ETS = ANNALES DES SCIENCES NATURELLES. TOME XXX. Par ERARUE > pnsrissotstesnlléitéiénis PER YMPRIMERIE D’'HIPPOLYTE TILLIARD, RUE DE LA HARPE, N° 88... /2rhnrei (CO VS Pal ANNELES À PAR MM. AUDOUIN, ap. BRONGNIART Er DUMAS, COMPRENANT LA PHYSIOLOGIE ANIMALE ET VÉGÉTALE , L'ANATOMIF COMPARÉE DES DEUX RÈGNES, LA ZOOLOGIE, LA BOTANIQUE ; LA MINÉRALOGIE-ET LA GÉOLOGIE. TOME TRENTIÈME, ACCOMPAGXNÉ DE PLANCIIES. 7 PARIS, CROCHARD, LIBRAIRE-ÉDITEUR, RUE ET PLACE DE L'ÉCOLE-DE-MÉDECINE, ER ke A 3 WW) > SSSR | L\EVRE ANNALES. SCIENCES NATURELLES. AA UV AAA AA AG VU VUE AU VUE VU VU UV AU UV UV ES MU VU LULU A/S À FRAGMENS D'ANATOMIE sur l'Organisation des Serpens , { Lus à l'Académie des Sciences dans les Séances du 18 Juin et suiv. 1832 ); Par G. L. Duvernorx. J'ai déjà eu l'honneur de lire à l’Académie, le 25 oc- tobre 1830, un mémoire sur les caractères tirés de l'anatomie, pour distinguer les serpens venimeux des serpens non venimeux (1). Les fragmens que je prends la liberté de lui com- muniquer aujourd'hui se composent : 1° D'un supplé- ment à ce premier mémoire, dans lequel je démontre la coexistence des grosses dents maxillaires posté- rieures et des glandes venimeuses, dans quatre espèces regardées jusqu'ici comme des couleuvres innocentes: Je joindrai à cette première partie plusieurs nou- (1) Aun. des sc. nat., t xxvi, pag. 113. Septembre 1835. mA TN (6) velles observations sur la glande lacrymale, et quel- ques développemens sur ses usages. 2° Dans la seconde partie de ces fragmens, je donnerai une nouvelle description de la rate des ser- péns, dont l'existence a été mise en doute dans ces derniers temps, et je parlerai, en passant, de leur pancréas et de leur foie. 30 La troisième partie comprendra les particula- rités d'organisation les plus remarquables de leur canal alimentaire, parmi lesquelles j’insisterai sur celles qui sont dues à mes propres observations. PREMIÈRE PARTIE. Supplément au Mémoire sur les caractères tirés de l’anatomie pour distinguer les Serpens venimeux des Serpens nor venimeux. J'indique, dans mon premier mémoire, et je décris de grosses dents maxillaires postérieures à sillon, et des glandes venimeuses : 10 Dans une espèce de Dipsas ( Bungarus interrup- tus, Oppel.) 2° Dans. une première espèce de Cerbère (Cuv.), (Homalopsis pantherinus (Boié.) 30 Dans une autre espèce de Cerbère (Coluber cer- berus, Daud.) Ces trois observations, ainsi que je l'annonce, coa- firmaient celles de Reinwardt, de Boié et de Schlegel, sur les facultés vénéneuses des espèces comprises dans les nouveaux genres Dipsas (Laurenti), et Cerberus (9) {Cuv.), ou Æomalopsis (Kuhl. ). J'en rapporte ensuite trois autres Sur autant d'espèces qui feraient encore par” tie du genre Couleuvre tel qu’il est caractérisé dans le Règne animal, ou qui devraient entrer dans des genres voisins, établis plus récemment ou non encore publiés; ce qui élève à six le nombre des espèces, parmi les ser- pens réputés innocens, que j'ai démontrées pourvues de glandes et de dents venimeuses. Quoique leur appareil soit beaucoup moins com- plet que celui des serpens à crochéts vénimeux, il n’était pas moins très important de le reconnaître dans les espèces qui en sont munies, sur-tout dans celles qui sont encore confondues avec les couleuvres qui passent généralement pour innocentes. Afin de bien apprécier les caractères des serpens ve- nimeux à crochets postérieurs, j’ai comparé : 10 Les dents ; 20 les mâchoires ; 30 les muscles qui les meuvent ; 4° les glandes salivaires, ét 5o la la- crymale des couleuvres innocentes, avec les mêmes organes, y compris la glande venimeuse, dans les serpens venimeux à crochets antérieurs. Il m'a été facile d'indiquer alors les modifications de tout cet appareil dans les serpens venimeux à cro- chets postérieurs, et de démontrer qu'il était, pour ainsi dire, intermédiaire entre celui des serpens ve- nimeux à crochets antérieurs et l'appareil de sali- vation et de déglutition des couleuvres ou des autres genres de serpens proprement dits qui sont inocents, et que ses effets devaient être beaucoup moins dan- rereux. (8) Ce qui va être dit de cet appareil dans les espèces où je l'ai récemment découvert; les figures qui sont jointes à mon travail; la comparaison que l’on pourra faire de mes descriptions avec les individus eux-mêmes, confirmeront en tous points les conclusions de mon premier mémoire. S 1 D? La collection de Strasbourg possède, sous le n° 307, une espèce encore indéterminée qui pourrait être com- prise dans le grand genre Couleuvre de Linne, dont je donne ci-dessous la description (1) : Elle a une (1) La téte de ce serpent est un peu plus large que le corps (pl.r, fig. 2); le museau court, obtus; les yeux latéraux un peu décou- veris ; les narines en partie, en avant, percées dans deux plaques dont l’antérieure, moins entamée par leur ouverture que la postérieure, se voit tour entière au bout du museau. La plaque du vertex est pen- tagonale, bornée par une ligne droite en avant , pointue en arrière. Les occipitales sont grandes, en forme de feuilles ; la temporale plus petite, de même figure; la temporo-occipitale, de même. Il y en a encore une semblable entre celle: ci et l’occipitale , et une autre entre la temporale et la dernière sus-maxillaire , qui est la huitième de ce nom et de son rang. Les plaques frontales sont pentagonales et se ter- minent en pointe sur les côtés. Les nasales sont triangulaires, ayant deux çôtés droits, et le troisième , qui est l’exlerne et l’antérieur, en ligne courbe. Une petite plaque carrée entre l’anté-orbitaire et la postérieure des deux qui cernent la narine, 1] n’y a qu'une plaque post-orbitaire étroite et alongée. Les écailles du corps sont.en forme de feuille alongée et pointue ; il y en a 21 rangées de chaque côté. Celles de la queue sont plus larges À proportion ; toutes sont imbriquées. Les 9 dernières plaques sous-caudales sont simples, les 36 pre- mières doubles, (9) rangée dersept petites dents maxillaires en arrière des- quelles se voient deux grosses dents cannelées , rap- prochées l’une de l’autre. La glande venimeuse (1), incrustée pour ainsi dire dans la glande salivaire sus-maxillaire qui la dépasse en arrière, en-dessous et en avant , a sa substance plus opaque , une couleur moins claire et des lobes qui la distinguent de la salivaire. Celle-ci a l'aspect plus clair, comme demi-trans- parent, un peu granuleux de la sus-mandibulaire, laquelle est étroite, recouvre la face externe de la man- dibule, et se réunit dans la commissure des lèvres à la salivaire sus-maxillaire ; ces glandes sont en dehors des muscles temporaux qui ne peuvent en comprimer aucune partie. Le glande lacrymale est médiocre, placée en grande partie hors de l'orbite, un peu sous le muscle tempo- ral antérieur. SE . Une autre espèce de la même collection, sous le Il y a doncen tout 45 rangées de caudaies, et 162 d’abdominales. La longueur de la tête, prise du bout du museau jusqu’à la saillie postérieure de la mandibule, est de 0,020 La longueur de la queue, de 0,071 Celle du corps depuis le bout du museau jusqu’à l'anus, 0,427 Les couleurs de ce serpent sont tellement effacées par l’esprit-de- vin, qu’on ne peut plus les décrire. À cause des plaques simples qui terminent la queue, nous proposons de lui donner le nom spécifique de héterure. ( Heterurus, Nob.) (1) PL 4, fig. C. a. (10) no 305, également inédite, dont je donne en note (+) les caractères, m’a présenté onze petites dents maxil- (1) La tête est étroite, un peu alongée, à peine plus large que le corps, en arrière ; le museau pointu ; les narines latérales, entourées de deux plaques, l’antérieure plus large, la postérieure plus enta- mée , ayant une valvule qui ferme en partie son échancrure. La plaque du vertex est pentagonale, pointue en arrière, droite en avant. Les occipitales ivréguliérement heptagonales. Les temporales étroites et alongées. La temporo-occipitale est derrière la temporale ; elle a quatre côtés irréguliers. Ii n’y en a qu’une dans le plus grand de nos individus, et deux dans le plus petit, figuré pl. 2, fig. 1, 2, 3. Les palpébrales sont étroites. 11 y a deux post-orbitaires de chaque côté, au-dessous l’une de l’autre, dont l'inférieure est la plus petite. Les frontales sont pentagonales, terminées en pointe sur le côté. Les nasales sont triangulaires, ayant le côte externe et antériure en ligne courbe; une petite plaque carrée devant l’anté-orbitaire, huit plaques sus-maxillaires Le corps, d’abord mince, va un peu en grossissant en arrière. Les écailles en sont lisses, unies, sans carène, hexagonales ; on en compte dix-sept rangées dont celle de l’épine est la plus étroite, et celle qui touche aux plaques est plus arrondie. La couleur des plaques sous-abdominales et sous-caudales est claire ; celle des écailles, plus foncée , ne présente ni grandes taches, ni marbres; seulement on aperçoit des traces de raies blanches très étroites , formant comme des anneaux, et composées de séries transversales de petites taches blanches. Dimensior du plus petit individu. Longueur de la tête, prise du bout du museau jusqu’à l’angle de la mandibule, 0,012 Longueur du corps depuis le bout du museau jusqu’à l’anus, 0,280 Longueur de la queue, 0,050 Plaques abdominales, 169 } Paires de sous-caudales, 49 ( #e.) laires de chaque côté (1), suivies de deux dents can- nelées qui se touchent, une fois plus grandes, au moins, que les autres. La glande venimeuse située au milieu de la salivaire sus-maxillaire, comme soudée avec elle, dépassée par elle en avant et en arrière (2), de forme rectangulaire, ayant la surface lisse, divisée en lobes et en lobulés, sur-tout vers son bord su- périeur, présente une couleur opaque qui la distingue facilement de la glande salivaire sus-maxillaire ; la- quelle offre un aspect plus granuleux. La glande la- crymale (d) est grande et recouverte , en partie, par le muscle temporal antériear. $ 3. La troisième espèce de couleuvre dans laquelle j'ai découvert récemment un appareil venimeux, est le Coluber jaspideus (Herm..) (3), qui se rapproche, pour les couleurs et le nombre des plaques, du Coluber cen- chrus (Daud.) (4), mais qui en diffère beancoup par les dents , la forme générale de la tête, la forme et la Dimension du plus grand individu. Longueur de la tête, 0,017 Longueur du corps, 0,355 Longueur de la queue, 0,074 Plaques abdominales, 178 } 229 sous-caudales, 51 Je propose de donner à cette espèce Le nom spécifique de Æ{bo- cinetus. (Nob.). (1) PL. 1v, fig. B. (2) PL 1v, fig: Ba. (3) Observ. Zool., p. 271. (4) Hist. des Reptiles, t. vu, p. 159, Paris, au x. (12) disposition des plaques qui la recouvrent (1). Cette espèce a les os maxillaires courts; chacun porte une série de douze dents dont les dimensions augmentent. un peu d'avant en arrière. Vient ensuite un fort crochet plus d’une fois plus long que les dents précédentes, ressemblant par- faitement, pour sa forme, aux crochets antérieurs des serpens venimeux ordinaires, enfermé, comme ces cro= chets, dans une gaine particulière; il est précédé d’un plus petit crochet de remplacement. Je n’ai pu, à la vérité, y découvrir de sillon dans toute sa longueur; le droit m'a paru en avoir un vers la pointe. La glande venimeuse (pl. 4, fig. Da), situéeimmédia- tement au-dessous de la lacrymiale, est plate, oblongue, adhérente à la glande salivaire sus-maxillaire qu’elle recouvre en partie et qui la déborde, comme à l’or- dinaire, en avant, en arrière et un peu en dessous. Sa face extérieure paraît divisée en lobes de gran- deur inégale; la face interne a l'aspect moins divisé. La salivaire sus-maxillaire s’en distingue par son aspect demi-transparent et sa surface unie. La sus-man- dibulaire a le même aspect; elle remonte derrière l'angle des lèvres à la rencontre de la glande salivaire sus-maxillaire. La lacrymale (d) placée hors de l'orbite, présente un développement très considérable; elle a sa surface ronde et elle se divise, dans son bord supérieur, en plusieurs lobes. (1) Je ne parle de celte ressemblance que parce que Boié, qui a visité le musée de Strasbourg avant son départ pour l'Inde, l'avait ainsi déterminée à la première vue, à travers le bocal qui la renferme. (à) Le muscle temporal antérieur (e) la contourne et là recouvre en partie pour la comprimer ; mais les autres glandes sont à l'extérieur des muscles releveurs de la Mmandibule (1). (1) Le Coluber jaspideus (Herm.) a la tête triangulaire, plate en- dessus, un peu courbée à l’occiput. (Voyez pl. 1, fig. 1, et pl. 2, fig. 4.) Les os maxillaires courts. Les narines latérales percées dans deux petites plaques. La plaque du vertex droite en avant, pointue en arrière , pentago- nale. Les palpébrales triangulaires , un peu larges , convexes, couvrant les yeux. Les occipitales en feuille, ayant le bord externe échancré. Les temporales larges, aussi en feuille, entre la pénuitième et l’anté- pénultième sus-maxillaire d’un côté ét l’occipitale de l’autre, sont sur le côté de la tête. On trouve une petite écaille en feuille, entre la temporale et l’occipitale. Les sus-maxillaires, au nombre de huit; deux post-orbitaires “étroites au-dessus l’une de l’autre; une anté-orbitaire. Une écaille en- tre la narine et la pré-orbitaire. Les frontales larges, pentagonales, irrégulières, repliées sur Le côté. Les nasales de forme analogue , ne recouvrant pas le côté. Le corps est très sensiblement plus étroit que la tête. Dix-sept rangées d’écailles. La rangée dorsale impaire, les deux latérales qui viennent après et les deux dernières, sensiblement plus larges que les autres dans le premier sixième de la largeur du corps; cette différence est moins sensible au-délà; les écailles en feuilie, sans carènes, hexagonales. Longueur du corps jusqu’à l’anus , r pied 7 pouces 6 lignes. Longueur de la queue, 3 pouces 6 lignes. La couleur est d’un brun-rouge , marbré de brun avec de bandes transver$ales , irrégulières, dont la nuance plus foncée est alternati- yement en avant et en arrière, et qui sont alternativement plus ou moins distantes. Le dessous du corps blanc jaunâtre, marbré de jaune et de brun. Je trouve un appareil semblable dans le Coluber sé- verus (L.), qui d'ailleurs ressemble entièrement, pour la forme de la tête, à l’espèce précédente (1). caudales, 5o Plaques abdominales, 145 } 195 La disposition des couleurs donne au Coluber jaspideus ( Herm. ) une grande ressemblance avec le Rabdocephalus du prince Maxim. de Wied ; mais cette dernière espèce n’a pas les veus aussi couverts ni les «ET palpébrales aussi larges. (1) La forme de téte large, triangulaire, plus aplatie encore en- dessus et sur les côtés. Les yeux latéraux , un peu‘découverts. Les närines latérales, rondes, à valvule intérieure qui ne laisse qu’une fente semi-lunaire en avant. Deux plaques post-orbitaires. Une plaque pré-orbitaire. Deux entourent l’orifice des narines, Une sous-frontale, entre celles-ci et la pré-orbitaire. Les occipitales et les latérales un peu différentes de celles de l’és- pèce précédente. Toutes les écailles du corps lisses, sans carènes. La plaque du vertex comme dans le jaspideus. La palpébrale plus étroite. L’occipitale ayant six côtés terminés en feuille. La temporale hexagonale répond à la pénultième et à l'anté-pénul- \ième sus-maxillaires ; celles-ei au nombre de sept. Le corps a des bandes triangulaires, transversales, grises, vert- noir , nuancées de vert clair. Les écailles abdominales jaunes, mar- brees. Jene donne ici une description de cette espèce que Wagler com- prend dans son petit genre Ophis, que pour mieux faire voir sa grande ressemblance avec le Coluber jaspideus. (Herm.) (a5 ) La dent maxillaire postérieure est grande, dirigée en arrière, sans sillons; elle est. précédée, après nn intervaile.-vide, de cinq à six petites dents. Les os maxillaires sont courts. La glande sus-maxillaire :estoblongue, étroite en avant, plus; large en arrière, évidemment composée de deux substances, l'une blanche, demi-transparente, s'étendant sous l’œil gauché qu’elle dépasse en avant et un peu en arrière ayant encore la même apparence au-delà de la _glande lacrymale ; : mais sous celle-ci elle est opaque, jaune, montrant des. circonvolutions plus décidées ou des lobules, branchus, plus He vers le haut, tandis qu’ carrière ét en ayant la sali- vaire proprement dite est granuleuse, dr La salivair e sus-mandibulaire est large © développée, et présente l’ aspect de la portion antérieure et posté- rieure de la sus-maxillaire. La lacrymale est grande, proportionnée au volume de l’œil, enchässée entre l'œil en avant, le, temporal antérieur en dessus et en-arrière. » qui, la recouvre un peu, et la glande sus- Mec On pourra comparer ; dans la même planche, les figures de l'appareil glanduleux, (de, ces différentesres- pèces savéc,celles de'ce.mêmejappareil dans la bande noire; Coluber Æseulapii (L.), déjà décrit. dans mon EE mémoire, et qui est D a va par É grand th g7 | | Plaques abdominales; P5821 9110000: sw l’anale double. —— Caudales, 50 paires, la dernière plique simple. (16 ) développement de la glande venimeuse (1) qui caché tous les muscles temporaux en arrière. J'y ai joint la figure du Coluber decipiens (Opel), ou Coluber Cerberus (Daud.) (2), espèce du genre Cerberus (Cuv.), dont j'ai également fait connaître l'appareil venimeux dans mon premier travail. 6.5. J'ai encore placé dans cette planche (3) la figure dé l'appareil salivaire d’une couleuvre que je crois inno- cente, Coluber tephrodes (Herm.) (4). Quoique cette couleuvre ait les deux dernières dents maxillaires très grandes , elles sont sans sillons , et la glande salivaire sus-maxillaire, de même substance partout, n'offre pas les caractères de glandes venimeuses. Cette glande ainsi que la sus-mandibulaire, sont très développées, comme dans toutesles couleuvres innocentes chez les- quelles aucune glande venimeuse n’a gêné leur accrois- sement. La dernière, sur-tout, a l'aspect granuleux, demi-transparent dés salivaires. : S:6. o Enfin, pour compléter la comparaison, on trouvera sur là même planche, la figure de l'appareil venimeux d’uné cinquième espèce de serpent classée jusqu'ici, (1) PL. 1v, fig. A. Cette espèce appartient au genre Erythrolamprus (Boic.). Mais Wagler qui en rapporte Les caractères dans son système, ne parle pas des dents. (2) Fig. E. (3) Fig. -G. (4) Observat. Zool. (17) du moins dans la collection de Strasbourg, parmi les couleuvres. Elle a été décrite par /Jermann, dans ses obser- vations zoologiques (1), sous le nom de Coluber me- lanogaster. C’est un petit serpent blanc à bandes trans- versales et ventre noir, qu’il avait recu des Indes Orientales par Stadtmann. Il ressemble, dit-il, entièrement à la figure que donne Séba de la couleuvre des dames (2) Coluber do- micella (L); mais il y a une grande différence dans le nombre des plaques. Cette prétendue couleuvre, suivant Hermann, est un véritable Ælaps, ainsi que je lai reconnu par la dissection. L'appareil venimeux est cel ui des serpens à crochets antérieurs; la glande venimeuse de forme ovale a son bord et sa face supérieure un peu sillonnés, de manière à paraître divisés en dix lobes environ. Son canal excréteur se dirige évidemment vers la place des crochets. Le muscle temporal antérieur fixé derrière l'orbite, cache la glande lacrymale, contourne d'’arrière en avant la glande venimeuse, la recouvre en partie, s’y attache fortement, puis descend en se portant en avant, à la rencontre de la mandibule à laquelle il se fixe d’autre part. Dans ses contractions, la courbure de l'arc qu’il (1) Johannis Hermann , Observationes zoolog. , etc., elc., p. 282. Argentorati, 1804. (2). Anguis bicolor elegantissimus malabaricus, (Seb. m1. pl. ziv. fig. 1.) XXX. 2 (38) forme tend à le redresser, a comprimer la glande dans plusieurs sens, et à en exprimer le venin. Ici, la glande salivaire sus-maxillaire a entièrement disparu ; à peine voit-on les rudimens de la sus-man- dibulaire La glande lacrymale est médiocre relativement au diamètre du globe de l'œil, qui est très petit. A la vérité, il n’y avait pas de crochets dans l’exem- plaire que j'ai plus particulièrement examiné comme si on les eût arrachés pour rendre ce serpent inoffensif et permettre aux dames de s’en amuser, ainsi que le raconte Séba (1); mais le reste de l'appareil venimeux est tellement organisé, que la présence même de ces crochets, dont on peut d’ailleurs reconnaître la place, n’est pas nécessaire pour avoir la certitude que c’est un serpent venimeux. Tel est l’avantage d’avoir dé- terminé, avec précision, tous les caractères de cet appareil redoutable, dans les dents , les os maxillaires, les muscles et les glandes venimeuses ou autres. Reste encore à décider si cette espèce d'Elaps est bien le Coluber domicella (L.) représenté dans Séba, t. a, pl. 54, fig. 1, et si elle se trouverait désignée et classée parmi les espèces connues de ce genre veni- -meux ? Merrem rapporte au Coluber domicella (E.), qu'il : (1) Bestiola adeo usquequaque venusta et amœna est, ut domiceilæ in Indüs Orientalibus ejus conspectu non solùm delectantur, sed et in refrigerium sinui suo, æstuante cœlo, applicent (t. 17, p. 54.\. Cette histoire de Séba a été répétée par tous les naturalistes qui ont parlé du même serpent. ( Voyez Lacepède, Hist. Natur. des Serpens, t. 11. p. 178.) (68 ) laisse dans son genre Coluber, non seulement cette dernière figure de Séba, mais encore la fig. 2 de la pl. 35 du même tome. Wagler l’a copié en citant mal à propos la fig. 2, au lieu de la fig. 1 de la pl. 54 de Séba, et en réunissant comme synonymes, les Coluber lacteus (L.) et domicella (1..), qu'il place dans son genre E laps. Mais ces deux figures de Séba diffèrent beaucoup par la forme de la tête qui est tout d’une venue avec le corps dans celle de la pl. 35. Elles diffèrent encore par le nombre des bandes transversales , beaucoup plus grandes dans la figure de la pl. 54, et par leur couleur qui est noire dans celle-ci, et bleue dans la première. L'une d’ailleurs, suivant Séba, sujet à cau- tion à la vérité pour les origines qu’il donne, viendrait des Indes Orientales, et l’autre d'Amérique. Il est donc évident, à mes yeux, que ces deux figures sont celles de deux espèces distinctes, regardées mal à propos par Merrem et Wagler, comme appartenant à la même espèce; aussi Guvier rapporte-t-il cette même fig. 2 de la pl. 35 au coluber lacteus (L), auquel Linnæus déjà avait indiqué des crochets venimeux et qui est rangée parmi les Elaps. Aucune des autres espèces que Cuvier comprend dans ce genre n’aurait autant de ressemblance que celle-ci avec nos individus, d’après la figure de Séba; mais la couleur bleue des bandes et l’origine amé- ricaine nous font hésiter d'adopter cette figure comme représentant notre espèce. D'un autre côté, la grande différence du nombre des plaques abdominales et caudales indiquées par ( 90 ) Linnæus pour son Coluber domicella, avec celui trouvé par Hermann (1), différence qui avait empêché ce dernier de rapporter à cette espèce les individus envoyés par Stadtmann ; celle que j'ai remarquée dans le nombre des bandes noires qui est de plus de cin- quante dans la figure de Séba, et de cinquante à soixante dans nos deux individus, m'empêchent égale- ment de regarder nos exemplaires comme appartenant au Coluber domicella (L.). Je propose, en conséquence, de transporter dans le genre Elaps, le Coluber melanogaster (Herm.)sous le nom d’Ælaps melanogaster; tout en avouant qu’il pourrait bien avoir pour synonyme le Coluber lac- teus (L.), et même le Coluber hygiææ (M.) (2), d’au- tant plus que j'ai apercu dans l’un de nos individus un reste de nuance d’une bande rouge longitudinale sur le dos. L’absence de couleur noire sousle ventre, (1) Plaques abdominales, 216 caudales, 32 ve Coluber menalogaster, ou 200 suivant Hermann. so 230 Plaques abdominales, 118 . Roue 60 1798 Coluber domicella. (L.) Plaques abdominales, 203 è * suivant Linnœus, pour le caudales, 32 ( ? Coluber lacteus. Plaques abdominales, 186 Re 35 221, selon Schneder. ? M. Merrem donne au Coluber domicella seulement 16 paires de plaques caudales ; Daudin , 6o. (2) Hygiæns Natter. Beytrage zur Geschichte der Amphibien. Erster heft. (pl. vi, p. 24. . Plaques'abdominales, 185 caudales, 38 É 7e (21) dans la figure de Merrem, et une autre forme des. bandes noires transversales n’indiqueraient-elles que des variétés d'âge ou de sexe? Il y a, je pense, un grand travail à faire dans cette partie de l’histoire des reptiles, pour bien déterminer jusqu’à quel point les couleurs peuvent varier dans une même espèce, suivant l’âge, le sexe ou d’autres cir- constances ; et comment les couleurs peuvent servir à caractériser des espèces (1) ? (1) Voici, par exemple, la disposition des couleurs dans nos trois individus. Le premier et le plus grand , qui a 0,45 0," mètres de long depuis le bout du museau jusqu’à l’anus, et la queue de 0,042, a le corps et la queue traversés par une série de 53 bandes noires. Ces bandes plus larges sur le dos, se rétrécissent en descendant sur les côtés. Les lignes qui les limitent en avant et en arrière, sont irrégulièrement dentelées. Quelquefois il y en a deux d’un côté qui se réunissent sur le dos à une seule du côté opposé. Les quatre premières bandes trans- versales forment autour du corps un cercle complet ; toutes celles du corps qui viennent ensuite, à l’exception de la dernière, abou- tissent à une bande longitudinale de même couleur, qui règne tout le loug du ventre. Le dessus de la tête est noir, sauf une bande blanche interrompue qui se voit sur la plaque du vertex , et les occipitales ont une tache plus large de même couleur qui est un peu sur le bord externe de la plaque occipitale, un peu sur le bord supérieur de la temporale, et bien davantage sur la pénultième et l’anté-pénultieme plaque maxillaire : les premières plaques maxillaires sont également blanches. L'autre exemplaire ayant le corps plus petit, quoiqu’àa peu près de mème longueur : Longueur du corps jusqu’à l’anus, 0,425. Longueur de la queue 0,042 , offre 61 bandes ou taches transver- sales : sur le corps ce sont des bandes; sur la quene ce ne sont plus (22) $ 7- 1 résulte de ces recherches : 1° Que le Coluber melanogaster (Merm. ) est un serpent venimeux à crochets antérieurs, qu'il faut réunir au genre Elaps. 20 Que deux espèces ciassées encore parmi les cou- leuvres, mais qui n'avaient pas été encore spécifique- ment déterminées, décrites $ 1 et $ 2 de ce mé- moire, m'ont offert, à la suite des dents maxillaires ordinaires, deux grosses dents cannelées de chaque côté, et la glande venimeuse soudée à la glande sali- vaire sus-maxillaire, comme dans les autres espèces 2 crochets postérieurs, déja signalées dans mon pre- mier mémoire. que des taches, formant deux rangées latérales, dont la plupart ne se touchent ni en dessus ni en dessous. La plupart des bandes du corps ne se prolongent pas jasqu’à la bande longitudinale du ventre , qui est plus étroite;'et dont on ne voit le commencement qu’après la quatrième bande transversale ; de sorte qu'il y a plus de blanc et moins de noir dans cet exemplaire. La tête est tachetée de même que celle du premier. Il à ses crochets venimeux. | Dans un petit exemplaire dont le corps est long de 0,140, et la queue de 0,025 , les bandes transversales ne sont que brunes, et la bande longitudinale encore plus claire; elle ne se prolonge pas sous la queue, mais la plupart des taches brunes de celle-ci se ren- contre en dessus ou en dessous. Il y en a 52 en tout. On n’y voit aucune trace de la bande ronge dorsale. Ainsi dans ces trois exemplaires, le dessous du corps présente une bande longitudinale qui règne tout le long de l’abdomen, excepté en avant de la quatrième bande transversale. Ces bandes ne forment plus sur la queue que deux rangées de taches latérales plus eu moins rapprochées vers la ligne moyenne dorsale ou abdominale, (23) Que ces deux espèces se rapporteraient assez bien au genre Ophis de Wagler, si celles qu’il y comprend n'avaient la tête plus large et les grosses dents maxil- laires non cannelées. IL faudrait du moins en faire une section distincte dans ce genre. L'une serait notre Ophis heterurus, l’autre notre Ophis albo-cinctus 4 Il est remarquable que le Coluber plumbeus, (Pr. Max.) , auquel j'ai découvert des crochets postérieurs et une glande venimeuse (1), a aussi les deux plaques post-oculaires, les ouvertures des narines percées entre deux plaques, et les écailles lisses de ce même genre Ophis. 5° On peut encore conclure de ces observations, que le Coluber jaspideus (Herm.) est une espèce ayant tous les caractères de ce genre Ophis de Wa- gler, laquelle se rapproche du Coluber severus (L.), et bien davantage encore du Coluber rabdocephalus. (Pr. Max.) 6° Que le Coluber jaspideus (H.), ainsi que le Co- luber severus (L.) ont une glande venimeuse soudée à la glande salivaire sus-maxillaire, comme les pré- cédentes ; mais que les crochets postérieurs qu’elles portent en arrière de la série des maxillaires, en- veloppés dans une gaîne, ne sont pas canelés (2). Il semblerait donc que la canelure de la grosse dent maxillaire postérieure n’est pas toujours nécessaire pour caractériser un appareil venimeux, lorsque la (1) Voyez mon premier Mémoire. (2) J'ai cru qu’à cause de leur plus grand développement, ils au- - raient, au lieu d’une canelure, un canal intérieur ; mais je n'ai pu en découvrir les orifices. ( 24 ) partie essentielle de cet appareil, la glande qui sépare le venin, est évidente. 7° Nous remarquerons enfin, quant à la classifi- cation systématique des espèces à crochets posté- rieurs, que le Coluber Æsculapii (L.) qui possède un appareil très développé et complet, forme un groupe générique auquel Boié a donné le nom de Erythro- lamprus, dont les autres espèces devront être exami- nées sous le rapport des dents et des glandes veni- meuse et salivaire. 8° Que l'espèce du Cap, rapportée par Delalande, dans laquelle ‘j'ai également découvert des crochets postérieurs canelés et une glande venimeuse, m'a présenté d’ailleurs tous les caractères d’un groupe générique particulier, ainsi que je le démontre dans une note ajoutée à mon premier mémoire. Elle a les écailles du corps rangées par cercles, carénées, non symétriques, excepté celles de l’épine; tandis que celles de ja queue sont larges, sans carène etimbriquées. C’est à cause de cette grande différence dans les écailles du corps et de la queue, que je pro- pose, dans la note dont je viens de parler, d'appeler ce genre Dispholidus. 9° Ainsi voilà au moins cinq groupes génériques, les Dipsas (Linn.), Cerberus (Cuv.), Ophis ( Wa- gler), Erythrolamprus (Boié), Dispholidus (Mihi), dans lesquels des crochets postérieurs et des glandes venimeuses ont été signalés. Ce sujet d'observations intéressantes, est loin d’être épuisé; je le regarde comme à peine ébauché. Sous le rapport anatomique et physiologique, il (25) faudra que les voyageurs, à mesure qu’ils en auront l'occasion, examinent dans l’état frais l'appareil que nous avons décrit, et qu'ils déterminent la marche du venin jusqu’à la dent en crochet. Sous le rapport del’histoire naturelle systématique, il faut dire que les ressemblances qui se trouvent dans le nombre, la forme et la disposition des plaques de la tête, que l’arrangement et la forme des écailles du corps qui ont servi jusques ici à caractériser les genres, n’ont point encore été assez appréciés quant à leur va- leur ; qu’il faudrait pour cela une nouvelle compa- raison de ces ressemblances avec l’organisation inté- rieure. Pour ne parler que des petits genres établis sur ces ressemblances, ou les différences dans les plaques, mais qui ont tous l’appareil venimeux en question , il nous semble qu’ils devraient au moins, s'ils sont adoptés généralement, former une famille distincte caractérisée par la présence de cet appareil. Cette dernière ressemblance, bien autrement essentielle pour indiquer celles que peuvent présenter les espèces de serpens dans leur nature et dans leurs mœurs, est une nouvelle preuve du peu d'importance des carac- tères tirés seulement des plaques ou des écailles pour former des groupes génériques naturels. Aussi Cuvier range-t-il dans son genre Wipère, des espèces qui n’ont sur la tête que des écailles imbriquées et caré- nées comme celles du dos, d’autres qui n’ont que de petites écailles granulées, puis, d’autres espèces qui ont la tête garnie de plaques, presque comme les cou- leuvres. Malgré ces différences, ce sont toujours, pour lui, des Fipères, parce qu’elles en ent l'ap- (26) pareil venimeux et tous les autres caractères essen- tiels. Qu'on me pardonne cette digression sur la partie systématique de l’histoire naturelle. Dans cette belle science de la nature, tout se lie, toutes Les parties s’éclairent mutuellement. Une bonne classification , une distinction bien claire des espèces, est essentielle pour déterminer exactement les objets précis des observations anatomiques ; de même que ces observa- tions peuvent avoir pour résultat utile, non-seulement de faire connaître les instruments de la vie, le méca- nisme de ses fonctions, les différentes combinaisons d'organes qui composent l’ensemble de l'organisme, mais encore de fournir de bons caractères pour dis- tinguer les espèces et les groupes, en genres et en fa- milles, ou pour en faire des réunions encore plus relevées. $ 6. De la glande lacry male. Dans mon premier mémoire, j'avais compris cette glande dans la comparaison que je devais faire des différens organes qui sont modifiés par la présence ou l'absence de ceux qui servent à la sécrétion et à la transmission du venin. J'ai démontré qu’elle acqué- rait, en général, dans les serpens non venimeux, un développement extraordinaire, en prenant pour point decomparaisonle diamètre du globedel’œil, puisqu’elle l’égale le plus souvent, ou qu’elle peut même le sur- passer debeaucoup (1). Son volume est encore très re- (x) Ce qui a lieu , entr’autres , dans le Coluber cobella ( Liophis, Wagl.), où elle s'étend à 5 lignes en arrière du globe de l'œil ; le Co- (27) marquable dans les serpens à crochets postérieurs ; comme dans les serpens innocens, une faible partie seulement est comprise dans l'orbite, tandis que la plus grande portion de cette glande déborde immé- diatement derrière le globe de l'œil, dans la fosse tem- porale; elle y est recouverte, comme d’un bandeau, par une portion du muscle temporal antérieur, qui doit la comprimer chaque fois qu’il se contracte (1). Cette remarque est importante; elle corrobore l'opinion de M. Jules Cloquet (2), que l'humeur sécrétée par cette glande, sert non-seulement à humecter le globe de l’œil et à favoriser ses mouvemens, mais qu’elle est encore employée comme salive à la déglutition, usage que cet auteur ne lui attribue, à la vérité, qu’en troisième ligne. Après avoir démontré dans son excellent mémoire, que les serpens ont une paupière unique qui recouvrele globe de l'œil, comme un verre de montre; que la conjonctive qui double cette paupière en dedans et qui revêt la partie antérieure du globe de l’œil, forme un sac fermé de toutes parts, excepté dans des endroits où il recoit les canaux excréteurs de la glande lacrymale qui y verse l'humeur des larmes, et où il est percé du point lacrymal, qui donne issue à luber severus, angulatus (Ophis, Wag].); et l’Heterodon tacheté (Heli- cops, Wagl. ); le Coluber pantherinus (M.); le Coluber bicarinatus ( P. Max. ) (1) Dans une espèce de Dendrophis, Coluber ahetula (L.), le temporal antérieur recouvre entièrement la glande lacrymale. (2) Des voies lacrymales des Serpens. Mémoires du Muséum d’his. nat. de Paris, t. vir, p. 80. (28) cette humeur, M. Jules Cloquet à fait voir que le canal lacrymal dont ce point est l'embouchure, con- duisait les larmes dans un double sinus > qui se trouve entre les branches maxillaires et palatines de chaque côté, et s'ouvre dans la bouche par un très petit orifice, percé au-devant de cette dernière branche. Si l'on fait attention à cette circonstance, que les larmes arrivent, chez les serpens, dansjun sac fermé du côté extérieur , d’où conséquemment elles ne peuvent pas se répandre au-dehors, et dans lequel elles ne su- bissentaucune évaporation, aucune déperdition par le contact de l'air ; si l’on observe qu’elles ne sont plus né- cessaires ici pour laver le globe de l’œil des corps étran- gers qui pourraient le souiller, puisque la paupière qui le protége , forme avec la lame palpébrale de la conjonc- tive un double couvercle fermé exactement, sous lequel aucun corps extérieur ne peut pénétrer; si l’on ré- fléchit que le développement de la glande lacrymale est ici en raison inverse de la nécessité de son emploi dans les autres animaux, on sera forcé d’en conclure que cet emploi est changé; et,la marche que l'humeur de la glande peut prendre, du sac de la conjonctive dans le canal lacrymal, de celui-ci dans le sinus inter-maxillaire , d’où elle est versée dans la bouche, est, il me semble, une preuve évidente de son autre usage, qui devient dans ce cas le principal, celui d'humecter la proie afin de contribuer à la faire glis- ser plus facilement dans l’œsophage, et de la préparer à la dissolution que doit opérer la digestion. En comparant le volume de la glande lacrymale dans ( 29 ) les serpens non venimeux et dans les venimeux à cro- chets postérieurs, avec celui du globe de l'œil, je ne l'ai pas trouvé proportionné, ce qui aurait eu lieu, il me semble, si les usages de l’humeur avaient été bornés au service d'humecter ce globe. Ainsi, dans le Zortrix scytale, cette glande a un tel volume, que l'œil n’a pas le quart de son diamètre (1). Quedire encore, si lorsque l'œil est réduit à l’état ru- dimentaire , comme dans les 7yphlops, la glande lacry- male se trouve accrue dans un sens absolument inverse? C’est ce que j'ai vu cependant, en disséquant un Typhlops lumbricalis (Cuv.) On sait que ces serpens, dont le nom générique signifie aveugle, ont un œil extrêmement petit; une espèce même de ce genre est tout-à-fait privée de cet organe. Dans celle que j'ai examinée , l’œil ne paraît qu’un point gros comme le trou d’une épingle ordinaire, il est placé au milieu de l'orbite, qui est grand, et que remplit, en majeure partie, une glande lacrymale énorme relativement au globe de l’œil, dont elle a au moins dix fois le volume. J'ai également trouvé la lacrymale d’un volume aussi extrarodinaire relativement à celui du globe de l'œil, dans le Zyphlops reticulata (Schn.), tandis que les glandes lacrymales sus-maxillaire et sus-mandibulaire avaient disparu sans que j'aie pu en apercevoir mème un rudiment. Cette observation me paraît concluante en faveur de mon opinion sur l’usage principal de la glande lacry- (1) La glande sus-mazxillaire est grande, granuleuse, étendue sur la mâchoire supérieure ,en dessous de la glande lacrymale. (30 ) male dans Îles serpens innocens et dans ceux à crochets postérieurs. Dans les venimeux à crochets antérieurs, cette glande est généralement beaucoup moins développée (1), et réduite, le plus souvent, à la portion intra-orbitaire. Cependant il est remarquable qu’à cet égard, il y a de très grandes différences d'une espèce à l’autre du même genre (2). Par exemple : Dans la vipère commune, Vipera berus (Cuv.), sa position est en grande partie hors de l’orbite, comme à l'ordinaire, derrière le globe de l’œil où elle peut être comprimée par la languette post-orbitaire du muscle temporal antérieur ; tandis que dans la vipère hæma- chate (Sepedon hœmachates, Merrem.), la vipère ce- raste, celle deWeigel, elle est entièrement renfermée dans l’orbite. Ii en est de même dans le Zrigonocephale vert. Celle au contraire du Zrigonocéphale lancéolé est un peu hors de l'orbite, et susceptible également, par cette position, d’être comprimée par le temporal antérieur. Ce muscle cache entièrement, dans l’Ælaps melano- gaster (N.), sa portion extra-orbitaire, qui est plus petite que le globe de l’œil. Elle est assez grande et hors de l'orbite dans lA7y- drophis nigro-cinctus (Daud.) Elle est toute dans l'orbite, entourant en dessus ei en arrière le globe de l’œil, dans le Vayja à lunettes , (1) Mémoire cité, p. 73. (2) Foyez mon premier Mémoire (3) le Bongare à anneaux , le Plature à bandes , la Pé- lamide bicolore. Tci l'appareil du venin qui a modifié les dents, les mâchoires, les muscles qui les meuvent, les glandes sa- livaires, paraît avoir gêné également le développement des glandes lacrymales, et, rendu moins nécessaire pour la déglutition, l'humeur qu’elles sécrètent. Ses usages semblent restreints, dans ce cas, à leur emploi le plus général, celui d’humecter le globe de l'œil. EXPLICATION DES FIGURES. PL. 7. Fig. 1. Ophis jaspideus. Fig. 2. Ophis heterurus (Duvern. ). PL. 1. Fig. 1, 2,et3. Ophis albo-cinctus ( Duyern. ). Fig. 4. Ophis jaspideus. Coluber jaspideus (Herm. ). PI. ur. Fig. 1. Dispholidus Lalandii (Duv.). Foyez la note de la p. 35 de notre premier Mémoire, tome 26 de ces Annales. Fig. 2. La tête de grandeur naturelle, vue en dessus. Fig. 3. La même, vue en dessous. Fig. 4. La même, pour faire voir les crochets postérieurs en po- silion. Fig. 5, a, b. Ces mêmes crochets, grossis pour faire voir leur sillon. Fig. 6. a,b,c, d. Différentes écailles du corps. a. La rangée la plus rapprochée des plaques ventrales. B, La rangée qui suit immédiatement. c. Forme des écaïlles du corps. d,. Ecailles de la rangée moyenne de l’épine. (32) P]. 1v. L 2 Coluber Æsculapü {L.). Erythrolamprus (Boïé ). Fig. B. Ophis albo-cinctus (Nob.). Fig. Br. Partie supérieure de la glande sus-maxillaire grossie, La bande noîre ( Daud.). Fig. À. que je ctois appartenir à la portion qui sépare le venin. Fig. Ba. Portion de la glande lacrymale grossie. Fig. C. Ophis heterurus (Nob.). Fig. D. Coluber jaspideus (Herm. ). Cerberus decipiens. Coluber cerberus ( Daud. ). | Coluber decipiens (Opel. ). Fig. G. Coluber tephrodes (Herm.). Fig. H. ÆElaps melanogaster (Nob. ). Fig. J. JVaja à lunettes. Fig. Jr. La même espèce. On a coupé l’attache post-orbitaire du temporal antérieur (e), et porté la glande venimeuse {a) en avantet en bas, de manière à faire voir sa face interne et la disposition parti- Fig. E. culière de la portion supérieure (eé) du muicle temporal antérieur, qui est détachée de sa portion inférieure (e1). Voyez, pour cette disposition , Le texte de notre premier Mémoire, p- 93. Dans toutes les figures de cette planche, a Est la glande venimeuse, & La salivaire sus-maxiliaire. c La salivaire sus-mandibulaire, d La glande lacrymale. e Le muscle temporal antérieur. f Le muscle temporal postérieur. ë Le muscle temporal moyen. g Le digastrique. h Le ptérygoïdien externe. (33 ) De lu Génération chez le Lymneée (Melix Palustris ). Par le Docteur Prevosr (x). Les observations renfermées dans ce Mémoire ont la génération des Lymnées pour objet. La transpa- rence de leurs œufs permet d'y voir les développe- ments de l'embryon, et cet avantage m'a déterminé dans le choix que j'en ai fait entre les autres mol- lusques. Bien que les Lymnées soient hermaphrodites, nous adopterons, pour décrire leursorganes sexuels, lemême ordre que nous avons suivi ailleurs, et nous commen- cerons par ceux du sexe masculin. Le testicule est placé à la partie postérieure de l’a- + a! P (1) Les recherches intéressantes auxquelles M. Prevost se livre dépuis quelques années sur la génération des mollusques, se lient d’une manière étroite et peuvent même être considérées comme un complément au travail sur la même fonction chez les animaux verté- brés , qu'il a publié en commun avec M. Dumas dans les premiers yo- lumes des Annales. Aussi notre intention a-t-elle toujours été de les reproduire ici. Nous avons déjà inséré dans notre tome VII le Mémoire de ce savant sur la génération chez la Moule d’étang , et c’est l’abon- dance des matières seulement qui nous a empêchés jusqu'ici de repro- duire son Mémoire sur la génération chez le Lymnée , inséré dans le tome IV.des Mémoires de la Société de Physique et d'Histoire natu- relle de Genève. Aujoud’hui nous sommes assez heureux pour pouvoir y joindre de nouvelles recherches que M. Prévost a faites sur d’autres mollusques gastéropodes, et qu’il a publiées récemment dans le tome V du même Recueil. R. XXX. Fe) (34) nimal, enchâssé dans la spirale que forme le foie; il se” présente sous la forme d’nne grappe de cul-de- sacs très courts, mais d’un/diamètre proportionnel- lement considérable. Ces cul-de-sacs s’abouchent entre eux, et'versent la liqueur spermatique qu’ils contiennent, dans un conduit unique, le conduit effé- rent.» celui-ci, légèrement flexueux, laisse voir quel- ques straçes de ces rameaux çanaliculés qui lui don- nent l'apparence que les vésieules séminales prennent chez. les! rongeurs. I se dirige au-dessous de/l’ovaire, él y adhère d’une--facon :si intime, qu’au premier coup d'œil l’on eroirait qu'il se divise dans cetorgane; mais ,-au, moyen d’une dissection délicate, l’erreur se reconnait,aisément, et lon: suit notre canal jus- qu'au. point où il s'ouvre dans, un second conduit, dont l'apparence est, entièrement différente, Plus large que.le.précédent,,, de couleur orangée, celui-ci se fixe dans la plus grande partie de son trajet le long de l’oyiducte, auquel il adhère par un tissu cellulaire assez résistant ;, SON enveloppe extérieure semble com- posée degrains jaunâtres ‘enveloppés dans un tissu cellulaire’ piqueté de noir :'il'est tapissé intérieurement par une membrane muqueuse très rince, ‘dont I sé- crétion lubréfie la surface . fibre. Cette _ portion du canal de, la semence est plasée dans le sens de sa lon- gueur ét; susceptible, d'une assezigrande,, dilatation : son extrémité antérieure se termine par un col arrondi plus étroit, qui ‘porte un renflémient”" sphérique ! assez volumineux ; ; sa membrane externe estbrané verdatre, et ne présente plus les. grains jaunes | dont nous on parlé. De ce renflement l'on voit se détacher un autre a (35 ) conduit très mince, . dont le diamètre n’est guère au-dessus de 0,""6, et la longueur environ ycent.; sa couleur est, d’un blanc perlé : il est élastique et friable comme les. tissus cartilagineux. Ce canal vient s'ouvrir à l'extrémité de la verge: ce dernier organe forme uu cul-de-sac qui peut avoir deux positions très différentes : dans la première, entièrement rentré dans le corps de l’animal, il se place au-dessus et un peu à droite du canai alimentaire, et sa cavité s'ouvre à l'extérieur au-dessous de la tentacule droite; dans la seconde, l’état d’érection, la verge se renverse comme le ferait un doigt de gant dont on retournerait le dedans en dehors ; elle fait saillie à l'extérieur. Au- dessous de cette même tentacule, où l’on remarquait auparavant l'orifice de sa cavité, à sa pointe, on ob- serve l'ouverture du canal de la semence, qui verse celle-ci immédiatement à l'extérieur. La verge, dans son état de rétraction, a 14 à 15 millimètres de lon- gueur ; elle forme un sac cylindrique d’un blanc jau- nâtre, sur lequel on remarque une ligne transparente longitudinale d'où part un plan de fibres concen- triques très marqué; ces fibres en, croisent d’autres disposées longitudinalement. Sur la verge se fixent des faisceaux déliés, mais nombreux, de fibres mus- culaires qui y prennent l’une de leurs attaches, tandis quel’autres’insère sur l'enveloppe charnuede l'animal. Ces fibres, en se. contractant, poussent la verge en dehors ; ellesysont favorisées dans cette action par la contraction deitout le corps, quimaintient cet or- gane en position, et l'empêche de se plier d'an ou d'autre côté. ( 36) Quand le Lymnée veut rentrer le pénis, il fait agir deux faisceaux musculaires, qui prennent leur origine à l’intérieur du corps, près de l'endroit où l'oviducte en perce l'enveloppe charnue, et qui vont s'implanter par leur éxtrémité opposée à la pointe de la verge, vers la droite de l'insertion du canal défé- rent. Le testicule et la première partie du canal déférent renferment toujours un liquide blanc, épais, un peu gluant, qui, examiné au microscope, n’offre que des animalcules spermatiques , sans mélange d’autres corps : leur longueur est beaucoup plus grande que celle de leurs analogues chez les vertébrés : ils ont o"39; leur corps est très effilé, et se termine en avant par un renflement pyriforme, raplati de droite à gauche, de telle sorte qu’il échappe à l'observateur lorsque les animalcules nagent. Le mouvement de ceux-ci n’est jamais bien vif, sauf lorsqu'ils sont émis pendant l’acte de la reproduction : si dans ce moment vous ouvrez la dernière partie du canal spermatique , vous les trouvez fort agités, délayés dans un liquide moins épais, et mélangés à des globules incolores de grosseur variable ; ces globules se rencontrent seuls dans la vésicule sphérique qui précède le canal dont uous parlons, lorsque le temps de l’accouplement est passé. L'appareil générateur femelle se compose d’un ovaire et d’un oviducte. L’ovaire est un corps jaune, brun, assez volumineux , ayant la forme d’un haricot : il est placé au-déssus du canal intestinal, en arrière de l’odivucte. (37) Son parenchyme, à l'œil nu, présente une masse homogène; mais, si on l’examine à la loupe, l'on voit qu'il se compose de cul-de-sacs adhérents entre eux, formés d’une membrane très-mince, et remplis d’une substance jaune qui donne à l'ovaire sa consistance et sa couleur. Les cul-de-sacs viennent s'ouvrir dans l’oviducte. Ce canal peut se diviser en cinq portions très distinctes, que nous décrirons dans l’ordre selon lequel elles se succèdent, à partir de l'ovaire. La première est un canal assez large semi-trans- parent , replié en festons, et qui naît de la partie antérieure du bord concave de l’ovaire, suit sur tout ce bord, et va s'ouvrir dans La seconde : celle-ci est un renflement sphérique de quatre à cinq millimètres de diamètre , de couleur verdâtre, dont les tissus sont épais et faciles à déchirer ; sa cavité est toujours rem- plie de mucus, La troisième portion est un col arrondi, de deux à trois millimètres de longueur. Les membranes qui le forment n’ont point l'épaisseur et la mollesse de celles du renflement qui le précède. La quatrième et la plus vaste a douze millimètres de longueur sur quatre de largeur : l’on y remarque un raphé, qui n’est que la prolongation d’une partie du canal que nous venons de décrire. De ce raphé partent des faisceaux volumineux de fibres concentriques, bien détachés les uns des autres, et qui donnent à l'appareil un aspect gauffré : au-dessous se trouve un plan de fibres longitudinales ; les contractions alter- uatives de ces deux systèmes musculaires exécutent (38) tous les mouvemens nécessaires à l’expulsion des corps engagés dans la cavité, bien que leur volume soit considérable. Enfin, /a cinquième et dernière partie de l’oviducte est un canal membraneux assez mince, mais dont les tissus peuvent beaucoup s’éten- dre, il se détourné à droite, ct va s’ouvrir dans le sillon que le pli du manteau forme par sa rencontre avec la partie äntérieure du corps; un petit cercle blanc, qui entoure son orifice, le fait reconnaître à l'instant. Cette ouverture verse encore au dehors les contenus d’un annexe de l’oviducte, la vésicule au long col; cette vésicule, placée en arrière du renfle- ment sphérique du conduit séminal , a 2 millimètres de diamètre : c’est un cul-de-sac, dont le col, de 9 millimètres de long, vient s'ouvrir à l'extérieur, immédiatement au-dessus de l’orifice de l’oviducte, dans ce petit cercle blancque nous avons indiqué. La vésicule au long col est remplie à l'ordinaire d’un li- quide fort épais, d’un blanc taché de rouille , et qui, examiné au microscope, présente en général un dé- tritus insignifiant. J'y ai toutefois retrouvé les animal- cules spermatiques , ainsi que je le dirai plus bas. La substance jaune que renferment les cul-de-sacs de l'ovaire, est composée de graîns arrondis de di- verses grosseurs : les plus gros ont 0," 2. Ces corps se brisent avec facilité, et l’on voit qu’ils sont, comme les jaunes des œufs d'oiseau, composés d’une enve- loppe qui contient de très petits globules plus ou moins colorés, dont le diamètre n'excède pas 0,"002. Les jaunes .franchissent la première portion de l'oviducte, qu'on pourrait comparer à la trompe de ? P | ( 39 ) Fallope; ils s’y joignent à une portion de mucus, et dans le renflement sphérique; ils s’en enveloppent plus complétement encore dans le col qui suit le ren- flement; l'œuf se faconne ; et prend l'enveloppe externe qui l’isole, dans la grande cavité de l’oviducte; les œufs s’agglomèrent les uns aux autres entre eux, forment une masse alongée, cylindrique, revêtue à l’extérieur par une couche de mucus plus dense, bien qu'également transparent. Cette masse s’attache au moment où elle est pondue, ou à la coquille du Lymnée ;:ou sur la première plante qui se trouve aux environs. La disposition des appareils générateurs s'oppose à cé que le Lymnée se féconde lui-même ; elle l'empêche encore de se féconder mutuellement avec un second. En effet; le Lymnée qui doit remplir la fonction masculine, monté sur l’autre individu, développe sa verge, et l’introduit dans l’oviducte de celui-ci en exécutant une demi-révolution, qui le place à son égard dans une position renversée ; de cette manière, l'animal fécondé n’a plus son: pénis en rapport avec loviducte de celui qui le féconde; mais chacun d’eux peüt S'accoupler séparément avec un troisième. Dans les marais où ces mollusques abondent. 1 n’est point rare d’en rencontrer ainsi de longues chaînes, où ;1 à l'exception des deux qui en occupent les ex- trémités, tous sont ainsi alternativement fécondants ou fécondés.. L'oviducte et la vésicule au long col s'ouvrent à l'extérieur par un même orifice. J'avais retrouvé la ligneur spermatique dans la vésicule au long col, et ( 40 ) son conduit m'avait souvent paru assez dilaté pour admettre la verge. J'ai tenté quelques expériences dans le but de reconnaître si cet organe y était introduit, ou s’il se logeait dans l'oviducte. J'ai pris deux Lymnées accouplés, et j'ai divisé le pénis du mâle avec des ciseaux bien tranchants; la dissection m’a montré que la portion ainsi séparée demeurait en- gagée dans le canal de la vésicule au long col, pour la plupart des cas ; toutefois la chose n’était pas cons- tante, et je l’ai retrouvée aussi dans l’oviducte. Les œufs peuvent donc être fécondés de deux manières, ou immédiatement à l’oviducte, ou à leur passage au-dehors ; et, dans de ce dernier cas, la vésicule au long au col verserait sur eux la liqueur séminale qu’elle contiendrait en réserve. Examinons maintenant les œufs tels qu’on les ren- contre après la ponte, et suivons-y les développements du fœtus. Les œufs sontelliptiques; leur plus grand axe a 1°#5» de longueur, le plus petit o®%,0; ils sont fort trans- parents, et leur contenu est une albumine très fluide , plus an jaune sphérique de o ®, 15 de diamètre; quel- quefois le même œuf renferme deux jaunes parfaite- mentisolés l’an de l’autre, et sur chacun desquels l’on voit se développer un fœtus. Pendant les deux premiers jours après la ponte, l'on n’apercoit pas de changement ; le jaune.est tou- jours immobile, peut-être un peu gonflé. LE troisième jour, le jaune a grossi, et il paraît en- touré par un bord transparent qui l’environne de tous côtés, comme ferait un anneau; on remartue à ce bord deux légères dépressions. (41) Le cinquième jour ; le volume du jaune s’est beau- coup augmenté, le bord transparent a pris de la consis- tance , et l’on commence à distinguer que cette partie sera le pied de. l'animal ; une petite protubérance marque le lieu où se trouvera la tête. Le fœtus est animé, et il imprime au jaune un mouvement rota- toire de gauche à droite, qui ne cesse presque pas ; il se contracte encore sur lui-même. Le septième jour , Von distingue très bien le pied du jeune animal , son extrémité antérieure; la coquille se développe , mais elle est encore molle; l’on voit la spirale du foie commencer à se contourner ; la coquille lui permet divers mouvements; l’organisation lobu- leuse du foie est très perceptible; le cœur bat, mais irrégulièrement, et d’une manière peu appréciable ; les mouvements de rotation ont fait place à ceux de translation ; le fœtus s’agite dans l'œuf, et rampe à la surface interne de son enveloppe; on ne distingue plus le jaune sur lequel il a commencé à paraître : ce corps est maintenant en partie absorbé, et en partie contenu dans la région abdominale. Le neuvième jour , toutes les formes se sont dessi- nées plus complétement; deux tachesnoires s'observent sur la partie antérieure : elles sont arrondies, très grandes, proportionnellement à ce qu’elles seront plus tard : ce sont les yeux ; et l’on peut ici voir que chez les mollusques, comme chez les vertébrés , l'œil est comparativement plus gros dans le fœtus que dans l'animal adulte; le cœur est très apparent , il bat qua- rante à cinquante fois par minute. Le onzième jour, l'animal prend la forme qu’il con- (43) servera plus tard; sa coquille acquiert de Jà solidité, elle: s’alonge, et à la partie postérieure, projette, sous la forme d'une éminence arrondie, l'extrémité de la spirale du foie’; la coquille } durcie partout ailleurs, est encore membraneuse dans ce point, et on l’apercoit céder aux mouvemens an fœtus : bientôt après l'époque qui:nous occupe, l’œuf se déchire, et le jeune Lymnée, se débarrassant dû mucus qui l'enveloppe, s'attache aux herbes environnantes, et cherche sa :pâture dans la vase sur laquelle celles: ei s'élèvent. Les observations ci-dessus rapportées me semblent Prouyer que chez les Hélix Ja génération suit les mêmes lois, générales que chez les vertébrés. L’on aurait pu nous objecter, d’après les ouvrages d’un grand nombre de savans, que l’organisation dé ces mollusques renversait totalement notré système, puisque nous rencontrions les animalcules spermati- ques dans l'ovaire même de ces animaux. Mes dissec- tions, ainsi que mesinjections, réfutent: complétement cette objection : elles montrent que le corps que l’on avait regardé comme l’ôvaire, est bien vraiment le testicule, et que l'ovaire est cette appendice graisseuse sur les fonctions de laqueile il y avait eu Jusqu'ici de l'incertitude chez les naturalistes. ( Forez l'explication de la planche, page 58. ) (43) Des ORGANES GÉNÉRATEURS chez quelques Gastéropodes. Par le docteur Prevosr (1). Lorsqu’après avoir étudié les fonctions des organes générateurs chez les vertébrés, je passai à l'examen de ces mêmes appareils dans les classes inférieures, je retrouvai facilement sur les Gastéropodes les animal- cules spermatiques ; mais lorsque je consultai les auteurs les plus récens et les plus distingués , je ren- contrai dans leurs écrits une difficulté qu’il m’impor- tait fort d’éclaircir. En effet, il s’accordaient à regar- der comme l'ovaire le corps glanduleux incrusté dans la spirale du foie, et ce lieu était celui où se trouvaient les animalcules spermatiques, et par conséquent le testicule , tandis qu’ils désignaient comme le testicule un autre appareil, où je retrouvais les ovules ou pe- tits jaunes sur lesquels se développe le fœtus, et qui était, selon moi, l'ovaire. Je me vis ainsi engagé à reprendre avec soin l’anatomie des organes générateurs des Hélix, et je publiai en 1828, dans les Mémoires de la Société d'Histoire naturelle de Genève, un tra- vail sur le Lymnée, où je rectifiai quelques erreurs. qui avaient conduit les anatomistes à la méprise dont j'ai parlé. Étendues au grand escargot, à la limace rousse , à la limace grise, mes observations ont plei- nement confirmé tout ce que j'avais avancé au sujet du (1) Mémoires de la Société de Physique et d'Histoire naturelle de Genève , tome V. (44) Lymnée ; et celles que j’ai faites sur le Zurbo elegans, gastéropode à sexes séparés , fournissent en faveur de mon assertion un argument d'autant plus décisif, qu’il n’est point ici nécessaire, afin d’en prouver la solidité, d'avoir recours à des dissections délicates. La nature elle-même s’est chargée de tout ce travail, ainsi qu’on pourra s’en convaincre par la lecture du présent Mé- « « moire. Des organes générateurs de l’Hélix Pomacia. Comme la plupart des animaux de ce genre, l'Hélix Pomacia est hermaphrodite; toutefois le même indi- vidu ne saurait se féconder lui-même : il est obligé, pour cette opération, d’avoir recours à un autre sujet de même espèce, qu'il féconde à son tour. Je ne suivrai point ici la marche que j'ai prise ail- leurs, et je commencerai par décrire les organes du sexe féminin. Un peu en arrière de la tentacule droite, nous voyons l’orifice d’un canal large et court, membra- neux et très flexible, que l’on a , maïs improprement, appelé la cavité commune de la génération. Ce canal est l’aboutissant de deux autres divisions : la première à droite est l’oviducte, dont la forme est assez compliquée; d’autres appareils, que nous dé- crirons chemin faisant, viennent y verser leurs pro- duits; presque à son orgine, l’on voit s’en détacher une protubérance cylindroïde, arrondie vers son ex- irémité libre et fermée ; sa longueur est de huit à dix millimètres environ; son enveloppe dure , élastique, (45) n’a aucun rapport de tissu avec celle de l’oviducte ; elle est d’un blanc perlé, comme les fibro-cartilages ; la cavité de cette protubérance recèle, comme ferait un étui, le dard, os pointu très fragile, quadrangu- laire, à faces rentrantes , comme celles de ces épées qu'on évide afin de les rendre légères. Le dard est fixé au fond sur une espèce de bulbe arrondi, qui Jui fournit son origine, et duquel il en projette un nouveau lorsque l’ancien est brisé, ce qui arrive, à chaque coït ; on a attribué divers usages au dard; mais, ainsi que nous le dirons ailleurs, son existence n'est pas nécessaire à l’accouplement. En arrière, à droite et à gauche de l’oviducte, on voit se détacher les vésicules accessoires où multifides, au nombre de deux ; leurs rameaux d’origine se subdi- visent bientôt en cul-de-sacs alongés, isolés les uns des autres, remplis d’une liqueur blanche et globu- leuse. Entre les imsertions des vésicules est un renflement très marqué, qui se rétrécit en un canal mince et long, de trois à quatre centimètres ; il longe l’oviducte avec lequel il est uni par un tissu cellulaire très lâche ; ce canal sc détourne un peu à gauche, et se termine en un sphéroïde alongé, qui renferme un liquide blanc dans sa fraicheur au printemps, jaune ou couleur de rouille dans les autres saisons. À partir de là l’oviducte se resserre un peu, et après un trajet de six millimè- tres, l’on y rencontre l'insertion du canal déférent de la verge; il se renfle dès lors, change de forme, et offre l'apparence d’un large ruban festonné, de cou- leur grisâtre ou blanc sale , d’un tissu facile à lacérer ÿ ? ] (46 ) qui se courbe autour d’une bande blanche, granu- leuse, disposée en demi-cercle. Lorsqu'on cherche à ‘étendre, cette bande forme à peu près ia moitié des parois de l’oviducte ; elle se rétrécit à mesure que l’on s’avance du côté de l’ovaire ; si l’on examine au mi- croscope quelques portions de la bande qui nous oc- cupe, l’on voit qu'elle est formée par la réunion de petits utricules arrondis juxta-posés les uns aux au- tres ; le mucus qu’ils contiennent se répand dans la rainure qui charrie les animalcules spermatiques. Exposons maintenant, par une ouverture longitu- dinale , toute la cavité de l’oviducte : nous rencon- trons d’abord le conduit de la cavité du dard ; celui du canal de la vésicule est placé vis-à-vis de lui en forme d’entonnoir , et situé de telle sorte , qu’un sty- let introduit dans l’oviducte, y entre presque tou- jours. Du même côté que l’orifice de la cavité du dard, et un peu au-delà, se voient ceux des vésicules acces- soires; ils sont petits, au nombre de deux, et séparés parune crête très mince. Un peu plus loin, le canal se renfle beaucoup, puis ses dimensions vont en dimi- _nuant de nouveau, à mesure qu’il s’avance vers l’ovaire où il se termine. Dans la partie de sa cavité correspondante à la bande blanche, on remarque un repli longitudinal qui prend naissance antérieurement au point où le canal déférent vient se fixers il s’étend tout le long du canal jusqu’à l'ovaire. Ce repli, dont les anatomistes n’ont point parlé, forme une gouttière d’un millimètre de pro- fondeur, plus ou moins, dont la rainure est à gauche: à son origine antérieure, nous trouvons l’orifice du (47 ) canal déférent dela verge, auquel cette coulisse trans- met la liqueur,spermatique; au lieu où elle se termine vers l'ovaire , nous voyons bien, quoiqu’un peu plus difficilement le méat du. canal de l’épididyme; qui vient y verser leliquide spermatique; le bord libre du repli est mince, flexible, et se colle si bien à la paroi correspondante, qu'un canal est ainsi complétement fermé , de telle sorte-qu’il ne laisse échapper aucune portion du liquide qui y est renfermé: celui-ci passe sans.se dévier de l’épididyme dans le canal de la verge. Nous pouvons remarquer ici combien est faible l’obs- tacle qui empêche, ces Helix d’être des hermaphrodites parfaits... ” L’oviducte se.termine en .se fixant à la base de l’o- vaire;. il. y forme un large cul-de-sac; à gauche du point où. finit le pli longitudinal, on trouve l’ouver- ture du canal par lequel l'ovaire verse son contenu dans l’oviducte; une crête assez marquée sépare l’un de l’autreiles orifices des canaux de l’épididyme et de l'ovaire, de telle sorte que leurs produits ne sauraient, en aucune manière, se toucher à leur sortie. # L'oyaire est Ce! corps alonpé, irrégulièrement pris- matique, que l’on a appelé l’appendice graisseuse, et sur les fonctions duquel la plus. grande obscurité a régné jusqu'à ce jour. Pour Le bien étudier, il convient de faire passer, une injection rouge dans l’oviducte, de manière, que.le liquide pénètre l'ovaire, puis de le faire magérer dans l'alcool étendu pendant deux ou trois jours , afin de lui donner plus de consistance. On reconnait alors sans aucune difficulté ce qui se voit, mais plus ,obscurément dans l’état frais, c’est que la (48) partie moyenne de l'organe que nous décrivons est occupée dans toute sa longueur par un sinus que ter- mine un cul-de-sac : ce sinus n’est point un canal uni- forme; de ses parois latérales projettent des espèces de colonnes, qui s’entrecroisent en forme de peigne ; au fond des plis qui résultent de cette disposision, se trouvent les orifices des conduits qui versent dans le sinus les jaunes des œufs; ces jaunes passent en masse dans l’oviducte. Le tissu de l'ovaire est celluleux ; les jaunes y sont enchâssés sous la forme de très petits grains; ils s’en séparent au temps de la ponte, comme il arrive chez le lymnée, les moules et tous les mollusques où j’ai eu occasion d'observer ce phénomène. Les organes femelles décrits, revenons à ceux du sexe masculin. Nous avons vu que la cavité commune de la génération fournissait deux divisions, l’une à gauche, l’oviducte; l’autre à droite, la verge. Dans son état de rétraction, celle-ci présente l'apparence d'un cône creux, très effilé, terminé à sa pointe par un filet long et mince; la première partié du cône est une gorge de neuf millimètres de longueur, dont les parois musculeuses sont molles et sans élasticité, tandis que la partie postérieure est dure, résistante, élastique; sa membrane externe a l’éclat nacré des aponévroses ; la muqueuse qui revêt sa cavité offre des rugosités longitudinales, et de petites crêtes en forme de papilles; cette portion de la verge a environ vingt millimètres de longueur ; effilée en pointe vers sa ter- minaison postérieure, elle est surmontée par le filet que nous avons déjà indiqué; celui-ci, très menu, ( 49 ) élastique et fragile comme un cartilage, présente dans toute sa longueur, de onze à douze centimètres, une canaliculation, qui s'étend jusqu’à son extrémité qui est fermée. Tout à côté de l’insertion du filet, on remarque celle du canal déférent qui vient verser dans la verge la liqueur séminale; celui-ci, comme nous l'avons déjà fait observer, part de l'extrémité exté- rieure de la rainure de l’oviducte mince et flexible: il présente toutefois une certaine élasticité qui fait que sa cayité demeure béante lorsqu'on le divise; avant de venir aboutir à la partie postérieure de la verge, il forme une anse très marquée. « Des organes générateurs de la Limace rousse Arion. Organes générateurs femelles. À droïte au-dessous et un peu en avant du trou pulmoné, est l’orifice qui conduit dans la cavité com- mune; ceHe-ci, par sa forme extérieure, rappelle le gésier des oiseaux, résistant au toucher, irrégulière- ment arrondie, du volume d’une petite aveline; l'on voit en saillie à droite la verge et la vésicule ; en arriere l’oviducte, ‘que nous allons décrire : celui-ci, dans la première portion de son trajet, est arrondi, mince et souple; mais à partir du point où le canal déférent vient y aboutir, il se renfle, et prend l'apparence que nous avons notée sur le même appareil dans l’Æelix Pomacia; il se contourne en spirale, présente une longueur de sept à huit centimètres, et vient joindre l'ovaire, avec lequel il s’unit intimement. Metions au jour, par une ouverture longitudinale, les organes XXX, A ( 50 ) dont nous avons indiqué l'apparence externe : la cavité commune de la génération renferme un corps en forme de langue, libre dans sa portion antérieure, et fixé par sa base à la cavité commune. Sa face supérieure est légèrement concave. Sur sa partie moyenne, l’on remarque un sillon qui va d'avant en arrière, où il se termine à l’orifice de l’oviducte. À droite et au fond de la cavité commune, est l'ouverture qui conduit dans le canal de la verge, lorsque celle-ci est dans son état de rétraction, un peu au-dessous et en arrière, celle par où la vésicule verse en dehors le liquide qu’elle contient. Lorsqu'on examine cette portion de l'oviducte qui correspond à la partie plissée dont nous avens fait mention, l’on est étonné de ne pas la trouver aussi considérable que le volume total de la partie que nous examinons semblerait l’annoncer ; le canal est étranger à ce corps gauffré, qui est en quelque sorte superposé à une de ses faces. Le long de la partie moyenne de cette face adjacente au corps froncé, on observe une rainure comme chez l’Æelix Pomacta ; elle commence précisément au point où l’oviducte.se, renfle, et à où vient aboutir l'orifice du canal de la verge, la rainure est formée par deux bandes membra- neuses minces, mais assez résistantes, qui forment une légère saillie, et s'appliquent si parfaitement l’une à l’autre, qu’elles forment un canal parfait, qui,ne laisse échapper aucune portion du liquide qu’il con- tient; cette rainure règne dans toute l'étendue de l’ovi- ducte, et se termine dans l'espèce de cul-de-sac que forme cet organe en s’unissant à l'ovaire; dans ce point on rencontre le méat, qui transmet à la rainure,.le produit de l’épididyme. (Sr) L'ovaire a la forme pyramidale qu'on remarque à ce corps chez l'Aelix Pomacia; mais les diversés por- tions qui lé composent sont divisées en ramëaux assez distincts; bien qu’'unis éntre eux par du tissu cellu- laire; le parenchyme de ce corps est aussi ün assem- blage de canaux qui recoivent les petits grains jaunes qui sont enchâssés dans le tissu cellulaire, ainsi que nous l’avons remarqué chez l’Aelix examiné. Les ca- naux viennent tous s'ouvrir dans un sinus qui se dirige de l'extrémité postérieure de l’ovaire jusqu’à sa base, où il vient aboutir dans l’oviducte par un orifice très apparent. * Organes générateurs du sexe masculin. La verge est placée à droite sur la cavité commune de la génération; elle à 25 millimètres de longueur, 3 environ de diamètre ; de son sommet $e détache le canal déférent qui, après avoir, comme chez l’'ÆHelix Pomacia , décrit une anse assez longue, vient s’ouvrir dans la rainure que nous avons indiquée en décrivant la cavité de l’oviducte. L'on ne réconnaît aucun vestige du filét au sommet de la verge; à droite et au-dessous d’elle est la vésicule. Son col est court, sa cavité tres ample ést en général remplie d’un liquide visqueux. L’épididyme prend son origine à l’autre extrémité de la raïinuré dé l’oviducte, là où celui-ci se termine en s’unissant à l'ovaire; c’ést un canal mince assez résis- tant, qui se place au-dessous du sinus moyen de l’o- vaire. Après un trajet très court, il se recourbe, et fait un angle aigu avec sa première partie; il forme dès lors une chaîne flexueuse jusqu’au point où il ar- (52) rive au testicule, dans lequel il seramifie: Le testicule est un.corps assez volumineux, entouré par les lobes du foie auxquels il est uni par du tissu cellulaire #tsà couleur, est violette , et il.est divisé en quatre lobulés a peu près égaux. en grosseur. Ainsi que le même’or- gane chez l'/felix pomacia ;: son parenchyme est un assemblage de cul-de-sacs où s’aceumule la liqueur spermatique.., il Organes générateurs de la Limace grise. Organes du sexe féminin. Un peu en arrière de la tentatule droite, on voit je très petit orifice du canal commun aux organes gé- nérateurs des deux sexes. Le canal est plutôt üne gorge ; il se divise presque. immédiatement en deux portions : l’une à gauche est la verge; l’autre. à droité et un peu au-dessous est, l'oviducte. À l'embranche ment de ces deux divisions, l’on retrouveila vésiculez qui, sur cette espèee ; est très petite; son col n’a,que trois millimètres de longueur ; la,vésicule elle-même est à peine la moitié de celle du même organe:chez l'Helix Pomacia. ? L'oviducte, dans la, bréraièse paie de,son trajets est mince; flexueux ; ; Son ussu,.est susceptible d'une grande extension ; à 23 millimètres de son origine an- térieure ,. il s’élargit. considérablement ; se, raplatit, se fronce, ainsi qu’il arrive à l’oviducte, soit, dela Limace rousse, soit de l'Helix Pomacia ; son'tissu:se déchire beaucoup -plus aisément : exposé à l'air ;;il durcit et devient friable comme l’albumine coagulée (53 ) par Faddition d'une «petite quantité d'abeuti ; près de l'ovaire il s’amineit et semble se prolonger dans eet: organe. Si nous divisons l’oviducte par une incision longitadimale , nous n’y #etrouvons point le ‘sillon ou rainure que nous avons remarqué sur les deux sujets qui nous ont occupé précédemment; mais la partie correspondante à ce sillonest très mince et°$e lacère avec la plus grande facilité. L’ovaire est tout-à-fait semblable à celui de la limace rousse, et'tout ce que nous eu avons dit peut s’y appliquer. L Organes générateurs du sexe masculin. VV i Latverge, dans la limacé grise, ést très longue; elle à environ six centimètres ; tout près du musele rétracieur, qui est d’un volume considérable, l’on voit s’en détacher le canal déférent; la cavité de la verge ne présente pas les papilles qu’on observe sur le même organe de la limace rousse ; mais une espèce de crête membraneuse assez large règne ‘sur ‘toute sa longueur; le canal déférent qui, conne nous l’avons dit, vient s'ouvrir à sa pointe, après avoir décrit-une anse, très marquée, $e ‘place sur l'oviducte ; avec le- quel il chemine paraflèlement jusque vers l'ovaire. Au point où l’oviducte -serenfle , le:canal déférent se hérisse de:petites papilles qui-sont autant d’utricules’; ils versent dans sa cavité le liquide qu'ilscontiennent. Nous avons déjà remarqué cette disposition ‘sur le canal de l’épididyme du lymnée!, maïs ellerest à un état. plus rudimentaire. Près d'arriver à l'ovaire, le canal déférent se rétrécit , les papilles qui l’entou- (54 ) rent sont plus rares et plus petites ; au-dessous de la terminaison de l’oviducte, il se fléchit, forme un angle aigu avec sa première portion; depuis ce point il grossit, prend l’apparence flexueuse particulière à ’épididyme , et va se ramifier dans le testicule. Le testicule, comme chez la limace rousse, est fixé aux lobes du foie; sa couleur est violette ; il est alongé ; son organisation est absolument semblable à celle du même organe chez la limace rousse. “# Des Organes générateurs du Turbo elegans. Ce petit cyclostome , très commun dans notre pays, ne présente point les deux sexes réunis sur le même individu , contrairement à ce qui a lieu chez la plupart des gastéropodes. Organes générateurs du male. En arrière de la tentacule droite, et près du manteau, l'on rencontre l’orifice qui conduit dans la cavité de la verge, quand celle-ci est en état de rétraction. La verge ne présente rien qui la distingue du même or- gane chez les animaux où nous l'avons précédemment décrite. Du sommet du cône qu’elle forme, part le ca- nal de l’épididyme , qui, après avoir parcouru un es- pace assez long, vient se ramifier dans le testicule ; celui-ci est une grappe de cul-de-sacs dans lesquels s'accumulent la liqueur spermatique , et qui la versent dans le canal de l’épididyme. (55) Organes générateurs de la femelle. ‘Dans le même lieu d’où projette la verge du mâle, nous trouvons l’ouverture extérieure del’eviducte chez les femelles. Cet appareil est un canal épais, plissé transversalement et assez court, qui va se fixer en ar- rière sur l'ovaire ; celui-ci, d’une forme pyramidale, estentièrement semblable, pour l’apparenceextérieure, aussi bien que pour sa disposition interne, à l'ovaire chez l’Æelix Pomacia ; sa forme est celle d’une py- ramide à trois faces , l’une desquelles est convexe et plus large que les deux autres ; dans l’intérieur , nous rencontrons un conduit dont l’orifice s'ouvre en avant dans l’oviducte ; des colonnes charnues qui partent al- ternativement d’un et d'autre côté de ce canal, lui donnent l'aspect dentelé que nous avons représenté dans la figure du même organe chez l’Æelix Pomacia; son parenchyme n'offre non plus, comme nous venons de le dire, aucune différence. Après avoir décrit les organes générateurs des quatre genre précédents de gastéropodes, entrons dans quel- ques détails sur les circonstances de leur génération. Dans le testicule, l'on retrouve chez tous, les animal- cules spermatiques ; ils s'accumulent dans l’épididyme, oùils forment un liquide épais, d'apparence blanche; ce liquide délayé dans l’eau et examiné au micoscrope, au moyen d'un grossissement linéaire de trois cents, laisse apercevoir un gand nombre d’animalcules longs, min- ces, et quise meuvent lentement; à leur extrémité anté- rieure, l’on aperçoit un renflement pyriforme, raplati, qui disparait lorsque l’animalcule se place sur le tran- ( 56 ) chant, pour se mouvoir; les plus longs de ces individus appartiennent à l’Aelix Pomacia. Ceux de la limace rousse et de la grise sont un peu plus courts ; la partie supérieure deleur tête est plus marquée, de telle sorte qu’elle fparaît3 crochue ; presque aussitôt qu’ils sont placés sur le porte-objet, ils se roulent en cercle, et un observateur peu attentif pourrait les prendre pour autant de globules. Les animalcules du Turbo elegans sont encore plus courts que ceux des limaces rousses ct grises ; ils ont d’ailleurs la même forme, sans avoir la disposition à se rouler en cercle. Lorsque deux individus du genre de l'Helix Po- macia se disposent à s'accoupler, ils font saïllir en avant le canal que l’on à nommé la cavité commune de la génération‘; la bourse du dard , ainsi que la verge, se renversent comme le ferait un doigt de gant; se retournent, en sorte que la partie interne devient extérieure ; les deux sujets, en s’accouplant , enfon- cent mutuellement dans le corps l’un de l’autre leur dard , et ils insèrent leur verge dans l’oviducte cor- respondant. D'après la disposition des parties, je croirais que la verge verse la liqueur dans la vésicule au long col. Peu de temps après l’accouplement, j'ai trouvé cet organe rempli d'animalcules ; s’il en est ainsi , il serait là comme en réserve pour féconder les œufs , lorsque ceux-ci sont arrivés dans la partie an- térieure de l’oviducte. Les jaunes que contient l'ovaire sont de petits corps sphériques de couleur jaune pâle, de deux millimètres de diamèire, qui, lorsqu'ils sont arrivés dans l’ovi- 1 ; 1 ducte, se joignept chacur à un glèbe d'albumine et one VS (57) s'entourent avec elle d’une enveloppe assez épaisse ; lorsque les œufs sont émis , cette enveloppe dureit etprendune apparence calcaire. Après quelques jours, ils se brisent , et le jeune animal en sort tout déve- loppé, et va chercher sa pâture sur les herbes tendres placées près de lui. L'accouplement de la limace rousse est très analo- gue à celui que nous venons de décrire : toute la cavité commune de la génération est renversée en dehors, ainsi que la verge ; celle-ci s’insère dans l’orifice de la vésicule, et y verse la liqueur spermatique qui est placée en réserve dans cet endroit pour féconder les œufs lorsqu'ils arrivent dans la cavité commune, ou peut-être déjà dans l’oviducte. Les œufs, comme ceux de l’Æelix Pomacia, sont composés du jaune que fournit l'ovaire , et sur lequel se dévetoppe le fœtus ; plus une glèbe d’albumine que fournit l’oviducte, et qu’enveloppe une membrane blanche qui dureit au contact de l'air; les œufs sont émis comme chez l'Æelix Pomacia, et au bout de quelques jours le nouvel animal en sort. Chez la Zimace grise, la verge seule projette au dehors de l'animal lorsque l’accouplement à lieu : je croirais qu'elle pénètre directement dans l’oviducte, si je compare ses dimensions avec celles de la vést- cule. Ce qui me confirme dans cèêtte opinion, c'est que je n'ai jamais rencontré les animalcules spermatiques dans celles-ci; tous les autres phénomènes de la for- mation des œufs et de leur émission se passent comme dans la Limace rousse. L'on en peut dire autant quant à ce qui concerne le Turbo elegans. ( 58) Nous voyons donc, par les faits rapportés dans ce Mémoire, que les opinions que nous avons données, tant à l'égard des vertébrés que des mollusques, sont confirmées quant à ce qui concerne les gastéropodes, et que les divers organes sur les fonctions desquels il y avait eu, jusqu’à ce jour, du doute, sont mainte- nant parfaitement déterminés. EXPLICATION DE LA PLANCHE V (1). Fig. r. Les deux appareils générateurs, mâle et femelle, du Zymnée dans leur rapports naturels.— a. Lieu où se terminent à l'extérieur les conduits de l’oviducte et de la vésicule à long col. — &. Lieu où s'ouvre l’orifice extérieur de la verge en état de rétraction. — c. Por- tion large du conduit spermatique. — 4. Portion large de l’oviducte. —e. Ovaire. — f. Testicule engagé dans le foie et le conduit qui s’en détache. — g. La verge rentrée en-dedans. — à, Renflement sphe- rique du conduit spermatique. — k. Renflement de la vésicule au long col. Fig à. Animalcule spermatique du Lymnee, grossi linéairement 500 fais. Fig. 3. L’Helix pomacia débarrassé de sa coquille et ouvert pour laisser voir Les organes générateurs. — a. Orifice externe du conduit commun aux organes générateurs. — b. La cavité du dard. — c. Les vésicules accessoires. — d. L’oviduete. — e, i. La vésicule au long col. — f. L'ovaire. — g. L’épididyme. — h. Le testicule. — L. La verge dans l’état de rétraction. — ». L'’appendice piliforme qui la sur- monte, — x. Le canai déférent. Fig. 4. Une portion da testicule, grossie pour laisser voir les cul- de-sacs de son parenchyme. (1) Le premier de ces deux Mémoires est accompagné d’une planche, et Île second, de deux: nous en avons reproduit ici soules les figures nécessaires à l’intelligence du texte. RTE Ne. 2 (59 ) Fig. 5. L’ovaire et la dernière portion de l’oviducte ouverts. — a. Le cul-de-sac de l’épididyme. — &. L’épididyme. — c. La portion de ce canal qui va s'ouvrir dans le sinus de l’oviducte. Fig. 6. Portion antérieure d’un animalcule spermatique de ?’/e- lix pomacia , grossie 100 fois. Fig. 7. Portion antérieure des organes générateurs de la Limace rousse, un peu grossie et ouverte pour laisser voir leurs cavité. — a. Le conduit de la cavité commune de la génération. — &. Le corps charnu contenu dans cette cavité. — c. La racine du corps charnu. — d. La vésicule. — e. La verge ouverte. — f. Le conduit déférent. — g. La première portion de l’oviducte qui est tronquée. — X. Le point où le canal déférent vient s'ouvrir dans la rainure de l’ovi- ducte, … à, Le corps gauffré superposé à l'oviducte. Fig. 8. Animalcule spermatique de la limace rousse, grossi 500 fois. Nore sur le gisement de la mine de fer de Rancié et sur le terrain dans lequel elle est enclavée. Par M. Durrénoy, Ingénieur des Mines. Les mines de ferhématite, sont répandues avec une grande profusion dans la partie orientale des Pyré- nées. Les circonstances qui accompagnent leur gise- ment, sont remarquables par leur indépendance ab- solue du terrain qui les renferme; de sorte aw’elles se trouvent dans des terrains très différents. La seule condition qui paraît indispensable, est la proximité des roches granitoïdes. Pour faire ressortir cette dis- position , il serait nécessaire de donner plusieurs exemples, ainsi que je l'ai fait dans un mémoire que ( 60 ) j'ai lu à la Société de Géologie, et que je publicrai dans ies Annales des mines. Je me contenterait, dans cette note, d’indiquer le gisement de la mine de fer de Rancié (Arriège), célèbre depuis long-temps par sa richesse et l'abondance de ses produits, qui ali- mente près de soixante forges catalanes. Pour pouvoir apprécier la position de ce gîte métallifère, il est né- cessaire que je fasse précéder sa description de quel- : ques détails sur la nature du terrain dans lequel il est enclavé. Terrain de la vallée de Vicdessos. La vallée de Vicdessos prend naissance au faite de la chaîne des Pyrénées; une bande granitique qui court dans le sens de la chaîne, et qui s’étend presque sans interruption depuis la vallée de Vicdessos, jus- qu'aux environs de Pernignan, coupe la vallée de S.t Girons, en deux parties à peu près égales. Le gite métallifère est placé à une très petite distance en avant de cette bande granitique et presque à la sépa- ration de cette roche et des calcaires, dans lesquels il est enclavé. Le terrain qui constitue Ja partie su- périeure de la vallée jusqu'au contact du granite , a été décrit par M. de Charpentier, et par les personnes qui depuis ont visité ce pays, comme appartenant entiè- rement au terrain de transition ; seulement M. de Charpentier a distingué, sous le nom de calcaire pri- mitif, un calcaire saccharoïde blanc, analogue au marbre de Carrare, qui forme immédiatement au con- tact du granite, une bande d'a-peu près cinq cents mê- tres de puissance. APS I TER TS CS ee TEST — (61) Quelques fossiles jurassiqués ; que j'avais trouvés dans les environs de Saint-Béat, dans un calcaire analogue à celui de Vicdessos, me firent présumer que ce dernier était plus moderne qu'on ne Pavait supposé jusqu'à présent. Pour décider cette question, j'ai’suivi la bande de ’gränite dont je viens de parler précédemment! depuis la vallée de Seïx , jusqu’à Vic- dessos , en passant par Oùst, Aulus, le lac de l'Herz et Vicdessos. .Si'dans ce trajet on monte sur quelques points élevés qui dominent le pays, on reconnaît à la première inspection, qu’il existe une différence très notable, du moins dans les caractères extérieurs, entre les roches qui forment les crêtes qui sont au sud de lalignéque je viens d'indiquer, et celles qui composent de: fond'de la vallée d'Aulus, le vallon qui monte au lac de l'Herz, le lac de l'Herz lui-même, et la vallée de Seix, qui descend vers Vicdessos; les premières entièrement schisteuses , sont contournées dans tous:les sens; .les pics qui en sont composés, sont très aigus etentièrement décharnés ; elles se dis- tinguent par leur couleur très foncée. Le calcaire y est'assez rare; etquand'il existe, il ne forme que des couches minces, toujours schisteuses et souvent mé” langées intimement de schistes: Les’ roches des en- virons d'Aulas ; sont au contraire presque toutes de calcaire plus ou moins cristallin ; quelquefois d’un beau blanc: :il est alors parfaitement cristallisé, et en tout semblable au marbre statuairé. L’argile schis- teuse, assez rare près d'Aulus, devient abondante _ dans la vallée de Vicdessos. Dans la bande, dont je parle dans ce moment, le calcaire est toujours très (_ ba) dominant, et presque la seule roché qui forme réel. lement la contrée, en exceptant toutefois le granite qui se montre daus beaucoup de points; ainsi que la l’herzolite qui forme quelques amas. On concoit, par le simple énoncé que je viens de faire des roches qui existent dans la vallée de Vic- dessos et d’Aulus, que le pays occupé par ia bande cal- caire, doit présenter des escarpemens dont la forme est entièrement différente de ceux de la contrée où les roches schisteuses dominent. Si on examine en- suite la constitution de ces différentes parties de la vallée, on apercoit bientôt d’autres différences égale- ment très prononcées. Ainsi, près d’Aulus, le terrain schisteux sort à travers les couches calcaires, et for- me une pointe saillante, que l’on reconnaît de loin, par la différence de couleur des roches et par leur dis- position. Nous avions pensé d’abord, que cette. pointe était une avance du terrain ancien, mais biéntôt nous avons reconnu qu'elle était composée de schiste argi- leux, se rattachant d’une manière continue à celui qni forme les cimes du haut de la vallée, Il y-aurait dans cette localité, une différence de. stratification entre le terrain schisteux et le terrain calcaires ce dernier reposerait dessus les tranches da schiste, et serait par suite plus moderne que le schiste. Nousver- rons bientôt que le calcaire appartient aux assises in- férieures du calcaire jurassique. Quant au:schiste, cette localité ne nous offré pas de preuves directes de son âge géologique; mais il forme continuité avec le schiste de Livia, qui contient des Orthocères , des Eu. (63 ) Encrines, des Nautiles, etc., et que nous avons dé- montré être inférieur au terrain houiller (1), et par suite appartenir au terrain de transition. L'examen des roches de ces deux terrains vient con- firmer la séparation qui résulte des traits généraux de la contrée, ainsi que de la différence. de stratification que nous venons d'indiquer. Les schistes du terrain de transition présentent deux variétés : » La première » et la moins fréquente (2), est tendre, assez douce au » toucher, et a une cassure terreuse en travers ; elle » offre une structure très contournée en petit; elle » est fréquemment imprégnée de graphite. » La seconde variété est beaucoup plus dure et » plus tenace; elle est.d’un gris sombre ou d’un brun » foncé, et devient rougeâtre à l’air; elle se divise ». en plaques plus où moins épaisses, et se casse sou- » vent en fragmens pseudo-réguliers ; elle passe quel- » quefois au schiste coticulaire, et renferme des.vei- » nes de schiste siliceux. » Outre ces deux roches, le terrain schisteux contient au quarz grenu schistoïde, de couleur grise plus ou moins foncée; lequel renferme souvent des feuillets de schiste argileux contournés. Ce quarz est ordinaire- ment mélangé de paillettes de mica; les feuillets de schiste argileux intercalés dans cetteroche, dominent quelquefois au point d'amener un véritable passage... (1) Mémoire sur la nâture et la positién géologique des Caleaires amypdalins. Annales des Mines, 8° série, t. 11. (2) Les lignes que j'ai fait précéder de guillemets sont empruntée: à un Mémoire de M. Marrot , sur le gisement , la nature et l’exploi- \ tation des mines de Rancié. Ænnales des Mines, 2° série ,1v, p. 501. ( 64 ) Les schistes argileux renferment fréquemment des mâcles. Ces trois roches ‘alternent entre elles sans ordre marqué. L'ensemble du terrain qu’elles constituent à elles seules, commence dans la vallée de Vicdessos au confluent du torrent de Bassiès et au fond de la vallée de Jens et s'élève jusqu’au faîte de-la chaîne. Dans quelques circonstances, elles sont mélangées d’amas puissants de schiste micacé ou de granite. Le schiste argileux adhère fortement à ce granite, quoique cepen- dant le passage entre ces deux roches soit entièrement brusque. Ces dernières couches du terrain de schiste argileux renferment quelques filons contenant de la galène ar- gentifère, du cuivre pyriteux et des amas de minerai defer. La bande calcaire située entre le granite et le terrain dé-transition, dont nous venons de faire connaître succinctement la composition, présente à sa base etim- médiatement au contact du granite une zône plus ou moins épaisse decalcaire blanc saccharoïde; les couches plongeant au sud de la ligne de granite qui est placée au nord de’ Viëdessos, on l'a désigné, ainsi que je l'ai déjà rappelé, sous’ le nom de calcaire primitif. fi est vrai que ce calcaire forme une ligne continue à la base du térrain qui nous occupe, mais si on le suit dans la vallée d’Aulus, et à l’étang de l'Herz, on re- connaît bientôt que cette position est loin d’être la seule qu'il affecte; en effet dans plusieurs points de cette vallée, et surtout dans le bois situé au pied du pic on voit le calcaire saccaroïde reparaître au milieu du (65 calcaire gris, bien au sud de la zène qui existe à la partie inférieure de cet ensemble de couches calcaires; des pointes de granite, qui sortent dans tous les en- droits où le calcaire saccaroïde se montre dans une position anomale en le supposant primitif, expliquent sa présence dans ces points. Au lac de l’Herz le cal- caire gris est intercalé entre deux masses de calcaire saccaroïde adossées l’une et l’autre à du granite; le retour de ce calcaire saccaroïde au milieu du calcaire gris et l’intercalation de ce dernier entre deux masses de calcaire blanc, nous montrent que ces différens calcaires sont du même âge, et que leurs variations dans la texture et la couleur sont en rapport avec la présence du granite. Son état cristallin est même tout- à-fait proportionnel à la distance à laquelle il se trouve de cette roche. Ainsi, au contact du granite il est plu- tôt lamellaire que saccaroïde ; il devient ensuite sacca- roïde, passe insensiblement à la texture grenue, puis enfin revient, par des dégradations insensibles, à la fois compacte et cristallin, ce que l’on aperçoit parfaite- ment à sa cassure argileuse et à sa dureté. Près du contact le calcaire contient beaucoup de cristaux de couséranite et de pyrite, quelques cristaux de trémo- lite et de grenat, comme au Saint-Gothard. Une circonstance importante à constater, c’est qu'il n'existe pas de calcaire saccaroïde au contact du gra-“ nite et du terrain schisteux; cependant si ce calcaire appartenait au terrain primitif, il devrait se trouver également dans cette position. Cette omission de la nature est une nouvelle preuve que le calcaire sacca- ŒXX:; 5 ( 66 ) roïde n’est qu’accidentel et qu’il a été formé là où lé granite a percé un terrain de calcaire. Sur le calcaire saccaroïde, qui n’est qu'uneexception, repose un calcaire gris compacte, esquilleux, quelque- fois très fortement coloré par du bitume. Le calcaire est associé avec du schiste argileux, et des argiles schis- teuses plus ou moins foncées. Ces roches schisteuses forment tantôt des couches épaisses qui alternent avec le calcaire, tantôt elles ne constituent que des couches très minces dans lesquelles les feuillets du schiste sont fortement plissés. Par son mélange avecle calcaire, le schiste donne naissanceà des roches mélangées plus ou moins schisteuses, souvent très carburées, et toujours effervescentes ; les schistes eux-mêmes sont toujours calcarifères. Ge caractère différencie les schistes de transition des schistes appartenant au calcaire du Jura, et nous montre que ces différentes roches schisteuses n’ont pas été déposées dans les mêmes circonstances ; la ressemblance de ces schistes et de ces calcaires avec le calcaire qui forme une grande partie des Alpes est ex- trêmement frappañte; on y retrouve jusqués aux moin- dres circonstances : c’est aïnsi que les parties schis- teuses sont sillonnées par de petits filons de calcaire fibreux qui ne traversent pas la masse calcaire, disposi- tion babituelle du calcaire de la Magdelaine en Savoie. Ces calcaires gris et ces schistes argilo-calcaires, ont une puissance assez considérable. M. Marrot in- dique dans le mémoire que j'ai déjà cité, qu’outre ces roches , il existe près de Vicdessos: « des couches de » poudingue composées de fragments de calcaire com- ( 65 ) pacteet d’une pâte de calcaire, également compacte. w” LA » On ne les distingue le plus souvent que par la couleur ee M différente que leur donne à la surface l’action des » agens atmosphériques; ils contiennent quelques » fragmens rares de roches feldspathiques. Il existe » aussi des grauwakes schisteuses, presque toujours » effervescentes, et mélangées d’une plus on moins » grande quantité de pyrites. » ; Cet ensemble de couches forme une bande continue que l’on reconnaît depuis le col d’Agnet, situé entre Aulus et le lac de l'Herz, jusqu'aux mines de Vic- dessos. «Elle est recouverte immédiatement par » des calcaires d’un gris clair, souvent grenus, mé- » langés de schiste carburé presque toujours étincelans » sous le choc du briquet; ils renferment des rognons » de quarz, des veines et de petits amas de calcaire » lamelleux, et quelques couches de schiste carburé » et de calcaire saccaroïde; la texture de cette der- » nière roche est variable, même dans l’étendue d’une » couche; elle est quelquefois presque compacte et » faiblement translucide; d’autres fois décidément » saccaroïde, le fer sulfuré cubique y est très fré- » quent ( Mont Rancié, aux environs des amas mé- » tallifères ). » C’est au milieu de ces couches calcaires, qu'est situé l’amas métallifère de Rancié; ainsi que les différens autres dépôts de même nature, que l’on à exploités dans la vallée de Sem. Cette description succincte nous montre qu'il existe à Vicdessos, du calcaire saccaroïde au-dessus des couches schisteuses noires. I] ne forme pas dans cette ( 68 ) localité, il est vrai, une bande aussi continue que ke calcaire saccaroïde qui lui est inférieur, et qui repose sur le granite, mais sa présence est bien consta- tée(1). Les caractères extérieurs de ces deux bandes du calcaire saccaroïde étant les mêmes , ïl n'y à aucune raison pour supposer qu'ils appartiennent à deux formations distinctes ; de plus, comme le cal- caire noir et les schistes argileux sont intercalés au milieu du calcaire saccaroïde, il me paraît impo:- sible de séparer ces différentes roches. Pour déter- miner maintenant à quelle formation ils appartien- nent, nous allons donner quelques détails sur trois localités dans lesquelles nous avons trouvé des fossiles. Un peu avant d'arriver au col qui sépare la vallée d'Aulus de la vallée de Sem, quand on monte au lac de l’'Herz, on rencontre des masses d’un calcaire noir, fendillé dans tous les sens, et très irrégulièrement stratifié, lequel contient un assez grand nombre d’em- preintes et de moules de Peignes. Malgré l’imperfec- tion de ces corps organisés, on reconnaît cependant que leur forme générale est celle du Pecten equivalwis, fossile caractéristique des couches supérieures du lias et des couches inférieures des formations oolitiques. Ce calcaire est très siliceux; il laisse un résidu abondant lorsqu'on le dissout dans les acides. Il pourrait, par la composition, correspondre à celui qui recouvre les (1) J'ai emprunté textuellement la phrase qui montre la position des différens calcaires près de Vicdessos, à M. Marrot, pour faire voir que, quoiqu'il admette avec M. Charpentier que le calcaire blane est primitif, il reconnaît du calcaire saccaroïde au-dessus du calcaire gris et des schistes qui l’accompagnent. ( 69 ) evouches schisteusesde Vicdessos et dans lequel lequarz est très abondant. La position de ce calcaire avec fos- siles est incertaine dans cette première localité; il forme une masse saillante très contournée, qui paraît isolée , de sorte qu’on ne sait pas si elle ressort d’entre les couches du calcaire grenu qui l'entoure, ou si au contraire elle n’est pas simplement appliquée dessus ; d’où il résulterait qu’elle serait très postérieure. Le col d’Agnet, que nous avons déjà cité, nous fournit un second exemple de fossiles jurassiques dans le calcaire qui nous occupe ; mais dans cette seconde localité le calcaire avec fossiles est complétement en- clavé dans les calcaires cristallins, et'il ne peut y avoir de doute sur sa position. Les couches dont je parle sont composées d’un calcaire gris foncé, un peu grenu, ayant tous les caractères du calcaire jurassique qui se trouve sur les pentes des Cevennes et dans plusieurs points des Pyrénées ; l’épaisseur de ces couches est en- viron de 60 à 80 pieds ; on les voit suruneassez grande longueur, mais elles sont sur-tout mises à nu dans la dépression qui forme le col. L’axe du ravin, qui est aussi la ligne que suivent les eaux en descendant dans la vallée d’Erce, est sur lecalcaire noir ;. les deux parois sont au contraire de calcaire saccarin gris , très clair, le même sur lequel nous avons constamment marché depuis Aulus, et qui devient entièrement sac- ,caroïde lorsqu'on s'approche de la bande granitique qui forme le bas de la vallée d’Aulus ou les îlots gra- uitiques qui s’avancent au milieu du terrain calcaire. .Le calcaire gris contient des fossiles nombreux, mais dans un état imparfait de conservation; on y ( 70 distingue des empreintes et des moules de Pecten, qui nous paraissent appartenir au Pecten equivalvis ; des Térébratules ayant leur têt. Ces derniers fossiles sont très comprimés et il est impossible de recon- naître l’espèce à laquelle ils appartiennent ; on voit seulement que le têt est mince et que les Térébratules sont plissées. On y trouve encore des Polypiers nom- breux ainsi qu’une grande quantité de Bélemnites. Parmi ces derniers fossiles, les uns ne présentent que l'enveloppe extérieure, et l’intérieure est à l’état de calcaire gris, comme les roches dans lesquelles il: sont empâtés ; les autres présentent le tissu fibreux et rayonné si caractéristique des Bélemnites. Beaucoup d'échantillons sont pourvus de leurs alvéoles , de sorte qu’il n’y a aucune espèce de doute sur l'existence de ces corps marins. Quoique l’état de conservation des fossiles que nous venons d'indiquer, ne nous ait pas permis d’en déterminer les espèces, cependant il est impossible de douter qu’ils n’appartiennent à la partie inférieure des formations jurassiques. Placé au col dont nous parlons dans ce moment, on reconnaît avec la plus grande évidence que le calcaire gris et le calcaire saccaroïde constituent une bande distincte de ce qui les entoure, non-seulement par les carac- tères extérieurs, mais aussi par la stratification. Cette bande de calcaire jurassique remplit un bassin longitudinal , qui a la direction des Pyrénées, et dont toutes les couches ont été non-seulement accidentées depuis leur dépôt, mais même en parties modifiées. Le calcaire cesse peu après le lac. On marche cons- tamment sur le granite,ou sur des roches feldspathiques Fr) jusqu’à une petite distance du village de Sue. On re- trouve de nouveau au contact du granite , le calcaire saccaroïde qui descend jusqu’à l’ouverture dela vallée, et un calcaire schisteux noir représentant les couches à fossiles du lac de l’Herz ; ce dernier calcaire recou- vre le calcaire saccaroïde : on le voit commencer à la forge située à l'entrée de la vallée, et on marche des- sus jusqu’au-delà de Vicdessos. La montée qui con- duit de ce bourg aux mines est constamment sur ce calcaire noir, qui est tantôt schisteux, tantôt com- pacte. Malgré toutes nos recherches, nous n'avons pu découvrir de fossiles dans ce calcaire en tout sembla- ble à celui du col d’Agnet; mais parmi les blocs qui forment les accotements de la route, et qui ont été enlevés des rochers pour élargir cette montée, nous avons trouvé deux morceaux anguleux , exactement semblables aux rochers environnans , dans lesquels il existe des Polypiers, des Encrines et des fragmens de Térébratules : la présence de ces fossiles montre avec certitude que ces fragmens appartiennent au calcaire jurassique, de même que le calcaire noir du lac de l’Herz. On objectera sans doute que ces fragmens sont des morceaux roulés; mais leur forme et leur iden- tité complète avec le calcaire des escarpemens de la route des mines repoussent cette supposition. Lors même qu’on admettrait que ces blocs sont roulés , on ne pourrait croire qu'ils proviennent des environs du lac de l'Herz dont la localité, dont nous parlons dans ce moment , est séparée par deux valiées et trois cols; ilsappartiennent par conséquent au calcaire noir de Vicdessos , et c’est une troisième localité dans la- quelle le calcaire content des fossiles jurassiques. (O7 Si maintenant on examine sur une carte détaillée la position des trois points que nous venons de citer, on reconnaît qu’ils sont à peu près en ligue droite et qu'ils suivent la direction de la bande que nous avons signalée ; par suite, cette bande appartient entière- ment à la même formation jurassique. Disposition du gite métallifère. Le gîte métallifère de Rancié est, ainsi que nous l'avons annoncé ci - dessus, au milieu des calcaires cristallins supérieurs au calcaire schisteux et au cal- caire noir ; position qui ne peut laisser aucun doute sur la nature du terrain dans lequel il est enclavé. La masse de minerai de ferest parallèle aux couches, et paraît, à la première inspection, former une couche da terrain; mais pour peu que l’on étudie cette masse sur une certaine longueur , ce qui est très facile à cause des exploitations qui y sont ouvertes à différens niveaux, on reconnaît de suite qu’elle est étrangère au terrain. En effet, la masse métallifére dont la puissance moyenne a environ dix mètres , interrompt plusieurs couches du terrain : tantôt elle atteint une puissance de plus de vingt mètres, tantôt elle est réduite au plus a cinq mètres. Les couches n’étant point contournées par suite de cette différence dans la puissance du gite métallifère, il est évident que le minerai en remplace sur une certaine longueur un nombre plus ou moins considérable. Ce remplacement n’est pas, du reste, 1o- tal, ainsi que l’exploitation de la mine du Poutz et de celle de la Craugne nous permet de le voir. L'irrégula.: (73) rité de l'exploitation de ces mines est plus favorable à l'étude géologique que ne le seraient des galeries ou- vertes suivant les règles d’une bonne exploitation. On enlève tout le minerai, sans prendre garde à l’immen- sité des excavations auxquelles ce mode de grapillage donne naissance ; mais aussi on s’est borné à n’enlever que ce qui était assez riche pour la fonte. Il en résulte que toutes les parties calcaires enclavées dans le mi- nerai de fer, ainsi que le calcaire imprégné de fer, sont restés intactes, circonstance qui nous décèle la dispo- sition du gîte métallifère. On reconnaît alors que la masse de minerai de fer, régulière dans son ensemble, est très irrégulière dans ses détails. Le minerai pé- nètre dans le calcaire dans toutes les directions ; il y forme des ramifications nombreuses qui sont séparées par des masses plus ou moins considérables de calcaire cristallin d’un blanc un peu sale, en général alongées dans le sens des couches ; le gisement est formé par la réunion d’une multitude de veines qui courent à peu près parallèlement, se rejoignent et se séparent sans cesse : l’excavation dans ue le calcaire est resté intacte présente donc pour ainsi diré le squelette de la masse métallifère. « Les veines calcaires ont quelquefois une étendue » et une régularité remarquable. On en a observé deux » à la mine de la Craugne, qui partagent la masse en » trois massifs distincts sur une étendue de plus de » quatre-vingts mètres. Aux approches de ces veines » calcaires, la structure de la masse est la même que » dans le voisinage du mur et du toit; de sorte qu'il » est impossible de ne pas les confondre avec les pa- ( 74) » rois, et cette erreur a fréquemment eu lieu dans ir. » cours de l'exploitation. » Mais enfin, on a fini par rencontrer les terminaisons de ces veines calcaires, par conséquent on ne peut pas supposer qu’elles ap- partiennent à des couches qui auraient été déposées alternativement avec le minerai de fer; ce sont des fragmens des couches primitives du terrain empâtées dans le minerai, lesquelles sont restées comme té- moins de la manière dont le gîte métallifère a été formé. La séparation du calcaire et du minerai de fer est quelquefois assez nette , et même lisse, comme cela aurait lieu si la roche avait été usée par un frottement réitéré. Gette disposition existe principalement au mur de la masse ; alors une seule bande argileuse la sé- pare du calcaire; mais le plus généralement il existe un passage insensible entre le calcaire et le minerai de fer, et la transition a lieu au moyen de calcaire plus ou moins chargé de fer spathique, disposition qui nous montre l'expansion graduelle de l’oxide de fer dans la roche calcaire. Outre cette espèce de cémen- tation, de nombreux petits filons de fer spathique traversent les masses de calcaire empâtées au milieu du minerai; on voit, à leur contact avec la roche, la même dégradation de richesse que dans la masse prir- cipale. Si la régularité du gîte métallifère est souvent in- terrompue par des masses plus ou moins considérables de calcaire disposées au milieu du minerai, elle Pest également par l'expansion de ce dernier au milieu des couches calcaires bien au-dela de ses limites géné- (75) rales; ainsi on a reconnu, dans les mines de Rancié, deux branches qui partent du mur et coupent les cou- ches du terrain sous un angle de trente degrés ; la branche exploitée dans la mine de Bellagre a quel- quefois jusqu’à dix mètres de puissance. Il arrive en outre très fréquemment, que des amas considérables de minerai se détachent du gîte principal, et s’en- foncent dans la roche des parois: « On peut en ob- » server plusieurs au fond de la mine de Bellagre, » qui sont presque entièrement séparés de la masse » principale ; mais le plus remarquable de tous, se S » trouve près de l’entrée de l’ancienne mine du Poutz ; il descend verticalement sur une profondeur de plus S Ÿ L Ÿ de cinquante mètres , en sorte que le vide laissé par y MA son exploitation, forme un véritable puits ». «Enfin, sur une bien moindre échelle, on ob- » serve très fréquemment de petits rognons de mi- » nerai, soit de fer spathique, soit de fer hydraté, » disséminés dans la roche des parois et souvent » séparés des masses, auxquelles ils tiennent quel- » quefois par des veinules ». La disposition du gîte métallifère dans ses parties exploitées, nous prouve évidemment qu’il ne forme pas une couche contemporaine au terrain de lias, dans lequel il est enclavé; le minerai est disséminé en ureinfinité de veines plus ou moins considérables, qui traversent le calcaire dans différens sens, et se ramifient dans toutes les directions : la réunion de ces différentes veines, constitue un stockwerk pa- rallèle aux couches. L'étendue de la masse métallifère conduit à cette Va yen) même conclusion ; en effet elle est limitée dans le sens. de la longueur, c’est-à-dire dans le sens de la di- rection des couches. M. Marrot estime qu’on peut Févaluer à 1,000 mètres : cette longueur consi- dérable pour un gîte métallifère ne pourrait s'accor- der avec la supposition qu’il formerait une couche. Quant à sa hauteur, elle est connue depuis le som- met de la montagne jusques à sa base; cependant la galerie Becquey, entreprise au niveau du village de Sem, pour ouvrir un champ vierge d'exploitation, n'a pas encore rencontré le minerai, quoiqu’elle ait dépassé le prolongement présumé du gite minéral. La masse métallifère est composée principalement de fer oxidé hydraté, souvent à l’état d’hématite. On y trouve des rognons de fer spathique disséminés avec quel- que abondance à l'approche du calcaire. Il existe en outre du fer oxidé rouge en paillettes micacées ; mais ce dernier minerai de fer est tout-à-fait accidentel. Enfin on y a recuëilli quelques échantillons de man- ganèse oxidé cristallisé, de cuivre pyriteux, de cuivre carbonaté vert, et de cuivre carbonaté bleu. D'après la position que j'ai indiquée pour le calcaire et le granite près de Vicdessos, on doit présumer que cette dernière roche se trouve à une petite distance de la masse métallifère : nulle part on n’observe leur contact, mais le granite est assez rapproché de la mine; il se montre au jour de tous côtés dans le ravin qui descend de Sem à la grande route. On peut donc, sans faire une hypothèse inadmissible, supposer que le granite et le minerai sont en connexion, et que la production de ce dernier a eu lieu au moment où le Pr (77) granite s’est introduit dans le terrain, c’est-à-dire pos: térieurement au dépôt des formations crétacées. Cette hypothèse deviendra sur-tout probable si on se rap- pelle, ainsi que je l'ai indiqué dans un mémoire précé- dent; 1° que les minerais de fer du Canigou, qui sont exactement les mêmes que ceux de Rancié, forment constamment une zône à la séparation du granite et du calcaire de transition, de telle sorte que les mines de fer sont ouvertes à la fois dans ces deux roches; 2° qu'aux environs du pont de la Fou, dans la vallée de la Gly , il existe à Saint-Martin des minerais, en tout semblables à ceux qui nous occupent, disséminés à la fois dans le granite qui forme les montagnes de Sournia et dans le calcaire du terrain crétacé inférieur qui lui est immédiatement superposé. Les minerais de fer de cette partie de la France sont donc indépendans de la nature des calcaires dans les- quels on les trouve; puisqu’au Canigou ils sont dissé- minés dans le terrain de transition; à Vicdessos ils forment un stockwerk dans le lias, et à Saint-Martin ils se prolongent du granite dans le terrain crétacé infé- rieur. Dans deux de ces gisemens les minerais de fer sont au contact du granite, et dans le troisième il est possible que le granite situé à une petite distance de la mine de Rancié, communique avec l’amas métallifère par sa partie inférieure. Enfin le terrain tertiaîre qui repose en couches horizontales sur le granite des Py- rénées, et dont le dépôt est par conséquent plus moderne que le relèvement de la chaîne , ne contient pas de mi- nerai de fer semblable à ceux de l’Arriége. Nous obser- verons aussi qu'iln’existe point de minerais de fer dans (78 ) le voisinage des ophites, roches plus modernes qu? les terrains tertiaires, et dont ils ont dérangé la régu- larité. Il résulte de ces différens faits que les hémati- tes et le fer spathique se sont introduits dans les ter- rains à une époque postérieure à la formation de la craie et antérieure à celle du dépôt des terrains ter- tiaires, c’est-à-dire précisément dans la même période où le granite des Pyrénées s’est fait jour. N’est-il donc pas naturel de supposer que ces minerais sont la consé- quence de son soulèvement ? J'ajouterai que les différens minéraux métalliques qui se trouvent dans la partie orientale des Pyrénées me paraissent, pour la plupart, devoir leur origine à la même cause; ce qui me conduit à adopter cette idée, c’est que la mine de Rancié, ainsi que je l'ai indiqué plus haut, contient du cuivre carbonaté vert et bleu et du cuivre pyriteux, il est vrai en yetite quantité ; que la mine de cuivre de Canaveilles près de Prades existe comme les minerais de fer de cette contrée à la séparation du granite et du calcaire, et que ce muine- rai de cuivre est mélangé d’hématite et de fer carbo- naté : enfin que dans la vallée de Vicdessos on voit constamment le mélange de ces différens minerais à l'approche du granite. M. Marrot, à qui j'ai déjà em- prunté plusieurs citations, dit à ce sujet : « que dans | » plusieurs localités des environs de Vicdessos, lors- | » que les couches schisteuses sont interrompues par | » du granite, elles renferment des filons contenant | » de la galène argentifère, de la pyrite magnétique, | S » du cuivre pyriteux, etc., et des amas de minerai de » fer analogues à ceux de la vallée de Sem. » ( 79 ) En résumé, les faits que j’ai exposés dans cette note me conduisent à conclure que, 1° Le terrain de Vicdessos, composé de la réunion de calcaire saccaroïde blanc, de calcaire compacte noir, de calcaire schisteux, et de schiste calcaire, ap- partient à la partie inférieure des formations juras- siques; 20 Le gîte métallifère de Rancié est enclavé dans ce terrain, il y forme un stockwerk disposé dans le sens des couches ; 3° Cet amas métallifère est en connexion avec le granite qui existe à une petite distance de la mine, et son introduction dans le terrain de lias a eu lieu à l’époque de l’apparition du granite dans les Pyrénées; 4o Le calcaire saccaroïde de la vallée de Sue ne doit sa texture qu’à sa position au contact du granite ; lors de son dépôt il était de même nature que les couches dans lesquelles on trouve des fossiles. Mémoire sur l'Evolution des Plantes et sur l’Accroissement en grosseur des Exogenes ; Par Cn. GIROU DE BUZAREINGUES, Correspondant de l’Académie royâle des Sciences. Ce que j'ai déja eu l'honneur de communiquer à l’Académie sur l’évolution des plantes et l’accroisse- ment en grosseur des exogènes, ayant paru à ses com- missaires, MM. Desfontaines, de Mirbel et Auguste de St.-Hilaire, avoir besoin de preuves, de développemens ( 80 ) et de dessins, j'ai dû m'occuper encore de ce même sujet, et tâcher de rendre mon travail moins imparfait. De nouvelles études m'ontappris que je nr’étais trompé quelquefois, et que je n'avais pas tout vu d’abord. J'en ai réuni les principaux résultats dans ce mémoire destiné à devenir le complément et le correctif du premier (1). Ma théorie sur l'accroissement en grosseur des exogènes étant déduite d'un ensemble d'observations personnelles sur diverses questions de physiologie végétale, est nécessairement privée d’une désirable simplicité. J'éviterai les répétitions qui ne seront pas indispen- sables, soit à l’intelligence de ce nouveau travail, soit à l’enchaînement des faits que j'ai déjà rapportés avec ceux que je vais exposer. J'ai attribué l’organisation fibreuse à une transfor- mation du tissu cellulaire, soit par l’élongation et la distension qu’il éprouve dans le plissement qui produit les organes foliacés, soit par le mouvement rapide, direct et constant des fluides qui se rendent des raci- nes aux feuilles ou des feuilles aux racines. Rien ne nr'a encore prouvé, ne m'a même invité à soupconner qu’il en füt autrement. J'ai rapporté aussi le plisse- ment à une inégale distribution de la végétation : elle en est en effet la cause première ; mais les capacités et les formes que cette cause a déterminées, se transmet- (r) Le rapport sur ce second inémoire de M. Girou de Buzareingues par M. Auguste de Saint-Hilaire vient d’être publié dans les Archives de Botanique. 4 (81) ent par la génération , luttent même contre les cir- constances qui tendent à les abolir , et en triomphent d'autant plus sûrement , que leur origine est plus an- cienne. Y a-t-il deux ordres de vaisseaux pour ce double mouvement ? Je l’ai cru d'abord; je n’ose l’affirmer aujourd'hui. Non-seulement,. je n’ai/pu apercevoir, à l’aide du microscope d'Amici, dans les faisceaux vasculaires qui composent les nervures des feuilles, un nombre de vaisseaux supérieur à celui des petites veines qui se rendent dans ces faisceaux ; mais en exa- minant séparément et successivement, dans une énor- me feuille de Chou, le pétiole, les nervures primaires, secondaires, tertiaires, les veines et les veinules, j'ai cru voir, au contraire, une concordance numérique des veinules distribuées sur le limbe de la feuille avee les vaisseaux réunis dans le pétiole. Cependant la vrille de la Vigne qui ne porte point de feuilles est fibreuse, la couche nouvelle des plantes vivaces devient fibreuse avant que ‘influence que doit exercer sur elle l’évolu- tion des bourgeons, se montre par des zdnes de faisceaux fibreux. Mais cette fibre qui, en ce cas, provient, sans doute, des relations de la racine avec la vrille ou avec le bourgeon rudimentaire, forme- t-elle des vaisseaux ? J'en doute; car je n'ai pu décou- vrir, ni dans la vrille, ni dans la première période de formation de cette couche nouvelle, rien, à l’ex- ception des gros tubes dont je tâcherai d'éclairer la création, qui se distingue d’un tissu cellulaire très alongé et devenu fibreux par son élongation. Quant à la concordance des nervures primaires ou | XXX. 6 (8% ) secondaires, avec les faisceaux des pétioles, je l'ai vérifiée dans la feuille du Peuplier de Canada (15 faisc. 15 nerv.), du Sumac de Virginie (17 faisc. 17 fol), du Platane (48 faisc. 48 dentelures principales), du Lierre (14 faisc. r4 nervures) dela Vigne (24 faisc. 24 grandes dentel.) et dans une nervure de cette feuille (9 faise. o nerv. second.), du Houx (15! faise, 15 piquans), du Tussilage pas d'âne (9 faisc.9 nerv.}, de la Bardanne (20 faise. 20 nerv.), du Chêne (ax faise. 11 nerv.}, du Faux acacia (21 faisc. 21 fol.), du Panicault ( 47 faisce. 47 nerv.), du Frêne (15 faisc.15 fol.), du Chou pommé (69 faisc. 69 nerv.). Il est une autre concordance que j’ai fait pressentir dans mon premier mémoire : c’est celle. du nombre des radicelles avec celui des principaux faisceaux fibreux du pétiole. Je l’ai rencontrée souvent et pres- que toutes les fois que je l’ai cherchée, dans le Ghan- vre et dans la Mercuriale des jardins. Cette concor- dance, cependant , ne saurait être constante , à cause des nombreux obstacles que rencontre l’évolution des racines. Pour le même motif, elle est d'autant plus rare, que la plante a plus de feuilles: Gette obsérva- tion tendrait à rendre plus séduisante la théorie de M.Du-Petit-Thouars sur l’accroissementen grosseur des exogènes ; mais je me pense pas qu’elle la rende plus vraie. Aux vaisseaux provenañt des feuilles développées, se joignent, pour la composition de la tige, ceux ; bien plus petits, qui proviennent, soit des feuilles à l’état rudimentaire dans les bourgeons, soit des autres :| organes foliacés, même des étamimes. Quant au pis- ( 83 ) «il, il est presque totalement cellulaire; sa nature varie suivant qu'il est libre ou adhérent soit au calice, soit aux étamines : dans le péricarpe se trouvent les fibres du calice, de la corolle et des étamines lorsque le pistil est adhérent au calice , ou seulement ces der- nières lorsqu'il n’adhère qu'aux étamines. Dans tous les cas, il est relativement moins fibreux que l’étamine: analogie remarquable entre les plantes et les ani- maux (1). Il y a accord constant de la fibrosité de la tige (je demande grâce pour cette expression) avec le nombre des organes foliacés qu'elle porte, et celui de leurs nervures. Cet accord est remarquable, soit dans le Gui” où les fibres sont aussi rares dans la tige, que les nervures dans la feuille; soit dans le Buis, le Genévrier et tous les bois d’un tissu serré , où l'abondance des feuilles ou de leurs nervures répond à celle des fibres. Ces faits sont rationnels : le bourgeon n’est que la tige en raccourci, comme la tige n’est que la prolon- gation fasciculée de ‘ses organes foliacés, et la conti- nuation de l’axe cellulaire. La fibre naît en même temps que l’organe foliacé , et toujours aux dépens et accompagnée, ou de l’axe (1) ai signalé dans un autre Mémoire la prédominence de la fibre dans les plantes mâles ou dans les parties des plantes qui produisent des fleurs mâles seulement, et celle du tissu cellulaire dans les plantes femelles ou dans les parties des plantes qui produisent des fleurs fe- meiles seulement. De nouvelles observations me laissent convaincu que la différence essentielle des organes masculins et des organes fé- minins, est que les uns appartiennent spécialement à une organisa- tion fibreuse, et les autres à une végétation cellulaire ICE) cellulaire, où de ses appendices. Elle se continue su- périeurement dans cet organe, et inférieurement dans la tige jusqu’à la racine , et là jusque dans une radicelle, si elle n’est interceptée par des nodosités , des soudures, des anastomoses. Que l’on greffe un bourgeon sur le trajet d’une tige ; par le seul fait de l’évolution de ce bourgeon, la partie inférieure de cette tige recevra un surcroit d'organisation fibreuse. .L'action du bourgeon se réduira, cependant, à con- vertir en fibres le corps cellulaire avec lequel il se sera soudé, en fournissant un but direct et une cause ac- célératrice au mouvement de va-et-vient et peut-être de circulation des fluides dont ce corpsestlevéhicule.Car, le bourgeon même ne se propage pas au-dessous de son insertion, comme l’a pensé M. Du-Petit-Thouars; mais il offre aux fluides un débouché vers lequel ils se précipitent , détruisant ou écartant, dans leur mar- che, les obstacles qui pourraient la ralentir , et se formant des conduits qui secondent, tour à tour, et la puissance qui les fait monter, et celle qui les fait descendre. Dans mon premier mémoire, après avoit appelé verticille tout ensemble de formations qui, situées on ramenées par la pensée dans un même plan perpendi- culaire à l’axe de la tige, en font le tour sans se ren- contrer , jai signalé, chez des plantes annuelles, et dans le corps central, l'existence, près du collet, des zônes concen‘riques en nombre égal à celui des verti- cilles supérieurs , soit opposés, soit spiraux. Maïs, ce phénomène n’est pas constant : il est à peu près nul, lorsque le sujet n’a pas une forme pyramidale pro- (85) moncée : c'est-à-dire, lorsque la longueur et la gros- seur de ses rameaux ne vont pas en décroissant d'une manière très sensible du bas vers le haut de la plante ; car, alors, tous les faisceaux fibreux se rangent sur une seule zûne dans le corps central et sur une autre dans l'écorce ; et ces zônes sont d’autant plus étroites que la tige principale est plus grosse, comparée aux rameaux. Mais lorsque ceux-ci sont très-gros rer tivement à la tige principale, et que le décroissemett” relatif en est rapide, il suffit, alors, de trois de ces rameaux pour fournir, par leur continuation descen- dante, à une zône complète ; et le nombre des zôdnes du corps central est égal à celui des rameaux divisé par trois. J’ai observé ce fait sur plusieurs Arroches, notamment sur l’Arroche pourprée. Comme aussi, lorsque chez les plantes à feuilles opposées, l’un des rameaux de chaque paire avorté, ou n’est que peu développé, il en faut huit pour produire une zône. Les zônes deviennent perceptibles par le rapproche- ment de leurs éléments ; et c'est pourquoi, dans les plantes annuelles , on ne les apercoit que près du col- let, de tous les points de la tige celui où les faisceaux fibreux sont le plus rapprochés ; elles se multiplient lorsqu'il devient difficile à leurs élémens de se ranger sur un même périmètre. Si l'on fait ane coupe perpen- diculaire à l'axe sur le péricarpe d'une Courge, avant ou peu après la chute de la fleur, et une autre sur son pédoncule, on ne trouvera qu’une zône fibreuse dans le péricarpe, tandis qu’on en rencontrera plus d’ure dans le pédoncule. Cependant, ici et là, on trou- vera le même nombre de faisceaux fibreux. (86) La pluralité des zdnes se montre aussi quelquefois, chez quelques'plantes vivaces, dans les tiges de l’année. Mais, ici, l’ensemble des zônes se divise en deux couches distinctes ; en trois même, lorsque l’évolu- tion des bourgeons s’est faite en la même année que celle de la tige qni leur a donné naissance. (fig. ”°.) Le rapport du nombre des zônes de la couche cen- trale à celui des verticilles supérieurs est variable, non- ‘seulement dans des sujets différents , mais sur diffé- rents points du même sujet. Vers le sommet où même vers le milieu de la tige, le nombre de ces zônes est égal à celui de ces verticilles ; vers la base, il est infé- rieur. Lorsque la tige est longue ou chargée de nom- breuses feuilles , les zônes de cette couche se montrent rarement bien distinctes et régulières : je ne les ai trou- vées telles que sur des tiges de Chêne. Quant à celles de la deuxième couche, elles se mon- trent , le plus souvent , en nombre égal à celui des verticilles supérieurs. Les deux couches se distinguent dans les plantes vivaces, lors même que leurs zônes élémentaires, ne peuvent être aperçues, soit parce qu'elles se confon- dent comme dans le Coudrier, le Buis, le Poirier, etc., soit parce qu'elles n’existent que d’une manière trop irrégulière, comme dans le Cytise ou l'Ormeau. Ces deux couches n’appartiennent donc pas à une même cause. Je dois dire quelles observations m'ont permis d’assigner à chacune la sienne. Bien que les bourgeons naissent à l’aisselle des feuil- les , cependant le corps cellulaire qui les produir est plus saillant que la partie de l’axe à laquelle aboutis- 4 Ce 0 sent les feuilles ;:et si l’on suit les faisceaux fibreux, tant de la feuille que du bourgeon , dans leur progres- sion descendante sur la tige, on voit que les derniers s’enfoncent moins brusquement que les premiers ; qu'ils leur livrent passage et finissent par leur être circonscrits d'inscrits qu'ils leur étaient plus haut. On s’apercoit enfin que la couche centrale répond exclusivement aux feuilles, et la couche périphérique aux bourgeons. Mais comme les fibres qui proviennent de la feuille sont bien moins nombreuses que celles qui provien- nent du bourgeon qui représente plusieurs feuilles, le nombre des zônes appartenant aux feuilles cesse bientôt d’être en rapport avec celui des verticilles su- périeurs ; car leur périmètre est bientôt assez grand pour recevoir les fibres de plus d’un vérticille , tandis que le périmètre des zônes appartenant aux bourgeons, chez lesquelles une moindre pression de la circonfé- rence vers le centre rend l’intercalation moins néces- saire, n’admet, tant vers le haut que vers le bas de la tige, que les fibres correspondantes à un seul verticille de bourgeons. Maïs ces dernières zdnes composées d’un même nombre d’élémens, diminuent d'épaisseur en croissant en périmètre. De l'apparition des zônes dans les plantes annueiles, alors seulement que la forme en est pyramidale; de l'accroissement relatif de leur nombre, lorsque les rameaux sont très gros comparés à la tige principale ; de l'irrégularité d’une zône, lorsque le verticille au- quel elle répond, en comptant les verticilles de bas en haut , et les zônes de la circonférence au centre, est ( 88 ) défectueux ou irrégulier, fait remarquable que j'ai observé plusieurs fois, on doit conclure que dans ces plantes, ces zdnes sont produites par la continuation des rameaux , et que les plus centrales correspondent aux verticilles les plus élevés , et les plus périphéri- ques aux verticilles les plus bas. Mais en est-il ainsi chez les plantes vivaces sur le bois de première année, tant dans la couche centrale qui répond aux feuilles, que dans la couche périphé- rique qui répond aux bourgeons ? Voyons d’abord ce qui se passe dans la couche cen- trale. 1° Si l’on prendune tige de Chêne, et qu’on la coupe transversalement, en allant du sommet vers la base, au-dessus de chaque bourgeon, on voit les zônes se former et se multiplier en s’inscrivant vers le centre. 2° Si l’on suit les faisceaux des pétioles jusqu’à leur rencontre vers la moelle, on s'aperçoit que‘ceux des feuilles les plus basses ne sont jamais séparés dela moelle par ceux des feuilles supérieures. 3° Dans les plantes où cette couche existe séparée, l'axe médullaire est plus gros vers le haut que vers le bas des tiges. Ces faits tendent à prouver qu'ici les zônes les plus superficielles répondent aux verticilles les plus hauts, et les plus profondes aux verticilles les plus bas. En est-il de même dans la couche périphérique ? 1° Par les coupes transversales dont nous venons de parler, on met à nu des arcs de zûne qui correspon- dent chacun au bourgeon supérieur placé sur la même. tige, et qui se circonscrivent aux zônes déjà existan- ( 89 ) tes. On voit ici les zènes se former et se multiplier vers la circonférence, comme on les a vus se former et se multiplier vers le centre, dans l’autre couche. 2° La végétation médullaire qui porte le bourgeon, est d'autant plus saïllante, par la nécessité sans doute de l’accompagner, qu’il est plus voisin de la base; 3° Si, après l'avoir dépouillée de son écorce, on exa- mine, du sommet à la base, une tige nouvelle de Chëne, on s’apercoit que les cannelures saillantes vers le haut, qui proviennent des bourgeons supé- rieurs , finissent par se perdre , vers le bas , dans les cannelures rentrantes, ei sont débordées par les can- nelures saiïllantes dans lesquelles se continuent les bourgeons inférieurs ; 4° Si l’on dépouille aussi de son écorce une tige de Clématite des haies ( Clematis vitalba ), on voit les bourgeons se circonscrire, toujours, par leurs fais- ceaux fibreux, à la continuation descendante de la partie supérieure de la tige ; 5° Si en tirant du sommet vers la base , on arrache une branche de la tige qui lui a donné naissance, on ne peut s'empêcher de reconnaître qu’il y a, en bonne partie, continuation superficielle descendante de l’une dans l’autre, et que les fibres descendantes des branches supérieures n’interceptent pas cette continuation. De ces faits , je conclus que, dans la couche péri- phérique des plantes vivaces, la distribution des zônes est la même , relativement aux bourgeons, que dans les plantes annuelles ; et que les plus voisines du cen- tre répondent , ici comme là, aux verticilles les plus hauts , tandis que les plus périphériques répondent aux verticilles les plus bas. (90 ) Le bienveillant accueil dont MM. les commissaires, de l’Académie ont honoré cette théorie, dans leur rapport du 19 septembre 1831, m'a encouragé à mul- tiplier les recherches et les observations qui pou- vaient l’introduire décidément dans la science. J'ai dit que, dans les plantes vivaces , lorsque les bourgeons font leur évolution en la même année de leur naissance , il se formait une troisième couche circonscrite à celle qui appartient à ces premiers bour- geons. Cette troisième couche répond à la deuxième de la nouvelle tige , et par conséquent aux bourgeons de celle-ci. Elle n’embrasse qu’une partie de la tige , lorsqu'elle n’est déterminée que par l’évolution d’un ou de deux bourgeons seulement; les zônes fibreuses en sont imperceptibles, lorsque les nouvelles branches sont grêles et leurs bourgeons peu développés. Eile n’est pas toujours séparée de la deuxième couche par une zône de tubes ou de gros vaisseaux ; même dans les sujets où cette zône existe, lorsque l’évolution des premiers bourgeons ne se fait qu'au printemps sui- vant. Comment se forment ces tubes ou ces vaisseaux du plus gros calibre, qui, dans la plupart des grands ar- bres , et même dans quelques arbrisseaux , séparent les couches fibreuses annuelles , mais qu'on ne ren- contre pas dans tous les arbres, ni dans la plupart des arbrisseaux , et dont la distribution , dans le Chêne sur-tout, est souvent si irrégulière ? (PI. var. fig. 1.) Cette question éntre évidemment dans l’objet de ce mémoire, puisque ces tubes font partie de la couche dont l'épaisseur compose, chaque année, l’accroisse- ment en grosseur des plus imtéressans des exogènes (91) vivaces. Mais avant ct afin d'y répondre, je dois dire quelques mots sur les rayons médullaires. Lorsque le tissu cellulaire est abondant dans la plante et la fibre rare, les faisceaux fibreux sont dis- persés dans l’axe médullaire (les monocotylédones , quelques ombellifères ), dont la végétation centrifuge ou transversale est assez puissante pour les envelop- per, de toutes parts, d’épaisses couches d’utricules. Mais lorsque le tissu cellulaire devient rare et la fibre nombreuse, les faisceaux de celle-ci se multi- plient, se compliquent, et forment d’abord nne sorte d’étui autour de l’axe médullaire dont ils ne sont que la continuation sous une forme différente. Ceux de ces faisceaux qui répondent âux feuilles deviennent, dans chaque tige, des points d'appui ou de réunion de ceux qui répondent aux bourgeons, lesquels deviennent, à leur tour, d’autres points d’ap- pui de ceux qui proviennent d’une seconde génération de bourgeons; ainsi de suite, toujours selon l’ordre de filiation ou d'origine. En sorte qu’entre la prolon- gation transversale de deux rayons médullaires qui séparent les faisceaux fibreux d’un bourgeon quelcon- que, sont compris tous les faisceaux fibreux qui cor- respondent, successivement, aux bourgeons dont il est la souche. De cette tendance des faisceaux fibreux à une agré- gation systématique, naissent des prismes triangulai- res dont un des angles aboutit à l'axe médullaire; tan- dis que le côté opposé à cet angle concourt à former le périmètre de la tige. Ces prismes sont eux-mêmes composés de prismes semblables entre eux, et avec (92 ) le prisme total; leur forme normale s’altère ou se mo difie par la pression des uns sur les autres. Ils sont séparés les uns des autres par des lames cellulaires d’autant plus épaisses et plus larges, que les groupes qu’elles isolent sont plus surcomposés, et que leur propre origine immédiate est plus rapprochée de l'axe médullaire dont elles ne sont qu’une continuation. Le plus simple de ces prismes est composé de trois fais- ceaux cylindriques. Dans les plantes annuelles et dans les pousses de l’année des plantes vivaces, on trouve souvent le nombre de ces lames ou rayons médullaires égal au total des faisceaux fibreux séparés à l’origine des pé- tioles supérieurs. Sur une tige de Cytise qui portait 35 bourgeons, j'ai trouvé 105 rayons médullaires, nombre égal à celui des faisceaux fibreux qui, dans cette plante, comme dans la plupart des plantes li- gueuses, est triple de celui des feuilles. Au-dessous de la 30° feuille, je n’ai vu que 90 rayons. Je n’en ai plus eu que 75 au-dessous de la 25°. Sur un sarment de. Vigne, j'ai compté 75 rayons médullaires et 15 nœuds. Or, dans la Vigne, le pétiole offre, à son origine, 5 faisceaux fibreux qui répondent à autant de lobes de la feuille, et quise continuent séparés dans la tige. J'ai répété avec succès cette observation sur d’autres plantes. Mais il en est beaucoup sur lesquelles elle devient très difficile et même presque impossible à cause, soit de la difficulté de distinguer les rayons qui séparent les faisceaux principaux de ceux qui séparent les faisceaux élémentaires dont le nombre est très grand , soit des fusions (la Clématite). (93 ) Les rayons médullaires n’existent que dans les dico- tylédones, parce que dans cette série de plantes, seu lement, les fibres des feuilles s'unissent fasciculées à la tige, et servent de point d'appui à une nombreuse filiation de bourgeons , d’où résultent des agrégations ou des groupes généalogiques de faisceaux, qu'on ne saurait trouver dans les monocotylédones dépourvues de cette filiation continue de feuilles et de bourgeons. Dans les exogènes annuelles, ainsi que dans les tiges de l’année des exogènes vivaces, il y a continuation des rayons médullaires du corps central avec ceux de l'écorce (1). Mais, après la première année, cette continuation n’est ni universelle ni constañte, et il devient d’autant plus difficile de s'en asturer, que l’origine de ces rayons est plus éloignée de l’axe mé- dullaire. Les rayons médullaires de l’écorce se multiplient vers sa limiteinterne, comme ceux du corps central vers sa limite externe. Lorsque la sève du printemps afflue, elle détermine d’abord la végétation, tant longitudinale que centri- fuge, du corps central et de ses rayons médullaires. Mais ceux-ci, arrêtés par l’écorce, se replient les uns d'un côté, les autres de l’autre, ou, le plus souvent, moitié à droite moitié à gauche, jusqu’à ce que leurs prolongemens se rencontrent (2) ; alors, ils se soudent ensemble , et le vaisseau ou le tube est formé (3). Il « Qu) PL vs, fig. 1, 2; pl. vin, fig. 2. (a) PL van, fig. 1, 2, 4. (3) Zbidem. ( 94 ) est d’abord aplati (1); il devient ensuite irrégulici (2), etenfin cylindrique (3), lorsque l'écorce, que cette végétation du corps central et la sienne propre poussent en dehors, permet, en s'éloignant, à ces vaisseaux , d'acquérir la forme qui, sous un espace donné, offre le plus de capacité (4). Cette création de gros vaisseaux continue de la même manière tout le temps que la végétation centrifuge des rayons médullaires est rapide et éprouve de la ré- sistance de la part de l’écorce. L’on en voit souvent plusieurs sur une même ligne, dans la direction du centre à la circonférence et entre deux rayons médul- laires (5). Dans les intervalles où cette végétation est moins rapide, plus uniforme, n’est contrariée par aucune résistance, affecte des rayons médullaires très rapprochés, elle cesse de produire de gros vais- seaux (6); elle se propage latéralement d’un rayon à l’autre, profite de l’espace libre et l’envahit insensi- blement. Ce qui se passe dans le corps central se passe aussi presque simultanément dans l’écorce. Mais ici la vé- gétation des rayons médullaires est à la fois centripète et centrifuge. Centrivète, elle occasione souvent de (x) PL vi, fig. 1, 2, 3, 5. (2) PL vin, fig. 3, 4. (3) PI. var, fig. 1, 5. (4) Les gros vaisseaux se forment encore, comme le tube des tiges fistaleuses, par le retrait du tissu utriculaire vers les faisceaux fibreux qui l’environnent. (GS) lux, He Rarss: (6) FL vur, fig. 5. (95 ) gros vaisseaux à la surface interne, auxquels s'inscrit une nouvelle couche fibreuse; centrifuge, elle aug- mente l'épaisseur de l’enveloppe cellulaire de l'écorce. La végétation des rayons médullaires produit dans la racine les mêmes résultats que dans la tige. Le tissu utriculaire, au sein duquel sont les gros vaisseaux dont nous venons de décrire la formation, est d’abord arrondi; mais il s’alonge dans la pression qu'il recoit de la dilatation des gros vaisseaux, ou dans la distension que lui fait subir la végétation lon- gitudinale ; et, cédant à l'ascension où à la précipita- tion des fluides , il se transforme, en partie, en petits vaisseaux, qui, par leur rapprochement, produisent ces petits faisceaux vasculaires dont l’ensemble com- pose les zônes fibreuses élémentaires des couches. Ces zùnes , ainsi que leurs propres élémens, ne sont per- ceptibles qu’autant que la couche nouvelle dont elles font partie a acquis une certaine consistance (1). Les premières formées se montrent tantôt vers la périphé- rie, tantôt vers la limite interne de la couche; et le nombre én augmente successivement et lentement, dans le cours de l’été, soit en allant vers le centre, lorsque la longueur des rameaux ou le nombre de leurs bourgeons décroît de la base au sommet de la tige ; soit en allant, au contraire, vers la circonfé- rence, lorsque la longueur des rameaux croît en s’éloignant de la base (2). Les tubes, ou les gros vaisseaux, ont une origine x (ORPI IX; Hp-12,13. CMP PE fe) 3 u* ( 96 ) différente des autres vaisseaux; ils ne sont fibreux que par les petits vaisseaux qui les entourent; ou, s'ils le sont par eux-mêmes, la direction de leurs fibres est circulaire autour de leur paroi externe. Ils offrent, sur le trajet de leur longueur, des diaphragmes cellulaires : ils peuvent donc avoir, et ils ont en effet, une attri- bution particulière. Pendant que s'opère la végétation cellulaire trans- versale de l’aubier et du liber, les vaisseaux, qui se centinuent dans les bourgeons non encore développés de l’année précédente, président à leur évolution. Des rudimens de nouveaux bourgeons naissent ensuite à l’aisselle des nouvelles feuilles, sur des végétations cellulaires correspondantes à celles que forment sur la tige mère les rayons médullaires qu'occasionèrent les premiers bourgeons. L'organisation fibreuse qui a son principe dans ces nouveaux bourgeons, se propage, en descendant vers les racines, dans cette végétation transversale de l’au- bier et du liber, où de nouveaux rayons médullaires se montrent, comme expression de son absence, dans les intervalles que ses faisceaux n'occupent pas. L’or- ganisation et la végétation s’entr’aident mutuellement, et deviennent causes l’une de l’autre. J'ai déjà rapporté les influences , dans la greffe, du bourgeon sur le sujet. Si l’on étête un Frène, la végétation suffit à déterminer vers la cime, ou sur le trajet même de la tige, l'apparition de bourgeons qui n’eussent jamais existé s’il avait conservé ses branches, et dont le dé- veloppement est en rapport avec la puissance et la concentration des capacités employées à les produire. LA { ( 97 ) Si L'on supprime les bourgeons d'un arbre quelconque au commencement du printemps, la couche nouvelle se réduit, à peu près, dans cet arbre, à une zône étroite de gros vaisseaux. Si cette suppression n’est faite que sur un côté de la tige, l’atrophie de la cou- _ che n’affecte que ce côté. Je l’ai observé sur plusieurs sujets, notamment sur le Chêne et l’Ormeau. Si elle est faite après l’évolution des bourgeons de l’année pré- cédente, et avant l’apparition des nouveaux bourgeons, Ja couche nouvelle à déjà acquis l’épaisseur qu’elle eùt pu acquérir; mais elle ne présente encore aucune trace de zône. C'est donc à l’évolution des bourgeons de l’année précédente que la couche nouvelle doit, en partie, son existence, bien qu'ils ne se continuent pas dans elle ; et c’est à l'apparition d’une seconde géné- ration de bourgeons, qu’elle devra son organisation. Les feuilles, en se développant, vivifient non-seule- ment les vaisseaux dans lesquels se continuent leurs nervures, mais encore le tissu cellulaire qui avoisine ces vaisseaux. (1). Les zônes d’une couche périphérique appartenant au corps central d’une tige de plus d’un an, observent entre, elles le même ordre d’emboîtement que sur la tige nouyelle; et leur nombre est à peu près égal au (1) Dans, ceute relation réciproque de la végétation et de l’organi- sation , on trouvera , si je ne me trompe , la solution de phénomènes non encore résolus. Ne serait-ce pas dans l’union de ces deux puis- sances que consistérait la fécondation ? La végétation est très-bornée dans les plantes exclusivement cellulaires. Elle n’atteint son apogée que dans les! dicotylédones , où l'organisation fibreuse atteint aussi son apogée. ( 98 ) nombre moyen des zônes des tiges nouvelles multiplié par celui des verticilles de ces tiges situés sur celle de l’année précédente. Ainsi, par exemple, sur un arbre dont les tiges nouvelles se composent de deux verticilles, ces tiges auront chacune deux zônes à leur couche périphérique; et s’il n’y avait qu'un verticille de ces tiges autour de la tige de l’année précédente, la couche périphérique de celle-ci serait encore com- posée de deux zônes. Maïs si, autour de cettetige, au lieu d’un verticille , il y en a quatre, sa couche nou- velle se composera de deux fois quatre ou de huit zônes. De ces raisons composées naissent ces dispro- portions remarquables qu’on trouve entre les couches d’une mème tige. La racine présente les mêmes phénomènes, les mé- mes phases , les mêmes résultats d’accroissement en grosseur, que la tige. Les racines les plus voisines du collet répondent aux rameaux les plus bas de la tige et à ses zûnes les plus superficielles, tandis que le pivot de la racine répond à la flèche de la tige. À l'inverse du corps central, l'écorce est cellulaire vers la périphérie et devient de plus en plus fibreuse, en allant de sa surface externe vers sa limite interne. Elle croît en grosseur en dehors et en dedans à la fois : en dehors, par l’accroissement de l’enveloppe herbacée ou cellulaire; en dedans par la multiplication de ses couches fibreuses ou des feuillets du liber, et par la formation de tubes ou de gros vaisseaux. Je n’insisterai que sur son mode d’accroissement périphérique dont j'avais d’abord méconnu le principe ou la cause. ( 99 ) Ayant placé une rondelle d’une tige de Tilleul sur le porte-objet du microscope, pour en étudier les gros vaisseaux à leur naïssance, j'y ai vu les rayons médullaires de l'écorce s’épaissir, en s’éloignant du corps central, et, par le fait même de cet épaississe- ment, converger des deux côtés, l’un vers l’autre, en approchant de l’épiderme, près duquel les plus longs finissent par se toucher, et former la zône continue qui reçoit le nom d’enveloppe herbacée ou cellulaire. J'ai apercu, en outre, que le nombre de ces rayons croît, en allant vers la limite interne de l’étorce, qu’ils sont d’inégale longueur, que les plus longs sont aussi les plus épais vers leur extrémité périphérique, et semblent être la contiuuation des plus longs du corps central, qui en sont aussi les plus anciens ; tan- dis que les plus courts semblent être la continuation des rayons les plus courts et les plus récens du corps central: J’ai répété cette observation sur le Tulipier. Ce fait avait déjà été vu par M. de Mirbel, tel à peu près qu’il s’est montré à mes yeux. La couche la plus ancienne de l’écorce s’éloigne sans cesse du corps central, par l'effet de l’inscrip- tion des couches subséquentes; et elle gagne en péri- phérie. Cependant le nombre de ses faisceaux fibreux reste le même, et ils s’écartent d'autant plus l’un de l’autre, que le périmètre qu’ils occupent devient plus grand. L’intervalle qui les sépare se remplit de l’ex- pansion latérale des rayons. Dans les couches de plus en plus voisines de la li- mite interne de l'écorce, où le nombre des faisceaux fibreux augmente de plus en plus, les rayons sont ( 100 } aussi de plus en plus nombreux, comprimés et minces. Cependant, l'enveloppe cellulaire, qui se détruit tous les ans par les exfoliations superficielles qui sui- vent le déchirement de l'écorce, existe toujours. Elle se renouvelle donc tous les ans par la végétation cen- trifuge des rayons médullaires. Le corps cellulaire végète donc en tous sens; et s’il ne se transforme pas en fibres à la périphérie de l’é- corce, comme vers les limites contigües de l’écorceet : de l’aubier ; c’est, sans doute, parceque l’action orga- nisatrice, l’évolution des organes foliacés , ne s'exerce pas là tout comme ici. Que l’on dérobe à cette action la végétation périphérique du corps central, et l’on aura une enveloppe cellulaire au lieu d’aubier. Mais l’épais- seur de cette enveloppe sera moindre que celle del’au- bier, parce qu’elle nesera pas formée, comme celle-ci, sous la double influence de la végétation et'de l'orga- nisation. Comme on est porté à méconnaître les choses les plus constantes lorsqu'on n’en peut indiquer le pour- quoi, je vais tâcher, en terminant ce mémoire, de montrer comment les zônes fibreuses , provenant des verticilles supérieurs et les derniers développés; peu- vent, doivent même s'inscrire dans celles quipro- | viennent des verticilles inférieurs et les premiers développés. Chaque zône est formée par les faisceaux fibreux d’un même verticille rangés sur un même périmètre, Les fluides qui vont et viennent des racines aux. feuilles et des feuilles aux racines, sollicitent les | ( 101 ) vaisseaux dese rendre, directement, où ils se rendent eux-mêmes. Or, cette action est puissante, parce qu'elle est continue. Elle détermine la forme du tronc, étranglée vers le milieu chez les arbres qui, comme le Chêne, le _ Châtaignier, le Marronnier, ont leurs premières bran- ches horizontales et peu distantes des premières ra- cines ; conique chez le Peuplier d'Italie, dont les branches sont presque verticales , tandis que les plus hautes racines sont horizontales ; presque cylindrique chez le Pin, dont les branches peu nombreuses sont d'ailleurs à une grande distance des racines. Donc plus le bourgeon est,éloigné d’un poirt quel- conque de la tige, plus l’action du mouvement des fluides est oblique vers ce point; et moindre y devient l’excentricité qu’elle occasione à la direction du vaisseau. Lorsqu'un bourgeon se forme, il agit de haut en bas, à la manière d’un coin, sur la ligne de son ori- _gine. L’écartement qu’il détermine diminue en des- cendant, ainsi que l’excentricité de la végétation cellu- laire à laquelle appartiennent les faisceaux fibreux qui en sont la continuation, lesquels, par conséquent, doivent être d'autant plus enfoncés entre les autres , que le point où on les considère est plus loin au-des- sous du bourgeon. ' D'où il suit que dans un même plan perpendiculaire à l'axe de la tige, les zônes fibreuses sont d'autant moins distantes du centre , qu’elles correspondent à des bourgeons plus élevés. Or, c’est là toutle phénomène ; l’'emboîtement n’est P { 102 }) qu’apparent. Les zônes que composent les faisceaux fibreux ne paraissent continues que parce que les in- tervalles qui séparent leurs élémens sont petits ; car, dans le fait, il n’y a que proximité et non contiguité de ces élémens qui sont toujours séparés les uns des autres par des rayons médullaires. Cependant, comme il y a autant de faisceaux fibreux dans les bourgeons supérieurs, que dans les bourgeons inférieurs , il est nécessaire que les zônes gagnent en épaisseur à mesure qu’elles perdent en circonférence. Je dis à mesure et nou en proportion ; car il faut tenir compte et du tissu utriculaire non organisé, qui est d'autant plus dilaté autour des fibres qu’on les considère en des points moins éloignés du bourgeon, et de la pression à laquelle sont soumis les faisceaux fibreux, d'autant plus grande que leur réunion est plus nombreuse. Cette pression qu’exercent récipro- quement les masses fibreuses en se multipliant, déter- mine l’étranglement des lames cellulaires interposées entre elles , d'autant plus qu’on s'éloigne davantage du bourgeon ; et lorsque ces lames cessent d’être per- ceptibles, les zônes paraissent continues , et l’'emboi- tement semble se réaliser Sans la contrainte qu’éprouvent les faisceaux fibreux et le rapprochement qui en résulte, on aurait, au lieu de ces zdnes , des rangées circulaires et concentriques de faisceaux cylindriques isolés, telles qu’on en trouve dans les monocotylédones et dans les pétioles de plu- sieurs dicotylédones, dans ceux des Panicaults, par exemple. « De même, ai-je dit dans mon premier mémoire, ( 103) que l'accroissement en longueur provient d’une évo- lution longitudinale qui éloigne toujours du point de départ le sommet des tiges ; de même aussi l’accrois- sement en grosseur provient d’une évolution trans- i versale et centrifuge qui éloigne toujours de l’axe les limites premières du corps médullaire. Ce dernier accroissement, considéré dans sa substance, n’est que le fruit d’une végétation cellulaire dont la marche se dirige de l’axe à la périphérie. Considéré dans son or- ganisation , il est, dans la tige, le produit de la vé- gétation de bas en haut qui détermine la formation d'organes ascendans qui eux-mêmes déterminent la transformation descendante du tissu cellulaire en fais- ceaux fibreux. Sa cause est à la fois ascendante, des- cendante et horizontale, ou perpendiculaire à l’axe, soit qu’on la considère dans la tige, soit qu’on la considère dans la racine. » Je n’aurais rien à ajouter à ces généralités, si j'avais eu le soin de prévenir qu’elles ne se rapportent qu'a l’accroissement en grosseur du corps central; et si j'avais dit que celui de l’écorce provient, soit d’une végétation centripète de ses rayons médullaires qui, soumise aux mêmes influences de l’organisation que celle du corps central, se transforme, ici commie là, en faisceaux fibreux ; soit d’une végétation centrifuge des mêmes rayons qui accroît ou renouvelle l’enve- loppe herbacée ou cellulaire. J'aurais dû peut-être, encore, mentionner un léger accroissement que recoit, au printemps de la deuxième année, la couche périphérique du corps central formée en l’année précédente; accroissement déterminé par ( 104 ) l'évolution des bourgeons déjà existans. Les vaisseaux 4 qui se continuent dans ces bourgeons entrent dans le plein exercice de leurs fonctions et se dilatent lorsque la feuille se développe. Si l’on compare cette couche avec elle-même, avant et après l’évolution des bourgeons , on trouve qu’elle aépaissi. Cette connaissance, cependant, ne s’obtient, ou du moins je ne l'ai obtenue que par une déduction analogique. J'ai choisi , après l'automne de la première année, plusieurs tiges de Chêne, de mème Âge, d’égales di- mensions , et portant le même nombre de bourgeons. J'en ai coupé quelques-unes à la fin de l'hiver suivant, et les autres après le printemps de la deuxième année; et j'ai comparé la couche périphérique du corps cen- tral des premières à la deuxième couche, en allant vers la moelle, des secondes. Celle-ci m'a paru plus épaisse que l’autre ; cependant le nombre de ses zônes n'avait pas changé. Il y a donc eu, probablement, di- latation de ses vaisseaux. Le bourgeon qui se développe au printemps ne se continue pas dans les couches qui commencent à se former alors. Ces couches ne peuvent donc en être la racine, ni lui appartenir, comme lui appartient la tige à laquelle il donne naissance. Quant au bourgeon qui naît dans le courant de l'été , il ne peut créer des couches qui naissent avant lui, avant même que les feuilles, à l’aisselle desquelles il doit naître, aient achevé leur évolution; des couches qui ont acquis leur entière épaisseur avant qu'il soit a peine perceptible. Le prendre, malgré ces faits, ( 105) pour un embryon dont ces couches seraient la racine, ce serait souvent accorder unc bien grande racine à une bien petite tige, et faire croître l’une bien avant l’évolution de l’autre. D'ailleurs, comme l’écorce doit faire partie de cetie racine, et qu’elleest séparée, dans sa progression des- cendante, du corps central d’un verticille élevé, par le corps central de chacun des verticilles inférieurs, certains de ces embryons auraient des racines dont le corps central ne communiquerait pas avec l’écorce, et d’autres en auraient dont l'écorce contigué au corps x central aurait primitivement appartenu à d’autres ra- cines. Dans le corps central de l’exogène vivace, il y a toujours au moins deux couches en activité. L'une d'elles , la deuxième en allant vers l’axe, nourrit des feuilles, l’autre , la plus superficielle, nourrit des bourgeons. Dans les arbres verts, chaque génération de feuilles persistantes a sa couche propre en activité. La couche dont les feuilles sont tombées devient inerte, se change en cœur de bois, et, enfin en terreau. Les arbres toujours verts doivent donc avoir plus d’aubier et moins de cœur que les autres. EXPLICATION DES PLANCHES. PI. vi. Fig. 1. Coupe transversale d'une tige de Bardane, grossie quatre fois le diamètre. a. Axe médullaire. Ce corps était percé » vers son centre et paral- Jèlement à l’axe, de plusieurs trous rangés sur deux zônes concentri- ques. J'ai rencontré le même phénomène sur une tige de Tulipier. ( 106 ) b. Faisceaux fibreux. c. Ecorce. | d. Un des faisceaux fibreux du pétiole avant qu’il pénètre , plus bas, dans le corps central. e. Faisceaux fibreux d’un bourgeon vu au-dessus du point où le faisceau fibreux de la nervure médiane du pétiole va pénétrer dans le corps central, f. Un des faisceaux fibreux du pétiole, après qu’il a pénétré dausw le corps central. le. Faisceaux du bourgeon , devenus circonscrits à ceux du pétiole, M lorsque ceux-ci ont pénétré dans le corps central. On voit dans cette figure la forme des rayons medullaires de la Bar- dane, J’appelle de ce nom toute continuation du corps cellulaire cen- tral entre les faisceaux fibreux; ils se continuent dans l’écorce Fig. 2. Coupe d’une autre tige de Bardane , grossie quatre fois le diamètre, Les mêmes lettres indiquent les mêmes choses que dans la figure précédente. On voit, ici, les faisceaux fibreux du bourgeon s’écarter pour livrer passage au faisceau fibreux de la nervure médiane du pé- tiole, au point où celui-ci va pénétrer, en descendant, dans le corps central. , PI. vu. ! Fig. 1. Coupe transversale d’une tige de Chêne de 2° année. Les bourgeons avaient fait leur évolution en la 2° année seulement, grossi deux fois et demie le diamètre. a. Coùche centrale correspondante aux premières feuilles. b. Couche correspondante aux premiers bourgeons. c. Couche correspondante aux bourgeons des premiers rameaux. e. Tubes ou gros vaisseaux. f. Écorce. Fig. 2. Coupe d'une tige de Cerisier de l’année. On voit dans cette figure les rayons médullaires, dont le nombre doit être égal à trois fois celui des feuilles situées sur la partie supé- rieure de la tige, se continuer dans l’écorce. Fig. 3et4. Coupes transversales de deux tiges de Clématite des haies , l’une de deux ans, l’autre d’un an, dépouiliées de leur écorce, grossies quatre fois le diamètre. Ces coupes ont été faites à la fin d'avril, lorsque les tubes ou gros vaisseaux se forment à la circapférence du corps central. On voit dans ces figures , que ces gros vaisseaux naissent des végé- tations périphériques du corps central. On voit encore, dans la pre- ( +07 ) mière, comment se sont multipliés, les rayons médullaires, en ja 2e année. PI. vin (*). Fig. 1. Coupe d’une tige de Chêne, au moment où se forment les tubes ou gros vaisseaux. a. Corps central. — 8. Écorce. — c. Intervalle entre le corps cen- tral et l'écorce. — d. Tubes ou gros vaisseaux. Fig. à Ormeau. — Fig, 3, 4 Chêne. — Fig. 5 Mürier. Les mêmes letires désignent les mêmes choses qu’en la figure pré- cédente. e. Gros vaisseaux de l’écorce, —d. (fig. 4.) Diaphragme cellulaire. Pl::rx, Fig. 1.. Coupe d’une tige de Noyer.—a Partie de la couche du corps central de l’année précédente, — #. Couche nouvelle. — c, Ecorce, Lorsque cette coupe a été faite la couche nouvelle n’avait pas en- core reçu l’organisation fibreuse qu’elle eût reçu plus tard de la nais- sance des bourgeons aux aisselles des feuilles nouvelles, Fig. 2. Coupe faite d’une tige de chêne après la formation de la couche nouvelle, et avant qu'elle ait reçu, de l’influence des bour- geons encore à naître, les zônes qui doivent s’y montrer plus tard, et que l’on remarque sur la couche de l’année précédente. a. Couche de l’année précédente.— b. Couche nouvelle. Fig. 3. Coupe faite, le 19 Juillet, lors de l’apparation des zônes fibreuses dans la couche nouvelle. Couche nouvelle du Chêne, a, a, a zônes fibreuses. Dans ce sujet, l'accroissement des rameaux supérieurs était bien plus avancé que ce- lui des rameaux inférieurs. C’est pourquoi les premières zônes fibreu- ses s’y montrent plus voisines du centre, ou de la couche de l’année précédente, que de la périphérie. (*) N. B. Les figures suivantes ont été dessinées au microscope d’Amici, sous un des plus faibles degrés de grossissement. y 2e ( 108 ) NoTE sur un nouveau genre de Leégumineuses de la tribu des Swartziées. Par M. An. BRONGNiART. La tribu des Swartziées forme l’un des groupes les ‘plus remarquables de la vaste famille des légumineuses et en même tems un des moins bien connus. M. Decan- delle n’y rapporte que le genre Swartzia , et le genre Baphia encore à peine connu. Cette tribu est sur-tout remarquable par son calyce non divisé, se déchirant irrégulièrement , par ses pétales ou nuls ou réduits à un seul, par ses étamines généralement au nombre de ptus de dix, de formes différentes dans la même fleur, une partie d’entre elles étant imparfaitement dévelop- pées, et dont l'insertion est hypogyne. Enfin, avec ces caractères qui semblent rapprocher plutôt ces plan- tes des Mimosées, les Swartziées ont des graines à em- bryon courbe comme les vraies Papillonacées , et on peut dire que leur pétale unique, répondant à l’éten- dard des corolles papiilonacées, est le même genre d’irrégularité porté à l’extrème. Parmi les plantes recueillies à l’île Sainte Catherine sur la côte australe du Brésil, par M. D'Urville, il se trouve un échantillon unique d’une légumineuse fort singulière par son aspect, qui me parait constituer un genre remarquable dans la tribu des Swartziées. Le calyce est indivis comme dans ces plantes, mais au lieu de se déchirer vers le sommet en plusieurs la- ù h | nières et de persister à la base de la fleur, il se rompt par sa partie inféricure et ne laisse autour du sommet (109) du pédicelle qu’une sorte d’anneau très court, le reste tombant complétement. La corolle est composée de cinq pétales presque égaux et non pas d’un seul, comme celle des Swartzia; elle ressemble par ce caractère à celle des Cassiées dont les pétales sont aussi presqu’égaux et réguliers ; mais dans les Cassia, les Cercis et probablement dans les autres! genres de cette tribu les pétales ont dans la perfloraison un mode d’imbrication inverse de celui des Papillonacées, c’est-à-dire que les deux pétales infé- rieurs qui correspondent à la carène sont externes, tandis que le supérieur analogue à l’étendard ést inté- rieur. Dans le génre qui nous occupe, les pétales ont dans la préfloraison la même position que dans les Pa- pillonacées, le supérieur un peu plus large analogue à l’étendard’est extérieur et recouvre immédiatement les latéraux où les ailes qui enveloppent les deux inférieurs correspondant à la carëêne; c’est réelle- ment une corolle papillonacée presque régulière. Ce caractère s'accorde du reste pour placer : cette plante auprès des Swwartzia dont la corolle à un seul pétale très grand ou rarement à trois, dont deux latéraux très petits , offre plus de rapport avec la corolle irré- gulière des Papillonacées qu’avec celle des Cassiées. Les étamines sont au nombre de dix, comme dans la plupart des vraies légumineuses ; elles sont toutes "semblables entre elles , tandis que dans les Swartzia “elle sont généralement plus nombreuses et en partie avortées; mais, comme dans ces plantes, elles sont réellement hypogynes, s’insérant tout autour du pédi- celle de l'ovaire. L'un des caractères les plus remar- ( 170 ) quables de ce genre, c’est la forme de ses étamines. DanslesSwartzia, comme dans le plus grand nombre des autres légumineuses, les filets des étamines sont longs et grêles, et portent des anthères ovales qui sont fixées sur le milieu ou vers la base de la partie dorsale du connectif. Dans la plante qui nous occupe, le filet est très courtet raide, et l’anthèrelinéaire et très alon- gée s’insère par son extrémité inférieure sur lefilet avec lequel elle fait suite; enfin cette anthère se prolonge supérieurement en un long appendice subulé : cette forme est tout-à-fait particulière, et je n’en connais aucun exemple dans cette famille. L’ovaire pédicellé, fusiforme, velu extérieurement, a la structure générale de celui des légumineuses; il renferme six ahuitovules qui, par leur forme paraissent annoncer que l’embryon doit avoir la radicule repliée sur les cotylédons, et ne doit pas être droit comme dansles Mimosées etles Cæsalpiniées. On voit que cette combinaison de caractères est propre à la tribu des Swartziées, maisque plusieurs d’entre eux sont assez différens de ceux du genre Swartzia, pour permettre d’en former un genre distinct. Gette plante est également remarquable par la forme de ses feuilles. Plusieurs Swartzia ont, ilest vrai, des feuilles simples, mais toutes les ont très entières. Ici elles présentent des dents longues, épineuses, al- ternativement dirigées vers la face inférieure et vers | la face supérieure; ce qui, joint à leur consistance co- | riace, leur donne tout-à-fait l'aspect de celles du Houx, | dontelles ne diffèrent que par leur forme plus alongée. On peut définir ainsi ce nouveau genre : | ( aux ) COQUEBERTIA (1). Calyx fasiformis, undiquè clausus, basi irregula- riter rumpens, calyptræformis. Petala quinque ovata, brevè unguiculata, erecta, convoluta subœqualia, superior (vexillum ), late- rales involvens, pauld latior; laterales et inferiores paululum angustiores. Stamina decem, libera, æqualia; filamentis erectis, antheris multd brevioribus ; antheris linearibus , pe- tala æquantibus, basi fixis, bilocularibus, loculis pa- rallelis, rimis longitudinalibus oppositis dehiscenti- bus, superiüs in processu subulato desinentibus. Ovarium brevè stipitatum, oblongo fusiforme, vil. losum , crassum, uniloculare, oligospermum; ovu- lis 6—8 longitudinè , ut videtur , plicatis ( ergo radi- cula in cotyledones reflexa ) ; stylus subulatus. COQUEBERTIA ILICIFOLIA. Hab. in insulà Sanctà-Catharinà ad oram meridio- palem Brasiliæ (D’Urville ). Arbor (vel frutex?), ramulis cylindricis, glabris, lævibus. . Folia simplicia , alterna, brevissimè petiolata, co- riacea, glaberrima , oblonga, margine undulata, distantè et acutè dentata, dentibus spinescentibus; nervis pinnatis valdè notatis et reticulatis; stipulis caulinis, subulatis, erectis, minimis. (1) Hoc nomine familiam totam scientiis deditam commemorare volui, nempè Carozum CoQuererT-MonTBRET , ex academià regia scientiarum, nullius scientiæ ignarum, geographiæ physicæ, lingaarum et naturæ studio præclarum, ejusque filios : Ernesrum qui, botanicæ amore correptus, Ægyptiam, Bonaparte duce, perlustrans, juvenilis occubit , et Eucenem eruditissimos inter philologos hujusce sæculi ; nec non AnroniuM COQUEBERT-MonTBrET primi fratrem, entomolo- gum peritissimum, illustrationis iconographicæ insectorum auctorem, denique ejus filium Gusravum, rei herbariæ studiosissimum , qui vix Ægyptiæe redux, iterùm Syriam Asiamque minorem aggrediens, nunc botanicam observationibus suis auget. ( 122: ) Flores racemosi, racemis fasciculatis ad apicem ramorum, pedunculis basi bracteolatis et apice sub calyce bisquammulatis , gracilibus, patentibus, flo- . ribus subpendulis. Calyx fusiformis, acuminatus , undiquè clausus, coriaceus, pube brevissimä et densà tectus, basi cir- cumcisus, calyptræformis vel irregulariter ruptus, de- ciduus, annulo tantüm ad basim floris persistente. Petäla quinquesubconformia, longitudine æqualia, lateralibus pauld angustioribus , brevissimè unguicu- lata , integerrima ; superiori (vexillo) ovaio, lateralia (alas) ovato-oblonga involvente; inferioribus paulo longioribus, facillimè deciduis. Stamina decem, hypogyna, inter basim pedicelli ovarii et fundum calycis inserta, æqualia et omnind conformia, erecta, ovarium cipgentia, filamentis brevibus, compressis, rectis. Antheræ \ineares, erectæ, basi apici filamenti in- sertæ et continuæ nec oscillantes, longitudine petala æquantes, biloculares, loculis parallelis totà longitu- dine adnatis , rimis longitudinalibus oppositis dehis- centibus, apice in processu subulato, tertiam partem antheræ æquante, desinentibus. BEA (04 Ovarium pedicellatum, subeylindrico-fusiforme, compressiusculum, tomentosum , uniloculare ; ovut lis sex ad octo supernè simplici serie insertis , ovatis, chalazà apici funiculi respondente et foraminis testæ roximà. 0 Stylus subulatus, glaber. Stigma terminale minimum, oblique truncatum. (1) (1) Cette plante sera figurée dans la Botanique du voyage du capi- taine Duperrey. | (0 ) Fracmens d'anatomie sur lorganisation des Serpens. Par G. L. Duvernoy. Suite. (1) DEUXIÈME PARTIE. ç 8. De la Rate des Ophidiens. Si les usages de la rate sont encore problématiques à quelques égards, ou du moins s’ils ne sont pas encore démontrés d’une manière bien évidente, on peut espérer que des observations multipliées sur son existence, son volume relatif, sa position , ses rapports organiques, sa structure intime dans les diverses classes des ver- iébrés, joints aux recherchesd’anatomie pathologique, éclairciront peu à peu ce point important de la phy- siologie générale et de celle del’homme en particulier. Les bases de ce travail ont été posées depuis long- temps dans les Lecons d'anatomie compürée , où l’on a pu lire sur l'emploi de la rate tout ce que la logique la plus sévère permettait de conclure des faits connus. « Son importance, y est-il dit, semble perdre quelque » chose à mesure que l’on passe des mammifères aux » oiseaux, de ceux-ci aux reptiles, et de ces derniers » aux poissons, si du moins l’on doit en juger ainsi, (1) La première partie de ce travail se trouve page 5 de ce volume ce Octobre 1855. ( 114 ) » d'après son volume qui paraît diminuer successi- » vement dans ces quatre classes. » (1) Le plan de cet ouvrage n'ayant pas permis d’entrer dans beaucoup de détails , on n’y trouve indiquées que d’une manière générale, son existence, sa forme et sa position dans les ophidiens. Les recherches que j'ai faites, durant l’automne de 1830, sur les viscères de ces animaux, me mettent à même de donner sur leur rate des descriptions particulières assez circon- stanciées pour lever tous les doutes sur l'existence de cet organe , malgré l’assertion contraire d’un anato- miste du plus grand mérite, dont les premières re- cherches d'anatomie comparée faites dans l’espoir d’a- vancer la science, celles sur la glande thyroïde (2), ont été commencées en 1804, dans le laboratoire de M, Cuvier, en ma présence et d’après mon invitation, et dont les travaux nombreux lui ont acquis, depuis , une juste célébrité. M. Meckel, en effet, dans son Système d'anatomie comparée, dit n’avoir pu trouver de rate dans les genres Coluber, Boa, Python, Vipera, Crotalus, Naja, Typhlops, Tortrix et Amphysbœna , malgré des investigations faites avec le plus grand soin sur des exemplaires grands et bien conservés. Il l’a reconnue cependant dans les genres Cécilie et An- guis, et il en conclut qu’elle n’existe que dans des ophidiens qui se rapprochent des autres ordres de reptiles, et que le manque de cet organe dans les vrais (1) Tom. 1v , p. 56 et 57. (2) Voyez son premier ouvrage, publié en allemand (Halle, 1806) sous le titre de Abhandlungen über Vergleichende Anatomie. CRT.) serpeus est une nouvelle preuve du peu de perfection de leur organisation. (1) Je pense pouvoir démontrer que si M. Meckel à ainsi méconnu l'existence de la rate dans les princi- paux genres d’ophidiens, cela vient de ce que les rapports de cet organe avec le pancréas, sont telle- ment intimes dans la plupart des vrais serpens , qu’il * a été facile de confondre la rate avec le dernier de ces viscères et de méconnaitre son existence. Il en est de la liaison de la rate avec le pancréas, comme de celle de la glande venimeuse dans les serpens à crochets postérieurs, avec la glande salivaire sus-maxillaire. Ces deux exemples de deux organes intimement unis, quoique de structure et d’usages différens, ne sont pas une des moindres singularités que présente l’orga- nisation des serpens. L'existence de la rate dans la famille des Ænguis et dans celle des Cécilies , n’étant pas contestée, je m’y arrêlerai peu. Dans l’Orvet (2), c'est un petit corps mince, linéaire, attaché au côté droit de l’estomac près de sa partie pylorique. 1 La rate est ovale, dans l’Ophisaure ventral (3); située près de l’origine du canal intestinal, elle tient par ses vaisseaux au pancréas. Dans le Scheltopusick de Pallas (4), elle est placée (1) Meckel , System der Vergl. anat. — 2 F7 , pag. 372 et 273 (2) Anguis fragilis, Z. (3) Ophisaurus ventralis, Daud (4) Pseudopus Pallasii, Cup, Cr 6 à droite de l'estomac dans l’épiploon gastro-hépati- que ; sa forme est globuleuse. Je l’ai observée dans cinq espèces de Cécilies, troi- sième famille des ophidiens dans la méthode de Cuvier. Celle dela Cæcilia lumbricoïdes, Dd., est plus épaisse que le pancréas, de forme alongée comme lui, éten- due au-devant de ce viscère, contre la fin de l'estomac. Elle est ovale, épaisse , consistante, de couleur fon- cée, située en arrière du pancréas qui la sépare de l'estomac, dans la Cæcilia dentata ; tandis que dans la Cœcilia inierrupta, Guv., elle est linéaire, très petite et collée sur la face supérieure du pancréas. Elle était adhérente à la face supérieure de l’esto- mac dans la Cécilie à ventre blanc , Daud. Ces diffé- rences dans les espèces du même genre prouvent que ni sa forme, ni même sa position, soit vers l'estomac, soit contre le pancréas, soit vers le commence- ment de l'intestin , ne lui sont pas tellement essentiel- les, que ces circonstances ne puissent varier d’une espèce à l’autre. La seconde des trois familles dans laquelle M. Cuvier divise les ophidiens, celle des vrais serpens, a la rate presque toujours placée au-devant du pancréas, plus ou moius adhérente à ce viscère, quelquefois même comme enchâssée dans sa substance, y tenant par des brides ligamenteuses et par des vaisseaux considéra- bles qui vont de l’une à l’autre. Elle est souvent globu- leuse ou de forme alongée, plus ferme et plus colorée que le pancréas; mais quelquefois sa substance s’en distingue à peine par une couleur plus foncée et par plus de consistance. QUE, Je l'ai vue petite, globuleuse, très fortement unie à Ja partie antérieure du pancréas dans l’Æmphisbæna füuliginosa, L., et dans leZyphlops lumbricalis, Merr. s’en distinguant par son enveloppe propre, un tissu plus dense et une couleur plus foncée. Dans le Zortrix scytale , Gav., ilest difficile de la distinguer d’un lobe du pancréas par ses apparences extérieures et son adhérence à ce viscère. Elle est évidente dans le Boa constrictor , L., chez lequel elle se rencontre au-devant du pancréas, n’y tenant que par une languette de celui-ci. Une sembla- ble languette, mais plus longue, l’attache au pancréas dans le Boa cenchris, L. Elle y atteint la moitié de la longueur de ce dernier organe , dont elle se distingue par sa couleur d’un rouge-brun, sa plus grande consis- tance, et la poche particulière du péritoine dans laquelle elle est renfermée. J'y ai même vu un petit corps de même apparence, comme enchâssé dans la languette du pancréas, qui avait. l’air d’une rate surnuméraire. Il y avait un sinus veineux entre ces deux viscères. La rate estovale, arrondie, séparée du pancréas en avant de lui, à droite de l'estomac, dans le genre Eryzx. (1) Elle est de même séparée du pancréas dans le genre Python. C'est dans le Python tigris, L., un corps ovale, dont la substance assez ferme est de couleur rouge, et dont l'enveloppe propre est épaisse et très recon- naissable. On l'y trouve en avant du paneréas, à une certaine distance de ce viscère, à droite de la partie (1) Une grande espèce rapportée du Bengale par M. Duvaucêl (18: ) pylorique de l'estomac. Celle du Python bivittatus , Kubl, est dans la même position. La plupart des autres genres de serpens proprement dits, ont la rate adhérente au pancréas par toute sa face postérieure. Ainsi dans l’/Zétérodon tacheté, Guy. , elle est en- châssée en avant de ce viscère. Le Dryophis nasutus, Fitz, l'a petite, oblongue, adhérente au pancréas. Je l'ai trouvée ronde ou pyramidale dans la couleu- vre à collier, Coluber natrix, L., attachée à la partic antérieure du pancréas par des fibres ligamenteuses et par des vaisseaux qui laissent échapper du sang quand on sépare ces deux organes dans l’état frais; excédant quelquefois ce viscère en volume, d’une proportion assez variable, suivant les individus et, sans doute, sui vant l’époque rapprochée ou éloignée de la digestion. Mais sa face adhérente au pancréas est coupée obli- quement, de manière que la rate se prolonge un peu sous ce viscère, et que c’est lui au contraire qui s’avance sur la rate. Toute sa surface est rouge, injectée, et sa substance plus résistante que celle du pancréas, qui s’en distingue d’ailleurs, malgré leur adhérence in- time, par sa couleur plus claire. L’artère de ce viscère n’est plus ici qu’un rameau de la gastrique. La rateest, de plus, enfermée avec le pancréas dans une poche commune du péritoine, aux parois de la- quelle elle tient par des brides ; sa membrane propre est très évidente. D’après tous ces détails, on concevra difficilement que son existence ait pu être mise en doute par l’ha- Qu bile anatomiste dont j'ai parlé; d'autant plus qu'il était sur la voie, puisqu'il signale avec doute comme pouvant être cet organe, une petite masse ronde , très molle, placée au-devant du pancréas, qu'il a vue dans le Coluber elaphis. (1) J'ai trouvé une rate ovale, petite et comme enchàs- sée dans Le lobe supérieur du pancréas, dans la Cau- leuvre bahi, Daud., Coluber plicatilis. Dans le Coluber scaber, Merrem , elle était ronde, petite, soudée au pancréas, de même couleur que ce viscère. C'était un corps plat et rond, difficile à distin- guer du pancréas par sa couleur et sa consistance dans la Bande-noire, Daud., Coluber Æsculapü, L., genre Erythrolamprus, Boié. , Dansle Coluber plumbæus, Pr. Max. elle étaitronde, enchässée au-devant du pancréas, dont elle avait les apparences. Il existait un sinus veineux considérable entre elle et ce viscère. Elle était de même en avant du pancréas, avec une semblable couleur, dans le Coluber jaspideus, Herm. Elle était très petite et se distinguait du pancréas par sa couleur plus foncée , dans le Coluber filiformis, Herm. Les serpens venimeux à crochets antérieurs nr'ont également présenté une rate bien évidente. Dans le Crotalus horridus, 1., c’est un petit corps rond , collé sur le pancréas , mais beaucoup plus petit. Celle du Lachesis rhumbeata, D., espèce du genre Trigonocéphäle de Cuvier, est aussi collée au-devant (1) Ouvrage citt, p. 373. (raso" ) de ce viscère. Sa substance était ferme , sa surface bosselée et son volume proportionnel plus grand qu’à l'ordinaire. Dans la vipère noire, Coluber tisiphone, Schw.. autre espèce que Cuvier rapporte au même genre Zrigono- céphale, la rate était enchässée dans le pancréas et s’en distinguait par plus de consistance et par sa couleur rouge. Dans le Zrigonocéphale fer de lance, elle formait un petit corps ovale, situé un peu en avant du pancréas. Dans le Vaja à lunette, Naja tripudians, Merr., elle est globuleuse, lisse à sa surface, adhérente en arrière au pancréas, et, sur le côté, à la fin de l’estomac. Celle de la J’ipère commune, Cuv., vipère de Redi, Daud. , est très adhérente au pancréas; on peut la reconnaître à sa forme globuleuse et à la nature de sa substance qui est plus dure et plus colorée. Dans la Vipère hœæœmachate,L., Sepedon, Merr., elle était pro- portionnellement assez volumineuse ; il y avait un sinus entre elle et le pancréas. Elle était globuleuse et très adhérente à ce viscère dans l’Elaps lemniscatus , Cuv. Dans le Pelamis bicolor, Cuv., elle ne tenait au pancréas que par une languette. Elle en était en- tièrement détachée dans le Chersidrus fasciatus, Cuv. Aïnsi l’organisation des ophidiens ne s’écarte pas, pour ce qui concerne la rate, du plan général des autres animaux vertébrés. Il me reste, à la vérité, des doutes pour quelques es- pèces, tel est le Zortrix scytale que j'ai signalé; maïs j'ai tout lieu de croire que des observations ultérieures sur des exemplaires frais ou mieux conservés, pour- C'r21) ront les lever. Je ne puis pas me persuader que l'exis- tence de la rate, d’ailleurs si générale et paraissant en- trer essentiellement dans le plan des vertébrés, ne soit bientôt constatée danstous les ophidiens sans exception. Les rapports intimes de cet organe avec le pancréas, dans le plus grand nombre de ces animaux , sur lesquels nous cherchons , en ce moment , à fixer l'attention des physiologistes , serviront peut-être à mettre sur la voie, pour mieux apprécier qu'on ne l’a fait jusqu'ici l’un ou l’autre de ses usages présu- més. Tout porte à croire que la rate est une sorte de ganglion sanguin, qui ést au système sanguin digestif ce que sont les ganglions mésentériques au système des vaisseaux chylifères. La rate tient en réserve, elle prépare le sang qui doit servir à l’une des sécrétions nécessaires à la diges- tion, et peut-être à plusieurs ; de la les différences qu'on observe dans ses rapports, soit avec l'estomac, soit avec le foie, soit avec le pancréas. Ces derniers n'avaient pas encore été démontrés aussi intimes que je viens de le faire pour les ophidiens. Ce que j'en ai va dans les mammifères me fait penser d’ailleurs qu’ils y ont été beaucoup trop négligés. S 9- Du Pancréas des Ophidiens. Le pancréas des ophidiens a pour caractère essen tiel d’être toujours placé entre le commencement du canal intéstinal et la fin de l'estomac du côté du foic enveloppant quelquefois cet intestin dans les deux (aa) tiers de sa circonférence. Il y est souvent adhérent à la vésicule du fiel et assez généralement à la rate, dans tous les serpens à langue enfermée dans un four- reau. Son volume varie beaucoup sans que je puisse affir- mer, avec M. Meckel (1), qu'il soit plus petit, en général, dans les serpens venimeux, et plus grand. dans les non venimeux. Sa forme plus ramassée que dans les mammifères et les oiseaux, est souvent globuleuse ou pyramidaie, quelquefois a deux lobes, ou triangulaire. Cette forme peut mênie varier d’une espèce à l’autre, puisqu'il est épais, pyramidal dans la Cécilie à ventre blanc ; étroit, alongé, un peu fourchu ct plus épais en arrière dans les Cœcilia interrupta, lumbricoides et dentata. Sa substance est jaune rougeâtre, molle , plus ra- rement ferme et consistante. On y reconnaît plus ou moins évidemment une composition en lobules. Eu cela il ne ressemble pas du tout aux glandes salivaires des mêmes animaux. Les lobes et même les lobules dont il est composé, sont très séparés : ceux-là de forme alongée , ceux-ei de forme arrondie, dans le Zortrix scytale, M. Les canaux excréteurs qui en sortent se réunissent succes- sivement autour du canal cholédoque pour se rendre dans l’intestin avec ce canal. La structure du pancréas m'a paru sur-tout bien re- arquable dans deux espèces de Python, le Python ti- gris, Daud , et le bivittatus, Kuhl que j'ai eu l’oc- (1j Meckel, Ouvrage cité, p. 353. (ua) | casion de disséquer. Dans ce dernier, en particulier, le pancréas, bien ramassé, d’un rouge-brun, était placé, comme à l'ordinaire, sur la droite de l'origine de l'intestin , y tenant plutôt par ses canaux excré- teurs que par sa substance. Celle-ci était composée d’une quantité de lobules distincts , très peu adhérens entre eux par un tissu cellulaire assez lâche. Chaque lobule avait son canal excréteur qui sortait de cette masse glanduleuse pour arriver à l'intestin, de sorte que tous ces petits canaux marchant dans la même direction , formaient une sorte de faisceau tres remarquable. Ils se réunissaient ensuite près de l’in- testin, et successivement, en plusieurs troncs qui s’ou- vraient dans un sinus anfractueux du canal intestinal. Cette structure que je n’ai pas vue telle dans aucun des autres ophidiens, semble être un achéminement à celle du pancréas des poissons, ou des petits cœcums qui en tiennent lieu dans beaucoup d'animaux de cette classe, et qui entourent l'origine du canal intestinal. Elle donne une idée de la liaison de ce plan d’organi- sation avec celui du pancréas des autres vertébrés. En effet, supposons les lobules qui sont eux-mêmes com- posés essentiellement de la partie la plus déliée des canaux excréteurs, disparus, et la portion de leurs canaux excréteurs, qui est hors de la substance du pancréas , grossie, on aurait exactement les cœcums pancréatiques des poissons. J'ai cru devoir détacher cette observation particu- lière sur la structure du pancréas des ophidiens, de la description générale que j’en ai préparée , à cause du jour qu’elle me paraît devoir jeter sur le plan général \ QE LT) de composition de ces organes , dans les animaux ver- tébrés. $ 10. Du Foie. Comme la rate , comme le pancréas, ainsi que nous le verrons pour le canal alimentaire , le foie présente des caractères particuliers dans les animaux de cet or- dre , et des différences remarquables entre les trois fa- milles qui le composent dans la méthode de Cuvier. Son rapport avec le cœur n’est point changé ; le foie vient toujours immédiatement après cet organe , ou à peu de distance; comme si la veine cave devait verser le plus tôt possible , dans l'oreillette droite , le sang qu’elle a recu de ce viscère par les veines hépatiques, Sa substance, qui est dure et résistante , offre un con- traste remarquable avec celle du foie des poissons , qui est molle et sans consistance. Sa forme, plus variable que ses rapports et nulle- ment essentielle pour ses fonctions, a été modifiée comme celle du corps de l’animal. Elle est extrême- ment alongée , convexe dans sa face abdominale , et concave ou plate dans celle qui répond à lœsophage. Généralement sans lobes et sans divisions, Le foie en présente de bien remarqables dans la famille des Cécr- lies, ainsi que l’a déja observé Cuvier. On l'y voit divisé en une quantité de lobes aplatis, formés par des scis- sures transverses qui du bord gauche, pénètrent plus ou moins profondément. Cette division existe encore dans les Zyphlops lumbricalis. Dans Vorvet, le foie forme comme un épais ruban qui serait plissé sur Jui (.a25 ) mème. Le Zortrix scytale, Cuv. (1), présente la même structure dans sa partie moyenne. Onest étonné que le corps si flexible des ophidiens, que les mouvemens qu’ilexerceen se repliant sur lui-même, n’ait pas néces- , sité plus généralement cette division, et que Île foie y soit le plus souvent d’une seule pièce. Dans les serpens qui peuvent avaler une grande proie, c’est-à-dire à langue protractile et à mâchoires dilatables , l’estomac ne commence souvent qu’où le foie finit , afin que ses fonctions ne soient pas gênées par le volume de cette proie. Dans tous ces serpens à langue enfermée dans un fourreau (2), la vésicule du fiel est entièrement séparée du foie, rapprochée de l’o- rigine de l'intestin et distante de son viscère de toute la longueur de l'estomac. Ce plan d'organisation si particulier, siextraordinaire , puisqu'il ne se voit que dans cette division des ophidiens , qu’il manque dans les autres animaux de cet ordre et dans tous les ani- maux vertébrés, prouve bien évidemment que la vé- sicule du fiel n’est qu’un réservoir de la bile, dans lequel elle arrive très généralement par une sorte de reflux, Cette vésicule, qui existe sur-tout dans les animaux qui senourrissent de proie, qui peuvent en être privés long-temps, qui ne digèrent conséquemment que de loin en loin, et chez lesquels la bile devait être mise en réserve pour l’époque de la digestion, ne manque dans aucun reptile. (1) Règne animal, tome 11, p. 76. (2) 2) U faut y comprendre les T'yphlops. (126 ) On est étonné de la longueur du canal excréteur de la bile, dans la division des serpens dont nous par- lons, et de la difficulté que cette humeur doit avoir pour arriver jusque dans la vésicule du fiel, ou pour se porter directement dans l'intestin, Cette difficulté augmente encore quelquefois par les sinuosités que fait ce canal excréteur , ainsi que je l'ai vu dans une espèce de Boa, ou par une sorte de plexus très compliqué qu’il forme entre la vésicule du fiel et l'intestin , comme je l’ai observé dans plnsieurs espèces du genre Zrigonocéphale. Plusieurs branches s’en détachent d’abord pour se joindre au canal cystique , lequel se réunit définitive- ment à l’hépatique , au milieu même de la masse du pancréas. Cette organisation si singulière que je n'ai découverte que dans ce genre , a pour effet de ralentir la marche de la bile, et sans doute de faire sé- journer davantage dans la vésicule celle qui y pénètre. Elle y était épaisse comme une pommade, et rem- plissait la vésicule dans l’exemplaire que j'ai observé, tandis que dans la plupart des serpens où le canal hé. patique et le canal cystique ne forment pas de plexus, la vésicule du fiel était souvent vide au moment de mes recherches. L'union du canal hépatique avec le cystique se fait le plus souvent à angle très aigu, tout près du pan- créas , de manière que, dans tous les cas, la bile n’ar- rive dans la vésicule que par un reflux. Celle-ci est comme renversée sur son col qui se trouve plié par cette direction du fond de la vésicule en arrière. Il en résulte une sorte ds valvule qui n'empêche pas larri- Ça") véc de la bile dans ce réservoir, mais qui doit gêne: sa sortie. Tout est donc arrangé pour y maintenir la bile en réserve et pour rendre sa sortie plus ou moins diffi- cile. 1° La circonstance que la vésicule du fiel est déran- gée da plan normal , toujours séparée du foie et plus ou moins éloignée de ce viscère, dans tous les ser- pens à langue enfermée dans un fourreau , même dans les rl : 2° Son rapprochement de l'intestin où ha bile doit arriver, rapprochement qui semble avoir eu lieu pour que cette humeur , si nécessaire à la seconde diges- tion qui s'opère dans le commencement du canal in- testinal, y parvienne plus promptement , nonobstant la consistance qu’elle acquiert dans le réservoir où elle séjourne ; 3° Le renversement de cette vésicule sur elle-même à l'endroit de son col, dans tous les serpens où elle est séparée du foie, qui doit avoir pour effet de n’en laisser sortir à la fois qu’une très petite portion , et de ménager son emploi ; 4° La disposition si particulière d’un canal excré- teur divisé en un plexus assez compliqué, circon- stance d'organisation que je n’ai trouvée d’ailleurs que dans le genre Zrigonocéphale : Y'effet que cette dispo- sition organique a très évidemment sur la nature plus épaisse de la bile contenue dans ce réservoir, m'ont paru dignes de l’attention des physiologistes. ( 158 ) TROISIÈME PARTIE. Du Canal alimentaire. Les ophidiens excitent notre étonnement par beau- coup de circonstances de leur vie. Celles qui sont re- latives à la manière dont ils se nourrissent, ne sont pas les moins remarquables. Les serpens propremeni dits de Cuvier, supportent quelquefois de très longs jeûnes, et s’en dédommagent lorsque l’occasion s’en présente , en avalant une énorme proie qui dilate à cet effet d’une manière si extraordinaire leur gueule, leur pharynx et successivement le long sac cylindrique que forme leur œsophage et leur estomac. Je ne par- lerai pas de l’instinct qui porte le serpent à engloutir toujours sa proie la tête la première, sans doute afin de la faire plus tôt périr et d’éprouver moins d’obsta- cle dans l'extension d’avant en arrière des membres de cette proie. Je ne reviendrai pas sur le mécanisme si remarqua- ble au moyen duquel la gueule peut s'étendre consi- dérablement sans être disloquée , qui permet aux deux branches de la mandibule ou de la mâchoire in- férieure de s’écarter beaucoup, qui fait que ces man- dibules, les mâchoires supérieures et les branches palatines saisissent successivement avec les dents en crochets dont elles sont armées une partie plus avan- cée de cette proie pour la faire reculer dans le corps: de l'animal. Mais je ferai remarquer en passani , que la langue ici ne contribue plus à cette déglutition quel quefois si longue et si pénible, malgré la perfection (129) de cet appareil. Petite, faible, toute charnue et mem- braneuse à la fois, inoffensive, malgré le préjugé contraire qui l’appelle dard, ce. n’est plus qu’un or- gane de toucher que l'animal retire dans un fourreau particulier dont l'issue est en avant de la bouche s mais qui n’est pas du tout contenue dans cette cavité , au contraire de ce qui arrive dans tous Les autres ant- maux vertébrés, à l'exception de quelques sauriens, et même dans les deux autres familles d’ophidiens, soit pour rendre la gueule plus vide et plus libre lors de l'introduction d’une proie, soit pour mettre la langue à l’abri des contusions que cette proie aurait pu lui faire en passant. Que devient ensuite ‘celle-ci lorsque la déglutition est terminée ? Quel est l’arrangement des organes qui doivent la contenir, la ramollir, la dissoudre, la di- gérer, en un mot en extraire tous les sucs nutritifs , les convertir en chyle, absorber celui-ci et rejeter au dehors les résidus inutiles de cette opération à la fois mécanique et chimique ? Comment cette énorme proie ne brise-t-elle pas en passant les organes voisins, ou ne suspend-elle pas leurs fonctions en les comprimant ? Comment la di- gestion n'est-elle pas troublée par la nécessité où se trouve l'animal d’exercer tous ses mouvemens en fai- sant supporter à son ventre le poids de son corps, en appuyant cette partie sur le sol et en y glissant ainsi posé? Sans doute les réponses à la plupart de ces questions ont déjà été faites. J'ai dù cependant meles proposer de nouveau, dans XXX. 9 ( 130 } mes recherches anatomiques, et porter plus particu- lièrement mon attention sur les dispositions des or- ganes d'alimentation , qui pourraient servir à expli- quer les circonstances particulières de la vie des ser- pens que je viens d’énoncer. L’anatomiste n’observe et ne décrit que les formes. la composition et la structure des organes ; le physio- logiste cherche à déterminer le rôle que chacune de ces différentes circonstances organiques joue dans les phénomènes de la vie. Après avoir fait ainsi la part des circonstances physiques appréciables de l’orga- nisme, il en reste sans doute. encore beaucoup qui échappent au scalpel de l'anatomiste ,aux sens de l’ob- servateur, mais dont il approche plus ou moins, en comparant tout ce qu’il a pu expérimenter, avec l'ob- servation attentive du jeu des organes , des effets que produit l’action vitale dans l’état normal. Pour nous borner ici aux phénomènes de l’alimen- » tation dans les ophidiens, l’anatomiste doit chercher à apprécier dans les organes de cette fonction impor- tante , après le mécanisme admirable des organes de la déglutition, après toutes les circonstances organi- ques de ceux de l’insalivation : Les différences. on les ressemblances que présen- tent l’œsophage ct l'estomac, dans leur forme, leurs dimensions , leur structure, leur position, leurs rap- ports. L'influence de ces différentes circonstances or- ganiques sur la première digestion pour abréger ou, prolonger le séjour de la proie dans l'estomac , accélé- rer ou retarder sa dissolution et son passage successif | dans l'intestin; RS là Ton) La longueur de l'intestin qui fait durer l’action vitale sur les matières qu’il contient ; _ La surface plus ou moins étendue de ses parois qui agrandit ou restreint cette action vitale ; Les plis de la muqueuse qui augmentent la surface - à la fois exhalante et absorbante de l'intestin ; La direction de ces plis qui peut être longitudinale et se prêter à la dilatation de l'intestin, ou en travers, et retarder par cette disposition la marche des substan- ces alimentaires et prolonger ainsi sur elles l’action de la vie; Les valvules ou les cléisons qui séparent en diffé- rentes cavités le tube intestinal ; Les dimensions relatives , l'aspect , la structure de la muqueuse, celles de la musculeuse dans les diffé- rentes portions ainsi séparées , ou considérées simple- ment suivant leur rapprochement ou leur éloignement du pylore ; L’arrangement de tout le canal intestinal dans la ca- vité qui le renferme, arrangement qui détermine les rapports de ses différentes parties entre elles, avec l'estomac, le foie, la rate , le pancréas et les vaisseaux sanguins qui s’y rendent ; L'enveloppe péritonéale qui maintient cet arrange- ment, et dont les replis forment les mésentères et les épiploons : Les vaisseaux qui se présentent à ces différents or- ganes ou qui en reviennent; les lymphatiques qui en rapportent le chyle ; les nerfs qui donnent le mouve- ment et la vie à cette machine à la fois si compliquée et si étonnante dans ses effets. { 132 ) J'indiquerai dans la suite de ce mémoire, d’une ma- nière abrégée , une partie des principaux résultats des recherches que j'ai faites à tous ces égards. $ 12. OEsophage et Estomac. L'œsophage et l'estomac ne forment qu’un canal continu , d’une longueur proportionnelle assez va- riable , dont il serait le plus souvent difficile d’indi- quer les limites précises, marquant la fin de l’un ét le commencement de l’autre. Cependant, on peut dire que les parois de l’œsophage sont assez minces, que les plis longitudinaux de sa membrane interne, sont plus petits et moins nombreux , et que le commence- ment de l'estomac est marqué extérieurement par des faisceaux musculeux plus apparens, et , intérieure- ment , par les replis plus épais et plus nombreux de la muqueuse. Ces replis y sont aussi longitudinaux, souvent onduleux , par ci par là irréguliers. Ils ne se voient que dans l’état de vacuité de l'estomac, et s’ef- facent lorsqu'il est dilaté par une proie. Quelquefois aussi le cardia est marqué par une sorte de cul-de-sac. L’estomac est remarquablement court relativement à la longueur totale de l’animal et à celle de l’œsophage, et sa position est ordinairement très reculée afin de faire de la place à la proie que l’animal est susceptible d’avaler, et qu’elle puisse y être contenue en même temps que dans l’œsophage. (1) (x) Dans un Python tigris,'L., l’œsophage avait 1 m. 600 mill. de [ LFUTNESS :) Souvent il ne commence qu'après la fin du foie, au- delà duquel il est toujours placé en grande partie. On peut toujours reconnaître dans l’estomac des ophidiens deux portions distinctes , l'une que j'appelle le sac de l'estomac, et l’autre qui est sa partie pylo- rique. Le sac présente un aspect bien différent, suivant qu’il est vide ou dilaté par une proie. Dans le premier cas, ses parois paraissent épaisses , les faisceaux mus- culeux qui les forment, en grande partie, sont très prononcés, et les plis longitudinaux de la muqueuse, larges et plus ou moins nombreux. Dans le second, ces plis disparaissent, ses parois extensibles s’amin- cissent beaucoup , et le diamètre de ce sac augmente à proportion du volume de la proie qui y pénètre. J'ai trouvé dans l'estomac de deux espèces apparte- nant à deux genres différens, le Coluber plumbœus, Pr. Max., et le Python bivittatus, Kuhl. , une particularité organique qui mérite d'être signalée : c’est une petite poche, comme un rudiment de second estomac, qui s’ouvrait dans ce sac plus ou moins près du cardia. Dans la première espèce, les parois de cette petite po- che, organisées comme celles de l'estomac, étaient beaucoup vlus minces, et sa cavité qui ne contenait rien, communiquait dans ce sac au milieu d'un ma- melon saillant situé à la fn du premier tiers de l’esto- mac, sur lequel la muqueuse formait de petites rides irrégulières. Dans le Python bivittatus, cette poche à paroïs min- long , et l'estomac 0,225 dont o,o4o pour la partie pylorique et 0,185 pour le sac stomacal proprement dit. (134) ces, celluleuses , dont le fond regardait en avant (1), se voyait à l’origine de l'estomac et communiquait dans un sinus ouvert dans la cavité de ce viscère un peu au- delà du cardia. Un autre sinus analogue, maïs beaucoup plus petit, se voyait dans la portion postérieure de l’œsophage, du côté du foie (2). Je soupconne, au reste, que ces poches n'étaient que des différences organiques ano- males ou pathologiques. Avant de se terminer dans l'intestin , l’estomac éprouve une diminution plus ou moins considérable dans son diamètre, et devient un boyau étroit, dont la longueur relative varie suivant les genres et même les espèces, qui est peu susceptible de dilatation, et dans lequel la proie ne pénètre que lorsqu’elle a éte préala- blement dissoute dans la première partie de l'estomac. Cette seconde partie que j'appelleboyau pylorique, peut se continuer avec l’axe de la première ; d’autres fois, c’est tout-à-fait de côté qu’elle se joint à l’autre. Elle peut être plus ou moins coudée, former même plu- sieurs plis en différens sens, le Boa constrictor, L., ou se continuer directement vers l'intestin. Elle se distingue en général de l’estomac, lorsqu'on observe celui-ci dans l’état de vacuité, par des parois plus minces et l'absence de ces replis épais de la mu- queuse, qui ne sont plus que des rides dans le boyau pylorique, lesquelles disparaissent même quelquefois | avant le pylore. Cette portion se confond , dans quel- (1) PL x, fig. 2. x. (2) "Plan, fig. 217 RÉ R En om és Re C6 ) ques cas, extérieurement, avec le commencement de l'intestin, par la transparence de ses parois et un même diamètre; mais le plus souvent les parois de l'intestin sont plus minces et son diamètre est sensiblement plus grand. La muqueuse, dans la partie pylorique de l’es- _ tomac, est lisse, avec quelques rides ou plis longitudi- naux, tandis qu’elle est souvent frangée ou veloutée dans le duodénum. Enfin, il y a presque toujours une valvule ou un repli circulaire qui sépare l'estomac de l'intestin. di La portion de l’estomac que j'appelle le sac,est celle où se digère la proie. La portion pylorique forme un premier obstacle pour arrêter cette proie, qui s’avance jusqu’au fond du sac stomacal où elle subit, avec le plus d'activité, l’action des forces digestives , puisque c'est toujours là qu’elle commence à se dissoudre. Ce n’est qu'a mesure de cette dissolution, que le boyau pylorique, dont le diamètre reste toujours petit, en permet successivement le passage dans l'intestin. Je crois avoir remarqué que le boyau pylorique était, en général, plus long dans tous les animaux qui avalent une proie vivante, comme s’il avait pour emploi de l’arrêter plus ou moins loin de l'intestin, dont il aurait pu léser la structure délicate. Il était essentiel de le bien distinguer, d’en recon- naître et d’en décrire la structure et les limites précises qui sont celles de l’estomac du côté de l'intestin. Je soupconne que M. Meckel les a méconnues quelquefois, puisqu'il nie l'existence d’une valvule pylorique dans la vipère commune, Vipera berus, Cuv., et dans les gen- ( 136 ) res Zortrix et Typhlops (1). Je n'ai trouvé, à la vérité, }, qu’un simple bourrelet dans le 7yphlops lumbricalis; \ mais dans le Zortrix scytale, 1 y avait un pli en man- chette circulaire très marqué, comme à l'ordinaire, vis-à-vis du pancréas. Il était encore plus marqué dans la vipère commune, Cu. 6 12. Canal intestinal. Si les ophidiens ont l’œsophage et l'estomac réunis, excessivement alongés, afin qu'ils puissent contenir une grande proie, et qu’elle y soit long-tems soumise à l’action des forces digestives, leur canal est d’autant plus court proportionnellement à la longueur du corps. On pourra voir dans la table que j’en ai dressée pour treize des principaux genres, qu’il n’a quelquefois que les trois cinquièmes, les deuxtiers, la moitié, le quart, le huitième même de eette mesure. A la vérité , nous avons compris la queue dans la longueur du corps, à cause de son développement parfois très grand, et parce que sa longueur proportionnelle peut varier beaucoup dans les genres d’une même famille, et mé- me dans les espèces d’un même genre. Quant à la disposition de l’intestin dans la cavité abdominale , elle présente deux modes d’arrangement: dans le premier, l'intestin n’est fixé que par un mé- sentère plus ou moins long, suivant l'étendue et le (1) Ouvrage cite, pag. 368. (137) nombre de ses replis, laissant ceux-ci flotter libre- ment. C’est ce qui se voit dans la famille des Ænguis, dans celle des Cecilies et même dans la tribu des Double- marcheurs, où il y a bien une poche péritonéale qui le renferme, et dont les parois sont plus fortes que les - feuillets mésentériques qui sont très développés. Dans le second mode d’arrangement de l'intestin, si celui-ci est plus long que l’espace qu'il a à parcou- rir depuis son origine jusqu’à l’anus, il forme , dans la partie de l'intestin grêle seulement, plus ou moins d’ondulations , de replis ou de festons qui présentent ordinairement une certaine régularité, sont rappro- chés les uns des autres , et retenus par un tissu cellu- Rire plus ou mois serré, quiles colle, pour ainsi dire, les uns aux autres, et souvent par des brides du péri- toine,qui viennent des parois d’une cellule péritonéale qui sert d’enveloppe à ce paquet d’intestins, dans la- quelle il est contenu comme dans un fourreau. Cette dernière disposition générale du canal alimen- | taire distingue encore les serpens proprement dits de tous les autres vertébrés (1). Elle paraît avoir été né- cessitée par leurs mouvemens sur le ventre, et les désordres qui auraient pu en résulter , sans cette pré- caution, dans leur canal intestinal. Mais elle doit en ralentir, en gêner les mouvemens péristaltiques, et { contribuer à l’extrême lenteur de toutes leurs fonc- tions digestives. Ceux de la famille des Anguis pouvaient s’en passer, (1) Les oiseaux seuls présenteraient quelque chose d’analogue, mais pour une raison bien différente, w (138) 4 Li ayant les viscères assez protégés par l'étendue de leurs. ' côtes et la dureté de leurs écailles : les Amphisbènes, par leur manière de ramper; les Cécilies, par l’habi- tude de vivre dans la vase. Parmi les Ænguis , première famille des ophidiens, le canal intestinal de l’Orvet, forme d’abord plusieurs courtes inflexions, et se porte ensuite directement à l'anus. Dans l'Ophisaure ventral, il est court et peu replié. Dans le Scheltopusick , il ne forme que des on-. dulations sans véritables replis. Dans l’Æcontias, l'intestin grêle est très court, à peine pluslong que legros ; ilne forme, de même, que. quelques ondulations. Les Æmplhisbènes (1) ont encore, comme la famille: précédente , le canal intestinal attaché à un long mé- sentère et nullement bridé par des filets du péritoine, qui fixeraient à la poche de cette membrane dans la- quelle il est enfoncé, le peu de replis qu’il fait dans son trajet. Dans le Leposternon microcephalus, Spix , il est court et très peu plissé. Celui du 7yphlops lumbricalis, Cuv., va directe- | ment de l'estomac à l'anus , sans éprouver aucune in- flexion. Parmi les serpens proprement dits, j'ai trouvé le} canal intestinal plissé en un paquet cylindrique dans les Tortrix (2); court et ayant peu de circonvolutions dans les Boas (3), le Scytale coronata ; très court et. (1) Amphisbæna fuliginosa. (a) Tortrix scytale. (3) Boa constrictor, £. ( 139 ) “sans replis dans le Python tigris ; court et ayant peu de replis dans l’Æétérodon tacheté, le Dipsas venosus ; replié, comme dans les couleuvres, dans le Dryophis nasutus, Fitz; grêle et faisant beaucoup de circonvo- lutions réunies en paquet dans la Couleuvre bali (1); moins replié dans le Coluber Æsculapü, L., espèce d'Erythrolamprus, Wagjler; peu replié dansle Coluber jaspideus, H.; plus long, plus replié qu’à l'ordinaire et Se rapprochant en cela de la couleuvre bali, dans le Coluber filiformis, Herm. ; dans la Couleuvre à collier il se porte directement en arrière , avant de former un premier tour, qui est long ; le second l’est moins. Les suivans sont arrangés de manière que deux replis se touchent alternativement en se rapprochant en dedans ou en dehors. En général, le canal intestinal nous a ‘paru avoir plus de replis et conséquemment plus de longueur dans les couleuvres que dans les autres genres de serpens. Cela est évident pour la Wipère commune, où l'intestin a cependant des replis. Dans le Naja à lunettes, l'intestin grêle est, à la vé- rité, très plissé, très long , formant comme un double rang de circonvolutions serrées ; mais il est court ct peu replié dans l’Ælaps lemniscatus. Ses replis sont peu étendus dans le Bungarus semi- cinctus, et son diamètre relatif est assez grand. Au contraire , il est petit et très plissé dans l’//ydrophis nigro-cinctus , Daud., et dans le Disteyre cerclé, Lacép., (2). Il est plissé par de courtes circonvolu- (1) Coluber plicatilis, Daud. (2) Hydrus major, Schn.; pl. 154. ( 140 ) tions, mais assez dilaté dans le Pelamis bicolor. Il forme de plus longues circonvolutions et présente un très petit diamètre dans le genre Chersydre(x). Nous avons déjà dit que dans le genre Cévilie, l'intes- tin était très court et droit, ou faisait de courtes on- dulations pour arriver à l'anus. Je l’ai vu un peu re- plié dans la Cécilie glutineuse ; assez replié dans la Cé- cilie à ventre blanc ; entièrement court et sans replis dans la Cecilia interrupta , la Cecilia lumbricoides, la Cecilia dentata. W avait, dans cette dernière, un très grand diamètre, et il était rempli de matières noires. Division de l’Intestin en gros et petit. Intestin grêle. On peut presque toujours reconnaître dans les ophi- diens un gros et un petit intestin : celui-ci a un dia- mètre assez égal. Il se distingue de la portion pylo- rique de l'estomac par sa plus grande dimension et des parois plus minces, et du gros intestin, par de plus petites proportions, ses circonvolutions ou ses replis, les plis longitudinaux de la membrane interne, la saillie | circulaire où en manchette qu’il forme dans la cavité | du gros intestin, la dilatation subite de celui-ci, et L assez souvent par la présence d’un petit cœcum que | forme le gros intestin en decà de l’insertion du petit. Mais à tous ces égards il y a des différences, selon les familles, les genres et même les espèces. La longueur relative de l’intestin grêle est presque (a) Espèce non déterminée. (141) constamment beaucoup plus grande que celle du gros. Nous reviendrons sur ces proportions en décrivant ce dernier. » En général on peut dire que la première portion du canal intestinal est assez dilatée, souvent elle a un plus grand diamètre que l'estomac, lorsqu'il n’est pas distendu par une proie. Quant à sa structure, le commencement de l’intes- tin présente dans sa membrane interne beaucoup de plis fius , serrés, qui en rendent la surface comme ve- loutée dans le Scheltopusick, Ce velouté est également remarquable dans l'Orvet. Dans le Python tigris, la membrane interne est toute frangée, toute couverte de villosités ou de plis extré- mement fins et nombreux dans un espace de 0,260. Les plis diminuent ensuite dans une étendue de 0,045 (1). Dans ces deux premières portions, les parois de l’in- testin grêle sont minces et souples. Il y a par'ci par là dans l’interne des plis épais, plutôt transverses que longitudinaux. La dernière portion de l'intestin grêle, longue de 0,130 , est remarquable par ses parois plus épaisses, ce qui vient en partie de la musculeuse, en partie de la membrane interne qui forme des plis transverses pa- rallèles', pressés les uns vers les autres, devenus beau- coup plus prononcés dans la dernière moitié. Ces mêé- mes plis se continuent dans le gros intestin sur une longueur de 0,05 et cessent presque tout-à-coup. (1) Voyez dans notre Table les proportions de tout le canal intestinal. Ci4a) ; Le Python bivittatus, Kuhl, nous a présenté une » structure semblable. Nous ne l'avons rencontrée dans * aucun autre serpent, dont l’organisation normale est d’avoir , au contraire, la muqueuse plissée longitudi- nalement dans toute l’étendue de l'intestin grêle. Celle que nous venons de décrire dans les Pythons semble destinée à suppléer à l'extrême briéveté de l’in- testin et au défaut de circonvolutions. Une autre circonstance de structure particulière que présente le commencement de l'intestin du Python ti- gris, L., c’est un sinus anfractueux qui commence par un large orifice rond, de 0,05 de diamètre, percé immédiatement après le bourrelet que présente le py- lore. Il conduit dans une cavité compliquée , présen- tant successivement des orifices plus petits, dont les parois se dirigent vers la portion pylorique de l’esto- mac et sont entourées d’une substance blanche granu- leuse. Cette organisation rappelle celle du pancréas de l'esturgeon. Ce sinus existe aussi dans le Python bivittatus ; il est l'aboutissant des canaux pancréatiques et du canal hé- | pato-cvstique. | Dans le Serpent à sonnettes j'ai bien trouvé un cul-de-"| sac dans le commencement de l'intestin , mais à cavité simple, non anfractueuse, qu’enveloppe le pancréas et dans laquelle arrive le suc pancréatique et la bile. "M La membrane interne forme dans le genre Erix(1) dem longues et grosses papilles plates, en forme de feuilles, | qui deviennent plus petites à mesure qu’elles s’appro=| (1) Erix turcicus et indicus, (143) ‘chent du gros intestin, et finissent par ne plus être que des filets. Du gros Intestin. Le gros intestin, toujours plus court que le grêle, est assez souvent divisé en deux portions, plus rare- ment en trois, par une ou plusieurs valvules, ou mê- me par des cloisons qui ne permettent de communica- tion de l’une à l’autre, qu’à travers une ouverture étroite. Quand l'insertion de l'intestin grêle dans le gros n’est pas directe, elle laisse en decà un cu!-de- Sac ou un cœcum dont la cavité fait partie de la pre- mière poche ou de la première portion du gros intes- tin. Cette première portion est quelquefois lisse inté- rieurement, ou présente peu de plis, tandis que la dernière portion, ou le rectum proprement dit, a souvent la cavité divisée par des plis irréguliers diri- gés en travers , et même par des valvules conniventes ettrès saillantes. Quand il y a une poche intermédiaire, les parois en sont unies, ou à peu près, comme dans la première avec laquelle, ainsi qu'avec la troisième, il n'a qu'une communication très étroite. En général , tout semble arrangé pour retarder la marche des matières fécales à travers le gros intestin, et sans doute pour favoriser l’absorption de toutes les molécules alimentaires qui y seraient encore mélan- gées. Quant à sa longueur relative, le gros intestin est généralement beaucoup plus court que le grêle. Ce- pendant il a plus de la moitié de cette longueur dans le Python tigris, YF laps lemniscatus ; sa longueur est (144) aussi remarquable dans le Lachesis rhombeata ; tandis qu’il est généralement court dans les PBungarus et les Ï Hydres. y Dans l’Orvet il est séparé de l'intestin grêle par une valvule ou un repli circulaire que forme le premier dans sa cavité, et ne présente qu’une seule poche. Dans le Scheltopusick de Pallas, la fin de l'intestin . grêle ayant des plis longitudinaux très marqués, et lé commencement du gros intestin des plis irréguliers dirigés en travers, c’est la cessation subite de ces plis longitudinaux, et des parois plusépaisses, qui indiquent la séparation des deux intestins. Je trouve dans l'Ophisaure un étranglement entre l'intestin grêle et le gros. Il n’y a de cœcum, dans cette famille, que dans | Acontias meleagris. C’est un petit cul-de-sac conique dirigé en avant, par suite de l'insertion de l'intestin grêle au-dela du commence- ment du gros. Il existe un petit coœcum sans valvule entre le gross! et le petit intestin , dans les Amphisbènes (1). Ce n’est plus qu'un très court cul-de-sac dans le Zeposternon microcephalus, Spix; dans lequel d’ailleurs l’intestins\ grêle s'ouvre dans le gros, par un orifice étroit et beau- coup moindre que son diamètre. Il existe aussi un très petit cœcum dans les 7y=\ phlops (2), communiquant avec le reste du gros in= testin par un orifice étroit. Dans le Tortrix scytale, l'intestin grêle étant beau l | (1) Amphisbæna fuliginosa. (2) Typhlops lumbricalis, Cuv. (145) | coup plus petit que le gros et se terminant dans celui- ci bien au-delà de son commencement , le gros forme un assez grand cœcum. Il se divise en trois poches, n’ayant entre elles qu’une étroite communication dans le genre Erix. _ Dans le Python tigris, le gros intestin se distingue du grêle, extérieurement, par un étranglement peu pro- noncé et par un petit cœcum qui forme comme un petit appendice. Intérieurement il n’y a pas de valvule qui les sépare , et la structure de la membrane interne est la même à la fin du petit intestin et au commencement du gros ; elle présente ces singulières valvules conni- ventes que nous avons décrites avec l'intestin grêle. Son diamètre devient plus petit en s’éloignant de l’in- testin grêle. Ses paroïs sont minces et présentent in- térieurement des plis longitudinaux dans une lon- gueur de 0,10, puis quelques plis en travers dans une seconde portion de 0,06. Dans le Dipsas venosus, j'ai trouvé un cœcum un peu moins long que dans le Tortrix scytale, mais avec les mêmes proportions dans le diamètre, relativement à l'intestin grêle. Celui du Dryophis nasutus s’insère bout à bout dans le gros intestin , en laissant une pe- tite poche à côté, suite de la différence de diamètre eutre l’un et l’autre. Dans la Couleuvre bali 11 y a un repli ou une valvule qui sépare les deux intestins , se continuant d’ailleurs bout à bout. Le gros a un petit cœcum à l’origine de la seconde poche seulement. Dans la Couleuvre bali, Daud., Coluber plicatilis , le gros intestin a une première poche sans plis ni rides XXX. 10 ( 146) ; intérieures, puis une seconde séparée de la première ÿ par un bourrelet circulaire, et communiquant dès son | origine dans un petit cœcum. Son dernier tiers est di- visé par des valvules conniventes très épaisses. Dans la Bande-noire, Daud., Coluber Æsculapü, L., un étranglement à l'extérieur, et la cessation subite des plis longitudinaux du grêle, à l’intérieur, sont les seules limites indiquées qui séparent cet intestin du gros. Dans le Coluber cenchrus, Daud., je serais tenté de ne regarder comme appartenant à l'intestin grêle, que la partie repliée de l’intestin ayant sa membrane in- terne plissée longitudinalement en zigzags, et de con- sidérer comme appartenant déjà au gros intestin une portion droite, non repliée, barrée de distance en dis: tance par des plis transverses, quoiqu’elle ne se dis= tingue pas de la première portion par un plus grand diamètre. Le gros intestin proprement dit qui vient après, est court. Son commencement est marqué par un grand bourrelet circulaire, faisant l'office de valvule. Ii n’y a pas de cœcum. Le gros intestin du Crotalus horridus, L., est sé! paré du grêle par une valvule circulaire. Il s’en dis=| tingue encore par un plus grand diamètre. Une pre= mière portion , qui répond au colon des mammifères, | à parois minces , s’insère à angle droit dans la seconde; dont le diamètre est encore plus grand , et qui répond! au rectum. Un repli de la membrane interne, placé dans! l'angle rentrant que forme leur canal, rétréeit le pas= sage de l’une dans l’autre. (147) Le: rigonocéphale à losanges , Guv., offre encore plus d’obstacle pour le passage des matières de l’intestin grêle dans le gros. Il y a d’abord entre l’un et l’autre une courte portion un peu étran- glée, ayant un repli membraneux du côté de l’intes- tin grêle et un épais bourrelet du côté du gros intes- tin. Celui-ci forme premièrement une courte et large poche cœcale , qui ne communique dans le rectum que par un canal étroit assez long et contourné en spirale. Le rectum est long et présente un grand diamètre, _Sur-tout dans sa première moitié. Il conserve jusqu’à la fin de larges plis longitudinaux. Le Trigonocéphale fer de lance n’a pas la même or- ganisation. Le gros intestin s’y trouve divisé en trois poches. L’intestin grêle forme un gros bourrelet sail- lant dans la première. Son insertion s’y faisant un peu de côté, il y a à droite un petit cul-de-sac. La mem- brane interne, dans cette première poche, a beaucoup de plis ondulés qui lui donnent presque l’aspect ve- louté. La deuxième poche plus courte a ses parois inté- rieures tout unies. La troisième a de larges replis cir- culaires dans la première moitié et des plis longitudi- naux dans la dernière. Un étroit passage communique de l’une de ces poches dans l’autre. Dans la V’ipère commune, Cuv., le gros intestin n’est pas séparé du petit par une valvule. Il y a extérieure- ment une différence de diamètre qui est moindre dans celui-ci, et intérieurement un petit rudiment de cul-de- sac au commencement du gros, quia deux parties, La première, plus longue, a sa membrane interne avecdes plis longitudinaux ; mais ils se distinguent de ceux de (148 ) l'intestin grêle par des ondulations qui les rendent” moins directs. La deuxième poche commence par une valvule connivente circulaire : elle en présente ainsi plusieurs autres dans les deux tiers de son étendue, et finit par un cul-de-sac où les plis sont beaucoup moins saillans. Dans la grande vipère rouge dont Merrem a faitson genre pélias , Coluber prestér, L., le gros intestin est différent (1). Il à aussi deux poches; mais la première, qui re- coit l'intestin grêle un peu de côté, est plus courte et plus petite que la seconde, dont elle est séparée par un large et épais bourrelet. Celle-ci est à peu près unie intérieurement et sans valvule connivente. Dans le Sepedon hæmachates, M., je trouve dans le canal alimentaire, comme dans les muscles de la dé- glutition (2) des caractères différentiels qui confirment la distinction générique qu’on en a faite. L’intestin grêle se rend à angle droit dans le gros, et forme un bourrelet intérieur que l’on distingue : celui-ci forme: 1) M. le professeur Retzius , de Stockholm, qui a vu dans le musée ( q faites, pense que cette dernière espèce, que j’ai déterminée ainsi, parce qu’elle a sur la tête trois plaques un peu plus grandes que les écailles qui les entourent, est la vipère la plus commune dans le Nord, | le Coluber Berus de L., tandis que celle que Cuvier désigne sous lévL nom de Couleuvre commune, ne se rapporte qu’au Coluber.aspis den Linnée, qui est rare dans le Nord, et commune dans le midi et dans l’Europe tempérée. C’est en juillet 1833, que ce savant m'a fait ces. observations. (2) Voir mon premier Mémoire. de Strasbourg, les individus sur lesqnels ces observations ont étés, (l (149 ) . une première portion longue, lisse intérieurement , sous-divisée en plusieurs poches, par des diaphrag- mes incomplets qui ne laissent qu’un étroit passage de l'une à l’autre. Le rectum commence au-delà d’un bourrelet circulaire épais ; on y voit encore plusieurs autres valvules conniventes très prononcées. Le Naja à lunettes a le gros intestin divisé en trois poches : la première, qui est courte, recoit sur le côté l'intestin grêle dont elle se distingue par un diamètre beaucoup plus grand et par un court eul-de-sac que laisse cet intestin en decà de son insertion. Cette pre- mière portion a des plis longitudinaux et une valvule circulaire qui la sépare de la seconde. Gelle:ci beau- coup plus longue, de même diamètre , se coude et se rétrécit vers la fin, pour se terminer dans la troisième par un orifice étroit, Celle-ci un peu moins longue que la seconde, répond au rectum et se termine au cloaque. Dans l’Elaps lemniscatus, les obstacles à la marche des matières à travers le gros intestin, sont encore plus grands que ce que nous avons vu jusqu'ici. Il y a vis- à-vis du rein succenturié droit une valvule circulaire formée d’an bourrelet très épais qui sépare l’intestin grêle du gros, et sur laquelle viennent se terminer les plis longitudinaux de la membrane interne de celui-là. Une première portion du gros intestin, qui est la plus longue, est séparée de la seconde par une cloison com- plète, sauf une petite ouverture pour le passage des matières. Cette seconde poche est courte et commu- nique dans la troisième, dont une cloison la sépare éga- lement, par une petite ouverture percée dans une pa- ( 150 ) pille qui fait saillie dans la cavité de cette troisième portion ou du rectum : cette dernière est la plus dila- tée et un peu moins longue que la première. Le gros intestin n’a plus qu’une seule poche dans les autres ophidiens venimeux à plusieurs dents maxil- laires derrière les crochets. Ainsi il n’y a qu’un rec- tum assez court dans le Bungarus semi-cinctus, dans lequel l'intestin grêle s’insère bout à bout et fait une saillie circulaire très prononcée dans sa cavité. Dans le Disteyre cerclé, il n’existe non plus qu’un rectum sans poche cœcale , parce que l'insertion de l'intestin grêle s’y fait aussi bout à bout. Mais le dia- mètre dn rectum est beaucoup plus grand. Cette dernière différence et l'insertion latérale de l'intestin grêle , qui laisse de côté un cul-de-sac court ou cœcum , distingue l'intestin grêle du gros, dans l’Hydrophis nigro-cinctus, Daud. Celui-ci ne consiste, comme dans les deux précédens , qu’en une seule poche. Dans le Pelamis bicolor , le gros intestin est orga- nisé sur le même plan, c’est-à-dire qu’il n’y a qu’une poche, plus longue à proportion, d’un plus grand dia- mètre que l'intestin grêle, qui se joint bout à bout avec le gros, dont il est d’ailleurs séparé par une val- vule circulaire. C’est encore la même organisation dans les Chersy - dres (1). n’y aqu'une division pour le gros intestin, dont le petit diamètre, comme celui de l’intestin grêle, est extrêmement remarquable : il en a la forme grêle, (1) Acrochordus fasciatus ( Schar.). fuba ) Les Cécilies ont, de même que les précédens et les Anguis , le gros intestin sans division. IL se distingue de l'intestin grêle par un pli circulaire intérieur et par un plus grand diamètre. Nous résumerons les observations que nous avons faites sur la longueur relative du canal intestinal des Ophidiens, son diamètre, son arrangement dans la cavité viscérale, sa division en gros et petit intestin, et sur la structure de l’un et de l’autre, dans les pro- positions suivantes : 10 Le canal intestinal, si on considère son diamètre et sa longueur, se rapporte au type des animaux car- nassiers ; 2° Il est généralement très court relativement à la longueur du corps, et beaucoup plus que dans les au- tres vertébrés du même régime; ce qui tient aux pro- portions très alongées que présente le corps chez les serpens ; 3° Les différences que l’on observe dans cette lon- gueur proportionnelie, malgré l’uniformité du régime des serpens, tiennent à cette première cause et aux différences qui existent dans les proportions de la queue qui a été comprise dans la mesure totale de la longueur du corps, et dont les proportions varient non-seulement de genre à genre , mais d'espèce à es- pèce ; 4° Ges différences s'expliquent de même par celles qui ont lieu dans la structure du canal intestinal ; de sorte qu'avec des longueurs dissemblables, la surface de la muqueuse peut être sensiblement la même ; ("152 ) 5° Le défaut de longueur de l'intestin peut être compensé par l'existence de plis intérieurs , par des valvules, qui augmentent la surface absorbante et exhalante, en même tems qu’elles prolongent l’action des puissances digestives sur les alimens, en ralentis- sant leur marche à travers l'intestin ; 6° Les replis de l'intestin sont d’ailleurs en raison de l’espace qui lui reste depuis le pylore jusqu'a l'a- nus , relativement à sa longueur. On peut très bien encore expliquer par cette considération les différences si singulières que l’on trouve à ce sujet, et dire d’a- vance s’il y a peu ou beaucoup de replis , en calculant la différence entre la longueur de l'intestin et l’espace. dans lequel il doit se placer ; 7° Get arrangement se fait généralement par petits festons bien serrés les uns près des autres , bien enve- loppés dans une poche particulière du péritoine, et non par grandes circonvolutions, comme dans les mammifères et les oiseaux ; sans doute afin que ie mouvement du ramper ne puisse produire dans le canal intestinal un désordre nuisible. 8° Pour ce qui est relatif à la structure de ce canal , on peut toujours y reconnaître un iutestin grêle et un gros intestin, distingués l’un et l’autre par une valvule circulaire intérieure , ou par des différen- ces marquées dans leur diamètre et dans leurs mem- branes ; 9° L’intestin grêle a généralement sa membrane in- terne plissée en long ou formant des zigzays dans ce ji: sens , qui se réunissent quelquefois en résçaux , ow M ( 153 ) des plis fins, serrés, frangés , Sur-lout au commence- ment de l'intestin , qui lui donnent une apparence ve- loutée ; Cette membrane nous a présenté deux structures anomales dans les genres Eryx et Python. Dans le pre- mier (1), elle est toute hérissée de grosses papilles plates en forme de feuilles serrées les unes près des autres, remplissant une partie du canal &e l'intestin grêle : on dirait voir des papilles de la panse des ani- maux ruminans. Dans les Pythons(2), nous avons vu que cette arrière membrane présentait, vers la fin de l'intestin grêle et dans le commencement du gros , au lieu de plis lon- gitudinaux , des plis transverses, serrés les uns près des autres, persistans , formant des valvules conni- ventes , qui empêchent, comme autant de brides, la dilatation de l'intestin, et qui doivent ralentir beau- coup la marche des matières alimentaires. Gette cir- constance d'organisation compense, dans les Pythons, la briéveté du canal intestinal : 11° Le gros intestin, chez les Ophidiens, présente souvent beaucoup d'obstacles à la marche des matières fécales , soit par le nombre des poches dans lesquelles il peut être séparé (il y en a quelquefois trois), soit par les plis ou les valvules conniventes de ses parois. En cela il s’écarte singulièrement de ce que l’on voit dans les carnassiers des autres vertébrés. Ces anomalies dans l’organisation des Ophidiens semblent dépendre de leur mode de progression, et (1) Eryx turcieus et indieus. (2) Python tigris, L., bivittotus, Xuhl. (154) paraissent avoir pour. but de prévenir les mauvais ef- fets des mouvemens des côtes, des changemens de diamètre de la cavité abdominale dans ces mouvemens, de la compression qui peut être exercée sur les viscè- res qui y sont contenus : elles empêchent que cette. compression n’accélère trop la marche des matières. alimentaires à travers le canal intestinal. Cette structure en rappelle une autre qui a le même. effet : elle existe dans les Zombrics terrestrés chez les- : quels des diaphragmes séparent de distance en distance. la cavité commune des viscères , étranglent l'intestin en plusieurs points, et retardent la progression le lon de ce canal des matières alimentaires ou des fèces, que les parois fortement musculeuses de l’enveloppe com - mune qui forment en même tems celles de la cavité viscérale, expulseraient sans cela, trop promptement, hors du corps, dans leurs contractions énergiques ; 12° Sous le rapport de l’histoire naturelle systéma- tique, on peut affirmer que les organes d'alimentation, et particulièrement le canal alimentaire des Ophidiens, présentent des différences sensibles d'un genre à l’au- tre , qui peuvent servir à confirmer ou à infirmer les coupes de ce degré établies par les naturalistes. On pourrait même assez souvent y reconnaître des différences spécifiques , plus faciles à exprimer que celles tirées des caractères extérieurs ; 13° Sous le rapport de l'histoire naturelle philoso- phique, on trouve que la loi de Buffon sur la plus grande constance des formes intérieures , comparati- vement aux formes extérieures , n'est pas applicable aux organes d'alimentation des ophidiens. (245:) Nous démontrerons dans là nouvelle édition des Lecons d'anatomie comparée que nous préparons, que dans les autres classes du règne animal, ces mêmes organes ne sont pas plus soumis à cette loi, et qu’ils présentent de nombreuses différences de structure, de composition et de proportions. (1) (1) On trouvera dans l'extrait que le Temps et la Gazette Médicale ont bien voulu publier de ce Mémoire, les onze premiers articles de ces conclusions ; les deux derniers avaient été omis. J'avais borné la lecture, à l'Académie, de la partie III de ce Mémoire à celle de ces treize articles. EXPLICATION DES PLANCHES. 10, 11, 12, 13, 14 el 15 appartenant aux deuxième et troisième Parties de ce Mémoire. Dans toutes les figures, O. L’œsophage. E. L’estomac. 8. Le commencement du boyau pylorique. p. Le pylore. J. L’intestin, en général. j, L’intestin grêle. g- Le gros intestin. c. Le cœcum. F. Le foie. k. Le canal hépatique V. La vésicule du fiel. L. Le canal cystique. k. Le canal hépato-cystique P. Le pancréas. m. Le canal pancréatique. ( 156 ) R. La rate. * A. Le poumon droit. où B. Le poumon gauche. C. Le cœur. 0. o. Ses oreillettes. Il sera facile avec cette indication et des descriptions da texte,. d'avoir l'intelligence de toutes ces figures , sauf quelques particula- rités que nous allons encore expliquer. La planche 10 est consacrée à démontrer les organes d’alimenta- tion de la famille des Anguis. Dans la fig. 3,on voit en (1) la pointe gauche de la partie écailleuse de la langue, qui est indiquée tout entière, par le même chiffre, dans, la figure 4, tandis que sa partie glanduleuse est marquée (2); le chiffre (3) montre la glotte. Dans la pl. 11. fig. r. x’ et x, sont les ouvertures de deux petites paches, dont l’une donne dans l’œsophage et l’autre dans l'estomac. Cette dernière avait un dévelôppement remarquable ; on la voit en y. C’étaient très pro- bablement des différences individuelles. En dedans de la rate principale on voit ane rate accessoire, beau- coup plus petite. Le commencement du canal intestinal a été ouvert dans cette figure, ainsi que l’estomac et une partie de l’œsophage, pour faire voir les plis de la membrane interne. M. le professeur Retzius, qui a publié en Suédois l'anatomie de la même espèce de Python, dans les mémoires de l’Académie de Stoc- kholm pour 1830, lesquels ont paru dans cette ville en 1831, m'a dit, à son passage à Strasbourg, en juillet 1833, que ce que j'appelle l'estomac proprement dit, depuis (e) et au-delà, il le comparaït au gésier des oïseaux, et la partie qui précéde (e) à leur ventricule suc- centurié. Le même savant n'avait pas trouvé de rate dans cettecspèce; mais il l’a attribué au mauvais état de l'individu qu'il avait eu à sa disposition, et m'a donné verbalement cette explication, qu’il m’a autorisé de pu- blier. C’est sans doute par la mêmeraison qu’il n'avait pas remarqué la singulière organisation du pancréas que nous démontrons fig. 1 ei 2. q. Mg. 1, est un sinus anfractueux dans lequel viennent aboutir Deër) es caraux biliaires et pancréatiques. IL est entouré de papilles qui ont servi d’attache à une espèce de Bothridium que je croïs différente de celles déjà publiées par MM. de Blainville et Retzius, et que je dési- | gne sous le nom de Laticeps. On voit encore dans d’autres portions du commencement du canal intestinal, un certain nombre de ces pa- pilles, toujours réunies par paire (r. r.r.), parce qu’elles étaient con- tenues dans les deux capsules qui forment la tête (0. 0. o.) de ce sin- gulier genre de la famille de Tœnias. Dans la fig. 2, on a coupé une portion de l’estomac et de l’intes- tin, pour faire voir le pancréas , ses lobules et ses canaux excréteurs, qui marchent à peu près parallèlement vers l’intestin et se réunissent en plusieurs troncs principaux dont le plus gros est marqué (7). Dans la fig. 4, de la même planche (1) indique le commencement de la première poche du gros intestin ; (2) de la seconde poche ; (3) de Ja troisième. Les mêmes chiffres ont aussi cette signification dans la fig. 3, même planche; et dans la fig. 1 bis, 4 et 5. pl. 13. La pl. 15 est consacrée aux organes d’alimentation de la famille des Cecilies. On pourra voir à leur article du Règne animal, t. 11,p. 93, tous les rapports d’organisation de ces animaux avec les Batraciens , que le génie de M. Cuvier avait saisis. Il dit, par exemple, « que leur os hyoïde composé de trois paires » d’arceaux pourrait faire croire que dans leur premier âge elles ont » porté des branchies. » Depuis lors, M. le professeur Müller a découvert dans un individu de la collection de Leïde, des trous branchiaux. J’ai dessiné en 1830 , toutes les figures de cette planche sur des préparations du cabinet d’anatomie du Jardin da Roi, que M. Cuvier avait faites probablement pour la seconde édition de son Règne ani- mal. On y remarquera les scissures plus ou moins nombreuses et profon- des du foie , suivant les espèces. Les différentes vues de la même espèce, dans les figures 4, 5, 6, sont destinées à faire voir la disposition et la profondeur de ces scissures. La fig.z, montrela langue L. de la Cœcilia albiventris; Elle est glan- | duleuse et terminée par deux papilles, c. est la glotte , 2 et 3, sont les ( 158 ) branches de l’hyoïde, et 1 indique les branches qui répondent aux plaques linguales des salamandres. Dans la fig. 8, L, est la langue qui est bilobée et d’une toute autre forme que dans la fig. 7; G est la glotte. Note additionnelle pour la première partie de ce Mémoire. I] faut ajouter aux serpens venimeux à crochets postérieurs, deux espèces de Dalmatie, que M. Fleishmann a fait connaître en 1831, sous les noms de Tarbophis fallax, F1., et de Rabdodon fuscus ; FI, : voyez sa dissertation ayant pour titre : Dalmatiæ nova serpentum genera. auctore F. L. Fleischmann, Erlangæ 1831. Cet auteur avait eu connaissance de mon premier Mc: moire. CESR ATEDRSEES cace GEO 11 24) 07GO 1:ÿlr1::| ogb'o 6Yÿ9‘o 1:&:: | Lgr‘o 1:%:: &Gç‘o 1:2x:: | goc‘o 1 1: GÉ9(o 12ç: obz‘o 1:ç/œr::] Yÿlito L:g:: | oo‘o " (enO OC) GE) a ch1:c::| Lor‘o 10 1: G 5e] GCyo = ES RAA g:g:: | cpc'o F = rc: |" çIc lassitude, me plongèrent malgré moi dans un sommeil imprudent , qui eùt pu devenir pour moi un sommeil éternel, siles sollicitudes d’un ami, éveillies par mon absence, après le départ de la colonne, ne m’eussent arraché au danger que je courais. | Obs. La singularité des antennes et des ailes de ce petit diptère, m'a fait penser que sa publication ne de- vait pas étreindifférente à la science. Je ne vois en effet | dans la nombreuse série des muscides aucun genre qui nous offre cette configuration; cctte structure des antennes, et ce trait acquiert à mes yeux un nouveau degré d'intérêt, parce qu’il me semble opérer un rap- prochementdu mirmemorpha avec le genre scenopinus, Csas ) avec lequel il a aussi quelque conformité d’hebitudes. Peut-être même le scenopinus, primitivement placé dans les muscides, et reporté aujourd’hui à la fin de la famille des tanystomes, devra-t-il être recolloqué avec le myrmemorpha dans les muscides, non loin du genre mosillus. — Judicent peritiores ! EXPLICATION DE LA PLANCHE 17 À. 1. Antennes de l’Æstomella curviventris, grossies. 2. Antenne du Ploas rhagionifoninis, grossie. 3. Antenne du Xestomyza culiciformis , grossie. 4. Anteune du Dasypogon senes, 5. Antenne du Dasypogon ripico/a. 6. Antenne du Laphria lanigera. 5. Antenne du Sepedon ferrugineus: 8. Antenne du Myrmemorpha brachyptera, Quelques observations sur le genre Litiope de M. Rang ; Par M. Louis Ki1enwer, M. Rang est le premier qui ait fait connaitre le genre Litiope, qu’il place parmi les Gastéropodes. | Les renseignemens qu’il a pu avoir sur la coquille et Vanimal (car il n’a possédé celui-ci qu'en mauvais état) sont bien insuffisans pour les particalarités que présente ce nouveau genre. Il parle légèrement des habitudes de l'animal ; et nous avons recueilli sur cet intéressant mollusque des faits qui, en ap- puyant ce que M. Rang en a déja dit, donnent un nouvel intérêt à son histoire. " (.23 } Caractères de la coquille : Non operculée, spire aiguë, cinq ou six tours, le dernier beaucoup plus grand que les autres et bombé. Ouverture oblongue, | élargie vers le milieu par la rentrée du bord columel= Jaire dans cette partie; le bord columellaire tronqué à sa base. Longueur de la coquille, deux lignes énvi+ ron. Quelques individus offrent des variétés dans la couleur de la coœuille, d’autres dans le tour de Ia bouche, qui est noir. M. Rang a établi deux espèces L sur ces simples différences : l’une à laquelle il a donné le nom de Litiope tachetée, et qu'il dit être beau- coup plus commune que celle qu’il a décrite sous le | nom de L. bouche noire ( Annales des Sciences natu= relles 1829). Ces variétés ne proviennent que des difs } férences de sexé ou d'âge ; car sur un grand nombre # d'individus que j'ai examinés, j'en ai vu beaucoup de la première espèce dont le tour de Ja bouche commen: ! cait à devenir noir, et qui étaient en tout point seme L blables à l'espèce Bouche notre de M. Rang ; de plus 2 elles se trouvent constamment ensemble. Ces faits m'ont engagé à supprimer cette division en deux es- pèces pour n’en faire qu’une seule. Pour rappeler les habitudes de l’animal, je proposerai de le noms mer Litiope bombice, L, bombix ; et, pour mieux faire connaître la coquille, j'en donne trois figures, pl. a7. B, fig. 1,2, 3. M. Bellanger, capitaine de frégate, et grand amateur de conchyliclogie, a trouvé ces petites coquilles sur une espèce de plante marine, vulgai- rement appelée raisin des Tropiques ( Fucus nar tans). Une particularité qui rend ces petits mollus- ques remarquables, c'est qu'ils sont fileurs, 11 a ob: ( 223 ) servé qu’en secouant les branches où ils étaient ; jour les faire tomber, il en voyait souvent qui restaient - suspendus à une grande distance par un fil impercep- tible, comme celui d’une petite araignée ; le f1 par- tait du pied du mollusque. Pour s'assurer qu'il ne de- vait point cet effet au hasard, il appuya son doigt au pied du mollusque, et le retira doucement ; le fi] s’a- longeait à mesure que son doigt s’en éloignait ; s’il Vélevait en l'air, la petite coquille y restait snspen- due très long-temps et à une grande distance. Il a fait cette expérience sur plus d’une vingtaine d'individus, et a toujours obtenu les mêmes résultats. Ce mollusque naît et se reproduit sur la plante sur laquelle on le trouve; cette plante est sans cesse ba- lottée par une mer sans fond avec plas ou moins de violence ; aussi ce petit être, détaché par une vague de son fragile sol natal, serait perdu, si Ja nature ne l'eùt doné de la faculté de filer une soie qui, comme un cable, l’y retient et lui conserve la vie. Une remarque fort curieuse encore a été faite : on a vu ces petits mollusques, étant au fond d’un vase d’eau , lancer une bulle d'air; cette bulle cst lente à monter sur l'eau, et le petit animal, en la faisant échapper, a la prévoyance de l’envelopper de fils avec lesquels il remonte à la surface, Ceci est encore pour lui un autre moyen de conservation : si la secousse qui le détache de sa plante nourricière est assez forte pour rompre le fil qui l’y retenait, il se rattache à cette bulle qui flotte à la surface des eaux jusqu’à ce que, rencontrant une autre grappe de raisins, le mollusque y remonte et retrouve une nouvelle patrie ; et lorsque, par l'effet de la propagation, sa famille ne trouve (224) plus de quoi se nourrir sur la plante hospitalière, ceux qui la peuplaient l’abandonnent, et, suspendus à leurs petites bulles, ils attendent que la mer leur apporte un autre amas de raisins, où retrouvant les substances nutritives , ils reforment leur petite colo- nie. M. Bellanger a fait recueillir grand nombre de cette plante, cet a trouvé dessus avec les coquilles une très grande quantité d'œufs qu’il suppose être ceux de ce nouveau genre. Ces œufs étaient ronds et de la grosseur d’une tête d'épingle un peu forte; ils étaient diaphanes, brillans comme des gouttes de rosée, et d’une légère teinte jaunâtre. Ils avaient assez de consistance et s’écrasaient avec peine sous la pression de l’ongle; il y en avait quelques autres, mais en petite quantité, dont la cou leur était d’un blanc mat. On peut supposer que les fœtus étaient plus avancés dans ceux-ci; la liqueur qui en sortait en les écrasant était plus condensée et également d’un blanc mat, tandis qu’au contraire la liqueur exprimée des premiers était plus fluide et | d’une teinte un peu jaune. Tous ces œufs étaient agglomérés ensemble par une | grande quantité de fils de soie, minces, déliés et longs; | absolument semblables à celui que file le Zitiope bom: bice, et qui le tient suspendu à la plante qui le fait vivre, quand une forte secousse l’en a arraché. Chaque œuf tenait à la masse par un fil prrticulier; ces fils réunis étaient très forts, et ce ne fut qu'avec | peine qu'on put en arracher quelque partie. ( 225 ) Description des Hydroléacees ; Par M. CHOISY (1). La famille de plantes qui a été ainsi nommée, ou plu- tt le genre Âydrolez qui lui a fourni son nom, avait été placé par les auteurs parmi les genres de la famille des Liserons, jusqu'a Robert Brown, qui, dans le Prodromus , et ensuite dans son beau Mémoire sur le Congo , a proposé d’en faire un groupe distinct. Le nombre des espèces qui y rentrent est aujourd'hui de 22, divisées en 5 genres. Nous allons présenter quel- ques observations, d'abord sur ces genres, puis sur les affinités naturelles du groupe; les détails pure- ment organographiques seront suffisamment connus par les descriptions des espèces qui termineront ce petit travail. I. — Genres de la farulle des Hy droléacées. Les cinq genres de cette famille portent les noms de Hydrolea, Hydrolia, Nama, Wigandia, Ro- manzoffia : deux seulement étaient connus de Linnée, savoir le premier et le troisième, chacun par une ou deux espèces. Les caractères qui les distinguent sont, outre le port général, la constitution des placentas, | qui sont cylindriques dans les uns et lamelliformes (1) Un exemplaire imprimé de ce Mémoire nous a été adressé par auteur ; nous présumons qu'il est extrait des Mémoires de la Société d'Histoire naturelle de Genève. Son intérêt pour la botanique géné- ‘rale nous a engagé à le reproduire ici presque textuellement , avec quelques-unes des figures qui l'accompagnent. R, Novembre 1833. 15 { 226 ) dans quelques autres ; les étamines et les styles, tantôt inclus dans la corolle, tantôt saillants hors de son tube; les styles au nombre de deux dans quatre genres, et réduits à un dans le Romanzoffia. Les Hydrolea (1° genre) sont au nombre de huit espèces, dont sept bien connues et une incertaine ; elles se distinguent par des placentas cylindriques et des étamines peu saillantes, souvent même renfer- mées dans le tube de la corolle; ce sont en général des herbes habitant les lieux humides, marais et fleuves; elles sont le seul genre de Ja famille dont les espèces soient réparties dans les diverses parties du monde: deux habitent l'Amérique méridionale; deux l’Amé- rique boréale; une est commune aux deux Amériques; deux sont communes à l'Amérique et à l’Inde orien- tale; une est originaire de la Chine. Cette distribution géographique confirme en petit ce que j’ai observé plus en grand dans d’autres familles, et sur-tout dans celle des Convolvulacées : c’est que les plantes voisines des eaux se disséminent plus facilement, et se retrouvent plus souvent dans des régions éloignées que les plantes qui ont d’autres habitations. Les AY drolea sont seules demi-aquatiques dans la famille dont je m'occupe, et seules aussi elles offrent des espèces nomades. Ce phé- nomène, dont on peut jusqu’à un certain point se rendre compte par le mouvement des eaux et le transport ar- tificiel lorsqu'il s’agit de plantes vivant au bord de la, mer ou des fleuves, est plus difficile à expliquer lors- qu'il s’agit de plantes marécageuses. Les Hydrolea sont tantôt épineuses, tantôt dépour- vues d’aiguillons : mais ce caractère est susceptible de (227) varier dans une même espèce; aussi ai-je hésité à le conserver comme base de subdivision dans le genre. Cependant comme le nombre des espèces est très res- treint, et que ce caractère est très-commode, je ne me suis pas fait scrupule de l’employer encore, tout en avertissant qu'il ne doit l'être qu'avec précaution. Le genre Sagonea d'Aublet, ou Reichelia de Schre- ber, me paraît ne pouvoir se distinguer de l'y drolea , je pense même que la plante, dont on a constitué ce prétendu genre, n’est autre chose qu’une variété de V'Hydrolea quadrivalvis. Deux caractères sont en effet indiqués pour les différencier : l’un de genre; elle est trigyne, tandis que toutes les Hydroléacées sont digynes : l’autre d’espèce; elle est sans épines, tandis que l'ydrolea quadrivalvis est épineuse. Sur le premier de ces caractères, je remarque que déjà on avait trouvé une variété trigyne d’une autre espèce d’Aydrolea , savoir l’'Æydrolea spinosa, et que Swartz, qui avait signalé cette variété, quoiqu'il Peût à tort distinguée comme espèce sous le nom de Hy- drolea trigyna, n'avait cependant point proposé d’en constituer un genre à part (1); d’ailleurs ayant vu la plante même d’'Aublet dans le bel herbier du British Musœum , jy ai trouvé des fleurs à deux styles au mi- lieu de fleurs à trois styles. Sur le second caractère, l'absence d’épines, je renvoie à ce que je viens d’éta- blir, savoir qu'il ne peut seul constituer une espèce, (1) Cavaniiles, en réunissant l’Aydrolea spinosa et l’Æydrolea trigy na dans une même espèce, avait déjà insisté sur celte variation dans le nombre des styles; il dit en avoir observé tantôt deux, tan- tôt trois , quelquefois même quatre, ( 228 ) quand, d’ailleurs, tous les autres détails de l’organi- sation se ressemblent : or, c’est ce dont j’ai pu m'as- surer en décrivant le Sagonea, et en le comparant avec l’'Aydrolea quadrivalvis; Yun et l'autre ha- bitent les marais et le bord des petits ruisseaux, Le genre ydrolia (2° genre) renferme une seule espèce, originaire de Madagascar : il a été établi par M. Du Ptit Thouars, et ne se distingue absolument que par l'insertion des étamines, qui paraissent naître de la gorge et non du tube de la corolle : malheureu- sement je n’ai pu voir cette plante. L'absence de ca- ractères importans, l'identité de station, puisqu'elle se trouve près des marais, me paraissent favorables à l'opinion, qu’elle n’est pas différente des Æ/ydrolea. Je me serais décidé à l'y réunir, si j’eusse pu en véri- fier les caractères, avec d'autant moins de scrupule, que le nom qui lui a été imposé est peu conforme aux lois de la nomenclature, et se distingue difficitement de celui du genre précédent. Les espèces de Nama (3° genre) sont au nombre de sept; elles habitent toutes le Mexique, le Pérou ou les Antilles: ce sont de petites herbes, vivant dans les lieux secs et sur les rochers; elles se distinguent par de petites fleurs, des étamines renfermées dans le tube de la corolle, et des placentas laminiformes; elles n’ont point d'épines, mais sont souvent couvertes d’un duvet plus ou moins serré. Les Wigandia (4° genre) renferment six espèces, toutes originaires du Mexique et du Pérou : quoi qu’elles ne semblent se distinguer des Nama que par un caractère peu important au premier coup d'œil, ( 229 ) savoir, la longueur des étamines qui sont saillantes hors de la fleur, cependant elles en diffèrent tellement par le port, que nous n'avons pu faire autrement que d'adopter l'opinion de M. Kunth, qui les regarde comme un genre distinct. Ce sont en effet de grandes plantes à feuilles gigantesques comparativement aux feuilles des Nama, à longs épis de fleurs et à co- rolles qui vont jusqu'a dépasser un pouce de gran- deur : ce sont des plantes qui seraient tout-à-fait dignes de figurer parmi les plantes d'ornement; elles sont en outre recouvertes de poils très nombreux, très serrés et très-durs, qui leur donnent un aspect tout parti- culier. Enfin le genre Romanzoffia renferme une seule es- pèce, découverte dans la vallée d'Unalaschka, et dé- crite par Chamisso; son habitation dans les fentes humides des rochers, son port, son apparence, la rapprochaient des Saxifrages ; quelques caractères pa- raissaient la placer dans le voisinage des Drosera; mais sa corolle monopétaie, et la constitution de son fruit indiquaient pour cette plante une toute autre place dans l’ordre naturel. Quelques genres de Per- sonnées (Capraria, ornemannia, Browallia, et même Ærinus ont une telle ressemblance dans l’ha- bitus, et dans le fruit une si absolne identité, que je me sens disposé à rapprocher de ces genres le Ro- manzofjia; mais il a cinq étamines, et les Personées en ont quatre, ordinairement didynames. Jusqu’a quel point ce caractère est-il important lorsqu'il s’agit d'une famille (les Personées), dont l’état normal et régulier serait d'avoir cinq étamines, et qui offrent ( 230 ) souvent le rudiment de laeinquième quand elles n’en ont que quatre? de genres (comme le Capraria) dont quelques espèces ont été trouvées avoir cinq étami- nes? c’est ce que décidera un jour une étude appro- fondie de cet ordre. Les Solanées capsulaires eussent pu aussi très legitimement réclamer le genre dont il s’agit; mais il en diffère par le port général, et par la forme de l’embryon. Provisoirement je me range à l'opinion qui m’a été suggérée en conversation par un savant botaniste, je crois M. Robert Brown; savoir, que ce genre devrait prendre place parmi les Hydro- léacées; il me sera cependant permis de tirer de cette. discussion la conclusion que les trois familles (Hy- droléacées, Personées, Solanées ) entre lesquelles on peut hésiter pour assigner la place d’un même genre, ont entre elles des rapports remarquables, et ne doi- vent pas être éloignées dans l’ordrematurel. Cette ré- exion me conduit à présenter quelques observations sur Îles affinités qui paraissent appartenir au groupe des Hydroléacées. IT. — Affinités des Hy droléacées. En cherchant à disposer dans un ordre méthodique et naturel les diverses familles de la classe que M. de Candolle a nommée Classe des Corolliflores , je n’aï rencontré aucun ouvrage général qui proposàät une série complétement satifaisante : non-senlement les. divers groupes de familles qui constituent cette classe ne se trouvaient pas rangés entre eux de facon à faire sentir leurs véritables rapports, mais encore quelques familles isolées me semblaient placées dans des grou = # ( 231 ) pes auxquels elles n’appartenaient pas. Aussi ai-je es- [“sayé dé dresser unñ tableau d’après les idées que j'ai concues sur cette classe, en adoptant la disposition circulaire , en indiquant par des espaces plus on moins grands, les rapprochements plus ou moins marqués qui existent entre les famiiles, et sans me dissimuler, au reste, que toute série linéaire ou circulaire donne lieu à des objections : parmi les caractères qui justi- fient l’arrangement que je propose, je me suis con- tenté de citer ceux que fournissent le n re des graines et la forme générale de la fleur, sans ignorer qu’ils ne doivent pas être indiqués d’une manière ab- soluce, et qu’ils souffrent quelques rares exceptions. CS ) TABLEAU DES COROLLIFLORES (r, À usine (1) Je pense, avec M. Cambessèdes , que les Globulaires doivent \ ètre placées près des Dipsacées. — Je préviens encore que j'ai sou= vent désigné par les noms de ce tableau des groupes naturels suscep=\ übles d’être divisés en familles, plutôt que chaque famille admise par les auteurs; ainsi les Orobanchées, Sélaginées, Loganées, | nacées, Gentianées , etc. etc., sont comprises sous les noms généraux de Personées, Verbé= ts83) On voit à l'inspection du tableau qui précède, que la famille des Hydroléacées y occupe une place bien différente de celle qu’on lui assigne d'ordinaire : ce changement mérite d’être justifié. On avait jusqu’à présent rapproché ces plantes des Liserons, et même, comme je l’ai dit plus haut, on les avait placées dans une seule famille; cependant les Liserons ont des loges monospermes ou dispermes, un albumen mucilagineux, un embryon courbé à co- tylédons foliacés; les //ydrolea ont des loges poly- spermes, des graines en nombre infini et très petites, un albumen charnu, un embryon droit; il n'ya, du reste, dans le port aucune ressemblance caractéri- sée : aucune //y drolea n’est volubile. Il faut donc voir dans un rapprochement si long-temps admis un de ces kasards que l’histoire de la classification offre trop souvent, et qui fixent en quelque facon des genres douteux dans les places que les grands botanistes leur ont une fois assignées. Nous pensons que les Zydro- lea doivent être placées dans un même groupe avec les Personées et avec les Solanées capsulaires, qui peuvent à peine elles-mêmes se distinguer des Per- _sonées par quelque caractère suffisant : aux preuves de ce rapprochement qui se tirent de la constitution du fruit, à celles qui peuvent se déduire du port (1), et aux raisonnemens que nous a fournis la discussion relative au genre Romanzoffizæ, j'ajouterai un petit détail historique. (1) Les espèces du genre Æydrolea, et en particulier les espèces épineuses, ont une ressemblance frappante de port avec plusieurs Solanées. (234) I existe dans les livres une espèce de Tabac ( Mi- cotiana urens) qui s'y trouve depuis long-temps, car il a été figuré par Plumier et nommé par Linnée; cette espèce a été admise par M. Lehmann, auteur d’une Monographie des Nicotianes , et qui en avait vu un échantillon à Paris, dans l'herbier de Vaillant; or, Sprengel a reconnu, j'ignore sur quelles données, que ce prétendu Tabac n’était autre chose qu’une Hy- droléacée , qu’il a nommée Wigandia pruritiva. Ayant étudié à Paris le même échantillon que je viens de citer, j'ai vu qu’il n’était pas seulement une espèce distincte; c’est l’'Hydrolea crispa de Ruiz et Paven, Wigandia crispa de Humboldt et Bonpland; l'erreur n’eût pas été possible, sur-tout n’eût pas été admise par un monographe célèbre, s’il n’y eùt eu réellement de grands principes d’analogie entre les Nicotianes (Solanées) et les Hydroléacées. On doit aussi remarquer entre cette famille et les Polémonidées des points de contact nombreux; cette analogie a été indiquée déjà par Robert Brown, dans le Mémoire sur le Congo. Au reste, tout én signalant les importantes diffé- rences qui éloignent les Æ/ydrolea des Convolvulus; il est impossible de ne pas admettre que le groupe au- quel appartiennent les premières (1), se trouve cor- respondant, parallèle au groupe qui renferme les au- tres (2) : il me semble saisir chaque jour des preuvés plus nombreuses de la nécessité d'admettre la distinc- (x) Solanées, Hydroléacées, Polémonidées. (2) Hydrophyllées, Borraginées , Convolvalacées. ( 235 ) tion entre les groupes contigus appartenant a une même série, et se touchant par des caractères fonda- mentaux, et les groupes parallèles appartenant à des séries différentes, mais se ressemblant par des carac- tères d’un ordre moindre; et parmi ces preuves, celle que je signale dans les familles auxquelles je fais allu- sion, me paraît assez forte. III. — Descriptio Specierum. HYDROLEACEÆ. Convolvulacearum sp. Æuct. Hydroleæ. Br. Cong. p. 32. Calyx 5-fidus, lobis sæpius usque ad basim distinctis æqualibus apice frequenter spathulato-dilatatis, circa fructum persistens. Corolla monopetala sæpius campa- nulata apice 5-loba. Stamina corollæ inserta lobis al- terna, nunc inclusa, nunc exserta. Styli duo, Roman- zoffiæ in unum coaliti, stamina superantes ; stigmata incrassata aut capitata; ovarium 2-loculare, loculis polyspermis. Capsula 2-locularis loculicido-bivalvis : dissepimentum medio valvularum affixum : placentæ 2 in quoque loculo medio dissepimenti affixæ nunc fungosæ coadunatæ, nunc laminiformes separatæ. Se- mina in placentà sessilia numerosissima; albumen carnosum ; embryo rectus. Plantæ herbaceæ, annuæ , aut rhizocarpicæ. Caules recti aut diffusi, glabri, pubescentes, etiam hispi- dissimi; rard 2 pedes superantes; ramuli alterni. Folia alterna simplicia integra aut sæpius dentata et serrata , plus minusve conferta, sæpius petiolata. ( 236 ) Flores corymbosi aut spicati, nunc etiam scorpioidè L dispositi. Species pler&que American&; 1 reperitur in Indü et Jav, 1 in Chinà, 1 in Timor, : in Madagascar, 1 in insulis Aleutiis. Pleræque loca sicca habitant, quæ- dam paludes aut flumina. Ordo sæpè Convolvulis sed immerito coadunatus, Personatis et Solaneis affinis. Corollà regulari et sta- minibus 5 ab illo ordine, embryone recto et non ar- cuato ab hoc præcipuè distans. I. — Genus HYDROLEA. Hydrolea et Steris, Lin. Namæ sp., Lin. Sagonea Aubl. Reichelia, Schreb. Calyx 5-sepalus persistens. Corolla rotato-campa- | nulata. Stamina corollæ tubo inserta. Styli 2, stigmas tibus depresso-capitatis. Capsula 2-locularis; disse- pimentum medio placentiferum; placentæ teretes fungosæ. $ 1. {nermes. 1. Hydrolea zeylanica. H. ramosa, foliis lanceolatis utrinque attenuatis À labris , paniculis axillaribus, ramosis, foliosis, sepalis g » ) > » SEP lanceolato-linearibus basi viscido-pubescentibus. Hydrolea zeylanica. 7’ahl. symb. 2. p. 46. Namazeylanica., L. sp. 327. FL. zeyl.117.p.49.t. 2e Steris javana. L. mant. p. 54. Syst. v. p. 264. Steris aquatica. Burm.? ind. 53. t. 39. f. 3. Attalerie. Poir. Enc. supp. 1. p. 535. Pluk, Alme | Ait ADO: fade ( 237 ) | Anagallis zeylanica, etc. Âerm. mus. zeyl. 36. Burm. zeyl. 10. Tsjeru-Vallel. Rheed. mal, À. p. 55. t. 28. Caulis berbaceus, subcompressus, glaber. Folia acuta 1-2 pollices Jlonga 4-6 lineas lata, in petiolum 2-3 lineas longum teuuem atte- muata ; internodia foliis dimidio breviora. Pedunculi sæpius opposi- tifolii 3-4 lineas lonpi, filiformes, pubescentes, viscidi. Sepala æqualia | acuta 3 lineas longa. Corolla cærulea calyce pauld longior 5-loba, lobis ovatis glabris. Stamina subexserta ; antheræ ovato-sagittatæ contortæ. Styli stamina æquantes. Capsula glabra , ovata , rugolusa, stylis coronata calyce involuta. Semina minutissima numerosa, GB. foliis supernè tenuissimè ciliatis, Hydrolea javanica. Blum. Beitr. fl. Nederl. Ind. p. 725. y. Caule apice pubescente, floribus breviüs pedun- culatis. Steris villosa. Paw.? mss. h. Deless. d. glaberrima, floribus breviüs pedunculatis, pe- dunculis in dichotomiis , sepalis glaberrimis. Evolvulus. n.° 1365. Burchell. mss. ©. (V.s. h. DC. Burm., y. h. Deless. ex Pavon. | d. h. Hooker ex Burchell.) Hab. Indiam orientalem, y. Mexicum, f. Javam circa Bataviam, 0. Rio. 2. Hydrolea inermis. H. simplex, foliis lineari-lanceolatis subsessilibus glabris, pedunculis 1-3 floris, sepalis acutis, glaber- rimis. Hydrolea inermis. Lour. Coch. 1. p. 214. Præcedenti affinis. Folia longiora minüsque lata. Pedunculi axil- lares 1-3 flori, vel gemini aut terni 1-flori. Capsula rugosa ovata. ©. (VW. s. h. DC. ex Royen.) Hab. humida circà Canton. ( 238 ) 2. Hydrolea corymbosa. H. ramosa, foliis ovato-lanceolatis, sessilibus , glas briusculis , floribus terminalibus corymbosè approxi- matis, sepalis acutis, lanceolatis, hispidis, corollà ca- lycem triplo superante. Hydrolea corymbosa. El. ! car. 1. p. 336. Caulis bipedalis assurgens aut erectus basi lævis, in ramulis sub= hirsutus. Folia sessilia venis et margine subpubescentia, seniora gla= bra , lanceolata 12-18 lineas longa sæpè reflexa, Flores in apice cu= jusque ramuli solitarii. Sepala 3 lineas longa acuta. Corollæ lobi ovati azurci flavo-venosi, basi albis 5-punctis notati, calycem mullo sus perantes obiusi. Filamenta corollam æquantia basi dilatata. Styli stamina multd superantes ; stigmata capitata. Capsula globosa glabra. %. Hab. in stagnis sterilibus St. Stephens Caros linæ et in Georgià. ( V, s. h. Hooker.) $ 2. Spinosæ. 4. Hydrolea quadrivalvis. H. foliis lanceolatis acutissimis utrinque attenuatis, floribus 1-5 axillaribus subsessilibus, sepalis ovato- lanceolatis, capsulà glabrà. x # — Hydrolea quadrivalvis. Walt. fl. car. x. p. 109 110. Hydrolea caroliniana. Wich. bor. Am. 1. p. 171. Caulis herbaceus subcompressus, erectus, hispidus, longis raris pa-\ tulis albis pilis. Folia 1-3 pollices longa 4-6 lineas lata glaberrima aut vix in nervo intermedio hispida, in petiolum 2-3 lincas longum attenuata. Spinæ rectæ axillares acutissimæ 9 - 4 lineas longæ. Pe- - danculi teretes hispiduli. Sepala acuminata 4 lincas longa hispidula. Corolla cærulea calyce paul longior profundè 5-partita, lobis ovalo- rotundatis obtusis glabris. Stamina exserta paulô infrà tubi faucem inserta basi dilatata, antheræ ovatæ Lortiles. Styli stamina superantes (239 ) recti filiformes persistentes ; stigmata capitata, Capzula globota bival- vis. Semiua numerosissima, B. inermis, floribus vulgd trigynis. Sagonca palustris. Æubl. guyan. 1. p. 285. t. 111. Reichelia palustris. Schreb. gen. n° 513. Walld. sp. 1. p. 1502. Hydrolea Bartramii, Mss. herb. Brit. Mus. Jpsissimum Aubletii specimen conspexi in Herbario Britannici Musæi et descriptionem bic refero. — Caulis herbaceus glaber aut vix pubescens. Folia lanceolata utrinque et basi in petiolim atte- nuata 3-4 pollices longa 4-5 lincas lata viridia glabra quandoque aspero-punctulata integra, Flores in axillà 5.6 agglomerati, Sepala 5 Janceolata acuta æqualia basi dilatata 4 lineas longa persistentia, Siyli 3 aut rarids 2 persistentes, Capsula globosa glabra stylis coro- Hiata 2-3 locularis; dissepimenta fungosa. Semina minima numero- 1| sissima. 2%, (V.s.h.DC., 6. h. Brit. Musæi.) Hab. stagnantes undas Carolinæ meridionalis, et Guyanæ rivulos. 5. Hydrolca ovata. H. foliis ovatis subacuminatis petiolulatis, floribus paniculatis aut umbellatis subdichotome dispositis, sepalis lanceolatis, capsulà puberulä. Hydrolea ovata. Nuit. ! mss. Radix fibrosa. Caulis herbaceus teres aut subcompressus cinereo- velutinus concavus foliosus 1-2 pedalis. Folia numérosa antè matu- ritatem decidua , integra, viridia, mollia subtùs in nervis puberula x 1/2 pollicem, longa 1 lata ; petiolus 1-2 lineas longus, teres pubes- gens. Internodia foliis breviora 6 lincas longa. Spinæ axillares 4 -6 lineas longæ acutæ teretes puberulæ., Flores in ramulis terminalibus faut raro lateralibus ; pedunculi 2-3 lincas longi, teretes, puberuli. Sepala acuta viridia molliter hispida 4 lineas longa, integra recta marcescenlia. et in pedunculum in maturitate reflexa. Corolla cæru- lea campanulata 5-loba semipollicaris glabra, lobis obtusis brevibus. Stamina exserta ad basim corollæ, affixa, glabra ; antheræ oscillantes ( 240 ) sagittatæ. Styli filiformes, teretes, glabrr. Capsula globosa, bivalyis, velutina. Dissepimentum valvulis parallelum. 2. (V.s. h. DC. ex Nuttall.) Hab. in Arkansà. 6. Hydrolea spinosa. H. foliis ovato-lanceolatis acutis utrinque attenua= tis subsessilibus, floribus terminalibus subcorymbos sis, sepalis lineari-lanceolatis, capsulà glabrä. Hydrolea spinosa. L. sp. 328. Aubl. guy. 1. p. 281. | À 110. À. et Pav.? fl. Per. Bot. reg. 566. Hydrolea tirgyna. Sw. Ind. occ. 1. p. 558. Cav. ic. 6. p. 19. t. 529. f. 1. Caulis teres, rectus, pubescens ; pili longi albi patuli. Folia acula pubescentia integra subsinuata viscosula, 2 pollices longa, 1 ferè lata in brevissimum petiolum attenuata; internodia 3-4 lincas longas Spinæ axillares patulæ villosæ 5 lineos longæ. Pedunculi axillares | foliis paulô longiores 5 - 6 flori compressi villosi; bracteæ foliaceæ, | villosæ parvæ. Sepala basi coalita villosa ciliataque 3-4 lineas longa. » capsulæ adpressa. Corolla cærulea calycem superans limbo 5-partitoÿ \ lobis obtusis. Stamina corollà breviora basi dilatata ; antheræ sagit= tatæ, Ovarium subpilosum ; sxigmata incrassata. Capsula globosa lu- | cida stylis mucronata. Variat. stylis 3, staminibus sepalis et corollæ lobis 6, loculis 3. D.(V.s. h. Deless. DC. etc.) Hab. Americam me- ridionalem : v. quoque ex ins. Timor (!) in Herb. Brit. Musæi. 7. Hydrolea glabra. H. foliis lanceolatis acutis utrinque attenuatis sub= sessilibus glaberrimis, floribus terminalibus paucis, | sepalis lineari-lanceolatis, capsulà glabrà. Hydrolea glabra. Mss. Herb. Brit. Mus. Caulis teres, striatus, glaber, erectus; ramuli ascendentesrecti. Folia viridia, caulina 10 - 18 lincas longa, 3-4 lata integra. Spinæ axillares t î (241) rigidæ horizontales 4-8 lineas longæ acutissimæ glabræ. Pedunculi in apice ramulorum pauci aniflori 2-3 lineas longi villosuli. Sepala æqualia 2 -3 lineas longa pubescentia. Corolla cœrulea calyce paulô longior. Capsula ovata calyce brevior , 2 stylorum rudimentis coro- nata. Semina parva. j Præcedenti valdè affinis. D.(V.s. herb. Brit. Musæi, ex Miller.) Hab. No vam Hispaniam. Species minüs nota. 8. Hydrolea megapotamica. H. caule herbaceo glandulose villoso, foliis lanceolatis utrinque attenuatis hirsutis, corymbis terminalibus. Hydrolea megapotamica. Spr. syst. 4, p. 114. Apud Rio grande ex Sello. IT. — Genus HYDROLIA. Hydrolia. Pet. Th. Nov. gen. Mad. p. 9. Calyx-5 fidus. Corolla rotata. Stamina corollæ lo- bis inserta. Styli 2 arcuati. Capsula 2-locularis apice dehiscens; receptaculum carnosum. 1. Hydrolia Madagascariensis. H. caule simplici tereti basi nudo, floribus axillari- bus, pedunculis binis vel solitariis. Herba palustris. Calycis laciniæ basi dilatatæ. Corollæ tubusbrevis, entricosus Filamenta brevia. Antheræ sagittatæ. Ovarium simplex. Capsula valvis 2 pardm introflexis, receptaculo conniventibus. Semina minuta , nidulantia, sulcata. (Pet. Th.) Hab. paludosa in Madagascar. II. — Genus NAMA. Nama, Lin. Nama et Hydroleæ sp. Wild. R., et Pay. Calyx quinque-sepalus persistens. Corolla tubulosa LxX: 10 (242) infundibuliformis. Stamina subinclusa. Styli 2 stig- matibus obtusiusculis. Capsula bilocularis, loculi- cido-bivalvis. Dissepimentum medio placentiferum ; placentæ laminiformes 4 primum bicoadunatæ, posteà liberæ. 1. Nama undulata. N. herbacea, foliis lanceolato-linearibus sessilibus margine undulato-crispis, floribus in apice ramosum terminalibus aut axillaribus 3-5 subfasciculatis brevi- ter pedunculatis, corollà vix calycem superante. Nama undulata. 7. B, Kunth.! N. gen. sp. 3. p. 130. Ræœm. et Sch., syst. 6. p. 187. Hydrolea congesta. Wilid.mss. in Ræm. l, c. p.192. Hydrolea rupicola. Moc. et Sess. F1. Mex. ined. Hydrolea radians. /d. Id. Icon. Caulis basi muitifidus subascendens teres, cinereo-pubescens, ra- mosus; ramuli obliqui aut erecti; caulis vix pedalis. Folia obtusa basi subamplexicaulia quandôque obovato-lanccolata 9-12lineaslonga,. | 2-3 lata incano-viridia , pilis oppressis pubescentia hasi subcongesta: Pedunculi vix Jlineam longi villoso-pubescentes. Sepala viridi aut in- cano-pubescentia oblongo-lanecolata, quanddque margine undulato= crispa æqualia apice subspathulata acutiuscula 2-3 lineas, longa erecta, Corolla violacea intüs, glabra extùs, pubescens 5-fida laciniis | obtusis æqualibus. Ovarium minimum ; styli capillacei recti calycem superantes ; stigmata acuta. Capsula oblonga pilosa. B. Macrantha , foliis obovato-lanceolatis sessilibus margine subundulatis, floribus aut axillaribus aut | terminalibus 3-5 congestis, longiüs pedunculatis, co- | rollà calycem duplo superante. 4. (V.s.h. Humboldt et Moricand, 3 in h. Mori- cand. ) Hab, ruderata propè Mexico, Laredo, Mata- moros, (243) 2. Nama jamaicensis. N. herbacea, foliis obovato-subspathulatis basi in petiolum attenuatis et subdecurrentibus, floribus 1-5 axillaribus breviter pedunculatis, corollä vix calycem superante. Nama jamaicensis. £. sp. 327. Brown. jam. 185. Hu8:f. 2. L Hydrolea decurrens, Moc. et Sess. F1. Mex. ined. Caulis diffusus, prostratus, hirsutus, minimus, Folia obtusissima in- tegra hirsuta , radicalia 1-2 pollices longa , caulina breviora. Inter- podia foliis minora. Pedicellus 1 -4 lineas longus filiformis hispidus. Sepala linearia 3-5 Jineas longa , acuta , æqualia, hirsuta. Capsula compressa 3 - 4 lineas longa valvulis carinatis. Semina numerosissima | sphærica minuta. O©.(V.s.) Hab. Jamaïcam, St. Domingum, Mexi- cum. 3. Nama dichotoma. N. herbacea, foliis oblongo -spathulatis in petio- lum attenuatis, ramulis floriferis dichotomis, flore uno in dichotomiä subsessili, corollà calycem non æquante. Hydrolea dichotoma. R. et Pav.! FI. Per. 3. p. 22. 1.244. f. b. Hydrolea. sp. n. Pay. ! mss. in. h. Del. Nama tetrandra. Pav. ! mss. in. h. Moric. Caulisteres erectus aut ascendens, ramosus, rubescens, viscoso-pu- bescens vix pedalis; ramuli obliqui , teretes, tenues. Folia sessilia ob- tusissima integra viridia avenia utrinque adpressè pubescentia ciliata 4-9 lineas longa, 2-3 lata, Ramuli floriferi subfastigiati. Sepala linea- risspathulata flore capsulàque longiora medio coarctata obtusa æqualia recta separata villoso-pubescentia 2-4 lineas longa. Styli recti tenuis- simi vix 12 lineam longi ; stigmata subcapitata. Capsula ovato-coniça villosa subcompressa à 172 lineas longa. Placentarum laminæ mini- mæ vix conspicuæ ; semina numerosissima glabra minuta. ( 244) B. Folits elongato-lanceolatis, floribus paucis. ©. (V.s.h. Deless. et Moricand ex Pavon, f. h. Moricand.) Hab. propè Huanuco et Mexico. 4. Nama origanifolia. N. lignosa, foliis oblongo-lanceolatis obtusissimis in brevissimum petiolum attenuatis, floribus 2-4 termi- nalibus aut in axillis foliorum superiorum peduncu- latis, corollà calycem pauld superante. Nama origanifolia. 7. B. Kunth.! N. gen. et sp. 3. p- 130. t. 215. Nama subincana. Walld. mss. in Rœm. et Schult. syst. 6. p. 189. | Hydrolea tenella. Woc. et Sess. F1. Mex.ined. Icon. Radix crassa, tortilis. Caules suffruticosi diffusi cespilosi recti semi- pedales teretinsculi basi glabri apice cinereo-pubescentes , ramosi tenues ; ramuli erecti ; epiderma solubile, Folia integra subtüs revo- luta margine 3-5 lineas longa, 1-2 112 lata internodiis longiora sub- iùs vix venosa nigra aut cinerco-pubescentia. Pedunculi 1-2 lineas longi teretes tenues pubescentes. Sepala linearia apice spathulata æqualia integra obtusiuscula 2 lineas longa pubescentia. Corolla 5 ; fida , lobis obtusis glabris ant extùs villosulis. Styli florem paulo su- perantes, capillaceï, recti ; stigmata simplicia. D. (V.s. h. Humb.) Hab. convaïlem Sti. Jacobi. 5. Nama rupicola. N. suffruticosa, foliis ovatis , obtusis , petiolatis ; floribus paucis terminalibus pedicellatis; corollà ca- lycem superante. Nama rupicola. {/erb.! Bonpl. mss. Caulis tenuis, epidermate basi solubili ; ramuli teretiusculi cinereo- pubescentes. Folia integra 2=# lineas longa 1-3 lata, su pernè viridia velutino-pubescentia venis subata infrà incano-pubescentia ; petio- lus lineam longus tenuis villosus. Flores foliis intermixti ; pedun- cali tenuissimi viilosi 1 - 2 lineas longi. Sepala linearia apice subspa- thulata pubescentia 1 - à lineas longa æqualia. Corolla 5-fida lobis (245) obtusis glabris. Styli recti calicem superantes ; stigmata acuta. Cap- sula minima 1 lineam longa extüs glabriuscula. Præcedenti maximè affinis. D.? (V.s. H. Bonpl. ex Cervantes, H. Moricand ex Pavon.) Hab. Mexico et Peruviam. 6. Nama longiflora. N. suffruticosa, foliis ovato-lanceolatis utrinque acutis subtüs sericeo - incanis breviter petiolatis , floribus in cymâ terminali foliosà laxà pauciflorà ; corollis calyce duplo longioribus. Nama sericea. Herb. Bonpl. ! mss. Pav.! mss. in h. Moric. Willd. ! mss. in Ræm. et Schult. 6. p. 189. Hydrolea violacea. Moc. et Sess. F1. Mex. ined. Caulis teres, rectus, villosus; pili simplices albidi patuli apice den- siûs approximati. Folia integra ciliala supernè nigrescentia, adpressis pilis, pubescentia vix venosa pollicaria 4-6 lineas lata conferta, inter- nodiis multo longiora ; petiolus 1-2 lincas longus villosus apice dila- tatus. Cyma aliquandd dichotoma ; pedunculus 1-2 lineas, longustenuis teres villosus. Sepala linearia recta laxa æqualia apice spathulata obtu- siuscula 3-4 lincas longa sericco-pubescentia, Corolla tubulosa ex- tùs pubescens violacco-cærulea apice 5-dentata dentibus obtusis- simis brevibus reticulato-venosis, fauce glabrà nudà. Stamina inæ- qualia, 3 longiora, ad basim tubi inserta. Styli capillacei recti calyce longiores; stismata acuta. D. (V. s. Bonpl. ex Cervantes, H. Moric. ex Pavon.) Hab. Mexico. Species excludenda. Namaevolvuloides et convolvuloides. /Willd. mss. in Rœm. et Schult. 6. p. 189. Sunt Evolvulus alsinoïdes ex Kurth. IV. Genus WIGANDIA. Hydroleæ sp. À. et Pav: Willd. Lam. Wigandia. H. B. et Kunth. (246 ) Calyx quinquescpalus persistens. Corolla infun- dibuliformis. Stamina exserta. Styli 2 stigmatibus depresso-capitatis. Capsula 2-locularis , loculicido- bivalvis. Dissepimentum medio placentiferum; pla- centæ 4 laminiformes, primüm bicoadunatæ demüm liberæ. 1. Wigandia urens. W. hispidissima, foliis ovato cordatis duplicato- serratis utrinque pilosis acutiusculis, spicis unila- teralibus scorpioideis, sepalis lineari-lanceolatis acu- tissimis utrinque tomentoso-hispidissimis, capsulà hispidà aut glabriasculà. Hydrolea urens. À. et Pav.! FI. Per, 3. p. 21. t. 243. Pers. Syn. 1. p. 289. Caulis subangulosus hispido-urens ut et tota planta; pili simplices patuli rigidi albido - diaphani. Folia supernè viridia adpressè pilosa infrà albo-tomentosa reticulato-venosa coriacea 5-6 pollices longa, 3-5 lata sinu breyi quandôque subnullo serratulis acutiusculis; petiolus teres crassus rigidus obliquus 1-2 pollices longus. Spicæ antè inflo- rescentiam tortiles posteà evolutæ; rachis hispido-pilosa post evoz \ lutionem 3 pollices longa; flores densè approximaii sessiles biseriali supiai. Sepala viridia 4-6 lineas longa. Corolla calyci æqualis glabra limbo patulo 5-lobo, lobis obtusis elliptico -oblongis integris æqua= libus. Filamenta exserta ad basim tubi inserta ciliato-hispida, Styli obliqué divergentes, flore longiores; stigmata clavato-capitata. Cap- sula oblongo-conica acuta calyce involuta in rachi angulo recto sessilis. 3. (V. s: H. Deless. ex Pavon.) Hab. Peruviæ prærupta calida. 2. Wigandia Kunihi. W. hispidissima, foliis ovato-cordatis duplicato- crenatis utrinque pilosis obtusis, paniculà termi- nali ramosä , sepalis lineari-lanceolatis acutiuscu- is incano-tomentosis, capsulà densè incano-hirtä. L (247) Wigandia urens. 7. B. Kunth. ! IN. gen, et sp. 9: P. 127. Hydrolea auriculata. Moc. et Sess. FI. mex. ined. Præcedenti affinis ; differt charactéribus indicatis , et prætereà fo- lis supernè ferrugineo-tomentosis, dentibus obtusiusculis aut in ju- nioribus acutis, peliolis teretibus férruginéo-tomentusis et in junio- ribus longis pilis hirtis; paniculæ ramulis alternis teretibus pilis sparsis albis longis hirtis ; sepalis rard hirtis; capsulà calycem paulo superante stylis coronata. 2. (V. ss. sp. H. Humboldt.) Hab. Tasco et Mexico in Nov. Hisp. 3. Wigandia caracasana. W. hirta, foliis elliptico-cordatis duplicato- crenatis, dentibus acutiusculis ut et foliorum apice utrinque hirto-tomentosis, spicis apice revolutis secundis, sepalis lineari-lanceolatis incano-tomento- sis, capsulà vix incano-pubescente. Wigandia caracasana. //. B. Kunth. ! N. gen. et sp. 3 p. 128. Hydrolea mollis. Wailld. mss. in Rœm. et Schult. Syst. 6. p. 100. Præcedenti affinis, Folia longiora et acutiora superne ferrugineo- tomentosa; petiolus similis ferrugineo - pubescens : Florum rachis non hirta sed villoso-pubescens pube incanà aut ferrugineà. Sepala basi dilatata acuta 3 1/2 lineas longa. Corolla præcedentis panlô minor extüs villosa. Stamina corollà breviora tubo longiora basi iliato-hirta ; antheræ breves medio filamento affixæ. Styli corolla paulô longiores glabri nigri; stigmata clavato - depressa. Capsula conica 4 lineas longa, D. (V. s. h. Humb.) Hab, propè Caracas. 4. Wigandia crispa. W. hirsutissima, foliis ovato-cordatis auctius- culis irregulariter duplicato-serratis utrinque pi- ( 248 ) losis; dentibus acutis spicis paniculatis secundis apice revolutis hispidissimis, sepalis lineari-lanceo- latis hispidissimis, corollà speciosà. Wigandia crispa. H. B. Kunth! N. gen. et sp. 3. P- 129. Hydrolea crispa. À. et Pav. F1. Per. 3.p.22. t. 244. AE À Nicotiana urens. Plum.amer. p. 204. t. 211. Wigandia pruritiva. Spr. syst. 1. p. 865. Canlis veres aut subangulosus suffruticosus ramosus. Folium uni- eum vidi 7 pollices longum, 5 1/2-6 latum basi obtusum sinu brevis- simo supernè viride adpressè pilosum piiis longis albis sparsis infernè reticulato-venosum incano-tomentosum, coriaceum venis hispidis- simis, petiolus pollicaris teres crassus hispidus. Panicula ramosa, spicis alternis obliquis, flores supini uniseriati. Sepala semipollicaria. Corolla campanulata 15 lineas longa basi tubulosa ad medium usque 5-fida lobis obtusissimis, intüs glabra , extüs incano-pubescens. Sta- mina tubo longiora exserta corollà paulô breviora , flamenta medio subinserta basi glabra, antheræ longæ sagittatæ post anthesin tor- tles. Styli à in fructu plus quam pollicares. Stigmata incrassata clavæformia. Ovariam oblongum sericeo-hirsutum. Capsula hirsuta 6 lineas longa. Dissepimentum valvulis introflexis creatum, maturum divisum extùs nigrum intùs albidum. »,.(V. s.h. Humb. H. Mus. Par. ex Vaillant.) Hab. prop. Âlausi Quintensium, et ad margines fluvii Po- ZUZZO. 5. Wigandia herbacea. W. villosa, foliis lanceolatis integris utrinque acutis in petiolum brevem attenuatis, floribus laxè corym- boso-paniculatis , sepalis lineari-lanceolatis. Caulis herbaceus teres villosus. Folia 1-2 pollices longa villoso- hirsuta 3-6 lineas lata viridia. Pedicelli teretes tenues 3 lineas longi pubescentes. Sepala acutissima basi dilatata hirsuto-villosa 3 lincas ( 249 ) longa persistentia. Styli persistentes, Capsula globosa glabra aut vix pubescens. An forsan. eadem ac Hydrolea megapotamica ? (V.s. H. Kunth. ex Otto.) Hab. Montevideo. Wigandia minus nota. 6. Wigandia scorpioides. W. pubescens , foliis ovato-cordatis dentatis suba- cutis subtüs albo-tomentosis, spicis laxè paniculatis scorpioideo-revolutis, sepalis acutiusculis pubescen- tibus. Hydrolea scorpioides. Moc. et sess. F1. Mex. ined. icon. Folia petiolata. Paniculæ terminales. Flores supini. Corolla vio- lacea tubo brevi limbo patente &-fido. (Moc.) %. Hab. Mexico. V? — Genus ROMANZOFFIA. Romanzoffia. Cham. hor. Phys. Berol. p. 71.t.14. DC, prod. 1. p. 319. Calyx 5-sepalus persistens. Corolla hypocraterifor- mis. Stamina corollà breviora. Stylus unicus ; stigma incrassatum. Capsula 2-locularis loculicido-bivalvis. Dissepimentum valvulis contrarium : placentæ 2 in quoque loculo secüs axim dispositæ sublaminiformes. Obs. Genus Hydroiaceas cum Solaneis capsularibus et cum Personatis conjungens.—A Solaneis præcipuè _distat embryone recto ; a Personatis præcipuè corollà -et staminibus, maximè similis habitu et fructu. 1. Romanzoffia Unalaschkensis. R: pubescens , foliis radicalibus reniformi-cordatis lobatis aut crenatis, foliis caulinis paucis alternis, ( 250 ) floribus spicatis spicis primo scorpioideo-strictis de- müm evolutis rectis, sepalis linearibus acutis æquali- bus, capsulà glabrâ. | Romanzoffia Unalaschkensis: Cham. L. c: Caulis herbaceus pérennis 3-6 pollices longus. Folia radicalia 3-9 lineas longa lataque supernè viridia glabriuscula subtùs albida pu- berula venata. Petioli 1-3 pollices longi pubescentes basi dilatati. Folia caulina distantia brevia. Pédicelli lineam longi fructiferi duplo longiores, téretes alterni pubescentes, Sepala # - 3 linéas Tonga ii-. grescentia. Corolla calyce paulo longior glabra venata decidua apice 5-loba, lobis obtusis. Stylus capillaris stamina superans. Capsula calyce cincta 2-sulcata 2-carinata. Semina innumera minuta nigra glabra albuminosa. Embryo rectus. 3. (v.s. H. DC. ex Chamisso.) Hab. valles insulæ Unalaschkæ. EXPLICATION DE LA PLANCHE. Nora. Toutes les figures sont grossies. I. Hydrolea ovata, Nutt. Analyse des organes floraux. a. fleur entière ; — b. corolle ouverte ; — c. pistil; — d. étamine; — e. fruit ouvert naturellement; — f. cloison et placenta , insertion des graines ; — g. coupé long tidmale de la graine. Ï1. Vama undulata var B. Macrantha. Analyse de la fleur et du fruit. a. fleur entière; — 3. corolle ouverte ; — c. pistil ; — d. étamine; —e. calyce et pistil après la floraison ; — f. coupe horizontale de la capsule ; — g. capsule ouverte naturellement ; — #. graine. II. Roômanzoffia wnalaskensis. Analyse du fruit. a. coupe horizontale de la capsule et des lobes du calyce qui l’en- vironnent ; — D. capsule après sa déhiscence , entouré du calyce ; — c. graine; — d. sa coupe longitudinale. (abs) Nouveaux faits pour servir a l’histoire de la végétlalion ; Par M. Bror, Membre de l’Académie dés Sciences. (Lus à cette Académie, le 11 novembre 1833.) Lés fonctions diverses que les organes foliacés remplissent dans la vie animale, sont un des sujets les plas curieux d'étude que les physiciens puissent se proposer. Déja un grand nombre d'expériences et d'observations incontestables, ont fait connaître la nature générale de ces fonctions et plusieurs de leurs détails principaux. D’après les notions positives qui en résultent, les dernières extrémités des racines perpétuellement renouvelées tirent du sol l’eau li- quide avec tous les produits solubles qui s’y trou- vent, et la poussent dans là tige aidée en cela par une force de succion dont la nature n’a pas été jus- qu'ici complétement constatée. Cette sève est portée ainsi jusque dans les parties vertes du végétal et dans les feuilles, où elle subit diverses élabcrations dont la lumière solaire paraît être un des agens, direct ou indirect. En effet, sous son influence la solution aqueuse éprouve une immense exhalation qui rap- proche les substances dissoutes. En outre, l'acide carbonique libre, tant celui qui peut exister acciden- tellement dans la sève, que celui de l'atmosphère am- biante, est décomposé, lé carbone fixé et l'oxygène rejeté au dehors. Dans l'obscurité, au contraire, l'oxygène de l’air ambiant est absorbé, combiné avec les produits carbonisés contenus dans la sève, puis ( 252 ) l’acide carbonique résultant, décomposé de nouveau au retour de la lumière, et l'oxygène exhalé de nou- veau au dehors, sauf ce qui peut être nécessaire pour former certains produits oxygénés spéciaux à chaque, végétal. Enfin , si la sève a porté avec elle quelques matériaux solides, impropres à la nutrition de la plante ou à sa structure, ils restent dans les feuilles qu'ils concourent à vieillir en obstruant leurs ca- naux. Ces faits sont certains; mais on sait encore (ou du moins on se croit assuré de savoir), par des in- ductions très multipliées et très vraisemblables, qu'une portion au moins des produits nouveaux, ainsi formés dans les feuilles, redescend dans la tige, même dans les racines, et va en nourrir les diverses parties. Toutefois, on n’a pas jusqu’à pré- sent saisi ces produits dans leur retour ; et ce phé- nomène est seulement déduit des résultats composés, qui semblent ne pouvoir être conçus autrement. J'ai tâché d'ajouter à ces considérations indirectes quel- ques élémens positifs, en déterminant, par l’expé- rience, dans la première sève ascendante de plusieurs arbres, l'existence de certains produits carbonés; puis, examinant les transformations que ces maté- riaux subissent dans les organes foliacés à mesure que ceux-ci se développent, et enfin, cherchant si les composés nouveaux ainsi formés par les feuilles, se retrouvent dans les sucs que l’on suppose redes- cendre, je n’ai rien vu qui ne fut concordant avec cette opinion. Ainsi, en considérant le bouleau, par exemple, ( 253) la sève ascendante au premier printemps contenait du sucre tournant à gauche; arrivé dans les feuilles, le sucre disparaît; il est remplacé par du sucre tour- nant à droite et intervertible par la fermentation. Or, précisément cette seconde espèce de sucre, formée par les feuilles, est celle qui existait au milieu de mai sous l’écorce dans le cambium que l’on suppose formé par les sucs descendans, et il semble bien de- voir venir des feuilles; car, à cette époque, la sève ascendante que j'avais forcée de couler dans mes ap- pareils, ne contenait aucun principe sucré. * Dans le Sycomore, la sève du premier printemps contient un sucre d’une nature différente : c’est du sucre tournant à droite et intervertible ; les feuilles, après l'avoir recu, le changent, et forment du sucre tournant à gauche. Or, cette seconde espèce de sucre se retrouve aussi en forte proportion au mois de mai dans le cambium, où la sève ascendante n’a pas pu l'apporter, puisque celui qu’elle renferme est dif- férent. À l’époque de année où la force de la végéta- tion va en déclinant, depuis le milieu d'août et les premiers jours de septembre, j'ai observé un phéno- mène qui me semble propre à faire concevoir com- ment la descente des sucs formés par les feuilles peut s’opérer, du moins en ce que cette descente a de mécanique. Pour faire sentir la signification de ce phénomène, je dois d'abord dire que, dans toutes mes expérien- ces, le mouvement de la sève dans les tiges des arbres m'a paru avoir pour une de ses causes déterminantes la qualité éminemment hygroscopique du tissu végétal. (254 ) A la base de l'arbre, les spongioles des racines intro- duisent la sève ; au sommet, les feuilles l’évaporent en abondance. Entre ces deux points extrêmes, le tissu végétal, indépendamment de sa vitalité, m’a paru agir sur les liquides qu’il renferme ou qui s’y in- troduisent, exactement comme ferait un système de grenules éminemment hygroscopiques, contigus les uns aux autres; comme agirait, par exemple, un cône | ou un cylindre composé de charbon animai en grains. Entourez un pareil cylindre d’uneenveloppeimperméa- ble au liquide introduit en bas par les spongioles, vous aurez les phénomènes du Bouleau. La colonne hygros- copique s’humectera d’abord progressivement de bas en haut par imbibition ; ét, en lui fournissant ainsi par degrés insensibles tout le liquide qu’elle peut aspirer, elle se mettra d’elle-même dans l’état de saturation qui convient à sa masse, sous les conditions de forme et de température qu’on lui aura données, etauxquelles on pourra encore ajouter, si l’on veut, une faible évapo- ration vers le sommet pour représenter la faible exhala: _ tion des jeunes bourgeons pendant l'hiver. Un tel équi- libre étant établi, concevez que, par une modification extérieure de surface ou de température, l’exhaïation des parties supérieures recoive quelque léger accrois= sement ; elles agiront aussitôt par succion sur les par- ties inférieures pour réparer cette perte; et si la force d'introduction à la base est exactement proportions | née , l’état de saturation continuera de subsister dans toute la colonne avec transport continuel et invisible | de liquide de la basc au sommet ; mais alors si la force |» inférieure, venant à croître, introduit le liquide un peu plus abondamment qu’il ne peut être absorbé par (1245,) les parties supérieures imparfaitement saturées ; ou si le besoin d'imbibition de ces parties vient à diminuer par une variation extérieure de la température; ou enfin si ces deux causes se trouvent accidentellement agir à la fois, il y aura momentanément excès, tur- gescence dans la colonne hygroscopique, sur-tout dans les parties inférieures par lesquelles le liquide afflue, et que nous supposons relativement dépourvu d'exhalation. Si donc vous y pratiquez une ouver- ture latérale dans de telles circonstances, il s’y opérera un écoulement, du moins si la fluidité du liquide surabondant est assez parfaite pour qu’il s’é- chappe ; ce qui s’observe au premier printemps dans Je Bouleau avant que ses feuilles soient développées. On peut même ajouter, comme un nouveau trait de ressemblance, que l’action latérale-de la chaleur sur une pareille colonne de granules hygroscopiques iner- tes diminue sa capacité de saturation , et, si elle est en effet exactement saturée, la contraint à l'instant d'abandonner une portion du liquide qu’elle renferme, précisément comme le soleil le fait sur le Bouleau et sur les autres arbres, qui laissent couler leur sève au dehors. Mais les feuilles une fois développées, tout {change ; elles exhalent une portion du liquide as- cendant si considérable, que la force d'introduction "inférieure peut à peine suffire pour y suppléer. Le sommet de la colonne hygroscopique se trouve ainsi toujours entretenu dans un état relatif de sécheresse et d'absorption qui rend tout écoulement latéral im- possible. Remplacez maintenant l'enveloppe imperméable (256 ) de la colonne hygroscopique par une écorce, capable elle-même, à un certain degré, d'absorption à l’inté- rieur et d’exhalation au dehors, ces deux conditions nouvelles influeront évidemment sur la possibilité de ‘écoulement latéral. L’affaiblissement de la propriété exhalante par un froid subit la favorisera, et, dans ce cas, l'émission du liquide, au lieu d’être pro- gressive du bas en haut de la colonne, comme dans le Bouleau, devra être simultanée pour toutes ses parties , sauf ie plus ou moins d'épaisseur ou de sen- sibilité locale de l’épiderme. Ce sont-là précisément et minutieusement les phénomènes que présente l’é- mission de la sève au premier printemps dans le Noyer et dans le Sycomore, avant que leurs feuilles soient développées; car, aussitôt que ce développe- ment a lieu, même je crois, dès que la couche verte intérieure de l’écorce, ranimée par la chaleur com- mence à développer activement son travail d’absorp- tion, toute émission latérale cesse. L'influence des feuilles sur le mouvement intérieur des liquides étant ainsi conçue, examinons ce qui doit arriver lorsque l’air atmosphérique qui enveloppe ces grands appareils évaporatoires, subit une réduction brusque de température, qui diminue momentanément la quantité d’eau hygrométrique qu’il peut admettre, et même le contraint à en abandonner, comme cela arrive ordinairement à l’entrée de la nuit: cet excès d'humidité ambiante, ce dépôt même qui s’en pourra opérer sur les feuilles diminuera ou suspendra tota- lement l’évaporatior, suretout en l'absence du stimu- lant de la lumière solaire, qui est une de ses causes (257) excitantes. On sait même que dans cette circonstance les feuilles deviennent capables d'absorption , et ainsi peuvent introduire de l’eau dans le végétal. Alors les sommets de la colonne hygroscopique où le liquide inférieur continue d'arriver , se trouvant bientôt hu- mectés surabondamment, devront laisser refluer leur excès (1). Dans les parties inférieures , indépendamment de l'avidité vitale que celles-ci pourront avoir pour aspi- rer de préférence quelques-uns des produits élaborés, il s’opérera donc ainsi des alternatives d’ascension et de descente des sucs liquides, exactement telles que le demandent les résultats composés d’où l’on ir- fère l'existence de pareils mouvemens. Or, il est clair que le même effet devrait se pro- (1) Pour constater cette propriété, prenez un entonnoir de verre, et après avoir introduit dans son col un bouchon percé que l’on recouvre par une couche peu épaisse de mèches de coton mouillé, achevez de remplir l’entonnoir avec du charbon animal en grains. Cette préparation faite , laissez tomber graduellement sur le charbon autant. d’eau, par goutte , qu’il en faut pour le saturer; ce que vous reconnaîtrez avoir obtenu lorsque chaque nouvelle gontte incidente déterminera la chute d’une goutte équivalente au bas de l'appareil. Alors, ajoutez un très petit excès d’eau, eL observez le momeut où cette eau élant exactement absorbée, les gouttes inférieures se suc- cèdent à de longs intervalles, par exemple, de cinq ou six minutes. Si alors vous portez l’apppareil devant le feu d’une cheminée, l’é- coulement augmentera anssitôt, et la chute des gouttes sera bien plus fréquente. Je n’ai fait cette expérience qu’en saturant d’abord le filtre à la température ordinaire ; mais sans doute cet élément doit avoir une influence considérable sur ces effets, et y introduit peut-être des yariations que l'expérience seule peut faire conpaître. XXX. YA (258) duire encore, et se produire avec continuité, si a propriété exhalante des feuilles s’affaiblissait avant que les organes introducteurs eussent ralenti propor- tionnellement leur action : c’est justement ce que j'ai observé depuis le mois de septembre. Les mêmes arbres qui, au printemps, m’avaient laissé obtenir leur sève ascendante, les Bouleaux, les Noyers, les Char- mes, les Ormes, les Sycomores, ont reproduit, depuis cette époque, un suintement presque constant dans’ | mes appareils. Ce n’est plus toutefois une sève comme | celle du printemps, car elle ne renferme aucun prin- , cipe sucré, soit qu’il ne monte plus maintenant de | sucre des racines, ou qu’il n’en descende plus des | feuilles, ou que les cellules vivantes se l’approprient à son passage. J'avais déjà observé plusieurs fois le même phénomène accidentellement pendant l'été sur plusieurs arbres, même sur des Peupliers d’Ita- lié et des Platanes dont au printemps je n’avais pas obtenu de sève; mais je ne m’en rendaïs pas compte: alors : seulement je remarquais qu’il s’opérait ordis} nairement après des jours de pluie. Aujourd’hui, sa généralité et sa constance dans quelques espèces ne | peuvent plus me laisser de doute; car, dans de grands Noyers, par exemple, non-seulement j'ai vu, et l’on. voit maintenant encore, couler cette sève par goutte d’une manière continue, principalement sous l’exci- tation de la lumiére solaire; mais je l'ai recueillie d’une seule ouverture en quantité plus que suffisante pour l’étudier par la polarisation et pour assigner les caractères qui la distinguent de la sève de printemps. Ceci peut faire comprendre l'observation si sou- ( 259 ) vent rappelée de Coulomb qui, ayant fait couper de gros peupliers au cœur de l'été, a vu jaillir de” leur axe un liquide ascendant mêlé d'air , lequel n’au- rait pu s’écouler ainsi en dehors tant que le tronc de l'arbre était en commanication avec un sommet garni de ses grands appareils évaporatoires. J’ai vu de même un grand Bouleau, que j'avais fait couper le 16 fé- yrier à un mètre au-dessus du sol, donner continuel- lement et abondamment de la sève pendant plus de trois mois par la seule force d'introduction de ses ra- cimes , tandis que déjà au miliew d’avril les Bouleaux feuillés n’émettaient plus rien, et celui-ci ne cessa de | laisser couler sa sève que lorsqu'il se fat développé sur son tronc plusieurs bourgeons adventifs qui pous- sèrent vigoureusement des tiges vertes et des feuilles, au moyen desquelles toute la sève ascendante fut bientôt aspirée et sa partie aqueuse exhalée, à mesure qu'elle arrivait à leur point d'insertion. Un autre Bouleau, coupé seulement le 13 mai à un mètre au- dessus de terre, pour recueillir le cambium sur sa tige, donna immédiatement de la sève par la surface de coupure et par des ouvertures faites à son tronc ; cette sève ne contenait non plus aucune trace de prin- cipe sucré, les feuilles se suffisant alors par elles- mêmes. Mais un Sycomore, que je coupai aussi à la même époque pour le même but, ne me donna pas une goutte de sève par les ouvertures latérales de son tronc, et la surface de section resta constamment sèche, même quand les bourgeons adventifs, qui plus tard y poussèrent avec vigueur, ne s'étaient pas encore fait jour au dehors. Cependant la couche in- ( 260 ) térieure de l'écorce qui était du vert le plus vif, continuait de rester humectée pendant tout ce temps; et ce fut cette circonstance qui, jointe à d’antres par- ticularités relatives au mode d'émission de la sève dans cette espèce, me persuada que son écorce devait posséder, à un certain degré, la faculté d'absorp- tion à l’intérieur et d'émission au dehors, que les or- ganes foliacés exercent si éminemment. Pour compléter cetensemble de données sur la vé- gétation des feuilles, il convenait de répéter mainte- nant sur elles les mêmes épreuves physiques et chi- miques que j'avais faites au premier printemps. J'ai commencé par celles du Bouleau. Recueillies le 11 septembre dans un parfait état de verdure et de vie, elles semblaient au tact plas sèches et moins souples qu'au premier printemps ; leur extrait, éprouvé par la polarisation circulaire, ne présenta plus comme alors un sucre tournant à droite et intervertible. IL n’y existait aucunc trace de principe sucré ; mais à sa place on trouvait une matière mucilagineuse, préci- pitable par l’alcool, en longs filamens blancs qui se tressaient ensemble, après quoi on pouvait les ex- traire mécaniquement et les redissoudre complétement dans l’eau. Cette matière n’exercait aucun pouvoir rotatoire sensible, non plus que l'extrait dont elle faisait partie; celui-ci n’était pas non plus suscep- tible de fermentation. Le Sycomore, qui s’était jusque-là montré si diffé- rent du Bouleau dans toutes ses phases, conserva en- core son opposition dans celle-ci. Les feuilles de Sycomore, eueillies le 18 septembre encore bien , [1 L { 261 ) vertes et dans un état complet de vie, étant traitées comme celles du Bouleau, présentèrent un sucre tournant à gauche et non intervertible, précisément comme avaient fait celles du printemps, et cela n’était pas dù à ce qu’elles auraient été moins avancées que celles du Bouleau vers leur décadence annuelle; car ces mêmes feuilles, déjà rougies des teintes de l'automne, même déja mortes, tombées et recueillies sur la terre, ont encorc présenté la même espèce de sucre et dans une proportion qui ne paraissait pas inférieure à celle des feuilles vertes, autant qu'il m’a été possible d'en juger par une épreuve que je n’ai pas pu rendre aussi exactement comparative que je l'aurais désiré. Les feuilles automnales du Lilas et du Noyer, trai- tées de même, se sont trouvé pareïllement contenir du sucre qui, différent dans ces deux espèces, était pour chacune de nature pareille à celui que j'y avais trouvé au premier printemps. Les feuilles de Tilleul que je n'avais pas essayées alors, m'ont donné un sucre tournant à droite et intcrvertible que je soupconne mélangé de sucre non susceptible d’inversion. La question si importante de la nutrition des tiges par les sucs descendans pouvait encore être indirec- tement éclairée par une autre classe de phénomènes que je n'ai pas négligé d'étudier. Il existe des plantes herbacées vivaces , telles que la Luzerne et le Trèfle, dont la tige se coupe impunément plusieurs fois dans la même année et qui reproduisent autant de fois des pousses nouvelles, capables de floraison et de fracti- fication. Pour apprécier l'influence réciproque des racines et des tiges dans l’accomplissement de leur vie ( 262 ), commune , il était utile d'examiner si ces pousses suc= cessives, coupées à des époques comparables, con- tiennent des produits carbonés semblables ou essen- tiellemant différens dans leur nature : c'est ce que j'ai tâché de voir. ; À la fin de mai, j'ai pris des premières pousses de Luzerne et de Trèfle non fleuries, et après en avoir fait des extraits que j'ai décolorés par le charbon ani- mal, je les ai soumis aux épreuves de la polarisation circulaire. J'ai reconnu ainsi, dans tons les deux, l'existence d’un sucre analogue au sucre de fécule, plus une ma- tière glutineuse précipitable par l'alcool comme la dextrine, et comme elle exerçant la rotation à droite, mais avec une énergie beaucoup moindre. Cette ma- tière ainsi que le principe sucré abondaient plus dans le Trèfle que dans la Luzerne, dans le rapport de 21 à 17. Les deux extraits contenaient aussi diverses sub- stances salines dont les cristaux devenaientdiscernables quand on les laissait évaporersous le microscope. Mais comme toutes les matières solubles sont indifférem- ment aspirées par les racines des plantes, il m’eût été difficile de distinguer parmi ces cristaux ceux qui étaient essentiels ou accidentels, et il suffisait pour mon | but de n'attacher à reconnaître des produits carbonisés qui fussent indubitablement l'ouvrage de la végétation: Ces plantes ont produit une seconde pousse, puis. une troisième que j'ai traitée de la même manière. J'y ai retrouvé les deux principes précédens sans aucune différence de caractère; seulement la proportion d’eau était plus abondante dans les dernières coupes,que ( 263 ) dans la première , sur-tout dans la troisième coupe de Trèfle qui était à peine naissante quand je l'ai analysée. Pour rendre cette comparaison plus précise, j'ai pris des poids égaux de Luzerne sèche, de première et seconde coupe récoltées dans le même champ im- médiatement apnës la floraison; j’en ai fait des extraits avec des quantités d’eau épales; je les ai ramenés à une même densité avec tous les soins convenables dans une expérience comparative. Ces deux extraits m'ont offert le même sucre et la même matière glu- tineuse tournant à droite; seulement l'extrait de se- conde coupe m'a paru sensiblement plus riche que l’autre en matière sucrée: et celui-ci contenait de plus un excès de matières salines neutres provenant vrai- semblablement des cendres pyriteuses que l’on avait répandues cette pousse au premier printemps. Or. nu par d’autres expériences que les organes foliacés ont en eux-mêmes le pouvoir de former des produits pareils à ceux qui se montrent dans les pousses successives , la constance de leur production n’a rien que de simple à concevoir, puisqueles organes qui les créent renaissent; et alors il suffit que cette renaissance des organes foliacés soit possible dans un végétal, pour que les tiges se développent de nouveau et que les racinés continuent à vivre, par le jeu al- ternatif des sucs ascendant et descendant; précisément comme les racines des arbres dont on a coupé le trone continuent à vivre quand elles ont la faculté et la force de développer de nouveaux jets feuillés. Si les faits que je viens de réunir sont , comme je le crois, liés les uns aux autres d’une manière solide, ( 264 ) ilen résulte deux inductions très vraisemblables, la première c’est que l’alimentation des organes foliacés par la sève ascendante, et celles des parties vertes de la tige où ils s’attachent, doit s’opérer principalement pendant le jour; au lieu que l'alimentation &es racines, et la formation des nouvelles coughes par les sucs descendansdoivent s’effectuersur-tout pendant la nuit; lorsque l’affaiblissement de l’exhalation des feuilles di- minuant la succion hygroscopique ascensionnelle ou la faisant cesser, ou même y substituant l'introduction, le flux intérieur rétrograde du sommet vers la base, et porte ainsi momentanément aux parties inférieures un excès desuc alimentaire où elles puiseront les par- ticules nutritives qui leur conviennent. Il ne faut pas s’imaginer que la réaction ainsi établie serait trop peu rapide pour devenir sensible dans des LL. si fréquentes; car lorsqu'on forme un cylifidre de grains hygroscopiques inertes, et qu'on le sature exactement d’eau ou même de solutions salines fort chargées, la continuité ainsi établie entre les particules liquides est tellement intime, et leur communication tellement libre , que si l’on dispose verticalement le cylindre, uneseule goutte liquide ajoutée à la section supérieure fait à l'instant tomber une goutte égale de la base; or, on a un résultat exactement pareil en opérant de même sur un gros cylindre de bois de Bouleau frai- chement coupé, et la communication des particules liquides n’y estni moins libre ni moins parfaite. Elle peut donc l’être autant dans tout autre arbre pour les sucs qu’il admet, et dans les circonstances d’imbi- bition ou de température que la nature de son tissu * (0265 )) hygroscopique demande. Or, ce sont là les seuls éié- ments de notre conclusion. La seconde induction qui n’est autre que la pre- mière appliquée à un temps plus étendu , c’est que dans les arbres exogènes qui perdent leurs feuilles , l'accroissement annuel des tiges s'opérant en été, l’ali- meutation des racines doit continuer de s’effectuer en hiver et même avec plus d'abondance qu’à toute autre époques; car la succion ascensionnelle se trouvant ar- rêtée par le froid et par la suspension de la végétation au-dessus du sol, les racines qui ne sentent rien ou presque rien de ces variations dans la profondeur où elles vivent, peuvent accumuler dans leur intérieur tous les sucs que leur situation abritée leur permet alors d’aspirer du sol comme dans toute autre saison. L'activité particulière de la végétation au premier printemps, serait produite par l’irruption de ces sucs accumulés , lorsque la douceur de la température au- dessus du sol rendrait de nouveau la succion hygros- copique de la tige possible par le renouvellement de sa faculté exhalante. Non-seulement ces grandes alternatives de la vie des plantes, mais une foule d’autres détails de physio- logie végétale, se résolvent ainsi avec une simplicité extrême , en combinant, comme nous venons de le faire , l’action introductive des spongioles radicales et la faculté exhalante des feuilles, avec la propriété éminemment hygroscopique du tissu. La première et la dernière de ces trois forces sont depuis long-temps prouvées, par des expériences nombreuses , auxquelles le principe de l’endosmose a ( 266 ) donnéunecomplette netteté d'application. Ea' propriété hygroscopique intermédiaire a été spécialement si- gnalée par Sénébier comme étant un élément essentiel et suffisant du transportintérieur des fluides. Mais il ne réussit pas à faire partager aux physiologistes cette opinion de son importance parce qu'il ne la séparait pas assez nettement de l’action introductive, et parce qu’il n’avait pas à présenter des faits qui pussent faire suffisamment comprendre l'énergie et la rapidité dont est susceptible ce mode d'action. Au- jourd'hui de tels exemples ne nous manquent point; et en outre la théorie des phénomènes capillaires per- fectionnée, nous fait concevoir que la lenteur ou l’im- perfection de l’imbibition dans les essais tentés parles premiers expérimentateurs sur certaines matières principalement minérales, n’entraîne nullement les mêmes résultats dans des substances autrement com- posées on organisées; ce que le seul exemple des granules du charbon animal suffit pour mettre hors de doute. Il faut toutefois bien remarquer que la propriété dont il s’agit étant un élément mécanique du phé: nomène , n’exclut nullement les actions chimiques, que les cellules vivantes du tissu végétal peuvent loca= lement. exercer sur les sucs qui les baignent ou qui les imbibert. Ces actions sont évidemment des phé- romènes d’un autre ordre, que la détermination séparéé des effets mécaniques, plus exactement faite, permettra d'isoler et d'étudier plus aisément. Aïnsi, en rem» plaçant l’action introductrice des spongioles radicales par une force mécanique, et employant la végétation elle-même pour créer des organes évaporatoires ; je LE ( 267 ) suis parvenu à construire un appareil hygroscopique - qui reproduit tous les mouvemens mécaniques de la sève dans le Bouleau, c’est-à-dire son ascension pro- gressive de la base au sommet, son écoulement pareil- lement progressif par des incisions latérales avec ses intermittences d'intensité accidentelles, dépendantes des variations de la température et de la texture plus ou moins serrée du tissu ; puis la diminution de cet écoulement extérieur, malgré une succion plus abon- dante, à mesure que les organes évaporatoires sont graduellement développés , et enfin sa cessation abso- lue, sous certains degrés de force introductive lorsque ces organes sont développés suffisamment ; ce sont la il est vrai de simples jeux de mécanique, mais la com- paraison de ces jeux avec les effets réels, nous servira à distinguer ce que ceux-ci ont en outre de vital, c’est- a-dire ce qui y dépend des sécrétions et de l’assimi- lation. Voilà tout ce que nos expériences physiques peuvent faire. Pour appliquer le même mode d'imita- tion à d’autres arbres, il faudra étudier les caractères Spéciaux de leur action hygroscopique qui paraît bien loin d’être semblable dans tous : c’est ce que j'ai commencé à faire; mais cés recherches demandent beaucoup d'essais et de temps. C’est pourquoi j'ai cru pouvoir toujours exposer ici celles qui précèdent. S'il est périlleux pour les savans de pousser trop loin les conséquences des faits qu’ils observent , il serait nuisible aux sciences que l’on n’osât pas émettre hardiment des idées nouvelles, lorsqu'on les présente comme de simples inductions qui semblent découler naturellement des faits. ( 268 ) OssErvarions sur l’organisation de quelques Vers intestinaux ; Par M. Norpmann (1). 6 3. RECHERCHES SUR LES DIPLOSTOMES, Les Diplostomes ressemblent, jusqu'a un certain point, aux Distomes; ils se rapprochent aussi, sous (1) Ces observations sont extraites d’un travail très étendu sur les vers intestinaux, qui forme le premier volume d’un Ouvrage inti- tulé Mikrographische Beitrage zur Naturgeschichte der wirbellosen Thiere, et imprimé in-4, à Berlin en 1832. On y trouve deux dis- sertations : la première a pour objet les parasites qui se trouvent dans les yeux des différens animaux ; la seconde contient la des- cription de quelques Helminthes nouveaux. Dans la première disser- tation, M. Nordmann s'occupe successivement des vers qui se ren- contrent dans les yeux de l’homme ( Filaria oculi humani et Cys- ticercus cellulosæ ); 2° dans ceux des autres mammifères ( Filaria pupillosa et Cysticercus cellulosæ \; 3° dans les yeux des oiseaux ( Filariu) ; 4° dans les yeux des reptiles ( Filaria oculi ranæ) ; et 5° dans les yeux des poissons { Filaria crassiucusla , Oxyuris velo- cissima , Diplostomum volvens, Diplostomum clavatum , Holostomum euticola , Holostomum brevicaudatum , et Distomum annuligerum ). Dans la seconde dissertation , l’auteur traite du onostomum præ- morsum, du Diplozoon parudoxum , de trois espèces du genre Oc- tobothrium; du Polysiomum appendiculatur:, du Distomum rosaceum, du Distomum perlatum, du Bothriocephalus bicolor, et du Grypo- rhynchus pusillus. Eafin , dans un Appendice il décrit deux espèces da genre Gyrodacty lus. Les parties les plus intéressantes de ce travail sont celles qui ont rapport aux Dipiostomes , aux Distomes , aux Dyplozoon et aux Gy- rodactyles ; et comme l’espace nous manquerait pour les reproduire toutes ici, nous ayons choisi de préférence celles que nous venons d’énumérer. R. | | | | | ( 269 ) plusieurs rapports, des Holostomes, et, à quelques égards, ils ont même de l’analogie avec certains Cer- caires; mais ils présentent en même temps des parti- cularités si nombreuses, que je crois pouvoir les con- sidérer comme formant un genre particulier. Toutes les espèces de ce genre sont petites, mais néanmoins visibles à l'œil nu; elles ont à peu près un quart de ligne de long. Elles forment deux groupes, que l’on reconnaît aux caractères suivans : dans le premier de ces grou- pes, le corps est aplati et plus ou moins ovale; son bord antérieur est garni de deux saillies en a d'oreilles que l’animal peut rétracter; la bouche, qu'on remarque à la partie antérieure du corps, est la même que chez les Distomes ; à la partie inférieure du ventre, qui est extensible, se trouvent deux ven- touses très saillantes, et dont la postérieure est tou- jours la plus grande; le contour postérieur du corps Bet garni d’une bordure renflée; elle est plus ou moins courbée en dedans et présente sur le côté du dos une espèce de sac appendiculaire ; enfin l’intes- tin est jaunâtre. Dans ie deuxième groupe de ce genre, le corps est plus long et plus cylindrique; il est arrondi par-devant, atténué postérieurement, très fin et faiblement crénelé sur les bords, mais sans aucune trace d’une bordure renflée; du reste, il est semblable à celui des auimaux appartenant à l’autre type. Je connais jusqu’à présent cinquante-huit espèces tant de l’un que de l’autre groupe de ce genre: je les ai trouvées en partie dans des poissons de rivière, en (270 ) partie dans des poissons de mer. Mon plan n'est pas d’en faire ici la monographie, je me réserve cette tâche pour un autre cahier de cet ouvrage; mais je donnerai une description exacte d’une espèce de cha- cun des deux groupes, et cette espèce pourra être considérée comme le type des autres. Diplostomum volvens. Types du premier groupe. Cet animal que je trouvai d'abord en nombre con- sidérable dans l’hyaloïde d’un œil de Sandre ( Perca lucioperca), vit aussi dans l’œil des autres espèces de Perches (Per. fluviatilis et P. cernua), et dans celui de, la Lotte (Gadus lota); je Y'ai rencontré non-seulement"| dans l’hyaloïde, mais aussi dans l’humeur aqueuse, la glande choroïdienne , l'humeur de Morgagni et l’in térieur de la substance du cristallin. Toutefois il n’e- xiste pas toujours dans toutes ces parties de l’œil à la | fois : lorsqu'il se trouve dans le cristallin, il manque ? souvent dans les autres humeurs, particulièrement | dans l’humeur aqueuse. Il en est de même à l’égard de tous les autres Diplostomes. Parmi les poissons il y a des individus qui parais- sent particulièrement propres à avoir à la fois une grande quantité de ces vers. J’en ai trouvé, par exem- ple, 290 dans le cristallin d’une Lotte , et 157 dans l'hyaloïde du même poisson. Cette énorme quantité faisait que le cristallin paraissait blanc, et qu'il était affecté de cataracte. J’ai compté dans la lentille d’un Rotengle (Cyprinus erythrophthalmus) 270 de ces. vers, et dans l’hyaloïde du même poisson 98, outre nn (271) ceux qui se trouvaient entre la cornée et l'iris. Les saisons, l’âge du poisson, l'endroit où il se trouve ét d’autres circonstances de cetie nature, n’ont, autant que j'ai pu l’obscrver, aucune influence sur Île nombre de ces Helminthes. : La forme générale de ce parasyte (1) estla même que celle d’un Holostome, si ce n’estque le corps est plat, assez large et arrondi postérieurement , un peu échan- cré sur les côtes et tronqué antérieurement, Les deux saillies latérales de la tête se dessinent souvent assez fortement par les mouvemens de l'animal, et forment alors des lobes en forme d'oreilles. La contraction de ces lobes se fait de la même manière que celle des antennes de certains mollusques. On remarque de sem- blables saillies en forme d’antennes chez les Holos- tomes, mais elles sont plus rapprochées de la bou- che. Les changemens de forme de la saillie médiane placée au-dessus de la bouche , dépendent uniquement des mouvemens des bords de cette ouverture, car à mesure que ceux-ci se gonflent plus ou moins en se recourbant , elle devient plus ou moins distincte. Le ventre est plus ou moins concave, suivant que les bords latéraux se replient plus ou moins en de- dans ; mais il ne remplit jamais les fonctions d’une ventouse , comme cela a lieu chez certains Holostomes (Cryptostomum , Nitgsch ). Les mouvemens de l'animal, qui sont rarement brusques, sont néanmoins très variés. La manière dont ce ver se contracte est même très remarquable : (1) PL 18, fig. et 2, ( 272 ) quelquefois son corps paraît presque circulaire ; il se courbe en arrière et touche avec sa tête la ventouse postérieure; c’est avec une certaine grâce, si je puis m’exprimer ainsi, qu’il se recourbe de la sorte. Pour avancer, il s’étend puis se rétrécit , et pendant ces mouvemens, des plis assez considérables se font remarquer aux deux côtés de son corps. Enfin, lorsque cet animal est près de mourir, il prend une forme tout-à-fait ovale et se couvre de fortes rides. Le corps est d’une couleur blanchâtre. Au moyen d’un fort microscope, on voit qu’il est presque trans- parent, et qu’il le serait encore davantage s’il n’existait pas, répandue dans toute sa substance , une grande quantité de vésicules presque opaques. Chez les indi- vidus déjà vieux, le tissu cellulaire qui occupe l’in- térieur du corps, paraît d’un brun clair, particulière- ment aux côtés ; cette couleur se remarque également dans les individus qu’on a laissé un certain temps dans les humeurs d’yeux corrompus. Quant aux vésicules dont nous venons de parler, on se tromperait si l’on voulait les prendre pour les œufs de l’animal. Elles sont, en général, fortement dessinées ; leur nombre est très varié dans les différens individus, et elles s’accu- mulent sur-tout aux côtés du corps; leur grandeur est aussi très différente. Les petites vésicules se trouvent particulièrement à la surface, les plus grandes dans l’intérieur du corps. Baer dit avoir aussi remarqué des vésicules semblables chez les Cercaires (1). La bouche, que le ver ouvresouvent très fortement, (1) Noya Acta Acad, Leopol , tom. xur, part. 11, p. 620. + ( 273 ) se trouve à l'extrémité de la tête, mais au côté inférieur du corps, où sont aussi les ventouses(r). Les bords sont gonflés, et l’on peut y apercevoir, à certains mouve- mens, des fibres musculaires placées en rayons : les fibres musculaires de la bordure renflée, qui entourent la bouche, sont, par contre, placées concentriquement. | L’orifice de la bouche est assez large et ordinairement rond ; toutefois il prend aussi beaucoup d’autres for- mes. Tantôt il est ovale; d’autres fois ce n’est qu’une petite fente, souvent même on dirait qu’il disparait | pendant des heures entières. L’œsophage, qui fait suite à la cavité de la bouche, {est petit, ovale, transparent , et ne change que très peu de forme (2). Il conduit à un canal fourchu, assez large, {dont chaque branche descend en serpentant aux deux côtés des ventouses, se replie à peu près en forme de cercle au-dessous de la grande ventouse, et entre enfin dans la portion caudale qui est en forme de sac, et qui semble être un appendicé de la partie postérieure du corps; la, ce canal se gonfle plus ou {moins et se perd sans s'ouvrir au-dehors (3). Du reste, les deux branches de l’intestin changent leurs formes {de différentes manières, selon les mouvemens divers du ver : par une forte contraction du corps, elles pa- raissent comme deux canaux ondulés. La matière nu- |tritive, contenue dans leur intérieur, est d’un brun jaunâtre, sur-tout chez les vieux animaux ; ce qui fait QG) PL 18 , fig. 1. (2) PL. 18, fig. 1et2, etpl 19 ,fig. rc. (3) PL 18, fig. 1, 2, etc. XXX 18 ( 274 ) | que chez eux, on distingue très facilement cet organe: L'ouverture de la bouche ne sert pas seulement à re- eevoir la nourriture, mais aussi à expulser tout ce qui. n’est pas digestible; disposition qui, du reste, est commune à tous les Trématodes. À peu près au milieu du corps on aperçoit la ven touse antérieure qui est petite et ronde. Vue de côté, elle forme une saillie qui s’élève au-dessus du ventre (Pl.19, fig. 3, a) et a la forme d’un cône court et tronqué; la cavité antérieure de la ventouse ressemble, à un entonnoir, dont les bords, ainsi que ceux de la bouche, sont gonflés et ont la faculté de se contracter fortement. On voit l’animal ouvrir et fermer très sou vent cette ventouse, dont la cavité peut prendre difs férentes formes; son fond est tantôt élargi et arrondiÿss tantôt terminé en pointe, et ses parois intérieures se composent de deux sortes de fibres musculaisw v! res, dont les uns sont rayonnans et les autres cons centriques. Or en distingue quatre couches placées l’une sur l’autre, et chacune de ces couches produit, dans certaines circonstances , des mouvemens diffé= rens de ceux de la couche voisine. La grande ventouse (pl.18, fig.1; et pl. 10, fig. 3 dy | qui diffère sous plusieurs rapports de celle dont nous venons de parler, se trouve plus près du bord posté» | rieur du corps; elle occupe à peu près le milieu entre * celui-ci et la petite ventouse. Son diamètre est du double plus grand que celui de cette dernière, et qua- tre fois plus grand que celui de la bouche; elle est, aussi plus proéminente, plus extensible que laventouse | ë antérieure, et a pour l'ordinaire au milieu une cuver- | | (275) ture en forme d'étoile. Lorsqu'on vient de retirer l’a- _nimal de l'œil du poisson où il vit, elle est presque im- perceptible; mais elle se dessine très bien lorsque l’ani- mal a passé quelque temps dans l’eau. Elle se ferme et s'ouvre de la même manière que la ventouse antérieure, mais on n’y aperçoit pas les mêmes phénomènes qu’à celle-ci et à la bouche. Ses bords se recourbent en de- dans, en faisant quelques plis, et le tout, vu du haut, a à peu près la forme d’une pomme. Souvent l’ouver- ture centrale disparaît presque entièrement, et alors la ventouse ressemble à une cupulle. Quand l'animal rétrécit son corps autour de cet organe, comme il à coutume de le faire dans l’eau, et que le ventre forme ainsi une surface concave, la ventouse paraît très dis- tinctement. Enfin je n’ai jamais vu l’animal se fixer à la plaque de verre avec cette ventouse, aussi forte- ment qu'il le fait souvent avec la ventouse antérieure et la bouche. L’appendice en forme de sac qui se voit au-dessous du bord postérieur du corps, est ordinairement un peu repliée en dedans : il n’a aucune analogie avec la queue courte de quelques Distomes, et il res- semble plutôt à la partie postérieure des corps des Holostomes. Il est à la vérité plat, large à sa base et rétréci vers l'extrémité; mais vu de côté, il paraît partout également gros (pl. 19, fig. 3 d); il prend toutefois des formes très variées, parce que tantôt 7 7 Panimal le rétrécit et tantôt il l’étend. Ce sac renferme un gros organe, de forme ronde et ovale, qui se Li. distingue facilement du reste du corps par sa plus grande transparence , et on remarque à son extré- mité une ouverture très distincte. Après avoir étudié ( 276 ) le système vasculaire, je reviendraifsur cet organe, ainsi que sur l’ouverture du sac. Quant aux parties génitales de toutes les espèces appartenant au genre Diplostome, je dois observer qu’elles paraïssent très petites et très peu dévelop- pées à proportion de la grandeur de l’animal et de ses autres organes. Le système vasculaire de notre parasite, par exemple , se dessine bien plus clairement à l'œil que les parties génitales ; à la plupart des individus, il est même impossible de trouver quoi que ce soit qui puisse passer pour tel; aussi en a-t-on contesté l’exis- tence chez beaucoup de ces animaux. Chez les Disto- mes , les Monostomes et une partie des Holostomes, les ovaires remplissent la portion antérieure du corps, s'étendent plus ou moins sur les côtés, et montent en, serpentant jusqu’à l’œsophage. Dans les Diplostomes au contraire les parties génitales , sont très peu déve= loppées et sont renfermées dans la partie postérieure du corps, où elles n’occupent qu'untrès petit es=\ pace. Les organes génitaux femelles consistent en un seul canal ovifère, presque entièrement couvert par la plus | grande des deux ventouses , dont il ne dépasse que dé! peu les bords. Ce canal qu’on peut, au moyen d’un! microscope puissant, apercevoir sur le revers dé l'animal (du moins chez beaucoup d'individus), à la, forme d’un sac rond et ovale, dont les bords paraïs-! sent ridés et finement crénelés, Lorsqu'il contient des! œufs, qui, du reste, sont toujours ronds et transpä= rens, ils sont placés les uns sur les autres et se cachent tellement qu’il est impossible de se faire une idée claire! de leur véritable position, ni des cavités qui peuvent (277 ) les contenir. Dans quelques individus , les œufs étaient _ toutefois placés plus régulièrement, et parfois je fus même porté à prendre les rangées concentriques for- mées par ces corps pour les trompes. Quelquefois aussi les œufs me parurent rangés en files , qui partaient d’un centre commun et se présen- taient en forme de rayons. Je n’ai jamais pu découvrir une connexion quelconque entre le canal ovifère et les petites vessies rondes répandues dans le reste du corps. Immédiatement au-dessous de ces oviductes, on re- marque, dans les individus d’un certain âge, qui se dis- tinguent par leur couleur foncée, deux petites masses rondes et claires : ce sont les testicules, Ils sont placés l’un à côté de l’autre, et de chacun d’eux il sort un canal efférent , court, qui se prolonge en serpentant jusqu’au centre du canal ovifère ; il est du moins impossible de poursuivre ces canaux fins plus Join. Il n’existe aucune trace d’un pénis visible à l’ex- térieur. Je n'ai jamais pu apercevoir la sortie des œufs; aussi ne puis-je décider si elle s'opère par le canal qui s’etend depuis l’oviducte jusqu’à l’extrémité du sac , ou par toute autre voie. …. Quant à leur forme extérieure , les jeunes diplosto- mes diffèrent beaucoup des vieux; on peut même dis- tinguer dans leur développement trois degrés. Dans le premier âge, le corps du jeune ver est d’une forme cylindrique et se compose d’une masse très homogène et transparente ; toutefois le canal intestinal fourchu paraît déja entièrement développé. Certains mouve- (278) « mens, sur-tout celui qui pousse fortement en avant les grandes ventouses, sont particulièrement propres : à l'animal dans cet àge. Il se courbe presque en forme d’un genou ployé, ce qui fait ressortir fortement les deux ventouses (pl. 18, fig. 3). Sous cette forme cet animal nous rappelle le Distomum fractum et le D: genu, Rud. Du reste, le corps paraît, à plusieurs en- » droits, très resserré, et la partie postérieure quin’a pas k encore de sac, est souvent crénelée en forme de cœur. + Quelque temps après , dans le second âge, ces pe- tis animaux s’aplatissent et deviennent plus larges | antérieurement, tandis que par derrière ils deviennent plus étroits ; le rebord courbé se dessine déjà claire- ment à la partie postérieure du corps , et le sac qui y, est suspendu se développe peu à peu. Les saillies en forme d’oreilles, qui se voient à la tête des plus vieux individus, manquent encore. À cet âge l'animal est [ très transparent; les vésicules rondes dont son corps sera plus tard parsemé n'existent pas encore ; néans | moins le canal intestinal foncé se remarque déjà très | distinctement. Avant que le ver passe à l’état de dé: | veloppement complet , on y remarque une foule de) petites taches ou de petits points noirs, ce qui lui donne une couleur brunätre. | Les ventouses sont distinctes à cette période du développement, quoique différentes quant à leurs, formes de celles des plus vieux individus; elles sont plus saillantes, fortement rétrécies à leur base, sur=. tout la grande qui n’est que très peu liée au ventre, et qui, à tous les mouvemens de l'animal, semble vous loir s’en détacher. (279 ) Le système vasculaire des Diplostomes est facile à distinguer : en mettant l’animal dans une goutte d’eau , il s'attache avec la bouche ouverte, ou avec la ventouse antérieure à la plaque de verre sur laquelle on l’a placé, et alonge et rétrécit alternativement son corps. Avec un microscope de forme moyenne on aperçoit alors, de chaque côté du corps, deux canaux ‘ransparens qui descendent en serpentant le long du canal, intestinal (pl. 19; fig. : A). L’humeur que contient ces canaux a une légère teinte de couleur rouge; et ces canaux eux-mêmes sont les deux prin- Cipaux troncs du système vésiculaire. Outre ceux-ci on aperçoit encore au milieu de ce corps, un vais- seau impair , qui parcourt également en serpentant toute la longueur de l’animal. Les principaux troncs latéraux du système des vais- seaux, d’abord simples (pl. 19, fig. 1 A), prennent leur origine dans la partie antérieure du corps, aux deux côtés de la bouche , et donnent naissance immédiate- ment au-dessous de l’œsophage, à une branche de grosseur moyenne, qui descend en ligne oblique (fig. 6, B). Cette branche établit une communication entre les deux troncs latéraux qui se réunissent avec le tronc du milieu à l'extrémité antérieure de celui-ci. Chacun de ces troncs latéraux se courbe ensuite en arrière et descend en s’élargissant peu à peu., presque paral- lèlement avec le canal intestinal, jusqu’à ce qu’il ar- rive au-dessus de la ventouse antérieure où il se divise en. deux branches (E et F.) dont l’intérieure (E) est ordinairement la plus large. Cette branche intérieure donne naissance, près de son origine, à un autre > € » ( 260 ) vaisseau (G), qui, se réunissant avec une semblable du côté opposé, forme un pontqui traverse ce corps trans- versalement, un peu au-dessus de la petite ventouse. Les principaux troncs latéraux fournissent pendant tout l’espace qu'ils parcourent, depuis leur origine jusqu’à l’anastomose transversale dont nous venons de parler , six petites branches qui se dirigent vers l’inté- rieur du corps et dont la première (a) est aussi la plus large et la plus longue. Les autres sont plus courtes, se ramifient davantage et se dirigent vers la partie su- périeure du corps où elles forment un plexus. Ge ré- seau se remarque particulièrement à l’angle que fait la courbure latérale du tronc. Au côté extérieur du vais- seau principal, il se détache également plusieurs bran- ches (huit à neuf), mais elles sont plus petites, et se ramifient moins; deux d’entre elles passent très près des bords gonflés de la bouche. Le tronc médian fait, pendant son cours, beaucoup de courbures qu’on aperçoit particulièrement au-des- sous de la ventouse antérieure. Les branches, qu’il fournit dans tous les sens, depuis son origine jusqu’au niveau de l’anastomose transversale, s’en détachent en formant presque un angle droit ; elles atteignent à | peine les grands troncs latéraux et forment, en se ra- mifant de plus en plus, et en montant vers la surface du corps, un lacis très étendu. Au-dessus de l’anas- tomose trausversale , les branches qui partent du tronc médian sont plus grandes et plus larges, mais en moindre nombre. Ces branches postérieures n’attei- gnent pas non plus les grands troncs latéraux, toutefois ( 281 ) il s'établit entre eux une communication, au moyen de ramuscules anastomotiques. En passant entre le dos de l'animal et la ventouse postérieure, le tronc mé- dian, ainsi que les petites branches qui s’en détachent, deviennent moins distincts; toutefois je n'ai pu aper- ecvoir ce vaisseau qu’à son extrémité où il se divise en trois branches qui se rendent à l’organe en forme de poire que nous allons bientôt décrire. Les deux grands troncs latéraux descendent le long des bords de l'animal , l’un à côté de l’autre et presque parallèlement au canal intestinal ; dans leur cours, ils s'élargissent de plus en plus et donnent naissance à plusieurs petites branches : enfin ils aboutissent à un grand organe situé dans l’appendice, en forme de sac, de la partie postérieure du corps (pl. 19, fig. 1 H). Cet organe , qui a ordinairement la forme d’une poire, mais qui souvent aussi est rond ou ovale, est très clair «et transparent: au premier coup d'œil il paraît partagé en deux parties par un canal qui s’étend depuis l'ovaire jusqu’au bout de la queue; il dépasse un peu le sac dans lequel il est renfermé , et lorsque l’animal rétré- cit cet appendice, il touche à la ventouse postérieure. On remarque, au bout de cet organe pyriforme, un orifice très distinct, qui peut se fermer au moyen d’un sphincter. On pourrait l'appeler un réservoir de chyle. Il correspond évidemment à l'organe, en forme de coupe, que Bauer a observé dans la partie postérieure de l’Aspidogaster conchicala, ainsi qu'au réservoir chylifère de l'_Æmphistomum conicum que Laurer à dé- crit : mais ce qui nous surprend, c’est la grande lar- geur de cet organe dans les Diplostomes. (1282 ) Le système vasculaire n’a aucune connexion immé- diate avec le canal intestinal, à moins que ce ne soit par des canaux excessivement fins et imperceptibles, même au plus fort microscope. Une circulation de l’hu- meur contenue dans les vaisseaux ne se voit pas plus et on ne distingue aucune espèce de pulsation. Lors- que le ver se trouve dans l’hyaloïde de l’œil ou qu’on le met dans une goutte d’eau , on remarque facilement que de temps en temps l’appendice en forme de sac se rétrécit convulsivement et ne reprend que petit à petit son ancienne position. Je conclus de ce mouvement convulsif et de l’existence de l’orifice postérieur , ana logue à celui qu’on a observé chez plusieurs Distomes, qu'il sert à produire une excrétion. Afin de m'en assu: rex, je mis l'animal dans de l’eau colorée avec du tour- nesol, et alors j’apercus très distinctement l’excré- tion supposée qui se déchargeait assez fréquemment de l’orifice en forme d’entonnoir dont nous avons parlé tout-a-l’heure. La déjection se fait irrégulièrement, et pour l'ordinaire avec une certaine violence; de sorte que l’humeur qui sort et qui est claire comme l’eau | et très différente de l'humeur brunâtre contenue dans le canal intestinal, jaillit au loin. Un sphincter, com: posé de fibres musculaires circulaires et peu vis sibles, est placé autour de cet orifice qui a la forme d’un entonnoir. Sans parler de l'opinion souvent combattue par Baer (1), Nardo (2), Créplin (5), (1) Nova Acta Acad. Léopold , tom. xn1, part. 2, p. 536 et 561. Heussinger , Zeitschrift füer die organ. phisik. 2° cahier , p. 197. ger, BUAE p: 197 (2) Heussinger , Loc. cit. Tom.1, première partie (3) Nova observat, de Entozois, Berlin , 1828, p. G2. ( 283 ) Meblis (1) et Laurer (2}, touchant les fonctions de l'orifice postérieur que l’on a observé chez différens Trématodes et qui est analogue à celui dont nous ve- nons de donner la description, je dirai seulement, avec Mehlis, que je ne crois pas qu’on puisse lui don- ner le nom d’anus. à Laurer a trouvé que, chez l’Æmphistomum coni- cum , les ramifications se terminent par de petits ren- flemens en forme de vessies. J'ai cherché dans notre Diplostomum une disposition analogue dont je soup- connais l'existence à cause des petites vessies dont nous avons parlé ; mais ce fut en vain. Je n’aide même pu apercevoir aucun nerf; cependant il est certain que cet animal en a : aussi je suis très contrarié de me voir forcé de laisser cette lacune dans leur description. Il est surprenant que ces vers, une fois tirés de leur élément et mis dans de l’eau, puissent vivre aussi long- temps qu'ils le font. J’ai réussi plusieurs fois à les conserver ainsi en vie toute une semaine. Ils ne mon- trent, en général, que peu de sensibilité ; car ni le sucre dissous, ni les acides faibles, ni même l’eau-de- wie affaiblie, ne les tuent immédiatement. Ces sub- stances font qu'ils se rétrécissent et restent ensuite sans mouvement; mais si bientôt après on les remet daus de l'eau pure, ils reviennent à eux et se meuvent comme auparavant. Ce qu'ils ne peuvent supporter, (x) Observat. anatom,. de Distomate lepatico et lanceolato, Got- üug., 1825, p. 15; lsis, 1831, cahier 2, p. 154. (2) Disquisitiones anatom, de Amyhistomo conico. Gryphiae , 1830, p. 11. (284 , c'est une lésion de leur corps faite par une épingle ou quelque autre instrument ; ils en meurent presque aus- sitôt. Un certain degré de corruption de l’humeur des yeux ne leur nuit aucunement ; je les y ai vus au mi- lieu de l'été, par une chaleurde 16 à 180 Réaumur, vivre quatre à cinq jours. Dans la substance lenticulaire qui résiste plus long-temps à la corruption, on les trouve encore en vie après huit jours; cependantils sont alors un peu brunis , etles vaisseaux transparens , qui, dans d’autres circonstances sont toujours clairs, offrent une légère teinte de couleur brune, à l’exception toutefois du grand réservoir de chyle qui reste toujours clair comme l’eau. Je dois encore faire mention d’un phénomène très re- marquable que j'ai observé chez plusieurs individus de notre Diplostome, c’est l'existence des petits vers dans le corps de ces vers eux-mêmes. Dans les vieux individus on voit assez fréquemment se former à divers endroits du corps, sur-tout aux côtés du canal intestinal, des mass ses rondes et brunes'qu’on prend ordinairement au pre- mier coup d'œil pour des circonvolutions de ce canal. Mais en les observant attentivemeut, on se per- suade bientôt que ces masses rondes ne sont nullement +” à ! en connexion avec l'intestin. De petits points qu’on aper- | coiten même temps dans ces masses, sont dans un mou- vement continuel et vif. À l’aide de deux pointes de cactus , je réussis à tirer ces masses du ver, et je remarquai qu'une enveloppe excessivement fine en- | tourait les petits points mouvants. Je mis une fine plaque de verre dessus, qui fit crever l'enveloppe, et une immensité d'êtres vivans en sortirent. C'étaient ( 285 ) des Monades plus petits que le Monas atomos, Mull., d’une forme ovale, et d’une couleur jaune claire. Leurs mouvemens étaient très singuliers. Ils se tournaient rapidement sur leur axe et sautaient ensuite à quelque distance en ligne droite , se reposaient un peu, se re- tournaient, puis sautaient encore et ainsi de suite. J'ai fait observer plus haut qu'un grand nombre de Diplostomes, accumulés dans le cristallin, cau- saient une cataracte; je veux dire, par la, que ce sont ces animaux eux-mêmes qui causent ce trouble, car, Ja où il n’y a pas de ver, la substance lenticulaire con- serve toujours sa diaphanéité. Je n'ai vu qu’une seule fois les couches du cristallin affectées d’une cataracte telle que nous la remarquons dans l’œil de l’homme et des animaux à sang chaud; mais même, dans ce cas-là, il y avait entre elles, et particulièrement entre le cris- tallin et la capsule lenticulaire, une infinité de Diplos- tomes. Ces cataractes sont sur-tout fréquentes aux MOIS de mars et juillet; il paraît qu’elles se dissipent en partie à mesure que le nombre des vers diminue. Voilà tout ce que je puis dire du Diplostomum wol- vens, considéré comme type d’un grand nombre d’au- tres espèces. J’ajouterai seulement quela distinction de ces espèces présente de grandes difficultés, à cause des changemens de forme qui surviennent dans pres- que toutes les parties du corps. Il faut d'abord ob- server ces animaux dans toutes les situations, dans toutes les positions et indiquer de quelle manière se font leurs mouvemens; de plus, il faut faire connaître la forme générale du corps, la grandeur de l'animal, la proportion des ventouses entre elles, la longueur ( 286 }) de l’appendice en forme de sac, et des saillies, en forme d'oreilles , situées aux deux côtés de la tête, etc. Diplostomum clavatum. Type du second groupe. Le second type de notre genre Diplostome, auquel | appartient le Diplostomum clavatum, me parut d’abord n'être qu'une forme moins développée du type pré- cédent; je crois même que tous ceux quile verront, pour la première fois, seront de cette opinion. Les raisonsqui m'ont engagé à regarder ceite forme comme étant pro= pre à une espèce distincte et parfaitement développée; sont les suivantes. Les différentes espèces du premier type se trouvent, comme nous l'avons déjà fait obser ver, dans presque toutes les humeurs de l’œil, et par- ticulièrement dans la substance lenticulaire; et, quois | que les espèces du second type se rencontrent égale, ment dans plusieurs de ces humeurs, on ne les rez trouve cependant jamais, ni dans la substance du cris- tallin, ni dans l'humeur de Morgagni ; de plus, si les animaux du premier groupe n'étaient que les mêmes que ceux du second , sous une forme plus développée; l’existence de très jeunes vers dépendrait nécessaires ment toujours de la présence de vieux individus du groupe précédent; or, cela n’a pas lieu. On ne trouve presque toujours que des animaux de second type au= | près de ces jeunes vers; ce qui me fait croire qu'ils en. sont les parens et que, par conséquent, les animaux ayant les formes propres au second type sont com, ( 287. ) plétement développés, tout aussi bien que ceux du premier. De plus , les vers du second groupe diffèrent considérablement des autres, tant à l'égard de la forme extérieure de leur corps, que de la structure de leurs parties intérieures. Enfin , parmi le grand mombre d'individus que j'ai observés, je n’en ai, jus- qu'à présent, trouvé aucun qu'on eüt pu considérer comme établissant le passage entre les deux types. Notre Diplostomum clavatum n’habite que l’hyaloïde et l’humeur aqueuse de l'œil des perches. N'ayant, | jusqu’à présent, pu faire des recherches exactes sur toutes les espèces de ce groupe qui se ressemblent ex- trêmement, je ne puis non plus décider si, parmi îles vers d’autres poissons, il n’y en a pas d’identiques avec notre 1). clavatum. Depuis le commencement de mes [observations , je ne me suis jamais apercu que ce ver eùt manqué dans l’œil de la Perca cernua , de la P. {fluviatilis et de la P. lucioperca; on l'y trouve, pour l'ordinaire, en nombre considérable dans les environs de la campanula Halleri ou dans le fond de l'hyaloïde; on en compte souvent au nombre de 150 à 200. Ces animaux sont ici tous cencentrés sur un point, dont quelques individus seulement s’écartent un peu. Il nest pas facile de les apercevoir en ouvrant un œil frais ; lorsqu'on en tire la lentille avec l’hyaloïde, la plupart restent ordinairement dans l'œil avec une par- tie de ce dernier. Mais, en laissant un œil frais passer une nuit, l’hyaloïde prend plus de consistance; et alors, quand on en retire le ccristallin , l’hyaloïde et avec lui tous les vers qui s’y troavent, suivent, sans ( 288 ) être endommagés. Quelquefois, quoique très rare- ment, on trouve de ces parasites entre la cornée et l'iris. Quant à l'influence des saisons sur notre D. clava- tum, et sur toutes les autres espèces du second groupe, il en est de même qu’a l'égard du D. volvens. Je trouvai dans les poissons provenant de l’Elbe et de la mer du Nord, que j’observai à Hambourg et à Helga- land , au mois de septembre 1830, la même quantité de vers que dans celles de la Sprée et de la Havel, que j'avais déjà observées auparayant et que j’observai en- core plus tard à Berlin à une température + 21° et — 11° Réaumur. Dans les très jeunes perches, je n’ai toutefois trouvé (au mois de juin 1831) aucuns vers; ce qui semblerait prouver qu'il faut aux poissons un certain âge pour avoir des helminthes : une fois éta= blies, elles se propagent jusqu’à la mort du poisson. Ordinairement on trouve notre ver en société ave@ le D. volvens ; assez souvent on rencontre aussi dans, un seul et même œil une Oxyuris velocissima, plusieurs Distomum annuligerum, et même quelquefois un Æo= lostomum cuticola, de sorte qu’il y a ainsi, dans uñ seul œil, tout le matériel pour une monographie des vers de l’œil de la perche. Où # Lorsque le D. clavatum se trouve en grand nombre \ dans un œil de perche, il en résulte souvent une opa* cité de l’hyaloïde; elle ne provient toutefois que de la déjection du canal intestinal. Cependant, il est | hors de doute que quelquefois cette quantité de vers peut même apporter un changement dans toutes les parties de l’hyaloïde; souvent les vaisseaux qui le par=| ( 289 ) éourent m'ont paru comme détruits, et sa substance La longueur de ce ver est de 1/5 ou 1/6 de ligne; on en voit parfois aussi de plus grands et de plus petits. Son corps , blanc et transparent, est conique, plus large par devant que par derrière, et a la forme d’une massue (pl. 18, fig. 4). Par devant, il est cintré et à lies latérales au bord antérieur de la tête du D. vol- Vens, sont ici à peine! visibles; par contre, la partie moyenne de la tête au-dessus de la bouche est plus forte. Les bords latéraux de tout le corps sont très fins, lésèrement tronqués, sans cependant laisser voir la moinde trace de membres. La bouche, dont les bords ne sont que peu gonflés, paraît ordinairement ronde : cependant il faut appli- quer aussi à cette espèce ce que nous avons dit plus [haut du D. volvens ; car la bouche est souvent ovale, fendue , etc. À peu près au milieu du corps, s’élève sur le ventre qui est un peu aplati, la petite ventouse antérieure , à peine visible et souvent un peu rétrécie à sa base. On la distingue cependant à cause de sa grande dia- " (1) J'ai remarqué à certains poissons, et principalement aux Raies ( Raja clavata ); que je His venir de Cuxhaven à Berlin, une quantité de petits cristaux cubiques, qui devaient nécessairement s'être formés des parties salines’ de l'humeur aqueuse des yeux par ün procédé chimique , ayant lieu pendant la putréfaction. XXX. 19 ( 290 ) | phanéité; elle a à peu près la même structure que dans l'espèce précédente , excepté qu'elle est en propor- tion plus petite, étant à peu près de la grandeur de la bouche. La ventouse postérieure n’est que le tiers plus grande que l’antérieure; elle est ronde ou ovale; ses bords ne sont que peu gonflés; elle a au milieu un orifice semblable à une étoile , et en forme d’entonnoir ; au reste, il est assez difficile de l’aper- cevoir , et on ne peut bien l’observer que lorsque l'animal est couché sur le côté. Immédiatement au- dessous, on apercoit une légère trace du bord re- courbé du corps postérieur qui résulte ici de la plus grande concavité du ventre. Dans la partie la plus postérieure du corps, on remarque un organe oblong, transparent et fourchu : c’est le même que nous avons appelé le réservoir du chyle dans le D. volvens, et dont nous parlerons en core plus bas. L’œsophage et les longues branches intestinales sont, de même que dans l’espèce précédente, sans issue; le court œsophage forme ‘également un canal cylin: drique. Les individus complétement developpés ont le corps garni d’une quantité de petites vessies oblongues, bien séparées, qui, sous un certain jour, paraissent d'un jaune clair. On les remarque moins à la surface que vers le milieu du corps; elles se présentent à l’œil en quatre ou cinq rangées. En les voyant, on est presque porté à les prendre pour les œufs de l'animal, du moins je n'ai jamais vu d’autres petits corps ressemblant davan: ER 8 (291 ) tage à de petits œufs. Quand le corps se rétrécit, ces petites vessies changent aussi de position; elles se tournent à droite et à gauche, de sorte qu’on les aper- | coit tantôt du haut, tantôt latéralement; maïs elles ne montent ni ne descendent jamais, et ne font, en géné- ral, aucun mouvement qui pourrait porter à croire qu’elles sont renfermées dans des canaux, comme cela se voit chez certains Distomes. Cette quantité de pe- tites vessies est toujours un grand obstacle à l'examen des organes intérieurs. Les parties génitales sont les mêmes que dans l'espèce précédente. Les testicules toutefois ont une forme plus oblongue et se dessinent plus nettement, du moins dans les individus entièrement développés. Ces animaux, chez lesquels on ne peut observer des changemens de forme analogue à ceux du D. vol- | vens, ressemblent tant, dansle premier degré de leur développement, aux jeunes vers de l'espèce précédente, qu’il est impossible de les en distinguer. Le système des vaisseaux est, en général, le même que celui du D. volvens; cependant il existe une dif- férence assez importante dans la forme du réservoir du chyle. Cet organe est, par suite de la forme plus alongée de l'animal, moins large, plus long, aminci par derrière (pl. 19. fig. 2 À); il remplit toute la partie postérieure du corps et paraît se terminer, lors- que l’animal est dans une certaine position, en deux petites pointes, entre. lesquelles on remarque une échancrure qui est en communication avec l’orifice postérieur du corps (7). Par devant, le réservoir du chyle se divise en deux bras qui renferment un espace ( 292 ) en forme de losange. Bientôt après chacun de ces bras se divise encore en deux autres appendices où. canaux qui forment les grands troncs latéraux du. système vasculaire, et se dirigent vers le haut du | corps. Le grand tronc latéral extérieur (pl. 19, fig 2, F ) forme, aussitôt après son origine, plusieurs branches courtes et rameuses qui se dirigent vers l’ex# térieur, et qu’on ne remarque pas sitôt au D. volvensm Le grand tronc latéral intérieur (E) touche à la grandes ventouse, se dirige ensuite en avant parallèlement. avec les bords du corps, et se réunit au tronc exté- rieur à peu près au milieu du corps, "au-dessus de la petite veutouse et non loin de l’endroïit où se forme l’anastomose transversale. } Les autres troncs principaux et ramifications sont les mêmes que ceux. que nous avons déjà décrits en détail en traitant du type précédent; la quantité des. petites vessies cblongues empêchent quelquefois d'a. percevoir aussi distinctement les petites ramifications et il me semble que le tronc du milieu, ainsi que les, troncs latéraux, fournissent moins de branches que dans le D. volvens. ÿ Le réseau des vaisseaux de la peau, qui tire partis culièrement son origine du tronc médian, s'étend par toute la surface du corps, à l'exception de la partié postérieure où l’on n’apercoit, autour du réservoir aucune espèce de vaisseaux. | Le système vasculaire de toutes les espèces ‘del notre genre de Diplostomum a quelque ressemblance! avec celui de plusieurs Distomes àtête épineuse, qu’on! æencontre dans différens oiseaux ( et que Mehlis a trèsM 4 a (ag ) ï bien étudié), en particulier avec le groupe de Dis- tomes caractérisé par l’existence d’uue queue rétrac- mtile. On en a trouvé plusieurs espèces , tant dans les oiseaux que dans les poissons (x). (1) Par ex., le Distoma echinaturm , Led.; Distoma oxycephalum, Red. Mehlis (Isis, 1831, 2° cahier, p. 182) s'exprime ainsi sur ce Marasyte : « Le bout de la queue est tantôt large et tronqué, avec une petite échancrure au milieu , tan!ôt rond et saillant ; l'animal peut le re- “récir et l’alonger à volonté : lorsqu'il est très alongé, on aperçoit assez fréquemment , immédiatement auprès de l'extrémité , an ori- fice assez large , duquel je vis sortir plusieurs fois une humeur trou- blée per de petites parcelles , mais seulement pendant que l'animal “tait en vie, Le vaisseau qui prend ici son origine , est court, et [Marge comparativement à celui du Dést. hepaticum ; sa grosseur varie, mais il est toujours beucoup plus étroit que le canal intestinal. Non Join du testicule oblonz postérieur , situé entre la ventouse du ventre “et Le” bout de la queue , et tout près de l’autre testicule , il se divise eu deux branches assez larges , qui se séparent en faisant un angle aigu , suivent d’abord les bords extérieurs des testicules , ensuite les bords intérieurs des deux branches du canal intestinal; puis elles se replient quelque peu, près de la ventouse du ventre, la tournent de très près, et après avoir passé par le cou où elles ont déjà considé- rablement diminué, se prolonsent enfin jusque dans l’intérieur de l'anneau hérissé de la tête, et jusqu'aux côtés de la bouche. Ce Vaisseau, ainsi que ses deux longues branches, ne sont pas situés près ‘de la surface , mais assez profondément dans le corps. Pendant tout leur trajet ils fournissent une quantité de branches fines et rameuses qui se répandent des deux côtés immédiatement sous la peau , et couvrent, par leurs anastomoses toute la surface de l’animal, Les ra- Mifications de vaisseaux superficiels manquent seulement dans Pespace situé entre les deux principales branches, depuis leur Séparation jusqu’à la ventouse du ventre (les testicules et les sinuosités de la trompe remplissent cet espace); car ici les principales branches ne fournissent des rameaux qu’en dehors et aucune vers le milieu. » ( 294 ) Si l’on compare les fig. 1 et 2, pl. 19, avec le cours du système des vaisseaux dans le Distomum echinatum (Zed.) (dont il est question dans la note ci-dessus), on ne peut méconnaître une certaine analogie entre ces deux animaux; mais il existe des différences, car Mehlis ne fait aucune mention d’une anastomose trans= versale ou pont, et il ne parle que de deux branches principales qui tirent leur origine du tronc médian. Les Distomes, dont l'intestin se ramifie à la manière des vaisseaux (le Dist. hepaticum et lanceolatum , par exemple), diffèrent encore plus de notre animal; sous le rapport du système vasculaire. Cependant je dois observer, à l'égard de ces deux espèces de Dis tomes que je viens de nommer, ce qui suit : Déjà Bojanus (1) et Mehlis (2) ont apercu dans le | | Dist. hepaticum, un canal venant des deux côtés et traversant le corps; toutefois ils ne l’ont pas con- sidéré comme faisant partie du système des vaisseaux, et l'ont, au contraire, pris pour un canal venant des ovaires. Si l’on voulait appliquer cette détermination: | aux vaisseaux de notre Diplostomum , il faudrait au moins considérer l’un des grands troncs latéraux pairs,» comme appartenant également aux ovaires, vu qu’il y! a, entre le canal transversal et les grands troncs laté=, raux, la connexion la plus intime Quant à moi, je suis entièrement persuadé que cela ne se peut pas. La manière de se mouvoir de notre Diplostomum (1) Enthelmintice, dans l’Isis, 1821,2 cahier. (2) Observ. anatom. de Distom. hepatico et lanceolato , fig. 7, 8 et 22- ( 295 ) clavatum diffère beaucoup de celle de l'espèce précé- | Mdente ; jamais on ne le voit se courber comme le D. wolyens. Son corps étant moins plat, il ne peut non plus en recourber les côtés en dedans. Ses monve- mens sont assez simples ; il s’étend fortement, se rétrécit ensuite, se courbe dans toutes les directions et avance en même temps. Quelquefois son corps est resserré en plusieurs endroits, ce qui lui donne pen- dant quelques instans une forme bizarre. Il vomit à volonté l'humeur brunâtre des intestins, et l’excré- tion de l'humeur claire par l’orifice postérieur du corps, se fait également comme chez le Diplost. vol- vens. Plusieurs individus qui, depuis long-temps, se trouvaient dans une humeur d’yeux corrompue, me parurent s’y trouver fort à leur aise; ils expulsaient tout ce que contenait le canal intestinal; cependant, [après les avoir mis dans de l’eau pure, j'apercus qu'ils en absorbaient une grande quantité, ce qui fit #onfler les deux canaux intestinaux du double de leur volume ordinaire, et leur donna une forme singulière. Ne n’ai jamais vu de Diplostome mort dans un œil frais ; il paraît, par conséquent, que l'humeur aqueuse des yeux dissout les individus qui ont cessé de voir. $ 2. RECHERCHES SUR LES DISTOMES. Distomum rosaceum (Nordmann). Les vers qui se trouvent dans le corps d’autres ani- maux sont plus ou moins complétement privés de la a ( 296 ) lumière, et comme on le sait, ils n'ont point de couleur et sont transparens ,‘pâles ou blancs, ou bruns , mais rarement, rougeâtres ou jaunâtres. Gette règle souffre cependant plusieurs exceptions, au nombre desquelles il faut compter le Distomum rosaceum. Cet animal se trouve dans le palais dela Lote(gadus lota) où j’en ais rencontré un seul individu au mois d'octobre 18344 Quant à la forme de son corps il n’offrait rien de très particulier; il ressemblait à plusieurs autres espèces de Distomes, sur-tout au Dist. tereticolle qui appartient à la même subdivision; mais sa grandeur et, ses parties intérieures, quisont d'uneautre couleur que le reste du corps, le rendent particulièrement propre à des recherches anatomiques. La longueur de l'animal, dans l’état normal , était de 13 lignes; resserré il n’en avait que neuf, et dans sa plus grande extension volontaire 20 (pl 18 fig. 5 }. Sa couleur étaitt un faible rouge de chair, un peu plus claire sur le derrière que sur le devant. La partie antérieure du corps jusqu'a la ventouse du ventre était cylindrique et un peu plus grosse au milieu que vers la tète; elle avait deux lignes de long et à peu près une ligne de diamètre. Le ver recourbait ordinaire ment cette partie vers le dos, et par certains mouve mens elle s'alongeait du triple de sa longueur ordis \ naire, ce qui lui donnait la forme d’un cou; la tête gardait toujours la même grosseur et paraissait are | rondie à son bord antérieur ; le cou, par contre, avait l'air de se replier immédiatement au-devant de la 4 ventouse du ventre. 1# La partie postérieure du corps jusqu’au bout de ka : à ( 297 ) queue était plate, se rétrécissait de plus en plus et se terminait en une pointe arrondie. Ses bords étaient très minces, ondoyans, froncés , et pleins de plis et de rides qui s’étendaient jusqu’au milieu du corps et faisaient que le ver paraissait avoir des membres. Du reste, les mouvemens de l’animal ne changeaient presque en rien la forme de la partie postérieure du corps. Je mis l’animal dans un ÿerre d’eau où il resta en vie pendant cinq jours et demi. Il est probable qu’il eùt encore vécu plus long-temps, s’il n’avait été trop inquiété par les recherches sous le pressoir. Ses mou- vemens étaient très lents; quelquefois il se reposait des heures entières sur l’espace aplati de la partie posté- rieure de son corps, pendant que la partie antérieure |flottait librement et à moitié redressée dans l’eau ; parfois il se fixait aussi au fond du vase avec la ven- touse du ventre et la bouche; une nuit il était monté même jusqu’à une certaine hauteur sur les parois du | verre. Pour changer de position, il employait alter- | nativement la bouche et la ventouse du ventre ; la par- tie postérieure du corps ne faisait que se traîner à leur suite. Le verre dans lequel je conservais l'animal, était tous les jours exposé une heure à la clarté du soleil, ce qui semblait nuire à la couleur vive du corps, car elle devint de jour en jour plus pâle, et peu avant sa mort, le ver était presque entièrement décoloré. L’esprit-de-vin fit enfin disparaître la der- nière nuance de rougeur; la partie postérieure du corps, d'ordinaire plate, devint aussi, par l’action de cetie liqueur, cylindrique et fort tendue. La bouche est grande et gonflée ; elle occupe toute ( 298 ) la largeur de la partie antérieure du corps, et sert en même temps de ventouse à l’animal. Elle est entourée de plusieurs fibres musculaires, les unes concentriques, les autres rayonnées. Je n’ai pas vu ses bords saiïllans ; son orifice avait la forme d’un demi-cercie et ne se fermait jamais entièrement pendant ja vie de l'animal ; l’œsophage paraissait gros, ovale et à paroïs épaisses. Lorsqu'une partie des matières contenues dans l’in- testin se répandait dans la cavité de la bouche, ses parois se dilataient et formaient un espace rétréci en haut et élargi en bas, mais qui disparaissait plus bas. Le canal intestinal est fourchu; les deux branches laissent apercevoir , là où elles s’unissent à l’oœsophage, un petit rétrécissement ; elles s’élargissent ensuite et forment , en se dirigeant en avant, un cercle, puis se recourbent en arrière, font encore un repli à côté de la ventouse et continuent leur trajet en serpentant le long des côtés du corps; plus elles s’approchent de leur terminaison, plus elles diminuent. D’après l’analo- gie des autres animaux de ce genre, il faudrait qu’elles se perdissent insensiblement : cependant cela ne me paraît pas être; car je crois avoir apercu qu'elles se réunissent près du bout de la queue au moyen d’un petit canal. D’après cela, il paraîtrait queles branches du canal intestinal de notre animal sont analogues à celles que Creplin'a observées chez le Monostomum microstomum (ou d'après Mehlis, Monostomum mu- tabile, Leder) et que Mehlis a rencontré dans le Mo- nostomum flavum, qu’on trouve dans plusieurs es- pèces de canards (r). Les branches du canal intestinal (1) Isis, 1834 , 2° cahier, p. 172. 299 ) ne contenant, dans leur partie supérieure , que peu d'humeur, on ne les distinguait qu'avec peine; tandis que l'humeur rougeâtre contenue dans la partie infé- rieure de cet organe en rendait l’observation très fa- cile. La déjection de l’humeur par la cavité de la bouche se faisait ici de la même manière que chez d'autres Trémotodes. Je trouvai la ventouse du ventre, de la grandeur de la ventouse de la bouche, tout aussi gonfiée, dépassant les bords du ventre, resserrée parfois à sa base et sou- vent aussi rétrécie en dedans. Pendant la vie de L’ani- mal, l’orifice conduisant à la cavité de la ventouse, ne se présentait que comme un très petit trou rond. Entre les deux branches du canal intestinal et les bords latéraux de la partie postérieure du corps, on remarque d’abord les ovaires : ils sont placés sur les côtés du corps et prennent leur origine un peu au-des- sous de la ventouse ventrale, d’où ils s'étendent jus- que vers le bout de la queue; ils ne ressemblent pas, comme dans la plupart des autres Distomes, à des masses grenues, plus ou moins cohérentes; au con- traire, ils forment des masses séparées , compactes , rondes ou oblongues et rangées en lignes qui sont d’un jaune vif et paraissent parfaitement opaques. J’en comptai à peu près vingt dans chaque rangée. Ils com- muniquent entre eux au moyen de branches fines et de canaux excréteurs. Je vis en outre à côté de chaque rangée d’ovaires un canal plus grand, tantôt transpa- rent , tantôt opaque, qui se rehausse vers l'extrémité postérieure du corps. D’après l'observation de Meblis, je les pris d’abord pour deux branches de nerfs; ( 300 ) mais après les avoir enlevés, il se trouva que les pes tits canaux mentionnés ci-dessus communiquent tout aussi bien avec ces grands canaux qu'avec les diffés rens amas d'ovaires. Ce sont par conséquent les prineis paux émonctoires des ovaires. L'utérus occupe le milieu de la partie postérieure du | corps et consiste en un long canal simple, d’abord droit, et augmentant en largeur à mesure qu’il ap= proche de son extrémité supérieure ; à certains endroits il paraît rempli d'une quantité de petits œufs. Exas miné du côté du ventre, on le voit passer sous les par= ties génitales mâles et poursuivre son cours en serpen# | tant, jusqu'à la ventouse du ventre. ‘ Les oviductes remplissent tout l'espace compris entre l’œsophage et la ventouse ventrale; leurs replisih entassés sous l’orifice des parties femelles, étaient tels lement gonflés d'œufs, qu’ils formaient en cet endroïtl une grande tache verdâtre. J'ai pu poursuivre ces. trompes jusqu'à une certaine distance, non-seule- | ment dans la partie supérieure, maïs aussi dans a partie postérieure du corps de l'animal. Les testicules sont trois corps blancs, assez grands | et irrégulièrement ronds , placés a une Fe inégale | l’un de l’autre, à peu près au milieu de la partie pos= térieure et aplatie du corps. Celui du milieu est un, peu plus petit que les deux autres, et de forme ovale. Les plus grands avaient 1/5 de ligne de diamètre: Au-dessus des trois testicules, l’on remarque plu: M sieurs petits corps ronds, d’un jaune brunâtre, qui F sans doute appartiennent aussi aux organes sexuels M LEE ( 3o1 ) mälcs. On pourrait les considérer comme analogues aux testicules secondaires. Je n’ai découvert aucun organe qu'on eût pu comparer à une verge. L'orifice de l'organe sexuel féminin est un petit fenfoncement un peu ovalaire, situé près de la surface convexe du ventre, dans la particantérieure du corps, ét immédiatement à côté de la ventouse ventrale. Il échappe au microscope, même dans la position la plus favorable de l'animal , et on ne l’aurait pas apercu si l’attention n’y avait été attirée par l'apparition des [œufs. [n Pendant sa vie, notre animal évacua plusieurs fois lune quantité d'œufs, très petits à proportion de la gran- deur considérable de son corps. En sortant de l’orifice de l’organe sexuel, ils tenaient l’an à l’autre comme un collier de perles, et paraissaient être entourés d’une humeur visqueuse. Cette humeur se dissolva proba- Jblement après que les œufs eurent passé quelque Îtemps dans l’eau , car alors ils se dispersèrent de tous ledtés. Ces œufs ainsi détachés (qui sans doute peuvent être regardés comme mürs) étaient pour la plupart d’un jaune clair ; d’autres étaient sans couleur et transpa- rents; mais tous avaient une forme parfaitement elliptique, et étaient entourés de deux enveloppes dont (extérieure paraissait assez solide et l’intérieure beaucoup plus fine et plus tendre. Nous savons que plusieurs espèces de Distomes ont des œufs garnis d’un petit couvercle, à l'instar des capsules de mousse, et que ce petit couvercle se lève lorsque l'embryon sort. Mais cela n’a pas lieu chez notre Distome rose. ( 302) Dans l’intérieur des œufs, on apercevait une quantité de petits points gris, et en outre dans la plupart, une tache un peu plus foncée, comme plissée, et parais- sant à l’un des bouts plus ou moins crevassée. Il me fut toutefois impossible d’y reconnaître la forme de l'embryon. J'essayai de conserver long-temps les petits œufs dans de l’eau, afin de pouvoir suivre leur développe- ment, mais ce fut en vain. Nous avons déjà fait observer plus haut, que notre Distomum rosaceum a beaucoup d’analogie avec le Distomum tereticolle , Rud.; cela est d'autant plus vrai, qu'il existe des individus de cette espèce, qui se distinguent également par un teinte rouge claire de tout leur corps (Rudolphi, Entozoor. Hist. nat. , p. 380). J'aurais même pu regarder le D. rosa- ceum de la Lotte comme une simple variété de celui- ci, si la comparaison avec plusieurs individus du D. tereticolle d’un brochet, ne m'avait montré une dif- férence spécifique dans les formes. Ce qui les distingue particulièrement l’un de l’autre, c’est que dans le D. tereticolle, la ventouse de la bouche est beaucoup plus grande que celle du ventre, tandis qu’elles sont d’égale grandeur dans le D. rosaceum. M. Ju- rine nous a donné une anatomie complète du D. tere- ticolle (1). (1) Voyez Louis Jurine, note sur la Douve à long cou ( Fasciola Lucii), dans les Annales des Sciences naturelles, tom. n, Paris, 1824 ; et Schmalz, xix tabulæ Anat, Entozoor. illustrantes. Dresde, 1831, table vin, fig, 1, 3. ( 303 ) Distomum perlatum (Nordmann). Le Distome perlé se rapproche da D. globiporum mentionné par Rudolphi, plus que de toute autre espèce du même genre; il est même probable que le parasyte trouvé par Modeer dans le canal intestinal de la Fanche et considéré par Rudolphi comme étant un “D. globiporum (1), appartient réellement à l'espèce dont nous parlons ici; mais on verra par la descrip- tion suivante que, malgré cette analogie, notre D). per- latum en diffère essentiellement, et qu'il forme une espèce bien distincte. Cet animal habite la membrane muqueuse du canal intestinal de Ja Tanche; on l’y trouve en grande quan- tité dans toutes les saisons, du moins en ai-je décou- vert des individus au mois d'avril, de novembre, de décembre et de janvier. Son très petit volume et le mucus qui l'entoure, font qu’on ne le remarque que difficilement. Sa longueur naturelle ne dépasse pas le “tiers d’une ligne, et alongé il a à peu près 3/4 de ligne. Le corps est de forme cylindrique, au milieu toutefois un peu plus fort qu'aux deux extrémités (pl. 18, fig. 6). Sa partie antérieure est un peu plus étroite au milieu qu’à l'extrémité de la tête; sa partie postérieure est, pour l'ordinaire, plus large et se termine en pointe alongée. Les différens mouvemens de l’animal changent plus ou moins sa forme générale; il a comme le Distomum globiporum , la faculté de for- mer une concavité à la partie inférieure de son cou. (1) Rudolphi, Entoz, Hist. nat., p. 365 , Seq. et Entoz. Synop, p. 96. ( 304 ) Enfin, sa couleur est un blanc sale avec un mélangé de jaune clair. De la peau extérieure, des ventouses et du système de nutrition. Sous un faible microscope, toute la sur- face du corps paraît unie; mais sous un microscope grosissant 300-400 fois, on aperçoit une quantité de petits tubercules orbiculaires, qui, disposés en rangées compactes, entourent tout le corps comme d’une cuirasse. La distance entre les rangées de ces petitss tubercules est partout la même; ils ne se rapprochent que lors de certains mouvemens du corps. En exami- nant ainsi notre animal, on croirait que toute sa sur- face est garnie de petites perles (pl. 18, fig. 6). Avec une loupe plus forte encore, on apercoit sur ces tuber- cules hémisphériques, de petits aiguillons droits, par- ticulièrement visibles aux bords du corps (pl. 19, fig 4 et 5). Chaque petit tubercule a un aiguillon qui sur: passe à peine en longueur, sa hauteur ; il est un peu plus gros à sa base, et diminue peu à peu vers le bout. Les aiguillons ne paraissent tenir que très peu à la peau,” et tombent facilement après que le ver a passé 12 à 18 heures dans l’eau, ou lorsqu'on le touche avec uu pinceau. Aux individus qui ont pris toute leur crois- sance, les aiguillons sont à peine plus longs qu'aux jeunes; j’ai même vu quelquefois à des vers tout frais, que ces aiguillons leur manquaient entièrement par-ci par-la. En cela le Distomum perlatum ressemble un peu a d’autres espèces du même genre déjà observées par Créplin et Mehlis; telles que le Distomum, le D. echi-" natum , le D. ferox , le D. cinctum, le D. spinulo- sum, le D. hispidum et le D. hians. La ventouse buccale est grande : elle a en diamètre D à — ( 305 ) à peu près les deux tiers de la ventouse du ventre, et occupe presque toute la largeur de la partie antérieure de la tête (pl. 18, fig. 6, et pl. 19, fig. 4 a). Ses parois sont gonflées et grosses, et ses bords un peu saillans. L’orifice de la bouche, que l’animal ouvre et ferme continuellement, ëst, de même, grand et rond. Quand cette ventouse se ferme, on y voit souvent une bulle d'air, qui entre par l’œsophage dans le canal intestinal ‘où elle monte et descend suivant les mouvemens de l'animal. La grande ventouse n'est pas située tout-à-fait au mi- lieu du corps, mais estun peu plus rapprochée dela tête. Sa forme et ses différents mouvements sont les mêmes que chez la plupart des petits Distomes. Vue de côté, elle représente une hémisphère dont la base est quel- quefois plus ou moins resserrée. Chez les jeunes indi- vidus , elle est particulièrement saillante. Au moyen de cette ventouse, ces vers s’attachent souvent si forte- ment les uns aux autres, qu’on a de la peine à les séparer. Quant aux organes de la digestion, nous observons ce qui suit. L’œsophage (pl. 19, fig. 4 à) correspond à la ventouse de la bouche par un petit conduit d’abord étroit, mais qui bientôt forme un petit évasement , que l’on peut comparer, quant à sa forme, au bulbe de l’aorte de certains poissons. L’œsophage même est a proportion assez grand.ct ressemble à un œuf par- tagé en deux ; les deux moitiés sont à une certaine distance l’une de l’autre, de sorte qu’elles laissent entre elles un petit intervalle parallèle. La partie anté- rieure de la cavité digestive ne descend pas en ligne . . " ° LA! droite, mais se dirige en serpentant jusqu'à la ven- XXX. 20 ( 3606 ) iouse du ventre (ec, d); c’est immédiatement avañt eclle-ci, et par conséquent beaucoup plus bas que d'ordinaire, qu’il se divise en deux grandes branches: Ces deux branches du canal intestinal (e, e) s’élargis- sent peuà peu, se replient légèrement en dedans, au dessous de la ventouse, se dirigént ensuite de nouveau vers l'extérieur, descendent le long des bords de la partie postérieure du corps et se terminent à une cer- taine distance du bout de la queue, en s’évasant en forme de massue (f, f,). En les observant de côté, on s’apercoit qu’elles sont placées plus profondément que les testicules. L’humeur qu’elles contiennent ne présente chez la plupart des vers, sur-tout chez les jeunes, aucune teinte particulière ; au contraire elle est assez transparente quoique composée de beaucoup de petites particules foncées. Mais chez les individus d’un certain âge, le canal intestinal se distingue par sa couleur foncée et jaunâtre. L’humeur qu’il contient passe souvent d’une branche dans l’autre, et quelque- fois même l’animal la vomit par la ventouse buccale. Du système de génération.—Notre ver n'offre, à la vérité, rien de bien particulier dans la forme extérieure de son corps:il ressemble, sous ce rapport, à la plupart des autres petits Distomes; mais, d’un autre côté, les recherches réitérées que j'ai faites sur ses organes in- térieurs, m'y ont fait apercevoir une organisation très remarquable. La structure des parties sexuelles mérite avant tout notre attention , d'autant plus qu’elles nous font voir combien le Distomum perlatum diffère sous ce rap- port de toutes les autres espèces analogues. ( 307 ) Je n'ai trouvé que rarement des individus chez Îes- quels les parties sexuelles fussent parfaitement déve- loppées. De 79 individus que j'ai observé au mois de décembre, 19 seulement avaient des œufs paraissant mürs. Les ovaires occupent particulièrement la portion postérieure de l'animal , et couvrent en partie les deux branches du canal intestinal , ainsi que la trompe qui , monte ici en arc courbé vers le haut. Dans les jeunes vers, ils se présentent comme de gros flocons lâches et clairs, et ne forment que plus tard , par le dévelop- pement progressif des autres parties sexuelles, de pe- tits corps d’un jaune blanchâtre, tantôt ronds, tantôt en forme de diamants à rosette (fig. 4, g, qg.). Dans l’intérieur de ces petits corps , on remarque une quan- tité de petits globules ronds, transparens, entourés d’une membrane très fine, et représentant par leur accumulation, des grappes ovariennes. Ces grappes sont particulièrement serrées un peu'au-dessous de l’u- térus et remplissent ici tout l’espace entre cet organe, les deux branches intestinales, le bord extérieur du corps et le bout de la queue; les petits canaux en forme de branches, par lesquels les grappes corres- pondent entre elles, ne se laissent apercevoir, à cause de leur petit diamètre , qu'avec la plus forte loupe ; les principaux émonctoires, au contraire, sont très dis- tincts. En examinant le ver de la surface du ventre, on aperçoit que ces derniers viennent des grappes les plus serrées, et qu’ils forment, en s’élargissant un peu vers le milieu du corps, deux courbures (fig. 4, r,r,) qui se touchent et vont se perdre; dans l’u- térus. ( 308 ) L'organe que nous allons décrire maintenant mérite l'attention des lecteurs. On en trouve un analogue chez plusieurs autres Distomes et chez l’Æmphistomum conicum. Laurer l’a pris pour un véritable utérus. Il se trouve à peu près au milieu du corps, entre les deux branches intestinales, et est le plus grand organe intérieur de notre animal ( fig. 4, 1). Sa forme est celle d’une outre, très large au milieu, diminuant progressivement vers le haut, arrondie en bas, et ordi- nairement un peu échancrée des deux côtés. Vu du côté du ventre, sa position paraît oblique, et la partie étroite par laquelle il se termine, se courbe à droite vers l’orifice sexuel. Plus le ver est jeune , plus cet or" gane est transparent et sans couleur, toutefois on aperçoit une légère teinte de jaune chez quelques ins dividus. Les parois de cet organe consistent en une en veloppe membraneuse extrêmement fine, dans laquelle | ll on ne remarque aucune trace de fibres. Dans sa partie |. inférieure et médiane, il renferme un corps de forme! on irrégulière (fig. 4, À), qui est de nature glanduleuse;, de, ei qui occasione la teinte jaunàtre dont nous venons de parler. Je ne puis hasarder de le comparer à quoi que | ce soit: cependant j'observe que Laurer a aussi res marqué dans l'utérus d’un Æmphistomum conicum,| un endroit particulier foncé, en forme de demi-lune. La partie supérieure et étroite de l’utérus est ordinai- rement plus transparente, couverte en partie par le grand testicule, et contient souvent de petits corps plus foncés ; sans doute ce sont des œufs qui ne sont pas encore parvenus à leur maturité. C’est de cette partie antérieure en forme de cou que sort la grande ( 309 ) trompe qui est d’abord étroite, et qui se termine em - formant un grand nombre de sinuosités. Elle s’élargit à proportion qu’elle se remplit d'œufs. Son cours n’est pas toujours le même dans les différents individus. Aussitôt après être sortie de l’utérus , elle traverse or- dinairement le corps, en décrivant une ligne tor- tueuse , immédiatement sous la division du canal di- gestif; enfin après s'être élargie considérablement, cette trompe descend jusqu'à l'extrémité de la queue, se recourbe ensuite vers le haut, et aboutit au petit testicule droit. Les œufs ne prennent que peu à peu leur forme : is sont d’abord irrégulièrement ovales, assez transpa- rens, êt laissent voir dans leur intérieur plusieurs vésicules et petits points foncés ; plus tard , ils devien- nent elliptiques et prennent une couleur brune ver- dätre. Plus un œuf est mûr, plus on remarque distinc- tement à l’un des bouts un trait souvent foncé; c’est le bord du couvercle qui, en s’ouvrant , laisse sortir lembryon On trouve, d’après Mehlis, un semblable couvercle aux œufs du Distomum macrurum ; du Dis- tomum hiaæns , du Monostomum flavum et du Monos- tomum mutabile. À proportion de l’animal, les œufs du Distomum perlatum sont très gros, et surpassent bien du triple ceux du Distomum rosaceum , qui est un animal gigantesque à côté de notre ver. La peau crustacée des œufs est assez grosse, forte, et entoure si étroitement la fine enveloppe intérieure , que celle-ci est à peine visible. J'ai plusieurs fois gardé les œufs de cet animal dans de l’eau ; dans l'espérance d’en voir Sortir l'embryon, et sur-tout , s’il était possible, d’a- ( 310.) percevoir les cils que Mebhlis a remarqués au jeune Distomum hians. J'eus, à la vérité, l’occasion de voir les couvercles détachés et les jeunes en partie sortis des œufs, mais comme ils étaient morts, je n’ai rien pu voir de leurs cils. Avant d'indiquer la manière dont les œufs naissent, nous ferons la description des parties sexuelles mâles, parce qu'elles sont en rapports très étroits avec les femelles. Immédiatement au dessous de la grande ven- touse du ventre, on apercoit deux corps alongés.fA, en juger par leur position, comme par l’analogie , ce sont les testicules : ils offrent toutefois dans leur structure plusieurs particularités. Ils sont placés l’un à côté de l’autre, plus au côté droit de l'animal qu’au côté gauche, et il y a ordinairement entre eux un es= pace triangulaire. Le gauche (fig. 4, L.) est plus long et en forme de massue, tandis que l’autre (m) paraît plus rond et plus court. Dans l’intérieur des deux deux testicules, on aperçoit beaucoup de raies en forme de rayon, qui se dirigent du centre vers les cô- tés, et qui leur donnent un air tout particulier. Pour examiner ces raies de plus près, je fis avec un instru ment très fin, une incision dans les environs de l’ori- fice sexuel, et je plaçai ensuite l’animal sous un léger pressoir; je fis sortir ainsi, par l'endroit lésé, les testicules, et une partie des organes sexuels fe- melles, et, souvent alors, les premiers se renversèrent de facon à montrer leur surface intérieure. J’obtins de la sorte l'explication de l'apparence radiée des testicules ; çar je vis que les parois intérieures de ces ( Sxt ) organes sont garnies d’une quantité de petits poils ou cils. Lorsque les testicules se retroussent ainsi, on croirait presque voir le museau d’un Échinorhynque. Ces poils tiennent à sa surface intérieure, de sorte que la plupart des points où ils sont attachés, forment les lignes du milieu des testicules. Pour s'assurer de l'existence des cils, il n’est pas toujours nécessaire de faire une incision ; car il suffit quelquefois d’une lé- gère pression pour opérer ce renversement. En pre- nant alors les testicules sans les léser et en les serrant, on verra que les poils perceront la fine enveloppe ex- térieure qui les entoure, et se présenteront ayec leur pointe, ainsi que nous l'avons représenté fig. 7 7. Les poils ou cils sont larges à leur base, et se terminent en pointe; aussi peut-on les considérer comme de fins aiguillons. Les testicules sont entourés à l’extérieur d’une en- veloppe mince et claire comme du verre, qui présente de petites entaillures aux bords, et quoiqu'’elle ne soit pas musculeuse, elle possède néanmoins une force, toute particulière pour s'étendre et se contracter. Ses contractions sont tout-à-fait indépendantes des mou- vemens de l’animal : tantôt les testicules s’étendent, et tantôt ils se rétrécissent ; souvent ces changemens ont lieu dans l’un de ces organes seulement; mais quel- quefois ils se meuvent ensemble. Nous avons déjà fait observer plus haut, que le grand testicule, à gauche, couvre l'utérus par sa portion la partie supérieure et plus étroite. Cette position n’est sujette à aucun changement; et je crois même que la surface infé- ricure du testicule est attachée à l'utérus, car lorsque ( 312 ) le premier de ces organes se rétrécit, le second se ré- trécit en même temps, ce qui n'aurait pas lieu, s’ils étaient moins étroitement unis. Les deux testicules se rétrécissent près de l’orifice sexuel, et se prolongent en deux courts canaux cylindriques, qui se réunissent en aboutissant à l’'émonctoire commun des œufs. L’o- rifice sexuel n’est pas, chez la plupart des Distomes, à la surface du ventre, mais au bord droit latéral, non loin de la ventouse: il est rond, gonflé, assez grand ct peut s'ouvrir et se fermer au moyen de fibres mus- culaires circulaires. On voit sortir la verge du milieu de cet orifice; elle est assez grosse, cylindrique, ar- rondie en forme de gland à son bout antérieur, et munie d’un orifice ; elle sort au-delà de la moitié de sa longueur (fig. 4, n et fig. 6, a). Pour se faire une idée de la manière dont l’animal pond ses œufs , il suffit d'examiner la structure de ses parties sexuelles. Néanmoins ce point mérite tout par= ticulièrement notre attention, car d’après les observa= tions de Mehlis et de Creplin , on n’est que trop porté à attribuer aux Distomes , aux Monostomes , et à d’au- M tres parasites analogues , deux orifices sexuels. Déjà Zeder et Rudolphi ont observé que chez plu- sieurs vers à ventouse, les œufs sortent par le cirrus ou le pénis. Ce fait a été beaucoup contesté plus tard; on a même prouvé que le contraire a lieu chez plu- sieurs animaux de cette classe. D'après les observations que j'ai faites sur le Drsto- mum perlatum , je suis persuadé que l’opiaion de Ru- dolphi et de Laurer est la seule juste; voici pourquoi: La longue trompe qui descend d’un côté du corps en ( 313 ) faisant différentes courbures, remonte de l’autre , et - aboutit en s’élargissant (fig. 4, o, et 6, e) au testi- cule droit. Il se rassemble ordinairement dans cet élargissement de la trompe, un nombre d’œufs, qui entrent peu à peu dans les testicules, et sortent enfin par l’orifice du pénis. J'ai eu occasion d’observer à quinze individus, cette sortie d'œufs, sans qu’elle eüt été causée par aucune pression, ni par aucun autre moyen artificiel. Il est aussi à noter que chaque fois que j’enlevai avec précaution le testicule droit, celui-ci entraînait avec lui l’élargissement ovale et une partie de la trompe. Une chose remarquable , c’est que l’es- | pace intérieur du testicule, garni de petits aiguillons recourbés , n’entrave pas la sortie des œufs. Toutefois | cette opération était toujours accompagnée de certains mouvements convulsifs de l'animal, et dès qu’elle était terminée, le pénis rentrait. Système vasculaire. —Je ne puis traiter ici que des principaux canaux du système de vaisseaux , car non- seulement la petitesse de l'animal, mais particulière- ment le gros tégument extérieur de son corps et le manque de diaphanéité qui en résulte, rendent leur recherche très-difficile. Le cours des vaisseaux est en général tel que Mehlis l’a décrit chez le Distomum echinatum. Sur la surface du dos, non loin du bout de la queue, on remarque d’abord un petit orifice ovale (fig. 4, s) vù viennent aboutir tous les grands troncs vasculaires, lesquels sont remplis d’une hu- meur claire comme l’eau. L’excrétion qui se fait par cet orifice ne peut par conséquent s’observer distinc- tement, que lorsqu'on met le ver dans une liqueur ( 314) foncée. Le tronc principal qui aboutit à cet orifice pos- térieur est très court, et se divise aussitôt en deux troncs qui se subdivisent en deux branches, qui se laissent poursuivre jusqu’à une certaine distance, mais qui échappent déjà à la vue entre les ovaires, où elles passent sous les branches du canal intestinal. Un peu plus haut, au-dessus des principaux émonctoires des ovaires, on les aperçoit de nouveau aux deux côtés du corps, sous les courbures de la trompe, et on les dis= tingue encore mieux lorsqu'elles serpentent au-dessus | de la fourche du canal digestif (fig. 4, Ah, gg). Il s’en détache ici une quantité de petites branches qui se ré- pandent tant vers l’extérieur , que vers l’intérieur, se ramifient de toutes les manières et forment, en passant sous la peau extérieure du corps, un fin tissu de vais= seaux réunis par de nombreuses anastomoses. Ce lacis de vaisseaux s’observe d’ailleurs plus facilement au côté du dos qu’au côté du ventre, car ici la ventouse la cache un peu. Je n’ai découvert aucune trace d’un système de nerfs, ps RecnercHES sur LES GYRODACTYLES ( Gyrodactylus }. Le genre Gyrodactylus (NVobis), paraît être riche en. espèces : nous ne parlerons toutefois ici que de “ À En | deux de ces animaux bien différens l’un de l’autre, ! mais qu'on trouve ensemble dans la glaire des ouïes du Cyprinus Brama, du Cypr. Carpio, et peut-être aussi de quelques autres espèces de carpes. Les particularités communes à ces deux espèces, et! (315 |) qui par conséquent caractérisent le genre, sont les suivantes : Ces animaux sont tous deux microscopiques et ont à peine 1/9 de ligne de long. Quand le corps est étendu il est cylindrique , concave au côté inférieur du cou, et 6 à 7 fois plus long que gros. La tête ne se dis- tingue que faiblement du cou ou du reste du corps (pl. 18, fig. jet 8); son bord antérieur a deux ou quatre lobes et est en général d’une forme très chan- geante. On remarque sur la nuque de l’un de nos Gy- rodactyles quatre petits points foncés qu’on pourrait prendre pour des yeux; l’autre espèce en est privée. {Le bout postérieur du corps se distingue par un or- gane de fixation remarquable et singulièrement cons- truit ; il se compose d’un grand réservoir en forme de ventouse, dont les parois excessivement minces sont soutenues par deux grandes côtes cartilagineuses et une quantité de petits aiguillons également cartilagi- neux. Ces derniers sont placés à la périphérie de la ventouse et forment un cercle simple ou double; ils sont mobiles et se plient tantôt en dedans, tantôt en dehors. Le canal intestinal paraît simple et les sexes | bien séparés. À certains individus on apercoit à la surface du ventre deux petits crochets courbés en forme de genou. De tous les Helminthes que j'ai rencontrés jusqu'aujourd’hui, il n’en est aucun qu’on puisse comparer à nos Gyrodactiles ; mais c’est des Gertoïdées qu'ils se rapprochent le plus. Gyrodactylus elegans (N.) Le bord antérieur de la tête, dont la forme varie du reste beaucoup, se distingue par deux petites ( 316 ) saillies ; larges à leur base et se termiuant en pointe (pl. 18, fig. 7). Quelquefois l'animal rétrécit ces saillies ou lobes, de sorte qu’elles disparaissent presque entièrement, d’autres fois il les fait considéra- blemént ressortir; il s’en sert souvent comme un organe de locomotion ; pour cela il les fixe à un objet quelconque, puis recourbe la partie postérieure du corps en l'air et la rapproche de sa tête. Parfois on apercoit à la partie antérieure du corps une petite échancrure, qui constitue une espèce de cou. Le reste du corps est partout également gros et cylindri- que ou en forme de fuseau. Les yeux manquent à cette espèce, et quelques individus ont au ventre deux petits crochets cartilagineux courbés en forme de ge- nou, derrière lesquelles on apercoit encore, par un très fort microscope , quatre petites pointes cartila- gineuses, en forme de peigne. Il est probable que les premiers appartiennent aux parties sexuelles mâles. Entre les crochets ployés en forme de genou et l'organe de fixation, on remarque un endroit clair et rond, qui est évidemment l'anus. Les atres organes intérieurs ne se laissent pas très bien distinguer, bien que le ver soit assez transparent; on apercoit dans la ligne du milieu du corps, un canal large et foncé, qui est la cavité digestive ; à l'endroit où se trouve l’é- chancrure du cou, on remarque de chaque côté, deux petits fils claïrs et tortueux , et un peu au dessous , à peu près au milieu du corps, une partie alongée et également plus claire. L’orifice de la bouche est situé un peu au dessous des deux saillies du bord de la tête, ct paraît tantôt ovale, tantôt comme une petite fente. (313) Les recherches sur l'organe de fixation placée au bout dela partie postérieure du corpssonttrès difficiles, parce que les petits aiguillons dont sa périphérie est garnie, sont dans un mouvement continuel et n’of- frent que très rarement une position favorable. La structure de cet organe nous rappelle en quelque facon la bourse qui se trouve à la queue du Sérongylus _hypostamus, telle que l’a décrite etreprésentée Mehlis; mais sous d’autres rapports elle en diffère essentiel- lement. La partie postérieure du corps de notre animal, se prolonge en une ventouse profonde, ouverte au haut et dont la forme vue d’en haut ressemble à une ellipse. Les parois ou l'enveloppe de la ventouse sont très claires, transparentes, et d’une consistance beau- coup trop faible, pour ne pas s’affaisser. Pour empé- cher cela, il existe deux grandes côtes (pl. 19, fig. o,a, a) qui servent d'appui à l'enveloppe. A leur base elles ont la forme d’un pied, puis elles dimi- nuent progressivement et se replient en arc. Le bout en forme de pied est attaché au fond de la ventouse ÿ les pointes en sortent comme deux forts crochets, et entre leur base, il se trouve encore un petit cartilage oblong (fig. 8, b ). Enfin, la périphérie de la ventouse présente un cercle de 16 petits corps cartilagineux et coniques, larges et courbés en dedans à leur base ; leurs pointes qui diminuent progressivement et se re- plient en dehors, dépassent considérablement les borüs de la ventouse. La fine enveloppe de la ventouse qui entoure également ces spicules forme entre chacun d’eux un are saillant, et donne ainsi à la périphérie un air trés gentil, recourbé vers le haut à ses deux bouts. ( 318 ) Du côté antérieur, le bord de la ventouse manque d’épines et présente trois lobes saillans, dont les deux extérieurs sont plus petits. Les mouvemens de notre animal se font avec une certaine violence qui n’est pas propre aux autres Hel- minthes; tantôt il s’alonge et tantôt se rétrécit en arc, Pendant ces mouvemens la ventouse s'ouvre plus ou moins, et en même temps les spicules se montrent, iso- lément ou plusieurs à la fois, à sa périphérie, se dres- sent, se reconrbent en dedans, étendent l’enveloppe de la ventouse, ou se dirigent aussi vers l’intérieur et le bas, ce qui fait diminuer la tension de l'enveloppe. Lorsqu'on place l’animal dans une goutte d’eau et qu’on met un petit objet quelconque en contact avec sa ventouse, tous les spicules se préparent à le saisir, en prenant une position oblique, c’est-à-dire en diri- geant leurs pointes en dedans. Gyrodactylus auriculatus (N.) Cette espèce diffère spécifiquement de la précé- dente. Son corps est cylindrique, plus étroit à la tête, plus gros pour l’ordinaire au milieu. Elle a, au bord antérieur de la tête, quatre lobes ou saillies, dont les deux du milieu sont plus longs et plus saillans que les latérales lorsque le ver s’étend (pl. 18, fig. 8), et éga- lement saillans lorsqu'il se rétrécit. Sur la nuque, on remarque quatre petits points oculaires, ronds, noirs ou bruns foncés, et placés de manière à former à peu près un carré régulier. Sous une forte pression j'en vis sortir un pigmentum noirätre, et j'apercus clairement LÉ (319 ) les bords des yeux, qui me paraissaient chacun comme une cavité ovale et transparente (1). À partir du petit orifice triangulaire ou ovale de la bouche, on aperçoit le large canal lintestinal qui s'étend par tout le milieu du corps. Il est un peu échancré à sa partie supérieure, mais s’élargit bientôt après. Je n'ai pu réussir à découvrir à cette espèce l'orifice postérieur. Les petits, et sans doute les plus jeunes individus , étaient toujours plus transparens , et se distinguaient par une structure d'apparence cel- lulaire à l’intérieur; cà et là j’aperçus aussi quelques groupes de corps clairs, ronds et vésiculeux. Aux plus grands et plus vieux individus, la partie antérieure du corps est plus claire, mais le reste de l’espace qui s’é- tend des yeux et à l'organe de fixation caudal, se trouve rempli d’une quantité de petits corps jaunâtres et grenus qui constituent les ovaires. . Les œufs non mürs de l’animal, sont d’une forme irrégulière, tantôt ronds, angulaires ou oblongs; les plus développés, par contre, sont mieux formés. Chaque œuf représente une figure qu’on peut compa- rer à une rosette de diamant, et dont la périphérie se compose de 6 à 8 saillies rondes. D’autres individus, (1) L'existence d’yeux chez les vers intestinaux est un phénomène | très étrange ; cependant on a déjà remarqué quelque chose d’analogue dans deux genres diffcrens ; par exemple: les deux points rouges qui , d'après le rapport de Melhis et Rudolphi se dessinent tantôt très dis- tinctement , et tantôt disparaissent entièrement chez le Scolex ; et selon Bacer (Æcta Acad. Léopold , t. xur, part. 11, p. 685), les deux petits points noirs placés derrière l’orifice de la bouche du Po- lystomum integerrimumn. ( 320 ) quoique assez grands pour être pris pour des animaux entièrement développés, n'avaient ni ovaires ni œufs, mais ils renfermaient au milieu du corps , deux grands corps bien distincts, en forme de vessie, au-dessous desquels on remarquait en outre, un organe clair et courbé. Je les considère comme étant des mâles. L’or- gane de fixation, en forme de ventouse , se distingue par sa structure, de celui de l’autre espèce; les saillies arrondies de l’enveloppe de la ventouse, entre les dif- férens spicules manquent ici, et ces aiguillons sont moins aigus et forment un double cercle, de sorte que, vue d’en haut, la ventouse a l'air d’en contenir une autre plus petite. Les grandes côtes courbées sont tout-à-fait analogues à celles du Gyrodactylus ele- gans, avec la différence toutefois qu'ici la mince en- veloppe de la périphérie de la ventouse est attachée aux côtes. Les mouvemens des spicules sont ici encore plus re- marquables qu’au Gyrod. elegans. Enfin, dans l’eau , ces petits animaux restent deux jours en vie. (La suite à un numéro prochain. ) EXPLICATION DES PLANCHES. Planche xvin Toutes les figures sont vues au microscope. Fig. 1. Diplostomum volvens ( Nordmann ), vu par sa face ven- trale. Fig. 2. Le même vu en dessus. Fig. 3. Trois de ces vers au premier àge. Fig. 4. Diplostomum clavatum (Nordmann) , vu au microscope. Ca22 ) À Fig. 5. Distomum rosaceum (Nordmann). Fig. 6. Distomum perlatum (Nordmann). \ Fig. 7. Gyrodactylus elegans (Nordmann). Fig. 8. Gyrodactylus auriculatus (Nordmann). Planche xix. Fig. 1. Système vasculaire du Distomum volvens. — À tronc latc- ral. — B portion supérieure du même vaisseau se recourbant en de- dans pour se joindre au tronc médian.—C œsophage qui se divise en deux branches, — D bifurcation du tronc latéral. — E vaisseau laté- ral interne. — F vaisseau latéral externe. — G anastomose transver- sale ou pont. — H réservoir chylifère dans lequel viennent se termi- ner les vaisseaux latéraux. — a, D branches vasculaires. Fig. 2. Système vasculaire du Diplosiomum clavatum. — Yes di- vers vaisseaux sont indiqués par les mêmes lettres que dans la figure précédente. Fig. 3. Diplostomum volvens vu de côté. — a ventouse antérieure, — b ventouse postérieure, — c rebord postérieur des corps. — d ap- pendice en forme de sac. Fig. 4. Anatomie du Distomum perlatum. — À a suçoir buccal. — h œsophage. — c canal intestinal simple. — 4 point où le canal alimentaire se bifurque. — e branches du canal intestinal, — fiermi- naïison en cul-de-sac de ces branches. — g et A vaisseaux latéraux.— iutérus. — k organe glandalaire renfermé das l'utérus. — / et »2 les testicules. — 7 corrhe ou verge. — o terminaison de l’oviducte.— p!, P, p circonvolution de l’oviducte. — q, q ovaires. — r émonction des ovaires. — s ouverture postérieure, Fig. 5. Une portion des tégumens communs du même animal. Fig. 6. Une portion de l'appareil général du même, montrant le passage des œufs de l’oviducte au-dehors à travers l’un des testicules. — a canal commun, — à b testicules. — c dilatation terminale de Poviducte. — d d'oviducte. Fig. 7. Le petit testicule retourné pour montrer les espèces dont sa surface interne est hérissée. XXX. 21 (Ja ) Rapport fait a l’Académie royale des Sciences sur un Mémoire de M. Payen, relatif a la théorie des E ngrals. L'Académie nous a chargés, MM. Becquerel, Du- trochet et moi, de lui rendre compte d’un mémoire de M. Payen, qui a pour objet la théorie des Engrais et la discussion de quelques-unes de leurs applications agricoles. La persévérance avec laquelle l’auteur s’occupe de Ja question des Engrais depuis dix ou douze années lui a permis de réunir un grand nombre de documens, de diriger des essais multipliés et faits sur une grande échelle, enfin de chercher une explication aux anomalies qui ont si souvent fait varier sur ces matières l'opinion des agriculteurs praticiens. C’est le résultat définitif de ses essais et de ses réflexions, qu’il vient soumettre au jugement de l’Académie. On peut dire qu’en général les Engrais sont toujours empruntés au règne organique, et que les substances qui sont destinées à fournir à la terre l’aliment que le végétal y cherche , ont été elles-mêmes douées de la vie animale ou végétale. Il semblerait, au premier abord, que cette condition pourrait tenir à ce que la matière déjà organisée , se présente aux plantes sous une forme d’une plus facile assimilation , toutefois ; les faits les plus certains nous indiquent, au contraire, que les matériaux organisés que nous introduisons dans les Engrais, n’ont d'autre objet , en définitive, que de fournir aux racines de l'acide carbonique , par la combustion lente qu’ils éprouvent dela part de l’air ou par leur décomposition spontanée. Telle est, au ( 323 ) moins , l'opinion généralement recue sur le rôle des “Engrais. Dans ces dernières années , on a pensé que l’ulmine ou acide ulmique , produit si constant de la décomposition des matières végétales, pouvait bien passer en nature dans les végétaux; mais on ne cite aucun fait certain qui permette de considérer cette opinion comme démontrée. Les matières non azotées qui font partie des Engrais, semblent donc destinées à fournir seulement de l'acide carbonique aux plantes. Si nous ne pouvons “énoncer ce fait que sous une forme un peu dubitative, à plus forte raison encore devons - nous exposer avec réserve le rôle que peuvent jouer les matières azotées qui entrent dans les Engrais. En effet, outre le carbone qu’elles renferment, et à l’aide duquel elles doivent fournir de l'acide carbonique, comme les matières végétales, elles peuvent jouer par leur azote, un rôle qui n’est pas encore éclairci. Get élément ne demeure probablement pas étranger à la nutrition du végétal, et pénètre peut-être dans ses racines, après sa conversion en ammoniaque , que la décomposition spontanée de la matière azotée ne tarde point à produire. * Toutes ces questions demanderaient, pour être ré- solues, des expériences multipliées faites avec méthode et en mettant à profit les ressources que présentent la chimie et la physiologie végétale réunies. Leur solu- tion permettrait d'attaquer & priori , la question des Engrais, que nous ne pouvons étudier maintenant qu'au moyen d'un examen comparatif de faits souvent incertains , toujours complexes, et quelquefois con- tradictoires en apparence, ( 324 ) Le mémoire de M. Payen a principalement pour objet l'étude des Engrais azotés. Vos commissaires re- grettent qne l’auteur n'ait pas abordé la question théorique relative au mode de nutrition que ces En- problème, et qu’il eût trouvé dans ce premier résultat la base d’une théorie plus élevée que celle à laquelle il s’est arrêté. L'auteur a procédé, dans ses essais, d’une manière plus pratique. Il a fait usage de diverses matières comme Engrais : il a comparé les produits obtenus, et s’est attaché à reconnaître la quantité réelle de ma- tière organique contenue dans chaque Engrais, ainsi que la lenteur ou la rapidité de sa décomposition: C'est à l'aide de ces expériences qu'il établit le prin- cipe suivant. La meilleure manière d'employer les Engrais ani- maux consiste à rendre leur décomposition progres= sive, afin que l'aliment qu'ils offrent au végétal croisse à mesure que celui-ci se développe lui-même. Cette règle s’accorde avec les faits|; elle pouvait se trouver par le raisonnement, car elle est parfaitement | en harmonie avec l’opinion générale sur le mode d’ac-, tion des Engrais. Il paraît donc qu'on peut l’adopter avec confiance. Voyons maintenant comment l’auteur en concoit l'application. Si une matière animale est enfouie dans le sol, elle ne tarde point à y éprouver une décomposition spon- tanée , qui donne naissance à une grande quantité de gaz carbonique , indépendamment de quelques autres | produits gazeux, dont l'effet n’a pas été bien apprécié sur la végétation. Mais bientôt cette fermentation pu- . . ° , Li rais exercent, persuadés qu'il aurait pu résoudre © gre » P q E res L | | LE [4 b: | [ (4 î ( 325 ) tride se ralentit, des produits un peu plus stables ayant été formés par elle; de telle sorte que la quan- tité d’acide carbonique produite par le contact de l'air, devient beaucoup plus faible et peut être re- gardée comme uniforme ou même décroissante pour un tems donné. Mise en rapport avec une graine en germination ou avec de jeunes plantes, cette matière animale brute lui fournira donc beaucoup trop de gaz alimentaire dans les premiers instans, et plus tard, quand la plante plus développée exigera une nourriture plus abondante, le gaz carbonique diminuera d’une ma- nière inopportune. Les résultats sont bien différens si la matière ani- male est employée sans préparation, mais mélangée avec du charbon animal , qui en ralentit la décompo- sition. Dans les premiers tems, ce mélange fournit peu de gaz carbonique ; et à mesure que le charbon perd de ses propriétés ou se sature des produits four- nis par l’altération de la matière, la décomposition de celle-ci marche et s'accélère, suivant ainsi les progrès de la végétation. C’est ainsi du moins que l’on peut expliquer com- ment, en pratique, 100 parties d’un mélange formé de 85 de charbon animal pour 15 de sang sec, pro- duisent plus d’effet que 400 parties de sang liquide, qui en représentent 100 de sang sec. L’effet utile du Sang est sextuplé par son mélange avec le charbon. On pouvait croire que le charbon lui-même ne de- meurait pas étranger à la production du gaz carboni- que; mais l’auteur s’est assuré par des expériences directes, que ce charbon mélangé aux matières ani- ( 326) males ne perd pas de son poids en trois mois, quoique soumis à toutes les influences de la végétation et de l'air. Ainsi, l'effet que l’on obtenait autrefois , en conver- tissant en une sorte de terreau animal , les matières azotées destinées aux Engrais, effet qui exigeait le sa- crifice des 9/10 au moins de la substance efficace, se réalise aujourd’hui sans perte de produit ni de tems, par la seule introduction du charbon. Dans les deux cas, on transforme la décomposition putride trop tu- multueuse de la matière animale brute, en une réac- tion plus lente et plus conforme à la marche de la vé- gétation. L'auteur a beaucoup contribué à répandre l'emploi du noir des raffineurs de sucre comme Engrais. Ce noir qui a servi à la décoloration, retient 12 ou 15 centièmes de sang coagulé qui a servi lui-même à la clarification des sirops ; ce mélange forme donc un Engrais tout disposé pour remplir les conditions les plus favorables. Cependant son emploi, qui s'é- lève aujourd’hui pour la France à vingt millions de kilogr., présente des anomalies qu’il fallait éclaircir. L'auteur s’est assuré que cet Engrais ne produit tout son effet qu’autant qu’il a été convenablement dé- pouillé de sucre. En présence de la matière animale, celui-ci forme del’alcool, de l'acide acétique, etarrête par-là, la décom- position de la matière animale. D'ailleurs l'acide acé- tique produit, exerce une action nuisible sur la végé- tation, comme on peut le conclure des expériences récentes de M. Becquerel, l’un de nous. Le sucre lui- A , , . Lu méme, non encore altéré par la fermentation, S Op- (327 ) pose manifestement à la végétation, et tue bientôt les jeunes plantes ; fait démontré par des expériences directes que l’un de vos commissaires, M. Duütrochet, à eu l’occasion d'exécuter. Tout porte donc à croire que l’auteur donne une ex- plication vraie des anomalies que le noir des raffineurs présente , et qu’il indique le véritable moyen de les faire disparaître, en conseillant d'essayer ces noirs et de les laver quand ils sont encore sucrés. L'auteur a fait d’ailleurs des expériences sur des mélanges de matière arimale et de sirop, et il s’est convaincu que la matière animale demeure inaltérée, tant que le sucre n’a point éte complétement décom- posé. Au contact de l’air , la formation d’acide acétique est abondante et la liqueur demeure acide. C’est à l’action reconnue du noir des raffineurs, qu’est due la nouvelle industrie dont on doit la créa- tion à M. Salmon, qui l’exploite auprès de Paris ayec M. Payen. Un charbon animal économique, préparé à dessein, permet de rendre immédiatement propre aux Engrais, la matière fécale brute, sans passer par la fabrication de la poudrette. L'Académie aura bientôt à s'occuper de nouveau de cette grave question, M. Salmon lui ayant soumis les procédés dont il est l'inventeur. M. Payen insiste beaucoup et avec raison sur une propriété du charbon , qui en rend l’application fort utile. On sait que les Engrais animaux communiquent une saveur désagréable ét quelquefois même une odeur repoussante aux végétaux qui s’en sont nourris, Les personnes qui ont parcouru les Alpes, ont remarqué dans les pâturages, des touffes qui s'élèvent beaucoup ( 328 ) au-dessus de la hauteur ordinaire des plantes voisines, et que les bestiaux ne manquent pas de respecter. Quand on examine la base de ces touffes , on y décou- vre toujours des excrémens, qui ont à la fois con- tribué à la végétation vigoureuse et à leur odeur préservatrice. Ce passage de certaines substances non assimilées dans les {tissus animaux ou végétaux, est démontré par une foule de faits. Mais l'auteur en rap- porte un, qui mérite d’être signalé. De l’eau, chargée d’une faible trace de goudron et tout-à-fait potable, fut consacrée à élever des carpes, et renouvelée à mesure du besoin. Les carpes au bout de quelque temps, présentèrent non-seulement l'odeur et la sa- veur du goudron dans tout leur tissu, mais encore une couleur brune dans leurs muscles, qui indiquait que le goudron s’y était accumulé, comme par une filtration souvent répétée de la liqueur qui n’en con- tenait que des traces. Le charbon animal garantit les végétaux de toute altération de ce genre, et absorbe tous les produits in- fects de l’Engrais pour les restituer à mesure qu'ils sont brülés par l'air et rendus inodores. Cette pro- priété complète l’effet utile du charbon animal. L'auteur examine le rôle des os employés en nature, et, d’après ses analyses, indique les causes qui ont tant fait varier l’opinion sur le compte de cet Engrais tant préconisé et tant rabaissé par les divers agriculteurs qui en ont fait usage. Il observe que la matière grasse des os, d’abord isolée dans les cellules adipeuses, peut en être extraite par l’ébullition dans l’eau ; qu’en cer- tains Cas, au contraire les cellules se crèvent et la matière grasse s’épanche dans le tissu même de l'os; (329) l’ébullition dans l’eau en laisse alors beaucoup dans le tissu. Les os bien dégraissés sont un bon En- grais , les os mal dégraissés exercent peu d'effet; ré- sultats faciles à comprendre. Il faut donc, pour obte- . nir un effet constant des os, se hâter de les dégraisser avant qu’une putréfaction commencçante brise les cel- lules adipeuses et liquéfie la graisse qui s’introduit dans les tissus. Nous ne suivrons pas l’auteur dans les explications, . brèves d’ailleurs, qu'il donne au sujet des Engrais vé- gétaux et des compots : sa théorie s’y applique; mais nous sommes disposés à croire que de nouvelles expé- riences modifieraient un peu l'opinion qu'il s’en est formée. En bornant notre examen à l’étude complète des Engrais animaux liquides ou solides que renferme le mémoire de M. Payen, nous pensons que ce travail renferme des faits utiles à l’agriculture, liés par une pensée générale dont l'application doit obtenir de vé- ritables succès dans presque tous les cas. On ne peut pas dire que la véritable théorie des Engrais soit don- née par l’auteur ; mais on peut admettre qu’il a for- mulé la règle pratique la plus généralement appli- cable. À cestitres, nous avons l’honneur de proposer à l’Académie d'accorder son approbation au Mémoire de M. Payen et de l’engager à continuer ses expé- riences. J. Dumas, rapporteur. ( 530 ) Rapport fait à l’Académie des Sciences sur un Mémotre de M. Auvouix, éntitulé : Observa- tions sur le nid d’une Araignée, construit en terre et remarquable par une grande perfec- tion ; Par M. Frédéric Cuvrer. L'Académie m'a chargé de lui faire connaître, par un rapport verbal, le mémoire qui lui a été présentépar M. Audouin, et qui a pour titre : Observations sur le nid d’une Araignée, construit en terre et remarquable par une grande perfection. Un petit bloc de terre de forme cubique qui se trou- vait, sans qu’on en connût l’origine, dans la collection du Muséum d'histoire naturelle, contenait, à chacun des angles d’une de ses faces, une cavité tubiforme M garnie intérieurement d’un tissu soyeux, et fermée à son ouverture par un opercule à charnière. La connais- sance qu’on avait des demeures ou des nids de plu- sieurs Araignées, et entre autres de l’Araignée ma- conne (1) ({ranea cæmentaria), ne permettait pas de douter que ce ne fût à une espèce de cette famille | qu’on düt la construction de ces nids singuliers; et c’est à l’Araignée de Corse, décrite par Rossi sous le nom d’Aranea Sauvagesii, que notre confrère Latreille, après quelque hésitation , crut pouvoir enfin les attri- buer (2). La description que Rossi donne du nid de son Araignée de Sauvage, espèce qu'il ne distinguait (1) Sauvage a décrit l’industrie de l’Araignée maconne dans l'Histoire de l'Académie des Sciences de Paris, et on trouve une description de l’insecte par Dorther dans le tom. 11 des Transactions de la Société Linnéenne, pag. £o. (2) Nouv. Dict. d'Hist. nat., tome xxu, page 125; le Règne animal , tome 1v , page 232, (33% ) pas de l’Araignée maçonne, convient en effet à ceux du petit bloc de terre dont nous venons de parler, tout incomplète qu’elle est; car si quelques différences s’ob- servent entre la forme générale de ces nids et celle du nid de Rossi, du moins l’opercule chez tous porte le même caractère. M. Audouin partageant la dernière opinion de M. Latreille n’élève aucun doute sur l’origine de ces nids, et les présente comme ayant été construits par cette Araignée de Rossi, nommée Sauvagesii, par M. Latreille, après qu’il l’eut reconnue comme espèce distincte de la maconne (1). M. Walkenaer a admis cette Araignée dans son genre Mygale, en substi tuant le nom de fodiens, à celui de Sauvages. De- puis M. Latreille a réuni cette Mygale aux autres My- gales fouisseuses, dans le genre Ctenise, qu’il a formé pour elles (2). Le nid de cette Mygale pionnière, car c’est par ce mot que M. Walkenaer rend le sens dans lequel il prend celui de fodiens, le nid de cette Mygale, dis-je, dont M.Audouin donne la description, avait une forme tubuleuse; sa largeur était de dix lignes, et sa profon- deur de trois pouces ; il était droit dans les deux tiers de sa longueur , et se fléchissait légèrement ensuite ; mais tronqué et ouvert à sa partie inférieure nous n’en connaissons, ni la‘forme générale, ni l'étendue, ni la terminaison ; il ne nous donne donc qu’une idée de la Structure de ses parois supérieures, et du singulier couvercle qui ferme son entrée. Ces parois sont tapissées par un tissu soyeux qui (1) Sur les Araïgnées mineuses : Mém. de la Soc, d'Hist. nat., au VII, page 118. (2) Familles naturelles du règne animal, page ( 332 ) en rend toutes les parties lisses, solides et brillantes. Mais la surface de cette étoffe immédiatement appli- quée contre la terre est beaucoup plus grossière, cons- truite de fils beaucoup moins fins que celle qui forme la face intérieure du tube; celle-ci ressemble, par son poli, sa contexture et sa couleur, à un papier blanc sa- tiné. L’orifice de ce nid est évasé, et présente dans tout son contour une surface oblique à l’opercule qui doit le fermer. Cet opercule, très épais, se compose de plusieurs rondelles d’un tissu analogue à celui qui tapisse les parois ; elles sont un peu relevées sur leurs bords, sé- parées les unes des autres par des couches de terre, et toutes attachées au même point, au bord supérieur du tube. Par ces dispositions, cet opercule pourvu d’une véritable charnière et ayant, par la terre qui entre dans sa structure, une pesanteur suffisante, ferme toujours très exactement l’entrée du nid, chaque fois qu'après avoir été ouvert, il est abandonné à son propre poids et retombe de lui même. Il y a plus, comme lobli- quité de son contour est en quelque sorte moulée sur celle de l’orifice du tube, il se trouve très exactement de niveau avec le sol, quand il est abaissé, et alors il se confond d'autant plus aisément avec le terrain en- vironnant , que sa face supérieure est formée par une couche de terre. Enfin l’on a remarqué à la face infé- rieure de cet opercule et à sa partie opposée à la char- nière, un assez grand nombre de petits creux, disposés en demi-cercle, lesquels servent à cette Araignée à tenir fermée de toutes ses forces l'entrée de son habi- tation, quand elle éprouve la crainte d'un danger. Pour cet effet, elle se cramponne, d’une part, à l’aide de (333 ) ses pattes, aux parois du tube, et de l’autre, aux creux de l’opercule à l’aide des crochets cornés de ses _ mâchoires. Sauvage avait déja reconnu que son Araignée macone agissait de même pour défendre l'entrée de sa demeure. Rossi (1) avait aussi fait la même observation sur son Araignée de Corse Il avait vu, de plus, que lorsqu'on tenait forcément l'opercule du nid ouvert, l'animal y substituait rapi- dement une toile épaisse qui, attachée dans tout son . contour, ne permettait pas plus la sortiequel’entrée du nid, et de jeunes Araignées s'étaient rencontrées avec leur mère au fond du nid où celle-ci se trouvait. Il est à regretter que cet observateur qui a possédé plusieurs de ces Araignées pendant une année entière, n’ait pas été guidé dans ses recherches par une imagi- nation plus féconde, par ün esprit plus investigateur. On n’a jamais vu les Mygales occupées à creuser leur habitation; on ignore done comment ces ani- maux parviennent à exécuter les profondes excava- tions qui leur servent d'asile, et qui vont quelquefois à plusieurs pieds; mais on a été conduit à penser qu’elles étaient principalement aidées dans ce travail par des organes dont les Mygales fouisseuses sont sur- tout pourvues, organes qui consistent en dents ou épines articulées au bord supérieur des mandibules, et que M. Latreille nomme peigne ou rateau (2), et en piquants, dont les tarses des deux premières paires de pattes et les articles correspondants des palpes, sont garnis. (1) Memoria di Matematica e fisica della Societa italiana, tome iv, page 134, fig. 7, 8, 9, 10. (2) Mémoires de la Soc. d'Hist. nat. , an vu, page 121, pl. vi, fig. cc. ( 334) M. Léon Dufour, correspondant de l’Académie; qui a fait de bonnes observations sur les mœurs et l’orar ganisatior de plusieurs espèces de Mygales (1), pense que les femelles seules ont reçu l'instinct de fouir } et que la nature en leur imposant ce besoin n’a pas seu- lement eu en vue leur propre conservation, mais en- core celle de leur progéniture; ce qui viendrait à l’ap- pui des faits rapportés par Rossi. Il fonde cette idée sur ce qu’il n’a jamais trouvé que des individus femel- les dans les nids des Mygales, et que les mâles qu'il a rencontrés vivaient isolés et cachés sous les pierres; de plus les organes fouisseurs des mâles lui ont tou- jours paru moins développés que ceux des femelles. M. Audouin, ayant obtenu de M. le comte Dejean une Mygale pionnière, il a pu vérifier l'exactitude des ob- servations de M. Latreille et de M. Dufour, sur la structure des mandibules et des pattes de cette Arai- gnée , etajouter même quelques détails nouveaux à ce que l’on counaissait de l’organisation de cette espèce; ainsi il a découvert sur l’un des crochets des mandi- bules , près de sa pointe et sur le côté dorsal, une pe- tite ouverture par laquelle, dit-il, sort le venin qui donne la mort aux insectes dont la Mygale pionnière se nourrit. Quoique les observations relatives aux instincts des insectes soient fort nombreuses, et qu’en grand nom- bre elles aient été faites par les hommes les plus ca- pables de porter, dans ces sortes de recherches, les lumières et la prudence qui en garantissent l’exacti- tude , nous croyons qu’on ne saurait assez les multi- plier, et qu’on ne peut trop encourager ceux qui s’en (x) Annales générales des Sciences physiques. Bruxelles, tome v, page 92. ( 335 ) < occupent; mais en même temps nous devons faire des vœux pour que ces observations ne continuent pas à rester isolées; pour qu'on ne se borne plus à les envi- sager comme un vain moyen d'amusement , comme un simple objet de curiosité; pour que les vues des naturalistes qui se livrent à ce genre d'étude, s'élèvent a la hauteur que peut atteindre le sujet de leurs re- cherches ; pour qu’on s'applique enfin à découvrir les ‘lois de ees phénomènes, comme on l’a fait pour les phénomènes de toutes les autres sciences. Et assuré- ment rien n’est plus propre à faire sentir l’importance de ces lois et l’utilité qui en résulterait pour la con- naissance de la nature , que cette haute vérité, re- connue par Descartes, et répétée par M. Audouin : que si les actions instinctives étaient dues à l’intelli- gence des animaux qui les exécutent, il faudrait, sous ce rapport, attribuer aux insectes , sur l'espèce hu- maine, une immense supériorité. Sur les affinités du genre Sülbe , et sur da né- cessité de le considérer comme le type d'une nouvelle famille ; Par M. Kunra (1). Il résulte des observations du savant professeur de Berlin que le genre Srirse se rapproche parti- culièrement des GrogurariNées, dont il diffère par son ovaire biloculaire, ses ovules dressés, ses an- thères à deux loges, et par un port tout-à-fait parti- culier. Il se distingue d’un autre côté des Sélaginées qui ont également un ovaire biloculaire, par les caractères cités ci-dessus, ainsi que par l'absence de glandes hypogynes. (1) Ce Mémoire a paru dans les Mémoires de l’Académie royale des Sciences de Berlin pour 1831, publiés en 1832; nous emprunu- ons cet extrait à l’excellent journal allemand de botanique le Liwxa, 1933, pag. 44. ( 336 ) . Nous devons ici faire remarquer que Bartling, dans ses Ordines naturales plantarum, d’après ses propres observations, décrit les Sélaginées comme ayant des anthères uniloculaires, et indique ce ca- ractère comme les distinguant des Globulariées aux- quelles il attribue des anthères biloculaires , et parmi lesquelles il place les genres Stilbe et Globularia. La famille des Srireinées est ainsi caractérisée: STILBINEÆ. Cazyx tubuloso-campanulatus, limbo 5-fidus, laciniis æqualibus, > inferioribus interdum pro- fundiùs incisis, rariüs 5- phyllus persistens. CorozLa monopetala, hypogyna, tubo supernè ampliato, fauce hirsuta , limbo quinquepartito patente subbilabiato, rariùs 4-partito et subregulari ; præfloratio valvata. STamiNA tot quot laciniæ, summo tubo corollæ inserta, alterna , exserta, subæqualia, ex quinque superiùs semper effetum vel planè oblitératum; filamenta libera, in alabastro abbreviata; antheræ elliptico-oblongæ, dorso affixæ, biloculares, internè secundüm longitudinem dehiscentes. Ovarrum libe- rum, sessile, biloculare, loculis uniovulatis, alteri interdüm minore vacuo. OvuLzum erectum. STy£us terminalis, filiformis exsertus. Sriama simplex emar- ginatum. Discus nullus. Frucrus exsuccus mono- spermus, indehiscens , calyce persistente obtectus. Frutices capenses habitu Payxuicæ vel Arieris. Folia verticillata, conferta, angusta, integerrima, coriaceos rigida , basi articulata , exstipulata. Flores in apice ramulorum, densè spicati, sessiles , basi tribracteat, inter düum poly gami. Cette famille ne comprend que le genre Srirse, dont les espèces sont les Sr. pinastra, ericoides et virgata, et le genre CampiLosTAcHYs fondé, par l’auteur pour le Stilbe cernua, qui se distingue par son calice à cinq sépales , sa corolle presque régulière à quatre divisions et ses quatre étamines, du pré- cédent, dont le calice et la corolle sont à cinq di- visions et les étamines au nombre de cinq, dont la supérieure porte une anthère imparfaite. (337) . Mémomme sur l'ordre de distribution des fibres dans le corps central de la tige; Par Ca. Girou DE BuzarEINGurzs, Correspondant de l’Académie royale des Sciences. (Communiqué dans la séance du 2 décembre 1833.) Dans leur rapport sur mon second Mémoire relatif à ‘évolution des plantes et à l'accroissement en grosseur des exogènes , MM. les commissaires, chargés par l’Académie de l’examen de ce Mémoire , m'ont invité à entrer dans de nouveaux détails sur chacun des prin- cipes qui y sont énoncés. Me faisant un devoir de répondre à cette invitation, je vais aujourd'hui reprendre les propositions relatives à la formation du bois dans l’exogène vivace. Réduit à me servir de mots dont le sens n’est peut- être pas le même pour tout le monde, je dois dire celui que je leur donne. J’appelle corps fibreux ce qu'on nomme ordinaire- ment bois ou corps ligneux. Une fibre, qui n’est à mes Jeux qu’une utricule allongée et modifiée peut-être dans sa nature , par ses relations avec la feuille , est au corps fibreux ce qu’une utricule est au corps utriculaire vulgairement appelé moelle. Je n’examinerai pas ici à quelle cause doit être rapportée cette élongation qui transforme une utricule arrondie en fibre. xxx, — Décembre. 22 ( 338) Lorsque je dirai que la fibre se continue d’un point à un autre, c'est seulement d’une modification ou d’une forme :que je voudrai parler; on devra entendre que c’est l’élongation utriculaire qui se continue. Je ne m'occupe pas de la question si les utricules , soit arron- dies, soit allongées, sont continues ou seulement con- tiguës. Obligé de sortir de la sphère des faits dans laquelle je m'étais renfermé d’abord , afin de montrer qu'ils obéis? sent à une loi générale, je parlerai encore de la distribu- tion des fibres dans quelques monocotylédones et dans quelques dicotylédones herbacées. : Dans ce qui concernera les exogènes vivacés, c’est seulement de la pousse de l’année qu'il s'agira. Tout ce que je dirai des feuilles se rapportera à la première génération des feuilles, c’est - à - dire aux feuilles déjà développées et qui étaient contenues , avant leur développement, dans un premier bourgeon; et tout ce que je dirai des bourgeons se rapportera à la deuxième génération de feuillesencore à l’état rudimen- taire, c’est-à-dire aux bourgeons nés à l’aisselle des feuilles de la première génération , considérés avant leur épanouissement. Il ne sera question des bourgeons à fleur que d’une manière exceptionnelle, ét pour rappeler que leur va= leur, dans la composition du corps fibreux centrals n’est pas la même que celle des bourgeons à bois. Fout cé qui concerne le corps fibreux se rapportera à Ja continuation, dans le corps’ céntral seulement, des fibres venant des feuilles et des botrgeons de première formation. Ce qui estrelatif à l'écorce et aux formations « ( 539 ) ligneuses qui ne se montrent le plus souvent qu'après lapremière année , sera étranger à ce Mémoire. Je distingue dans la partie ligneuse du corps central d'une exogène vivace deux couches concentriques , dont l’une, celle qui sépare l’autre du corps utriculaire interne ( de la moelle), auquel elle est même contiguë ei dont elle est l’enveloppe immédiate , se rapporte aux feuilles, en ce qu'elle est la continuation descendante de leurs nervures; tandis que l’autre, celle qui est la plus voisine de l'écorce et qui la sépare de la précédente dont elle est elle-même l’enveloppe immédiate , se rap- porte aux bourgeons , en ce qu’elle est la continuation descendante des nervures des feuilles rudimentaires dont ils se composent. C’est de ces deux couches seulement qu'il sera ques- tion. Leurs rapports sont constans, c’est-à-dire que celle qui répond aux bourgeons est toujours circonscrite à celle qui répond aux feuilles ou l’embrasse toujours. Chacune de ces couches se compose de faisceaux fibreux, lesquels, dans les exogènes vivaces ; se rap- prochent assez pour former des feuillets fibreux conti- nus , plus ou moins régulièrement concentriques , plus ou moins faciles à distinguer. J'appellerai ces feuillets zônes élémentaires ou zônes seulement. Je dois répéter que j'entends par verticille tout en- semble de formations foliacées qui , situées ou ramenées par la pensée dans un même plan perpendiculaire à l'axe de la tige, en font le tour, sans se rencontrer. Je ne change rien à ce que j'ai dit dans mon dernier Mémoire sur les rapports numériques des zônés avec les verticilles foliacés. ( 340 ) -Je passe maintenant à la distribution des faisceaux fibreux. Comme elle n’est pas toujours la même, ow qu'elle ne suit pas toujours le même ordre dans Îles deux couches , je vais l’examiner successivement dans chaque couche. Première couche. 1° Chez les plantes monocotylédones, existe l’ana= logue de cette première couche, puisque les nervures des feuilles s’y continuent dans le corps utriculaire interne. Mais elles y sont le plus souvent dispersées , et s'y montrent sous la forme de faisceaux fibreux sépa- rés les uns des autres par des masses plus ou moins épaisses de tissu cellulaire. Cependant on peut suivre ceux de ces faisceaux qui sont les plus voisins du centre, jusque dans les feuilles les plus hautes, dans lesquelles ils se continuent ; tandis que les plus voisins de la cir- conférence se rendent dans les feuilles les plus basses. Il est aussi des plantes dicotylédores, mais en petit nombre, où l’on rencontre une semblable distribution, et où par conséquent la continuation descendanie de toute feuille s’emboîte dans celle d’une feuille inférieure, s'ilyena, et embrasse celle d’une feuille supérieure , s’il y en a aussi. 29 Dans les exogènes vivaces, l’ordre de distribution des faisceaux fibreux de la première couche est, le plus | souvent, je n'ose dire toujours , l'inverse de celui que » nous venons de décrire, c’est-à-dire que les fibres d’un | verticille quelconque de feuilles forment, dans leur | continuation descendante, des zones à l'intérieur des- (341) quelles se montrent les zones appartenant aux verti- cilles inférieurs, et qui sont embrassées elles-mêmes par celles qui appartiennent aux verticilles supérieurs. Il paraît que l’on trouve cette mème distribution chez quelques monocotylédones. Un botaniste allemand (M. Mohl) l’a signalée dans certains palmiers. 3° Dans plusieurs dicotylédones annuelles , les fais- ceaux fibreux qui répondent aux feuilles se rangent sur une même zone; en sorte que la première couche ne se compose ici que d’un seule zone plus ou moins régu- lière, composée elle-même de faisceaux distincts et sé- parés les uns des autres par des continuations lamellées plus ou moins épaisses du corps utriculaire. T'els sont, à ma connaissance, les faits relatifs à la première couche des plantes vivaces, ou aux fibres ve- nant de la première génération de feuilles en général. Deuxième couche. Je passe à la distribution des faisceaux fibreux qui proviennent des bourgeons. Celle-ci, sans être parfai- tement uniforme, l’est plus que la précédente. On ne “doit pas la chercher dans les monocotylédones, si ce n’est peut-être däns le petit nombre de celles qui, comme le dragonier, produisent , à un certain âge, des bourgeons à l’aisselle de leurs feuilles. C’est donc dans les dicotylédones que nous allons l'examiner. Dans les exogènes vivaces et dans beaucoup d’exo- gènes annuelles , les fibres venues des bourgeons se distribuent, dans la deuxièmé couche, de manière que ( 342 ) celles d’un verticille embrassent celles des verticilles supérieurs et sont embrassées elles-mêmes par celles des verticilles inférieurs ; en sorte que les deux couches, qui composent le corps ligneux de la tige de première année d’une exogène vivace, offrent, dans la mème tige, deux ordres d’emboîtement, dont l’un est l’inverse de l’autre. Dans la première couche, celui des-feuilles se fait en dehors ; et dans la deuxième, celui des bour- geons se fait en dedans, c’est-à-dire que la continuation descendante des feuilles devient d'autant plus excen- trique qu’elles appartiennent à des verticilles plus voi- sins du sommet de la plante ; tandis que celle des bour- geons le devient d'autant plus qu'ils appartiennent à des verticilles plus voisins de la racine. Dans celles des plantes dicotylédones annuelles où la première couche ne se compose que d’une seule zone, la deuxième se compose d’une seule zone aussi; mais. circonscrite à la première , ou l'embrassant. Il ne sera pas inutile peut-être de rapprocher les faits. relatifs aux exogènes vivaces, objet principal de ce Mémoire , afin d’en faire mieux sarsir l’ensemble. ? Le corps fibreux central d’une pousse de l’année | P d’exogène vivace se compose de deux couches , dont la plus centrale répond aux feuilles, etla plus excentrique aux bourgeons. Chacune de ces deux couches se compose de zones élémentaires. Dans la première de ces couches, chaque zone répond à des feuilles d'autant plus voisines du sommet de la tige qu’elle est plus excentrique. Dans la deuxième couche , c'est tout le contraire; 2e | | 4 (343 ) plus une zone est excentrique, plus le verticille de bourgeons auquel elle répond estéloïgné du sommet de la tige. MM; les Commissaires ont été surpris de ce que l’ordre d’emboitement quio préside à la formation de la première couche était l’inverse de celui qui préside à celle.de la deuxième, et ils ont manifesté le désir que je donpasse l’éxplication de cette singularité. Je vais tâcher de, satisfaire à ce désir’ qu'a ‘partagé l'Académie en approuvant deur rapport. I n'ya ici qu'apparence d’irrégularité dans la marche dela mature. D'abord les deux ‘ordres de faits ne sont pas complètement analogues ; et d’ailleurs on peut, si je ne me:trompe; les rapporter à une même loi. Premièrement ils ne sont qu'imparfaitement ana- logues. Dans la couche centrale, je vois le mode d’agrégation des fibres provenant ‘d’un seul bourgeon ; tandis que dans l’autre, je vois la manière dont celles qui provien- vent de plusieurs bourgeons se groupent autour du faisceau formé par les premières. Unexemple va montrer où l’on pourrait trouver des rapports analogiques , et éombien il serait diflicile de les déterminer. ‘Prenons une tige de Chêne, sur le trajet de laquelle soient:quinze verticilles quinconciés ou 75 bourgeons. Chaque bourgeon figurera dans la deuxième couche pour =. C’est donc cette ‘petite fraction de ‘cette deuxième couche qui'est l’analogue de la éouche cen- trale tout entière. Mais comment y suivre les fibres élé- (344 ) mentaires correspondantes à chacun des rudimens de feuilles qui composent le bourgeon ? à Secondement, les deux ordres d’emboitement que présentent les deux couches peuvent , quoique opposés, être rapportés à une même loi. Je vais tâcher de formuler cette loi. La direction des fibres, ainsi que celle des fluides qui se rendent de la racine aux feuilles ou des feuilles à la racine, tend à devenir verticale, lorsque rien ne s’y oppose, ou, si elle ne peut être verticale, elle suit la ligne la plus droite, autant que rien de s'yopposeencore. Ce serait donc des divers degrés d’excentricité, soit des feuilles , soit des bourgeons, au point de leur ori- gine, ou de la forme du corps utriculaire interne et de ses appendices, que devrait dépendre, en partie du moins , l’ordre d’emboitement des fibres. Ainsi, lorsque l'origine des feuilles supérieures serait plus excentrique que celle des feuilles inférieures, ou lorsque le corps utriculaire interne serait un cône renversé , l’ordre d’em- boîtement deviendrait l'inverse de celui qui se montre- rait , lorsque le corps utriculaire interne serait un cône encore, mais un Cône assis sur sa base , et que l’origine des feuilles inférieures serait plus excentrique que celle des feuilles supérieures. Je vais faire l'application de cette théorie aux divers modes de distribution des fibres qui ont été précédem- ment mentionnés. Je commence par les fibres venant des feuilles. Dans celles des monocotylédones dont le corps utri- culaire interne est un cône assis sur sa base , et dont les feuilles sont engainantes (le Maïs, le Veratre), les ( 345 ) fibres provenant des feuilles supérieures s’emboitent dans celles qui appartiennent aux feuilles inférieures. Le même fait se présente dans la Gentiane jaune, plante dicotylédone privée de bourgeons à l’aisselle de ses feuilles , et don le corps utriculaire interne et les feuilles offrent des dispositions analogues à celles des mêmes parties dans le Veratre. Si le cône utriculaire est renversé, comme dans l’hellébore puant ou dans une jeune tige de Chène, l'emboîtement se fait dans un ordre inverse du précé- dent ; les fibres venant des feuilles supérieures sont plus excentriques que celles qui appartiennent aux feuilles inférieures. Ici il serait impossible d’ailleurs que celles- là occupassent l’intérieur de la zone formée par celles-ci, l'espace laissé libre ne le permettrait pas. Car il est bon d'observer que , dans ces plantes, ainsi que dans le chou pommé , les feuilles sont plus rapprochées et plus amples vers le sommet que vers la base, et qu'elles sont en rap- port, par leur nombre et leur végétation, avec la gros- seur de la partie correspondante du corps utriculaire interne. C’est seulement dans les végétations centri- fuges de ce corps , qui s’interposent entre les faisceaux fibreux provenant des feuilles inférieures , que ceux des feuilles supérieures peuvent ici trouver la matière de leur organisation. Je dois ajouter que cet obstacle à -l'emboîtement interne , né de l’exiguité du corps atri- culaire , suffit à déterminer l'emboîtement dans un ordre inverse chez les plantes dont la moelle est D à $ ‘comme dans la plupart des arbres. Cependant, quoique ce corps utriculaire interne d’un trés grand nombre, de la plupart peut-être des dicotylé- (346 ) | dones herbacées ait la forme d'un cône assis sur sa.base, ll surtout dans les:-sujets pourvus de. feuilles radicales M amples et nombreuses, les fibres des feuilles s’y suivent dans l’ordre d’emboîtement qui se montre dans la plupart J. des monocotylédones ; elles s’y rangent. toutes sur une M même zone périphérique. Où est donc ici, me dira:t:on} | la tendance des fibres, ou celle des fluides, à suiyre une ! direction verticale ou à se rendre à leur destination par M la voie la plus courte ? ddà | Cette tendance est ici .contrariéé par Îla présence et | à l’évolution des bourgeons à l’aisselle des feuilles ; .cit- M constance étrangère aux monocotylédones et à la Gens f tiane jaune. : ch Si ces bourgeons n’existaient pas, la continuation M b descendante des feuilles supérieures devrait ici s’embots p ter dans celle des feuilles inférieures ; mais ils existent. M Leurs fibres, je le montrerai bientôt, doivent embrasser |\, celles des feuilles. Elles ont des relations intimes , d’une M, part , avec celles-ci, de l’autre, avec l'écorce. prèsode laquelle se continue, jusque dans la racine et. dans l’état | de molesse qui le rend facile à ètre modifié, l’appendice utriculaire qui a donné naissance au bourgeon ;..elles F8 tendent donc à rappeler le plus près possible d'elles et de l'écorce, les fibres qui proviennent des feuilles,set par conséquent à les ramener dans une, même zone inscrite à celle quelles forment elles-mêmes, lorsque, comme dans les plantes dont il est question: un suflisant \ espace le permet. Quoi qu'il en soit dé la manière dont s'exerce cette action des bourgeons sur la feuille, elle est réelle; voici sur quoi je me.fonde pour l’aflirmer. | | ( 347 ) … Nous avons vu qu'il n’en existait pas de trace dans la Gentiane jaune où aucun bourgeon axillaire n’êxiste. Chez celles des Ombellifères dont la tige n’est, pas fistuleuse , les fibres descendantes des ombelles ou. se rangent sur une. même zone périphérique dans la tige, ou.se dispersent dans le corps utriculaire , comme celles de l’Asperge ou du Maïs, suivant que les ombelles sont pourvues ou privées de collerette. M: Decandolle à observé cette dispersion des Gbrte dans la Ferulle où il n’y a point. de collerette. Je J'ai ob- servée aussi dans le Peucedanum silaus , dans le-Laser rude et encore dans l’Echinops, genre étranger à la fa- _mille des Ombelliféres. Dans le Peucedanum.silaus il n’y a tantôt point, tan- tt presque point de collerette générale. Sur les rameaux de cette plante dont l’ombelle en est iout-à-fait dépour- Nue , tous les faisceaux correspondant à cétte ombelle : sont dispersés dans la moelle. Dans ceux où cette cobe- rette ne,se compose que d’une foliole quin’aflecte qu'un seul pédoncule, la même dispersion se présente encore. Dans ceux où cette collerette se compose de ‘deux :fo- Holes , cette dispersion est moins complète. Dans les pédoncules des ombelles partielles , toutes pourvues de coilerette , la dispersion n’existe plus. 0 Dans le Laser rude, dont la collerette générale est composée d’une quinzaine de folioles petites ‘et mem- braneuses , et dont l'ombelle est très grande , très ou- Merte et composée d’une cinquantaine de rayons , les faisceaux fibreux sont d'autant plus distincts dans la tige qu’on approche davantage de l’ombelle ; le nombré en est trop grand , comparé à celui des folioles de la colle- ( 348 ) rêtte, pour qu'ils soient tous rappelés par elles sur une même zone circulaire ; ils composent donc deux zones dont la plus centrale répond au centre de l’ombelle. On trouve une disposition analogue des faisceaux fibreux dans l’Echinops dont l’involucre général se rap- proche de la collerette d’une Ombellifère, mais d’une collerette à folioles exiguës. Il est, je le sais, des Ombellifères dont la tige est pleine qui n’ont qu’une foliole pour collerette générale, et où cependant les faisceaux fibreux ne sont pas dis persés dans la moelle ; mais cette foliole est amplexicaule (le Persil), et c’est tout comme s’il y en avait une à chaque pédoncule. Cette influence des bourgeons sur la direction ou la M distribution descendante des fibres provenant des feuilles 7 “ A Î n'est pas commune à tous les bourgeons à fleur, surtout dans les plantes à feuille engaïnante. Le bourgeon à feuilles est une production restaurante, un principe de longévité et d’accroissement de la plante. Le bourgeon à fleur est une production parasite , exclusivement épuis sante, de laquelle la plante ne recoit rien et qui n’exerce aucune influence sur son accroissement en grosseur. Il est le produit de l’organisation ; mais il ne la propage » pas dans le sujet même qui lui donne naïssance. Ainsi les fleurs qui naissent à l’aisselle des feuilles des plantes | monocotylédones n’apportent aucun changement à la direction descendante des fibres de ces feuilles. Examinons maintenant si la loi à laquelle obéit la distribution des fibres venant des feuilles régit aussi celle des fibres venant des bourgeons qui forment la deuxième couche. ( 349 ) D'abord les bourgeons naissent sur des appendices "excentriques du corps utriculaire. Leur origine est plus éloignée du centre de ce corps que ne l'est celle des feuilles au point où leurs nervures s’y attachent. Leur continuation descendante doit donc être plus excentrique que celle des feuilles ; voilà le principe de l'exogénation. Mais comment se fait-il que les fibres qui répondent aux verticilles supérieurs sont plus voisines du centre du corps utriculaire que celles qui répondent aux verti- cilles inférieurs ? C’est cette particularité du phénomène qui reste à expliquer. Si l’on mesure la distance des points d’origine des bourgeons au centre du corps utriculaire, on la trouvera plus grande aux verticilles inférieurs qu'aux verticilles supérieurs. . La raison de cette différence dans l’excentricité des divers bourgeons est facile à saisir. La masse fibreuse qui s’interpose entre le bourgeon et le corps utriculaire s’épaissit en descendant et pousse le bourgeon d’autant plus au dehors qu’elle devient plus épaisse. L’appendice utriculaire qui le porte et qui lui a donné naissance l'accompagne et devient d’autant plus excentrique que le bourgeon l’est davantage. Son excen- tricité ou son prolongement centrifuge doit donc être moindre et l’est réellement au haut qu’au bas de la tige. Donc pour se rendre verticalement à la racine, les fibres des bourgeons supérieurs doivent rester moins excen- triques que celles des bourgeons inférieurs. La nécessité de ces emboîtemens cesse évidemment Jorsque les faisceaux fibreux venus des feuilles se rangent sur une même zone. Car alors toutes les fibres d’une ( 350 ) même génération de bourgeons peuvent se ranger ét se rangent en eflet sur une seule zone, maïs circonscrite toujours , la règle est sans exception , à celle qui répond aux feuilles. Je crois avoir montré que les faits dont j'ai annoncé l'existence étaient rationels. Si quelques personnes doutent de leur réalité, je me ferai un plaisir de les en rendre témoins. Afin qu’on ne puisse déduire des expressions dont je mé suis sérvi dans le cours de ce Mémoire, que les bourgeons forment dans leur évolution la couche même à laquelle la tige doit son accroissement en grosseur, je préviens que ce n’est que de l'influence des bourgeons sur la transformation du tissu utriculaire arrondi en tissu utriculaire allongé ou en fibres , que j'ai entendu parler ; et qué je persiste dans ma théorie sur l’accrois- sement en grosseur des exogènes, telle qu’elle est for- mulée dans mon dernier Mémoire; loin d’être obligé d’y renoncer, je puis la fortifier de nouvelles preuves. Rapport swr un Memoire de M. Girou ne Buza- REINGUES, ouchant l’ordre de distribution des Jibres dans le corps central de la tige. (Com- missaires : MM. Av. pe Jussieu, et ne Mmsez, rapporteur.) Le mémoire qui a été renvoyé à notre examen offre un si grand nombre d'observations de détails, exposées avec tant de concision , que nous ne pourrions repro- (351) duire l’ensemble des idées qu’il contient sans le copier téxtuellement. L'auteur s’ést proposé de faire connaître l’ordre et la distribution , dans les tiges de l’année , du üssu ligneux qui correspond aux feuilles, et de celui qui correspond aux bourgeons nés à l’aisselle des feuilles. Il dirige ses recherches sur les espèces monocotylédo- nées et dicotylédonées , sur les espèces ligneuses et her- bacées ; en un mot, il embrasse d’un coup d’œil géné- ral la question qu’il traite. Pour apprécier à leur juste valéur toutes les assertions de M. Girou, il serait né- cessairé de répéter avec soin une multitude d’observa- tions très-délicates, et malheureusement la saison ne mous permet pas d'entreprendre ce travail. Nous devons donc suspendre motre jugement sur plusieurs points ; mais il en est un (etc’est le plus important) sur lequel nous allons donnér notre avis. On sait que dans les arbres dicotylédonés, le corps ligneux des tiges et des branches est composé de cou- ches concentriques , lesquelles sont chacune le produit d’ane année. On sait aussi que ces couches se forment du centre à la circonférence, de sorte que la plus ancienne est au centre, et que les autres sont d’autant plus excentri- ques qu'elles sont de formation plus récente. On sait encore que, dans l’état normal , la densité et par conséquent la dureté des couches, comparées les unes aux autres , croissent de la circonférence au centre. On sait enfin que, dans chaque couche prise isolé- ment , la densité et la dureté croïssent , non plus comme dans l’ensemble des couches, de la circonférence au centre, mais du centre à la ciréonférence ; c’ést-à-dire que la portion la plus molle et la plus lâche du bois de ( 334.) chaque couche , est celle qui est la plus voisine du cen- tre, et le tissu prend d’autant plus de consistance , qu’il est plus excentrique. Or, nous remarquerons que chaque couche est un composé de lamelles concentriques ligneuses, qui se sont développées successivement par l'effet de la vé- gétation annuelle. Jusqu'à l’époque présente , la chronologie de la for- mation des lamelles de chaque couche n'avait pas été | l’objet d’un examen très-approfondi. L’un de vos com- missaires avait écrit en 18:16 quelques lignes, d’où l’on devait inférer que, dans son opinion, les lamelles étaient d’autant plus jeunes qu’elles étaient plus exté- rieures , et en 1827, le même observateur avait repro- duit cette pensée en termes plus explicites ; il se trom- pait, ainsi qu'on va le voir. En 1831, M. Girou lut à l'académie un mémoire sur l'évolution des plantes et l'accroissement en grosseur des exogènes. Ce mémoire contenait une phrase tout-à-fait en contradiction avec l'opinion que nous venons de reproduire. Dans chaque couche, disait M. Girou, la lamelle formée la première est repoussée vers la circonférence par la seconde la- melle, celle-ci par la troisième , et ainsi de saite. Il en résulte donc, à son sens, que, dans chaque couche, les lamelles les plus extérieures sont les plus vieilles. Comme l'auieur avait jeté cette idée en avant sans la discuter, on y fit peu d'attention. Toutefois vos commissaires l’'invitèrent à prouver ce qu’il n’avait fait qu'énoncer. C’est pour répondre à cet appel qu'il a présenté à l’Aca- démie son dernier mémoire. M. Girou y démontre que, sur une tige de l’année, les lamelles les plus jeunes sont jes plus intérieures, «et (353) correspondent aux bourgeons placés les plus haut; que, par contre , les lamelles les plus vieilles sont les plus extérieures et correspondent aux bourgeons inférieurs. Tandis que M. Girou arrivait à cette démonstration par le moyen de l’anatomie , l’un de vos commissaires , celui-là même dont la doctrine était attaquée, désabusé par des expériences physiologiques qu’il avait entre- prises sur la croissance des bourgeons des plantes dico- tylédonées ligneuses, abandonnaït ses propres idées et adoptait l’opinion de son adversaire. D'après cela, on ne peut guère douter que cette opinion ne soit fondée. Nous pensons que, lors même que le mémoire de M. Girou de Buzareingues ne contiendrait (ce que nous sommes loin de croire ) qu’une bonne démonstration du mode et de l’ordre de formation des lamelles qui com- posent les couches ligneuses des arbres dicotylédonés, il serait très-digne de l’approbaticn de l’Académie. EXPLICATION DE LA PLANCHE XXI. Coupe théorique transversale et longitudinale d’une tige de l’année d’Exogène vivace. Cette figure ne représente que le quart d’une tige formée par deux coupes longitudinales passant par l'axe utriculaire et perpendiculaires l’une à l’autre. On à supprimé l’écorce. — a. Feuille inférieure. — b. Seconde feuille. — c. Troisième feuille. — a’, b’, c’. Bourgeons qui sont placés à l’aisselle des feuilles a, b, c. — A. Faisceau fibreux correspon- dant à la première feuille a. — B. Faisceau fibreux correspon- dant à la deuxième feuille b, — C. Faisceau fibreux correspon- dant à la troisième feuille c. — 4’. Faisceau fibreux correspon- dant au premier bourgeon 4”. — B'. Faisceau fibreux corres- pondant au segond bourgeon b. — C’. Faisceau fibreux corres- pondant au troisième bourgeon c’.— D. Corps utriculaire interne ou moelle. XXX. 23 (354 ) Comment agit la Diastase pour déterminer la | rupture des tégumens des grains de fécule (1); Par M. Durrocnert, Membre de l’Institut, L'enveloppe tégumentaire des grains de fécule est rompue el la substance que contiennent ces grains est | mise en liberté par l’action de plusieurs agens. Le plus généralement employé de ces agens est l’eau échauffée à la température de l’ébullition. Lorsque la quantité de ce 4: liquide est assez considérable pour que la substance qu'il dissout ñe forme point un liquide pàteux , on voit qu’en! se refroïdissant , il laisse précipiter, non seulement les | tégumens insolubles de la fécule, mais aussi une très M; grande quantité de la substance qui était dissoute à chaud: La quantité de cétte substance qui reste dissoute dans le liquide refroidi ést si petite qu’à peine son adjonction augmente-t-elle sensiblement la densité de l’eau. J'ai trouvé que ceite densité de l’eau froide aussi chars, gée qu’elle peut l'être de la substance soluble de la fé M cule n’était que de 1,002, la densité de l’eau pure étant r. | Lorsque la quantité de cette substance dissoute dans, l'eau chaude est plus considérable, elle se prend enm (1) Les chimistes n’étant point encore d’accord sur la com- position de la fécule, et par conséquent sur le nombre co nn sur les noms des substances qu’elle contient, je m’abstiens | à d'adopter ici aucun de ces noms. | | ( 355 ) rgelée par le refroidissement. Cette gelée est le résultat d'une véritable précipitation de la substance soluble de Ja fécule, substance qui reste suspendue dans le liquide, lequel cesse de mériter ce nom; c’est ce qu’on appelle de la colle. Ainsi la substance intérieure de la fécule. indéfiniment soluble dans l’eau bouillante, l’est très peu dans l’eau froide. On peut penser avec raison que l’eau bouillante déter- mine la rupture des tégumens des grains de la fécule en amollissant ces tégumens et en dilatant par la chaleur la substance qu'ils renferment. On doit ajouter à ces causes de rupture l’endosmose qui ne peut manquer d’être très énergique à raison de la grande densité de la substance liquéfiée que renferment les grains de fécule baignés extérieurément par l’eau chaude. L’endosmose introduit l’eau dans ces petites vésicules qui deviennent ainsi extrêmement türgides et qui finissent par se rompre. La diastase, sans pouvoir en aucune manière être considérée comme un menstrue chimique, opère ce- pendant la dissolution de la fécule avec une grande rapi- dité. La manière dont la diastase agit pour opérer ce phénomène me parait facile à déterminer. La diastase me dissout point les tégumens de la fécule. Ce fait est prouvé par l'expérience ; car l’action très prolongée de la diastase sur les tégumens de la fécule séparés préala- blement ne leur fait éprouver aucune perte en poids. Ce nest point par conséquent en altaquant ces tégumens qu’elle occasionne leur rupture. 11 nous faut donc ici recourir exclusivement à l’action de la diastase sur la substance intérieure de la fécule. Nous avons dit plus "1(K 9396.) haut que cette dernière est très peu soluble dans l’eaw froide. Or, l'accession d’une quantité excessivement petite de diastasé, 0,0005 par exemple, donne rapide= ment à cette substance une extrême solubilité dans l’eau Le mode de cette action chimique est inconnu ; maïs le fait qu'elle nous dévoile est d’une grande importance ; non seulement en chimie, mais aussi en physiologie#| | Il'est évident que c’est à cette augmentation de solubilité W de la substance intérieure de la fécule qu'il faut rappor= ter la rupture des tégumens qui la renferment. En raison | de sa solubilité acquise, cette substance forme avec # l'eau un liquide très dense ; elle exerce par conséquent | une endosmose très énergique , et en raison de cela elle | fait crever rapidement les tégumens délicats des grains | de fécule. Pour vérifier cette théorie, J'ai expérimenté \ comparativement la force d’endosmose de l'eau froide aussi chargée de substance soluble de la fécule qu’elle peut l'être par l'action préalable de ébullition, et la force d’endosmose de l'eau froide chargée d’une certaine } quantité de cette même substance modifiée et renduëê Ja densité était de 1,002 ne produisit pas la plus légère endosmose; le second, ou leau chargée de substance | intérieure de la fécule modifiée par la diastase dans la | proportion de -- de son poids , et dont la densité était A 1,006, produisit une endosmose qui, comparée à celle W de l’eau sucrée de la mème densité, se trouva avec elle ! dans le rapport de 7 à 9. En employant une solution de M cette mème substance dont la densité était 1,013, j'obtuins \l à une endosmose qui, comparée à celle de l’eau sucrée A de même densité, se trouve avec elle dans le rapport de M ( 357) 5 à 6. Cette différence dans les deux expériences pro- wient probablement de ce que dans les deux solutions action de la diastase avait produit plus de sucre dans June que dans l’autre. Toujours résulte-t-il de ces expé- riences que la substance intérieure de la fécule modifiée et rendue soluble par la diastase possède un pouvoir d’endosmose peu inférieur à celui que possède l’eau sucrée. Or, j'ai fait voir, dans un autre travail , que le ‘ucre est de toutes les substances végétales celle qui pos- » ède le plus grand pouvoir d’endosmose. La substance intérieure de la fécule modifiée par la diastase s’en rap- hproche sous ce point de vue ; son pouvoir d’endosmose est bien supérieur à celui de la gomme qui, d’après mes expériences, est à peu près inférieur de moitié à celui du sucre. Ainsi, il n'est point douteux que la substance ‘contenue dans les grains de fécule ne possède une en- dosmose énergique lorsqu'elle a été modifiée par l’action de la diastase. Alors les tégumens des grains de fécule , de plus en plus distendus par l'introduction de l’eau , finissent par se rompre. Cet effet a lieu dans l’eau froide comme dans l’eau chauflée jusqu'à 75 degrés centigrades, mais seulement avec plus de lenteur. On sait qu’à une plus haute température la diastase se décompose. Lorsque les grains de fécule n’ont point subi l’action de ia dias- tase, la substance qu'ils renferment étant ou insoluble ou trés peu soluble dans l’eau froide, il n’y a point d'endosmose de produite; ces grains, paf conséquent, ne sont point déterminés à se crever ; ils conservent leur intégrité. ; MNous voyons ainsi que la séparation de la substance intérieure de la fécule de ses'tégumens sous l'influence ( 358 ) de la diastase est le résultat d’une succession de phéno- mènes. La diastase agit sur cette substance intérieure M comme agent d'une modification de composition qui la dispose à la liquéfaction ; en vertu de cette modification, cette substance acquiert un grand pouvoir d’endosmose. Cette dernière action physique produit l’entrée de l’eau dans la vésicule tégumentaire du grain de fécule et la rend turgide avec un excès tel qu’elle se crève. Cette rupture étant faite, la séparation de la substance inté- rieure de ses tégumens s'opère par la seule action dissol: vante de l’eau. Ainsi la diastase n’agit point directement en séparant la substance intérieure de la fécule de ses enveloppes , comme l’étymologie de son nom l'indique. Il eût été plus convenable de donner à ce nouvel agent chimique un nom dont ha signification étymologique eût indiqué qu'il changeait la nature chimique de la sub- stance insoluble sur laquelle il agissait et qu’il lui don-, nait ainsi de la solubilité. Toutefois ce nom étant im- | posé doit être conservé, mais sans aucun égard à sa! signification. La science nousoffre bien d'autres exemples de désaccord entre les objets et les noms relativement à la signification étymologique de ces derniers, et cepen- dant on les conserve. La découverte de la diastase aura! une haute portée en physiologie. C’est un phénomène de | chimie organique bien digne d’être médité qne celui du, changement rapide de nature et d'augmentation de so-| lubilité qui est produit dans une substance organique par l'accession de quelques atomes d’une autre substance organique qui n’est ni acide ni alcaline. Ce fait nous prouve que lorsque des substances organiques éprouvent une dissolution ou plutôt une liquéfaction, nous ne ( 359 ) | devons pas toujours attribuer ce phénomène à l'action d’un menstrue chimique. Il peut être produit par un agent qu'on pourrait nommer diastasique, c’est-à-dire à Ja fois transformateur et liquéfacteur sans être menstrue. Le phénomène de la digestion recevra certainement une lumière inattendue de la découverte de ce nouvel ordre de faits dans la chine organique. Il est bien probable , en eflet, que le suc gastrique est pour les substances organiques alimentaires une sorte de diastase qui produit la transformation et occasione la solution des substances organiques alimentaires. Toutes les substances organiques animales et végétales sont composées de globules agglo- mérés, et. ces globules qui sont vésiculaires comme les grains de fécule ont besoin d’être crevés pour livrer à l'alimentation les substances qu’ils renferment. Il y aurait ainsi plusieurs espèces de diastases gastriqués en rapport avec le genre d'alimentation des animaux. La liquéfaction des substances alimentaires dans l’acte de la digestion offre des phénomènes qu’il est impossible d'expliquer par l’action des mensirues chimiques. Ainsi, par exemple, on sait avec queile facilité les os les plus durs , même lorsqu’ ils sont avalés entiers ou en gros fragmens , sont liquéfiés dans l'estomac des chiens. Cette Jliquéfaction est le résuliat de la solution de la gélatine Qui réunit les molécules du phosphate calcaire. L’os est alors converti en bouillie mieux qu’il ne le serait par l'action de l’eau chauffée à une haute température dans la marmite de Papin. Cet eflet surprenant ne peut évi- demment être attribué à l’action d’un acide aussi faible que l’est celui que l’on trouve dans:les sues gastriques. Admettons, au lieu de, cela, l'existence d'uhe diastase ( 360 ) gastrique dont l'accession modifie la composition élément: | taire de la gélatine et lui donne une grande solubilité, et le phénomène dont il vient d’être question s’explique | sans difficulté. L’os ingéré dans l'estomac du chien sera | promptement liquéfié et la gélatine se sera transformée | en un autre liquide organique ; ce sera l’acte de la diges- k tion stomacale. | D’après ces considérations , nous pouvons reconnaître | dans l’action de transformation et de liquéfaction de la | diastase sur la fécule pendant la végétation , une sorte de h | digestion végétale, très analogue à la digestion animale. # Depuis long-temps je suis persuadé que c’est dans l'étude de la physiologie végétale que l’on trouvera la solution de beaucoup de problèmes fort obscurs dans la physiologie des animaux. La découverte de la diastase M et de son action sur la fécule pendant la germination} confirme de plus en plus mon opinion à cet égard. Rapport fait à l’Académie royale des Sciences \w sur un Mémoire de M. Muve Ewan, inti-\ | tulé : Observations sur les changemens de forme que les Crustacés éprouvent dans le A jeune âge; h| Par M. Isin.-Georrroy Sarnr-Hicarrx. Le L L'Académie nous a chargés, MM. Duméril, Serres let \ moi , de lui rendre compte d'un mémoire de M. Milne W ( 361 ) Edwards, intitulé : Observations sur les changemens | de forme que Les crustacés éprouvent dans le jeune äge. | À en juger par ie titre simple que son auteur lui a donné , on pourrait s'attendre à ne trouver dans ce nou- veau travail de M. Milne Edwards , que quelques ob- servations nouvelles , plus ou moins curieuses , sur un | sujet spécial et d’un intérêt purement zoologique : mais il n’en est pas ainsi; et tels sont même les résultats du | | mémoire de M. Edwards , que nous ne pouvons les faire | apprécier à leur juste valeur sans les rattacher à l’une des questions les plus générales de la physiologie et de l'anatomie philosophiques : la théorie dite des arréts de | formation et de développement. On sait que cette théorie , source de tant de travaux importans en France et en Allemagne , est une des con- -quêtes les plus nouvelles de Panatomie comparée, et que sa création date seulement des premières années de | notre siècle, époque où, sous l'influence des progrès :récens de la zoologie, elle fut concue à peu près au {mème moment par plusieurs savans et dans plusieurs contrées. Nous devons rappeler toutefois (et nous le | devons d'autant plus que ce fait important pour lhis- toire de l'anatomie est à peine connu en France), que l'idée fondamentale de la théorie des arrêts de dévelop- bpement n'avait point entièrement échappé aux auteurs du dix-huitième siècle, et même du dix-septième. Hal- ler, Wolf, eux-mêmes précédés d’un'siècle entier par Harvey, avaient signalé plus ou moins nettement dans Jeurs ouvrages l’analogie remarquable qui existe entre d'organisation permanente de diverses espèces animales , “et certains états transitoires de l’organisation humaine , ( 362 ) alors sujet unique de toute comparaison anatomique. ! Mais, ne pouvant ni suivre ni même formuler nettement | des idées dont le développement exigeait des notions M étendues et précises sur l’ensemble de la série animale; | Haller et Wolf, aussi bien qu'Harvey, s’en tinrent à | quelques aperçus jetés, sans preuves comme sans appli- à cations, au milieu d’autres hypothèses, tombés presque | aussitôt dans un oubli complet, et remis seulement en. idées. Depuis lors, la théorie des arrêts de développement recevant à chaque progrès nouveau de la science une extension nouvelle, a acquis une immense importance en anatomie philosophique, et trois séries d’applica- tions en ont été commencées ou faites à diverses bran- | ches des sciences de l’organisation. Ainsi, en 1812, Meckel consacre un volume entier, | le plus important de ses ouvrages , et malheureusement M l'un des moins connus parmi nous, à l'explication, par | des arrèts de développemens ; d’un grand nombre d’ano- malies de l’organisation humaine. Des idées analogues M sont conçues en France bientôt après , et leur dévelop- K pement , étendu successivement jusqu'à ses dernières M limites , achève de faire rentrer dans le domaine de la ! science toutes ces anomalies de l’organisation de l’homme M et des animaux , sujets autrefois d’une stérile curiosité, | quand ils ne l’étaient pas d’une superstitieuse et ab- | surde terreur. La théorie des arrèts de développement | nous montre en effet, dans les monstres même les plus | irréguliers en apparence, des êtres chez lesquels un ( 363 ) certain nombre d'organes , arrêtés dans leur formation, ont retenu jusqu’à la naissance les conditions de l’un des âges primitifs, et se présentent à nous avec ces ca- ractères ordinairement transitoires et éphémères que motre observation suit avec tant de peine au milieu des métamorphoses nombreuses et cachées de la vie intra- utérine. | La comparaison de quelques-unes des classes supé- rieures du règne animal, celle des divers ordres de mammiières avec l’homme, faites dans le même es- prit, ont donné des résultats sembiables, mais jusqu’à présent beaucoup moïns complets. Le système osseux et le système nerveux sont presque les seuls dont les diverses phases d'évolution chez l’homme et les ani- maux supérieurs, soient connues d’une manière salis- faisante, et par suite , les seuls dont les divers états tran- sitoires aient pu ètre démontrés analogues aux types permanens de l’organisation des groupes inférieurs de la série animale. Enfin , plus récemment , on a tenté de faire, pour les légères diflérences qui existent entre les diverses espèces d’un, mème genre, ou les genres d’une même famille, ce qu’on avait tenté et exécuté déjà en partie, pour les graves et nombreuses différences qui séparent les ordres et les classes : car, fait remarquable, mais qui n’est pas sans analogues dans l’histoire des sciences , la partie la plus simple de la question est contrairement à l’ordre naturel , celle que l’on à traitée la dernière, Ainsi, l'un de vos commissaires (M. Serres) avait cherché à retrouver transitoirement aans les phases suc- cessives du développement du cerveau de l’homme, les (364 ) mèmes types dont la persistance à l’état adulte caracté- rise le poisson , le reptile, l'oiseau , lé rongeur, le car- nassier , le quadrumane, et il avait terminé, depuis | douze ans , cette entreprise hérissée de difficultés, avant qu'un autre de vos commissaires , établissant , par une comparaison simple et directe , l'existence de semblables rapports, dans la famille des singes , eût fait voir dans ses genres principaux autant de degrés, ou, si l’on veut, autant d’âges permanens d’un seul et même type(r). Tous ces travaux tendent , comme on le voit, à com- parer à la série des âges divers d'une espèce , prise pour type, l’homme, par exemple, non seulement la série de ses anomalies, et à plus forte raison de ses variétés normales de sexe ou de race, mais même la série des animaux dont l’organisation est moins élevée, et à créer ainsi au-dessus de l’anatomie comparée ordinaire qui donne les rapports et les différences des êtres considérés seulement dans leur état adulte et normal , une autre anatomie , l'anatomie philosophique ou transcendante, embrassant à la fois dans ses comparaisons tous les états divers de l’organisation des êtres ; et réunissant en elle à la fois les lumières de l’'embryogénie , de l'anatomie des états anormaux et de l’anatomie des espèces ou ana- tomie comparée proprement dite. C'est à cette anatomie nouveile, c’est à la théorie générale des arrêts de formation et de développement que M. Milne Edwards apporte quelques faits de plus dans le mémoire qui fait le sujet de ce rapport. Ces faits (1) Voyez les Etudes zoologiques , 1'° livr., par M. Isidore Geoffroy. ( 365 ). offriraient encore un intérêt réel, ee même qu'ils viendraient seulement se placer à côté des résultats déjà obtenus dans une direction aussi neuve, et leur prêter un utile appui ; mais tel n'est pas leur seul mé- rite , ainsi qu'on va le voir. | Les considérations que je viens de présenter montrent la liaison intime qui existe entre les progrès de l’em- bryogénie et ceux de l’anatomie philosophique. Tant que la première n’est point riche de faits bien étudiés et ramenés à leurs vrais principes, la seconde ne saurait appuyer la plupart de ses généralités sur des preuves suffisantes. De là vient que la théorie des arrèts de dé- veloppement n’avait guère été appliquée, jusqu’à ces der- niers temps , qu'aux animaux vertébrés , les seuls chez lesquels l’évolution organique ait été suivie d'une ma- nière satisfaisante; et l’on pouvait presque se deman- der si des idées analogues étaient admissibles pour les autres embranchemens du règne animal. Les articulés, mieux connus que les mollusques et les zoophytes, étaient nécessairement les premiers à l'égard desquels la question devait être posée et résolue. Elle le fut en effet il y a quelques années ; pour plusieurs points im- portans, par l’un dé vos commissaires (M. Serres), et par MM. Audouin et Milne Edwards, dont les recherches sur ce sujet ont reçu , il y a quelques années, l’entière approbatior de l’Académie. Néanmoins, on pouvait en- core douter que ces mêmes idées, heureusement appli- cables à la solution de quelques questions générales , pussent être utilisées de même, à l'égard des articulés, pour l'explication des différences que présentent les genres ou les espèces dans les divers détails de leur ( 366 } organisation ; c’est ce doute qne vient aujourd'hui ré- soudre M. Milne Edwards, dont le travail, quoique spécialement relatif à la classe des crustacés , étendra, dans la réalité, le principe fécond des arrêts de déve- loppement , à l’'embranchement presque entier des arti- culés , dont toutes les classes, une exceptée, sont liées entre elles par des rapports si mulipliés et si intimes. Préparé par quelques travaux exécutés récemment sur lé développement des articulés par Hérold et sur- tout par Rathke, ce nouveau progrès de la science est dû aussi à une circonstance curieuse de l’organisation de quelques crustacés; circonstance que M. Milne Edwards a su mettre habilement à profit. Comparables sous ce rapport aux femelles des mammifères marsu- piaux , les femelles de plusieurs crustacés isopodes , les Cymothoés , par exemple, ont sous la face ventrale du thorax une cavité destinée à recevoir et à protéger leurs produits de générations pendant un temps plus ou moins long. Cette cavité, bien différente d’ailleurs de la bourse cutanée des Marsupiaux, est formée par plusieurs grandes lames ou plaques cornées imbriquées , dirigées horizon talement en dedans, et comprenant entre elles et le corps un espace où sont d’abord déposés les œufs, et où les jeunes viveut aussi quelque temps après leur éclo- sion. On y trouve souvent plusieurs centaines de petits crustacés , entassés les uns sur ies autres ; et c’est cette espèce de magasin qui, fournissant à M. Edwards une multitude de jeunes sujets dont l’origine spécifique était exactement connue , lui a donné les moyens de constater entre l'adulte et le jeune de plusieurs espèces, des diffé- rences remarquables, relatives, non seulement à la ( 367 ) forme , comme l’annonce le titre de son mémoire | mais aussi au volume et au nombre mème des parties. Nous indiquerons succinctement les résultats de ces curieuses observations , et principalement celles qui sont relatives aux Cymothoés , l’un des genres qui subissent en passant à l’état adulte, les changemens les plus re- marquables. | Plusieurs parties, bien développées chez l’adulte, n'existent que rudimentaires ou même manquent entiè- rement dans le premier âge. Il en est ainsi d’un anneau tout entier du corps, le jeune n'ayant que six segmens thoraciques au lieu de sept. Il lui manque aussi une paire de pattes, modification nécessairement liée à l’absence d’un segment. Réciproquement, les jeunes présentent bien déve- loppés, des organes qui, chez l’adulte, n’existent plus qu’en rudimens. Aïnsi l’adulte a une tête extrèmement petite et sur laquelle on n’aperçoit point d’yeux à l’ex- térieur. Le jeune a, au contraire, une grosse tête , re- marquable surtout par deux grands yeux noirs de forme ovalaire. De même, les anneaux de l’abdomen , très couris et presque linéaires chez l’adulte, sont, dans le jeune âge, presque aussi étendus que ceux du thorax. M. Edwards a fait aussi de semblables observations sur plusieurs autres genres, spécialement sur les Ani- locres , chez lesquels une paire de pattes se produit après la naissance aussi bien que chez les Cymothoés s et aussi d’après d'anciennes observations de Degeer, chez les Cloportes, autre genre d’Isopodes ; sur les Cyames , genre de Lémodipodes, plus connu sous le nom de Poux de Baleines , et dont le corps , svelte et cylindrique dans ( 368 ) ; le jeune âge , devient , à l’état adulte, considérablement élargi et déprimé; enfin, sur un genre d’Amphipodes, les Phronimes , si remarquables, dans l’âge adulte, par leur énorme tête , leur thorax presque conique, et sur- tout par le développement considérable et la conforma- tion toute spéciale de leur cinquième paire de pattes thoraciques. Les jeunes sujets de ce genre ont, au con- traire , la tête d’une grosseur ordinaire, le thorax plus large dans sa région moyenne qu'aux deux extrémités, et les pattes thoraciques , de la cinquième paire, sem- blables à leurs voisines et non didactyles. Tous ces faits qui nous révèlent dans plusieurs genres d'immenses différences et presque un contraste entre les formes des jeunes et celles des adultes , ne peuvent man- quer d’être accueillis avec intérêt par les zoologistes, même indépendamment des résultats que M. Edwards en a déduits , et qu’il nous reste à indiquer. Comparant, d’une manière génerale, les caractères différentiels qu’il a observés entre le jeune âge et l’état adulte, chez certains crustacés, et cherchant à rattacher ces variations, en apparence si irrégulières, à quelques principes , M. Edwards fait voir que plusieurs crustacés qui, adultes , s’éloignent beaucoup des formes ordinaires de leur famille , s’en écartent très peu au contraire , ou mème ne s'en écartent nullement dans le jeune âge. Ainsi, le Cymothoé adulte , pour citer l'exemple le plus remarquable, s'éloigne principalement des autres crus- tacés de la mème famille par la petitesse de sa tête, par ses yeux rudimentaires et non apparens à l'extérieur, par la brièveté des cinq premiers anneaux de l'abdomen et par diverses modifications dans la forme des pattes et des fes thé Sie. ( 369 ) antennes. Telles sont aussi précisément les principales différences qui séparent l’adulte du jeune. Il en est de même des Cyames, des Phronimes, etc., et aussi sui- vant une remarque de M. Milne Edwards qui, par elle, lie heureusement ses anciens travaux à ses vues nou- velles, du singulier parasite du homard que M. Au- douin et lui ont fait connaître en 1826, sous le nom de Nicothoé. Tous ces faits et plusieurs autres, que nous regrettons de ne pouvoir rapporter ici, cadrent parfaitement entre eux , dit M. Milne Edwards , dont nous devons citer ici textuellement les paroles. « et montrent que les divers « changemens de forme que les malacostracés (ou crus- « tacés supérieurs) peuvent éprouver après leur sortie « de l’œuf, tendent toujours, quelles que soient leur « nature et leur importance, à éloigner l’animal du « type commun au plus grand nombre de ces êtres, et « en quelque sorte à l’individualiser de plus en plus. » Cette conclusion générale de l'important Mémoire de M. Edwards nous paraît pouvoir se traduire ainsi : Tous les crustacés d’une même famille naturelle présentet d’abord un type commun , ou ne s’en écartent que peu. Ce type commun subsiste dans la plupart des espèces avec peu ou point d’altération, mais chez quelques autres, l’organisation subit des développemens ulté-, rieurs qui tendent toujours à l’éloigner du type commu. Réduite à cette forme , la conséquence que M. Edwards a tirée des faits observés ou recueillis par lui, est évi- demment un peu trop générale (1). Sans nul doute, il (1) Il règne peut-être quelque obscurité dans cette partie de XXX. 24 ( 370 ) démontre , et ce résultat suffirait pour donner une haute importance àson Mémoire , queles anomalies qui existent par rapport au type commun, sont dues, pour beaucoup de genres , aux développemens postérieurs à la naissance, et véritablement, suivant l'expression ordinairement employée en anatomie , à des excès de développemens ; mais il est aussi quelques genres où le contraire à lieu, et dont les anomalies doivent recevoir l'explication in=. verse. Ainsi, Ja non induration des tégumens de la queue chez les Pagures et dans quelques genres voisins, véri- table anomalie par rapport au type commun des déca- podes macroures , résulte incontestablement, non d’un excès , mais d'un arrèt de développement ; car ce défaut d’'induration réalise précisément l’une des conditions primitives du prolongement caudal chez les macroures ordinaires. Un autre exemple plus concluant encore et que nous devons à M. Milne Edwards lui-même et à Degeer, est la production, après la naissance, d’une mon mémoire, car messieurs les commissaires n’ont pas bien saisi ma pensée lorsqu'ils appliquent la conclusion citée ci- dessus à toutes les modifications qui surviennent chez les jeunes crustacés : javais préalablement rapporté ces modifications à deux classes, savoir le développement de parties nouvelles et les changemens de forme que subissent des parties déja exis- tantes ; or, c’est de cette dernière classe de phénomènes seule- ment qu'il était question lorsque j'ai dit qu’ils tendaient toujours a éloigner le jeune du type commun au plus grand nombre de ces animaux. Quant à la non induration des tégumens de l’ab- domen des Pagures, ce n’est pas une modification qui s'opère après la naissance, mais bien , comme le dit le rapporteur, la permanence de l’un des degrés de l’état embryonnaire analogue à plusieurs autres cités dans mon mémoire. (H. M. E.) ( 371) paire de pattes de plus chez quelques Isopodes, tels que les Cymothoés, les Anilocres et les Cloportes. Ce changement important de forme éloigne-t-il , conformé- ment au principe posé par M. Edwards, l'animal du type commun des Isopodes ? Il tend , au contraire , à l'y ramener ; car les Cymothoés, les Anilocres, les Clo- portes ne subissant qu'après leur naissance, selon une remarque ingénieuse de M. Edwards, une métamor- phose que la plupart des Isopodes ont déjà subie aupa- ravant, n'avaient d’abord que six segmens thoraciques et six paires de pattes au lieu de sept, nombre normal pour la famille à laquelle ils appartiennent. Il existe donc des crustacés anormaux pendant toute leur vie , tels que les Pagures , parce qu'ils retiennent, jusque dans l’état adulte, des caractères que l’on peut appeler de jeune âge ; ils sont donc anormaux par arrèt de développement. D’autres, tels que les Anilocres et les Cloportes , naissent avec des caractères embryonnaires , et les conservent quelque temps ; mais leurs anomalies disparaissent par les progrès. ultérieurs de l’évolution , etilyaici, non pas arrêt véritable , mais , comme le dit M. Edwards , simple retard de développement. Il résulte de ces remarques, que si les anomalies que présentent les crustacés par rapport au type de leur fa- mille ,sontdues souvent, et mème dansla plupartdes cas, à des excès de développement, ce que démontrent les” observations de M. Edwards , elles résultent aussi quel- quefois de véritables arrêts ou de retardemens. En d’autres termes, l’évolution d’un ou de plusieurs or- ganes peut s'arrêter en decà du degré le plus ordinaire, comme elle peut le dépasser, et par conséquent les mo- ( 372 ) difications postérieures à la naissance peuvent tendre aussi bien à ramener l’organisation vers le type commun | qu’à l’en éloigner (1). En résumé, et sauf la restriction que nous croyons devoir apporter à la conclusion un peu trop générale de M. Milne Edwards, ce Mémoire, renfermant un grand! nombre de faits intéressans et de vues ingénieuses, eb destiné à donner à une branche nouvelle et importanté de la science une extension que peu de zootomistes!l osaient encore espérer pour elle, nous a paru l’un des | plus remarquables que son auteur ait encore publiés. Nous pensons donc que les nouvelles recherches de M. Milne Edwards sur les transformations des crustacés! dans leur jeune âge, méritent tous les encouragemens de l'Académie, et nous en proposons la publication dans le Recueil des Savans étrangers. | (1) Il est même à remarquer que les mêmes espèces peuvent subir à la fois des modifications de ces deux ordres : tels sont pat exemple les Cymothoés, que le développement de leur septième paire de pattes rapproche du type commun , et que leurs chan} gemens de formes en éloigne au contraire. (LE. G. S.-H.) | ( 375 ) OsservaTions sur la structure de quelques Vers intestinaux , par M. Norpmanxx (seconde dis- sertation (1}). (Extrait.) Du Diplozoon paradoxum. Le Diplozoon paradoxum se trouve fixé entre les lamelles des branchies de la Brème (Cyprinus brama), et paraît se plaire davantage sur les gros individus. _ Une des particularités les plus remarquables que présente ce singulier parasite est d’être double. Au premier abord j'atribuais cette disposition à une mon- struosité, mais je ne tardai pas à me convaincre qu’elle était normale. Les deux moitiés sont parfaitement sem- blables, et par conséquent il suflira d’en décrire une seule. La longueur ordinaire du Diplozoon paradoxum est d'environ trois lignes et demie; mais, lors de sa plus grande extension, il en acquiert environ cinq, tandis qu’en se contractani sa longueur ne se réduit qu’à trois lignes. Il à à peu près la forme d’une croix, et se com- pose de quatre portions réunies vers le milieu du corps et dirigées obliquement, deux en avant et deux en arrière ; on peut en donner une idée assez exacte si on le compare à deux Octobthoriums lancéolés, qui seraient (1) Voyez page 268. ( 574 ) attachés l’un à l’autre par le milieu ; et en eflet, il a tant d’analogie avec ces Helminthes que, dans une classifica- tion méthodique, on pourrait bien les placer Fun à côté de l’autre. La partie antérieure du corps du Diplozoon para- doxum (pl. xx, fig. 1) est en forme de lancette, et grossit au milieu pour diminuer de nouveau vers la tête, et se terminer par une extrémité légèrement ar- rondie. À l’extrémité antérieure se trouve la bouche (a), et tout près, des deux côtés, deux ventouses rondes (+). Dans les mouvemens de l'animal la partie antérieure prend diverses formes. La partie postérieure du corps est étroite à sa base, mais elle s’élargit postérieurement, de sorte qu’elle a presque la forme d’une massue. Vers le bout l’on y remarque, des deux côtés, un disque ovale portant quatrecapsules (i). Enfin, près du boutde la queue les disques se rapprochent un peu, et l’on apercoït une saillie angulaire ét bouflie, que j'appellerai à l’avenir languette (1). Cet animal peut rétrécir considérablement les bords de tout son corps ; les rides qui se forment alors sont larges et en forme de papilles. Il ÿ en a par- ticulièrement, au bord intérieur de la partie postérieure du corps, cinq à six qui se distinguent par leur gran- deur. Les rides qu’on aperçoit au bord de la tête ne sont toujours que très petites. Tant que l’animal se trouve dans sa situation natu- relle , son corps paraît aplati. Au moyen des seize cap- sules ou ventouses de la partie postérieure de son corps, il s'attache aux ouies du poisson, tandis que les deux parties antérieures de son corps restent Bbres , se courbent dans tous les sens, s'étendent, se rétrécissent, ( 375 ) et font des mouvemens variés. En l’enlevant avec pré- caution et en le mettant sur une glace, l’animal con- serve encore pendant un certain temps sa forme plate, mais ensuite 1l se rétrécit, ses parties antérieures s’ar- rondissent davantage , leur bout élargi devient creux, et les languettes prennent différentes formes. En laissant ce ver un certain temps dans l’eau (1), sa peau devient contractée et ridée, et ses parties anté- rieures qui sont ordinairement cylindriques pendent en cintre. I] paraît très engourdi lorsqu'il se meut de sa place, ce qui s'explique facilement par sa structure. Je | doïs encore observer que, dans ceriains mouvemens de cet animal, il semble que chacune de ses parties anté- rieures peut suivre sa propre volonté, l’une tendant à droite, l’autre à gauche. Les mouvemens de la portion postérieure du corps, au contraire, se font toujours simul- tanément ; les deux moitiés se courbent en dedans ou se tournent en dehors, ce qui n’a pas toujours lieu à Pégard des parties antérieures du corps, vu qu'ici sou- vent l’une se meut tandis que l’autre est en repos. La couleur de notre Diplozoon est un jaune blan- châtre sale, tirant sur le bleu d’ardoise. Lorsque l’in- testin est rempli de sang frais (du poisson}, on le dis- tingue très facilement ; mais quand le sang est déjà en grande partie digéré, les ventricules paraissent en partie d'un jaune d’ocre. Le long du canal principal de la ca-° vité digestive et de ses branches qui se ramifient sur les côtés, on aperçoit beaucoup de petites taches rondes (1) I peut bien y vivre trois jours et trois nuits, quoique ses mouvemens diminuent toujours de plus en plus. ( 376 ) d'ur brun foncé. J'ai remarqué aussi dans plusieurs M individus deux corps jaunes, ovales, placés au milieu du corps ; ce sont les testicules. La peau de ce ver, comme celle de l'Octobothrium, du Polystomum, et d’autres Helminthes qui se fixent aux | \Pparties extérieures des poissons, offre beaucoup plus de consistance que chez les Trematodes ; aussi résiste-t-elle davantage au couteau. Je n’ai néanmoins pu découvrir plus d’une couche tégumentaire, qui toutefois est assez épaisse, et qui consiste,en fibres musculaires fines , et couchées en long et en travers. La texture du tissu cel- lulaire parenchymateux que ces fibres recouvrent est moins serrée, et partout entrelacée par de petites ra= mifications des vaissaux sanguifères. V'entouses antérieures (v). Ces parties peuvent être comparées , quant à leur position, à celles de l’Octobo- thrium, du Tristomum et de l’'Helminthe, à laquelle M. de Baer a donné le nom de VNityschia. Elles se trou- vent placées à côté de la bouche et occupent tout le diamètre transversal de la partie antérieure du corps! ce sont des espèces de capsules presque circulaires, pro-| fondes , renflées sur les bords, mais très peu saillantes. Leur mobilité est beaucoup moindre que celle des ven=M touses des distomes, dont elles diffèrent encore par leur! conformation, en ce que chacun d’elles porte une bande. charnue, qui se dirige un peu vbliquement dans le sens! de lalongueur, et se confond vers l’extrémité inférieure, avec une autre bande un peu plus courte, qui va se perdre dans le fond de la ventouse. Vu de profil, chaque! ventouse semble se rétrécir vers son orifice en s’élargis-| sant vers la base. Je n’ai jamais vu ces organes se fermer ( 377 ) ou s'ouvrir, mouvemens auxquels la bande en question semble du reste s’opposer. Dans les mouvemens si variés de l'animal , ils ne changent que très peu de position; on les voit alors quelquefois se toucher à leur base et leurs . » © 7 2] 2] parties supérieures s’écarter l’une de l’autre. V'entouses postérieures (1). Lorsqu'on examine à l’aide d’une forte loupe, les parties postérieures du Diplozoon, on s'aperçoit bientôt que les ventouses placées sur des disques dont nous avons déjà signalé l'existence, sont d’une structure tout-à-fait particulière. Ce sont surtout leurs contours, qui se font distinguer par leur consis- tence cartilagineuse et leur solidité. Toutefois il est difficile de se former, au premier coup d’œil, une idée de l’ensemble des parties et de leurs coordination ; l'œil est frappé par trop d'objets isolés et confus, pour qu'il lui soit possible de démêler de suite la structure de l’en- semble. En effet on y aperçoit plusieurs espèces d'étriers disposés en arc et composés de plusieurs pièces ; puis des crochets , de côtes, etc. (fig. 2, 3 et 4). Les quatre ventouses sont placées sur un disque ovale, très mince, d’une transparence presque cristalline et qui vers la base de la languette iriangulaire, dont nous avons parlé, se continue avec le bord antérieur de la partie postérieure du corps. Les disques changent cependant souvent de forme, soit par les mouvemens de l'animal, soit par d’autres causes qui en sont indépendantes. Ils se trouvent situés parallèlement l’un à côté de Pautre, et dépassent à peine le bord de la partie postérieure du corps; quelquefois cependant ils sont dirigés en dehors en offrant sur leurs bords un grand nombre d’échancrures pro- fondes. J'ai souvent vu quelques parties du bord se ren- (378 ) fler en éminences vésiculeuses et puis disparaître entiè- rement. Le corps du disque présente, vers sa surface, une texture en mailles, que l’on aurait tort peut-être de regarder comme une expansion de vaisseaux. On la distingue surtout lorsque les disques sont dirigés en de- hors. La mobilité extrème des disques ainsi que des ventouses, me fait présumer que ces ramifications décou- pées en lambeaux et quelquefois rayonnées , remplissent les fonctions de fibres musculaires, qui, en se contractant avec plus ou moins de force, provoquent les mouvemens si variés et multipliés des ventouses. De Baër, dans sa description des ventouses du Polystomum integerrimum, qui est de la même famille, attribue aux disques les fonc- tions de réservoirs. Mais cette opinion ne saurait nul- lement s'appliquer aux Diplozoon, dont on pourrait regarder plutôt comme un suçoir, le renfiement circulaire des parties postérieures du corps, et cela avec d'autant plus de raison que ce dernier appendice présente vers son centre une cavité. Ce renflement correspond aussi davantage à cette autre partie, que M. de Baer désigne par le nom de bouclier. Quant à l’organisation des ventouses , on en saisira aisément la nature à l’aide des fig. 2, 3 et 4 de la pl. xx. La fig. 2 représente la ventouse dilatée, vue en pers- yective et d’en face; la fig. 3 montre cet organe fermé, vu de son côté large et d’en face; enfin, dans la fig. 4, il est vu de profil : toutes ces figures sont grossies quatre cents fois. Ces ventouses doivent leur forme à une charpente cartilagineuse, revêtue d’une membrane fort mince. Vue d'en haut, chacune d'elles présente la forme d’un ovale, ( 379 ) dont les bords allongés sont un peu échancrés, et qui renferme dans son centre une côte médiane (fig. 2 et 3, f, g, h, i, k). Cette côte, qui paraît diviser chaque ventouse en deux moitiés égales, et qui sans doute se rencontre aussi dans les ventouses du Polystomum duplicatum (animal vivant eætre les lames des bran- chies du thon) a trompé M. Delaroche (1) qui pense que chaque ventouse se compose de deux cavités, dans le fond desquelles il prétend même avoir vu un trou. Le premier de ces faits avancés par M. Delaroche semble se confirmer en l’examinant l’organe à l’aide d’une loupe; le dernier est plus que doutèux. On distingue dans chaque ventouse de notre animal une paroi antérieure et une pos- térieure , distinction qui devient d’autant plus apparente, que la charpente des deux parois est d’une structure moins symétrique. Chacune de ces parois, c’est-à-dire tout le côté large de la ventouse, est soutenue par deux côtes, dont la postérieure (fig. 2, 3 et 4, B, B) est com posé de 4 pièces, parmi lesquelles celles situées intéricu- rement (a, a) se font remarquer par leur longueur, et par les échancrures qu’elles présentent à leurs extré- mités aux endroits de leur réunion; les deux pièces extérieures (2, &) sont moins longues et ont une forme carrée. La côte antérieure au contraire ne se com- pose que de deux pièces (d, d), qui, renflées sur les cô- tés, se rétrécissent vers la partie moyenne en se cour- (1) Dans son Bull. de la Soc. Philom., 1811, n° 44, p. 271, tab. 11, Polystoma Paguri. Voyez de Baer, Observations sur les animaux inférieurs , dans les Mém. de l’Acad. Léo- poldine , 1. xur, p. 686. ( 380 ) bant en arc. La différence de structure de ces étriers est la cause du défaut de symétrie, qui empèche au premier moment de saisir la conformation de l’ensemble. Les parties inférieures de ces côtes on étriers sont d’une symétrie parfaite; chacuned’elles est formée par une pièce courbée en arc, qui présente à sa face inférieureune petite éminence, et se termine intérieurement par un crochet dirigé en haut. Ces crochets sont au nombre de quatre, dont les pointes se regardent (les crochets antérieurs sont indiqués, fig. 2, 3, 4, par les lettres e, e, et les pos- térieurs par c, c). Il est dificile, du reste, de bien voir ses crochets; les postérieurs sont presque toujours dérobés à la vue par le déplacement des antérieurs, de sorte qu'il semble souvent n’y avoir que deux crochets. La côte moyenne se compose de cinq pièces (f, g, k, i, k); elle sert de soutien aux étriers latéraux; quatre de ces pièces( f, g, 1, k), dont la configuration est re- présentée par la planche, sont de longueur égale; le long de leur portion moyenne on voit une profonde gouttière, dans laquelle sous le poids d’une forte pression les pièces se désunissent. Les crochets (e, e) dont nous venons de parler présentent aussi au milieu une gout- tière analogue. La pièce centrale de la côte moyenne (2), celle qui se trouve placée dans la profondeur de la ven- touse, est courbe et de forme carrée ; elle se voit le mieux dans la fig. 4. La jointure des côtes de la paroi antérieure et pos- térieure (4, B) se fait sur le côté étroit de la ventouse, au moyen d’un étrier plus court et plus mince (fig. 2, 1, 1) qui, étant d’une grande élasticité, se plie , lorsque la ventouse se ferme de dedans en bas (fig. 3, L, L). ( 381) La ventouse, vue de profil, présente, lorsqu'elle est fermée, l'aspect d'un ovoïde très régulier, arrondi à sa base, un peu pointu vers le sommet. Il n’arrive cepen- dant pas souvent qu’elle se ferme complètement; dans l’état ordinaire , elle est à moitié ouverte. La charpente de la ventouse, comme nous l’avons vu, est revêtue d’une membrane fort mince et transparente, qui forme les parois de sa cavité, et se continue avec le disque. Toutes les quatre ventouses de chaque disque sont d’une conformation égale; l’extérieure cependant, qui est la plus proche de l’extrémité postérieure de l’animal, diffère un peu des autres, en ce qu’elle est plus petite et que les étriers situés en arrière etau dehors, ne se composent que de deux pièces, tandis que ceux des trois ventouses antérieures en ont quatre. Les ventouses sont susceptibles aussi de changer de position ; car tantôt elles s’approchent, tantôt elles s’é- cartent l’une de l’autre : souvént leurs extrémités se re- gardent, s'élèvent et puis s’abaissent; mais elles ne pa- raissent pas susceptibles d’un mouvement de rotation. Il n’est guère permis de supposer que l’animal puisse à l’aide de ces organes prendre en sucant; toutefois il peut se fixer en les pressant contre les branchies , et en mettant en mouvement les crochets qui se trouvent dans leur intérieur. La languette (2) que l’on observe entre les deux disques à l'extrémité de la partie postérieure du corps, est douée au plus haut degré de la faculté de changer de forme. Elle se continue avec le bord de la partie postérieure du corps, dont elle peut être regardée comme une continua- ( 382 ) tion hérissée de renflemens; elle donne naissance latéra- lement à deux fortes éminences, dont la saillie varie suivant les sujets; elle est le plus souvent retroussée en dedans; quelquefois cependant on voit son bord extérieur recourbé en arrière. Les stries musculaires qui suivent par rangées son contour, disparaissent quelquefois subi- tement ; cette disparition ne dure cependant que peu de momens. Plus souvent on les rencontre sous la forme de rides fortement saïllantes. Système nutritif. La bouche se trouve placée à l’ex- trémité antérieure du corps, sur le côté opposé à celui des deux ventouses. Cette ouverture transversale est de forme sémilunaire ; ses bords bouflis forment une sorte de lèvres, et présentent un grand nombre de petites sail- lies papillaires et analogues à celles de la tête (pl. xx, fig. 1, a). Chacun des deux côtés de la lèvre inférieure présente une papille d’un volume un peu plus considé- rable et configurée en cône, qui a presque la forme d’un denticule, surtout au moment où l’on vient de tirer l’animal de sa retraite. L’ouverture de la bouche est très large par rapport au volume de l’animal ; forte- ment distendue, et la jèvre inférieure étant fixée en bas, elle prend la forme triangulaire. Les lèvres se trouvent dans un mouvement presque continuel. La supérieure, vue de profil, fait quelquefois saillie par rapport à l’inférieure. L'espace interne de la cavité buccale est assez vaste, va en se rétrécissant vers sa profondeur, et se termine par un canal étroit, mais qui s’élargit considérablement dans son trajet. Ce renflement inférieur correspond au pharynx (tel que nous le retrou- vons dans les Distomes, et peut-être mème dans la plu- (383 ) part des 7rematodes) ; il présente la forme d'une poire ; arrondi et renflé vers son extrémité inférieure, il se rétrécit en remontant. Comprimées par le pressoir, les parois inférieures du pharynx s’écartent en laissant entre elies un large intervalle, et alors on les prendrait pour deux poches. La cavité formée par les cloisons du pharynx renferme un corps tant soit peu transparent, configuré en cône et arrondi à son extrémité antérieure (pl. xx, fig. 1, b), qui mérite d'autant plus de fixer notre attention, que jusqu'ici il n’a été observé dans aucune des différentes es- pèces des 7remaiodes. Cet organe ressemble en quelque manière à une laugue placée dans une cavité; car, libre à son extrémité antérieure, il n’adhère au pharynx que par sa base ,.et se distingue par une grande mobilité. Le bord arrondi de l'extrémité antérieure de ce corps pré- sente quelquefois une petite saillie carrée ( lorsqu'on la regarde de profil) (fig. 1, c), qui dès le premier abord m'a fait présumer qu'il était troué, supposition que mes recherches postérieures ont pleinement confirmée. La forme et la position de ce corps conique me rap- pellentle suçoir des Planaires, qui se voit également dans la cavité située au-dessous de l’ouverture de la bouche; mais les raisons suivantes ne me permettent pas de dé- cider si la mème analogie existe pour les fonctions de ces deux organes. 1° Il ne paraît exister aucune communication entre le corps conique etlecanalintestinal , puisque dansles vo- missemens , tant volontaires qu'artificiellement produits au moyen de la pression, vomissemens que l’on a très souvent observés, la matière rouge contenue dans les ( 384 ) intestins ne sort jamais par le canal qui traverse le corps. conique. a° Au contraire, on peut sans peine se convaincre què … le sang provenant du canal intestinal, en entrant dans … la cavité du pharynx, se répand tout autour du corps conique , et en baigne la surface. 3° Comprimé par le pressoir, le corps conique , tout en prenant une forme circulaire , continue d'exécuter avec plus ou moins de force ses contractions. Dans cet état de compression, et à l’aide d’une lumière favorable, on aperçoit très-distinctement le canal qui le traverse, et qui, étroit dans son trajet supérieur, plus spacieux inférieurement , semble communiquer avec plusieursh autres canaux plus minces et contournés en limaçon. Cesm Il les sujets) sur les deux côtés et à l'entrée du canal intes-M derniers naissent au milieu de masses glanduleuses que j'ai cru reconnaître plus ou moins distinctement ( selon tinal ramifié. Il n'est pas invraisemblable que ces organes sécrètent une substance muqueuse et analogue à la sas | logue entre dans les fonctions de certains animaux de las live (1), d'autant moins que l’excrétion d’un fluide ana (x) M. de Baer, dans son travail sur le Nitychia eleg (Observations sur les espèces inférieures des animaux, p. 663), fait de la bouche la description suivante : « Exclue de l'extré” mité antérieure du corps, elle en occupe an peu plus en arrière la face inférieure. C'est là que l’ou observe ordinairement une ouverture étroite et ronde, qui est remplacée quelque” fois par un cône renversé et coupe, ou bien par un court tuyau, plus ou moins saillant. Ce cône ou ce tuyau, d'après moi, ne sont autre chose que la peau buccale, renversée en dehors. Vue par le microscope , la surface intérieure présente | ( 385 ) famille des Planaires, et que ces animaux ont, par rap- port à leur organisation, beaucoup d’analogie avec le Diplozoon. Au dessous du corps conique, les parois du pharynx se rapprochent visiblement en se continuant avec Ja cavité digestive : celle-ci forme un tronc assez volumineux , qui se perd vers le milieu du corps, sans se diviser da- vantage; seulement il envoie sur les deux côtés un grand nombre de branches, qui se séparent sous un angle droit, eu formant des ventricules latéraux res- semblant à des cœcums. Ces branches se subdivisent en deux ou trois rameaux plus courts, il est vrai, mais de volume égal; à l'endroit où les deux moitiés du corps se réunissent, les rameaux principaux , après avoir parcouru un trajet à peu prés égal se réunissent pour former uue sorte d’outre fort large , qui constitue l’es- 1omac , et offre aussi quelques courts ventricules. Après avoir dépassé l'estomac, la cavité digestive entre dans Varrière-corps, où , en diminuant de capacité, elle en- voie encore quelques branches latérales, et arrive dans l’espace formé par le renflement de l’arrière-corps , où , un peu en devant des deux disques , elle se termine par un ventricule plus ou moins distendu ou par un cœcum. La cavité digestive, considérée dans son ensemble , 4 Ja figure d’une croix, et elle est la seule parmi les organes de nombreuses éminences et saillies qui, quoique sans être ni aiguës ni dures, peuvent pourtant être regardées comme les premières traces de crochets. Lorsque le renversement de la peau est considérable, ils se dirigent nécessairement au dehors, c’est alors qu’ils rappellent la trompe des Echinorinques. XXX. 25 ( 386 }) qui appartient en eommun aux deux moitiés dont l'animal se compose ; car plus bas on verra que tous les autres'se comportent comme si chacune de ces moitiés était un indià | vidudistinctet séparé. Ilestinutile d'ajouter que ce double rapport, cette communauté du renflement stomachique est plus qu’une hypothèse ; rien, en efet, n’est plus facile que. de se convainere, par l'anatomie , de sa réalité. 1 La substance dont l'animal se nourrit est le sang LL (M ns qu'ikretire des branchiïes du poisson , où ce fluide ‘est, |} toujours accumulé en assez grande quantité. I n'est pasy rare d’en rencontrer dans le canal intestinal aïnsi que dans les branches latérales qui en sortent. Les ventri cules disiendus par le sang , augmentent alors considéz rablement de capacité et présentent l’aspect de sacs où de poches (1); personne jusqu'ici n’a observé, en tant qué, je sache, qu'aucune des différentes espèces de Tréma= todes se nourrissaient de sang. Cépendant il serait pos*, sible qu’il en füt ainsi pour les Polystomes, les Fris® , | M tomes et. les Nitzschia, qui vivent de même que lé Diplozoon , sur les branchies des poissons. ‘ Un Diplozoon auquel j'ai donné deux fois par jour da sang de poissons récemment tués, à vécu dans une 1 À A D D l (x) Je me suis souvent servi, dans l’exposé précédent, du M} mot de ventricule, sans que j'eusse entendu par cette expres- | sion désigner quelque organe différent d’un cœcum. Mais, à en croire M. Ehrenberg, les Phytozoa Turbellaria different par-| ticulièrement des Infusoires poygastriques , ‘en ce qu'ils sont privés de cette multiplicité d’éstomacs (ventricules proprément dits). Voyez Ehrenberg, Organisation, etc., dés Infusoires', p: 54, note; et Symbol. Phys. Animal. Evertebr. du même auteur (Classe Phytozoa Turbellaria), Decas. r. R ù | LL (387 ) pendant neuf jours, et n’est peut-être mort qu’à la suite de quelques blessures qu'il avait probablement recues par suite des mouvemens que je lui faisais subir. La digestion des substances alimentaires paraît être extrêmement lente, plusieurs individus que j'ai observés après trente-six heures d’abstinence complète, m'ont donné du sang stagnant dans leurs intestins, sans avoir subi la moindre altération. Ce n’est qu'après un plus long séjour dans le canal digestif que ce liquide s’al- tère en prenant une couleur jaunâtre , et en passant ensuite à l’état d’une masse brunâtre et granulée. Il n'existe jamais d’anus dans notre Helminthe, et l’ex- crétion des matières fécales se fait par la bouche. Il n’est pas rare de voir les intestins expulsant volontai- rement les substances qu’ils contiennent , phénomène qui arrive presque toujours , lorsque l’animal quitte sa retraite ou qu’il se sent menacé d’un danger. Système vasculaire. Sile Diplozoon, comparé au reste des Helminthes, offre déjà bien des particularités et des différences par ses organes internes et la confor- mation de son corps, ces distinctions n'existent pas moins pour le sytème vasculaire. Cet appareil mérite d'autant plus être étudié dans notre animal qu'il a reçu de la nature un degré si élevé de développement que, sous ce rapport, il est unique parmi les espèces de sa famille. Il n’y a que les Polystomes et l’Octobothrium qui, à raison de la disposition de leur système vascu- laire, seront peut-être rangés à côté du Diplozoon, quand, par des recherches plus exactes, nous aurons mieux approfondi leur organisation ; le Diplostomum se “| distingue aussi par un développement du même système ; ( 388 ) mais, quoiqu'on en puisse suivre avec facilité les rami- fications vasculaires, il est presque impossible de voir la circulation des liquides. Parmi les Distomes il n’y a que le Distomum militare dans lequel la circulation du sang ait été observée par Ebrenberg. Dugès, qui l’a observée dans les Planaires, assure même avoir vu la systole et la diastole des parois vasculaires, ce qui se trouve en contradiction directe avec l'expérience faite par Ehrenberg sur la /’Zanaria lactea (1). Dans le Diplozoon Ja cireulation du sang est très-ma- nifeste. Quand je communiquai pour la première fois ce fait à quelques-uns de nos savans naturalistes, ils hé- sitèrent de l’admettre , et quand la continuation de mes recherches m’apprit que la circulation s’y fait par deux courans en direction opposée, je rencontrai les plus (1) Ehbrenberg, Symbol. Phys. Anim. Evert., Decas., 1. feuille D. Dans cet ouvrage, les animaux inférieurs ont été classés d’après une méthode toute nouvelle et éminemment philosophique. Les classes, les ordres, les familles et les es- pèces y sont caractérisés avec une précisicn qui surpasse tout ce qui jusqu'ici a été fait sous ce rapport, et, ce qui est plus, tout y est fondé sur des expériences les plus multipliées et les plus précises. Eu ce qui concerne les Planaires privées d’anus, qu’on a regardé jusqu'ici comme appartenant à la famille des Trematodes, jobserve, par parenthèse, qu’elles forment à pré- sent la première famille (Planariea ) du premier ordre ( Den- drocoela) de la classe des Phytozoa Turbellaria , et que, soit d’après le nombre, la position ou le manque des yeux, soit d’après l’existence ou le manque d’éminences en forme de coines , ils se distribuent dans les genres suivans : 1° 7yphlo- plana ; 2° Planoceros ; 5° Monocelis ; 4° Planaria; 5° Tricelis, 6° Tetracelis ; 7° Polycelis; 8 Siylochus. ( 389 ) vives contradictions ; ce n'est qu’en produisant des individus vivans que, par l'aspect irrécusable du phé- momène, j'ai fait décider le procès en ma faveur. Les individus d’un âge peu avancé, ceux surtout dont l’avant-corps renferme peu d’ovaires, organes qui se présentent sous forme de masses arrondies, foncées et granulées , sont les plus favorables aux recherches sur le système vasculaire. Pour qu’on puisse observer avec plus d'avantage ce système, il importe de presser sous une lame de verre le sujet dont on veut se servir, en'ayant soin que la pression ne soit ni trop forte ni trop faible (on yparvien, presque toujours après quelques essais ou avec un peu d'habitude). Aussitôt le degré convenable de pression pro- duit, et l’animal soumis à une loupe grossissant d'au moins quatre cents fois de diamètre, les principaux vaisseaux, et même la circulation , deviennent déjà très apparens , en offrant à l'observateur un spectacie du plus haut in- térêt. Une tâche bien plus difficile à ‘remplir , c'est de suive exactement le trajet des vaisseaux et celui de toutes leurs ramifications, on y rencontre tant de complica- tions que, même des expériences souvent répétées ne conduisent pas toujours au même résultat. Les catises en sont que les ovaires troublent la transparence , que la circulation des liquides blancs cesse d’ètre visible dans les ramifications plus reculées des vaisseaux, et que par conséquent il est impossible de décider avec précision si les ramifications versent leurs liquides dans Îles troncs ascendans, ou bien dans ceux qui descendent, La fig. : de la pl: xx doune lune représentation assez fidèle du trajet des vaisseaux. ( 390 ) Chacune des deux moitiés de l'animal présente , sur ses deux côtés, deux troncs principaux , qui , sans offrir des renflemens , conservent dans tout leur trajet à peu près le même volume. Les deux troncs extérieurs con- duisent le singer haut, les deux intérieurs le font redes- cendre. En suivant le trajet des troncs descendans , on s'apercoit aisément qu'ils naissentà la tête tout près des deux ventouses, et qu'ils y sont formés par plusieurs petites. artères qui s'unissent entre ces organes et le bord antérieur du corps (fig. 1, 4, Æ); au-dessus du pharynxils se rapprochent ostensiblement l’un et l’autre, sans communiquer cependant par aucun canal de quelque importance ; puis ils s’éloignent et descendent le long du corps presque sans dévier, en augmentant un peu.de capacité, et en se rapprochant plutôt des bords du corps que de la ligne moyenne. Ils recoivent dans leur trajet une foule de branches vasculaires, qui riéés d'une mul- titude de ramifications et d’anostomoses ; descendent de la moitié dorsale,et abdominale de l’animal. On observe, que Je tronc intérieur, doit avant | d'entrer dans l’arrière-corps ,:et.après avoir. parcouru | son trajet à côté d’une branche descendante, finir par se réunir à celle-ci. En pénétrant dans l'arrière corps , äl embrasse l'utérus, descend ensuite en serpentant et disparaît entre Je disque et la languette dont nous avons | déjà parlé. Le tronc intérieur gauche (4) étant parvenu au point | de jonction des deux moitiés du corps, se recourbe en arc, el après avoir reçu plusieurs branches qui sortent de dedans au dehors, s’accole à l'extrémité postérieure | du testicule. Il traverse ensuite en serpentant les cour- ( 3gt ) bures de l’utérus et disparaît, comme le tronc: droit, entre le disque et la languette. 10 Les troncs extérieurs ou montans (PB, B) naïssent au même endroit où les troncs intérieurs-disparaissent ;'et ne diffèrent des derniers ni par capacité ni par leur di- pection ; ils lés recouvrent en plusieurs endroits (cette disposition est peut-être, du moins en partie, l'effet de la pression exercée par la lame de verre), et disparaissent au-dessous du pharynx; sur le bord extérieur du corps, un, peu au-devant de l'endroit où se trouve l’origine dés troncs extérieurs ‘ 13 Ces.deux troncs reçoivent aussi de nombreuses bran- ches, qui leur viennent tant Ds centre du sos que des parties latérales. | L - Un tronc moyen etimpair , tel que celui dont l’exis- tence à été démontrée par Jean Muller (1) dans la sang- sue: (Nephelis vulgaris), me se'rencontre pas “dis l’animal qui nous-ocrupe. EN 1, La communication des vaisseaux entre eux est ‘en- tretenue par une multitude immense de branches et de rameaux qui , en montant vers les surfaces abdominale et dorsale, et en se:subdivisant un grand nombre de fois, forment, ‘tant dans des parties profondes que dans Je tissu cellulaire parenchymatéux qui est placé immé- diatement sous l’épiderme ; un réseau serré et! inéxtri- cable. Il y a quelques endroits du corps'où les anasto- \moses vasculaires apparaissent mieux qu'en d’autres ; (x) De la cireulation du sang'dans l’Hirudo vulgaris. (Noyez Meckel ; Archives pour. l'Anatomue: et la Physiologie, 18%. t, 4} p« 22 et,suiv.i ( 392 ) cela s’observe surtout sur les parties latérales de l’avant- corps. C’est encore là que l’on voit un gros vaisseau lon- gitudinal qui se perd entre le tronc'montant et le’bord du corps. Ce vaisseau naît dans l'extrémité supérieure du corps, immédiatement au-dessous de la ventouse; | il forme une sorte de réseau , et se subdivise ‘ensuite entrois rameaux , qui envoient plusieurs ramuscules, dont l’un se dirige vers le corps conique, et l’autre vers l'extrémité postérieure du pharynx. Il est certain que ces deux ramuscules, en: traversant les parties pro- fondes, n’entrent dans aucune communiäcation avec les troncs originaires, quoiqu'ils en dérivent, dé mème que les vaisseaux longitudinaux: En: continuant son trajet sur les larges canaux qui sortent des ovaires, ce dernier vaisseau forine, avec ses ramifications ,; de nombreuses anastomoses. Entrés dans la cavité circulaire de Par- rière-corps, les troncs latéraux distribuent à droite et à gauche des branches moins ramifiées: Le mouvement du sang est extrêmement rapide, les parois vasculaires cependant n’y:sont pour rien, et aucune | trace de contraction ou de dilatation ne s’y 5bserve. La circulation est apparente, on-seulement dans les troncs , et les branches lés plus volumineuses, mais.encore dans le petit vaisseau à direction longitu- dinale. Dans ce dernier , cependant , on se trompe faci- lement sur,la direction du torrent circulaire, ce qui s'explique sans peine par l’exiguité de son diamètre. C’est à l'extrémité postérieure du corps que l’on dis- tingue avec le plus de netteté la direction des courans. Quoique séparées par un scalpel, les deux moitiés ne cessent pas, pendant trois à quatre heures , de faire ( 393 ) gireuler le sang ; en ce cas la circulation cesse d’abord dans celui des troncs ; auquel, par la division du “corps , l’affluence du sang a été interrompue. Le sang, à l’étatide pureté'est parfaitement limpide: - Système de la génération. L'animal étant divisé, pour ainsi dire ;'en deux corps , et les organes internes serencontrant complets ; dans chacun -d’eux }; la mème chose doit arriver pour les parties génitales : c’est ce qui 2 effectivement lieu. + Les organes générateurs des mâles consistent en dèux testicules ovales eten forme de poche qui sont'très appa2 rens, tant par leur: volume que par leur coloration (fig. 1, t), et sont situés'au centre du corps, au point ‘de réunion de l’arrière-corps avec les parties antérieures ; ils se terminent en dehors par un fil assez long et tordu en spirale ; leur couleur est d'un jaune plus ou moins vif; et ils renferment dans leur profondeur-un grand nombre, de taches! arrondies et foncées, qui, vues à. travers les tégumens-quides couvrent, offrent une cou- leur-grisâtre ou verdâtre, et sont formées: d’une |sub- stance granulée. Ces testicules. vésiculaires ; ‘ainsi que les fils avec lesquels ils se continuent, sont d’une con- sistance assez solide, tous les deux semblent se composer d’une substance cartilagineuse. ri Le. fil tordu en spirale est manifestement le pénis: Jai réussi plusieurs fois à le détordre, et c’est alors que j'ai été étonné de sa longueur, qui surpasse au moins dé cinquante fois celle du testicule ; et de deux fois'et demie celle du corps entier. Vu à sa base , il présente un peu plus de diamètre ; mais bientôt il s'amincit ex- trèmement et se termine jen poinie simple, eu visible) : : : / seulement à l’aide, d’un microscope: des plus fortsu st lu Les testicules se regardent par leurs extrémités émous- » sées. Quelquefois cépendant ils changent de position ln se rapprochant dé la perpendiculuiré , ce qui arrive eucore pour le fil dont la spirale vient quelquefoisse). relâcher un peu. On sait que les organes générateurs! d’une partie des Planaires sont conformés d’une ms analogue. k ty | | Quant aux parties génitoles de la femelle, j’observen que les ovaires ; placés sous le. tissu cellulaire paren: chymateux , remplissent, plus ou moins complétement#)} les ,avant-corps de l'animal (fig.:1,:d, d) eu formant, des masses volumineuses, très finement granulées, arronk dies et configurées én grappe; dont la couleur est d'a gris clair ou bleuâtre. Les ovaires commencent:unpeul" au-dessous du pharynx, en remplissant les intervalles! | qui séparent les ramifications latérales du canal intesa| tinal et en recouvrant ces ramifications: Chacune des) grappes formées: par ces organes est'entourée d’une Lo nique fort mince et transparente. Je me suis pendant, long-temps trompé sur la nature des trompes ; puisqué » je les prenais pourdes vaisseaux sanguins, opinion dont È j'ai reconnu depuis l’inexactitude : rien, au reste, n'est. plus facile que de les découvrir. Elles:prennent origine (fig. rye, e) au-dessous des ventouses antérieures ;#t . présentent. à leurs extrémités, la forme d’un: cœcum ;. | elles font ensuite un nœud, puis présentent quelques plis { ou étranglemens peu prononcés, et, en se continuant sur les deuxibords et:dams toute:la longueur de l'avant-corps/}\ 3 Pr, ( 39 ) | | elles représentent un canal spacieux, transparent, et dont | le cours est paralièle à à celui des troncs vasculaires. Dans leur trajet inférieur les deux trompes se. rapprochent June de l’autre, mais commes elles se cachent ici sous des. groupes serrés d'ovaires, il m'est impossible, de | préciser « comment élles pénètrent dans l'utérus. . Fa L'utérus (fig.1,$f, jf) est un organe volumineux, | étendu en longueur et de couleur moins: fonçée, à |sa portion supérieure qu'à l'inférieure. . Couché, par sa, partie antérieure sur, le testicule, il, l'enveloppe {presque , et, se recourbe ensuite pour former, plu- sieurs larges circonvolutions, : qui. occupent toute, la largeur de la partie antérieure de l’arrière-corps ;! puis, | en se dirigeant en arrière, il se rétrécit et finit, par,se confondre avec les trompes qui, en cet endroit, sont presque aussi larges que-lui, et qui réapparaissent à la surface interne et nquense du corps en for man, une Saillie configurée en broche : cette saillie est entourée de rides fortement prononcées, et ne se voit que dans des circonstances extrêmement favorables. Deux fois j'ai eu occasion de voir sortir les œufs. des l'ôvaires; ces œufs m'ont semblé être arrondis, fort trans- | paréns, et revêtus de deux enveloppes. Du système nerveux. Quoique n’ayant jamais réussi de me former une image assez nelte du système ner- veux, pour én faire le sujet d’un dessin, je me suis con- Vaincu pourtant de son existence, et] ai acquis même la Connaissance de quelques-uns de ses rapports avec le reste des organes. En ouvrant la bouche de l'animal on aperçoit , à l’aide d’une lumière favorable, entre les deux ventouses , et au-dessus d'elles, un corps volu- ( 396 ) mineux, arrondi, de couleur plus ou moins foncée, dont les bords ‘inférieures deviennent visibles, sur- tout énitirant en |bäs les lèvres; ce corps n’est évi- dément autre chose qu’un ganglion cérébral. En sui- vant des yeux ce ganglion jusqu’au bord antérieur de la tête ; On ‘en voit sortir trois cordons courts ; deux ! autres ‘cordons nerveux, nés de la partie postérieure du gañglion , desténdent, en s’accolant aux parois du pharynx, jusqu’au dessous du corps conique , où ils se mettent en communication l’un avec l’autre , au moyen d’une organe qui ressemble assez bien à un large pont (le ganglion de P œsophage ), puis ils continuent Jeur marche vers lé milieu du corps , et disparaissent enfin dans les ovaires. NOTE. ( LU ‘Parmi les faits qui, dans le cours de mes expériences, ont excité mon attention, je citerai les suivans : :;, |, ° Parmi les trente-sept individus sur lesquels j'ai sa mes observations, il n'yen avait qu'un seul:qui était privé des deux disques de l’arrière-corps , et un autre qui se faisait remarquer par le manque d’un tes- ticule. * 2° L'animal semble posséder un haut degré de vita- lité , car les individus auxquils j'avais, enlevé l’avant- corps ou bien Îles parties postérieures, et qui, ainsi mutilés, ayaient passé quatre à cinq heures sous le pres- soir , donnaient, vingt-quatre heures plus tard, des signes de vie. ( 397 ) EXPLICATION DE LA PLANCHE XX (1). Fig. 1. Anatomie du Diplozoon paradoxum. L'animal est con- sidérablement grossi (sa longueur étant d’environ trois lignes). Les viscères sont symétriques ; mais, du côté gauche, on les a enlevés pour montrer le système vasculaire. A. Principal tronc vasculaire portant le sang d’avant en arrière. B. Principal tronc vasculaire portant le sang en sens contraire. a. Bouche. b. Appendice en forme de langue contenu dans le pharynx. c. Ouverture située à l'extrémité de cet:appendice. m. Canal digestif qui est tronqué en k pour montrer les organes situés au-dessous , mais se voit de nouveau à la partie postérieure du corps en 7. o. Appendices en forme de cœcum. d. Ovaires qui s'étendent jusqu’au niveau des ventouses antérieures. e,e, Oviductes. J. Utérus. g. Ouverture extérieure de la génération, livrant passage aux œufs (p). t. Testicule en forme de poche. hk. Canal en spirale du testicule. v. Ventouses antérieures. i. Disques. j. Ventouses postérieures. L. Languette. Fig 2,3 et 4. Ventouses postérieures vues en différentes positions. A. Paroi antérieure. B. Paroi postérieure. - a,a; b,b. Pièces formant la côte postérieure. (x) Dans l'explication de la pl. xx, p. 321, il s’est glissé quelques erreurs typo- graphiques. À la ligne 6, lisez Diplostomum volvens au lieu de Distomum volyens, {| et ligne 32, lisez épines au lieu d'espèces. ( 398 ) d, d. Pièces formant la côte antérieure. % 1, L. Étriers uniséant les crochets. JS g:h,i,k. Pièces formant la côte moyenne qui soutient les crochets latéraux. c; c;ce, e. Crochets inférieurs symétriques. , tu! a: ExPériences sur la génération des Plantes ; 0 Par Gr: Girou DE BuzarrineuEs, Correspondant de l’Académie royale des Sciences. En 1832, j'ai semé dans mon jardin trois variétés de la Courge pepon : des Barbarines, des Pastissons et des Giraumons. Je n’ai pas dû craindre que du pollen étranger me fût apporté par les vents ou par les insectes ; il n'existait pas à trois lieues à la ronde des courges semblables aux miennes, ni probablement d’autres courges d’aucune espèce. Jusqu'au 27 juillet, j’ai détruit toutes les fleurs mâles avant qu’eiles fussent épanouies ; toutes les fleurs fe- mélles , épanouies avant cette époque, ont avorté : le fruit a jauni lorsqu'il a été gros comme une cerise. Le: nombre de ces avortemens a été de quinze Barberines et deux Pastissons. Après le 27 juillet , je me suis livré à une série d’ex- périences diverses , soit sur la fécondation artificielle ét sans mélange, soit sur l’hybridation, soit sur la sup- ( 399 ) pression des mâles ;j'ai enfin laissé mes courges à elles- mêmes : : J'ai procédé à la fécondation artificielle, sans mélange, | et à l’hybridations { 1° Par voie humide, en écartant les étamines dans des godets, en en délayant ensuite la pâte dans une assez grande quantité d’eau pour la rendre liquide, et en teignant de cette liqueur les pistils, à l’aide d’un pin- ceau , ou en la versant dans la corole campanulée de la fleur femelle ; 2° Par insertion ;, en mettant une ou plusieurs fleurs mâles , privées dela corolle, dans la fleur fémelle, et en les y enveloppant comme dans une bourse, à l’aide d'une ligature pratiquée près du bord de son limbe ; cet expédient m'a paru propre à écarter du pistil toute in- fluence étrangère qui eût pu contrarier mes expériences; 3° Par insertion simple, c'est-à-dire, en mettant plu- sieurs fleurs mâles dans une fleur femelle, sans higature. Afin de m'assurer de l'hybridation, j'ai pris la précau- tion de détruire la veille, avant leur épanouissemént les fleurs mâles de la variété que je me proposais de croiser le lendemain. Si , cependant, malgré cette pré- caution , il,se trouvait quelquefois le lendemain, avant le lever du soleilet Féveil des abeilles , des fleurs mâles épanouies, Je les détruisais à l'instant, et je laïssais sub- sister, sans fécondation artificielle, les femelles qui leur étaient voisines , afin d’éprouver s’il avait suffi du voi- sinage du mäle, sous des circonstances peu favorables à la dispersion du pollen , pour que les femelles fussent fécondées, et pour rendre inutiles mes tentatives d’hy- bridation. ( 400 ) S'il m'est arrive que des fleurs femelles, de la variété que je voulais croiser , fussent près de s'épanouir, lors= que j'en faisais disparaître les mâles , j'ai saisi l'instant de leur épanouissement, que j'ai même quelquefois! prévenu, par une inéision sur la corolle , pour procéder) à l'hybridation. | J'ai tenté encore la fécondation artificielle avec des | mâles cueillis la veille et flétris. 7] F Quoique contrariées par une sécheresse de troïs mois; mes expériences ont eu tout le succès que j'en pouvais attendre, par le soin que j'ai eu d’arroser moi-même les courges tous les jours , et abondamment. Afin d'éviter la confusion, j'ai marqué toutes les fleurs femelles, objet d’une expérience, avec de longues chevilles de bois, numérotées et exactement enregistrées: h J'eusse été cependant exposé à des erreurs si je n'a: vais pris le parti de détruire les fruits avortés aussitôt que l'avortement était hors de doute , d’enlever les chevilles correspéndantes , et d'enregistrer cette aboli-W tion avec désignation des numéros. 1 Voici, en résumé, quels ont été les résultats de ces || expériences. Sur quatorze tentatives de fécondation artificielle et sans mélange par voie humide, une seule à réussi. Sur quatre fleurs femelles , qui avaient reçu chacune une fleur mâle de sa propre variété, trois ont produit! | du fruit, une seule a avorté, et cet avortement peut être rapporté à l'épuisement de la tige qui, dans sa par- tie inférieure, nourrissait déjà une courge bien déve- loppée. ù» | Sur cinq fleurs femelles qui avaient reçu chacuné! | C4or ) plusieurs mâles de sa propre variété, aucune n’a avorté Let les péricarpes ent été remplies de graines pourvues d'amandes. Sur cinquante-trois fleurs femelles de Barbarine , qui avaient recu chacune une fleur mâle Pastisson, vingt- trois ont avorté, entre lesquelles deux avaient recu deux imâles cueillis la veille. Parmi celles qui ont réussi, plusieurs n'étaient pas épanouies lorsqu'on a supprimé tous les mâles de leur variété. Sur trois fleurs femelles de Pastisson, qui avaient recu chacune une fleur mâle Barbarine, une seule a avorté. Sur neuf fleurs femelles de Barbarine, qui avaient reçu chacune un mâle de Giraumon, trois seulement ont pleinement avorté ; une seule a été remplie de graines, et celle-ci, par exception, avait pu être fécondée par des mâles de sa variété, et il m’a été démontré, je dirai com- ment, qu'elle l'avait été en effet. Quant aux cinq autres : Une, du diamètre de deux pouces six lignes , volume au dessus du moyen de mes Barbarines, n’a donné u'une graine pourvue d'amende, et en outre quatre graines , dont une de grandeur ordinaire et trois très- petites , toutes privées d'amande et ne présentant que l'épisperme. Une seconde , du diamètre de vingt-deux lignes, a donné plusieurs graines , dont une seule pourvue d’a- mande. - Une troisième , du diamètre de vingt-deux lignes, n'a donné que deux graines privées d'amande. Une quatrième , du diamètre de dix-huit lignes , n’a onné que deux petites graines très-petites et privées d'amande. XXX. 26 402 ) ‘La cinquième , enfin ; du diamètre de seize lignes , a donné plusieurs graines, dont une seule pourvue d a mande. . Par le petit nombre et l’état de leurs graines, ces emq Barbarines ont offert un contraste frappant avec: toutés, les autres où j'ai trouvé un grand nombre dé graines, et quelquefois plus de cent, dont la très-grande partie étaient pourvues d'amande. De deux femelles Pastissons ani avaient recu chacune un mâle Giraumon, aucune n’a réussi. Une femelle Giraumon, qui avait reçu un mile Pas- tisson , a avorté. Sur dix-sept. femelles épanouies le matin, lorsqu'on n'avail pas encore pris la veille la précaution de dé- iruire les mâles, et laissées sans fécondation artificielle, après la destruction.des fleurs mâles épanouies , sept ont donné du fruit, Sur trente-une femelles épanouies le matin, après qu'on a eu.pris la précaution, la veille, de détruire les mâles qu'on avait pu découvrir , et de supprimer le ma- tin , et avant le lever du soleil et l'éveil des abeilles, ceux qui, ayant échappé à la première investigation , se trouvaient épanouies , trente ont avorté. Sur soixante - deux femelles qui ont fleuri après qu'on a eu nus fin aux expériences, vingt-cinq ont avorté. Les Pastissons, fruits de ces expériences , ont été pri- vés tout-à-fait de couronne ; cependant j'en avais pris moi-même la semence dans des sujets.qui en étaient ri- chement pourvus; ils étaient, en outre, un peu bosselés ou verruqueux : ils avaient d’ailleurs la forme applatie (403) ou discoïde et la couleur jaunâtre de la sous-variété dont ils provenaient. Ce premier changement de forme m'a induit à suppo- ser que la graine que j'avais semée provenait d’une hybri- dation qu’auraient opérée le vent ou les insectes. La pos- sibilité de l’'hybridation avait été plusieurs fois proclamée comme déduite de plusieurs expériences ; elle m'était encore prouvée par l’évolution des fruits provenant des fleurs où je l'avais tentée, et par la stérilité de celles qui, se trouvant d'ailleurs dans les mêmes circonstances, avaient été, à dessein, privées du mâle, Mais il m'était permis d’en observer une nouvelle preuve, et je ne l’ai pas négligée. | J'ai semé , en 1833, la graine provenant de mes mé- langes de l’année précedente. Voici le résultat” de cette seconde partie de l’expé- rience : La graine fournie par les Barbarines unies à des Pas. tissons , a donné des fruits qui ont, les uns la forme et la couleur des Pastissons, d’autres la couleur des Pastis- sons sous une forme sphérique. De la graine fournie par les Pastissons unis à des Barbarines , sont provenus des fruits qui ont complète- ment la forme et la couleur des Barbarines, d’autres qui ont la forme et la couleur des Pastissons , d’autres qui ont la forme globuleuse des Barbarines et la couleur des Pastissons, d’autres enfin, qui on la forme alongée des Concombres et la couleur des Pastissons. La graine provenue de l’hybridation douteuse d’une Barbarine par un mâle de Giraumon , m’ont donné des fruits qui changent ces doutes en certitudes ; car ils ont ( 404.) absolument la forme, le volume et la couleur des Bar-: barines. | ‘+ Les graines, en petit nombre , fournies par les Barba- rines alliées avec des Giraumons, n’ont point levé} | quoique cultivées avec soin. Observations sur les résultats de ces expériences. Les femelles qui ont fleuri dans la période où l’on a détruit avec soin tous les mâles , avant leur épanouisse=h ment, ont toutes avorté. Il en est de même , 1° à l'ex ception d’une sur vingi-neuf, de celles qu’on a voulu féconder par la voie humide ; 2° à l'exception d’une sur trente-une , de celles qu’on a laissé subsister sans fécon- dation artificielle, dans la période où l’on a tâché lat veille, avant leur épanouissement , de détruire les mâles de la variété que l’on se proposait de croiser le lende:t main; 3° de celles qu'on a voulu féconder avec du pol- len de fleurs cueillies la veille. 5 L'hybridation avec les Giraumons n’a qu'incompléte#} ment réussi. 8 Done, les variétés des courges employées dans mes ex- | périences ne se reproduisent pas sans le concours du. mâle. Ce résultat est parfaitement d’accord avec eh qu'a obtenu l'honorable M. Desfoniaines en 183r. | Entre les autres résultats de mes expériences , je | ferai remarquer les suivans + n ° Le défaut de fécondation, par la voie humide. Ce ji s’accorde avec l'observation générale que les pluies | soutenues aux époques de la floraison , orcasionnent la! coulnre ou l'avortement des fruits : l’hnmidité concourt | Céo5 _de deux manières à ce dernier phénomène, comme obs- tacle à la déhiscence des loges du pollen , et par l’acti- vité qu'elle donne à la végétation de la tige, qui devient nuisible à celle du fruit. 2° La fécondation n'est pas assurée, parce qu’une fleur mâle a été pendant quelque temps épanouie près d’une fleur femelle, surtout lorsque cet épanouisse- ment a lieu seulement avant le lever du soleil et l'éveil . des insectes : il faut une cause qui rende libre le pollen, et une autre qui le transporte dans la fleur femelle. 3° La fécondation est incertaine, lorsque la fleur mâle est déjà flétrie. 4° Le produit de la fécondation est en rapport avec l'abondance du pollen. 5° Pour que le péricarpe se développe, il suflit de l'existence d’un petit nombre de graines stériles. 6° La possibilité de l’hybridation est incontestable ; mais elle est d'autant plus difficile qu'il y a plus de dis- tance ou de différence entre les varietés que l’on veut mélanger. * 7° Chez les plantes comme chez les animaux , l’in- fluence du mâle sur les formes et la couleur du produit rest plus ou moins grande : elle peut être telle qu’elle rende imperceptible celle de la femelle. 8° Par l’hybridation , on peut obtenir des formes ano- males , ou qui ne soient ni semblables , ni mitoyennes à celles du père et de la mère. De ce que la présence du mâle serait nécessaire dans es plantes androgynes ou monoïques , comme dans Îes plantes hermaphrodites , à la fécondation de la femelle, on ne doit par en conclure qu'il'en soit de même chez ( 406 ) les plantes dioïques. Dans celles-ci le mâle ‘est latent, dans la plante femelle il s'y manifeste même quelquefois. par des organes. Priver cette femelle de toute communication avec dés. mâles de son espèce, n’est pas nécessairement la priver de la puissance masculine insaisissable qui est en elle; de ce qu'on ignore par quels moyens un organe peut ètre suppléé, il ne s’en suit pas qu'il ne puisse l'être. Lorsqu'un organe existe , la capacité qu’il représente est en lui, le supprimer c’est la détruire. Mais parce qu'il n'y a pas d’organe dans une plante ou dans un animal , vers lequel se soit concentrée, ou par lequel se dévoile une faculté qué la nature accorde à tous les êtres organisés ou susceptibles de le devenir, on ne saurait} si l’on n’y est d’ailleurs autorisé par de constantes ob= servations , en conclure l'absence totale de cette faculté, Où sont les organes masculins du polype, du puceron femelle , de Ja daphnée puce etc. ? Où est l’organe de la vue de la méduse , ou celui de l'audition des insectes ? Je n'insisterai pas davantage sur ces idées que j'ai déjà présentées et développées dans mon ouvrage sur la génération ; je passe aux faits. J'ai répété mes observations sur le Chanvre et sur la Lychnide dioïque avec assez de soin pour me eroire au- torisé à affirmer que ces plantes se reproduisent sans le concours de l’organe masculin. En 1832. et 1833 j'ai examiné attentivement les fleurs de Chanvre que.j'avais mis en expérience, après avoil détruit, avaut la floraison , tous les mâles, afin de m'as-! surer s'il n’y aurait pas des rudimens d’étamines sous , ( 407 ) l'enveloppe calicinale du pisuil. L'observation a été faite sur soixante-seize pieds ; mes yeux étaient armés d’une très forte loupe , ils n’y ont rien, découvert : jene nie pas, pour cela, que des étamines ou des rudimens d’é- tamines aient jamais été renconirés sur des. femelles de Chanvre , j'y en rai trouyé moi-même dans d'autres cir- constances ; mais il n’y en avait point dans mes soixante- seize sujets. Comment le savez-vous ? me dira-t-on; en avez-vous vérifié toutes les fleurs ? Non, mais l’observa- tion m'a apppris qu'il suflit ordinairement de connaître | l’organisation sexuelle d’une fleur pour connaitre à peu près celle de toutes les fleurs d’une même plante; ev,je ne me suis pas borné À l'étude d'une seule fleur dans chaque plante: j'ai vérifié surtout les plus hàtives, D’ail- _leurs, pourrait-on raisonnablement supposerque des ru- dimens d’étamine, renfermés dans l'enveloppe calicinale de l'ovaire, pourraient féconder toutes les femelles d’une plante voisine ? Mes observations sur les Courges prouvent que la fécondation, par le pollen , ne.se joue pas de tous les obstacles , et qu’il est même pins facile .de l'empêcher que de l’assurer. | Mes soixante-seize pieds de Chanvre ont.tous porté, et abondamment , de la graine très bien développée ; ils étaient complétement isolés , il n’y avait pas. dé chene- . vière à plus de demi-lieue de distance, dans ua pays en- _trecoupé de vallées et de collines , la végétation envétait _hâtive, et une haute muraille les mettait à labri du - vent du couchant, qui eût pu apporter du pollen des . lieux éloignés s'il en eût existé, F'ajonterai que la florai- son et la fructification de mon Chanvre out étégénérales _et de courte durée. | ( 408 ) Sur la Lychnide dioïque, j'ai rencontré en 1832 seule- ment, après une complète destruction de tous les mäles » avant la floraison , des sujets féminins où se trouvaient des rudimens d’étamines; mais comme il suffisait de connaître, sous ce rapport , l’état d’une fleur pour juger . de toutes celles d’une mème plante, il m’a été facile de k supprimer , avant l'épanouissement, tous les pieds où se j trouvaient les rudimens d’étamine ; les autres ont pro- » duit de la graine en grande abondance. J'ai voulu m’assurer, sur ceux-ci, dans le cours de la floraison , si le pistil n’aurait pas reçu de pollen qui lui eût'été apporté par le vent ou par les insectes, quoique cela fut invraisemblable à cause de la précocité de mes Lychnides; et, pour cela, j’ai examiné plusieurs de leurs pistils au microscope , je n'y ai découvert aucun globule de pollen. | J'ai continué, sur la Lychnide dioïque, mes observa= tions sur l'aptitude de la graine à produire un sexe plutôt } que l’autre, suivant sa situation sur la tige ou sur le tro- phosperme. Cette plante est dichotome par l'avortement de la tige médiane, mais cet avortement n’est pas constant, | surtout chez les femelles, et , en ce cas, la tige médiane | est grêle et terminée par une fleur. D’après les observations déjà faites, et communiquées | à l'Académie , desquelles il résulte que l'aptitude de la | graine à produire des femelles est plus grande en haut | qu’en bas de Ja tige, de l'épi, du trophosperme, et encore | sur les tiges fortes et vigoureureuses , plus que sur les | tiges grêles , j'ai dû m’attendre qu’elle irait croissant des | plus basses aux plus hautes bifurcations, et qu'elle se- ( 409 ) rait moindre sur la continuation directe de la tige, que sur ses rameaux : les résultats n’ont point trompé mon attente. J'ai divisé ma graine de Lychnide en quatre parties , dont la première provenait des rameaux les plus bas, la deuxième de la continuation directe de la tige, la troi- sième de la deuxième paire de rameaux en allant de bas en haut, et la quatrième de la troisième paire. J'ai divisé la deuxième partie en deux sections , dont une provenait de la base ou de la moitié inférieure, l’autre du sommet ou de la moitié supérieure du. trophosperme. Voici les résulats : | La première partie m'a donné 268 mäles, 247 fe- melles : rapport 1085 à 1000. La deuxième partie , première section, 186 mâles, 160 femelles : rapport 1162 à 1000. La même partie, deuxième section, 200 mâles, 182 fe- melles : rapport 1099 à 1000. Total de la deuxième partie, 386 mâles , 342 fe- melles : rapport 1129 à 1000. La troisième partie, 217 mâles, 244 femelles : rap- port 889 à 1000. La quatrième partie, 201 males, 255 femelles : rap- port 7838 à 1000. Cette expérience me paraît curieuse par la régularité de ses résultats. Experience nouvelle sur Le Chanvre. J'ai supposé que le chenevis le plus coloré devait \être plus spécialement formé sous les influences mascu- lines que le chenevis pâle ou gris-blanc. J'ai en con- ( 410 ) séquence semé séparément , en 1832, du chenevis vert foricé et panaché de brun , etdu chenevis blanchätre « ou gris-blanc. Le premier m'a donné 137 mâles et 108 etes ‘à rapport 1268 à 1000. Eu le deuxième 59 mâles et 68 femelles : rapport 868 à 1000. L'expérience a été répétée en 1833. La graine brune et panachée m'a donné 265 mâles et 258 femelles : rapport 1007 à 1000. La graine pâle a produit 153 mâles et 175 femelles : rapport 874 à 1000. Voilà donc , à peu près, le même résultat obtenu pen- dant deux années consécutives. S'il a été plus tranché la première année que la deuxième, c’est peut-être parce que la première année, outre les différences de couleur, il y en avait encore de forme : la graine brune était plus applatie que la graine pâle, qui était plus globuleuse. Je ferai observer qu'en 1832 la graine brune a été semée sur deux points différens de mon jardin , et que, | dans tous les deux , elle m’a donné un plus grand nom- bre relatif de mâles que la graine pale. Comme ces résultats me semblent rationels, je ne doute pas qu'ils ne soient obtenus par toutes les per- sonnes qui voudront répéter l'expérience. L'utilité de cette découverte serait de fournir aux cul- tivateurs des moyens de savoir d'avance si je chenevis | qu'ils destinent à être semé doit produire un plus grand | nombre relatif , soit de mâles , soit de femelles , ce qui ne leur est pas toujours indiflérent. cm ( 41) Classification des Anxéuves ; et Description de celles qui habitent les côtes de la France ; Par MM. Aupoun et Mizne Epwanos. (Suite (1).) SIXIÈME FAMILLE. PÉRIPATIENS. L'animal décrit par M, Lansdown Guilding sous le nom de Péripate, et considéré par ce naturaliste comme étant un mollusque, est évidemment une Annélide qui nous paraît devoir prendre place dans l’ordre des Anné- lides Errantes, et y constituer le type d'une famille dis- tincte. En effet, la forme générale de son corps (2), l'existence d’une téte distincte et pourvue d'antennes très développées , l’armature de la bouche (3) et la con- : formation des pieds ne permettent pas de confondre cet animal singulier avec les T'ubicoles, les Terricoles , ou les Annélides Suceuses ; mais, d'un autre côté, l'absence complète de cirres, de branchies, et de toute (1) Voyez page 388 du tome xxrx. (2) PL xxu, fig. 2. (3) PI. xxu, fig. 6. Organisation extérieure. Résumé des caractères. Structure exterieure, (422) espèce d’appendices mous autres que les antennes, le distingue de toutes les autres Annélides Frrantes. Comme nous ne connaissons encore qu’une seule es- pèce ayant ce mode d'organisation, nous ne pouvons entrer dans des détails plus circonstanciés sur les carac- tères propres à cette famille dont le genre Péripate con- stitue le type; et nous nous bornerons à résumer ici les traits les plus saillans de la structure extérieure de ces animaux : Pireos saillans, garnis seulement de soies proprement > P dites, et ne portant ni cirrEs ni d’autres appendices mous ; TÈTE bien distincte et pourvue d'ANTENNES très développées ; soucHE armée de mAcnorrEs. GENRE UNIQUE. PÉRIPATE, Peripatus (1). (PI. xx, fig. 5-7.) Le corps de ces Annélides est presque cylindrique, obtus aux deux bouts, et divisé en un petit nombre d’anneaux qui, à leur tour, sont chacun subdivisés en plusieurs segmens ; la téte est arrondie et porte deux antennes très grosses et très longues ; la bouche en oc- cupe la partie inférieure, et loge une petite trompe armée de méâchoires très développées ; enfin , les pieds sont coniques, gros et très saillans. (1) Peripatus, Lansdown Guilding , Zoological Journal , 1. 11, p. 443, et Zsis, t. xxI. (415 ) PériPATE JuLIFORME, Peripatus juliformis. (PI. xxu, fig. 5-7.) Corps long de deux ou trois pouces, couvert de pe- uites granulations papilliformes, et composé d’environ trente anneaux peu distincts, subdivisés en plusieurs segmens par des plis transversaux ; face. dorsale très bombée, face ventrale, presque plate. Zéte grosse et arrondie , portant en avant deux longues antennes cy-; lindriques et annelées , et sur les côtés deux tubercules q qui paraissent représenter les yeux (fig. 5 et 6, b). Trompe (fig. 6) très courte, couronnée d’un cercle de petits tubercules, et armée de deux mâchoires (2 P , grosses et creuses, dans l’intérieur desquelles s’en trouve d’autres qui sont sans aucun doute destinées à les rem- . . ». “ . . rue À placer (fig. 7). Pieds insérés à la partie infériéuré des flanes (c), très gras, coniques; granuleux, et présen- tant à leur face inférieure une ouverture qui paraît être analogue à celle que nous avons déjà signalée dans le génre Hipponoé; à leur extrémité on remarque un petit appendice, du milieu duquel sortent deux ou trois soies, et en dessous deux ou trois lignes saillantes, transversales, qui paraissent formées par l’aggloméra- tion de plusieurs des tubercules dont toute la surface (1) Lansdown Guilding, Zool. Journ., t. 11, pl. x1v, fig. 1 (repro- duite dans l’Zsis, t. xxt, pl. 11). (2) Les mächoires n’ont pas été aperçues par M. Guilding ; mais l'individu que nous avons observé ressemble si exactement à celui figuré par ce naturaliste, que nous ne pouvons croire qu'il appar- üenne à une espèce différente. Le Péripate juliforme. (414) de la peau est hérissée. Enfin, l'anus est situé à la face ventrale du —— entre les pattés dés déux der- nières paires. DA He EX Nous devons à la générosité de M. Lacordaire, connu" par ses intéressans voyages entomologiques, l'isdividu | dont nious avons donné la description: Il l’a trouvé àh Cayenne sous des bois pourris, enfoncé dans la vase sûr les bords de la rivière d'Approuague et à trois” liéués de son embouchure. Les eaux étaient d'une na- ture saumâtre. SEPTIÈME FAMILLE. CHÉTOPTÉRIENS (1). d Les Caéroprériexs présentent un mode d'organisation | si singulier, qu'ils ne se laissent que difficilement ranger # parmi les Annélides Errantes, et cependant ils diffèrent » encore davantage des autres ordres dont se compose cette classe, Il aurait été peut-être plus naturel d'en former un ordre particulier ; mais la crainte de multiplier sans nécessité les divisions nous en a empêché, et nous avons4 préféré suivre l'exemple de M. Cuvier, qui a placé cess animaux dans son orüre des Dorsibranches. ANR Le corps de ces animaux est long, presque cylin- sxtérieure_ Jrique, et un peu aplati. On n’y distingue point de tête; mais sa partie antérieure (2) est élargie, très aplatie, (re) PL. xau, fig. 1-4. (2) PL. xxu, fig. 1, a. node à À: ((415 )) enforme d'écusson’)‘et téfinée par un bord transversal presque droit, garni én#déssous d’une espèce de voile marginal. La boueèhe est Située an-dessus ‘de ce rebord; elle est petite , et ne présente ni trompe ni machoires : de chaque côté on, semarque ‘un petit tubereule qu'on peut considérer comme wnië antenne rüdimentairet Les ieds sont de quatre.soites: Céux de la partie antérieure du corps (1) sout formés d’une seule rame dorsale, ayant l'aspect d’un cornet inémbraneux , du fond du- | quel sort un faisceat de soies. Les pieds de la seconde sorte (2) se composent de déux rames , dont là dorsale ressemble beaucoup, quant à son mode d'organisation, à celle des pieds de la première ‘sorte, et dont la! fame” ventrale ne se compose que d’un lobe éharnu ; qui, d’a- bord bien distinct, se soude bientôt avec celui du côté opposé pour former une sorte de bourlet transversal impair. Les pieds de la troisième sorte (3), qui suivent les Mprécédens, ont également la rame yentrale non sétifère, et confondue avec celle du côté Opposé ; is ebr lame dorsale diffère beaucoup dé dé qué nous avons vu jus- qu ici, car elle est également dépourvue de soies, et ne consiste que dans un grand appendice membraneux et boursoufllé, qui se confond avec son congénère, de façon à constituer une espèce de grand sac vésiculaire, dorsal et impair. Enfin les pieds de la quatrième sorte (4), qui oc- cupent tôute la partie postérieure du corps, se composent (a) PL xxn, fig. a, 4. (2) PL xxn, fig. 1,c, d (3) PL. xxu, fig. 1, f,get 4,1. (4) PE xxu, fig. 1, /, m. Résumé des caractères. (:416:), d’ une rame dorsale presque, semblable. à celle-des pieds ñe. la première et de la seconde espèce, et d’une ramey ventrale formée de deux tubercules'charnus bien dis=, tüncts, et occupant toute la face inférieure du corps. !!# Pour distinguer ce}type d'organisation de ceux pro pres aux autres familles de l’ordre dés Annélides Er 7. Puménd Direrte Figure Weorigue d'une hye.de l'année d ixogene vivace: PAoUbIQ H'LODINAUV STBT : smogog wP MIODINAUV A-8 F4 ONE LV LC FU und v HU LAOLAND Ÿ-1 “84 \ “ rx cer au CCE KA // 4 ‘of AUOT PU” Uor2$ L'OR LC, 1 2 [UTourrQ LODINAUV or 1] :SINno9924{ Sop ATODIN AMV TI-Q ot SAC JA NON ET AVC Rat a Lei urmogoed YU LAOLAHD Ÿ-7 Ru ge Su S 724 OC OUOT “JPY enr! LOL UUTT F4 d ti HE RÉELE HU 3 AE me : | | : RH He 5 L # s ; H ! # HE , | | HER? 4 4 GARE Êe É fi HN ; - HAT (3 ' HE 4 1 2 1] FH HAE b : re # + HE (HE HHHOHNRRE RE ne Tin BRRRERTHEE ne HE