Li = ANNALES DES SCIENCES NATURELLES. + 4 Li T A7 € CAMATDe À x ui Le | e - - : — _ L LE IMPRIMERIE DE C. THUAU, ÿ  rue du Cloître-S.-Benoît, n° 4. ÿ \ me SCIENCES NATURELLES, PAR MM. AUDOUIN , an. BRONGNIART Er DUMAS, COMPRENANT LA PHYSIOLOGIE ANIMALE ET VÉGÉTALE, L'ANATOMIE COMPARÉE DES DEUX REGNES, LA ZOOLOGIE, LA BOTANIQUE, LA MINÉRALOGIE ET LA GÉOLOGIE TOME TREIZIÈME, ACCOMPAGNÉ DE PLANCHES. bu EU 1 192$ & PARIS. CROCHARD, LIBRAIRE - ÉDITEUR , CLOITRE SAINT-BENOIT, No 16, ET RU= DE SORBONNE, N° 3. 1828. sys 225222 SN / ANNALES DES SCIENCES NATURELLES. RAA AA AAA LA AA LUS LU ULA LAURE LUS LRU LUV ALL AULE ALI LIRE Mémome sur la Structure des Nerfs ; Par J. A. Bocros. (Lu à l’Académie des Sciences.) Principe de toute sensibilité, de toute contractilité , les nerfs ont fixé l'attention des anatomistes et des phy- siologistes de tous les temps. Pour expliquer les phé- nomènes aussi nombreux que singuliers qu’ils produi- sent dans l’économie animale , on a créé une foule d’hy- pothèses , qui, toutes basées sur quelques cas particu- liers , s’éloignent plus ou moins de la vérité. Je n'ai pas l'intention de combattre ces diverses théories : mon but est de faire connaître quelques faits généraux rela- tifs à la structure des nerfs. Tout ce que l’on sait jusqu'ici sur la structure des nerfs se réduit en général à ce que Reïl nous a ap- pris. Les expériences de cet habile anatomiste consis- tent: 1° à soumettre les nerfs à l’action de l'acide ni- trique étendu d’eau ; détruisant par ce procédé leur en- veloppe névrilématique, Reiïl a démontré que chaque cordon nerveux était composé d’un assemblage de filets médullaires fréquemment anastomosés entre eux ; 2°après xuL. — Janvier 1828. 1 (16 ) avoir laissé séjourner d’autres nerfs pendant un certain temps dans une solution alcaline, afin d'enlever leur substance médullaire, il a réduit chaque filet nerveux à n'être plus qu'une réunion de canaux fibreux suscep- tibles d’être pénétrés par l'injection : c’est de cette ma- nière que la plupart des anatomistes qui, après Reil , se sont occupés de la structure des nerfs, ont entendu leur disposition canaliculée. Les’ recherches dont j'ai l’honneur de soumettre le résultat à l’Académie des Sciences m'ont prouvée que chacun des filets qui composent un cordon nerveux, soit qu'il appartienne à la vie de relation, ou qu'il dé- pende du grand sympathique , est creusé à son centre d'un canal perméable à l'injection ; le liquide qu’on y fait pénétrer parcourt avec une égale facilité l’intérieur du canal du tronc aux ramifications , et des ramifica- tions au tronc. D’après mes expériences; cette propriété existe pendant la vie et persiste après la mort, sans qu’il soit nécessaire de faire subir aux nerfs aucune prépa- ration préliminaire ; les ganglions nerveux participent également à la structure canaliculée. Les racines de tous les nerfs qui naissent de la moelle de l’épine et de ses prolongemens cérébraux , ne sont pas perméables à l’in- Jection. Quelques prééautions que j'aie prises, je n'ai jamais pu parvenir à les injecter. Les canaux nerveux n’appartiennent pas exclusive- ment aux nerfs de l’homme. J’ai constaté leur existence dans les nerfs d'animaux pris dans les quatre classes des vertébrés ; et même l'injection m'a semblé parcou- rir avec beaucoup plus de facilité les canaux nerveux des oiseaux , des poissons et des reptiles que ceux des Gr) mammifères : cette circonstance me semble provenir d’une différence dans la densité des enveloppes névri- lématiques chez ces diverses classes d'animaux. Structure des racines des nerfs. La substance médullaire de chaque radicule nerveuse, à l'endroit où elles abandonnent la partie de la moelle dans laquelle elles sont implantées, emprunte à la pie-mère et à l’arachnoïde une gaine qui les accom- pagne jusqu'à leur sortie du crâne ou de la cavité ra- chidienne; souvent cette gaîne forme une enveloppe par- ticulière pour chaque radicule d’une même racine, et quelquefois elle est commune à toutes. Plus ou moins près du lieu où les racines des nerfs vont pénétrer dans les trous qui leur livrent passage , elles empruntent une seconde enveloppe formée par la lame interne de la dure-mère. Cette nouvelle gaîne est tapissée par l’arachnoïde , et ne contracte aucune adhé- rence avec la pie-mère, qui entoure ces racines : de cette disposition résulte , entre la pie-mère et la dure-mère, un espace libre qui communique avec les cavités crà- nienne et vertébrale. Les gaînes des racines postérieures des nerfs spinaux , et celle du nerf trifacial arrivées près des ganglions, les enveloppent et se transforment en un tissu spongieux et érectile qui constitue d’abord autour de chaque ra- cine postérieure un bourrelet qui contracte de nom- breuses adhérences avec la substance du ganglion. Dans ce même point les gaines diverses des racines antérieures contractent des adhérences avec le névrilème des cordons nerveux qui partent du ganglion. (8) Les gaines des racines des nerfs cräniens ne s’unis- sent étroitement entre elles qu'après avoir franchi leurs ouvertures respectives : c’est là seulement que commen- cent les canaux nerveux. Les enveloppes du nerf opti- que sont dictinctes l’une de l’autre , depuis sa sortie du crâne jusqu’à son entrée dans le globe de l'œil ; et là encore on voit évidemment la gaine fibreuse que lui fournit la dure-mère s’unir à la lame externe de la sclé- rotique. Les radicules postérieures des nerfs spinaux sont distinctes les unes des autres depuis leur origine jus- qu'aux ganglions où elles se terminent. Celles des ra- cines antérieures peuvent être également séparées jus- qu’à leur union avec les filets nerveux qui partent de ces mêmes ganglions. La plupart des radicules des nerfs cérébraux s’accolent en un seul et même tronc plus ou moins près de leur point d'implantation. Quand on fait séjourner les racines des nerfs dans une liqueur alcaline , on peut, par le lavage, les dé- pouiller de toute la substance médullaire qu’elles con- tiennent ; c’est à cette préparation qu'elles doivent d'être perméables à l’injection , surtout quand leurs gaînes of- frent assez de résistance pour soutenir le poids du li- quide qu’on y introduit. On sait que le nerf optique se prête très-bien à ce genre d'expériences, et, sous ce rapport , il doit être considéré comme ayant la même structure que les racines des nerfs. La dissection dé- montre que les racines des nerfs, qui ont été exposées à l’action de l'acide nitrique étendu d’eau , sont compo- sées de fibres médullaires aussi distinctes que celles de la substance médullaire cérébrale ou spinale , d’où elles j , (9) ürent leur origine ; ainsi les racines des nerfs peuvent être considérées comme autant de prolongemens de la moelle cérébro-spinale : de même que cette substance , elles ont chacune une gaine fibreuse formée par la dure-mère et l’arachnoïde, immédiatement apposée sur elles. Des Ganglions intervertébraux. Les ganglions intervertébraux , situés dans les trous de conjugaison , sont entourés d’un plexus veineux qui fait partie des sinus vertébraux , et plus immédiate- ment par un tissu spongieux développé dans les lames de la dure-mère. Les ganglions se composent d’une sub- stance en apparence homogène, d’un gris légèrement rougeâtre ; c’est dans cette substance , avec laquelleelles semblent s'identifier, que se terminent les racines pos- térieures des nerfs; une multitude de canaux contour- nés, entrelacés, la parcourent en. tous sens. Ces canaux communiquent avec ceux des nerfs , avec le tissu spon- gieux , avec le plexus veineux environnant, et enfin avec la cavité de la dure-mère , au moyen d’un plus ou moins grand nombre d'ouvertures placées entre les deux gaines que leur donnent les méninges. Cette triple anas- tomose peut être démontrée de trois manières différentes : 1° si l’on introduit un tube chargé de mercure dans un des canaux nerveux qui partent d’un ganglion , le mé tal pénètre dans le ganglion, le gonfle, passe dans le üssu spongieux de la méninge, dans les plexus veineux des sinus vertébraux, et arrive enfin dans la cavité de la dure-mère , par des ouvertures placées près de l’en- droit dans lequel les racines nerveuses pénètrent dans (ro) le ganglion ; 2° on obtient des résultats encore plus évi- dens et plus généraux , en injectant par la cavité de la dure-mère ; pour cela on ouvre le canal vertébral près de son extrémité céphalique, et l’on coupe en travers la moelle de l’épine et ses membranes. Après avoir dé- taché la dure-mère dans une étendue assez considérable , on la fixe au moyen d’une forte ligature circulaire sur un tube de verre de vingt-quatre à trente pouces de long. À mesure que le tube reçoit le mercure qu’on y verse, le métal passe dans le canal de la dure-mère, le remplit, s’introduit dans chaque prolongement qu’il fournit aux racines des nerfs, pénètre les ganglions , et, après avoir distendu les divers canaux de ces organes, s'introduit non-seulement dans les tubes nerveux qui en partent , dans les canaux qui établissent des commu- nications avec les ganglions du grand sympatique , et dans quelques-unes de leurs ramifications , mais encore il remplit les plexus veineux qui entourent chaque gan- glion , et, par cette même voie, s’insinue dans les si- nus vertébraux, les veines intercostales , l’azygos , et arrive enfin jusque dans l'oreillette droite du cœur ; 3° lorsqu'un tube chargé de mercure est plongé dans la substance propre des ganglions, ceux-ci s’injectent comme par les moyens précedens , et le mercure s'é- chappe par les mêmes issus. Sous ce rapport , les gan- glions des nerfs ont une identité de structure avec les ganglions lymphatiques : ces derniers peuvent être faci- lement injectés par un semblable procédé. Les racines antérieures des nerfs spinaux , de mème que les racines des nerfs qui proviennent des prolonge- mens cérébraux de la moelle allongée, si l’on en ex- (Qi cepte le nerf trifacial , n’ont point de ganglion. Les ra- cines antérieures des nerfs spinaux s’accollent aux gan- glious des racines postérieures , et s’unissent intimement avec les nerfs quien partent. Les racines des nerfs crà- niens , en sortant par les trous de la base du crâne, contractent de nombreuses adhérences avec les enve- loppés que leur fournissent les méninges. Les nerfs qui émanent de ces deux ordres de racines ont des ca- naux qui s'ouvrent dans la cavité de la dure-mère , de sorte que l’injection qui les parcourt pénètre aisément dans la cavité méningienne, et de cette dernière passe avec une égale facilité dans les canaux nerveux. Structure des Nerfs. Tous les filets nerveux , à l'exception des nerfs op- tique , acoustique et olfactif , sont creusés à leur entrée d’un canal perméable à l'injection ; les parois de ce ca- nal sont formées de deux tuniques de structure difié- rente : l’une externe, fibreuse , dense , continue à la dure-mère , compose la gaîne des racines des nerfs du côté de leur extrémité centrale , s’identifie avec le tissu fibreux des organes dans lesquels les canaux se rami- fient ; l'autre interne , molle, pulpeuse , compressible , cépendant tenace , provient de la substance médullaire des racines des nerfs. La première , appelée névrilème, se compose de diverses lames fibreuses : les plus exter- nes forment une enveloppe commune à tous les filets d’un mème cordon nerveux : d’autres plus profondes s’entrecroisent autour des filets, de manière à les unir les uns aux autres : des lames plus profondes , plus ser- (12) rées , plus étroitement unies, fournissent à chaque filet de nerf une tunique distincte intimement appliquée sur la tunique interne. Cette dernière , appelée pulpeuse , est particulière à chaque filet nerveux , et quoiqu’elle ait beaucoup de ressemblance avec la substance cérébrale, elle en diffère pourtant par une tenacité plus grande; ainsi , quand on coupe un cordon nerveux en travers , et qu'on cherche à exprimer la pulpe contenue dans les canaux névrilématiques , il n’en sort qu’une séro- sité limpide. La même expérience faite sur une racine nerveuse , met en évidence la pulpe médullaire qu’elle contient : cette diflérence dans les résultats vient de ce que dans les nerfs la pulpe médullaire est contenue dans les aréoles d’un tissu à lames minces et très-résis- tantes. La pulpe médullaire est tellement comprimée par son enveloppe névrilématique, que lorsqu'on exa- mine les filets d’un cordon nerveux coupé en travers, on voit, sur la section de chaque filet nerveux , une éminence sphérique formée par la pulpe médullaire comprimée. L’injection prouve que c’est dans la sub- stance médullaire que sont les canaux nerveux. On peut encore se convaincre de leur existence par l'inspection directe : si l’on examine à une vive lumière un cordon nerveux coupé en travers, on voit que la petite sphère qui surmonte la section de chaque filet offre à son centre un point d'une couleur plus terne ; ce point est l’orifice du canal nerveux dont les paroïs sont fortement appliquées sur elles-mêmes. Si le cordon est injecté et qu’on le comprime, on voit évidemment l'injection sortir par les points que je viens de faire connaître. Le séjour des nerfs dans une solution alcaline , en al- (13) térant Ja structure de leurs canaux , les rend moins per- méables à l'injection. Lorsqu’à l’aide de l'acide nitrique ils ont été dépouillés de leur névrilème, et après les avoir fait macérer dans l’eau pendant quelques jours pour les débarrasser de l’acide, on peut par la dissection démontrer que leur pulpe médullaire est composée de fibres parallèles, tout-à-fait semblables à la substance blanche du rerveau. Injection des nerfs. Pour injecter les nerfs il ne suflit pas de faire péné- trer l’extrémité d’un tube dans l'épaisseur d'un filet nerveux, comme cela se pratique pour les vaisseaux lymphatiques; car les parois de ces derniers sont très- minces, relativement à leur calibre : tandis qu’au con- traire les tuniques des canaux nerveux sont fort épaisses par rapport a ra petite capacité de leurs canaux, dont les parois , à cause de leur structure, tendent constam- ment à s'appliquer sur elles-mème. Si l'extrémité du tube ne pénètre qu'entre les lames du névrilème, l'injection s’épanche irrégulièrement, et alors même qu'il a pénétré dans le névrilème propre , ou même dans la pulpe médul- laire, ces deux tuniques offrent assez de résistance pour empêcher l'écoulement du liquide ; mais à peine le tube est-il parvenu dans le canal nerveux, qu'on voit alors l'injection le parcourir avec la même rapidité qu’elle parcourt un vaisseau lymphatique. Cependant après que le liquide injecté a cheminé dans une étendue de quelques pouces, par un ou plusieurs canaux, la force qui ie meut n’est plus suflisante pour le faire pé- (14) nétrer plus avant. Il est aîors nécessaire d'exercer sur les parois des tubes nerveux de légères frictions, et de les comprimer modérément dans le sens vers lequel on cherche à faire avancer l’injection. À l’aide de ces légè- res frictions on peut faire parcourir à l'injection toute l’étendue des canaux nerveux, depuis leur extrémité centrale jusqu’à leur extrémité périphérique. Le liquide, ainsi poussé dans un nerf, ne s’introduit pas dans tous les canaux nerveux d’un même cordon. Cependant les anastomoses fréquentes de ces canaux ne peuvent être révoquées en doute , surtout quand on exa- mine tous ceux d’un même cordon nerveux, dont le névrilème a été détruit par l'acide nitrique. Cette circon- stance tient à ce que les canaux s’abouchant entre eux sous des angles très-aigus , la pulpe médullaire remplit dans ces endroits l'office des valvules. Le liquide qui distend les canaux nerveux forme des colonnes cylindriques d’aütant plus volumineuses qu’el- les sont plus rapprochées des plexus et des ganglions intervertébraux, et d’autant plus ténues et plus nom- breuses qu’on les injecte près de leur fin. Les canaux nerveux qui se rendent dans les ganglions intervertébraux s’y ramifient de la même manière que les vaisseaux lymphatiques dans les ganglions. L’mjec- tion qu'on fait parvenir vers les dernières ramifications nerveuses s’introduit dans un réseau capillaire dont les ramifications sont tellement ténues qu’elles échappent à l’œil le plus exercé; cependant toutes celles qu’on y aperçoit ont une forme régulièrement cylindrique. Les derniers ramuscules que j'ai pu apercevoir dans les mus- cles affectent la mème direction que leurs fibres char- (15) nues. On peut, à l’aide de l’injection des filets nerveux faire arriver le mercure à la superficie du derme , sur les‘membranes muqueuses , dans les follicules mucipa- res, etc. L'injection démontre trois espèces d’anastomoses dans les nerfs : la première a lieu entre tous les filets qui par- tent d’un même ganglion, et se fait par l'intermédiaire des canaux creusés dans sa substance ; la seconde con- siste dans l’abouchement d’un canal nerveux dans un autre : elle se remarque non-seulement entre tous les filets d’un même cordon nerveux , Mais encore avec ceux d’un cordon voisin : telles sont les anastomoses qui se remarquent dans les plexus brachial et crural, etc. La troisième a lieu par l’accollement d’un ou plusieurs filets d’une paire de nerfs à un cordon nerveux d’une autre paire. Des filets appartenant à un autre nerf se ramifient sur un tronc nerveux en suivant une direction inverse à la distribution de ce dernier : telles sont, par exem- ple, les anastomoses du nerf facial avec le trifacial. Nerfs du grand sympathique. Les nerfs et les ganglions compris sous la dénomina- tion de grand sympathique sont creusés de canaux dont le calibre est en général si ténu qu’on est obligé, pour les injecter, de se servir de tubes d’une extrême capilla- rité; ils se ramifient fréquemment dans leur trajet, et forment un grand nombre de plexus très-compliqués. (Rr67) Ganglions du grand Sympathique. La structure des ganglions du grand sympathique dif- fère de celle des ganglions intervertébraux , en ce que les premiers ne sont point enveloppés par une membrane fi- breuse dans les mailles de laquelle existe un tissu spon- gieux. La substance d’un gris-rougetre qui les constitue paraît avoir une grande analogie d'organisation avec celle des ganglions intervertébraux. « Les ganglions du grand sympathique sont enveloppés d’un tissu cellulaire lâche : ils sont creusés d’une multi- tude de petits canaux tortueux , contournés, entrelacés , communiquant avec ceux des filets qui en partent, et même avec les veines qui en sortent. Ces diverses com- munications se démontrent, soit par l'injection de la snbstance propre du ganglion en y plongeant un tube, comme il a été dit pour les ganglions intervertébraux , soit en les injectant par les nerfs. Cette description ne convient nas à tous les ganglions du grand sympathique : eile est plus spécialement applicable aux trois ganglions cervicaux, et au semi-lunaire. Les ganglions dorsaux , lombaires et sacrés, diffèrent des précédens, en ce que leurs filets d’origine, au lieu de s'identifier avec eux, es traversent , vont se distribuer aux organes auxquels ils sont destinés, après avoir formé un grand plexus, sans se dépouiller entièrement de leur enveloppe névri- lématique. Par la seule inspection , l’on peut s'assurer de la disposition que je viens de faire connaître : l’injec- tion la démontre d’une manière incontestable. (47) Nerfs du grand sympathique. Les nerfs du grand sympathique ont en général une couleur gris-cendré, et quoique mous et pulpeux , ils soutiennent assez bien l'effort de la colonne de mercure qui pénètre leurs canaux. Ni par la dessiccation, ni par des moyens chimiques , on ne peut les diviser, de même que les nerfs de la vie de relation, en deux tuniques de substances différentes. La plupart semblent emprunter de leurs ganglions la substance grise dont leur tunique paraît composée. Les nerfs du grand sympathique sont tantôt arrondis , tantôt aplatis : leur intérieur est creusé de canaux nerveux très-déliés qui, dans leur trajet, communiquent fréquemment entre eux. Le tissu fibreux ne leur est pas tout-à-fait étranger ; le névrilème est très-apparent dans la plupart des filets d’origine ; il ne s’en dépouillent pas en traversant les ganglions dor- saux, lombaires et sacrés ; au contraire , la substance de ces ganglions semble les envelopper , s'identifier avec leurs névrilèmes , et les accompagner dans leurs distri- butions. Les filets du grand sympathique des oiseaux , des posi- sons et des reptiles , sont très-ténus ; ils diffèrent de ceux de la vie de relation en ce qu’ils sont recouverts d’une matière colorante de nuance variable. Injection des nerfs du grand sympathique. Afin d’injecter ces nerfs il faut se servir de tubes d’une finesse extrême, à cause de la ténuité de leurs canaux, et ce n’est généralement qu'avec beaucoup de difficulté XIIT. 2 (18) qu'on fait pénétrer le mercure dans leur cavité. Il est indispensable d'exercer de légères frictions pour le faire cheminer. Il est très-facile, au contraire, de les injecter par les ganglions : c’est ainsi que par les ganglions cer- vicaux j'ai pu aisément injecter les nerfs cardiaques, et les nerfs du plexus solaire par les ganglions semilunai- res. Les canaux nerveux des nerfs du grand sympathi- que se terminent comme ceux de la vie de relation, par des ramifications des plus ténues. A l’aide de l'injection j'ai suivi les ramifications des nerfs cardiaques jusqu'à la pointe du cœur. J'ai employé pour faire les injections des nerfs des substances de différentes natures : le mercure , l’eau, les huiles ; la gélatine, etc. Les instrumens dont je me sers sont , pour injecter au mercure, un tube de vingt-quatre à trente pouces de long, formé de plusieurs pièces réu- nies ; pour pousser toute espèce de liquide, j'ai imaginé un appareil qui , à l’aide de la pression exercée par une colonne de mercure, fait pénétrer l'injection. L’extrémité inférieure de chacun de ces instrumens est fixée à un petit appareil destiné à recevoir des tubes de verre, dont le calibre peu considérable permet de les filer à la flamme d’une bougie. L’aisance avec laquelle ces tubes s'adaptent à. cet appareil procure l'avantage de les remplacer par d’autres, toutes les fois qu'ils se brisent, ou bien que l'injection ne marche pas convena- blement. L'expérience m'a prouvé que plus les tubes sont capillaires plus il sont propres à l'injection des nerfs : en eflet, un tube très-mince altère peu les parois du canal dans lequel il est introduit , et le liquide qui (19) le pénètre, arrivant par une ouverture très-étroite , paï- court ce canal par sa propre impulsion, avant que d’a- gir sur ses parois. Les faits que je viens d'exposer prouvent évidemment l'existence de canaux dans l’intérieur de chaqüe filet nerveux; comment, sans Cela, le mercure pourrait-il parcourir toute l'étendue d’un nerf, depuis son origine jusqu’à ses dernières ramifications , et par un cours ré- trograde revenir à son point de départ? L'existence des canaux , daus les ganglions, n’est pas moins certaine : le liquide que l’on y pousse, soit par les filets qui en proviennent , soit à l’aide d’un tube plongé dans leur substance , s’y distribue d’une manière si constante et si régulière qu'il n’est pas permis de sup- poser que cette pénétration soit le résultat d’un épanche- ment ; et je ne puis croire que cette objection puisse être raisonnablement admise par tous ceux qui ont l'habitude d’injecter les vaisseaux lymphatiques. Du reste, la com- munication de ces canaux avec des filets qui en partent lève toute espèce de doute. La pathologie, la physiologie expérimentale, sont d'accord avec l'anatomie pour démontrer l'existence des canaux nerveux. Ne sait-on pas que la ligature d’un nerf interrompt sa fonction ? Dans quelques circonstances n'arrête-t-on pas l’'aura-epileptica, en liant fortement le membre au-dessus du point où elle commence à se faire sentir ? Mais l'existence de ces canaux force nécessairement d'admettre qu’un fluide d’une nature quelconque. par- court les nerfs; et ce n’est certainement pas un fluide analogue au fluide électrique , parce que ce fluide n’a pas ( 26 ) besoin de canaux pour être transmis. La compressiort n'en arrêterait point le cours: l’organisation des nerfs répugne d’ailleurs à cette hypothèse, car si les nerfs n'étaient que des conducteurs électriques , ils seraient nécessairement composés d’une substance très-conduc- trice enveloppée d’une autre qui ne le serait pas ; on sait au contraire que le névrilème est aussi bon conducteur que la pulpe médullaire. De ce qui précède je crois pouvoir conclure qu'il entre dans la composition de la plupart des animaux quatre ordres de vaisseaux , dont trois, ayant un centre com- mun , forment un appareil circulatoire complet, qui a pour usage de faire parcourir toutes les parties de l’éco-- nomie par les élémers de l’organisation; cette circulation se fait par un double courant ; l’un a lieu du centre à la périphérie, et l’autre de la périphérie au centre. Pourvu également d’un centre particulier , le qua- trième ordre constitue un appareil complet, dont le but est de transmettre à tous les organes le principe du sen- timent et du mouvement. Ces quatre ordres de vaisseaux ont pour caractère commun d’être perméables à un liquide autre que celui qu'ils recèlent pendant la vie, et de marcher de conserve et jusqu’à la fin des divers trajets qu’ils parcourent. Tous les vaisseaux ont entre eux des communications susceptibles d’être démontrées par l’injection : ainsi, on sait que les artères et les veines ont entre elles , à leur distribution dans les organes, de fréquentes anastomoses ; c’est dans les veines que vont aboutir tous les troncs lym- phatiques. L’injection m'a également démontré de nombreuses (21) communications centre les canaux des ganglions et les nombreuses ramifications du système veineux. Le Mémoire que je présente à l'Académie des sciences est le résultat d'immenses recherches qui m'ont constam- ment occupé pendant au moins quatre années : j'ai fait ces recherches sur l’homme et sur les animaux : tout ré- cemment, mon ami, M. le docteur Vernière, à qui je communiquai mes expériences , a bien voulu m'aider à en tenter de nouvelles sur plusieurs individus des quatre classes des vertébrés. Le nouvel ordre de vaisseaux dont je crois avoir cons- taté l’existence ouvre un champ vaste et neuf à lanato- mie et à la physiologie expérimentale. L'appareil qui me sert pour injecter les liquides, à l’aide de la pression exercée par une colonne de mercure, permettra d’intro- duire diverses substances dans les canaux nerveux, et les phénomènes qu’elles détermineront feront jaillir des vérités utiles à la physique animale et peut-être profita- bles à l’art de guérir (1). (1) MM. les rédacteurs des Annales des Sciences naturelles invoquent mes souvenirs et mon témoignage sur les travaux de M. Bogros, comme ayant été compris dans le nombre des cinq commissaires que l’Académie lui avait donnés pour examiner son Mémoire. Il y eut plusieurs réunions dans les laboratoires d'anatomie du Jardin du Roi; M. Begros y fit preuve d’ure rare habileté : je ne pouvais me lasser d’admirer avec quelle in- croyable dextérité il injectait du mercure dans le centre de plusieurs sortes de nerfs, pris, lesuns sur un homme , et d’autres sur un bœuf. M. Cuvier tint le plus souvent le scalpel , et usa d’extrêmes précautions pour éviter l’erreur. Ce mercure ne se répandait-il que dans le névrilème? M. Bogros fit usage de tous ses moyens pour prouver que c'était dans le centre même du nerf que le mercure était répandu. On désira s’assurer de ce point par des dissections sans doute bien délicates : on prit plusieurs portions de nerfs injectés qu’on lia par les deux bouts, et que l’on fixa sur (23) OBSERVATIONS ANATOMIQUES sur La grande Lamproie (Petromyzon marinus) ; Par le docteur G. Borx. Plusieurs travaux sur l'anatomie des Lamproies ont déjà été faits par de très-bons observateurs , et dans ces derniers temps un auteur allemand , M. Rathke, a pu- blié des recherches intéressantes sur la structure in- des tablettes de cire ; on essaya d’en enlever seulement le névrilème par des dissections faites sous l’eau et avec emploi du microscope : on resta incertain sur le résultat ; mais un fait inattendu , même de M. Bogros, porta la conviction dans quelques esprits. À lune des tablettes de cire, le mercure n’était visible que sur un bord et non dans le centre du nerf. Cette observation fut considérée comme une grave objection ; elle oc- cupa tous les assistans : on se mit à faire passer le mercure d’un bout fermé à l’autre, c’est-à-dire dans la portion du tuyau injecté qui était resté rempli d’air. M. Bogros paraissait soucieux , lorsqu'il advint qu’à force de passer le doigt sur le filet nerveux , lequel w’était plus que d’un côté , on vit une portion du mercure remplir également l’autre côté pa- rallèle. On s’aperçut que l’on possédait dans cet échantillon un nerf partagé en deux branches. La première injection n’avait donné de mer- cure qu’à la mère-branche et à l’une de ses subdivisions ; la seconde brauche, qui ne se trouva point ouverte sous les premiers eflorts de l'injection , fut au contraire dilatée par ceux postérieurs d’un toucher fréquemment rénouvelé. M. Bogros se ‘ranima à ce spectacle ; et con- clut, conformément à l'opinion qu'il s'était formée sur les faits, que Vinjection avait gagné le centre de deux muerfs embrassés par un seul névrilème. J'ai été le temoin de ce que je raconte, et je puis ajouter que j'en fus vivement ébranlé. On devait reprendre ces recherches ; mais M. Bogros était déjà atteint de la maladie qui l’a conduit au tombeau, et que très-certainement il avait coniractée dans les amphitéâtres en faisant les recherches dont il exposait alors Le résultat. Que les amis des sciences n’oublient jamais ce savant modeste , ce courageux martyr de la science anatomique ! (1er janvier 1828. GEorFroyx S:-HiLAIRE.) (25) terne de ces curieux poissons (1). Cependant la matière était encore loin d’être épuisée; beaucoup de détails im- portans restaient peu où mal connus ; les cartilages des branchies, les sacs branchiaux, l’appareïl des glandes salivaires, leurs nerfs sécréteurs , le système nerveux lui-même, offraient encore un champ vaste à exploiter. Ces considérations ont engagé M. Born à publier les observations suivantes. $ 1°. Des cartilages branchiaux, des muscles exte- rieurs des branchies, et des ouvertures extérieures des sacs branchiaux. Sufle côté du canal vertébral cartilagineux (pl.1, fig. 2, n° 9 ) on voit naître assez loin des apophyses transverses, et plus près de la moitié inférieure du canal , sept paires d’arcs cartilagineux (n° 10) , dont chacun donne, immé- diatement après son origine, une apophyse en arrière et en haut (2), et une autre en avant et en bas (6) pour se recourber ensuite en dedans entre les muscles branchiaux externes (n° 14), en formant ainsi un demi-cercle (y). Aussitôt que l’arc reparaît à la surface externe des mus- cles externes des branchies , il fournit une apophyse di- rigée en avant (9), s’unit en arrière avec l’arc suivant par une pièce cartilagineuse recourbée en bas en forme de 5 de chifire (<), et pourvue d’une apophyse, et par- vient alors à l'ouverture branchiale (n° 13). C'est en ce point que vient se joindre à lui la pièce recourbée en 5, (1) Bemerkungen über der innern Bau dér Prike. Remarques sur la Structure interne de la Lamproie, in-4°, avec planches. Dantzick , 1825. (24) de l'arc qui précède imédiatement (1). La partie ster- nale , tout-à-fait conformée comme la partie vertébrale, s'élève vers l'ouverture branchiale, et s’unit à la portion vertébrale par une pièce cartilagineuse demi - circu- laire (»), qui se recourbe en dedans derrière l'ouverture extérieure des branchies , entre les muscles branchiaux externes; de manière que chacun des arcs cartilagineux s'étend, sans interruption, du canal vertébral au sternum. L’arc cartilagineux le plus antérieur, après la jonc- uon des deux pièces recourbées en 5 de chiffre, se fixe par des apophyses , en haut, à l’apophyse styloïde du crâne (n° 8), en bas au cartilage qu'on appelle le ster- num (n° 11); l'arc le plus postérieur ou le septième se fixe à la capsule cartilagineuse du cœur (n° 129. Les arcs , d’un même côté du corps , sont unis entre eux , au dessus et au dessous des ouvertures branchiales , par les pièces eartilagineuses en forme de $ : tous ceux d’un des côtés sont joints à ceux de l’autre, en haut par le carüilage qui forme le canal vertébral, et en bas par une large bande cartilagineuse (n° 11), qu'un Hgament unit en devant avec l’apophyse styloïde, et qui , en arrière ;"se continue avec la capsule cartilagineuse du cœur (n° 12); d'où il résulte que les ares cartilagincux , des deux côtés réunis, forment un cylindre non interrompu , d’une très-belle conformation. Dans les interstices des arcs cartilagineux , ainsi que dans les intervalles qui séparent le premier de ces ares de l’apophyse styloïde du crâne , et le septième de la cap- sule du cœur, se trouvent sept paires de muscles (n° 14) (1x) On peut nommer partie vertébrale cette portion de l'arc bxan- chial. (25) qui naissent du canal vertébral; quelques fibres pro- viennent aussi des apophyses supérieures et inférieu- res (z,£), que l’arc envoie en avant et en arrière. Ces muscles se dirigent obliquement de devant et d’en haut en arrière et en bas, et vont s'attacher au milieu de Ja surface interne du cartilage longitudinal (n° 11), au- quel aboutissent en bas tous les arcs cartilagineux ; les muscles ne s’attachent aux différentes apophyses carti- lagineuses que par du tissu cellulaire. [ls sont dans le même rapport avec les cartilages chez la Lamproie de rivière, et M. Rathke a été dans l'erreur, lorsqu'il a cru que le thorax cartilagineux se composait de sept apo- physes tansverses supérieures , d’un sternum avec des prolongemens en forme de côtes, et de deux bandes cartilagineuses , interposées de chaque côté , en sorte que chacun des arcs cartilagineux serait composé de trois pièces unies entre elles par de simples ligamens. Le docteur Schulze a bien décrit la continuité non inter- rompue des arcs cartilagineux chez la Lamproie de ri- vière (1), mais, comme l’a déjà fait remarquer M. Rathke, sur un individu mal disséqué. Il en est de même des muscies extérieurs des branu- chies , dont il existe sept de chaque côté, qui s’éten- dent sans interruption du tube vertébral jusqu'au ster- num, mais nOn pas trois fois sept, comme le dit M. Rathke, parmi lesquels les supérieurs naissant du tube vertébral et les inférieurs provenant du sternum , s'attacheraient aux cartilages longitudinaux supérieurs et inférieurs (pièces recourbées en forme de 5), tandis que les sept muscles du milieu occuperaient l’espace (1) Mecxer’s, Arehiv für Physiologie, tom. 1v, pag. 346 seq. (26) compris entre ces pièces cartilagineuses. Aussi l’action de ces muscles n'est-elle pas aussi compliquée que lin- dique M. Rathke. Recouvrant dans toute leur longueur les sacs branchiaux et s'étendant sans interruption du tube éartilagineux vertébral au cartilage longitudinal inférieur, il est clair que leur action ne peut consister qu’en une compression uniforme des différens sacs bran- chiaux. Il n’est pas certain que les ares cartilagineux repré- sentent les côtes , et que la pièce langitudinale qui les réunit en bas corresponde au sternum , comme le pen- sent MM. Carus, Rathke, Schulze, et d’autres encore; car si les arcs cartilagineux étaient des côtes , ils de- vraient du moins correspondre aux vertèbres qui sont indiquées au tube vertébral par des incisions et par les trous des nerfs vertébraux ; ils devraient de plus ètre fixés aux apophyses transverses : ce qui n’a cependant nullement lieu ; car ils naïssent du tube vertébral à près de trois lignes de distance de ces apophyses, et le nombre de ces dernières est beaucoup plus grand que celui des arcs cartilagineux. Si on regardait ceux-ci comme des côtes, le nerf vague se distribuerait hors de la cavité du thorax, et les nerfs vertébraux sortiraient, loin d'elles, du canal de la moelle vertébrale; ce qui serail contraire à toute analogie. Il faut ajouter à cela, que de toutes les apophyses trans- vérses partent de gros prolongemens tendineux, qui vont se plonger entre les muscles , et sont accompagnés de vaisseaux (inter-costaux}) et des nerfs vertébraux. Ce sont ces prolongemens qui paraissent correspondre aux côtes des autres poissons ; tandis que les arcs cartilagi- (27) neux représentent les arcs branchiaux , seulement à un plüs haut degré de développement; car les organes res- piratoires de ces animaux sont en général plus dévelop- pés que ceux des autres poissons. Le cartilage longitu- dinal qui joint inférieurement les ares branchiaux , ré- ? . A , « 1 . pondrait complètement, d’après cela, aux pièces inter- branchiales qui se rencontrent chez tous les poissons pourvus d’arcs branchiaux , et qu’on regarde comme des dépendances de l’os hyoïde. F ÿ Quant aux ouvertures extérieures des sacs branchiaux fig. 2, n° 13, et fig. leur contour est formé d’un le] 2 ? le) ? cartilage circulaire, d’un sphincter et de trois valvules. Le cartilage circulaire (fig. 4 , n° 2), qui donne à chaque ouverture sa figure, est plus épais et plus large en avant; il s’amincit et se rétrécit en arrière , au point qu'il ne forme plus qu'une bande mince vers le milieu de sa partie age F ?. A \ ’ e 4 LA D . postérieure, à l’endroit où s'élève sur sa face interne une petite apophyse (fig. 4 ,n° 3), dirigée vers la cavité branchiale. Tout à l’entour de ce cartilage circulaire se voit un sphincter (fig. 4, n° 1 ) capable de comprimer l'anneau cartilagmeux et de rétrécir ainsi l'ouverture branchiale: c’est ce qui a lieu , d'autant plus facilement ; Ë que la paroi postérieure de l’anneau est très-faible , et cède par conséquent sans effort à la pression exercée de tous côtés. Cependant l’occlusion totale des ouvertures branchiales dépend de trois valvules : parmi celles-ci , Pune plus longue et étroite en haut (fig. 4, n° 4) , naît de la face interne de la moitié antérieure et large du carti- lage circulaire; les deux autres, plus larges (fig. 4, n® 5,5), sont fixées à [a moitié postérieure ; un peu au dessous de l'anneau cartilagineux. Lorsqu'il arrive que ( 28 ) le sphincter: comprime l'ouverture branchiale , la paroi postérieure du cartilage annulaire se plie en avant et en dedans , et les trois valvules s'appliquent l’une contre l’autre, en sorte que l’ouverture branchiale est tout-à- fait close (fig. 4). Pour déterminer l’usage que remplit l’apophyse postérieure interne de l’anneau cartilagineux, il faudrait observer l'animal vivant : on peut toutefois remarquer, qu'elle vient se placer précisément sur la fente où les deux valvules postérieures se touchent, lorsque l'ouverture se ferme. $ IT. Des glandes salivaires de la téte, et de leurs conduits excréteurs. En examinant la lèvre molle et charnue (fig. 2 et 3, n° 1) fixée au premier cartilage annulaire, dont la partie supérieure correspond à l’os inter-maxillaire et la partie inférieure à la mâchoire inférieure, on trouve, après avoir enlevé l'enveloppe cutanée, d’abord une couche de tissu cellulaire peu graisseux , dans lequel se rami- fient les vaisseaux et les nerfs (fig. 2, n° 1), etau-dessous une couchede fibres longitudinales naissant du cartilage annulaire , et s'étendant d’arrière en avant sur toute la lèvre (fig. 3,n° 28) jusqu'au sphincter qui fait le tour de la lèvre entière (n° 2) : c’est sous cette couche que se trouve l’organe qui doit être la glande salivaire. Cet or- gane se compose de fibres longues d’une ligne et demie jusqu’à deux lignes, se dirigeant perpendiculairement des fibres longitudinales vers la membrane qui tapisse la cavité de la bouche. Comparées sous le microscope avec les fibres musculaires du même animal, les fibres de la prétendue glande salivaire n’offrent aucune diflérence (29) avec celles-là. Les prétendues glandes salivaires laté- rales (n°21), dont M. Rathke a décrit clairement et en détail la situation et la figure, ont une structure tout-à- fait semblable; elles se trouvent de toutes parts entou- rées d’une membrane fibreuse qui s'étend aussi aux museles voisins et s'attache aux cartilages entre lesquels ces muscles sont situés. C’est à la face interne de la membrane fibreuse dont il s’agit, que s’attachent les fibres dont l'organe entier se compose ; elles suivent une marche presque horizontale de dedans en dehors, et vers l’extrémité postérieure et plus large de l’organe, elles prennent une longueur de quatre à cinq lignes. Par suite de cette direction horizontale des fibres de dedans en dehors , l’organe prend un aspect glanduleux (fig. », 3, n° 21) lorsque la membrane fibreuse est enlevée , mais on n’y reconnait pas, même à l’aide d’un bon micros- cope, cette structure dense , ces granulations très-fines, et ce tissu muqueux si ferme , qui caractérisent, suivant M. Rathke, les glandes des Lamproies. Dans la partie la plus large et la plus épaisse de l’or- gane en question, se trouve de chaque côté une poche allongée et arrondie, un peu comprimée de haut en bas, étranglée dans son milieu (fig. 1, 2, 3, n° 22), con- tiguë en dedans et en dehors à la membrane fibreuse , et entourée en haut et en bas, en avant et en arrière, par les fibres de l'organe musculeux. Cette poche, qui contient un liquide brunâtre assez consistant , et dont la surface interne paraît être un peu floconneuse, ne communique en aucune manière avec l'organe considéré comme glande salivaire ; seulement comme elle a son plus grand diamètre en dehors , les fibres de ses parois vont en se ( 30 ) rapprochant de dehors en dedans sous forme d’un angle aigu, de manière qu’elles se touchent presque récipro- quement à leur extrémité interne. De la partie amtérieure et inférieure de la poche , naît un caual assez large (n° 25) qui, caché dans une pe- tite étendue sous la membrane fibreuse et entre les fibres musculaires (fig. 1, 3, n°25), parait ensuite à décou- vert, entouré seulement par une gaine fournie par la membrane fibreuse , se porte en devant, traverse de chaque côté le cartilage lingual , et pénètre par le carti- lage sous-maxillaire dans la cavité de la bouche, dans laquelle il se termine à une ligne et demie de distance environ de la série interne et continue des dents, au dessus et en arrière de la seconde dent de cette série (fig. 1; une sonde est introduite dans l'ouverture du canal , de chaque côté ). D'après ces recherches, il n’y aurait donc à regarder comme organes sécréteurs de Ja salive que les poches avec leurs conduits excréteurs ; les organes situés dans l'épaisseur et près de la lèvre, et environnant cette poche , ne seraient que des muscles, dont les premiers serviraient sans doute à la succion, et les derniers à l'excrétion de la salive; ce qui est d’ailleurs à éclaircir par des recherches ultérieures. S HT. Des nerfs cérébraux et rachidiens. Les nerfs déjà bien décrits par M. Ratbke et par d'autres seront seulement indiqués par leur nom. Ceux qu'on trouve sur la Lamproie sont les suivans : l’olfac- tif, V'optique, Voculo-moteur et le pathétique ; les deux ( 31) derniers entrent dans l'orbite par le même trou que le nerf optique , et se distribuent aux muscles du globe de l'œil. Le trijumeau (fig. 3, n) entre du crâne dans l'orbite par une ouverture à part, au devant de la capsule, audi- tive (fig. 2, n° 6), entre le nerf de la sixième paire (abducteur ) et Le nerf facial (communicans faciei , por- tion dure de la septième paire ). Parveuu dans l'orbite, il se divise de suite en trois branches. | La première branche (fig. 2, 3, a) se dirige en haut et en avant, au dessus des muscles du globe de l'œil, le long de la paroi postérieure de l'orbite; sorti de cette cavité, il se continue sur l'os (le cartilage) nasal (fig. 2 et 3, n° 4), sur lequel il passe à travers une petite bande cartilagineuse, et de là sur le vomer (fig. 2 et 3, n° 3), où il se divise en plusieurs rameaux , et se dis- tribue à la partie supérieure de la lèvre de chaque côté (n° 1), après avoir donné des filets aux muscles de la lèvre et aux barbillons du bord de ceue dernière ( fig. 2e | La seconde branche (fig. 6 et 7, b) passe à travers l’a- ponévrose qui sert à fermer l'ouverture qui reste entre l'arcade zygomatique et la paroi postérieure de l'orbite, Elle s'applique à la face inférieure de l’arcade zygomati- que, et fournit aussitôt après son origine un rameau (fig. Ger 7, c) qui, placé au milieu entre Ja seconde et la troi- sième branche et au-dessous de l’arcade zygomatique , se porte en avant ; entre les muscles de l'os palatin (n° 20) et ceux qui entourent les poches salivaires (n° 21), donne quelques filamens aux muscles, se distribue à la màchoire supérieure et à ses muscles {n° 2), et se ter- ( 32 ) mine à l’extrémité antérieure du grand musele natatoire. Le tronc lui-mème (fig. 2 et 3, b) se rend sous l’ar- cade zygomatique , et parvient du bord extérieur de celle- ci aux muscles de l’organe salivaire ; il est d’abord re- couvert par le grand muscle natatoire , auquel il donne des filets ; ensuite il se dirige en avant , le long du bord supérieur de ce muscle, et se termine dans les parties latérales de la lèvre, où il se distribue également aux barbillons. La troisième branche (d), située au milieu des deux autres , prend naïssance à la partie postérieure du tronc , passe sous l’arcade zygomatique (n° 5) , entre les muscles de l'os palatin et de l'organe salivaire , se porte, à côté du rameau (c) de la seconde branche (b), près de la limite qui sépare ces muscles du pharynx (27), vers le devant, donne de gros filets au pharynx (0), et passe en - suite par un canal particulier, situé entre les points d’at- tache des deux longs muscles qui naissent du cartilage lingual (n° 16, 19). Ce canal traverse le cartilage formé par la réunion de l’inter-maxillaire et de la mâchoire in- férieure , et qui supporte la lèvre (n° 23); le nerf, par- venu hors du canal , arrive aux muscles de la lèvre , se dirige en haut le long du bord antérieur du cartilage inter-maxillaire , et envoie des filets (p) aux dents ; son extrémité va rencontrer celle de l’autre côté, pour se distribuer dans les dents supérieures de la lèvre. Le nerf abducteur (sixième paire) entre dans l’orbite par une ouverture à part au devant du trijumeau , mais à une assez grande distance du nerf optique et des deux autres nerfs accessoires de l'œil : c'est là le nerf acces- soire qui a été mentionné par M. Rathke. (Z. c., p. 77.) (38) Le nerf facial (communicans faciei ; portion dure de la septième paire) (fig. 3, g) sort du cräne, entre le trijumeau et le nerf acoustique, traverse la paroi anté- rieure dé la capsule auditive, et se divise là en deux branches. La branche antérieure (f) marche de haut en bas et d’arrière et en avant , sur ia face supérieure de l’arcade zygomatique (n° 5 ); couverte par le globe de l'œil, elle parvient an bord antérieur de l’orbite, se dirige là sur le muscle natatoire , et y pénètre, en s’y distri- buant, d’arrière en avant. La branche postérieure (e) contourne la capsule auditive le long de son bord infé- rieur, et se joint derrière elle au nerf accessoire de Willis (1) à l'endroit même où ce nerf se détache du tronc com- mun dunerf vague (4) et du premier nerf branchial (X). Le nerf acoustique pénètre , aussitôt après son origine, dans la capsule auditive. Derrière ce nerf sort du crâne le tronc commun (r) du nerf vague, de l’accessoire de Willis, et'du premier nerf branchial , qui se divise sur son passage en trois branches. Le nerf vague (g), qui forme la branche du iilieu , se dirige en arrière, le long de la colonne vertébrale , et fournit un rameau à chaque paire de muscles bran- chiaux, les deux premiers exceptés; ce rameau se porte en dedans, et se distribue aux branchies. Après avoir donné six rameaux branchiaux (k), le nerf vague se continue en arrière sous forme d'un mince filet qui va aux organes abdominaux. La branche supérieure du tronc commun , ou le nerf accessoire (1), se dirige le long des apophyses transverses du tube vertébral à la partie postérieure du corps , et se distribue aux muscles. XIII. ne) (34) La troisième branche, ou le premier nerf branchial (A), pénètre dans la profondeur entre le premier et le second sac branchial , pour s’y distribuer de la même manière que les rameaux branchiaux du nerf vague se distribuent aux autres sacs des branchies. Le dernier des nerfs cérébraux (7) (le glosso-pharyn- gien?) prend naissance de la moelle allongée par trois racines, dont les deux antérieures se réunissent immé- diatement, tandis que la troisième ou postérieure ne vient s’y joindre qu'en dehors du tube cartilagineux. A sa sortie , le tronc fournit trois petits filets qui passent sur le nerf accessoire , et dont les deux postérieurs se per- dent dans les muscles ; l’antérieur, plus considérable , fournit une branche qui revient en avant et se dirige vers le nez : le tronc lui-même passe sur le nerf vague et sur le premier muscle branchial, auquel il donne quelques filets, et se termine, en se divisant en plu- sieurs rameaux, dans les muscles de la langue. Les nerfs vertébraux (m) pénètrent au dehors du tube carülagineux , immédiatement au-dessous du nerf ac- cessoire ; ils se dirigent le long des prolongemens ten- dineux (côtes) qui partent des apophyses transverses ; ils vont se distribuer aux muscles de la natation et des branchies , et en passant à travers ces derniers , ils en- voient des rameaux aux parties profondes. Ces rameaux s'anastomosent avec le nerf vague, et produisent avec celui-ci une apparence de renflemens, rappelant Îe nerf grand sympathique. EXPLICATION DE LA FLANCHE I. Fig. 1. La tête du Petromyzon marinus , représentée par sa face infé- rieure, de manière qu’on puisse voir l’intérieur de la bouche : l’en- veloppe extérieure est enlevée. Dans la profondeur de la cavité de La (35) bouche, on voit la pointe de la langue et les dents qui la garnissent. Au devant d'elle, et derrière la série dentaire, composée de sept dents ünies par la base , on aperçoit les ouvertures extérieures des conduits excréteurs de la salive, dans lesquels sont introduits deux stylets ; sur la lèvre elle-même , les dents disposées en séries courbes, dont les plus rapprochées du pharynx sont les plus grandes et unies par leur base : la membrane aponévrotique recouvre encore les muscles qui renferment la poche salivaire. La position de la poche et la marche de son conduit excréteur sunt indiquées par des points. — 26. Lieu où le conduit devient libre. — 30. Muscle qui prend naissance du cartilage lingual , et va se joindre aux grands muscles natatoires. (Les autres numéros indiquent les mêmes organes que dans la figure suivante.) Fig. 2. La tête et le thorax de la Lamproïe, vus du côté gauche. Les muscles natatoires, les apophyses transverses du tube vertébral, l'œil, avec toutes ses parties, sont enlevés pour laisser apercevoir les arcs branchiaux , les muscles branchiaux externes , et la distribu- tion des nerfs. y. La lèvre charnue fixée au premier cartilage annulaire. À son bord antérieur x : les barbillons. 2. La mâchoire supérieure avec ses muscles. 3. Le vomer. 4. L'os nasal. 5. L'arcade zygomatique. 6. La capsule auditive. 7. Le cartilage lingual. 8, L’apophyse styloïde. 9. La colonne vertébrale. 10,10,10, 10, 10,10. Les cartilages inter-branchiaux : le troisième est enlevé pour faire voir Les muscles dans leur continuité; le second est déplacé de sa position naturelle, et l’on voit : æ, Vapophyse dirigée en arrière et en haut. 8 , l'apophyse en avant et en bas. y; la courbure semi-circulaire en dedans , entre les muscles bran- chiaux. d, lapophyse en avant. # , la pièce cartilagineuse courbée en forme de 5, et unissant l'arc cartilagineux avec le suivant, Z, la même pièce unissant l’arc cartilagineux avec le précédent, (36) ”, à courbure demi-cireulaire du cartilage, cachée par le trou branchial. ie Cartilage longitudinal , ‘unissant en bas les ares branchiaux entre eux et avec ceux du côté opposé. 13. La capsule cartilagineuse du cœur. 13,13, 13,13 ,13,13 , 13. Les sept ouvertures branchiales avec leurs sphincters , les valvules postérieures et l'apophÿse, sur la partie pos- térieure et interne dé l’anneau cartilaginenx. 14. Les muscles branchiaux externes. 15. Deux muscles semi-circulaires s’attachant à l’apophyse styloïde de chaque côté , et enveloppant le cartilage lingual avec ses muscles. 16, 17. Muscles de la langue. 18. Extrémité antérieure du muscle natatoire coupé. 19. Coupe du muscle dorsal , lequel s’unit avec le précédent derrière les branchies, et parcourt toute leur longueur. 20. Muscles de l’os palatin. ar. Muscles qui renferment la poche salivaire. La membrane aponé- vrotique qui recouvre ces muscles et les précédens est enlevée ; ce qui met à découvert les extrémités externes des fibres musculaires, et donne à l’ensemble un aspect glanduleux. 22. La poche salivaire. * L’évent. a , la première branche du nerf trijumeau ; b, la seconde branche ; €, un rameau de cette branche; d, la troisième branche du triju- meau ; e; le nerf facial, dont on n’apercoit que la branche posté- rieure ; f, une de ses branches enlevée , dans sa majeure partie , avec les muscles natatoires; g, le nerf vague; h,h;h,h,h, ses rameaux branchiaux ; i, le nerf accessoire de Willis ; À, le premier nerf bran- chial; Z, un nerf provenant du cerveau par trois racines ( le glosso- pharyngien);m,m,m,m;,m,m,m, les nerfs vertébraux. Fig. 3. La même tête vue du même côté ; la mâchoire supérieure , une portion du vomer, des os nasal et palatin avec leurs muscles ; la moitié supérieure de la capsule auditive , la moitié antérieure du car- tilage de l'orbite et Les barbillons , sont enlevés ; la première et la se. conde branche du nerf trijumeau et le nerf glosso-pharyngien sont coupés pour montrer la marche de la troisième et du rameau sus- maxillaire de la seconde branche , ainsi que le nerf facial , l’origine commune du nerf vague, de laccessoire et du premier nerf bran- chial , et le canal salivaire. Les signes correspondent à ceux de la figure précédente, Il faut y ajouter : (8%) 33. Le cartilage inter-maxillaire, dont on a retranché une petite por- tion pour mettre à découvert le canal par lequel La troisième branche du nerf trijumeau se dirige vers les dents. 24. L’os palatin, coupé avec ses musles, et enlevé pour la majeure partie: 25. La portion du canal salivaire , traversant des muscles qui sont en- levés. 26. La portion libre de ce canal. 27. Le pharynx musculeux. 28. Muscle longitudinal , et 29. Muscle orbiculaire de la lèvre. ñ , tronc du nerf trijumeau , et distribution de la première branche c, de la seconde branche b et de la troisième branche d , qui donne des ra- meaux o , au pharynx , passe en devant sous les points d’attache des muscles de la langue , par Le cartilage inter-maxillaire , et se ramifie , p, dans les dents. g, tronc du nerf facial à son passage par la capsule auditive. r, tronc desnerfs vague , accessoire et premier branchial. Fig. 4. Orifice branchial de la Lamproiïe, fortement grossi. 1. Le muscle sphincter. 2. La partie postérieure du cartilage annulaire du trou brahchial, 3. L’apophyse de ce cartilage. 4. La valvule antérieure. 5,5. Les deux valvules postérieures disposées avec la précédente, de manière qu’elles sont juxtaposées lorsque l'ouverture de la poche branchiale se ferme. (Zeitschrift für die organische Physik , tora. 1er, 2° cahier.) Osservarions sur quelques familles de plantes mo- nocotylédones , d'aprés les manuscrits de feu le Baron Palisot de Beauvois ; Par M. Desvaux, Directeur du Jardin de Botanique à Angers. Depuis long-temps nous désirions donner une idée de quelques part'es des manuscrits de feu M. Palisot de (38) Beauvois : e’est un devoir que nous croyons avoir à rendre à sa mémoire , afin que les travaux qu’il a laissés, imparfaits ne soient pas tous perdus pour la science. Pendant plus de dix années, ayant eu l’avantage de prendre part à ses recherches , peut-être nous est-il plus facile qu'à tout autre d'entrer dans les vues de l’auteur, ou au moins d'en retirer les fragmens les plns intéres- sans. Outre les Graminées, M. de Beauvois s'était occupé d’un travail sur les Cypéracées , dont la dissertation inau- gurale de M. Lestiboudois a pu donner une idée assez complète. La partie qui traite de la famille des Palmiers a perdue beaucoup de son intérèt depuis la publication de la Monographie de cette famille par M. Martius. Nous ne donnerons donc ici que ce qui est relatif à plu- sieurs groupes ou familles monocotylédones , dont M. de Beauvois s'était beaucoup occupé, et pour lesquels il avait fait faire un assez grand nombre de dessins , parmi lesquels nous choisirons les plus intéressans pour les joindre à cet extrait. Les Restiacées et les Joncinées avaient été l’objet de beaucoup de travaux préparatoires de la part de M. de Beauvois; mais il paraît qu'il les coupait en plusieurs familles, en adoptant nos Centrolépidées comme une section seulement de ses Eriocaulées. Aucune des fa- milles adoptées dans le travail dont nous donnons l’ex- trait ne se trouve caractérisée ; on n’y voit que la classi- fication des genres , telle que nous allons la donner, en nous réservant de les présenter ensuite dans l’ordre que nous pensons être le plus convenable. À ces noms étaient Joints des notes et des observations , et rarement ( 39 ) une rédaction des caractères du genre , encore était-elle remplie de lacunes. RESTIONÉES. * y style. TaAMmNocHORTUS. ? Loxocarra. ? CaÆTANTAUS. XX Stigmates 2-3 par- lies. Resrio. WViILLDENOWIA. SCHOENODUM. Lycinra. LePprocaRPus. ELÉGIÉES. PA lbLyLes. Caunomois P. B. HyroræÆna. Cazzopsis P, B. MS StyLEs. ELecrA. CHONDROPETALUM. CazoroPaus, ? ANARTHRIA. LepiroprA. JONCÉES. * 6 stigmates. Aconus. »* 1 style. RAPATEA. SpaATuANTaUs Desv. *R* 3 styles. + + 1 loge. Luzura. RosrrowiA Desv. ft 3 loges. Juxcus. Czpuaroxis Desv. LOMANDRA ERIOCAULONÉES. * Fleurs conformes. APHELIA. ALEPYRUM. CENTROLEPIS, Desvauxtra. ** Fleurs dissembla- bles. RAnNDALTA. Er1ocAULoN. SYMPHACHNE. Toni. XYRIDÉES. * Srigmate entier. Bonxa. #* Stigmates 3: APHYLLANTHES. Xvri1s. ABOLBODA. GENOSIRIS. Si nous en exceptons la première section des Eriocau- lonées, que nous continuons de regarder comme devant former une petite famille particulière déjà connue sous le nom de Centrolepidées , le plus grand nombre des plantes de ces cinq groupes ou familles a les rapports les plus marqués , et pour les séparer il a fallu employer les considérations de l'embryon , organe difficile à observer. Ainsi, dans les Joncnées , l'embryon est renfermé dans V'albumén , tandis que dans les Resriacées , il est placé ( 4 ) vers la base et hors de l’albumen. Les Restionées et les Elégiées de M. de Beauvois ne diffèrent que par un style simple dans les premières, et deux ou trois styles dans les secondes ; il en résulte que ce ne sont que des coupes d'une même famille. Les Joncées ou mieux les Jencinées se trouvent augmentées du genre Spathanthus, dont le genre Æcorus ne nous semble pas devoir être rappro- ché. Les Eriocaulonées , qui avaient été indiquées par M. Richard , et que nous avions aussi distinguées depuis long-temps , nous semblent devoir être restreintes à la seule seconde section. Les Xyridées sont de la création de M. de Beauvois, et se trouvent réunir divers genres qui ne nous sem- blent pas devoir être associés. À la vérité, tous ces genres sont à capsule triloculaire polysperme , comme le Xy- ris , mais ils offrent d’autres caractères qui les en éloignent : ainsi le Genosiris ( Patersonia R. Brown) doit se ranger dans les Irivrnées , tandis que le Borya doit peut-être rester en appendice à la fin des Joncinées , au lieu de se placer dans les Asphodelées, où l’a mis le sa- vant R. Brown. L'Æphyllanthes sera mieux placé dans les XyRIDÉES ; mais il y formera une section diflérente à raison de ses six divisions au périanthe, et de ses six éta- mines. Au lieu de donner la description de tous les genres qui peuvent entrer dans les familles de plantes dont nous allons parler , et qui nous semblent suflisamment con- nus , nous ne présenterons que le tableau de ces genres, tels que nous croyons qu'ils peuvent être distribués dans chacune des familles, et nous ajouterons, pour quel- ques-uns, Îles observations que nous jugerons conve- (4) nables, en donnant en même temps quelques-unes des espèces figurées dans les manuscrits de M. de Beauvois, et qui n’ont encore été publiées dans aucun ouvrage pour la plupart, ou qui méritent de l’ètre par les nou- veaux détails donnés par ce botaniste. JONCINÉÈES. ERIOCAULONÉES. CENTROLÉPIDÉES. APHELIA R. Br. RanpaziA Beauv. $z yes AcepyruM R. Br. Cewreozepis la Bill. ? DevauxiA KR. Br. RESTIACÉES. RapaTeA Aubl. SPATHANTHUS Desv. Er:ocauzon L. SymPñACHNE Desv. Toxina Aubl. XYRIDÉES. $$ 3 styles. * 1 loge. $ r style. $ 3 étamines. Rosrkowra Desv. Luzuza Dec. Xyris L. Marsipospermum Desy. Asozsopa Bonp. CazecrasrA Br. ? Jouwsowra Br. Dasyrocon Br. TamnocuorTus Berg. Loxocarya Br. Caæranraus Br. $$ 2 stigmates. $S 2 étamines . ** 3 loges. Resrio L. GaimarDIA Gaud. WizzpenowiA Th. Juncus L. Ceruaroxis Desv. \( 6 étamines, Lomanpra la Bill. 5 556 3 stigmates. APHYLLANTHES L. ScHoznopum la Bill. Lycrvra Br. Lerrocarpus Br. 6666 2 styles. Caunomotrs Beauv. Hypozxrwa Br. Cazoprsis Beauv. S6655 3 s1y2es. Ezec14 Schreb. CnoxproPerazumRot, Cazoropuus la Bill. ANARTHRIA Br. LeryropiA Br. CENTROLÉPIDÉES. Périanthe propre nul; un ou plusieurs ovaires étagés, monospermes, uniloculaires ; style simple; une seule (42) étamine par anthodes, située au dessous des ovaires, Végétation graminiforme. APHELIA (Æph. cyperoïdes R. Br.). Tab. 2, fig. 1,4, b,c,d,e. — Fleurs distiques, bispathellées ; spa- thelles inférieures coriaces échinées , la supérieure glabre plus courte; ovaire solitaire. Azepyreum (Ælep. pumilio et polygynum R. Br.). PI. 2, fig. 2. — Ovaires étagés, nombreux, nus, disposés en colonne , bispathellés à la base ; spathelles glabres : l’inférieure plus longue , acuminée. Cenrroepis (Cent. fascicularis la Bill. , et C. pulyinata N.). Pl. 2, fig. 3 et 4. — Fleurs 2 à 5 en capitule à deux spathelles ordinairement hérissées ; les ovaires avec une seule ou plusieurs écailles éparses par an- thodes , ou sans écailles. Observation. Nous ne pensons pas que le genre Cen- trolepis doive être changé en celui de Devauxia, et bien que très-sensible à une distinction qui nous vient de la part d’un botaniste aussi distingué que M. Brown, nous ne pouvons nous empècher de nous prononcer sur ces changemens de noms qui nuisent à la science ; et quand bien même l'énoncé du caractère donné par M. la Billardière eut été incomplet ou peut-être inexact , il n’en est pas moins vrai qu'il est le premier qui a ob- servé les plantes de ce genre , et que le nom , proposé par lui, doit resier dans la science. Quant à l’opinion de M. de Beauvoïis , que le genre Centrolepis pouvait four- nir aussi des espèces pour un genre Devauxia, nous (43 ) ne la croyons pas fondée , d’après les sept espèces que nous avons sous les veux. Le genre Zristicha ( Dufourea W.) que M. de Jus- sieu , dans sa revue des Restiacées ( Dict. des Sc. nat. , vol. 45, pag. 272), rapproche des plantes précédentes, n'a aucune sorte d'afhinité avec les cinq familles dont nous nous occupons ici. C’est un genre des plus anomal pour nous, s’il ne va pas dans les Nayadées. 4 RESTIACÉES. Le principal caractère des deux nouveaux genres éta- blis par M. de Beauvois dans cette famille tient à la présence de deux ou trois styles, et nous empruntons ses propres expres sions. Cannomoïs P. Beauv. , tab. 3, fig. 1. — Bracteæ trifa- riè arcte imbricatæ; glumæ nullæ; paleæ ( pe- rianthium) sex, membranaceæ, ligulares, obtuse : 3 interioribus, 3 exterioribus æqualibus alternis ; styli 2 acutissimi; stigmata complanata membrana- cea glabra ; capsula unilocularis ? monosperma ? Ce nom est dérivé de Kawwx, Canne, et ôpoios, sem- blable. C. cephalotes ; rami simplices nodosi vaginiferi ; folia radicalia (seu rami steriles ) fasciculata. Æab. C. b. spei ? Les moyens de vérification , pour savoir si cette plante 1 PAR . n'est pas déjà connue , nous manquent, et nous n’ajou- ‘ons rien à sa description , ne la possédant pas, si ce > ? ; \ A CE : nest qu'elle a, d'après même la description , calice et (44) corolle , ainsi que la presque totalité des monocotylé- dones. Cazopsis P. Beauv., tab. 3, fig. 2. — Spiculæ multi- floræ ; bracteæ undique imbricatæ : inferioribus va- cuis; glumæ nulle ; paleæ sex , 3 exterioribus , 3 interioribus alternis ; foœm. : styli 3 brevissimi; stig- mata villosa ; capsulæ.… C. paniculata N. ( Restio paniculatus ?). La plante figurée ici nous semble être le Restio paniculatus , et au surplus, toutes les espèces à trois styles distincts et non à trois stigmates plus ou moins allongés , doivent faire partie de ce genre. Le Lepyrodia hermaphrodita, tab. 3 , fig. 3, accom- pagnée des caractères de la fructification , donnera l’idée du genre , qui est assez rapproché de l’£legia , si l’on en excepte la grandeur des bractées. Le Calopsis a pres- que tous les caractères aussi de ce dernier genre, mais il est dépourvu des grandes bractées florales. JONCINÉES. M. de Beauvoiïs avait adopté notre genre Spathanthus, et en avait fait figurer les caractères d’après l’échantil- lon de nos collections. La plante sur laquelle repose ce genre et que Rudge a publié sous le nom de de Mna- sium unilaterale (Plant. guj., p. 12, tab. 11), est notre Spathanthus gujanensis, mais qui doit conserver le nom d’unilaterale,. Ce n'est qu'en comparant le Spethanthus et le Rapa- tea Aubl. (Mnasium Schr.), que l'on peut trouver les caractères distineuifs de l’un et de l’autre. Dans le ( 45 ) Rapatea , il existe deux larges spathes cordiformes , presque de même grandeur ; dans le Spathanthus, 1] n’y en a qu'un seul portant vers le milieu les fleurs sessiles, pressées, accompagnées d’un grand nombre de pail- leites subulées, tandis que dans le Rapatea, les fleurs sont pédicellées de même que les ovaires : les étamines de ce dernier genre sont à anthères ovoïdes ; dans le Spa- thanthus, les anthères sont presque sessiles et longue- ment linéaires. Rapatea. — Spiculæ multifloræ ; bratteæ undique im- bricatæ ; inferioribus vacuis ; flosculo supremo tan- tum fertili; calyx : sepala acuta rigida; corolla, petalis 3 ovatis obtusis, submembranaceis ; stamina 6, filamentis rigidis canaliculatis ; stylus filiformis apicè sub-inflatus ; capsula turbinata substipitata trilocularis : valvis medio septiferis. SPaATaANTHUS. — Flores sessiles, nervo intermedio spa- thæ inserti ; bracteæ pluræ lincares involucriformes ; calyx corollaque subpetaloidei, membranacei, sub- æquales; stamina 6; antheræ elongato-lineares , subsessiles ; stylus filiformis ; capsula sessilis. De >rabn, spathe, et Av0oc , fleur. S. unilaterale N. ( Mnasium unilaterale Rudg. ). PI. 4, fig. 1. — Scapo complanato, enode , aphyllo; foliis radicalibus longe petiolatis elongato-lanceola- tis, glabris, basi oblique cordatis. Crescit in Guyana. ERIOCAULONÉES. Si cette petite famille n’eût pas déjà été indiquée par le savant Claude Richard , nous aurions eu plus de cir- (46 ) conspection dans l'adoption que nous en faisons ici , parce que les notes laissées par M. de Beauvois sont très- incomplètes, et ne suffiraient pas pour établir un groupe distinct; car nous ne connaissons pas la situation de l'embryon, qui nous semble avoir la même position que dans les Restiacées , et alors le caractère des Eriocau- lonées se üre beaucoup plus de ceux de la végétation que de ceux de la fleur, la capsule et les graines paraïssant présenter à-peu-près la mème structure que dans les Restiacées. Les plus grandes différences entre ces deux familles tiennent à ce que les fleurs présentent des capi- tules à fleurs incomplètes , pistilifères à la circonférence et staminifères au centre ou au disque des aggloméra- ons, qui sont toujours circonscrites par un involucre imbriqué, scarieux et appliqué, excepté dans le Zonina, où il est moins marqué et plus lâche. Comme il est indispensable de multiplier le moins possible le nombre des familles de plantes, ce m'est qu'avec quelque crainte que nous établissons cette fa- mille et la suivante ; maïs il nous semble qu’il est utile qu'elles le soient, parce qu’alors si elles ne sont pas adoptées, nous ne voyons pas pourquoi les Joncinées le seraient de préférence , et pourquoi ces cinq groupes ne formeraient pas une seule famille. Mais en comparant leurs caractères , l’on trouve que sans inconvénient l’on peut les isoler : les Joncinées sont à fleurs complètes ; les Centrolépidées à fleurs incomplètes et sans périanthe propre; les Restiacées à loges monospermes et à fleurs dissemblables ; les Xyridées à fleurs complètes et à loges polyspermes ; et enfin les Eriocaulonées à anthodes pres- que décomposées, avec des fleurs dissemblables et des capsules à loges monospermes. (47) ErtocAULONEÆ. — Flores capitati; capitulum diversi- florum , involucratum ; receptaculum commune squa- mosum; squamis unifloris, extimis vacuis ; calyx * corollaque 2-3 partiti, stamina 3, 4, 6 ? flores stami- niferi in disco capituli; corolla aut basi tubulosa aut 3-petala ; flores foœminei in ambitu capituli ; perian- thüs laciniis distinctis; stylus unicus : stig. 2-3 ; cap- sula 2-3 locularis; semina solitaria. EriocauLron. — Flores pedicellati; caly x staminifera- rum trisepala ; corolla subscariosa trifida ; stamina 3-6; stigmata 3. Exempl. Erioc. repens , umbellatum , fasciculatum , setaceum. Dubi, Æ. Smithui, pusillum, pallidum , nigricans, nanum, cinereum, australe, sexangulare et triangulare. RanpazrA Petiv. P. Beauv. P1- 5, fig. 2. — Flores pedicellatis. Foœm : calyx disepala , corolla dipetala ; stigmata 2; capsula bilocularis , loculis longitudina- liter dehiscentibus. R. decangulare (Erioc: decangulare ) et les Erioc. de- pressum , densum , fistulosum et scariosum. SrHÆnrocuLoA P. Beauv. PI. 5, fig. 1. — Flos masc. : calyx disepala ; corolla tripartita , petalis 2 lateralibus simplicibus , intermedio tubæformi apice bifido ; sta- mina 4. Exempl. Ertoc. compressum et quinquangulare. SxmPHACRNE P. Beauv. PI. 5, fig. 3. — Receptaculum pilosum : pilis in fasciculos dispositis. Flos mase. ( 48 ) Calyx : sépala 3 filiformia apice pilosa ; petala basi ii tubum connata. Flos foœem : calyx ; sepala 3 apice trun- cata ; corolla membranacea , petalis basi liberis apice connatis; stigmata 3. S: xyroïnes P. Beauv. — Scapis compressis sulcatis ; basi folio vaginante elongato involutis ; foliis linea- ribus glabris obtusis basi lanigeris. Crescit in Ame- rica boreali. Ce genre reçoit son nom de la disposition de la co- rolle, qui nous semble avoir besoin d’être observée de nouveau, n'ayant pu constater ses caractères Sur nos échantillons trop peu développés. Nous croyons cette plante décrite sous un autre nom. C’est une de celles que M. de Beauvois avait rapporté des États-Unis. Tonina. PI. 5, fig. 4. — Flos masc. Calyx 3-sepalus brevissimus ; petala 3 scariosa obtusa , tubo centrali staminifero; stamina 3. Flos fœm. calyce 3-sepalo acuto stamina sterilia 3 filamentosa in tubum con- nata ; stylus pyramidatus ; stigmata 3 brevia ; capsula trilocularis. L'on ne doit regarder ce que nous présentons sur cètte famille, d’après les manuscrits incomplets de M. de Béauvois , que comme une ébauche, mais par laqueiïle l'on voit que l’organisation des espèces du genre Erio- caulon a besoin d’être observée sur toutes les espèces, et ce n’est que d’après cel examen que pourront être fixées les coupes ou genres qui devront rester dans cette nouvelle famille ; car il est constant qu'il existe des mo- difications de formes qui sont de nature à fournir des ( 49 ) caractères différentiels. Réduits à nos seules collections et possédant au plus la moitié des espèces connues, il ne nous est pas possible de compléter ce travail; il nous suflit de l’indiquer aux jeunes botanistes , pour lesquels il sera un moyen assuré de faire quelques nouvelles 0h- servations , ne füt-ce que pour ce qui regarde la coordi- nation des espèces : chose à laquelle M. de Beauvois semblait ne pas tenir assez, et sans laquelle il est im- possible de donner des travaux satisfaisans et complets. XYRIDÉES. Î : … Déjà M. Kunth, dans la Flore équinoxiale de MM. de Humboldi et Bonpland , a formé des Xyridées une sec- tion de la famille des Restiacées ; ce qui équivaut pres- que à l'établissement de la famille, surtout dans un temps où le système des sous-espèces, des sous-genres , peut faire naître aussi l’idée des sous-familles. Quel que soit le nombre des Plantes d'une famille, quel que soit celui des divisions qu'elle renferme , quand l’en- semble n’est pas une agglomération ridicule , on ne peut qu’y voir de la facilité pour l’étude ; aussi nous ne pour- rions blämer ceux qui regarderaient les cinq petites familles dont nous traitons ici que comme cinq sections de la grande famille des Joncinées. La pluralité des graines est le caractère le plus exclusif des X yridées ; caractère que l’on retrouve cependant dans quelques Joncinées ; les trois étamines , si dans le genre Xyris elles n'étaient pas portées par les pétales , ne for- meraient pas un caractère exclusif. Les pétales , vérita- -blement petaloïdes , font que l’Æphyllanthes peut se rattacher aux Xyridées , mais il s’en éloigne par son ca- XUI. 4 (50) lice, qui est aussi ‘petaloïde, tandis que le calice est glumacé dans le Xyris. Il s’en éloigne encore par ses six étamines, le Xyris n’en ayant que trois avec trois sta- minodes penicellées. Par son port, le genre Borya de M. Brown semblerait se ranger dans les Xyridées , mais uné série de carac- tères l’en éloignent. Son fruit à loges monospermes ; son stigmate simple . tandis qu’il est triple dans les Xy- ridées , sa corollé et son calicé réunis ét disposés en un long tube à limbe corollacé sexpartite ; ne permettent pas de le placer ici ; aussi est-il bien probable qu'il ne doit pas être distrait de la coordination que lui a assignée M. Brown. Si le genre Johnsonia n'avait pas un stig- mate simple , bien qu’il n’ait qué deux graines par loges, peut-être n’hésiterions-nous pas à le placer dans les Xy- ridées , ses caractères étant intermédiaires entre ceux du Xyris et de l’Aphyllanthes , puisqu'il présente un calice et une éorolle petaloïdes, et trois étamines. De toutes ces considérations , il resulte que le groupe des Xyridées , qüi ne renferme au plus encore que cinq genrés, et dans lequel peut-être il ne doit ÿ en rester que quatre, réunit une assez grande diversité de caractères, et que tous ne se trouvent présenter pour diagnose qu'une corolle péta- loïde (et un calice également pétaloïde dans quelques cas }, deux à six étamines , trois stigmates ; ét les loges du fruit polyspermes. Xvnivex. — Flores compléti; calyx glumaceus (quandoque petaloïdeus ) ; corolla tripetala colo- rata , unguiculata aut medio aut basi staminifera ; sta- mina 3 (raro 2, aut 6 fertilia), et staminodia alter- (ñ) hantia; stylus apice trifidus ; capsula trivalvis poly- sperma ; placentæ parietales. — Herbæ scaposæ ; scapo basi vaginato ; flores capitati basi squamosi : squamis arete :ëmbricatis. EXPLICATION DES PLANCHES. Planche 17. Fig. 1, — a , Aphelia cyperoides de grandeur naturelle ; b, épillet d’Æ- phelia yrossi ; c, spathelle extérieure grossie et vue en dedans; d, fleur ouverte avec les deux spathelles, l’ovaire et l’étamine ; 2, ovaire pédicellé , grossi. Fig. 2. — a, Alepyrum pumilio de grandeur naturelle ; b, Alepyrum polygynum id.; c, Alepyrum poly gynum grossi ; d ; ovaires sur leur axe , vus par le dos ; e , ovaires vus par devant. Fig. 3.— a, Centrolepis pulvinata de grandeur naturelle ; b, capitale grossi ; c, ovaires avec les spathelles; 4, ovaires grossis sans les spathelles. Fig. 4. — a, Centrolepis fascicularis N. de grandeur naturelle ; b ; ca- pitule grossi ; c, ovaire grossi, accompagné de spathelle et étamine ; d , ovaires grossis et isolés; e, grainegrossie. Planche 1. Fig. 1.— a, Cannomois cephalotes B. Beaux. , partie supérieure et de grandeur naturelle; b, fleur sortie d’entre les bractées et un peu grossie ; e, ovaire double de grosseur ; d, graine vue d’un côté, par le dos ; e, graine vue sur la base. Fig. 2. — a, Calopsis paniculata de grandeur naturelle; &, épillet peu grossi; c, fleur pistilifère grossie; d, fleur staminifère grossie ;e, ovaire grossi. Fig. 3. — a, Lepyrodia hermaphrodita de grandeur naturelle; #; fleur grossie ; c, capsule dans les périanthes ; d, capsule grossie et isolée ; e , capsule ouverte. Planche 17% Fig. 1. — a, Spathanthus unilaterale Desv. : sommet de grandeur naturelle; &, faisceau de paillettes entourant une fleur; €, fleur vue (52) au milieu des paillettes ; d, ox ouverte , avec les étamines et le style, de grandeur naturelle ; e, pistil grossi. Fig. 2. — a, Rapatea paludosa Aubl.: sommet de grandeur natu relle ; b, épillet non grossi; c , fleur aa milieu de l’épillet ; d , éta- mine et ovaire; e, étamine grossie; f, style grossi; g, capsule ; k, capsule ouverte grossie. Planche v. Fig. 1. — a, Sphærochloa compressa P. Beauv. de grandeur naturelle; b , fleur isolée et grossie; c , fleur staminifère très-grossie. Fig. 2. — a, fleur pistilifère du Randalia decangulare grossi; b, fleur staminifère également grossie ; c, fleur avortée ; d, graine très-grossie. Fig. 3. — a, Symphacne xyrioides P. Beauv. : sommité de grosseur naturelle ; b, fleur staminifère grossie ; c, fleur pislilifère grossie ; d , fleur pistilifère avec son ovaire , et offrant l’ovaire au milieu des pétales soudés par le haut ; e , ovaire libre grossi, vu dans les loges ; f, graine velue et grossie. Fig. 4. — a, Tonina fluviatilis Aubl. de grandeur naturelle; un ra- meau ; b, fleur staminifère grossie ; c , fleur pistilifère avec son ca- lyce et sa corolle ; d, ovaire avec ses staminodes ou étamines stériles, fimbriées. Ossenvarions sur les mouvemens spontanées des œufs de plusieurs Zoophytes : Campanularia di- chotoma, Gorgonia verrucosa , Caryophyllia calycularis, Spongia panicea, papillaris, cris- tata , toméntosa, et Plumularia falcata ; Par Rorertr E. Granr, D.-M. Ellis a observé le premier, en 1755 , que les œufs de la Campanularia Dichotoma, Lam. , séparés de ces Zoo- phytes, étaient doués d'un mouvement spontané très- prononcé. Quoique ce fait soit un des plus importans (53 ) de l’histoire de ces animaux, et qu'il se rencontre ge- néralement chez tous , il fixa si peu l'attention pendant plus d’un demi-siècle, que nous n’en trouvons pas la plus légère trace dans les écrits de MM. Lamarck, Lamouroux , Cuvier, et de la plupart des zoologistes modernes. Accompagné du docteur Schlosser, et de M. Ehret, Ellis examina sur la côte de Sussex la Cam- panularia dichotoma vivante ; et il trouva sur elle plu- sieurs vésicules, dont quelques-unes contenaient des œufs attachés à un cordon ombilical; ce cordon était vu distinctement à travers l'enveloppe transparente de la vésicule, et avait son origine à la partie centrale et charnue de la tige. « Dans d’autres vésicules , dit-il, nous découvrimes que ces œufs commençaient à s’ani- mer; ils nous parurent être évidemment de jeunes po- lypes vivans, qui déployaient dans un ordre circulaire les griffes qui partaient de leur tête, comme dans les autres polypes. Pendant que nous étions occupés à les examiner, nous en vimes quelques-uns qui , s’étant dé- tachés , tombèrent au fond du verre plein d’eau où nous . les avions mis: ils commencèrent ensuite à se mouvoir et à s'étendre , de la même manière que les polypes d’eau douce. » (Ellis, Æssai sur l'Hist. nat. des Cor., pag. 116.) Cette observation d’Ellis, quoique incomplète dans ses détails, est cependant satisfaisante quant aux mou- vemens des œufs qu'il vit s'échapper des vésicules. Comme ces espèces de Campanularia se trouvent en abondance sur les rochers de Leith, et qu'à cette épo- que (mai ), ils présentent les œufs dans leur état de ma- y Cr . . x 22 turité , j'ai examiné leurs mouvemens singuliers à l’aide (54) du microscope, et en présence de quelques amis versés dans la connaissance de la structure de ces animaux. Les œufs mouvans qu'Ellis a observés, n'étaient pas, comme il le suppose, les espèces de corps semblables aux polypes qu'il a représentés (pl. 38, fig. 3. BBB) suspendus à l'ouverture des vésicules du polypier, mais bien des œufs qui étaient tombés de ces eorps. En effet, ces corps, vus au microscope , sont des capsules minces, transparentes et sans mouvement , contenant chacune trois œufs distincis, et présentant à leurs extrémités libres plusieurs pointes étroites , divergentes et dures , qu'Ellis prit pour les tentacules d’un jeune polype, et c’est ainsi qu'il fut conduit à croire que le polype était la première partie formée du Zoophyte; ce que l’ex- périence m'a démontré ne pas être. Le mode de généra- tion , dans les Sertularia, par le détachement de nom- breuses capsules, contenant des œufs enveloppés dans une matière visqueuse, était connu de Cavolini qui, qua- rante années auparavant , avait relevé l’erreur d’Ellis, touchant les corps semblables aux polypes ; et qui soup- çonna que les vrais œufs contenus dans ces capsules pourraient bien exécuter le même genre de mouvement qu’il avait observé dans d’autres Zoophytes, maïs ayant obtenu les œufs après leur expulsion des capsules, il ne pût confirmer ses conjectures. Comme j'avais déjà ob- servé , à travers les vésicules transparentes de la Plu- mularia falcata , les mouvemens et même les cils des œufs qui y étaient contenus, je placai une des cap- sules, qui pendait au cordon ombilical et sortait d'une vésieule de la Campanulaire Dichotome, sous le mi- eroscope , et j'aperçus distinctement un courant qui tour- ( 55 ) nait le long de la surface des œufs qui y étaient con- tenus, et autour d'eux cette zône particulière et vi- brante que nous avions toujours observés sur les sur- faces ciliées, lorsque les cils étaient dans un mouve- ment trop rapide , pour être vus distinctement. Je laissai les trois œufs s'échapper dans l’eau du verre, après avoir déchiré la capsule qui les tenait captifs , avec deux aiguilles , et ils commencèrent immédiatement à aller et venir sur le fond; je pus alors apercevoir les cils vi- brans de leur surface , à mesure que les œufs s’avan- çaient. Je n'ai jamais observé plus de deux œufs dans les vé- sicules de la Plumularia falcata , et dans cette espèce ils ont l’espace nécessaire pour arriver à leur pleine ma- turité en dedans des vésicules. Les œufs de la Campa- nularia dichotoma sont très- petits, formés régulière- ment de corps ovales, d’une couleur laiteuse, semi- opaque : les cils distribués sur leur surface, les poussent dans une seule direction ; ce sont de très-petits filamens qu’on peut comparer aux petits poils qui couyrent le corps humain, et qui ont pour fonction essentielle d’empê- cher les œufs &e tomber par leur propre gravité , comme cela a lieu dans les semences des plantes , et d’être en- terrés daus le sable. Cavolini continua, pendant deux années consécu- tives, 1984 et 1785, ses recherches sur la structure de la Gorgonia verrucosa Lam., et il observa partiquliè- rement les mouvemens spontanés , et le développement de ses œufs. Ses observations sur ce Zoophyte , sont un modèle de patience.et de sayoir faire dans l’histoire de la zoophytologie, Il examina la position de l'ovaire à la base (56) de chaque polype , et observa la manière dont les œufs se déchargent par huit petites ouvertures qui s'ouvrent entre les bases des hnit tentacules ; il a donné des des- sinus très-grossis des formes que les œufs prennent en nageant , ainsi que de leur aspect lorsqu'ils vont s’ou- vrir. Îl a observé aussi que les œufs étaient tous à-peu- près ovoïdes, qu’ils passaient à travers l’ouverture leur bout le plus pointu dirigé eu avant, et qu'aussitôt qu’ils étaient sortis, ils tournaient tout-à-coup leur autre ex- trémité arrondie en avant, et continuaient à nager de cette manière. En coupant une petite portion de Ja surface extérieure de la base d’un polype , Cavolini y vit ordi- nairement cinq œufs d’une couleur rouge très- vive, semblables à ceux qu’il avait vus passer à travers les ou- vertures. Dans le mois de juin, il observa les polypes des Gorgonia au moment où ils déchargèrent leurs œufs ; une portion de ce Zoophyte, haute seulement de six pouces, déchargea quatre-vingt-dix œufs dans l’espace d'une heure. Les œufs montèrent d’abord dans une di- rection spirale à la surface de l’eau, puis ils nagèrent ensuite dans une direction horizontale vers le bord , sans Changer de forme. Sous le microscope , il observa plu- sieurs fois l’œuf changeant sa forme allongée en celle d’une sphère , et il fut plus d’une fois surpris de voir l'œuf se détacher avec rapidité de la place où il était, et garder un mouvement constant et rapide durant tout le temps qu’il l’observa. En regardant encore au fond du vase où était la Gorgonia , il trouva que tous les œufs s'étaient rangés autour du bord, ayant leur extrémité arrondie appliquée sur les parois du vase, et lorsqu'il lés poussa avec une aiguille , ils changèrent leur forme (57) d'une manière extraordinaire , et continuèrent à nager dans toutes les directions. Dans la Caryophillia calÿcularis Lam. (Madrepora calycularis Lin.), Cavolini observa que les œufs, comme ceux des Gorgonia , étaient en état de maturité au prin- temps, et se déchargeaient de la même manière à travers des petites ouvertures distinctes entre chaque tentacule : en regardant à travers les ‘ôtés transparens du polype, on voyait que la situation des œufs y était la même ; ils avaient la même forme ovoïde, mais ils étaient d’une couleur rouge plus foncée que ceux de la Gorgonia, et un peu plus grands; ils exécutaient les mêmes phéno- mènes ; ils allaient et venaient dans l’eau , nageaïent à sa surface, changeaient leurs formes de la manière la plus variée à la plus petite irritation, et lorsqu'ils étaient déchirés sous le microscope , ils montraient dans leur structure la même substance granulaire. Le récit détaillé que Cavolini a donné des mouvemens spontanés des œufs de ces deux Zoophytes, s'accorde d’une manière si remarquable avec ce que j'ai observé dans d’autres genres, que je n’ai pas le moindre doute qu'ils ne soient produits de la même manière, c’est-à- dire par la vibration rapide de petits cils distribués sur leur surface ; mais ces cils n’ont échappé probablement à ses observations, ainsi qu’à celles d'Ellis (dans la Cam- panularia), que parce qu’ils n'avaient pas les moyens de les rendre distincts, en les grossissant à l’aide de bons instrumens. Dans un Mémoire sur la structure et les fonctions de l'Éponge , que j'ai lu à la Société Wernerienne en ( 58 ) mars 1825 (1), j'ai décrit les singuliers mouyemens que j'avais observés dans les œufs des Sporigia panicea, papillaris, cristata et tomentosa ; depuis le moment de leur expulsion des orifices, jusqu'à celui où ils se fixént d'une manière permanente pour se développer à la surface du verre de montre , et j’ai parlé des cils que j'avais découverts à l’aide du microscope , sur la surface des œufs, et que j'avais vus vibrer durant le temps ou ceux-ci se mouyaient dans l’eau , et même un peu de temps après qu'ils s'étaient fixés. Les détails qui concernent la formation et le déta- chement de ces œufs, leur structure au temps de leur expulsion , et les changemens qu’ils subissent pendant que leurs corps se fixent et se développent, sont un des phénomènes les plus curieux de l’histoire naturelle , et quant à ce qui regarde leurs mouvemens spontanés, Je rappellerai ici qu'ils ont à-peu-près la forme d’un œuf, que leurs cils couvrent leur surface entière , ex- cepté l'extrémité postérieure arrondie , où je n’en ai ja- mais distinctement apercu , et qu’en nageant , ils portent toujours en avant leur extrémité la plus large. Ils ont une structure granulaire et une surface rude, comme les œufs des Gorgonia ; mais ils re changent pas leur forme, pendant qu’ils ragent , comme les œufs de plu- sieurs autres zoophytes, ils semblent couler avec des mouvemens doux et réguliers. Après être restés quelque temps dans l’eau , ils reviennent généralement à la sur- face, et se collent autour des bords. Lorsque l’un d’eux est placé dans une goutte d’eau, sous le microscope , on Ë 8 ; (x) Voyez Annales des Sciences naturelles , tom. xt. (59) voit les mouvemens des cils cesser graduellement et se. rétablir de nouveau sans que l’œuf subisse le moindre changement de forme. En coupant un œuf de la Sp. pa- pillaris transversalement par le milieu, les cils de sa moitié antérieure conservent les mêmes mouvemens pen- dant vingt-quatre heures : la forme de l'œuf et son ap- parence générale varient avec les espèces, el sont très- faciles à distinguer. À yant examiné ces œufs durant deux années et ayant varié mes expériences de toutes les ma- nières possibles , je doïs regarder les monvemens spon- tanés dans les espèces dont je viens de parler comme suffisamment établis par des observations directes et par l’analogie des autres Zoophytes. Il était néressaire de rappeler avec quelques détails ces faits importans , afin qu’on püt mieux juger la na- ture de ceux qui ont été observés en étudiant les Cam- panulaires, les Gorgones , les Caryophyllies et les Plumulaires. Les observations que j'ai faites dernièrement sur les œufs de la Plumularia falcata Lam., n’ont pas été moins satisfaisantes que celles que j'ai répétées si sou- vent sur les œufs des Éponges. J'ai sorti des œufs de l’in- térieur des vésicules de la Plumularia, et j'ai examiné leurs mouvemens spontanés sous le microscope ; en pré- sente de naturalistes expérimentés. Jai présenté à la Société Wernérienne huit de ces œufs , qui se sont dé- veloppés sur les paroïs d’un vase rempli d'eau de mer. Cette espèce est très-commune dans les parties les plus profondes du détroit de Forth; ses vésieules sont très- nombreuses, et ses œufs sont en pleine maturité au commencement de mai : ils sont grands, d’un brun ( 6o ) clair ; semi - opaques, à-peu-près sphériques , com- posés de petits grains transparens , ciliés. Il y a deux œufs dans chaque vésicule ; ainsi ils n’ont pas be- soin de capsules externes, ils ont un espace suflisant pour parvenir à leur maturité. En plaçant une vésicule enuère, avec ses deux œufs, sous le microscope, on aper- çoit à travers les paroïs transparentes des cils qui vibrent sur la surface des œufs qui y sont contenus, et les cou- rans produits dans le fluide par leur mouvement. Lors- qu'on ouvre la vésicule avec deux aiguilles, dans une goutte d’eau de mer, les œufs nagent de côté et d’autre dans l’eau , d'abord lentement, puis ensuite plus prom- ptement , et les cils les poussent toujours en avant. Ils sont fort irritables, et contractent fréquemment leurs corps pour exécuter ces singuliers changemens de forme , dont Cavolini a parlé; ces contractions s’obser- vent surtout lorsqu'ils viennent en contact avec un che- veu , un filament de conferve , un grain de sable ou quel- qu'autre petit objet. Elles sont particulièrement remar- quables et fréquentes durant le temps où l’œuf s'attache d’une manière permanente à la surface du vase ; après qu'il s’est fixé , ils devient plat et circulaire, et les par- ties les plus opaques contenues dans son intérieur prennent un aspect radié, de manière qu’ils ressemblent, même à l'œil nu, à autant de petites étoiles grises , ayant les intervalles entre les rayons remplis d’une ma- tière transparente et incolore , mais qui semble s’endur- cir comme la corne. La matière grise se gonfle dans le centre où ces rayons se rencontrent ,. et s'élève perpen- diculairement, environnée par la matière cornée et trans- arente; c’est ainsi que se développe le tronc du très- P 3 (61) jeu ne zoophyte. Les premiers rayons qui se forment ainsi, représentent la racine du zoophyte ; la tige vient ensuite : déjà elle est visible, et l’on n’aperçoit encore aucun polype. Par conséquent , ces polypes ne sont pas les parties qui se forment én premier dans ce zoophyte, mais ce sont des organes qui paraissent long-temps après la formation de la racine et de la tige , comme les feuilles et les fleurs d’une plante. * D’après ces observations, il paraît démontré que les œufs de plusieurs zoophytes, lorsqu'ils sont nouvelle- ment détachés , ont le pouvoir de se soutenir dans l’eau par le mouvement rapide des cils placés sur leur surface; jusqu'à ce qu'ils soient portés par les vagues ou par leurs propres mouvemens , à une place favorable à leur accroissement , où ils fixent alors leurs corps dans la meilleure position pour le futur développement de leurs parties. De nouvelles observaions pourront démontrer si cette loi est commune à tous les zoophytes: ( 62 ) Descriprion d'un genre nouveau d'insectes de l’ordre des Parasites ; Par M. Leon Durour, D.-M. Frisch a figuré, dans sa Description des Insectes d’Al- lemagne, un Pou de l'abeille que Linnæus désigna sous le nom de Pediculus apis, en l’accompagnant de cette courte phrase spécifique : filiformis, ferrugineus. Les éditeurs des ouvrages de ce grand homme se sont bor- nés à répéter cette phrase, et Fabricius l’a reproduite dans ses divers écrits sans avoir, à ce qu'il paraît, sou- mis cet insecte à son observation directe. Le silence de M. Laireille sur ce dernier, annonce que son existence ne lui paraissait pas suffisamment constatée pour l’ad- mettre parmi les espèces de parasites qu'il a décrites ou mentionnées. On peut même croire qu'il l’a exclu im- plicitement en disant dans ses généralités sur cet ordre, que ces animaux passent leur vie sur le corps des qua- drupèdes et des oiseaux , dont ils sucent le sang. Je vais chercher à dissiper les incertitudes relatives à l'histoire naturelle de ce petit parasite. Dans les premiers jours de juillet de cette année 1827, je rencontrai aux environs de Saint-Sever, sur quelques individus de l’Ændrena carbonaria de Fabricius, une espèce de pou infiniment petite et assez agile qui, par la fofme allongée de son corps et sa couleur d’un roux pâle , me parut devoir appartenir au Pediculus apis de Linnæus. Je m'empressai de l’étudier avec le secours de la loupe et du microscope , el je m'apercus bientôt qu'il (65 ) offrait une foule de traits qui l’éloignaient des genres Pou et Ricin, qui constituent à eux seuls l’ordre des Parasites dans le cadre entomologique de M. Latreille. Je vis aussi que le nombre des ongles qui terminent sés pattes, ne permettait pas de le comprendre dans la fa- mille des Pediculidea du docteur Leach , ou dû moins qu’il devait faire modifier l’expression des caractères de cette famille. Comparant ensuite le parasite de l’An- drène avec une figure du pou de l’abeillé , insérée dans la planche 253 de l'Encyclopédie et copiée sans douté sur celle de Frisch , je trouvai cette figure si défectueuse dans le cas où elle représéntérait notre parasite , que je me confirmai davantage dans la nécessité d'élever celui- ci au rang de genre nouveau , et de le dessiner avec soin. J'ai consacré à ce nouveau genre de l’ordre des para- sites le nom de Zriungulinus (Trioneuzin ), qui ex- prime un de ses traits les plus distinctifs, fourni par le nombre de ses ongles, et sa place naturelle est éntré le Pediculus et le Ricinus. On le caractérisera de la ma- nière suivante. Corps allongé, déprimé, d’une méme venue: Tête distincte , portant des antennes , des yeux et des palpes. Tronc formé de trois pièces égales, où s’articulent les pattes. Abdomen de Ja largeur du tronc, divisé en dix segmêns égaux. Antennes insérées du devant des yeux , composées de trois articles distincts , dont le dérnier se terminé par une soie simple aussi longue qu’elles. Deux palpés saillans , d’un seul article oblong et droit. Bouche inférieure peu apparénte. Yeux latéraux arrondis. Sis pattes à-peu-près égales entre elles. Tarse formé par un ( 64 ) seul article fort court , en quelque sorte rudimentaire ; où s'implante une grifie plus ou moins repliée vers l’axe du corps , et composée de trois. ongles ou crochets dis- tincts, cornés, pointus , mobiles. Dern'er segment de l'abdomen, terminé par deux longues soies simples, inarticulées. Insecte vivant sur les Hyménoptères velus, ayant une démarche assez agile. I] serait oïseux et superflu d'exposer ici en détail les caractères différentiels du Triongulin, comparés avec ceux des autres genres de la famille des Pédiculidés du docteur‘ Leach : il suflira de répéter, que des tarses tous tridactiles et des soies inarticulées terminant les antennes et le segment anal de l’abdomen , sont des traits organi- ques qui lui sont exclusivement propres. Je vais esquisser maintenant la description de les- pèce. Triungulinus Andrenetarum , Trionquzin pes ANDRE- NETES. PI. 0, fig. B. An pediculus apis ? Tän., Syst. nat., 2, 1020, 40. Pallide rufus glaber ; abdominalium segmentorum angulis posticis spinula terminatis ; penultimo seg- mento spinula longiori setiformi utriusque munito. Cet insecte n’a pas tout-à-fait une ligne de longueur ; il est grêle , uniformément étroit dans toute son étendue : ce qui justifie l’épithète de filiformis donnée par Lin- næus à son Pediculus apis. Tête arrondie, avec les yeux noirâtres bien marqués. Antennes au moins aussi longues que la tête ; le premier article fort court, le se- cond oblong , légèrement renflé en dehors , le troisième (65) cylindroïde, aussi long que le précédent , mais plus grêle, et se terminant par une soie dont l'insertion est brusque. Palpes insérés , un de chaque côté, en dessous des tégumens supérieurs de la tête, formés d’un seul ar: ticle oblong , cylindroïde, pàle, glabre. Les trois pièces qui constituent le tronc sont à-peu-prèés carrées avec les angles obtus ; chacune d'elles donne insertion à une paire de pattes : celles-ci sont de moyenne longueur, très-propres à la marche, égales ou presqu’égales entre elles ; les antérieures sont cependant un peu plus cour- tes. Hanche composée de deux articles courts, où le mi- croscope découvre quelques poils. Cuisse plus grosse que la jambe, et légèrement cambrée. Tibia de la lon- gueur «le la cuisse. Ongle intermédiaire de la griffe, plus loug que les latéraux, et terminé en pointe de lancette. Ces ongles, susceptibles de divers mouvemens de dé- duction et d’inflexion , servent au Triongulin pour s’ac- crocher avec force aux poils des Hyménoptères, dont il est parasite ; il est mème difficile de lui faire lâcher prise: Segmens de l'abdomen ayant la forme d’un carré long transversal, Chacun d’eux a ses angles postérieurs ter- minés par une très-petite pointe ou poil corné subulé, que le microscope met en évidence. Le pénultième de ces segmens a de chaque côté une véritable soie plus longue que le poil subulé des précédens , maïs bien plus courte que celles qui s’observent au dernier segment : ces dernières égalent au moins l'abdomen en longueur. EXPLICATION DE LA PLANCHE OQ, B. Fig. 1. Triongulin des Andrénetes considérablement grossi. Fig. 2. Mesure de sa longueur naturelle. L XHIT, J (66 ) Fig. 3. Antenue fort grossie. Fig. 4. Patte postérieure fort grossie pour mettre en évidence la hanche , la cuisse , le tibia, le tarse et la grifle. Normice sur la Filaria Forficulæ, espèce de ver trouvée dans l'abdomen du perce-oreille ; Par M. Leon Durour, D.-M. Vers le milieu du mois de septembre dernier, je ren- contrai une femelle de la Forficula auricularia, dont la distension du ventre annonçait une gestation avancée, et qui jouissaii d’ailleurs de toute l’agilité propre à cet insecte. Comme précisément alors je poursuivais mes investigations anatomiques sur l'appareil générateur des Labidoures (1) , je me félicitais de rencontrer un individu qui semblait m'annoncer des ovaires parvenus au der- nier terme de leur développement , et je m’empressai de procéder à sa dissection. Quelle fut ma surprise, en voyant s'échapper par une incision pratiquée aux tégu- mens de l’abdomen un corps filiforme, fort long, blanc, libre, mobile, qui, en se déroulant avec une sorte d’é- lasticité, se précipita au fond du liquide où je faisais cette vivisection |! Je m’occupai de suite à soumettre ce corps à une étude particulière. Ses mouvemens vermi- culaires, sa forme semblable à un fil très-grèle, sa structure, son hahitat, me firent d’abord reconnaître un ver intestinal de l’ordre des Cavitaires de M. Cuvier et du genre Filaria de Muller. (1) Ce travail important paraîtra dans une des prochaines livrai- sons. (R.) ( 67 ) Cette Filaire avait quarante-deux lignes de longueur, tandis que la capacité abdominale de la Forficule dont elle était parasite , en avait tout au plus cinq. Que l’on juge d’après cela combien elle devait être repliée sur elle-même pour accomoder son existence à celle de son hôte, dont la santé, je le répète, ne paraissait avoir subi aucune altération, si j’en juge par l’agilité de ses mouvemens, Son corps a un quart de ligne d'épaisseur ; il est blanc, cylindrique, d’une consistance un peu élastique. La plus forte lentille du microscope n’y rend sensible aucune trace de segmens transversaux ou de fibres annulaires, Les tégumens sont partout homogènes, lisses, diaphanes , et composés de deux tuniques su- perposées , comme je l'ai constaté par la macération. L'un des bouts de la Filaire de la Forficule est plus arrondi que l’autre , quoique d’un diamètre égal à celui du reste du corps : c’est celui qu'il faut regarder comme la tête, à en juger par ses mouvemens particuliers de tentaculation ; car, malgré les recherches microscopiques les plus soutenues, je n’ai point su y découvrir la bouche. Le bout opposé, ou la queue, est très-légèrement affilé. La pellucidité des tégumens de la Filaire permet de distinguer très-bien son tube alimentaire : celui-ci dé- bute , à une certaine distance du bord antérieur de la tête, par une origine brusque , arrondie, sans aucun vestige d’œsophage ; il se continue ensuite avec la même forme que le corps et sans aucune inflexion : il est rempli d’une pulpe blanche. Ce ver n’est point renfermé dans le tube digestif de Ja Forficule; je l'ai trouvé en dehors des viscères, au mi- lieu du üssu adipeux flottant qui s'observe abondamment ( 68 ) autour de ceux-ci, et qui paraît lui servir de nourritute. Vingt-quatre heures après avoir été extrait du corps de l'insecte , il donnait encore, dans l’eau où je le tenais , des signes non équivoques de vie. Rudolphi (1) mentionne tout simplement, et sans l'avoir lui-même observée , la Filaria Forficulæ, d’a- près une note insérée dans un journal de Hoppe en 1796, où le rédacteur dit avoir découvert dans le Carabe et la Forficule : tæniam vere articulatam. Ce célèbre hel- minthologiste ne met pas en doute que ce Tænia ne soit un Filaria. Ma description et les figures qui l’accom- pagnent contribueront , je l'espère , à éclaircir ce petit point de la science. EXPLICATION DE LA PLANCHE QG, C. Fig. 1, Filaria Forficulæ de grandeur naturelle. Fig. 2. La même fort grossie. — 4, tête; b, queue. Ossenvarions sur les habitudes de l’Anthribe mar- bré , espèce d’insecte qui vit parasite à l’état de larve (2); Par M. Vazzor, Secrétaire de l'Académie des Sciences de Dijon. ……. Le soin que vous mettez à recueillir les faits nouveaux, m'engage à vous communiquer une observa- {1} Entozoorum sive vermium , etc. , tom. 11, pag. 77; tom. xer, pag. 131 (2) MM. Duméril et Latreille avaient observé ce fait; maïs H ne paraît pas qu’ils l’aient publié. (R.) . ( 69) ion que j'ai faite, sur l’Anthribe marbré de Geofiroy , Macrocephalus scabrosus , Oliv. (Encyclop. méth., vom. vir, p- 606, sp. 6), et Ænthribus marmoratus, (Encyclop. méthod., Entom.,1. 1v, p. 161 , sp. 8.). En examinant au mois d'avril, des tiges de Spirée à feuilles de sorbier, Spiræa salicifolia, Linn., je re- marquai sur plusieurs d’entre elles des tubercules fort considérables , de la grosseur d’un pois, d’une couleur maron-clair, d’une dureté presque ligneuse, d’un lui- sant marqué , et offrant sur leur convexité un sillon léger. | Plusieurs de ces tubercules offraient une petite ou- verture par laquelle s'étaient échappés déjà , sans doute, des Misocampes, sorte de petits insectes hymenoptères qui vivent aux dépens des Cochenilles; les tubercules que j'avais observés étaient effectivement des Coche- nilles. Curieux de connaître ces productions singulières , j'en ouvris quelques-unes, et je trouvai dans toutes, une larve, qui se convertit, quelques temps après, en chry- salide, et au mois de juillet suivant, je vis, à mon grand étonnement , sortir de ces coques , formées par la peau de la Cochenille, des Anthribes marbrés, Cetie observation m’apprit que les larves d’Anthribe marbré vivent dans le corps des Cochenilles femelles , dont elles dénaturent entièrement la peau, et elleme donna l'explication d’un passage inséré par Geoffroy , dans son Aist. des Insectes des environs de Paris, tom. 1, p. 507, lorsqu'il parle du Chermes ( Cochenille de l’orme ). « IL s'attache aux petites branches de l’orme, dit-il, qui quelquefois en sont si chargées, qu'elles \ (70 ) ressemblent à des grappes. » Effectivement , lorsque les Cochenilles des tiges de Spirée contiennent la larve de l'Anthribe, elles ont cetté apparence. En rapprochant ces faits, il sera aisé de se rendre compte de l'abondance de l’Anthribe marbré sur les ormes , puisqu'il est dé- montré que la larve de cet insecte est coccivore. Mon observation ‘était faite depuis plusieurs mois, lorsque j’appris que M. Dalman en avait faiteune pareille, Ce savant avait déjà trouvé l’Anthribe minime de Geof- froy, Anthribus variégatus (Enc. 1v, p. 161), Macroce- phalus varius (Ence. vit, p. 609), dans la coque d’un Coccus. Son frère a revu des Anthribes dans un Coccus , qu’il propose d’appeler Coccus cypræola à cause de sa ressemblance avec une coquille du genre Cypræa. Je ferai observer que la ‘femelle du Coccus ne pré- sente cètte ressemblance avec uné Cypræa que lorsqu'elle contient la larve de l’Anthribe, et qu’en conséquence cette apparence ne peut pas constituer ‘une espèce. Je n’ai point caractérisé la Cochenille qui se mul- tiplie chaque année sur les pieds de Spirée que j'ai ob- servés , quoique j’en aie vu le male sortir de sa petite coque blanche , très-apparente sur lécorce. Cette Cochenille est la même que celle que j'avais vue il y a une dixaine d'années sur les branches du peu- plier Tacamahaïa , Populus viminalis , Hort. Paris. et qui me paraît avoir du rapport avec la Cochenille de l’'orme. Au surplus , le fait est signalé, et chaque entomo- logiste pourra avec la plus grande facilité s'assurer de l'exactitude de l’observation , décrire la larve et la chry- salide de PAnthribe, et surtout chercher à découvrir ( 7x) comment la peau de la Cochenille change de nature à un point tel qu’elle devient méconnaissable. Sur Les changemens de Plumage de quelques Faisans femelles ; Par M; W. YarreLzz. L'année dernière , ayant donné naissance à un grand nombre de Faisans femelles, qui ont pris plus ou moins le plumage et l'apparence des mâles, on a beaucoup discuté sur la cause de ce changement , et l’auteur ayant eu plusieurs occasions d'examiner ces faits , tant sur le Faisan que sur des Oiseaux de basse-cour, a été con- duit à observer les particularités de structure interne qui accompagnent toujours cette transformation. Sui- vant l'opinion de John Hunter et du docteur Butler, ce changement ne s'opère qu'à un àge avancé; mais M. Yarrell considère les faits qu'il a observés, comme contraires à cette idée, et pense que celte apparence peut s'offrir à toutes les époques de la vie, et peut même être produite artificiellement. Dans tous les cas qu’il a observés, il a trouvé les organes sexuels malades, et plus ou mois suivant l'étendue du changement que le plumage avait éprouvé. L’ovaire était diminué , rouge et dur, l’oviducte malade, et le canal oblitéré à sa partie supérieure immédiatement au dessous de la dilatation infundibuliforme qui correspond à l’ovaire. Ayant ou- vert une poule faisane dont le plumage était dans son (72) état ordinaire, pour établir une comparaison , 1l trouva cet organe dans le même état de maladie , ce qui prouve que la maladié existe quelque temps avant que le chan- gement de plumage qui en dépend ne s'opère. Il observe qu’il n’est pas rare parmi de nombreuses couvées de Fai- sans élevés en domesticité , de trouver quelques femelies qui, à l’âge seulement de quatre mois, prennent le plu- mage le plus brillant des mâles, et dans deux cas d’oiseaux pris à l’état sauvage, les premières plumes n'avaient pas muées, ce qui montrait que c'était des Oiseaux de l’année. Uñe perdrix qui avait une bande blanche en travers de la poitrine, et les trois premières plumés primaires de chaque aile blanche , ayant été ouverte, présenta la même sorte de maladie organique. Toutes les variétés de plumage ne dépendent pas cependant de cette cause ; mais dans la plupart des cas , les individus qui y sont sujets sont peu développés et les auteurs attribuent la variété de leur plumage à un défaut dans les sécrétions, eflet de leur faiblesse. Lorsque les organes sexuels sont oblitérés artificielle- ment dans la poule commune , si c’est sur un mâle , aus- sitôt que l’opération est faite , il cesse de chanter, la crête et les appendices charnus qui pendent des deux côtés du bec, n’atteignent pas leur taille ordinaire, les ergots restent courts et obtus, et les plumes du cou prennent une apparence intermédiaire entre celle du coq et de la poule. Lorsque l’oviducte de la femelle est oblitéré, les œufs cessent d'augmenter ; elle fait des essais imparfaits pour chanter; la crête s'accroît, et des ergots courts et émoussés commencent à paraître; le plumage s'altère (73) dans sa forme et dans sa couleur, il se rapproche de celui du coq; les os de la partie inférieure du dos n’acquièrent jamais le développement nécessaire pour donner une largeur convenable au bassin, en un mot, les deux sexes prennent des caractères si analogues par suite de ces opé- rations , qu'ilest souvent diflicile de les distinguer. Les poules faisanes prennent très-facilement le plu- mage des mâles mais imparfaitement, et il est probable qu’elles ne vivent pas plusieurs années après ce change- ment. On peut donc regarder comme une loi générale que, lorsque les sexes des animaux sont indiqués par des ca- ractères extérieurs, ceux-ci subissent un changement, et qu'ils prennent une apparence intermédiaire, lorsqu'une conformation primitive imparfaite, une maladie subsé- quente, ou une oblitération artificielle, ont privé les organes sexuels de leur influence ordinaire. NoTE sur un fémur de Mastodonte & dents étroites ( Mastodon angustidens ) , découvert dans les sables marins qui composent l'étage le plus élevé des terrains marins supérieurs des environs de Perpignan ( Pyrénées-Orientales } ; Par M. MarcELz DE SERRES, Dans la Note que nous avons publiée de concert avec MM. Dubreuil et de Christol , sur un fémur de Masto- donte à dents étroites découvert dans les environs de (74 ) Montpellier (1), nous avons fait remarquer que si la figure donnée par Daubenton d’un fémur du grand Mas- todonte était exacte, les fémurs de ces deux espèces étaient faciles à distinguer par la diversité des direc- ions de leur ligne âpre (2). Cette remarque nous pa- raît avoir pris une nouvelle importance par l’observa- tion que nous venons de faire d’un autre fémur de Mas- todonte à dents étroites , découvert dans les environs de Perpignan, par M. le docteur Bonafos , et qui pré- sente sa ligne äpre dirigée de la même maniere que celle du fémur des environs de Montpellier. Ce caractère étant constant dans les deux fémurs que nous avons eu l'occasion d'observer , et qui appartiennent à la même espèce, il est probable qu'il n’est pas pure- ment individuel mais bien spécifique. Dès-lors la dif- férence de direction de la ligne âpre distinguerait le fémur du Mastodonte à dents étroites du grand Masto- donte ou du Mastodonte de l'Ohio. Le fémur découvert dans les environs de Perpignan, et dont les dimensions sont généralement moindres que celles du fémur de Monipellier.a appartenu à un indi- vidu adulte; du moins on n’y voit aucune trace d'épi- physe.. Comme il présenie quelques différences avec ce- lui de Montpellier , il serait possible qu’il provint d’un sexe différent de ce dernier. Ces diflérences sont du reste assez légères ; elles consistent en ce que le bord ex- terne est aigu et non mousse, comme dans celui des environs de Montpellier. Le tiers inférieur qui, dans ce dernier , est planiforme dans la plus grande partie (x) Annales des Sciences naturelles, tom. x, février 1829, p. 215. (2) Mémoires de l'Académie des Sciences pour 1762. ENT TO nées te de À mi (7) de son étendue , est au contraire légèrement convexe dans le fémur de Perpignan. Nous pourrions en indi- quer quelques autres ; mais nous ne voulons point an- ticiper sur la description détaillée que M. le D° Bonafos doit donner du fémur qu’il a découvert, et qui prouve de plus en plus que le Mastodonte à dents étroites était gé- néralement répandu dans le Midi de la France à l’épo- que où des Palæotherium , des Lophiodon, des Ta- pirs , des Eléphans , des Rhinocéros et tant d’autres mammifères terrestres inconnus ou étrangers dans nos régions l’habitaient. Pour faire sentir les différences que présentent les deux fémurs sous le rapport de leurs dimensions ; nous ferons observer que , tandis que la longueur de celui de Montpellier depuis la tête du fémur jusqu'au condyle interne est de o".910, cette même longueur n’est plus que de 0.880 dans celui de Perpignan. La largeur de la partie moyenne du fémur est, dans le premier, de o®,1/40, et dans le second senlement de 0".190. Apport fait à l'Académie des Sciences sur ur Mémoire de M. Bretonneau, D.-M., entitulé : Notice sur les Propriétés vésicantes de quelques Insectes de la famille des Cantharides ; Par MM. Dumériz et LATREILLE. Nous avons été chargés par l’Académie , M. Latreille et moi, de lui rendre compte d’un Mémoire de M. le (76) docteur Bretonneau, médecin à Tours , portant le titre de Notice sur les Propriétés vésicantes de quelques Insectes de la famille des Cantharides. Ce Mémoire renferme un grand nombre de faits et d'observations nouvelles, que nous avons dû répéter avant de vous présenter ce rapport qui en contiendra l'analyse, mais dans un autre ordre que celui adopté par l’auteur, qui a cru devoir lui donner la forme d’une lettre adressée à l’un de nous. Déjà , dans son Traité de la Diphtérite, M. le docteur Bretonneau ( 218) avait consigné des expériences à l’aide desquelles il avait cherché à reconnaître , parmi les substances vésicantes , celles dont l’action plus uni- forme serait, par cela même, plus facile à graduer. IL était ainsi parvenu à borner l'effet épispatique sur les tissus , à la surface desquels il les avait appliqués, pour en circonscrire l’action , et afin, qu'il nous soit permis d'employer cette expression , d’en localiser l'effet. Dans cette investigation, M. Bretonneau avait été dirigé par les recherches intéressantes et les découvertes de M. Robiquet sur la matière essentiellement active des Cantharides , que cet habile chimiste a reconnu ré- sider dans un principe particulier qu’il a nommé can- tharidine ; substance cristallisable , mais qui est soluble dans les huiles et dans les autres corps gras. Ce fait important, le hazard l’avait appris aux praticiens, mais on ne l’expliquait pas. Il était arrivé en eflet qu’un em- plâtre vésicatoire devant être envoyé au loin, le phar- macien , dans la crainte que la matière qu’il avait éten- due convenablement sur un morceau de peau , ne se collàt et ne se dérangeàt dans le transport , avait pris la (772 précaution de la recouvrir d’un papier joseph huilé. Cet emplâtre, ainsi appliqué sur les tégumens, n’en pro- duisait pas moins bien son effet , et peut-être avec moins d’inconvénient : M. Bretonneau était d’ailleurs instruit que les médecins anglais employaïent ce procédé dans l'intention formelle d’atténuer les effets sur la vessie, et pour s'opposer à l'absorption de la matière active des Cantharides. Guidé par ces observations, M. Breton- neau , dans sa pratique médicale , fait constamment ap- pliquer les vésicatoires ainsi couverts d’un papier fin , non collé et huilé; il les fait maintenir de manière que, sans qu'ils puissent changer de place, la partie sous- jacente ne soit pas trop comprimée. Il obtient par ce procédé de grands avantages ; l’épiderme est toujours ménagé; il forme une cloche ou vésicule qui, le plus souvent, reste entière : de sorte que dans aucun cas la moindre parcelle de matière vésicante ne reste en con- tact avec la peau ; circonstance qui par cela même obvie à beaucoup d’inconvéniens , et souvent aux taches in- délébiles que laissent les vésicatoires dans les cicatrices, la poudre grise ou noirâtre se trouvant renfermée sous le nouvel épiderme. Ce sont très-probablement ces premières recherches sur l’action des Cantharides , qui out engagé M. Bre- tonneau à tenter les nouvelles expériences dont il rend compte dans son Mémoire: Eu parcourant les rives de l’Indre'et celles du Cher, et surtout dans un espace d’environ cinq lieues qui sé- pare Cormery de la ville de Loches, il eut occasion d'observer une très-grande quantité d’une espèce d’in- sectes coléoptères du genre Mylabre, très-voisine de (78) celle qui a reçu de Linnæus le nom de la plante sur la- quelle on la trouve le plus ordinairement , et qui est la chicorée. C'était en effet sur cette plante et sur d’autres fleurs de la même famille, que ces insectes étaient fixés, souvent au nombre de plus de vingt individus sur un même pied. Ii en fit recueillir une très-grande quantité, et il en a adressé avec son Mémoire deux flacons qui en contenaient à-peu-près une demi-livre, qui ont servi à vos commissaires pour répéter les expériences et les observations dont nous rendrons compte. Cette espèce de Mylabre diffère peu de celle dite de la chicorée : elle a été désignée sous le nom de varia- bilis. M. Bretonneau , d'accord en cela avec les entomo- logistes , établit par des passages de Pline le naturaliste (lib. xxx), qu'il cite en entier, que c'était bien la même espèce qui avait recu des Romains le nom de Cantharis, emprunté des Grecs. Sa description ne laisse à cet égard aucun doute ; il relate également un autre extrait de Dioscoride (cap. v, lib. 2), où l’on retrouve les mêmes détails, mais exempts des erreurs et des préjugés que l’on a si souvent occasion de repro- cher à Pline. Malgré ses recherches, M. Bretonneau n’est pas par- venu à découvrir les métamorphoses de ces insectes ; il a quelques motifs pour croire que les femelles déposent leurs œufs sous la terre, où se développeraiïent ensuite les larvés; mais il ne les a observés que sous l’état par- fait. Depuis le mois de juin jusqu'en novembre, ils se nourrissent des pétales des fleurs composées, qu'ils broutent. A l'instant où on veut les saisir, au lieu de chercher à fuir, ils se contractent et deviennent mo- | | | ( 79 ) mMentanément immobiles , en laissant suinter des articu- lations de leurs membres des goutieleutes d’un liquide jaunâtre , transparent et visqueux, qui probablement est pour eux un moyen de défense qui les empêche de devenir la proie des oiseaux. Il paraît cependant que cette humeur n’est pas désagréable par son odeur, comme celle des Cantharides; au contraire, elle est aroma- tique, analogue à celle de la rose ou plutôt à celle qu’exhalent plusieurs insectes qui vivent dans les lieux sabloneux , tels que la Cicindèle champètre ; mais par le dessèchement, cette odeur s’évanouit et se trouve remplacée par une sorte de fétidité qui est due à la dé- composition des matières animales. M. Bretonneau s'est assuré que lhumeur qui suinte des articulations, exsudation qui est commune à plu- sieurs autres genres de la même famille , coutient la ma- tiére vésicante , car une gouttelette de ce liquide, qu’il a laissé se dessécher à la surface de son bras , y a produit le soulèvent de l'épiderme et une vésicule. I] aurait dé- siré faire des recherches sur lorgane qui sécrète cette humeur chez l’insecte, et reconnaitre le réservoir qui la contient; mais il a vu qu’elle ne tardait pas à se ré- pandre sur toutes les parties, et il est à craindre de ne pouvoir isoler ce principe, qu'il regarde comme émi- nemment épispastique. Voulant comparer l'action vésicante des Mylabres desséchés et réduits en pouüre avec celle des Canthari- des, il a mis en usage des procédés absolument sembla- bles pour la préparation, le poids de la matière, les surfaces sur lesquelles le médicament a été appliqué. Dans tous les cas, l’action produite par les vésicatoires (8 ) de Mylabre, a paru plus vive; et dans l’une de ces ex: périences , qui semblait être en défaut , il a reconnu que l’action vésicante n’avait pas eu lieu, parce que la com- pression avait été trop fortement exercée sur la partie qui, en effet , a été attaquée, aussitôt que la circulation a été rétablie, en relàchant les bandes qui retenaient le vésicatoire en contact avec la peau. Quoique l’auteur du Mémoire ait fait plus particuliè- rement ses recherches sur les Mylabres , il les a appli- quées à plusieurs autres espèces d'insectes. Il avait déjà soupconné que la Cérocome de Schæffer était armée du même principe vésicant , parce qu'elle laisse aussi dans le danger suinter de ses articulations üne humeur ana- logue. Des expériences lui ont prouvé qu’un seul grain de poudre séchée de cet insecte , étalée sur un morceau de Sparadrap de l’étendue d’une pièce de deux francs , avait déterminé sur la peau de l’homme une vésicule de la même dimension. Cet insecte se trouve dans le dé- partement d’Indre-et-Loire , sur les fleurs de l’Ænthemus cotula. Toutes les espèces du genre Méloë, ou Proscarabée ; ont été reconnues douées de la même propriété vési- cante ; et par des procédés particuliers destinés à obtenir isolément la matière active ou épispastique , M. Bre- tonneau a constaté qu’elle n'existait pas du tout dans plusieurs insectes chez lesquels on l'avait soupçonnée : il en donne la nomenclature, de laquelle nous nous contenterons de citer les espèces suivantes par leurs noms launs. (81 ) Sitaris humeralis. Lagria hirta. OZ£demera cœrulea. Cistela lepturoides. Telephorus fuscus. Malachius bipustrulatus. Cerambyx moschatus. Mordella aculeata. Carabus auratus. Cicindela campestris. Notoxus monocéros. . Diaperis boleti. Calandra granaria. HHelops lanipes. Éclairé par la belle analyse que M. Robiquet a donnée de la poudre des Cantharides , et par laquelle il est par- venu à isoler le principe vésicant et à l’obtenir sous la forme de petites aiguilles insolubles dans l’eau, mais solubles dans l’alcool bouillant, dans l’éther et dans les huiles , M. Bretonneau décrit ainsi le procédé simple et expéditif qu'il a employé pour lobtenir, mêlé il est vrai à la graisse de l’insecte, mais dont il a pu la sépa- rer par la suite pour faire ses tentatives sur les animaux. Un tube dé verre, scellé à une de ses extrémités, est rempli jusqu’au tiers de sa hauteur avec les débris de l’insecte , grossièrement pulvérisés. On verse de l’éther sulfurique sur la poudre médiocrement tassée, de ma- nière à le faire surnager de quelques lignes. Le tube, bien bouché, est élevé à la température de 4o+0 cen- tigr. ; dès qu’elle est retombée à 30 et que la vaporisa- tion de l’éther n’est plus à craindre , une boule de coton cardé est enfoncée dans le tube, à la manière d’une bourre de fusil, et fortement appuyée à l’aide d’une tige de métal. En un instant , le liquide qui imbibe la poudre est absorbé, exprimé, clarifié, évaporé ; il dépose la substance grasse qui y est dissoute : c’est une huile co- lorée fournie par quelque organe extérieur, qui se com XIII. 6 (82) bine quelquefois avec la graisse proprement dite, et lui communique une teinte étrangère , C'est à ces deux substances que la cantharidine se trouve unie. Ainsi combinée , elle produit son effet épis- pastique ; mais, comme l’a démontré M. Robiquet, elle peut être étendue dans de l'huile fine, et cette huile jouit alors à un très-haut degré de la propriété vési- cante. Un morceau de papier de figure et de dimension déterminées, qui en est imbibé, devient un vésicatoire qui s’adapte aisément aux surfaces les plus irrégulières , et, suivant M. Bretonneau, aucune propriété vésicante n’est plus commode pour le traitement de l’érysipèle de la face. On obtient, dit-il, par ce procédé une vésica- tion si exactement circonscrite, qu'il a vu l’ampoule qu’elle avait produite retracer, jusqu'aux angles les plus aigus, des figures géométriques données au papier. La plupart des faits que nous venons d'indiquer, ont été constatés par l’un de nous ; M. le professeur Robi- quet a eu la complaisance de répéter les expériences de M. Bretonneau. Nous mettons sous les yeux de l’Aca- démie les Mylabres en nature, l'huile qui en a été ob- tenue par l’éther, et une petite portion de la matière vé- sicante isolée ou de la cantharidine qui en a été extraite, et avec laquelle nous avons reproduit les résultats an- noncés dans le Mémoire de M. Bretonneau. Nous avons le regret de n’avoir fait connaître que très-imparfaitement ce Mémoire , qui renferme un grand nombre d’autres observations dont nous n'avons pas cru devoir exposer les détails, dans la crainte de donner trop d'étendue à ce rapport. Nous citerons seulement les recherches de l’auteur sur la nature et la quantité va- ( 83 ) riable de la graisse des insectes; ses essais pour appré- cier l’énergie d’action de la cantharidine sur les membra- nes revêtues d’un épithélium; ses expériences sur l’ad- ministration à l’intérieur de ce même principe vésicant , dont les propriétés aphrodisiaques lui ont paru exagé- rées , mais qui , donné à certaine dose, produit tous les phénomènes de l’empoisonnement , en ralentissant la circulation des animaux, et en déterminant une léthar- gie mortelle. Nous croyons que les faits intéressans que nous avons relatés sufliront à l’Académie pour l’engager à accueillir ce Mémoire. Nous avons, en conséquence, l’honneur de lui proposer de faire déposer ce travail dans ses ar- chives, pour être publié par la suite avec ceux des sa- vans étrangers. L'Académie approuve le Rapport et adopte les con- clusions. Sur l’Irritabilité du stigmate dans le Pinus larix; Par M. Davin Don. On sait généralement que certaines plantes, et le plus souvent quelques organes en particulier, sont doués d’une espèce d’irritabilité analogue à celle qu’on ob- serve dans le règne animal. En examinant les fleurs fe- melles d’un Mélèze durant le dernier printemps afin de m'assurer de la véritable nature de leur stigmate , je fus très-surpris du degré remarquable d'irritabilité qu’on observe dans cet organe ; circonstance qui ne me paraît pas avoir été jamais indiquée. Il me paraît si bien établi que les appendices en forme (84 ) de capuchon (the cucullate processes) , placés à la base des ovaires, sont les véritables stigmates, que je crois inutile d'apporter de nouveaux faits à l’appui de cette opinion. Regarder les ovaires comme des ovules nus, et la fécondation comme s’opérant directement à leur sur- face sans l’intermède d’un stigmate, ainsi que cela a lieu dans les autres plantes , est une opinion trop para- doxale pour qu’on puisse l’admettre (1). Ces appendices tubuleux, lorsqu'ils sont complète- ment développés et propres à recevoir l’action du pollen, s'étendent , et leur surface interne est alors couverte de petites papilles innombrables. Je pris une branche por- tant des fleurs femelles non fécondées , et ayant secoué au dessus la poussière du pollen des chatons mâles d’une autre branche, je trouvai les stigmates complètement remplis de pollen, et je pus apercevoir facilement les parois de l’organe femelle qui se contractaient graduelle- ment jusqu’à ce qu’elles füssent complètement rappro- chés. Le pollen des pins étant formé de petites vésicules remplies de fluide prolifique, la contraction des parois du stigmate a évidemment pour objet de presser sur le con- (1) Une opinion soutenue par un botaniste aussi distingué que M. Brown et appuyée par lui de preuves nombreuses , quelque para- doxale qu’elle puisse paraître , mériterait avant d’être rejetée, d’être du moins discutée et combattue; aussi sommes-nous loin d'admettre avec M. Don que les organes dont il parle soient de vrais stigmates ; il nous parait beaucoup plus probable , d’après les recherches que nous avons faites sur la structure de ces parties , que ces organes sont formés, ainsi que M. Brown le pense, par un appendice tubuleux du tégument de l’o- vule, et par le mamelon qui surmonte l’amande. Mais quelque soit la manière dont on considère cet organe, son irritabilité et les rnouvemens de contraction observés par l’auteur de cette Notice n’en sont pas moins très-intéressans pour la physiologie végétale. (R.) (85 ) tenu de ces vésicules, et de pousser le fluide à travers le conduit étroit jusqu’à l’ovule. Lorsque la fécondation a eu lieu , les parois du stig- mate se dilatent de nouveau , et bientôt après cet organe se flétrit : dans cet état, le stigmate se présente rempli par les vésicules vides du pollen. Si on sépare une branche avec des chatons femelles d’un arbre avant la fécondation , on est étonné pendant combien de temps le stigmate reste ouvert et dans son état parfait. Cetie circonstance a également été observée sur les organes femelles des autres plantes. (Annals of Philosophy. 1828.) Nore sur des traces de Tortues observées dans Le Al ’ grès rouge. Par M. BuckLann. (Extrait d’une Lettre à M. ÜUnperwoop.) .…. Le docteur Duncan de Dumfries a trouvé dans une carrière de grès rouge ( Vew-redsandstone ), près de cette ville , des impressions de pas d'animaux dont quel: ques-unes sont peu distinctes, et d’autres aussi nettes, qu’au moment où elles avaient été faites. Les tortues, car ces traces paraissent avoir été produites par ces ani- maux, marchaïent çà et là pour gagner l’eau au bas du banc de sable qui conserve encore les empreintes de leurs pas. Un morceau tout entier, détaché de la carrière, ne présente pas moins de quarante de ces pas, qui for- ment une trace aussi complète que celle qu’un lièvre laisse sur la neige. Un grand morceau de ce grès a été ( 86) envoyé à Londres , et je ne conserve pas le moindre doute que ces impressions n'aient été produites par des tor- tues. Beaucoup de gens ne peuvent en croire leurs propres yeux , ou plutôt craignent de s’avancer en émet- tant une opinion sur cette curieuse découverte (1). NouveLLes EXPÉRIENCES sur le Système nerveux ; Par M. P. Fzrourens. N Ier 1. On a vu, par mes précédentes expériences sur l’ac- (x) Pendant mon séjour à Glascow, M. le professeur Thomson m’a fait remarquer un fait curieux , qui me paraît s’accorder avec le précé- dent pour faire considérer la surface des bancs de ces grès comme re- présentant la surface d’une plage baignée par la mer. Dans une carrière de grès appartenant à la formation houillère , qu’on exploitait alors dans la ville même de Glascow pour servir aux constructions , les assises , sensiblement horizontales, étaient parfaitement distinctes et séparées par une couche trés-mince de débris de charbon ; la surface de ces cou- ches , ‘qui avait été mise à nu dans une grande étendue , présentait des ondulations très-régulières , tantôt sinueuses et parallèles , tantôt for- mant une sorte de réseau à maille très-allongée, absolument comme on l’observe sur le sable fin d’une plage étendue et peu inclinée , lorsque la mer légèrement agitée vient battre avec régularité sur la côte en se retirant , pendant que là marée baisse. On observe également dans ce cas que les corps légers, tels que le charbon , tenus en suspension par l'eau , se déposent sur le sable à mesure que l’eau se retire ; et couvrent ainsi la surface de la plage. Ce fait, observé dans le même pays et sur des roches de même for- mation , me paraît être parfaitement d’accord avec celui rapporté par M. Buckland pour prouver que la surface de ces couches de grès repré- sente quelquefois la surface d’une plage dont les moindres inégalités se sont conservées sans aucun changement, (An. BRoNGNIART.) RE PO ET ST ( 87 ) tou du système nerveux, dans les animaux vertébrés (r), que chaque partie essentiellement distincte de ce système a une fonction ou manière d'agir également distincte. Ainsi , le cerveau proprement dit n’agit pas comme le cervelet ; ni le cervelet, comme la moelle alongée ; ni celle-ci, comme la moelle épinière ou les nerfs. 2. Chaque partie du système nerveux a donc une ac- tion propre ou spéciale , c'est-à-dire différente de Pac- tion des autres ; et l’on a vu de plus en quoi cette différence ou cette spécialité d'action consiste. Ainsi , dans les lobes cérébraux réside la faculté par laquelle l'animal pense, veut, sé souvient , juge, per- coit ses sensations , et commande à ses mouvemens. Du cerveler dérive la faculté qui coordonne où équi- libre les moùuvemens de locomotion ; des tubercules quadrijumeaux ; le principe primordial de l’action du nerf optique et de la rétine ; de la moelle alongée, le premier moteur, ou le principe excitateur et régula- teur des mouvemens respiratoires ; et de la moelle épi- nière enfin, la faculté de lier ou d'associer en mouve: mens d'ensemble les contractions partielles immédiate- ment excitées par les nerfs dans les muscles (2). 3. Le grand fait de la spécialité d'action des diverses pañties du système nerveux, fait à la démonstration du: quel aspiraient depuis si long-temps , avec tant d’ar deur, les plus nobles efforts des physiologistes , est donc désormais un fait établi par l’observation directe, et le résultat démontré de l'expérience. (1) Voyez mes Recherches expérimentales sur les propriétés et Les fonctions du système nerveux, dans les animaux vertébrés. Paris, 1824. (2) Foy. mes Recherches expér. , pag. 29 et suiv. ( 88 ) À. Mais à côté de cette spécialité ou diversité des fonctions nerveuses, se trouve l’harmonie ou l'unité de leur action ; unité puissante qui lie toutes ces fonctions entre elles, les subordonne les unes aux autres, de tant de fonctions diverses ne fait qu’une action unique, et dont mes précédentes expériences ont déjà montré le principe dans l’unité méme du système nerveux (1). 5. Un dernier point restait à déterminer enfin, et ce point est encore l’un des plus importans de la théorie expérimentale de l'action nerveuse ; je veux parler du rôle que joue cette action dans le mouvement du cœur. Or, j'ai fait voir, par mes précédentes expériences (2), que ce mouvement du cœur, pris en soi, et abstraction faite de tout ce qui n’est pas essentiellement lui, comme sa régularité , sa durée , son énergie, ne dépend ni im- médiatement, ni coïnstantanément du système nerveux central , et conséquemment que c’est dans tout autre point de ce système que dans les centres nerveux eux- mêmes , qu'il faut chercher le principe primitif et im- médiat de ce mouvement. 6. Ainsi donc, et comme je viens de le dire , chaque partie distincte ou spéciale du système nerveux a une fonction également distincte ou spéciale aussi ; et c’est même par la spécialité de la fonction que se caractérise le mieux la spécialité de la partie : des lobes cérébraux dérive le principe des perceptions et des volitions; du cervelet, la coordination ou équilibration des mouve- mens spéciaux de locomotion; de la moelle alongée, le principe régulateur et excitateur des mouvemens spé- (1) Zbid, pag. 236 et suiv. (2) Zbid , pag. 189 ct suiv, Te. méple 0. (80h) ciaux de respiration ; de la moelle épinière , la liaison en mouyemens d'ensemble des diverses contractions musculaires excitées par les nerfs ; et le mouvement du cœur ne dépend du système nerveux central que d’une manière médiate et consécutive. 7. Tels sont les principaux résultats des expériences que j'ai eu l'honneur de communiquer successivement à l’Académie, durant les années 1822 , 1823 et 1824 ; résultats que continuent et complètent , sur quelques points , les expériences qui suivent. | S I. Action comparée de la moelle épinière sur la respiration, dans les quatre classes des animaux vertébrés. 1. J'ai déterminé déjà, par mes précédentes expé- riences (1), la part que prend à la respiration chacune des diverses régions de la moelle épinière , dans les trois premières classes. 2. Ainsi, chez les oiseaux , on peut détruire, sans détruire la respiration , toute la moelle lombaire et toute la portion postérieure de la dorsale. Ce n’est qu'à la destruction de la moelle costale que les mouvemens inspiratoires du tronc cessent. 3. Chez les mammifères, on peut également détruire toute la moelle lombaire et toute la portion postérieure de la dorsale , sans détruire la respiration; on peut même détruire la moelle costale ; le jeu des côtes s'éteint alors, mais la respiration continue par le diaphragme ; et ce n’est que lorsque la destruction atteint l’origine (1) Zbid , pag. 170 et sui. ( 90 ) des nerfs diaphragmatiques , que tous les mouvemens inspiratoires du tronc cessent. 4. Dans la grenouille enfin, et chez les autres rep- tiles batraciens , où le mouvement inspiratoire du tronc ne se fait plus que par l'appareil hyoïdien , on peut détruire , et toujours sans détruire la respiration , toute la moelle épinière, hors le seul point de la moelle cer- vicale duquel les nerfs de cet appareil naissent. 5. On peut aller plus loin encore chez les poissons, où les nerfs de l'appareil respiratoire du tronc ne vien- nent plus de la moelle épinière , comme dans les autres classes, mais de la moelle alongée elle-même. Je détruisis, sur une carpe, toute la moelle épinière d'ux bout à l’autre, en m’arrêtant pourtant à quelques lignes de la moelle alongée, pour ne point intéresser cette moelle dans la lésion : le mouvement respiratoire du tronc, c’est-à-dire le jeu des opercules , survécut à cette destruction. Une heure après l'opération , il sur- vivait encore ; tant que l'animal était dans l'eau, la respiration était régulière et facile; dès qu’on l'en sor- tait, la respiration se montrait laborieuse , pénible , ac- compagnée de signes d’angoisses ; elle redevenait facile, dès qu’on replongeait l'animal dans l’eau. 6. J'ai répété cette expérience sur plusieurs autres carpes , sur plusieurs barbeaux , sur des vandoïses, etc. ; le résultat a toujours été le même: 7. Ainsi donc, 1° on peut détruire, impunément pour la respiration , plus de moelle épinière chez les mammifères que chez les oiseaux; plus encore chez certains reptiles ; et l’on peut la détruire toute entière chez les poissons ; PT (1 (or) 2° C’est tantôt d’un point, et tantôt d’un autre point de la moelle épinière que part l’action immédiate de cette moelle sur la respiration , dans les diverses classes : de la moelle costale seule, chez les oiseaux ; de la costale et de la cervicale , chez les mammifères ; de la cervicale seule, chez certains reptiles ; de la moelle alongée elle- même enfin , et plus du tout de la moelle épinière , chez les poissons (1); 3°. C’est tantôt par certains nerfs , c’est tantôt par d’autres que se transmet cette action immédiate de la moelle épinière , ou, plus exactement , des centres ner- veux (carla moelle alongée n’est plus la moelle épi- nière ), sur le mouvement respiratoire du tronc, dans les diverses classes : par les nerfs costaux ou thoraci- ques seuls, chez les oiseaux; par les costaux et le diaphragmatique , chez les mammifères ; par les nerfs de l’appareiïl hyoïdien , chez certains reptiles ; et par les nerfs de la huitième paire même, chez les poissons ; (x) Ce déplacement si curieux et si remarquable, de l'appareil ner- veux de la respiration dans les diverses classes, amène et par consé- quent explique puisqu'il l'amène, le déplacement correspondant de l'appareil viscéral et osseux de cette fonction, dans ces mêmes classes. Ce dernier appareil est, en effet , situé près du bassin, chez les oi- seaux , entre le bassin et le tronc, chez les mammifères, sous la tête, chez Les poissons, etc. ; et l’on voit enfin la cause de toute cette mobilité externe dans la mobilité méme de l'appareil nerveux duquel Pappa- reil viscéral et osseux dépend. Au reste, les modifications diverses qu'offre l’appareil osseux de la respiration, dans les quatre classes , se tronvent présentées et dévelop- pées de la manière la plus ingénieuse, dans l'ouvrage célèbre de M. Geof- froy, sur la Philosophie anatomique , tome 1°. On peut voir aussi ce que j’en ai dit moi-même dans mon analyse de cet ouvrage, publiée en 1820 dans la Revue encyclopédique, t. 5 , 14° livraison, pag. 224 et 225. (92) 4°. Enfin , la moelle épinière , considérée dans l’en- semble des quatre classes, n’a sur l'appareil respira- toire du tronc qu’une action relative et variable, comme varie l’origine même des nerfs de cet appareil, chez les oiseaux , les mammifères et les reptiles; et elle n’a plus d'action du tout, du moins d’action directe et immé- diate , seul genre d’action dont je m'occupe ici, chez les poissons. $ II. Action comparée de la moelle alongée sur la respiration , dans les quatre classes, 1. J'ai déjà fait voir, par mes précédentes expérien- ces (1), que la moelle alongée est, dans toutes les classes , l'organe premier moteur ou le principe exci- tateur et régulateur des mouvemens inspiratoires ; elle est encore, dans toutes les classes , l’organe immédiate- ment producteur , par ses nerfs , des mouvemens ins- piratoires particuliers de la face ou de la tête; et elle est enfin tout à la fois dans les poissons, comme on vient de le voir , et l'organe premier moteur et l'organe immé- diatement producteur de tous les mouvemens inspira- toires , soit de la tête, soit du tronc. 2. La moelle alongée est donc, dans toutes les classes , l'organe essentiel et primordial du mécanisme respiratoire ; et elle est l'organe exclusif de ce méca- nisme dans les poissons. À mesure qu'on descend des classes supérieures aux inférieures, on voit la moelle épinière se dégager, de plus (1) Voyez mes Recherches exp., p. 180 et suiv. (93) en plus, de tout concours aux mouvemens respiratoires ; et la moelle alongée, par une marche inverse, tendre , de plus en plus , au contraire , à réunir et à concentrer en elle seule tout ce qui tient à ces mouvemens , jus- qu’à ce qu’enfin, dans les poissons , les fonctions es- sentielles et primordiales de ces deux moelles se mon- trant complètement distinctes et séparées, l’une ne pro- duise plus que les mouvemens de locomotion, et l’autre produise tous les mouvemens de respiration. 3. Mais bien que la moelle épinière produise tous les mouvemens de locomotion , ou , plus exactement , tous les mouvemens partiels et généraux du tronc et des mem- bres, mouvemens primitifs desquels les mouvemens consécutifs et compliqués de la locomotion dérivent ; ce n'est pourtant pas elle qui coordonne ou équilibre ces mouvemens partiels ou généraux du tronc et des mem- bres en mouvemens déterminés et réguliers de locomo- tion: cette coordination ou équilibration vient d’un autre organe; et cet organe est le cervelet, comme mes précédentes expériences l’ont complètemeut montré (r). La moelle alongée est tout à la fois, au contraire, et l'organe régulateur de tous les mouvemens inspira- toires, et l’orgaue producteur de tous , ou seulement, selon les classes, de certains de ces mouvemens : deux modes d'action essentiellement divers , et qui ne sau- raient être trop rigoureusement déterminés et démêlés l’un de l’autre. Je dis que, par l’un, la moelle alongée est moelle épinière encore , ou simple continuation de cette moelle, et produisant comme elle, par ses nerfs, tous les mouvemens des parties auxquelles ces nerfs se (1) foy. mes Recherches expér., pag. 36. ( 94) rendent ; et Je dis que , par l’autre, elle constitue un organe particulier, distinct, d’une nature propre, et d’un rang analogue, mème supérieur sous certains rap- ports, comme on va le voir , au rang des lobes céré- braux et du cervelet. 4. Et c’est faute d’avoir convenablement distingué ces deux modes d’action dans mes premières expériences, que j'ai fixé dès-lors les limites de la moelle alongée , d’une part, à l’origine des nerfs de la huitième paire (pneumo-gastriques) cette origine y comprise, et de l’autre, aux tubercules quadrijumeaux (1). Mes expé- riences sur l’encéphale des poissons (2) m'ont montré depuis que cette moelle, du moins en tant qu'organe premier moteur et régulateur , pouvait être beaucoup plus exactement circonscrite , et beaucoup plus ré- duite encore : et l’on trouvera ci-après les limites pré- cises aux-quelles je la réduis. 5. Quant au rôle de la moelle alongée dans les mou- vemens de locomotion , il est évident que ce rôle , ainsi que mes précédentes expériences l’ont fait voir (3) , tient surtout à ce qu’elle forme le Zien commun ou le point central de jonction entre la moelle épinière et le cer- velet, c’est-à-dire entre l’organe qui produit ces mou- vemens, et l’organe qui les règle ou les coordonne. (1) Foy. mes Recherches , etc., pag. 180. (2) Voyez mes Lxpérienees sur le Système nerveux. Paris, 1825, pag. 9eb10. (3) Voyez mes Recherches expér. , etc. ( 9 ) $ IV. Unité de l'action nerveuse, ou Rapport des diverses « parties du système nerveux entre elles. 1. Le premier fait qui frappe dès qu'on se met à comparer entre elles les diverses fonctions nerveuses , c’est que toutes ces fonctious ne sont pas de même ordre : il y en a qui s’exercent spontanément ou primordiale- ment ; etil yen a qui ne s’exercent , pour ainsi dire, qu'à la suite des autres et que sous leur influence ex- citatrice et régulatrice. C’est ici le lieu de développer, avec le détail convenable, cette démarcation des or- ganes régulateurs et des organes subordonnés du sys- tème nerveux : démarcation que j’ai déjà indiquée ail- leurs (1) , et qui constitue l’une des lois fondamentales de l’action nerveuse. 2. Si l’on coupe un nerf, par une section transver- sale, le bout inférieur de ce nerf, séparé du reste du système , continue encore d'agir, c’est-à-dire d’ex- ciler des contractions dans les muscles auxquels il se rend, quand on l’irrite ; mais il n’excite plus ces con- tractions qu'autant qu'on l’irrite, c'est-à-dire qu’on met son action en jeu : le nerf a donc une action pro- pre, mais il a besoin , pour agir , que cette action soit mise en jeu ; le n’erf n'est donc qu'une partie subor- donnée. 3. Il en est de même de la moelle épinière. Mes pré- cédentes expériences ont fait voir que cette moelle « agent essentiel et immédiat ( j'entends immédiat par « ses nerfs ) de presque tous les mouvemens du corps, (1) Voy.mes Recherches expér., pag. 186. ( 96 ) « n'est cependant ni le premier mobile , ni le principe « régulateur d'aucun (1) ». La moelle épinière étant séparée de l’encéphale , aus- sitôt tout mouvement spontané (2) du tronc s'éteint : cette moelle conserve pourtant son action , du moins un certain degré d'action; et une irritation extérieure peut mettre alors cette action en jeu , comme les cen- tres nerveux de l’encéphale l’y mettaient avant. La moelle épinière a donc, comme le nerf, une action propre ou produite en elle ; mais elle n’a point, non plus, de spontanéité ou de primordialité d’action : la moelle épinière n’est donc encore qu'une partie subordonnée. 4. Mais d’où vient donc enfin cette spontanéité ou primordialité d'action ? Elle vient de l’encéphale , et uniquement de l’encéphale, comme mes précédentes expériences l’ont montré (3) : des lobes cérébraux pour les volitions; du cervelet pour les mouvemens de loco- motion ; de la moelle alongée pour ceux de respiration. 5. Et il est un autre ordre de phénomènes que ces expériences ont montré encore. On peut enlever le cer- velet à un animal , l’action de ses lobes cérébraux n’en persiste pas moins : on peut lui eniever les lobes, le cervelet n’en coordonne et n’en détermine pas moins tous les mouvemens de locomotion : on peut lui enle- ver les lobes cérébraux et le cervelet , la moelle alon- 1) Voy. mes Recherches, etc. (2) J'entends tout mouvement régulier ; car, au moment de la section, et par suite de cette section même, il survient toujours des convulsions plus ou moins vives et plus ou moins générales, lesquelles durent d’au- tant plus que l'animal est moins avancé dans la série des âges ou des elasses. (3) Foy. mes Recherches expér. (97) sée n’en détermine pas moins , par elle-même ét par elle seule , tous les mouvemens de respiration ; mais dès- qu'on touche à la moelle alongée, l’action de toutes les autres parties s'éteint. Ainsi, les lobes cérébraux peuvent agir séparés du cervelet ; le cervelet séparé des lobes cérébraux ; la moelle alongée séparée des lobes cérébraux et du cervelet ; mais ni les lobes cérébraux, ni le cervelet, non plus que la moelle épinière , ne peu- vent agir, du moins pleinement agir, séparés de la moelle alongée : la moelle alongée constitue done le point central, le lien commun, le nœud qui unit toutes les parties du système nerveux entre elles (1). 6. Je distingue l’action d’une partie de sa plénitude d'action* ce n’est pas , en effet, absolument sa vie ou son action que chaque partie tire de la moelle alongée, puisque chaque partie peut vivre, un certain temps, sé- parée de cette moelle , et mème agir encore sous l’in- fluence d’une excitation extérieure ; c’est seulement ce degré de vie ou d’action qui la fait agir avec énergie , avec suite, avec ensemble , sans nul besoin d’excitation extérieure ; c’est ce degré de vie ou d'action enfin par lequel seul chaque partié remplit sa fonction , ou est susceptible de la remplir. 7. Quand je coupe un nerf, par une section iransver- sale, le bout de nerf séparé, par cette section, du reste du système et de la moelle alongée par conséquent, perd subitement non pas sa vie, non pas son action même (c’est-à-dire ce degré d'action qu’une excitation exté- rieure peut encore mettre en jeu), mais sa fonction; le {1} V’oy. mes Recherches , etc. , pag. 241. XIII. e- Le (98 ) mouvement du muscle auquel ce nerf se rend est aus- sitôt perdu. Il en est de même pour la moelle épinière et pour toutes les régions de cette moelle, pour l’encéphale et toutes les parties de cet encéphale : dès qu’un point quel- conque de ces parties est séparé de la moelle alongée, la fonction de ce point est aussitôt perdue. 8. Il y a donc, dans chaque partie du système nerveux, un dégré de vie ou d'action qui lui est propre ou qu'elle conserve, séparée de la moelle alongée; et il y a un degré d'action ou de vie qu’elle tient uniquement de son union avec cette moelle, et c’est par ce dernier degré de vie ou d’action seul qu’elle remplit sa fonction ou est susceptible de la remplir. . 9. Les diverses parties du système nerveux ne vivent donc pleinement qu’autant qu’elles tiennent toutes les unes aux autres , et toutes à une ; et cette une à laquelle il faut que chacune des autres tienne , est la moelle alongée, cette moelle alongée que nous avons déjà vu ètre le premier moteur des mouvemens inspiratoires , et dont il ne reste plus enfin qu’à circonscrire et déter- miner ici les limites et l’étendue. $ V. Détermination des limites de la moelle alongée, ou, ? . plus exactement, de l'organe premier moteur du mécanisme respiratoire, et point central du système nerveux. 1. Lorry est le premier qui ait reconnu ce fait aussi curieux qu'important, savoir, qu'il y a dans les centres nerveux un point auquel la section de ces centres pro- { ( 99 ) duit subitement la mort, tandis que, au dessus ou au dessous de ce point, ce phénomène si frappant d’une mort subite ne s'observe plus. 2. « La division et la compression de la moelle de « l’épine, dit Lorry, dans un endroit déterminé ; pro- « duit la mort subite; inférieurement à cet endroit, « cette moelle coupée produit la paralysie ; elle la pro- « duit de mème supérieurement (1): » et il ajoute que cet endroit déterminé se trouve entre les première, deuxième et troisième vertèbres (2) : détermination qui n'est pas très-rigoureuse, comme on voit, et au défaut de rigueur de laquelle il faut attribuer sans doute l’ou- bli injuste dans lequel est demeurée si long-temps la découverte d'un si beau fait ({:). 3. Le Gallois, après avoir retrouvé par lui-même, et par une voie, non moins que par des vues toutes diffé- rentes , le fait oublié de Lorry, a beaucoup avancé la détermination du point indiqué par ce physiologiste, lorsqu'il a dit : « Ce n’est pas du cerveau tout entier « que dépend la respiration , mais bién d’un endroit « assez circonscrit de la moelle alongée, lequel est si- « tué à une petite distance du trou ocecipital, et vers (x) F’oyez Académie des Sciences, /Mém, des savans étrangers, lom. rt1, pag. 368. (2) « Cet endroit se trouve , dans les petits animaux , entre la se- « conde et troisième, troisième et quatrième vertèbres, entre la « première et seconde vertèbres du col, et entre la seconde et troi- « sième pour les animaux d’un volume plus considérable, » Mém. des S'av. étrang. , tom. 3, pag. 367. (5) Selon M. Serres, Anatomie comparée du Cerveau , etc. , tom. 11, pag. 230, le point indiqué par Lorry correspond aux éminences oli- vaires, ( 100 ) « l’origine des nerfs de la huitième paire (pneumo-gas- « triques) (1). » 4. Mais se borner à dire, avec Le Gallois, que cet en- droit est assez circonscrit el qu'il est situé vers l’ori- gine de la huitième paire, ce n’est pas dire si c’est à cette origine même qu'il est situé, ni s’il s’étend au des- sus et au dessous de cette origine , ni jusque où il s’é- tend, soit au dessus , soit au dessous ; et c’est tout cela pourtant qu'il fallait dire pour arriver enfin à une cir- conscription précise et complète de cet endroit. 5. J'ai constaté, dès mes premières expériences (2), qu’en enlevant, à l'exemple de Le Gallois, tout l’encé- phale par tranches successives d'avant en arrière, ce n’est que lorsque l’on comprend enfin, dans une tran- che, l’origine des nerfs de la huitième paire que tous les mouvemens inspiratoires cessent (3). D'où j'avais conelu que la moelle alongée commencait à l’origine mème de ces nerfs, celte origine y comprise , et finissait aux tubercules quadrijnmeaux (4) : mais j’étendais beau- coup trop par là les limites de cette moelle, ainsi que mes expériences sur Pencéphale des poissons , me l'ont depuis montré (5). 6. On trouve, en effet, dans l’encéphale de certains poissons, dans celui de la carpe ; de la brème, de la tanche, du barbeau, eic., par exemple, derrière le cer- (x) Voyez Le Gallois, Expériences sur le principe de la vie. Paris, 1812, pag. 37. . (2) Voyez mes Recherches expér. sur les propriétés et les Fonctions du Système nerveux, pag. 170 et suiv. (3) Voyez Le Gallois , Expériences sur le principe de la vie , n. 38. (4) Voyez mes Rech. citées , pag. 180. (5) Voyez mes Expériences sur le Système nerveux , pag. 10. ( 101 ) velet, un organe particulier très-remarquable , et com- posé de trois renflemens distincts, deux latéraux et un médian. Or, quand en coupe le renflement d’un côté, le jeu de l’opercule de ce côté s'éteint: il en est de même pour l’opercule de l’autre côté, quand c’est le renfle- ment de l’autre côté que l’on coupe ; et une simple in- cision longitudinale du renflement médian suffit pour abolir , tout à la fois et tout aussitôt, le jeu des deux opercules. 7. Ainsi, chaque renflement latéral, puisque chacun d'eux peut être coupé sans nuire à l’action de l’autre, n’agit donc que comme origine des nerfs de la huitième paire de son côté; et le renflement médian agit seul comme premier moteur, où principe excitateur et régu- lateur des deux autres. Ce renflement médian constitue donc proprement la moelle alongée, ou, plus #xacte- ment, le point premier moteur de cette moelle; et la circonscription naturelle de ce point, développée ici en un véritable lobe, non moins que sa situation entre les deux renflemens d’origine des nerfs de la huitième paire, marque, tout à la fois, et la pl ce qu’il doit occuper dans les autres classes, et les limites dans lesquelles on peut espérer de l’y circonscrire par l’expérience. sul 8. Je coupai transversalement la moelle alongée, sur un lapin, immédiatement au dessous ou en arrière de l’origine des nerfs de la huitième paire (pneumo-gas- triques) : tous les mouvemens inspiratoires du tronc et de la tête furent, sur-le-champ, abolis. 9. Je coupai (et toujours transversalement, comme ( 102 ) dans toutes les expériences qui suivent) (1) la moelle alongée , sur un second lapin, un peu au dessous de l’origine de la huitième paire: mème anéantissement subit de tous les mouvemens inspiratoires du tronc et de la tête. 10. Sur un troisième lapin, la moelle alongée fut coupée un peu plus au dessous de l’origme de la hui- tième paire qu'elle ne l'avait été jusque là ; et elle le fut un peu plus au dessous encore sur un quatrième. Sur le premier de ces deux lapins, j’observe une dilatation légèrement convulsive des narines qui dure près d’une minute , il y a un baïllement, l'animal meurt; tous les mouvemens inspiratoires du tronc avaient cessé dès l'instant même de la section. Chez le second , tous les mouvemens inspiratoires du tronc cessent également avec la section ; mais ceux de la tête subsistent, les na- rines se dilatent avec force, il y a des baïllemens fré- quevs , tout cela dure deux minutes et demie, mort. 11. Je n'avais coupé jusqu'ici la moelle alongée qu'au dessous de l’origine des nerfs de la huitième paire, je la coupai, sur un cinquième lapin , immédia- tement au dessus de cette origine : les mouvemens de la tète furent subitement éteints ; mais ceux du tronc continuèrent, quoique très-faibles et très-pénibles , du- rant près d’une minute. 12. Je la coupai enfin, sur un sixième lapin, un peu au dessus de cette origine : tous les mouvemens du tronc subsistèrent avec force et régularité; 1ls subsis- (x) Etil n’est pas même nécessaire que la section soit absolument complète ; il suffit qu’elle soit assez profonde pour détruire, dans le point divisé, les conditions d'agir. ( 103 ) taient encore dix minutes après l'opération , où une sec- tion, pratiquée sur l’origine même de la huitième paire, les abolit sur-le-champ. 13. J'ai répété ces expériences sur plusieurs autres lapins ; le résultat a toujours été le même. J'en conclus 1° qu'il y a, dans les centres nerveux, un point (point où finit la moelle épinière et où la moelle alongée com- mence, c’est-à-dire où finit un ‘ordre de phénomènes et où en commence un autre; car, dans une masse de par- ties continues, la seule division rationnelle de ces parties ne peut être que la division même de leurs fonctions ) auquel la section de ces centres produit l’anéantisse- ment subit de tous les mouvemens inspiratoires, soit du tronc, soit de la tête; 2° que ce point se trouve à l’origine même de la huitième paire , origine qu’il com- prend dans son étendue, commençant immédiatement au dessus d'elle, ou plutôt avec elle, et finissant ur peu au dessous ; et 3° enfin que les limites expérimen- tales de ce point sont marquées au dessous par la per sévérance des mouvemens inspiratoires de la tête , et au dessus par la persévérance de ceux du tronc. 14. Les raisons de ce dernier mode de démareation sont évidentes, on ne saurait juger de la limite imfé- rieure du point qui nous occupe par l’abolissement des mouvemens inspiratoires du tronc, parce que la section, opérée dans ce cas, sépare ces mouvemens (c’est-à-dire les points de moelle épinière origines des nerfs produc- teurs de ces mouvemens ) de ce point qui est leur pre- mier moteur, et les abolit conséquemment par cette séparation seule ; et il en est de mème de sa limite su- ( 104 ) périeure que n’indiquerait pas mieux , et pour la mème cause , l’abolissement des mouvemens de la tête. Je juge, au contraire , infaïlliblement et de la limite supérieure par les mouvemens du tronc, et de la limite inférieure par les mouvemens de la tête, parce que, dans l’un comme dans l’autre cas, les nerfs producteurs de ces mouvemens et de la tète et du tronc, tenant tou- jours, par leur origine, -à ce point, il est clair que ce point dure ou se continue tant qu’une simple section, qui w’intéresse que lui, les abolit, et qu’il finit dès qu'une pareille section ne les abolit plus. 15. Il y a donc, dans les centres nerveux,un point qui gouverne tous les mouvemens inspiratoires, et dont la simple division les anéantit tous ; ce point dure ou s’é- tend tant qu’une pareille division produit un pareil effet ; il finit dès qu’elle ne le produit plus ; il suffit que ce point demeure attaché à la moelle épinière pour que les mouveinens du tronc subsistent; il suffit qu’il de- meure attaché à l’encéphale pour que ceux de la tête subsistent ; divisé dans son étendue, il les anéantit tous; séparé des uns ou des autres, ce sont ceux dont il est séparé qui se perdent , ce sont ceux auxquels il reste attaché qui se conservent : et ce ne sont pas seulement les mouvemens inspiratoires qui dépendent si impé- rieusement de ce point ; ce point est encore , comme Je le disais tout à l'heure, le point duquel toutes les autres parties du système nerveux dépendent, quant à l’exer- cice de leurs fonctions; c'est à lui qu’il faut qu’elles soient attachées pour conserver l'exercice de leurs fonctions ; il suflit qu'elles en soient détachées pour le perdre 1 ( 105 ) 16. J'ai dit plus haut que ce point commence avec l'origine de la huitième paire et s'étend un peu au des- sous. Pour déterminer avec plus de précision jusqu'où il s'étend , j'ai mis à nu, sur les lapins que je venais d’opérer, toute la partie supérieure de la moelle épinière cervicale ét toute la moelle alongée. Jai soigneuse- ment comparé alors les diverses sections faites sur ces parties, et voici ce que j’ai trouvé. La première section , ou la section pratiquée sur le premier lapin , l’avait été immédiatement au dessous ou en arrière de l’origine de la huitième paire; la seconde section se trouvait une ligne et demie à peu près au dessous de cette origine; la troisième, environ trois lignes , et la quatrième trois lignes et demie plus au dessous encore, La cinquième section enfin avait eu lieu immédiatement au dessus de l'origine de la huitième paire , et la sixième, près d’une ligne au dessus de cette origine. 17. Or, les mouvemens inspiratoires de la tête avaient reparu dès la troisième section ; et ceux du tronc, dès la cinquième. La limite supérieure du point central et premier moteur du système nerveux se trouve donc im- médiatement au dessus de l’origine de la huitième paire, et sa limite inférieure, trois lignes à peu près au dessous de cette origine. Ce point n'a donc, en tout, que quelques lignes d’étendue chez les lapins : il en a moins encore dans les animaux plus petits que ceux-ci, il en a un peu plus dans les animaux plus grands, l'étendue par- ticulière de ce point variant comme varie l'étendue to- tale de l’encéphale; mais, en définitif, c’est toujours d'un point, et d’un point unique, et d’un point qui a ( 106 ) quelques lignes à peine, que la respiration, l'exercice de l’action nerveuse, l’unité de cette action, la vie en- tière de l'animal, en un mot, dépendent. 18. Enfin, si l’on compare ce point au renflement médian postérieur de l’encéphale de certains poissons, on lui trouvera même situation : entre les deux ori- gines latérales de la huitième paire et derrière le cerve- let; mêmes fonctions : d’être le point central du système nerveux et le premier moteur du mécanisme respira- toire; la seule différence sera que ce point , dans les pois- sons, constitue un véritable lobe, tandis qu’il paraît à peine séparé de la masse, dans les autres classes. $ VI. RÉSUMÉ GÉNÉRAL DE CE MÉMOIRE. 1° La moelle épinière est essentiellement , dans toutes les classes, l’organe producteur des mouvemens de relation et de locomotion : ce n’est, pour aïnsi dire, qu'accidentellement et tantôt par un point, tantôt par un autre, qu’elle concourt à ja respiration, dans les trois premières classes ; elle n’y concourt plus du tout, dans les poissons. 2° La moelle alongée est essentiellement l'organe du mécanisme respiratoire : elle est le premier moteur ou le principe primordial de ce mécanisme, dans toutes les classes; et, dans les poissons , elle en est tout à la fois le premier moteur et le producteur exclusif. 3° Il faut distinguer, dans la moelle alongée, le mode d’action par lequel elle est le premier moteur des mouvemens respiratoires, du mode d'action par lequel 7 (Com ) elle produit ces mouvemens , soit tous , soit seulement certains d'eux, selon les classes. Par ce second mode d’action , la moelle alongée n’est qu’une simple conti- nuation de la moelle épinière; par le premier, elle constitue un organe très-distinct de cette moelle, natu- rellement circonserit en un lobe particulier chez cer- tains poissons , et que l'expérience peut également cir- conscrire et déterminer dans les autres poissons et dans les autres classes. | 4° Il ya, dans le système nerveux , des parties (les lobes cérébraux, le cervelet, la moelle alongée) qui agissent spontanément ou d’elles-mèmes ; et il y en a (la moelle épimière et les nerfs ) qui n’agissent que su- bordonnément ou que sous l’impulsion des autres. 59° Le point premier moteur de la moelle alongée, et, par la moelle alongée, du système nerveux, est situé à l’origine même de la huitième paire, origine qu’il comprend dans son étendue, commençant avec elle, et finissant un peu au dessous. | 6° C’est à ce point premier moteur qu'il faut que toutes les autres parties du système nerveux tiennent pour que leurs fonctions s’exercent. Le principe de l'exercice de l'action nerveuse remonte done des nerfs à la moelle épinière et de la moelle épinière à ce point ; et, passé ce point , il rétrograde des parties antérieures de l’encéphale aux postérieures , et des postérieures à ce point encore. 7° Ce point se trouve placé entre la moelle épinière et l’encéphale , c’est-à-dire an centre même des centres nerveux : il m'est pas tout-à-fait au bout supérieur de ces centres, comme l'avaient pensé les anciens qui fai- ( 108 ) saient dériver les nerfs de la moelle épinière , la moelle épinière de l’encéphale , et toutes les parties de l’encé- phale de l’extrémité antérieure de cet encéphale; il n’est pas non plus hors de ces centres , comme quelques idées modernes tendraient à le faire croire : il est entre la moelle épinière et l’encéphale , comme le colet des vé- gétaux est entre la tige et la racine ; et, comme ce collet dans le végétal, véritable collet du système nerveux , il constitue le foyer central , le lien commun, et, comme M. de Lamarck l’a si heureusement dit du collet des vé- gétaux , le nœud vital de ce système. Expériences sur la sécrétion de la Bile ; Paar M. Simon de Metz, D.-M. La sécrétion de la bile est un point intéressant de phy- siologie sur lequel règne encore beaucoup d'incertitude, à raison des diflicultés qui se sont présentées aux ob- servateurs qui ont entrepris d’en dévoiler le mécanisme. La bile est-elle extraite du sang artériel , comme le sont les produits des autres organes sécréteur , ou bien de celui de la veine-porte ; ou bien le sang artériel et le sang veineux concourent-ils à sa formation ? Telles sont les questions qui depuis long-temps sont posées sur l’é- lément de cette sécrétion, et pour la solution desquelles J'ai fait un assez grand nombre d'expériences qui me semblent propres à jeter quelque jour sur cette matière. On avait annoncé qu'il était extrêmement difficile , si- ( 10) ) nôn impossible, d'établir des ligatures sur les vaisseaux du foie, et jai pu remarquer que cette difficulté tenait à l'espèce et même à l’âge des animaux sur lesquels on faisait des recherches : c’est ainsi que ce qai a été jugé impraticable sur des chiens (1) a pu donner des résul- tats plus ou moins satisfaisans sur des lapins et sur des pigeons : et entre ces deux espèces, j'ai pu remarquer que les résultats différaient quant à l'intensité des sym- ptômes produits par les diverses ligatures. Chez ces deux espèces d'animaux, j’ai pu lier séparé- ment le tronc cœliaque ou seulement l'artère hépatique, ou la veine-porte , ou les canaux excréteurs ; et l’inter- ruption du passage des fluides dans ces diflérens vais- seaux a donné lieu à des résultats différens. Mais comme les expériences faites sur les lapins ne présentent pas des caractères aussi tranchés que celles qu’on peut pra- tiquer sur les pigeons , et que d’ailleurs celles-ci m'ont paru suffisantes pour fixer les idées , j'ai cru devoir me borner à les exposer. Les pigeons, comme l’on sait, n’ont pas de vésicule du fiel ; mais ils ont deux canaux hépatiques : Fun, par où s'écoule la bile d’une manière presque continue , s'ouvre près du gésier ; l’autre , que l’on rencontre sou- vent vide , est plus long et plus mince ; et va se porter plus loin dans l'intestin grèle. Le tronc de l'artère hé- patique a un très-petit diamètre , et il est situé profon- dément , de sorte qu’il est difficile d’en opérer la liga- (1) « On dit que l'artère hépatique ayant été liée, la sécrétion de la bile a continuée ; mais on ne peut faire une semblable ligature sans un délabrement qui ne permet plus de rien distinguer. J’ai voulu la tenter ; je n'ai pu achever, » ( Bicmar, p. 45 , prem. vol.) (:&ro D ture ; néanmoins il est possible de l’atteindre en em- ployant des aiguilles courbes , très-petites et très-fines, que l’on dirige avec des pinces. Il est bon d’injecter les vaisseaux après la mort de l’animal , afin de s'assurer que la ligature a été bien faite : c’est une précaution que . j'ai prise dans toutes mes expériences. 1°. Sion lie, sur ces animaux , les deux canaux hé- patiques , la bile continuant à se sécréter , le foie s’en- gorge, se remplit de globules d’une couleur d’un beau vert , qui se répand principalement à la surface de l’or- gane. Les parties voisines , le péricarde, l’épiploon , les intestins, en sont colorés. La vie se continue de vingt-quatre à trente-six heures , et la teinte verte est d’autant mieux prononcée que l'animal a vécu plus long- temps, et qu'il est plus vieux. Dix à vingt heures après l'application de cette liga- ture , il se présente un fait important et qui mérite de fixer l'attention : vers cette époque , l’animal rend par l'anus des matières absolument vertes et-évidemment de la couleur de la bile dont le foie est engorgé. Cette co- loration des excrémens persiste en augmentant jusqu’à la mort. J'avais pensé d’abord (la voie naturelle de l’ex- crétion étant interceptée par la ligature ) que la bile était absorbée dans le foie, puis excrétée dans l’in- testin avec le produit des sécrétions intestinales ; mais bientôt j'ai pu constater positivement que cette matière verte n’était contenue que dans le cloaque où elle était apportée par les uretères , et que l'intestin n’en conte- nait aucune trace, si ce n’est quelquefois dans la partie inférieure du rectum où elle avait été refoulée. MM. Du- mas et Prévost ont remarqué que la sécrétion de la bile LANTA était augmentée par l'interruption de celle de l’urine : ici nous voyons la sécrétion de l’urine ouvrir une voie d'écoulement pour éliminer la bile dont l’excrétion na- turelle était empêchée ; ce qui prouve que le rein et le foie se suppléent plus ou moins complètement. 2° Ligature des rameaux excréteurs et de l’artère hé- patüque. Douze heures après avoir placé ces ligatures , la surface du foie prend une teinte jaune qui colore aussi les parties voisines; les rameaux s’engorgent et annon- cent la présence de la bile. Vingt heures après la ligature , le foie contient une grande quantité de granulations vertes qui sont plus nombreuses dans le lobe gauche que dans le droit. Le cloaque contient une matière verte comme dans le cas précédent. Si la vie de l'animal se prolonge jusqu'à quarante heures , la couleur verte du foie et des excrémens de- vient plus foncée. Ces dernières expériences paraissent propres à prou- ver que la sécrétion de la bile continue même long- temps après que le foie ne reçoit plus de sang artériel. 3°. Ligature de l’artère seule. Dans ce cas , le foie ne s’engorge pas puisque les canaux excréteurs sont li- bres , mais après la mort on reconnaît que la sécrétion avait cependant lieu, car on trouve de la bile dans ces canaux , et les n’#tières contenues dans l'intestin offrent la teinte bilieuse comme dans l’état naturel. 4°. Ligature des racines de la veine-porte et des ca- naux hépatiques. Le foie est alors décoloré et n’a plus qu'une teinte d’un rose pâle semblable à celle du pou- mon de ces oiseaux : on ne voit aucune trace de bile ; ( 112 ) l'intestin ne contient qu'une pulpe grise ou blanche ; la couche musculaire du gésier est d’un rouge pâle , et Sa membrane interne , qui est toujours verte ou jaune dans l’état naturel, est ici décolorée. Il n’y a d’engorgement sanguin que dans les troncs des veines mésaraïques , et les ramaux qui se distribuent dans les intestins ne re- çoivent plus de sang : ce qui contraste fort avec ce qu'on avait lieu d'attendre d’après l’engorgement considérable qui se manifeste immédiatement après l'opération. Le cloaque est rempli d’excrémens sans mélange de couleur verte, et cependant plusieurs pigeons ont vécu jusqu’à trente-six heures. Si l’on ne lie que le tronc principal de la veine-porte, et qu’on laisse pénétrer les veines gastro-hépatiques , le lobe droit qui les reçoit est après quatorze heures dans l’état naturel, tandis que le gau- che est décoloré et présente à sa surface quelques traces de bile. De ces quatre séries d'expériences dont les résultats s'accordent parfaitement entre eux , on peut conclure : 1°. Que la ligature de l'artère hépatique n’empèche pas qu’il ne se forme de la bile ; 2°. Que la présence de cette bile est manifeste lors- pans lie en même temps les canaux excréteurs ; 0, Qu'il ne paraît pas douteux que ce soit le sang de + veine-porte qui fournit les élémens de la sécrétion de la bile, pendant que la ligature de ée vaisseau arrête cette sécrétion. (1) Voyez, pour la date de ces observations , le Bulletin de la So- ciété philomatique , août 1825. Elles viennent d’être publiées par Pau- teur dañs le Journal des Progrès des Sciences médicales , tome *1f ; p.216. (KR) =D se — ( 128 ) Expériences sur la réunion ou cicatrisation des plaies de la Moelle épinière et des Nerfs ; Par M. P. Frourens. 1. Les expériences qui suivent sur la réunion et la cicatrisation du tissu nerveux sont la continuation de celles que j'ai publiées en 1825, sous ce titre : Re- cherches sur la cicatrisation des plaies du cerveau, et L reproduction de ses parties tégumentaires (x); et les unes et les autres font partie d’un travail. général sur la cicatrisation et la reproduction. des divers tissus ; tra- vail dont j je. m’ occupe depuis plusieurs années , et qui est sur le point d'è ètre mis au jour. n # On a vu, par mes précédentes expériences (27, - que les. diverses parties du système nerveux peuvent être plus ou moins complètement séparées du reste du système, et conserver néanmoins encore un certain de- gré de wie ou d'action : c’est par ce degré de vie ou d'action qui leur reste, qu’elles sont susceptibles de se rapprocher des parties LE on les a séparées , de se réu- nir à elles ,,et,de recouvrer ainsi, dans certains cas, par cette réunion , et la plénitude de leur vie et l'exercice de leurs fonctions. 3. Un lobe cérébral, par exemple, divisé par une (x) Voyez. mes Expériences sur le Système nerveux. Paris , 1825, page 18. (2) loyez mes Recherches expérimentales sur Les propriétés et les fonctions du Système nerveux dans les animaux vertebrés, Paris, 1824, pag: 107 et suiv. — Voyez aussi mes Expériences ci-dessus éitées , sur le Systèmenerveux ; pag. 18 et suiy. XIII, — Février 1828. 8 (114) incision profonde, perd sur-le-champ ses fonctions : mais , au bout'de quelque temps ;'cette incision’se cica- trise, les parties divisées se-réunissent, et les fonctions du Jobe reviennent.;, ta IL.en est de même pour l'autre dois pour le suaneles, pour les. tubercules quadrijumeaux ; etc. ;:il en,est,de même enfin pour, la moelle,-épinière/, comme, l'on. {va voir: CRT DURE 4. Je fendis longitudinalement, sur un canard, tout le renflement médullaire postérieur : sur-le-champ, L'action. des. deux jambes fut extrêmement affaiblie ; la queue, était dans une agitation presque un Quand ke animal voulait marcher, il étendait ses ailes et ouvrait sa queue, pour venir au secours de ses jambes qu il ne remuait plus qu'avec lenteur, avec peine , et qui fléchissaient, à tout moment, sous Jui : : aussi, de- meurait-il presque toujours couché sur son ventre. Au bout de trois mois ; l'animal se servait de ses jambes tout aussi bien qu'avant l'expérience : Je mis alors le renflement opéré. à nu, et Je le urouvai presque entièrement réuni. . Je fendis le renflement postérieur en travers et presque en entier, sur un autre canard. L'usage des jambes fut aussitôt presque entièrement perdu ; }” animal les remuait encore un peu , mais il ne pouvait} plus se soutenir sur elles , et il n’avançait plus que par le se- cours de ses ailes. La queue s’agitait souvent et avec force; surtout quand on : Ja pinçait ou qu on a. tou chait. c L'animal reprit peu à. peu l'usage de ses jambes; quel- ques-mois après l'opération; il l'avait presque entière- (115) ment repris ;et le renflement opéré ayant été mis aiors à nu ,jerle trouvai presque entièrement réuni. 6. Je fendis enfin, transversalement etrcomplètement, la moelle épinière , sur un troisième canard; un peu au dessus’ du renflernent ‘postérieur. L'usage des jambes fat-aussitôt. complètement perdu , l'animal ne pouvait plus dutout ni les remuer à son gré, ni se soutenir sur elles. La queue se remuait avec force , dès qu’on la’tou- chait 1 l'Ce canard mourut le surlendemain de l’éxpérience : je mis aussitôt le point de moelle épinière opéré à nu; cette moelle était divisée dans toute son étendue trans- “vérsale, mais ses deux bouts divisés , tant l’inférieur que le supérieur, se monträient dèjà gonflés ét rapprochés Jun’ de’ l'autre : dernièré ciréonstance qu'on peut re- garder comme un premier pas vers la réunion complète, et depuis long-témps connue, qu'offrént les divisions ‘transversales des nerfs. AUiE. 7: Les expériences de Fontana (x ); sur la réunion UT } { dés nerfs , sont célèbres ; elles ont êté répétées par un grand nombre de of OA (2); je les ai répétées e! 161 moi-même D et voici quelques résultats particuliers qu elles m'ont offert, et qui ne me paraissent pas avoir été indiqués encore. ‘8. Je Coupai, en travers, le nerf de la huitième paire ou pueumo=gastrique droit, sur un coq. Deux mois après , ka ve extérieure étant entiérement cicatrisée, je mis, de nouveau, le nérf opéré à nu. Les bouts divi- | () Traité surle venin de la Vipère } etc., tom. 11! V'(8YEt'toûé récemment encoré par feu M: Béclard et M, Descot. ( 116 ) sés étaient trèsiponflés etertièrement réunis: l’un. à Paütre15Vutq d'oisotalenuot st ol MIl'importait de voir sitle ‘bout inférienr avait réac- quis, par sa réunion avec le bout supérieur, -la faculté de ‘concourir à une’ réuniononouvelle, Je.divisai,donc , de nouveau! le nerf cinq à six lignes au dessous du point prééédémment divisé etmaintenant, réuni. Deux mois après, animal étant mort/par suite d’unyaccident tout- à-fait étranger à l'expérience ; je trouvai la réunion, de cette nouvelle division encore complète;.et, les deux bouts réunis, pareillement très-gonflés, :9+ Je coupai également en travers} sur unyautre coq, le nérf pneumo-gastrique gauche. Au bout.de huit. mois, l'animal; bien nourri, avait beaucoup engraissé ; et sa plaie extérieure était , depuis long-temps,, entièrement cicatrisée. Pexaminai alors le nerf divisé ;je Je: trouvai entièrement réuni , et , au point de la réunion ; très-gon- flé. T'ne restait plus qu’à voir s’ilavait aussi repris ses fonctions ; je coupai done le nerf pneumo-gastrique droit. L'animal respira d’abord avec peine, mais cette fatigue de la respiration ne persista pas ; le lendemain, l’animal respirait bien , il buvait et mangeait. Le;troï- sième jour, la gène de la respiration reparut; l'animal devint triste, il restait presque toujours à-la,même placé ;’il ne ‘mangeait plus , il essayait quelquefois de boire : le quatrième jour ; le jabot. était énormément distendu , la respiration ne se faisait plus qu'avec efforts et angoisses , l'animal mourut. 10. Je divisai transversalement le nerf sciatique dtdit, sur une poule, : la patte fut aussitôt paralysée, el tout mouvément ‘dés doigts , perdu. Dix mois après lopéra- (tag ) on , cette poule: n'avait mullement repris l'usage de sa pate ; et elle ne pouvait marcher qu’en s'appuyant sur le coude que forment; à leur jonction, les os.de,la jambe et du tarse. Je mis-le nerf sciatique: opéré à nu; je le trouyai par- faïtement réuni; et le point de la réunion très-gonflé. Je voulus'voir'si, à défautdela fonction ; la communi- cation des irritations était: du: moins rétablie. Je pinçai donc, tour à tour, ce nerf, sur le point renflé de la réu- nion , au dessus, el au dessous de,ce point. À toutes.ces irritations , soit au dessus, soit au dessous, soit sur le rénfleñient:mème de la réunion , l'animal criait, s’agitait etorémuaitisaupatte. La communication à travers, le point. de réunion, c'est-à-dire la continuité! physiolo- gique' du 'merf, était donc complètement, rétablie., De plus; bien que l'animal ne müt plus ou, presque plus sa patte de lui-même ,-surtout les doigts de, cette patte, et ñe s'en servit plus/pour marcher; cependant, quand je pincaïs le nerf sciatique , et. dans quelque point de son träjet’ que le pincement eût: lieu , la patte et les doigts dé fcéttel patte se mouvaient aussilôt, quoique faible- iient | | ‘115 Je coupai, en travers, le nerf sciatique de la jambe gauche;lsar une autre poule; et au lieu d'abandonner, Comme dans l'expérience précédente, les bouts divisés du nerf à eux-mêmes, je les maintins rapprochés l’un de Väautre (1), par quelques points de suture passés à travers . (Al y a un phénomène qui m’a souvent frappé, dans le cours de ces €XpeTIences. ” Quand: où rapproche les deux bouts divisés d'un nerf (pneumo-gas- gastvique, sciatique ou autre), on aperçoit, au moment même du contact ( 118 ) la cellulosité fine qui entoure le névrilème. J'espérais obtenir; parce rapprochement artificiel, une réunion plus parfaite des bouts divisés; et par suite un|retour plus complet de: la' fonction: du. nerf, Cependant, huit mois après l’opération!, l’animal n'avait -aullemenvre- pris encore l’usage de sa patte; et.ne marchait, comme le précédent ,:qu’appuyé sur le coude formé par: l'arti- culation tibio“tarsienne. 29 L'steve op ‘nsid 36 Je mis le nerf opéré à nu:; lacréunion des: bouts; di- visés étaît complète’et leur point de réunion irès-grossil. Jé pinçai le nerf au dessus du point renflé: de la néu- mio ; l'animal cria , et les doigts de la patte:se contrac- tèrent ; je pinçai au dessous, mèmé résultat; je pinçai l& point de la réunion , et mème résultat encore: 12! Je coupai, sur un coq, les deux nérfs principaux qui vont, du plexus brachial, l’un à la face supérieure, et l’autre à la face inférieure de l’aile.'A la section du premier de ces nerfs, l’aile commença à traîner’et à se mouvoir avec peine; à la section du second} elle traîna tout-à-fait, et son extrémité ( partie à laquélle ‘5e 1 ren- daiént principalement les nerfs coupés } ne! se! mut plus rf 6? un petit mouvement d'attraction ou de rejonction de Pun,de ces bouts à l’autre : on dirait, que des deux bouts cherchent à se presser et à se pé- trer réciproquement ; et c’est là, sans doute le premier indice de cette endance ( pour ainsi dire chronique, par opposition à la précédente ) : à se rapprocher et à se réunir qu’ofirent toujours les deux bouts divisés d’un nerf, dès qu’ils sont divisés, et par laquelle ils se rapprochent,et se réunissent en effet, quelque écartés qu’ils soient d’abord l’un de l’autre,; dès l'instant de leur division ; par le mouvement naturel des parties auxquelles ils tiennent. Ce phénomène mérite d’être suivi ; 1 serait le premier’exemiple d’un mouvement réel etactif du tissu uerveux. ( 119 ) du tout. ‘Je croisai alors les bouts des, nerfs divisés, en joignant le bout supérieur d’un nerf avec lebout infé- rieur dé l’autre , et réciproquement ; etrjemaintins ce croisement artificiel par un point de suture, Au bout: de quelques mois, l’animalcavait parfaite- mént repris l’usage de l'extrémité de sonaile laquelle ne traînaît plus, etdont ilse servait pour voler tout aussi bien qu'avant l'expérience. La plaie ‘extérieure était depuis long-temps! entièrement, cicatrisée. Je.:mis les nerfs opérés à nul: ls étaient complètement réunis, et dans Pordie-:mêmeotje les avais: placés ; c'est-à-dire que: leboutinférieur- d'un nérf.se, continuait avec, ile boutsupérieur-de l'autre, et réciproquement. Je pinçaïees merfs aw dessus du point-de, leur réu- nion;sd'aile se mutaussitôt, et l'animal cria; je pincai au:dessous ;, l'animal le sentit de, même; et son aile se mut.encore; pareille chose eut lieu, quand je pinçai Le point-.grossi de la réunion. Eide plus, quand je pinçais, au-dessus du,point de la, réunion , le.nerf supérieur, crétait les muscles de la, face inférieure de l'aile qui se comtractaient ;.et c'était, au contraire , les muscles de la face supérieure de l’aile qui se contractaient quand je pinçais le nerf inférieur, toujours au dessus, du. point de la réunion. La communication des irritations’ était donc parfaitement rétablie dans tout le trajét des nérfs réunis; et de plus, elle. s’opérait dans un sens croisé, séns croisé déterminé par Le. croisement artificiel des parties. 13. Je fis, sur un autre coq, une expérience dont le résultat. pouvait être plus curieux encore. Je coupai d'abord, sur ce coq, le.nerf pneumo-gastrique droit en ( 120 ) travers; puis je réunis ; par un point de suture, le bout inférieur de:ce nerf au bout supérieur ou spinal du nerf de la cinquième paire cervicale, préalablement. coupé aussiien travers: Lait ER HO Au boutdé trois mois, je trouvaiilés boûts :-artift- ciellement rapprochés de la cinquième: paire cervicale et de la huitième paire encéphalique, parfaitément réu- nis lun à Vautre , et très-grossistau: point: de leur réunion. (1! Here f) L-é-t0t Hroytoft entité Je coupar‘alors le: nerf pneumo#gastrique gauche! pour voir si le pneumo-gastrique droit avait repris-sés fonctions ;:mais l'animal tomba aussitôt dans: cet état ide respiration pénible, laborieuse "et; de suffétation qui accompagné toujoursla :section isimultanée des, déux nerfs pneumo-gastriques : il mourut le second jour de cette nouvelle opération, et tout le:temps qu'il y! sur- vécent, il ne bougea presque pas de place, ilme man- gea pas, la respiration ne:se fit qu'avec -efforts:.et an- goissesy le jabot devint énorme par le gonflement.des grains qui s’y trouvaient avant l'opération ; et:qu'y lais- sait accumulés la paralysie de l’œsophage, suite cons- tantede la section simultanée des deux nerfs dela hui- tième paire. 14. Jerrépétai cette expérience de lumion! du bout inférieur du nerf pneumo-gastrique:droitravee de; bout supérieur du nerf de lascinquième paire cervicale sur un canard. Je réunis-de plus; sur ce canard, le bout inférieur du cmquièmeinerf cervical avec le bout supé- rieur de la: huitième’ paire, Au boutide trois mois,el demi; la réunion des bouts artificiellement rapprochés se trouva complète, et dans le sens même selon lequel,ces : ( 48r 7 bouts avaiéüt'été rapprochés : mais; x la section du nerf pneumo-gastrique gauche; l'animal tomba dans le mème état'que le précédent. 199 à HE 15. On sent combien un succès complet} c’est-à-dire le retour de la fonction ; eût été curieux dansces deux dernières expériences puisque un nerf cérébral: eût alors tiré’le principe de\ses fonctions: d’un nerf-della moelle épinière méme ;-e’est-à-dire d’un point des centres nerveux toût-à-fait différent de celui duquel, dans V'ordrenaturel il le tire. Je me propose de les té- Yu! péter! 16 Ainsi; 194es plaies de: la moelle-épinière:sont; comme cellés de encéphale, susceptibles de réunion et'de cicatrisation; et avec-la réunion de la plaie; la fonction revient. ‘1 esse ommoire étre 2° Les nerfs; 'transversalement et complètement-di- visés, sont'susceptibles de se réunir. 3° Un nerf coupé, dans son trajet, se réunit; et: cette réunion opérée, si on le coupe de nouveau; au dessous dupremieripomtd’abord divisé et puis réuni , ilse-réu- nitencore. 4° Onpeut croiser deux nerfs diflérens de manière à ce que le bout supérieur de l’un corresponde au bout inférieur de l'autre ; et réciproquement ; et, dans ce cas, la réunion s'opère encore. ‘5° Enfin, onrpeut joindre-le nerf de la huitième paire à un°nerf cervical, et la réunion a encore lieu. 62 Däns tous ces éas:; la communication des ürrita- tions/par les points réunis, se rétablit en entier; et il y a ‘dé‘nouveau ainsi continuité de wie, dans le nerf, comme Continurte de tissu: K ae à 7° Quant au retour de la fonction, jé n'ai pu én ju- ger dans la première expérience (8); il a été incomplet dans les seconde (9), troisième (10) et quatrième (tr); il à paru complet dans la cinquième (12); et il a été nul dans les sixième et septième (13) et (14). 17. Je me suis borné à indiquer ici le fait même de la réunion des parties divisées, et les’ résultats de cette réunion. Tout ce'qui tient au mode ou au mécanisme selon lesquels cette réunion s'opère, se trouvera décrit, jour par jour, dans mon travail général sur la cicatrisa tion et la réunion des divers tissus, travail dont les ex- périences qu'on vient de lire sont extraites, et qui est sur lé‘ point d'être publié ; ét l'on peut voir ée'qué j'en ai déjà dit dans mes Recherches sur les plaies du cer- veau et la reproduction dé ses parties tégümentuires citées au commentement dé cet article. M J : LS DES 1 » DC 5109 N ASE Nomice sur la Constitution géognostique de'la rise Touraine ; CS CURE ri ) J'LSLUS \ ñ: 29 LÉO Par M. Dusarni. HO SISSI9CA19 La Touraine était depuis long-temps célébrée par ses falunières. Dans la description géologique des environs de Paris , elle fut citée pour la craie auprès d’Amboise , et pour le terrain d’eau douce sur les bords de la Lôire ; plus récemment encore, M. Aug. Duvau ; dans uñe courte Notice sur trois dépôts coquilliers , avait signalé le caleare de Sayigné comme se rapportant à Ta forma- po — — ne ( 141 ) tion tertiaire, de mème que les falunières ; mais ces no- ions étaient isolées et ne donnaient aucune idée de la constitution de ce pays. Pour moi, occupé sans relâche à étudier le pays que j'habite, j'ai été assez heureux dans mes recherches pour trouver quelques, faits nouveaux ; d’abord, l’existence d’une nouvelle falunière dans le nord du département, qui présente , dès le premier instant, des coquilles qu’on n’a point trouvées dans celles du sud ; ensuite la présence des polypiers des environs de Caen et de beaucoup d’au- tres , mêlés dans la craie avec les Podopsis, les Catillus, et d’autres fossiles, caractéristiques. D'un autre côté,, les Crustacés décapodes queje. trouve dans les parties compactes de la craie grossière, où il n'en reste que des moules , m'ont présenté des fragmens avec leur test conservé et blanc, dans un calcaire crayeux, jaune et friable , semblable à des échantillons de la montagne de Saint-Pierre, et présentant à la fois des Gryphea columba avec des moules de Trigonies et d’uni- valves turriculées ; et enfin, mes conjectures sur un cal- caire d’eau douce qui couronne nos côteaux, se sont trouvées confirmées par l’opinion de M. Brongniart et par la comparaison avec d’autres terrains , autant que le permettait toutefois l’absence des fossiles. C'est ponr exposer avec clarté ces observations , que Je me hasarde à publier cette Notice. Lo G on À | Le | La pa traversée de l'O. à.l'E. par la Loire, qui la Partage à-peu-près également , contient au nord un vaste, plateau de. huit à dix lieues de largeur, ‘borné par le Loir, qui Cole sur la limite des départémens de (124) la Sarthe et de Loir-et-Cher. La ligne de faite de ce pla- teau , élevée d'environ bo toises au dessus du niveau de la Loire; est dirigée parallélément : c'est de là que coulent les ruisseaux qui se jettent dans l’une et l’ autre rivière; c'est là aussi que se irouve la nouvelle falu- nière, A : Dans la partie Ce ro quatre rivières considéra- bles divisent également le terrain. Le Cher n° est séparé de la Loire que dans un espace de six lieues : vêrs M est, par, une colline qui finit en pointe, à trois lieues de Tours. » et passé laquelle les deux rivières coufent dans la même vallée. L’ Indre est séparée des précédentes par un plateau large, ‘de trois à cinq lieues , et qui s ‘approche oblique nn ment, de Ja Loire au confluent du Cher, À à quaie lieues ouest de Tours. vi Enfin la Creuse et la Ven ‘qui réunissent à ir ex- trémité méridionale du département, sont séparées ‘de l'Indre par un plateau plus élevé et plus laige que le précédent, et dirigé comme ces rivières du S:-h.. Où il est plus large, au N.-O., ou il aboutit à cu EU Loire :" € est sur ce dernier plateau que sont siLuces les anciennes falunières. at pe Dans tout le pays , la craie tufeau , caractérisée par une apparence de stratification et par de paillettes" dis- séminées de mica , forme le fond du sol; partout on la trouve, si l'on creuse assez “profontlément. À Roche- corbon , deux lieues est de Tours sur la Loire: ete se montre à i-surface du, sol, dans un peut vallôn : au dessous de la craie grossière qui forme IC coteau : en al- re [ft lant, au, nord on la retrouve à Monnaye , SUT la route 2e À Na Cr) Vendôme; “elle ” est employée : à marner les, terres , et on l'éxploités au moyen de puits de fo à 50 pieds; ce qui concorde parfaitement avec sa position dans la localité précédente. J'y ai trouvé de petits Peignes minces, le Plagiostoma Mantelli , les Spatangus Cor-anguinum et curinatus, des Ostrea deformis , et un polypier du genre Hornera. 1 | Cette craie tufeau se montre encore e près de Montri- chard sur le Cher (ro lieues S.-E. de Tours). Là on l'exploite, sous le nom de bourré, en pierres légères qui servent à construire la partie supérieure de tous les édifices de la Touraine. Je fe ai vu aussi exploitée à Candes sur la Loire , au confluent de la Vienne ; à Poncé sur le Loir, ïo liéues nord de Touts et enfin on l’a trouvée en creusant récem- ‘ment lé canal de jonction de la Loire au Cher, et on Ja voit au dessous des falunières du sud. On peut donc en conclure: que tout le sol de la Touraine repose sur la craie tufeau. Au dessus , la craie présente les caractères les. plüs v variables quant à son aspect , mais ses) ‘fossiles , ou du moins quelques- uns, restent éncore ; et’ suflisent pour a caractériser. Dans les parties les plus basses , ellé” est parfois dure et semée de grains verts | ‘ailleurs blanchâtres s Fabtèue , et plus où moins friables ; quel- ‘an sable silicéux verdâtre; mais toujours quefois c'est céte couche est la plus riche en fossiles ; et présente des Baculites, deux Ammonites!, sept Térébratules , surtout dés espèces alata, ovata et carnea , une ‘espèce d’Æchi- nus ; les Cidarites personal , ART is, et des pointes en grand nombre qui én indiquent plusieurs autres; le Spatangus' bufo, 1e Nucleolites ovatus ; le Podopsis ( 126 ) striata , plusieurs Plagiostomes ; la Lima! pibbosaïet le Pecten quinque-costatus , parfaitement conservés , ainsi que l’Ostrea deformis ; VO: vesicularis , etune espèce mon décrite; les Gryphea 'auricularis' et Columba,, le Catillus Cuvieri, un petit Cardium; des moulesd’Arca, de Venus, de Solen, de Trigonies, de Pleurotomaires ou Cirrus et d’autres univalves ; avec des pattes de crus- tacés ; des Encrines,, des dents de Squale, et! des polÿ- piers en abondance, surtout des genres Ælecto}Eschare, Retepore ; Spiropore;, Jdmonea, Hornera, is ne pore:; Fongie, Eponge et Alcyon: : Ces caractères et ces fossiles:se présentent tout le ur du: côteau: séptentrional de la :Lioirecet dansiles vallons -aboutissans , lorsque la craie: n’est pas située trop'pro- fondément.; on Jestrouvé aussi dans le :côteau entre le Chier.et la-loire:, et dans les parties bassés’entre le Chér et. l'Indre.-La:süupérposition de cêtte variété dela craie au:tufeau-proprementidit ; se voit ou ise présume°dans plusieurs endroits; mais elleest évidente dans les puñts d’éxploitation du tufeau comme marne à Monnaÿe 221} Surcette-séconde variété de da :craïe repose quelque: fois uncalcaire crayeux, friable ; jaunâtre; qui présente -uné grande ressemblance avec certains échantillons-de la montagne; Saint-Pierre , surtout quand il contient des -débris) de crustacés parfois tellement -entassés'; ‘qu'ils -semblént,un ciment blanc entre les grains jaunâtres.: On ybreconnaît des pattes antérieures et.des fragmens tibu- lés j:comme-des antennes. Dans cette variété, on trouvé la Gryphea Columba dans un état de conservation par- fait. lavec ses couleurs , et souvent (des moules) d’une Bulle ;kdescoquilles turriculées; dont J'empreinte exté- (C127 ) rieure-est celle d'une Cerithe;, et de Trigonies. C'est aussi dans cettepartie que:se voient le mieux les couches hori- zontales de silex Gorné:, :soûvent er plaques continues de 4à.6 pouces d'épaisseur: Enfin c’est dans des:endroits oùce calcaires, sur le bord des'côteaux ;-est'abrité de la plüie:par des corniches de pierre moins friableiquesse formeflesalpètre; ‘on d’ytrouve-souvent comme un en- dit; solide, épais d’un - demi-pouce ; et cetté circon- stante sembléiait venir à l'appui-de l'opinion qu'avait émiséM. Lonchamip dans le cahier de septembre: 1826 des Annales de Chimieet de Physique, En-effer,les-ma- tières| animales ;:à moins qu’elles ne-füssent dans. la craie; n‘ontpu contribuer là à une nitrificationt aussi abondante:,:1e 244 4 )) eLises : Enfin:en quatrième lieu, les parties les plus: élévé dite craie; celles:qui forment le: couronriement à arêtes vives deslcôtéaux-de Rochecorbon:, de: Vouvray et d’ Am- boise; présentent un : calcaire ‘grossier plus:compacte , quelquefois: irès:solide;-‘avèc: quelques points: spathi: ques :eù seuvent les petits: grains verts des parties infé- rieuress cette, sorte de cristallisation: confuse explique- rait,; sij’ospis invoquer l'autorité de. M: Defrance; l’ab: senee-coñiplèteé de ‘coquilles: entières ; on n’y/trouveet ratemenñténcotelque des moulles dans lesbahcsiles plus Cütapactes-; mais dans les:couches moins-solides quicles séparent; con trouve des Gryphea Colomba ; desihuitres ebdes :Gatillu } mais bien-plus souvent des moules de Crustacés ; de Caryophyllées! d’Arches;-de Re désX énûsetd'univalves: #41 broder suCéttevariété de la craie fournit une Hénue assez belle quis’'emploie pouriles parties inférieures des édifices : «(1428 ) elle, surpasse en solidité le tufean , mais ; comme lui, élle se détruit praraptemens par le salpêtre,. 5 me Jusqu'ici ; j'ai relaté quatre variétés de craie ie évidem- «ment. ,superposées.; :L.qu'On.;peut, caractériser, AY en “pen demots,. 1° le tufeau proprement. dit, avec: ymica , -gontenant des Peignes et des Spatangues ; 2, la craie mé- Jée de grains. verts et souvent friable ou sableuse, avec -Baculites ,,Térébratules , , Podopsis , Cidarites jet Poly- -pierss 3,la,craie jaune friable avec Gryphea, Colomba aaiGrustacés;.4°-la craie grossière, dure de Rachecoxbon, -avee.des-moultes. sanlenentdeif Crustacés., s Arçhés ;-de Vénus et de Frigomes. extio te ereten asai gs Ga Dans cetéssérisu les du dentaen. seulement ont souvent l'aspect de couches ; mais souvent. ces, variétés sSontintimement liées, par des, passages: insensibles. | Une diste: complète de. leurs fossiles, que J'espère. Fra À même de’ faire plusstardy, montrerait. d'une. manière, positive leursrapporis,et leurs différences... 4,1, -sisDans, beaucoup d’endroits, à Pine :sur, de Cher, à Mont- baron sur. l'Indre; à Chémillé dans, le nord du départe- ment; on-twouve à.lapartie supérieure de la,craie,;au lieu. deyla-dernière-.où des:deux dernières. variétés, une séraie tès-fine;, blanche, presque pulvérulente ».qui ne un Pectunculus analogue. à l'angusticostatus,,. mais beaucoup, plus petit.etune [espèce d'Auricule ;j"y ai trouvé une petite Nasse; rnerodiée. de, sable calçaire, de manière à former une, boule assez grosse ; un canal en hélice spirale lâche, qui continuait da spire de la coquille, indiquait que, celte coquille avait servi d habitation à un Pagure, qui aAvail.pu, agrandir, sa demeure en agglutinant ainsi * disablen sromiia Hit re IL me reste à.parler, d'un calcaire marin tertiaire, si- gnaléçà wSayigné (sept, lieues N.-0. de Tours). par M.Aug:Duyau, il est. en assises minces, formées, de débris d coquilles et de zoophytes ; mêlés. de grains, de quartz HAE , et doit sa solidité à un dépôt calçaire qui,ençroite-et lie ses parties: 2: TT On. 'exploite dans plusieurs communes autour de Sayigné,. comme pierre, àghâtir, s supsne à grd: la,surface, on: trouve une grande quantité, ds po- lypiers, bien conservés, de grandes. huîtres, et les Pecten laticostatuset scabrellus bien entiers, quoique. encroûlés, d'un dépôt calcaire ; du reste , j'y ai vu peu d’autres coquilles ; mais à une demi-lieue de là, aux Cormiers, dans, la direction de Sembiançay, j'ai trouvé dans. des fouilles , des débris de l’Ærca diluvii et. de plusieurs autres coquilles ; communes aux autres falu- nières, ce qui semblerait rattacher ce terrain au. dépôt de soquilles de, Semblancayt: | Pour, compléter, celte esquisse du sol des entirans. + Tours il; faudrait parler. d'un, dépôt, d'argile peu éten- du,,-placé,an dessus, de la, craie surle çoteau dn Cher, dans: la,.goumune de, Chambhray à une lieue et demie (134) de Tours,sur la route de Bordeaux ; il faudrait signaler aussi ces plaines. élevées couvertes d’un sable quartzeux stérile,quine permet. que la culture du:pin maritime, et,qui font d’une partie ide. Ja Touraine, unl pays sem- blable aux. landes de Gascogné; :on/-trouveices {sables dans une vaste étendue entre Luynes.et Savigné;-au mord de la Loire;.on les voit aussi moins-étendus dansila commune de Veigné, près.de.l’Indre, st saub zu En,résumant ce,que.j'ai vu: la craie qui présente des côtes abruptes sur le bord de la Loire formean/vaste terrain: horizontal dans lequel, sont.creusées: les. vallées ; elle. s'élève, entre, les, rivières: principales jasqu’àla source, des ruisseaux afluens ; et c’est là seulement ;'aux points les, plus élevés; que’ sé trouvent-les) restes d’un terrain marin. tertiaire , qui peut-être couvrait toute la craie , et aura été enlevé dans la;direction des -courans;; ensuile , au voisinage seulement dés:xivièses ,:se trouve le calcaire que j'appelle d’eau douces il.est placé sur la craie à une hauteur moindre que lé terrain marin1ter- tiaire,1dont.ilest isolé par-cette différence de:miveau: : L viril TEL VII LE OBSERVATIONS. sur la’, reproduction: des, Oiseaux domestiques ; Par M. Ginou pe BuzAreINGquEs; + Gorrespondant de l’Académie royale des Sciences. Des faits que j'ai eu déjà l'honneur de communiquer à l'Académie , il résulte que, chez les Mammifères do- (ChÉ35)) mestiques ; les trop jeunéset des vieilles femelles, ainsi que cebles:lqui ‘sont -ouùmal nourries où #faiblèment constituées, ou soumises à de! pénibles exercices à l'é- poque de; l’accouplement ; prodnisent en général unplus grand mombre relatif demâles, que-celles qui sont dans le moyenâge et dans un bel état de vigueur et de santé, surtoüt ssilles unes sont fécondéés par des mâles vigou- reux d’une forte constitution et de moyen âge, ét les autres par, des mâles trop jeunes où vieux, où d’une faible:complexions. 2 lm'aparu intéressant de:savoir s’il enétaît de même ‘des oiseaux domestiques ;'et ; quoiqué je n’aie pas en- core jobtenide mes expériences assez de faits pour ré- soudre:cettesquestion, FAcadémie daignera peut être, tithnpéeunee du sujet, agréer la communication de ceuxique jai déjà obtenus. “Rozier. æ-prétendu avoir observé chez les ao - neaux que, doisque: l'animal est sorti de l'œuf et plu- sieursjours après, la femelle est plus grosse que le mâle ; et ibarajouté qu’en suivant cette indication , il devenait diflicile de se tromper sur le sexe de ces oïseaux : ceux qui en ont écrit l’histoire après lui ont adopté ce sen- timent. Mais les faits prouvent seulement que parmi les plusgros des dindons naïssans , il y a un peu plus de femelles que de mâles; et c’est l'unique résultat que J'ai encore obtenu de mes observations sur la reproduc- tion de ces oiseaux. Car lhumidiié du mois de mai dernier ;-qui-m’a beaucoup contrarié dans toutes mes expériences , a fait périr au moins les trois quarts de mes dindons’; Ayant que je pusse en déterminer le sexe. Jem’ai pas été plus heureux dans mes expériences sur ( 136 } les” œufs dé’ cannel:'urf'accident mia privé: ide! tous, les cattiétôns , présque immédiatement-après Péclosion: :; FEnfin;len 1827, la poule m'afourni lésiseules:dbser- Vatiôns qui méritent d’ête rapportéess 255 s1de0 | J'ai voulu savoir lesquels dés œufs:gros où desi-œufs petits, des ronds ou des longs,1donnent le plusde-mâles où lé plus de femelles. 251 2imor rue esfsioëqe eompren ‘Je'ñ’ai dû éompareroensemblerque les produits d’uné Même"baësse-cour | car les “œufs qui semnblént gros en üu# liéu; paraissent petits ren-un! autre; à-cause dé da EE dés ‘races ‘déterminée me celle dé larmour: titurel D 284 911 1 euOqos1 quo» slen 1Cé use} pas par le rapport du nids dés) œufs qu'on peut'toujours juger de celuide leur volume ;:carçsou+ vent les plus gros pèsént moins quedesplus petits; lors- qu'ils n’ont pas été pondus à unemême époque; & causé de l’évaporation de la partie humide:1On doit -done-les inésurér ;let'la plus exacte dés mesurés est-celle qi'on obtient par le déplacément dé l’eau, dont, 'pour-plus de commodité, le poids peut représenter'le volume: ducorps qui: l'a déplacée. Cependant, en 1826, j'ai pesé les œufs mêmes, après avoir séparé à vue d'œil les plus gros des plus petits ; et les poids obtenus ont confirmé mes jugemens sur les rapports de volume. En 1827, j'ai procédé de la manière suivante : Aprés avoir forméles couvées/par-approximation.;.en réunissant ensemble les œufs quime fparaïssaient°les plus groset ensuite les plus petits , Jai plongé à fa fois tous les œufs. d'une même couyée dans un vase parfaite- ment plein d’eau et placé dans un autre vase vide. L'eau ( 257 ) qui, par! le! fait de; cette imniersiona passé daus le second vaseræiétéopéséerexactement het: son poids a repnésemté lewolumeitotal ! dela couvéel:Ea divisanit, ce-poids, par le nombre des œufs;,oj'ai: obtéiu:une.:représentation moyenne de volumé:de chaque: œuf. se uluov is'l -11Afintd'éviter toute:confusioh ;-j'ai-fait.à, l'encre;des marques spéciales sur toutes les coûvées. J'ai, marqué les: pouleis>au anoment!de:l’éclosion;-en leur.coupant un des:onglés de d’une owde l’âutre patte.-Cetie manière de lés différencier est très-simple : mais il faut avoirisoin derrrafraîchir la marque tous: les : quinze! jours, ;:car l’ongle coupé repousse et finit par n’être pas différent déstqutresn C'ést-pour avoir mégligélcette précaution" sur les:petits: dercéntaines couvées que javais réunis,sous.Ja conduite d'une mérnepoule, qu'il m'a.été impossiblede les’reconnaître , -etque j'ai été privé, du résultat, d’une partiede mes peines: onerourvÈ!l él 10 ai “Juvert l'abdomen dés poulets. qui ont-péri,, afin d’en:veconnaitrede sexe, lorsqu'ils n’entavaient encore donnéiueuné marque:extérieure. | SM él J'ai tenu de tout des notes très-exactes dont'voict le réglés mm e) trjoq >1r1q 313} 13 j 1 Expériences de 1826. [1 1 L é yes À 1ife 2 (1 (te DOMAINE DE LA GOUDALIE. SYnEvEr ren &f al F inâles. ! fem. 36/œufs dérpoulesderformesphérique; et du poids moyen... . ze 124610233 ont donné RER RER EE EEE [4: des ei 15 m. 15.f 6o œufs id., de forme allongée et de même poids que les FOR RS DSUHOLG ES pééee et 1) F PQ À: tee FT Fee précédens Font donnés ‘...::.1....1,1...44452 36 30 8'ŒbtS HE Ton tit sphérique) ct°dé poids de 47e 356), ont lébalé. abiv. pag tai laete donb de des dure irenit 5 1 ( 138 ) L nm Ÿ SI CO IE 9VS1 \ONSeRLSE 29819 VII 1999 1303 DOMAINE DE BUZAREINGUES. amet gé: Go;œufs de dinde, du poids moyeu.derde6ogr,5o,! bresou 25 1e venant de femelles âgées, d un an, cf petites, 98bbr 299 non “donné. SARA NX RDC LE ae M re 20 f. 5 XIHS6321Q 90 «EL VS J10( 57 h se a BB PAU USD < SUP ia 23h19 ë sq »] SET. 8lov 39 998$ reulq est sup MAR RPE SRE EUESmon.basis eulq g fee … ,f,pates :, ]f.: ômpne Fous moxan || Nommer 2! 24 1oluoc rt ‘7 | des produits | “de Peau 2 1 bu: des. h [dont lesexe déplacée, y, + Éel1foct OBSÉRVATIONS: 11% 3 ) a été ; par = É Se : 4 , d Çouyaisons. |. reconnu. | chaque œuf. |* ÉD h :eo1s. ewlq 29) 6 juin. 16 08:,76 où 16 21 mai, 22 fe 11 14 | 8 |Ecl.le pare egE ë. 14 mai,! ;:l; 16 143. ,68, fig! 2:7fEcloslel juin 20, | 28 mars. 13 44 ,64 6 7 6jum:n do15060 4 4h! dome suseersdo spas 21 Mai. . 20 46 ,52 io |.10 Ecl. Riri juipap. m d 6 juin. 5 46,88 07 4 SM SLLTES d FER 17 47.04, |..8 LC9 clos le 5inin,,[ sur juin, ” 10 53 ,00 4 6 FERjS } [AZ “I rys . k DOMAINE DE LECURE. 13 mai. 11 49 ,20 8 | 3 |Les poules de ce do- 29 "avril. 10 50 ,93 6 | 4 | maine sont plus for- tes que à de; Bw- | Zareingues. Dans ce dernier domaine, une troisième couvéedont les, œufs étaient à.vue d'œil plus gros que-ceux dé la | première et plus, petits que ceux: de la seconde; a donné 6 mâlesier 3. femelles ; et-une- quatrième couvée, doptiles œufs provenaicnt d’une jeune poule huppée., -choyée de la mairesse.de la maison; et par conséquent-bien nédr- rie,3,a; donné, 5-mâles, et 7.femelles, : LATE AUO ( 459 ) Le total de ces diverses naissances S “élève à à 183 mâles et 152 femelles. Si de nouvelles. et nombreuses expériencés confir- ment ces résultats, comme Île volume des œufs est en rapport avec celui des oiseaux, il deviendra constant , 1° que, dans une même. basse-cour, et sous une même race de volaille, les plus fortes femelles procréent un plus grand nombre relatif de femelles que les plus pe- tites; 2° qu'il n'ya pas de rapport certain entre le sexe du poulet et la forme de l'œuf; 3° que l’éclosion des œufs les plus petits est plus hative que celle des œufs les plus gros; 4° que chez les gallinacées la prédomi- nancé di Sexo PAPE est plus grande que chez Îles mammifères. Les poulés viéilles font dés œufs gros, et!si les'oi- seaux obéissent aux mêmes lois de réproduction que les mammifères, ces œufs doivent donner autant{de mâles que les plus petits. Or, on remarquera que la ‘prédomi- nance des mâles fournis par les œufs petits est plus grande que celle des femelles fournies par les œufs gros. On a pu remarquer encore, que les très-jeunes femelles qui n’ont pas acquis un développement précoce, don- nent'un grand nombre relatif de mâles. Il est donc pro- bable que les mêmes lois de reproduction sont communes aux mammifères et aux oiseaux. L'expérience comparative des œufs ronds ét des œufs longs! a. été faite-par mes ordres, mais non pas sous més yeuxiét , quoique je n’en suspecte pas les résultats; je ne puis les garamtir. Quelquésifaits semblent prouver que; selon l'opinion commune des ménagères ; 11 n'est pas réellement indif- (140) férent de mettre couver les Cu sous toutes les phases de la lune, et que l’éclosion est d'autant plus heureuse qu elle est NE voisine ‘de 1 plème lunè. Toutes les couvaisons du domaine de” ‘ Buxareingues > en me : étaient" composées de 25 œüfs. Or, comme on\peut s'en convaincre par le tableau précédent, le succès. dei ces couvaisons a été dans l’ordre suivant: 1° celles du 21 mai , 2° celles du 14 mai, 30 cellès du 38 mars, 4%éelles du Der DE LÉERE GEL Ph emières a eu MT je 18 Up é sième , peu 2 1 ; # el elles des € Gutinies, e 4 Les inter- valles de” ces époques à celle de” fa Pleine lune péri à ir HD 3 4; 7 7, 10 jours. Ces rapports , à ‘s 11$ étaient renaud , ne fis a pourraient-ils pas être l effet de l influence dé Tafumière ou de l obscurité sur l'état d agitation où ‘de repos CRE OO f D 291 I6C ans fCr couveuse 2 Par “trop de chaleur, des. couveuses HuQe ‘4 159, 292 5h biles tuent Les petits, où en coutruient le éve oppe- iret Si : à Se | Ie 61 9 LE IP ete FR Lo à ment. 1 ! 9 170 HDIQT © Jé me propose de me livrer à \ de PE ITE Feet 16$ Hola ccetr 115Q SKST ‘19 sur tout ce qui est le e sujet de cette communication. Les faits qu'elles m'auront fournis seront ; quels qu'ils soient, : ‘connus de l Académie. | "A (ue et . énioir sliesot istè sf tisvs on olls ‘35m D | T9V 192 3M 99 sb exvotus esl'ésojue 95 À asb S15r19b 5 s riôieestriss sf 53loqq db slf55 36 9 A Torenis 5 ‘110q ebd eneb s JOUMIOP A! X \ si 4 IS net ésdol : rislor 19 LES à à Ta re Gr ) ad ox! 1 crri EXTRAIT d'un Mémoire ABLE d quelques noU— velles.. espèces... d'Hyènes . fossiles, découvertes A caserne de Bree P3el près Montpel- Apres 1 G H8S LÉ Par MM. À ULES DE TÉEIVDE et A. BrAVARD tee ë Les auteurs de ce travail rappellent d'abord que l Hyène. est l'un des animaux que l'on retrouve le plus fréquemment : à ik état fossile : mais que parmi ces innom- brables. ossemens ,. on! n avait encore remarqué qu’une seule espèce celle que M. Cuyier désigne sous Je nom d’ Hyè ène, fossile. Ils ajoutent que cette Hyène se rap- proche ; par les dimensions de son squelette. et la forme de ses dents de l Hyène du Cap ou de l Hyène tache- tée, mais qu elle la surpasse de beaucoup par la taille f qupid: ue Î V ire tachetée tienne sous. ce rapport le : pre- mier rang parmi les animaux de ce genre. [ls rappellent encore une seconde espèce vivante, moins grande et moins forte on celle du Cap, l’Ayène du Levant ou rayée; elle n'avait jamais été trouvée à l’état fossile. À ce sujet, les auteurs de ce Mémoire font observer que la dernière dent molaire de la mâchoire inférieure , appelée la carnassière , offre des caractères assez tran- chés pour faire distinguer l’Âyène du Cap dé celle du Levant. En effet, dans l’Æyène du Cap comme dans l’Hyènre fossile, cette molaire offre deux lobes tran- chans, et porte un talon à la partie postérieure ; dans (1) Cet extrait est tiré d’un Rapport fait à la Société d'Histoire na- turelle de Paris par MM. Huot et Isidore Geoffroy Saint-Hilaire. ( 142) l'Hyène rayée, cette dent présente aussi deux lobes tranchans, mais le talon dont nous venons de parler est plus considérable : de plus , dans l’Ayène du Cap et dans l’Æyène fossile, le lobe postérieur pores à la base de son côté interne un tubercule saillant | qui ne se trotve point dans l’Ayène rayée. D’ après ces caractères , facies à saisir, M. de Christol a dû reconnaître dans la caverne de Lunel - Viel une Hyène semblable à l'Hyène rayée , puisque $a carnassière est en tous points semblable à celle de cette espèce vivante. Elle est nouvelle parmi les fossiles ; ils proposent de la nommer //ÿène rayée fos- sile ou Hyène de Montpellier. Cependant : il ne prétend point qu’elle soit réellement identique avec l Hyène rayée , mais seulement que c est à cette espèce : vivante qu'elle doit être rapportée. Après ces considérations anatomiques ». eg auteurs rappellent les mœurs de l’Hyène vivante ; sa poltronerie, pour nous servir de leur expression , leur sert à aborder une question importante en géologie. En let, ce qu “ls rapportent des observations du docteur Sparmann , qui peint l’Hyène comme un animal qui craint de se mesu- rer avec des animaux bien inférieurs à elle en force, ‘et qui préfère s'emparer de leurs cadavres que de les atta- quer vivans , semble , suivant eux , expliquer l'immense quantité d’ossemens accumulés dans la caverne des en- virons de Montpellier. Ün grand nombre de ces os portent la marque Évi- dente des coups de dents de l’'Hyène ; on y reconnaît les traces des incisives , des fausses molaires et des carmas- sières. Les iraces des incisives forment des rainures ou des sillons parallèles ; celles des fausses molaires , des (145) empreintes en forme de petites échancrures ou de demi- era celles es carnassières , des sillons sembla- bles à, Ceux d'un ciseau tranchant, Ils annoncent que M. Buckland a reconnu les mêmes caractères sur, des os rohgés par des Hyènes vivantes ; qu'il s’est assuré qu'elles dévorent de, préférence les parties osseuses qui offrent un tissu spongieux , telles que les têtes supérieures des humérus , des, fémurs etc. : ce qui explique en eflet, comme ,le remarquent les auteurs du Mémoire, pour- quai l'on trouve dans la caverne de Lunel-Viel tant d'osserens dépourvus de leur tête, et tant de petits éclats de divers. autres ossemens. Ces, ogsemens accumulés portant la marque des coups de ‘dents, les excrémens d'Hyènes trouvés dans la ca- verne de Lunel-Viel , prouvent qu’elles y habitaient ét qu'elles y entraïînaiént les carcasses d’éléphans , de rhi- nocéros , de sangliers et de cerfs, auxquels la plupart de ces débris apparüennent. Îls prouvent aussi la parfaite ressemblance des mœurs, de l’Hyène fossile et de celles qui vivent encore; ils prouvent enfin , comme l’a fait observer M. Cuvier, que l’homme n'existait point à l’é- poque où ces animaux Carnassiers habitaient des cavernes semblables à à celles des environs de Montpellier, puis- qu on n'y trouye point d’ossemens humains. On est d'accord sur ce point, que l’inondation qui remplit de limon et de gravier les cavernes et les fentes du calcaire jurassique , est postérieure à l’existence des Paleothe- riums.et des Anoploteriums , dont Îes ossemens se trou- vent dans les gypses des terrains de sédiment supérieur, et qu’elle a précédé l’époque qui vit paraître l’homme sur la terre. Les auteurs du Mémoire attribuent donc la pré- (144) sence de l’Hyène fossile de Montpellier dans la caverne de Lunel-Viel , à l'instinct qui la portait à choisir pour demeure des antres semblables , où elle rassemblait les débris osseux des autres animaux ; maïs leur découverte ne se borne point à une seule espèce fossile nouvelle. M. Cuvier a dit qu’il existe au Muséum d'histoire natu- relle de Paris une Hyène qui n’est ni rayée ni tachetée , plus petite que les deux autres, et qui paraît faire une troisième espèce; ses dents se rapprochent de celles de l'Hyène rayée , mais le tubercule interne du lobe posté- rieur de la dernière molaire inférieure, est moins aigu, moins saillant que dans l’Hyène rayée. C’est précisément à cette espèce, connue des mammalogistes sous le nom d’Ayène brune, que paraît appartenir une dent que MM. de Chfistol et Bravard décrivent dans leur Mémoire ; elle est reconnaissable à ses deux lobes tranchans , au talon qu’elle porte à la partie postérieure, et à un tubercule interne à la base du lobe postérieur, mais plus petit que dans les dents de l’Ayène rayée vi- vante et fossile. I] est à remarquer que ce tubercule n’est point à la mêmie place que dans les autres espèces ; qu’il est beaucoup plus en arrière, et qu’il se joint au talon. M. Cuvier ne parle point de cette particularité , ce qui empèche de décider si cette dent appartient bien à l’es- pèce dont il ignore la patrie ; mais au moins est-il cer- tain que c’est une nouvelle espèce fossile. Quant à la cause qui a rassemblé tant d’ossemens dans la caverne de Lunel-Viel, les auteurs du Mémoire, tout en assimilant l’époque de leur réunion à celle de la formation des brèches osseuses ; appuient sur ce point, qu’il faut l’attribuer, non à des courans d’eau seule- (14 ) ment, mais au rassemblement de débris d'animaux dû aux diverses générations d’Hyènes qui se sont succédées dans ces cavernes. Cette observation est d’une os importance ; ce- pendant elle ne suflit point pour expliquer l’accumula- tion des ossemens de carnassiers de différentes espèces dans certaines cavernes. Ainsi, par exemple, il faut bien attribuer à une cause physique violente, telle qu’une grande inondation , l'énorme quantité d’ossemens de car- nassiers amoncelés dans la caverne de Gailenreuth , en Bavière. On sait qu’elle est formée de différentes grottes plus ou moins spacieuses, qui communiquent de l’une à l’autre par des espèces de puits , dans lesquels ces ant maux n'auraient pu descendre (1). On sait aussi que sur cent ossemens , on en trouve quatre-vingt-sept d'ours , trois de gloutons , deux de tigres ou de lions, cinq de renards ou du genre Canis , et trois seulement d'Hyènes. Ce n’est donc point à ces derniers animaux qu'il faut attribuer la réunion des débris d’herbivores-que l’on y trouve mêlés. Cette observation , que nous ne faisons qu’en passant, ne diminue en rien le mérite de ce Mémoire, dans le- quel les auteurs signalent deux espèces évidemment nouvelles d’'Hyènes fossiles. (1) On peut consulter aussi à ce sujet la Notice de M. Bertrand-Ges- lin sur la caverne d’Adelsberg (Ann. des Sc. nat., 1826, tom. vrr, pag. 458). XILL. 10 (146 ) Rapporr fait à l’Académie royale des Sciences sur-ur Mémoire de M.-Adolphe Brongnrart, n- titulé : Nouvelles Observations sur:les Granüles : spermatiques des Végétaux; Par M. H:eCassinr.! (Lu dpëi la-séance du xy-décembre 1827: ) L'Académie nous. a schargés, MM. Desfontaines., Mirbel et moi de lui rendre compte d’un Mémoire de M. Adolphe Brongniart, mtitulé: Nouvelles observa- tions sur les granules spermatiques des végétaux: Ce Mémoire:est une sorte d’appendice, ajouté aux re- cherches sur la génération des. végétaux, présentéés l’année dernière à l’Académie.par..ce jeune: (botaniste, et qui ont, mérité à son.auteur. le prix de-physiologie. Là M. Brongniart avait cherché à établir le rôléiqueiles granules contenus dans les grains deipollen jouent dans l'acte de ja fécondation et Ja nécessité. de leur.eoncours pour la formation de l'embryon: végétal. Ici, l’auteur muni d'un instrument. plus puissaut, l'excellent mit croscope d’Amici, obtient de nouveaux, résultats qui dissipent quelques doutes restés dans son esprit,et qui lui paraissent confirmer et étendre sa théorie. M. Brongniart, d’accord.en ce: point ayec Needham, Gleichen, Geoñroy et d’autres , considère les granules renfermés dans le pollen comme analogues aux .ami- malcules spermatiques des animaux , et il repousse, l'o- pinion de Kælreuter et de la plupart deses successeurs ( 147 ) qui attribuent la fécondation à un fluide très-subtil et invisible. Eniconséquence ; il à pensé que les granules spérma- tiques des végétaux méritaient d’être étudiés avec soin, et il a procédé à ces recherches, de la manière: sui- vante. M. Brongniart fait éclater dans une goutte d’eau sur le porte-objet du microscope, quelques grains de pol- len ; il divise avec la pointe d’une aiguille les trainées qui en sortent, afin de répandre les granules dans l’eau, et il les observe à l’aide des deux plus forts grossisse- ménis° du microscope achromatique d'Amici, évalués l'un à 630, l'autre à 1650 diamètres. Enfin, il dessiné ces granules au moyen de Ja camera lücid& adaptée’ à l'instrument , et ces dessins joints au Mémoïre que nous analysons, rendent sensibles aux yeax les diverses formes ét dimensions des granules de seize espèces de plantes appartenant à différentes familles naturellés. HOh1ywoit que les granules dont il s’agit sont tantôt sphérique comme dans le Potiron ; tantôt ellipsoïdes ou wylindracées comme dans les ÆJibiscus ; tantôt presque lenticulkires, comme dans le Rosa bracteata. Quant aüx dimensions de ces corpuscules , elles varient bien plus qué leurs formes ; et ces variations de grandeur se trouvent comprises entre des limites UP étendues ; car adis que M: Brongniart évalue à + de li 126 mètre le grand diamètre des Sr mass oblongs de ?’Ær- biscus syriaeus , il ne donne que -+ de millimètre aux 700 gvanules slobuleux du cèdre du Liban. Ainsi, la gran- deux des grannles spermatiques n’est pas plus que celle ( 148 ) des embryons , en rapport avec la grindeur des végétaux qui les produisent. EU L'auteur prétend que les espèces du même genre pré- sentent en général des granules'd'üne forme analogue, et qu'ils diffèrent beaucoup d’un genre à l’autre ;même dans des familles très-naturelles, et'il croit pouvoir ex- pliquer par là commént la production des hÿbrides! s’o- père aisément entie dés plantes du'même genre , et com- ment elle est impossible entre des plantes nom congé- HER Ces inductions pourront être justifiées par la suite ; mais il nous semble ‘qu’elles sont bien prématurées quant à présent ; et que les observations de l'auteur ne sont pas encore assez nombreuses , à beautouppres!, pour lui permettre d'établir aucune loi générale) :sur- tout quand on considère combien d’excéptions viennent Journellément démentir la plupart des règlesrqué/les botanistes avaient cru le plus solidement fondées: D’ail- leurs, quelques-uns des faits observés par l’auteur, pa- raissent déjà peu concordans avec Ja théorie dont est question. Par exempie , les’ granulés du Datira metel et ceux du Cedrus Libani, soit exactement della même forme et de la même grosseur. La même conformité existe entre les granules de plusieurs iautrés plantes, fort éloignées par leurs rapports naturels #1 0! La figure et la grandeur des granules n’ont pas seules fixé l’attention de M. Brongniart. Un caractère ‘beau coup plus curieux et fort ‘extraordinaire s’est dévoilé à ses régards. C’est une sorte de. mouvement:-spontamé inhérent à chaqué granule ; et indépendant de célui qu est propre aux granulés voisins, ainsi que du mouve- (149) ment qui pourrait être excité par des circonstances ex- térieures dans la goutte d’eau où nagent, tous. ces gra- nules.… ;, bo Ge mouvement toujours très-lent,, même vu sous un grossissement prodigieux qui, amplifie ses apparences dans la, mème proportion ;.a, été apercu distinctement par l’auteur dans les granules spermatiques de plusieurs plantes ; «mais il,avoue n'avoir pas _pu..le reconnaitre dans d’autres. tufébhant: ass .-Non-seulement M. Brougniart a vu les granules de beaucoup: de plantes, changer.,de position, les uns par rapport aux autres, en s'éloignant ou se rapprochant, mais,ce,qui.est encore plus notable, il a vu ceux des Hibisous.et des! Ænothera qui sont oblongs , se courber spoutanément. en arc ou, mème,en forme d’S, mais tou- jours avec, lenteur. M: Brongniart, considérant que la cause du mouve- ment dont il s’agit ne peut résider que dans les granules eux-mêmes , pense, que} l’on doit donner :à ce mouve- ment Ja qualification de spontané. 1] fait remarquer que ces mouyemens qui ont lieu hors, de la plante dans une goutte: d’éaw; sont d'un. ,ordre, tout-à-fait, différent de celuicqu'on observe, par exemple, dans, l'intérieur des Chara, et dont la, cause réside peut-ètre dans, les pa- rois de la cavité où il s'exerce. Il fait remarquer aussi que,-dans les animaux, toutes les molécules des fluides orgahiques sont: immobiles. dès qu'elles se trouvent hors du, corps de l'animal , à l'exception de celles qui constitwent le sperme, et que, les corpuscnles reproduc- teurs de quelques conferves , jouissens. de mouyemens spomtanés, après ètre sortis des tubes.qui les contenaient ( 550 } et avant de se fixer pour former! en croissant une, DoU= vélle plante. D'après tout cela, l’auteur est disposé à croire que c'est ui caractère commun aux corpuseules reprodiic- teurs'dé tous les ‘êtres organisés; de jouir d'une !vie propre qui se manifeste par des mouvemens :spontanés. La saison dans laquelle le Mémoire de M; Brongniart a été soumis) à examen de vos commissaires ; : n'était pas favorable à :la vérification des faits qu'il contient. Cependänt cé! botanisté a pu nous faire observer avec soi microscope les granules spermatiques de la rose trémière (Ælthæa rosea) ,éunous avons reconnu que ces pêtits corps’ont une forme bien déterminée , des dimen- sions exactement appréciables; et:que:chacun d'eux jouit d’un mouvement propre (extrêmement lent; mais qui, à raison de ses irrégularités, paraît bien tre üridé- péndant de toute cause extérieure. e La forme, la grandeur, le mouvement dés gränules voilà en substance tout ce que renferme le: Mémoire de M. Brongniart, sous le rapport des observations; let ce qui concerne ‘le mouvement ; doit en! être! corisidéré comme la partie la plus curieuse et la plus neuve: Nous avons dû chercher à connaître si ce phénomènentéres- sant n’avait pas été aperçu déjà par quelque-cbservateur avant cé jeune botaniste. T nous a lui-même indiqué loyalement un passage & Gléichen; qui, en apparence du moins ,'semble,se-rap+ portér au même phénomène: Cet habile micrographe dit que la poussière des fleurs , c’est-à-dire Je pollen, :apiès avoñ été quelque temps dans lPean , se-métamorphose en animialcules d'infusion; qu'elle devient vivante: of- C51) frant une: fourmilière d'animaux qui-se:remuent avec beaucoup de vivacité, et dont les plus grands.ne sont que comme des-poinis.: s199 2108 ei ILest bien probable que: le: fait rapporté par Gleichen est lemême que celui quisest exposé par M:Brongniart; mais senctout cas, l’auteur allemand ayant:mal.observé ou mal décrit ce qu'ilawu , me mérite guère d’être con- sidéré. comme devéritable auteur; de la découverte. M. Atmiei a vu dans:le prolongement :tubulenx.d'un grain de’pollen du Portulaca oleracea., en-contaetavec un poil du stigmate, les granulesefleéiuer, un; mouve- mentitrès-manifeste de-circulation quia duré plusieurs heures; mais cette circulation desgranules dans l’organe qui lesivenférme, pourrait bien être-un toutautre phé- nomène que celui dontil est question ici, La Enfin, M:Guillemin, dans ses Recherches microsco- piques sur le pollen, lues à l'Académie en 1825 et pu bliées dans-lés Mémoires de la Société d'histoire natu- relle:) dit que: lorsqu'on fait crever les grains, de pollen dans l’eau, une sorte de fusée.est, produite par l’éjacula- tion d'un liquide plus dense, et dans lequel.les granules se meuvent:d'abord avec une: grande, viesses mais que leur’mouvément rapide s'arrête bientôt ;let que leur vie esvalors-terminée sans retour. Il pense que.ces granules ont une vie indépendante de l’organe qui les renferme, et qu'ils sont les rudimens des embryons que. la mature tiarisporté sur d’autres parties propres à les développer. On°mé: saurait: méconnaitre. analogie de:-ces: idées, de M:iGuillemin avec celles de M. Brongniart;:mais. il, est juste dérremarquer que celui-ci, à fait:mne, étude exaote ét'approfondie-duphéhomène-que: son deyandier semble (45 2)) n'avoir entrevu que légèrement et sans y donner beau- coup d'attention. En! effet, loin que le mouvement des granules s’arrète bientôt après leur émission hors du grain de pollen , et que leur vie s’éteigne alors sans re- tour, comme le djt M. Guillemin, vos commissaires ont remarqué qu'après l’'évaporation de la goutte d’eau dans laquelle ils nagent, si l’on humecte de nouveau le-porle- objet, leur mouvement recommence et dure. comme auparavant. Cependant l'existence de cette singulière propriété paraît avoir un terme; car M. Brongmiart ayant été invité, par nous à observer, dans une goutte d’eau , les granules extraits de grains de pollen, appartenant à des plantes desséchées dans un herbier, les a trouvés privés de mouvement. Il serait intéressant: de rechercher par des expériences exactes et multipliées , l’époque et la cause immédiate de cette cessation absolue de la-fa- culté du mouvement dans les granules, et surtout d’é- prouver si elle a également lieu dans certains végétaux, tels que le Dattier, le Chameærops et le Jatropha urens, dont le pollen conserve, dit-on, après la déssication ; et pendant long-temps sa faculté fécondante, Quant à la théorie adoptée par M. Brongniart, nous ne croyons pas devoir nous en occuper. Remarquons seulement.qu’elle est fondée èn premier lieu surl’ana- logie des granules spermatiques des végétaux avec les animalcules spermatiques des animaux , analogie dou- teuse et imparfaite ; et en second lieu, sur la nature et les fonctions que, suivant un certain système , 6nlattri- bue aux animalcules spermatiques. Maïs ce système est encore loin d’être à l'abri de toute contestation. Ajou- tons que l'introductiont'et la transmission des ‘granules : (ce53)) à travers le tissu végétal"; et jusqu'aux ‘germes de l’o- vule’; présentent dé riouvelles difficultés dans Papplica- uon'de la'théorie aux végétäux.1"10 2 Quoïi-qu'il'en ‘soit, et en faisant abstraction des''idées systématiques que l’auteur n’a émises qu'avéc üne’sage circonispection, 1} resté dans son Mémoïre des ‘faits exacts , intéressans , bien ‘observés, bien ’déerits ; bien analysés mais peu nombreux. Mi'Brongniart qui sait mieux que personne que ce sont là les!vraies ‘et seules sohidés richesses dé la science, ne manquera pas démul- tipliér'sés observations , et de’ mériter airisi dé‘plus en plus les'suffrages de l’Académie qui Jui’ont été récem- iment'accordés dé la manière la plus éclatante jour son prémiér travail, et que nous'vous proposons dé lui con- unter pour -celui-ei ; ‘en’ admettant ee dernier-dans le recuéil des Mémoires des savans étrangers * L'Académie adopte les conclusions de ce rapport. Sr TÈ Ta 2h] \ RecnérchEs ANATOMIQUES sur deux canaux qui mettent La cavité du 'péritoine en communication avec les corps 'caverneux Chez la Fortire/fe- melle, "et sur leurs analogues chez le Crocodile; "EL REMARQUES sur la structure et ld AispéSilion ‘du cloaque , du clitoris el des Corps Caverneux pol 20 6 EEE) Chez la Tortue ; ” : - " ds F4 SAMI 1 fi ; f SITFC AL: 29 92 Pin MM. Esro, Grorrrov Si-HirAire. ét 3. G9 sa leg‘ drnm9t } | (Mémoir ME à l'Académie royale des Sciences le 18 février 1828. ) Of 2 fiorjsran Où Pf)! ic Quoique: l'onre pessède éncoreosur P'anatonmieret la physiologie des Chéloniens que des connaissances fort (194) incomplètes, c'est un fais incontestable, que dans toute la série des vertébrés ÿ il est bien peu: de: familles: qui aient donné lieu à des travaux plus mulipliés:! Laelas- sification ; les caractères extérieurs et lorganisätionin- terne de ces: singuliers reptiles ,. ont été placés par les naturalistes de toutes les époques, au rang des: plus in iéressans sujets de recherches; et , sb-nous exceptons Pallas-et:notre immortel Buffon , il n’est peut-ètre-au- cum des- maîtres de: la :seience qui n'ait tenté 1d’é: claireir quelque point ‘de: leur histoire si won par des Mémoires publiés dansrce but spécial; au moins par quelque observation ion par quelque idée , rapportée ou émise dans'ses ouvrages; Dans le temps où l'anatomie comparée se proposait pour but principal la recherche des différences, il est évident que-l’on dut se) porter avec empressement sur l'étude des Chéloniens ;'euscest ce qui ne manqua pas d'arriver. On’'né connaît poiñitrenl eflet de famille dont l'organisation extérieure offre des anomalies aussi nombreuses, aussi remarquables-éisur- tout aussi faciles à saisir. Plus tard’, lorsque dé l'étude des différences, on passa à l'étude plus dificile , ais peut-être anssi plas importante des analogies on trouya égalementdans les Chéloniens un vaste etrichessujes d'observations; ensorte que le point de vue sous lequel on Îles étudiait, fut changé, mais non pas le dégré NET térêt de leur éthde. Qu'il nous sullise de rappeler, à à. cet égard, les rapports signalés dans,.ces deruières, années contre plusieurs organes où systèmes organiques des-tor- tués, et es parties analogues chez les monotrèmes , chez les oiseaux et même chez quelques- uns. des iuyertébrés supérieurs (4); (x) C’est un fait digne de remarque et sur lequel la justice nous fait = ( 1206:) Ces motifs d’intérèt sont sans contredit bien réels , et ils-sûût, plus que: suflisans pour légitimer cette sorte de-bprédilection avee laquelle un grand nombre de sa- vans distingués. se sont. livrés à-des recherches sur les Chéloniens./ Toutefois, nous eroyons pouvoir ajouter que d’autres considérations ; dont , jusqu'à ce jour, on parait avoir-pewsenti l'importance, sont des causes plus puissantes rencore «de l'intérêt qu'offre : Pétude-anato- mique.de ces reptiles; et il nons-‘emble-que des notions approfondies sur leur-orgamisation ne fourbiraient pas seulemént des faits précieux pour les sciences zo0logi- ques; mais seraient d’une utilité directe:pour lavance- ment de l'anatomie et de la-physiologie-générales, C'est du-moins:ce! qui nous paraîitsun résultat nécessaire: des remarques suivantés. Placés par deurs rapports naturels vers le milieu de la grande série. des vertébrés, :et considérés à juste titre coimé les plus parfaits des animaux à sang: froid, (x), un devoir-d'hisister ici, que quelques-uns des rapports développés'dans ces derniers, temps par MM. Geofioy Saint-Hilaire et de Blainville, avaient été entrevus dès la fin du dix-septième siècle par un savant na- ect LATE allemand, Christophe Gottwaldt , auteur d'intéres- santés obéervations anatomiques faites en 1686 sur les tortuées, maté qui n’ont été: publiées qué béaucoup plus tard. Gottwaldt cherehe à dé- montres qu'il.existe de nombreuses ressemblances entre les tortues dé ES sl les perroquets ; et même beaucoup plus bar di dans ses conclu- sions que ne l'ont été les zootomistes de nos jours , et FE vil ne deyait Pêtre s'il'ett voulu se renfermer dans les limites de la vérité, ds jus- qu'a dire que le meilleur nom que Pon pût donner aux Chéténéeh 5 8 rait,eelui de-Perroquets-marins ( See-papagey ) : idée où lon [trouvera peut-être quelque chose d’ingénieux , mais où il y a sans aucun doute beaucoup d’inexactitude et de bizarrerie. (Voy. Physicalisch- jrs mislfe Béhidthuin gen äber ‘die S'chilkroten, Fiv.) “AR (1) Peut-être , pour rendre cette proposition rigoureusement vraje . ( 156 ) les Chéloniens présentent encore d’une manière très- manifeste, non-seulement dans son ensemble, mais même dans une grande partie. de ses détails, le type.sur lequel se trouvent établies Jes classes supérieures. Toute- fois, ce-plan a déjà subi chez, eux de profondes modifiea- tions: un, grand: nombre de systèmes et d'appareils n’of- frent plus une.ressemblance évidente, mais seulement une analogie plus ou moins obscure ; et l’on voit appa- raître de toute part une. foule (de, différences dont quel: ques-unes sontd’un.ordre très-élevé. Placés, pour ainsi dire , entre-deux grandes divisions du règne animal ,\il semble que les Chéloniens empruntent quelque, chose de toutes deux;.et il s'établit. chez eux une sorte de mé- Jlange des caractères de l’une,et de Pautre : d’où, il ré- sulte que.leurs organes, assez semblables, encore à.ceux faudrait-il excepter la famille des Crocodiliens de M. Cuvier, dont lor- ganisation est regardée par la plupart des zootomistes comme béauconp plus parfaite que celle des autres Sauriens. C’est icette considération/qui a déterminé M. de Blainville à élever cette famille au rang d’un ordre particulier, sous le nom d’Emydo-sauriens. (Voy. Bull. de la Soc. philom. , 1816, p. 111. ). Cet ordre, comme l'indique son nom , Sérai intermédiaire aux Chéloniens et aux autres reptiles à péau échilleuse à que M: de Blainville réunit sous le nom de Bipéniens Les mémesyidées ont aussi, été, développées avec, succès par, l’erpétologiste allemand Merrem , qui, dans un ouvrage publié en 1820 ( Yersuch eines Sy AT der Amphibien), partage les reptiles en trois ordres qu’il nômme , Les- tudinatt, loricata et squammata, et qui corréspondent exactément'aux Cbéloniens ;aux Emydo-sauriens et aux Bipéniens de M:-de Blainville, Les, Batracieus de MM, Brongniart et Cuyier ne sont pas, comme on! le voit, compris dans cette classification erpétologique. En elfèt , Merrem adopte, sous le nom de Batrachia , la classe des Amphibies < ou Amphibiens de MM. Latreille et de Blainville ; classe déjà admise par quelqueslautrèszoologistes, eb gisans doute ne tardera pas à l'être gé- néralement. . | C157 ) de l’homme et des mammifères pour qu'il soit presque toëjôurs facile de les réconnaître, s’en éloignent déjà assez pour que léur éxamen découvre d'importantes dif- férénces ; non-séulement dans leur formé et leur dispo- sition, mais aussi dans ce qu’il y a en eux d’éssentiel, leur structure et leur composition. Et comme toute modification imprimée à un appareil, si légère où si profonde qu’ellé puisse être, ‘entraîne constamment et de toute nécessité une modification de même valeur dans la fonction qui lui correspond , il suit de ce qui pré- cède que presque toutés les fonctions s'accomplissent chez les tortues ; au moyen d'un mécanisme dont on ne trouvé que ‘de légères traces dans les groupes même les plüs voïsins , ét dont on se ferait une idée: tout-à-fait fasse’, st, procédant par voie d’analogie, on voulait dé- duire ce qui a lieu chez ces reptiles singuliers, de ce qui a lieu chez d’autres animaux. “Aussi, combien de résultats anatomiques , surtout conibien dé vues physiologiques, élevées au rang de propositions générales, qui ne sont vraies que tout au- tant qu'on. fait abstraction des exceptions nombreuses qué présentent les Chéloniens ! Comment, par exemple, sé "faire une idée exacte et complète de la fonction res- piratoire , si l’on né connait d’une manière approfondie l'organisation des tortues, chez lesquelles le poumon offre une structure: si remarquable, ‘et: surtont;:cliez lesquelles lés ages de l'inspiration et de l'expiration ressemblent si peu aux appareils qui exercent chéz les autres, vertébrés, les mêmes actions physiologiques : ? Commént comprendre dans toute. sa généralité, le.sys- tème dentaire, si l’on n’a pas comparé avec le béé des 2 ( 158 ) oiseaux et des Monotrèmes , celui des Cléloniens., et même si l’on .n'a suivi cet.organe dans, les! différens genres qui composent. cet ordre? Comment établir d'uve manière rigoureuse les caractères essentiels: du système. tégumentaire, sans, avoir apprécié à leur juste valeur-les modifications qu'il présente chez les: tortues , et en, parr ticulier, sans avoir distingué nettement,ce qu'il y:a.d’a+ nalogue.et ce qu'il y a de difiérent entre leurs, écailles.et celles des Sauriens , des. Pangolins.et,des Tatous? Com- ment poser les limites du développement auquel peuvent parvenir. le,sternum..et les ,cèes, si l'on n'a étudié agec soin, et dans, tous leurs élémens , le plastron.et la;ca- rapace des Chéloniens? Enfin ; pour prendre un dernier exemple, comment concevoir avec, juslesse la loi des connexions, si l’on ne s’est d'abord rendu,/eompte;de l'espèce d’inversion qu'ont subie,chez ces répules,, Pé: paule , le bassin et la plupart.des museles hs et. de l'abdomen ? LxNEvETXUS On a établi (et,c’est sur la vérité de cette imporiante preposition qu'on à fondé l'espoir d'arriver. à une classi- fication naturelle), qu’en observant eertaines loissetsse: laissant guider: par certains principes, il estpossible de se faire lune idée exacte de l’ensemble de Porganisation d'un être ,- par l’examen dé, ses seuls -caractèresrexté- rieurs: Or, s’il est un groupe, d'animaux àlégardides: quels la vérité de cette proposition puisseiêtre déménirée, c'estisans contredit celui des, Chéloniens, Qui m& voit; partexemple, que les modifications, de l'appareil pl monaire. sont, nécessairement. liées à celles du stèrnum etdes.côtes, ou en, d’autres termes, du plasuwrometide la carapace? On ne peut! aflirmer, ilest vrai, que:les anes ns ( 159) dérivent' des’ autres ; on ne peut dire si les unes sont cause’/leb les! autres effet; "mais on ne peut douter qu'il n'ya éiitre ellés Cônnéxion ét rapport. Et si l’on peut fairétde sémblables remarques à l'égard de tous les autrés ‘appareils ; combien doivent être grandes et nom- breusés les anomalies de’ l’organisation interne } chez des/añnimaux dont tous les’ caractères extéricurs ‘ont été aussi profondément modifiés ; ét s’éloignént tellement de ce”qu on 'estaccoutümé à rénicontrer dans tout lé reste dela sérié dés vertébrés ? “An resté, nous devons ajouter que ces mêmes ano- maliés quiréndent si curieuse et si importante l'étude añiätommiqué des Chéloniens, la rendent en mème temps diffcilel, en ‘sorte que les mêmes causés qui ont produit tant°desrechérches sur leur organisation, ont fait aussi que ces récherches n’ont pas eu un succès complet, et qu’ellesrlappellent encore aujourd’hui même de nou- veaux travaux. En effet, lorsque nous comparons lPétat aetuehdémos connaissances anatomiques sur les Chélo- niens/y avec le nombre et surtout avec le talent des ob- servateurs qui nous les out procurées, nous ne pouvons nous éfendre de l'idée que les résultats obtenus sont loin d’être en-proportion avec ce qu'on devait naturellement espérer-de’pareils efforts et de pareils hommes. Et si déjà denombreuses recherches ontiété faites, si déjà ùnemul- titude-de: résultats importans ont été acquis à la seience, on! ne doit pas se dissimulèr que le nombre ‘des recher- chésrà faire est supérieur éncore à célui des recherchés faites On peut regarder conime certain que l'anatomie des tortuesoffrirait encore à célui qui s’y livrerait avec persévérance, une’riche moïsson de faits nouveaux: Le ( 160 ) travail dont nous nous proposons de faire ici connaître les résultats, pourrait lui-même au besoin servir de preuve à cette vérité. En effet, quoique les organes dont nous avons entrepris l’examen (le cloaque et quelques parties de l'appareil sexuel ), soient au nombre de ceux qui ont. été l’objet des recherches les plus muluipliées , et que nous n’eussions d’abord d'autre but que de revoir, dans l’intérèt de notre propre instruction, des faits déjà connus, nous sommes arrivés à plusieurs faits entière- ment nouveaux et à quelques résultats intéressans. $ EL, Disposition et structure du cloaque. Quelques zootomistes modernes ont remarqué que les organes génito-urinaires des tortues, s’éloignent à plusieurs égards de ceux des reptiles pour se rappro- cher de ceux des Monotrèmes ; et que la disposition de leur cloaque est en particulier très-analogue à celle du cloaque de l’Ornithorhynque, en ce sens que les ori- fices des voies génitales, urinaires et intestinales ont chez elles les mèmes rapports de connexion et la même posi- ion relative que chez ce Monotrème. Ces vues étant importantes principalement pour l'étude physiologique de l'anatomie, il suit de là qu’un examen soigné des principales parties des appareïls sexuels et urinaires et du cloaque des Chéloniens doit avoir un intérèt réel , puisque cet examen. peut seul permettre de déterminer avec précision, jusqu’à quel point les dissemblances ou ressemblances signalées par divers observateurs, ont été établies sur une analyse rigoureuse. Le sujet de nos recherches a été une grande tortue ( 161 ) terrestre femelle, appartenant à l'espèce du testudo in- dica (x), et dont nous dirons, pour faire connaître d’une maniére exacte sa taille, que sa carapace était longue d’enyiron deux pieds un pouce, et que son poids était de quarante-quatre livres. C’est sans doute à l'avantage que;nous ayons eu de pouvoir examiner un aussi grand individu ,.que nous devons d’avoir été quelquefois plus heureux dans nos recherches que les zootomistes dis- tingués qui nous.ont précédés , et même que le célèbre Bojanus , auteur d’une anatomie complète de la tortue. On sait que l’espèce sur laquelle ont été faites les re- cherches deice dernier auteur, l’Emys europæa, est au contraire de très-petite taille. -Nousajouterons que les résultats auxquels nous som- mes, parvenus , ont tous, élé vérifiés sur un autre indi- vidu du même genre, mais d’une autre espèce (proba- blement la tortue couï, testudo radiata). Nous ne pouvons donner de cette seconde tortue une détermina- tion plus précise, ayant seulement vu ses viscères, et n'ayant sur elle que des renseignemens incomplets. Nous: ne croyons pas utile de décrire dans ce Mé- moire.les ovaires et les oviductes des tortues, ces or- ganes|étant déjà connus d’une manière sausfaisante : (1) Ou féut-êtré une espèce voisine du Zestudo. indica. L'individu l'quia isenyi de sujet à, nos. recherches ne ressemblait pas entièrement , pour, la forme.de sa carapace, à celui dont Schoepff a donné une des- gription ef n une figure dans son Historia testudinum (p. ror ; pl. xxtt) ; et nous sommes d’autant plus portés à croire qu’il pourrait bien en dif- “férer spécifiquement , que M. Duméril a déjà-démontré dans, ses cours "que (lon «confond généralement dans les collections , sous, le uom de testudo indica , plusieurs espèces semblables pour leur système de colo- ration, mais pouvant être caractérisées par la formé de léur carapace. XI. 11 ( 162) nous dirons seulement que les ovaires contenaient ün très-grand nombre d'œufs dont quelques-uns , très-vo- lumineux , paraissaient prêts de se détacher, et que les oviductes , longs de plus de deux pieds ei demi , étaient d’un diamètre presque égal à celui du rectum lui-même. Nous ne donnerons pas non plus, et pour la mème raison , une description détaillée de la vessie. Les ou- vrages de Caldesi et de Gotiwaldt , ceux de MM. Cuvier et Bojanus , et plusieurs Mémoires publiés par divers auteurs sur l'anatomie des Chéloniens, ont déjà fait con- naître avec exactitude les principales modifications de forme et de structure, qu’elle présente chez les Emydes, les Chélonées et les Tortues proprement dites. Nous nous bornerons à remarquer que, chez le testudo indica, c’est une poche d’une étendue considérable , à parois extrè- mement minces , et très-remarquable par sa forme : elle est en eflet si profondément échancrée sur la ligne mé- diane, que ses deux moitiés, réunies seulement dans une très-petite étendue, semblent deux poches dis- unctes. La théorie du développement excentrique, établie dans ces dernières années par M. le professeur Serres, donnerait de cette forme singulière une explication à la fois très-simple et très-complète : car, en supposant que la vessie soit composée de deux moitiés primitive- ment séparées , on conçoit très-facilement l'existence de vessies bilobées , et même de vessies doubles : deux cas dont les annales de la science font connaître plusieurs exemples chez l’homme lui-même, et qui dépendraient, l’un de la réunion imparfaite , l’autre de la non réunion des deux moitiés de Porgane. Nous ne devons donc pas (163) plus nous étonner de trouvér une vessie bicorne chez les tortues que nous ne sommes surpris de rencontrer une matrice bilobée chez un grand nombre de mammi- fères ; et nous pouvons expliquer par la même cause, c'éstà-dire par un arrêt de développement, ces formes analogues de déux organes différens. Nous avons cru devoir insister ici sur ces faits et sur les conséquences qui peuvent en être déduites : car la théorie du dévelop- pement excentrique renversant une foule d'idées admises par tous lés anciens anatomistes, 1l est important de noter tous les faits qui peuvent lui servir de preuves, comme il serait important de le faire, et comme nous le ferions également pour tous ceux qui tendraient à linfirmer (1). (1) La théorie du développement excentrique peut aussi nous faire concevoir, à l'égard des Chéloniens , un autre fait anatomique que nous regardons comme très-digne d’attention. Chez plusieurs tortues terres- tres, nous avons remarqué, au centre du foie et sur la ligne médiane, un intervalle membraneux quelquefois très-considérable , qui se trouve placé entre deux lobes , et qui peut être considéré comme résultant d’un arrêt de développement. En eflet, en admettant que le foie soit, com- posé de deux moitiés primitivement distinctes et séparées, on conçoit très-bien comment ces deux moitiés , en ne se réunissant qu’incomplè- tement sur la ligne médiane , peuvent laisser entre elles un espace vide. Nous rappellerons à ce sujet, qu’une observation analogue a été faite à l'égard des Chélonées par Caldesi , anatomiste du dix-septième siècle, dont le nom est beaucoup moins connu qu ’ilne mériterait de l'être, Sui- vant cet auteur, le foie des tortues de mer est, à sa partie moyenne, fortement échancré sur ses deux bords ; et on peut dire qu'il se trouve composé de deux masses parfaitement distinctes > réuuies , seulement entre elles sur la ligne médiane par une étroite languette. (V. Giovanni Caldesi, Osservazioni anatomiche interno alle Tar tarüghe maritme , d'aqua dolce et terréstri, ) Enfin Perrault, dans son Mémoire sur l’A- natômie de la Tortue ( Acad. des Sciences , collection de 1666 à.1609 , tom. 111, 29 partie), a également remarqué une semblable disposition. (164) Nous passons maintenant à la description du eloaque. La cavité que l’on désigne ordinairement , et que nous continuerons à désigner sous ce nom, est composée de deux parties très-distinctes, et comme nous le montre- rons, très-bien limitées : l’une est le canal uréthro- sexuel (1) dans lequel s'ouvrent la vessie, les deux uretères et les deux oviductes; l’autre est le vestibule commun dans lequel débouchent le rectum et le canal uréthro-sexuel , et qui va lui-même déboucher à l’exté- rieur par un orifice placé sous la queue, et que nous désignérons avec presque tous les zootomistes sous le nom d’anus externe. Voici quels sont les rapports de position des cinq ou- vertures par lesquelles les dernières voies génitales et urinaires viennent déboucher au fond du canal uréthro- sexuel. Lorsqu'on examine à l’intérieur cette poche en regardant par l'ouverture anale ou postérieure (2) du vestibule commun , on aperçoit : « Le foie avait, dit-il, une grandeur considérable , et il semblait même qu’il fût double, étant séparé en partie droite et en partie gauche, qui n'étaient jointes ensemble que par un isthme d’un pouce de large et par des membranes qui conduisaient des vaisseaux de la partie gauche à la droite.» 1 ! (1) Voyez , au sujet du canal uréthro-sexuel et du vestibule commun, Geoffroy Saint-Hilaire, Considérations générales sur les organes sexuels des animaux à grandes respiration et circulation, Méëm. du Mus. ,tom.1x, et Mémoire sur les Appareils sexuel et urinaire de l'Ornithorhynque , ibid, tom. xv. — Foy. aussi Isid. Geoffroy Saint- Hilaire, Dict. class. d'Hist. nat. , article ORNITHORNYNQUE. (2) Nous supposons toujours dans le cours de ce Mémoire que l’ani- mal et les parties que nous décrivons , se trouvent placés dans leur po- sition naturelle. Cette remarque est d’autant plus importante , que lors- qu’on fait l'anatomie d’une tortue , on ne manque presque jamais, pour ( 165 } 1° L’orifice de la vessie, situé à la partie inférieure ; son diamètre est de plus d’un pouce. 2° Les orifices des deux oviductes , placés de chaque côté et un peu plus haut; leur diamètre est de sept à huit lignes. Ils sont très-rapprochés de l’orifice de la vessie, et séparés l’un de l’autre par un espace de près de deux pouces. 3° Les orifices des deux uretères , placés très-près de ceux des oviductes ; ils se voient au dessus de ceux-ci, vers leur partie interne. Beaucoup plus petits que tous les autres orifices dont nous venons de parler, leur dia- mètre est seulement égal à celui d’un très-petit tuyau de plume. Le canal uréthro-sexuel dans lequel se voient ces cinq orifices, est, une poche parfaitement circonscrite, dont le diamètre est de deux pouces et demi environ, et qui a deux pouces de profondeur. Sa partie postérieure s'ouvre dans une autre poche plus large où vient aussi s’aboucher le rectum : c’est.le vestibule commun. Gette seconde poche a plus de trois pouces de profondeur , lorsqu'elle est distendue. L’orifice du rectum, dont le diamètre est d’un peu plus d’un pouce, est placé au dessus de l’orifice du canal uréthro-sexuel ; et il en est séparé par un inter- yalle d'un. peu moins d’un pouce , où l'on remarque.au travers de. la membrane muqueuse , l’entrecroisement ‘ plus de facilité, derenverser les viscères , de manière à mettre en ar- rière ce qui est antérieur, et en haut ce qui est inférieur. C’est ce que nous avons fait nous-mêmes ; mais nous avons dans toutes nos descrip< tions rétabli l’ordre nature Ide position. ( 166 ) du sphincter du rectum,et de celui du, canal uréthro- sexuel. Cet intervalle n’est apparent que lorsqu'on dis- tend la partie. La membrane muqueuse du canal re sexuel est très-mince, très-molle, peu résistante , moire dans sa partie antérieure , brunâtre dans sa partie postérieure. Son ‘aspect est semblable sous beaucoup de rapports à celui de la membrane choroïde de l’homme, et surtout de celle du bœuf. Il est important de remarquer qu'elle est, ainsi que celle du vestibule commun , trés-exten- sible , et qu’elle est unie aux parties subjacentes par du tissu cellulaire très-lache et qu'il est très-facile de gonfler par l'insufflation. La membrane muqueuse du rectum est rose. Celle du vestibule commun est jaune dans la plus grande partie de son étendue, mais ses parties latérales sont ta- chetées de noir sur un fond jaune. L’intervalle qui existe entre l’orifice du rectum et celui du canal uréthro- sexuel , est également tacheté de jaune et de noir. Ainsi , chaque partie du cloaque a sa membrane mu- queuse colorée d’üne manière qui lui est propre: re- marque qui parait au premier aspect de peu de valeur, mais d'où l’on peut déduire, comme nous le verrons , une conséquence’intéressante. | ‘La membrane muqueuse qui tapissé le vestibulé com- mun et le canal uréthro-sexuel , étant partout éxtréme- ment mince, laisse apercévoir en partie, principale- ment sur le pourtour de l’orifice de ce tanal et de celui du rectum, des fibres musculaires qu’elle recouvre im- médiatement. Ces fibres forment : 1° un large sphincter commun , composé de fibres circulaires , et entourant ( 167) tout le vestibule; 2° un sphincter pour le canal uréthro- sexuel et un autre pour le rectum, tous deux enfermés et comme inscrits dans le premier. La disposition des fibres de ces deux derniers est très-remarquable : leur ensemble forme un huit-de-chiffres , l’orifice du canal uréthro-sexuel étant l’ouverture inférieure du 8, et celui du rectum, son ouverture supérieure. Les fibres du sphinicter du canal uréthro-sexuel sont dans leur par- tie inférieure parallèles et contiguës à la: partie infé- rieure des fibres du sphincter commun ; et les fibres du sphincter du rectum parallèles et contiguës , dans leur partie supérieure , à la partie la plus élevée de celles du sphineter commun , ofrent une disposition semblable. Sur la ligne médiane, entre les deux orifices, c’est- à-dire au point de rénnion des deux moitiés du 8 on remarque un entrecroisement très - manifeste, les fibres du côté gauche du sphincter du rectum descen- dant sur le côté droit du canal uréthro-sexuel , et ré- ciproquement (1) : le faisceau qui est à gauche supé- rieurement et à droite inférieurement ; passe en avant de l’autre. Les deux moitiés du 8 laissent éntre’ elles deux angles rentrans où il n'existe pas de fibres mus- culaires , ces angles correspondant à la concavité des fibres interhes du sphincter commun. Les fibres cen- trales du sphincter du canal uréthro-sexuel , et surtout de celui de lanus, sont beaucoup plus rapprochées les unes des autres que les excentriques , et forment de petits bourrelets circulaires. Le sphincter commun jré- (1) Cette disposition des sphincters est , à quelques égards, analogue a celle des piliers du diaphragme de l’homme et des mammifères autour de l'ouverture œsophagienne ct de l'ouverture aortique de ce muscle, ( 168 ) sente une disposition analogue ; les fibres sont d’autant plus rapprochées les unes des autres qu’elles se trouvent placées plus près du centre. Il n'est pas inutile de remarquer que les flbires qui limitent en dehors les deux sphincters , se confondent à leur partie supérieure et à leur partie inférieure avec les fibres qui limitent en dedans le sphincter commun, et qu'elles paraissent véritablement dépendre de celui-ci. Les trois sphincters ne forment ainsi, à proprement dire, qu’un seul muscle ; et il semble que les fibres les plus internes du grand sphincter, se repliant sur elles- mêmes , aient quitté dans une partie de leur étendue sa circonférence interne, pour venir contourner les deux orifices, et former un entrecroisement sur la ligne médiane. Au moins pouvons-nous remarquer que les fibres des deux petits sphincters ont exactement la même longueur (1) que, des fibres circulaires que l’on supposerait placées à la circonférence interne du grand sphincter, et formant la continuation de ce muscle : d’où il. suit que si un des petits sphincters restant en place, on prenait l’autre, et qu’on lui fit subir un mou- vement de rotation, ils se trouveraient tous deux dé- (1) Cette proposition, qu’il est facile de prouver añatomiquement , peut aussi être démontrée géométriquement de la manière la plus simple; remarque qui n’a que peu d'importance pour Pobjet de ce Mémoire, mais qui nous semble curieuse, à cause du petit nombre de cas’où les procédés rigoureux de la géométrie et de l’analyse mathématique peu- vent être appliqués à l’anatomie: Presque toujours les formes des êtres vivans et de leurs organes n’ont rien de régulier, et de là l'impossibilité de les soumettre au calcul; mais dans le cas présent , les parties dont nous avons à nous occuper, sont exactement circulaires , et nous ren- trons dans le champ des sciences exactes, ( 169 ) plissés, et ne formeraient plus que les fibres les plus internes du grand sphincter. Au reste , soit que l’on considère les sphincters du vestibule commun , du rectum et du canal uréthro- sexuel, comme ne formant qu’un seul muscle, soit qu'on les considère comme autant de muscles particu- liers , une conséquence importante peut être déduite de la disposition anatomique que nous venons de décrire : c’est que le canal que nous avons désigné (d'après M. Geoffroy Saint -Hilaire) sous le nom d’uréthro- sexuel , se trouve limité d’une manière très-précise par son sphincter, et qu'il est parfaitement distinct de la poche qui le suit ou le yestibule commun, Cette consé- quence nous semble incontestable, et il serait sans doute inutile de citer d’autres faits à son appui. Il en est un cependant que nous ne pouvons nous dispenser de rappeler ici : c’est que le vestibule commun et le canal uréthro-sexuel sont colorés à l’intérieur d’une manière différente ; en sorte que le seul aspect de leurs mem- branes muqueuses indiquait déjà ce que démontre la disposition de leurs sphincters. Enfin, il résulte également des faits que nous avons présenté, que la disposition générale du cloaque, du rectum, de la vessie et des oviductes , est, presque à tous égards, analogue à celle que plusieurs anato- mistes modernes (1) ont fait connaître chez les mono- trèmes. En effet, chez la tortue, comme chez l’ornitho- rhynque , nous trouvons un canal urétho-sexuel par- (1) Voyez particulièrement Geoffroy Saint-Hilaire , Mémoire sur les appareïls sexuel et urinaire de l'Ornithorhynque; Mém. du Mus., tom, xv. ( 1701) faitement distinct du vestibule commun : seulement il a chez ce dernier une longueur beaucoup plus consi- dérable. Chez tous deux, les ouvertures des dernières voies génitales, urinaires et intestinales , occupent la même position et sont placés dans les mêmes rapports : il y a seulement cette différence, qu’il n’y a chez la tor- tue aucune trace de cetie bride transversale , qui, chez l’ornithorhynque, divise en deux portions les orifices des oviductes. Enfin, chez tous deux, les uretères vien- nent déboucher dans le canal uréthro-sexuel , au lieu de se rendre directement dans la vessie, et se trouvent de même séparés de son col par les orifices des oviductes ; en sorte que les organes urinaires de la tortue , ressem- blent à ceux de lornithorhynque jusque dans leurs plus remarquables anomalies. Peut-être s’étonnera-t-on de trouver, à l'égard de l'appareil urinaire, une aussi grande analogie entre deux animaux dont l’organisation générale est aussi diffé- rente, et qui se rapportent à des types classiques aussi éloignés. Ces rapports sont en effet bien remarquables en eux mêmes : mais ce qu'il est surtout important de signaler, et ce qui les rend plus remarquables encore, c’est que l’analogie qui existe, à l'égard de l'appareil uri- naire, entre les tortues que nous avons examinées et l’or- nithorhynqué ; est infiniment plus grande que celle qui existe entre ces mêmes tortues et un grand nombre d’au- tres Chéloniens : résultat dont nous n'avons pas besoin de faire ressortir l'importance, et dont la vérité ne peut ètre révoqué en doute. En effet, Caldesi, en figurant comparativement Îles organes génito-urinaires des ché- lonées , des émydes et des tortues proprement dites, a *( 192.) montré que la vessie et les uretères offrent, dans l’ordre des Chéloniens , de très-grandes différences d’un genre à l’autre; et l’un des anatomistes les plus distingués de l'Allemagne moderne , Treviranus , a dans. ces derniers temps appelé de nouveau l'attention sur ce fait impor- tant (1), : Nous devons remarquer, à cette occasion , que c’est peut-être à cause des nombreuses différences que pré- sentent d’un genre à l’autre les organes génito-urinaires des tortues, qu'une partie des résultats qu'il nous reste à exposer, étaient demeurés inaperçus, après les travaux d’un grand nombre d’observateurs habiles : peut-être quelques-uns d’entre eux doivent-ils être ap- pliqués seulement au genre testudo , le seul que nous ayons encore pu examiner avec soin, et l’un de ceux dont on a le plus rarement fait une étude suivie. Cette remarque n'est pas, à notre avis, sans importance ; et il nous semble que tous ceux qui se livrent à des re- cherches sur l’organisation des Chéloniens ; doivent avoir toujours présens à la mémoire les faits que nous venons de noter d’après Caldesi et Freviranus, s’ils ne véulent s’exposer à porter contre les travaux de leurs devaänciers, üne accusation injuste d’inexactitude ou d'erreur: (x) Foyez G. R. Treviranus, Sur Les Organes urinaires'et les Or- ganes génitaux mdles des Tortues en général, et en particulier sur ceux de l'Emys serrata{ Zeitschrift für Physiologie, tom. 11, deuxième cahier). ‘ + Le (174 ) .$ IL. Description de deux canaux particuliers qui mettent la cavité du péritoine en communication avec les corps caverneux ; et remarques sur la struc- ture du clitoris. Après avoir fait connaître , dans le paragraphe pré- cédent, la disposition générale du cloaque , nous arri- vons à la description spéciale de quelques-uns des or- ganes placés dans cette cavité, tels que.le clitoris et ses corps caverneux. Maïs les parties sur lesquelles nous désirons fixer plus particulièrement l’attention des ana- tomistes, sont deux canaux que nous désignérons sous le nom de canaux péritonéaux , et qui, ainsi que nous le démontrerons bientôt, mettent la cavité du péritoine en communication avec l’intérieur du corps caverneux. Comment se fait-il que ces canaux soient demeurés inconnus jusqu'à ce jour? En supposant même qu'ils n'existent que chez les tortues terrestres, c’est ce que nous comprenons d'autant moins que leurs analogues chez les mâles sont indiqués avec la plus grande clarté dans un ouvrage que consultent journellement les savans de tous les pays, le Traité d’Anatomie, comparée, de M. Cuvier. Les canaux péritonéaux des femelles parais- sent, il est vrai, très-différens de ceux des mâles , puisque les premiers sont , comme nous le montrerons, ouverts par leurs deux extrémités , et que , suivant M. Cuvier, les seconds se terminent en cul-de-sac du côté du pénis; mais ces diflérences, quelle que soit leur importance anatomique et physiologique , n’empêchaient pas qu'il ne fût très-facile de trouver les canaux périlonéaux des femelles, en s’aidant des détails que donne sur ceux des (173) mâles l’illustre auteur de l’Anaiomie comparée. En eflet, dans l’un et dans l’autre sexe, ces canaux s'ouvrent dans la cavité du péritoine au même point et par des orifices absolument semblables ; en sorte que tout ce qu'on dit de l’un à cet égard, peut être également ap- pliqué à l’autre. Or, ne suflisait-il pas, pour procéder avec succès à la recherche des canaux péritonéaux des femelles , de bien connaître une de leurs extrémités ? Quoique le passage dans lequel M. Cuvier , en décri- vant le pénis de la tortue, indique la disposition des canaux péritonéaux chez le mâle, soit un peu long, nous le citerons ici dans son entier , non-seulement à cause de l'importance des détails qu’il renferme, mais aussi et surtout, parce que la structure du clitoris étant très-analogue à celle du pénis , une connaissance exacte de l’un de ces organes nous fournira de précieux élé- mens pour celle de l’autre. «La verge des premiers (les Chéloniens) , dit M. Cu- vier (1), est plus grande à proportion que dans les deux classes précédentes (les mammifères et les oiseaux ). Elle est longue , à peu près cylindrique , et renflée vers le bout qui se termine en pointe. Un siilon profond règne dans toute l’étendue de sa face supérieure et s’en- fonce même davantage en s’approchant du gland. Il s’é- lève ensuite vers le milieu de la surface supérieure de ce dernier où il se termine par un orifice divisé en deux par une papille. Pour peu que les bords de ce sillon se rapprochent , il doit former:un canal complet. Cette (1) Tom. v, pag. 114. — Voyez aussi , au sûjet de la disposition et de la structure du pénis, Bojanus, Anat. Testud. europ.; Treviranus, loc. cit. , et Caldesi , Loc. cit. ( 174) verge est composée de deux corps caverneux qui se con- fondent même dans une partie de son étendue. Ils com- mencent par deux renflemens vasculeux, analogues au bulbe de l'urèthre, et dont le tissu se continue dans deux canaux dont les parois, de nature fibreuse, et peu épaisses d’abord, prennent bientôt une épaisseur très- considérable , en même temps que leurs cavités dimi- nuent et se confondent du côté intérieur. Celles-ci restent séparées jusque près du gland où elles se réu- nissent aussi en une seule: Tout le renflement que forme le gland n’est qu’un développement du tissu vasculeux de cette dernière, recouvert par une peau làche et ridée, et appuyé sûr un prolongement de la paroi fibreuse du corps caverneux qui en forme la pointe. — La peau du sillon est elle-même enveloppée par un tissu caverneux analogue à celui que nous avons décrit dans l’autruche ; et il y a de chaque côté de ce sillon un éanal, dont l’o- rifice est dans la cavité du péritoine , de chaque côté de la vessie, et qni se prolongé dans l'épaisseur de la verge jusqu'an gland où 17 se termine par un cul-de-sac, sans que ses paroïs paraissent percées dans toute son étendue. » M. Cuvier a aussi fait quelques recherches sur la structure du clitoris lui-même. « Les Chéloniens sont, dit-il (x), également pourvus d’un clitoris très-analogue à la verge , et qui ne semble en différer que par une plus petite proportion. Il est long, sillonné dans sa lon- gueur, terminé par un gland arrondi ; des muscles ana- logues à ceux de la verge le replient dans le cloaque, lorsqu’il.en est sorti. » Ces remarques donnent une idée (x) Lecon xx1x, tom. v, pag. 136. (175 ) sommaires , mais exacte , de la disposition du clitoris ; on verra que nos propres observations s'accordent gé- néralement avec celles de M. Cuvier ; et ses idées se- ront complétées plutôt que modifiées par les résultats de notre travail. Nous devons d’abord dire quelques mots de la posi- tion et de la figure extérieure du clitoris. Cet organe, ou pour parler plus exactement, son gland est placé à la partie inférieure (x) du vestibule commun, assez près de son orifice. On ne saurait mieux donner de sa forme une idée exacte qu’en le comparant à une poire adhé- rente par sa base et libre par son sommet (2). Eu enle- vant la muqueuse qui le recouvre, et en l’examinant à l’in- térieur, on le trouve composé d’une substance rougeûtre, vasculaire, assez molle, si ce n’est vers sa pointe où il existe deux bourrelets, dirigés transversalement, en forme de fer à cheval , et qui sont plus blanchâtres et plus durs que le reste de l'organe : leur convexité est tournée vers la pointe du clitoris, et leur structure nous a paru analogue à celle de la substance rougeûtre, mais cependant beaucoup plus dense. Les corps caverneux sont des canaux, en grande par- tie membraneux , longs de trois pouces , et dont Ia lar- geur est d’un peu moins de deux lignes : ils commencent près du col de la vessie, se dirigent longitudinalentent d'avant en arrière, le long de la paroi inférieure du ves- tibule commun, et se terminent dans le tissu érectile de la base du gland. Le corps caverneux d’un côté est (1) Foyez la note 1 de la page 164. (2) Sa longueur était, chez l'individu que nou$ avons examiné , de 7 lignes environ, sur 5 de large à sa base. (176) dans sa moitié postérieure presque adossé à celui du côté opposé, mais ensuite, à mesure qu'il approche de sa racine, il s’écarte de plus en plus de son congénère, dont il se trouve ainsi séparé par un intervalle triangu- laire. Cet intervalle, dont la base a cinq lignes, est rempli par un tissu vasculaire spongieux. Les corps caverneux doivent être divisés, sous le rap- port de leur structure interne, en deux portions , l’une comprenant la moitié dans laquelle ils se trouvent très- rapprochés , et l’autre, la moitié dans laquelle ils sont séparés par l'intervalle triangulaire dont nous avons fait mention. La première, rougeûtre et à paroïs épaisses, présente à l’intérieur de petites stries transversales, plus nombreuses et plus distinctes dans le voisinage du gland; et l'on y remarque une infinité de petits trous qui paraissent des bouches de vaisseaux sanguins#La seconde portion est au contraire lisse, et offre l'aspect d’une membrane muqueuse ordinaire ; ses paroïs, sont minces, transparentes et jaunâtres. Après cette seconde portion, qui s’avance, comme nous l'avons dit,,jus- qu’auprès du col de la vessie , on. trouve un tissu spon- gieux , jaunâtre, dans lequel viennent s’anastomoser en- semble , ou plutôt s'aboucher les unes dans les autres, un grand nombre de veines qui sont toutes assez grosses, et dont quelques-unes ont même près d’une ligne de diamètre. On remarque , principalement dans la partie qui avoisine le plus le col de la vessie , de larges! trous qui ne sont autres que les orifices de ces veines.1Ce, tissu qui occupe un espace de treize à quatorze, ligues, de long et de sept à huit lignes de large, se continue: avec le tissu de même nature qui sépare lun de l’autre ( e771,) les deux corps caverneux : ce dernier ne diffère qu’en ce que les veines qui concourent à sa formation, sont d’un diamètre beaucoup plus petit. Enfin , pour terminer ce qui concerne les corps ca- verneux , nous dirons quelques mots de deux muscles déjà indiqués par M. Cuvier, et dont la disposition est assez remarquable. Ces muscles s’attachent de chaque côté, le long du bord interne du corps caverneux, dans une étendue d’un pouce, et à quelque distance du gland : ils ne sont pas compris dans le cloaque, mais placés hors de sa cavité au dessous de sa paroï infé- rieure. Dans la portion qui avoisine leur attache sur les corps caverneux, leurs fibres sont disposées en éven- tail, et cachées dans la paroï du cloaque; maïs à mesure qu'elles s’éloignent de leur point d’insertion , en se diri- geant en dehors et en avant, elles se ramassent sur elles- mêmes pour se réunir en un faisceau arrondi, comparable pour sa forme au ligament rond de la femme. N'ayant va ces muscles qu'après que les viscères avaient été enle- vés du corps de l'animal, nous n’avons pu déterminer l’autre point d'attache : M. Cuviér nous apprend que leurs analogues chez les mâles s’insèrent dans le bassin. Comme les deux corps caverneux sont très-rapprochés l’un de l’autre, ces deux muscles, à leur insertion sur ces corps , sont aussi très-rapprochés , et l’on peut dire même que leur attache se fait presque sur la ligne mé- diane, Ils ne peuvent donc servir à tendre transversale ment les parois du cloaque; maïs ils peuvent tirer en avant les corps caverneux, et par leur intermédiaire, la base du gland et toute la paroi inférieure du vestibule commun. M, Cuvier leur a attribué les mèmes usages XUII. 12 ( 178 ) que nous venons d'indiquer, comme le prouve le nom de muscles rétracteurs du pénis qu’il a donné à leurs analogues chez les mâles. Peut-être aussi ces muscles concourent-ils pour quelque chose, par leur action sur la paroi inférieure de cloaque , à faire saïllir au fond du vestibule commun , soit l’orifice du canal uréthro- sexuel , soit celui du rectum , lorsque ces organes doi- veni se porter à l'extérieur pour remplir leurs fonctions : en effet, lorsque la paroi inférieure du cloaque est tirée en avant, ces orifices se trouvent nécessairement rappro- chés de l’anus externe, en sorte que les muscles rétrac- teurs du clitoris peuvent , quoique tout-à-fait indirec- tement, avoir une action réelle sur eux. C’est au côté externe des corps caverneux que se trouvent placés les canaux qui sont l’objet principal de ce Mémoire, et que nous avons désignés sous le nom de canaux péritonéaux. Chacun d’eux est appliqué sur la paroï externe du corps caverneux de son côté, et l'accompagne dans pres- que toute sa longueur. [l commence dans la cavité du péritoine , dans l’angle formé par le col de la vessie et l’oviducte , au moment où ils se rapprochent pour s’ou- vrir l’un à côté de l’autre dant le canal uréthro-sexuel. Aussitôt après son origine , il traverse le tissu spon- gieux que nous avons dit se trouver près du col de la vessie; puis, après un trajet d’un pouce, vient gagner l'origine du corps caverneux, se place à son côté ex- terne, l'accompagne jusqu’auprès de sa terminaison, et s’abouche dans sa cavité à cinq lignes environ de la base | du gland. Le canal péritonéal a trois pouces et demi de long, et (179 ) un peu plus d’une demi-ligne de large. Son orifice dans le corps caverneux est plus petit que ne l’est son diamètre dans presque toute son étendue; on n’y aperçoit aucune trace de valvule. Son ouverture dans la cavité du péri- toine est naturellement assez petite, et cachée au fond d’une sorte d'entonnoir : de petits replis du-péritoine concourent encore à la rendre peu visible. Il est au con- traire très-aisé de l’apercevoir, lorsqu'on écarte l’ovi- ducte de la vessie ; on peut aussi très-facilement le di- later en l’insufllant. L'intérieur du canal péritonéal est lisse, poli, un peu brillant ; la membrane qui le revêt est extréèmement mince , et offre tout l'aspect d’une membrane séreuse : elle se continue avec le péritoine , et paraît en être un prolongement. Enfin, nous devons ajouter qu’il existe encore en de- hors des canaux péritonéaux , une petite masse linéaire de tissu spongieux qui se continue avec le tissu vascu- laire qu'ils traversent près de leur origine, et se pros Jonge l’espace d’un pouce et demi en étant intimement unie à leur paroi externe. Les corps caverneux et les canaux péritonéaux peu- vent également s’injecter d'avant en arrière et d’arrière en avant. De plus, une injection fine poussée dans l’un de ces quatre conduits, vers le gland, s’épanche dans le tissu érectile de cet organe; et il peut arriver que de là elle reflue dans les trois autres, et dans le tissu spon- _gieux qui les environne. Enfin, en comprimant le gland après avoir injecté au mercure son tissu érectile, nous sommes parvenus assez facilement à faire sortir de petits ( 180 ) globules par la pointe très-ténue qui termine son som- met, et qui nous a paru être canaliculée. Ces faits, et particulièrement l'existence d’une com- munication entre la cavité du péritoine let l’intérieur des corps cavernelixX , SOnt irop remarquables pour que nous n’ayons pas cherché-à les confirmer par.de nou- velles recherches. L’examen-que nous avons ;fait dans ce but d’une autre tortue terrestre!/(r); nous a-permis de vérifier l'exactitude des résultats que nous avions: d’a- bord obtenus, et nous-a procuré quelques autres faits que nous allons indiquer: sr ot Dans cette seconde espèce, nous avons trouvé les 6ri- fices des canaux péritonéaux dans le péritoine; largés et très-apparens, malgré. la présence .de ! quelques xeplis. Cette différence est peut-être en, rapport avec l'état dif- férent dans lequel se trouvaient. les organes:sexuels chez les deux individus que nous avons examinés» Ænseflet } tandis que le premier avait les oviductes dlurie largeur et d’une longueur considérables, et que:ses oyaires Côn- tenaient un grand nombre d'œufs très-volumineux yes: oviductes du second étaient assez courts et d’undiaètre bien moindre , et ses ovaires ne contenaient ique des: ovules d’uneextrème petitesse, On pourrait donc pénser que les causes qui font varier le développement! des-or- ganes sexuels, agissent en même temps sur les:canaux péritonéaux qui subiraient ainsi de notables modifica - ons sous l'influence des âges:ou-des saisôns. 21611 xn! Les canaux péritonéaux présentaient à peu près!, dans, ) VOABITEN {1) Nous n'avons pu , par des raisons déja indiquées , déterminer avec certitude cette Tortue; maïs tious pensons qu’elle appartient à Pespéce” du Coui , Testudo radiata. Que ( 181 ) notre seconde tortue, le même aspect intérieur que dans la première : mais on y remarquaîit, vers leur tiers anté- rieur, deux petites brides transversales, placées à quel- que distance l’une de l’autre. Etendues autant que pos- sible, elles étaient loin d’oblitérer tout le canal, et laissaient passer très-librement l'injection : on pourrait donc tout au plus les comparer à des rudimens de val- vules. Plus près du gland, il en existait aussi plusieurs, d'autant moins écartées les unes des autres , et d’autant plus petites ; que l’on se rapprochait davantage de l’ex- trémité postérieure du canal. Ajoutons que le nombre, la forme et la disposition de ces brides, présentaient quelques variations d’un côté à l’autre. Très-larges à leur embouchure dans le péritoine , les canaux péritonéaux devenaient ensuite très-ténus; puis en approchant du gland, ils s’élargissaient un peu. Leur capacité semblait alors augmenter aux dépens de l’é- païsseur de leurs parois , devenues extrêmement minces. INous'ayons vu d'un côté le canal péritonéal s’abou- cher. dans le::corps caverneux de la mème manière que dans espèce précédente, mais un peu plus près de l’ex- trémité|du corps caverneux et par un plus petit orifice. De-plus nous avonstrouvé , quelques lignes avant la fin duccanals-deux:très-petits ‘trous qui communiquaient aussidans le corpsicaverneux. -sbéileanakpéritonéal du :côté opposé , nous a présenté deux trous, -placés ‘absolument au mème niveau et dis- posés de: la mêmermanière ; mais il se prolongeait da- vantage et se plongeait dans le tissu érectile du gland où nous. l'avons suivi, fort Join, sans pouvoir distinguer nettement sa terminaison. Nous nous sommes cependant (182) assurés par des injections que ce canal communiquait , aussi bien que celui du côté opposé , dans le corps ca- verneux. Nous nous sommes aussi assurés par des injections faites chez cette seconde tortue, que l'injection passe aussi librement des corps caverneux dans les canaux péritonéaux que des canaux péritonéaux dans les corps caverneux (1). Il est aussi extrêmement aisé de faire passer l’injection, soit des corps caverneux, soit des ca- naux péritonéaux, dans le tissu spongieux qui se trouve en dehors de ces derniers. Enfin, après avoir injecté à la fois les corps caverneux et les canaux péritonéaux , et par leur intermédiaire tout le tissu érectile du gland, nous avons , en compri- mant ce dernier organe, fait sortir par son sommet , des gouttelettes d'injection, comme nous l’avions fait dans nos premières recherches. De plus, nous avons re- connu, en examinant ces güuttelettes d'injection, qu'elles sortaient par deux points, et non pas par un seul, comme nous l'avions d’abord supposé; et il suit de l'examen très-attentif que nous avons fait du sommet du gland, soit à la loupe, soit à l’œil nu, que cétte partie ne ren- fermerait pas seulement un canal, mais deux canaux, lun droit, l’autre gauche, placés symétriquement sur les côtés de la ligne médiane et très-près l’un de l’autre, (1) Afin de donner à nos résultats toute la certitude possible, nous avons injecté en rouge (au vernis) l’un des canaux péritonéaux , et en noir le corps caverneux du même côté , et nous avions fait l'inverse du côté opposé. Or uous avons trouvé de injection rouge et de l’injection noire dans les deux corps caverneux et dans les deux canaux périto- nÉAUX. Là t ( 93.) et dont chacun s’ouvrirait à l’extérieur par un orifice distinct. Nous ne doutons pas que, si nous eussions eu des motifs de soupçonner cette disposition très-remarquable, avant de commencer nos recherches sur la plus grande des tortues que nous avons examinées, il nous aurait été possible de l’apercevoir avec la plus grande netteté, et de manière à lever le plus léger doute à cet égard. Nous pensons même que nous aurions pu dans ce cas suivre les petits canaux du sommet du clitoris, après les avoir injectés ; et peut-être alors eussions-nous trouvé une communication de ces canaux avec ces parties du gland. que. nous avons comparées à des bourrelets, et qui. pourraient bien contenir des conduits extrêmement ténus,,.eL peut-être même des branches de terminaison des canaux péritonéaux. Quoi qu'il soit, il résulte des faits que nous venons d'exposer, qu'il existe chez les tortues femelles , une communication entre la cavité du péritoine d’une part, et-de l'autre, l’intérieur des corps caverneux ét le tissu érectile du clitoris; disposition également intéressante sous: le-point de vue anatomique et sous le point de vue physiologique. + On a mis au nombre des caractères généraux des membranes séreuses , d'être adhérentes par une de leurs surfaces aux parties environnantes , libres et contiguëés à elles-mêmes par l’autre, et fermées de toute part. Or, il est facile de démontrer que le canal péritonéal ne peut exister tel que nous venons de Île faire connaître, sans que le péritoine soit perforé, et sans qu’il se con- üinue avec une membrane apparterant à un autre ordre, (184) | I] nous paraît évident que la membrane intérieure du canal péritonéal est un prolongement et une dépendance du péritoine, et nous pensons quecelte séreuse s'arrête à l’orifice de ce canal dans le corps caverneux. Si l’on admet qu'il se prolonge aussi dans le corps caverneux , il n’en sera pas moins certain qu'il est perforé et qu'il se continue avec une membrane appartenant à un autre ordre, puisque de grosses veines viennent déboucher dans le corps caverneux : en effet, dans ce cas, on seraït obligé de conclure que le péritoine se continue avec la membrane interne de ces veines (et par conséquent avec une membrane appartenant à un autre ordre), à moins que l’on ne veuille, par une absurde supposition , con- sidérer comme une dépendance du péritoine , la mem- brane qui tapisse intérieurement, non-seulement toutes les veines, mais aussi tous les vaisseaux lymphatiques, toutes les artères et les cavités du cœur lui-même. Si, au contraire , on admet que la membrane qui revêt Pin- térieur des canaux péritonéaux n’est pas un prolonge- ment du péritoine, on devra admettre aussi, dans ce cas, que le péritoine est perforé à l'embouchure de ces ca- naux dans sa cavité, et qu'il se continue en ce point avec une membrane d'un autre ordre. Quelle que soit donc la supposition à laquelle on veuille s'arrêter, il est certain que le péritoine ne présente pas ; chez la tortue femelle, l’un des caractères les plus remarquables et les ;lus constans des membranes séreuses , et qu’une ex- P ; Œ cepuion de plus doit être ajoutée au petit nombre de celles que l’on connaît déjà. Il nous paraît également incontestable que l'existence d’une communication entre la cavité du péritoine et les ( 166 } corps caverneux (1), peut et doit avoir de l’importance sous le point de vue physiologique. En effet, il nous semble que de la seule existence du canal péritonéal, on peut tirer cette conclusion, qu'il remplit quelque fonction ; non pas que nous pensions, suivant les prin- cipes de la philosophie des causes finales, qu’il ne peut y avoir rien d’inutile dans l’organisation , mais parce que c’est un fait constaté que tout conduit ou tout vais- seau s’oblitère, lorsque le fluide ou les parties qui le trayersaient ont cessé de le traverser. Mais s’il est facile d'établir que le canal péritonéal remplit une fonction , rien de plus difficile , au moins dans l’état présent de la science , que de déterminer d’une manière complète la nature de cette fonction. En démontrant que l'injection passe librement des canaux péritonéaux dans les corps caverneux, ei des corps caverneux dans les canaux péri- tonéaux , nous ayons démontré que si dans l’état de vie les choses avaient lieu comme après la mort, un liquide contenu dans la cavité péritonéale pourrait passer dans le tissu érectile et les corps caverneux , et que récipro- quement, un liquide contenu dans l’intérieur de ces derniers pourrait passer dans la cavité du péritoine. Les canaux péritonéaux sont-ils destinés à opérer la trans + mission de l’un de ces liquides, ou de tous les deux ? Cette question offre un grand intérêt physiologique, et (x) Sile canal péritonéal , au lieu de s’arrêter dans Le corps caverheux où dans le tissu éréctile , allait s'ouvrir à l’extérieur, au sommet du gland, comme nous avons quelques raisons de le croire, il y aurait com- munication , non-seulement entre la cavité du péritoine et l’intérieur des corps caverneux , maïs aussi entre cette cavité et l'extérieur. Daus ce cas, tout ce qué nôus avons dit n’en serait pas moins exact ; il y aurait quelque chose à ajouter, mais rien à changer. { 186 ) nous devons l’examiner ici : autrement , ce serait, après avoir établi les prémisses, renoncer à tirer une conclu- sion importante. Trois méthodes pourront conduire à la solution du problème que nous venons de poser : l'observation di- recte aidée de l'expérience, l'induction , l’analogie. En eflet, on peut tenter de déterminer la fonction des canaux péritonéaux par des recherches expérimentales faites sur des tortues vivantes; on peut tenter de la déduire de leur disposition anatomique et de leur structure; enfin, 6n peut tenter de l’établir par l’examen compara- üf des modifications qu'ils présentent chez d’autres animaux, si toutefois ils n’appartennent pas en propre aux Chéloniens. Cette dernière question n’a pas encore été discutée, mais elle ne tardera pas à l'être. Au défaut de la première méthode que nous ne pou- vons présentement employer, essayons de nous servir dé la seconde. Très-souvent la connaïssance des fonctions d'un organe peut se déduire avec certitude et facilité de la connaissance de sa structure , de sa disposition géné- rale, ou même de sa forme: ainsi , à l'exception d’un très-petit nombre de cas, il suflit de voir les attaches d'un muscle pour savoir quéls sont ses usages; étlors- qu’on examine une veine, ses valvules révèlent aussitôt quelle est la direction dans laquelle le sang la traverse. Nous sera-t-il également possible de déterminer le cours du liquide que doivent transmettre les canaux péritonéaux ? À la vérité, nous ne trouvons de valvules ni à leurs orifices , ni dans aucune partie de leur'éten- due; mais on va voir que la disposition de ces orifices eux-mêmes et quelques autres considérations ; peuvent (46%, ) - jusqu’à un certain point suppléer au défaut de cet iu- dice si précieux. Essayons de mettre à profit tous les faits que nous avons exposés; et d’abord examinons s’il est possible que ce soit le fluide contenu dans les corps caverneux , c’est-à-dire le sang , qui refluedans les canaux péritonéaux. Dans ce cas, l’orifice néitdiiél dames canaux étant irès-ouvert et n'ayant point de valvules , il est évident que le sang ne séjourneraït pas dans leur cavité, et qu’il s’épancherait dans le péritoine. Or, on ne saurait faire avec vraisemblance une supposition qui conduit à une telle conséquence, non-seulement parce qu’un épanchement sanguin qui se ferait dans une membrane séreuse , sans trouver l’ordre normal , et par suite d’une fonction régulière , semble une chose inadmissible sui- vant toutes les idées reçues en pathologie et en physio- logie, mais aussi parce qu’on n’a jamais trouvé de traces de sang dans la cavité péritonéale des tortues, malgré le grand nombre d'individus qui ont été ouverts et exa- minés anatomiquement depuis plusieurs siècles. Ajou- tons que les orifices des canaux péritonéaux dans les corps caverneux, étant très-petits et placés sur les pa- rois latérales, semblent plutôt des orifices de sortie que des orifices d'entrée, et que le sang apporté par les veines dans les corps caverneux , doit tendre à se mouvoir dans la même direction, c’est-à-dire vers le gland , au lieu de rétrograder dans un canal étroit. C’est ainsi que chez les mammifères mâles, l’urine, lorsqu'elle remplit le canal de l’urèthre, passe au devant des orifices des conduits éjaculateurs , et n’y pénètre pas. Peut-être aussi pourrait-on supposer que les corps caverneux et le tissu (188) érectile qui entourent les canaux péritonéaux dans une partie de leur étendue, étant promptement remplis de sang lorsqu'il y a érection, compriment ces canaux, oblitèrent leurs cavités, et concourent ainsi à empècher le fluide d'y pénétrer. De cette discussion , nous croyons pouvoir tirer ces deux conséquences : qu’il est très-probable à priori que le sang ne reflue pas des corps caverneux dans les canaux péritonéaux , et que la disposition anatomique des parties w’ofire rien qui s’oppose à l'admission de ce fait physio- logique. Examinons maintenant l'hypothèse inverse : les ca- naux péritonéaux sont-ils destinés à recevoir evà trans- mettre un-Jiquide qui serait:contenu dans: la:cavité du péritoïine? Tous les. faits que «nous ‘avons cités: pour montrer le peu de fondement:de notre premièrehypo- thèse , tendent évidemment, quoique d’une manière in- directe, à donner de la vraisemblance àla seconde::Mais ce qu'il importe beaucoup:de noter, et ce qui plaide: for- tement en faveur de:celle-ci.,re”’est le faitisuivantiales orifices des canaux péritonéaux: dans. le-péritoine :sont disposés ;en .entonnoir, et. placés ;précisément;dans;la partie Ja plus; déclive de la cavité de cette-membrane; par conséquent ; iout liquide qui se formerait dansieette cavilé, ou y-parviendrait par une voie quelconque, doit aussitôt s’éconler dans ces.canaux. C’est:là unsrésulitat nécessaire d’une forme, et d’unedisposition quidesiren: dent exactement.:comparables à des égoûts; et il estévi- dent que, si l’on voulait suppeser des conduits destinés:à vider la cavité, péritonéale, on ne. leur -donnerait-ni:un autre arrapgemen£ ni une autre; situation, yh'e NN (189 ) Maintenant que devient le liquide qui pénètre de la cavité du péritoine dans les canaux péritonéaux, et qui, apporté par eux dans les corps caverneux , peut refluer, dans les veines et se méler avec le sang? Les faits anatomiques que nous avons exposés ne nous permettent pas de résoudre cette question, même en admettant comme démontrée notre supposition que les deux conduits qui s'ouvrent à l'extrémité du gland sont des branches de terminaison des canaux périto- néaux. Dans ce cas, une portion du liquide périto- néal pourrait être jetée à l’extérieur par ces conduits ; mais une autre portion devrait toujours être portée dans les corps caverneux , puisque rien ne met obstacle à la libre communicaiion des canaux péritonéaux avec ces corps : communication qui nous à été démontrée et par des injections.et par l'observation directe, et sur laquelle il ne nous est possible de conserver aucun doute. Nous ne pouvons non plus résoudre avec certitude une autre question mon moins importante : quelle est la nature:du et) transmettent les canaux périto- néaux ?Est-ce:simplement (ce qui semblerait assez pro bable)) un liquide séreux sécrété par le péritoine? Et de plus ; lasécrétion de ce Hiquide se fait-elle constamment et d’une manière continue? ou bien de temps en temps, et pourainsi dire accidentellement ? ou bien encore, pé- riodiquement et sous l'influence des saisons ? Dans les deux premiers:cas, on pourrait admettre que les canaux péritonéaux n’ont guère d'autre usage que de vider le béritoine, » et de rendre lhydropisie absolument im- possible:(x) ; maïs dans le troisième cas, on serait fondé (1) S'il en était airisi , on serait porté à supposer que chez les tortues ( xg6 ) à supposer qu'ils ne sont pas non plus sans quelque rapport avec les fonctions génératrices , comme semble l'indiquer leur disposition anatomique. On s’explique- rait alors très-bien pourquoi ils communiquent avec les corps caverneux chez les femelles, tandis qu’ils seraient chez les mäles terminés en cul-de-sac du côté du gland: différence bien remarquable, si toutefois elle est réelle, et que nous regrettons vivement de n’avoir pu con- staler. Quoi qu’il en soit, nous croyons pouvoir conclure des faits et des remarques que nous avons présentées , que le canal péritonéal est, sous le point de vue phy- siologique, un annexe et une dépendance du péritoine, comme il en est, sous le point de vue anatomique, un appendice et un prolongement; et nous donnions ce ré- sultat avec d'autant plus de confiance, qu'après lavoir déduit de'nos observations sur la tortue, nous l’avons vu confirmé de la manière la plus évidente par quelques recherches que nous venons de faite sur une femelle de crocodile (crocodilus lucius, Cuv.). Peu de mots nous la sécrétion séreuse du, péritoine est très-abondante. À ce sujet, nous rappellerons que quelques auteurs, frappés de l’étendue considérable de la vessié chez la plupart des Chéloniens , ont déjà admis très-an- ciennement que chez ces animaux; la sécrétion urinaire:est d’une abon- dance extrème ; elils ont expliqué ce fait. d’une manière fort ingénieuse par la suppression presque totale de la transpiration cutanée : suppres- sion qui est chez eux un résultat nécessaire de la nature particulière de fear envéloppe ektérieure. La peau serait ainsi suppléée dans‘l'une de ses fonctions les plus importantes) par:la membrane miqueuse de: la vessie. Or, .si ces idées sont justes , n’est-il pas évident qu’elles sont. ap- plicables tout aussi bien au péritoine qu’à la muqueuse ,de la vessie, malgré les différences d’organisation qui existent entre ces deux mem- branes ? (agr) suffront pour exposer les principaux faits que nous a fournis l’examen de ce Saurien. Rien de plus facile que de trouver les canaux péri- tonéaux du crocodile, lorsqu'on connaît ceux de la tor- tue. Leur situation est la mème que chez celle-ci, et il est tout-à-fait impossible de se méprendre à leur égard : il faut remarquer cependant qu’ils sont beaucoup plus courts, parce que leurs ouvertures péritonéales, placées sur les côtés du cloaque, sont plus reculées. Leur forme générale est aussi la mème : très-larges dans leur pre- mière moitié, très-étroits dans la seconde, ils sont exactement comparables à des entonnoirs , dont la partie évasée se trouverait du côté du péritoine, et la partie rétrécie du côté du clitoris. Celle-ci se termine à peu près au même niveau que chez la tortue : mais il y a cette ditférence très-remarquable , que les canaux péri- tonéaux , lorsqu'ils sont arrivés près du gland, ne s’ou- vrent pas dans Les corps caverneux ou dans le tissu érec- ile , mais vont directement s’aboucher dans le eloaque. Leurs deux orifices , entourés de petits bourrelets arron- dis, s’aperçoivent très-facilement , l’un à droite, l’autre à gauche, en dehors de la base du gland. La structure des canaux péritonéaux du crocodile pa- rait semblable à celle de leurs analogues chez la tor- tue : leur intérieur ne contient aucune valvule, mais seulement de petits replis placés à l'entrée de leur partie étroite, et qui s’effacent presque entièrement lorsqu'on vient à les dilater. Nous nous sommes assurés que l’in- jection les traverse avec une égale facilité d’avant en ar- rière et d’arrière en avant. Ce petit nombre de détails suflisent pour donner une (192 ) 4 idée exacte des canaux péritonéaux du Crocodile, et ils ne nous permettent pas d'hésiter sur leurs fonctions : placés à la partie la plus déclive de la cavité du péritoine, et/sem- blables à des entonnoïrs vers leur'origine, ils reçoivent le liquide que peut contenir cette membrane ; et le por- tent directement dans le cloaque. C’est là-un résultat né: cessaire de leur disposition anatomique, quinous semble à l'abri de toute contestation ; et sur lequel il est mutile de nous arrêter: Nous ferons seulement à ce sujet une observation : c’est que, pour trouver quelque chose d’a- nalogue chez la tortue, il faudrait admettre ce que nous avons présenté comme une hypothèse, et ce qui est loin d’être démontré : que les deux conduits de l'extrémité du clitoris sont des branches de terminaison des canaux péritonéaux ; et dans ce cas mème, il y aurait toujours une différence très-remarquable ; c’est celle qui résulte de là communication qui existe chez les Chéloniensientre: ces canaux 'et les corps caverneux. Enfin , il nous reste une dérnière question à Aisbuier: Les analogues des canaux que nous avons décrits chez la tortue’ et le crocodile, sous le nom de’ péritonéaux ; existent-ils chez d’autres animaux ? Nous ne savons pas encore si ces canaux se retrouvent dans toutes ‘les: fa- milles de la classe des reptiles ; etjusqu’à présent’, nous ne connaissons rien de semblable, ni chezles oiseaux, ni éhéz les poissons osseux (r). Quant aux mammi- fères , nous ne voyons de même chez eux rien qui puisse (x) Nous n'avons éncore ooustaté l'absence des canaux péritonéaux quedans un petit nombre d'espèces , telles que le brochet , le rouget , la plie. ( 193 ) ètre comparé aux canaux péritonéaux , si ce n’est peut- être les conduits que M. Gartner a trouvés il y a quel- ques années chez les femelles de plusieurs ruminans et chez la truie, et qui sont bien connus en France depuis que M. Gariner étant venu à Paris, et ayant fait quel- ques dissections avec M. de Blainville, notre célèbre zootomiste, en a publié une description très-détaillée dans’ le Bulletin de la Société philomatique (1). On sait que, placés dans les parois du vagin et de la ma- trice, ces conduits s'ouvrent dans le premier près du méat' urinaire par une de leurs extrémités, jet. qu'ils semblent:par l'autre se perdre: dans le ligament large. M:de Blainville; en insistantisur cette disposition très- curieuse ‘4 déjà remarqué «qu'ils pourraient bien: être (nous|emyloyons/iéi sespropres expressions) desparties rudimentaives d’un organisme où elles auraient tont leurs développement; ÿ etl il nous semble que cette idée in- génieuse se trouve complètement vérifiée dans le cas présent:;Ne peut-on pas enleflet regarder les conduits vagino-utérins desmammifères ; comme représentant en rudimentles-Canaux péritonéaux des repules. Il est facile de »voir,: surtout si, l’on prend, le crocodile pour terme de :comparaison ; que, la disposition générale. des uns-et des-autres'offre de grands rapports ; et quant aux différences -qui-:existent entre eux, une, seule, nous semblervéritablement importante, sous le point de vue deelanatomie, philosephique: c'est que,les canaux. péri- tonéaux des reptiles s’abouchent par de larges orifices (LS NOLE Sur 168 doubles canaux de la mütrice des Mammifèrespäron- güles üééuverts par M. Gartner; Bull! dé la Soc phil ;aunéer825,: Pga. 100. XIII. 13 ( 194 ) dans la cavité du péritoine , et que les conduits vagino- utérins des mammifères se perdent, suivant les descrip- tions de MM. de Blainville et Gartner, dans le ligament large ; c’est-à-dire qu’ils ne communiquent pas avec la cavité du péritoine. Or, si la communication n’a pas lieu , il est évident que le péritoine ne tapisse pas l'in- térieur des conduits vagino-utérins, d’où il paraîtrait résulter que leur structure s'éloigne beaucoup de celle des canaux péritonéaux. Peut-être, il est vrai, pour- rait-on penser au contraire, que les conduits vagino- utérins communiquent dans le péritoine, et que s'ils ont paru se perdre dans le ligament large, c’est parce que leur extrême ténuité n’a permis ni de les suivre à l’aide du scalpel ni de les injecter jusqu’à leur terminai- son? Quelques observations de M. de Blainville, qui démontrent que les conduits sont plus développés dans le jeune âge que chez l'adulte, pourraient même faire supposer que peut-être il existe chez le fœtus une com- munication qui ne tarde pas à disparaître. S’ilen était ainsi, sans être fondé à attribuer aux €con- duits vagino-utérins des mammifères des fonctions sem- blables à celles des canaux péritonéaux des reptiles, on pourrait du moins admettre que leur structure est la même, et qu'il y a entre les uns et les autres une analogie réelle. Malheureusement , ces hypothèses, à l'aide desquelles s’expliqueraient si bien toutes les dif- ficultés, semblent être peu en harmonie avec la disposi- tion anatomique indiquée par MM. de Blainvilleset Gartner ; et il existe ici une grave difficulté qu’il est im- possible de lever dans l’état présent de la science ; mais que nous devons du moins signaler , afin d'appeler sur ( 195 ) elle l'attention de ceux que de nouvelles recherches pourront un jour conduire à la solution. On pourrait faire une seconde objection contre l’idée, que les conduits vagino -utérins des mammifères doi- vent être considérés comme les analogues des canaux péritonéaux des reptiles : mais cette seconde objecuon nous semble de peu de valeur. M. Gartner a pensé que les conduits vagino-utérnins servent à sécréter le fluide que les animaux femelles répandent pendant le coït; et M. de Blainville croit que cette opinion peut être admise en partie. Mais en supposant même que ces fonc- tions n'aient aucun rapport avec ceMes. que remplissent chez les reptiles ces canaux péritonéaux, cela ne prou- verait rien contre l’analogie que nous venons d’indi- quer : car: qui ne sait qu'un organe, lorsqu'il tombe dans les conditions rudimentaires, passe presque ‘ou- jours à des fonctions très-diflérentes de celles qui lui étaient attribuées , lorsqu'il était à son maximum de dé- veloppement ? Nous pensons donc que les conduits vagino-utérins des mammifères , quoique très-différens, sous le point de vue-physiologique, des canaux péritonéaux, peuvent être avec vraisemblance ; sous le point de vue philosophique , considérés comme leurs analogues ; et il y a tout lieu de croire que de nouvelles recherches , entreprises à leur égard, ne pourront que confirmer ce rapport. Une autre analogie que nous devons indiquer ici, et que nous croyons pouvoir présenter avec une entière confiance , est celle qui existe entre les canaux périto- néaux des reptiles, et deux conduits particuliers connus depuis assez long-temps chez plusieurs poissons carti- ( 196 ) lagineux, et spécialement chez les raies : M. Cuvier en a donné une description très-exacte dans son anatomie comparée (1). Nous nous sommes assurés, par des re- cherches faites sur la raie ronce , que la situation de ces conduits , leur disposition générale et leur structure, sont parfaitement comparables à celles des canaux pé- ritonéaux des reptiles , à une différence près : c’est qu'ils vont déboucher directement à l’extérieur par deux orifices placés sur les côtés de l'anus, tandis que les canaux pé- ritonéaux s'ouvrent dans les corps caverneux ou dans le gland du clitoris, chez les tortues, et dans le cloaque, chez le crocodile, Maïs si une telle différence peut offrir physiologiquement une importance réelle, elle, n’em- pèche pas qu'il n’y ait entre les uns et les autres une analogie évidente de disposition et de structure; et il nous semble que le rapport que nous venons d’énoncer peut et doit être regardé comme incontestable. Nous croyons donc pouvoir, dès ce moment, admettre comme certaine l’existence des canaux péritonéaux chez plusieurs reptiles d'ordres diflérens, et chez plusieurs poissons cartilagineux, et comme vraisemblable leur existence en rudiment chez plusieurs ruminans et chez quelques pachydermes. Nos recherches tendent ainsi à prouver que des organes qui semblaient appartenir en propre à un petit nombre de mammifères, se’ retrou- vent dans trois classes de vertébrés (2); et sinous sommes (1) J’oyez tome, 1v, leçon xxir, p. 74. (2) Peut-être même existent-ils chez quelques invertébrés. Les ca- naux respiratoires des holothuries décrits par M. Tiedemann, dans sa Dissertation couronnée par l’Institut, ne pourraient-ils pas, être assi- milés à des canaux péritonéaux parvenus à leur maximum de dévelop- ( 197 ) bien loin encore de pouvoir établir à leur égard l’unité dé composition organique, ce sera du moins l’un des résultats de notre travail que d’avoir fait un pas vers la démonstration de ce fait important. Enfin, nous présenterons une dernière remarque : les canaux péritonéaux, comme les uretères, les canaux déférens, les oviductes , et en général, tous les canaux qui se rendent des parties latérales de la cavité de l'ab- domen vers les ouvertures postérieures du corps (1), présentent à leur terminaison une multitude de varia- tions importantes , quand , tout au contrairé , ils ofireut presque constamment la même disposition à leur ori- gine. C'est un fait très-remarquable à plusieurs égards que nous pourrions faire valoir en faveur du nom de canal péritonéal adopté par nous dans ce Mémoire, si nous'ne croyions avoir déjà justifié cette désignation, en établissant que ce canal est, physiologiquement et ana- tomiquement, une dépendance du péritoine. cl: “pement? Nous rappellerons à ce sujet que, suivant M. Cuvier, les raies peuyeut faireentrer et sortir à volonté l'eau de la mer dans leurs canaux pér itonéaux , comme l'air entre dans Les cellules des OISEAUX ; en sorte que ces Canaux pourraient être considérés , chez les poissons ahhae- ueux ; comme des organes accessoires de respration ; et nous pouvons même ajouter que M. Geoffroy Saint-Hilaire avait été de son côté con duit, à la même idée par des recherches entreprises il y a quelques années. (1) Tels sont aussi les conduits excréteurs des glandes analés, et même les vaisseaux sanguins. Le fait que nous rappelons ici est extrêmement remarquable par sa grande généralité , et ne peut guère être expliqué que par la théorie du développement excentrique: — Voyez à ce sujet 3. G: Martin, /Vote sur Le déplacement d’un rein, ét Gcoflroy Saint Hilaire, Rémarques sur le dé ere du rein Chats des Sc. nat. janvier 1826). ( 198 ) Nous terminerons en rappelant en peu de mots les principaux résultats de notre Mémoire. Nous croyons pouvoir déduire des faits que nous avons exposés , les propositions suivantes. 1° Le canal uréthro-sexuel est chez les tortues une poche très-bien limitée, et très-distincte du vestibule commun : il a son sphincter propre, et sa membrane muqueuse présente un aspect très-différent de celle du vestibule. 2° Les sphincters du rectum et du canal uréthro- sexuel sont enfermés et comme inscrits dans le sphincter du vestibule commun, et présentent, près des ouver- tures qu'ils entourent, une disposition très-remarquable qui ne peut guère être comparée qu'à celle des piliers du diaphragme chez les mammifères. 3° La disposition générale du canal uréthro-sexuel, du vestibule commun, de la vessie et des ouvertures des uretères, des oviductes et du rectum, est très-analogue à celle que divers anatomistes modernes ont fait con- naître chez l’ornithorhynque. 4° L’analogie qui existe à cet égard, entre l’ornitho- rhynque et les torlues terrestres, est même beaucoup plus grande que celle qui existe entre ces mêmes tortues et un grand nombre d’autres Chéloniens. 5° La structure des corps caverneux et du gland du clitoris, est très-analogue à celle des corps caverneux et du gland du pénis. 6°. Il existe chez les tortues femelles deux canaux particuliers qui commencent dans la cavité du péritoine, et vont s'ouvrir dans les corps caverneux à quelques ( 199 ) lignes de la base du gland : ce sont les canaux péri- toneaux. 7° Ces canaux ne présentent de valvules, ni à leurs orifices, ni dans aucune partie de leur étendue. 8° L’injection les traverse avec une égale facilité, soit d'avant en arrière, soit d’arrière en avant. 9° Elle passe aussi très-librement des canaux périto- néaux dans les corps caverneux , et des corps caver- neux dans les canaux péritonéaux ; et des uns et des autres , dans Île tissu érectile qui est en dehors du cli- toris. 10° Le sommet du gland est percé de deux petits trous, par lesquels l'injection passe assez facilement , et il contient deux petits canaux qui pourraient bien être des branches de terminaison des canaux périto- néaux. 110 Le péritoine est, chez les tortues femelles, per- foré, et il se continue avec une membrane d’un autre ordre : il manque ainsi de l’un des caractères les plus re- marquables et les plus constans des membranes séreuses. 12° La disposition anatomique des canaux périto- néaux prouve qu'ils ne sont pas destinés à recevoir le sang dés corps caverneux. 13° C’est au contraire un résultat nécessaire de cette même disposition que tout liquide qui se formerait dans la cavité du péritoine ou qui y parviendrait par une voie quelconque, s’écoulerait aussitôt par ces canaux : par conséquent, il ne peut y avoir d’hydropisie chez les tortues , tant que les canaux péritonéaux ne sont pas oblitérés. 14° De plus, d’après cette mème disposition , le li- ( 200 ) quide , probablement, séreux,, que transmettent ces, ca- naux, doit être porté en grande, partie dans les, corps caverneux ; d'où il semble qu'il puisse refluer dans. les veines. 15° Les fonctions des canaux péritonéaux sont prin- cipalement relatives au péritoine; mais elles peuvent aussi secondaïrement être en rapport avec les fonctions génératrices. 16° Il existe chez le crocodile des canaux péritonéaux fort analogues à ceux de la tortue par leur position. 17° Il y a cependant chez le crocodile cetie difie- rence très-remarquable qu’ils s'ouvrent directement dans le cloaque, et non pas dans les corps caverneux ou le tissu érectile du clitoris. | 18° Les fonctions des canaux péritonéaux sont faciles à déterminer chez le crocodile : c’est un résultat néces- saire de leur disposition anatomique que tout liquide, contenu dans la cavité du péritoine , s'écoule aussitôt par leur intermédiaire dans le cloaque. 19° Les canaux péritonéaux des reptiles paraissent analogues aux conduits vagino-utérins des femelles de plusieurs ruminans et de la truie, décrits récemment par M. Gartner. 20°: Cependant leurs foncuions sont difiérentes, et il est difficile de concevoir que leur structure puisse être semblable. 21° Les canaux péritonéaux sont analogues, à! deux conduits particuliers, décrits par M. Cuvier, chez les raies, et qui s'ouvrent à l'extérieur près de l’anus. 22° Enfin, les canaux péritonéaux , comme les ure- ières, les canaux déférens, les.oviductes , et en général , (Sur ) tous les canaux qui se portent des parties latérales de la cavité de l’abdomen vers les ouvertures postérieures du corps, présentent à leur terminaison un grand nombre de variations importantes, quand, tout au contraire , ils offrent presque constamment la même disposition à leur origine. Nore sur les Canaux péritonéaux des Emydes et du Crocodile, mâles. (Addition au Mémoire précédent. ) Nous avons cru devoir imprimer textuellement notre Mémoire, tel qu'il a été lu à l’Académie royale des Sciences le‘18 février , quoique quelques recherches entreprises par nous depuis cette époque nous aient conduits à la connaissance de plusieurs faits nouveaux. Nous avons eu le bonheur de voir ces recherches con- firmer et étendre les résultats consignés dans notre Mémoire, sans apporter aucun changement aux idées que noûs avions émises; et quelques hypothèses que nous avions présentées avec doute , ont acquis par elles un haut degré de probabilité. Nous devons à la bienveillance de M. le professeur Duméril ; d’avoir pu entreprendre ces recherches, dont les résultats sont d’une grande importance pour nous. Cet illustre naturaliste a bien voulu nous encourager dans notre travail , et il nous a autorisés à ouvrir, pour lés examiner anatomiquement, plusieurs tortues fai- sant. partie de la riche collection du Muséum royal d'Histoire naturelle. Nous avons mis à profit cette per- ( 202 ) mission pour constater l'existence des canaux périto- néaux, et pour.examiner leur disposition, chez un Tryo- nix.et chez deux Emydes. Le Trionyx-que nous avons, disséqué était side très- petite taille, et conservé, depuis plusieurs années dans l'alcool ; aussi n’avons-nous pu réussir à injecter. com- plètement ses canaux péritonéaux , sur lesquels nous ne donnerons aucun détail, et dont nous nous bornerons à avoir constaté l'existence. Les deux Emydes,, toutes deux.mâles et appartenant à l’espèce connue sous le nom d’Æmys concentrica, étaient également très-petites (leur carapace n’avait que b, pou- ces de long ). Néanmoinsles canaux péritonéaux étaient très-larges chez l’une d'elles , et: c’est probablement à cette circonstance que nous devons le résultat.suivant. Ayÿant poussé une assez grande quantité d'injection dans l’un des canaux péritonéaux , nous avons vu ce liquide sortir en grande quantité par l'anus , après‘avoir, rem- pli le vestibule commun; ce qui:confirme, l'hypothèse émise dans notre Mémoire, que les canaux péritonéaux des tortues communiquent avec l'extérieur; comme ceux des Crocodiles , et que les deux petits conduits de l'extrémité du gland en sont des branches terminales. En eflet, quelque soin que nous ayons mis à chercher une ouverture qui fit communiquer directement ces ca- naux avec l’intérieur de la cavité du cloaque , nous n’a- vons pu en découvrir aucune ; et ce qui vient encore à l'appui de notre opinion ; c'est que tout le gland était noir et gonflé d'injection. Chez notre seconde Emyde, les canaux péritonéaux étaient d’un diamètre beaucoup moindre, et il ne nous a pas été possible de les in- ( 203 ) jecter directement ; mais en poussant de l'injection dans le corps caverneux gauche, nous avons rempli, non-seulement le corps caverneux droit, maïs aussi les deux canaux péritonéaux et le tissu érectile du gland. Voici comment s'établit la communication entre ces canaux et le corps caverneux : la paroï qui les sé- pare , est percée d’une multitude de petits trous, et l'on peut même la comparer à un filet à mailles très-petites et très-nombreuses. Quant aux corps caverneux , ils se réunissent l’un à l’autre en arrière du gland ; et leur dia- mètre est assez considérable, même à leur point de jonction. Ainsi, chez les Emydes mâles, nous retrouvons le même fond d'organisation que chez les tortues terres- tres femelles, mais avec quelques modifications : résul- tat qu'on pouvait prévoir, et que nous avions en effet prévu en entreprenant l’examen comparatif de deux ani- maux de même famille , mais de genre et de sexe diffé- rens:/ Ajoutons que le mode de communication qui exste chez les’ Emydes entre les corps cavernenx et les canaux périonéaux, est très-remarquable. En effet, au lieu d’une ouverture , comme chez le Test::do indica, ou de trois, comme chez notre seconde tortue terrestre, nous en trouvons ici un nombreconsidérable. Nous avons aussi, depuis l’époque où nous avons lu notre Mémoire à l'Académie des Sciences, fait quelques recherches sur les canaux péritonéaux des Crocodiles ; nous avons examiné plusieurs femelles de différentes espèces et de de différens sous-genres , et nous avons re- trouvé chez tous ces individus ce que nous avions vu chez le premier. Un Crocodile mâle, envoyé de l'Inde ( 204 ) parsM. Duvaucel , nous a äu contraire fourni un fait intéréssant : les canaux péritonéaux présentaient chez ce dernier la même disposition générale que chez les femelles, et allaient déboucher dans le cloaque de chaque côté et à la base du pénis; maïs de plus, ils donnaient près de leur terminaison une branche qui se portait dans les tégumens du pénis en se dirigeant d’avani en arrière le long des corps caverneux , et se terminait en cul-de-sac du côté du gland , à quelque distance de son origine (1). Cette branche , qui peut avoir quelque im- poriance sous le point de vue physiologique , présente surtout un intérêt réel sous le point de vue anatomique, non-seulement parce qu’elle nous offre chez le Crocodile quelques traces de la disposition si remarquable des ca- naux péritonéaux chez les tortues, mais aussi parce qu'elle nous montre que ces canaux peuventse bifur- quer, et pour ainsi dire fournir des branches, à la ma- nière des vaisseaux. Nous avions déjà été conduits , par nos recherches sur les tortues terrestres , à admettre ce fait comme très-probable , et nous l’avions mème indi- qué dans notre Mémoire , en remarquant que les deux conduits. de lextrémité du gland paraissaient être des branches de terminaison des canaux péritonéaux. EXPLICATION DES PLANCHES. Planche vr. ANATOMIE DU CLOAQUE. Fig r. Le cloaque ouvert par sa face postérieure, avec la vessie; le rectum , les oviductes et les uretères, PF, vessie; UU, uretères; OO, oyiductes; R, rectum; XAXXK , (1) Un petit enfoncement représente en rudiment cette branche chez la femelle. . ( aoë } coupe du, vestibule commun; ZZ, son ‘intérieur ; #8", intérieur du canal uréthro-sexuel ; v , ouverture de la vessie dans le canal,uréthro- sexuel ; uu , ouvertures des uretères ; 00, ouvertures des oviductes ; r, ouverture du rectum dans le vestibule commun. Les orifices des uretères se trouvent, comme on le voit, séparés par ceux des oviductes , du colde la vessie. Fig. 2. Sphincters du vestibule commun, du canal uréthro-séxuel ,1et du rectum. £LLLL,, sphincter du vestibule commun ; MW, celui du canal uréthro- sexuel; ZVIV,, celui du rectüm. On remarque en l’entrecroisement de ces deux-derniers. Fig. 3. Lecanal uréthro-sexuel , la vessie, les oviductes ét les uretères de l'Ofnithorhynque. Cétte figure , que nous empruntors au Mémoire de M. Geoffroy Saint-Hilaire sur les appareils sexuels et'uriaaires de lOrnithorhyn- que ( Mém., du Mus., tom. xv) , montre l’analogie trèsremarquable qui existe entre l'ornithorhynque et la tortue, en ce qui concerne la disposition du cloaque etla position des orifices de la vessie, des ure- tères et des oviductes. Les lettres de cette figure sont les mêmes que celles de la figure x. Fig. 4. Coupe du vestibule commun chez le Crocodile fémelle (Croco- dilus lucius ), pour montrer les orifices des canaux péritonéaux, Æ , vestibule commun; Z, son intérieur ; G, gland du clitoris; pp, ori- fices des canaux péritonéaux dans le vestibule commun. Planche vx. ANATOMIE DES CANAUX PÉRITONÉAUX ET DES CORPS CAVERNEUX. Fig. 1. Les canaux péritonéaux et les corps caverneux vus par leur face supérieure. G, le gland du clitoris dépouillé de sa membrane muqueuse; CC, corps caverneux ; PP, canaux péritonéaux ; Æ, tissu érectile placé entre les corps caverneux; FF, tissu érectile placé en dehors des canaux pé- ritonéaux ; Ÿ”, veines se rendant daus les corps caverneux et daus le tissu érectile. Fig. 2. Les canaux péritonéaux et les corps cayerneux yus par leur face supérieure , et eu partie ouverts pour laisser voir leur structure in- terne. G, le gland du clitoris , dépouillé de sa membrane muqueuse et fendu ; ( 206 ) CC, les deux corps çaverneux, dont l’un, C', est fendu dans sa dernière portion pour laisser voir lorifice du canal péritonéal du même côté , et dont l’autre, €’, est ouvert dans presque toute sa longueur pour laisser voir sa structure interne ; PP", canaux périto- néaux , dont l’un, P, est oùvert pour laisser voir sa structure interne et son.orifice.dans le corps caverneux: l’autre canal péritonéal P‘ est en grande partie caché par la paroi fendue et renversée du corps ca- verneux C'; z, orifice du canal péritonéal P dans le corps caverueux C.E,FF, VV, comme dans la figure précédente. Fig. 3. Les canaux péritonéaux et les corps caverneux vus par leur face inférieure , lavec les muscles rétracteurs du clitoris, IN. B. Pour bien comprendre la position de ces muscles , il faut se rappeler que les canaux péritonéaux et les corps caverneux sont ap- pliqués sur la paroï inférieure du vestibule commun, et queles muscles rétracteurs sont placés au‘dessous du vestibule , et hors de sa cavité. TT; muscles, rétracteurs du-clitoris ; PP, CC, comme dans les figures précédentes; G, gland dans son état naturel, et recouvert de sa membrane muqueuse. Fig. 4. Portion de la paroi inférieure du vestibule commun, avec le gland , les corps caverneux et les canaux péritonéaux dans leur posi- tion naturelle. Les lettres comme dans les figures précédentes. Fig. 5. Portion des corps caverneux et des canaux péritonéaux chez une Emyde mâle (Zmys concentrica ), vue par la face supérieure. G, gland; CC, corps caverneux , et PP, canaux péritonéaux en partie ouverts ; F, paroi qui sépare les canaux péritonéaux des corps caver- neux. Cette paroi est percée d’une infinité de petits trous, et peut être comparée à un filet à mailles très-fines et très-nombreuses. Sur le Lycoperdon radiatum de Sowerby, et l’Agaricus radians, espèce nouvelle ; Par M. J. B. H. J. Desmaziires. Ïl est peu de micrographes, parmi ceux qui s'occupent sérieusement de l'étude des plantes cryptogames, qui ( 207 ) ne se plaignent souvent des difficultés nombreuses qu'ils rencontrent presque à chaque pas dans la carrière qu’ils veulent parcourir. L’extrème petitesse de ces plantes ou de quelques-unes de leurs parties, la rareté de bons in- strumens amplifians pour les observer, leur développe- ment dans les saisons les plus défavorables aux excur- sions botaniques , leur existence souyent éphémère , les obstacles qui se présentent pour recueillir plusieurs de leurs espèces dans les lieux qu’elles habitent, laissent une grande obscurité. sur leur histoire; et sans parler ici des opinions dissidentes que quelques savans émet- tent aujourd'hui sur la nature des êtres. placés, vers les limites des règnes organiques , nous dirons que le peu de connaissances acquises sur ceux qu'on reconnaît sans contestation pour appartenir aux végétaux cryplogames, n’a pu encore mettre dans tout son jour le mode de leur reproduction; 1l semble même, comme nous l'avons fait remarquer ailleurs , que les principaux élémens de ces connaissances doivent rester à jamais couverts du voile mystérieux qui les dérobe à nos eflorts. Enwironnée de difficultés sans cesse renaissantes , la taxonomie de ces êtres insolites ne s’établit qu’en chan- celant : on voit de nos jours beaucoup de genres passer d’une famille dans une autre, selon jes caractères sous lesquels on veut les considérer ; les espèces ont encore moins de fixité, et il n’est pas rare, après avoir vu la mème «passer successivement dans cinq ou'six genres diflérens , de la trouver enfin, mais peut-être provisoi- rement encore, dans un groupe de nouvelle création. À ces causes réelles, de difficultés, on dirait que quel- ques naturalistes paraissent prendre plaisir à en ajouter ( 208 } d'autres. Nous ne signalerons ici que la précipitation qu’ils mettent souvent à ‘établir! des ressemblances ou dés différences, parce que’cettesprécipitation!, suivant nous contribue puissamment à ‘cette rversatilité del la némenélature. Des écrivains quisemblent éompter!le ñombre de Mémoires ou de volumes qu'ils doiventipro- duire par année; n’abuseñit® qué’ trop souvent del'ana- logie des ‘caractères ‘extérieurs ;: maïs des1rapports:de forme se saisissent au premier coup-d’œib;/etil'fautides journées, des semaïnes, quelquefois desmoistentiérs , pour découvrir la véritable vrganisation: d'une terypto- gamé qui péut n'être à l'œil nu qu’un simple pointibes obsérvations microscopiques sont longues, quelquefois même pénibles, il ést plus commode derles couvrir d'un dédaigneux mépris; et peu de personnesrs’atta- chant à rechercher persévéramment la vérité ‘avéercet instrument invéstigateur, on’ décrit et l’on! figüreïsous un même nom des espèces bien distinctes, 1pareeque Pôn croit voir entre elles’ quelquestressemblances de formes. Dans d’autres cas , ‘om mentionnetsousdes noms divers des individus d’une mème espèce-observés dans dés stations ou des âges diflérens. Le dirons-nous? l’amotir-ÿropre de quelques ‘auteurs ; iqui rougiraient d'écrire ‘pour ne rien apprendre de neuf} vient éncôre, par là création d’espèces ‘prétendues mouvellesyn em- brouillér ‘la nomenclature et mettre pour ainsi dire; la’ dernière niain ‘au dédale presque inextriéable:dans léquel cette partie essentielle de la science test plongée. Däns'cet'état de’ choses y nous pensons qu'il serait. | ütile ‘dé revoir avec une scrupuleuse attention! toutes les éspètés ét tous ‘les genres imparfaitement connus. ( 209 ) Les auteurs qui observent consciencieusement les carac- tères des/plantes dans les lieux où.elles se développent, etenon dans’ les livres de leurs prédécesseurs , comme cela’ ne:se faitque trop souvent, reconnaissent la néces- sitéde cet examen qui, en faisant découvrir, beaucoup d'erreurs dans les descriptions, répandrait encore une lumièré moins faible et moins incertaine sur le chaos des ‘synonymes ordinairement ; accumulés. sans choix, sans recherches et sans critiques. Les-personnes qui pourront se croire attaquées, dans ces réflexions, les considéreront,, sans doute , comme déplacées dans Ja simple note'que nous avons à écrire sur le ZLycoperdon radiaium de Sowerby.; surtout, parce que 'notre.intention, nous le déclarons, n’est point de porteriatteinte à la réputation, bien méritée ; du na- turaliste amglais; mais les vrais savans, les amis de la véritéetde l’ordre, nous les pardonneront, nous osons le semoire, en faveur de l'inténtion qui les a dictées... -b Nous n'avons ni le-loisir ni les connaissances néces- -saires pour nous livreraux recherches que réclament la Mycologieetl Algologie ; cependant, en nous occupant, ‘pour-notre propre instruction, d'analyses microscopi- ques ; -emrécoltant , étudiant et desséchanz, pour notre collection particulière et pour celle que nous publions, -umwnombre considérable d'individus pris dans tous leurs âges et dans les divers lieux qu’ils habitent ;:nous:trou- +vons quelquefois que:nos observations ne sont pas, con- -formes à celles de nos devanciers, et nous croyons mile alors dévles: faire connaître en mettant .la nature même sous: les yeux de nos: lecteurs. Toutelois, comme nous æavons pu jusqu'à présent reeneillirlo furngus qui va XIII. 14 (sb ) faire l'objet de, cette notice en assez grande quantité pour le; faire paraître dans nos fascicules des Plantés cryptogames. du nord de, la France; nous avons recours aujourd'hui à la gravure , en traçant rapidementiei l'ex- posé des faits observés. ” inoe all Trois champignons bien distincts; etc’est encore, là. un des résultats du peu d'accord qui règne dans, la:nomen- clature, trois champignons; disons-nous|, portent dans les auteurs le nom de, Lycoperdon radiatum:Le | pre- mier fui recueilli, en,1760, par le fils de .Linné dans son domaine de, Safja en Suède ; il. croissait sur, le bis de pins morts. Nous le trouvons décrit dans,la troisième édition du Species plantarum de Linné, p.. 1654; u9°,g} C’est le Sphærobolus rosaceus de, Tode , le :Pezisa marginata de Sowerby, le, Stictis radiata,.de: Persoon et de Fries. Batsch, en 1783, dans son Ælençhus, fun: gorum, fit aussi de son côté, un: Lycoperdon radiatum avec le champiguon représenté à la table 100,, fig. 4- -6 de l’admirable Genera de: Michel, C’est le Z ycoperdon stellatum de Schœæfler, de Sowerby et. de Bulliard (var. b.) ;le Lycoperdon radicans de Gmelin, le Zycoperdon rufescens de Poiret, le Geastrum rufescens de Persoon et de Decandolle. Mais ce n’était pas assez d’avoir donné lemème nom à des êtres aussi disparates, et Sowerby, en 1709, dans ses English fungi, imposa à son tour le nom de Zycoperdon radiatum à la production figure à la table 145 de cet ouvrage, et décrite dans lestexte.en ces termes : se : Le « Cette singulière et nouvellé espèce, nouveau genre peut-être (qui cependant paraît ressembler au Lycoper- don. phalloides. des tvansactions philosophiques: 4702. ( oua ) 541498, A6 1e Spicilegium bôtanicun, &W2), noûs fütiehvoyé!de Holt en Nosfolk)par lefév” Re B. Fran- ci, qui lt trouva sur un mur plâtrés Les rayons parais- sent être larracine par laquelle elle est atiichée au mur. Ils sont composés d’un nombre infiñi-de filimens fins, laineux'et presque blancs (r): Le-petit corps sphérique quitést'au ceitre’ést à peu près solide et parfaitement tomenteus à Ja surface ‘extérieuré:l'A l'aidé d’un verre amplifiant,; nous pouvons découvrir ‘une fine poussière où semence ressemblant assez'à celle dà Zycoperdon phalléides ; maïs beaucoup moîïns abondante (2)! ‘He doute modeste convient toujours au noménclateur, lorsque les genres ou les espèces qu’il établit ne résul- tent pas exelusivement dè l'obsérvation des" caractères lés plus importans, et ce doute nous le retrouvons avec plaisir dans les premiers mots de la déscripuion que nous venons'de rapporter. Le vague de cette description in- complète; là Comparaison étonnante établié entre la pro- duëtion qui en fut l’objet et lé Zycoperdon phalloides dé Woodward'et de Dickson (P1. érypt., fase. ?, p. 24), pour M RUE a créé le genre Patarréa, Er 100215 1.99 {AY Ea figure de Sowerby les représente dé couleur rousse. {a}: This remarkably :curious and new species ; perhaps a new genus (which : howeyers seems to beloug Lo the £ycoperdon |phalloides of Philosophical Transactions, v. 74, 473 ; t. 16, and Spicilegium bota- ricunr, t.Y2), das sent me from Holt in Norfolk by the Rev. R. P. Francis, who found it on a plastered wall of a ball-room. The rays appear to be the root by which it is attached to the wall;rand are composed of ar infinite number of fine woolly filamenta nearly:white. The ile ball in à the cépire is near TE and RT tomentose on the 1 Mk of! he Lycoperdon phalloïides , bat müchiless atout! ( ae ) et-figuré par, Nees (97544, pr,2409.fi8. 257) :. la figure imtéressante donnée à la table 143,de lEnglish fungr; enfin, le.silence prudent gardé, sur, le Lycoperdon, ra- diatum de. Sowexby, par ;tous,,les, mycologues, qui ont écrit depuis la publication, de.son ouvrage, nous don- nèrent depuis Jong-temps le plus, vif désir, de connaître mieux ce, champignon extraordinaire, et, mous regar- dious, comme un, jour heureux celui où nous, aurions pu.en! obtenir quelques individus: Pour parvenir à cette possession ; nous entretinmes plusieurs savans du, Ly:- coperdonradiatum ; nous en fimes la demande, à quel- ques,collecteurs anglais , mais aucun d'eux ne put sa- tisfaire à nos questions et à notre demande, et les choses en étaient restées là, lorsqu'en 1823, nous allämes nous fixer dans une maison de campagne près de Lille. C'est dans cette propriété que nous attendait la cryptogame recherchée avec tant d’ardeur, et nous ne saurions ex- primer ici tout le plaisir que nous éprouyames, Jorsque nous en vimes une douzaine d'individus sur, la crépis- sure des côtés d’une fenêtre de grenier; Nous recon- nümes , au premier coup-d'œil , l'identité de,cetie pro- duction, avec celle représentée dans l'ouvrage janglais per une, figure, qui nous était restée, dans la mémoire , et dès-lors nous primes note de ce que nous, observä- mes, mous promettant bien de suivre cette intéressante fongosité dans ses développemens ultérieurs. 1: … Les filamens, dont parle Sowerby,.et qui, snivant, re ; paraissent être la racine de la plante, étaient d’une cou- leur blanche dans le'jeune âge, fauve dans un âge plus avancé, çufin d'un roux doré lorsqu'elle semblait avoir atteint, entièrement sa croissance. [ls partaient tous d’un (919 ) seal point dans chaque individu , et formaient, par leur disposition rayonnante!, utte sorte d'étoile: Leur aspect paraïésait uisant ect peu Jaineux; ils étaient appli- qu'és ékaétémént’sur le mur ét avaient depuis un jusqu’à tois déntimètres de longueur. Le: microscope nous: fit voir qu'ils étaient diaphanes , dépourvus de cloisons ; et qu'ils s’agglutinaient quelque fois les unes aux autres, dé manière à représenter’ dé plus'gros filamens épars, ca er ià, dans le nombre prodigieux des autres filamens qui composaïent l'étoile! Nous nie pümes rien découvrir, enéé moment, dans lecorps charnu qui'se trouvait au centrélet que Sowerby appelle la petite balle ; ce corps avait, dépuis la dimension la plus petite dans laquelle on ‘put l’apercevoir, jusqu'à deux et trois millimètres de grosséur ; les filamens y étaient attachés, il s’écra- sait en lé pressant sous les doigts, sa substance parais - sait “blanichâtré, et sa couleur à l'extérieur était d’un brun de chocolat. Vu à la loupe, il nous semblait comme drâpé ; mais le microscope nous fit reconnaître que ce n’était point des poils qui recouvraient sa surface, mais bicn de pétites pointes uiriculiformes et hyalines. ‘Qüélques semaines se passèrent sans que nous pus- sions découvrir autre chose; mais les pluies abondantes du mois de décembre, dans Tequel nous étions, ayant rendu l'atmosphère plus humide, nous vimes bientôt les individus qui se trouvaient les plus bas sur le mur et'qui, paï cette position ; recevaient plus d'humidité, aèquéfir un développement plus considérable. Parvenu ai grosseur d’un pois , le corps charnu devint ovoide, ét dans cet état , l'ayant coupé longitudinalement , nous ÿ récontiümes parfaitement, mais non sans éprouver (214) âne grandebsurprise l'organisation d'un Agaric:,-e'est- àadire des Jamellés ev lerrudiment d’un-pédicule;cen- tra Nousiarrosänies alorstuhe-partiel du mur avee:de l’eau de pluie; plusieurs des champignons-qui- n'avaient pas servi à nos observations s'allongèrent , se: dévelop- pèrentencore ‘de jour -en jour,-et/nous présentèrent en- fint un véritable: Agaricr atrdmentaire [de:-quatre-à éimq centimètres de hauteur: Quelques+uns des individus qui ne reçurent pas l'augmentation d'humidité restèrent-sta- tionnaires pendant environ quinze Jours après pars is:se desséchèrent! apr sfsadat ,esudil Cet Agaric que; d'accord avez Pérsoon aumiél î Pr communiqué ;: nous ‘avons: appelé-4garicuso radians , appartient à la section des Coprinus etcest :très-voisin deV'Agaricus micaceus de Bulliard, que lon æéncontre asséz communément en été dans-les jardins; des bois, les près’et les champs. Son: pédicule-estnu; lisse;blane, haut de trois à quatre centimètres, épais de trois à «cinq millimètres, cylindrique; fistaleux! et:d’un: dixmèire presque égal dans toute sa longueur: 1l-se courbe à;me- sure qu'ilse développe de manière à gagnér:la direction verticale ;' ét reste entouré à la base des: filamens nom- breux et rayonnans que nous'avons décrits plus haut. Lerchapeau, parfaitement sphérique et d’un brun: foncé dans le très-jeune âge du champignon, devient ovaïde , ensuite campaniforme et enfim plane: Sa :couleuralors est fauve ou nankin , un peu plus foncée! vers le.centre. Ses bords ;présententides stries longitudinales, assez: ap- paréntes ;etson sommet detrès-petites pointes, ou -ütri- culés qui rendent:sa surfacé furfuracée: Dansison par- fait: développementi;älest très-mince., membraneux:; et ( 218 ) à depuis trois jusqu’à :cinq centimètres de diamètre. On nepeut observer qu'un jour ou déux: dansicet. état : bientôt ses: bords se fendent:, se relèvent en.se forilant endessus y se-détruisent enfin, et les lamelles sé résol- vent'en une eau noire qui entraîne des sporules ovoïdes et de mème-couleur. Ces sporules; qui ontà peine -- de rmillimètre dans leur grand diamètre | sont, comme dans ‘les -Coprinus avant la-destruttion de l’Aymenium , dis- posées sur quatre rangs: dans: des thèques distantes les unes des autres: Les lamelles sont: assez mombreuses , libres, imégales, étroites, minces , d’abord blanchâtres , puis d’un gris violet et ensuites noires dans: leur vieil- lesse::Lorsqu'oniles dispose sous la Jentille comme si Ton’ voulait observer leur épaisseur, on découvre des vésicules très-grosses, en petit nombre, fort écartées les unes des autres, et fixées perpendiculairement sur lune de: leurs faces ou sur toutes les deux. Ces vésicules out vune ‘forme ‘presque cylindrique , ou plutôt elles repré- ‘sentent un cône fort allongé à sommet obtus. Ce sont derpetites'outres membraneuses, diaphanes , et remplies d'in fluide limpide. La figure que j'en donne est assez semblable à celle que l’on trouve dans Bulliard à la pl; fig. 3-8 de ses Observations microscopiques. Cet rorganera été vu par Micheli dans quelques Agarics et - dansrplusieurs Bolets.: I le nomme fleur apétale mo- enôstémoneet le figure aux pl. 65,68, 93 et 76 de-son -Genera ; Bulliard, qui l'a aussi très-bien observé, le considère comme l'agent fécondateur, et l'appelle vési- “cüle:spermatique. Gærtner, let lesmycologues moderucs fui prétendent que les champignons sont: des plantes aphrodites owagamestyise taisent sunces vésidules où ne (246: ) font,pas connaitre leur usage demamière à lever tous les, doutes. Persoon:penseque dans des,Coprinus:leur dés:. tination est. de contribuer, :pendant, la! sécheresse 5: à la dissolution du chapeau ; mais cette hypothèse: ne sax, tisfait. pas ,.eb.1l serait utile de:revenir, à l'observation de cet organe qui .doit jouer-un, rôle, twès-important ,:.et. dont l'étude a, été trop négligée jusqu'à ce jour: L'Agaricus radians. croit dans presque-stouies les saisons, de l’année:: Ses, ;premiers développemens ‘sont: très-lents ::nous;avons souvent observé les:mèmes in dividus, pendant des mois.entiers. Ils sont le plus-ordi- nairément-solitaires ; cependant-on en trouve quelque- fois deux ouitrois de rapprochés par :la’ base: destipédi- cules qui ne se soudent jamais. Il se reproduit sous nos: yeux depuis plus de quatre ans. Nous l'avons fait voir à plusieurs de nos amis, et nous pouvons encore aujour- d'hui satisfaire la curiosité des mycologues. Nous l’a- vons aussi remarqué, il y a près de dix-huit mois,,.sur le crépi d’un corridor dans une maison de Lillel, ettout récemment sur un papier-tenture constamment humide. Cette rencontre nous fait penser qu'il n’est pas aussi. rare que nous l'avion cru d’abord et qu’on, pourra le re- trouver dans toute la France. I résulte des faits que nous venons d’exposer, que Sowerby a décrit et figuré, sous le nom de Lycoperdon radiatum , Îe jeune âge d’un Ægaricus coprinus auquel noùs imposons le nom d'Ægaricus radians. Cette er- reur, publiée dans English fungi, l'un des plus beaux ouvrages d’iconographie que nous possédions en ce genre, a pour cause, 1° les remarques du rév. Francis qui n’a trouvé de notre champignon que des individus très- k l f h ({2n9s) petitstiet peut-être arrètés dans leur développement; 2%-lés observations de Sowerby mème qui n’ont pu être faites que sur deltrès-jeunes individus détachés du mur plätréiet qui avaient) voyagé pendant un certain temps ; 3%enfin ;-quelques rapports dé forme entre l’Agaric dans, le premier âge et plusieurs espèces du genre Zÿco- perdon. Ces: rapports prouvent que l’analogie ; cornme nous l'avons fait remarquer au commencement de cette notice ; m’est/pas toujours un guide sûr dans les cas où le botaniste ne peut se fonder sur l'observation des par- ties essentielles, et que l’on ne saurait wopse mettre en garde contre ces ressemblances insidieuses que l’on rencontre si souvent dans l'étude des plantes crypto- games les moins parfaites. EXPLICATION DE LA PLANCHE X, fig. ï. a, premier âge de lAgaricus radians. b}" coupe verticale du champignon parvenu à la grosseur d’un pois. e,undividu encore plus développé. Son pédisule est alors apparent. e , coupe verticale. J; frägmént d’une lamelle vue au microscope. 4, vésicules spermatiques de Bulliard. À, sporules ovoides. (2#8") Rapport Jéit à l'Académie royale des Scieénves Sur un travail de MM. Victor Audouin et Milnié Edwards, ayant pour titre : Recherches anato- miques sur le Système nérveux des Crustacés (1): last f11a1 Par M. Grorrrox Sainre Hire. {4 (du dans,la sfaneË PR. Fos 1828. ) MM. ‘Audouin et Milne Edwards ont fait précéder leurs Recherches sur le système nerveux, d’un premier eL,trés-important travail sur le système circulatoire des crustacés (2)., Nous commencerons par savoir gré anx auteurs d'avoir choisi un tel sujet d’études, Dans l’état actuel denos connaissances , nulle famille ne présente un champ plus vaste aux découvertes d’un intérêt gé- néral, En: étudiant les crustacés, c'était choisir un an- neau qui est jeté sur la limite des deux premiers,em- branchemens de l'arbre zoologique, un anneau qui, s’il ne, les réunit point par un lien indissoluble , les montre toutefois comme ayant entre eux des rapports mulüpliés et de grande valeur. Ces êtres intermédiaires, c'étaient d'autres poissons pour Aristote, qui, par l'emploi de ceite expression ingénieuse , s'était proposé d'indiquer avec mesure leur degré d’aflinité, mais qui ne fui. pa moins désireux de ne pas confondre les deux familles. On savait, des cette époque, que les crustacés présen- taient dans la composition de leurs viscères beaucoup de, ressemblance avec les poissons, toutefois à, cette dif- férence, près (différence sans doute très-importante ), que les viscères sont chez les crustacés logés en dedans des, parties solides, quand ils sont chez les poissons ré: pandus tout autour de l’axe osseux. Lorsque dans !lés mps modernes l’on se décida à marquer la distance des (1), Ce travail paraîtra dans un des prochains numéros des Annales, À 2 r Ê à AT f (2) Voyez Recherches anatomiques et physiologiques sur La ‘Ciréula- tion dans les Crustacés, Annales des Sciences naturelles, tom, xx, pag. 283 ct 352. (219 ) deux familles par un hiatus aussi tranché que létablis- sentda-plupart des, clasifications, ‘peut-être s’est-on: trop hâté. N'a-t-on pas porté , em effet, trop. loin les dif- férences existantes ?.Le grand caractère qui en résube mérite sans doute d’être pesé mürement, mais toutefois ce que l’on connait aujourd'hui pour s'y être rendu plus attentif, donne lieu à penser déjà que l'intervalle qu'établissent cès différences entré les deux familles est véritablement moindre que l’on ne l’a cru jusqu’à ce jour (1). Et ceci n’est sans doute ‘point une réflexion sans utilité ; car elle mène à faire comprendre comment s’il y a chez Jes crustacés tant de partiés qui soient une répétition des parties analogues chez les poissons, ceüx- ci, dernier rameau de la série des vertébrés, et les crustacés , premier rameau de la série éntomologique, demeurent réciproquement comparables. Nous sommes donc à ée moment certains qu'ils se rapprochent par de'nombreux rapports, et dans ce cas, chércher à dé- couvrir et à établir ces rapports, c’est faire de la science au plus haut degré et dans le plus grand intérêt , à cause de son immédiate application aux plus hautes théories. Ces recherches méritent sans doute qu’on s’en occupé sans relache. Car accroître le nombre des analogies connues , c’est montrér que les êtres sont enchaînés par des rapports plus intimes, c’est contribuer à faire sortir du éahos des diversités, si long-temps toutefois très- habilement étudiées , des idées d'ensemble qui un jour seront remarquées comme caractérisant l’époque ac- telle , comme lui imprimant une physionomie propre. C’est enfin apporter de nouveaux motifs à la conviction du naturaliste philosophe qui , après avoir apérçu l’in- finité des modifications sans les confondre, resté enfin persuadé qu'il n’est qu’un seul fond d'organisation, fci deplus en plus compliqué et aïlleurs au contraire! ra- mené à la plus grande simplicité. el Cependant ce n’est pas à poursuivre tout d'abord ces importans résultats de la science que s’attachent MM. Audouin et Milne Edwards. Is savent très-bien (5) Ce sont du moins les opinions personnelles du rapporteur, ( 220 ) qu'il faut assurer les plus savantes investigations Dar des études spéciales ; mais ils n'oubliént point lé but le plus élévé de la'sciéncé } en paraissant sc renférmér dans des comparaisons d'animaux d’üné mème classé: C’est qu'ils sont'entrés sans réserve dans les voiés de là nou- velle école; ét’, en effet, ce ne $ünt point les différences qu'ils se-proposént uniquement de mettre en lumière , ils croient préférable de’ rechercher ‘avant tout les faits de ressemblance, d'employer Leur sagacité à les démas- quer ‘s'ils’ sont cachés sous quelque apparence tom peusei; afin’ de rattacher les plus fortes anomalies at AL LCL principe de l'unité de composition organique. "Voici comme ils s'expriment sur ce point. «Les ré- « cherches qui font le sujet de notre Mémoire, disént «les ‘auteurs, ne tendent pas seulement à compléter «/mo$' connaissances spéciales sur Île système nerveux « des crustacés des différens ordres ; elles ont pour but «essentiel de montrer qu’il y a chez eux unité de com- « position de ce système , et que Îes modifications a0- « males et très-variées qu'il présénte dans les animaux «ide cette classé peuvent être raménées ‘un stul et «mème type, ce qui jusqu’à cé jour semblé°avoir été ILSÈ LE 1] « méconnu. » : En ‘effet, si l'on vient à examiner comparativement 4 Q | IS IO9MIENO deux crustacés, soit par exemple, Tan du génré Eéré- visse et l’autre du genre Crabe, ‘on est d’abord tout à l’idée des différences qui frappent à la première Vue’, et’ l’on n’abandonne point cette première sensation, même en pénétrant par des études attentes, dans Pexa- men comparatif des deux espèces ; car chez l'Ecrevissé, on compte plusieurs ganglions , et ces ganglions, réunis entre eux par des cordons de communication (1), sont rangés bout à bout et constituent une espèce de chaine noueuse étendue de Ja tête à Vanus, quant au Contrairé chezile Crabe, il n’existé qu'un seul ganglion thora- (1) Les anteurs ont rappelé diverses considétations sur ce sujét , pu- bliéés dans les Lecons d’Anatomie comparée ; considérations aù moyen desquelles M1e baron Cuvier a fait connaître les différences cafactéris- tiques dûhomaïd ét Au earcin , quant à leurs ganglions nerveux. 1" ( 2ar ) cique. De même encore chez l'Ecrevisse , les différens nerfs du, corps naissent de chacun, des ganglions, tandis que,chez. le, Crabe tous:les cordons nerveux! partent du seul, ganglion central dont il vient d’être parlé. La dis- semblance est encore plus sensible ; si au lieu de-selser- vir de l'Ecrevisse, on compare le Crabe à quelques autres crustacés, et par exemple au Talitre, une des, espèces de l’ordre des amphipodes:Ces petits crustacés, dont le-corps est divisé entreize segmens, présentent une série longi- tudinale de ganglions doubles. Les ganglions de chaque paire sont très-distincts Fun de l’autre, et me-paraissent réunis que par une très-petite commissure. Leur nombre total est de 20, c’est-à-dire qu’on en compte:13 de chaque côté. Il ya tellement loin de cette disposition à celle du Crabe qui ne possède plus qu’un seul ganglion central duquel partent en rayonnant tous les, nerfs du corps , que, quel que soit lé désir d'établir des analogies et de généraliser, on me peut qu'être frappé à la pre- mière vue de cette prodigieuse dissemblance. MM. Audouin et Milne Edwards ont donné une preuve de leur savoir et de leur excellent esprit, en ne s’en laissant point;imposer par ce qui ne devait être pour eux qu'un fait, qu'une simple circonstance oculaire. Ils ont judicieusement pensé que plus les différences: étaient considérables, plus ils devaient apporter de soin à leur examen ; et enfin , ils sont parvenus à les ramener à un même 1ype, et, à les expliquer d’une manière. satisfai- sante. Én _eflet,, il résulte de leur travail que le sys- tème nerveux de tous les crustacés, quelles que soient les différences. qu'il présente entre les espèces des divers ordres, est formé des mêmes élémens : le noyau.ner- veux et unique du Crabe n'étant en définitive, qu'une agglomération des nombreux ganglions nerveux dis- posés à la file lés uns des autres dans l'Ecrevisse et:dans: le Talitre, IL aurait pu suflire de remarquer que c'était là un résultat nécessaire de la conformation allongée de ces derniers, et, tout au contraire de la forme ramassée et orbiculaire du crabe. Mais les auteurs ont préféré à.cette conséquence, qui aurait paru à quelques esprits, trop heurtée, et par conséquent contestable, la voie d’une ob- (‘322 )) sérvation suivie dans tous les degrés intermédiaires et lé paréouranteffectivementpas à pus, ils ensuntivents Xunédénionstration rigoureuse délleur proposition: 21 Parmi les faits qui ontrétabli leur conviction; nous citéroné les suivangtà - 2011 910909 Jisrrton: En! prenant pour point des départ le Takitre:; mous voyons, ainsi qu'il a été dit, que son systèmé nérveux se compose de treize ganglions au côté droit et de treize au‘!côté gauche ,-accolés par ‘paires et toujours égale- ment ‘espacés sur la ligne longitudinale qu'ils occupent. Le système nerveux du Cloporte, quoique semblable sous plusieurs rapports à celui du Falitre ; préseñite déjà des! différences notables. Les paires de ganglions sont moins nombreuses. On n’en compte plus quéneuf set ce qui ‘est bien remarquable ; :c'est que la dérnière’et l’avant-dernière paires ne paraïssent composées chacune qué d’an seul ganglion, tandis que toutes celles “qui précèdent en offrent deux bien distincts-Maîs il: nest pas très-diflicile de reconnaître que cet état dersimplicité apparente est dû à la soudure intime des deux ganglions, et de reconnaître enfin que c’est le rétrécissemient dés derniers segmens qui a forcé: les deux élémens Agagrier une distance de plus vers la ligne médiane; à se touches et finalement à se confondre. Depuis que M1Serrés0a généralisé les: faits de cet ordre , en en préseita mt am grand nombre d’analogues, ils se multiplientisotis lobe servation. Ils: n’étonnent plus présentement, étoniles recueille précieusement en se rappelant ‘qu'ils soit &wl jourd’hui compris dans une loi incontestablement! aëe quise à la science. 2199801 3M90 Le système nerveux, examiné comparativement Uafis des genréslasséz voisins’, a done subi déjà deux'modifi - cations importantes. Il s'est raccourei et s'est rétréti) ou’ én d’autres termes ; àl a obéi aux pressions des! téga4 mens communs en se centralisant. mr eol 10102 Cette sorte de tendance à diminuer en même temps de largeur et surtout delongueur pour se grouppervérs la partie cétitrale du thorax de l'animal, est plus Mani? fésté dans les Cimothoés et dans les Phyllosümes. EI devient'très-sensible dans les Homards et dans kés Palé: (098%. Et > [GC ( «225 )) mous; enfin; dans-lesLangoustes, Lous les ganglions le céphalique. lexcepié , constituent ‘une. seule, masse nerveuse de daquéllé, naissent. les différens nerfs du corps ; dans cette espècellce gros ganglion .est allongé ; mais on reconnait encore très - bien, qu'il est, formé par d'assemblage d’une finfinité d’autres noyaux. Enfin, ce.n'est que-dans le Maïa que tous les élémens consti- luans -sont éntièrement. confondus ; le ganglion thora- cique de,ce crustacéetde la plupart des décapodes bra- chyures étant plein, et, parfaitement |arrondi, dans son contour. Tout cet exposé scientifique que nous avons considé- rablement resserré dans cette analyse, ne se compose pas seulement de descriptions et de discussions ;. il re- pose:de;plus sur des représentations exactes , sur des fi- gures.qui placent également bien les faits sous les yeux. Les sujets représentés sont le Talitre, un Cymothoé, le, Phyllosome,, le Homard, un Palémon, la Langouste ete Maïa. au - Les, conelusions des auteurs sont que le système ner- veux des crustacés léur a présenté partout. une parfaite uniformité de composition , et que les différences très- sensibles, à: la première vue qu'ils ont rémarquées ; ne sont.évidemiment que des modifications dépendantes d’un degré plus ou moins considérable de rapprochement et de,centralisation des noyaux médullaires ; résultats qu n'ont en, soi rien de bien-surprenant, ni. même, d’abso- lument nouveau ; ajoutent ces jeunes naturalistes , puis- qu'ils repètént ce qui est et ce qu'on observe dans un même insecte, quand on l’étudie, comme a fait M, Serres, aux divers âges de sa vie. , dE De tels résultats , bien que pouvant ètre prévus, par la théorie. des analogues, sont de précieux documens pour la philosophie de la science. On aime à les voix sortir les mêmes de tous les travaux approfondis dans les divers familles. Er Voilà, ce qu’à l'égard du système nerveux des.crustas cés:; MVL Audouin et Milne Edwards, viennentde faire dans le, Mémoire ! dont. ce! qui. précède es. un, extrait. Dés travaux sur cette matière existaient; 1els..soni, entre ( 224 ) autres ceux de M. le baron Cuvier et de M. le docteur Serres. Mais en les étendant, MM. Audouin et Mile Edwards y ont beaucoup ajouté ; ét surtout ils ‘ont per- fectionné l’état de nos connäissances à cet égard, en ra- menant et ces travaux et les leurs propres aux analogies que leur sagacité y a aperçues. fie En conséquence, nous avons pensé que nous devions proposer à l’Académie de vouloir donner son approba- tion au travail de MM. Audouin’et Milne Edwards, et de le réserver pour être inséré dans le Recweil des savans étrangers. Signé Larreizze, Dumérur , Georrroy S.-Hiraime , rapporteur. L'Académie adopte les conclusions de ce rapport. P PP Nore sur l’Anthoxanthum odoratum à, Par M. Caarxes KunwrH/9 21 10p 900n b 19. PHP US M. Brown , dont le génie divinatoire a si souvent de- vancé des découvertes postérieures , à régardé le premier les paillettes extérieures ‘barbues de VAnthoxanthüm odoratum comme des fleurs neutres; privées.de; la pail: lette supérieure. L'organisation de l’Hierochloe lui ayait. inspiré cette idée ingénieuse , dont je viéns'de trouver ï confirmation sur l’Ænthoxanthum odoratum'lui-niême. Un échantillon de cette ‘plante .provenant-ducap: de Bonne-Espérance , qui m'a été communiqué par M. Des- fontaines , présente dans les fleurs absolument la même organisation que les échantillons d'Europe ; à l’éxception de la fleur inférieure , qui est munie d’unerseconde pail= lette à deux nervures , et detrois étamines ; il n’y, a point, de pistil; les squammules hypogynes manquent, comme dans la fleur terminale, qui est diandre , et dont la pai lette supérieure est uninerviée et earénée. 14101900 317 Dans un second épillet que j'ai examiné, je crois avoir vu la seconde fleur également munie de la palleue su- périeure ét d’étamines incomplètes." DD PET L DU RIE vi 1 ti 9, AUIMORII 4 ; 1 } Fe Nore, sur La présence. de. la, Webstérite. dans HOT! r sb” argile nine d srteuil près Paris ; AOTAUN KITS Par M. Arexanpre BroNGNIART, De l'Académie royale des Sciences | Professeur de minéralogie aù ebrri 1 S ot Jardht du Roi URMSBE 9141879081 np : La répétition des mêmes circonstances géognostiques dans desiterrains qu'on regarde comme étant de même formätionjiquoique situés à des ‘distances considérables les uns des autres; cette répétition, se montrant dans les formations les moins développées et se maintenant jus- que dans ses plus petites particularités ; offre un phéno- mène qui ne peut être vu.sansiattirer l'attention des na- turalistes , et sans donner à présumer qu’une . cause simple, mais puissante, générale , mais différente pour chaque. époque géognostique, a concouru à la composi- tôn des ierrains Eu se sont déposés où formés à cha- cüné de cês époques ; €t y a produit les mêmes particu- larités de. nature.et de structure. »lCes-réflexions maïssent de la découverte, très-petite en éMe-même , que j'ai faite dans le sol des environs de Paris, d'une substance qui n'a pas non plus par elle- même une bien grande importance : mais c’est précisé- ment parcë que le ter rain dans lequel se trouve celte substance, est en général si faiblement et si ir régulière- ment développé, qu’il peut à peine compléter une forma tion} &'est parce que cette substance ne s'y trouve qu'én peüts rognons, c’est, dise, du pen d'importance de,cha- cune de ces circonstances prise isolément , que résulte XHI. — Mars 1898. 19 ( 226 ) la singularité de leur constante réunion dans, les lieux assez nombreux:et très-éloignés.les uus des autres ; où on l’a jusqu'ici reconnue.2%u10 olsasqhrq eol On n'est pas étonné de:woir des granites serablébles entre eux, én Europe; en: Asie, dans-les deux. Amé- riques ; mais on le sera peut-être davantage de rencon- trér la Webstérite constamment dans la mème. sorte de terrains en Allémagne, en Angleterre, dans, plusieurs parties’ de la France et jusqu'aux portes de Paris. [a substance minérale dont je vais parler; est le sous- sulfate d'alumine qu'on à trouvé d’abord. à : Halle en Saxe, et qu'on a connu-pendant long-temps sous le nom trompeur d’'alumine native ; ensuite sous. celui d'aluminite, déja donné aux ‘schistes! alumineux , ;;et que j'ai cru devoir désigner ailleurs) par-le: mom -de wessrémre, en la dédiant à M. Webster de Londres qui arreconnu cette-substance à Newhaven , près, Brighton, dans le comité de Sussex: 4110 sit SHASE L'histoire de ce minéral est, par elle-même, et indé- pendamment de ses circonstances géologiques, assez re- marquable (1) ; d’abord on l’a prise pour de l’alumine pure, et cette erreur a duré long-temps ; comme on ne concevait pas comment une substance de cette nature pouvait se trouver dans, cet état de pureté au milieu, d’un (1) Cette histoire est très-bien développée dans un Mémoire fort étendu qué' M. Kéferstein a publié en 1816 (£éonh., tasch, ao an- née ,1816, pag. 33), et dont M. Bonnard a donné un extrait dans les Annales des Mines ( 1821, tom. va, p. 588). Îltermine cef extraif par des réflexions sur la constance des phénomènes géologiques, à-peu- près semblables à à celles que je viens d’exposer, et qui font voir combien ces réflexions naissent naturellement de l'observation de la constance dé, ce phénomène ; qui est si pou important en lui-même. ( 327 ) térrainquiparaissait très-récent ; on a cherché à en attri- büer Vorigine à-la présence d’une-officine où se faisaient des préparations alumineuses. 5 Endeffet, sün aspect et sa manière d'être en petits ro- gnons gros comme des noix, sa position si près de la sürface du s6k; l'exemple unique qu’on avait alors de la présénée d’un semblable minéral dans la nature, enfin, lignorance complète où l’on était de l’époque de for- mation du terrain qui Ja ‘renfermait, contribuèrent à faire accueillir l’idée que c’était un produit de l’art en- foui! dans la terre meuble à la superficie du sol. On‘examina ensuite de plus près ses propriétés, et sa atureÿ et on y reconnut successivement, d'abord une Structure cristalline qui w’est visible qu’au microscope (c’est M° Séhreber qui fit cette observation) (1), puis (MM!'Simoñ de Berlin et Bucholz) la présence de l’a- cide sulfurique : M. Chenevix soupçonna dès-lors que c'était un sulfate d’alumine avec excès de base; enfin MHSiromeser prouva que c'était un sous-sulfate d’alu- ide à proportion définie, et renfermant 47 pour cent Pd'éatis Qu’ la'combinaison d'un atome d’alumine, d’un atome d'acide sulfurique avec 9 atomes d’eau. AI S+ CE. Co | w M: Wébiter ayant trouvé un minéral sémblable à -Newhaven,, M: Siromeyer y reconnut exactement Ja méme composition que dans celui de Halle ; enfin M. de G) Je la vérifiai et la rappelai dans mes Elémens de Minéralogie , pu- nue en 1807, t. 1, p. 515. M. Keferstéin a répété cette observation et : ‘ni a rendu les résultats plus intéressans en les comparant avec ce que “font voir au microscope les autres matières terreuses pulvérulentes. "M TR. de Baussnre Svatt déjà fait remarquer que Palumine montrait une texture grenue et non pas une structure cristalline. ( 228 ) Basterot ayantsvoulu savoir ce que c'était.qu'une ma- tière-terreuse blanche qu'il remarqua à Bernon ; près d'Epernay, dans le gîte des dignites de ceycanton, M. Lassaigne l’analysa et reconnut.cetie substance pour nn sous-sulfate d’alumine ; offrant néanmoins dans Ja proportion deses principes quelques différences qui peu- vent être: dues-à l’impureté} dela. matière : car n’ou- blions pas dé faire remarquer que la Webstérite,se pré- sente toujours avec l'aspect d'une, terre blanche, friable, souvent: mêlée; de. l'argile :qui, lentoure et dont ülest difficile de isoler entièrement. Mais uneautre ‘particularité de ce minéral qui ; à ce que je crois, ne se trouve qu'en lui , mais! que j'ai constamment observée dans les trois exemples, .que je viens de citer, e’est d’être composée d’une multitude de petites aïguilles enstallines, si petites qu'on ne peut les voir qu'au microscope et, mème qu'à uu. grossissement de quatre cents; alors les aiguilles sont bien distinctes. M. Schreber les avait remarquées dans la Webstéritede Halle ,je les ai retrouvées. dans celle de Newhaven et d'Epernay, et depuis que nous,ayons pu profiter du beau microscope d’Amici, j'ai pu les observer plus nettement et y reconnaître des prismes comprimés à six.pans ter- minés par deux facettes culminantes, par conséquent uné forme incompatible avec celle de l’alun. Lies trois exémples de, Webstérite pris dans, des iieux si éloignés les uns des autres ; possèdent donc, les deux classes de caractères qui constituent essentiellement les espèces minérales, Ja composition et la forme. Examinous maintenant leur position géognostique ; le retour sur ce qui est su n’est pas une répétition inu- ( 229 ) ile, car elle nous évitéra de décrire avec détail les mêmes éiréonstances quand nous allons les reconnaitre dans la Webstérite d'Auteuil. ; C’est là Wébstérite de Newhaven qui a fait connaître clairement la position géologique de ce minéral; elle ést engagée en nodules quelquefois péponaires ; dans une argile ochreuse mêlée de gypse qui'est placée sur la craie, et qui pénètre en veines irrégulières dans la partie supérieure et désagrégée de ceiteroche. Gellede Bernon, près d’Epernay, reconnue par M. de Basterot,:se trouve aussi en veines ou en nodules dans le terrain d’argile plastique accompagnée de gypse et de lignite, et supé- rieuré à la craie. -* Lorsqu’après avoir acquis ces notions sur la position de la Webstérite dans deux points éloignés de plus de cént Tieues l’un de l’autre, on se transporte à Halle en Saxe à deux cents lieues encore plus loin, on reconnaît, au Heu’ d’un prétendu terrain de transport récent, lar- gile plastique avec son gypse, ses lignites, son succin ‘er sa Webstérite disséminée en rognons au milieu de ces térrains; enfin, on trouve encore la même substance à Mot] , qui est à très-peu de distance de ce dernier lieu. M. Stromeyer y a reconnu exactement les mêmes prin- dipes dans les mêmes proportions que dans celle de. Haile. Arrivons maintenant au nouvel exemple quisemontre à Auteuil et qui est Pobjet de cette notice. ” Le terrain de craie sur lequel sont placées ‘toutes iles roches et formations qui composent le-terraim: de :sédi- ment supérieur du bassin de Paris; ét'qui: se: présente 4 nu à Méudon', ne se’'montre point amsiuosunr]ar rte ( 230 ) droite de Ja Seine; mais on sait qu’il est très-près du sol sous les petites collines qu'on nommele Point-du-Jour, et qu’en se relevant ainsi vers Auteuil; il-relève-aussi les argiles plastiques qui le recouvrent dans Phseee points. oi Je En effet , cette argile est exploitée. au pied du villège d'Auteuil dans un, lieu nommé la Glacière; pour-être employée à faire des briques et à d’autres msagess: c’est là, ou à très-peu de distance de cepoint , que M.-Bec- querel a trouvé dans ces argiles du lignite ; des pyrites, de la strontiane sulfatée, de la chaux. phosphatée: et même un peu de blende; c’est. là aussi qu’on trouve ces cristaux de gypse assez gros, assez nets , assez limpides;, pour être recherchés par les amateurs de, beaux miné- Taux. rissedte Le terrain , dans le point où je l’ai vu ; présente im médiatement au dessous de la terre végétale, unesargile: plastique jaunâtre très-sabloneuse, ayant peu de:téria- cité, traversée de veines d'argile jaunâtre, encore plus sabloneuse, ochreuse ou divisée par ces veinés en uner multitude de parties fragmentaires. | Au dessous se trouve l'argile plastique bleuâtré, plus! tenace ; renfermant plus spécialement les pyritesset:le! gypse ; au dessous encore est un banc de sable ouplutôt de gravier grossier, jaunâtre , ferrugineux, ét encore:un. autre banc d’argile. HA C’est dans l'argile jaunâtre supérieure que. :sepren- contre, plutôt en rognons ou nodules qu’en veines ;1des parties blanchätres, friables , composées d’une muhkitude de petits grains arrondis, fortement serrés: les «uns contre les autres, mais pas au poiut cependant qu'ilsine ( ax ) laïssenv des intertices remplis d'argile gisaire 3 ces pe- tites massés: coupées présentent aspect d’unloolithe à grains blancs! très-sérrés avéc uné pâté" où éfmént Igri- sâtræenlq eceb 3 # C’est la Webstérite. Chaqué grain examiné dé près, montre un petit sphé- roïde composé de rayons divérgens très-peu distincts ; ces grains écrasés donnent une poudre assez brillante, douce au toucher, eticette poudre, examinée au micros- cope, ‘fait voir des masses cunéiformes ‘composées de prismes peu distincts ; ces prismes ‘sont donc ici très- irréguliers, etil faut être averti qu’ils ont une disposition cristalline pour l’yreconnaitre. *G'est:surxces caractères ‘que j'ai présumé que certe substance blanche oolithique était de la Webstérite : lés essais chimiques et l'analyse complète faite par M, Du- mas; n'ont laissé aucun doute sur sa nature, -«Eble ne faït ‘aucune effervescence avec: l'acide nitri-! que; ce qui prouve que la partie argileuse interposée n'est pas de la marne, mais de l'argile plastique. Chauffée dans un tube de verre, elle donne de l’eau d'abord; puis lorsque le tube est ronge naïssant, il se dégage de l'acide sulfureux en assez grande quantité. Essayée au chalumeau avec le nitrate de éobalt,, elle prend la belle couleur bleue qui dénote l’âlumine, Elle se dissout presque entièrement dans, là potasse caustique; cette dissolution donne par l'acide nitrique umprécipité qui se redissout par un excès d'acide. Cette dernière dissolution précipité par Pammoniaque et par les sels de baryte: Cesl essais suflisent pour démontrer la présence de ( 232 ) l’eau, de l’alumine et de l'acide sulfurique, et l'absence de la silice. M. 3. Dumas en a fait l'analyse complète et a eu pour résultat : sd Acide sulfurique 23 Alumine 30 Eau 47 Ce résultat donne exactement les mêmes principes composans et dans les mêmes proportions que les Web- stérites de Halle et de Newaven. Aïnsi, on le voit, comme je l’ai dit au commencement de cette notice, cette substance minérale friable qui a plutôt l'apparence d’un mélange terreux adventice que d’une espèce minérale, présente encore ici dans sa com- position une identité de principes et une précision de proportions qu’on trouve rarement dans des minéraux cristailisés qui indiquent, par leur solidité et leur lim- pidité, des espèces parfaitement limitées. On la voit pla- cée dans une position et dans des circonstances géolo- giques dont la constance n’est pas moins frappante. Il y a cependant entre la Webstérite d'Auteuil et celle des autres localités, une légère différence de structure qui peut être employée pour établir une variété dans cette espèce. Elle a la structure oolithique ; on pourra donc la distinguer sous le nom de WEBSTÉRITE O0L1- THIQUE d'Auteuil. (28%) Description de plusieurs Monstruosités humaines anencéphales, classées. et déterminées sous le nom de Dérencéphales ; Par M. Vincent Porraz, Médecin à Montmiral ; ancien aide-anatomiste du professeur Portal au Jardin du Roi et au collége de France; Membre correspondant de l’Académie royale de Médecine, etc. Les monstruosités ne laissaient autrefois dans l’es- prit qu’un souvenir confus de difformités inexplicables. Tant que l’on croyait que les aberrations de l'organisme étaient produites à l'aventure ou du moins sans motifs appréciables , on n'était que peu excité à les décrire, et il fallait s’en tenir à les voir comme un grave malheur pour les familles qui en étaient afiligées. Le public peut en prendre aujourd'hui une autre idée , aujourd’hui que des travaux récens permettent de considérer ces faits d'anomalie comme dépendant d’une organisation ar- rêtée et qui ne se serait point élevée au degré normal des développemens ordinaires. C’est à MM. Meckel et Geoffroy Saint-Hilaire, que l’on est redevable de cette nouvelle direction de l’anatomie pathologique. La lec- ture de leurs écrits, dont j'ai cherché à me pénétrer, m'a donc averti de l'importance que pouvaient avoir des recherches sur la monstruosité; et me trouvant en position de le faire, j'ai désiré augmenter la masse des matériaux déjà produits. Voici pourquoi et comment j'ai pu m'y appliquer avec zèle. | Mon ayeul, mon père et moi, avions été consultés ( 234 ) comme médecins, pour un. cas, de :mème, ordre; nous avions également donné nos,/soinis à des femmes, en: céintes chez lesquelles les gestations furent troubléeside la même manière, et dont:les résultats furent :de -sem- blables monstruosités. Les observations de, mon-ayéul:; comme celles de mon père; étaient restées inédités, et je pensai à les mettre en valeur pour, mon compte; quand je fus appelé à revoir les mêmes faits. Je vais donner les trois observations , en les pübliant dans l’ordre des dates:, Première observation Jaite LUX Eos aïeul. : 19 AIN Ye Cette observation date de cinquante ans : je puis con- sulter quelques notes et le squelette du sujetmonstrieuk qui nous ont élé conservés par mon Faure décédé: ae vs long-temps. JS doD 3 Le fœtus était à terme : 1l avait douze pouces de he teur ; il vécut environ un quart d'heure; dans sa courte existence , il fut atteint de mouvemens convulsifsisivio- lens, qu'il échappa des mains de la femme qui s’appré- tait à le vêur, et qu'il tomba à terre. Toutes cles per- sonnes présentes s’én eflrayèrent et s’enfuirent précipi- iamment. | | Ce monstre n’offrait de vite de conformation, qu'à la tèle et à l'extrémité supérieure du rachis : ses grands yeux roulaient dans leurs orbites, d’où ils paraïssaïent:0 sortans : car le coronal n’était point.ossifié après lesar- cades. surciliaires. Les pariétaux. n'étaient, qu’en: ves-!4 tiges, occupant les parties latérales inférieures di crane: Les portions écailleuses des, temporaux n'étaient point! mm ( 235 ) développées, etje n'ai pu discerner ‘quant à l’occipital, que céquien réste de côté ‘et inféricurement; lé der- rière de'ces! os était donc ouvert dans une étendue de quatre hignes, aussi bien que l'anneau spinal des sept vertèbres du cou: C'était en ‘arrière qu'éxistait ce pina= bifida qui sé prolongéait is je ha à . première vertèbre dorsale. + Le On n’aperçut chez ée monstre nicervéau, ni cervelet, ni moelle allongée et épinière dans toute la région af- fectée : le cordon qui attachait le fœtus à son placenta, était court et mince. Deuxième observation recueillie par mon père. J'avais quitté dans le mois de septémbre 1836, la capi- tale et-les trésors d'instruction que j'y puisais auprès de mon fllustre maître le baron Portal, pôur profiter, dans le département du Tarn , de l'expérience et des savantes leçons de mon père. Un de mes premiers exercices fut de l'accompagner chez une femme dela campagne en mal d'enfant depuis trois jours. Une accoucheuse jugeant ses efforts/inutiles ; nous avait appelés pour la seconder: La malade nous parut avoir entièrement perdu ses forces. Nous reconnümes bientôt au toucher la tête d’un fœtus liydrocéphale; la fluctuation du liquide était remarquable à travers les membranes de lencéphalé. Ayant reconnu que la tète de l'enfant ne pourrait franchir les détroits du bassin, surtout l’inférieur , nous nous décidames' à pér- cer les membranes ambiantes. Cette! opération eut 'ün plein succès, puisque trois où quatré douleurs süffirént pour déterminer la sortie d’un fostus mâle !'ilin'existait plus. Il nous parut âgé dé sépt mois ét démi. ( 236 ) Nous étions occupés, d'examiner cet enfant, quand, par de nouvelles douleurs aussi vives que les précé- dentes, nous fümes avertis de l’existence d’un second enfant : il arriva facilement ; il, était mort ; mais celui- ci offrait une monstruosité anencéphalique. Obseryé al- tentivement , nous vimes qu’en outre de la conformation vicieuse de son crâne , il y avait aussi ur défaut d'union des bords libres des lèvres. Ce sujet d’enyiron dix pouces de haut, était du sexe féminin : il portait un cordon grêle de six pouces de long , lequel était fixé sur un peut placenta à raquette. Ce monstre avait la figure petite , mais assez régulière; les traits de la face étaient très-prononcés , les yeux brillans, dominés par quelques cheveux, et en appa- rence très-gros , mais parce qu'ils étaient , pour les deux tiers, sorus d’une orbite sans capacité pour les contenir entièrement ; le nez était épaté , les lèvres grandes et avancées, et les joues larges et saillantes; le menton gros et court se portait en arrière. | Les os de la face étaient restés dans l’état normal , Mais ceux de la base du crâne avaient subi la plus grande ir- régularité. Ainsi le temporal avait acquis un volume presque double quant à sa portion pierreuse, et au Cou- traire l’externe ou l’écailleuse était atrophiée. J'ai vu les osselets de l’ouie dans l’état naturel ; les frontaux pa- raissaient consister en leurs arcades orbitaires. Les parié- taux, réduits singulièrement, étaient des ailes prolongées sur les épaules et ayant une direction presqu'horizontale, L’occipital était partagé en cinq pièces, le basilaire , les deux pièces latérales , et l’écaille supérieure en deux par- ties’renversées , et qui, jointes aux pariétaux , formaient (237 ) les ailés tombantes sur les épaules dont il est parlé ci- dessus: Mais d’ailleurs ce renversement était causé par un spina bifi ida des 6s crâniens, lequel s'étant prolongé sur les vertèbres cervicales’, y avait pris la forme d’un triangle isocèle , dont la base était en haut et le sommet près la première vertèbre dorsale. Le sphénoïde situé en forme de coin, se détachait des os voisins pour saillir extr aordinairement en dessus. J’aurais voulu le monirer isolé, j'en ai respecté l'engrénage, m’é- tant au surplus attaché à faire ressortir dans la figure qui y est consacrée toule cette anomalie, qui consiste en ce qu'il surmonte les os d’Ingrassias. La lettre Z (pl. 12, fig. 4) est la partie postérieure et médiane du sphénoïde , située entre les deux petites ailes #7; celles-ci sont les os d’Ingrassias , qui, au lieu d'offrir de grandes surfaces planes et de se terminer en pointe sur les côtés, sont atrophiés et ont pris la forme du tiers d’un cercle, en dedans de quoi traversent les nerfs optiques. Les os de la face sont dans une condition normale, mais d’ailleurs ceux de la 1ète sont plus durs que dans l’é- tat naturél. Je n’ai remarqué aucune trace de substance cérébro-spinale dans toutes les parties ouvertes. La dure- mère tapissait la base du cràne ; à la portion basilaire de l’occipital et supéricurement au-devant du trou occipital, j'apercus un petit tubercule spongieux de la grosseur d'un grain de maïs, qui, incisé avec le bistouri, s’af- faissa tout-à-coup , laissant échapper quelques gouttes de sang. Le cou était gros et court et la tête enfoncée dans les épaules : c’est que l’ensemble des vertèbres formait une courbe, dont la saillie était antérieure : au con- ( 238 ) taire par derrière les vértébres cervicales semblaient une concavité d'autant plus élargie, que les "os dé re- couvrement élaient plus rejetés sur Jés côtés. Comme dans l'observation première , il ÿ avait un spina bifida étendue du crâne à la première vertèbre dorsale. Il ÿ a quelques auteurs qui ont décrit la poché placée dans cette concayité et formant saillie au-delà de tout l’es- pace affecté de spina bifida; je suppose qu'on peut désirer dés renseignements plus précis à cet égard, et voici en con- séquence quelques nouveaux détails. La poche du spina bifida, était alors pleine d’un liquide transparent, qui te- nait lieu de matière cérébro-spinale ; elle naissait à partir des vertèbres dorsales , des enveloppes de la moelle dans l’état normal ; sa forme était ovalaire et se prolongeait ex- iérieurement jusques vers le milieu du dos : il y avait adhérence avec les parties sous-jacentes; mais ‘une fois détachée et enlevée , cette poche laissait apercevoir toutes les parties dorsales, muscles, nerfs, vaisseaux et ver- tèbres, le tout dans un état parfaitement régulier, De grosses artères se distribuaient à la tête : la graisse était abondante dans le tissu cellulaire. 1 $ J'ai examiné les viscères et je n’y ai rien remarqué d’extraordinaire, si ce n’est le foie que je vis plus petit et qui renfermait quelques tubercules amollis. Les eaux de l'Amnios ne m'ont parues que dans une quantité habituelle. J'ai pensé aux conditions de santé des parens. Les père et mère étaient fortement constitués et bien por- 1 . . » . è tans. Aucun accident fortuit, aucune émotion vive et prompie n'avait troublé le développement fœtal durant la gestation, J’ajouterai seulement que d’autres enfans, ( 299 ) étant nés bien,;çonformés ,;sont cependant très-laids; ce qui diminue avec l’âge. L’hydrocéphalie du premier fœtus avait nn con- sidérablement les dimensions ordinaires du crâne, d’où l'accouchement naturel était devenu;impossible : Ja..f- gure paraissait alors singulièrementexiguë, mais allongée et pointue du,côté du menton; ce qu'on ne jugera sans doute point étonnant, en se rappelant que la face des hydrocéphales présente ordinairement, la forme d’un triangle dont la base correspond aux paupières et le som- met au menton : le reste du corps était à l’état:normal. g d Troisième observation recueillie en 1826. T ai “été appelé sur la fin de mars 1826, auprès d’une femme enceinte de six mois; elle eut, à souffrir. d’un travail : assez long, lequel donna aussi un anencéphale 207 dans, le caractère des précédens. | Pour, éviter d'inutiles répétitions, je x ne noterai que les faits nouveaux, dont il n'a point encore été ques- tion. Ce monstre présentait, outre les mêmes Fous crähiennes et cervicales, des défauts dans Ja face qui, réels en ossification, n'étaient point apparens. aux Lé- gumens. En effet sa physionomie avait quelqu’ expres- sion : cependant la lèvre inférieure était infléchie et sup- porjait u une langue descendue sur le menton > Fepoussée et portée. dehors par des étreintes intérieures. C'était un énfant du sexe féminin.; Les, yeux comme dans les précédens , étaient grands, ouverts et paraissait vOy ans : mais les oreilles étaient surtout remarquables par leur (240 ) écaïtément et leur volume. D'ailleurs toutes les autres parties du corps étaient bien prises et régulières. Comme dans le sujet de la deuxième observation , on a ici donné une grande attention au sac herniaire ou sac placé au-devant de toute la partie affectée de spina bi- fida: Vai voulu rétablir ce sac qui s'était ouvert du- rant le travail de l’enfantement, et y ayant poussé de l'air en fermant toute issue, je n’ai pu obtenir tout l’an- cien renflement , d’où il s’en est suivi un double plis- sement. Le crâne (pl. 12, fig. 2, 3 et 4 ) est tout rond, bien différent à cet égard de celui du sujet de la première ob- servation (fig. 8), où la tête est déprimée et singulière- ment allongée d'avant en arrière; c’est que la désunion des parties crâniennes et leur écartement sur les éôtés, sont aussi bien des faits de la face que de la boîte céré- brale ; les coronaux laissent un vide entr'eux , et comine en étant la continuation ; il en est ainsi des os du nez. Ce sont ‘ces faits d’écartement qui donnent tant de Targeur apparente à la tête du sujet de la troisième observation (fig. 1). Les lames des vertèbres cervicales sont aussi plus fortement écartées que dans les monstres de première et de deuxième observation , et constituent par là un spina bifida qui forme une cavité d’une grandeur et d’une pro- fondeur plus considérable (fig. 4). Fai dû choisir an de ces trois sujets pour en examiner et poursuivre toutes les anomalies devenues possibles dâns ée genre dé déformation , et c’est le monstre de la troisième observation que j'ai préféré : mais dans Îles planches je chängérai cet ordre, qui était relatif à la date des observations , pour commencer par le sujet de (2411) la troisième observation ; puisqu'il m'a donné des faits plus nombreux et. plus intéressans. Considérations générales. Je passe à quelques considérations générales. C’est sans doute un spectacle curieux, que des faits aussi bizarres, que des, combinaisons en apparence aussi désordonnées : reviennent aussi fréquemment. les mêmes. Il yra dans ces aperçus de quoi être tenté d’en rechercher la cause et de se, laisser aller à une théorie de la monstruosité. Je ne puis dissimuler que je n’en aie point été tenté : je ne me décide cependant-point à dire ce que je pense à cet égard. J'ai Ju que sir Éverard Home et Meckel admettent que les monstres sans cerveau naissent accompagnés d’un ou de plusieurs jumeaux ; cette proposition me paraît er- ronée ; dans les trois cas que je viens de rapporter, il n’y en à quun seul qu'on puisse invoquer pour admettre cette généralité quand les deux autres la condamnent. On a dit que les mêmes monstres naissent ordinaire- ment avec l'apparence d’une santé robuste, et que leur tissu sous-cutané contient beaucoup de graisse. MM. Mec- kel, Geoflroy Saint-Hilaire, Breschetet plusieurs autres anatomisies , en, ont fait la remarque, et je l'ai trouvé également. Hull cite pourtant des cas ou de tels fœtus étaient très-petits, quoiqu'ils fussent arrivés au -terme régulier de la grossesse. On a vu quelques uns de ces monstres donner des si- gnes de vie à leur naissance, quelquefois des heures -en- uüères, et plus,rarement durant plusieurs Jours :; Wep- fer, Saviard, Buttner, Ælien, Paw, Rayger, Bayle, etc, XIII, 16 (242) en citent des exemples; les mères alors accouchaient avant terme. Ïl n’y a que l’observation faite par mon grand père, parmi les précédentes ; qui soit dans le mème cas. Je ne vois point sur quelles raisons Morgagni et quelques auteurs se sont fondés pour avancer que des monstres anencéphales étaient nécessairement du sexe féminin. Dans la couche double rapportée plus haut, les deux jumeaux sont de sexe différent. On a pu remarquer, et je crois qu'on a vu en effet avant moi, que les anencéphales avaient le cou court et caché dans les épaules, principalement de ce que la base du crâne était respectivement trop élevée, que le sphé- noïde se porte tout en haut, au point que les os d'In- grassias dominent les coronaux. Mais je ne pense pas qu'il y ait un exemple où cette disposition inverse des conditions normales soit parvenue à un aussi haut degré de désordre que dans le sujet de la troisième observation. J'ai aussi vérifié ce qu’on a dit, que chez la plupart de ces monstres on trouve des poils aux sourcils et quelque peu de cheveux fort courts; que les yeux:sont ouverts , et qu'à leur vivacité on les dirait voyans ; qu'ils sont moins gros qu'ils le paraissent, et que cette illu- sion provient de ce qu’ils ne peuvent être renfermés que pour un quart de leur volumé dans des orbites devenus trop exigus. M. Lallemand a judicieusement observé que toutes les parties de la base du crâne sont entre elles dans leurs rapports respectifs , et que celles de la voüte sont seule- ment plus ou moins déplacées et rejetées dercôté: J'adopte aussi, et tous les faits que j'ai rapportés pré- LS es ( 243 ) cédemment l’établissent, j’adopte aussi la doctrine de M. Geoffroy Saint-Hilaire , qui tend à établir que cer- tains os de la boîte crànienne gagnent en épaisseur ce qu'ils perdeni en étendue ; comme aussi que tous ces os sont reproduits en même nombre que ceux des crànes à l’état normal; enfin, que l'absence annoncée de quel- ques pièces osseuses n’est qu'apparente, et, comme s'ex- prime ce professeur, qu'aucune ne rétrograde jusqu'à zéro d'existence. Le sac herniaire que portent sur le dos les anencé- phales , paraît, quant aux parties qui dépassent l'étendue du spina bifida , ètre tout simplement posé sur le derme prenant ou ne prenant pas, suivant les cas des adhé- rences en ce lieu. À le considérer en lui-même, on dirait une peau morte recouvrant une peau vivante. Bien qu'il n’y ait point dans les espaces ouverts des- vertèbres de substance cérébro-spinale , cependant aucun nerf ne manque : les nerfs sont distribués dans l’ordre qui leur est:propre; ils sortent librement des irous inter-verté- braux ; s’ils difiérent du volume de l’état normal, c’est pourêtre plus gros, et ils vont s'implanter dans les mem- branes qui forment le sac herniaire. La tunique de celui- ci ne serait que la peau elle-mème , méconnaissable d’a- bord parce que les eaux qui y arrivent l’ont distendue extraordinairement. Quelle est la nature de ce liquide, et d’où provient-il? Un célèbre anatomiste, M. Serres , considère que ce fluide , qui oceupe la placede la moelle, est.cette mème substance rudimentaire , encore; liquide et telle qu’on l’observe dans les premiers temps de la gestation du fœtus. Il ajoute que l’entier développement des nerfs:me contrarie en rien cette manière. de voir, (244) parce que leur formation ne dépend point de ce que l’on a nommé leur centre d’action. Béclard à avancé dans ses écrits que l’amyélie, ou l'absence de la moelle épinière, ne s’oppose pas à ce que le fœtus arrive au terme solite de la grossesse, étant du reste bien conformé. D’autres supposent que la moelle a existé, et que par un état de maladie survenu à un temps quelconque de la gestation, elle aurait été détruite et remplacée par un liquide. M. Geoffroy Saint-Hilaire prétend au contraire que ces sortes de monstruosités , et beaucoup d’autres , peu- vent être occasionées par des adhérences que contracte le fœtus, par des brides qui attachent celui-ci au pla- centa.* J'avoue que je n’ai trouvé chez aucun de mes anencéphales la plus petite cicatrice à la peau qui püt faire soupconner d'anciennes adhérences , aucun vestige de brides placentaires. Maïs je serais au contraire parfaitement disposé à adopter les vues de ce savant quant à la nomenclature. Le célèbre Chaussier réforma une ancienne manière de s'exprimer , qui était devenue vicieuse : il conseilla de réserver le nom d’acéphales qu'on étendait à tous les monstres privés de quelques parties crâniennes , à ceux d’entre eux étant tout-à-fait sans tête, et d'appeler anen- céphales tous les monstres par manque de cerveau! J'ai plus haut décrit des anencéphales ; selon la nomencla- ture du professeur Chaussier. Mais depuis , M. Geoffroy Saint-Hilaire, qui a connu plusieurs sortes de ces monstres ; et qui croit nécessaire de beaucoup resserrer les groupes , voit deux organisa- tions génériques distinctes , selon que les monstres'sont a — (245 ) ou non entièrement privés de substance cérébro-spinale. Ceux de ces monstres caractérisés par:une privation t0- tale , conservent le nom d'anencéphales, et ceux d’entre eux chez qui, au contraire, ce manque de substance médullaire n’affecte que la tête et le cou, doivent por- ter lenom de dérencéphales. Dans ce point de vue aussi restreint , j'ai décrit trois dérencéphales. Il est curieux que dans le pays que j’habite , mon père, mon aïeul et moi, n’ayons rencontré que de ces der- niers : C’est un fait qui me rendit attentif; mais je ne puis nine dois en tirer de conséquences. En; publiant trois de ces espèces, je me trouve donner une sorte de monographie plus utile, je crois, que si j'avais traité de monstres , tous étrangers les uns aux autres. Enfin, chacun de ces monstres demande à être dé- signé par une qualification fort courte, et uon par les longues périphrases auxquelles jai eu recours. En sui- vaut les préceptes de M. Geoffroy Saint-Hilaire, je vois chacune de ces espèces convenablement nommée et ca- ractérisée ainsi qu'il suit; savoir : Derencephalus longiceps , pour le sujet de ma pre- mière observation , dont le crane est singulièrement dé- primé et allongé ; Derencephalus hamatus , pour le sujet de ma se- eonde observation, dont la mâchoire inférieure est terminée par un crocheten forme d’hamecçon ; Et Derencephalus glabiceps , pour le sujet de ma troisième observation , dont la tête étant plissée en deux et le sphénoïde repoussé vers le sommet, présente des parües ramassées , el , dans l’ensemble ; une disposition globuleuse. (246) EXPLICATION DE LA PLANCHE XLI. Fig. 1, 2, 3,4, 5, Get 7. Tête et parties crâniennes du Derencephalus glabiceps. Fig. 8. Crâne du Derencephalus longiceps. Fig. 9 et 10. Crâncet rachis cervical du Derencephalus hamatus. A, mâchoire inférieure ; E , deuxième corps du sjhénoïde ( hypo- sphénal; G.,S.-Hrr.); G, os basilaire; d, portion dentaire du maxillaire supérieur (addental, G. S.-Hi.) ; à, coronal où frontal ; k, portion orbitaire du maxillaire supérieur (adorbital G. S.-Hiz. ) ; m. grandes ailes (ptéréal, G. S.-Hiz.) ; 2, petites ailes d’Ingrassias (ingrassial G. S,-Hiz. ); 0, jugal ; g, pariétal; r, temporal ; », ro- cher ; y, partie rejetée lateralement , dépendante de Poccipital supé- rieur ( suroccipital, G. S.-Hiz. ) ; 2, occipital latéral (exoccipital ). Remarques au sujet du Mémoire précédent ; Par M. Georrroy SA:NT-HiLAIrE. Engagé par MM. les Rédacteurs du présent recueil à prendre connaissance du travail de M. Vincent Portal ,. je me bornerai à rappeler qu’il a fixé l'attention de l'A- cadémie des Sciences, et a mérité que l’Académie en’ ait jugé les faits recueillis avec Savoir et sagacité. Le rap- port sur ce sujet, et que l’Académie a entendu et approuvé dans sa séance du 5 février 1827, a été à cette même époque inséré en son entier dans la Revue médicale. J'avais établi le genre Dérencéphale’ dans la première section de mon ouvrage sur lès Monstruosités humaïnes; mais ce n’était qu'indiqué en quelqué sorte sur un pre- mier apercu : aussi je regarde que ce travail ne reçoit une consistance définitive que par la détermination des trois espèces aujourd’hué décrites par M. Portal neveu. ( 247 ) Je dois bientôt augmenter ce genre de plusieurs autres espèces et d’une entre autres d’un grand intérêt , dont je suis redevable au zèle éclairé et à la générosité de M. Lambert, médecin accoucheur à Paris. J’emploierai cette nouvelle monstruosité sous le nom de Derence- phalus æsophagicus. Je la nomme ainsi, de ce qu’elle rappelle un fait singulier, que le professeur Lallemand (de Montpellier) a fait connaître dans sa Thèse inaugu- rale ; je veux parler des caractères distinctifs de |’ Ænen- cephalus perforatus, dont j'ai moi-même traité dans le tome x du présent recueil (avril 1826). J'ai donné le nom de perforatus à cet Anencéphale , de la large ouvér- ture circulaire existant en dedans de ses vertèbres cervi- cales et dorsales. En effet, comme si l’on s'était appliqué à les fendre longitudinalement sur la ligne médiane et à en rejetter chaque moitié à droite et à gauche , on trouve toutes les moitiés des quatorze vertèbres comprises dans cette dé- _viation , disposées à la file et rangées en arcs concentri- ques , laissant dans leur intervalle un vide ou grand trou circulaire. Ceci est arrivé parce que , dans les premiers temps de la gestation et avant que le système osseux eût obéi à la tendance pour formation régulière (nisus forma- tivus), V'œsophage avait contracté adhérence avec les té- gumens de la région postérieure ; une portion de ce canal, étant replié et coudé sur lui-même , produit de cette ma- nière un obstacle à un libre dépôt des molécules osseuses. L'emplacement du centre occupé, les molécules os- seusesse trouvant produites conformément à leur essence du nisus formativus , ne peuvent que se répandre tout autour ; arrivant de la circonférence en dedans (théorie ( 248 ) de M; Serres), il n'existe pour elles, à occuper du côté intérieur, qu'une ligne de circuit autour de l'obstacle in- tervenu : c’est ainsi qu'elles parviennent à se distribuer, en se groupant , par demi-vertèbres ; c’est-à-dire qu’elles enveloppent un tronçon de l’œsophage, replié sur lui- même. Cette singularité d'organisation n’était encore connue que chez ile sujet monstrueux décrit d’abord par le cé- lèbre et grand chirurgien Lallemand ; mais ie Dérencé- phale de M. Lambert nous procure aujourd’hui un se- cond fait de cette nature, toutefois avec cette différence , que la déviation se trouve restreinte aux seules vertèbres cervicales. Nous citerons un autre fait de dérencéphalie, non moins digne d'intérêt : nous en sommes redevables à un savant anatomiste, membre aussi dé la célèbre Faculté de Montpellier, M. le professeur Dubrueil. Son travail , récemment imprimé dans les Mémoires du Muséum d'Histoire naturelle, tom. xv, p. 245 , porte pour titre : Description de deux doubles Monstres humains, dont les corps sont opposés l’un à l’autre, accouplés et soudés par les bassins ; et établissement à leur sujet d'un nouveau genre, sous le nom d'Iscaranezrne. L'un, des Ischia- delphes compris dans cette monographie, a reçu, en. se- cond le nom de dérencéphalique. Les deux sujets accou- plés de cette espèce se trouvaient, l'un comme J’autre,, dérencéphales, étant également caractérisés par l'ouver- ture de Ja boîte crânienne et du rachis cervical. M. Vincent Portal n’a pu citer cet important travail, postérieur à la remise du sien sur le bureau de FAca- démie; comme aussi il n'en ja point non plus emprunté = are ( 249 ). l’idée d'introduire la méthode zoologique dans l'étude des monstruosités. C’est qu'aujourd'hui ce n’est plus un effet d'imitation , que l’adoption de ces vues: nous en sommes arrivés au point que l'emploi des formes zoolo- giques est décidément un besoin de l’époque. Les traités sur les monstres se multiplient en tel nombre, qu'il n’est plus possible de s’y reconnaître ou du moins de s’en ressouvenir, sans y faire intervenir un ordre quel- conque; or, à quelle méthode recourir, si ce n’ést à celle des naturalistes , qui , ayant à classer un nombre pro- digieux d'êtres qu'une similitude apparente portait à con- fondre, n’ont résolu ce difficile problème qu'après les tentatives les plus ardues, ainsi que le prouvent tant d'essais et de tâtonnemens divers, durant les deux der- niers siècles qui viennent de s’écouler? Les médecins avaient recu une autre direction , et se trouvaient enga- gés dans des voies différentes ; cependant ceux d’entre eux qui ne s’en tiennent point à écorcher les questions de la monstruosité , mais qui les abordent avec sagacité, et les poursuivent avec profondeur, font aujourd’hui usage des procédés perfectionnés avec le temps par les natu- valistes. Tels sont, indépendamment de MM. Vincent Portal et Dubruiel , MM. les médecins Serres et Defer- mon: Me docteur Serres vient de donner une anatomie très-curieuse des faits d’hétéradelphie, dans le 15° vo- lumé (page 409) des Mémoires du Muséum d'Histoire naturelle ; et, à cette occasion , il a décrit zoologique- ment de nouvelles espèces, qu'il a nommées Æétéra- delphe Lalande, Hétéradelphe biträchéal , Hétcra- déelphe de la Pinié, etc. ; et M. Defermon à également présenté tout recemment à la Société médicale d’'émula- . ( 250 ) tion ,.une monographie de plusieurs monstres, qu'il a classés et déterminés sous le nom générique d’Aolos- tènes. RecHercHes sur le Développement de l'œuf des araignées ; Par M. Hérozp (1). (Extrait.) La difficulté qu'on éprouve à observer le développe- ment de l’œuf dans les classes inférieures d'animaux , la patience et le soin qu’exigent ces sortes de recherches, les conséquences élevées qui s’en déduisent ou: qui s’y rattachent sont autant de motifs qui doiventifaire ac- cueïlbir avec intérêt tous les travaux entrepris danscette direction. Nous nous sommes imposés le deévoir'de réu- nir dans ce journal tous les écrits dans lesquels on trouve réunis un but important et des faits observés avec le soin qu’on est en droit d’exiger aujourd’hui! de toutes les personnes qui cultivent les sciences. À ce double tütre, les recherches de M. Hérold, devaient trouver place dans notre Recueil. Cependant une dissidence singulière s'observe entre les conséquences que M. Hérold tire de ses propres ob- _servations et celles que les physiologistes admettent Igé- néralement d’après les recherches faites sur les œufs des oiseaux: Nous allons résumer en peu de mots les (r) Herold’s untersuchungen über die Biüldungsgeschichte dér JFir- bellosen Thiere im Lie. Marburg. 1824. un (251) points en litige , y joindre quelques éclaircissemens, et laisser ensuite M. Hérold exposer lui-même ses obser- vations et ses idées propres. Nous désirons pouvoir al- lier ainsi les devoirs de la critique au respect qui est dû à toute personne qui livre consciencieusement ses observations et ses idées au public. On reconnaît en général dans l’œuf des oiseaux la coquille et la membrane interne, le blanc et le jaune qui est lui-même revêtu d’une membrane propre. Dans le jaune, on distingue cette membrane, la masse du jaune, la cicatricule et un petit noyau blanc placé sous la cicatricule. Tous ces objets sont enfermés dans la membrane du jaune. En observant le développement, on voit : 1° que le blanc n’entre pour rien dans la for- mation immédiate du poulet, ét qu’il n’est absorbé qu’à une époque avancée de l’incubation, époque à laquelle le poulet est déjà tout formé ; 2° que la masse du jaune finit par se trouver englobée dans l'abdomen, la mem- brane du jaune ayant contracté des adhérences avec le canal intestinal ; 3° que le noyau blanc composé de gra- nules se trouve éparpillé dès les premières heures de l’in- cubation, et forme sous la cicatricule des zônes concen- triques' sans utilité apparente ; 4° que la cicatricule, par des dédoublemens ou des replis variés de sa propre mem- brane ; denne naissance à tous les organes temporaires ou définitifs du poulet. Ces faits dégagés de toute hy- pothèse paraissent admis généralement; 5° qu’autour dela eicatricule, intérieurement à la membrane propre du jaune ; il existe dès les premiers momens de l’incu- bation un liquide séreux tout-à-fait distinct du jaune Jui -même. ( 252 ) M. Hérold reconnaît aussi dans l'œuf des araignées une membrane qui représenterait celle de la coquille, un blanc analogue à celui de l'œuf de poule, un jaune et une cicatricule. Mais ce jaune serait dépourvu de membrane propre, la cicatricule formée de petits grains s’éparpillerait au commencement de l’incubation à la facon du noyau blanc de œuf des oiseaux, le blanc convenablement concreté formerait les parties essen- üelles du jeune animal , et le jaune, comme à l’ordi- naire, passerait dans le canal intestinal. De là , comme on voit, d'immenses diflérences entre les deux dévelop- pemens. La cicatricule des oiseaux fait tout, celle des araignées rien, le blanc des oiseaux ne fait rien, celui des araignées ferait tout. En se laïssant guider par la théorie des analogies qui a déjà rendu des services si éminens à l'anatomie et à la physiologie, et en comparant l'œuf des araignées à celui des batraciens ou des poissons dont il se rapproche d’une manière frappante , on serait conduit à une détermina- uon des parties bien différente de ceile qu’adopte M. Hérold. Ce qu’il regarde comme l'œuf entier nése- rait que le jaune. La membrane de l'œuf serait celle du jaune, la cicatricule serait le noyau blanc ; éë qu'il nomme blanc où albumen, ne sérait autre chose ‘que la sérosité qui entoure la cicatricule elle-mème;et'ily aurait dans son Mémoire confusion sur ce dernier) point, en ce que la cicatricule lui ayant échappé dans les pre- mierés observations, il a cru lorsqu'elle s’est manifestée d’une manière évidente, que les organes formés à ses dépens étaient dus à la coagulation de la! sérosité'qui l’éntoure. Aïnsi ; son albumen serait la sérosité” elles a Rage ( 253 ) même , tandis que le colliquamentum et le cambium ,se- raient des parties de la cicatricule. Bien que ces observations nous sediblent justifiées par le rapprochement manifeste qui peut s'établir entre les figures données par M. Hérold et celles que MM. Pré- vost et Dumas ont publiées dans ce recueil sur de déve- loppement de l'œuf de grenouille , toutefois comme il est juste de laisser à chaque observateur le soin d’expo- ser lui-même les faits qu'il a vus,et les opinions qu'il embrasse , nous allons traduire textuellement les parties vraiment importantes du travail de M. Hérold. Les œufs des araignées diflèrent de ceux des insectes, en, ce que leur enveloppe ne se compose pas comme chez ces derniers, de deux membranes, l’une interne ét l’autre externe , mais que leur enveloppe n’est formée que‘par! une membrane simple. À la vérité, la surface des,œufs de l’Araignée diadème présente quelques points translucides,' aplatis et comme déprimés 8) sont dé- pourvus.de l’enduit soyeux , et que De Geer; attribue avec, raison à la pression mutuelle des œufs renfermés dans, un nid étroit. Lorsqu’avec des ciseaux eflilés on excise une petite portion de la membrane de l’œuf après la isortie de l'araignée, et qu'on l’observe sous le mi- croscope composé, on voit la surface interne de la mem- brane de l'œuf couverte d’iimombrables granulations. On serait facilement tenté de croire que toute la sub- stance.de l'enveloppe de l'œuf n’est composée que de granules ,, maïs cette idée change l'orsqu’on s'aperçoit que.ces granules se laissent enlever facilement sans au- ( 254) cune Jésion de la membrane. On ne saurait rien déter- miner sur l'usage de ces granulations; ne pourrait-on pas peut-être les regarder comme les restes de con- nexions nombreuses qui existaient entre le jaune et l’en- veloppe de l'œuf, et qui auraient servi, à la manière des chalazes dans l'œuf des oiseaux, à contenir dans une po- sition déterminée les nombreux globules du vitellus? La membrane de l’œuf qui est fort délicate , facile à déchi- rer, transparente quand elle est dégagée des granulations mentionnées, se monire sous le microscope , employé avec persévérance, sans aucune trace de structure fi- breuse. Sielle a des pores, le microscope n’a pu les faire apercevoir à M. Hérold. IL est clair que la membrane qui vient d’être décrite, a pour usage de contenir les parties essentielles de l'œuf. Ces parties internes ou essentielles correspondent rela- tivement à leur quantité, à leur couleur. et à leur desti- nation au vitellus, à l’albumen et à la cicatricule de l’œuf des oiseaux ; et ces parties sont destinées [à dx for- mation et à l'entretien de la jeune araignée. Le witellus est, quant à sa masse, la plus voluthi- neuse de toutes les parties internes de l'œuf qui encest presque totalement rempli: Sa couleur est d’unjaune ochracé dans l’Araignée diadème. Elle n’est pourtant pas la mème dans toutes les espèces (r) ; mais ilest certain que la couleur des œufs dépend de celle du vitelbus: (x) Beaucoup d’espèces d’araignées font des œufs de même couleur que l’araignée diadème ; mais ceux de l’Aranea litoralis sont d’un jaune safrané , ceux de l’Aranea wiridissima gris, et non pas d’un jaune clair, comme dit De Geer. Ceux de plusieurs autres espèces sont blancs et rouge-bruns. 3 ÿ 10 DR. cuuuss (255) Un procédé très-utile pour l'observation des parties in- ternes de l’œuf et qui permet d'acquérir des notions justes sur leurs connexions et leurs rapports réciproques ,-et sur les changemens qu’ils subissent à l’époque où la jeune araignée commence à se développer, consiste à plonger les œufs dans quelque huile grasse ou volatile. Par à, l’enveloppe de l’œuf que sa surface veloutée rend assez peu transparente pour qu’on ne puisse pas apercevoir distinctement les parties qui y sont coutenues ; acquiert une transparence suflisante pour permettre d’apercevoir distinctement les parties internes , non-seulement avec une loupe, mais encore à l'œil nu. Mais alors , si l’on veut observer ces œufs avec succès , il est indispensable de les placer sur une. planchette noiïrcie qu’on expose à l'influence immédiate des rayons du soleil. De cette manière, on obtient, non-seulement une image dis- tincte de la masse et de la couleur des parties essentielles de l’œuf, mais aussi une connaissance exacte des chan- gemens qu'elles subissent pendant le développement de la jeune araignée. Des grossissemens plus ou moins considérables, et Pobservation avec l’œil nu, s'accordent pour démontrer que le vitellus ne se compose que de globules plus ou moins grands, qu'on peut très-bien regarder comme autant de petits vitellus nageans dans l’albumen, oueu- vironnés par ce dernier. Le meilleur procédé, :pour parvenir à cette connaissance , est d'ouvrir l'enveloppe de l’œuf avec un scalpel bien eflilé, et d’en faire sortir les matières liquides, moyennant une légère pression , pour les mettre sur une plaque de verre. Le jaune qui sort en même temps que les autres parties internes, se ( 256 ) résout aussitôt en perdant sa couleur, en une infinité de globules qui nagent comme des corpuscules inco- lores dans l’albumen. on éd La cicatricule ou le germe;qui est, quant à sa masse, la partie la plus petite de l’œuf , en forme, sous le rap- port de sa destination , la partie la plus importante ; placée au milieu de l’œuf immédiatement sous l’enve- loppe, perceptible à l'œil nu sous forme d’un. très petit point blanc , cette partie apparaît comme un pelit amas blanc de granulations, suffisamment distinct du jaune par. .sa masse , sa forme, sa couleur. Sa ;figure, est presque lenticulaire. Ainsi que le vitellus; la cicatricule se compose de granules oude globules, maisqui sont plus opaques et ont un bien moindre diamètre que ceux du jaune. C’est ce qu’on observe très-bien, en faisant éeou- ler, de la manière déjà indiquée, les, parties, internes de l’œuf sur une plaque de verre. La cicatricule se ré- sout alors en granules isolés et opaques. Le 1out,étant considéré sous le microscope, ces granules montrent an premier aspect une analogie évidente avec les grains; de pollen. Ces grains sont des corpuscules celluleux rem plis de molécules, tandis que les globules de la cicatri- cule doivent être envisagés comme des masses compo- sées. de molécules. Cette composition explique aussi assez clairement leur opacité, qualité qui n’est pas propre aux globules du jaune. On verra plus tard que, dansle com- mencement du développement de la jeune araignée, les granules de la cicatricule se résolvent tous poux ue former que des molécules qui sont reçues par l’albu- men. An reste, la grande différence des globules du jaune et des granules de la cicatricule, telle qu’on l’a- ( 257 ) perçoit sous Île microscope, se remarque déjà assez distinetement à l’œil nu’sur les parties de l'œuf qu’on a fait écouler de l’intérieur de lenveloppe sur une pla- que de verre. Là, les globules incolores et transparens du vitellus qui nagent dans l’albumen , font un con- traste frappant avec les granules de la cicatricule qui sont opaques , jaunâtres et disséminés sur les premiers. Il résulte de ce qui vient d’être dit, que la cicatricule et le jaune se ressemblent, en ce que tous les deux se composent de globules. Mais c’est la cicatricule qui est le point de départ d’une série de changémens remar- quables et dignes d’adiniration ; c'est en elle que se manifeste la première étincelle de la vie et toutes les autres parties de l’œuf lui sont subordonnées. Un fait remarquable, observé sur les œufs de quel- ques espèces indéterminées d'araignées , c’est qu’au lieu d’une seule cicatriculé. comme on le voit ordinaire- ment, ces œufs en contenaient en quelque sorte plu- Sieurs. On pourra, non sans raison, regarder ces cica- tricules comme n’en formant qu’une seule , divisée en plusiéurs portions, et répandue dans toute l’étendue de l'œuf; Car, lorsque la jeune’ araignée commence à se développer, toutes ces portions paraissent se réunir en une seule masse, de laquelle tous les changemens pren- nent leur origine. “ L'albumen cest une liqueur transparente , sans glo- bules , eutourant tout le vitellus jusqu’à la cicatricule, et Imtérmédiaire quant au volume de la masse , au jaune et à la cicatricule. Evacué avec ces deux dernières parties sur ue plaque de verre , il les entoure de là même ma- mièré que Je ’sérum'dn sang entoure le caillot. Mais XIE. 1" LA, (1258 ) dans l’intérieur de l'œuf, l'albumen a ; comme lacica- tricule, (son siége au dehors düjaunestetil remplitavec la première l'espice.compris entre ce derniertet l’enve- loppe de l'œuf, c'est, dans cet espace: remarquableïque se forment les premiers linéamens:de l’araignée ; lors- que la cicatrice et l’albumen sont convenablement élaborés ; c’est en cet endroit de l'œuf qu'a lieu, ñon- seulement la formation de la tête, du thorax ; destmem- bres,, des tégumens communs et de toutes les-païties de la jeune araignée qui se rapportent à ces derniers, mais c'estencore de. ce point que /semble:partir le dévelôppe- ment des parties internes et des intestins de-l'araignée, qui sont dans la connexion la plus! intime avec les par- ues extérieures: tuiq » rb ist uQ Histoire. des métamorphoses que l'œuf subitspeñdünt trr90 4 "of son développement. uilois Première observation. Quelle que soit la source du calorique par laquelle Pœuf est poussé an déveléppe- ment ; c'est toujours sur le bord où la marge du serie (de la cicatricule) qu'ont lieu les premiers ehangémens. La cicatricule (pl. 8; fig. 1, &) reste à'sa place déterminée dans l'œuf , mais elle se résout en granules sur soi bord, lorsque le centre n’offre encore aucun changemient/Lés granules se: répandent peu à peu dans l'albumen sur!le vitellus bb , et agrandissent ainsi la circonférence” du germe, c'est ainsi. que commence Ja création de: Paraie gnée. 90 1 4 Deuxième observation. Le cine commence àse dé: (209 ) placer, ilrse porteivers' Îlune des extrémités dé l'œuf, en laissantun grand nombre de granules à l’éendroitoù il avait d’abord:eu son siége 4 ill prend la formé d’inire co- mètel lon|peut distingueren lui un noyau:et une qüèue quise composelde granules: "old t Troisième \observation! Le 'serme atteint ainsi l'ex- trémité de Pœuf (fig: 1%), ‘en aissant de nombréux granules/sur le: trajet qu’il à parcouru ;'et cés granules se répandent! presque jusqu'à son bout opposé (fig.2, æ)aergerme ressemble alors parfaitement à ane! co- mète; cependant le noyau ne parvient ‘pas jusqu’au centre proprement dit de l'extrémité de l'œuf | mais il reste plutôt un peu tourné vers le côté d’où il est venu. Du fait que Le noyau de la cicatricule se meut sans dif- ficulté par dessus le jaune #, 4, vers l’une des extrémités de l’œuf, on peut conclure que sa connexion avec le vitellus est peu intime où même nulle. Quatrième observation. À dater de cetté époque ; le noyau du germe reste à cet endroit de Pœuf, et c’est de, là, que: partent tous lés changemens ultérieurs. Le noyaudu serme perdant sa cohésion, se résout en gra- nules que l’albumen reçoit ; ainsi que les granules dis sémiinés auparavant. à la civeonférence du germe, ce qui fait que;ce, dernier gagne de plus en plus ‘en circonfé- rence-eten étendue (fig. 3, &). Les innombrables granu- lations dans lésquelles la masse du germe s’est décompo- seé, se répandent alors de tous côtés, en partant du pémt de l’œuf où le germe avait son siége ;elles sedirigent sur- tout vers larrégion: où lacicatricule s'étüittrouvée avant ({ 26% ) ie dévéloppement de l'œuf; de manière que lesigranules du, noyau: se répandent versiles granules qui formaient auparavant ce qui avait été désigné sous lermnom de’ queue granulée: 1. EST Cinquièmelobservation. Après ces: changemens ;-les granulations dans lesquelles: s’est développé dergerme, et qu'on al pu jusque là apercevoir très-distinétement) à travers l'enveloppe de l'œuf, subissent une transformiat- tion remarquablest toute particulière. Elles se décompo- senten une:infinité de molécules ; et font perdre ainsi à l’albumen sa transparence :et sa limpidité:, l’aspectiest alors plus trouble et laiteux, à l'exception d’un point dont il seraiquestion plus bas. Cette décomposition des granules en molécules parait commencer dans la régién de l'œuf où le noyau du germe avait auparavant som siége, de manière que ce changement se propage et s'étend de ce point sur tous les autres corpuscules nageantdans/lal- bumen. Il en résulie que le noyau du germe qui vient d’être comparé à une comète , se résout en quelque sorte en un nuage, et disparaît ainsi complètement (fig. 4). L’albumen , quoique trouble etrempli de molécules sans ordre déterminé, n’empèche cependant pas de-‘voir'a travers de lui les globules du vitellus: Au reste, des 'ob- servations répétées ont fait voir que l’albumen ; sans être rempli de molécules , conserve dans une:certaine ‘régiont de J'œuf son aspect crystallin et transparent; let queldans cette région, on pouvait reconnaitre les globules du vi- tellus avec leur couleur naturelle 4. On trouve facilement cé pointien imaginant une ligne droite tirée du point'où était Le siége du novau du germe (troisième observation) ( 26r ) vers:le point opposé de l'œuf. (fig. :18:)}: L’'albumen wouble est nommé; avec raison ;-colliquamentum ; car cett@ matière n'est, autre chose que: la: majeure: partie de l’albumen combiné avec les molécules du-germe. Lorsqu'on en prend une petite portion dans l’œuf pour le. Isoumettrerat mieroscope composé, elle:se montre sous forme d'uné liqueur remplie d’une infinité demo- lécules: Tous les changemens que subissent l'albumen evle germe: pour laproduction du colliquamentum, sans participation - visible: de laï part du: vitellus , s’opèrent dans: Pespace: déjà mentionné qui se voitrentre lenve- loppe de l'œuf et le vitellus. it) Yo | »Dixième observation: Après s'ètre étendu sur tout le vitellus,; le :colliquamentum se retire maintenant.vers la région,de l'œuf ‘où il avait été le siége du noyau du germe; il s'y accumule.et:s’épaissit (fig. 5 et-r9):.Ik en résulie que le vitellus , couvert auparavant par le colli- quamenium trouble einébuleux, reparaît avec sa couleur naturelle! Pendant que le colliquamentum. se retire:vers la région) indiquée de l'œuf, il prend une apparenceper- Le, devient, consistant , et tellement.opaque ,qu'ikn’est plus: possible, de discezner les globules durjaune qu'il recouvie Ge colliquaimentura ; consistantiet formartun coagulum deHorme déterminée , recevra dès àrprésent le nom .dé ,cambium. La civconférence de,ce cambium oceupe;un-peu-plus du quart de l'étendue dela surface du, jaune, On peut y distinguer deux parties Faune plus graude &, :et, l'autre plus petite e. Cette dernièrequi est d'une figure arrondie :occujie à l'exirémité de: l'œuf, la place. de. l'ancien noyau dur germes la:prémière, ‘d’une ( 262 ) figure-elliptique.; et séparéé de la petite portion par um étranglement, s'étend jusqu’au-delà du milieu de l'œuf, et occupe dans celui-ci!la:mème région qu'éceupaitau: paravant Ja-queué granulée! du germes Lagrande portion doit, être regardée. comme {la principale; dont la’ petite n'est qu'une sorte d’appendice. Ea plus:grandérpartie du,cambium représente la substance de laquelle naïs- sent le: thorax ,-les pattes; et les parties internes dela jeune araignée ; da; pelite: portion donne naissance à la tête ; aux -organés des isens et à ceux de la manducation: Ceci bien considéré ;: on-peut nommer la petite portion cambium | céphalique. et la: grande! cambium: thora- cique. Pour:se faire une idée claire de a formation dela jeune araignée dans le cambium ; il: est nécessaire de distinguer la surface de l’œuf en quatre régions: La ré- gion qui.contient le cambium thoracique sera nommée région thorachique; la région opposée ;, région dorsale et les deux intermédiaires régions latérales: ê Dans quelques œufs d’araignée, dont la figure-test sphérique , le germe parcourt à la vérité, comme dans l’Araïgnée Diadème , tous les changemens énumérés jus- qu'ici, mais à ce qu'il paraît avec la différence qu’il n'abandonne pas sa place primitive dans l'œuf, mais qu'il se disperse immédiatement ‘pour se contracter en - suite et former le cambium duquel procède alors Ha for- mation de la jeune araignée. Septième observation. En: considérant sous une forte lénulle, le:cambium;thoracique ; on voit des: deux côtés briller, eomme dans un nuage, quatre ‘petites colünnes ( 265 ) courbes, également larges} dirigées en bas et'en dedans: devenant de plus én:plus-courtes de haut enbas ét pre: nant par. là l'apparence deseôtes: (fig. 6 et 7, gg }: Ce soit les: pudimens.des pattes. On! les voit plus distinetement danses! régions-latérales de l'œuf ; en ce qu'elles: y des- cendent les unes après les autres du cambiun céphali= quesretl qu'on les aperçoivsous forme de poutres cour: béesl, placées transversalement:les'unes au déssus des autres: Mais ces rudimens de pattes s’éloignant entre eux vers des régions latérales de l’œuf-par leurs ‘extrémités antérieures; laissent une-espace triangulaire qui est rem- pli: d'une matière transparente (fig. 6 et 7, a). Les'glo- bules du vitellus , situés derrière cette matière, paraissent à travers son épaisseur comme auparavant ils paraïssaient àltravers-le colliquamentum: C’est de cette matière que sembléntse former toutes les parties contenues dans le wonc; ainsi-que le thorax qui sert de point d'appui à ces parties. I parait mème certain que plusieurs des vis- cères contenus dans l'abdomen prennent leur origine dans.cetté matière. Lorsque la formation de l’araignée eonimence, la totalité du cambium paraît se séparer en deux couches superposées , dont l’extérieure se contracte suürles deux côtés d’une part pour former les rudimens des pattes , et d'autre part pour former la tète armée des or- ganes de lamanducation (fig. 7, e,.f): Les organes du tronc au.conitraire et quelques-uns de ceux de l'abdomen pren- nent leur origine de la couche intérieure. Sans doute le cambium se sépare en deux couches aussitôt qu’il a pris naissance -du- colliquamentum , mais leur homogénéité nwpermet pas de les apercevoir jusqu’à ce qu'enfin la couche externe prenne une couleur blanche: plus pro: ( 264 ) noncée,[etse distingue ainsi plus fachiementde, la couche interne, qui est plus transparente. Lorsque l'œuflest cou: sidéré.par sa région dorsale, onvoit.en haut.à son.extré- mité Je cambiunx céphalique ,.et latéralement.les extré- mités postérieures, des,rudimens. des {pattes, dirigéés-en hant et.en dedans. Cependant daus. l'examen précédent de l’œuf par sa région, doysale le, cambium.céphalique seul. était! visible, .mais .lorsque,les, extrémités posté rieures destrudimens des, pattes s’aceroissent davantage de V'un.et.de l’autre! côté , vers là région de L'œuf/qui vient d’être nommée, le ivitellus. se divise-par un,étran- glemenit en ;une.portion plus, petite et une.|autié plus grande, La petite portion, située.entre le,cambiui ;dé- phalique et.entre les extrémités. postérieures -desrudi£ meus.des, pattes, occupe dans l'œuf la place; qui-plus tard.est celle du corselet, et c’est. pour cela, qu'elle re: çoit Je nom de portion thoracique; agrande portiomivi- sible de tous les côtés de l’œuf constitue à ellelseuletoût letreste du, vitellus. Elle occupe plus de la-moiué de la capacité de l'œuf, et,comme elle entre, plüs tard dans l'abdomen, dont elle forme en grande partie la masse, on peu à justeltitre lui imposer le, nom.de, portion.ab- dominale. 2119 0151 C'est. peut-être, ici le lieu. de faire encore quelques remarques, Sur le cambium ,céphalique. En regardant l'œuf par d'extrémité où ce .cambium, a,,$on, siége ;|on aperçoit sur les, deux côtés 1de l'œuf. les :rudimens..des pattes qui sesuiyent en descendant du cambium,céphali- que; mais observé avec l'œil armé d’un verre grossissants ce cambium fait apercevoir antérieurement .auprèsodes rudimeus des pattes, mais indistinctement,,6t comme, à ( 1365 travers ün'nuage, les rüdiméris des mandibules sous formé de! deux'icônes ‘obtus' an désdus “désquéls se trouvent des udimens des palpés} étdont' l'apparence est l& même que celle des rudimens dés’ pates.” IlP'est aussi trés-vraîsemblable que es rudimenñs de toutes les parties qui‘sont proprés à lartète; comme les yeux , les crochets des mandibules ;'et‘lés mâchoires ‘éxistent dès celmoment 'quoiqu'on ne ‘puisse pas encore lés aperce- voir, et l'on peut par conséquent régarder lé cambium céphalique lqui se’ distmgue d’ailleurs” aisément de la pôftiont thoracique adjacenté du vitellus , par la cou: leur blânehede sa substance ;! comme la matière destinée à‘la formation de la tête ‘et de'ses partiesl accessoires. Mais dans dasuite "lorsque l'embryon se transforme en jeuneiaraignée!, la tête se réunit en une seule pièce’ avec le corseler dont la formation est achevée, et un sillon qui persiste pendant toute la vie de l’araïgnée ; distingue alors les deux parties qui ont pris la mème couleur. | Quañtaux deux crénelures (fig. 7) qu’on von sur les deux côtés de l'œuf dans la région.de la portion abdomi- rale ‘du jaune; elles sont dignes d'attention ‘en tant qu'elles annoncent le commencement de la formation des tégumens communs du fœtus de l’araignée. :Cesthpeut-être ici le heu d'ajouter encore quelques remarques sur lamanière d’être , et sur la structure’ des düférens: rudimens ‘qui se sont engendrés du cambium. Lorsqu'à l’aide d’un scalpel très-fin, et en usant d’une grande précaution} on ouvre l'œuf dans la région où les rudimens ont leur siége, ils sortent aussitôt dé l’én- véloppél de Pœuf, ‘en accompagnant le jaune qui ést aveé/éux dans une, connéxion intime! En plaçant alors * Ta ) tout le contenu de, l'œuf sur une plaque de, verres, L'on ne verra pas. les, rudimens, se, résoudre}, ;comme:;le, faisait le -colliquamentum,.en molécules. détachées, ;. mais ils conserveront leur, forme , ils seront adhérens, au vitellus, et sous le rapport de leur substance, ,,on'les verra sous la forme d'un mucus homogène, tenace et consistant, de couleur blanchätre. Mais. il résulie aussi de là, que le cambium entre dans une communiçation intime avec le vitellus en même temps que les rudimens des pattes se, développent. Cependant, 11 n'ya que la couche interne du çambium:qui paraïisse s’insérer sux le jaune sous-jacent , comme des champignons ou.ides plantes parasites s’insèrent dans le tronc.d’un.arbre,,; et c'est de cette manière que.s’établirait la connexion. entre les rudimens des parties externes qui se développent.et, le vitellus. Le raisonnement et la chose elle-mème:sac- cordent pour faire adopter l’opinion : que. toutes les! parties quiexistent dans le tronc ,'et quelques-unes de l’abdomen naissent de la couche interne du ,cambium. La suite en offrira également la preuve. LES” Huitième observation. Les parties qui naissent du cambium pour former les pattes, les palpes, les man-, dibules et la tête, s’apercoivent déjà à travers la mem. brane de l’œuf rendue plus transparente, et peuvent ètre distinguées les unes des autres malgré leur coulenr blanche. De plus, l’étranglement entre les deux/por- tions du jaune a tellement augmenté, que les. extrémités postérieures des pattes se montrent beaucoup plus grandes ét plus étendues à la région dorsale de l'œuf. À cette époque, commence à paraître à la surface dor- ( 267 ) , | sale! de’ la’ portion abdominale du jaune; une nouvelle partiél ayant la forme d’ane bande obscure , droite, simple ét'étroité. Cette partie commence à l’étrangle- ment déjà méntionné , dévient de plus en plus étroite, et $’éténd jusqu’# l'extrémité dé l'œuf. C’est là Te rudi- ment 'du cœur qui cependant ne semble être autre chose qu'ün liquide sans mouvemént renfermé dans un canal trèsfin; ét en quelque’ sorte invisible. Yoyez la neu- vièmé observation (fig. 8,0). Aux deux crénelures mentionnées plus haut qui sont visibles"tant à la surface dorsale qu'aux déux faces Ta- téralcs' de la portion abdominale du vitéllus, $’en ajoutent mainténant trois autres situées à la surface abdominale dé 'céité" portion , et annonçant le’développement plus avañéé des té£umens communs du fœtus de l’araignéé(r). Mais'avant de passer à un examen plus approndi de l'œuf, l'est nécéssaire de donner, non-seulement des cotisidérations plus précises sur la production des pañtiès ‘externes et internes qui se forment du cam- bium, et d'indiquer comment le développement des tégumens communs du fœtus de laraignée coïncide avec Ta formation du cœur, mais aussi de préciser la partie de l'œuf de laquelle le cœur, ainsi que les tégu- méns communs , prennent leur origine. On a vu dans la'sixième observation, qu'après la transformation du colliquamentum ent cambium, le reste de l’albumen re- prénds6n ancienne limpidité et sa transparence. On a vu ensuite le cambium faire corps avec le vitellus à Fendroit (1) Voyez ces trois crénelures dans la figure 9, qui, appartient à La neuvième observation, et représente l’araiguée dans un degré plus grand d’accroissement , : 268 oùls6nt placés là tte et Ie thorax! A! la Vérité, tait que lé'serrie existe: comme tel dans Pouf A né “parait: pas'sé/trouvér en éonnéxion avéë le jaune! mais En! en lévant les parties dé l'œuf après la° formation ‘du cam! biüm!, on voit'adhérer ce dernier par les partiés qu'il à produités avec’ le jaune ; et éela d’une manière si intime qu'il y paraît comme enraciné, ensorte que la! para tion ne saurait en avoir liéu !qu'à l'aide du” ’scalpel. N'est-ce pas lttuüne raison'suflisanté pour faire provenir du camibium ainsi uni avec le vitellus, toutés lés'parties internes du‘troné et mème quelques-unes de l'abdomen. C'est'sans doute un fait digne d’attention que les ‘par- üés intérnes du fœtus aient dès l’origine la mème cou- leur que les parties externes qui sont au môiment dé'sé développer. go), ol Une autre matière qui, bien moins essentielle Qué Jef le cambium, paraît pourtant ètre aussi bien déstinée” à lx formation de la jeune araignée , c’est V übüumèn! MH Ÿ a beaucoup de raisons pour croire que lés tégumiens communs dela jeune araignée se forment dé PAbunitn! Lorsque le colliquamentum s’est concentré pour fofnier lelcambium, le reste de l'albumen qui envirérniné"te jaune jusque sur le cambium réprend'sa transparentet, démianière qu'on peut le regarder comme Vanalogué du mucus du réseau de Malpighi, qui’ sert à’ formér lPépi- dermé comme les autres tégumens communs qui got /en core à l’état liquide: En considérant la éonnéxiôn intime des organes génitaux et respiratoires, des vaisseaux sé- créteurs de la matière destinée à la toile et de l’extrémiié du.eanal intestinal avecrles tégumens communs}: côn - nexion que tÆreviranns arsi bien démontrée dans lavar- ( 269 } gnée » on PEU, méme admettre, que: toules,,0es parties prennent, leur, origine de; L'albumen.qui.environne les portions, du, jaune. Mais, c’est; surtout ;la transparence propre,aux. tégumens communs, au moins du thorax et de l'abdomen , qui fournit un argnment d’un grand poids: en, faveur.de; leur. origine dans. l’albumen ,limpide,.ct crystallin. | y, dl, me-resterait donc plus à déterminer maintenant que la, matière.qui sert à la formation du cœur:et la manière dont, cet.organe,se forme: À. la.face dorsale de, la portion abdominale, du jaune, point où,se dessinent, proprement les. premiers linéamens, du.cœur; oam'observe, aucune traçe de, çambium.. Il est donc. bien probable.que, l’al- bumen, donne, encore naissance au-cœur.ei au système vasculaire. Cependant on ne saurait indiquer comment et, de quelle, manière, ceci a lieu. Mais, le, rudiment: du cœur, étant, dans son origine un, canal très-délicat, et rempli, de liquide, on pourrait se, demander. quelle:est la partie qui se forme la première, .du canal ou du:li- quide, contenu? À en juger d’après l’analogie des. îles sanguines, dans l'œuf des oiseaux , îles qui se transfor- ment,en vaisseaux sanguins , il faut admettre que le li- quide,çontenu est.formé avant le canal, Il résulterait de là, qu'une partie de l’albumen se sépare avant la trans- formation. de ce dernier en 1égumens et, sert. à produire le, liquide qui représente le rudiment du! cœur, et c'est ainsi qu'on,voit pourquoi la formation du cœur coïncide ayec.la formation des tégumens communs. Di POATYE “neuvième observation. L'oœuf subit maintenant, sous lemappont de sa; forme, un changement frappant ; l'une i ( 276 ) de ses extrémités se gonfle et devient sphérique; l'autré au contraire qui renferme la tète proémine davantage:et devient, plus pointu; et c'est, ainsi que le diamètre! de l’œnf augmente en: longueur dans lé sens-des deux.ex- trémités, Ce changement de forme.est, dû à l’accroisset ment du fœtus, et à la séparation plus marquée du trone et de l'abdomen. L’œuf,, dont le changement) s'aperçoit mieux lorsqu'on le regarde. par la face latérale ; prend la figure du fœtus qu’il renferme. Au reste ; On; peut én- core remarquer que l'extrémité de l’œuf quits’allonge est précisément le point où commence la décomposition du germe en, molécules, c’est-à-dire, la, formation, du colliquamentum, et où celui-ci se retire ets 'épaissit pour constituer le cambium. Le tronc forme toute la partie antérieure du,lcorps du fœtus, et se compose de la tête du! thorax.,et.de;la poitrine, parties qui sont toutes réunies en une, seule masse. La tête avec les organes de la manducation! oc- cupent la région antérieure et supérieure du tronc; à la partie supérieure du tronc se trouve le thorax, qui renferme en même temps la portion du jaune qui, en porte le nom; enfin, la partie inférieure du tronc est renfermée, par la poitrine qui sert en même tempside point d'insertion aux pattes. Quant à l'abdomen que les entomologistes distinguent en région supérieure jou dos et région inférieure ou venire, il est séparé du tronc! par un. étranglement , et représente la partie postérieure jet la plus volumineuse du corps du fœtus. Il contient, outre la portion abdominale du vitellus, les rudimens des viscères dont la, formation procède en partie, de la iète.et du.thorax, et en-pärtie des tégumens communs. (271) Le: ventre se montre sous forme d’une masse très-renflée quisse replie ‘en arrière sous les pattes. Lé cœur (fig, 8; 0) qu'on prendrait aisément pour un canal simple si M. Tréviranus n’avait pas démontré dans les’ araignées ‘adultes ; par de très-belles figures , les vaisseaux qui prentient naissance de ce canal ; sémontre à Jatface dorsale sous forme d’une bande pâle; il prend son'origine à la dépression qui se trouvé éntre le tronc et l'abdomen ; et s'étend jusqu’à l’extrémité postérieure du dos. Le cœur est recouvert par les tégumens com- munñs qui sont transparens et trèsidélicats ; on le recon- naît distinctement à travers leur épaisseur et à travers celle delà membrane de l’œuf. Quant aux parties ex- térieures de la tête et de la poitrine, elles sont encore blanches, mais toutes se sont accrues et approchent de plus en plus de leur véritable figure. C’est ce qui a sur- tout heu pour les pattes qui commencent à se diviser en ‘amiclés , se rapprochent entre elles d’un côté à l’autre, ét s'allongent sur la poitrine au point de la recouvrir présqué en entier (fig. 9). Les palpes, les mandibules et la têtée.se voient aussi très-nettement. Dixième observation. À mesure que le fœtus s’ac- croit, la membrane externe de l'œuf s'applique plus exactément contre son corps, et l’opinion de De Geer, qué l'enveloppe de l’œuf n’est autre chose que la peau extérieure du fœtus, dont ce dernier se dépouille en sortant de i’œuf, comme font les chenilles et autres insectes en muant se trouve parfaitement confirmée. La grosse extrémité ou l'extrémité obtuse de l'œuf s'allonge de plus en plus, et l'œuf regardé’ surtout par (272) les faces abdominale et dorsale, présente une formeellip- tique. Mais vu par sa face latérale (fig. 10), il montre un nouveau changement dans sa circonférence qui consiste dans une échancrure profonde à la région dorsale , an- nonçant Ja séparation parfaite du tronc et de l’abdomen, divisant en quelque sorte l’œuf en deux portions, l’une plus petite et l’autre plus grande; la première représen- tant le tronc , la seconde l’abdomen. Les pattes qui se sont accrues , et les palpes se rapprochent de côté et d'autre, et commencent à se dépasser réciproquement en rentrant les unes entre les autres. Mais , ce qui est maintenant le plus digne d’attention, c’est une tache q un peu allongée qui se montre au milieu du ventre à la peau duquel elle appartient. Elle commence entre les pattes , s'étend jusqu'à l'extrémité du ventre et est par- faitement opaque. Le changement que subit la peau du ventre, par la formation de cette tache , indique que le développement des parties internes est parvenu à sa per- fection, et cette tache est en quelque sorte un témoi- gnage en faveur de la part que prennent les tégumens communs de l'abdomen, à la production des parties internes qui sont contenues dans ce dernier. Reste à sa- voir maintement quelles sont les parties que l’araignée adulte possède dans la région du ventre où se.trouve la tache ; ces parties sont d’abord les papilles sécrétoires de la matière destinée à la toile, ou les filières, qui ont leur siége, ainsi que l’ouverture de lanus à la partie de l'abdomen où la tache se termine. Le reste de la tache contient, suivant M. Treviranus, une partie propre aux organes génitaux avec six points noirs que ce naturaliste appelle stigmates douteux du ventre. De plus, il se forme (273) plus tard.chez. la jeune araignée renfermée ‘encore dans l'œufide: éhaque côté du ventre, :sur.les bords de la taches; une plaque cartilagineuse destinée à recevoir la braneliïe: La tache; en question peut donc être regardée avecÿuste raison comme le premier linéament des parties qui viennent d'êtrenommées; et iln’y a pas de doute.que les-partiesinternes de Pabdomen ;;savoir le canal intesti- nalyiles parties génitales ;! les vaisseaux sécréteurs de la matière du tissu, etc.:1qui setrouvent dans la plus-étroite connexion avec la-tache , n’atteignent le terme de leur développement’, lorsque cette tache: se montre:sous le ventre; ear les parties internes mentionnées se montrent du ventre de la jeune araignée immédiatement après la première mue.’ Lé-cœur qui a son siége au milieu de la face dorsale ‘de Validomen', s'étend jusqu’à l'extrémité de la tache à Véndroittoù l'on rencontre plus tard les filières, et re- présente un canal simple sans trace de pulsation à l'œil mu% enfin, les plis où crénelures de l'abdomen sont “rès-visibles. 2SEPE PI Onzième observation. Par l'accroissement progressif du-fœtus , la membrane de l'œuf devient tellement ten- dueyev s'applique si bien sur toutes les parties du corps, “que! l'œuf représente non - seulement la: figure ‘dela jeune araignée, mais qu'abstraction faite des rudimens d'ailes; il prend tout-à-fait l'aspect d’une nymphe de cerf-volant (fig. 11, 12 et 13). Ù “He thorax! convexe , ét ayant la figure: d’untriangle cordiforme ; est un peu déprimé sur ‘les côtés’ et en ar- rière vers l’abdoment La portion du jaune ; contenue XUI. 18 ( 274 ) dans le thorax, se termine de chaque côté vers l'endroit où les palpes prennent leur origine, en un prolongement pointu , et les globules du jaune qui le constituent dimi- nuent peu à peu en grossenr et en nombre vers l’extré- mité. Entre ces prolongemens latéraux et le reste de la masse du jaune disposée symétriquement dans le thorax, se trouve la tête sous forme d’une surface blanche , d'une figure triangulaire cordiforme , marquée de huit points de couleur brune qui sont les yeux. En mème temps on voit sur les côtés du tronc quatre éminences ou bourgeons destinés à l'articulation des pattes sur le thorax , nommés hanches par M. Latreïlle et racines des pattes par M. Treviranus, et servant à re- cevoir les cuisses. Celles-ci, quoique peu recourbées en dehors, s’insèrent sur les hanches à angle droit. Les pattes, étroitement serrées contre la poitrine et en par- tie aussi contre le ventre , enjambent réciproquement les unes sur les autres (fig. 11). Chaque patte de la jeune araignée se compose de la hanche, de la cuisse, de la jambe et du tarse, et il n’est pas difficile de reconnaître ces parties à travers l'enveloppe de l'œuf. La cuisse est la partie de la patte qui est de beaucoup la plus longue et la plus grosse, vient ensuite la jambe qui est cylindri- que, et enfin le tarse composé de deux articles cylindri- ques et terminé par une pointe. Entre les mandibules et la première paire de pattes, on voit les palpes articulés et filiformes , exactement appliqués contre la poitrine. Ensuite viennent les mandibules qui s’attachent à la tête entre les yeux et les palpes , et ont la forme de cônes aplatis et obtus. Toutes les parties qui viennent d’être décrites à la tête et au thorax, ont dès-lors atteint les ( 275 ) proportions et l’accroissement nécessaires pour la sortie du fœtus de son œuf. , Quant à l’abdomen, il est séparé du tronc par un étran- glement profond , et garni de plusieurs plis en croissant ou crénelures (fig. 12). La tache du ventre qui a été dé- crite dans l’observation précédente, se montre beaucoup plus grande et plus distincte, et on peut y reconnaitre une partie étendue et elliptique , et une autre plus petite et arrondie. Cette dernière indique le siége des filières et de l’ouverture de l’anus ; la grande tache correspond aux autres parties mentionnées plus haut. La jeune araignée qui est maintenant parvenue à son développement parfait ne donne encore aucun signe de mouvement , ni avec les palpes, ni avec les mandibules, ni avec les pieds, pendant tout le temps qu’elle est ren- fermée dans l’œuf. Exclusion de l'araignée de l'œuf. v Le mécanisme de l'exclusion a été en général bien dé- crit par De Geer ( on a représenté ici cette opération dans les figures 14 et 15 de la planche 8); il en est de même de l’état dans lequel se trouve la jeune araignée , immé- diatement après sa sortie de l’œuf'et jusqu'à sa première mue. Cette période varie beaucoup suivant le degré de chaleur de l’atmosphère. Outre les parties déjà décrites , on aperçoit sous le ventre, sur les côtés de la tache ab- dominale, les organes respiratoires. Le tronc se continue avec l’abdomen à l’aide d’un tube court et étroit. Daus cet état (pl. 9, fig. 3 très-grossie), la jeune araignée ne cherche pas encore à prendre des mouches ; ( 276 ) les organes qui sont destinés à la formation de la toile sont encore cachés sous la peau extérieure; les mà- choires et les mandibules sont également enfermées par cette dernière, comme dans ‘une gaîne étroite, inca- pables de tout mouvement, et la jeune araignée peut-être comparée, dans son état actuel, au papillon renfermé dans sa chrysalide. L'une et l'autre ne prennent pas'en- core de nourriture , seulement l’araignée peut'se trans- porter, mais avec! difficulté, d’un endroit à un autre, tandis que le papillon dans sa chrysalide n’exécute qu’un simple mouvement, lorsqu'il est touché par un corps étranger. Le premier ou le second jour après la sortie de l'œuf, on voitparaître , à travers les tégumens communsde la jeune araignée, les filières qui appartiennent à la-se- conde peau'sous-jacente et paraissent sous forme derpetits tubercules. La première mue peut avoir lieu dès le premier jour, ou seulement après quelques semaines de séjour dela jeune araignée dans le nid. Pendanv ce temps ,'ellelest comme assoupie , et reste les membres étendus ’et'sans mouvement. La première mue a lieu de la manière sui- vante : D'abord le thorax avec la tête se sépare de la poitrine, ensorte que les pattes , les palpes et les organes de la manducation restent adhérens à cette dernière: Le nou veau tronc sort bientôt de la fente qui s'est forméei,en éxécutant des mouvemens d’ondulation ; l’abdomen:se dépouille ensuite de ancienne peau qui finit par ne plus'adhérer que comme un gant retourné , à l'extrémité des pattes. Enfin ; les tarses se dégagent aussi à laide ( 277 ) des extensions et des flexions successives des pattes, et l’ancienne peau reste avec la la forme extérieure de la jeune araignée. La mue terminée , la jeune araignée de- meure pendant quelques heures immobile, comme dans un état d’assoupissement, et les pattes ramassées en un faisceau. Dès qu’elle est revenne à elle-mème et qu’elle sent ses forces, elle se met à courir lorsqu’on l’ôte de son nid, et dès la fin du premier jour , lorsqu'on la place sur une table , on voit sorür de ses filières un fil très-fin , violet et brillant , qu’elle fixe à quelque endroit environ- nant; plus elle s'éloigne, plus ce fil s’allonge, d’où il résulte clairement que les organes secréteurs exécutent leur fonction. Au premier aspect , on dirait que l’araignée qui vient de se dépouiller de sa peau est plus grande qu’elle ne l'était avant la mue. Mais ce n’est là qu’une illusion qui tient à l'allongement qu'ont éprouvé les pattes et lés palpes par suite de la mue. Le tronc est cordiforme, Île thorax convexe ; la poitrine plate; au milieu du thorax, s'élève vers le milieu du dos , une ligne saillante qui se termine en deux branches, et a la forme d’une ancre (pl. 9; fig. 4). La portion du vitellus, contenue dans le thorax, conserve la même position et la même étendue qu’aupa- ravant; ce qu’on peut facilement apercevoir à travers la peau transparente du thorax (pl. 9, fig. 4). Quant à la portion abdominale du jaune, on n’en distingue plus rien que la couleur ochracée, et cela parce que la peau de l’abdomen , fort mince et transparente avant la mue, s’épaissit et devient plus opaque après cette opération. En mème temps, on voit paraître sur le dos de l'abdomen , (278 ) les premiers contours de plusieurs taches qui s'étendent jusqu'aux filières. La tète et le thorax ont encore une teinte blanche après la mue; mais au bout de quelques jours, le tho- rax, à l'exception des mâchoires, les hanches, les pattes, les palpes et les organes de la manducation, prennent une teinte plus sombre ; plus tard le tronc'et les pattes deviennent noirs , verdâtres ; les mâchoïres ; les palpes et les articulations des pattes sont jaunes pales ; les pattes et les palpes paraissent en quelque sorte annelés de di- verses couleurs; au dos de l'abdomen se voient des taches noirâtres (pl. 9, fig. 5, femelle), situées'au milieu du dos, diminuant de plus en plus et s'étendant jusqu'aux filières ; elles montrent une figure régulière : il s’en ajoute deux autres chez les jeunes araignées mâles (pl. 9, fig, s,s). Dès que les papilles sécrétoires prennent égale- ment une couleur noirâtre (pl. 9, fig. r, r}, les plaques cartilagineuses qui, suivant M. Treviranus; sont désti- nées à recouvrir les organes respiratoires, acquièrent aussi plus de développement , ét se reconnaissent facile- ment à leur figure triangulaire et à leur couleur jaune soufrée; ces plaques cartilagineuses sont entourées par une aréole plus foncée (s), qui commence immédiate- ment sous le tube court et étroit par lequel le tronc se continue avec l’abdomen , et qui va en s’élargissant peu à peu. Entre cette aréole et les papilles sécrétoirés, se trouve encore une autre tache noirâtre (j) qui s'étend , chez les jeunes araignées du sexe mâle , jusque vers les plaques cartilagineuses ; enfin l'abdomen prend une-cou- leur jaune dorée, en mème temps que la poitrine et les mandibules deviennent brunes, et les taches du dos de ( 279 ) l'abdomen , ainsi que les filières noires. La couleur jaune dorée de l’abdomen dépend, non pas d’une altération chimique du vitellus, mais d’un changement de Ja peau elle-même, ce dont on peut se convaincre en excisant une petite portion des tégumens communs de l’abdo- men,;.ilen.est.de mème des taches noires dontül vient d’être question. Ces taches, propres au sexe mâle, sont le seul carac- ière à l’aide duquel on puisse distinguer les deux sexes dansla jeune araignée ; les paipes n’offrent à cette épo- que aucune différence sexuelle. Quant aux soies courtes et raides, qui recouvrent l'abdomen , les pattes, les palpes , la face supérieure des hanches et le bord de la tête chez l’araignée , c’est à tort que De Geer les a figu- rées, sur l’araignée contenue encore dans l'œuf; on ne les voit. jamais dans aucune espècé avant la mue. Aussi De Geer m’indique-t-il pas l'espèce sur laquelle il croit les avoir. observées dans l’œuf. . Lorsque les jeunes araignées ont atteint le degré”de développement nécessaire pour subsister! par : elles- mêmes, elles sortent en grand nombre de leur nid,, par un temps doux, pendant les mois de mai.ou de juin. Chaque individu, encore très-petit (pl. 9, fig: 6), des- cend à terre moyennant un fil fixé dans quelque endroit du nid; ils se séparent ensuite, et chacun va.de son côté fabriquer sa toile pour prendré de Ja nourriture, et tendre des. piéges à mouches dont la taille est propor- tionnée à, la sienne. Dans le nid abandonné, on trouve autant de coques d'œufs et de dépouilles cutanées. de jeunes araignées , qu'il y avait eu d'individus. it ( 280 ) EXPLICATION DES PLANCHES. Planche vrrr. Fig. 1. Œuf de l’araignée diadème avant lincubation. — a, germe ; bb, jaune; 4, le même de grandeur naturelle. Fig. 2. Œuf dont le germe a s’est étalé jusqu’à la partie la plus éloignée de son point de départ. Il a laissé sur son trajet une émanation blanchâtre et nuageuse. — bb , jaune. Fig. 3. — a, germe perdant déjà sa consistance pour se résoudre en granulations , et pour former une sorte d’émanation nuageuse ; bb, jaune. Fig. 4. Œuf dans lequel s’est effectuée une entière fusion du germe. Toute la portion claire est occupée par la partie nuageuse qui, mêlée au blanc, constitue le coliquamentum. La partie obscure b est la portion du jaune qui n’est point recouverte par l'expansion de la ma- tière blanche. Fig. 5. Œuf dont le colliquamentum s’est en quelque sorte condensé pour former ce que l’auteur nomme le cambium. — e, cambium cé- phalique; a, cambium pectoral ; b, jaune. Fig.6. Œuf où l’on découvre les premiers rudimens des pattes gg; e, cambium céphalique ; on remarque une matière pellucide, placée ‘dans un espace triangulaire , entre les pattes et au dessous d'elles ; _elle constitue la couche interne du cambium ;b, jaune. Fig, 7. — g, rudimens des pattes ; f, rudiment des palpes ;'e, cambium céphalique ; a, couche du cambium interne ; b ; portion abdominale du jaune sur laquelle on remarque vers la portion dorsale déux lignes en croissant quiindiquent le commencement de la formation dutégu- ment propre du fœtus. Fig, 8. On y retrouve toutes les parties désignées dans la figure pré- cédente , et en outre le rudiment du cœur 0. Fig. 9, 10. La tête s’est détachée du corps , et l’on apercçoit sur l’abdo- men une tache gg et de nouvelles lignes ou plis des tégumens propres du fœtus Wig. 11, 13, 13. Jeune araignée prête à éclore. Dans la fig. 11, elle est vue par dessous; dans la fig. 12 elle est vue de flanc, et dans la fig. 13 elle est vue par dessus. Toutes les parties de l'animal sont dis- tinctes et reconnaissables, L’enveloppe, strictement appliquée sur ( 281 ) elles , en laisse apercevoir tous les détails. Outre les parties précé- demment indiquées , on reconnait les yeux. Fig: 14et 15. Jeune araignée sortant de l'œuf, vu par dessous et par dessus. Fig. 16, 19, 18, 19, 20, Coupes de l’œuf correspondant à plusieurs des figures précédentes. 16 correspond à la fig. 1; 17 à la fig. 2 ; 18 à la fig. 45 19 à la fig. 5. La figure 20 montre la place qu’occupe l’ensem- ble deitous les rudimens de parties qui se sont développées dans l’œuf. Planche 1x, A. Fig. x, Abdomen d’une jeune araignée diadème mâle en état de filer , vu en dessous et très-grossi. — v, section du pédicule qui Punissait au thorax; on observe deux lamelles cartilagineuses triangulaires, en- tourées par une sorte de carré opaque s ; j , tache de couleur noire, s'étendant jusqu'aux lames cartilagineuses ; r, papille servant à filer. Fig. 2. Abdomen du même vu en dessous. — ss, deux taches noires propres au sexe mâle. Fig.,3. Araignée mâle vue en dessus, telle qu’elle paraît immédiate- ment après sa sortie de l’œuf. On aperçoit très bien , à travers l’en- veloppe du thorax et de l'abdomen, les granulations du jaune ; on voit aussi très-bien, à travers les tégumens de l’abdomen, une ligne médiane qui-est le cœur. — Cette figure et les suivantes sont éga- lement grossies. Fig. 4. Jeune araignée mäle vue en dessus après le premier jour, et lors: qu’elle s’est dépouillé de sa première peau. On distingue avec peine sur le thorax les granalations du jaune , très-prononcées dans la fig. précédente. Fig. 5, Araignée femelle grossie , vuc.en dessus et telle qu’elle paraît à sa sortie du nid; elle est ornée de taches noires, qui diffèrent de celles que le mâle n’acquiert que plus tard (fig. 3). Fig. 6. Grandeur naturelle de l’araignée diadème à sa sortie de l'œuf. Mémoire sur Le Strophostome; nouveau genre de coquilles fossiles de la famille des Hélices ; Par M. Desnaves. (Lu à la Société d'Hist. nat. de Paris ; séance du 15 février 1828.) Une coquille fort singulière, connue depuis long- temps par une. figure, assez. bonne de Lister, fut. rangée par. Linné parmi les Hélices. Cette coquille qui est eflec- tivement terrestre, resta dans ce genre, quoique plusieurs auteurs l’aient mentionnée depuis et en aient mème don- nés de bonnes figures. Montfort le premier proposa pour elleseule le genre Tomogère que l’on trouve dans la Con- chyliologie systématique de cet auteur : le peu de, bonne foi qu'il mettait dans l'établissement de, ses genres,.fit rejeter de la part des naturalistes, des travaux dont ils avaient plus d’un motif raisonnable de se défier, Ilen résulta que le peu de bons genres.que le hasard Jui avait fait faire, ne furent point cités ; on ne trouve, en] effet le genre Tomogère, ni dans les ouvrages de M. Cuvier, ni dans ceux de M. Lamarck. Le premier de ces,savans, cite cependant d’une manière particulière, la coquille qui a servi de type au genre, et le second beaucoup plus tard , établit pour elle et une autre, espèce moins con- nue, le geure Anostome qui-depuisa été adopté par ;la plupart des conchyliologues. L'animal de: l’Anostome étant point connu, M. Lamarck caractérisa d’après la coquille seule ce nouveau genre, et il le fit avec d’au- tant plus de sécurité, qu'il offre l'exemple d’un lcarac- ière qui était resté unique jusqu'alors parmi les mollus- LÉ ET ( 283 ) ques univalves, celui du renversement de l'ouverture sur le dos dé la coquille. Ce caractère dut ètre considéré comme essentiel au genre Anostome, tant qu'on ne trouva aucune coquille qui put lui être comparé ; mais aussitôt qu'un type voisin fut irrévocablement constaté, il fallut en faire une comparaison complète, soit pour l’introduire dans le genre Anostome, quoiqu'il offrit des différences notables, soit pour en faire un nouveau genre, après avoir examiné si ces différences sont sufi- santes. La discussion de ces questions doit: être faite maintenant pour pouvoir en fixer des conséquences utiles par la suite. | Nous avons dit que le renversement de l'ouverture dans’ les' Anostomes avait dù être considéré comme le caractère le plus essentiel du genre, mais il u’est pas le seul | et comme il existe aussi dans d’autres coquilles, les caractères secondaires viennent se ranger en pre- mièré ligne, car ce sont les seuls maintenant qui puis- sent servir à la distinction de ces genres : ils consistent dans la forme de l’ouverture qui est horizontale, semi-lu- paire et armée de dents plus ou moins grosses qui en obstrüent l’entrée ; dans l’aplatissement remarquable de la partie du dernier tour qui se projette en ligne droîte pour gagner le bord de la coquille, et enfin dans le dé- faut d’ombilic qui est entièrement caché par le fait de cet aplatissement. Si nous voulons introduire de nou- velles coquilles dans le genre Anostome , non-seule- ment elles devront avoir l'ouverture renvérsée, mais encore offrir toutes les autres conditions du genre; mais si le plus grand nombre des ‘earactèrés manquent, 31 faudra ; ou‘donner plus d'extension à la caractéristique ( 284 ) du genre nouveau, ou établir un nouveau genre. En donnant plus d'extension aux caractères génériques, on tombe dans un doute, dans une incertitude qui doit ré- sulter de leur peu de précision , défaut qu’il est impor- tant de savoir éviter, puisqu'il entraîne à beaucoup plus d'erreurs que le défaut contraire; car les deux coquilles fossiles que nous possédons , n'offrent des Anostomes que le renversement de l'ouverture: maïs cette ouver- ture est oblique au plan de la spire au lieu d’être hori- zontale ; elle est arrondie , elle est dépourvue de dents à l’intérieur ; le dernier tour de spire n’est point aplati en dessous , et il laisse ouvert un ombilic assez grand. L’é- tablissement d’un nouveau genre ne présentera donc pas le mème désavantage que l’extension forcée des ca- ractères des Anostomes ; celles-ci restent suflisamment distinctes par les caractères que nous avons mentionné précédemment, et le nouveau genre se reconnait aussi par ceux que nous venons de rapporter. Nous devons encore présenter une autre considération en faveur de l'établissement du nouveau genre. Les coquilles qui devraient y entrer sont certainement terrestres , mais elles ont l’ouverture ronde; mais cette ouverture est bordée d’un péristome épais et réfléchi : si nous cher- chons parmi les coquilles terrestres un caractère sem- blable, ce ne sera pas parmi les Hélices que nous le rencontrerons; aucune n’a l'ouverture ronde : les Cy- clostomes seuls la présentent de cette forme. Ne pour- rait-on pas dire que nos coquilles fossiles sont aux Cy- clostomes, ce que les Anostomes sont aux Hélices ? Nous savons fort bien qu’il est impossible, du moins pour nous quant à présent, de répondre à cette question d’une Ne — ( 285 ) manière satisfaisante, elle ne pourra se résoudre que lorsqu'on pourra dire positivement si les coquilles dont il s’agit sont ou ne sont pas operculées. Or, ces co- quilles sont fossiles, elles sont très-rares, donc il sera très-difficile de se décider à leur égard, et il est pos- sible que la question reste toujours en suspend. En établissant un nouveau genre , nous restons dans les mêmes principes que M. Lamarck, lorsqu'il forma le genre Anostome , principe qui a été adopté par les zoologistes qui ont admis ce genre. Nous sommes heu- reux de pouvoir citer de tels guides, nous espérons qu’en s'appuyant d'eux, nous arriverons plus sûrement à un but utile. Nous proposons de donner au nouveau genre le nom de Strophostome composé de deux mots grecs qui signi- fient ouverture renversée, et de le caractériser de la manière Suivante : Genre STROPHOSTOME, STropnosToMa: Caracières génériques. Coquille ovale globuleuse. Ouverture ronde, bordée, oblique, simple , sans dents, retournée en haut ou ouverte du côté de là spire. Un ombilic plus ou moins grand. Un opercule? Testa, ovato-globosa. Apertura rotundata , marginaa, obliqua, simplex, dentibus vacua, sursum reverse. Umbilicus plus minusve magnus: Operculum ? D’après ce que nous avons dit précédemment , nous placerons les Strophostomes près des Cyelostomes, de préférence aux Hélices ; nous ne répèterons pas pour quels motifs. ( 286 ) Nous ne connaissons que deux espèces fossiles, ce sont des coquilles d’une médiocre grandeur ; elles ont une forme ovalaire à cause de la saillie considérable que fait l'ouverture en dehors de la spire, celle-ci est régu- lière comme celle de toutes les Hélices, mais le dernier tour se courbe sur le bord. Il est saillant et bien ar- rondi en dessous, et laisse ouvert un ombilic assez grand. STROPHOSTOME L1s5E , Strophostoma lævigata Nob. (Pl xr, 4, fig. 1,2, 3, 4.) S. testä ovato-globosä, lœævigatä, spirä obtusd ; an- fractibus rotundatis umbilico mediocri. Nous avons figuré cette coquille sous quatre aspects différens pour qu'on puisse bien juger de sa forme. Elle est toute lisse, ovalaire, à spire obtuse, peu élevée, plus cependant que daus l’espèce suivante. Les tours de spire sont arrondis , peu globuleux , séparés par une suture simple. En dessous , le dernier tour est bien ar- rondi, non déprimé; l’ombilic qui est au centre de la co- quille est d’une médiocre grandeur, cependant il est assez ouvert pour laisser apercevoir quelques tours de spire. Cette coquille vient de Dax où elle est extrèmement rare. L’individu que nous possédons a 26 millimètres de long. EE — ( 287 ) STROPHOSTOME STRIÉ , Strophostoma striata Nob. (Elxr,,Bifis.\1,:2, 3,48) S. Testä ovato depressä, sub-carinatä, eleganter stria- t@; strüs tenuibus, numerosis ; umbilico magno. Cette espèce est très-distincte de la première , elle est plus petite, plus déprimée, sub-carénée ; ornée de stries fines et nombreuses, plus saillantes en dessous qu’en dessus; l’ombilic est grand de manière à laïsser voir presque tous les tours de spire; la spire est peu élevée, formée de cinq tours aplatis non saïllans ; suture simple; le dernier tour est caréné dans presque toute son éten- due , il ne s’arrondit que peu avant de se recourber sur le bord, en dessous , il est peu arrondi, presque plat. Elle est longue de 22 millimètres et large de 16. Nous l’avons trouvée en cassant un échantiilon de cal- caire d’eau douce de Bouxveiller, en Alsace, où elle était avec un Cyclostome, des Paludines et de fort beaux Planorbes. EXPLICATION DE LA PLANCHE XI. À , Strophostome lisse, B , Strophostome strié. Mémome sur quelques Crustacés nouveaux ; Par. M. H. Mizne Enwanps. La connaissance d’un animal nouveau est toujours une chose utile pour la zoologie; mais si sa forme et ( 288 ) sa structure ne s’éloignent guère de ceux déjà étu- diés ,. sa découverte n’offrira que peu d'intérêt: à moins toutefois que par l’analogie qu'il présente avec d’autres animaux très-différens entre eux, il n’établisse le passage de l’un à l’autre, et ne sexve par conséquent à remplir, une des nombreuses lacunes que. l'on, ren- contre. dans la série des êtres. En étudiant-aux mois d'août et de septembre les crustacés qui habitent la côte occidentale de la France, j'en ai trouvé un assez grand nombre qui doivent constituer des espèces et mème des genres nouveaux; mais seulement. un petit: nombre d’entre eux remplissent les conditions dont je, viens de parler, et c’est de la description de ces derniersyseule- ment dont je vais m'occuper pour le moment. ,,,,,,4 Ces animaux ont tous des dimensions. très-petites, et ce n’est qu’en les examinant à l’aide d'un bon, micros- cope, qu'il devient possible de distinguer Loutes les. par- ties qu'il importe le plus de connaitre. Le premier sur lequel j'appellerai l'attention ;,est un petit crustacé amphipode allongé, un peu comprimé,,et presque linéaire (pl. 13, 4, fig. r). La tête n'est pas sépa- rée du premier segment thoracique d’une manière aussi distincte que dans la plupart des animaux de cette classe, et son extrémité antérieure se prolonge sous la forme d’un rostre pointu et légèrement recourbée. Les yeux, au nombre de deux, sont circulaires , très-petits , et insérés sur les côtés de la tête près de son bord antérieur etfinfé- rieur. Les deux paires d'antennes sont insérées l'une au dessus de l’autre ; les supérieures ou moyennes dont-la longueur est moindre que celle du corps,sonttrès-grosses surtout près de leur base; elles sont terminées. par.deux ( 289 ) filamens inégaux multiarticulés, pourvus de quelques poils assez courts, l’inférieur a environ deux fois la lon- gueur du supérieur, et ne dépasse guère celle de leur pédoncule commun qui est formé de trois articles dont le premier ( c’est-à-dire l’arucle basilaire } est le plus gros et surpasse en longuer les deux autres réunis (fig. 3). Les antennes inférieures (fig. 4 ) (ou externes) moins longues que les supérieures sont formées d’un article basilaire très-court , et d’un second article allongé et presque cy- lindrique auquel succède un filament multiarüculé qui s’amincit très-rapidement, et qui porte une rangée lon- gitudinale de poils raides et assez longs. La bouche est garnie comme à l'ordinaire de pattes mà- choïres, dont les postérieures (fig. 5) sont soudées entre elles près de leur base, et ont Ia forme de palpes gar- nis d’un grand nombre de poils, on distingue à chacune trois articles dont le dernier est arrondi. Le corps de ces crustacés est formé de deux portions assez distinctes ; l'une thoracique , l’autre abdominale. Des sept anneaux qui forment la première , le plus antérieur, comme nous l'avons déjà dit, est presque confondu avec la tête; le second un peu moins large que le premier, se prolonge de chaque côté en bas et en avant, de manière à former une pointe un peu recourbée qui cache l’aiticulation de la patte correspondante ; les autres segmens ne présentent point cette disposition , et ne sont point pourvus, comme dans la plupart des crustacés du même ordre, de pièces la- térales distinctes de celle qui en forme la portion dorsale. Chacun de ces arceaux est pourvu d’une paire de pattes ambulatoires, en sorte que le nombre de ces appendices est de quatorze. La première paire se termine par une XL. 19 ( 290 ) pince:dont le doigt immobile, est fort large (fig, 6 3 la main-esttrés-courie; les deux articles suivans sont,plus étroits, -enfin lerbras est:remarquable:par sa-forme pres- que ovalaire: Bes pattes de ladeuxième-pañre (fig..7) plus longues mais moius:-larges quelles: prentières.; n'ont poñit de pinces3;:la main m'est ni renfléé nijaplatie elle présente sur son:bord rune série de, quatre ;épines; assez fortes etune à son angle supérieur.et-antérieur, Enfin, elle! s'articule-avec un -ongle assez darge à.,sa, base, un peucrôchu ; et dentelé sur son bord intérieur. La, lon- gueur-des autres pattes. diminue, graduellement; d'avant en-arrière;: elles sont! toutes:assez minces, et 1erminées par -un grand ongle crochu /sans dentelure;. l'avant der- nier article n’est-pas épineux , mais supporté un-grand nombre de poils ; enfin, les cuisses ne sont/passélargies comme, dans la plupart des crustacés de la famille,des crévettines. L’abdomen est formé de six-anneaux,, dont les cinq premiers sont très-courts,, et, le .derniér,;an contraire , remarquable; par sa-longueur.les, premieyts portent chacun une paire de fausses pattes dout.;lé pé- doncule est assez court, et supporte deux lames oyalaires et ciliées. Ces appendices! sont assez gros -relitivemeut au peu de développement des segmens de l'abdomen; aux quels ils appartiennent, aussi sont-ils, pour,ainsi dire ; presque les uns contre les autres. Enfin; l’article; termi- nal de l'abdomen , dont la forme est allongée etrun pen aplatie, présente de chaque côté vers. l'angle postérieur une petite échancrure oùs’articule-un pédonculeeglin- drique , et un peu recourbé en dedans quiisupporté à son tour deux filamens garnis de quelques poils, Lux assez court, l’autre, au contraire, presque-aussi long que le reste de l’animal. ! ( sgr ) D’après!la deséription que:mons venons de:dotinerrde cé petiUanimalt-on'voit qu'il ressemble aux :censtacés dla famillerdes erévettinessipar'sa forme! générales; par la disposition de ses antennes! et par les appendices qui sont'suspendus sous | les cinq'pr'emiersrarticles de Fab- domenti mais il s'en éloigne parela structure des deux premières paires de pattes par la forme de l’article ter- minal de l'abdomen et par les longs filamens que ce der- ïier s&pporte; ces caractères le rapprochentides Euphéés avec lesquels il estcépendant impossible deleconfondre, et ilsemble étäblirle passage entrerces-animaux singu- liérs et les autres amphipodes ; la plupart des auteurs ran- gent Jés Euphées parmi les Isopodes , mais M. Latreille dans son dernier ouvrage (famille du règne animal } les place dans la dernière famille des amplipodes; et nous céroyons'que désormais tous les naturalistes suivront son étemplé:/car l'animal quenous venons de faire connaître rémphela lacure qui existait auparavant dans cetie par tié dé’l4! chaîne des êtres’, et établit le passage entrerles aiiphipodes ‘uroptères ‘et les hétérops. Quoi qu'ilen soitl'ilest évident qué notre petit crustacé appartient à l'ordre dés amphipodes , et il nous parait qu’on devra modifier légèrement les caractères de la famille: des Uroptères de M. Latreille ; afin de Py faire entrer ; mais ilrmet peut être rapporté à aucun genre déjà! connu, à cause‘ de l'importance des caractères par lesquels il s'en . éloigne: Nousmous eroyons donc autorisés à le:proposer comme type/d'un genré nouveauauquel nous donnerons lérnom de Rroé:,-Rhwa , ét que nous-caractérisons de lamamière suivante: | TA Le! : ( 393 ) Genre Ruoëé, Rhæœa Nob. Clos ho }) xroy ea Quatre urtennes ‘dont le$” Supérieures Sont grosses ) bifides , et plus longues que les inférieilres, qua- torze pattes dont les deux prémièrés terminées par üne pinte'et les autres par un ongle créélui ? Te dlér- nier article de l'abdonien allongé et supportant dèux ae Gé terminés par si sh gs filamens. fqoi L'espèce que nous avons décrite a environ trois hgnos de long; sa couleur est blanchätre, ‘et elle paraît vivre à des profondeurs assez considérables dans la:mer,,icar c’est en dragant sur-un bane1d’huitres, près Port-Louis; que nous l’avous trouvée. Nous la dédionsà M: Tareïlle: Rhœa Latreillui. b sèmot 3: Le second crustacé dont nous signalerons icil’éxistence (pl:13, B), s'éloigne bien davantage de tous lesautres animaux du même ordre précédemment décrit 5 mais d’a- près les notes manuserites que M. .Latreiïlle |a eu la complaisance de me communiquer, il paraitrait:serrap- procher du Condylure de cet auteur. La forme générale de cet animal est très-remarquable, car son: extrémité antérieure est grosse et arrondie , tandis. que Je, thorax et l'abdomen sont formés d’une longue chaîne d’anneaux très-petits. La tête paraît consister en un,seul,annéau convexe et allongé ; le thorax est au contraire divisé;en quatre segmens très-distincts dont le diamètre,décroit assez rapidement; l’abdomen présente dans toute, sa longueur à peu près la même grosseur ; et on y, compte six anneaux dont le dernier, supporte deux articles. çy ( 293 ) lindriques et allongés , terminés chacun par deux ap- pendices styloïdes. Les yeux (fig. 2) sont sessiles, circulaires et placés de chaque côté et supérieurement ; les antennes supérieures sont rudimentaires et ne paraissent formées que d’un article garni de quelques poils. Les antennes inférieures ‘ sont plus longues, on y distingue quatre articles dont le dernier est terminé par des poils. La bouche est re- couverte par les deux premières pattes qui sont très- développées , et s'appliquent contre la face imféricure deda tête: J’ni cru distinguer une paire de mâchoiresélar- gie et velue suivie de six appendices que l’on doit rap- porter aux trois paires de pieds màchoires des autres crustacés décapodes. La première très-petite-porte-unap- peñdice sétiforme. La seconde paire (fig. 3 )est allongée et formée de six articles dont le premier supporte un ap- pendiec-flabeliforme, et Le second est le plus long. Le dernier pied-màchoire (fig. 4) parait au premier abord terminéen pinee , mais en lexaminant de plus près, on voitqu'il n’en est pas ainsi ; les deux derniers articles sont àrpeuprès cylindriques et assez courts, tandis que celui quiles supporte présente en dedans un prolongement quirs’avance presque aussi loin que ceux dont nous ve- nôns' deparler; enfin, au lieu d’un filament gréle'et allongé inséré à la base de ce pied mâchoire comme au précédent; on y remarque un appendice multiarticulé assez gros et garni de poils. 1Commenous Pavons déjà dit, la première paire de pates (Hig215 Y'est très-allongée, et recouvre toute la bouche de même que le dernier pied mâchoire et ils sont bifides dépuis leur base, L'appeñdice interne ost droit ; presque ( 294 ) aussi long que l'externe ; et formé de six: articles; l'ex- terne est un peu courbe et s'applique contre la face in- férieure de la tête dans toute sa longueur, on y distingue cinq articles dont les deux premiers :sont arès-dévelop- pés ; enfin son extrémité est garnie de- quelques poils. Cette première paire de pattes ; ainsi: que dla :suivante , est suspendué au premier, anneau thoracique, tandis que les trois dernières paires correspondent chacune. à un segment distinet; elles sont toutes dirigées en avant et garnies de poils à leur extrémité, mais ellesine sont pas bifides comme la première, et leur longueur décroît successivement (fig. 6 et 7). L'analogie qui existe entre le petit crustacérque nous venons de décrire ét le Condylure de, M, Latreillej est assez grand pour ne laisser aucune incertitude relative- ment à la famille dans laquelle on devra le faire entrer ; mais il présente des particularités d'organisation. d'une importance telle, qu'on ne peut le rapporter à aucun des genres déjà établis. Il faut donc nécessairement ile prendre pour type d’un genre nouveau que nous carac- tériserons de la manière suivante , etque nous appèlerons Cume, Cuma. Genre Cume, Cuma Nob. (PL 15, B:) L 858 Tête distincte du corps et très-grande, deux yeux sessiles ; antennes supérieures rudimeéntaïres ; an- tennes inférieures courtes ; thorax compose de quatre Ssesnmens., cinq paires de pattes natalotres ; abdomen compose de six anneaux, et termine par deuÆ si) peridices portant chacun deux styles. EPP (299 ) L'espèce que nous avons) fait. connaitre, et que nons dédions à notre ami Victor Audouin ; Cuma,Audouinii, W’anguère, que wois à quatre Hignes. de long: Sa.couleur cest d'im-blancijaunatre:-Nous. l'avons trouvé près du Eroisiesisutedes rochers qui nessont à découvert que lors -des-grandes marées. : DU autre petit crustacé que-mous avons trouvé sur la mèmiercôte que le] Cuma Audouini., x quelque analogie avec li, en ce que sonutlroraxiest égalément divisé en un certainl-nombre dessègmens ; mais ;sa, forme générale s’en éloigne beaucoup; et rappelle un peu. celle d'une Ligie, seulement il est moins aplati et plus allongé pos- térieurement (pl. 14). La tête n’est pas ‘très-distincte du thorax ;'antérieu- rement, elle est terminée-par un roste aigu qui est un peu!mobile et paraît formé de deux articles. Les yeux sont awnombre de deux ; assez petits et sessiles , les an- ténnes supérieures (fig. 2) sont très-longues, sétacées , ét formées d’un grand nombre d'articles ; les inférieures (fig.:3)sontbifides ;:et.garmies de poils à leur extrémité ‘quiest plate et élargie; «elles sont dirigées en bas, et paraissent remplir l’oflice de pattes natatoires ou de pieds mâchoires. Le thorax , ainsi que nous l’avons déjà dit, est formé de six anneaux dont les deux antérieurs sont les plus larges, et les autres diminuent progressivement de grandeur. Les cinq derniers supportent autant de paires de pattes qui sont bifides , ciliées, dirigées en ar- rière et propre seulement à la natation; le second seg- ment thoracique qui supporte la première paire de pattes (fig. 8), soutient aussi une paire d’appendices très-lar- ges, bifides , et garnis d’un grand nombre de longs poils rameux (fig. 7) ; ces derniers appendices que l’on doit ( 296 ) considérer comme des pieds-mâchoires externes, sont di- rigés en ayant el cachent complètement la bouche , ainsi que les autres pieds-mächoires; ceux-ci au nombre. de deux paires diffèrent beaucoup, par leur: forme ; la pre- mière, c’est-à-dire celle qui recouvre les mandibules , est courte , large, garnie d’un,assez grand nombre depoils , et formée de quatre articles (fig. 5);;lalsuivante-est.au contraire grêle et allongée, (fig..6) : il;vient d’être.ques- tion de la troisième (fig: 7). DRE RAS L'abdomen est divisé en, deux segmens; le premier suppor te une paire de drap pattes, r'udimentaires ;.le second est. terminé par, deux, appendices, en, forme. ide spatule biarticulés et cïliés. Ce crustacé, comme on le voit, diflère. Ra ie ment du Cou Dluie. du Rhoë.et de: tous.les autres ani maux de Ja même classe déjà étudiés. Le nombre et:la disposition de ses pattes le rapprocheraït de certains dé: capodés macroures , tels que les Mysis,; mais il;.seu éloigne beaucoup par la structure de son, thorax, qui est assez semblable à celui des isopodes,et des. amphipodes;; enfin , la forme de son rostre.et de ses antennes rappelle ce que l’on voit dans quelques entomostracés.. il, nous parait donc que, pour le classer, il faudra créer ,un genre nouveau quiservira à établir, le passage entredes macroures schezipodes et les crustacés des ordres infé- rieurs. Nous donnerons à ce:genre le nom de, Ponrix,, Pontia, et nous lui assignerons les caractères suivans, Genre PonrTie, Pontia Nob. (PL 14.) Téte distincte du thorax , deux yeux sessiles , quatre antennes, dont les supérieures sétacées et multiarti- ( 297 ) culées, les inférieures pédiformes et ciliées ; thorax divisé en Six anneaux ; cinq paires de pattes bifides et rätatoires; abdomen formé de deux segmens et términe par deux appendices. [FCI 2 L'animal dont il a été question ici, ét quenous nom- merons Pontié de Savigny, Pontih Savignyi, est remar- quable’ par la beauté de-ses couleurs ; le dos ést d’un blanc argenté et nacré, entouré d’une bordure assez large d'un vert émeéraude, [nage sur le ventre ét se meut avec une vivacité extrême. Lergenré Nébalie, Nebalia (pl. 15), a déjà été décrit par plusieurs naturalistes, mais lorsque lon compare entre'elle les descriptions qu'ils en ont données , on est surpris d'y trouver les dissidences les plas grandes. En effet”, Motitagu n'indique que trois paires de pattes , tan- dis que Leach et la plupart des auteurs les plus récens en comptent cinq: Cé n’est donc qu'avec quelques hésita- tions que nous rapporterons à ce genre ce petit crustacé, que nous avons trouvé sur des rochers près de Concar- néau ; ét dont la forme générale rappelle les figures que ces naturalistes ont données de la Nébalié, La tête de cet animal n’est pas distincte du reste du corps, et toute l'extrémité céphalothoracique est re- couverte d’un têt qui descend sur les côtés, et qui, vu de profil ; ‘paraît de forme ovalaïre. L’extrémité antérieure de cétte Carapace recouvre la base d’un rostré pointu et recourbé en bas ( fig. 2), Au dessous de, ce prolonge- ment se remarquent deux yeux pédonculés assez gros et de couleur brune. Er les examinant au microscope, on voit qu ils sont formés d’une cornée transparente au (298 ) dessous de laquelle se trouve run grand nombre de petits cristallins logés dans une couche de matière colorante brunâtre ; disposition trèsanalogueà celle que M. Strans a signalée dans certains Entomostracés. Les #ntennés su- périeures (fig. 3) sont insérées au’ dessous des yeuxtet ônt une forme très-singulière ; les deux articles basilaires de ces appendices sont assez gros ét forment ensemble un angle à peu près droit ; le dernier supporte üne lame ova- laire ciliée , et un‘prolongement sétiforme multiarticulé dirigé én bas: Les antennes inférieures (fig. 4) sont for- mées de quatre artieles dont le dernier ésttrès-loông ,'sé- tiforme et multiarticulé. En arrière de ces antennes, dont la base est cachéesous le têt; se trouve trois paires d’ap- pendices qui entourent la bouche. À ceux-ci , suécèdént cinq paires de lames foliacées et ciliées ; qui sont'égale- ment cachées sous le têt, et qui, par leurs morivemens continuels pendant que l’animal est en repôs', paraissent devoir servir à la respiration. Enfin, en arrière de’cés pattes lamelleuses , se trouve quatre paires de pieds bi- fides , ciliés et propres à la natation. L'abdomen s’insère au dessous de l'extrémité posté- rieure du têt, et se compose de sept articles dont les pre- miers supportent deux petits filamens rudimeutaires qui représentent les fausses pattes abdominales ; enfin, le dernier article est terminé par deux styles allongés et garnis de longs poils. L'existence d’une série de pattes branchinlés . situées entre les appendices de la bouche et les pattes natatoires, est une disposition très-remarquable , elle n’a encore été signalée par aucun auteur, et semble conduire à ce que l'on ébséive dans Ales Branchipes: Cette analogie (299 ) existe mème dans la forme, de ces pattes lamelleuses , comme.on pourra facilement,s'en-convaincre eh com parant les planches qui-atcompagnent ce Mémoire avec celles. de, Muller... Il résulte; de cette organisation, que l'animal. dont il. est ici question ; me peut: être rangé parmi les .décapodes macroures,, ordre dans lequel tous les .naturalites ont, placés des Nébalies ; il diffère aussi de ces dernières par le nombre de, ses pattes natatoires. Nous ne croyons cependant.pas devoir l’en séparer jus- qu'à,ce qu'on ait mieux étudié ces crustacés. ,icar il nous paraît bien probable, .qu’on, trouvera dans la Nébalie d'Herbst,.etc., des pattes branchiales telles que, celles que nous avons décrites plus hant, et nous ne pensons pas. qu'une légère différence dans le nombre des pattes nâtatoires. et des articles de l'abdomen , suflise pour motiver. la création d’un genre nouveau. Si les natn- ralistes adoptent cette opinion , il faudra caractériser le genre Nébalie de la manière suivante. Genre Negazte, /Vebalia. PETER | (PL 154) FE Fttrémite céphalo- -thor ‘acique recouvert d'un tét corne, “1ernuné antérieu ‘ement par un rostre pointu ; ; deux yeux pédonculés ; ; quatre antennes ; cinq paires de paltes lamelleuses et branchiales cachées sous la partie inférieure du tét, et suivie d'un certain nombre & de} pattes natatoires bifides ; abdomen formé de cinq a Sepi articles, terminé par deux DRE" , ! , . / = L'espèce que nous avons étudiée et que nous dédierons UM Gcofroy Saint-Hilaire ; Nebalia Geoffroyi,, seva ( 300 }) facile à distinguer par le nombre de ses pattes natatoires, par celui des anneaux de l'abdomen , ainsi que’par la forme de ses antennes et des appendices terminaux de l abdomen. Nous avons trouvé la Nébalie de Géoffioy sur des ro- chers près de Concarneau en Bretagne , elle vit parmi les petits cailloux et les débris de coquillages ,.et nage sur le flanc. EXPLICATION DES PLANCHES. Planche xur: A. Fig. 1. Rhoé de Latreille vu de profil et grossi; il a environtrois lignes de long. t ñ Fig. 2. Portion antérieure du rostre très-grossie. a sin A LE Fig. 3. Autenne supérieure bifide. ti nan A . à «gi Fig. 4. Antenne inférieure simple. ibaoqqA,.tr «À «0 Fig. 5. Pieds-mâchoires les plus postérieurs. ni .p 198.5 Fig. 6. Première paire de pattes en pince. l'sl eérqs 3nos Fig. 7. Deuxième paire , terminée par un ongle daplialéer iq A .or 31 Fig. 8. Cinquième paire, munie d’un ougle gréle. ob s] Planche men B. Fig. r. Cume d’Audouin vu de profil. et grossi ; sa longueur natürelfe est de trois à quatre lignes. Fig. ». Rostre et partie antérieure grossis pour montrer plus clairement la forme et la disposition des antennes ; a les supérieures, et b les inférieures. Fig. 3. Deuxième pied-mâchoire très-grossi , et supportant un appen- dice inarticulé. Fig. 4. Troisième pied-mâchoire supportant un appendice articulé, Fig. 5. Première paire de pattes natatoires, munie d’un appendice articulé. Fig. 6. Troisième paire de pattes natatoires , dépourvue d’appendice. Fig. 7. Cinquième et dernière paire de pattes natatoires, assez scm- blable à celle qui précède. ( 3or ) Planche *xiv. Fig. 1. Pontie de Savigny grossi et vu de profil. a, rdétré mobile ét Biarticulé (G): Fig. à. Antenne supérieure. Fig,,3. Antenne inférieure, pedifonme: Fig. 4. Une des, pièces de la bouche, Fig. 5. Premier pied-m: âchoire. Fig.16! Second pied-mächoire. Fig. 7. Troisième pied-mächoire. Fig. 8. Première patte natatoire. Fig. 9. Une des autresipattesimatatoirese Li Planche x. Fig, 1: Nébalie de Geoffroy Saïnt-Hiläire, grossie et vue de profil. Fig. 2. Rostre et l’un des yeux très-grossis. Fig. 3. Antenne supérieure. Fig. 4. Antenne inférieure, Fig. 5, 6, 7. Appendices de la bouche. Fig. 8 et 9. Le premier et le deuxième appendices lamellenx , qui vien- nent après la bouche : il y en a cinq paires. Fig. 10. La première patte, qui se remarque ensuite. Fig. 11. La deuxième outtroisième (il én existe quatré paires ). Fig. 12 et 13. Appendices rudimentaires qu’on remarque aux anneaux de l’abdomen. Fig. 14. Un des deux appendices bifides qui terminent l'abdomen. (1).C’est par.erreur. que dans quelques planches le graveur a indiqué trois articles. ( 302 }) Norice sur quelques Mollusques nouveaux appar- tenant au genre Clécdore!, et établissement et monographie du sous-genré Créséis (r): (Lue à la Société d'Hist. nat. de Paris , séance du 23 févriér 1828.) 1 Par M. CRAN T SD NE UBEMN Officier au corps royal de la marine, Membre assoc: de l’Acad. royale de la Rochelle ; Corr. de la Soc. d’Hist. nat. de Paris , etc., etc. Il y a près de cinq années que mon ami 9 M. Quoyÿ ! me dit avoir fréquemment rencentré, lors de son pre- mier voyage autour du monde, des essaims nombreux de très-petits animaux testacés , s’agitant dans Ja mer avec une grande vivacité, mais que leur fragilité et les circonstances ne lui permirent pas de reconnaitre, Tout ce qu'il putajouter, c’est que ces animaux très-diaphanes. par eux-mêmes étaient renfermés dans des petits” Cor nets encore plus diaphanes, et qu'il penchait à érofte. que c’étaient des Ptéropodes. Peu de temps après, je partis de France me dirigeant vers les mers de Mada- gascar ; chaque fois que le calme nous arrétait au milieu (1) Ce Mémoire est extrait des Notes sur les Ptéropodes , que j'ai re- mises à M. le baron de Férussac-pour eonconrir à former un travail plus imporlant, pour lequel ce savant veut bien m’admettre comme collaborateur, et dont la publication n’a été retardée jusqu'ici que par celle de ma monographie des A plysiens. J’ai cru devoir m’empresser de faire connaître à la science ces petits Mollusques nouveaux, sachant par expérience qu’une prompte publication est le seul moyen de s'assurer FE priorité d’une découverte. RE ee ( 303 ) de l'Océan, je songeais aux petits cornets que m'avait indiqué. ce naturaliste, et je n'épargnais rien pour les trouveret. parvenir à éclaircir ses doutes ; je ne tardai pas à ètre/satisfait, car il s’en trouva plusieurs dans mon filet lorsque je le retirai de l’eau à l'heure du coucher du soleil ; cette circonstance fut pour moi un indice fa- vorable à l'opinion de M. Quoy , car depuis long-temps déjà j'avais fait la remarque que les Mollusques de la classe des Ptéropodes , choisissaient de préférence l'in- stant du coucher de cet astre, pour venir à la surface de la mer chercher leur nourriture , et peut-être respirer l'air libre. Mais je ne. fus pas plus heureux dans cette première rencontre que ne l'avait été ce voyageur, et cela sans doute par les mêmes motifs; la nuit mem pècha de les étudier, et le lendemain matin, je ne trouvai plus que les coquilles dans le vase où j'avais espéré conser- ver vivans ces petits animaux qui s'étaient au contraire promptement décomposés. Cependant une occasion. FA favorable se présenta bientôt et me tira d’embarras ; j’é- tais dans le voisinage des îles du cap Verd,la mer se mon- tra tout à coup couverte d’une grande quantité de ces fu- cus natans, source inépuisable de découvertes pour ceux qui ont la patience de les examiner feuille par feuille ; les premières masses que je parvins à ürer à bord, se montrèrent prodisieusement chargées de mes petits cor- neis qui s’en détachèrent d'eux-mêmes presque aussitôt. Ayant pu les examiner avec plus de facilité, je recon- nus que c'étaient de véritables Ptéropodes très-voisins des Cléodores ; ils me montraient effectivement, un! test extrêmement diaphane: et en forme de cornet, Depuis cette seconde rencontre, je n’ai cessé d’en ( 504 ) voir jusqu'à mon arrivée à-Madagascar ; et je püis aflir- mer que pendant les temps calmes , la mer de la Zône torride , et une grande partie de celles des Zônes tem- pérées en sont coûvertes ; mais que leur petitesse et leur transparence ne permettent pas de les apercevoir, à moins que l'œil ne soit très-près de la surface de l’eau. L’attention que j’ai mis à les étudier m'a donné lieu, si non d'approfondir leur organisation interne, du moins de m'assurer de leurs principaux caractères , et de dis- tinguer un certain nombre d'espèces, variées dans leurs couleurs comme dans la forme de leurs coquilles. Le but de cette notice étant simplement de faire con- naître ces petits animaux el ceux déjà décrits qui s’y rapportent, ainsi que de justifier leur réunion en sous- genre; je vais d'abord établir, tels que je les adopte au- jourd’hui , les caractères du genre Cléodore auquel îls appartiennent, me bornani ensuite à donner la descrip- tion des espèces qui doivent entrer dans cette division secondaire. Genre CLÉODORE , Cleodora Péron: : Animal de forme oblongue on allongée, muni de deux nageoires et d’un lobe intermédiaire , mais n’offrant jamais d’expansions latérales (1) ; le manteau ouvert en avant; les branchies et les organes de la généra- tion incomplètement connus. Coquille fragile ; vitrée , en forme de gaine ou de cornet (1) Je nomme expansions latérales celles qui, dans les Hyales scule- ment , s’échappent de chaque côté , et en arrière, par les fentes de la coquille. ( 305 ) plus ou moins aiguë postérieurement, à ouverture très-large presque toujours sans fentes et sans appen- dices latéraux. J 1 Premier sous-genre , CLEODORES PROPREMENT pires N. G: Créopore Péron, Cuvier, Lamarck, Latreille, Férussac, Ocken, Blainville. Animal de forme oblongue, ayant le manteau très- dilate de chaque côte. Coquille pyramidale, anguleuse, très-dilatée anté- rieurement , à ouverture très-grande , canaliculée de chaque côté et rarement fendue. Deuxième sous-genre , les Cnésris, Creseis N. Animal plus efilé que celui des Cléodores proprement dites ; le manteau ne se dilatant point latéralement, Coquille très-effilée, extrémement mince , fragile et diaphane, en forme de cornet droit ou recourbé, à ouverture presque toujours aussi large qu’elle et gé- néralement sans canal; point d'appendices latéraux. Description. Les Créseis sont des mollusques telle- ment petits et fragiles qu’il n’en est arrivé qu'avec peine dans notre collection quelques-unes à peu près com- plètes. Ces animaux , comme tous ceux de la famille des Hyales de M. de Férussac, n’ont point de tête distincte, et leur bouche est située dans un enfoncement formé par les bases réunies de trois lobes. De ces trois lobes, tous destinés à la locomotion, deux sont situés latérale- ment, ce sont les plus grands, ils sont parfaitement XIII. 25 ( 306 ) semblables et symétriques, et de forme plus ou moins lancéolée ; ils se dirigent un peu en avant, et par leur agitation simultanée, mettent l’animal en mouvement. Le troisième que je nomme lobe intermédiaire parce qu'il est situé entre les deux premiers et au côté ventral du mollusque, est beaucoup plus petit et de forme demi- circulaire. IL s’agite également pendant le mouvement qu’il contribue sans doute à accélérer et peut-être même qu'il dirige. Tous ces. organes composent la partie antérieure des Créseis , celle quise porte en dehors du test ; elle s’unit à la partie postérieure par un léger étranglement que l’on peut considérer comme étant le tronc. Cette partie pos- térieure, entièrement renfermée dans la coquille, est enveloppée, outre cette pièce importante, d’un manteau très-serré, et qui m'a semblé ouvert en avant comme dans les Cléodores proprement dites ; mais ce qui m'a paru établir quelque différence entre les Créseis et le premier sous-genre , c’est que dans les uns Je manteau est simple et sans dilatation, tandis que dans Jes autres, il se dilate considérablement , et se porte assez loin dans la coquille sur les côtés et en avant; du reste , cette or- ganisation chez les Créseis est une bien faible modifica- tion de ce qu’on voit chez les Hyales et les Cléodores. Quant à l’organisation interne, je ne puis entrer dans aucun détail à son sujet, la petitesse de ces animaux ne donnant pas assez de prise à l'observation , cependant le peu que j'ai pu obtenir m'a appris qu'elle ne différait point de celle des Cléodores proprement dites. L’oœso- phage et la masse des viscères m'ont paru disposés de la même manière, les ovaires se sont montrés comme ( 307 ) dans les Cléodores, composés de rondelles empilées les unes sur les autres, enfin, j'ai pu distinguer le cœur situé à la partie postérieure tout près de la base des ovaires , ainsi que le long muscle rétracteur qui se fixe par une de ses extrémités au fond de la coquille, et qui fournit par l'autre des faisceaux aux parties antérieures. Quant aux branchies, il m’a été impossible de les re- connaître. D’après cela , on peut conjecturer que ces petits ani- maux ne diflèrent point par leur organisation interne des Cléodores de Péron , aussi je n’en aurais pas fait un sous-genre à part, si la forme allongée de la coquille constamment dépourvue d’appendices latéraux et pres- que toujours de canal à chaque côté de l’ouverture, et si le manteau moins dilaté latéralement n’offraient un ca- ractère constant et facile pour leur séparation des Cléo- dores proprement dites. La coquille des Créseis est vitrée, incolore, extrème- ment mince et fragile. Sa forme est toujours celle d’un cornet , mais tantôt ce cornet est droit et tantôt recourbé près de sa pointe postérieure. Assez généralement , cette coquille est conique, cependant quelques espèces fossiles que nous en rapprochons se montrent renflées dans leur milieu. T’ouverture est terminale, toujours à bords simples, oblique dans quelques espèces et horizontale dans d’autres. L’extrémité postérieure presque toujours pointue ne montre aucune ouverture (1). (1) Je ne connais pas de Ptéropodes portant une ouverture à Pextré- mité postérieure , et c’est sans doute par erreur que M. de Blainville en a décrit une dans les coquilles d'Hyales; car celle qui s'y montre ( 308) Les mœurs des Créseis sont les mêmes que celles des autres mollusques de la même famille. Lorsqu’elles se meuvent, c’est comme je l’ai déjà dit avec une grande vivacité et comme par sautillement , maïs sans acquérir une grande vitesse. Alors leur corps, entraîné par la pe- santeur de la coquille qui le renferme, se tient dans une direction un peu oblique. Ces animaux ont la faculté de se fixer aux corps flottans par un moyen qui n’appar- tient, je crois, qu'aux Ptéropodes, c’est à l’aide de leurs nageoires , non en les appliquant sur les corps et fai- sant le vide, mais en serrant fortement entre elles l’ob- jet auquel ils veulent se fixer ; c’est ainsi que je les ai vus saisir les feuilles du fucus natans. Lorsque les Créseis sont inquiétées par l’approche de quelque objet, elles rentrent spontanément leurs nageoïirs, et abandonnées à leur poids, descendent vers le fond. Parmi les espèces qui me sont propres et auxquelles J'ai ajouté celles trouvées par MM. Quoy et Gaimard dans leurs deux voyages autour du monde, j'introduis par analogie la coquille fossile de Daudin connue sous le nom de Vaginelle, et qui semble par sa forme faire le passage du premier au second sous-genre. Je rapporte encore aux Créseis, le genre Gadus de Montagu, égale- ment fossile , et qui vient d’être reconnu à l’état vivant. M. de Férussac, le premier, a eu l’idée de le rapporter aux Ptéropodes. Je ferai voir qu’en effet cette petite coquille paraît se rapprocher davantage des Créseis que des Dentales avec lesquels on l'avait jusqu'ici con- fondue. quelquefois est produite par la brisure accidentelle de cctte partie fra- gile. ( 309 ) ESPÈCES. 1. Creseis vaginella. (PL. 18, fig. 2.) Genre VAciNEzLzE Daudin. Cleodora strangulata Deshayes, Dict. class. d’Hist. nat. Animal ? Coquille en forme de gaîne , un peu déprimée, pointue en arrière, élargie en avant; ouverture anguleuse, un peu cañaliculée de chaque côté. Se trouve fossile aux environs de Bordeaux. Longueur 0,004. Cette espèce que certaine analogie de forme me fait pencher à introduire plutôt dans les Créseis que dans les Cléodores proprement dites, semble cependant lier les unes aux autres à cause de l’angle qui se remarque de chaque côté de l'ouverture. C’est une coquille fort commune. 2. C. gadus. (PL. :8, fig. 3-6.) Dentalium gadus Montagu, Z'est. Brit. Dentalium coarctatum Lamarck. Animal ? Coquille lisse, en forme de cornet pointu et recourbé postérieurement, renflée vers le milieu; ouverture assez petite, ronde , oblique et à bords simples. Habite ?..…... et fossile d'Italie , des environs de Paris et de ceux de Bordeaux. Ayant remarqué une grande analogie entre le Den- talium gadus vivant et fossile, et nos Créseis , j'ai dù jes réunir. Peut-être ne l’aurais-je pas fait, si je n'avais. ( 310 ) connu ces coquilles qu'à l’état fossile, mais M. de Fé- russac m'a montré les mêmes coquilles à l’état vivant, et j'ai été frappé, comme il l'avait déjà été lui-même, des rapports qui existent entre elles et toutes celles de la famille des Hyales. En effet, nous voyons dans leurs caractères une partie, ou au moins une modification de ceux qui appartien- nent aux Hyales et aux Cléodores. La forme recourbée répond à celle qui existe dans le plus grand nombre des espèces de ces genres; le renflement du milieu est le même que celui qui se fait remarquer dans les Hyales et une partie des Cléodores ; enfin un autre caractère établit encore un rapprochement plus sensible, c’est l'obliquité de l'ouverture qui se trouve également dans les deux genres que nous venons de citer, et qui pro- vient toujours de ce que la face dorsale, c’est-à-dire celle du côté concave est toujours plus longue que la face ventrale. Si l’on place un individu vivant du Dentalium coarctatum à côté de l’Hyalea inflexa, les rapprochemens que nous venons d’indiquer se mon- treront d’une manière plus sensible , car la première de ces coquilles, si on en excepte sa longueur et l'absence des deux petites fentes latérales qui sont dans les Hyales à côté de l’ouverture, est semblable à la seconde. La seule objection que l’on puisse faire, c'est que la coquille de Montagu est percée aux deux bouts. Je crois que l’ouverture postérieure se trouve dans le mème cas que celle que l’on trouve quelquefois à la même partie chez les Hyales, c’est-à-dire qu’elle est le résultat d’une brisure accidentelle de cette pointe si fragile. Ce qui me porte à le croire, c’est que je n'ai jamais vu les bords de ( 323 ) cette ouverture bien nets et unis, et que dans plusieurs in- dividus de même taille, je l'ai souvent trouvé de différen- tes dimensions. Enfin sur ces coquilles vivantes , comme sur celles qui sont fossiles , je n’ai jamais pu reconnaître suffisamment le caractère indiqué par M. Deshayes, qui consiste en deux fentes à cette extrémité postérieure. J'ai cependant examiné un grand nombre d'individus parmi lesquels plusieurs , tels que ceux à l’état vivant qui m'ont été donnés par M. de Férussac, étaient, sinon parfaitement entier, du moins assez bien conservés dans leur extrémité postérieure, pour permettre de s'assurer qu'il n’y existait point de fentes. Une des variétés que j'avais sous les yeux, celle des environs de Paris, m'a cependant donné lieu de croire an instant que j’en apércevais , mais je me suis bientôt convaincu que ce que je prenais pour ces caractères provenait de la ma- nière dont cette variété se brise à son extrémité, car j'ai facilement distingué sur quelques individus jusqu’à quatre et cinq fentes , tandis que d’autres ne m'en of- fraient pas du tout , ou seulementune. Jai cru m'en con- vaincre encore davantage en cassant moi-même cette extrémité et produisant involontairement de nouvelles fentes. Du reste, je n’ai fait cette remarque que sur des individus de la variété de Paris, et il me semble recon- naître dans la fig. 18 de la planche xvri1 de M. Deshayes (Mém. de la Soc. d’'Hist. nat.) où il a cherché à repro- duire ce caractère, précisément la même variété. Au surplus, je ne présente point ces observations comme concluantes , loin de là, je ne les rapporte que pour attirer de nouveau , sur ces petites coquilles , l'attention des naturalistes qui les ont déjà étudiées, et de ceux. ( 312 ) qui en possèdent peut-être dans leur collection de plus intactes que celles qui ont servi à mes recherches. Mal- heureusement, on ne connaît pas l'animal qui les forme, mais il ne peut échapper long-temps aux recherches des naturalistes voyageurs, puisque l’on sait déjà qu'il existe. Si seulement on connaissait son habitation, on pourait en tirer quelque conséquence, car les Créseis sont toutes trop fragiles pour habiter le voisinage des terres, et c'est au milieu de l'Océan qu’il faut les chercher, tandis que les Dentales au contraire habitent les rivages. La coquille de la Créseis gadus est assez épaisse, comparativement aux autres espèces, blanche, translu- cide, unie et luisante ; elle est solide, et sa surface ne moutre point de lignes d’accroissement. Elle est cylin- dracée , toujours recourbée dans sa moitié postérieure, et renflée un peu en avant de son milieu. Sa partie pos- térieure est pointue, et l’amtérieure ouverte et tron- quée. L'ouverture est ronde et oblique, ses bords sont simples. Je crois pouvoir indiquer quatre variétés, dont une seule, ia première , est vivante. Première variété (fig. 3). — Elle est assez renflée en avant de son milieu. Sa pointe est courte et peu éfilée , son ouverture est assez grande et peu oblique. Lon- gueur, 0,009. Habite vivante? Deuxième variété (fig. 4).— Celle-ci a sa pointe plus grêle, plus éfilée et plus recourbée ; elle est moins renflée dans son milieu , son ouverture assez oblique est petite. Longueur, 0,009. Fossile des environs de Bordeaux. (918 Troisième variété (fig. 5). — Elle est très-grèle et assez recourbée ; son ouverture est moins oblique. Lon- gueur, 0,008. Fossile des environs de Paris. Quatrième variété (fig. 6). — Elle se rapproche da- vantage par sa forme de la variété vivante, maïs elle s’en distingue très - bien parce qu’elle est beaucoup plus grande , sa surface se montre assez souvent divisée par des zônes obscurément apparentes. Longueur , 0,013. Fossile d'Italie. 3. C. spinifera N. (PL 13, fig: 1.) Animal, blanc, diaphane ; les nageoires petites et en forme d’ailes d'oiseau ; les viscères très-apparens, oc- cupant une grande partie de la longueur de la co- quille et de couleur jaune et brune. Coquille, incolore, cristalline , droite , en forme de cor- net pointu et à surface unie, munie à la partie dor- sale d’un canal longitudinal un peu oblique se pro- longeant en pointe au delà de l'ouverture de la co- quille. Longueur 0,007. Le joli petit mollusque qui forme cette espece ne porte d’autres caractères spécifiques que ceux qui ré- sultent de la forme de ses nageoires et de la couleur de : ses viscères , mais sa coquille le distingue surtout par un caractère qui semble le rapprocher des Cléodores proprement dites; c’est que sa surface est munie dans toute sa longueur, mais dans une direction oblique, d’un canal extérieur qui se prolongeant au delà de l’ou- verture , y forme du côté dorsal une pointe assez longue. Le bord de cetie ouverture est d’une grande fragilité , ce qui contribue beaucoup à la formation de cette pointe qui par sa solidité se maintient toujours davantage. (314) Habite l'Océan où je lai recueillie depuis 30° N. jusqu’à 26° $. et la mer des Indes. J'ai remarqué dans la mer des Antilles qu’elle prenait quelquefois une forme irrégulièrement courbée vers son milieu. La Créseis spinifera est \a plus commune à la surface des eaux. 4. C: subula Quoy et Gaimard. (PI. 18 , fig. 1.) Ann. Sc. nat, mars 1825, tome x, p. 233 ,pl.8, D ,f. 2-3 Animal portant les nageoires teintes d’une légère cou- leur rose , de forme oblongue et un peu ondulées sur les bords ; les viscères se montrent comme des filamens différemment contournés, et de couleur rose ou rouge. Coquille , très-déliée, légèrement renflée à son ouver- ture qui présente une pointe d’un côté et une échan- crure de l’autre. Longueur o,orr. Cette curieuse espèce faisait partie des jolis dessins que MM. Quoy et Gaimard ont envoyés à l’Académie des Sciences à leur arrivée au port Jackson , et qui ont été insérés dans les Annales des Sciences naturelles, elle est très-voisine de notre Créseis spinifera , si même ce n’est pas elle ; le renflement de Ja coquille, vers la partie supérieure, semble seul l’en distinguer, car l’é- chancrure peut bien n'être qu'un accident. L’animal qui la forme est de couleur rose d’après les dessins de ces naturalistes, mais j’observerai à ce sujet que j'ai toujours vu ces petits animaux de même que les Cléo- dores proprement dites, prendre une teinte rosée lors- qu’ils commençaient à se décomposer, et il serait pos- sible que la Créseis subula füt dans ce cas lorsqu'ils en: prirent un dessin. ( 315) Ces naturalistes ont représentés le lobe intermédiaire que nous avons signalé comme appartenant à tous les Piéropodes de la famille des Hyales de M. de Fé- russac. La coquille de cette espèce n’est pas moins fragile et transparente que celle des autres, il serait à désirer que l'on fit connaître si elle ne porte pas comme l'indique la pointe de l'ouverture un canal longitudinal semblable à celui que nous avons décrit dans l’espèce précé- dente. Habite les eaux de Ténériffe, 5. C. striata N. (PL. 17, fig. 3.) nima anc-bleuûtre, diaphane ; les nageoires assez A 1 bl bl x P F g grandes; la masse principale des viscères située aux eux tiers de la longueur de la coquille et ressemblan deux tiers de la long de Ile et blant à une tache brune. Coquille plus courte et plus grosse que la précédente, incolore et extrêmement fragile ; à ouverture large et oblongue ; son sommet est toujours recourbé et sa surface est régulièrement striée en travers. Longueur 0,006 à 0,007. L'animal de la €. striata est d’un blane un peu bleuàtre, et ses nageoires sont assez longues et un peu anguleuses. Les viscères qui, dans ces petits animaux sont toujours par leur position et leur coloration d’ex- cellens caractères spécifiques , sont situés à un tiers de la coquille à partir du soramet , et se montrent de cou- leur brune à travers sa transparence. Le test extrèmement mince , est d'autant plus fragile, qu'il est plus ouvert et plus large, et moins éffilé que dans les espèces précé- ( 3x6 ) dentes. Sa forme est celle d’un cône recourbé dont la base , qui est l'ouverture , est oblongue. Il se distingue parfaitement des autrés par les stries nombreuses et ré- gulières dont il est annelé, et qui indiquent ses accrois- semens successifs, et par la forme de son ouverture qui est horizontale et oblongue dans le sens transversal. Cette espèce si fragile et si élégante , est après la Cré- seis spinifera, la plus abondante que nous connaissions. Un fait assez remarquable, c'est que j’ai souvent ren- contré des individus dont la coquille se trouvait doublée par une seconde coquille semblable qui avait perdu son habitant. Par ce moyen, ces individus qui ne semblaient pas plus gènés de cette double charge se trouvaient plus en sureté. Habite l'Océan atlantique et la mer des Indes. 6. C. virgula N. (PI. 17, fig. 2.) _ Animal légèrement rosé, diaphane; les nageoires pres- que aussi longues que la moitié de la coquille. La wasse des viscères semblable à un poiut verdàtre, à un tiers du sommet. Coquille , incolore, un peu moins transparente , unie, recourbée aux deux tiers de sa longueur ; l'ouverture horizontale, petite et ronde ; l'extrémité postérieure colorée de pourpre dans les individus frais, et très- aiguë. Longueur 0,007. La courbure de cette coquille et de la précédente rap- pelle encore un caractère des Hyales. Les nagéoires de la C. wirgula sont petites et ovales ; sa coquille est très- remarquable par sa forme unie, sa courbure, la ron- deur de son ouverture, et la coloration que l’on re- ( 317 ) marque presque toujours à son extrémité postérieure dans les individus adultes. Habite l'Océan atlantique et les Antilles où elle se trouve souvent sur les fucus natans avec la C. spi- n ifera k 7. C. obtusa Quoy et Gaimard. ( PI. 17, fig. 4.) Voyage de l'Uranie, Zool., p. 415, pl. 66, f. 5. Animal blanc, diaphane; les nageoires oblongues. Coquille assez large, cylindrique, est obtuse à son som- met. Longueur 0,005. Cette espèce que j'emprunte à MM. Quoy et Gai- mard, est la première connue du sous-genre Créseis ; c'est elle qui m'a conduit à découvrir les autres et à établir leur séparation des Cléodores. Quoique la des- cription ne soit pas assez complète, et que le dessin pa- raisse sous quelques points manquer d’exactitude , elle est toujours facile à reconnaître à cause de la forme de son test. Habite? 8. C. clava N. (PI. 19, fig. 5.) Animal blanc, diaphane, très-allongé ; les viscères d’un beau vert et à peu près à la moitié de la longueur de la coquille , les nageoires petites. Coquille peu transparente hors de l’eau, fort allongée > quelquefois irrégulièrement flexueuse » aiguë posté- térieurement, à ouverture petite et ronde , et à sur- face unie. Longueur 0,022. Cette curieuse espèce, non moins fragile que les au- (318) tres, se remarque par sa forme grèle et allongée. Ses nageoires sont petites ei fort’ étroites, ses viscères sont de couleur verte, et ressemblent à un point au milieu de la blancheur de la coquille. Celle-ci n’est jamais par- faitement droite. Habite le banc des aiguilles qui, vu la grande quan- tité avec laquelle ces animaux, assez faciles à distinguer, se présentent à la surface de la mer , en a peut-être tiré son nom. 9. C. acicula N. (PI. 15, fig. 6.) Animal blanc, transparent, très-grèle et allongé; les nageoires petites et oblongues; la masse des viscères à peine apparente. Coquille plus transparente en forme d'aiguille, plus grêle à proportion que la précédente , toujours flexueuse , à ouverture très-petite , à surface unie, Longueur 0,012. Je ne pense pas que cette espèce soit un jeune indi- vidu de la précédente, elle en serait plutôt une va- riété. Habite l'Océan et la mer des Indes. Troisième sous-genre, les Triprers Quoy et Gaim. Voyage de l’'Uranie, Zool., p. 416, pl. 66, f.6. Animal oblong, charnu , contractile , muni de deux petites nageoires latérales et surmontées d’un voile membraneux de méme forme et de méme grandeur qu’elles ; point d'apparence de tête ni d'yeux. a (319) Coquille diaphane ; vitrée, en forme de gaïne cy lin- drique, arrondie postérieurement, à ouverture circu- laire horizontale et dentelée sur ses bords. MM. Quoy et Gaimard, après leur premier voyage autour du monde, ont établi le genre Tripter pour un mollusque dont ils n'avaient pas une connaissance assez complète ; j’en fais un sous-genre dans les Cléodores ne voulant point encore faire disparaître totalement une dis- tünction générique que ces naturalistes justifieront peut- être mieux à leur retour de leur second voyage ; cepen- dant je ne puis me défendre de faire remarquer com- bien le Tripter a d’analogie avec les Créseis, car je considère le voile membraneux que ces naturalistes dé- crivent comme étant la mème chose que ce que je nom- me lobe intermédiaire dans la famille des Hyales. Si, en effet, il en était ainsi, les caractères génériques des Tripters tomberaient entièrement. Si j'avais réuni, comme je l’ai voulu d’abord, les Créseis avec les Tripters , il m’eut été impossible de con- server la dénomination générique imposée par ces esti- mables voyageurs , parce qu'elle reposait sur un carac- tère inexact. Norice sur deux Cryptogames peu connues et nouvelles pour la Flore française ; Par M. Lron Durour, D.-M. Il est peut-être plus important pour l'histoire natu- relle de fixer avec exactitude les caractères d'espèces ( 320 ) imparfaitement connues et sur lesquelles on ne possède que des données incomplètes , que de surcharger la no- menclature par des descriptions de nouvelles espèces. La cryptogamie surtout présente beaucoup de ces espèces mal caractérisées et souvent mal figurées , qui ne lais- sent que des doutes dans l’esprit de ceux qui les étudient, et qui exigent une nouyelle révision; c’est ce qui nous a engagé à faire mieux connaître les deux plantes sui- vantes. Hezorium aiusurum (pl. 10, fig. 2). Tode, Fung., mecklenb., 1, p. 23, t. 1v, fig. 36. Fugax niveum , pilei superficie et stipite hirsutis. Tode, /. c. Cette délicate et jolie espèce n’est point mentionnée dans la Flore française, et il ‘paraît que depuis Tode, qui la rencontra une seule fois , elle a éludé les recher- ches des mycologistes. Persoon qui , d’après Tode, l’a- vait admise dans son Synops. fung., pag. 679, ne s’est pas cru sans doute autorisé à la reproduire dans le pre- mier volume de sa Mycologia europæa, qui renferme le genre /elotium. Elle paraît avoir aussi été omise dans le Systema mycologicum de Fries. L’Helotium velu ressemble, au premier coup-d’œil, à un très-petit Agaric tout blanc. Son chapeau, d’un peu moins d’une ligne de diamètre, est convexe , hémi- sphérique dans les jeunes individus , hérissé en dehors d’un duvet blanc bien sensible à la loupe, plus abon- dant et moins raide que celui qu'a décrit et représenté Tode. Le dessous du chapeau est parfaitement giabre, — — ( 321 ) lisse et uni : le pédicule, qui s’allonge par les progrès de l’âge , est grèle et velu comme le dessus du chapeau. Tode paraît avoir étudié ce champignon lorsqu'il était déjà parvenu à son dernier degré de croissance. Voilà sans doute pourquoi le sien est représenté avec un plus long pédicelle, un chapeau moins convexe, et une vil- losité plus rare. Je joins au dessin qui accompagne mon texte la copie de la figure qu’en a donnée Tode , afin de compléter l’histoire de cette espèce. J'ai trouvé, en décembre 1822, l’hélotium velu sur des rameaux et des herbes pourris dans les lieux om- bragés des boïs près de Saint-Sever ( Landes). Plusieurs individus croissaient sur le même support, mais distincts les uns des autres. TriszipiruM HysTErINUM. (PJ. 10, fig. 3.) Hysterium elevatum. Pers. Myc. Eur. Tab. 1, fig. 4. . (Mala). Totum exsertum, nudum , Sparsum , prominens, ater- rimum , Crassum (majusculum) durum, lævigatum, oblongum, simplex, nec non bi vel trifidum ; mar- ginibus tumidis involutis, tandem transversim dif- fractorimosis ; disco planiusculo, rufescente, sub- tomentello. Hab. ad ramos dejectos in galliü australi.. En mai 1814 , je rencontrai abondamment cette cryp- togame sur des branches sèches de je ne sais quel arbuste au sommet du pie Saint-Loup, près Montpellier. H a quelque ressemblance, au premier aspect, avec le Z7yste- XIII, 21 (:3aa 3 rium pulicare Pers. , mais, outre qu'il est plus grand, plus saillant, plus opaque que ce dernier, il en diflère essentiellement en ce que dans les individus frais et hu- mectés , le disque est à découvert comme dans les Pé- zizes , et d’un fauve obscur avec une apparence tomen- teuse. Ces derniers traits le rapprochent de l’Æysterium elatinum , qui fait partie de la belle collection des Crypto- games des Vosges, publiée par MM. Mougeot et Nestler (Stirp. Crypt. Vog., fase. v, n° 474), et que M. Pérsoon regarde comme une variété de son Zriblidium crispum (Myc. eur., 1, p. 332) ; mais notre espèce en est parfai- tement distincte par sa saillie, sa dureté, sa surface lisse et un factes tout différent. Oss. Je ne saurais douter du synouime cité de Per- soon, quoique la description de cet auteur n’accompagne pas la figure inexacte qu’il en a donnée, parce que je lui ai communiqué dans le temps des échantillons de mor espèce. EXPLICATION DE LA PLANCHE 10. Fig. 2. a, Helotium hirsutum médiocrement grossi. b, un individu jeune vu par dessous et considérablement grossi ; e, un autre individu adulte fort grossi. Figure copiée dans l'ouvrage de Tode. Fig. 3. a, Triblidium histerinum de grandeur naturelle. b , un individu isolé et fort grossi, dont le peridium est contracté et fermé. c, un autre individu dont le disque est à découvert. (328 ) Oasenvarions sur la section des Tréfles nommee Lupalina par Linné, et sur une nouvelle espece de cette section ; Par M. Desvaux, Directeur du Jardin de botanique d'Angers, Dans les ouvrages sur les espèces de plantes qui lui étaient connues, le célèbre législateur de la botanique, Linné , établit daus le grand genre Trèfle, entre autres sections , un groupe qu'il nomma LururiNA, se compo- sant de sept espèces caractérisées par l’étendard de la corolle réfléchie, surtout après l’anthèse. Mais trois de ces espèces ne s’y trouvaient pas réunies d’une manière naturelle : ainsi le Zrifolium suffocatum , indiqué d’a- bord en Sicile , si commun en Anjou et observé dès 1763 par M. de la Richerie (1), est dans l’excelient ouvrage de M. de Candolle (Prodomus systematis , etc. ) restitué à une section nommée Trirozrasrrum, ainsi que le Z7ri- folium montanum , tandis quele Zrifolium biflorum est devenu le Stylosanthes elatior. Des espèces linnéennes , il ne reste donc dans le groupe Luruzina que les 7rifo- lium agrarium, spadiceum , procumbens , filiforme. Cette série réunie à quelques espèce, découvertes ou ob- servées depuis Linné, est si naturelle, que dans nos Observations sur les plantes des environs d'Angers (2), (r) IL a laissé un manuscrit sur'les plantes observées en Anjou, qui doit être regardé comme le premier ouvrage de ce genre sur cette ancienne province. (2) In-12. 1818. Paris, Dondey-Dupré , rue Saint-Louis , au Marais u° 46. (324) nous avions cru pouvoir l’élever au rang de genre sous le nom Chrysaspis, et il nous semblait aussi naturel que le genre Welilotus, extrait du genre Zrifolium par les botanisites modernes. M. Seringe, dans le Prodromus regni vegetabilis de M. de Candolle, a formé dans le genre Trèfle une dernière section, Cnronosemrum, des espèces naturelles du groupe LupuzinA de Linné, en lui assignant pour diagnose plusieurs des caractères que nous avions cru suflisans pour constituer un genre, et qui sont pétales toujours libres (x), persistans, scarieux ; étendard sou- vent réfléchi après l’anthèse et presque toujours strie (2) longitudinalement; gousses monospermes. Ce groupe nous semble être le seul qui puisse main- tenant être enlevé au genre Trèfle ou bien il faudra y replacer le Melilotus , dont le seul caractère naturel est d’avoir les fleurs en épis et la gousse hors du calice, et encore retrouve-t-on ce dernier caractère dans quelques Trèfles etentre autres dans le Zrifolium filiforme. La Synonimie rapportée par Linné pour les quatre »spèces naturelles de sa tribu Lupulina, n’est pas tou- jours exacte, et le meilleur éditeur du Species de Linné, M. Mouton-Fontenille, a bien vu que dans le 7rifolium agrarium il y avait des citations appartenant au Wedi- cago lupulina (Melilotus lupulina. Desv. Obs. et Flore d'Anjou ). Plusieurs espèces nouvelles de cette section , observées par les botanistes depuis quelques années, ont fait tellement embrouiller la Synonimie de toutes , que l’on en est venu à méconnaître les plantes que le (1) Daus beaucoup de Trèfles , ils sont réunis en tube , à la base. (2) Le Trifolium filiforme semble seul faire exception. do — (35 )) célèbre botaniste Suédois avait si bien connues et signa- lées ; et les noms qu’il avait imposés ont servi à indiquer des espèces qui lui furent inconnues, tandis que les plantes qu’il avait décrites ont reçu de nouveaux noms. Pour retrouver les véritables espèces linnéennes, surtout lorsqu'il s’agit de plantes de l'Europe , il y a trois moyens à employer : étudier les ouvrages de Linné qui doivent toujours servir de point de départ ; consul- ter, mais cependant avec quelque précaution , la collec- tion de plantes sèches qui servit de base à ses ouvrages, et enfin ne pas perdre de vue la tradition qui nous semble avoir presque toujours conservé aux plantes les véritables noms imposés par Lirné. Peut-être les der- niers écrivains, ayant traité du genre Trèfle, n'ont-ils pas assez tenu compte de ces moyens pour qu'il y eût une véritable concordance entre leurs travaux et ceux d’un botaniste qui fait une autorité des plus respec- tables. Il y a encore un moyen de retrouver très-souvent les espèces linnéennes. c’est d’en juger sur la vulgarité, si nous pouvons nous servir de cette expression. Toutes les fois qu'une plante est répandue , soyons assuré que c'est celle du célèbre botaniste Suédois, qui avait voyagé et herborisé en Hollande, en France, en Angleterre, plutôt que telle autre plante rare observée par un ou deux botanistes. Le Trifolium spadiceum de Linné , si commun et si connu il y a quelques années , s’est changé en Zrifolium badium et le T. spadiceum actuel, espèce rare et peu connue, est venu occuper sa place. Comme c'est une race un peu plus petite, il est possible, pour l'utilité de Pé- ( 326 ) iude , de lui faire prendre le rang d'espèce : elle nous semble être au Zrifolium spadiceum , ce que wuotre Trifolium prionanthum est au speciosum , et doit re- cevoir un nom particulier pour éviter maintenant toute confusion. Nous sentons, comme tout le monde, combien il faut ètre sobre en matière d'innovation ; cependant la bota- nique finirait par tomber dans l’anarchie s’il était permis de ne pas accorder son travail avec ceux qui nous ont précédé dans la même carrière, et les derniers venus usurperaient une apparence de supériorité qui ne serait que le fruit d’une ignorance condamnable. Il est bien certain que les premiers auteurs qui ont vu les deux plantes dont nous parlons ici, ont eu raison de les dis- ünguer, mais il fallait avant tout bien connaître l’espèce de Linné. Si l’on ne veut pas se donner la peine de partir du point où le plus célèbre de tous les réforma- teurs en botanique a laissé la science, doit-on s’attendre à voir embrasser ses propres décisions plutôt que celles qu'un nouveau réformateur voudra présenter? La science ne fera de progrès réels qu'en marchant éclairé par ceux qui nous ont précédés. Une difficulté, maintenant encore pour beaucoup de botanistes , est de distinguer quelles sont les plantes que Linné signala sous les noms de Zrifolium agrarium et de Trifolium procumbens , et ici encore des plantes nouvellement observées sont venues obscurcir la déter- mination de ces deux espèces si bien connues d’abord. En mettant de côté toute prévention , et comparant tout ce qu'a dit Linné de ces deux plantes, on voit que la première (77. agrarium) est celle que l’on a nommée ( 327 ) d'abord 7°. aureum et ensuite 7”: parisiense , habitant le plus habituellement les prairies , et qui est des mieux signalées dans les ouvrages de Linné. Le nom de TZrifolium agrarium , mis par le botaniste Suédois , en opposition avec celui de Zrifolium monta- num qui était placé auprès dans le Species plantarum. a été probablement la cause première des méprises suc- cessives sur celte plante, qui se trouve plus exclusive- ment dans les prairies où Linné lindique lui-mème, tandis que le nom d'agrarium la faisait chercher dans les champs, où se trouve en abondance l'espèce que Linné nomme procumbens , et qui pour un grand nombre d’auteurs fut l’agrarium , ou recut la nouvelle dénomination de campestre , de pseudo - procum- bens, etc. Ainsi, c’est à tort que dans notre Flore de l’Anjou , nous avons adopté le nom de campestre pour cette plante. Celle que nous avons dans ce même ouvrage, aïnsi que dans nos observations, désigné sous le nom de pro- cumbens, en est une variété remarquable et à feuilles très-arrondies. Quant à notre Chrysaspis campestre dentata (Obs. p. 164), ce n’est qu’un accident indivi- duel qui ne doit pas être plus énuméré que beaucoup de variations dont les auteurs , sous le nom de variété, tiennent compte mal à propos, par le peu d'importance qu'offrent ces modifications. * Une plante rare et peu connue , rapprochée par la grosseur de ses têtes de fleurs du 7rifolium spadiceum , ce qui lui en avait fait donner le nom par Thuillier, semblerait n'être qu'une grande race du 77rifolium pro- cumbens, si les proportions remarquables de ses stipules ( 328 ) très-allongées ne venaient offrir pour cette espèce un caractère très-prononcé. Le Trifolium filiforme , par ses nombreuses modifi- cations, a dù nécessairement faire jeter de l’obscurité sur sa détermination spécifique. Villars lui-même, cet excellent observateur, le confondit sous le nom de pro- cumbens , tandis que Thuillier en fit deux espèces sous les noms de filiforme pour les variétés à peu de fleurs, et de procumbens pour les variétés muluiflores : ce qui nous semble avoir été imité dans la Flore française, supplément, p. 563. Le caractère de cette espèce tient à la peutesse de ses fleurs pédicellées et surtout à son étendart qui ne nous a jamais semblé strié, contre le caractère ordinaire de toutes les espèces du groupe Lupulina , dont elle ne peut cependant pas être éloignée. Quant au caractère de la foliole irtermédiaire petiolulée, nous avons une va- riété que nous avons observée plusieurs fois, si bien ca- ractérisée dans le sens opposé, que nous aurions pu l’é- tablir comme espèce , en remarquant encore que la couleur de ses fleurs était d’un jaune que l’on ne voit point ordinairement dans ces plantes, cette couleur étant encore plus intense que dans le Zrifolium agrarium. Nous ne nous permetterons aucune observation sur les Zrifolium decipiens, Sebastiani, flavescens et nu- cranthum , qui doivent rester dans la section des Trefles qui nous occupe, parce qu’ils ne nous sont pas connus. Nous eussions pu faire sur les espèces dont nous al- lons donner le caractère diagnostique , un plus grand uombre d'observations, mais nous pensons que celles que nous présentons ici suflisent pour éclairer les points = EE ( 329 ) douteux : évitons les grandes et longues dissertations sur les objets d’une légère importance. TRIFOLIUM. Sec. VIT. LUPULINA ( Chrysaspis Desv. Chronosemium Ser.). Flores in capitulo (rard oblongo ) dispositi ; petala scariosa (sæpe flava) per- sisteutia ; vexillum striatum post arthesin reflexum , fuscum. 1. T, spanrceum L.Vill. nec Sturm nec Savi ; 7°. badium Schr. Savi, Dec., Seringe in Prod. Dec. 2. p. 205. Caulibus adscendentibus ; foliolis subsessilibus obo- vatis (obcordatisque) emarginatis denticulatis ; capi- tulis (magnis) subglobosis ; calycibus pilosis. z In locis montosis Europæ. 2. T. ziricrosum ; 77rif. spadiceum Sturm. Savi, Dec. Loisel. Sering. nec Linn. Caulibus suberectis subelatis ; foliolis petiolulatis ovato- elongatis denticulatis emarginatis; capitulis oblongis ( mediocribus) ; calycibus pilosis. % In pratis subal- pinis Europæ. 3. T. procumsens L. Ser. in Dec. Prod. nec Vill. nec Desv. Flor. Anj. 77rif. agrarium Vill. Thuil. 7°. campestre Sturm. Dec. F1. fran. 7. pseudo-procum- bens Gmel. Flor. Bad. Caulibus adscentibus ; foliolis intermediis petiolulatis ; stipulis brevibus ; capitulis subglobosis (pallidè flavis) multifloris. © Crescitin agris pratisque siccis. —— $ rotundifolium ; foliolis circinnatis. (. 330.) 4. T. ruscum ; 77. aureum Vi. nec Poll. 7. spadiceum Thuil. nec L. 7. agrarium Seringe in Dec. Prod. nec L. 7°. procumbens. 6 Lois. Flor. gall. p. 487. Caulibus adscendentibus firmis , apice ramosis ; foliolis sessilibus elongato-obovatis, dentatis ; stipulis folia- ceis acutis , petiolo longioribus; capitulis (magnis) multifloris subovatis. © In galliæ sylvis montosis. 5, T. Acrarium L. nec Sturm. nec Dec. nec Sering. T. aureum Pollich. FI. Pal. 2. p. 344. Thuil. 7°. parisiense Dec. FI. Franc. et Ser.in Dec.Prod. p.205. Caulibus procumbentibus; foliolis ovato-oblongis ar- gutè dentatis : intermedio petiolulato; capitulis (me- diocribus) subpaucifloris ; floribus (luteis) sublaxis.© In pratis Europæ. G. ‘FT. rizxrorme L. Zrif. procumbens Vill. FI. Dauph. DD 410 Caulibus diffusis, filiformibus procumbentibus ; foliolis obovatis denticulatis ; floribus subumbellutatis petio- lutatis ; vexillo sub-lævi. Oln agris pratisque Europæ. a. dubium. — Trif. minus Smith. 7°. dubium Abbot. Capitulis multifloris; vexillo subtriato; foliolo intermedio petiolulato. 6. commune. — Trif. filiforme L. auctorumque. Capitulis paucifloris ; vexillo non striato ; foliolis in- termediis petiolulatis. —— y. pilosum; capitulis paucifloris ; caulibus vil- losis. —— d. quadriflorum. —Trif. filiforme microphy llum + ( 204 ) Sering. Capitulis subquadrifloris; floribus pailidis ; vexillo non striato ; foliolis petiolulatis. —— :. procumbens ; capitulis subquadrifloris ; floribus lætè luteis; foliolis subsessilibus. 7. T. speciosum Willd. Sp. 3. p. 1382. nec Seringe. 7 P P 5 Caulibus adscendentibus ; foliolis obovatis subemargi- nats , obscurè denticulatis ; stipulis (magnis) striatis, petiolo subæquantibus ; floribus (maximis) capitulato- umbellulatis, pedunculatis; vexillo maximo , argutè denticuloso ; calyce glabro O? Crescit in Oriente, flores violacei ? 8. T. prioNANTHUM. Caulibus adscendentibus ; foliis elongato-ellipticis mu- cronalis , argutè dentatis; stipulis striatis petiolo lon- gioribus ; vexillo obscurè denticulato © ? Crescit in Oriente. Flores violacei. À præcedenti differt vexillis minoribus subintegris et folüis mucronatis dentatisque, staturà minori. 9: T. Gussonr , Tineo Plant. rar. Sic. 1. p. 17. Caule ramoso subpuberulo ; foliolis subellipticis denti- culatis, intermedio petiolulato, stipulis obtusiusculis mucronatis ciliatis; capitulis subovoideis, pedunculis pilosis ; floribus pedicellatis, vexillo serrulato ; legu- mine pedunculato monospermo ©. Crescit in Sicilia, flores violaceo-flavi (V. V.). Trif. speciosum, prionanthum, Gussoni sunt ne va- rielates unicæ speciei ? 10. T. comosum La Bill. Syr. Dec. 5. p. 15,1. 10. 7rif. speciosum Serivge in Dec. Prod. 2. p. 205 nee Willd. {492 |} Caulibus suberecus , basi glabris, apicè hirus; foliolis lineari-obovatis dentauis striatis ciliatisque, inter- mediis pedunculatis , stipulis petiolo sublongioribus ; capitulis subcylindraceis arctè imbricatis (badiis); vexillo subintegro ; floribus sessilibus % ? Crescit in Oriente. Nore sur le cri du Sphinx tête de mort; Par M. Passerinr. ( Extrait d’une Lettre de M. Duroncuez en date du 21 février 1828. } .… Réaumur ei Rossi attribuent l’espèce de eri plaintif que fait entendre le Sphinx Æiropos , surtout quand on le tourmente, au frottement de sa trompe entre ses palpes. Un observateur plus moderne (M. Lorey, ancien chirurgien-major des armées } en a donné une autre ex- plication. « Ce cri, dit-il, est occasioné par l'air qui « « s'échappe par la trachée qui existe aux deux côtés de la base de l’abdomen , et qui , dans l'état de repos, se trouve formée par un faisceau de poils très-fins , réu- nis par un ligament qui prend naissance sur les paroïs latérales et internes de la partie supérieure de l’abdo- men, lequel faisceau en se dilatant par la divergence des rayons dont il se compose , forme une sorte de pe- üt soleil ou d’astérisque fort joli. » Deux assertions si opposées ont déterminé M. le doc- teur Passerini , conservateur du Muséam d'Histoire na- turelle à Florence, à faire de nouvelles expériences , (333) dont il a bien voulu me faire connaître le résultat dans une lettre qu'il m’a écrite le 10 janvier dernier. Selon lui, le cri que fait entendre le Sphinx Ætropos sort de l’intérieur de sa tête, c’est-à-dire d’une cavité qui communique avec le faux conduit de la trompe, et à l'entrée de laquelle sont placés des muscles qui s’abais- sent et s'élèvent successivement , de manière que le pre- mier mouvement fait entrer l’air dans cette cavité, et l’autre l’en fait sortir. On peut mettre ces muscles à dé- couvert et en voir le jeu , en enlevant avec dextérité, au moyen d’un instrument tranchant, la partie cornée du sinciput dans un Sphinx vivant. M. Passerini a varié ses expériences à l'infini avant de découvrir que l’intérieur de la tête était le véritable siége de l’organe du cri dont il s’agit ; mais il suflit main- tenant de s’en tenir à celle que voici pour n'avoir plus le moindre doute à cet égard. Que l’on enlève d’abord l’abdomen en entier, cette ablation n’empèchera pas l’insecte de rendre son cri; ce qui prouve évidemment qu’il ne sort pas de cette partie du corps. Que l’on coupe ensuite la trompe jusqu’à sa racine, ce cri n’en continuera pas moins , seulement il sera un peu moins fort, tandis qu'il cessera entière- ment si l’on paralyse l’action des muscles dont nous avons parlé plus haut, soit en les excisant , soit en les traver- sant par une grosse épingle enfoncée verticalement dans la tête. Il résulte de là que Réaumur et Rossi s'étaient plus approchés de la vérité dans leur explication que M. Lorey dans la sienne. M. Passerini fait d’ailleurs observer que celle de ce dernier naturaliste pèche par la base; car (354 ) l'appareil auquel il attribue le cri du Sphinx Ætropos n'existe que chez le mäle , et cependant les deux sexes le font entendre également. D'un autre côté, cet appareil se remarque dans beaucoup d’autres Sphinx , et notam- ment dans les macroglosses , cependant aucun ne pro- duit ce cri, qui est particulier au Sphinx Ætropos, et qui est indépendant du bourdonnement qu’ils font tous en volant. Au reste, M. Passerini doit publier ces obser- vations avec des figures à l'appui. Nous ajouterons ici qu'ayant examiné l’intérieur de la tête du Sphinx Ætropos dans un individu mort , nous avons observé une chose dont il ne parle pas et qui nous paraît une partie essentielle de l'organe du cri que rend ce Sphinx, c’est une membrane tendue comme la peau d’un tambour, placée entre les deux yeux, à la base de la trompe, et qu’on ne peut apercevoir en dehors qu’a- près avoir enlevé les palpes. Toutefois, nous devons ajouter que cette membrane existe également chez le Sphinx convolvuli qui cependant ne crie point comme celui à tête de mort. Quoi qu'il en soit , le cri dont il s’agit partant de l’in- térieur de la tête, est un fait extrêmement curieux pour la physiologie des insectes. M. Passerini invite tous les naturalistes qui sont à portée d'observer le Sphinx Ætropos vivant, à vérifier ses expériences; et c'est dans l’intention de donner de la publicité à cette invitation , et en même temps d’assu- rer à M. Passerini la priorité de sa découverte , que j'ai l'honneur d'adresser cette Note à M. Duméril, pour qu'il vous ia transmette. ae (335) Nos sur la présence du Pecopteris reticulata dans des couches de formation contemporaine en An- gleterre eten Franee ; Par M. Avozrxe Broncnrarr. L'identité des mèmes espèces de végétaux fossiles dans les mèmes couches à d’assez grandes distances , est un fait important à bien prouver , non-seulement sous le point de vue des théories scientifiques , mais même par ses applications fréquentes à des recherches utiles. En effet, ces fossiles accompagnent dans beaucoup de cas des dépôts de combustible , dont l'importance pour l’in- dustrie varie suivant leur époque de formation ; car tout le monde sait que les lignites des terrains tertiaires ne peuvent pas être employés aux mêmes usages que la houille des terrains anciens. Mais entre ces deux ex- trèmes il existe des dépôts moins bien caractérisés, et qu'il est cependant important de ne pas confondre. La nature des végétaux peut dans la plupart des cas servir à les distinguer, ainsi que nous l’exposerons avec plus de développement dans un autre cas: cependant cette dis- tünction dépendant de l'identité des espèces propres aux mêmes formations dans des lieux assez éloignés , je crois devoir en citer un exemple remarquable. M. Mantell a découvert, parmi les plantes fossiles du grès de Tilgate, deux espèces de Fougères qu'il a dési- gnées sous le nom de //ymenopteris psilotoides ( Sphæ- nopteris mantelli Nob.) et de Pecopteris reticulata. Cette dernière ressemble, par la forme de ses pinnules , à plusieurs espèces des terrains anciens, dont elle diffère cependant par ses nervures réticulées. Il y a deux ans qu'en perçant un puits aux environs de Beauvais , à l’'O.-N.-O. de cette ville , on arriva à une couche argileuse placée au dessous de la craie; cette couche , colorée en noir par du charbon, renfermait des débris de végétaux , et particulièrement une espèce de ( 336 ) Fougèrè bien caractérisée. La position de la houille im- médiatement sous les couches inférieures de la craie dans le nord de la France, et l’aspect de cette Fougère, firent d’abord penser qu’on était peut-être arrivé à des couches dépendant de cette formation ; mais M. Graves, natura- liste distingué de Beauvais , ayant bien voulu m'adresser des échantillons de cette plante , il me fut facile d’y re- connaître le Pecopteris reticulata, espèce tout-à-fait étrangère aux dépôts de houïlle ancienne, et qui paraît au contraire caractériser les couches qui séparent le cal- caire du Jura de la craie inférieure, puisque dans le Sussex on l’a trouvé dans les grès de la forêt de Tilgate (Hasting's sand de Mantell, Zron sand d’autres auteurs), et qu’à plus de quarante lieues de distance, aux envi- rons de Beauvais, elle s’est rencontrée également dans des argiles qui séparent le calcaire jurassique de la craie inférieure. Il eût été bien intéressant pour la géologie de rechercher dans les couches qui renferment cette es- pèce de Fougère en France , les autres fossiles végétaux et animaux qui l’accompagnent à Tilgate; mais malheu- reusement les fouilles n’ont pas été continuées dans ce lieu. Je profiterai de cette circonstance pour attirer l’atten- tion des naturalistes sur les fossiles végétaux qui , pl. 14, fig. 4, par l’uniformité de la couleur générale de toutes ses parties. Le petit Scirque à raies dorées et queue bleue (1) (Scinous cyanurus) y est aussi abondant. Cette espèce diffère du Scincus vit- tatus figuré dans Séba sous le nom de Lacerta Ambot- nensis teniolis fimbriata (t. 2, pl. 9’, fig. 5 et 6). A peine les côtes de Bourou commencèrent à fuir der- rière notre corvelte, que celles d’Amboine furent décélées par le parfum des aromates qui la couvrent, et que nous apportaient des brises légères sous un soleil radieux. Nos excursions dans les bois d'Amboine me fournirent l’éccasion de voir voler ou plutôt sauter de branches en branches , en se soutenant légèrement ‘avec leurs flancs prolongés en ailes (2), les jolis Dragons volans (Draco viridis et D. fimbriatus, Kulh.}) (3). L’un , d’un vert tendre , perd cette couleur dans l'alcool et devient brun, et c’est probablement alors qu’on en a fait le Draco ful- vus ; mal figuré dans Seba (+: 2', pl. 86, fig. 3, ettor,, pl. 102, fig. 2.). Le fimbriatus est d’un gris de lin nuancé de stries très-agréables. Un petit Gecko gris est extrèmement abondant sur les plafonds de toutes les maisons, et pousse sans cesse vers le soir un faible cri. Nous trouvâmes aussi le Gecko à bandes ( Gecko wüta- {1) Seba, tom. 17, pl. o, fig. 5. (2) Organisation singulière qui semble annoncer une exubérance des lois de la vie sous un climat qui produit les Roussettes, donne de Jarges membranes aux Galeopithèques, et des ailes aux Mantes (Mante feuille). Le Dragon vert a, suivant M. Kuhl, le sac dilatable de la gorge joue , tandis qu'il est bleu chez la femelle. (3) Qui habitent également Java et Sumatra , où MM. Diard'et Du: vaucel, Kulh et Van Hasselt les rencontrèrent. ( 389 ) tus ) , le Scinque à queue d'azur ; deux espèces de Gou- leuvre, la Grenouille bicolore et la Zortue à boite d'Amboine (Testudo amboinensis, Daud., 1. 2, p: 309). M: Lengaker, médecin des Moluques ; voulut bien me- remettre divers reptiles des Célébes, qu'il recueillit pendant sa résidence à Mendao, et parmi lesquels se trouvaient plusieurs Couleuvres, et surtout la Nasique (Pascrikipam de Russel, pl. 12) et l'espèce fig. dans Seba (1. 2, pl: 82, f.r) (1), et ce qu'on connaît dans le pays sous le nom de Pohum ular (Serpent d'arbre). Les Budjis et les Macassars pensent que ce reptile veni- meux à le pouvoir de fasciner l’homme ; aussi ne man- quent-ils jamais, lorsqu'ils ie rencontrent, de couper la colonne d’air qui les en sépare avec leur poignard , et cet autre préjugé leur rend alors toute leur con- fiance. Ils disent qu'il se ent habituellement dans le feuillage d’un arbre qu’ils nomment Watchan. Pendant notre très-court séjour à Sourabaya, dans l'ile de Java, nous ne vimes que des Crocodiles de grande taille et de Pespèce des îles de la Polynèsie, le Caméléon: nez fourchu décrit primitivement par M. Brongniart ( Journ. de la Société philom. ; n° 36, f,2.) et le Gecko guttatus (2), bien figuré par Know (t& >, ph 6, Deliciæ nat. ). | La Nouvelle-Hollande produit un grand nombre de reptiles ; et ce continent, déjà habité par des animaux fort remarquables par l’étrangeté de leurs formes , ‘a montré encore , même chez les reptiles , un type parti- culier d'organisation dans les Phyllures. Une seule es- (2) Le Boerou pam de Russel ; plorx, où Coluber gramineus de Schn. (2) Seba , pl. 108, f. 6, tom. 1, — Daudiu , tom.1v, p.122 , f. 49 ( 390 ) pèce, dont je vis plusieurs individus chez un natura- liste anglais distingué, M: Cunningham (Ph. Novæ Hollandiæ ) est bien authentique (1) . le Phyllure Milius (Atlas du Diet. class: d'Hist. nat: } n’est décrit que d’a- près un dessin conservé par un officier dont il porte le nom (2). Les rivières Campbell, Macquarie et Fishriver, pos- sèdent une espèce de Tortue à carapace aplatie et noire, que Shaw a décrit sous le nom d’Æmys longicollis. Cette Emyde nage avec lenteur et souvent vient se repo- ser sur les galets volumineux qui s'élèvent au dessus du cours des eaux de ces! petites rivières: et, au lieu de rentrer sa tête sous son abri naturel , la courbe sur le côté par un mouvement de flexion latérale des vertèbres du cou. Deux Ægames vivent dans les environs rocaïlleux de Sydney ; l'espèce de ‘grande taille est beaucoup plus rare , c’est le Lacerta muricata de Shaw (Zoologie gé- nérale , p. 1, pl. 65, f; 2.). La deuxième est commune à Botany-Bay, où j'en pris un certain nombre, et se trouve indiquée sous le nom d’Agame jacksonien (3), dans les galeries du muséum où Péron et Lesueur le dé- posérent. La seule figure que j'en connnaisse se trouve dans l'Atlas du Dict. des Sciences naturelles. Cet Agame (1) Figuré sous le nom de Phyllure de Cuvier par M. Bory dans Vatlas du Dict. class. d'Hist. nat.; décrit et figuré par White dans sa Description de la Nouvelle-Galles du Sud sous le nom de Zucerta pla tura, pags 246, f. 2, de l'édition anglaise, #iellio platurus Daudin, t. 1, pag. 24 (2) Ce Phyllure serait d’un beau rouge. (8) Deuxième espèce ou Muricated Lezand de White, Vew south Wales jf. 1, pag. 2b8. (397 ) se tient de préférence, le matin, sur les bois qui servent de clôture aux prairies des alentours de la baie Botani- que ,'et se laisse saisir sans montrer uneigrande activité pour fuir. Nous n'avons trouvé qu’un seul Gecko. Les Scinques y sont nombreux en individus, si ce n’est en espèces. Ce n’est que dans les montagnes ‘bleues qu’on rencontre habituellement , dans un état d’engourdisse- ment complet, le beau Scinque noir et jaune (1) (fig., pl. 33. Atlas z0ol. de l’Uranie). Le Scinque à flancs rayés prend parfois une teinte d'acier bruni fort remar- quable , et habite en grande quantité certains points de Botany-Bay : quant au Scinque rayé ou à lignes dorées, véritable éosmopolite des terres du grand Océan, ce Saurien a étendu sur la Nouvelle-Galles sa nombreuse famille. Les Ophidiens ont plusieurs espèces fort remarqua- bles et très-dangereuses. Je ne convais point celle qu’on m'indiqua sous le nom de Serpent fil ; maïs la blessure de l’Æcanthophis tortor, qui atteint jusqu'à 3 pieds et plus de longueur ; est généralement regardée comme mortelle , même pour un fort animal. La multiplication de cette espèce, connue de tous les Anglais de la colonie sous le nom de Serpent noir (Black snéke:) , est éten- nante , et son séjour de prédilection se trouve être les nombreux taillis des alentours de Botany-Bay , ‘sur:le sol de sable de bruyère. Dans mes courses , je rencon- trai fréquemment ce reptile. 11 DUT Je me procurai la grande et belle espèce -de Python de la Nouvelle-Hollande, à laquelle est attaché le nom (1) Je n’aï point eû connaissance du the variegated Lizard de White, le Tupinambis variegatus de Daudin ; tom. 117, p. 76. ( 392 ) du zélé et savant voyageur Péron. Elle atteint jusqu'à six pieds et vit dans les mares d'eaux douces des envi- rons de la rivière Gevrges, où les colons la nomment Serpent Diamant. Knfin des Convicts m'apportèrent un jour une très-grande Couleuvre des bois de Bennilong. Dans les marécages de Swamp dans les montagnes Bleues, j’observai une très-petite Raïnette; et, dans Ja rivière Macquarie, une grenouille à flancs dorés, ornée des plus vives couleurs. La relâche qui suivit celle du port Jackson fut à Ja baie des îles de la Nouvelle-Zélande ; et, sur ces terres qui sont voisines de la Nouvelle-Hollande ; tout en pré- sentant une physionomie qui leur est propre, nous ne trouvâmes. qu’une seule espèce de Scinque que les natu- rels nomment Ngarara. En remontant au nord, nous nous rapprochàmes de l'équateur , et notre séjour sur l’île d'Oualan nous per- mit de recueillir sur cette ile. solitaire et intéressante quelques-uns des animaux qui nous occupent, notam- ment deux Geckos et deux Scinques (S. nigro-cæru- leus et le Scincus oualaniensis, Nob. ) qui se plaisent sur les larges feuilles des bananiers, et que les insulai- res dans leur langage nomment Keneux. Le Scinque noir-bleu jouit de la faculté de changer de couleur et de passer instantanément d’une teinte verte d’aigue marine à celle de l'acier bruni. Enfin on ÿ wouve encore Îe pe- uit Scinque à raies dorées et à queue azurée ; si abondant dans toutes les îles de la mer du sud (1). (1) Il existe également aux îles Sandwich , d’où il a été apporté par MM: Quoy. et Gaimard , et sur les îles Radack , où le mentionne le sa- vant Chamisso, t. ur. p. 157. ( Kotzebue’s, Foy.) (393 ) Les Tortues franches et caret fréquentent les rivages, et leur écaille sert aux naturels à faire divers petits or- nemens. Notre premier séjour après avoir traversé les Molu- ques et tonaché à Java , fut l’île de Maurice. Dans cette añcieñne possession française , que nous parcourümes en détail , nous n’avons à mentionner que le Gecko inun- guis et une grenouille portée par les Européens, ainsi qu’une grosse Tortue noire terrestre. On dit qu'il m’existe d’Ophidien que sur un îlot placé ( l'ile plate) on loin du coin de Mire, où vit une petite Couleuvre , et on ne trouva qu’une seule fois, en 1813, un Serpent vénimeux qu'on tua dans la plaine de Moka, et Pon a même dit alors qu'il y avaiti@té apporté de l'Inde et dé- posé à Maurice par la malveillance. Il est plus probable que son êxistence est due au hazard. Nous nous procu- ràmes en ce lieu divers reptiles de la grande île de Ma- dagascar, entre autres le grand Caméléon ( Cameleo madagascariensis , Nob.), le Gecko des Seychelles ( Gecko seychellensis, Péron et Lesueur) ét le Gecko à tête plate ( Gecko fimbriatus , Daud.}, dont M. Dumé- ril a fait son genre Uroplate (1). Enfin la corvette la Coquille, rentrée dans l'Océan Atlantique , après avoir doublé le cap des T'ourmentes , des anciens navigateurs, toucha à Sainte - Hélène et à V'Ascension. Dans la première de ces iles ;, on ne trouve qu'un seul Gecko qui habite les maisons, tandis qu’on n’observe aucun reptile Saurien , Ophidien ou Batracien sur Le volcan desséché de l’Ascension. Mais, en revan- che , les Tortues franches semblent s'y rendre de tous (1) Daudin , £, 1v, p. 160, fig, 52. ( 394 ) les points, pour fréquenter ses plages sablonneuses pendant six mois de l’année , et cette ressource, jusqu'à ce jour offerte à tous les navigateurs , a rendu cette île célèbre dans toutes les relations de voyages. Des An- glais se sont établis sur ce roc calciné , et la pèche des Tortues aujourd’hui leur appartient exclusivement. Les Tortues franches ne fréquentent les rivages que la nuit, pour déposer leurs œufs dans le sable où elles creusent un grand trou. Elles y viennent successivement jusqu'à trois fois, surtout en décembre, janvier et février , et déposent à chaque ponte jusqu'à 300 œufs. Le poids,.de plusieurs des Tortues qu'on prend sur cette, île dépasse souvent 6oo livres, et leur chair est aussi délicate que substantielle. La graisse grte qui revêt certaines par- tes est un-mauger délicat. Mémoime sur l'existence du gypse et de divers Minérais métallifères dans la partie supérieure du Lias du S.-0O. de la. France ; Par M. Durrenoy, Ingénieur des mines. L S r. Les formations calcaires comprises entre Îles terrains qui forment le groupe du grès bigarré et celui de la craie , désignées 'asséz ordinairement sous le nom général de calcaire jurassiqueé, sont divisées en deux groupes principaux : lun a reçu le nom de Lias, ct l’autre celui de calcaire oolithique. Ce dernier, groupe (395 ) présente, en Angleterre , trois étages distincts , séparés les uns des autres par des couches argileuses, dont la position est constante, et qui sont remarquables par les fossiles qu’elles renferment. On n'a pas encore jusqu'ici indiqué de gypse dans ces différentes couches calcaires , si ce n’est quelques cristaux , que l’on trouve disséminés cà et Jà dans les marnes du lias et dans l’argile qui forme la séparation entre l'étage inférieur et l'étage moyen du calcaire oolithique, et qu’on distingue sous le nom d'argile d'Oxford. On ne connaissait non plus dans ces formations aucun minerai métallique, à l'exception du fer, avant le mémoire que M. de Bonnard a publié sous une formation métallifère observée dans le S.-O. de la France. Le groupe inférieur de ces formations jurassiques forme une ceinture sur le plateau primitif qui occupe le centre de la France; il constitue également une bande assez continue sur le revers septentrional des Pyrénées ; dans cette partie de la France, on y trouve du gypse en quantité très-considérable et des dépôts métallifères sus- ceptibles d'exploitation. Le calcaire qui renferme ce gypse et ces métaux est noir et marneux , caractères qui lui donnent de l’ana- logie avec le schiste marno-bitumineux du Mansfeld et avec le calcaire secondaire le plus ancien , qui forme la pente des Alpes ; aussi le calcaire des Alpes, qui, d’après des observations récentes, paraît appartenir à la forma- tion qui nous occupe , a-t-il été associé pendant long- temps au zechstein. Il est caractérisé par la présence des Bélemnites , qui s'y trouvent souvent en très-grande quantité, Cette circonstance m'a engagé à le désigner dans ce Mémoire, aû moins provisoirement ; sous le (396 ) nom de calcaire à Bélemnites , quoiqu'il fasse parue dü lias, comme je vais l'indiquer incessamment. La présence du gypse dans cette formation me parait intéressante à faire connaître, les terrains secondaires ué présentant jusqu'ici cette substance avec abondance que dans le groupe du grès bigarré comprenant les ar- giles muriatifères ; les grès bigarrés et les marnes irisées. Le gypse se présente dans ce gisement avec des irré- gularités qui ne permettent pas de reconnaître exacte- ment sa position, quoiqu’on ne puisse douter qu'il ne soit subordonné à ce terrain. Ce caractère, commun à presque tous les dépôts de gypse, joint aux dérangemens qui les accompagnent si souvent, a fait supposer qu'ils pouvaient être postérieurs aux terrains dans lesquels on les observe. D'après cette supposition , il n’est pas éton- nant d'en trouver au milieu du lias, et il ne serait pas impossible qu’il en existät dans chaque formation. Quelques observations me portent à croire qu’il en existe aussi dans le grès vert , qui forme une bande très- étendue sur le revers méridional des Pyrénées. Avant d'entrer dans la description de ces dépôts de gypses , il est nécessaire d'indiquer les caractères géné- raux du calcaire qui les renferme , et de faire connaître sa position dans les formations jurassiques. Le groupe inférieur de ces formations , appelé Lias par les Anglais , a été désigné en France sous le nom de calcaires à Gryphites, à cause de l'abondance presque constante des Gryphées arquées. D’après la description que M. Conybeare en donne dans son ouvrage sur la Géologie de l'Angleterre (1), on voit qu'il présente (x) Ouulines of the Geologie of England and Wales, ete.; par MM. Conybeare et W, Phihps. ( 397 ) deux assises diflérentes : l’une, composée de couches nombreuses et peu épaisses de calcaire compacte mar- neux bleuâtre , séparées par des couches très-minces d'argile, forme la partie inférieure de cette formation. C’est principalement dans cette partie que les Gryphées arquées existent en grande abondance. Les autres co- quilles les plus communes sont des Ammonites , souvent d’une grande dimension, et des Plagiostômes. Les espèces les plus caractéristiques sont l’Æmmonites Bucklandi et le Plagiostoma gigantea. L'’assise supérieure du lias est formée presque exclu- sivyement de marnes plus ou moins bitumineuses et plus ou moins feuilletées. Ces marnes contiennent des ro- gnons d'un calcaire assez'analogue à. celui des couches inférieures. Ces rognons, disposés sur un mème plan, souvent presque continus, offrent l'apparence de cou- ches , de la même manière que les tubercules de silex dans la craie, Les nombreuses dépouilles des Ichthyosaures et des Plésiosaures, sauriens qui paraissent avoir vécu à l’é- poque où ces formations se déposèrent, se trouvent prin- cipalement dans ces marnes. Ce sont également elles qui contiennent le plus d'empreintes de poissons. $ 2. Dans le centre de la France, ces couches mar- neuses ont pris un grand développement et se montrent avec des caractères qui ne leur sont pas habituels ; tandis que la partie inférieure du lias, qui correspond plus particulièrement au calcaire à Gryphites, s’est beaucoup amincie et le plus souvent n'existe pas. Les rognons calcaires qui accompagnent les marnes ont également acquis une grande extension , soit par la mulüplicité ( 598 ) des assises, soit par leur réunion , qui les transforme’ en véritables couches, séparées toujours par des couches de marne. ; Il existe, en’outre , des couches calcaires peu épais- ses, de 1 à 2 pieds de’puissance , qui altérnent avec ces masses. >. Te | dde Le calcaire’ bitumineux er fétidé ést généralement d’un gris de fumée assez foncé ; par Son exposition à l'air, il blanchit à la surface et se décompose toncentrique- ment; il est souvent traversé de petits filons blancs , qui sont le plus ordinairement parallèles les uns aux autres, et ne courent pas ‘dans tous les sens, comme dans cer tains marbres de transition. Ces petits filons ne se pro- longent pas dans les couchés marneuses placées éntre les couches calcairés ; ce qui fait présumier qu'ils sont contemporains où très -peu postériéuts aux! couches calcaires. La silice existe en assez grande abondance dans ce terrain ; elle est rarement disséminée dans la masse ; elle forme tantôt des rognons ou petits amas silicéux , tantôt des bandes plus durés que la masse!'Dans ce dernier cas , elle donne äu calcaire la structure rubanée:! Les coquilles ÿ sont assez nombreuses, mais peu va- riées. Les principales sont des Ammonites, des Térébra- tules, des Peignes, dés Plagiostomes et des Bélemnites; ce dernier fossile est le plus abondant et surtout le plus constant. | $ 3. Ce calcaire contient des dépôts assez étendus de gypse tantôt saccharoïde , tantôt fibreux ; dans ce dernier cas, il est disséminé dans des marnes. Cette formation de gypse, du moïns dans cette partie de la France ; est ( 399 ) ordinairement reconnaissable par le mélange au milieu du gypse d’une grande quantité de cristaux de quarz ter- minés aux deux extrémités ; ils sont semblables à. ceux désignés sous le nom de hyacinthes de Compostelle. $ 4. Cette formation est métallifère. Elle renferme des couches de fer oxidé rouge , des nids, des veinules et de petits filons de galène et de calamiue. Elle parait différer de celle que M. de. Bonnard a indiquée dans lO.de la France (1), celle-ci se rapportant à l’arkose et étant contemporaine du grès bigarré, peut-être aussi. du quadersandstein , grès qui fait partie de la formation du lias. Il serait possible que les métaux se prolongeas- sent indifféremment dans ces deux formations , et que, dans l’une et l’autre, leur présence füs due à la même cause : du moins leur similitude de nature et de position tendrait à le faire présumer. $ 5. Elle renferme en outre des couches de combus- tible minéral ou de houille , dont la puissance est quel- quefois assez considérable pour qu’on puisse les exploi- ter avec avantage. On en voit dans le calcaire du Larzac, à la séparation des départemens de l’Aveyron:et de la Lozère:' Il paraît du même âge que celui de Whitby dans l’Yorkshire } ce dernier se trouvant au milieu de mar- nes rapportées généralement aux couches supérieurés du terrain de lias. Ce combustible « le plus grand rapport, par ses ca- ractères extérieurs , avec la véritable houille, et il est souvent impossible de l’eni distinguer quand on examine les échantillons isolément; quelquefois même il possède comme elle les propriétés de coller en brûlant et de (1) Annales des Mines, tom. vx, p. 49r. ; ( 400 ) donner du coke. Toutefois, il légale rarement en qualité, et il est probable qu'il ne pourrait donner lieu , comme elle, à la création de grands centres d'industrie (2). $ 6. Le calcaire à Bélemnites repose dans plusieurs points (près d’Aubenas et d’Alais) sur le calcaire à gryphites; ce qui établit sa position géologique. Dans beaucoup de localités, à la vérité , il est placé immédia- tement sur le grès bigarré; ce qui tient à ce que le muschelkalk, les marnes irisées et le quadersandstein manquent dans cette partie de la France. Il est souvent recouvert par une argile sablonneuse micacée, qui me paraît se rapporter au sable de l’oolithe inférieur et qui le sépare des formations oolithiques. Ce calcaire forme une bande presque continue sur les pentes méridionales du massif primitif qui occupe le centre de la France. IL est surtout très-développé dans les départemens de l'Ardèche et du Gard. Il existe éga- lement dans le département de l'Aveyron ; où il forme deux bandes opposées , séparées l’une de l’autre par le massif de terrain ancien qui constitue les hautes mon- tagnes dn Rouergue ét se rattache à la montagne Noire. Dans ces deux bassins , les caractères de ee: calcaire sont très-différens ; ce qui m'avait d’abord fait croire, ainsi que je l’indiquerai en les décrivant , qu’ils pouvaient ap- partenir à deux formations distinctes. Quoique le but principal de ce Mémoïre soit de faire (x) I serait fort intéressant pour la géologie de connaître les, fos- siles végétaux qui accompagnent probablement ce dépôt de charbon , et de pouvoir les comparer avec ceux de Wlhitby , de Bornholm, ete. Nous recevrions avec reconnaissañce les renseignemens qu’on pourrait nous adresser sur ce sujet. (R.) (401) connaître les dépôts gypseux et métallifères qui existent dans la formation du lias, je ne puis séparer leur des- cription de celle du calcaire qui les renferme ; cette des- cription est d’ailleurs nécessaire pour justifier le rappro- chement que j'ai fait de ce calcaire avec l’assise supé- rieure du lias. J’énumérerai par ordre géographique les différens exemples que je vais donner, en commençant par les environs de Figeac , dans le département de l'Aveyron. Je suivrai ensuite cette bande calcaire sur la pente des Cevennes, et je terminerai en indiquant de semblables dépôts sur la pente septentrionale des Pyrennées. Cette manière de procéder, outre la faculté qu’elle procure de suivre plus facilement sur une carte, présente encore, dans ce cas , l'avantage @e ne décrire les dépôts de gypse qu'après avoir bien fait connaître la nature et la position du calcaire, le gypse n’existant pas dans les premières localités que nous avons à décrire. Nous passerons , dans cet extrait , les descriptions qui font connaître seulement la nature de cette formation , et nous ne transcrirons que les coupes qui ont pour but de montrer les caractères particuliers qu’elle présente dans cette partie de la France. $ 7. (Environs de Milhau). À l'extrémité sud du département de l'Aveyron , aux environs de Milhau , le calcaire recouvre une grande surface ; il se prolonge dans celui de la Lozère et forme le plateau du Larzac. M. Combes ayant décrit ce calcaire avec beaucoup de précision dans un Mémoire inséré dans le tom. vrir des Annales des Mines, page 371, j'en rappelerai seule- ment ici les principaux caractères. XII. 26 ( 402 ) Ce calcaire repose sur le grès bigarré à Saint-Afirique ; on voit également cette superposition dans les parties basses des vallées entre Saint-Affrique et Saint-Georges ; les premières couches sont grenues, très dures et pa- raissent siliceuses à la première inspection ; mais l'essai indique qu’elles sont dolomitiques , circonstance analo- gue à ce que j'ai indiqué à Figeac, à Villefranche et presque partout où j'ai pu observer le contact du cal- caire avec le grès inférieur. Cette dolomie forme ici des couches très-régulières : elle est recouverte immédiate- ment par des couches de calcaire compacte gris assez foncé , blanchissant par son exposition à l’air. La strati- fication est généralement horizontale; lorsque les cou- ches sont inclinées, l’inspection des localités indique bientôt que cette circonstance est une exception , due à la présence des terrains anciens, qui forment un avan- cement , sur lequel s’appuie alors cette formation. Le calcaire est souvent pénétré de petits filons blancs; il est en couches assez épaisses , alternant avec des mar- nes schisteuses noires ; ces dernières sont beaucoup plus abondantes à la partie supérieure de la formation , où elles acquièrent une grande épaisseur. On les voit cou- ronner toutes les sommités situées entre Saint-Aflrique et Milhau. Leur facilité à se désagréger donne à ces montagnes la forme d’une réunion de petits cônes ; les couches calcaires, très-rares et presque entièrement mar- neuses, sont représentées dans cette partie supérieure par des rognons calcaires abondans et disposés par plans parallèles aux couches. Ils sont souvent chargés de car- bonate de fer et deviennent ocreux par la décomposition ; on y trouve des Pyrites , qui, dans quelques cas, pa- D + ns ( 405 ) raissent avoir été le centre d’action, autour duquel le suc calcaire s’est concentré pour former ces ellipsoïdes. Les Pyrites, abondantes dans ces marnes, donnent, par leur décomposition , des schistes alumineux ; les Bé- lemnites sont encore, dans cette localité, les fossiles caractéristiques, comme dans les environs de Ville- franche; on y trouve , en outre, Des Térébratules ( 7. tetraedra, ornithocephala) ; Des Ammonites ( Ammonites V'alcoti ) ; Des Peignes ( Pecetn equivalvis) ; Des Plagiostomes ( PL. sulcata , punctata ); Des Bélemnites ( B. apicicurvatus ); Des Pentacrinites ( P. caput Medusæ ). Il existe deux couches de houille qui courent de l’est à l’ouest comme le terrain , et paraissent se prolonger très-loin; on les retrouve dans le département de la Lo- zière , où elles sont exploitées au Pompidou et aux Ro- siers. L'une de ces couches , la supérieure, est exploitée dans les mines de Saint-Georges , Lusençon, Cantorbe , la Liquisse , etc. Sa puissance est d'environ trois pieds ; elle est comprise, ainsi que la supérieure, entre deux couches de marnes bitumineuses , exploitées pour la fa- brication ge l’alun, à cause de la grande quantité de pyrites qu’elles contiennent. Ce combustible à tous les caractères de la véritable houille , dont il est impossible de le distinguer par ses caractères extérieurs. Il est d’un beau noir Jluisant; sa cassure est grenue et imparfaite- ment schisteuse ; il brüle sans donner l’odeur désagréable que les Jignites caractérisés développent souvent; il colle peu , et, sous ce rapport , il se rapproche de la houille sèche; il produit assez de chaleur pour être employé à ( 404 ) la forge, et les maréchaux du pays ne se servent que de ce combustible. Ces couches de houille, quoique appartenant essen- tellement à cette formation , en occupent tout-À-fait la partie supérieure ; elles sont au dessus des couches cal- caires et marneuses qui renferment les ammonites, les bélemnites, les térébratules et autres coquilles plus rares. Cette disposition me paraît rapprocher ces mines de celles exploitées à Whitby, dans l’Yorkshire. Au sortir de Milhau, en se dirigeant sur Rhodez, cette formation calcaire est recouverte par une argile marneuse renfermant des paillettes de mica; elle est ana- logue à celle de Saint-Remy près Villefranche , et peut être considérée comme représentant assez bien le sable de l’oolithe inférieur ; ce qui me confirme encore l'exactitude de ce rapprochement , c’est qu’elle est re- couverte quelquefois par un oolithe ferrugineux impar- fait et par quelques plaques de calcaire oolithique, se délitant en petits fragmens, comme on l’observe dans l'étage inférieur des formations oolithiques de cette partie de la France. Cetie formation calcaire renferme des grottes très- vastes ; on en observe plusieurs dans la vallée de Ja Dourbie , notamment celles de Monna, d'Hispagnac, etc.; elles sont garnies de stalactites; il en sort quelquefois des sources d’une abondance remarquable : telles sont celles de Florac et de Saint-Fulmine ( Lozère ). On trouve , dans cette formation, de la galène en filons et en petits amas contemporains , comme à Allenc, dans la Lozére. S 8. (Ænvirons de la Foulte et d' Aubenas ).' La ( 405 ) formation de calcaire à bélemnites forme une bande assez large et très-développée sur le revers Est des montagnes de l'Ardèche ; elle commence près de la Voulte et existe presque continuellement jusqu'à Lodève; quelquefois elle s'appuie immédiatement sur le terrain ancien, le plus souvent sur le grès houiller, qui forme aussi une bande assez continue, et qui présente quelques dépôts importans comme ceux d'Auberas, d’Alais, du Vigan et de Bédarieux. Enfin elle repose, dans quelques points, sur le calcaire à gryphites, auquel elle passe insensible- ment ; elle est presque toujours recouverte par du cal- caire lamellaire appartenant au terrain oolithique, qui forme une seconde bande plus rapprochée du Rhône. Lorsqu'il est immédiatement en contact avec les terrains anciens ou le grès houiller, les couches inférieures pré- sentent quelquefois des caractères particuliers. Le cal- caire, quoique terreux, grenu et nacré, passe à l'état de dolomie ; il alterne aussi avec quelques couches sa- bleuses, et même avec un véritable grès, que M. Bron- gniart (1) regarde comme lié avec l’arkose. Ces grès sont assez constans vers la partie inférieure de cette forma- tion ; on les observe dans presque toute la bande que nous décrivons, quand la disposition du terrain les met à découvert. À la Begude-Blanche , demi-lieue nord d’Aubenas , il existe entre le grès houiller, qui se rattache au bassin de Prades, Naigles et Jaujac , et le calcaire à bélemnites, une couche très-mince d’un calcaire schisteux dur , con- tenant une assez grande quantité de petites gryphées imparfaites. (1) Annales des Sciences nat., juin 1826. ( 406 ) Près d’Alais , le calcaire à gryphites est plus prononcé; il est recouvert par le calcaire à bélemnites. qui se lie avec lui sans qu’on puisse en fixer la ligne de séparation ; mais les gryphées arquées ne se présentent pas de nou- veau au dessus ; ce qui confirme que ce calcaire, quoi- que dépendant du calcaire à gryphites , en forme la partie supérieure. En suivant la montée d’Aubenas, on s'élève dans les couches supérieures de ce terrain, composé d’une grande multitude de couches de calcaire gris de fumée assez foncé, traversé de beaucoup de petits filons blancs. Les couches sont séparées par des marnes peu épaisses, qui se délitent facilement et laissent des vides entre elles. Souvent, lorsque les couches sont inclinées , elles glissent et se fendent en tous sens ; le pays présente alors des bouleversemens dans tous les sens, comme entre Joyeuse et Saint-Ambroy; il est entièrement dépourvu de terre végétale, et l’on aperçoit seulement çà et là quelques ceps de vignes et quelques oliviers, qui crois- sent dans les fentes des rochers. En se dirigeant d’Aubenas véfs les Vans, l’Argentière ou Joyeuse, on traverse le calcaire à bélemnites , qui se présente avec des caractères différens ; il est marneux , noir et schisteux , au lieu d’être compacte, comme au nord d’Aubenas; il forme rarement des couches, il est plutôt en rognons aplatis et contigus ; la surface de ces rognons se décompose et devient blanchätre. Ce calcaire noirâtre se délite à l'air; 1l se casse très irrégulière- ment quand on le frappe , et prend l’empreinte du marteau. Ce calcaire marneux noir, soit en couches ou en ( 407 ) voguons , alterne avec des couches marneuses , qui de- viennent dominantes. Ces marnes sont schisteuses et se délitent facilement à l'air. Quelques unes, moins altérables, produisent des débris schisteux ; leur décomposition donne nais- sance à une foule de petits monticules, qui couvrent pres- que entièrement le sol et lui communiquent une grande aridité. Près de Saint-Brès , ces marnes bitumineuses ont les caractères extérieurs des schistes marno-bitumineux du Mansfeld , et si on ne visitait que ces localités, on serait plutôt porté à associer ces formations au zechstein et aux marnes qui en dépendent, qu’à les rapporter au calcaire à gryphites. Près Saint-Etienne-de-Fontbellion , où lon voit une belle coupe de cette formation argilo-calcaire , on trouve à la partie inférieure , et seulement dans quel- ques escarpemens , un calcaire noir pénétré d’une mul- tüitude d’entroques fossiles, en général peu abondans dans ce calcaire. J’y ai vu quelques bélemnites, toujours empâtées dans les marnes , quelques ammonites (Æ{mmo- nites V'alcotii et Johnstonii), des peignes trop impar- faits pour être déterminés, et des térébratules. Ces marnes schisteuses renferment quelques veines de lignite. Près de la Voulte, le calcaire à bélemnite repose en stratification non concordante sur le schiste micacé, qui forme en partie les montagnes de la Lozère. Dans cette localité , le calcaire renferme une couche de fer oligiste non métalloïde de 5 à 6 mètres d'épaisseur. Ce minéral y est Lantôt compacte, parfaitement pur , tantôt feuilleté et mélangé d'argile disséminée en veines de plusieurs ( 408 ) pouces d'épaisseur. Cette couche , coupée par le lit d’un petit ruisseau qui se jette dans le Rhône, affleure à la surface sur un quart de lieue d’étendue. Le centre de la couche est plus riche que les extrémités : pendant long- temps on n’exploitait que cette partie. Dans les couches schisteuses, qui forment le toit et le mur de la mine, on trouve assez fréquemment des ro- gnons de fer carbonaté , analogues à ceux des houillères ; seulement ils renferment une plus grande proportion de carbonate de chaux que ces derniers. S 9. (Environs de la Salle et de Saint-Hippolyte ). Les exemples précédens suflisent pour indiquer la nature et la place du calcaire à bélemnites ; je vais en ajouter quelques autres, pour faire connaître la disposition du gypse dans cette formation. Je commencerai par les en- viron de la Salle ei de Saint-Hippolyte (Gard) , dont les couches , formant le prolongement de celles d'Au- benas, l’Argentière, etc., appartiennent évidemment à Ja même formation. Le calcaire à bélemnites y est associé avec des couches nombreuses de grès ; il renferme en outre des amas de gypse assez considérables. Au dessus du grès, repose un calcaire en partie com- pacte et en partie grenu. Semblable à la dolomie juras- sique de M. de Buch, il est pénétré , dans tous les sens, de petits filons blancs ; il passe par degrés insensibles à un calcaire extrêmement grenu , composé de petits rhom- boèdres accolés Les uns aux autres , âpre au toucher, se désagrégeant entre les doigts, et donnant un reflet un peu nacré quand on le fait mouvoir à la lumière ; il con- tient de la magnésie en proporuon très-rapprochée de mm ( 409 ) celle qui constitue la dolomie. Au milieu de ce cal- caire grenu , il existe une couche contenant des coquilles assez imparfaites et altérées , appartenant au genre Téré- bratule. Le même passage que l’on a observé au dessous de cette dolomie se retrouve au-dessus, c’est-à-dire qu’elle passe par degrés insensibles à un calcaire compacte. Ce calcaire est fétide ; il développe , par la percussion, une odeur bitumineuse qui est surtout très- sensible quand il est échauffé par les rayons du soleil. Il contient de la galène; j'en ai vu des indices dans les environs de Figaret, entre Saint-Hippolyte et la Salle ; ilen renferme aussi près de Monblet, où le terrain présente quelque différence, comme je vais l'indiquer. Cette galène, autant que j'ai pu m'en assurer, paraît contemporaine de la do- lomie. Elle serait dans un gisement analogue à celle de Combecave. d’Alenc, etc. Ce minérai est beaucoup plus abondant près la petite ville de Durfort, où il est exploité. Il est accompagné de blende , de baryte sulfatée et de chaux fluatée. Le gisement est partie en filons, partie en veinules contemporaines. Le calcaire dolomitique existe principalement sur la rive gauche de la Vidourle ; mais on le retrouve aussi sur la rive droite. Ici, il est recouvert par un calcaire entièrement différent du précédent, et qui possède au contraire tous les caractères propres au calcaire à bélem- nites ; aussi Je les avais primitivement séparés , et j'avais assimilé celui qui contient la galène au zechstein. Ceue séparation artificielle ne doit plus exister, puisqu'on n’observe aucune différence dans la stratification , et que la dolomie est associée au calcaire. ( 410 ) Dans les environs de la Salle et de Saint-Hippolyte, le calcaire est associé avec du gypse, qui est exploité dans un assez grand nombre de points. Le gypse est en général saccharoïde; il contient quelques cristaux de quarz terminés des deux côtés, analogues à la variété décrite sous le nom de hyacinthe de Compostelle. Ces cristaux se retrouvent avec plus ou moins d’abondance dans tous les dépôts gypseux de cette époque , assez nom- breux dans cette partie de la France , et ils sont presque caractéristiques. Le gypse est accompagné de marnes rou- geâtres et verdâtres, au milieu desquelles il paraît être plutôt déposé en amas qu’en couches. Les couches de marnes sont contournées. Les différens dépôts que j'ai visi- tés dans ce canton reposent tous sur le granite, et ne sont recouverts par aucune couche, de sorte que je ne savais à quelle formation les rapporter ; j'étais porté à les re- garder comme analogues à ceux des Alpes, que M. Bro- chant de Villiers a rangés dans le terrain de transition. Maïs ayant vu peu de temps après, et à une petite dis- tance de la Salle, des gypses semblables à ceux-ci re- poser sur le calcaire à bélemnites , j'avais pensé que tous ces dépôts gypseux étaient de même âge, et qu'ils appar- tenaient à la formation du lias. Cette présomption a été confirmée par M. Combes, ingénieur des mines, qui a visité ce pays depuis moi. Il annonce , dans une Votice jointe au Catalogue d’une collection de ce terrain qu'il a envoyé à l’école des mines, que ce gypse est enclavé dans le calcaire ; il s'exprime ainsi : « Dans le ravin ap- « pelé des plàtrières, on aperçoit bientôt sur les deux « côtés des amas de gypse, dont plusieurs sont en ex- « ploitation. Ces amas sont placés par dessus le cal- (411) caire à bancs inclinés , qui forme le fond de la vallée, Le gypse y est de couleur blanche, grise ou rouge. Sa texture ést rarement fibreuse , quelquefois grenue, le plus souvent compacte, et la cassure est saccharoïde. Le gypse est très-souvent entrelacé de marnes, qui deviennent plus abondantes vers les parties supérieures. Des couches épaisses de marnes alternant quelquefois avec du grès à grain fin, recouvrent ces amas. Les ébou- lemens survenus par suite des exploitations empèchent de reconnaître d’une manière nette le sens de la stra- tification. Au dessus des bancs de marnes, dont la couleur est très-variable , viennent les bancs d’un grès différent de celui qui alterne avec les bancs cal- caires inférieurs du gypse. Ce grès est en général très- quarzeux ; le grain est souvent fin et le ciment abon- dant; d’autres fois, le grain est grossier et le ciment plus rare. Beaucoup d'échantillons sont traversés par des veines de calcaire spathique. Sur quelques points, les bancs de grès supérieurs au gypse alternent encore avec des marnes et des assises calcaires, qui ont la plus grande analogie avec le calcaire inférieur. » De cette description, il résulte clairement que le gypse repose sur le calcaire à bélemnites ; quant à sa contemporaineté avec ce calcaire, elle n’est pas aussi ositive ; mais on verra, d'après les autres exemples 5 - P que Je vais citer , que les dépôts gypseux existent cons- tamment à la séparation de ce calcaire et de l’assise infé- rieure des formations oolithiques. $ 10. (Ænvirons de Cazouls.) Le calcaire des Ce- vennes se prolonge avec les mêmes caractères sur la pente de la montagne Noire; il est compacte , accompa- ( #12 ) gné de marnes schisteuses, et contient également des Bé- lemnites , des Térébratules, etc. On y observe plusieurs dépôts de gypse reposant sur ce calcaire," notamment à Cazouls, près Beziers ( Aude). On ne peut indiquer avec certitude la relation du gypse avec le calcaire, parce que , d’une part , le gypse n’est pas recouvert, et que de l’autre on ne voit nulle part la partie inférieure du gypse. l’idée la plus naturelle qui se présente à l’es- prit, en visitant les environs de Cazouls, c’est que le gypse y est déposé dans les cavités du calcaire, et, par suite, qu'il lui est postérieur (voir la PI. 23) : on pourrait déduire une conclusion semblable de certains dépôts gypseux de la Salle et de St.-Hippolyte; mais pour démontrer que le gypse est réellement associé avec le calcaire , sans toutefois pouvoir y préciser sa manière d’être, nous indiquerons ci-après qu'il est recouvert par les formations oolithiques. Une circonstance que l’on ob- serve à Cazouls tend à faire admettre cette opinion ; c’est que le calcaire , généralement d’un gris assez foncé, de- vient rougeâtre dans toute la partie en contact avec le gypse et qu'il semble ainsi participer de la nature de la marne qui accompagne le gypse. Ces marnes rougeâtres et verdàtres forment des eou- ches peu épaisses, au milieu desquelles le gypse est dis- séminé en amas et en veinules ; les couches de marne sont très-contournées, structure que leur diversité de couleur rend très - visible. Le gypse est généralement saccharoïde , mais il en existe également de compactes et de fibreux. IL contient une grande quantité de petits cristaux de quarz terminés aux deux extrémités. Sir. (Ænvirons de Durban.) Dans les montagnes des (415) Corbières , système qui forme un promontoire de la chaîne des Pyrénées à travers le Roussillon , maïs qui est intimement lié à cette chaîne, on observe un grand nombre de ces dépôts de gypse, dont quelques-uns sont recouverts. C’est principalement aux environs de Dur- ban que l’on observe cette disposition. Le calcaire à bélemnites se montre à une petite dis- tance de ce bourg ; il est composé principalement de cou- ches marneuses très-schisteuses, accompagnées de ro- gnons solides. Il contient un assez grand nombre de fossiles , ce sont : Des Bélemnites ( Bel. apici curvatus ). Des Peignes ( Pecten equivalwis ). Des Ammonites ( 4m....) Des Pinnes marines (Pinna lanceolata). Des Pentacrinites ( P. caput Medusæ ). Des Térébratules (7. ornithocephala, tetraedra). Les Térébratules sont surtout abondantes. Ce calcaire est immédiatement recouvert par un calcaire carié sub- lamellaire, analogue à celui qui forme la partie infé- rieure des terrains oolithiques dans le département de l'Aveyron. Ce calcaire carié est lui-même recouvert par un calcaire compacte jaunâtre , qui se rapporte à l'étage inférieur des formations oolithiques ; il forme une chaîne qui sépare les bassins tertiaires de l’Aude et de Perpi- gnan. Dans ce groupe calcaire, le gypse ressort de tous côtés ; le plus ordinairement , il est comme appliqué sur les pentes du calcaire , et l’on ne saurait dire s’il est con- temporain au terrain, ou s'il a été déposé postérieure- ment; mais l'examen du monticule sur lequel est con- struit l’ancien chäteau de Durban résout cette difflculté. (414) Le gypse forme en grande partie ce monticule ; il est mis à découvert par les exploitations et sur-tout par un petit ruisseau, qui le coupe suivant une assez grande lar- geur. Îlest en masses irrégulières , qui ne forment pas, à proprement parler , des couches ; il est associé avec des marnes colorées en rouge et en vert, et on peut même dire , avec plus d’exactitude, qu'il y forme des veines et de petits amas. Ces marnes schisteuses sont contournées dans tous les sens ; les feuillets, séparés l’un de l’autre par du gypse un peu saccharoïde , sont coupés en tra- vers par de petits filons de gypse fibreux; le gypse ren- ferme une énorme quantité de cristaux de quarz , qui lui donnent une grande analogie avec celui de Cazouls. Il est recouvert par le calcaire caverneux , que j'ai indiqué ci-dessus comme appartenant à l’assise inférieure des for- mations oolithiques et qui est en effet surmonté par quel- ques couches oolithiques. Le calcaire en contact avec le gypse est en partie dolomitique. Ce recouvrement , très- évident lorsqu'on examine le monticule du château de Durban , est encore plus frappant lorsqu'on est sur les montagnes environnantes. On voit alors très-clairement que le gypse se montre de tous côtés à des hauteurs cor- respondantes , ei qu’il est recouvert en plusieurs points par le calcaire carié (1). En comparant la position du gypse dans cette localité avec celle qu’il affecte aux environs de Cazouls et de Saint-Hippolyte , on est conduit à conclure qu’il est asso- cié aux couches supérieures du lias. En effet , à Cazouls (*) La coupe figurée planche 23 montre cette disposition. Pour pou- voir donner à la buite de gypse plus de largeur, on a fait un arrachement dans les montagnes qui environneut Durban. (45) et à Saint-Hippolyte, le gypse paraît reposer sur le cal- caire à bélemnites et il n’est pas recouvert. À Durban, au contraire , il est recouvert par l’étage inférieur des formations oolithiques ; mais Le terrain sur lequel, par analogie , on suppose qu’il s'appuie, ne se voit pas im- médiatement. Le calcaire à bélemnites, il est vrai, existe à une petite distance, et il est surmonté par le même calcaire qui recouvre le gypse. Sur l’autre versant de cette chaîne calcaire , qui peut avoir une lieue et demie de large , on observe également, à Fitou , du gypse placé sur les flancs des collines. Dans ce lieu, la superposition du calcaire ne s’observe plus ; mais tout porte à croire que ce gypse n’est, pour ainsi dire , qu'une ramilication de celui des environs de Durban. Il sort de ce calcaire des sources salées; il en existe une à peu de distance de Durban, à la métairie de la Salle ; une seconde , beaucoup plus abondante , près de F'itou , entre Sigean et Perpignan, a fait donner le nom de Salies au village qui en est voisin. $ 12. (Gypse des Pyrénées). Le calcaire à bélem- nites se retrouve dans beaucoup de points le long de la chaîne des Pyrénées , et l’on peut dire qu’il forme une bande assez prononcée, quoique très-morcelée. On le rencontre sur-tout aux environs de Saint-Girons ; il con- tient beaucoup de fossiles ; sa partie inférieure , qui re- pose sur le calcaire de transition, est à l’état de dolomie et a l'apparence d’une brèche. Il est séparé de l’assise inférieure du calcaire oolithique par une argile micacée passant à un grès qui contient une très-grande quantité de petites ammonites applaties (Æmmonites planorbis) , (416 ) espèce qui appartient à cette assise. Cette argile mica- cée , analogue à celles des environs de Ville-Franche et de Milhau , me paraît représenter le sable de loolithe inférieur , et dès-lors son existence sur le calcaire à bé- lemnites détermine d’une manière précise la position géologique de ce calcaire. Le long de cette ligne, on voit, de distance en dis- tance , des amas d’ophite et de gypse. Ces deux roches sont placées l’une à côté de l’autre sans qu’on puisse dé- couvrir leur relation ; cependant comme c&’en est déjà une très-grande que cette constante juxta-position, il est dificile de ne pas présumer qu’elles sont d’un même âge géologique. Toutes deux sont postérieures au calcaire à bélemnites ( ce que je me propose de démontrer dans un autre Mémoire). En outre, le gypse, associé à l’ophite, possède tous les caractères extérieurs de ceux de la Salle , de Cazouls , de Durban, de Fitou, etc. ; comme eux, il renferme de nombreux cristaux de quarz, et on en a un exemple remarquable à Bastènes, où ces cristaux sont très-abondans, tant dans le gypse que dans l’arago- nite dont il est mélangé. Enfin, de même qu’à Durban, on y trouve des sources salées, puisque celles des envi- rons de la ville de Salies ( Basses-Pyrénées) sortent non loin de gypses associés à l’ophite. Sur le revers méridional des Pyrénées , le gypse se re- trouve dans des circonstances semblables ; nous l’avons vu en Catalogne en plusieurs points de la wallée de Baga , d’abord à une petite distance de la ville déce nom, et ensuite près du pont de Romanti : il était, à la sur- face, associé avec des marnes rouges et vertes; il conte- neit également du quarz; il reposait en outre sur un (437) caleaire gris clair , associé avec des marnes et contenant des gryphites. Le gypse des Pyrénées dont on vient de parler, est dé- posé le plus ordinairement sur l’assise inférieure des formations jurassiques ; mais souvent aussi 1l est appli- qué immédiatement sur le terrain de transition , comme à Céret , dans la vallée de Teech et près d'Arles, lieux où il n’est pas recouvert. Sans doute , je ne veux pas as- socier à cette formation gypseuse tous les dépôts de gypse qui s'appuient sur les terrains anciens et dont on ne connaît pas l’âge; mais ceux que je viens de citer sont tellement analogues , par leur disposition et leurs carac- ières extérieurs, avec ceux de Fitou, de Durban et de Cazouls, que je ne crois pas possible de les séparer. $ 13. En résumant les différentes circonstances qui caractérisent le calcaire à bélemnites et le gypse que nous avons décrits, on est conduit à établir les conclu- sions suivantes : 1° Il existe sur les pentes des montagnes du centre de la France une formation de calcaire, en général gris foncé, alternant avec des marnes schisteuses; ces calcai- res et ces marnes contiennent les mêmes espèces fossi- les (térébratules , peignes, plagiostomes et bélemnites), qui se rencontrent dans le terrein de lias des Anglais . et plus particulièrement dans les marnes qui forment la partie supérieure de cette formation. 2° Ce calcaire repose tantôt sur le grès houiller , tan- tôt sur un autre grès que ses caractères extérieurs et la présence du gypse me font présumer être le grès bigarré, tantôt enfin, aux environs d’Aubenas et d'Alais, sur le calcaire à gryphites, lias des Anglais. , "7 XIII. 27 (418) 3° Il est recouvert dans quelques endroits, notam- ment près Villefranche, Milhau et Saint-Girons , par une argile micacée, qui me paraît correspondre assez bien au sable de l’oolithe inférieur. 4° Cette argile micacée est elle-même recouverte par des couches de calcaire compacte et de calcaire ooliti- que, lesquelles appartiennent à l’assise inférieure des formations oolitiques : d’où il suit que le calcaire qui nous occupe est compris entre le calcaire à gryphites , qui forme la partie inférieure du lias et les formations oolitiques. Il appartient donc à la partie supérieure da calcaire à gryphites. 59 Ce calcaire prend dans certains lieux (comme à Figeac, Villefranche , au Lardin près Terrasson , etc.), des caractères tout-à-fait particuliers, qui l’ont souvent fait rapporter au zechstein. Au lieu d’être, comme à l'ordinaire d’un gris foncé , il est d’un gris clair , carié, compacte , esquilleux et non marneux. Cette différence dans les caractères extérieurs paraît être en relation avec sa position ; car, dans tous les lieux que je viens de ci- ter, il repose immédiatement sur le terrain houiller. De plus, dans ces différens lieux , le calcaire est ma- gnésien et souvent même dolomitique ; il contient en ou- tre des veinules et de petits amas de galène et de calamine, qui paraissent contemporains à la roche. Il serait possi- ble que la présence des métaux et de la dolomie (1) et (") Ces dolomies, que M. de Buch a le premier fait connaître, se trouvent souvent dans des positions singulières , et tout en n’adoptant pas entièrement ses idées sur leur formation, on est obligé d’admettre , comme ce célèbre géologue l’a indiqué, que leur position au milieu des terrains dans lesquels elles sont enclavées s'accorde rarement avec la supposition d’un dépôt tranquille et régulier. … Eu. te ( 419 ) peut-être mème du gypse füt due à la mème cause. En effet, dans tous les lieux où j'ai observé des veinules métalliques dans ce calcaire , à l’exception du fer , il est à l’état de dolomie. Les environs de la Salle et de Dur- fort nous présentent ce fait d’une manière bien pro- noncée. 6° Ce calcaire renferme des couches d’un combustible analogue à la houille par ses caractères extérieurs. 7° A la Voulte, on observe dans le calcaire à bélem- nites une couche de fer oxidé rouge passant au fer oli- giste. 8° Il existe, à sa jonction avec le calcaire oolithique inférieur , des amas de gypse plus ou moins considéra- bles. Ce gypse, déposé tantôt sur le terrain ancien, tantôt sur le calcaire à bélemnites, est recouvert, aux environs de Durban, par l’assise inférieure des forma- tions oolitiques. Cette superposition ne laisse aucun doute sur la position relative des gypses et du calcaire. 9° Ce gypse , tantôt saccharoïde, tantôt fibreux , ren- ferme partout de nombreux cristaux de quarz, qui , s'ils ne peuvent en général être regardés comme caractéristi- ques de cette formation gypseuse, fournissent cepen- dant un moyen presque certain de la reconnaître dans la partie méridionale de la France. 10° Les nombreux dépôts gypseux placés sur le se- cond étage des deux versans de la chaîne des Pyrénées sont presque par-tout tellement voisins de l’ophite, qu’il est presque impossible qu’il n’existe pas une relation in- time entre le gypse et l’ophite, qui paraissent de même époque; en outre, l'ophite reposant dans un endroit ( à la Cassasse, près Rimont ) sur le calcaire à bélemnites, ( 420 ) il est naturel de penser que les gypses des Pyrénées sont de même âge que les gypses associés au calcaire à bé- lemnites, et que les uns et les autres appartiennent à l’assise supérieure du lias. Je ferai enfin remarquer que les sources salées des en- virons de Durban et de Perpignan sortent de ce terrain, et qu’elles sont voisines des dépôts de gypse (1). Nore sur quelques Montagnes du Haut-Pérou ; ( Lue à l’Académie royale des Sciences le 14 avril 1828 , et à la Société de Géographie lors de sa séance générale. ) Par M. Coqueserr DE Monrsrer, Membre de ces deux compagnies. La note, dont je vais avoir l'honneur de faire part à l'Académie, m'a été donnée par M. Pentland, anglais fort instruit, attaché à la mission diplomatique de son Gouvernement dans le Haut-Pérou , et qui était derniè- rement à Paris. Elle fait voir que le célèbre Chimbo- razo est surpassé en hauteur non-seulement par plu- sieurs des pics de l'Himalaya dans le nord de l'Inde, mais aussi par quelques montagnes de la chaîne des Cordillières, dont il fait lui-même partie. Une des montagnes dont il s’agit dans cette note , se nomme J{/i- mani; elle est située dans le Haut-Pérou , dit aujour- d’hui Bolivia, par environ 16° 35’ de latitude sud, au voisinage du lac dit des Chuquitos ou Titicaca, non loin {1) Voyez, pl. 23, les coupes de ce terrain. (4m) de la ville d'Æréquipa ; elle est formée de schiste de transition semblable à ceux de même nature qui se trouvent en Savoie dans la vallée de Maurienne , entre Aïguebelle et Saint-Michel; elle offre deux pics, l’un au nord, l’autre au sud. La hauteur absolue de celui du nord , qui n’est ce- pendant pas le plus élevé des deux, a été trouvée de 24,350 pieds anglais (environ 74 hectomètres 26 cen- üèmes ), ou près de g hectomètres de plus que le Chim- borazo, dont l’élevation est de 6,530 mètres, suivant l'Annuaire des longitudes de 1827. Mais il y a des sommets plus élevés encore dans la mème partie des Andes , eutre les parallèles de 16° 30’ et 13° 20’ de latitude sud , particulièrement près du village Loraté , un de ces sommets parait s'élever jusqu’à 25,400 pieds anglais d’après un premier calcul fondé sur des observations (77 hectomèires 47 centièmes ). Le sommet dont il s’agit aurait ainsi une élévation supérieure de 12 hectomètres 27 centièmes à celle du Chimborazo, et inférieure de 74 mètres seulement à celle du quatorzième pic de l'Himalaya au Thibet qui est, suivant le mème annuaire, de 7,821 mètres. Je ne dois pas taire à l’Académie qu'un de nos meil- leurs géographes ( M. Brué ) regarde ce qui: vient d’être rapporté, d’après une note de la main de M. Pentland, comme susceptible de quelques objections ; ces objec- tions portent principalement sur la position que l’obser- vateur anglais donne au mont f{limani. Si cette mon- tagne était aussi rapprochée de la côte du grand Océan , que l’indiquerait la longitude que M. Pentland lui at- tribue, elle aurait fixé depuis long-temps l'attention des ( 422 ) navigateurs, et particulièrement celle des hydrographes chargés de relever ces parages. Si, d’ailleurs, elle se trouvait entre Æréquipa et le lac Titicaca, elle n’au- rait pas manqué d’être décrite par des voyageurs atten- tifs qui ont parcouru cette distance. On doit donc attendre de nouveaux renseignemens sur l'élévation attribuée à cette montagne et aux autres sommets situés plus au nord dans la même chaîne, ainsi que sur leur véritable position; et, tout en sachant gré à M. Pentland d’avoir appelé sur cet objet important l’at- tention des géographes, on doit recommander aux voya- geurs qui visiteront cette partie des Cordillières du Haut- Pérou, de ne rien négliger pour connaitre la véritable hauteur des pics compris dans cette chaîne entre le 13° et le 16° degré de latitude sud. Eu admettant les données de M. Dénilsnd, le Chim- borazo , qui avait déjà perdu sa suprématie sur toutes les montagnes du globe, serait encore surpassé en hauteur par plusieurs des pics de la chaine même des Cordillières. En effet, on aurait, pour les montagnes du premier rang, l’ordre décroissant qui suit, dans lequel le Chim- borazo n’occupe que la sixième place, savoir : Le 14° pic de l'Himalaya , hauteur. 78 hectom, 21 Le pic du Haut-Pérou voisin de Lo- raté, suivant M. Pentland 77 47 Le pic du nord du mont {{limani , suivant le mème M. Pentland. 74 20 Le 12° pic de l'Himalaya. 70 88 Le 13° pic de la même chaine. 69 59 Enfin le Chimborazo. 65 30 (423 ) L'Académie remarquera que la hauteur de ces monta- gnes gigantesques est énoncée ici en hectomètres , et non pas, comme il est d'usage , en toises ou en mètres, et encore moins en pieds soit français, soit anglais. IL m’a semblé qu’un des nombreux avantages de notre système métrique étant de donner des dénominations pour les différens degrés de l'échelle décimale, il convient de choisir celle de ces dénominations qui est le mieux ap- propriée à la grandeur qu’on veut désigner. C’est ainsi qu’on peut employer, ce me semble, pour mesurer l'élévation de très-petits objets, par exemple, celle d’un bouton ou d’une vérue, le millimètre. Pour celle d’une taupinière, le centimètre. Pour celle d’un tumulus, le décimètre. Pour l’élévauion d’un tertre , le mètre. Pour celle d’une montagne moyenne, le décamètre. Enfin pour celle d’une montagne de première grandeur , lhectomètre. Par ce moyen, on n'a jamais des chiffres principaux uwop nombreux à retenir ; et, d’un autre côté, on n'a pas un trop grand nombre de décimales à employer. Et, pour ne parler ici que des montagnes gigantes- ques qui ont été mentionnées ci-dessus , il est évident , d’une part , que les nombres 78, 97, 794, 71, 6get 65, dont nous nous sommes servi pour exprimer la hauteur relative de six de ces montagnes, sont susceptibles de se mieux graver daus la mémoire, que les séries de qua- re, cinq ou six chiffres qu'il faudrait y substituer , si on les exprimait en toises, en mètres, et surtout en pieds. D'une autre part, en faisant usage pour unité de l’hec- ( 424 ) tomètre, les erreurs, s’il y en a dans les mesures, ne portent plus que sur des fractions décimales, dont les dernières surtout sont telles, que quelque soït l’exacti- tude et le soin des observateurs, il est presque impossi- ble d’en répondre avec un certain degré d’assurance. L’élevation des éminences est une des grandeurs dont on a généralement l’idée la moins précise. Il est à re- gretter qu'en construisant la colonne de la place Ven- dôme , on n'ait pas profité de l’occasion pour offrir au public un étalon permanent de mesure métrique d’une très-grande dimension; ce qu’il eut été facile d'obtenir, en donnant à ce monument 5o mètres de hauteur au lieu de 43. A défaut de ce moyen , on peut se servir pour terme de comparaison , en ce qui concerne les bâtimers, de la quantité dont la flèche des Invalides est élevée au dessus du pavé de cet édifice; et, en ce qui concerne les mon- tagnes , de la quantité dont la butte Montmartre est éle- vée au dessus des eaux moyennes de la Seine au pont de la Tournelle; l’une et l’autre de ces quantités sont 1 hectomètre 5 centimètres. En effet , il est assez facile de se rappeler qu’en répé- tant dix fois la hauteur de Montmartre , on a celle des bains du Mont-d’or; en la répétant vingt fois, celle de l’hospice du mont Saint-Bernard ; quarante-huit fois, celle du Montblanc, et soixante-cinq fois, celle du Chimborazo ; enfin soivante-dix-huit fois celle de la plus haute montagne connue jusqu’à présent sur le globe, (425 ) Lurrre adressée à M. le Président de l'Académie des Sciences sur la dépendance mutuelle de la Respiration et de la Circulation; Par M. Derermon. D. M. ( Lue à la séance du 21 mars 1828.) Ne pouvant en ce moment soumettre au jugement de l’Académie l’ensemble d’un travail que j'ai entrepris sur la circulation et la respiration dans les diverses classes , et en particulier chez l’homme , je prends la liberté de vous demander la faveur de communiquer aujourd’hui à l’Académie quelques détails sur des faits que je crois di- gne d'intérêt, et que j'ai constatés par l’expériencedirecte. De tout temps on a reconnu la dépendance mutuelle de la respiration et de la circulation , qui, à vrai dire, ne forment qu’une seule fonction; mais on n'avait pas constaté d’une manière précise les causes de cette in- fluence réciproque. Pour y arriver , j'ai dù rechercher quel était le nombre des pulsations du cœur et celui des respirations dans un temps donné. J’ai trouvé, après avoir examiné un grand nombre d'individus adultes, qu'il y avait quatorze à vingt-cinq respirations par mi- nute et soixante-dix, soixante-quinze et quatre-vingts pulsations dans le même temps; qu’ainsi le rapport des respirations aux pulsations est d’un à trois, un à qua- tre , un à cinq, etc. , suivant la capacité de la poitrine et diverses influences ; d’où il résulte que Pair, introduit dans les poumons par une inspiration, suflit pour oxygé- ( 426 ) ner le sang que le ventricule droit du cœur envoie au poumon par trois, quatre ou cinq contractions. Quoi qu'il en soit de l'exactitude de ce rapport, que je ne donne que comme un à-peu-près pour l’homme adulte ; toujours est-il vrai, chez les animaux mammifères sou- mis aux expériences, que toutes les fois que le rapport normal, ou pour mieux dire le nombre des pulsations ou celui des respirations pendant un temps donné , ve- nait à changer, il y avait reflux du sang dans tout le système veineux abdominal , et, dans quelques cas, en- gorgement primitif du poumon. Îl était difficile de se rendre compte de ces phénomènes par l'impulsion seule du cœur ; une idée, émise par M. Magendie, me mit sur la voie des causes qui devaient avoir quelque in- fluence sur ce résultat, et je suis heureux de dire que c’est à cet excellent maître que j'ai cette nouvelle obli- gation. M. Magendie avait dit dans son traité de Physio- logie (p. 299), que l'état de distension ou d’affaisse- ment du poumon rendait plus ou moins facile le passage du sang à travers cet organe. Ayant donc voulu consta- ter les effets de cette distension , je trouvai qu'il y avait plus que de la difficulté ; que lors de la distension des cellules aériennes , il y avait interruption momentanée du passage du sang. Je viens de voir, depuis que Je suis arrivé à ce résuliat, que M. Everard Home à parlé, dans un Mémoire récent inséré dans les Transactions philosophiques, de cette interruption momentanée du cours du sang dans le poumon pendant la respiration ; mais il ne l’a pas appuyée par des expériences , ainsi que je le ferai lorsque je soumettrai mon Mémoire à l'Aca- démie. Cependant je n'ai pas voulu que personne vint ré- ( 427 ) clamer la priorité de l’idée en sa faveur , en annonçant moi-même l’antériorité de son travail, et bornant mes prétentions à avoir démontré la réalité de ce fait par l’ex- périence. Le voici tel que je l’ai constaté : le sang vei- neux, poussé par le ventricule droit du cœur et porté au poumon par l'artère pulmonaire, ne peut traverser cet organe pour revenir par les veines , lorsque vous avez distendu le poumon par de l’air, et que vous en empè- chez la sortie; enfin, lorsque les cellules sont affaissées par l'expiration, le sang passe, et il ne passe pas pen- dant l'inspiration , lorsque les cellules sont distendues. On voit de suite que le résultat immédiat de cette inter- ruption momentanée est de prolonger le contact de Fair avec le sang , et de rendre la combinaison de l'oxygène plus complète. On voit aussi qu’on peut maintenant rendre raison d’un très-grand nombre de phénomènes inexpliqués jusqu’à présent. Mais , sous le point de vue pratique , nous avons une première application fort im- portante , c’est de confirmer le nouveau précepte, donné par M. Le Roy d’Etiole dans un Mémoire sur las- phyxie , de n’insufller de l’air dans les poumons des as- phyxiés qu'avec beaucoup de précautions, car loin de faciliter le retour à la vie, on mettrait un nouvel obsia- cle au rétablissement de la circulation en distendant à plusieurs reprises les cellules aériennes , c’est pourtant ce qu'on fait encore très-souvent. Il sera fort intéressant de comparer, sous le nouveau point de vue que j'ai indi- qué, les différentes conditions d'organisation et de structure des poumons chez les Mammifères , en ayant égard à leurs habitudes. Je puis déjà dire que l’examen \des organes circulatoires de la Loutre , du Phoque, et ( 428 ) celui des poumons des Batraciens et de quelques reptiles, fait voir combien la nature est ingénieuse dans les artifices qu’elleemploie pour prévenir les accidens , et pour que la viese conserve dans les divers milieux où ces animaux se trouvent plongés. J'aurai l’honneur de soumettre mon travail à l’Académie, dès qu’il sera achevé ; je lui demande pardon d’avoir si long-temps abusé de ses instans. Sur les Métamorphoses et le Mouvement des corps reproducteurs de diverses Conferves, et parti- culièrement de l'Ectosperma clavata de Faucher. Il ya des phénomènes dans la nature, qu'on ne sau- rait prouver par des expériences trop répétées , et qui, lorsqu'ils se vérifient , ont encore besoin d’être appuyés par les confirmations écrites les plus nombreuses. Car ces phénomènes paraissant contredire certains principes admis dans les systèmes régnans , on préfère nier les re- cherches d’observateurs expérimentés et amis de la vé- rité, et les accuser d’erreur ou d'illusions causées par leur imagination, plutôt que d'admettre ce qui a paru autrefois invraisemblable aux maîtres de la science. De ce nombre sont incontestablement les observations sur le passage évident dela vie végétale , caractérisée par l’immobilité, à la vie animale douée de mouvement, dans le moment ou un être, arrivé au terme de son exis- tence , se reproduit par une nouvelle création, et le re- tour de cet embryon animé à l’immobilité du dévelop- pement végétalif (1). (1) Ces paroles quele célèbre président de l'Académie des Curieux = nn ( 429) Déjà, à la fin du siècle dernier, quelques observa- teurs eurent une idée vague de cette alternative; maïs la plupart se fondant sur des expériences incomplètes , crurent reconnaître des animaux infusoires dans les cor- puseules reproducteurs de ces Conferves ou des poly- piers dans ces Conferves elles-mêmes. Les premières observations précises sur ce sujet pa- raissent dues à M. Nées d'Esenbeck qui, en 1814, fit connaître ce mode singulier d’exisience dans les corps reproducteurs du Nostoch et de l’Æctosperma cla- vata (1). Quelques années après, en 1817, MM. Treviranus et Dithmar publièrent de semblables observations sur deux plantes irès-différentes , le Batrachospermum glo- meratum de Vaucher et le Conferva compacta de Roth. Nous avons déjà fait connaître leurs recherches dans ces Annales (2). En 1822, M. Bory de Saint-Vincent arriva de son côté, et très-probablement sans connaître les travaux que nous venons de citer, à des résultats analogues, mais bien plus généraux , puisqu'il considéra ce mode de la nature, M. Nées d’Esenbeck, a ajouté comme introduction au Mé- moire de M. Unger, dont nousallons extraire les principaux faits, s’appli- quent parfaitement à toutes les recherches par lesquelles on est arrivé à des faits nouveaux opposés aux idées reçues, et difficiles à constater. Lorsqu'on a fait de semblables observations avec toute l'attention qu’elles exigent, on ne désire rien tant que de les voir devenir l’objet des re- cherches d’autres savans , persuadé que ces recherches finiront tôt ou tard par confirmer vos propres observations, et sans se lancer dans des discussions inutiles à la science , on attend avec calme le résultat de ces travaux. (R.) (1) Die algen des sussen W/assers. Bamberg, 1814. (2) Annales des $c.nat., tom. x, p. 22. (430 ) de reproduction par des corpuscules animés ( zoocarpes) comme un caractère commun à un groupe nombreux de végétaux confervoïdes, les Zoocarpées de sa famille des Arthrodiées (1). A la même époque , M. Gruithuisen faisait connaître une petite espèce de Conferve qui se développe sur les Mollusques morts et dont les corpuscules reproducteurs jouissent aussi de ces mouvemens spontanés et analogues à ceux des animalecules infusoires (2); cette Conferve, qu'il décrivit sous le nom de Conferva ferax, est de- venue le type du genre Saprolegnia de M. Nées. Une autre production analogue fut décrite lannée suivante (1823) par M. Carus ; elle diffère peu de la pré- cédente et se développe aussi sur les animaux morts abandonnés dans l’eau; les seminules présentent des mouvemens du même genre, mais moins distincts (3). À la suite de ce Mémoire, M. Nées d’'Esenbeck re- prit l’ensemble des observations faites sur ce sujet et donna un tableau des genres dans lesquels cette alterna- tive de vie animée et végétative avait été observée jus- qu'alors ; il propose d'en former une famille particu- culière sons le nom d’Â/ydronematées, famille qui cor- respond à beaucoup d’égard à celle des Arthrodiées de M. Bory , mais dans laquelle il introduit plusieurs gen- res que ce savant n’y comprend pas. Nous donnerons un extrait de ce travail systématique à la fin de cet article. Une opinion très-diflérente sur ces changemens de mode (x) Voyez le Dict. class. d’Hist. nat., tom. 1, 1822, art. ARTRRODIÉES. (2) Nov. Act. Acad. Leop. carol. nat, Cur., tom. x, pag. 437, tab. xvixr. (3) Zbid , tom. xt, p. 491, tab. zvyuxr. (45r ) d'existence dans les plantes confervoïdes fut émise par M. Gaillon en 1823 (1), et appuyée d’autres observa- tions par M. Desmazières en 1825 (2). Nous avons fait connaître ces recherches; mais elles n'offrent pas encore à l'esprit des résultats aussi précis et aussi satisfaisans que ceux qui se déduisent des observa- tions de MM. Nées, Treviranus, Bory Saint-Vincent, Gruithuisen et Carus. Celles-ci paraissent établir d’une manière indubitable que les corps reproducteurs de cer- taines espèces de Conferves sont doués de mouvemens spontanés analogues à ceux des animaux infusoires, et que ces corps , après avoir Joui pendant quelque temps de ce genre de vie, s’allongent et germent à la manière des seminules des autres végétaux cryptogames pour donner lieu à des filamens confervoïdes qui n’ont plus aucun des caractères de la vie animale et qui, au con- traire , se développent et sont organisés comme les véri- tables végétaux. IL résulterait au contraire des observations de MM. Gaillon et Desmazières, que ces corpuscules animés s’aggrégeraient en séries pour former de nouveaux fila- mens, mode de développement étranger à tout ce que nous connaissons dans le règne végétal dont ces fila- mens présentent pourtant tout-à-fait la structure et la manière de vivre. Il faut donc encore de nouvelles re- cherches pour pouvoir admettre, comme une chose cer- taine, ce singulier mode de reproduction qui , dans tous les cas , ne serait propre qu'à un bien plus petit nombre d'êtres que M, Gaillon ne l’avait pensé. . Des observations nouvelles de M. Franz Unger sur (1) Ann. Sc. nat. , tom. 1, p. 309. (2) Ann. Sc. nat., tom. x, p. 42. (432) le mouvement des corps reproducteurs de l'Ectosperma clavata de Vaucher , viennent au contraire confirmer les premiers faits que nous avons cités. Ces phénomènes , jusqu’à présent isolés , tendent donc à se généraliser et s'appliquent peut-être aux corps re- producteurs de la plupart des plantes des classes infé- rieures; mais nous allons laisser parler l’auteur, en abrégeant seulement quelques détails peu importans. « Je trouvai, le 5 mars 1826, près de Vienne, dans un fossé qui contenait un peu d’eau claire provenant de la fonte récente des neiges, une Conferve , que je placai, après l'avoir bien nettoyée de l'argile qui l’entourait , dans un vase de verre, sur une fenêtre où je pouvais l’observer sans la changer de place. Je l’observai ainsi le 7 mars, etje remarquai que tout autour des filamens rameux et entrecroisés , 1l naissait de nouveaux rameaux hauts de plusieurs lignes, simples , d’un vert gai, qui, très-rapprochés les uns des autres , avaient l'aspect d’un jeune gazon. Peu de temps après (le 9 mars), ces jeunes filamens un peu plus développés portaient à leur extrémité un globule d’une couleur plus foncée , qu’on pouvait fa- cilement reconnaître pour la fructification. Je pus dès-lors déterminer cette plante comme étant le Conferva dilatata var. 5 clavata de Roth ou Æctosperma clavata de Vau- cher, ce que confirmèrentmes observations subséquentes. » En continuant à les observer, je remarquai que toute cette végétation se dirigeait de l’intérieur vers l'extérieur du côté de la lumière; mais, en fixant mes regards sur la surface de l’eau , je ne fus pas peu étonné de la trou- ver couverte, surtout vers les paroïs du vase, de petits globules d’une grosseur et d’une couleur inégale; mais >: CNE) ve qui excita surtout mon atténtion , c’est que plusieurs d’entre eux nageaient librement cà et là , se mouvaient à leur volonté dans unsens ou dans l’autre, se rapprochaient ou s’éloignaient les uns des autres , se glissaient autour des globules immobiles , s’arrêtaient et se remettaient en mouvement, absolument comme des êtres animaux. » La ressemblance des globules verts animés et inani- més, me fit immédiatement conjecturer leur identité , et cette conclusion devint tout-à-fait vraisemblable , lors- que j'eus pu observer clairement tous les passages de forme et de couleur des uns aux autres. » Cependant, ne me contentant pas de ces probabilités, je dirigeai mon attention les jours suivans particulière- ment pour découvrir d’où ces infusoires tiraient leur ori- gine , et quels rapports ils avaient avec les globules verts et avec les fructifications des Conferves. Quelques- ünes de ces questions me paraissaient plus faciles à éclaircir que les autres , et, en effet, dès le lendemain, des observations exactes me permirent de me former une opinion à cet égard. » Je vis le bord de la surface de l’eau, où se trouvaient réunis les globules, couvert d’une grande quantité de bulles d’air qui se dégageaient de la Conferve; autour de ces bulles de gaz se trouvaient des globules ordinaire- ment agglomérés, et entre eux nageaïent les infusoires. La fig. 4 représente un de ces amas supporté par une balle d'air. On y voit clairement plusieurs corpuscules d’un vert foncé , ronds ou plus ou moins allongés, d’au- tres, d’une couleur plus claire, gonflés, et avec un ou deux appendices, tantôt dirigés en sens opposé et tantôt à angle droit, et qui sont évidemment en état de XHL, 28 (434) germination , et deux petits corps ovales qui à la base sont plus foncés et presque d’un noir bleuûtre , et qui, à l'extrémité opposée, paraissent presque transparens ; ceux-ci nagent librement. La fig. 5 montre une sembla-” ble réunion de ces élémens vus au microscope ; on y voit en À et B deux animalcules dans une position diffé- rente, en C un animalcule mort et plusieurs jeunes plantes dans diverses périodes de leur germination. » Le passage de la nature animale à la nature végétale me parut une vérité d'autant mieux confirmée , que , du- rant l’espace d’une heure, je pus suivre des yeux non- seulement le ralentissement successif de la vitalité des mouvemens de chaque infusoire et sa mort lente, mais aussi le développement subséquent des animaux morts en plantes en germination , de sorte qu’il me parait superflu de rapporter d’autres observations à cet égard. Mais , le 12 mars, j'eus le plaisir de voir mes conjectures sur l’origine de ces monades se vérifier complètement. J’en- trepris d'observer sans interrruplion un des tubercules de fructification décrits ci-dessus, jusqu’à ce que je me fusse assuré de ce que devenait la matière vert-foncée qui le composait. À peine avais-je observé pendant une demi-heure, durant laquelle de minute en minute je fixais l’état de l’objet que j'observais par des grossisse- mens convenables, que je fus témoin des changemens suivans. » Le globule devenait toujours de plus en plus foncé et un peu transparent vers l’extrémité ; dans le milieu il était évidemment un peu étranglé, et paraissait présenter quelques traces de mouvement spontané (fig. 3. a.). J'étais alors extrèmement attentif et je pouvais à peine (435) en croire mes yeux, lorsque je vis l’étranglement qui séparait le glôbule en deux autres globules presque sem- blables devenir toujours plus marqué et une sorte de gaîne vide se former au-dessous de ces globules, et lorsque Jj'aperçus aussi clairement les deux globules se mouvoir spontanément vers l'extrémité , sans être poussés par la matière verte placée au dessous ; le développement con- tinuait , le globe supérieur et la gaîne augmentaient tou- jours , le globule inférieur , au contraire , diminuait dans le même rapport, jusqu’à ce qu’il disparut enfin complè- tement, etqu’il ne resta plus qu’un globule qui s’échappa par une ouverture arrondie et terminale, se mouvant spontanément dans le liquide , jusqu’à ce qu'il eût atteint Ja surface de l’eau; tout cet accouchement dura environ trente secondes. J'ai suivi ce phénomène sur des fructi- fications développées dans diverses positions et sur des plantes d’äge différent, et je puis considérer le temps moyen de cette sorte d'accouchement comme étant d’en- viron une minute. » Il me restait maintenant à examiner particulièrement la durée de la vie de ces monades et leur développement subséquent. Dans ce but, je versai de ce flacon dans une soucoupe un peu d’eau fdans laquelfe se trouvait une quantité suflisante de ces monades, et je remarquai combien de temps elles continuaient à se mouvoir; gé- néralement elles moururent en même temps, après avoir nagé pendant une heure bien vivement et libre- ment. On remarquait que quelques-unes, dont les mou- vemens devenaient de plus en plus faibles, cherchaient le bord de la surface de l’eau , tandis que d’autres se dé- posaient au fond du liquide dans le milieu du vase. (436 ) » Aussitôt que ces monades qui avaient, tant qu'elles sé mouvaient, une forme ovale, et dont une des extrémités était d’un verd foncé, tandis que l’autre était transpa- rente, n'offraient plus aucun signe de vie animale, le premier changement qu'on observait était le passage de la forme ovale à la forme globuleuse et l4 distribution égale de la couleur verte dans toutes les parties. »En même temps le passage de la vie animale à la vie végétale avait lieu, et le développement subséquent, soumis à d’autres lois, commence aussitôt que l’anima- lité cesse. » Au bout de peu d’heures (six à huit), le globule, qui devient toujours de plus en plus transparent , com- mence à donner les premières preuves de son nouveau mode d'existence par la production d’un appendice qui ne se présente d’abord que comme une petite protubé rance de la vésicule qui le forme. Pendant le premier jour, cet appendice, qui se distingue à sa couleur plus claire, ne change presque pas. Au bout de deux jours, il est plus allongé et quelquefois recourbé. » Le troisième jour, on voit naître sur le germe prin- cipal un second D à angle droit qu’on peut con- sidérer comme l’analogue de la radicule; le quatrième jour, l'extrémité de cet appendice se crève et il sort tout autour de l'extrémité ouverte du tube , une matière mu- cilagineuse et granuleuse qui, se coagulant tôt où tard , se change en rameaux radicellaires qui s'unissent à l’ex- trémité ouverte du filament. C’est par cette partie que les jeunes plantes se fixent à la surface du verre ou des au- tres corps si solidement qu'on les brise plutôt que de les détacher, — ( 437.) » Pendant les cinquième, sixième et septième Jours , il ne s’opère pas d’autres changemens que l'accroissement des parties déjà existantes et le développement d’un nou- veau rameau qui sort de l’appendice radicellaire ; pen- dant les jours suivans , il se développe encore, quelque- fois d’autres rameaux secondaires, mais dont la produc- tion n’est pas constante. » Enfin, vers le onzième jour, quelquefois plus tôt lorsque les cifconstances sont favorables , on voit se for- mer , à l'extrémité du rameau principal, un tubercule plus dbscur qui , passant par ioutes les pnases déjà dé- crites , devient l'organe de la reproduction. » Des tubercules semblables se développent quelquefois les jours suivans sur les rameaux secondaires. I] paraît donc que douze jours sont à peine nécessaires pour que cette plante accomplisse le cercle complet de son exis- tence. » Après que la plupart des jeunes plantes en fructifica- tion eurent expulsé leurs corps reproducteurs, ce qui eut lieu pendant ce jour et les suivans (1), je continuai à étudier leurs changemens subséquens; les extrémités vides et les tubes voisins remplis de matière verte se dé- truisirent peu à peu, et, au bout d’une semaine, plus de la moitié d’entre eux étaient vides et flétris , les semi- nules infusoires suivirent le même mode de développe- ment que j'ai déjà décrit ; mais , vers le 12 avril, quoi- qu’ils eussent atteint une taille égale à celle de la plante mère , ils ne montraient aucune apparence de fructifica- (x) IL est à remarquer que cette émission a lieu immédiatement lors- qu’on les a retiré de l’eau pendant quelques secondes pour les exposer à, Pair, (438 ) tion, et, sous l'influence de Ja température plus élevée de cette saison , ces jeunes plantes et quelques rameaux nés sur les anciens individus continuèrent À peine à se développer. Ù » Au dessous des tubercules vidés etde plusieurs points de la tige principale naissent , sous différens angles , des rameaux un peu plus étroits ; ces rameaux sont en géné- ral très-longs et surpassent beaucoup en longueur la tige principale. Au bout de dix à douze joe leur dé- veloppement, on voit, vers l’une ou l'autre de leurs extrémités, cà et là à diverse distance du sommet , se for- mer des protubérances plus ou moins régulières en forme de massue , droites ou un peu recourbées, et d’au- tres sur les côtés de la tige qui sont en forme de capsule ou de vésicule. Ces vésicules sont d’abord d’une couleur vert-claire uniforme, et sans que leur grosseur, qui sur- passe plusieurs fois celle des rameaux augmente, ils de- viennent toujours d’une couleur verte noiràtre plus fon- cée vers la base, et on y distingue alors clairement un ou deux globules d’un rouge brun , souvent entourés de gra- nules plus petits évidemment privés de mouvemens, tan- dis que les gros se meuvent spontanément et lentement çà et là dans l’intérieur de la capsule, par des contractions et des dilatations inégales , d’où naissent des changemens de forme remarquables. Je vis ces globules, au bout de huit à dix jours après leur apparition, encore enfermés dans la capsule, se mouvant toujours plus lentement, ne prenant pas d'accroissement bien marqué, tandis que la base de la capsule devenait plus transparente; enfin, j’ob- servai qu'au lieu de leur expulsion, à laquelle je m’atten- dais, l'extrémité de la capsule, au bout de quelques RTE (439 ) jours , prit une forme anguleuse et donna plus tard naïs- sance à deux expansions en forme de cornes ; elle resta dans cet état et prit toujours une couleur plus pâle ; tan- dis que l’animalcule devint plus foncé et mourut, et plus tard il finit par se détruire en même temps que les autres parties de la Conferve. » De ces observations, M. Unger conclut que l’on doit admettre le caractère du genre Æctosperma donné par M. Nées d'Esenbeck (1), et qui est ainsi exprimé : Fila ramosa, continua, sub apice prolifera, sporas apice col- ligentia in globulum vivum post partum liberè natan- tem morteque revirescentem. I] résulte aussi de ces observations, que la Conferva dilatata et ses variétés 6 clavata, y bursata , à vesicata , ne sont que des degrés différens de développement des mêmes individus , et ne peuvent, par conséquent, pas être considérés même comme des variétés. Pour compléter cette esquisse de l’histoire des Con- ferves à seminules animées , nous allons rapporter le ta- bleau systèmatique des genres que M. Nées admet dans cette famille , tel que ce savant l’a présenté en 1823 ‘dans les actes de l’Académie Léopoldine des curieux de la nature. HYDRONEMATEZÆ. Hydrophyta filamentosa, vel motu proprio tuborum, vel sporarum Juga coituve crescentia. À. tremelloideæ. rx. Nosrocn Lyngb. Sporæ , in fila moniliformia motu concreta, intra mucum, in vesiculé ampliori inclusum. À l'égard des mouvemens des sporules de cette plante, (1) Wov. Act. Acad. cæs, lcop, Carol., vol. xt, pars. 2, p. 518; (440) M. Nées renvoie à ses observations consignées dans son ouyrage sur les Algues d’eau douce. 2. SxncozresiA Nées. Sporæ, e vesicula mucigera erumpentia et, facta eruptione, in fila moniliformia concrescentia. ( Conferva mucoroides Agardh.) Dans ces deux genres, M. Nées admet l’aggrégation en série des molécules reproductrices après leur émis- sion et leurs mouvemens, théorie qui s'accorde avec celle émise par M. Desmazières pour les Mycodermes, et par M. Gaillon pour plusieurs Conferves marines, mais qui a encore besoin de faits présentés avec détail et précision pour pouyoir être généralement adoptée. B. Oscillantia. 3. BacrrrarrA Nitsch. (1) Fila rigidula abbreviata, granulis per in- tervalla coacervatis fæta, libero motu prædita, muco involuta et sœpe in fasciam transversim concrescentia. ( Bacillaria et Echinella Bory. ) 4. OscivrzatoniA Thunb. Fila simplicia vel ramosa, dense annulata , rigidula, motu spirali crescentia. (Dillwynella, Oscillaria, Vagi- naria et Ænabaina Bory.) Dans un Mémoire du professeur Schrank, ce savant a cru pouvoir établir que les genres précédens apparie- naient évidemment au règne animal et devaient se ranger auprès des Vibrions ; mais , si on compare l’organisation extrèmement simple et réellement confervoïde des Os- cillatoires ou des Bacillaires avec celle déjà très-com- pliquée des Vibrions, telle qu’elle a été décrite et figu- rée par MM. Bauer et Duges (2), on sera forcé de con- venir qu'il y a bien peu d’analogie. (1) Beytrage zur infusorien kunde , p.34, tab. v et vr. (2) Annales des Sc. nat., tom. 11, p. 154, et tom. 1x, p. 225. SET (441) 9. Diaromà Nées. Fila lateraliter concrescentia in articulos angulo sæpe cohœrentes secedentia, sporisque:intus in globulos coeuntibus prædita. ( Diatoma et fragilaria Lyngb. — Diatoma, Achnanthes et Nematoplata Bory.) M. Nées reconnaît d’une manière générale qu’en réu- nissant souvent en un seul genre plusieurs des genres fondés par M. Bory St.-Vincent , il ne prétend pas éta- blir que ces genres ont été distingués à tort, mais seule- ment les envisager sous un point de vue différent. et.plus général. | C. Confervoidea. 6. SarrozecniA Nées..Fila simplicia ,articulata, sporas, perarticulos sibi succedentes motu præditas , spargentes. Ce genre est fondé sur le Conferva ferax de Grui- thuisen , à laquelle M. Nées donne le non.et le, carac- ière suivant. Saprolegnia molluscorum : filis fasciculatis strictis æqualibus, articulis diametro filorum multo longioribd®t, sporis lutescentibus. 7. AcuryxA Nées. Fila sumplicia vel sub apice evacuato prolifera , con- ‘üinua, sporas, post emissionem motu indistincto in globulos concres- centes , effundentia. C’est à ce genre que se rapporte la plante observée par M. Carus et probablement celle décrite par Lyngbie sous le nom de Vaucheria aquatica , trouvée également sur des animaux morts et submergés. La pre- mière espèce est ainsi caractérisée. Achlya prolifera, Fiäs cæspitosis hyalinis tenerrimis simplicibus apiceve furcatis, sub apice clavato, post sporas emissas hyalino, continuatis. ( 442) | 8. Prrmidm. Fila simplicia vel ramosa , apicibus in vesiculas globosas (sporas colligentes ) inflata. Ce genre est fondé sur les Mucor spinosus et imper- ceptibilis de Schrank, qui, parmi les Cryptogames aquatiques, représentent presque.le genre Æspergillus. 9- Zoocarpsa. Fila simplicia vel ramosa, articulis terminalibus sece- dentibus et animalculorum ritu sponte natantibus , demum desiden- tibus etin fila extenuatis ( Zoocarpis Bory } reproducta. — Genera AnTaopxysA Bory (filis ramosis, cujus zoocarpum ; inter alia infu- soria, V’olvox vegetans Mulleri habendus est). Tinesras Bory (Con- Jerva bipartita Dillw., tab. 105, cum zoocarpis ejus Cercaria po- duraret wviridi Mull.) et Capmvus Bory (Conferva desiliens Dillw. , Lyngb., tab. 45, Æ, cui zoocarpa tribuuntur Monas et Enchelis pulvisculus Muil. ). 10. EcrosperMa. Fila ramosa, continua sub apice prolifera , sporas apice colligéntia in globulum vivum, post partum libere natantem morle que revirescentent. Le mouvement des corps reproducteurs de ce genre qui a pour type le Conferva dilatata Roth fut déjà aperçu vaguement par Trentepohl; M. Nées l’a étudié plusieurs fois et décrit avec soin , et les observations de M. Unger, que nous venons de rapporter, les confirment complètement; quelques auteurs l’attribuèrent à une erreur d'optique , mais l'absence de ce mouvement dans les vrais J’aucheria, lorsqu'on les observe dans les mêmes circonstances , prouve bien que ce mouvement existe réellement et qu’il est propre à ces corpuscules. M. Nées dit en eflet n'avoir observé aucun mouvement dans les globules reproducteurs des F’aucheria dichoto- ma, cæspuitosa, Dillwynit, geminata et racemosu. (443) Malgré cette absence de motilité dans les séminules , M. Nées place ce genre et le genre Zygnema ( compre- ant les genres Zendaridea, Salmacis et Zygnema de M. Bory) à la suite de cette famille des Hydronematées qui correspond ainsi en grande partie à celle des Athro- dies de M. Bory , si ce n’est que ce savant n’y comprend pas les genres Nostoch, Ectosperma et Faucheria, et ne paraît pas avoir eu de notions suflisantes sur les gen- res Syncollesia , Saprolegnia, Achlya et Pythium de M. Nées pour les y admettre. EXPLICATION DE LA PLANCHE XVI. Fig. 1. a, un rameau en fructification de l'Ectosperma clavata de Vaucher de grandeur naturelle ; b, le même grossi. Fig. 2. Extrémité en fructification dans diverses périodes de dévelop- pement. a, extrémité contenant un globule simple ; b, c , extrémité con- tenant un double globule qui n’a pas commencé à sortir; d, extrémité vide donnant naissance à des rameaux au dessous d’elle ; e, f, h, divers degrés de développement des rameaux. Fig. 3. Expulsion de globule reproducteur dans cinq momens succes- sifs. Fig. 4. Groupe de ces infusoires soutenus par une bulle d'air, deux libres et se mouvant, d’autres passant à l’état végétatif et dans di- verses périodes de germination , vu à la loupe. Fig. 5. Un groupe semblable vu au microscope composé. — 4,B,C, divers états des infusoires. Fig. 6. Jeunes plantes en germination également grossies. 1 au bout d’un jour. 2 après 2 jours. 3 après 3 jours. après 4 jours. après 5 jours. après 6 jours. OO ( 444 ) 7 après 9 jours. 8 après 8 jours. Fig. 9.a, un groupe de Conferves dix jours après leur germination ; c, le même le lendemain, et dont les extrémités des rameaux sont chargées de fructification. Fig. 8. Plantes séparées de ces groupes, dans divers états de fructifica- tion , et dont une émet son corps reproducteur, Fig. 9. Rameaux de douze jours , développés sur la tige principale après l'expulsion des corps reproducteurs , avec son extrémité en forme de massue. Fig 10: Extrémités semblables avec leurs animalcules intérieurs ( Conferva dilatata , £ clavata Roth.). Fig. 11. Semblables rameaux avec des vésicules latérales en forme de capsule, contenant également leurs animalcules ( Conferva dilatata, + bursata Roth.). Fig. 12. Les mêmes expansions terminales et latérales, quelques jours plus tard , avec leurs globules intérieurs encore vivans. Norte sur la Glaubérite de la mine de sel de Vic; Par M. Durrenoy, Ingénieur des mines. On a découvert dans la mine de sel de Vie, principa- lement dans les bancs de sel le moins pur, des veinules et des amas d’un minéral qui a été désigné sous le nom de Polyalithe. M. Berthier a publié dans le tome x des Annales des Mines, p. 261, des analyses de cette substance, qui le portent à conclure qu’il y a dans cette localité deux va- riétés de Polyalithe. W désigne l’une sous le nom de Polyalithe rouge, et l'autre sous celui de Polyalithe gris. D’après la composition de la première, il conclut (445) que la première est un mélange de glaubérite, de muriate de soude , d'argile ferrugineuse et de sulfate de chaux. J'ai examiné des cristaux assez complets de cette va- riété, qui confirment la supposition de M. Berthier ; ils ont la forme d’un prisme rhomboïdal très-oblique portant les troncatures sur deux arêtes adjacentes de la base. Il existe un clivage très-facile parallèlement à la base; il est indiqué dans les cristaux non fracturés, par les anneaux colorés que l’on remarque sur cette face , et en- suite par les stries parallèles aux arètes, stries qui sont dues à des petites faces parallèles, en retraite les unes sur les autres, comme les marches d’un escalier. Cette substance présente aussi des clivages parallèles aux facés qui sont sur les arêtes contiguës de la base : ces faces sont très-éclatantes ; elles correspondent à la forme primitive de la glaubérite adoptée par M. Bron- gniärt , auquel nous devons la connaisssance de ce mi- néral. Les angles sont sensiblement les mêmes, comme il résulte de la comparaison entre les cristaux de glau- bérite de Vic et ceux de Villa-Rubia. Dans la glaubérite de Vic, j'ai trouvé les inclinai- sons suivantes. { De la base sur les faces verticales de la forme primitive, P sur M ou M'— 1040.05 (x). Des deux faces du prisme, M sur M'= 830.15. De la base sur les faces secondaires, P sur e ou e — 1360.45. Des deux faces secondaires entre elles, e sur e — 1160.30”. De la face secondaire sur la face primi- tive, M sur e où MW” sur 6” — 1470.96”. ‘ (x) On à donné ici l’angle obtenu directement par le goniomètre ; celui calculé serait 104°,r 1. (448 ) | M. William Phillips donne pour les angles de la glaubérite de Villa-Rubia , les valeurs suivantes. P sur M ou M’. 1040.15. M sur M 382 P sur e ou sur e?. 1370.09’. e sur €’. 1160.20’. M sur eou M’sure’. 1470.40. Les autres caractères du Polyalithe de Vic sont éga- Icment d'accord avec ceux de la glaubérite. J'ai trouvé que la pesanteur spécique de la première substance est de 27:09. Celle de la seconde de 27.36. Les cristaux de la glaubérite de Vic sont souvent co- lorés en rouge; mais cette coloration est due à l’in- terposition d'argile ferrugineuse; en effet souvent une partie du cristal est coloré, tandis que l’autre est in- colore. Elle est transparente et limpide; très - éclatante ; surtout sur les faces qui appartiennent à la forme primitive ; elle m’a paru s’altérer moins facilement par l’action de l'air , que la glaubérite de Villa-Rubia. Elle se décompose également par l’eau et laisse un résidu de sulfate de chaux, souvent mêlangé d'argile ferrugi- neuse. Cette substance se fond avec une grande facilité ; par le refroidissement, elle se prend en une masse cris- talline qui présente les formes de la glaubérite. D'après cette description , il ne doit rester aucun in- certitude sur l'identité du Polyalithe de Vic et de la Glaubérite de Villa-Rubia ; quant au Polyalithe d'Is- ( 447) chel en Autriche , qui a été trouvé également avec le sel gemme , on doit, d’après l’analyse de M. Stromeyer, le regarder comme une espèce particulière. Nore additionnelle au Mémoire sur les Canaux péritonéaux de la Tortue et du Crocodile ; Par MM. Isi. Grorrroy S.-Hizaire et J, G. Marin. Dans le Mémoire que nous avons lu à l'Académie royale des Sciences sur les canaux péritonéaux , ét qui a été inséré textuellement dans ce recueil (voy. p. 153), nous avions été conduits par l'examen anatomique des parties et par l’aralogie, à admettre comme possible l'existence, chez les Tortues, d’une communication entre les canaux péritonéaux et la cavité du cloaque : suivant notre manière de voir , les deux conduits extrè- mement tenus que nous avons découverts dans le cli- toris , pouvaient être considérés comme des branches de terminaison des canaux péritonéaux. De nouvelles re- cherches entreprises quelque temps après , etdont les ré- sultats sont consignés dans une Note imprimée à la suite de notre Mémoire (p. 201), avaient confirmé cette ma- nière de voir; et nous regardions dès-lors, comme un fait presque démontré, l’existence de cette communication dont nous nous étions borné dans notre premier tra- vail, à établir la possibilité. Cependant cela même ne suffisait pas ; il fallait confirmer par l'observation di- recte les résultats que nous avaient fournis l'induction et £ PURE | mm (448) l'analogie; car , en anatomie, ce qui n’a pas été vu në saurait être considéré comme rigoureusement démontré. Un Emyde appartenant à l’espèce connue sous le nom d’Emys trjuga, et tout récemment morte à la ménage- rie du Muséum royal d'Histoire naturelle ; vient de nous fournir enfin la preuve qui nous manquait. Nous avons parfaitement réussi sur cet individu à injecter au mer- curé les deux canaux péritonéaux, et nous avons vu l'injection pénétrer non-seulement dans les corps caver- neux , mais aussi dans les petits conduits du gland qui se trouvaient alors gonflés, et faisaient saillie à la surface de l’organe. Mais ce qui établit encore d’une manière plus positive l’existence de la communication, c’est le fait suivant : en poussant d’avant en arrière avec le manche d’un scalpel un des globules contenus dans les canaux péritonéaux , nous pouvions à volonté le faire entrer soit dans les petits conduits du gland, soit dans les corps ca- verneux; puis, par un mouvement inverse, nous le faisions rentrer dans les canaux péritonéaux. Ainsi des globules contenus dans les petits conduits du gland pou- vaient être poussés dans les canaux péritonéaux , et de là dans les corps caverneux, et réciproquement ceux con- tenus dans les corps caverneux , pouvaient être portés, par l'intermédiaire des canaux péritonéaux, dans les pe- tits conduits du gland, et de là, dans la cavité du cloaque. La vérité de notre hypothèse , que les petits conduits du gland sont des branches de terminaison des canaux péritonéaux , est donc rigoureusement démontrée : fait qu’il nous semble extrêmement important d'établir, non-seulement à cause de son intérêt physiologique , RE ( 449 ) mais aussi parce qu'il complète notre travail anatomi- que , en fixant nos idées sur le seul point à l'égard du- quel nous pussions conserver encore quelque doute. Il est à remarquer que, chez l’'Emys trijuga, les deux conduits du gland offrent une disposition un peu différente de celle qui existe chez le Testudo indica. Leurs orifices, au lieu d’être placés vers le sommet de cet organe et très-près l’un de l’autre, étaient séparés par un assez grand intervalle, et presque aussi rapprochés de la base du clitoris que de son sommet. La disposition qui existe chez l'Æmys trijuga tient par conséquent le milieu entre celle que nous avions trouvée d’abord chez le Testudo indica, et celle que nous avons observée plus tard chez le Crocodile. Au reste, ce dernier fait n’a d'intérêt que sous le point de vue zoologique , et ne peut fournir aucune conséquence relativement aux fonctions des canaux péritonéaux. | L'observation que nous venons de faire connaître, nous permet maintenant d'établir comme certaine la proposition suivante, qui est, pour ainsi dire, le ré- sumé de tout notrestravail anatomique : les canaux *péritonéaux, chez les Tortues et le Crocodile, se di- visent à leur extrémité en deux branches, dont l’une va s'ouvrir dans le cloaque , et dont l’autre se porte aux corps caverneux ; mais il y a cette différence, fort impor- | tante sous le point de vue physiologique, que cette se- conde branche s’ouvre dans la cavité des corps caverneux chez les Tortues, et qu'elle se termine en cul-de-sac chez le Crocodile. XIII. 29 = (450 ) Lerrre adressée aux Rédacteurs à l'occasion du genre Hyale et de quelques autres Coquilles trouvées à l’état fossile, Par M. Mancez be SERRES. Montpellier, 1°° mars 1828, Dans le Mémoire que vous avez bien voulu publier dans vos Annales, sur une nouvelle espèce d'Haliotis fossile, j'ai avancé que les faits semblaient indiquer qu'il existait plus de genres perdus que de genres vivans à rencontrer parmi les fossiles. J'avais avancé égale- ment que probablement il était certains genres qui, faute de coquilles solides, n'avaient pas pu passer à : l’état fossile. J'avais signalé spécialement les genres Vo- dosaria, Hyalæa, Dolabella, Carinaria, Acasta, Creusia et Pyrgoma, et onze autres genres, &ont les coquilles sont encore plus fragiles, comme ne se pré- sentant pas à l’état fossile , probablement par suite de la fragilité et de la ténuité de leur têst. Je doïs observer que j'étais tout-à-fait dans l'erreur à l'égard des sept genres que je viens d'énumérer, puisque M. Grateloup vient de découvrir le genre Ayalæa dans les environs de Dax (Bulletin de la Société Linnéenne de Bor- deaux, tom. 2, p. 4.), et qu'il est probable qu'il en sera de mème des six autres. Mais cette découverte ne change point notre proposi- tion ; elle la confirme au contraire , comme celles que l'on pourra faire d'espèces vivantes à l’état fossile. Elle modifie seulement, comme nous nous y atten- (451) dions , les rapports que nous avons dit exister entre les genres fossiles et les genres vivans. Aïnsi , en ajouant les genres Vodosaria, Dolabella, Carinaria, Acasta, Creusiaet Pyrgoma , aux genres connus seulement à l’état vivant et qui ont pu passer à l'état fossile, il en résulte qu’au lieu de quarante-trois , il y en aurait quarante-neuf; mais, comme il faut en re- trancher le genre Æburna qui vient d’être trouvé à Dax à l’état fossile, reste quarante-huit. D'un autre côté, l’on a découvert un nouveau genre perdu, nommé Fe- russina par M. Grateloup (Bulletin de la Société d'Histoire naturelle de Bordeaux, tom. 2, p. 5.), genre dont M. Lefroy vient de rencontrer une nouvelle espèce dans les terrains d’eau douce des environs de Montpellier, espèce qu'il a nommée Zapicida , à raï- son de la forme de la coquille. Or, par suite de cette découverte d'autant plus intéressante , qu’elle fournit le premier exemple d’un genre perdu enseveli dans les ter- rains d’eau douce; au lieu de cinquante-sept genres con- nus seulement à l’état fossile, il y en aurait cinquante- huit, c’est-à-dire, que les genres perdus seraient en excès sur les genres vivans d'environ un huitième. FIN DU TREIZIÈME VOLUME. A , TABLE DES PLANCHES RELATIVES AUX MEMOIRES CONTENUS DANS CE VOLUME. | — 05288 0— PI. r. Anatomie de la Lamproiïe. PI. 2. Centrolépidées. | PI. 3, Restiacées. PI. 4. Joncinées. PI. 5. Eriocaulonées. PI. 6 et 7. Anatomie du cloaque, des canaux péritonéaux et des corps caverneux. PI. 8. Développement de l’œuf de l’Araignée diadème. | PI. 9. Développement des Araignées. — Triongulin des Andrenètes. — | Filaire de la Forficule. PL. 10. AGaricus RADIANS. — HErorTium HinsuTuMm. — Triszipium | HISTERINUM. PL 11. 4. Strophostome lisse, — B. Strophostome strié. PL. 12. Monstres dérencéphales. PI. 13. 4, Rhoé de Latreïlle: — B.Cume d’Audouin. PI. 14. Pontie de Savigny. PL. 15. Nébalie de Geoffroy Saint-Hilaire. PI. 16. Reproduction et développement de l’£ctosperma clavata. PI. 17, 18. Creseis. PL 19, 20, 21, 22. Anatomie des Forficules. PI. 23. Coupes représentant la disposition du gypse et du calcaire dans le S.-O. de la France. FIN DE LA TABLE DES PLANCHES, L VA re , Ann. des Se. nat. Tom.13. S Ÿ Analomce de la Lamprore . PL2; Ann. des Je. natur. Jom.13, Êé a —— a F° Ple VL EE fig L Aphekiz cyperoides. Leg À. Aepyrum Purue. Lig I. Centrolepis pulrnate . Pig. IV, Centrolepis J'arcrcularis. ip à Ladies te | fétiche dde s ‘ Ann. des Je. ratur. om .13. PINS, 1) D LA A ÆPleefilr se. Lig.L. Cannomois ephalotes. Fig. 1. À alopaus 1227777772 Lg. Al. Lepyrodia hermaphrodita. TA PTS PRE SRE PR Ann. des Je. natur, Tom. 13. PL, 4. 7172 ÿ' Jpathanthus zntlatrale ; 72 T'Rapatea paludesa ’ pe RS MEN «l Ann des Je. natir Tom. 13. ÿ PIE: Fig. I Hg. AI Jphoerochloa CAGE : 7272 LL Randalia a Lcançqulare , Fig. D //2 Jymphachne æyriotdes ; Pig IV Tone flhavitles , mL il on DÉURE Pe Ana. des se nak tome 13 ; ED A TJ CMarin del et lith g Luke. de Lan. lume D Anatomie de la Tortue. PIN Cloaque Lith de Lan / LA lue 1222 J'EMentin del léh v Anatomie de la Tortue. ” . VA eruoneaur . PI IT Canaux P Ann. des sc nat. T 12. PIN: V/4 lerold del Atelér de Guérin Léh.de Zanglume à À ll ? À $ D, element de A œuf des 7 Laignées ‘ 5 Are des sc nat. T 13. P/ D. | / ñ , € D: T4 r 2 | WAlereld « Leon 2 uf. del Atclier de TT Luh. de Langlume )» ; / D. ; 7 \ A Dévelyppenrent des rasgners B À 15 ongulen 742 ne les / L £ + ES C. ?üare de La forfutte. Ann. des Je. natur. Tom .13 By Z Agarieur radans . Fe 17. 1. Helotrn hirsutum. La. DL. Tribhdum hysteruum Ann.des sc. nat. Tom. 13 à / / 17 Langlume Duhayé del Atelier de Gueun Luth. de ‘ < Genre strophostomne . [2 Ann. des sc nal. tom 13 PAM. Luk. de Langlumé Nr D 1V ; n , D! Portal Vincent del Atelier de buerur Monstres dérencephales Ann. des se.nat. Tome 13. PIPTa: A.Rhoe de Latreille . s B.Cume d'Audour . Rh: Latreillu. Vdw. Cum: Audouinit .Edw. Ann. des Je. natur. Tome 13. Pli} = Ponte de WJavigny. Pontia Vavignyt, Edw. UE à EPA MNT TE IS DRE # s * ll ‘ » n , 4 ; . A { { à l » Ce LT 2 MY EmeR ET, 1 et 2- Le oRe . = FÉES En « Ann. des Je. natur. Tome 13. Pl/18 Webale de Ceoffroy -J'É- Hilaire . Vebala Geoffroyr, Edw. f Ann. des ve.nat. Tom.13. Reproduction el développement de l'E etosperma elavata . AE Te TEEN EEE CE SECTE À 7771 Pl 7 des sc nat Zom 15 Ann 7 Lit, de Langluré [ ) » VetoIL_. 2) LA 7 dr Ce d J . 2 Jous - genre, Creseis , lang. PAT SUS 3, va D NA A + LED ‘ S Pi {nn des sc. nat tom 15. 2 4 À & À | À : $ PRÉ TRE PRRQUMEN LE Atelier de hein Lih de Langlume 17 D, Cleodores, Yerou. . \ + 2] ù fous - genre, Crebets, lang 4101 Ann. des sc. nat. Tom. 13. 2 /9. . Meunier d'apres Dufour 7 à s Ll'orficiules Ann.des sc. nat. Tom.13. Ù Lab Meuruer dapaes Dufour Lith. de A. C'ANelr Denphene, 26. Porficules. in, des «ec. nat. Tom.13 PL 21, Hlanir d'aprés Dufour - ë ZE. 2 M VMoëbr Danphs, 26 Porficules. L) MN Î " . “ nl . ‘ Œ 2 Am des scnaë Tom. 13. ANèet, r Dajsphire, ./V°20 r Meunier d'apres Dufour hciules 7 O7, t 7 ue ei L'or 9:19 1 le die ANAL alt ) Terrain Æouiller Calcatre a Belemnies ? Gypse Caleaire Cellulaire Caleaire Jehirteux Oolitique Terrain Tertiaire (Molasse ) Ann des Se. naturelles. Tom 13 | __P138. | Disposition du Gvpse et du Calenire . Caleare. Ooliique Sehérteur 7 422 ak. Cobluire a — Durban SANTE ANT Lnoirons NARNIA NEA EA NEA nn nr Y Caxoukr | Cellulaire 7) = ES Environs de Casoulr près Beuersr (Herault ) TABLE MÉTHODIQUE DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE VOLUME. NO Oeera— ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE ANIMALE, ZOOLOGIE. Mémoire sur la Structure des Nerfs ; par J. A. Bogros. Observations sur la grande Lamproie ( Petromizon marinus) ; par le docteur G. Born. Observations sur les mouvemens spontanés des œufs des Campa- nularia dichotoma , Gorgonia verrucosa , Carycphylla calycu- laris, Spongia panicea ; $p: papillaris, cristata ; tomentosa , et Plumularia falcata; par Robert E. Grant. Description du lriongulin , nouveau genre d’insectes de l’ordre des Parasites ; par M. Léon Dufour. Notice sur la Filaria forficulæ ; par M. Léon Dufour. Observations sur les Habitudes de l’Anthribe marbré, espèce d’insecte qui vit parasite à l’état delarve ; par M. Vallot. Sur les changemens de plumage de quelques Faisans femelles ; par M. Farrel. Rapport fait à l’Académie des Sciences sur un Mémoire de M. Bretonneau, D.-M., intitulé: Notice sur Les Propriétés vésicantes de quelques insectes de la famille des Cantharides ; par MM. Duméril et Latreille. Nouvelles Expériences sur le système nerveux ; par M. P. Flou- rens. Expériences sur la réunion ou cicatrisation des plaies de la moelle épinière et des nerfs ; par le méme. Expériences sur la sécrétion de la Bile ; par M. Simon de Metz. Observations sur la Reproduction des Oiseaux domestiques ; par M. Gürou de Buzareingues. Recherches aratomiques sur deux Canaux qui mettent la cavité Pages. d 22 52 62 66 68 71 (454 du péritoine en communication avec les corps caverneux chez la Tortue femelle , et sur leurs analogues chez le Crocodile ; et Remarques sur la structure et la disposition du cloaque , du cli- toris et des corps caverneux chez la Tortue; par MM. Isid. Geoffroy $.-Hilaire et J. G. Martin. Note sur les Canaux péritonéaux des Emydes et du Crocodile mâles. ( Addition au Mémoire précédent. ) Note additionnelle au Mémoire sur les Canaux péritonéaux de la Tortue et du Crocodile; par MM. Isid. Geoffroy $.-Hilaire et J. G. Martin. Rapport fait à l’Académie des Sciences sur untravail de MM, Au- douin et Milne Edwards , ayant pour titre : Recherches ana- tomiques sur le système nerveux des Crustacés ; soi M. Geof- froy Saint-Hilaire. Description de plusieurs Monstruosités humaines .anencéphales classées et déterminées sous le nom de Dérencéphaless par M. Vincent Portal. Remarques au sujet du Mémoire Fe écédent ; par M. Geoffroy S.-Hilaire. Mémoire sur quelques Crustacés nouveaux ; par M. H. Milne Edwards. Recherches sur le développement de l’œuf des Araïgnées; par M. Hérold. Notice sur quelques Mollusques nouveaux appartenant au genre Cléodore, et établissement et monographie du sous - genre Creseis ; par M. Rang. Note sur le cri du Sphinx tête de mort ; par M. Passérini. Recherches anatomiques sur les Perce-oreilles où Labidoures, précédées de quelques Considérations sur l'établissement d'un ordre particulier pour ces insectes ; par M. Léon Dufour. Note sur la Gregarine , nouvéan genre de ver qui vit en troupeau dans les intestins de divers insectes; par M. Léon Dufour. Observations générales sur les Reptiles observés dans le voyage autour du monde de la corvette la Coquille ; par M. Lesson. Lettre adressée à M. le Président de l’Académie des Sciences, sur la dépendance mutuelle de la Respiration et de la Circulation ; par M. Defermon. Pages. 153 2017 447 218 233 2bo 287 4 560 302 332 366 (455 ) ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE ; BOTANIQUE. Observations sur quelques familles de plantes monocotylédones, d’après les manuscrits de feu M. le baron Palisot de Beauvois ; par M. Desvaux. Sur l’irritabilité du stigmate dans le Pinus larix ; par M. David Don. Rapport fait à l’Académie des Sciences sur un Mémoire de M. Ad. Brongniart , intitulé : Vouvelles Observations sur les Granules spermatiques des Végétaux ; par M. H. Cassini. Sur le Zycoperdon radiatum de Sowerby, et l Agaricus radians, espèce nouvelle ; par M. J. B. H. J. Desmazières. Note sur l’Znthoxanthum odoratum ; par M. Charles Kunth. Notice sur deux Cryptogames peu connues et nouvelles pour la Flore française ; par M. Léon Dufour. Observations sur la section des Trèfles nommée Zupulina par Linné , et sur une nouvelle espèce de cetle section; par M. Desvaux. Sur les métamorphoses et le Mouvement des corps reproducteurs de diverses Conferves, et particulièrement de l’Ectosperma clavata de Vaucher. MINÉRALOGIE ET GÉOLOGIE, CORPS ORGANISÉS FOSSILES. Note sur un fémur de Mastodonte à dents étroites ( Wastodon angustidens ) découvert dans les sables marins qui composent l'étage Le plus élevé des terrains marins supérieurs des environs de Perpignan (Pyrénées - Orientales) ; par M. Marcel de Serres. Note sur des traces de Tortues observées dans le grès rouge. Notice sur ia Constitution géognostique de la Touraine; par M. Dujardin. Extrait d’un Mémoire relatif à quelques espèces nouvelles d'Hyè- nes fossiles découvertes dans la caverne de Lunel- Viel près Montpellier ; par MM. Jules de Christoliet A. Bravard. Note sur la présence de la Webstérite dans l'argile plastique d'Auteuil près Paris; par M. Alexandre Brongniart. Pages. 323 428 122 ( 456 ) / Mémoire sur le Strophostome , nouveau genre de coquilles fossiles s de la famille des Hélices ; par M. Deshayes. 282 Note sur la présence du Pecopteris reticulata dans les mêmes couches en Angleterre et en France; par M. Adolphe Bron- : gniart. 335 Mémoire sur l’existence du gypse et de divers minerais métalli-” fères dans la partie supérieure du lias du S.-O. de la France ; par M. Dufresnoy. 394 Note sur quelques Montagnes du Haut-Pérou; par M. Coque- bert de Montbret. 420 Note sur la Glaubérite de la mine de sel de Vic ; par M. Du- Jresnoy. 444 Lettre adressée aux Rédacteurs à l’occasion du genre Hyale et de quelques autres coquilles trouvées à l’état fossile; par M. Mar- cel de Serres. FIN DE LA TABLE DES MATIÈRES. LAVAL VE VVUV LE V LU VE VAL U LUV LV VU UV EU LV ALU LEUV VE LULU VAR Errata du treizième volume. Page 22, ligne 17, au lieu de : equel n’était pxus; lisez : lequel n’était PLEIN. Page 160 , ligne 20 , au lieu de paysioLocique , lisez : PHILOSOPHIQUE. . Hors: L Fe on bgrée, dis — __—. em ji Hs HART ï Fi ue 1 Fi dE PRE GRAAREHE Erirtntt HE