart des faits si étranges qué la génération des insectes présente. En étudiant des questions aussi délicates, en présen- tant des théories dont la vérification exige une grande habitude des expériences et une patience rare, nous avons dû nous attendre à voir nos travaux rester pen- dant quelque temps encore dans le rang de ces recherches sur lesquelles un esprit sage suspend son jûgement jus- qu'au moment où il a pu lui-même les vérifier, soit dans les faits , soit dans les conséquences. Que beaucoup de physiologistes , laissant de côté nos propres idées, discutent les questions de ce genre avec les vues qui ré- sultaient des faits anciennement connus , c’est une chose dont nous sommes loin d’être surpris; toutefois , si nos idées doivent être rejetées on admises, de nouveaux faits doivert les renverser ou les confirmer ; c’est la seule épreuve à laquelle on puisse soumettre une hypothèse , quand d’ailleurs elle rend raison des faits déjà connus, et c’est sur ce point que nous désirons attirer l'attention des savans. Il n’est aucun mode de génération dans les animaux pourvus de sexes , il n’est aucun accident connu de cette fonction dans ces mêmes animaux qui, dans notre point de vue, ne puisse être prévu ou expliqué. Nous avons étudié cette fonction dans des classes assez variées, nous avons discuté avec soin les phénomènes connus de monstruosités, et nous n’avons rien trouvé qui ne füt d'accord avec les principes qui sont établis ci-dessus. Ce sont donc des point sur lesquels il ne nous reste aucun doute. C'est ici que nos opinions commencent à se séparer. Tout en admettant le mode dé communication entre les Ar ÉD te SE LS OS dt es be ne ( 449) animalcules et les ovules , ainsi que la nécessité des ani- malcules, on peut se demander en quoi consiste le rôle de ces êtres dans, la fécondation, et les faits manquent pour éclaircir ce point. 2 Ÿ % = = = ) = 2 = 2 = ) = EE TE » Voici l’opinion de M: Prévost : « J'ai désiré jusqu’à présent m'abstenir de toute dis- eussion sur la théorie proprement dite de la génération, attendu que nous n’avons pas les données au moyen desquelles on peut éclaircir ce sujet d’une manière complète. Comme il me paraît cependant qu’on ne se fait pas une juste idée de ma manière d'envisager ce phénomène, j'esquisserai brièvement ici l'hypothèse qui me parait la plus probable, en rappelant toutefois au lecteur que je n’y attache qu’une très-légère im- portance. » Les animaux destinés à remplacer ceux que la mort détruit, se développent par la répétition des mêmes actes qui ont amené leurs devanciers. Pour les étudier d'une manière utile au but que nous nous proposons, nous sommes obligés de remonter aux conditions du premier de ces actes, et nous trouvons que c’est le contact entre la liqueur prolifique du mâle et les œufs émis par l'ovaire de la femelle. Un examen plus atten- tif encore nous fait reconnaître que ce sont les animal- cules spermatiques qui forment l’élément essentiel à la génération dans la semence du mäle, et qu’il est in- finiment probable que le nombre des animalcules em- ployés correspond à celui des fœtus développés ; l’ac- tion de ces animalcules, que nous regardons comme les agens masculins de la génération, est donc indivi- duelle, et non pas collective. Passant ensuite à l’étude XII. 20 » » » » 2 » » » » » ) LA } TT } = S > D TZ » ) > S » 2 >= (450 ) des œufs, nous voyons sur ceux-ci un appareil quoi a nommé la cicatricule, et dans l’aire transparente du- quel se dessinent les premiers rudimens du fœtus : c'est là que nous rechercherons les agens générateurs de la femelle. En conséquence, nous soumettrons à untrès-bon microscope l'aire transparente des cicatri- cules que portent les jaunes encore retenus dans l’o- vaire, chez une poule dont le coq n’a jamais approché, et nous y remarquérons un petit nuage allongé qui se dirige de la circonférence au centre; puis répétant la même observation sur un œuf fécondé , en ayant soin de le retirer de l’oviducte, afin d’être sûr qu'il n’a été soumis à l’incubation pour aucun espace quelconque de temps, nous y rencontrerons, dans la partie moyenne du nuage un trait central qui rappelle l’'animalcule sper- matique; à l’entour de cette ligne, se prononceront sy- métriquement Îles formes du poulet dès les premières heures de l’incubation. Aussitôt que l’embryon pent être disséqué, nous rechercherons celte partie, qui semble l'axe du système qui s'établit; mais elle à dis- paru : son existence n'est que temporaire ; elle ne doit point demeurer portion intégrante du fœtus. La nubé- cule qui entoure le trait central n’est pas non plus en miniature l’image du futur animal : on ne saurait y reconnaître ses formes arrêtées, qui ne feraient que grandir si elles avaient préexisté : ici, au contraire, observateur assiste à une véritable construction; il voit se canevasser dans la cicatricule des parties qui, d’abord plus grandes, se dépriment, se façonnent, pour arriver à la figure qu’elles conserveront , et avec laquelle elles n’ont pas la plus légère ressemblance. Les faits que nous retriçons sont peu favorables à la (451 ) » doctrine de l’emboîtement des germes, et nous y re- » trouvons avec plaisir des argumens contre une opinion » qui cadre mal avec les propriétés connues de la ma- » tière, et rebute l’imagination par la stérilité des consé- » quences qu'on peut en tirer : ils tendraient plutôt à » nous montrer le fœtus comme le résultat de l’action » que l’animalcule spermatique exercerait sur le corps » opaque de l’aire transparente; ni l’un ni l’autre de ces » agens ne formeraient une partie de l'être qui se crée ; » ils ne feraient que donner naissance au premier des » actes successifs en vertu desquels cet être serait pro- » duit. Cette manière d'envisager le phénomène nous » fournit une meilleure explication de la ressemblance » des hybrides au père et à la mère; elle nous indique » qu'une bonne analyse du dévéloppement et de la nu- » trition d’un organe nous découvrira les lois qui prési- » dent à l’organogénésie en général , et j'espère montrer » l'application de ce principe dans un travail que je ter- » mine en ce moment sur la régénération des membres de » de la Salamandre aquatique. » Voici maintenant la conclusion à laquelle je me suis avrèté dans l’article Génération, du Dictionnaire classi- que d'histoire naturelle. « L'appareil màle produit l’animalcule spermatique ; « l'appareil femelle produit un ovule sur un point parti- « culier duquel se trouve.une lame membraneuse que « Rolando désigne sous le nom de lame cellulo vascul- « laire. Dans l'acte de l’accouplement, si les ovules « sont sortis de l'ovaire, comme dans les batraciens et les « poissons , l’animalcule spermatique pénètre dans l’o- « vule et se greffe sur la membrane cellulo-vasculaire ; « si les œufs ne se détachent pas de l’ovaire avant ou, = ES » » » (452) pendant l’accouplement , mais après, les animalcules sont reçus dans les cornes (mammifères ), dans l’ovi- ductus (oiseaux) dans une poche particulière (in- sectes), et ils se greffent sur l’ovule à mesure que ce- lui-ci détaché de l’ovaire, vient traverser l'organe qui les renferme. Le développement du fœtus, observé avec soin, nous montre que l’animalcule n’est autre chose que le rudiment du système nerveux, et que la lame membraneuse sur laquelle il s'implante fournit, par les diverses modifications qu’elle éprouve, tous les autres organes du fœtus. Ainsi se trouve expliquée l'influence particulière au mâle et à la femelle dans la procréation de l'être auquel ils donnent naissance, ainsi se trouvent expliquées toutes ces ressemblances héréditaires qui ont tant occupé les philosephes du siècle dernier. Tout physiologiste qui aura soigneuse- ment étudié l’ouvrage si riche en apperçus heureux de Geoffroy Saint-Hilaire, sur les monstruosités ; ceux des anatomistes allemands, de Rolando, et les belles obser- vations de Serres , sur l’organogénésie, sera obligé de convenir que l'hypothèse de l’emboitement est insou- tenable aujourd’hui, et trouvera peut-être que celle que nous proposons salisfaitaux conditions connues du problème. » L'opinion de M. Prévost, tend, comme on voit, à re- présenter le phénomène de la génération, comme un simple accident d’une propriété plus générale des corps organisés. Elle réduit l’animalcule a n’être que le prin- cipe d'action du développement du fœtus, qui, parvenu à un certain point , se suflit à lui-même. On ne peut se dissi- ,. d L 3 SR d’e sui ] à RE muler qu ily a dans celte maniere eNVvIsager 14 question ; moins de précision que dans celle qui m'est propre, mais (453) en revanche on y trouve une vue plus profonde et un caractère de généralité qui mérite l’attention des physio- logistes. Je ne tiens guère plus que M. Prévost, à mon hypothèse , et j'y tiens mème si peu, que je n'hésite point à faire observer que sous le point de vue le plus impor- tant la sienne est préférable. Car, le phénomène de la génération est, selon moi, un phénomène fini et isolé, tandis que, d’après lui, c’est un phénomène qui viendra se rattacher à beaucoup d’autres d’une haute importance, qui servira à les éclaircir et qui en sera lui-même éclairci. Or, il ne peut être douteux, pour l'intelligence géné- rale des phénomènes de l’organogénésie, qu’il ne con- vienne mieux de les lier entre eux au lieu de les isoler comme des faits indépendans. Il ne peut l’être non plus, que si l'opinion de M. Prévost, vient à être confirmée par de nouvelles recherches, la physiologie aura éprouvé, par cela même, une révolution très-avantageuse. Si quelques personnes étaient surprises de la dissidence qui s'établit entre nous, elles pourraient pent-être trou- ver dans les sciences les plus avancées, des exemples propres à justifier celui de nous qui est dans l'erreur, ou même à nous justifier tous les deux si nous nous sommes trompés l’un et l’autre. Ces exemples seraient même faciles à multiplier, mais nous n’en citerous qu'un seul. La plupart des phénomènes produits par l’électri- cité ordinaire sont aujourd'hui bien connus , leur expli- cation est aisée , on peut les prévoir et les varier à vo- lonté , suivant des lois qui se prêtent à toutes les modi- fications introduites dans les données de l'expérience ;'et cependant parmi les physiciens , les uns admettent qu'il n'existe qu'un seul fluide électrique, les autres suppo- (454) sent qu'il en existe deux. Commeut choisir entre des hypothèses également applicables aux faits connus. Tel est à peu près le cas de nos idées sur le mode d’ac- tion des animalcules. Tous les faits que nous avons vu, tous ceux dont nous avons connaissance, s’expliquent en supposant que l’un de ses êtres se greffe sur l’o vule et détermine le développement du fœtus. Mais ce fœtus se forme-t-il, comme le pense M. Prévost, par suite d'une action momentanée de l’animalcule après la- quelle celui-ci se détruit, ou bien ce fœtus est-il produit comme je le suppose, par la réaction de l’animacule servant de rudiment au système nerveux , sur les parties voisines de l’ovule, c’est ce qui paraît diflicile à décider. Tout le doute se concentre donc en un geul point, comme dans l’exemple puisé dans les sciences mathématiques. Y a til un seul fluide ou deux fluides électriques, l’ani- malcule se détruit-il ou ne se détruit-il pas ? Certainement quand on voit des recherches aussi lon- gues et aussi pénibles que les nôtres, laisser en défini- üve la question la plus importante dans un doute com- plet, on peut avec quelque droit regarder létude des sciences comme également propre à rabaisser l’homme et à l'agrandir tour à tour à ses propres yeux. Le point fondamental de chaque chose nous échappe; nous avons étudié toutes les difficultés accessoires , et nous les avons résolues, nous avons pu passer d’un fil à l’autre sans dificulté, jusqu’à ce qu’arrivant au nœud principal de la question , la vérité se dérobe, tout d’un coup, à nos ef- forts , et ceux-ci ne servent plus qu’à attester notre im- puissance. FIN DU DOUZIÈME VOLUME. TABLE DES PLANCHES RELATIVES AUX MEMOIRES CONTENUS DANS CE VOLUME. + —— PL. 33. Disposition anomale des organes génito-urinaires. PI. 34, 35, 36,37, 38, 39, 40, 41, 42, 43, 44. Génération et déve- loppement de l'embryon dans les végétaux phanérogames. PI. 45, fig. Æ. Harioris PaizeerTi. — Pl. B. CuviertA COLUMNELTA et EurIBIA HEMISPHÆRICA. PL 46. Appareils de déglutition chez les reptiles. PL. 47,48 , 49, 50, 51. 52, 53, 54. Développement de l'embryon des oiseaux. FIN DE LA TABLE DES PLANCHES. TABLE MÉTHODIQUE DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE VOLUME. D —— ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE ANIMALE, ZOOLOGIE. S l'ex; ; , is +7 Pages. ur l'existence d’un cloaque observé chez un chien privé de queue; par JG. Martin. 5 Notice sur quelques Observations microscopiques sur le sang et le tissu des animaux ; par le docteur Hodgkin et J. Lister. 57 Théorie des formations organiques, ou Recherches d’Anatomie transcendante sur les lois de l’organogénie , appliquées à l’ana- tomie pathologique ; par M, Serres. ( Suite.) Sa Recherches sur l’œuf humain ; par M. Velpeau. 172 (456 ) Pages. Note sur une nouvelle espèce d’Haliotis à l’état fossile; par M. Marcel de Serres. Description de deux genres nouveaux ( Cuvieria et Euribia) ap- partenant à la classe des Ptéropodes ; par M. Rang. Sur l'Occipital supérieur et sur Les Rochers dansle Crocodile ; par M. Geoffroy Saint-Hilaire. Recherches anatomiques et physiologiques sur la Déglatition dans les Reptiles ; par M. Ant. Dugès. Histoire naturelle des Poissons ; par M. le baron Cuvier et M. Va- lenciennes. Mémoire sur développement du poulet dans l’œuf; par MM. Pré- vost et Dumas. ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE > BOTANIQUE. Mémoire sur la Génération et le Développement de l'embryon dans les végétaux phanérogames; par M. Adolphe Bron- gnairt, D.-M. 14 US, Extrait du Rapport fait à l'Académie des Sciences par la commis- sion chargée de juger les Mémoires envoyés au concours pour le prix de physiologie expérimentale. Observations sur la famille des Tamariscinées , et sur la manne de Tamarix ; par le docteur Ehrenbersg. Note sur le Reevesiu, nouveau genre de plantes de la famille des Buttneriacées. Rapport sur un Mémoire de M. Turpin , ayant pour objet l'orga- nisation et la reproduction de la Truffe comestible; par MM. Cassini et Mirbel. Observations sur la Structure des Poivres; par C. L: Blume. MINÉRALOGIE ET GÉOLOGIE. Note sur deux Cavernes à ossemens découvertes à Bize , dans les environs de Narbonne ; par M. Tournal. Sur un Terrain renfermant de nombreux débris de Mollusques et de Reptiles à Brignon , près d’Anduze ; par M. Teissier. Note sur le Mémoire précédent , par M. Alex. Brongniart. Sur la Constance des faits géognostiques qui accompagnent le terrain d’arkose dans l’est de la France ; par M. de Bonnard. FIN DE LA TABLE DES MATIÈRES. Ha 309 320 338 33 396 415 225 296 68 209 216 a Ë % ci ; | 1 = Ha 0 J | | HARRIS : Hinnininis RH + RATER HANHAHE HADHEHE rites ie RAA